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ART ET RELIGION
L'ART BOUDDHIQUE
ART ET RELIGIOX ÉTUDES caiTiQrES
:
i^teit: vz beugieusb
de cette publi...
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-7^
^'
ART ET RELIGION
L'ART BOUDDHIQUE
ART ET RELIGIOX ÉTUDES caiTiQrES
:
i^teit: vz beugieusb
de cette publication est de faire condans nne soite d'ouTiages distincts, les
L'objel naître,
rapports qui unissent Tart des diTerses ciTÎiisations et les grandes formes de la pensée leligiense, à travers les milieux divers et les époques successives où el??5 ?? :"_* développées.
Pour paraître prochainement
:
Le Polythéisme hellénique,
par Cbaries Piori:». Oirecteur de l'Ecole française «TA&liëces.
Le Polythéisme ^yptien. par Â. Moket, éa Musée Gsiaiet de
L'fsfam, par Gaston Wiet, L aîrasté de L|t)B. 1.
Le Fétichisme. L'Art sémitique.
Directeur
Paiis. llaflize
de cmliéieBees à
ART ET RELIGION
L'ART BOUDDHIQUE PAB
HENRI FOCILLON PROFESSEUR A l'uXIVEE.SITÉ DE LTOK DIRECTEUR DES MUSEES DK LTON
Illustré de vingt-quatre planches hors texte.
PARIS HENRI LAURENS, ÉDITEUR 6,
RUE DE TOURXON,
1921
6
/V
1260
Mon éminent
collègue M. Maurice Courant a bien
dans ce volume, l orthographe des noms chinois et japonais : qu'il trouve ici l'expression de ma vive gratitude:. Je remercie M. Gustave Le Bon et M. A. Foucher, ainsi que le Comité de l'Asie française qui m'ont permis de reproduire quelques planches de leurs savantes publications. Enfin la maison Heineniann, de Londres, m'a autorisé à faire voulu
j'evoir,
,
usage de plusieurs belles photographies empî^untées au livre de Fenellosa, L'Art en Chine et au Japon,
devenu classique naissance.
:
elle
a droit à
ma
sincère recon-
ART ET RELIGION M'ALGRÉ
jk
1V£ XIX"
les écoles
porain
est
et les
groupements, Part contem-
avant tout l'expression de Vïndwïdu. Le
nous a habitués à concevoir Fart comme une manifestation de pure liberté, se suffisant à elle-même, et,
siècle
bien avant les théoriciens de Vart pjour l'art, la Cri-
tique
du Jugement
présentait l'activité de jeu
Nos plus
principe de la création esthétique.
thodes d'investigation,
même
récentes
mé-
lorsqu'elles s'appliquent
aux
œuvres du passé, tendent à s'inspirer de réaction contre
un
Par
historiques, nous nous attachons
de plus en plus à voir dans réalités spécifiques nées
des milieux.
ces idées.
excès d'intellectualisme et contre de
faciles généralisations
large mesure
comme
les
chefs-d'œuvre du génie des
d'un
fiât
échappant dans une
aux nécessités des temps et aux habitudes Nous sommes conduits à classer les maîtres
selon qu'ils nous paraissent plus ou moins affranchis
déterminisme,
et le
monde
vers à part, supeiposé
de Part est à nos
au nôtre
et
yeux un uni-
n'ayant avec ce dernier
que des relations de circonstance, de prétexte ou sion.
a
le
du
d^ occa-
Quelle que soit sa valeur absolue, cette esthétique
mérite de représenter l'attitude de
et l'état
Ihomme moderne
actuel de la conscience artistique
;
elle
a
met en
L'ART BOUDDHIQUE
I,
beaucoup
évidejice avec
7iaguh'e négligées
et
cl autorité
des valeurs techniques
sans lesquelles
ny
il
aurait pas de
statues ni de tableaux. JSotre ait est, cf autre part, presque
f entends
qu'il n'est
pu
conduit par une
pas sous la dépendance d'une
qu'il jiest
même
avons
jicis
purement
laïque^
théolog'ie
JSous
église.
de la peine à concevo'ir quil en ait jamais
une originalité de ^archéologie con-
être ainsiy et c'est
temporaine que davo'ir réussi à nous convaincre que cathédrales du
ment
XIIP
le
sentiment
particulier de poésie.
pieux
et des
n intervient
confessionnel
qu'exceptionnellement dans
sujets
attributs liturgiques continue à ins-
fixions exécutées avec plus ou
les peintres,
moins de
classer encore
du mot, n
existe plus guère, et^
nom, quand
de f église
et
il
est fait
sous
encore
d" être apipelé
à lart
chrétien., la
son
talent.
quand
il
et
Mais^
s'il
l'art
canonique
mérite vraiment la
inspiration directe,
En
et
Cruci-
par habitude dans
pour l église, sur
un art?
des
et
ïart religieux, au sens profond
religieux,
ce
les
pjlus
Sans doute rimmense bagage des
ton verra longtemps encore des Vierges permis de
sa
comme un don
arts^ et
les
pirer et à documenter les sculpteurs ou
est
les
siècle étaient des édifices véritable-
Quelle que soit sa profondeur ou
religieux.
vivacité,
et
commande mérite-t-il
traitant les thèmes chers
Renaissance y avait fait circuler
le
génie du paganisme et fait éclater la joie de vivre dans des épisodes destinés à propager l humilité et
ment. Le dernier grand effort oiiginal de arts,
le
style jésuite,
n'est
le
l'église
renonce-
dans
les
pas seulement financé par
m
ART ET RELIGION
r esprit du
romanesque apologie de Lorsque nous tés de
les
la
spirituelle et
mondanité.
étudioyis les sociétés primitives., les socié-
du moyen
l'antiquité et
encore.,
comme une
présente
siècle^ il se
grandes
âge,
de
et,
jours
7ios
non- européenne s nous
civilisations
.,
voyons que ni la théorie kantienne du jeu ni t esthétique
romantique
ni
caprices
les
ne suffisent à expliquer
fondamentaux de
de
les
r individualisme laïque
origines et les
leur art. Il s'y présente^
caractères
non comme
une haute fantaisie de rêveurs créant des mondes pour distraire,
se
mais comme une fonction sociale
une fonction
religieuse.
C'est
comme
et
une des erreurs dogma-
tiques de la critique de ce temps que de considérer habi-
tuellement ces
contenu
et
monuments
lointains
comme
vides de tout
doués d'une pure valeur décorative, alors que
chacun deux répond à un système de croyances éthiques^ de formules canoniques et
^univers.
comme
En d autres
l'art de l'Asie,
termes,
générales de
r art primitif Fart ancien^ ,
de rAf?ique, de l'Amérique
un réseau
Polynésie, ne sont pas rents,
d interprétations
mais un ensemble de signes
et
et de
d'un cachet social
par
là
On
symboles.
pj^o fanes, inspirés
nés des ressources du sol.
de la
de graphiques indiffé-
songe pas à nier dans Fhistoire de ces civilisations
développement des arts
et
par
le
beau
besoins
les
Mais ils sont eux-mêmes frappés
indélébile., et il
ne faut pas entendre
seulement quils répondent plus ou moins par ^
choix des matières.,
que
le
X VHP
qui
les
créèrent
par
siècle :
ne
la couleur.,
par
le
dessin,
à
le
ce
aurait avpelé /'esprit des sociétés
je veux dire quil
y a en eux quelque
L'ART BOUDDHIQUE
,r
chose de proprement rituel. Ils sont capables évolution,
ils
ne nous présentent pas forcément
tacle
d^une monotonie hiératique,
sont,
au même
titre
signification élevée,
que
le
éminemment
— encore
et de
profane au Japon., sous
quette, depuis la vrir le ventre, est
et
par
Pour ne
stables.
est-il
emprunté à une
—
plus inventif,
le
Tokougawa,
les
Le plus
l'ar^t
est tout jiénétré
social de tous les arts,
manière de saluer jusqu'à
une
d'une
tolérance relative et à l'histoire
plus ingénieux
de rites anciens.
mais^ outre qu'ils
obéissent à des canons fixés
ils
prendre qu'un exemple^ époque de discussion
—
large
le spec-
les arts saci'és, dépositaires
des valeurs sociologiques
du peuple
d une
celle
l'éti-
de s'ou-
liturgie inflexible, et cette liturgie
n'a pas pour objet de dessiner d'élégantes ou héroïques
mais de mainteîiir la
arabesques.,
conformité avec une règle sociale
Les cérémonies du thé
nombreux
so?it des
accessoires de
et
un
varié.
On
les
ce petit
dissimule
culte raffiné ont
mique
et
aux yeux du
dans des
on
étoffes
la céra-
delà peinture de paysage en Extrême-Orient en
Bouddhisme
?
et
des
Nulle part l'autorité des canons
plus grande sur et
vulgaire.,
comment comprendre F histoire de
faisant abstraction de la philosophie
Chine
un
forme n'a presque
envelofjpe avec soin les potejies rugueuses
de soie. Enfin,
idéal i^eligieux.
sortes de messes^ et les
caractère sacré. Depuis des siècles leur
pas
F individu en
vie de
les arts,
mais
elle 7ie s est
joué dans
nique ? Exemples
et
l'histoire
du
na
été
pas exercée en
au Japon seulement. Est-il besoin de
rôle qu'ils ont
rites
rajqieler le
de la statuaire hellé-
symboles successifs de la perfection
v
ART ET RELIGION technique,
comme
logues les
peuvent
ils
les
par
interprétés
être
comme acquises : aux
points saillants de C évolution,
plus beaux résumés des connaissances
yeux
des Grecs,
archéo-
les
ils
fixaient une règle et formulaient une
discipline.
Dans
tous
aspects de la vie religieuse et sociale
les
non comme
chez les peuples anciens, l'art est impliqué,
un agréable ornement, mais comme efficace.
la technique la plus
Les plus sèches des religions comme
prolixes, les plus détachées
comme
plus hautement spéculatives
les
plus ardentes,
populaire cipe
se
toutes
par un art autant que par une doctrine. Et
signifient est
les
qui se limitent à
et celles
quelques enseignements d'éthique positiviste,
r art n
plus
les
pas seulement pour et
même
elles
un moyen de
publicité
de diffusion auprès des masses, mais
le
prin-
La
de leur établissement et de leur grandeur.
pensée religieuse ne suffit pas à faire la religion : elle lui survit quelquefois, mais Fa-t-elle vraiment précédée ? En
deux éléments
tous cas^ culte.,
ou,
le rite.
si
Sans
sie solitaire,
Le
ton
veut,
le rite,
la
soiit nécessaires
V esprit
dogme
dans la
croyance
et la lettre., la
vie sociale, et
langues ésotériques,
images miraculeuses
,
tels
sont
les
où
elle
et
exerce son
des prescriptions. les
danses
métaphysique
s
évanouit,* Fart et
La
sacrées.,
les
procédés par lesquels
corps social pense et vit une métaphysique. Et,
pas moins.
et le
pensée religieuse nest qu une poé-
empire par des interdictions les
le
une méditation ou une élévation personnelle.
rite la cheville
liturgie,
:
le culte
nen
quand
le
la
subsistent
L'ART BOUDDHIQUE
VI
Des
religions à faible contenu
le
Confucianisme
plus
sec, le
musique
et
bons exemples
fit
et
plus détaché des
de légendes édifiantes.
nomades attachés aux
petits
met proscrivit
dieux des tribus,
la représentation
cette interdiction,
Pour
refréner
des
la
et
magie,
celle
par
Maho-
vivants
êtres
analogue sans doute à
aussi
de
:
qui favorisa
du bronze dans l Europe du nord, devait
l'art décoratif
une prodigieuse géométrie de formes abstraites. Le
génie imagier des Iraniens ne put s'y plier l
de
au Dieu unique chez des
un scrupule qui jwend sa source dans
à
j'en-
naître une peinture propagatrice
ridoldtrie, fortifier la croyance
sortir
mys-
r absolu, donna un développement immense à
rêveries sur la
le
et
Le Confucianisme^
tique ne sauraient s'en passer.
tends
métaphysique
:
il
se réfugia
intérieur d.un schisme, qui eut son art propre.,
ses règles,
ses
renoncement,
rites.,
comme
toute sa liturgie. le
Bouddhisme
comme
Les religions du
et le
Christianisme,
malgré leur indifférence aux vanités, ont créé une étonnante
et
luxueuse iconographie
noter, c'est
au moment même où
,
et,
il
est
curieux de
la première était
amenée
par ISagarjuna à sa systématisation métaphysique plus abstraite que ces
les artistes
images vivantes, concrètes
le
la
gandhariens la dotaient de et
populaires qui allaient la
répandre au loin en Asie\
L étude
des rapports de l'art et de
rendue plus facile gique 1.
et
par
la
et
a
été
plus féconde par la méthode sociolo-
manière dont
elle
a
V. Grùnwedel, Mythologie de Buddhisme
trad. franc., p. 34.
la religion
traité ce
au
que nous
Tibet et en Mongolie,
ART ET RELIGION
vu
savons des coutumes des peuples barbares dessein cette dernière expression avec
le
:
f emploie
sens large
à
sans
et
malveillance quelle a dans la langue grecque, ne pou-
vant appeler primitifs
peuples dont
encore
et
supérieure à F habileté. Les rites et
non à
plus élevées, mais
comme
manité ancienne, questions.
En
litre
des
souvent une force secrète^
les arts révèlent
sistent chez eux^
moins sauvages
les
croyances qui sub-
de dégénérescence de formules
vestiges inébranlables de F hu-
singulièrement
éclairent
même
vertu du principe
toutes
de la magie
ces
sym-
pathique, l'image d\in être ou d'un objet, à la suite d\ine incantation ou
dun
qualités et des
mêmes
On
charme, peut
douée des mêmes
être
attributs que cet être ou cet objet.
s'explique dès lors pourquoi les grottes qui servaient
d'abris
aux
gravées
et
chasseurs de rennes sont décorées d'images
peintes dans r ombre et sur lesquelles brillait
rarement une faible lumière. Que ébauché par un
solitaire génial,
peut-être de faire partager à
présence des formes vivantes,
émouvante bison,
le
fiction
romantique.
mammouth
et le
Une faites
sur
d autres c'est là
pour
fétichisme et
probablement une
L'homme
primitif copia
La
le
se les concilier.
ne serait qu ingénieuse,
si
si
d observations
toutes les religions ne conser-
vaient des traces de cette attitude primitive de
face des choses.
et
son émotion en
confirmée par un grand nombre le
d exprimer
renne, non par délassement ou
pai'eille interprétation
elle n'était
désireux
puis
leur image lui était directement
par jeu, mais parce que utile et qu'il s'en servait
l'art ait été rêvé,
croyance, encore
l'homme en
si vivace,
aux
sta-
LARÏ BOUDDHIQUE
vui
Avant
fues miraculeuses eu est la lointaine survivance.
une élévation dé .^intéressée du
if être
adressée le
cœxu\
prière
la
aux images fut une forme de conjuration. Ce que
vocabulaire des critiques appelle la magie de fart n'est
vas un vain mot pour F Asie
r Orient classique.
tions de
technique de la vie sociale^
images^
elle
La
a inventé
les
est
fut la première tech-
à r origine du culte des
images mêmes. Lart funéraire
de l Egypte ancienne lui doit son ampleur
Les
belles peintures décoratives des tombes,
rées
dans
le silence et
les civilisa-
religion fut la première
et l'art
La magie
nique de la religion.
même pour
et
son éclat.
et
à jamais
mu-
dans la nuit, n'étaient pas destinées
à procurer à des visiteurs d'agréables émotions, puisque toute visite était impossible dèles, elles assuraient au et les
:
par des représentations
mort
les
domaines nécessaires à sa
du double
fi.vaient lexistence
nourritures,
vie
et
les
esclaves
posthume. Les statues
F empêchaient de mourir
pour toujours. La Chine médiévale conservait des tions
même
du
Petrucci\
ordre. « Héritière des idées des
ciens et sorciers
par F histoire légendaire des vieux
bien en
Chine
dun
cle
quau Japon. On parle
tumulte
et
dans
que la peinture 1.
Han Kan Wou Tao-tseu
cheval de
rfun dragon de le
La
régnaient en maîtres...
sur la valeur de F image nous
idées mag'u/ues trée
y
la nuée,
était
tradi-
Han,
pleine de rêveries singulières
elle était
fi-
;
dit
magi-
vitalité des est
démon-
peint?'es,
encore au
aussi
VHT siè-
s'échappant du papier ou s' envolant
de la soie, dans
dès que le maître eut, après
achevée, peint les yeux. » Il n'est
Encyclopédie de la peinture chinoise, pp. 11-12.
ART ET RELIGION
pas
ix
dans un sens conforme à ces
interdit d'interpréter
traditions les fameuses paroles d' fJokousài
vingt-dix ans, je pénétrerai
le
quand f aurai
soit
une
A
un degré de
cent dix ans, chez moi^ soit
quatre;
à cent
merveille^
un
point,
ligne, tout sera vivant. »
L'idée
de
vertu
la
magique des images
dune manière
expliquer
delà religion Tohjet par
même
a
mystère des choses
ans^ je serai décidément parvenu à et,
:
?
absolue
Le principe de
les
suffit-elle
à
rapports de l'art
et
la copie
rendue identique à
un charme implique un élément dinertie ou
de décadence pour
les arts
:
la
puissance du charme
peut s'exercer sur des simulacres qui nont pas besoin d'être parfaits, si la conjuration est très forte,
ou même
sur des substituts très éloignés; bien plus la conjuration peut, de toutes pièces, créer l'objet et se passer de son
simulacre. Les peuples qui ont cru que la puissance du verbe était supérieure à la vertu des représentations figurées ont délibérément pris parti contre les images^ ils
n ont pas pour
cela renoncé à la magie.
monothéisme juif
et
dans
le
Même
mais
dans
monothéisme islamique,
le
elle
a toujours fortement agi en sous-œuvre.
Mais r animisme qui plaçait un dieu ou un aémon dans
les
choses et plus particulièrement dans les puis-
sances naturelles était
parce que était
le
pouvoir
extrêmement
amené à
lui
d abstraction
limité.
donner une forme, de
l'homme primitif
L utilitarisme
magique
du
chasseur de rennes a fait de lui un animalier exceptionnel.
La peur du
tonnerre, le culte
du
soleil,
des puissances cachées ont également excité
l'adoration
l'homme à
se
LARÏ BOUDDHIQUE
X
par des procédés concrets
les concilier
comme
représenter les forces que
comme soi,
comme
des bâtes ou
à sa portée
conjurations,
il
ne pouvait se
des êtres^ c'est-à-dire
hommes. Pour
pour exercer sur eux
et
devait
il
des
:
le
les
avoir à
pouvoir des
du même coup donner
satisfac-
tion à son besoin instinctif de les concrétiser et de les déga-
De
ger du chaos.
dans laquelle
le
là le
totémisme,
?'eligion
clan incarne la force divine^
de la bête et, d'auty^é
part, l'anthropomorphisme,
V art totémiqueetï art anthropomorphique ont d'abord été des jnoyens, des procédés ;
but
par
et
se
suffire.
Du
ils
ont fini par devenir un
jour où
incarnèrent des forces supérieures, leur
un traitement
particulier.
lliomme
la bête et
image réclama
Le clan qui adore
le
loup ou
un loup ou à un serpent quelconque, mais non pas à une image quelconque du loup ou du serpent. Le soleil est un homme ou un tau-
le
serpent peut vouer son culte à
reau,
mais non pas n'importe quel taureau,
quel passant de r univers. C'est force
et
d-une grande beauté,
très beau.
et la
un taureau dune grande
c'est
gieux. Selon
très fort et
le
génie des peuples,
naturalisme savant. plié les têtes et les
La
inte?'-
note esthétique dans l'art
schématique, concentrée
vigilance,
un homme
notion désintéressée du parfait
comme une première
lisation
importe
Ainsi l'image tend à se revêtir des attributs
de r excellence, vient
7i
elle
et
reli-
aboutit à une sty-
puissante, ou à
un
ndive prolixité de l'Inde a multi-
membres
des dieux pjour figurer leur
la multiplicité de leurs bienfaits, le caractère
inévitable de leurs châtiments.
D'autres races cherchèrent
ART ET RELIGION dans réquilibre souverain
xi
organiques
des fonctions
et
dans rharmonie d'une jeunesse éternelle Fimage d'une
humanité vraiment digne d'incarner
Que
les
le divin.
dieux grecs soient en partie redevables à l'Asie
de leur sens primitif et de leur configuration originelle., et
même
les
fondations
—
bérants^
Géryon,
supérieure,
habileté
les
les
vieux monstres exu-
—
Hécatonchires,
Fart religieux
de
à une
Grèce
la
un
c'est
reconnaître aussi que, jmrvenu
et l'on doit
fait.,
F Olympe,
de
dans
ait conseiTé^
que la mythologie classique
s'est
longtemps incliné devant quelques-unes des formes véné-
quil avait prises à
rables
ses
débuts.
Même aux
basses
époques, FArténiis éphésienne restait emprisonnée dans
une gaine dans
et
couverte de mamelles. Ce qui est remarquable
l'histoire de
l'art grec,
ce n'est
pas seulement la
rapidité de son évolution, c'est l'autorité avec laquelle
il
a
fixé dans des formes humaines, meinjeUleusement équilibrées et choisies,
un
certain
nombre de notions
valables,
non pour une peuplade, mais pour l'humanité tout
Que
entière, la lumière, la beauté, la sagesse.
la chouette
totémique subsiste au revers des monnaies d'Athènes qii elles
portent au droit l'image de la Raison, quelle con-
ciliation entre les
hommes
!
En
dieux de la tribu
accompli.
Ce qui peut
les
dieux de tous l'art grec
les
mo-
les traits
de l'homme
subsister de F antique
magie dans
soubassements de Fédifice s'enfonce
mesure que Fon
par
et les
modelant des dieux parfaits,
delait rintelligence parfaite, sous
les
et
s'élève, et le
et
s'obscurcit
à
temple lui-même est doré
rayons de F air supérieur. L'idée de
la liberté,
dans
L'ART BOUDDHIQUE
M,
la vie civh/ue et
dans
la vie morale^
appuyée sur Pidée de
la loi délibérée et consentie, s'oppose, sa?is doute
première
à la notion de
fois,
Lart, selon
hoinmes
d origine
et
libres
barbare.
.
—
Les mythes
laissés
les
est
plus archaïques
Arion, par exempjle,
— sont
hommages aux Muses,
présentés comyne de gracieux
Des souvenirs
pré-
le
formule d^Aristote,
la
la
dans une certaine me-
Les dieux ne sont plus que
sure, de la supplanter.
la joie des
et,
la
Lart,
une force capable de
tec/inif/ue de la religion, devient
texte de la beauté.
de coutume,
rite et
dépasser, de la hausser avec lui
pour
confusément aux générations pos-
térieures pjar cette élite exceptiorinelle naquit F idée
com-
plexe de paganisme, où interviennent à la fois la nostalgie
dun
âge
dor évanoui à Jamais, une
à la liberté des instincts beauté organique de restres^ enfin
état
cet
aspiration passionnée
au bonheur,
et
ïhomme,
le
le
culte de la
goût des voluptés
ter-
Fimpatience de toute formule religieuse. le
diffus,
pagayiisïJie
hanta
les
A
débuts de la
Renaissance italienne. Le christianisme s'en accommoda
comme jiénétré
cest et
jusquau jour où Fart catholique en fut jusquau fond, mais son génie s y opposait, et il
dun
put,
tout autre sens
,
test de vertus plus mystérieuses
plus profondes qud^ dota
drales
velle,
La
chefs-d œuvre des cathé-
d Occident.
Comme comme
les
le
toutes les grandes
Bouddhisme,
principe civilisateur
règle éthique
il
et
religions
du renoncement,
développait une force
nou-
principe esthétique à la fois.
du détachement des biens
plus que la doctrine du vide,
no
terrestres,
pas
culte
des
détn/it le
ART ET RELIGION
xm
images^ parce que toute religmi qui franchit la pure éthique et la pure métaphysique a besoin cTimages^ de rites et
mais
de formules^
elle
a supeiyosé au
une
culte
structure psychologique également précieuse pour les arts.
Ce que nous appelons
sentiment religieux
le
d\m
est
autre ordre que l'inquiétude du piimitif en présence des forces naturelles ou V angoisse philosophique
vant
les
problèmes de r univers; ce n'est pas non plus
sublime de nos passions lique^ dès la fin
drame ou de
[telle
X VT
du
les « états
que
—
siècle^
parfaits
brille
La
saints,
vertus théologales^ sont, si je puis
plus évidents. Effusion, tendresse,
mythes
et les
horizons inconnus. Les
en sont baignés.
les
du catholicisme ne
y>
les reliefs les
front des
du
la transposition
l'opéra dans la plastique religieuse)^ mais
désir, pitié vivifient les l'art des
l'état
fut l'erreur de l'art catho-
une aspiration indéterminée dont
dire,
du sage de-
images
hommes
vie spirituelle fait
ouvrent à
et
et les paysages
rayonner sur
dans leurs regards, dans
le
ciel
le
qui
au-dessus des ermitages ombinens ou japonais, une
espèce d'aube surhumaine.
U iconographie,
qui conserve
sa valeur d'indice, ne suffit pas à interpréter cet accent des profondeurs. Tandis que collectif de la croyance, le
principe
le rite
maintient
le
caractère
sentiment religieux peut devenir
d individualisation.
Les attributs de l'image^ son
type, son style restent en fonction de la liturgie et de la
dogmatique ; sente, tout
la qualité de la vie spirituelle qu'elle repré-
en réponda?ît à fétat
lectivité, est
et
aux
besoins
dune
col-
en fonction d'un sentiment personnel.
D'autre part, la tendance qui poussait
l'art
à
se con-
LART BOUDDHIQUE
XIV
sidérer
comme
son propre but^
mise en lumière par
tendance
les esthéticiens
peu à peu,
devenir fin en
pour aimer
a
été qualifiée et
modernes^
une
est
ancienne. Les progrès delà technique l ob-
très
jectivaient
si elle
soi.
les
Avant
instrument pour
d'être
cessait
il
les Grecs., il
choses bien faites
et
y eut
des artisans
des artistes
pour
aimer la beauté, pour se réjouir du contact d'une matière rendue plus
fine,
de la vue
d'une symétrie ou
asymétrie volontaire. Toucher un objet soigné,
chaudement entre ner
le
poli, c'est là
les
un
paumes.^
dune
le seriner
le caresser pjour lui
don-
instinct désintéressé, aussi ancien
que l'homme conscient,
sans
et,
toujours à la pierre éclatée.
lui,
nous en
La commodité
serions
usuelle n'est
pas toujours d'accord avec la régularité formelle,
et
pourtant l'on chercha des formes régulières. Il y a là un
pur
désir,
clef.
Le
dont r utilitarisme magique ne donne pas la
sens profond
du mythe de Pygmalion nest pas
dans F animation de la statue, mais dans U amour que sculpteur conçut pour
leût pas
ment
faite, s'il
elle
ne teût aimée.
religieux se superpjosa
Même,
en la faisant.
aux
De même
lites,
que
veraine qui finit par dépasser son
comme une objet.
eurent à compter avec cette force qui
ne
le senti-
l'amour du beau se
superposa au culte des images, non seulement expression de plus de la piété, mais
il
le
les
comme une force sou-
Les religions
dépassait quel-
quefois et qui, en les enrichissant, pouvait les dévier.
D' ailleurs chacune d'elles art.
71
a pas forcément inventé son
Beaucoup furent des réformes agissant dans
lieux déjà touffus.
Les
vieilles
des mi-
techniques savantes ont
ART ET RELIGION
modelé
dieux récents. Mythes
les
xv
et icônes
sont monnaie
d'échange. Il n est pas de religion gui ait fait table rase et
reconstruit de toutes pièces
commencé par à
croyances
abolir les images, et
séculaires.,
quel terme
que r Hermès C?'iophore
des
P Islam lui-même il Ji'
na
pas
a peut-être réussi
abolir que chez les purs sémites.
les
de lui
:
Quel dépôt de
d' expériences lointaines
Le Christianisme P adopte^ fait le Bon Pasteur, comme il fit des petits héros polia-
les
saints locaux des villages. les
basiliques
romanes,
profils
Les
évangé listes, écussonnent
incarnant
mêmes
I
que
les
tympans des
moulures provençales
les
le
bêtes de PAsie,
vieil
ont
les
arc romain. Les reliefs boud-
dhiques du nor d- ouest de P Inde sont agencés par un sculpteur méditerranéen
;
Bouddha sommeillait dans
le
figurations symboliques :
il
se révèle
à nous sous
d'un dieu grec ou d'un magistrat impérial. Han., vouée à la magie
^
La
des
les traits
Chine des
figure ses songes sous des formes
empruntées tantôt à Part
totém.iste
P inspiration mésopotamienne
du
Pacifique., tantôt
à
.
Ainsi P histoire des arts religieux est pleine de rapports évidents ou cachés., de nuances et de contradictions apparentes, dont
P attitude de liens
P analyse ne nous
Phomme
éclaire
pas seulement sur
en face de P absolu, mais sur
profonds qui unissent
les diverses parties
les
de la com-
munauté humaine Une métaphysique rudimentaire qui .
,
avait besoin de représentations figurées et
jointe à Pinstinct qui poussa crètes
à
sociales,
ses
yeux
sous
les
le
de charmes^
primitif à rendre con-
forces naturelles et les formules
Paspect symbolique
ou
naturaliste
de
L'ART BOUDDHIQUK
XTi
f homme
et
de la bête, explique dans une large mesure
F origine des images du culte quelques-u?is de leurs carac,
tères
permanents^ certaines mystérieuses survivances
dévelo/)//e?nent de la vie spirituelle, les
progrès de la technique,
et
le
désir
fondes
A
et
la
du beau,
les
l"
amour
en
,
Le
même temps que
des choses bien faites
a douées de qualités plus pro-
d'une puissante vertu de suggestion.
veille
du grand épanouissement hellénique\
la
Héra du Louvre se dresse comme une commémoration et comme une promesse à la déesse
fois. elle
samienne,
l'antique
Ses jambes restent jointes
plonge dans
le
sol le
bandelettes la serrent les
vivants
plus ancien, on dirait que des
comme
d'autrefois.
une force heureuse,
elles
ont serré les morts
Mais son
s'épanouissent avec plénitude. elle est
noyées dans une gaine;
et
Par
elle est
buste le
haut de son corps,
T enveloppe sans nous
la dérober. Idole et déesse, peut-être est-elle
aussi.
La
grands dieux
les
visage
conscience, elle est esprit.,
la lumière des méditations éternelles
nos cœurs que
son
et
et
libres, et
plus chère à
plus religieuse
soujjlesse de la vie, la droite clarté
du regard,
r harmonie des formes nobles, quelles conquêtes immortelles !
Mais
la
vénération des origines fait partie
notre trésor caché et de notre sentiment du divin.
\.
V. Henri Lechat,
Au musée
de l'Acropole d'AlhèneSy p. 407.
de
L^ART BOUDDHIQUE
INTRODUCTION
L'unité de telles
TAsie, le caractère évolutif du Bouddhisme,
sont les deux idées sur lesquelles s'appuient
les esthéticiens
extrême-orientaux de noire temps,
et
l'on sent tout le parti qu'en peut tirer
une école douée
du sens des ensembles historiques
et
nismes, animée non seulement par
patriotisme de la
patrie, mais,
tinent.
si
le
des synchro-
je puis dire, par le patriotisme d'un con-
Montrer d'une part
la force, la
permanence de
l'unité asiatique à travers les siècles et, de Fautre, la
souplesse d'un idéal religieux qui en est l'expression
intime
et
profonde, qui a vécu avec l'histoire sans jamais
se durcir et qui
comme
forme
et des lieux, c'est créer
la
chaîne d'or des temps
ou réveiller
nime des groupements ethniques,
la
conscience una-
c'est aussi
préparer
un programme d'action. Cette conception exaltante, pouvons-nous l'accepter en bloc, est-elle d'accord avec les derniers résultats acquis
tion
n'intéresse pas
mais
celle
par la science? La ques-
seulement
de l'Occident
l'histoire
même. Dès
de l'Asie,
à présent elle peut 1
LART BOUDDHIQUE
2
être envisagée avec largeur. L'élude des arts nés
Bouililhismc ou transformés par
lui
du
a produit récem-
meal, surtout en France, des travaux remarquables par la sûreté de la mélhode et par la nouveauté des conclusions. Beaucoup de ces monuments nouvellement
mis au jour, marqués d'un sens précis ou dépositaires d'inexprimables songes, se rattachent, par leur forme, sinon par leur contenu, aux
mêmes
origines que Fart
méditerranéen. La grandeur du génie philosophique de TAsie est loin d'en être diminuée, bien
et plastique
au contraire, mais ce génie apparaît plus complexe, moins un. moins massif à nos yeux.
Le
travail
que Ion va
l'attention sur ces
comment
lire a
pour objet d'appeler
nuances nouvelles
et
de montrer
peuples d'Asie, à mesure qu'ils
les divers
recevaient et s'assimilaient la philosophie indienne, les
pensées nées de
de
la
la
méditation du Sage sous l'arbre
Bodhi, les anecdotes populaires enfantées parla
plus gracieuse et la plus luxuriante imagination, ont traité
les
formes concrètes par lesquelles
bouddhique devait traduire idéal.
d'ait
11
mieux
ne saurait être considéré
bouddhique, mais
tique de cet art, la
le
pensée religieuse
et les
et
cette tfiche tiers
propre
essai sur l'esthé-
étude des rapports entre
formules plastiques
niques qu'elle a tantôt inspirées,
dehors
leur
comme un manuel
comme un
comme une
la religion
tantôt
et tech-
reçues du
Nos habitudes d'esprit rendent malaisée. Nous nous débarrassons volon-
modifiées.
du problème en limitant
le
génie asiatique à des
INTRODUCTION
S
Une métaphysique et de méandres pour notre
aptitudes purement décoratives.
une mystique qui font trop
logique européenne nous déconcertent. Nous n'avons
pas seulement de
la
peine à éclaircir cet ordre de pen-
nous y répugnons en quelque manière. Pourtant Tart de l'Asie ne doit pas rester le privilège des purs sées,
érudits,
il
a un sens
humain
et général,
il
doit faire
partie de notre conscience historique.
L'Europe
et l'Asie
ne sont pas fermées l'une à l'autre
comme deux mondes des
hostiles évoluant à part selon
formules divergentes. De tout temps elles ont
communiqué. Les Aryas de l'ïnde, jadis considérés comme les ancêtres de l'homme d'Europe, sont ses descendants. Des régions baltiques ou de l'Europe centrale,
il
riran
se répandit sur les
et
l'ïnde.
deux continents.
colonisa
Plus tard l'expédition d'Alexandre
renouvela cette marche vers tenter la race
11
l'est
qui n'a cessé de
blanche. Elle n'est pas l'éblouissant
épisode d'une vie légendaire, elle eut un lendemain, elle laissait derrière elle
mieux que des
vestiges de
son passage, ces principautés helléniques qui se maintinrent longtemps en Bactriane et sur les rives de Tln-
dus. Peut-être sont-ce des Grecs d'Asie qui firent connaître
le
culture
Bouddhisme aux
rendit possible
le
néo-platoniciens.
Leur
développement d'un
art
royaume de Gandhara. Enfin Christianisme pénétra jusqu'au cœur de l'Asie où hellénique dans
le
le il
subsista pendant des générations. Certaines impératrices
mongoles
le favorisèrent.
En
pleine Asie cen-
LART BOUDDHIQUE
4
en vieux pays turc, près de Samarcande, on peut déchiiïrer encore d'antiques épitaphes nesto-
traie,
riennes. Et d'autre part l'Asie, que nous nous représentons
comme une immobilité majestueuse, fatacontemplative, comme le continent des grands
volontiers liste,
empires morts, vit
morts depuis des
et
siècles, a
vécu
et
avec une intensité extraordinaire. Elle n'a pas seu-
lement produit tante
propagé des rêves d'une déconcer-
et
profondeur,
a
elle
des
enfanté
civilisations
organiques, solides etpourvues de techniques savantes.
Le beau
de Léon Cahun sur
livre
exemple, nous
laisse l'impression,
Mongols, par
les
non d'un tourbillon
de forces confuses, non d'un fourmillement de tenta-
amorphes, mais d'un système, qui se meut avec
tives
largeur et qui partout organise. Derrière les
déploiements de
la politique militaire
immenses
de Gengis-Khan.
derrière les chevaleries de ïimour, que l'on nous pré-
sente d'ordinaire
comme
d'aveugles déplacements de
matière humaine sur lesquels ont brodé des caprices
orientaux
et
de tyranniques fantaisies,
y eut une
il
extrême alacrité de vie nationale consciente,
alliée
aux
plus larges vues des chefs. L'histoire de la Chine, ce
prétendu
sommeil
amorphes, révèle civilisatrice
la
séculaire,
puissance de
de cet empire, qui
la
au
Dans
communisme
sa citadelle
agricole de
insulaire,
révolutions
grande fonction
est d'accueillir les
nomades des steppes septentrionales ler
de
agité
et
la
de les assimiVallée Jaune.
sur ces inexpugnables
INTRODUCTION
5
rochers contre lesquels vint se briser
Koublaï-Khan,
le
Tarmada de
Japon, à Tabri de tout mélange,
de sa dynastie solaire, reçoit, décante
mules les plus hautes de
la
fier
et raffine les for-
pensée asiatique. Longtemps
ce chapelet d'îles extrême-orientales paraît \ivre exclu-
sivement pour
lui,
mais
elle-même, dans un extraordinaire social, et se
A
peuple peine sur
la race qui le
effort d'ascétisme
prépare laborieusement à son rôle
l'autre extrémité
du continent,
d'élite.
l'Iran des Arsacides,
sorte de charnière entre l'Europe et l'Asie, divulgue
vers Test les thèmes de la vieille terre et
mésopotamienne
ouvre ses routes à de plus lointaines influences.
L'Inde enfin, au matin de la race blanche, recueille et
conserve une langue, des les racines se
rites,
une mythologie dont
retrouvent dans les premières annales
de rhumanité d'Occident. Elle construit la civilisation
répand
et
brahmaniques, pense
y renonce pour
de dieux étranges,
elle,
le
la religion et
Bouddhisme,
le
revient à sa profusion
copieux, ondoyants,
difformes,
jusqu'au jour où l'Islam la pénètre, où elle connaît
le
tolérantisme mongol.
Quels furent les rapports réciproques de ces puissantes unités morales, par quels chemins les échanges purent-ils passer, dans quel sens et selon quel
L'Asie est partagée
rythme?
en grandes régions naturelles,
véritables catégories géographiques qui apparaissent
posées une fois pour toutes à l'aurore de l'histoire.
Les peuples qui tincts
les
les habitent sont
profondément
dis-
uns des autres. Pour ne prendre qu'un
L'ART BOUDDHIQUE
6
exemple, qu'y
a-t-il
de
commun
entre le Sémite méso-
potamien, constructeur de châteaux de briques, sculpteur de reliefs d'albâtre où
il
se représente
domptant
taureau, avec le nez busqué, la barbe
le lion et le
sée d'un sacrificateur juif, et d'autre part le riverain
fri-
du
Pacifique, l'agriculteur sédentaire qui laboure la terre
jaune,
rude
le
et
mélancolique montagnard des pays
du Fleuve Bleu? La largeur d'un continent et,
et
les sépare
plus profondément encore, leurs origines ethniques
formules
leurs
de
civilisation.
pourtant ce que la Chine des
Han
Nous verrons
doit à l'inspiration
mésopotamienne. Chme, Mongolie, Inde, Iran, Mésopotamie, ces foyers de développement original, dont l'intensité et la force d'expansion se manifestent iné-
galement à travers
uns sur
autres. Ce sont des milieux en général
les
résistants,
les siècles, n'ont cessé d'agir les
mais soumis à des oscillations amples.
L'Inde, carrefour des relations asiatiques, devait exercer par la pensée une influence longue et dominatrice
entre toutes. L'aspect de la terre semble d'abord donner raison à
une théorie de
fixité
absolue. L'Asie paraît composée
de blocs hétérogènes, séparés les uns des autres par
mortels déserts.
montagnes et par de Les hommes eux-mêmes ont renforcé
ces remparts
muraille construite par les
d'infranchissables barrières de
:
la
Han autour
de la Chine claquemure l'empire. L'Hindou-Kouch et
l'Himalaya isolent l'Inde de l'Asie centrale.
au
Baïkal
court
une
succession
de
Du Pamir
chaînes
d'où
INTRODUCTION
émergent
Thian-Chan
et
Kouen-Lun,
détachent ces épis
se
et
7
Entre
l'Altaï.
redoutables, le
Thian-Chan
le
et
le
bassin desséché du Tarym, que vivifie
le
à peine un étroit collier d'oasis entourant le funèbre
Ïakla-Makan. Contre
la
muraille de IHimalaya,
formidable socle plissé du Thibet.
Au
le
nord-est, Tim-
mensité du Gobi.
Eh
mondes
bien, ces
si
niquent. Des brèches et des cols tagnes.
La passe de Khaïber, par
mène de
l'Inde au pays afghan
;
;
de Kaboul,
la vallée
la passe
de Baroghil
Pamir une fenêtre sur hautes vallées du Brahmapoutre
ouvre à l'Inde par tan
commuouvrent les mon-
terriblement isolés
les
le
affluents de gauche,
non moins que les
donnent accès au Thibet
cols
le
Turkes-
et
de ses
du Sikkim,
oriental. Entre l'Altaï et le
Tengri-Dagh (Thian-Chan), une dépression, une sorte de détroit terrestre, laDzoungarie, conduit de golie au Turkestan, et plus
où se nouent
les
la
Mon-
au sud, presque à l'endroit
éléments de toute l'ossature orogra-
phique, des cols de faîtage tels que
le
Terek-Davane
permettent de passer de pays d'est en pays d'ouest, de Kachgar à Tachkent, unissent les deux bassins, les
deux
« golfes »
de l'Asie centrale.
Les plus praticables de ces passes furent de tout
temps
caravanes
;
conquérants fut
les
parcours commerciaux par les
pour la propagande religieuse par
rins et par les
l'Asie
pour
utilisées
moines errants
et
;
pour
la
les pèle-
guerre par les
par les aventuriers. De tout temps
mêlée à
l'Asie.
Gomment pourrions-nous
L
8
ART BOUDDHIQUE
comprendre notre moyen âge d'Europe, son architecture religieuse, ses poèmes épiques, si nous ne connaissions les chemins, les étapes et le terme des pèleritiages?
Il
même
en est de
pour
l'Asie.
Ce
des pèlerins chinois qui, par leurs relations,
sont
nous font connaître l'Inde bouddhique ancienne. Ce sont des moines de l'Inde, ces perpétuels errants des
premiers âges de
la foi, qui traversaient
passes de IWsie centrale pour montrer à
durement les un empereur
chinois la statuette d'or d'un dieu nouveau. Plus tard
eurent à Lo-yang leurs hôtelleries
ils
adeptes
:
ils
de nombreux
furent d'abord des explorateurs. Que les
pénétrations et
chemins
ces
et
les influences aient
difficiles,
c'est
été lentes,
possible,
et
par
aussi que
immenses voyages aient exigé de longs repos, des stations séculaires. Un fait les aida puissamment et, au besoin, les précipita, le nomadisme. Les cavaliers des steppes septentrionales, âmes et corps ces
—
de
fer,
durcis par
les
rigueurs
d'un
climat
extrêmes terribles, capables de tout endurer tout renverser, ontbrassé l'Asie
et
aux de
dans tous ses éléments,
mené les routiers chinois combattre en Palestine, fondé à Pékin, à Delhi, dans l'Iran, plus loin encore, de
durables empires.
De
ces observations quelles conclusions tirer?
l'unité de l'Asie est
nomades? Pas Il
fait,
et qu'elle
est
due aux
moins du monde. On ne peut même grand corps ait jamais pensé avec una-
le
pas dire que ce nimité.
un
Que
faut
respecter la diversité du génie asia-
INTRODUCTION
9
compte des contacts, parfois prolongés,
tique, en tenant
entre ses éléments.
Le pèlerin,
marchand
le
et
le
mongol furent d'exceptionnels agents de liaison. De là de grands courants d'échanges. La philosophie indienne fut ainsi répandue au loin, par des cavalier
moines errants, par des voyageurs simples
comme
exaltés, par
des
par des lettrés. Elle fut accrue et
nuancée par des peuples dont chacun
lui
communi-
quait la note originale et profonde de sa propre essence spirituelle, et qu'elle abordait d'ailleurs sans intran-
sigeance, avec une pleine capacité d'adaptation.
Son
histoire,
dans
la
mesure où
connaître, ne se présente pas
il
est possible
de
la
comme le développement
harmonieux d'un principe d'où découlent un évangile, une théologie
des dogmes cohérents, mais
et
la vie d'un large
inquiétude
et
thème que
travaille
comme
une perpétuelle
soumis à des mutations. Règle morale à
l'origine plutôt
que système métaphysique,
portait des contradictions,
comme une médecine
elle
com-
une espèce de casuistique,
variant avec les malades. Et
d'autre part elle était harcelée par les exigences phi-
manie spéculative des peuples de l'Inde, hantés par le problème du moi et du non-moi, du Nirvana conçu tantôt comme un re-
losophiques ou plutôt par
tour au néant, tantôt
Le Maître de milieu
»,
la
comme une survie bienheureuse. moyenne
.
chemin du l'agnostique exquis ne pouvait empêcher la « voie
ceux qui se réclamaient de son ou à gauche de
la route,
dans
»,
du
«
nom
de tomber, à droite
les
extrêmes de l'abs-
L'ART BOUDDHIQUE
10
traction systématique ou dans le mysticisme magique.
De
une extraordinaire multiplicité d'aspects, qui déconcerte l'analyse et qui ne nous permet guère d'applilà
quer
le
concept d'évolution à l'histoire des arts boud-
dhiques. Le plus prudent, c'est encore de les suivre
pas à pas, sur les divers terrains où gés et enrichis.
ils
se sont propa-
CHAPITRE PREMIER LES ORIGINES —
LES ORIGINES BOUDDHIQUES.
l.
II.
LA VIB LÉGENDAIRE DU
BOUDDHA. — ///. LA PHILOSOPHIE DU RENONCEMENT ET SON AVENIR ESTHÉTIQUE. — IV. L'ARCHITECTURE LE SANCTUAIRE ET LE COUVENT. — V. LA SCULPTURE DANS L'INDE HELLÉNISME ET BOUDDHISME. — LE PANTHÉON BOUDDHIQUE. :
:
—
I.
IL
ne nous
est possible de
LES ORIGINES BOUDDHIQUES.
nous représenter
les ori-
Bouddhisme qu'à travers une scolastique et une imagerie. Le travail d'une pensée très riche, toujours en mouvement, luxuriante en interprétations et
gines du
en commentaires, dans Flnde même, a considé-
rablement surchargé part, la les
personne
la
révélation
et la vie
D'autre
initiale.
du Sage disparaissent sous
oruements prolixes, sous
dont l'imagination populaire
les
anecdotes édifiantes
s'est plu à les décorer.
Les deux grandes églises, celle du sud
et celle
du nord,
ont modelé chacune pour son compte l'image et la philosophie du Bouddha. Les Écritures pâlies et les Écritures sanskrites ne portent pas jusqu'à nous l'écho
d'une
même
voix, traduit en
deux langages. L'illumi-
nation de Cevlan et la doctrine du nord se rattachent à la
même
loi,
mais l'une
et l'autre sagesse, à
mesure
L'ART BOUDDHIQUK
li
commune
qu'elles s'éloignaient de leur
source, pre-
naient des chemins opposés. Dans la préface de la traduction du
Bouddha d'Oldenberg, M. Sylvain Lévi se fait sentir encore
remarque que ce grand schisme chez les historiens modernes
:
les
uns s'attachent à
la
haute doctrine de vie, à l'ascétisme monacal, les autres
posent à l'origine
une débauche de mythologie popu-
a
laire ». 11
ajoute avec raison
plètent sans doute, le
quement d'un
c<.
:
Les deux systèmes se com-
Bouddhisme n'a pas
sol vierge
les
;
premiers qui prêchèrent
et recueillirent la Loi n'avaient
crovances alors
même
pas
des idées héréditaires;
et
fait table ils les
si
profonde
de
la
si vite le
succès, une
Mais pour
et si durable,
personnalité vigoureuse fut nécessaire,
pour assurer
rase des
subissaient,
qu'ils s'en croyaient affranchis.
marquer une empreinte
brus-
jailli
comme il
une
fallut,
prompte constitution
communauté. Les deux svstèmes tendent
ainsi
•à
à l'unité,
commune
comme
les
origine.
deux Églises se rattachent à une
»
Ces lignes, d'un sens historique
si
conciliant et
si
monuments
et
juste, sont confirmées par l'étude des
tixent notre
méthode. L'art bouddhique
une mythographie
est à la fois
très anecdotique, très concrète, et
l'expression d'une haute pensée. Tantôt
il
décore les
balustrades des stupas de toute une imagerie de reliefs
où
les
épisodes légendaires de la vie du
représentés
comme
le
Bouddha sont
sont les scènes de l'Ancien et du
Nouveau Testament sur
les
tympans de nos
églises.
LES ORIGINES
Tantôt
13
dresse au-dessus des vies agitées, des tumultes,
il
des changements, Timage solennelle des méditations
du Sage
et
de son infinie
aux formes
pitié.
Il
semble d'abord limité
les plus solides, les plus pleines et les plus
stables de la plastique, et
il
finit
par aboutir à l'esthé-
tique de la pure suggestion, à une interprétation de la
nature où une tache, une ligne, un point suffisent à éveiller
en nous Tidée de l'absolu
et la
notion du tout.
Nous traiterons donc la vie du Bouddha, non comme une matière à exégèse, mais comme une Légende Dorée, dont chaque élément doit être, au point de vue
iconographique, considéré lable.
comme un
inébran-
fait
Mais nous essaierons aussi d'analyser les formes
élevées de cet art en fonction pénètre,
qui les inspire
de
la
pensée qui
profondément
si
les
qui a
et
ordonné, non seulement leurs linéaments généraux,
mais jusqu'à leurs particularités techniques.
Le fond de
la doctrine
bouddhique,
le salut
par
le
comme l'invenmais comme l'expression
renoncement, ne doit pas être considéré tion d'un génie novateur, définitive d'une vieille
inquiétude de race qui avait
déjà hanté la pensée religieuse de Tlnde brahmanique.
La contradiction qui
existe
divine de l'univers
d'autre part, le spectacle de la
et,
entre l'idée de l'unité
des
étroites
limites
du moi, avait de longue date enfanté
le pessi-
misme
et l'obsession
vie
chaotique,
dissociée,
prisonnière
de la douleur, en
qu'elle provoquait des tentatives vers
de la délivrance,
même
temps
une philosophie
chez une race jadis
vigoureuse.
L'ART BOUDDHIQUE
14
trempée par
le
par un
affaiblie
ciel
A
vers le sud.
et sain climat
rude
mou, à
du nord-ouest, puis de ses migrations
la suite
travers la confusion de pensée qui
obscurcit pour nous la littérature sacrée des Brahmanes,
on voit
se
dégager cette doctrine que la vie n'est pas
mort
à elle-même sa propre limite, que la
n'est pas
mourons pour renaître, avant de mourir et de renaître encore. Dans un oupanishad antérieur au Bouddhisme, Yama, le
l'anéantissement,
nous
que
mais
dieu de la mort, révèle à Nacikétas, qui l'interroge, le secret de la délivrance définitive la
:
sage qui s'élève à
le
connaissance de l'Unique peut seul s'affranchir du
temps
et
dompter
la
mort.
Toujours cette philosophie suscita des ascètes moines.
Elle
fit
naître
une
et
de sectes,
infinité
des elle
répandit sur l'fnde, avec la hantise de l'absolu et la
passion des spéculations abstraites, fications les plus excentriques.
génie excessif
et
Tout
confus de la race,
goût des morti-
le
le
de
une indifférence profonde
la liberté,
ce ferment des
et
le
dégoût d'une vie
sans avenir terrestre et parquée dans castes,
—
s'y prêtait,
le
régime des
physique à l'égard
grandes civilisations
actives de la Méditerranée orientale.
Mais
le
Bouddhisme
de ces tendances.
modération.
Il
11
n'est pas est
une pure continuation
une réforme
et
il
est
une
s'élève contre le ritualisme étroit des
Brahmanes, contre leur pédantisme liturgique. Avant d'être reconquis par le génie de l'abstraction,
mença par
il
com-
sourire de ceux qui affirment et de ceux
LES ORIGINES
qui nient.
tempère
Il
deux extrêmes, ((
voie
du milieu
».
du vf
lui
Par
là surtout,
siècle
Comme
entre ces il
religieuse, qui date le
Jaïnisme,
Bouddhisme,
le
Jaïnisme donne une importance primordiale à transmigration
trine de la
mais
il
et
suit la
se distingue d'un
il
avant notre ère,
inauguré par Mahavira.
:
et la volupté,
mouvement de réforme
autre grand
comme
purisme ascétique
le
macération
la
15
le
la doc-
des vies successives,
prêche une sombre violence envers soi-même et
toutes les rigueurs de l'ascétisme. C'est par la méditation et
par la connaissance, non par des supplices
volontaires, que le la
mort;
détruit en lui la douleur et
par la douceur
c'est
répand sur
Bouddha
les
et
par
la pitié qu'il se
hommes.
Nous voudrions
dans sa vérité individuelle,
saisir
avec l'accent de sa vie morale, la forte personnalité qui
tenta d'apaiser
ancienne.
fait,
Le Bouddha de tout entier.
que et
sans pouvoir la préciser davantage. la dévotion et de l'art,
Mythe
miraculeux,
malaise religieux de l'Inde
ne nous est permis que de l'admettre
11
comme un
le
il
nous l'avons
solaire, « dieu à biographie », saint
se révèle à
nous avec sa légende,
telle
l'ont faite les divers dépôts des âges, des nations
des écoles. Imagerie parfois enfantine, rêve indécis
viennent se mêler
de l'Asie, auquel vinités,
étranges.
des
inquiétudes
Cette
suivre et les
légende,
lire
éternelles ces
la
et
images,
avec sympathie
nous permettent de sentir
d'antiques
:
des il
di-
songes faut
les
ce sont elles qui
poésie de ces grandes
LART BOUDDHIQUE
16
existences lointaines et de la respirer encore à travers les siècles.
- Lk
//.
VIE LÉGENDAIRE
DU BOUDDHA.
naquit^ de la noble race des Çakyas, dans une
11
plaine basse, au pied des les hautes futaies des
montagnes du Népal, entre
manguiers
et
des tamarins et
leschamps de riz. Il porta d'abord le nom de Siddharta. Son père était un grand de ce monde, peutun
être
ces
roi.
Ses premières années s'écoulèrent dans
campagnes
paisibles,
où
le
Brahmanisme
moins pesant que dans d'autres contrées de « Sa vie, dit Oldenberg", se mouvait sur ce
était
l'Inde.
même
fond de riches et merveilleux décors dont s'entouraient alors
comme
aujourd'hui, dans l'Inde, les habitations
des grands; ce sont des jardins pleins d'ombres, avec des étangs de lotus,
ondulés doucement,
et,
à la surface de ces étangs,
comme un
lit
flottant de fleurs
bariolées qui brillent au soleil et, le soir, répandent
au loin leurs parfums; ce sont aussi, hors de les
la ville,
grands parcs où l'on se rend en voiture ou à dos
d'éléphant,
et
là,
loin
du bruit du monde, sous
l'ombrage des grands arbres touffus, des manguiers, des pippalds et des salas on trouve, dès ^
et solitude. »
Il
se maria,
il
eut un
le seuil,
repos
fils.
Telles sont les approximations historiques que la 1.
Eq Ire
2.
Le Boicddka, sa
'659 et
5oi? vie, sa doctrine,
sa commnnauté, p. 104.
LES ORIGINES critique substitue à la légende
charmante,
est
17
—
;
et elle est à la
mais
légende
la
môme
base
de
l'art
bouddhique dans Tlnde. Les épisodes que M. Foucher groupe sous ce
d enfance
Scènes
de
et
Cycle de la Nativité et
de jeunesse^
abondent en tableaux
songe de Maya,
la
mère
Bienheureux
le
horoscope, plus tard
:
séduisante naïveté,
la plus
que
le
titre
le
le
—
élue, le miracle des sept pas
dès sa venue au monde, son
fait
retour du parc de Lumbini où
il
naquit,
choix de sa fiancée, la cérémonie nuptiale
thèmes que s'exerça l'ima-
et le cortège. C'est sur ces
gination des poètes et des imagiers fois leurs fictions
:
ont doué par-
ils
d'une émouvante grandeur et d'un
caractère saisissant. Tel est
vocation
du
l'interprétation
religieuse
le
cas pour Thistoire de la
du Bouddha qui présente
à
nos
yeux un intérêt plus direct que des épisodes secondaires. C'était le
temps où
taient en foule la se vouer
monotonie de
la vie
anciens
fut touché de la
disent
:
«
C'est
femmes quitmondaine pour
et les
aux ardentes austérités de
Le jeune prince textes
hommes
les
la vie ascétique.
même un
ferveur. Des
étroit
assujet-
tissement que la vie dans la maison, un état d'impureté;
la liberté est
comme cette
il
dans l'abandon de sa maison
pensait ainsi,
formule simpliste,
il
la
abandonna
sa maison.
»
:
A
légende des quatre sorties
ou des quatre rencontres substitue une image énergique de la maladie, de la décrépitude, de la mort enfin, de la seule consolation possible.
et,
Aux yeux du >•>
L
18
AKT BOUDDHIQUE
prince noyé de voluptés et déjà dégoûté
conteur évangéliste
fait
paraître,
non
les
d'elles,
le
allégories
d'une vague songerie éthique, mais, en traits forte-
ment accentués,
le
spectacle de nos déchéances irré-
médiables.
Un jour que
a
char, ville,
à il
le
Bodhisattva se rendait, sur son
un jardin de plaisance rencontra sur sa route un
hors
situé
de
la
vieillard décrépit,
sans dents, péniblement courbé sur un bâton, soutien insuffisant
de ses pas tremblants.
Surpris de cette
apparition nouvelle pour lui (on avait pris soin d'éloi-
gner de ses regards tout ce qui aurait pu Tattrister
renoncement au monde),
éveiller en lui des idées de il
interroge son cocher, lui
demandant en punition de
quel crime ce malheureux est réduit en
Ayant appris que
et
la vieillesse était
si triste état.
une conséquence
fatale de Texistence et qu'il n'était pas
en son pou-
voir d'y échapper, le prince saisi d'angoisse et de tristesse
renonce à sa promenade
et se fait
reconduire au
Une autre fois, c'est un malade qu'il trouve en chemin, puis un cadavre en décomposition, et, à
palais.
chaque rencontre, son dégoût augmente pour une vie soumise à un trième sortie, le
calme
si
vue d'un religieux mendiant respirant
la
et le
contentement
vie relii^ieuse le
Ce thème, qui
1.
déplorable sort. Enfin, à une qua-
L. de Milloué,
lui fait
entrevoir dans la
remède aux misères de Uexistence \
offre à l'imagination et
Le iiouddhitune
,
pp. 28-29.
au cœur de
» si
LES 0K1GINE8
19
émouvants tableaux, a surtout inspiré Java
et
imagiers de
du Népal. Celui du Sommeil des Femmes
plus fréquemment traité.
Un
les
est admirable.
Il
de belles musiciennes
soir,
est
de belles dan-
et
seuses jouaient et dansaient devant
du
le fils
s'endormit. Réveillé au milieu de la nuit,
roi.
Il
les vit
il
qui dormaient aussi. Elles n'étaient plus belles; leurs
guirlandes avaient glissé visages
;
la fatigue avait pâli leurs
;
l'une d'elles parlait en rêvant
;
les
vêtements
épars laissaient voir leur nudité lasse et sans charme, et
il
senablait à Siddharta qu'il se trouvait au milieu
de cadavres. Il
partit.
Il
robe jaune
quitta sa ville et son palais,
et
devint Çakya-Mouni,
Pendant sept années de et
d'ascétisme,
il
vie
chercha
le
errante,
il
revêtit la
Çakya-moine. de méditation
suprême sagesse.
la
11
s'attacha d'abord à deux docteurs célèbres, suivit les
pratiques qu'ils enseignaient et s'infligea des macérations extraordinaires. Mais son esprit restait inquiet et
ne connaissait pas
maîtres,
il
errait sans
la paix.
but dans
Ayant abandonné ses le
pays de Magadha.
Il
s'arrêta enfin près
du bois d'Ourouvela,
coin de terre, où
y a de belles forêts, où la rivière
il
coule limpide et présente bain... » Alors
années,
«
il
s'assit
«
de jolies places
dans
les bois et là,
agréable
pour
le
de longues
pressant sa langue contre son palais
», tra-
vaillant de toutes les forces et de toutes les patiences
de son esprit, suppliciant son le
corps avec
ardeur,
Bodhisattva, l'aspirant à la Bodhi, à la Sagesse, se
L'ART BOUDDHIQUE
iO
préparait à recevoir rillumination surnaturelle. Cinq ascètes étonnés par la
groupés autour de
lui.
la vanité des
reconnu
cinq disciples
grandeur de ses vertus s'étaient Mais
Bodhi
niers
Sage, ayant à la fin
macérations, y renonça, et ses
le quittèrent.
dans
C'est en pleine solitude, la
le
lui vint.
moments
la
jungle de Gava, que
Le Lalita-Vistara présente
qui précédèrent Tillumination
un solennel cortège d'hommages,
et
— insiste
comme
Fart bouddhique,
après avoir figuré les austérités de Gautama, ascétique du Prédestiné,
les der-
— nom
volontiers sur les
préludes et sur les circonstances de la crise décisive.
A
la veille
du
de
la révélation, le
maître reçoit
la
louange
des Nagas, ces vieilles divinités totémiques,
roi
images à demi monstrueuses, à demi humaine?, du serpent naga. Comme Métaneirè reconnaît la Déméter de l'hymne homérique,
le roi a
à la lueur mystérieuse qui
reconnu le futur Bouddha
rayonne de son corps.
Au moment de s'asseoir sous l'arbre de la science, le Bodhisattva demande une jonchée d'herbes. Le conteur bouddhique narre grâce
:
«
Or
il
cet épisode avec la plus
aperçut sur
le côté droit
nonchalante
du chemin Svas-
tika le faiseur de fourrage, qui fauchait de l'herbe.
.
.
Et,
l'avant vu, le Bodhisattva, s'écartant de son chemin,
s'approcha de l'endroit où se tenait Svastika,
approché, a
interpella
Donne-moi de
j'ai
la
il
et,
s'étant
Svastika d'une voix douce
:
l'herbe, ô Svastika, vile, aujourd'hui
grand besoin d'herbe.
»
Et Svastika, ayant entendu
parole limpide et douce du Maître, content, trans-
LES ORIGINES porté, ravi, l'âme joyeuse, prit
agréable au toucher...
A
figure
cette
humaine,
en
une poignée d'herbe
)>
charmante
de
familière,
réalité
une autre, monstrueuse
succède
celle de
terrible,
2i
Mara
le
et
Tentateur, dont Gautama
subit les assauts avant d'arriver à la parfaite illumination.
Vers
le soir
de cette journée d'épreuves,
il
en a
triomphé, l'armée du Satan bouddhique se disperse. Assis sous le figuier sacré, tion,
reçoit la révéla-
connaît enfin les sources de la douleur du
il
monde
Gautama
et le
remède qui
doit la guérir.
Il
se sent délivré
du péché de convoitise, délivré du péché d'attachement aux choses terrestres, délivré du péché d'erreur, délivré du péché d'ignorance.
Il
suprême sagesse.
Bouddha,
Il
estie
a atteint la
i^endant sept fois sept jours, félicité,
il
s'en délecte,
serpents nagas veille
protège
:
la tcte
il
Sambodhi,
la
l'Éveillé, l'Illuminé. il
se repose
l'approfondit.
Le
dans sa roi des
sur sa joie mystérieuse
et
la
capuchonnée du cobra s'épanouit au-
dessus du Bouddha. Pareils aux mages de
la Nativité
chrétienne, les quatre rois Dévas, gardiens des points
cardinaux,
lui
qu'il refuse par
font l'oiïrande de
quatre bols d'or,
modestie, se contentant d'un bol de
y prend un peu de riz pour réparer ses forces, épuisées par les austérités qui ont précédé l'illuminapierre.
Jl
tion, et ce
premier repas du Bouddha,
c'est
l'aumône
de deux marchands du pays d'Orissa, cheminant en tête
de leur caravane,
et qui
deviennent ses zélateurs,
ses premiers disciples laïques.
L'ART BOUDDHlQlIh:
it
Cette sagesse obtenue à travers tant d'épreuves,
ne
la
conserve pas jalousement dans
intelligence et de son cœur,
secret de son
le
répand,
propage,
la
il
hommes.
grâce toute-puissante agit sur les
et déjà la Il
la
il
met en mouvement
roue de
« la
désormais consacrée à renseigner,
groupent autour de
—
bouddhique,
le
figuré tantôt par
De
lui.
là, le
Bouddha, sa
un trident
Loi
la
».
Sa vie
symbole de
la triade
Communauté,
Sermon
de Bénarès,
est l'épisode le plus saillant et le plus célèbre
Ayant
partie de la légende. la
Bodhi,
le
Isipadana,
quitté les lieux
de cette
où
il
Sage se rendit à Bénarès. Là, dans il
rencontra
les
reçut
le
nombre des
sont d'abord deux
fidèles fils
bois
cinq ascètes qui, jadis,
s'étaient séparés de lui, et sa parole les convertit. lors, le
—
tantôt par trois
(la trisula),
le
est
et ses disciples se
Loi, sa
joyaux. La première prédication,
il
ne cesse de s'accroître
Dès :
ce
de banquiers, puis quatre de
leurs amis, enfin cinquante autres. Trente viveurs se
repentent et viennent grossir la communauté. L'histoire
de leur conversion est gracieusement contée par
M. Foucher', d'après trente joyeux
drilles
a Ils étaient Mahavagga qui, en compagnie de leurs
le
:
femmes, prenaient ensemble leurs ébats dans un jardin de plaisance,
et,
comme Tun
les autres lui avaient
procuré une courtisane
en profite pour les voler, vant,
ils
et se
sauve
tombent par hasard sur
demandent 1.
d eux n'était pas marié,
s'il
n'a pas vu passer la
;
en
la
;
celle-ci
poursui-
Bouddha et lui voleuse. La réponse le
Les bas-reliefs Qréco-houddhiques du Gandhara, p.
4-42.
23
LES ORIGINES
une saveur toute socratique
a
Or donc, que pensezle mieux pour vous,
«
:
vous, ô jeunes gens, qui vaille d'aller à la recherche de cette
femme, ou
recherche de vous-même?...
Il
et ils
sont bientôt convertis.
Voyages, miracles, Trois supérieurs de trois
n'en faut pas davan-
eux-mêmes
tage pour faire rentrer en
hommes,
»
d'aller à la
les trente
jeunes
»
conversions se multiplièrent.
communautés d'anachorètes,
Kacyapas, entrèrent dans
suivis de leurs mille religieux.
la voie
les
du Bouddha,
De retour au pays des
Prédestiné y fut solennellement accueilli par les siens. Nanda, son demi-frère, allait épouser une femme très belle. Il s'empressa de remplir le bol
Çakyas,
à
le
aumônes, mais, pour
Nanda
là
où
il
avec douceur,
dant toujours
où
il
se faire suivre et
voulait, le et le
Nanda
Bouddha
pour mener
refusait l'offrande
s'avançait sur le chemin, ten-
bol avec courtoisie, jusqu'au
se décida à devenir
moine
moment
et reçut l'ordination.
Plus tard, Amrapali, célèbre courtisane, danseuse et
musicienne accomplie, dont nous n'ignorons pas que les nuits étaient très chères, se joignit à son tour aux disciples
du Maître. Et
jusqu'à la vue de la verser
sage pourtant doit éviter
le
femme
!
xMais
avec quelques pieuses
l'excellente Visakha, dont
il
il
se plaisait à con-
bienfaitrices,
exauça
les huit
comme vœux de
donner de la nourriture aux aux frères malades, ainsi que de
charité, en lui permettant de
frères errants et
fournir des vêtements de bain à la
communauté des
nonnes... Celles-ci étaient placées sous la dépendance
L'ART BOUDDHIQUE
24
Bouddha ne communiquait pas directement avec elles, aucune femme ne l'assista à ses derniers moments.
des moines,
le
Après quarante-quatre années de prédication et de voyages apostoliques, il entra dans le Nirvana. Il avait traversé bien des vicissitudes, déjoué les ruses et les
de Devadatta,
guet-apens
répandu sa parole crovants, ô
Ananda,
son exemple sur des milliers de
et
au repos
aspirait
il
voudrais
et je
de la légende,
traître
le
grande pérégrination
le
Maghada, à Kousinara,
me
:
suis fatigué,
Je
«
coucher.
Sa dernière
»
conduisit de Rajagriha,
en
Entre deux
lieu de sa mort.
arbres jumeaux couverts de fleurs, bien que ce ne fût
pas la saison,
tournée vers
le
s'étendit sur le côté droit, la tête
il
nord.
groupés autour de
sœurs laïques, qui, choses, vivent
Il
exhortait encore ses disciples,
lui, parlait «
dans
les
aussi des frères et des
grandes
d'après la vérité
».
et les petites
demandait à
Il
Ananda de ne pas gémir, de ne pas
se
Les nobles de
pleuraient, les
la
ville
étaient là et
désespérer.
cheveux épars, en étendant leurs bras. Et la terre,
Il
dit enfin
:
a
créé est périssable, luttez sans relâche
Le lendemain, au lever du
Kousinara
rovaux
brûlèrent son corps
Tout ce qui »
et
entra dans
soleil, les
avec
est
gens de
des honneurs
',
Telle est la légende \.
de
accourues autour du Maître, prenaient part
à la douleur de tous.
le repos.
les bêtes
Entre 478 el 473
?
du Bouddha,
très simplifiée.
Pl.
Cl. Fournereau.
Types siamois du stupa
Au premier Au second,
plan, type dit
type dit
Phra
:
Phra prang ghedi.
;
m.
Vl
IV
Cl. Bushell.
Le Pai-tha
seu, stupa chinois de
marbre
(Pékin, win*^ siècle.)
sculpté.
LES ORIGINES
25
réduite aux épisodes essentiels, et contée,
s'il
se peut,
naïvement. On se préparera à l'aimer en lisant Olden-
roman des
berg qui
la
retrace avec charme. Mais le
conteurs
et
des imagiers de l'Inde ancienne, surtout
dans
nord, est beaucoup plus riche. Les uns et
le
ont inventé avec profusion.
les autres
m. -LA PHILOSOPHIE DU HENOXCEMEXT ET SON
A VENIR
ESTHÉmjUE.
il
semble d'abord que
la doctrine
exclusive de toute esthétique et
sentation figurée. et s'abstenir. la douleur,
il
La
dit-elle
vie est
même
soit
de toute repré-
en eiïet? H faut renoncer
une douleur,
et,
pour abolir
faut chasser de nous tout ce qui peut
nous rattacher à le
Que
bouddhique
la vie.
La
stabilité
dans une demeure,
luxe et les commodités de l'existence, les affections
familiales sont autant de fardeaux qui nous enfoncent
nous immobilisent dans
et qui
du sage
la
douleur. Le devoir
est d'errer, d'être pauvre, d'être chaste et
de
se taire.
Mais cette doctrine n'est pas née en un point quel-
conque de
l'espace. Elle s'est
ardente et prolifique, où
malgré
les
le
répandue sur une pullulement de
terre
la- vie,
misères du monde, malgré la monotonie
desfongs jours sans avenir, chez un peuple indifférent à la liberté, est une magnifique force expansive qui
s'empare de
ment
tout. Elle a été
prêchée à des êtres riche-
imaginatifs et qui se débattaient déjà dans un
L'ART BOUDDHIQUE
26
pêle-mêle de dieux.
Communiquée
aux passagers du Mayflower,
Byzantins ou
à des
la révélation
que aurait peut être été iconoclaste
et
bouddhi-
stérilisante.
Elle se propageait au sein d'une race exceptionnelle-
ment amoureuse de mythologie et
romanesque,
mais le
réforme
s\
associait
En parlant de elle
comme une
comme une
passé, elle
ne
les
la
d'épopées, indolente
en fables. D'autre part,
fertile
n'apparaissait pas
et
par
:
elle
nouveauté absolue,
là, elle
plongeait dans
dans une certaine mesure.
transmigration aux gens de Tlnde,
déconcertait pas,
ils
étaient habitués à
décupler, à multiplier leur vie par l'idée
(si
vite trans-
formée en images) des existences antérieures
des
et
existences futures. Prenons garde que le renoncement
bouddhique
renoncement chrétien
n'est pas le
pour
terre n'est pas
lui le
:
la
séjour d'en-bas, d'où Ton
s'évade une fois pour toutes après la mort. Elle est le lieu
de passage de nos vies innombrables, elle est
peuplée de témoins, d'amis, de camarades, de frères
inconnus qui nous ont escortés jadis,
un plan unique, aride infinie
et
elle
n'est pas
sans intérêt, mais l'arène
où se déroulent mille drames cachés. Tous ces
prolongements du moi, toutes ces aventures extraordinaires
dont nous ne sortirons qu'après bien des
épreuves et par
la
connaissance de
riche matière à mettre en action, et
la
Bodhi, quelle
non pas matière
à caprices, mais matière édifiante! Il
est
vrai
que
le
Bouddhisme
religion nihiliste, l'on a
même
est
au fond une
pu dire athée,
et c'est,
LES ORIGINKS si
veut,
l'on
27
un désavantage plastique quand on
compare au fourmillant polythéisme de Mais, chez les adeptes,
que,
antiques
les^
et
un réseau
Trompeur, c'est
A
Kama
est
naissance du Boud-
la
Indra descendent du haut des cieux
Apsaras
pour l'adorer. Les divin
brahmaniques.
divinités
légende on les voit appa-
la
sans déguisement.
Brahma
dha,
y avait des besoins
principe de la réforme philosophi-
chaque tournant de
raître
il
peuple associa, probablement dès Torigine de
diffusion,
sa
A
le
Au
l'Inde.
n'y avait pas seulement
il
des inquiétudes métaphysiques,
de dévotion.
le
Mara,
d'étoiles.
aussi
tendent
Kama,
le
le
sous
l'enfant
Tentateur ou
le
dieu de l'amour, et
qui a enseigné aux trois tentatrices char-
gées d'éprouver
le
Sage
femme. Au moment où
les trente- deux
magies de
la
entre dans le Nirvana, les
il
dieux brahmaniques profèrent eux-mêmes avec solennité les vérités essentielles
taient avec eux toute
une
du Bouddhisme. vieille
Ils
appor-
richesse iconogra-
phique. Surtout, la doctrine avait
le
mérite incomparable
d'avoir été fondée et divulguée par
un de ces sages
errants qui étonnaient les peuples et dont était
«
Thistoire »
une inépuisable merveille. Les grandes formules
cosmogoniques,
la
légende des amours des dieux
et
de
combats sont un fertile aliment à l'imagination mais une extraordinaire suite d'avenpopulaire,
leurs
—
tures,
un
d'épreuves, de miracles,
tissu
asiatique
plus
de conversions
fait
complexe, plus varié, plus
L'ART BOUDDHIQUE
2S
chatoyant encore.
11
d'un
contraire
pour
les
avait besoin de captiver.
Bouddhisme
et le
est plus captivant
aristocratique
culte
cœurs, est le
11
son
d'initiés,
La grande fonction du une prédication de près d'un demi-siècle. Le
essence est de se divulguer.
Sage
fut
se maintenir
Brahmanisme pouvait
dans
la citadelle
de ses rites, autour de Tautel du sacrifice. Cependant le
Bouddhisme
errait et parlait à tous.
Les traditions
nom du égard, comme
qui se sont peu à peu accumulées autour du
Bouddha peuvent ayant
la
être considérées, à cet
valeur de tracts,
et,
dès que nous
sommes
sur
ce terrain, l'image s'impose.
Ce qui frappe
plus les peuples, ce n'est pas l'es-
le
sence de leurs dieux, ce sont leurs avatars, les formes
prennent,
qu'ils
la
manière dont
veilleusement à la vie et dont ter les vicissitudes.
parmi on
ils
ils
se mêlent
mer-
semblent en suppor-
Leur carrière
et leurs
aventures
mortels, leurs surprenantes métamorphoses,
les
sait à quel point ce
thème
hellénique. Par extension,
si
il
riche a séduit le génie
enfanta les héros, plus
souples encore, plus plastiques que les dieux, plus aptes à se mêler à la vie, plus voisins de nos cœurs. Les exploits des héros et les vertus des saints, voilà les
formes
familières auxquelles se plut toujours l'imagination religieuse.
La poésie de l'iconographie chrétienne, on
la
trouve autant dans la Légende Dorée que dans l'Evangile.
Le Bouddhisme, religion athée fondée par un
saint
Dorée,
errant, devait créer et,
par
là,
toute
spontanément sa Légende
une iconographie nouvelle.
LES ORIGINES
Ce sage, ce saint ne canton
il
pas confiné dans quelque
Pour reprendre l'expression de
de l'Inde.
M. Sénart,
s'était
29
un entraîneur de
avait été
foules.
Sa
prédication n'avait pas roulé au loin par échos propagés.
Il
pendant dition
lui-même sur bien des points
l'avait portée le
long voyage que fut sa
voyait
quelque souvenir
vie.
qu'il
transmettre aux âges, quelque trace de
De
là
une
la tra-
convenait
de
lui qu'il fallait
Après sa mort,
entourer d honneurs. furent partagées.
Partout
ses
pluralité de
cendres
monuments
funéraires, qui devinrent chapelles, puis cathédrales.
La tombe du Bouddha
n'est pas située au lieu de sa
mort. Sept villes seulement ne se disputent pas l'hon-
neur de
la posséder. Elle est partout.
Avec
le culte fu-
néraire et le pèlerinage aux reliques, l'architecture s'étendit au loin.
Malgré
la ferveur et les offrandes, l'avenir artistique
du Bouddhisme
était limité, s'il était resté la religion
des particuliers. La conversion du roi Açoka ('264-227
donna l'ampleur et l'autorité. des princes d'Asie il acquit une force nou-
avant Jésus-Christ),
Du
faste
velle, et les
lui
trésors des rois enrichirent les édifices
dédiés au Grand Maître du renoncement et de la pauvreté.
Autour des stupas^ reliquaires funèbres, cou-
rurent les balustrades chargées de
reliefs.
Pourvus de
dotations considérables, les couvents devinrent pareils à des cités. L'on put creuser, à grands frais, les temples rupestres.
La grandeur de l'empire d'Açoka,
tion de rinde sous son règne, Tappui
l'unifica-
donné par
lui
L'ART BOUDDHlQLi:
30
aux penseurs bouddhistes étendirent largement Taire d'expansion de la foi nouvelle, tout en lui assurant des assises sociales plus stables.
Mais
surtout par
c'est
doctrine et par
la
la
le
développement interne de
discussion philosophique que le
Bouddhisme pouvait devenir un facteur esthétique élevé. Dans une partie du monde habituée de longue date à spéculer et à discuter sur Fabsolu, où, du temps du Maître, fourmillaient les «
spadassins
»
théologiques,
des formes multiples,
et,
si
les
il
argumentateurs
était
et
appelé à prendre
chacune des vingt-trois
écoles indiennes eut son aspect critique ou négatif à l'égard de la plupart des autres, elle constitua aussi
un apport
une richesse déplus. On peut croire
positif,
au premier abord que cette tendance à la multiplicité des sectes et ce formidable travail d'abstraction, non
seulement dans Tlnde, mais dans tout TExtrême-Orient (douze écoles en Chine, treize au Japon), ont eu pour effet
ter
de dessécher
du concret.
tout pour le
étudier
Il
la
pensée asiatique
et
de
la
dégoû-
n'en fut rien, bien au contraire, sur-
Bouddhisme du nord,
comment, dans
les sectes
et
nous aurons à
Tendaï
particulier. Tinterprétation des rapports
Tout, ridée de la
communion
et
Zèn en
du Moi
et
du
avec l'Unité Eternelle
ont répandu l'amour de la beauté, l'aptitude à com-
prendre
et
à traduire la
signification
profonde des
choses, dans des raccourcis suggestifs de l'infinité.
Pendant plus de huit cents ans, depuis du Maître
(fin
du vf
siècle avant
la
mort
Jésus-Christ) jus-
LES OKIGiNES
de notre ère.
qu'au
IV®
vailla
sur lui-même dans
siècle
Kashmir. Par des conciles
31
Boudilhisme
le
nord de l'Inde
le
comme
celui
^
f
rité,
largeur
cette
acquit
il
siècle
première matu-
fermeté de pensée qui
cette
et
cette
au
comme
après Jésus-Christ, par des efforts de pensée
de Nagarjuna,
et
qui fut réuni
par Kanislika, roi des Gètes, au milieu du
celui
tra-
devaient l'aider à répandre son influence dans toute l'Asie.
Les
l'Inde
une magnifique culture
trois siècles suivants virent s'épanouir
sentée par artistes
partir
du
comme
des poètes
comme
Kalidasa
et
repré-
par des
des grottes d'Ellora.
A
Bouddhisme du nord gagne
le
les sculpteurs
vn^ siècle, le
intellectuelle,
dans
Thibet où son idéalisme devait se concrétiser sous la
forme du Lamaïsme, tandis que sud pénètre
la
Birmanie
et le
et s'installe
rinde même,
la
Bouddhisme du
Siam, où son génie s'ex-
prime dans un art luxuriant nouveauté,
le
et
délicat,
mais sans
définitivement à Ceylan. Dans
religion
bouddhique
était
à peu
près éteinte au xnr- siècle, et vers l'an 630, nous
le
savons par les relations du pèlerin chinois Hiuentsang, sa décadence était déjà sensible. Bien des sanctuaires étaient en ruines, l'herbe envahissait de vastes
espaces jadis fameux et consacrés par la piété d'autrefois. L'Asie est le théâtre
de ces éblouissantes car-
rières et de ces évanouissements. Les raisons de cette
Trois autres grands conciles l'avaient déjà précédé, tenus respectivement à Ixajagriha. Vaiçali. Patalipoutra. Ce dernier, réuni par Açoka (244-242 ?j condamna huit sectes hérétiques. 1.
LART BOUDDHIQUE
3i
Bouddhisme aux
disparition du
virent naître, où loin
il
triompha
lieux
et d'où
mêmes il
qui le
s'étendit au
sont multiples et d'ailleurs mal connues. Tout est
ce qu'il
permis de
Brahmanisme, un adversaire
il
dire,
c'est
que, réforme du
constamment à lutter contre n'avait pas complètement effacé et
avait
qu'il
qui subsista toujours dans la plénitude de sa force,
môme
au cœur des
hommes dont
les
nuances de
la
philosophie nouvelle avaient pu séduire Tintelligence.
Le polythéisme brahmanique
comme les grandes sylves détruisent et édifiés
le
recouvrit et l'absorba,
ardentes de FJnde pénètrent,
restituent à la terre d'antiques palais
par des rois inconnus.
IV.
— LWRCHITECTUnE LE SANCTUAIRE ET LE COUVENT. :
Avant sa décadence dans avait eu le
temps de créer un
du sanctuaire,
tel
l'Inde, art,
le
Bouddhisme
de fixer
les
formes
qu'on en retrouve les caractères
essentiels à travers les modifications qui leur furent
imposées par d'autres peuples, de tracer l'image du
Bouddha
et les épisodes
de sa légende, enfin de rece-
voir de l'Occident d'extraordinaires leçons.
Qu'il ait
brahmanique antérieur au Bouddhisme, c'est infiniment probable, Le Mahabharata et le Ramayana, dit Okakura^, contiennent de nombreuses
existé
un
art
ce
et
importantes allusions à des tours ornementées, des \.
Les idéaux de VOrient, Irad.
fr.. p.
85.
LES ORIGINES
galeries de
33
tableaux et des castes de peintres, sans
parler de la statue d'or d'une héroïne et de la magnificence des vêtements et des parures.
blement
serait vérita-
Il
d'imaginer que ces siècles, pendant
difficile
lesquels les ménestrels errants chantaient les ballades
qui devaient devenir plus tard les épopées, aient été
dépourvus du culte des images. La littérature descriptive,
concernant
formes des dieux, suppose des
les
essais corrélatifs de réalisation plastique.
des rapports de
brahmanique sûr, c'est
l'art
bouddhique avec
)>
La question le
reste confuse et conjecturale.
vieil
art
Ce qui
est
que Ton doit au Bouddhisme deux catégories
d'édifices originaux, le stupa ei\e
sangharama,
le reli-
quaire et le couvent.
Le temple grec souvent étroite,
est
et,
une maison,
dans
la cité,
demeures privées que par
il
la
demeure du
ne se distingue des
la richesse
de
la
colonnade
qui l'entoure et par la beauté des reliefs qui corent. Le culte se développe à l'extérieur.
drale gothique est une
immense
dieu,
salle
le
dé-
La cathé-
publique où
le
peuple assemblé assiste à la célébration des mystères et voit
Dieu vivre
et se
révéler dans le sacrifice de la
messe. Le temple bouddhique est une tombe, du moins
dans rinde. Telle
est
bien en
effet
la
destination du stupa,
d'où se dégage son double caractère, funéraire et gieux.
Le stupa
est à l'origine
un tumulus
reli-
édifié au-
tour des reliques corporelles du Bouddha, partagées
après sa mort et conservées précieusement dans des 3
L'ART BOUDDHIQUE
34
cassettes
ou dans des vases. Sur
commandent aHluaient
les
passes,
les pèlerins,
dans
les
hauteurs qui
plaines où jadis
les
autour des couvents ou à
rieur de leur enceinte, on voit s'élever leur
dont
dôme ruiné,
maçonnerie extérieure masque un blocage de
la
cailloutis (PL il
l'inté-
est l'édifice
II).
Ce dôme ne
coiffe
même, reposant
pas un édifice
:
sur une terrasse mas-
La symbolique de Llnde le compare à une bulle d'air flottant sur l'onde, image des vanités de la vie terrestre. Un conte pieux montre le Bouddha détersive.
minant lui-même son aspect extérieur à ses disciples la manière
manteaux
plies
en quatre,
renversé, et sur le bol
il
de l'honorer il
enseignant
et
:
sur trois
pose son bol à aumônes
plante son bâton de moine
errant. C'est de cette formule simple qu'est sortie à
peu près toute l'architecture de l'Asie bouddhique. Cette affirmation a de quoi surprendre à première
vue. Quel rapport peut-il exister entre ces coupoles
massives
et
hauteur,
pyramides
de
pagodes, vastes
les
charpentes où
semble
se
fantaisie
systèmes
en
aériens
de l'Extrême-Orient
donner librement carrière? Les unes sont
enchaînées à leur poids, cieux.
la
de toitures,
constructions
la terre, sur laquelle elles les
pèsent de tout
autres filent avec légèreté
La surface des stupas
est
dans
les
homogène, leur masse
compacte, leur volume sphérique. Les pagodes sont tout en angles, en découpures, en profils ajourés, en
pinacles, en clochetons qui effilent Il
une pointe aiguë.
n'est pas de formules architecturales plus opposées
LES ORIGINES
en apparence. Pourtant
la
première est à l'origine de
toutes les autres, et, dans l'Inde ver,
non seulement
35
même, on peut
du développement
les principes
de ces divers types, mais
les
retrou-
éléments de
la transition
de Tun à l'autre.
Le bâton du moine mendiant, dont parle
parasol d'honneur planté sur le
gende, ou plutôt
le
tertre-reliquaire,
voilà la
celle qui,
tance.
la lé-
au cours des
de
l'édifice,
siècles, a pris le plus
d'impor-
partie active
Les vieux stupas de l'Inde sont aujourd'hui
décapités, mais au
sommet du massif de maçonnerie
ronde qui constitue
le
corps
du
monument
reste
ménagée une ouverture, dans laquelle s'insérait un mat de bois, de pierre ou de métal; sur ce mat s'enfiLe peuple
laient plusieurs étages de disques-parasols. qui,
du temps
d'énormes
même
piliers
de
d'Açoka, était capable de forger
fer,
connaissait aussi les
sommet des stupas. mée par les récits
comme
le
fameux
moyens propres
lât
de Delhi,
à les hisser au
Cette disposition nous est confiret les
descriptions du périégète
Hiuen-tsang, ainsi que par de petits reliquaires pro-
prement
dits,
objets d'orfèvrerie religieuse dont la
forme reproduit, en
mêmes. Que
la réduisant, celle des stupas eux-
les disques-parasols se soient
peu à peu
accrus, agrandis, qu'ils aient été déplus en plus ornés, qu'ils aient pris enfin les proportions et
Taspect de
toitures recouvrant des étages de galeries, rien n'est
plus facile à concevoir. La variété népalaise du stupa
bouddhique révèle un type intermédiaire
très instruc-
LART BOUDDHIQUE
36
—
couronnement formé d'une pyramide à treize degrés (Syambunath). De même, au Cambodge, où le stupa de Vat Sithor est surmonté de cinq anneaux de lif.
pierre,
un
le
que termine une flèche. Sans sortir de l'Inde,
célèbre
monument bouddhique,
Bouddha-Gaya, construit au \f Singh aux lieux
mêmes où
le
stupa
le
siècle^
Bouddha
de
par Amarareçut
l'illu-
mination, aide à comprendre de la manière la plus frappante
le
développement en hauteur du reliquaire
primitif par la fusion de la calotte hémisphérique et
des étages-parasols. C'est une pyramide quadrangulaire à étages,
de proportions colossales, reposant sur
une double plate-forme cantonnée de quatre clochetons qui reproduisent en petit la pyramide centrale.
On
peut dire que Bouddha-Gaya fut
le
type générateur
des pagodes bouddhiques chinoises, qui l'imitèrent
avec plus ou moins de
de
Pékin,
le
fidélité,
Ling-kwang
— par exemple,
seu,
mieux encore,
de plan
près
octogonal
Wou-tha seu, exécuté d'après le petit modèle en pierre du fameux « trône de diamant », du vajrasana des Hindous, qu'avait apporté, au xv*" siècle, un sage fameux, avec cinq petits Bouddhas dorés, noyés encore, dit-on, dans la maçonnerie des cinq tours. Des peuples supérieurement habiles dans l'art des charpentes, et notamment les insulaires de l'est, purent développer ce thème avec la plus aérienne complexité. Ils restaient (vn* siècle),
i.
La
et,
barrière qui entoure
remonte au second
siècle
le
le
monument
avant .Îésus-Christ.
est bien
antérieure
et
LES ORIGINES
non seulement
fidèles,
un
à
37
parti général
dans
la
con-
ception de Fédifice, mais à l'esprit et à la technique
des structures primitives. Que Ton examine une coupe
du temple japonais de Hô-ryou que tout
zi
(PL V), et Ton verra
système des étages pivote autour du mât
le
support de
central, axe et
entier,
l'édifice
identique à celle des piliers fichés au
fonction
sommet des vieux
stupas de l'Inde*.
Ainsi
le
mât
et les
disques ont donné naissance aux
étages de la pagode en hauteur. l'édifice a été
soumise,
loppement,
massif de base.
le
Une
elle aussi, à
autre partie de
un curieux déve-
Au Népal
s'y encastrent
quatre chapelles orientées vers les quatre points cardi-
naux
et recevant
tecture
chacune l'image du Bouddha. L'archi-
birmane reprend
répète aux angles
(et
cette formule, et de plus, elle
parfois
sur
le
pourtour)
des
réductions du clocheton conique non annelé qui ter-
mine
le
stupa.
Au Siam,
creusée de moulures
dôme
profilé
la
base est arrondie
multiples
en campane, dont
le
:
elle
supporte un
cône terminal, bour-
relé d'anneaux, s'effile à l'extrême et pointe
flèche (PL
III).
Au
s'étalent et se
En
Au temple
décomposent,
même
comme une
pied des volcans cannelés de Java,
l'architecture est prodigue et
tique décorative.
et
abonde en
effets
de plas-
de Boro-Bodor, les masses les niches se multiplient,
lorsque prédomine le type de l'ancienne architecUire locale, le thing, bâtiment peut-être dérivé de la tente pastorale, avec son toit aux chutes recourbées, posé, non sur un pivot, mais sur de minces colonnes, un souvenir du stupa subsiste dans le couronnement de l'édifice, dans la forme du dagoba, reliquaire en miniature. 1.
Chine,
L'ART BOUDDHIQUE
38
d'innombrables chapelles se pressent au pied du
reli-
quaire.
mat
et les disques-étages, voilà
les parties essentielles
du sanctuaire bouddhique,
La base, donc
le
dôme,
le
ou moins évoluées, à
celles qui se retrouvent, plus
moments
tous les
et
dans tous
les
domaines de
la
grande expansion religieuse. Autour de ces éléments majeurs,
y en a d'autres, qui ont aussi leur impor-
il
tance et leur sens,
—
délimitent
Faire
consacrée
s'élève
le
stupa.
piliers,
ou
ou balustrades qui
les enceintes
Tantôt
au
elles
centre
de
laquelle
composées de
sont
lâts, isolés, tantôt ces piliers
sont réunis par
des traverses, à la manière d'une barrière de bois.
Aux quatre
points cardinaux, la barrière est inter-
rompue,
d'admirables portiques donnent accès h
et
l'intérieur.
Ce sont
les
torans
qui,
eux aussi, ont
l'aspect de vastes charpentes. Ils sont en pierre, taillés et ajustés
comme
mais
des pièces de bois. Rien de
plus mystérieux, de plus noble et de plus sauvage à la fois
que
les
grands portiques qui décorent
protectrice du stupa de Sanchi (PI.
supérieures,
médiane
l)
.
la barrière
Les trois traverses
légèrement incurvées dans leur partie
et reliées les
unes aux autres par des tenons,
sont pareilles aux maîtresses poutres d'une carène ou,
mieux encore, à
trois jougs. Cette persistance
du bois
à travers la pierre est énigmatique et captivante. Peutêtre
devons-nous voir dans ces portes monumentales
et ces
enceintes,
posent,
les
comme dans
souvenirs d'une
les piliers qui les
première
com-
architecture
LES ORIGINES
commémoration de techniques anciennes
sylvestre, la
et vénérables,
forêts des
39
une survivance des jours où, dans
grandes montagnes du nord,
ricadaient de troncs d'arbre la
les
les
Aryas bar-
demeure des dieux.
Toute cette charpente de pierre
est travaillée
de re-
Des mains savantes y ont accumulé les motifs. A Sanchi, comme à Barhut, Amravali et Bouddha-Gaya,
liefs.
indienne révèle son mystère
la sculpture
autour du
Parfois,
stupa,
on
et sa suavité.
édifiait,
non une
un temple, divisé en trois nefs séparées par deux colonnades. De ces temples, les chaityas^ les enceinte, mais
uns sont à
ciel ouvert, les autres, les plus vastes,
sont
excavés au flanc des monts. Ce furent d'abord des espèces de grottes, des chambres informes,
dans fiés.
les
taillées
hautes terrasses régulières des traps
Les architectes discernèrent bientôt
Ton pouvait
tirer de ces
masses énormes
forant des tunnels envahis par une
strati-
le parti
que
et stables,
ombre
en
religieuse,
en incrustant le reliquaire au cœur de la montagne,
au fond d'une solennelle avenue de
piliers.
du porche, en façade sur
une baie concen-
trait toute la
ténèbres
lumière sur
le reste
la pente,
stupa et laissait dans les
le
du sanctuaire. Au chaitya de
dans un massif des Ghàts, décuplée par
Au-dessus
la richesse
la poésie
Karli,
de l'ombre est
des reliefs, dont les formes
étranges s'enfoncent processionnellement dans la nuit.
Le bois s'associe à
la pierre
dans
les
voussures cam-
brées. Ces caves-sanctuaires sont analogues à l'inté-
rieur de nos basiliques
et,
de
même
que
les basiliques
L'ART BOUDDHIQUE
40
primitives ont pour àme,
rium^
Tàme
si
l'on peut dire, le marly-
architecturale et religieuse des chaityas,
autour
c'est le stupa,
duquel on a creusé
la
mon-
tagne.
Peu
à
peu une complexité formidable prolonge
et
multiplie le système des temples souterrains exécutés
par
On ne
des architectes mineurs et carriers.
contente plus de forer des galeries, on évide
le
se
roc
pour y réserver, dans la profondeur d'une cour à ciel ouvert, la masse cubique du sanctuaire et, tantôt
même,
autour de ce sanctuaire
tantôt au-dessus, se
dressent des chapelles, des pavillons, des portiques,
des piliers, des statues de dimensions colossales qui font corps avec le sol dans lequel tés.
On
dirait que,
leur
le ciseau
de
gangue.
sont bâtis et sculp-
de toute éternité, ces cités
gieuses existaient endormies au
que
ils
Thomme Pensée
les a
cœur de
!
d'Ellora,
déjà les
en
Tels où,
voie
sont
du vf au de
bouddhique,
essentiellement
les
la
matière
siècle,
décadence,
le
largement
et tout
millement des antiques divinités de Flnde, Kali, Sarasvati, etc. Ainsi ce
de
Bouddhisme,
accueillit
images du culte brahmanique
et
monuments
extraordinaires ix^
la terre et
seulement dégagées de
union mieux que jamais réalisée de Tesprit
reli-
le
four-
— Indra,
pêle-mêle de dieux enva-
hisseurs, éternellement chers au
cœur des masses,
subjuguées par les confuses merveilles des légendes pouraniques, s'installe dans
peu à peu s'en empare.
les
temples rupestres
et
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'' ^^^gie»? ^e Saint-Denys, contenant le règne de Charles ^Ho^ÎQ^f de 1380 ^'^l'foo a 1422. p. et trad. p. Bellaguet. 1839, 6 vol. d'Amadi et de Strambaldi (615-1458), pp. K. de Mas Latrie. (91-93^^2 Til^"^^ 9. xMémoires de Claude Haton (1553-82), pp. F. Bourquelot. 1857, 2 vol. ^0. Journal d'Olivier Lefèvre d'Ormesson (1643-72), A. Chéruel.
T I,
pp.
II.
Mémoires de Nicolas-Joseph Foucault II.
—
(1641-1718), pp. F.
1860-61,
Baudry. 1862.
Cartulaires et recueils de chartes.
Cartulaire de l'abbaye de Saint-Père de Chartres, pp. B. Guérard.
1840.
Cartulaire de l'abbaye de Saint-Bertin, pp. B. Guérard. 1840.
Appendice au Cartulaire de l'abbaye de Saint-Bertin, pp. F. Morand. 1867. (i) 11
n'est
pas indiqué de nombre de volumes quand l'ouvrage n'en forme qu' un.
COLLECTION ET D0CUMF:NTS INÉDITS
—Cartulairr
ilo l'oirlise
Notn^-Damo do
Paris, pp. B. Guérard, Géraud. Mario
et Deloyt». isôo. 4 vol.
-Cartulairo de l'abbaye de Saint-Victor de Marseille, pp. H. Giiérard, Mario et Delisle. 18r>7, 2 vol.
— Cartulaire
de l'abbaye de Redon en lireta^j^ne, pp. A. de Courson. 1863. Recueil de «liartes de l'abbave de (^lunv, formé i^ar Aug. Bernard, p] Hrnel tomes 1-VI. 1870-1904, lî'vol. Cartiilaires de l'église cathédrale de (rrenoble, dits Cartulaires de Sain HufTues, pp. J. Marion. 1809. ;
—Cartulaire de Saviiiny, suivi du ju'tit eartulaire de rabl)aye d'Ainay, pj Bernard. 1853. 2 vol. - Cartulaire de l'abbaye de Beaulieu (en Limousin), pp. M. Deloche. 1859. Archives dr rHotei-Dieu de Paris (1157-1300), pji. L. Brièle et E. Coyecqu( 1894.
-Privilèges accordés h la couronno pp. Ad. et J. Tardif. 1855.
d«'
France par
Saint-Siège (1224-1622
le
Recueil des monuments inédits de l'histoire du Tiers Etat (!''« série, régio du Nord, pp. Augustin Thierry. 1850-70, 4 vol. —Archives administratives de la ville de Reims (iv^-xiv*^ s.), pp. P. Variii 18.'î9-48,
3 vol.
—Archives
législatives de la ville de
Reims
(xii'^-xvi'- s.)
pp. P. Varin. 1840
4 vol.
,
—Archives adminisiraiives et législatives raie d.- matières, i)ar L. Aniiel. 1853.
de
la ville
de Reims
:
table géni
Correspondances et documents politiques ou administratifs.
III.
Lettres de rois, reines et autres personnages des cours de France d'Angleterre, depuis Louis VII jusqu'à Henri IV, tirées des ai-chives de Loi dres par Bréqnigny et pp. J.-J. Champollion-Figeac. 1839-47, 2 vol. >
Rôles gascons, pp. Francisque Michel et Ch. Bémont tome I et suppl ment, tome II et tome III (1242-1307). 1885, 4 vol. -Les Olini. ou registres des arrêts rendus par la Cour du Roi sous les règnf de saint Louis-Philippe le Long (1254-1318), pp. le comte Beugnot. 1839-4 ;
4 vol.
—Règlements sur
nom 32.
les arts et métiers de Paris, rédigés au xiii'- siècle sons de Livre des métiers d'Etienne Boileau, pp. G. B. Depping. 1837. Documents relatifs au comté de Champagne et de Brie (xic-xive sièclei
pp. A. 33.
MI.
Longnon
;
tomes
Testaments de
I-III. 1901-14, 3 vol.
l'officialité
de Besançon (1265-1500), pp. U. Robert,
ton
19(J2-07, 2 vol.
Correspondance administrative d'Alfonse de Poitiers (1267-70), pp. Au Molinier. 1894-19(X), 2 vol. —35. Paris sous Philippe le Bel, notamment d'après le rôle de la tailla Paris en 1921, pp. H. Géraud. 1837. 34.
«
36.
Documents
Philippe
le Bel,
relatifs aux Etats généraux et pp. G. Picot. 1901.
assemblées réunies
—37. Procès des Templiers, pp. J. Michelet. 1841, 2 vol. 38. Journaux du trésor de Philippe de Valois, pp. J. Viard. 1901. 39. y ments et actes divers de Charles V (1364-80), publiés ou par L. ^. x.,ie. 1874. '
Librairie E.
CHAMPION.
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Quai Malaquais
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COLLECTION DE DOCUMENTS INÉDITS
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«™n^-'-''lf (1516-05), pp.
Ch.Weiss. 1842-52,
'' ^''^"^ ''""'•^^^ ^•''''«^•«^
"" '-«g^e le François Vp?'L^pinïr84i:"''''' " -51. Relations des ambassadeurs vénitiens sur les affnirp^ ,io 17..0 -:vi= siècle, recueillies et ' '" traduites par X. TommasJo. IS.^S Ivol -52. Proces-verbaux des Etats généraux de 1593, pp. Au^ Bernard 1849 -03. Recueil des lettres missives de Henri IV U-->ii--1010), /l5(W r^nr nn b. \^de uvrey et Guadet. 1843-7(i. 9 vol. pp. Berger i
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Marichal. 1921. Librairie E.
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pp. J.
(1.J84-87),
—
i^lammermont
pp. j.
:
Petit et
COLLECTION DK DOCUMEiNTS INÉDITS
4
Documents de
IV.
la
période révolutionnaire (grand in-8").
du comte de Mercy-Argento;iu avec l'empereui (1780-90), pp. A. d'Arnoth et J. Flammer Josepl/îî ei^e prince de Kaunitz (U>
i\irre<^pon«hinco secrète
mont. lS89-ni, r,7
1789;
vol.
l>
documents relatifs à la convocation des Etats généraux 1-IV et atlas des bailliages. 1894-1914, 4 vol. pp. A?Brette tomes Ko«-ueil do
d
;
(limité d'instruction publique de l'Assemblée
Procès-verbaux (bi lative, pp. J. Guillaume. 1889. Procès-verbaux du Comité d'instruction publique de r,9 t>8!
nationale, pp. J. Guillaume
la
Conventioi
tomes T-VI. 1891-1907, 6 vol. Commission temporaire des Arts (1793-an m), :
Procès-verbaux de la tomes MI. 1912-17, 2 vol. L. Tuetev s^alut public, pp. A. Aulard 71. Recueil des Actes du Comité de 1889-1921, 2 vol., et table des tomes T-V. 70
^
légi.
pi
:
;
tomes
1
arrêtés, ins Recueil des actes du Directoire exécutif (procès-verbaux, tomes I-D A. Deribour tructions, lettres et actes divers), p. et annotés p. 7'^
;
1910-17, 4 vol. 1914. Rapport des Agents du Ministère de l'intérieur, pp. P. Caron. Perroud tomes I-II et nouvel! 74. Lettres de Madame Roland, pp. C. série, tomes MI. 1900-15, 4 vol. Et. Charavay et Mautouchet 75. Correspondance générale de Carnot, pp. tomes MV. 1892-1907, 4 vol. 73.
;
Documents philologiques,
V.
littéraires, philosophiques,
juridiques, etc.
L'Eclaircissement de la langue française, par Jean Palsgrave (1530] pp. F. Génin. 1852. —77. Les quatre livres des Rois, traduits en français du xii^ siècle, pi Leroux de Lincy. 1841. Francisqu 78. Le livre des Psaumes, ancienne traduction française, pp. Michel. 1876. —79. Ouvrages inédits d'Abélard, pp. V. Cousin. 1836. —80. Li livres dou Trésor, p. Brunetto Latini, pp. P. Chabaille. 1863. 76.
81. Li livres
84.
et
de Plet, pp. P. Chabaille. 1850.
du siège d'Orléans, pp. F. Guessard et E. de Certain. 186 Recueil des Arts de la Seconde Rhétorique, pp. E. Langlois. 1902. tom( Lettres de Peiresc (1602-27), pp. Ph. Tamizey de Larroque
—82. Le 83.
de Jostice
Mifitère
;
I-VII. 1888-98, 7 vol. 85. Lettres de 1880-83, 2 vol.
Jean Chapelain
(1632-72),
pp. Ph.
Tamizey
de Larroqu
Missions archéologiques françaises en Orient aux xvm et xviiie siècl( documents pp. H. Omont (K^ et 2^ parties). 1902, 2 vol. de 87. Documents historiques inédits tirés des collections manuscrites Bibliothèque rovale, etc., pp. ChampolUon-Figeac. 1841-48, 4 vol. et 1 vo 86.
table. 1874.
Mélanges historiques, choix de documents, pp. divers. 1873-86, 5 vo 89. Commentaires de la Faculté de Médecine de l'Université de Paris (l3i 1516), pp. Wickersheimer. 1915. 88.
Librairie E.
CHAMPION,
5,
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'
PARIS
rOLLECTTON DK DOCUMENTS INÉDIT?
Publications archéologiques.
VI.
Dictionnaire archéologique do la Gaule. Epoque celtique, pp. E. CarTome I et tome II, fac. 1" à 5 (1875-1922), 1 vol. gr. in-4o «*t 5 fasc.
90.
tailhao.
Recueil général des bas-reliefs de la Gaule romaine, par dant Espérandieu, tomes I-VI. 1907-19, 7 vol. 91.
92.
Recueil de diplômes militaires, pp. L. Renier. 1876.
93.
Etude sur
les sarcophages chrétiens 1878, 1 vol. in-folio.
Edm. Le Blant.
Les sarcophages chrétiens de
94.
antiques de
Gaule, p.
la
ville d'Arles,
la
Edm. Le
comman-
le
Blant. 1886,
1
par vol.
in-folio.
Nouveau recueil des inscriptions chrétiennes do siècle, p. Edm. Le Blant. 1892, 1 vol. in-folio.
95.
viii^
la
Gaule antérieures au
—96. Architecture monastique, p. Albert Lenoir. 1852-56, 2 vol.
—97. Etude sur les monuments de l'architecture militaire des Croisés en Syrie et dans l'île de Chypre, p. Guillaume Rey. 1871. —98. Monographie de l'église Notre-Dame 1845,
1
la
cathédrale de Chartres, p. Lassus et
Explication des planches p. J. Durand. 1867-86, —100. Notice sur les peintures de 1845,
1
p. L. Vitet et D.
Ramée.
vol. et atlas in-folio.
Monographie de
99.
deNoyon,
l'église
1
Amaury
Duval.
vol. et atlas in-folio.
de Saint-Savin, p. P. Mérimée.
vol. in-folio.
—101. Statistique monumentale (spécimen). listoriques des arrondissements de Nancy 'Beuzelin. 1837,
1
-102. Statistique
Rapport sur et
de Toul,
les
monuments E.
p.
Grille
de
vol. et atlas in-folio.
monumentale de
Paris, p. A. Lenoir. 1867,
1
vol. et atlas
I
n-folio.
^aris,
Inscriptions de la France du v« au xviir siècles. Ancien diocèse de p. F. de Guilhermy et R. de Lasteyrie. 1873-83, 5 vol.
-104.
Iconographie chrétienne. Histoire de Dieu, p. Didron. 1843.
1,-103.
Recueil des documents relatifs à l'histoire des monnaies frappées par es rois de France, depuis Philippe II jusqu'à F.iançois I^i-, par F. de Saulcy oome 1(1179-80), 1879. 105.
;
Inventaire des sceaux de la collection Clairambault à la Bibliothèque eiatiohale, p. G. Demay. 1885-86, 2 vol. 106.
Inventaire des sceaux des pièces originales du Cabinet des titres à e>ibliothèque nationale, pp. J. Roman tome I. 1910. 107.
la
;
108.
Inventaire du mobilier de Charles V, roi de
France
pp. J.
(1830),
t'abarte. 1879. ,
109.
^Jients
110. ^|M)9), ^K
111.
pp. F. MazeroUe
;
tomes
Comptes des dépenses de pp. A. Deville. 1850,
1
xv
siècle au milieu I à III. 1902-04, 3 vol.
Les Médailleurs français, du la
xvir
:
docu-
construction du château de Gaillon (1501-
vol. et atlas in-folio.
Comptes des bâtiments du Roi sous tomes I-V. 1881-1901, 5 vol.
)le
règne de Louis XIV, pp.
uiffrey;
Librairie E.
du
CHAMPION,
5,
Quai Malaquais
-
PARIS
J.
COLLECTION DE DOCUMENTS INÉDITS
—
VIL
Rapports, instructions, etc.
p. F. Giiizot. 1835.
112.
Rapports au Roi,
113.
Rapports au Ministre,
p. divers. 1839.
des arts et monuments, p. divers.
114. Instruction du Comité historique 1839-43 et 1857, 4 fase. et 2 vol.
Rapports au Ministre sur la Collection des documents inédits de toire de France, i>. divers. 1874. 115.
Le Comité des travaux historiques ments, par X. Charmes. 1880, 3 vol. 116.
Ain, par Ed. Phihppon. 1911. Aisne, par Malton. 1871. Alpes (Hautes), par Roman. 1884. Aube, par Boutiot et Socart. 1S74. Aude, par Sabarthès. 1912. Calvados, par Hippeau. 1883. Cantal, par Araé. 189T, Dordogne, par A. deGourgues. 1873. Drôme, par Brun-Durand. 1891. Eure, p. le marquis de Blesse ville.
'i.
3. 4. 5.
6. 7. S. 9.
10.
t
IL
Eure-et-Loir, par L. Merlet. 1861.
12.
Gard, par Germer-Durand. 1868. Hérault, par Thomas. 1865. Loire (Haute), par Jacotin. 1907.,
docu-
18. 19. 20. 21. 22. 23. 24.
25. 26. 27.
1863. (Haut), par Stbffel. 1868. Vienne, par Rédet. 1881. Yonne, par Quantin. 1862.
16.
17.
|
,
i
14.
histoire et
Marne, parLongnon. 1891. (Haute), parRoserot. 1903. Mayenne, par Maître. 1878. Meurthe, par Lepage. 1862. Meuse, par Liénard. 1872. Morbihan, par Rosenzweig. 1870. Moselle, par E. de Bouteiller. 1874. Nièvre, par G. de Soultrait. 1865 Pas-de-Calais, par de Loisne. 1908 Pyrénées (Basses), par Raymond.
15.
1878.
13.
;
Dictiounaires topographiques des départements. 1861-1912, 27 vol.
117. 1.
et scientifiques
l'his-
Marne
Rhin
!
Répertoire archélogiques des départements. 1861-88, 8 vol. Alpes (Hautes-), par Roman. 1888. 5. Oise, parWoillez. 1862. 6. Seine-Inférieure, par labbé Cochet Aube, par A. d'Arbois de Jubain-
118. 1. 2.
1872.
\ille. 1861. 3. 4.
Morbihan, par Rosenzweig. Nièvre, par G. de Soultrait.
1.S63.
7.
1875.
8.
Tarn, par Crozes. 1865. Yonne, par Quantin. 1868.
—119. Bibliographie générale des travaux historiques et archéologique publiés par les Sociétés savantes de la France, p. R. de Lasteyrie, avec la tomes I-Y collaboration de E. Lelèvre-Pontalis, S. Bougenot et A. Vidier ;
et
tome VI, livraisons
1
à
3.
1888-1922, 5 vol et 4 livraisons.
Bibliographie annuelle (1901-09) des travaux historiques et archéolo giques publiés par les Sociétés savantes de la France, par R. de Lasteyrie et 120.
A. Vidier. 1906-11, 2 vol. et 2 livraisons. 121. Bibliographie des 1916. 3 livraisons. 122.
travaux scientifiques, p.
J.
Deniker
;
tome L
1895
Bibliographie des Socités savantes de la France, p. Lefèvre-Pontali
1887.
—123. Maximes d'Etats et fragments politiques du cardinal de Richelieu publiés par Hanotaux. 1880. 124. Correspondance des Contrôleurs généraux des Finances avec h Intendants des Provinces, pp. A. de Boislisle. 1874-98, 3 voL 125. Catalogue des procès-verbaux des Conseils généraux de 1790 à Fan n.
pp. L. Lecestre. 1901. Librairie E.
CHAMPION,
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Quai Malaquais
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PUBLICATIONS DE LA
SOCIETE DE L'HISTOIRE DE FRANCE Tous
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celles précédées
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sont épuisées en partie ou totalement et quelques-unes très rares. Nous pouvons, néanmoins, les fournir à des prix d'environ 9 frs le vol. (sauf les épuisés
rares pour lesquels les prix sont à débattre). Nous avons une collection complète, à l'exception de quelques bulletins à fournir par la suite, pour 4,000 frs brochée. et les
Nous nous chargeons de présenter les nouveaux membres à la Société et de leur servir de correspondant. Le prix de la cotisation annuelle est actuellement de 35 frs.
— L'Ystoire
de li Normant et la Chronique de Robert Viscart, par Aimé, moine du Mont-Cassin, pp. ChampoUion-Figeac, 1835. -Histoire ecclésiastitpie des Francs, par Gré^roire de Tours, pp. Gnadet et Taranne, 1836-37, 4 vol. Lettres du Cardinal Mazarin à la Reine, à la princesse Palatine, etc., écrites pendant sa retraite hors de France en 1G51-1652, pp. Ravenel, 1836. -Mémoires de Pierre de Fenin (1407-27;, pp. M^'^ Dnpont, 1837. -De la conqueste de Constantinoble, par Joffroi de Villehardouin, pai- P. Paris, 1838.
Orderici Vitalis, angligenae, cœnobii Uticensis monachi, Historiae ecclesiastredecim, pp. Aug. le Prévost, 1838-55, 5 vol.
ticae libri
-Correspondance de l'empereur Maximilien I^f et de Marguerite, sa fille, ?ouvernante des Pays-Bas, de 1507-1519, pp. Le (rlay, 1839, 2 vol. -Histoire des ducs de Normandie et des rois d'Angleterre, i>p. Francisouc *
Michel, 1840.
.
-Œuvres complètes d'Éginhard, pp. A. Teulet, 1840-43, 2 vol. —Mémoires de Philippe de Commynes, pp. M"'- Dupont, 1840-47, 3 vol. —Lettres de Marguerite d'Angouhnne, sœur de François P'', reine de XavMi
ir,
Génin, 1841. -Procès de condamnation et de réhabilitation de Jeanne d'Arc, pp. (Juiche-
pp.
-at,
1841-49, 5 vol.
-Mémoires et Lettres de Marguerite de Valois, pp. Gucssard, 1842. —Les coutumes de Beauvoisis, par Philippe de Beaumanoir, pp. 1842,
l>«'ugnot,
2 vol.
-Nouvelles lettres de la reine de Navarre adressées au roi François P', son 'rère, pp. Génin, 1842. -Richer, Histoire de son temps, pp. J. (Juadet, 1845, 2 vol.
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10
DE t'HISTOlRE DE FRANCE
xviir siiècle les autours sont MM. le duc d'Aumale, Ha^'uonault de Puohosse, E. de Barthélémy, A. Baschet, marquis de Beaucourt, A. de Boislisle, A. de la Borderie, le duc de Broglie, le comte de Cosna*-. Fr. IVIabordc, L. Delislc, E. Dupont, J. Havet, L. Lalanne, A. Lon ^'uon. S. Luco. le comte de Luçay, le comte de Mas Latrie, A. Molinier, H. Omont. Lt'opold Pannier, (î. PiVot, le comte Biant, J. Boman, le baron de Kuble, Tamizey de Larroque, P. Viollet et le marquis de Vogué. Journal de Nicolas de Baye, greffier du Parlement de Paris (1400-17), pp,
vir
le
siècle jusqu'au
;
;
A. Tuetev, 1885-88, 2 vol.
1^ KtVle do Temple, pp. H. de Curzou, 188G. ic universelle, par Agrippa d'Aubigné,
^"
Ih^i.-i.'^.i*,
i)p.
le
L>ai'on
A. de Buble,
10 vol.
Lo .Touvencel.
i»ar
Jean de Bueil, suivi du Ccnnmenfaire de Guillaume
Triugant, pp. C. Favre et L. Lecestre, 1887-89, 2 vol. Chroniques de Louis XII, par Jean d'Auton, de Mauld, 1889-95, 4 vol. Chronique d'Arthur de Bichemont, par Guillaume Gruel pp. A. Le Vasseur, 1890.
Chronographia regum Francorum, pp. H. Moranvillé, 1891, 3 vol. L'Histoire de Guillaume le Maréchal, comte de Striguil et de Pembroke. régent dWns^eterre de 1216 à 1219, poème français, pp. P. Meyer, 1891-1901. :{
vol.
Mémoires de du Plessis-Besançon, pp. le comte de Beaucaire, 1892. Ephéméride de l'expédition des Allemands en France (août-décembre 1587' par Michel de la Huguery, publiée avec la collaboration de L. Marlet, p;. M. le comte Léonel de Laubespin.. 1892. Complément des Mémoires du même auteur. Histoire de Gaston IV, comte de Foix, par Guillaume Leseur, chronique française inédite du xv« siècle, pp. H. Courteault, 1893-96, 2 vol. Mémoires de Gourville, pp. L. Lecestre, 1891-95, 2 vol. Journal de Je^n de Rove, connu sous le nom de Chronique scandalcus»
—
(1460-83), pp. B.
de Mandrot, 1894-96, 2 vol.
Chronique de Ricliard Lescot, religieux d»' Saint-Denis (1.328-44), suivi de h continuation de cette chronique (1344-64), pp. J, Lemoine, 1896. Brantôme, sa vie et ses écrits, pp. L. Lalanne, 1896. Journal de Jean Barrillon, secrétaire du Chancelier Duprat (1515-21), pp P. de Vaissière, 1898-99, 2 vol. lyf'ttres de Charles VITI, roi de France, publiées d'après les originaux, p P. Pélicier, 1898-1905, 5 vol.
Mémoires du chevalier de Quincv
(1698-1713), pp.
L. Lecestre, 1898-1901.
3 vol.
Chronique «l'Antonio Morisini extraits relatifs à l'histoire de France Introduction et commentaire par M. Germain Lefèvre-Pontalis texjc établi et traduit par L. Dorez, 1898-1902, 4 vol. Documents pour servir à l'histoire de l'Inquisition dans le Languedoc, pp ;
;
Mgr Douais,
19(Xj,
2 vol.
Mémoires du vicomte de Turenne, depuis duc de Bouillon (1565-86), suivi(\( to-trois lettres du roi de Navarre (Henri IV) et d'autres documentin ..; pp. le comte Baguenault de PucIk-ssc, 1901. " Chroniques de Perceval de Cagny, pp. H. Moranvillé, 1902. -
^
.
,
Journal de Jean Vallier, maître d'hôtel du
roi (1648-57), pp.
1902-18, 4 vol. parus. Librairie £.
CHAMPION,
5,
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PARIS
H. Courteault
H
SO<'IÉTÉ D'HISTOIUK DK KllANCK
— M6moiros
do Saint-IIilaire, ]>i>. L. Locostns IDOo-H), vol. —Journal de Clément do Fuuquombor^aie, j^refflor du Parlomont de Paris (1417-35), texto complot pp. A. Tuetov, avee la oollaljoration de H. Lacaille, «>
1903-15, 3 vol.
Chronique de Jean Le fîel, |)i). Viard et F. Doproz, lîMU-»)'), 2 vol. Mémoriaux du Conseil do 1G61, pp. J. do Hoislislo, li)()r)-(i7, 3 vol. Rapports et notices sur Tétiitiou des Mémoires du cardinal do Kicholicu, préparée sous la direction de M. .Iules Lair, l!M)r>-*21, 7 fasc. parus formant les II et III. Chronique et annales
tomes'
I,
de Gilles le Muisit, abbé do Saiiit-.Maiiin d<* Tournai (1272-1352), pp. H. Lomaître, 1905. —Mémoires (lu comte de Souvigny, lieutenant général dos armées du Roi, pp. L. de Contouson, 1906-08, 3 vol. —Mémoires du Cardinal de Richelieu, p. sous les auspices de l'Académie française, 1907-18, 5 vol. i)arus.
-Mémoires de Martin
et
Guillaume du
Rellav,
i)p.
Bourilly et F.
V.-L.
Vindrj, 1908-18, 4 vol
—Mémoires du Maréchal de Turenne, pp. P. Marichal, 1909-13, 2 vol. —Grandes Chroniques tle Franco Chronique des règnes de Jean II et do Charles V, pp. R. Delachenal, 1910-15, 4 vol., le tome 4 est un Btïhum de ;
miniature.
Mémoires du maréchal d'Estrées sur la régoyiice de Marie de Médicis (16101616) et sur celle d'Anne d'Autriche (1643-50), pp. Bonnefon, 1910. Correspondance du maréchal de Vivonne relative à i'expédition de Candie (1669),
pp. Cordey, 1910.
-Chronique do Morée. Livre de la conqueste do la pi'incéo do l'Amorée (1204-1305, pp. Jean Longnon, 1911. Correspondance du chevalier de Sévigné et de Christine de l'^ranco. duchesse de Savoie, pp. J. Lemoine et F. Saulnier, 1911. Lettres du duc de Bourgogne au roi d'Espagne Philippe V et à la reine, Mgr. Baudrillart et L. Lecestre, 1912-15, 2 vol. Mémoires de Philippe Prévost de Beaulieu-Porsac (1608-10 et 1627). pp. <'. do La Ronciore, 1912. Mémoires du maréchal de Florango, dit le jeune aventureux, pp. J^ pp.
i
Goubaux
et P.-A.
Lemoisne, 1913.
Histoire de la Ligue,
œuvre
inédite
d'un contemporain, pp. Ch.
Valois,
1914.
Correspondance du maréchal de Vivonne relative à l'expédition de Messine ,.(1674-78), pp. J. Cordey, 1914-20, 2 vol. Campagnes de Jacques do Morcovrol de Beaulieu, capitaine au régiment de Picardie (1743-63), pp. marquis de Vogue et Aug. Le Sourd, 1915. Mémoires de Louis-Henri de Lonaénie, comte de Brienno, dit le jeune liiienne, pp. P. Bonnefon, 1915-18, 3 vol. Louis XI et François :^ Dépêches des ambassadeurs milanais de Franco sous Sforza, pp. B. de Mandrot, 1915-19, 3 vol. parus. Mémoires anthentiques du maréchal de Richelieu (1725-57), pp. A. de Boislisle, 1918.
Annuaires do la Société de l'Histoire de France, de 1837-63 in-18. Bulletin de la Société de l'Histoire de France, années 1834-35 4 vol. in-8^. Table générale du Bulletin, 1834-56 in-S». Annuaire-Bulletin do la Société de l'Histoire de France, années 1863-1922. Table générale de l'Annuaire-Bulletin (1863-84). TBble générale de l'Annuaire-Bulletin (1885-1910. ;
'
;
'
;
t
le
n s'y publie chaque année une bibliographie des ouvrages France jusqu'à 1789. Librairie E.
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Quai Malaquais
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PARIS
relatifs
à l'histoire
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LES CLASSIQVES
DE L'HISTCIRE DE FRANCE AV MOYEN AGE publiés sons la direction de
LOUIS HALPHEN Professexn' à la Faculté des Lettres de l'Université de
nous manquait une collection de format commode
Bordeaux
de prix abordable réunissant tous les textes capitaux sur lesquels est fondée la connaissance de notre passé historique durant les siècles féconds du moyen âge où la France s'est réellement faite. C'est cette collection que la librairie Champion se propose de publier et dont elle a confié la direction à M. Louis Halphen, professeur à la Faculté des lettres de l'Université de Bordeaux. Les noms des savants de valeur qui ont bien voulu dès le premier moment répondre à leur appel sont le plus sûr garant de la haute tenue .scientifique de l'œuvre entreprise. Les textes seront édités suivant toutes les règles de la critique érudite. mais à la française, sans vain étalage de variantes inutextes tiles, pt pourvus d'une annotation historique sobre, mais précise. Les latins et provençaux et ceux des textes en vieux français qui jjrésenteraient de sérieuses difficultés d'interprétation seront toujours accompagnés de traductions, qu'on s'efforcera de faire tout à la fois fidèles et élégantes. Les cJaisiques (le V histoire de Franœ La nouvelle collection, dont le titre raj>pelle celui d'une autre collection publiée pai' .M. Mario au moyen l'iqe Roques à la m»' me librairie {Les classiques fruuçais du moyen âge), en formera le complément, la collection de M. Roques continuant à se consacrer à la publication des textes proprement littéraires, celle de M. Halphen étant réservée aux textes proprement historiques. Les souscripteurs aux deux recueils, qui paraîtront en volumes de même format et d'une justification identique, auront ain.si, au bout de quelques années, à portée de la main, une véritable bibliothèque littéraire et historique de tout ce que notre moyen Age franr-ais a produit de plus précieux ou de plus caractéristique. Le premier volume des (Classiques fU VhisUA.e de France au moyen âge paraîtra au début de 1923. La publication se j-mrsuivra ensuite régulièrement à raison de plusieurs volumes par an. 11
—
et
—
PROSPECTUS GÉyÉKAL SUR DEMANDE
Premier Volume a paraître EGINHARD.
Vie de T'harlemagne, publiée et traduits par L.
Halphen
'A.
Pl. VI
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J Cl. Foucher.
Ruines et plan du Grand Couvent de Takht-i-Bahai (Inde).
LKS ORIGINES
41
technique architecturale du monastère boud-
Si la
dhique ne dérive pas directement du stupa, ordres d'édifices sont néanmoins associés
les :
deux
c'est le
culte des reliques, c'est la nécessité d'abriter les des-
servants qui détermina la construction des monastères.
Les couvents de l'Inde bouddhique peuvent être consi-
comme des asiles pour la pensée philosophique, comme de studieuses retraites, mais ils furent aussi les dérés
conservatoires des liturgies, à
une fonction
ils
sont étroitement
liés
M. Foucher remarque avec
cultuelle.
raison qu'il se rencontre des stupas isolés, mais qu'il
monastère sans stupa. Bâties autour
n'existe pas de
du reliquaire,
les
logettes
des moines
hnirent par
l'englober et par l'absorber. Ces logettes où l'on déposa
d'abord les statues et soires
du
groupe.
culte,
On
leur
les offrandes, ainsi
les acces-
ne se présentent pas toujours
donne
alors le
unes, coilTées d'un double se retrouve
que
dôme
comme un élément
nom
de
viliaras.
en Les
(dont le profil trilobé essentiel dans la déco-
ration bouddhique et rappelle le trisula ou les trois
joyaux), se rattachent peut-être aux huttes de feuillage de l'Inde gangétique; les autres, recouvertes d'un toit
en pyramide, semblent dériver des charpenteries
rustiques de l'Himalaya.
Demeure du moine
isolé
ou
demeure de l'idole, cellule ou rella^ toiture en dôme ou en pyramide Ironquée, percé de portes et de baies prolongées en arches voûtées qui s'établissent sur des assises
horizontales,
le
vihara est
à
l'origine
du
monastère, qui n'est qu'une collection de logettes de
L'ART BOUDDHIQUE
42
ce genre, abritant à la fois les religieux et les images
des saints.
Le monastère proprement
monument
avec
le
ture
bouddhique.
stupa, le
ment une
collection de
£:reffée
autres,
ordre.
n'ont pas
fait
Quand
une
est
les isolés à
une résidence
fixe?
vœu de renonce-
renoncé
sont un corps, une règle a
ils
il
amenèrent
moines bouddhiques ont ils
sur une tradi-
une morale,
et
se grouper, les errants à adopter
ment, du moins
est,
essentiel de l'architec-
mvthes
orsfanisation. Quelles raisons
Si les
sangharama,
Le Bouddhisme n'est pas seule-
une métaphysique
tion,
le
dit,
les fait
uns aux d'eux un
la piété des frères laïques eut accrédité
quelque stupa, un ou plusieurs desservants devinrent nécessaires. Les pèlerinages attiraient les curieux avec les fidèles,
une foule
d'elle-même à
s'offrait
la prédica-
Les moines bâtissaient leurs abris non loin des
tion.
communauté morale pouvait devenir rapidement communauté de vie et d'habitat. aires consacrées
Il
:
est possible
donné pluies.
sieurs
asile
ainsi la
que
premiers couvents n'aient
les
aux moines que pendant
la
saison des
L'existence monacale dut prendre ainsi plu-
formes successives
forme érémitique, vihara isolé,
la vie
ou
du
simultanées,
solitaire qui se bâtit
au cœur des forêts
;
celle
ment
dits,
celle des
une
un
des demi-
errants, qui ne séjournaient au couvent que
une partie de l'année; enfin
—
pendant
moines propre-
attachés au culte de quelque relique célèbre
et fixant près d'elle leur
demeure. Le centre d'attrac-
LES ORIGINES
43
lion et de groupement, c'est le stupa. tère a le sien ou les siens, plus
Chaque monas-
ou moins importants,
plus ou moins absorbés dans sa masse.
Un ordre de faits communauté errante
particulier aida
la
à se fixer, les viharas provisoires
à s'accoler, à se grouper en
fondations pieuses.
les
puissamment
sangharamas
arrivait
11
définitifs,
—
que de riches parti-
don aux moines errants de quelqu'un
culiers fissent
de ces beaux jardins de plaisance situés à quelque distance des
villes,
allaient volontiers,
hommes de Tlnde ancienne comme l'on fait encore aujour-
où
les
d'hui, goûter la sérénité de l'ombre et
un paysage
Bouddha
fait
s'est
pour
la joie des
yeux.
La
vie
du
déroulée en grande partie dans ces
parcs ou dans les forêts tiels
du repos dans
:
beaucoup d'épisodes essen-
de sa carrière ont pour décor ces magnifiques
verdures légendaires. L'arbre de la Bodhi n'est pas
une pure figuration mythique. Au fond des âges, le Sage paraît à nos yeux tout entouré, tout parfumé de poésie sylvestre.
La jungle indienne qui s'empare de
ses sanctuaires, la végétation hardie qui foisonne au
cœur de
ses
abbayes désertes ne font que ramener
à son point de départ cette vaste rêverie de renonce-
ment. Les parcs donnés aux ascètes par la
les frères laïques,
permanence d'une propriété devenue
sacrée, voilà,
peut-être, le plus sûr élément de fixité. Relisons dans
Oldenberg^ 1.
Op.
cit., p.
l'histoire 360.
de ce roi cinghalais qui mit à la
L'AHT HfninDHlQUE
44
disposition de
Mahinda
proche de sa capitale, vrai de ces et riche
ment
et
de ses compagnons un parc
et
nous aurons un sentiment
commencements
:
«
Et
il
en ombre, paré de floraisons
Là
délicieux...
il
beau à voir
était et
de
fruits vrai-
y a un bel étang de lotus, cou-
vert de fleurs de lotus, des blanches et des bleues, là il
y a des
eaux fraîches en de belles fontaines, parfu-
mées de douces fleurs... » Un pareil texte propage jusqu'à nous un précieux écho, une note pénétrante de cette poésie naturaliste qui baigne le Bouddhisme dès qui le distingue de toutes les reli-
ses origines et
gions. Ce goût exquis des solitudes, cette sensibilité
qui s'exprime avec tant de naïve grâce, quelle pro-
messe pour
l'art
!
Mais ces parcs ne sont pas Tunique asile de la méditation érémitique.
dans
le
rocher
rendez-vous
Il
et
des
y a aussi les cellules creusées
superposées en étages, antiques
moines pour
la
saison
pluvieuse.
L'architecte rupestre qui, au tlanc des Ghàts, a creusé les
prodigieux temples souterrains a su aussi évider
des monastères dans la matière
même
de
la
mon-
tagne. Ainsi, selon les lieux et les temps, Faspect du
sangharama
est
appelé à se modifier. Le couvent de la
plaine n'est pas le
mais Tun
prit
Peu à peu, le
rurale (PI. VIj.
nombre,
que
le
couvent de
et l'autre restent fidèles à l'esprit
primitives. l'Inde
même
le
caractère
des données
monastère bouddhique de d'une grande exploitation
A mesure que
les celliers et les
la colline,
sa population croissait en
magasins destinés à abriter
LE8 ORIGINES la nourriture
de
développement. n'est pas,
communauté prenaient
la Il
45
arrive que par là le
dans beaucoup de
plus
de
sangharama
cas, sans analogie avec
nos monastères du haut moyen âge, dérivés eux-mêmes
de
gallo-romaine et pourvus,
la villa
comme
elle,
de
granges, d'étables et d'ateliers.
A
sociale et technique correspon-
évolution
cette
daient des progrès d'un autre ordre et Tcpanouisse-
ment d'un
dont
art
chefs-d'œuvre sont encore
les
trop peu connus de nos jours. L'architecture des temples et des monastères n'est pas
lignes et
de volumes,
elle
un simple système de
ne se
contente pas
de
s'enrichir d'une profusion de reliefs où joue la lumière.
Le constructeur de
l'Inde,
si,
soucieux des
plastique décorative, ne l'était pas
effets
moins des
effets
de de
couleur, Sanchi était revêtu d'une polychromie éclatante.
Hiuen-tsang
vit
briller
les
colonnes et
les
poutres du célèbre couvent de Nalanda de toutes les
splendeurs de Farc-en-ciel. Les grandes caves boud-
dhiques d'Ajanta, commencées au second siècle avant Jésus-Christ, furent, au vif siècle de notre ère, décorées de fresques
du goût
le
plus rare et de la plus
séduisante richesse.
Toute une civilisation
est là,
non pas résumée en
quelques épisodes violents, en quelques scènes édifiantes,
mais figurée avec ampleur, avec sentiment,
avec cette puissante et gracieuse ingénuité de l'humanité ancienne
sont assiégées
que nous appelons :
le style.
toute la rage de la bataille
Des
villes
anime
les
LART BOUDDHIQUE
46
combilUauts. Des cortèges passent, des reliques sont offertes à la vénération publique, et la foule
autour
d'elles.
La
vie
du fover,
tiques, le faste des princes
s'empresse
nous sont révélés.
pittoresque, qui permet de grouper et de s'associe la plus rare qualité plastique.
femme
monasAu don
les exercices
s'épanouit dans les ténèbres
mouvoir,
La grâce de
comme une
la
fleur
cachée. Assises à côté de leurs suivantes, les reines et les princesses
semblent échanger avec
dences pleines de suavité. Les devant magies,
le
lilles
elles des confi-
de Mara déploient
Sage, avec tous les charmes des trente-deux délicate et voluptueuse
de
leur
courtisanes et déesses à la
fois,
l'élégance
nudité. Danseuses, qu'elles sont
belles,
avec leur
taille
gorge pleine, leurs cheveux bien coiffés
veux où ravonne une animalité belles, et elles sont indiennes.
mince
et leur
et leurs
grands
douce! Elles sont
Le ton rouge-clair de
leur corps est celui de la terre qui les a enfantées et celui de la chair dorée par le soleil de l'Inde.
une
gamme
limitée, où le bleu, le blanc, le
Malgré
brun
et le
rouge dominent avec chaleur, on dirait une anticipation de la Suite Indienne de Besnard.
rosaces, des
Des damiers, des
ornements géométriques, de luxuriantes
guirlandes encadrent
et
séparent ces panneaux où,
dans l'ombre d'un sanctuaire souterrain, s'estexprimée, il
y a des siècles, la volupté native de l'Asie (PI. Vil). Les temples et les couvents de l'ïnde, après avoir
propagé au loin une puissante vie intellectuelle, après avoir fixé des formes arrhitectoniques, décoratives et
47
LES ORIGINES
picturales appelées à émerveiller et à instruire tous
nouveaux adeptes de
les
Brahmanisme ou
la foi,
furent envahis par le
restitués à la solitude et à l'oubli.
Plus loin, à Test du continent, dans les
de
Iles
Perfection, sur cette terre japonaise qui devait
la
donner
leur formule définitive à tant d'aspects du génie boud-
quelques
dhique,
retraites
séculaires
ont conservé
intacte la poésie de ces grandes choses d'autrefois.
cœur du Yamato, dans les
Au
cette patrie de la patrie, sur
pentes boisées du Kô-ya-san, s'élève la plus ancienne
fondation religieuse de l'empire. C'est là qu'en 816, Kô-bô-daisi,
exemplaire,
saint
monastère bouddhique, pour propager et le rituel
de Chine
de la secte Singon, dont
les
incendies.
il
premier
la philosophie
avait rapporté
enseignements. Le monastère du Kô-ya-
moyen âge une formidable popu-
san aurait abrité au lation de
le
établit
moines.
Plus tard
il
fut dévasté
Un grand nombre de
debout au milieu des
par des
chapelles restent
forêts.
Ce n'est plus l'enclos de l'Inde, avec ses logettes tournées vers une cour où s'élève
le
stupa. Sans ordre
apparent, les sanctuaires se succèdent à Tombre des
cryptomérias centenaires. Dans ces vastes solitudes de
Tespace
et
l'agitation
du temps, où
humaine
la
nature seule demeure, où
expire, où les siècles passent sans
toucher à l'héritage des anciens jours, les offices sont célébrés avec raffinement et majesté.
beaux vêtements de soies brochées, l.
Au
Japon, pp. 75-70.
dit
«
Dans
leurs
M. Migeon',
LART BOUDDHIQUE
48
^les prêtres)
de ils
viennent d'apparaître à
grande cour
la
descendent
dont
en deux
:
la
lumière franche
files parallèles,
lentement,
marches. En avant, deux enfants
les
longs vêtements de tulle brodés sont recou-
les
verts d'une étroite écharpe de soie qui traîne derrière
eux.
sont coiffés d'une couronne en cuivre doré
Ils
avec des
pendeloques, leur visage est fardé, leurs
lèvres rougies au carmin, leurs yeux noircis au khôl.
Devant eux. des nattes posées bout à bout sur de
la
le
sable
grande cour leur indiquent l'évolution de
marche
qu'ils
la
doivent accomplir. La procession avance
ainsi lentement, de sourds répons répètent la prière de
Tabbé, qui, mitre s'avance derrière
dans un manteau de soies floches,
et le
dais
aux longues franges pendantes
qu'un prêtre porte sur un long bâton. Et, à petits pas,
interrompus par de courts arrêts,
la
procession dans
son évolution lente rentre au temple par
porche principal.
A
la
le
grand
»
paix des dieux répond la paix des morts
sont là par milliers,
ombrages de
la
et
.
Ils
depuis des siècles. Les royaux
montagne abritent
leurs tombes. Le
monastère du Kô-ya-san n'est pas seulement une vaste cité
de temples
et la plus
légère
et
de chapelles, c'est la plus solennelle
mélancolique des nécropoles. Dans
qui
monte d'un
sol
trempé par
la
les
brume pluies,
entre les verdures tremblantes, des stèles grises se
répandent sur
les
pentes. Elles jalonnent les âges.
Tout un peuple immense la torpeur verte et
est
venu s'ensevelir
là,
dans
dorée du grand bois solitaire, et
li
a:
H
g Oh
H
IS
-*! 'fi
< a:
Q -«5
O
>
o
LES ORIGINES
40
dans ce voisinage de tant de morts
calme du sement.
lieu soit la plus
comme
[Jn asile
il
le
douce promesse d'anéantiscelui-là perd
signification confessionnelle,
munauté humaine,
semble que
il
est fait
il
toute étroite
appartient à
pour accueillir
la
com-
les pèlo
rinages des derniers sages et pour laisser mûrir dans leur
A
cœur de souveraines leçons. ces incomparables harmonies de
la
nature et de
rhistoire rien ne s'oppose plus fortement qu'un autre
type de monastère bouddhique, Thibet.
Sur
le
haut
les
lamaseries du
montagneux, plissé de devenu religion de prêtres,
socle
Bouddhisme est Bouddha lui-même, le Bouddha
vallées, le et
—
vivant, est
Un panthéon d'une
devenu
prêtre à
son tour.
richesse,
une théocratie pesante, un minutieux
incroyable ritua-
lisme se sont superposés à la philosophie indienne.
Mais
les retraites
dans lesquelles
perpétuée cette
s'est
pensée complexe ne manquent pas de grandeur. Soli-
dement implantés dans continuent les profils
le sol
et
des hauteurs, dont
ils
auquel leurs murailles se
marient par des pentes talutées,
les
couvents thibé-
tains sont des forteresses. Rehaussés
couleurs violentes, coiffés de
toits
aux
de galons de
écailles d'or, ils
conservent eux aussi, à Tintérieur de leurs sanctuaires mystérieux, illuminés, touffus, une note profonde de cette
grande rêverie religieuse dont
sont les dépositaires et dont
l'art
les
peuples d'Asie
bouddhique propage
jusqu'à nous les plus anciens échos.
L'ART BOUDDHIQUE
50
V.
-
LA SCULPTURE DANS L'INDE
:
HELLÉNISME ET BOUDDHISME
LE PANTHÉON BOUDDHIQUE.
Sur
les
soubassements des stupas, sur
les
balus-
trades qui les entourent, sur les parois et jusque sur le
dôme des
viharas est répartie toute une décoration
sculptée. L'étude de cette sculpture dans les diverses
régions de l'Inde
où rayonna
dans toutes
et
les contrées
de l'Asie
Bouddhisme, étude renouvelée par de
le
récentes découvertes, est un
des chapitres les plus
suggestifs de Tarchéologie orientale.
Elle
montre
pensée bouddhique, créatrice originale de mythes
et
la
de
thèmes éthiques, soumise, au point de vue plastique, dès une haute
époque, à l'influence de l'Occident
méditerranéen. Que
le
génie gréco-romain ait pu, non
pas s'infiltrer à titre précaire et accidentel dans ces terres lointaines,
non pas y déposer quelques vagues
formules techniques
de ses propres
et
quelques souvenirs décolorés
mais y créer, sur des thèmes bouddhiques, toute une série de figurations marquées
du sceau de
fictions,
ses propres dons, y faire naître en
un
même
du
mot, une école
Bouddha, Gandhara,
tel
tel
et
un
qu'il est
art
;
que
le
type
représenté sur les reliefs du
que l'ont conçu
les
grands bronziers
chinois du vn® et du vm' siècle, soit redevable à la tradition hellénique, c'est là tions,
matière à des observa-
à des analyses, à des réflexions d'un intérêt
majeur.
Dans
l'histoire
de
la sculpture
bouddhique de
l'Inde,
ij
LES ORIGINES
51
on distingue d'ordinaire deux époques ou, veut, deux écoles
:
l'école perso-indienne^ ainsi
mée par Grùnwedel,
la plus
comme
aire
Dekkan
septentrional,
d'expansion
l'on
dénom-
ancienne des deux, ayant
le
et,
si
bassin du Gange et le
d'autre part, Fécole gréco-
bouddhique du Gandhara, admirablement étudiée par
M. Foucher, à qui revient l'honneur d'avoir dégagé
problème de résolu par
ses obscurités de
ses
méthode
et
de l'avoir
campagnes de recherches dans
nord-ouest de l'Inde, en particulier dans
le
le
le district
de Peshawar et jusque dans la région de Kaboul. L'école dite perso-indienne est représentée princi-
palement à Sarnath, Sanchi, Bharhut elle
et
Amravati, où
domine. On peut bien l'étudier à Sanchi, à peu intact dans son
près
ensemble. Les
montants des
curieuses portes, leurs traverses incurvées, les piliers
des balustrades sont décorés de reliefs et de médaillons, où figurent des dieux, des génies et des monstres.
Des dauphins, des centaures, un quadrige semblent trahir
une première
et
lointaine vague d'influence
grecque, très diluée, qui a pu s'exercer par des
mon-
naies et par des intailles. L'influence mésopotamienne, plus concrète et plus facile à discerner, mais qui ne doit pas être exagérée
par
l'imitation
non
plus, se
des chapiteaux
de
marque surtout Persépolis.
Des
scènes de pèlerinage, des épisodes empruntés aux vies successives du Bouddha,
— les jatakas —
,
telle est la
matière ordinaire de cette iconographie. Griinwedel
Foucher mettent en lumière
les rapports qui
et
unissent
L'ART BOUDDHIQUE
52
du
ces compositions et celles des imagiers occidentaux
moven à
à2:e.
Les uns
et les
racontent, avec une
édifier les fidèles et
un luxe
prolixe, avec toires
pieuses.
»
frappant,
il
autres cherchent avant tout
inutile de détails,
ne concentre pas Fintérêt
:
les
«
his-
pas Tépisode
ne choisit
L'artiste
naïveté
pareil au xylo-
graphe populaire de chez nous, qui insérait jadis un enseignement moral élémentaire dans de petits tableaux très simples répartis sur la déroule,
il
même
feuille,
développe son sujet, répétant autant de
qu'il le faut
son personnage
et
il
fois
multipliant les compar-
timents. D'ailleurs ce système d'images obéit à un
ordre
et à
une svmétrie,
mêmes ont un à la doctrine
ornementaux eux-
les motifs
sens et doivent être
a
lus
»
conformément
peut-être sera-t-il permis quelque jour
:
d'interpréter Sanchi
comme
M. Mâle nous a appris à
interpréter les cathédrales.
Un
dans
fait capital et caractéristique
cette école primitive,
c'est
que
le
Bouddha n'y
jamais représenté. Un trisula, une roue, la Loi,
l'histoire
—
la
de est
roue de
— un parasol d'honneur, une empreinte de pas,
c'est là tout ce
que nous voyons du Bouddha, dans
scènes où sa présence cription
.
Ni
même
est attestée par
Cunningham, dans
Bharhut, ni Grùnwedel,
sa
une
publication
les
ins-
de
dans sa lecture des balus-
trades de Sanchi, ni les archéologues qui se sont suc-
cédé à Bouddha-Gaya
parmi
les ascètes,
et à
Amravati n'ont pu
identifier,
une image indubitable de Bouddha,
j'entends une image contemporaine des plus anciens
LES ORIGINES
Rien d'étonnant,
reliefs.
la doctrine,
pense à l'essence de
l'on
si
53
alors dans la plénitude de sa pureté, et
qui répugnait à un culte personnel, à une idolâtrie de l'initiateur. Il était réservé à d'autres générations, à
d'autres
concevoir
dans
artistes, et
de réaliser
le
nord-ouest de l'Inde, de
type du Bouddha, de le déga-
le
ger de son obscurité symbolique,
et, le
revêtant d'une
majesté plastique inconnue jusqu'alors en Asie, de doter vraiment l'humanité d'un dieu de plus.
Ce n'est guère qu'à partir de 1875 que de l'école du Gandhara avec
pleinement admis par
Encore aujourd'hui, les esthéticiens
les
l'art
hellénique furent
archéologues occidentaux.
cette vérité
choque profondément
d'Extrême-Orient.
«
Une étude
approfondie des œuvres du Gandhara, révèle la
les rapports
dit
plus
Okakura \
prédominance des caractères chinois sur
les
prétendus caractères grecs. Le royaume de Bactriane,
en Afghanistan, ne
fut
jamais qu'une petite colonie au
milieu du grand empire tartare, déjà déchue dans les derniers siècles qui précédèrent l'ère chrétienne. L'in-
vasion d'x\lexandre signifie l'extension de l'influence
persane plutôt que celle de
M. Foucher ne ni
fait
la culture
hellénique
si
»
Mais
appel ni à linvasion d'Alexandre
au royaume de Bactriane pour expliquer
tères
.
les carac-
manifestement méditerranéens des bas-reliefs
du Gandhara. Dès
le
début de ses recherches,
il
s'était
interdit toute spéculation d'histoire politique, militaire,
économique, pour reporter son attention exclusive sur 1.
Op.
cit., p.
87.
L'AKT BOUDDHIQUE
54
des comparaisons de monuments.
Bien
empires
laisser aller à de séduisantes rêveries sur les
grecs de l'Asie centrale,
abondait dans
il
de se
loin
le
sens d'Oka-
kura, en rappelant que les trois satrapies indiennes n'ont jamais eu qu'une existence
que
précaire,
les
généraux d'Alexandre n'étaient pas des civilisateurs à la
moderne, escortés
du génie grec saient-ils les
:
d'artistes et de « missionnaires »
tout au plus les rudes soldats pous-
devant eux quelques vagues Iraniens... Mais
documents mis au jour
et publiés
par
plus tard les résultats entrevus
fortifier
:
lui
ils
devaient
ne laissent
plus place à la contradiction. J'ai
signalé
plus
haut
très
les
traces
faibles
d'influence occidentale qui peuvent être relevées sur les
monuments de
l'école
indienne primitive. M. Salo-
mon Reinach appelleégalementrattention sur le fait que les statues des saints jaïnas,
représentés complètement
nus, ont sans doute pour modèle une statue d'Apollon
archaïque, peut-être venue d'ïonie aux environs du VI® siècle ((
avant Jésus-Christ, au
moment
qui recouvre peut-être quelque
où
vérité
la »
légende place le
voyage de Pythagore... Les rapports de l'école du
Gandhâra avec
l'art
façon plus ferme.
Il
d'Occident
sont établis
ne saurait être question d'une
influence hellénique proprement dite, ni influence
d'une
hellénistique,
mais
bien
même
d'une
d'une influence
gréco-romaine. Les artistes grecs ou romains qui ont travaillé ère,
au Gandhâra, au
i^''
et
au
ii^
siècle
de notre
appartenaient à ces ateliers de techniciens habiles
LES ORIGINES et
55
sans originalité qui, dans tous les pays du bassin
de la Méditerranée,
ont multiplié à
profusion les
copies des chefs-d'œuvre classiques et revêtu de formes
de TEspagne, de
grécisantes les dieux des Gaules,
l'Afrique et de l'Asie Mineure. Sur des
thèmes boud-
dhiques, et profondément bouddhiques,
impersonnel
savoir
leur
comme aux les reliefs
ils
ont exercé
sans
d'exécutants
flancs des sarcophages latins,
génie,
comme
sur
des colonnes triomphales. Mais c'en était
assez pour douer d'une vie nouvelle, prestigieuse et belle
une iconographie qui jusqu'alors
gauchement dans
la matière.
De
se
débattait
la collaboration
de
ces praticiens avec la pensée de l'Inde devait se dégager le
type hiératique du Bouddha,
depuis suffit à
des siècles,
et
tel qu'il
cette création
l'Asie
incomparable
assurer aux artistes gandhariens une place
éminente dans
l'histoire
de
l'art et
des religions.
Le Bouddha, sa personne, sa légende, et
domine
charmants épisodes qui
l'illustrent
les
nombreux
avec tant de
grâce, c'est là le sujet unique de leurs bas-reliefs. Tantôt
il
est le
jeune prince mélancolique, touché du
dégoût des voluptés, tantôt l'ascète ravagé par les macérations, tantôt enfin de renoncement
et
de
le
pitié.
moine
parfait, illuminé
Autour du Maître, des
saints et des fidèles, l'acanthe, de nouveau,
fleurit.
Des pilastres d'ordre indo-corinthien, dont les demichapiteaux sont modelés dans le mortier de chaux, décorent les stupas. Des amours soutenant de lourdes guirlandes, nouées de rubans, des sirènes, des tritons
L'ART BOUDDHIQUE
o6
panneaux d'angle, des thèmes bachiques groupés avec une harmonieuse symétrie décorative sur des bandeaux ou dans des distribués dans des frises ou dans des
médaillons, encadrent les scènes empruntées aux
diffé-
rents cycles de la Vie Exemplaire. Les types, les accessoires, la facture,
l'aplomb des corps,
exécution à la fois soignée et
facile,
le
charme d'une
bien plus, un cer-
académisme anatomique, tout respire, tout dénonce, non l'enseignement des sculpteurs occiden-
tain
môme.
taux, mais leur talent logies curieuses,
Ainsi, telle
Il
ne
s'agit
pas
d'ana-
ici
mais de surprenantes identités.
frise
Musée de Lahore
de Bouddhas et d'assistants du
(PI. IX),
avec ses petits amours qui
soutiennent une guirlande, pourrait appartenir à un
sarcophage du Latran. La scène bachique de
à côté
Mardan (même
des Guides à
lection
pi.)
d'hommes vêtus de tuniques courtes
la col-
présente, qui sem-
blent détachés d'un relief de la Trajane, des figures
de femmes drapées
comme
des Livies,
d'un
style
authentiquement romain. L'Atlante du Musée de Calcutta
(^Pl.
X) est le frère de ces innombrables statues
décoratives que le génie grec prodigua dans les compositions
d'architecture
à
dieux marins du British
Tépaule
la
rame courte
partir
muséum
du uf
siècle.
Les
(PL XI), tenant sur
et large, pareille à
une bêche,
évoquent la puissante aisance des œuvres de Traites et
de Pergame, durcies par un ciseau romain.
Rien n'est plus instructif que de
mêmes
comparer
les
sujets traités par l'école indienne primitive et
LES ORIGINES
par les artistes du Gandhara, nation par exemple. (Foucher,
fig. !206'i
Un
Ô7
—
la
scène de l'illumi-
médaillon de Bouddha-Gaya
exprime à merveille
lique des vieux sculpteurs
on y
:
voit
génie symbo-
le
un trône
vide,
un
parasol d'honneur, Tarbre de la science, et rien de plus. C'est
une
sorte
Rien
tique.
d'idéogramme, non une figuration plas-
n'était d'ailleurs plus difficile à représenter
que l'accession du Maître à
semble
même
le
terme d'une évolution morale
philosophique
sens
mystique aussi élevé.
et
Les artistes gandhariens l'ont compris. cherché à se mesurer avec tait la
il
à peu près impossible de qualifier par
des moyens concrets
d'un
suprême sagesse;
la
les
Ils
n'ont pas
problèmes que présen-
projection dans l'espace d'une sorte d'énigme
symbolique.
Ils
ont choisi
des épisodes qui
l'un
précèdent immédiatement l'illumination
de pré-
et,
férence atout autre, l'attentat de Mara, la Tentation.
Une
crise
reprendre
d'âme, les
la
termes
nuit,
dont
dans
la
se
sert
solitude,
pour
heureusement
M. Foucher, voilà un thème inextricable
pour un
méditerranéen. C'était au contraire un thème plasti-
quement réalisable quela résistance de l'ascète héroïque à la luxure ou à la peur. Les stèles postérieures de
Bénarès confirment pleinement Prédestiné, assailli par les filles
de Mara, y est devenue
le fait. «
démons
La
figure
et tenté
le substitut
par
du les
courant pour
traduire de façon extérieure et concrète le miracle intérieur et abstrait qui ne doit pourtant se réaliser
que douze heures au moins plus tard. En Magadha
L'ART BOUDDHIQUE
58
même. la pose qu'a prise ici le Bodhisattva sous forme de Buddha assis à l'indienne, la main gauche reposant dans son giron, tandis que sa main droite, dérangée de la pose de la méditation, s'abaisse, la paume en dedans,
touche du doigt
et
la terre....
suffira
pour
désigner cette minute ineffable sans qu'il soit davantage besoin d'apparitions monstrueuses ou lascives \
))
semble, en vérité, que l'on assiste à l'ingénieuse
Il
incarnation de l'inexprimable.
Avec quelle sûreté l'artiste gandharien saisit le caractère essentiel d'une scène légendaire et sait en distribuer
éléments, de
les
nombreux exemples nous
mettent de nous en rendre compte, et de ses œuvres avec
les
la
per-
comparaison
vieux médaillons des stupas est
bien caractéristique encore à cet égard. La donation du .letavana, telle qu'elle est figurée sur la balustrade de
Bharhut
(PI. XII),
est pittoresque, plaisante,
Des arbres schématiques,
tique.
monnavé assistants
édifiés
malaisément dans
se pressent
entendu, n'y figure pas, mais saisit là
un
la confusion,
aussi,
il
trait essentiel
Un
Mardan sur
le
Foucher, op.
la
Le Bouddha, bien donateur non plus.
de cet art, la prolixité,
l'impuissance à dégager, à composer, et
une espèce de charme
relief
gandharien de
même
sujet
médaillon de Barhut l.
le
faut bien le reconnaître,
enfantin.
chariots d'or
sont entassés les uns à côté des autres. Des
partie gauche de la composition.
On
des
énigma-
cit.,
le
(même
contraste
pp. 411-413.
la collection
de
pi.)
présente avec
le
plus évocateur
le :
^
LES ORIGINES
59
tout élément pittoresque a disparu
importants, drapés
comme
des
;
les
personnages romains,
sénateurs
sont distribués avec un ordre, avec une autorité de l'accent le plus classique.
des mains du riche
de
la
mais
marchand
le
reçoit
vase d'or, svmbole
donation. Quatre autres figures les encadrent, c'est
nément Le
Le Bouddha nimbé
au Bouddha
au donateur que va sponta-
et
l'attention.
relief, la
puissance plastique de cet art gandha-
rien sont extraordinaires.
De
la
matière
il
fait saillir
avec force, non de pales dessins sur pierre, mais des
formes vivantes. Le bas-relief confine au haut-relief, presque à la ronde bosse. Grande nouveauté dans Tart de rinde, jusqu'alors plus graphique que sculptural. Cela, c'est
proprement
du génie hellène,
Dans
don méditerranéen,
cet athlétique
cette évolution,
au passage
le
il
roman sommeille encore dans il
sceau
modeleur de volumes.
y a quelque chose d'analogue
de Fart roman à
face de laquelle
le
fait courir,
l'art
gothique.
la matière,
L'art
à la sur-
par ondulations légères,
des méandres de figures emblématiques.
Il
modèle
par méplats, distribue des indications d'ombres selon
un système d'accents percés à la tarière. L'art gothique extrait les volumes des profondeurs, les amène à la lumière, les dote d'une vie organique Il
est vrai
que
l'art
et
dramatique.
gandharien reste baigné d'une
calme répandu sur
onction mystérieuse,
le
qu'il a enfantées est
une de ses vertus
nantes et les plus solennelles. Mais
il
les
images
les plus pre-
est
solidement
L'ART BOUDDHIQUE
60
humain, bien
bâti, concret.
Dans
domaine de
le
l'ico-
nographie religieuse, naguère encore toute linéaire, il
installe
avec maîtrise l'autorité de la
troisième
dimension.
Par
là la
ment
sculpture indienne cesse d'être exclusive-
décorative,
et qui se suffit.
elle
tend à devenir un art complet
Du simple
relief, elle
passe peu à peu
à la statuaire proprement dite, enfin elle crée des sta-
tues détachées. Au-dessus des rêves de l'Asie, elle
dresse l'extraordinaire image du Bouddha, à laquelle
semble avoir collaboré
le
double génie de deux conti-
nents.
Rarement
il
est debout, car le
devant personne, ou bien
Bouddha ne
c'est qu'il est
se lève
en marche, ou
encore sa statue se dresse miraculeusement devant sa
personne, pour l'honorer. Le plus souvent à l'indienne sur
un
il
est assis
lotus épanoui \ la plante des pieds
retournée et la jambe droite repliée en avant, tandis
que
les
terre.
autres divinités assises la laissent pendre à
Le type du Gautama ascétique
repré-
(PI. XIII) le
sente les mains croisées dans une attitude de patience et
de réflexion, les joues émaciées par
articulations et les côtes saillantes
mique de Tépuisement
et
:
le
jeûne, les
la vérité
anato-
de la maigreur est exprimée
avec un réalisme accentué. C'est à ce type que se rattache vraisemblablement le
1.
Le
lotus,
emblème de
pétales, est aussi s'élève est,
Çakya revenant
des
mon-
la pureté, par l'éclat et la fraîcheur de ses
l'emblème de
la fécondité, parce
par excellence, un principe de
vie.
que l'eau d'où
il
LES ORIGINES
61
du canon chinois, barbu, la tête rase, vêtu d'un manteau flottant. Le Bouddha de Tillumination touche tagnes
la terre
de la main droite et tient l'autre à plat,
la
paume en dehors, légèrement posée sur ses genoux. Le Bouddha de la pitié tient la main droite levée et en montre
grecque?
la
paume. Le nimbe, ou halo,
— d'origine
— est l'emblème de sa mission. Le Bouddha
porte sur lui d'autres signes physiques de sa sainteté,
notamment une protubérance crânienne prononcée, à laquelle les artistes grandhariens ont souvent donné l'aspect d'un crobylos, Youshnisha, et, entre les
mi-clos, la
marque appelée ourna. Son
visage est d'une
beauté paisible et recueillie, qui rappelle linien,
un peu épanoui,
et
le
type apol-
que ne déparent pas
très allongés des oreilles,
—
des oreilles
les lobes
indiennes
La robe du moine
étirées par de lourds joyaux.
pée avec une élégance savante
yeux
et dessine, le
est dra-
long de la
poitrine et des jambes, les plis les plus nobles.
Telle
est,
résumée
l'image, pleine de idéalité,
sortie
en
ses
traits
charme plastique
et
de notre ère, emprunta au
monde
le
renoncement
du dieu nouveau,
et
cours du
i" siècle
des formes médi-
terranéennes pour donner un corps à
tain
de pénétrante
des leçons qu'un artiste grec ou ro-
main, travaillant au Gandhara dans
asiatique de
principaux,
la
grande pensée
de charité. L'ancêtre loin-
c'était
vraisemblablement quel-
que Apollon hellénistique, modèle classique, habituel et
consacré de ces sculpteurs errants. De l'imperson-
nalité
même d'un
type conventionnel,
le
génie de l'Inde
LART BOUDDHIQUE
62
une incomparable puissance de sentiment religieux. La pensée indienne s'est incarnée dans une forme occidentale, comme le vieux dieu juif, pour réa
naître
fait
pandre une
loi
nouvelle, s'est incarné dans
En
charpentier.
lui
le fils
donnant une capacité
du
définitive
d'expression et d'expansion, la plastique grecque ne l'a
pas faussée. C'est ainsi qu'il faut comprendre cette
étrange collaboration de deux cultures
ment opposées dans leur principe, la gloire
du corps
renonce à
sement de
la vie
physique
— l'une qui proclame
de la raison, l'autre qui
et se délecte
de Tanéantis-
l'intelligence, l'une qui dresse des statues
à la louange
femmes,
et l'autorité
profondé-
si
des athlètes vainqueurs
l'autre qui
des belles
et
vénère l'image d'un moine men-
diant.
Les
dieux
de
l'anthropomorphisme grec
repré-
sentent l'apogée des fonctions organiques, un rythme
souverain de la nature. Saisis à ce
moment
critique,
à cette akmè, où l'être dans sa force n'est plus Féphèbe et n'est pas encore
l'homme mûr,
cet épanouissement,
de
la vie terrestre, ils
monie. et
l
les
pour jamais à
sont l'image la plus exaltante
rayonnent de puissance
et d'har-
égale distance des incertitudes de la jeunesse
des affaissements de la décrépitude,
pour de
A
ils
fixés
ils
perpétuent
générations l'instant passager où
homme
la
beauté
a quelque chose de vraiment divin. Ce
royal équilibre, qui ne s'est pas imposé à une statuaire
seulement, mais à toute une humanité, a doté
Bouddha de
le
l'Inde d'une majesté impérissable. Mais
J
LES ORIGINES
63
sage de lAsie se réfugie à l'intérieur de lui-même.
le
Ce corps
beau n'est qu'une enveloppe. Par
si
demeure près de nous, par Tesprit
elle,
est lointain.
il
il
Le
dieu aux yeux clos baisse ses paupières pour cacher
un miracle solu.
et
un mystère,
communion
la
De même que son temple
avec l'ab-
est le reliquaire
de sa
dépouille, son corps est le reliquaire de son intelli-
gence. Plus nous fuir. C'est cette
le
contemplons, plus
absence
et cet
Sans ses leçons
se révéler.
il
semble nous
évanouissement qui
de TAsie. L'art gréco-romain
le divin
il
lui a
permis de
serait peut-être encore
prisonnier de formes purement emblématiques. tout cas,
il
est
En
nous demeurait probablement impéné-
trable.
Ce qui
du Gandhara «
cinq Indes
le schiste
que
est sûr, c'est
le
n'est pas resté »
s'en
est
du Magadha,
type gréco-bouddhique
immuable.
emparé
le
et l'a travaillé,
les
comme
de palmier des miniatures népalaises
parois peintes
dans
grès grisâtre de Bénarès, le
grès rouge et jaune des Vindhyas, feuilles
des
L'art
d'Ajanla.
Les
premiers
sur les et sur
artistes
directement imbus de tradition gréco-romaine ont place à des imitateurs locaux.
bouddhique
s'est
moins habiles
La
lettre
de
fait
la doctrine
peu à peu imposée à ces derniers,
et plus
pénétrés de ritualisme. Sous
leur ciseau, la protubérance de l'oushnisha s'est accentuée.
La chevelure, devenue courte
et
crépue, s'est
ornée de bouclettes enroulées à droite. Le manteau a glissé sur l'épaule,
pour
faire place à
un pectoral de
L'ART BOUDDHIQUE
64
joyaux. La robe monacale plus étroite eut des plis plus secs et plus stricts.
On
codifia d'une façon précise les
asanas ou postures, les miidras ou gestes des mains,
ou attributs. Les formules d'évocation
les laksanas
magiques ou sadhanas,
fixées par le Tantrisme, déter-
minèrent, dans tous leurs détails
du Bouddha
et
des
bouddhiques,
divinités
qu'elles devaient apparaître
enfermé pendant plu-
du nord de
sieurs siècles dans les monastères fini
par franchir ses frontières originelles.
au Turkestan,
Son
il
histoire,
est celle
Il
en Kashgarie, en Chine,
peut-être à Java et en Indonésie, ces pays,
telles
aux illuminés.
D'ailleurs l'art grandharien
a
images
rituels, les
et,
l'Inde
a rayonné
au Japon,
dans certains de
se heurtait à des traditions antérieures.
comme
celle
du Bouddhisme tout
entier,
d'un long voyage. Le style est devenu plus
lourd, ou plus sec, ou plus mince; l'iconographie s'est
enrichie; les assistants romains ont disparu, mais les traits essentiels le
de l'idole étaient
fixés.
Le polythéisme
plus complexe n'a fait que la multiplier.
Le
ment
«
panthéon bouddhique
»
en
effet s'est
rapide-
Nous n'avons étudié jusqu'à présent que la personne et l'image du Maître lui-même, dominant une centaine d'épisodes, sa Légende Dorée. L'art de l'Asie,
accru.
hellénisé ou non,
devait
s'exercer sur bien
d'autres thèmes. Le peuple qui, le premier, avait reçu
l'enseignement du Prédestiné restait au fond
le créa-
teur des dieux multiples, des monstres polycéphales,
hécatonchires. Les écoles indiennes du nord, adeptes
Pl. IX.
À
^m
-^;^%.-
.v^*^ Cl.
Fouclier.
Art Gréco-Bouddhique {Inde) 1.
2.
Scène Bachique (Collection des Guides, à Mardan). Frise de Bouddhas et Assistants (Musée de Lahore),
l'L.
X
Cl.
Art G réco- Bouddhique [Inde).
Atlante (Musée de Calcutta).
Foucher.
LES ORIGINES
65
Bouddha dans les trois directions du temps. Çakya-Mouni n'est qu'une personnalité transitoire, entre les Bouddhas passés et le Bouddha futur, le Bouddha glorieux, l'inspiré du parfait amour, iMaitreiya. Et tous les Bouddhas ne sont eux-mêmes que l'émanation, l'incarnation terrestre des Dhyani-Bouddhas, ou Bouddhas de contempladu Mahayana, ont décuplé
dans
tion, absorbés
le
l'éternité.
Vairochana,
le
premier
d'entre eux, est l'être universel, impersonnel, en qui se résout, se
confond
et trouve sa fin toute la fantas-
magorie des mondes. C'est à Vairochana, sous le nom de Daï-nitsi, qu'au Japon les sectes Singon et Tendaï vouèrent principalement leur cuite. Amitabha, en Japonais Amida, personnifie la charité. paradis funéraire de Touest,
il
est le
Il
règne sur
le
Dhyani-Bouddha
d'Avalokiteçvara, l'océan de miséricorde, le dieu sauveur, le plus Car, de
fameux de tous
même
les
Bodhisattvas célestes.
qu'à côté des Bouddhas terrestres
il
faut
placer les aspirants à la Bodhi, les Bodhisattvas, de
même
les
Dhyani-Bodhisattvas, ou Bodhisattvas de
contemplation, jouent un rôle d'intermédiaires entre
monde
Dhyani-Bouddhas. Ces derniers sont en dehors de l'espace et du temps. Insensibles,
le
et les
inactifs, impassibles, ils
ne créent ni ne modifient.
Les Dhyani-Bodhisattvas, leurs agents, se présentent
comme
les
véritables « dieux »
de sagesse, d'intelligence et de est représenté
du Mahayana, dieux pitié.
Avalokiteçvara
fréquemment portant l'image d'Ami-
tabha incrustée dans sa coiffure en mitre.
Il
tient de la
L'ART BOUDDHIQUE
66
(ou laisse passer sous son bras) la lige
main gauche
d'un lotus rose
et,
quand
a plus de
il
rosaire, le livre et le flacon.
deux mains,
En Chine,
sous
le
le
nom
prend parfois une forme féminine
de Kwan-yin,
il
il
est alors la
«
le
représentent assis sur une sorte de cathèdre, tenant
un
donneuse d'enfants
de Majesté du xif
siècle.
est très important.
Tl
personnages divins, de
et
images
Les Japonais l'appellent
son rôle dans
et
ses
genoux, dans l'attitude de nos Vierges
petit sur ses
Kwannon,
», et
:
la sagesse,
la
mystique
et
dans Fart
faudrait citer encore bien des
—
Manjuçri, dieu de
la
science
peut-être d'origine chinoise, repré-
senté assis sur un lion et tenant la fleur du lotus bleu
;
Vajrapani, dieu de la foudre, et dont la foudre [vajra)
l'emblème
est
;
les divinités
bienfaisante, tantôt terrible, enfin, à côté des dieux
féminines, Tara, tantôt
sœur d'Avalokiteçvara
mômes
et s'accouplant
à eux
(surtout au Thibet et en Chine), leur principe féminin,
leur caktL
Ton veut, les saints par exnombreux. Hommes ou femmes,
Les Bodhisattvas ou, cellence sont très ils
vécurent sur
leurs vertus. la
Ils
si
la terre,
où brillèrent leur savoir
et
confinent à la suprême sagesse, sans
posséder pleinement. L'église du nord range dans
leur
nombre
ses grands docteurs
dateur, qui, au temps
même
où
:
Nagarjuna, son fon-
l'école
gandharienne
produisait ses chefs-d'œuvre, essaya de concilier les sectes et de systématiser la doctrine, Nagarjuna, que
Grunwedel appelle
le
Faust bouddhique et dont la vie
LES ORIGINES
67
légendaire est une extraordinaire merveille ciples Aryadeva,
magique
(le
;
ses dis-
Asanga, propagateur du Tantrisme
maître qui
s'est libéré
de l'illusion est ca-
pable de produire l'illusion par des charmes), enfin
Vasubandhu,
THyuayana,
qui, d'abord adepte de
se
convertit à la doctrine du nord.
Viennent ensuite miers sont
les arhats^
dont
les dix-huit pre-
grands apôtres du Bouddhisme
les
:
leur
chef est Ananda, disciple bien-aimé de Çakya-Mouni, et,
le
parmi eux,
il
faut faire une place à part à Ho-chang,
Bonze au sac de chanvre,
le seul
arhat proprement
chinois et le seul aussi qui, par ses mérites, le
rang de Bodhisattva
en Occident,
au Japon,
:
ait
bon
c'est le
gagné
Ho-teï,
c'est le poussah^ contraction chinoise
de
Bodhisattva (Pou-taï). Suivent les saints patriarches, les saints ermites, les saints pèlerins
Dharma, après avoir évangélisé
hommes
gazelles
grand Bodhi-
le
la Chine,
patrie et traverse les mers, porté par
de ces
:
regagne sa
un roseau.
A
divins se tiennent les bêtes divines
du bois Tsipadana, attentives à
du Sage, l'éléphant qui le menait aux nesse, les nagas qui lui firent veillent sur ses méditations.
côté :
les
la prédication
plaisirs
hommage,
de sa jeu-
les lions qui
Le lotus s'épanouit,
divine, au-dessus de la boue et des eaux,
fleur
comme
Maître s'est épanoui au-dessus du monde. Divin est figuier qui et
des
l'ombragea
le
divin le santal des statuettes
chapelets. Les pierres
taillées les très le
;
le
dans lesquelles sont
anciennes statues du Bouddha ont gagné
rang de Boddhisattva. Chaque génération enrichit
L'ART BOUDDHIQUE
68
ce paradis étrange. biais
dans
Chaque
la religion
folk-lore a fait entrer de
bouddhique ses génies protec-
teurs et ses divinités populaires.
Ainsi
le
plans du
Bouddha
monde
et
se trouve multiplié selon les divers
de l'activité spirituelle. Ainsi les
exigences des dévotions locales
théisme touffu, sur lequel
il
lui
annexent un poly-
répand d'ailleurs
la
mono-
tonie de ses formules iconographiques et l'unité de ses songes.
Mais de ces formules mêmes,
les élites
extrême-orientales, maintenant la pureté de la leçon
gréco-indienne, dégagent une plastique puissante. Et, d'autre part, contemplant l'univers et peignant des
paysages baignés de ces songes, elles y discernent un infini caché.
CHAPITRE
II
IDÉALISME ET POSITIVISME EN CHINE /.
LX CHINE. - SES VIEILLES ASSISES MORALES CONFVCIUS ET LAOTSEU. — L'ART CHINOIS PRÉ-BOUDDHIQUE. — //. LE ROUDDHISME DANS LE TURKESTAN ORIENTAL. — L'ART GRÉCO-BOUDDHIQUE SOUS LES WEI DU NORD ET SOUS LES THANG. — SON RAY0NNEMEN2 EN CORÉE ET AU JAPON. — III. LA PEINTURE DANS LA CHINE DU SUD. - NATURALISME ET MYSTICISME. — IV. LA CHINE DES SONG El LE SUCCÈS DU ROUDDHISME TCHHAN. — V. INVASION MONGOLE. — LES MING. :
T.— LA CHINE. SES VIEILLES ASSISES MORALES CONEUCIUS ET LAO-TSEU. - LART CHINOIS PRÉ-BOUDDHIQUE. :
L'histoire de Tart en Chine tive
est déjà riche et significa-
au cours des siècles qui ont précédé
les
temps
de
la
propagande bouddhique. Les formes supérieures
de
la
pensée morale
de
et
la
pensée sociale s'étaient
manifestées avec autorité dans l'empire à une époque
où
le
Bouddhisme
était
encore confiné derrière
le
part de THimalaya. Les assises de cette grande
rem-
civili-
sation jaune sont d'une étonnante majesté. Nulle part, peut-être, les nécessités et
du déterminisme géographique
ethnique, traitées par le génie philosophique d'un
peuple supérieur
et
transposées dans la vie de l'esprit,
n'ont abouti à des formules plus transparentes, plus élevées et plus pures.
l'homme sur
En
Chine,
le travail spirituel
les facteurs inéluctables
de
dont dépend son
L'ART BOUDDHIQUE
70
existence s'est concentré dans une sagesse pratique, pleine de noblesse et de bonhomie. Le
charme supé-
rieur de la vie chinoise, c'est cette solidité séculaire
que
ont laite les anciens sages. Dans cette matière
lui
morale
Bouddhisme
pleine, le
si
était
appelé à faire
courir des nuances, des palpitations particulièrement belles.
La Chine
est
Du
d'assimilation. faire
un \aste milieu d'échange incessant
Tartare nomade, son rôle est de
un agriculteur sédentaire.
Elle fixe, elle absorbe
l'errant des steppes, elle l'arrache à la vie
des hautes herbes, elle Tincoi'pore à son rustique. Mais
de
la
il
lui
et
mouvante
communisme
transmettes souvenirs ineffaçables
vie pastorale
(qui persistent
dans
le
système
politique), sa science des astres, ce trait des peuples
Okakura, qui résume tous ces caractères
pasteurs.
avec une rare
force d'évocation
historique, insiste
aussi sur la grande idée de fraternité universelle qui est
au fond du génie chinois,
héritage inaliénable
«
de toutes
les nations pastorales qui
Danube
l'Amour ^
Sous
et
la dynastie
errent entre
le
»
des Tcheou (11:22-2:21 avant Jésus-
Christ), l'éthique qui convenait à
une
civilisation de cet
ordre et qui déjà régissait sans doute, mais obscurément, les rapports internes taire, fut
1.
Op.
d'accentuer
cit.
communau-
dégagée, clarifiée et formulée pour tous par
Gonfucius (551-479). traits et
de ce vaste système
y
p. 48.
Il
n'est pas besoin de choisir les
le relief
pour
faire
du sage chinois
IDEALISME ET POSITIVISME EN CHINE
li
une antithèse du Bouddha. La
vie compte, et
même
Non une
que
la vie qui
compte.
confinée dans les plus rares
la vie
vie de choix,
élégances de l'esprit,
isolée sur les hauteurs de la spéculation
mais
n'y a
il
métaphysique,
de tous les jours, avec ses chagrins et ses
moyennes et ses devoirs, notre vie sur cette terre, et non ailleurs, dans ses rapports avec le prochain, avec la communauté tout entière.
joies, avec ses vertus
Les dieux sont loin, l'existence
tâchons
est courte,
d'en faire quelque chose de solide et de sain, d'harmo-
nieux surtout.
L'homme est
non dans un isolement que
»,
mais l'homme
à lui-même son propre but,
égoïste et sauvage,
membre d'une
social,
respectueux des ancêtres, dont
comme un sépare
la
une vertu leur tendre.
La
est
pitié
a
l'uni-
famille,
incombe
Malgré l'abîme qui
chinoise de la pensée indienne,
commune
à toutes deux,
une
bouddhique vient de plus haut,
prend sa source dans et
le culte lui
devoir primordial. sagesse
non
pitié elle
de la réincarnation
la doctrine
dans son respect pour toute créature vivante. La
pitié
de Confucius, sans fondement métaphysique, *est
peut-être plus active, plus gaie
:
il
y entre surtout de
l'indulgence et du bon sens. Si l'on réfléchit qu'un souci social est à l'origine de la philosophie chinoise, la
musique devait
être,
corde et d'harmonie,
doute
on comprendra sans peine que
comme
l'art
propagatrice de con-
confucéen entre tous. Sans
les lettrés confucianistes
estimaient la peinture,
car elle permet de propager de beaux exemples
et,
par
LART BOUDDHIQUE
72
des tableaux de morale en action, de faire chérir la vertu.
Mais
musique va plus
la
loin,
est
elle
plus
directe, elle s'insinue droit au cœur.
Confucius entreprit un long
et pénible
voyage pour
au pavs de Tshi des chants anciens
aller recueillir
d'une incomparable douceur. Mais l'avenir que de l'époque Tcheou assurait à
losophie
la
la phi-
culture
musicale, Tessence de la doctrine le garantissait-elle
aux arts plastiques? Oui, mais presque exclusivement
dans
le
sens décoratif. Le Confucianisme nous aide à
distinguer les arts qui ornent la vie et les arts qui isolent de la vie. L'art
bouddhique
est
un raccourci de
confucéen est une parure de Fexistence
rinfinité. L'art
quotidienne. L'ampleur de l'architecture des Han, le
luxe des étoffes
et,
plus tard encore, la musicalité de la
céramique en sont avec
fidélité ce
la
preuve
et
nous transmettent
rêve d'harmonie purement
humaine
et
terrestre.
Le Confucianisme a joué un dans
l'histoire
qu'on ne tiel
morale
le définisse
rôle trop considérable
et politique
pas d'abord
de la Chine pour
comme
accent essen-
de cette civilisation. Mais l'époque Tcheou avait
vu se dessiner, au cours du vf
dépensée
religieuse,
siècle,
un autre courant
beaucoup plus ouvert à
l'idéalité,
beaucoup plus favorable, en un sens, à l'expansion ultérieure
du Bouddhisme.
pagea dans
la
11
prit naissance et se pro-
Chine du sud, sous l'impulsion du phi-
losophe Lao-tseu (580-530)
Dans
l'histoire politique
comme dans
l'histoire
de
IDEALISME ET POSITIVISME EN CHINE Fart,
il
73
de se rappeler que la Chine
est indispensable
Chine du sud \ pays du Fleuve Bleu, est profondément distincte de n'est pas une,
mais double,
Chine du nord,
le
et
que
la
le
la
pays du Fleuve Jaune. La Chine du
sud, impénétrablement forestière et marécageuse aux
hautes époques, abritait dans ses montagnes une race
indépendante, contemplative les
mélancolique, dont
et
gentilshommes Tcheou tournaient en dérision
manières rustiques pittoresques,
et le
rude parler. Mais
verdoyants
kyang avaient formé
les
les
paysages
brumeux du Yang-tseu-
et
et allaient inspirer la sensibilité
de ces montagnards. C'est laque l'Ovide chinois, Khyu
Yuen, banni par son prince,
le roi
de Tchhou, exhala,
dans des élégies d'un accent plus profond gnant que
les vers élégants
du poète
et plus poi-
latin, la tristesse
passionnée d'une grande âme, ivre de regrets, de nature, de solitude et de liberté.
mêmes
Lao-tseu est un inspiré des
comprendre sa pensée croyances animistes
et
magie joue un grand religion taoïste
la
il
faut écarter
de vieux
lieux.
un réseau de
rites populaires,
de
^ Elle
l'état.
où
la
rôle et qui défigurent aujourd'hui est avant tout
fondée sur
l'individualisme, elle limite, elle réduit au les droits
Pour
Elle impose
nom
minimum
une morale ascétique,
que les historiens chinois appellent ainsi, en réalité l'actuelle Chine centrale. D'autre part, il peinture du sud, peinture du y a lieu de retenir que les termes 4.
Je désigne sous ce
la région
:
nord, ont
fini
par s'appliquer à des manières plutôt qu'à des écoles
proprement dites. 2. On donne le nom de Tao à
la doctrine de Lao-tseu.
LART BOUDDHIQUE
74
à laquelle Tinfluence des
pas étrangère.
Au
Brahmanes
n'est peut-être
terre-à-terre confucéen, à la séche-
resse d'une éthique toute terrestre et temporelle, les
immédiats de Lao-tseu opposent une sorte
disciples
de naturalisme épique, coloré par de larges
et brillantes
images. Leur rôle fut d'assouplir, de dénouer, de spiritualiser
génie chinois. Les bureaucrates et les
le
lettrés
confucéens opposèrent longtemps de redou-
tables
barrières aux progrès
Taoïsme
les accepta.
de pensée
et
Bouddhisme.
du
Bien plus,
il
Le
devait se pénétrer
de pratiques indiennes.
Ainsi l'époque Tcheou avait donné à la Chine ses
deux
directions
essentielles
morale.
en
Nous
les
verrons se développer avec l'histoire qui, alternative-
ment,
les favorisa. Elles
survécurent au désastre des
Tcheou, renversés parlesTshin (221-202 avant JésusChrist)
.
ce
C'étaient des pâtres
mongols servant de con-
ducteurs de chars et d'éleveurs de chevaux, sous le règne
des premiers empereurs Tcheou, qui, en leur qualité
de derniers arrivés du désert, devinrent l'élément pré-
pondérant^
.
»
Ces palefreniers magnanimes consoli-
dèrent Tempire.
On
voit déjà se manifester
chez leurs successeurs
en eux
et
directs l'esprit d'ordre et le
sens pratique qui caractérisèrent plus tard les grands
conquérants mongols. D'ailleurs, limités à un territoire défini, ils l'organisèrent,
pour
le
défendre et pour
non pour le faire
cèrent les murailles militaires 1.
Okakura, op.
cit., p. îS3.
le
pressurer, mais
durer. Ils
et les voies
commen-
impériales.
IDEALISME ET POSITIVISME EN CHINE
Pendant quatre
75
siècles (202 avant Jésus-Christ
après Jésus-Christ), les
Han
— 220
travaillèrent avec
une
constance, une autorité et une largeur de vues toutes
romaines sur
Un
les assises d'unité établies
par les Tshin.
domine leur histoire ils rendirent la connaissance du Confucianisme obligatoire aux examens fait
publics
:
et,
officielle.
par
désignèrent
là, le
comme
doctrine
la
Les Tshin n'avaient pas fondé seulement,
avaient détruit. Rencontrant de l'opposition chez
ils
les lettrés
confucéens fidèles aux Tcheou,
ils
avaient
tenté d'extirper à la fois la politique et la doctrine en
anéantissant les textes. Les Han, mieux assis et mieux inspirés, firent régner au profit
du Confucianisme
la
paix morale dans l'empire.
Leur art nous de bronze
est
connu par
et la sculpture
la
céramique, les vases
décorative. Les historiens
chinois parlent d'une architecture monumentale, de
luxueuses parures, de demeures solides, de tours de bois et de briques et surtout du formidable rempart
par lequel ces Romains de l'Extrême-Orient isolèrent l'Asie
mouvante de
la
Chine stable. Mais leur action
ne fut pas claquemurée à l'intérieur de cette place d'armes. Par leur clientèle de nations nomades, s'étendit au loin, etjusqu aux bords
Dès
la
du
seconde moitié du r^ siècle avant
elle
golfe Persique.
l'ère
chrétienne
ils
furent en rapports avec la Bactriane. Plus tard,
ils
reçurent une caravane de marchands syriens ou
parthes que les
annalistes
présentent
ambassade de Marc-Aurèle. Dans
le
comme une
décor
de
leur
L
76
céramique
ART BOUDDHIQUE
même, une
dans sa matière
et
poterie
vernissée, d'un vert onctueux, relevé de quelques notes
jaunes, Fenellosa reconnaît les thèmes
et la
technique
de la Mésopotamie, «... des formes d'animaux ailés,
quelques-uns à corps humain, des masques d'oiseaux
ou de fauves, (cette
et
même
Pégase
le
ailé, l'arbre
de vie
antique forme du décor persan), et surtout cet
ornement persistant du motif courant de rosaces \
»
fleurs et de
Les bronzes révèlent tantôt
sources d'inspiration, tantôt un style les riverains
du Pacifique,
mêmes
les
commun
à tous
avec une puissante
traité
rudesse.
De singuliers panneaux de pierre gravés décorent les chambres funéraires et les piliers qui en désignent l'accès, dans les grottes du Chan-tong (PL XIV). Les plus récents
(if
siècle après Jésus-Christ)
montrent,
associés à des scènes historiques ou légendaires, héroï-
ques, patriarcales et pastorales, des monstres qui sem-
blent empruntés à la mythologie taoïste. Révélation intéressante, à
une époque où
le
Confucianisme
fait
tigure de doctrine d'état. C'est que l'empire est à la veille
du démembrement
et
de l'anarchie
et
qu'à la
faveur de ces désordres, les doctrines du sud prennent
une
vitalité nouvelle.
Lédifice des i268)
,
Han
s'émiette en trois
royaumes
et l'unité politique qui assurait la stabilité
(12*20-
du Con-
fucianisme n'existe plus. L'état décentralisé pèse moins lourd sur la pensée. La philosophie individualiste et 1.
Fenellosa, Lart en Chine et
au Japon,
Irad.
fr., p. 15.
IDEALISME ET POSITIVISME EN CHINE
77
naturaliste reprend le dessus. Les sages, par dédain
du formalisme bureaucratique
et
de l'étiquette, appren-
nent un métier manuel ou se retirent dans
pour méditer
et
pour contempler. Les continuateurs
de Lao-tseu fondent toute la vie morale sur
pendant l'époque
et,
les bois
dite des Trois
la liberté,
Royaumes
et celle
des Six Dynasties (208-618), les poètes laissent chanter
avec passion dans leurs œuvres la voix secrète des choses et les harmonies de la nature,
thème ployé sous bous ondulants,
la rosée, la
la sérénité
au vent leur secrète douleur son le
âme
altière
dans
le
«
grâce délicate des bam-
murmurant
des pins verts
et le narcisse sacré
les ravins
soleil
)).
Depuis 420,
les Tartares étaient maîtres des provinces
cour
du nord,
princes de race pure avaient transporté leur
dans
le
sud.
La
vallée
servait l'écho des chants de
qui
cachant
profonds ou cherchant
printemps dans un rayon de
et les
chrysan-
avaient
inspiré
les
du
Yang-tseu
Khyu Yuen. Les paysages
philosophes
devaient un jour inspirer les peintres papier et du pinceau, ce arts de l'Asie, plus
con-
fait capital
et :
les
poètes
l'invention du
dans
important encore que
l'histoire des la
chimie des
résines et des vernis propagée par les ateliers flamands
du
xv^ siècle, leur permettait de traduire des
émotions
plus subtiles, plus ondoyantes et plus suggestives que la
terrible gravure linéaire des
Han. L'exaltation de
un sec enthousiasme, une délectation de bureaucrate dilettante. La ligne a un sens, elle est dépositaire de vie, elle peut dégager un la calligraphie
n'est pas
L'ART BOUDDHIQUE
78
contenu profond. Le maître qui, au v^ ((
la vie
de l'esprit par
rythme des choses
développement ultérieur de Ainsi
le
résume
»
une formule incomparable,
dans
d'avance,
le
siècle, définit l'art
de la philosophie laoïste,
du centre d'influence,
la
le
bouddhique.
la peinture
recul du Confucianisme
tout le
Han,
le
renouveau
déplacement vers
le
sud
découverte de procédés tech-
niques infiniment plus souples que
ciseau du lapi-
le
expansion du lyrisme naturaliste enfin,
cide, la libre
tous ces faits, tous ces éléments préparaient la Chine à
une transformation. Dès à présent, de chinois
l'art
on
primitif
peut
l'histoire
de
deux ten-
dégager
dances. L'art de la Chine pré-bouddhique est d'abord caractérisé par
une aptitude décorative qui domine
exclusivement jusqu'à profond accord avec
la
le
des
fin
—
surtout mésopotamiens;
qui,
et
génie confucéen,
sur plusieurs séries de thèmes,
dentaux,
Han
en
travaille
des thèmes occiles
vieux
motifs
chers aux peuples du Pacifique, mis en lumière par Fenellosa, débris d'une plastique totémiste en usage de la
Nouvelle-Zélande à l'Alaska,
la frégate (plus tard
le
poisson, le crapaud,
schématisée en un souple bandeau
d'ornement). D'autre part, une aptitude proprement jour peu à peu dans
esthétique se
fait
nois
d'essence méridionale, elle a été exercée
:
elle est
le vieil art chi-
par la philosophie de Lao-lseu et par la lyrique de ses disciples; elle dote d'un sens ésotérique les vieilles
figurations totémistes
nuages
et
de
la
(le
Dragon, par exemple, né des
mer, symbole du changement éternel)
;
IDEALISME ET POSITIVISME EN CHINE
de la technique calligraphique, elle dégage
que
l'art est
une expression dela\ie
et
suggestion. C'est à cet ensemble, déjà
de formes
et d'idées
que
le
79
le
principe
une puissance de si
riche,
Bouddhisme
si
divers,
se superposa.
— LE BOUDDHISME DANS LE TURKESTAN
ORIENTAL. UARl GRÉCO-BOUDDHIQUE SOUS LES WEI DU NORD ET SOUS LES THANG. SON RAYONNEMENT EN CORÉE El AU JAPON.
IL
D'après des récits traditionnels, sans doute très suspects, l'an
il
60
aurait été introduit à la cour des
70 de notre ère \ En
et l'an
mence à compter qu'à partir du minement dut être lent, obscur une société cianisme
ou avouée que
elle
siècle".
ne com-
Son che-
et difficile à travers
les
en juge d'après l'opposition sourde
mandarins ne cessèrent de
trer par la suite, ses
savoir
il
entre
installée sur près de huit siècles de Confu-
et, si l'on
d'obstacles.
ni*^
réalité
Han
commencements
La question qui
si l'art
de
se pose
furent hérissés
véhiculant avec
son origine à
gréco-bouddhique du Gandhara, ou bien qu'une branche de
l'art
mon-
pour nous est de
la religion nouvelle,
ses icônes, se rattache dès
lui
s'il
l'art
n'est
indien primitif, traité à la
chinoise.
Fenellosa semble adopter cette deuxième hypothèse
nommé
1.
Un
2.
La traduction de l'Amida-Sutra en chinois date de cette période.
Saian (?), aurait joué à cette époque un rôle important dans la propagation du Bouddhisme. D'un voyage dans rinde, entrepris en 67, il serait revenu avec des images bouddhiques et deux moines, Horan et Matanja. Ce dernier aurait peint à Lo yang, sur les murailles d'un palais qui devint temple un stupa entouré de figures, chars et cavaliers. sage chinois,
L'ART BOUDDHIQUt:
80
et,
sur ce point, on doit reconnaître que l'exposé de
manque pas de
ses belles recherches ne
confusion.
y aurait sans doute quelque chose d'harmonieux dans la succession de deux vagues d'influence répé11
Chine l'évolution
tant en
perso-indienne
influence
de
cette
—
l'Inde,
influence
d'abord,
bouddhique ensuite. Mais
dans
l'art
gréco-
hypothèse paraît peu
historique. Elle nous mènerait à
commencer
l'étude
de Fart bouddhique par la Chine du sud, pour faire
en second lieu de la Chine du nord de
l'art
l'aire
gréco-bouddhique postérieur.
table, je Tai l'origine,
montré, que
la
11
d'expansion est incontes-
Chine du sud
fut,
dès
un terrain particulièrement favorable au
développement de
la
pensée indienne
:
son grand sen-
timent plastique, sa sévérité pleine de poésie devaient
marquer d'un accent méridionale.
On
spécial
doit tenir
les
œuvres de
compte aussi de
l'école
la route
maritime qui menait du golfe du Bengale à l'embouchure du Fleuve Bleu par Ceylan, voie naturelle des légations et des missions. Mais les pèlerins s'infiltraient
par
le
Turkestan. C'est
le
nomades
nord-ouest de
l'Inde qui sert de charnière, en quelque sorte, entre les civilisations
indienne
et chinoise.
C'est le
Boud-
dhisme du nord-ouest, propagé à travers des éléments ethniques jeunes et vigoureux, qui se répandit avec
le
plus d'activité, apportant avec lui ses images et son art, ses
bannières peintes, âpres de dessin, saturées
de couleur,
et aussi les
types et quelques-unes des
pratiques de l'école gandharien ne.
Comment en aurait-
(
ff
_)
/
""•'•HlpHUS.-—
^
><
^
Pl. XII.
"
-
Cl.
Foucher.
L'Art Gréco-Bouddhique et ta Vieilte École Indienne. 1.
2.
La Donation dl^ Jetavana (Collection des Guides, à Mardan). Le même sujet, d'après un Médaillon de la Balustrade de Bharhut (Musée de Calcutta).
IDEALISME ET POSITIVISME EN CHINE il
pu
autrement
être
Tart indien
? Qu'était
«
84
primitif »,
avant la révélation du Gandhara, sinon un ensemble
dont l'image
de formules schématiques,
Bouddha
même
du
(ne l'oublions pas) était exclue? Enfin est-il
exact de présenter les
Wei du nord comme
des persé-
cuteurs du Bouddhisme?
Le Bouddhisme chinois,
c'est
donc surtout
le
Boud-
dhisme du nord, une religion vigoureusement populaire,
dotée d'une iconographie très riche, déjà fixée
au
siècle. N'est-ce
iii^
pas la seule forme de la philo-
sophie du renoncement qui pouvait être adoptée
à
l'origine par des populations réalistes, travailleuses et
Une puissante note
saines?
plus tard
nous en discernerons
:
même
évolution postérieure, de tonalité
idéaliste se
morale dans
fit
les effets.
que
entendre
Mais cette
les différences
de
de la Chine,
les diverses parties
n'autorise pas à discuter ce principe. Le
Bouddhisme
septentrional s'était répandu, de la haute vallée de l'Indus,
dans
l'Asie centrale et
dans
le
Turkestan
chinois. Les sables de ces régions devenues arides, fouillés depuis vingt
ans par
les
Sven Hedin,
les
Aurel
Stein, les von Lecoq, les Pelliot, ont révélé toute civilisation XI' siècle,
bouddhique
ancienne qui, jusqu'au
eut une brillante existence et dont l'art est
en étroite relation avec
Le
très
une
les
monuments gandhariens.
style des figures, le caractère des draperies, l'em-
ploi de la terre cuite, l'usage
de sceaux d'origine ou
d'inspiration hellénique, ne laissent aucun doute à cet égard. Ajoutons
que
l'infiltration
gandharienne 6
L'ART BOUDDHIQUE
82
remonte
à
une haute époque, puisque
temple de
le
Kholan où Aurel Slein découvrit la statue d'un héros guerrier protecteur du Bouddhisme date vraisemblablement du m'
siècle.
En Chine même, l'expansion de dhique se produit bien avant
gréco-boud-
l'art
le vif siècle et
n'attend
pas Tunification de l'empire sous les Thang. Bien plus,
dans un certain nombre de monuments religieux,
Thang ne
dévots empereurs
firent
que copier
les
et conti-
nuer l'œuvre de leurs prédécesseurs. En 1907, M. Cha-
vannes explora méthodiquement, près de Ta-tong fou, dans
nan
nord du Chan-si,
le
fou,
la Porte
dans un
défilé qui porte le
nom
de Long-men,
du Dragon, des sanctuaires rupestres décorés
de figures
Weï du
d'autre part, près de Ho-
et,
et
creusés au
v' siècle,
sous
règne des
le
nord, une des dynasties qui prennent place
entre l'émiettement des
Han
Les dédicaces gravées dans ces grottes ont été
l'avènement des Thang.
et
le
aménagées
rer le repos définitif à des
rocher indiquent que et sculptées
morts de toute condition
pour leur permettre d'échapper, par
bonne œuvre, à
la nécessité
cessives. Les petites
Bouddhas,
les
pour assu-
la
et
vertu d'une
des réincarnations suc-
gens ont érigé
là
de minuscules
empereurs Weï ont dressé des figures
colossales.
Cet art des
de suavité,
Weï du nord
est
incontestable.
(PI.
XV), plein de grâce
et
d'une inspiration gréco-bouddhique
Un
caractère
retrouve plus sous les Thang,
particulier, le
qui
délimite dans
le
ne se
temps
:
IDÉALISME ET POSITIVISME EN CHINE
beaucoup de personnages
83
Tun
assis ont les pieds croisés
devant Fautre. C'est laposed'unestatuettegandharienne retrouvée à Tourfan, au Turkestan oriental, et Ton sait
que
la politique militaire
des
Weï
mit en relations
les
avec les peuples de cette région. C'est
là
un précieux
jalon dans Fhistoire de la pénétration en Chine de Tart
gréco-bouddhique. Une des grottes de Ta-tong fou est décorée de onze panneaux analogues aux reliefs des balustrades des stupas, représentant des épisodes de la vie
du Bouddha. Une autre contient des sculptures
d'un faire plus
mou
et plus lourd,
mais chargées
d'at-
tributs nettement helléniques. L'une des figures, coiffée
du bonnet
ailé
de l'Hermès grec, porte sur son
épaule droite une sorte de caducée
de l'autre main,
de Poséidon, qui s'apparente
le trident
Cet
et,
Hermès énigmatique,
ici
sculpté m.alaisément sur la
paroi d'un sanctuaire rupestre à la fin du
un suggestif mystère pour
n'est pas
toire, c'est
au trisula.
v^ siècle, ce
les rêveurs d'his-
une preuve péremptoire pour l'archéologue.
Les grottes de Long-men sont plus richement décorées
que
tiennent au
l'ornement
nuèrent
de Ta-tong fou, mais elles appar-
celles
les
même groupe. Un rythme et discipline la profusion.
Weï
élément nouveau
à :
Long-men.
Ils
parfait enchaîne
Les Thang conti-
y introduisirent un
les rois célestes, qui
gardent l'entrée
des sanctuaires et que Ton retrouve plus tard dans les
temples bouddhiques de peut-être, eux aussi,
la
Chine
et
du Japon.
Ils
une origine gandharienne,
ont s'il
est vrai qu'ils se rattachent à Vajrapani, le génie pro-
L
84
ART bOUDDUlQUE
armé de la foudre, souvent représenté aux côtés du Bouddha sur les reliefs gréco-bouddhiques. Le lieu des dix mille Bouddhas n'a cessé de lecteur
charmer tale.
((
d'émouvoir Timagination extrême-orien-
et
Les pierres elles-mêmes,
dit
un poète
chinois,
ont atteint la vieillesse et se sont élevées au rang de
Bouddha.
»
Au fond du
précipice aux parois sculptées
bondit un torrent. Le
site est
plus sauvage majesté.
11
de la plus large et de
semble que toute une
la
civilisa-
tion ait laissé là son extraordinaire testament moral.
Avec leurs archers fantastiques, leurs pur-sang cabrés, aux jarrets minces, aux croupes rebondies, leurs chars à
la
mode
persique,
logettes funéraires
les
gravures sur
Han donnent
l'idée
du déploie-
des cérémonies. Les guerriers, les chasseurs et
en relief plat par une sorte de
les dignitaires, enlevés taille
des
d'une société
brillante et complexe, fière de son faste et
ment
pierre
d'épargne qui les découpe
comme
respirent la force et l'autorité. L'art
pour nous
le
des silhouettes,
Weï
entr'ouvre
mystère d'un monde chargé de pensées
plus hautes et plus belles.
indienne descend sur
la
La sérénité de
Chine
la
comme une
sagesse
lumière
dorée. Plus étroitement associés à la nature que les statues d'un temple, les
Bouddhas
semblent épanouir sous nos yeux tagne
et
taillés
dans
la
roche
de
la
mon-
la rêverie
de toute la terre, répandre sur les
hommes
la
grave leçon de l'éternel repos. x\u Dragon du sud,
symbole des apparences mobiles, de Teau qui la
brume
qui passe et qui se déchire aux pics
fuit,
de
monta-
IHEALISME
gneux, paraphe de
POSITIVISME
r:T
la vie qui se
P:N
CHINE
85
dénoue, se résout, se
recommence, l'image du Prédestiné, dressée montagne, suavement recueillie dans le loin-
replie et
dans
la
tain des siècles et de la pensée, oppose le silence et
rimmobilité de ce qui ne meurt plus.
L'enseignement des dix mille Bouddhas parla Chine Thang (618-907). Une et le
sud sont unis dans
nisme, Laoïsme
dans une paix
et
le
même
fois
encore
relative. L'extension
des routes vers l'Inde
:
le
nord
empire. Confucia-
Bouddhisme évoluent
l'ouest, vers le Pamir, la conquête
fut recueilli
côte à côte
des frontières à
du Thibet ouvrent bouddhiques
les prédicateurs
affluent en Chine, des familles entières s'y installent, la
colonie indienne fixée à Lo-yang, la seconde capi-
tale
des Thang, à partir de 698, en compte des milliers.
Des pèlerins chinois visitent
les sanctuaires
de l'Inde,
Hiuen-tsang rapporte de son voyage, non de vagues formules
admiratives,
non de pieuses
élévations,
mais des descriptions précises, qui servent encore de guide à nos chercheurs. Les stupas et les sangharamas
du nord-ouest étaient en ruines, mais dhique l'avait
était vivante. L'évolution
amenée à son
la
pensée boud-
des écoles indiennes
équilibre classique. Arrachée à
des considérations stériles sur l'universel abstrait, elle se
la
plongeait dans l'étude et la contemplation de
nature concrète. Elle proclamait l'identité de la
matière et de Tesprit, la croyance que l'univers est
dans l'atome, concentré, complet. De toute-puissante,
un repos, une
là
une sérénité
sorte de joie grave, qui
L'ART BOUDDHIQUE
86
baigne
l'art
de cette époque, en particulier la sculp-
ture, en Chine, en Corée, au Japon. Cette force souve-
raine,
morale
expression de la plénitude
et
de
la
maturité, revêt d'une incomparable autorité les statues et les reliefs.
Quelques débris suggestifs de
l'art
Thang ont
été
découverts sous les herbages solitaires qui recouvrent la
première capitale, Si-ngan fou, dans une région
successivement, les Tcheou, les
Han
et les
Thang
oià,
éta-
blirent leurs centres d'influence. Mais c'est la Corée et le
Japon qui conservent
style
les plus
beaux exemples du
gréco-bouddhique de cette période.
Dès
le
début du vu"
siècle, la
œuvres d'une extraordinaire bois, dit tabernacle
Corée avait produit des
qualité.
Tamamousi, sur
Hô-ryou-zi, révèle, en
même temps
Le reliquaire de le
grand autel de
que de rares apti-
tudes décoratives dans ses parties purement architecturales,
sages
une influence des
montagneux
les belles
reliefs
Han dans
panneaux
les pay-
et,
dans
divinités des portes, le souvenir de
l'art
peints sur les
gréco-bouddhique des Weï. Le grand Bodhisattva du pavillon
Youmedono
œuvres grecques de
a Taisance et la dignité paisible des la
grande époque, avec
sance de sentiment religieux qui l'Asie et à l'art français le
du xnf
cette puis-
n'appartient qu'à
siècle.
Au Japon,
sous
règne de l'impératrice Soui-Ko, s'élabore un canon
esthétique, où la part de la
Corée
est
prépondérante,
Chine du sud
mais
qui
et
de
la
annonce déjà
l'avenir élégant et robuste de l'art japonais.
IDÉALISME ET POSITIVISME EN CHINE
dans
C'est
la
87
seconde moitié du vu® siècle que
le
rayonnement du génie grec touche directement la Corée, peut-être à la suite de l'annexion éphémère du par
pays
Kwannon du par
Thang. (>omme
les
la
Méra de Samos,
pavillon Tô-en-dô, à Nara, est asiîiliqiie
bas, les plis ^^ont étroits, l'étolfe
le
traitée
la
du manteau est
dans une matière mince, avec un sentiment
nerveux
ce sont là
:
des traces encore de ce stvle
exquis, féminin, nuancé de sécheresse, qui caractérise la
Corée à
cate
la fin
du cou, de
du vf
la
siècle;
l'élégance des bras et des l'art
la plénitude déli-
et des épaules, l'ovale parfait
gorge
suavement majestueuse,
du visage, son expression
sommet de
mais
mains placent
cette
œuvre au
gréco-bouddhique. Ce n'est pas une
pâle et impersonnelle copie de la statuaire gandha-
rienne. Sur les rives de la
mer
orientale, la pensée
asiatique a traité avec personnalité l'enseignement qui lui est
toire
venu par
nord de
le
la Chine.
de cet art grec d'Asie est
volcanique où une
élite
Le véritable
là, et
humaine en
terri-
dans l'archipel recueille et en
interprète à son tour les leçons.
On ne temps de
peut songer à séparer l'art
ïhang. Nous
le
l'art
japonais de ce
verrons, toute la vie
japonaise peut être considérée, sans abus de termes,
comme une œuvre
d'art
bouddhique. Mais, avant d'être
proprement nationale, Thistoire de l'art au Japon s'ouvre sur un chapitre sino-coréen. La belle Kwannon coréenne de bronze clair du pavillon Tô-en-dô détermina toute
une émulation
et
sans doute une influence for-
L'ART BOUDDHIQUE
88
melle. Mais avant de parler des bronziers japonais du VIII*
siècle,
il
festes d'art
dans
v a lieu de mentionner les traces mani-
gréco-bouddhique qui peuvent être relevées
les peintures décoratives sur plâtre
et aussi
dans
beaux
les
Gen-Kô-zi à Nara failles
dans
la
:
reliefs
de pierre du temple de
ces derniers sont
matière
;
ils
de Hô-ryou-zi,
profondément
s'apparentent ainsi à cette
technique gandharienne qui, d'après M. Foucher, contribua à faire sortir la sculpture de son rôle
purement
décoratif et à la révéler à elle-même, par la puissance
du modelé, par
la
profondeur des volumes,
son propre but. Surtout,
la ligne
comme
des figures est élé-
gante, harmonieuse, humaine. Les Bodhisattvas ont
un hanchement
praxitélien.
La découverte de riches mines de cuivre au Japon en 708 favorisa viif siècle
le
développement considérable au
de la sculpture en bronze. Alors on voit
bronze noir
paraître ces colossales Triades de
dressées sur les grands autels de pierre,
poli,
comme
les
gardiennes des âges. Ces figures solennelles, impecca-
blement musclées, d'un aplomb proportions classiques, signalent,
non
les
épanouissement
pleines,
débuts d'un
(PI.
art,
et
d'une justesse de
solides
nobles,
mais sa maturité, son
XVI). La vie respire à Taise, toute
sécheresse a disparu. Ainsi la Trinité du Yakou-si-zi, à Nara,
et
œuvre de Gyô-gi,
Kondô du
se révèle à
nos
comme le chef-d'œuvre de l'art Thang au Japon et comme le point culminant de Tinfluence gréco-bouddhique. A côté de la technique du bronze, et naturel-
yeux
Pl. XIII.
isjW
w
Cl. Fouclier.
Art Gréco-Bouddhique' [Inde).
En En
haut, les austérités de bas,
Gactama;
les préparatifs de l'illumination.
O O
en
S S
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C
s:
ix:
IDÉALISMI-:
lement favorisée par
1:T
toute
Pi^SrnVISME
elle, Fargile
une statuaire de graves
Le bois
était
et
également considéré
E^^
chine
89
donnait naissance à
charmantes images.
comme une
de choix. Pendant la période Nara, sous
le
matière
règne du
grand empereur bouddhiste Chô-mou, Tart japonais enfanta toute une série de
Kwannons de
bois, d'une
féminité délicieuse, à peine indiquée, d'un modelé
noyé, mais de la ligne la plus pure. Le type en aurait
donné par l'impératrice elle-mome. qui consenti à poser pour Tune d'elles.
été
m. -^ r.A pEixTuni: n\xs ET MYSTICISME,
De
Nara
vons suivre tout
et
de
la
et
nr sfo. XM^rnALisME
le
la
grande
aux Kwannons de bois, nous pou-
développement de
dhique en Chine, en Corée
du nord
cmyE
gandharienne de Tourfan à
la statuette
Trinité de
l.\
aurait
sous les Thang,
et
l'art
gréco-boud-
au Japon, sous
comme
les
Weï
sous les empereurs
période Nara. Mais une autre forme d'art, plei-
nement bouddhique
aussi et
elle
d'une originalité
plus asiatique, se développait sous les Thang, dans la
Chine du sud, avec l'encre
et le pinceau. Elle
y était
non seulement par le génie de la race et des lieux, mais par une évolution toute particulière de la pensée indienne. L'école Tchhan (en japonais, Zèn)
favorisée,
et
l'école
Thyen-thaï
(en
cèrent alternativement une l'art
méridional.
On
l'a
japonais,
Tendaï)
exer-
profonde influence sur
vu, les paysages
du Yang-
L'ART BOUDDHIQUE
90
tseu étaient faits pour inspirer à et
sensible c^ Ivrisme naturaliste dont on retrouve
Taccent dans le
la
philosophie de Lao-tseu. L'école ïchhan
développa. Dès Tépoque des Liang, une des dynas-
ties qui
la
un peuple sévère
précédèrent Tunité ïhang,
cour impériale. Ascétique
vers la nature,
mais non
une
et
et
non vers
mystique,
la
elle avait
pénétré à
contemplative, tournée surnaturel, idéaliste,
le
philosophie Tchhan exerça
grande influence sur
le
développement de
la
peinture de paysage en Chine et au Japon. Très char-
gée d'éléments taoïstes, elle se développa plus tard avec
beaucoup de largeur, de charme la
Chine des Song
et
au Japon.
et d'autorité
]\lais,
dans
tandis que l'ex-
trême individualisme contribuait peut-être à dissoudre et à affaiblir la communauté chinoise en face de la
menace mongole, dans Asikaga,
les
le
Japon des ères Kamakoura
éléments sains de
choisis et retenus par
cette
philosophie,
une race en pleine verdeur,
doctrine delà maîtrise de
soi,
et
la
l'entraînement physique
moral des moines militaires devaient produire des résultats exactement opposés. Quant au mysticisme et
Thyen-thaï,
il
allait être
de symbolique et la nature.
le
pour
l'art
une dangereuse école
détacher peu à peu de l'étude de
Kien n'est plus important, pour bien com-
prendre désormais l'histoire de
l'art
bouddhique en
Extrême-Orient, que de se représenter
mène
le
rythme qui
de la philosophie Tchhan à la philosophie Thyen-
thaï et de la philosaphie Thyen-thaï à la philosophie
Tchhan. Le passage du naturalisme
idéaliste
au pur
IDÉALISME ET POSITIVISME EN CHINE
mysticisme
et la
renaissance
ultérieure
91
de
l'idéa-
lisme scandent, en quelque sorte, toute l'histoire de la peinture.
Les paysagistes Thang du sud furent à la
fois
des
poètes et des peintres, et leur double mérite nous aide à saisir les liens qui unissent Fart d'écrire et Fart de
peindre, dans un pays où l'écriture idéographique est déjà une suggestion pour les yeux, dans une région où
Khyu Yuen
et
Thao Yuen ont déjà peint
avec des mots. Tandis que
les
grands
les
paysages
artistes
du nord,
Li Tchao-tao et son père Li Seu-lwen par exemple, se
distinguent par la richesse et par la solidité du ton, les maîtres
Wang
la suite
de leur initiateur
subtilité
une nature qui se
méridionaux, à
Weï, peignent avec
dégrade, qui s'évapore
dans d'infinies perspectives
d'atmosphère. Ces beaux artistes Thang du sud furent
eux aussi, à l'occasion, des des manieurs d'encre.
Ils
coloristes,
mais avant tout
connaissent toutes
les res-
sources graphiques du blanc et du noir, la qualité de
l'émotion pénétrante et mesurée qui se dégage de cette
gamme
à deux notes.
Ils
exercent
audaces synthétiques dont xv^ siècle
les
le
pinceau à ces
maîtres japonais du
sauront faire plus tard, après eux, de
cates vertus. Ainsi les paysagistes
lumière un
trait essentiel
— son exquis
si
déli-
Tchhan mettent en
de la peinture bouddhique,
raffinement sobre. Avec des éléments
qui paraîtraient pauvres à des occidentaux classiques, ils
sont des virtuoses,
—
mais entendons bien que
chaque accent de cette virtuosité
est
un écho des pro-
L "ART BOUDDHIQUE
92
fondeurs. De la peinture à la règle, en honneur sous les
Thang, au
quée sous
les
Faire dire
le
viif siècle, à la peinture
Mandchous, quelle
au doigt, prati-
variété technique!
plus de choses possible à des éléments
simples, qu'une fantaisie philosophique noue, dénoue,
tourmente, apaise à son gré, confier toute une sensibilité à ces
noirs, voilà le musical
beaux linéaments
La
secret de cette esthétique.
dans l'idéogramme
et
dans
clef en
la calligraphie,
complète n'en
l'interprétation
l'homme
à
d'être
—
mais
pas possible en
est
dehors de cette philosophie ascétique
demande
peut-être
est
fort
et naturiste qui
et
concis
et
qui
l'associe étroitement à l'univers concret.
Oui, le pinceau chargé d'encre des Tchhan, sous les
Thang,
est le signe, le
symbole d'une technique ascé-
tique, en ce sens qu'il exige
ment volontaire confus.
II
volonté.
même contact il
est le miracle Il
est l'école
temps, le
et qu'il
il
un prodigieux entraîne-
méprise
les richesses
de ces deux vertus,
d'un luxe
— pauvreté,
du plus haut raffinement. En
est l'instrument, si je puis dire,
plus délicat entre
Tàme humaine
et la nature,
en traduit tous les tressaillements. Tantôt
il
erre avec
une paresse heureuse, avec une négligence sereine |)leine
de noblesse, et
du
la trace qu'il laisse
et
après lui
est
semblable au chemin d'une lente procession dans
un
office
et
bouddhique. Tantôt,
chargé de colère,
diment
les valeurs.
il
il
est
nerveux, violent
écrase la tache,
Tantôt
il
il
poche har-
pose un accent impon-
dérable, un point dans l'espace.
—
et voici
que
la vie
IDEALISME ET POSITIVISME EN CHINE S éveille.
93
Cette autorité et cette liberté, on les trouve,
dès le début de cette histoire de la peinture, dans
l'œuvre du grand
Nous
Wou Tao-tseu
(en japonais,
les retrouvons, identiques et
siècles, chez le vieillard fou
non
Dô-si).
altérées par les
de dessin, Hokousaï.
Mais un autre courant de pensée
pour un temps à
Go
la peinture,
avec
allait
s'imposer
la diffusion
de la
philosophie Thyen-thaï. Sortie de l'ésotérisme indien,
prêchant
le
développement extatique des vertus
tuelles, elle
ne doit pas être interprétée
comme un dangereux
déviation stérile, elle était
moins favorable que
le
spiri-
comme une délire,
mais
Zénisme au dévelop-
AuÇakya-Mouni barbu de Wou Tao-tseu (PL XVII), si puissamment humain et sincère, et qui semble le véridique portrait de quelque moine pement d'un art
vivant.
des solitudes, à la
Kwannon du même
cend des hauteurs éternelles avec
la
maître, qui des-
souveraine grâce
d'une reine céleste, dans un manteau de dentelle, à ses paysages autoritaires, dramatiques
et pleins,
succèdent
des œuvres où l'élément décoratif et symbolique tient
une grande place.
Si l'accent énergique de la
manière
Thang subsiste dans les beaux portraits de prêtres japonais datant de cette période, Tart (avec la civilisation tout entière)
précieux,
n'en a pas moins tendance à devenir
dévot, féminin.
Au Japon,
introduit par Kô-bô-daisi eut
le
mysticisme
une fortune extraordi-
naire sous les Foudziwara. Les sectes Tendaï, Singon (en chinois, Tchen-yen) et
thou), issues
du
même
Djôdo (en chinois Tsing-
rameau, formèrent
les
âmes,
L'ART BOUDDHIQUE
94
Fart à des attitudes nouvelles. L'archipel
le cuite et
(par
une mesure qui
se répétera
dans son
histoire)
venait de se fermer au despotisme des influences chinoises, et les chefs de l'État avaient décidé, dès la fin
de la période Heian, de ne plus envoyer d'ambassade à Si-ngan fou.
L'ésotérisme se développa dans un
milieu hermétique,
femmes
et
avec la complicité
exaltée
des
des moines. C'est Tépoque de l'extase et de
succédant à Tépoque de la contemplation. La
la prière
lumière dorée du paradis d'Amida rayonne sur la pein-
harmonies jaunes. Et pourtant
ture en
leçons des maîtres
vieilles
Thang ne sont pas complètement
Quand Kosé Kanaoka,
perdues.
les
grand
le
peintre
japonais du temps, travaille pour les monastères, s'astreint
au précieux, au
fini,
à la minutie qui sont
de règle dans l'esthétique Singon. Mais de s'évader,
—
manière de
Wou
JV.
se
il
il
il
lui arrive
rappelle alors la libre et ferme
Tao-tseu.
- LA CHINE DES SONG ET LE SUCCES DU BOUDDHISME
TCHHAN. L'histoire de la Chine est
ments. L'unité se
soumis à une
fait et
une
série
se défait.
de recommence-
Ce vaste empire,
infiltration perpétuelle, à
une opposition
plus ou moins prononcée du nord et du sud, donne
le
spectacle d'une vitalité et d'une énergie centralisatrice
sans cesse en travail pour resserrer les éléments de la
nation, avec une vertu qui
tit
défaut à
Rome même,
IDEALISME ET POSITIVISME EN CHINE
pour se rassembler après
95
L'émiettement
les invasions.
des Thang est pareil à rémieltement des Han. En un demi-siècle (907-960), cinq courtes dynasties occupent la scène, puis les
Song ouvrent une ère nouvelle de
vigueur historique
et
Toute niste,
de large continuité.
la civilisation
des Song est énergiquement zé-
d'un zénisme actif et novateur qui contraste dune
façon étrange avec la vieille éthique communautaire et conservatrice de la Chine des Han. Qu'on ne se représente pas les confucianistes contemplant avec bénignité les progrès indéfinis
de la pensée indienne sous sa forme
Un
individualiste et naturaliste.
accord
même
et
des
échanges avaient pu se produire au cours de l'époque précédente entre doctrine
Tchhan
le
Tao
et le
Bouddhisme. Même,
la
avait adopté quelques-uns des points
de vue de la doctrine confucéenne. Mais la moins méta-
moins mystique des écoles bouddhiques était encore, aux yeux des purs confucianistes, un mortel danger pour l'empire. Le drame de vie morale physique
et la
qui secoue, à une période critique, l'histoire de tout
grand peuple agita nos yeux en Grèce, au
traits
la
Chine des Song
moment où Aristophane l'affaire
se
comme
à
la
Rome, au campagne
culture nouvelle, les con-
servateurs chinois dénoncent les esprits libres
des anarchistes
et les
en
déchaîne contre
des Bacchanales et de
menée par Caton contre une
dessine à
Comme
d'une netteté singulière.
Socrate, Euripide et les sophistes,
temps de
et se
novateurs
comme
comme
des ennemis
déclarés de Tétat. Favoriser la connaissance des choses
%
LART BOUDDHIQUE
cachées, les progrès de la pensée indépendante, exalter les puissances de la civilisation, c'est attenter à la
La
sûreté publique.
ancêtres
:
dans
vérité est
éprouvées par
elles sont
les
formules des
Encore
les siècles.
aujourd'hui, les historiens confucianistes rendent les
Song responsables de gole
la révolte et
mon-
de l'invasion
c'étaient des esthètes incapables, de criminels
:
dilettantes.
Mais
programme
le
historique de cette
dynastie malheureuse a une largeur qui ne peut nous laisser indifférents.
murailles, dans le
Plonger
la Chine, à l'abri
sommeil de
la
décadence,
ne Font pas voulu. Us ont imaginé,
ils
de ses
les
Song
ont créé.
Ils
ont tenté de renouveler une atmosphère morale déjà lourde
et
inerte. Ils ont rêvé de faire circuler la vie
dans un organisme en voie de dessèchement. Leurs philosophes sont des modernistes. Tout ce qui
ou
est vieux doit être dépassé
détruit.
Les
livres, les
formules sont chose morte. La vie seule a du prix. La pédagogie Tchhan n'admet pas l'autorité du professeur.
La
liberté de l'esprit est la condition
tence. Se réaliser
un
comme
non
telle
parure ou
l'individualité réside
de
individu, tel est le but.
portrait, la tête, l'expression
tiel, et
même
dans
du regard sont
veux
et
Dans
l'essen-
parce que
telle broderie,
les
l'exis-
dans
les traits
de la physionomie. La nature est belle, et nous
mons, parce vons
la
qu'elle est
une leçon de
comprendre directement par
la contemplation,
didactiques.
A
vie.
l'ai-
Nous pou-
l'étude et par
sans nous embarrasser de thèmes
condition
d'être libres et vivants,
il
o
o H I
Q
o Q
o o a w H H I-;
^
O
^
^ A*;-** »
If
Aî »•
,
.
«ft s 1
o H I
a
H H C « O iz;
» SB O
Pl. XVI.
l'A.
Art Japonais ^iréco- Bouddhique {début du L.N
Fenellos;i.
\'J1I^ siècle).
BoDHiSATTVA, bronzG (Xara).
IDEALISME ET POSITIVISME EN CHINE
nous
est permis, d'un trait, d'un
la flCite
vent dans
en
mot, de suggérer
l'in-
Laisse aller ta bête, ô conducteur de buffles, joue
finité.
de
i)7
toi
en l'inspirant du bruit des sources les feuilles, et
du
et
l'harmonie de l'univers sera
(thème favori des prédicateurs
et
des peintres
Tchhan). J'ai le
montré ce que
la
doctrine Tchhan, d'accord avec
génie propre de la Chine méridionale et la philo-
sophie de Lao-tseu, avait, au cours de l'époque précédente, ajouté, dans
le
domaine de
la peinture,
lyrisme naturaliste des grands poètes chinois. dire,
sion
c'est là,
et surtout
dans
du Zénisme Song, que
la
A
l'Asie,
vrai
magnifique expan-
se réalise l'union des
grandes forces spirituelles de
au
deux
Tidée de la renon-
ciation totale et l'idée de la vie galvanique de l'univers,
Bouddha de l'éternel repos et le Dragon de l'éternel changement. Quand Tesprit est capable de concentrer et de répercuter toute la fantasmagorie du monde, formule du il atteint à la parfaite liberté. La vraie le
Nirvana n'est pas l'anéantissement, tion.
S'identifier
la libéra-
aux choses naturelles, s'assimiler
leurs vertus les plus secrètes, n'est pas
c'est
— par
là, la
peinture
une fantaisie sentimentale, mais une sorte
d'entraînement ascétique. Alors les
hommes
les arbres, les
chi,
nuages
peignent
les fleurs, les oiseaux,
et les cascades.
L'un d'eux, Kuo-
formula leur esthétique. On verra plus tard à
quelle large philosophie de la nature elle a conduit la
pensée bouddhique au Japon, sous
les
Asikaga. Dès 7
L'ART BOUDDHIQUE
98
nous
à présent, qu'il
soit
permis d'en
citer
quelques
d'après Fenellosa.
traits,
En quoi consistent les raisons qui font que des hommes vertueux aiment le paysage? C'est pour ces motifs qu'un paysage est une place où la végétation (c
nourrie par
croît,
rochers s'amusent
les
et
le sol et le sous-sol,
comme
où
enfants, une
des
place que fréquentent ordinairement les forêts et les étudiants qui fuient le
printemps
les
hommes
monde, où
des
les singes
ont leurs tribus, et où les cigognes volent en criant à
grand bruit leur joie dans
la nature.
amoureux des forêts et des sources, pour les amis des brumes et des brouillards, d'avoir à portée de la main un Quelle délicieuse chose est pour les
a ...
paysage peint par un habile artiste possibilité
permanente de voir
d'entendre les cris des singes, sortir c(
de sa chambre
En
ce sens,
le
î
Avoir ainsi la
l'eau
et
les
pics,
chant des oiseaux, sans
!
une chose
ainsi réalisée par la volonté
d'un autre satisfait complètement votre propre esprit. C'est là l'idée
pour
la
fondamentale du respect du vaste monde
peinture de paysage. Si bien que,
si l'artiste,
sans réaliser cette idée, peint d'un cœur indifférent, c'est s'il ((
comme
s'il
jetait
de la terre sur une divinité, ou
répandait des impuretés dans le vent ...
clair.
Celui qui étudie la peinture est dans les
mêmes
conditions que celui qui étudie l'écriture, celui qui
en écriture ferait de Sha-ô ou de Gurinka son maître n'exécuterait qu'un travail identique à celui du maître
IDÉALISME ET POSITIVISME EN CHINE
de plus [Ce passage
et rien
des souvenirs de
mon
quand
que
((
maîlre Taoïste,
((
amené
((
ce qui était nouveau.
doit
à rapprocher de
Kuo-chi sur son père
«
a
est
père,
et
il
était
99
:
«
celui
dire
faut
Il
jeune, étudiait avec un
en conséquence était toujours
à rejeter ce qui était ancien et à s'attacher à
La montagne haute
être
est
et
»]
une chose puissante
escarpée, à libres
sa
;
forme
mouvements,
comme un homme à Taise, se dressant avec grandeur, ou s'étalant comme un enfant de fermier, ayant comme un abri au-dessus d'elle, un chariot sous elle ayant comme un support au front pour s'incliner et quelque chose derrière pour s'appuyer, et comme ;
contemplant quelque chose qui
serait plus bas qu'elle.
Tels sont quelques-uns des grands aspects des
mon-
tagnes. «... L'eau est une chose qui
Sa forme
vit.
est pro-
fonde et tranquille, ou douce et unie, ou vaste
un océan, ou pleine comme de
comme
la chair,
comme
ou cerclée
des ailes, ou s'élançant et svelte, ou intrépide
et violente
comme une
flèche, riche
comme une
fon-
taine qui s'écoule de loin, faisant cascade, tissant des
brumes sur
le ciel, se précipitant
pêcheurs sont à
l'aise.
sur la terre où les
Les gazons et les arbres des
rives la regardent avec joie et sont
mantes femmes sous des quefois
brillants
rayonne sur l'eau.
et
voiles de
éclatants,
la vallée. Tels
comme
de char-
brumes, ou quel-
comme
le
soleil
sont les aspects vivants de
LART BOUDDHIQUE
100
«... Les rochers sont les os du ciel et de la terre, et leur
noblesse est faite d'âpreté et de profondeur.
La rosée
et l'eau
sont
et tout ce qui coule
le
sang du
de la terre,
ciel et
librement est un noble sang.
En peinture, les rochers et les forêts doivent éminemment avoir raison. Un pin puissant doit être «...
peint tout le premier
:
dans
c'est le patriarche, et
la
mêlée des arbres, des graminées, des plantes grimpantes, des cailloux et des rochers qui l'entourent,
comme
des sujets qu'il regarde de haut,
un sage au-dessus des hommes «
...
On
de
est
comme
inférieurs.
véritable artiste doit nourrir en son
douceur, la beauté, la magnanimité.
même
il
11
lui faut
âme en
la
lui-
d'aimables pensées et des idées, des pensées
qu'Ichokushi appelait onctueuses
celles
comme
l'huile...
«... N'avoir c'est
jamais qu'une sorte de coup de pinceau,
ne pas avoir du tout de coup de pinceau,
se servir
que d'une sorte d'encre,
c'est
—
et
ne
ne rien con-
naître à l'encrage. Aussi, quoique la brosse et l'encre
soient les choses les plus simples du
comment les manier dans mes jours de loisir,
monde,
Ici,
peu
avec liberté.
d'artistes savent
«...
très
je
lis
de vieilles
poésies et des nouvelles, et j'extrais de stances admirables ce que je sens être l'expression complète de ce
que
mon àme
ressent.
Les
anciens
sages disaient
qu'un poème est une peinture sans forme visible, et qu'une peinture est une poésie qui a pris forme. Ces paroles sont sans cesse en moi.
»
IDÉALISME ET POSITIVISME EN GHLNE Celte esthétique,
si
sensible
et si
dans Thistoire de
influence décisive
101
eut
libre,
une
extrême-
l'art
probablement l'expression la plus complète du génie Song. Elle permet de comprendre,
oriental.
Elle est
non seulement
l'art
du paysage, mais toute
la
pein-
ture bouddhique de ce temps. C'est nourri de pareilles
pensées que Li Long-myen, en japonais Ri Ryou-min peignit les senn'ms des montagnes, ces naturels,
humains
sur-
Fâme
des
en constante communion avec
choses, sur lesquelles voir, les prêtres
exercent un magique pou-
ils
Tchhan,
et surtout les
chevaux sau-
vages, enivrés de leur liberté. C'est cette philosophie cette
et
esthétique qui
règne du grand en japonais Ki
même
dominent, qui inspirent
malheureux empereur Hwei tsong\
et
sô, poète, collectionneur et peintre lui-
(1101-1128).
Quand, après avoir imprudemment appelé tares
le
pour étouffer, avec
le
comme
nord de Fempire
Tar-
concours de ces rudes
soldats, la révolte des Liang, les
abandonner,
les
Song durent
prix de leurs services,
et furent contraints
leur
tout
le
de transporter
Ce prince fonda l'Académie de peinlure et de calligraphie qui, plus tard, sous les Ming, devait exercer une influence néfaste sur la liberté de développement de Fart chinois. Comme peintre, il était 1.
célèbre par ses aigles et ses faucons (PI. XVill). Ses œuvres,
—
—
l'une
ne sont pas a été exposée en 1912 au Musée Cernuschi, exemptes de sécheresse. Ce délicat voyait plus « joli » que large et vivant. Les maîtres contemporains ou immédiatement antérieurs, par exemple Tswei Pô, qui fit intervenir dans la manière du sud quelque chose de la franchise et de la fermeté du nord, ont en général plus d'accent et plus de légèreté. V. An Asiatica, I, pp. 19 sqq. d'elles
L'ART B0UDD111QU1-:
102
la capitale
dans
le
sud, sur les bords
du Fleuve Bleu,
leur art, leurs pensées ne devaient pas changer, bien
au contraire.
Ils se
retrouvaient dans la vraie patrie de
leur sensibilité, au milieu des sites qui avaient inspiré
premiers poètes taoïstes et
les
les
premiers peintres de
paysage. Dans les pavillons de marbre, entourés de jardins et d'eaux courantes, s'épanouit alors une
civili-
sation délicieuse. Dégagés de tout ce qu'il y a d'inhu-
main dans
l'esprit
de secte, courtois, fraternels, libé-
raux, les philosophes Song essaient de renouveler, de rajeunir le Confucianisme, devenu sec, violent et dur
dans
la
Chine du nord, en
lui
infusant quelque chose
de l'essence spirituelle des deux autres grands courants
Ma Yuen %
religieux. la
première
en Japonais Ba En, peint pour
fois côte à côte
Çakya-Mouni, Confucius
et
Lao-tseu. Ce qu'il y a de fragile dans ces tentatives conciliatrices, élaborées avec
bonne
foi
par une grande
civilisation à la veille de son déclin, serre le
cœur.
Cette fleur d'humanité va être foulée, mais, avant de
mourir,
elle
un accent le
et
donne
tout son parfum.
une vigueur extraordinaires. D'une tache,
pinceau des maîtres
vérité, saisie
catement
Le paysage prend
fait
surgir toute une poésie de
au vol par l'impressionnisme
le
plus déli-
décisif.
Un des fondateurs de Técole des Ma, dont l'influence a été considérable en Chine et au Japon. Une peinture de cette école, exposée 1.
au Musée Cernuschi en 1912, portait une exquise poésie bouddhique exprimant avec profondeur le sentiment de tristesse qui, malgré le renoncement du sage, peut s'épanouir dans son âme en présence de la nature. V. Ars Asiatica, I, pp. 30sqq.
IDEALISME ET POSITIVISME EN CHINE
A
103
côté des peintres, les potiers confient à la terre
à Témail la suggestion des splendeurs cachées. Cette
et
évolution parallèle de la peinture de paysage et de la
céramique dans au Japon
(avec
Europe à
la fin
la
Chine Song se reproduira plus tard
Ken-zan, frère de Kô-rin), puis en
du
xix^ siècle.
naturalisme éperdu
même
et
Le
courant de
d'amoureuse observation,
la
tendance à cacher un sens profond dans une
forme concise, simplifiée, rapide telle,
même
et
comme
acciden-
à capter dans le réseau de quelques traits le
rythme de
la vie et ses vibrations les plus lointaines
aboutissent dans les deux arts
à
des résultats qu'il
n'est pas sans intérêt de rapprocher.
La céramique chinoise devait évoluer avec chinois
le
génie
partant de formes simples et raffinées,
et,
aboutir peu à peu à un luxe complexe, à une surcharge parfois fatigante, à d'éblouissants effets de polychro-
mie. Dans la céramique Song, la qualité de la matière, la poésie
de la
du
feu, la
sensibilité
ou poterie,
magie d'un ton rare^
et le
charme
importent avant tout. Porcelaine
c'est parfois
une évocation des puissances
secrètes de la nature plus directe et plus saisissante
des blancs variés, des gris de teintes bleuâtres ou pourprées, des verts, depuis le céladon vert-de-mer pâle jusqu'à l'olive foncé, des bruns, depuis le chamois clair jusqu'aux teintes profondes se rapprochant du noir, du rouge éclatant et du pourpre sombre..., le pourpre pâle, souvent éclaboussé de rouge, les verts gazon ou éclatants de la porcelaine de Long-ts'inan..., leyue-po ou« clair de lune », 1. «...
un
gris bleu pâle, et le
pourpre sombre ou
de la manufacture de Kiun-tcheou. fr.,
p. 204.
»
S.
W.
«
aubergine
»
(k'ie-tscu)
Dushell, L'art chinois, trad.
L'ART BOUDDHIQUE
104
paysage. Les potiers
encore qu'un
Song
et,
d'une
en Extrême-
manière générale, tous
les potiers de terre
Orient sont à
des peintres, des poètes, des
la
fois
musiciens. Sous la glaçure de l'émail, dans les pleurs
onctueux des coulées, dans
le
grain rugueux de la
terre crevée et calcinée par de feu \ résident, fixées à
jamais, quelques-unes de ces verlus stables et pro-
fondes des choses, que célébrait l'esthéticien Song, associées
à
la
beauté fugitive
charme de Tonde qui coule encore, nous
Gracieux
conciliation.
brillants et durs, ces vases ont
et solides,
même
en
au
du vent qui passe. Là
sommes au terme d'une
l'assiette et la fixité et,
et
des apparences,
de ce qui ne saurait plus évoluer,
temps,
ils
conservent en eux des notes,
des nuances, des oscillations impondérablement passagères.
dans
le
Une tumultueuse vie s'y assoupit et s'y élargit définitif du style. Us sont matière et vie par
la terre et parle feu, ils sont esprit, équilibre et repos
par
la puissante dignité des lignes.
l'or et
Plus précieux que
que l'argent, aux mains des prêtres dans
les
bouddhiques \ aux mains des officiants cérémonies du thé, ces vases ne sont ni des
solennités
dans
les
ustensiles vulgaires ni liques,
mais bien
du monde 1.
A
et
de
Voir
«
des accessoires symbo-
images de toute une conception
l'art.
souvent si heureux, les Chinois donnent transformations de four ».
ces hasards,
de yao-pien, ou
les
même
le
nom
vase bouddhique, en porcelaine dite Jou-tcheou, de la collection Bushell. décoré de douze figures debout autour de la panse et, autour du col, de l'image de Çakja-Mouni entre deux assistants. 2.
(PI.
XIX)
le
IDEALISME ET POSITIVISME EN CHINE
105
INVASION MONGOLE. LES MING.
Pendant un demi-siècle,
les
Song du sud luttèrent
avec acharnement contre les progrès des invasions.
Mais que
pouvait leur incontestable valeur contre
l'extraordinaire
machine
Mongols? Déjà
militaire des
maîtres des provinces du nord, les cavaliers nomades, conduits par des stratèges de génie, ne pouvaient pas
ne pas s'emparer du reste de la Chine.
En
1280, une
dynastie mongole s'impose à l'empire pour près d'un siècle.
Cahun essentielle
fait
observer justement que la différence
entre l'Europe et l'Asie
réside dans
la
structure de leur partie septentrionale. Tandis que le
nord de l'Asie est homogène
et continental,
étend sur
l'océan glacial d'immenses plaines en façade, le nord
de l'Europe est profondément découpé en golfes, en fiords,
en péninsules. Mais, de
même
d'Europe furent une libre arène pour flots,
vikings et normands, de
même
que
les
les
mers
coureurs des
les plaines d'Asie
s'ouvrirent aux chevauchées sans fin des nomades.
Ainsi se précise pour nous
le rôle
du cavalier mongol
qui, de la région des hautes herbes, s'élança sur l'Asie
entière et jusque sur l'Europe. Rien de plus extraor-
dinaire et de plus défiguré que son histoire. Par lui
amalgamé, et, plus d'une fois, révélée à elle-même. De la Soungari à l'Irtych pait et
l'Asie
fut
brassée,
s'ébroue sa cavalerie innombrable.
ïl
la
conduit par-
LART BOUDDHIQUE
lUb
tout,
en Chine, en Iran, en Russie, au pays de Roum,
jusqu'aux boulevards de la Germanie, plus tard
et
dans rinde. Partout sa stratégie inflexible culbute
En pays conquis,
l'adversaire.
il
laisse
derrière lui
un fonctionnaire désarmé, un bureaucrate à noise,
que
d'airain,
inviolabilité
dénombrer
les
Yassak,
le
nom mongol dont
et
la
entoure d'une
tache consiste à
troupeaux, à les marquer, à régler la
bonne marche d'une le
du
la terreur
la chi-
savante, à faire respecter
fiscalité
Règlement. Nulle tyrannie morale, nul
despotisme exercé sur
les
consciences, la tolérance la
plus large en matière religieuse. Certaines impératrices et
mongoles furent chrétiennes. Kit-Bouka, élève
lieutenant de Souboulai, qui fut vaincu par Bibars
en Syrie, dans une lutte où
triompha pour
la
première
le
fois
fanatisme islamique
du tolérantisme toura-
nien, était chrétien lui aussi. Bouddhistes, nestoriens,
musulmans, païens pratiquèrent longtemps leur
culte
en liberté dans toute l'étendue de Tempire. Ainsi les Mongols ne se présentaient pas des tyrans de la pensée et
Dans leurs les
vieilles
comme
des dévastateurs.
bandes, toutes les races
croyances, toutes les langues aussi,
tous les
comme
et
et toutes
presque
âges du monde, représentés par les divers
degrés de la civilisation. Avec eux, des routiers chinois
combattirent en Syrie. pareil
On peut imaginer
ce qu'un
déplacement de peuples suppose d'échanges
et
de contacts. Eux-mêmes, en dehors de leur stratégie et
de leur patriotisme qui ne faiblirent jamais, délais-
IDÉALISME ET POSlïlVISMi: EN CHINE
107
saient volontiers les usages des steppes pour prendre
ceux de leurs vassaux. La Chine des Song, leur conquête, les prit et les vainquit à son tour. Elle les étonnait par la puissance d'absorption
par l'éclat
nautaire,
la
cour impériale, par la
Ils
restaient cependant eux-
de
majesté des bureaucraties.
du régime commu-
mêmes. Dans la cour du palais de Koublaï, à F^ékin, un large plant d'herbes rappelait les collines des ancêtres et la vie rustique des tribus.
Mais
les
Mongols avaient un plus grand besoin des
Confucianistes organisateurs que des Tchhan dilet-
De nouveau, toute la puissance morale de la Chine passa aux mains des vieux adversaires du Bouddhisme. Quelque chose du génie Tchhan subsista dans tantes.
les
provinces,maisceséléments dispersés restaientsans
force et sahs autorité.
La grande
civilisation
bouddhique
des Song était morte, et morte pour toujours. Les œuvres d'art produites sousladynastie
mongole des Yuen
ont néanmoins l'intérêt de porter jusqu'à nous la trace
d'un apport nouveau dans noises
:
du nord
le
système des idées chi-
réalisme politique et militaire des nomades
se traduit par
d'ailleurs
le
à
merveille
un réalisme esthétique qui la
sert
propagande confucéenne.
L'art devient le véhicule des grands
exemples
histo-
riques et moraux. La Chine était encore trop près de sa splendeur pour n'en pas conserver encore quelques
beaux rayons. Certaines œuvres Yuen ont de de
la
il
est bien
puissance et
même une
l'accent,
certaine grandeur. Mais
rare qu'elles ne soient pas entachées de
L'ART BOUDDHIQUE
108
lourdeur
et
d'incorrection.
phique, Télégance
charme de forts, ce
nal des
De
ce
en
Ming (1368-1664) ne
les
d'un
fut arrêtée net
elle
était
il
renaissance.
natio-
pour-
Pendant
s'ébaucha. Mais, en 1421, elle
et politique qui
Chine
des
ranimera pas.
dans son développement par
géographique
toire de la
une
le
jet,
le réveil
grand mouvement de libération, d'attendre
style gra-
art, est le caprice
sont là des vertus éteintes, et
quelques années,
lité
mené
dessin
cette fantaisie qui,
naturel
tant
d'un
La pureté du
et qui,
domine
en déplaçant
cette fata-
toute l'his-
centre d'in-
le
fluence du sud au nord, de la vallée du Fleuve Bleu
l'aspect
de
civilisation.
la
Ming transporta
la capitale
profondément
change
aux plaines de terre jaune,
Le troisième
empereur
de Nankin à Pékin, une
place d'armes tartare, la citadelle du Confucianisme.
Dans jeu.
le
nord, les positivistes confucéens avaient beau
Tenant l'empereur
et la cour, ils tenaient la Chine.
comme
le
délassement
des lettrés. Les idées, les intentions,
le
maniérisme
L'art n'est désormais toléré que
scolaire envahissent la peinture.
de copistes, sec
:
le
Aux mains
des copistes
pinceau s'applique, devient pauvre
bien plus,
il
trahit
délibérément
les
et
maîtres en
essayant de les conformer avec impudence à une esthétique de convention, bâclée par des critiques d'art.
Les peintres confucianistes de l'école orthodoxe se
tournent vers les modèles Yuen, dont
ils
essaient de
rattacher les origines au vieil art Thang. Quelle que soit,
dans cette culture étrange,
la part
du Bouddhisme
IDÉALISME ET POSITIVISME EN CHINE tartare ou
du Bouddhisme thibétain,
confucéen
la limite,
tentatives de réforme il
le
109
conservatisme
la dirige et l'inspire.
Après
les
du sage Khang-hi, des Mandchous,
prend un formidable renouveau de vigueur histo-
rique,
il
déferle sur toute la Chine,
il
l'endort,
il
Tem-
baumedansun formalisme solennel et commode. Toute trace d'inspiration
disparu. Le
bouddhique a depuis longtemps
Bouddha continue sa méditation de l'absolu
dans des pagodes étranges, construites de solives en bois robuste et précieux, coiffées de toits qui ondulent et se les
recourbent
comme
la crête
des vagues et dont
larmiers fourmillent de dragons, écume d'or. Les
monstres appelés chiens de Fô veillent sur ces songes inexprimables. Us sont l'image des vieilles férocités asiatiques
domptées parla sagesse. Mais autour de ces
sanctuaires ne se propage plus aucune influence créatrice. C'est
au Japon, dans son
dans toute sa vie
art,
sociale, ce merveilleux chef-d'œuvre, qu'il faut aller
étudier désormais la grande pensée d'Asie. C'est là qu'elle s'épanouit avec le plus
de raffinement. C'est
là
d'ampleur
et le
que nous trouverons
la plus
haute conciliation des deux forces qui parcourent
animent
l'art
repos, l'idée
extrême-oriental,
du changement
—
plus
et qui
l'idée de l'éternel
éternel.
CHAPITRE
111
L'ART BOUDDHIQUE ET LE GÉNIE JAPONAIS /.
LE BOUDDHISME AU JAPON. — II. L'EVOLUTION DE LA PENSEE BOUDDHIQUE ET L'ART JAPONAIS. — ///. LE DON DE LA VIE ET LE SENS DU STYLE. - LE CLASSICISME BOUDDHIQUE.
I.
—
de Fart japonais, c'est
L'ame
LE BOUDDHISME AU JAPON.
le caractère
profond,
essentiel et stable de la croyance, sous la forme reli-
gieuse ou sous la forme morale. actif,
Môme
assimilateur et réfléchi, elle
L'histoire
du génie japonais
est
chez un peuple
demeure
entière.
un long hommage aux
dieux de TAsie et à des formules éthiques qui furent ses éducatrices. en
pour
traiter
même
temps qu'un incessant
effort
d'une manière personnelle ces formules
elles-mêmes. Quelque ferme et décisive qu'ait été sa
de se
résolution
mettre
à l'école
de l'Occident et
quelque développement qu'aient pu prendre ses facultés critiques, le fois,
est
Japon moderne,
comme
le
Japon d'autre-
maintenu par une armature religieuse
faite
d'éléments divers associés depuis des siècles. Une certaine conception de l'univers, traduite par des rites
d'un grand charme, y nature
et
lie
l'individu à la
gieuse n'est pas
ici
étroitement l'homme à la
communauté. La
vie reli-
l'expression d'une poésie person-
L'ART BOUfJÛtilQUl^ ET LE
nelle ou l'affaire d'un parti,
nime, ancienne, solide
même
de l'empire. Elle
l'inspiratrice
est
et
GI'NII;:
mais une tradition una-
comme
vivante
En
le
cœur
du patriotisme,
est l'âme
des arts.
m
JAPONAIS
elle
on discerne des
elle
degrés, des nuances et des écoles, elle est faite de plu-
confessions
sieurs
:
chacune
d'elles
s'est
toujours
appliquée à comprendre les vieilles choses chères au
cœur d'un peuple neuf,
si
qu'elle
ne venait pas évangéliser à
mais auquel
l'on peut dire,
apportait
elle
quelques raisons de plus de doter la vie d'un sens élevé et d'en
supporter les vicissitudes et les exigences avec
plus
la
dhisme
élégante et
fermeté.
Ainsi Sintoïsme,
Confucianisme ont
sorte de faisceau très serré et,
par former une
fini
s'il
Boud-
est vrai qu'ils
ne se
soient pas confondus, chacun de ces aspects de la
foi,
bien loin de compromettre la puissante unité du génie japonais, a collaboré à lui donner sa personnalité et sa grandeur. Il
y a
là,
surtout en ce qui concerne le
Bouddhisme
au Japon, toute une série de voiles qu'il nous faut
un trésor spirituel dont logique occidentale ne nous donne pas
soulever d'une notre vieille
spontanément
comprendre
le
main
la clef.
légère,
Il
est relativement plus facile
principe animiste qui est à l'origine de
la religion Sintô et qui est l'essence les
de
plus vénérables de la
foi.
même
L'homme
les dieux, et les dieux, ce sont tous les
mule se retrouve au début du xix*' du théologien Hirata. Comment
est
des formes
entouré par
morts. Cette for-
siècle,
dans
le culte
les écrits
des ancêtres,
L"ART BOUDDHIQUE
112
principe fondamental des
néennes,
au Japon jusqu'à embrasser
s'est élargi
formes successives
antiques cités méditerra-
et
superposées
la religion
:
tique (ancêtres de la famille), la religion de la
trois
domes-
commu-
nauté (ancêtres du clan), la religion nationale (ancêtres impériaux), c'est une question sur laquelle lieu d'insister et qui a été très
il
n'y a pas
clairement étudiée par
Lafcadio Hearn, entre beaucoup d'autres. L'essentiel,
que l'homme chemine dans
c'est
la vie, surveillé
par
un cortège de morts. 11
que
était inévitable, d'autre part,
relles,
les forces
natu-
déchaînées dans un archipel volcanique assiégé
par la mer, incessamment secoué par des convulsions terribles,
fussent
comme
interprétées
des
forces
divines. L'univers n'était pas seulement peuplé de la
présence des morts, les esprits des puissances élémentaires
y
circulaient
librement
et
y
régnaient
en
maîtres.
On
conçoit quel danger d'écrasement et d'annihila-
tion morale peuvent courir des peuples
si
étroitement
entourés par ces génies hostiles et par ces surveillants funèbres,
à
quelles
pratiques de bas exorcisme, à
quelles formules d'imploration confuse leur vie reli-
gieuse
peut
résistent
aux
s'arrêter.
les
élites
humaines
terrifiantes suggestions de l'animisme.
Loin d'être opprimé par pris des forces
Seules
elles,
le
pour se développer
génie japonais y a
et
pour
s'élever.
Les
redoutables divinités du cataclysme ont reçu les hon-
neurs
qu'il fallait
pour
les apaiser, et l'imagination
Pl.
XVU.
Cl. Feneliosa.
Aré^
Wou
danois
{VI
11^ siècle).
Tao-tseu (Go Dô-si).
— Çakya-Mouni.
(Collection Charles Freer, à Détroit.)
Pl, XVlll
Art Chinois iXlb
HwEi TSONG
(?).
— Un
siècle).
Faucon hlang
(Hritish
Muséum).
L'ART BOUDDHIQUE ET LE GÉNIE JAPONAIS
113
d'une race exceptionnellement habile à douer de vie la matière, les
mais
gaie,
ainsi tout
propre
apparences
et leur
mais familière
et bienveillante,
un ordre de dieux
bonhomie.
Ces
même,
représentation fit
naître
qu'elle qualifia de sa
magnifiques
inventeurs
monstres savent admirablement associer
le
de
terrible
comique avec une nuance d'humour respectueux
et le
dont l'accent est
difficile à
bien
saisir.
De
là
une luxu-
riance de divinités qui ne sont pas toutes l'image de
l'aveuglement
et
de la férocité. Dans ces terres chaudes
d'Asie, elles fourmillent. Elles se mêlent à l'existence
de chaque jour, non pour la terroriser, mais
un rappel de
la vie
comme
cachée des choses. Elles sont une
poésie majestueuse et familière,
tantôt
un
compa-
gnonnage auguste, tantôt une menace qu'on peut désarmer.
Quant aux morts,
ils
font rayonner sur les vivants
plus de vérités bienfaisantes qu'ils ne les enchaînent
par la peur de leur méchanceté, La croyance populaire
aime à préciser leur influence sous une forme à
la fois concrète et lyrique.
Les esprits circulent parmi
nous pour accomplir des missions mystérieuses, pour achever des tâches interrompues, pour attester la lité
aux souvenirs par delà
n'a pas
connu
les
la
fidé-
tombe. La fiancée qui
noces revient, métamorphosée en
suprême ans n'ont pas consolé. Par
papillon, chercher à l'heure
le
que
la tradition
les
l'exemple,
par
le
vieux fiancé
culte des ancêtres héroïques,
morts sont surtout
les
éducateurs de l'énergie; 8
de les ils
L'ART BOUDDHIQUE
114
montent une garde ininterrompue autour de Tempire des vivants
;
ils
sont la chaîne des générations, la leçon
toujours présente, la grande généalogie des devoirs éternels.
Par
là, la
religion des morts est
une source de grâce
un trésor inépuisable de vertus actives. Elle pas seulement un contrôle, elle est un entraîne-
efficace,
n'est
ment. D'ailleurs sous ses formes archaïques, le Sintô se présente comme une discipline pleine de rudesses,
une religion
de pureté, qui pratique
d'effort et
les
ablutions ascétiques et les grandes lustrations solennelles.
Sans doute, à
la rigueur de ses
cet égard, les
ans ont assoupli
commandements. Mais
nauté éprouve toujours
le
la
commu-
besoin d'être parfaitement
y a peu de temps, subsistait encore dans certaines provinces la
en règle
à l'égard
de ses obligations,
coutume de déléguer chaque année
et,
et
un ascète temporaire, en général un
il
pour une année vieillard
connu
pour ses vertus, chargé d'aller prier dans la solitude et de remplir scrupuleusement tous les devoirs que la piété relâchée des fidèles ne leur permettait pas à tous
d'accomplir avec une égale ferveur. Coutume pleine de la plus fine et de la plus exacte sagesse, grave et spirituelle conciliation des devoirs
faiblesses de
chacun!
Un
du groupe
peuple qui conserve avec
cette intégrité, avec ce tact exquis,
religieuses, sans asservir
et des
rudement sa
ses institutions vie, sa capacité
d'évoluer, est assuré de se maintenir toujours sur le
plan
le
plus élevé. Je m'arrête, car je pourrais être
L'ART BOUDDHIQUE ET LE GÉNIE JAPONAIS
115
soupçonné d'interpréter à l'occidentale l'ascétisme pa délégation. C'est à cet
ensemble de croyances
presque toutes aussi anciennes que et
le
et
de traditions,
Japon historique,
qui nous permettent de deviner déjà quelques-unes
des vertus les plus solides et les plus délicates du génie japonais,
que
Bouddhisme
le
s'est
superposé avec
douceur, et sans rien détruire de cette armature séculaire à l'intérieur de laquelle il sut insinuer des leçons nouvelles. Remarquons-le une fois encore équilibre entre deux formes
si
:
un
pareil
différentes de la vie
religieuse a quelque chose de rare et de singulier.
faut
sûrement en
faire
Il
honneur pour une part à
l'adresse politique des premiers missionnaires boud-
mais ne doit-on pas admirer d'abord l'esprit de haute et tolérante compréhension d'un peuple qui dhistes,
témoigna toujours
la plus active bienveillance
fessions les plus diverses et fut
amené
aux cond'un gouvernement qui ne
à les persécuter que lorsqu'elles devinrent
un danger pour l'intégrité de l'empire? L'extermination des moines bouddhistes par Nobounaga, à la fin ne doit pas être interprétée autrement. Deux formes bien opposées de la pensée asiatique
du xvf
siècle,
avaient également
préparé les âmes à
accepter
le
Bouddhisme en Extrême-Orient, la philosophie confucéenne, non sous sa forme sèche, dépouillée, littérale, mais par sa religion de
la fraternité,
par son bon sens
tendre, par son souci de donner à la vie une harmonie pacifique, et surtout l'éthique individualiste de Lao-
LARÏ BOUDDHIQUE
H6
l'amour de
Iseu, par
liberté. C'est
ment
nature et par
la
le culte
de
la
Bouddhisme est officielleau Japon. Peu de temps après, le
en 552 que
introduit
le
prince Oumayado, régent de Timpératrice Soui-Ko, pro-
mulgue
les
dix-sept articles
d'une constitution qui
complète des éléments Sintô, confu-
atteste la fusion
cianiste et
bouddhique
proclame
le
«
:
Ce document,
dit
du dévoûment à
devoir
Okakura\
l'empereur,
inculque l'éthique confucéenne et s'étend sur la gran-
deur de
l'idéal
indien qui doit les pénétrer tous, faisant nationale du Japon, pendant
ainsi l'abrégé de la vie
les treize siècles qui allaient suivre. »
est vrai
11
que ces éléments
tardivement à se désunir,
et
si
bien fondus tendirent
qu'une longue période de
discussions théologiques s'ouvrit à la fin du xvif siècle.
Mais la renaissance de l'érudition chinoise
gande anti-bouddhiste ne touchèrent pas la
croyance générale
comme des
faits
caractéristique
même
:
on doit
même
d'ordre politique et
la lutte des
confucianisme, à
vamatisants contre
la veille
le
propa-
fond de
les interpréter
comme une nuance
l'administration
de
et la
Tokougawa. De les
abus du néo-
de la Restauration, a un sens
nationaliste et patriotique. Les efforts des néo-sintoïstes
pour conserver Bouddha, en l'annexant au nombre des divinités jadis
Sintô,
pour
comme
le
Bouddhisme
les vieilles divinités japonaises,
d'un intelligent respect pour
la vieille foi
avait
fait
témoignent
chère à tous,
pour un passé peuplé de tant de grandeurs. Ce qui est 1.
Op.
cit.,
pp. 101-102.
L'ART BOUDDHIQUE ET LE GÉNIE JAPONAIS
117
sûr, c'est qu'avant cette ère de disputes, qui n'ébran-
laient rien des forces essentielles, le
Japon connut une
longue période d'équilibre dans sa vie religieuse.
Au Japon, comme
ailleurs,
Bouddhisme
le
consolateur des simples. Par la doctrine de gration,
transmi-
ouvrit des vues à la fois vastes et claires
il
sur l'avenir de l'homme,
supporter
la
fut le
le
il
enseigna aux humbles à
poids de leur Karma, la
et des démérites, et leur promit,
des mérites
loi
dans l'enchaînement
des vies successives, une juste rétribution de leurs efforts et de leur patience.
qu'au
VI'
la fois
siècle
comme
Il
est légitime
de notre ère,
armature sociale
le
et
de supposer
Sintô, considéré à
comme
interpréta-
tion métaphysique de l'univers, avait encore quelque
chose d'aride et de tendu. Le Bouddhisme l'humanisa.
Les rites anciens, chers au cœur des pauvres,
furent conservés, accrus, embellis.
Bouddhisme dota l'élite d'une philosophie supérieure. En même temps qu il amenait avec lui un cortège de lois, d'institutions, de formules hautement Surtout
le
civilisatrices et d'arts,
il
dégageait la pensée profonde
de tout l'Orient. La nature n'est pas un plan distinct
de notre
activité.
Elle n'est pas le décor insensible
dans lequel nous nous agitons, héros de quelque drame obscur. Le monde et la nature sont étroitement nous-
même. Notre lement
le
volonté, pure ou impure, crée
bien ou
le
mal en morale, mais
La configuration des paysages pression, mais le résultat de notre vie concrète.
non seu-
toute réalité
n'est pas l'ex-
intérieure, de
L'ART BOUDDHIQUE
418
nos sentiments, de nos actes. il
Il
n'y a pas sympathie,
n'y a pas réaction, mais identité, mais fusion.
Sans doute, en s'associant aux formes prolixes de riiindouisme,
moment
de
de chaque les
—
mais
danger de l'énervement, par
même
libé-
philosophie indienne, traitée par
la
l'énergique génie de la race, ne lui
tion fade,
plus
de dieux que la secte Singon
infinité
dans son panthéon avec un enthousiaste
accueillit
ralisme,
faisait naître
de nos minutes morales
la vie,
une
légères
Bouddhisme
le
fit
jamais courir
la pratique
le
d'une dévo-
aux heures de mysticisme exalté. Elle
a certainement enrichi le trésor japonais des vertus actives
:
on en trouve une lumineuse preuve dans
le
succès de la philosophie Zèn qui prêcha la maîtrise de soi et le culte
Mais
le
de
la volonté.
sentiment de
nature et
la
pler sont plus redevables encore au
comment
déjà vu
sous les Song.
Ils
Asikaga. Dans cet
le
Zénisme
il
immense océan de
faut pénétrer,
passions
détestent,
de
ils la
de la main
le
il il
ne
suffit
qu'ils
l'homme.
Ils
Pour
et d'être
les
roman-
pesamment autour
l'invoquent,
comme un comédien
ils
la
frappe
décor et les accessoires d'un théâtre.
une sympathie pour leurs souffrances
Taccusent d'être insensible,
la spectatrice
vies secrètes,
pas de voir
faut aimer.
chérissent,
Qu'ils lui prêtent
ou
Bouddhisme. On a
développa en Chine
tiques d'Occident, la nature gravite
des
de contem-
s'épanouissent au Japon, sous les
confuses, palpitantes,
ému,
les
l'art
de leurs désordres.
elle est toujours
Ici la
nature n'est ni
L'ART BOUDDHIQUE ET LE GÉNIE JAPONAIS le
119
prétexte d'une fiction sentimentale ni l'aliment du
désespoir ou de
Partout en
elle.
mit
Elle est, et
la joie. elle,
nous sommes en
sous tous ses aspects,
lame du monde. Sous
une flamme cachée qui
vit et fré-
l'écorce des choses pal[)ite
n'atteste pas la présence
mys-
térieuse (Tun dieu défini. Tantiijue génie de latiimlsme
Shinto, mais une essence plus vaste et plus rayonnante.
Loin de changer avec
nence conserve aux êtres lité
de nos cœurs, sa perma-
l'état
et
aux objets leur individua-
concrète. Esprit et matière sont
un
;
tout compte,
Timmense univers. de l'époque Asikaga donne sa
tout a son intérêt, tout vit dans
L'ardente spiritualité
formule
et
la nature.
de
la
son développement à cette philosophie de
La contemplation des choses accroît le génie
race d'une note émouvante
vivants de fleurs, des
la terre,
du
ciel et
et
profonde. Les
des eaux, les formes des
nuages, des arbres, les monts, la plaine,
l'orage, la lune, la nuit, les saisons envahissent les arts.
De
là
nature,
un admirable équilibre entre l'homme
et la
une perception solennelle des rapports du
moi et du tout, qui engendre une sérénité puissante. La contemplation n'a pas le désenchantement pour point de départ ou pour conséquence. Elle va plus loin
que
l'intuition bergsonienne,
greffée sur le courant
des forces obscures, et d'un rythme plus égal. Elle
plonge au sein de
la vie,
mais sans jamais perdre pied,
sans devenir une torpeur ou un délire.
Du haut de
son rocher, au fond des
bouddhiste
forêts, le solitaire
L'ART BOUDDHIQUE
420
contemple l'univers, non
non comme
taisie,
comme
comme
le
décor de sa fan-
la
pensée d'un dieu lointain, mais
la palpitation
d'un infini caché. Sa pensée se
mêle au paysage, ce qui est vie en
elle participe
religieusement à tout
Le mot de contemplation, avec
lui.
tout ce qu'il entraîne de
souvenirs, le rite latin qui
l'homme qui épie et qui suppute, apparaît désormais comme un contre-sens. La rêverie pénétrante du solitaire et du découpe dans
le ciel
un espace
poète ne délimite rien
de Têtre
;
elle n'est
:
choisi, Tacte de
elle s'étend à toutes les
pas une mélancolie passive
formes :
l'âme
multipliée sent battre en elle toutes les pulsations de la vie.
Dans
la retraite
du sage japonais,
il
n'y a rien
d'une manie inhumaine, rien d'un érémitisme
ou de
la
stérile
vénérable démence du yoghi. Par un bon sens
exquis, chaque fois que le génie de la race a été tenté
par ces ivresses redoutables, tive ou, si l'on veut, la
ramenée à son
philosophie contempla-
méditation de
la
nature a été
vrai sens, à ses proportions justes.
Elle ne fut pas
Les simples,
la
les
non plus une délectation de raffinés. bonnes gens y eurent part. Si les
riches se font bâtir des galeries pour admirer la neige et le clair
de lune, les routes de la campagne sont
pleines de pauvres qui s'en vont en pèlerinage vers
des arbres célèbres et vers des points de vue choisis.
Tous sont aptes à traduire leur émotion naturaliste par
poèmes appelés haï-kaï qui expriment manière la plus nerveuse, sous une forme senti-
ces minuscules
de la
mentale ou humoristique,
le
brusque contact d'une
Pj.
XIX.
Cl. Bushell.
Art Chinois des Song.
Vase Bouddhique, ex céladon vert craquelé.
l'I..
\\
Cl. Fenellosa.
Art Chinois (A7r«
LiANO Chi 'P>[okai\
—
L'n
siècle).
Ermite de la ^[ontagne.
LART BOUDDHIQUE ET LE GÉNIE
âme
aVec l'essence des choses.
fondeur
la
Ils
JAPOiNAlS
121
sentent avec pro-
beauté fugitive d'une fleur ou d'un
ciel, et,
comprendre pour un
homme
ce qui est plus difficile à
d'Occident,
majesté,
la
puissance,
la
l'intensité
expressive de la nature, fortement accusées dans un caillou ridé par les eaux.
Nous pourrions
de croire qu'ils ont une prédilection pour pittoresques,
semblent
pour
accidents
les
résultat de quelque
le
ou encore pour
les diminutifs
de
être tentés
hasards
les
énigmatiques obscure
qui
fantaisie,
la nature, qui
ajoutent
à sa poésie une sorte de monstruosité rare. Mais non.
Toute apparence crète
n'est
de vie. La réalité con-
est suggestive
pas une boue grossière,
méprisable gangue où sommeille
nous
l'ont
enseigné les formes
spiritualisme occidental,
—
linéaments tressaillent de
une épaisse
l'esprit captif,
les
comme
moins élevées du
elle est esprit. vie.
et
Ses moindres
Le bloc sculpté par
les
eaux, façonné par des siècles d'usure et d'intempéries, est aussi falaise. et à la
ample, aussi riche de sens qu'un beau pan de
Un bouquet noblement composé parle au cœur pensée comme un soir sur un vallon. Les jar-
dins ne sont pas les promenoirs de la sensualité ou la projection des géométries de Tintelligence, mais la
suggestion des paysages. Suggestion, c'est à ce choix et à cette ardeur qu'aboutit en dernière analyse le génie bouddhique, quand,
de
la rêverie
poètes,
il
fît
des solitaires et de la contemplation des sortir
une expression d'art;
c'est à
une
suggestion pure qu'il astreignit l'élégance du pinceau.
L'ART BOUDDHIQUE
\2Û
N'e
pas montrer, mais suggérer^ voilà
L'achèvement,
le fini,
le
suffit.
Une
le tout,
ligne ample,
de V infinité.
de tout dire sans rien
fait
omettre, c'est la limite et la mort.
habituées à penser
le secret
A
des intelligences
une synthèse expressive
deux ou
trois
tons justes,
quelques accents nous stimulent excellemment
rapprochent de
la vie.
Une
et
nous
méthode permet
pareille
de saisir et de dégager avec netteté ce qu'il y a d'individuel et de caractéristique, c'est-à-dire de vivant et
de profond, dans chaque aspect de la
n'immobilise pas les
suit
essence.
le
même
du
Fixer,
Elle
réalité.
passage, le ?7iome?2^ des choses, elle
rythme,
c'est faire
elle
touche ainsi à leur
mourir
;
suggérer,
c'est
respecter l'élan, le départ, le changement. Dès lors l'intelligence participe à l'activité de l'univers. L'Occi-
dent étudie de stabilité
la natui'e à travers la :
c'est
de l'organisme.
dans
la
mort
analyse et
Il
japonais contemple
et
logique et dans l'état
qu'il il
cherche
les secrets
reproduit. Le génie
suggère.
Quelle différence d'autre part entre cette concision exaltante et la terrible loquacité, l'écrasante profusion
de
l'art
animent
hindou et
!
On
sent quelles forces divergentes
séparent les deux races, qui spéculent
pourtant sur la
même
pensée. Les grappes de dieux et
d'apsaras, sculptées sur les parois des temples, sont pareilles à la floraison fiévreuse qui naît sur
mou, un lendemain d'orage.
Ici le
un
sol
paysage moral est
peuplé d'arbres élégants, durs et droits, les racines
plongent au cœur de
la terre. Ainsi traité
pendant des
L'ART BOUDDHIQUE ET LE GÉNIE JAPONAIS
123
un archipel de volcans, un peuple de héros, de sages et d'artistes, un
siècles, ridéal asiatique, sur
a fait
peuple spirituel
et
grave, délicat et fort, et qui. sans
jamais sombrer dansla vanité des digressions abstraites, n'a cessé de respecter et de cultiver ce sens des pro-
fondeurs auquel reste à voir
il
H nous Fharmonie
doit ses vertus les plus rares.
comment
elles
contribuent à
des arts.
//.
— U ÉVOLUTION DE
LA PENSÉE BOUDDHIQUE ET L'ART
JAPONAIS.
La culture japonaise s'étend sur des siècles, qu'elle anime et qu'elle peuple avec une surprenante variété. L'histoire littéraire et Thistoire artistique du Japon ne se limitent pas à quelques générations de poètes et de
dessinateurs tardivement issues de la nuit féodale et
promptes
à la
décadence. Le Japon que nous avons la
naïveté d'appeler un peuple jeune, parce qu'il nous a pris
récemment quelques-unes de nos formules,
comme
la
Chine, honoré avant nous Tintelligence.
a,
A
l'époque où l'Europe occidentale, foulée par les barbares et
plongée dans
le
crépuscule, sans institutions poli-
tiques,
sans autre langage que de grossiers dialectes
nés de
la
décomposition du
latin, balbutie
mince, d'une haleine courte,
la
d'une voix
Vie de saint Léger
et
la Cantilène
de sainte Eulalie, ces petites choses trem-
blantes,
Japon invente de majestueux romans,
le
image d'une
civilisation
nuancée, fine depuis long-
temps. Des adolescents y parlent d'amour avec un
LART BOUDDHIQUE
4i4
sérieux, été
une profondeur, une
dépassés
sensibilité qui n'ont pas
des mondaines développent et com-
;
mentent ces
futilités délicates
les édifices et
que
lité
les
armes, attestent Tâge
d'une civilisation. Ce que
fait paraître terne,
morose
tique de nos romanciers
j'ai lu
«
et la
qua-
de Tillustre Genzi
sans art
et
que
qui, plus encore
le fatras
psychologues
didac-
D'autres
».
œuvres aussi vastes, aussi riches de sens japonais
et de
sens humain, poèmes, essais, entretiens philosophiques, théâtre, se succèdent au cours des âges.
Un
art
mer-
veilleux et divers, plus noble et plus profond encore,
accompagne
les lettres.
Le grand principe de
la
pensée asiatique, on a déjà
pu s'en rendre compte en étudiant et
les arts
de Tlnde
de la Chine, c'est la curiosité de l'absolu et de
opposée
l'universel,
rOccident. l'autorité
On dans
à
l'empirisme
scientifique
de
n'aura pas de peine à en reconnaître la
culture japonaise,
si
l'on
prend
garde toutefois que cette pensée n'y prend pas d'une
manière exclusive qu'elle
et
constante la forme métaphysique,
ne se renferme pas dans un ordre, qu'elle ne
cherche pas au delà du
monde
le
secret
du monde.
mieux intégration de éperdument phénomé-
L'art japonais, interprétation, ou
certaines vérités sublimes, est niste. Certes
l'enchaînement des théologies systéma-
tiques exerça une influence profonde sur les
sur la vie de l'esprit
:
mœurs
à cet égard, en tenant
et
compte
de ce qu'il y a forcément d'un peu dur et de voulu
dans un tableau synthétique
et
du souci de
faire évo-
L'ART BOUDDHIQUE ET LE GÉNIE JAPONAIS
425
luer autour de la stabilité japonaise toutes les oscillations de la pensée asiatique, les esthéticiens japonais
modernes disent infiniment souple
vrai. ;
Mais
elle
la culture
épouse
des lieux et des apparences
;
japonaise reste
la diversité des
y a
il
l'accidentel, de l'éparpillement
;
même
dans sa belle Histoire de
de
elle
bien plus, dans beau-
coup de ses manifestations, un don de négligence heureuse qui donne
en
temps,
le
une
facilité,
change. M. Aston,
la littérature japonaise, la
juge plus élégante et plus pittoresque que profonde.
première vue,
et si
nous nous limitions à
Tokougawa, nous serions tentés de
A
la
période
le croire.
Mais à
toute époque le génie des penseurs et des artistes
du
Japon produit des œuvres où Ton discerne ces vertus éternelles
qui
font
les
monuments durables,
grandes civilisations
et
les
ces qualités maîtresses, ces traits
dominateurs, en apparence contradictoires, mais heu-
reusement associés, laires,
dans de
sation d'une
l'art
dans des notes popu-
nous donnent
humaine absolue. pensée bouddhique rythme
la
sen-
réussite »
((
Thistoire
japonais. D'abord soumis à des influences con-
tinentales, tard.
même
fugitifs accents,
L'histoire de la
de
qui,
il
ne devint personnel
et national qu'assez
Les premières vagues de propagande apportaient
avec elles des leçons toutes faites auxquelles on ne
changea à-dire
rien.
Du
pendant
milieu du
les périodes
vi°
siècle jusqu'au
x%
c'est-
Asouka, Nara, Heï-an,
l'art
insulaire n'est qu'un aspect du grand art sino-coréen
de l'époque Thang.
On
a vu plus haut quels chefs-
L'ART BOUDDHIQUE
126
(l'œuvre
il
avait alors produits
dans
la statuaire,
encore
toute pénétrée d'enseignement gréco-bouddhique, mais
avec une note de spiritualité abstraite qui est Tapport
même
de TAsie
l'entrée
et
du génie religieux de ce temps.
de cette magnifique
A
avenue de grandeurs
qu'est l'art japonais ancien, les Triades colossales de
bronze, les gigantesques Vairochanas dressés par la
vénération de tout un peuple, sous Fimpulsion personnelle des saints empereurs et des saintes impéras'élèvent
trices,
Tombre
comme
s'étend au loin.
des génies protecteurs dont
Ombre
pacificatrice,
ombre
pleine de prières et de bienfaits, qui se répand sur la
méditation des sages et se
Art,
et
sur la religion naïve des masses
prolonge sur des siècles d'invention esthétique.
non de
primitifs qui cherchent en tâtonnant
une
formule, mais de générations en pleine maturité morale et
technique, dans ce vaste domaine de
l'est
qui groupe
étroitement Chine, Corée et Japon.
La période Hei-an, dernier chapitre de nental
»
au Japon,
vit croître le
l'art « conti-
nombre des
dieux, sous
rinfluence de la secte Singon. Toute religion étant,
aux yeux des maîtres de cette doctrine, un chemin vers la vérité, chacune d'elles mérite d'être étudiée
comme méthode. Toute
chose renfermant Tabsolu,
toute chose mérite d'être observée avec minutie. vice et la vertu sont d'égales
émanations de
dont chaque remous porte un
reflet
de
Le
l'existence, la
divinité.
Chaque dieu, chaque génie, chaque démon peut prendre place sur Tautel d'honneur du panthéon bouddhique.
L'ART BOUDDHIQUE ET LE GÉNIE JAPONAIS
127
Les divinités brahmaniques, à peine déguisées sous des
noms
japonais, de nouveau fourmillent.
peintres
les
et
prêtres sculpteurs
Les prêtres
multiplient leurs
images, bien différentes des graves divinilés
de
la
période Nara. L'exubérante sève du génie de IJnde
décuple
la
Kwannon du
personnalité des dieux. La
To-gan-zi, en Omi, a onze têtes.
Un grand sentiment
concret et une rare vigueur caractérisent
l'art
période, mais, d'inspiration etd'exécution, le
il
de cette
est
encore
vassal et le tributaire des formules de l'Asie conti-
nentale.
Comment le Japon put-il prendre conscience de luimême, commencer à élaborer un art national? Trois faits
—
nous aident à nous l'expliquer,
la Chine, le succès
de
femme. Le premier
la secte Djôdo,
la
rupture avec
Tinfluence de la
est extraordinaire et
prouve quelle
haute conscience de son avenir historique animait cette nation d'élite.
des âges,
ment
le
On peut
Japon s'ouvrir
voir ainsi,
et se
dans
la suite
fermer alternative-
à la pénétration étrangère chaque fois que l'exige
son salut moral. Sa position insulaire
lui
permettait
ces sortes de mesures, la clairvoyance exceptionnelle
de ses chefs
les lui dicta.
(x^-xni^ siècle),
les
Au début de
communications
Chine furent rompues. C'était lait la
puissance des
Thang
et,
le
l'ère
Foudziwara
officielles
avec la
temps où chance-
avec
elle, cette force
d'expansion qui avait propagé au loin les ixiodèles des arts et des institutions.
Dès lors
Japon se replie sur lui-même
et
et
pour longtemps,
le
cherche dans ses tra-
»
LART BOUDDHIQUE
128
ditions les plus anciennes elles plus pures des sources
d'inspiration et une doctrine de vie.
Alors s'épanouit
TEtre de Bonté
et,
le culte
d'Amida,
la Pitié infinie,
par réaction contre
monachisme
le
ascétique des périodes précédentes, une renaissance
du Tendaïsme mystique, une dévotion
exaltée, facile,
abondante en prières. Le génie féminin, pleinement le
maître du raffinement littéraire et des subtilités
mondaines,
la favorisait, et aussi,
un
naître,
désintéressement
il
faut bien le recon-
des
général
publiques, abandonnées à des inférieurs.
affaires
Un charme
une langueur détendent la face terrible des dieux. L'or du paradis d'Amida se répand en lueurs suaves sur et
les peintures et sur les
images de piété que traverse
vol gracieux des anges... Cette civilisation
elle est
Foudziwara
du génie japonais,
n'est pas, tant s'en faut, l'apogée
mais
le
de la qualité la plus séduisante et la plus
complexe.
Romanesque,
Tœuvre de
la
dévote,
raffinée,
femme. L'exquis de
l'art
elle
est
Yamato date
peut-être de cette période.
Elle
prend
fin
avec les rivalités féodales des Tahira
et des
Minamoto, terminées par
tomo
(1168). L'ère
de
le
Chôgounat de Yori-
Kamakoura commence. Le
samouraï, moine et chevalier, s'installe au premier plan de la vie nationale,
et,
avec
lui, l'idéal
bouddhique
retrouve sa vigueur et sa fermeté.
Au
époque de dévotion transcendante
de féminisme, à
côté des
dames de
et
sortir d'une
lettres et des aristocrates décadents,
Pi..
\\\.
Ci. 1 ciXt^iiUait,
Arl Japonais
Portrait d'un
Pri-;tre
[Xlll'^ siècle).
(Musée du Louvre, ancienne collection Gillot)
X
a
O as
M
o
a 05
o a.
o 53 m
«>
LART BOUDDHIQUE ET LE GÉNIE JAPONAIS cette ligure paraît d'abord assez rude. Elle
Quelle
est
première
la
farouches guerriers?
«
que
règle
Connaître
429
ne TesL pas.
s'imposent
des choses
le aJi
c'est-à-dire leur tristesse, leur vie cachée, leur
naître
d'elles
ah
le
»,
émo-
douceur ou de douleur que
tion latente, la qualité de
chacune
ces
mêle à Tharmonie universelle. Con-
des choses, c'est être sensible à leur
poésie secrète, c'est entendre leur leçon d'unanimité. 11
ne faut pas vivre pour
autres,
il
soi,
il
faut vivre
faut vivre pour le tout. Qui
pour
comprend
les
le ait
des choses accède à Tesprit de sacrifice, à la charité, à la bonté.
Ainsi
succède
au
mysticisme
Tendaï,
selon
rythme que nous avons déjà étudié en Chine sous
un les
Song, l'ascétisme contemplatif, compréhensif et tendre de l'école Zèn. Au respect de l'homme
il
superpose
le
respect de la vie. Partout présente, elle est partout
vénérable,
même
dans
même
dans ses tressaillements intimes,
les sillons légers qu'elle trace
au cœur ou
sur Técorce des matières humbles. Elle est plaisante, elle
est délicieuse,
aimée chez
elle
les êtres.
mêmes quelque
est infiniment
digne d'être
Les plantes, les bêtes ont
chose de touchant
et
elles-
de bon. Celles qui
entourent ou qui escortent notre existence familière
empruntent à
rayonnement
;
cieux de poésie.
la
chaleur humaine un peu de son
elles
En
nous font en échange un don gra-
elles palpite
une àme indiscernable,
qui a son passé, qui est appelée à un avenir. Elle renaîtra, sous des formes multiples, dans les dix mille 9
L'ART BOUDDHIQUE
130
échange de caresses morales entre riiomme
vies. Subtil
compagnons muets de son
et les
pris,
connu,
l'a
il
le
activité.
ou
fléchies par le vent
des biches qui,
Ta com-
ah des choses, Tartiste qui
sur les laques, sans l'immobiliser,
graminées
Il
le jet
fixe
élégant des
brusque arrêt
le
tendu, la tête dressée, flairent
le jarret
au loin avec une inquiétude attentive quelque péril inconnu. Et mieux encore que cet exquis
le
laqueur, sans doute,
gentleman peint en raccourci dans un haï-
Couchoud
kaï publié par Paul-Louis
et qui
consterné, sa cuve de bois dans les mains, jeter
Teau chaude de son bain du
son jardin,
toute
Comment
vie
la
n'osant
dans Therbe de
bruissante de chants
dinsectes.
de l'homme serait-elle aride, ainsi
associée à toute la vie?
Parmi
rester insensible et
tant de présences, de
comment
sympathies, d'échos légers, il
soir
se tient
le
cœur pourrait-
dur?
Ces principes ne portèrent pas immédiatement leur fruit
dans
l'art
de la période Kamakoura. Époque d'aris-
tocratie féodale et de longues guerres de clans,
favorisa
la
représentation
scènes de la vie héroïque
elle
des exploits célèbres, les
et
romanesque,
—
celle
de
Chô-tokou Taï-si (Oumayado) peinte par Takanobou, par exemple. Les maîtres reviennent aux grandeurs du passé japonais, aux paysages japonais, à un style pure-
ment
((
Yamato
ciosité raffinée,
rare
et
».
L'école de Tosa traduit avec une pré-
avec un charme de couleur tout à
inattendu,
les
petites cours féodales,
fait
légendes épiques chères aux
où
elles stimulaient l'esprit
de
LAlVf BOUDDIIIQUE ET LE GÉNIE JAPOiNAiS
chevalerie. Sur les longs
makimonos où
131
chatoient des
tons choisis, se déploie la biographie des héros, des
grands poètes
et des saints
fameux. Les portraits sacer-
dotaux de Técole de ïakouma (PL XXI) d'un accent indi,
viduel
si
puissant et
si
grave, montrent quelle erreur on
commettrait, en croyant que
la
pensée bouddhique au
Japon n'ainspiré que des images d'une immuable impersonnalité et que le culte de la forme humaine s'est réfugié
dans
le
décor et la caricature ^ Portraitistes eux aussi,
grands sculpteurs Oun-kei
les
devons
les
et
Tan-kei, à qui nous
images des seigneurs de Kamakoura
bonzes du Choukondo de Nara,
six
«
effigies
et des
surpre-
nantes d'individualité, de vie surprise à l'instant fugide la plus profonde et intime émotion, avec tous les
tif
détails particuliers de structure
minutieusement ren-
dus, avecla ferveur d'une interrogation affectueuse^...
»
La statue colossale d'Amida, dite Bouddha de Kamakoura, est bien représentative elle aussi. Elle n'a pas été dressée sur l'ordre et aux frais de l'empereur,
comme
les
bronzes de Nara, mais
la
sympathie
et le
concours de tous ont aidé un obscur moine bouddhiste à réaliser cette grande pensée, à la faire exé-
cuter par un artiste de Kyoto encore inconnu
1252)
:
réalisme émouvant et large, inspiration popu-
laire^ où le
charme de
la
tendresse humaine*
à une simplicité expressive. 1.
L. Aubert, fiet-uc de Paris,
2.
Fenellosa, op.
3.
Handbook of the old shrines... Okakura, op. cit., p. 148.
4.
(vers
cit., p.
i'ô
juin 1909.
142. in Japan, p. Ib.
s'allie
LARÏ BOUDDHIQUE
132
C'est au cours de la
même
période que Toba Sojo
lit
intervenir dans le vieil art japonais une note inat-
tendue
et nouvelle,
— l'accent comique.
Rien de plus
éloigné des raffinements de Tosa, des puissantes austé-
de Takouma. Et pourtant ceci est profondément
rités
japonais, en plein accord avec le génie bouddhique.
Pour
mélancolie impériale, Toba
distraire, dit-on, la
comme
Sojo inventa de peindre des bêtes
mêmes
des hommes, avec les
mêmes
occupations.
Un
l'humour de son sujet
eut peint
attitudes et dans les
trait lui suffit il
:
il
pour dégager
n'aurait que faire des déli-
cates recherches de tons des Tosa. Art laïque,
mais
conçu par un prêtre, comédie symbolique inspirée par pur Bouddhisme et qui montre avec une sorte de
le
farce
des agitations humaines, le
grotesque et
le terrible
des réincarnations bestiales.
Cette
sacerdotale
amusée
pitié
satire
la
véhémence ou d'aigreur. de
tin,
vie
vif et
d'ailleurs,
est,
exempte de
Elle a quelque chose d'enfan-
de tendre. C'est que l'humour baigne la
de ce grand peuple.
11
est
une expression élevée de
non pas, comme ailleurs, une passade de férocité froide, un ton de dédain supérieur. 11 ne condescend pas. Il n'est pas non plus une rensa sensibilité, et
contre brillante et légère, l'étincelle d'un feu de paille. Il
est constant et
tion
profond.
Il
découle de la concep-
du monde. Une race qui nie
et qui la voit
l'inertie
partout animée d'un génie galvanique,
une race qui, pour en traduire avec sements
de la matière
les plus
fidélité les
frémis-
ténus et les mieux cachés, se limite
L'ART BOUDDHIQUE ET LE GÉNIE JAPONAIS
à
des raccourcis
d'une audace
13a
d'une puissance
et
non seulement à saisir le côté comique des apparences, non seulement à dire beaucoup en peu de mots, mais encore à trouver les exceptionnelles, est apte,
précieuses formules qui condensent le plus élégam-
ment
sa surprise, sa joie, sa compréhension intime, et
sympathie. Voilà
surtout sa
terme
le
qu'il
faut
:
l'humour japonais n'est pas une attitude, purement sociale, de la spiritualité indulgente,
il
une sympa-
est
thie qui s'étend à tout.
Les vrais continuateurs de les artistes
vulgaire.
l'art
Tokougawa, j'entends
Nous verrons
de Toba Sojo sont
les
maîtres de l'école
tout ce qu'ils ont su mettre
dans leurs admirables estampes. Dès à présent, je
demande que
l'on considère avec réflexion quelques-
uns des beaux netsoukés du xvif qui,
dans
le
et
xviii®
siècle,
creux de la main, font tenir tant de pas-
sion, tant d'ardeur et tant d'esprit.
considérer
du
comme
Cessons de
l'œuvre du dieu de
les
myopie,
la
lâchons de comprendre leur vrai sens. Et d'abord n'ont-ils pas le mérite de
dédaigner ce qui est
nous apprendre à ne pas est-ce qu'ils ne
petit,
nous font
pas des yeux plus intelligents et plus savants, un cœur
mieux préparé à 1
air
de quelque
aimer? De
sentir et à
joli caillou,
curieusement compliquée.
loin, ils ont
d'un fragment de racine
Ils
semblent avoir germé
dans quelque cachette, par une mystérieuse fantaisie de la nature. De près,
de malice
et
ils
sont la vie
même, une
de bonté, enclose tout à coup
et
vie
miracu-
LART BOUDDHIQUE
134
leusement dans des proportions infimes.
Il
admi-
est
rable d'avoir compris que ces tout petits devaient être
d'abord expressifs
et gais. Ils
ne nous inspirent jamais
malaise de Tart cellinien qui cisèle Dieu
le
dans sa gloire, sur un bouton de chape, titans et des dieux sur
le
Père,
la bataille
un pommeau d'épée,
des
les génies
de la terre et des eaux autour d'une salière d'or. Bon-
homie ces
et sensibilité, voilà la
note qui sied
mieux à
le
charmants tours d'adresse. N'avoir que
le
mérite
sommes
de réduire à l'extrême, c'est peu. Mais nous
ébahis de sentir toute la puissance de la vie comprimée
dans
l'exiguïté et
dans
la
dureté de la matière
en
;
elle,
l'àme des choses nous sourit, elle nous enrichit de
Du fond de
quelques précieux accents.
ces replis
bois ou de l'ivoire, exacts et généreux à la fois,
de
la
flamme
nous exhorte,
la plus
elle
ardente
du
animés
et la plus subtile, elle
nous envoie un salut plein de cor-
dialité.
L'humour bouddhique au Japon clanchements brusques. traste et de surprise saisit.
Tandis que
méandres
et
:
il
Il
se plaît
il
effets
l'ironie
par déde con-
mais
de l'Occident aime
se laisse aller à graviter avec
se replie
il
est plus
une
il
les
len-
que laco-
pour mieux concentrer sa force et
pour en user d'un seul coup. Ainsi veilles égales
aux
n'est jamais agressif,
teur savante autour de la vérité,
nique,
agit parfois
les haï-kaï,
mer-
aux netsoukés, sont de miroitantes petites
images de l'univers, leur rayon direct
et
puissant
fait
pénétrer sa fine lumière jusqu'au fond de nos cœurs.
L'ART BOUDDHIQUE ET LE GÉNIE JAPONAIS
135
ron considère que rhumour est une forme, non un contenu, si nous nous demandons quelle est la na-
Et
si
ture des précieuses évidences qu'il révèle tout à coup, et
comme
toutes,
par magie, à nos yeux, nous voyons que
ou presque, sont des expressions de charme
et
de bonté; bien loin de sécréter un élégant venin, une
ou concentrée,
bile froide
nous faisant sourire, quiert,
dans
le
il
considérer
et
dans
comme
nous apprend à aimer en
nous émerveille
il
nous associe à ce
monde
il
qu'il y a
la vie
la fleur
des
et
il
nous con-
de bon et de beau
hommes. On peut
le
de ces vertus humaines qui,
s'ajoulant à la force de la race, et sans lénerver, la
conduisent où
il
faut, la policent, la
décorent
et
en
font de la civilisation.
Le Zénisme, en pleine vigueur pendant makoura, trouva sa forme esthétique
1
ère de Ka-
parfaite au cours
de la période suivante, celle des Asikaga, qui s'étend jusqu'à la
fin
du xvf
siècle. L'influence
tend de nouveau sur
l'art et
de
la
Chine
sur la pensée, mais une
influence vigoureuse et salubre. Les artistes de
koura avaient tres
s'é-
Kama-
été surtout des portraitistes, des pein-
de batailles, des illustrateurs de vieilles légendes
héroïques. Les artistes Asikaga,
comme
les peintres
Song du sud, furent d'admirables paysagistes et leurs œuvres traduisent tout le charme de leur spiritualité rêveuse. Les plus célèbres d'entre eux, Sesson,Sesshou,
Sotan, voient souvent la nature à travers une perspective
de brumes mouillées, sous
le
rideau léger d'une
nnuDDiuQuii
f/Airr
i.%
pluie de printemps,
mais que
une pluie que Fou n'aperçoit pas, que Ton entend
l'on devine,
qui baigne
et
délicieusement toutes choses. Dans ces paysages où les arbres, les eaux, les reliefs
qu'à
titre
comme
accidentel et
au loin, qui se perd dans
du
n'apparaissent
sol
—
un mont,
ciel et
de l'atmo-
fortuit,
l'infini
du
sphère, un rocher suspendu au-dessus d'une cascade
dont nous ne connaissons que et le
la poussière étincelante
bouillonnement d'en bas,
—
la
nature n'est pas
un répertoire d'échantillons inertes, mais une suggestion de vie universelle. Parfois l'accent est plus
Faudace de
la
touche plus âpre,
la
puissance d'évocation
d'accord avec
le
est
la
synthèse exalte
XXIi). Effets pleinement
(PI.
génie du Bouddhisme Zèn, sobriété de
moyens conforme chromie
et
rude\
à l'ascétisme de la doctrine
une dispersion
;
la poly-
l'encre et l'eau suffisent.
:
Cet exemple emprunté à la technique de la peinture aide à vie
comprendre de quels bienfaits
l'art et la
morale du Japon furent redevables au Zénisme.
D'abord un besoin de pureté simple, je dirai pres-
que d'économie, au sens
le
plus élevé du mot, que
révèlent impérieusement à cette époque le costume, l'habitation, les objets familiers.
matière et de
l'esprit,
Dans l'union de
de la matière
et
de
la
la vie, c'est
Fesprit, c'est la vie qui comptent. Qu'importe l'étoffe,
qu'importe
le bois,
ment? Leur 1.
dans une maison, dans un vête-
qualité
Tous ces maitres.
plusieurs rajinières,
rare
comme
les
notamment
et
leur éclat
Kano, qui
deux,
mettraient
les continuèrent,
le stvle
ont eu
carré et le style souple.
^
L'ART noUDDlUQUE ET LE GÉNIE JAPONAIS
obstacle aux délicates C'est par le
ces
mais
grossier,
des
maîtres.
que l'un
style
chaumières
évidences et
dessinées avec
De
là
de la spiritualité.
Fautre valent. De là
pauvre,
d'aspect
fruste
et
même
un goût exquis par
ces robes, d'apparence rude
mais savamment coupées. Ainsi
terne,
137
le
et
Zénisme
délivra le Japon des profusions et des luxuriances qui
sont naturelles dans l'Inde et qui longtemps avaient séduit l'Asie continentale.
De
la
pauvreté
il
fit
Télégance, et l'élégance,
il
la
cacha. Le goût des cachettes et des surprises qui nous
déconcerte quelquefois dans
l'art
japonais a là son ori-
gine. Sur l'autel domestique, considérez cette vieille boîte de laque tout unie et qu'aucun
décore
:
ornement ne
ouverte, elle révèle le plus précieux travail,
une incomparable floraison
d'or,
soigneusement déro-
bée à la brutalité d'une exhibition permanente. Dans ce mauvais
même qu'on
fourreau repose une lame
on enveloppe d'une pièce de fait,
célèbre.
soie le
De
cadeau
pour éviter de l'exhiber. On dissimule dans
des sachets coulissés et dans des boîtes les poteries
immémoriales. Nous serions tentés d'y voir une malice c'est
une charmante énigme bouddhique, un
ment de
:
raffine-
plus.
Des vertus de cet ordre ne sauraient être éphémères.
Une
fois acquises, elles le
sont pour toujours. Elles ne
caractérisent pas une génération ou un siècle, mais le
génie de toute une race. Une
fois
parvenue à ces hau-
teurs, elle s'y maintient. Elle peut s'enrichir
de nou-
L'ART BOUDDHIQUE
138
velles
nuances morales, être secouée par
les plus
profondes
rait déroger.
11
vie,
on
les
d'une pareille noblesse on ne sau-
:
semble parfois que
souveraines leçons
mais
:
elles sont
nation oublie ces
mêlées à toute sa l'histoire
comme
hommes nouveaux sont des hommes anciens.
et les
à cet égard les élèves
Il
la
entend retentir à travers
un écho des âges,
les agitations
encore
n'en est pas moins vrai que les bandes recrutées
par Nobounaga, Hideyosi
pouvoir
et
et
Yeyasou pour établir leur
pour restaurer l'unité
l'autorité
et
de la
politique japonaise, au sortir des désordres dans les-
quels sombrèrent les Asikaga, étaient animées par un idéal
moins complexe
et
moins
raffiné.
Tokougawa sur
qui installèrent les
gouns n'avaient que leur sabre
et
Les aventuriers
le siège
des Chô-
ne se targuaient pas
d'une longue généalogie. La guerre peut être une école d'ascétisme, elle peut également exaspérer, en le com-
primant, l'instinct de jouir. Enrichis
soudards des nouveaux Chôgouns, d'une race
fine,
—
firent
moins discrètes que
de
et
honorés, les
— des soudards issus
l'art le
véhicule de joies
les subtils et austères plaisirs
des
Asikaga. Dans les forteresses de pierre bâties par les princes sur des plans d'Europe, dans les châteaux des
provinces établis sur
le
même modèle pour
les peintres allaient bientôt
immenses, couvrir
les
daïmios,
exécuter des décorations
les murailles,
en quelques jours,
de colossales forêts de pins, d'oiseaux légendaires, de tigres,
de monstres éclatants.
A
l'intérieur des galeries
L'ART BOUDDHIQUE ET LE GÉNIE JAPONAIS
des salles, ainsi agrandies par
et
nature
artificielle,
139
spectacle d'une
le
impressionnante, somptueuse,
les
déployèrent les richesses mouvantes
fêtes, les cortèges
des beaux costumes et des parures.
Nobounaga
avait essayé de sauver l'art
Zèn en pro-
tégeant les héritiers directs de la tradition Asikaga,
Kano, continuateurs spirituels de Sesshou
les
de ses
et
émules. Le chef de cette dynastie, Masanobou, était
mort en 1490, laissant une œuvre pleine de largeur de
sérénité,
Son
chinois'.
très fils
de
pénétré
et
époque par
au Japon, avec une force
extraordinaires.
maîtres
Motonobou (1480-1559) résume
les acquisitions faites à cette
en Chine
des
l'esprit
Il
avait
et
immensément
et
toutes
la peinture
une plénitude
copié les maîtres
chinois, en se retrempant sans cesse aux sources japo-
naises.
Peintre
d'oiseaux,
de
fleurs,
tantôt
peintre religieux, décorateur,
de il
paysages,
manie avec
sobriété l'encre et le pinceau du pur Zéniste, tantôt
(principalement
dans
ses
sujets
bouddhiques)
s'abandonne au charme délicat des tons rares
et
il
des
rehauts d'or. Nobounaga, encore obscur, l'avait connu et
admiré. Parvenu au pouvoir,
fils
du vieux maître, Chô-ei,
il
employa
le
second
artiste sans originalité,
dépositaire d'une tradition d'où toute vitalité peu à peu s'écoule et qui va bientôt se dessécher dans les aca-
démies.
Au
vieux génie Zèn se substitue alors un art neuf,
Voir au Musée de Boston une copie de son Tan-you, à rapprocher de Go Dô-si. 1.
Çakj^a-Mouni par
L'ART «OUDDHIQUK
\\0
qui traduit les besoins d'une aristocratie récente, son
goût pour
luxe et la prodigalité.
le
ses modèles chez les Song,
remonte plus haut,
il
splendeurs des Thang l'éblouissent.
nique
de rouges,
deuxième vanisé,
11
fils
gamme
les
invente une tech-
nouvelle pour les applications d'or
pagnées d'une chaleureuse gés,
ne cherche plus
Il
:
accom-
de jaunes, d'oran-
flamboient avec majesté. Ei-tokou,
elles
de Chô-ei, est encore un Kano, mais gal-
enrichi,
vivifié
vigueur
par la
renouveau historique. Sur
les
dun grand
murailles des palais
d'Hideyosi, se répandent de merveilleux mirages sur
fonds d'or, que rehausse encore un savant emploi des glacis. L'étude
de
nature aboutit au pur décor, au
la
beau paraphe ornemental, à de grandes symphonies
absolument opposées au
colorées, délicieuses et vides,
pénétrant idéalisme Zèn. 11
restait
encore une
vieille aristocratie jalouse et
fermée, serrée autour de l'empereur, fidèle à ses traditions et à ses peintres. L'école de
Tosa
n'était pas abso-
lument morte, mais déchue de son antique grandeur
comme reculée comme Kô-etsou. et
dans l'ombre des âges. Des maîtres Sô-tatsou et Kô-rin
ses plus captivants prestiges
et,
passionnée des peintres anciens, aussi à
rémouvante
ardents coloristes, technicité,
mais
ils
ressuscitèrent
dans leur analyse ils
furent sensibles
austérité des Asikaga.
ils
eurent
le
Suaves
et
don d'une éblouissante
surent en dépasser les prodiges en
parvenant à rester simples. Souvent quelques masses, des
effets
largement lavés leur permettent d'atteindre
L'ART BOUDDHIQUE ET LE GÉNIE JAPONAIS
à
grande poésie du paysage Asikaga.
la
Un
14
4
profond
respect de Fart les soutient, la puissance continue du
manque,
souffle idéaliste leur
par
le
vent des cimes. Parfois
ne sont pas baignés
ils
même, en
étudiant leurs
œuvres, surtout celles de Kô-rin, on a l'impression de se trouver en présence de spirituels archaïsants très
Une profonde étude des choses japonaises, des
habiles.
fleurs, des rochers,
une fraîche Il
des oiseaux, vus
sincérité, les sauve
et
observés avec
du maniérisme.
semble que nous nous éloignions de plus en plus
des sources vives du Bouddhisme et des grandes inspirations religieuses et naturalistes. L'académisme Kano,
sous les Tokougawa, dessèche
de formules
et
l'art
à force de copies,
de redites. Une société voluptueuse
et
riche s'abandonne au plaisir. Le génie japonais court-il le
risque de s'énerver et de s'anémier? La naissance
de l'école vulgaire,
grands
faits
le
succès de l'estampe, ces deux
de Tart du xvm^
un sentiment profond
siècle, lui ont-ils
et vrai,
rendu
garant et preuve de sa
vitalité?
Nous ne sommes pas sur un point quelconque de TAsie. Ce peuple est extraordinaire par la constance,
par la discipline, par
la force
de renouvellement. Le
régime Tokougawa a pu jeter sur ses vertus anciennes
un
voile
un peu lâche
plus profond de son
kaga
et,
en
môme
et bariolé
cœur
les
mais
:
il
conservait au
enseignements des Asi-
temps, une
foi
profonde dans asiatique.
Le
samouraï Tokougawa, à force de se modeler sur
les
Favenir de la nation
et
dans
l'idéal
L'ART BOUDDHIQUE
142
ancêtres, est devenu, en quelque sorte, leur authentique descendant. Le peuple le sait, l'orgueil et de la joie,
il
il
en conçoit de
applaudit à l'héroïque ven-
geance des quarante-sept rônins. Aux plus mauvais jours du despotisme des Ghôgouns, alors que la nation
semblait ensevelie dans les joies physiques,
il
restait
encore, sous la robe du scribe provincial, du médecin
du professeur de chinois, des ascètes à
et
la
mode
antique, des poètes et des peintres inspirés par
un
sentiment large. Les maîtres de l'école vulgaire ne sont pas de grossiers décadents et des amuseurs de
Us sont profondément d'accord avec
foules.
le
génie
national, avec le génie religieux de leur patrie et de
leur race. Si 1
art,
Ton
une vue
se limite à
on peut croire
qu'il
superficielle
du passé de
n'en est rien. La scission
semble profonde entre ces peintres d'acteurs
et
de
du paysage
et
du
courtisanes et les vieux maîtres portrait.
dans
Mais peut-on oublier que l'école a ses origines
manière de Toba Sojo, inspirée par une pensée
la
profondément bouddhique pas
de
l'imagerie
conserve-t-elle
quelle
mesure
de
?
pieuse? ces
est-elle
L'estampe ne
Devenue
antiquités
une œuvre
sort-elle
profane,
vénérables, d'art
que dans
bouddhique?
Elle l'est par l'exquise spiritualité de sa technique,
par sa pureté linéaire, par la poésie d'un espace
que rien ne limite, où les
les
infini
ombres sont absentes, où
formes, délivrées de la pesanteur, semblent évoluer
avec une aisance grave dans Téternelle lumière. Elle
L'ART BOUDDHIQUE ET LE GÉNIE JAPONAIS l'est
143
par la grâce toute-puissante du sentiment féminin
par l'impérissable sourire d'Amida qui brille sur les
estampes d'Outamaro, Elle Test par
Thumour tendre
penché sur
l'artiste
comme sur les fresques d'Ajanta. et pitoyable qui
pauvres
vie des
la
anime
et sur la vie
des bêtes. Elle Test par la souveraine puissance d'évocation naturaliste qui
donne un
tel style et
une
telle
profondeur aux planches des grands paysagistes, Kouniyosi, Hokousaï, Hirosighé.
Le prêtre Nitsi-ren, fondateur de dhique Hokka,
secte boud-
chemine doucement à travers une
tempête de neige (Kouniyosi).
comme
la
perdu dans
semble tout
Il
petit et
du paysage. Mais
la désolation
il
est si étroitement associé à tout ce qui l'entoure, les
flocons l'enveloppent
si
bien,
avance avec tant de
il
sérénité au milieu de ces blancheurs légères que sa
candeur au
ciel
et sa sainteté se
mêlent à
qui descend sur lui
la terre qui le porte,
comme une
bénédiction
tendre, sa méditation envahit paisiblement la nature et l'hiver.
devant
— Les
les points
promeneurs d'Hirosighé s'arrêtent de vue célèbres
;
au pied d'un arbre
héroïque, contemporain des fameux et des
abbés exemplaires,
ils
hommes d'armes
s'assoient en famille
pour improviser à Tenvi de courts poèmes paysage se mêle à leur
âme et la fait chanter
tombe avec roideur sur un pont de
la
.
:
— La pluie
Soumida. Les
gens se hâtent, sous des parapluies énormes.
dominant l'immensité du Pacifique, s'élève, gris et noir, redoutable
l'àme du
le
Au
loin,
mont Fouzi
par sa masse et par sa
L'ART BOUDDHIQUE
144
comme
solitude,
l'image des stabilités immuables et
des puissances cachées.
— Hokousaï enfin
appartient
au Bouddhisme, non seulement par sa piété, non seule-
ment par
ses peintures colossales de
Dharma, non
seulement par ses planches d'imagerie religieuse, mais par l'inquiétude de surprendre et de capturer la vie
dans ses ressorts d'animer
la
les plus secrets,
par
don prodigieux
le
matière, de lui insuffler Tesprit, de la
suggérer avec puissance par quelques
traits, j)ar
ques points. Son œuvre extraordinaire vrai miroir de la
et
quel-
multiple,
nature vivante, dernier terme de
l'évolution de l'art japonais,
met en
relief
une des
deux grandes vertus qui se dégagent pour nous de l'histoire
de cet art et qui nous permettent de
comme une forme
tériser
du génie bouddhique,
—
classique et
la suggestion
le
carac-
communicable
de la vie par des
mo^fcns exceptionnellement concis.
///.
— LE DON DE
LA VIE ET LE SENS
DU
STYLE. LE CLASSI-
CISME BOUDDHIQUE.
Il
était
naturel qu'un peuple aux yeux duquel Tuni-
vers est dans l'atome, pour lequel l'esprit est partout et qui
se refuse à voir
image de arts
l'inertie et
comme un
de
dans la
la
matière la pesante
mort, se révélât dans les
exceptionnel animateur.
y a quelques années tout au plus que nous savons faire la différence entre la
masse
et
la
11
matière,
que nous
reconnaissons dans cette dernière toute sorte de puis-
Pl. XXIII.
Art Japonais {WI"
siècle).
Le Nirvana du Bouddha, (Musée Guimet de Lyon, ancienne
broderie."***
collection Sichel.)
o
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Ce
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— C O
^ J
T3
L'ART BOUDDHIQUE ET LE GÉNIE JAPONAIS
sances
145
agissantes et d'énergies concentrées. Depuis
des siècles, la pensée bouddhique en connaît et en
observe
Et quand elle s'applique
les tressaillements.
à l'étude des formes organiques,
le
pinceau n'en trace
pas de froides copies ou de pâles simulacres, mais des raccourcis d'une intensité presque obsédante.
Même
aux époques de grand classicisme, alors qu'un merveilleux équilibre règle les rapports de l'esprit et de la
matière dans les arts, une flamme cachée circule,
une force toute-puissante qui
se contient, infiniment
plus riche et plus active qu'un sous-entendu idéologique. Plus tard, elle éclate, elle se
fait
jour avec une
sorte de fièvre. Je ne dirai pourtant pas qu'elle se déploie et qu'elle déborde. Rien de semblable en elle à
l'opulence vénitienne, à la générosité flamande. Ce
chez Rubens ou chez Tinto-
que nous appelons
la vie
ret n'est peut-être
qu'un abus de mots
sans doute désigner par
là
on entend
:
une brillante profusion de
dons, une pathétique largeur, de la richesse, de l'exu-
bérance. Mais c'est de secrète qui meut, qui Elle
est sensible
la vie
anime
que je parle, de et
qui galvanise les êtres.
dans des repos, dans des noncha-
lances, dans des immobilités. est inscrite avec autorité
minée
comme dans
la
dans
Elle est présente, elle les
elle
d'un
athlète
moment ou
de l'am-
n'est pas le contre-coup de
humaine, mais, réduite à
nervures d'une gra-
musculature
endormi. Elle ne dépend pas du biance,
la force
définie,
locale, parfois
un rien perdu dans
la
pensée
comprimée,
la lumière, à
un remous 10
LART BOUDDHIQUE
146
de l'onde, à un frisson de entière.
Chez
les
la chair, elle est la vie tout
maîtres de l'Oukiyo-é, l'école de la
vie qui passe, chez les sculpteurs de netsoukés, elle est
charmante, sive.
—
— de vérité expres-
et parfois terrible
Leurs yeux inquisiteurs
la
cernent partout; encore chaude
poursuivent et
et
animée,
elle palpite
dans leurs albums fourmillants et concis. Accrochée au fruit du kaki, dont elle pompe la sauterelle ploie
la dis-
délicatement ses longs
le
suc,
membres
bien articulés, pareils aux ais savants d'une machine
de guerre la
;
sur la plage, à marée basse, les bêtes de
mer rampent ou sommeillent,
ments de leur
être,
tentacules,
et
tous les prolonge-
cils,
dards épineux,
dessinés d'un trait sobre, pur et ténu, semblent bouger, vibrer, se contracter, se détendre, palper, avec l'hésitation molle et adroite d'un toucher aveugle. Les
singes touffus sont des boules de poils, où brille tout
à coup la sagesse ironique d'un visage rose et glabre
de vieillard heureux. Tous les regards expriment une
pensée mystérieuse, inquiète
et vive; tous les aspects,
tous les hasards, jusqu'au bouquet de feuilles hirsutes
brassées
par le vent, nous
communiquent Tardeur
secrète de leur âme.
Quant aux humains, et
ils
se
démènent dans
dans Faction. Les héros et
ment pour
construits, tuent ou créent, le
bien ou pour
La femme pour
les ouvriers,
la
le
la bataille
noueuse-
mènent besogner
mal leurs corps trépidants.
se pare avec des artifices nobles et savants
volupté qui bientôt la renverse et la tord tout
L'ART BOUDDHIQUE ET LE GÉNIE JAPOxNAIS
que
entière. Et, tandis
les belles réparent leur
147
désordre
contemplent dans des miroirs de métal
et se
bras levé, nu jusqu'à Faisselle, et
le
poli, le
peignoir lâche
laissant voir la maigreur élégante de l'épaule, là-bas,
à travers le cadre de la baie largement ouverte dans les cloisons le
de papier, par delà les maisons du port,
sombre taché de
soir descend, avec son ciel déjà
cerfs-volants et de grandes voiles pacifiques.
La
vie n'est pas
une succession de saccades,
ses accents larges et sa continuité
familiers,
elle
conserve son
demeure des hommes,
elle
;
elle a
sous ses aspects
ardeur, mais, dans la devient facile,
gaie
et
tendre. Les poteries touchées par des mains féminines
s'imprègnent de leur délicate chaleur. L'aspect usé des choses leur confère une spiritualité qu'ignore le neuf. Des vieilleries délaissées traînent dans un coin elles sont chargées de regrets chambre humbles. D'un trait, en coin de page, voici, avec le bol à saké, le plateau de laque, une ceinture fanée, tout un poème de vie domestique, juste et pénétrant
de
la
;
parce qu'il n'est pas chargé de commentaires. 11
en est de
même
de ces essais légers, rédigés sou-
vent par des femmes, au courant de la plume, qui portent jusqu'à nous les réflexions, les rêveries, les
paysages préférés,
les
heures de choix,
les
tendres
souvenirs des spirituelles et des indolentes. Conçus
sans fatigue, venus d'un seul
jet,
concis et purs,
ils
ont une sincérité, un ton libre et vrai qui enchantent.
Les retours des parties de campagne, alors que toute
L'ART BOUDDillQUl-:
•14S
un chariot qui grince,
troupe, entassée dans
la
et
que
Jiuit
qui
perdre haleine sans savoir pourquoi, discerne plus ses
dans
voisins
l'émotion des amants cachés,
le
la
1
rit
à
on ne
tombe,
chien qui aboie, Ten-
faut qui pleure, les paquets de vieilles lettres ou de
poésies d'autrefois, relues par
automne,
—
toutes
ces
un
en
soir de pluie,
notations
précieuses
d'exactes et captivantes images de la vie
sont
humaine,
réduites à quelques mots qui ne sont rien, mais dont
échos sont
les vie, si
infinis. Oui,
que de savoir mettre un
peu chargée
ailes et
et,
c'est tel
un éminent don de
sens dans une matière
d'une haleine, de
lui
donner des
un chant.
Voilà ce que nous voyons et ce que nous entendons
d'abord. Mais une autre vertu de l'art japonais s'im-
pose à notre étude,
le
don du
style.
Le
style, ce n'est
pas Télégance toute pure, c'est quelque chose de plus,
un sens supérieur de la
l'ordre, l'expression plastique de
noblesse intérieure,
le
rythme régulier d'une
puissante et grave. Dans les arts du dessin, nifeste
par
il
se
vie
ma-
une largeur pleine d'audace sereine
d'innocence; dans
l'art
d'écrire,
et
par une économie
pleine de dignité, qui bannit le trop-plein des mots, les
chatoiements aimables,
jolis;
dans
de
modestie et de
la
les
tours
la parure, c'est, si l'on veut, la
singuliers
ou
une alliance
hauteur qui va plus loin
et
plus liant que le rare et que l'exquis. Le style, c'est le
sceau des races supérieures et des grandes œuvres.
Nous aimons à
le
reconnaître dans les manifestations
L'ART BOUDDHIQUE ET LE GÉNIE JAPONAIS
comme
anciennes du génie humain,
les plus
149
si
le
temps, en laissant s'écrouler des tentatives périssables, viciées
un malaise natif ou rongées par leur
par
propre corruption, ne permettait la durée qu'aux mo-
numents d'un âge où Thomme déchu. Et
il
est
vrai
que
pas
n'était
encore
les civilisations vieillies,
de
notes nouvelles
et
complexes, de nuances rares, de raffinements qui
les
s'enrichissant tous les jours
désagrègent, perdent peu à peu
don du
le
style.
On
pourrait croire qu'il est la langue par laquelle s'ex-
priment seulement
En
les
peuples enfants.
Grèce, en France et au Japon,
fiquement
Dans
les siècles.
la
il
escorte magni-
coupe du visage d'une
statue funéraire de l'Asie hellénistique le
dos divin de la Héra de Samos,
il
comme dans y
a quelque
chose qui émeut en nous une méditation solennelle.
De
la
période Nara à la période Eddo,
le
don du
style
s'exerce en mainte occasion avec une largeur et
ne diminuent les vicissi-
autorité que n'altèrent ni
tudes de
l'histoire.
Sur
une
terre
cette
d'élection,
les
leçons des bronziers chinois du vif et du viif siècle
produisent des œuvres qui sont la
comme
l'exemple de
majesté des dieux. Les grands portraits sacerdo-
taux, peints sur des
dans
les temples,
panneaux de
soie et conservés
nous offrent
le
spectacle d'une hu-
comme
le
temps, baignée du
manité auguste, solide
ravon des vérités éternelles. De colossales forêts de pins tracées sur les murailles des palais et
nées d'un seul coup, sont
1
image de
la force
comme harmo-
L'ART BOUDDHIQUE
450
nieuse, de la
permanence
au dix-septième
siècle,
et
de la
stabilité.
en dessinant pour
Plus tard,
laqueurs
les
des modèles de compositions décoratives, Kô-rin conserve aux plantes, aux bêtes, aux éléments le prestige
de
la
grande forme
et le
charme de
cette spiritualité
pour
Japonais, serait
délicate sans laquelle Tart,
dépourvu de sens
les
et d'intérêt.
Mais descendons encore, allonsjusqu'à cette époque qu'il est
de mise de négliger désormais, pour se vouer
exclusivement aux recherches archaïsantes,
feuille-
tons une fois encore les recueils des admirables estam-
peurs de la
fin
du xvnf
demandé des enseignements. les reléguait
nous avons déjà
siècle à qui
au dernier rang
;
L'élite,
ils
il
est
vrai,
étaient les peintres
de Y école vulgaire^ opposés aux peintres des académies
Kano,
seuls
admis par
les
à cette époque
doctes,
intoxiquée de pensée et d'art chinois. Mais
que ces amuseurs du peuple étaient taires
de
la tradition
la
pense non seulement à la Sortie
Nocturne, à
dans
qu'au
iv'
siècle
et
la série des
la Toilette,
la volupté,
et la noblesse, les
les vrais déposi-
de vérité. La
femme d'Outamaro,
à ses ouvrières, à ses courtisanes, vail et
se trouve
vamatisante, les continuateurs
authentiques d'un art de largeur
femme de Kiyonaga,
il
— sont,
—
je
grandes Têtes, à
aux Maternités, mais si
dignes dans
par la force,
la
le tra-
grâce
sœurs de ces jeunes Athéniennes
avant
Jésus- Christ,
de vases traçaient d'un pinceau
léger
les
sur
peintres l'argile
blanche des lécvthes. M. Pottier a eu bien raison de
le
L'ART BOUDDHIQUE ET LE GÉNIE JAPONAIS (lire
le disant,
et,
il
loi
ne fut pas abusé par sa bonne
mémoire d'humaniste. Et
si
Ton
est
fondé à
de
faire
pareils rapprochements, ce n'est pas seulement que le héritier d'un rayon de Thellé-
royaume de Gandhara,
nisme, a pu propager à travers
du Pacifique
rivages
les siècles
jusqu'aux
palpitation de quelques-uns
la
des dons sacrés, c'est que ces dons mêmes, servis par
une technique analogue,
maniement du pinceau
le
chargé de noir ou d'une eau faiblement colorée, étaient
également échus à une autre
élite
humaine, dès long-
temps qualifiée pour inventer des formes de beauté. Ce grand sens plastique, qui ne naît pas des exercices de l'école, mais d'une contemplation inno-
stériles
cente et amoureuse de la vie, les maîtres dont je parle
en sont doués presque tous à un haut degré. tardivement senti
la poésie
du nu; toujours
draper avec une noblesse souveraine décorent, trouver la venait au
charme
gamme
et
ils
Ils
ont
ont su
les étoffes qui le
exquise et grave qui con-
à l'ampleur de
ligne.
la
Leur
intelligence linéaire, leur art de disposer des à-plat
de tons heureusement choisis nous leur font donner
nom
de décorateurs. Pauvre éloge, en vérité,
En présence de
vient que par surcroît.
d'œuvre qui ne sont pas décorer^
tant de chefs-
mais bien pour demeurer cachés
ce n'est pas beau décor
qu'il
ne
moins du monde pour
faits le
contemplés de temps à autre,
et qui
le
et
comme
et
pour être
à la dérobée,
faut dire,
mais grand
style.
On
peut s'étonner
qu'un peuple
si
curieux
des
LARÏ BOUDDHIQUE
152
accents passagers de la vie,
si
subtilement attentif à
ses manifestations individuelles, épisodiques et véhé-
mentes,
habile à la concentrer et à la décharger,
si
l'on peut dire, avec brusquerie, ait été
en
si
même temps
capable de cette majeslueuse ampleur et de cette sérénité,
qu'au milieu de cette fièvre, de ce fourmillement,
de cette agitation,
il
conservé cette qualité d'équi-
ait
libre souverain, supérieur
aux
et
ne nous enseigne-t-elle pas
L'esthétique
accidents.
aux contingences
qu'il
y a antagonisme entre la vie
Mais
c'est
précisément parce
et le style
qu'ils
en art?
ont été des ama-
teurs passionnés de la vie et qu'ils l'ont contemplée
éperdument,
qu'ils ont
pu rester jeunes,
éviter
de
s'endurcir à des formules, continuer à voir large et
que fussent
vrai, quels
dimensions. fois qu'ils
misme,
Il
est
les sujets, les caractères et les
admirable de constater que chaque
ont couru
le
risque de vieillir dans l'acadé-
ou, par contre, de s'éparpiller
charmants,
ils
dans des riens
ont été ramenés à la justesse et à Thar-
monie par un sens
très rare de la
ailleurs sur la puissance de ce
mesure.
J'ai insisté
rythme, sur cette
oscil-
lation qui explique certaines alternatives de Fart japonais.
Cette juste mesure, c'est le caractère des civilisations supérieures, de celles qu on a le droit d'appeler classiques, parce qu'elles peuvent servir d'exemples et
de modèles à l'humanité.
rinde
et
de
la
Chine
bouddhique avec
Les grandes époques de
même
n'ont pas traité l'idéal
cette largeur et cette autorité. L'art
L'ART BOUDDHIQUE RT LE GÉxNIE JAPONAIS
de rinde
do3
reconquis par sa profusion native. Les
fut
Song du sud eux-mêmes ne furent peut-être que de rares et délicieux esthètes. Mais le Bouddhisme au Japon repose sur un sol historiquement et moralement ferme. 11 y a pris sa qualité communicable et humaine. Le génie japonais l'a cultivé, non seulement pour lui, mais pour nous. Pour en rassembler toutes les forces,
se
inventa des concisions inédites. Loin de
il
perdre en épanchements,
chercha
et
brouille dans
pour
trouva
il
en commentaires,
son juste.
le
Parfois
un ésotérisme un peu puéril
les cachettes,
;
il
il
s'em-
son goût
son horreur des évidences
l'incli-
nent à une complication malicieuse qui nous déconcerte. Parfois son
rable. saï, ce
Avec un point posé
à
le sert
d'une façon admi-
bout de pinceau, Hokou-
miracle final du Zénisme, exprime une vérité.
En quelques et
laconisme
syllabes, Ba-chô «
ramasse
»
un paysage
propage une émotion.
Penché sur
la vie qui
bouge
et qui fuit, habile à
extraire des synthèses puissantes et nobles,
en
ramené
sans cesse par un esprit de mesure à la juste pondération de ses dons, apte à les traduire avec économie, le
Japon ajoute à l'élégance de sa pensée
le prestige
secrète.
et
de son art
d'une note volontairement mystérieuse
Non
énigmes, mais être cachées
qu'il il
ait
et
de la prédilection pour les
n'étale rien. Les belles
armes doivent
dans des fourreaux médiocres. Un gentle-
man du temps
des Asikaga dérobe sa noblesse sous
des vêtements simples;
il
vit
dans une demeure rus-
LARÏ BOUDDHIQUE
154
longuement étu-
tique, dont les proportions ont été
diées par rit
un
un maître. Dans
effort qui s'égale
l'industrie
humaine
ou s'apparente à
la
il
ché-
majesté
des choses naturelles. Ce génie sobre, ardent et pur ne
pas attarde dans
s'est
l'étape qui le sépare
luxe
le
:
très vite
du raffinement. Dès
il
a franchi lors,
il
ne
peut plus tolérer que des objets, des œuvres et des
pensées absolument dignes de l'élévation morale de race. Les artisans travaillent durant des
dans
fixer
le
laque,
bronze ou
le
la
la
mois pour
céramique un
aspect éphémère delà nature qui devient l'objet d'une
méditation tions.
que
Sur
durable, la soie
la soie,
le
gommée ou
pinceau de
le trait qu'il faut, et
arrange telle.
les
une source
non
sur
jaillissante d'émole
papier, plus beau
l'artiste écrit
d'un seul jet
Le poète choisit
tel autre.
mots qui perpétueront une minute immor-
Ainsi s'épanouit une culture unique, dont
principe peut se formuler ainsi
soumis à matière.
et
la largeur
du
style,
:
le
l'inachevé de la vie
dans
la perfection
de la
COXCLUSION
L'akt
bouddhique
mesure que
se
qu'il est favorisé
pieuses.
11
répand
par
dans Thule à
naît et progresse
le
la
pensée de Tinitialeur
pouvoir
et
et
par les fondations
crée une architecture qui porte en elle tous
les principes de
son développement et qui, du reliquaire
massif, fera sortir Taérienne pagode.
monuments du
Il
décore
les
culte d'une sculpture d'abord emblé-
matique, puis plus libre et plus vivante et sur laquelle vient rayonner enfin une influence gréco-romaine de
basse époque. Alors sont fixés les thèmes essentiels de l'iconographie,
première
fois,
Timage du Bouddha se dresse, pour dans l'attitude du renoncement, de
la la
méditation et de l'enseignement.
De rinde septentrionale,
il
passe au Turkeslan, où
ses débris révèlent des sociétés
longtemps prospères,
puis en Chine. Dans le nord de ce pays
il
multiplie les
images du Bouddha, conformes au type élaboré dans
La Chine du sud, plus sensible et plus lyrique que la Chine du nord; positiviste et communautaire, le dote d'une puissance et d'un
la vallée de l'indus.
charme d'expression dans
qu'elle avait déjà
la poésie, et peut-être
dans
la
mis en lumière
peinture de pay-
L'ART BOUDDHIQUE
456
sage, au cours de la période précédente. Des
nuances
de la pensée bouddhique, nuances nouvelles ou révé-
pour
lées
la
première
fois à la
Chine, contribuent à
enrichir les arts. Tantôt la secte Thven-thaï et la secte
Tchen-yen font prévaloir une note mystique, richement
précieuse,
Tchhan, ascétique
ment de la nature
et
décorative.
Tantôt
de
et le culte
les Song, au
Japon sous
mongole
sion
une note décisif.
Foudziwara
les
fait
les
la
les
;
progrès
le senti-
Thang, au
les
seconde, en Chine sous
la
Asikaga.
En Chine,
prendre au Japon son accent
officiels
du Confucianisme, sur
élément d'ordre, finissent par endormir les Ming. recueilli
bouddhique pendant
la
l'inva-
bouddhique
l'art
lequel les conquérants ont besoin de s'appuyer
Le Japon a
secte
beauté du monde. Les
prédominer dans
réaliste qui doit
Mais
la
contemplative, favorise
premières triomphent en Chine sous
Japon sous
recueillie,
la
l'enseignement de période Nara.
comme
Chine après
l'art
Au
gréco-
cours des
âges suivants, tantôt sous la forme Singon, tantôt
sous la forme Zèn, tantôt en s'inspirant du réalisme
Yuen,
ment lité
et
même
chinoise,
à l'époque où
il
domine
l'éthique pure-
donne au génie bouddhique une tona-
plus ferme. Toutes les forces de la vie sociale,
sentiment d'une haute mission historique, pline, la sensibilité,
une culture dont
le
la disci-
l'humour concourent à produire
l'art est
l'expression absolue et que
l'on peut qualifier de classique.
En
elle se
concilient et
trouvent leur pleine synthèse les deux grandes forces
GOXCLUSION
157
antinomiques du génie asiatique, nel changement, qui
fait
galvaniques de la vie,
courir
le
le
dans
Dragon de
l'art les
Bouddha de
l'éter-
puissances
l'éternel repos,
qui lui confère la solennelle gravité du style.
Ainsi se trouve également résolue la contradiction qui existe a priori entre une éthique de renoncement,
fondée sur une philosophie du vide,
ment
et tout
développe-
Deux séries de facteurs agirent Bouddhisme et d'abord les forces
possible d'un art.
à cet égard sur le
:
empruntées aux milieux ou propagées par son rayonnement dans l'Inde
romanesque
et imagier,
les
échanges,
même, chez un peuple
qui inventa et découpa les
scènes de la légende Tinfluence de ;
qui lui enseigna une plastique
;
l'art
méditerranéen
enfin le génie lyrique
des riverains du Fleuve Bleu qui lui montrèrent, douées
de vie
et
dignes d'amour, les formes changeantes de
l'univers. D'autre part, le succès de certaines écoles
modelait peu à peu ses
capacités esthétiques
mysticisme Tchen-yen, en multipliant les formes
noms
:
le
et les
des dieux empruntés à d'autres panthéons, en
s'attachant aux rites et aux cérémonies naturaliste de la secte
Tchhan, en
;
l'idéalisme
faisant de l'ascé-
tisme une discipline aristocratique, une méthode raffinée de vie,
une communion avec
la
Grâce à cette souplesse puissante, créé
un
art complet, je
nature. le
Bouddhisme a
veux dire une manière d'inter-
préter la nature et l'énigme du toute rhumanité. Parti des leçons
monde
qui intéresse
du paganisme médi-
terranéen, mais confiant à cette enveloppe
le secret
de
L'ART BOUDDHIQUE
138
FAsie, confinant parfois par la tendresse^ par Télévation
,
génie chrétien
par la pitié au
des grandes
époques, cet art exprime, non par la copie des choses naturelles,
mais en suggérant
unissent à l'être
humain
philosophie de la
les
rapports qui les
et à la vie
de l'univers, une
que
nature
connue qu'au dix-neuvième
occidental
l'art
siècle, et
n'a
d'une manière
imparfaite,
A
travers tant de
voyages, on fidèle
changements que
peut dire
aux principes dont
phiques des dessinateurs paysages de fleuves
il
et
bouddhique reste
l'art
est sorti.
Les notes gra-
des peintres, les vaporeux
de vallées,
et
malgré tant de
et
la bête qui bondit,
l'eau qui court, l'herbe qui plie, la féerie de la neige,
de la lune
et
des fleurs, les feuilles rougies de l'érable
sur les rivières d'automne, tout prend corps et prend
âme de
sous nos yeux avec
charme étincelant
le
et
rapide
la vie qui passe. Elle glisse, elle s'enfuit, elle n'est
du carnet de croquis. Les
plus. Les insectes s'évadent
héros s'exterminent. Les danseuses et les courtisanes s'épanouissent
comme
des fleurs qui vont mourir. Cet
univers bouge, s'efface les
yeux à demi-clos,
lumière intérieure,
les
et disparaît. le
visage
Seule demeure,
resplendissant de
mains abandonnées au creux
du manteau, plus immobile, plus impénétrable résistante qu'un
et plus
rocher des montagnes, l'image du
détachement souverain
et
de
la
suprême
pitié.
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la
—
2*^
vol.,
Buddhism,
2*^
éd., Paris, 1882.
1907.
éd., Londres, 1890.
TABLE DES ILLUSTRATIONS
Pages.
Planche
I.
Stupa de Sanchi, porte septentrionale de
l'en-
ceinte (Inde)
~ —
— — — — — — — — — — — — — —
— —
— —
II.
III.
IV.
Ruines du stupa de Top-Darra (Inde) Types siamois du stupa Le Pai-tha seu, stupa chinois de marbre sculpté
VIL VlII.
IX.
X. XI. XII.
Le temple de H6-rjou zi (Japon) Ruines et plan du grand couvent de Takht-iBahai (Inde)
40
d' A janta (Inde) Le couvent (Potala) de Lhassa (Thibet)
48 49
Détail des peintures
Art gréco-bouddhique (Inde) 1 Scène bachique 2. Frise de Bouddhas et assistants Art gréco-bouddhique (Inde) Atlante Art gréco-bouddhique (Inde) Dieux marins L'art gréco-bouddhique et la vieille école indienne La donation du Jetavana Les austérités de Art gréco-bouddhique (Inde) Gautama et les préparatifs de l'illumination Stèle funéraire des Art chinois prébouddhique :
.
:
:
.
,
64 65 80 81
:
.
XIV.
41
;
:
XIII.
24 25
(xviii*^ s.)
V. VI.
16 17
88
:
Han
89
Bouddhas de TaArt des Weï du nord (v*^ s.) tongt fou Un XVI. Art japonais gréco-bouddhique (viii® s.) Bodhisatlva de Nara Wou Tao-tseu. XVII. Art chinois (viii^ s.) Çakya-
XV.
:
96
:
— — Un fau-
:
Mouni
Hwei tsong (?). XVIII. Art chinois (xii« s.) con blanc XIX. Art chinois des Song Vase bouddhique, en céladon vert craquelé Liang Chi Un ermite Art chinois (xiv° s.) XX. :
97
112 113
:
—
:
XXI.
de la montagne Art japonais (xiii®
120 121
s.)
:
Portrait d'un prêtre
.
11
.
128
TABLE DES ILLUSTRATIONS
162
Planche XXII. Arl japonais (xv« style rude
— —
s.)
:
Sesshou.
— Paysage
de 129
Le Nirvana du Bouddha. Le NirXXIV. Art japonais (xviii-xixe g.) Kouniyosi. vana de l'acteur Dandjourô
XXIII. Art japonais (xvi^
s.)
:
:
—
144 145
TABLE DES MATIERES
Art et religion
i
Introduction
1
CHAPITRE PREMIER LES ORIGINES
—
III.
tique.
V.
La
—
La vie légendaire du Bouddha. La philosophie du renoncement et son avenir esthé-
Les origines bouddhiques.
— IV.
L'architecture
sculpture
:
II.
:
Hellénisme
Le sanctuaire et
et le couvent.
Bouddhisme dans
l'Inde.
— —
Le Panthéon Bouddhique
11
CHAPITRE
II
IDÉALISME ET POSITIVISME EN CHINE
La Chine. tseu.
—
dans
le
—
Ses vieilles assises morales
L'art chinois prébouddhique.
—
—
:
Gonfucius et Lao-
II.
Le Bouddhisme
L'art gréco-bouddhique sous les Turkestan oriental. Son rayonnement en Corée Wei du nord et sous les Thang. III. La peinture dans la Chine du sud. et au Japon. IV. La Chine des Song et le Naturalisme et mysticisme. V. Invasion mongole. Le succès du Bouddhisme Tchhan. réalisme sous les Yuen. Les Ming
—
—
—
—
—
—
—
69
TABLE DES MATIERES
464
CHAPITRE
III
L'ART BOUDDH'QUE ET LE GÉNIE JAPONAIS
I.
— —
Le Bouddhisme au Japon. II. L'évolution de la pensée bouddhique et l'art japonais. III. Le don de la vie et le sens du style. Le classicisme bouddhique
—
110
Conclusion
151^>
Bibliographie sommaire
Vo9
Table des illustrations
loi
Table des matières
163
li
Vn
la;
X,
i
m
p u
i
me
u
i
p:
en.
u
i:
lu s
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ey
BINDING SECT. AU6 17
N 7260
iSFÙ
Focillon, Henri L»art bouddhique
PLEASE
CARDS OR
DO NOT REMOVE
SLIPS
UNIVERSITY
FROM
THIS
OF TORONTO
POCKET
LIBRARY