ESSAI
SUR
LA
PROPAGATION DE
L'ALPHABET
PHÉNICIEN.
Paris:—Typographie 19; GeorgesCliamerbl,riledesSaints-Pores,
ESSAI SUR
LA
PROPAGATION # DE
L'ALPHABET
PHÉNICIEN DANS L'ANCIEN MONDE,
Uï\J
V. t /£]
PAR
* LENORMÀNT, x^l£iii3^RANÇOIS del'Académie Pontificale Associé del'Académie deBelgique, d'Archéologie, Royale Littérature et dela Société de Londres, dela Société de d'Archéologie Biblique Royale del'Institut deCorrespondance deRome, del'Institut National Genevois, Archéologique deNancy, del'Académie deStanislas del'Académie d'Anvers, d'Archéologie deParis,delaSociété deLinguistique, delaSociété Membre delaSociété d'Ethnographie, Asiatique de delaSociété des del'Orléanais, delaSociété del'Athénée FrançaiseNumismatique, Antiquaires Oriental,, delaCôle-d'Or, delaCommission desAntiquités etc.,etc.,etc.
Développement d'un mémoire couronné par l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. MÀTERIES superabatopus.
TOME
PREMIER.
PARIS, MAISONNEUVE ET C", LIBRAIRES-ÉDITEURS, 15. 15, QUAIVOLTAIRE, 1872.
(,; .
A
U
MÉMOIRE
DE
LENORMÀNT
CHARLES
MON
PÈRE.
INTRODUCTION.
INTRODUCTION.
I.
Nous appelon s écriture tout système employé par les hommes pour fixer l'expression de leurs pensées par des signes matériels, de manière à pouvoir se les communiquer entre eux autrement que par la parole et à leur donner une durée. Pour arriver à ce but, deux principes peuvent être appliqués, séparément ou ensemble : i ° Uide'ographisme, ou la peinture des idées ; i" Le phone'tisme, ou la peinture des sons. L'idéographisme peut employer deux procédés : i° La représentation c'est même des objets que l'on veut désigner; ce que Clément d'Alexandrie appelle procéder xupio^oyiKwçy-atà. (Mpicw, dans un célèbre passage sur les hiéroglyphes égyptiens (x) ; 2° La représentation d'un objet matériel ou d'une figure convenue pour exprimer une idée abstraite ; c'est ce qu'on désigne par le nom de symbolisme. (1) Stromat., V, p. S67, éd. Porter.
\
deux degrés : Le phonétisme également présente dans la parole comme un tout indii° Le syllabisme, qui considère d'une et représente visible, composée par un seul signe la syllabe, et d'un son vocal muette ou consonne, articulation par elle-même, qui y sert de motion ; la syllabe et en représente 20 Valphabélisme, par des qui décompose et la voyelle. la consonne signes distincts des choses, ainsi et conforme à la nature Par une marche logique tous les systèmes d'écrimême de l'esprit humain, qu'à l'organisation et ne sont arrivés que par un ture ont commencé par l'idéographisme du premier au phonétisme. Dans l'emploi graduel principe, progrès ils ont tous débuté par la méthode purement figurative, qui les a conDans la peinture des sons, ils ont trasymbolique. versé l'état du syllabisme avant d'en venir à celui de l'alphabétisme terme du progrès en ces matières. pur, dernier duits
à la méthode
IL
ont commencé que tous les systèmes d'écritures par l'idéonous avons formulé un fait incontestable, graphisme, Mais ce que nous avons ajouté, que dans la voie de l'idéographisme on avait toujours débuté par la méthode d'une représentation purement figurative, donner occasion à quelques doutes et depourrait mande à être prouvé. En effet, si l'on considère la nature des signes qu'elle l'éemploie, criture doit être ramenée à deux procédés : i° Uhiéroglyphisme, ou la peinture matériels d'objets figurés aussi exactement comme nous le voyons chez les Nahuas du que possible, au début des écritures des Assyriens et des Chinois, Mexique, et dans les inscriptions monumentales des Égyptiens la conversion de jusqu'à la terre des Pharaons au christianisme ; a0 La convention pure ou l'emploi de signes qui ne représentent rien En disant
— 3 — et peignent seulement l'idée ou le son dont on est par eux-mêmes convenu d'en faire les représentants, comme nos notes de musique. même d'origine Les écritures, en arrivent hiéroglyphique, rapidement à la pure convention. Elles ne sont plus en
réalité
que
conventionnelles,
du
moment
toute trace d'idéographisme qu'elles ont répudié pour devenir exclusivement phonétiques. Ainsi l'Arabe n'apprend pas à son fils que Yélif reconétait, dans son origine, une figure où les Phéniciens croyaient naître la tête d'un boeuf, et que de là vient le nom de cette lettre. Nous ne le disons pas non plus dans nos écoles au sujet de notre a, qui dérive
de même
du
Pour nous tous, Européens PC des Chananéens. comme Arabes, un élif et a sont des signes convenus qui désignent d'en rechercher son de la langue. Les savants seuls s'occupent l'origine. Lors même que l'écriture continue à rester fidèle à sa nature idéodu moelle devient par le fait purement conventionnelle, graphique, ment
qu'un long usage et un désir de plus grande que les altérations, amènent forcément dans le tracé des signes graphiques, promptitude ne permettent au premier plus de reconnaître coup d'oeil l'objet que retraçait
l'hiéroglyphe
primitif.
Ainsi, celui qui voyait le caractère
*^& dans un texte hiéroglyphique
la figure d'un homme acimmédiatement y reconnaissait $t, et surtout le démotique Jj-, bien qu'étant croupi; mais l'hiératique n'éveillent successives du même caractère, par le fait des tachygraphies qui a suivi par leur aspect, pour tout autre que pour le paléographe égyptien,
tous les degrés de la déformation, aucune idée de figure, patiemment et sont simplement des signes convenus pour peindre l'idée « homme ». en étaient venus à considérer C'est ainsi que les Égyptiens eux-mêmes les caractères de leurs écritures cursives, et, par suite, ils les enseiEn effet, gnaient dans leurs écoles d'une manière purement empirique. Clément tiennes
d'Alexandrie, (i),
rapporte
dans son fameux passage sur les écritures égypaux étudiants le qu'on faisait d'abord apprendre
(1) Stromat., \, p* 567, é
_
4 —
le plus usuel, comme hiératique, puis le système démotique, système Il aurait le système en dernier, seulement et enfin, hiéroglyphique. si l'on avait tenu compte contraire exactement fallu suivre la marche cursifs. des deux systèmes dans l'enseignement de l'origine figurative du type du type démotique, Pour enseigner indépendamment l'emploi il fallait de toute nécessité par une méthode procéder hiéroglyphique, de l'écrià l'étudiant les éléments et ne présenter de pur empirisme, affectés des signes uniquement conventionnels, ture que comme par de telle ou telle accord à la représentation l'usage et par un commun idée ou de tel ou tel son. de Babylone dans les écoles on procédait Nous ignorons comment se contentait mais il est plus que probable ou de Ninive; d'y qu'on de convenue le groupe ^] comme l'expression présenter, par exemple, à lire voulait apprendre l'idée « soleil », sans faire remonter quiconque l'hiédu type archaïque et à écrire, par l'intermédiaire £[^3> jusqu'à de où l'on discerne une imitation grossière premier <^\, de l'astre dans le ciel. l'apparence ont revêtu un caractère En Chine également, les signes de l'écriture sans cesser d'être essentiellement des idéogramde pure convention, du temps ils ont cessé mes, du moment qu'en s'altérant par la marche roglyphe
d'être mens
de véritables
figures. conduisent aux
qui découle d'un
Un lettré emplois
savant, supérieurs,
capable
de passer
n'ignore
pas
les exa-
'S que assez gros-
hiéroglyphe qui retraçait l'image sière d'un poisson. "£§ Mais, pour la masse de ceux qui l'emploient, aucune notion de figure. ne saurait C'est seulement le plus éveiller de l'idée «.poisson à », qu'elle signe convenu pour la peinture rappelle et qu'on dans les écoles comme y étant attachée l'esprit enseigne par une notion qui n'a plus rien que d'empirique. Ainsi les écritures à un certain d'origine elles-mêmes, hiéroglyphique primitif
g,
et de leur développement, arrivent à la condegré de leur existence vention pure. Mais si nous remontons à l'origine de toutes les écritures proprement elles ont toutes comdites, à l'état de pur idéographisme par lequel
— s — de leurs caractères, nous voyons mencé, aux figures les plus anciennes constamment à leurs débuts c'est-à-dire l'imitation l'hiéroglyphisme, de dessin plus ou moins rudi- , plus ou moins habile, par un procédé à la nature ou aux oeuvres de mentaire, matériels, d'objets empruntés l'industrie humaine. Peut-on en effet, sans un fâcheux abus des termes, appliquer le nom à'écriture
aux moyens grossiers et purement arbitraires dont quelques dans un état de complète barbarie se sont servis pour transpeuples mettre de l'un à l'autre certaines idées roulant dans un cercle trèsreslreint ? Tels étaient
les khé-mou, bâtonnets entaillés d'une manière convenue, que, d'après les écrivains chinois, les chefs tartares, avant l'introduction de l'alphabet faid'origine syriaque adopté d'abord par les Ouigours, saient circuler dans leurs hordes, lorsqu'ils voulaient entreprendre une le nombre d'hommes et de chevaux expédition, pour indiquer que devait fournir chaque campement (i). Tels étaient les quippos, ou cordelettes nouées des Péruviens, au des Incas. Aussi bien que les khé-mou des Tartemps de la monarchie tares, les quippos ne constituaient pas en réalité une écriture, mais une méthode mnémonique venant en aide aux poésies transmises par une ou « lettrés », tradition orale dans la mémoire des amaulas purement des principaux événements historiques (2), pour conserver le souvenir exactement comme les colliers mnémoniques appelés gaionné, garthoua, du Nord, des tribus de Peaux-Rouges de l'Amérique ou garsuenda, un sens à la différence des grains qui les compolesquels empruntent les quippos péruviens, sent (3). Certainement par les ressources qu'ofdes cordelettes, leur ordre, le changefraient la variété des couleurs (1) Abel Rémusat, Recherchessur les langues tartares, p. 60 et suiv. (2) Voy. sur les quippos la réunion complète des témoignages de Garci-Lassode la Vega, Calancha, Carli, Velasco,dans un excellent article du Magasinpittoresque, 1837, p. 238-240. (3) 11y a toujours des enseignementsprécieux à tirer de la comparaison des usages des populations qui vivent encoreaujourd'hui de la vie sauvage avec les vestiges que l'humanité primitive a laissésdans les couchesdu sol terrestre. Ainsi nous étions frappé de lire dans l'excellent Précis de paléontologiehumaine de M. le docteur Hamy (p. 202), le passage suivant à propos des restes nombreux de l'homme contem-
d'exdes noeuds, et de la disposition du nombre permettaient un beaucoup à la mémoire de rappeler ou plutôt plus grand primer des Tartares, entaillés et surtout, d'idées nombre que les bâtonnets nous l'attestent, fournissaient les de la Vega et Calancha Garci-Lasso fort avancée. on n'aurait numérale d'une notation éléments Cependant au nous ne disons pas un livre, mais une phrase entière, pu écrire, du Ce n'était, par le fait, qu'un perfectionnement moyen des quippos. d'hommes en faisant des si naturel beaucoup qu'emploient procédé noeuds de diverses façons au coin de leur mouchoir, pour venir en aide à temps certaines choses crainet se rappeler à leur mémoire qu'ils ment
autrement. d'oublier chinois intitulé mentionne Le célèbre ouvrage historique Yih-Kîng du Céleste-Empire, antérieurement à l'invention au début des annales d'un procédé de l'écriture, conventionnel exacmnémonique l'emploi à celui des quippos péruviens tement semblable (i). draient
Nous verrons
également,
dans
la suite
de cet Essai,
quand
nous
en
porain du mammouth, que l'on découvre dans les bas-niveaux des alluvions quaternaires de la vallée de la Seine : « M. Emile Martin suppose que des pierres remarquables par leurs formes bizarres, leurs couleurs variées, certains hasards de cassures ou de perforation, ont dû être apportées par l'homme dans les gisements de Grenelle où il les rencontre assez abondamment répandues. Cela n'est pas impossible : en effet, en Belgique, M. Dupont a reconnu de véritables collectionneurs d'échantillons d'histoire naturelle dans quelques troglodytes delà vallée de la Lesse Seulement l'emploi de ces coquilles, natices, cérithes, pétoncles, etc., est attesté par les perforations qu'elles ont subies ; il n'en est pas de même des bijoux de M. Martin, dont l'utilisation reste encore à démontrer. » Nous avons voulu vérifier par nous-même les faits signalés par M. Emile Martin, et le résultat de cette étude a été de nous convaincre de la vérité de son opinion. Nous ne doutons pas que ce ne soit l'homme qui ait rassemblé avec intention ces cailloux de formes et de couleurs variées que l'on trouve par groupes avec ses armes rudimentaires. Mais comme ils n'ont certainement pas pu être portés comme ornements, nous serions disposé à y voir les indices d'un procédé mnémonique analogue aux colliers des Peaux-Rouges, qu'auraient pratiqué les aborigènes de notre pays dans l'âge quaternaire. (1) Abel Rémusat, Recherchessur les langues tartares, p. 67. Dans son Appendice au Yih-Kîng, le grand philosophe Itoûng-tsèu (Confucius) dit : « Dans la haute antiquité on seservait de cordelettes nouées pour l'administration des*affaires. Pendant les générations suivantes, le saint homme (Fouh-hî) les remplaça par l'écriture. » (Journal asiatique, avril-mai 1868, p. 297.) Le même souvenir est encore attesté par un passage de la grande préface de Khoûng Gân-koue au Choû-King, traduit par M. Pauthier dans le Journal asiatique, avril-mai 1868, p. 299.
viendrons
à étudier
les runes
des peuples germaniques et Scandinaves, fut précédé, chez les peuples qui l'employèque ce système d'écriture à celui des khé-mou tartares, usage qui a rent, par un usage analogue laissé des vestiges très-manifestes dans le langage. C'est ainsi que pour on se sert encore aujouidésigner les lettres, les signes de l'écriture, dont le sens primitif est celui de « bâtons », d'hui du mot buch-staben, les bâtonnets entaillés ayant fourni les éléments du premier de notation et de communication des idées usité dans la race. Scandinaves, l'expression parallèle bok-stafir désigne encore la sur laquelle on grave des signes mystérieux. C'est à cet usage
système Chez les baguette
primitif des peuples germano-scandinaves qu'Eustathe (i) fait bien évidemment auteur aujourd'hui allusion, quand il dit, d'après quelque perdu : « Les anciens, à la manière des Égyptiens, dessinaient comme des hiéfigures, pour indiquer ce qu'ils vouroglyphes des animaux et d'autres des Scythes marquaient laient dire, de même que plus tard quelques-uns dire en traçant ou en gravant sur des planchettes ce qu'ils voulaient de bois certaines images ou des entailles linéaires de différentes sortes, » à viâe7vOV, eïcWXa Ttva »at TTOIUEISTÎ y.aOà x.cù TÔVTIVSÇûcïTspov Sx.uÔwv£0"/{(/.aivov ypau-py-à £s(7£/.aTaéyypacpovreçvfroi s^y'XuçovTeç7ttvai;i TOUTecn.Gavi'cnv. Il faut remonter bien haut dans la vie de l'humanité pour trouver les premiers vestiges de semblables usages. Parmi les objets découverts d'Aurignac, appartenant par M. Lartet dans la célèbre grotte sépulcrale nous reà la période quaternaire et à la fin de l'âge du mammouth, sur l'une de ses une lame de bois de renne, « présentant, marquons raies transversales, faces planes, de nombreuses distancées, également avec une lacune d'interruption qui les divise en deux séries ; sur chacun été entaillées de champ d'autres de ce morceau-ont des bords latéraux et régulièrement séries d'encoches espacées (2). » « On plus profondes serait tenté, dit M. Lartet, de voir là des signes de numération exprià des objets distincts.' » Il y mant des valeurs diverses ou s'appliquant (1) In Iliad. Z, p. 633. (2) Lartet, Sur une station humaine, avec sépulture contemporaine des grands mammifères fossiles réputés caractéristiques de la dernière période géologique(dans l'Appendice à la 2e édition de l'Anciennetéde l'homme,par Lyell), p. 194.
cet entre identité complète par la description, notre pays en même des hommes qui habitaient tichorhinus et VUrsus le Rhinocéros temps que YElephas primigenius, les auteurs des Tartares, tels que les décrivent speloeus, et les khé-mou ou les amiStç qu'Eustathe chinois, signale chez les Scythes. On a trouvé
a, comme on le voit objet sorti des mains
dans l'ossuaire de Cro-Magnon des pièces toutes semblables également de Laugerie-Basse et dans la station renommée (2).. ces différents rudimentaires, Mais, nous le répétons, procédés efforts de l'homme numents des premiers pour fixer matériellement
(i) moses
la distance, là où ne peut plus à travers pensées et les communiquer comme constituant de être considérés atteindre sa voix, ne peuvent d'un Nulle part ils n'ont été susceptibles véritables systèmes d'écriture. où la civilisation était pourcertain progrès, même chez les Péruviens, de la nation un tant fort avancée et où l'esprit avait porté ingénieux dernier de ce genre jusqu'au degré de développement auquel procédé sa nature
même
pouvait
permettre
de le conduire
(3). Nulle
part
ils ne
!' (1) Lartet, Une sépulture des troglodytes du Périgord : Bulletin de la Société anthropologique de Paris, 2e sér., t. III, p. 337 et suiv. — ReliquioeAquitanicoe, B, pi. XII. (2) Hamy, Précis de paléontologie humaine, p. 328. Il faut comparer aux lames à entailles régulières, que nous signalons ici, la défense de sanglier présentant sur sa courbure extérieure vingt-huit entailles transversales, intentionnellement faites, que MM.les abbés Bourgeois et Delaunay ont découverte dans leurs fouilles à la grotte de la Chaise, commune de Vouthon (Charente). Bourgeois et Delaunay, Notice sur la grotte de la Chaise. Revue archéologique, août 1865. — Cf. Matériaux pour servir à l'histoire de l'homme, t. II, p. 156. (3) Le témoignage du P. Calancha est formel pour établir que les quippos péruviens, même les plus perfectionnés et les plus compliqués, constituaient un système mnémonique et non une écriture capable de retracer des compositions littéraires ou des récits suivis. « Pour remédier, dit-il, au défaut qui se faisait sentir dans l'expression de tels ou tels faits, de telles ou telles paroles, par le manque de certaines couleurs et de certains chiffres, les amautas étaient tenus de faire des rapports dans lesquels on puisait légalement l'histoire, la série des événements, la substance des discours ; les quippu-camayos les fixaient de mémoire, » probablement par des combinaisons nouvelles dans la disposition des cordelettes (Chronica moralizada del orden de S. Augustin en Peru, Barcelone, 1638, in-fol.). Au reste, la meilleure preuve que les quippucamayos, ou archivistes déchiffreurs des cordelettes nouées à la cour des Incas, se regardaient parfois comme incompétents dès qu'il s'agissait d'une interprétation positive, c'est qu'ils appelaient à leur aide, pour la transmission de la tradition, les arabicus ou poètes. Ceux-ci étaient chargés de composer des vers de mètres divers, dans lesquels « ils inséraient telle histoire, tel incident, le récit de telle ambassade. » Ces vers étaient répétés dans tous les lieux habités et se
se sont élevés d'une méthode un petit nombre d'individus,
convenue entre purement mnémonique, et dont la clef se conservait par tradition, d'idées ou de sons. jusqu'à une véritable peinture Il n'y a, à proprement parler, d'écriture que là où il y a dessin de caractères à tous les mêmes idées ou gravés ou peints qui représentent les mêmes sons. Or tous
les systèmes connus dans ces conditions ont qui rentrent tous à leur point de départ Yhiéroglyphisme, c'est-à-dire la représentation d'images empruntées au monde matériel.
III.
Tous les hommes, dès qu'ils ont vécu en société, — et l'on ne saurait admettre la conception de l'homme vivant dans un isolement absolu, en dehors d'un état de société, quelque sauvage qu'il soit (i), — ont besoin de fixer par quelque procédé matériel leurs éprouvé l'impérieux idées et leurs souvenirs. Tous les hommes également ont été conduits, naturel que nous voyons se développer de très-bonne par un instinct heure et d'une manière tout à fait spontanée à essayer chez l'enfant, d'imiter par le dessin les objets, animés ou inanimés, qui frappaient répandaient dans les provinces; le père les enseignait au fils, et celui-ci les transmettait à sa postérité. (1) L'hypothèse de l'homme primitif isolé, si chère à la philosophiedu dix-huitième siècle et surtout à Rousseau, n'est pas seulement en contradiction avecle bon sens et avec toute saine doctrine philosophique; les découvertesmodernes de l'archéologiepréhistoriqueet de la paléontologie humaine sur les temps primitifs de notre espèce la démentent formellement. Aussi haut que l'on remonte dans les vestiges les plus antiques que l'homme ait laissés de son passage et de sa coexistenceavecles animaux disparus, on constate qu'il vivait par groupes, dans des lieux d'habitation déterminés, où il formait de petites tribus comme les sauvages, même les plus dégradés, d'aujourd'hui. Il n'est pasjusqu'aux hommes, à un état devie aussi rudimentaire que les Tasmaniensou les Australiens, dont on trouve les ustensiles grossiers en silex dans le terrain miocène, à la base de l'étage du Calcaire de Beauce, qui ne fussent réunis en petites agglomérations,évidemment nomades. La façon dont on trouve les débris de leur industrie à peine à ses débuts, rassemblés sur certains points déterminés, en est la preuve. Voy. Hamy, Précisde paléontologiehumaine, p. 43-51.
— 10 — au lieu de employer, tout à fait arbitraire, résultant moyens mnémoniques au moyen des objets matériels la représentation plus ou moins grossière éveiller telle ou telle tel ou tel souvenir, on voulait conserver desquels non moins naturelle que celle de la simple idée, était une tendance C'est d'elle que naquit sans but déterminé. imitation l'hiéroglyphisme. tenait si bien Entendu dans un sens aussi général, l'hiéroglyphisme leur
vue (i).
aux
instincts
montrer à moitié
Combiner
de leur race,
et cet instinct; d'une convention
se l'homme, que nous le voyons Les peintures à son état rudimentaire. de l'Aque les indigènes mnémoniques sur les peaux qui forment leurs tentes ou broou leurs exploits personnels pour rappeler
les plus naturels chez tous les sauvages et à moitié figuratives
du Nord tracent mérique dent sur leurs vêtements, ceux
ce besoin
montrent
de
de quelle
manière
il débuta
(2).
(1) Les découvertesdes restes de l'âge paléontologique de l'homme ont montré que cet instinct d'imitation plastique s'était éveillé de bien bonne heure dans l'enfance de l'humanité, et que certaines races primitives étaient arrivées, même encore dans un état sauvage, à un vrai sentiment du beau. Tout le monde connaît les trouvailles d'os et de bois de rennes décorés de dessins et de sculptures qui ont eu lieu principalement dans les cavernes du Périgord. Le plus ancien essai de sculpture que l'on connaisse j usqu'à présent a "été trouvé dans la grotte d'Aurignac (Lartet, dans l'Appendice à l'Ancienneté. de l'homme de Lyell, p. 206), le plus ancien dessin dans la grotte de la Chaise (Bourgeois et Delaunay, Revue archéologique, août 1865. — Voy. Hamy, Précis de paléontologie humaine, p. 288), deux localités appartenant encore à l'âge du mammouth. (2) La plupart des dessins recueillis dans les stations humaines de la période quaternaire sont de pures et simples imitations de la figure des animaux dont les hommes d'alors étaient entourés, mammouth, ours des cavernes, renne, cheval, aurochs. Mais on y voit aussi apparaître, dans les localités dont les objets dénotent une étape en avant dans la voie du progrès, quelques essais pour représenter des exploits de chasse, qui sont un acheminement vers les peintures mnémoniques que nous trouvons encore en usage chez les Peaux-Rouges de l'Amérique du Nord. C'est surtout la station de Laugerie-Basse, qui, parmi les localités jusqu'à ce jour explorées, représente cette époque du développement de l'instinct d'imitation chez les aborigènes de la France. — De Vibraye, Note sur de nouvellespreuves de l'existence de l'homme dans le centre de la France, à une époque où s'y trouvaient aussi divers animaux qui, de nos jours, n'habitent pas cette contrée : dans les Gomptes-i-endusde l'Académie des Sciences, 29 février 1864. — E. Massénat, Objetsgravés et sculptés de Laugerie-Basse : Matériaux pour servir à l'histoire de l'homme, t. V, p. 348 et suiv. C'est encore plus avec les représentations figurativo-mnémoniques des Esquimaux qu'avec celles des Peaux-Rouges que doivent être comparés les dessins des troglodytes du Périgord à l'époque quaternaire, suivant l'ingénieuse remarque de M. Hamy, Précis de paléontologie humaine, p. 361 et suiv.
— Il — ne constitue Mais, à cet état rudimentaire, l'hiéroglyphisme pas encore une véritable écriture. Pour l'élever à cette qualité, il fallait un notable progrès de civilisation, amenant un développement à la fois dans les idées et dans les besoins de relations sociales plus grand que ne le comporte la vie sauvage. La plupart des peuples ne sont point à ce progrès de civilisation spontanément qui pouvait donner à l'écriture ; ils y ont été initiés par d'autres peuples qui les avaient précédés dans cette voie, et ils ont reçu de leurs instituteurs l'écriture toute formée avec la notion des autres arts les plus essentiels. parvenus naissance
connues se remonte aux origines, toutes les écritures Aussi, lorsqu'on ramènent-elles à un très-petit nombre de systèmes, tous hiéroglyphiques au début, qui paraissent avoir pris naissance d'une manière absolument les uns des autres. indépendante Ce sont : i° Les hiéroglyphes égyptiens 20 L'écriture chinoise ;
;
3° L'écriture cunéiforme anarienne 4° Les hiéroglyphes mexicains;
;
des Mayas du Yucatan. Ces cinq systèmes, tout en restant essentiellement idéographiques, ce nouveau sont parvenus au phonétisme. Mais, en admettant prinmême degré de développement. cipe, ils ne l'ont pas poussé jusqu'au Chacun d'eux s'est immobilisé et comme cristallisé dans une phase dif5° L'écriture
calculiforme
ou katouns
circonstance des progrès du phonétisme, précieuse et vraiment providentielle, qui permet à la science de suivre toutes les étapes par lesquelles l'art d'écrire a passé pour arriver de la peinture des idées à la à l'alphabétisme exclusive des sons, de l'idéographisme pur, peinture terme suprême de son progrès '. férente
— 12 —
IV.
L'hiéroglyphisme, thode exclusivement des objets eux-mêmes.
nous
l'avons
figurative,
par une médéjà dit, a commencé pure et simple par la représentation
ont écritures idéographiques qui sont restées en partie les vestiges de cet état, car terme de leur existence conservé jusqu'au on y trouve un certain nombre de signes qui sont de simples images et Toutes
les
n'ont
qu'ils représentent. signification que celle de l'objet pas d'autre Ce sont ceux que les égyptologues, ont pris l'hadepuis Champollion, bitude de désigner par le nom de caractères et que les gramfiguratifs, « images ». mairiens chinois appellent, siâng-hîng, Les signes figuratifs offrent quelquefois de curieuses ressemblances entre les quatre considérons comme systèmes que nous primitifs. Ainsi le soleil se représente dans les hiéroglyphes égyptiens par O dans la plus ancienne forme des caractères chinois par dans
les hiéroglyphes
qui
par Le caractère
hiéroglyphique
ont
0 donné
naissance
<^> de l'idée
au cunéiforme
anarien
de lune est en Egypte
) en Chine celui de l'idée en Chine
3 de montagne,
en Egypte /A\
Mais on ne saurait conclure de ces ressemblances à une communication originaire entre les différents Ces manières de représenter systèmes. un même objet dans une image abrégée et d'un tracé aussi simple que
— 13 — à trop naturelles pour n'être pas venues spontanément dans plusieurs pays à la fois. C'est ainsi que dans l'esprit des hommes toutes les contrées les essais de dessin des enfants présentent constam les mêmes partis-pris ment les mêmes conventions, naïfs. possible,
étaient
conserve des éléments d'idéographisme, on y Tant qu'une écriture retrouve une part notable de caractères purement figuratifs à l'origine, lors même qu'une déformation graduelle a amené ces caractères à n'être conventionnels plus en réalité des figures, mais des symboles purement dont
l'aspect
ne rappelle
plus
aux regards
les objets
qu'ils
taient. habituel de l'écriture C'est ainsi que dans le type moderne : nous retrouvons, par exemple, les signes primitifs
qui étaient, rées
on le voit,
Q
=
soleil,
^
=
lune,
MM
=
montagne,
X
— arbre>
y*\*
=
chien,
©
=
poisson,
des images
Q
=
soleil,
Et
=
lune,
M_J
=
montagne,
=
arbre,
yjç
=
chien,
^
== poisson,
7^
qui n'ont
directes,
plus rien de figuratif
et s'emploient
sous
les formes
représenchinoise,
dégéné-
par pur empirisme.
— 14 — aurenferment égyptiens proprement figurative que les hiéroglyphes ils cessent en se déformant, maintiennent : hiéroglyphes des
Les deux tachygraphies tant de caractères d'origine dits ; mais, si les signes s'y d'être des images. Ainsi les
=
homme,
^flj|
=
boeuf,
^t
=
poisson,
&
=
oreille,
3q£$
=
chemin,
OL-
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homme,
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boeuf,
ZPt
— poisson,
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deviennent
en hiératique
:
=
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homme,
9
—
boeuf,
^
=
poisson,
e**^
s— oreille,
&*£?
== chemin.
r%> et en démotique
:
Même observation comparativement mes, tels que :
hiéroglyphes
pour moderne,
le système cunéiforme nous offre un certain
anarien. nombre
Son
type, d'idéogram-
— 1S — £:[
—
soleil,
£*£
=
fy<
== poisson,
^1—
=
PelK
oreille,
qui n'ont plus rien de l'image, mais dont la nature remonte à leurs types archaïques : lorsqu'on £^J>
=
g>
— pelle,
^*>-<
— poisson,
i\—
=
figurative
se révèle
soleil,
oreille.
V.
Mais la méthode
qu'un purement figurative ne permettait d'exprimer matériel. très-petit nombre d'idées, d'un ordre exclusivement Toute idée abstraite ne pouvait, par sa nature même, être peinte au moyen d'une figure directe ; car quelle eût été cette figure ? En même et matérielles auraient demandé pour temps certaines idées concrètes et leur expression directement figurative des images trop développées trop compliquées pour trouver place dans l'écriture. L'un et l'autre cas nécessitèrent l'emploi du symbole ou du trope graphique. doit remonter La présence du symbole dans l'écriture hiéroglyphique à la première de l'emploi des origine et être presque contemporaine le besoin de l'écriture, signes purement figuratifs. En effet, l'adoption la pensée d'une manière fixe et régulière, suppose nécesd'exprimer de civilisation et d'idées trop considérable sairement un développement de la pure et simple pour qu'on ait pu s'y contenter longtemps sentation d'objets matériels pris dans leur sens direct.
repré-
— 16 — sont simples ou complexes. Les symboles graphiques manières : de différentes se forment Les premiers la partie pour le tout; ce sont alors en peignant i° Par synecdoche, été trop de caractères de simples abréviations figuratifs qui auraient Ainsi les hiéroglysi on les avait tracés dans leur intégrité. compliqués de combat de l'idée sous nous présentent l'expression phes égyptiens la forme
de deux
bras
de hache
une sorte
d'armes
l'un
tient
les deux
i-A;
un bouclier
de boeuf, on se borne au lieu de sa figure entière. en peignant
et l'autre
• • rendent
prunelles
l'idée
des jeux; pour noter la tête de l'animal ^ 2° Par métonymie, cause, ou l'instrument
dont
humains,
souvent
l'idée
à dessiner
la cause
l'effet pour la pour l'effet, Ainsi les Égyptiens expour l'ouvrage produit. de la lune les cornes en bas, ^~~-^, telle le mois par l'image primaient se montre vers la fin du mois ; le feu, par une colonne de fumée qu'elle sortant d'un réchaud, ^ ; l'action de voir par les deux yeux ou les deux -*-*- ou • •; le du soleil, qui prunelles, jour, par le caractère figuratif en est l'auteur
et la cause,
uni à un vase à encre
pinceau
3° Par métaphore, réelle ou généralement l'idée
à exprimer.
symbole d'oiseaux le concours cause
O;
de l'idée
supposée ainsi
par
et à une palette
en peignant
C'est
Yécriture
l'image
d'un
de scribe,
TfH.
qu'en
Egypte
le vautour,
parce que l'on croyait femelles que des individus
du mâle ; la figure
ou
un objet qui avait quelque similitude et facile à comprendre avec l'objet de
de mère,
ne comprenait
roseau
de l'oie
du
Nil, Z^
était le "^fc, que cette espèce et produisait sans , signifiait
fis,
à
de l'opinion à ce volatile des vertus de populaire qui attribuait aux hommes. piété filiale dignes de servir d'exemple La priorité, la ou la supériorité prééminence s'exprimaient par les parties antérieures du bon, . } ; les idées de vigilance et de gardien par la tête du même les yeux ouverts. animal, \, qu'on disait dormir voulait L'abeille, \|/, dire roi, parce que cet insecte est soumis à Un gouvernement régulier et en apparence monarchique.
— 17 — en employant, une idée, l'image 4° Par énigmes, pour exprimer d'un objet physique excessivetrès-cachés, n'ayant que des rapports ment éloignés, souvent même de pure convention, avec l'objet de l'idée à noter.
D'après
d'autruche on, toutes de palmier,
cette
chez les Égyptiens les plumes
fort vague
méthode,
signifiait
de sa nature,
une
plume
V
que,
disait-
Injustice,
des ailes de cet oiseau
\ , représentait
Yannée,
parce
sont
qu'on
parce
un
égales;
supposait
rameau
que cet arbre
poussait douze rameaux par an, un dans chaque mois ; une corbeille tressée en joncs, ^sw^, était le symbole des idées de seigneur et de totalité;
un
le serpent
épervier uraeus,
perché fn,
sur une
de la royauté
enseigne,
.1^, de celle
de dieu;
et de la divinité.
Nous venons d'emprunter tous nos exemples aux hiéroglyphes exactement les mêmes tiens, mais il nous serait facile démontrer
égypmodes de formation des symboles graphiques chinoise simples dans l'écriture à son état hiéroglyphique anarien. Nous primitif et dans le cunéiforme aussi faire voir, si nous voulions nous laisser aller à la tenpourrions chez tation d'entreprendre ici un petit traité de l'écriture symbolique ont été les différents peuples, comment certaines métaphores naturelles races diverses sans communicaconçues spontanément par plusieurs tion les unes avec les autres, et comment, par suite, le même symbole se retrouve avec le même sens dans plusieurs sj^stèmes d'origine tout à de ce genre fait indépendante. le plus frappant peut-être L'exemple est celui du symbole
de l'abeille,
\|^,
qui,
ainsi
que nous venons
de
enle dire, signifie roi dans les hiéroglyphes égyptiens, et se reconnaît doué du core clairement dans le type le plus ancien de l'idéogramme même sens dans le cunéiforme anarien,
nous serait également facile si fait dont la démonstration serait dans de trop longs développements, d'entrer nous ne craignions ou par formés par synecdoche, par métonymie que tous les symboles 2 Un autre
— 18 — des idéogrammes comme les signes figuratifs, deviennent, du moment que la déformaet purement conventionnels, énigmatiques du temps en a tion amenée inévitablement par l'usage et par la marche seul exemfait disparaître Ainsi, pour ne citer qu'un l'image primitive. et si était si naturelle dont la métaphore de l'abeille, ple, le symbole Egypte, de l'hiélorsqu'en claire, n'est plus qu'un signe de convention, métaphore,
roglyphique M il passe
à l'hiératique
icn£^
et au démotique
2xj
et lorsque
dans
l'écriture
il devient
dans
le style
puis
dans
le style
cunéiforme
babylonien
babylonien
anarienne,
du primitif
archaïque
comparativement
moderne
*$>
VI.
Les symboles complexes se retrouvent, aussi bien que les symboles dans toutes les écritures De même simples, idéographiques. que les symboles simples, ils se forment par métonymie, et par par métaphore conventionnels énigme, et deviennent purement de lorsque les progrès la déformation leur enlèvent le caractère d'images hiéroglyphiques. Les symboles consistent à l'origine dans la réunion complexes de plusieurs images dont le rapprochement et la combinaison une expriment idée qu'un symbole simple n'aurait pas suffi à rendre.
— 19 — Us sont voyons l'idée
rares
cependant
dans
l'écriture
hiéroglyphique
où
égyptienne,
:
de mois notée par "^"%
un croissant
renversé
et une étoile;
une abeille
et un vase;
v
miel.
»
»
soif
»
J|&», un veau courant et le caractère trois lignes ondulées; #w££
»
argent
»
ran,
»
nuit
»
"TT", le caractère
Dans l'écriture
nous
iik,
de l'eau,
le creuset, signe de l'or, et le symbole de la blancheur, un oignon blanc; ciel et une étoile.
cunéiforme
les symboles complexes jouent, anarienne, au contraire, un très-grand rôle. En voici quelques exemples : étoile, ->—|, originairement ; et l'idéogramme L'idéogramme p-ffi^ dont on distingue l'origine voûte, figurative même dans sa forme la plus récente, ^ T y, produisent l'expression idéograpar leur réunion phique
complexe,
ciel, la voûte
étoilée.
L'idéogramme leur juxtaposition,
métal,
(ffî,
et celui
de lumière,
E-\,
dénotent
par
<¥?*=! l'idée de Yargent, comme Les deux signes maison, l'expression
idéographique
le métal
par excellence. fc^fUJ, et gratte?, X\~ ? réunis, de palais, MÏÏT
ôow, ^~J, et celui désigne Yonction rojale, lécythus, la notation de l'idée de sceptre, Le caractère
brillant
constituent
Eh qui, représentant &$=, composent
un originairement par leur jonction
— 20 — à est quant la figure originaire à celui de l'idée en se joignant à retrouver, £l^Ë, impossible présent au donne naissance limité et labouré, un champ de contrée, /f=^.' Le signe
sj^mbole
de crainte,
de l'idée
dont
complexe
avec la nature d'idées facile à comprendre combiuaison une par qui, de l'Asie, a le sens de domination, monarchies empire. des antiques de ces idéogrammes Les motifs qui ont présidé à la formation symbooù le sens sont faciles à saisir. Mais il en est d'autres liques complexes bien connus de deux symboles de la combinaison résultant présente en rechercher une véritable et pour nous insoluble énigme si l'on prétend la cause.
Tel est le symbole
complexe,
et permute dans les textes cunéiformes assyriens qui signifie pontife, idéoCette expression avec le mot phonétique |SÏ^ ^O] ^_J\ pa-te-si. éléments constitutifs le signe de l'idée a pour graphique complexe p > j, dont nous ne com>-y ? et celui de l'idée de vallée, d'image, l'association un pontife. désigne prenons pas comment dans l'écriture chinoise des symboles Mais c'est surtout que l'emploi tient ou idéogrammes complexes de manière à former combinent
une un
Les éléments s'en place énorme. seul groupe, et un bon tiers des
du Céleste Empire doigroupes graphiques employés par les habitants vent leur origine à des combinaisons de ce genre. Un petit nombre suffira pour montrer de quelle manière et d'après d'exemples quels ces combinaisons s'y produisent. principes L'idée de Hiéroglyphe primitif. lumière ermite
est notée
par le groupe »
$J^,
mîng,
-jjjj,
sidn,
(^), AA\
le soleil
et la lune.
. le signe homme audessus du signe montagne.
— 21 — Hiéroglyphe primitif. »
c'iani
?Mi
^@,
mîng,
une
oreille
et un
oiseau. »
matrone
-0j,
fou,
&|?,
le
signe femme, une main et un
balai. »
entendre
wén,
^-j,
f^f^,
une
oreille
et le
signe porte. »
larmes
Les
grammairiens
complexes
par le nom
jg,
chinois
/oui',
désignent
de iïlt' 1^,
hoéï-î,
vvftàS
l'image d'un oe*7et le signe de Yeau.
ces
groupes idéographiques « sens combinés. »
VII.
Nous venons de passer en revue les différents modes d'expression dont est susceptible l'idéographisme pur, en suivant l'ordre dans lequel se multipliant au fur et à mesure du déveles besoins de l'écriture, des idées, y donnèrent naissance. loppement avait beau appeler Mais l'écriture à son purement idéographique les ressources nonrecourir, que nous venons d'énumérer, seulement aux symboles simples formés par métonymie, par métaphore mais encore aux symboles complexes, ou par convention énigmatique, de elle n'en restait pas moins un moyen déplorablement incomplet de la pensée, et plus on marchait dans la fixation et de transmission aide toutes
des idées et des connaissances, voie du développement plus son imperfection se faisait sentir d'une manière fâcheuse. Avec l'emploi exclusif des images ou des sjmon ne pouvait qu'accoler de l'idéographisme une phrase et boles les uns à côté des autres, mais non construire sur sa marche fût impossible. Il n'y l'écrire de manière que l'erreur
22 — du discours les différentes de distinguer avait aucun parties moyen aucune notation ni les termes de la phrase, pour les flexions des temps Sans doute, ou des cas et des nombres dans les noms. verbaux quelentre les caractères idéographiques respective ques règles de position un certain écrite, remplacer pouvaient jusqu'à point, dans la langue tant bien que mal les flexions de la langue parlée, et le chinois classique a conservé
toute la durée de son existence littéraire des vespendant était bien imparfaite tiges de cet état des choses ( i ) ; mais la ressource et ne pouvait fournir qu'un bien faible secours. En outre, le progrès des idées et des notions à exprimer par l'écriture tendait à faire de cet art un chaos inextricable à force d'étendue et de complication, si un nouvel élément ne s'y introduisait pas, et si on continuait à vouloir idée, chaque représenter notion, chaque chaque objet nouveau soit complexe. Pour
obvier
par
une image
spéciale
ou par un symbole,
soit
simple,
à ces deux
dont il fallait à tout prix se inconvénients, si l'on ne voulait délivrer, pas laisser la pensée à jamais emprisonnée dans des entraves d'une manière qui eussent étouffé son développement les hommes furent conduits naturelle à irréparable, par une pente la peinture des sons à la peinture des idées, à passer de l'idéojoindre graphisme De leur
au
phonétisme. essence même, les écritures ne peignaient aucun primitives
époques ment et directement des mots pendants
des
des purement idéographiques son. Représentant exclusive-
leurs
absolument indésignes étaient les idiomes des peuples par lesquels parlés qui en les mêmes idées. Ils avaient faisaient une existence et usage désignaient une signification en dehors de toute prononciation propres, ; rien en eux ne figurait cette prononciation, et la langue écrite était par le fait assez distincte de la langue entendre parlée, pour qu'on pût très-bien l'une sans connaître et vice versa. l'autre, Mais l'homme écrit que pour être lu ; n'a jamais par conséquent idées,
(1) Voy. Stanislas Julien, Discussions grammaticales sur certaines règles de position qui en chinois, jouent le mêmerôle que les inflexions dans les autres langues. Paris, 1841 in-8 • Syntaxe nouvelle de la langue chinoise, fondée sur les règles déposition. Paris, 1869 in-8.
— 23 — tout
texte
graphique, quelque indépendant qu'il ait pu être par son essence de la langue parlée, a nécessairement été prononcé. Les signes des écritures idéographiques des idées et non primitives représentaient des mots ; mais celui qui les lisait traduisait forcément chacun d'eux de la même idée. par le mot affecté dans l'idiome oral à l'expression De là vint, par une pente inévitable, une habitude et une convention constante éveilla dans l'esprit de celui d'après laquelle tout idéogramme qui le voyait
tracé, en même temps qu'une idée, le mot de cette idée, une prononciation. par conséquent C'est ainsi que naquit la première conception du phonétisme, et c'est dans cette convention, qui avait fini par faire affecter à chaque signe dans son rôle d'idéogramme, une prononciafiguratif ou symbolique, tion fixe et habituelle, des sons trouva les éléments de que la peinture ses débuts.
VIII.
Le premier pas, le premier essai de phonétisme, être ce que nous appelons le rébus, c'est-à-dire
dut nécessairement des images l'emploi
la prononciation attaprimitivement idéographiques pour représenter chée à leur sens figuratif ou tropique, sans plus tenir aucun compte de ce sens, de manière à peindre isolément dés mots homophones dans la langue parlée, mais doués d'une signification tout autre, ou à figurer d'autres mots dont le son se composait en partie par leur groupement de la prononciation de tel signe et en partie de celle de tel autre. La logique et la vraisemblance indiquent qu'il dut en être ainsi, et des preuves matérielles viennent le confirmer. des Wahuas de l'Anahuac L'écriture hiéroglyphique (i), née et dé(1) Nous appelonscette écriture nahuatl et non aztèque, commeon fait d'ordinaire. En effet elle a été communeà toutes les fractions de la grande race des Nahuas, venue du Nord dans le Mexique,qu'elle couvrit entièrement de ses diverses émigrations. Il est bien certain que le système hiéroglyphique.mexicain n'est pas l'oeuvre des Aztèques, ou, pour se servir d'un terme
— 24 — dans un isolement absolu et sans communispontanément, veloppée de l'ancien avec les peuples cation aucune monde, après avoir comfut conduite à recourir mencé par être exclusivement idéographique, et la même loi du phonétisme aux ressources par les mêmes besoins conduit à un résultat semde progrès qui avaient logique et régulière, les Chinois primitifs et les auteurs blable, à d'autres âges, les Égyptiens, Mais dans la voie du phonétisme anarienne. rébus (i), sans faire un pas de plus en au simple elle s'est arrêtée de cet état du ainsi un précieux monument avant, et elle est devenue des écritures, auquel elle s'est immobilisée. développement de l'écriture
Un seul
cunéiforme
exemple
suffira
pour
montrer
comment
on y passe
de
la
plus exact, des seconds Chichimèques (hommes du Nord) venus d'Aztlan et de la Californie, qui dans le douzième siècle de notre ère envahirent à l'état barbare l'Anahuac et y subjuguèrent le peuple déjà très-civilisé des Toltèques. Les Aztèques ont joué à l'égard des Toltèques le même rôle que les Mongols et les Mandchous à l'égard des Chinois. Ils ont été un peuple barbare et guerrier qui a soumis un peuple plus ancien et très-policé, mais amolli par sa civilisation même, puis qui a été conquis par les moeurs et les institutions de ses vaincus. Tout chez les Aztèques du grand empire de Mexico,tels que les trouvèrent les conquérants espagnols, civilisation, arts, moeurs, lois, usages, religion, symbolisme, écriture, venait des Toltèques. Les Aztèques n'avaient rien inventé en propre. Leur système hiéroglyphique, entièrement lié à la religion, était celui dont les Toltèques se servaient avant eux. Ceux-ci, du reste, étaient déjà des premiers conquérants, des premiers envahisseurs, appartenant, eux aussi, à la race nahuatl, qui, dans le sixième siècle environ, étaient également descendus du Nord et avaient conquis l'Anahuac en venant de la Floride dans une migration dont Quetzaleohuatl, leur grand dieu, est le chef mythique. Les Toltèques eux-mêmes étaient-ils les inventeurs de l'écriture hiéroglyphique que les Aztèques reçurent d'eux, ou bien l'avaient-ils déjà empruntée à ceux qui les avaient précédés dans l'Anahuac? C'est là une question à laquelle la science, dans l'état actuel, ne saurait donner de réponse. Il est certain que les Toltèques trouvèrent sur le grand plateau du Mexique un peuple établi déjà depuis une date fort ancienne et parvenu à un état de civilisation avancé, peuple dont on ignore l'origine, les Quinamés ou Colhuas, représentés dans les traditions recueillies par Ixtlilxochitl et les autres écrivains indigènes des premiers temps de la conquête espagnole, comme des géants, et constructeurs des grandes pyramides de Téotihuacan et de Cholula. Le système hiéroglyphique du Mexique est si étroitement lié à la langue nahuatl, que l'existence et la formation ne peuvent pas en être un seul instant supposées en dehors de cet idiome. Si donc on établissait que les Quinamés n'étaient pas des Nahuas, les Toltèques devraient être nécessairement considérés comme les créateurs du système. Mais, si le contraire venait à être démontré toutes les vraisemblances seraient en faveur d'un emprunt fait par les Toltèques à la civilisation antérieure des Quinamés. (1) Aubin, Mémoiresur la peinture didactique et l'écriture figurative des anciens Mexicains dans la Revue orientale et américaine, i. IV, p. 33-51.
— 2S — des signes purement idéographiques, prononciation indépendants tout son par leur essence, mais constamment liés dans l'usage réel par voie de rébus. mot de la langue parlée, au phonétisme
de à un
roi de Mexico, Itzcohuatl, « le serpent d'obsiLe nom du quatrième dans un certain nombre de madienne, » s'écrit idéographiquement d'un serpent [cohuatl), nuscrits aztèques par l'image garni de flèches d'obsidienne iitzli) :
Cette figure constitue un idéogramme tion même du nom royal, directement, mais qui, lu dans la langue nétique;
la significacomplexe, peignant sans tentative d'expression phoparlée, ne pouvait, par suite des
idées qu'il figurait, être prononcé autrement que Itzcohuatl. de Vergara : nom est. écrit dans le célèbre manuscrit
Le même
Il s'y compose de la flèche d'obsidienne (ilzli— racine itz), d'un vase {comill— racine cd), enfin du signe de l'eau [ail), qui, dans l'intention des gouttes (i). Dans cette nouvelle des scribes aztèques, représentait ni de peinture forme on ne saurait plus chercher d'idéographisme, du nom, mais bien un pur rébus, une de la signification symbolique à représenter employées peinture des sons par des images matérielles dans la langue. le mot complet auquel elles correspondaient à Les livres historiques ou religieux des anciens Mexicains, antérieurs où de tableaux exclusivement se composaient la conquête, figuratifs n'était employée qu'à former de courtes légendes explicatives l'écriture tel que nous veAussi l'élément à côté des personnages. phonétique, (1) Aubin, Mémoire,etc., p. 36 et suiv.
— 26 — des noms de le montrer, qu'à tracer n'y est-il guère appliqué ce phonétisme Mais, dans les premiers temps de la conquête, propres. les missionnaires toute nouvelle, lorsque par rébus reçut une extension de l'Anahuac de trade doter les indigènes s'efforcèrent franciscains du système écrites au moyen des prières ductions chrétiennes, granons
phique national. » dit « Quoique et les hiérogrammates les historiographes mexicains, de las Indias le saint et illustre Las-Casas dans son Historia apologetica comme nous, ils avaient Occidentales (i), cen'eussent point une écriture « toutefois à l'aide desquels ils entendaient leurs figures et caractères « tout ce qu'ils voulaient, ils avaient leurs grands et de cette manière « livres composés si ingénieux et si habile, avec un artifice que nous « pourrions dire que nos lettres ne leur furent pas d'une grande utilité. « Nos religieux ont vu de ces livres, et moi-même j'en ai vu égale« ment de mon côté, bien qu'il y en ait eu de brûlés sur l'avis des « moines, dans la crainte qu'en ce qui touchait « ne vinssent à leur être nuisibles. Il est arrivé ce ques-uns d'entre les Indiens, oubliant certaines « rites de la doctrine chrétienne leur qu'on « pas capables de lire notre écriture, se mettaient
la religion quelquefois
ces
livres
que quel-
paroles ou particulaet n'étant enseignait, à l'écrire en entier
« avec leurs propres et caractères, d'une manière fort ingéfigures « nieuse, mettant la figure qui correspondait chez eux à la parole et « au son de notre vocable; ainsi, pour dire amen, ils peignaient quelce que chose comme de l'eau (qui se dit en mexicain a, racine de atl), « avec la plante se rapproche agave (metl), ce qui, dans leur langue, ce de amen, parce qu'ils disent ametl, et ainsi du reste. Quant à moi, ce j'ai vu une grande chrétienne ainsi écrite en partie de la doctrine ce figures et en images, qu'ils lisaient comme je lis nos caractères dans ce une lettre, et c'est là une production de leur génie. » peu commune On possède encore un certain nombre de ces prières et de ces catéchismes écrits avec les hiéroglyphes des anciens Nahuas (2). La plupart (1) Brasseur de Bourbourg, Histoire des nations civilisées du Mexique et de l'Amérique centrale, t. I, p. xxxix et suiv. (2) Aubin, Revue orientale et américaine, t. III, p. 248-255.
— 27 — sont rédigés en langue mexicaine et tracés avec un mélange de caractères idéographiques et phonétiques par voie de rébus, comme le Confiteor dont parle le P. Acosta (i). « Pour exprimer ces paroles : je me « confesse, ils un Indien, se confessant à genoux aux pieds peignent ce d'un religieux; ils peipuis, pour ces mots : à Dieu tout-puissant, ce gnent trois têtes couronnées la Trinité ; pour : à la glodésignant ee rieuse Vierge Marie, ils peignent le visage et le buste de Notre-Dame, « avec un enfant ; pour saint Pierre et saint Paul, deux têtes couronec nées avec des clefs et une épée ; et c'est ainsi que tout le Confiteor ce est écrit en images. Là où les images ils mettent des manquent, ce caractères comme pour : que j'ai péché (2). » Dans phonétiques, (1) Historia natural y moral de las Indias, 1. VI, ch. vu. (2) M. Roulin, bibliothécaire de l'Institut, a bien voulu me communiquer un précieux document, encore inédit, des populations indigènes de l'Amérique du Nord, qui offre une grande analogie avecce Confiteordes premiers missionnairesdu Mexique. Ce sont trois feuillets détatachés d'un livre manuscrit de prières catholiquestracé avec les hiéroglyphes des Indiens Micmac de Terre-Neuve,hiéroglyphes dont je n'ai vu l'existencesignalée jusqu'à'présent nulle part. Ces feuillets sont accompagnésde la lettre suivante, adressée à M. Roulin par M. Duhamel, juge royal à Saint-Pierre Miquelon, qui en explique l'origine. 1836. Saint-Pierre de Terre-Neuve, leUinovembre c<MONCHER AMI, t Je n'ai point oublié que je t'avais promis entre autres chosesde l'écriture des sauvages Micmac,et ce n'est pas ma faute si je ne tiens pas ma parole cette année. Nous devionsaller à la baie de Saint-Georges,M. Brue et moi, et là, il m'aurait été facile de me procurer ce queje devais t'envoyer. Il a toujours attendu une autorisation qu'il avait demandéeau gouvernement, et il a fini par, rester. J'ai bien trouvé ici une sauvagessequi avait un livre d'office écrit avec leurs hiéroglyphes : mais, pour aucun prix, elle n'a voulu me le céder. Sije ne puis absolument faire autrement, je prendrai le parti d'en copier moi-même, car elle me le prêterait volontiers. Maisje crains de ne pas bien rendre tous les traits, en dessinant des caractères qui me sont inconnus. ceTon ami, « A. DUHAMEL. ceP. S. Au moment où j'allais fermer ma lettre, la sauvagessedont je te parlais s'est décidée à me céder deux feuillets qui se trouvaient détachés de son livre par vétusté. Mais je n'ai pu tirer d'elle aucune explication satisfaisantesur leur signification. Elle m'a seulementdit que ce sont des prières en langue de son pays. Le morceau au commencementduquel j'ai écrit Vêpres au crayon est une prière ou un'hymne de vêpres, elle n'a pu préciser lequel des deux. Je le lui ai fait lire ; mais ce sont des sons gutturaux auxquelsje n'ai pu rien distinguer : en outre,
— 28 — latines cas les hiéroglyphes nahuatls servent à écrire les formules comme phodes prières chrétiennes ; ils sont alors pris exclusivement d'autres
elle ne le lit pas; elle le chante, et elle dit ne pouvoir le lire sans cela, soit que les caractères indiquent aussi le chant, soit que, n'ayant appris à lire qu'en chantant, ce soit chez elle un effet de l'habitude. C'est ce qu'elle n'a pu m'expliquer. Elle parle peu français, et je n'entends pas la langue Micmac.» Les feuillets en question sont au nombre de trois et non de deux, d'un format de registre ou d'agenda, tracés sur un papier solide et de fabrication européenne, écrits à l'encre avec une plume d'oie par une main assez peu experte. En quelques endroits sont des essais de traduction interlinéaire dans un anglais barbare, avec quelques mots français, le tout d'une autre encre et d'une autre écriture. Voicicomme spécimen deux lignes entièrement traduites :
On voit que parmi les signes de cette écriture, dont quelques-uns sont empruntés à l'alphabet latin et dont les autres constituent des symboles de la plus grande simplicité, comme l'étoile pour dire ceciel » et le coeurpour dire ce aimer, » la grande majorité sont des idéogrammes. Cependant la notation des pronoms parait phonétique, et il semble que le même procédé soit employé pour rendre un certain nombre de mots. Chaque, mot, du reste, est isolé par un trait horizontal. Voici encore un autre passage, où une partie des mots est accompagnée de la traduction interlinéaire :
— 29 — à ce sujet un précieux celui du témoignage, cele premier, dit Ixtlilxochitl franciscain, (i), qui ait les peintures et les chants » des indigènes mexicains. « Ils rendaient, raconte ce missionnaire (2), le latin par les mots de ce leur langue voisins pour la prononciation, en les représentant non ce par des lettres, mais par les choses signifiées elles-mêmes ; car ils ce n'avaient d'autres lettres que des peintures, et c'est par ces caractères
Nous nétiques. P. Torquemada, ce su interpréter
avons
« qu'ils s'entendaient. « approchant depater « exprimer le nombre « drapeau pour pater.
Un
plus clair. Le mot le plus étant panlli, espèce de petit drapeau servant à cevingt», ils mettent ce petit guidon ou petit Au lieu de noster, mot pour eux ressemblant à exemple
sera
« nochlli, ils peignent une figue d'Inde ou tuna, dont le nom nochtli « rappelle le mot latin noster; ils poursuivent ainsi jusqu'à la fin de ce l'oraison. et des caractères C'est par des procédés semblables qu'ils « notaient ce qu'ils voulaient apprendre par coeur. » La bibliothèque de Mexico possède le fragment d'un métropolitaine nahuatls dans le exclusivement employés pater latin en hiéroglyphes tout à fait pareil à celui que Torquemada rôle de rébus phonétiques, décrit dans ce passage (3). Il commence par les signes :
le second et le quatrième Le premier est le guidon panlli, — râcmepan; ont la prétention de représenter une pierre, tetl; enfin le troisième est la figue d'Inde, nochlli, — racine noch. Il faut donc lire phonéti: quement pan-tell, les sons
de la langue
mexicaine
noch-tetl, les moins
éloignés
du
latin
noster. (1) Histoire des Ghichimèques,traduction Ternaux-Compans,ch. XLIX,p. 355. (2) Monarquia indiana, ch. xxxvi. (3) Aubin, Revue orientale et américaine, t. III, p. 255.
: pater
30 —
IX.
sur les développement du monde dont mexicains, parce que c'est la seule écriture hiéroglyphes et qu'elle à l'état du rébus, donne se soit immobilisé le phonétisme les autres ainsi les moyens de juger ce qu'étaient systèmes graphiques Nous venons
de nous
arrêter
avec
un certain
des sons. à ce premier pas dans la voie de la peinture figurative d'origine dans leur développement à la Mais si elles ne se sont pas arrêtées qui ont su mener à un plus haut degré de phase du rébus, les écritures tout en restant leurs éléments pour une partie phonétiques, perfection des vestiges impossibles à méconnaître de conservent idéographiques, l'ont traversé ainsi la preuve cet état, et donnent qu'elles pour passer de l'idéographisme pur au phonétisme. les vestiges de rébus sont nombreux et Dans le cunéiforme anarien, Mais ils se rapportent tous à l'époque prijouent un rôle considérable. n'avait pas encore été transmise aux Sémites, et mitive où cette écriture aux mains des populations de race touraexclusivement demeurait été les premiers comme l'ont déinventeurs, qui en avaient de M. Oppert. C'est du moins ainsi que l'on les beaux travaux la variété des significations expliquer idéographiques, peut seulement un même sans rapport les unes avec les autres, que prend quelquefois assyriennes. signe dans les inscriptions le caractère comme de ses Choisissons "^ (i). En dehors exemple nienne, montré
sur lesquelles nous reviendrons un peu plus loin valeurs phonétiques, de la polyphonie, du phénomène et dont la plus habituelle en parlant suivant les cas où il est employé, est mal, il signifie idéographiquement, ce prendre », ce aller » et « pays ». c'est une variante du signe qui représentait Originairement d'une d'abord, _^J, puis JËJ, et enfin J=J. Que l'image (1) V. J. Oppert, Expédition scientifique en Mésopotamie,t. II, p. 80*
cela main », main ait été
— 31 — de l'action de ceprendre», la prise tropiquement pour l'idéogramme est toute naturelle. Mais il n'y a de lien possible métonymie graphique à saisir, ni entre l'idée de ce ceprendre » et celles d'ec aller » et de cepays », ni entre l'image d'une main et ces deux dernières notions. Si nous recourons aux inscriptions dont la langue se médiques, montre
si étroitement
avec celle du peuple chez lequel le nous y voyons l'idée de ceprendre » système cunéiforme rendue la valeur par le verbe imid, duquel découle manifestement mat ou mad assignée au signe j^ et adoptée par les Assyphonétique nous trouvons l'idée d'ec aller » riens. Mais, dans les mêmes inscriptions, apparentée prit naissance,
rendue
et celle de ce phonétiquement par Aç—^> ^c=^-fl? m'da, ce pays » par le mot mada, J ^j >£?—] |. Ainsi, tandis que les trois admises dans l'assyrien comme idéographiques acceptions pour le aucun rapport naturel, ni même forcé, d'idées, signe J^, ne présentent les mots qui les expriment offrent dans le médique une analogie extrêmement frappante de son, qui était sans doute encore plus complète dans l'idiome de la même famille que parlaient les inventeurs de l'écriture cunéiforme anarienne, : reste si peu de monuments
dans
cet idiome
imid = mida =
prendre, aller,
mada-=z
pays.
accadien
dont il nous
En présence de ces faits, la seule hypothèse plausible n'est-elle pas de l'écriture à la communication cunéiforme aux qu'antérieurement Sémites d'Assyrie et de Chaldée, lorsque l'usage en était encore renle signe de la main, "^4, se profermé chez ses inventeurs touraniens, de l'action nonçant mat ou mad dans son rôle tropique d'idéogramme de ceprendre », devint, par voie de rébus ou d'analogie phonétique, des idées d'« aller » et de ce pays », qui n'avaient aucune l'expression mais s'exprimaient dans la langue connexion avec son sens premier, Puis, lorsque les Assyriens adoppar des mots presque homophones? tèrent le système graphique
en question,
ils y trouvèrent
le signe ^,
re-
— 32 — la notion de ce prendre », phonétiqueidéographiquement présentant où on l'emment la syllabe mat ou mad dans les mots polysyllabiques ce aller » et cepays », les mots enfin par analogie phonétique ployait, » ; ils lui comme celui de ceprendre exactement presque qui sonnaient » ne se disait ce prendre toutes ces valeurs ; mais, comme conservèrent ce pays » mada, pas dans leur langue imid, pas plus qu'ec aller » mida et tandis qu'ori^4 avec ses trois sens devint pour eux un idéogramme, cas. il ne l'était en réalité que' dans le premier ginairement les exemples montrer Nous pourrions que c'est analogues; multiplier de son ou d'un rébus dans la langue aussi par suite d'une ressemblance système, que le une oreille, en caractère sorti d'une figure qui représentait ^|—, seule valeur phonétique, n'ayant qu'une pi (ce qui prouve que la prone variait pas), se présente à nous dans les insnonciation originaire avec deux sens idéographiques aussi absolument criptions assyriennes divers que ceux d'ec oreille» et de ce goutte » ; appliquer enfin cette des inventeurs
observation
de
race
touranienne
à qui
est
dû
nombre de cas. Mais nous très-grand damné à ne pas nous étendre, sous peine de donner à cette des développements Nous devons résister à la exagérés. nous laisser aller à des digressions sur toutes les questions à nous
dans
à un
le
notre
route
et sollicitent
notre
curiosité.
sommes
con-
introduction tentation
de
qui s'offrent Il faut savoir nous
nous contenir, borner, dans le développement C'est pourquoi nous
et indiquer seulement les faits, sans nous lancer de leurs preuves. serons très-bref sur les traces du premier état de en rébus qu'a conservées le système des phonétisme hiéroglyphique 11 serait intéressant de les rechercher et de les rassembler Égyptiens. en un seul faisceau pour les mettre en lumière. Mais cette recherche à elle seule demanderait un mémoire Contentons-nous donc de spécial. quatre exemples ou de l'analogie et s'y rencontre d'introduction
qui
suffiront
phonétique quelquefois de l'élément
pour prouver n'est pas inconnu pour
représenter dans phonétique
du rébus que le système à l'écriture pharaonique, les premières tentatives cette
tentatives écriture, de bien loin à la date des plus anciens monuments dépassées que la vieille Egypte nous a transmis, mais attestées par ces vestiges.
Un même allongée
symbole,
posé
sur
33 —
la représentation
son
orifice,
d'un
?, sert à rendre
alabastrum dans
de
forme
les textes
hiéro-
les deux idées adéquates de cesainteté » et de « majesté » , glyphiques vraisemblable n'est possible puis celle d'ec esclave ». Aucun rapport entre ces deux ordres d'acceptions, incontestables. Mais, également dans l'un
et l'autre
hen. N'est-il cas, le signe a la même prononciation, pas dès lors évident qu'il y a là rébus, attribution par pure analogie à un même symbole de deux acceptions, phonétique qui n'ont d'autre dans la langue rapport que celui du son des mots qui les désignaient de cesainteté » pour le caractère ? est demeurée parlée ? La signification la plus habituelle, la plus générale, et semble avoir Mais bien certainement celle d'ec esclave » n'est venue
été la première. que de ce qu'un était homodes mots par lesquels cette idée était rendue en égyptien, de même hen. phone de celui qui signifiait ce saint », et se prononçait Les idées ceseigneur » et cetout » sont représentées par le même une corbeille tressée de joncs, -"•B^-. La liaison de ces hiéroglyphe, deux idées n'est pas facile à saisir, et il n'est guère probable que les à force de subtilités. aient cherché à les rapprocher hiérogrammates Mais, dans la langue parlée, ceseigneur » et cetout » se disaient égalen'est-elle pas la meilleure raison de l'atment neb. Cette homophonie tribution
du même
exactement
hiéroglyphe des deux mots ?
Le symbole
complexe
TTT,
à la peinture
composé
du
des deux
signe
du
idées,
ou plus
ciel
avec des
vases, a la signification primitive de « nuage », en tant que le réservoir à dans la langue égyptienne d'eau du ciel. Mais cette idée correspond il y avait un mot tahen. Or, dans la même langue, la prononciation ce airain »; par suite de cette identité exactement tahen, homophone, dans quelques textes hiénous trouvons de son et par un vrai rébus, roglyphiques
le signe TTr
employé
à rendre
l'idée
d'ec airain
», qui n'a
On l'emanalogie avec sa signification première. à écrire le nom de la fraction des populations ploie aussi quelquefois libyques appelée Tahennu. certainement
aucune
— 34 — Il y a encore
rébus
certainement
nous
lorsque
voyons
le luth,
T, em-
la préposition rendre de l'idée de cebonté», blème employé pour ne fer, et que le mot se disait cejusqu'à », uniquement parce qu'elle « bon » avait la même prononciation, nefer. du Le fait que nous caractérisons par le nom de rébus ne s'applique à des symboles reste même pas seulement isolés; il s'étend quelquefois avec leur de caractères à des groupes entiers, phonétiques composés déterminatif dérer
comme
Ainsi
le
mot haut,
(voy.
plus
pour
exprimer cette
par avec
son
qu'il semble que l'on idéographique, un tout indécomposable. formant déterminé
If,
une
par
ait
fini par
pousse
de
consi-
palmier
cesaison, temps » ; mais quelquefois, p. 17), signifiait dans un mot tout autre la syllabe tar, on la rendait 1 \ , devenue
forme déterminatif
qui
un seul groupe
comme
n'avait
plus
rien
à voir
alors
complexe, ; exemple
:
minatif du scorpion se placer tout naturellement à la suite du nom de la déesse
Selk ou Serk,
I
à laquelle
3§-j'^5
sacré , nous par la cause
le retrouvons, sans aucune que nous venons d'indiquer,
phonétique,
dans
le verbe
M
3IML
raison
cet animal d'être
à la suite serek,
étaiL con-
et uniquement du même groupe
« respirer
» (1).
X.
Dans
une langue monosyllabique comme celle des Chinois, l'emploi du rébus devait nécessairement amener du premier coup à la découverte de l'écriture dans son syllabique. Chaque signe idéographique, (1) De Rougé, Chrestomathie égyptienne, p. 117. Presque tous les exemplesque le savant égyptologue cite en cet endroit, de signes syllabiques représentant trois articulations, sont pour nous de purs rébus.
— 35 — ou tropique, à un mot monosyllabique de la répondait la prononciation constante ; par consélangue parlée qui en devenait dans une acception quent, en le prenant purement phonétique pour cette prononciation il représentait une syllabe isolée. L'état complète, du rébus et l'état d'expression dans l'écriture se sont donc syllabique trouvés identiques à la Chine, et c'est à cet état de du développement du Céleste Empire s'est immobiphonétisme que le système graphique lisé, sans faire un pas de plus en avant, depuis trente siècles qu'il a franchi de cette manière le premier degré de la peinture des sons. Mais, en chinois, ce n'est que dans les noms propres que nous rencontrons les anciens idéogrammes simples ou complexes employés isolément avec une valeur exclusivement phonétique, pour leur prononciation dans la langue parlée, abstraction faite de leur valeur originaire emploi
figuratif
comme
Et en effet, par suite de l'essence même de la signes d'idées. langue, le texte chinois le plus court et le plus simple, écrit exclusive-^ ment avec des signes phonétiques, soit syllabiques, soit alphabétiques, sans aucune part d'idéographisme, une énigme absolument deviendrait inintelligible. Le nombre
d'une des syllabes possibles à former par la combinaison articulation ou consonne simple initiale et d'un son vocal venant après comme élément de forpour y servir de motion, même en admettant mation les diphthongues et les terminaisons nasales, est nécessairement restreint. La langue chinoise en admet ^Bo, que la variation des accents douée d'une littérature ou tons porte à i,2o3. Mais une langue d'idées et considérable à un développement étendue et correspondant à i,2,o3 mots. De là de civilisation ne saurait limiter son vocabulaire et partirésulte nécessairement que dans tout idiome monosyllabique, une très-grande culièrement en chinois, on rencontre quantité de mots Comme tous les mots de la langue se comexactement homophones. est susceptible posent d'une seule syllabe, chaque syllabe dont l'organe sans rapport les unes avec un certain nombre d'acceptions représente résultant de ce fait ne Une confusion presque inextricable les mots homoêtre évitée que si l'on a, pour distinguer les acceptions diverses d'une même syllabe, recours à quelque
les autres. peut donc phones,
— 36 — moyen
d'éclaircissement
particulier,
à quelque
élément
à la
étranger
phonétique. prononciation écrite est le geste, dans la langue Dans la langue parlée cet élément de l'idéographisme et du phonétisme, constante une combinaison qui constitue ce qu'on au chinois. Cette combinaison est tout à fait propre à celui dans son principe appelle le système des clefs, système analogue dans les hiéroglyphes mais dont les Chides délerminatifs égyptiens, aussi étendue et aussi générale, en nois ont seuls fait une application en oeuvre par des procédés à eux spémême temps qu'ils le mettaient ciaux. de ce système à l'écriture Le point de départ est la faculté, propre chinoise, caractères simples,
de former
indéfiniment
originairement — 214 en tout, le fond premier
des groupes complexes distincts. Un certain nombre — ont donc été choisis parmi
avec plusieurs d'idéogrammes ceux que com-
de l'écriture avant l'introduction prenait des idées générales et pouvant tisme, comme représentant aux diverses classes entre lesquelles se répartiraient rubriques de la langue. Et il faut noter en passant que les Chinois comme caractère,
idées
génériques
car on trouve
des parmi
notions les clefs
qui
pour
celles
nous
ont
des grenouilles,
du phonéservir de les mots admettent bien
peu jf|f,
ce des
des tortues, ainsi &, Q, des nez, jflg, etc. Les idéogrammes choisis sont ce qu'on appelle les clefs. Ils se combinent avec des signes originairement simples ou complexes, pris uniquement pour leur prononciation abstraction faite de tout vestige de leur valeur phonétique, de manière à représenter toutes les syllabes de la idéographique, Ainsi sont formés des groupes à moitié phonétiques langue. nouveaux, et à moitié idéographiques, dont le premier élément figure le son de la le mot, et le second, la clef, indique dans quelle syllabe qui constitue d'idées doit être cherché le sens de ce mot. Les trois quarts catégorie des signes de l'écriture chinoise doivent leur origine à ce mode de formation (i). (1) Le système des clefs a été ensuite appliqué par les grammairiens chinois à tous les signes
— 37 — le mécanisme. Un exemple en fera mieux connaître en chinois de huit acceptions Là syllabe pâ est susceptible absolument différentes, il y a dans le vocaou, pour parler plus exactement, des habitants de l'Empire bulaire du Milieu huit mots homophones, bien que sans rapport entre eux, dont la prononciation se d'origine ramène à cette syllabe. Si donc le chinois s'écrivait au moyen d'un sysen voyant pâ dans une phrase, l'esprit tème exclusivement phonétique, hésiterait entre huit significations sans indication détermidifférentes, nante qui pût décider à choisir l'une plutôt que l'autre. Mais avec le de l'élément idéographique et de système des clefs, avec la combinaison cette incertitude, cause permanente des plus l'élément phonétique, à fait. Le signe adopté dans l'usage la syllabe pâ est P^ , dont ordinaire phonétiquement pour représenter comme la valeur idéographique oblitérée, primitive s'est complètement comme il est arrivé plus d'une fois pour les signes d'un usage habituel fâcheuses
erreurs,
disparaît
tout
Le signe P-jJ isolé ne se rencontre que dans les noms phonétiques. et simplement et de lieux, où il représente purement propres d'hommes il devient, toula syllabe pâ. Si l'on y ajoute la clef des plantes, -£& , »; le nom du cebananier la même prononciation, le signe cette clef par celle des roseaux, en conservant qu'on remplace d'une sorte de la désignation *Ê* , on obtient radical et phonétique,
jours
en gardant
ec roseau comme celui
épineux
». Avec la clef du fer,
le nom du cechar de guerre d'une
espèce de coquillage;
mot pâ est caractérisé j]|tf, le
» ; avec la clef des vers,
jfjjïï, comme
avec la clef du mouton,
^£,
comme
de l'écriture comme un moyen facile de classement. Certains caractères, simples à l'origine et dérivés d'une ancienne image unique, ont été décomposésartificiellementen deux parties, l'une considérée comme le phonétique et l'autre comme la clef, afin de les faire rentrer bon gré mal gré dans les classesétablies d'après cette méthode. On a aussi appliqué le même système d'analyse à bien des caractères qui étaient à l'origine des idéogrammescomplexes, aux deux parties de même nature, essentiellement symbolique. Mais le principe de composition au moyen du phonétique et de la clef n'en demeure pas moins vrai dans la grande majorité des cas.
— 38 — celui
de viande
d'une
préparation particulière ~Êf\} lui donne le sens de ce dents
de travers
séchée.
La clef des, dents,
>•; celle des maladies,
^,
ce cri ». pjû, un des éléments la combinaison combien On voit par cet exemple phole système des clefs, est inqui constitue nétiques et idéographiques, de la langue et le génie propre sur les besoins calquée génieusement dans l'expression de et quelle clarté elle répand graphique chinoise, d'une manière avec un à peindre cette langue, intelligible impossible Sans doute la faculté presque indéfinie exclusif. système de phonétisme et par de créer de nouveaux par moitié phonétiques signes complexes, lui fait signifier
cecicatrices
»; enfin,
celle de la bouche,
abord à un effrayante paraît dans le premier idéographiques, elle donne car, avec les idéogrammes simples et complexes, étranger, Mais il est toujours différents. naissance à plus de 80,000 groupes se réduisent à 45o phofacile d'analyser ces groupés, dont les éléments moitié
et 214 déterminatifs ou clefs, et la méthode nétiques idéographiques était la seule par laquelle pût être évité l'inconvénient, qui les produit bien autrement de la multiplicité des mots grave, qui serait résulté homophones. Mais ce dernier point, mis en lumière de la façon la plus spirituelle n'intéresse notre sujet. Ce que nous par Abel Rémusat, pas directement à suivre, ce sont les progrès cherchons successifs par lesquels le phonétisme s'introduisit dans les écritures primitivement idéographiques, et les étapes qui conduisirent la peinture et simple rébus à l'invention de l'alphabet ordre de recherches, le seul point qu'il était que, par suite de la nature même de à tracer, la part phonétique de l'écriture phonétisme par voie de rébus, puisqu'elle
des sons
de l'emploi du pur dit. Dans cet proprement nous importait de constater l'idiome était appelée qu'elle chinoise constitue à la fois un se compose
de
caractères
de leur originairement idéographiques pris pour la représentation nonciation et un système d'écriture complète, syllabique, puisque le fait chacun de ces caractères ne peint qu'une seule syllabe.
propar
39
XL
Mais cette identité confond en un seul
de l'état de rébus et de l'état de syllabisme, qui deux des degrés ordinaires du développement de l'élément dans les écritures phonétique originairement idéographiques et hiéroglyphiques, n'était possible qu'avec une langue à la constitution comme le chinois. Chez les Égyptiens et chez les u> monosyllabique, venteurs de l'écriture cunéiforme à anarienne, que nous regardons, à la race touranienne l'exemple de M. Oppert, comme ayant appartenu ou tartaro-finnoise, l'idiome parlé, que l'écriture devait peindre, était Le système du rébus ne donnait donc pas du premier polysyllabique. les mots en leurs syllabes constitutives coup les moyens de décomposer et de représenter chacune de ces syllabes séparément et invariable. Il fallait un pas de plus pour s'élever labisme. Ce pas fut fait également dans les deux systèmes
par un signe fixe du rébus au syldes
hiéroglyphes mais les habitants de la vallée du cunéiforme; égyptiens et de l'écriture Nil surent pousser encore plus avant et atteindre de jusqu'à l'analyse la syllabe, en consonne et voyelle, tandis que ceux du décomposée bassin de l'Euphrate et du Tigre s'arrêtèrent au syllabisme et laissèrent leur écriture s'immobiliser dans cette méthode imparfaite de l'expression des sons. Chez les uns comme chez les autres, ce fut le système du.rébus, predes mière étape du phonétisme, qui servit de base à l'établissement fixe et révaleurs syllabiques. Elles en furent tirées par une méthode sous le nom d'acrologique. gulière, que nous désignerons là Tout idéogramme pouvait être employé en rébus pour représenter que monosyllabique, prononciation complète, aussi bien polysyllabique dans la langue parlée à son sens figuratif ou tropique. correspondant à la représentation distincte des syllabes de la langue Voulant parvenir au moyen de signes fixes, et par conséquent reconnaissables, toujours on choisit un certain nombre de ces caractères, idéograprimitivement
— 40 — d'un emploi exclusivement mais susceptibles par phonétique, phiques, le réune convention qu'être plutôt graduellement qui dut s'établir savants. d'un ou de plusieurs sultat du travail systématique Lorsqu'il ce formait un monosyllabe, arriva que leur prononciation complète du dans la méthode leur valeur pour quelques-uns, qui se présenta la même que dans celle du rébus. resta exactement Mais, syllabisme ou symbolique de leur sens figuratif la prononciation pour la plupart, de la syllabe initiale Ils devinrent constituait un polysyllabe. l'image des anciens C'est ce système qu'à l'exemple prononciation. nous appelons (i). acrologisme connaissance bien encore malheureusement Nous n'avons qu'une accadien du groupe de l'idiome agglutinatif (2), idiome imparfaite et qui les plus anciens habitants de la Chaldée, touranien que parlaient de cette
oh dut l'invention de l'écriture cunéifut celui de la tribu à laquelle forme anarienne de textes écrits dans cette langue (3). Le petit nombre du reste, été qu'imparnous, et qui n'ont, qui sont parvenus jusqu'à ne nous fait connaître bien faible partie de faitement étudiés, qu'une son vocabulaire.
la majorité en correspondait
Aussi,
la prononciation qui phique des caractères
dans
des cas, ignorons-nous accadien à la valeur
encore idéogracette pro-
cunéiformes. Mais, toutes les fois que nonciation est connue, et qu'on peut comparer ainsi le mot par lequel on traduisait dans la langue avec la valeur du l'idéogramme parlée même signe pris dans un emploi purement comme élément phonétique du syllabisme, on voit que cette valeur n'est autre que la première syllabe
du mot
en question
(4).
(1) Clém. Alex., Stromat., V, p. 567, éd. Potter. • (2) Ce nom a été proposé pour la première fois par le docteur Hincks, qui reconnaissait l'élément touranien de la population de la Chaldée dans la nation des Akkadi, que nomment fréquemment les textes cunéiformes. Ceci est confirmé par un fragment de tablette cunéiforme encore inédite, donné par M. de Saulcy au Muséedu Louvre. Elle porte des formules d'incantation dans l'idiome qui nous occupe, accompagnées de leur traduction en assyrien, et une clause ajoutée à la fin dit que ce texte est ceextrait des tables d'Akkad ». (3)Sur lescaractères fondamentaux de la déclinaison et dela conjugaison verbale dans cet idiome, voy. Oppert, dans les Comptes-rendus de la Société française de numismatique et d'archéologie,. t. I, p. 75 et suiv.; et notre Commentairedes fragments cosmogoniquesde Bérose,p. 44 et suiv. (4) M. Oppert (Expédition scientifique en Mésopotamie,t. II, p. 79 et suiv.) avait déjà énoncé
— 41 — le signe >-+-], dont l'hiéroglyphe repar exemple, primitif une étoile. Sa valeur syllabique est an, son sens idéograprésentait est Ksnap. Dans la phique cedieu ». Or le mot cedieu », en accadien, même langue, cepère » se dit ATta. Le caractère Ë^F-J. sorti de l'image d'un testicule, la syllabe al, et idéographireprésente phonétiquement le mot cepère ». quement Voici,
cel'oreille » ; sa puissance est pi. Pi/ (masyllabique en accadien. Le même signe, ff<, rend gyar/à/) exprime l'idée d'oreille l'idée de cepoisson », et représente la syllabe ya, parce que dans la de la Chaldée cepoisson » se disait XA/ langue des vieux Touraniens (finlandais hat). Dans le même idiome, le mot qui voulait dire « bon » ^|—
indique
était xiga, cebon ».
et le signe de la syllabe
fi,
^,
a le sens idéographique
de
le mot accadien correspondant à la valeur de l'idéogramme seule syllabe, on n'a naturellement pas eu besoin de reet simplement la courir à la méthode On a pris purement acrologique. syllabe qui formait ce mot tout entier pour en faire la valeur phonétique du signe dans le syllabaire. En voici quelques exemples : Lorsque était d'une
Le caractère
ç^r
réunit
les valeurs
de cedeux » et de la syllabe
kas,
à la (magyar ket). g. s'emploie fois pour rendre l'idée de cenez » et le son ar; car, toujours dans le même idiome, le cenez » était désigné par le mot AR. Jr T est le phode cechien », parce que le de la syllabe ur et l'idéogramme nétique l'idée de Dans cette langue, mot ce chien » était UR en accadien. de cegrand », cegrand » s'exprimait par le mot GALOU GALA; l'idéogramme de la syllabe gal. Ce >—I—, est donc en même temps le phonétique sont là des restes de l'état de rébus dont nous parlions tout à l'heure. eut été empruntée anarienne cunéiforme par les Quand l'écriture cedeux » se disant
KAS en accadien
le Assyriens aux Touraniens, qui avaient été ses premiers inventeurs, à des mots sens des caractères correspondit pris comme idéogrammes le fait, en s'appuyant sur des rapprochements avec l'idiome médique, apparenté de fort près à l'aCcadien.
— 42 relation entre la valeur Aussi l'antique assyrienne. sémitique du même signe, issues l'une de et la valeur phonétique idéographique soit par la méthode du rébus, soit par le procédé acrologique, l'autre, de grands efforts et ce n'est qu'avec définitivement fut-elle rompue, ce fait originaire. à restituer aujourd'hui que la science parvient de la langue
XII. à la un des faits acquis c'est maintenant anarien, la consu abstraire science de la manière la plus positive, n'a jamais Les peuples qui ont employé sonne de la voyelle qui lui sert de motion. du langage cette écriture ne se sont point élevés dans l'analyse jusqu'à Le cunéiforme
la décomposition de lettres de la syllabe. Aussi n'ont-ils jamais possédé dont là valeur des signes syllabiques, dites, mais seulement proprement avait été établie comme nous venons de le faire voir. Les Égyptiens, essentiellement au contraire, et peuple philosophe, dont la Bible elle-même à la concepvante la sagesse, surent atteindre tion de l'alphabétisme. ce dernier terme Mais, tout en s'élevant jusqu'à de progrès, leur système graphique des vestiges nombreux conserva des différents
états qu'il dut traverser pour y parvenir. dernier jour où ils furent c'est-à-dire Jusqu'au employés, jusqu'au les hiéroglyphes de la terre des PhaDioclétien, règne de l'empereur raons gardèrent des signes figuratifs, un grand nombre d'idéogrammes ou de tropes graphiques, et, dans certains cas, employèsymboliques rent la méthode
du rébus. De même, une certaine quantité
à côté des caractères véritablement de signes syllabiques y fut tou-
alphabétiques, jours maintenue* C'est à M. Lepsius que revient le mérite d'avoir établi le premier la vraie nature de ces signes (i), que M. Bunsen et M. de Rougé.(-2) ont achevé de mettre en lumière. depuis (1) Ann. de l'Inst. arch., t. IX, p. 51 et suiv. (2) Revuearchéologique, t. V, p. 326-341. Il faut surtout lire les chiffres capitaux de la Chrestomathie égyptienne de réminent profes-
— 43 — Il importe de ne pas les confondre avec certains idéogrammes que l'on rencontre tantôt isolés, tantôt accompagnés de tout ou partie des la prononciation du mot qui correspond signes phonétiques représentant à leur sens dans la langue parlée, mais ne figurent jamais que dans ce mot. Telle est la branche de bois noueux,
UA^JT)
que
les monuments
Les caractères
l'orthographe
l'écrivent
proprement
# -
en soit ^ -.,
ou ^~J,
indifféremment.
sont syllabiques rendent une syllabe
ceux
qui,
avec
ou sans
complément complète indépendamphonétique, ment de toute espèce de signification dans des mots qui idéographique, n'ont que des rapports et aucune affinité étymolode consonnance gique. Tel est le signe
«^,
avec ou sans le complément ou mah',
ceinture
«, par »,
-
sorte
X=
phonétique
exemple,
que
\ , ce coudée
», 8
dans
de bandelette,
qui, meh'
h', figure la syllabe des nombres
indicative
aussi bien dans la particule
cequatrième ronne,
une
représentant
ordinaux, « cou-
les mots : (j€,
, cele Nord ».
, ceaile »,
Tel est le caractère de l'échiquier chargé de ses pièces, HMHà, symbole de l'idée de «Stabilité ensuite, avec ou sans », men, qui se rencontre le complément >ww«v= «, comme la pure et simple repréphonétique sentation de cette syllabe men, dans les mots R !*««*, h'smn, cenatron
»,
et dans lièvre,
^™ le nom jj^,
, mn-t,
cehirondelle
du dieu
Ammon,
originairement
», l"""#
le symbole
1^^T Telle du verbe
^
smnnu,
est enfin ecouvrir
« oie »,
la figure » (S^..
du (,
seur au Collègede France (p. 51-114), où il a établi récemment avecune si grande supériorité toutela doctrine des signes syllabiques chezles Égyptiens et a dressé là liste complètede ces signes, beaucoup plus nombreux qu'on ne le croyait généralement.
— 44 — et qui enfort subtile qu'expose Horapollon, un), pour une raison /««WA= n, représente suite, avec ou sans le complément phonétique de mots où sa présence nombre la syllabe un dans un très-grand n'est et où il joue un rôle de pur raison symbolique justifiée par aucune phonétisme. Les caractères
sont nombreux dans l'écriture hiécatégorie cette particularité de pouvoir Ils présentent intoujours roglyphique. la syllabe dont ils sont différemment être tracés seuls pour représenter le signe, ou bien être accompagnés de ce que M. de Rougé a appelé le mais qu'il nous semblerait pléonasme plus exact de nommer graphique, de cette
la détermination
de signes alphabétiques c'est-à-dire renphonétique, dant la totalité ou partie seulement des lettres la syllabe. composant Ainsi, la syllabe an, dont le signe est un poisson, SÊK, se représente indifféremment des letpar ce signe seul ou par ce signe accompagné tres
1 =
les diverses
a et Avw* = combinaisons
n, toutes
deux
suivantes
ensemble : fâWKi
ou
séparément,
dans
kJ**^, ou 1^**.
Il semblerait à voir cette particularité, de vraiment, que la notion l'écriture second état du phonétisme, dont ces signes sont syllabique, les vestiges, s'était fort oblitérée des lettres propredepuis l'invention ment dites, et que, tout en continuant à employer les caractères ainsi demeurés affectés à la représentation des syllabes, les hiérogrammates se croyaient souvent obligés, pour la clarté de la lecture et pour être d'en indiquer la prononciation compris du public, par des signes ald'un usage plus habituel, phabétiques qui jouent dans ce cas le rôle de véritables déterminatifs du son, comme ils mettaient des déterminatifs d'idées à la suite d'un grand nombre de mots écrits phonétiquement.
XIII.
On voit, par tout ce qui précède, combien fut lente à naître la conabstraite du son vocal qui lui sert de motion, ception de la consonne
— 45 — muette par pour ainsi dire, la vie extérieure à l'articulation, Cette conception, toute qui nous semble aujourd'hui dès notre enfance, ne pouvait simple, car nous y sommes habitués devoir sa naissance première qu'à un,développement déjà très-avancé
qui donne, elle-même.
de l'analyse philosophique du langage (i). Aussi, parmi les différents à l'origine hiéroglyphiques et idéographiques, systèmes d'écriture, que (1) La difficultépour l'esprit de l'homme d'arriver du premier coup à la décompositionde la syllabeet à la conceptionde l'alphabétisme, ainsi que sa tendance naturelle à s'arrêter au système imparfait du syllabisme, s'est manifestée de nos jours de la façon la plus curieuse dans l'invention de l'écriture des Chéroquis. Cettecréation d'un nouveausystèmegraphique, inventé de toutespièces au dix-neuvièmesiècle par un peuple qui s'efforçaitde passer de l'état sauvage à la civilisationen gardant sa vie propre, est un fait assezintéressant pour que nous en disions ici quelquesmots. Les Chéroquisétaient une tribu de Peaux-Rouges habitant non loin de la Nouvelle-Orléans. Il y a cinquante ans, ils devinrent sédentaireset agriculteurs^ se convertirentau christianisme et firent les plus nobles efforts pour entrer dans les voies de la civilisation. C'est alors qu'un génie inconnu, qui vivait parmi eux, tenta de leur donnerune écriture propre. L'auteur de cette invention était, par son origine, aux trois quarts Européen; car son père était blanc et sa mère de sang mêlé. Du reste, c'était un vrai sauvage. Il fut frappé de surprise en voyant que lesblancs mettaient la penséedans une lettre, — ce sont ses propres expressions, — et médita longtemps sur ce fait, qui lui semblait extraordinaire. Dans ses fécondesméditations il ne parvint pas à s'élever à l'idée de la décompositiondes syllabeset de l'alphabet proprement dit; il s'arrêta à la conceptiond'une,notation distincte pour chaquesyllabe, considérée commeun tout indécomposable.Notre Chéroqui mit un an pour atteindre cette idée, et alors l'exécuta en un mois. Il se servit d'un abécédaireanglais, qu'il possédait sans en connaître les lettres, pour composer200 caractèressyllabiques,qu'avec le secoursde sa fille il réduisit à 80. C'étaient les lettres majuscules et minusculesde notre typographie, accrues de nos chiffres et de quelquessignes conventionnels,tels que ceux du plus, du moins,de la multiplication,etc., à chacun desquels il avait assigné arbitrairementla représentationd'une syllabe. « Ses compatriotes,raconte Ampère (Promenadeen Amérique,t. II, p. 160), commencèrent cepar se moquer de ses efforts. Il écoutait, ne répondait rien, allumait sa pipe, mettait ses lu« nettes et reprenait son ouvrage. Il essayaitsa méthodeavecsa fille, tantôt lui, tantôt ellelisant cece que l'autre avait écrit. Alors les Chéroquisreconnurent l'utilité de la découverteet lui doncenèrent une grande fête nationale. Six ans après la découverte, en i 830, la moitié d'entre eux « savaient lire. On a imprimé encaractères chéroquisl'Évangile, différentslivres de piété, et un « journal hebdomadairetiré à 200 exemplaires.» Cetteécriture a déjà cessé d'être en usage. Les Américainsont détruit les établissements des Chéroquis,et anéanti en grande partie cette intelligente nation, dont les derniers et misérables restes, rejetés au-delà des MontagnesRocheuses, sont retombés dans la vie purement sauvage. Ainsi le système d'écriture, syllabiqueet purement conventionnel,des Chéroquis, inventé il y a quarante-trois ans, n'est plus qu'un souvenir. Un autre syllabaire, analogue à celui des -Chéroquis,a été inventé par les missionnairescatholiquespour les Indiens Crées de l'Amérique du Nord, chez qui il est maintenanten usage. On le trouvera dans le Tourdu monde, 1860,1" semestre, p. 286.
— 46 — et qui se sont développés véritablement primitifs jugés des étapes mais en suivant tout à fait indépendante, manière de la syllabe, la décomposition un seul est-il parvenu jusqu'à parallèles, de la et de la voix, à l'abstraction de l'articulation à la distinction d'un signe spécial à l'expression, et à l'affectation consonne indépennous d'une
avons
ou consonne, de l'articulation qui demeure voyelle, Ce sysson vocal ne vient pas y servir de motion. tant qu'un muette s'arrêtèrent Les trois autres tème est celui des hiéroglyphes égyptiens. et au même raffinement en route sans atteindre d'analyse jusqu'au dire encore, se mieux et s'immobilisèrent, même ou, pour progrès, états de développement des premiers à l'un ou à l'autre cristallisèrent mexicains ne dépasLes hiéroglyphes du phonétisme. et de constitution de la méthode du rébus; l'écriture sèrent pas l'emploi chinoise, par en de la langue qu'elle servait à tracer, suite de l'organisme particulier dante
de toute
se trouva du premier la méthode du rébus, parvenue coup adoptant un progrès de au syllabisme, représente qui, pour les autres écritures, où elle eut atteint ce point plus ; elle s'y arrêta, et, depuis le moment Pour le cunéiforme nos jours, elle est demeurée immuable. jusqu'à la langue des invencomme pour les hiéroglyphes anarien, égyptiens, teurs
étant polysyllabique, pement distinct du système
le syllabisme constitua un état de dévelopdes rébus purs et simples, et manifestement
Le cunéiforme, être parvenu cet état, n'en après jusqu'à et seuls, parmi les peuples à la civilisation les primitive, un dernier consommant et décisif progrès dans l'art d'écrire, Egyptiens, lettres. eurent de véritables postérieur. sortit point,
les Cependant des sons appliquée
inconvénients à toute autre — où une
d'une
notation
purement
syllabique
qu'à une langue monosyllabique comme le chinois combinaison du phonétisme ingénieuse et de l'idéographisme avait permis de dissiper les obscurités syllabique d'un emploi exclusif du syllabisme au moyen d'un système qui n'aurait cadrer avec un idiome d'une autre nature, avec un pu aucunement — étaient idiome polysyllabique, si grands, que l'on a peine à comcomment des peuples aussi avancés dans la voie de la civilisaprendre tion et des connaissances les Assyriens et les Chaldéens, que l'étaient langue
— m — ont pu s'en contenter, et n'ont pas cherché un instrument de transmission et de fixation
à perfectionner davantage de la pensée demeuré tel-
lement grossier encore et si souvent rebelle. Le moindre inconvénient du syllabisme était le nombre de caractères qu'il demandait pour exprimer toutes les combinaisons que la langue admettait par l'union des articulations et des sons vocaux, soit dans les composées d'une consonne initiale et d'une voyelle ou venant après pour permettre de l'articuler, soit dans diphthongue est initiale et la consonne finale. où la voyelle ou la diphthongue prit et la mémoire de celui qui apprenait à écrire devait donc, là syllabes
d'une celles L'esoù la — en
peinture des sons s'était arrêtée à l'état du syllabisme, se charger, dehors de la notion des idéogrammes les plus usuels, car les écritures en admettant l'élément phonétique, n'aprimitives qui nous occupent, — de la connaissance vaient point pour cela répudié l'idéographisme, de plusieurs centaines de signes purement phonétiques représentant chacun une syllabe différente dans l'usage le plus ordinaire. De là une un obstacle à la diffusion générale de l'art d'écrire, gêne très-grande, qui restait forcément un arcane restreint aux mains d'un petit nombre
est tellement compliquée qu'elle consd'initiés, car, tant que l'écriture titue à elle seule une vaste science, elle ne saurait pénétrer dans la masse et devenir d'un usage vulgaire. De là, même de la part de ceux de cet arcane, des qui avaient abordé les notions les plus nécessaires d'erreur et de confusion chances continuelles avec la qui pouvaient, plus grande facilité, produire un véritable chaos. de défaut de clarté, de surcharge de complication, Cet inconvénient était le même, quelle que fût la famille trop grande pour la mémoire, de laquelle s'appliet la nature de la langue à l'expression graphique Mais il n'était encore rien à côté des quait le système du syllabisme. nouveaux et tout particuliers auxquels donnait naissance de ce système aux idiomes de certaines familles, dans lesl'application peu quelles les voyelles ont un caractère vague, une prononciation précise, et où toutes les flexions se marquent par le changement des sons des consonnes du mot, tandis que la charpente vocaux dans l'intérieur inconvénients
reste invariable.
Nous voulons
parler
des langues
sémitiques
et de leurs
— 48 — une partie
congénères,
des langues
chamitiques,
à commencer
par
l'é-
gyptien. Les inscriptions avec une écriture
tracé un idiome sémitique nous montrent assyriennes est syllabique. dont tout le phonétisme Quelle bigarentre le génie de la et perpétuelle contradiction rure ! Quelle bizarre confusion ! Quelle inextricable ! langue et le génie du système graphique dede Ninive et de Babylone sans doute, les habitants dans laquelle, que nous, mais qui, cependant, plus facilement était encore très-grande pour eux ; nous n'en voulons pour preuve que et de vocabulaires de syllabaires. le nombre des fragments grammaticaux, tracés sur des tablettes d'argile et destinés à révéler aux disciples du système les arcanes des hiérogrammates graphique d'Assourbanipal vaient
se tirer
d'affaire
en telle abondance dans les ruines de national, que l'on a trouvés de monuments Ninive (i). Une bonne moitié de ce que nous possédons anarienne se compose de l'écriture cunéiforme de guide-an es qui peuet que nous consultons vent nous servir.à déchiffrer l'autre moitié, comme le faisaient, il y a deux mille cinq cents ans, lès exactement Mais si ces débris de l'antique des syllabaires, pays d'Assur. eux-mêmes par les Assyriens pour s'aider à lire leur propre composés de bien précieux fournissent secours à la science moderne écriture, du système cunéiforme, ils montrent en même pour le déchiffrement et l'obscurité de temps quelle a été à toutes les époques la complication ce système, et s'en servir régulièpuisque, pour le bien comprendre au temps de son emploi le plus florissant et le plus étendu, le rement, exclusive et nationale avait un peuple même dont il était alors l'écriture étudiants
besoin de secours indispensable r Avec la méthode d'expression ( ne saurait parvenir à représenter | puisque J langues
ces radicaux sémitiques,
de ce genre.
de l'écriture on syllabique assyrienne, aucun radical de la langue assyrienne, se composent comme dans toutes les précisément, de la charpente, des congénéralement trilitère,
(1) La plupart ont été publiés par sir Henry Rawlinson et M. Noms dans le tome II des Cuneiform inscriptions of Western Asia. Les suppléments aux syllabaires, fournis par des trouvailles postérieures, viennent d'être réunis dans là dernière planche du tome III du même ouvrage.
— 49 — tandis que les voyelles changent. invariables, sonnes, qui demeurent Pour exprimer le verbe et le substantif d'un même radical, il faut emabsolument différents, ployer des caractères puisque la vocalisation n'est plus la même,
et que, dès lors, son changement entraîne celui des Ainsi disparaît toute parenté extérieure, toute anasignes syllabiques. logie apparente entre les mots sortis de la même racine, qui ne se disdans une chose aussi variable et tinguent que par des modifications aussi peu essentielle que le sont les voyelles dans les langues sémitiques. Celui qui aborde la lecture d'un texte cunéiforme assyrien, au lieu de discerner aussitôt du regard ces radicaux de que toutes les additions suffixes et de préfixes n'empêchent intacts et invapas de reconnaître n'a plus aucun des guides riables, et qui restent toujours eux-mêmes, • est en sa marche dans autres idiomes il les qui dirigent sémitiques ; face de mots dont la physionomie ne dit rien, ne peut fournir aucune révélation sur leur sens et sur leur nature, de mots qu'il est donc obligé d'arriver à en syllabe à syllabe avant de nourrir l'espoir la racine et à en pénétrer le sens. Mais ce n'est pas tout. Prenez la conjugaison des verbes : chaque voix, chaque mode, chaque temps, chaque nombre, chaque personne, dans les voyelles, nécessite pour ainsi dire, amenant une modification le changement des caractères syllabiques employés à peindre la prod'analyser découvrir
de telle manière qu'à chaque fois c'est un mot nouveau, nonciation, sans aucune analogie dans l'aspect et dans les signes mis en oeuvre avec ceux qui expriment les autres voix, les autres modes, les autres temps, quelquefois même les autres personnes du même verbe. On le voit, jamais système graphique n'a présenté une antinomie plus absolue avec l'essence et le génie de la langue qu'il était appelé à tradu syllabisme cer, que le cunéiforme assyrien. Jamais les inconvénients n'ont été poussés jusqu'à un degré aussi extrême et ne se sont manidans la confusion et festés aux regards d'une manière aussi frappante à laquelle ^donnaient naissance. la presque inextricable complication de les plus extraordinaires Aussi est-ce vraiment un des phénomènes l'histoire des écritures pendant plus de quinze que la prolongation, siècles, de ce mariage mal assorti entre le système graphique et la langue
— so — une telle union n'a pas été On se demande comment qu'il écrivait. cause aussitôt d'incompatibilité que formée, pour presque rompue, ont pu deet les Babyloniens les Assyriens et comment d'humeur, d'écriture commeurer ainsi de longs siècles à se servir d'un système au génie contraire sans clarté, absolument confus, pliqué outre mesure, à le modifier, à le plus intime de leur idiome national, sans chercher cadrant mieux avec leur tirer de ses éléments un système plus parfait, on comprend tout naturellement comment, Mais, en revanche, langue. dès qu'ils reçurent la notion de l'alphabet de vingt-deux inlettres, venté par les Phéniciens, ils s'empressèrent d'en faire une sorte d'écriture vulgaire, usitée concurremment cunéiavec leur vieille écriture forme pour tous les cas où l'on avait besoin d'une clarté. plus grande C'est ce que montrent Henri Rawlinson (i).
les curieuses tablettes étudiées bilingues par sir Elles contiennent des contrats de vente et de en présence d'un officier Ces louage passés entre particuliers public. actes privés sont rédigés en langue et tracés en caractères assyrienne cunéiformes ; mais la suscription abrégée qui est écrite sur la tranche de retrouver
la pièce au milieu des minutes analogues les archives où elle était conservée, la que renfermaient et comme le titre, est en langue araméenne et suscription, disons-nous, écrite avec l'alphabet de vingt-deux Ce système lettres. d'écriture paraissait donc alors celui qui pouvait le mieux convenir rendre pour une recherche sûre et rapide. de la vieille méthode facile, L'emploi nationale du cunéiforme n'y eût pas aussi, bien convenu. C'était, du reste, un peuple dans la langue les sons vocaux duquel avaient un caractère essentiellement vague, qui devait, comme l'a judicieusement M. Lepsius (i), abstraire le premier remarqué la consonne de la syllabe, et donner une notation distincte à l'articulation et à la pour permettre sur terre-cuite
voyelle. lement variable
Le génie même d'un à ce progrès capital de sa nature,
tendait
idiome
ainsi
conduisait naturelorganisé dans l'analyse du langage. La voyelle, à devenir graduellement indifférente dans
(1) Journal ofthe Royal Asiatic Society, new ser., t. I, part, i, p. 187-246; pi. I et II. — Publiées in extenso dans le tome III des Cuneiform inscriptions of Western Asia, pi. 46. (2) Ann. de l'Inst. arch., t. IX, p. 36.
— 51 — la lecture
des signes originairement les syllabiques ; à force d'altérer des mêmes syllabes, écrites par tel ou voyelles dans la prononciation tel signe simple, la consonne seule restait à la fin fixe, ce qui amenait le caractère adopté dans un usage purement à devenir alphonétique de syllabique phabétique, qu'il avait été d'abord ; ainsi, un certain nombre de signes qui avaient commencé par représenter des syllabes dont l'articulation initiale était la même, mais suivie de distinctes, voyelles différentes, ayant fini par ne plus peindre que cette articulation du début,
devenaient
des lettres
proprement
dites
exactement
homo-
phones. Telle est la marche que le raisonnement permet de reconstituer pour le passage du syllabisme à l'alphabétisme, pour le progrès d'analyse l'articulation ou conqui permit de discerner et de noter séparément sonne qui, dans chaque série de syllabes, reste la même, quel que soit le son vocal qui lui sert de motion. Et ici, les faits viennent confirmer ce qu'indiquaient le raisonnement et la logique. Il est inpleinement contestable que le premier peuple qui posséda des lettres proprement dites au lieu de signes syllabiques, fut les Égyptiens. Or, dans la langue les voyelles étaient essentiellement vagues. égyptienne, Ce qui prouve, du reste, que ce fut la nature vague des sons vocaux de la syllabe et dans certains idiomes qui conduisit à la décomposition à la substitution
de lettres alphabétiques aux caractères syllabiques de est ce fait qu'en Egypte et chez les peuples sémitiques l'âge précédent, le système de l'alqui, les premiers après les Egyptiens, employèrent comme nous le verrons tout à l'heure, encore perfectionné phabétisme, dites aux le premier résultat de la substitution des lettres proprement de toute notation des voyelles insignes de syllabes, fut la suppression de leur nature, les des mots, celles de toutes qui étaient, plus vagues et les plus variables, celles qui, en réalité, ne jouaient qu'un était rôle complémentaire dans les syllabes dont la partie essentielle stable et fixe l'articulation initiale. On n'écrivit plus que la charpente de voyelles, comme des consonnes, sans tenir compte des changements térieures
si chaque signe de consonne à lui un son vocal variable.
avait été considéré comme ayant inhérent On choisit bien quelques signes pour la
— 52 — mais on ne s'en servit que dans l'expresdes voyelles, représentation et ou finales, qui, en effet, ont une intensité sion des voyelles initiales mais une fixité toute particulière, qui ne sont pas complémentaires, sont moins constituent à elles seules une syllabe, qui, par conséquent, un dites que des aspirations des voyelles proprement légères auxquelles dans comme nous le verrons Ce fut seulement, son vocal est inhérent. fut adopté par des phénicien l'alphabet à l'expression d'idiomes où et appliqué nations de race indo-européenne fixe et essentiel, les voyelles avaient un rôle radical, que l'on choisit un de ces signes des aspirations certain nombre légères finales ou initiales, des sons vocaux de l'intérieur des en faire la représentation pour le cours
de notre
Essai,
lorsque
mots.
XIV.
nous venons de le montrer dans les paégyptiens, ont conservé jusqu'au dernier jour de leur emploi ragraphes précédents, les vestiges de tous les états qu'ils avaient traversés, depuis l'idéogral'admission de l'alphabétisme jusqu'à phisme exclusif de leur origine, Les hiéroglyphes
dans leur partie phonétique. Mais, aussi haut que nous fassent remonter de la vallée du Nil, dès le temps de la III 0 dynastie, les monuments siècles avant l'ère chrétienne, c'est-à-dire les inscripplus de quarante tions nous font voir ce dernier progrès déjà. Les signes de accompli dont la plus qu'en minorité parmi les phonétiques, sont déjà de véritables les articulations lettres, plupart qui peignent de toutes les variations du son vocal qui vient s'y indépendamment à laquelle il faut Que l'on juge par là de la haute antiquité joindre. les différents états antérieurs à l'apparition de l'alphabétisme, reporter les degrés successifs de progrès et de développement qui avaient conduit l'écriture ce point ! jusqu'à Les lettres de l'écriture sont des figures alphabétiques égyptienne au tracé plus ou moins altéré dans les hiéroglyphiques, tachygraphies syllabes
ne
sont
— S3 — successives de l'hiératique et du démotique, dont la valeur alphabétique a été établie en vertu du même système acrologique que nous avons vu servir de base à l'établissement des valeurs des signes de syllabes. Chacune de ces figures représente la consonne ou la voyelle initiale de la de sa signification première d'idéogramme, soit figuratif, prononciation soit tropique, mais principalement du mot auquel, prise dans le sens dans la langue parlée. figuratif, elle correspondait de l'usage le plus constant, nous Ainsi, parmi les phonétiques voyons le son vocal vague flottant entre A et o, représenté par un roseau,
I, dont
le nom s'est conservé
OKG, ou par un aigle,
en copte
%k , *ecou;
sous la forme
AKB ou
M par une chouette,
l'articulation
lk , UOVAA2C;R par une bouche, *==», p«J; L par un lion, j£bgt, AABCO; H' par une corde tressée,
x, 2Acre; KH OU X par
un van ou crible,
SCH ou s par un réservoir, r-ro-i, JSHI, OU par un jardin de papyrus, ttttt, ;yiJH. De ce principe acrologique de la formation des valeurs alphabétiques données à certains signes, résulte un fait particulier à l'écriture égyptienne. C'est que tout signe figuratif ou symbolique peut être pris pho&, b*';
dans le rôle d'initiale du mot exprimant sa signification nétiquement dans la langue parlée. Ainsi, pour le mot nefer, « bon », les monuments nous offrent
indifféremment
deux orthographes
du luth est prise uniquement conformément
comme
symbole
à ce que nous enseigne
: l'une, de l'idée
T, où la figure de ce bonté » , T
l'autre,
Horapollon;
, où
de f et habituels figure est suivie de deux signes phonétiques elle rede r, où, par conséquent, sans perdre sa valeur idéographique, présente en même temps le n initial du mot nefer. Nous trouvons de même : pour cette
âni,
cevie », les deux
uab,
cepur,
prêtre
»,
orthographes »
T et T
^
f»
|
\
_ âa, suten,
g4 —
»,
»
-»—
ce roi »,
»
„
F » X
ce grand
je«,
ce frère
»,
»
hak,
cerecteur»,
»
»
|
» 1 I ftwwA
»
M
indéfiniment ces exemples d'idéogrammes multiplier pourrions et dans un cas déterminé, d'une valeur revêtus, phonépar occasion dans ce rôle, ils sont suivis d'un caractère phonétique. Quelquefois, et plus général, qui sert de déterminatif tique d'emploi plus constant de la prononciation Ainsi, pour le qu'ils reçoivent exceptionnellement. Nous
« dieu », nous avons les trois orthographes mot neter, mû AWAWV H ^ , où la hache est successivement un idéogramme revêtu
de la valeur
|,
| simple,
et un
de n, enfin, un revêtu d'une valeur phonétique le initiale, idéogramme que détermine n dont l'emploi est le plus habituel et le plus signe de l'articulation à toute signification indifférent symbolique. Tout signe de l'écriture est donc suscephiéroglyphique égyptienne cas et dans certaines de recevoir une tible, dans certains positions, valeur Mais l'usage indifférent de tous ces signes comme phonétique. idéogramme
phonétique
initiale
de simples lettres dans tous les cas et dans toutes les positions, eût dans les textes une confusion sans bornes produit par la multiplication indéfinie des homophones. Aussi est-ce seulement à l'époque romaine et dans la transcription des noms des empereurs, que nous voyons les de décadence et par une prétenhiérogrammates, par un raffinement tion d'élégance graphique qui n'est que de la barbarie, employer jusla même articulation, qu'à quinze ou vingt signes différents pour peindre en dépouillant ces signes de toute valeur idéographique. Dans l'Egypte la plupart des caractères ainsi devenus de simples pharaonique, phosous la domination romaine n'ont encore qu'un nétiques emploi mixte, et ne revêtent une valeur de lettres symbolico-phonétique, qu'en ini-
— m — tiales du mot de leur signification Une convention riidéographique. dut être graduel, limite observée, et dont l'établissement goureusement à un petit nombre, deux ou trois au plus pour articulation, chaque les phonétiques
d'un
emploi qui ait fait ressortir
premier textes pharaoniques, nettement.
constant l'existence
que Champollion
et indifférent.
M. Lepsius est le de cet alphabet ordinaire des n'avait pas su distinguer assez
Les signes dont la convention et l'usage ont fait ainsi la représentation habituelle des sons de la langue, sont dépouillés, à l'habitude, de toute valeur idéographique. Ce ne sont plus que des lettres. Cependant, comme l'écriture même en admettant le phonétisme, est égyptienne, une peinture d'idées, il n'en est pas toujours demeurée essentiellement un qu'on ne finisse, en cherchant dans certains cas bien, par trouver, soit figuratif, soit troexceptionnels, employé comme idéogramme, pique. =» i dans le sens idéographique de On trouve aussi fréquemment « bouche, entrée, porte », que la figure de la bouclie, "==-, employée le plus habituel et le comme un r. La main, «»=, est le phonétique d, parce que cemain » se disait ded (en plus indifférent de l'articulation copte TÔT); mais, en même temps, il n'est pas rare de trouver dans les inscriptions
avec le sens de cemain ». Nous avons
également
t) signe de la voyelle longue, flottant entre a et o, que les hiéroont identide noms sémitiques, dans leurs transcriptions grammates, ~ cebras »; csa, ! signifiant figurativement fiée au y, et phonétique -,
de s, et c323, « bassin,
réservoir
».
ou ~ i étaient des notes qui mari avait que pensé (i) Champollion affecté le plus ordinairement un caractère, fois où les toutes quaient était pris comme idéogramme d'une simple valeur phonétique, figuC'eût été un grand élément de clarté dans l'écriture ratif ou tropique. Malheureusesemblables. que l'emploi régulier de notes diacritiques ment le progrès de l'étude des textes hiéroglyphiques égyptiens a fait (1) Grammaireégyptienne,p. 58.
— S6 — fonl'immortel cru constater la règle de distinction qu'avait été avaient Si certains de la science. de cette branche dateur exemples il en est d'autres, à ce sujet à Champollion, de nature à faire illusion tout à fait décisifs, qui prouvent qu'en réalité i et - l ne sont que des à carrer les destinés sans aucune signification, uniquement explétifs de l'écriverticales ou les lignes horizontales groupes dans les colonnes évanouir
avoir paraissent égyptiens se très-grand prix. Ainsi ,«===> i ou "==f=% avec l'explétif, dans autant d'exemtrouve comme un simple r phonétique employé oude ce bouche, des notions entrée, ples que comme idéogramme est le verture ». Le nom des Pasteurs, mena (copte uooue, pasceré),
ture, genre attaché un
d'élégance
plus
souvent
gle,
accompagné
a, tout
^^
écrit
comme
auquel
les scribes
\^
j
de l'explétif, s'il était
figuré
, orthographe
représente isolément,
simplement
dans
laquelle
la voyelle
%^ . La lecture
l'aifinale
menahom,
avait cru constater, que Rosellini, trompé par la règle que Champollion et tous les saerronée, pour ce nom, est incontestablement proposa vants l'ont depuis longtemps abandonnée (i).
"
Tel est donc
XV.
l'état
en progrès, nous voyons parvenue où, de progrès les écritures celle de toutes de l'ancien hiéroglyphiques primitives au plus grand monde qui atteignit la seule degré de perfectionnement, (1)Voy. les ingénieuses remarques de M. Devéria (Journal asiatique, novembre-décembre 1867, p. 474 et suiv.), qui a établi que les caractères phonétiques suivis de l'explétif, qui semblerait au premier abord les caractériser comme idéogrammes, sont surtout employés parles textes dans la transcription des noms étrangers. Dans cette même transcription, les hiérogrammates se sont plu à employer aussi souvent des groupes syllabiques composés d'un signe de consonne et d'un signe de voyelle, pris en bloc, pour la simple valeur de la consonne initiale. Ainsi l'on trouve S^Tfip rendu par .^^L „ , © mâ-ga-di-la, orthographe où la lecture ne devait tenir compte que de mgdl.
— 57 — qui s'éleva jusqu'à lettre alphabétique,
de la l'analyse de la syllabe et à la conception de l'articulation de tout son vocal, indépendante l'écriture égyptienne (i). Avant tout, un mélange d'idéogrammes et de phonétiques, de signes En même temps, figuratifs, symboliques, syllabiques, alphabétiques. faculté pour tous les signes figuratifs ou de prendre une symboliques valeur phonétique comme initiales de certains mots, et, accidentelle, d'un autre côté, possibilité d'employer dans un idéographiquement, (1) Nousavonseu soinde dire celes écritures hiéroglyphiques de l'ancien monde », car en Amériquenous trouvonsun système d'écriture d'origine hiéroglyphique,qui commecelui des Égyptiensparvint à l'analyse de la syllabeet à la conceptionde l'alphabétisme. C'est celui des Mayasdu Yucatan.Nous ne saurions le passer sous silence dans une étude comme celle-ci; mais pour ne pas interrompre la suite de notre raisonnementet de notre explicationde la manière dont l'alphabet se forma dans l'ancien monde, nous sommesobligé de rejeter en note ce qui se rapporte à ce curieux sujet, dont la connaissancedate à peine d'hier et est due aux travaux de M.l'abbé Brasseurde Bourbourg. L'écriture des Mayas,avec laquelle sont tracées toutesles inscriptionsdes fameusesruines de Palenqué,ne ressembleà aucuneautre. Ses caractères, appeléshatounsdansla langueindigène, ont reçu des érudits modernesl'épithète de cecalculiformes», qui rend assezbien leur aspect. Ils sont hiéroglyphiquesou formés par des images d'objetsmatériels, mais ramenés tous à un dessinextérieur unique, systématique,imposéde forceet sans analoguenulle part ailleurs. Les imagesqui les composent, quelquefoisisolées,mais le plus souvent réunies en groupes complexes, sont toujours inscrites dans une ellipse, de telle façon qu'une inscription en katowns offre au premier abord l'aspectd'une suite de galets elliptiquesdisposésrégulièrement, dont chacunaurait sur sa face supérieureune sculpture particulière. Landa, dans son inappréciableouvrage (Relationdes chosesdu Yucatan, publié et traduit par M.l'abbé Brasseur de Bourbourg, Paris, 1864,in-8°, p. 317-323),nous enseigneformellement que l'écriture des Mayascomprenaitde véritableslettres alphabétiques. ceCespeuples, dit-il, se servaient aussi de certainscaractères ou lettres, aveclesquelles ils ceécrivaientdansleurs livres leurs chosesantiques et leurs sciences,et par leur moyen et celui ecde certainesfigures et signes particuliers dans ces figures, ils entendaientleurs choses, les « donnaientà entendre et les enseignaient.Nous leur trouvâmesun grand nombre de livres cedans ces caractères,et, commeils n'en avaient aucun où il n'y eût de la superstitionet des « mensongesdu démon, nous les leur brûlâmes tous, ce qu'ils sentirent vivementet leur donna cede l'affliction. ceDe leurs lettres, je mettrai ici un A,B, C, leur grossièretén'en permettant pas davan« tage Ils mettent à la fin la partie qui est jointe. Ea, qui veut dire eau, parceque le son « de la lettre se composede a, h, ils lui placent d'abord par devant un a et au bout de cette « manièreha :
ceIls l'écrivent aussi par partie, mais de l'une et de l'autre manière. Je n'aurais pas mis tout
— 58 — les signes les plus habituellesens figuratif ou dans un sens tropique, des sons, indépendamment ment affectés à la pure et simple peinture de toute idée : tels sont les faits que l'écriture égyptienne hiéroglyphique Elle et son génie. sa constitution à celui qui veut analyser présente d'écriture des systèmes le plus perfectionné sans contredit, constitue, ; mais combien par le pur idéographisme qui commencèrent primitifs, et ! Que d'obscurités confus et imparfait ce système est encore grossier, d'incertitudes dans la lecture, pour les Egyptiens qui, moins grandes <(cela ici et je n'en traiterais pas, sinon pour rendre entièrement compte des choses de ce peuce pie. Ma in hati veut dire ceje ne veux pas » ; ils l'écrivent par partie de cette manière :
« Ici commence l'A, B, C.
« Signes additionnels.
La parfaite exactitude des renseignements fournis par Landa dans ce passage au sujet de l'écriture des Mayas, a été reconnue dès l'abord par M. l'abbé Brasseur de Bourbourg. ceNous ec avons essayé déjà, dit-il, de comparer ces caractères avec ceux du Codexmexicain n° 2 de la ceBibliothèque nationale et avecle Codexaméricain de Dresde, reproduit dans Kingsborough, l'un « et l'autre écrits en caractères identiques : malgré le peu de temps que nous les avons eus entre « les mains, nous avons pu y retrouver tous ceux du calendrier, reproduits par Landa, ainsi a qu'une douzaine environ de signes phonétiques. Nous avons donc lu un certain nombre de « mots, tels que ahpop, ahau, etc., qui sont communs à la plupart des langues de l'Amérique « centrale. » Mais on se tromperait étrangement si l'on se figurait que l'alphabet phonétique conservé par fray Diego de Landa constitue toute l'écriture des Mayas. Ce n'est qu'une très-petite partie des caractères qu'ils employaient, comme il est facile de s'en assurer en étudiant, même superficiellement, les trois livres dans cette écriture conservés en Europe, le fameux manuscrit de Dresde
— 59 — que pour nous, devaient cependant encore se présenter plus d'une fois dont une Que de chances de confusions et d'erreurs, pour eux-mêmes! étude très-prolongée et une grande pratique pouvaient seules préserver ! ! Sans doute, les hiéroglyphes Quelle extrême complication n'étaient pas, comme on l'a cru trop longtemps d'après une mauvaise interprétation des témoignages des Grecs et des Romains, un mystère sacerdotal, révélé seulement à quelques adeptes choisis ; c'était l'écriture dont on se servait pour tous les usages où l'on a besoin d'écrire, en se (Aglio,Antiquitiesof Mexico,t. III, part. II), le manuscritmexicainn° 2 de la Bibliothèquenationale, photographié par les soins de M. l'abbé Brasseur de Bourbourget publié récemment en fac-similépar M.Léon de Rosny (Archivespaléographiquesde l'Orient et de VAmérique,t. I, pi. 117-124),enfinle manuscritTroanode Madrid, dontM.Brasseurde Bourbourga donné, aux frais de l'État, une éditionluxueuse : Manuscrit Troano,Études sur le systèmegraphique et la langue des Mayas, Paris, 1869. Malheureusementl'auteur s'est laissé aller dans cette publication à des théoriespréconçueset à un systèmed'interprétation de fantaisie, qui n'a plus rien de communavecla sciencevéritable. Il n'y a de sérieuxà recueillir dans tout sontravail que d'ingénieusesremarquespaléographiques(aux p. 44-71) sur les formesdonnéesdans les manuscrits originauxauxcaractèrescomprisdans l'alphabet de Landa. Nousne parlons pas des inscriptions de Palenqué, car on ne les possèdeencore que dans les copiesde M. "Waldeck,dont la fidélité peut laisser bien des doutes à cause des chosesfantastiqueset vraiment impossiblesque l'on y remarque, témoin certaine tête d'éléphant, déjà signalée par d'autres avant nous, dans le dixièmekatoun de la deuxièmeligne de l'inscription,planche XXXVIII,dansla publicationfaite par le gouvernementfrançais. La seule copie d'inscriptionyucatèque dans laquelle on puisse avoirune foi entière, et qui soit par conséquentsusceptibled'une étude scientifique,est cellede la courte inscriptionde Kabah, relevéepar M. l'abbé Brasseurde Bourbourget éditée par M.de Rosny(Archivespaléographiquesde l'Orient et de l'Amérique,t. I, pi. 20). Les nombreuxcaractèresde l'écriture des Mayasque ne comprendpas l'alphabet de Landa sontcertainementdes idéogrammes,soit figuratifs, soit symboliques,peut-être en partie l'un et l'autre. Landa lui-même le donne sans aucun doute à entendre, dans son style obscur et embrouillé,lorsqu'il dit que y conellas (las letras), y figuras, y algunas sehales en las figuras entendiansuscosas.Dans un autre endroitde son livre (p. 204 et suiv. de l'édition Brasseurde — Bourbourg),il donne toute une série de ces idéogrammes retrouvéspar M. l'abbé Brasseur dans les manuscritscaleulifornies— qui désignaientles dix-huit moisde vingtjours composant l'année des Mayas,chacun des jours de ces mois et les cinq épagomènes.L'existenced'un élément idéographiqueentrant pour une très -forte proportion dans cette écriture n'est donc pas douteuse. Quant à sa partie phonétique,le tableaumême qu'en donneLanda ne contientpas seulement deslettres alphabétiques,mais aussi un certain nombrede signessyllabiques,tels que ceux de ma, ha et ti. De plus, l'exemple du mot ha, ceeau », fourni par le missionnaire franciscain, prouveque le systèmegraphique des Mayasadmettait, commecelui des Égyptiens, la détermination phonétiquepour l'éclaircissementdes signesde syllabes.L'orthographequ'il donne pour ce mot se composeen effetdu caractèresyllabiqueha, suivi desdeux phonétiquesalphabétiques et ordinaires h, a, qui en précisentla lecture. Les explicationsfort peu clairesde Landa per-
— 60 — bornant
à abréger
le tracé
des caractères
dans
la tachygraphie que, sans que
que l'on
les prêtres Mais il est bien évident a nommée hiératique. aussi comun système d'écriture eussent besoin d'en faire un mystère, un aussi long apprentissage, demandait dont la connaissance pliqué, dans la masse du peuple; ne pouvait être très-répandu aussi, dans l'Eet même du système graphique, gypte antique, par suite de la nature à la masse, les gens d'en faire un arcane impénétrable non par volonté ou civils, formèrent une religieux qui savaient lire et écrire, les scribes dans la nation. sorte de classe à part et un groupe restreint de la plus grande n'avons-nous Encore présent pas parlé jusqu'à dans toutes les écritures et d'incertitudes cause de difficultés qui conla polyphonie. servent une part d'idéographisme, fois par La formule exacte de ce fait a été donnée pour la première Il a été la cause de l'incrédulité du les assyriologues. que les résultats anarienne ont rencontrée et déchiffrement de l'écriture cunéiforme de personnes, chez des esprits éclaiLe fait est semble chose inadmissible. rés, pour lesquels la polyphonie certain. Bien plus, il était inévitable dans toute écriture d'opourtant même des écritures car il tient à l'essence de cette rigine idéographique, rencontrent
encore
chez beaucoup
mettent de discerner que le mot pouvait s'écrire indifféremment de cette manière, ou par le signe syllabique ha seul, ou enfin par les deux phonétiques habituels h, a, sans signe de syllabe. C'est également ce que nous venons de voir en égyptien pour les caractères syllabiques. Il résulte de ce qui précède que le système graphique des Mayas du Yucatan constitue une écriture d'origine figurative et hiéroglyphique, qui s'est développée spontanément, dans un isolement complet, sans aucun contact quelconque avec les .civilisations de l'ancien monde, et que cette écriture dans son isolement, par une marche logique et tenant aux tendances naturelles de l'esprit humain, après avoir traversé précisément les mêmes phases successivesde vie et de développement que l'écriture hiéroglyphique de l'Egypte, est parvenue juste au même degré de progrès et s'y est arrêtée de la même façon. Elle s'est élevée jusqu'à la décomposition de^la syllabe, à la constatation de l'existence distincte de la consonne, en un mot jusqu'à la, conception de l'alphabétisme ; mais elle n'en a pas fait sortir, pas plus qu'en Egypte, l'invention de l'alphabet proprement dit. Au lieu d'avoir un seul signe pour chaque articulation, elle a admis plusieurs homophones. Et à côté de cette part d'alphabétisme, elle a conservé jusqu'à la fin de son existence des caractères syllabiques et des idéogrammes nombreux qui représentaient les diverses étapes, les diverses évolutions parcourues par elle avant de parvenir à ce point. 11y a là un fait exactement parallèle à ce que nous constatons dans l'ancien monde, qui par son analogie même peut servir à contrôler ce que nous disons des phases de l'histoire de l'écriture sur les bords de l'Euphrate et du Nil.
— 61 — espèce. Aussi n'est-il pas inconnu aux Chinois, et peut-on fréquemment en constater la présence dans les hiéroglyphes de l'Egypte. C'est à ce dernier système d'écriture d'abord que nous emprunterons nos exemples en nous efforçant de faire comprendre les causes et la nature de la polyphonie, au lieu de les puiser dans le cunéiforme anarien, où ce fait est beaucoup plus multiplié, parce qu'il s'y trouve encore compliqué par des circonstances spéciales et des causes accidenun peu plus loin. telles, sur lesquelles nous reviendrons Nombre de signes hiéroglyphiques sont susceptibles d'être employés Rien de également avec une valeur figurative et une valeur tropique. absolue de la langue plus simple et de plus naturel avec l'indépendance de l'idéographique et de la langue parlée dans le système originaire graphisme pur. Mais dans la langue parlée les deux significations, figurative et symbolique, du même caractère, étaient représentées par deux De là vint que, dans l'établissement de la convention qui finit par attacher à chaque signe de la langue graphique le caractère de la langue parlée pour sa lecture prononcée,
mots différents. générale un mot
de deux significations diverses, suivant qu'on le prenait fiou tropiquement, gurativement peignit deux mots de la langue et eut dissemdeux prononciations, souvent entièrement par conséquent blables, entre lesquelles le lecteur choisissait, d'après la marche générale de la phrase, la position du signe et l'ensemble de ce qui l'enainsi doué
tourait. siAinsi l'image du disque solaire, O, s'emploie figurativementpour gnifier cesoleil » et symboliquement, par une métonymie bien naturelle et bien simple, pour rendre l'idée de cejour » ; mais dans le premier cas il a pour correspondant dans l'idiome parlé le mot ra, dans le second il est pole mot hru; il est donc susceptible de deux prononciations; lyphone. Mais là ne s'arrête pas la polyphonie. le mot de cette langue Le symbole, le trope graphique est proprement ne peignait encore que des idées, écrite qui primitivement, lorsqu'elle de la langue parlée. Aussi l'on se trométait absolument indépendante est unique, fixe et invariable. perait si l'on croyait que sa signification
— 62 — autant que celles d'un mot de la langue s'étendre Ses acceptions peuvent analogies (i). Mais par suite de l'indéparlée et en vertu des mêmes à la langue de la langue écrite par rapport parlée, originaire pendance des sens d'un même symfois que l'extension il est arrivé plus d'une divers représentaient bole a englobé des idées que des mots absolument dans
l'idiome
oral.
le symbole, suivant s'est lu de manières
Donc
ses emplois, et a eu des pro-
ses différents
diverses acceptions, nonciations variées. En un mot, il est devenu polyphone. dont un même symde sens et de prononciations Dans cette variété il y avait une grande bole se trouvait ainsi quelquefois susceptible, Pour y parer autant cause d'erreurs et de confusions. que possible, ce que les savants ont la clarté des textes, on inventa pour augmenter différentes
On joignit au symbole susceptible appelé les compléments phonétiques, de plusieurs et de plusieurs lectures tout ou acceptions prononcées habituels la manière dont il partie des signes phonétiques représentant — le devait être prononcé dans le cas présent, la fin du plus souvent ne fût plus possible. Ainsi un anmot, — de manière que l'erreur neau de métal, aux trois idées de ce pli », d'ec en^=>, correspondait circuler et suivant ces significatourer, », et de ce livre » pondérale, tions était lu par trois mots différents de la langue, keb, rer et len, et ni sur le sens, ni sur le mot, on y joignait frépour qu'on ne se méprît suivant les cas, les compléments quemment, b, r ou n: phonétiques (1) Il est curieux de voir, chez des peuples absolument différents comme race, le sens de ces mots de la langue graphique qui étaient les symboles subir les mêmes modifications et prendre les mêmes développementsque le sens de certains mots de la langue parlée, en vertu d'un enchaînement d'idées et de raisonnements tellement naturel à l'homme qu'il s'est produit spontanément chez tous les peuples. Le nom du frère dans toutes les langues aryennes, bhràtar en sanscrit, bràtar en zend, = oepnrnp en grec, frater en latin, bràthir en ancien irlandais, brawd en cymrique, brothar en «chxcpô; gothique, brôdir en norse, pruoder en ancien allemand, bratru en slavon, signifie (( celui qui soutient, qui protège », de la racine bhr, bhar, « porter, supporter, soutenir » (voy. Pictet, les Originesindo-européennes,t. II, p. 362). Par la même évolution d'idées, dans le cunéiforme assyrien, l'idéogramme pT* *>dont le sens primitif est cesoutenir, protéger », devient l'expression la plus habituelle de l'idée de cefrère ». Mais la langue parlée des Assyriens n'admettait pas ce trope de la langue graphique; dans la première acception le < se lisait nasar, signe ^ dans la seconde a-/.
— 63 I, keb, cepli », J. ce livre ». Mais dès lors,
^=>
j\,
rer, ceentourer,
circuler
mm, ten,
»,
en réalité,
de plul'idéogramme susceptible sieurs sens, suivi de compléments devint un signe mixte, phonétiques, dans le rôle d'initiale symbolico-phonétique, capable de représenter diverses. plusieurs syllabes et plusieurs articulations à la belle époque égyptienne, ces faits de polyphoOriginairement, nie, tels que nous venons de les exposer, ne se présentaient guère que dans les emplois d'initiales symbolico-phonétiques. Cependant dans le phonétisme quelquefois qu'on les transportait pur,
il arrivait
lorsqu'on voulait raffiner et remplacer, par une recherche de mauvais goût, les ordinaires par des signes plus rares, d'habitude exclusivephonétiques ment réservés au rôle d'initiales. C'est ainsi que, même sur des monuments d'époque les deux signes exactement synonymes pharaonique, egyfts et \
y, dont le sens idéographique
est ecrespiration,
souffle vital,
âme physique », s'emploient, dans des noms propres ou dans certaines expressions composées, alternativement pour les syllabes se et ves, dans le dernier cas quelquefois avec un s d'usage courant comme complément phonétique,
HftjjMl ou \ / '• C'est ainsi que, sans compléments l'oreille de veau, on trouve dans des textes pharaoniques phonétiques, de syllabes les syllabes et les combinaisons &, exprimant indifféremment ad, an%, mesier, sem, sedem, aten; le phallus, •-«=», rendant les syllabes met, yem, ut et bah; ou la jambe,
C, se lisant/>a£, ret, men et «a/'(i).
devenues d'un emploi indifféren. Ces valeurs syllabiques polyphones, et sans rapport avec aucune idée symbolique, pas queln'empêchent de pouvoir être encore lus par des mots d'une quefois les caractères comme toute différente, prononciation quand ils sont mis en oeuvre Ainsi la tête humaine, ffc, prise phonétiquement, idéogrammes. sente les syllabes tep, ha et her, et de plus, comme idéogramme de cetête », elle répond aux mots fet' et ap.
repréfiguratif
(1) M. de Rougé(Chrestomathieégyptienne,p. 117-121)a dressé la liste de tous les polyphoneségyptiensjusqu'à présent relevés sur les monumentspharaoniques. La véritable nature en avaitété fort longtempsméconnue.
— 64 — sous la domination devinrent phonétique
A la décadence,
nie purement qui pour chaque lettre fit multiplier les noms les cartouches contenant
les exemples de polyphoromaine, avec la recherche plus nombreux, Ainsi indéfiniment les homophones. nous mondes empereurs romains
tantôt comme la figure du bélier, "^% employée » se disait soi, tantôt comme un v, parce que « mouton le symbole de l'idée d'ec âme », vaï. Cet exemple est, chez les Égyptiens à des où la polyphonie s'applique trent
un s, parce que cette figure était du reste, le seul valeurs
alphabé-
le fait en question pour ce qui est des valeurs syllabiques, inouïs à la basse époque, sous les Ptolémées prend des développements de décaet sous les empereurs le mauvais romains; goût des scribes les dence en multiplie les exemples à l'infini; il envahit complètement textes et y devient une cause de très-grandes obscurités. Chez les Assyriens nous retrouvons exactement les deux mêmes faits : tiques,
mais
i° L'emploi des idéogrammes avec un complément qui phonétique et les sens dont chacun est suscepdétermine, parmi les prononciations dans le cas spécial, et qui transforme tible, celui qui doit être adopté ainsi ces idéogrammes en phonético-symboliques dans le polyphones rôle d'initiales; 2° La polyphonie à des signes qui finissent syllabique appliquée par devenir dans l'usage des phonétiques tout à fait indifférents, dont l'emidée symbolique. ploi n'entraîne plus aucune Seulement les deux faits qui étaient dans un étroit rapport l'un avec l'autre et qu'on pouvait voir s'enfanter mutuellement dans l'écriture — ce à en chercher hiéroglyphique égyptienne, qui nous a conduit — se montrent d'abord la théorie dans cette écriture, à nous absolument indépendants et séparés dans l'écriture cunéiforme des Babyloniens et des Assyriens. La raison en est facile à comprendre. En Egypte c'est chez le même peuple, et pour ainsi dire dans l'intérieur du même successives dont nous idiome, que se sont opérées toutes les évolutions avons simple
cherché
à suivre d'idées
peinture des sons peinture rien, au contraire,
la trace, et qui ont conduit l'écriture d'une entièrement distincte de la langue parlée à la de cette langue. Pour ce qui est du cunéiforme anail a été inventé par un peuple d'une tout autre race
— 65 — que les Assyriens, et c'est entre les mains de ce peuple qu'il est parvenu par des progrès successifs jusqu'à un syllabisme essentiellement polyC'est à cet état qu'il a été adopté par la civilisation chaldéophonique. simultanément aux inventeurs Accaassyrienne, laquelle a emprunté diens les valeurs phonétiques et les valeurs idéographiques des signes, entre lesquelles l'adaptation à une nouvelle langue d'une famille toute différente produisait un divorce complet. Nous reviendrons dans un suivant sur ce fait de transmission d'un peuple à un autre paragraphe dont il faut tenir un si grand compte dans l'histoire de l'écriture cunéiet les phénomènes de comforme, sur ses conséquences particulières plication auxquels il donna lieu. Pour le moment, il nous suffira de le se présente dans les signaler, afin d'expliquer pourquoi la polyphonie textes assyriens comme un fait absolu, sans rapport avec la lecture et la prononciation à la valeur idéographique des mêmes correspondant caractères.
Si nous
un nombre suffisant d'inscriptions en possédions à une date véritablement remontant langue accadienne antique, nous sans aucun doute y retrouver bien des vestiges des origines pourrions Nous constaterions des faits et des étapes successives de la polyphonie. dans les hiéroglyphes de parallèles à ceux que nous avons reconnus entre l'idéogramme de rétablir la transition suivi l'Egypte, permettant d'un complément variable suivant qu'il s'agit de telle ou phonétique et le signe syllabique polyphone qu'on emploie Mais ces de son rôle originaire d'idéogramme. et nous manqueront monuments nous manquent toujours. peut-être anarien parvenus jusqu'à Les plus anciens spécimens du cunéiforme de ce système graphique des à la transmission nous sont postérieurs Accadiens touraniens au peuple chaldéo-assyrien ; ils émanent de ce telle de ses significations, sans plus se préoccuper
delà famille sémitique. Par peuple et ils écrivent son idiome, si tout caractère y est encore susceptible de deux rôles, conséquent, dont nous parlions plus le désaccord et phonétique, idéographique haut entre la lecture du même signe dans ces deux rôles y est déjà les valeurs complet. Les disciples des Accadiens ont reçu et adopté et sans comme un fait purement empirique de l'écriture phonétiques dernier
s'inquiéter
de son origine.
— 66 — n'a pris un pala polyphonie système d'écriture, soumis et fondamental, Elle y est un fait constant reil développement. : de la manière suivante à deux lois essentielles que l'on peut formuler dans le syllabaire Tout signe employé cunéiforme phonétiquement Dans
aucun
autre
de plusieurs c'est-à-dire est polyphone, peut être susceptible les unes habituelles, les autres plus rares, qui ne s'employaient valeurs, la simple et d'après tout à fait arbitraire pas, du reste, d'une manière fantaisie du scribe, mais en vertu de règles orthographiques fixes, que l'exnous ne parvenons encore toutes et dont surtout pas à déterminer anarien
posé
serait
ici hors
de saison.
de syllabe c'est-à-dire simple, qu'une seule valeur consonne avec une voyelle y servant de motion après composée et polyphones, ou avant, comme ma et am. Ses valeurs secondaires qui commontent à six ou sept, sont toutes celles de syllabes quelquefois c'est-à-dire d'un son vocal entre deux consonnes plexes, composées Chaque
signe d'une
lia
de motion. Ces syllabes simultanément complexes du cunéien effet, dans le système d'orthographe pouvaient également, ou comme forme anarien, être considérées comme un tout indivisible le produit de la coalescence de deux syllabes simples ; ainsi la syllabe bal pouvait être représentée tantôt par un seul signe, ->—J^ bal, tanauxquelles
elle sert
tôt par deux, ^EzJ È^-^T ba-al. La seconde loi dont nous venons de donner la formule ne connaît Encore examinerons-nous tout à l'heure ce qu'il que deux exceptions. faut penser réellement d'une d'entre elles. Mais le mécanisme des compléments inhéétait tellement phonétiques rent au génie des écritures mêlées d'idéographisme et de phonétisme, fois le cunéiforme il s'y requ'une adopté par les Chaldéo-Assyriens, constitua les lectures rapidement d'après prononcées qui, dans leur aux sens divers de chaque caractère langue propre, correspondaient comme Pour guider le lecteur dans le choix entre ces idéogramme. sens et ces lectures, on prit l'habitude de faire comme les Égyptiens et comme bien évidemment avaient dû faire les Accadiens, à la d'ajouter suite de l'idéogramme le signe de la dernière syllabe du mot qu'il redans le texte. présentait
— 67 — Prenons
pour exemple le caractère £|; c'est un des plus polyphones de l'écriture cunéiforme. Dans son emploi purement phonétique, il rend la syllabe simple ut et les syllabes complexes tam ou tau, par, bus et /\ pus. En même temps il dérive de l'hiératique et de l'archaïque /% où l'on retrouve encore avec certitude l'hiéroglyphe primitif, qui était la figure du disque solaire. A ce titre il a comme idéogramme les significations de cesoleil », « soleil levant » et cejour », et, avec ces valeurs il correspondait dans la lecture aux trois mots assyidéographiques, riens : samsi= sadu = yum
soleil, soleil levant,
:=jour.
Pour distinguer ces trois significations on ajoutait souvent dans l'orthographe si, du ou uni : phonétiques c|
et ces trois mots de la langue, au signe ^] les compléments
C] ^p
T Xdu = sadu,
£T £z* TX um=yum. Est-ce à dire qu'il faille ajouter sam, sa etyu aux valeurs syllabiques du caractère en question? Non, comme l'a très-bien montré M. Opindifférent pert (i), car jamais on ne trouve ^J comme un phonétique rendant les syllabes sam, sa etyu dans d'autres mots que ceux-ci, où il ou plus exacjoue par occasion le rôle d'initiale symbolico-phonétique tement d'idéogramme suivi du complément phonétique qui détermine dans le cas donné. son sens et sa prononciation Il est vrai que l'on trouve quelquefois pour le nom des différents rois habituelle et parfaited'Assyrie appelés Samsi-Bin, au lieu de la forme (1) Expédition en Mésopotamie,t. II, p. 97.
— 68 — variante » une ] £\ <J— <]— »^Hf ^^Ph « le serviteur du dieu ce nom propre signifie *"~*~~T4&~~$~abord tenté d'y voir un exemple où le signe Bin », on serait au premier la syllabe sam dans le mot de pur phonétique représentant ^J servirait les choses de plus près, ». Mais en étudiant MÏÏÏQÏ ceserviteur samsi, ment
régulière
on arrive exemple
] t^=Comme
qu'il n'en est rien comme nous en avons
à se convaincre de ces rébus
et que nous avons là un constaté dans l'écriture
par affecta34), où les scribes , par une sorte de jeu, se sont plu à prendre des groupes entiers, composés avec leur déterminatif et exidéographique phonétiques mots de la langue, à écrire un mot afin de les employer
égyptienne (p. tion d'élégance, de caractères
des primant différent absolument
comme
s'ils
formaient
un
tout
indécomposable.
ninivite a employé L'hiérogrammate l'orthographe symbolico-phonétique du mot lamas ou samsi, ce soleil », pour rendre le mot homophone est une troisième ». Ce qui le prouve définitivement samsi, « serviteur — est variante dans laquelle du signe -—[, déterminatif ^j <J précédé de la notion de divinité, Ici ce n'est plus J *^^ ^J (\— »->-[ j$- |j-. le simple mot « soleil »5 c'est le nom du ce dieu Soleil » qui a été pris en rébus à la place de samsi, « serviteur ». C'est exactement le pendant de l'exemple égyptien que nous avons cité, où le nom delà déesseSelk ou Serk, avec son déterminatif du scorpion, est employé écrire pour le verbe serek, cerespirer ».
XVL
Les faits que nous venons d'exposer constituent ce que nous appellerons la polyphonie réelle. C'est la seule qu'offre le type hiéroglyphique égyptien parce que les signes de l'écriture des images y sont demeurés reconnaissables parfaitement matériels. Mais lorsque le progrès d'objets de la déformation a conduit les écritures tachygraphique d'origines à ce point d'altération dans le tracé des caractères hiéroglyphique où les
— 69 — figures primitives autre polyphonie,
ne se reconnaissent que nous appellerons
plus,
on voit naître
encore
une
apparente. Elle se produit lorsdifférentes dans l'hiéroglyphisme que plusieurs figures absolument pridimitif, et représentant par conséquent des sens et des prononciations verses, sont amenées par une déformation graduelle à un tracé identique. C'est ainsi qu'en Egypte les deux signes hiéroglyphiques, nettement l'un avec l'autre, de Yangle, j^, distincts et même sans ressemblance de l'articulation |. q, et du bras armé d'un casse-léle.'\ phonétique déterminatif générique des verbes d'action et symbole spécial de l'idée de ceforce », dans lequel emploi il se prononce na.ft ou neyt, encore dans la tachygraphie hiédifférents, mais tendant déjà à se rapprocher ratique,
où ils sont
XL et 3&jfc, se confondent
en démotique en un sans modification puisque,
^, qui devient polyphone dans sa forme, il peut être lu, suivant les cas, q ou nef t. de Ninive Le précieux fragment d'une des tablettes grammaticales anarien trois figures nous montre également que dans le cunéiforme de sens et de différentes, et douées évidemment originaires absolument se confondre, qui ne pouvaient prononciations même
tracé,
le temps, par l'altération que causa l'introà un même groupe de clous, duction du principe de tracé cunéiforme, <îue les inscriptions assyriennes nous pré*ÈET£*^*[, plus tard, ^-^J sentent comme susceptible de polyphonie (i). Pour nous autres modernes, qui étudions les écritures égyptiennes et en suivant progressiveen commençant par le type hiéroglyphique des caractères à mesure qu'ils deviennent ment la déformation plus taont
été ramenées
avec
elle n'existe pas n'est cette ; qu'apparente polyphonie chygraphiques, à lire et à écrire le réellement. Mais pour les anciens, qui apprenaient elle de l'hiéroglyphique, et indépendamment directement démotique (i) Oppert, Expédition scientifiqueen Mésopotamie,t. II, p. 65.
— 70 — de deux pas, comme pour nous, la déformation C'est ce qui arrive mais un même tracé polyphone. caractères distincts, de faits de anarien. Beaucoup pour nous dans le cunéiforme également si nous poun'être qu'apparents que nous reconnaîtrions polyphonie toutes les suivre en égyptien, caractère chaque pour vions, comme de la science, sont réels dans l'état actuel phases de la paléographie, les figures hiéroglyphiques car nous ne connaissons originaires que d'un était réelle.
%
n'était
cunéiforme. de signes de l'écriture bien petit nombre à la loi qui n'admet Ainsi nous sommes obligés de voir une exception caractère dans le de syllabe simple pour chaque seule valeur qu'une signe
g-
, archaïque
2$^,
que nous
trouvons
en effet
dans
les textes
simples de âr et de up. Mais l'exception prononciations et au génie propre de contraire aux règles fondamentales est tellement cunéiforme l'écriture pas à admettre l'hypothèse que que je n'hésite à l'origine, nous avons ici un fait de polyphonie purement apparente avec les deux
primitifs que deux hiéroglyphes l'un ques divers et représentant la tachygraphie
jj* postérieure et d'origine primitive
doués
différents, âr, l'autre
de sens
up, ont
Au reste,
la valeur
idéographi-
produit
également âr est syllabique
à la figure accadienne à fait ; elle se rattache du ce nez » que représentait car, nous l'aoriginairement l'hiéroglyphe, vons déjà dit plus haut, le mot accadien pour dire ce nez » était âr. et d'origine Quant à la valeur up, elle est de date plus récente assycar elle est produite rienne; acrologiquement par le mot vppu, que les donnent comme une des lectures du signe syllabaires d'Assourbanipal tout
fcrzn.
Préoccupés
de l'idée qu'il
s'agissait
encore
d'un
dérivé
de la figure
du nez, on a donné au mot uppu le sens de ce nez » ; mais cette signification n'est rien moins que sûre. de retrouver dans le cunéiforme Ajoutons qu'il semblerait possible anarien traces d'un fait exactement inverse de celui que nous quelques de polyphonie Ainsi il n'y a aucune différence qualifions apparente. apentre le tracé hiératique et archaïque préciable nous avons étudié les valeurs il n'y a qu'un
des deuxsignes ^J, et ^<J, qui instant,
dont peint
— 71 — la syllabe y>iet a la valeur
idéographique
de cebon » ; pour
l'un et pour
l'autre
nous avons en hiératique <^> et en cunéiforme archaïque £>N'aurait-on pas, dans le type d'écriture postérieur, adopté deux tracés dérivés nettement différents pour distinguer les deux groupes princiet phonétiques paux de valeurs idéographiques d'un même caractère primitif?
XVII.
On le voit, même après que les Égyptiens furent parvenus à l'analyse de la syllabe et à l'abstraction de la consonne, il restait un pas énorme à franchir, un progrès capital à consommer, pour que l'écriture parvînt au degré de simplicité et de clarté qui pouvait seul la mettre en état de sa haute destination. remplir dignement et complètement toute trace d'idéographisme, Répudier supprimer également les valeurs syllabiques, ne plus peindre que les sons au moyen de l'alphabétisme pur, enfin réduire les phonétiques à un seul signe invariable de l'organe, tel était le progrès qui devait pour chaque articulation donner naissance à l'alphabet, consommer l'union intime de l'écriture avec la parole, émanciper définitivement l'esprit humain des langes du de prendre librement son essor, symbolisme primitif et lui permettre en lui donnant un instrument digne de lui, d'une clarté, d'une souplesse et d'une commodité parfaites. à l'art d'écrire de pénétrer dans Ce progrès pouvait seul permettre les masses populaires, en mettant fin à toutes les complications qui en avaient fait jusqu'alors une science abstruse et difficilement accessible, et de se communiquer chez tous les peuples, en faisant de l'écriture un instrument également bien à tous les idiomes, à toutes les applicable idées et à toutes les religions. ne pouvait que En effet, une écriture principalement idéographique très-difficilement passer d'un peuple à un autre. Pour s'en servir, il et presque la même fallait avoir les mêmes idées, la même civilisation
— 72 — dede la communication d'exemples que peu langue. de race différente, de cette nature entre peuples graphiques systèmes divers ; mais ils suffisent des idiomes absolument pour montrer parlant et sans bornes une complication forcément produit qu'elle a toujours le chaos. presque leurs veilles à l'étude Les philologues qui consacrent spécialement Nous
n'avons
de l'extrême et des systèmes des idiomes Orient, peuvent graphiques moitié de l'écriture en ce genre l'application ce qu'a produit attester des Chinois à l'idiome et moitié syllabique annamique, idéographique du milieu. Pour nous, il nous de celui de l'Empire différent entièrement cuà ses interprètes l'écriture ici les faits qu'offre suffira de rappeler néiforme assyrienne. Il est incontestable
n'a pas été inventée maintenant que cette écriture mais par un peuple antérieur, par les Sémites de Ninive ou de Babylone, rattacher à la race touranienne. paraissent que toutes les vraisemblances à la fois et les Chaldéens C'est de ce peuple que les Assyriens reçurent de leurs caracet les valeurs idéographiques phonétiques des dans la langue tères. Mais, comme de juste, l'accord qui existait et la proinventeurs du système entre les valeurs phonétiques premiers nonciation des valeurs fut rompu en assyrien. Puis, idéographiques, des Sémites à laquelle dans l'idiome de la prononciation correspondait, on tira, par des bords du Tigre, le sens des idéogrammes cunéiformes,
les valeurs
la méthode
de nouvelles valeurs phonétiques de syllabes. acrologique, être inévitable Ainsi le fait de la polyphonie, que nous avons prouvé demeurée se trouva dans toute écriture essentiellement idéographique, au point de devenir et la cause un fléau véritable doublé, compliqué des plus fâcheuses obscurités, Assyriens eux-mêmes.
non-seulement
pour
nous,
mais
pour
les
Nous
comme des complications de polyphonie prendrons exemple donna naissance du système cunéiforme inventé auxquelles l'application à l'idiome des Assyriens, par un peuple de race touranienne sémitique le caractère le signe grande
^,
pour échelle.
de tous ceux de l'écriture qui est peut-être, se sont produites lequel ces complications
assyrienne, sur la plus
— 73 — Ainsi que nous l'avons dit plus haut, on connaît l'origine phique de ce caractère. Il dérive de la figure grossière d'une maine. Sa valeur
hiéroglymain hu-
originaire était donc celle de cemain », idée que la langue du peuple chez lequel le système cunéiforme prit naissance rendait par le mot kurpi. Bientôt, à côté de sa valeur purement figurative, il reçut une valeur figurative
dans un rapport très-naturel avec la figure qu'il retraçait, tropique celle de ce saisir, prendre, posséder, étendre », idées que le médique rend par le verbe imidu, mais qui paraissent avoir constitué en accadien un radical matu. De ces deux acceptions idéographiques, par la méthode de l'acrolodeux valeurs syllabiques différentes, kur et mat, forgisme, découlèrent mant un premier fait de polyphonie. Mais, par le système du rébus, la similitude entre les sons ainsi appliqués au caractère "^ , et ceux de mots d'un sens fort différent de celui la signification de ces mots au cafit transporter qu'il avait d'abord, ractère lui-même, qui reçut ainsi les nouvelles valeurs idéographiques de:
cemontagne », en accadien eclever du soleil », » ecterre », » cealler », »
: kur, kur, kurra, mat; médique: mada, mit; médique : midu.
du soit idéographiques, Tel était l'état des valeurs, soit phonétiques, signe "^ , avant qu'il sortît des mains du peuple touranien de la Chalétait né, pour passer dans celles dée, chez lequel le. système cunéiforme des Assyriens. accades mains de leurs instituteurs Ceux-ci, en recevant l'écriture toutes les valeurs de syllabes et d'idéogrammes que diens, adoptèrent le caractère avait revêtues chez eux. restèrent les mêmes, les valeurs idéoMais, si les valeurs syllabiques
— 74 — graphiques assyrien.
à des prononciations désormais par les mots
correspondirent Elles s'y lurent
"7UO, nS3,
ce prendre ce lever du
De ces prononciations la langue
assyrienne,
logique,
naquirent inventeurs
premiers phonie
« aller
différentes
de la langue
en
parlée
», soleil
*î*7iy, « montagne ce terre », nïHtf, •WD,
toutes
» ,
»,
»,
nl2,
ce posséder
ntû3,
ce étendre
des valeurs
», ». idéographiques
du caractère
dans
de la méthode acropar une nouvelle application des valeurs phonétiques de syllabes, inconnues aux encore compliquer la polytouraniens, qui vinrent
: De Httf,
la valeur
« H ;3,
»
« Htû3,
»
sat, •
nal, nat.
Enfin
du signe Â^, kur et mat, , comme deux des valeurs syllabiques se trouvaient exactement au son de deux mots de la langue correspondre : assyrienne TD,
cefournaise
HO,
« mourir
», »,
ce signe fut si constamment voulait écrire ces deux employé lorsqu'on à orthographier ku-ur et ma-at, mots, — possibles également d'après — les lois habituelles de l'écriture cunéiforme anarienne, qu'il finit par en être l'idéogramme (1). (1) Voy. Oppert, Expédition en Mésopotamie, t. II, p. 83 et suiv.
:
— 75 — le caractère
aux avant d'être transmis "^, déjà polyphone en vertu de conséquences Assyriens, finit chez ces derniers, parfaiteet presque inévitables ment naturelles dans la communication d'une comme le cunéiforme anarien, à un peuple parlant écriture constituée une langue d'autre famille que celle des inventeurs, par être en possession de cinq valeurs phonétiques et de neuf valeurs idéographiques absolument différentes, mais dont chacune est prouvée par des exemples certains. On conçoit dès lors comment les Assyriens eux-mêmes, pour être en Ainsi,
état
de lire
leur propre écriture, avaient besoin de s'éclairer par des fit exécuter et syllabaires du genre de ceux que le roi Assourbanipal que la pioche des ouvriers de M. Layard a rendus au jour parmi les Une pareille complication était nécessairement la ruines de Ninive et d'incertitudes sans nombre, et rappelle véritad'obscurités blement à l'esprit les traditions relatives à la Tour de Babel, traditions dont la scène est en Chaldée, dans un des centres de l'emploi du système cunéiforme. de plus à un autre peuple, avec les mêmes Encore une transmission conséquences que celles des Accadiens aux Assyriens, et les signes de l'écriture auraient fini par avoir tant de valeurs diverses qu'ils seraient indéchiffrables. devenus absolument Et, en effet, nous voyons de nousource
apparaître quand l'écriture cunéiforme passe phonétiques de l'Arménie et aux Touranien s de la des Assyriens aux Alarodiens des Mèdes aryens, bien que ces peuples cherchent Médie, prédécesseurs du moins à éviter l'extrême confusion que nous venons de constater velles valeurs
sur lesquelles nous reviendrons dans un au moyen de simplifications moment. Cet exemple suffit, croyons-nous, pour montrer combien il était imse demeurée essentiellement écriture idéographique possible qu'une des différences d'idées et de propageât de peuple en peuple, en dépit tout vestige d'ilangages. Tant que les écritures n'avaient pas répudié elles devaient forcément rester confinées chez le peuple déographisme, L'invention ou dans un étroit rayon alentour. vues naître les avait qui dit pouvait seule permettre à l'art d'écrire de de l'alphabet proprement
— 76 — comet devenir le patrimoine sur toute la surface du monde rayonner mun des peuples des races les plus diverses. laisser de côté un dernier Encore devons-nous qui vient phénomène à la complication dans les cas où une de ces écritures encore ajouter et d'idéographisme mêlées de phonétisme peuple à un autre ; passe^d'un de mots de la dans l'adoption de Yallophonie. Il consiste écrits phonétiquement, instituteur, que le peuple langue du peuple disciple emploie dans les textes écrits, mais non plus pour leur lecture coret qu'il lit par le mot de sa propre langue originaire, phonétique comme comme sens et absolument différent son, transforrespondant c'est
mant
celui
ainsi
en groupes ces mots d'abord phonétiques idéographiques Les textes assyriens nous offrent ainsi beaucoup de mots
complexes. et pour les Accadiens, étaient phonétiques, mais qui, qui, à l'origine étaient comdésormais des idéogrammes pour les Chaldéo-Assyriens, plexes, lus et prononcés par les mots delà langue assyrienne sémitique à leur signification, sans qu'on tînt plus de compte de l'anrépondant cienne lecture accadienne retrouve en prenant les éléments qu'on qui les composent dit pour des phonétiques simples (i). ce Ces groupes, très-bien M. Menant, étaient devenus à leur tour de véritables images et les scribes qui ne parlaient plus qu'à l'oeil dans les textes assyriens, de Ninive et de Babylone en reproduisaient les formes graphiques, sans se préoccuper de leur articulation ni de leurs flexions, originelle pour s'en servir comme de véritables » idéogrammes. Nous croyons tout en reconnaissant le phénomène des cependant, dans le cunéiforme et en le tenant comme y ayant allophones assyrien eu des applications très-multipliées, que M. Menant, et sous sou influence M. Oppert, ont attribué à ce phénomène un trop grand développement comme des allophones, quand ils en sont venus à considérer qui devaient être lus par les mots tous les mots sémitiques correspondants, non sémitiques les textes de Ninive et de qu'offrent Le vocaBabylone. bulaire d'aucune langue ne reste absolument pur de toute introduction d'éléments A notre avis, il serait contraire étrangers. à toutes les vrai(1) Voy. Menant, Inscriptions de Hammourabi, p. 30.
— 77 — . semblances
que l'assyrien n'eût pas adopté à cet idiome accadien empruntés
mitiques, ture et qui restait
beaucoup de mots non séduquel on avait pris l'écri-
d'ailleurs
toujours vivant à Babylone, au moins dans les écoles sacerdotales, à l'état de langue savante et sacrée. Et, en effet, nous croyons pour notre part qu'une bonne critique doit admettre, comme le faisait M. Oppert en 185g (i), ce fait reçu dans leur langue, et non pas seulement phique, un grand nombre de mots de l'idiome Ils disaient en même du système cunéiforme. Pour
« bon », cepuissant
tabu, terme sémitique, » », dannu, » ce grand », rabu, » cemauvais », basu, » cechameau» ,gamlu,
que les Assyriens avaient dans leur système gratouranien des inventeurs temps :
etyiga, etdanga et gal et sari
terme accadien, »
etabba
» » »
etc., etc. En revanche, l'allophonie n'est pas contestable quand nous voyons et devenu un idéojoindre au mot accadien originairement phonétique de la dernière syllabe du phonétique gramme complexe le complément comme sens. Ainsi, pour nous contenter mot assyrien correspondant si multid'un seul exemple, le mot qui désignait les canaux d'irrigation, pliés dans la Babylonie et dans la Chaldée, était en accadien ganig et dans les textes assyen assyrien yigal. Or nous trouvons fréquemment riens le groupe de caractères phonétiquement ganig, qui représente de yigal, c'est-à-dire t^fr>— >—J-^, suivi des compléments phonétiques des signes des syllabes lu, liet la, suivant le cas réclamé par la phrase. Il n'est donc pas douteux qu'on lisait alors : Cas direct : Génitif Accusatif
:
K->^=
>__TJM T^T
— —
t=Ë>=
>—H*
r^f*T
: t^->—
—H«
*"~Ë=Ï
(1) Expéditionen Mésopotamie,t. II, p. 95 et suiv.
yigallu. V>galli>
— yjgalla. ,
— 78 — dans les inscriptions sont encore plus multipliés Les cas d'allophonie de l'Arménie, ou inscriptions alarodiennes(i), indigènes que dans les ce sont des mots Dans ces textes alarodiens, inscriptions assyriennes. de la langue assyrienne sémitique pris tout d'une pièce par les habitants primitifs de l'Arménie, et employés des scribes ninivites, disciples dans leur système graphique comme des idéogrammes mais complexes, certainement lus par des mots de la langue indigène absolument divers de la prononciation d'abord en Assyrie. qu'ils peignaient Au reste, ce phénomène ou plutôt cette méthode qui nous étonne au premier abord n'était au cunéiforme anapas exclusivement propre rien. On en trouve ailleurs d'autres dans des conexemples, produits ditions
Les Japonais, dans le système qu'ils appellent yomi analogues. ou wa-kun, usent de même de mots et de phrases chinoises, qu'ils lisent de leur idiome (2). Même, par les mots et les phrases correspondantes — et c'est cela car nous qui nous empêche d'y insister plus longtemps, nous trouverions ainsi sortir de notre sujet, —• un tel phénomène n'est dans ses applications aux écritures l'idéopas borné dans.lesquelles et le phonétisme entrent concurremment. On en trouve des graphisme dans des langues écrites d'une manière exemples purement alphabéétabli (3) le rôle considérable de la métique. M. Haug a récemment thode de l'allophonie dans les textes pehlevis, où la plupart des mots étaient lus par les mots iraniens sémitiques correspondants. Ajoutons qu'encore se servent de certaines caractère tamment
de véritables les Anglais :
aujourd'hui abréviations allophones. 1 = d =
pound
lb=
pound
la plupart des peuples de l'Europe au latin, qui ont pris le empruntées Telles sont celles dont usent cons(money).
penny. (weight).
(1) Pour l'explication et la justification de ce nom, voy. la deuxième de nos Lettres assyriologiques (Paris, 1871, in-4°, autographié). (2) Hoffmann, Japansche Spraakleer, p. 29-35. — Donker Curtius, Proeve eener Japansche SpraaVkunst, p. 27-32. — Léon de Rosny, Introduction à Vétude de la langue japonaise, p. 61-64. (3) Essay on thepahlavi language, p. 38 et suiv.; 121 et suiv.
— 79 nous employons tous à chaque instant, dans des notes l'abréviation au latin confier, français, cf., empruntée et qu'il faut lire ec comparez ». Nous-mêmes, conçues en pur
XVIII.
L'invention
de l'alphabet dit ne pouvait prendre naisproprement sance chez aucun des peuples qui avaient créé les systèmes primitifs d'écriture débutant par des figures hiéroglyphiques, avec leur idéogramême chez celui qui était parvenu jusqu'à l'analyse phisme originaire, de la consonne. de la syllabe et à l'abstraction Elle devait être nécessairement l'oeuvre d'un autre peuple, instruit par celui-ci. En effet, les peuples instituteurs des écritures originairement idéograqui naisphiques avaient bien pu, poussés par les besoins impérieux saient du développement de leurs idées et de leurs connaissances, indans leurs écritures, troduire l'élément phonétique donner progressiet une plus grande extension à son vement une plus grande importance de cet élément à un très-grand degré emploi, enfin porter l'organisme à ce qu'ils de perfection. Mais des obstacles invincibles s'opposaient leur fissent le dernier pas et le plus décisif, à ce qu'ils transformassent d'une manière écriture en une peinture exclusive des sons, en répudiant absolue tout élément idéographique. cette seconde nature, qui Le premier obstacle venait de l'habitude, influence. Perfecexerce sur l'homme une si grande et si irrésistible tionner par un progrès graduel les règles d'un art qui a pris naissance en lui conservant les entre vos mains, que vous avez créé vous-même, il s'est fondé, est chose facile. Mais sur lesquelles bases essentielles avec une tradition de longs siècles, dont vos ancêrompre violemment tres ont été les auteurs, dans laquelle vous avez été élevé, à laquelle vous et presque imest un effort surhumain avez fini par vous identifier, possible. Un second
obstacle
non moins
fort venait de la religion.
Toutes les
— 80 — elle-même et écritures par suite de leur nature symbolique primitives, et sacré. un caractère essentiellement de leur génie, avaient religieux Elles étaient nées sous l'égide du sacerdoce, par son esprit de inspirées des peuples primitifs, aurore de civilisation Dans la première symbolisme. chose de si merveilleux avait paru quelque de l'art d'écrire l'invention autrement n'avait pas pu la concevoir que comme un que le vulgaire était-il appelé par les présent des dieux. Aussi le système hiéroglyphique Égyptiens
eux-mêmesMjM
11, « écriture
des divines
paroles
». Sur le
de la religion Michaux, symboles parmi les principaux du tracé fondamental nous voyous le clou, >—, élément chaldéenne, de l'écriture, placé sur un autel comme l'emadopté pour les caractères le ou Aouv (l"Ao; de Damascius), blème du dieuNisrouk l'intelligence, célèbre
caillou
on avait divinisé l'élément verbe divin. Ainsi, à Babylone, générateur le même fait se reproduire dans l'Inde, où le des lettres. Nous verrons à écrire le sanscrit caractère reçoit le d'origine phénicienne appliqué « écriture divine », et où l'invention en est attrinom de dévanagâri, chez les peuples et Scandinaves, où les à Brahma; germaniques sont considérées comme essenrunes, lettres de l'alphabet national, tiellement sacrées et douées d'une vertu magique, et où on les tient pour un présent d'Odin.
buée
Bouleverser consacrée par
de fond en comble la constitution d'une écriture la superstition lui enlever absolument religieuse,
ainsi toute
la part de symbolisme sur laquelle se fondait principalement son caractère sacro-saint, était une entreprise énorme et réellement chez impossible le peuple même où l'écriture avait reçu une sanction si haute, car c'eût été porter une atteinte directe à la religion. La révolution ne pouvait donc s'accomplir radical dans l'ordre qu'à la suite d'un changement comme il arriva par suite des prédications du christianisme, religieux, dont les apôtres déracinèrent chez beaucoup de peuples (en Egypte, à l'essence s'atpar exemple) les anciens systèmes d'écriture desquels tachaient des idées de paganisme et de superstition ; ou bien par les mains d'un peuple nouveau, pour lequel le système graphique reçu du civilisé ne pouvait avoir le même caractère peuple plus anciennement
— 81 — devait être porté à lui faire subir le changesacré, qui par conséquent ment décisif au moyen duquel il s'appliquerait mieux à son idiome, en devenant d'un usage plus commode. Ainsi ce ne sont pas les Chinois eux-mêmes qui ont amené leur écriture au pur phonétisme, et qui, rejetant tout vestige d'idéographisme, ont tiré de ses éléments un syllabaire restreint et invariable, avec un seul signe pour chaque valeur. Ce sont les Japonais qui ont emprunté aux types kiài et thsào de l'écriture mixte du Céleste-Empire leurs syllabaires kata-kana en abrégeant le tracé de certains signes etfira-kana, celui pour les rendre plus faciles à écrire, et en modifiant légèrement de certains autres pour éviter les confusions qui auraient pu résulter de formes analogues. Les Assyriens, non plus, ne dégagèrent de pas l'élément syllabique l'écriture dans leur usage national il demeura cunéiforme; toujours Mais quand les habitants indigènes amalgamé à l'élément idéographique. de la Susiane adoptèrent cette écriture à leur exemple et d'après leurs ils leur empruntèrent exclusivement le syllabaire, avec enseignements, ses valeurs simples et complexes, laissant absolument de côté tout vesla plus ancienne de la Quant à la population tige d'idéographisme. eut lieu des Médie, de race touranienne, lorsque la même transmission d'idéoAssyriens à elle, elle ne garda qu'un nombre imperceptible Telle grammes et rendit l'écriture presque exclusivement phonétique. est, en effet, la nature du deuxième système graphique des inscriptions trilingues des Achéménides. De même, les Égyptiens, après être parvenus jusqu'à la conception de l'alphabétisme, ne franchirent point le dernier pas et ne surent pas à un dit. Ils laissèrent de l'alphabet en tirer l'invention proprement si féconde en résulautre peuple la gloire de cette grande révolution, tats et si heureuse pour les progrès de l'esprit humain.
82
XIX.
l'invenn'étaient les peuples pas à même de consommer tion de l'alphabet. Si, comme nous venons de le faire voir, des obstaet de la religion à la fois des habitudes cles invincibles provenant cette consétirassent eux-mêmes à ce que les Égyptiens s'opposaient les signes d'abord qui leur avait fait transformer quence de la découverte le dernier il fallait pour accomplir en de véritables lettres, syllabiques Mais tous
progrès
un peuple
placé
dans
des conditions
particulières
et doué
d'un
génie spécial. Avant tout il fallait un peuple qui, par sa situation géographique, influence de la cià l'Egypte et eût été soumis à une profonde touchât sur les bords du Nil. C'est en effet seulement dans vilisation florissante qu'il pouvait prendre pour point de départ la découverte base indispensable du progrès dernier des Égyptiens, qui devait consisà assigner de l'écriture tout élément un ter à bannir idéographique, de chaque enfin de cette seul signe à la représentation articulation, fois un alphabet à constituer manière pour la première proprement ces conditions
dit. matérielle n'était Il en fallait cette condition pas suffisante. dans les instincts et le génie de la nation. ainsi à l'écriture Le peuple appelé à donner humaine sa forme définitive devait être un peuple un peuple chez commerçant par essence, fût la grande affaire de la vie, un peuple lequel le négoce qui eût à tenir beaucoup courants et de livres en partie double. C'est décomptes en effet dans les transactions commerciales même des que la nature Mais d'autres
choses
devait
nécessairement
faire
le plus et le plus tôt sentir les indu mélange de l'idéoconvénients, signalés par nous tout à l'heure, ainsi que de la facilité de multiplier les homophones graphisme, pour la même articulation, et conduire à chercher un perfectionnement de l'écriture dans sa simplification, en la réduisant à une pure peinture
— 8â — des sons au moyen tion. Ce n'est pas tout
de signes invariables,
un pour
chaque
articula-
encore.
Une dernière condition était nécessaire. L'invention ne pouvait être consommée que par un peuple qui, s'il avait été soumis à une très-forte influence égyptienne, professât pourtant une autre religion que celle des bords du Nil, un peuple même qui fût très-peu religieux, et au fond presque athée ; — ce qui, du reste, nul ne l'ignore, dans l'esprit du paganisme, pouvait très-bien se concilier avec un panthéon fort peuplé. Autrement, en effet, il n'aurait pas au rejet été capable de briser les entraves religieuses qui s'opposaient dont le résultat forcé absolu de l'antique symbolisme et à la révolution civile et indiffédevait faire de l'écriture une chose profane, purement rente, au lieu d'une chose sacrée qu'elle avait été jusqu'alors. ne pouvait avoir définitive de l'alphabet En un mot, si l'invention pour auteur qu'un peuple voisin de l'Egypte, soumis à son influence et de de sa grande découverte philosophique ayant reçu communication il fallait encore que le génie de ce la décomposition de la syllabe, positiviste. peuple fût essentiellement en même temps que leurs conditions Tel est le génie des Japonais, et de soumission à l'influence par rapport à de situation géographique la Chine sont exactement celles où nous venons de dire qu'avait dû se trouver par rapport à l'Egypte le peuple à qui fut due enfin l'invention de l'alphabet. Aussi sont-ce les Japonais qui ont réduit l'écriture symdes Chinois à un pur syllabaire de 47 caractères. bolico-phonétique Dans le monde ancien il n'y a jamais eu qu'un seul peuple qui ait que nous venons d'énumérer, rempli à la fois toutes les conditions égyptienne sur lui dès une voisinage de l'Egypte, action de l'influence à celle de tout commerciale activité très-reculée, supérieure époque enfin religion autre que celle de l'Egypte autre peuple de l'antiquité, du sentiment religieux, inhérent cependant et très-faible développement à la nature même de tous les hommes : ce furent les Phéniciens. Ainsi les Phéniciens seuls, par la réunion de toutes ces circonstances, des Egypétaient capables de tirer un dernier progrès de la découverte à ses dernières de l'alphabétisme tiens, et de pousser la conception
84 — dit. Ce fut en inventant proprement l'alphabet conséquences pratiques, et du plus fécond progrès et la gloire du dernier en effet ce qui arriva, aux fils de Chanaan. en propre de l'art d'écrire appartient
XX.
Le témoignage
de l'antiquité
est unanime
pour
leur
attribuer
gloire. les vers tant de fois cités de Lucain, Qui ne connaît épigraphe dont nous avons fait, trouvée pour ceux qui traitent la question à présent, le sujet de nos études ?
cette toute quant
Phoenices primi, famae si creditur, ausi Mansuram rudibus vocem signare figuris. Nondum flumineas Memphis contexere biblos Noverat; et saxis tantum, volucresque feraeque, Sculptaque servabant magicas animalia linguas (1). Pline
dit également : lpsagens in magna gloria litterarum Phoenicum iiwentionis d'Alexandrie : 4>otviy.«; VM Eupouç ypa^aTa (2). Clément : PhoeMêla se sert des termes suivants ITUVO-TÎO-KI 7ïpMTou;(3). Pomponius nicen illustraçere sollers hominum Phoenices, genus, et ad belli pacisque munia
litleras et lillerarum eliam eximium; artes, opéra, aliasque maria navibus classe adiré, confligere, imperitare gentibus, regnum commenli aux témoignages proeliumque (4). Enfin, pour nous borner considérables et laisser de côté ceux d'une on se valeur secondaire, souvient des expressions de Diodore de Sicile (5) : Supoi sûpeTat TCOVypap,pXTcov et en. Ici les témoignages littéraires sont pleinement confirmés par les défi) Lucan., Pharsal, III, v. 220-224. (2) Hisl. nat., V, 12, 13. (3) Stromat., I, 16, 73. (4) Desit. orb., I, 12. (5) V, 74.
— 88 — couvertes
de la science
moderne. dit antérieur à celui
Nous ne connaissons aucun alphabet des Phéniciens, et tous ceux dont il proprement existe des monuments, ou qui se sont conservés en usage jusqu'à nos du premier alphabet, comjours, procèdent plus ou moins directement biné par les fils de Chanaan et répandu par eux sur la surface du monde entier.
XXI.
Mais si les Phéniciens, par tout ce qui précède,
comme nous sommes amenés à le reconnaître bien que n'ayant pas inventé le principe des lettres alphabétiques, furent les premiers à l'appliquer dans ses dernières en rendant l'écriture exclusivement et conséquences, phonétique, le premier alphabet proprement dit, où en puisèrent-ils composèrent les éléments ? Beaucoup d'opinions divergentes ont été émises sur ce point, et lorset Belles-Lettres que l'Académie des Inscriptions proposa pour la première fois au concours le sujet que nous avons essayé de traiter dans cet Essai, elle joignait à la question de la diffusion de l'alphabet phénicien dans le monde antique celle de son origine.. Mais depuis, cette a été retranchée, quelque peu partie du programme pour restreindre La quesl'immense étendue du sujet offert aux efforts des concurrents. été résolue dans un métion d'origine avait d'ailleurs, dans l'intervalle, moire capital de M. de Rougé, d'une manière que, pour notre part, nous regardons comme définitive. du conBien que cette question ne fasse plus partie du programme cours pour lequel nous osons entrer dans la lice, il nous semble nécesen presaire d'en dire quelques mots dans la présente introduction, dont nous venons de rappeler nant pour guide le savant académicien le travail. Trois systèmes principaux ont été produits à ce sujet. Le premier, auquel se rangeait encore Gesenius, tendait
à considérer
— 86 — avec les autres comme sans rapport systèmes phéniciennes dont d'un hiéroglyphisme et découlant des âges primitifs graphiques de la noseraient les figures originaires par les appellations expliquées à la fois chez les Grecs et chez les Hébreux. conservée menclature de Chamdécouverte tant que l'immortelle Ce système, fort spécieux les lettres
dans les de l'élément alphabétique pollion n'avait pas révélé l'existence abandonné des a été depuis lors généralement hiéroglyphes égyptiens, en Egypte a été plutôt de chercher dont la tendance l'origine savants, est unaEt en effet, si la tradition des caractères antique phéniciens. du premier comme les auteurs les Chananéens nime à présenter alphaleurs lettres comme de témoignages bet, une masse imposante indique des Égyptiens. Un célèbre du système à la source graphique c'est-à-dire Thôth-Herde Sanchoniathon Taauth, (i) nomme passage delà science égyptienne, comme le premier instituteur mès, représentant dans l'art de peindre les articulations de la voix hudes Phéniciens puisées
maine.
Platon
perpétuité de Ramsès
la Aulu-Gelle, Plutarque(4), prouvent Tacite enfin, qui nous a conservé le nom celui du pharaon dont les prêtres conquérant sur les murailles des édifices de représentées bien informé sur l'origine des signes également
(2), Diodore(3), de cette tradition. comme
étant
les victoires expliquaient Thèbes, Tacite se montre de l'alphabet chananéen,
dit que les lettres ont été originailorsqu'il rement apportées en Phénicie : Primi per figuras animalium d'Egypte monumenta memo(ea anliquissima Aegyptii sensus mentis effingebant riae humanae saxis cernunlur) et litterarum semet invenlores impressa intulisse Graeciae, IndePhoenicas, perhibenl. quia maripraepollebanl, gloriamque adeplos, tanquam repererint, quae acceperant (5). En présence de ces témoignages et de la certitude désormais possédée de l'existence du principe fondamental de l'alphabétisme chez les Égypde siècles avant la formation tiens nombre du premier chez alphabet (1) Ap. Euseb., Praepar. evangel., I, 10, p. 22, éd. Orelli. (2) Phaedr., 59. (3) I, 69. (4) Quaest. conviv., IX, 3. (5) Annal., XI, 14.
— 87 — les Phéniciens, Chanaan pour
des signes adoptés par les fils de articulations de la parole ne paraît peindre guère pouvoir être mise en doute. Mais, ici encore, il faut choisir entre deux systèmes principaux sur la manière dont les Phéniciens empruntèrent à l'Egypte les éléments de leur alphabet. L'un de ces systèmes est celui de mon père, produit dès i838 par son auteur, mais qui n'a pas eu d'autre publicité que celle de son cours l'origine
égyptienne les diverses
ancienne de la Sorbonne. Il considère comme à l'Egypte les figures et non les valeurs des lettres phéniempruntées ciennes. Les Phéniciens, d'après ce système, auraient choisi dans la un certain nombre de figures, auxquelles ils masse des hiéroglyphes en suivant, comme auraient donné de nouvelles puissances phonétiques, dans la chaire
d'histoire
de ces valeurs, la méthode acrololes Égyptiens, pour l'établissement à leur propre langue et en faisant de chagique, mais en l'appliquant initiale du mot cune des figures ainsi choisies le signe de l'articulation Ainsi l'on aurait emprunté dans l'idiome chananéen. qui y correspondait aux monuments égyptiens le dessin d'une tête de boeuf, et sans s'inquiéter de ce que cette figure pouvait signifier du système phénicien, aurait fait le ^ *] ;tf, commençait formée
par cette
par synecdoche
articulation.
du plan
dans les hiéroglyphes, on en parce que le mot ce boeuf » Le 3
de maison,
serait une abréviation , auquel
la valeur
de
aurait été attri3, tout autre que celle qu'il avait chez les Égyptiens, buée à cause du mot 3TO, ce maison » ; le O serait le signe hiéroglyaffecté à un rôle tout nouveau en vertu phique de la prunelle de l'oeil, et par suite de la forme du mot qui signifiait de la méthode acrologique mon père peut donc se résu« oeil » en phénicien, "pj. Le système de mer en deux mots de la manière suivante : et de la méi° Emprunt à l'Egypte du principe de l'alphabétisme destinés à représenter thode acrologique pour le choix des caractères articulations les différentes ; 2° Emprunt également fait à la même source du système d'après lequel sont tracées les figures affectées au rôle de lettres ; 3° Mais en même temps valeurs nouvelles pour ces figures, lesquelles
— 88 — puisées dans et le même principe sont
valeurs thode leur
propre
les valeurs
langue
tiquement. Le mémoire
la langue phénicienne qui avait fait puiser des
images
qu'ils
la même d'après par les Égyptiens employaient
médans
alphabé-
de Rougé n'a pas non plus encore vu le jour, la substance mais nous en connaissons par l'analyse qui en a été donrendus de VAcadémie des Inscriptions née dans les Comptes et BellesLe système fondamental en consiste à laisser entièrement de Lettres(i). côté
la
lettre
de M.
nomenclature
phénicienne sinon d'une
hébraïque comme devant
et
grecque,
et à considérer
chaque
d'un signe égyptien provenir expriexactement la même précise articulation,
manière mant, du moins la plus analogue. A priori, ce système est celui qui et reposer sur le meilleur d'exactitude
le plus de chances En effet, si toutes les principe. vraisemblances ont dû former leur alque les Phéniciens indiquent sous l'influence et à l'imitation du principe de l'alphabétisme phabet il n'est guère probable auinauguré par les Egyptiens, que ce peuple à l'Egypte le dessin de ses lettres sans y puiser en même rait emprunté les Japonais ont tiré temps les valeurs qu'ils leur assignaient. Lorsque chinoise les éléments de leurs syllabaires, de l'écriture ils ont pris au de l'empire du Milieu les valeurs en même temps système graphique de supposer que les figures. Or il ne serait pas naturel que les Phénià l'écriture ciens aient agi par rapport autrement égyptienne que les à l'écriture le but qu'ils pourchinoise, Japonais par rapport lorsque et les résultats suivaient étaient exactement les mêqu'ils atteignirent de tout élément dans l'écriture, mes, la suppression et idéographique à un pur phonétisme sa réduction un petit nombre de signes employant sans homophones. invariables, M. de Rougé pour dans ciennes
pose
l'application les comparaisons de manière
avec une grande et la justification entre à établir
(1) T. III (1859),p. 113-124.
semble
offrir
les règles critiques qui, doivent système, guider les signes et les lettres égyptiens phénide ces dernières. Ces règles rel'origine rigueur de son
— 89 — sur les principes qui servent de base fondamentale posent précisément à toutes les recherches du présent mémoire, principes dont nous nous sommes efforcé de ne jamais nous départir en tentant de reconstituer la filiation des diverses écritures sorties plus ou moins alphabétiques directement de la source phénicienne. Il faut, dit l'éminent égyptologue, pour arriver à un résultat conforme à toutes les exigences de la saine critique : i° Choisir comme premier élément de comparaison le type phénicien le plus archaïque ; 2° Rechercher la forme des caractères égyptiens cursifs à une époque aussi reculée que l'origine de l'alphabet phénicien; 3° Ne comparer les lettres chananéennes qu'à des signes qui, dans le rôle de phonétiques les textes égyptiens, jouent presque constamment de toute signification idéographique, et qui, ordinaires et indépendants en même temps, y aient des valeurs purement ; alphabétiques à la cor4° Établir la comparaison signe à signe et en se conformant des articulations dans les deux langues; respondance et 5° Faire ressortir les ressemblances des lettres ainsi rapprochées en les différences, chercher à expliquer d'une manière satisfaisante leurs modifications étudiant les circonstances qui ont pu déterminer respectives. La courte
à la dissertation comme complément que nous placerons sera consacrée à la recherche du type le suite de cette introduction et nous espérons, à l'aide des de l'alphabet plus archaïque phénicien, documents nouveaux, acquis à la science dans les dernières années, de parvenir à serrer la solution définitive de ce côté de la question plus près encore que n'avait pu le faire M. de Rougé. Mais, bien loin le pas en avant du savant académicien, d'infirmer les rapprochements faire sur ce sujet n'aura pour résultat que de les que nous espérons et plus décisifs. rendre plus frappants La seconde règle établie par M. de Rougé est d'une extrême importance. Il suffit de regarder les caractères de l'alphabet phénicien pour à l'Egypte, ils ne peuacquérir la certitude que, s'ils ont été empruntés mais seulement de la tades hiéroglyphes, vent procéder directement
— 90 — Mais il y a au moins deux types fondahiératique. appelée chygraphie L'un nous est constamet bien distincts de cette tachygraphie. mentaux du temps de la XVIIIe et de la XIXe dynastie, ment offert par les papyrus renaissance de dans la grande son origine et prit bien évidemment des Pasteurs. toutes les institutions qui suivit l'expulsion égyptiennes et de ces conquérants L'autre était en usage avant l'invasion étrangers coupée par cet d'Egypte, Yancien et le nouvel parties que l'on a appelées maet le plus parfait en est le célèbre Le type le plus antique sous le nom de papyrus connu de la Bibliothèque impériale de l'aveu de tous les savants, livre du monde le plus ancien
l'interruption événement empire. nuscrit
Prisse, dans lequel
qu'elle en deux
produit
dans
l'histoire
rois des dynasties les noms de plusieurs primitives, à la XIIe dyde Berlin, remontant A côté il faut placer les deux papyrus dans son grand ouvrage a inséré les fac-similé nastie, dont M. Lepsius de l'Egypte et de l'Ethiopie. des Monuments bien qu'on ne puisse en préciser L'invention de l'alphabet phénicien, se lisent
un fait trop ancien est évidemment, tous les indices, d'après avec les lettres de cet alphabet, pour que l'on doive mettre en parallèle et considérer de comme ayant pu leur servir de types, les caractères la date,
à la XVIIIe dynastie; toutes les d'après l'hiératique égyptien postérieur c'est seulement de l'ancien emvraisemblances l'hiératique historiques, des fils de Chanaan. Or, c'est pire qui a pu être la source de l'écriture en prenant ce type le plus ancien de l'hiératique précisément que l'on trouve
les rapprochements les plus séduisants entre les formes des signes exprimant les articulations chez les Égypcorrespondantes tiens et chez les Phéniciens. Dans le type des papyrus de la XVIIIe et de la XIXe dynastie, des ressemblances les plus frappantes se plusieurs sont
à faire
évanouies
les deux
déjà, évidemment suivirent dans peuples
de leurs
écritures.
Nous
venons
de parler
par suite de la marche divergente les modifications successives du
que tracé
de la comparaison des signes exprimant les articulations chez les Égyptiens et chez les Phéniciens. correspondantes La nécessité à ces comparaide se restreindre absolument rigoureuse sons constitue la quatrième il règle posée par M. de Rougé. Cependant
— 91 — est manifeste que deux langues aussi, différentes que le phénicien et l'éle même nombre et les mêmes gyptien ne possédaient pas exactement nuances d'articulations. En admettant donc que les Phéniciens comleur alphabet avec des lettres égyptiennes dont ils conserposèrent vaient la valeur aussi exactement que possible, ils durent se trouver en face de difficultés tout à fait analogues à celles que rencontrèrent les peuples de la Grèce, de l'Espagne ou de la race germano-scandinave, dans l'application qu'ils firent des signes phéniciens à l'écriture de systèmes de langues si profondément différents des idiomes sémitiques. Mais les rapports politiques et commerciaux entre l'Egypte et les de race sémitique qui touchaient immédiatement à sa fronpopulations avaient tière, étaient si fréquents et si étroits, que les hiérogrammates presque à chaque instant l'occasion de tracer avec les lettres égyptiennes, dans les pièces qu'ils rédigeaient, des mots ou des noms propres emDe ces occasions et du besoin qu'elles pruntés aux idiomes sémitiques. faisaient naître était résulté, par une conséquence naturelle et presque de règles fixes d'assimilation entre les artiinévitable, l'établissement culations de l'organe sémitique et celles de l'organe égyptien. Il y en avait un certain nombre de communes et d'exactement semblables entre les deux ordres d'idiomes; pour celles-ci, point n'avait été de difficulté. Les hiérogrammates les rendaient par les phonétiques ordinaires dont la prononciation était exactement semblable. Quant aux articulations pas d'une manière précise d'un côté et de qui ne se correspondaient observée faisait une convention l'autre, générale et rigoureusement de l'organe sémitique absente de l'organe transcrire chaque articulation d'une certaine égyptien, par les figures affectées à la représentation articulation de la langue de l'Egypte, que l'on avait considérée comme le plus analogue. Ainsi le î et le X des Sémites se rendaient par les l'articulation signes qui dans l'usage habituel des Égyptiens peignaient dont le son exact paraît avoir été figurée en copte par ££ » articulation intermédiaire entre dj et sj. K était assimilé au son vocal vague flottant entre a et o, que représentaient de même nature,
l'aigle,
%k , ou le roseau,
mais plus long, que l'on indiquait
I ; y au son
par le bras,
^—J.
— 92 — du ta et du P, fondamentale n'admettait pas la distinction L'égyptien il n'avait qu'un seul /. Mais parmi les différents chez les Sémites; signes les hiérogramde cette valeur phonétique, affectés à la représentation sur dans leurs transcriptions mates, afin que l'on ne pût se méprendre en choile point de savoir si c'était d'un tû ou d'un n qu'il s'agissait, et s'échangeant sirent deux, parfaitement perpétuellement homophones dans l'orthographe des mots égyptiens, pour faire de l'un, s=>, le corde noms du t3 dans les transcriptions constant et invariable respondant du P. et de mots sémitiques, et de l'autre, —, le correspondant tenté de dresser, les monuments relatifs a le premier d'après en Asie, un tableau de la concordance aux conquêtes des Pharaons ainsi établie entre l'égyptien et les langues d'articulations sémitiques. et à 1847» a été complété Le travail du savant irlandais, qui remonte dans sa Géode la manière la plus heureuse rectifié par M. Brugsch Hincks
Sans doute, on ne saurait des monuments graphie hiéroglyphiques. où il se place, en prétensuivre l'égyptologue de Berlin sur le terrain de mots sémitiques la dant trouver dans les transcriptions égyptiennes au temps de la des hiéroglyphes prononciation précise phonétiques XVIIIe dynastie, en soutenant ainsi que les correspondances révèlent une identité absolue de valeurs par les hiérogrammates en certains Mais ceci ne touche cas, une simple approximation. à l'exactitude avec laquelle il a su établir ces correspondances, travail
n'en
en rien et son
la base indispensable de toute comparaison entre les lettres phéniciennes et les signes hiératiques de l'âge de l'ancien En effet, du moment empire, pour en rechercher l'origine. des règles fixes pour la transcription qu'il a existé chez les Égyptiens avec les phonétiques des articulations de leur écriture, on sémitiques ne saurait
demeure
établies et non,
en bonne
pas
moins
chercher la source et l'origine de la lettre critique dont les Phéniciens ont fait le signe représentatif de chacune de ces arde l'Eticulations, que parmi les caractères que les hiérogrammates affectés à la peindre. gypte ont spécialement des règles que nous venons a L'application rigoureuse d'exposer conduit M. de Rougé à dresser un tableau des lettres comparatif phéniciennes avec les formes que revêtent dans le papyrus Prisse les signes
— 93 — d'un emploi phonétique indifférent hiératiques qui ont servi d'ordinaire sous la plume des scribes égyptiens à en transcrire les articulations. Ce tableau nous paraît être décisif et ne plus laisser place au doute sur la manière dont les fils de Chanaan allèrent chercher dans l'écriture des Égyptiens, leurs instituteurs, des éléments avec lestachygraphique leur alphabet. Nous le reproduirons donc dans quels ils combinèrent notre planche I, mais en y apportant une modification en importante, substituant dans la colonne du phénicien aux formes empruntées par M. de Rougé à l'inscription du sarcophage d'Eschmounazar, monument à cette de date comparativement récente, celles que dans le complément introduction nous croyons pouvoir établir comme positivement archaïsera de rendre les rapprocheques. Le résultat de cette modification ments encore plus étroits et plus convaincants. sur vingt-deux Quinze lettres phéniciennes pour que leur origine égyptienne se reconnaisse
sont assez peu altérées du premier coup d'oeil comme certaine. Les autres, quoique plus éloignées du type hiératique, peuvent encore y être ramenées sans blesser les lois de la vraisemblance, d'autant plus que l'on reconnaît facilement que leurs altérations se sont produites en vertu de lois constantes. Ainsi les formes arrondies sont devenues généralement anguleuses, ce qui doit tenir avant tout à une différence dans le procédé matériel de ce genre, on en trouvera de nomde l'écriture, car les différences breux exemples dans le cours de notre Mémoire, ont eu toujours une d'un de forme des lettres transmises part aux changements avec le égyptien se traçait à l'encre, peuple à un autre. L'hiératique calame ou le pinceau, sur les feuilles de papyrus aplanies et préparées. anciens ne nous révèlent d'une manière Ni monuments ni témoignages traçaient leur écriture dans les usages positive comment les Phéniciens mais aux formes anguleuses de leurs ordinaires et non monumentaux; lettres il semble qu'ils devaient, du moins au début, écrire comme le grande
font encore certains peuples de l'Inde, avec une pointe chettes de bois minces ou des écorces d'arbres (i).
sur des plan-
(1) M. de Voguéa pourtantpublié dans les derniers temps un fragment de papyrus qui est
— M — dans le phéont été abrégés hiératiques signes égyptiens Quelques des signes chinois comme certains adoptés par les nicien, exactement kata-kana et fira-kana. l'ont été dans les syllabaires Japonais à une régularisation a été soumise L'écriture par les fils de Chanaan et resserrées dans le sens lettres se sont redressées générale ; certaines horizontal. autant de principes ces observations, En appliquant qui constituent une seule des lettres phéniciennes, delà déformation,il constants n'estpas le plus altérées; ont pu paraître qui dans notre tableau à son prototype facilement et sûrement hiératique. qui ne se ramène de celles
même
XXII.
la question de l'origine des lettres résolue par M. de Rougé. à l'Egypte Les Chananéens le prinpas seulement n'empruntèrent mais encore les figures et les valeurs de leurs cipe de l'alphabétisme, lettres. Leur invention constitua du développement le dernier progrès né sur les bords du Nil, en tirant de ce système du système graphique d'un véritable et en bannissant les éléments de l'écriture tout alphabet Nous
regardons par conséquent comme définitivement phéniciennes
ce qui était de non-phonétisme. Mais dès lors, en admettant cette manière devoir, qui nous semble la nomenclature des lettres telle qu'elle incontestable, phéniciennes, nous a été conservée et les Grecs, bien que remonpar les Hébreux tant à une date fort ancienne, est antérieure à la commupuisqu'elle nication de l'art d'écrire aux premiers habitants des contrées helléne saurait être considérée comme de l'origine niques, contemporaine même de l'alphabet des fils de Chanaan et comme en rapport exact avec les figures hiéroglyphiques d'où découlaient en réalité les caractères
de cet alphabet.
Ainsi l'hiératique
2L,
d'où
provient
^,
est la
positivement phénicien; c'est le premier connu. Syrie centrale; Inscriptions sémitioues p. 131.
— 95 — tachygraphie
de la figure
Al(fx, signifie
ccboeuf».
sorte
de grue,
de l'aigle, ^
\>,
sort de -^,
et son nom, tachygraphie
^Stf,
en grec
de l'image
d'une
et le nom qui lui est assigné, ï"0, *m^, veut dire cemaison ». ^ provient du cursif de la main,
en grec BATK, l——i **&?, et
on l'appelle TOI, en grec Mira, ceporte », et ainsi de tous les autres retenue par les Grecs et les signes. Pas une seule fois la nomenclature Hébreux ne se trouve coïncider avec la véritable origine hiéroglyphique des signes. Il faut donc considérer cette nomenclature comme une invention combinée lorsque la tradition de la véritable postérieure, origine des lettres s'était oblitérée déjà par l'effet du temps, — ce qui, par parenthèse, amène à reporter bien haut le point de départ de l'existence de effet qui demande nécessairement, l'alphabet phénicien, puisqu'un comme celui-ci, un laps assez considérable de temps, s'était déjà produit avant la diffusion de l'alphabet en Grèce, attribuée par la légende à Cadmus. On pourrait avec assez de vraisemblance conjecturer que l'établissement de la nomenclature dont nous parlons fut contemporain de la fixation de l'ordonnance de la série des lettres, qui elle aussi ne paraît pas remonter à l'origine et à la première invention. Dans tous les cas, le principe acrologique pour la figuration des valeurs phonétiques de l'écriture était si bien entré dans les habitudes et les idées des peuples anciens, que cette nomenclature fut fondée sur une application exactement inverse de celle qui avait eu du principe, lieu chez les Égyptiens. Ceux-ci avaient donné à un certain nombre ou d'objets matériels la puissance de représenter d'images d'animaux l'articulation initiale des noms des objets de ces images dans leur en réaidiome. Ayant perdu la tradition des figures d'où provenaient lité leurs lettres, les Phéniciens cherchèrent dans ces lettres une sorte les noms des objets matégrossier et leur donnèrent d'hiéroglyphisme riels désignés dans leur propre langue par des mots ayant pour initiale semblèrent le l'articulation peinte par chacune d'entre elles, qui leur tant bien que mal mieux rappelés par leur tracé. % parut ressembler
— 96 — à une télé de boeuf; on nomma établir entre l'on crut pouvoir
Un certain *|?^. ^ et un battant
ce signe la figure
rapport de porte,
que fut
établie rfn La comparaison entre , ceporte». qu'on l'appela naissance au nom 11, ce clou » ; entre *\ et un clou ou un pieu donna » ; entre J, et une main à rPO, ecclôture Q ou pf et une barrière, avec les doigts ouverts, à Tl 1, ce main » ; entre en© et un serpent
cause
se mordant la queue, à îû^tp, « serpent»; entre lui-même, ce support et un objet monté sur un support, à ^Pp, » ; £{" ou ^ entre O et un oeil, à "pS, « oeil » ; entre \ ou p et un javelot avec à "HS, ce trait pour sa courroie la chasse » ; entre et (amentum), roulé
sur
à ^ip, ce noeud » ; entre noeud de corde, et une tête portée sur \ et une rangée de dents, à ^iïf, le col, à tëJ"H, « tête »; entre W « dents ». Il est évident que toutes les appellations de la nomenclature durent leur origine à des rapprochements du même genre ; emprunter mais nous ne parvenons guère à saisir les ressemblances que les Phé-
un
niciens crurent les objets dont
pouvoir ils leur
remarquer donnèrent
entre
certaines
les noms.
Ainsi,
de leurs nous
lettres
ne nous
et ren-
dons
de l'analogie trouvée entre ^j ou 7 et la pas bien compte de la main, j et les eaux, D^D, ^7 et un poisson, paume ^S, 113, RS. Mais il est certain que les Chananéens été avaient y et un visage, moins difficiles trouvé ces analogies que nous et avaient qui nous donnaient aux signes des noms qui les rappepuisqu'ils échappent, laient. Telle
est la manière dont de la nomenclature formation réelle avec l'origine de ces
nous pensons la que doit être expliquée des lettres phéniciennes, sans rapports lettres. Pour ceux qui auraient quelque nous les renverrons au VIIe livre du présent Essai, peine à l'admettre, où ils verront le même fait se reproduire exactement les runes pour et Scandinaves. des peuples Nous croyons établir germaniques pouvoir directement des runes, probablement influencées -l'origine phénicienne aussi à une certaine et le contact de l'alphabet époque par l'exemple grec ; mais,
si les figures
et les valeurs
des lettres
chananéennes
furent
— 97 — ainsi
transmises aux nations qui s'établirent depuis dans le nord de il n'en fut pas de même des appellations de ces lettres. Aussi l'Europe, les Germains et les Scandinaves créèrent-ils pour leurs runes une. nomenclature
et à eux particulière, fondée en partie sur des ressemblances entre le tracé de ces signes et l'apgrossières remarquées parence de certains objets matériels, et en partie sur les idées magiques et superstitieuses à chaque rune. qu'ils attachaient De même,
nouvelle
Patrice et ses latines et les applidisciples, apportèrent de leur idiome, les habitants d'Erin ne priquèrent à la représentation rent pas la nomenclature grecque enseignée dans les écoles latines, comme on le voit par le vers célèbre de Juvénal (i) : lorsque
les missionnaires chrétiens, aux Irlandais les lettres
saint
Hocdiscuntomnesante alpha et beta puellae, désigne chasacrée ou de l'histoire d'un personnage que lettre par l'appellation et l'autre leur donne des noms d'arbres ou de des légendes nationales, comme celles des runes, à qui correspondent, plantes, nomenclatures de l'alphabet. une ordonnance particulière mais
créèrent
des
nomenclatures
nouvelles,
dont
l'une
XXIII.
on le voit par les observations qui précèdent, considérons, aux Phénides lettres comme remontant la nomenclature hébraïque les noms que ceux - ci ciens et représentant presque sans altération L'existence de la nomenclature donnaient aux signes de leur alphabet. transmise par les Chanagrecque, qui est identique à celle-ci et a été de la Grèce, en même temps que l'usage de l'énéens aux populations Nous
.ce sujet. criture, ne peut pas laisser .^é^oûte^à lettres offrent un côté d'un Mais ces appellations/dès (1) Saiir., IX, v. 209.
U-,IU...Ê/ . \
...
/
grand
intérêt
— 98 — qu'elles par les renseignements au chananéenne la population et par suite lettres, vingt-deux
de sur l'état de civilisation de où elle inventa moment l'alphabet de cette invensur l'époque probable fournissent
le Il est en effet bien évident que c'est aux objets qui frappaient le plus conset dont ils se servaient leurs regards plus habituellement d'assimiler durent tamment que bien que essayer que les Chananéens de l'écriture mal les figures adoptaient qu'ils hiératique égyptienne de leur alphabet. et invariables constants faire les éléments en pour des lettres des de la nomenclature Une portion désigne phénicienne T ; le nom : 11"1, îwTa, cela main » (hébreu du corps humain parties YÂ-K-KV. , cela ^?, yaman, signifie dextra); éthiopien correspondant, cela face » (hébreu H5); paume de la main » ; "p.!?, cel'oeil » ; £*§, m, ec les dents» (hébreu Urn, (hébreu U?ïh); "pU?, ah, fô, «k tête» donnée sur ce que nous aucune ne fournissent )\à). Ces appellations nous les laisserons de et par conséquent dans ce moment, y cherchons comme aussi celle du ^ïp, y-o'mra, qui signifie ceun noeud », de côté, sous la forme ^Ip, cirla racine nous fournit circuivil, que l'hébreu et celle du 1P, T«U, qui signifie « un signe », ce qui correscumivit, le plus antique de la lettre, au type phénicien parfaitement pond le ce signe » le plus simple et le plus c'est-à-dire •4° y%, une croix, en guise, de celui dont les illettrés de tous les pays se servent naturel, tion.
tribus nomades les anciennes marquaient lequel avec le(en arabe j^Ji signifie ce un signe cruciforme les bestiaux quel on marque »). Mais le reste de la nomenclature est plus significatif. Une série de mots y révèle le peuple qui l'a inventée comme essen-
celui signature, leurs troupeaux
par
tiellement
: ^pfc?, aXça, «le boeuf»; SD\3, ya^a (pour arabe ils.; (i) »; pift, v)Ta, cela haie » (syriaque ^^, liant a la même signification); ipS, Xv^JoBa., ec l'ai-
ya[/Aa), le nom
agriculteur « le joug éthiopien
(1) L'explication du nom du gimel par le mot talmudique gimla, cejoug, » proposée pour là première fois par Boettcher( TJ?isresAlphabets TJrsprung, Dresde, 1860), nous paraît excellente; Jusqu'à présent on interprétait ce nom par l'hébreu "~3, « chameau; » mais le tracé de la figure du caractère se prête difficilement à cette interprétation; tandis qu'il peut, sans trop de difficulté, avoir été comparé à un joug.
— 99 — encore être rattaché à ; le nom 1P pourrait guillon » (hébreu iPll?) cette catégorie, en le prenant dans le sens spécial de l'arabe j:J>. Ce même peuple avait déjà renoncé à la vie nomade; il était devenu sédentaire ; au lieu de tentes il avait de véritables maisons, P^S, Pvrnz, cela maison » (hébreu PIS), soutenues sur des poteaux, *^QD, o-ïy^a (par métathèse de la gutturale et du [/.), cele support », avec des portes, P7I, Sél^a., ecla porte », et des fenêtres, &H, cela fenêtre » (arabe _j»), maisons dans la construction desquelles le clou était employé, 11, ce le clou ». Il connaissait l'usage des armes pour la guerre et pour la chasse : d'une forme "'"Tqui est le nom éthiopien de ]1T5 'Qrfta (état emphatique la lettre, zai), cel'arme » (syriaque pj ) ; "HX, cele javelot de chasse » (de la racine qui a produit en hébreu iT7ï, insidiatus est, et TV, venatio). Ce peuple enfin habitait au bord des eaux, D^D (le nom grec, p, comme le nom éthiopien , mai , est le même mot au singulier, tandis une partie qu'il est au pluriel dans l'hébraïque), qui lui fournissaient cele poisson » (le nom de son alimentation, *|13, vD (par apocope), aucune des appeléthiopien nayas signifie cel'anguille »); cependant lations
de lettres ne se rapporte aux choses de la marine et de la navigation. Il faut enfin noter que le pays habité par le peuple qui combina de vingt-deux lettres paraît avoir été fécond en serpents, l'alphabet cele serpent » (arabe Ljs). EPlû, GTJTC/., de ceci est facile à tirer. D'après les indications précises des lettres, les Chaet inestimables que nous fournit la nomenclature avec des éléments formé leur alphabet nanéens ont définitivement égyptiens et lui ont donné son existence propre après la grande migraLa conclusion
tion qui les avait amenés sur les bords de la Méditerranée, lorsqu'ils et avaient déjà renoncé à la vie nomade, étaient devenus sédentaires lorsque le contact avec l'Egypte leur avait enseigné déjà agriculteurs, mais en même temps lorsqu'ils de la civilisation, les arts principaux n'étaient pas encore entrés dans la carrière de leurs grandes navigations. Cette conclusion, qui assigne une bien haute antiquité à l'invention de vingt-deux lettres, est confirmée par deux faits positifs, de l'alphabet
— 100 — du type d'hiératique est l'antiquité Le premier égyptien qui a donné Nous n'avons aux figures de l'alphabet naissance archaïque. phénicien des Pasteurs, et il se à l'invasion de ce type qu'antérieurs de monuments au moment où éclate la tombé en désuétude montre complètement d'un Le second, c'est qu'il ressort de la XVIIIe dynastie. renaissance dans le de Ramsès II, c'est-à-dire que sous le règne des Khéchananéen siècle avant notre ère, le grand peuple quinzième en possession de de la Bible, était déjà pleinement tas, les Héthéens du prince des du traité de l'écriture. Nous voulons parler l'usage du palais de Karnak (1) Khétas et Ramsès, gravé sur une des murailles texte
positif
de Rougé par M. le vicomte interprété de ce traité que relatif à la conclusion au pharaon tout écrit et gravé sur une tablette
et si savamment en effet du récit apporté les scribes
(2). Il résulte le texte en fut d'argent,
par
du prince chananéen (3). ces données, Nous ne serions pas éloigné, d'adopter l'opid'après se rattacher nion déjà proposée semblent par M. Ewald et à laquelle MM. Boettcher, et Renan, Longerke opinion d'après laquelle l'alphabet de vingt-deux lettres aurait été combiné et tiré du vaste fonds de l'écri-
(1) Lepsius, Denkmmler aus Mgypten und JEthiopien, t. III, p. CXLVJ. (2) Dans le bel ouvrage de M. Egger sur les Traités publics dans l'antiquité, p. 243-252. (3) Ce témoignage n'est pas le seul qui établisse d'une manière positive l'existence de l'usage d'une écriture nationale chez les Khétas chananéens, au temps de leurs grandes luttes contre l'Egypte de la dix-huitième dynastie. Dans les divers tableaux historiques qui, à Ibsamboul et à Karnak, représentent la bataille de Qadesch sur l'Oronte, dans laquelle Ramsès II accomplit les exploitspersonnels chantés dans le poëme de Pen-ta-our, un des individus qui figurent dans l'arméeasiatiqueestappelé^ , J^ , |*> ^ _ P—' M^Jflfc^ a Hilepsar (Ttt>37F1),l'écrivain des livres du vil Khéta. » C'était, a très-bien dit M. de Rougé, « sans doute quelque littérateur de la primitive Asie, qui s'apprêtait à chanter les hauts faits du prince de Khéta, si la fortune eût abandonné Ramsès. » Il faut du reste se souvenir ici qu'au temps de Josué la ville chananéenne de Debir était surnommée ecla ville des livres » njl.p 15P. (Jos. XV, 15), ce que les"Septante rendent par cela ville des scribes » et la version chaldaïquepar celaville des archives ». La constatation de l'existence de l'écriture parmi les populations de la Syrie antérieurement à Moïse et à l'Exode des Hébreux a une grande importance pour les questions bibliques. Un des arguments fondamentaux de l'école hypercritique allemande contre l'authenticité du Pentateiique était en effet l'impossibilité où Moïse se serait trouvé de l'écrire faute d'un alphabet s'appliquant de son temps aux idiomes sémitiques. Mais cet argument avait été déjà réfuté par M. Munk (Palestine, p. 140) avant qu'on connût les témoignages décisifs des monuments égyptiens.
-
101 —
ture phonétique des Égyptiens, en Egypte même, au temps de la domination des Pasteurs. Toutes les vraisemblances concordent, en effet, pour dans la mystérieuse des prouver que l'élément principal population Pasteurs ou Hycsos, qui domina pendant cinq cent onze ans sur une et compartie au moins de l'Egypte, devait être de race chananéenne du dieu Set ou Soutekh, dont les rois posé des Khétas, adorateurs Pasteurs avaient établi le culte à Avaris, leur capitale.
XXIV.
En même temps que les Chananéens de nouveaux noms imposèrent aux lettres égyptiennes qu'ils adoptaient pour en former leur écriture, ils établirent une nouvelle ordonnance de l'alphabet. grammaticale Tout prouve que l'ordonnance de l'alphabet hébraïque, tel qu'il est celle de l'alphabet phénicien. parvenu jusqu'à nous, est exactement il est certain qu'elle remonte à une trèsChez les Hébreux, d'abord, haute antiquité ; à côté de la valeur numérale des lettres qui se retrouve et qui est la même aussi en samaritain sur les monnaies asmonéennes, et en syriaque, nous pouvons encore en citer comme preuves l'usage si curieux et si singulier de YAthbasch du temps de la Captivité (i), le de Jérémie, qui est alphabétique, les premier chapitre des Lamentations Psaumes
également
alphabétiques,
CXI, CXII,
CX1X (2), et aussi le
(1) Sur l'antiquité du systèmede YAthbasch, voy. le commentairede saint Jérômesur Jérémie, XXV,26; leTalmud de Babylone,tr. Synhédrin,fol. 22 ; tr. Soucca, fol. 57, et Midrasch Rabbasur les Nombres,XVII. L'exempleque saint Jérôme et les Rabbins ont cru en trouver dans Jérémie, XXV,26 et LI, 41, paraît ne devoir plus être admis: voy. notre Essai de commentairedes fragments cosmogoniquesde Bérose, p. 169 et suiv. Mais l'exemplede Jérémie, LI, 1, 'Cp nb pour DHU73,est très-vraisemblable. (2) Les chapitres II, III et IV des Lamentationset les Psaumes IX, XXV,XXXIV,XXXVII sont aussi alphabétiques,mais avec quelquesirrégularités. Elles sont à mettre sur et XXXVIII le comptede l'inspiration poétiqueet surtout de l'impossibilitéde toujours trouver le mot qui eût été nécessairedans une série alphabétiqueabsolumentrégulière. Dans les chapitres II, III et IV desLamentations*1est avant V. Au commencementdu verset 28 du Psaume XXXVII,
— 102 — dans lequel, à partir du verset 10, chades Proverbes, chapitre successivement par une des lettres de l'alphabet que verset commence ensuite la même ordonnance à son rang dans la série. Nous retrouvons caractères dans l'alphabet qui n'ont grec complété par les quelques dixième
et là certainement que comme signes numéraux, d'emploi en même temps des Phéniciens que fut communiquée Il n'y a donc pas de doute possible l'écriture alphabétique. Enfin cieuses
le Musée tablettes
Britannique possède plusieurs de terre cuite provenant de
dans par le roi Assourbanipal naient des listes des caractères
le palais
elle est venue la notion
sur ce point. de bien pré-
fragments la bibliothèque
de Ninive,
de
lesquelles
fondée conte-
phéniciens accompagnés d'explications en caractères cunéiformes sur la valeur et magique des letmystique tres (i). L'ordonnance de l'alphabet, les fragments d'après qui en subétait la même que chez les Hébreux. sistent, Le désir de tout expliquer a donné, chez les érudits naismodernes, sance à un grand nombre de systèmes, fort ingénieux sans doute, mais ne reposant sur aucune base solide, qui tendaient tous à rendre compte de cette ordonnance de l'alphabet et de la manière dont les phénicien lettres s'y suivent. Tout bien considéré, aucune loi rigoureuse, aucune raison
ne paraît y avoir présidé. Il est certain philosophique que les de vingt-deux lettres ne sont rangés ni d'après les signes de l'alphabet ni d'après la force plus ou moins grande organes appelés à les émettre, de la voix nécessaire à cette émission,ni attrid'après la signification buée aux figures Si une conception raisonnée a qui les peignaient. à l'arrangement de cet alphabet, elle nous échappe présidé complètedu pur hasard. ment, et tout nous y paraît le produit Mais il est maintenant incontestable donnée à que l'ordonnance de vingt-deux lettres appartient en propre aux Phéniciens et l'alphabet n'a pas été, plus que les appellations des lettres, à l'Egypte. empruntée le mot initial commençant par 57manque, le sujet s'étant probablement perdu. Dans les Psaumes XXVet XXXIV,il n'y a pas de 1, soit qu'il ait disparu, soit que l'auteur ait eu trop de peine à faire entrer à l'endroit convenable de sa composition un des rares mots commençant par cette lettre; en même temps ^ est répété une seconde fois à la fin sans raison d'être. Dans le Psaume XV, p est remplacé par "l, mais se retrouve ailleurs dans le même hymne. (1) Voy. Rawlinson, Journal of the Royal Asiaiic Society, new ser., t. I, p. 245,
— 103 — Sur les parois
temples des bords du Nil on lit certaines contenant des litanies divines classées
de quelques
hiéroglyphiques tout à comme les versets des Psaumes rappelés alphabétiquement de Jérémie. M. Mariette a publié une l'heure et ceux des Lamentations
inscriptions
sur ces inscriptions (i). rapide, mais d'une haute importance, tout le début de l'ordonElles lui ont permis d'établir avec certitude des lettres de l'alphabet chez les Égyptiens, jus» nance grammaticale ignorée. qu'alors absolument dans ce que M. Mariette a pu du moins en reCette ordonnance, étude
constituer,
est la suivante
:
d . I . s . â . u . f.
a . p . ni . n . h . y.
s . t' . v .
donc les articulations dont les phonétiques Elle comprend différents et les plus habituels sont :
({) Revuearchéologique,nouv. sér., t. XV,p. 290-296. (2) Variantes également habituelles et indifférentes: = S. (3) Variante : 1. (4) Variante : Ç. (5) Variante : g. (6) Variante : f£. (7) Variantes : ^r=- «-3=" (8) Variante : $. (9) Variantes : j. i j. (10) Variantes : T. 4$-OE>(H) Variante: ftjfl. (12) Variante : S. (13) Variante : fW,
les plus in-
— 104 correspondant
Pour ordre
exactement
aux lettres
l'alphabet compléter que malheureusement
sémitiques
il faut
ajouter
nous
ignorons
à la
:
mais
suite,
encore,
dans
un
les articulations
:
i . k . q . k' . r dont
les phonétiques
et qui correspondent
Il n'est
guère
loi rigoureuse bien phénicien, des articulations
les plus
dans
ordinaires
l'alphabet
sont
:
de vingt-deux
lettres
aux
signes
:
et une philosophique ordonnance plus que dans celle de l'alphabet tendances au groupement qu'on y remarque quelques les unes avec les autres. Mais dans tous congénères
possible dans cette
de trouver
une
raison
les cas elle est absolument différente de l'ordonnance phénicienne. Il ressort donc des curieuses recherches de M. Mariette sur les litanies . alphabétiques des temples de l'Egypte, que si les Chananéens à l'antique empruntèrent les figures et les valeurs
des habitants civilisation des bords du Nil des lettres de leur écriture, ils inventèrent de leur propre fonds le classement à ces lettres dans leur qu'ils donnèrent aussi bien que les appellations alphabet, qu'ils leur imposèrent. (1) L'écriture égyptienne n'établit pas de distinction entre les articulations T\ et 12, qui y sont rendues par les mêmes signes. (2) Le i sémitique correspond à la fois aux deux articulations égyptiennes u et f. (3) Variante : \\. (4) Variante : I ?. (5) Variante : j&Q(0) L'articulation du ©, rendue par le CP copte, n'a aucun analogue dans l'alphabet sémitique de 22 lettres. (7) Les deux articulations 1 et > ne se distinguaient pas en égyptien et y étaient représentées par les mêmes hiéroglyphes.
105
XXV.
Nous nous sommes
efforcé jusqu'à présent de reconstituer les étapes successives qui conduisirent depuis la première origine de l'art d'écrire définitive de l'alphabet. Nous avons vu combien jusqu'à l'invention cette grande et féconde invention, à son dernier qui amena l'écriture degré de perfection et en fit un instrument complètement digne de la fut lente à se produire, combien péniblement elle se pensée humaine, dégagea, par une marche graduelle, de l'idéographisme originaire. Nous avons vu comment pour efforts successifs et des
des y parvenir il avait fallu la combinaison les génies variés d'un peuple philosophe, de la syllabe et de Égyptiens , qui sut concevoir la décomposition de la consonne, l'abstraction puis d'un peuple pratique et marchand, les Phéniciens, et réduisit le qui rejeta tout élément idéographique demeuré seul, à l'emploi d'une figure unique pour repréphonétisme, senter chaque articulation. Mais aussi cette invention, qui demeurera l'éternelle gloire des fils de Chanaan, ne fut faite qu'une seule fois dans le monde et sur un seul point de carte, et, une fois accomplie, elle rayonna partout de proche en proche. Nous avons dit un peu plus haut que tous les alphabets proprement dits, qui ont été ou qui sont encore en usage sur la surface du globe, à l'invention se rattachent des Phéniplus ou moins immédiatement ciens et sortent tous de la même source, dont ils sont éloignés à des de ce fait qui constitue le sujet degrés divers (i). C'est la démonstration de notre
ouvrage.
(1) Il faut pourtant admettreà cette règle quelquesrares exceptions,commeà toute autre en cemonde, exceptédans les mathématiques.Ellessont au nombre de deux : 1° Le cunéiformeperse, dont nous traiterons dans le neuvièmelivre de cet Essai;les principaux élémentsde son alphabetparaissenten effetempruntésau syllabaireducunéiformeanarien dansson typespécialementemployéparla populationtouraniennedelaMédie,mais avectransformationdu syllabismeen alphabétisme.Il estvrai que l'alphabetperse contientencorebiendesvestigesdel'état syllabiqueantérieur, que ne connaîtplusl'alphabetphénicien.Deplus nousmontre-
106
XXVI.
et Belles-Lettres, des Inscriptions La question posée par l'Académie était ainsi conçue : nous avons essayé de répondre, et à laquelle formes de l'alphabet ce Rechercher les plus anciennes ; en phénicien de l'ancien monde ; « suivre la propagation chez les divers peuples afin ec caractériser les modifications y introduisirent que ces peuples « de
l'approprier
à leurs
langues,
à leur
organe
vocal,
et peut-être
rons plus loin, par des arguments qui nous paraissent décisifs, que ce fut àl'imitation et sous l'influence de l'écriture phénicienne que le cunéiforme perse adopta le principe de l'alphabétisme. Enfin cette écriture ne peut être regardée comme exclusivement alphabétique, puisqu'elle a conservé quelques idéogrammes, en nombre imperceptible il est vrai, mais parfaitement caractérisés, tels que ceux de ceroi, » ^:<([^, et de e<pays, » /// (Voy. Menant, 'Sur l'origine de quelques caractères des inscriptions ariennes des Achéménides, Paris, 1870). M. Oppert (Mélanges perses, Pai'is, 1870) admet six idéogrammes jusqu'à présent connus, représentant les notions de ceroi », ceterre », « pays », cefils », « nom », et cehomme Perse ». 2' L'écriture cypriote, dont les rares monuments connus jusqu'à ce jour ont été publiés par M. le duc de Luynes (Numismatique et inscriptions cypriotes, Paris, 1852) et par M. le comte de Vogué (Mélangesd'archéologie orientale, p. 93-104). 11faut joindre à ces monuments la précieuse inscription bilingue, phénicienne et cypriote, que M. Lang a récemment envoyée au Musée Britannique (Transactions ofthe Society ofBiblical Archxology, t. I, lre part., pi. à la p. 128). L'écriture cypriote demeure encore indéchiffrée, car nous ne considérons pas les tentatives de M. Smith (Transactions of the Societyof Biblical Archxology, t. I, l" part., p. 129-144) comme réellement satisfaisantes; mais on peut déjà, croyons-nous, dans l'état actuel de la science, reconnaître qu'elle renferme un élément alphabétique considérable, admettant comme en égyptien pour chaque articulation un grand nombre d'homophones.-Mais cet élément y est-il seul, ou se trouve-t-il accompagné d'une certaine part d'idéographisme? C'est ce qu'on ne saurait dire aujourd'hui, non plus que déterminer l'origine de l'écriture propre à l'antique population de l'île de Cypre. Espérons qu'avant la fin de notre publication, qui demandera nécessairement un assez long temps, le déchiffrement des inscriptions cypriotes sera passé au nombre des conquêtes de la science, et que nous pourrons consacrer en terminant un Appendice à ce système graphique, encore enveloppé du plus complet mystère. On a lieu de fonder à ce sujet quelques espérances sur les recherches entreprises par un philologue très-ingénieux et qui a déjà bien mérité de la science, M. Joseph Halévy. — J'ajouterai qu'à mes yeux l'écriture cypriote représente un système graphique particulier, qui a dû, à une date fort ancienne, être commun aux populations étroitement apparentées qui habitaient Cypre et la côte méridionale de l'Asie Mineure, et qu'il en est resté des débris, mêlés à des éléments d'origine grecque, dans les alphabets lycien et carien.
— 107 — ce aussi quelquefois ce d'autres systèmes
en le combinant » graphiques.
avec des éléments
empruntés
à
Le travail que nous soumettons au jugement de l'illustre Compagnie, en réponse à cette question proposée par elle, est le fruit de huit années de recherches assidues (i). Nous sommes le premier à en confesser toute l'imperfection, et ce n'est qu'en tremblant que nous le plaçons sous les yeux de nos juges. Notre seule excuse pour des résultats aussi à laquelle pour un travail aussi peu digne de l'Académie incomplets, — mais nous nous hâtons nous le présentons, cette excuse d'invoquer — est dans l'immensité même du afin d'obtenir du moins l'indulgence, sujet,
écrasant
dignement ses parties,
épaules. Il eût fallu, pour le traiter d'une manière pleinement originale dans toutes une science presque universelle dans les matières d'érudi -
pour et surtout
nos faibles
tion et de philologie. Aussi ce n'est pas sans intention, ni par une feinte modestie, que nous avons pris pour épigraphe les paroles légèrement modifiées du poète latin, Materiessuperabat opus; c'est avec un sentiment sance devant un pareil
très-réel
de notre faiblesse
et de notre insuffisujet. Mais malgré ce sentiment nous avons osé aborder l'entreprise, honneur à considérant qu'il y aurait toujours l'avoir tentée, même sans y réussir. Tout notre espoir est que du moins nous serons parvenu à faire que l'on ne traite pas notre audace de présomption. Nous n'avons pas prétendu faire du neuf sur tous les points; c'eût été folie, et, dans bien des cas, nous aurions été trop incompétent Il s'est pour éviter de nous égarer. Notre objet a été plus modeste. dans un enborné la plupart du temps à grouper et à coordonner, semble général, ce qu'avaient dit sur chaque question les maîtres de la science. (1) Nous reproduisons ici la phrase même qui se lisait clansnotre manuscrit, présenté à l'Académieen 1866.Maisnous devonsajouter que depuislors il s'est écoulé six ans, pendant lesquels nous nous sommes efforcésde perfectionner notre travail autant qu'il était en notre pouvoiret de le tenir au courant des progrès incessantsde la science.
108 —
XXVII.
en examinos études de paléographie En poursuivant comparative, écritures les diverses nant soigneusement alphabétiques pour en rede manière à pouvoir chercher la parenté et en établir les divergences nous avons vu la filiation, les classer par familles et à en reconstituer pour nous, peu à peu se dégager à nos yeux une vérité assez inattendue incontestable. C'est l'existence du maintenant que nous croyons sans commune entre toutes ces écritures, lien d'une qui, origine découlent de la de dérivation différents, exception, par des courants source chananéenne. à rétablir d'une manière On peut, parvenir presque pensons-nous, mais
muldegrés de filiation plus ou moins à leur prototype et sur elles se relient originaire, tipliés par lesquels cette reconstitution baser un classement des systèmes d'écritures alphaà l'instar de ce que l'on a fait dans la bétiques par familles naturelles, certaine
botanique entreprise
l'enchaînement
des
et la zoologie. s'est montrée
intérêt de la principal côté devaient se tourner Nous
avons
donc
d'une semblable Du moment que la possibilité à nous, il nous a semblé le que là résidait et que de ce question posée par l'Académie nos efforts.
eu la hardiesse
d'aborder
étendue, pensant qu'il se renouvelait par lui donnions, en même temps qu'il prenait à le restreindre dans l'étude de la filiation tement
issus
du
le sujet l'extension
dans
sa plus vaste même que nous
un intérêt
plus
Car, général. le plus direc-
des alphabets tenu dans les limites
il se fût d'une phénicien, curiosité bien spéciale, et nous n'eussions pu, d'ailleurs, y ajouter que obtenus tels que Kopp peu de chose aux résultats déjà par des hommes et Gesenius, sous le point de vue de la paléographie ou sémitique, et M. Rirchoff sous celui de la paléographie Franz, M. Mommsen grecque, Wilson , Prinsep et M. Albrecht en ce qui touche Weber aux écritures de l'Inde. type
— 109 — Notre Essai, par conséquent, histoire générale des écritures
se trouve
être en réalité
l'esquisse d'une ramenées à l'origine phéalphabétiques Sur les points spéciaux qu'il englobe, nicienne. la voie nous était ouverte par les plus illustres maîtres, dont nous n'avons eu qu'à suivre les traces en profitant des résultats des découvertes si nombreuses que notre siècle a vues naître et qui se multiplient chaque jour. Mais dans la conception d'ensemble nous n'avions Aussi pas de prédécesseur. notre travail a-t-il naturellement toutes les imperfections d'un premier à y faire. Un travail nouessai, et bientôt il y aura des modifications veau viendra, qui le fera oublier. Cependant, si nous reconnaissons qu'il de détail à y apporter, nous nous berçons y aura bien des corrections de l'espoir qu'on ne trouvera rien de fondamental à changer dans les grandes lignes que nous avons cru pouvoir établir. Ce que nous craignons surtout, c'est de n'être pas parvenu suffisamment certaine pour le lecteur la vérité fondamentale mémoire prétend être le développement et la démonstration
à rendre dont ce , de ne
pas l'avoir assez prouvée, mise dans une lumière assez éclatante. En ce cas, ce serait notre insuffisance qu'il faudrait en accuser. Nous n'étions à démontrer une peut-être complètement pas capable de parvenir vérité de cette importance. Mais la vérité n'en subsiste pas moins, et si, malgré tous nos efforts et toute notre bonne volonté, nous l'avons laissée obscurcie encore et douteuse, nous ne doutons pas qu'un jour à quelque autre, plus heureux et surtout plus capable, ne parvienne l'établir de manière qu'elle demeure définitivement acquise à la science sur lesquelles on n'élève plus de au rang de ces vérités fondamentales mérite qui pourrait L'unique serait de l'avoir le premier entrevue. contestation.
nous revenir
dans ce cas
XXVIII.
au programme de l'Académie, nous avons commencé Conformément en essayant de à cette introduction, notre travail, dans un supplément
-
110 —
déterminer que nous offrent quel est parmi les types divers d'écriture comme véricelui que l'on doit considérer les monuments phéniciens, des le mieux la formé originaire et représentant tablement archaïque n'aurait Lors même que cette recherche lettres de l'alphabet. pas été elle eût dans les termes de la question mise au concours, comprise sur de nos investigations le point de départ été toujours indispensable des fils de Chafamilles de dérivés du système graphique les diverses naan. nous à l'étude que nous venons d'indiquer, Après la partie consacrée dans les différentes abordons la propagation de l'alphabet phénicien des diverses écritures et la filiation antique de peuple en peuple, il a donné naissance. communiqué quelles, lui-même. là ce qui compose l'ouvrage La grande et féconde invention des Phéniciens nous paraît du
régions
monde
simultanément presque cinq troncs ou courants ou familles au bout en rameaux
rayonné formant
auxC'est avoir
en différentes, cinq directions de dérivation, qui tous se subdivisent d'un certain temps d'existence. dans
Ce sont : i° Le tronc
dans lequel les valeurs des lettres sont demeu" sémitique, rées exactement les mêmes que chez les Phéniciens, sauf dans quelques dérivés peu nombreux, formés en Perse et dans les contrées immédiatement voisines, servant à écrire des idiomes lesquels, indo-européens, font des aspirations douces du phénicien de véritables Ce voyelles. tronc
se subdivise
en deux
hébréo-samaritaine et araméenne, familles, dont chacune fait le sujet d'un livre spécial dans notre Essai. a° Le tronc dont le domaine embrasse la Grèce, l'Asie Mi^ central, neure et l'Italie. La transformation des signes d'aspirations et douces, même fortes^ en signes de voyelles, Il comy est de règle constante. d'abord
les diverses
de l'alphabet sujet de hellénique, IIP livre, puis les alphabets dérivés du grec, comprenant trois Asie dans le même sens étroit familles, albanaise, asiatique (en prenant et italique, ensemble que les anciens Hellènes) que ùous avons réunies dans notre IV 0 livre. Dans la famille asiatique, nous distinguons deux prend notre
groupes,
l'un
pour
le seul
variétés
alphabet
phrygien,
qui
se compose
d'élé-
— 111 — ments exclusivement d'origine grecque, bets lycien et cari en où des caractères
l'autre
les alphacomprenant se mêlent à ces élécypriotes ments. La famille italique doit être aussi subdivisée en groupe étrusque et groupe latin, entre lesquels se place l'alphabet de nature falisque, mixte. 3° Le tronc occidental, comprenant les écritures issues de la communifaite par les colons tyriens aux habitants indigènes cation de l'alphabet de l'Espagne antique. Ce tronc ne compte qu'une seule famille. Il a, la modification comme le précédent, de pour caractère fondamental valeur
des signes d'aspirations les formes des lettres
quelle Nous avons joint à la suite tronc, en vertu du voisinage
Mais la tendance d'après laphéniciens. différente. est notablement s'y altèrent de ce qui se rapporte aux écritures de ce sur quelques observations géographique, de la dérivé isolé de l'écriture punique
l'alphabet bastulophénicien, basse époque. non plus qu'une seule ne comprenant 4° Le tronc septentrional, les runes des peuples germaniques et Scandifamille, que constituent naves établis à dater d'une certaine époque dans le nord de l'Europe, mais venus de l'Asie, où ils résidaient encore pendant une partie des de l'alphabet et où ils durent recevoir communication âges historiques inventé par les Phéniciens. Quelques éléments des écritures runiques directe de l'écriture à une communication par paraissent se rattacher
les navigateurs chananéens. D'autres, au contraire, portent l'empreinte Les runes font le sujet du VIe livre certaine de l'influence grecque. de notre Essai, comme les écritures de l'Espagne antique celui du Ve. les et Scandinaves nous étudions A la suite des runes germaniques écritures anciennes des peuples slaves^ dont l'origine se rattache aussi à et assez un système runique, connu par quelques rares monuments étroitement conservées
apparenté presque
à celui de la Germanie.
Ces runes
slaves se sont
de paléograavec de simples modifications sont mêlées aux letglagolitique ; quelques-unes notre Enfin nous terminons cyrillien. l'alphabet
intactes,
phie, dans l'alphabet tres grecques dans VIe livre parmi coup d'ceil sur les méthodes graphiques les populations celtiques de l'Irlande avant d'adopter
dont se servaient l'alphabet
latin.
— 112 — d'un nouveau par l'apparition sons vocaux au moyen cond'appendices à la figure de la consonne et en modifient la forme. Le lieu premier de dérivation assez notablement quelquefois De là il a rayonné d'un côté sur paraît en avoir été l'Arabie méridionale. des Abyssins et des Libyens forment où les écritures une l'Afrique, ou alphabet des anciens habitants famille à part avec l'himyaritique du où s'est constituée une écriture de l'autre sur l'Ariane, ïémen, spéciale, le magâdhi et sur l'Inde, dont le plus ancien alphabet, , déjà rattaché à la source phénicienne, a donné naissance Weber à par M. Albrecht de dérivés, qui se subdivisent en six familles : déune énorme quantité 5° Le tronc indo-Iwmérile, des la notation principe, ventionnels qui s'attachent
vanagârie, que nous
pâlie, drapidienne, énumérons ici dans
exerça,
océanienne et tibétaine, transgangétique, leur ordre de dérivation. chronologique l'arien et le magâdhi, fournissent la matière
et ses dérivés, livre. Le VIIIe est consacré aux alphabets de l'Inde et se par un coup d'oeil sur l'influence que l'écriture dévanagârie sur le système par suite des prédications bouddhiques, graphi-
L'himyaritique de notre VIP terrminê
caractérisé
des Chinois, ainsi que sur les tentatives que former un véritable avec les éléments alphabet de l'écriture du Céleste Empire.
eureut
symbolico
lieu
pour
-syllabiques
se clôt par un IXe livre, plus court que tous les dont le sujet est la recherche de l'origine du seul alphabet autres, qui ne rentre pas dans les familles que nous venons d'énumérer, l'alpha— et nous bet cunéiforme Cet alphabet nous semhle, perse. essayons — le résultat de le démontrer, d'une combinaison d'éléments phéniforcée et systémaciens, altérés assez profondément par l'application avec d'autres éléments tique du système de tracé cunéiforme, empruntés au syllabaire mais transportés du rôle syllabique à celui de assyrien, pur. Les nombreux l'alphabétisme vestiges de syllabisme qu'il renferme et l'emploi de quelques rares idéogrammes d'ailleurs de le empêchent classer parmi les écritures strictement et exclusivement alphabétiques. La filiation des nombreux dans ces alphabets que nous groupons troncs et dans ces familles est longuement dans le cours de développée notre Essai, où nous nous efforçons de l'établir sur des preuves couEnfin
notre
qui
Essai
— 113 — vaincantes.
Mais
nous
avons
pensé qu'il était utile de la résumer, telle que nous avons cru pouvoir la reconstituer, dans une suite de tableaux généalogiques placés à la fin de ce premier volume, immédiatement avant les planches. Ces tableaux donneront immédiatement au lecteur un exposé général de notre système, en attendant les démonstrations que contiendra le livre lui-même.
XXIX.
Rien
n'est
lorsd'écritures, que les comparaisons une méthode et avec une qu'on n'y procède-pas d'après rigoureuse critique inflexible. 11 n'est peut-être pas un ordre de matières où l'illusion soit plus facile, où Un mirage trompeur se forme plus rapidement à de plus graves erreurs. Les exemples en sont et puisse entraîner plus
dangereux
et bien des fois des savants nombreux, sous ce rapport, à des erreurs étranges,
éminents se sont laissés aller, faute de principes de critique dans assez sévères, en allant chercher leurs éléments de comparaison souvent très-éloignées. des alphabets divers et d'époques La première nécessité pour atteindre un résultat solide et vraiment était donc comparative, scientifique dans notre étude de paléographie de fixer notre méthode d'une manière immuable, d'après les principes à une certitude presque d'arriver de critique qui pouvaient permettre absolue. En conséquence, nous nous sommes imposé la loi : les dates i° De commencer par établir, autant que faire se pouvait, des écritures que nous que nous possédons précises des monuments voulions comparer ; de la base fondamentale a0 De faire de ces déterminations d'époques et de nos tentatives pour rétablir la filiation des nos rapprochements sans jamais, quelque tentation que nous pussions en éproualphabets, ; ver, nous écarter des données qu'elles fournissaient entre deux écritures pour 3e De ne jamais établir de comparaison 8
— 114 — leur filiation les documents historechercher respective, que lorsque chez lesquels entre les peuples elles avaient été riques nous révélaient en usage des relations assez directes et assez intimes pour permettre de la communication de l'alphabet de l'un à l'autre ; supposer séduisant tout rapprochement, 4° D'éviter qu'il pût être, quelque entre des écritures usitées à plusieurs siècles d'intervalle; 5° Enfin de considérer matérielle et positoujours, jusqu'à preuve tive du contraire, entre cédentes nous permettait être la plus voisine dont les monuments
deux
écritures
des règles préque l'application de rapprocher et de comparer, comme devant du prototype et la mère de l'autre, celle originaire à date certaine le plus haut dans la suite remontent
des siècles. fondamentales de méthode Telles sont les règles dont nous nous sommes imposé de ne jamais nous départir. Nous osons espérer que leur application inflexible nous aura mis à l'abri des plus graves erreurs on eût été exposé dans des recherches de ce genre faute de auxquelles lois critiques assez sévères qui eussent guidé dans les rapprochements.
XXX.
Toute écriture subit par l'usage et par le cours du tions considérables, et s'éloigne de son type primitif constante et graduelle. La transmission d'un peuple mente encore l'action de cette tendance et précipite la C'est là un principe qui peut être posé avec certitude
temps des variapar une marche à un autre augdéformation. et qui ne souffre
aucune Mais ou ne saurait formuler de lois pour la plus ou exception. moins grande des progrès de cette déformation. Elle dépend rapidité en effet des causes les plus diverses et par conséquent ne suit en aucun endroit la même marche. Chez deux peuples dont les écritures sont nous
l'une
s'altérer
avec une extrême et l'autre rapidité, en présentant ce que les naturalistes s'immobiliser, pour ainsi dire, un arrêt de développement. appellent soeurs,
voyons
— us
—
Tout ce que l'on peut établir consiste dans les deux suivants,
à ce sujet comme principes généraux dont la justification sera fournie dans le cours de notre Essai par de nombreux exemples : i° Le plus ou moins grand développement de la culture littéraire, et de l'usage de l'écriture, chez un peuple, est la cause par conséquent de la rapidité plus ou moins grande avec principale et déterminante laquelle les figures des lettres de son alphabet s'altèrent et se modifient. Les signes graphiques subissent en réalité comme une sorte d'usure dans un emploi fréquent et se conservent au contraire quand on n'en fait que peu d'usage. Chez un peuple lettré, qui écrit beaucoup et où la majorité pratique cet art, les variations paléographiques sont fréla déformation des lettres, soit par voie de comquentes et précipitent quand il s'agit d'un type d'écriture soignée, plication et d'enjolivement dans lequel on cherche avant tout l'élégance, soit par voie de simplification et d'abréviation cursive, quand il s'agit d'un type d'écriture est la rapidité du tracé. Le peuple qui fait dont la première condition le plus rare usage des lettres, celui qui écrit le moins et qui reste sous est celui qui conserve le ce rapport dans un état de quasi-barbarie, et le plus inaltérées les formes primitives des signes de plus longtemps l'alphabet. 2° La nature
que subissent les formes de l'écriture, des mains d'un peuple à celles d'un principalement en grande partie par la différence des procédés autre, est déterminée matériels de l'art d'écrire. En effet, rien ne varie plus que l'instrument des ressourdeux choses qui dépendent et le récipient de l'écriture, des modifications dans le passage
du peuple où elles sont employées. ces matérielles .4 ce point de vue les écritures peuvent être divisées en deux classes : celles qui sont peintes avec une encre de telle ou telle couleur, et celles les lettres ont des qui sont gravées à la pointe. Dans les premières, et elles ne craignent pas la complication formes pleines et arrondies; Dans les secondes, les ornementaux. les traits purement multiplient on tend à réduire autant que possible lettres sont grêles et anguleuses; le nombre des traits. la différence Rien, du reste, ne saurait mieux prouver à quel point
— H6 — des procédés la comparaison
matériels
assyrien. Les Égyptiens
entre
influe
des écritures extérieur que le chinois et le cunéiforme égyptien,
sur l'aspect
l'hiératique
au sur le papyrus, taillés carrément, qu'empareils aux calâmes moyen de gros roseaux hiératiques ploient encore les Arabes ; la cursive de leurs manuscrits sans déliés, tandis absolument est arrondie, épaisse, presque pesante, conforsur la pierre restent toujours, sculptés que les hiéroglyphes dans comme mément à leur rôle originaire, une sorte de bas-relief des nécessités le scribe tient toujours compte l'orthographe duquel écrivaient
avec
une
encre
épaisse
de l'art. exigences de des caractères chinois, général compliquées l'aspect à leurs traits, la grosseur des pleins et la finesse des déliés, tiennent du pinceau, Cette révèlent au premier l'emploi qu'elles coup d'oeil. du moins aux trois espèces les plus récentes de observation s'applique caractères invenII, tshào et Mai, qui furent successivement appelées ornementales Les formes
et des
tées àpartir du deuxième siècle de notre ère, et dont la tère II, date du changement du matériel de l'écriture pinceau de poils ainsi que du papier sous la dynastie ravant on écrivait avec un calame sur des planchettes bou ou avec la pointe d'un style (2) ; c'est de cette
le caracpremière, et de l'adoption du des Hân (i). Aupaminces de bam-
façon que furent tracés les livres canoniques. Aussi le caractère longtemps plus ancien, dont on rapporte l'invention au temps de Khoung-tsèu appelé ichouàn, très-nettement de ces procédés (Confucius), porte-t-il l'empreinte graphiques dans les traits raides et grêles qui le composent (3) ; quant à la (1) Voy. le curieux morceau de Pan-Kou sur les changements de l'écriture au temps des Hân et la perturbation qui en résulta momentanément dans les actes publies, traduit par M. Pauthier, Journal asiatique, septembre-octobre 1867, p. 264 etsuiv. L'invention du pinceau est de quelques siècles antérieure. On l'attribue à Moung-tien, général qui -vivaitau troisième siècle avant notre ère sous le fameux incendiaire des livres, l'empereur Thsin-Chi-Hoang-ti.Mais on dit formellement que l'usage de cet instrument ne devint général que sous les Hân. (2) Voy. le témoignage de Tcboùng-tsèu, traduit par M. Pauthier, Journal asiatique, avrilmai 1868, p. 394. (3) Voy. les intéressants tableaux comparatifs de la forme des 214 clefs dans les trois écritures tchouàn, thsào et liai, donnés par M. de Rosny, Archives paléographiques de l'Orient et de
— 117 — variété
nommée
inventée au troisième siècle chàng-fdng-ta-tchouàn, avant J.-C. par le ministre Li-sse, il suffirait d'en voir quelques échantillons pour comprendre sa destination purement épigraphique, quand même elle ne serait pas attestée par les historiens chinois. Les Assyriens et les Babyloniens ne traçaient les signes de leur écriture, ni à l'encre avec le calame ou le pinceau sur le papyrus, des peaux ou des bandelettes de toile, ni à la pointe sèche sur des préparées des feuilles de palmier ou des écorces d'arbres. Faute planchettes, d'autres ressources facilement à leur portée, ils les dessinaient en creux sur des tablettes d'argile molle qu'ils faisaient cuire après, pour les conserver
(i).
Or l'élément
tout
particulier
qui produit
l'aspect
ori-
l'Amérique, 1.1, pi. 143-159. Ils sont meilleurscommedessin des caractères que les tableaux semblablesprécédemmentpubliés. Nous ne remontonspas plus haut que le tchouàn,car on a trop peu de documentsvraiment authentiquesde l'écriture chinoisedes époquesprimitives, dite khô-teoù,ou « en têtards» pour définird'une manière suffisante la nature intime de cette écriture et les procédésgraphiques qu'elle révèle.Tousles spécimensd'ailleursen sont épigraphiqueset nousne les connaissonsde plus quepar les reproductionsdesrecueilsarchéologiqueschinois.Il faut en chercherle véritable type dans des inscriptionstracéessur quelquesobjetsde bronze qu'on fait remonter aux dynastiesHia et Chang, ou bien au temps des Tchêou(par exempleles deux courts textes épigraphiques que M.Pauthier a reproduitsdans le Journal asiatique d'avril-mai 1868,P- 368, d'après le recueil Tchoùng-ting-k'ouàn-chih), plutôt que dans la fameuseinscription de Yu (Hager, Monumentde Yu, Paris, 1802, in-f°; Klaproth, Inschrift des Yù, Berlin, 1811, in-4°; Journal asiatique,avril-mai 1868,p. 336et 337),car les fac-similéde cedernier monument pris sur des estampages indiquent un grand état de dégradation des caractères par -suite des injures du temps et des intempériesdes saisons, et la restitution qu'en donnentleslettrés chinoisa en bien des points quelquechosed'un peu arbitraire. Autant qu'on en peut juger, du reste, cette écriture Tihô-téou sembleplutôt inventée pour être gravée ou tracée avec un roseau assez rebelle, commele caractèretchouàn, et il y a quelque chosedemonumental dans la rechercheconstante de symétriequi préside à la majeure partie des altérationsqu'y ont subies les hiéroglyphesprimitifs. Quant à ces hiéroglyphesde l'origine, dont se servaient à une époqueencoreantérieure les « Cent familles » et leurs premiers descendants,nousne les connaissonsque par ce qu'en disent les grammairiens et les érudits de la Chine. Aucun monument n'en est parvenu jusqu'à nous. (1) Nous possédons sur ces tablettes d'argile, in coclilibuslaterculis, comme dit Pline (Eist. nat., VII, 57), une telle masse d'exemplesde tousles emploisles plus journaliers et les moinsmonumentaux de l'écriture, fragments de livres, documents d'archives, rapports administratifs, registres de compteset contratsprivés, qu'il faut nécessairementen venir à l'affirmation que nous énonçonsici, et reconnaîtreque c'était là le modeessentielet unique pour écrire en cunéiformedans la civilisationdes bords de l'Euphrate et du Tigre. Cependantun desbasreliefsdu palais de Ninive,représentant les scènesde la guerre d'Assourbanipalen Susiane,
— 118 — ginal
des
les figures,
écritures
cunéiformes
le clou >—,
ou T, n'est
et y devient autre
dont gile par le style triangulaire on a trouvé de nombreux et dont dans Ninive (i). On a ensuite, les
on
que se
le générateur le sillon tracé Servait
échantillons inscriptions cet élément
pour dans les
de toutes dans
l'ar-
cet
usage ruines de
monumentales,
un
le tracé de générateur par une quelquefois peu modifié de calligraphie. décorative et un vrai caprice recherche d'élégance de donAinsi les Perses dans leur avaient pris l'habitude alphabet ou d'une ner au trait ou au clou la forme d'une queue d'hirondelle même aux ce type graphique pointe de flèche f, et ils ont appliqué dans les inscriptions assyro-babyloniens, trilingues qu'ils ont sauf fait graver. Chez les Assyriens et les Babyloniens, au contraire, de quelques émaillées où la tête des traits s'élargit l'exception briques de manière à leur donner de vrais marhorizontalement l'apparence même dans teaux (2), le tracé du clou est resté fidèle à son origine, monumentale avec la plus et l'épigraphie gravée grande élégance, caractères
même
dans les monuments
où les Babyloniens du dernier empire substiles inscriptions à un grand tituèrent, pour qu'on voulait reproduire nombre à l'emploi du style manié à la main, une imd'exemplaires, dans l'argile encore molle au moyen de planches de bois grapression vées en relief (3). nous montre un scribe assyrien enregistrant les têtes coupées sur les ennemis, que lui apportent les soldats, et ce scribe écrit avec un roseau ou avec un style sur une bandelette étroite et flexible, qui s'enroule à son extrémité et qui semble faite en écorce (voy. Menant, les Écritures cunéiformes, 2e édition, p. 263). Mais ce scribe écrit-il en cunéiforme? N'est-il pas plutôt à supposer qu'il se sert de l'alphabet de vingt-deux lettres d'origine phénicienne, que les monuments épigraphiques nous prouvent avoir été dès lors en grand usage à Ninive et à Babylone ? (1) C'est également une question de procédés matériels, tenant à la maladresse et à l'inexpérience dans la gravure du bronze, qui donne le même aspect cunéiforme à tous les traits dans une des plus vieilles inscriptions grecques connues, le traité des Héréens et des Éléens, inscrit sur une tablette de bronze qui se conserve maintenant au Musée Britannique: Corp. inscr. groec, n° 11. (2) Voy. un exemple dans Layard, Nineveh and Us remains, Se édition, t. II, p. 180. (3) L'examen des briques des rois du dernier empire de Chaldée, postérieur à la destruction de Ninive, ne laisse pas de doute sur l'emploi de ce procédé d'impression xylographique à Babylone dans le septième et le sixième siècle avant notre ère : voy. Menant, lesÉcritures cunéiforme, 2e édition , p. 262. Tous les exemples connus en ont été faits avec des planches de bois
— 119 —
xxx
r.
C'est à la langue des sciences naturelles le terme à?arrêt, de développement. Il nous réclame quelques explications. L'immortel
que nous avons emprunté sert à désigner un fait qui
a démontré que pendant le temps de son développement intra-utérin le foetus des animaux supérieurs traverse une série de phases dans lesquelles son organisation reproduit successivement celle des classes d'animaux inférieurs. Un mammiGeoffroy
Saint-Hilaire
fère, dans le sein de sa mère,
est d'abord
poisson, puis reptile, et son n'atteint au type complet organisation, progressivement perfectionnée, de la classe à laquelle il appartient s'être élevé par une série qu'après continue
de transformations d'un type inférieur à un type toujours Le monstre est un foetus dont le développement s'est arrêté supérieur. à l'une des évolutions son qui précèdent par une cause accidentelle arrivée à l'état parfait. Il se produit des faits analogues dans le développement et la vie des s'il est permis de se servir de ce terme. Par une cause accide déterminer et dentelle, que le plus souvent il nous est impossible dont nous ne pouvons que constater les effets, une écriture en usage dans une vaste étendue de terrain s'immobilise et, pour ainsi dire, se de sa dégénérescence à une certaine évolution cristallise quelquefois d'un des pays où elle était, entre les mains des habitants graduelle reste de son domaine elle suit la loi employée, tandis que dans tout le Il arrive alors continue que nous avons constatée. de transformation écritures,
en usage dans un très-petit coin de terre demeure le de l'état de choses par lequel ont dû nécessairement passer représentant de peuples nombreux, à une certaine époque les écritures que nous que l'alphabet
gravées d'une seule pièce, et il ne semblepas qu'on y ait jamais employédescaractèresmobiles commedans les timbres des amphores grecques.Chezles Assyriensproprementdits, le procédé ne paraît pas avoir été connu, et l'on n'a d'exemplesque de l'écriture à la main.
— 120 — et de du type primitif ne connaissons plus éloignées que beaucoup facilement et l'on se rendra C'est toujours, compte qu'il l'origine. où ce système d'écriture en doit être ainsi, celui de tous les peuples la civilisadans l'histoire, a été usité qui a eu le moins d'importance de développel'arrêt se produit chez lequel tion la moins brillante, ce fait précédent sans altération de l'alphabet de la conservation presque signes en faire une chez les peuples peu; et l'on peut presque qui écrivent dans nos fois obligé, loi. Il en résulte que nous avons été plusieurs à un certain des écritures, de faire figurer tableaux généalogiques a été presd'un petit pays dont l'influence degré de filiation l'alphabet sans qu'il de grands peuples, que nulle, comme la source des alphabets de prétendre et de supposer soit jamais venu à notre pensée que c'est ment.
Nous
avons
déjà des
indiqué
dans
le paragraphe
. de ce petit pays qu'il aura rayonné sur les peuples chez qui nous du degré de filiation en usage les écritures postérieur. Un exemple rendra ceci plus clair.
de la famille arasémitiques le palmyrénien comme la source d'où sont nous avons marqué méenne, sortis le pamphylien, le sabien et le syriaque estranl'auranitique, Est-ce à dire.que nous considérions comme le centre ghelo. Palmyre à la Pamphylie, au Haouran, à la Characène qui a imposé son écriture et à la contrée où l'estranghelo Non certes; d'Édesse, prit naissance? une telle hypothèse serait contraire à tous les faits de l'histoire, et elle n'a même de notre pensée. Ce que nous avons jamais approché Dans
voulu — et vante
le tableau
consacré
voyons
aux écritures
araméenne s'est immobilisée à Palmyre que l'écriture n'a jamais été un lieu de culture sapar cela même que Palmyre — à un certain et littéraire état des transformations a dû qu'elle dire,
nécessairement
c'est
traverser
dans
les
diverses
contrées
que
nous
avons
car sans cet intermédiaire il serait impossible de se rendre énumérées, sont sortis du type encore plus compte de la façon dont leurs alphabets ancien de Yaraméen des papyrus. Les inscriptions repalmyréniennes seules cette phase des évolutions de l'écriture araméenne. présentent Force était donc d'inscrire le mot palmyrénien à son degré dans le tableau des filiations, sans vouloir aucunement à Palmyre attribuer un
— 121 — rôle et une influence dans le monde de l'aramaïsme cette ville de marchands possédés, sans transformer
qu'elle n'a jamais et de conducteurs
aramaïsée à la surface pendant un temps, de caravanes, arabe, en un centre intellectuel. toujours foncièrement
mais restée
XXXII.
Nous n'avons encore parlé que des simples changements qui se prodes lettres restées les mêmes, dans duisent dans la forme extérieure de l'écriture d'un peuple à un autre. Mais lors d'un la communication fait de ce ture plus compléter mer dans
d'une nagenre, il se produit encore d'autres changements, et dont nous devons dire quelques considérable mots pour les observations générales qu'il nous a semblé utile de résucette introduction. Ce sont les changements des valeurs des de signes à l'alphabet. lettres, puis les additions ou les suppressions Il est très-rare que les idiomes de deux peuples de la même famille les mêmes articulations, dans le même nombre. possèdent exactement A plus forte raison en est-il ainsi lorsqu'il s'agit de deux idiomes de
familles
différentes. à un autre
Aussi arrive-t-il très-souvent qu'en passant d'un les signes de l'écriture changent de valeur et ne
peuple à la même prononciation. L'articulacorrespondent plus exactement tion que telle lettre peignait chez le peuple qui transmet l'écriture, chez le peuple qui la reçoit; mais celui-ci, en n'existe pas identique voisine, qui en tient revanche, possède dans son organe une articulation la place. La lettre en question s'emploie dès lors pour la figurer, en Les exemples de ce fait sont extrêmement vertu de l'affinité organique. On l'a multipliés dans l'histoire de l'art d'écrire et de sa propagation. d'un certain dans l'application se produire vu déjà tout à l'heure nombre
de phonétiques
égyptiens
aux sons de l'organe
sémitique,
d'où
sortit l'alphabet phénicien. de et le plus frappant parmi ces changements Le plus considérable inventé chez les Chananéens valeurs est celui qui, lorsque l'alphabet
— 122 — à des peuples de race indo-européenne, dans les idiomes transmis avaient un caractère fixe et radical tandis que les les voyelles desquels étaient moins que chez les Sémites, multipliées beaucoup aspirations et même quelquefois des les signes des aspirations transforma douces, fut
exactement Ce fait se produit de la en signes des sons vocaux. occidental des troncs central, manière dans toutes les écritures de la famille restreinte ainsi que dans une portion et septentrional, Dans et du zend. des divers alphabets araméenne, pehlevis composée les signes d'aspirations douces du phénicien de l'Inde les alphabets
fortes, même
deviennent
aussi
où l'on
des voyelles, dire jusqu'à
pourrait tion y est inhérente. Mais ce n'est pas le seul et de leur des articulations
mais un
effet
seulement certain
amené
nombre
point dans
le rôle d'initiales, sorte d'aspiraqu'une
l'écriture
par
l'a variété
Soupeuples. de l'organe de la nation plus civilisée vent une des articulations qui la notion de l'alphabet et de ses signes à une autre moins communique défaut chez cette dernière, sans être remplacée avancée, fait absolument là où il n'y avait D'autres fois, au contraire, analogue. par une autre seule articulation qu'une représentée qui par un seul signe, le peuple en possède deux ou trois, voisines les unes des autres reçoit l'écriture et ne différant que Dans le premier dans
les mots
entre
dans
par des nuances. cas, les signes qui de la langue disparaissent
les différents
ne trouvent de l'usage comme nous
pas d'application et souvent même
de l'alphabet. le voyons dans le Cependant quelquefois, grec, bien que n'ayant plus d'emploi lorsqu'il s'agit de tracer les mots de l'idiome, ils sont maintenus mêmes la série théorique dans de et servent comme signes numéraux, la valeur l'alphabet représentant à leur place dans cette série. correspondante Dans le second cas, l'alphabet transmis étant insuffisant, on y ajoute de nouveaux les articulations signes pour représenter qui n'y avaient Mais jamais ces signes additionnels ne sont composés pas d'images. absolument de fantaisie. Toutes les fois, sans exception aucune, que l'on recherche leur origine, on reconnaît avec certitude qu'ils ont été tirés
des
signes
affectés
à peindre
les articulations
les
plus
voisines,
— 123 — celles
-
la plus grande affinité d'organes. Tantôt c'est ce ou de traits adjectices pour dissigne marqué de points diacritiques tinguer sa nouvelle valeur. Tantôt il est coupé par la moitié, soit dans le sens vertical, soit dans le sens horizontal, ou bien, au contraire, il est doublé par superposition ou par accolement. Mais toujours les ont pour élément générateur et fondamental le signe signes nouveaux qui
de l'alphabet
offraient
qui a servi
de prototype,
dont la prononciation
était le
plus rapprochée. En suivant attentivement la filiation des écritures, on observe quelet de ces additions quefois un fait curieux, par suite de ces suppressions de lettres. On verra à plusieurs reprises, dans le cours de notre Essai, une articulation, représentée par un signe spécial dans l'alphabet phédans son dérivé le plus immédiat, nicien, disparaître puis se retrouMais alors, comme ver au second ou au troisième degré de filiation. aux degrés antérieurs, et le signe phénicien était tombé en désuétude s'en était complètement comme la tradition oblitérée, cette articulad'une nouvelle tion nécessite la formation lettre, d'après l'un ou l'autre
des procédés
que nous venons
d'énumérer.
XXXIII.
ne sont pas affaire de de paléographie comparative simple curiosité, sans intérêt général. Elles ont, au contraire, une véritable importance pour l'histoire des idées et de la marche de l'esprit humain, par un point de vue que, dans notre Essai, nous nous sommes efforcé, autant que possible, de ne point négliger, mais au contraire cherché à appeler l'attention. sur lequel nous avons constamment d'un peuple à un autre est le signe La transmission de l'écriture matériel, palpable et impossible à révoquer en doute de la transmisen sion des idées. On ne saurait, en effet, absolument pas admettre et enseigner à une bonne logique qu'une nation ait pu communiquer matériel de la fixation de la autre, moins avancée qu'elle, l'instrument Les recherches
— 124 — pensée, lisation, sances,
sans
sur ses idées, sûr sa civiinfluence profonde sur sa religion, sans lui communiquer bien d'autres connaissans lui enseigner d'autres arts. La recherche de la filiation des écritures est donc une part importante de la recherche de
précise la filiation
exercer
de
la
une
pensée
entre
les
différents
peuples
dans
les
âges
antiques. Sans doute
à vouloir pousser il y aurait un grave inconvénient trop loin l'application de ce principe, à prétendre la qu'il suffit de rétablir filiation dé l'écriture d'un peuple à un autre pour en conclure la filiation de toutes les idées. Souvent une influence et déciprépondérante sive a été exercée sur la pensée d'une nation par un autre côté que celui d'où lui est venue l'écriture. antérieurement à la transSouvent, mission de l'alphabet, elle était en possession d'une masse considérable d'idées à elle propres, et sa religion s'était déjà constituée d'une manière assez puissante modifiée par l'influence pour n'être pas essentiellement qui
apporta Cet art ingénieux Dé peindre la parole et de parler aux yeux.
le fait subsiste Mais, malgré ces restrictions que le bon sens réclame, avec assez de constance être érigé en loi. Jamais la transpour pouvoir mission de l'écriture n'a eu lieu sans une transmission d'idées plus ou moins dont elle est l'indice extérieur et tangible. considérable, C'est là que réside, à nos yeux, la principale des recherimportance ches sur l'origine et la filiation des écritures. C'est par là qu'elles se rattachent aux considérations de l'intérêt le plus haut et le plus aux grandes de la civilisation humaine. général, lignes de l'histoire
ESQUISSE D'UNE
PALÉOGRAPHIE
PHÉNICIENNE POUR SERVIR DE
COMPLÉMENT A L'INTRODUCTION.
I.
devait nécessairephénicienne L'esquisse rapide d'une paléographie ment, comme nous l'avons dit plus haut, rentrer dans notre plan. Avant d'aborder l'étude de la propagation de l'alphabet des fils de Chanaan dans le monde antique, avant de rechercher de quelle manière et par quels degrés de filiation les diverses écritures en sont de nous rendre un compte exact issues, il est absolument indispensable des divers types paléographiques de cet alphabet et, autant que posNous ne pouvons tenter avec quelques sible, de leurs dates respectives. chances de succès de faire l'histoire des dérivés du système graphique des Phéniciens qu'après avoir précisé les diverses évolutions de ce système lui-même. Cest ce que nous allons essayer dans un complément à comme un chapitre préliminaire notre Introduction, de qui constituera être très-bref, Mais il nous faudra forcément lui-même. l'ouvrage et nous borner à esquisser dans laisser de côté les détails secondaires traits du tableau ; car, si cette maun coup d'oeil rapide les principaux tière est indispensable
à examiner
avant
d'aborder
les questions
qui
— 126 — font
le sujet
même, antique.
qui .
de notre
livre,
est la propagation
elle
est cependant
de l'alphabet
en dehors phénicien
du sujet luidans le monde
II.
était encore la paléographie de Gesenius phénicienne un véritable chaos. L'erreur essenet constituait à l'état embryonnaire erreur orientaliste tielle de l'illustre allemand, qui lui a été déjà reproduc de Luynes dans sa Numiset à jamais regretté chée par l'éminent en aucune les des Satrapies, était de n'avoir façon distingué matique Dans
l'ouvrage
des différentes contrées révélées par les inscriptions graphiques des Phéniciens étaient en usage et ont laissé où la langue et l'écriture de la science a Mais depuis Gesenius cette partie des monuments. marché à grands pas, et la distinction que n'avait pas su faire l'auteur
familles
un fait acquis pour tous ceux est maintenant phoenicia des études phéniciennes. qui s'occupent Le point fondamental a été reconnu et établi par le regrettable docteur A. Levy de Breslau dans ses Études (Phoephéniciennes nizische fasc. i), et à sa suite par M. le comte de Vogué (i). Sludien, C'est que les différentes variétés de l'écriture chananéenne, proprement des Monumenta
sur tous
les monuments
types principaux, et dans le tracé
se ramènent connus, jusqu'à présent notablement dans leur aspect qui diffèrent de certains caractères.
à deux général
Les signes de l'alphabet dans lesquels se marquent les différences les entre les deux types paléographiques ceux plus essentielles phéniciens, comme caractéristiques de l'un et de l'autre, que l'on peut regarder sont i, % r, n, ta, \ S, a, w et n. p, Le D et le Itf, dont les formes ont tant de rapports et suivent tou-? dans le premier jours des évolutions parallèles, présentent type une double brisure : anguleuse ^etW (1) Revue archéologique) nouv. sér. t. XI, p* 319 et suiv.
— 127 — remplacée dans le second barre verticale :
par un trait arrondi
ou carré que traverse
une
yh >ti f/ Le 3, le
"
et le % dressés
dans le premier 7,
sont renversés latérales
dans le second
Z,
type :
2
sur ce qui était d'abord
une de leurs faces
: A,
N,
r>J
Le ;, composé de deux traits seulement dans un des types, V , ne reçoit comme complément un troisième par en bas dans l'autre type, '-i • Le PI est d'un tracé plus simple dans le premier, VI ou B, que dans le Il en est de même du second, ^. p, qui se compose dans l'un des d'une simple tête ronde ou angutypes d'une haste droite surmontée i , T ou T , et dans l'autre se termine en haut par une double leuse, Y. Le tD, complètement dans le premier type, ©, circulaire s'allonge dans le second et prend une figure ovale, 6?. Le J"l s'allonge dans un type, -j- ou X , il en vient dans l'autre également; cruciforme à se composer d'une longue haste traversée d'un trait plus court, lesur la gauche et ne paraît plus encore fréquemment quel s'atrophie i~ f1 ou/ 1. Quant au 1, le chanqu'à la droite de la haste principale, gement qu'il subit consiste en ce que sa tête, assez fermée dans le preboucle,
mier type,
noul,
s'ouvre
complètement
dans
le second,
I oui.
III.
Des deux types fondamentaux de la paléographie phénicienne, que nous venons de signaler, d'accord avec M. le docteur A. Levy et M. le comte de Vogué, le premier ne nous est encore révélé que par un assez petit nombre de monuments.
— 128 — Ce sont : de Mésa, roi de Moab, gravée sur la stèle de La grande inscription a eu dans les derniers temps Dhibân, dont la découverte par M. Ganneau c'est à la fois le plus antique un si immense et si légitime retentissement; et le plus précieux monument parmi tout ce que l'on possède de l'épiavec un s'y présente déjà l'écriture (i) ; pourtant graphie sémitique caractères, qui fatigué et usé dans la forme de certains de ce type graphique siècles d'usage antérieur ; c'est ce plusieurs fait comme un 6, dans la forme du J, qui est presque qu'on remarque chose cuà infléchir les queues des hastes droites; et dans la tendance ne se montrent rieuse, les mêmes particularités pas dans les autres modu même type phénuments, pourtant postérieurs pour la plupart, un aspeet des traits y donne nicien, que nous allons citer; la rigidité aspect révèle
comme
plus archaïque; Les célèbres
poids
de bronze
en forme
de lions
à la fois des portant en cunéiforme assyrien, de Nhuroud (2)^
et des inscriptions inscriptions phéniciennes dans ses fouilles que M. Layard a découverts La grande majorité des pierres gravées, cylindres, scarabées et cônes à légendes qui ont été rapportées depuis vingt ans de phéniciennes, de Ninive et des ruines des autres villes de la vallée de l'EuBabylone,
des pierres gravées phrate et du Tigre, ainsi qu'une plus faible portion de la Phénicie à fournir en si commencent que les nécropoles propre à l'étude abondance des savants grande (3) ; Les deux inscriptions de Malte auxquelles a appliqué les Gesenius de troisième et de quatrième désignations (4) ; L'inscription
de Nora
en Sardaigne
(5), encore
incomplètement
ex-
(1) Ganneau et Vogué, Inscription de Mésa, roi de Moab, Paris, 1870, br. in-4°. —Ganneau, La stèle de Dhibân, dans la Revue archéologique, nouv. sér. t. XXI, p. 184-207, pi. VIII. — De Rosny, Archives paléographiques de l'Orient et de l'Amérique, t. Ier, pi. 21 ; p. 170-177; article de M. Oppert. (2) Norris, Journal of the Royal Asiatic Society, t. XVI, p. 215 et suiv. — Layard, Mneveh and Rabylon, p. 601. (3) Voy. principalement le remarquable mémoire de M. de Vogué sur les Intailles à légendes sémitiques, dans la Revue archéologique, nouv. sér. t. XVII, p. 432 et suiv. (4) Gesenius, Monumenta phoenicia, pi. VIII, nos 3 et 4. (o) ïbid. pi. XIII, no 41.
— 129 — pliquée, mais si curieuse par ses formules insolites, où la première ligne, suite d'une phrase dont le commencement est perdu, mentionne le pays de Tharschisch dont la Bible parle si souvent à propos des navigations I^UHrO, et la troisième et la quatrième ligne contiennent phéniciennes, une invocation pour demander la paix du dieu traduit plus tard par les Romains en Sardus Pater, TXtilVÏ \TW ntf (i) . C'est à ces différents monuments que nous avons emprunté les formes de caractères réunies dans notre planche II, où le lecteur pourra se faire une idée complète du premier type de la paléographie des fils de Chanaan.
IV.
Si les monuments du premier type de la paléographie phénicienne sont jusqu'à présent assez peu nombreux, ceux du second commencent, au contraire, à être fort multipliés. C'est à ce type en effet qu'appartiennent la plupart des inscriptions actuellement connues. phéniciennes D'un monument à l'autre il offre quelquefois des différences assez senen plusieurs variétés seconsibles, et il serait facile de le subdiviser daires; mais il n'en conserve pas moins son unité générale, déterminée décisifs et communs à toutes ses variétés que nous par les caractères avons énumérés tout à l'heure. Le nombre des monuments connus de ce type ne nous permet pas de faire comme pour l'autre, de réunir en un seul tableau les formes des à tous ces monuments. Il nous a fallu faire un choix, lettres empruntées et dans notre planche III nous avons rassemblé les fac-similés des vingtdeux signes de l'alphabet, puisés seulement dans les plus importants (1) Le dieu "pltt? 3N, accompagnéde son nom, était représentésur un monument découvert au quinzièmesiècleen Sardaigne, dont le dessin,fait à cetteépoque, a été publiépar le général Albert de la Marmora, Sopra alcuneantichità sardericavate da un manoscrittodel XV secolo, pi. III, n° 43, dans le tome XIVde la secondesérie des Mémoiresde l'Académie royale de Turin. 9
— 130 — monuments dont surtout
du
second
on peut
type phénicien, paléographique arriver à déterminer la date avec une
dans
ceux
certitude
au
Nous avons, du reste, choisi les éléments de ce approximative. secondaires du type d'écritableau de manière que toutes les variétés ture qui nous occupe en ce moment leurs y fussent représentées d'après meilleurs spécimens. moins
Les monuments sont
épigraphiques
qui
nous
en ont
fourni
les éléments
:
Le célèbre
dont l'inscription commentée d'Eschmounazar, sarcophage par MM. Dietrich (i), Hitzig (2), Ewald (3), le duc de Luynes (4), A, Levy (5), l'abbé Barges (6), Munk (7), demeure le document le plus ; capital de l'épigraphie phénicienne La deuxième de Sidon, et expliquée inscription publiée par M. le comte de Vogué (8), puis par M. le docteur A. Levy (9) ; de Citium dans l'île de Cypre, rapportée à Oxford L'inscription par Porter de Thaxted (10); celle que M. le comte de Vogué a découverte dans la même localité et donnée au musée du Louvre, contenant la dédicace d'un autel faite dans la vingt-et-unième année du roi Pumiathon (11), et celle qui, donnée au Louvre par M. Rey et datée de la troisième année de Bîelekiathon, a élé également père de Pumiathon, autres publiée par M. de Vogué (12); pour.ce qui est des trente-trois inscriptions
phéniciennes
copiées
à Citium
par
Pococke
et Porter
( 13),
(1) Zwei Sidonischen Inschriften, Marburg, 1855. (2) Lie Grabschrift des Eschmunazar, Leipzig, 1853. (3) Erkloerung der grossenphoenizischenInschrift von Sidon, Goettingue, 1886. (4) Mémoiresur le sarcophage et l'inscription funéraire d'Esmunazar, Paris, 1856. (5) PhoenizischeStudien, fasc. I. (6) Mémoire sur le sarcophage et l'inscription funéraire d'Eschmounazar, Paris, 1857. (7) Journal asiatique, 5e série, t. VII, p. 273-315. (8) Mém. présent, par div. sav. à l'Acad. des Inscr. {"série, t. VI,part. Iro, p. 55-73; pi. I. (9) PhoenizischeStudien, fasc. III, p. 25-31; pi. n° 3. (10) Gesenius, Monumentaphoenicia, pi. XI, n° 9. (li) De Vogué, Revue archéologique, nouv. sér., t. III, p. 247 et suiv. —A. Levy, Phoenizische Studien,î&sc. III, p. 1-17; pi. n» 1. — De Vogué, Mélanges d'archéologie orientale, p. 13-20, pi. II. . (12) Mélangesd'archéologie orientale, p. 2-13, pi. I. (13) Gesenius, Monumenta phoenicia, pi. XI, nos 8, 11, 28 et 30; pi. XII, n0*10-40.
— 131 — et dont les originaux sont aujourd'hui perdus, les copies qu'on en possède sont si mauvaises qu'on ne peut en tirer une lecture certaine et satisfaisante
(sauf de la première) (i), à plus forte raison donc ne peuvent-elles pas servir comme documents paléographiques ; mais, en revanche, nous devons encore citer comme un précieux spécimen du bitype de caractères dont nous parlons en ce moment, l'inscription et cypriote, datée de la quatrième année du règne lingue, phénicienne de Melekiathon, découverte dans les ruines que M. Lang a récemment d'Idalium et déposée en original au Musée britannique (2) ; Les deux inscriptions de l'antique Mélite, dont l'une bilingue, grecque et l'autre seulement phénicienne, et phénicienne, que Gesenius a appelées première et seconde maltaise (3); dont trois Les six inscriptions d'Athènes, bilingues pour la plupart, sont déjà dans le recueil de Gesenius (4), deux autres ont été éditées par M. de Saulcy (5) et M. le docteur Judas (6), et dont la sixième enfin est d'une
découverte
toute
récente
(7); Les trois inscriptions trouvées par M. Renan dans les ruines d'Oummet maintenant conservées au musée el-Awamid sur la côte phénicienne d'abord par M. Renan du Louvre ; elles ont été publiées et commentées, lui-même (8),. puis par M. le docteur A. Levy (9). La majorité des scarabées en pierres dures avec des inscriptions que les fouilles récentes ont fait sortir des entrailles de la terre dans les nécropoles de la Phénicie et de la Sardaigne (10). III bis, est consacrée Une planche spéciale, numérotée
à rassembler
(1) Voy.De Vogué,Mélangesd'archéologieorientale,p. 20-23. (2) Transactionsofthe Societyof BiblicalArchseology,1.1, part. I, pi. aux p. 116-128. (3) Gesenius,Monumentaphomicia, pi. VI, n° 1; pi. VII, n° 2. (4) PL IX, n°5; pi. X,n°=6 et 7. (5) Ann. de l'inst. arch., t. XV,pi. C et D. (6)Étude de la langue phénicienne,^.. III et IV. — fasc. III, p. 17(7) Ann. de l'inst. arch. 1861, p. 321 et suiv. Levy, PhoenizischeStudien, et 19; pi. n° 8. — Voy.aussi notre Monographiede la VoieSacréeÉleusinienne,t. Ier, p. 120 suiv.— E.-H. Palmer, Journal of philology, t. IV, p. 48-50. (8) Journal asiatique, 5e série, t. XX,p. 355 et suiv. (9) PhoenizischeStudien, fasc. III, p. 31-40; pi. n°4, a—c. de M. de (10) Voy., entre autres, les nos 11, 13, 20 et 21 de la planche jointe au mémoire sér. t. XVII,pi. XIV. nouv. : à Revue intailles sur les archéologique^ légendes sémitiques Vogué
— 132 — Nous y fournies par les médailles. paléographiques sur les les formes de lettres relevées disposé chronologiquement travail qui avait été déjà fait en partie de cette classe, monuments à M. Edward dans une note communiquée par le duc de Luynes on Indian de des Essays Thomas en i858 pour son édition anliquities : dans notre tableau successivement James Prinsep (i). On trouvera toutes avons
les données
i° Les lettres blement d'une laurée
numérales
sur des pièces d'argent très-probades dates de l'an 100 à 185' (2), portant et : tête virile barbue les types suivants
inscrites
à Aradus frappées ère locale et présentant à droite, tf Proue de navire
ou suivi, soit de chiffres, "] à *|, de 20 à 80 ; quand elles s'expriment dizaines, = MMStfD (exemple:
le mot tfD, seul (3), avec au-dessus soit de lettres de 3tf à E, de 1 à 9, et de des unités en sus des le nombre contient
par des chiffres et les dizaines par une lettre datent certainement du Ces pièces i85). de leur des premiers et les 85 ans de durée Achéménides, temps du sixième siècle émission doivent être comptés sur le dernier quart sont et le cinquième. Le 1^ et le ï, qui manquent dans leurs légendes,
à une darique inédite du Musée britannique , déjà d'argent empruntés est d'après son style et sa fasignalée par le duc de Luynes, laquelle environ En voici la description : — Le roi de brique contemporaine. Perse coiffé de la tiare, et perçant debout de son poignard un lion dressé devant lui; auprès, un "&. — Rf Ville aux tours crénelées; audessus, la légende SÏ3 (Nisibe) (4). 20 Des signes employés dans les légendes des monnaies des d'argent (1) T. II, p. 166-168, pi. XI, a. (2) Voy. D. de Luynes, Mémoiresur le sarcophage d'Esmunazar, p. 58. (3) Un certain nombre de ces pièces sont figurées dans Ch. Lenormant, Trésor de numismatique, Numismatique des rois grecs, pi. LXIV, nos 17-20; pi. LXV, n° 1. Voy. aussi Brandis, Bas Mùnz- Mass- und Gewichtswesenin Vorderasien, p. 514 et suiv. L'attribution à l'atelier monétaire d'Aradus est établie par d'autres pièces aux mêmes types et d'un travail un peu postérieur, où l'expression des années de l'ère en caractères phéniciens est remplacée par un monogramme composé des deux lettres grecques AP : Ch. Lenormant, Numism. d. rois gr., pi. LXV, n° 2. (4) Cette monnaie rappelle tout à fait comme travail celles qui sont figurées dans Ch. Lenormant, Numism. des rois gr., pi. LXIV, n°s 13 et 14. Celles-ci ont également le type du roi frappant le lion, mais au revers une galère au lieu de la ville.
— 133 — rois de Gebal ou Byblos nommés Baal, Aïnel et Azbaal, et de quelques autres de la même dynastie dontlesnoms se lisentplus difficilement (i), déjà à la belle époque de l'art, pièces dont les espèces appartiennent et, comme l'a remarqué dans la dernière moitié
le duc de Luynes, doivent avoir été frappées du cinquième siècle et au commencement du
quatrième. fourni par les monnaies d'or et d'argent des rois de 3° L'alphabet monnaies d'abord Citium de Cypre, vassaux des Achéménides, réparties par le duc de Luynes (2) entre Tyr, les Khittim, Citium et Byblos, attribuées et classées par M. de Vogué (3). et définitivement 4° Les lettres qu'on peut relever sur les pièces d'un assez mauvais travail frappées pour le compte du roi de Perse et le payement de sa à l'époque de la grande exflotte dans les villes de la côte phénicienne, Ochus contre l'Egypte (4). H en existe deux types pédition d'Artaxerxe — i° Le roi (?) monté sur un hippocampe ailé qui court principaux. sur les flots : il tient la bride de la main droite et un arc dans la gauche : à l'exergue, un dauphin. Le tout dans un cercle de perles. Vf Chouette le derrière cet oiseau, deux symboles tournée à gauche; égyptiens, et le crochet, signe de cohibition ; dans le fouet, signe d'impulsion, numérales ; le tout dans un cercle champ, des chiffres ou des lettres de perles (5). — 20 Dauphin décrivant une parabole au-dessus des flots; à l'exergue, la coquille du murex; dans le champ, au-dessus du dauqui varie. Vf La chouette avec le fouet et phin, une légende phénicienne en relief dans le creux (6). le crochet, représentée 5° Les quelques caractères que fournissent les courtes légendes phé— De Vogué, Rev. nos 41-45. des XV, de pi. D. satrapies, Numismatique Luynes, (1) numism., nouv. sér. t. I, p. 217. — Brundis, Mùnz-Mass- und Gewichtswesen,pages 511 et suiv. n°s 33-40. (2) Numismatiquedes satrapies, p. 69-90; pi. XIII, n°* 2-20; XIVentière; XV, XI. (3) Revuenumismatique,nouv. sér. t. XII, p. 364-381; pi. connusdans l'ouvragede M. Brandis (Mûnz(4) Voy.la description de tous les exemplaires Mass- und Gewichtswesen,p. 513-514), qui rapporte cesmonnaiesà l'atelier de Tyr. Nousles croirionsplutôt frappées à Byblos,commenous essaieronsde le démontrerdans la Revue numismatique. nos6-9. (5) Ch. Lenormant, Numism. des r. gr., pi. LXV, 13. (6) Ch. Lenormant, Numism. desr. gr., pi. LXV,n°
— 134 — tracées dans niciennes et au nom d'Alexandre successeurs premiers Tyr, Acé et Azotus (i). 6° Les lettres isolées
le champ de monnaies d'or et d'argent aux types le Grand sous ce prince et sous ses frappées dans les ateliers des villes d'Aradus, Marathus, numérales
et qui se trouvent dans le champ des souvent avec le nom de la ville en phénipièces de bronze frappées, dont elles porcien, à Tyr, à Sidon et à Aradus, pour les rois Séleucides tent les noms en grec. Nous y avons joint celles qui composent les des deux monnaies fabriquées légendes plus développées pour Antiode Chanaan chus IV à Tyr (2) et dans cette Laodicée (3) qui est peutet la fameuse en quatre être Oumm-el-Awamid, de légende lignes sur des pièces de bronze aux noms d'Antio(4), qui se trouve Ier (6), ainsi que sur des autonomes chus IV (5) et de Démétrius de la classe dont il nous reste à parler (7).
Sidon
des inscriptions sur les monnaies auto70 L'alphabet qui se lisent nomes de cuivre, d'un travail de décadence, frappées postérieurement de la domination à l'établissement en i45 av. J.-C, à Maromaine, rathus (8), à Sidon (9) et à Tyr (10). (1) L. Mûller, Numismatique d'Alexandre le Grand, n05 1367,1381-1387, 1390,1396, 14241463, 1471. (2) Barthélémy, Mém. de l'Acad. des Inscr., t. XXX,p. 427. — Gesenius, Monumenta phoenicia, pi. XXXIV,1. — Ch. Lenormant, Numism. des r. gr., pi. XLII, n° 14. (3) Barthélémy, Mém. de l'Acad. des Inscr., t. XXX, p. 427. — Gesenius, Mon. phoen., pi. XXXV,4. — Ch. Lenormant, Numism. des r. gr., pi. XLII, n» 11. On retrouve la même légende un peu plus tard, avec le nom d'Alexandre II Zébina, Ch. Lenormant, Numism. des r. gr., pi. L, n° 15. (4) Lindberg, De inscriptione Melitensi, pi. VI. — Gesenius, Monumenta phoenicia, pi. XXXIV,2, M,v, w, oc.— Movers, Die Phoenizier, t. II, 2° part. p. 134 et suiv. (5) Mionnet, Description de médailles antiques, t. V,^p. 41. — Ch. Lenormant, Numism. des r. gr., pi. XLII, n° 16. (6) Mionnet, Descr. de méd. ont., t. V, p. 47. (7) Mionnet, Descr. de méd. ont., t. V, p. 369, n°^204 et 204 bis. — Gesenius, Monumenta phoenicia, pi. XXXIV,2, t et t bis. (8) Mionnet, Descr. de méd. ant., t. V, p. 362-364 ; Supplément, t. VIII, p. 260 et suiv. — Gesenius, Mon. phoen., pi. XXXV,5, a-k. (9) Mionnet, t. V, p. 369-375. — Gesenius, Mon. phoen., pi. XXXIV,2, a-t. (10) Mionnet, t. V, p. 416-426; Suppl, t. VIII, p. 299-302. — Gesenius, Mon. phoen., . pi. XXXIV,\,a-m.
— 135 —
V.
Des deux
dont nous venons, à la paléographiques principaux sémitiste de Breslau et de son digne émule parisien, l'existence dans les monuments phéniciens et de déterminer
types suite de Péminent de constater les formes,
avec quelque certitude et au moyen de preuves peut-on, suffisantes, arriver à reconnaître quel est le plus ancien et celui qui nous retrace le mieux la physionomie de l'écriture des fils de primitive Chanaan? Nous croyons, quant à nous, que ce résultat, capital et indispensable comme point de départ pour l'étude à laquelle nous allons nous livrer dans le présent Essai, peut être obtenu sans incertitude ni difficultés.
pas sans intention que jusqu'à présent, en parlant de ces deux types, nous avons constamment employé pour l'un l'expression de premier et pour l'autre celle de second. Nous regardons en effet le type ondulés comme plus ancien que le type du D et du Vf anguleusement où ces lettres offrent à la place un trait arrondi ou carré que traverse Ce n'est
assez exacverticale, et nous le tenons comme représentant voisine encore de son origine. Aussi n'hétement l'écriture phénicienne sitons-nous pas à adopter les noms que M. le comte de Vogué a proposés appelant l'un archaïque et l'autre pour ces deux types paléographiques, sidonien. Mais pour un fait de cette importance on ne saurait se contenter d'une assertion sans preuves, d'une simple affirmation ; il ne suffit pas de forC'est ce il est de toute néceesité de la démontrer. muler la proposition, que nous allons essayer. des monuments euxle témoignage d'abord Nous interrogerons ne sera pas douteuse. Dans un mêmes, et leur réponse, croyons-nous, allons passer en revue tous coup d'oeil aussi rapide que possible nous jusqu'à présent connus de l'un et de l'autre ceux, parmi les monuments
une barre
— 136 — avec dont on peut déterminer chananéenne, type de la paléographie la date, précise ou approximative. toute probabilité du second type, cette revue par les monuments Nous commencerons à la plus de l'époque la plus récente constamment en remontant ancienne. de Malte, dont l'un se des deux candélabres bilingue L'inscription c'estvoit encore dans cette île et l'autre à Paris au musée du Louvre, sous le nom de première-mal-. l'inscription désignée par Gesenius ainsi qu'on en juge avec certitude des temps macédoniens, taire,-date des candélabres et par la forme des lettres par le style de la sculpture de la partie grecque de la dédicace. à-dire
funéraires déterrées à Athènes, Il en est de même des inscriptions n'est antérieure à l'archontat d'Euclide dont pour le moins aucune et alors dans la manière d'écrire au changement des haqui se produisit de l'Attique; toutes ces stèles ont en effet leur de vingt-quatre lettres, moyen de l'alphabet ionique chontat et même les formes des caractères d'Euclide, on se servait après Alexandre. Tel est du moins le cas par Gesenius et des deux éditées par M. de Saulcy. La bitants
plus récente tienne.
et ne peut
dater
que
du
premier
texte
grec tracé au sous l'aradopté
y sont celles dont des trois publiées sixième est encore siècle avant l'ère chré-
La grande d'Oumm-el-Awamid est également d'une mainscription nière incontestable de la monarchie des Séleucides, contemporaine la date de l'an 280 « du seigneur des rois, » HK 1! que l'on interprète nous offre, comme se rapportant à l'ère d'Alexandre, D2n)D, qu'elle ainsi que le veut M. Renan, ou, ce qui nous paraît plus vraisemblable, comme se rapportant à l'ère de Cyrus, ainsi que le conjecture M. le docteur A. Levy. Nous avons déjà dit plus haut que les monnaies à légendes indigènes dans les villes de la Phénicie en partie au frappées propre appartenaient des Achéménides et en partie à celui de la. royauté temps de la suzeraineté des Séleucides; il y en a même qui descendent jusqu'aux temps de la domination romaine. Entre'les pièces du temps des Perses et du temps des Macédoniens on remarque différences dans la forme des quelques
— 137 — elles sont plus courtes et plus trapues sur les premières, plus mais malgré ces différences elles se ratallongées sur les,secondes; tachent au même type général. Les dates respectives des monuments de la Phénicie numismatiques lettres;
même qui nous ont fourni les principaux doivent être ainsi établies :
éléments
delà
planche
III bis
Les anciennes ont été frappées
pièces d'argent d'Aradus à la proue de navire (col. i) entre 522 et 435 environ avant l'ère chrétienne. Les monnaies des rois de Byblos (col. i) sont du contemporaines et de la première partie de celui d'Arrègne d'Artaxerxe Longue-main taxerxe Mnémon, et vont par conséquent des environs de 465 à ceux de 38o. Les espèces d'argent au revers de la chouette (col. 4) ont été frappées, nous l'avons déjà dit, du temps d'Artaxerxe Ochus, qui régna de 36o à 339. Les statères et les tétradrachmes des villes phéniciennes au nom d'Alexandre le Grand (col. 5) sont des espèces qui ont été fabriquées entre 331 et 289, la date la plus basse qu'on y trouve inscrite (1). Les petits bronzes émis dans les villes phéniciennes pour les Séleucides (col. 6) l'ont été depuis le règne d'Antiochus en IV, commençant 223, jusqu'à la conquête romaine, en i45. Enfin les autonomes de basse époque partent de cette conquête. La dernière date inscrite à Sidon avec une légende phénicienne est celle de l'an 73 de l'ère locale (38 av. J.-C.) ; mais à Tyr le monnayage se prolongea encore bien longtemps après en employant l'écriture nationale, car la dernière pièce à légende phénicienne porte la date de l'an 279 de l'ère de la ville (r53 ap. J.-C). Les inscriptions de l'île de Cypre qui mentionnent les rois de Citium et Pumiathon sont indubitablement des monuments Melekiathon du siècle avant l'ère chrétienne, puisque le second est désigné, quatrième comme ayant été encore sur le trône lors du sous le nom de LIU[Z,KTO;, siège de Tyr par Alexandre
le Grand (2) M. le comte de Vogué a reconnu
(1) L. Mûller, Numismatiqued'Alexandre le Grand, p. 81. (2) Athen., IV, 63.
— 138 — les petites monnaies d'or et d'argent que M. le duc de des rois de Citium, monnaies Luynes avait déjà classées sous la rubrique Il a, de siècle avant Jésus-Christ. dont le style est celui du quatrième à la même série deux autres rois, Azbaal et Baalmelek, plus, rattaché et aux légendes aux types semblables que le style de leurs monnaies, siècle. Il a enfin au cinquième tracées avec les mêmes lettres, rapporte leurs
noms
retrouvé tement a aussi
sur
de Démonicus, phénicienne aux autres comme paléographie
la monnaie conforme publié une
exacfils d'Évagoras, (i). Le même savant où le type de Citium, (2). Enfin il a fait con-
inscription gréco-phénicienne siècle des lettres grecques est celui du quatrième naître une inscription et phénicienne, bilingue, grecque à Lapithos, de Ptolémée Soter, qu'il a découverte toujours
en l'honneur dans
l'île de
dans ces deux monuments chananéens Cypre (3). La forme des caractères est exactement pareille à ce que nous la voyons dans les inscriptions datées des règnes de Melekiathon et de Pumiathon. La deuxième de éditée et interprétée sidonienne, par M. le comte en effet même. Elle mentionne Vogué, porte sa date dans son contenu l'institution
d'un
roi particulier de la ville où elle a été trouvée, c'est-àdire de Sidon, par un roi suzerain est donné le titre de « roi auquel « des Sidoniens, » D31X "pO. Il faut donc qu'elle soit du temps où l'on le roi particulier de Sidon, "pX j""2, de son suzerain le roi distinguait de toute la Phénicie, tradition de la suprématie appelé par une ancienne siècle avant l'ère |""2j bien que depuis le douzième il résidât à Tyr (4). En un mot c'est un monument de l'âge de la suprématie sur toute la Phénicie, c'est à dire un monutyrienne
sidonienne, chrétienne ment
Q3"îX
antérieur
à la prise de Tyr par Nabuchodonosor en 585 avant car nous avons la preuve, Jésus-Christ, d'Ézéchiel, par le témoignage de Tyr sur Sidon, son ancienne dura jusque la suzeraineté métropole, Nous verrons tout à l'heure, qu'à cet événement. par des monuments (1) Revue numismatique, nouv. sér. t. XII, p. 364-381 ; pi. XI. (2) Mélanges d'archéologie orientale, p. 32. (3) Mélanges d'archéologie orientale, p. 36. (4) Voy. Movers, Die Phoenizier, t. II, p. 93. — De Vogué, Mém. présent, par div. sav. à l'Acad. des Inscr., lro série, t. VI, part. I, p. 64,et suiv.
— 139 — incontestablement à cette époque, quelle était la forme des appartenant caractères phéniciens usitée dans le septième siècle. Ce n'est pas celle Force nous est donc de que nous voyons dans la deuxième sidonienne. considérer cette inscription comme antérieure de très-peu d'années à la chute de Tyr sous les coups du monarque et d'en placer babylonien, l'exécution au début du sixième siècle avant notre ère. La date du sarcophage d'Eschmounazar est plus difficile à fixer, et les opinions des savants ont été fort divisées à ce sujet. Les uns le font remonter extrêmement haut, comme M. Ewald qui le dit contemporain des Juges d'Israël, comme M. de Rougé qui l'a rapporté au douzième siècle avant Jésus-Christ, sans fournir, du reste, aucune preuve de son abandonne Les autres, opinion, qu'il aujourd'hui. complètement comme le duc de Luynes et M. le docteur Levy, y voient un monument du sixième siècle. Ce qui est certain, tout d'abord, d'après le contexte même de l'inscription c'est gravée sur le sarcophage, portait le titre de « roi des Sidoniens », D31X *pD, à Sidon. Le fait de son ensevelissement auprès de cette ville, la mention, dans son épitaphe, des services rendus à Sidon, des temples élevés aux dieux de Sidon, à l'exclusion de Tyr, ne laissent aucun doute à cet égard. Il faut donc forcément faire vivre qu'Eschmounazar et qu'il régnait
soit à une époque où la suprématie tyrienne avait pris Eschmounazar, fin et où le titre de D31Ï "^SD n'avait plus sa signification générique, soit à une époque où ce titre, dans son sens le plus général, appartenait encore au roi de Sidon, oij. Sidon exerçait une suprématie incontestée sur la Phénicie entière, soit au sixième, soit au douzième siècle, c'est-àdire à l'une ou à l'autre des époques entre lesquelles se sont départis les avis des savants. Mais comment se prononcer entre ces deux époques, également vraiC'est ici, comme l'a trèssemblables d'après la teneur de l'inscription? est devenu la bien vu le duc de Luynes pour lequel cet argument base de son opinion, que la question d'art devient décisive et prépondérante. Le style du sarcophage en lui-même peut seul nous permettre de choisir. Ce sarcophage est indubitablement égyptien, par son travail et par sa matière; il a été apporté des bords du Nil à Sidon, où les,
— 140 — n'ont
ouvriers
indigènes
produire et dont
sous son influence
eu d'autre
l'inscription. peine que d'y graver de l'art égypformés à la pratique de tous les hommes Or, du jugement entre autres de M. Mases différentes à discerner tien et habitués époques, du son style, la nature du sarcophage, riette, la forme très-particulière comme ne permettent travail qui y a été employé, pas de le considérer à la vingt-sixième exécuté antérieurement Saïte, qui vit se dynastie, les oeuvres
une renaissance
se reconnaissent
avec
brillante certitude
de l'art de l'Egypte, à un style propre.
de l'épitaphe ne peuvent Ceci étant, les circonstances historiques plus la prise de Tyr par Nabuêtre appliquées qu'aux temps qui suivirent c'est-à-dire au courant du sixième siècle. C'est ce que conchodonosor, de l'inscription, dont la véritable lecfirme encore une phrase capitale ture est en partie due à M. Munk : « Puissent les maîtres des rois nous « accorder la possession de Dor, de Japho et des terres à blé toujours « magnifiques ! » La posqui sont dans la plaine de Saron ("plïf. 1^3) dont la prospérité était proverbiale session de la plaine de Saron, (i), et de la ville de Dor ne put en effet revenir aux Sidoniens l'aqu'après néantissement absolu de la monarchie juive par les armes du conquérant sorti de Babylone. En même temps nous voyons.par un grand nombre de passages de l'inscription soins d'Eschmounazar, qu'un des principaux son règne, fut de relever les temples de la ville de Sidon et de pendant sa banlieue. Ils étaient donc en ruines ce prince monta sur le quand nous devons penser que Sidon se relevait alors trône, et par conséquent d'un désastre considérable. Ceci étant, ne trouvons-nous pas un rapprochement bien séduisant à faire entre cette donnée et celles qui se rapà la guerre du roi d'Egypte contre la Phénicie, portent Ouahprahet vassale de Nabuchodonosor, dans laquelle Sidon fut dévastée guerre et mise
à sac en 574, après du roi d'Egypte (2) ? Nous
paraît
nous avoir
la victoire
de la flotte
donc à l'opinion rangeons pour elle toutes les conditions
(1) L Chron. XXVII,29. (2) Herodot. II, 161. — Diod. Sic. I, 68.
du duc
grecque
et carienne
de Luynes, qui nous désirables de vraisemblance
— 141 — et même de certitude
Mais si nous faisons descendre
le sarcophage d'Eschmounazar sixième siècle, si nous croyons qu'il est imjusqu'au possible de le tenir pour plus ancien, nous croyons également impossible de le rajeunir encore de deux siècles, comme le fait M. l'abbé Barges, et de lui assigner pour date avec ce savant l'année 336 avant Jésus-Christ, c'est-à-dire de le croire de quatre ans seulement antérieur à la prise de (i).
Sidon par Alexandre. Ce n'est pas que nous ne trouvions très-ingénieux et très-probable le rapprochement que M. l'abbé Barges établit entre le nom du père d'Eschmounazar, appelé Tabnith (H3!2n), et celui du Tennès, roi de Sidon, que Diodore de Sicile (2) raconte s'être révolté contre Artaxerxe Ochus avec l'appui de Nectanèbe, roi d'Egypte. Mais, des deux noms, nous repoussons celle tout en admettant l'identification des deux personnages. Le Tennès de Diodore nous paraît bien s'être appelé en phénicien rODD, seulement nous ne pouvons le considérer d'un plus ancien Tabnith et de son fils que comme le descendant Eschmounazar. Rien de plus ordinaire chez les anciens que cette répétition d'un nom dans la même famille, où il se reproduit périodiquement après des intervalles d'un petit nombre de générations. Déjà dans offert au musée du Louvre du sarcophage si généreusement l'inscription porté par par le duc de Luynes, nous voyons le nom d'Eschmounazar le roi enseveli dans cette tombe et par son grand-père.
VI. des dates auxquelles appartien Après nous être ainsi rendu compte du second type de la paléographie monuments nent les principaux il faut maintenant pour procéder à la même recherche phénicienne, ceux du premier type. Le coup d'oeil que nous allons jeter sur eux nous montrera bien vite qu'ils sont plus anciens. naturellement les se (1) Voy. sur l'ensemble des circonstancesau milieu desquelles placent données de cette inscription, notre Manuel d'histoire anciennede l'Orient, 3° édition, t. III, p. 91et suiv. (2) XVI,42-45.
— 142 — Pour
nous a fait du candélabre d'abord, bilingue l'inscription connaître était la forme des caractères dont on se quelle phéniciens servait dans cette île à l'époque macédonienne. L'inscription que Gesenius désigne comme la seconde maltaise est évidemment d'une date un encore au même type. Mais ceci peu plus élevée, bien qu'appartenant considérer comme encore plus vieilles la étant, il faut de toute nécessité troisième et la quatrième, qui sont tracées avec les lettres du type au Q Malte,
et au tt? ondulés. Elles ne peuvent être postérieures à pas, en effet, la seconde et à la première, car les médailles de Gaulos (i) nous montrent des fils de que dans cette île et dans sa voisine Mélite l'écriture tout à fait subit une altération Chanaan, macédonienne, après l'époque à celle qu'elle subissait dans le même temps chez les Carthaanalogue et sur laquelle nous reviendrons de Nora en Sardaigne L'inscription
ginois
sa physionomie
un peu plus loin. frappe dès le premier est manifestement antérieure
abord
par ins-
Elle aux archaïque. dont on a trouvé quelques-unes dans la même île. criptions puniques Mais peut-il y avoir en Sardaigne des monuments chananéens d'une date ancienne et antérieurs aux Carthaginois? de Sicile (2) Oui, car Diodore dits avaient fondées parle des colonies que les Phéniciens proprement en Sardaigne. Ces colonies dataient de l'époque de la suprématie de la ville de Caralis comme bâtie Tyr, et en effet on indique spécialement par les Tyriens (3). Pour ce qui est des pierres gravées, toutes en forme de scapresque des nécropoles des villes phéniciennes, il suffit d'arabées, provenant un grand nombre de monuments voir manié de cette de catégorie, une faible dose de ce tact archéologique donne posséder que la nature et d'avoir encore suivi les progrès plus que l'étude, qu'a faits depuis années la connaissance de l'histoire des arts de l'Asie, pour requelques sans pouvoir s'y méprendre, connaître, que toutes celles dont les légendes sont tracées à l'aide de notre premier type paléographique appartiennent à une date plus reculée que celles dont les légendes suivent le second (1) Gesenius, Monumenta phoenicia, pi. XL, 14. (2) V, 35. (3) Claudian, De béllo Gildon., v. 520.
— 143 — type (i). C'est là, du reste, tout ce qu'on peut en dire, car nous n'osons pas faire entrer en ligne décompte l'opinion qui voit Abibaal, roi de Tyr et père du Hiram de la Bible, dans la figure virile coiffée du schent à l'égyptienne, qu'un scarabée du musée de Florence nous montre avec était exacte, elle IJS'OSO l'inscription (2). Certes, si cette conjecture une bien précieuse confirmation à notre manière de voir, apporterait mais elle ne repose pas sur des fondements assez solides pour que nous et nous en servir comme argument. puissions l'adopter Nous n'arrivons
jusqu'à présent, on le voit, qu'à des données approximatives et conjecturales. Mais il n'en est pas de même avec les monuments qui proviennent Là nous avons des dates cerde la Mésopotamie. taines, qui nous font remonter beaucoup plus haut que ce que nous avons encore examiné en fait de monuments phéniciens. La première de ces dates nous est fournie par le scarabéoïde du musée du Louvre portant l'inscription 'iJiQ'DSr dans le type d'écriture le mieux caractérisé, qui a été trouvé au milieu du lit de sable qui supportait les fondations du palais assyrien de Khorsabad, sous un des grands les portes (3). Khortaureaux ailés à face humaine qui en décoraient roi d'Assyrie de 721 à 704 avant l'ère sabad a été bâti par Saryukin, chrétienne. Une pierre trouvée dans les fondations de ce palais est donc un monument
certain
du huitième
siècle.
et a dû La gemme de Khorsabad est de travail purement chananéen être gravée à Tyr ou à Sidon. Il faut en effet, parmi les pierres à légendes phéniciennes provenant de Ninive et de Babylone, en distinguer de deux espèces : celles que leur travail indique comme apportées de la Phénicie, Des et celles qui, d'après leur style, ont été exécutées en Mésopotamie. toutes celles dont les inscriptions présentent aux regards le premières, (1)Voy.la pi. XIV du tomeXVIIde la nouvellesérie de la Revuearchéologique,planche accompagnantle Mémoirede M. de Voguéauquel nous en avonsréféré plusieursfoispour ce qui toucheaux pierres gravéesphéniciennes. (2) D. de Luynes, Numismatiquedes satrapies, pi. XIII,n° 1. La pierre publiée par M.de Voguésousle n° 1 de la pi. XIVde son articlede la Revuearchéologiquesur les intailles, est du même style égyptisant et pour le moinsaussiancienne.On peut reporter hardiment ces deux monumentsavant le neuvièmesiècle. (3) DeLongpérier, Journal asiatique, 5° série, t. VI,p. 422.
— 144 — de la sont contemporaines phénicienne type de la paléographie dit apparautrement ou très-peu postérieures, gemme de Khorsabad à siècle. ou au septième au huitième Quant aux secondes, tiennent elles sont environ du est mésopotamienne, celles dont la fabrique de la monarchie de la splendeur c'est-à-dire même assytemps, premier
rienne. Mais
à une nous font remonter à celle de la gemme de Khorantérieure encore, notablement époque laissent lire, de la métrique monuments sabad. Ces précieux assyrienne les noms cunéiformes en effet, dans les inscriptions qui les décorent se succédèrent sans et de Salmanassar IV, lesquels d'Assournazirpal lions
les
de bronze
de
Nimroud
une durée de soixante et régnèrent intervalle ans, qui remplit pendant siècle avant notre ère. Les inscriptoute la seconde moitié du neuvième sont incontestablement condes lions de Nimroud tions phéniciennes des mêmes monuments. Elles des inscriptions cunéiformes temporaines des fils de Chanaan était sous quelle forme l'écriture siècle en Assyrie. dans le neuvième employée Il y La stèle de Mésa, roi de Moab, est exactement contemporaine. contre Ochozias et Joram, rois d'Israël, en effet, ses guerres raconte, de déjà mentionnées par la Bible (II Reg. III et IV), ou, si la lecture nous
révèlent
donc
M. Oppert doit être définitivement (ce que nous ne pensons préférée à celles de MM. Ganneau et de Vogué, une guerre un pas sur ce point) contre Jéhu. Or, Salmanassar IV, dans ses inscriptions, peu postérieure sur la stèle des sources du Tigre, aujourd'hui transparticulièrement dans le tome III des Cuneiform of portée à Londres (publiée inscriptions Western
et sur l'obélisque de Nimroud, raconte qu'il a vaincu les troupes d'Achab de Jezreël et plus tard reçu le tribut de Jéhu; il parle aussi longuement de.ses guerres heureuses contre les rois de Damas, leurs contemporains et leurs Ben-Hadar et ennemis, Hazaël. Asid), dans un combat
De même
et la stèle de Mésa sont de la même que les lions de Nimroud à nos regards exactement le même état de l'alphabet, date, ils offrent bien que les premiers à l'Assyrie et la stèle à la Palestine. appartiennent L'écriture
sémitique
présentait
donc
encore
au neuvième
siècle
avant
— 145 — notre
ère un remarquable était en usage.
caractère
d'unité
dans les divers pays où elle
VII.
Le résultat
de l'examen
auquel nous venons de nous livrer a donc été de constater que, parmi les monuments du premier type paléographique phénicien, tous ceux dont on peut déterminer la date se classent du dixième au septième siècle avant notre ère, et que les monuments du second type vont du sixième siècle jusqu'après Jésus-Christ. La succession des deux types ressort clairement de ces faits, qui semblent placer la transition vers le septième et le sixième siècle. Un tel résultat est confirmé par l'existence de monuments appartenant où la forme des caractères est intermédiaire à ce dernier intervalle, entre les deux types et fournit le passage de l'un à l'autre. Ces monuments
sont
encore
mais la date en en fort petit nombre, en citer : relevée par M. Coxe sur un contrat asdu Musée britannique, datant du règne
paraît certaine. Nous pouvons La souscription phénicienne syrien en écriture cunéiforme d'Assarahaddon années (premières
du septième
siècle
avant
Jésus-
Christ) (i); Les trois inscriptions phéniciennes gravées sur la jambe d'un des à la solde colosses du spéos d'Ibsamboul en Nubie par des mercenaires ont été publiées pour la première d'un roi d'Egypte. Ces inscriptions fois d'une manière exacte par M. Lepsius (2), et expliquées par le docdes insteur A. Levy (3). Elles sont indubitablement contemporaines criptions gravées au même lieu et de la même manière sur lesquelles Grecs et Cariens, inscriptions mercenaires,
par d'autres nous revien-
(1) De Vogué, Journal asiatique, août 1867,p. 172. (2) Denkmxleraus Mgyptenund Mthiopien, part. VI, pi. XCVIII. (3) PhoenizischeStudien, fasc. III, p. 19-25. — Voyezaussi le travail de M. Blau, dans la Zeitschr.der deutsch.morgenl.Gesellsch.,t. XIX,p. 522-543. 10
— 146 — livre du présent V du troisième le chapitre Essai, et que alors dater de la dernière nous démontrerons partie du règne de Psamsiècle. de la fin du septième Ier, c'est-à-dire métique drons
dans
publiées par M. le docgravées de travail mésopotamien teur A. Levy (i) et par sir Henry Rawlinson (2). Leur style les rapporte aux environs du règne de Nabuchodonosor. autres pierres parmi les intailles phéniciennes publiées par Quelques M. de Vogué (3). ... IV les signes de l'écriture Nous avons réuni dans notre planche fournis Il suffira d'y jeter un dont nous venons.de parler. par les monuments bien exactement la représentent rapide coup d'oeil pour voir qu'ils transition entre les deux types, car les signes caractéristiques y sont en Trois
pierres
à l'autre. à l'un et en partie conformes partie conformes Ainsi se justifient les appellations et de sidonien à?archaïque que nous avons admises, à la suite de M. le comte de Vogué, pour désigner les deux types de la paléographie surtout ne La première phénicienne. être révoquée en doute; pourrait plus maintenant quant à la seconde, elle est justifiée en ce que les plus anciens monuments connus jusqu'ici du type auquel elle appartient de Sidon ; mais il serait plus proviennent exact nous
encore
de désigner de constater
venons la suprématie lorsque même tion
peut-être
de
le type
en question par avait commencé
qu'il existait tyrienne
l'appeler
phénicien usité chez -
le nom de tyrien, car à devenir en usage Le plus simple serait encore. dit par opposiproprement
à l'alphabet tous les peuples de la race séarchaïque mitique. Au reste, M. de Vogué (4) a très-heureusement les indications résumé des changements des deux de forme chronologiques qui rassortent lettres caractéristiques D et 117, et nous ne pouvons mieux faire que de lui emprunter les. règles, qu'il a établies à ce sujet : . 1° Une inscription en caractères le D et le W dans, laquelle archaïques^ (1) PhoenizischeStudien, fasc. II, pi. n° 2., . ,. ; (2) Journal ofthe Royal Asiatic Society, 1864, p. 237 et 240 ; pi. n°? 9 et 14. (3) Revue archéologique,nouv. sér., t. XVII, pi. XIV, n°? 7 et 9. (4) Journal asiatique, août 1867, p. 174 et suiv.
— 147 — sont
ondulés
également chrétienne.
est antérieure
au septième
siècle
l'ère
avant
2° Si le XP seul est ondulé, le texte est postérieur au huitième siècle et probablement antérieur au milieu du sixième siècle. Ces deux remarques sont applicables à la fois aux inscriptions phéniciennes et araméennes ; mais les suivantes ne sont vraies que pour les textes
tracés à l'aide de l'écriture tituée-vers le sixième siècle.
.sidonienne,
qui
paraît
s'être
cons-
. 3°^ Si les deux lettres précitées sont barrées, mais que le U? n'ait pas le texte ne saurait descendre plus tard que les premières d'appendice, années du quatrième siècle, , 4° Si le lïaun appendice* le texte est postérieur aux premières anau troisième siècle nées du quatrième siècle; cet appendice s'accentue et reste allongé -.. en usage.
moment où l'écriture jusqu'au r. . i :.; : .»•
Nous rendrons une
série
sidonienne
encore pâléographiques à des monuments empruntés
ces règles
d'exemples date certaine. .-.-.-.. IXe siècle. .,. Stèle de Mésa, ._.,.... VIF siècle:
. Tablette
VIe siècle. IVe siècle.
. Sarcophage . Inscriptions
3io
. Inscription
. . .
IP siècle
. .Inscription
d'Assaràhaddon.
plus claires par ayant tous une . .
..... .....
d'Eschmounazar.
cesse d'être
...
royales de Citium. de Lapithos.
. .
d'Qumm-el-Awamid.
. .
VJ? W W y W ^ W V/ W
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l'anténous ont permis de reconnaître \ Lesobservations, précédentes de l'écriture phériorité de l'un des deux grands types paléographiques conservés jusqu'à nous et de nicienne sur l'autre dans les monuments
— 148 — déterminer
même
l'époque
où s'est produite
la transition
entre
ces deux
types. il nous faut essayer de remonter Mais ceci n'est pas suffisant; plus les Le type d'écriture haut encore. que nous ont offert les monuments Ou bien le type chananéen est-il vraiment primitif? plus anciens connus à l'exemple de M. de Vogué, ne le type que nous avons appelé sidonien comme l'ont pensé Gereprésentait-il pas d'une manière plus exacte, dès une altéré ce type primitif, et repris plus tard par esprit d'archaïsme, par époque des différents une restitution d'ancienne tradition dont la paléographie Ce ne sont plus les monuments peuples nous offre quelques exemples? à ces questions. eux-mêmes la réponse phéniciens qui nous fourniront Ils sont muets à ce sujet. Nous devons donc désormais nous adresser à senius
et quelques très-ancienne
autres
savants,
d'autres
anciens de l'alphabet les dérivés vraiment sources, interroger des fils de Chanaan hiéraet la comparaison des formes des caractères d'où sont sorties les lettres phéniciennes. tiques égyptiens nous fournir les dérivés de Voyons d'abord quelles données peuvent des Chananéens. l'alphabet Dans tous ceux qui sont incontestablement de haute date, les signes comme nous produits par les lettres caractéristiques qui distinguent, l'avons remarqué plus haut, les deux types paléographiques phéniciens, se rattachent directement à celui que nous appelons et sont archaïque au contraire assez éloignés du second type. Le grec est le plus ancien dérivé connu du Nous en posphénicien. sédons des monuments huitième et au neuvième qui remontent jusqu'au siècle et nous avons essayé de démontrer, dans un mémoire spécial (i), de l'écriture aux hades Chananéens que la transmission alphabétique bitants de la Grèce remonte à une date encore notablement plus élevée, est de plusieurs centaines qu'elle d'années Ier du antérieure. Le chapitre livre III de notre Essai sera consacré à en reconstituer la forme primitive. Nous devons y renvoyer le lecteur, en nous bornant à remarquer pour le moment sortis des lettres phéniciennes dans que tous les caractères (1) La Légende de Cadmus et les établissements phéniciens en Grèce, Paris, 1867, in-8.
— 149 se marquent
les différences
des deux types sont, dans l'alphabet grec primitif ou cadméen, presque exactement pareils au type archaïque et n'ont au contraire qu'un rapport phénicien très-éloigné avec le type sidonien. Ce sont en effet : et non de A 7 de "7 qui sort manifestement lesquelles
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-f /* La même constatation est facile à faire pour l'ibérien, dont l'origine, nous l'établirons au chapitre Ier du cinquième livre de notre Essai, se rattache aux colonies fondées dans la Bétique par les Tyriens pendant le neuvième siècle avant l'ère chrétienne (i). Nous y trouvons en effet : <
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(1) En parlant ainsije laisse de côté la question de l'influenceque l'écriture grecquea exercée plus tard sur cet alphabet et dont un certain nombre de signes portent l'empreinte manifeste. Je ne m'occupeque de ceux qui s'en montrent le mieux dégagés.
— 150' — à l'extrémité des domaines maintenant opposée Transportons-nous de l'alphabet les écritures delà phénicien; interrogeons propagation de l'Ariane et de l'Inde, un du Yémen, de la Bactrianej, qui constituent très à part parmi les dérivés du système des fils de rameau graphique de la souche Ces écritures, sont sorties de; très-bonneyheure; Chanaan. une existence et séparée. Ce sont, de commune propre pour prendre issus du phénicien, ceux où les formes originaires tous les alphabets se ce qui s'explique, du reste, par ce fait qu'ils n'en sont le plus altérées, et que plusieurs des intermédiaires sont pas dérivés immédiatement encore. nous manquent la modification est telle que, tout en reconnaissant Quelquefois que de l'écriture on ne sait pas "de quel les signes procèdent chananéenne, Mais toutes les fois que la forme type ils doivent être plutôt rapprochés. ce rameau se rattache des lettres d'une écriture.de d'une manière spéciale
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IX.
L'examen des dérivés les plus anciens de l'écriture phénicienne confirme donc pleinement la priorité du type paléographique au D et au lïï ondulés, que nous appelons archaïque. C'est de lui qu'ils sortent bien la dérivation tous, et on ne pourrait en expliquer également par aucun autre.type. Mais nous avons dit tout à l'heure que nous consulterions également une autre source d'informations, un peu moins certaine peut-être, mais non moins précieuse. Nous avons dit que nous aurions recours à la des formes les plus anciennes des caractères comparaison hiératiques avec les figures de ces mêmes lettres dans les deux types paléographiques du pays de Chanaan. Le lecteur doit se souvenir que tout à l'heure, dans notre introduction, nous nous sommes rangé sans réserves à l'opinion proposée avec des preuves si solides par M. le vicomte de Rougé, opinion d'après laquelle les vingt-deux signes de l'alphabet phénicien ne sont autres que des caractères
de l'écriture mais phonétiques,
égyptienne, adoptés avec leurs à former exclusivement valeurs un alsoit figuet sans mélange d'idéogrammes phabet réel, sans homophones ratifs soit symboliques, par les fils de Chanaan, au temps où les Phasur leur pays, ou bien plutôt au temps des dynasties raons dominaient de la Syrie qui étaient les populations des Pasteurs, quand c'étaient maîtresses applaudi
hiératique de manière
Nous avons également partie au moins de l'Egypte. à l'idée lumineuse et vraiment divinatrice qui a conduit l'ild'une
— 152 — non des lettres à chercher phéniciennes, l'origine égyptologue et de la dix-neuvième de la dix-huitième dans l'hiératique dynastie, mais dans le type plus ancien qui était en usage sous les dynasties aux Hyksos. antérieures le système ainsi complètement que nous adoptons Or, du moment nous sommes de l'écriture de M. de Rougé sur l'origine chananéenne, lustre
qu'en ce qui est des signes dont le tracé constitue obligé de reconnaître le tracé du de la Phénicie, entre les deux types graphiques la différence des caractères est beaucoup hiératiques plus rapproché type archaïque a que c'est ce tracé qui bien évidemment que celui du type sidonien, et le premier, dû en sortir directement qu'enfin, pour bien se rendre de M. de Rougé, il dans l'opinion de l'origine du type sidonien compte comme interdu type archaïque l'existence de supposer est nécessaire médiaire
entre £ga ^ Z 0 ^ Y £&P 6
Pour
ce type
sidonien
et la source
directement
dû produire » » » »
plutôt
L
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le D et le IL? le fait est surtout
que v » » » » n
H IZ B © Z
"
demeurer en suspens. Ici donc nous recevons des les dérivés anciens interrogeant
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hiératique.
x
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formel,
car pour
A ^ N % c9 /v L, y f le S on pour-
rait
faits
étudiés
la
même
réponse qu'en du phénicien. C'est toujours le type de l'écriture au D et au UT ondulés, au T\ cruciforme, phénicienne qui s'offre à nous, non-seulement comme le plus ancien sur les monuments celui qui parvenus nous, mais comme le plus ancien en réalité, jusqu'à à très-peu de différences à son origine l'éreprésente, près, ce qu'était criture des fils de Chanaan ; car il faut bien admettre un certoujours
153 tain nombre
d'altérations
comme ayant dû se produire l'époque où, suivant toutes les vraides Chananéens, que nous eu possé-
paléographiques
pendant les siècles qui séparent se forma l'alphabet semblances, dions jusqu'à présent.
X.
Nous devrions
nous arrêter ici, car les observations peut-être venons de nous livrer et les résultats auxquels
aux-
quelles nous nous ont conduit
elles
étaient
en réalité
les seuls points importants pour le sujet général de notre travail. Cependant il nous a semblé que notre esquisse de paléographie demeurerait phénicienne incomplète si nous ne la terminions pas par un coup d'oeil rapide sur les vicisde l'alphabet du peuple de Chanaan à Carthage situdes particulières et dans les domaines de cette grande cité, dont la splendeur succéda à celle de sa mère patrie à l'époque où celle-ci se mit à décliner. Pour il est nécessaire d'apprendre à connaître notre étude même, d'ailleurs, où en vint l'écriture phénicienne dans le dernier degré de déformation les pays carthaginois, car le chapitre III du cinquième livre du présent Essai nous offrira un alphabet qui fut usité dans une partie de l'Esromaine et qui sort de cette dernière dépagne sous la domination formation . entre la paléographie punique et la Depuis Gesenius la distinction dite est faite par tous les savants proprement paléographie phénicienne qui se sont occupés de ces matières. C'est un fait assez bien établi dans la science pour que nous n'ayons pas besoin de nous y appesantir et que nous n'ayons qu'à le rappeler. La paléographie punique se rattache au second type de la Phénicie 5, 1, T, n, propre et donne la même figure aux signes caractéristiques, punique est tû, % S, D, p, ïïï, P. Mais l'aspect général de l'écriture à part et suffit pour la faire discerner du premier coup d'oeil. Tous les traits anguleux y sont beaucoup plus arrondis que sur n'importe quel
— 1S4 — monument,
de
la.Phénicie; ont toutes
caractères, qui gent ..très-fortement. flements dans les
en dans
même ce type
Enfin traits,
des les hastes verticales temps s'allonune certaine inclinaison, des rensouyent on,remarque,
le plus des distinctions
soigneusement imitation servile
de exprimées des caractères
une qui dénotent ou le parchemin ou le pinceau sur le papyrus (i), Cette derà l'usage et gravée dans la pierre. monumental transportée nière particularité dans les caractères a dû être au reste déjà remarquée de la paléographie aux inscripsidonienne que nous avons empruntés vers une tions de l'île de Cypre. Il y avait une tendance marquée pleins tracés
et de déliés, par le calame
et en Cypre vers le comde ce genre en Phénicie calligraphique mencement du cinquième siècle avant l'ère chrétienne^ et c'est de la mère patrie qu'elle fut portée à Carthage. Mais la mode en fut bientôt donnée
en Phénicie, tandis en que l'effet- s'en' prononçaitde-plus la colonie,où les usages tendaient; alors-à, prendre plus un caractère et local. ..-.--,.' :i qu'auparavant indépendant Les monuments de l'écriture soit en médailles, soit en ins-. punique, sont nombreux et assez connus criptions, pour que nous n'ayons pas abandonnée plus dans
besoin
d'en
faire
que nous avons l'idée au lecteur
ici l'énumération. réuni les éléments -mieux
que
C'est
les plus importants d'après de notre planche V, qui en donnera toutes les descriptions et toutes les ré. .;. ;.,,..,; ,.,-.]
'-.; •flexions^). Les documents sont.: -tu qui nous ont servi pour cette planche Le grand tarif des sacrifices découvert à Marseille en i845 et conservé dans le musée de :cette ville (3) .-Il est établi aujourd'hui que cette ins-
(1) Cf. le fragment de papyrus phénicien publié par M.de Vogué, Syrie centrale, Inscriptions sémitiques, p. 131.. ...,-. , (2) Il est bon aussi, pour la dégénérescence successive de l'écriture, de consulter les tableaux dressés par M. Euting d'après ses nouvelles inscriptions : Punische Steine, pi. XLV et XLVI. (3) De Saulcy, Mém. de l'Acad.des Inscr .3 nouv. sér., t. XVII, lro part. p. 310-347. — Judas, Étude démonstrative de la langue phénicienne,^. 163-17b; pi. 27 et 27 bis. —Barges, Temple de Baal à Marseille, ou Inscription phénicienne découvertedans cette ville en 1845, Paris, 1847. — Movers, Das Opferwesen der Kartliager, Breslau, 1847. —Munk, Journal asiatique; 4e série, t. X, p. 473-532. — Evrald, Veberdie neuentdecktephoenihischeInschrift su Marseille, Goettingue, 1849. — Judas, Nouvelle analyse de l'inscription phénicienne de Marseille, Paris, 81B7. — Barges, Inscription phénicienne de Marseille; Nouvelle interprétation, Paris, 1838. —
— 155 — cription provient de Garthage même et a dû être apportée comme lest à fond de cale de quelque bâtiment de commerce jusqu'au port de Marseille, à une époque que l'on ne saurait préciser, car. la pierre est celle de Carthage et non celle des environs de Marseille (i). M. Davis a découvert en 1860 et déposé au Musée britannique un autre exemplaire du même tarif, d'une rédaction offrent abrégée (2). Les deux monuments la plus exacte conformité ils sont à peu de comme type graphique; chose près-jcontemporains.et, datent déjà seconde moitié du troisième siècle,, comme, le prouve l'identité de la forme,des, lettres sur ces pierres et sur les monnaies aux légendes rpSnDnnDDn (3) et FoSsûn pBb (4), avec le duc de Luynes (5), comme frappées pour le que je considère, célèbre Syphax, roi des Massésyliens, mort en 2o3 avant Jésus-Christ, et pour un de ses prédécesseurs immédiats (6), , Celles des inscriptions trouvées dans les ruines de,Carthage qui, étant conçues dans le type que pour l'écriture punique on peut appeler clasà la ruine de cette cité en 146 (7); antérieures sique, sont.certainement Meier,Zeitschr.derdeutsch.morgenl.Gesellsch.,t. XIX,p. 90-115.—Schroeder,Diephoenizische Sprache,p. 237-247;pblX. -r- J. Halévy,Journal asiatique,mai-juin 187.0,p.;473-504. .;... (1).Barges,Inscriptionphéniciennede Marseille;Nouvellesobservations,Paris, 1868. (2) Davis, Gartliageand her remains, p. 296 et suiv. — Inscriptionsin thephoenicianchqraçter,, now depositedin the Bristish Muséum,discoveredon the site of Garthage;pi. XXXII,n° 90. — Blau, Zeilschr.der deulsch: morgenl. Gesellsch.;t. XVI,p. 438-447. —M.'.Vogué,Bulletin de la Sociétédes antiquaires, 1863, p. 107-113. — Judasj Sur.un tarif des.taxespour les sacrifices en languepunique, trouvée Carthage, et analogueà.celuideJfarseiMe,,Paris, 1861.:-—rEy^ald, Abhandlung ùber die grosseKarthagische-und/andere.neuentdecktePhoenikischeInschriften, Studien, fasc. III, p, 59-61.,—Jleier, Zeitschr.doer Goettingue,1864. —-A. Levy, Phoenizische Sprache,p. 247deutsch.morgenl. Gesellsch.,t. XIX,p. 115-119.— Schroeder,Die phoenizische • • -.>..248; pi. IX. — J. Halévy,Journal asiatique, mai-juin 1870,p: 504-507. C'esttout à fait à tort que M.l'abbé Barges a cherchéà contesterl'authenticitéde ce précieux monument: Examend'unenouvelleinscriptionphéniciennedécouverterécemmentdans lesruines de Carthageet analogue à cellede Marseille,Paris; 1868. > ,. -, .-s...-.-. (3) L. Mûller,Numismatiquede l'ancienneAfrique, t. III, p. 88. , (4) L. Mûller,Numismatiquede l'ancienneAfrique, t. III, p. 90 et 91. 17. (5) Rev. numism., 1850, p. 312 et suiv.; Mémoiresur le sarcophaged'Esmunazar, p. lit au (6) Le docteur Levy {Zeitschr.der deutsch.morgenl.Gesellsch.,-.t.XIII,p. 57.6et.suiv.) lieu de IDDn sur la pièce au type du cheval libre courant robnan Tami et attribue cette monnaie à Vermina, fils de Syphax (Tit. Liv. XXIX,33; XXX,36 et 40; XXXI,11 et 19).|C'est fort vraisemblable et fort séduisant; cependant la lecture matérielle de la légende est encore douteuse. — Judas, n os8l-83. n " XIV-XVI1L XLVII, M onumenta 46-54; pi. Gesenius, phoenicia,pi. (7)
— 156 — romaine relevée par César sont du temps de la Carthage les inscriptions de la dernière toutes en effet dans le type d'alphabet époque dont nous suivant. dans le paragraphe parlerons de le nom d'or (i) et d'argent monnaies Les grosses (2) portant les premières espèces frappées dans Byrsa, nï"liO, qui sont certainement siècle du quatrième de Carthage l'atelier monétaire même, au milieu avant
l'ère
chrétienne.
dans les villes de la Sifrappées par les Carthaginois siècle et dans le cours du quatrième. cile (3) à la fin du cinquième de Mardu vase de Panorme (4) et l'épitaphe punique L'inscription sala (5), seuls monuments de la Sicile, de l'épigraphie carthaginoise l'un de ses avec l'inscription à laquelle M. Blau a consacré d'Eryx, de la Société dans le tome III du Journal travaux, plus remarquables Les monnaies
asiatique
allemande.
Mais
ce dernier
texte,
dont
nous
ne
possédons
Étude démonstrative de la langue phénicienne,. pi. VIII et IX. — Barges, Mémoire sur deux inscriptions puniques découvertesdans l'île du Port-Cothon à Carthage, Paris, 1849. — Bourgade, Toison d'or de la langue phénicienne, pi. II et III. — Spano, Bullettino archeologico sardo, 1861, p. 33 et suiv. — Inscriptions in the phoenician character, nom deposited in the Bristish Muséum, discovered on the site of Carthage during researches made by Nathan Davis, esq. Londres, 1863, in-fol. oblong. — L. Rodet, Sur les inscriptions phéniciennes de Carthage qui figuraient à l'Exposition universelle de 1867, dans le Journal asiatique d'octobre-novembre 1868, nos \-{\> 15-20; les nos 12, 13 et 14 sont très-curieux comme spécimens de la transition entre ce type et celui des temps postérieurs; les lettres des deux alphabets s'y mêlent, mais les formes du type classique sont encore en majorité. — De Longpérier, Journal asiatique, mars-avril 1869, p. 343-356. — Schroeder, Die phoenizische Sprache, p. 260-263; pi. XIII et XIV. — Euting, Punische Steine, Saint-Pétersbourg, 1871, extrait du tome XVII delà VIIe série des Mémoiresde l'Académie impériale de Saint-Pétersbourg. (1) L. Mûller, Numismatique de l'ancienne Afrique, t. II, p. 86, n° 76. (2) Ibid., p. 91, n° 127. (3) Ugdulena, Sulle monete puuico-sicule, Palerme, 1857. — Ant. Salinas, Appendice alla memoria Sulle monete punico-sicule dell'abate Ugdulena, Palerme, 1858. —L. Mûller, Numismatique de l'ancienne Afrique, t. II, p. 74-84. (4) Gesenius, Monumenta phoenicia, pi. XIV. n° 43. — Ugdulena, Sulle monete punico-sicule, pi. II, n° 24. (51 Gesenius, pi. XIV, n° 44. — Ugdulena, pi. II, n° 25. 11est à peine croyable que M. l'abbé Ugdulena (Sulle monete punico-sicule, p. 48), M. Gildemeister (Épigraphische Nachlesen) et M. Schroeder (Die phoenizische Sprache, p. 252) aient pu accepter un seul instant pour authentique une falsification aussi misérable que le petit taureau d'or de Palerme, où le fabricateur s'est amusé à reproduire l'épitaphe de Marsala sans en comprendre le sens. Voy. De Longpérier, Comptes-rendusde l'Académie des Inscriptions,i&10,$. 147.
— 157 — qu'une quent nôtre.
très-mauvaise être
d'aucun
copie usage
du dans
seizième une
étude
siècle,
ne peut
paléographique
par consécomme la
L'écriture
telle qu'on la voit dans la planche V, ne nous punique, est pas offerte jusqu'à présent par des monuments antérieurs au cinNous en voyons ensuite l'usage se quième siècle avant l'ère chrétienne. mais accompagné d'une altération graduelle des caractères, continuer, jusque dans le courant du premier siècle. La numismatique est seule, du reste, à nous fournir des dates certaines
Aussi je crois utile d'indiquer ordre chronologique les principales monnaies à légendes puniques, soit de la Sicile, soit de Carthage même et des provinces enC'est dont on peut déterminer vironnantes, l'époque avec précision. uniquement d'après ces monnaies qu'on pourra par analogie classer les inscriptions. paléographiquement Vers 4io av. J.-C. — Médaille d'argent de Ségeste : Tête d'Aréthuse pour ici dans un
l'histoire
de cette écriture.
entourée de dauphins, avec la légende-yï. Vf Chien debout; au-dessus, un profil de femme; le tout dans un cercle de perles (i). L'époque dont le style est encore empreint dans est déterminée par l'archaïsme une certaine mesure et par la date de la prise de possession de Ségeste en 4io (2). par les Carthaginois de Motya aux types d'Agrigente : Aigle Avant 408. —Tétradrachme débouta droite, avec la légende tfltûD!"!; le tout dans un cercle de — Litra d'argent de la même époque : Aigle deperles. Vf Crabe (3). bout à gauche, dans un cercle de perles. Vf D entre quatre dauphins (4). à la première expulsion des antérieures Ces pièces sont certainement en 4o8 (5), à la suite de laquelle Carthaginois de Motya par Hermocrate, durent être frappées les pièces grecques à la légende MOTYAION (6).
(1) Ugdulena, pi. II, n» 6. (2) Diod. Sic, XIII, 43 et 44. (3) Ugdulena, pi. I, n" 4. (4) Ugdulena,pi. II, n° 11. (5) Diod. Sic, XIII,63. (6) Eckhel,Doctr. num. vet.,t. I, p. 225.
— 158 — — Tétradrachme 4io-4°7* et au palmier-avec Victoire doit nécessairement monnaie
à la protome de cheval couronnée par là ' la simple TlWîn mp légende (i). Cette se placer entre le commencement du
effort des Carthaginois la Sicile, en 4io, et le grand pour conquérir où Himilcon fit de Panorme moment (dont la pièce ne porte pas encore de la puissance le nom) le principal dans cette île, foyer punique en 407 (2). -..-;' Entre 407 et 400. — Tétradrachme encore de Thermoe archaïque ou iVfc* (suivant la synonymie si ingénieusement Himerenses établie par M. l'abbé Ugdulena), ville fondée en 407. Il est imité des monnaies de antérieures à Denys l'ancien Syracuse (3). — Litrse de Motya, la plupart au gorgonium et au 407-397. d'argent ou à la feuille de palmier de nain, et petites palmier pièces de bronze la même ville (4). Elles ont été frappées entre le rétablissement des à Motya par Himilcon, en 407 (5), et la prise de cette ville Carthaginois par Denys, en 397 (6). — Premiers tétradrachmes à Panorme, aux types 407-396. frappés du cheval couronné et du palmier,- et à là double lépar une Victoire et nSTO, nom de Panorme (7). Ffip, Carthage, — Tétradrachme de Thermse 396-370. tfifcî, copie des Himerenses, monnaies de Syracuse du temps de Denys 1er (8). Didrachme de la même ville au revers du cheval au galop (9). — Tétradrachmes à la tête de Coré-Aréthusè et au revers 3g6-36o. du cheval devant le palmier, avec diverses légendes (10). Ces pièces n'ont du culte de Démétèr et de Cofé pu être frappées qu'après'l'adoption gende
ÏT&nn
(1) Ugdulena; pi. -I,n" 13. —L.Mûller, Numismafique.de l'ancienne.Afrique, t.. II, p. ;74, n°,2. (2) Diod. Sic, XIII, 88. (3) Ugdulena, pi. I, n° 19. (4) Ugdulena, pi. II, n 057-10 et 22. ' '" 88. , .- ' - -.-: (6) Diod. Sic, XIII, •'- - ' , . .: ->': .... (6) Diod. Sic, XIV, 47-53. (7) Ugdulena, pi. I, n°s 11 et 12. — L. Mûller, t. II, p. 74-7S, n°s 3-7-. • . ':! ' • '. :- • ' ' '•"• K: (8) Ugdulena, pi. I, n° 20. ', <'• ,'"- . -•'•.-:'•!.. ^ (9) Ugdulena, pi. II, n° 4. (10) Ugdulena, pi. I. n° 14. — L. Mûller, t. II, p:'74; n» lVpV-77; 11^ 28-è't;29l"r' : ' ' J
— 159 — par le sénat de Carthage, en 3g6, en expiation du pillage du temple de ces déesses sous les murs de Syracuse par Himilcon (i). Tétradrachmes d'Heraclea Minoa,. mpbO'lZr) ,37.0-340.,— (2) et de de Syracuse du Therma? Himerenses, . tfitf (3), imités des tétradrachmes du temps de Denysle plus, .beau .style vc'estrà-dire jeune. — Tétradrachmes 36o-325. de Panorme à la tête de Coré-Aréthuse copiée des plus belles pièces syracusaines -et au revers du buste de cheval, avec.la légende ï"l3nD Dï (4). , 35Q-32Q. — Grandes pièces d'or (5) et d'argent (6) de Carthage à la légende 31^71^5, avec la tête de Déméter couronnée d'épis et au revers Pégase, ou un ..cheval galopant devant un palmier (7). , 343,-340. •— Petit bronze de Therma? Himerenses, tfifcï, imité des monnaies
au type corinthien frappées à Syracuse sous Timoléon (8). •— Tétradrachmes de fabrique sicilienne avec une tête 325-277. d'Hercule le Grand et au revers un imitée des monnaies d'Alexandre buste de çheyal, portant les légendesTUFI-D D£ (9) et-QàttfriD (10). Ces médailles ressemblent fort comme style et comme fabrique à celles et elles ont dû être battues entre le temps d'Alexandre d'Agathocle; celui de l'expédition de Pyrrhus en Sicile. 320-241. — Monnaies d'or, d'argent et de bronze de Carthage même, d'un bon travail et d'un métal pur, aux types de la tête de Gérés couronnée, d'épis et du cheval, que M. L. Mûller (i;i) range à sa première carthaginois a dû se époque. Cette période du monnayage proprement terminer à la fin de la première guerre punique, comme le pense le savant danois et comme l'avait admis avant lui le duc de Luynes. En ' ' " '] (Ï)'DM. Sic:, XIV/63èf77. - ••-;' (2)iUgdulena,pl.I, n°,18., (3) Ugdulena, pi. I, 11°21; pi. II, n» 1. (4) Ugdulena, pi. I, n» 7. — L. Mûller,t. II, p. 75, n°s 13-15. -. i: .in; • -,.--: (5) L. Mûller,t. II, p. 36, n° 76. ' . (6) Ugdulena, pi, I, n" 2 et 5. — L. Mûller, t. IL, p. 91 et 92, n°s 127 etrl28. '; (7) Sur l'époque où commençale monnayagede la villemême de Carthage]voyez\L:Mûller, ..'.!,;.">.•-'.-"."'• r t. II, p. 141. 1 ..'<::<-»'• ._:-..• (8) Ugdulena.pl. II, n" 19. -< "- '' - ' t: (9) Ugdulena,pi. I, n" 8.^- L. Mûller, t. II, p, 75, >n°s8-12. " '''' n°= 18-21. t. L. (10) Mûller, II, p. 76, (H) Numismatiquede l'ancienneAfrique, t. II, p. 112 et.141. !• »
— 160 — même n'offrent de Carthage général les monnaies une pièce d'or d'un dans le champ. Cependant sente une véritable où, chose curieuse, légende, à passer au tracé caractéristique déjà la tendance Elle doit être de la fin de cette époque temps.
que des lettres isolées fort bon style (i) préla forme du H indique de l'alphabet du monnayage,
des bas, ou du
de la suivante.
commencement
— Tétradrachmes à Panorme avec la tête de Didon frappés 274-2o4et au revers un lion devant un palmier ; à coiffée du bonnet asiatique ont une grande anala légende nSPiD D^ttf (2). Ces monnaies l'exergue II de Syracuse. Les deux termes logie de style avec celles de Hiéron de Pyrrhus sont indiqués par la retraite dans le cours de en 274 et par la prise de Panorme par les Romains en 354 (3). la première guerre punique, à la tête de Cérès et au cheval, que 241-201. — Monnaies de Carthage entièrement M. L. Mûller range à sa seconde époque (4). Nous adoptons de Copenhague du savant numismatiste et les dates qu'il le classement les pièces en question faisant descendre la fin de la jusqu'à adopte, extrêmes
de
leur
émission
Le style en est inférieur à celui des monnaies punique. A mesure qu'on avance dans la deuxième delà première guerre époque. le métal est à plus bas titre, l'or se mélange l'ard'argent, punique, les pièces d'ar^ gent de cuivre. A la fin de cette période de monnayage, un quart ce qui s'accorde de cuivre, gent contiennent complètement de Tite-Live avec le témoignage (5). De 223 environ à 204. — Monnaies de Syphax, roi des Masd'argent deuxième
guerre
sésyliens (6) et de IDQn ou 13011 (7). — Monnaies de Carthage à 201-146. rapportées par M. L. Mûller sa troisième époque (8), allant de la fin de la seconde guerre punique (1) L. Mûller, t. II, p. 84, n" 46. (2) Ugdulena, pi. I, nos 9 et 10. — L. Mûller. t, II, p. 75 et 76, n°s 16 et 17. (3) Polyb., I, 38. (4) Numismatique de l'ancienne Afrique, t. II, p. 112-113; 141-142. (5) XXXII,2. (6) L. Mûller, Numismatique de l'ancienne Afrique, t. III, p. 90 et 91. (7) Ibid., t. III, p. 88. (8) Ibid., t. II, p. 113 et 141-143.
— 161 à la ruine de Carthage. La fabrique se néglige encore dans ces monnaies: le style baisse rapidement en même temps que la qualité du métal, qui n'est plus en réalité que de l'électrum au lieu d'or et du potin au lieu d'argent. De 148 à 60 environ. — Monnaies dès rois de Numidie successeurs de Massinissa (1). Ces monnaies dont le classement est fort difficile ne présentent presque jamais que des légendes lettres isolées dans le champ du revers.
de deux
lettres
ou des
XL
— Vers le milieu du premier siècle avant l'ère chrétienne, l'époque est déterminée pour la Numidie par les monnaies de Juba 1" (2), roi de 60 à 46 avant Jésus-Christ, et de son contemporain Massinissa II (3), pour la Mauritanie par celles deBocchus 111(4), roi entre 5o et 33 avant — vers le milieu du Jésus-Christ, premier siècle avant l'ère chrétienne, le type d'écriture que l'on peut appeler classique pour le monde carthaginois, et dont nous venons de nous occuper dans le paragraphe préet est remplacé par une nouvelle forme paléogracédent, disparaît d'une simplification cursive du tracé des lettres, phique , résultat laquelle demeure employée jusque vers le troisième siècle après JésusChrist, c'est-à-dire jusqu'à la dernière époque où l'on grava des inscriptions puniques. C'est cette dernière forme d'écriture que Gesenius, la considérant comme constituant un alphabet à part, appelait numidique, mais à laquelle M. le docteur Judas (5) et M. de Saulcy (6), qui y ont déterminé
d'une
manière
définitive
la valeur
de toutes les lettres,
(1) L. Mûller, Numismatiquede l'ancienneAfrique, t. III, p. 16-41. (2) L. Mûller, Numismatiquede l'ancienneAfrique, t. III, p. 42 et suiv. (3) Ibid., p. 48. (4) Ibid., p. 97 et suiv. (5 Étude démonstrativede la languephénicienneet de la languelibyque,Paris, 1847. (6) Annales de l'Institut de Correspondance archéologique,t. XVII,p. 68-97: Rechercltessui< les inscriptionsvotivesphénicienneset puniques. 11
— 162 — de la dernière époque plus exacte de punique l'appellation de bronze Elle est représentée d'abord ou néopunique. par les médailles sous la dode la Bétique (i), médailles des villes phéniciennes frappées de romaine et qui sont en même temps de tous les monuments mination de la forme des lettres est le moins cette écriture ceux où l'altération ont
restitué
des derniers rois de Numidie puis par les médailles (2), des profonde, rois de Mauritanie des villes (3) et des derniers temps de l'autonomie de de la côte septentrionale d'Afrique (4), enfin par les inscriptions de Carthage date tout à fait basse, soit funéraires , soit votives, (5) et africain des autres villes du nord du continent (6). et médailles inscriptions que nous avons emde notre planche les principales VI, où figurent prunté les matériaux variantes du tracé des vingt-deux lettres de l'alphabet dans le type C'est
punique
à ces différentes
le plus
récent.
(1) Gesenius, Monumenta phoenicia, pi. XL et XLI, n0515-19. — Aloys Heiss, Monnaies antiques de l'Espagne, Paris, 1870. (2) L. Mûller, Numismatique de l'ancienne Afrique, t. III, p. 42-51. (3) Même ouvrage, t. III, p. 97-102. (4) Voy. dans le tome II de la Numismatique de l'ancienne Afrique de M. L. Mûller les monnaies des villes de la Syrtique, de la Byzacène et de la Zeugitane (en laissant de côté celles de Carthage), et dans le tome III les monnaies des villes de la Numidie et de la Mauritanie. (5) Voy. principalement les nombreuses inscriptions publiées par M. l'abbé Bourgade, Toison d'or de la langue phénicienne, Paris, 1852; 2e édition, Paris, 1856. Les études auxquelles elles ont donné lieu sont les suivantes : Barges, Mémoire sur trenteneuf nouvelles inscriptions puniques, Paris, 1852. — E-wald, Entzifferung der neupunischen Inschriften, Goettingue, 1852. — A Levy, Phoenizische Studien, fasc. II, p. 42-101. (6) Voy. entre autres : Gesenius, Monumenta phoenicia, pi. XXI-XXVIIet XLVII, n° 84. — De Saulcy, Ann. de l'inst. arch., t. XVII, pi. F, G, H et L; t. XIX, p. 1-16. — Judas, Étude démonstrative de la langue phénicienne, pi. VII, X-XXVIbis, XXVIII, n° 2 et XXIX. — Judas, Nouvelles études sur une série d'inscriptions numidico-puniques, Paris, 1857. — Mémoire sur dix-neuf inscriptions numidico-puniques inédites trouvéesà Constantine en Algérie, Paris, 1861. — Annuaire etrecueilde la Sociétéarchéologique de Constantine, 1865, p. 262-309. A. Levy, Phoenizische Studien, fasc II, p. 102-109; fasc. III, p. 61-77. — Schroeder, Die phoenizische Sprache, p. 263-272. — Euting, Punische Steine, pi. XXXV,XXXVIIIet XXXIX. Je n'ai nullement la prétention, qui serait fort peu justifiée, de donner ici une bibliographie complète; mais seulement d'indiquer les principales collections de documents de cette nature.
— 163 — Aux indications bibliographiquesque nous avonsdonnéessur les inscriptionsqui ont fourni les élémentsde nos planches, il est bon d'ajouter les suivantes. 1° Troisièmemaltaise. — "Wurm, dans les Jahrb. fur Philol. de Jahn, 1838, p. 22. — De Saulcy, Ann. de l'inst. arch., t. XVII,p. 71. — Ewald, Abhandl. der Koenigl. Goetting. Gesellsch.der Wissensch.,p. 95; Bibl. Jahrb., t. I, p. 199. — Movers,Die Phoenizier,t. II, p. 351..— Judas, Étude démonstrative de la languephénicienne, p. 74 et suiv. —Dietrich, ZweiSidonischeInschriften, p. 113. — Meier,ErklserungPhoenizischerSprachdenkm.,p. 46 et suiv.— Schlottmann, Die Inschrift Eschmunazars,p. 176 et suiv. — Schroeder, Die PhoenizischeSprache, p. 233. 2° Quatrièmemaltaise. — De Saulcy, Ann. de l'inst. arch., t. XVII,p. 72. —Judas, Étude démonstrative,p. 74 et suiv. —Dietrich, ZweiSidonischeInschriften, p. 113.— Meier, Erklserung phoeniz.Sprachdenkm., p. 47 et suiv. — Schlottmann, Die Inschr. Eschmunaz.,p. 177. — Schroeder,Die phoenizischeSprache,p. 234. 3° Inscription de Nora. — Benary, Berlin. Jahrb. fur Krilik, 1836, juillet, p. 61. — A. Dela Marmora, Voyageen Sardaigne, 2eédition, pi. XXXII,n° 1. — Arri, Lapidefenicia di Nora, Turin, 1834; Memoriedelta Reale AccademiadiTorino,2e série, 1.1, p. 351. — Wurm, dans les Neue Jahrb. fur Philol. de Seebodeet Jahn, 1838, p. 22. — Quatremère, Journal des Savants, 1842, p. 521-524. — Movers, PhoenizischeTexte, fasc I, p. 80; Die Phoenizier, t, II, 2e part. p. 572. — Judas, Étude démonstrative,p. 181et suiv. — Bourgade,Bullettino archeologicosardo, 1856, p. 43 et suiv. —Meier, ErklserungphoenizischerSprachdenhnale, p. 48 et suiv. — Garrucci, Atti délia PontificiaAccademiaRomana, t. XIV,p. 233. — H. von Maltzan,Reise auf der Insel Sardinien, p. 526-539. — Schroeder,Die phoenizischeSprache, p. 250. — A. Levy, PhoenizischeStudien, fasc. IV, p. 36 et suiv. — Euting, Punische Sieine, pi. XXXIV. Le fragment d'une autre inscription en caractère archaïque a été égalementdécouvertà Nora : A. De la Marmora, Voyageen Sardaigne, 2e édition, pi. XXXII,n° 2. — Judas, Étude démonstrative,pi. XXVIII. 4» Sarcophage d'Eschmounazar. — Quatremère, Journal des Savants, 1856, p. 300 et suiv. — Frankel, Monatsschriftfur Geschichteund Wissenschaft des Judenthums, t. V, p. 447 et suiv. — Judas, Revuearchéologique,t. XIII, p. 458-480.— Blau, Zeitschr. der deutsch.Morgenl. Gesellsch.,t. XII, p. 727; XIX, p. 539-543. — Meier, Die Gi'abschrift der Sidonischen KoenigsEschmun-ezer, Leipzig, 1866.— Schlottmann, Die Inschrift EschmunazarsKoenigs der Sidonier, geschichtlichund sprachlich erklsert, Halle, 1868.— Derenbourg,Journal Asiatique, janvier 1868, p. 87-107. — Schroeder^DiephoenizischeSprache, p. 223-225; pi. I. 5° Deuxièmesidonienne. — Ewald, Abhandlung ûber die grosseKarthagischeund andere neuendecktephoenikischeInschriften, p. 45-48. — Judas, Mémoiresde la Sociétéarchéologique de Constantine, 1866, p. 312-314. — Schlottmann, Die Inschr. Eschmun.,p. 184-191. — Schroeder,DiephoenizischeSprache,p. 225 et suiv. ; pi. II. 6° Deuxièmecitienne. —Ewald, Goetting.Gelehrt.Anzeig., 1833,p. 1295et suiv.; Zeitschr. Jahrb., 1839, p. 840et fur die Kundedes Morgenl., 1842, p. 417 et suiv. — Hitzig. Eeidelb. suiv. — Quatremère, Journal des Savants, 1842, p. 524-531. — Stadthagen,De Marmoribus — quibusdamphoeniciis,p. 27-29. — Judas, Étude démonstrative,p. 80-82. Blau, Zeitschr. der deutsch.morgenl. Gesellsch.,t. III, p. 44-2;t. XIX,p. 531. —Duc de Luynes, Mémoiresuite sarcophage d'Esmunazar, p. 73 et suiv. — Meier, Erklserungphoenizisch.Sprachdenkm., 12. —Schroeder,Die phoenizische p. 21-24. — Schlottmann, Die Inschrift Eschmunazars,p. Sprache,p. 228et suiv. ; pi. IV, n° 3. 7» Trente-sixièmecitienne. — Ewald, Nachrichten der koenigl.Gesellsch.der Wissensch.zu
— 164 — Goettingen,1862, p. 457 et suiv. ; 543 et suiv. — Blau, Zeitschr. der deutsch. morgenl. Gesellsch., t. XIX, p. 352. — Judas, Mémoires de la Société archéologique de Constantine,. 1866, p. 294. — Schlottmann, Die Inschr. Eschmun., p. 172. — Derenbourg, Journal Asiatique, novembredécembre 1867, p. 479 et suiv. — Schroeder, Die phoenizischeSprache, p. 227, pi. VI. 8° Trente-cinquième citienne. — Derenbourg, Journal Asiatique, novembre-décembre 1867, p. 479-502. — Schroeder, Die phoenizische Sprache. p. 227. 9° Première citienne. — Hitzig, Heidelb.-Jahrb., 1839, p. 844. — Benary, Berlin. Jahrb. fur — wissenschaftl. Kritik, 1839, p. 549. —Wurm, Neue Jahrb. fur Philol., 1838, p. 22 et suiv. Hitzig, Die Erfindung des Alfabets, p. 19 et 26. — Movers, Die Phoenizier, t. II, 2e partie, p. 212. —Duc de Luynes, Numismatique des Satrapies, p. 110 et suiv. —Blau, Zeitschr. der deutsch. morgenl. Gesellsch., t. XIV, p. 654 et suiv. — Ewald, Goetting. Nachricht., 1862, p. 546. — A. Levy, Phoenizische Studien, fasc III, p. 12 et suiv. — Judas, Mémoires de la Société archéologiquede Constantine, 1866,p. 292. —Schroeder, Die phoenizische Sprache, p. 228. 10°Première maltaise. — Wurm, Jahrb. fur Philol. de Jahn, 1838, p. 13. — Benary, Jahrb. fur wissenschaftl. Kritik, 1836, p. 43; 1838, p, 545. — Quatremère, Journal des Savants, 1838, p. 633-634. — De Saulcy, Ann. de l'inst. arch., t. XVII, p. 70 et suiv. — Stadthagen, De marmor. quibusd. phoenic, p. 22-25. — Judas, Étude démonstrative, p. 37 et suiv. ; Nouvelles éludes de la langue phénicienne, p. 5 et suiv. ; Annuaire de la Société archéologique de Constantine, 1860-61, p. 19-21, 61 et suiv. —Ewald, Jahrb. der bibl. Wissensch.,t.ï, p. 194. — A. Levy, Phoenizische Studien, fasc II, p. 53. — Meier, Erklser. phoeniz. Sprachdenkm., p. 40-43. — Schlottmann, Die Inschr. Eschmun., p. 175 et suiv. —Schroeder, Die phoenizische Sprache, p. 232 et suiv. ; pi. VII, n° 1. 11° Deuxième maltaise. — "Wurm, Jahrb. fur Philol. de Jahn, 1838, p. 15 et suiv.— Benary, Berlin. Jahrb. fur wissensch. Kritik, 1839, p. 546 et suiv. — Hitzig, Eeidelberg. Jahrb., 1839, p. 836-839. — Quatremère, Journal des Savants, 1838, p. 634-656. — Stadthagen, De marmor. quibusd. phoen., p. 30-34. — Judas, Étude démonstrative, p. 91-94,- Nouvelles études, p. 48. — Schlottmann, Zeitschr. der deutsch. morgenl. Gesellsch. t., X,p. 419. — Munk, Journal Asiatique, avril-mai 1856, p. 294. — Meier, Erklxr. phoeniz. Sprachdenkm., p. 43-46. — Ewald, Goetting.Nachricht., 1862, p. 547. —Blau, Zeitschr. der deutsch. morgenl. Gesellsch., t. XVIII, p. 637. — Schroeder, Diephoenizische Sprache, p. 233; pi. VII, n° 2. 12" Première athénienne. —• Boeckh, Corp. inscr. graec, n° 894. — Wurm, Jahrb. fur Philol. de Jahn, 1838, p. 14. — Judas, Étude démonstrative, p. 27 et suiv.— Schroeder, p. 235; pi. VII, n» 3. 13° Deuxième athénienne. — Boeckh, Corp. inscr. graec, n° 859. — Judas, Étude démonstrative, p. 29-32. — Schroeder, p- 235 ; pi. VII, n» 4. 14° Troisième athénienne. —Anger, Neue Jahrb. fur Philol., 1834, p. 216-218. —De Saulcy, Mém. de l'Acad. des Inscr., nouv. sér., t. XV, 2e part. p. 189-190. —Judas, Étude démonstrative, p. 33 et suiv.— Schroeder, p. 235 et suiv.; pi. VII, n° 5. 15° Quatrième athénienne. — Quatremère, Journal des Savants, 1842, p. 517-521. — 'EW£p'L;âpxaioXoTfixii, 1842, p. 417, n° 574. — Movers, Phoenizische Texte, fasc. I, p. 82-83. — Munk, Journal Asiatique, novembre-décembre 1847, p. 478. — Ewald, Abliandl. der Koenigl. Gesellsch.der Wissensch. zu Goetting., 1849, p. 95. — Barges, Mémoire sur trente-neuf MOUvelles inscriptions puniques, p. 13. —Duc de Luynes, Mémoire sur le sarcophage d'Esmunazar, p. 77.— A.Levy, Phoenizische Studien, fasc I, p. 22 et31. —Meier, Erkloer. phoeniz. Sprachdenkm., p. 22 et suiv. — Schroeder, p. 236; pi. VIII, n° 1. 16° Cinquième athénienne. — 'EOT]U.E?I; «oxaioXo-jinri, 1842, n° 536. — Schroeder, p. 236; pi. VII, n" 6.
— 165 — — Barges, Observationssur les inscriptions phéni17° Inscriptions d'Oumm-elrAwoemid. ciennesdu MuséeNapoléonIII, dans le Journal Asiatique, novembre-décembre1863, p. 517531. — Blau, Zeitschr. der deutsch. morgenl.Gesellsch.,t. XIX, p. 353. — Ewald, Abhandl. ûber die grosseKarthag. Inschr., p. 36-44. — Judas, Mémoiresdé la Sociétéarchéologiguede Constantine, p. 295 et suiv.; 312.— Mer, Zeitschr.der deutsch. morgenl. Gesellsch.,t. XXI. 475-487.—Schlottmann, Die Inschr. Eschmun., p. 178-181.—Derenbourg, Journal Asiatique, janvier 1868,p. 97. — Schroeder,p. 226; pi. III.
PREMIER.
LIVRE
ÉCRITURES
DU
TRONC
SÉMITIQUE.
FAMILLEHÉBRÉQ-SAMARITAINE,
OBSERVATIONS
Toutes
PRELIMINAIRES.
les écritures
le tronc de dérivation de l'alphabet composant auquel nous assignons le nom de sémitique ont un caracphénicien tère commun, qui les relie en un groupe bien distinct et les sépare des de la même source. Ce caractère tient à l'appliautres dérivations à des langues de la même famille que celle pour cation de l'écriture Sauf quelques dérivés combinée. laquelle elle avait été primitivement comme le pehlevi et le zend ou comme les alphabets secondaires, à ce tronc tous les alphabets appartenant tartares sortis du syriaque, servent à rendre des langues de la famille sémitique, où par conséquent les voyelles n'ont qu'un caractère vague et ne sont pas exprimées dans de l'alphabet phéAinsi les aspirations et les demi-consonnes l'écriture. d'un peuple à nicien, quoique modifiées par l'usage et par le transport un autre, gardent leur valeur primitive et ne deviennent ni des voyelles de ces écritures, le Dans quelques-unes ni des consonnes ordinaires. nombre des lettres est augmenté pour rendre une richesse d'articulaMais ces additions, tions plus grande que celle de l'organe phénicien. ne chanpar le procédé du dédoublement, qui se font constamment des sons de la langue. gent pas la nature et le mode d'expression la direction de l'écriEn outre, excepté dans les alphabets tartares, ture reste, dans tous les systèmes graphiques du tronc sémitique, semde droite à gauche, et blable à ce qu'elle est en phénicien, c'est-à-dire les noms des lettres, partout où nous les connaissons, excepté en arabe,
les mêmes
demeurent
que
dans
170 — l'alphabet
qui
le type
a fourni
pri-
mordial. du tronc sémitique se les écritures communs, Malgré ces caractères subdivisent en deux groupes, en deux familles bien distinctes, qui se sont séparées du prototype et qui dans la différemment originaire de leurs
successives ont suivi deux voies que l'on ne L'une a été enfantée l'autre saurait confondre. primitif, par l'hébraïque deux écritures soeurs, situées au même degré d'éloignepar l'araméen, mais qui ne sont ment par rapport à la source commune chananéenne, du phénicien. Nous dépas sorties de la même forme paléographique marche
filiations
de ces deux familles par le nom d'hébréo-sasignons donc la première maritaine et la seconde par celui d?araméenne. La première ne comprend : que deux alphabets L'hébreu primitif dès pierres d'où dérive : gravées et des médailles, Le samaritain. La seconde une des plus nombreuses est, au contraire, parmi les familles de dérivation de l'écriture inventée alphabétique par les peuples de Chanaan. Elle comprend : Les trois alphabets successivement à tous les peuples communs araméens
;
Le palmyrénien Le pamphylien V hébreu
carré
; ; ; ou
le plus ancien des alphabets d'où les Ueslrangkelo, syriaques, tirent leur origine ; autres, puis les alphabets tartares, Le sabien ou mendaïte ; ; Uauranitique Le nabaléen, source des écritures c'est-à-dire du coufique et arabes, du neskhy ; Le proto-pehlevi source : Des différentes tour : Le zend
ou variétés
et ses dérivés,
écriture
de la Perse
des alphabets
du
pehlevis,
temps d'où
des
Arsacides,
procèdent
à leui
— 171 — Nous
nous
successivement de ces deux familles, et le occuperons consacré à celle à laquelle présent livre de notre essai est spécialement nous assignons le nom d'hébréo-samaritaine. La parenté des diverses écritures le tronc sémitique qui composent avec le type chananéen, des travaux de nombreux
et leur ordre
de filiation,
ont été déjà l'objet nous y trouverons en-
savants (i) ; cependant obscures et douteuses, qui réclameront
de notre core bien des questions part un examen développé. Un débat fort vif s'est engagé, du reste, il y a peu d'années sur ce Les deux princisujet et lui a rendu un véritable caractère d'actualité. de part et d'autre ont été M. de Saulcy et M. de paux champions Vogué. Il nous a semblé que dans un travail de la nature de celui-ci dans la polémique nous ne devions pas entrer directement engagée. dans la Nous avons notre opinion^ et on en verra le développement suite de cet essai. Mais nous avons jugé que nous n'avions qu'une chose à faire, c'était de discuter les arguments invoqués d'un côté et et d'exposer aussi clais'en présenterait telle que rement que possible la filiation des écritures sémitiques, de manière à porter la conviction dans l'esprit du nous la comprenons, attendait en rédu travail que l'Académie lecteur. Car le caractère être doctrinal et non poléponse à la question posée par elle, devait de l'autre
lorsque
l'occasion
mique. (1) Celuiqui s'est occupéde cette questionle pluslonguementet avecplus de succèsest Kopp, dans la SemitischePaléographie, insérée au. tome II de ses Bilderund Schriften der Vorzeit, p. 95-419. Plus récemment il faut citer l'important mémoire sur l'alphabet arcltaïque et l'alphabet aramèen, publié par M. le comte de Voguédans le tomeXI de la nouvellesérie de la Revuearchéologique,avril 1865.
CHAPITRE
PREMIER.
L'ALPHABET HÉBRAÏQUE PRIMITIF.
I.
la portion de nos études nous allons entamer par laquelle relative aux alphabets n'est pas de celles que la science sémitiques, a révélées de nos jours par un effort puissant de diviarchéologique ont été connues de bonne nation. Les valeurs de l'alphabet hébraïque heure secours ont aidé puissamment cette connaiset de nombreux L'écriture
sance. L'écriture
samaritaine, identique pour ainsi dire à celle dont nous nous occupons dans ce chapitre, a été révélée en Occident dès les premiers efforts faits par les érudits dans le domaine de la philologie sédès le temps que Gesenius a appelé la première de mitique, époque l'étude de l'hébreu les chrétiens dans les siècles modernes parmi (i). Connu des rabbins qui furent les premiers initiateurs de la science chrétienne révélé trouve
dans
ces
études
et qui l'appelaient « brisée », y2?"), écriture nombre de manuscrits, samaritain se par un certain l'alphabet cité dès le seizième siècle, et son aspect particulier, sa forme
(1) Geschichteder hebrseischen Sprache, p. 405 et. suiv. — Cf. Renan, Histoire des langues sémitiques, lro édition, p. 165 et suiv.
— 173 — plus voisine du type primitif, plus voisine aussi, par conséquent, que celle de l'alphabet carré des autres dérivés du même type, du grée firent que les premiers sémitistes le prirent pour l'alpar exemple, C'est comme tel que le publièrent Scaliphabet même des Phéniciens. ger (i), Bochart (2), Walton (3) et Ed. Bernard (4). Une fois en possession de cet alphabet, les érudits ne tardèrent pas à que certaines monnaies d'argent portant des types relatifs des Juifs offraient dans leurs légendes des lettres tout à fait analogues à celles des Samaritains. On conçut la pensée d'appliquer à ces légendes déjà, tout en tenant l'alphabet que l'on possédait et compte des différences que la suite des siècles avait pu y apporter, s'apercevoir à la religion
cette tentative
réussit
pleinement. Dès le onzième et le douzième siècle, les rabbins Hai Gaon (1020) (5) et Moïse Maïmonide (1190) (6) avaient eu la première idée d'un semblable rapprochement (1267) (8) J Estori-ha-parchi (7). Nachmanide (i23a) (9) et à une époque plus récente Moïse Alaschkar (10), ainsi que Asaria de Rossi (i 571) (11), suivirent leur exemple. Parmi les chrétiens, Guillaume Postel (12), en 1538, fut le premier à signaler la ressemblance de l'écriture samaritaine avec celle des anciennes monnaies juives. Mais il n'essaya pas l'application de ce rapprochement et laissa les tenta(1) Ad Euseb. Chronic, p. 112 et suiv. (2) Chanaan, 1. I, c. 20. (3) Prolegomen.ad Bibl., IL (4) Litteratura orbis eruditi ex characteresamariticodeducta, 1689. — Ed. Cari. Morton, 1759. C'est à Rhenferd [Periculum phoeniciumseu litteraturae phoeniciaespécimen,Franequerae, 1706, in-4. — Réimprimé dans les Opp.philol. TJltraj., 1722, in-4), et surtout à Montfaucon (Palaeogr. graec, p. 118et suiv.), que l'on doit la premièreconnaissancedes monumentsvéritables de l'écriture phénicienne.L'immortel bénédictinreconnut même la légende de Sidon sur une monnaie de bronze. (5) D'3ÏD7p D^IHS >T W3V yaip, imprimé à Berlin en 1856. (6) Voy. Zunz, Zur Geschichteund Literatur, p. 536. (7) Voy.Levy, Geschichteder JùdischenMùnzen,p. 3. (8) Lettre I, à la suite de sonCommentairedu Pentateuque, imprimé à Presbourg. (9) niDl -lins:», éd. Edelmann (Berlin, 1852),p. 65. (10) Rechtsgutachten,éd. Sabionetta,n» 74, p. 138. (11) Meor Enajim, chap. 56. (12) AlphabetumXII linguarum, Paris, 1538.
— 174 — au moyen de la compahébraïques à ses successeurs, Arias Montanus, samaritain Ces différents et le Père Hardouin. Reland érudits Kircher, Vilalpand, les monuments à aucun bien certain; leur mann'arrivèrent résultat s'éclairer d'un grand et, faute de pouvoir par la comparaison quaient, entraîner dans des erreurs nombre de pièces, ils se laissèrent graves et fondamentales. Conringe (i), le P. Souciet (2), Froelich (3) et Hauber (4) tives
pour interpréter raison avec l'alphabet
les médailles
firent
des monnaies rentrer l'étude juives dans une voie plus scientitoucha la matière en quelques Barthélémy points avec fique ; l'illustre habituelle de cette partie de la sa supériorité (5). Mais le législateur fut François Perez Bayer, archidiacre de Valence, science lequel y deux ouvrages au nombre consacra ex-professo, dignes d'être classés travaux de l'archéologie des plus remarquables ; le premier, sémitique intitulé
: De numis hebraeo-samaritanis la doctrine sous le titre ; le second, rum vindiciae vées
contre
(7), est une l'authenticité
les fondements (6), contient de Numorum hebraeo-samaritano-
réfutation
vive et pressante d'objections monnaies attribuées aux princes
des néens et contre les lectures de Bayer (8). ont Les savants qui sont venus depuis de Valence, dans le livre de l'archidiacre
de éle-
asmo-
erreurs pu relever quelques ils ont, par des monuments
(1) Paradoxa de numis hebraîcis. (2) Dissertation sur les médailles hébraïques, appelées communément samaritaines. (3) Annales regum Syriae, prolegomen. (4) Nachricht von den jildischen-samaritanischen Mùnzen, Copenhague et Leipzig, 1778. (5) Journal des Savants, avril 1790. (6) Valence, 1781, in-4. Voy. Rasehe, Lexicon rei nummariae, t. IV, part. I, p. 1715 et suiv. (7) Valence, 1790, in-4. Cf. Eckhel, Doctrina numorum veterum, t. III, p. 455 et suiv. Bayer a encore publié un autre volume intitulé : Legitimidad de las monedas hébrsso-samariianas, Valence, 1793. C'est une simple traduction espagnole des Vindiciae. (8) Le contradicteur de Bayer, dont les objections seraient ensevelies aujourd'hui dans le plus profond oubli sans la réponse du savant espagnol, avait été 0. G. Tychsen, dans un ouvrage intitulé : Die TJnxchtheitder jùdischen Mùnzen mit Iwbrseischenund samaritanischen Buchstaben, Rostock et Leipzig, 1779. Citons aussi en cet endroit, également pour mémoire, les rêveries de Koch, qui méritent à peine une place dans la liste bibliographique de tous les écrits publiés sous la matière : Tentamen enucleationis hieroglyphicorum quorumdam numorum, Saint-Pétersbourg, 1788.
— 175 — de points demeurés éclairci beaucoup dans l'obscurité ; nouveaux, mais malgré les taches qu'il peut renfermer, malgré son caractère essentiellement incomplet, qui est celui de tous les premiers travaux d'ensemble
sur une matière, qui se rapportent
toutes
les questions surtout fondamentales, celles au déchiffrement, s'y trouvent établies d'une manière certaine. L'alphabet de Bayer est resté la base de tous ceux que l'on a produits à des dates plus rapprochées de nous ; on l'a seulement en corrigeant au moyen de nouveaux documents les perfectionné, erreurs qu'il devait nécessairement renfermer et en ajoutant à la liste du savant
caractères espagnol quelques le *] et le T par exemple.
dont
il n'avait pas connu
les
formes, Ces corrections et ces additions sont surtout dues à Kopp (i), à à M. le docteur Lindberg (2) et à Gesenius (3), puis tout récemment A. Levy (4) et à M. Madden (5). Mon père (6), Mgr Cavedoni (7) et M. de entre Gesenius et M. Levy, ont puSaulcy (8), qui, dans l'intervalle blié des travaux importants sur la numismatique juive, ont laissé de côté la question de l'alphabet de l'interuniquement pour s'occuper cette rapide revue des monuments. En terminant prétation historique de la bibliographie
du
sujet,
nous
ne devons
pas oublier
le nom de
(1) Bilder und Schriften der Vorzeit,t. II, p. 222 et suiv. (2) Deinscriptionemelitensi,p. 67. (3) Monumentaphoenicia,p. 78; pi. III. Cf. Mionnet,Recueilde planclies,pi. XXVI. (4) Geschichteder jùdischen Mùnzen,Breslau, 1862, in-8. Voy. un article de M|rCavedonidans les Ann. de l'inst. arch. pour 1863(5) Eistory of Jewish coinageand ofmoney in the Old and the New Testament, Londres, 1864, in-8. Voy.deux articles de M. de Saulcy dans la Revuenumismatique,1864, p. 370-400; 1865, p. 29-55. (6) Revuenumismatique, 1845,p. 173-185. (7) Numismatica biblica 0 sia dichiarazione délie monete antiche memorate nette Sacre Scritture, Modène,1850, in-8. Traduit en allemand avec de nombreusesadditionspar M. von "Werlhof,Hanovre, 1855 et 1856, 2 vol. in-8. Voy. un article de M. de Saulcy, dans la Revuenumismatique,1857,p. 280-298. (8) Recherchessur la numismatiquejudaïque, Paris, 1854, in-4. Voy.un articlede MBrCavedonidans le Bullet. arch. napol.
— 176 — M. le comte dans
l'ancien
de Vogué,
auquel
on doit la connaissance
de la figure lui.
du T
hébraïque (i), ignorée jusqu'à de l'alphabet dans ses M. de Saulcy, qui avait laissé de côté la question l'a reprise plus tard (2), après M. Levy et M. Madden, travaux, premiers et a résumé de la manière la plus heureuse, en tout ce qui touche à la alphabet
l'état actuel de la science, en dressant un tableau hisnumismatique, où les variantes des formes des lettres que l'on observe sur les torique dans l'ordre médailles sont reproduites de leurs dates. Enfin M. de encore d'autres utilisant documents dont nous aurons aussi à Vogué, a fait faire un dernier à cette étude parler, les pierres gravées, progrès et a produit un tableau sans modificaque nous reproduisons presque tions dans notre planche successifs de cette VII, où les changements écriture sont résumés à plus grands traits que dans celui de M. de Saulcy,
mais d'une
façon
encore
plus
complète
(3).
IL
des médailles dites asmonéennes à re(car nous aurons L'alphabet venir un peu plus loin sur la question fort difficile de la date d'une aux Hébreux. elles) est le plus ancien partie d'entre alphabet propre Cette proposition, comme incontestable bien que nous considérons érudit ait cherché éminent récemment à élever des doutes à son qu'un d'une sujet, a été démontrée nous ne pouvons rien faire ments du célèbre philologue constante i° La tradition ont seuls conservé maritains carré.
On lit dans
manière de mieux
surabondante que
par Gesenius (4), et de reproduire ici les argu-
germanique. des Juifs attribue à l'alphabet sur plus tard l'antériorité le Talmud de Babylone (5) : « D'abord
que les Sale caractère la loi a été
(1) Revue numismatique, 1860, p. 260 et suiv. (2) Revue numismatique, 1864, p. 374, avec le tableau autographique placé en regard. (3) Mélangesd'archéologie orientale, p. 154-160, pi. II. (4) Geschichte der hebrseischen Sprache, p. 145. (5) Tr. Synhédrin, sect. 2, fol. 21, col. 2, et fol. 22, col. 1.
— 177 — « donnée « ensuite
aux Israélites elle leur
dans I'ÉCRITURE HÉBRAÏQUEet la langue sainte ; fut donnée de nouveau du temps d'Esdras dans
« I'ÉCRITUREASSYRIENNE et la langue araméenne. Or les Israélites choi« sirent pour eux l'écriture ASSYRIENNE et la langue sainte, laissant aux « ignorants l'écriture HÉBRAÏQUEet la langue araméenne. Qui sont ces « ignorants? Rabbi Khasda dit : Les Samaritains (i). » Tous les rabbins appellent
de même l'écriture
samaritaine
"H33? 271?, écriture hébraïque avec juive s'accorde entièrement
dite (2), et ici la tradition proprement celle des Samaritains eux-mêmes (3). On lit également dans Origène (4) : Ta appâta CTOi^etaêjx-cpepèç f^eiv TOTau TCOTOÙCTaupoù^apay.Tvîpi(S), et ce pasà un autre alphabet qu'à celui des médailles sage ne saurait s'appliquer dites asmonéennes. Les formes de la lettre dont parle Origène, dans le ne rappellent une croix en aucune l'araméen, exacasmonéen représente le thau de l'alphabet façon ; au contraire, tement la figure citée par l'auteur des Hexaples (6). 20 L'alphabet hébréo-samaritain, ou des médailles dites asmonéennes, étant plus voisin que l'alphabet carré du type phénicien, doit être d'une date plus ancienne. Le caractère carré ne peut, en effet, s'expliquer dans des plus anciens alphabets sa dérivation qu'en admettant l'intermédiaire du phénicien à de la famille araméenne qui font passer graduellement ainsi que nous allons le l'hébreu des monnaies, ce type; au contraire, constater tout à l'heure de la manière la plus positive, sort directement la plus andu phénicien et de la forme de paléographie phénicienne caractère
carré
et dans
tique. 3° Les variantes
fautives,
provenant
de confusions
de lettres,
que
(1) Cf.leTalmud de Jérusalem, tr. Megillah,fol. 71, col. 2. (2) Buxtorf, Dissert., p. 228. Lite(3) Antiquit. Ecoles,orient., p. 125.— Repertoriumfur biblische'undmorgenloendische ratur, part. XIII,p. 288. (4) Comment,in Ezechiel,IX, 4, (5) Cf. S. Hieronym. ad eumd. loc (6) On trouve encore dans Origène un autre passage où ce Père de l'Église parle de l'antique écriture des Hébreux (Eexapl., t. I, p. 86, éd. Montfaucon;t. II, p. 94, éd. Bahrdt). Maisce passage, sur lequel nous aurons à revenir dans le livre suivant de notre essai en parlant de l'écriture carrée, ne se rapporte point au caractère qui figure sur les monnaiesattribuées aux princesasmonéens.Saint Jérôme,dansson Prologusgaleatus,reproduit le témoignaged'Origène. 12
— 178 de la des parties pour certains mots dans les manuscrits à la Captivité, des Livres Bible antérieures indiquent que ces parties hébréo-saSaints ont dû passer successivement par les deux écritures et carrée. maritaine à des confusions En effet, dans ces variantes, les unes tiennent de l'on
rencontre
lettres
qui ne sont possibles La confusion du n et du 3 et 14. — "HSn, var. i"DÎ : Celle du 1 et du \ — pjl,
carré : qu'avec l'alphabet D. — PP33W, var. »T3SW : Nehem., XII, I Chronic, LX, i5; cf. Nehem., XI, 17. var. \pW : Gènes., XXVI, 27, etlChronic,
L 42 (1). Celle du D et du D. — nVVO, IReg., VII, 41 ; écrit riTTD, IIChronic, IV, 11 et 16. Celle du 0 et du 1. — Cf. Psalm. XVIII, 12; II Sam., XXII, 12. Enfin celle du T et du ] final. — T1JD, Ps. XXXI, 3, écrit IISTÛ, Ps. LXXI, 3. D'autres de confusions dans le caractère proviennent impossibles dans l'alphabet dites asmonéennes : des monnaies carré, mais très-faciles La confusion du 3 et du T. — S ;!"!, HSam., XXIII, 3g, écrit "H!"!, l Chronic, XI, 3o. Celle du 3 etdu"l. Celle du 1 et du W. — f? Jos., XXI, 16, écrit "JWJ, I Chronic, VI,
44autres
à une confusion variantes, enfin, tiennent qui a pu se présenter dans l'un et l'autre : système d'écriture Celle du 1 et du "I. — nS"n et nSH : Gènes., X, 3 ; 1 Chronic. I„ 6. — Dim et DïJVî : Gènes., : X, 4; I Chronic, I, 7. — HKT et ntfl i3. — «T1 et «Tl :Ps. XVIII, 11 ; Il Sam., Levitic,XI, i4; Num.,XIV, XXII, 11 (2). Tels sont les arguments de Gesenius; ils sont déjà très-forts, et de Quelques
(1) Voy. Capelle, Diatribe de veris et antiquis Eebraeorum literis, p. 81. (2) Voy. Capell., p. 79. Quelques variantes indiquent aussi une confusion qui ne s'explique naturellement ni par le acractère carré, ni par l'hébréo-samaritain, celle du \ final et du n : nnn et jnn ; Num., XXVI, 35; 1 Chronic, VII, 20. — pon et rnnn : Jos., XXI, 32 ; I Chronic, VI, 61.
— 179 — qu'une partie de ces preuves avait emporté avant lui l'opinion de Kopp (dans ses Bilder und Schriflen der Forzeit), leur ensemble a t unanimité des suffrages des érudits qui de nos conquis la presque
même
sur ce sujet, à la seule exception de M. de presque Saulcy. On compte en effet parmi ceux qui se sont prononcés formellement pour l'antériorité du type d'écriture des monnaies dites asmo-
jours
ont écrit
néennes:
en France, MM. Munk (i), Judas, l'abbé Barges, Renan, en Allemagne, MM. Hûpfeld, Wutke (2), Saalschùtz (3),
de de
Vogué; Wette, Ewald (4), A. Levy, Blau; en Angleterre : M. Davidson, Kenrick, Wright (5), Madden. Comme le dit M. de Vogué, « il n'y a pas auune grammaire où on conteste ce fait, pas un cours d'hébreu jourd'hui » et de Wette a pu terminer le chapitre de son où on ne l'enseigne, Manuel d'archéologie relatif à l'écriture hébraïque par cette phrase : « Les opinions des savants du temps passé qui tenaient caractéristique l'écriture qu'un
carrée
intérêt
primitive pour l'écriture de curiosité historique (6). »
n'ont
plus aujourd'hui
III.
en ajouter de Gesenius on peut maintenant Mais aux arguments d'autres, qui ne sont pas moins puissants et que fournissent des monuallemand n'a pas fait usage, qui même ments dont l'illustre hébraïsant pour la plupart n'ont été connus que depuis son époque. sont des pierres gravées, qu'on n'a commencé que Ces monuments très-récemment
(7) à distinguer
de celles qui portent
des inscriptions
(1) Palestine,p. 438. (2)Dansle tome XIde la Zeitschr.der Deutsch.morgenl.Gesellsch. (3) Archoeologie.— Geschichteder Buchstabenschrift. (4) Dansle tome Ier de sa Geschichtedes VolkesIsraël. (5) Article Writing dans le Dictionaryof the Biblede Smith. (6) Lehrb. der hebr. Archxol., 6e édition (1864),§ 278. monumentset leur (7) C'estM. le docteurA. Levyqui a signaléle premier une partie de ces caractèrehébraïque : Zeitschr.der deutsch. Morgenl.Gesellsch.,t. XI, p. 318et suiv.
— 180 — en être doune saurait cependant L'origine hébraïque phéniciennes. avec des lettres les légendes de ces pierres sont tracées teuse, puisque et conà celles des monnaies des Macchabées tout à fait semblables dans les des noms propres entièrement tiennent juifs, qui se retrouvent portés par les Israélites. mais omise dans les recueils de M. de Vogué et La première connue, et Gesenius (3). de M. A. Levy, a été publiée par Clarke (i), Lindberg(2) et dans l'île de Chypre, de Larnaca C'est un onyx découvert auprès la du propriétaire, on voit, comme sur lequel symbole particulier tenant entre ses pattes un rameau (4), puis aufigure d'une colombe tour une inscription devoir lire : que nous croyons livres
de la Bible,
1D3S
Besai,
(5)
P nnD2 filii Ammichuri.
Le nom propre se renest encore obscure, 1ÇÇ1, dont l'étymologie à l'époque coutre du retour de la Captivité (6); quant à ""H"iD27,ce doit être, avec l'orthographe le nom propre défective, "IfTQJ, porté par Depuis, M. de Vogué en a réuni un plus grand nombre, dans la Revue archéologique, nouv. sér., t. XVII, p. 445 et suiv. ; pi. XVI. Enfin M. A. Levy est revenu sur les gemmes hébraïques, rééditant toutes celles qu'on avait antérieurement signalées et en ajoutant quelques nouvelles. Siegel und Gemmenmit aramieischen, phoenizischen, althebrseischen, himjarischen, nabathxischen und altsyrischen Inschriften, Breslau, 1869. (1) Travels in various countries, t. IV, p. 33. (2) De Miser,melit., p. 62. (3) Monumentaphoenicia, p. 153 ; pi. XI, n° 40 bis. (4) Ne serait- ce pas la colombe de Noé, qui, apportant à l'arche un rameau vert, annonça la fin du déluge? Gènes., VIII, 10-11. Cette figure a joué plus tard un grand rôle comme symbole chrétien, dans les premiers siècles de l'Église. Son emploi par les Juifs est certain ; on la voit, en effet, figurer avec le chandelier à sept branches et l'armoire où se conservaient les écritures, sur certains verres d'origine évidemment juive : Garrucci, Pétri ornati di figure in oro, pi. V, n°E6 et 7. (5) La restitution du dernier caractère de cette ligne, mal figuré dans le dessin de Clarke, me paraît certaine. (6) Esdr., II, 49. — Nehem., VII, 52.
— 181 — un roi de Gessur (i). Ce nom, dont le sens est cognatus nobïlium, se rattache à la classe des noms propres composés de D^, gens, avec un autre en général une parenté, comme â"73>1Ç$, co-t mot, noms qui indiquent (2), "îlfTD^, cognatus Judae c'est-à-dire civis Judae (3), gnatusprincipis ou bien une marque de service, d'addiction, par suite de l'incorporation des esclaves
dans la famille, comme Sfc^D)?, ex familia Deic'est-à-dire servus Dei (4), "JST'XDSf,ex familia servus largi— largiloris c'est-à-dire toris (Jehovaé) (5). une seconde gemme hé(6) a donné comme phénicienne braïque, qui faisait autrefois partie de la collection de Stosch (7) et actuellement se conserve au Musée de Berlin (8). La légende en est Gesenius
aucune en deux lignes horizontales, et n'accompagnant disposée figure, comme sur la plupart des autres pierres de la même origine; elle a été très-bien lue, par M. A. Levy (9). -n rantfaS Nahebelh,
filiae
Remaliae.
employé ici comme nom propre de femme, est un participe » Quant au nom !T ;D1, il du niphal de SHtf ; il signifie « l'aimable. est bien connu parla Bible (10), d'un autre C'est au docteur A. Levy (11) qu'est due la publication rOHïO,
(1) II Sam., XIII, 37, Chethibh. — 10 et H. (2) Exod., VI, 23. — Num., I, 7. — Ruth, IV, 19. I Chronic, II, 10 ; VI, 7 ; XV, — — ,(3) Num., I, 10 ; II, 18. — Num., XXXIV,20 et 28. II Sam., XIII, 37, Keri. I. Chronic, VII, 26; IX, 4. — (4) Num., XIII, 12. — II Sam., V, 17 et 27; IX, 4. I Chronic, III, 5; XXVI,5. On trouve aussi le nom propre, composédes mêmes éléments mais dans un autre ordre, OWïK : II Sam., XI, 3. T(5)ï Chronic, XXVII,6. (6) Monumentaphoenicia, p. 221; pi. XXXI,n° 67. n° (7) "Winckelmann,Descriptiondespierres gravéesdu cabinet de Stosch,cl. VIII, 69. (8) Toelken,Gemmenzu Berlin, cl. I, n° 179. (9) Siegelund Gemmen,p. 46. (10) LL. Reg., XV,25. (11) Zeitschr. der deutsch.Morgenl.Gesellsch.,t. XI, p. 320.
— 182 — . cachet
au Musée britannique. On y voit juive, conservé avec une légende évidemment qui renferme scorpion, M. le docteur toutes Levy suppose qu'en séparant ligatures. on devrait lire :
antique la figure d'un plusieurs les lettres
d'origine
nna
(Sigillum)
p Jonathan,
irumb filii Malhathiae.
du savant orientaliste La conjecture allemand nous paraît excellente, et dès lors les noms propres dans l'inscription de ce cachet qui figurent doivent le faire attribuer à l'époque des Asmonéens. à ce qui Quant est de supposer, comme le fait M. le docteur Levy, que c'est le sceau même
de l'un
des Macchabées, trop hardie.
nous
ne saurions
nous
arrêter
à cette
hypothèse par Neuf autres in tailles à inscriptions ont été réunies hébraïques par dans une même publication M. de Vogué avec sa (i) et expliquées de critique trois seulement avaient été déjà habituelle; supériorité le cône de Nathaniah fils d'Obdiah, publiées, par M. Roediger (2), le cachet d'Abiou, serviteur d'Ouzzia, par M. Blau (3), et celui de Hananiah fils de Todaiah, par sir Henry Rawlinson (4) ; les autres étaient encore inédites. Le docteur
A. Levy a enfin rassemblé un corps de ces complet et à ceux publiés monuments, par M. de Vogué il a ajouté cinq autres été publiées gemmes inédites (5), deux qui avaient par MM. de LongJudas (7), plus une dernière périer (6) et le docteur que M. de Vogué avait donnée comme phénicienne (8). Je crois devoir encore la série des monuments revendiquer pour (1) Revue archéologique, nouv. sér., t. XVII, p. 445-450; pi. XVI. (2) Zeitschr. der deutsch. Morgenl. Gesellsch., t. III, p. 243. (3) Zeitschr. der deutsch. Morgenl. Gesellsch., t. XIX,p. 535. (4) Journal ofthe Royal Asiatic Society, new ser., t. I, pi. V, n° 16; p. 241. (5) Siegel und Gemmen, pi. III, nos 3, 5, 7 a, 11 et 15. (6) Rev. archéol.; nouv. sér., t. VIII, p. 358. (7) Eistoire démonstrative de la langue phénicienne, pl. II, n° 8. (8) Rev. archéol., nouv. sér., t. XVII, pl. XIV, n° 18.
— 183 — la pierre hébraïques, d'après le caractère du nom de son possesseur, sous un des taureaux ailés du palais de gravée du Louvre, découverte où l'on voit un lion debout, la gueule ouverte, Khorsabad, et au-, dessus un scarabée aux grandes ailes éployées, avec la légende TlS"l (i). M. de Vogué, en i865, n'hésitait pas à la croire juive d'origine (2); en 1868 il avait des scrupules à ce sujet et la classait parmi les intailles comme l'a fait aussi le docteur A. Levy ; à nos yeux la araméennes, première opinion était de beaucoup la meilleure. En effet, TlS"l est une forme apocopée pour iTriETl, quem sanai>it Jehovah, nom propre éminemment juif, que les Livres Saints ne fournissent pas, mais qui dérive, plus certainement encore que régulièrement, de la racine HSI, de même que les deux noms ÎTS"! et sanavit, ;tf?n dérivent de la forme KS"I du même radical. Le nom propre est donc juif et monothéiste ; on pourrait même admettre
la figure du lion sur le cachet d'un Israélite orthodoxe. Salomon n'avait pas, en effet, répugné à faire sculpter douze de ces animaux sur les marches de son trône (3), quoique certains Juifs vissent là une infraction blâmable aux préceptes du Décalogue (4). Mais le scarabée aux ailes éployées, symbole emprunté aux cultes égyptien et phénicien, ne saurait être considéré que comme une marque certaine de de la gemme. paganisme pour le propriétaire Au reste, un symbole de ce genre sur une pierre gravée juive ou samaritaine du septième siècle avant notre ère ne doit pas nous surOn sait que les Samaritains avaient adopté beaucoup de prendre. Quant au peuple de Juda, du symboles et de coutumes idolâtriques. infecter par le temps d'Achaz il s'était laissé, le roi tout le premier, culte des faux dieux. (1) Revuearchéologique,nouv. sér., t. XVII,pl. XV,n° 26. (2) Rev. archéol., nouv. sér., t. XI, p. 336. (3) II Chronic, 17-19. — Joseph., Ant. Jud., VIII, 5, 2. —Cf. De Saulcy, Histoirede l'art judaïque, p. 212 et suiv. (4) Joseph., Ant. Jud., VIII, 7, 5. On trouve de même le lion escortantd'autres symbolessur quelquesfondsde vases en verre provenant des catacombesjuives de Rome: Garrucci, Vetri ornati di figure in oro, pl. V, n°» 1,2 et 6.
— 184 — de son attribusi l'on admet l'exactitude La gemme de Khorsabad, d'un très-grand intérêt est un document tion à une origine hébraïque, car elle se rapporte à une de l'écriture chez les Israélites, pour l'histoire dans les fondations mêmes de sa découverte, date fixe parles conditions de Samarie. Les forle vainqueur du palais du roi d'Assyrie Saryukin, à ce que nous les exactement mes des lettres y sont encore pareilles le avons vues dans notre premier type de la paléographie phénicienne, Il est vrai que dans tout nom propre inscrit sur cette type archaïque. pierre
nous
téristiques prise parmi à l'inscription
ne trouvons de
l'alphabet celles qu'a
aucune
des lettres
être caracqui pourraient comdes Hébreux. Mais une autre gemme, M. de Vogué publiées (i), et le scarabéoïde
m?
"T3-
à par M. de Longpérier (2), dont le style convient parfaitement du roi Osias, prouvent antérieurement l'époque que dès cette époque, à la captivité de Juda, trèsl'alphabet hébraïque primitif, quoique voisin encore du phénicien à part et se avait une existence archaïque, celui du 1 était surtout distinguait lettres; par le tracé de certaines publié
caractéristique Phénicie.
avec
ses
trois
pointes,
qu'on
ne
lui
voit
jamais
en
IV.
Les trois intailles à la dernière moitié
dont nous venons du huitième siècle
de parler, et qui appartiennent avant notre ère, représentent les
(1) Rev. archéol., nouv. sér., t. XVII, pl. XVI, no 34. C'est un cône trouvé sur les bords de l'Euphrate, que le style de sa gravure rapporte certainement au huitième siècle ou au commencement du septième, et qui présente aussi une figure idolâtrique, le veau d'or de Dan et de Béthel. La légende est : lfl'ITS p W^QU;1?. (2) Rev. archéol, nouv. sér., t. VIII, p. 358. — A. Levy, Siegel und Gemmen, pl. III, n° 6.
— 185 — de l'écriture le moment de sa formation, hébraïque primitive, la transition en usage sans variaqui la fit sortir du type archaïque tions chez tous les peuples sémites , type que l'inscription de Mésa, roi débuts
de Moab, montre encore en pleine vigueur dans les pays attenants aux au temps des successeurs Israélites et soumis à leur influence, immédiats d'Achab. Nous avons d'ailleurs une preuve positive de l'ancien emploi chez les Hébreux de ce type d'écriture archaïque qui resta le fractions de la race sémitique jusqu'à la même pour les différentes de poterie découvert fin du neuvième siècle, par le précieux fragment à Jérusalem de l'extrémité sud du même, au milieu des décombres Sion, par Maurice Vernes et communiquée par lui à l'Académie et belles-lettres des inscriptions (i). Ce fragment porte en effet un reste d'inscription très-analogue pour la forme des caractères à la stèle de Dhibân. nous en Un peu plus tard, de la fin du septième siècle au cinquième, pouvons juger par une portion des intailles que leur style révèle comme des rois du dernier empire de Chaldée et des Achécontemporaines ménides, la physionomie spéciale de l'écriture hébraïque primitive s'acmont
centue davantage (2), en même temps que chez les Phéniciens le type sidonien succède au type archaïque ; aussi la différence d'aspect, d'abord presque insensible, entre les alphabets des deux peuples, devient trèsl'alLes particularités considérable. caractéristiques qui distinguent et sur lesquelles il n'est pas possible de se méphabet des Hébreux, sont alors : prendre, Le 1 à trois pointes, comme antérieurement; Le D, le D et le 3 ayant leur haste inférieure retournée presque à angle de telle façon que le 2 ressemble à un 3 aradroit vers la gauche, méen du premier
et du second
type ;
— Voy.Renan, (1) Comptes-rendusde l'Académiedes Inscriptions, 1870,p. 279 et suiv. Journal asiatique,juillet 1871,p. 24. (2) Elle suit le même mouvementchezleurs voisinsles Moabites,commeon peut le voir par la gemme que M.Renan (Missionde Phénicie,p. 351), M. de Vogué (Mélangesd'archéologie orientale, p. 89) et le docteur A. Levy (Siegelund Gemmen,pl. III, n° 10) ont successivement éditée.
— 186 — et de plus un petit appendice Le "î avec les branches qui allongées lui donne une forme toute spéciale ; de telle façon qu'il artout en restant Le MÏ s'arrondissant, ondulé, à un tt) grec. rive à ressembler M. de Vogué, se dit avec toute raison « Lorsque ces caractères, comme on est en droit de le considérer sur un monument, rencontrent hébraïque
(juif ou samaritain), semble accuser une
symboles la domination
l'orthodoxie Le tableau
des Assyriens juive. »
la forme des noms et des quand Bien des causes, nationalité. sous autre ou des Perses, ont fait fléchir sur ce point même
au lecteur de suivre les VII permettra planche de l'alphabet hébreu archaïque, paléographiques principales tous à dates positives. x d'après des monuments les types de l'alphabet La première colonne comprend phénicien cette écriture. nous comparons auxquels de notre vicissitudes
intrinsèest tirée des pierres gravées que leurs caractères de leur découverte doivent faire considérer ques et les circonstances au plus tard jusqu'au siècle. Comme on comme descendant septième le voit et comme instants seuleje viens de le dire il y a quelques de cette époque est presque semblable au ment, l'alphabet hébraïque et ne s'en distingue nuances : la phénicien archaïque que par quelques La seconde
double
branche
transversale
du 1 ; l'allongement et le parallélisme des branches horizontales du H; la forme du "t; la tendance des hastes inférieures à se courber vers la gauche. Dans cette colonne un seul caracà un monument de date postérieure, à la gemme de tère est emprunté cette lettre manquait, du reste^ jusqu'à à tous les Larnaca; présent alphabets publiés par les divers érudits. Pour ce qui est de la troisième les lettres qu'elle contient colonne, sont empruntées aux anciens sicles au flan épais, que je considère comme des monuments de la fin du cinquième siècle ou du commencement du quatrième et pour lesquels je n'hésite la noupas à adopter velle opinion de M. de Saulcy (i), tendant à les faire regarder comme (1) Étude chronologiquedes livres d'Esdras et de Néhémie, p. 43.
— 187 — tout par Esdras ou par Néhémie. En effet, comme le reconnaîtra de bonne foi qui a l'habitude de manier et de classer des méde style et de fabrication, dailles, les considérations numismatiques qui doivent passer ici en première ligne, ne permettent absolument pas de maintenir l'ancienne attribution à Simon Macchabée, vainementdéfendue
frappés homme
le docteur Levy et M. Madden; car les par Mgr Cavedoni, pièces sont antérieures de plus de deux siècles. D'un autre côté, les certainement raisons historiques, non moins puissantes, contredisent l'opinion proposée d'abord par M. de Saulcy, dans ses Recherches sur la numismaattribuant les sicles au pontificat de Yaddouâ, contemtique judaïque, le Grand. Au point de vue des caractères intrinsèporain d'Alexandre les anciens sicles ne peuvent pas ques proprement numismatiques, être séparés des différentes séries de monnaies frappées par les dynastes des cités de Phénicie et de Syrie sous la suzeraineté des Perses. Les macédoniens et Séleucides se montrèrent fort jaloux du monarques droit monétaire, et la concession faite de ce droit à Simon Macchabée fut un véritable si Alexandre l'avait accordé à Yaddouâ, événement; l'on en trouverait une trace dans Josèphe. Au contraire, après les belles recherches de M. Waddington sur ce qu'était le droit de monnaie sous la domination des Achéménides, après les preuves que cet éminent nua rassemblées de ce que le droit en question était laissé mismatiste librement à tous leurs vassaux, il devient très-vraisemblable que les durent Juifs, dès que le Grand Roi leur eut rendu leur autonomie, comme leurs voisins. Un passage du firman délivré à battre monnaie le droit Esdras par Artaxerxe (i) paraît même impliquer virtuellement de monnayage (2). La quatrième colonne tire ses éléments des monnaies qui appartiennent véritablement aux Asmonéens et portent les noms de ces princes ; des monnaies des deux grandes révoltes, celle que La cinquième, vainquit Titus et celle qui éclata sous Hadrien. L'écriture sur ces der(1) Nehem.XIII, 18. (2) Le même alphabet que sur les anciens sicles forme les légendes des pierres gravées publiées par M. de Vogué sousles numéros38-42 dans la pl. XVIdu tome XVIIde la nouvelle série de la Revuearchéologique.
-
188 —
de la même famille pièces est évidemment que sur les précémais elle a tous les caractères d'une imitation souvent maladentes, droite. L'altération de certaines à côté d'autres fidèlement lettres, nières
leur renversement la présence de formes arareproduites, fréquent, méennes des autres, au milieu tout (H, 2, 1) qui se glissent parfois semble prouver, a justement M. de Vogué, que les «graveurs remarqué d'alors n'avaient habitude de ce genre ». d'écriture pas une grande Les altérations de ce genre sont plus fortes et plus multipliées sur les monnaies de la seconde mais la révolte; que sur celles de la première différence entre l'écriture des deux époques n'est pas assez marquée pour
que nous
ayons
cru devoir
la distinguer
dans
notre
tableau.
V.
Même
sans
le secours des intailles dont nous avons parlé, et qui, faisant remonter à plusieurs siècles avant la date des plus anciennes réunies en bloc sous le nom à!asmoparmi les monnaies vulgairement la série des phases de l'alphabet néennes, complètent hébraïque primitif depuis sa première il eût été facile de constater formation, que cet alphabet dérivait directement du type graphique dont les Phéniciens et tous les Sémites en général se servaient depuis les âges les plus reculés jusqu'au siècle avant Jésus-Christ. huitième Il suffisait pour cela de le placer en regard des deux types successifs du phénicien. Les lettres
dont
le tracé
différent caractérise ces deux de l'alphabet des fils de Chanaan graphiques sont, comme déjà dit, 3, 1, T, n, ">,S, D, D, p, W et n. Sur ces onze laissent comprendre de leur tracé dans l'hébreu l'origine des lettres analogues de la plus qu'en étant rapprochées ture phénicienne, tandis qu'elles sont fort éloignées des dans l'alphabet de la paléographie sidonienne. Le D seul, dans l'hébréo-samaritain des monnaies, à quième
siècle,
est plus
voisin
du type
sidonien
que
du
formes
paléol'avons dix ne
nous
lettres, des médailles ancienne mêmes partir type
écrilettres
du
cin-
phénicien
— 189 — ici une influence exercée sur l'écriMais il faut admettre archaïque. de la Phénicie et de la ture des. Hébreux, en vertu de la proximité dont les Chananéens se servaient Judée, par l'alphabet depuis le sixième siècle, bien que l'écriture des Hébreux fût sortie de l'alphabet dans les cités phéniciennes. dont on faisait usage antérieurement Car du huitième et du septième siècle le D est sur les gemmes hébraïques encore conforme comme principe au type phénicien archaïque. nous avons placé dans la première colonne D'après ces observations, de lapl. VII, en regard de l'alphabet hébraïque primitif, non pas l'almais celui des plus anciennes sidonienne, phabet de la paléographie époques de l'écriture phénicienne. Un fait ressort clairement de ce tableau comparatif, c'est que le caractère
fondamental
de l'alphabet hébraïque le met primitif, lorsqu'on est l'arrondissement en parallèle avec son prototype et la phénicien, des traits. Toutes les hastes droites et prolongées s'y resimplification comme on peut le voir pour les lettres courbent et s'y arrondissent, se simplifient et se réduisent à *], D, ^ ; les formes trop compliquées un ou deux traits, exemples : tf, D, X. A ces particularités, déjàmarquées bien qu'on ne possède de siècle, surtout les premières, on ne l'écriture qui nous occupe que des exemples monumentaux, saurait y méconnaître une écriture essentiellement onciale, destinée à être tracée sur le papyrus ou les peaux préparées avec un roseau ou sur une surface d'autre nature que celle pour une plume, et transportée laquelle elle avait été combinée. Les différences que les lettres de cet et les modifications avec les lettres phéniciennes alphabet présentent dès le sixième
que le type originaire subit en y passant sont, en effet, les modificatoute écriture se tions mêmes qu'éprouve monumentale, lorsqu'elle déforme afin de passer à l'état de cursive ou tout au moins d'onciale. d'un Les Hébreux ont eu pour mission dans le monde la conservation dans la vie de ce peuple fait de la Sainte-Écriture livre, et l'importance comment son écriture nationale fut tout naturellement comprendre une écriture de manuscrits, qui garde ce caractère même lorsqu'elle est et épigraphiques. appliquée aux usages monumentaux Dans le livre suivant de notre Essai, en nous occupant des écritures
— 190 — de la famille araméenne, causes du changement
les questions relatives aux d'écriture chez les Hébreux des pour l'usage survenu vers l'époque et à l'époque manuscrits, d'Esdras, jusqu'à le caractère des médailles dites asmonéennes dut se maintenir laquelle chez eux comme écriture monumentale. Ce sera le corollaire de ce chapitre.
nous
examinerons
CHAPITRE
IL
L'ALPHABETSAMARITAIN.
I.
L'histoire de la connaissance de l'écriture onciale des Samaritains n'est pas à faire. Demeurée en usage jusqu'à nos jours parmi les derniers restes des Samaritains, elle a toujours été connue des rabbins, et ceuxci en révélèrent l'existence aux premiers chrétiens qui se firent leurs élèves et qui vulgarisèrent dans l'Europe la connaissance de l'hébreu. saNous avons raconté dans le chapitre précédent comment l'écriture maritaine fut prise d'abord par les érudits pour l'antique alphabet phénicien et quel secours elle fournit un peu plus tard pour l'étude des Il ne nous reste donc plus qu'à donner puremédailles hébraïques. de cette écriture, telle qu'elle nous est et simplement l'alphabet C'est ce que nous fournie par les manuscrits originaux des Samaritains. faisons dans la troisième colonne de notre planche VIII. tracés du onzième au seizième Cet alphabet est celui des manuscrits de l'écrisiècle. Mais une forme plus ancienne et plus monumentale ture samaritaine nous est révélée par une inscription de Naplouse, publiée par M. Rosen (i). Celle-ci date du règne de Justinien et contient ment
(1) Zeitschr.der deutsch. Morgenl.Gesellsch.,t. XTV,p. 605-634.
— 192 — colonne dans la deuxième de On en trouvera un abrégé du Décaloguè. B au moyen VIIÏ l'alphabet, notre planche complété pour la lettre de la même localité, fort peu postérieure, d'une autre inscription, qui a été également publiée par M. Rosen.
11.
était nécessaire de l'alharmonique pour la comparaison avec celui des médailles dites asmonéennes. samaritain Nous phabet dans notre planche l'avons donné, VIII, en même temps que le résumé des principales variétés paléographiques du samaritain, par le soin que nous avons pris de placer dans la première en regard de colonne, Un tableau
chacune hébraïque dérivation.
des lettres primitif
samaritaines, qui offrent
les formes le plus
des caractères
de rapport
et qui
de l'alphabet font le lien de
on le voit, le même alphabet, altéré seulement par le temps et enjolivé d'un certain nombre de traits parasites par les calligraphes, surtout dans le caractère des manuscrits. Les Samaritains de nos jours ont donc raison d'appeler leur écriture Hebri ou Hebreni ( i ) et de prétendre avoir conservé la tradition de la plus vieille écriture des Hébreux. C'est,
La manière dont les altérations se sont produites dans le passage de l'un à l'autre est trop évidente type d'écriture pour que nous nous étendions sur ce point, et par conséquent nous nous bornerons à quelcomme d'annotations au taobservations, ques courtes qui serviront bleau de la planche VIII. Pour quelques les enjolivements caractères, semblent calligraphiques à prévenir destinés des confusions faciles dans la forme première de Ainsi le 1 et le 1, dont la confusion et l'échange l'alphabet. étaient des plus faciles dans l'hébraïque deviennetftiânslfe-samaritain primitif, " - ' - \ A ' i -^ \'\ \\' (1) Wilson, The lands ofthe Bible, 1.1, p. 75. ', 'Ç- \
'l '
\-'
'
— 193 —
.ç/
deux
ésjt-pfesque impossible de prendre l'un pour l'autre. sigWs',^u'il Il en est de^sem«-du *] et du "j. En revanche des confusions nouvelles s'établissent dans le samaritain, qui n'existaient pas dans l'alphabet comme celle du ">et du X. hébraïque primitif, Une certaine
influence du caractère hébreu carré semble être maroù le trait additionnel du bas, inconnu quée dans le J des manuscrits, à l'écriture des médailles dites asmonéennes, paraît placé pour rappeler l'aspect de la lettre carrée J. La même influence pourrait bien aussi se reconnaître dans le n, qui paraît déformé de l'hébraïque ancien de manière à se rapprocher quelque peu du type carré.
IÏI.
L'écriture
dont
nous
venons
de parler est celle que l'on rencontre des Samaritains et dans leurs manusemployée dans les inscriptions C'est aussi celle dont les derniers sectateurs de crits du Pentateuque. cette hérésie du judaïsme se sont servis dans les correspondances'qu'ils ont eues de nos jours avec quelques érudits de l'Occident (i). Mais cette écriture avait chez eux un caractère de solennité comme l'écriture capitale ou onciale chez les Grecs et chez les Romains. eût été primitivement la curLente à tracer sur le papier, quoiqu'elle elle était réservée pour les masive d'une écriture plus monumentale, nuscrits des Livres saints et pour tous les écrits soignés; mais pour les usages ordinaires de la vie, pour leurs rapports entre eux, il fallait aux Samaritains un caractère qui se traçât plus vite et plus facilement. Ceux se servent en général des lettres encore aujourd'hui qui subsistent arabes,
même pour
écrire
leur langue
(2); mais plus anciennement
ils
(1) De Sacy, Mémoiressur l'état actuel des Samaritains, p. 47 et suiv. ; Correspondancedes Samaritainsde Naplouse,dans les Noticeset extraits, t. XII (Paris, 1829).— Barges, les Samaritains de Naplouse, Paris, 1855, in-8. — Voy. Annales de philosophiechrétienne, novembre1853. — (2) Juynboll, Comment,in hist. gent. Samarit., p. 58, 59, 63, etc. Renan, Histoire des languessémitiques,p. 222. 13
— 194 — faisaient cursif, crits.
usage d'un très-notablement a retrouvé
Gesenius
alphabet particulier, lequel du caractère déformé, dans
les manuscrits
n'était
autre
oncial
des
liturgiques de ce mode
qu'un manus-
samaritains
de
d'écriture (i). plusieurs exemples lettres Un alphabet quelque peu différent pour la forme de certaines d'années avait été fourni une vingtaine par un Samaritain auparavant à Leyde par Vloten (2). et publié de Jaffa au savant Akerblad Londres
et de
Gotha
Nous
donnons
dans
les
dernières
colonnes
de notre
planche les formes les plus
VIII
voien mettant en regard alphabet, et de dérivation se Le mode d'altération sines de l'écriture capitale. à nos lecteurs. révélera ainsi de lui-même la nécesUn fait curieux à noter est que, dans cette écriture cursive, de la sité de tracer les caractères les a débarrassés plus rapidement l'un
et l'autre
dans l'écriture ajoutés par les calligraphes et en a par conséquent ramené un certain nombre à une forme capitale, du type primitif. Ce fait est beaucoup plus voisine de la simplicité évident pour les lettres D, "î, ;, "1, H. En revanche, on remarque caractères des altérations pour d'autres de formes beaucoup en passant dans le cursif. Une plus profondes Tel est le cas des lettres tf, Pi, D. partie du tracé s'oblitère. des
plupart
D'autres
traits
fois la lettre
d'un rapidement le ^ et le D. Les
parasites
est en partie seul trait de plume.
afin d'être retournée, Les exemples en sont
tracée
plus
fournis
par
deux
cursifs ne paraissent être de la alphabets pas, du reste, même époque. Celui d'Akerblad, à celui de Gesenius et enpostérieur core usité au commencement de notre siècle, présente des formes plus altérées. 11 suffit pour s'en convaincre de jeter les yeux sur notre seul exemple nous rappelleplanche VIII, et pour n'en citer ici qu'un rons le Itf, lequel dans l'alphabet de Gesenius est encore très-voisin de
(1) Gesenius, Carmina samaritana (Anecdota orientalia, fasc. 1), p. 7 et suiv. ; pl. L — Mon. phoenic, p. 80; pl. III. (2) Descriptio codicis Samaritano-arabici Lugdunensis, pl. I.
— 195 — la forme
du samaritain
oncial
et s'abrège de manière à être réduit à un seul trait plié dans celui d'Akerblad. dans ce second alphabet une circonstance On doit aussi remarquer à l'influence de l'orthographe arabe. Ce sont les qui tient évidemment traits diacritiques additionnels destinés à distinguer les lettres de forme confondues l'une avec l'autre. trop voisine que l'on eût autrement Le fcî et le n se distinguent de cette façon, ainsi que le tû et le p* Mais en même temps, dans le même alphabet, une lettre est par son dessin beaucoup plus voisine du type hébraïque primitif que dans l'alonsamaritains phabet de Gesenius et même que dans les manuscrits ciaux jusqu'à présent connus. C'est le X, qui se rattache directement à la première forme de l'hébraïque, tandis que dans les exemples jusqu'à présent connus du type oncial il dérive de la seconde forme. Il est probable de l'oncial se que quelque variante correspondante rencontrera un jour dans les manuscrits.
SECOND.
LIVRE
ÉCRITURES
DU
TRONC
SÉMITIQUE.
FAMILLE ARAMÉENNE.
OBSERVATIONS
PRÉLIMINAIRES.
que peu de mots à ajouter ici aux observations préliliminaires qui précèdent le livre Ier, consacré aux écritures de la famille mais qui forment en même temps l'introduction hébréo-samaritaine, de ce IIe livre, consacré aux écritures de la famille araméenne, car nous y avons rassemblé toutes les remarques générales qui ont trait Nous n'avons
aux deux
familles
du tronc
sémitique
des
dérivations
de l'alphabet
phénicien. Déjà Kopp et M. le comte de Vogué nous ont précédé dans l'étude des écritures de la famille araméenne et dans l'essai de reconstruction de leur enchaînement successif. Pour les grands traits et la marche de cette histoire, nous sommes pleinement d'accord avec ces deux érudits, et nous avons suivi leurs traces. Il nous a semblé cependant que, même et que, après eux, il y avait encore à dire quelque chose de nouveau, sur plus d'un point, on pouvait serrer la vérité de plus près encore. Nous espérons y avoir réussi. Si cela est, nous serons justifié d'avoir donné un très-grand à cette partie de notre Essai, qui développement du reste la plus féconde et la plus nombreuse parmi les comprend branches
de dérivation
de l'écriture
des Chananéens.
Nous prions le lecteur de se rappeler ce que nous avons dit dans notre Introduction (p. 119-121) au sujet de la loi des arrêts de développement. Les principes que nous avons formulés alors, en les appuyant d'un exemple emprunté au palmyrénien, sont la base indispensable du
— 200 — des écritures araméennes. système que nous avons adopté sur la filiation Si on les oubliait, de ce que nous consi on ne se rendait pas compte contrée a jusqu'à sidérons certaines dont une seule nous écritures, fourni les monuments, comme une immobilisation, ou, pour présent mieux
écriture locale d'une à dire, une cristallisation jadis commune tous les peuples il serait facile de nous attribuer des erreurs, araméens, nous dirons même des absurdités, lieues de notre qui sont à mille comme on s'en convaincra en nous lisant attentivement. pensée, On nous reprochera aussi d'avoir, dans cette partie de notre peut-être les divisions, les distinctions Nous reconEssai, multiplié d'alphabets. naissons tout le premier distinctions admises que certaines par nous sont purement artificielles les trois premiers ; que, par exemple, alphabets que nous étudions, et que nous appelons par excellence araméens, ne sont en réalité que trois évolutions successives d'une même éciitûre, l'écriture de tous les Araméens. Mais il nous a semblé primitive qu'en ainsi les divisions, nous ajoutions à la clarté de la démonsmultipliant et que nous nous donnions de faire mieux tration, par là un moyen saisir par le lecteur les détails et les phases de la filiation des écritures de la famille
araméenne.
CHAPITRE
PREMIER.
L'ALPHABETARAMÉENPRIMITIF.
I.
Une heureuse
fortune
a préservé jusqu'à nous quelques monuments, en bien petit nombre il est vrai, de la langue araméenne, antérieurs à l'époque où un type d'écriture spécial fut adopté pour l'usage de cette sont tracées avec la forme la plus antique langue. Leurs inscriptions de l'écriture phénicienne, et nous y voyons ainsi que l'alphabet inventé d'un usage commun à toutes les par les fils de Chanaan fut d'abord fractions de la famille sémitique. Ce sont le célèbre cylindre de l'eunuque en Chaldée et conservé au Musée Akadban, fils de Gebrod, découvert Britannique (i), et le cône de Hadraqiâ, fils de Hurbâd, qui, trouvé à des collections anglaises (2). Ninive, fait également partie aujourd'hui est incontestable L'aramaïsme de la langue des inscriptions ; cependant à celle qui se rela forme des lettres est encore absolument identique trouvées en grand sur les gemmes purement phéniciennes marque (1)A. Levy,PhoenizischeStudien, fasc. 2, pl. n° 1.—Rawlinson,Journalof theRoyalAsiatic Society,1864, p. 232 et suiv. ; pl. n" 5. — De Vogué, Revuearchéologique,nouv. sér., t. XVII, pl. XV,n" 24. (2) A. Levy, PhoenizischeStudien, fasc. II, pl. n°4. — Rawlinson,Journal ofthe RoyalAsiatic Society,1864,p. 240; pl. n» 15.
nombre
à Ninive
et à Babylone, sur la stèle de Mésa de Moab, des lions de bronze de Nimroud.
les inscriptions Ces deux monuments appartenant de Ninive.
202 —
sont l'un
et l'autre
de travail
à la plus belle et à la plus brillante Toutes les vraisemblances les indiquent des monuments proprement phéniciens
temporains la Mésopotamie,
purement
et dans assyrien,
de l'empire époque donc comme condits
trouvés
dans
a été le même lesquels type paléographique les gemmes étudiées par le docteur comme Levy (i) et M. le employé, de Nimroud, moRawlinson major général (2), et les lions de bronze numents
avant
et sur
qui datent l'ère chrétienne.
avec
certitude
des
neuvième
et huitième
siècles
des documents Nous apprenons ainsi, d'après positifs et d'une valeur des Araméens l'idiome était inestimable, que, dès cette époque reculée, caractérisé par toutes les particularités qu'il conserva spéciales plus tard. Nous apprenons qu'à la même date cet idiome n'avait également mais s'écrivait avec pas encore un système graphique qui lui fût propre, le même différence dans la sans aucune alphabet que le phénicien, forme
des lettres.
Ceci confirme
ce que nous avons dit plus haut du caractère d'unité si remarquable que l'écriture sémitique garda jusqu'au huitième siècle dans tous les pays où elle était en usage. Au reste, les lions de Nimroud eux-mêmes doivent être rangés parmi les monuments S'il est impossible araméens. de les séparer de la paléoun précieux jalon historique, est, par ses formes gramincontestablement comme M. de Vogué l'a fait maticales, araméen, observer le premier dû plus haut en prévenir le (3), et nous aurions lecteur. graphie
phénicienne
archaïque, pour laquelle de leurs inscriptions l'idiome
ils fournissent
Dans le cours
du septième siècle avant l'ère.chrétienne, nous voyons les premiers monuments l'existence d'un alapparaître qui révèlent affecté à écrire la langue araméenne. phabet spécialement Les plus précieux et les plus nombreux en même temps ont été publiés (1) Phoenizische Studien, fasc. II, pl. n°s 2, 6, 8, 9, 11 et 12. (2) Journal ofthe Royal Asiatic Society, 1864, pl. à la p. 228, nos 9, 12, 13, 14, 16 et 17. (3) Mélanges d'archéologie orientale, p. 145 et 194.
— 203 — dans le volume du journal de la par M. le major général Rawlinson, Société royale asiatique de la Grande-Bretagne et de l'Irlande pour trouvées dans les 1864(1). C'est une série de tablettes de terre-cuite fouilles de Ninive et de la Chaldée, et remontant (celles du moins dont on peut déterminer la date d'une manière positive) aux règnes des derniers souverains de l'Assyrie et à celui de Nabuchodorossor; elles appartiennent par conséquent au septième siècle et aux premières années du sixième. La plupart, celles que sir Henry Rawlinson désigne par les n"' 1-6 et 9, contiennent, en caractères cunéiformes et en langue assyrienne, des actes de vente d'esclaves ou de fonds de terre, tracés sur les plats de la tablette, tandis que la tranche supérieure porte une suscription en langue et en écriture araméennes, qui devait servir à les faire retrouver dans les archives
où elles étaient
se compose consCette suscription tamment du motriST, tadani des textes à l'expression correspondant cunéiformes et tiré de même de la racine à laquelle qu'elle accompagne, l'un et l'hébreu donne la forme "JH3 et l'assyrien la forme nadan, empilées.
avec le sens de « donner, transmettre ». 313*1est donc juridique traditio. En tête des contrats de vente d'esclaves, il du nom des personnes serviles qui changent de maître ; en contrats de vente de fonds de terre, du mot ;pH « champ », l'autre
le terme est suivi tête des en chal-
fcOpn et en syriaque ))n »». ont été publiés depuis intégralement, Presque tous ces documents texte assyrien et suscription dans la pl. 46 du tome III des assyrienne, Asia, par sir Henry Rawlinson et Cuneiform inscriptions of Western M. Norris. Ce sont : Le n° 1, qui y porte le même numéro ; contrat de vente de l'esclave daïque
pour 1 r/2 mine d'argent, dans l'éponymie de Sin-sarusur, règne d'Assôurbanipal (après 647 av. J. C.) ; Le n° 1, devenu le n° 6 dans la nouvelle publication ; contrat de vente d'un captif nommé Usi' (SNÏfin) et de toute sa famille, composée Arbaïl-asirat,
(1) P. 187-228.Les fac-similésde suscriptionsaraméennes,publiésdans ce mémoirepar sir Henry Rawlinson, ont été reproduits dans les Cuneiforminscriptionsof WesternAsia, t. II, pl. 70.
— 204 —
.
dans l'éponymie de sept personnes, pour le prix de 3 mines d'argent, de Dananu, (679 av. J. C); règne d'Assarahaddon mâle. Alal-iazzi de vente de l'esclave Le n° 3, devenu le n° 7 ; contrat de MuSallim-Ashir, dans l'éponymie et de sa mère Ayaûsu-tabat, règne d'Assourbanipal (65$ av. J. C); d'un esn° 3 ; contrat Le n° 4, dans l'édition d'échange complète femelle nommée contre une esclave clave mâle nommé Assat-dur-qali de Sin-sar-usur, règne d'Assourbanipal; Tulija, dans l'éponymie femelle Xamde vente de l'esclave Le n° 6, devenu le n° 5 ; contrat de Musallimdans l'éponymie busu contre 1 mine 6 drachmes d'argent, Ai'sur, règne d'Assourbanipal ; Le 11° 9, désormais n° L\ ; bail à ferme d'un champ pour de Sin-sar-usur, dans l'éponymie prix d'une mine d'argent, sourbanipal. Sur deux
autres
les tablettes, et en écriture
six ans, au règne d'As-
n0E 7 et 15 de sir Henry Rawlinson, au texte cunéiaraméenne accolées du même genre, mais des attestations
les lignes en langue forme ne sont plus des suscriptions de témoins, à la race assyrienne et faisant usage sans doute étrangers une seule, et le n° i5 de leur écriture nationale. Le n° 7 en présente dans lequel nous recondeux. Toutes commencent par lé mot mu*, naissons sans hésiter, avec le savant orientaliste anglais, l'équivalent des mots hébraïque testa tus est. ;oMa et arabe J^i, T1Ù*, syriaque Vient
le pronom après le nom du témoin, puis, sur le n° i5 seulement, démonstratif IY", « ceci ». L'acte est jointe la signature n° 7 a été publié sous lé nQ 2 auquel dans la pl. 46 du tome III des Cuneiform Asia. of Western inscriptions C'est le contrat de vente d'une esclave femelle nommée Gula-rimal, pour le prix de 10 1/2 mines d'argent, dans l'éponymie de Nabu-sar-usur, règne d'Assourbanipal (après 647). On rencontre aussi dans la collection des tablettes du bilingues un exemple de contrat de prêt ; c'est le n° 12, dont Britannique avec le nom de l'emprunteur, la nature et le cription mentionne, delà dette, 10 drachmes On trouvera dans le mémoire d'argent. une analyse et une explication de ce dernier Henry Rawlinson
Musée la suschiffre de sir monu-
— 205 — ment, que nous ne reprendrons pas ici, car nous n'avons à nous occuper des tablettes de Ninive qu'au point de vue de la paléographie araméenne, Le texte complet est publié et non à celui de la philologie assyrienne. sous le n° 8 dans la pl. 46 du t. III des Cuneiform inscriptions ; il est daté de Bin-sallimmani, de l'éponymie (après 647). règne d'Assourbanipal Deux contrats de vente de maisons, l'un du règne d'Assourbanipal n° 9 de la seconde), l'autre de l'année (n° 12 de la première publication, éponymique
du roi Sennachérib, n° 10 de la seconde),
686 av. J. C. (n° i3 de la première ont sur la tranche, en caractères ara-
publication, méens, le nom des deux parties intéressées ou d'une seule. Il faut ajouter à ces monuments une autre tablette (n° 17 du premier mémoire de sir Henry Rawlinson) portant sur l'une de ses faces un araméenne texte cunéiforme, et sur l'autre une longue inscription qui doit en contenir la traduction, toutes deux trop mutilées pour qu'on avec quelque chance de succès. Puis puisse en essayer le déchiffrement la première bilingue (n° 11) et la seconde purede grains (dans le ment araméenne (n° 16), relatives à des fournitures texte araméen lp*W, dans le texte cunéiforme seirnù) faites pour la maison d'un prince (en araméen frO ;D *Y3, dans le cunéiforme pal le 5 du mois khaziran (pTOS), sarrî), par un certain Neboiriban deux tablettes
encore,
altération de Saru-Nerig (XtilD), OpXn), dans l'année éponymique Cet éponyme est certainearaméenne du nom assyrien Sarru-Nirgal. ou de celui d'Assouredililani. ment de la fin du règne d'Assourbanipal Les tablettes de Ninive publiées par M. Rawlinson ne sont pas les araméens des septième et sixième siècles avant l'ère seuls monuments assez chrétienne parvenus jusqu'à nous. On lit de courtes inscriptions araméennes par la langue en mais certainement difficiles à interpréter, semblable à même temps que conçues dans un caractère identiquement celui des tablettes dont nous venons de parler, sur deux briques babyl'une de Nabuchodorossor, loniennes portant la légende cunéiforme nationale (1), conservée au Cabinet des médailles de la Bibliothèque — syriaca, (1) Kopp,Bilder und Schriften der Vorzeit,t. II, p. 15. Hoffmann,Grammatica — pl. I Gesenius, Monumentaphoenicia,pl. 32, n°s LXXVIIa-LXXVIIaaa.Rawlinson,Journal of the Royal Asiatic Society,1864,p. 215.
— 206 — l'autre
au Musée
Britannique (i), et sur de Nergalsarossor, cunéiforme
une
troisième
brique portant la légende qui fait partie des riches coldu grand établissement d'outre-Manche lections (2). On en scientifique en terre cuite exhumés dans voit aussi sur deux fragments d'amphores et transportés à Londres les fouilles de Nimroud (3). Enfin, parmi les à légendes non cunéiet cônes de travail assyrien et chaldéen cylindres sont ce jour, il en est dix dont les inscriptions publiés jusqu'à à la même paléographie : araméennes et appartiennent n'a été bien du Musée Britannique, dont l'inscription i° Cylindre que par M. de Vogué (4) : 172Tin "D StfST. expliquée 20 Cône du Musée Britannique, ayant sous son plat, en deux lignes :
formes
DDSD "O SSDDHS (5). du Musée 3° Cylindre
Britannique, des médailles
avec l'inscription pnrDS de Paris, sous le plat duquel
; (6). on lit :
4° Cône du Cabinet jnn^b (7). le long duquel on lit : "Ol^D"^ 5° Cône babylonien, (8). 6° Cône du Musée Britannique, avec l'inscriptiçn WD^TMIBS (9). de la collection la légende 70 Agate bombée Péretié, portant "isbr-mb (10)
:
(1) Rawlinson, Journal ofthe Royal Asiatic Society, 1864, p. 228; pl. n° 1. (2) Ibid., p.229;pl. n° 2. (3) Ibid., p. 243; pl. n°s 19 et 20. (4) Félix Jones, Topography ofNineveh, dans le Journal of the Royal Asiatic Society, 185S, p. 338. — A. Levy, PhoenizischeStudien, fasc. II, pl. n° 3. — De Vogué, Revue archéologique, nouv. sér., t. XVII, pl. XV, n" 25. — A. Levy, Siegel und Gemmen, pl. I, n° 2. (5) A. Levy, Phoenizische Studien, fasc. II, pl. n° 5. — Rawlinson, Journal of the Royal Asiatic Society, 1864, p. 236; pl. n° 8. (6) Mém. de l'Acad. des Inscr., nouv. sér., t. XVII, part. I, pl. III, n° 4. — Layard, Nineveh and Babylon, p. 606. — A. Levy, Phoenizische Studien, fasc. II, pl. n° 7. — Rawlinson, Journal of the Royal Asiatic Society, 1864, p. 235, pl. n» 7. (7) Lajard, Recherches sur le culte de Vénus, pl. III, n° 8. — A. Levy, PhoenizischeStudien, fasc. II, pl. n» 10. (8) Blau, De numis Achaemenidarum aramaeo-porsicis, pl. I, n" 6. — A. Levy, Phoenizische Studien, fasc. II, pl. n° 13. (9) De Vogué, Revue archéologique, nouv. sér., t. XVII, pl. XV, n° 31. — A. Levy, Siegel und Gemmen, pl. I, n° 7. (10) De Vogué, Revue archéolog.; nouv. sér,, t. XVII, pl. XV, n» 29. — A. Levy, Siegel und Gemmen, pl. I, n° 13.
— 207 — 8° Cornaline
du Cabinet royal de laHaye, à l'inscription : "II^IDS (I). à la légende 1D5n ;, publiée pour la première fois par
90 Gemme M. Renan (2). io° Scarabéoïde
de la collection
Péretié,
dont
l'inscription
est fort
difficile à lire (3). On remarquera qu'une partie des noms propres sont purs assyriens. Sur tous ces monuments est le même. Mais c'est spécialel'alphabet des contrats tracés sur les tablettes de terrement aux suscriptions cuite de l'Assyrie, comme à des documents dont la date est précise, que j'ai emprunté les figures de lettres placées dans la première colonne de la seconde partie de la pl. IX. On peut à bon droit les considérer le plus ancien alphabet dont se soient servis spécomme représentant cialement les Araméens, alphabet qui a été la souche première de tous les autres alphabets de cette famille aux nombreux dérivés. Il demeura en vigueur, sans changement bien sensible, pendant les le fait de l'ouverpremiers temps de la domination des Achéménides, ture des boucles d'abord la tête du 3, du 7 fermées, qui constituent et du "I, ainsi que de lapartie supérieure du27, allant toujours en se prononçant davantage et en se régularisant. A cette époque du premier stage d'existence de l'écriture araméenne un certain nombre de monuments. se rapportent Ce sont d'abord quelques gemmes à gravures en intaille, que leur avec certitude aux temps style et la nature de leurs sujets rapportent de la domination
de la monarchie perse sur l'Asie. Elles ont été travaillées entre le sixième et le quatrième siècle avant notre ère, et l'on la majeure partie d'entre elles au ne se trompera pas en rapportant cinquième. Celles qui ont été publiées jusqu'à ce jour sont : Ahouramazdâ muni i° Cylindre du Musée Britannique, représentant de quatre ailes, qui combat deux griffons dressés^ avec la légende nouv. (1) Gesenius,Monumentaphoenicia,pl. XXXI,n» 68.—DeTogué,Revuearchéologique, sér., t. XVII,pl. XV,n° 30. — A. Levy,Siegelund Gemmen,pl. I, n° 9. (2) Missionde Phénicie, p. 144. — A. Levy, Siegelund Gemmen,pl. I, n° 14. (3) DeVogué,Revuearchéologique,nouv. sér., t. XVII,pl. XV,n" 28.—A. Levy,Siegelund Gemmen,pl. I, n° 18.
— 208 — et spécialement propre à la purement arsyrien, (i), nom propre Chaldée ; du même sujet, avec le du Musée Britannique, décoré 2° Cylindre nom propre imn (2); de la collection 3° Cylindre du même Musée, provenant Woodehouse; en costume la tête couverte un cavalier d'une il représente persique, le menton ; sur son cheval au galop, mitra dont les fanons enveloppent Sumn
avec ce personnage attaque martichoras, lequel appelle est DJrODS, (3); 4° Gemme dont un dessin
un
épieu se dresse
l'animal debout
fantastique contre lui;
Ctésias
que
l'inscription
a été donné très-grossier par M. Mordtmann (4) ; on ne sait où elle se trouve aujourd'hui ; sur les deux 5° Sorte de scarabéoïde faces, gravé qu'a publié de l'autre un sanglier M. Blau (5) ; d'un côté y est un mouflon couché, avec l'inscription courant, ; 6° Cylindre initié sonnage
du
Musée Britannique, représentant avec un griffon et un taureau à face scène accompagnée de d'Ahouramazdâ,
la lutte
d'un
humaine, la légende
persous la
: OPll protection mmtf "1S rfîittHD sont purement (6); lès deux noms propres perses. Il est, du reste, à remarquer que sur cette gemme et sur le n° 5 le type d'écriture incline à celui dont il sera question dans le déjà tellement de savoir à laquelle suivant, qu'on peut hésiter sur la question chapitre des deux catégories il faut décidément ces paléographiques rapporter de transition. monuments Les
lettres
fournies
par
les
légendes
des
cachets
de l'époque
des
(1) Rawlinson, Journal oftheRoyal Asiatic Society, 1864, p. 229; pl. n° 4. — A. Levy,Siegel und Gemmen,pl. I, n° 12. (2) De Vogué, Revue archéologique, nouv. sér., t. XVII, pl. XV, n° 30. (3) A. Levy, Siegel und Gemmen, pl. I, n° 4a. (4) Zeitschr. der deutsch. Morgenl. Gesellsch., t. XIV, p. 556. (5) Zeitschr. der deutsch. Morgenl. Gesellsch-,t. XVIII, p. 229. (6) Lajard, Recherchessur le culte de Mithra, pl. L, n° 6. —Layard, Nineveh and Babylon, p. 606. — A. Levy, Phoenizische Studien, fasc. II, pl. n° 14. — Rawlinson, Journal of the Royal Asiatic Society, 1864, p. 233, pl. n° 10. — De Vogué, Revue archéologique, nouv. sér., t. XVII, pl. XV, n° 32.
— 209 — Achéménides
sont réunies
de la pl. IX. Dans la quatrième
dans la deuxième
colonne
colonne
de la secondepartie
nous avons
placé les quatre lettres relevées sur une grosse darique d'argent au type du roi, monté sur son char de parade, et au revers de la galère (i), qui doit avoir été frappée dans l'intérieur de la Syrie ou à Babylone sous l'un des premiers successeurs de Darius, et dont une des faces porte la mystérieuse inscription dont le sens paraît être « monnaie » ou « soldé », mais dont l'étymologie est encore inconnue (2). Dans l'inscription du poids de bronze en forme de lion découvert auprès d'Abydos, dans la Troade, et publié par M. de Vogué (3), qui au commencement du l'attribue avec les plus grandes vraisemblances les formes des lettres sont encore cinquième siècle avant l'ère chrétienne,
iTiD,
à ce que nous les voyons sur les monuments assyriens et du milieu du septième siècle, excepté celle du D, qui s'est babyloniens modifié par la substitution d'une ligne arrondie avec un trait transversal à l'ondulation du tracé originaire, de la même façon que le D, dont on dans notre pl. IX, où les signes empruntés peut suivre la transformation colonne de la seconde au lion d'Abydos figurent dans la troisième semblables
partie. II.
fondamentale fois revenir à la distinction entre les deux types à notre Introduction établie dans le complément le type à brisure anguleuse de l'écriture phénicienne, paléographiques du û et du © et le type dans lequel ces deux lettres offrent un trait Il nous faut
encore
une
— Ch. Lenormant, Trésorde numis(1) Gesenius, Monumentaphoenicia, pl. 36, VII, G. — matique, Numismatiquedes rois grecs, pl. LXV,n" 20. Revuenumismatique,1855, pl. III, n.o2. _ Fr. Lenormant, Essai sur le classementdes monnaiesd'argent des Lagides,pl. VIII, n° 2. (2)Voy. Waddington,Mélangesde numismatiqueet de philologie,t. I, p. 76 et suiv. — (3) Revue archéologique, nouv. sér. t. V, p. 30-39. Mélangesd'archéologieorientale, pl. 179-196. 14-
— 210 — arrondi
ou carré que traverse et le type sidonien.
une branche
verticale,
c'est-à-dire
le type
primitif le plus anNous avons aussi fait voir précédemment que l'alphabet sur les médailles d'archaïsme cien des Hébreux, conservé par esprit dérivait du type phénicien dites asmonéennes, primitif ou type archaïque commun
à tous
les Sémites.
la pluest pas de même de l'alphabet araméen. Dans celui-ci, où se marque la différence entre les caractéristiques part des lettres bien évidemment deux types de la paléographie chananéenne sortent du second type, du type sidonien. s'en convaincre On peut facilement Il n'en
en comparant deux variétés revanche,
les formes graphiques
dans qu'ont du phénicien
et dans les primitif les lettres 3, Q, U?, fl. Mais' en des autres lettres caractéristiques, moins les origine rappelle beaucoup
quelques-unes à son 1, Ï, \ S, D, p, l'araméen formes des lettres sidoniennes que type le plus
pour
l'araméen
celles
des
lettres
phéniciennes
du
archaïque. araméen
tient donc à la fois des deux types paprimitif du phénicien se soit opérée ; il semble que sa dérivation léographiques dans le temps même où la transition se faisait de l'un à l'autre. Nous avons déjà parlé, dans le complément de l'Introduction (p. i45et nous avons fait voir qu'elle était i46), de cette époque de transition, L'alphabet
représentée
par des monuments
où les formes
des deux caractéristiques se trouvent mêlées. Une
chananéens types paléographiques aux régions où partie de ces monuments appartiennent euphratiques, il semble que l'alphabet araméen ait pris naissance primitif ; ce sont les cônes et les cylindres du Musée Britannique publiés par le docteur A. Levy (i), par sir Henry Rawlinson (2) et par M. de Vogué (3), ainsi d'un contrat du règne d'Assaque la souscription phénicienne assyrien rahaddon au temps des derniers (4). Ils appartiennent rois d'Assyrie et de l'éclat momentané de Nabuchodorossor que les conquêtes jetèrent grands
(1) PhoenizischeStudien, fasc. II, pl. n° 2. (2) Journal of the.Royal Asiatic Society. 1861, p. 237, 239 et 240; pl. n 1»9; 11 et IL (3) Revue archêologigue, nouv. sér., t. XVII,.pl. XIV, n°s 7 et 9. (4) De Vogué, Journal asiatique, août 1867, p. 172.)
— 211 — sur la monarchie Us sont donc contemporains des plus babylonienne. anciens monuments de l'écriture araméenne dont on puisse constater l'existence, et ils confirment en conséquence ce que nous avons cru déjà sur d'autres pouvoir établir plus haut, en nous appuyant arguments, que c'est dans la première moitié du septième siècle que l'alphabet des Araméens a pris une existence propre et s'est des séparé de l'alphabet sa souche originaire. Phéniciens, Les observations que nous venons de faire ont une grande importance dans la discussion qui s'est élevée récemment au sujet de l'histoire et de la date respective des écritures Renouvelant, sémitiques. avec beaucoup d'esprit et de verve dans la polémique, une vieille opinion abandonnée ans par la science, on a voulu faire depuis cinquante remonter jusqu'au temps reculé des rois de Juda l'usage de l'alphabet à regarder, avec Kopp, Gesenius, hébraïque carré, que nous persistons de Wette, Hùpfeld, Ewald et tous les hébraïsants de la France, de l'Alcomme n'étant que de peu antérieur à l'ère lemagne et de l'Angleterre, chrétienne. Mais cet alphabet carré dérive incontestablement de notre alphabet araméen primitif, après deux ou trois degrés intermédiaires de filiation que nous allons suivre tout à l'heure. Si donc il devient prouvé que le plus ancien alphabet araméen doit son origine précisément au type mixte de l'écriture phénicienne qui était en usage dans la vallée de l'Euphrate pendant la première portion du septième siècle avant Jésus-Christ, toutes les conjectures laborieusement accumulées l'édifice s'écroule par la base, car par M. de Saulcy sont renversées, on se trouve en présence d'un de ces faits matériels et irréfutables devant la force desquels les systèmes les plus ingénieusement combinés ne lais^ doivent céder, et qui, du moment qu'ils sont bien constatés, sent pas, dans leur rigide brutalité, de place à la discussion. Ceci une fois posé, pour nous rendre bien exactement compte de la manière dont l'alphabet araméen primitif est dérivé de l'alphabet phéen ayant en regard dans un tableau harmonique, nicien, mettons-les soin d'y faire figurer, pour ce qui est de l'écriture des fils de Chanaan, ses deux formes paléographiques, puisque l'araméen participe à la fois de l'un
et de l'autre.
Le lecteur
trouvera
ce tableau
harmonique
dans
— 212 — les deux types fonIX, dont la première partie comprend araméen et la seconde de l'alphabet l'alphabet phénicien, monuments. ses principaux primitif d'après et l'un ou entre l'araméen des différences La plupart qui s'observent à simplifier à une tendance tiennent des alphabets l'autre phéniciens Une semblable le tracé des caractères plus cursive. pour rendre l'écriture de formes des changements la plupart avait déjà produit tendance à la archaïque phénicienne opérés dans le passage de la paléographie celui du 12 et du Itf. Biais elle sidonienne, par exemple paléographie où et à Ninive, à Babylone ailleurs devait être plus forte que partout lettres ne fut jamais un alphabet de vingt-deux monumental, l'alphabet cursive pour servir aux où il ne fut adopté que comme une écriture la complicade la vie, pour lesquels affaires et aux usages communs
la planche damentaux
avec son mélange d'idéogrâcunéiforme, la diffisa polyphonie, son énorme syllabaire, phisme et dephonétisme, des plus était un obstacle les caractères, culté d'en tracer rapidement incommodes. une Cette tendance vers une nature de plus en plus cursive produit tion
excessive
du
système
à passer des formes aux des lettres anguleuses propension générale formes arrondies, en réduisant des traits à tracer. par là le nombre la plus C'est également elle qui a donné naissance à la particularité dans saillante araméen de l'alphabet qui distingue l'alphabet phénicien à l'ouverture de toutes les boucles fertypes, c'est-à-dire la tête d'un certain nombre mées qui constituaient de lettres, 2,, 7, S, 1. Constatons un autre résultat de la nature essentielleaussi, comme ment diplomatique ara(si l'on peut s'exprimer ainsi) de l'écriture les débuts de la tendance à recourber la haste droite de cerméenne, ses différents
taines
tendance
bien
moins
au début prononcée que dans l'hébreu primitif, mais que nous verrons se développer à mesure davantage les évolutions des alphabets araméens. On peut la que nous suivrons suivre particulièrement dans les différentes variantes de forme du 3. Les changements dont nous venons de pénétrer la cause d'essayer ont pour résultat d'établir une confusion inconnue à l'origine entre lettres voisines comme forme, mais dont les figures quelques cependant lettres,
— 213 — étaient
nettement
distinctes
dans
l'écriture phénicienne proprement de dire dite, le 7, le D,le 3 et enfin le "I. Il est souvent très-difficile et cette hésilequel de ces quatre signes a été tracé sur un monument, tation possible constitue quelquefois un grand embarras pour les indes savants. Au reste, les confusions de ce vestigations genre se multià mesure qu'elles tendent à devenir plient dans toutes les écritures cursives.
III.
Tous les monuments
de l'alphabet araméen que nous venons d'étudier proviennent situés le long du cours de l'Euphrate, mais au-delà du fleuve, et, comme nous venons de le voir, tout semble indiquer que c'est là que cet alphabet prit naissance. Cette contrée peut-elle cependant être comptée au nombre des pays araméens ? primitifs des pays
à l'expression Malgré son nom biblique de D"Hn3 D*l^, correspondant grecque de Méon TMVitotajAûv Supivi, en prenant les choses dans leur riet la Babylonie dans l'Aragueur, on ne saurait ranger la Mésopotamie mée. La langue originaire de Ninive et de Babylone, que les inscriptions révèlent aujourd'hui aux recherches de la science, est un cunéiformes idiome sémitique d'une nature toute particulière, et n'a rien de commun avec l'araméen, dont la limite primitive semble avoir été le cours de l'Euphrate. Il est même à remarquer que, de toutes les langues de la famille sémitique, celle dont l'assyrien s'éloigne le plus est l'araméen ; il y a autant de distance entre ces deux langues qu'entre le sanscrit et le latin. Cependant, d'assez bonne heure les éléments araméens commencède la Mésoporent à tenir une place considérable dans la population Pour le nord de cette contrée, s'il fallait admettre les anciennes de Harrân la ville mésopotamienne qui reconnaissent interprétations dans la cité d'où Abraham partit pour le pays de Chanaan, et où Laban résidait un peu plus tard, il faudrait en conclure que dès l'âge des Patamie.
— 214 — déjà un pays d'Araméens, puisque la Genèse l'appellerait démontrer dans un autre D'HriS Dit*. Mais je crois, et j'espère pouvoir et les plus caractéristiles plus précises travail, que les circonstances la situation du Harrân de Nachor, de Bathuel et de ques déterminent c'était
triarches
et que le OHnS uH& de la Genèse est de Damas, et le Bardinès. Si cette opinion arrosée la plaine par le Chrysorrhoas à tirer des Livres était admise, il n'y aurait plus aucune conséquence aussi antique d'Araméens dans le nord de la Saints sur une existence des monuments Et ceci serait d'accord avec le témoignage Mésopotamie. Laban
aux
environs
cunéiformes d'Arbân sur à inscriptions assyriens que des récits des monarques où cette rivière et jusqu'à l'Euphrate, se rapportent à une population moins un dialecte très-voisin, laquelle araméenne voir encore l'empreinte lieux
notre
les bords
du Khabour
sur leurs tous
parlant, aurait jusqu'au
(i), ainsi le long de
campagnes les noms d'hommes sinon habité
l'assyrien ces lieux
huitième
et de
pur, du sans rece-
siècle
avant
ère.
où se produisit l'aramaïsation de la Mésopotamie L'époque septentrionale est donc jusqu'à à déterminer. présent Mais, pour impossible le midi du bassin de l'Euphrate et du Tigre, nous possédons quelques faits d'une nature Ainsi les documents de l'épigraphie plus positive. de l'Assyrie nous montrent des tribus d'origine historique araméenne, sous le nom de Aramu, Arimu ou Arumu, désignées qui ne saurait comme ayant dans la Chaldée un développlace à l'équivoque, dès le neuvième siècle. Elles sont mentionpement très-considérable nées pour la première fois sous Salmanassar IV (2), puis sous SamsiBin HI (3), sous Teglathphalasar II (4), à la fin du huitième siècle sous sous Sennachérib (5), au septième Saryukin (6). laisser
(1) Voy. Layard, Nineveh and Babylon, p. 275-279. (2) Stèle des sources du Tigre, col. 2,1. 38 : Cuneiform inscriptions of Western Asia, t. III, pl. 8. (3) Stèle, col. 4,1. 39 : Cuneif. inscr. ofWest. As., 1.1, pl. 31. (4) Cuneif. inscr. ofWest. As., t. H, pl. 66, 1. 6-9. (5) Botta, Monument de Ninive, Inscriptions, pl. 86 et 157. (6) Cylindre publié par Grotefend, 1. 13-16; — Prisme de Taylor, col. 1,1. 37-46 : Cuneif. inscr. of West. As., t. I, pl. 37. —Inscription deNébi-Younès, 1. 7 et 45 : Cuneif. inscr of West. As., t. I, pl. 43.
— 215 — C'est sans doute
le progrès de ces tribus et de leur influence qui fit qu'à partir du huitième siècle environ, pendant que la langue et l'écriture nationales tendaient à devenir comme une sorte d'idiome littéraire et de secret aux mains des [prêtres et des savants, la langue d'Aram dans l'usage vulgaire du peuple de Ninive et de passa graduellement Babylone, et fut même adoptée comme l'idiome des affaires et des chancelleries, dans ce dernier cas au moins pour les rapports, avec les autres Les tablettes de Ninive conservées au Musée sémitiques. populations d'un emploi tellement habituel Britannique nous ont fait voir l'araméen dans cette ville au septième siècle, que les officiers publics s'en servaient des minutes des actes dont ils écrivaient le conpour les suscriptions et en caractères texte, suivant l'usage officiel, en langue assyrienne cunéiformes.
Dans les intailles, des personnages aux noms purement assyriens comme Hur-taggil, Belit (i) -ayj-idin, Pal-zir-Samas, préfèrent ce caractère au cunéiforme pour les légendes de leurs cachets. La Bible nous montre les hauts fonctionnaires de la cour d'Assyrie envoyés par Sennachérib
avec Ézéchias, se servant de cette langue pour parlementer dans cette négociation, et les expressions mêmes placées dans la bouche des officiers du roi de Juda, chargés de conférer avec eux, montrent que c'était là la langue habituelle des envoyés du roi ninivite.
-nçrtf D^n
wx?
rnw]
wçrj.
-©il?
-Sgrç WDag D^pw
"o rvon^
« Eliakim, fils d'Helqiah, Schebnâh et Joah, dirent au rab-schak : et ne nous Parle à tes serviteurs en araméen (car nous le comprenons), parle pas hébreu aux oreilles du peuple qui est sur la muraille (2). » n'ait Devant ces preuves, on ne saurait contester que l'araméen Mais, si cette pénétré de bonne heure dans les pays euphratiques. action s'était produite, l'influence inverse, celle des grands centres de sur les concivilisation et de science de la vallée de l'Euphrate (1) Écrit nSs d'après la prononciationlocalede Ninive; cf.pal, «fils», de la racine h^îl, prononcébal a Babylone. (2) II Reg., XVIII,26. - Cf. Is., XXXVI,H.
— 216 — à l'empire forte. Soumises avait été bien autrement araméennes, de ces contrées les populations dès le début de sa puissance, d'Assyrie ceux de la grande leur cause et leurs intérêts.avec avaient identifié A la cour de Ninive, dans les hautes foncmonarchie mésopotamienne. de Syriens que il y avait autant et de l'armée, tions du gouvernement trées
les savants (i), la préAussi, comme l'ont déjà remarqué chez les Sémites décisive que prirent à une certaine époque, pondérance de l'imporvint-elle et la langue araméennes, l'influence occidentaux, tance politique que prit alors en Asie le bassin du Tigre et de l'Euphrate. la conquête Partout cette langue représente et, pour les assyrienne, de Ninive aussi bien que pour leurs successeurs babyloniens, monarques à étendre semblent avoir été destinées le la Palestine et la Phénicie d'Assyriens.
des Araméens. domaine L'abaissement politique
des cités phéniciennes, par suite des guerres et un peu plus tard.la ruine de Tyr des derniers ninivites, conquérants au négoce en portant alors un coup irréparable par Nabuchodorossor, à l'activité ouvrit aussi une nouvelle carrière des Arades Phéniciens, et contribua sur beaucoup de points, à méens, qui les supplantèrent du commerce dans l'Asie sémitique. de leur idiome la langue la Palestine et la Phénicie furent soumises au Aussi, même lorsque ou le phéjamais l'hébreu sceptre des rois de Ninive et de Babylone, nicien ne paraissent avoir été admis comme langues officielles dans les ou chaldéenne. chancelleries assyrienne Il en fut de même sous les rois Achéménides, les traqui continuèrent faire
ditions
de leurs prédécesseurs, et on voit par le livre d'Esdras (2) que, de la Perse adressait un rescrit aux Juifs rétablis lorsque le monarque dans leur patrie, cette pièce était conçue en langue araméenne. Et c'est aussi vers cette époque que l'araméen à envahir paraît avoir commencé l'Assyrie,
privée
de toute
supplanter l'assyrien, toujours grandissant,
vie nationale
depuis la chute de Ninive, et à y à côté de l'araméen qui resta en usage à Babylone du temps desquels nous jusque sous les Séleucides,
(1) Renan, Histoire des langues sémitiques (l™ édition), p. 198. — Voy. notre Manuel d'histoire ancienne de l'Orient, 3e édition, t. II, p. 13b. (2) VII, 12-28.
— 2:17 — avons encore
des documents
Il semble même ressortir des qu'au midi de la Chaldée, sur les
cunéiformes.
noms propres des rois de la Characène si l'araméen s'implanta de bonne heure, l'asbords du golfe Persique, syrien ne s'effaça complètement que bien peu de temps avant l'avénement de la monarchie des Sassanides. Reconnaissant des relations si étroites entre l'Assyrie et la Babylonie d'un côté, et l'Aramée de l'autre, une si grande influence des empires
sur les populations nous ne devons rien araméennes, euphratiques ni d'invraisemblable à l'idée qu'une forme paléotrouver de surprenant de l'alphabet de vingt-deux lettres, née à Ninive ou à Babygraphique lone, soit devenue l'écriture propre des Araméens et la source des différents alphabets qu'adoptèrent plus tard les fractions diverses de cette race.
IL
CHAPITRE
L'ALPHABET ARAMÉEN SECONDAIRE.
I.
Le nom
de Kopp est celui qu'on le premier dans toutes rencontre des les voies delà paléographie Avec une force d'intuition sémitique. bien que n'ayant encore qu'un nombre plus l'emarquables, très-petit à sa disposition, de documents il a tracé d'une manière si sûre l'histoire
des écritures
les informations
araméennes, se sont tant
que
l'on
a seulement, à compléter
aujourd'hui le tableau
que dont
multipliées, il avait esquissé les principaux traits et à en rectifier quelques points de détail, mais sans y rien changer d'essentiel. C'est ainsi que Kopp, ne connaissant en fait de monuments de l'araméen primitif de la brique du Cabinet des médailles, que l'inscription
la. désignant de All-babylonische par le nom inexact cette écriture de celle des Phéniciens, en consSchrift (i), distinguer tater le rapport étroit avec celle des légendes sur certaines placées monnaies sorties des ateliers de l'Asie Mineure sous la domination des sut,
tout
Achéménides,
en
reconnaître
qu'elle
avait
été
propre
(1) Bilder und Schriften der Vorzeit, t. II, p. 147 et suiv.
à des populations
— 219 — et qu'elle était la souche première d'où étaient sorties les autres écritures employées à diverses époques par ces popu-
araméennes toutes lations.
La distinction
établie
allemand entre les par le savant paléographe anciens alphabets araméens et l'alphabet phénicien fut pendant assez des autres érudits. Bien que venus après longtemps encore méconnue et même plus récemment le duc de Luynes, dans Kopp, Gesenius, son bel ouvrage sur la Numismatique des satrapies, ont continué à confondre monnaies de Perse.
avec le phénicien l'écriture des briques de Babylone et des émises en Asie Mineure sous l'autorité des rois sémitiques C'est seulement les recherches de MM. Blau (i), le docteur
A. Levy (2) et Waddington (3), dans les quinze dernières années, qui ont signalé de nouveau la distinction entre l'araméen et le phénicien, dans la science à l'état de vérité incontestable et inpassée désormais contestée. Nous venons
de parler des monnaies sémitiques battues en Asie Mineure par les satrapes de l'empire des Achéménides ; ce sont en effet presque les seuls monuments qui nous révèlent le second âge de l'écriture araméenne, la seconde phase de son développement et de sa dégénérescence. Pendant très-longtemps ces monnaies étaient demeurées inexpliquées et confondues dans le chaos des pièces orientales de toute provenance et de toute fabrique que les numismatistes sous le désignaient nom à?Incertaines de la Cilicie. Au duc de Luynes revient l'honneur à l'étude de la numismatique définitive l'impulsion et d'avoir jeté les premières bases de son véritable asiatique ancienne, classement. Le bel ouvrage où le noble et à jamais regrettable acadéconnus en ce genre de micien a réuni presque tous les monuments d'avoir
donné
l'Asie Mineure
et de la Phénicie
(4), restera
pendant
longtemps
la mine
(1) De numis Achaemenidarumaramaeo-persicis,Leipzig, 1855, in-4». (2) Zeitschr. der Deutsch.morgenl. Gesellsch.,t. XIV,p. 23. (3) Bévuenumismatique, 1860, p. 432-455; 1861, p. 1-22. Mélangesde numismatiqueet de philologie,p. 59-102. (4) Essai sur la numismatiquedes Satrapies et de la Phénicie sous les rois Achéménides, Paris, 1846, 2 vol. gr. in-4°.
— 220 — sûrs et des reproductions renseignements Le premier, le duc de Luynes a établi l'existence des monnaies au nom des satrapes et, bien que plupersans, frappées avec raison, aient été contestées néanmoins sieurs de ses attributions des noms et les lectures le principe posé par lui n'a pas été ébranlé, ira puiser chacun exactes des médailles.
des
de Pharnabaze, définitivement
et de quelques à la science. Depuis
où
de Tiribaze
acquises l'attention a été attirée
autres
sont personnages, la publication de son ou-
de la numismatique, de M. Waddingde MM. Blau (i) et Levy en Allemagne, ton (2) en France (3), contiennent tous, soit des documents nouveaux, et des observations Mais les derniers soit des critiques utiles. progrès dans l'étude des monnaies à légendes araméennes, frappées par les sadans le si remarpar M. W. H. Waddington trapes, ont été consommés : Études de numismatique et quable mémoire qu'il a intitulé asiatique, vrage, et les travaux
sur cette
branche
la première fois dans la Revue numismatique, puis réimle tome Ier de ses Mélanges de numismatique et de philoprimé de la science en cette matière de la logie. L'état présent y est résumé et la plus complète, et en même temps l'aufaçon la plus intéressante teur y double de son propre fonds la somme des résultats presque obtenus par ses prédécesseurs. publié
pour dans
Les monnaies
de satrapes et de dynastes héréditaires de l'Asie Mineure appartiennent à l'époque toutes la qui suivit immédiatement de l'Asie furent paix d'Antalcidas, où, d'un côté, les Hellènes époque définitivement abandonnés et, de l'autre, par leurs frères d'Europe, de révoltes. l'empire persan fut déchiré par une suite continuelle La langue dans laquelle est conçue la légende de chacune d'elles est celle de la province où elle a été frappée et où elle était destoujours tinée à circuler, en apparence, mais qui, avant M. Wadrègle banale (1) Outre la brochure spéciale que nous avons citée à la page précédente : Zeitschr. der Deutsch. morgenl. Gesellsch., t. VI, p. 463 et suiv. ; t. IX, p. 69 et suiv. (2) Outre la dissertation citée a la page précédente : Bulletin archéologique de l'Athenwum français, 1851,.p. 13. (3) Qu'il nous soit permis de rappeler aussi quelques travaux personnels : Description des médailles de la collection de M. le baron Behr, Paris, 1857, in-80. — Revue numismatique, 1860, 11-30. p.
— 221 — dington, avait été méconnue de tous les savants qui s'étaient occupés de la question. Ainsi les monnaies de Pharnabaze sont grecques à à Tarse ; celles de Datame, grecques à Sinope, Cyzique et araméennes araméennes
en Cilicie; celles des satrapes lyciennes et araméennes.
de la Lycie et de la Cappa-
doce, des satrapes que la langue en Nous apprenons par ces monnaies de l'Asie Mineure, notamment usage parmi les populations sémitiques était l'araméen. Celles qui celles de la Cilicie et de la Cappadoce, se divisent en effet en deux séries portent des légendes araméennes principales. La première est sortie de l'atelier de Tarse en Cilicie, comme l'inla figure du dieu dique, sur la plupart des pièces qui la composent, de son nom, T7P SjD. Elle porte éponyme de la ville, accompagnée et tantôt les noms de dynastes locaux tels qu'Abdzohar, "l^inns^, tantôt ceux de grands personnages Samès, DD, inconnus à l'histoire, d'origine persane qui furent investis à certaines époques du droit de de Tarse, en qualité de commandants pour une grande expédigénéraux des forces de l'empire rassemblées 113313, et Datame 1D370 (i). C'est en la tion, comme Pharnabaze, même qualité que Tiribaze, lorsqu'il fut chargé de reconquérir Cypre, fit frapper des monnaies avec son propre nom, YD'Hn, mais cette fois à Nagidus et non plus à Tarse. des satrapes se compose La seconde série des monnaies araméennes de pièces aux noms des dynasles inconnus de la Cappadoce, Ariarathe, à Sinope, comme on rïTVHtf, et Abdémon, "^DIS^, frappées en partie enlevant un dauphin, peut en juger par le type de l'aigle pêcheur de cette ville, et en partie à Gaziura, que constant sur les autonomes ITtt 1^3, inscrite à côté d'un désigne sur d'autres pièces la légende dieu assis tout pareil au Baal-Tars des monnaies de Tarse. encore les pièces émises, non plus en Asie Mineure, Mentionnons à Hiérapolis ou Bambyce, par un roimais en Syrie et probablement
battre
monnaie
dans l'atelier
à fait propre à l'orthographe araméenne, (1) Ce nom y est écrit avec une particularité tout l'insertion d'un 3 avant une consonnequi doit être doubléedans la prononciation.Voy.Judas, Revuenumismatique, 1863,p. 114. .
— 222 — telet
du
nom
d'un côté qui y a inscrit celui de sa déesse, înS^tt^, la tête décore ses monnaies ; puis
de Ëbed-hadad, et de l'autre
nom, 77n735', des écrivains grecs, dont d'une origine inconnue, dont le droit nous d'argent, et le revers Anaïtis montée assis comme le Baal-Tars,
son
propre l'Atergatis la médaille un dieu montre
sur un lion,
avec
son nom, D32T (i). Sur tous les monuments
numismatiques que nous venons d'énuméest absolument le même; il nous révèle l'état précis de rer, l'alphabet à la fin du cinquième l'écriture araméenne et dans la première moitié du quatrième siècle avant Jésus-Christ, très-florissante époque pour l'aramaïsme, l'hellénisme culièrement
en Asie Mineure qui regagnait par suite de la paix d'Antalcidas. dans la numismatique marqué
et bilingues, vers la fin du grecques monnaies exclusivement araméennes, la domination des Séleucides.
tout
le terrain
Ce dernier
où les monnaies siècle, font place à des cinquième qui continuent après jusque sous
Nous
de Tarse,
du reste, dans la première colonne donnons, che X, la série complète des lettres de l'alphabet que médailles araméennes des satrapes de l'Asie Mineure. sont exclusivement aux légendes empruntés proprement les
monnaies
où
que perdait fait est parti-
ces
de notre
planfournissent les Ces caractères dites,
car
sur
sont aussi caractérisées légendes que possible comme araméennes, on voit quelquefois dans le champ des lettres isolées qui n'appartiennent mais à l'alphabet plus à l'alphabet araméen, phénicien. et leur travail Quelques pierres gravées, que leurs représentations avec certitude à l'époque des Achéménides, nous offrent rapportent des inscriptions en langue araméenne tracées avec le même alphabet des monnaies dont il vient d'être question. que les légendes Déjà je reun peu plus haut que le scarabéoïde marquais publié par M. Blau dans le Journal de la Société Asiatique et le cylindre de Parsanallemande, date fils d'Artadate, conservé au Musée Britannique, monuments tout à fait de transition par leur type paléographique, aussi bien pouvaient (1) De Vogué, Mélanges d'archéologie orientale, p. 47;
— 223 — araméen secondaire que sous être classés sous la rubrique de l'alphabet celle de l'araméen primitif. Et il est même à remarquer que lès inscriptions dusceau de Parsandate—lequel, en passant, prouve remarquons-le par le caractère purement iranien des noms du possesseur et de son père l'usage de l'araméen avait pénétré loin dans l'Asie au temps de — la puissance de la monarchie des Achéménides, que les inscriptions de ce sceau offrent encore plus d'affinité avec l'écriture du monument dont nous parlerons dans le paragraphe suivant qu'avec celle des mon-
combien
naies des satrapes. L'oeuvre de glyptique
qui présente avec ces monnaies là plus parfaite est un cylindre du Musée Britannique, identité de paléographie qui reproprement persique, présente un chasseur vêtu de la courte tunique et coiffé d'une mitra pointue, ayant derrière lui le cheval dont il vient et attaquant à pied un sanglier avec un épieu; au-dessus de descendre, de cette scène est le nom propre, perse suivant toute apparence, T»
Coll.
Un type plus récent, moins soigné, empreint de moins de régularité nous est fourni au même alphabet, mais se rattachant monumentale, tracée sur une pierre à libations découverte par M. Mapar l'inscription conriette dans ses fouilles du Sérapéum de Memphis, et aujourd'hui comme phéla regardèrent servée au Louvre.. Etes premiers interprètes araméen ne saurait plus être contesté. mais son caractère nicienne, orientale ont, du reste, autant occupé Peu de monuments de l'épigraphie les savants et ont donné lieu à un aussi grand nombre d'interprétations différentes. Le duc de Luynes (à), M. l'abbé Barges (3), M. Ewald (4), (1) A; Levy, Siegelund Gemmen,pl. I, n° 15. (2) Bulletin archéologiquede l'Athenseumfrançais, août et septembre 1855. (3) Revuede l'Orient,mars 1856. Inschrift vonSidonund einer segyptisch-aramxischen, (4) Erldoerungder grossenphoenikischen Goettingue,1856. Extrait des Mémoiresde la SociétéRoyalede Goettingue;
<22A— Judas (2) ont successivement proposé (i) et M. le docteur celui tous ces érudits, Parmi les lectures les plus opposées. qui a le mieux réussi est M. Renan. Son explication, déjà entrevue par M. Ewald, C'est lui et bien justifiée ; on peut la tenir pour définitive. est naturelle du Sérapéum dans l'inscription un fait reconnaître qui a décidément voisin des léde l'écriture monument araméenne, paléographiquement la transition entre elles et formant des satrapes, gendes des monnaies M. Renan
et les papyrus
dont
nous
L'alphabet que fournit X. de notre planche
dans parlerons ce monument
le chapitre occupe
suivant. la deuxième
colonne
III.
La parenté la filiation étroite, et l'araméen cupe en ce moment médiatement
directe
entre
l'alphabet est manifeste, primitif place les deux alphabets
qui nous et frappe
ocim-
les yeux lorsqu'on en regard. au caractère de Ninive et des briques de Bades tablettes Comparé l'araméen secondaire des monnaies des satrapes de Cilicie et bylone, de Cappadoce, et de la pierre à libations du Sérapéum, n'est bien manifestement
qu'une
nouvelle
évolution
du même
alphabet, à laquelle
suivant toutes
par les
une marche la loi de dégénérescence graduelle écritures sont soumises avec le cours du temps. La forme de la plupart * des lettres n'est pas sensiblement il a le et le 1 le % changée; n'y que qui aient subi des modifications importantes. Mais celles de ces deux dernières lettres sont si radicales et marquent si nettement une étape dans l'histoire des écritures araméennes, que nous avons cru devoir, avec M. le comte de Vogué à (3), consacrer des monnaies à Tarse, à Sinope et à Gaziura une l'alphabet frappées division avec l'alphabet des spéciale où il ne se trouvât pas confondu monuments araméens de l'Assyrie et de la Chaldée. plus anciens (1) Journal asiatique, 5e série, t. Vil, p. 411 et suiv. (2) Revue arcliéologique, t. XV, p. 677. (3) Revue archéologique, nouv. sér., t. V, p. 33 ; t. XI, p. 329 etpl. VIII.
— 22S — Suivant
une ingénieuse d'une certaine
dans toutes les de M. Waddington, écritures les deux lettres T et i, voisines de antiquité, formes, ont une destinée parallèle et se modifient simultanément. Dans le phénicien archaïque elles sont ~Z_ et ^ dans le type sidonien elles deviennent (YJ /V De même, dans l'araméen primitif des tablettes de Ninive et remarque
des briques de Babylone, nous les voyons sur le lion de bronze d'Abydos, nous les retrouvons formes
^
^
sous les 2
2
leur tracé à toutes deux enfin, dans l'araméen secondaire, se réduit en même temps à Ce dernier changement, comme celui moins saillant du nouveau
résultat
de la continuité
d'action
de la tendance
plification toujours plus grande du tracé des caractères, déjà signalée dans le passage du phénicien à l'araméen
\ -j 1, est un vers une sim-
que nous avons primitif.
18
CHAPITRE L'ALPHiBET
III.
ARAMÉEN DES PAPYRUS.
I.
d'une écriture en présence Nous voici maintenant qui, bien qu'elle ne diffère cependant abord un aspect assez particulier, offre au premier de l'araméen dans la forme des lettres essentiel caractère par aucun à y reconnaître un alphabet Aussi hésitons-nous secondaire. beaucoup et sommes-nous distinct, plutôt disposé à y voir la forme de l'araméen secondaire
usitée
dans
les
manuscrits,
que les médailles en ont fourni la forme
tandis
des
nous moet l'inscription du Sérapéum satrapes numentale. assez nombreux de cette écriture, Les monuments qui jusqu'à prétous d'Egypte, ne sont cependant sent proviennent pas exclusivement des inscriptions Il y a dans le nombre des papyrus. gravées sur la pierre soin. Mais il suffit de voir ces inscriptions avec un très-grand pour traits, larges et pareils à ceux que trace le calame, de manuscrits, le fac-similé fidèle d'une écriture essentiellement conçue sur le papyrus ou sur des peaux C'est pour être dessinée préparées. cette écriture araméen des papyrus, pour cela que nous appelons quoireconnaître
dans leurs
— 227 — que une
partie
de ses. monuments
graphie. C'est de ceux-ci
au domaine
appartienne
que nous nous occuperons dans le caractère araméen
de l'épi—
d'abord.
Les inscriptions des papyrus sont toutes gravées sur des stèles funéraires décorées de bas-reliefs de style égyptien. La plus importante et la plus anciennement connue est la célèbre de Carpentras, du inscription rapportée d'Egypte au commencement dix-huitième
siècle, et possédée successivement par Rigord, commissaire de la marine à Marseille, par le président de Mazauges, et enfin par M. d'Inguimbert, évêque de Carpentras, qui la légua avec sa biblioPublié d'abord par Rigord lui-même (i), thèque à sa ville épiscopale. mais d'une manière tout à fait fautive, par Montfaucon (2) et par a été donné pour la première fois avec exacCaylus (3), ce monument dans les Mémoires de VAcadémie des titude par l'abbé Barthélémy, Inscriptions (4). Bien que privé de tout autre moyen de comparaison et ne connaissant aucun monuque celui des médailles phéniciennes, l'illustre antiquaire, de ment analogue, qui fut le véritable fondateur ne recula pas devant les difficette partie de la science archéologique, Il y déploya son génie habituel, cultés d'une tentative d'interprétation. et son travail, modifié en certaines parties, est demeuré la base de tout les savants qui sont venus après ce qu'ont fait sur le même monument lui. On doit même remarquer que, sauf sur deux ou trois points de désont tombés tail, ceux qui se sont écartés de la lecture de Barthélémy dans des erreurs que le maître avait su éviter, et qu'ont également évitées suivi ses traces. ont plus fidèlement est très-inférieure Tychsen, dont l'interprétation thélémy (5), le sort de Hamaker (6), de l'abbé ceux qui
Tel a été le sort de à celle de l'abbé BarLanci (7) et de M. le
(1) Mémoireset-journalde Trévoux,juin 1704, p. 994. . (2) Antiquité expliquée,Supplément,t. II, p. 207. (3) Recueild'antiquités, t. I, p. 74; pl. XXVI. (4) T. XXXII,p. 725; pl. I. (5) Nov. act. TJpsal, t. VII, p. 92. (6) Diatribe de aliquot monumentispunicis, p. 69-71. (7) Osservazionisulbassorilievofenico-egiziochesi conservain Carpentrasso, Rome, 1825, _ cf. ce qu'ont dit de ce travail : Roediger,Aïlgem. Literat. Zeit., t. III, 1828,p. 267. in-4<>. — Mai, Catalogode' papiri egiziani délia bibliotecaVaticana,p. 31-78.
— 228 — donnée à leurs recherJudas (i). Plus sages dans la direction docteur ches et dans leur manière de procéder, (4) Kopp (2), Béer (3) et Gesenius à établir presque et sont parvenus avec ceront été aussi plus heureux des différentes titude le texte et la signification parties de l'inscription, tous leurs efforts, demeure qui, malgré d'obscurités. aujourd'hui ici de nouveau le texte de. Il n'entre pas dans notre plan de donner bien connu, de tous ceux qui s'occe précieux du reste, monument, Qu'il nous suffise de rappeler cupent d'épigraphie sémitique. que la stèle de Carpentras contient d'une femme nommé Ta-Baï, ^321 l'épitaphe excepté encore
de la dernière
ligne, couverte
(transcription
araméenne
de l'égyptien
*» %L
fe»,
j|,
« celle qui appar-
tient
à l'Esprit au formulaire
» ), prêtresse avec des expressions d'Osiris, empruntées des Égyptiens, et particulièrement au Rituel habituel elle est conçue est araméenne, funéraire (5). La langue dans laquelle mêlée cependant de quelques hébraïsmes. Gesenius (6) a publié une seconde stèle du même genre, qui ne porte que le simple nom propre TVDiy Enfin nous-même nous en avons fait connaître (7) une troisième, appartenant d'un prêtre T
©
au
musée égyptien du Vatican, d'Osiris du nom de Onkh-Hapi,
l BTP ^
sh
C(âpis
vivant
qui contient l'épitaphe 'SnnSJJ' (en égyptien
*)
(1) Étude démonstrative de la laiigue phénicienne, p. 87. (2) Bilderund Schriften, t. II, p. 229. (3) Inscriptiones et papyri veteres semitici quotquot inAegypto reperti sunt, Leipzig, 1833, in-4°. (4) Monumentaphoenicia, p. 228. (5) Voy. ce que nous en avons dit dans le Journal asiatique, 6° série, t. X, p. 513. — Ceci a été pourtant contesté par M. Derenbourg, qui donne une autre interprétation de la fin du texte : Journal asiatique, 6e série, t. XI, p. 277-287. (6) Monumentaphoenicia, pl. XXIX,n°72. (7) Journal asiatique, 5° série, t. X, p. 511 et suiv.
— 229 —
II.
Dans les inscriptions les lettres sont qui viennent de nous occuper, un peu déformées, comme celles de toute écriture de manuscrits transcomme le sont par exemple les signes de portée à l'usage monumental, l'écriture démotique égyptienne gravés sur le granit ou le grès dans les inscriptions de Rosette, de Philse et de Canope. Sur les papyrus, elles reprennent leur forme et leur tournure naturelle. Ces papyrus sont au nombre de huit jusqu'à présent connus : i° celui de Turin ; 20 les deux de la collection Blacas, actuellement au Musée 3° celui du Musée Borgia, qui appartient à la Britannique; aujourd'hui de la Propagande, à Rome; if celui que l'on conserve à bibliothèque la bibliothèque 5° celui du Musée du Louvre ; 6° deux fragVaticane; ments découverts dans les fouilles de M. Mariette, et déposés aujourd'hui au Musée du Caire. Le premier a été publié par Raoul-Rochette(i), Hamaker (2), Béer (3) et Gesenius (4). Les papyrus Blacas, édités et expliqués d'abord par l'abbé Lanci (5), ont été reproduits par Béer (6), puis par Gesenius (7), et en a fixé définitivement qui en a fait l'objet d'une étude développée la lecture et le sens, entrevus par les premiers interprètes. M. l'abbé dans un travail spécial Barges a mis aux mains du public et interprété le précieux fragment du Louvre (8). Le papyrus du Vatican a été publié et commenté de main de maître par M. le comte de Vogué (9). Mais les (1) Journal asiatique, lre série, t. V, p. 20. (2) Miscellaneaphoenicia, pl. III, n° 3. (3) Inscriptioneset papyrisemitici in Aegyptoreperti, pl. I. (4) Monumentaphoenicia,p. 232 et suiv.; pl. 30. (5) La sacra Scrittura illustrata conmonumentifenico-assyried egiziani,Rome, 1827,in-f°. (6) Op.cit., pl. II et III. (7) Mon.phoen., pl. 31 et 32. (8) Papyrus ègypto-ammèenappartenant au Muséeégyptiendu Louvre, expliqué et analysé pour la premièrefois, Paris, 1862, in-4°. (9) Syrie centrale. Inscriptionssémitiques,p. 125-131;pl. XVI.
— 230 — encore et ceux du Caire, demeurent existence. est la même que celle des inscriptions de La langue de ces papyrus Tous ceux d'hébraïsmes. et du Vatican, araméenne mélangée Carpentras sauf ceux du Louvre et du Vatican, présent, que l'on a édités jusqu'à trois autres, celui de la Propagande on connaît seulement leur inédits;
et contiennent des fragétablis en Egypte, à l'Exode, dans lesquels ments de prières ou de textes relatifs étaient des traditions sur des faits et des personnages qui ne figurent rapportées orales analogues à celles qu'ont pas dans les livres de Moïse, traditions des Talmuds et les rabbins du moyen âge. Voir recueillies les auteurs l'araméen employé par des Juifs n'a rien qui doive nous surprendre. ont été tracés
par
des Juifs
cette langue était devenue Dès le retour de la captivité, l'idiome populaire et habituel du peuple hébreu; l'ancienne langue des Livres Saints était passée à l'état de langue savante et littéraire. Même dans le canon des Écritures on avait admis des compositions écrites en arasacrées, du livre de Daniel. Mais nous revienméen, comme certaines parties drons plus loin sur ces faits, à propos de l'écriture carrée des Juifs. du Louvre et du Vatican, ils sont d'une nature Quant aux papyrus toute particulière. Ce ne sont plus des fragments de livres ; le premier contient le compte de l'intendant de la maison de quelque grand perrelatif à sa cave et au commerce semble avoir fait du sonnage, qu'il vin de ses propriétés. Celui du Vatican est un feuillet des registres d'une administration de la Basse-Egypte. publique
III.
Tous
les monuments dont nous venons de parler sont de date assez aucun ne remonte avant l'époque des Ptolémées, récente; comme l'ont très-bien vu l'abbé Lanci, Béer et Gesenius. Le classement chronoloest facile à faire gique de ces monuments la marche de la déd'après formation des caractères. La stèle de Carpentras et celle du Vatican doivent y être placées en tête, comme plus anciennes que tout le reste ;
— 231 — vient ensuite
le papyrus.de Turin, puis les papyrus Blacas, celui du dans lequel les signes de l'écriture Vatican, et enfin celui du Louvre, sont le plus éloignés du type originaire. C'est la disposition que nous avons adoptée dans notre planche XI. Nous avons, en commençant ce chapitre, posé en principe l'identité fondamentale de l'araméen des papyrus et de l'araméen secondaire, tel qu'il libations
est fourni par les médailles des satrapes et par les pierres à du Sérapéum. Il est facile de justifier cette assertion. On n'a besoin pour cela que de comparer l'une à l'autre nos planches X et XI, dont la première contient les lettres relevées sur les médailles frappées au nom des représentants du roi de Perse en Cilicie et en Cappadoce, de Memphis, tandis que la seconde, puis les lettres de l'inscription comme nous venons de le dire, réunit tous les éléments jusqu'à présent de l'araméen des papyrus. acquis à la paléographie entre ces deux écriToutes les différences qui peuvent se remarquer tures tiennent à la différence des matières auxquelles ces écritures devaient originairement à ce que l'une est une écriture mos'appliquer, à l'effet de la calliet l'autre une écriture de manuscrits, numentale graphie et à la nature de plus en plus cursive du système graphique. Mais, par là même que l'araméen des papyrus est le cursif de l'araméen et un secondaire, il marque un degré de plus dans la dégénérescence, car, en suivant la filiation des écritures de la famille degré important, nécessaireil est facile de constater que toutes supposent araméenne, ment le passage par cet état. à rendre le tracé de l'écriture Les tendances tenant à la propension de plus en plus rapide, que nous avons déjà signalées dans le passage du phénicien à l'araméen primitif, et de celui-ci à l'araméen secondaire, des papyrus, et vont en s'y se prononcent encore plus dans l'araméen existence. marquant toujours davantage pendant la durée de son Leshastes des lettres 1,3,53, 3, 3, ï, *1, n, restées droites dans les commencent sur légendes des monnaies ciliciennes et cappadociennes, la stèle de Carpentras à présenter une tendance à l'inflexion et sont décidément courbées dans l'écriture des papyrus Blacas, plus encore dans celle du papyrus
du Louvre.
— 232 — car nous la sont capitaux à noter, et ses progrès dans les alphabets se dessiner désormais verrons toujours davantage distinctifs un de leurs caractères et former divers sortis de l'araméen, les plus accusés. du 2, du *î des boucles Il en est de même de l'ouverture supérieures différence et du .1, que nous avons signalée comme la première qui se Dans l'araméen des et le phénicien. entre l'araméen primitif produise de plus en plus, et finissent par ces boucles vont en s'ouvrant papyrus, courbé. à un trait horizontal se réduire légèrement de quelques des formes enfin la simplification Notons progressive ^ et D. lettres, comme à se de parler dont nous venons Les particularités commençaient à l'araméen du phénicien nous l'avons déjà dit, en passant marquer, Il en est d'autres secondaire. qui sont spéprimitif, puis à l'araméen Cette
tendance
des papyrus. fois une tendance Ainsi nous y voyons apparaître pour la première dans la plupart des écritures des qui marquent que nous observerons à la liaison des lettres entre elles. dérivations la tendance postérieures, cursif de l'écriture, Cette disposition tient au caractère essentiellement ciales
à l'araméen
est d'abord et, avant de devenir une règle d'enjolivement calligraphique, ou le calame, le résultat de la facilité avec laquelle le pinceau glissant sur le papyrus, de s'y reprendre à passe, sans que le scribe ait besoin fois, du tracé d'une lettre à celui d'une autre. On ne remarque chaque de lettres liées ni sur la stèle de Carpentras, ni sur celle du Vatican, ni dans les papyrus avoir été multipliées Blacas; mais elles paraissent dans le papyrus de Turin. Sur les deux lignes dont se compose le fragment
de ce papyrus deux liqui est parvenu nous, on trouve jusqu'à dont la première est répétée à deux reprises et la seconde une gatures, fois seulement. Dans le papyrus du Louvre, toutes les fois que les deux lettres "H se rencontrent l'une à côté de l'autre, elles sont liées. connus de cette écriture, les mots Enfin, dans tous les monuments sont constamment circonstance séparés, qui ne se présente jamais dans les inscriptions, ni dans les monuments araméens phéniciennes et qui facilite singulièrement la lecture. antérieurs, De cette habitude
— 233 — sortie d'un besoin de clarté, en naît une autre, celle de graphique, donner à certaines lettres, lorsqu'elles se présentent à la fin des mots, une forme différente de celle qu'elles ont lorsqu'elles sont initiales ou médiales, forme qui se distingue toujours plus par son allongement ne se rencontrent grand. Les lettres finales avec une figure particulière ni sur la stèle de Carpentras, ni sur celle du Vatican, ni dans le papyrus de Turin, mais on les observe constamment dans les papyrus Blacas et dans celui du Louvre. Deux signes y offrent cette particularité, le *] et le ]. De plus, dans les papyrus du Vatican et du Louvre, nous avons J, initial, médial et final. La dernière de ces formes est tout à fait dans le papyrus analogue à celle que la même lettre a constamment de Turin. Elle est plus compliquée que ne l'est le ; dans les deux types trois
de l'araméen aussi bien que dans le phénicien archaïque , et du type sidonien. elle semble due à l'influence de l'écriture phénicienne des Il faut, du reste, en tenir soigneusement compte dans l'histoire car c'est celle que nous allons voir alphabets de la famille araméenne, au degré suireparaître dans les deux écritures dérivées parallèlement antérieurs
vant de filiation,
le palmyrénien
et l'hébreu
carré.
IV. à notre examen. L'écriture que question se présente aune seule région, ou bien nous venons d'étudier était-elle particulière commune à tous Jes peuples araméens ou aramaïsés ? Béer et Gesenius ont adopté la première manière de voir; nous teUne dernière
nons pour la seconde. aussi bien l'inscripAux yeux de Béer, ce qui reste de cette écriture, tion de Carpentras que les papyrus Blacas et de Turin, est l'oeuvre de Juifs aramaïsants établis en Egypte, et il pense que tous les monuments dans l'avenir, conçus dans la même écriture, deque l'on rencontrera à cette origine. Le principal argument sur lequel vront être rapportés dans la langue de hébraïsmes il se fonde est la présence de nombreux ces monuments.
— 234 — Barges et à M. de en effet admettre Vogué, celles de Carpenaussi des que païennes positivement inscriptions que et d'une prêtresse tras et du Vatican, gravées sur les tombes d'un prêtre des fêtes de pluoù il est question du Louvre, d'Osiris ; que le papyrus et celui du Vatican, sieurs divinités de l'Egypte, qui émane d'une admide ce pays, aient été exécutés dans un des districts nistration publique ces de celles que révéleraient du genre par des Juifs. Des apostasies dans un pays où les Israélites très-rares monuments étaient jouisaussi grande que celle qui leur était acsaient d'une liberté religieuse ne nous en a conservé L'histoire cordée en Egypte sous les Ptolémées. celui de ces Juifs qui, sous le règne qu'un seul exemple un peu saillant, se firent initier aux mystères de Ptolémée (i). dionysiaques Philopator, solennel dont ces aposen même temps le châtiment Mais elle rapporte le roi tats furent l'objet de la part de leurs coreligionnaires, auxquels aussi bien qu'à est impossible, les vues de Béer. Nous d'adopter
Il nous
M. l'abbé ne saurions
leur vengeance. librement d'Egypte permit d'exercer édition de dans la première M. Renan, qui n'était pas éloigné, de Béer, Histoire des langues sémitiques l'opinion (2), de partager adressés par jectait- à cela : « On possède en grec des proscynèmes réserves destinées « Juifs à une divinité égyptienne, avec quelques » Mais cet érudit, a satisfaire aux scrupules du monothéisme. qui
son obdes à du
de voir, ne nous semble qui a dicté les proscyLe du Panium il faisait allusion. (3), auxquels les auteurs de ces inscriptions a toujours été em-
manière reste a renoncé depuis à une semblable rendu l'intention pas avoir alors exactement nèmes
de Yhydreuma
employé par lorsqu'il ployé par les Juifs; c'est celui qui dicte les paroles d'Abraham de Melchisédech, : ce.Et Melreçoit la bénédiction prêtre de El-Elioun « chisédech, roi de Salem, offrit le pain et le vin ; car il était prêtre — et il bénit Abram « du Dieu Très-Haut et dit : Béni soit (p1^ Stf) « Abram par le Dieu Très-Haut, El-Elioun, qui a créé le ciel et la terre. « — ... Et Abram répondit : J'élève mes mains vers Jéhovah, qui est procédé
(1) Maochab., II, 30. (2) P. 200. (3) Letronne, Inscriptions de IfEgypte, t. II, p. 282 et suiy.
— 23S — « le Dieu Très-Haut, du ciel et de la terre (i). » C'est là possesseur exactement ce que font les Juifs auteurs des inscriptions publiées par Letronne. Échappés aux dangers qu'ils ont courus dans le désert, ils expriment par des inscriptions pieuses leur joie d'être sains et saufs, au même lieu et peut-être dans le même temps que d'autres voyageurs, ceux-là païens. Mais, tandis que ces derniers adi-essent leurs proscynèmes à la divinité du lieu, ils dédient les leurs à Dieu, au Dieu unique et véritable. Rien de semblable ne se trouve sur la stèle de Cai'pentras ni sur celle de Vatican. Ce sont deux monuments purement païens et dont on a cherché à qui n'ont rien de commun avec les inscriptions les rapprocher. Quant aux hébraïsmes signalés par Béer, Gesenius a déjà établi qu'ils ne constituaient pas une marque incontestable d'origine juive. Voici, du l'esté, les propres paroles de cet illustre philologue : Quae ad linguae hebraeae analogiam minus bene explicari
accédant
hujus noslri monunienti idiomata, non posswit oratione Syrorum, qui in patria sua Phoenicibus undique cincli vixerunt, quam Tudaeorum linguae sacrae formas admiscentium profanae (2). Gesenius a fort bien réfuté l'opinion de Béer, mais lui-même ne semble pas s'être tenu exactement dans la vérité. On peut en effet conclure, malgré quelques phrases où il semble avoir changé d'avis, d'après le nom d'araméo-egyptien dont nous nous ocqu'il donne à l'écriture cupons, qu'il en considérait l'usage comme ayant été restreint à l'Egypte ou aux contrées tout à fait avoisinantes, et son expression, fautive à mes jenx, a été adoptée par plusieurs érudits, tels que le docteur A. Levy. Deux arguments nous empêchent d'adopter l'opinion de Gesenius, aussi bien que le nom qu'il a proposé. Le premier, qui nous semble tout à fait décisif, consiste en ceci, que l'alphabet des papyrus et des stèles dont nous avons parlé dans ce chade l'écriture araméenne un degré de dégénérescence pitre représente à supposer dans la filiation de tous les dérivés de cette nécessaire (1) Gènes.,XIV, IS-22. (2) Monum.phoen., p. 232.
— 236 — famille,
pour D'où
se rendre
un compte exact indubitablement
de
la manière
dont
elle
s'est
selon nous, que l'alphabet il résulte, si une seule contrée jusqu'à traitons en ce moment, présent n'en a pas moins dû les vestiges monumentaux, nous en a conservé à tous les Araméens. être commun aramëenne de l'écriture de monuments Le second se tire de l'existence opérée. dont nous
à un état presque pareil à celui que nous trouvés en Egypte, monuments papyrus du Nil. C'est
d'abord
(i), porpubliée par le duc de Luynes tant d'un côté une tête de femme de colliers et de pendants parée comme celle de Vénus, avec une légende d'oreille, que nous considérons araméenne fort difficile à lire, plus un 3 dans le champ, et sur l'autre face un lion dévorant un taureau, avec une seconde légende araméenne, plus un '"j dans M. le duc de du revers *p1D5 après un examen maintenant à la
une
les inscriptions et les aux bords qui sont étrangers
révèlent
médaille
le champ. la légende du droit Luynes a transcrit tûHp^, et celle ni l'une ni l'autre. Pour nous, ;K, mais sans expliquer attentif de la forme des lettres sur l'original, qui est Bibliothèque
Nationale,
nous
ne pouvons
pas voir au
revers
autre chose que "n3DDlK(2),c'est-à-direlenomd'Alexandreécrit comme il l'est constamment dans les textes sémitiques. à la léQuant elle nous semble devoir être transcrite gende du droit, OEnrO?, comme la lit M. Brandis, ou tûniTQ, ce qui n'est guère, dans un cas ni dans facile à expliquer. Peut-être est-ce quelque nom de ville coml'autre, mençant par le mot ÏTO, écrit defectwe J"0. Quoi qu'il en soit, la lecture du nom d'Alexandre nous semble impossible à contester. Et quia l'habitude des monuments reconnaîtra conque numismatiques que cette pièce, par son style et sa fabrique, certainement au appartient nord de la Syrie. Or, la forme des caractères ins'y montre exactement (1) Numismatique des Satrapies, pi. XVI, n° 1. — Nous la reproduisons sous le n° 1 dans notre planche XIV. (2) Cette lecture est déjà donnée par M. Brandis (Das Mùnz-, Mass- und Gewichtswesen in Vorderasien, p. 430), mais j'en réclame la priorité, et le savant de Berlin ne l'a enregistrée que d'après la communication que je lui en ai faite en 1864.
— 237 — celle de l'inscription du Sérapéum et celle de la stèle formant le lien entre ces deux types paléographiques. de Carpentras, Quant au type même des lettres de la stèle de Carpentras et des patermédiaire
entre
sur une reproduit pyrus de Blacas, nous le trouvons très-exactement oeuvre de glyptique. C'est la belle intaille publiée par M. de Vogué, sur on voit deux têtes de bélier affrontées avec la légende : laquelle iy~l\y "Q U?X13 Dnn (i). Le style des figures est inspiré de l'art grec et dénote la fin du cinquième siècle ou le commencement du quatrième. certainement Ce petit monument n'appartient pas à l'Egypte, mais à la Syrie ou à la Cilicie. (1) Revuearchéologique,nouv. sér., t. XVII,pi. XV, a0 33. —A. Levy, Siegelund Gemmen, pi. I, n° 17.
CHAPITRE
IV.
L'ALPHABET ARAMÉEN TERTIAIRE OU PALMYRÉNIEN.
I.
est désigné maintenant dant nous avons à nous occuper L'alphabet tous ses modans la science par le nom de palmyrénien, d'ordinaire ou été découverts à Palmyre sauf un seul, ayant numents connus, de leur pays natal. en dehors exécutés par des Palmyréniens à neuf : trois inscripen Europe se réduisent existant Les originaux à Rome et qui y sont conservées, trois rapportées découvertes du à Oxford, enfin trois autres au musée et déposées de Palmyre de terre-cuite Louvre. Il faut y ajouter encore quelques petites tessères du Louvre, de la Biblioet de bronze, qui font partie des collections et de M. le comte de Vogué ou d'autres collections thèque Nationale aussi une lampe en terre-cuite ce dernier savant possède rapprivées; tions
audieuMalachbel portée par lui de Palmyre et ornée d'une dédicace de Rome les plus anciennement Les deux inscriptions connues, ont été publiées d'abord se voient au musée duCapitole, par Gruter (1) Bulletin archéologique de l'Athenxum français, 183S, p> 102 et uiv. (2) P. LXXXVL
(i). qui (2),
— 239 Spon (i), Hyde (2), Reland (3) et cemment, et d'une manière plus Lanci (5). La troisième, exhumée XXXII des Annales de l'Institut de
le P. Georgi (4), puis enfin plus réà l'original, conforme par l'abbé en 185g, a été éditée dans le tome
Celles correspondance archéologique. d'Oxford ont été données par Chandler (6) et ensuite par Kopp (7). du Louvre, une a été éditée par M. de LongpéQuant aux inscriptions rier (8), mais non en fac-similé (g), et une autre par M. de Vogué (10). Pour ce qui est des copies des inscriptions demeurées en place à Palces derniers temps se myre, toutes celles que l'on possédait jusqu'à trouvaient dans l'ouvrage de Dawkins et Wood (11), sauf une seule publiée depuis par M. le comte de Vogué (12), et le recueil de tous les monuments alors connus de l'épigraphie avait été formé palmyrénienné en 1864 par M. le docteur A. Levy dans un très-remarquable mémoire (i3). Mais depuis cette étude a été véritablement et renouvelée, ses ressources sont devenues d'une admirable richesse. Dans son voyage de Syrie, si fécond en résultats, M. Waddington a pu prendre d'excellentes copies de toutes les inscriptions tant au nombre de cent vingt-quatre,
de Palmyre, et ces copies, monont été publiées, avec vingt-six tessères, par M. de Vogué dans un splendide volume, où la science des commentaires le dispute à l'intérêt des textes édités (i4)- En outre, le (1) Recherchescurieusesd'antiquités, p. 3S9. (2) De religioneveterumPersarum, pi. XIV. (3)Palaestina, p. 526. (4) Epistola de inscriptionibus palmyrenis, quae in Museo Capitolinoasservantur. Rome, 1782, in-8°. (3) Osserv.s'ulbassorilievodi Carpentrasso,p. 142. (6) Marm. Oxon., nos 8-11. (7) Rilder und Schriften, t. II, p. 133, 251 et 236. (8) Cataloguedes monumentsassyriensdu Muséedu Louvre,2e édition,p. 141. (9) On en trouve un fac-similé, mais fort mauvais, dans la Revuearchéologique,t. XVI, pi. 356. (10) Syrie centrale.Inscriptions sémitiques,pi. IX, no 84. (11) Theruins of Palmyra, Londres, 1753, in-f°. (12) Bullet. arch. de l'Ath., 1855,p. 34-38. — (13) Zeitschr.derLeutsch. Morgenl. Gesellsch.,t. XVIII,p. 65-117. Voy. aussi un travail deM.Merx: Zeitschr. der Deutsch.Morgenl.Gesellsch.,t. XXII,p. 675 et suiv. — (14) Syrie centrale. Inscriptions sémitiques,Paris, 1869,gr. in-4°. Voy.égalementl'important article de M. Derenbourg sur cet ouvrage, Journal asiatique, 6° série, t. XIII, p, 360377.
— 240 — duc mis
avait formé et en Orient, album photographique de cette inscriptions importantes
de Luynes, au retour de son expédition à la disposition des savants un magnifique
sur les estampages des plus de vaisseau Vignes. ville célèbre, par M. le lieutenant actuelles Mais là ne se bornent pas encore les richesses exécuté
de l'épigraest terre fran-
a fourni, L'Algérie depuis qu'elle phie palmyrénienne. latines de cette classe. Deux sont bilingues, çaise, quatre inscriptions de la province dans un district et palmyréniennes, et ont été trouvées de Constantine, où les inscriptions latines, étudiées par M. Léon Renier, la station d'un corps d'archers révèlent ; une a été pupalmyréniens bliée par le duc de Luynes (i) et l'autre par M. Léon Renier (2). Deux à Consautres sont simplement et ont été découvertes palmyréniennes de la Société tantine la première a été éditée dans YAnnuaire même; de Constantine, de 1854-1855 cahier (3); quant à la archéologique une copie de M. le docteur Judas l'a fait connaître seconde, (4) d'après M. Cherbonneau, y rien déchiffrer
évidemment de certain.
fort défectueuse,
car
on
ne parvient
à
Rhenferd est le premier, au commencement du dix-huitième siècle, et par des moyens qui ait tenté sérieusement scientifiques d'expliquer les inscriptions de lui, qui se réduisaient connues aux palmyréniennes deux pierres du Capitale (5) ; mais ses efforts ne furent pas couronnés de succès. Cinquante ans après, l'abbé Barthélémy et Swinton tournèrent leurs études vers ce sujet. Les travaux de ces deux illustres érudits la même année, en 1754, celui de Barthélémy dans les Méparurent moires de l'Académie des inscriptions dans les (6), et celui de Swinton Transactions ne s'étant comaucunement philosophiques (7). Quoique (1) Revue archéologique, t. IV, p. 702. (2) Recueil des inscriptions romaines de l'Algérie, n° 1365. (3) M. le docteur Judas en a publié un essai de traduction, dans le même Annuaire, cahier de 1836-1857. (4) Revue archéologique, t. XVI, pi. 356. (5) Periculum palmyrenum, sive literaturae veteris Palmyrenae indagandae et eruendae ratio et spécimen. Franequerae, 1704. (6) T. XXXVI,p. 579 et suiv. — Tiré à part sous ce titre : Réflexions sur l'alphabet et la langue dont on se servait autrefois à Palmyre. Paris, 1754, in-4°. (7) T. XLVIII, part. II, p. 690 et suiv.
— 241 — les résultats de leurs recherches, ils arrivaient tous muniqué des conclusions et donnaient le même alphabet, communes, les travaux postérieurs n'ont rien fait trouver à changer. Depuis eux, les inscriptions des études de Hartmann et du guère avancer la question, puis et de l'abbé Lanci (celui-ci n'a lesquels
confirmèrent et par Swinton.
palmyréniennes P. Georgi, qui
deux à auquel
furent tous
encore l'objet les deux ne firent
de celles de Kopp (i), de Gesenius (2) du Capitale), parlé que des inscriptions et complétèrent les données recueillies par Bar-
thélémy Ce qui gagna surtout aux recherches de ces derniers savants fut la connaissance paléographique exacte de la forme des lettres et de leurs variantes. Les deux fondateurs de cette branche de l'archéologie sémitique avaient opéré sur les copies de Wood, et l'alphabet qu'ils en avaient extrait, quoique parfaitement exact sous le rapport de la valeur des signes, ne donnait qu'une idée fort imparfaite de l'aspect véritable des caractères. Kopp est le premier qui ait donné une liste des lettres relevées sur les originaux, avec leur tournure épaisse, palmyréniennes leurs apices, leurs pleins et leurs déliés, que l'on n'eût pu deviner dans les caractères grêles des copies de Wood. Mais son alphabet n'était pas tiré des inscriptions d'Oxford, et celles du complet; il était uniquement difféCapitale donnent pour certains signes des figures notablement rentes.
Hoffmann
monuy ajouta les formes de ces deux derniers ments d'après la copie du P. Georgi, et dressa du tout un tableau (3). Enfin Gesenius, qu'il inséra à la fin de sa Grammaire syriaque vérifiant les signes sur les originaux, publia dans ses Monumenta phoele meilleur et le plus complet qui nicia (4) un alphabet palmyrénien, eût encore
été composé. secours dont nous disposions, avec les nombreux grâce Cependant, de M. Vignes, nous et aux photographies aux copies de M. Waddington avons pu nous rendre encore mieux compte que Gesenius et nos autres (1) Bilder und Schriften, t. II, p. 245 et suiv. (2) Mon.phoen., p. 80 et suiv. (3) PL III. (4) PL 5.
16
— 242 — et de des divers types de la paléographie palmyrénienue prédécesseurs à dresser C'est ainsi que nous sommes parvenu leurs dates respectives. XII. Nous y avons dans la planche trouvera le tableau que le lecteur dû Capitule, laissé de côté les inscriptions entièrement qui représentent à renous aurons sur laquelle de l'écriture une variété particulière et nous nous somvenir un peu plus loin dans le cours de ce chapitre, le plus soigné et le les lettres du caractère mes borné à y comprendre la copie de La seconde colonne contient, d'après plus monumental. datée de les lettres que nous offre une inscription M. Waddington, lés lettres l'an 3o4 de l'ère des Séleucides (i) (g av. J.-C,) ; la troisième, la date à Oxford, conservées de la plus vieille des inscriptions portant les formes employées la quatrième, (48 apr. J.-C); de 45o des Séleucides dans un texte épigraphique (2) (i3g apr. J.-C); du temps dans les inscriptions le type constant enfin, la cinquième, d'Odénath et de Zénobie. de 36o des Séleucides
II.
Il suffit myre naître jusqu'à même ration
d'un
des inscriptions de Palcoup d'oeil jeté sur l'alphabet pour se convaincre qu'il est issu de celui que nous ont fait conles monuments araméens de l'Egypte. On pourrait même dire un certain degré que tous les deux ne constituent qu'un seul et déformé sur les monuments dé Palmyre alphabet, par l'exagéde certaines tendances dans le chapitre que nous avons signalées
et par des ornements Le tableau purement calligraphiques. XII rendra ce que nous disons comparatif qui occupe notre planche évident. Nous y avons placé dans la première colonne les lettres de l'araméen des papyrus, en regard prises dans leur forme la plus récente, précédent,
(1) De Vogué, n° 38. — C'est le plus ancien monument jusqu'à présent connu de l'épigraphie palinyrénienne. (2) De Vogué, n° 1.
— 243 — de celles du palmyrénien, prises dans leur forme la plus ancienne, telles de l'an 3o4. qu'elles nous sont fournies par l'inscription Comme celle dont nous avons parlé dans le chapitre précédent, l'écriture des inscriptions de Palmyre est essentiellement et originairement une écriture de manuscrits. De là les traits épais et carrés comme ceux que l'on obtient avec un calame ; de là les pleins et les déliés que l'on nous ne la conremarque dans toutes les lettres. Mais cette écriture, naissons que transportée à l'usage monumental, gravée sur la pierre, ce qui naturellement a amené des déformations, a rendu anguleux beaucoup de traits qui devraient être arrondis, et c'est là certainement une des causes qui amènent le plus de différences dans le extérieures et d'un texte dans l'arapremier aspect d'une inscription palmyrénienne méen des papyrus, l'un à côté de l'autre. placés en comparaison Nous avons, d'ailleurs, de ce paragraphe signalé au commencement deux causes qui ont dû amener la modification des lettres araméennes a été produit le nouvel alphabet dont nous nous occupons Essayons de faire la part de ces deux causes, de déterminer les modifications qui tiennent à une pure recherche d'élégance calligrase sont perpéphique, et celles qui, tenant à une cause fondamentale, tuées dans lous les alphabets dérivés de ce nouveau type de l'araméen. par laquelle maintenant.
A la première cause doivent être rattachés : i ° Les larges apices qui terminent presque toutes
les lettres dans les
inscriptions palmyréniennes; 2° La manière dont les hastes perpendiculaires de certaines lettres, T, 1, D, S, "I, sont brisées et tracées en zigzag. En se reportant au tableau de la planche XII, où nous avons donné aux différentes époques la série des formes de l'alphabet palmyrénien vont toujours de son existence, on y verra que ces deux particularités à mesure que l'alphabet en se prononçant davantage et en s'exagérant de est plus éloigné de son point de départ. C'est dans l'inscription c'est dans celles des règnes l'an 3o4 qu'elles sont le moins marquées; d'Odénath et de Zénobie qu'elles se manifestent avec le plus de déveà Elles font défaut dans l'écriture cursive palmyrénienne, loppements. suivant. le paragraphe laquelle nous consacrerons
— 244 — et fondamentales, essentielles Quant aux modifications à regarder comme telles : être autorisé de la boucle de plus en plus grande i° L'ouverture
nous
croyons
supérieure
du
3, du ^ et du "1. 2° La courbure
de plus en plus forte des hastes du D, du 3, du D Dans les papyrus dans le type primitif. et du S, verticales provenant un peu plus qu'à l'ordinaire, quand ces traits se courbaient d'Egypte, du naturel et du mouvement de l'écriture c'était l'effet de la rapidité calame lancé par une main qui se hâte; mais on sentait bien que dans ou à peu près. Sur les monule trait demeurait le type normal droit, tellement la courbure, au contraire, prononcée palmyréniens, est systématiquement cherchée et à devenir anguleuse, qu'elle tourne et péniblement voulue dans des textes lentement gravés sur la pierre. lettres à des traits dans le tracé de certaines 3° L'importance donnée ou même n'existaient pas dans les types araméens qui étaient secondaires ments
antérieurs. Ainsi la barre
centrale
et l'araméen qui dans l'araméen primitif la ligne horizontale, secondaire ne dépasse que très-légèrement qui reste fidèle au même type sur la plupart des monuments de l'araméen des s'est offerte à nous dans le papyrus du Louvre agrandie d'une papyrus, manière aux dépens de la partie de la lettre à sa exagérée placée du£,
C'est ce dernier type qui gauche, qui s'atrophie presque complètement. sert de point de départ à la forme palmyrénienne. Il se reconnaît, bien dans le Q de l'inscription de l'an 3o4. Mais qu'un peu plus dégénéré, là ne s'arrête et sur les monuments de l'époque pas la déformation, d'Odénath parallèle droite.
l'ancienne et en tout
barre
médiale devient semblable à celle qui
une
seconde
commence
haste, la lettre
égale, sur la
donnée à un trait parasite modifie encore plus la forme L'importance du y. La forme primitive et originaire de ce caractère en phénicien Dans l'araméen était, on le sait, celle d'un cercle parfait. et primitif l'araméen nous avons vu le cercle s'ouvrir, et c'est encore secondaire, la même figure que nous ont offerte les plus anciens types de l'araméen des papyrus. Sur les papyrus Blacas et sur ceux du Vatican et du
— 245 — Louvre, rapide est fait droite,
nous constatons
une petite modification qui tient à la marche de la plume ; au lieu de se composer d'un seul trait courbe, le y de deux traits qui dessinent la même forme, mais dont celui de par un glissement naturel de la plume ou du roseau, dépasse peu par le bas la courbe essentielle et primitive. Cette défordans l'araméen des papyrus, devient qui n'était qu'accidentelle
quelque mation, de règle dans le palmyrénien ; le trait de droite s'allonge démesurément, et finit par devenir la partie principale se recourbe de la lettre. Nous le verrons même tout à l'heure, dans le type cursif du palmyrénien, au-dessous de la ligne, tandis que le trait de gauche, passer entièrement
seul les restes de l'ancien demi-cercle, infléchi, représente légèrement ce qui produit une forme ^ dont il serait impossible, de prime abord et sans avoir suivi tous les intermédiaires, de deviner le rapport avec le O. type phénicien originaire, Dans l'écriture des inscriptions de Palmyre, comme dans l'araméen des papyrus, certaines lettrés ont une forme finale différente de leur forme initiale ou médiale. Sur les papyrus Blacas nous avions constaté cette particularité pour le *] et le "j; les papyrus du Vatican et du Louvre en outre présentée pour le J; sur les monuments nous l'avaient palmyréniens elle ne s'observe que pour le seul ]. Il est assez curieux, du de séparer les mots reste, de retrouver dans une écriture, où l'habitude n'existe pas, un fait dont l'origine ne s'explique que par cette habitude. à perte de vue, mais Kopp (i) avait voulu tirer de là des conclusions Gesenius (2) a fort bien fait remarquer que la présence de lettres finales dans le palmyrénien, quoique les mots n'y soient point séparés, n'avait et qu'on ne pût expliquer naturellement, rien qui dût surprendre cette écriture sortant d'un alphabet où les lettres finales existaient déjà et tenaient
à l'usage de séparer les mots par un intervalle. La tendance à lier les lettres entre elles, que nous avons observée pour la première fois dans les papyrus araméens de Turin et du Louvre, à s'y devient habituelle sur les monuments de Palmyre et commence présenter
avec des règles fixes. Les signes de l'écriture
(1) Bilder und Schriften, t. II, p. 132. (2) Monum.phoenic, p. 82.
qui se terminent
— 246 — comme le 3, le !"l, le D, le 3 et le p, se vers la gauche, en se recourbant offre comme élément principal à la lettre suivante lorsqu'elle rattachent dont la un trait droit, par exmple 1, il, 1, "1, ou bien un trait oblique son trait de droite se rebase est à droite, tf, ou bien enfin lorsque du point de départ dans la direction plus ou moins, légèrement les copies de ï"l. Ainsi, dans les inscriptions de l'écriture, d'Oxford, de M. Waddington, par M. de Vogué, et les photographies publiées et presque conscomme ligatures habituelles nous relevons M. Vignes, tantes celles des lettres N3, .13, 13, 13, ÏFÎ, tfD, 1D, HD, "ID, fl3 et lp. se font par la base; nous toutes les ligatures En général, cependant au ] suivant et dont d'un D qui s'attache avons trouvé un seul exemple courbe
la liaison
se fait par
le milieu
du corps
de la lettre.
III.
soigné et ornementé qui vient de temps que le caractère du langage nous occuper et auquel, une expression de la empruntant le nom abondai, et latine, nous donnerons car grecque paléographie ceux de monumental et d'épigraphique ne conviendraient pas également bien à sa nature essentiellement de la paléographie des qui participe — en même disons-nous, manuscrits; oncial, temps, que le caractère les monuments de Palmyre nous offrent quelques d'un caracexemples tère différent et plus cursif. Il est employé sur les pierres du Musée du dans quelques sur la Capitole, privées de Palmyre même, inscriptions En même
de terrelampe de M. le comte de Vogué et sur une partie des tessères au commencement cuite dont nous parlions de ce chapitre. Son usage de celui du caractère a été contemporain car l'une des inscriponcial, tions
du Capitale porte la date de 547 de l'ère des Séleucides (235 apr. ce qui la met au temps même où l'on se servait sur les monuJ.-C), ments officiels de la forme de lettres reproduite dans la dernière colonne du tableau de notre planche XII. De même
que l'écriture
onciale,
l'écriture
cursive
des
Palmyréniens
— 247 — a subi des modifications assez marquées pendant le cours des siècles où elle a été en usage. Ces modifications sont marquées dans le tableau de notre planche XIII, dont la seconde colonne contient les signes relevés dans quatre inscriptions funéraires d'un même tombeau du commencement du cinquième siècle des Séleucides, photographiées par M. Vignes (i), la troisième, les lettres que fournit le marbre latino-palmyrénien sans date du Musée du Capitule, la quatrième enfin, où se marque le dernier degré de déformation, les lettres de l'inscription gréco-paldu Capitole, datée de Fan 547 des Séleucides. myrénienne Les apices et les autres enjolivements purement calligraphiques qui tenaient
tant de place dans le caractère oncial, font absolument défaut dans celui-ci ; en même temps les formes des lettres sont plus coulantes et plus arrondies. Ces deux circonstances font que les inscriptions qui ont fourni la matière de la seconde colonne de la planche XIII s'éloide gnent beaucoup moins que tous les autres monuments épigraphiques Palmyre de l'aspect général d'un texte écrit avec le caractère araméen des papyrus. L'alphabet de cette seconde colonne diffère, du reste, au de l'an 3o4 (dont nous répétons fond, fort peu de celui du monument dans la première colonne de la pi. XIII) et marque assez l'alphabet exactement le point de départ de l'écriture cursive palmyrénienne. Dans les deux colonnes suivantes, qui représentent des époques posla dégénérescence térieures de la même écriture, est beaucoup plus marquée et suit un cours rapide. Le propre d'une écriture cursive est d'exagérer chaque jour davantage les tendances à la déformation que l'écriture plus posée dont elle dérive. C'est portait déjà en elle-même ce que nous observons ici comme partout ailleurs. Avec le cours du' cursive s'altèrent dans le même sens que temps, les signes de l'écriture ceux de l'écriture onciale, mais d'une manière bien plus forte. En même de certaines lettres tend à se simplifier temps le tracé trop compliqué et éprouve par l'effet de cette tendance des modifications profondes. Nous avons étudié déjà dans le paragraphe précédent celle du J7, qui a pour effet de l'amener si loin de son type primitif. Celle du ; n'est pas (1) De Vogué,n°»49-51.
— 248 — celui de ramener la moins forte, mais elle a eu un effet tout contraire, araméens a dans les alphabets de la forme qu'elle lettre très-près plus dans le sens opposése produit inférieure sauf que sa courbure anciens, est importante cursive de Palmyre de l'écriture La connaissance pour car c'est de de la famille établir la filiation des alphabets araméenne, comme écriture, sortent tous ses dérivés, d'un côté, l'auranitique cette
le plus déformé du palmyrénien, que et les alphabets tels que l'estranghelo syriaques, d'un autre. et le nabatéen,
du
type
IV.
l'écriture qui fait le sujet de ce présent nous avons désigné chapitre par le nom de palmyrénienne, qu'on lui donne habituellement. Mais nous croyons ce nom peu exact, comme une notion impliquant et nous pensons mieux y substituer celui trop restreinte, qu'il vaudrait d'araméeji 11 nous tertiaire, que nous avons inscrit en tête du chapitre. Jusqu'à
faut
ce dernier Gesenius et Hoffnom, dont Swinton, justifier Kopp, mann ont déjà, d'ailleurs, reconnu la plus grande exactitude. Les Palmyréniens, en effet, n'avaient pas un alphabet qui leur fût particulier. Saint Épiphane (i) nous apprend que celui dont ils faisaient anet, lorsque les historiens pas de celui des Syriens, entre Aurélien et Zénobie, tiques parlent de la correspondance échangée ils disent que la lettre de cette reine était écrite en syriaque (2). D'ailleurs une des inscriptions non expliquées par Swinton provient, de Palmyre, mais de Taiybeh, à plusieurs au N.-O. de cette journées usage
ne différait
ville (3),
et montre,
par conséquent,
que l'alphabet
avec
lequel
elle est
(1) Adx>.Kaeres., p. 629, éd. Petau. (2) Vopi'sc, Aurelian., 27 et 30. (3) Philosoph. transact., t. XLVIII, part. II, p. 748. L'original de ce monument bilingue, grec et palmyrénien, ou, pour parler plus exactement, araméen, a été transporté en Angleterre et se trouve maintenant au Musée Britannique. Le docteur A. Levy en a publié un excellent fac-similé, accompagné d'un remarquable commentaire:
— 249 — tracée était en usage dans d'autres dite. proprement
parties
de l'Aramée
que la Palmyrène
Il nous
paraît également bien difficile d'admettre que l'inscription de la Société Arunilingue de Constantine, publiée dans l'Annuaire chéologique de cette ville pour 1854-1855, ait eu pour auteur un homme de des particularités originaire de Tadmor même, car on y remarque langue étrangères aux inscriptions de Palmyre et dont la plus saillante est l'emploi du mot "]3 au lieu de 13 pour désigner l'idée de « fils ». Mais la preuve la plus puissante est encore celle-ci : que, si l'hébreu carré est issu de l'araméen des papyrus concurremment et parallèlement au palmyrénien un peu plus loin), toutes (comme nous le démontrerons les écritures propres aux peuples de race araméenne, Syriens proprement dits, Auranites, Nabàtéens et Sabiens, supposent nécessairement dans leur filiation l'existence antérieure du palmyrénien, par lequel elles à une existence distincte. Nous devons donc ont passé avant d'arriver forcément regarder le palmyrénien comme le dernier état d'écriture commun à tous les peuples d'Aram, qui s'est immobilisé et conservé intact à Palmyre (par suite de la position isolée de cette ville), tandis que dans les autres parties de son ancien domaine il faisait place à des alphabets distincts et locaux, sortis de sa déformation. Les inscriptions palmyréniennes jusqu'à présent connues et datées vont de l'an 3o4 à l'an 5g6 de l'ère des Séleucides (de 8 avant à 257 après notre ère), époque du grand éclat de Palmyre. Mais il faut faire remonter notablement plus haut les débuts de l'existence de cette écriture. Dans des inscriptions de la première moitié du pretracées avec un alphabet sorti d'un type mier siècle de l'ère chrétienne, ce qui assure à cette écriture une pépalmyrénien déjà très-déformé, riode d'usage antérieur assez longue. Et ceci est d'accord avec le témoignage des monuments que nous allons étudier dans le chapitre suivant. le Haouran
nous avons
Zeitschr.der Deutsch.morgenl.Gesellsch.,t. "XV,p. 615 et suiv.— Voy. aussi de Vogué,Syrie centrale,Inscriptionssémitiques,p. 50. L'inscriptionde Taiybehest datéede l'an 445 des Séleucides,134 de Jésus-Christ.
CHAPITRE
V.
L'ALPHABET PAMPHTL1EN.
I.
Mûnter
monnaie a publié le premier (i) une curieuse d'argent repréd'un côté, Minerve debout et dans le champ une grenade, de dans un carré creux légèrement indiqué, Apollon, également
sentant, l'autre, tenant son arc debout, devant lui et la légende Gesenius
et un
rameau
de laurier,
avec
un
autel
placé
:
a reproduit
cette pièce, en désignant la légende comme et sans tenter de l'expliquer pseudo-phénicienne, (2). Enfin, le duc de de nouveau de quatre Luynes l'a donnée (3), mais en l'accompagnant autres monnaies analogues. De ces quatre nouvelles la première monnaies, (4) offre identique(1) Veber Sardische Idole, p. 12. (2) Monum. phoen. p., 286. (3) Numismatique des Satrapies, pi. III, n°s 1 et 1 bis, p. 22. —Voy. notre pi. XIV,n° 2. (4) lbid., pi. III, n° 2. — Voy. notre pi. XIV, n° 3.
— 251 — ment les mêmes offre quelques
mais le style :
types, variantes
en est plus récent
et la légende
ZWRH La seconde (i) est encore pareille cription dans laquelle nous trouvons cription est en deux lignes, devant
la figure d'Apollon,
pour les types, mais porte une insdes éléments nouveaux ; cette ins-
nsz\ et derrière
:
yRi/j Sur la troisième (2), les types sont quelque peu changés, et le style est plus fin et plus avancé que celui des précédentes. Au droit on voit toujours Minerve debout, et dans le champ une grenade ; mais un olivier est placé derrière la déesse, et, au lieu de porter la chouette sur la au revers il n'y a plus trace de carré main, elle tient une Victoire; et l'Apollon, au lieu de tenir l'arc et le rameau puie sur une haste pure et fait une libation sur l'autel La légende est : creux,
Enfin la quatrième lettres :
iwriH (3), semblable comme
types,
de laurier, s'applacé devant lui.
porte
au revers
les
S1MHQuant aux nouvelles monnaies de la même série, au nombre de onze, toutes le second type, sans publiées par M. Blau (4), elles portent carré creux, et offrent du côté de l'Apollon une légende toujours la même : HStimHf entre les exemplaires
dans quelques letque nous avons que la légende (particularité sorties de l'atelier de déjà signalée sur certaines monnaies araméennes La seule différence tres d'un autre alphabet
consiste
(1) Ibid., n°s 3 et 4. — Voy. notre pi. XIV,n° 4. (2) Ibid., n° 5. — Voy. notre pi. XIV,n° 5. (3) Ibid., n° 6. — Voy. notre pi. XIV,n° 6. (4) Zeitschr.der Deutsch.morgenl.Gesellsch.,t. IX, p. 69-79,pi.
— 252 — du côté de la Minerve, au milieu du champ, lesquelles placées d'une pièce à l'autre (i). du travail, Le style et la nature pareil à celui des pièces de Nagidus, et l'atelier de une ville pamphylienne, indique comme lieu d'émission et surtout Sidé est précisé par la grenade par la figure de Minerve, Tarse), varient
symbole (dh) placée dans le champ, trouve sur toutes ses médailles.
parlant
de cette
cité,
qui se re-
II.
— manifeste du rapport en effet dès de Luynes fut frappé — des lettres des légendes le premier que nous venons de coup d'oeil Il considéra comme la plus exactement donner avec le palmyrénien. Le duc
écrite
celle
qui serait,
et il la lut HD de la pièce publiée par Mûnter, en palmyrénien régulier, complètement
1W31Ï,
ce
n^xv^J* d'attribuer
il proposa la pièce à Dernès, En conséquence, satrape de et d'Arabie Phénicie au temps de la révolte du jeune Cyrus, dont nous aux autres légendes, il les regarda comme (2). Quant parle Xénophon fautives, gravées par des artistes qui ne les comprenaient pas. Celle de son n°2 lui parut devoir être transcrite D 'W315 pour V7D "1ÏÏ731Ï, celles des nos 5 et 6, W31Ï devait
être
écrit
d'une
et ttttlï. manière
Enfin, rzsz\ tout
sur
ses
n° 3 et 4,
à fait inexacte
il pensa
que
pour
2323n^ le nom de Syennesis, DD31X, et où il voyait qu'il transcrivait satrape de la Cilicie en même temps que Dernès l'était de la Phénicie (3). Le rapprochement établi par le duc de Luynes entre le caractère dans lequel sont écrites les légendes de ces médailles et le palmyrénien (1) Nous donnons deux de ces pièces dans notre pi. XIV, sous les nos 7 et 8. (2) Anabas., VII, 8, 25. (3) Xenoph., Anabas., I, H, 12-27. — Diod. Sic, XIV, 20.
— 253 — et nous ne croyons pas qu'il soit ou araméen tertiaire est incontestable, possible de le nier. La lecture TTD pour la dernière partie de l'inscription sur la pièce la plus anciennement connue, confirmée par les india dû cations du style et des types d'où résulte que le lieu d'émission une être la ville de Sidé, nous paraît aussi certaine et vient apporter des caractères avec le palpreuve de plus en faveur de l'assimilation myrénien. Biais nous ne pouvons nous trouver d'accord avec le noble pour les noms de satrapes qu'il prétend reconnaître. Nous ne discuterons pas la lecture du nom de Syennesis. Historiassez bien, car on sait que ce satrape posséquement, il conviendrait dait dans son gouvernement, outre la Cilicie, au moins une portion de la Pamphylie, entre autres la ville d'Aspendus. Mais la forme qu'on trouve sur la médaille est trop éloignée de celle que le duc de Luynes académicien
propose d'y substituer pour que l'on puisse admettre sa conjecture. difficultés s'opposent d'insurmontables Quant au nom de Dernès, aussi à ce qu'on le reconnaisse. Il est d'abord fort peu admissible que le nom d'un satrape de la Phénicie soit inscrit sur une monnaie frapDans cette ville, comme dans l'atelier monépée à Sidé de Pamphylie. de Tarse, on n'a dû frapper de pièces que pour des satrapes de la flotte du Grand Roi. De d'Asie Mineure ou des commandants plus, nous ne pouvons croire que sur des pièces gravées avec autant de soin que les nos 2-6 du duc de Luynes, les légendes soient remplies de fautes aussi grossières que l'a pensé ce savant. Il nous semble, au une aussi grande autorité qu'à contraire, qu'on doit leur attribuer taire
de la médaille n° 1. Dès lors la ligature 7)1 que présente l'inscription en £/£, mais en ^/\, et cette inscription ne doit pas être décomposée il est, par conséquent, impossible d'y voir un ïîï, car dans aucune des écritures sémitiques cette lettre n'est figurée avec moins de trois poinEn outre, % du syriaque.. tes, excepté dans le dérivé très-postérieur ne saurait être un 3. Le caractère auquel le duc de palmyrénien Luynes compare ce signe est bien un 3, mais final, qui ne saurait en aucun cas se trouver au milieu d'un mot, et qui présente cette partide dépasser la ligne par en bas. La forme initiale cularité constante ou médiale du 3 est j, qui n'offre aucun rapport avec le caractère de
— 254 — la médaille. analogue Nous
Dans
le cours
au palmyrénien ne parlerons que
d'un
mot,
celui-ci
ne peut
être
qu'un
1
1. pour
mémoire
des
deux
lectures
inadmis-
depuis la publicaqui ont été proposées, du duc de Luynes, tion par M. Blau (i) et par noustrès-médiocre exmême (2), dans un temps où nous n'avions qu'une ne tiennent de la paléographie Ni l'une ni l'autre sémitique. périence devant l'examen. une lecture S'il nous fallait aujourd'hui pour le nom proproposer sibles
et de pure de l'ouvrage
fantaisie
a pris pour celui de Dernès, nous transpre que le duc de Luynes ce qui serait en palmyrénien "Dilï et l'Q'HÏ, cririons et i/3?~\y /z?~\y le nom de reconnaître Sous cette forme TQ'Hy nous proposerions d'un des plus célèbres de l'empire satrapes perse dans la première siècle avant celui de Tiribaze. Connotre ère, quatrième et rival de Pharnabaze, dont il n'eut pas la longue carrière, temporain Tiribaze 384- Nous le figure dans l'histoire depuis l'an 4oo jusqu'en d'abord trouvons de l'Arménie et commandant les trougouverneur moitié
du
de la retraite des Dix mille (3). pes de terre du Grand Roi à l'époque Un peu plus tard, en 3g3, il était satrape de Lydie, d'Ionie et des contrées voisines, et avait sous ses ordres la flotte des Perses, commandée athénien Conon. Ce fut par lui qu'à l'instigation du Sparpar l'amiral tiate
ce guerrier illustre fut jeté en prison à Sardes, comme destiné les forces navales sous sa direction à placées restituer aux Athéniens l'Ionie et l'Éolie Mnémon (4). Artaxerxe apdans cette circonstance la conduite de Tiribaze, et le chargea prouva de négocier la paix avec les Lacédémoniens. Sept ans après, en 386, fut nommé, Tiribaze avec Orontès, chef de la flotte et de l'armée enà l'obéissance roi de Salamis, et les révoyées pour réduire Évagoras, voltés de Cypre. Calomnié il fut arrêté et envoyé au roi, par Orontès, Antalcidas, d'avoir coupable
(1) (2) (3) (4)
Zeitschr. der Beutsch. morgenl. Gesellsch., t. IX, p. 69-79. Catalogue Behr, p. 157; Diod. Sic, XIV, 27! Xenophi, Hellenic, IV, 8> 13, 16*— Cornel. Nep., Vit. Conon., 3. -^ Diod. Sic, XIV, 85.
— 255 — qui le retint dans une situation inférieure jusqu'au temps de sa camSauvé par Tiribaze dans cette campagne, pagne contre les Cadusiens. Artaxerxe lui rendit sa confiance, le combla d'honneurs et lui fiança même une de ses filles (i). Mais, changeant ensuite d'avis, le roi refusa au satrape l'alliance qu'il lui avait promise. Tiribaze, irrité de ce manavec Darius, fils aîné d'Artaque de parole, ourdit une conspiration xerxe ; les secrets de cette trame furent découverts, et Tiribaze mis à mort par les gardes du roi (2). Il existe des monnaies de Tiribaze avec du même caractère que celles qu'on lit sur les pièlégende araméenne ces sorties de l'atelier de Tarse (3). Le nom du fameux satrape y est écrit "l'Q'Hn, forme qui ne diffère pas énormément de "WIS, que nous croyons
déchiffrer
sur les médailles
frappées à Sidé. nous n'osons proposer cette lecture que très-dubitativeCependant ment et avec une grande réserve. En effet, si paléographiquement et elle paraît fort vraisemblable, elle souffre de granphilologiquement des difficultés numismatiques. Les monnaies où nous croirions lire le nom de Tiribaze sont de plusieurs styles ; il y en a de presque aravec les restes du carré creux, tandis que les autres sont chaïques, d'un travail qui semble plus récent d'un demi-siècle. A ce point de vue il est donc très-difficile d'admettre qu'elles portent le nom d'un même homme, surtout d'un homme courte que celle de Tiribaze.
dont la carrière M. Waddington
en évidence a été aussi voit là une fin de non-
recevoir absolue pour toute tentative de lecture des inscriptions de ces monnaies par un nom d'homme. il faut remarquer Cependant qu'elle dont le tact n'a point été jugée aussi décisive par le duc de Luynes, si grande. Elle ne l'a si fin et l'expérience était pourtant numismatique son explication de Dernès, à laen effet, de proposer pas empêché, opposer exactement la même objection qu'à notre semble en effet avoir pensé Le savant académicien que les différences de style que l'on remarque entre ces monnaies pou-les indices nécessaire vaient ne pas être d'une manière absolument quelle on pourrait lecture de Tiribaze.
(1) Diod. Sic, XV,2; 8; 10; {2) Plutarch., Artaxerx., 27-29. (3) D. de Luynes, Num. des Satrap., pi. I ; p. 1.
— 256 — d'une
notable
par l'ems'expliquer au vieux d'artistes trop façonnés le proreprésentant plus jeunes de l'art à toutes dans l'histoire
mais
différence
d'époques, pour graver les coins, ploi simultané, et d'artistes style pour l'abandonner grès. Des faits de ce genre s'observent les époques de transition.
aussi
et nous peut être fautive, mot de la science à ce le dernier ne prétendons il nous semble imla rejeter, même on devrait sujet (i). Mais, quand établi par le duc de Luynes, le point essentiel possible de méconnaître révélé par des Pamphyliens, la presque identité de l'alphabet national avec l'alphabet les monnaies dont nous venons de parler, palmyrénien . à relativement Ce fait soulève plusieurs d'un grave intérêt questions dans araméens s'introduisirent où les différents l'époque alphabets Quoi
qu'il
en soit, du reste, notre comme pas la donner
lecture
l'usage.
III.
la plus répandue considère cette époque comme assez réL'opinion Voici quelles sont les dates que cente, surtout pour le palmyrénien. écritures l'on assigne (2) à l'apparition successive des diverses que nous avons étudiées dans cette partie de notre oujusqu'à présent vrage : Fin
du septième Christ. — Araméen Fin
du cinquième
ou
commencement
primitif. siècle.
— Araméen
du
sixième
siècle
avant
Jésus-
secondaire.
(1) Quant à la légende qui, sur une seule des pièces de cette catégorie, accompagne la figure ce qui est exactement conforme au palmyrénien, et d'Apollon, je crois qu'il faut la lire "j"13TT, y voir un surnom local du dieu. Il me semble même qu'il doit être composé de l'appellation de Z'J.vi.w.i,pt, donnée dans quelques parties de la Phénicie (Hesych., s. v.) à un autre dieu jeune et solaire, Adonis, comme présidant au mois vernal de ziv (II Reg., VI, 1 et 37), le même que iyar. (2) Voy. de Vogué, Revue archéologique, nouv. sér., t. XI, p. 329 et suiv.
— 257 — siècle. — Araméen des papyrus. Fin du premier siècle. — Palmyrénien. Cependant nous avons ici des médailles qui remontent, d'après leur à Tiristyle et leur travail, que l'on admette ou non notre attribution Troisième
du quatrième baze, jusqu'à la fin du cinquième ou au commencement siècle avant notre ère, c'est-à-dire au moins quatre-vingts ans avant la date du monument le plus antique que nous ayons pu signaler de l'araméen des papyrus. Ces médailles portent des légendes dans une écriture qui doit être considérée, sinon comme dérivée du palmyrénien ou araméen tertiaire, du moins comme sortie au même degré et probablement à la même époque du type araméen plus ancien. Il faut donc modifier quelque peu l'opinion généralement reçue, non pas en ce qui est de l'ordre de filiation des écritures araméennes (nous avons montré dans les chapitres son exactitude parfaite sur ce précédents point), mais en ce qui est des dates chronologiques que l'on a cru pouvoir assigner à la formation des deux dernières. aussi bien que le palmyIl faut admettre — comme le pamphylien, de l'araméen des l'existence antérieure rénien, suppose nécessairement — et l'araméen secondaire entre eux sert d'intermédiaire papyrus, qui que ces deux alphabets étaient déjà employés chez les nations d'Aram des manuscrits, lorsque le type d'où elles les pour la transcription avaient tirés était encore en usage comme écriture monumentale. Ceci ne modifie en rien les dates que nous avons attribuées, d'accord avec M. le comte de Vogué, à la naissance de l'araméen primitif et de dates qui nous semblent appuyées sur des preusecondaire, Mais nous sommes obligés de supposer — ce ves solides et certaines. — vraisemblances aux de contraire n'a du que lorsque rien, reste, qui constitué dans son type searaméen se fut définitivement l'alphabet condaire, la nécessité .de rendre l'écriture plus cursive et les prétentions et de d'élégance des scribes, ces deux grands éléments de déformation en firent très-vite sortir deux de toutes les écritures, dégénérescence l'un employé comme plus simple et plus courant, types nouveaux, de la vie, l'autre plus orné, réservé ordinaires pour les circonstances et que ces deux aux usages plus distingués et à la haute calligraphie, 17 l'araméen
— 258 — servirent concurremment siècles, plusieurs pendant types nouveaux était end'où ils avaient procédé tandis que le type plus monumental dans les inscriptions le plus habituellement core celui qui s'employait des monnaies et les légendes (i). de le dire, les deux types paUne fois formés comme nous venons à l'usage des d'abord réservés de l'araméen, nouveaux léographiques du différentes dans.deux tendirent à se localiser manuscrits, parties l'un et l'autre de l'aramaïsme, où ils finirent par être admis en Egypte et dans le midi le premier au rôle d'écriture monumentale, de la Syrie, le second dans le nord de la même région. araméenne n'imd'une écriture Quoi qu'il en soit, l'emploi d'origine à ce rameau, ou même appartinssent plique pas que les Pamphyliens domaine
autre branche de la race de Sem. Nous ne prétendons pas dismais le peu de mots que nous poscuter ici la question de leur origine, sédons de leur langue ne se rattache en aucune façon au groupe sémiaraméen et l'auront donc adopté appliqué tique. Ils auront l'alphabet à toute
aux sons de leur mano-scandinaves
comme langue, et les Indiens
voie par laquelle les habitants ce ne fut certainement l'écriture, dans ce cas ils auraient connu nicien terres
et non
celles
d'un
les peuples les Grecs, les Ibères, gerle phénicien. à la firent pour Quant la notion de de la Pamphylie reçurent pas celle
des relations
et adopté les formes araméen. C'est alphabet
maritimes,
de l'alphabet par l'intérieur
car phédes
Nous avons vu, en effet, dans que l'usage dut leur en parvenir. notre 11° chapitre, des populations les plus voisines, qu'une partie celles de la Cilicie et de la Cappadoce, et même d'une par exemple, de la Pamphylie faisaient portion (à Nagidus par exemple), usage de la araméennes. langue et de l'écriture (1) C'est ainsi qu'en Egypte on vit pendant un certain temps les hiéroglyphes, l'hiératique et le démotique concurremment en usage.
CHAPITRE
VI.
L'ALPHABET HÉBRAÏQUECARRE.
I.
Les questions relatives à l'origine et au plus ou moins d'antiquité de l'hébreu carré, le 2?31D 303 des grammairiens juifs (i), ont repris dans les dernières années une sorte d'actualité, par suite des polédes monuments de Jérusalem. Tandis miques engagées à l'occasion que le docteur A. Levy (2) en Allemagne, et M. Madden (3) en Angleterre, se livraient à l'examen du même sujet, un débat s'élevait en France entre M. de Saulcy et M. le comte de Vogué sur le terrain des à cet alphabet. Ce débat a eu les avantages qu'a questions touchant d'ordinaire la discussion dans toutes les sciences, et particulièrement en archéologie. éléments dans la Il a fait produire de nouveaux des textes, et mis en un examen plus approfondi question, provoqué étudiés lumière des monuments que l'on n'avait point suffisamment (1) Buxtorf, Lexic. talmud., p. 241; Dissert,philol. theol.. p. 235. — Gesenius, Geschichte der hébrxischenSprache, p. 142. (2) Geschichteder JùdischenMûnzen,Breslau, 1862. (3) Eistory of thejewish minage, Londres, 1864.
— 260 •des Les savants nos prédécesseurs, s'occupaient lorsqu'ils jusqu'alors. le prendre devaient du caractère et de la formation carré, origines les manuscrits dans la forme que lui donnent juifs depuis le onzième de remonter ère. Il leur était impossible siècle de notre plus haut, nous n'en somGrâce aux recherches faute de monuments. nouvelles, des inscriptions mes plus au même point. Nous avons maintenant juives siècle avant l'ère chrétienne, au moins jusqu'au premier qui remontent de suivre pas à pas et sans il nous est possible et depuis cette époque de l'écriture carrée. de l'histoire aucune lacune les vicissitudes C'est principalement sur les documents nouveaux de cette acquis de à la science dans cette partie manière que nous nous appuierons notre
travail.
Nous
éviterons
d'entrer
d'une
manière
directe
dans
la
engagée entre M. de Saulcy et M. de Vogué, car notre Essai de une oeuvre didactique et non polémique. Nous essayerons faire voir comment nous comprenons adoptée par les que l'écriture Juifs pour la transcription de leurs Livres Saints a dû se former, et à elle a pris naissance. nous donnera, d'ailCette tentative quelle époque d'examiner et de discuter successivement à notre tour leurs, l'occasion tous les passages d'auteurs et tous les monuments qui ont été produits dans le débat. Nous commençons, afin de nous procurer les premiers éléments qui discussion doit être
serviront
de
de départ à nos recherches, par passer en revue dans l'ordre de leurs dates tous les monuments vraichronologique ment anciens de l'alphabet carré hébraïque qui sont connus aujourd'hui. i° Inscription du tombeau dit de saint Jacques, à Jérusalem. Cette inscription, d'un tombeau d'ordre dogravée sur l'architrave est la plus ancienne de toutes. Elle a été rique de la vallée de Josaphat, découverte d'abord par M. de Saulcy, publiée par M. de Vogué (i), puis par M. de Saulcy (2), et c'est à son occasion que leur polémique point
(1) Revue archéologique, uouv. sér., t. IX, p. 200-210, pi. VII; t. XI, p. 317-341. — Le temple de Jérusalem, p. 130, pi. XXXVII,11°1. (2) Revuearchéologique,nouv. sér., t. XI, p. 137-153 ; p. 398-485. — Voilageen Terre Sainte, t. II, p. 169.
— 261 — a débuté
de huit personnages de la famille sacer(r). C'est l'épitaphe dotale des Béni-Hézir (2), Éléazar, Honiah, Joazer, Judas, Siméon et fils de Joseph, fils de Azer, et et Éléazar, fils de Ho-, Jochanan, niah. Elle ne contient que leurs noms et l'indication de leur origine, le tout précédé de la formule S • • • • 1 13P Ht « ce tombeau et .... « (appartiennent; à. » M. de Vogué, d'après le style de l'architecture du tombeau et la forme des lettres de l'inscription, la considère comme datant de la seconde moitié du premier siècle avant l'ère chrétienne. M. de Saulcy s'est efforcé de la faire remonter jusqu'au milieu du troisième siècle, en sur des rapprochements fort spécieux entre les noms des s'appuyant des perpontifes juifs de cette époque et ceux de quelques-uns dans l'épitaphe. Malheureusement tous ces raisonnages mentionnés sonnements s'écroulent certaine, des noms par la lecture, aujourd'hui 1 du père et du grand-père des six premiers personnages, ^jDI et être Tî2, tandis que, dans le système de M. de Saulcy, ce devraient reste donc sans date fixe-; on ne peut en JIT 1 et "jn3\ Le monument et d'une manière approximadéterminer l'époque que par conjecture tive. Mais dans ces données il nous semble que celui qui a émis l'opinion la plus probable est M. de Vogué, car nous avons vu dans notre grands
chapitre III qu'au deuxième siècle avant Jésus-Christ les Juifs d'Egypte, qui devaient alors suivre fidèlement les usages de ceux de la Palestine, se servaient encore de l'araméen des papyrus, et en même temps les monuments du premier nous siècle de l'ère chrétienne hébraïques offrent un type de caractères trop voisin encore de celui de l'inscrip tion des Béni-Hézir,
pour
que l'on ne les considère
pas comme de très-
peu postérieurs. 2° Fragment
du Haram-esch-schérif. M. de Saulcy, lors de son second voyage dans le canal souterrain par où s'écoulaient fragment
d'une
belle écriture
monumentale
a découvert à Jérusalem, les eaux du Temple, un en grandes lettres gravées
(1) Voy.en outre Bonnetty, Annales de philosophiechrétienne,t. LXVIII,p. 416-433. (2) IChron. XX1V,:15.
— 262 — « il se on lit clairement à la DÎT, ligne duquel première profondément, naturellement et ••^1D taira », et à la seconde ]••, qui se complète en "£* 1D "[!"!.,« ici tout homme». entière avec une certitude presque en Terre sainte dans son Voyage le fac-similé On en trouvera (r). avec toute vraisemblance, M. de Saulcy que ce fragment conjecture, en trois langues, d'une des stèles-affiches doit provenir hébreu, grec et à l'observation dans le Temple d'Hérode pour rappeler latin, placées aux Gentils d'outre-passer du respect dû au lieu saint, et pour défendre à date le parvis qui leur était réservé (p). Ce serait donc un monument à celle que nous coïnciderait assez exactement dont l'époque certaine, au tombeau des Béni-Hézir. assignons celle de l'inscription est précisément et plus monumentale. régulière
Or, la forme de ce tombeau,
des
caractères
seulement
y plus
de Jérusalem, d'un tombeau situé au nord-ouest sur la 3° Inscription des Juges. route du Tombeau dont il ne reste que le commencement, a été puCette inscription, bliée par M. de Vogué (3) et M. de Saulcy est (4). Sa paléographie de celle des monuments datant du milieu du premier très-voisine siècle de notre ère, dont nous allons comme elle forme l'intermédiaire du tombeau
dit de saint
au commencement
du
immédiatement parler entre ces monuments
nous Jacques, même siècle.
croyons
qu'il
après
; mais,
et l'inscription faut la rapporter
du tombeau dit des Rois, à Jérusalem. 4° Inscription Lors de son dernier M. de Saulcy a eu le bonvoyage à Jérusalem, heur de découvrir, dans une crypte inférieure encore inconnue.du dit des Rois, un sarcophage tombeau inachevé une inscription, portant au Musée du Louvre. qu'il a rapporté Cette inscription assez grossièrement gravée, que le savant auteur'de (1) T. II, p. 12. (2) Joseph., Ant. jud., XV, H, 5. On connaît l'admirable découverte, récemment faite par M. Clermont-Ganneau, d'un exemplaire grec de ces fameuses stèles : Revue archéologique, nouv. sér., t. XXIII, p. 214-234, 290296, pi. X. (3) Revue archéologique, nouv. sér., t. IX, pi. VII, n* 2. — Le Temple de Jérusalem, p. 151. (4) Voyage en Terre Sainte, t. II, p. 207.
— 263 — la découverte
a publiée
lui-même
(i), se compose de deux lignes,l'autre en hébreu carré, parfaitement l'une en syriaque estranghelo, mais de date assez ancienne pour cette écriture. Nous n'acaractérisé, vons pas à nous occuper ici de la première ligne, réservant les questions qui la concernent où nous traiterons suivant, pour le chapitre des écritures elle est ainsi conçue: Quant à la seconde, syriaques. ou mS Sadah ou Sarah, reine ou princesse, avec une nrDID niï duplication fort bizarre des formes féminines devrait être HD1D ou rOIQ. régulièrement M. Renan et M. l'abbé Barges, l'un dans
dans le mot nrDID,
qui
verune communication bale à l'Académie des inscriptions et belles-lettres (2), l'autre dans une ont émis l'opinion note adressée aux journaux que cette quotidiens, et se rapportait inscription datait du premier siècle de l'ère chrétienne, à une
femme
de la famille
de la célèbre
Hélène, reine d'Adiabène. la faire remonter jusqu'au
a prétendu M. de Saulcy, au contraire, temps des rois de Juda. au siège de JérusaIl est certain qu'elle ne peut pas être postérieure lem par Titus, puisqu'elle était déjà enfermée dans un des caveaux de de la tombe dite des Rois lorsque le vestibule en servit de charnier guerre pendant ce siège, ainsi que l'ont prouvé les fouilles de M. de Saulcy. D'un autre côté la forme des lettres est plus récente que celle de l'inscription du tombeau des Béni-Hézir, et incline vers celle des dont nous allons de la Via Portuensis, de la catacombe inscriptions parler dans un instant. Ces deux faits établissent des limites extrêmes de faire sortir l'insen bonne critique, d'où nous croyons impossible, dans la precription du tombeau des Rois. Ils en fixent l'exécution mière moitié du premier siècle de l'ère chrétienne, quelque opinion, du reste, que l'on puisse se former sur ce qu'était la reine ou la prinle sarcodont M. de Saulcy a retrouvé à l'histoire cesse inconnue phage. — (1) Annales de philosophiechrétienne,t. XLVIII, p. 408-415. Voyage en Terre Sainte, 1.1, p. 385. additions: (2) Cette communication a été publiée depuis par M. Renan, avecd'importantes Journal asiatique, décembre1865,p. 550-560.
— 264 — à Jérusalem découvert à ossements d'un pelit coffret L'inscription de celui nous offre un type de caractères beaucoup qui se rapproche à du tombeau des Rois, avec un i tout à fait analogue du sarcophage en facElle a été publiée du Haram-esch-schérif. celui du fragment similé par M. de Saulcy (i) et très-bien par M. Renan (2), expliquée 1 "©riD, theca Jairi. qui y lit Ttf de là catacombe 5° Inscriptions juive de la VIA PORTUENSIS, à Rome. dont nous avons à les monuments d'où proviennent La catacombe du dixau commencement fut découverte maintenant nous occuper de cette troules circonstances siècle. Bosio (3) a raconté septième érudit, l'abbé vaille, à laquelle il avait assisté; de nos jours un éminent à expliquer dans une dissertation s'est attaché spéciale (4) Greppo, de l'illustre le rapport les diverses particularités qu'offraient, d'après les sépultures de la Rome souterraine, juives du cimetière explorateur perdu. déblayé il y a deux cents ans, mais aujourd'hui Les inscriptions de cette catacombe sont actuellement provenant A Rome il y en a au dans les différents musées de l'Italie. dispersées dans la collection du Collège Romain et dans le cloître de Capitole, Saint-Paul-hors-les-murs ; il y en a aussi à Naples, dans le Musée Bouravec une grande partie des marbres de la bon, où elles sont venues collection en grec ou en latin, mais Borgia. Elles sont toutes conçues au bas du plus grand nombre on remarque des formules tracées en caractères Les noms propres des personnages le hébraïques. indiquent deuxième et le troisième siècle de Jésus-Christ. Des épitaphes juives de cette époque, avec des exemples du caractère carré tel qu'il était alors, sont des monuments assez intéressants pour que l'on ait lieu d'être n'en aient pas encore tiré parti. Mais cela surpris que les orientalistes l'on se rappelle s'explique lorsque que ces inscriptions, publiées pour la plupart dans d'anciens n'ont jamais été donouvrages d'épigraphie, nées en fac-similé ; que dans les copies qui en existent à la disposition (1) Bulletin archéologiquedu Musée Parent, p. 24. (2) Journal asiatique, juin 1868, p. 539 et suiv. (3) Roma sotterranea, 1. II, c. 23. — Aringhi, Rom. subterran., t. 1,1. II, c. 23. (4) Notice sur des inscriptions antiques tirées de quelques tombeaux juifs à Rome, Lyon 1835, broch. in-8».
— 265 -~ des érudits,
les mots hébreux
plus grande inexactitude souvent méconnaissables. Nous avons
sont rapportés avec la qui les terminent dans la forme des lettres, de manière à être
d'un
de nos séjours à Rome, en 1860, pour relever avec le plus grand soin toutes les inscriptions de la provenant catacombe de la Via Porluensis qui existent dans les collections de la et nous avons surtout apporté une attention très-partiVille éternelle, culière
profité
à recueillir
d'une manière exacte les formules en lettres hébraïques. Les types des caractères employés dans ces formules sont en fac-similé dans la sixième colonne de notre planche XV. reproduits Ici nous nous bornerons à donner en lettres cursives le texte des inscriptions, avec la leçon exacte des mots hébreux. I. Au Collège Romain. L'inscription est gravée dans un cartel, sur un débris de sarcophage : 'EvOà&ey.sî-TKi «Êaucnva. — Clblf (1). Les symboles qui accompagnent cette inscription sont le chandelier à sept branches (2), la palme (3) et la corne (4), emblèmes fréquents sur les monuments juifs. Le nom propre de la défunte, Faustine, indique la fin du deuxième siècle de notre ère ; il n'a pu, en effet, être porté que par une femme née sous Antonin le Pieux ou sous Marc-Aurèle, au temps d'une des deux impératrices du nom de Faustine. IL Au Collège Romain : 'EvOà&e y.eÎTKi Touëtaç [Bap^aajpw—va xal Ilap-/iyopioçulà; Touëià — BapÇaapwva. n° 3. — (1) Lupi, EpitaphiwmSeveraemartyris, p. 177. — Muratori,t. III, p. MDCLXXIV, Corp. inscr. graec, n°'9920. Cetteinscriptionne provientpas, commeles autres, de la catacombesise sur la Via Portuensis. Elle a été découverte, en 1732, auprès de la VoieAppienne. (2) C'estle symbolequi caractérise d'ordinaireles monumentsjuifs. Il était peint sur'les muraillesde la catacombede la Via Portuensis.Ou le trouve aussisur desverres à figuresd'or, d'originejuive : Buonaruotti,Vetri antichi, pi. II, n° 5; pi. III, n° 2. — Garrucci,Vetri ornati di figure in on, pi. V. (3) Sur ce symbole,voy. ce que dit le R. P. Garrucci, Op. cit., p. 16. (4) C'estle vase en forme de corue, où l'on conservait l'huile des onctions. Garrucci, Op. cit., p. 17.
— 266 — Hic est positus— biae Barzaharona.
Tubias
Barzaha—rona
et Parecorius
filius—
mlSur-DiSw-DiSw-niSw propre pîT? 13 rP31t3,
Tu-
(i) « Tobie, et doit
est le nom Tubias Barzaharona » Ce dernier vient delà racine lilï, fils de Zaharon. splenduit, à napYiyo'pio; ? c'est la traduction Quant grecque splendidus. signifier d'un nom comme celui de 01H3. mots de la ligne et quatrième et second, troisième Entre les premier à sept branches est deux fois répété ; entre le chandelier hébraïque, feuille. mot on voit une grande le second et le troisième
: de Saint-Paul-hors-les-Murs 'EvGa&e x[eï]T[ai] (/.tTe) Etp-/)'v[vi]— LlapOeviy.vjou(u.ëio; — K^wo\'ou, àô^tpojjj] — K^auo^iou — Suveciou 7raTpo; —. Guvaywyîî<;Kaj/mrh—GICOV (uiïekyoç) KOU[I]VTOU — DïSw (2). J?<6pç. TWV Sur le sens du titre TOCTTIP ouvaywy/iç, ainsi que sur la Synagogue III.
Cloître
KafiiTTio-iwv,voyez tionum graecarum Le nom les
Juifs
ce qu'ont
dit Osann
et les auteurs
du
Corpus
inscrip-
(3).
grec Eïpvîvy] devait un qu'il rappelait
être nom
plus volontiers assez habituel de femme
d'autant
adopté chez
par eux,
rendent nipi^, par Salome. que les Evangiles pacifica, : IV. Cloître de Saint-Paul-hors-les-Murs 'EvOa&e èy.eïÔev(4) —SaëëaTiç Sic ap^wv (5). — E£/|o-ev (ETWV)âV/i \i'. -— 'Ev [e]îpvîv?iJi[oÉ]p)ffiç (tpï)VY)y.u[AViciç)aÙTOtj. — I^IU? 1 12? D1 jW (6). (1) Inédite. (2) Nicolai, Basilica di S. Paolo, p. 163, n° 270. — Osann, Sylloge, p. 472, n° 1.. — Corp. inscr. graec, n° 9905. Dans ces différents ouvrages, les copies de ce monument sont extrêmement fautives, la fin de toutes les lignes manque, ce qui a fait croire à Osann et aux auteurs du Corpus que cette pierre contenait l'épitaphe d'un jeune homme appelé IkpôeYiy.o';. Quant au mot hébraïque qui termine, Nicolai a lu, et tous ceux qui sont venus après lui, ont répété, à la place de Dlbltf, les lettres D2JÏ7,qui ne fournissent aucun sens. (5) T. IV, p. 588. (4) Forme barbare, produite par la confusion de nen-ai et de l'adverbe de lieu ÈXEMEV. (5) Titre non encore expliqué d'une manière satisfaisante. Dans une autre inscription de la même catacombe on lit: "Apy.uv xal 'A.fpiro)a!a>v. Kajwrïiaîfflv Voy. Corp. Miser, graec, n° 9906. (6) Nicolai, Basilica di S. Paolo, p. 163, n° 269. — Osann, Sylloge, p. 474 6M, nos H et 13. — Corp. Miser, graec, n° 9910. Dans ces différentes copies, la phrase hébraïque est rendue fautivement b^112J>SsDïbï?
— 267 — Au milieu accompagné V. Cloître
de la ligne hébraïque de deux cornes.
est le chandelier
à sept branches,
de Saint-Paul-hors-les-Murs : EvOaSe X,IT£V IouSa; — viiucwç-ev sipve y.uiui—CEÇaoTou. C'est-à-dire
SaSe x[eï]f[ai] baïun.
'Ev 'Iou&aç V[7]]TÏ(.[O]Ç.
: 'Ev-
(i). £tp["4]v[ïi] x[oi]f/.[7i]c[i]ç'-
Le chandelier
à sept branches est encore figuré au bas de cette épitaphe, coupant en deux la ligne hébraïque. anaNous n'avons pas vu par nous-même et relevé les inscriptions de la même catacombe, logues et provenant qui sont à Naples ; nous nous abstiendrons donc d'en parler. On a découvert en septembre i853 à Venosa, dans les anciens États une autre catacombe juive, où l'on signale l'existence de napolitains, vingt-quatre portant des mots hébreux (2). Malheureuseinscriptions ment aucune de ces inscriptions n'ayant été publiée jusqu'à ce jour, nous ne pouvons nous en servir et nous devons seulement les mentionner pour mémoire. Il en est de même de celles trouvées dans la même région, à Lavello, pendant le siècle dernier, et à Oria, en i854 (3). La grande quantité de Juifs établis en Pouille et en Calabre jusqu'au quarendue trième siècle est attestée par une loi de l'empereur Honorius, en 3g8 : Vacillare per Apuliam et Calabriam plurimos ordines cwitatum comperimus, sunt (4). quia Judaicae superstitiones 6° Épitaphes primitives des Juifs Karailes de la Crimée. de la Crimée prétendent reLes communautés des Juifs Karaïtes monter à la plus haute antiquité et rattacher leur origine aux dix tribus du royaume d'Israël, dont une fraction aurait été établie dans la Médie par les rois assyriens après la prise de Samarie, puis, plus tard, au milieu des Scythes par Cambyse. Nous n'avons pas à transportée examiner ici la valeur de ce roman, auquel certains savants ont prêté (1) Nicolai,Op. laud., p. 163, n° 268. — Marini,Atti degli fratelli Arvali, 1.1, p, 342. — Osann,p. 172, n° 2. — Corp.Miser,graec, n° 9919. Au lieu de b^XJi on a lu bïiTJi. (2) Murray, Handbookfor SouthernItaly, p. 361. (3) Madden,Eistory ofjewisk coinage,p. 319. (4) Cod.Theodos.,XII,l; p. 158.
— 268 — Mais il est un point certain une foi beaucoup aujourtrop grande. c'est que les comd'hui et prouvé par des monuments incontestables, existaient les Karaïtes munautés d'aujourd'hui juives dont descendent du predès le commencement déjà en Crimée et y étaient florissantes mier
siècle
de l'ère
chrétienne.
très-riche et fort instruit, un Karaïte années, qui l'histoire de ses coreligionnaires, voué à reconstituer des antiques de la Crimée et particulièrement rapporta
Il y a quelques s'est entièrement M. Firkowitz, cimetières de
Tchoufout-Kaleh
voyageurs
dès le siècle
collection
de manuscrits
et de
Baktchi-Séraï, les copies de plusieurs
signalés par les centaines d'ins-
dernier, et dont extrêmement anciennes criptions hébraïques, pour la plupart certaines leurs dates, étaient même, regardées par lui comme d'après à peine postérieures à notre ère. Il déposa ces copies entre les mains de l'Académie avec une nombreuse de Saint-Pétersbourg, impériale
à reparler plus loin. Mais, ne rencontrèrent qu'incrédulité parmi les ou du moins à l'ancroire à l'authenticité
dont
nous
aurons
en général, ses découvertes savants ; on ne voulut pas cienneté des inscriptions. M. Firkowilz
alors pour la Crimée repartit et en rapporta des estampages des monuments que l'on contestait. a publié récemment dixC'est sur ces estampages que M. Chwolsohn buit inscriptions, choisies les plus vieilles et les plus intéresparmi de l'Académie de Saint-Pétersbourg dans le recueil santes, (i); elles en fac-similé et commentées dans un remarquable y sont reproduites mémoire. En présence des estampages il n'est plus possible de mettre en doute l'existence des monuments. ne La paléographie de leurs inscriptions nous l'affirmer hautement, permet pas non plus, croyons pouvoir d'en contester l'authenticité et l'ancienneté, non plus que la manière dont M. Firkowitz et M. Chwolsohn en ont interprété les dates. Ces dates sont exprimées au moyen de trois ères encore en usage parmi les Juifs karaïtes 36g
avant
du Midi de la Russie : l'ère mondaine, à dater de comptée J. C; l'ère mondaine ou grand ordinaire, comput, appelé
1) VIIe série, t. IX, fasc. VII : Achtzehn hebrseische Grabschrifteh aus der Krim.
— 269 — sur ces monuments
comput de Tamatarka ; puis une ère de l'exil, dont le point de départ est l'année 696 avant J. C, ce qui ne pourrait se rapporter qu'au pays d'Israël. Certaines doubles dates établissent d'une manière positive et les déterminent avec certileur coïncidence tude (1). On voit par là que, dès le premier siècle de notre ère, comme encore aujourd'hui, les Juifs de la Crimée avaient la prétention de descendre des Dix Tribus. En effet, les deux plus anciennes inscriptions de la collection portent des dates qui correspondent aux années 6 et 3o après J. C. Dans ces deux inscriptions
la forme
des caractères
est exactement
conforme
à ce que nous ont fourni les inscriptions de Jérusalem apun faussaire, à quelque partenant à la même époque, et certainement époque qu'il ait vécu, même de nos jours, n'aurait pas été capable d'inventer cette paléographie. Nous allons voir dans un instant que le subit bientôt quelques modifications, type de l'écriture légères mais en Palestine et chez les Juifs établis dans les pourtant appréciables, diverses parties du littoral de la Méditerranée. Dans les textes épigral'écriture ne suit pas phiques de la Crimée publiés par M. Chwolsohn, exactement ces vicissitudes ; jusqu'à la fin du quatrième siècle nous la à son plus ancien type et comme immoconforme voyons demeurer bilisée. Ceci, du reste, est pleinement d'accord avec les vraisemblances A dater de la prise de Jérusalem par Titus et de la ruine historiques. à y faire établisdu Temple, le lien que les pèlerinages obligatoires saient nécessairement entre les Juifs de la Chersonèse Taurique et ceux de la Palestine s'était trouvé rompu, et par suite les communautés Israélites du fond de la Mer Noire avaient dû vivre dans un profond isolement. Leur paléographie, pendant quelques siècles après cet évé(1) Voy. cependant les doutes élevésà ce sujet par M. de Vogué: Mélangesd'archéologie orientale, II, p. 172-178. Le savant académicien pense que toutes les dates admises par M.Chwolsohndevraient probablementêtre abaisséesde 151 ans. Cependantil reconnaît que le systèmede l'orientalistede Saint-Pétersbourgoffre des vraisemblancesconsidérablesau point de vue paléographique. Il faut également voir, sur la valeur très-sérieuse de l'ère karaïte de l'Exil, qui ne coïncide pas avecla prise de Samarie, mais peut-être avecune secondetransportationpostérieure, les remarquesde M. Bosanquetdans Smith, History of Assurbanipal, p. 364-366.
— 270 — se trouver en dédevait donc, suivant toutes les probabilités, nement, avec celle des autres Juifs et n'en pas suivre les changements. saccord nous n'avons aux inscripPar suite de cette circonstance, emprunté tions de la Crimée, de la général pour les faire figurer dans le tableau des lettres fournies XV, que les formes par les deux textes de planche l'an 6 et de l'an 3o après J. C. Mais nous consacrons une planche spéla planche dans ses
ciale,
prend huit monuments lonnent dans
du l'ordre
de ces inscriptions XVI, à la paléographie ; elle comhuit colonnes la reproduction fidèle des lettres des de M. Chwolsohn, s'échequi, dans la publication
premier même
au
quatrième des colonnes
siècle.
Ce sont, pour les énumérer consacrées à chacun d'eux dans la
XVI : planche i° L'épitaphe
de Bouqi, fils du cohen Isaac, datée de l'an 702 de l'exil (6 ap. J. C). — Chwolsohn, pi. 1, n° 1. 20 Celle de Rabbi Moïse le Lévite, datée de l'an 726 de l'exil (3o ap. J. C). —Chwolsohn, pi. I, n" 2. 3° Celle
de Sadoc le Lévite, fils de Moïse, datée de l'an 4ooo de la Création, 785 de l'exil (89 ap. J. C). — Chwolsohn, pi. I, n° 3. 4° Celle de Parlak, datée de l'an 4°9° de la Création (179 ap. J. C). — Chwolsohn, pi. 11, n° 1. 5° Celle de Gouleph, fille de Schabthaï, datée de l'an 4'08 de la Création (197 ap. J. G.). — Chwolsohn, pi. Il, n° 2. 6" Celle
de
fils de Bakchi, datée de l'an 4173 de la Toqtamisch, Création (262 ap. J. C). — Chwolsohn, pi. II, n° 3. fils de Rabbi Moïse, datée de l'an 4216 de la 70 Celle de Hillel, Création (3o5 ap. J. C). — Chwolsohn, pi. III, n° 1. 8° Celle de Rabbi Joseph, fils de Rabbi Eliah, datée de l'an 4280 de la Création, io65 de l'exil (36g ap. J. C). —Chwolsohn, pi. III, n° 2. Nous
si la collection
Firkowitz renferme estamquelques du cinquième et du sixième pages d'inscriptions siècle, mais la publication de M. Chwolsohn n'en contient elle en compas. En revanche, du septième et du huitième siècle. Nous n'en parlerons prend quatre mais nous y reviendrons un peu plus loin. Ces pas en ce moment, ignorons
— 271 ne nous offrent plus, en effet, la paléographie immobilisée inscriptions de celles du premier au quatrième siècle; l'écriture y suit les vicissitudes que l'on observe dans les monuments des communautés juives des autres contrées à la même époque. Les Juifs de la Crimée étaient donc bien évidemment, dans l'intervalle entre le quatrième et le septième siècle, et sans aucun doute par l'intermédiaire de Constantinople et avaient renoué qui venait de se fonder, sortis de leur isolement, des relations avec les principaux centres de la vie de leurs coreligionnaires.
Il est à noter que les traditions des Karaïtes du Midi de la du reste, une confiance imRussie, auxquelles on ne saurait accorder, plicite, placent à cette même époque des rapports entre leurs ancêtres et l'école rabbanite de Babylone. en Galilée. des synagogues de Kefr-Bereim, 70 Inscriptions sont au nombre de deux, l'une monumentale et Ces inscriptions moins soignée, l'autre plus cursive et d'une exécution dédicatoire, de pèlerin. Mais malcontenant un simple nom propre, probablement on peut les regarder comme dans leur exécution gré ces différences l'une de l'autre. environ contemporaines à la fin du Elles ont été publiées par M. Renan (i), qui les attribue et deuxième siècle, d'après les données archéologiques, linguistiques cette époque. pour indiquer qui toutes concordent paléographiques, renferme un certain nombre bien qu?hébraïque, de la Mischna, et la forme des lettres, quelque du tombeau des Rois, est du à celle de l'inscription peu postérieure de la Via même temps qu'une partie des épitaphes de la catacombe La langue, en effet, de mots du dialecte
Portuensis. 8° Poteries
de Babylone. cabalistiques a découvert M. Layard, dans le cours de ses pi^écieuses explorations, déà Babylone toute une série de coupes en terre cuite, aujourd'hui de lonlesquelles portent à l'intérieur posées au Musée Britannique, — (1) Journal asiatique, décembre 1864, p. 531-540. Voy.un article de M. de Saulcy, dans la Revuearchéologique,nouv. sér., t. II, p. 69-73. — Frankel, Monatsschriftfur Geschichteund Wissenschaftdes Judenthums, avril 1865.— Geiger, Jûdische Zeitschrift, 3e année; p. 230 et suivi — Et un nouveautravail de M. Renan, Journal asiatique^décembre1865, p. 561-569.
— 272 — tracées en caractères héd'une nature cabalistique, gues inscriptions à l'idiome breux et avec un dialecte analogue (i). mischnique ne sont pas toutes de la même date. Ces coupes et leurs inscriptions de caractères deux types On peut y distinguer distincts, corresponbien manifestement, Le plus ancien, est celui époques. sous les nos i-4 dans l'ousur les coupes désignées que l'on remarque celui du n° 5. vrage de M. Layard ; le plus récent, la plus convaincante de la manière M. Renan (2) a démontré que, même dans laquelle sont conçues les inscriptions la langue d'après les idées de kabbale des coupes de terre cuite de Babylone, qu'elles dant
à deux
enfin la présence renferment, des textes analogues portant ne pouvaient ces monuments
dans en
la même
lettres
découverte
d'autres
vases
les plus anciens de au quatrième ou au pas être notre ère, c'est-à-dire à l'époque de Ja grande de l'Euphrate, le Talmud de Babyqui produisit syriaques, antérieurs
siècle de cinquième école juive des bords aux plus récents, le docteur lone. Quant A. Levy, dont le jugement fait autorité en pareille les considère comme descendant matière, jussiècle (3). qu'au septième de la colonne sous El-Aksa. 90 Inscription M. de
a découvert et publié Saulcy sur le fût de la fameuse colonne
tracée dessous ceinte
de
la mosquée El-Aksa, du Temple de Jérusalem.
dans
(4) une inscription hébraïque monolithe des souterrains aule Haram-esch-Schérif ou en-
C'est le proscynème de deux pèlerins sa femme, venus de Sicile pour prier dans juifs, Jonas et Schabthiyah le Temple ou sur son emplacement. Semblable ne peut inscription avoir été gravée en ce lieu qu'avant le règne d'Hadrien, avant l'expulsion des Juifs de Jérusalem devenue la colonie ou ^Elia Capitolina, bien relever
sous
le règne
le Temple
de Julien de Salomon
l'Apostat, pour
ce prince lorsque entreprit faire mentir les prophéties.
de La
(1) Layard, Nineveh and Babylon, p. 509-526. (2) Histoire des langues sémitiqnes, lre édition, p. 66. (3) Geschichte der jùdischen Mûnzen, p. 142. — Cf. Madden, Eistory of jewish coinage, p. 316. (4) Voyage en Terre Sainte, t. II, p. 326.
— 273 — forme des caractères
de ce proscynème n'est aucunement celle des inset du deuxième siècle que nous avons passées en au contraire avec la paléographie des plus an-
criptions "du premier revue; elle coïncide ciennes coupes de Babylone. Il faut donc rapporter colonne sous El-Aksa au temps de Julien, et pour n'hésitons pas à l'enregistrer comme un monument trième siècle.
l'inscription notre compte du milieu
de la nous
du qua-
io° Inscription de Byblos. C'est par M. Renan que cette des ruines de Djébaïl, l'antique de fragments de cinq lignes,
a été découverte au milieu inscription Byblos, et publiée (i). Elle se compose mais est trop mutilée pour qu'on en avec certitude le sens, qui paraît cependant avoir puisse déterminer été religieux. Les lettres s'y reconnaissent, du reste, fort bien, et nous du quatrième siècle, car, quoique paraissent être du commencement à la paléographie des coupes de Babylone et de l'instrès-analogues cription de la colonne sous El-Aksa, elles offrent quelques particularités qui dénotent une date un peu plus ancienne, d'Arles. II° Inscription siècle que je crois devoir rapporter le C'est encore au quatrième conservé au Musée d'Arles et beau fragment d'inscription hébraïque La date m'en paraît ressortir clairement des Aliscamps. provenant car Je n'en parle, du reste, que pour mémoire, de sa paléographie. des savants il est encore inédit, bien que méritant toute l'attention d'un personnage et digne d'être publié en fac-similé. C est l'épitaphe du nom de T>tfD. des Etats des rois wisigoths. 12° Inscriptions Nous rangeons sous cette rubrique la précieuse inscription trilingue, à Tortose en Espagne, que découverte latine et grecque, hébraïque, MM. Le Blant et Renan ont publiée en fac-similé et expliquée dans un Celte savant commentaire (2), puis celle d'une pierre de Narbonne. (1) Missionde Phénicie,p. 193. (2) Revuearchéologique,nouv. sér., t. II, p. 345-350.— Renan, Journal asiatique,décembre 1865,p. 569 et suiv. — Voy.aussi la dissertationpostérieurede M. Derenbourg,Journal asiatique, septembre-octobre1867,p. 354-358. 48
— 274 — citée par MM. Le Blant et Renan (1), n'a pas encore été dondernière, Elle est latine, mais elle porte à sa neuvième née en fac-similé. ligne les mots StflUn S? ElSur. est datée du règne de Narbonne d'Egica (687-701); L'inscription avant nous ses savants éditeurs, comme l'ont reconnu celle de Tortose, doit
être un
peu
à la fin du sixième
et remonter plus ancienne siècle. du septième
ou au
commencement C'est de la même
d'un certain l'épitaphe époque qu'est certainement à Vienne en Dauphiné, et conservée dans le Musée découverte Samuel, en effet identiquement le même de cette ville. Elle présente type de de l'ancienne caractères. Comme tous les monuments juive épigraphie elle demeure inédite. du midi de la France, karaïtes de la Crimée. i3° Épilaphes mémoire de M. Chwolsohn auquel nous avons fait tout L'important à l'heure de nombreux contient les fac-similés de quatre emprunts, de Juifs karaïtes, de Tchoufout-Kaleh et de Baképitaphes provenant tchi-Seraï, siècle : 1. Celle tion, 4365 n° 3. 2. Celle
dont
les
dates
se rapportent
au
septième
et
au
huitième
fille de Salomon, datée de l'an 4536 de la Créad'Esther, de l'ère deTamatarka (625 apr. J. C.). — Chwolsohn, pi. III, de Severgelin,
fille de
Rabbi
Lévi,
datée
de l'an
la Création (670 apr. J.-C). -—Chwolsohn, pi. ÎV, n° 1. daté de l'an 4589 de la Création 3. Un fragment (687 apr. Chwolsohn, pi. IV, n° 2.
4581
de
J^C.).™
datée de l'an 463o de la Cféa4. L'épitaphe d'Aini, fils d'Ëliasaph, tion (719 apr. J.-C). —Chwolsohn, pi. IV, n" 3. est tellement La troisième mutilée qu'on n'y voit qu'un très-petit de lettres, mais les autres sont en excellent nombre état. Nous avons déjà dit plus haut que ces inscriptions n'offraient plus le même type paléographique immobilisé que celles de la même contrée qui ont été gravées du premier au quatrième siècle* Elles suivent (1) Revue archéologique, nouv. sêr.j t, II, p. 348i
— 275 — les changements et les vicissitudes de la paléographie des monuments du même temps dans les autres contrées, et méritent d'être hébraïques les plus intéressants comptées au nombre des monuments pour l'histoire du caractère carré. 14° Inscriptions juives d'Aden. Ces inscriptions, au Musée Britannique où l'on peut rapportées les consulter, maintenant sont au nombre de quatre. Deux portent des à 707-708 de l'ère chrétienne, sur dates, sur l'une correspondant l'autre à 916-917 (1). Elles représentent deux paléographies bien distinctes. La plus récente offre cette particularité curieuse de la substitution au tf hébraïque de la lettre correspondante dans l'alphabet ri. La plus ancienne a été publiée par le docteur himyaritique, A. Levy (2). i5° Alphabet du manuscrit des Jésuites. Montfaucon a découvert dans un manuscrit grec des Lamentations de Jérémie d'après le texte des Septante, datant du huitième siècle, des Jésuites du collège Louis-lequi faisait partie de la bibliothèque évidemment tracé par un calligraphe Grand, un alphabet hébraïque qui avait des notions solides sur cette langue. Publié d'abord par l'illustre éditeur des Hexuples d'Origène (3), et plusieurs fois reproduit de désigner par le depuis (4), cet alphabet, que l'on a pris l'habitude nom
Jesuitarum, d'Alphabetum acquiert une grande autorité par sa connus des sepavec les monuments juifs aujourd'hui comparaison tième et huitième siècles, et doit avoir sa place dans l'histoire du caractère encore eu usage pour écrire l'hébreu. 160 Manuscrits primitifs des Juifs karaïtes du midi de la Russie. se vante de posséder les plus La bibliothèque de Saint-Pétersbourg anciens manuscrits hébraïques de l'Europe, manuscrits tous des synagogues karaïtes de la Crimée.
qui proviennent
(1) Madden,History bf jèvdsh minage)p. 318. (2) Zeitschr. der Deutsch.morgenl.Gesellsch.,t. XXI,p.'156 et suiv. (3) Prolegomen.ad Origen., Hexapl., p. 22. (4) Nouveautraité de diplomatique,1.1, part. II, pi. VIII, col. 1. — Cf. Gesenius,Geschichte der hebr. Sprache, p. 177. — Kopp, Bilder und Schriften, t. II, p. 275.
— 276 — du Pentateuque, une série de rouleaux C'est d'abord qui Firkowitz tie de la collection portent (i). Tous ces rouleaux : est ainsi conçue datées, dont la plus ancienne criptions ns
faisait des
parsous-
ynpin
'p KpntaDta u^th «piiota ïamSab « Dédié
ici à la communauté
(2)
n's'p'tf de Tamatarka
(3), autrefois exil. »
Tami-
1185 de notre de la Création, 44°° en usage chez les Juifs karaïtes le comput double date, d'après corresde la Crimée et dont nous avons déjà vu plus d'un exemple, pond à celle de l'an 489 de l'ère chrétienne. les dates : i335 de rouleaux de la même collection D'autres portent l'exil = 639 ap. J.-C; 4541 de la 1460 de l'exil = 764 ap. J.-C; « raka, Cette
l'an
= 781 ap. J.-C. ; i485 de l'exil et [4J700 de la Création 789 ap. J.-C. ; i4g4 de l'exil = 798 ap. J.-C. ; 4565 de la Création — 8i5 et I5OI de l'exil = 8o5 ap. J.-C ; [4]72Ô de la Création ap. = 848 de l'exil == 848 ap. J.-C. ; 4608 de la Création i544 J.-C; La plupart contiennent des récits historiques, principaleap. J.-C. Création
=
ment
sur les princes il en est même un dont la souscription, khazars; renferme tout le roman sur les Dix Tribus et leur très-développée, d'abord en Médie, puis en Crimée. transplantation, On conçoit quel serait l'intérêt de ces manuscrits dont les souscriptions s'échelonneraient neuvième siècle, depuis le cinquième jusqu'au si l'authenticité de leurs dates était parfaitement certaine. Mais ils ne sont pas dans le cas des épitaphes de la même contrée. lapidaires M. Wright
(4),
M. Neubauer
et M. Munk
(5), ont
élevé
(1) Voy. Chwolsohn, dans les Mém. de VAcad. de Sainl-Pétersb.,\l\': p. 40-80. (2) 'p est évidemment l'abréviation de Slip ou nS'Hp, (3) Aujourd'hui Taman. (4) Journal of sacred literalure, janvier 1864, p. 476. (5) Journal asiatique, 1865, p, 543 et suiv.
sur
ce sujet
série, t. IX,fasc. VII,
— 277 — les doutes
les plus sérieux,
en relevant
toutes
les impossibilités histoles souscriptions des rouleaux riques et géographiques que renferment de la collection Firkowitz. En présence de l'autorité de ces savants, nous avons cru plus prudent de laisser entièrement de côté les manuscrits dont ils contestent et dont, du reste, aucun facl'ancienneté, similé n'a été publié jusqu'ici. aussi qu'un des savants Remarquons cru à l'authenticité des souscriptions des qui ont le plus fermement rouleaux de la collection Firkowitz, M. Grsetz (i), est obligé de reconnaître qu'une partie, et surtout les plus développées, ne peuvent être tenues que pour des compositions combinées purement imaginaires, dans un esprit de mystification et pour illustrer en même temps que pour vieillir sa race, par quelque Karaïte de date récente. s'élever sur le compte des manusLes mêmes doutes ne sauraient crits décrits par Pinner alors qu'ils se trouvaient encore à Odessa (2). ancien et le plus précieux pour la science porte Le plus certainement à l'an 916 de Jésus-Christ, et contient Isaïe, une date correspondant Jérémie,
Ezéchiel
et les Petits
Prophètes. un système
Il y a déjà des pointssur lequel nous particulier Le docteur A. Levy en a pu-
voyelles, mais disposés d'après dans la suite de ce chapitre. reviendrons blié l'alphabet (3). au Musée Britannique M. Heidenheim un (4) avait cru découvrir manuscrit des Prophètes datant du sixième ou du huitième siècle. Mais cette opinion ne saurait être admise, et le manuscrit que le savant alvoulait faire remonter si haut antérieur au treizième siècle (5). lemand
ne peut pas être regardé
comme
connus La revue que nous venons de faire de tous les monuments d'une date ancienne du caractère hébreu carré, nous a conduits depuis (1) Geschichteder Juden, t. V, p. 551. (2) Prospectus der der OdessseerGesellschaftgehoerendenwltesten hebrxischenund rabbinischenEandschriflen, Odessa,1843. (3) Zeitschr.der Deutsch.Morgenl.Gesellsch.,t. IX, p,. 478et suiv. (4) DeutscheVierteljahrschrift, t. 1, p. 259. (•5)Voy. Madden, Eistory ofjewish minage, p 318.
— 278 — avant
l'ère
chrétienne
seuil
du
onzième
le
siècle
transcription
où l'écriture par les Juifs à la employée ère, époque la forme calligrades Livres Saints prit définitivement nos jours et a été adoptée s'immobilisa pour les jusqu'à
premier siècle de cette
jusqu'au
qui phique types de l'imprimerie. nous avons réuni, dans lequel un tableau la planche XV contient les signes de leurs dates, dans l'ordre en lés classant chronologique des monuments les principaux d'écriture que nous que fournissent de suivre siècle par siècle avons passés en revue. Ce tableau permettra du caractère de l'existence les vicissitudes pencarré, et ses évolutions de onze cents ans qui s'étend dant la longue période depuis sa presa régularisation mière apparition complète. jusqu'à
H.
l'hébreu considère générale En effet, ou palmyrénien. bien l'on ait connue pendant
Kopp et Gesenius, l'opinion Depuis sorti de l'araméen tertiaire carré comme dans
sa dernière
forme,
la seule
que
que d'aucune approche plus du palmyrénien Mais il n'en est plus de même si l'on prend le type premier de l'inscription des Béni-Hézir, nous depuis lequel avons suivi les évolutions de l'alphabet carré jusqu'au type des madu moyen âge. C'est avec l'araméen nuscrits des papyrus que ce premier type offre une ressemblance c'est de l'araméen des paétroite, manifestement. Si plus tard, dans le cours de ses pyrus qu'il procède évolutions carré en est venu à offrir plus de respropres, l'alphabet avec le palmyrénien, semblance cela tient à ce que les deux écritures se sont modifiées la durée de leur existence, parallèlement pendant
cet alphabet longtemps, antérieures. des écritures
de tendances dans leur essence par l'action très-analogues qui étaient à l'une et à l'autre. L'écriture des Palmyréniens ou plutôt de tous les Araméens et l'écriture carrée des Hébreux ne sont donc septentrionaux on l'avait mais deux soeurs, cru, une fille et une mère, pas, comme
— 279 — sorties d'une même souche, l'une à côté de l'autre.
qui se sont
développées
simultanément,
Pour justifier cette assertion il nous suffira de mettre en regard, dans un même tableau comparatif (planche XVII), la forme la plus ancarré et la forme la plus récente de l'araméen cienne de l'hébreu des celle que révèle le papyrus du Louvre et qui a dû être en papyrus, du premier usage, soit à la fin du deuxième soit au commencement siècle avant l'ère chrétienne. La filiation que nous indiquons ressortira incontestable de ce tableau et l'on y verra combien de l'un à l'autre est insensible. alphabet la transition En se reportant au tableau comparatif de l'araméen des papyrus et du palmyrénien , que nous avons donné dans la planche XII, le lecteur devra remarquer carré sous sa forme première est que l'hébreu moins éloigné que le palmyrénien du type graphique qui leur a donné naissance à tous deux ; la transition de ce côté s'est faite d'une manière encore plus graduelle. Un petit nombre d'observations nous suffiront au sujet des changements de formes que certaines lettres ont subies en passant de l'araméen des papyrus dans l'hébreu carré, changements qui tiennent à des tendances essentielles de l'écriture, ont été en se qui par conséquent à mesure que l'alphabet toujours davantage prononçant hébraïque et du premier au douzième siècle voyait son existence se prolonger, l'ont éloigné de plus en plus de l'araméen des papyrus. La plupart des sont communes à toutes tendances qui ont produit ces changements les écritures d'origine araméenne. Nous voyons d'abord les anciennes boucles des lettres phéniciennes distinctive avait constitué la particularité 3, 1 et 1, dont l'ouverture de l'araméen primitif, s'ouvrir chaque jour davantage et finir par dispour faire place à un trait horizontal. paraître entièrement Les hastes des lettres D, D, 3, 5, S et X se replient définitivement en parlant des alphavers la gauche. Nous avons noté précédemment, successifs et les développements bets araméens, la première apparition tertiaire ou palde cette tendance, très-marquée déjà dans l'araméen Elle est encore plus sensible dans l'hébreu carré, et surtout myrénien.
— 280 —
-
est devenue horizontale, la partie de cette haste qui en se courbant la partie verticale. et comme importance égale comme longueur des papyrus ?J, ce trait hoDans le D même, que l'araméen figurait et à son extrémité une fois en se redressant se replie encore rizontal avec ce qui reste de la partie dentelée vient se confondre qui surmonune lettre entièrement à produire de manière tait le caractère primitif, du moyen des manuscrits D dans l'écriture fermée, V, qui devient par notre typographie. âge, adoptée est celle du D, lorsqu'il semblable entièrement Une figure presque est placé à la fin des mots. Mais ici ce n'est pas le trait horizontal qui avec le de manière à se joindre seulement il se prolonge se redresse; Dans plusieurs autres du caractère. trait descendant placé à la gauche nous retrouverons la figure araméenne sorties de la souche écritures En héfermée en usage pour le D dans tous les cas sans exception. de calligraphies, cette forme, par une élégance le rôle de finale. se modifie Le nombre des lettres dont la forme en hébreu est, en effet, beaucoup plus considérable breu
est réservée à la fin
pour
des mots
que dans les alune des élégances et constitue phabets étudiés par nous précédemment, des papyrus nous avons constaté Dans l'araméen de cette écriture. de formes finales pour le *] et pour le 1 ; dans le palmyrél'existence nous n'en avons trouvé où les mots ne sont pas séparés, nien, que carré en possède pour le *|, le D, le "J, le *] et le pour le ]. L'hébreu ainsi que nous venons de le y (i). A part celle du D, qui est fermée, se distinguent de la figure des mêmes lettres dire, toutes ces formes et au milieu des mots, en ce que les hastes primitiau commencement vement
droites
cessent
d'être
courbées
vers
la gauche,
reprennent
leur
(1) Le Ï] final se montre à nous pour la première fois dans les inscriptions de Kefr-Bereïm, le "j sur les coupes de Babylone. Par une circonstance curieuse, aucun des monuments anciens que nous avons étudiés dans notre premier paragraphe ne renferme, de mots terminés par V. Maisnous savons positivement que pour ces différentes lettres l'écriture carrée a toujours eu des formes finales distinctes des formes initiales et médiales. Il en est question, en effet, dans le Talmud, dans saint Jérôme et dans le quatrième chapitre du traité d'Epiphanius, Deponderibus et menmris (cf. Leusden, Philol. hebr., p. 128. — Tychsen, dans le Repertorium fur bibl. und morgenlwnd. Literalur, part, lit, p. 140. — Gesenius, Geschichte der hebr. Sprache, p. 172).
ancienne
direction
281 —
et se prolongent verticalement au-dessous de la le "|, le "j, le ffj, le y, dans leur figure de la fin des à un type plus voisin de celui des papyrus araméens
ligne. Par suite, mots, reviennent du troisième siècle avant l'ère
chrétienne
commencement du premier siècle. Enfin, et ce caractère qui marque
que de celui des papyrus
l'écriture
carrée
dans
toutes
du ses
et à toutes les époques de son existence, mais cependant prend avec le temps, fera l'objet de notre dernière plus de développement les confusions possibles entre certaines lettres, dont pluobservation, secondaire et dans l'araméen des sieurs existaient déjà dans l'araméen trèsse multiplient en hébreu carré dans une proportion papyrus, formes
considérable. Elles constituent une des plus sépour les commençants rieuses difficultés dans l'exercice de la lecture hébraïque et ont marqué les leur trace dans les nombreuses variantes de leçons qui surchargent marges des Bibles en hébreu.
III.
carré ne constituait pas essentielNous avons constaté que l'hébreu ou évolution de lement autre chose qu'une modification particulière Ceci nous servira beaul'écriture araméenne, parallèle au palmyrénien. coup pour éclaircir la question d'origine et de date de ce caractère. dans les traditions Mais avant d'aller plus loin nous devons rechercher des rabbins ce qui se rapporte à cette question. Il nous faut d'abord rappeler le passage du Talmud de Babylone, de notre Essai (p. J 76), que nous avons cité dans la partie précédente à l'occasion de l'écriture primitive des Hébreux : « D'abord la Loi a « été donnée aux Israélites dans I'ÉCRITURE HÉBRAÏQUE(132? 33*03) et « la langue sainte; ensuite elle leur fut donnée de nouveau du temps «. d'Esdras dans I'ÉCRITURE ASSYRIENNE(ÏTHWÏ*) et la langue araASSYRIENNE ce méenne. Or les Israélites choisirent pour eux l'écriture « et la langue sainte, laissant aux ignorants l'écriture HÉBRAÏQUEet la
— 282 — ? Rabbi Khasda dit : Les « langue araméenne. Qui sont ces ignorants au commencement du a Cuthéens (Samaritains) (i). » On lit encore la Loi n'ait pas été donnée même traité du même livre : « Quoique par fut changée l'écriture ce sa main (d'Esdras), par sa main; cependant monta « d'où vient le nom de cette écriture, rVHlUftf, parce qu'elle contient des exprès* » Le Talmud de Jérusalem ce avec eux d'Assyrie. sions analogues (2). carrée chez les Juifs le nom de l'écriture Par suite de ces traditions, 3TO (3), employé au était celui d' « écriture », TVI^i? assyrienne 3TO. Dans ce nom et moins aussi fréquemment que celui de ^31D le nom d'Assyrie, nous, n'avons les passages des deux Talmuds, est mis pour celui de Chaldée, comme pas besoin de le faire remarquer, dans les Livres Saints (4). Quelques on le trouve très-fréquemment raffiner sur le sens de l'appellation 3313 docteurs juifs ont voulu dans
rVHWtf.
Rabbi
le Saint (5) nomme comme servant bealifica,
Judas
le caractère
carré
rn.U^D, des Écri-
à la transcription beata, (scripturd) avec le caractère tures, par opposition plus cursif dont les lettrés juifs et pour les autres faisaient usage pour leurs correspondances rapports Michaëlis de la vie. Enfin, ordinaires parmi les chrétiens, (6) a pré« être droit » ; TVI^i* de la racine tendu tirer rPl^g IWtf, 3ÎO, aurait donc désigné une ce écriture dans son opinion, droite, aux traits droits
aurait été un », et par conséquent carrée ». 2731)2 3!TQ, ce écriture La tradition de trouver que nous venons était
équivalent dans
assez
les écrits
exact
de
des rabbins
déjà connue de ces Pères
et adoptée et par saint Jérôme. Le prepar Origène mier dit en effet : <£>UG\TOV EGcjpav ÉTspoiç ^pvîaacGat (ypcfy-jJiacTi) ixeTà T/]V aLy[/,a^wo-iav (7). Quant à saint Jérôme, il est encore plus affirmatif dans l'adoption de cette opinion traditionnelle : Celerum est, (1) Tr. Synhêdrin, sect. 2, fol. 21, col. 2, et fol. 22, col. 1. (2) Tr. Megillah, fol. 71, col. 2. (3) Buxtorf, Lexic. Talmud., p. 241 ; Dissert, philol. theol, p. 235. (4) Levitic, XXIV,22 et 24. — Cf. Bertholdt, Ëinleit. in das Alt und Neu Testam., p. 793. (5) Buxtorf, Lexic. Talmud., p. 241 ; Dissert.philol., theol. p. 235. (6) Biblioth. Orient-, t. XXII, p; 133. (7) Eexapl., t. I, p. 86, éd. Montfaucon; i. II, p. 94, éd. Bahrdt.
— 283 — Esdram scribam legisque doctorem, lauralionem templi sub Zorobabel, ulimur; cùm adillud characleres fuerint(i).
et insposl captam. Hicrosolymam, alias lilteras reperisse, quibus nunc et Hebraeorum lisque tempus iidem Satnaritanorum
On le voit, cette tradition qui lui donne une sérieuse
a pour elle une antiquité respectable, et ce valeur est : i° d'avoir conservé le souvenir
de l'identité de l'écriture primitive des Hébreux avec celle qu'ont gardée plus tard les Samaritains; i° de concorder exactement avec les résultats, certains croyons-nous, que nous a fournis l'étude paléograeux-mêmes. Elle mérite donc de notre part la phique des monuments plus sérieuse attention, et doit suffire pour nous faire rejeter dès l'abord, sans entrer dans une longue discussion où nous n'aurions qu'à reproduire les mêmes faits énoncés déjà par nous, l'opinion de quelques rabbins d'époque postérieure (2), adoptée par Buxtorf le Jeune (3) et de nos jours par M. de par quelques autres hébraïsants (4), renouvelée carrée aurait remonté Saulcy (5), opinion d'après laquelle l'écriture aux plus anciens temps juifs et aurait été en usage, comme écriture d'où est sorti le samaritain sacrée, en même temps que le caractère servait d'écriture vulgaire (6). Le texte de la Bible lui-même proteste (1) Prolog,galeat. ad lib. Regum; Opp., t. IV, p. 7. (2) Obad. Bartenora ad Mischnam,tract. Jadaim, c. 4, n° 0. — Rabbi Jacob, in En Israël, fol. 413.—Gedalja, Schalschelethin Eakkabala, fol. 89. (3) De litterarum hebraïcarum genuina antiquitate, inséré dans ses Dissert, philol. theol., diss.4. (4) Alting, Fundamentapunctationis, § 2. —Wasmuth, Vindiciaesacrae hebraîcae scripturae, p. 35 et suiv. — Gousset,Comment.Ung.hebr., v° *!??, p. 567T— Hottinger,Exercitat. antimor., p. 33 et suiv. — Froelich,Annal, reg. Syr., prolegomen.,p. 75. — G. 0. Tychsen, Tentamen,p. 63. (5) Annales de philosophiechrétienne,t. LXVIII, p. 408-415; Revuearchéologique,nouv. sér., t. XI,p. 137-153. (6) Un des principauxarguments sur lesquelsse fondaitcette opinion était la mention dans la Bible à certains passagesd'une écriture compréhensiblepour tout le monde, qui semble supposer celle d'une écriture plus relevée, mais en même tempsplus obscure. Ainsi on lit dans le livre de Josué (VIII, 1) : cePrends une grande table et écris dessusen cecaractères humains, 'ÙSï'&131H2. On trouve également en chaldaïque l'expression 2ro ttnBO, ceécriture distincte, claire, » et Buxtorf expliquait dans ce sens la phrase de Habacuc (II, 2) : "1N31"pin 2h3 ceécris ceque tu as vu, et (cela)très-clairement; » mais, il faut l'avouer, ce passage a un sens trop clair et trop simple pour que l'on soit obligé de recourir à une interprétation si recherchée.
— 284 — de la partie précédente du fait de leçons notre Essai (p. 178) ses variantes porter témoignage qu'à une certaine époque les Livres Saints ont été écrits avec l'alphabet donc alors le rôle le samaritain, d'où est dérivé qui jouait alphabet contre
d'écriture
cette
opinion,
sacrée
aussi
car nous
bien
que
avons
vu dans
d'écriture
vulgaire.
IV.
et de quelle manière devons-nous dans quelle mesure Maintenant, le témoignage de la tradition juive? car nous ne saurions plus accepter sans contrôle et sans et simplement, aujourd'hui purement l'adopter d'érudits comme l'ont fait un assez grand nombre avant modification, de posséder tous les documents de comparaison et tous les moyens qui sont maintenant à notre disposition (1). En effet, si ces traditions ainsi que nous venons de le contiennent, choses qui ne permettent dire, certaines pas de les traiter avec mépris, il y a d'autres de leurs assertions de prendre au qu'il est impossible à accorder au pied de la lettre. Quelque antiquité que l'on soit disposé caractère déterminé carré, quelque que l'on soit à rejeter les idées de de ce caractère, on ne saurait (2) sur la date tout à fait récente le faire remonter, soit sous la forme première cependant que nous des Béni-Hézir, soit encore moins sous celle présente l'inscription trouve dans les manuscrits, du retour de la qu'on jusqu'à l'époque captivité. Les papyrus du musée de Turin et de la collection Blacas nous fourKopp
(1) Rabbi Joseph Albo, in Sepher Ihharim, III, 16; fol. 81, col. 2.—Morin, Exercit. inPentateuch. sam., p. 91 et suiv.—Scaliger, Animadv. ad Euseb. Chronic, p. 62. — Capelle, Arcanum punctorum, I, 6; Diatribe de veris et antiquis Eebraeomm litteris, Amsterdam, 1645. — Walton, Prolegomen., part. III, p. 30 et suiv. — Houbigant, Prolegomen., p. 49. — Dobiwsky, De antiquis Eebraeorum cliaracteribus, Prague, 1785, in-80. —Eichhorn, Einleit. in dasAlt. Testant, § 64. — Augusti, Einleit., p. 35. — Bertholdt, Einleit., § 49, — Hug, Geschichte der Buchstabenschrift, p. 6. (2) Bilder und Schriften, t. II, p. 166 et suiv.
— 285 — nissent
ici une date positive et précieuse. Ils nous attestent, en effet, les Juifs emqu'au troisième et au deuxième siècle avant Jésus-Christ ployaient pour leurs livres, non l'écriture carrée telle qu'elle s'est définitivement formée plus tard et qu'elle leur est devenue propre, mais l'alphabet commun à tous les Araméens, qui (nous l'avons montré tout à l'heure) a été la source de cette écriture carrée. Leur témoignage est confirmé par la précieuse découverte pleinement qu'a faite M. de exactement Saulcy (i) d'une inscription, conçue dans un caractère semblable à celui des papyrus Blacas, laquelle est peinte en couleur à demi effacée par les siècles, sur une paroi des rouge, maintenant substructions
la mosquée El-Aksa, dans le Haramantiques supportant esch-Schérif de Jérusalem. Cette inscription, qui paraît contenir une suite de noms propres, est très-difficile à lire par suite de son état de mutilation ; mais on ne saurait se méprendre sur la nature de l'alphabet avec lequel elle est tracée. C'est l'oeuvre de dévots venus prier dans le Temple au temps où les Juifs employaient encore l'araméen des paen être fixée pyrus, et la date doit, suivant toutes les vraisemblances, au troisième ou au deuxième siècle avant notre ère (2). Nous remontons de Araq-elplus haut avec la courte inscription émir (3), que le docteur A. Levy a si bien lue par le nom propre îT3ltû (4). Ici ce n'est plus l'araméen des papyrus que nous rencontrons, mais l'araméen primitif de notre planche IX, conservé assez tard monumentale. Les formes des non loin de Jérusalem comme écriture de Araq-el-émir et l'inscription lettres sont tout à fait caractéristiques, tel que nous l'avons donné, d'un tû fort enrichit de plus l'alphabet, analogue à celui de la pierre et des papyrus de la collection
à libations du Sérapéum (pi. X, col. 2) Blacas et de Rome (pi. XI, col. 3 et 4).
(1) Voyageen Terre Sainte, t. Il, p. 327. (2) Il est inutile, croyons-nous,d'insister sur l'importance capitalequ'a l'existencede cette inscription, dans la question, si controverséedepuisquelquesannées, dela date des débrissubsistants au temple de Jérusalem. Le mur sur lequel elle est tracéene peut pas être du temple d'Hérode, mais pour le moins de celui de Zorobabel. (3) De Saulcy, Voyageen Terre Sainte, t. I, p. 215. (4) Voy. DeVogué, Mélangesd'archéologieorientale,p. 102.
— 286 — Or, M. de Saulcy que le personnage cuter les travaux l'adversaire araméen
de
d'une manière qui me semble décisive, (i) a établi, se rapporte cette inscription, et qui fit exéauquel est Tobiah dont elle indique l'auteur, l'Ammonite, de l'emploi de l'alphabet Néhémie (2). Ce monument
du moins par les par les Juifs eux-mêmes, date donc du milieu du qui les entouraient, palestiniennes suivant le système siècle avant Jésus-Christ, chronologique sinon
primitif,
populations quatrième de M. de Saulcy.
ou de la seconde
vulgaire. l'opinion Mais l'observation
que
nous
moitié
avons
du cinquième
faite
sur
siècle,
suivant
la nature
véritable du dire son identité
étroite et l'on peut même carré, sa parenté fondamentale avec l'araméen, fournit la clef de l'interprétation que l'on doit donner à la tradition conservée par saint Jérôme et par Origène, En n'entendant à par les deux Talmuds. pas, en effet, cette tradition la lettre, en l'expliquant du type d'écriture araméen et par l'adoption à l'ancien sa substitution on obtient une donnée partype hébraïque, caractère
faitement
raisonnable
et conforme
à tous
les autres
faits relatifs
à l'his-
toire
de la langue chez les Juifs. du retour de la captivité est, en effet, celle où l'influence L'époque araméenne se dessina d'une manière et prit le dessus chez les puissante Israélites (3). Au temps d'Ézéchias, l'hébreu dit, înifT 1, était la langue proprement de la Palestine, la seule que le peuple l'araméen vulgaire comprît; n'était entendu à Jérusalem forque par les lettrés. C'est ce qu'attestent mellement
les
d'Isaïe (4) et du livre des Rois (5), que nous passages avons cités plus haut, et où les envoyés d'Ézéchias, gens savants parmi un scribe et un historiographe lesquels figurent royal, prient le rabschak de parler araméen et non envoyé par le monarque assyrien afin que la foule qui les entoure ne comprenne hébreu, pas leur cou* (i) Étude chronologique dés livres d'Esdras et de Néhémie, p. 105 et suiv; (2) Nehem., II, 10 et 19; IV, 1 ; VI, 12 et 14. (3) Voy. Renan, Eisloire des langues sémitiques, lro édition, p. 134i (4) XXXVI,11 et 13. (5) II Reg., XVIII, 26 et 28.
— 287 — vèrsation.
Moins de deux cents ans plus tard, lorsque Esdras et Néhémie rétablirent solennellement le culte, la masse du peuple ne comprenait pas la langue des Écritures. M. Renan (i) a fort ingénieusement du livre de Néhémie (2), dans lequel
tiré cette conclusion d'un verset il est question de la lecture pu-
de la Loi par ordre d'Esdras : mins i?D3 W|p»_i QTj^n tflj?)?3 MI^T SD^ Diirn, lïnbp ceIls (les Lévites) lurent dans le livre de la loi de Dieu, clairement et et ils expliquèrent ce qu'ils avaient lu. » distinctement} Ce passage avait été allégué plusieurs fois comme preuve de ce que la langue hébraïque était tombée en désuétude à l'époque du retour de la captivité (3). Mais, chose bizarre, cette,conclusion fort juste était blique
de l'expression U71S52. On traappuyée sur une fausse interprétation duisait eu effet ce mot comme indiquant une version en langue vulde gaire. II n'a pas été difficile à Gesenius (4) de montrer l'inexactitude cette traduction. 1ÏHS53 en hébreu ne peut avoir qu'un sens, celui de ceclairement, distinctement », par lequel les Septante et saint Jérôme l'ont dans le passage qui nous occupe. On ne peut, en effet, citer avec dans toute la Bible aucun passage où le verbe UH2 se présenterait le sens de cetraduire », lequel est constamment exprimé par D51D (5), de l'idée de traEt cette impossibilité à 1^12 l'expression d'attribuer dans tous duction n'est pas particulière à l'hébreu ; on la retrouverait les autres idiomes sémitiques. 1ÏJH2 rend toujours la clarté, la distinctraduit
tion (6), et l'expression Ï^ISP 33~Q se présente dans le Targum d'Onkélos (7) avec le sensd' ce écriture claire et distincte ». Il est vrai — et c'est sur ce fait que s'appuyaient les érudits réfutés par Gesenius — que (1) Histoiredes languessémitiques;ir 0 édition, p. 137. (2) VIII, 8. (3) Hottinger, Thés, philol, p. 279. — M'alton,Prolegomen.,pari. 111,§ 124. —Buxtorf, Dissert,philol. theol., p. 157. (4) Geschichteder hebrxischenSprache, p. 45. — Cf. Luzzatto,Prolegomeniad unagrammatica raggionata délia lingua ebraica, p. 95. (5) Esdr., IV, 7. y (6) Num., XV,34. — Levitic.jXXIV,12; (7) Exod.j XXVIII,H.
— 288 — le chaldaïque obscur, dans lequel
dans
du
livre
d'Esdras
un
se rencontre
verset
mêmes du verset les expressions figurent du roi Artaxerxe aux accusations la réponse
mie (i). C'est dans contre les Juifs. Le monarque
perse
un peu de Néhéportées
y dit :
«3inw3 xsrhx iinnS^-n impT.np.:uhjDp : Accusatio, Ce que saint Jérôme traduit quam misisti ad nos, manifeste lecta est coram me. C'est là le sens le plus simple et le plus probable. au roi de Perse devait adressée Mais on objecte qu'une pièce araméenne Cela est vrai avoir besoin d'être traduite pour qu'il pût la comprendre. en fait,
mais
les choses
officiellement
ne
devaient
pas
être
censées
se
était une des langues légales de la chancelpasser ainsi, car l'araméen lerie des rois Achéménides. du verset de NéQuoi qu'il en soit, du reste, la véritable importance hémie ne réside ItHSD, mais, ainsi que l'a fait pas dans l'expression M. Renan, dans le second membre du parallélisme, remarquer DW] d'où il résulte clairement K1pî23 IS'Q'115W, que dès lors le texte de la Loi l'aide
ne pouvait plus être d'une interprétation.
compris
de la masse
du peuple
juif
qu'à
Ce que nous concluons de ce passage est pleinement confirmé par la tradition est constante et unanime. rabbinique, laquelle sous ce rapport Outre les expressions du Talmud de Babylone (2), que nous avons citées
plus
haut,
il nous
aux logues empruntés Enfin, les grammairiens vita (5), Rabbi Kimchi retour
de la captivité
serait
facile
de rapporter des témoignages anadifférents traités du Talmud de Jérusalem (3). juifs du moyen âge, Ephodaeus (4), Elias Le-
(6), sont d'accord l'extinction de l'hébreu
son remplacement par l'araméen. Les deux arguments que l'on a employés dition ne nous paraissent pas avoir une bien
fixer à l'époque pour comme langue usuelle pour combattre valeur. grande
(1) Esdr., IV, 18. (2) Tr. Synhédrin, sect. 2, fol. 22, col. 1. (3) Tr. Megillah, fol. 3, col. 1. — Tr. Nedarim, fol. 37, col. 2. (4) Grammat., c. 7. (5) Praefat. lib. Methurgeman. (6) Praefat. ad Michlol. — Cf. Buxtorf, Dissert, philol. theol., p. 157.
cette
du et tra-
— 289 — Le premier se tire d'un verset de Néhémie ainsi conçu : ce En ce temps-là, je vis des Juifs qui prenaient des femmes azdodites, ammoet leurs enfants parlaient à moitié azdodite, et ils ne nites, moabites, savaient pas parler/Ht/" (ïYHliTl), mais ils parlaient selon la langue de chacun de ces peuples (i). » Rien n'est moins sûr, d'abord, que l'indication
de la langue purement hébraïque par le mot rVHVT1..Il signifie la langue juive, et si, par suite de cette signification, il simplement à l'hébreu du temps d'Ézéchias, il aura pu tout aussi bien s'appliquait se rapporter à un autre idiome qui aura remplacé celui-ci dans l'usage du peuple juif. C'est ainsi que, dans des temps plus rapprochés de les mots de lingua romana, des langues désigné successivement
ont lingua gallica, lingua francica, entièrement différentes (a). Déplus, quand même cette expression aurait le sens qu'on lui a souvent donné, le passage de Néhémie ne prouverait de la langue pas la persistance mais au contraire sa tendance à disparaître à ce moment de hébraïque, l'histoire des Juifs.
nous,
Quant au second argument^ on le cherche dans les médailles dites dont les plus anciennes remontent en réalité, comme asmonéennes, nous l'avons dit, au temps des Perses, et dont les légendes sont conMais sur ces monnaies l'hébreu ne figure, çues en hébreu très-pur. aussi bien que le caractère hébraïque primitif, que par une affectation un peu plus loin la cause. Il en dont nous examinerons d'archaïsme comme des légendes latines que portent est de ces légendes hébraïques toutes les monnaies du moyen âge et qui s'inscrivent même encore sur dans quelques pays de l'Europe ; elles les espèces mises en circulation de l'hébreu n'était pas perdue alors, que prouvent que la tradition l'on pouvait s'en servir dans quelques livres et pour certains usages mais elles n'ont aucune valeur pour établir quel était monumentaux, D'aill'idiome vulgaire au temps où on les inscrivit sur la monnaie. leurs, si l'on voulait tirer un argument des légendes monétaires, il fauserait demeuré dans l'usage populaire drait en conclure que l'hébreu puisque les inscriptions des médailles jusqu'à l'époque de Barchocébas, (1) Nehem., XIII, 23-24. (2) Renan, Eistoire des languessémitiques,lre édition, p. 137.
19
— 290 — de
ce chef
sous
révolté
Hadrien
sont
en hébreu
aussi
pur
asmonéennes. médailles Or, nous n'avons pas besoin on serait à laquelle de la conclusion l'absurdité marquer difficultés au sujet du langage S'il a pu s'élever quelques du retour de la captivité tine dans la période qui s'étend sur il ne saurait tion des Macchabées, y en avoir aucune des
que celui de faire re-
ainsi
amené.
de la Palesà la dominal'idiome
que
et dans les preau temps du Sauveur dans cette contrée parlait était alors la langue de miers siècles de notre ère. Le syro-chaldaïque c'est-à-dire la langue tout le monde (i); la langue sainte, Ainpn )W1, les savants eux-mêmes des Écritures, était complètement ne morte, l'on
l'écrivaient core raire
plus;
hébraïque, (2), dont
ils se servaient
dans
leurs
aramaïsé profondément la Mischna est le monument",
livres , idiome
mais
d'un
idiome
purement
qu'ils
distinguaient de leur objet
enlittéde la
tOTHn yiwl langue vulgaire, (Î&IMTÔJVyXiocca), mépris, mais qu'ils reconnaissaient n'être pas la langue sainte, y\Xffj cependant (3). WTpr\, ou langue de la Loi, Hllf! )wb de bien fixer l'éL'importance, pour la question qui nous occupe, où la langue araméenne fut adoptée dans l'habitude poque par les Juifs — car ce fut à la même durent aussi prendre époque qu'ils — l'importance de l'écriture des Araméens de bien fixer son l'usage la longueur de la digression à laquelle nous venons époque explique de nous livrer. 11 en ressort clairement, croyons-nous, que l'opinion de'Gesenius de l'hébreu (4) et de Winer (5) sur la permanence jusdes temps d'Esdras l'époque qu'au
Macchabées ne saurait et de Néhémie l'idiome
être
acceptée, usuel des Juifs
et que dés était l'ara-
(1) De' Rossi, Délia lingua propria di Crislo, Parme, 1772. — Pfannkuche, Veber die Palxstinische Landessprache in dem Zeitalter Christi und der Aposteln, dans la BibliotMque d'Eichhorn, part. VIII, p. 365 et suiv. — Wiseman, Horae syriacae, part. I, appendj — Evvald, Jahrbuclm-der biblischen Wisscnscliaft, t. II, 1850, p. 184 et suiv. — Renan; Eistoire des langues sémitiques, p. 211. (2) Rabbi Jochanan, collecteur du Talmud de Jérusalem vers l'an 300 de notre ère, appelle là langue de la Mischna QtDsn ]wb, «langue des savants».— Voy. Luzzatto; Prolegomen.; p. 98-99; (3) Renan, Eistoire des langues sémitiques, lrc édition, p. 149. "•'•'". .-.•:.' (4) Geschic/Uelier hcbrxischen Sprache, p; 44 et suiv. (o) Grammal. der bibl. und targuai. Chald., p. 4. — Bibl. Reahvoerl., t. II, p. 50L;
— 291 — ce qu'on peut admettre est l'idée de M. Fùrst (i), d'après serait toujours demeuré parlé par les Israélites laquelle l'araméen d'hébraïsmes mélangé d'une assez forte proportion qui lui donnaient une physionomie originale, analogue à celle de la langue des papyà un certain degré la distinction rus Blacas, et qui justifiaient que à établir entre l'idiome dont ils faisaient usage, les Juifs continuaient éëpaiç àialsxToç, Tî«Tpioçepwvvî(2), et l'araméen, présenté encore dans
méen.
Tout
quelques écrits de cette époque comme une langue étrangère (3). Quant c'était dès lors la langue des lettrés (D'HBb); on l'écrivait à l'hébreu, encore, comme le latin dans le moyen âge et dans les siècles modernes, mais on ne le parlait plus dans l'usage vulgaire, et sous la plume des écrivains les plus habiles et les plus classiques de cette époque on peut remarquer
dans bien
des formes
grammaticales
la trace manifeste
du
triomphe de l'araméen (4). On le voit, entendue dans le sens que nous croyons devoir lui assigner, la tradition juive sur l'origine de l'écriture carrée a pour elle les Mais si nous nous les plus significatives. concordances historiques à à ce que rapportent trouvons ainsi rendre une autorité considérable il est une partie de leur témoignage que nous ne ce sujet les rabbins, araméennes de la langue et de l'écriture saurions accepter. L'adoption bien au temps du retour de la captivité, mais par les Juifs correspond à Esdras, et on on ne doit pas attribuer cette adoption personnellement ne doit pas croire non plus que la culture et l'influence araméennes, écriture aussi bien que langue, soient venues de Babylone en Judée, dans leur patrie après l'exil de rentraient ceux qui par rapportées soixante-dix ans. En ce qui concerne d'abord le rôle personnel d'Esdras, nous n'avons Il est dans le génie de tous les peupas besoin d'insister longuement. et suiv. (1) Lehrgebmudeder aramxischenIdiome, p. 3 et suiv.; p. 11 - Joli., V, 2; XVII,20; XIX,13. — Act. apost., XXI, et I 21 XII, 37; XVII, 27; Macch., (2) 1 Anii40; XXII,2; XXVI,14. — Joseph., De bell. nid., prooem.,1; V, 6, 3 ; V,9, 2; VI, % ; quit.jud., XVIII,6,10. (3) Daniel,II, 4. — des languessémitiques, (4) Gesenius,Geschichteder hebr. Sprache,p. 28. Renan, Eistoire lre édition, p. 143;
— 292 -Là chaque même à celles qui ne sont invention, ples d'assigner grande venues que par une succession d'efforts ou un concours d'influences, un créateur dans lequel se personnifient les travaux et les faits unique, Tantôt pour ce rôle les souvenirs qui ont amené cette invention. popuun personnage réellement tantôt ils metchoisissent historique, fictif. En Grèce, nous trouverons tent en avant un nom réellement ce l'oriental de l'écriture à Cadmus, l'invention attribuée », et à Palale mède, un des héros du siège de Troie; dans la tradition rabbinique, laires
rôle d'Esdras
est le même
que celui de ces deux héros. de l'écriture araméenne
Seulement, pour l'introduction chez les Juifs, le personnifier nom du reconstructeur du temple, nous devons le reconnaître, a été fort bien choisi. Esdras, en effet, fut celui qui rapporta les livres de la Loi à la portion du peuple hébreu qui était restée en Palestine après la prise de Jérusalem; il en fit une lecture publique qui dura sept jours les copies, que l'on avait cessé de posséder, entiers (i); il en multiplia et dans ces copies il dut être le premier fussent plus qui, pour qu'elles facilement lues et comprises du grand le caractère nombre, employa araméen à la transcription des Saintes Écritures. bien que nous ayons vu Quant à la seconde partie de la question, avait pénétré à Babylone et 3^ avait que la langue araméenne dans l'usage nous ne croyons pris une certaine importance vulgaire, en Judée. La Transporpas que ce fut de là que cet idiome fut ramené tation n'avait la masse de la population Une pas frappé hébraïque. mais ce fut la tête, l'élite, et petite partie de la nation y fut soumise, les classes instruites, surtout où résidait la tradition et la religieuse culture de la langue sacrée (2). Affaibli, conprivé de ses institutions le peuple demeuré sur sa terre natale fut livré sans défense servatrices, à toutes les influences du dehors. A quelques lieues de Jérusalem, sur le territoire du royaume on parlait une langue d'Israël, déjà presque entièrement araméenne des Syriens dans toutes (3). De plus, l'influence plus
haut
(1) Voy. le chapitre VIII tout entier du livre de Néhémie. (2) Winer, Bibl. Realwoerterb., art. Exil. — Bertheau, Zur Geschichte der Israèliter, p. 85 et suiv. (3) Juynboll, Comment,in hist. gentis Samaritanae, Leyde, 1846.— Ewald, Kritische Gram-
— 293 —
/
ces contrées était devenue prépondérante, par suite de l'établissement de la domination Le peuple juif, tandis que ses rois et babylonienne. ses chefs étaient traînés en captivité, avait été placé sous l'autorité de satrapes de race araméenne; n'ayant plus la surveillance vigilante des des préceptes de Moïse et gardiens de sa loi, il avait oublié plusieurs dont les unions avaient corrompu s'était allié à des femmes étrangères, Ce fut dans ces circonstances la pureté de sa race(i). que la langue des Livres Saints fut oubliée et que l'araméen vint la remplacer dans du peuple (2). Ce qui prouve bien, d'ailleurs, de l'araméen à que la substitution l'hébreu s'opéra dans l'usage des Juifs en Palestine, et non à Babylone, est ce fait incontestable que l'esprit et la langue du Peuple Saint se conmieux durant la captivité sur les bords de l'Euservèrent beaucoup des morceaux les plus Quelques-uns phrate que sur ceux du Jourdain.
la bouche
ont été écrits hébraïque dont le plus célèbre est l'admirable cantique de tristesse : Super flumina Babylonis, se rattachent certainement les fragments à cette origine, et on y attribue aussi avec vraisemblance réunis à la suite des oeuvres d'Isaïe, qui en forment les vingt-six derdu style et la pureté de XL à LXVI. Pour l'élévation niers chapitres, achevés de la seconde époque dans l'exil. Certains psaumes,
de la littérature
ne le cèdent en rien aux plus belles prode la langue, ces morceaux à partir de la renaissance littéraire ductions de l'époque indépendante, qui marque les règnes de David et de Salomon. Dès lors, Babylone et la contrée environnante, où, même après Esdras et Néhémie, une nombreuse population juive continua à résider, devint comme une seconde de moment où, après la destruction jusqu'au capitale du judaïsme, Aussi Jérusalem par les Bomains, elle en fut le foyer principal (3). — Renan, Eistoire des langues sémitimatik, § 6; Grammatikder hebrseischenSprache, § 5. ques, ire édition, p. 132. (1) Esdr., IX, 1 et 2. — Nehem., XIII, 23 et 24. Fûrst, Lehrgeb. der aram. Idiom., p. 11 et suiv. —Renan, Eistoire des langues sèmili(2) ' ques, lre édition, p. 135. — Fùrst, Lehrgeb. der 147-148. t. 2° d es Volkes Geschichte III, p. Israël, part., Ewald, (3) aram. Idiom., p. 12-13; Kullur- und Literaturgeschichteder Juden in Asien, p. 2 et suiv. — Renan, Histoiredes langues sémitiques, 1" édition, p. 136.
— 294 — voyons-nous Livres Saints
les restaurateurs en Palestine, loin d'apporter
bien bylone, la Loi, s'indigner
et de l'autorité des culte mosaïque arrivant de Baet Néhémie, comme Esdras différent de celui de un idiome nouveau, du
de leurs du langage et de la corruption de l'ignorance de la Judée ( i ). coreligionnaires et pendant le donc évident Il nous paraît que ce fut en Palestine, traînée en captivité, où la tête de la nation se trouvait que les temps de leurs voisins, adoptèrent Juifs, influencés par le contact et l'exemple l'usage
de l'écriture
de de la langue araméenne. L'inscription de la Captien effet, que dans l'âge des retours les débris et pressaient voisines, qui entouraient comme
montre, Âraq-el-émir vité ces populations
Mais si nous nous refuaraméen. avec l'alphabet de Babylone fut rapportée par que cette écriture nos observales exilés qui rentraient ans d'absence, après soixante-dix tions n'infirment en rien la valeur du nom de rVH'Wtf ou ce écriture au système d'écriture donné par la tradition assyrienne», rabbinique des Juifs, écrivaient sons ainsi à admettre
en usage depuis la captivité et à l'alphabet carré dans le premier avoir démontré, croyons chapitre de notre Essai, que l'écriture araméenne avait dû dans le bassin de l'Euphrate, et que c'était de là
araméenne d'origine qui en dériva. Nous du
livre présent naissance prendre sur toutes les contrées avait rayonné qu'elle qui formèrent plus tard son domaine. Elle méritait le nom de rYHltëW, que donc pleinement les Araméens lui donnaient avant les Hébreux. Ceux-ci ne la peut-être de l'Assyrie ou de la Chaldée; elle leur fut reçurent pas directement des populations araméennes de leur communiquée par l'intermédiaire mais elle n'en était pas moins 1' « écriture voisinage, », assyrienne l'écriture inventée chez les Assyriens. En même temps que les Juifs, d'autres exilés rentrèrent aussi en Palestine. Après la destruction du royaume d'Israël par les monarques assyavaient mis en pratique, riens, les vainqueurs leur domipour assurer des procédés semblables à ceux que Nabuchodorossor nation, employa un peu plus tard dans le de Juda. Les classes supérieures de la royaume (1) Nehem., XIII, 23-25.
29S — nation avaient été transportées dans la vallée de l'Euphrate, la masse du peuple avait été laissée dans son pays. Mais, pour rompre son unité et son existence nationale, de nombreuses colonies d'étrangers venant de la Haute-Asie avaient été établies au milieu de ce peuple, et y avaient étranapporté un langage et des habitudes religieuses complètement gères aux anciens Israélites (i). Il paraît, toutefois, que ces barbares s'étaient
laissé rapidement dominer par la supériorité morale et intellectuelle des indigènes, et avaient bientôt adopté la religion de Jéhovah. La permission de retour, accordée par Cyrus au peuple juif, s'étendit aussi bien aux dix tribus dissidentes qu'à la population du royaume de Juda, et ceux de ces tribus qui revinrent sur la terre natale, se joignant à la population restée dans le pays et profondément d'élépénétrée ments étrangers, donnèrent naissance aux Samaritains (2). Cependant leur culte ne se reconstitua Ce ne fut que pas d'abord complètement. sous Darius Codoman et sous Alexandre qu'ils obtinrent la permission dont de bâtir un temple, grâce à la protection du satrape Sanaballète, leur chef Manassès avait épousé la fille Nicaso (3). Ils choisirent pour le mont Garizim, qui avait été autrefois le lieu sacré celte construction de rétablir toutes les choses du des dix tribus (4), et ils s'efforcèrent culte telles qu'elles avaient existé avant la prise de Samarie. Mais ils avec autant de fidélité que les n'avaient pas conservé leurs traditions Juifs orthodoxes; durant la captivité et les temps qui la suivirent, ils ils durent et pour le recouvrer avaient perdu le texte de l'Écriture, avoir recours à des copies juives (5). Dans ces copies, il y avait un certain nombre de livres compris au Canon qu'ils ne pouvaient accepter; en un mot tout ce qui était c'étaient les livres des Rois, des Prophètes, postérieur
à la séparation.
Ils ne se bornèrent
pas à rejeter
ces ouvra-
(1) Bertheau,Zur Geschichteder Israélite); p. 358 et suiv.; 400 et suiv. — (2) E-wald,Geschichtedes VolkesIsraël, t. III, 2e part. p. 100et suiv. Renan, Histoire des languessémitiques,lre édition, p. 219. (3) Joseph., Ant. jud., XIII. et (4) Sur le temple du Garizim,voy. Saulcy,Histoirede l'art judaïque, p. 360 suiv. (0) Gesenius,De pentateuchosamaritano, ejusqueindoleet auctoritate,Ea\\e, 1814,in-4° ; Geschichteder hebrseischenSprache, p. 84. — Winer, De versionisPentateuchi samaritanae indole, Leipzig, 1817.
— 296 — et et de purisme, un air d'antiquité se donner ils prétendirent d'autorité répudiant qu'au Pentateuque, pour cela ils ne reconnurent de David et les les psaumes les livres des Juges, de Josué, de Samuel, du siècle de Salomon, écrits sapientiaux que leur date eût cependant leur fit d'archaïsme par eux (i). La même affectation pu faire admettre écriture l'ancienne définitivement et adopter hébraïque, que reprendre autrement les Juifs avaient cessé d'employer que comme un caractère circonsmis en oeuvre dans certaines et épigraphique monumental ges;
tances,
entre
autres
pour
les légendes
des monnaies.
V.
de l'alphabet à fixer la date de l'adoption sommes parvenus maintenant vers quelle araméen par les Juifs ; il nous reste à rechercher de manière à produire se modifia définitivement, époque cet alphabet le caractère carré. de Un poiut d'abord est certain et ressort des papyrus araméo-juifs Nous
ainsi que de l'inscription l'Egypte, peinte découverte par M. de Saulcy au-dessous de la mosquée d'El-Aksa : c'est qu'à l'époque des premiers Ptolémées l'écriture carrée n'était pas encore combinée avec ses particularités et que les Hébreux faisaient distinctes, usage identiquement du même alphabet que les peuples syriens. Un précieux cette donnée. L'hispassage de .losèphe vient confirmer torien
juif y raconte
de Phalère, bibliothécaire de Ptoque Démétrius lémée Philadelphe, les ayant parlé au roi de la convenance d'acquérir livres sacrés des Hébreux déclara que les pour la bibliothèque royale, Hébreux de nombreux écrits avec leurs caracpossédaient ouvrages, tères et leur langue, TOÎÇkeiveov x«p<x>i/rîïpc7ijcal TÎÎ O^KIÉXTCO yeypafAL/.éva,et (1) Quelques érudits, comme De Wette {Einleitung, § 17a) et M. Renan [Histoire des langues sémitiques, lre édition, p. 221), ont voulu induire de ce fait que l'idée d'une inspiration uniforme s'étendant à tous les livres du Canon des Écritures n'existait pas encore chez les Juifs à cette époque. Maisrien là-dedans n'autorise une semblable conclusion.
— 297 — « Leur écriture, dans cette bibliothèque. lui fait très-dignes défigurer dire Josèphe, paraît être semblable, (e^cpep/i;)à celle des Syriens, et leur langue est très-voisine de celle de ce peuple, quoique ayant une allure TÛV ; » èW.eï (*,èvyàp elvcu TYJÏ&IO'TYJTI propre et des caractères particuliers xal TYIV Supuv ypap-iwcrcûvèfwpspvi;6 ^apay.TYipCOITWV, epwvvjv ôp.otav aùxoiç àroi^eîv, S'a aÙTYjv elvai cu(/.6éêvi)i£v icîiÔTpoTtov (i). Les anciens critiques avaient prétendu tirer une preuve irréfragable de l'existence de l'écriture carrée au temps du Sauveur, d'un passage fameux de l'Évangile de saint Matthieu (2), où il est dit : ceJusqu'à ce que le ciel et la terre aient passé, ni un iod ni un apex ne sera retiré de la Loi, » l'coç àv TOXpsXQv) ô oùpavàî xal TQ yvi, luxa ev vj [Ma y.spaia où JJ/QuapTOOvo[/,ou.Il résulte évidemment de cette parole du Christ qu'au élfy COTO temps où il vint sur la terre, le iod était la plus petite de toutes les lettres dans l'écriture des Juifs; or, disait-on, l'alphabet carré est le seul de tous les alphabets se remarque. sémitiques où cette particularité Mais on ne connaissait
pas alors l'alphabet araméen des papyrus, dans lequel le iod est déjà la plus petite des lettres. Le passage de saint Matthieu ne prouve donc qu'une chose, c'est que lors de la venue du Christ l'araméen des papyrus ou le caractère carré sous sa forme première (3) était en usage dans la Judée. Mais il ne donne aucun moyen de décider entre ces deux Les témoignages
écritures.
donc aucune donnée sur littéraires ne fournissent C'est d'après les l'époque où la transition s'opéra de l'une à l'autre. à cet égard.. monuments seuls que l'on peut former des conjectures (1) Joseph., Ant. °ud., XII,2, 1. (2) V. 18. (3) Par une circonstancebien étrange, les deux plus anciennesinscriptionshébraïquesque nous possédionspresque contemporaines du Christ, l'inscription des Béni-Héziret celle du templed'Hérode, ne font pas le > sensiblement plus petit que les autres lettres. Maiscomme nous lui reconnaissonscette nature à la fois dans l'araméen des papyruset dansles inscriptions juives immédiatementpostérieures à celle du tombeau dit de saint Jacques,gravéesdu vivant mêmede Jésus, comme l'épitaphe de l'an 6 de l'ère chrétiennepubliée par M. Chwolsohn,nous sommesen droit de considérer le > des deux monumentsque nous avons cités commeexceptionnelet ne reproduisant pas exactementle type normal. De même, en palmyrénien, le >est régulièrementla plus petite des lettres, mais on rencontre des monumentsoù il a un développement égal h celui desautres signes de l'écriture.
— 298 — Nous
avons
vu dans
le commencement
témoignage indiquer paraissait comme le temps où l'écriture tincte et cessa d'être confondue à ce moment Pendant
au moins
le premier
du
chapitre que leur présent siècle avant l'ère chrétienne
discarrée hébraïque prit une existence dont se servaient encore avec l'écriture
partie des Araméens. siècles encore les sources
une
plus de deux sur le compte du
littéraires
restent
2731D 3rD, dont nous possédons cependant de comme on a pu le voir dans le § i, un certain nombre aujourd'hui, et saint monuments à cette même. Avec Origène remontant période les témoignages nombreux et formels. Nous en deviennent Jérôme, muettes
avons
; il en est d'autres déjà cité quelques-uns que nous ne devons pas non plus passer sous silence. Ainsi le Père de l'Église qui a fondé la critique sacrée chez les chrétiens dans ses Prolégomènes aux parle, comme d'une écriture d'Ézéchiel (i), de l'écriture prophéties hébraïque Avec le gros caractère les yeux. fine, confuse et qui lui perdait régulier que l'on trouve dans les manuscrits à partir du onzième siècle, ce fort bien à une langage ne se comprendrait guère ; mais il s'applique écriture fine et serrée, comme celle des coupes de Babylone. irrégulière, Un autre passage, se rencontre beaucoup plus curieux, également dans saint Jérôme et montre de l'écriture que de son temps l'usage carrée n'était : Nomen Domini in pas tout nouveau tetragrammaton literis quibusdam graecis voluminibus usque hodie antiquis expresswn itwenimus de ce Père s'attache d'ordi(i). Au sens qui sous la plume naire aux mots antiquae Hebraeorum croire qu'il s'aliterae, on pourrait caractères d'où est sorti le samaritain git ici des premiers ; hébraïques mais
il n'en
est rien.
Un autre
passage,
tiré des lettres
de saint
Jérôme,
les expressions du Prologus : Nomen TêTpaypaf/.|/.aTov, galealus quod Kvex.epwv/)Tov,id est ineffabile pulaverunt, quod his literis scribitur mni : quod quidein non intelligentes, elementorwn similitudipropter in graecis libris reperirent 111ni, légère consueverunt neniycum (3). Il est explique
(1) Hieronym,, Opp., t. III, col. 842, éd. Benedict. (2) Prolog, galeal. (3) Epist. 130, ad Marcellam. Hieronym., Opp., t. II, col. 704, ed, Benedict. — Cf. Origen., Eescapl., Psalm ; LXX1,20; Malach , II, 13.
— 299 — évident
que dans ce passage il ne peut être question que du mot niiT 1 en caractères carrés (i). L'hébraïque primitif pour ce mot donnerait 3ïïfi ce qui n'offre aucune ressemblance avec mm (2). L'araméen des papyrus serait JllJl* l'araméen
tertiaire
ou palmyrénien x^X5
Mais aucune
de ces formes n'expliquerait guère non plus la faute des carré sous sa figure première, tel copistes grecs. Au contraire, l'hébreu des Béni-Hézir , offre pour le que nous le fait connaître l'inscription nom de Jéhovah les lettres T11T1* se corrompre en mm (3); l'origine de l'erqui ont pu très-facilement reur signalée par saint Jérôme est même beaucoup mieux compréhensible avec ce type primitif qu'avec le type postérieur et plus régulier mrp (4). (1) Montfaucon,Palaeograph.graec, p. 120. — Chishull,Antiq. asiat., p. 29. — Kennicott, Dissert., t. II, p. 150. — Michaëlis, Bïblioth. orient., t. XXII, p. 124. — Tyschen, Tentamen, p. 173. —Gesenius, De Pentateuchosamaritano, p. 11 et 12; Geschichteder hebr. Sprache, p. 176. (2) Guillaume Postel et, plus tard, les auteurs du Nouveautraité de diplomatique(t. I, part. II, p. 50) avaientcru pouvoirexpliquer le mm de saint Jérômeau moyendu samaritain. Trouvantdans quelques manuscrits hébraïques l'abréviation de » pour ITin»,ils supposaient que l'erreur des premiers copistesgrecs venaient de ce qu'ils avaient pris pour fl I11I cette abréviationécrite en caractèressamaritains ttfQf. Mais Adelung, Michaëliset Gesenius n'ont pas eu beaucoupde peine à réfuter cette opinion. La forme /?/ pour le 1 ne se rencontre que dans les manuscrits samaritains postérieurs de beaucoup à saint Jérôme; la véritable figure de cettelettre dans l'hébraïque primitif est /)v/ ou -J_. Par conséquent» aurait été ft\f fis/ ou -Z.ï. d'où on n'a pas pu faire n I f~iI. (3) Kopp(Bilderund Schriften, t. II, p. 172) est arrivé malgré lui à une conclusionpresque semblable.Cetérudit ne croyait pas à l'anciennetédu caractère carré; cependant, ne pouvant s'expliquerle TT1TTIdu Père latin, ni par l'hébraïque primitif, ni par l'araméen des papyrus, ni par le palmyrénien, il a supposé l'existenced'une écriture particulière d'où serait dérivé le y?T? -^ro et en essayantde restituer hypothétiquementle mot îlliT dans cette écriture il s'est rapprochéde très-près de nos formes primitives du caractère carré. (4) M.de Saulcya dit exactementles mêmeschosesdans les Annalesdephilosophiechrétienne. Cependantnous ne l'avons pas copié, car tout ce passage se trouvait déjà dans notre Mémoire,
— 300 — c'est que saint Jérôme, Ce qui est très-extraordinaire, qui cependant usité de son du caractère l'hébreu savait fort bien distinguer antique si profondément deux écritures ait confondu dans ce passage temps, la cause de cette différentes. Nous ne nous chargeons pas d'expliquer de literae que l'expression de la Vulgate emploie dans le Prologusgalealus, que l'auteur antiquae, et son langage dans la lettre à Marcella indiquent que, si de son temps la faute qu'il signalait encore on répétait dans certaines copies grecques au du tetragrammalon dans la transcription sacré, cet usage d'écrire ou de le remplacer en hébreu milieu d'un texte grec le nom de Jéhovah erreur
bizarre;
il nous
suffit
de remarquer
des lettres la forme hébraïques helléniques rappelant et redevait dès lors avoir une date assez ancienne qui le composent, monter à plusieurs siècles (i). carré depuis le temps de saint Jérôme est dans L'histoire de l'hébreu
par
des lettres
le tableau
XV. Il n'est pas nécessaire, croyons-nous, planche du cad'insister sur les nombreux l'emploi passages qui mentionnent et au temps de la rédaction des deux Talmuds ractère carré à l'époque Le seul grand changede l'école de Tibériade. des docteurs massorètes de notre
sa première invention fut le ment qu'éprouva l'écriture carrée depuis travail de régularisation dont elle devint l'objet au oncalligraphique zième siècle, car jusque-là les modifications fort légères et en petit nomlorsque nous nous sommes présentés pour la première fois au concours, en 1860. Notre manuscrit se trouvant au secrétariat de l'Institut, la vérification du fait est facile. (1) Peut-être les mots literae antiquae veulent-ils tout simplement dire ici c iëpaï. cOX'cùy_lTiTîvûv. xcù;àp^atci;•ypâ[j.jwwri -fS-ypswvTai,
— 301 — bre qu'elle
avait subies s'étaient
temps. Ce travail naissance
sur l'écriture
de la culture
l'histoire des Juifs. La renaissance dont
opérées
coïncide
de l'hébreu
graduellement
et par l'effet dit
avec le grand mouvement de requi marque le onzième siècle dans
nous
parlons avait été précédée d'une éclipse presque complète de plusieurs siècles. Les deux Talmuds sont écrits en mais les nombreux chaldaïque, fragments en hébreu insérés dans ces deux ouvrages, les Midraschim dont la langue est la même que celle de la Mischna, le livre Ielsira, les Baraietholh, le Seder Olam, les Halacoth Guedoloth et Ketannoth, les Piyutim, prouvent que l'usage du "pltfl QiDDH ou hébreu aramaïsé n'était abandonné, ni du temps de la rédaction talmudique, ni dans les siècles qui suivirent immédiatement (i). Au neuvième et au dixième siècle, au contraire, l'emploi de l'hébreu disparaît presque L'arabe devient la langue littécomplètement. raire des Juifs et le moyen d'expression du mouvement intellectuel qui se manifeste parmi eux en Orient et en Espagne, depuis Saadia jusde la langue sacrée est alors tout ce qu'à Maïmonide. La connaissance qu'il y a de plus imparfait parmi eux, et pour ce qui est de son emploi comme idiome écrit, la cessation de cet emploi est presque, comles hymnes de Salomon-benplète ; les écrits de Menahem-ben-Serouk, occidentaux Avicébron, et la Yad Gebirol, appelé par les chrétiens hazaka de Maïmonide font seuls exception (a). reMais dans le onzième siècle l'étude de la langue des Écritures prend tout à coup avec un éclat qu'elle n'avait pas eu depuis bien et c'est la France qui devient le foyer principal de cette longtemps, en général tous les docteurs des renaissance. Raschi, les Tosaphistês, écrivent l'ancienne et de Ramrupt écoles de Troyes, de Dampierre Nous ne faisons pas ici langue d'Israël à l'exclusion de toute autre (3). nous ne suivrons pas l'histoire de la langue hébraïque, par conséquent (1) Dukes,RabbinischeBlumenkse,p. 247 et suiv. —Luzzatto,Prolegomeni,p. 100-101.— Renan,'Eistoire des languessémitiques,iIC édition, p. 151-152. (2) Renan, Eistoire des languessémitiques,lre édition, p. 153. (3) Renan, Eistoire des languessémitiques;lrc édition, p. 153.
— 302 — au onzième de cette renaissance les vicissitudes juive qui, commencée le douzième et fleurit d'un éclat tout partie siècle, se continua pendant les Juifs de l'Espagne musulculier dans le treizième siècle, lorsque se réfugièrent des Khalifes Almohades, mane, chassés par le fanatisme où se fonda en Provence et en Languedoc, dans l'Espagne chrétienne, école de Lunel. de l'hébreu ainsi une C'est dans le temps même où l'étude reprenait s'étudièrent à donner vie nouvelle chez les Juifs, que les calligraphes à l'écriture de cette langue, asune élégance nouvelle et, du caractère dont on se servait le premier siècle avant l'ère sez irrégulier depuis la célèbre
le beau caractère d'une majestueuse dont firent chétienne, régularité on a fait usage depuis lors. les manuscrits au onzième Ce caractère, dans siècle, postérieurs trois types principaux (i) : pésente i° Le caractère (2). C'est celui dont les traits sont les plus espagnol épais et les formes les plus carrées ; il a servi de type pour les lettres dans la Polyglotte d'Anvers et la Bible d'Henri Estienne ; employées 20 Le caractère allemand. C'est celui qui a été reproduit dans la Bible de Munster et qui a servi de type pour les caractères d'imprimerie
actuellement
en
usage
dans
les
différentes
parties
de
l'Eu-
rope ; italien et français, 3° Le caractère appelé par Kennicott (3) character Il tient en effet le milieu entre le caractère intermedius. et le espagnol caractère et offre en même temps des traits arronallemand, plus dis (4). (1) Simon, Eist. erz^, t. Is ch. 21 ; Disquis. crit., ch. 2. — Michaëlis, Biblioth. orient., part 1> p. 133-146. —Kennicot, Dissert. gen.,p. 340, éd. Bruns. — Breins, dans le Neuetheologische Journal de Ammon, Haehnleinet Paulus, p. VI, t. 755. — Schelling, Descr. cod. Stuttg. (2) Cet alphabet n'a pas été usité uniquement en Espagne. Les Juifs de Sicile en ont fait usagé à une certaine époque, ainsi qu'on peut s'en convaincre au moyen d'une inscription publiée par Torremuzza : Inscr. Sicil.) cl. XX, n° 21. (3) Dissert, gen., p. 340, éd; Bruns. (4) Outre ces formes qui sont les mieux connues, nous devons enregistrer ce fait que les Juifs de certaines contrées reculées; en dehors du rayon de l'influence des écoles occidentales ± conservèrent jusque fort tard un type d'éeriture irrégulier, très-voisiu de celui que nous ont offert les monuments les plus anciens du caractère carré. Le plus curieux spécimen d'écriture de ce
— 303 — Outre
ces différents
il y en a encore deux, plus types d'écriture, enjolivés, qui sont réservés aux rouleaux des Synagogues (r) : i° Vécriture de Tarn, Dn 3I"D, inventée au douzième siècle par le rabbin Tarn, oncle de Raschi (2). Dans ce caractère les lettres ont à leurs angles des traits pointus et allongés et sont surmontées d'apices verticaux. Il est employé dans les synagogues des Juifs allemands et polonais; 20 Vécriture
encore plus récente, welche, UH^Il 3D3, d'invention où elle est venue qui sert dans les rouleaux des synagogues orientales, Les traits des lettres et les apices (taggin) y ont des formes d'Espagne. arrondies.
VI.
Il est bon maintenant, de jeter un coup d'oeil rapide croyons-nous, sur un alphabet assez différent comme aspect du caractère carré, que l'on rencontre juifs du moyen âge employé dans tous les manuscrits d'autres livres que les Saintes Écritures, et dont se qui contiennent servent encore aujourd'hui ceux des Israélites qui font usage de la Judenteutsch ou jargon allemand écrit en lettres hébraïques, habituel aux Juifs d'Allemagne. Cette espèce d'écriture
celle compte deux variétés bien distinctes, des Israélites d'Allemagne et: celle de leurs coreligionnaires d'Italie, à ceux d'Orient (3). commune autrefois à ceux d'Espagne, aujourd'hui type est la table de bronze où sont gravés les privilégesdesJuifs du Malabar(BuschingsMagazin; t. XIV,p. 150). Mentionnonsaussi, à titre d'exceptionet de simple curiosité, l'inscription aux formes tout à fait archaïquesque portait le sceau des Juifs d'Augsbourg,gravé en 1298, mais probablement copiésur un modèlebeaucoupplus ancien (Stettin; GeschicMeder Stadt Augsburg,1.1, p. 70. — Kopp,Bilder und Schriften, t: II, p. 271). Tentant; de var; Codid p. 263 et 264; — Bellermann,Deusu palaeogr. hebr., (1) Tychsënj " p; 43. (2) Wolff, Bïblioth. heh\, t. I, p. 620. — (3) Buxtorf, L(xlc. chald. et talmud., col; 2513. — Tychsen,Tontamen,p. 213; Bellermann, Palaeogr. hebr.; p. 44. — De Sacy, Grammairearabe, 1.1, tableau6.
-— 304 — nous ne parlerons de raison, plus pas ici de toutes les variétés inventé telles que le Raschi, du rabbinique, récentes par l'illustre de cette l'étude ou le Raschi rabbin Raschi, cursif{\); approfondie nous mènerait de la paléographie branche hébraïque trop loin du Comme
de nos études. du caractère la plus généralement admise sur l'origine L'opinion comme inventé dans le cours du le considère seulement rabbinique du caractère carré après sa constitution définitive moyen âge et dérivé au onzième siècle. Que le rabbiniet sa régularisation calligraphique sujet
spécial
un fait qui nous semble incontestaet mais nous croyons l'origine que l'on doit faire remonter de cette écriture plus haut qu'on ne le fait ordinairement. l'usage Deux objections principales pour nous à ce que nous la s'opposent
que ble;
dérive
de l'hébreu
considérions
comme
carré,
inventée
c'est
à l'époque
de la grande
culture
juive
du
moyen âge. un des restaurateurs de cette culture, est rePremièrement, Raschi, le créateur d'un des types dans les traditions juives comme présenté Par conséquent, cette sorte d'écriture dedu rabbinique. secondaires vait exister quelque temps au moins avant lui. les figures d'un grand nombre de lettres dans le rabassez difficilement si on les considère comme sorbinique s'expliquent carré usité à partir du onzième siècle. On ties du type du caractère au contraire très-bien leur dérivation si on les compare aux comprend de la même Ce sont les lettres écriture. i*, 3, "î, 1, types antérieurs Deuxièmement,
même encore aller plus loin, Nous pouvons nous sommes en état de déterminer positivement
et il nous
et fut rabbinique prit naissance aux Araméens. avaient empruntée En effet, parmi tous les types
celle
avons il en
relevés
sur les monuments
est un
d'où
le rabbinique
enfantée anciens
par
que
de l'hébreu
et rassemblés est
le siècle
évidemment
dans
semble
que où l'écriture les Hébreux
carré notre
sorti,
que
nous
planche XV, car il ne pré-
(1) Nouveau traité de diplomatique, 1.1, part. II, pi. VIII. — Gesenius, Geschichteder hebr. Sprache, p. 180.
— 30b' — sente avec aucun
un rapport aussi étroit et aussi direct. C'est le les coupes de Babylone désignées par les nos i-4 type que fournissent dans la publication de M. Layard et que, dans le § î de ce chapitre, nous avons cru pouvoir rapporter avec certitude aux cinquième et sixième
siècles
autre
de l'ère
chrétienne, était sorti l'un des Talmuds.
c'est-à-dire
à l'école
même d'où
Le rapport que nous signalons, tellement frappant qu'il suffira pour établir la filiation de l'écriture ressortira de la manière rabbinique, la plus manifeste du tableau de la planche XVIII, dans lequel nous plaçons les deux variétés de cette écriture en regard de l'alphabet des carré tel qu'il se trouve dans les coupes de Babylone et de l'alphabet au onzième siècle. En se reportant au tableau postérieurs de la planche XV, il sera facile au lecteur de constater qu'avec aucun des types anciens, non plus qu'avec le type définitif du moyen âge, le et aussi satisfaisant qu'avec ne serait aussi remarquable rapprochement celui des plus vieilles parmi les coupes de Babylone. En général, le tracé se rapproche plus dans le rabbinique italo-espades coupes de Baallemand de l'écriture gnol que dans le rabbinique semble avoir été quelque allemand peu inbylone. Le rabbinique manuscrits
carré dans la forme qui lui postérieurement par le caractère fut donnée à partir du onzième siècle, et, quant aux lettres qui n'ont les figures s'y sont souvent altérées. Cette pas subi cette influence, observation est surtout sensible pour 3, PI, 7, PI, 1, D, 2?, 2, 1 et 1ÏJlettres Cependant la remarque contraire doit être faite pour quelques dont le rabbinique allemand a mieux conservé la forme première que le caractère italico-espagnol, 3, D, n. Le 1, le >, le 2, le 3 sont dans les deux alphabets à égale distance des mêmes lettres sur les coupes de Babylone. Pour le 1 , sa figure italicoont toutes deux bien différentes, et sa allemande, que figure espagnole italien provient Le tf du rabbinique leur source sur ces monuments. de la barre de la figure /(, dans laquelle le trait placé au-dessous on la lettre phénicienne dans de la reste dernier que partie oblique, s'est atrophié et n'est plus tête de d'une muffle boeuf, au comparait encore à son extrémité courbure la qu'offre légère rappelé que par 20 fluencé
— 306 — c'est la à celui du rabbinique Quant allemand, principale. où la partie assimilée au muffle de la tête de boeuf et le figure f<^, en une seule barre, sommet du trait oblique se sont confondus qui et lui donne la haste principale du caractère forme désormais l'aspect la haste
d'un
Kgrec.
à tf, ces deux
Comparées
inexplicables. Le rapprochement
que
nous
venons
lettres
seraient,
d'établir
ainsi
pour
avec l'écriture
dire, d'une
des coupes de Babylone nous paraît éclaircir complètement l'orile faire remonter On doit désormais jusgine du caractère rabbinique. de la première Ce sont les rabbins qu'à l'âge de l'école de Babylone. siècle, l'ont inventé comme une écriture époque qui, vers le cinquième partie
cursive destinée que le caractère
aux usages ordinaires, aux correspondances, carré demeurait aux manuscrits réservé
etc., tandis plus
soignés,
dès lors à ceux des Livres Saints (î). peut-être Il est en effet à remarquer successives des écrique les déformations tures qui donnent naissance à de nouveaux sont presque alphabets constamment le résultat d'une tendance à rendre l'écriture toujours Voici comment les faits de ce genre se produisent d'orplus cursive. Les gens d'un peuple dinaire. et d'une certaine un reçoivent époque ils s'en servent d'abord type de caractères; pendant se généralisant qu'ils l'ont reçu, Puis, l'usage d'écrire dans leurs moeurs, plus profondément s'appliquant nombre d'objets, ils commencent à sentir le besoin
quelque temps tel chez eux, passant à un plus grand d'un
alphabet plus en modifient la
alors ils coulant, plus facile à tracer rapidement; forme dans ce sens. Leur écriture à un autre déjà modifiée passe-t-elle ou à une autre génération d'individus de la même nation, le peuple même fait se répète et l'alphabet va ainsi en se déformant et en devenant de plus en plus cursif, sans qu'on de limite à l'efpuisse assigner fet de cette
tendance.
(1) 11faut noter ici cette circonstance fort curieuse, qu'un fragment d'épitaphe de date assez ancienne, trouvé à Jérusalem et publié par MM.de Saulcy (Voyage en Terre Sainte, t. II, p. 200) et de Vogué (le Temple de Jérusalem, pi. XXXVII,n° 3), est écrit avec un caractère positivement rabbinique. Nous en faisons figurer les lettres dans une des colonnes de notre pi. XVIII. Un graffitto relevé par M. de Vogué dans le tombeau dit des Prophètes (De Vogué, le Temple de Jérusalem, yl. XXXVII,n° 2) appartient à la même paléographie.
— 307 — C'est de cette façon que nous avons vu de l'alphabet phénicien sortir l'araméen de celui-ci l'araméen secondaire, primitif, qui à son tour a donné naissance à l'araméen des papyrus, d'où sont dérivés au même et l'hébreu carré. Ce dernier caractère était déjà degré le palmyrénien fort cursif si on le compare aux alphabets qui l'avaient précédé. Cependant, au bout de quelques siècles d'usage, il ne le parut pas assez. Comme les autres, il passa au rang d'écriture majuscule et onciale, et pour les emplois ordinaires et courants on inventa une écriture encore plus abrégée, d'un tracé encore plus rapide. Ce fut le rabbinique.
VIL
Un des caractères les plus significatifs et les plus constants des langues sémitiques est la nature vague des voyelles et leur rôle tout à fait secondaire en dehors du radical. De là, l'absence de voyelles proprement dites dans l'alphabet de vingt-deux lettres. Lorsque des peuples dans la langue desquels les sons vocaux avaient un caractère essentiel, cet alphabet aux Phéniciens, ils les Grecs, par exemple, empruntèrent des signes de leur véritable valeur; du i* détournèrent quelques-uns ils firent a, du PI e, du PI », du 1 u et du 2? o. Mais, quoi qu'en aient dit érudits, comme Kopp (î), le rôle véritable tres n'était pas celui de voyelles; les î*, PI, 1, n, orientaux s'accordent comme tous les grammairiens qui en sont dérivés dans les écritures sémitiques le reconnaît, majorité des philologues européens certains
et primitif de ces lety, phéniciens étaient, à le dire des signes et comme l'immense
des aspirations plus Quant aux voyelles, on les
douces et des demi-consonnes. suppléait à la lecture. commode Ce n'était certainement pas là un système d'écriture bien et même il devait nuire souvent à la clarté des textes. En effet, bien dans les idiomes sémitiques ne se distindes flexions grammaticales ou moins
(1) Bilderund Schriften, t. II, p. 115-131.
— 308 — tandis que les condes le vagues voyelles changement par guent que et par conséquent, du radical demeurent invariables, sonnes, essentielles à quel temps ou à l'oeil du lecteur rien n'indique dans le phénicien ce n'est un verbe, se trouve bien à quel mode, par exemple, lorsque il faut ni un temps ni un mode indiqué par des préfixes ou des suffixes ; Pour les des le sens se guider phrases. général uniquement d'après difficultés c'est là une des plus grandes érudits que prémodernes, où l'on et si à l'époqne des textes phéniciens, sente le déchiffrement certainement n'était pas aussi considégravait ces textes la difficulté laisser planer devait toujours pour les lecrable, ce système d'écriture assez grande. une obscurité teurs peu expérimentés sous ce furent des Phéniciens les habitudes graphiques Cependant ce qui regarde bien des siècles à se modifier. D'abord, pour rapport tant qu'il fut en usage dans quelqueschananéen lui-même, l'alphabet vers le encore comme en Afrique de son domaine, unes des contrées il n'admit espèce de notation jamais aucune temps de saint Augustin, dans ce sens consista des voyelles. La seule modification qu'il éprouva telles que 4* et 1, et des aspirations dans la multiplication douces, même J, employées comme quiescentes; mais il y a bien loin de là à un système régulier bets sémitiques
et complet de vocalisation. Quant dérivés de la source phénicienne,
sente
d'une
de traces
aux premiers aucun d'eux
alphane pré-
des voyelles par des signes spéciaux, expression à tous les Arani l'hébraïque ni les trois alphabets communs primitif, des méens. tous les alphabets Mais en revanche possèdent postérieurs notations et plus ou moins compliquées pour plus ou moins savantes rendre
les sons vocaux. De ces systèmes de vocalisation le plus de signes différents et rend celui
de l'hébreu. à côté paraissent
le plus compliqué, celui qui emploie le plus de nuances, est sans contredit Les autres, ceux surtout du samaritain et de l'arabe, tout à fait rudes et primitifs.
A quelle époque remonte la notation des voyelles chez les Hébreux? C'est là une question nos jours a été qui depuis le moyen âge jusqu'à bien des fois traitée et a donné lieu à un bien grand nombre de discussions.
— 309 — L'opinion la plus générale des Juifs du moyen âge tendait à faire remonter la ponctuation indiquant lès voyelles dans les différents livres de la Bible jusqu'à l'époque même de l'adoption du caractère carré par Esdras (î). Les premiers élèves chrétiens des rabbins l'adoptèrent de confiance (2), les réformateurs firent de même au seizième siècle (3), et cela si complètement de la que l'un des synodes protestants Suisse déclara
des points-voyelles dans la Bible article de l'inspiration foi (4). Lorsque l'étude de l'hébreu se fut établie plus scientifiqueencore la haute anment, Buxtorf le jeune (5) et son école soutinrent ; cette opinion est demeurée depuis complètiquité de la ponctuation tement abandonnée
de la science, elle ait été un moment renouvelée érudit écossais nommé Robertson
qu'à la fin du siècle dernier par G. O. Tychsen (6) et par un (7). Dès le quinzième celui de la date résiècle, le système contraire, cente de la vocalisation fut soutenu, et avec des preuves hébraïque, très-solides, par le fameux grammairien juif Elias Levita, qui vécut de des premiers hébraïsants 1469 a i549, et fut le maître de plusieurs chrétiens
bien
de la Renaissance.
clef (10) l'adoptèrent,
Cappelle de Saumur (8), Morin (9), Masenfin Houbigant (11) et son école le poussèrent
(1) AbenEsra in lib. Zachut, fol. 138 et 193. — Lib. Cosri,part. III, § 31, éd. Buxtorf.— Cf. Buxtorf, De vocal., part. I, c. 1-4, p. 26 et suiv.; Tiberias,p. 76. (2) RaimondoMartini, Pugiofidei, part. Itl, distinct. 3, c. 19. —Perez de Valencia,Introduct. ad exposit. in Psalm., cité par Semler. Eigne hist. theol. Abhandlungen.— Nicolasde Lyre, ad Hos., IX. Calvin,ad Zachar., et XXXVII,12; tract, de Schamphorasch.— (3) Luther, ad Gènes.,XXXVI IX, 7; — Pellican., Praefat. ad Pentateuch. (4) Formulaconsensus,can. 2. — Cf. Gesenius,Geschichteder hebr. Sprache,p. 183. (5) Depunctorumvocaliumet accentuumin libris VeterisTestamentiorigine, antiquitate et auctoritate, Bâle, 1648, in-4°. (6) Ueberdas Alter der hebrxischenPunkte, dans le Repertoriumfur Bibl.und morgenlsend. Literatur, part. III, p. 102. (7) Dissertatiode genuina punctorum hebraïcorum antiquitate, en tête de sa ClavisPentateuchi,Edimbourg, 1770,in-4°. (8) Arcanum punctationisrevelatum,publié par Erpeniusà Leyde, 1624, in-4°. (9) Exercitationesbiblicae(Paris, 1669,in-f°), lib. II, exercit. 12. (10) Grammaticahebraïcaa punctis aliisque inventismasorethicislibéra, Paris, 1716,in-8°. ouDictionnairehébraïque,Paris, 1732,in-8°.— (H) Racineshébraïquessans points-voyelles, Biblia hebraïcacumnotis criticiset versionelatina, Paris, 1753, in-f°.
— 310 — non-seulement des l'absurde, que la notation prétendant mais encore chez les Hébreux, que la tradivoyelles était très-récente aucune sur laquelle n'avait tion de lecture elle s'appuyait espèce de fondement. entre les deux autres, Enfin une troisième intermédiaire a opinion,
jusqu'à
été proposée d'abord modifica(i), puis, avec quelques par Hottinger tions, (4) et Eichorn par Prideaux (3), Michaëlis (5). (2), Schultens avec toutes ses Elle consiste à regarder le système des points-voyelles comme peu ancien, mais représentant une tradition complications généralement assez exacte de prononciation et ayant remplacé Un autre C'est celle que l'on adopte et plus antique. système plus rudimentaire le plus généralement (6). aujourd'hui A laquelle de ces C'est ce qu'il ranger? tion des points-voyelles
différentes
manières
de voir
devons-nous
nous
car l'introducd'examiner maintenant, importe à n'en pas douter dans les termes du rentre par l'Académie.
programme proposé les limites de la question. Commençons par circonscrire nous devons des grammairiens Ici, dès le début, rejeter l'opinion Le premier fondement de cette opinion juifs et de l'école de Buxtorf. de la tradition relaest, en effet, une fausse interprétation rabbinique tive au changement d'écriture introduit à l'époque Ceux qui l'ont soutenue captivité. croyaient que
du le
retour caractère
de la carré
(1) Thés, philol., p. 401. (2) Lect. de capit. relig. (Oxford, 1648), p. 196. — Opéra omnia, p. 168. (3) Instit. ling. hebr., p. 48 ; p. 62 et suiv. (4) Ueber das Aller der hebrxischen Vocalzeichen, dans les Vermischte Schriften, part. H, n° 1. — Bibliothec orient., part. IX, p. 82 et 88. (5) Einleit. in das Alt. Testam., part. I, p. 157 et suiv. (6) Luzzatto, Prolegomeni, p. 12 et suiv. — Munk.JVbtice sur Aboulwalid, p. 3-4, 39-40. — Ewald, Jahrbùcher der bibl. Wissensch.,t. I, p. 160 et suiv. ; Kritische Grammatik, § 36. — Ewald et Dukes, Beitroegezur Geschichteder xltesten Auslegung und Spracherklserung des Altes Testament, p. 125, 135,149-150 et 157. — Renan, Histoire des langues sémitiques, 1" édition, p. 160-161. Voy. du reste, sur l'histoire complète des différentes opinions proposées à ce sujet : Wolf, Biblioth. hebr., t. II, p. 475 et suiv. — Carpzow, Critica sacra, p. 242 et suiv. — Loescher, De caus. ling. hebr., p. 275 et suiv. — Walton, Prolegomen., part. III, § 39. — Bauer, Critica sacra, p. 128et suiv. — Gesenius, Geschichteder hebr. Sprache, p. 182-184.
— 311 — avait
été dès lors adopté tel qu'il se présente dans les manuscrits du la notation des voyelles, qui fait à moyen âge et que par conséquent cette dernière époque partie intégrante et essentielle du système d'écriture, avait dû être mise en usage en même temps. Nous avons vu tout à l'heure dans quel sens on doit entendre la tradition des Talmuds et des rabbins. Ce ne fut pas l'alphabet carré, mais l'alphabet araméen qui en est la source,
que les Juifs reçurent au temps de la captivité et de la Loi. qu'Esdras appliqua à la transcription Or il est certain qu'aucun des trois alphabets communs à tous les non plus que le palmyrémien, n'admettait un système de Araméens, signes diacritiques pour la notation des voyelles. Ce que nous possédons de fragments de manuscrits araméens ne portent aucune trace d'un semblable nous ne le trouvons usage. Quant au palmyrénien, aux monuments, et par conséquent, qu'appliqué quoi qu'en ait dit Gesenius
sur les inscrip(î), l'absence de points ou de traits-voyelles tions de Palmyre ne prouverait que dans cette écriture pas absolument ainsi les inscriptions on n'en ait pas employé; juives du moyen âge et cependant alors n'offrent la plupart du temps pas de points-voyelles, ils étaient d'un usage général. Mais ce qui est bien plus significatif, des quiescentes, c'est la multiplication qui constitue un des caractères Ainsi le nom du mois Elul distinctifs de l'ortographe palmyrénienne. vita eorum, écrit 111^ au lieu de lltf, l'expression s'y rencontre IIPI^PI au lieu de "JPPPI, etc. (2). On trouve encore une plus grande de quiescentes lorsqu'il s'agit de rendre les voyelles de noms quantité ou de mots grecs insérés au texte ; 'loûlioç Aùpvftio; s'y rend par PouWj DiSv, 'AXwpuvîî par WISS?, Kpwiçeïvoç par DimSiDIp, etc. (3). latin colonia par tf^lp, par tfSl3, cWevapioç par NiapVT, le De semblables exemples ne se présenteraient pas dans une langue qui une notation régulière des voyelles en dehors des lettres posséderait a dû l'être aussi à Ce qui est vrai du palmyrénien mêmes de l'alphabet. de l'araméen des papyl'origine de l'hébreu carré, issu au même degré propres DïSlltf
(1) Geschichteder hebr. Sprache, p. 164; Hebr. Grammalik,§4. (2) Hoffmann,Gramm. syriac, p. 84. (3) Kopp,Bilder und Schriften, t. II, p. 125.
— 312 — à la les mêmes habitudes, empruntées rus, et qui suivait évidemment mère commune. des Septante avec le texte la comparaison de la version D'ailleurs clairement de l'Ancien Testament montre où qu'à l'époque hébraïque de voyelcette version a été faite, il n'y avait pas encore d'indications de la Bible, et que même sur quelques points, il devait y aux noms propres, entre autres pour ce qui se rapporte de lecture. et incertitude dans la tradition En effet avoir divergence de noms propres transcrivent un assez grand nombre aules Septante n'est marquée dans nos Bibles hébraïtrement que leur prononciation les dans
ques, que
les manuscrits
et les erreurs que l'on toutes à des confusions
radicale charpente Le même genre conclure
à l'absence
relève
dans
établies
entre
leur des
traduction mots
qui
tiennent ont
et ne se distinguent que par les voyelles d'observations sur les noms propres nous de la notation
des voyelles
presla même
(î). permet
de
dans
les premiers temps distincte des alphabets fut en usage. où l'écriture carrée, araméens, Rien n'est plus douteux avoir que la connaissance que Josèphe pouvait de la langue sacrée et des textes originaux des Livres Saints. S'il n'en au moins il n'en avait qu'une était pas absolument très-faible ignorant, il avait l'habitude de se servir de la langue (2); en revanche, de la Palestine à son épovulgaire syro-chaldaïque, qui était l'idiome ou traductions de la Bible faites pour que. C'était dans les Targumim, de la masse du peuple lire les annales d'Isjuif, qu'il devait l'usage raël (3). Le témoignage de ses écrits ne s'applique donc pas directement au texte hébraïque les noms propres, ; il n'a de valeur que pour en tant que ces noms propres étaient reproduits dans les versions chalexpérience
sous la même forme que dans l'original. Pris de cette manière, daïques il est intéressant et nous fait connaître traits de la prononciaplusieurs tion adoptée dans les premières rédactions des Targumim, et de ces traits il résulte clairement d'abord que le texte sur lequel travaillèrent (1) Gesenius, Geschichteder hebr. Sprache, p. 189-193. (2) Ibid., p. 80-81. (3) Cf. ce qu'il a dit dans le préambule de sa Guerre des Juifs, qu'il écrivit d'abord, rapporte-t-il, en syro-chaldaïque, et dans le dernier paragraphe de ses Antiquités judaïques.
— 313 — ne portait aucune les interprètes chaldaïques marque de vocalisation (î). Dans les deux Targumim qui sont parvenus jusqu'à nous, celui d'Onkélos et celui de Jonathan, on commence à apercevoir quelques de voyelles (2). Quant aux Talmuds, rares traces d'une notation ils mentionnent
formellement
des signes appelés O^D^tt, qui indiquaient dans les passages difficiles (3). Mais de là il ne faut la prononciation à l'existence dès ce temps d'un système de pointspas conclure voyelles aussi complet que celui qui s'est établi plus tard. Il suffit de en lettres grecparcourir le texte de la Vulgate (4) ou la transcription donnée par Origène dans ses Hexaples (5), ques de la Bible hébraïque encore que dans un que les D^D^tû ne s'appliquaient pour reconnaître pas une aussi grande variété petit nombre de cas et ne représentaient de flexions vocales que la ponctuation postérieure. La notation primitive des voyelles en syriaque peut donner une idée assez exacte de ce que devait être le système des D^D^ÎD. On sait en où Jacques d'Édesse inventa les premiers effet qu'avant l'époque moyens de marquer la vocalisation syriaque d'une manière complète et avaient déjà pour le même usage un (6), ses compatriotes perfectionnée moyen de notation qui consistait dans un point placé au-dessus des consonnes pour rendre les voyelles a, o, u bref, et au-dessous pour rendre e, i, u long. Ainsi, en voyant les deux lettres 00) on n'eût pu savoir si on devait lire HAU (d'après ille ou bien HO (ôof) ipse;
la notation
antérieure
avec le point,
à Jacques
au contraire,
d'Édesse
oo>)
la distinction
(1) Gesenius,Geschichteder hebr. Sprache,p. 493. (2) Ibid., p. 193-194. — Tr. Megillah,c. 1, fol. 3. — Tr. (3) Tr. Bêrakhoth,fol. 62. — Tr. Nedarim, c. 4, fol, 37. mit Einleitungen herausgegeben Hagiga,c. 1, fol. 6. — Cf. Dukes, "IUTK pb miDDn Dl-iTDJip, und Anmerkungen,p. 29. — (4) Gesenius,Geschichteder hebr. Sprache, p. 197. Cf. Hieronym.Epist. 126, ad Evagr. : Vocalibusin medio literis perraro utuntur Eebraei. — Comment,ad Habac. III, 5 ; ad Hos., X1JI,3; ad Gènes.,XXVI,12; XXXVI,24; XXXVIII,12; ad Jos., XXXI,9. (5) Gesenius,Geschichteder hebr. Sprache, p. 199 et suiv. (6) Nous reviendrons sur cette question dans le chapitre suivant, mais nous devonsdès à présent renvoyer le lecteur à l'important mémoire de M. l'abbé Martin sur Jacquesd'Édesseet les voyellessyriennes : Journal asiatique, 6e sér., t. XIII, p. 447-482.
— 314 — était
H AU était
facile,
les diverses
exemples lettres
)l),
oof et HU oy. significations
)2), omE,veniens,
)l),
Nous pouvons
encore
affectées
et prononciations OTHO, signum
citer
comme aux trois
et |2), ETHO, venitU).
chez les Samaritains est identique, seulement des voyelles elle s'exprime par des traits au lieu de points (2). essais de vocalisation héIl devait en être de même dans les premiers En effet le mot D^DJtû, qui dans les Talmuds indique les signes braïque. La notation
et dont la signification la prononciation du sens (3), a été conservé par exprime ce rôle d'éclaircissement première les accents. Et dans les grammairiens juifs du moyen âge pour désigner mentionne des notes de ce genre, il les rares passages où saint Jérôme du mot accentus. se sert toujours Ainsi, nous lisons dans ce Père de à propos du mot PI2?131£f : Pro saluritate, SABAA, l'Église queue hebraïce céleri juramentum multas habet inlellisunt, quod verbum interpretali par
lesquels
on notait
d'abord
et pro diversitale accentuum variatur (4). Et dans un autre genlias droit : Miror cur ila translatum hec literarum, sit, cum in Hebraeo^ nec accentuum, nec verbi sit ulla communicatio syllabarum, (5).
une
tradition
celui
de
ces
nec
semblables de notation des systèmes et samaritain, la voyelles, syriaque hébraïque, auquel appartenait ? C'est ce qu'il est impossible de dire. Les plus anciennes priorité mentions formelles sont pour l'hébreu dans saint que nous en ayons Jérôme et pour le syriaque dans saint Éphrem (6). nouveau Quant à la cause qui fit introduire pour les Juifs l'élément de l'indication des voyelles dans les manuscrits des Livres Saints, elle ne saurait être douteuse. érudits Quoi qu'en aient prétendu quelques il est incontestable existait chez le peuple Israélite modernes, qu'il Quel
était
en-
de prononciation
trois
et de lecture
admise
par tous
et remon-
(1) Hoffmann, Grammat., syr., p. 85. (2) Cellarius, Eor. samarit., p. 65. (3) Gesenius, Geschichteder hebr. Sprache, p. 220. (4) Comment,ad Jos., LXV, 15. (5) Comment,ad ion., III, 4. Cf. ad Amos, VIII, 12; ad Eccles., XII, 5; ad Gènes., XXXIII, 29. (6) Ad Gènes., XXXVI,24; Opp. syriac, t. I, p. 184. — Hoffmann, Grammat. syr., p. 86.
— 315 — il pouvait y avoir dans cette tradition à une date très-ancienne; mais le fond n'en était pas moins fixé d'une incertitudes, quelques manière certaine. Lorsque la prise de Jérusalem eut détruit la constitution du corps sacerdotal et consommé la dispersion de hébraïque la nation juive, on craignit que la tradition, qui s'était jusqu'alors conservée dans le sacerdoce et chez les docteurs, ne vînt à s'oblitérer, ne finît par faire oublier le sens des livres de la et en se perdant les moyens de la fixer et on commença à Loi. Dès lors on chercha de la prononciation. établir une notation C'est ce qu'indique clairetant
ment
le précepte souvent répété : Pllini J^D W$, faites haie à la des voyelLoi(i), lequel se rapporte au premier système d'indication les (a). C'est ce qui ressort aussi du curieux passage dans lequel l'un des auteurs du traité talmudique Nedarim attribue l'infidélité des Gade leur langue et à leur oubli liléens à la loi mosaïque, à la corruption de la vraie prononciation quassent (D^Q^DJ :
de la Loi, en l'absence
de signes qui l'indi-
D^D^DIPIS înanDi xmb mim tfn^pnj \vz mnnîpwn «S MCD inS inanD »bi asorh mm nn^pna îpin tfbi
133 NSK ^3 Vw
leur langue et ont « Les enfants de Juda ont cultivé soigneusement ce placé au-dessous aussi ont-ils conservé des signes de prononciation; ce leur Loi dans leurs mains. Les enfants de la Galilée n'ont pas cultivé ce soigneusement leur langue et n'ont pas placé au-dessous (des mots) ce des signes de prononciation ; aussi n'ont-ils pas gardé leur Loi entre ec leurs mains (3). » Le premier système
des voyelles, dont nous venons de déjà un grand progrès sur l'état précérepasser les traces, constituait C'était un précieux élément de clarté, mais il n'était dent de l'écriture. Il était, en effet, trop incomplet pour pouvoir pas encore suffisant. il rendre toutes les nuances de la prononciation, et, par conséquent, laissait
encore
de notation
place à bien des incertitudes.
Au bout de peu de temps
(1) Pirke avoth, c. 1, init. (2) Renan, Eistoire des languessémitiques,1" édition, p. 160. (3) Tr. Nedarim,fol. 53.
— 316 — et des efforts faits dans ce de le perfectionner, en usage, que l'on appelle d'oractuellement sens naquit la ponctuation dinaire ponctuation massorétique. de points-voyelles ce nouveau Par qui et à quelle système époque fut-il inventé ? C'est là une question que l'opibeaucoup plus obscure ne semble le croire. nion générale et des des philologues dont la plupart A voir en effet la manière
on dut
sentir
le besoin
la défendre, soit pour soit pour la combattre, parlent, grammairiens des raisons qui ont décidé les Massorètes de la ponctuation massorétique, en droit de l'on serait naturellement à la noter de telle et telle façon, ou du moins croire constante, rabbinique qu'il existe une tradition date un peu ancienne attrid'auteurs juifs d'une quelques passages la combinaison du (PIIDD "Ojs) aux docteurs de la Massore buant Il n'en est pourtant rien. Les livres et les des points-voyelles. système sur l'adoption rien de formel anciennes des Juifs ne disent traditions de ce travail aux Massodes signes de la vocalisation (î). L'attribution affirmative et prédominante rètes n'est devenue que chez les savants du seizième
et on doit même reconnaître siècle, de l'oeuvre des docteurs de la Massore
savons mette sous sa forme
absolue
cette
que
tout
ce que nous à ce qu'on ad-
s'oppose reçue sans contrôle.
opinion Le nom de PI11DQ vient, soit de PI11DD , «tradition», soit de » (2). L'une et l'autre de ces étymologies PI11DD, « correction exprime bien la nature Les travaux de ces de l'oeuvre des Massorètes. également
docteurs en effet, dirigés vers la critique du texte des furent, de la grammaire Livres Saints et non vers l'étude Ce qu'ils hébraïque. les mots et les lettres des différents firent, c'est de compter ouvrages contenus dans la Bible, de manière à assurer pour l'avenir l'intégrité fameux
(1) Buxtorf, De vocal., p. 398. — Robertson, Dissert, depunct. hebr., p. 65.— Gesenius, Geschichteder hebr. Sprache, p. 203-204. Fourmont (Mémoires de l'Académie des Inscriptions, t. XX, p. 222-249) et Semmler (Eign. theolog. Abhandlungen, part. I, p. 191 et suiv.) avaient cru trouver une mention positive du travail des Massorètes, mais cette découverte était basée sur une fausse lecture du mot "IDD1I?, ceils ont compté (les lettres), » pris par Fourmont pour 13DD, « il ont ponctué ». Vov. Gesenius, p. 204. (2) Gesenius, Geschichteder hebr. Sprache, p. 75.
— 317 — du texte; de comparer les manuscrits, d'en noter les moindres circonstances. En un mot, ils s'occupent et par les moyens les uniquement, plus minutieux, de fixer le texte dont on ne s'écartera plus désormais, ce que l'on est convenu d'appeler le textus receptus (î). Ils notent aussi à la marge quelques corrections qu'ils croient devoir apporter à des mois dont l'orthographe leur a paru fautive dans les manuscrits qu'ils ont eus sous les yeux. Mais tel est leur respect pour le texte traditionnel qu'ils cherchent à immobiliser, que ces corrections, appelées qeri, n'y prennent pas place et que, tandis qu'on les inscrit à la marge, les fautes elles-mêmes demeurent dans le texte tels que les Massorètes l'ont reçu (2). Tel est le cadre des travaux des docteurs de la Massore ; on voit que l'invention des points-voyelles n'y rentre pas d'une manière naturelle et nécessaire. La grande école de Tibériade, sinon dans sa première époque, du moins dans la suite de ses travaux, s'occupa sans doute, on ne peut pas en douter, de fixer d'une manière définitive et invariable la lecture aussi bien que le texte des livres de la Bible; elle introduisit dans ces livres la ponctuation
qui s'est conservée
jusqu'à
nous et qui a immobi-
(1) Gesenius, Geschichteder hebr. Sprache, p. 75. — Renan, Eistoiredes langues sémitiques,p. 161. (2) Hiller, ArcanumKethib et Kri, Tubingue, 1692. — Geiger, Urschrift, p. 259-433. — Rosenfeld,3>rDl np3 "lONE,Wilna, 1866.— Derenbourg,Journal asiatique, 6esér., t. XVI, p. 536-542. Une partie de ces variantesn'ont pas le caractère de correctionsgrammaticales, mais de modificationsau texte pour la lecturepublique,inspiréespar des scrupulesde décenceou d'orthodoxie.«Le nombredes keri ou-ketib,dit M. Derenbourg,est de 1314, dont le Pentateuque présente80, les premiers Prophètes 361, les secondsProphètes345, les troislivres poétiques 325. Il n'y en a ni dans Jonas, ni dans Sophonie,maisle petit 203 et les autres Hagiograph.es livrede Danielprésenteà lui seul 129variantes. En examinantles 80 variantesdu Pentateuque, on trouve des archaïsmescommehuit H pour 1, à la fin de la 3e personnedu singuliermasculin; seizefois le suffixe">"pour V~; vingt et un W pour mjW ; des orthographesrares où manque la lettre quiescente(Gen., XXVII,29; XLIII,28; Num., III, 51); des correctionserronéescommevbtt? pour "ibttJ; des ketib qui sont d'accordavec les deux versionsaraméennes (Deuteron.,XXI,7); des changementsqu'on fait dansl'intérêt de la décence,et àpeme p'us de deuxkeri qui paraissentdes correctionsnécessaires(Levit, XXI,5, et Deuteron.,V,9)., Lemauvais état des livres de Samuelet des Rois sereconnaîtpar les 174 variantesde Samueletles120 des Rois. Les 145 variantes comptéespour Jérémie et les 123comptéespour Ézéchielpeuvent être considérablementdiminuéesdèsqu'onrenonceà passerle niveaude la régularité sur tousles » textes,et qu'on reconnaît quelquesterminaisonset formationsarchaïquesdanscesdeux livres.
— 318 — exacte était dont la connaissance traditionnelle lise la prononciation des docteurs de Tibériade, restée l'apanage que ceux-ci prononciation tant ils la voyaient de voir rapidement tomber dans l'oubli, craignaient des influences étrans'altérer dans le reste du monde juif sous l'action gères. Mais il n'en résulte pas que nécessairement attribuée l'invention
ce soit à cette
école
que doive être de vocalisation
des signes première même probablement à cet effet, qu'ils modifièrent qu'ils employèrent tradition à leur propre dans une certaine mesure pour les appliquer révèle des préoccupations de lecture. L'idée d'une telle invention produ cercle de en dehors général prement grammaticales qui étaient n'ont leurs travaux. D'ailleurs les points voyelles probablement pas été inventés
tout
d'abord
en vue des Livres
Saints,
mais
pour
des be-
soins
et M. Derenbourg plus profanes, (î) a ingénieusement remarqué
nive des points-voyelles et son application au texte biblique. Ainsi que nous l'avons déjà remarqué, les Talmuds, dont la rédaction définitive doit être rapportée au cinquième et l'ancien siècle, montrent en ou D^DJlû encore pleinement incomplet système des accents-voyelles minutieuses sur les manuscrits des Liusage. Dans leurs observations vres Saints, les Massorètes ont relevé quelques erreurs dans la notation des voyelles, dans la prononciation quelques divergences qui supposent certainement l'existence entre leurs mains de textes portant des de vocalisation se rapporter au premier marques (2), mais qui peuvent système tout aussi bien qu'au second. Si nous nous reportons, au contraire, au début du septième siècle, nous trouvons la ponctuation constituée. vers hébraïque Philoponus, en lettres grecques un verset de la Ge610, cite en le transcrivant nèse (3), et le cite avec la prononciation de nos textes de la Bible (1) Journal asiatique, 6e série, t. XVI, p. 469, en note. (2) Carpzow, Critica sacra, p. 252. — Leusden, Philol. hebr.) p. 124. (3) I, 26.
— 319 — exactement reproduite (î). Un peu plus tard, dans le huitième siècle, de ponctuation on note des différences tenant à la prononciation chez les Juifs de Babylone et chez ceux de la différente de l'hébreu dans le dixième siècle, Palestine. la version de Sâadia-elEnfin, Fayoumi et la traduction grecque autre que celle des Septante conservée de Saint-Marc à Venise (2) sont faites l'une et l'autre à la bibliothèque sur un texte à prononciation presque complète (3). Au même temps appartient le plus ancien manuscrit hébraïque ponctué que nous possédions. C'est le manuscrit d'Isaïe, Jérémie, Ézéchiel et les petits proà la bibliothèque de Saintphètes, jadis à Odessa et maintenant à l'an 916 de notre ère Pétersbourg, qui porte une date correspondant a été publié par Pinner (4). Les points y sont des mots selon l'habitude la plus généplacés, non plus au-dessous rale, mais au-dessus. L'époque où l'invention attribuée aux Massorètes s'est véritablement et dont
un fac-similé
C'est le sixième est nettement définie par ces observations. produite comme siècle, comme le pensait Elias Levita, et non le septième, l'ont cru Jean Morin (5), Richard Simon (6) et Etienne Morin(7), trois de la vocalisation héadversaires de l'antiquité des plus ardents braïque. Si nous avons pu fixer l'âge où fut établie la notation des voyelles et les éditions de la Bible, nous n'oserons employée dans les manuscrits les invenqu'il s'agit d'indiquer pas être aussi affirmatif maintenant fois teurs de ce système. Cependant nous ferons remarquer qu'une à l'invention placée au sixième siècle, il est assez naturel de l'attribuer Saboréens (^1130), la puissante école des docteurs qui jetait alors du un vif éclat à Babylone, où elle avait succédé à celle des rédacteurs (1) Tychsen,Tentam. de var. cod.,p. 153. (2) Gesenius, Geschichteder hebr. Sprache, p. 103. (3) Ibid., p. 202. hebrxischenund rabbini(4) Prospectusder der OdessseerGesellschaftgehoerendenseltesten schenEandschriften, Odessa, 1845. (5) Exercit. bibl., p. 525 et suiv. (6) Eistoire critique de l'Ancien Testament,t. L,ch. 27. (7) De linguaprimaeva, p. 420 et suiv.
— 320 — dans la voont cru retrouver érudits Ajoutons que quelques de prononciadite massorétique des traces de particularités calisation aux Israétion que certains grammairiens juifs disent avoir été propres lites de Babylone (î). de c'est qu'il existe deux systèmes Ce qui est certain, du moins, Talmud.
de lecture variant à deux traditions se rapportent différé dans même dès l'origine et qui ont peut-être : la ponctuation des signes, ainsi que dans leur position quelques-uns et la ponctuation de Tibériade, typique, qui est devenue la ponctuation de Pinsker les travaux fait connaître (2). Reste à babylonienne qu'ont de l'une ou de l'autre. se prononcer sur l'antériorité Luzzatto, de la MM. Ewald et Dukes et M. Renan ont incliné pour la priorité des signes à attribuer l'invention et tendu ponctuation babylonienne ponctuation qui assez notablement
des
vovelles
aux
docteurs
à l'opinion contraire, à Tibériade comme Mais ses observations tout
de ceux
qui une continuation aussi
se range, au M. Derenbourg de cette invention placent le théâtre
Saboréens.
de l'oeuvre
de
la
Massore
ingénieuses que solides me paraissent de la ponctuation de Tibériade sur
(3). sur-
celle la supériorité de la tradition et définir l'exactitude qu'elle représente, la plus heureuse dans lequel les docteurs palesl'esprit la ponctuation vocale au texte de la Bible. appliquèrent
prouver de Babylone, de la manière
tiniens c< De bonne heure, Sainte et qui n'avaient
M. Derenbourg, les Juifs restés en Terretitre, pas quitté le pays natal passaient, ajuste ce La population du l'ancienne tradition, pour avoir le mieux conservé ce pays d'Israël et les habitants de Tibériade, dit Isaac Fsraéli (4), sont ce les prêtres de la langue hébraïque, leur propriété qui est leur héritage, ce et leur don naturel. » Raschi, le fameux rabbin de Troyes, parle, dans son commentaire sur le Talmud de l'Écriture, (5), de la récitation dit
(1) Luzzatto, Prolegomeni, p. 12 et suiv.—Ewald et Dukes, Beitrsege zur Geschichteder mltesten Auslegung und Spracherklserungdes Altes Testaments. — Renan, Eistoire des langues sémitiques, lre édition, p. 160. (2) Babylonisch-hebrxische Punktationssystem, Vienne, 1863. (3) Journal asiatique, 6e série, t. XVI, p. 504-508. (4) Cité par M. Dukes, miDDil D1TD31P,p. 7, note. (5) Tr. Bérakhoth, fol. 62 a.
— 321 — qu'il l'avait entendue était-ce à Tibériade qu'on
telle
de lecteurs s'étudiait
venus
de la Palestine.
Aussi
à créer
les signes destinés à fixer à distance. Mais, pour l'oeil les sons qu'on ne pouvait pas transmettre ou sixième siècle de notre ère, le respect qu'inspidans le cinquième rait la sainteté de la langue a pu venir en aide à la tradition et préserver le texte de toute altération dans le qui aurait créé une confusion les voyelles contre l'effet que sens, sans pour cela garantir entièrement les langues araméennes devaient sur leur prononciation. produire Dans l'immense gamme qui va depuis le son le plus ouvert jusqu'au son le plus fermé, on s'arrêtait à un certain nombre de sons principaux, en se fiant pour le reste aux nuances qui naissent spontanément, soit de la nature des consonnes, soit de la proximité de certaines voyelles dans le même mot, et qui, sans se fondre ensemble, n'en exercent pas moins
l'une
sur l'autre
une influence
mutuelle.
Qu'on
ait pensé aux climats ou aux
comme le prétend Ibn Ezra, aux sept sept planètes, sept jours de la semaine, ou aux sept années de la période sabbatique, il n'est pas douteux que la sainteté du nombre sept n'ait été une cause suffisante
s'y arrêtât. ce La préoccupation des docteurs qui se sont chargés de cette tâche si ardue était bien différente de celle qui, peu de temps après Mohammed, engagea aussi les Arabes à se créer un système de ponctuation. Ces derniers n'avaient d'autre souci que celui de la ponctuation grammaticale pour le texte du livre sacré qui venait de leur être révélé. Les autres signes secondaires, de quelques trois voyelles, accompagnées suffisaient complètement pour atteindre ce but. On distinguait ainsi les la prononciacas, les genres, les modes, les formes, tandis que, pour du mot et sa tion proprement dite, une fois la valeur grammaticale on se fiait à la souplesse de l'orreconnues, place dans la proposition vivace et savante. Les créateurs gane et à la puissance d'une langue au contraire, à Tibériade, de la ponctuation ayant affaire à une langue du peuple, se souciaient peu qui avait cessé de vivre dans la bouche et dont ils avaient à à son économie intérieure des lois qui présidaient mais ils cherchaient à reproduire rigoureupeine la conscience vague; Bible avec la prosement, comme une sorte de calque, le texte de la ai pour
qu'on
— 322 — à travers par la tradition, qu'ils ont pu la conserver, sans trop d'altéraPour transmettre une longue lignée de générations. devant ils ne reculaient aucune tion ce dépôt sacré à la postérité, une variété insuccessivement aux sept voyelles peine, et ils ajoutaient nonciation
telle
destinés à en régler et à en diriger l'émisfinie de signes accessoires, à sion. Les irrégularités les anomalies elles-mêmes, qui se refusent ne sont souvent scrutoute explication, que l'effet d'une reproduction ou d'un caprice comme d'une tradition erronée linguistique, puleuse on en rencontre partout ce En comparant la
dans
les langues
les mieux
disciplinées
(î).
à la ou babylonienne ponctuation assyrienne on voit que la première de Tibériade, ressemble, jusqu'à ponctuation elle un certain point, bien plus au système arabe : comme ce dernier, rivise davantage à la régularité et à une conséquence grammaticale, des signes (2). Mais cela prouve précisément des académies aux savants docteurs que, malgré l'autorité qui s'attache et malgré la grande science de la Loi qui les distintranseuphratiques, des racià la lecture des textes avait poussé guait, la tradition quant goureuse
dans
la fixation
nes
de dans le sol de la Palestine celui plus profondes que dans » Babylone. Dans les faits si bien exposés je ne vois aucune directe de preuve l'invention du système des points-voyelles à Tibériade. Il me semble même qu'on pourrait tirer un nouvel en faveur de l'origine argument de la comparaison à la établit, transeuphratique que M. Derenbourg suite de M. Geigér, entre la ponctuation de Tibériade et la ponctuation de Babylone. Si en effet la ponctuation de Tibériade avait été la prede la fixation mière, ne serait-il pas assez difficile d'admettre qu'après la lecture du texte sacré au moyen de signes de vocalisation dans une école
aussi
fameuse, d'après si universellement reconnue ractère de sainteté, on s'en les mêmes pruntant haut? Il paraît plus
signes, naturel
une
tradition
dont
la préexcellence était on attachait caun véritable
et à laquelle fût écarté en Babylonie, et on eût, en emmodifié une lecture qu'on prisait tellement de supposer dans les écoles babyloniennes
(1) Voy. Derenbourg, Journal asiatique, 6° série, t. XIII, p. 515. (2) Voy. Geiger, Jiidische Zeitschr. fur Wissensch. und Leben, 1863, p. 138,
— 323 — un premier travail de ponctuation, coïncidant avec l'invention des signes mêmes qui y ont été employés, travail plus grammatical que traditionnel dans le sens d'un qui aura été corrigé ensuite à Tibériade conservant même ses anomalies. C'est calque exact de la tradition, ainsi que s'explique le mieux le maintien de l'oeuvre des docteurs de Babylone dans un certain nombre de lieux où elle aura été tout d'abord adoptée, même après sa réforme à Tibériade, tandis que la ponctuation de cette dernière ville, regardée comme la meilleure, comme la vraie tradition, tendait constamment à prévaloir d'une manière définitive. Je m'en
tiens donc, jusqu'à nouvel ordre, à l'opinion des hébraïsants éminents les points-voyelles comme inventés qui considèrent dans les écoles juives de la Babylonie, et je crois que c'est delà qu'ils ont dû passer à Tibériade. Cette manière de voir rend seule raison de deux faits dont il faut tenir un compte sérieux. Le premier est l'existence que l'on a cru pouvoir constater de quelques particularités de la de Tibériade. prononciation babylonienne jusque dans la ponctuation à la vocalisation dans les Le second consiste dans les traits propres manuscrits des Juifs du Yémen (î), traits dans lesquels M. Derenbourg reconnaît ce comme un souvenir oblitéré de la ponctuation assyrienne de Tibériade ». servant à la prononciation dans la Il est à remarquer, du reste, que c'est aussi en Mésopotamie, de cette contrée, que la ponctuation syriaque a partie septentrionale pris naissance. Et il ne serait pas impossible qu'il y ait eu dans les predes voyelles sémières tentatives pour fixer par l'écriture l'expression mitiques, une certaine influence, entrevue par M. Finzi (2), de la tradition du caractère syllabique du système graphique national des Assyriens et des Babyloniens. Quoi qu'il en soit, il ne faut des points, temps de l'invention
pas se figurer que, dans les premiers la vocalisation hébraïque ait été aussi Les manusBibles modernes. complète et aussi régulière que dans les sont là crits du genre de celui d'Odessa (qui suit le système babylonien) (t) Derenbourg,Journal asiatique, 6e série, t. XVI,p. 313et suiv. (2) Rkherche per lostudio délia antichità assira, p. 91.
— 324 — pour ment
attester que non; leurs que dans les manuscrits
points
ne sont
placés pas seulement ils sont aussi moins
autre-
nompostérieurs, siècle paraissent et du onzième du dixième Les grammairiens breux. dans nos grammaires si compliquée aux subtilités qui rendent étrangers dans leurs écrits la vainement on chercherait la théorie des voyelles; du système trace de certains signes qui font maintenant partie intégrante de l'hébreu que sept voyel(î). En général il ne connaissent graphique et pl.W dit les : PinS, SïJlD,' p7T|, «Établi, (2). VP(?, "Hï, O'^n mieux faire que de reproM. Derenbourg (3), dont nous ne pouvons arabe établi en dehors de toute influence remarques, et avant que la langue arabe eût envahi les pays habités par des Juifs, ce système de sept voyelles déjà, par la forme de ses signes, implique sérê et segôl d'un entre les plus anciennes la distinction liâmes, patah, et dont le son pouvait côté, et les autres trois voyelles plus modernes duire
les savantes
des lettres faibles être reconnu qu'on par l'addition plus facilement alors à écrire plus souvent Cette distinccommençait qu'auparavant. amenée deviendraient surtout tion et la cause qui l'aurait plausibles avait d'abord été appliquée au targoum, l'araméen si la ponctuation une orthographe et abondante à la ayant toujours préféré très-prolixe et à l'économie Les quatre parcimonie phénicienne hébraïque. voyelles dont nous reconnaissons l'antériorité sont représentées par une ligne ou les deux lieu
bouts
de cette
quatre,signes nonciation,
d'une
et au miligne, ou par un point placé au-dessous à les regarder, on dirait que ces ligne ou des deux bouts; dessinent la forme delà bouche au moment de leur pro-
comme les quatre noms en décrivent le mouvement. Car faire un petit 13D, qu'on a traduit par cegrappe », signifie ici cearrondir, paquet », et la forme redoublée segalgal s'explique par l'orifice arrondi d'une coupe. Hirek, hôlem et schourek, simples signes de convention, déterminent, sition d'un
au contraire, point
au-dessus,
les trois
sons qu'ils doivent au-dessous ou au milieu
figurer par la pode la lettre ; car,
(1) Renan, Histoire des langues sémitiques, lre édition, p. 161. (2) Gesenius, Geschichte der hebr. Sprache, p. 206. — Voy. surtout le précieux passage de Sâadia, publié par M. Derenbourg, Journal asiatique, 6° série, t. XVI, p. 515-517. (3) Loc, aï.,p. 469, en note.
— 325 — comme nous l'avons déjà remarqué ailleurs (î), nous ne doutons pas que les trois points placés au-dessous de la lettre, quand le point ne peut pas occuper le milieu du waw suivant, ne soient qu'une manière typique de simuler un point de milieu entre un point supérieur et un point inférieur. » C'est
Rabbi
porta le IWPI et cepetit», l'une de
le fameux rabbin du douzième Kimchi, siècle, qui du yûp premier le nombre des voyelles à dix, par l'addition du f3p, ainsi que par la division du en ce grand » et pITj en même temps qu'il inventait la disposition en deux séries, cinq voyelles longues, l'aulre de cinq voyelles brèves, adoptée
et à la par tous ses successeurs (a). Quant aux signes plus compliqués notation des sons fugitifs du Pin5 ^OEPI, du SlJD ItûH et du YDp^EPJ ïyitûn, ils paraissent être le résultat de subtilités encore postérieures. nous devons dire aussi quelAprès avoir parlé des points-voyelles, du même système ques mots d'autres signes qui font partie intégrante de la ponctuation Ce sont ceux qui marquent un changehébraïque. ment
de valeur
ou une réduplication Tels sont le point des consonnes. nommé Ï?i1, ce renforcement», de la qui se place dans l'intérieur soit sa duplication, consonne et indique, daghesch fort, soit son adouà une lettre qui contenait cissement s'applique primitivelorsqu'il comme *7, D, S, I"l, daghesch et l'autre doux, aspiration point qui, placé à droite ou à gauche au-dessus du UP, indique s'il doit se prononcer sch ou s. Aucune trace ne laisse voir que dans la ponctuation primitive il y eût quelque signe pour cet usage. En syriaque, on emun point pour distinguer le J et le >, dont ployait bien très-anciennement les formes étaient identiques ; mais il n'y avait d'abord rien d'analogue Même les Syriaques n'ont jamais possédé de signe corau daghesch. la réduplication des conau daghesch fort; ils marquent respondant
ment
une
sonnes en les écrivant uLLa_o,
qui jouent
deux fois (3). Quant aux points appelés y&o\ et chez eux le rôle du daghesch doux (4), on ne sau-
(1) Journal asiatique, 6e série, t. VIII,p. 413, note; t. XIII, p. 503, note. (2) Gesenius,Geschichteder hebr. Sprache, p. 206. (3) Hoffmann,Grammat. syr., p. 105 et suiv. (4) Ibid., p. 108et suiv.
— 326 — d'Édesse. Nous au plus tôt avant Jacques de ce genre dans l'orthodonc devoir rapporter les notations croyons de la fixation du second système de poncà l'époque graphe hébraïque tuation . rait
en faire remonter
l'emploi
VIII.
Enfin
les textes
hébraïques
contiennent
une
dernière
sorte
de mar-
sous le nom d'accents. modernes désignent ques que les grammairiens la syllabe et Il y en a de deux genres : î ° ceux qui marquent tonique les repos de la voix après en indiquant notre ponctuation remplacent les gramce sont ceux pour les divers membres de phrase; lesquels d'abord la le nom CPP^tD qui désignait mairiens juifs ont conservé les modulations qui indiquent Livres Saints dans les synagogues (î). Ce sont des espèces de neumes, des signes musicaux que des plutôt donc de côté sans exa; nous les laisserons marques orthographiques miner jusqu'à quel point la tradition qui existe chez les Juifs sur leur antiquité (2) peut être plus ou moins fondée (3). notation des voyelles; première de la voix pour la récitation des
a0 ceux
aux QiD^tû des grammairiens de notes de israélites, l'emploi ce genre doit remonter au premier car saint système de ponctuation, Jérôme fait remarquer au sujet d'un passage de la Bible que les Septante y coupent ne la phrase autrement hébreux que les manuscrits les différents sont noms qu'on leur donne l'indiquent (4). De plus, araméens d'ancienneté. Mais ce qui est à (5), ce qui est une preuve Quant
croire, n'était
c'est que le système des accents, comme celui des points-voyelles, aussi compliqué et aussi subtil que dans les pas tout d'abord
(1) Jablonski, Praefat. ad Bibl. hebr., § 24. — Kircher, Musurg., t. 1,1. II, c. 5. (2) Tr. Nedarim, c. 4, fol. 37 6. — Tr. Megillah, c. 1, fol. 3. (3) Cf. Gesenius, Geschichteder hebr. Sprache, p. 220-221. (4) Epist. ad Cypr. (5) Loescher, p. 35. — Buxtorf, Thés, grammat., 1. I, ch. 5.
— 327 — textes dont nous nous servons Ce que nous avons constaté pour la vocalisation aura dû se produire également pour cette autre espèce de L'accentuation dans le premier système aura marques orthographiques. d'abord été incomplète et grossière ; elle se sera perfectionnée dans le second, mais ne sera devenue tout à fait complète et raffinée que plus tard encore, par les efforts successifs des grammairiens juifs (r). C'est à Luzzatto
à M. Derenbourg (2) d'abord, puis récemment (3), les plus ingénieuses et les plus comque nous devons les recherches son origine et son déveplètes sur le système des accents hébraïques, successif. Le sujet est fort difficile et encore fort obscur, loppement ce les grammairiens le savant académicien, car, ainsi que le remarque les plus autorisés n'ont pas daigné faire aux accents une place dans leurs
en mentionne un certain nombre dans ses ouvrages. lbn-Djannah petits traités et dans son Rikmâh, surtout à cause de l'effet qu'ils produisent en pause sur la ponctuation. Nulle part il ne les étudie spécialement ; il n'en donne ni le nombre, ni les noms, ni les règles. Ibn-Ezra, n'a rien comsur la grammaire hébraïque, qui a écrit tant d'opuscules (4), il posé sur les accents. Comme d'autres anciens commentateurs passe quelquefois par-dessus les barrières qu'ils semblent élever contre une exégèse libre, bien qu'il dise ensuite : « Ne te laisse pas aller ce contre les inventeurs des accents, et n'écoute aucune explication et ce qui ne serait pas d'accord avec eux (5). » Avant lbn-Djannah Sa'adia avait déjà contesté jusqu'au sillouk dans dix versets, Ibn-Ezra, mot du verset qu'il croit mal coupés et auquels il ajoute le premier suivant (6). Les versions arabes ne respectent pas toujours l'ordonnance voies célèbre entre tous pour les nouvelles des accents. Hayyoudj, est le seul qui ait composé qu'il a ouvertes à la grammaire hébraïque, dont la seconde partie est malheureusement un livre sur la ponctuation, fragmentaire.
»
(1) Gesenius,Geschichteder hebr. Sprache, p. 221. (2) Prolegomeni,p. 178et 184. (3) Journal asiatique, 6e série, t. XVI,p. 519-528. (4) Voy. Luzzatto, Prolegomeni,p. 188. (5) DttWTl», p. 4 b. — mriD, éd. Lippmann, p. 73 6. (6) mnD, p. 73 b.
— 328 — dit encore M. Derenbourg, plus obscurs accents, Le même eu la fixité ni l'unité. n'en n'ont des ceux jamais voyelles, que et tel nom, de nom chez les nakddnim, fois changé accent a plusieurs Cette diversité de aux autres. reste inconnu employé par un scribe, aucun fonds, la cause de définitions noms est devenue subtiles, n'ayant « Les
noms
des
un domaine seulement et déterminées spécial à par le désir d'attribuer ne désignaient termes qui, à l'origine, des différents chacun qu'une est offert, entre autres, seule et même chose. Un pareil exemple par le de à notre avis, du besoin qu'on éprouvait produit, rnéteg, le dernier d'assurer à chaque poids un contre-poids, tout réglementer, d'opposer sa prononciation de la à chaque lettre son existence distincte, propre, ni ne fût sacrifiée ni par une syllabe accentuée, pour qu'elle préserver — le de l'appui voyelle lui aurait prêté, méleg qu'une par l'absence a toujours conservé à cause de son emploi fréquent, qui, justement les grammairiens ont cherché en à laquelle d'indépendance, les scribes, des règles invariables, les uns vain à imposer que, parmi à l'infini, et les autres et ont multipliées employées plus sagement, accablés docteurs, qui a fini par exciter les plaintes de certains par les les Bibles. Appelé à son origine abus des nakddnim qui en hérissaient « léger éclat de voix », ce signe a pris le nom du mot araméen galia, à arrêter hébreu de rnéteg, cefrein », parce qu'il était destiné le lecteur dans sa course trop rapide, à régler et à modérer son pas : il a reçu une
sorte
ensuite
encore une cepause ha'amddah,
troisième
dénomination
ou , celle de ma'amdd des ouvrages arabes », qu'il doit aux traducteurs dans lesquels ce signe est souvent nommé wakfoun. Le patrimoine successivement accru du méleg étant devenu on a su très-considérable, tailler une belle part à chacun des trois compétiteurs. »
La plupart des auteurs juifs comptent douze accents ; mais ce nombre est tout à fait arbitraire et symbolique, car chacun l'obtient d'une manière différente. Il semble, remarque M. Derenbourg, ce que, de même on a choisi le nombre que pour les points-voyelles sept, qui est celui des planètes, de même on a pris le nombre douze pour les accents, en aux douze signes du pensant les accents éclairent firmament,
zodiaque. et illustrent
Semblables les versets
aux
étoiles
de l'Écriture.
du »
— 329 — Il résulte des recherches ment étudié la grammaire subtilités les plus abstruses,
qui a si profondéphilologue traditionnelle jusque dans ses hébraïque que les deux plus anciens accents sont le sillouq (__) et le atnahah (_), cequi ont les premiers envahi le texte et se sont fixés au-dessous des mots. Ils ont la même place dans les deux systèmes, dans celui de Babylone et celui de Tibériade. Leur place a influé sur celle du tiphah, l'accent et qui leur est particulièrement exclusivement
de l'habile
attaché
; il s'est également établi sous le mot. En dehors de ces accents, la règle a prévalu que les accents se mettent au-dessus, et les serviteurs au-dessous des mots. » Immédiatement postérieurs comme invention ont dû être le rebia (—), le zdqéf(—) et le segoltd (—). « Ces cinq accents auraient parfaitement suffi à la ponctuation et à la coupe d'une période aussi simple que celle du verset hébreu. Une première addition qui paraît avoir été faite était le tebir (_), proche parent et rejeton du rebi'a, auquel il a emprunté le point, placé cette fois au-dessous du mot. ceMais l'esprit inquiet et remuant des docteurs, courbés sans trêve sur le texte sacré, divisait et subdivisait les mots de chaque verset; on notait les moindres nuances, on notait non-seulement les séparations, mais aussi les liaisons, et, malgré la règle cequ'un prince ne devait pas ce descendre au grade du serviteur, ni celui-ci s'élever au rang du seicc gneur, » il s'établissait une véritable hiérarchie, un système féodal assez burlesque, et qui a distrait quelques savants subtils d'accents, siècles. Pendant la création seizième et dix-septième des quinzième, le petit trait, droit ou courbé, mis de nouveaux continue dignitaires, en haut ou en bas, tourné à droite ou à gauche, devenait l'insigne des nouveaux grades. » de leur élément générateur et Au point de vue purement graphique
de la parenté de leurs-formes, qui tient à blie entre eux, M. Derenbourg groupe de breux accents de dernière invention. Une ceux qui se composent d'une petite ligne comme le rnéteg ( c ), dont la forme était khah.
«Cette
ligne,
sauf le changement
la parenté grammaticale étala manière suivante les nompremière courbée
série se compose de en quart de cercle,
celle du liporiginairement de direction et de place, est
— 330 — du teras le signe des malardkdh (—), du ietib(_.), ensuite en ligne brisée avec (—), de Yazldh (—); transformée paschldh les différents schôfdr (__, _), angle droit ou angle aigu, elle représente c'est varie chez les auteurs ; avec le point au centre, dont le nombre le tebîr (__). Le demi-cercle est employé pour le lalschâh-ketannâli aussi
devenue
ou galgal (_.) ; pour le teras dans la ponctuation babylonienne (—) (î) ; et avec un petit avec un trait à gauche (—); renversé pour le pâzér en trait au milieu de la périphérie, (_) ; transformé pour Yatnâhdh gâdôl (—); le ligne brisée avec un angle un peu aigu, pour le pâzér encore au demi-cercle. Le dargâh (__) et le zarkâh (—) se rattachent cercle une
entier sorte
leur qu'on gauche. »
sert de
aux
petit
imposait
deux
manche ainsi,
on a seulement ajouté auxquels (—) pour les distinguer par la direction et à l'autre vers la à l'un vers la droite
talsc/idh,
(1) ceCette forme paraît être la forme primitive, et celle qui, par de légères transformations, a fait naître à la fin le guéresch (1) et le guerschaïm (—), entre lesquels on a distingué ensuite, »
M. Ariodante
Fabretti
vient
de publier (// museo di antichità délia R. Università di Turino, Turin, 1872) un nouveau fac-similé du papyrus araméen du Musée de Turin, à tous ceux qui en très-supérieur avaient été donnés jusqu'à ce jour et modifiant dans une certaine mesure les formes des lettres que, pour notre pi. XI, nous avions emce fac-similé dans la pi. XIX. pruntées à Gesenius. Nous reproduisons Le texte cription
est à lire, en modifiant de Gesenius :
••pi
iini
Deus, domine mi, ex conculcatione Vila
unica
et verax
dominus
seulement
sur un point la trans-
i«ia servum
mnun
mn
luum Pechim
son eripe....
meus Jehovah
rittMnn Malgré ce qu'a de barbare l'orthographe pour Diynn, que Gesenius se refusait à admettre, elle est paléographiquement incontesen examinant le papyrus table, comme je m'en suis assuré moi-même original à Turin dans le cours de l'été dernier. C'est un lapsus calarni du scribe, une véritable faute d'orthographe, comme les papyrus hiératiques égyptiens nous en offrent d'assez fréquents exemples. A la seconde ligne, d'après la forme des lettres, on serait tenté de lire tfTnUf plutôt que tfl'HW, si ce dernier n'avait pas une tournure et ne paraissait pas linguistiquement préférable. plus araméenne Quant tienne.
à DM3, c'est bien évidemment
un nom propre
d'origine
égyp-
Le numéro de l'inscription palmyrénienne de l'an 304 des Séleucides(citée plus haut à la p. 242) est, dans l'ouvrage de M. de Vogué,30 au lieu de 38, imprimé plusJiaut-p^r erreur.
FINWJTOMEPREMIER.
TABLE
ANALYTIQUE
DES
MATIÈRES
DU PREMIER VOLUME.
INTRODUCTION. Pages. Pages. I. Définitionde l'écriture 1 Vestigesd'un usage semblabledès l'âge Procédésqu'elle peut employer. ... 16. de pierre 7 16. Aucunde ces procédés n'est arrivé à L'idéographisme 2 former une véritableécriture. ... Le phonétisme 8 Ce qui constitue proprement celle-ci. 9 L'idéographismea toujours précédé le 16. III. Originesde Thiéroglyphisme 16. phonétisme Peintures mnémoniquesdes sauvages. 10 II.L'hiéroglyphisme et le procédéde convention pure 16. Les cinqsystèmesindépendants d'écriLes écritures d'origine hiéroglyphique tures, hiéroglyphiquesà l'origine,qui se sont développésen différentspoints arrivent toujours avecle temps à l'état du globe 3 11 conventionnel Chacund'eux s'est immobiliséà un de16. Exemplesempruntés à l'Egypte. ... 16. 4 A l'Assyrie. gré différentde progrès. ....... . 12 16. IV. Les caractères figuratifs A la Chine Analogiesdu tracé de certains caractèL'hiéroglyphisrneest toujours à la naisres de cette espècechez des peuples sancedesécrituresvraimentdignesde divers 16. 16. ce nom Déformationprogressivedes signes fiProcédés conventionnelsde mnémoni13 guratifs en chinois que primitive qui ne peuventêtre apEn égyptien 5 14 pelés proprement écritures Dansle cunéiformeanarien. ..... 15 16. Les khé-mou des Tartares.V.Les caractères symboliques. ..... 16. Les quipposdesPéruvienset les colliers 16. Exemplesempruntés aux hiéroglyphes des Peaux-Rouges pour montrer les divers modes de Usage chinois analogue à celui des formation des symbolesgraphiques. 16 6 quippos Par synecdoche 16. Bâtonnets entaillés des peuples ger* Par métonymie. ........... • 7 26. mains et Scandinaves
— 334 — Pages. Pages. 16 XI. Passage du rébus à l'état de phonéPar métaphore tisme syllabique chez les peuples dont 17 Par énigmes les idiomes étaient polysyllabiques. . 39 Symboles analogues dans plusieurs sysLa méthode acrologique pour la forma16. tèmes d'écriture tion des valeurs phonétiques Déformation progressive des caractères Ib. Naissance des valeurs de syllabes des 18 symboliques 16. VI. Les symboles complexes ....... signes cunéiformes dans la langue accadienne 40 Exemples empruntés aux hiéroglyphes 19 41 Exemples de leur acrologisme égyptiens 16. XII. Les hiéroplyphes égyptiens arrivent à Au cunéiforme anarien 20 la décomposition de la syllabe, tandis A l'écriture chinoise VII. Imperfection d'une écriture purement que le cunéiforme anarien s'arrête au 21 42 idéographique syllabisme Nécessité d'arriver à la peinture des Mais les hiéroglyphes de l'Egypte resons 22 tiennent de nombreux vestiges de Manière dont un son prononcé finit par l'état syllabique Ib. s'attacher à chaque caractère origiExemples de signes égyptiens de syllabes nairement idéographique 16. à deux consonnes 43 23 La détermination phonétique Naissance du phonétisme 44 16. XIII. Lenteur avec laquelle on arriva jusVIII. Le rébus L'écriture mexicaine s'immobilise à- ce qu'à l'abstraction de la consonne . . 16. 16. Inconvénients graves du syllabisme. . 46 point Ses formes idéographiques et ses rébus La multiplication trop grande des ca25 ractères 47 proprement dits Obscurités spéciales résultant de l'apApplication de ce système graphique à la trauscription de prières chrétiennes 26 plication d'une écriture syllabique 16. aux langues de la famille sémitique. 16. Témoignage de Las-Casas 27 Antinomie de la langue et du système Témoignage du P. Acosta 29 Témoignage du P. Torquemada. ... 48 graphique en assyrien Le pater de la bibliothèque de Mexico. 16. L'alphabet sémitique de 22 lettres à IX."Vestiges de l'état de rébus dans les Ninive et à Babylone 50 écritures qui ont poussé plus loin le C'est chez un peuple pour qui les 30 développement du phonétisme. ... voyelles étaient vagues que l'on a dû Dans le cunéiforme anarien 16. parvenir pour la première fois à la déDans les hiéroglyphes de l'Egypte. . . 32 Ib. composition de la syllabe Comment on passa en Egypte du syllaGroupes entiers de signes employés en bisme à l'alphabétisme égyptien dans un rôle de vrais rébus. 34 51 X. L'état de rébus et celui d'expression sylLes premières écritures alphabétiques labique sont identiques en chinois. . 16. n'exprimèrent d'abord que la charConfusion qui eût facilement résulté Ib. pente des consonnes. ....... dans cette langue et dans son écriture XIV. Extrême antiquité de l'alphabétisme de l'existence de nombreux mots moen Egypte 52 nosyllabiques homophones avec des Origine acrologique de ses valeurs. . . 53 sens très-différents 35 Tout caractère idéographique en égyp36 tien peut être employé comme iniMoyensemployéspour y obvier Le système des clés. ... 16. tiale du mot exprimant sa signification dans la langue parlée Exemples de son emploi. -, . . . ... , .37 Ib.
— 335 — Pages. Pages. Multiplicationextrême des homophones L'écriture,pour arriver à sa perfection, devaitrépudier toute trace d'idéograpour chaquelettre danslesbas temps. 54 Conventionqui réduisait les phonétiques 71 phisme indifférentsà un petit nombre dans Complications inextricables résultant la belle époque 55 de la transmissiond'une écriture esCessigneseux-mêmess'emploientquelsentiellement idéographique d'un Ib. 72 quefois comme idéogrammes. ... peuple,à un autre La marque distinctiveque Champollion Exemplesqu'en fournit le cunéiforme avait cru reconnaître de leur emploi anarien Ib. idéographiquen'a pas cettevaleur. . 16. Histoire d'un caractère de cette écriXV.État où se présente à nous l'écriture ture 73 56 Naissancede valeurs nouvelleschezles hiéroglyphique de l'Egypte Mélangede caractères de toute nature. 57 peuples auxquels les Assyriens la Obscuritéset chances d'erreur qui en 75 communiquèrent résultaient Le phénomènede l'allophonieen cunéi58 La polyphonie forme 60 76 Sonexistencechez d'autres peuples. . . 78 Son origine comme phénomèneinévitable dans toute écriture basée sur XVIII.Commentcen'était pas le peuplein61 venteur d'un systèmed'écriture origil'idéographisme Première étape de la polyphonie dans nairement idéographiquequi pouvait en tirer un alphabetpur et simple. . 79 l'emploi d'un même caractèrefigurativementet symboliquement 16. Obstaclevenant de l'habitude 16. Obstaclevenant de la religion 80 Secondeétapepar l'extensiondes significationsdu symbolegraphique. . . 16. Caractère sacré de l'écriture chez les Ib. Les complémentsphonétiques 62 peuplesprimitifs Ce sont les Japonais qui ont tiré une Exemples de polyphoniedans les hiéécriturepurement phonétiquedu ca63 roglyphes égyptiens ractère chinois 81 Leur multiplicationà la basse époque. 64 Les Susiensont réduit au phonétisme La polyphoniechezles Assyrienset son le système cunéiformeassyrien. . . Ib. énorme développement 16. Un peuple étranger pouvait seul exPourquoi on n'en discernepas la source traire l'alphabet de l'écriture égypchez ce peuple aussi bien qu'en i&. tienne, arrivée à l'alphabétisme. . . 16. Egypte XIX.Conditions que devait remplir le Lois de la polyphonie syllabique en 66 peuple appelé à consommerce derassyrien nier progrès . 82 Emploi des complémentsphonétiques. Ib. Il fallait un peuple commerçant. ... 16. Faits derébusqui pourraientégarerdans Unpeuplesoumisàune grandeinfluence l'étude de la polyphonieen assyrien. 68 de l'Egypte 83 XVI. Distinction entre la polyphonie 16. réelle et la polyphonieapparente. . 16. Un peuple peu religieux. ....... Les Phéniciens seuls ont rempli ces Exemplesde cette dernière dans le détrois conditions 16. 69 motique égyptien 16. XX.Unanimité de la tradition antique Dans le cunéiformeanarien 70 pour attribuer aux Phéniciens l'inExemplesd'un fait inverse vention de l'alphabet 84 XVII.Dernier pas qui restait à faire après XXI.Question de savoir où ils en ont l'invention du principe de l'alphabé8a 71 puisé les éléments tisme parles Égyptiens.
— 336 — Pages. 85 Système de Gesenius L'alphabet phénicien a été puisé en 86 Egypte Tradition antique sur l'origine égyp16. tienne de ses lettres Système de CharlesLenormant sur cette 87 origine. . Mémoirede M. de Rougé qui a résolu le 88 ;........ problème 89 Règles posées par ce savant Les signes égyptiens dont les lettres phéniciennes doivent être rapprochées sont ceux de l'écriture hiératique. . 16. Les deux principaux types successifsde 90 cette écriture C'est au plus ancien que se rattache 16. l'alphabet phénicien Fixité des règles de transcription des articulations sémitiques en égyptien 91 par les mêmes signes C'est dans ce fait qu'il faut chercher la clé de l'origine des lettres phéniciennes 92 Résultats obtenus par M. de Rougé à l'aide de la méthode exposée. ... 93 Principales modifications éprouvées par les signes hiératiques dans leur adoption comme signes de l'alphabet 16. par les Phéniciens XXII.La nomenclature des lettres .phéniciennes ne correspond pas à leur 94 origine réelle Cette nomenclature significative est le résultat d'une invention très-ancienne, mais postérieure à l'adoption des signes d'origine égyptienne. . . 95 Elle provient d'une assimilation des lettres à des figures grossières quand ou avait déjà perdu la tradition de leur origine hiéroglyphique véritable. 16. Faits analogues de création d'une nomenclature nouvelle des lettrés chez les Germains, les Scandinaves et les Irlandais 97 XXIII. Antiquité et caractère certainement phénicien de la nomenclature
Pages, hébraïque des lettres, prouvés par la nomenclature grecque. 97 Renseignements que cette nomenclature fournit sur l'état de civilisation de la population chananéenne quand elle adopta l'alphabet de 22 lettres. . . 98 Conclusion pour l'époque de l'adoption. 99 Preuves monumentales de l'ancienneté de l'écriture chez les populations de la Syrie. . . 100 XXIV.Antiquité et caractère positivement phénicien de l'ordonnance de l'alphabet de 22 lettres 101 Difficulté d'en déterminer l'origine. . . 102 Cette ordonnance est différente de celle qui était en usage chez les Égyptiens. J6. L'ordonnance égyptienne de l'alphabet 103 d'après les monuments XXV. Caractère unique de l'invention de 105 l'alphabet Tous les alphabets que l'on connaît dérivent de celui des Phéniciens. ... 16. XXVI. Question posée par l'Académie des Inscriptions sur la propagation de l'alphabet phénicien dans l'ancien monde 106 Notre ouvrage y est la réponse. .... 107 XXVII.Idée fondamentale du livre; l'unité de l'écriture alphabétique se rattachant partout à l'invention des Phéniciens 108 C'est l'esquisse d'une histoire générale de l'écriture ramenée à ce principe. . 109 XXVIII.Plan de l'ouvrage 16. Les cinq troncs principaux de dérivation de l'alphabet phénicien 110 Divisions de notre étude , 16. XXIX. Nécessitéd'une méthode rigoureuse dans les comparaisons d'écritures. .113 Règles que l'auteur s'est imposées. . Ib. XXX.Lois principales de déformation des écritures 114 Effet du développement dé la culture littéraire HJj Influence des matériaux employés pour écrire . . ; . 16. Comparaison à ce point de vue de l'hié-
— 337 Pages, ratique égyptien,du cunéiformeassyrien et des caractères chinois. ... 116 XXXI.Loi des arrêts de développement..119 Son application dans l'histoire desécritures 16. 120 Exemple du palmyrénien XXXII.Changements des valeurs des lettres dans la transmissionde l'écriture d'un peuple à un autre 121 Additions ou suppressions de lettres dansle mêmecas 122 XXXIII.Importancedesrecherchesde pa123 léographie comparative La transmissionde l'écriture est le signe matériel de la transmissiondes idées 124 Notes principales de l'introduction. Indices d'un usage analogue à celui des colliers mnémoniques des PeauxRouges chezles hommesde l'époque 5-6 quaternaire 8 Les quippos péruviens Vie de l'homme par groupes dès l'âge 9 tertiaire
ESQUISSE
D'UNE
Pages. Les dessins mnémoniquesdes hommes de l'âge quaternaire 10 Nom à donner à l'écriture mexicaine.23-24 L'écriture des IndiensMie-Macde l'A27-28 mérique du Nord L'écriture des Chéroquis 45 Particularitésspécialesà la transcription des noms propres étrangers dans les 56 hiéroglyphes égyptiens L'écriture calculiformedes Mayas du Yucatan 57-60 Analogiesdes tropes graphiques et de ceux de la langue parlée chez des 62 peuples différents Témoignageégyptien sur l'existencede l'écriture chezles IihétasouHéthéens au temps de la XIXedynastie. ... 100 Le cunéiformeperse et l'écriture cy105-106 priote Les plus anciens monuments de l'écriture chinoise. . . . . . . 116-117 Procédés de l'écriture chez les Assyriens et les Babyloniens.. 117-118 Emploide l'impressionxylographique sur les briques de Babylone. . . 118
PALEOGRAPHIE
PHENICIENNE
A L'INTRODUCTION. POURSERVIRDE COMPLÉMENT I. Objet de cette-partie de l'ouvrage. . . 125 II. Les deux types principaux de la pa126 léographie phénicienne Formes de lettres qui les distinguent. . 16. 127 III. Monuments du premier type . . 128 La stèle de Mésa 16. Les lions de Nimroud 16. Pierres gravées Ib. Inscriptions de Malte Ib. Inscription de Nora. IV. Principaux monuments du second . 129 type Le sarcophage d'Eschmounazar. . . .130 16. La deuxième sidonienne
Les inscriptionsde Citium 16. Première et seconde maltaise 131 16. Inscriptions d'Athènes Inscriptions d'Oumm-el-avramid.. . . 16. Pierres gravées Ib. Monumentsnumismatiques 132 Monnaiesd'Aradus sousla domination 16. perse Monnaiesdesroisde Gebal 26. Monnaiesdes rois de Citium 133 Dariquesd'argent au type dela chouette. 16. Monnaies d'Alexandre Ib. Monnaiesdes villes phéniciennes sous les Séleucides 134 aa
338 — Pages. Monnaies des villes phéniciennes sous les Romains 134 V. Antériorité du premier type paléogra135 phique sur le second Noms à leur donner : archaïque et sidonien 16. Dates des monuments du type sidonien. 136 Inscriptions postérieures à Alexandre. . Ib. Époques respectives des monuments nu137 mismatiques Les inscriptions et les monnaies des rois de Citium sont du Ve et du IVe siècle av. J.-C 16. La seconde sidonienne et sa date. ..138 Discussion de la date du sarcophage d'Eschmouuazar. 139 VI. Age desmonuments du type archaïque. 141 Les inscriptions de Malte et de Nora. . 142 Pierres gravées 16. Scarabée d'Abibaal 143 Gemme de Khorsabad. , 16. Lions de Nimroud .144 Stèle de Mésa. „ 16. Ces deux derniers monuments montrent l'état de l'alphabet sémitique au IXe siècle 16. VII. Monuments d'un type intermédiaire, 145 correspondant au VIIe siècle Souscription du règne d'Assarahaddon. 26. 16. Inscriptions d'Ibsamboul Pierres gravées 146.
LIVRE ÉCRITURES
Pages. Indications chronologiques des changements de formes du Q et du W. . 146 VIII. Les alphabets dérivés du phénicien confirment les données ainsi recueillies sur la plus ancienne forme de 147 cette écriture 148 Preuves tirées de l'alphabet grec. ... 149 De Tibérien 150 De l'himyaritique. 16. De l'alphabet aryen 151 Du magâdhi IX. Preuves parallèles empruntées à la comparaison des lettres phéniciennes avec les prototypes hiératiques d'où elles dérivent 16. X. Coup d'oeil sur la paléographie puni153 que Sa parenté avec la paléographie sidonienne 16. 154 Ses caractères particuliers Principaux monuments épigraphiques de l'écriture punique 16. Principaux monuments numismatiques et leur classement chronologique. . 157 XI. L'alphabet punique des bas temps. . . 161 Date de son apparition J6. Ses principaux monuments 162 Supplément à la bibliographie des monuments épigraphiques cités dans cette partie de l'ouvrage 163
PREMIER.
DU TRONC
SÉMITIQUE.
FAMILLEHÉBRÉO-SAMARITA1NE. OBSERVATIONS PRÉLIMINAIRES. Caractères communs aux écritures du tronc sémitique 169 Les deux familles entre lesquelles elles se divisent 170
Alphabets de la famille hébréo-samaritaine 16. Alphabets de la famille araméenne. . . Ib. Polémiques récentes sur les écritures 171 sémitiques
-— 339 Pages.
Pagesv IV. Lesderniers monumentsdont on s'est CHAPITRE Ier. L'ALPHABET HÉBRAÏQUE PRIMITIF. occupéreprésentent l'état de l'écriture hébraïque primitive à la fin de I. Connaissance ancienne de l'alphabet la période des rois 184 samaritain 172 Ses modifications pendant les siècles Premières tentatives pour l'appliquer à 185 suivants la lecture des monnaies dites asmoDiscussionde la date des plus anciens néennes 173 sicles, qui doivent être rapportés Déchiffrement de ces monnaies par 187 au temps des Perses 174 V. Comparaisonde l'alphabet hébraïque Bayer Travaux postérieurs sur l'alphabet arprimitif i avec le type archaïque de 175 188 chaïque hébreu. . l'alphabet phénicien II. L'alphabet des médaillesdites asmonéennes représente le plus ancien CHAPITRE IL L'ALPHABET SAMARITAIN. 176 alphabet des Hébreux Preuves tirées de la tradition talmudiI. L'écriture oncialedes Samaritainsdans 191 26. les manuscrits que De la parenté de cet alphabet avecle Type un peu plus ancien de quelques 16. 177 type phénicien archaïque inscriptions Desvariantes de la Bible 178 II. Comparaisonde l'alphabet samaritain 192 Accordde la presque totalitédes savants avec l'hébraïque primitif sur ce point 179 III. L'écriture samaritaine ne sert pas chez les Samaritains aux usages de III. Preuves archéologiques nouvelles. . Ib. 193 la vie Les intailles hébraïques antiques. ... 180 Écritures cursivesqu'ils ont employées Gemmehébraïque de Khorsabad. ... 183 184 Sceau de Schebaniah jusqu'à une date assez rapprochée. . 194 LIVRE ÉCRITURES
SECOND.
DU TRONC
SÉMITIQUE.
FAMILLE ARAMÉENNE. 205 Briques babyloniennes Gemmes de travail assyrien ou chal206 déen ARAMÉEN PRIMITIF. Ier. L'ALPHABET CHAPITRE Conservationde cet alphabet avec quelI. Monumentsles plus anciensde la lanqueslégèresmodificationspendantles premiers temps de la dominationdes gue araméenne, écrits avec le type 207 Achéménides archaïque de l'alphabet phénicien. . 201 Intaillesqui appartiennent à' cetteépoPremiers monuments, au VIIe siècle, 26. d'un alphabet spécialement affectéà que 209 202 Dariqued'argent écrire la langue araméenne Lion de bronze d'Abydos 16. Suscriptions araméennes des contrats II. Comparaisonde l'alphabetaraméenprisur terre-cuite en écriture cunéimitif et de l'alphabet phénicien. . . 16. 203 forme PRÉLIMINAIRES OBSERVATIONS
199
340 — Pages. Pages. Son caractère d'écriture de manuscrits. 226 L'alphabet araméen dérive du type intermédiaire en vigueur au VIIesiècle. 210 Stèle de Carpentras 227 Autres stèles analogues 228 Importance de ce fait pour les discussions sur l'histoire de l'alphabet carré II. Les papyrus araméens connus jusqu'à 211 ce jour 229 hébraïque Particularités caractéristiques de l'ara230 Langue de ces papyrus. méen primitif 212 III. Tous les monuments de l'alphabet araIII. Cet alphabet a pris naissance sur les méen des papyrus appartiennent à bords de l'Euphrate 213 16. l'époque des Ptolémées. ....... Développement antique des Araméens Comparaison de leur alphabet avec l'aen Mésopotamie 26. raméen secondaire. 231 Première apparition de ligatures. . . . 232 Témoignage des inscriptions cunéiforFormes particulières pour certaines letmes sur les tribus araméennes de la tres finales . 233 214 Babylonie et de la Chaldée IV. Peuple qui se servait de cet alphabet. 16. La langue araméenne à la cour de Ninive Réfutation de l'opinion de Béer sur le 215 Les Araméens au service du grand emcaractère exclusivement juif dé ses monuments . 216 16.. pire asiatique Réfutation de l'opinion de Gesenius, qui 235 ARAMÉEN SECONDAIRE. l'appelait araméo-égyptien: CHAP.H. L'ALPHABET Monuments de cet alphabet étrangers à I. Travaux des érudits sur cet alphabet et 236 l'Egypte Monnaie d'Alexandre 16. publication de ses principaux monuments 218 Intàille publiée par M. de Vogué. . . 237 Études du duc de Luynes sur la numismatique des satrapies et recherCHAP.IV. L'ALPHABET ARAMÉEN TERTIAIRE OU ches plus récentes qui les ont compléPALMYRÉNIEN. tées 219 Monnaies sorties de l'atelier de Tarse I. Inscriptions palmyréniennes existant en sous les Achéménides. ....... 221 238 Europe Monnaies araméennes frappées en CapLes inscriptions des ruines de Palmyre 16. et les publications successives dont padoce. Monnaies battues à Hiérapolis. ... 16. elles ont été l'objet 239 Pierres gravées offrant le même alphaInscriptions palmyréniennes de l'Algérie. 240 bet 222 Histoire du déchiffrement de l'alphabet H. Inscription de la pierre à libations du Ib. palmyrénien 223 Éléments avec lesquels on a dressé le Sérapéum III. Comparaison de l'alphabet des montableau des vicissitudes paléographinaies araméo-perses avec l'araméen 242 ques de cet alphabet 224 II. Comparaison du palmyrénien avec l'aprimitif. . . . Évolutions successives des formes du raméen des papyrus 16. 16. Ï et du î. . . Modificationsde lettres tenant à des en243 jolivements calligraphiques CHAP.III. L'ALPHABET ARAMÉEN DESPAPYRUS. Modifications essentielles et fondamentales. . . 244 I. Parenté étroite de cet alphabet avec le Lettres ayant des formes finales partiprécédent. 226 culières 245
— 341 — Pages. Inscriptiond'un tombeausituéau nordouest de Jérusalem, sur la route du Tombeaudes Juges 262 Inscription du tombeaudit des Rois à 16. Jérusalem Petit coffretà ossementsde la collection 264 Parent , Inscriptionsde la catacombejuive de là 16. Via Portuensis à Rome Épitaphes primitives des juifs karaïtes de la Crimée 267 V. L'ALPHABET CHAPITRE PAMPHYLIEN. Inscriptions des synagogues de KefrBereïm en Galilée 271 I. Monnaiesde Sidé de Pamphylie avecléPoteries cabalistiquesde Babylone. . . 16. gendesdans un alphabet particulier. 250 Inscription de la colonnesousEl-Aksa. 272 273 IL Parenté de cet alphabet avec le palmyInscription de Byblos 16. rénien 252 Inscription d'Arles Essais de déchiffrement du duc de InscriptionsdesÉtats desrois-wisigoths. 16. 274 16. Inscription de Vienne. Luynes 254 Épitaphes karaïtes de la Crimée. ... 16. Autres lectures proposées 275 Nouvelessaid'explicationpar le nom de Inscriptionsjuives d'Aden Ib. Tiribaze Alphabetdu manuscritdesJésuites. . . 16. Manuscrits primitifs des juifs karaïtes Doutesque peut soulever cette explica16. 255 du Midi de la Russie. ....... tion Quand même elle ne serait point adExplicationssur le tabeau paléographimise, il n'en resterait pas moins que dressé à l'aide de ces documents.277 II. L'alphabet hébraïque carré ne dérive qu'on se servait en Pamphylie, au Vesiècleav. J.-C, d'un alphabet dépas du palmyrénien,mais de l'araméen des papyrus 256 278 rivé du palmyrénien III. Datesjusqu'à présent admisespour la Analyse des formes de lettres qui le formation des divers alphabets araprouvent et étude des modifications 16. méens qui constituentson individualité. . . 279 Multiplicationdes lettres finales. . . . 280 Modificationsqu'il faut y apporter d'après les faits relatifs au pamphylien. 257 III. Tradition talmudique sur l'introduction du caractère carré chez les HéL'existence de cet alphabet ne prouve • Esdras. . . breux 281 la de les habitants par Pamphylie pas que Le nom d'écriture assyrienne donné à 258 fussent de race sémitique ce caractère 282 CARRÉ. Opiniondes Pères de l'Église conforme HÉBRAÏQUE VI. L'ALPHABET CHAPITRE à la tradition talmudique 16. Sérieusevaleur de cettetradition. . . . 283 I. Débats récents sur l'origine et la date 259 Impossibilité d'admettre l'opinion de de l'hébreu carré ceux qui ont soutenu la très-haute Monuments les plus anciensde cet al260 antiquité du caractère carré comme phabet écriture sacrée 16. Inscriptiondu tombeau dit de saint Jac16. IV. Limite dans laquelle il faut admettre ques à Jérusalem la tradition talmudique 284 Fragment du Haram-eseh-Schérif.. . 261
Pages. 245 Multiplication des ligatures. ..... III. L'alphabet palmyrénien cursif. . . . 246 Ses monuments. Ib. Ses caractères particuliers 247 IV. Impropriété du nom de palmyrénien. 248 Monumentsde cet alphabet étrangers à f6. Palmyre Il a été commun à tous les peuples araméens . 249 Limites chronologiquesde son emploi. Ib.
342 — Pages. Pages. L'hébreu- s'était conservé plus pur chez L'écriture carrée ne remonte pas au les exilés 293 284 temps d'Esdras L'introduction de l'alphabet araméen a Sous les Ptolémées les Juifs se servaient dû accompagner celle de la langue de l'araméen des papyrus, d'où est araméenne sorti le caractère carré 294 285 Retour des Samaritains en même temps Inscription d'Araq-el-émir, écrite avec ' les Juifs . 16. araméen Ib. que l'alphabet primitif Un peuple nouveau et mixte se forme Il faut appliquer la tradition talmudialors dans l'ancien royaume d'Israël. 295 que à l'adoption de l'alphabet araLes Samaritains empruntent les Écritu. . 286 méen res à des copies juives Ib. Développement de l'influence araIls n'en admettent que le Pentateuque. 296 méenne à l'époque du retour de la Par affectation d'archaïsme ils repren16. captivité L'araméen était une langue étrangère nent, au lieu de l'alphabet araméen, l'ancien alphabet hébraïque au temps d'Ézéchias 16. Ib. V. Recherche de la date précise où se Au contraire, le peuple ne comprenait forma le caractère carré distinct des plus la langue des Écritures à l'épo.287 16. que de Néhémie alphabets araméens Ce fait est admis par les grammairiens Témoignage de Démétrius de Phalère sur la ressemblance du caractère des 288 juifs manuscrits de la Bible avec l'écriture Passage du livre de Néhémie sur la coraraméenne 16. ruption de la langue du peuple resté en Palestine, par desinfluences étranPassage de l'Évangile de saint Matthieu sur ,1e iod 297 gères, pendant le -temps de la captivité Les monuments épigraphiques seuls 289 L'emploi de l'hébreu dans les légendes permettent de déterminer approxides monnaies asmonéennes ne prouve mativement le moment de la transition 16. pas l'usage populaire de cette langue à l'époque où elles furent frappées. 16 Passages célèbres d'Origène et de saint Jérôme sur le tetragrammaton sacré. 298 L'araméen était absolument prédomiL'écriture carrée s'est • définitivement nant comme langue parlée au temps du Christ . 290 régularisée au onzième siècle. . . . 300 Limite clans laquelle le dialecte parlé à Cette régularisation coïncide avec la cette époque avait un caractère partigrande renaissance de la culture de culier 291 l'hébreu qui se manifesta chez les Mais l'adoption du langage araméen Juifs à cette époque, après une éclipse comme du nouvel alphabet n'a pas momentanée 301 été le fait de ceux qui revenaient de Variétés principales de l'écriture dans la captivité 16. les manuscrits postérieurs au onzième La tradition talmudique a personnifié siècle 302 sous le nom d'Esdras toutes les instiCaractères particulièrement ornés sertutions de l'époque où la nation se vant aux rouleaux des synagogues. . 303 reconstitua 292 VI. Le caractère rabbinique et ses difféLe langage araméen s'était introduit rentes variétés 16. Sa naissance est certainement antépendant la captivité chez ceux qui étaient restés dans le pays après la rieure au onzième siècle et se rattache à un type d'écriture hébraïque transportation des classes supérieures. 26.
343 Pages. Pages. Ce que ce systèmeavait d'incomplet. . 315 plus ancien que celui de cette époque 304 La ponctuationdite massorétique. . . . 316 Le rabbinique dérive du type d'écriture La valeur de ce nom 16. carrée qui était en usage aux cinCadre des travaux de la massore. ... Ib. quième et sixième siècles M5 Premières traces de l'existence de la Comparaisondes deux formesde l'écri318 ponctuationcomplète ture rabbinique entre elles et avec Elle a été établie au sixièmesiècle. . . 319 leur prototypeoriginaire Elle est peut-êtrel'oeuvre des docteurs 16. Ce caractèrea été inventé pour les usaSaboréens 26. 306 La ponctuationbabylonienneet la poncges vulgaires Loi de déformationconstantedes écrituation de Tibériade 320 tures dans un sens de plus grande Systèmes des savants'sur l'antériorité de l'une ou de l'autre 26. 16. rapidité VII. Absencedes voyellesdans les alphaArgumentsde M. Derenbourgen faveur de la ponctuationde Tibériade. ... bets sémitiques 307 16. Ils prouventseulementla supérioritéde Notation de la vocalisationau moyen la tradition de prononciationqu'elle de points en hébreu, en syriaque, en arabe et en samaritain 308 représente 322 Preuves qui nous font incliner pour Opinions diverses sur l'antiquité des l'antériorité de la ponctuationbaby309 points-voyellesde l'hébreu lonienne Réfutation de l'opinion qui les fait re323 Enrichissementsuccessifde la ponctuamonter àEsdras 310 tion Les trois alphabets communsà tousles Lb. Les sept premiers signes 324 Araméens, et d'où est sortil'hébreu 325 carré, n'ont jamais connude notation Signes d'inventionpostérieure • des voyelles 311 Le daghesch . . . 16. VIII. Les deux espècesd'accentsdes maMultiplicationdes quiescentesdans l'ornuscrits hébraïques 326 thographe'araméennepour compenser cetteabsencede signesvocaux. . 16. Traces anciennes d'une accentuation encore grossière Les manuscrits de la Bible n'avaient 16. encore aucune notation de voyelles Divergencesdes grammairiens juifs au au temps où fut faite la version des 327 sujet desaccents 312 Variationsdeleurs noms 328 Septante 26. Il en était encore de même à l'époque Exempledu méteg Les douze accents principaux Ib. 16. de Josèphe Les plus anciensaccents 329 Notation primitive; les accents-voyelHiérarchieféodale établie postérieure313 les ment entre les accents 16. Analogiede ce systèmeavecla notation Leur classement d'après les éléments primitive des voyellessyriaquesavant Ib. Ib. générateurs de leurs formes Jacquesd'Édesse Témoignages de saint Jérôme sur les 314 accents-voyelles Motifsqui firent adopter ce premier Ib. .Observationssupplémentaires,sur"Ië papysystème • rus araméen du Muséé'.deXTTirin'. . . 315 ./, ^331 Témoignagedu Talmud DUTOME PREMIER. FINDELATABLE rueou;Sam!*Aiw.H. t*àrip Tyu;<::T.'.;;!Mt: Clianicrot, Georges
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INTRODUCTION. I. Définition de l'écriture Pages. Procédés qu'elle peut employer L'idéographisme Le phonétisme L'idéographisme a toujours précédé le phonétisme II. L'hiéroglyphisme et le procédé de convention pure Les écritures d'origine hiéroglyphique arrivent toujours avec le temps à l'état conventionnel Exemples empruntés à l'Egypte A l'Assyrie A la Chine L'hiéroglyphisme est toujours à la naissance des écritures vraiment dignes de ce nom Procédés conventionnels de mnémonique primitive qui ne peuvent être appelés proprement écritures Les khé-mou des Tartares Les quippos des Péruviens et les colliers des Peaux-Rouges Usage chinois analogue à celui des quippos Bâtonnets entaillés des peuples germains et scandinaves Vestiges d'un usage semblable dès l'âge de pierre Aucun de ces procédés n'est arrivé à former une véritable écriture Ce qui constitue proprement celle-ci III. Origines de l'hiéroglyphisme Peintures mnémoniques des sauvages Les cinq systèmes indépendants d'écritures, hiéroglyphiques à l'origine, qui se sont développés en différents points du globe Chacun d'eux s'est immobilisé à un degré différent de progrès IV. Les caractères figuratifs Analogies du tracé de certains caractères de cette espèce chez des peuples divers Déformation progressive des signes figuratifs en chinois En égyptien Dans le cunéiforme anarien V. Les caractères symboliques Exemples empruntés aux hiéroglyphes pour montrer les divers modes de formation des symboles graphiques Par synecdoche Par métonymie Par métaphore Par énigmes Symboles analogues dans plusieurs systèmes d'écriture Déformation progressive des caractères symboliques VI. Les symboles complexes Exemples empruntés aux hiéroglyphes égyptiens Au cunéiforme anarien A l'écriture chinoise VII. Imperfection d'une écriture purement idéographique Nécessité d'arriver à la peinture des sons Manière dont un son prononcé finit par s'attacher à chaque caractère originairement idéographique Naissance du phonétisme VIII. Le rébus L'écriture mexicaine s'immobilise à ce point Ses formes idéographiques et ses rébus proprement dits Application de ce système graphique à la transcription de prières chrétiennes Témoignage de Las-Casas Témoignage du P. Acosta Témoignage du P. Torquemada Le pater de la bibliothèque de Mexico IX. Vestiges de l'état de rébus dans les écritures qui ont poussé plus loin le développement du phonétisme Dans le cunéiforme anarien Dans les hiéroglyphes de l'Egypte Groupes entiers de signes employés en égyptien dans un rôle de vrais rébus. X. L'état de rébus et celui d'expression syllabique sont identiques en chinois Confusion qui eût facilement résulté dans cette langue et dans son écriture de l'existence de nombreux mots monosyllabiques homophones avec des sens très-différents Moyens employés pour y obvier Le système des clés Exemples de son emploi XI. Passage du rébus à l'état de phonétisme syllabique chez les peuples dont les idiomes étaient polysyllabiques La méthode acrologique pour la formation des valeurs phonétiques Naissance des valeurs de syllabes des signes cunéiformes dans la langue accadienne Exemples de leur acrologisme XII. Les hiéroplyphes égyptiens arrivent à la décomposition de la syllabe, tandis que le cunéiforme anarien s'arrête au syllabisme Mais les hiéroglyphes de l'Egypte retiennent de nombreux vestiges de l'état syllabique Exemples de signes égyptiens de syllabes à deux consonnes La détermination phonétique XIII. Lenteur avec laquelle on arriva jusqu'à l'abstraction de la consonne Inconvénients graves du syllabisme La multiplication trop grande des caractères Obscurités spéciales résultant de l'application d'une écriture syllabique aux langues de la famille sémitique Antinomie de la langue et du système graphique en assyrien L'alphabet sémitique de 22 lettres à Ninive et à Babylone C'est chez un peuple pour qui les voyelles étaient vagues que l'on a dû parvenir pour la première fois à la décomposition de la syllabe Comment on passa en Egypte du syllabisme à l'alphabétisme Les premières écritures alphabétiques n'exprimèrent d'abord que la charpente des consonnes XIV. Extrême antiquité de l'alphabétisme en Egypte Origine acrologique de ses valeurs Tout caractère idéographique en égyptien peut être employé comme initiale du mot exprimant sa signification dans la langue parlée Multiplication extrême des homophones pour chaque lettre dans les bas temps Convention qui réduisait les phonétiques indifférents à un petit nombre dans la belle époque Ces signes eux-mêmes s'emploient quelquefois comme idéogrammes La marque distinctive que Champollion avait cru reconnaître de leur emploi idéographique n'a pas cette valeur XV. Etat où se présente à nous l'écriture hiéroglyphique de l'Egypte Mélange de caractères de toute nature Obscurités et chances d'erreur qui en résultaient La polyphonie
Son origine comme phénomène inévitable dans toute écriture basée sur l'idéographisme Première étape de la polyphonie dans l'emploi d'un même caractère figurativement et symboliquement Seconde étape par l'extension des significations du symbole graphique Les compléments phonétiques Exemples de polyphonie dans les hiéroglyphes égyptiens Leur multiplication à la basse époque La polyphonie chez les Assyriens et son énorme développement Pourquoi on n'en discerne pas la source chez ce peuple aussi bien qu'en Egypte Lois de la polyphonie syllabique en assyrien Emploi des compléments phonétiques Faits de rébus qui pourraient égarer dans l'étude de la polyphonie en assyrien XVI. Distinction entre la polyphonie réelle et la polyphonie apparente Exemples de cette dernière dans le démotique égyptien Dans le cunéiforme anarien Exemples d'un fait inverse XVII. Dernier pas qui restait à faire après l'invention du principe de l'alphabétisme par les Egyptiens L'écriture, pour arriver à sa perfection, devait répudier toute trace d'idéographisme Complications inextricables résultant de la transmission d'une écriture essentiellement idéographique d'un peuple à un autre Exemples qu'en fournit le cunéiforme anarien Histoire d'un caractère de cette écriture Naissance de valeurs nouvelles chez les peuples auxquels les Assyriens la communiquèrent Le phénomène de l'allophonie en cunéiforme Son existence chez d'autres peuples XVIII. Comment ce n'était pas le peuple inventeur d'un système d'écriture originairement idéographique qui pouvait en tirer un alphabet pur et simple Obstacle venant de l'habitude Obstacle venant de la religion Caractère sacré de l'écriture chez les peuples primitifs Ce sont les Japonais qui ont tiré une écriture purement phonétique du caractère chinois Les Susiens ont réduit au phonétisme le système cunéiforme assyrien Un peuple étranger pouvait seul extraire l'alphabet de l'écriture égyptienne, arrivée à l'alphabétisme XIX. Conditions que devait remplir le peuple appelé à consommer ce dernier progrès Il fallait un peuple commerçant Un peuple soumis à une grande influence de l'Egypte Un peuple peu religieux Les Phéniciens seuls ont rempli ces trois conditions XX. Unanimité de la tradition antique pour attribuer aux Phéniciens l'invention de l'alphabet XXI. Question de savoir où ils en ont puisé les éléments Système de Gesenius L'alphabet phénicien a été puisé en Egypte Tradition antique sur l'origine égyptienne de ses lettres Système de Charles Lenormant sur cette origine Mémoire de M. de Rougé qui a résolu le problème Règles posées par ce savant Les signes égyptiens dont les lettres phéniciennes doivent être rapprochées sont ceux de l'écriture hiératique Les deux principaux types successifs de cette écriture C'est au plus ancien que se rattache l'alphabet phénicien Fixité des règles de transcription des articulations sémitiques en égyptien par les mêmes signes C'est dans ce fait qu'il faut chercher la clé de l'origine des lettres phéniciennes Résultats obtenus par M. de Rougé à l'aide de la méthode exposée Principales modifications éprouvées par les signes hiératiques dans leur adoption comme signes de l'alphabet par les Phéniciens XXII. La nomenclature des lettres phéniciennes ne correspond pas à leur origine réelle Cette nomenclature significative est le résultat d'une invention très-ancienne, mais postérieure à l'adoption des signes d'origine égyptienne Elle provient d'une assimilation des lettres à des figures grossières quand on avait déjà perdu la tradition de leur origine hiéroglyphique véritable Faits analogues de création d'une nomenclature nouvelle des lettres chez les Germains, les Scandinaves et les Irlandais XXIII. Antiquité et caractère certainement phénicien de la nomenclature hébraïque des lettres, prouvés par la nomenclature grecque Renseignements que cette nomenclature fournit sur l'état de civilisation de la population chananéenne quand elle adopta l'alphabet de 22 lettres Conclusion pour l'époque de l'adoption Preuves monumentales de l'ancienneté de l'écriture chez les populations de la Syrie XXIV. Antiquité et caractère positivement phénicien de l'ordonnance de l'alphabet de 22 lettres Difficulté d'en déterminer l'origine Cette ordonnance est différente de celle qui était en usage chez les Egyptiens. L'ordonnance égyptienne de l'alphabet d'après les monuments XXV. Caractère unique de l'invention de l'alphabet Tous les alphabets que l'on connaît dérivent de celui des Phéniciens XXVI. Question posée par l'Académie des Inscriptions sur la propagation de l'alphabet phénicien dans l'ancien monde Notre ouvrage y est la réponse XXVII. Idée fondamentale du livre; l'unité de l'écriture alphabétique se rattachant partout à l'invention des Phéniciens C'est l'esquisse d'une histoire générale de l'écriture ramenée à ce principe XXVIII. Plan de l'ouvrage Les cinq troncs principaux de dérivation de l'alphabet phénicien Divisions de notre étude XXIX. Nécessité d'une méthode rigoureuse dans les comparaisons d'écritures Règles que l'auteur s'est imposées XXX. Lois principales de déformation des écritures Effet du développement de la culture littéraire Influence des matériaux employés pour écrire Comparaison à ce point de vue de l'hiératique égyptien, du cunéiforme assyrien et des caractères chinois XXXI. Loi des arrêts de développement Son application dans l'histoire des écritures Exemple du palmyrénien XXXII. Changements des valeurs des lettres dans la transmission de l'écriture d'un peuple à un autre Additions ou suppressions de lettres dans le même cas XXXIII. Importance des recherches de paléographie comparative La transmission de l'écriture est le signe matériel de la transmission des idées Notes principales de l'introduction. Indices d'un usage analogue à celui des colliers mnémoniques des Peaux-Rouges chez les hommes de l'époque quaternaire Les quippos péruviens Vie de l'homme par groupes dès l'âge tertiaire Les dessins mnémoniques des hommes de l'âge quaternaire Nom à donner à l'écriture mexicaine
L'écriture des Indiens Mic-Mac de l'Amérique du Nord L'écriture des Chéroquis Particularités spéciales à la transcription des noms propres étrangers dans les hiéroglyphes égyptiens L'écriture calculiforme des Mayas du Yucatan Analogies des tropes graphiques et de ceux de la langue parlée chez des peuples différents Témoignage égyptien sur l'existence de l'écriture chez les Khétas ou Héthéens au temps de la XIXe dynastie Le cunéiforme perse et l'écriture cypriote Les plus anciens monuments de l'écriture chinoise Procédés de l'écriture chez les Assyriens et les Babyloniens Emploi de l'impression xylographique sur les briques de Babylone ESQUISSE D'UNE PALEOGRAPHIE PHENICIENNE POUR SERVIR DE COMPLEMENT A L'INTRODUCTION. I. Objet de cette partie de l'ouvrage II. Les deux types principaux de la paléographie phénicienne Formes de lettres qui les distinguent III. Monuments du premier type La stèle de Mésa Les lions de Nimroud Pierres gravées Inscriptions de Malte Inscription de Nora IV. Principaux monuments du second type Le sarcophage d'Eschmounazar La deuxième sidonienne Les inscriptions de Citium Première et seconde maltaise Inscriptions d'Athènes Inscriptions d'Oumm-el-awamid Pierres gravées Monuments numismatiques Monnaies d'Aradus sous la domination perse Monnaies des rois de Gebal Monnaies des rois de Citium Dariques d'argent au type de la chouette Monnaies d'Alexandre Monnaies des villes phéniciennes sous les Séleucides Monnaies des villes phéniciennes sous les Romains V. Antériorité du premier type paléographique sur le second Noms à leur donner: archaïque et sidonien Dates des monuments du type sidonien Inscriptions postérieures à Alexandre Epoques respectives des monuments numismatiques Les inscriptions et les monnaies des rois de Citium sont du Ve et du IVe siècle av. J.-C. La seconde sidonienne et sa date Discussion de la date du sarcophage d'Eschmounazar VI. Age des monuments du type archaïque Les inscriptions de Malte et de Nora Pierres gravées Scarabée d'Abibaal Gemme de Khorsabad Lions de Nimroud Stèle de Mésa Ces deux derniers monuments montrent l'état de l'alphabet sémitique au IXe siècle VII. Monuments d'un type intermédiaire, correspondant au VIIe siècle Souscription du règne d'Assarahaddon Inscriptions d'Ibsamboul Pierres gravées Indications chronologiques des changements de formes du et du VIII. Les alphabets dérivés du phénicien confirment les données ainsi recueillies sur la plus ancienne forme de cette écriture Preuves tirées de l'alphabet grec De l'ibérien De l'himyaritique De l'alphabet aryen Du magâdhi IX. Preuves parallèles empruntées à la comparaison des lettres phéniciennes avec les prototypes hiératiques d'où elles dérivent X. Coup d'oeil sur la paléographie punique Sa parenté avec la paléographie sidonienne Ses caractères particuliers Principaux monuments épigraphiques de l'écriture punique Principaux monuments numismatiques et leur classement chronologique XI. L'alphabet punique des bas temps Date de son apparition Ses principaux monuments Supplément à la bibliographie des monuments épigraphiques cités dans cette partie de l'ouvrage LIVRE PREMIER. ECRITURES DU TRONC SEMITIQUE. FAMILLE HEBREO-SAMARITAINE. OBSERVATIONS PRELIMINAIRES. Caractères communs aux écritures du tronc sémitique Les deux familles entre lesquelles elles se divisent Alphabets de la famille hébréo-samaritaine Alphabets de la famille araméenne Polémiques récentes sur les écritures sémitiques CHAPITRE Ier. L'ALPHABET HEBRAIQUE PRIMITIF. I. Connaissance ancienne de l'alphabet samaritain Premières tentatives pour l'appliquer à la lecture des monnaies dites asmonéennes Déchiffrement de ces monnaies par Bayer Travaux postérieurs sur l'alphabet archaïque hébreu II. L'alphabet des médailles dites asmonéennes représente le plus ancien alphabet des Hébreux Preuves tirées de la tradition talmudique De la parenté de cet alphabet avec le type phénicien archaïque Des variantes de la Bible
Accord de la presque totalité des savants sur ce point III. Preuves archéologiques nouvelles Les intailles hébraïques antiques Gemme hébraïque de Khorsabad Sceau de Schebaniah IV. Les derniers monuments dont on s'est occupé représentent l'état de l'écriture hébraïque primitive à la fin de la période des rois Ses modifications pendant les siècles suivants Discussion de la date des plus anciens sicles, qui doivent être rapportés au temps des Perses V. Comparaison de l'alphabet hébraïque primitif avec le type archaïque de l'alphabet phénicien CHAPITRE II. L'ALPHABET SAMARITAIN. I. L'écriture onciale des Samaritains dans les manuscrits Type un peu plus ancien de quelques inscriptions II. Comparaison de l'alphabet samaritain avec l'hébraïque primitif III. L'écriture samaritaine ne sert pas chez les Samaritains aux usages de la vie Ecritures cursives qu'ils ont employées jusqu'à une date assez rapprochée LIVRE SECOND. ECRITURES DU TRONC SEMITIQUE. FAMILLE ARAMEENNE. OBSERVATIONS PRELIMINAIRES CHAPITRE Ier. L'ALPHABET ARAMEEN PRIMITIF. I. Monuments les plus anciens de la langue araméenne, écrits avec le type archaïque de l'alphabet phénicien Premiers monuments, au VIIe siècle, d'un alphabet spécialement affecté à écrire la langue araméenne Suscriptions araméennes des contrats sur terre-cuite en écriture cunéiforme Briques babyloniennes Gemmes de travail assyrien ou chaldéen Conservation de cet alphabet avec quelques légères modifications pendant les premiers temps de la domination des Achéménides Intailles qui appartiennent à cette époque Darique d'argent Lion de bronze d'Abydos II. Comparaison de l'alphabet araméen primitif et de l'alphabet phénicien L'alphabet araméen dérive du type intermédiaire en vigueur au VIIe siècle. Importance de ce fait pour les discussions sur l'histoire de l'alphabet carré hébraïque Particularités caractéristiques de Paraméen primitif III. Cet alphabet a pris naissance sur les bords de l'Euphrate Développement antique des Araméens en Mésopotamie Témoignage des inscriptions cunéiformes sur les tribus araméennes de la Babylonie et de la Chaldée La langue araméenne à la cour de Ninive Les Araméens au service du grand empire asiatique CHAP. II. L'ALPHABET ARAMEEN SECONDAIRE. I. Travaux des érudits sur cet alphabet et publication de ses principaux monuments Etudes du duc de Luynes sur la numismatique des satrapies et recherches plus récentes qui les ont complétées Monnaies sorties de l'atelier de Tarse sous les Achéménides Monnaies araméennes frappées en Cappadoce Monnaies battues à Hiérapolis Pierres gravées offrant le même alphabet II. Inscription de la pierre à libations du Sérapéum III. Comparaison de l'alphabet des monnaies araméo-perses avec l'araméen primitif Evolutions successives des formes du et du CHAP. III. L'ALPHABET ARAMEEN DES PAPYRUS. I. Parenté étroite de cet alphabet avec le précédent Son caractère d'écriture de manuscrits Stèle de Carpentras Autres stèles analogues II. Les papyrus araméens connus jusqu'à ce jour Langue de ces papyrus III. Tous les monuments de l'alphabet araméen des papyrus appartiennent à l'époque des Ptolémées Comparaison de leur alphabet avec l'araméen secondaire Première apparition de ligatures Formes particulières pour certaines lettres finales IV. Peuple qui se servait de cet alphabet Réfutation de l'opinion de Beer sur le caractère exclusivement juif de ses monuments Réfutation de l'opinion de Gesenius, qui l'appelait araméo-égyptien Monuments de cet alphabet étrangers à l'Egypte Monnaie d'Alexandre Intaille publiée par M. de Vogüé CHAP. IV. L'ALPHABET ARAMEEN TERTIAIRE OU PALMYRENIEN. I. Inscriptions palmyréniennes existant en Europe Les inscriptions des ruines de Palmyre et les publications successives dont elles ont été l'objet Inscriptions palmyréniennes de l'Algérie Histoire du déchiffrement de l'alphabet palmyrénien Eléments avec lesquels on a dressé le tableau des vicissitudes paléographiques de cet alphabet II. Comparaison du palmyrénien avec l'araméen des papyrus Modifications de lettres tenant à des enjolivements calligraphiques Modifications essentielles et fondamentales Lettres ayant des formes finales particulières Multiplication des ligatures III. L'alphabet palmyrénien cursif Ses monuments Ses caractères particuliers IV. Impropriété du nom de palmyrénien Monuments de cet alphabet étrangers à Palmyre Il a été commun à tous les peuples araméens Limites chronologiques de son emploi CHAPITRE V. L'ALPHABET PAMPHYLIEN. I. Monnaies de Sidé de Pamphylie avec légendes dans un alphabet particulier II. Parenté de cet alphabet avec le palmyrénien Essais de déchiffrement du duc de Luynes Autres lectures proposées Nouvel essai d'explication par le nom de Tiribaze Doutes que peut soulever cette explication Quand même elle ne serait point admise, il n'en resterait pas moins qu'on se servait en Pamphylie, au Ve siècle av. J.-C., d'un alphabet dérivé du palmyrénien
III. Dates jusqu'à présent admises pour la formation des divers alphabets araméens Modifications qu'il faut y apporter d'après les faits relatifs au pamphylien L'existence de cet alphabet ne prouve pas que les habitants de la Pamphylie fussent de race sémitique CHAPITRE VI. L'ALPHABET HEBRAIQUE CARRE. I. Débats récents sur l'origine et la date de l'hébreu carré Monuments les plus anciens de cet alphabet Inscription du tombeau dit de saint Jacques à Jérusalem Fragment du Haram-esch-Schérif Inscription d'un tombeau situé au nord-ouest de Jérusalem, sur la route du Tombeau des Juges Inscription du tombeau dit des Rois à Jérusalem Petit coffret à ossements de la collection Parent Inscriptions de la catacombe juive de la Via Portuensis à Rome Epitaphes primitives des juifs karaïtes de la Crimée Inscriptions des synagogues de Kefr-Bereïm en Galilée Poteries cabalistiques de Babylone Inscription de la colonne sous El-Aksa Inscription de Byblos Inscription d'Arles Inscriptions des Etats des rois wisigoths Inscription de Vienne Epitaphes karaïtes de la Crimée Inscriptions juives d'Aden Alphabet du manuscrit des Jésuites Manuscrits primitifs des juifs karaïtes du Midi de la Russie Explications sur le tabeau paléographique dressé à l'aide de ces documents II. L'alphabet hébraïque carré ne dérive pas du palmyrénien, mais de l'araméen des papyrus Analyse des formes de lettres qui le prouvent et étude des modifications qui constituent son individualité Multiplication des lettres finales III. Tradition talmudique sur l'introduction du caractère carré chez les Hébreux par Esdras Le nom d'écriture assyrienne donné à ce caractère Opinion des Pères de l'Eglise conforme à la tradition talmudique Sérieuse valeur de cette tradition Impossibilité d'admettre l'opinion de ceux qui ont soutenu la très-haute antiquité du caractère carré comme écriture sacrée IV. Limite dans laquelle il faut admettre la tradition talmudique L'écriture carrée ne remonte pas au temps d'Esdras Sous les Ptolémées les Juifs se servaient de l'araméen des papyrus, d'où est sorti le caractère carré Inscription d'Araq-el-émir, écrite avec l'alphabet araméen primitif Il faut appliquer la tradition talmudique à l'adoption de l'alphabet araméen Développement de l'influence araméenne à l'époque du retour de la captivité L'araméen était une langue étrangère au temps d'Ezéchias Au contraire, le peuple ne comprenait plus la langue des Ecritures à l'époque de Néhémie Ce fait est admis par les grammairiens juifs Passage du livre de Néhémie sur la corruption de la langue du peuple resté en Palestine, par des influences étrangères, pendant le temps de la captivité L'emploi de l'hébreu dans les légendes des monnaies asmonéennes ne prouve pas l'usage populaire de cette langue à l'époque où elles furent frappées. L'araméen était absolument prédominant comme langue parlée au temps du Christ Limite dans laquelle le dialecte parlé à cette époque avait un caractère particulier Mais l'adoption du langage araméen comme du nouvel alphabet n'a pas été le fait de ceux qui revenaient de la captivité La tradition talmudique a personnifié sous le nom d'Esdras toutes les institutions de l'époque où la nation se reconstitua Le langage araméen s'était introduit pendant la captivité chez ceux qui étaient restés dans le pays après la transportation des classes supérieures L'hébreu s'était conservé plus pur chez les exilés L'introduction de l'alphabet araméen a dû accompagner celle de la langue araméenne Retour des Samaritains en même temps que les Juifs Un peuple nouveau et mixte se forme alors dans l'ancien royaume d'Israël. Les Samaritains empruntent les Ecritures à des copies juives Ils n'en admettent que le Pentateuque Par affectation d'archaïsme ils reprennent, au lieu de l'alphabet araméen, l'ancien alphabet hébraïque V. Recherche de la date précise où se forma le caractère carré distinct des alphabets araméens Témoignage de Démétrius de Phalère sur la ressemblance du caractère des manuscrits de la Bible avec l'écriture araméenne Passage de l'Evangile de saint Matthieu sur le iod Les monuments épigraphiques seuls permettent de déterminer approximativement le moment de la transition Passages célèbres d'Origène et de saint Jérôme sur le tetragrammaton sacré. L'écriture carrée s'est définitivement régularisée au onzième siècle Cette régularisation coïncide avec la grande renaissance de la culture de l'hébreu qui se manifesta chez les Juifs à cette époque, après une éclipse momentanée Variétés principales de l'écriture dans les manuscrits postérieurs au onzième siècle Caractères particulièrement ornés servant aux rouleaux des synagogues VI. Le caractère rabbinique et ses différentes variétés Sa naissance est certainement antérieure au onzième siècle et se rattache à un type d'écriture hébraïque plus ancien que celui de cette époque Le rabbinique dérive du type d'écriture carrée qui était en usage aux cinquième et sixième siècles Comparaison des deux formes de l'écriture rabbinique entre elles et avec leur prototype originaire Ce caractère a été inventé pour les usages vulgaires Loi de déformation constante des écritures dans un sens de plus grande rapidité VII. Absence des voyelles dans les alphabets sémitiques Notation de la vocalisation au moyen de points en hébreu, en syriaque, en arabe et en samaritain Opinions diverses sur l'antiquité des points-voyelles de l'hébreu Réfutation de l'opinion qui les fait remonter à Esdras Les trois alphabets communs à tous les Araméens, et d'où est sorti l'hébreu carré, n'ont jamais connu de notation des voyelles Multiplication des quiescentes dans l'orthographe araméenne pour compenser cette absence de signes vocaux Les manuscrits de la Bible n'avaient encore aucune notation de voyelles au temps où fut faite la version des Septante Il en était encore de même à l'époque de Josèphe Notation primitive; les accents-voyelles Analogie de ce système avec la notation primitive des voyelles syriaques avant Jacques d'Edesse Témoignages de saint Jérôme sur les accents-voyelles Motifs qui firent adopter ce premier système Témoignage du Talmud Ce que ce système avait d'incomplet La ponctuation dite massorétique La valeur de ce nom Cadre des travaux de la massore Premières traces de l'existence de la ponctuation complète Elle a été établie au sixième siècle
Elle est peut-être l'oeuvre des docteurs Saboréens La ponctuation babylonienne et la ponctuation de Tibériade Systèmes des savants sur l'antériorité de l'une ou de l'autre Arguments de M. Derenbourg en faveur de la ponctuation de Tibériade Ils prouvent seulement la supériorité de la tradition de prononciation qu'elle représente Preuves qui nous font incliner pour l'antériorité de la ponctuation babylonienne Enrichissement successif de la ponctuation Les sept premiers signes Signes d'invention postérieure Le daghesch VIII. Les deux espèces d'accents des manuscrits hébraïques Traces anciennes d'une accentuation encore grossière Divergences des grammairiens juifs au sujet des accents Variations de leurs noms Exemple du méteg Les douze accents principaux Les plus anciens accents Hiérarchie féodale établie postérieurement entre les accents Leur classement d'après les éléments générateurs de leurs formes Observations supplémentaires sur le papyrus araméen du Musée de Turin FIN DE LA TABLE DU TOME PREMIER.