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Министерство образования и науки Российской Федерации Федеральное агентство по образованию Государственное образовательное учреждение высшего профессионального образования «РОСТОВСКИЙ ГОСУДАРСТВЕННЫЙ УНИВЕРСИТЕТ»
МЕТОДИЧЕСКИЕ УКАЗАНИЯ к циклу материалов по практике устной и письменной речи по теме «Моя будущая профессия: преподаватель»
Ростов-на-Дону 2006
Методические указания разработаны кандидатом филологических наук, доцентом кафедры романо-германской филологии Т.И. Скоробогатовой и старшим преподавателем кафедры РГФ Е.А. Назаровой.
Ответственный редактор: канд. филологических наук А.И. Норанович Компьютерный набор и верстка авторов
Печатается в соответствии с решением кафедры романо-германской филологии факультета филологии и журналистики РГУ, протокол № 4 от 20 декабря 2005 г.
Данные методические указания по практике устной и письменной речи (французский язык) по теме «Моя будущая профессия: преподаватель» предназначены для студентов V курса факультета филологии и журналистики, специальность «романо-германская филология». Основная цель методических указаний – ввести студентов в круг основной проблематики в области профессиональной деятельности преподавателей, а также изучить терминологическую лексику по тематике методических указаний. Данные методические указания состоят из 22 заданий, которые носят профессионально-ориентированную
направленность
и
последовательно
раскрывают все аспекты деятельности преподавателя по обеспечению учебного процесса, созданию благоприятной психологической обстановки в аудитории, права и обязанности преподавателя. Представленные задания информативны и насыщены тематической лексикой. Собранный в методических указаниях материал включает перевод текстов со словарем, реферирование микротекстов, необходимую
для
ведения
урока
лексику,
словарь-минимум
методико-
педагогических терминов, лексические комментарии, темы и ситуации для обсуждения, различные творческие задания. В данных методических указаниях использованы оригинальные тексты из произведений современных авторов и классиков французской литературы, а также из французской периодической печати и франкоязычного сегмента Интернета.
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1. Trouvez des arguments qui permettent d’affirmer que le métier d’apprendre est le plus vieux métier du monde. Le plus vieux métier du monde n’est pas celui qu’on croit Dans un de ses livres, Hélène Trocmé-Fabre écrit que le métier d’apprendre est sans doute le plus vieux métier du monde. Elle a raison. Citons complètement l’auteur: «Traditionnellement, les acteurs du monde éducatif ont positionné l'acte d'apprendre scolaire dans une relation d'instruction et de commande, où le savoir est transmis, enseigné, où les connaissances sont dites « acquises », les résultats « évalués ». Seul l'enseignant a un métier. Parler du « métier d'apprendre » permet de quitter la relation de type transmissif pour une relation en boucle dans laquelle celui qui apprend est acteur et auteur de son processus d'apprenance. Les travaux des neurobiologistes soulignent que notre capacité d'apprendre est présente tout au long de notre vie, à condition d'être reconnue, développée, actualisée. Les chercheurs précisent qu'on ne peut pas apprendre isolément. Pour apprendre il faut être relié à un contexte physique, social, affectif, cognitif. Pour toutes ces raisons, il est possible de suggérer que le métier d'apprendre est, sans doute, ...le plus vieux métier du monde!» 2. Cherchez la définition des mots “profession” et “métier”. Dans quels contextes les emploie-t-on ordinairement ? 3. Expliquez l’emploi des termes: maître, professeur, instituteur, enseignant. 4. Traduisez du français : Profs, mode d’emploi La rentrée des classes a toujours quelque chose d’excitant et d’inquiétant à la fois. On franchit la porte de son école, avec des salles de classe qui sentent bon la peinture fraîсhe, on rencontre ses profs qui se révéleront sévères ou laxistes, maniaques ou distraits, passionnants ou bien soporifiques. Dès les premiers jours, préaux et sorties 4
d’école bruissent de mille rumeurs alarmantes: “Il paraît que notre prof de math est une peau de vache et qu’elle saque tous les élèves moyens”. Normal que les jeunes et leurs parents s’interrogent: en réalité, que valent ces profs? Les profs, c'est un peu comme la loterie, vous ne savez pas à l'avance ce qui vous attend... Heureusement, ils ne se ressemblent pas tous! II y en a toujours un, ou même plusieurs, avec qui vous allez bien vous entendre. Le prof copain II vous tutoie, il a l'air de tout comprendre... Toutefois, restez vigilant! Il peut quand même mettre des zéros et n'hésitera pas au premier nuage noir dans vos relations à vous rappeler qu'il y a des limites à ne pas dépasser. Alors, pour ne pas vous faire rappeler à l'ordre, prenez les devants et n'oubliez jamais cette règle d'or: il y a les élèves d'un côté, les profs de l'autre. Chacun son rôle... Le prof à un an de la retraite En quarante ans de carrière, il a tout vu passer: des malins, des cancres, des grands génies... Pour sa dernière année, deux solutions: ou il veut finir l'année tranquille, et si vous ne l'embêtez pas, il ne vous embêtera pas non plus. Ou bien il a décidé de finir sa carrière en beauté et il dépensera des trésors d'énergie pour vous transmettre une dernière fois tout son savoir: c'est le moment d'ouvrir grand vos oreilles et vos yeux... Le prof débutant En général il est plein de bonne volonté : il a choisi ce métier parce qu'il y croit et ce n'est pas le moment de lui enlever ses illusions... Il est souvent intéressant puisqu'il est intéressé, mais encore faut-il que vous lui laissiez la chance de s'exprimer. Ce n'est pas facile de débuter, sachez profiter de son enthousiasme et renoncez à vos envies de cocottes en papier. 5
Le prof qui vous a dans le collimateur Quoi que vous fassiez, vous vous faites repérer. Visiblement vous n'avez pas le mode d'emploi... Prenez votre mal en patience, faites-vous tout petit, invisible et surtout, ne vous mettez pas dans votre tort: sans résistance de votre part, il risque de se lasser...et de trouver une autre tête de Turc*. Pour vous remonter le moral, rappelez-vous que deux heures sur trente-quatre semaines, cela ne fait jamais que 68 heures... Soit la valeur de trois petites journées. Une broutille sur toute l'année. Inutile de vous rendre malade... Le prof rêveur Il arrive toujours à l'école avec des chaussettes dépareillées, il lui manque un bouton, il oublie systématiquement de vous rendre les copies... Bref, il est dans la Lune, ou plutôt dans son sujet. Qu'il s'agisse de Molière ou des équations du deuxième degré, il est totalement passionné par sa matière. Il saura vous transmettre sa passion... si vous n'en profitez pas pour faire votre devoir du cours suivant puisque, bien entendu, il n'y verra que du feu! Le prof sévère… mais juste! Au bruit de ses semelles dans le couloir, le silence s'installe comme par enchantement... Ce n'est pas avec lui que vous augmenterez votre stock de blagues. En revanche, un prof sévère est aussi exigeant avec les élèves qu'avec lui-même : il veut que vous progressiez et il va s'en donner les moyens. Les notes qu'il vous met sont rarement très élevées car il pense que vous pouvez toujours faire mieux. Voilà un excellent stimulant: cette année, vous allez vous surpasser! Le prof génial Toute l'école rêve de tomber sur lui. Eh bien, cette année, c'est tombé sur vous! 6
Qu'importe la matière, il vous intéresserait même à la reproduction des fourmis ou à la culture du brocoli ! Vous n'avez qu'à vous laisser bercer par le son toujours mélodieux de sa voix. Il a l'art de rendre ses cours aussi vivants que les récréations et vous ne voyez pas l'heure passer... Dégustez votre plaisir: vous vous en souviendrez longtemps! Le prof de la matière que vous détestez Déployez avec lui des trésors de diplomatie. Vous êtes encore au début de l'année, si vous alliez le voir pour tenter de comprendre pourquoi vous vous sentez dépassé? Il appréciera probablement votre bonne volonté. En tout cas, ne lui laissez surtout pas croire que vous avez baissé les bras. Donnez-lui plutôt l'espoir qu'avec lui, tout peut s'arranger. D'ailleurs, si vous en profitiez pour progresser vraiment? Le prof principal II est votre plus sûr allié parmi tous vos profs: c'est à lui qu'il faut raconter les ennuis que vous pouvez avoir à l'école comme dans votre famille. Son rôle est de vous soutenir en cas de baisse de moral, de difficultés passagères... N'hésitez pas à lui demander conseil. Et souvenez-vous que c'est lui qui vous défendra lors des conseils de classe: les résultats dépendent de votre travail, mais aussi de votre diplomatie... D'une manière générale, les profs aiment vous voir travailler, participer et dialoguer. Sachez leur faire apprécier vos vraies valeurs (évidemment quand c'est dans la matière où vous excellez, c'est plus facile...). Mais attention, il y a tout de même des limites: n'en faites pas trop, ils ne sont pas dupes. Et n'oubliez pas que pour les profs aussi, les élèves, c'est la loterie : essayez cette année d'être un gros lot et laissez-leur un souvenir inoubliable... _________________________________________________ ☻Au sens propre, une «tête de Turc» est une sorte de dynamomètre sur lequel on s'exerçait dans les foires (1886), en frappant sur une partie représentant une tête coiffée 7
d'un turban; d'où le rapprochement avec l'expression, au figuré, «tête de Turc» qui signifie une personne qui est victime des railleries et des plaisanteries de quelqu'un. 5. Devenir prof: contraintes ou plaisir? Exprimez votre avis en répondant à ces questions : 1. Pourquoi voudriez-vous faire ce métier ? Comment y êtes vous venue (hasard, détermination,...) ? 2. Qu’est ce qui vous plaît le plus dans l’exercice de сe métier (la reconnaissance, le salaire, les vacances et le temps libre, le contact avec les élèves, etc) ? 3. Qu’est ce qui vous plaît le moins (les problèmes administratifs, le salaire, la tension nerveuse, le manque de considération des parents, etc) ? 4. Quels sont les problèmes que vous pouvez rencontrer dans cette activité ? 5. Quelles sont les connaissances et les compétences requises pour exercer cette activité ? 6. Quelles sont les qualités requises chez la personne pour exercer cette profession (intérêt pour les langues étrangères, intérêt pour l’enseignement, résistance nerveuse, patience, aptitudes pédagogiques, facilité d’expression, autorité naturelle...) ? 7. Qu’est-ce qui aujourd’hui fait hésiter les jeunes devant le métier d’enseignant (la baisse du statut social de ce métier, le niveau de salaires, le manque de perspectives dans la carrière, peu de satisfactions personnelles, etc) ? 6. L’enseignant a des droits et des obligations . Il a le droit de disposer d’une autonomie dans ses choix pédagogiques, afin d’exercer au mieux son métier. Cette autonomie doit s’exercer dans le respect de certains principes. Pourriez-vous compléter la liste de ces principes? • Placer les élèves au centre de la réflexion et de l’action du professeur. • Considérer les élèves comme capables de devenir les acteurs de leur propre formation. 8
• Agir avec équité envers les élèves. • Respecter leur diversité. • Etre attentif à leurs difficultés. • Travailler en équipe avec les autres enseignants. • Poursuivre sa propre formation tout au long de sa carrière. • Instruire les jeunes. • Contribuer à leur éducation. • Assurer une formation en vue de leur insertion (sociale et professionnelle). • Faire acquérir les connaissances et savoir faire. • Développer les aptitudes et capacités des élèves. • Développer leur esprit critique. • Construire leur autonomie. • Leur faire élaborer un projet personnel. • Préparer les élèves au plein exercice de la citoyenneté. 7. Lisez ces témoignages et parlez du rôle du professeur dans la création d’un climat psychologique favorable : Julien, professeur en classe de 3e : Le métier d’enseignant est fabuleux. Il faut avoir le goût d’aider les jeunes et être très patient. On doit aimer répéter, redire différemment, remettre sa pédagogie en cause. Il faut aussi savoir être à l’écoute des jeunes et se mettre à leur niveau. Malheureusement, nombreux sont les jeunes professeur qui se lance directement dans le métier. Enfin, il faut aimer travailler en équipe, ne pas regarder uniquement la sécurité de l’emploi et les vacances ! « Enseignants », Avenirs № 500, ONISEP Laurence, professeur d’histoire-géographie (en collège) : Toute jeune, j’ai été très marquée par des figures d’enseignants. Alors j’ai tout naturellement eu envie de faire connaître à des élèves ce que j’avais moi-même vécu. Autrefois, le prof faisait un 9
cours magistral. On n’en retirait pas grand-chose d’ailleurs. En tout cas, personnellement, j’en ai gardé peu de souvenir. Aujourd’hui, on travaille beaucoup plus à partir de documents. Les élèves sont actifs, ils participent. Ce que j’apprécie dans le métier, c’est justement cet échange. « Enseignants », Avenirs № 500, ONISEP Philippe, professeur agrégé de physique-chimie (en collège et lycée) : Il faut sans arrêt susciter l’intérêt de ses élèves. Ils sont rarement enclins à chercher par euxmêmes des explications. J’aimerais les rendre plus autonomes. C’est un métier qui demande beaucoup de lucidité. Il faut être capable de se rendre compte si les connaissances passent ou pas. Et avoir le désir d’améliorer les choses. Bref, il faut toujours se remettre en question. « Enseignants », Avenirs № 500, ONISEP Hélène Papiernik, professeur de fraçais (en collège) : Quel souvenir ai-je de mes débuts ? Ç’a été très dur. Pour moi, dans ma carrière, il y a vraiment cette année-là, horrible, et, d’un autre côté, les dix autres, qui n’ont rien eu à voir. La première année, je m’en souviens encore, on m’avait donné la sixième 11. C’était la classe la plus difficile du collège. Ils étaient nuls, ne voulaient pas travailler. Et, quand je renvoyais un élève, le surveillant le faisait immédiatement remonter en cours. Je ne m’en sortais pas. Je hurlais, ils ne m’écoutaient pas. À la fin, j’étais tellement mal que je ne pouvais plus dormir la veille de mes cours. Ce qui m’a sauvée, c’est d’avoir été enceinte. Et, quand je suis revenu l’année suivante, j’avais refléchi. Je n’ai plus jamais eu ces problèmes. C’est devenu tout à fait exceptionnel. J’ai compris qu’il ne fallait pas que je crie. Je ne fais pas peur. Je suis ridicule. Ça ne marche absolument pas. Et, en plus, pour les enfants qui vivent chez eux dans un climat de violence, c’est une nouvelle violence. Maintenant, je n’essaie pas d’établir des rapports de force. Quand il y a du bruit, je me tais. Je fais une remarque, j’ironise. Et ça suffit. J’arrive à maintenir le calme sans que ce soit la dictature. J’ai une autorité naturelle. Je peux accepter la négociation. Cela dit, faire face à 25 enfants, 5 ou 6 heures par jours, c’est quelque chose d’usant. Je ne rériste pas 7 heures d’affilée. « L’Express » 4/9/97, p.32 10
8. Après avoir lu le texte, donnez votre opinion sur ce problème: Peut-on évaluer objectivement le travail d'un enseignant? Comment encourager et récompenser les meilleurs? Comment améliorer les moins bons? Que faire de ceux qui apparaissent inaptes à l'enseignement? Les bons et les mauvais profs Dans chaque établissement, il existe un palmarès des profs, colporté par le bouche- à-oreille. Palmarès officieux, secret: pour l'Éducation nationale il n'existe pas de bons et de mauvais profs. «Il n'y a pas de mauvais profs, s'indigne un spécialiste de pédagogie. Il n'y a que des gens en difficulté, des dysfonctionnants!» Ce ne sont pas les élèves qui passent à côté du sujet. Eux entendent bien les deux termes du libellé: «les bons et les mauvais profs», cela existe. Ils les ont rencontrés. Elsa, écolière, a eu «une maîtresse supergentille mais pas trop - avec elle, on apprenait sans s'en rendre compte - et une autre, qui faisait peur - avec elle, on avait souvent mal au ventre». Lucas, collégien, est tombé sur «deux profs pas pareils du tout». Le premier: «Un cool qui sait être dur. Assez vieux, habillé en Mai-68, avec une barbe toute crade. Il raconte drôlement bien le Moyen Âge. Pour faire le seigneur qui harangue son peuple, il grimpe sur sa chaise.» La seconde: «Une froide et méchante, avec des habits bien repassés. Elle dictait ses cours mais sortait parfois des conneries sur l'exécution de LouisXVI.» Isabelle, bachelière, se souvient des deux profs qui l'ont marquée. Celui de philo: «Yeux brillants, jamais assis, jamais agressif, il parlait de tout et parfois nous laissait presque au bord des larmes, d'émotion. Il m'a appris à moins me tromper sur le monde.» En 3e, en revanche, la prof de lettres «hurlait son cours pendant que nous préparions une bataille rangée, balançait une trousse par la fenêtre quand elle n'en pouvait plus, annonçait qu'elle avait ses règles, voyait les antisèches sur nos genoux mais laissait faire. Un jour, un garçon s'est mis à effleurer ses seins, en la félicitant de son nouveau pull. Elle a eu l'air flattée: il a recommencé.» Et tous de dévoiler ainsi l'intimité des heures de classe. Avec Untel, ils aiment 11
tellement le latin qu'ils finissent par réciter du Plaute en pleine campagne. Avec Machin, ils se font souvent «casser». Machin, ça peut être le prof de technologie qui ordonne au début de chaque cours: «Je veux voir les mains à plat sur la table tant que je ne dicte pas.» Ou le «légionnaire» qui hurle: «Je vais te casser la bite!» Ou encore la peau de vache qui balance à Elsa: «Enrobée comme tu es, tu aurais eu du succès à l'époque...»; et à Zohra: «Ne vas pas à Henri-IV; sociologiquement, tu ne serais pas à ta place.» Terribles ados, avec leur oeil impitoyable et leurs exigences à la fois minimales: «On devrait sentir un peu de chaleur avec un prof»; et démesurées: «Il faut vraiment être parfait pour être prof». Affreuse blague en tout cas que celle qui a envahi les cours de récré: Quelle est la différence entre un pédophile et un prof? Le premier, au moins, aime les enfants. A l'école, le meilleur et le pire se côtoient. Un enseignant peut faire ouvrir le lycée le dimanche avant le bac pour entraîner ses élèves, demander des emplois du temps «à trous» (entre les cours) pour lancer un projet éducatif ou encore tenir le coup jusqu'au bout malgré la maladie; mais il peut aussi mettre les élèves devant la télé et aller faire son tiercé, continuer sa leçon sans voir le gamin debout faisant admirer sa «bite» aux petites voisines, perdre régulièrement ses élèves au retour du stade, et même reculer les pupitres et annoncer à ses classes en début d'année: «Vous êtes des démons, restez éloignés!» «Voyez ces quatre gros dossiers, lance un proviseur. Ce sont ceux de quatre profs à problèmes. A eux quatre, ils me prennent plus de temps que les cinquante autres réunis.» Et d'énumérer: «Un au bout du rouleau, une bordélisée, une terreur, un alcoolique. J'ai tout fait et ils sont toujours là. Même l'inspecteur n'a pas pu faire partir la terreur, qui ne fait cours que pour les quatre meilleurs élèves. Pourtant, il a sa fille dans sa classe!» À les entendre, les chefs d'établissement n'auraient pas plus les moyens de gratifier un enseignant hors pair, sauf à lui confier les bonnes classes ou à le proposer pour les Palmes académiques, que de sanctionner un nul ou un «givré». Ce qu'ils font 12
quand ils ont un «cas»? Ils ne dénoncent pas, ne portent pas l'affaire sur la place publique. Ils «bricolent». Ils font épauler le défaillant par des collègues ou lui adressent des admonestations écrites. Quand ça ne suffit pas, ils ne lui donnent plus qu'un mitemps et compensent avec des heures supplémentaires. Le plus souvent, ce n'est que le jour où les parents se décident à monter au créneau qu'ils alertent l'inspection ou font un «signalement». Il faut alors monter un dossier, réunir des preuves. C'est long. Au bout du compte, les histoires se soldent généralement par des arrangements à l'amiable: ce sera le déplacement, la nomination comme remplaçant, au pire la démission sous pression. Comme cette angliciste que les élèves empêchaient parfois de faire cours en empilant les tables devant la porte. Le principal du collège a mis quatre ans pour la faire mettre en congé de longue durée. Dans la foulée, elle a reçu les Palmes académiques sur le contingent réservé aux syndicalistes. Ou encore ce jeune instituteur mal dans sa peau qui, dit un directeur d'école de banlieue, «avait peur des gamins». On l'a envoyé dans un village résidentiel. Au bout de trois mois, les parents protestaient tellement qu'on l'a renvoyé dans sa banlieue. Jusqu'à ce que l'inspecteur le persuade de démissionner. Et puis, plus grave encore, il y a des cas de pédophilie. «J'ai vu deux affaires de ce type, confie un chercheur. Dans l'une, on a déplacé l'enseignant en lui disant: On vous a à l'oeil. Dans l'autre, on l'a poussé à la démission en le menaçant de porter le dossier devant les tribunaux. L'école, c'est comme le clergé, on préfère y régler les problèmes entre soi.» Mieux vaut sans doute rappeler aux profs, les bons comme les mauvais, quelques conseils de sagesse. En voici cinq, puisés aux meilleures sources: «Bon prof, on ne l'est pas tous de naissance. Quand on ne l'est pas, il faut se dire qu'on peut s'améliorer» (Dominique Borne, doyen de l'inspection générale d'histoire); «La vertu numéro 1 du métier, c'est la persévérance. Un bon prof, c'est un coureur de fond, pas un sprinter» (Anne-Marie Chartier); «Le maître fait faire à l'élève un parcours, mais il ne l'emmène jamais aussi loin qu'il l'aurait souhaité. Il ne doit pas oublier que l'enfant résiste à l'école» (un inspecteur général); «Il est normal de ne jamais être 13
satisfait de ce que l'on fait. Cela veut dire qu'on a de l'exigence envers soi-même. Les élèves l'entendent toujours» (Philippe Meirieu, chercheur en sciences de l'éducation). Et, pour finir, cette règle d'or à graver dans les salles des professeurs: «Un bon prof, c'est d'abord un pas mauvais.» Nouvel Observateur, 1997, № 1713 9. Écrivez une rédaction sur le professeur idéal. Ayez soin, avant de rédiger votre production, de lire cet article qui en constituera le plan : Le professeur idéal C'est un homme brun, plutôt mince, de taille moyenne. II a moins de 40 ans, il est marié et il a des enfants. II est vêtu sobrement d'une veste et d'un pantalon : ni en complet-veston (très chic) ni en jean (trop relâché). Il ne fume pas (en tout cas pas le cigare, ni la pipe) et vient à la fac en auto ou en métro. Ses passe-temps favoris sont la lecture et le sport (de préférence un sport d'équipe ou le tennis). Pendant ses cours, il parle d'abondance, sans emphase, en jetant de temps en temps un coup d'oeil sur ses notes et en ayant recours aux anecdotes et à 1'humour. II ne reste pas assis derrière son micro, mais se déplace souvent, en particulier pour écrire son plan au tableau. II distribue des polycopies et ne donne pas trop de devoirs. II sait ne pas dépasser 1'heure et, s'il lui arrive de manquer, il s'arrange pour rattraper. Il exerce de nombreuses responsabilités, à 1'Université et en dehors, et on peut parler avec lui d'un peu tout. Qui est-ce? Tout simplement le professeur idéal, tel qu'il ressort d'une enquête dans 3 universités parisiennes (Assas, Jussieu et Nanterre) réalisée pour une thèse en préparation. Le Monde, 1987
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10. Résumez ces petits textes en français: “САМОДУР” Краткая характеристика. Это яркий представитель агрессивных обывателей, оказавшийся
в
школе
из-за
неблагоприятного
и
случайного
стечения
обстоятельств. Этот тип разрушителен и страшен для детей. Неспособность к творчеству и неприязнь к детям выливаются в жесткий контроль над ними, в стремление ограничить учеников твердыми рамками запретов. Пример поведения. Семиклассники написали обращение директору школы с просьбой заменить у них учителя физкультуры. Под обращением подписался весь класс. Директор сразу не нашел времени отреагировать на него, и на следующий день ни один из учеников класса не явился на урок физкультуры. Разбор конфликта показал, что ребятам пришлось вынести немало унижений и даже физических
наказаний
от
пресловутого
физкультурника.
Поводом
для
оскорбления детей («осел», «кретин», «пенек с ушами») служили самые малейшие проступки - двухсекундное опоздание в строй, неудачное выполнение упражнения, задержка в выполнении команды. Нарушения дисциплины - громкая реплика или смех - незамедлительно карались ударами классным журналом, пинками или подзатыльниками. Подобное обращение дети терпели несколько месяцев, пока, наконец, по инициативе одного из учеников не написали заявление на имя директора. Выяснилось, что и в других классах на уроках физкультуры происходило то же самое. В результате после обсуждения на педсовете учитель физкультуры уволился из школы. Это принесло облегчение и детям, и ему самому. В системе образования он больше не работает.
15
“НАПОЛЕОН” Краткая характеристика. Неприязненное отношение к детям здесь сочетается с откровенным использованием их в собственных целях. Такой учитель напоминает полководца, для которого солдаты - это просто «пушечное мясо». Обладая прекрасными творческими способностями, он может блистать чудесными методическими находками и, возможно, высоко цениться руководством. Но дети его не любят. За его абстрактными построениями человека часто не видно. Этот тип часто встречается в администрации школ, рай- и гороно. Пример поведения. В связи с тем, что десятые классы были переполнены, директор принял решение о расформировании одного из классов. Часть учащихся должны были перейти в новую, только что построенную школу. Вернувшись после летних каникул, ребята обнаружили на дверях школы список учащихся, которые остаются в прежней школе. Это были исключительно «хорошисты» и «отличники». Остальным недвусмысленно было указано на дверь. Ребята были в недоумении: столько лет учились вместе, общие интересы, взаимные симпатии, дружба и не только дружба... И вдруг, даже не посоветовавшись с ними, живой организм класса разрезали пополам. Возмущенные десятиклассники пришли к директору. Мария Антоновна (кстати, отличник просвещения, учитель-методист, бывшая до этого момента в неплохих отношениях с классом) была непреклонна: - Я так решила! Это выгодно и удобно нашей школе. Тех, кто хорошо учится, мы не отдадим — столько сил в вас вложено! А остальным у нас делать нечего. - Но Марья Антоновна, мы хотим быть вместе, - возразили отличники. - Мы тоже уйдем в новую школу. - Только через мой труп. Тем не менее, ребята попытались всем классом перейти в новую школу, но учителя не пустили на уроки «лишних». Две недели десятиклассники не учились. Письма от Марии Антоновны на работу к родителям «прогульщиков» подлили 16
масла в огонь. Большинство ребят не выдержали натиска директора и укоров родителей. Но трое продержались еще почти месяц, пока директор новой школы на свой страх и риск не разрешил им посещать занятия в своей школе без документов. С тех пор Мария Антоновна не отвечает на приветствия своих «бывших» ребят
и
только
багровеет
при
встрече.
«Пушечное
мясо»
проявило
неповиновение... “ШТАМПОВЩИК” Краткая характеристика. Вероятно, это самый распространенный тип учителя. Он любит детей, но из-за отсутствия творческого начала действует под давлением сложившихся стереотипов, шаблонов, устаревших требований, работает по готовым рецептам одинаково со всеми классами и со всеми детьми. Поэтому такой учитель применяет насилие по отношению к детям. Пример поведения. Идет урок геометрии в восьмом классе. Проверочная контрольная работа, присланная из управления образования. Учительница Мария Алексеевна, проходя по классу, бросает взгляд в тетрадь одного из лучших учеников класса и обнаруживает, что тот доказал теорему не тем способом, который описан
в учебнике, да еще и произвольно оформил запись
доказательства. Учительница, ткнув пальцем в тетрадь ученика, коротко и негромко командует: - Но Мария Алексеевна! — с удивлением отвечает ученик. - Разве я сделал неправильно? - Правильно или неправильно — неважно! Я вас учила по-другому. Запись доказательства тоже не соответствует нужной форме. - Как это неважно? — начинает возмущаться строптивый мальчишка. -
Я
придумал доказательство красивее и интересней! А оформление — дело пятое. Главное же — понятно. 17
- Что ты споришь со мной? — раздражается учительница. - Есть четкие правила: доказывать так, а не выдумывать чего-то. Сказано — переделать! - Не буду! - Не будешь? Получай то, что заработал: двойка за контрольную. Остальные задания я и проверять не стану! В этой ситуации учитель отказывает ученику в праве на творчество, на индивидуальный способ мышления и требует беспрекословного подчинения формальным требованиям и правилам. “НАРЦИСС” Краткая
характеристика.
отношением
к
ученикам,
Этот но
без
тип
характеризуется
активного
неприязненным
манипулирования
ими,
с
концентрацией на себе и своей творческой работе. Такой учитель похож на лектора, вдохновенно читающего лекцию и внимательно следящего за внешней реакцией слушателей, которая должна подтверждать его профессионализм. Но на самом деле он совершенно равнодушен к тому, каково их истинное мнение. Его не интересуют слушатели как личности. Главное, что он по-своему реализовался, получил удовлетворение. Другой пример - академический ученый, умозрительно понимающий ценность и уникальность других людей, но в педагогической деятельности решающий только свои научные проблемы, стараясь не проявлять никакого насилия по отношению к детям. Без души. Пример поведения. Ярко иллюстрирует характерные для этого типа особенности поведения юмористический (но абсолютно реальный) случай, произошедший на одном из уроков физики. Учитель увлеченно объясняет сложный раздел термодинамики, глядя только на доску, где он делает нужные записи. В какой-то момент он все-таки поворачивается к классу: - Все понятно? 18
- Нет! — дружно и искренне отвечает класс. - Замечательно! Идем дальше. И как ни в чем не бывало, продолжает объяснение. “НАБЛЮДАТЕЛЬ” Краткая
характеристика.
Педагогическая
деятельность
в
этом
случае
превращается в пассивное невмешательство с оттенком недоброжелательности в отношениях. Отсутствие творчества делает такого учителя неспособным даже к манипуляциям. По-видимому, такие люди совершенно нерасположены к педагогической профессии. Пример поведения. На педагогическом совете было принято решение провести в школе субботник. Учитель М.К. пришел в свой девятый класс и традиционно тихим голосом объявил: - Завтра суббота. Хоть мы и не учимся, но все должны прийти мыть школьный коридор. - Но мы завтра идем в поход всей секцией! — выкрикнул один из ребят (надо сказать, что больше половины класса посещало секцию краеведов в районном Доме творчества). - Давайте сделаем уборку в другой день. - Это ваши проблемы. Нам директор сказал сделать завтра, — опять так же тихо ответил М.К. - Завтра в девять. И удалился. На следующий день пришли только три ученика, да и те через некоторое время потихоньку улизнули. М.К. подождал до десяти, после чего написал докладную директору. Тот предложил ему самому поговорить с классом и разрешить возникшую ситуацию. - Я им объявил о субботнике и сам пришел. А они не пришли, — обычным спокойным тоном сказал М.К. - Теперь вы с ними разбирайтесь. Это ваши проблемы. В описанной ситуации характерными являются слова учителя «это ваши проблемы». Нежелание действовать, стремление переложить ответственность на другого, позиция пассивного 19
созерцателя определяют низкую эффективность педагогического труда. 11. Donnez les équivalents russes: Lexique du système éducatif Animation culturelle
matière dominante
assistant
doublant (redoublant)
attestation
emploi du temps
blâme
équipe pédagogique
bulletin scolaire
examen blanc
cantine
examen de passage
carnet de notes
formation pédagogique
classe
foyer
concours d’entrée
intendant
épreuve de contrôle
jury d’examen
cahier d’appel
liste des élèves (dresser la liste)
enregistrer les absences
mémoire de fin d’études
classe surchargée
notation
convoquer les parents
note (baisser la note, élever la note)
corps enseignant
présence aux cours
courir le cachet
professeur principal
cours
remettre (reporter) une leçon
cours de rattrapage
rentrée (scolaire, des classes)
cursus
échec scolaire
débutant
être de service
discipline (matière)
suppléance
dispense (dispense d’EPS)
suppléant
dresser l’horaire
télé-enseignement 20
classe terminale
trou à l’emploi du temps
évaluation par tests
vacataire
12. Donnez votre compréhension des maximes suivants: 1. Enseigner, c’est apprendre deux fois. (Joseph Joubert) 2. Un homme qui enseigne peut devenir aisément opiniâtre, parce qu’il fait le métier d’un homme qui n’a jamais tort. (Montesquieu) 3. L’enseignement, c’est une amitié. (Jules Michelet) 13. Lisez et traduisez ce message de Catherine Orecchioni en réponse à la lettre de protestation de ses étudiants de sémiologie. Quelles sont les activités d’un professeur d’université ? « Je voudrais d'abord vous dire que nous comprenons fort bien votre impatience et votre exaspération pour ce retard, dont nous nous excusons. Mais je voudrais aussi expliquer les raisons de ces délais qui peuvent en effet sembler bien excessifs — car j'ai souvent remarqué que les étudiants (de DEUG surtout), comme du reste le grand public, n'avaient pas la moindre idée de ce que sont les activités d'un professeur d'université. En ce qui me concerne par exemple, je me suis trouvée en janvier devant environ 550 copies à corriger (DEUG, mais aussi licence et maîtrise). A raison d'un maximum de trois copies de l'heure (on ne peut pas faire plus sans bâcler: ce ne sont pas des QCM!), cela représente plus de 180 heures, soit l'équivalent d'un mois entier de travail pour un salarié « normal ». Or nous avons à mener de front bien d'autres tâches: les cours, mais aussi les tâches administratives, des réunions en tous genres, et les activités liées à la recherche (fonctionnement des labos); les articles à écrire (parfois des livres!), les conférences à donner à l'extérieur (les linguistes lyonnais sont très sollicités...), l'encadrement des travaux de recherche des étudiants, les soutenances de thèses, etc. Nous essayons de donner priorité aux corrections (vous croyez que c'est agréable d'avoir en 21
permanence sous les yeux ces gros paquets qui sont comme des reproches, et qui fondent si lentement?), mais ce n'est pas toujours possible, il faut composer avec d'autres urgences... En tout cas je puis vous assurer qu'il est faux et injuste d'imputer ce retard (dans mon cas comme dans celui des collègues qui me sont proches) à de la paresse, de la mauvaise volonté, ou de l'indifférence à vos angoisses. Quant à la boutade finale sur les grandes vacances (nous avons l'habitude de ce genre d'allusion sarcastique...), je dirai simplement que dans mon entourage je ne connais personne qui ne passe pas à travailler la pus grande partie de ses week-ends et de ses « vacances », car ce n'est évidemment pas pendant l'année scolaire que nous pouvons faire avancer notre recherche — or je le répète nous sommes des enseignantschercheurs, et c'est sur la qualité à la fois de son enseignement et de sa recherche que repose la réputation d'une université (celle de la nôtre est excellente en ce qui concerne les sciences du langage!). Voilà. Avec encore toutes nos excuses, Cathérine Orecchioni » _______________________________________________ *
DEUG: Diplôme d’études universitaires générales – Диплом об окончании
университетского общеобразовательного обучения (бак + 2). Этот первый двухгодичный цикл высшего университетского обучения предусматривается как подготовка ко второму циклу и не дает профессионального образования. *
QCM: Question à choix multiple – тестирование (один из способов тестирования,
при котором задается вопрос, и необходимо выбрать один из предлагаемых ответов). 14. Expliquez la différence entre : • À raison de – en raison de ; • imputer à – imputer sur.
22
15. A. Observez et retenez: corriger – remédier – rectifier – remanier
rectifier ¾ Modifier la forme d’un tracé, d’un objet. Rectifier des sourcils. ¾ Rendre exact, conforme à ce qui doit être. Rectifier un calcul, une numérotation. ¾ [Le compl. d’obj. dir. désigne ce qui est pensé, dit ou écrit] Rétablir. Rectifier une citation, un texte, l’orthographe d’un mot, la construction d’une phrase, une doctrine, une opinion. ¾ Effacer ce qui est erroné. Rectifier une faute, un lapsus. corriger ¾ [Le compl. désigne une chose] Faire disparaître ou relever un écart par rapport à une norme en vue de la faire respecter. 1. [Le compl. désigne la matière, le domaine dont les imperfections sont sujettes à être rectifiées] Améliorer. Corriger un travail, l’audition, la vue, les manières, un devoir, les cahiers, les compositions, des erreurs fréquentes. 2. [Le compl. désigne le défaut, l’erreur qui compromettent la perfection de qqn, le bon ordre ou le bon fonctionnement de qqch] Rectifier ce qui est fautif, inexact ; atténuer. Corriger la myopie, la forme du nez, un retard (horlog.), un bug du système, l’acidité d’une boisson, l’injustice du sort. ¾ [Le compl. Désigne une pers. ou un animal] 1. [La correction n’implique pas un châtiment, une punition] Rectifier les imperfections. Corriger un enfant. Se corriger de ses défauts, de sa paresse. 2. [La correction implique la punition d’une faute, soit verbalement soit au moyen d’un châtiment corporel] Réprimander. Corriger un toutou qui se conduit malproprement. 23
remédier ¾ Apporter un remède; combattre par les moyens, par les mesures approprié(e)s. Remédier au mal de mer, consommer moins de sel pour remédier à l’hypertension ; remédier à un abus, à une anomalie, à une carence, à un défaut, à une inconvénient, à une lacune, à une pénurie, à une crise, à une situation, aux difficultés scolaires, etc. remanier ¾ [Le compl. d’obj. dir. désigne une oeuvre d’art, un ouvrage de l’esprit] Modifier en travaillant à partir des matériaux primitifs. Remanier un article, un roman, une législation, une toile. B. Remplacez les points par des verbes qui conviennent . Expliquez votre choix: 1. Elle sortit de son sac un poudrier en or et elle .......... sa bouche. 2. Balzac .......... sans cesse ses romans. 3. Voici comment .......... à ce problème. 4. Plus vous vous rapprochez des objets pour les voir nets, plus .......... votre myopie sera nécessaire. 5. Je vous conseille d’estomper la bouche pour .......... des lèvres asymétriques. 6. Comment .......... à une petite anémie? Je prends du tardiféron mais ce n'est pas suffisant. Faut que tu manges de la viande (le foi c'est très bien), des légumes verts, des fruits secs.. 7. La chirurgie estétique est l'ensemble des techniques chirurgicales visant à .......... les disgrâces physiques. 8. Plus d'un Français sur cinq, en majorité des femmes, souffre de constipation Mais rares sont les personnes qui osent parler franchement de 24
ce désagrément, dont on se moque volontiers et auquel il est en général facile de .......... . 9. Voici une dictée contenant 20 fautes. Vous devez la .......... en appliquant les règles de grammaire que vous avez apprises depuis le début de ce cours. 10. Les utilisateurs peuvent également .......... les défauts photographiques courants (tels que les yeux rouges). 16. Essayez d’expliquer à quoi est due la nuance humoristique de ce texte : Non, les profs n'ont pas deux mois de congé! Dès le premier août, les grands magasins s'affolent. Les maillots de bain sont relégués dans les réserves pour faire place aux multiples gadgets de la rentrée: ces cartables-sacs à dos où les cahiers s'écornent dès le 15 septembre, les plumiers fluorescents ou pokémonés, les classeurs couverts de sigles divers et d'images-cultes. Les manuels s'affrontent aux étals des libraires: il paraît qu'on peut apprendre à lire en jouant, à calculer sans effort, à latiner sans peine, à dominer l'internet en trois heures. Les couleurs attirent, les odeurs aussi. Même moi, qui ai pourtant blanchi sous le harnais et n'ai plus de «rentrée» à assumer, je me surprends encore à humer le fumet des cahiers neufs. Il m'arrive même d'acheter, comme cela, par plaisir nostalgique peut-être, une «farde» originale ou un classeur au système de perforation sophistiqué. Mais les feux de la rentrée n'ont qu'un temps. Ils s'estompent dès que les gadgets perdent leur vernis et leur brillant. Si l'enseignant s'y est laissé prendre autant que les élèves et leurs parents, il sait cependant que sa rentrée ne sera pas faite que de cela. Dès le weekend du 15 août, projets, restructurations, programmes, socles de compétences recommencent à se bousculer dans sa tête. S'il est directeur d'école, il reprend en fait souvent le 16, surtout dans les quelques écoles dites «nouvelles» et «actives» où parents et enseignants sont engagés à collaborer pour préparer l'année. C'est le moment où l'on déménage les classes parfois, où l'on repeint, rafistole dans tous les coins. C'est 25
l'occasion de faire ce qu'on n'avait jamais osé faire durant l'année: couvrir le vieil escalier d'anti-dérapants ou enlever une cloison pour rendre un local un peu plus grand. Jusqu'au 31 au soir, c'est un vaste chantier et le lendemain, à huit heures, bizarrement, tout est en ordre. Non, la fée Ministreile n'est pas passée par là. Un travail véritablement coopératif, fait d'imagination, de créativité mais aussi de sueur, est venu à bout de la plupart des problèmes. Que c'est étrange, une école vide d'enfants... Que c'est facile à «diriger». Tout semble possible. En fait, les vrais problèmes apparaîtront vraiment le soir du premier jour de classe, quand on connaîtra enfin le nombre réel d'inscrits ou les disponibilités des profs «spéciaux», le nombre de chaises qui manquent ou les chasses d'eau qui ont déjà flanché après une journée intensive d'utilisation. Certes, il faut préparer le terrain, parer au pire, imaginer trente-six situations, mais ce n'est que le premier septembre à 16 heures que les choses commenceront à se mettre en place et que des scénarios seront possibles. C'est pourquoi j'ai toujours plaidé pour que l'année scolaire commence un mercredi afin que l'après-midi donne le temps aux adultes de se retourner ou un vendredi (comme cette année) pour que le weekend serve à affiner les choses sans devoir parer au plus pressé, en se jurant que c'est du provisoire alors qu'on sait bien que dans neuf cas sur dix, ce sera définitif... En même temps qu'elle gère une partie des problèmes matériels, l'équipe pédagogique doit se réunir, analyser les circulaires ministérielles, réévaluer les conclusions de juin dernier, mettre en pratique ce qui n'était encore à l'époque que projets flous si pas vœux pieux. Il faut vaincre les peurs, épauler ceux qui croient se trouver soudain devant une montagne, collaborer parfois avec de nouveaux venus, les initier aux secrets de la maison. Les responsabilités de chacun doivent être redéfinies, les attentes exprimées, les projets de l'année confirmés, les sous-équipes formées en respectant le plus possible les désirs et les atomes crochus. Et tout cela sans verser dans la théorie! En ayant toujours à l'esprit les tenants et les aboutissants, en rêvant, certes, parfois, mais en sachant garder les deux pieds sur terre. Exercice d'équilibriste, bien 26
nécessaire pourtant si l'on ne veut pas que la routine prenne le dessus. Et dire qu'il y a des parents qui croient que les enseignants ont deux mois de vacances! Certes, on en a vu capables de jaillir de leur avion la veille de la rentrée et plantés sur leur estrade le lendemain, bien bronzé(e)s et tout et tout... Mais ils restent l'exception. Les relents de l'année poursuivent l'enseignant «normal» jusqu'aux environs du 10 juillet et le stress de la rentrée le reprend vers le 15 août. Voilà la réalité. Qu'on se le dise! Henry Landroit 17. Donnez votre avis sur ce problème en vous servant de votre expérience personnelle: Ce qui hante les jeunes enseignants • L’autorité, la discipline : l’autorité est indispensable dans la classe et dans l’école. Elle est d’autant mieux acceptée qu’elle est légitime, porteuse de sens et que les limites posées (arriver à temps, ne pas fumer, ne pas utiliser son GSM, etc.) sont respectées par les adultes autant que par les jeunes, qui sont généralement plus respectueux s’ils se sentent eux-mêmes respectés. Les manquements des élèves ou des étudiants aux règles doivent être sanctionnés. La plupart des écoles disposent d’une grille de sanctions progressives. Si un tel système n’existe pas, rien n’empêche l’enseignant de passer un contrat clair avec ses élèves. • Les violences : il arrive que certains enseignants soient parfois confrontés à des agressions psychologiques et parfois physiques à l’école. Aucun enseignant ne doit rester seul pour faire face à ces difficultés qu’elles soient de nature pédagogique ou de nature relationnelle. Différentes possibilités d’aide existent.
27
18. En quoi consistent les activités principales d’un professeur de langues ? Que pensezvous du rôle d’un professeur de langues dans la vie des élèves ? Professeur de langues Le professeur de langues transmit à leurs élèves les connaissances nécessaires qui leur permettent de communiquer, aussi bien oralement que par écrit, dans une langue étrangère. Il enseigne à differentes classes d’âge : enfants, adolescents et adultes. L’activité de professeur de langues nécessite un entraînement intensif à la pratique de la langue et un approfondissement constant des connaissances, par exemple en lisant des livres et des journaux dans la langue concernée, en écoutant la radio et en regardant la télévision. Leurs activités principales consistent à : • établir un programme de travail en tenant compte de la durée du cours et de l’objectif à atteindre par l’ensemble du groupe ; • choisir une méthode en fonction du niveau et de l’âge des apprenants ; • développer chez l’élève l’ouverture d’esprit, le sens critique et la curiosité intellectuelle ; • mettre les élèves en situation de communiquer dans le langue étrangère, en simulant diverses situations ; • leur faire acquérir, par l’exercice, une certaine aisance dans la compréhension et dans l’expession (rythme, prononciation et intonation) ; • fournir les outils nécessaires pour continuer l’étude de la langue ultérieurement (grammaire, vocabulaire) ; • vérifier les connaissances acquises par des épreuves écrites et orales ; • créer chez l’apprenant une attitude d’accueil, une envie de se familiariser et d’apprendre la langue en établissant un lien entre le domaine lingustique et l’actualité du pays concerné; 28
• préparer les devoirs, les corriger ; • aider les élèves à utiliser divers moyens pour étudier et assimiler une langue étrangère : laboratoire de langues, radio, télévision, internet, etc. ; • encourager les élèves à séjourner dans le pays de la langue qu’ils étudient ; • organiser et animer des voyages d’études ; • participer au conseil de classes, aux séances avec les parents. Bien que des plans d’études soient établis, le professeur de langues dispose d’une grande liberté dans leur application. Le succès de leur enseignement depend de leur engagement personnel (enthousiasme, richesse d’idées) et du choix des thèmes traités qui doivent être adaptés à chaque situation. Les possibilités d’emploi dépendent avant tout de la formation acquise et des langues à enseigner. 19. Faites votre cours en français : • Ça a sonné.
• C’est faux.
• Ça fait 5 minutes qu’on a sonné!
• Ce n’est pas correct.
• On va sonner.
• C’est clair ?
• Faisons l’appel.
• Je vous mets très bien.
• Notez les absents.
• Demain je vous interrogerai à
• Qui est absent aujourd’hui ?
nouveau.
• Qui est absent aujourd’hui ?
• Ne copiez pas.
• Qui n’est pas là aujourd’hui ?
• Ramassez les cahiers.
• Cet élève manque trop souvent.
• Distribuez les cahiers.
• Avez-vous une excuse valable pour
• Passons à la lecture du texte. • Donnez d’abord le titre.
avoir manqué mon cours ? • Mettez-vous un par table.
• Lisez
• Ne soufflez pas.
expressive. 29
d’une
manière
• Posez 10 questions sur le texte.
• Allumez la lumière.
• Relevez les mots nouveaux.
• Eteignez la lumière.
• Racontez en restant près du texte.
• Restez assis.
• Votre dictée est bourrée de fautes !
• Répondez de vos places (sans
• Copiez (recopiez) votre brouillon.
vous lever).
• Son cahier est fini.
• Un peu de silence.
• N’oubliez pas de laisser une marge.
• Arrêtez de vous agiter.
• Prenez une feuille double (simple).
• Laissez votre voisine en paix!
• Sautez trois carreaux.
• Ôtez de la bouche ce que vous mâchez !
• Pourquoi m’avez-vous rendu (remis)
• Mettez vite de l’ordre sur la
une copie blanche ?
table.
• J’ai déjà corrigé vos copies. • Écrivez sous ma dictée.
• Ne faites pas (tant) de bruit!
• Où est ma baguette ?
• Cessez de bavarder!
• Traduisez à coups de dictionnaire.
• Voulez-vous bien vous taire?
• Je n’arrive pas à déchiffrer votre
• Ne dessinez pas sur les livres! • Soulignez-le en rouge.
écriture. • Il y a erreur !
• Soulignez-le au crayon.
• Allez au tableau !
• Encadrez-le en rouge.
• Pouvez-vous aller chercher un peu
• Fixez à l’aide de punaises. • Prêtez-lui un stylo, s’il vous
de craie ? • Allez mouiller l’éponge. Elle est
plaît. • Voulez-vous ouvrir la fenêtre,
sèche. • Lavez le chiffon, s’il vous plaît. Il
s’il vous plaît? • Quel bruit dans le couloir!
est bien sale.
•
• Effacez le tableau. • Essuyez le tableau avec le torchon.
Qu’est-ce que c’est que ce bruit dans le couloir?
30
• Rangez bien les tables, les chaises. Mettez-les bien en rangs, s’il vous
• La prochaine leçon n’aura pas lieu. • La leçon est remise à un autre
plaît. • Ramassez, s’il vous plaît, tous les
jour. • La leçon est finie (Le cours est
papiers (qui trainent) par terre. • Nous n’avons pas encore épuisé notre sujet. La prochaine fois, nous continuerons.
terminé). • Maintenant,
c’est
la
récré(ation).
20. Quelle est l’idée essentielle de la pédagogie de la faute ? Pourquoi certains spécialistes préfèrent-ils le mot « erreur » ? Faire la vaisselle ou intégrer la correction à la démarche? Un collègue et néanmoins ami disait en parlant de la pile de cahiers qui l'attendait en fin de journée "je vais faire la vaisselle". La correction est parfois perçue comme un passage obligé et contraignant mais elle est aussi avec le stylo rouge l'emblème de l'un des derniers lieux de pouvoir symbolique du maître qui malgré lui ou volontairement y exprime souvent sa personnalité et sa conception de l'apprentissage. "Mal, Nul, Passable, Bien" ou commentaires rageurs dans la marge, écrits sans ménagement parfois en pleine page du cahier de l'élève peuvent aller jusqu'à faire fi des exigences de soin demandées à l'enfant. Nous avons souvent vécu nous mêmes ce type de pratiques et il nous arrive de les reproduire. Que corrige-t- on? D'une manière générale tout écrit devant servir de référence ou devant être communiqué vers l'extérieur ou la famille... Tous les écrits du tableau. Le maître doit se relire, préparer à l'avance si besoin, utiliser le dictionnaire devant les élèves, inciter les élèves à l'aider à verifier les textes écrits au tableau et qui doivent avoir valeur exemplaire 31
surtout
lorsqu'ils
seront
recopiés. Le maître peut par son attitude montrer qu'il est en vigilance orthographique permanente. Lorsqu'un élève écrit au tableau, il en va de même. Tous les affichages de la classe. Qu'ils soient des affichages de référence, mémoire, informatifs... de la maîn du maître ou des élèves, tous les affichages doivent être corrigés... On voit trop souvent de beaux exposés affichés dans les couloirs avec des fautes énormes... Tous les écrits publiés sur le site Web de la classe ou de l'école... Tous les cahiers des élèves sauf le cahier de brouillon personnel à la rigueur doivent être corrigés. Le résumé d'Histoire, la poésie, la leçon de grammaire doivent être corrigés par le maître à l'aide d'un code de correction. Ce code simple peut être élaboré par la classe. Dans certains cas, un cahier de référence peut aider l'élève à retrouver un écrit "modèle".Ce cahier peut être tenu à tour de rôle par les élèves (cahier de roulement). Un atelier hebdomadaire de correction peut être mis en place pour ce type d'écrits. Les élèves doivent eux mêmes reprendre leurs erreurs. Si un écrit est trop lourdement chargé de fautes d'orthographe pour pouvoir être corrigé utilement il faut que le maître l'indique en haut de la page. L'idéal est que chaque type de cahier puisse être vu régulièrement. Quand corriger? Immédiatement après un exercice rapide en faisant intervenir les élèves de manière dynamique et ludique. Il faut utliser le tableau en organisant son espace, en jouant avec les couleurs... et surtout être ultra lisible. Certaines corrections peuvent se faire sur affiche et être conservées un temps au mur comme référent. De façon différée pour les corrections des textes copiés (on corrige en s'aidant du code de correction avec des outils). Comment corriger? En prévoyant à l'avance sur le cahier un espace pour la correction. 32
En veillant à ce que l'élève soit acteur de sa correction et puisse continuer d'apprendre grâce à elle. Pour le maître plutôt en différé ce qui lui permet de noter les erreurs et réussites récurentes chez un élève ou un groupe d'élèves. 21. Traduisez par écrit: Russe seconde langue En classe de quatrième (ce devait être en 1960), je commençai, en seconde langue vivante, l'apprentissage du russe. À l'attrait de la nouveauté et de la rareté s'ajoutaient celui de l'exotisme et peut-être aussi le frisson d'accéder à un monde qui par bien des côtés paraissait encore interdit, du fait du climat de guerre froide qui pesait encore sur les esprits (y compris les plus jeunes) en ces années-là. D'autant que faute de manuel français approprié, nous nous vîmes attribuer, comme venu d'une autre planète, un livre édité en Union soviétique. Un livre est évidemment beaucoup plus qu'une enveloppe matérielle. Objet mental, il vaut ordinairement plus par son contenu que par son contenant. Plus par la traînée de feu qu'il est capable de susciter dans l'esprit que par la fonction qu'éventuellement il remplit. Et les manuels, destinés qu'ils sont à un usage simplement instrumental, ne sont guère propices aux grands, élans de l'imagination. Il arrive pourtant que des livres que nous avons manipulés de façon répétée plutôt que vraiment lus marquent davantage notre sensibilité et notre imaginaire que d'autres dévorés d'une traite. Il aura suffi, par exemple, que nous nous soyons longuement attardés à regarder leurs images comme des icônes, pour qu'ils prennent, à notre insu, valeur de fétiches et continuent, des années après, de hanter notre façon de conjuguer les mots et les choses. Tel fut le cas de ce premier livre de russe qui m'échut en classe de Quatrième: je n'ai
plus
cessé,
depuis,
de
vouloir qu'affleure un peu de sa lumière naïve 33
dans la couleur des jours. C'était, ce livre, un vocabulaire unilingue, illustré comme un album pour enfants. Je me souviens de sa couverture cartonnée, de couleur crème, avec un dos de toile, du grain épais de son papier. De la robustesse aussi de sa facture (plus tard je la retrouverai dans les tomes des œuvres de Lénine que je fréquenterai assidûment pendant de longues années) — toutes choses qui le distinguaient d'emblée des livres dont nous avions l'habitude et lui conféraient un prestige singulier, que venait redoubler l'étrangeté des caractères cyrilliques. Car sans doute fus-je d'abord fasciné par le mystère de cet alphabet bizarrement parent de l'alphabet grec auquel, la même année, je commençai de m'initier. J'aimai tout de suite la belle stature des lettres russes. À mi-chemin de Moscou et de Saint-Pétersbourg. À mi-chemin de l'assise trapue des isbas ou des églises paysannes à bulbes et des colonnades néo-classiques. Inconsciemment, je dus me laisser aller à lire dans la forme de ces caractères la promesse d'une Arcadie, d'une autre Grèce, non pas révolue celle-là, mais quelque part vivante et porteuse — du moins en ce temps-là je le croyais — d'un monde synonyme d'« avenir radieux », selon le stéréotype alors en usage. Il est vrai que deux ans auparavant à peine mes parents nous avaient emmenés, mes frères et moi, à l'Exposition internationale de Bruxelles, où nous nous étions ébahis devant le spoutnik que présentait le pavillon soviétique. Sur la couverture de ce vocabulaire illustré, figurait une image en couleurs représentant un groupe d'écoliers. Au cou noué le foulard rouge des pionniers, ils s'en vont cueillant des fleurs champêtres dans un paysage de prairies vallonnées et bordées de sous-bois de bouleaux, sous la conduite de leur instituteur athlétique. Les fillettes ont des nattes et portent des tabliers blancs. Tableau idyllique de perpétuel «arrière-pays», que répétaient les pages à l'intérieur, peuplées de saynètes naïves où des enfants rayonnants évoluent dans des décors pastoraux ou défilent en rangs dans des avenues aérées. 34
Slovar — le mot russe qu'on traduit par «vocabulaire» (ou «dictionnaire») — est formé à partir du nom qui signifie «mot» (slovo). Un slovar, aimerait-on pouvoir traduire, est un «motier», comme on dit un «herbier». Et en effet ce vocabulaire avait bien l'air d'un herbier, chaque mot étant accompagné de la vignette, parfois rehaussée de couleurs vives, représentant la chose qu'il désigne, dessinée d'un trait appliqué et sans surprise. De page en page se trouvaient ainsi inventoriés, avec leur lexique propre, les différents départements de l'existence enfantine: la classe, la maison, la ferme, le mobilier, la vaisselle, la nourriture, les vêtements, les jeux et les jouets... Et les objets ainsi représentés avec tant de netteté semblaient doter de la plus grande évidence et consistance un univers de langage impeccablement ordonné, en même temps que semblait dénoncé le manque d'éclat de notre environnement quotidien, ici, dans la banlieue d'une ville de province ordinaire. De cette paisible et limpide adhérence du mot à la chose, je crois bien avoir gardé le désir d'une langue adamique, indexée sur là réalité, et c'est sans doute à la lumière fossile du souvenir de ce vocabulaire que je dois d'avoir lu Ponge, quelques années plus tard, avec tant de fascination. J'ai toujours aimé humer le parfum des livres: il me semble que souvent se libère en lui la promesse des mondes où ils vont nous emporter. Je ne me souviens plus de l'odeur de ce vocabulaire russe, mais je l'associe au parfum du daphné. Sans doute parce qu'il y avait un tel arbuste juste devant la porte de la remise où nous rangions les vélos sur lesquels nous nous rendions, depuis notre banlieue, au lycée. Dans la fraîcheur des matins de janvier, poussé par la germination des pommes de terres qui dormaient là tout l'hiver près du tas de charbon, je pédalais, longeant la Loire avant d'atteindre le lycée. J'avais des ailes, d'avoir humé le parfum du daphné, sa folie de printemps en prestation déjà malgré le froid piquant. 35
Dans la musique de la langue russe, dans sa poussée de sève en crue, je croyais entendre naître une lumière neuve, une lumière de neige faisant vibrer des couleurs vives sur les pommettes des collines. Un bruit de temps nouveau craquait comme du givre dans le chahut bariolé des voyelles, dans le chuintement et le claquement guttural des consonnes. Glace et feu que je retrouverai plus tard dans la peinture coupante d'un Malévitch. Epiphanie d'un autre monde, non pas irréel, mais réel ailleurs. Sa mélancolie m'entra dans la tempe comme une cheville amoureusement enfoncée. La mélancolie, peut-être, de l'âme russe elle-même — celle du moins que je crus percevoir à la faveur d'une représentation de La Cerisaie à laquelle le professeur de russe nous avait conduits: l'inconsolable aboulie, l'aspiration vaine à un lendemain qui jamais ne viendra, la complaisance à la souffrance légère de l'étiolement provincial. Je n'eus plus qu'à lire bientôt Essénine, Blok et Maïakovski (on ne disait mot alors ni de Mandelstam, ni d'Akhmatova, ni de Tsvétaïeva; Pasternak était à peine évoqué). N'ayant jamais eu l'occasion de pratiquer la langue ni celle d'aller en Union soviétique, j'oubliai très vite le peu de russe que j'avais appris. C'est dans la lumière inoubliée de cette langue que pourtant j'ai des années durant guetté le froissement d'un temps nouveau, son bruit de glaces en mouvement. Il ne vint pas bien sûr, mais je demeure hanté par la fraîcheur d'un idiome impossible. Jean-Claude Pinson 22. Saviez-vous? Le 17 octobre 1957, Albert Camus (1913 – 1960) reçoit, honneur suprême, le prix Nobel de littérature pour «l'ensemble d'une oeuvre qui met en lumière les problèmes se posant de nos jours à la conscience des hommes». Le 19 novembre 1957, il adresse à Louis Germain, son instituteur d’Alger, le témoignage de sa reconnaissance : 36
«Cher Monsieur Germain, J'ai laissé s'éteindre un peu le bruit qui m'a entouré tous ces jours-ci avant de venir vous parler de tout mon coeur. On vient de me faire un bien trop grand honneur, que je n'ai ni recherché ni sollicité. Mais quand j'en ai appris la nouvelle, ma premiиre pensée, après ma mère, a été pour vous. Sans doute , sans cette main affectueuse que vous avez tendue au petit enfant pauvre que j'étais, sans votre enseignement, et votre exemple, rien de tout cela ne serait arrivé. Je ne me fais pas un monde de cette sorte d'honneur. Mais celui-lа est du moins une occasion pour vous dire ce que vous avez été, et êtes toujours pour moi, et pour vous assurer que vos efforts, votre travail et le coeur généreux que vous y mettiez sont toujours vivants chez un de vos petits écoliers qui, malgré l'âge, n'a pas cessé d'être votre reconnaissant élève. Je vous embrasse de toutes mes forces.» C’est donc d’un prix Louis-Germain que le ministère de l’Éducation nationale récompense, aujourd’hui, les plus belles lettres adressées par d’anciens élèves – jeunes ou moins jeunes – au professeur de leur vie. Ainsi, Jacques Dennielou adresse une superbe missive à celui qui fut son maître en 1955-1956 à Quimper, Pierre Jakez Hélias : « Avec votre casquette de pêcheur breton, votre pipe et votre pantalon de golf, vous auriez pu être risible. Mais il y avait trop de malice dans votre regard. Et je decouvrais ma langue, ses fureurs, ses tendresses, son pouvoir. J’y devinais des mystères, des pudeurs, des splendeurs dérobées. Elle m’oposait aussi des écueils à contourner, des pièges à déjouer, des trous d’ombre à explorer. De merveilles en étonnements, j’ai eu l’appétit d’un barbare. »
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