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Федеральное агентство по образованию Государственное образовательное учреждение высшего профессионального образования Тульский государственный университет Кафедра лингвистики и перевода
Текст лекций по курсу «Введение в языкознание» (на французском языке) для студентов, обучающихся по направлению 031100 – лингвистика и по специальности 031202 – перевод и переводоведение
Автор: ассистент кафедры ЛиП Панова Юлия Сергеевна
2007
COURS MAGISTRAL 1 GÉNÉRALITÉS (début) 1. L'objet et les aspects principaux de l'étude linguistique. 2. La linguistique dans le système de sciences. 3. La nature et l'essence du langage. 4. Les fonctions du langage. 5. La langue en tant qu’un système structuré. 1. L'OBJET ET LES ASPECTS PRINCIPAUX DE L'ÉTUDE LINGUISTIQUE Dans le monde il existe aproximativement 5.000 langues. La linguistique, en étudiant les particularités des langues naturelles (vivantes ou mortes), recherche le commun, l’inhérent à elles toutes. La linguistique étudie: - la nature ou l'essence du langage humain; - sa structure (phonétique, lexicale, grammaticale, etc.); - le problème de l'origine et de l’évolution des langues (aspect historique ou évolutif); - le problème typologique (classification et comparaison de langues); - élabore des méthodes générales de recherches linguistiques. Ainsi, la linguistique générale est une science étudiant le langage humain, sa nature et ses fonctions, sa structure intérieure, son origine et son développement.
Actuellement, on distingue 3 grands courants parallèles en linguistique: linguistique théorique, appliquée et normative. La linguistique théorique crée une théorie générale du langage en tant qu’une essence abstraite. La linguistique appliquée recherche des voies et des moyens d'application (d'utilisation pratique) de cette théorie générale afin d’effectuer une description et l'application de chaque langue concrète dans des domaines concrets de l’activité humaine (traitement de textes, traduction automatique, pédagogie, etc.). Quant à la linguistique normative, elle étudie et décrit la norme linguistique, c’est-à-dire la correction du langage, la justesse d'utilisation des formes linguistiques de langues concrètes (l’usage). Parmi les aspects de la linguistique générale on peut dégager la linguistique structurale, la linguistique fonctionnelle, la sociolinguistique (langage et société), la psycholinguistique (langage et conscience), ainsi que la méthodologie de recherches linguistiques. 2. LA LINGUISTIQUE DANS LE SYSTÈME DE SCIENCES
SCIENCES
EXACTES ("les scientifiques")
HUMAINES ("les littéraires")
(PHILOSOPHIE), LOGIQUE, PSYCHOLOGIE, ANTHROPOLOGIE, ETHNOGRAPHIE, GÉOGRAPHIE, HISTOIRE, SOCIOLOGIE, POLITOLOGIE, DROIT etc.
CRITIQUE LITTÉRAIRE
POÉTIQUE
FOLKLORE
PHILOLOGIE
LINGUISTIQUE
Donc, la linguistique (en russe: языкознание = языковедение = лингвистика) n’est pas une science exacte. Cependant, comme toute autre science, elle aspire à une exactitude et à une objectivité maximales, ce qui veut dire qu’elle cherche à utiliser au maximum la méthodologie des sciences exactes: avant tout des mathématiques (et par rapport à la mentalité c’est la logique). L’objectif des sciences humaines consiste à découvrir des lois et des faits réguliers, à élaborer des classifications et des définitions. Cela dit, il nous est surtout important d’effectuer une sélection rigoureuse de mots et de formules. Donc, nous autres linguistes devons nous énoncer avec une minutie particulière, aspirer à une grande discipline de notre parole. Quant à la discipline universitaire "introduction à la linguistique", c’est un cours d'initiation, un cursus panoramique, destiné à faire connaître la problématique de la science en question et, avant tout, à assimiler les notions et les termes principaux du métalangage* linguistique (de la langue sur la langue). 3. LA NATURE ET L'ESSENCE DU LANGAGE D’abord, on considérait le langage comme un phénomène proprement psychique (ou, selon la Bible, spirituel). Ce point de vue dominait chez les scientifiques du XVIIIe s., qui identifiaient le langage et la conscience. Aujourd'hui tout le monde reconnaît que la langue et la conscience sont des choses proches mais non identiques. La deuxième étape dans la compréhension de la nature du langage est venue avec la conception du langage comme d’un phénomène biologique, inicialement inhérent à l’homme en tant que représentant du genre humain, comme d’un phénomène héréditaire. ______________ * Langage naturel ou formalisé qui sert à parler d’une langue, à la décrire.
Le troisième point de vue sur la nature du langage: c’est un phénomène social. Il naît avec la société humaine au moment où apparaît un besoin de communiquer avec un semblable. En effet, tout prouve que la langue n’est qu’un moyen de communication, et par conséquent, un phénomène social avant tout. Là, où il n’y a pas de société, il n’y a pas de langage (exemple: Maugly réel, et non pas celui de R.Kipling – Le Livre de la jungle). Donc, le côté social est essentiel dans la nature du langage, bien que la conscience (le côté psychologique) et un appareil articulatoire (le côté biologique) soient indispensables à son apparition. Le langage est étroitement lié à la mentalité, mais ce n’est pas la même chose. Une autre question philosophique: le langage est-ce une chose matérielle ou idéale? La réponse la plus convaincante: le langage est une formation complexe, avec un côté matériel et un côté idéal. 4. LES FONCTIONS DU LANGAGE 1. La fonction communicative est la principale (centrale, fondamentale). Le langage est le moyen le plus important de la communication humaine. Tous les autres systèmes de signes sont limités, manquent d’universalité et sont auxiliaires (par exemple, le langage par gestes – V. Alan Pease). 2. La fonction de formation de la pensée est la fonction d'expression intellectuelle. L'idée non verbalisée est obscure à son propre auteur lui-même. 3. La fonction cognitive (gnoséologique) se traduit par le fait que le langage joue le rôle d’un moyen de connaissance. A l'aide du langage on perçoit, on fixe et on transmet l'un à l'autre l’information. C’est également la fonction de sauvegarde et d'accumulation de l'expérience humaine: tout d'abord en forme orale (poésie épique nationale, folklore, traditions), plus tard dans la littérature écrite, et aujourd'hui en forme d’enregistrements audio ou vidéo, ainsi qu’en forme électronique (fichiers, programmes d’ordinateurs).
4. La fonction représentative (référentielle, nominative ou explicative) c’est la fonction de représentation ou de désignation reflétante. La constatation de faits à l'aide de mots en tant que signes-représentations. 5. La fonction phatique est celle d'établissement, de maintien et de rupture du contact humain (rus. Здрась!; angl. How do you do?; fr. Salut! Ça va?; it. Ciao!). 6. La fonction expressive (émotive, affective). Le langage sert à exprimer l'état, l’attitude du sujet parlant, ses émotions (interjections rus. Ух-ты! fr. Oh-là-là!). 7. La fonction appellative. Certains éléments du langage servent à effectuer un appel, une interpellation, une apostrophe (le cas appellatif dans l’ancien russe: Отче!; ucrainien contemporain: Сынку!). 8. La fonction déictique (démonstrative). Un mot déictique sert à montrer, à désigner un objet singulier. (pronoms démonstratifs rus. Этот стол; angl. This one; fr. Celui-ci; articles définis, etc.). 9. La fonction esthétique. Ainsi, certains spécimens de la parole peuvent faire plaisir, notamment dans l'art verbal, c’est-à-dire en littérature: en poésie ou en prose (rythme, rime, assonnances, belles tournures, calembours). 10. La fonction stylistique permet au langage d’indiquer l'appartenance du sujet parlant à un groupe social, professionnel, religieux (métalangage, jargons professionnels, argot), ainsi que de déterminer les rapports existant entre les interlocuteurs. Pour conclure, il est à noter que dans la matière du langage toutes ces fonctions ne font qu’un tout uni. 5. LA LANGUE EN TANT QU’UN SYSTÈME STRUCTURÉ (éléments de la cybernétique) La langue représente un système strictement réglé. La supposition sur la structure systémique de la langue a déjà été exprimée par Bedoin de Courtenay. Plus
tard, cette idée a été reformulée par Ferdinand de Saussure. Aujourd’hui il existe toute une théorie de langue en tant qu’un système structuré. Le système est un objet intègre comprenant des éléments reliés entre eux par des rapports mutuels. S = En + R (Système = nombre d’Eléments + Relations, rapports). Le système n’est pas une simple somme des éléments qui le composent. Ainsi, dans la langue, la signification d’un tout n’est pas une somme de ses éléments. table ≠ t+a+b+l+e; casser + sa + pipe ≠ mourir. Le système de la langue est un inventaire de ses unités réunies par catégories et niveaux selon des relations standard. Les unités de la langue ce sont ses éléments constants qui se distinguent par leur emploi, par leur structure et par leur place dans le système de langue. Par exemple, phonème, morphème, lexème, phrase, etc. Les catégories de la langue représentent des ensembles de traits distinctifs homogènes d’une unité concrète. Par exemple, la catégorie grammaticale du genre, du nombre et du cas pour les unités appelés “substantifs”. Parmi les types de rapports existant entre les éléments d’un système linguistique on peut distinguer: 1. Rapports hiérarchiques, ceux d’infériorité et de supériorité (rapports “dessous – dessus”), c’est une organisation du haut en bas ou du bas en haut, c’est une distribution des éléments selon les niveaux différents. Dans la hiérarchie linguistique, chaque unité d’un niveau supérieur est formée par les unités du niveau inférieur (phonème – morphème – lexème – phrase). 2. Rapports paradigmatiques c’est une variation régulière des unités de la langue au cours de son fonctionnement. Ce sont des rapports du type "ou", c’est-àdire le choix d’une des formes qui s’excluent mutuellement au cours de leur emploi. Par exemple, le choix d’une terminaison lors de la conjugaison de verbes. 3. Rapports syntagmatiques c’est une combinaison régulière des unités de la langue au cours de son fonctionnement. Ce sont des rapports du type "et".
PARADIGMATIQUE
SYNTAGMATIQUE
• rapports oppositionnels entre les unités • rapports combinatoires entre les unités dans le système de la langue;
de niveaux différents;
• la somme de formes potentielles • les relations de sens entre les unités, réalisation successive de formes;
existant parallèlement; • coupe verticale de la langue.
• coupe horisontale de la langue.
Exemple d’un paradigme de formes Exemple d’un syntagme: groupe
casuelles:
de
mots
им. п. стол
деревянном столе»
род. п. стола
phrase
дат. п. столу
столе лежат бумаги.»
вин. п. стол
texte sur une table.
«На
этом
«на
этом
деревянном
тв. п. столом и т.п. Les rapports paradigmatiques et syntagmatiques pénètrent tous les niveaux de langue. L'ensemble de relations dans le système forme sa structure. La structure de la langue est formée par les relations entre les niveaux et les parties de ses unités. COURS MAGISTRAL 2 GÉNÉRALITÉS (suite et fin) 6. La langue en tant qu’un système de signes. 7. Langue et parole. 8. Les niveaux du langage.
6. LA LANGUE EN TANT QU’UN SYSTÈME DE SIGNES (éléments de la sémiotique*) A l'intérieur de tout système naturel, notamment au sein d'un organisme vivant, il y a tout un système de signaux involontaires (substituts de la réalité) qui transmettent l'information sur l'état de ses parties, de ses organes (froid, chaleur, fatigue, faim, douleur, etc.). De tels signaux sont appelés symptômes. Ils ont un lien direct cause-conséquence entre le désigné et le désignant. fumée ← feu La société a également besoin d’un système de signaux pour une coopération efficace de ses membres. Dans ce but on recourt à différents signes. Le signe est un substitut de la réalité qui (à la différence du symptôme) est prémédité. La situation significative a lieu "lorsque quelque chose est spécialement mis au lieu de quelque chose d'autre" et le symbolise dans le but d'informer. fumée ← quelqu’un a fait du feu pour appeler au secour Donc, la langue est un système de signes. C'est pourquoi nous avons à examiner des éléments de la théorie du signe, de la sémiotique (du gr. sêmeion “signe”). Propriétés du signe : 1) matérialité (les cas de la télépathie – de la transmission de pensée – ne sont pas encore suffisamment étudiés); 2) orientation à la signification (cf. un portefeuille oublié sur un siège par hasard / laissé exprès au sens "c’est occupé") – un signe veut toujours dire quelque chose; 3) сôté arbitraire (conventionnel) c’est-à-dire la non-coïncidence entre le plan de l'expression et le plan du contenu, entre le signifiant et le signifié il n’y a aucun lien causal; le signe est toujours conventionnel (immotivé); le docteur Pleischner et le pot avec une plante sur le rebord de la fenêtre
pourquoi la "table", "table", "стол", "Tisch"? et non "coucou"? SIGNIFIANT
SIGNIFIÉ
• le plan de l'expression (“comment”)
• le plan du contenu (“quoi”)
• l’exposant du signe, sa manifestation
• la signification du signe, une réflexion
extérieure
schématique, généralisée d’objets, de phénomènes, de situations de la réalité
• le côté matériel du signe
• le côté idéal du signe (son sens)
________________________ * Théorie générale des signes. 4) variabilité diachronique et invariabilité synchronique qui se traduit par le fait qu’avec le temps les signes évoluent, mais à chaque moment donné le signe est invariable (constant); si la langue changeait du jour au lendemain, on aurait du mal à se comprendre; SYNCHRONISME • l'axe de simultanéité (en même temps)
DIACHRONISME • l'axe de succession (une chose après l’autre)
• côté statique
• côté dynamique
• côté descriptif
• côté historique
• état actuel
• développement, évolution, voie dans le temps
• étude des phénomènes stabilisés
• étude de la dialectique des phénomènes
• a une valeur appliquée: alphabet,
• a une valeur scientifique: comprendre
orthographe, orthoépie et autres
la langue en tant que système non
normes, transcription, traduction
seulement dans le présent, mais encore
automatique, méthodologie
dans son passé
d'enseignement, etc.
5) côté oppositionnel: le système n’est possible qu’en présence d’au moins deux éléments, ne serait-ce que 1 et 0 (présence d’un pot – son absence [l'exposant zéro]). 6) existence de traits différentiels (distinctifs) définissant son contenu: phonème / allophone : /a/-/a~/ – trait distinctif: nasalisation. 7) sa place et son rôle dans le système de signes. La langue a plusieurs avantages par rapport à tout système de signes artificiel. D’ailleurs, tous les moyens de communication artificiels sont construits à la base d’une langue naturelle. Aucune langue artificielle ne peut être aussi riche qu’une langue naturelle pour rendre toutes les nuances de sens. Par contre, tout ce qui est exprimé dans une langue artificielle, peut également être exprimé par une naturelle.
7. LANGUE ET PAROLE La dichotomie (opposition binaire d’éléments abstraits complémentaires) "langue – parole" a été décrite par F. de Saussure comme deux composants de l'activité langagière. LANGUE • système de signes en général
PAROLE • processus de l’expression, manifestation de la langue
• abstrait
• concret (on peut l’enregistrer)
• possibilité (potentiel, virtuel)
• réalisation de cette possibilité
• n’a pas de localisation dans l’espace ni • a une localisation dans l’espace et dans le temps
dans le temps
• commun, essentiel
• particulier, occasionnel
• social (n'a pas d'auteur)
• individuel (appartient au sujet parlant)
• ne peut pas être correcte ou incorrecte
• peut être correcte ou incorrecte (quand on ne respecte pas les exigences de la norme)
La parole est une forme d'existence de la langue. La langue est directement donnée et fonctionne dans la parole. La langue existe et se réalise par la parole; la parole n’est autre chose que la langue en action. La langue n’existe que dans une seule forme, tandis que la parole en a deux: l’orale et l’écrite.
8. LES NIVEAUX DU LANGAGE Le système de la langue comprend une série de sous-systèmes. Dans la tradition linguistique de tels sous-systèmes sont appelés “niveaux” (Benvenist).
Le niveau du langage est un sous-système linguistique, un ensemble d’unités et de catégories d’un même type qui sont examinées du point de vue de leur fonction et des rapports hiérarchiques dans le système de la langue. NIVEAU DE LANGAGE 1. Phonétique (Graphique
UNITÉS LANGUE
PAROLE
invariante
variante
FONCTIONS PRINCIPALES
phonème
[allo]phone
perceptive
(intonème
variante
significative
graphème
intonative) lettre)
2. Morphologique
morphème
[allo]morphe
sémasiologique
3. Lexical
lexème
forme de mot
nominative
4. Syntaxique
syntaxème:
énoncé
communicative
groupe de mots, proposition, phrase, unité transphrastique ou texte Entre les niveaux il existe des rapports hiérarchiques. Les unités de langue du niveau supérieur comprennent des unités du niveau inférieur (et vice versa). Les unités de langue d'un même niveau ont des rapports paradigmatiques, et des rapports syntagmatiques entre niveaux. L'exemple classique (latin) qui suit illustre l'unité hiérarchique des éléments du système de langue: – Eo rus (Je vais à la campagne). – I (Vas-y). Ainsi, le même exposant "I" du point de vue de différents niveaux de langue a un contenu différent:
1. Un signe matériel, accessible à la perception: voyelle antérieure, fermée, non labialisée; une unité accentuelle (à une syllabe accentuée) prononcée avec une intonation descendante de commandement ou de finalité; si c'est un texte graphique: une lettre initiale typographique d’un caractère déterminé, etc. 2. Analyse morphologique: la thème (radical) comprend un seul morphème (racine) + flexion zéro, correspondant à la 2e personne du singulier d’un verbe irrégulier à l’impératif... 3. Mot nommant un phénomène déterminé de la réalité; sa signification sémantique: incitation à une action de déplacement dans l'espace dans la direction opposée par rapport au sujet parlant; adressée à une 2e personne. Mot stylistiquement neutre. 4. Elément-message: d’après sa structure syntaxique – une proposition verbale, non développée, à un seul terme essentiel (un prédicat à exposant zéro du sujet). Selon le but de communication, la phrase est impérative; selon sa couleur emphatique, non exclamative. L’énoncé a une nuance pragmatique de consentement, d'approbation. COURS MAGISTRAL 3 NIVEAU PHONÉTIQUE (début) 1. L'aspect acoustique. 2. L'aspect physiologique. 3. L'aspect fonctionnel (phonématique). 4. Processus combinatoires et positionnels dans la chaîne parlée. 5. Prosodie (la phonétique supersegmentale). La phonétique (du grec. phone – “son”) est la branche de la linguistique qui étudie les sons du langage. Elle peut être générale, descriptive (synchronique), historique (évolutive, diachronique), expérimentale, normative (orthoépie), etc.
PHONÉTIQUE
ACOUSTIQUE
FONCTIONNELLE (phonologie)
PHONÉMATIQUE
PHYSIOLOGIQUE (physiologie de laparole)
PHONÉTIQUE COMBINATOIRE
PROSODIE
1. L'ASPECT ACOUSTIQUE La parole est présentée avant tout en forme orale, c'est-à-dire que c’est une succession de sons, l'écriture étant secondaire et relativement jeune. Donc, pour comprendre la nature de la parole, il est indispensable de s'adresser d’abord à l'acoustique, à la théorie générale du son. Mais puisque le son est une onde, il faut avant tout réviser les notions principales de la théorie des ondulations. Donc, le son, comme toute onde, se propage dans un milieu élastique en mouvement ondulatoire radial à partir de l'épicentre en forme d’anneaux sphériques, qui représentent des secteurs alternatifs de l'air compressé et décompressé. Les caractéristiques de l'onde sonore: 1. Dynamique: la force, l'amplitude de vibrations – le volume du son ou la puissance sonore, mesurée en décibels. 2. Quantitative: la durée, la longueur sonore de chaque élément, mesurée en millisecondes. 3. Tonale (mélodique): la fréquence des vibrations (périodiques principalement) – nombre de périodes à l'unité de temps – la hauteur du ton fondamental, mesurée en hertz. L’homme perçoit le son dans le diapason compris entre 20 et 20.000 Hz. 4. Qualitative: la forme de l'onde correspondant au timbre du son.
a) Le ton est la composante périodique (régulière), graphiquement sinusoïdale, la base des voyelles. b) Le bruit est la composante non-périodique (irrégulière), des vibrations chaotiques, l'élément obligatoire des consonnes. Dans la nature rien n’est complètement pur. Le son n’en est pas une exception. Une superposition de plusieurs ondes sonores s'appelle interférence. D'où la complexité du timbre. Alors, graphiquement on voit une sinusoïde déformée comme résultat d’une superposition de plusieurs vibrations de fréquence différente. En outre, l'onde peut être réfléchie par des barrières qui surgissent sur sa voie. La superposition et la réflexion des ondes sonores constituent un autre phénomène complexe nommé résonance. La résonance est un phénomène acoustique par lequel un système en vibration augmente brusquement son amplitude, lorsque la vibration excitatrice coïncide avec «la fréquence naturelle» du résonateur. Le résultat de la résonance s’appelle formant. Le timbre des voyelles dépend avant tout du Ier (résonateur: pharynx) et du IIe (résonateur: cavité buccale) formant (voir le schéma Malmberg, p.18). 2. L'ASPECT PHYSIOLOGIQUE L'appareil articulatoire – voir fig.3 Реформатский, p. 163 et Malmberg, p.32). La génération de la composante tonale de la parole s’effectue grâce à une vibration des cordes vocales sous l'effet de l'air poussé par le diaphragme des poumons. Ainsi, les organes respiratoires mentionnés sont en même temps des organes phonateurs (servant à la production de la voix). En dehors de ces derniers, on distingue des organes articulatoires (servant à la production du langage articulé). A leur tour, ils sont subdivisés en actifs (la mâchoire inférieure, la langue, les lèvres, et le voile du palais) et passifs (la mâchoire supérieure, les dents, le palais dur et mou, l’uvule). Les organes articulatoires actifs
permettent de changer le volume et la forme des résonateurs d’articulation, et de moduler ainsi le timbre des sons. Les résonateurs d’articulation sont: 1) le pharynx; 2) la cavité buccale; 3) la cavité labiale et 4) la cavité nasale. En outre, les organes articulatoires actifs sont capables de créer des obstacles au passage de l’air en générant des bruits, composante obligatoire des consonnes. Il existe plusieurs modes de formation des sons du langage: 1. Passage libre (pour les voyelles). 2. Rétrécissement du passage (pour les semi-consonnes et les consonnes fricatives ou constrictives). 3. Occlusion: a) pour les nasales, b) pour la latérale /l/,
sonnantes
c) pour les vibrantes, d) pour les occlusives (explosives), e) pour les affriquées (occlusion + friction),
bruits
f) pour des claquantes (potentiellement possibles) ("ц-ц-ц" de désapprobation), formées par aspiration. Le processus de formation des sons du langage s'appelle articulation. La base articulatoire (la somme des habitudes articulatoires) des natifs de langues différentes est différente. C’est la raison principale de l’accent étranger. Les phases d’articulation de chaque son isolé du langage s’appellent de façon suivante: 1) la tension (catastase); 2) la tenue et 3) la détente (métastase). Les processus d’interaction des sons dans la chaîne parlée dans les phases différentes de leur prononciation est avant tout le domaine d'une autre partie de la phonétique appelée combinatoire. 3. L'ASPECT FONCTIONNEL (phonologie)
LA PHONÉMATIQUE Le phonème est une unité sonore minimale du langage articulé, l’invariant. Il est capable de moduler le sens de l’énoncé (nombre limité, quantité nombrable). L’allophone est une variante nuancée d’un phonème. Il est incapable de moduler le sens de l’énoncé (quantité innombrable à l'intérieur d’une zone d’admissions acoustiques déterminée). толка / тëлка / Толька; матрëшка / матроска отец Бори, прилечь бы (allophones) Caractéristiques articulatoires supplémentaires des allophones (des variantes) consonantiques: • l’aspiration /p /, /t /, /k/ – un bruit supplémentaire de friction de l'air au niveau des cordes vocales; • la labialisation (fr.: chic); • la force de la tension (consonnes allemandes) et d’autres. La méthode des oppositions phonologiques permet de définir les traits différentiels (distinctifs, pertinents) de chaque phonème. rus.: брат / брать; тапка / тяпка. садком / соткем; берега / "берегя" coréen: [r]=[l] allophones esp.: [v]=[b] ("объявление") rus.:/г/-/γ/; fr.: /g/ − /r/ гады = рады On distingue des oppositions phonologiques stables (fortes) et instables (faibles, neutralisables). fr./e/+/ε/=/E/ (archiphonème) rus. /а/:/о/ en position inaccentuée, sauf les parlers dits "окающие" rus. et all.: consonne sonore / sourde en finale absolue
La classification de phonèmes peut être effectuée selon deux principes: acoustique ou articulatoire (physiologique). Le principe acoustique permet une étude exacte, objective, avec les intonogrames, les spectrogrames, etc. Il convient aux chercheurs phonéticiens. Acoustiquement les voyelles se distinguent d’après la fréquence résonatrice de leurs formants, et les consonnes d’après la fréquence porteuse des composantes du bruit. Selon le degré de diminution de la part du ton et d'accroissement de la part du bruit dans le spectre acoustique, les sons du langage peuvent être classés dans l'ordre suivant: 1) voyelles, 2) semi-consonnes, 3) sonnantes, 4) bruits sonores, 5) bruits sourds. D’après la force de l'expiration ils seront classés dans l'ordre inverse. Dans l’all.: l’opposition "fortes (sourdes) / faibles (sonores)". Pour ceux qui effectue l’étude pratique d’une langue le principe physiologique est plus pratique que l’acoustique. En effet, traditionnellement, les traits distinctifs (différentiels ou pertinents) des phonèmes les décrivent du point de vue physiologique (articulatoire). Ainsi les voyelles se répartissent: 1. D’après le lieu d’articulation (résonateur: cavité buccale): en antérieures, médianes et postérieures. 2. D’après le degré d’aperture, l’écartement des organes au point d’articulation pendant la tenue (résonateur: cavité buccale): en ouvertes (d’aperture supérieure), semi-ouvertes, semi-fermées (d’aperture moyenne) et fermées (d’aperture inférieure). 3. D’après la labialisation, l’avancement des lèvres (résonateur supplémentaire: cavité labiale): en labialisées (arrondies) et non-labialisées (non-arrondies). 4. D’après la nasalisation (résonateur supplémentaire: cavité nasale): en nasales et orales. 5. D’après la quantité du son: en longues et brèves. angl.: ship / sheep; all.: Stadt / Staat; fr.: mètre / maître
6. D’après la stabilité de la tenue: en monophtongues et polyphtongues (diphtongues et triphtongues; ascendantes et descendantes). angl.: show > шо-у; our [auq] − triphtongue descendante all.: Faust [faOst] > Фа-уст rus.: слово [слуовA], Петя [пиэтиA] − diphtongoïdes ascendentes fr.: les polyphtongues de l’ancien français se sont soudées: eau Les consonnes, physiologiquement, ont le classement suivant: 1. D’après le lieu de formation des obstacles: A. La lèvre supérieure − la lèvre inférieure: les bilabiales. B. La lèvre inférieure − les incisives supérieures: les labio-dentales. C. La pointe de la langue − les incisives supérieures et inférieures: les interdentales. D. La pointe de la langue − les alvéoles: les alvéolaires apicales. E. Le dos de la langue – les alvéoles: les prédorsales. F. Le dos de la langue − le palais dur: les médiolinguales. G. La racine de la langue − le palais mou: les postlinguales. H. La racine de la langue − l’uvule: les uvulaires. I. Le rétrécissement du pharynx: les pharyngées (le Hauchlaut allemand + l’aspiration). J. Le bruit de détente des cordes vocales: la tension dure des voyelles, coup de glotte (glot stop, Knacklaut). 2. D’après le mode de formation: voir l’aspect physiologique. 3. D’après la participation des cordes vocales: les sourdes et les sonores (y compris les sonnantes). 4. D’après la position du dos de la langue: les palatalisées (mouillées) et les vélarisées (dures). 5. D’après le nombre de points de formation simultanée des obstacles: unicentrales et bicentrales (les aspirées germaniques /p-t-k/). 6. D’après la quantité du son: les brèves et les longues (estonien: Tallinn).
COURS MAGISTRAL 4 NIVEAU PHONÉTIQUE (suite et fin) 4. PROCESSUS COMBINATOIRES ET POSITIONNELS DANS LA CHAÎNE PARLÉE Une analyse des unités discontinues du son (phonèmes et allophones) est souvent insuffisante pour expliquer les processus qui ont lieu dans la chaîne parlée, l’interaction complexe des éléments sonores. Le
processus
de
l’articulation
de chaque
son
de
la
parole
est
traditionnellement divisé en trois phases: 1. la tension ou la catastase, la phase de préparation des organes de la parole à la production du son en question; 2. la tenue, la prononciation elle-même, la phase de stabilisation, et 3. la détente ou la métastase, le passage à la réalisation du son suivant ou à une position neutre. Normalement, la tension d'un son fait en même temps office de la détente du précédant, dont la détente devient, à son tour, la tension du suivant. Cela s’explique par une certaine inertie des organes articulatoires, ainsi que parce que le sujet parlant a tendance à "économiser" sur l’effort articulatoire. Examinons les phénomènes de la chaîne parlée les plus répandus qui font l’objet d’étude de la phonétique combinatoire. Confluence (enchaînement vocalique), une prononciation continue (sans coup de glotte) de deux voyelles de suite l'une après l'autre dans laquelle la détente (métastase) de la première voyelle et la tension (catastase) de la deuxième se superposent. fr.: On va à Athènes ou à Istambul? Durée combinatoire de sons: fr.: Il vient dîner. / Il vient d’dîner.
Durée positionnelle: fr.: transpo:rt, mais il transporte Enchaînement dit “consonnantique”, une redistribution de voyelles et de consonnes dans des syllabes voisines. rus.: от окна angl.: this is [DI-sIz] fr.: il a mal à la tête [i-la-ma-la-la-'tεt] et même all.: habe ich [hR-piç] Liaison, l’apparition de sons-liens supplémentaires. typique du fr.: Quand on a des amis, ... angl.: there is [Dεq-rIz]; our age = our rage [ouq-'reIG] Réduction ou perte de qualité du son, son affaiblissement. Le degré de réduction du son en question dépend de sa position par rapport à l'accent. La position est forte dans une syllabe accentuée et faible dans une inaccentuée. Dans la formule de Potiebnia, les chiffres correspondent au degré de conservation qualitative de la syllabe dans le mot, à partir de accentuée (3):
rus.: 1 2 3 1 1 снисхождение
angl.: 2 1 3 1 1
fr.: 3 3 3 3 3
unbelievable
all.: 3 2 1 3 2
proportionnellement
• quantitative (rus.[у], fr. безударные гласные) • qualitative (sonnante assourdie вопль et même une voyelle assourdie dans "топот") voyelles russes [Q, o] > [A, ъ]; [и, э] > [иэ, ь] voyelles anglaises > [I, q] Lors d’une forte réduction il peut y avoir une chute totale du son:
rus.: все-т[а]ки, каж[дый] ч[елов]ек, здрас[твуй]те, ла[д]н[о] т[еб]е > «лан-те»; с[ег]о[д]н[я] > «сëнь» angl.: do you > [Gq]; did you > [dI-Gq] fr.: p[eu]t-êt[re]; impossib[le]; d[é]jà all.: ich hab[e]; guten Morgen > [gmojn] Assourdissement positionnel, un cas particulier de la réduction. (+) rus.: гас = газ; all.: Rat = Rad (roue) (-) angl.: back / bag; fr.: Vous êtes une rose / rosse Accomodation, adaptation de sons hétérogènes l’un à l’autre: “voyelle – consonne”. Elle est le plus souvent partielle et en contact. Elle peut modifier les traits distinctifs les plus différents: • sonorité: fr.: exemple [gz]; angl.: shoes; • palatalisation: rus.: пол – пил; сало – село; • labialisation: rus.: струны; fr.: truc; L’accomodation peut être : • progressive (all.: Phonetik; angl.: shoes;) ou • régressive (anticipante) (all.: gehen, können; rus.: этот, эти) Assimilation, c’est le fait, pour deux phonèmes homogènes (du même type), de devenir semblables. Elle a lieu entre deux sons du même type: consonne + consonne ou voyelle + voyelle. Elle peut être: • progressive (angl.: kids, cats; fr.: subsister; rus.: дожди) ou • régressive (anticipante) (fr.: cheval [Zval]; rus.: здание, ягодка); • totale (rus.: счастье; fr.: médecin; angl.: rock'n'roll) ou • partielle (rus.: голос жалости; all.: Was bist du?; fr.: il l'a acheté ≈ il l'a jeté); • en contact (rus.: сбруя; fr.: j[e ne] sais pas [∫sepa]) ou • à distance (l'harmonie voyelle) fr.: aimer, heureux; turc.: барабан, Кучкудук.
Dissimilation, différenciation de deux phonèmes d'un type qui se rencontre beaucoup moins souvent. Elle aussi peut être: • totale (anc. rus. феврарь (Cf. angl. february; fr. février; all. Februar) > февраль) ou • partielle (rus.: легко [л'иэх-ко] au lieu de [л'иэк-ко]; "колидор"*) Elision, effacement d’un élément vocalique final devant un élément vocalique initial. L’apostrophe en français est le signe de l’élision. fr.: l'ami, s'il, qu'on, d'où Diérèse, cas particulier de la réduction et de l’accomodation. rus.: со[л]нце, чес[т]но angl.: kill [h]im; let's (élision-diérhèse) fr.: nu[ų]age; p[eu]t-êt[re]; mai[nte]nant Haplologie (haplolalie, hapaxépie, ou dissimilation syllabique), cas particulier de la diérèse, la chute d'une de deux syllabes homonymiques. rus.: траги[ко]комедия, минера[ло]логия fr. morpho[pho]nologie Parfois, il y a lieu une espèce d’"antihaplologie", une répétition syllabique excédentaire (rus.: с двумями стволами, вот он он; fr. aujourd'hui; donne-le-mele*). Anaptyxes – insertion, rajout de sons supplémentaires – se répartissent en: • prothèses (au début du mot: rus.: сретенье > встреча; отец > вотчина; octo > осминог > восемь; fr.: stella > étoile; spiritus > esprit; Luc: "жырать"*) • épenthèses (au milieu du mot: lat. familia > rus. фамилия [j]; grec. Ioann > rus. Иван; "страм"*, "фанейра"*;) et • épithèses (à la fin: lat. esse > it. essere; lat. sum > it. sono)
Métathèses (déplacement ou interversion d’un phonème à l’intérieur du mot). all. Teller > rus. талерка > тарелка греч. neuron > rus.невроз > нервы; rus.: долонь > ладонь Alternances (historiques et vivantes) dont on parle dans la morphologie et la morphonologie. rus.: рука / ручной / рушник (< руце); рост / расти / рослый / выращивать; сесть / просиживать; легкий / легче; сбор / собрание fr.: actif / activement; larynx / laryngal / laryngé; sec / sèche
5. PROSODIE (la phonétique supersegmentale) La prosodie est la branche de la phonologie étudiant l'intonation de la parole. L'intonation au sens large du terme c’est la structure rythmo-mélodique de la parole; tous les phénomènes suprasegmentaux de la chaîne parlée. Intonation Mélodie
Rythme
Accentuation
Pausation
Débit
Pourtant l'étude de l'intonation exige une répartition de la chaîne parlée en unités supersegmentales:
1) Syllabes – l'unité articulatoire minimale de la chaîne parlée. Le sommet (une voyelle) et la périphérie d’une syllabe (consonnes). 2) Unités accentuelles: divisibles (syntagmes) et indivisibles (groupes rythmiques). 3) Phrases (syntagmes achevés intonativement, coïncidant souvent avec les groupes de souffle. Pourtant le composant le plus important de l'intonation est la mélodie de la parole. La nature de ce phénomène: modulations de la fréquence de vibrations des cordes vocales. Avec cela, le ton fondamental peut monter, descendre, ou bien rester stable; et ces modulations peuvent avoir une certaine signification communicative. Вовочка написал на доске: «Маша – предательница». Мария Ивановна: «Скажи, что это не так и извинись.» Вовочка: «Маша не предательница? Ну извините!» Я Вас любил. Любовь еще? Быть может… Mélodèmes, unités distinctives (différentielles) de l'intonation dans le sens restreint du mot (mélodie de la parole). 1. Jean-Marie, va manger, mon enfant! (phrase impérative) 2. Jean-Marie, va manger mon enfant! (phrase impérative) 3. Jean-Marie va manger mon enfant? (phrase interrogative) 4. Jean-Marie va manger, mon enfant? (phrase interrogative) 5. Jean-Marie va manger mon enfant. (phrase énonciative) Les traits différentiels (distinctifs, pertinents) d’un mélodème: 1. la direction du ton (statique, descendant, ascendant, ascendant-descendant, etc.); 2. le niveau mélodique relatif (P.Delattre: 4 registres conventionnels); 3. la forme de la courbe mélodique (rectiligne, convexe, concave, complexe). Le rythme de la parole, un phénomène complexe qui comprend l'alternance de syllabes accentuées et inaccentuées, les pauses, ainsi que le débit de la parole. la versification; le rapp
L'accentuation est une mise en relief d'une syllabe (dite “accentuée”) par rapport aux autres (“non-accentuées”) à l'aide de moyens phonétiques. Selon son importance, l'accentuation est le deuxième, après la mélodie, élément intonatif. En effet, il existe des langues dans lesquelles ce phénomène n’est pas du tout observé. L’accent peut frapper: • un mot (l’accent de mot), • un groupe de mots (l’accent rythmique ou syntagmique) ou • une phrase entière (l’accent de phrase ou accent syntactique). La syllabe accentuée est le sommet de l'unité accentuelle, l’inaccentué sa périphérie (son enclise et sa proclise). Dans des langues différentes, à côté de mots toujours accentués (orthotoniques, normalement, les mots significatifs) on distingue des éléments toujours inaccentués (normalement les mots-outils): • les proclitiques, ou les éléments préposés à la syllabe accentuée: Rus.: на сто'ле, 'три 'года, 'мой 'брат; Angl.: on the 'table, ('three 'years), my 'brother All.: auf dem 'Tisch, ('drei 'Yahre), mein 'Bruder Fr.: sur la 'table, trois 'ans, mon 'frère il ne le lui a même pas racon'té; je / moi, tu / toi, etc. • les enclitiques, ou les éléments postposés à la syllabe accentuée: Rus.: при'шел бы; -ся (-сь); 'на дом, 'по лбу Angl.: 'kill him, 'let us > let's (élision enclitique) Fr.: n’existe pas, quoique: ... hein, ..., là, ..., va! D’après les types structuraux, c'est-à-dire selon le caractère de disposition dans la structure du mot, l'accent peut être: • libre (le russe, l’anglais, l’allemand. Rus.: замок, целую, писать, стоит) et • fixe (le fr. est oxytonique; le polonais paroxytonique, sur l’avant-dernière syllabe; le tchèque et le hongrois ont l’accent toujours sur la première syllabe du mot).
En application à la structure morphologique du mot, l’accent peut être: • mobile (langues slaves et baltiques. Rus.: ру'ка – 'руку – ру'ки – 'руки – ру'ками) ou • immobile (la plupart des langues), sur la même syllabe d’un morphème. Selon l’importance et la force de l'accent on distingue: • l accent principal et • l’accent secondaire (supplémentaire, l’écho d’accent) : fr.: "anti"consti"tutio"nnelle'ment rus.: "антиконституци'онно angl.: 'anti-"consti'tutionaly ['xntI"kOnstI'tju:SqnlI] En outre, il existe un accent dit “logique” (une mise en relief du centre logique de l'énoncé). Rus.: 'До еды, а не 'после еды (les proclitiques retirent l'accent). "Этот уче'ник, − сказал преподаватель, − бездельник." Этот ученик ска'зал: "Преподаватель − бездельник." La nature de l'accent est complexe: • le composant dynamique (la tension musculaire et la force expiratoire); • le composant mélodique (la fréquence de vibrations des cordes vocales pour les voyelles accentuées et inaccentués); • le composant quantitatif (la durée relative de la voyelle accentuée); • le composant qualitatif (différence de timbre entre une voyelle accentuée et inaccentuée). rus.: 'Тут 'брат 'взял 'нож. – absence de réduction La pausation, interruption significative de la chaîne parlée. La pause est un temps d’arrêt, un silence significatif dans le discours. Rus.: Казнить(,) нельзя(,) помиловать. Как испугали ее│слова брата. (c'est elle qui a eu peur) Как испугали ее слова│брата. (c'est son frère qui a eu peur)
Fr.: Messieurs les Anglais,│ tirez les premiers! Messieurs! │ Les Anglais! │ Tirez les premiers! Le dernier composant de l'intonation et, notamment du rythme de la parole: le débit. C’est la vitesse de l’articulation ou le fait de réaliser un nombre d’unités prosodiques par unité de temps (syllabes par seconde). Le débit lent est souhaitable à chaque fois qu’il faut être bien compris de son interlocuteur, dans des circonstances comme: retransmission d’un message ou d’une conversation, discours politique, lecture à voix haute, conseils, plaidoyer... Le débit lent est typique du style soutenu, poétique, solennel. Quant au débit rapide, il intervient dans l’expression de l’irritation, de la peur, des reproches, de la surprise et de la perte de contrôle de soi. Il est donc, au contraire, caractéristique d’une parole émotionnelle, familière.
COURS MAGISTRAL 5 NIVEAU MORPHOLOGIQUE 1. Généralités. 2. La structure du mot. 3. Les parties du discours.
1. GÉNÉRALITÉS
GRAMMAIRE
MORPHOLOGIE
STRUCTURE DU MOT
PARTIES
(formation des mots,
DU
dérivation)
DISCOURS
SYNTAXE
STRUCTURE DE LA PROPOSITION
TERMES DE PROPOSITION
La grammaire étudie la forme du mot, ou l’élément de l'énoncé ayant une seule signification lexicale, mais plusieurs significations grammaticales. nom rus.: стол, стола, столу, столом... pronom angl.: he, him verbe fr.: parle, parlais, parla, a parlé, ... adj. all.: schön, schöne, schönes, schönen, ... La signification grammaticale est une signification linguistique abstraite et généralisée, propre à plusieurs formes du mot et trouvant dans le langage son expression régulière standardisée. Au niveau morphologique, il s’agit avant tout des significations communes des mots en tant que parties du discours. La morphologie est une branche de la linguistique qui étudie la structure du mot et les variations de forme qu’il subit dans la phrase. Autrement dit, c’est l’étude des parties du discours et des moyens formels qui permettent d’exprimer des catégories grammaticales.
La catégorie grammaticale est une série de significations grammaticales homogènes systématiquement opposées l'une à l'autre et exprimées par des indices formels. Ce sont des caractéristiques générales aux groupes de formes des mots, réunies par la communauté de la signification grammaticale et opposées l’une à l’autre. La structure d’une catégorie grammaticale s’appelle paradigme de la catégorie en question. Il doit contenir au moins deux formes (paradigme binaire: angl.: he − cas sujet / him − cas régime; fr.: masculin / féminin). Le paradigme de toute catégorie grammaticale pour chaque partie du discours et pour chaque langue est original, unique en son genre. Verbe rus.: catégories de temps (3 à 5 formes), d’aspect, de mode, de personne, de nombre (et pour certaines formes de genre). Verbe angl.: catégories de temps (26 formes), de mode, de personne, de nombre. Verbe fr.: catégories de temps (15 formes), de mode, de personne, de nombre. Il existe des catégories grammaticales exotiques comme, par exemple, celle de respectivité en japonais (expression de politesse du type morphologique). Les formes grammaticales ne nomment aucune réalité extralinguistique, elles organisent seulement la pensée, la régularisent. Souvent on peut se comprendre sans observer les normes grammaticales de la langue (angl. “I am job.”1; rus. "Моя твоя не понимай." ou le toast russe "За сбычу мечт!"), mais pas toujours de façon correcte (Мышку съела кошка − The mouse ate [æt] the cat* или − Вам меню? − Тебю потом.). Dans la grammaire il y a beaucoup de redondance (surtout dans les langues synthétiques), et plus il y a de redondant et de synthétique, plus la grammaire de la langue en question est difficile. La grammaire de l’anglais est plus facile que celle du français, encore plus facile que celle de l’allemand et, sans doute, encore plus facile que la russe. La grammaire la plus simple c’est celle de l’espéranto et d’autres langues artificielles. Par exemple, la catégorie formelle du genre des noms inanimés en français, en russe et en allemand n’existe pas en esperanto.
2. LA STRUCTURE DU MOT Si le phonème est l'unité minimale sur le plan de l'expression, le morphème est l'unité minimale sur le plan du contenu. Le morphème est l'unité de langue minimale douée de sens qui est libre ou liée à une autre forme. Les morphèmes sont des éléments constitutifs de la parole, une espèce de “briques” avec lesquelles est bâti l’énoncé. Elles sont constituées de phonèmes et à leur tour constituent un mot ou une forme du mot. La variante concrète d’un morphème dans la langue s’appelle allomorphe (cf: allophone) et la variante concrète du morphème dans la parole s’appelle morphe (cf: le son de la parole).
MORPHÈME
Radical
Préfixe
Racine
Interfixe
Affixe
Postfixe
Suffixe
Circumfixe
Transfixe
Infixe
Flexion
_____________________ 1
Le film américain “Mrs Doubtfire” Le radical est la partie commune des mots et des formes du mot liés diachroniquement et synchroniquement. Il contient toujours au moins une racine. Le radical peut exprimer non seulement la signification lexicale mais également des significations grammaticales du mot. Il se répète sans modifier sa
composition morphologique dans toutes les formes grammaticales du mot donné. Le radical sert à former et à motiver la structure et la signification d'un mot nouveau. La racine c’est le morphème portant la signification lexicale, commune à tous les mots apparentés formant dans le synchronisme une famille de mots. La racine fait toujours partie du radical. fr.: colon, colonie, colonial, [anti]colonialisme, [dé]coloniser, [dé]colonialisation L'affixe (le morphème affixal) c’est un élément susceptible d’être incorporé à un mot pour en modifier le sens ou la fonction; c’est un élément segmental non radical faisant partie des formes synthétiques du mot. Normalement les affixes ne possèdent qu’une signification grammaticale et n'existent pas indépendamment des racines. L'affixe dérivationnel est un composant essentiel du modèle de formation de mots. Le préfixe, c’est un affixe placé avant le radical. L’interfixe, c’est un affixe inséré entre deux radicaux d’un mot composé. (Самолет, землекоп). Le postfixe, c’est un affixe disposé après la racine ou le radical. Le suffixe, c’est un postfixe dérivationnel. La flexion, c’est le postfixe flexionnel qui sert à modifier la forme d’un même mot. Le circumfixe, une combinaison d’un préfixe et d’un suffixe inséparables (all.: gemacht). Les transfixes, les affixes insérés entre les consonnes du radical (arabe: hamar − "un âne", hamir − "des ânes"; baj_t − "une maison", bujut − "des maisons"). Il existe également des infixes ou des affixes insérés à l'intérieur de la racine ou du radical (Lat: vinco − vici; jungo < racine jug-). Ils sont assez rares. Dans le plan de l'expression un même morphème peut être prononcé ou écrit différemment. Il s’agit là de la variation exponentielle du morphème. suffixe rus.: -ова, -ева, -ива (оборудовать, повелевать, устраивать);
или рука − ручка − "рушник" (alternance morphologique) angl.: write − wrote fr.: journal − journaux, un œuf − des œufs all. Umlaut: Wald − Wälder, Haus − Häuser Cas particulier: le morphème zéro c’est un morphème ayant un exposant zéro; c’est une absence significative d’un affixe, régulièrement opposée à sa présence dans une forme parallèle du paradigme grammatical. rus.: бел_ / бела, бело; ходить, ход , хода angl.: I speak_ / he speaks fr.: je parle / nous parlons; voler, vol , voleur, Quand les exposants d'un morphème n'ont rien de commun mais expriment une même signification, on parle d’une homosémie morphologique. le futur russe: сделаю, украду, но дам (не случайно возникло "даду"*) past indefinite angl.: worked, wrote agent fr.: acteur, policier, PJiste Maintenant dans le plan du contenu: lorsque le même morphème a des significations différentes, on parle de la variation du contenu (ou de la polysémie et de l’homonymie morphologique – la coïncidence accidentelle de forme): rus.: подложить (action supplémentaire), подмести (action isolée et achevée), подполковник (hiérarchiquement moins important), подполье (disposé plus bas dans l’espace) angl.: inset (=into), inexact (=not) fr.: professeur m (agent), pâleur f (qualité) Nous reviendrons à ces notions (homosémie, polysémie, homonymie) au niveau lexical. Là également nous reparlerons de la classification des mots. Mais déjà dans la morphologie, il faut nous rappeler les classifications morphologiques des mots.
Selon la possibilité ou l’impossibilité de flexion, les mots peuvent être divisés en: • variables (fléchis) et • invariables (rus.: но, кофе, вчера). Selon la structure de formation, les mots sont divisés en: • dérivés (fr.: fierté, fruitier, dentiste) et • non-dérivés, mots-racines (fr. table, main, noir). D’après le degré de régularité du modèle dérivationnel, il existe des formations: • régulières (les classes des verbes réguliers) et • irrégulières (les verbes irréguliers - en général, plus anciens). Selon la capacité de continuer à produire des mots nouveaux dans la synchronie, les modèles de formation de mots sont divisés en: • productifs (rus.: космос – космонавт, алкоголь – «алконавт») et • non productifs (fr.: hacher – hachis, semer – semis). 3. LES PARTIES DU DISCOURS Les parties du discours sont de grandes classes (espèces) de mots ayant les mêmes propriétés sémantiques et grammaticales, ou leurs groupements lexicogrammaticaux, qui se distinguent: 1) selon leurs particularités morphologiques (structurelles), 2) selon leurs caractéristiques syntaxiques et 3) selon leurs significations grammaticales. 1. Selon leurs particularités morphologiques: la racine ne permet jamais de déterminer à quelle partie du discours apartient le mot en question, tandis que les affixes, et surtout les suffixes et les flexions, d’habitude sont strictement réservés à
une partie du discours déterminée (rus. -ть désigne le verbe, -тель le nom, -но l'adverbe). 2. Selon leurs caractéristiques syntaxiques, c’est-à-dire d’après la fonction que le mot joue au sein de la proposition et la combinabilité du mot avec d'autres parties du discours on distingue des mots: • majeurs, aptes à devenir membre de la proposition à part entière: sujet, prédicat ou complément (d’objet, d’agent, attributif, déterminatif, circonstanciel, etc.) – N, Adj, V, Adv, certains Pronoms; • mineurs, ceux qui n’expriment que les significations des mots majeurs, qui en sont dépendants; ce sont des éléments analytiques de la langue, proche des morphèmes (prépositions, articles, conjonctions, pronoms atones, etc.), dans lesquels la racine a perdu sa signification lexicale: fr.: je viens de faire (je ne viens de nulle part); • interjections (à part) exprimant les émotions, syntactiquement indépendants (fr.: Bah! Tiens! Chic! Allons donc! Ma parole! Tu te rends compte! Il fallait le faire, hein!; rus. мат). 3. Pour les parties du discours essentielles leurs significations grammaticales c’est le commun qui les réunit. • les noms (substantifs), selon leur sens général (catégoriel), désignent des substances
(choses,
êtres,
phénomènes),
ils
possèdent
les
catégories
grammaticales du cas (l’hongrois en a plus de 20, certaines langues caucasiennes 40), du nombre (singulier, pluriel, duel, ternaire ou même quaternaire), de la détermination (définie ou indéfinie), du genre (masculin, féminin ou neutre); • les adjectifs donnent des caractéristiques des substances, sont adjoints au substantif avec lequel ils s’accordent; leurs catégories grammaticales types sont: le degré de comparaison (pour les adj. qualificatifs − le comparatif, le superlatif ou le positif), le nombre, le genre, le cas; y compris l’adjectif numéral (cardinal ou ordinal, distrbutif, multiplicatif);
• les verbes ayant une signification de processus, d'action ou d’état; leurs catégories grammaticales types sont: le mode (impersonnel – infinitif, participe – ou personnel – indicatif, impératif, conditionnel, subjonctif, optatif), la voix (active, passive ou moyenne), le temps (absolus ou relatifs, principaux ou secondaires, simples, composés ou surcomposés), l'aspect (perfectif ou imperfectif, momentané ou duratif), la personne (1e, 2 e, 3 e ou autres); • les adverbes caractérisent les processus (actions ou états); sont normalement invariables, mais possèdent parfois la catégorie grammaticale du degré de comparaison; • les nombres ont le sens catégoriel de quantité de quelque chose. Les parties du discours subsidiaires (mots-outils) sont principalement invariables: pronoms, déterminatifs, prépositions, conjonctions, particules, interjections et mots-phrases. Les moyens principaux de l'expression des significations grammaticales: 1. L'intonation (notemment l'accent). rus.: ′города − горо′да, ′дома − до′ма angl.: (to) ex′port − (the) ′export, to ob′ject − the ′object 2. L'alternation significative. rus.: зелен − зелень, стар − старь (palatalisation); ходит − хаживал angl.: (the) house [hous] − (to) house [hauz] (sonorité) fr.: neuf − neuve; journal − journaux all.: Mutter − Mütter 3. L’affixation: • l’agglutination ("collage" lorsque les morphèmes restent invariables) ou • la flexion ("fusion" lorsque le radical peut changer) rus.: тянуть – тягач; протягивать – протяжка angl.: like − likeness; friend − friendship; teach − teacher fr.: part − partir – départ – répartir 4. La flexion interne.
rus.: собрать − собирать angl.: begin − began − begun; man – men; foot − feet; tooth − teeth fr.: mou – molle; je peux – nous pouvons; cœur – cordial; boire – buvable 5. Le supplétivisme, réunion à l’intérieur d’un même paradigme grammatical de plusieurs formes à radicaux différents ou remplacement total du morphème racine. rus.: хороший − лучше; я − меня; идти − шел angl.: good − better; I − me; go − went fr.: bon − meilleur; je − me; aller − va all.: gut − besser; ich − mich 6. Les mots-outils (moyen analytique). rus.: головой – angl.: with the (his) head – fr.: avec (par) la (sa) tête – all.: mit (bei) dem (seinem) Kopf Les articles sont de purs représentants de la signification grammaticale de la détermination et du nombre (partout), du genre (fr., all.) et du cas (all.). 7. La réduplication (redoublement, répétition) exprime souvent le degré superlatif, le nombre pluriel. Dans les langues européennes elle exprime plutôt le sens lexical: rus.: бай-бай, бо-бо; большой-большой (= очень большой), ходишь-ходишь (= долго) angl.: He waited and waited (= долго); fifty-fifty, so-so fr.: bonbon, dada, dodo; très, très, très grand (= énorme); des heures et des heures (= très longtemps) 8. L'ordre des mots: • libre (Edgar Poe. ”Le Meurtre de la rue Morgue”. Le singe parlait russe.), propre aux langues syntétiques, et rus.: Кошка съела мышку. Мышку съела кошка. • fixe, caractéristique des langues analytiques angl.: The cat ate a mouse. A cat ate the mouse. [æt] fr.: Le chat a mangé une souris. Un chat a mangé la souris.
all.: Die Katze aβ eine Maus. Eine Katze aβ die Maus. (construction de cadre) Le synthétisme est un moyen d’exprimer des significations grammaticales principalement par des morphèmes (c’est-à-dire à l'intérieur du mot). Les langues analytiques, par contre, utilisent largement des mots mineurs et auxiliaires. rus.: сильный − сильнее − сильнейший (самый сильный) angl. strong − stronger − strongest fr.: fort − plus fort − le plus fort all.: stark − stärker − am stärksten сделает − will do − fera − wird machen головой − with his head − avec la tête − mit dem Kopf Les langues synthétiques: le nénéen, l’arabe, le tartar, le russe. Les langues analytiques: le chinois, l’anglais, le français. L’allemand au milieu. D'ailleurs, cela relève déjà de la typologie. COURS MAGISTRAL 6 NIVEAU LEXICAL 1. Généralités. 2. Le mot en tant qu'objet de l’étude lexicale. 3. La signification lexicale du mot. 4. Les trois aspects de la signification lexicale. 5. Phraséologie. 6. Lexicographie.
1. GÉNÉRALITÉS LEXICOLOGIE ÉTYMOLOGIE
SÉMANTIQUE
PHRASÉOLOGIE
SÉMASIOLOGIE
LEXICOGRAPHIE
ONOMASIOLOGIE
ONOMASTIQUE ANTHROPONYMIE
TOPONYMIE
La lexicologie, partie de la linguistique étudiant les moyens nominatifs du langage, son vocabulaire; autrement dit, c’est la science étudiant le lexique, son développement et fonctionnement. Les disciplines linguistiques contiguës sont: L'étymologie, partie de la linguistique (science interdisciplinaire), étudiant l'origine, la motivation de la signification et l'histoire des unités (de vocables, de morphèmes, etc.) ou de phénomènes du langage. La sémantique est une partie de la linguistique (science interdisciplinaire) dont l’objet d’étude est le sens, le contenu, l'information transmise par la langue ou par son unité quelconque (par un mot, une forme grammaticale du mot, un groupement de mots, une proposition ou une phrase). La phraséologie est une partie de la lexicologie étudiant des locutions phraséologiques, c’est-à-dire des groupes de mots stables, émotionnels et imagés. La lexicographie est une partie de la lexicologie appliquée s’occupant de problèmes de la rédaction des dictionnaires. Son but: dresser un inventaire (effectuer un recensement et une étude analytique) du vocabulaire (des mots considérés dans leurs formes et leurs significations).
La sémasiologie (gr. sêmasia “signification”, et -logie) est une partie de la sémantique étudiant les problèmes de la signification lexicale (de la sémantique au sens étroit) des unités de vocabulaire (vocables). C’est la science des significations, partant de la forme du mot pour en étudier le sens (opposé à onomasiologie). L’onomasiologie (gr. onomasia “désignation”; de onoma “mot”, et -logie) la théorie de la nomination, partie de la sémantique étudiant les moyens nominatifs du langage, les types de vocables. C’est la science des significations partant de l’idée pour en étudier l’expression; l'approche onomasiologique à l'analyse des phénomènes de langue: à partir du sens vers les formes de son expression, de l'objet (du phénomène) vers l'idée sur cet objet (sur ce phénomène) et vers leur désignation par les moyens de langue. L’onomastique (gr. onomasticos “relatif au nom”), étude, science des noms propres. L’anthroponymie (gr. anthropo- et -onymie), partie de l’onomastique qui étudie les noms de personnes (noms de famille, prénoms, patronymes, surnoms des gens). La toponymie (gr. topo- et -onymie) − partie de l’onomastique qui étudie les noms de lieux, les noms géographiques. 2. LE MOT EN TANT QU'OBJET DE L’ÉTUDE LEXICALE Au niveau phonétique on parle du mot phonétique, au niveau morphologique on parle du mot morphologique, dans la lexicologie du mot lexical. Eh bien, qu’estce qui permet de distinguer le mot des autres unités de la langue? Le mot est la principale unité structurale et sémantique du langage qui sert à nommer les objets et leurs propriétés, les phénomènes; et qui possède un ensemble d’indices sémantiques, phonétiques et grammaticaux spécifiques pour chaque langue donnée, c’est-à-dire l'unité de son côté sonore, de sa structure morphémique et de sa signification.
En outre, le mot est une unité de langue librement reproduite dans la parole pour construire des énoncés, c'est-à-dire possédant une indépendance positionnelle et syntaxique. Pour comparer: la place du phonème ou du morphème est fixe tandis que dans le groupement de mots, dans la proposition ou dans la phrase les éléments varient trop librement. Certains mots sont proches de morphèmes. En effet, si les mots significatifs (lexicaux, autonomes, pleins) possèdent à côté d’une signification grammaticale une signification lexicale (noms, verbes, adjectifs, adverbes et nombres), les mots-outils (mots grammaticaux, accessoires, fonctionnels, vides) sont proches de morphèmes, en particulier d’affixes et ne portent qu’une signification grammaticale (pronoms, déterminatifs, prépositions, conjonctions, particules, interjections et mots-phrases). De l’autre côté, certains autres mots ressemblent fort à des groupements de mots (V. morphologie: rus.: сорокапятиэтажный; all.: Kesselsteinverhingerungsmittellgebrauchsge-sellschaft). Ceci dit, les caractéristiques d’un mot indépendant sont: l'intégrité, la délimitativité et la reproductivité libre dans la parole (liberté de reproduction). Le mot lexique isolé (lexème) peut exprimer des notions: • concrètes (la table, écrire, vert) ou • abstraites (le temps, l'amour, refléter, absolu). • réelles, reflétant une réalité objective (la table, l'amour, vert, rapidement) ou • fausses, reflétant des phénomènes inexistants ou non prouvés, des constructions proprement psychiques (diable, Marsiens, téléporter, ressuscité); A part le terme “mot”, les lexicologues utilisent d’autres termes contigus. Le vocable, élément du langage (unité de vocabulaire), surtout considéré quant à la signification et à l’expression. Le lexème (ou morphème lexical) est une unité abstraite bilatérale du vocabulaire de la langue dans l’ensemble de ses formes grammaticales et de ses variantes sémentiques possibles; c’est l’invariante du mot, l'unité nominative, c’est un mot significatif capable de jouer le rôle d’un membre de
la proposition et de former un énoncé. La lexie, unité lexicale présentée par un seul lexème-mot et complexe (lexème-nom composé). huile / beurre = растительное масло / сливочное fer à cheval = подкова; fer à repasser = утюг Enfin, l'ensemble des formes grammaticales du mot donné constitue son paradigme.
3. LA SIGNIFICATION LEXICALE DU MOT La signification lexicale du mot est son contenu sémentique qui reflète dans la conscience (et y fixe) le concept d’un objet, de sa propriété, d’un processus, d’un phénomène, etc.; c'est une correspondence mentalement établie entre l'exposant (l’ensemble sonore ou graphique) et l'objet, ou le phénomène de la réalité qu’il désigne. La différence entre les significations lexicales et grammaticales: SIGNIFICATIONS
SIGNIFICATIONS LEXICALES
GRAMMATICALES • supplémentaires, parallèles
• principales pour chaque mot concret
• abstraites et conventionnelles
• concrètes et inconditionnées
• dispersées, caractéristiques de
• concentrées dans un mot ou ses
plusieurs mots du langage
quelques synonymes
• leurs porteurs principaux: les affixes
• leur porteur: le radical du mot
• la fonction formelle structurelle
• la fonction de la généralisation de significations
• organisent l'idée
• la remplissent d’un contenu concret
• sont rarement motivées
• sont souvent motivées
Qu’est-ce qu’une motivation? La signification lexicale peut être motivée ou non selon la structure de formation du mot ou selon sa structure sémantique. Dans ce cas, on parle d’une forme intérieure du mot motivée ou immotivée. rus.: самовар > fr.: samovar ou bien fr.: descente > rus.: десант rus.: перчатки − l’étymologie oubliée de "перст" – non-motivé fr.: gants − le mot franc oublié "want" – non-motivé all.: Handschue − "chaussures pour mains" est motivé synchroniquement, le plus clair Ainsi les emprunts s’assimilent mal parce qu’ils sont non-motivés. лингвистика − языкознание секьюрити − охранник Les significations lexicales peuvent être classées: 1. Selon leur origine: • principale (dont toutes les autres sont issues); • dérivée (qui provient de la principale); • étymologique (la première connue); • archaïque (tombée en désuétude). 2. Selon les rapports sémantiques entre les significations dans la langue: • propre (abstraite / concrète; large / étroite); • figurée (associative, fondée sur la ressemblance des objets ou sur un lien analogique). 3. Selon leur couleur stylistique: • stylistiquement neutre et • stylistiquement colorée. 4. Selon le degré de leur indépendance: • libre (réalisée en toutes combinaisons); • phraséologique (dépendant de la forme et de la composition lexicale du groupement de mots dont elles font partie).
fr.: * chef 1. étymologique: голова (лат. caput) archaïque: голова (vx) ← couvre-chef principale: начальник dérivée: старший, лидер 2. propre concrète: начальник propre abstraite: старший, лидер figurées: а) milit. командир; б) pop. орел, классный мужик; парень что надо 3. neutre: начальник littéraire: вождь, глава; руководитель terme du droit: пункт, статья 4. phraséologiques: chef de file − а) флагман; б) вожак; в) головное предприятие; du chef de qn − от лица кого-л. 4. LES TROIS ASPECTS DE LA SIGNIFICATION LEXICALE
LA SIGNIFICATION LEXICALE
DÉNOTATION
DÉSIGNATION
CONNOTATION
représentation
représentation
signification
directe,
par le signe,
concomitante,
référence
référence
référence
objective
conceptuelle
associative
1. LA DÉNOTATION est l’élément invariant de la signification; c’est le premier sens du mot, son sens principal; explicite (évident), objectif. Les dénotatums du mot peuvent être des objets, actions, propriétés de la réalité objective et subjective (psychique). Le mot n’existe que si la réalité qu’il nomme existe, et vice versa (lacunes). rus.: вытрезвитель − ?; частушки ≈ couplets bavards fr.: Minitel − ?; consierge − ?; border le lit ≈ подоткнуть одеяло под матрац Selon leur référence objective, les mots peuvent être divisés en: 1) mots-lexies: • propres − référence objective privée (Эльдорадо, Плюшкин) et • communs − référence objective totale (эльдорадо, плюшкин); 2) et indicateurs-substituts (pronoms), qui nomment les réalités indirectement. 2. LA DÉSIGNATION − du lat. signum − "signe, trait, représentation". Dans la logique, la "notion" (concept) est une forme de réflexion du monde dans le mental. La notion exprimée par un mot correspond à toute une classe de dénotatums (d’objets). Une "table" concrète / la notion "table" en général, n’importe laquelle − formation de notions dans l'enfance − "imprinting". Selon leur référence conceptuelle, les mots se répartissent en: • vocabulaire commun présentant une réflexion approximative de la réalité (eau: liquide sortant du robinet) et • terminologie scientifique donnant une réflexion de la réalité exacte et objective au maximum (eau: liquide incolore, inodore, transparent et insipide; formule chimique: H2O); les termes ne supportent pas de polysémie, ils sont monosémiques. Malgré le caractère objectif de la perception du monde, dans les langues différentes la désignation des notions peut se produire différemment, comme si des peuples différents voyaient le monde de façon différente (théorie de la relativité
linguistique). Cela est dû à des différences qui existent dans la culture et la pratique sociale. morphèmes déterminatifs d’espace et adverbes dans l’allemand: herüber, hinaus le paradigme d’épithètes de sensations gustatives des dégustateurs de vins dans le français les noms de divers états de la neige chez les Tchouktches Ainsi, il existe des notions, qui sont différenciées (qui se distinguent) par certains peuples et ne le sont pas (ne se distinguent pas) par certains autres. En dehors des exemples cités, sont syncrétiques pour les Européens les nuances des rapports familiaux qui, pour les Russes, se sont avérés si importants qu’on a vu apparaître des mots particuliers: rus.: невестка, сноха, падчерица = fr.: belle-fille rus.: теща, свекровь, мачеха = fr.: belle-mère Le syncrétisme est un regroupement dans une forme de plusieurs significations. rus.: рука − il y a lieu syncrétisme du trait différentiel "partie supérieure / inférieure" Cf.: angl.: arm / hand; fr.: bras / main; all.: Arm / Hand en revanche le rus.: стирать / мыть Cf: angl.: wash, fr.: laver, all.: waschen – syncrétisme du trait différentiel "tissus / autre matière" Dans le texte, les significations conceptuelles de mots se trouvent dans une interdépendance complexe et forment le champ sémantique d’un fragment de la réalité (ensemble de mots-concepts sur un seul sujet). Exemple de champ sémantique "altitude": le sommet − en haut − le ciel − décoller − oiseau − grenier. Exemple de champ sémantique positif: bien − le bonheur − joyeux − il rit − on a réussi − oh-là-là! − d’enfer!
Exemple de champ sémantique négatif: mal − malheur − triste − il a pleuré − échoué − merde! − nul. À l'intérieur d’un champ sémantique, selon les rapports hiérarchiques, les mots comparables peuvent être divisés en: • hypéronymes, notions plus générales, génériques d’un paradigme lexical ("immobilier") et • hyponymes, notions particulières, d'espèce ("divan"). Schéma universel de la définition de la signification lexicale de tout mot: hyponyme = hyperonyme ("le mot clé", est plus large d’après son sens) + traits significatifs restreignant sa signification de façon nécessaire et suffisante. 3. LA CONNOTATION, sens secondaire, dérivé, implicite, subjectif du mot; source de la polysémie. En dehors du sens propre (initial), les mots peuvent avoir des sens figurés, associatifs, fondés sur la ressemblance des objets ou sur un lien analogique. angl.: key [ki:] − 1) clé (l'objet à l'aide duquel on ouvre des serrures ou des cadenas); 2) clé, solution; corrigé (la bonne réponse pour un exercise ou une tâche). argotismes rus.: облом, пришить, перо Dans la parole le contexte enlève la polysémie en indiquant laquelle des significations du mot (laquelle des variantes sémantiques) convient dans la situation donnée. Problème: les dictionnaires de traduction (bilingues) ne donnent jamais de contexte; solution: dictionnaires explicatifs (raisonnés) genre le Robert. L'utilisation de mots au figuré est un procédé stylistique largement répendu dans les belles lettres (tropes). Parfois il s’agit de connotations très éloignées du sens propre du mot: la mer − symbole de l’espace − la liberté les vagues − symbole du mouvement, dynamisme − la colère De tels liens associatifs sont hors les capacités de programmes de traduction automatique les plus puissants. Ils sont capables de transmettre d’une manière
adéquate seulement des textes dénotatifs (neutres, objectifs): une liste, un mode d’emploi, un article scientifique ou, à la rigueur, un prospectus touristique. Le plus souvent, dans les textes on rencontre les tropes suivants: La comparaison, rapport établi entre deux choses, une assimilation explicite d'une chose à une autre. Le trait formel: mots-outils et constructions du type "comme", "comme si", "pareil à", "semblable à", "tel", "plus (moins) adj. que", "rappelant", etc. La comparaison rapproche deux champs sémantiques différents d’après un de plusieurs traits communs: rus.: молчать, как рыба (как партизан) fr.: sale comme un peigne La métaphore, la même chose que la comparaison, mais sans élément formel: rus.: "шкаф" (= grand et aux larges épaules, comme une armoire) "кислая" мина (= ridé, à une expression mécontente, comme à la consommation de qch d’aigre) fr.: le soleil "s’est couché" (= comme s’il se couchait à l'horizon) La métonymie, procédé de langage par lequel on exprime un concept au moyen d’un terme désignant un autre concept lié avec le premier par une relation nécessaire (la cause pour l’effet, le contenant pour le contenu, le signe pour la chose signifiée): fr.: la "langue" (comme moyen de communication); boire un "verre" d'eau (le contenu). La synecdoque, une variété de la métonymie, une transposition du nom d’une partie sur l’entier (Le Petit Chaperon rouge, cent têtes de bétail). Si toutes les significations dénotatives sont marquées dans les dictionnaires, les connotatives ne le sont que les plus répandues, notamment, les tropes effacés. Des
associations rares et individuelles peuvent apparaître seulement dans un contexte (Mayakovsky: les cartes jaunes des fenêtres dans la ville nocturne).
COURS MAGISTRAL 7 NIVEAU LEXICAL (suite et fin) 5. PHRASÉOLOGIE Dans chaque langue on utilise largement des combinaisons de mots stables et usuelles qui se répètent traditionnellement. Elles sont opposées aux groupes de mots libres, variables créés spontanément dans la parole. rus.: с глазу на глаз (= à deux, sans témoins) fr.:
tête à tête; entre quatre-z-yeux; angl.: face to face; all.: unter vier Augen
Une des définitions du groupe de mots: c’est un ensemble d’au moins deux mots significatifs exprimant une notion commune entière. Dans les groupes de mots libres chaque élément garde sa signification lexicale qui lui est inhérente dans d'autres combinaisons également. Dans les locutions stables un ou plusieurs éléments changent sa signification sémantique sous l'influence d'un autre élément. Cf. rus.: работать плохо / работать спустя рукава fr.: manger rapidement / casser la croute Il convient de distinguer les combinaisons stables proprement dites et les locutions phraséologiques. Les combinaisons stables proprement dites: • ne sont ni imagées ni émotionnellement expressives; • ne sont pas appréciatives (n'expriment pas l’attitude du sujet parlant envers l'objet de la parole) et
• représentent souvent l’unique nomination du concept exprimé (rus.: принять меры; золотая середина; fr.: chambre à coucher; hors du commun). Les locutions phraséologiques se distinguent des combinaisons stables proprement dites par leur couleur émotionnelle et stylistique. Ils accomplissent non seulement la fonction nominative, mais encore l’appréciative. Les chercheurs occidentaux les appellent idiomes ou idiotismes (рус. у черта на куличиках; фр. se tourner les pouces). On cherche souvent à classifier les locutions phraséologiques elles-mêmes à leur tour. Voici, par exemple, leur classification selon la structure intérieure du groupe de mots, selon le degré de motivation et le degré de fusion sémantique de ses éléments. On distingue: • combinaisons phraséologiques dont chaque composante garde une certaine indépendance et dont la stabilité est fondée sur une combinabilité sémantique des mots limitée (рус.: знать назубок; зеленая улица; фр.: coûte que coûte; faire marcher qn; англ.: to meet a demand; to make money; to fall in love). • unités phraséologiques dans lesquelles la signification de l’entier est motivée et deduite de la signification de toute l'unité. Les unités phraséologiques sont déjà imagées et expressives (рус.: кот наплакал; уйти в свою скорлупу; фр.: être comme cul et chemise; promettre la lune; англ.: to play the first fiddle; as busy as a bee). Ici on rapporte également les proverbes. Cependant les proverbes, à la différence du groupe de mots, représentent un énoncé terminé et d’après leur structure correspondent à une proposition entière. Donc, les proverbes ne sont qu’une base de formation des locutions phraséologiques. • fusions phraséologiques dans lesquelles l'indépendance sémantique des composants est entièrement perdue (rus.: пускать козла в огород; хоть трава не расти; fr.: ce n'est pas mes oignons; en voir de toutes les couleurs; angl.: to pay through the nose; to kiss the hare's foot).
Les locutions phraséologiques peuvent également être classifiées selon leur structure grammaticale. Par rapport à la proposition les idiomes sont toujours indivisibles et représentent un seul terme de la proposition. Selon la partie du discours du mot principal, les locutions phraséologiques se répartissent en: • substantives (золотое дно, mine d'or); • verbales (сыграть в ящик; aller manger les pisse-en-lit par la racine); • attributives (грязный, как свинья; sale comme un peigne); • adverbiales (когда рак на горе свистнет; quand les poules auront des dents); • interjectionnelles (Mais enfin!; Ну и ну!). Les sources de formation des locutions phraséologiques peuvent être différentes: • allusion à une anecdote historique; • citation littéraire; • calques des langues étrangères; • expressions professionnelles ou argotiques. L'integrité et la stabilité des locutions phraséologiques sont assurées non seulement par l'unité du contenu, mais encore grâce à un certain nombre de moyens stylistiques. Ainsi les procédés de formation des locutions phraséologiques sont: • La rime et l’allitération (tout passe, tout casse, tout lasse; ni vu ni connu); • Le redoublement des synonymes (sain et sauf, sûr et certain); • La comparaison (chanter comme une casserole); • La métaphore (набрать в рот воды). En guise de conclusion il est à noter qu’il ne faut pas abuser de locutions phraséologiques.
6. LEXICOGRAPHIE Le but de la lexicographie est de dresser l'inventaire du vocabulaire de la langue et de créer des dictionnaires. Les critères de rédaction d’un tel inventaire peuvent être différents, ce qui donne des dictionnaires différents. Types de dictionnaires: • de choses (encyclopédiques) qui fournissent une information extralinguistique et • de langue qui présentent les mots avec leurs acceptions, leur usage, leur origine, leur caractéristique grammaticale et phonétique (raisonné [Ожегов], orthographiques,
orthoépiques,
étymologiques,
phraséologiques,
de
synonymes, d’antonymes, d’homonymes, de formation des mots, de combinabilité, de fréquences, des faux amis du traducteur, de rimes, glossaires (les dictionnaires de termes), universels [Larousse, le Robert], etc.). Il existe des dictionnaires: • monolingues ou unilingues (raisonnés, de synonymes, d’antonymes, syntagmatique, d’abréviations (de sigles), etc.) • bilingues (de traduction,) ou • multilingues ou plurilingues (dictionnaire commercial et financier françaisanglais-russe; dictionnaire d’usage anglais-français-russe). • généraux (grammaticaux) et • spécialisés (dictionnaires techniques, terminologiques, de citations, etc.) Un dictionnaire se compose: • d’une liste de mots, c’est-à-dire d’une sélection de vocables (de mots initiaux); • d’une filiation, c’est-à-dire d’une présentation subdivisée des acceptions d’un vocable donné; • de marques spéciales (stylistiques, grammaticales ou phonétiques); • d’exemples illustrés;
• de synonymes, de locutions phraséologiques et idiomatiques du mot en question; • d’un équivalent de traduction (dans les dictionnaires bilingues) ou d’une définition (dans les monolingues). Au cours de leur travail de rédaction de dictionnaires, les lexicographes rencontrent souvent le problème de démarcation de mots semblables qui s’écrivent et se prononcent de façon identique mais qui ont des significations différentes (homonymie); ou bien le problème de classification et de démarcation de mots dont la signification est très voisine (synonymie). Les homonymes sont des mots identiques selon leur prononciation et/ou leur orthographe, mais de sens différent. À la différence de mots polysémiques, entre les homonymes il n’y a pas de lien sémantique. Il existe: • des homonymes proprement dits dont le côté sonore et l'orthographe coïncident: (voler − летать; voler − красть); • des homophones, mots semblables par leur prononciation seulement (лук − луг [NB: бок − Бог]; vert, verre, vers, ver − convergence diachronique de prononciation); • des homographes, identiques d’après l’orthographe (/замок − за/мок; сто/ит − /стоит; fils [сыновья] − fils [провода]); • complets, lexicaux et grammaticaux, n’ayant rien de commun d'après leur origine (коса − коса − коса) et • partiels (quasi-homonymes), lorsqu’il n’y a que quelques formes du mot qui coïncident (angl.: а match alumette и to match convenir, pour une couleur; fr.: cour – cours – [il] court), des mots, proches selon leur prononciation qui ne sont pas forcément de la même famille.
• lexicaux, des mots se rapportant à une même partie du discours, de sonorité identique (fr.: balle мяч et bal бал; rus.: коса natte de cheveux − коса faux − коса langue de terre); • grammaticaux, les parties du discours différentes; peuvent les être les mots, qui manquent de forme de la variation du mot (still [adj.] calme, still [adverbe] jusqu’ici, still [conjonction] pourtant; week [nom] semaine, weak [adj.] faible); • morphologiques, de différentes formes grammaticales de mots différents qui coïncident par hasard (angl.: nose nez – [he] knows [il] sait; rus.: Чудойогурт всем полезен, всем хорош!). Parfois on parle également des paronymes, de mots presque homonymes (rus.: одеть − надеть; чистота – частота; fr.: gourmand обжора, любитель поесть − gourmet тонкий эстет питания, любит вкусное; éminant – imminent). Les synonymes, se dit de mots appartenant à une même partie du discours qui ont une signification lexicale identique ou voisine. • absolus, dont l’acception coïnside complètement (nom = substantif, thérapeute = généraliste) très peu nombreux; • idéographiques, ceux qui ne se distinguent l'un de l'autre que par quelques nuances sémantiques (трудный − сложный, divan – sofa – canapé); • stylistiques, ceux qui se distinguent selon leur couleur stylistique (fr.: chef – tête – caboche; œuvrer – travailler – bosser). • pourtant le plus souvent on a affaire à un type mixte de synonymes, ou il s’agit d’une différence idéographique et stylistique à la fois (rus.: прийти − явиться). Deux ou plusieurs synonymes forment une série synonymique, dans laquelle chaque mot peut avoir une nuance de signification, et l’un d’eux a la signification la plus générale et stylistiquement neutre.
regarder, considérer, examiner, observer, scruter, dévisager, fixer, lorgner, examiner, toiser, contempler, loucher, zieuter, etc. A l’intérieur d’une série synonymique à côté de mots isolés on peut trouver également des combinaison de mots, des locutions phraséologiques, des périphrases. mourir, finir ses jours, rendre l'âme, paraître devant Dieu, partir les pieds devant Dans le texte on peut également parler de synonymes contextuels, dont les acceptions conceptuelles se trouvent dans les relations complexes de dépendance mutuelle et forment un champ sémantique d'un fragment de la réalité (ensemble de mots-notions sur un seul sujet). Antonymes sont les mots opposés d’après leur signification conceptuelle. Puisque toutes les notions n’ont pas leur contraire, tous les mots n’ont pas leur antonyme. L’antonymie est propre: • aux substantifs et adjectifs exprimant une qualité ou un état (beauté / laideur; propre / sale); • aux substantifs et adjectifs exprimant des sentiments, l'humeur, les caractéristiques de l’homme (le bien / le mal; gai / triste); • à plusieurs verbes et adverbes (décoller / atterrir; en haut / en bas; aller / venir). On distingue des antonymes: • absolus (grand / petit; bon / mauvais) et • dérivés, formés à l'aide d'affixes (известный – неизвестный; understand − misunderstand; content – mécontent). Sur le classement chronologique du vocabulaire en archaïsmes, historismes et néologismes nous reparlerons dans l’aperçu historique.
Sur le classement stylistique du vocabulaire selon les styles fonctionnels, etc. nous reparlerons en stylistique.
COURS MAGISTRAL 8 NIVEAU SYNTAXIQUE 1. Généralités. 2. La syntaxe du groupement de mots. 3. La syntaxe de la phrase. 4. La syntaxe de l’unité superphrastique et du texte. 1. GÉNÉRALITÉS SYNTAXE
DU GROUPEMENT DE MOTS
DE LA PHRASE
TERMES DE LA PROPOSITION
DU TEXTE
TYPES DE PHRASES
La syntaxe est la partie de la grammaire étudiant la parole cohérente, ordonnée et les unités de langue plus grandes que le mot, c’est-à-dire le groupement de mots, la proposition, la phrase; elle décrit les règles de la combinaison des mots et de l’organisation des phrases dans les formations encore plus importantes telles que l’unité superphrastique (l’U.S.) et le texte. La combinaison des unités lexicales dans la parole se réalise plus librement que des phonèmes au sein de la syllabe ou des morphèmes à l’intérieur du mot, mais également d’après des lois et des modèles déterminés. Ce sont justement ces modèles de la construction de l’énoncé que la syntaxe étudie.
2. LA SYNTAXE DU GROUPEMENT DE MOTS Le groupement de mots (GM) c’est la structure syntaxique formée par la réunion non prédicative de deux ou plusieurs mots significatifs ou de leurs substituts pronomunaux. Sur le plan syntaxique, il représente l’expansion d’un terme de la proposition. Il existe des mots pareils aux GM (rus.: целеустремленный = устремленный к цели; стопятидесятиэтажный = высотой в 150 этажей; all.: Berlinreise = die Reise nach Berlin, GoethestraBe) et des GM ressemblant aux phrases (Quel beau temps!). Les moyens de liaison syntaxique ont pour fonction de relier les unités inférieures au sein d’une unité de niveau supérieur. Appliqué au GM, il s’agit de la liaison des mots à l’intérieur de cette unité. 1. La liaison de coordination a lieu entre les éléments homogènes, égaux au point de vue sémantique et fonctionnel, dont la position réciproque est assez arbitraire. (Сf.: rus.: я и она / fr.: elle et moi) 2. La liaison de subordination a lieu entre des éléments inégaux, dont la position réciproque est normalement fixe et dont on ne peut pas changer le rôle. Cette liaison est beaucoup plus répandue, c’est pourquoi on distingue encore trois sous-types: a) on parlent de l’accord morphologique, quand les grammèmes d’un mot se répètent dans le mot dépendant (rus.: он ест [la personne et le nombre], маленький мальчик [le genre, le nombre et le cas]). b) la rection morphologique consiste dans le fait que le mot principal provoque l’apparition dans le dépendant de nouveaux grammèmes (ест конфету [le cas]) et
c) l’accompagnement positionnel (ест с аппетитом) lorsque les mots ne changent pas de forme grammaticale. Parfois seul l’ordre des mots est important. Angl.: a cold stone / a stone cold 3. Les mots-outils syntaxiques régularisent les liaisons non seulement entre les GM, mais encore entre des propositions entières à l’intérieur des phrases: • conjonctions de coordination, • conjonctions de subordination, • mots relatifs (pronoms et adverbes), • particules, • copules. Selon leur structure les GM sont divisés en: • simples ou à deux termes (домашнее задание) et • complexes ou à plusieurs termes (проверка домашнего задания). D’après le type grammatical du composant principal GM, on distingue : • nominaux (le composant principal: le nom); • attributifs (le composant principal: l’adjectif); • verbaux (le composant principal: le verbe); • adverbiaux (le composant principal: l’adverbe) et • pronominaux (le composant principal: le pronom); 3. LA SYNTAXE DE LA PHRASE La proposition simple à deux termes constitue l’unité syntaxique principale de la langue, l’unité de base dont toutes les autres dérivent ou font partie. C’est dans la proposition que l’idée humaine est formée et s’exprime. Si le GM est une unité nommante, la proposition en est une communiquante.
Les principaux traits distinctifs de la phrase sont: 1) son indépendance communicative, 2) sa prédication et 3) sa propre présentation intonative. 1. La communicativité de la phrase consiste à être rapportée réellement (et non potentiellement, comme le mot) à une situation concrète (et non à toute situation convenable, comme le mot), à posséder un objectif communicatif: affirmer ou nier, demander de l’information ou pousser à l’action. 2. La prédication c’est la catégorie grammaticale générale exprimant le rapport entre le contenu de la phrase et la réalité. La prédication détermine la liaison entre les termes principaux de la proposition, i.e. le sujet et le prédicat. Prédomine la conception verbocentrique de la phrase, selon laquelle la dominante de la proposition est le prédicat. Même dans une phrase elliptique (incomplète), on peut parler du terme principal de la proposition (du prédicat), ne soit-ce que sousentendu, à exposant zéro. − Tu l’as fait quand? − Hier. (= Je l’ai fait hier.) − ellipse La signification générale de prédication s’exprime par les catégories syntaxiques de mode, de temps et de personne. Principaux types fonctionnels et modaux des phrases (d’après le but communicatif): • énonciatives (offre d’information); • interrogatives (demande d’information); • impératives (incitation à l’action); • optatives (l’expression d’une condition). Selon le caractère de l’attitude exprimée dans la phrase vis à vis de la réalité: • affirmatifves et • négatives. 3. Quant à sa propre présentation intonative, un mot isolé, comme élément du système de la langue, n’en a pas, la phrase si.
Сf.: зима / Зима... Selon le coloris émotionnel du sujet parlant, les phrases se répartissent en: • exclamatives (emphatiquement colorées) et • non-exclamatives (emphatiquement incolores). L’ASPECT SYNTACTICO-CONSTRUCTIF (formel) Selon leurs particularités constructives, les phrases sont classées en: • simples (propositions) et complexes (composées); • monor[h]èmes (nominales et verbales) et dir[h]èmes; • complètes et elliptiques (incomplètes). La structure de la phrase dépend de la valence. Du point de vue logicosémantique, la phrase correspond à une situation définie, dans laquelle divers participants de l’action verbale sont impliqués. Chaque participant peut être exprimé par un élément nominal appelé actant et remplissant la fonction de sujet ou bien de complément d’objet. Le verbe (le prédicat) peut se marier différemment avec les actants, "réserver" pour eux des places potentielles. Une telle faculté du verbe d’engager des liaisons syntaxiques, d’attacher des actants, s’appelle valence. Le verbe russe trivalent "ревновать кого-то к кому-то" correspond au verbe français bivalent "jalouser qn". Il existe également des verbes univalents (vi – Pierre dort.) et même avalents, sans actants, à valence zéro: il faut, il pleut. Dans la structure grammaticale de la proposition on distigue les termes de la proposition: essentiels et secondaires. Le prédicat est le terme essentiel de la proposition, son noyau. Il peut être simple et composé, verbal et nominal. Le sujet c’est l’actant principal. Le complément d’objet est un actant secondaire, il peut être direct et indirect, médiat (prépositionel) et immédiat (sans préposition). Lorsque dans la syntaxe on décrit les rapports entre le mode actif et le passif, on distingue deux types d’actants: l’agent (le sujet parlant) et le patient
(l’objet de l’action). Dans l’actif le sujet correspond à l’agent, et dans le passif au patient. Кошка съела мышку. Мышка съедена кошкой. Les compléments circonstanciels nomment les indices essentiels de la situation. Selon la signification ils sont divisés en compléments circonstanciels de lieu (où? d’où?), de temps (quand?), de manière (comment?), de but (pour quoi [faire]?), de cause (pourquoi?), de conséquence, d’instrument, de condition, etc. Le complément déterminatif (de nom, attributif) et l’épithète (modificateur) distingués traditionnellement ne sont pas de véritables termes de la proposition, mais seulement membres d’une locution non prédicative. Les termes de la proposition peuvent avoir ou ne pas avoir de place fixe dans la structure de la phrase, c’est-à-dire l’ordre des mots dans la phrase peut être fixe (langues européennes) ou libre (le russe). L’ordre des mots est un composant essentiel dans la structure de la proposition, il caractérise le types des phrases: affirmative − l’ordre direct (1. sujet, 2. prédicat, 3. compléments), interrogatif − inverse (1. prédicat, 2. sujet, 3. compléments). Il existe des ordres de mots encore plus rigides. Ainsi dans l’allemand le prédicat de la principale est toujours placé en 2e position, et dans la subordonnée à la fin (construction dite “de cadre”): Morgens fahre ich nach Berlin. Ich weiβ daβ er nach Berlin gefahren ist. Fr.: Tout n’est pas clair. – rus.: Не все понятно. Rus.: 1. Кошка съела мышку. 2. Мышку съела кошка. 3. Мышку кошка съела. 4. Кошка мышку съела. 5. Съела кошка мышку. 6. Съела мышку кошка.
Et même en russe: Бытие определяет сознание. Твои друзья – мои друзья. Добро всегда побеждает зло. Ce qui en russe peut être exprimé par l’ordre des mots, dans d’autres langues exige d’autres moyens d’exression: des mots-outils (articles, pronoms), tournures syntaxiques de mise en relief (reprise, anticipation), etc. L’ASPECT LOGICO-COMMUNICATIF (division actuelle ou communicative de l’énoncé) reflète la charge informationnelle de la proposition. Sur ce plan, la phrase est examinée comme une unité fonctionnant dans un processus communicatif. On dégage dans la phrase deux parties en fonction de leur teneur en information actuelle: 1) Le thème: le donné par la situation de communication, le connu, le sujet logique, le message initial connu du destinataire (à l’objet de la parole) ou évident pour lui (peut être omis); 2) le rhème, le noyau, l’information nouvelle, le contenu principal de l’énoncé (ne peut pas être omis). rus.: В комнату вошел человек. Человек вошел в комнату. angl.: A man entered the room. The man entered the room. fr.: Un homme entra dans la pièce. L’homme entra dans la pièce. L’information actuelle est transmise par l’ordre des mots, par la place de l’accent logique et par les déterminatifs (l’article défini / indéfini, pronom, particules).
COURS MAGISTRAL 9 NIVEAU SYNTAXIQUE (fin) 4. LA SYNTAXE DE L’UNITÉ SUPERPHRASTIQUE ET DU TEXTE
Certains phénomènes grammaticaux (l'emploi de déterminatifs, l'ordre des mots en fonction de la division actuelle ou le choix du temps grammatical de verbes) ne peuvent être expliqués qu’au niveau du texte. En outre les prhrases au sein du texte sont groupées selon des règles bien établies, bien que moins obligatoires que d'autres règles grammaticales. La hiérarchie des formations communicatives: 1. la proposition [simple]; 2. la phrase [complexe]; 3. la phrase supercomplexe (+ la parcellisation); 4. l’unité superphrastique (U.S.); 5. le texte (le discours). La phrase supercomplexe comprend plusieurs propositions ou phrases coordonnées ou co-subordonnées, qui pourraient constituer des propositions indépendantes (signe de ponctuation ";"). Exemples: Proust Parcellisation est un phénomène opposé à la phrase supercomplexe, c’est la présentation d'un énoncé sous forme d’une série de segments isolés intonativement. Graphiquement, ces unités sont séparées par des points et des majuscules, comme les propositions indépendantes. Я поцелую тебя. Потом. Если захочешь. L’unité superphrastique (L’U.S.) est une unité syntaxique complexe, le principal élément sémentique et structural de la parole cohérente (du discours), possédant une unité de contenu et une structure intérieure. On distingue l’U.S. du paragraphe aussi bien que de l’alinéa qui ne sont que des articulations formelles du texte. Sur le plan sémantique, l’U.S. est caractérisée par une unité de thème (le développement d'un micro-thème). Il existe deux variations sémantiques de l’U.S.:
• descriptive (description des événements simultanés, de l'état de la nature, la situation, les émotions des personnages, etc.) et • narrative (description successive des événements, des actions qui se suivent). Le texte (discours) est une succession d’éléments de langage créant une formation de parole avec une integrité sémentique déterminée et une organisation structurale. Le texte peut avoir le volume infini ou un seul mot, par exemple, l'écriteau "DIRECTEUR". Il est impossible d’effectuer un inventaire de la structure des U.S. et des textes, leur diversité est infinie, même pour des formes stables de textes à l’intérieur de genres définis (lettres d'affaires, documents diplomatiques, brevets d’invention, etc.). Les moyens suivants participent à l’organisation interne de l’U.S. et du texte: 1. L'ordre des mots: • successif (dans les U.S. narratives) lorsque le rhème de la phrase précédente devient le thème de la suivante: A (T) + B (R). > B (T) + C (R). > C (T) + D (R). etc. Il est entré dans une pièce. Là il y avait beaucoup de monde. Tous causaient paisiblement. • parallèle (dans les U.S. descriptives) lorsque le même thème est gardé dans une succession de phrases: A (T) + B (R). > A (T) + C (R). > A (T) + D (R) etc. La dame s’approcha. Elle avait un certain âge. Ses cheveux étaient blancs. 2. Les conjonctions, les adverbes pronominaux qui établissent entre les phrases des relations de temps, de lieu, de cause ou de conséquence, etc. 3. Les éléments dépendants de l'énoncé: les parcellisés et les tournures elliptiques. 4. Les formes du temps grammatical qui déterminent le passage du temps narratif (passé simple, passé composé) au descriptif (présent, imparfait).
5. Les déterminatifs (articles, pronoms) qui lient logiquement chaque phrase suivante avec la précédente. 6. Le lexique thématique, les mots qui désignent des objets et des notions liées au micro-sujet de l’U.S. en question. 7. Les compléments circonstanciels de temps (D'abord, ensuite, soudain, entretemps, en 1968, etc.) et de lieu (à Paris, chez eux, etc.) qui servent souvent d’indices frontaliers entre les U.S. 8. La coréférence, ou la désignation, dans le cadre d’un seul texte, d’un même objet dénotatif à l’aide de moyens différents, c’est une nomination réitérative (Jeune homme; Paul Dupont; il; celui-ci; l’étudiant; lui; son visage [souriait], etc.). Le texte et l’U.S. commencent souvent par une phrase sémantiquement indépendante (autosémantique) qui exprime l'idée principale de l’U.S. et sert d’indice de son début. Les phrases suivantes sont sémantiquement liées au début et, normalement, l'expliquent, généralisent ou développent son sens. Le début classique des contes: "Il était une fois..." Parfois la phrase du début commence par un nom propre ("Dupont était un homme dans une quarantaine..." = "Il était un homme d’une quarantaine d’années, nommé Dupont."), mais il est beaucoup plus logique de commencer le texte par un indicatif de temps ou de lieu: "Un beau jour d'été..."; "Une fois en Amérique..." En faisant un résumé respectez la succession logique de présentation de l'information: 1. Où se passe l'action? 2. Quand se passe l'action? 3. Qui sont les personnages ? a) sexe, b) âge, c) la position sociale, occupations, d) situation de famille, e) apparence,
f) traits de caractère, g) son rôle dans les événements décrits. 4. La ligne de sujet (pour les textes narratifs) ou la description. 5. Les liaisons cause-conséquence (pour les textes descriptifs). COURS MAGISTRAL 10 STYLISTIQUE (début) 1. Généralités. 2. Les figures de style. 3. La stylistique des niveaux différents du langage. 4. Les styles fonctionnels. 1. GÉNÉRALITÉS Il existe la stylistique linguistique traitant de toute une langue et la stylistique des belles lettres qui s’occupe de la langue des œuvres littéraires isolées ou de leurs auteurs. C’est la première qui va nous intéresser. Elle à son tour possède plusieurs aspects. Ainsi on parle de: • stylistique générale, • stylistique appliquée, • stylistique comparée, • stylistique fonctionnelle, etc. Là encore c’est le premier aspect qui va faire partie de notre étude. Les moyens d’expression linguistique sont redondants. Cela signifie que sur le plan de l’expression il y a toujours plusieurs possibilités différentes d’exprimer un plan du contenu. La notion clé en stylistique est “le choix”. En réalisant un acte de parole nous faisons le choix d’une seule variante dans une série de moyens d’expression synonymiques en fonction du but communicatif, des circonstances, de la situation sociale des interlocuteurs, de leur familiarité, etc. La notion de
"variabilité" est plus large que celle de "synonymie". Voici l’exemple de variantes stylistiques de l’expression de consentement: volontiers – avec plaisir – eh bien, ce n’est pas de refus – je ne dirais pas non – pourquoi pas? – d’accord – entendu – c’est bien – OK Donc en parlant nous effectuons toujours un choix. Nous chosissons les moyens d’expression linguistique et nous prenons en considération les particularités des registres de la parole en fonction des contextes sociaux types (cf: une interview avec le président à la télévision et une conversation entre amis dans la cour). Ce choix s’effectue à tous les niveaux du langage (la sélection de la prononciation, du lexique et de structures grammaticales qui conviennent à la situation). Le style (le registre) de la parole est un type de la parole employé dans une situation publique standard. Les styles de la parole font partie du comportement social de la personne, de son adaptation langagière au milieu et à la situation sociales. En effet, la situation de communication est le point de référence de l’analyse stylistique. Le style neutre se caractérise par un emploi de moyens d’expression non colorés, transstylistiques, qui seraient opportuns dans toute situation de communication. aller, le soleil, grand, hier; le présent des verbes, etc. Lorsque la zone d’emlpoi d’un élément de langage ou d’une construction est rétrécie, il acquert une couleur (un coloris) stylistique. Tout ce qui n’est pas neutre est expressif, autrement dit, "saute aux yeux". Ainsi la tache sur une nappe est imperceptible pour un sauvage ne sachant pas qu’il ne doit pas y en avoir normalement, mais est évidente pour une personne cultivée. Alors, qu’est-ce qui est expressif, qu’est-ce qui "saute aux yeux"? 1) ce qui se trouve à une place inabituelle, dans une distribution inhabituelle ("родом из детства"), ce qui est employé dans une situation de communication non appropriée, ce qui est enlevé du contexte ou du style
général ("Садитесь жрать, пожалуйста."); y compris ce qui est rare: le lexique
périférique,
les
termes
spéciaux
rares
d’origine
savante
("гипербулия" au lieu de "обжорство"), archaïsmes (marque "vieilli": "нежели"), historismes ("vx": "агнец") ou néologismes; des formes grammaticales peu usitées (fr. passé simple, passé antérieur, imparfait et plus-que-parfait du subjonctif – coloris du discours littéraire, du style soutenu); 2) ce qui est imagé, c’est-à-dire ce qui provoque des images sensitives: visuelles, auditives, gustatives ou olfactives (каменное сердце, взрыв апплодисментов, кислая мина); 3) ce que contient un élément émotionnel ou appréciatif (les gens [neutre] / le peuple [appréciation positive] / la foule [appréciation négative]) – marques stylistiques de dictionnaire: презр., неодобр. (недотепа), пренебр. (разиня),
унич.,
шутл.,
ирон.
(недоросль),
бран.
(сопляк),
ласк[ательное] (бабуля). 4) ce qui est dit de façon figurée, indirecte; là il s’agit avant tout de certains procédés langagiers, largement appliquées dans les belles lettres et appelés “figures de style”. 2. LES FIGURES DE STYLE Les moyens d’expression linguistique et stylistique de certaines structures de pensée dans le discours sont appelés figures (y compris les tropes, figures par lesquelles un mot ou une expression est détourné de son sens propre). A part la comparaison, la métaphore, la métonymie et la synecdoque, que nous avons examinés en lexicologie, on peut citer bon nombre d’autres figures, telles que: Antithèse, une sorte d’opposition, pas forcément antonymique. физики и лирики; они сошлись, волна и камень Oxymore, cumul de notions antonymiques à l’intérieur d’une même expression: великий раб, черное солнце, месса атеиста
Gradation, une série synonymique avec un renforcement (ascendante) ou un affaiblissement (descendante) de la signification. Толпа загудела, заворчала, зашумела, заревела. ...ни Бог, ни Цезарь, ни трибун. Inversion, figure syntaxique du réarrangement des éléments. деревянный стол (нейтр.) / стол деревянный (спецификация) уже сделал (нейтр.) / сделал уже (разг., эмфатично) Сопляки паршивые, манеру взяли каждый день буянить. Parallélismes: a) anaphore: Abcd. Aefg. "Будет новая весна, будут снова цвести сады"... b) épiphore: abcD. efgD. "Новая весна будет, снова цвести сады будут"... c) épanaphore: abcD. Defg. "Новая весна будет, будут снова цвести сады"... d) anaépiphore: Abcd. defA. "Будет новая весна, снова цвести сады будут"... Périphrase, une désignation indirecte. царь зверей (лев), земля обитованная (Израиль), страна восходящего солнца (Япония), помощники смерти (врачи), отдать Богу душу, приказать долго жить (умереть), мать моих детей (моя жена) Euphémisme, une expression atténuée, adoucie; une désignation embellie: rus. БОМЖ (бродяга) Cf. fr.: SDF (clochard) du troisième âge, âgé (vieux) мастер машинного доения (доярка) les pays du tiers monde (sous-développés) Question de rhétorique, une phrase expressive formellement interrogative, mais au fond affirmative ou impérative:
rus.: Кто же не знает старика Крупского? (= Все знают.) fr.: Est-ce que vous ne comprenez pas? (= Comprenez donc!) angl.: Who cares ? (= Nobody cares.) Hyperbole, expression exagérée, outrée, trop forte: Je te l’ai répété mille fois! Litote, expression atténuée, affaiblie; faire entendre le plus en disant le moins: Il n’est pas ennemi de la gaité (= il aime rire et s’amuser) il n’est pas très gai chez vous (= on s’ennuie); je ne dirai pas non (= je suis d’accord) Antiphrase, expression ironique directement opposée à ce qu’on veut dire: ну ты умен! (= дурак), ну ты хорош! (= на черта похож) J’adore les maths! (= je les déteste) Pléonasme, la figure stylistique de renforcement qui représente un doublage, normalement incorrect, d’un même sème: вот он он, самый оптимальный*; другой альтернативы нет*; pléonasmes usés: заранее предвидеть, подниматься вверх, ревмя реветь, le jour d'aujourd'hui angl.: They gethered together. Personification et dépersonification Или это колокольчик весь зашелся от рыданий... Le violon pleure. Il s’est évaporé. Assonance (combinaison de voyelles homonymes) et allittération (harmonie de consonnes): Les sanglots longs des violons de l'automne... Les militaires ne méritent que du mépris muet. Нева вздувалась и ревела, Котлом клокоча и клубясь. Prétérition, procédé rhétorique par lequel on attire l’attention sur une chose en déclarant n’en pas parler: Je ne dirai rien de son dévouement qui fait l’admiration de tout le monde. Je n’ajouterai pas que nous sommes ravis de ce que nous venons de voir.
Dupont, pour ne pas le nommer… Ellipse stylistique, une variété d’omission: Quand on parle du loup… Яблоко от яблони... Дурак дурака... Zeugme, une variété de l’ellipse combinée: шел дождь и два студента летели два крокодила; один зеленый, а другой в Африку пить чай с женой и вареньем девушка потеряла честь и кошелек англ.: His purchases were a great sacrifice both to his health and his pocketbook. Catachrèse, aphérèse, apocope, chiasme, etc. vous étudierez plus en détail en cours de stylistique et en lecture analytique. COURS MAGISTRAL 11 STYLISTIQUE (fin) 3. LA STYLISTIQUE DES NIVEAUX DIFFÉRENTS DU LANGAGE Les moyens d’expression à tous les niveaux de langage peuvent avoir une couleur stylistique: 1) Certaines variantes de prononciation de mêmes mots (le niveau phonétique); rus.: сейчас (prononciation soignée) – щас – ща он говорит – "он грит" angl.: and [xnd] (style déclamatoire) – [end] – [qn] – [n] did you – didja; going – gonna fr.: je ne sais pas – je n'sais pas – ch'sais pas – ché pas
2) Certaines formes grammaticales (le niveau morphologique). Certains morphèmes sont stylistiquement neutres, d’autres stylistiquement colorées (рус. благовоние (высок.) – вонять (прост.)). rus.: participes et gérondifs rajoutent une nuance littéraire cf.: "увидев тебя" – "когда я тебя увидел" "я-то", "какой такой" (fam.) какого цвета (neutre) – каким цветом (pop.) angl. fam.: pour present perfect (Have you heard?) → past indefinite (Did you hear?) fr.: passé simple – passé composé; futur simple – futur immédiat Nous allons. – On va. 3) Certaines formes syntaxiques (le niveau syntaxique) : angl.: You know it. (neutre). - You do know it. (fam.) And he went off. (neutre). - And off he went. (littér.). Don't you know it ? (neutre). You don't know it ? (fam.) fr.: Où vas-tu? – Où est-ce que tu vas? – Tu vas où? J’aime à lire. (littér.) – J’aime lire. (neutre) 4) Mais avant tout le lexique (le niveau lexical). Style, registre soutenu, élevé neutre familier
rus.
angl.
fr.
all.
труд
labour
ouvrage (m)
Schaffen (n)
скончаться
to decease
décéder
verscheiden
работа
work
travail (m)
Arbeit (f)
умереть
to die
mourir
sterben
халтура
fag
boulot (m)
Schluderei (f)
сдохнуть
to croak
crever
krepieren
Dans le dictionnaire, les mots neutres n'ont aucune marque stylistique. Pour ce qui est du lexique expressif, il existe toute une série de marques lexicographiques donnant une caractéristique stylistique du mot:
• litt. – signifie que le mot est caractéristique d’une exposition écrite, savant (предвестник, пращур, сопредельный). • poét. – signifie que le mot donne au discours une nuance solennelle, emphatique; il est propre au discours d’orateur, poétique, tout en étant une variété des mots savants (недуг, прах, останки, повергнуть, превыше). • admin. – signifie que le mot est propre à la langue écrite de l’administration ainsi qu’à la parole des relations officielles (правонарушение, сопроводить, за неимением...). • fam. – usage parlé et même écrit de la langue quotidienne: conversation, etc. sert de caractéristique des relations aisées, naturelles; mais ne dépasse pas les limites de la norme (размозжить, получить [au sens "être battu"], нытик, пакость, дурацкий). • pop. – qualifie un mot ou un sens courant dans la langue parlée des milieux populaires (souvent argot ancien répendu), qui ne s’emploierait pas dans un milieu social élevé et qui rajoute une nuance expressive de négligence, de raillerie, (огреть [= ударить], огрести, сопли, обалденный). • région. – "régional", cette marque accompagne les mots locaux, dialectaux qui ne sont pas d’usage général (hors le langage commun) ou qui sont sentis comme propres à une région (в Туле: жамка, термозок, знойно (= морозно), стака′ны (variante de prononciation régionnale)). • techn. – terme de métier, mot appartenant au langage spécial, professionnel, peu ou mal connu de l’ensemble du public; quand il s’agit d’une technique particulière, techn. est remplacé par le nom de cette technique (aviat., auto., électr., etc.) (эндшпиль (спец.шахм.), кода (спец.муз.), финиш (1. спец. спорт; 2. молодеж. жаргон) [СР.: конец (нейтр.), окончание (более кн.), завершение (кн.)]).
1. Langage littéraire (savant)
Style élevé (soutenu)
Langue
2. Langage courant
Style neutre
commune,
(usuel)
Style parlé
normative
3. Langage familier 4. Langage populaire et vulgaire 5. Jargons (y compris
Norme communicati ve
Style bas
Langue non
(expressif)
littéraire, non normative
l’argot) “Mat” (tabou)
Hors norme 4. LES STYLES FONCTIONNELS
Au sein du langage correct, normatif, les différences stylistiques ou les variétés fonctionnelles sont appellées styles fonctionnels. 1. Styles fonctionnels littéraires: • Courant • Poétique et déclamatoire: le style élevé et solennel, très imagé avec une prononciation sans chute ni réduction. Лишь порой едва уловимое дуновение ветра странствий доносит до нас лепестки с необозримых материков неизведанного... • Scientifique: objectif, monosémique sans image ni appréciation, impersonnel. В настоящем исследовании рассматривается комплекс методологически корректных
определений,
приведенных
в
соответствии
с
законом
релевантности... • Administratif: formel, sobre, plein de clichés administratifs, souvent archaïques. В связи с вышеуказанным заявлением гражданина N. рекомендуется незамедлительно уведомить все должностные лица о недопустимости...
• Journalistique: mélange d'une certaine sobriété formelle avec un côté appréciatif, imagé. Наконуне состоялась беседа между главами правительств, которые на брифинге информировали журналистов о создании всемирной организации в поддержку... 2. Variantes du style parlé – coloris stylistique familier, expressif, émotionnel, appréciatif. Au sein du style parlé on distingue parfois: • Le style parlé proche du neutre: Здесь ничего, жить можно. Только вот зарплата маловата да и дорога никуда не годится. Пока до города доберешься... • Le style parlé proche du populaire: Житуха тут ничо, клевая. Ваще-то платют паршиво, да и дорога не ахти. Пока до города доковыляешь... En dehors de la parole correcte, normative se trouvent les mots populaires, les argotismes, les mots de jargons et les mots tabous (marqués "pop.", "argot", "grossier", "vulg.") – coloris stylistique encore plus familier, encore plus expressifs (toujours). rus. pop.: борзеть, зенки, придурковатый; арго: канать, хаза Entre les styles il n'y a pas de frontières rigides, une telle classification est assez conventionnelle. Dans chaque langue on réglemente la proportion d’éléments savants et parlés dans le style neutre de la parole. Cette proportion peut varier d’une langue à une autre. Par exemple, le français moderne est fortement familiarisé (omission du "ne", et d’une grande quantité de [q] caducs; emploi d’argotismes et de mots populaires genre pub, boulot, nana; baisse du nombre d’inversions, etc.). Cependant, il paraît que le russe contemporain le rattrape en ce sens-là. On peut parler d’une tendance générale de l’évolution stylistique dans le langage: du bas en haut, c’est-à-dire les formes soutenues vieillissent, meurent, et sont graduellement remplacées par des plus neutres ou parlées, qui, à leur tour, sont enrichies par des éléments populaires ou même argotiques.
COURS MAGISTRAL 12 LINGUISTIQUE COMPARATIVE ET DIACHRONIQUE (début) 1. L’origine du langage. 2. Tendances principales du développement historique du langage. 3. Parenté généalogique de langues. 4. Etapes principales du développement du langage. 5. Phonétique historique (diachronique). 6. Lexicologie historique. 7. Evolution de la grammaire. 8. Les lois intérieures du développement du langage. 1. L’ORIGINE DU LANGAGE L’homme est fruit d’une longue évolution du monde animal. Le langage humain n’est autre chose qu’une catégorie historique. Il a dû naître à l’étape de la complication du système de relations à l’intérieur du troupeau humain et de sa transformation en société, au moment où l’on a eu besoin de se dire quelque chose l’un à l’autre. 1. Les théories biologiques de l’origine du langage privilégient l’importance du langage mimique et gestuel, des modulations intonatives propres aux cris des animaux. En effet, l’homme n’est qu’un animal hautement organisé de la classe de primates. • La théorie onomatopéique: le langage a apparu comme une imitation de bruits du milieu ambiant ou comme des caractéristiques sonores des objets nommés: rus.: ку-ку, кар-кар (fr.: cra-cra, froufrouter), му, игого, шелестеть, реветь, клокотать; бублик, боб, губа (consonnes bilabiales). • La théorie interjective (réflective): les premiers mots représentent des exclamations spontannées du type réflectif exprimant un état ou une émotion:
peur, joie, faim, froid etc.: а! у! брр...; voyelles fermées / ouvertes: rus. здесь – там; angl. here – there; all. hier – dort; fr. ici – là. • La théorie des contacts: l’homme et les animaux possèdent les mêmes tendances biologiques, le langage n’est qu’une des formes de comportement collectif chez les animaux. 2. Les théories sociales de l’origine du langage: • La théorie du contrat social. • La théorie de travail: le langage a apparu comme un moyen d’optimisation et de coordination des activités communes. • La théorie des exclamations de travail: les premiers énoncés sont des signaux accompagnant les activités communes. Les étapes principales de l’apparition du langage: position debout (homo erectus) – main disponible – premiers outils – coopération sociale de production (début de la chasse aux grands animaux nécessitant une organisation) – développement des organes d’articulation et du cerveau. D’abord le langage sert à gérer la coopération sociale de production, ensuite, graduellement, il se transforme en moyen social de fixation des notions. Phonétiquement, la parole humaine initiale était primitive et comprenait des énoncés monosyllabiques diffuses, vagues, faiblement différenciées, accompagnant les gestes et le dessin intonatif de l’exclamation. Les premières oppositions, selon toute probabilité, étaient: pour les voyelles “orales – nasales”; pour les consonnes “bilabiales – postlinguales”. Morphologiquement, les mots étaient formés principalement d’après le mode réduplicatif, par répétition et addition de racines. Cf: le langage dit enfantin: maman, pa-pa, mé-mé, pé-pé, pi-pi, ca-ca, do-do, bo-bo, etc. Le lexique lui aussi était sémantiquement diffus: en fonction de la situation, le même mot pouvait signifier plusieurs choses, c’est-à-sire était très polysémique. Peu à peu, la structure du langage se compliquait et se développait parallèlement à tous les niveaux: phonétique, lexical et grammatical.
2. TENDANCES PRINCIPALES DU DÉVELOPPEMENT HISTORIQUE DU LANGAGE L’aspect dyachronique de l’étude linguistique est étudié par l’histoire de la langue. Cest une discipline appliquée étudiant le développement d’une langue concrète. Nous on va parler des lois du développement historique de n’importe quelle langue. Donc, les tendances principales du développement historique: 1. La continuité du processus de développement. Actuellement les tribus moins civilisées possèdent un langage déjà hautement développé. On n’observe plus de périodes de naissance, de maturation et de décadence, comme en phylogenèse. 2. L’inégalité de changements aux niveaux différents du langage (phonétique, lexical et grammatical), mais sans saccades ni explosions. 3. Le principe dialectique: la contradiction comme source du développement du langage. La contradiction entre deux processus opposés: la divergence ou la différenciation (division territoriale, désintégration d’une langue commune en plusieurs) et la convergence ou l’intégration (groupement, rapprochement de langues ou de dialectes). Les raisons économique ou militaires et politiques (migrations de tribus, évincement d’une langue par une autre). 4. Le croisement (hybridation) et l’influence mutuelle entre les langues. à partir du Ier s. av. J.-C.
à partir du Ve s. après J.-C.
superstrat
Romains
Francs (Germains)
substrat
Gaulois (Celtes)
Gaulois romanisés
Le cas particulier d’un tel voisinage linguistique – apparition de soi-disante “lingua franca”, moyen de communication interethnique. Par exemple, le latin au moyen âge sert de langue des sciences, de la religion catholique, de la correspondance d’affaires. 3. PARENTÉ GÉNÉALOGIQUE DES LANGUES
La parenté des langues est le résultat du processus de divergence de plusieurs langues à partir d’une langue mère (langue souche, langue primitive). Par exemple, les langues issues de la langue originelle indo-européenne possèdent certaines régularités communes phonétiques, de formation des mots et grammaticales. мать – mère – mother – Mutter сестра – soeur – sister – Schwester солнце – soleil – sun – Sonne аз есмь, ты еси, он есть, мы есмы, вы ести, они суть je suis, tu es, il est, nous sommes, vous êtes, ils sont I am, (thou art), it is, we are, you are, they are ich bin, du bist, es ist, wir sind, ihr seit, sie sind Plus tard, au cours du développement, la langue mère commune (par ex., de la langue souche germanique) fait naître des langues modernes particulières (l’allemand, l’anglais, le danois, le suédois, le norvégien, le hollandais, etc.). Parfois la ressemblance sonore extérieure peut s’avérer illusoire. Ainsi, voyelles nasales en polonais et en français ne sont pas un indice de parenté. Et haben allemand provient non pas du habeo latin mais du capio (je prends). Les plus grands groupements généalogiques s’appellent familles de langues; ils sont divisés en groupes de langues parfois répartis à leur tour en sous-groupes. Classification généalogique des langues I.
La famille de langues indo-européenne (plus de 2 mlrd. de pers.): • Le groupe indien (800 mln. de pers.): le hindi (hindoustani) et l’ourdou, le tsigane (romani) et d’autres. • Le groupe roman (env. 600 mln. de pers.): le français, l’italien, l’espagnol, le portugais, le roumain, le moldave, etc. • Le groupe germanique (env. 400 mln. de pers.): - Le sous-groupe occidental: l’allemand, l’anglais, le hollandais (+flamand), le yiddish (la langue moderne des juifs) et d’autres.
- Le sous-groupe septentrional: le danois, le suédois, le norvégien, l’islandais et d’autres. • Le groupe slave (env. 300 mln. de pers.): - Le sous-groupe oriental: le russe, l’ukrainien et le biélorusse. - Le sous-groupe méridional: le bulgare, le serbo-croate, le slovène et le macédonien. - Le sous-groupe occidental: le polonais, le tchèque et le slovaque. • Le groupe iranien (aryen) (env. 80 mln. de pers.): le persan, le dari, l’afghan (le pachto), le tadjik, l’ossète et d’autres. • Le groupe grec (env. 12 mln. de pers.): le grec. • Le groupe celtique (env. 10 mln. de pers.): l’irlandais et l’écossais (gaëlique), le kymnique, le breton, le gaulois (langue morte) et d’autres. • Le groupe arménien (env. 7 mln. de pers.): l’arménien. • Le groupe albanais (env. 5 mln. de pers.): l'albanais. • Le groupe balte (env. 5 mln. de pers.): le letton et le lit[h]uanien. II.
La famille sino-tibétaine (plus d' 1 mlrd. de pers.): le chinois; le tibétain, le birman…
III.
La famille nigéro-congolaise (env. 300 mln. de pers.).
IV.
La famille altaïque (env. 300 mln. de pers.): le turc, l’azéri, l’ouzbek, le turkmène, le kazakh, le ta[r]tar, le bachkir, le tchouvache, le yakoute; le mongol, le kalmouk; l’evenki; le nanaï et d’autres.
V.
La famille chamito-sémitique (afro-asiatique) (env. 260 mln. de pers.): l'arabe, l’hébreu (créé à la base de l’ancienne langue hébraïque), l’égyptien (mort) et d’autres.
VI.
La famille malayo-polynésienne (env. 250 mln. de pers.): l’indonésien; le javanais; le malais; le hawaïen, le tahitien et d’autres.
VII. La famille dravidienne (env. 190 mln. de pers.). VIII. La famille austrasiatique (env. 75 mln. de pers.): le vietnamien, le khmer et d’autres. IX.
La famille thaï (env. 67 mln. de pers.): le thaï, le laotien et d’autres.
X.
La famille américaine (env. 36 mln. de pers.) représente au fait un regroupement de plusieures familles de langues des peuples indiens d’Amérique: le delaware, le cherokee, l’alabama, le dakota, le comanche, et beaucoup d’autres.
XI.
La famille nilotique (nilo-saharienne) (env. 32 mln. de pers.).
XII. La famille finno-ougrienne (ouralienne) (env. 24 mln. de pers.): le finnois, le lapon (carélien), l’estonien; le hongrois, le hanty, le mansi; l’oudmourth, le komi; le mari, le mordve; le samoyède (nénéen) et d’autres. XIII. La famille caucasienne (env. 5 mln. de pers.): le géorgien; l’adyghéen, l’abkhaze; le tchétchène, l’ingouche et d’autres. Restent de nombreuses langues que les linguistes ne savent pas classer. Par exemple, le basque (hors classe) est drôlement proche des langues caucasiennes. Depuis peu on a reconnu les structures de parenté aux langues caucasiennes du japonais et du coréen. En outre, on ne sait pas quelles relations ont pu exister, en des temps très reculés, entre les différentes familles. Certains cherchent à réunir certaines langues appartenant à des familles différentes dans une seule grande famille. 4. ÉTAPES PRINCIPALES DU DÉVELOPPEMENT DU LANGAGE Les étapes principales du développement du langage ont beaucoup de points communs avec le processus du développement historique de la société humaine, avec ses diverses formations sociales et politiques. 1. L’ordre social primitif – organisation sociale de tribu – langue de tribu. Processus dominant: divergence. 2. L’antiquité, le régime esclavagiste – organisation territoriale, étatiste de la société – langue d’ethnie. Il existe des différences de tribu (non territoriales) dans la langue. Pourtant c’est la convergence qui prédomine. Apparition de l’écriture. 3. Le moyen âge, féodalisme – formation de dialectes à l’intérieur de la langue d’ethnie. De nouveau c’est la divergence qui l’emporte. L’ethnie à cet époque
suppose une communauté territoriale, culturelle et linguistique, mais non économique et non étatique (morcellement féodal, manque de contacts interrégionaux). Les dialectes continuent les anciennes différences de tribu tout en les remplaçant par les locales, territoriales. En outre, cette période est caractérisée par une existence parallèle de langues “fonctionnelles”, spécialisées (en Europe c’est le latin). 4. La Renaissance – unification de l’état en monarchie absolue, centralisation du pouvoir, formation de la nation et, parallèlement, de langues nationales. Encore c’est la convergence qui prédomine. La langue est codifiée, on se bat contre les différences dialectales. La langue nationale reçoit enfin une forme littéraire rapprochée du langage parlé largement répandu, elle devient polyfonctionnelle, le latin perd du terrain. Pourtant, la langue nationale achève sa formation seulement sous le capitalisme. 5. Histoire moderne, capitalisme – essor industriel, développement rapide du commerce international – besoin d’une langue supernationale. D’ailleurs, une telle nécessité existait à toutes les époques: dans l’antiquité et au moyen âge – le latin; à l’époque coloniale – les langues créoles (langues hybrides, langues mixtes, à la base du portugais, du français, de l’anglais). Au XVIIIe s. aux Etats Unis, choix de la langue d’état parmi l’anglais, le français et l’allemand. 6. Actuellement, dans la société postindustrielle (postcapitaliste), le besoin d’une langue commune augmente constamment. L’interdépendance, le nombre d’emprunts (internationalismes) et de calques de formes grammaticales et de tournures s’accroît rapidement (unification des Indes, des pays africains, aujourd’hui de l’Union Européenne). Espéranto et d’autres langues artificielles. Expansion d’une langue vivante: de l’anglais. COURS MAGISTRAL 13 LINGUISTIQUE COMPARATIVE ET DIACHRONIQUE (fin) 5. PHONÉTIQUE HISTORIQUE (DIACHRONIQUE)
La phonétique diachronique étudie les changements historiques du système sonore du langage. Ces changements sonores peuvent être: 1. sporadiques, accidentels et (rus.: феврарь > февраль, обаранок > баранка; angl.: God be with you! > Goodbye!) 2. réguliers. Dans ce cas on parle d’une loi phonétique fonctionnant à une étape donnée du développement du langage. Si la loi agit toujours, elle s'appelle vivante (рус.: "аканье"), sinon historique (ancien fr. dihptongaison: lat. legis > fr. loi). Dans la formule de toute loi phonétique il y a une comparaison. a) Transformation phonique – comparaison diachronique de faits d’une seule langue. рус.: O>у: зOбъ > зуб b) Correspondance phonique – comparaison de faits de langues différentes. lat. [d] = angl. [t] = all. [ts]: decem = ten = zen c) Alternance – comparaison synchronique de phénomènes d’une seule langue. rus.: рука / ручка / рушник; теку / течение fr.: naïf / naïve, journal / journaux 6. LEXICOLOGIE HISTORIQUE Il existe trois voies principales dans l’évolution historique du vocabulaire. 1. Morphologique: a) composition; рус.: кресло-качалка, вертолет, железнодорожный fr.: porte-manteau, portefeuille, plate-forme, arc-en-ciel all.: Lederhandschue b) dérivation affixale (suffixation: blanc > blanchissement, femme > féminin; préfixation: charge > décharge, lire > relire; dérivation parasynthétique (préfixale et suffixale à la fois): valise > dévaliser, vitamine > avitaminose). c) dérivation impropre (à suffixe zéro).
rus.: тихий > тишь, третий > треть, ходить > ход fr.: voler > vol, malade adj > malade s m 2. Sémantique (interprétation modifiée) a) restriction du sens d’un mot; рус.: пиво: 1. toute boisson > 2. un type de boisson alcoolique немец: 1. tout étranger > 2. Allemand fr.: bougeois и all.: Bürger: 1. citadin > 2. мещанин; fr. viande: 1. tout aliment > chair des animaux et des oiseaux b) extension du sens d’un mot (souvent par transfert métaphorique, métonymique, etc.). рус.: крыло самолета, золотая осень, читать Пушкина, сердце страны; стрелять: 1. только стрелами > 2. чем угодно fr.: chef (lat. caput): 1. tête > 2. patron, principal 3. L'emprunt (angl.: футбол, дизайн; all.: бутерброт, апельсин; fr.: табурет, аннонс; tartar: сарай, кафтан, etc.). C'est un processus actif, le mot s'adapte à la structure (phonétique et grammaticale) de la nouvelle langue, et perd souvent sa motivation (fr. vue > angl. vue). L'emprunt peut être direct ou indirect (rus. рынок < polonais rynek (place du marché) < all. Ring (cercle, rond) Parfois des mots ou des locutions ne sont que calqués (прилагательное < лат. adjectivum; небоскреб < angl. skyscrape; игра не стоит свеч < fr. le jeu n’en vaut pas les chandelles). Il apparaît de plus en plus d’internationalismes, c’est-à-dire de mots qui figurent dans plusieurs langues. Dans leur plupart, ce sont des mot d'origine greque ou latine
(демократия,
революция,
анализ,
синтез,
объект[ивный],
субъект[ивный]). Mais souvent c’est le pays “arbitre des élégances” dans tel ou tel domaine qui devient source d’internationalismes (L’italien pour l’opéra; le français dans la production des articles de luxe, les USA dans l’informatique).
Danger: “les faux amis” du traducteur, pseudo-internationalismes (рус. демонстрация = fr. manifestation; квартал = pâté de maisons; пакет = sac en plastique; рекламировать = faire de la publicité). Parfois on parle de l'emprunt dit interne qui se réalise dans les couches inférieures de la même langue: populaires, jargons et argot, y compris celui des jeunes (рус.: классный, кайф, клево; fr.: tête < testa ("черепок"). L'appréciation sociale des emprunts amène parfois au purisme – souci excessif de la pureté du langage (l’Allemagne fasciste, l’URSS communiste, l’Islande). 7. EVOLUTION DE LA GRAMMAIRE Apparition de nouvelles catégories grammaticales: fr.: опред. / неопред. < лат.; j'aimerai < лат. amare habeo. Disparition de catégories grammaticales: angl. thou – 2 pers. du sing.; fr. genre moyen, le système de cas provenant du latin. Changements historiques dans la structure morphologique du mot et de ses formes: 1. Simplification – réduction d’éléments morphémiques (rus.: спасибо < спаси Бог; баранка < обваранок). 2. Métanalyse – fausse coupure, déplacement de la frontière morphémique: rus.: ее / в нее, об-лизать < о-ближа; angl.: Good buy < God be with you. 3. Complication – remplacement d’un seul morphème par deux ou plusieurs autres (rare). 8. LES LOIS INTÉRIEURES DU DÉVELOPPEMENT DU LANGAGE Avant tout, ce sont les changements structurels de la langue et la condition de leur apparition qui nous intéresse.
La loi de l'abstraction des éléments structurels du langage est universelle, c’est-à-dire qu’elle agit dans toutes les langues. A la base d’éléments structurels plus concrets se développent d’autres éléments, moins concrets de telle sorte que la quantité du lexique abstrait s'accroît constamment. rus.: дерево (concret) > древний (abstrait); протекать La loi de la différenciation des éléments structurels du langage: des sons, des significations, des types de formation des mots, des parties du discours et de leurs signes, etc. rus.: голова: 1. часть тела, 2. начальник. La loi de l'analogie. Son action se traduit par l'assimilitude de certains éléments structuraux aux autres, par exemple, l'assimilation des sons de la chaîne parlée. rus.: я, ты, он есть angl.: you are, they are La loi de l'enrichissement constant du vocabulaire: il y a lieu un processus constant d’apparition de néologismes de forme ou de sens. fr.: non-alignement, satellisation, droitiste; réaliser (= saisir, comprendre); mammouth (= de très grandes dimensions) COURS MAGISTRAL 14 LINGUISTIQUE TYPOLOGIQUE 1. Généralités. 2. La typologie phonologique. 3. La typologie morphologique. 4. Le niveau lexical des études typologiques. 5. La typologie syntaxique. 6. Les universaux du langage. 1. GÉNÉRALITÉS
La linguistique typologique apparaît simultanément avec la linguistique historique et comparé étudiant le passé du langage et, dans ses début, coïncide même avec cette dernière. On peut parler de deux étapes dans le développement des études typologiques: classique et structurale. La typologie classique créait des classifications à partir du côté extérieur de la substance langagière: des langues étaient considérées apparentées si les linguistes voyaient de la ressemblance de leur substance (sonorité et signification). Certains scientifiques proposaient une classification typologique des langues en se basant sur une certaine "psychologie nationale" du peuple-locuteur. La classification généalogique des langues constituait le contenu principal de la typologie classique. La typologie structurale elle aussi, comme la classique, compare les structures langagières. Elle étudie les similitudes (ressemblances) et les dissimilitudes (différences) qui ont leur racine dans les propriétés les plus générales et les plus importantes de la langue et ne dépendent pas de leur parenté génétique ou de leur ressemblance extérieure. Actuellement on peut distinguer trois significations du terme typologie: 1. Typologie comme branche des études linguistiques, comme science, l’étude des types structurels du langage, des types de langues, ayant pour objectif l'établissement de similitudes et de dissimilitudes entre les langues de l'ordre structural, dans les principes de l'organisation de la matière langagière. 2. Typologie de la langue en tant que sa structure, examinée sur le plan des types qui se manifestent au sein de cette langue, (typologie de niveaux particuliers du langage, typologie du voix, typologie sémantique, etc.). 3. Typologie comme principe d'organisation du matériel linguistique permettant d’effectuer une description typologique d’une langue donnée, et d’indiquer la place de la langue en question à l’intérieur d’une classification typologique générale.
L'objet de l’étude typologique comprend tous les systèmes langagiers connus. Typologie comme discipline universitaire compare la structure d’une langue étudiée avec la langue maternelle à tous les niveaux du langage. En effet, la typologie linguistique (dans sa 2e acception) peut être construite sur la base de principes structuraux les plus variés: phonologique, morphologique, sémantique, syntaxique, etc. 2. LA TYPOLOGIE PHONOLOGIQUE Critère possible 1. Trait pertinent: caractère de l'unité phonologique principale de la langue (phonème ou syllabe), comparaison des langues selon le principe de coïncidence ou de non-coïncidence des frontières syllabiques et morphémiques: • langues à structure phonémique (phonème) – la plupart des langues, particulièrement le français avec son enchaînement. • langues à structure syllabique (syllabème) – le chinois, le vietnamien, dans une certaine mesure l’allemand avec son Knacklaut (auf|essen). Autre critère. Selon la prédominance de voyelles ou de consonnes dans le système phonologique de la langue, elles sont réparties en: • vocaliques (les langues polynésiennes, le français) et • consonnantiques (le géorgien, l’allemand).
Selon les caractéristiques prosodiques, on distingue des langues: • polytoniques (à un accent de mot libre (le latin, le russe)) et • monotoniques (à un accent fixe (le français, le polonais) ou semi-fixe (l’anglais, l’allemand)). Ou bien d’après la présence ou l’absence du ton en tant qu’un trait acoustique pertinent des significations lexicales et grammaticales, on distingue des langues: • atonales (la plupart) et
• tonales (chinois: [∫ī] «perdre», [∫ì] «dix», [∫í] «affaire», [∫ĭ] «histoire»; nilotique: [lèi] «animal», [léi] «animaux»). 3. LA TYPOLOGIE MORPHOLOGIQUE La typologie au niveau morphologique est la plus élaborée. Le premier critère, d’après lequel on a effectué une étude comparative des structures langagières déjà au XIXe siècle, a été le type de morphèmes grammaticaux utilisés dans la langue donnée, en particulier, à titre d’affixes. Ainsi, en fonction de types d’affixation, les langues sont traditionnellement classées en: flexionnelles, agglutinantes, isolantes. Les langues flexionnelles (ou langues à flexion) utilisent massivement des mots constitués d'un radical et d'une terminaison spécifique d'une fonction grammaticale. Plusieurs langues indo-européennes, ainsi que toutes les langues à déclinaisons en font partie. Le latin ou le russe en sont de bons exemples: lat.: N. et V. rosă; Gen. et Dat. rosae; Acc. rosam; Abl. rosā rus.: им.п. роза; род.п. розы; дат.п. розе; вин.п. розу; тв.п. розой; пр.п. о розе Certaines langues utilisent comme flexion des voyelles qui viennent s'insérer au sein d'un radical consonantique (interfixes); c'est le cas de l'arabe: kateb («celui qui écrit») / kitab («écrit, livre»). La conjugaison française est aussi un exemple de construction flexionnelle: je chante / nous chantons, je chanterai / nous chanterons, je chantais / nous chantions. Les langues flexionnelles sont caractérisées par une fréquente superposition des exposants morphémiques (fusions, absorptions, alternances), par une présence de flexion internes et d’affixes zéro dans des formes sémantiquement secondaires; par une homosémie et une polysémie des affixes portant simultanément la fonction de formation des mots et celle de variation du mot; par une dépendance du radical, etc. Les langues agglutinantes (du lat. glutinum – "colle, glu") ajoutent à un radical très indépendant un ou plusieurs suffixes qui conservent leur identité. Les
langues turques, finno-ougriennes et le japonais ont fortement recours au procédé d'agglutination. hongrois: ház («maison»); ház-am («ma maison»); ház-ad («ta maison»); ház-a («sa maison»); ház-am-ban («dans ma maison»); ház-am-ból («hors de ma maison») turc: ev («maison»); ev-im («ma maison»); ev-ler-im («mes maisons»); ev-im-den («de ma maison»); ev-ler-im-den («de mes maisons») Ces mots – souvent longs – forment à eux seuls tout un ensemble syntaxique. Dans la construction par agglutination, la limite du morphème est très nette, sans fusion ni alternance; chaque élément reste toujours identifiable, constant et monosémique alors que dans la construction par flexion il y a souvent amalgame de plusieurs marques. Pour dire des mers (complément de nom), le turc sépare génitif et pluriel: deniz-ler-in (mer + pluriel + génitif); le russe lui, les amalgame: мор-ей (mer + pluriel et génitif à la fois). Les langues isolantes (amorphes) utilisent des mots invariables et indécomposables, dont l'ordre permet d'indiquer les rapports syntaxiques. A cette catégorie appartiennent certaines langues asiatiques: le chinois, le khmer (langue parlée au Cambodge) ou le laotien. Dans cette dernière langue, le verbe est invariable; c'est uniquement la présence d'un pronom personnel qui permet de repérer la personne: khA:j kin («je mange»); mùn kin («tu manges»); la:w kin («il / elle mange»); hmu:hao kin («nous mangeons»); hmu:tjáo kin («vous mangez»); hmu:khao kin («ils / elles mangent») Le fonctionnement du verbe anglais est très voisin (sans compter la flexion s pour la troisième personne du singulier present indefinite): I eat («je mange»); you eat («tu manges»); he / she eats («il / elle mange»); we eat («nous mangeons»); you eat («vous mangez»); they eat («ils / elles mangent»)
Il est intéressant de souligner que la conjugaison française a un comportement très flexionnel à l'écrit, mais qu'elle présente un caractère plutôt isolant à l'oral: à part les première et deuxième personnes du pluriel, le verbe semble invariable; seuls les pronoms personnels marquent la personne. De façon plus générale, le français a aussi recours à des constructions isolantes, prépositionnelles (dans ma maison), alors que, dans le lexique, des couples comme pomme / pommier, nuage / nuageux sont du type agglutinant. Il existe bien d’autres critères de construction d’une typologie morphologique, par exemple, selon la prédominance d’un des types de formation de mots: préfixation ou bien suffixation, etc. 4. LE NIVEAU LEXICAL DES ÉTUDES TYPOLOGIQUES Le mot est une unité très pratique pour effectuer des descriptions typologiques. Au niveau lexical, on peut examiner la corrélation de tous les composants: phonologiques, sémantiques et grammaticaux. Le rapport des significations lexicales et grammaticales dans le mot permet de distinguer trois types de mots, tout à fait analogiques à la typologie morphologique: • flexionnels – portant à la fois des significations grammaticales et lexicales (rus.: беру – брал – сбор – собирать); • agglutinants – où le radical contient la signification lexicale et les affixes les significations grammaticales (rus.: стол, стол-у, стол-ам, etc.; angl.: table-s) et • amorphes – mots invariables, ils ne portent pas de significations grammaticales, seulement une lexicale (rus.: назад, бюро, вдруг; angl.: back, money; cold stone / stone cold). La classification typologique traduit alors la prédominance d’un de ces trois types de mots dans la structure d’une langue concrète.
Autre principe de comparaison de structures langagières est le degré général de complexité de la structure morphologique du mot. Selon ce critère, on distingue des langues analytiques et synthétiques. Le critère formel d’une telle différenciation s’appelle indice de synthétisme Grinberg: M/W, où "M" c’est le nombre de morphèmes dans un texte et "W" le nombre de formes de mot dans le même texte. Les langues dites analytiques ont tendance à exprimer séparément les significations lexicales et grammaticales avec des mots différents, isolés. C’est pourquoi leur indice Grinberg varie entre 1 et 2 (l’anglais, le français, l’allemand). Les cas d’un analytisme extrême, où l’indice est proche de 1, est propre des langues dites isolantes: le chinois, le vietnamien. Là, un mot ne contient normalement qu’un seul morphème. Les langues synthétiques (affixales) ont tendance à synthétiser, à grouper dans le cadre d'un seul mot des morphèmes lexicaux, grammaticaux et de formation de mots. L'indice de synthétisme en est de 2 à 3 (le latin, le russe, le polonais, l’ancien grec). Les mots synthétiques sont très variables, leur paradigme grammatical (cas, conjugaisons) et celui de formation de mots sont très développés. Le
degré
extrême
de
synthétisme
est
observé
dans
les
langues
polysynthétiques (incorporantes – plusieurs langues de l’Amérique): leur indice Grinberg dépasse parfois le 3, les mots ressemblent à de véritables phrases. tchouktche: га-нэран-тор-мэлгар-ма («avec deux nouveaux fusils»); мыт-тур-купрэ-гынрит-ыркын («nous gardons de nouveaux filets») 5. LA TYPOLOGIE SYNTAXIQUE Le trait principal ici est le type de liaisons syntaxiques. Selon le type de la construction prédicative les langues peuvent être réparties en: • actives (la plupart des langues de l’Amérique) – opposition des verbes de l'action (dynamiques) aux verbes de l'état (statiques); absence d’adjectifs; opposition du cas actif et inactif;
• ergatives (langues caucasiennes, papous) – opposition des verbes de transition et intransitifs et • nominatives (la plupart des langues du monde) – opposition sémantique du sujet et de l’objet; le sujet ne dépendant pas de la signification ni de la forme du verbe. D'autres principes de la typologie syntaxique: Selon la caractéristique générale de l'ordre des mots, on distingue: • des langues à l'ordre libre et • des langues à l’ordre fixe (langues dites de position); Selon la prédominance d'un ordre des mots particulier dans des groupes de mots définis, il existe: • des langues à préposition de l'adjectif (angl., rus., all.) ou de l’adverbe et • des langues à postposition de l'adjectif (fr.). En outre, les classifications typologiques peuvent être bâties d’après le type de rapports sujet-objet au sein de la proposition; selon le type de l’ordre neutre des termes de la proposition, etc. En fonction de critères différents de classements typologiques, une langue donnée peut être classée dans des groupes tout à fait différents malgré le fait que sa position dans la classification généalogique soit très stable. 6. LES UNIVERSAUX DU LANGAGE Le passage de la typologie classique vers la structurale était avant tout conditionné par l'apparition des universaux linguistiques, des lois les plus générales de la typologie structurale. On distingue: 1. des universaux absolus: "a lieu pour toutes les langues" (toute langue possède des catégories grammaticales de possessivité, de pluralité; toute langue connaît la division actuelle de l’énoncé en thème et rhème).
2. des implications universelles: "s’il y a lieu un phénomène A, il y a lieu un phénomène B" (si la langue en question oppose ses consonnes en dures et mouillées, elle ne doit pas avoir de polytonie des voyelles; si le sujet et l’objet sont préposés au verbe, la langue possède la catégorie grammaticale du cas). 3. des universaux statistiques: "a lieu pour la plupart des langues" (dans la plupart des langues, le nombre de phonèmes se trouve entre 20 et 70). 4. des corrélations statistiques: "dans la plupart des langues le phénomène A indique qu'il y a lieu un phénomène B". La connaissance de ces lois permet de reconstruire des états primitives du langage ou bien, au contraire, de prognostiquer la disparition de certains phénomènes langagiers et l’apparition d’autres.