L' ASIE MINEURE AU IV e SIEeLE (412-323 a.c.)
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L' ASIE MINEURE AU IV e SIECLE (412-323 a.c.) Pouvoirs et jeux politiques Pierre DEBORD
Diffusion DE BOCCARD 11 rue de Medicis 75006 PARIS -- Bordeaux 1999-
AUSONIUS Maison de I' Archcologie Universite Michel de Montaigne - Bordeaux III F - 33405 Talence Cedex
Directeur des Publications: Alain BRESSON Secretaire des Publications: Nathalie TRAN Graphisme de Couverture : Nathalie TRAN © AUSONIUS 1999 ISSN: 1283-2200 ISBN: 2-910023-15-X Imprimc: Graficas Calima, S. A. Avda. Candina sin 390 I I Santander - Cantabria - Espana
INTRODUCTION
Ecrire I'histoire de I' Asie Mineure au lye siecle pouvait apparaitre comme une tache impossible. C'est pourtant l'ambition que s'etait assignee W. Judeich, il y a maintenant un peu plus de cent ans (1892) sous Ie titre ambigu de Kleinasiatische Studien mais avec un soustitre plus explicite: Untersuchungen zur griechisch-persischen Geschichte des IV. Jahrhunderts. Le redacteur de cet ouvrage, au bout de quelques annees de recherches, est plus que tout autre conscient du caractere quelque peu desespere d' une telle entreprise: a I' exception d' Athenes - et on sait combien subsistent de zones d' ombre - toute approche evenementielle continue de quelque cite grecque que ce soit, meme a partir de I'epoque c1assique, reste a I'etat d'un puzzle dont iJ manquerait la majorite des pieces. Une histoire regionale est aussi aleatoire dans la mesure ou l'information est disparate et discontinue; ceJa est d'autant plus vrai pour une region consideree comme marginale par les auteurs grecs contemporains. En realite ces derniers, ou pJut6t ceux dont Jes oeuvres sont conservees, ont un point de vue generalement athenocentrique et ne s'interessent a I' Anatolie que dans la mesure ou les cites de la Grece balkanique sont concernees, Les cadres chronologiques de cet essai sont Ie reflet de I' etat de nos sources. La date de 412 s'imposait a I'evidence ; apres le desastre de SiciJe, Jes feux de I'actualite, percue essentieJJemenl a travers Thucydide, se deplacent vers Ie secteur insulaire et cotier de I' Asie Mineure. Les evenernents qui ont lieu a ce moment conditionnent de facon decisive I'histoire ulterieure de Ja region au moins jusqu'a la Paix du Roi. Le choix de la date terminaJe etait plus delicat. IJ s'agissait de marquer une coupure significative et trois dates etaient susceptibJes d' etre proposees : 334, 323, 280. Dans une volonte de conserver la plus grande coherence possibJe a I' ensembJe, Ja conquete macedonienne pouvait paraitre marquer une rupture suffisamment nette. Un examen depourvu de tout presuppose de I'ensernble de Ja documentation disponibJe montrera que, dans ses effets acourt terme, la campagne menee par AJexandre n' a nuJJement entraine une rupture brutale avec Je passe, tant dans I' organisation generale de J'administration de I' Asie Mineure que pour Ie comportement des cites. De plus, dans Je cadre d'une etude visant a privilegier l'analyse des evolutions sur la duree, il eut ete difficile de se priver des informations ala fois abondantes et precises que I' on possede pour la periode 334-323. La date de 280 presentait une alternative seduisante dans la mesure ou c'est seulement a ce moment que sont fixes les cadres presque definitifs du monde helleni stique. Jl y avait eependant deux ecueils : la coherence etait moindre et I' ampleur de la tache encore accrue. Cela dit, a l'interieur de la sequence retenue (412-323), l'information reste tres inegale. Nous sommes bien renseignes pour toute la periode ou Athenes et Sparte interviennent en opposition ou en accord avec Ies satrapes du Grand Roi. Tl est clair que Ja Paix du Roi de 386 marque une rupture et Ie debut d'un "blanc" dans nos sources litteraires qui n'est cornpense que tres partiellement par l'augmentation du nombre des documents epigraphiques. Pour cette periode I'information reste cependant importante pour Jes lies. La revolte des satrapes marque un regain dinteret pour I' Asie Mineure qui va se poursuivre
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jusqu'au milieu du lye siecle. A ce moment, et a l'exception de quelques regions comme la Carie, limpression est celle d' un grand vide qui ne cesse veritablement qu' avec la campagne de Parrnenion et surtout bien sur l' anabase d' Alexandre. Grace a ce nouveau coup d' eclairage il est loisible de saisir les evolutions tres importantes qui se sont produites depuis la fin du yc siecle, Comme on peut deja Ie percevoir, il est particulierement difficile de se tenir au presuppose de depart de cet ouvrage qui consiste, dans toute la me sure du possible, a se placer du point de vue de ceux qui vivent en Anatolie : Grecs, Perses et aussi tous ces peuples qui ont cree sur place les conditions de civilisations aux caracteristiques certes voisines mais neanmoins originales (Lydiens, Mysiens, Cariens, Lyciens, Phrygiens, Paphlagoniens, etc.). Il va sans dire que cette tripartition est elle-meme singulierement reductrice puisque les inf1uences croisees, les "melanges" font que les lignes de partage sont a la fois floues et surtout variables dans le temps. Une serie de chapitres resolument chronologiques constitue en quelque sorte le centre du travail. La nature merne de linformation a cependant rendu necessaires des mises au point regionales dont Ie "pretexte" a ete la liste des peuples revoltes lors de la Grande revolte des satrapes que nous a transmise Diodore ou encore le periple d' Alexandre narre par Arrien. Le plan initial prevoyait d'encadrer cette etude par deux ensembles symetriques, run decrivant les origines et le fonctionnement des satrapies, l'autre sinteressant aux cites ou groupes de cites (et aux entites similaires). Seulle premier volet sera aborde ici, la suite etant reservee a une etude ulterieure. En ce qui concerne le systerne satrapique, toute tentative pour en preciser la nature et le contenu s'rnscrit necessairernent dans la longue duree, II etait done impossible de prendre en consideration uniquement les donnees posterieures a 412. Le processus de constitution, les evolutions, scissions, etc. qui se produisent a partir des origines induisent les options strategiques retenues par le Grand Roi pour le lye siecle. Pour simplifier, disons que Xenophon doit etre eclaire par Herodote, L' ambition affichee n' est pas d' ecrire une histoire institutionnelle figee des satrapies de l'Empire perse et de leurs composantes mais bien de montrer les variations dans l' espace et dans le temps en analysant les modes d' attribution et de fonctionnement (par exemple le passage d'un type de rapports fonde sur Ie respect de valeurs aristocratiques "archaiques" a une organisation plus bureaucratique et "rnoderne"). A partir de la, il est necessaire de sinterroger sur la pertinence de definitions generales telles qu' elles sont definies a l' echelle de l' Empire appliquees a l' Anatolie, en ne perdant toutefois pas de vue deux parametres importants : le fait que l' auteur n' est en rien specialiste du monde iranien et aussi le risque qu'il y aurait a surinterpreter des sources tres majoritairement grecques. Le choix de l'aire geographique merite aussi quelque explication. Nous avons choisi de privilegier la peninsule anatolienne, en n'ignorant pas que I'information relative aux regions interieures et orientales est particulierernent discontinue. Les affrontements de la "guerre en Ionie" comme I'indique deja la denomination retenue interessent en priorite la facade occidentale de l' Anatolie et les Detroits. D' autre part I'hellenisrne, et l'hellenisation, au ye et au debut du lye siecle, dispensateurs de decrets et de rnonnaies, concernent pour I' essen tiel une frange cotiere, II faut attendre la campagne de Cyrus puis les expeditions des generaux spartiates pour "decouvrir" les regions interieures de la part occidentale. C' est
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egalement alors que les zones orientales retiennent l' attention des historiens grecs. Cela ne veut pas dire pour autant que les Atheniens de cette epoque ignoraient tout des peuples nongrecs. Souvent leur perspective est mythographique I mais manifeste parfois plus de precision ou une connaissance plus intime : pour Aristophane 2, les Cariens sont un peuple qui habite les hauteurs et cette caracteristique est confirrnee par I' archeologie. Lorsque I' on avance dans le lye siecle, le territoire sur lequel existent des informations ne cesse de gagner en etendue vers I'est, bien qu'il subsiste de grandes disparites. En revanche, il etait impossible de traiter de l' Anatolie sans integrer aussi dans cette etude les grandes i'les egeennes qui la bordent, de Tenedos it Rhodes. Une prise en consideration trop rapide des donnees ethno-linguistiques tend it accrediter T'idee que la mer Egee est le principal trait d'union des peuples grecs dans le cadre de liens ouest-est. Cela traduit en partie I'image vehiculee par beaucoup des modernes d'une Grece d'Europe predominante it tous les points de vue. La geographic politique contemporaine conduit it accentuer les differences entre domaines insulaire et continental. D. M. Lewis 3 a brillamment mis en parallele le traite de Lausanne de 1920 et la Paix du Roi dont les clauses respectives comportent des similitudes frappantes. Plusieurs objections meritent cependant examen. Les iles cotieres, merne les plus grandes (celles qui ont par consequent un potentiel agricole non negligeable), se caracterisent en general par un relief accentue. Elles ont done cherche a se procurer un dornaine continental sur les terres alluviales des plaines t1uviales ou cotieres ". Com me on le verra plus loin, la Paix du Roi a entraine quelques turbulences mais I'histoire continue a peser 5 et la "restitution" des perees reste au moment de l' anabase d' Alexandre un objectif prioritaire. Toutes les grandes lies cotieres sans exception developpent ou implantent leur agglomeration principale sur le site favorable Ie plus proche du continent, soit qu'il sagisse d'un etablissement ancien (et dans ce cas l'agglorneration s'est imposee plus ou moins facilement a ses rivales potentielles qu'il y ait eu ou non synrecisrne : Mitylene, Chios 6) soit, de facon encore plus significative, dans le cadre de la creation d'un nouveau centre urbain principal apres synrecisme (Rhodes 7, Cos 8). II s' agit bien sur d' etre pres du continent mais cela n' explique pas tout. La raison principale est que l' ensemble geographique considere se structure autour d'une veritable epine dorsale nord-sud. Cette situation est tres ancienne : a Lesbos, on constate un changement de localisation des sites it partir du Bronze final. La voie maritime 'lui sinue entre les iles et le continent est un des axes de circulation les plus
Les Mysiens d'Eschyle, piece dont seul le titre nous cst parvenu. Aristophanc, Oiseaux, 292 sq. , Lewis 1977, 156-157. " Appcndice 2 : les perees. 5 Cf. Atarnee, Anaia, etc. 6 Chios est unc etape importante du commerce vers Ie Pont: Ps-Demosthene 35.52-4; sur son port, cf. Str. 14.1.35. Pour Arist., Pol., 4.4.21, elIe est remarquablc par Ie nombre de ses emporoi. "I En 338 Lycurgue, dans Ie Contre Leocrate, IS, evoque "des marchands pareourant Ie monde pour leurs affaires" (ef. Bresson 1993, 366-370). Demand 1990, 90-91, schematise quelquc peu Ie point de vue de ses devancicrs (en liant syncceisme, deplaccment du site et politi que mercantiliste de la familIe des Diagorides) pour mieux le combattre au nom des theses primitivistes de Hasebroek et proposer des causes enticremcnt politiqucs. R Le synrecisme de Cos a comme premiere consequence la creation d'une ville et d'un port remarquable. A partir de la, rcvenus prives et fortunes personnclles augmentent et font de Cos une rivalc des premieres parmi les cites: Diod. 15.76.2 (ef. Sherwin-While 1978,67-(8). I
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importants des I' epoque de la colonisation et ensuite comme route de commerce 9, elle joue aussi un role politique indeniable, Nous aurons plusieurs occasions de noter de multiples phenomenes qui unissent les deux rives de cet axe paralien : "union monetaire" 10, contagion institutionnelle II, interaction politique et militaire (revolte des satrapes, guerre des allies, etc. dans une aire geographique qui va de Rhodes a Byzance 12. L' evolution des points de vue sur le continent est un peu de me me nature. On a souvent mis en avant l' evolution des littoraux pour expliquer certains changements de sites. Mais ce facteur ne suffit pas a expliquer taus Ies phenomenes. Ce sont bien deux logiques qui sopposent (au se succedent), Nous aurons de nombreuses occasions de constater que la geopolitique achernenide est concue tres naturellement a partir de I'origine du pouvoir : Ie centre, c' est-a-dire le plateau iranien. Les Perses sont par nature des terriens. Les capitales regionales sont par consequent dans une situation identique par rapport aux entites dominees. Sardes, Daskyleion, Magnesie, Tarse ne sont pas au bard de la mer, Mazaka et Kelainai franchement a I'interieur des terres. Cette hierarchic des sites nest d'ailleurs pas specifiquement perse. On a pu noter par exemple en Lycie l'evolution de "couples" d'agglornerations : Apollonia-Aperlai, Phellos-Antiphellos a l'interieur desquels la preseance sinverse avec l' acculturation hellenique. C' est dans ce meme ordre didees que doit etre percu le deplacement de leur "capitale" a Halicarnasse par les Hekatomnides. Les motifs dans ces cas sont differents (evolution presque mecaniste d'un cote, volonte politique de l'autre), mais ils reposent sur la meme integration a doses de plus en plus contraignantes du poids de la mer. On peut ainsi mettre en avant la flotte de Mausole, mais peut-etre de facon encore plus significative la volonte de Perikles de Limyra 13 de se doter d'un contingent naval d'une certaine ampleur. Le bref panorama bibliographique qui suit na dautre ambition que de montrer les etapes qui ont conduit a la mise en oeuvre de la problematique contemporaine. Nous avons retenu ici les etudes qui nous ont paru avoir conserve un interet au qui ant represente en leur temps une etape nouvelle par rapport aux travaux anterieurs. Comme toujours, le progres scientifique n'est pas lineaire : la fin du XIXe siecle voit la parution a un rythme assez rapide d'oeuvres restees importantes. La bibliographie des travaux sur l'Empire perse commence 9 Arricn, An., 2.1.2 cxpliquc comment le cap Sigrion sert de lieu de refuge pour les navires marchands qui viennent de Chios, du [cap] Geraistos, du leap] Malee, au sud-est de l'ile. Nous avons la I'indieation des axes prineipaux du commerce Icsbicn: la Grece centrale et Athcncs, Chios et la Mediterranee orientale. Le fonctionnemcnt economiquc de eet axe paralien se percoit bien par exernple lorsque les Rhodiens sen prenncnt aux Byzantins qui veulent taxer Ie passage du Bosphore. 10 Monnayage LYN, cf, appendiee 3 ; on prendra aussi en compte Ie pactc monetairc qui unit Mytilcnc et Phocee date traditionnellement du debut du IV'S. (Tod, 112), des annees 440-410 pour Heisserer 1984, 115-132 (dou SEG, 34, 1984,849), le decret reproduit un amendement introduit vers 426; cf. Labarre 1996,364 sq. (tcxte et traduction). On pensera enfin i! I'adoption dans les premieres decades du IV's. de letalon rhodien pour l'argent par la quasi totalite des cites et autres entitcs politiques de la partie occidentale de l' Anatolie, phenorncnc discret mais aux consequences de fond, cconorniques et politiques, de premiere importance. Mildenberg ]998, 280 n. 34 fait observer que eet espacc monetaire et done sans do ute cconomique concernait aussi Thasos (cf. lc trcsor de Pixodaros). II Debord ]984. 12 Le phenomene se poursuit bien plus lard: Robert & Robert 1983, 30 font remarquer que dans J'mscription flavienne d' Ephese dormant une liste de cites par conventus (Habicht 1975, 65) Samos et Chios sont rattachees au conventus de Milet alors que dans l'Ile de Lesbos, Mytilenicns et Kalleniens sont integres dans celui de Pcrgamc. J] Polyen 5.42.
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veritablement avec P. Krumbholz, De Asiae Minoris Satrap is Persicis, Leipzig, 1883 (a consulter avec le C.-r. de T. Noldeke, GGA, 8, 1884, p. 290-300) ; du meme, De descriptione regni Achemenidarum, Eisenach, 1891. Comme il a ete note plus haut, et pour la region qui nous occupe, la synthese de W. Judeich, Kleinasiatische Studien, Marburg, 1892, n'a pas ete veritablement rcrnplacee et reste, malgre un inevitable vieillissement, I'ouvrage de reference pour tous ceux qui abordent les problernes traites dans cet ouvrage ; cf. aussi A. Buchholz, Quaestiones de Persarum satrapis satrapiisque, Leipzig, 1894. 11 faut ensuite attendre les annees 1920 pour que se manifeste un interet renouvele a l'egard de ces questions avec I'importante notice de R. Lehmann-Haupt, RE, s. v. "Satrap", 1921 ; le chapitre Xll, "Satrapen und Satrapien in Kleinasien" de la Griechische Geschichte de K. J. Beloch, lIP 2, 1923 reste indispensable; on consultera avec beaucoup de profit E. Meyer, Geschichte des Altcrtums, V, 1913 [1958] (jusqu'en 355) et du merne Die Grenren der hellenistischen Staaten in Kleinasien, Zurich, 1925; O. Leuze, "Die Satrapieneinteilung in Syrien und im Zweitsromlande von 520-330", Schriften der Konigsberger gelehrten Gesellschaft, Xl, Geistesgewiss. Klasse 4, J935, p. 157-476. En ce qui concerne les histoires generales de l'Empire achernenide, A. T. Olmstead, A History of the Persian Empire, Chicago, 1948 (1970) est I'ouvrage classique mais ponctuellement depasse et sou vent trop sommaire. Plusieurs livres recents ont, avec des fortunes diverses (j'entends par la ce qui concerne specifiquement l'Asie Mineure achernenide), tente de couvrir Ie meme champ de recherche: R. N. Frye, The Heritage of Persia, Londres 1962; du meme, The History of Ancient Iran, Munich, 1984; J. M. Cook, The Persian Empire, Londres, 1983 ; cf. en dernier lieu la Cambridge History of Iran (ed, 1. Gershevitch), vol. 2, 1983, chapitres rediges principalement par J. M. Cook et A. R. Burn ; R. Schmitt, "Achaernenid dynasty" dans Encyclopaedia Iranica (E. Yarshater Cd.). La parution du livre tres personnel de D. M. Lewis, Sparta and Persia, Leyde, 1977, est sans aucun doute a I'origine d'un nouvel interet pour les choses de l'Asie Mineure. Son originalite par rapport a des travaux anterieurs d'hellenistes sur des sujets comparables est qu'il s'efforce d'integrcr au mieux les donnees fournies par les documents perses. Une place a part doit etre faite a la Ph. D. de M. N. Weiskopf, Achaemenid Systems of Governing in Anatolia, Berkeley, 1982. Ce travail est a ce jour l'etude la plus detaillee sur nombre de questions etudiees ici, une these au sens plein du terme. 11 y sera souvent fait reference dans la mesure ou il est malheureusement peu accessible. II convient de souligner toutefois qu'il y a quelque chose d'un peu irritant a la "distribution de prix" a I' egard des predecesseurs, tendance assez frequente chez certains membres de la jeune ecole historique americaine, la polemique etant d'autant plus inutile lorsqu'on s'en prend a des ouvrages datant du siecle passe. Ce meme auteur a restreint son propos a un episode precis dans Ie livre qu'Il en a tire: The So Called "Great Satrap's Revolt", Historia Einzelschr., 63, 1989, 112 p. Un resume commode de ses idees: "Asia Minor" dans Encyc. Iranica. Retenons enfin I'essai de Chr. Tuplin, "Achaernenid Administration" dans Coinage and Administration in the Athenian and Persian Empires (1. Carradice ed.), BAR lnt. S. 343,1987, p. 109-166 et la nouvelle edition de la Cambridge Ancient History (CAH) V.2, The Fifth Century B.C. (D. M. Lewis, J. Boardman, J. K. Davies, M. Ostwald) 1992; VJ.2, The Fourth Century B.C. (D. M. Lewis, J. Boardman, S. Hornblower, M. Ostwald) 1994. Les points de vue adoptes par
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J. M. Balcer "The Ancient Persian Satrapies and Satraps in Western Anatolia",AM/26, 1993, 81-90, paraissent souvent contestables. Le dernier ouvrage general dont j'ai pu prendre connaissance est la grosse synthese publiee par P. Briant, Histoire de I'Empire perse de Cyrus a Alexandre, 1996 (1247 p.). Mon manuscrit etait deja redige pour I'essentiellorsque cet ouvrage a pam, et il n' est done pas integre - ou discute - autant que j' aurais pu Ie souhaiter. 11 doit etre clair que nous sommes ici en presence d'une ceuvre destinee a devenir un indispensable outil de reference, a consulter avec Ie complement bibliographique fourni par le "Bulletin d'histoire achemenide 1" pam dans Topoi supp!. 1, 1997. n convient aussi d'aborder de front la question des sources 14. En ce qui concerne les sources litteraires, celles dont nous disposons sont souvent lacunaires : elles ne s'interessent que periodiquement aux evenements de I' Asie Mineure, et en tout cas presque exclusivement lorsque les grandes cites du monde grec europeen sont concernees. Parfois suspectes, elles sont dans quelques cas a coup sur fautives (Diodore, Justin, etc.), du fait de I' auteur lui-merne ou de ses copistes. Cela dit, il ne saurait etre considere comme de bonne methode d'ecarter des ternoignages parce quils ne COIncident pas avec un schema preetabli retenu par l'erudit moderne. 11 est aise de constater que beaucoup se sont essayes, dans un passe recent, a revisiter les sources, proposant ici des corrections plus ou moins violentes et refusant la telle version au profit de telle autre. Dans un premier temps au moins, il nous parait indispensable d'adopter Ie point de vue exactement inverse, c' est-a-dire de prendre en compte la totalite des document disponibles : ils ne sont deja pas si nombreux. La consequence de ce parti pris doit etre acceptee jusqu' au bout: il sera parfois impossible de proposer une solution susceptible de recevoir I'assentiment de tous. L'histoire de la grande revolte des satrapes fournit une excellente illustration de notre propos. II y aura done des cas ou il nous faudra conclure sur un non liquet, en se contentant d' analyser Ies sources et les propositions subsequentes des modernes. Les chapitres relatifs a I'implantation de I'Empire perse en ASG Mineure sont soustendus par de nombreux passages des Histoires d'Herodote 15, dont la fiabilite de I'information a ete souvent mise en doute 16. Sur nombre de points Ie proces du "pere de I'Histoire" qui avait debute avec Thucydide doit faire I'objet de revisions dans la mesure ou on ne saurait attendre de cet auteur une objectivite parfaitement anachronique. Stricto sensu, cest exclusivement Ie livre VIII de Thucydide qui prend en compte la periode 412-411. La plupart des auteurs s'accordent pour souligner les incoherences, ou plus exactement Ie caractere inacheve, de cette partie d'une oeuvre qui reste cependant la justification principaIe de la date de 412 adoptee dans Ie present ouvrage pour Ie debut theorique de la presentation chronologique 17. De plus, on a pu observer que la curiosite de Thucydide concernant Ie monde perse trouvait vite ses limites 18.
14 Drews 1973 ; d. l'introduction de Balcer 1995 et aussi Tuplin 1996, 132-177 (place de la Perse dans la littcrature athenienne). 15 Marg 1962 ; Fornara 1971 ; Gould 1989. 16 E.g. Armayor 1978. 17 Outre les etudes ciassiqucs de De1ebecquc 1965 ct 1967, ct. en general Connor 1985 et Ie commentaire tres riche de Andrewes dans Gomme et al. 1981. On retiendra aussi Hornblower 1987 et 1991 ; cf. Westlake 1989. 1H Andrewes 1961.
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Son continuateur Xenophon 19, longtemps decrie, est aujourdhui a la mode; il serait sans doute vain de tenter de donner une bibliographie a jour des travaux sur cet auteur, merne en se limitant aux ceuvres, ou parties d' oeuvres, qui concernent directement l' Asie Mineure. La Cyropedie 20 est redigee par un theoricien politique et doit etre utili see en tant que telle ; en d'autres termes on ne saurait comme J. M. Cook 21 lui refuser toute pertinence mais il convient de la lire en miroir avec la situation administrative et politique du lye siecle bien plutot qu'avec celle du vr siecle. II doit etre constate que l'idee d'une "decadence" de l'Empire perse provient pour partie de cet ouvrage et de celui de Ctesias, Les Helleniques ne prennent en compte la situation de l' Asie et des iles que dans la mesure ou Athenes et surtout Sparte sont irnpliquees 22. Les divergences constatees avec l' auteur anonyme des Helleniques d' Oxyrrhynchos 23 ont suscite une Iitterature tres abondante en particulier a propos de la campagne d' Agesilas qui aboutit a la bataille de Sardes 24. Beaucoup ont souligne les grandes qualites de cet auteur - comparees a la "mediocrite" affirrnee de Xenophon - et rnontre la naissance d'une tradition differente qui explique certains developpements de Diodore 25. L'Anabase en revanche est une mine d'informations sur des regions jusqu'alors meconnues ou negligees par les auteurs grecs. C' est done le dilettante plus que l'historien qui retient l' attention de nombre de modernes 26. Assez tot dans le lye siecle, en fait des 394, moment a partir duquelles Helleniques de Xenophon se desinteressent quasi cornpletement de l' Asie Mineure, Diodore devient notre principal fil conducteur. Cela pose evidemment le problernes des sources et de la methode de cet auteur 27. Les ceuvres d' Ephore 28 et Theopompe 29 ne nous sont parvenues que sous forme de citations fragmentaires. La contribution de Ctesias de Cnide 30 dont on pourrait attendre beaucoup en raison de sa position ala cour perse se revele assez decevante et doit etre utilisee avec precaution. II est alors indispensable de prendre en compte des sources indirectes : auteurs de "vies" dont la fiabilite historique n' est pas la preoccupation majeure (Plutarque 31, Cornelius Nepos 32), abreges mal faits d' eeuvres anterieures (Justin a partir de Trogue Pompee) 33, morceaux choisis thematiques de "stratagemes" militaires ou fiscaux CEnee le Tacticien 34, Poly en 35, Ps.-Aristote 36) avec dans ces recueils de constants problernes de Anderson 1974b; Breitenbach 1967; Hirsch 1981 et 1985; Dillery 1989 et 1995. Markley 1968 ; Carlier 1978 ; Hirsch 1985 ; Due 1989 ; Tatum 1989 ; Gera 1993 ; Tuplin 1994. 21 Cook 1983. 22 Sordi 1950-51; Henry 1967; Krenz 1989; Riedinger 1991; 1993,518-523. 23 Grenfell & Hunt 1908 ; Busolt 1908 ; Bartoletti 1959 ; Bruce 1967 ; Breitenbach 1970 ; McKechnie & Kern 1988 ; Chambers 1°93. 24 Infra, cf. en dernier lieu Dillery 1995. 2S E.g. Westlake 1983, 249. 26 Erbsc 1966; Geysell974; Perlman 1977-79; Manfredi 1986; Lendle 1995; Briant ed, 1996. 27 Drews 1962 ; Gray 1980 ; Andrewes 1985 ; Westlake 1987 ; Hamilton 1989. 28 Barber 1935 ; Andrewcs J 985. 29 Von Fritz 1941 ; Bruce 1970 ; Lane Fox 1986 ; Flower 1994. 10 Bigwood 1964; Brown 1978b ; Sancisi 1987 ; Auberger 1991 et en dcrnier lieu Schmitt dans Encyc. Iran. s.v. 441-446. 31 Hood 1967; Podlecki 1973; Buckler 1977; Frost 1980; Moysey 1992. 12 La vie de Datames est la source principale de la carriere de cc pcrsonnage. Moysey 1992. 33 Heckel & Yardley 1997. 34 Whitehead 1990. 35 Krenz & Wheeler 1994. 16 Dans I' Economique II ; cf. Yan Groningen 1933 ; Cracco Ruggini 1966-1967 ; Thillet 1969. 19
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chronologie absolue, voire relative. Parmi les auteurs "techniques" une attention toute particuliere a ete portee aux geographes et aux auteurs que l'on peut leur assirniler, du Ps.Skylax 37 a Strabon. Les orateurs attiques sont enfin un ultime recours. Leur centre dinteret est aillcurs, les references a I' actualite trap allusives, et surtout ils nous presentent un point de vue tres deforme parce que partisan. Le cas d'Isocrate est a cet egard tres revelateur du risque d'erreurs de perspective qu'il sagisse de la situation institutionnelle et de l'action politi que des satrapes-dynastes de Carie ou de la place de la Lyeie dans l'Empire ". L'epopce d' Alexandre entraine chez les auteurs grecs un regain d'jnteret pour les regions qu'il traverse et les peuples qu'il sou met. Nous disposons alors de I' Histoire d'Alexandre d'Arrien 39. C'est done l'occasion a ce moment de faire Ie point sur I' organisation et le degre d' evolution culturelle et politique des differentes comrnunautes. On prendra garde cependant davoir toujours a l'esprit qu'il sagit la d'une contribution au "mythe d' Alexandre" en ce sens que Iorsqu' Arrien compile son eeuvre Ie destin ultime du Macedonien est connu de tous, alors qu'on peut facilernent montrer que la lecture de son action par ses contemporains des cites grecques occidentales de l' Anatolie etait tout autre 40. Les autres sources relatives a la periode doivent etre manices avec autant de prudence 41. 11 est clair que les progres les plus significatifs sont maintenant dus ad' autres types de documents dont la decouverte modifie parfois sensiblement les contours de notre information. On pense dabord a l'epigraphie. Pour ne citer que quelques exernples, la Trilingue de Xanthos 42 a permis des avancees importantes dans le domaine linguistique et historique mais a imrncdiatement souleve d'irnportants problemes chronologiques; les inscriptions de Sekkoy renouvellent notre connaissance du koinon des Cariens et de la geographic historique de la region controlee par Mausole mais leur signification concrete reste desesperernent obscure. La publication systematique de corpus 43 rend plus aise I' acces a une documentation jusqu'alors fort dispersee. L'utilisation des inscriptions cuneiforrnes, rnerne si elle ne concerne que marginalement nos regions, fournit quelques precieux eclairagcs 44 dans la mesure OU elle permet dechapper a un point de vue par trop hcllcnocentrique. La numismatique a ete egalement, dans ces dernieres annees, une source de renouvcllement grace notamment a l' edition acceleree des collections des musees 45, de collections privces et a des etudes qui sont venues corriger les points de vue restes tres longtemps non discutes de savants dont I' activite se situe a la fin du XIXe OU au debut du
FGrRisl, IV A, 1, 1998,4-28 (Skylax de Karyanda, it distinguer du Ps.-Skylax). Baynes 1955 ; BUchner 1958 ; Bringmann 1965 ; Cargill 1981 ; Petit 1988. ,9 Bosworth 1980a : Brunt 1962 et 1986. 40 Cf. appendiee 5. 41 Sur Quinte Curcc, Atkinson 1980; Plutarque, Hamilton 1969. 42 Metzger etal. 1979; Badian 1977. 43 lnschriften von Kleinasien ; Tituli Asiae Minoris. 44 Lewis 1977 ; 1980. 45 Cf les nombreux volumes de la Sylloge Nummorum Graecarum (particulierement SNG von Aulock ; Copenhagen ; Levante ; France 2 .. France 3, etc.). lS
INTRODUCTION
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xx- siecle 46. Ce domaine est peut-etre cependant celui ou il reste encore Ie plus adecouvrir-". Je me suis efforce dans les pages qui suivent de tenir compte du monnayage emis aussi bien par Ies cites que par lautorite satrapale, de montrer les disparites regionales qui existent et de mettre en exergue les cas privilegies de la Carie, de la Lycie et de la Cilicie. Pour cette derniere, il est evident que sans la numismatique nous ne saurions a peu pres rien de son histoire sinon par quelques bribes de textes litteraires, La publication, ici comme ailleurs 48, de tresors monetaires permct Ie renouvellement de bien des questions 49 qui depassent largement Ie domaine des monnaies et meme celui de I' economie, Je voudrais conclure en soulignant que cet ouvrage est Ie fruit d'un travail de longue haleine, souvent mis sur Ie metier, souvent interrompu. Puissent ceux qui m' ont aide de leurs critiques et soutenu de leurs encouragements trouvcr ici I' expression de toute rna gratitude. Je remercie tout particulierement A. Salomon pour la saisic des planches, des index et la revision du texte; N. Tran et S. Vincent pour la mise en page; A. Bugat, O. Henry et J.-F. Pichonneau pour la realisation des cartes.
Six, Babelon, Imhoof Blumer, Head. Cf. notre table ronde Or perse et histoire grecque ct dans Ie mernc esprit avec unc tonalite plus "cilicienne" celie qui s'cst tenue a Istanbul au printemps 1997 et dontles actcs ne sont pas encore publics, II est tenu compte des principaux resultats, signalc» par 1c nom des auteurs suivi de la mention (Istanbul). 48 Parmi bien d'autres exemples Ie tresor lycien dit "de Tissaphernc" : Hurter 1979. 49 Cf. Iapport exceptionnel du trcsor Levante 1994, pourtant simplement "apercu" a I'occasion dunc vente. 46
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" PREMIERE PARTIE
MISE EN PLACE ET ORGANISATION DES SATRAPIES PERSES EN ASIE MINEURE OCCIDENTALE
CHAPITREI
EMPIRE PERSE ET SATRAPIE
1. L'EMPIRE PERSE, SA PERCEPTION PAR LES MODERNES, QUELQUES JALONS Traiter de l'interieur l'histoire de l'Asie Mineure au lye S., merne si I' on restreint pour l'essentiel le champ de vision a la partie occidentale et cotiere, suppose une connaissance approfondie de I'organisation de l'entite qui domine le plus souvent ces regions, c'est-a-dire l'Empire perse et ses subdivisions satrapiques. A travers l'eclairage regional, c'est aussi toute la conception de I'organisation de l'empire qui est en cause. Bien des positions a priori ont cours selon les preoccupations scientifiques et la formation de base des savants concernes (specialistes du monde classique, orientalistes). En effet, grace aux sources grecques, c'est l'une des regions excentriques de l'Empire perse qui nous cst la mieux connue, mais les specialistes de l'Iran ont sou vent regrette que I'interet des hellenistes pour les problemes orientaux aboutisse a une vision par trop hellenocentriste de la monarchie achernenide 1. Ce travers, reel, est d'ailleurs du en grande partie aux auteurs antiques qui, dans beaucoup de cas, ne touchent a l'histoire perse que dans la mesure ou il y a antagonisme actif avec les grandes cites de Grece d'Europe. Cela explique les "silences" sur des evenements dont la portee devait s'averer determinante par la suite mais n'est pas contradictoire avec Ie fait que plusieurs d'entre eux avaient une bonne connaissance des realites perses (ainsi Herodote, Xenophon, Ctesias ou encore Ie Ps.-Aristote, auteur de l'Economique II) par contact direct avec elles, voire par I'acces it des archives. Ce phenornene a encore ete accentue par le "filtre" qu'a interpose la posterite pour des oeuvres s'interessant specifiquernent aux questions orientales et qui n'ont pas ete jugees dignes d'etre recopiees et nous sont parvenues sous forme de citations ou rnerne sont connues seulement par leurs titres. Chez les modernes, la conception d'un monde "oriental" univoque trouve ses racines dans les lieux communs que colportent les auteurs grecs depuis Eschyle, surtout Xenophon (dans la Cyropediei 2, Ctesias, etc. et toute une litterature polernique (Platon, Isocrate et ses disciples) qui a sa plus belle expression dans la fameuse assertion du corpus hippocratique, Airs, eaux, lieux 16 3 : "Pour ces raisons Iabsence de saisons marquees], il me semble que les Asiatiques sont faibles et cela aussi acause de leurs lois. L'Asie est dans sa grande majorite sous tutelle royale",
Sancisi-Weerdenburg 1987 b, 117-131. Cf. aussi Cartledge 1987, 184 sq. Spccialemcnt xsn., Cyr., 8.8. Cf. Balcer 1995, 19-24. 3 Dont 1a formulation sierait mieux apparemmcnt it un auteur du debut du IV' que du v-s. (merne si la paternite d'Hippocrate pour cettc ccuvre est generalernent acceptee). Cf. Calame 1986,75-99. 1
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D'oii un melange de condescendance et de fascination, qui se retrouve encore sans veritable critique chez un certain nombre d'historiens anglais du XIX" et du debut du xx- s. et qui repose sur une vision confusionniste commode d'un "Orient" immuable de l'Antiquite a l'epoque coloniale contemporaine 4. La deuxierne dimension sous-jacente, que I'on pourrait qualifier d'attirance pour l'exotisrne, s'exprime parfois de facon superficielle par un cote "mille et une nuits" 5, mais elle peut deboucher aussi sur des tentatives plus recentes pour marquer plus nettement la part qui revient a chacun et par consequent, tracer une sorte de frontiere (mouvante) entre Occident et Orient 6. On observera cependant que crest une vision deja reductrice que de ramener Ie debat a ces deux entites sans tenir compte des realites "autochtones", En effet tenter d'ecrire l'histoire de la region consideree crest certes entrer dans l'histoire de l'Empire perse, mais il faut souligner qu'on ne saurait tout expliquer par la presence et (l'affronternent) de deux imperialisrnes necessairement concurrents: les mondes de l'Anatolie occidentale ont leur specificite et leur dynamique historique propre, d'ou la necessite d'etudes regionales voire micro-regionales, qui ne peuvent guere se concevoir que sur la longue duree, L'exemple d'Arbinas suffira a expliciter le propos 7. Le dynaste avait fait rediger pour sa propre gloire des textes vantant ses exploits en lycien, rnais aussi des poemes en grec. L'auteur de I'un d'eux est le devin Symmachos de Pellana, crest probablement lui aussi qui a suggere la consultation de l'orac1e de Delphes ; l'autre poerne mentionne un pedotribe, dont le nom ne nous est pas parvenu. Comme Ie souligne L. Robert 8, Ie pedotribe, qui apporte la gymnastique rationnelle et medicale, doit etre percu comme un agent de l'hellenisation, au meme titre que les differents artistes ou poetes ayant exerce leur activite en Lycie. Cependant, tout cela n'ernpeche nullement Arbinas de vanter ses aptitudes au tir a l'arc et a l'equitation, qualites eminernment perses 9 comme il sied pour quelqu'un qui est dote d'un nom perse 10 et dont on doit penser que, comme la plupart des notables locaux, il avait fait un sejour a la "Porte" du satrape. Entin il nc faut pas davantage oublier la troisierne dimension que nous rappelle fort opportunement P. Leveque 11: " .. £1up&l VVEl] qui parait une restitution sure. Cette tyrannie nous replace dans un milieu evidemment micrasiatique [... J nous lisons dans cette inscription l'ideologie d'un dynaste asiatique, d'un 'tyran' dont les exploits guerriers, suivis de la necessaire expression de sa reconnaissance a l'egard des 4 Cf. par ex. Ramsay 1895,36-37 qui eonc1ut: 'The oriental never seeks for, or wishes, individual liberty : he prefers to be governed". Comme le note Sancisi 1987b, 130, cette vision des choses (parfaitement explicable it l'cpoque precitee) a la vie dure puisqu'cllc sous-tend encore largcment la synthcsc rccente de Cook 1983. On eonsultera utilement aussi la preface de Baleer ]995. 5 Saneisi 1987b. 117. 6 Cf. par ex. Asheri ]983, qui cite en exergue unc maxime de A. Breton (qu'il eonvient certes de ne pas lire au premier degre) : "La Grece est une grande crrcur, La Perse : il faut retourner it la Pcrsc". Cf. aussi l'irnportant essai de Starr 1976, 39-99 (aspects politiques et cconorniques) ; 1977, 49-116 (culture et art; planches) ; specialernent 1976,48-54 sur les auteurs grecs : cf., p. 64, l'analyse du role de Conan, infra p. 251 et n. 147. 7 Bousquet 1975, 138-148. H Robert 1975, 328-330, sp, n. 76 ; Robert 1976, 661. Y;'vlises en lumiere par Robert 1975, 328-330; 1976, 6; voir aussi la lecture "iranisantc" que fait Herrensehmidt 1985,125-134, du pocme d'Arbinas. Cf. les nuances apportees par Bousquet 1992,181 qui soulignc cependant qu'it sagit d'un "dynaste eleve it I'iranienne" alors que Sava11i 1988, 103-110 met en avant Ie caractere profondement gree. 10 Schmitt 1982a, 378-379 ; 1982 b, 20-2] ; Bryce 1986, 161 sq. 11 est Ie fils du Lyeien Gcrgis. 11 Leveque 1985,135 (commentairc it Herrcnschmidt 1985), supra n. 9.
EMPIRE PERSE ET SATRAPIE
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dieux, justifient Ie pouvoir, qu'il conforte au surplus par une acculturation a la grecque...", On ne saurait done comprendre l'evolution politique et culturelle de la Lycie sans integrer ces trois parametres 12. Une anecdote relative a I'anabase d' Alexandre nous permet d' apercevoir Ie terme de cette evolution. C' est grace aux conseils de Pharnouchos que ['urmee peut franchir sans encombre les Portes Persiques 13. Pharnouchos a ete deporte la quelques annees plus tot. II est qualifie de "Lycien" et on precise que son pere etait Iycien mais sa mere perse. Le statut anterieur du personnage et celui de sa famille ne sont evidemment pas connus. En revanche le fait qu' Alexandre lui ait confie ulterieurement un commandement 14 parait plaider pour une origine aristocratique. II est "bilingue", c'est-adire qu'il parle Ie grec et Ie perse (Arrien Ie distingue comme interprete). A travers cet exemple ce sont bien les trois niveaux evoques ci-dessus que l' on peut retrouver. Chaque fois que cela sera possible, parce que les sources ne sont pas trop indigentes et aussi parce que la region presente des traits ethno-culturels accuses (Lycie, Carie, Paphlagonie, Cilicie) nous essaierons de donner un eclairage dont on doit deja noter que par sa nature il ne peut s'integrer strictement dans une sequence chronologique trap precise, cela bien sur parce que les sources sont pour ces zones encore plus discontinues que pour les regions ou sont impliques plus massivement des Grecs. II ne saurait etre question en quelques lignes d'exposer toutes les facettes de l'historiographie de l'Empire achernenide. Pour aller a l'essentiel, on doit repousser egalement deux visions trap tranchees : l'une qui denie a l'Empire la moindre unite et presque meme son existence, tant sont grandes les disparites regionales et peu apparente l'influence perse 15, I'autre qui fait des Achernenides un maillon d'une histoire - plus ou moins mythique - des grands empires orientaux concus comme des entites fonctionnant en un systeme que I'on pourrait qualifier caricaturalement de "centralisrne despotique", Entendons bien: il ne s'agit pas de traiter ici la question de l'integration de I'histoire de l'Orient, des origines aux rois hellenistiques, dans I'histoire generale de I'Antiquite. Globalemeni I'histoire de l'Empire achernenide est une page de l'histoire de l'Orient, ce n'est pas la frange grecque qu'il controle qui pourrait convaincre du contraire. De rneme, nous serons amenes aconstater que la conquetc macedonienne n'a pas entraine immediatement de bouleversements tant pour le fonctionnement administratif que pour les principales caracteristiques des rapports sociaux. Les theories de G. Droysen 16 ne sont done pas recevables pour l'essentiel, Mais il est aussi par trap simplificateur de considerer l'Otient, des origines aux Seleucides, comme une entite immuable et monolithe, au risque de retomber dans les travers signales precedemment. C'est l'impression que l'on peut retirer d'une lecture rapide de certaines pages de H. Kreissig 17.
Infra p. 186-188. Diod. 17.68.5; Quinte Curce 5.4.4; 10.11 ; Plut.,Alex., 37.1. Sckunda 1991,100. 14 Arrien, An., 4.3.7. 15 Cf. la mise au point de Briant 1982, 1-1 I. 16 Droysen 1877 ; on se reportera a l'analyse lucide qu'en faisaitA. Bouche-Leclercq dans son introduction a la traduction francaise de 1883. Voir Bravo 1968. Cf. aussi Briant 1982,291-293. 17 Kreissig 1978. Cf. les nuances qu'apporte (en partie aussi a ses travaux anterieurs, ainsi 1982, 211) Briant 1987 par ex. p. 13 : (parlant des rapports du pouvoir central avec les pays conquis) "un tel systcmc theoriqucrnent immuable - a developpc au cours de l'histoire une seric de contradictions". 12
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II Y aurait aussi un grand risque a surexploiter les informations fournies par les documents generes par le pouvoir central et ou, tant du point de vue ideologique que pratique, l'affaire importante parait etre la representation des peuples soumis et le fait qu'ils s'acquittent du tribut ; d'oii I'image, supportee par un certain nombre d'auteurs grecs, d'un Empire perse conquerant, aux aspirations de domination universelle, qui contrastait evidernment beaucoup avec la realite du IVe S. Tout comme pour Sparte dans sa Lakedaimonion politeia, Xenophon decrit dans la Cyropedie la construction d'un Empire ideal, celui du temps de Cyrus l'Ancien, qu'il oppose a la degenerescence de celui qu'il cotoie 18. Beaucoup de modernes ont epouse ce point de vue d'une "decadence" de l'Empire perse 19 sans toujours apprecier la part du contexte politique et ideologique propre au monde grec qui pousse Isocrate, Demosthene et d'autres a exprimer des opinions que I'on doit considerer comme fondamentalement polemiques 20. Le sujet a ete repris de facon ample par M. N. Weiskopf qui propose une these radicalement difterente : il refuse, it juste titre, de considerer l'Empire perse comme I' "homme malade" de la region et souligne le caractere coherent du systerne de gouvernement. II rejette aussi une histoire faite de listes satrapales et tout autant l'autre tendance qui consiste a isoler des "provinces" nettement definies avec des frontieres comparables acelles de provinces modernes. Tout cela parait une tres saine reaction face ala position de ses devanciers. En revanche, on peut etre plus reserve sur la suite de ses critiques, en particulier son refus de considerer comme significatif le vocabulaire politicoadministratif employe par les sources litteraires grecques pour qualifier les fonctions des officiers perses. NOllS verrons plus loin par de multiples exemples que si les flottements entre les auteurs, et rnerne dans l'ceuvre d'un meme auteur, ne sent pas rares, les mots ne sont pas utilises au hasard et que, souvent, ils decalquent etroiternent une realite perse. II convient certes d'etre tout a fait d'accord avec lui pour restituer sa soup/esse - c'est Ia une idee fondamentale - a ]'organisation perse et on pourrait ajouter que cela est du a de probables emprunts aux systemes locaux preexistants d'Etats constitues anterieurernent 21. Mais IR Il est clair qu'il ne convient pas de prendre 11 la lcllre tout ce que Xenophon dccrit comme etant la situation de la Persc et de l'Empire sous Cyrus, mais il ne faut pas pour autant rejeter comme inutilisable ce traite comme Ie font de Iacon trop systematique Cook 1983, e.g. 21 ou Weiskopf 1982, 73, etc. Rappelons en effet que Xenophon est un ternoin oculaire de la realite perse du rournant du v- et du rvs s. Sancisi-Weerdenburg 1987b, 119J 28 reexamine le dernier chapitre en forme d'epiloguc (8.8) de la Cyropedie. Elle est tentee, apres Hirsch 1985, de eonc1ure que Xenophon n'est pas l'auteur de cette partie de l'ceuvre. J'avouc ne pas etre pleinement convaincu. Il est certes assez evident qu'il s'agit d'un "raj out" (H. Saneisi penche pour le lY' siecle - et, il eonvicnt d'ajouter, avant Alexandre) ; mais pourquoi pas de Xenophon lui-merne en reponse aux critiques faites 11 son ouvrage, 11 un moment ou la vision ideale de la Perse qui y etait affirrnee ne eorrespondait ni 11 la realite de l'epoque, ni aux themes vehicules par la plupart des auteurs" C'est que Ie but initial de la Cyropedie pouvait avoir ete mal compris : il ne s'agissait pas de depeindre un Empire reel, mais, scion Ie mode constant des traites utopiques, de transposer ailleurs (sans pour autant que tous lesfaits doivent etre consideres eomme fantaisistes) un recit 11 these, la recherche d'un mode de gouverncmcnt ideal mais ni plus ni moins theorique que celui decrit dans les Lois de Platon. 19 Cf. la reflcxion pertinente de Sancisi-Weerdenhurg 1987a, 33-45 (specialement consacre 11 Ctesias) et aussi Briant 1989, 33-47 qui conc1ut, 11 juste titre, sur lc refus de l'explication simpliste selon laquelle la chute de l'Empire perse serait due 11 sa "decadence". Une honne illustration du developpement economique qui caracterise la region au IVe s. pourrait etre fournie par lcs monnaies, cf. Mildenberg J 998. 20 Isocrate, Paneg., 150-153; Phil., 101-104; d'ou Hignett 1963,91,93-94 etc. (position consideree comme exemplaire par Weiskopf 1982, 2 et n. 2). 21 Cf. par exemple la Lydie des Mermnades. Radet 1893, 173, proposait l'hypothese de l'existence d'un gouvernement regional 11 Daskyleion 11 I'cpoque de la domination Iydienne ; le seuI Clement de "preuve" etait Ie nom
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remarquons que la position de M. N. Weiskopf est tout aussi systematique que celie de ses devanciers au point qu'il est amene non seulement a refuser toutes les visions globales de l'Empire qui lui paraissent erronees (y compris celles d'Herodote et de Xenophon) mais aussi les faits qui n'entrent pas dans sa propre vision du Monde perse (cf. infra pour les fonctions de Cyrus, pour Tiribaze, etc.).
2. LA SATRAPIE : DEFINITION Avant d'analyser la nature et la composition des ressorts satrapiques, il parait necessaire de proposer quelques observations dont il sera possible par l'experience de juger de la pertinence. En premier lieu, il serait illusoire de considerer l'Empire perse comme un ensemble immobile; entre le VIC s. et le IV e s., d'inevitables mutations 22 et adaptations se sont produites y cornpris, sans aucun doute, dans la conception que l'on pouvait avoir des satrapies. En d'autres terrnes, l'Empire achemenide a une histoire ; ses composantes correspondent a un etat de conquete, de domination, en fonction d'une configuration geographique, d'une situation strategique avec apparemment une capacite affirrnee de s'adapter avec une certaine souplesse aux realites ouaux besoins plus conjoncturels : c'est ce que montre l'exemple de la Cilicie, entire quasi autonome sous le Syennesis auquel on demande simplement de s'acquitter du phoros. Mais les necessites de la guerre (Chypre, Egypte) amenent a reconsiderer la situation en imposant un controle plus direct (Tiribaze, Pharnabaze puis Datames) sur la province. On objectera que les "empires orientaux" autoritaires se caracterisent justement par l'absence de tout mouvement jusqu'a leur decomposition. A titre de comparaison, pourrait-on soutenir serieusernent que le Bas-Empire romain constitue un tout immuable de 284 a 395? II est assez couramment admis que des l'origine l'Empire avait ete divise en satrapies mais on a releve depuis longtemps que, si le terme XsaerapaVil apparait des I'epoque de du pere de Gyges (Hdt, 1.8) d'ou les doutes de Talamo 1979, 84-85. Les fouilles en cours de T. Bakir dernontrcnt l'existence d'une irnportante strate Iydienne dans les sondages qui ont etc effectues (cf. l'exposc commode des resultats dans Bakir 1995, 269-281). Ccla conforte done considerablernent Ie point de vue de G. Radet. 22 Dans les cites grecques, de facon sans doute trop schematique, on peut discerner le passage du thesmos au nomos et entin la laicisation de la loi au IVe s. Une evolution comparable parait reperable dans l'Empire acherncnide. Les textcs officiels conserves fondent la lcgalite des acres royaux sur la religion qui legitime I'accession au tronc et l'exercice du pouvoir. Mais lc concepl d'une loi irrevocable, y compris par Ie Roi qui l'a prornulguee, sc developpe assez lOt (cf. Daniel, 6 ; 9 ; 13 ; 16). Hdt. 3.80-82, dccrit Ic debat instirutionnel qui aurait cu lieu apres l'assassinat du Mage, aboutissant it la prise du pouvoir par Darius; on pensera en particulier au § 82 in fine ou Darius admet que, pour contrebalancer lcs pouvoirs royaux dans la nouvelle conception de la royaute qu'il propose, il convient de conserver les patrioi nomoi. Certes, la plupart des modernes ont, fort justement, mis en doute l'historicitc de cetle JOUle oratoire, mais il bien probable qu'ellc traduit en revanche assez bien I'ambiancc de discussions qui agitaient le palais (cf. Xen., Cyr., 1.3.18) ; Ie terme de l'cvolution parait ctre un rcnforcemcnt du role de l'administration el du nombre de ses rouages. Sur ces questions, mais ne tenant pas suffisamment compte it mon sens de la chronologie, Bucchi 1978, 11-93. P. Briant (par lettre) dans Ie meme scns que Schmitt 1983,417, insisterait plutot sur la toute puissance du Roi dans ce do maine it partir de Hdt. 3.31 et Plut., Artax., 23.5. Dans les deux cas iI s'agit pour les rois d'epouscr leurs sceurs respcctivcs. Ces mariagcs royaux au caractere extraordinaire rappellent lcs unions des tyrans grecs qui sont pour ces derniers l'occasion de se distinguer du commun des mortels. Encore faut-il noter que, scion Herodotc, Ie Roi consulte les juges pour savoir s'il eontrevient it la loi. Ces derniers repondent, en bons courtisans, qu'une loi lui perrnet de faire selon son bon plaisir alors que lui-mente en doute manifestement. Platon, Lettre 7, 332b, retient de Darius qu'il a ete "l'exemple du bon legislateur et du bon roi, car, grace 'lUX lois qu'il a donnees, il a conserve it ce jour l'Ernpire persc". Cf. en dernier lieu Briant 1996, 982-3.
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Darius dans l'inscription de Bisutun 23, d'ailleurs en relation avec un territoire determine, les sources litteraires grecques attendent le lye siecle pour employer le terme cHX'tp&nll~ 24 designant celui qui a la charge d'une satrapie. En effet Herodote, qui emploie indistinctement nomos, arche, satrapeia pour designer le ressort de gouvernement, appelle constamment son responsable hyparque ; Thucydide le denomme strate gas mais, dans ce cas, il convient de se souvenir que l'Athenien vit dans une cite OU cette fonction recouvre une realite qui est de facto bien plus large que l'acception originelle du terme. C'est seulement chez Xenophon que satrapes trouve son emploi habituel ; encore faut-il constater quelque flottement chez eet auteur puisque les hyparques de la famille de Zenis en Bolide 25 sont aussi (abusivement) appeles satrapes et leur ressort territorial, satrapie. Arrien est loin d'etre toujours precis 26, ainsi Arsites est-il qualifie d'hyparque de Phrygie hellespontique (il s'agit evidernment de la satrapie de Daskyleion), de meme pour Mithrobouzanes, satrape de Cappadoce. Faut-il penser que tous les satrapes sont titulaires d'un commandement provincial precis ou bien qu'il peut s'agir plus largement d'un titre qui ne prejuge pas de la fonction du titulaire? La question merite d'etre posee it partir de Diodore 14.24.1 ou, it propos d'Ariaios, est employee la formule a Kupou cf(X'tp&nll~ n::mYllEVO~ £nt 'til~ ~YEJ.wvia~. II ressort du texte, et du contexte, qu' Ariaios est considere comme le commandant en second de l'expedition 27. Malheureusernent, on ne peut guere fonder le raisonnement sur les assertions de Diodore dans la mesure ou l'on doit constater qu'il y a beaucoup d'imprecision dans le vocabulaire de cet auteur qui, par ailleurs, semble considerer qu'un satrape ne saurait etre autre chose que Perse 28. Plutot que de satrapies, M. N. Weiskopf prefere parler de spheres d'injiuence. Pourquoi pas. Mais on joue un peu sur les mots car la plupart de ces "spheres" se definissent sans problerne comme des satrapies, merne s'il peut y avoir quelques cas particuliers : la Lycie n'a jamais constitue une satrapie it part entiere, mais elle est malgre tout une entite bien individualisee. La satrapie est par consequent le module normal, mais sans doute pas le seul, qui puisse exister. Partout ou cela etait necessaire les Perses ont compose avec l'ordre local par reconnaissance de princes-clients, par exemple en Paphlagonie, en Cilicie, it Chypre. II y a done toute une gamme de situations possibles. L'Empire perse n'a pas cherche it developper l'application d'un schema preetabli, identique pour toutes les regions. II a ete presque toujours tenu compte de ce qui existait 29, ainsi pour la tres probable reconduction des "provinces" du royaume lydien 30. De meme, on a laisse subsister Etats-temples, ethne, koina, aussi bien que cites grecques, et l'on s'est contente de chapeauter toute cette rnosaique par un systerne administratif perse d'autant plus dense que l'on se trouvait dans une region DB III 13-14 ; 55-56; cf. Kent 1953,181. Lehmann-Haupt 1921, 82-85; Andrewes, in Gomme et al. 1981, 13-16; Schmitt 1976, 373-390; Weiskopf 1982, 6 sq.; Tuplin 1987b, 114; Petit 1990.13-97; Briant 1996,75-78,917 sq. La premiere apparition datee du tcrmc en Asie Mineure est a chercher dans l'inscription lycienne 7L, 40 (vers 400) ; il se trouve deja dans les tablettes des fortifications de Persepolis (PF7; 679-681). Cf. Briant 1996,481. 25 Sur Zenis et Mania, Xen., Hell., 3.1.10-15. 26 Bosworth 1980, II 1-112. 27 Rappelons par exemple que chez Xcn., An., 1.8.5, cette rneme fonction de "lieutenant" de Cyrus est definie par le terme \Jnapxo~. 28 Weiskopf 1982, 9-12. 29 Cf. 1es exemples rcunis pour l'cnsernble de l'Empire par Tuplin 1987 b, III. 30 Sur la relative autonomie de la Lydie apres la conquete, Brown 1978,65 n. 6. 23 24
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que l'on s'efforcait de tenir en main pour des raisons strategiques ou economiques. La etait implante un reseau de phrouria, de grands dornaines, de colons (par exemple dansl'ouest de la Mysie, la Lydie, les environs de Daskyleion, de Kelainai-Kolossai, etc.). C'etait un moyen de doter la noblesse perse de revenus mais aussi de tenir les axes de circulation et les points strategiques, tout en captant les fruits des terres fertiles. Inversernent, le controle de certaines zones montagneuses ou excentriques n'est pas juge prioritaire : Lycaonie, Pisidie, Mysie centrale, territoires cotiers du nord-est de l'Asie Mineure sont seulement dornines de facon partielle ou temporaire, ce qui n'exclut pas l'existence de rapports qui ne sont pas seulement conflictuels (e.g. le recrutement de mercenaires). Selon M. N. Weiskopf, il ne serait pas possible d'etablir une hierarchic entre les ditferentes categories de personnes qu'il definit a l'interieur de la satrapie : satrape, noble avec domaine, "officier special", chef politi que des communautes grecques ou assirniles, chef tribal, dynaste, commandant de garnison. 11 y a Ia un point de vue quelque peu paradoxa!. En revanche il insiste ajuste titre sur l'importance des individus ou plutot de leur place dans une hierarchic parallele dont Ies parametres seraient la naissance (on notera en particulier combien importante etait l'appartenance a une famille issue des "Sept", ceux qui avaient renverse Ie Mage), les relations avec la cour, des actes qui avaient pu etre directement apprecies par Ie Roi. On ajoutera a cette liste les liens d'hospitalite 31. Toutes choses qui ne pouvaient se definir en termes administratifs mais qui expliquent en grande partie les comportements du Roi a l'egard de ses officiers et reciproquement. Qu'est-ce qu'une satrapie? L'histoire sur la longue duree de l'Empire achernenide montre qu'il ne s'agit pas d'une entite immuable. Ses limites varient scIon un grand nombre de parametres dont l'importance n'est pas identique selon les lieu x et les epoques : "poids" du titulaire, role determine dans Ie cadre d'une strategic generale, conditions geographiques et ethniques, etc. Mais merne lorsque Ie secteur a ete assigne ou confirrne par Ie Roi, ce dernier laisse se developper (parfois merne il encourage) les rivalites ou, si l'on prefere, l'emulation entre les satrapes. Le satrape est incite a acquerir des territoires, mais cela se fait parfois au detriment du voisin (pensons par exemple a la pomme de discorde que represente l'Eolide pour les satrapes de Daskyleion et de Sardes). Autre fait capital, la conception meme de la satrapie a evolue. Primitivement elle est de meme nature, sinon de meme module, que la dorea. Nous entendons par la que son octroi resultait d'un lien personnel (et l'approfondissait) entre Ie souverain et le recipiendaire. Ce dernier appartenait a la famille ou a I'entourage immediat du Roi ; il etait nomme a cause du renom de sa parente et des services personnels rendus au souverain. La consequence logique etait que dans certains cas (e.g. Daskyleion) la satrapie pouvait devenir hereditaire. Certes, a partir du v- s. les motifs de designation des satrapes n'ont pas fondamentalement change, mais on est passe a une forme plus "moderne" de gestion de l'Empire, avec plusieurs consequences importantes : le personnel peut changer en meme temps que les orientations de la politique du Roi ; la satrapie se definirait plus volontiers comme une province, Ie Roi se reservant la liberte d'en modifier Ies contours et merne la liste. Dans les cas de tres vastes ressorts (Cyrus, 31 Weiskopf ]982. 38-40 ; sur les rapports de proxenic et d'evergesic dans l'Empire (au bien entendu leur interpretatio graeca dans les sources grccques), ef. Gauthier 1985, 20-21. Ce qui est vrai pour lc Roi vaut plus encore pour les satrapes (cf. Cyrus et Lysandre, Pharnabaze, au plus exaetement son fils, ct Agesilas. etc.).
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Tissapherne) Ie satrape est arnene a deleguer au moins temporairement une partie de ses pouvoirs ades hyparques, qu'ils en aient ou non le titre 32. Des satrapies hereditaires continuent a exister et il s'en cree de nouvelles entre les mains de dynasties autochtones. Dans ces cas, comment percevoir Ie mode de succession sinon par une sorte d'agrement qui peut amener Ie Roi a trancher a posteriori ou eventuellement a privilegier telle branche de la famille au detriment de l'autre (Ariobarzane, Artabaze).ll faut sans aucun doute concevoir un processus comparable a celui que decrit Xenophon pour la designation des hyparques de Troade : Mania, bien qu'elle soit une femme, est agreee en quelque sorte a l'essai ; aussi significative est la reponse faite aMidias, gendre et assassin de cette derniere, qui demandait a etre maitre de la contree com me l'avait ete Mania. Pharnabaze lui repondit "qu'il pouvait garder tout cela jusqu'a ce que lui-rneme, Pharnabaze, vint s'emparer de sa personne avec ses presents" 33. Les pouvoirs ordinaires de quelques satrapes sont dans certaines circonstances (guerre exterieure, reprise en main d'une region) augrnentes de pouvoirs militaires et administratifs speciaux, qui ne se confondent pas avec les limites du ressort satrapal proprement dit. Dans Ie cas de Cyrus, Xenophon precise qu'il avait ete designe comme karanos 34 mais on ne sait pas si ce titre, dont c'est la seule occurrence, etait porte par tous ceux qui ont exerce une autorite comparable.· La presence d'un karanos etablit un element supplernentaire de hierarchie que Ie pouvoirs central met en place pour accroitre I'efficacite d'un dispositif politico-militaire, mais qui peut etre aussi generateur de conftits avec les officiers deja en place localement (Tissapherne-Cyrus ; cf. aussi la position de Pharnabaze exprimee lors de son entrevue avec Agesilas), Ce serait une vision singulierement reductrice de considerer qu'il s'agit d'une fonction exclusivement militaire 35. L'exercice de ce commandement amene son titulaire a beneficier de droits ordinairement regaliens : disposition des garnisons royales, droit d'utiliser le tribut (tout ou partie pour la region consideree") pour la guerre, frappe de la monnaie 36. On observera que Cyrus, bien que virtuellement chef des arrnees se reunissant a Kastolou Pedion, n'a jamais dirige personnellement de campagne irnportante, du moins jusqu'a sa tentative de prise de pouvoir supreme. L'interet de sa fonction etait evidemrnent ailleurs. Celle-ci, que I'on peut assez bien cerner lorsqu'elle est exercee par Cyrus, a des precedents (Megabaze, Oroites peut-etre, Otanes, Tissapherne en 4 J 1) aussi bien que des suites (Tissapherne, Strouthas, Mentor peutetre, Memnon acoup sur apres la chute d' Halicarnasse, Pharnabaze le Jeune) 37. L'etat de nos sources nous prive sans doute de plusieurs autre cas. Reste a donner une definition du satrape. Th. Petit, cherchant a dernontrer qu'il n'existait pas de satrapies d'Ionie et de Carie 38, enonce en cinq points ce qu'il considere comme les caracteres communs a tous les satrapes : 32 Jacobs 1994 aboutit a des conclusions similaires, bien qu' it man sens un peu trap systematiques. Infra p. 169 sq. sp. n. 25. 33 xs».. Hell., 3.1.15, trad. Hatzfeld CUP. 34 Xen., Hell., 1.4.3 ; cf. An., 1.1.2. Haebler 1982, 81-90 ; Petit 1983,35-45, fait venir lc tcrrne karanos du vieux-pcrsc "kara, arrnee ; cf. aussi Bivar 1961, 123 n. 5; en dernier lieu Tcsten 1991,173 sq. 35 Hirsch 1981. 36 Infra p. 38 (garnisons) ; 41 (tribut) ; 50 (monnaie). 37 On pourrait ajouter Tithrausthcs en 395, il n'a certes pas exerce la charge de satrape mais il peut disposer de sornrnes considerables pour la guerre. En plus des trente talents qu' il verse pour eloigner Agesilas de la Lydie, il rernel deux cent vingt talents a Conan (Hell. Ox., 14.3) qu'il prcleve sur Y'ousia de Tissapherne. 3~ Petit 1988,307-322. Ces points serant etudies a leur place dans lcs ehapitres suivants.
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a) Ils sont toujours de sexe masculin ; b) Les satrapes dont le statut est assure sont tous des Perses ; c) Ils sont dans la dependance directe du Roi ; d) La satrapie est pat sa taille la premiere subdivision administrative de l'Empire ; e) Le satrape est "celui qui ala garde de ce qui est perse, des interets perses, de l'ordre perse a I'etranger" : Th. Petit reprend a son compte la traduction que propose Cl. Herrenschmidt 39 du terme xi~ar:;apava(en vieux-perse ; iranien, xi~aerapava). Reprenons successivement ces differents elements. Le point a est aisernent verifiable; les seules exceptions attestees (les Hekatomnides et dans une certaine mesure Mania en Bolide) sont celles dont Th. Petit veut montrer qu'il ne s'agit pas d'un pouvoir de type satrapal. En ce qui concerne le point b, et comme on etait en droit de s'y attendre, cette definition est exacte dans la tres grande majorite des cas. Mais il y a des exceptions connues 40 qu'il convient d'analyser pour celles qui concement l'Asie Mineure : Orontes est repute etre bactrien ; Cornelius Nepos parle de Datames com me natione Care et cela a conduit certains modernes a contester qu'i I ait ete satrape 41. Comment alors situer dans ce panorama la Cilicie, la Paphlagonie, la Carie des Hekatomnides? Th. Petit elirnine la difficulte en affirmant qu'aucun de ces ensembles ne constitue une satrapie. 11 semble qu'il convienne de poser le probleme autrement, c' est-a-dire de s'interroger sur la facon dont Ie Roi concevait les rapports avec ceux qui detenaient les pouvoirs regionaux. On rappellera en premier lieu Xenophon, Cyropedie, 7.42: "Cyrus neut jamais a envoyer un Perse comme satrape des Ciliciens ni des Chypriotes mais les rois successifs du pays lui donnaient satisfaction; il percevait simplement le tribut et, chaque fois qu'il avait besoin d'une expedition illes requerait". Comparons Diodore 15.8.2-3 ou les conditions posees par Tiribaze a Evagoras sont de payer le tribut au taux annuel fixe et d'obeir comme un esclave a son maitre (rcOln 'to npoorcetrouevov 00<; 30uAo<; 3£0rcO't1l) et Diodore 9.31.3 ou Cyrus fait proposer a Cresus de devenir satrape en Lydie a condition qu'il se reconnaisse son esclave comme les autres. C'est done bien le concept de bandaka 42 que les Grees interpreteni de facon tendaneieuse en doulos/douleia. Par consequent, nous pensons avec M. N. Weiskopf 43 que, du point de vue Herrenschmidt 1976,45, a rapprocher de Xcn., Cyr., 8.6.11. Briant (en dcrnier lieu 1996, 618-9) pense que l'immense majorite des satrapes etaient perses, mais il admet avec Stolper 1987, 389-402, que Belsunu, satrape de Syrie (gouverneur d'Ebir Nari) apres avoir etc gouverneur (cest-a-dire hyparque) de Babylone, etait d'origine babylonienne (contra Petit 1988, 318 n. 75). 4J Un certain nombre de modernes pensent que Datames a une aseendance partiellement perse ; cf. e.g. Briant 1987, 19 n. 47 (d. infra p. 106 n. 170). Le nom est percu eomme perse par les linguistes (cf. par ex. Lemaire 1989,147), mais cela ne prouve rien quant a ses origines. 42 II derive de DB II 20 et on a souvent mis en parallele Syll>; 22 (ML, 12) : BacnA£u~ [~(xJ(nAECllV LlapElo~ 0 'YCH(xcrITECll fabaml bOUAClll... ; cf. encore Xen., Hell., 4.1.36 et Plut., Alex., 10 ou Philippe reproche a Alexandre de vou1oir epouscr la fille de Pixodaros, lui-mente eselave du Grand-Roi. Sur Ie concept de bandaka, Widengren 1969, suivi par Schmitt 1983,419. La societe iranienne serait une societe feodale au 1a noblesse est etroitcmcnt liec ala cour du Roi. Les prineipaux officiers sont qualifies de bandaka et ce terme signifie "vassaux". La traduction par "esclave" est done unc grave deformation de la realite. Meme si I'on admet (tout ou partie) cette definition, il n'en reste pas moins a souligner que Iinterpretation fautive - ou tendancieuse - est deja Ie fait des auteurs grecs anciens. Cf. aussi Brandenstein & Mayrofcr 1964, 94 et 110 ; Herrenschmidt 1988. Briant 1996, 3357, soulignc justerncnt les liens de reciprocite existant entre le Roi et Ie bandaka. 43 Weiskopf 1982, 22. 39
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de I'administration perse, le Syennesis 44, les Hekatornnides, les rois de Chypre 45 (nous ajouterions Ie dynaste de Paphlagonie) 46 sont consideres comme des satrapes ; inversement les satrapes hereditaires (Ies Pharnacides a Daskyleion) pouvaient etre percus localement comme des dynastes iraniens. La plupart de ces "anomalies", c'est-a-dire I'ouverture a tous les peuples de l'Empire (y compris au moins un Grec : Memnon) de la fonction de satrape, concerne pour I'essenticlla periode qui commence au tournant des yc et lye siecles, done la deuxieme partie de la domination achemenide, Des liens matrimoniaux pouvaient se tisser entre les Perses de haut rang et les aristocraties locales que I'on cherchait a fideliser durablement (Camisares - Scythissa ; fille de Spithridate - Otys ; Orontobates - Ada II et on rangera dans la meme categoric Artabaze - sreur de Mentor et Memnon). Qu'advenait-il des enfants issus de telles unions? Ils etaient tout naturellement Perses si leur pere l'etait -", mais il est interessant de constater qu'ils pouvaient l'etre dans I'autre cas aussi : cf. les enfants de Metiochos, fils de Miltiade 4R marie par Ie Roi a une femme perse. De la l'idee qu'au fil des temps, on a pu devenir "Perse" par Ie statut et non par la naissance 49. La categorie sociale bien connue d'Alexandrie a l'epoque hellenistique ne serait ainsi que I'aboutissement d'un processus anterieur. On ne peut qu'approuver les postulats c et d ; mais on observera que Mausole traite avec le Roi sans interrnediaire. La nomination d'un karanos implique qu'une hierarchie est etablie entre les satrapes puisque I'un d'eux dispose d'une capacite de decision qui engage les autres et peut degenerer en des conflits locaux 50. De plus, le morcellement du tissu satrapique au lye s. a pour consequence I'accroissement des disparites entre satrapes. En ce qui concerne Ie point d il n'y a pas de raison de refuser cette traduction, mais en soulignant qu'il serait dangereux de figer le contenu d'un mot sur deux siecles : la comparaison evoquee plus haut avec les systernes de gouvernement grecs contemporains doit inviter a la plus grande prudence. En bref, les definitions proposees par Th. Petit peuvent etre considerees globalement comme acceptables, a une condition imperative toutefois: dans un ensemble aussi vaste, aussi complexe, dont la duree de vie est aussi longue, une vision trap dogmatique conduit a une simplification abusive qui risque de Infra p. 319. Cf. lcs observations de Maier 1985, 32-39 (sp. p. 39) ; il souligne combien les modcrnes on .e induits en erreur dans leur appreciation globale des rapports entre Perscs - Pheniciens - Grecs a Chypre au Y' et au debut du IV's. ; pour lui Evagoras sc comporte commc un dynaste loyal ala Persc jusqu'au moment ou ses interet« personnels sont menaces paree que Ie Roi lui a "manque". 46 Infra p. 110. 47 On pensera a Amyntas Ie "Perse", fils de Boubarcs ct d'unc princesse macedonienne, petit-fils du roi de Macedoinc homonymc ; il est dote d'un "fief" cn Phrygie (Hdt, 8.136). 48 Hdt. 6.41. 49 Briant, c.g. en dernier lieu 1996, 362-4, utilise volontiers Ie concept dethno-classe dominante pour designer I'aristocratie perse. Son argumentation est convaincantc pour les debuts de la dynastic, ou seuls Perses, Medes dans unc rnoindrc mesure et sans doute quelques autres Iraniens detiennent toutes lcs fonctions ou formes de pouvoir. Mais ici encore il me parait manifestc que, dans cc domaine com me dans dautres, on peut observer au IVe siecle une evolution permcttant a des elites locales dacceder a de hautes responsabilites, ccla cvidcmrnent etant lie a leur integration dans Ie tissu socio-culturcl qui caractcrisc par ailleurs laristocratic perse a laquelle elles se rattachent pur des liens varies (education, comportement, unions matrimoniales). Cf. la conclusion similaire de Sekunda 1991, 90 a propos de Glos, fils de Tamas, Egypticn d'origine, mais "Pcrsc" de statut. 50 Cyrus-Tissaphernc; Pharnabazc-Tissapherne et bien d'autres exemples (cf. Tuplin 1987, 114 n. 23 avec les references). 44 45
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deboucher sur des contresens 51. En d'autres termes on ne saurait considerer comme impensables au lye s. des situations qui sans aucun doute I'eussent ete jusque versla fin du ye s. Soulignons une fois encore qu'il n'y a aucune raison de refuser a l'Empire perse une histoire institutionnelle et que l'on doit tenir compte des facteurs generaux aussi bien que locaux. Un exemple : on sera d'accord avec Th. Petit 52 pour considerer que la montee en puissance d'Arbinas a partir de Tlos presente bien des similitudes avec la situation des Hekatomnides dont le berceau de la famille est Mylasa. II serait bien aventure d'en inferer que la suite de leurs histoires doit etre ipso facto identique. II y a au moins une difference fondamentale entre eux : les Hekatomnides ont eu pour eux la duree,
3. RELA nONS AVEC LE POUVOIR CENTRAL EI1es rneritent un reexamen dans la mesure ou, selon certains auteurs, le laxisme administratif erige quasi en systerne de gouvernement et une large decentralisation pratique ont pour but, et en tout cas comme consequence, la mise en place de moins de personnel. Un certain usage s'est etabli d'admettre que l'Empire perse est entre progressivement dans une phase de degenerescence laissant en particulier aux satrapes une grande latitude d'action dont I'aboutissement pouvait etre la secession pure et simple. Ce qui vient d'etre dit montre que cette liberte de maneeuvre est inscrite dans le fonctionnement normal du systeme administratif perse 53. Le Roi est preoccupe avant tout de la rentree reguliere des tributs qui sont la manifestation tangible de l'autorite exercee par Ie pouvoir central sur des peuples peripheriques ; peu importent les moyens et merne, a la limite, si les satrapes se font la guerre entre eux, ou si des problernes de frontiere se posent entre satrapies (les cas connus ne sont sans do ute qu'une faible part de la realite), Le Roi ne tranche, eventuellernent en envoyant des sicaires, que dans la mesure ou il apparait que c'est l'autorite royale elle-rneme qui est menacee, directement ou indirectement 54. 51 Dans sa synthese sur Tissapherne, p. 17, Th. Petit developpait un point de vue plus empirique et plus souplc qui parait micux eonvenir it la diversite chronologique ct gcographique de l'administration pcrsc : "Lc schema theorique d'une telle separation des pouvoirs politique et militaire evolua bien sur au eours des temps. De plus, la realite des rapports entre le satrape et Ie Roi, les limites de scs prerogatives et l'extension de scs pouvoirs dcpcndaient de nombreux faeteurs, notamment de la personnalite du satrape luimerne. Ces variations synehroniques et diachroniqucs rendent malaisee toute tentative de dresser un tableau theoriquc de ccs rapports. Scules des etudes ehronologiquement et spatialemcnt ponctuelles peuvent offrir de la question une vision objective sans deformer la rcalitc", 52 Petit 1988, 318, qui cite Robert 1978a, 32 sq. (1equel en realite traduit Benndorf). 5' Frei 1990, 157-171, scfforcc de montrer it travers une trentaine d'exemples (il y en aurait bien d'autrcs, ef. la note suivante), couvrant toute la peri ode de la domination perse, que les communautes greeques ou autoehtones de l'Asic Mineurc ont etc des cntitcs reconnucs juridiqucment, qu'elles ont fonctionnc comme agents du pouvoir central, tout en beneficiant d'une part d'autonomie. 54 Sur l'idcc d'une decentralisation dans l'Empirc pcrsc, cf. Biekermann 1967, 194 (contre lcquel Lewis 1977,121 n. 93 s'inscrii en faux). Remarquons que, par exemple, la frappe de monnaie par les satrapes n'est pas un signe de rebellion. Une tcllc latitude d'action rend mieux compte du passage de Xen., Hell., 3.2.12 : "Lcs deputes des cites ioniennes, arrives it Lacedernone, expliquerent qu'il dependait de la volontc de Tissapherne de laisser les cites greeques autonorncs" (passage it propos duqucl s'interrogc Lewis). Rappelons cepcndant que l'autonornic ne signifie pas Ie non paiement du tribut (3.4.25). Pour sa part, Schmitt 1983, 418, souligne la marge d'autonomie Iaissce en particulier Iorsquexistcnt des formes anciennes d'organisation et de civilisation. L'unification est seulement administrative (et encore, pourrait-on ajouter, au plus haut niveau) Chaquc peuple peut maintenir ses coutumes, ses institutions, son gouvcrncmcnt, sa langue, sa religion, done son individualite.
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A premiere vue cette analyse parait en contradiction avec la description que donn: Xenophon 55 des directives de Cyrus aux satrapes et de la surveillance qu'il exerce sur le commandants de garnison. L'organisation decrite est trop systematique pour qu'elle puiss. etre acceptee comme decrivant de facon realiste toutes Ies modalites (dans I'espace et dans It temps) du fonctionnement de l'Empire perse. Il s'agit bien plutot d'une "modelisation" e I'auteur de l'Economique II ne precede pas autrement pour l'economie satrapique. 11 fau done etre bien conscient des disparites regionales, voire micro-regionales, qui sont Ie resulta de l'histoire sur la longue duree et que les Perses se sont efforces d'integrer sans heurt, eel: ne signifie nullement que tout est a rejeter en bloc dans l'expose de la Cyropedie. Les but sont clairs et Xenophon prend la peine d'indiquer que bien des aspects existent encore de SOl temps, c'est ce qui nous importe ici plus que la date de creation de cette institution Xenophon souligne que chaque satrapie devient un empire en reduction 56 et, pour que I, systerne flit efficace, le controle ne pouvait guere s'effectuer qu'a posteriori.
3.1. Correspondance et documents officie1s L'Empire est vaste, les provinces inegalement tenues en main, la difficulte et I discontinuite des relations seraient done un facteur decisif de la tres large autonomie de provinces. Cette these souleve un certain nombre d' objections. Les rapports entre le provinces et le pouvoir central existent 57 me me s'ils sont tres mal connus en raison de I quasi totale disparition des documents. A Daskyleion 5R, l'un des rares endroits d'Asi. Mineure ou des fouilles aient eu lieu sur des strates perses importantes (la mise au jour d ces niveaux a Sardes pose d'autres problemes) 59, on a pu decouvrir une grande quantite d bulles mais bien entendu pas les lettres auxquelles elles etaient attachees et qu'elles servaien a authentifier. Or, ces lettres jouent pleinement leur role. Nous ne citerons que deu exemples conn us par des tcmoignage indirects : la lettre de Darius a Gadatas 60 ou encor celle d'Artaxerxes a Datarnes. La scene decrite par Polyen 61 est d'autant plus eclairante qu nous voyons Ie satrape se prosterner devant ce syrnbole de l'ordre royal. L'existence d'un. chancellerie est affaire ancienne puisque Herodote 62 affirme que les hyparques ont de secretaires royaux. Cela vaut pour I'ensemble des subdivisions du royaume, et cela jusqu'a I fin de la domination perse : un phoinikistes 63 est execute aTyane sur I'ordre de Cyrus. De
xse.. Cyr., 8.6. C'est ce a quai les invite Cyrus d'apres Xen., Cvr., 8.6.10 : chacun des satrapes doit exiger la presence sa "Porte" de tous les notables (perses ou non) et de fait les Helleniques nous fournissent des exemples concrets d fonetionnement de cettc institution (e.g. 1,6,7). La publication attendue des fouillcs de Daskyleion permettra pcu ctrc de lui donner un support archeologique. 57 Mazzarino 1966,75-85 (specialernent 78). 55 Balkan 1959, 123-128. A titre de comparaison, cf. Esther, 3.12. ; 8.8 : "Car tout ecrit redige au nom d Roi et scene de I'anneau du Roi est absolument irrevocable", etc. 59 Cf. e.g. Mierse, in Hanfmann 1983, 101-106; comme le note Tuplin 1987b, 110 n. 3, lcs sccaux d Sardes (Boardman 1970, 19-46), sont un bon indice de ee role administratif dont iI n'y a guerc lieu de faire preuve. 60 Sy[P, 22 (ML, 12). 61 Poly en 7.21.5. 62 Hdt. 3.128. Dans Ie rccit de la mise a mort d'Oroites, Herodotc insiste a deux reprises sur l'obeissanc absoluc des gardcs perses aux lettres royales et deja merne leur deference a la simple presentation de ccs derniere63 Xen., An., 1.2.20; il convient de traduire phoinikistes par scribe: cf. Lewis 1977, 25 n. 143 Hornblower 1982, 150; Tuplin 1987b, 118. 55
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bureaux (implantes par Ie pouvoir central?) sont attestes jusque dans I'entourage de pixodaros, ils transcrivent en arameen les textes officiels 64, ce qui ne manque pas d'evoquer le celebre passage du livre d'Esther 65 : "On ecrivit ... aux satrapes du roi, aux gouverneurs des diverses provinces, aux chefs des differentes populations: de province aprovince selon son ecriture, de peuple a peuple selon sa langue" ou encore I'ordre que donne Darius dans I'inscription de Bisutun 66: "J'envoie ce document partout aux peuples (dahyavai", Le hasard a permis la conservation de fragments de copies de cette Iettre, en arameen sur papyrus en Egypte, en akkadien sur tablette a Babylone 67. On se demandera dans cet esprit comment interpreter l'inscription trilingue de Xanthos 6g. II a ete demblee constate que les versions grecque et Iycienne etaient tres proches. Le grec procede d'une traduction du lycien par un Grec, ou en tout cas par quelqu 'un de familier avec cette langue 69 alors que Ie lapicide copie de facon mecanique Ie texte arameen sans connaitre veritablement cette ecriture 70, encore fallait-il qu'il y eflt dans les archives un document susceptible de lui servir de modele. Pour P. Briant il y a en realite deux versions, l'une "civique" (grec et lycien), I'autre qui "transcrit l'acceptation donnee par Ie satrape de garantir la decision de la comrnunaute". Com me dans Ie passage precite du livre d'Esther, il me semble qu'il y a bien trois niveaux: sinon pourquoi prendre Ia peine de graver trois textes (a moins d' admettre qu' en 337 I'acculturation a atteint un tel degre en Lycie qu' il parait indispensable de publier en grec tout acte important)? Mais il y a une difference fondamentale due au fait que cest la cite qui prend (au moins nominalement) linitiative de I' acte. Le Iycien est bien sur la langue vernaculaire, celie de la communaute civique. II est done logique que ce soit en cette langue qu' ait ete redige Ie texte initial. Le grec est devenu depuis longtemps la langue officielle de la satrapie tenue par les Hekatornnides 71 element fcderateur d'autant plus indispensable apres I' annexion de la Lycie. On notera que dans cette version lcs indications qui figurent normalement dans les decrets des cites grecques sont remplacees par la liste hierarchique des autorites de tutelle, Par son contenu, et en particulier son debut, Ie document ararneen est substantiellement different, il doit transcrire la forme sous laquelle Ies elements essentiels du dossier furent consignes dans le fonds d' archives perse 72. Comme Ie note Briant aucune des versions n' est plus "officielle" que les autres, elles correspondent simplcment a des etages differents du fonctionnement administratif de l'Empire.
64 Metzger <'I al. 1979,134 sq.; 170-175. Briant 1982,209, conceit memc I'Empirc comme "paperassier". Ce tcrrne peut paraitre provocateur lorsqu'il cst mis en regard de la documentation qui nous a etc conservee. 11 cst cepcndant beaucoup plus proche de Ia realite que cc que nous fait imaginer M. K Weiskopf. P. Briant s'appuie judicieusement sur un passage de Plut., Eum., 8.5, OU I'on voit Ie Macedonien delivrer un recu aux epimeletcs des haras royaux lorsqu'il prcnd possession de chevaux. Antipatros sc gaussc de eettc pratique, manifestement heritee de I'administration perse. Cf. aussi Tuplin 1987b, 109-113 ; Briant 1996, 356. 65
Esther, 3.12
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DB 70. Greenfield & Porten 1982 ; Voigtlandcr 1978 ; cf. Tuplin 1987b, 110. Cf. aussi infra p. 67. Blomqvist 1982 ; Briant 1998b. Lemaire & Lozachmeur 1996. 122-123. Franco 1997, 145-154. Contra, Petit 1988, 315; voir infra p. 137.
(,7 6S
69
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Cartel: Routes royales et names hcrodoteens.
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Ma conclusion serait done exactement I'inverse de celie de M. N. Weiskopf ". Dans les provinces les mieux controlees, on s'est efforce de reproduire les rouages de l'administration centrale. S'il y a inegalite, c'est dans la nature et la quantite des informations foumies. Que saurions-nous du caractere bureaucratique du systeme sans les papyrus egyptiens et les tablettes des fortifications de Persepolis?
3.2. Les voies de communication Si I'on essaie de definir brievernent ce qu'est la Route royale, il convient de rappeler quelques caracteristiques qui ont trait a ses origines et a son fonctionnement : les Perses ne sont tres probablement pas les "inventeurs" du systeme, tout au plus l'ont-ils rendu encore plus homo gene et developpe en reprenant Ie reseau preexistant tel qu'il avait ete mis en place en fonction des centres anterieurs du pouvoir (Hattusha, Gordion, Sardes). La vocation de la route royale est fondamentalement d'etre Ie vecteur de l'administration imperiale. La route, au plutot les routes royales, facilitent I'acheminement des ordres royaux, la circulation des offieiers. II faut souligner que ce sont ces deux definitions qui conduisent a privilcgier tel trace plutot que tel autre dans la mesure ou les sources antiques sont bien peu explicites quant au detail des agglomerations traversees, Nous nous interesserons ici a la partie occidentale de l'axe Sardes-Suse 74 sur lequel viennent se greffer des voies qui permettent l'acces mais aussi Ie controle des principales capitales satrapiques et des zones de colonisation. Bien entendu la route roy ale est un axe de circulation. Par un certain nombre d'exemples analogues et aussi par des sources plus tardives, mais qui relevent d'un mode d'administration herite (inscriptions de Mnesirnachos a Sardes, des rois de Comrnagcne au Nemrud Dag) 75, il apparait cornme tres probable que ces chemins sont entretenus par Ie biais de la corvee, II est d' autre part assure que I' emprise spatiale depassait stricto sensu Ie chemin proprement dit. Nous avons a ce sujet deux tcmoignages eclairants : en Lycie, Kondalos, hyparque de Mausole, vend le bois qui depasse au tom be sur la voie royale et qui est considere comme epikarpia 76; en Phrygie hellespontique, Antiochos II vend a son epouse repudiee un domaine dont on precise qu' il comprend une ancienne route que les paysans se sont appropriee et ont mise en culture (infra). C' est aussi toute une organisation materielle qui demontre, si besoin en etait, la volonte centralisatrice de l' administration perse. Dans une etude recente 77, P. Briant decrit Ie fonctionnement du systeme, Grace a des sauf-conduits, Ie Roi et les satrapes donnent J'autorisation d'emprunter la voie royale, c'est-a-dire en fait permettent l'utilisation des relais de paste et des hotelleries, fournissent des bons pour la nourriture des hommes et des
73 Weiskopf 1982, 55 : "While the existence of the PFT points to a highly organized bureaucracy in Persis, the hearth of the Empire, they do not point to a uniform bureaucracy in the empire". Contra Briant 1982,201-211. 74 Sur lc trace occidental de la route royale, cl'. l'etat de la question Debord 1982, 11 : Dcvrckcr 1973, 14 ; Briant 1991, 67-82. Quclles que soient les conclusions auxquelles l'archeologic pcut conduire (par exemple la remise en question des identifications anciennes de routes "perscs", qui pourraient etre dans bien des cas largcmcnt posterieurcs) il est inevitable que cet axe ait fonctionne a l'epoque perse et sans aucun doute bien avant. En dernier lieu Graf 1994,175-178; Debord 1995, 89-97. 75 Sardis, 7, 1, 1 ; Waldmann 1973. 76 Ps.-Arist., Ee., 2.1348 a (§ 14b CUF). 77 Briant 1991. 67-82.
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chevaux 78. On pensera particulierement it la tablette de Persepolis mentionnant Oatis 79, qui prevoit avec beaucoup de precision les allocations en nature que ce dernier se voit autorise it exiger au long de sa route. Tout cela suppose que les relais soient en permanence alimentes, qu'une organisation de courriers puisse annoncer les deplacements importants. S'il s'agit d'arrnees les dispositions it prendre sont evidemment beaucoup plus lourdes. On mettra en regard un passage du Ps.-Aristote relatif it I'action d'un officier d'Alexandre qu'il inscrit explicitement dans la continuite du systeme perse 80 : "Antirnenes donnait ordre aux satrapes de remplir, selon la coutume du pays, les tresors places le long des routes royales ; chaque fois qu'une arrnee ou une autre troupe passait dans le pays et que Ie Roi n'y etait pas, il envoyait un delegue pour vendre ce qui etait depose dans les tresors". Cela supposait que de tels mouvements fussent prevus longtemps it I'avance et ajoute encore un element supplementaire d' explication it lalenteurde mise en action des arrnees perses. Autre consequence, la route roy ale est aussi une organisation politique: la circulation sur ces grands axes depend du bon vouloir des autorites perses et il est necessaire de beneficier d'un sauf conduit pour emprunter la route royale. P. Briant analyse it travers les exemplcs connus la facon dont les ambassades aussi bien que les individus pouvaient voyager sous la sauvegarde, mais aussi le controle, des autorites, II etait impossible a contrario de gagner le cceur de l'Empire sans autorisation expresse ou d'importantes cornplicites. On illustrera cette difficulte par les tribulations de I' ambassade athenienne bloquee it Gordion avant d'etre renvoyee par Kios de Mysie 81, ou encore par la tentative un peu descsperee d' Alcibiade pour atteindre le cceur de I' Empire 82. Pour nos sources, la voie royale c' est I'axe Sardes-Suse, mais ensuite nous n' avons guere de precisions et divers traces ont ete proposes. En ce qui concerne l' Asie Mineure centrale et orientale de multiples solutions ont ete envisagees 83. Pour la partie occidentale il y a essentiellement deux facons de voir les choses : - Soit un trace qui emprunte la haute vallee de l'Hcrrnos puis, par Leontokephale 84, Hdt. 5.52-54 ; d. Xen., Cvr., 8.6.17-18. Lewis a publie naguere, 1980, 194-195, une tablette des fortifications de Pcrsepolis restce jusqu'alors incdite (PFT Q. 1809). 11 propose d'idcntifier eelui qui recoit en allocation une grande quantite de bicre (done un grand personnage) eomme Datis Ie MMe, chef de l'expcdition de 490 en Grccc, j] est it noter que l'autonsation du voyage de retour est donnee par un saul-conduit emanant du Roi, La tablette date du tout debut de 494 et pourrait etrc mise en relation avec une expedition navale qui a, entre autres, conccrne Rhodes et dont on trouvc trace dans la chronique de Lindos ; cf. en dcrnicr lieu Bresson 1985, 155. so Ps.-Arisl., 2.1353 a (§ 38 de I'edition CUF de Van Groningen - Wartelle) ; trad. Wartelle. 81 Xen., Hell., 104.7. s, Infra n. 91. 83 Muller 1994, croquis p. 21 ; French 1998, 15-43. Hell. Ox., 16.5-6 (col. XX, 1,25). Lc bourg de AEOV1WV KE<paA.al est mentionne par Plut., Them., 30, avec l'orthographc A£OV1:OKE<paA.OV (il se trouve comme Gordion sur la route royale). Cf. encore Appien, Bell. Mithr., 19: AEOVHDV KE<paA.~· 0 1fic; C!>puylac; ECHlV 0XUPQlT<XlOV XWplOV. Malgre Meyer (cite par Bruce 1967, 140), on se demandera si la similitude de nom avec la Lcontos korne d'Athenec 2A3a est seulement fortuite. Ramsay distingue les deux. II situe Leontonkcphalai it Prymnessos (1935, 132) it proximitc, au sud-est, de la moderne Afyon (d. aussi Ramsay 1890, 139) et Leontoskcme pres d'Afyon sans plus de precision (ibid., 143). Malgre son caracterc vague, "pres d'Afyon", c'est la position que nous rcticndrons. Elle pcrmet de rendre compte de facon satisfaisante de la mesavcnture de Themistocle. A propos d' Afyon, il convient de noter la presence d'unc stele "grcco-pcrse" it Altintas (Ie toponyme signifie "pierre dor" et on peut constater qu'en d'autres endroits il est associe it des vestiges antiques). La stele, Pfuhl & Mobius 1977 n" 75 : Dentzer 1982 : von Gall 1989, 145, a etc divcrsemcnt datee (debut ou fin du VC s.). C'est dans cette meme region, ct it coup sur sur la Route royale, qu'il convient de situer Keramon Agora (en effet ce "marche des potiers" ne prend lout son scns qucn liaison avec une route ou un carrcfour de routes). Pour Sekunda 1991, 129, la localite pourrait avoir precede Temcnouthyrai (Usak). II me parait plus vraisemblablc de la placer aux alentours de Ia moderne Afyon. 78
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tc.,
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traverse la Phrygie pour atteindre l'Halys. C'etait l'hypothese de W. M. Ramsay 85 et celie que je reprends a mon compte. - Soit un trace qui, apartir de Sardes, suit dabord Ie Kogarnos, atteint Kolossai puis Kelainai avant de remonter vers Leontokephale. Tel est Ie point de vue de P. Briant et de V. Manfredi 86. II convient de reprendre la question en terme de distance kilometrique en partant du texte d'Herodote (5.49) : "Dans la traversee de la Lydie et de la Phrygie il y a une suite de vingt stathmoi, quatre-vingt-quatorze parasanges et demi. En sortant de la Phrygie, on trouve Ie fleuve Halys". II ressort de ce texte qu'Herodote enregistrait vingt etapes de Sardes a I'Halys et qu'on ne saurait concevoir comme peu realiste un systeme de mesure dont il donne Ie detail jusqu' au demi-parasange. Sur Ie systerne de calcul deux positions ont ete retenues par les modcrnes : ou bien on suit Herodote (5.53) qui ecrit que "la route royale est mesuree exactement en parasanges", au bien, pour evacuer Ies difficultes engendrees par des mesures trop precises, on attribue au parasange une valeur variable Me aux difficultes du terrain et done a la rapidite de circulation. Certes, on observera que, du point de vue des utilisateurs, la duree du voyage etait necessairement calculee en journees puisquil fallait attribuer a chacun des rations journalieres dont Ie nombre etait defini a I'avance. Cela nimplique en aucune facon quil u'existait pas par ailleurs un mode de calcul en distance, par exernple pour lestimation des corvees dues au titre de I'entretien de la voie. Ce point de vue est confirrne par un autre passage d' Herodote (6.42) : "Le gouverneur de Sardes, Artaphernes ... mesura leur territoire (les Ioniens) en parasanges - les Perses appellent ainsi une longueur de trente stades - et, dapres cette rnesure, fixa les tributs que devait payer chaque cite". Com me on Ie voit la mesure en parasanges sert aussi acalculer I'assiette du tribut. Quelle est alors la valeur du parasange? Herodote lui attribue a plusieurs reprises (5.53; 6.42) une longueur de trente stades ; et I'on retrouvc Ie rnerne calcul implicite dans un passage repute interpole de I' Anabase (2.2.6) 87. Si I' on admet que le stade equivaut a cent quatre-vingt cinq metres (en observant que les mesures variaient d'une comrnunaute a I'autre), nous obtenons une equation: un parasange = 5,5 kilometres. Par consequent, la distance de Sardes a l'Halys (frontiere de la Cappadoce : Herodote 1.6), atteindrait environ cinq cent vingt-cinq kilometres. A titre de comparaison Ie kilornetragc de la route moderne fait apparaitre un total proche de cinq cent cinquante kilometres. Or le trace n'a pas du varier de facon importante si I' on admet que I' on a utilise la route la plus directe vers l'Halys. S. Yerasimos 88, dans les notes qui accornpagnent Ie recit du cinquierne voyage de JeanBaptiste Tavernier au XYIIC s., souligne que Ie cheminement de la caravane dans le secteur envisage ici emprunte tantot Ie trace de la route moderne, tantot celui de la voie ferree,
S5 Ramsay 1895,571, opte pour la haute vallee de l'Hcrmos alors que la route par Ie Kogamos seraitla plus frequentee it I' cpoque hellcnistiquc, Ce point de vue est accepte par Tuplin 1999. S6 Briant 1973,49 sq. ; 1991,68 ; Manfredi 1986,25-40. Remarquons cependant que M. lui-rnerne est oblige d'admettre, p. 32, qu'cntrc les deux villcs de Kclainai et de Kolossai Xenophon compte trois etapcs pour Cyrus alors que Xerxes scion Herodoie naurait fait que deux etapes cgales avce une rupture it Anava (au bord du lac Sanaos?). ~7 Yair lc eommentaire de Masqueray, CUF, SO n. I. RS J.-B. Tavernier, Les six voyages en Turquie et en Perse, parus pour la premiere tois en 1676 (1981, introduction et notes de St. Yerasimos),
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A titre de contre-epreuve, Xenophon, dans I'Anabase (1.2.7), traite de la partie du periple de Cyrus qui mene de Kolossai a Kelainai. La distance est estimee par l'auteur a vingt parasanges 89. Or le trace de la route moderne, qui ne peut guere etre different de ee qu'il etait dans l'Antiquite, atteint environ cent kilometres 90 et suggere une valeur moyenne de un parasange = cinq kilometres. On est done bien au dela du compte en faisant passer la Route royale decrite par Herodote par Kelainai et Kolossai, ce qui allonge la distance pareourue d'environ cent quarante kilometres, pour atteindre un total proche de six cent quatre-vingt dix kilometres. Bien entendu cela ne signifie pas qu'il ri'existe pas une route royale qui relie Kelainai-Kolossai au centre de l'Empire. II est au contraire evident que ces voies permettent datteindre les capitalcs satrapiques et les points de colonisation. Certes l'information n'est pas tres abondante, mais on peut par exemple identifier une route qui, traversant la Mysie hellespontique, se dirige vcrs l'Hellespont et, de la, vers la Thrace 9\ ; son point de convergence avec l'artere principale ne doit pas etre eloigne de la Cite de Midas. Un autre itineraire se deduit de l'histoire rapportee par Plutarque, Themistocle, 30. L'Athenien, en route pour la cote OU il a ete investi d'une mission officielle, est averti par un songe que lui inspire la Grande Mere du danger imminent dil ala presence de sicaires pisidiens apostes par le "satrape" de Haute-Phrygie, Epixyes. II evite d'emprunter la route qui traverse le bourg de Leontokephale. Son escorte surprend les assassins; en consequence il se rend a Magnesie pour accomplir Ie vrcu fait a la Mere des dieux. Cette anecdote confirme qu'une route relie, c'est du domaine de l'cvidence, la (Grande) Phrygie et Ie centre de I'Empire, puis, cheminant pres du Meandre, qu'elle se prolonge jusqu'a Magnesie et probablement a Milet 92. Cela n'exclut pas pour autant qu'existe une liaison directe entre Sardes et Kolossai 93. Convient-il de conserver le concept de "route rnilitaire" qui est ne d'une traduction probablement trop litterale de via militaris qui apparait chez Quinte Curcc (5.8.5)? H. Bardon 94 traduit par "route strategique", ce que sont a l'evidence les "voies royales", Selon Herodote dans le passage precite, la voie royale emprunte son trace parce que les regions traversees sont a la fois peuplees et bien tenues en main. Ces deux caracteristiques cadrent mal avec la route sud (Lycaonie, Cilicie) qui va devenir la plus importante apartir de l'epoque hellenistique. L'analyse du cheminement de Cyrus le Jeune montre qu'il ne suit pas SY xs», .4.n., 1.2.7. oo Cr. Manfredi 30-31. 91 On combinera sur ee point les travaux de Sekunda 1988,186, et de Robert 1980,257-299. Le premier rcmet en situation Ie dossier epigraphiquc Welles 1934, n° 18-20, ou lc domaine concede a 1a reine Laodiee a Pannukorne est dclimitc par rapport a Yancienne route "surplombant autrefois Pannukome qui a ete labourcc par lcs cultivatcurs voisins qui se Ia sont appropricc". line peut s'agir 1a que de la route perse (dont nous remarquons une fois encore qu'ellc ne suit pas Ie fond de la vallec). Sekunda propose de situer ee domaine dans la region de la modcrne Musakca, done pres de 1a cote et a l'ouest de Cyzique (i1 est borde par lcs tcrritoires de celte derniere cite et de Zeleia), A partir du territoire de Cyzique, la route doit suivrc a peu pres le trace moderne (avec une branche vcrs Dasky1cion). Robert fournit le maillon suivant en reflechissant sur l'ultimc itincrairc d'Alcibiadc, assassine sur l'ordre de Pharnabaze alors qu'il sc rend aupres du Roi. Lc rccxamen des sources (essentiellement Athenee 13.574 c-f ; Arist., Hist. .4.n., 6.29) permet a Robert de situer Melissa, lc lieu de sa fin, tout pres de 1a cite de Midas. 11 me parait vraisemhiable que nous sommcs la presqu' au point de jonction avec la route Sardes-Suse precitee. 92 Hipponax 43. Diehl. 93 Cf. Hdt. 7.26-30. Radct ! 893,323-324; Ramsay 1895, 160. 94 CUP, ad lac. 11 s'agit de Ia route qui, a partir d'Ecbatanc, sc dirige vcrs l'Est, Briant 1984,67, 1a compare a l'axe Sardes-Suse. Les autres routes eonnues sont enumerees par Tuplin 1987, 110 n. 6; on evoquera les routes royales situccs implicitement en Lyeie par Ie Ps.-Aristote (supra note 80).
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une "route" au sens strict du terme 95.11 me parait impossible de determiner Ie trace d'une route militaire quelles que soient d' ailleurs Ies etapes 96. Cela est vrai pour Ie parcours d' est en ouest de Xerxes 97 et dans le sens inverse pour Cyrus Ie Jeune. A partir de Sardes I'itineraire de ce dernier decrit un tres curieux crochet par Kolossai, Kelainai, Peltai et Keramon Agora (ou il rejoint tres probablement la voie royale). Pour W. M. Ramsay 98, "this strange detour has always been a puzzle". V. Manfredi 99, est lui aussi amene, en fonction du trace qu'il propose pour la Route royale, a admettre que la marche vel'S Ie nord-est en direction de Peltai a comme consequence de faire "perdre" a Cyrus environ une semaine. La seule explication coherente est que cette partie du trajet a pour objet de lever des troupes et eventuellement des subsides dans deux regions de forte colonisation; pour chacune des agglomerations concemees, Xenophon repete rroALC; OlKOU/-lEVll, "ville peuplee" (1.2.6; 7; 10) 100. Apres avoir chernine quelque temps sur la voie royale, Cyrus oblique vcrs Ie sud-est, il atteint les limites de la Phrygie a Iconion et entre en Lycaonie. Xenophon precise alors (1.2.19) que l'armee est autorisee a piller puisqu'on se trouve en territoire ennemi. Nous semmes bien loin de la definition d'une route controlee. En arrivant a proxirnite des Portes de Cilicie, il retrouve une route carrossable, mais la encore il apparait que cette route (1.2.21) est tenue par les Ciliciens et par consequent "inaccessible it une .arrnee pour peu qu'elle rencontrat de resistance". Ce n'est pas la une definition qui sied a une via militaris. 11 s'agit d'un cheminement de campagne qui bien entendu emprunte des routes (rnais certainement pas une route) en fonction d'irnperatifs conjoncturels. La constitution et Ie deplacement denorrnes arrnees creent des contraintes particulieres avec la necessite de passer par des regions peuplees susceptibles de fournir, en partie au moins, la solution aux besoins irnmediats (achat, requisition, pillage). Le reseau des routes royales ou controlees, quel que soit Ie qualificatif retenu, rneme sil est plus ramifie qu' on ne Ie dit parfois, ne saurait rendre compte de toute la circulation des biens et des personnes. II devait necessairement exister des "routes naturelles". Nous entendons par la celles dont I'existence est imrnernoriale et conditionnee essentiellement par la geographic, avec d'inevitables mutations liees it des accidents historiques rnais sur lesquelles ni Ie pouvoir central ni merne Ie pouvoir satrapique n'ont de prise. En l'etat de notre information, il est Ie plus souvent impossible de decider si, ou quand, I'une ou I'autre de ces routes traditionnelles a pu devenir route royalc (cf. I'exemple de la grande route nord-sud qui relie le golfe de Cilicie it Sinope 101 dont au moins la traversee des partes de Cilicie fait l'objet d'une vigilante attention). 95 Lcs modernes fiuctuent passablement lorsqu'il s'agit de decrirc Ie systcme des routes qui permct de traverser l'Anatolic d'est en ouest avant la periode hellenistique. Malgrc Calder 1925,7-11, la "route meridionale" n'cst pas la voic royale. 96 Cf. e.g. Ramsay 1920, 89-107 ; Briant 1973,50-5 I. 97 Hdt. 7.26-30; Manfredi 1986, 31-32 decrit lc parcours de Xerxes par Kristalla, Kelainai, Anava, Kolossai, Kidrara, Kollatehoi, Sardes, en soulignant qu'un certain nombre de ecs etupes ne sont pas localisees. En dernier lieu, MUUer 1994 ; French 1998. 9H Ramsay 1890. 41. 99 Manfredi 1986. 38. '00 Sur cc concept, cf. Geysels 1974, 29-38 ct aussi Brule 1995, 12-13. '0' Str. 12.2.10 indique que primitivement (avant qu'clle ne flit achernincc par Ephcse), locre de Sinope porta it cc nom en dcpit du fait qu'clle etait exploitee en Grande-Cappadoce, parce qu'clle etait exportee par ee port. Sur I"'isthme" anatolien et la route nord-sud: Hdt. 1.72; 2.34; Hell. Ox., 17.4; Quinte Curee 3.1.12-13 ; Str. 12.1.1; Pline, HN, 6.7. Bing 1985, 121-122, propose eomme alternative une route qui permettait de relier la Cappadoce a Issos, en partieulier pour l' exportation des chevaux.
L' ASIE MINEURE AU IVe s. (412-323 a.c.)
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Les routes royales sont done le vecteur du dispositif administratif, politique, militaire de l'empire perse. Elles sont concues en fonction dirnperatifs strategiques - c'est le cas par exemple de la route qui aboutit aAbydos - mais aussi pour relier les centres de la presence perse. Dans les regions bien controlees de I' Asie Mineure occidentale, il n'y a pas lieu de douter que les distances aient ete calculees en mesure de longueur et cela irnplique, si l' on accorde quelque credibilite au texte d'Herodote, de determiner un trace direct pour la route dans son trajet Ie plus occidental. Les itineraires choisis par Xerxes et Cyrus le Jeune relevent d'un autre type de problematique : ils sont lies a des difficultes conjoncturelles (particulierernent dans le deuxierne cas) mais aussi a des irnperatifs fondamentaux qui sont la constitution et I'intendance de I' armee, La creation d'un vaste empire, dote d'un tel reseau de voies de communication devait avoir rapidement un effet sur I' econornie. Le pouvoir central etait par definition consommateur mais il en allait de meme pour les centres regionaux aussi bien que pour les aristocraties locales (quelle qu'en soit l'origine ethnique). Les objets de luxe que I'on trouve prioritairement dans les tombes ne sont que la face apparente d' echanges et de circulation de biens de consommation que seules des fouilles menees serieusement en quelques points privilegies permettent de caracteriser. Prenons I'exernple de Gordion, dautant plus significatif que cette ancienne capitale phrygienne se trouve au point de jonction de l' axe Sardes-Suse et de la route qui rnene a Daskyleion et Abydos et de la en Europe 102. L' etude des amphores grecques fournit un "marqueur" tres eclairant 103 : entre 535 et 480 elles proviennent essentiellement de Chios et Lesbos, mais aussi de Samos-Milet ; de 475 a 425 on observe une baisse des importations avec, en particulier, la disparition de Lesbos. A la fin V" s. et dans la premiere moitie du IV e s., les amphores de Grece du Nord predorninent et apparait un groupe fabrique dans le Sud-Est de I'Egee (Cos, Rhodes, Cnide, Samos). Chios est encore presente mais en moindre quantite. Dans la seconde moitie du rv- s., le nord de I'Egee est en position de force avec en particulier Ie materiel de Thasos. Comme on Ie voit, et pour s'en tenir a la periode qui nous occupe dans cet ouvrage, ce qui a ete enonce plus haut concernant l' existence de plusieurs axes vitaux en Anatolie occidentale parait confirrne. lls ont fonctionne simultanement et il est possible que tel d' entre eux ait supplante Ies autres a tel moment pour des raisons a la fois strategiques et econorniques. Merne si Herodote privilegie I'axe median (ce qui pourrait correspondre ala realite de son temps) il apparait que la branche nord-ouest a ete au moins aussi importante dans la periode qui couvre la fin du V" et le IV" s.
3.3. Les forteresses royales
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Cette question fournit l'exemple meme des difficultes qu'il y a a confronter les ecrits a dimension theoricienne de Xenophon, en I'occurrence Cyrop., 8.6 et Ee., 4.5-11, avec ce que lion peut apercevoir de la realite a travers l'ensemble d'une documentation extremernent dispersee et tres liee a la conjoncture. II s'agit de tester Ie bien fonde des affirmations Voigt et al. ed, 1997 ; Sams & Voigt 1998, 681-701 ; ef. Briant 1997, 22-24. Lawall 1997, 21-23; Sams & Voigt 1998,687. !1J4 L'ensernble du dossier est repris en un catalogue tres documcnte par Tuplin 1987a, 167-248 ; ef. Tuplin 1987b, 132 et deja Briant 1982 (index passim) ; Lewis 1977, 53 et n. 21 ; Hornblower 1982, 147 sq. ; Cook 1983, 83 juge lcs passages xcnophontiqucs allcgues irop theoriques pour ctrc utilisables. Cf. en dernier lieu Briant 1996, 352-354. !02
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concernant I'interventionnisme du Roi dans les affaires des provinces: les garnisons appointees par Ie Roi, dont I'existence ne saurait etre niee, constituent-elles la clef de voute militaire, mais aussi politique, du controle des provinces? Dans la Cyropedie, 8.6.1, les choses sont, it premiere lecture, claires. Le roi (Cyrus) envoie des satrapes aux ethne vaincus ; mais il se reserve Ie controle direct des commandants des akrai et aussi des chiliarques qui assurent la garde de la ch/ira. Cela expressernent pour ne pas laisser trop de pouvoir aux satrapes qui pourraient en user pour se rebeller. Plus loin (§ 9), il rencherit : "Les gardiens des akrai relevent du Roi et les chiliarques des gardiens sont designes par Ie Roi et sont inscrits sur ses etats". Dans I'Economique, il indique que Ie Roi fixe les nombres des corps de troupe appointes (misthophoroi) et qu'il entretient en outre des gardiens dans les citadelles, dont Ie pouvoir civil doit pourvoir aux besoins materiels. Phrourarques, chiliarques, satrapes sont tenus de presenter leurs troupes it I'inspection royale (Ie Roi en per sonne ou son representant). Le phrourarque est en charge du militaire, I'''archonte'' du civil; en cas de mauvais fonctionnement du systeme chacun d'eux est tenu de porter l'affaire devant Ie Roi. Partout ou il y a un satrape, ce dernier a juridiction it la fois sur Ie civil et sur Ie militaire. Ces deux textes ne sont pas aussi facilement conciliables que I'affirme Chr. Tuplin 105 et pas seulement it cause de I'impression de flou qui s'impose it propos des denominations des differentes categories de troupes territoriales, II y a en effet une question plus importante : quelle disposition Ie satrape peut-il avoir des moyens militaires? Pour ce qui est des zones rurales, s'il n'y existe aucune mention de la chiliarchie dans des documents datant de l'epoque de la domination achernenide, elle apparait en revanche dans un document epigraphique de Sardes de la fin du lye s. 106. II n'y a d'ailleurs pas it s'etonner de cette absence dans des sources ecrites qui, dans Ie secteur concerne, ne peuvent etre que grecques, or nous sommes dans la chora roy ale done, par definition, dans les zones situees hors des cites et encore tres peu touchees par l'hellenisrne. Notons cependant la presence d'Alexandros (un Grec) comme phrourarque des choria d'E-olide 107. La difficulte proven ant du vocabulaire ne doit pas etre exageree : selon la terminologie de Xenophon, Alexandros devrait etre appele chiliarque et non phrourarque, mais on sait que I'exactitude de Polyen en ce domaine n'est pas absolue. En revanche, I'existence de garnisons royales dans certaines villes est bien attestee 108. L'exemple Ie plus significatif pour eclairer notre propos parait etre celui de Sardes it I'epoque de Cyrus Ie Jeune 109. Orontas a ete donne par son pere it Cyrus comme subordonne (rappelons que Cyrus avait les pouvoirs d'un karanosi, il recoit Ie commandement de la garnison de l'acropole de Sardes, garnison dont l'existence est souvent Tuplin 19R7a, 174-175. Sardis, 7.1.1. Lcs cditcurs, Buckler & Robinson 1912, 11-82, aprcs avoir date cc document de 306, ebranles par 1cs critiques, reculent sur cc point dans le volume des inscriptions de Sardes. Depuis lors, bien des propositions ont ete fuites pour des dates basses: cf. e.g. Atkinson 1972. 45-75. Tout concourt (onomastique, toponym ie, organisation fiscale et militairc, monnaie) a montrer que cette inscription dans son etat actuel est la copic d'un original qui! eonvient indubitablement de rcdater de la fin du IV e S., cf. Debord 1982, 244-251. lO7 Polycn 6.10: ef. Briant 1982, 190: il est tres peu vraisemblable qu'Alexandros ait ete un harmoste spaniate, comme Ie soutient Parke 1930, 68. 109 Milet en 334 : Arrien, An., 1.18.4. ]09 Xen., An., 1.6.6: pour des analyses divergentes, d. Andrewes 1971,207-216: Bommelaer 1981, 122 et n. 32: "la relation du proces d'Orontes prouverait meme que Cyrus dut reconqucrir Sardes sur eet otticier mandate par Arraxerxes". Weiskopf 1982, 47, met ee differcnd sur lc compte de dissensions pcrsonncllcs, mais tout son raisonnerncnt est faussc par Ie fait qu'il denic toute realite a la Ionction de satrape de Cyrus. Briant 1996, 353 ]OJ
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attestee dans les sources. Sur I'ordre d'Artaxerxes, il fait la guerre a Cyrus et obeit en cela de facon naturelle au Roi. Defait, il se rend une premiere fois puis par la suite passe en Mysie dans la partie qui n'etait pas controlee par les Perses et harcele les forces loyalistes. Orontas se soumet une seconde fois a Cyrus avant de le trahir a nouveau au cours de son anabase, ce qui lui vaut d'etre execute. Cette histoire montre bien la difficulte potentielle des rapports entre les chefs de garnison et les satrapes, en particulier lorsque ces derniers sont investis de commandements militaires. 11 parait donc hors de doute que les plus importantes des garnisons sont controlees, c' est-a-dire appointees, par Ie Roi 110. Cela s'explique d'autant mieux que ces acropoles servent de point de concentration du tribut 111. En contrepoint, il serait irrealiste d'affirmer que les satrapes n'ont pas d'activite militaire qui leur soit propre ; ils recrutent des mercenaires qui peuvent meme apparaitre comme un danger pour Ie pouvoir central 112 et ils sont arnenes a installer des garnisons en differents points pour des raisons de politique personnelle. Telle est bien la situation des garnisons successives d'Antandros ou encore de Tissapherne a Mi let en 411 113. On pensera aussi aux soldats mercenaires de Mausole. Le Ps.-Aristote 114 rapporte egalement que I'hyparque Kondalos entretenait une garnison (a Xanthos?). Le recit indique explicitement que la solde est versee par lui aux officiers. II convient done de distinguer 115les garnisons qui tiennent l'akra d'un certain nombre de centres urbains importants ou strategiques, que ces poleis soient grecques ou non (Sardes aussi bien que Milet), et les contingents qui se rencontrent dans la chora sous les ordres du chiliarque et qui cornprennent, mais pas exclusivement 116, des garnisons dans les phrouria 117. P. Briant 118 propose a partir de la une image assez plausible du quadrillage militaire de la chora avec une place forte principale qui fait office de gazophylakie et de considcrc ce cas comme trop particulier pour etre exemplaire. Au moment de la conquete par Alexandre, Mithrenes, commandant de la citadelle de Sardcs (Arrien, An., 1.7-18.2), assume la merne fonction qu'Orontas. II se rend au devant d'Alexandrc en compagnie des notables de la ville de Sardes pour lui livrer la ville, les tresors, les citadelles ; en echange, il est accueilli avec Ics honneurs dus a son rang dans l'entourage royal, avant de recevoir un nouveau commandement (d. Bervc 1926, n° 524 ; Briant 1985, 168; 1993, 15). Sur 1es defenses de Sardes, cf. Greenwalt 1995,127-8. 110 cr. l'analyse de Hornblower 1982, 148-149, et sa conclusion: "Major garrison-commands ... were surely crown appointments". III Diod. 17.21.7: "Alexandre ... s'crnpara de la cite de Sardes et de ses acropoles et, micux encore, des tresors qui s'y trouvaicnt", 112 Pharnabaze recrute des mercenaircs en grand nombre, Diod. 13.51 ; ses subordonnes font de merne (Mania) ; sur ceux de Cyrus, cf. Roy 1967,287-323 ; instruit par de multiples precedents, Ochos exige des satrapes cotiers qu'ils debandenr leurs compagnies (cf. cepcndant infra p. 393). "3 Antandros, garnisons suceessives de Tissapherne et Pharnabaze, The. 8.108 ; Diod. 13.41.4. Milet, The. 8.109. Dans un certain nombre de cas les choses sont moins nettes, cf. 1asos, The. 8.29. 114 Ps.-Arist., Ee., 2, 1348a 25-28. 115 Tuplin 1987a, 175. 116 Infra p. 239. l17 L'uti1isation de l'archeologie pour mieux definir la presence militaire perse reste assez aleatoirc. Les sites des phrouria, lorsqu'ils ont ete apercus par lcs voyagcurs-epigraphistes, n'ont gucre suscite d'interet, De surcroit, a quelques exceptions pres - certains sites cariens par exemplc quieonque a un peu l'experience du terrain sait qu'il est impossible de proposer une date, meme de facon approximative, pour de tels vestiges sans que soient mcnes au moins des sondages. Sur les tcmoignages archeologiqucs, Tuplin 1987a, 198 sq. A noter que ees phrouria paraissent lies etroitcmcnt a l'agriculture. II scrait possible d'alleguer un certain nombre d'exemplcs de pressoirs a huile (cortes difficiles a dater) associes a de tels edifices. Cf. Paton & Myres 1896, 188-271. llR Briant 1982,210-211. Sur un tel reseau de choria en Lydie et leur mise en relation avec les komai, cf. Xcn., Hell., 1.2.5 ; infra p. 170 n. 29. -v ,
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capitale de district; toute cette organisation etant aussi en liaison avec la collecte et eventuellement la conservation sur place du phoros. On accordera a Chr. Tuplin que Xenophon a eu essentiellement sous les yeux Ie fonctionnement de la Lydie ou l'on peut retrouver tous les elements qui nourrissent sa reconstruction theorique : akra de Sardes, chiliarchie et colonisation militaire, concentration des troupes a Kastolou Pedion, Dans quelle mesure cette description vaut-elle pour tout l'Empire? La question reste ouverte. II y a manifestement des nuances regionales dues aux conditions d'exercice de I'autorite (et, entre autres, a la densite de la presence militaire "perse"), mais aussi a l'histoire locale. II n'en demeure pas moins que des regions com me la Grande-Phrygie, la Cappadoce 119 au moins, devaient avoir un mode de controle tres comparable acelui de la Lydie.
3.4. Repartition et disposition du phoros II n'y a pas lieu de revenir ici sur le fonctionnement du systeme fiscal perse en tant que tel 120. Nous observerons simplement qu'il est sans aucun doute beaucoup plus complexe et multiforme qu'il n'est parfois affirme, avec un grand nombre de taxes ou requisitions diverses 121. Bornons nous a rappeler que l'interlocuteur du Roi est Ie satrape, ce qui suppose evidemment que Ie montant est fixe par satrapie (Herodote), Le Roi est fonde a exiger le versement d'une somme immuable, au satrape ensuite de s'efforcer de trouver les fonds correspondants (cf. par exemple la situation de Tissapherne et de Pharnabaze aussi bien que de Mausole) 122. Le satrape se tourne a son tour vers l'echelon inferieur des "hyparques" (quels qu'en soient I'origine ethnique ou le statut juridique), comme Mania en Bolide ou Kondalos en Lycie 123. II y a done une imposition par ethnos ; c'est ainsi qu'il convient de comprendre le "don" de Magnesie fait a Thernistocle. Celle-ci "vaut" cinquante talents; il ne s'agit nullement d'une quelconque estimation de la valeur venale de la ville. Themistocle n'est pas proprietaire de Magnesie, de la Magnesie pour etre plus exact 124. II est habilite a y percevoir les impots et, en contrepartie, doit reverser cinquante talents au Roi (et plus vraisemblablement au satrape). A l'interieur de ces unites regionales, il a dfi y avoir une grande diversite de situations selon le mode de domination: Iiberte probable laissee aux dynastes tributaires de repartir leurs propres rentrees fiscales mais fixation d'un montant immuable pour les communautes organisees preexistantes. Le systeme semble etre plus sophistique a partir de Darius, au moins pour les zones plus directement controlees ou l'on peut esperer un rendement "optimise" de I'impot-phoros qui n'exclut pas d'autres impots ou 119 Strabon enumere un grand nombre de places fortes, beaueoup sont ruinees a son epoque, en Cappadoce proprement ditc et en Cappadoce ponti que. Cf. Reinach 1890, 259 sq. La Cappadoce est un reservoir de forces perses encore sous Ie regne d'Alexandre (infra p. 465) et mernc au deja (Diod. 18.16.2). 120 Nous renvoyons a l'etude ires detaillee de Tuplin 1987b, 136-] 58 et aux deux articles dc Deseat 1985, 97-112; 1989,77-93. En dernier lieu Briant 1996, 398 sq. 121 Tuplin ]987b, 146; Descat ] 989,81-83 ; 1997. 122 Infra p. 121 (Tissapherne) ; p. 139 (Mausole). Dans le meme ordre didees Idrieus est cerise verser de fortes sommes au Roi (Isocratc, Phil., 104). 123 Xen., Hell., 3.1.] 2 (Mania) : "Unc fois qu'clle Iut devenue maitresse du pays, elle ne versait pas moins les impots (phoroi) que son mari". Ps.-Arist., te., 2.1348a (§ l4a-14d) pour Kondalos. Cf. aussi en general ibid.. 1345b: Ie terme employe pour le versement nest pas alors <papos comme en 1348a mais 1<xyT] (cf. Hesychius : 1<XyT]' ~«GtA.1KTj offip£a). Sur unc probable distinction entre les deux termes, Descat 1989, 82 (tage en nature et pharos en meta] precieux puis en monnaies). 124 Cf. Hdt. 3.90.
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prestations en nature ou en corvees. A propos de cette organisation, on pense bien sur au celebre passage d'Herodote ]25 au, en merne temps qu'il avait precede a une remise en ordre politico-judiciaire ]26, le satrape de Sardes, Artaphemes, "mesura le territoire des cites en parasanges ... et d'apres cette rnesure, fixa les tributs que devait payer chaque cite, tributs qui depuis lors sont restes constamment et jusqu'a mon epoque inchanges, tels que les a fixes Artaphernes ; il les fixa a peu pres au tau x anterieur, C'etaient la des mesures pacifiques...". II faut en deduire que dans la satrapie de Sardes au mains ]27 fut operee une sorte de cadastration qui servit de base a l'estimation du pharos, au en tout cas a son amodiation puisque, seJon Herodote, on ne modifia pas beaucoup Ies taux anciens. Cet impot est repercute sur les individus composant la communaute 12R. Une estimation comparable eut apparemment lieu aussi pour la chora et les komai. C'est ce que demontre l'inscription de Sardes replacee a sa date de redaction proche de 306 avant notre ere ]29. Deux niveaux de perception y apparaissent : lcs lots ou kleroi, imposes trois chrysoi et demi ; les villages, qui doivent entre cinquante et cinquante sept chrysoi. Rappelons que le texte indique que les versernents sont operes ala chiliarchie. Tout cela suppose une veritable "grille" de perception avec des archives, par consequent le personnel ad hac a tous les niveaux. Ce systerne ne vaut probablement, soulignons-Ie a nouveau, que pour les satrapies ou les Perses et leur administration sont suffisamment implantes pour pouvoir controler I' ensemble du pays par un reseau de phrouria et de representants dans les villes. Ce qui permet de proposer le schema suivant : SATRAPIE
t HYPARCHlE
•
CIT~ (ou entite equivalente)
CH[L1ARCHIE
KOME
KLEROS
QUOTE-PART INDIVIDUELLE
_ _I
125 Hdt. 6.42; it rapprocher de Diod. 10.25.4 ou la restauration des lois s'accompagne de 1a fixation des tributs selon les capacites de paiement: HXKTOUS (POPOUS KmCx ouva,Lllv ErrETa~EV ; cf. aussi Theopompe, FGrHist, lIS, F 113 (Athcnce 4.145a). Cr. Evans 1976,344-348 ; Briant 1996,978. 126 Infra p. 117. m Worrlc [988,465 n. 205 admet qu'il y a pu y avoir maintien it I'cpoque hcllcnistique du systerne de cadastration existant it lepoque precedentc. Si cera sapplique it Latmos, la future Heraclee, nous sommes en presence d'un fait particulierement interessant dans un secteur relevant du pouvoir des Hekatomnides : nous constaterions ainsi une nouvelle fois une application stricto du fonetionnement imperial "normal". 12X On rappellcra deux cxemplcs : it Labraunda un decret des P1atascis pris pour un Coeen iLabraunda. III, 2,42, 1. 14-17) : ECxV O£ TIS Errtlyp(X(p~ O)]Ylvll[Ta]t nAa[T]aaEu[a]Lv [~aa]LAtK~ ~ rroAmK~, Airovu Kal TOllS EyyOVODS EA[E]u8E[p]ODS Kal aTEAEtS d[vm TOV ad x]povov, TCx Of BaatAIK[CxI TEAll TCCAEtV. Cf., sur lcs restitutions de ce passage et la bibliographie de l'inscription, Varinlioglu et al. [990, 67 et n. 18. au encore dans Ie secteur de la future Stratonicee, IK, 22.1-Stratonikeia, 1982,5021. 2lsq. HDV OOUAWV aTE[Aij dvm Kal rrtXvTmlv rrA~,u tpopw~ BaatAIKwv, qu'il convient d'interpreter comme une exemption de toutes les taxes et charges, excepte le pharos basilikos. 129 Sardis, 7.1, I; cf. Deseat 1985; Tuplin 1987b, est fort gene dans son argumentation dans la mesure ou il maintient la date bassc proposee generalement pour cc document.
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En une VISIOn sans doute trop reductrice, la plupart des commentateurs admettent que, une fois la perception du pharos effectuee dans les provinces, le montant en etait alars achemine vers le centre de l'Empire ; le Roi seul pouvait en disposer a sa guise. Cependant plusieurs indices, par exemple I'existence de gazophylakies des l'epoque perse, font penser qu'une partie au moins du pharos ctait conservee sur place a la disposition d'autorites mandatees. C'est en tout cas ce que dit Herodote 3.90 a propos du phoros de Cilicie : cinq cents talents d'argent dont cent quarante sont consommes sur place pour la cavalerie garnisaire et c' est probablement en ce sens que I'on doit interpreter un passage de l'Ecanamique II 130 relatif a la concentration au bard de la Route royale de ce qui ensuite permet de faire vivre Ie systerne, Le cas Ie plus explicite parait etre celui de Cyrus pour la periode 407-405 : - En 407 131, lars de sa premiere rencontre avec Lysandre, Cyrus indique qu'il a recu cinq cents talents du Roi pour la guerre. Si cela ne suffit pas, il ajoutera ses idia en plus de ce que son pere lui a donne (E
i3l
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L' ASIE MINEURE AU
rv- s. (412-323
large delegation de pouvoirs de la part de Cyrus. Reste alors
a.c.)
a expliquer Ie 0'1 a{rrcp nhOl
~(mv de 2.1.14, qui fait difficulte et a ete diversement interprete par les modernes.
D. M. Lewis 140 ecrit "Cyrus is in private possession of phoroi of certain cities". II propose de considerer la situation de Tissapherne 141 comme equivalente ; mais ici Ie texte parle bien de nav1w; lOUC; oopouq, ce qui parait exclure I'hypothese de D. M. Lewis. l-F. Bommelaer 142 discute ce passage et sa traduction; it Ie met heureusement en relation avec tous les autres extraits de Xenophon, Diodore et Plutarque. II conclut que si Cyrus (ou Lysandre en son nom) pouvait disposer du pharos, c'est qu'il considerait avoir des droits quasi regaliens et, par consequent, qu'il aspirait au trone avant merne la mort de son pere, On doit faire I'economie d'une telle hypothese que rien ne vient etayer par ailleurs. Si l'on admet que le pharos dont il est question ici ne saurait etre autre chose que le pharos basilikos (cf. specialement 2.3.8), il faut expliquer pourquoi Cyrus en dispose comme s'illui revenait de droit. La reponse est relativement simple si l'on accepte l'idee que le karanos recevait du Roi une delegation pour mener la guerre y compris par la disposition des moyens financiers dans la region consideree 143.
3.5. Politique royale et rebellion 144 II y a bien une vision royale, ou plus exactement centrale, du pouvoir et les retentissements sur I'administration locale sont capitaux. Des choix politiques sont operes, en particulier en ce qui concerne les relations exterieures. En toute logique des hommes syrnbolisent, par leur propre action et par leurs liens, ces orientations. I1s seront done remplaces en cas de changement de cap. Nous pourrons Ie constater lorsque seront analyses a leur place chronologique les evenernents qui environnent la fin des gouvernements de Tiribaze, Strouthas, Pharnabaze et Ariobarzane. En revanche, les modernes se sont parfois etonnes de la "mansuetude" du pouvoir central a I'egard de ceux qui s'etaient revoltes. Or Ie maintien en place des rebelles ne doit pas etre considere comme un signe de faiblesse, II convient en effet de bien cerner la notion de "revolte", Deux exemples permettront d'en saisir mieux Ie processus: au cours de son entrevue avec Pharnabaze, Agesilas incite ce dernier a changer de camp. La reponse que prete Xenophon au satrape est exemplaire: "Si le Roi envoie quelqu'un d'autre comme general, je deciderai d'etre votre ami et allie, Mais si c'est a moi qu'il confie le commandernent, tel est je pense Ie chemin de l'honneur (philotimia) 145 ... je vous ferai la
commandement" ; Diod. 13.104.4: ~qJ Auaavoprp ~iDv ixp' aUTov nOAEwv T~V icnlaTamv napfOWKE Kat roix; oopoi«; w{nrp TEAElV aUVfTa~EV, "il remit it Lysandre I'autorite sur les cites de son ressort et leur ordonna de lui verser Ie tribut". i4() Lewis 1977, 119 et n. 80, apres Busolt 1904 et par reference aux idia de Xen., Hell., 1.5.3 (mais ef. supra). 141 Xcn., An., 1.1.6; cf. infra p. 124. 142 Bommelaer 1981,100 el n. 90; ef. aussi 10] n. 96. 143 Dans Ie meme sens que nous mais avec l'idee que la mise it disposition eta it un phenomene ponetuel, Tuplin 1987, 133. En dernier lieu Le Rider 1997, 165 sq. it propos de 1a Cilieic. 144 Weiskopf 1989, 16 sq. ; Briant 1996, 680 it partir de Cornelius Nepos, Dat., 10.2: Mithridate se comporte en rebelle pour endormir 1a mcfiance de Datarncs et pouvoir ensuitc lassassiner. II pille les provinces du Roi, sernparc de ses Iorteresses, fait du butin, 145 Voir Weiskopf 1982, 60-62.
EMPIREPERSE ET SATRAPIE
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guerre du mieux que je pourrai" 146. Pharnabaze a subi sans bronc her les nominations de Tissapherne, de Cyrus, puis a nouveau de Tissapherne, comme karanos. Mais a ce moment, par son age, son rang, ses etats de service, ce serait lui faire injure que de lui designer un autre superieur hierarchique. II se comportera selon les exigences de son honneur. Le fils de Pharnabaze fit d'Agesilas son hote 147, mais I'affaire n'eut pas la suite esperee par Ie roi de Sparte. Quelque temps auparavant, Lysandre avait obtenu le ralliement de Spithridates, de sa famille et de deux cents cavaliers qui I'accompagnaient. La raison avancee etait la prise comme concubine par Pharnabaze d'une des filles du noble perse malgre Ie rang de ce dernier 148 mais Spithridates change une nouvelle fois de parti lorsqu'un officier Iacedemonien le prive du butin fait lors de la capture du camp du satrape. Les Paphlagoniens et Spithridates s'estiment a la fois Ieses et offenses, ils se rendent a Sardes aupres d'Ariaios, "ils avaient confiance parce qu'Ariaios avait fait defection et combattu le Roi", Xenophon decrit ici un systeme de valeurs aristocratiques OU famille, vertu personnelle, reseau d'hospitalite determinent la place de chacun dans la hierarchic sociale et lui donnent droit aux egards appropries ; si I'on vient a y manquer, le "contrat" est rompu. Mais, meme si les hostilites ont ete engagees, la partie antagoniste peutetre amenee a reconnaitre Ie bien fonde des motifs de la revolte et par consequent a ne pas exercer de represailles. La famille de Spithridates n'eut manifestement pas a souffrir de cet episode puisque le satrape homonyme de 334 est probablement un descendant du personnage evoque ci-dessus.
4. ASPECTS DU FONCTIONNEMENT DU SYSTEME SATRAPIQUE II a deja ete souligne que la Cyropedie ne saurait etre consideree com me un miroir fidele en tous points des realites perses ; cela vaut naturellement pour le sixieme chapitre du livre huit ou l'on voit Cyrus mettre en place Ie systerne des satrapies : "J'ai resolu d'envoyer des satrapes pour commander aux habitants, pour lever le tribut et solder les garnisons et regler les autres depenses necessaires", Cyrus invite ensuite les satrapes a faire de leurs provinces un Empire en reduction en particulier en instaurant Ie systeme de la Porte et a se doter de paradis. Xenophon conclut cette partie en observant que ces regles sont encore respectees de son temps 149. Le satrape reproduit donc les comportements du Maitre de l'Empire. Dans quelle mesure et dans quelles lirnites?
146
Xen., Hell., 4.1.37.
147
Ibid., 39-40.
Xen., Hell., 304.10 ; d. 4.1.20-28 (son revirement pour des raisons qui tiennent au profit mais surtout a I'honneur) ; Ages., 3.3 ; Plut., Ages., 8.3 ct Lvs., 24.1 ; Hell. Ox., 2104.6 (cf. Bruce 1967, 137-145 ; Weiskopf 1989, 23-25). Nous savons que Spithridates, Ie satrape de Lydie et d'Ionic au moment de la conquete maccdonienne, descendait de l'un des "Sept" (infra. p. 153); par consequent si l'on admet qu'il y a parente entre les deux homonymcs, l'injurc faite par Pharnabaze etait d'autant plus eclatantc. Lc personnage etait apparu deja dans Xen., An., 6.5.7. 149 Sur l'utilisation historiquc de ces passages, cf. Hirsch 1985,61-97: "The Cvropaedia and History". 148
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L' ASIE MINElJRE AU lye s. (412-323 a.c.)
4.1. Les residences du satrape "Cyrus avait (a Kelainai) une basileia ISO et un grand paradis, plein de betes fauves, qu'il chassait a cheval... Au milieu du paradis coule le Meandre, dont les sources naissent dans la basileia, il coule ensuite atravers la ville de Kelainai, II y a aussi une hasileia fortifiee du Grand Roi a Kelainai, pres des sources du Marsyas, au pied de l'acropole". IS 1 Ce passage est Ie locus classicus lorsqu'il est question des "derneures royales" au des paradis perses 152. Rcmarquons d'ernblee qu'il associc des donnees distinctes mais a l'evidence complementaires, La basileia du Roi, fut creee, nous dit-on, par Xerxes a son retour de la desastreuse campagne en Grece, Elle est fortifiee ; il convient done de l'analyser comme I'une des akrai dont il a ete question plus haut et qu'il est normal de rencontrer en un endroit aussi strategique que Kelainai. Elle doit abriter une garnison royale. Bien distincte est la basileia de Cyrus, dans ce cas il s'agit du "palais", du "chateau" qui va de pair avec la fonction satrapale ; mais Cyrus a au mains un autre paradis (et obligatoircment une hasileia) a Sardes 15\ dont Lysandre admire l'ordonnance et l'esthetique : "Lysandre admirait comme les arbres en etaient beaux, plantes a egale distance, les rangees droites, comme tout etait plante suivant une belle disposition geometrique, comme tant d' agreables parfums les accompagnaient dans leur promenade...", Cyrus indique a Lysandre qu'il est Ie concepteur et en partie Ie realisateur de ce jardin "merveilleux". De meme, a Daskyleion 154, Pharnabaze a une basileia ISS entouree de nombreux et grands villages, de betes fauves dans des paradis au des espaces ouverts, tout au long coule un fleuve poissonneux ; un peu plus tard, Ariobarzane prend possession de la basileia de Kios 156. A Sardes, Tissapherne disposait de jardins et d'un paradis orne de plantes et d'autres decors luxueux 157 ; en revanche, il n'est pas vraisemblable que Ie paradis auquel Ie merne Tissapherne donne Ie nom d'Alcibiade 158 et que Plutarque decrit cornme le plus beau de ceux que possede le satrape, avec ses pelouses, ses eaux, ses pavilions amenages, doive eire situe a Sardes comme le pen sent la plupart des modernes. Les allers et retours rapides entre la cour de Tissapherne et Sarnos invitent plutot a penser a la region de Magnesie, au l'on sait par ailleurs que le satrape avait des domaines. Xenophon 159 parle de Yoikos qu'il possede en Carie. Cette fois la denomination est grecque mais il n'y a pas de raison d'imaginer une 150 Masqueray, CUf', traduit par "residence royale" pour la basileia de Cyrus (ce qui force Ic sens) et par "palais' pour cel1e du Grand Roi. 151 Xen., An., 1.2.7-8; cf, Robert 1963,349 n. 7. 1.j2 Briant 1982, 451-456; Fauth 1979, I-53; Iiste des references dans Tuplin 1987b, 144 n. 130; cf. Briant 1996, 245-6 ; Tuplin 1996, 80-131 et, a titre de comparaison, Gentelle 1981,69-10 I. IS] xe-. Ee., 4.20-25 (trad. P. Chantraine). Cf. Pomeroy 1994,251 sq. 154 Xen., Hell., 4.1.15-16; 33 (decrit Ia comme un bien patrimonial maintenant ruine) : Hell. Ox., 17.7; cf, Akurga11956, 20-24 ; Robert 1980, 269, n. 65. 155 Cette fois, J. Hatzfeld, CUF, traduit par "chateau". 156 Diad. 15.90.3; cf. 16.90.2 (Weiskopf 1982,17, distingue deux scns differcnts) ; voir infra p. 99 sq. 157 Un de ceux que Cyrus avait amenagc? Diad. 14.80.2, dans la region comprise entre Ie Sipyle et Sardes. Tithraustes recuperc 220 talents sur Yousia de Tissapherne (Hell. Ox.. 14.3). ISH Plut., Ale., 24.7 ; cf. Petit 1981, 62 et n. 2. 159 xen., lIell., 3.4.12.
EMPIRE PERSE ET SATRAPIE
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propriete d'une autre nature que celles decrites ci-dessus 160. II est clair que ce paradis, ou son equivalent, existe depuis beaucoup plus longtemps. A. T. Olmstead 161 suggere, sans doute a juste titre, que I'occasion de la lettre de reprimande envoyee a Gadatas est la plantation en arbres d'un paradis par ce dernier ; on pense a celui de Magnesie en fonction du lieu de trouvaille de l'inscription. En Armenie 162, Xenophon decrit un gros bourg aux maisons dotees de tours avec un basileion pour le satrape. La nourriture y etait abondante. Il s'agit evidemment de l'une des capitales du satrape d'Arrnenie. Que retenir de la confrontation de ces divers ternoignages? La modelisation telle qu'elle nous apparait (basileia, paradis, fertilite, richesse) ne saurait etre uniquement le fait des auteurs grecs. Comme le note P. Briant, le paradis est assurernent une vitrine de la civilisation perse. On rappellera aussi que Kherei (ou Gergis), dans le poerne qu'il fait rediger en son honneur, parle de sa basileia 163. L'aristocratie perse ou persophile adopte done des comportements comparables a ceux du satrape. Mais il ne faut pas exclure pour autant qu'il s'agisse, la encore, d'un emprunt. Strabon 164 decrit un parcours de chasse pres de Zeleia qui existait deja a l'epoque de la domination lydienne 165. Chaque satrape important dispose de plusieurs paradis et ce n'est pas le fait du hasard si ces derniers sont localises a proximite des capitales administratives (Sardes, Daskyleion, Kelainai, Magnesie), Le satrape initiateur du paradis, voire merne son realisateur, voila qui rel eve de l'jdeologjc. mais incontestablement aussi du religieux. Le satrape participe par son activite au cycle de la fecondite, On invoquera dans le merne registre Ia monnaie de Tarse SNG von Aulock 5914 166, statere (du debut du rv- s.?) sur Iequel figure au droit un personnage revetu d' un costume perse conduisant un attelage de bceufs a bosse tractant une charrue et la legende arameenne TRZ, le tout dans un champ circulaire materialise par un grenetis. Au revers une vache et son veau 167 et Ie disque solaire aile. II n' est nul besoin d'un long 160 l.ewis 1977, e. g. 83, pense qne ces domames sont entre Ies mams de Tissapheme par transmission heredrtaire ; position sinulaire de Sekunda 1991,92 qUI les SltUC it proxrmue de Tralles 161 Olmstead 1931, 571 ; selon Dandamayev 1984, 114, Gadatas serait non pas un satrape mats Ie rcsponsable d'un paradis 162 Xen., An., 4.4.2. 163 Infra p. 187. ICI comme it Kios il convicnt de pcnser que Ie sens de basileia est ICI plus large mars decoule de la merne Idee. 164 Str 13.1.17. Sur les antecedents orientaux. Tuplm 1996 165 Cleandre de Soloi 43, ed. Wehrli, sur les Lydiens creatcurs de paradis arncnages comme des jardins. 166 PI. VIII, 8. Cf. Starr 1977,92 ct pl. XIV, d , Casabonne 1996b, 133 sq Le mcrnc theme du laboureur apparait sur des monnaies deMallos.SNGLevanteSuppI123(380-360).PI.VIII.9.Cf. Levante 1994, 8 ou cettc monnaie est datee d'avant 380 (ellc figure dans lc trcsor de Nagidos et est de surcroit asscz usee). A l'avers Dionysos jcune ; au revers un attelage de bceufs de labour it drone conduit par un Perse PI, au dessus le disquc solaire aile, en avant de lauclagc un gram de blc , it rapprocher de BMC Ciltcta 98, n" 19 (PI XVII, 1), attelage it gauche ou Ie iendu est plus archaisant L'attnbuuon it Mallos est douteuse . Nagido, pour Babelon 1910 it son n" 1527, cl pI. 142,5 , "incertamc de Cihcic" pour Casabonne (Istanbul). 167 Cc theme dc la vache allaitant son veau est egalcmcnt present au revers de rnonnaies "mcertaincs" du Cab met des Medailles (Tralle, II, n" 804-806 = SNG France 2 436 [Pl. VII, 11]-438 [PI. VII, 12]) dont l'une porte la Iegcnde mexphquee BAANA. Deux de ces trois monnaics prcscntent Heraklcs sarsissant un lion par la queue [mars ct. Ie seeau Oonbaz & Stolper 1997, 42 ou Ie ROI trent egalement un lion par la queue], mars la troisieme illustre un theme eonnu par ailleurs (France 2 209 = Traite, 11, n" 528, PI. VIII, 6) : Ie rot transpercant un lion dressc qUI lUI fait face. En bref, lorsquon ctabht l'ensemble de ees corrclauons, on scrait cnchn it attnbuer cette sene it Tarse. Levante mdique que Mildenberg [Mildenberg 1987, 28-35] pensc it un roi de SIdon et en cffct lc theme du roi affrontc au lion apparait sur Ie monnayage de la cite phcrucicnne, mats on peut observer dautres emprunts ou paralleles (mfra p. 329), en parncuher sur les sceaux Elayi 1989,215 sq., doute qu'rl faille attnbuer ces rnonnaies it Sidon et les date de la fin du vs s
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cornrnentaire, les symboles choisis parlent d' eux-rnemes avec I' association du "Perse" (quelqu'en soit Ie statut et meme l'origine ethnique), de Ahura Mazda et de deux scenes illustrant Ie fertilite et la fecondite. La basileia comportait bien entendu les appartements du satrape et toutes les installations qui lui permettaient de tenir son rang; elle etait Ie siege de son gouvernement. L'endroit important etait la zone de contact avec Ie monde exterieur, C'est ce que I'on designe du nom de la Porte, erigee en un veritable systerne de gouvernement. Elle est un lieu de residence pour les ambassades qui attendent ~ parfois fort longtemps ~ d'etre recues. Ainsi lorsque Kallikratidas succede a Lysandre a la tete de la flotte peloponnesienne, il demande une entrevue a Cyrus mais ce dernier, sans doute irrite du changement intervenu, differe l'entretien, et Xenophon indique que "Kallikratidas etait mecontent de ce delai, furieux de ces longues attentes a la Porte" 168. La Porte est aussi Ie lieu d'acculturation des aristocraties locales qui y pratiquent un mode de vie perse (veternents, activites) et y font eduquer leurs enfants.
4.2. La fiscalite du satrape Comme il a etc observe plus haut la satrapie, et done Ie satrape, devait verser au tresor royal une contribution fixe. Cela supposait que Ie satrape se retournat vers les communautes locales ou regionales pour toutes sortes de prelevements qui lui assuraient en meme temps les moyens de sa politique et de son mode de vie. L' Economique II du Ps.-Aristote 169 enumere six sources de revenus pour Ie satrape : - L'impot sur la terre, appele soit impot foncier (EKcpOplOV) soit dime 170. - L'irnpot sur des produits particuliers, specialement l'extraction des rnetaux (or, argent, cuivre). - La taxe portuaire 171. - Les droits sur les produits du sol et les marches. - La redevance sur les troupeaux : ETClKCXPTClCX 172 ou dime. - L'irnpot sur lcs personnes (plutot que sur Ie reste) : capitation (ETClKEcpaACXlov) et taxe sur les artisans (X£lPCJ)V(X~lOV) m. 11 est assure que I'auteur de ce traite connaissait bien lcs realites asianiques 174 et en particulier la situation de la satrapie de Carie pour laquelle nous beneficions d'une bonne information tant grace aux textes litteraires quaux documents epigraphiques 175. C'est tout Xcn., Hell., 1.6.7; cf. aussi Polybe 6.49 cite infra p. 233 n. 4. Ps.-Arist., Ec., 1345 b 28· 1346 a 5. Briant 1996,405; 411; 957-8. 170 Pour Descat 1989, 82 ces deux termes recouvrent 1es deux res sources principales du Roi, phoros ct tag«. Cf. Thillet 1969, 578. 171 Voir Briant & Dcseat 1998. 81. m Sur le sens de ce terme Pritchett 1953, 311. 11 est notable que ce mot soit employe dans les steles des Hermocopides pour designer des revenus de terres it Ophryneion done dans un secteur susceptible dctre taxe par 1e Grand Roi. 173 Cheironaxion hellcnistiquc Worrle 1979,91-94 ; apomoira, [d. 1978. 223-224. 174 cr. Van Groningen 1933, sp. 36-7 et 41-44. 175 Ruzicka 1979. 121-123. 16N 169
EMPIRE PERSE ET SATRAPIE
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d'abord Theopompe ]76 qui affirme que Mausole manifestait une grande energie pour se procurer de I' argent et cela est explicite par Vitruve 177 qui vante les revenus illimites de celui qui domine toute la Carie. Les informations portant sur des points concrets et precis semblent confirmer les indications generales de I' Economique II : - Une taxe portuaire est indirectement referencee dans le "decret" de Mausole et Artemise pour les gens de Cnossos ]78 OU ces derniers recoivent le privilege, partout ou Mausole gouverne, de l'exernption des droits d'importation et d'exportation ; on pensera aussi it la DEKa'll ,ftc; EllTCOP1CXC; qui est attestee sous Pixodaros it Xanthos 179. - II est probable que Kondalos ]80 recoit I'''offrande'' d'animaux (mouton, pore, ou yean) it titre de dime sur les troupeaux. - II Y a au moins deux attestations de l'imp6t sur les personnes a,EA.Etcx...'wv yECupylm[v TCa]v[,]mv KCXt ,wv aA.A.mv [,wv] ov,mv IS] CX1HWl 182. Dans ce cas, l'atelie est accordee par Mausole et la cite de Koranza 183. De rneme dans une autre inscription du milieu du lye s. 184 : ,WV DaDA.mV a,£[A.ft dVCXl KCXt TCaV,m]V TCA.~11
FGrHist, 115, F 299, flllOEVOS arrExm8o:t rrpaYWHos XPllflcX10lV l'VEKO:. Yitruve 2.8.10 : In injinitis ... uectalibus erat [artus, quod imperat Curiae toti. 17R Labraunda. 40. 179 Bousquet 1986, 10 (revision de TL, 45, qui etait probablement une trilingue), attribution (ou exemption?) aux cites de Xanthos, Tlos, Pinara, Kandaiida. Caunos est egalement mcntionnee dans I'inscription. Lcs termcs [£]iCHpEp£IV et rrpa!aaElv] se lisent dans Ie nouveau fragment. Cf. Briant & Descat 1998,82. 180 Ps.-Arist., Ee., 2.1348 a. lSI Ou 1mO:Px]ov10lV, cf. Robert 1945,97. 182 I K, 22. l-Stratonikeia, 501, 1. 5, 9-11 (SyIP, 311), cf. Robert 1937, 569-70. IS1 A rapprocher de Sinuri, 75. Robert 1945,98 se demandc si, la pierre etant tres mutilcc, I' atclic accordcc par Idrieus et Ada I etait aussi par la syngcneia. IS4 IK, 22.1-Stratonikcia, 502, 1. 21-22. Atelie concedec par Idrieus (et Ada?) sans qu'on puisse prcciser, en I' ctat de la pierre, la nature de I' exemption et Ie beneficiaire. 185 Sur la capitation hcllcnistique Bikerman 1938, II et cf. Gauthier 1991, 49-68. Briant 1996, 958 sc demande si I'on doit penser la capitation dont il est question sous Alexandre, Plut., Mor., 11 a-b, en terme d'innovation ou de continuitc. ISIi Ps.-Arist., Ee., 2.1348 a.28-34. 187 Comparer a Pollux 1.237 (ou il suit le terrne h
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L' AS IE MTNEURE AU IVe s. (412-323 a.C.)
4.3. La monnaie satrapale 188 Existe-t-il merne une monnaie satrapale? L. Mildenberg 189, dans une perspective tres restrictive, ne reconnait son existence que dans la mesure au la legende inscrite 1'indique explicitement: il n'y a qu'un cas connu a ce jour, celui de Mazaios dans son double mandat de Transeuphratene et Cilicie 190. Merne si l'on adopte un point de vue plus large, bien des questions demeurent et il est clair que l' on cree la un ensemble assez heterogene dans la mesure au les emissions n' ont, a l' evidence, pas toutes le merne sens. C' est en effet une extreme diversite - on pourrait me me apremiere vue parler de disparite - qui caracterise ces series. Taus les metaux ant ete utilises (or, argent, electrum, bronze merne) avec des etalons tres divers. L'abondance des emissions est egalement tres variable: quel rapport peut-on etablir entre la tres faible emission d' Autophradates et les series de Pharnabaze et "Datames" en Cilicie? Si I'on veut conserver le terrne de monnayage "satrapal", il faut donner au qualificatif un sens large incluant a coup sur une fonction de type karanique 191 : Tiribaze, Pharnabaze et Datames ne sont probablernent pas les satrapes de Cilicie mais des satrapes en charge d' un commandement militaire incluant la Cilicie. A partir de la, il parait assez probable que Jes satrapes, au mains ceux qui etaient investis de pouvoirs elargis du type karanos, avaient parmi leurs attributions la possibilite d'utiliser les reserves de metal precieux proven ant du phoros pour emettre des monnaies au nom du Roi. Telle doit etre la situation de plusieurs Perses frappant monnaie dans la partie occidentale de l' Anatolie aussi bien qu'en Cilicie. Pour quel usage? Un certain nornbre de types iconographiques (ainsi Ie peltaste des monnaies d'Orontes, celui des series tarsiotes ou encore la reference assez frequente a la
ISS Parmi les travaux des pionniers, il convient de mentionner plusicurs articles de J.-P. Six et de Fr. Imhoof- Blumer mais la premiere synthese, encore citee aujourd'hui, est celle de Babelon 1893, dont le contenu est repris avec un certain nombre de modifications (e. g.les monnaies attribuees it Tissaphernc) dans Babelon 1910, col. 72-478. Ce travail considerable est evidemment largement dcpasse, tout d'abord parce que de nornbreuses series pourraient etre ajoutees it celles connues de Babelon, mais aussi parcc que certaines identifications sont considcrces unanimement commc inaeceptables (par ex. Ie groupe des monnaies des Demaratides it Pergame) ou aventurees (par ex. le groupe des monnaies caricnncs qu'il attribue it Evagoras II, cf. infra n. 197). Dcpuis, bien peu se sont essayes it une telle synthcsc. Necessairemem rapides sont lcs pagcs consacrees aux monnaies satrapales par Kraay 1976 (cf. index) et Picard 1980,229-234. La contribution de Naster 1979, 597-604, ne peut ctrc pcrcuc que comme une introduction au sujct : cf. A1ram 1986 et en dernicr lieu Mildenberg 1993,55-79; 1998,277-286. Tl eonvicnt de Iaire une place it part it Harrison 1982a. Dans son etat aetuel, et malgrc son titre, eet ouvrage u'cst pas la synthese attendue. L'absence de toute illustration, bien explicable dans ee type de reproduction, mais aussi le parti pris qui consiste it ne retenir presque exclusivement que les monnaies legcndccs et l'affirmation que toutes lcs identifications de portraits rclcvcnt de la pure subjectivite, amcncnt it utiliser cet ouvrage avec precaution. Tl est eepcndant evident que certains traits atteignent leur but. 11 est facile it l'autcur de montrcr que des attributions diverses, et parfois fantaisistes, ont ete proposees, Malgre son caractcre trop systematique, ce travail utile amene it poser un certain nombre de questions sur Ics monnayages de Pharnabazc, Orontes, Datarnes, pour lesquels des affirmations presque unanimemcnt acceptees devront etre revisitccs, A partir de "choueues" dom il attribue la frappe it Cyrus Ie Jeune (infra), Weiser 1989, 267-296, reexamine une partie du monnayage satrapal, pour lcqucl il propose en general des dates plus basses que celles retenues traditionnellement. Voir aussi Descat ed., 1989, ou p1usieurs contributions abordent differents aspects de la question - e1les scront analysces it leur place - et lc colloque d'Istanbu1 1997. 159 Mildenberg (Istanbul). 190 E.g. SHG Levante 113-115 (114 = PI. X, 6). 191 En dernier lieu Le Rider 1997,163-164.
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Planche III
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Legende des planches I-III 1.1, Magnesic, Themistoclc, NC 1988, pI. 2 n° 5, ar,0,17g. 1.2, Magnesic, Themistocle, NC 1988, pI. 2 n° 8, ar,0,51g. 1.3, Magnesic, Thcmistocle, NC 1988, pI. 2 n° 1, ar,8,56g. 1. 4, Magnesie, Thcmistocle, SNR 1996, p. 22, ar, 3,19g. 1.5, Magncsie, Themistocle, NC 1991, pI. 44 n° 2, ar,O,17g. 1.6, Magnesic, Themistocle, NC 1991, pI. 44 n° 3, ar, 1,16g. 1.7, Phocee, Pissouthnes (7), Bodenstedt Ph 65, e1,2,5Ig. 1.8, Phocee, Pissouthnes (7), Bodenstedt Ph 66, el,2,53g. 1.9, Phocce, Tissapheme (7), Bodenstedt Ph86, el, 2,54g. 1.10, Phocce, Autophradates (7), Bodenstedt Ph 101, el, 2,55g. 1.11, (7), Tissapherne, Franke-Hirmer 184, ar, 16,96g. 1.12, Astyra, Tissapherne, v. Athena mal 90 n° 146, ae, 1,54g. I.l3, Adramyttion (7), Tissapherne, REA 1989 pI. 1 n° 3, ar. Ll4, Xanthos, Tissaphcme, REA 1989 fig.2 p. 181, ar. Ll5, (7), Tissapherne (7), Franke-Hirmer 184, ar, 15,31g. Ll6, (7), (7),Franke-Hirmer 184, ar, 14,92g. 1. 17, Sardes, Cyrus (7), ZPE 1989 pI. 16. 1, ar, 16,85g. I.! 8, Sardes, Cyrus (7), ZPE 1989 pI. 16. 6, ar, 16,45g. II.!, Cyzique, Pharnabaze, REA 1989 pI. 1 n° 11, ar. 11.2, Cyzique, Pharnabaze, Franke-Hirmer 200, ar, 14,82g. 11.3, Mytilene, Pharnabazc, Bodenstcdt My 71, el,2,54g. 11.4, Pergame, (7), von Aulock 1347, ar, 1,82g. II.5, Pcrgamc, (7), Morkholm 1984 pI.27 n01, ar, 1,63g. 11.6, Pergamc, (7), Babelon 88.8, ar, 1,50g. 11.7, Gambrion (7), Gorgion, Babclon 88.9, ar, 3,38g. II.8, Kisthcne, Orontes, Babelon 88.22, ar, 2,79g. II.9, Kisthene, Orontes, Babelon 88.21, ae. ILl 0, Adramyttion, Orontcs, Babelon 88. 15, ar, 3,15g.
ILl I, Adramyttion, Orontcs, Babelon 88. 17, ae, 1,76g. II.12, Adramyttion, Orontes, von Aulock 1822, ae, 1,58g. II.13, Kebren, Spithridates (7), v. Peg an 91 pl.2 n° 40, ae, 0,78g. II.14, Kcbren, Spithridates (7), Babelon 88.28, ae. ILl5, Lampsaque, Spithridates (7), Gulbenkian 689, aU,8,42g. ILl6, Kyme (7), Spithridates, von Aulock 1823, ae,O,97g. II. 17, Lampsaque ou Adramyttion, Spithridates, Babclon 89.2, ar, 2,88g. ILl8, Lampsaque ou Adramyttion, Spithridates, Babclon 89.1, ar, 2,63g. ILl9, Kyme (7), Spithridates.Babelon 89.3, ar, 2,77g. 11.20, Kyme (7), Spithridates, Hirsch 1527, ae, 1,22g. 11.21, (7), Autophradatcs II, Babelon 88.27, ar, 19. III. 1, Sardes (7), (7), Franke-Hirmer 183, ar, 5,22g. I1I.2, Sardes (7), (7), Babelon 86.16, au, 8,46g. IlI.3, (7), (7), Franke-Hirrner 183, au, 16,7Ig. IlIA, Halicarnasse (7), Memnon (7), Babelon , 87.24, au, 8,25g. I1I.5, Ephese (7), (7), Babelon 89.6,ar, 14,77g. 111.6, (7), Memnon (7), Babelon 89.7, ar, 14,68g. I1I.7, (7), Memnon (7), Babelon 89.14, ae, 1,40g. 111.8, Carie, (7), Babelon 91.9, ar, 15,10g. I1I.9, Carie, (7), Babelon 91.11, ar, 14,94g. IlI.JO, Carie, (7),v. Athena 87149, ar, 15,25g. III. 1 I , (7), (7), von Aulock 7636, ae. IlI.12, Kios, (7), W.B.R. pI. 49.35, ae. I1I.13, Sinope, Datames, Black sea 1447 a, ar, 0,69g. III.14, Sinope, Datarnes, Black sea 1447, ar, 5,88g. IILl5, Sinope, (7), Black sea 1452, 1II.!6, Sinope, Abdssn (7), W.B.R. pI. 24. 28, ar, 4,90g. 11 I.! 7, Sinope, Ariarathe, Babelon 111.3, ar. IILl8, Cappadoce, (7), Babelon 111.13, ae. 111.19, Dardanos, Mania (7), Tiibingen 2576, ar. O,55g. 111.20, (7), ('i), ZPE 1989 pI. 18. 17, ar. III. 2 I , Thebes, NC 1980 I.! 2, ar. II1.22, Ephesc, Gulhenkian 730, ar, II ,29g.
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chouette d' Athenes) ont incite de nombreux auteurs 192 a privilegier Iidee que ces monnaies avaient pour objet la solde de mercenaires grecs, partant du principe implicite queseuls ces derniers pouvaient etre integres dans une economie d'echanges ou la monnaie etait un support indispensable 193. La seule logique montre qu'il sagit Iii d'un point de vue trap restrictif. Les grandes expeditions (navales en particulier) comme celles menees contre Chypre ou l'Egypte supposent la mise en ceuvre de moyens materiels tres lourds qui expliquent l' ampleur des emissions de Tiribaze et surtout de Pharnabaze et Datames. On ne saurait cependant tout justifier de cette facon : il parait par exemple difficile de rendre compte des frappes hekatomnides seulement par I' envoi de flottes a Chypre ou contre Ariobarzane 194. Les series ii "tete de satrape" n'apparaissent pas avant la fin du v- S. 195 et se developpent surtout au [ve s. Faut-il en conclure que c'est a ce moment seulement que I'on a commence a frapper officiellement dans les provinces? Nous avons deja releve Ie fait que certaines emissions satrapales portent au revers I'archer 196 que I'on a ernprunte au monnayage "imperial" 197. II est admis que les creseides emises apres la conquete perse ont 192 Parmi bien d'uutrcs Kraay 1976,281 sq. a propos des monnaics de Tarse et 1984,7-8, avec Ie pornt de vue un peu simpliste seion lequel un theme perse suppose qu'rl sagu de solder des troupes perse, un theme phcmcien [a flotte de Phenicie, etc. contra Casabonne (Istanbul). 193 Moysey 1989, 122 et n. 39, refuse dans Ie cas des monnaies de Smope l'equauon monnayage satrapal = solde des mercenaircs. 194 Tel est par exemple aussi Ie pomt de vue de Hurter 1998, 152 n. 35, qui souhgne I'unportancc quantitative de ce monnayagc et cnumere d'autres besoms monetaires (construction. diplomatie) a cote de la guerre, cf aUSSl Konuk 1998, 188-199 On rapprochcra les mtcrrogations de Le RIder 1997, 163-164 a propos du monnayage de Mazaios en Cihcre ct a Sidon. En ce qUi eoneerne Ie paiement du tnbut, Konuk 1998, 193 et n. 348 met en doute que les rnonnaies hekatomrudes aicnt ctc frappccs a eet effet, alors que tel pouvait ctrc Ie cas des rnonnares crviques. En cffct scion Kmns 1989, 192-193, Phocee et Ephcsc emettaient des senes trop abondantes pour [eur besoms econorniques. 195 Bien entendu une tclle mnovauon ne part pas de nen. Nous vcrrons (infra p. 58) Ie role pionmer de Thenustoclc, au carrefour des tradmons onen1ales et de la technique grecque. On rclcvcra aussi lcs monnaics des premiers dynastes Iycicns, infra p 311 ; parmi les satrapes proprement dits, Pissouthnes (") a Phocee, Bodenstedt 1981,82 et pI. 7 Ph 65-66 [Pl. I, 7-81 (mars II s'agit d'une emission civique) et la "tete de satrapc" crrnsc a Pcrgamc, qUI pose des problemes d'idcnnfication ct de chronologie, infra p. 191. 196 Hamson 1982,27, emet des doutes sur l'idcntrficauon de l'archer comme representation rccllc (II s'agtt d'un portrait pour Babelon) ou mcmc mytlnque (Root 1979, 117) du RoJ. Elle penche pour une drvmrte perse C'est lil sans doute un faux debat en ee sens que le caractere ideologique de toute ermssion rnonctairc rend inevitable I'amalgame roi-dieu et que l'on a dQjoucr sur cette ambigune des l'cpoquc perse eomme ['on fait Alexandre et ses suceesseurs. Stronach 1989,255-278, conclut que nous semmes en presence d'une Idealisation du Grand ROi sur lcs siclcs ct les danques [du Grand ROI et non dun Grand ROI parucuhcr] 197 On cvoquera srmplement ICI la sene que Babelon 1910, 159-168 et 170-172 (PI. III, 8-9) attnbuc a Evagoras II : a Iavers, archer persc a droitc, au revers "satrape" a cheval il drone, Sa reconstruction histonque est fondec sur la presence sur certains exemplaires d'un 0 redouble iTraue. II, pI. 91. 17) qU'11 retrouve sur unc sene de monnaics de Sidon (e.g Traite, II, pl 121 1; ef. aussi Elayi & ElaYI 1993, p1. 20). II en conclut qu'une vaste operation navale est montee apartir de la Cane par Evagoras II ayant pour ambition la rcpnse en main de Chypre au nom du ROI (Drod 1642.6-9 pnvrlegie le role d'Idncus) Aprcs I'cchec relatif de celle-ci (Infra p 401) Evagoras aurait ete en quelquc sortc dcdommagc par le don de SIdon (Babelon 1910,591-596) qu'rl dorrune sculcmcnt durant trois ans (acceptation prudente d'Elay: 1989,219 , Elayi & Elayi 1993, 146).11 Ya bien cette rencontre des srgnes 0 o sur ces monnaies et ccllcs de Sidon, mars la majonte des exemplaires (e.g. PI. III, 9) eomporte un seul 0, qui peut etrc remplace par une tete dHerakles (PI. III, 8). De surcroit, s'tl s'agit bien d'une lettre, on sau qu'rl existe une lettre eancnne surulaire : Troxell 1984, 253 sq., qur apparait entre autrcs sur des monnaics attnbuccs hypothcuquement a Halicarnasse (legende Ac,O). On ne pcut done qu'etre dubrtauf devant la fresque lnstonque amsi reconstiruee (egalemcnt sccpuque Imhoof-Blumer 1901, 518 sq et pI. 23-24) On observera en effct que 1cs monnaics precitees se rencontrent en nombre dans Ie trcsor de Kalyrnna, IGeR 1216, dant la date denfouissement
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ete produites par l'atelier de Sardes et un nombre croissant de numismates pensent que les monnaies considerees comme royales ont pu, au moins pour une tres large part, provenir d'officines provinciales (Sardes et peut-etre meme un certain nombre d'autres ateliers occidentaux) 19S. A titre de contre-epreuve on observera la compositions des tresors monetaires. Jusque dans les annees 380, ces derniers comportent une forte proportion de monnaie attique 199 et dans une moindre mesure des sicles (essentiellement en Asie Mineure) et dariques (dans tout l'Empire) 200. Deux passages de Thucydide confirment l'usage qu'un satrape, en l'occurrence Tissapherne, peut faire de la monnaie : des drachmes
proposee par Morkholrn, ad loc., est circa 335 a.c. De tres sembIabies sont apparues reccmment sur lc marchc, e.g. v. Athena 1987, 149 (PI. 111,10). Ces monnaies proviennent du "tresor de Pixodaros" (Hurter 1998, 147-153, cf. sa pI. 32, 32-33, sans symbole secondaire), decouvert apparemment a Haliearnasse. Hurter 1998,151, met ce trcsor en relation avec la contre-attaque de Memnon, mais Konuk 1998, 169-173 propose la date de 341/340 dans la mesure ou il ne contient qu'une minoritc des series cruises par Pixodaros (dont le satrapat a dure seulcment six ans). II retient done une emission dans les annees 350-345 pour financer l'cxpcdition contre Chypre et Evagoras II comme autorite ernettrice. Ces monnaies appartienncnt manifestemcnt a plusieurs emissions successives et sont presentes dans divers trcsors deposes en Carie ou a proximite UCCH 1216; 1219; un nouveau "tresor de Pixodaros" mentionne par Konuk 1998, 170) mais aussi dans Ie tresor de Syrie CH 8, 158, sur lequel cf. Price 1993, 31-35 (d. pI. 9.7). 11 sagit done d'un monnayage relativement abondant et de longue duree dont les raisons demission nous restent encore obscures. Mildenberg 1993 ; 1998 (pI. 61.83-87) interprete ces monnaies comme le nouveau monnayage imperial sous Ie rcgne d' Artaxerxes 1Il. II parait difficile de leur attribuer une valeur aussi universelle mais la presence des lettres BA aussi bien sur des drachmes (pl. 61.86, 3,51 g.) que sur des tctradrachmes (pI. 61.87, 16,78 g.) plaide tout naturellcment pour une emission royale, c'cst-a-dirc au nom du Roi (infra). 195 En ce qui concerne Ie monnayage "imperial", Naster 1979, 599, obscrvait que les dariqucs et lcs sides sont presents en grand nombre surtout dans les tresors de l'Asie Mineure. L'idcc d'une frappe a Sardes a fait son chemin, cf. deja Schlumberger 1953,12-16; Kraay 1976,31-34; Carradice 1987,73-95; Moysey 1989, 126 n. 52. 11 n'cst pas exclu qu'aient pu fonctionner concurremmenr d'autres centres d'emission : pour Carradice 1987.92, il y a beaucoup de lieux de frappe pour les siclcs de la fin du V' siecle et plus encore pour lcs series du IV' siecle ; cf. aussi Carradice & Price 1988, 85 (Sardes, Daskyleion) et d' autres. A I'appui de cette hypothese les series tardives attribuees par Babelon a Memnon, dont on se demandera s'il s'agit d'un monnayage d'urgcnce ou de la continuation de pratiques anciennes: darique avec a l'avers l'areher perse agenouillc a droite, l'arc dans la main gauche, une lance dirigee vers Ie bas dans la main droitc (done un type bien eonnu) ; en revanehe la proue de navire est un unicum, du moins sur les monnaies d'or (Traite, II, 65-66 n'' 36 et pI. 87, 24 = PI. III, 4). Le theme traite ainsi que la lettre carienne e pourraient faire penser a Halicarnasse, au moment ou Memnon constitue sa flotte (mais cf. la note preccdentc), Le theme de l'avers identique a conduit Babelon iTraite, II, 129-134 n" 74; 76-81 et pI. 89, 6-14) a attribuer a Memnon des sides d'argcnt, dont Ie lieu d'crnission pourrait etre Ephcse : l'une de ces pieces porte Ie nom de f1Y8ArOPH[I] (ibid. n" 74 = PI. III, 5 = BMC Ionia, 323 et pI. 31, 1) qui est ionien et apparait par ailleurs comme celui d'un magistrat monetaire signant des monnaies civiques ephesiennes, Le revers en est malaiscment interpretable ( il parait fantaisiste d'y voir une carte de la region d'Ephese'). L'etalon est rhodien. Un exemplaire figure dans le "tresor de Pixodaros", Hurter 1998, 151 et pl. 32 n" 34, et cela confirme l' origine occidentale. Mais la date, et done l'attribution possible de cette serie a Mernnon, est fortement contestee par Konuk (note precedente). D'autres monnaies sont lcgendces t.H (PI. III, 6 = BMC Ionia 323, n02), mais selon Head lcs exemplaircs du British Museum pourraient avoir ete acquis en Inde et cettc hypothese d'une mise cn circulation sur les confins indobactriens ne saurait ctre rcjetec sans exarnen, d'autant qu'il apparait que certains excmplaires ont ete frappes apres la chute de I'Empire achemenide (cf. Imhoof-Blumcr 19(1). Schlumberger 1953,58-61, attribue a Alexandre ces series ainsi que les monnaies de "Memnon" precitees, Enfin un bronze tTroite. Il, n" 79) rcproduit les memes avers et revers, avec cette fois la legende BA(LIAEnI), cf. Imhoof-Blumer 1901, SIR et pi. 22. Est aussi attribuee a Memnon une monnaie connue en plusieurs exemplaires : SNC Tiibingen 2754 ; von Aulock 7810 ; BMC Ionia 323, n" 10 sq. = Traite, l l, n" 81, pl. 89, 14 = PI. 111,7) : avers Roi archer; revers petit carre indus dans un plus grand qui est dote d'un appendice, possible representation du Iabyrinthc, theme empruntc par la Carie a la Crete (sur les rapports Iabrys-Labraunda-Iabyrinthe, Laumonier 1958 s.v.). 199 au de monnaies imitees des monnaies athenienncs, cf. le tresor de "Cyrus", Weiser 1989 ; la monnaie a la chouette de "Tissapherne" (infra). 200 Carradice & Price 1988,85.
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attiques pour la solde des equipages 201, des "stateres dariques" pour Ie rachat des prisonniers iasiens aux Lacedemoniens 202. La mutation qui se produit au toumant du siecle, etsurtout a partir de 380, se caracterise par une profonde modification du contenu des tresors avec, en Cilicie au mains, l'indication explicite du satrape responsable de I'emission. Une fois constate ce phenornene, il est assez difficile de l'expliquer. G. Le Rider 203 propose pour la Cilicie une interpretation psychologique au diplomatique. II s' agirait de ne pas heurter les habitudes et les privileges existants. 11 reste toujours difficile de faire la demonstration de telles preoccupations. En tout cas, d'un point de vue pratique, la multiplication des centres d'emission civique au toumant des v e et IV e s. offrait plus de possibilites aux satrapes. II convient enfin de noter que les emissions satrap ales n'ont pas ete permanentes, que certaines absences parmi d'autres (Ariobarzane, Autophradates presents hypothetiquement par des series tres limitees) laissent penser, dans l'etat actuel de nos connaissances, que tous les satrapes n'ont pas eprouve la necessite de battre monnaie, peut-etre tout simplement parce qu'ils avaient acces a d'autres sources de numeraire (monnaie royale, monnaies des cites par exemple). Cette discontinuite a servi d'argument pour distinguer les Hekatornnides, dynastes indigenes, des "veritables" satrapes iraniens 204. Leurs series, couvrent toute la periode, d'Hekatomnos a Orontobates, elles sont relativernent abondantes mais rien n'assure qu'elles ant dure tout au long de leurs gouvemements respectifs 205. Si I'on considere Ie critere numismatique comme discriminatoire, doit-on considerer Orontobates comme un dynaste au comme un satrape, puisque ses monnaies ne sont en rien differentes de cclles de ses predecesseurs 206? Les emissions satrapales posent des problernes complexes et sont I'objet de controverses qui ne sont pas encore closes: - Les "tetes satrapales" sont-elles des portraits de satrapes? 207 C'est une verite d'evidence de constater avec M. C. Harrison que les seuls cas pour lesquels nous pouvons avoir quelque certitude sont ceux ou Ie nom du satrape/dynaste est explicitement mentionne sur la monnaie. Mais nest-ce pas pour autant un point de vue par trop hypercritique dans la 201 The, 8.29 ; Harrison 1982a, 112-122, conteste it juste titre l'intcrpretation generalement donnee de ce passage; pour elle il n'y a pas eu d'ernission specifique d'ctalon attique (il est question dans cc passage de drachmes attiques, ce qui est bien different) ct la monnaie it la chouette qui lui est associce depuis les conclusions de Robinson (infra n. 246) est en realite heaucoup plus tardive (d. infra p. 62). 202 The. 8.28.4. 203 Le Rider 1997, 164 sq. 204 Cf. par exemple Petit 1988, 317, citant Hornblower 1982, 155 : 'The Hekatomnids are unique at this date in issuing a regular, copious, dynastic coinage" ; corrigeons en passant I'intcrpretation crronce que Petit, ibid., donne de Hornblower 1982, 129 n. 194 (et pl. 36a) : nulle part ce dernicr ne parle d'une monnaie qui "montre Mausolc coiffe de la tiare perse" (apres avoir con sulte Ashton il la date des annees 340 ct done explicitement de la periode post-mausolienne ; pour unc autre interpretation, infra p. 485). 205 Konuk 1993, 231, sappuyant sur une observation de Hurter 1988, 15-18, crnct I'hypothesc que la plupart des tctradrachmes et draehmcs d'Idrieus ant ete frappes it la fin du regne de ce dernier (identite de coins avec Pixodaros) en liaison avec lexpedition vers Chypre de 344. Cf. aussi Konuk 1998. 206 Orontobates reprend lcs me me types que les satrapes autoehtoncs. 11 ne faut pas lui auribuer comme Ie fait Babelon, Traite, 11, n° 116, pl. 91,6, la monnaie qui porte certes it l'avers le Zeus caricn au bipenne mais figure au revers un archer perse deb out qui bandc son arc it droite. Pour des raisons d'ordre stylistique, Jenkins 1972, 100 n. 4 donne cette monnaic it Hekatomnos, Konuk (Istanbul) penche pour Mausole et la composition du "tresor de Pixodaros" (Hurter 1998, 152) semble lui donner raison. Cf. infra p. 145 n. 235. On pensera aussi aux series de dynastes lyciens, infra p. 31 1. 207 Cahn 1985, 587 sq. ;etendcrnicrlicu 1989,97-105.
SR
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mesure au un examen attentif permet d'individualiser a la fois des profils (avec une marge d'erreur qui doit toujours etre prise en compte), des traitements de tiare, dent Ie port semble avoir ete bien different selon les satrapes et peut-etre meme les lieux et les epoques. Quelques exemples eoncrets permettront de mieux poser les termes du debar. La publication recente de monnaies de Thernistocle, dont Ie revers indique par la taille du monogramme 8E une volonte certaine d'ostentation voire une preuve de megalomanic, montre que des Ie debut du ye s., contrairement a une idee assez universellement admise, existe un modele pour les dignitaires de l'Empire perse qui ont pu souhaiter se faire representer sur leurs monnaies. Le personnage represente barbu avec une coiffure souple ne peut guere etre en effet que l'Athenien lui-memo, mais dans sa fonction et son costume d'hyparque perse de Magnesie 20S. II parait de merne assez peu douteux que Tissapherne ait fait graver son effigie aAstyra en un "portrait" hellenise. Ce choix merne etait charge de toute une symbolique qui marque une rupture nette avec les autres monnaies du meme satrape ou ce dernier est coiffe de la tiare. Malgre le caractere aleatoire de telles identifications on ne peut que cons tater les traits de ressemblance avec les monnaies anonymes qui presentent au revers la chouette 209, la cithare 210 ou merne Yhekte de Phocee 211. En Lycie, les monnaies de Perikles 212, de facture deliberernent grecque, s'opposent presque. caricaturalement a celles de certains de ses contemporains qui optent pour une "tete satrap ale" 213. II n'est pas du tout assure pour autant qu'il convienne de chercher a identifier tous les "Perses" qui apparaissent sur les monnaies. Restons en Lycie pour opposer la monnaie Boston 2086 2 14 , ou il est bien tentant de voir en cet unique representation d'un Perse de trois-quarts face un veritable portrait du dynaste Kherei, a une autre du rneme dynaste 215 qui nous apparait plutot comme une image tres idealisee, au point que I'on peut se demander si nous n'avons pas affaire ici a une representation quasi abstraite du pouvoir perse. Dans Ie rnerne ordre d'idees, Pharnabaze ernet en Cilicie a son nom 216 des monnaies au certains ont cru reconnaitre son portrait coiffe d'un casque grec ; d'autres preferent y voir un Ares, dans la mesure au Datames reprend a sa suite la meme illustration pour ses propres monnaies 217. 20~ Cahn & Gerin 1988, pl. 2 n" 8 : a l'avcrs une tete lauree coiffee d'unc coiffure souplc, encadree des lettres 8 et E ; au revers les memes lettres liees en monogram me, dans un carre en creux horde d'un grenetis (PI. I, 2). On connaissait depuis longtemps un monnayage d'argcnt, didrachmes d'argent de poids attiquc, Traitc, II, n" 3840), col. 73-78 : a l'avers Apollon dehout ; au revers, aigle (") battant des ailes PI. I, 3. [J n'est pas sans interet de eonstater qu'il existe une emission Iourrce a ce type (au moins deux exemplaires eonnus) ; d. aussi Cahn & Mannsperger 1991, 199-202 qui identifient deux monnaies divisionnaires (tete harhue a l'avers ; aigle ou protome daigle au revers PI. I, 5·6[5 = SNe Tiibingen 2922J). Cahn souligne la ajuste titre combien ont ere varies les types emis par Thernistocle : par ex. avers chouette, revers monogramme ElE (PI. I, I). En dernier lieu, Nolle 1996 qui public un nouveau type (PI. I, 4). 209 Cahn 1985 a, (PI. I, 13 ; II, 11) ; Cahn 1986, 11-14 ; revers a la chouette, PI. I, 11. 210 PI. 1. 15. 211 PI. I, 9. 212 PI. VI, 6. m PI. VI. 4. 214 Reproduite par Sehwabaeher 1962, pl. 11,2; PI. VI, 1. Pour scn eonvainere on comparera SNe von Aulock 4176 (PI. VI, 9), de profil eette fois. [J sagit a levidence du rncme personnage. 215 Schwabacher, pl. II, 11: PI. VI, 2; exemplaire similaire, SNe von Aulock 4176 (PI. VI, 9). Schwabaeher observe a propos de eette monnaie qu'rellc donne l'imprcssion d'une representation convcntionnelle d'un satrape perse", C'cst aussi la seule sur laquclle le personnage porte un diadcrnc, 216 PI. IX, 7 ; 9-12. 217 PI. IX. 13.
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- Autre facon d'aborder la question: doit-on penser que tout personnage revetu d'une tiare est necessairernent un satrape? Pour H. A. Cahn 218 une telle coiffure permet d'identifier un personnage investi de l'autorite satrapale, merne lorsque la monnaie est "signee" explicitement par une tierce personne (e.g. le dynaste Iycien Kherei). O. Merkholm et 1. Zahle 219 montrent que I'usage de la tiare sur Ies gemmes, dans la sculpture est largement attestee et concerne des personnages d'origines diverses. Le port du diaderne qui I'accompagne parfois pourrait bien en revanche signaler des personnages invcstis de la dignite satrapale 220. II est par exemple remarquable qu 'une seule des monnaies Iyciennes ou le personnage est coiffe a la fois de la tiare et du diademe soit justement celie "idealisee" de Kherei evoquee ci-dessus. - Quel rapport doit-on ctablir entre monnaie satrapale et revolte? A la suite de E. Babelon 221, on a attribue a Orontes une frappe d'or a Lampsaque. Le choix du metal aurait ete Ie symbole d'ambitions considerables, voire meme d'une aspiration ala royaute. II s' agit la d'un point de vue indefendable, La monnaie de Lampsaque sinscrit dans les series d'une cite qui emet regulierement lor, par consequent la monnaie 11,15 n'est en aucune facon un hapax. Mais, meme lorsque l'or est plus exceptionnellement utilise, cest par exemple Ie cas de Pixodaros en Carie 222, on a plutot l'impression qu'il s' agit d'un monnayage de necessite. A partir de la, on doit se demander s'il existe des traces d'un monnayage insurrectionnel. On a allegue au moins quatre cas qu'il convient de reexaminer successivernent : Cyrus, Perikles, Orontes et en dernier lieu Datarnes. II est hors de doute que ces personnages se sont rebelles a quelque moment, mais on ne peut dernontrer de maniere irrefutable que les monnaies qu'ils ont emises l'ont ete dans ce contexte. On a recernment auribuc a Cyrus un monnayage imitant Ie monnayage attique (infra) mais on considere plutot comme "insurrectionnelles" les dariques frappees selon les caracteristiques habituelles, a cela pres que I'archer est represente imberbe. Le groupe est connu depuis longtemps; les exernplaires en sent relativement rares. Recemment I. Carradice, en reexaminant la composition des tresors contenant des sicles et des dariques, est arrive a la conclusion tres plausible qu'il convient de retirer ce monnayage a Cyrus 223. En ce qui concerne Perikles, ce dynaste a fort bien pu ernettre ses monnaies dans la peri ode ou il etait un dynaste loyaliste et, rnerne si son monnayage s'est poursuivi au dela de la "rupture", rien ne permet d'isoler les series correspondantes 224. Pour Orontes, Ie probleme est encore plus simple. A la suite de m Cahn 1975.84-91 ; 1989, 100. 219 Merkholm & Zahle 1976, 82-84.
Harrison 1982a, 81-93; cf. aussi von Gall 1974, 145-162; Bittner 1985. Babelon 1910,117 sq., suivi par Schlumberger 1953,22. 222 Infra p. 145. m Weiser 1989, 278 sq., attribue aussi a Cyrus des doubles siclcs d'argent cmis a Tarse (par Cyrus luimeme au le Syenncsis en son nom) avec a l'avcrs Ie cavalier perse a droite portant une tiare ; au revers, le peltaste gree agenouille (PI. VIII, 2-3). Ccs deux themes apparaisscnt aussi sur des monnaies satrapales de l'Asic Mineure occidentale (Tissapherne, Orontes, etc.). En revanche on ne voit pas tres bien ce qui autorise l'auteur IIdistinguer ces monnaies de celles emises par lc dynaste cilicien pour son propre compte, cf. e.g. SNG Levante 61 et infra p. 330 sq. Selon Weiser, lcs dariques au Roi imberbe auraient ete emises un peu plus tard en Mesopoiamie. Carradice 1987,77 et 87, propose une date antcrieure a l'epopee de Cyrus. Weiser 1989,281 et n. 70 (voir aussi sa pl. 19,22 ct 22A ; Traite, II, pl. 86, 16 = PI. III, 2), maintient sur ce point l'opinion traditionnelle, mais il semble eomprendre II contresens lc developpement de Carradiee. 224 Infra p. 353 sq. 220
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H. Troxell 225, tout le monde admet aujourd'hui qu'il [aut retirer a ce dernier la paternite des monnaies d'or de Lampsaque (comme de tout monnayage dans cette cite) ; les autres lieux d'ernission sont situes dans l' aire geographique de son gouvernement satrapique, la Mysie 226. Le monnayage portant les Iegendes BA, BAL, BALlAEQL doit etre considere comme homogene, meme si il convient peut-etre de deceler des series chronologiques 227. II n'y a done pas lieu de penser avec E. Babelon 228 qu'une partie de ces emissions est le fait d'Orontes revendiquant Ie titre royal. En ce qui concerne Datarnes, Ie monnayage frappe a Sinope s'inscrit dans le cadre normal des prerogatives du satrape 229. Reste Ie problerne des series ciliciennes 230. Si I'on continue avec R. A. Moysey et (plus dubitativement) A. Lemaire ales attribuer a Datames (contre l'opinion de M. C. Harrison), il convient aussi de s'interroger sur la periode d'ernission et, par la, sur les circonstances. R. A. Moysey 231 a soutenu que cela correspond a la peri ode ou le satrape est en etat de rebellion. Nous verrons plus loin que cette hypothese nest pas plausible et qu'il faut continuer a penser a une frappe Iiee a la preparation de la campagne en Egypte m .
Un grand nombre de satrapes ant frappe monnaie a partir de la fin du yc s. Pour s'en tenir aux monnaies comportant une legende, ou au moins une abreviation, permettant d'identifier avec plus ou moins de certitude l'autorite emettrice, on retiendra les noms de Tiribaze (en Cilicie) 233, Pharnabaze (a Cyzique et en Cilicie) 234, Datames (en Cilicie et a Sinope) 235,
Ces monnaies ont etc ctudiccs par Troxell 1981, 27-37 ; cf. aussi Moysey 1989, 123-125. Infra p. 151. 227 Weiser 1989, 290, date d'avant 395 lcs sculcs monnaies it la legendc BAL ; ec qui exclurait l'auribution it Tissaphcrne de la monnaie it la cithare (PI. I, 15) et de celles it l'archcr perse (PI. I, 16). Cela pose de facon eonnexc la question diffieile it tranchcr des dates d'utilisation de l'etalon rhodien ; cf. Weiser 1989, 287-288. Infra p. 125. 22R Babclon 1910, 113-114. Babclon dcvcloppe lit une argumentation assez spccicuse pour dcmontrcr que la rneme lcgende cst la preuve de la fidelite de Tissapherne it l'egard du Roi et de la volonte de Orontes de revendiquer Ie titre royal. Pour Schlumbcrgcr 1953, 22. "la monnaie d'or non royale ... manifeste apparcmment I' insubordination". 229 Sinope: Babclon 1910,415-416; 422; Imhoof-Bliimer 1901,6 et p1. 1,5; ef. Harrison 1982a, 164; 263 sq. et catalogue, p. 466; Moysey 1989, 121 sq. (infra p. 113) ; SNG Black Sea 1446-1447 A (drachmes et obole). PI. Ill, 13-14. 210 Infra p. 359-363. 2,1 Moyscy 1989, 108-119. 2:\2 Le Rider 1997, 167, ne croit pas plus que nous aux monnayagcs de "revolte" des satrapes. m Babclon 1910, 379-390 (infra p. 336). 214 Traite. II, pI. 108, I (et col. 389-392); Franke & Hirmer 1966, pI. 200; Cahn 1975,85-86 (Abh. 4); Harrison 1982a, 158 n. 71 : monnaies it legende
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Mazaios 236, Orontes 237, Autophradates 238, Spithridates 239 et enfin Cyrus 240. Les senes attribuees a Tissapherne sont nornbreuses, certaines sont sures, d'autres moins 241. D'autres candidats possibles sont souvent cites (Ariobarzane 242, Pissouthnes, etc.) et l'on notera qu'il existe un assez grand nombre de monnaies anepigraphes dont l'attribution reste douteuse. Beaucoup de numismates soutiennent que les series marquees au nom du Roi avec au revers la cithare, la chouette, l'archer perse 243 ont ete emises par Tissapherne. Si l'on doit admettre avec M. C. Harrison qu'il y a quelque subjectivite ales attribuer plutot a tel satrape qu'a tel autre, il n'est pas pour autant invraisemblable de penser qu'il s'agit bien du rnerne personnage 244. De futures decouvertes viendrant sans aucun doute encore modifier le tableau dans la mesure ou les dernieres annees ont ete particulierernent fecondes en ce domaine. Les monnaies au "satrape irnberbe" ont fait couler beaucoup d'encre, certains, tels M. C. Harrison veulent y voir une representation divine (Attis?). Nous praposons d'attribuer ces series au debut de l'anabase d'Alexandre 245. Infra p. 412-414. Infra p. 151 sq. ; PI. II, S-I2. m PI. II, 21, legende OATA, a l'avers, tete imberbe coiffcc de la tiare; au revers tete de cheval bride a droite. Dcpuis la lecture du nom watapradata dans les inseriptionslyeiennes il parait encore plus probable que nous avons iei Ie debut du nom d'Autophradates. Mais duqucl s'agit-il? La facture de la monnaie plaiderait plutot pour une date basse et done pour l'attribution aAutophradates (IT) sueeesseur de Memnon au eommandement de la flottc aprcs la mort de ee dernier. Selon Babclon cette trihcmiobole aurait etc frappcc a Kyme iTraite. II, n" 67, p1. 88, 27 = BMC Ionia 327 n" 20 et pI. 31, 13). Dans lc merne sens que nous Weiser 1989, 295 sq. Moysey 1989, 125 sq. cvoquc aussi la possibilite de l'equation OATA = Autophradates, mais il pense au satrape des annees 380-36 La monnaie de Phocee Ph. 10 I (PI. I, lO) est attribuee par Bodenstedt a Orontes. Mais Ie flan ne porte qu'une seule lettre : A. On pourrait penser a Autophradates ; en notant eepcndant que to utes Ies autres monnaies de Phocee semblcnt devoir etre considerees eommc civiques (infra p. 64). Celle-ei etant la seule qui ne soit pas anepigraphc. La monnaie SNG Tiibingen 2755 est auribuee a cc satrape mais sans raison decisive. Lc revers est comparable a ccux de Kyrnc, PI. 11,16; 19-20. 239 Sur les monnaies de Spithridates, cf. infra p. 154. Elles figurent dans de nombrcux repertoires: Babelon 1910, 125-128 pl., 89, 1-5 ; BMC Ionia 327, 19 ; SNG Cop. 1538 ; von Aulock 1823 ; Tiibingcn 2756, cf. PI. II, 16-20 pour celles qui sont effectivernent legendees, Comme le note Babe!on, iI ne peut s'agir que du satrape. Malgrc Cahn 1989, 101, il ne saurait y avoir d'hesuation avec Ie subordonne rebellc de Pharnabaze. Weiser 1989, 295 sq. donne a Spithridates Ie statere d'or de Lampsaque (l'exemplaire illustrc, PI. II, 15 = Gulbenkian 689). Dans Ie mernc sens Cahn, loc. cit. 240 Infra p. 62. 241 Ensemble des monnayages, assures ou non, de Tissapherne : Cahn 1985,591 n" 5-12 (ef. infra p. 125127). 242 Cf. la monnaie de Kcbrcn, vente Pegan 23 fcvricr 1991 n" 40 (PI. 11,13). Des raisons de vraisemblance font penscr a Siphridatcs (plutot qu' 11 Zcnis cornme Ie propose Lazzarini 1986, 30 sq.) pour des monnaies sirnilaires (dou SNG Miinchen Troas 284-285). Nous attribuons a I'cpoque d' Alexandre d'autres monnaies de cette cite. 241 PI. I, 11 ; 15-16. Le poids de eette dcrniere rend I'attribution ineertaine. 244 Harrison 1982a, 100-103, peut faeilement rclever les variations, on pourrait presque dire les modes, en ce qui cone erne lcs attributions de ces diverses monnaies. Ajoutons qu'un certain nombre d'autres exemplaires restent de toute facon "anonyrncs" ; quelques exemp1cs : SNG von Aulock 7636 (PI. III, 11) ; Harrison 1982a, 124 sq.), a l'avers tete de satrape avec tiare et diadcme ; au revers la ehouette et les lettres BA, bronze donne com me de Ja premiere moitie du lye s. et a Sigeion a cause du revers [eel a est bien ineertain] ; la monnaie Traite, II, n" 673 et pl.l l j , J3 (= PI. III, IS) : avers archer perse a droite, revers bouquetin a droite, a ete attribuee a Ariarathes par Babelon, a Artagnes par Robinson 1936, 196 ; a Artimas par Bivar 1961, J 24- J25 (cf. Harrison 1982a, 183- J84) ou encore la monnaie Weiser 1989, pI. 18 n° 17 (p. 270 n. 17), PI. III, 20. La nature et l'initiateur du monnayage peuvent cgalement faire I'objet de eontroverses mcrne si le nom du personnage est eonnu. C'est Ie cas dune mannaie de bronze, 1,28 g (done au plus lOt au tournant du yc et du IY' S. ; Mildenberg 1998, pI. 59.44, la date du milieu du lye S.) h'gendee fAMEPIOY pour laque1le on a propose des interpretations trcs contradictoires mais peu assur6es: Schutz 1992,114; Nolle & No1le 1996; ef. Briant 1997, 19. 245 Cf. infra appendiee 5. 236
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II est certes tentant mais dangereux de chercher it associer des faits historiques connus par ailleurs it ces emissions satrapales. Le fondement de telles attributions est souvent bien tenu, meme lorsqu'il apparait it premiere vue comme tres seduisant. Depuis la publication faite par E. S. G. Robinson 246 on mettait en relation avec la solde des mercenaires de 412 Ie tetradrachrne qui porte au revers la chouette d'Athena et les memes elements secondaires qu'a Athenes mais avec la legende BAL remplacant AGE; it I'avers un tres beau "portrait" 247 de satrape identifie par Ie premier editeur de cet unicum comme Tissapherne lui-meme. M. C. Harrison 248 apporte la preuve qu'il est impossible de dater cette monnaie des annees 410 alors que pour sa part W. Weiser 249 suggere une date entre 401 et 395, conservant ainsi I'attribution it Tissapherne 250 mais supprimant tout rapport avec ce que dit Thucydide en 8.29. Ce merne W. Weiser edite 251 une serie de tetradrachrnes d'argent imitant Ie monnayage d'Athenes, Sur ces derniers apparaissent divers signes secondaires : tete de "satrape" sur la joue d'Athena, tete de "roi" sur les serres de la chouette, les lettres A(\eph) et K(af) qu'il identifie comme les initiales de Atrtaxerxes) et K(yros). II pense qu'elles ont ete ernises en 407 en fondant les cinq cents talents remis par Ie roi it Cyrus pour mener la guerre contre les Atheniens 252. Le karanos ayant toute Iiberte dans la disposition des fonds. Alors, s'agit-il d'un monnayage royal? d'un monnayage satrapal? Si l'on accepte la lecture et la signification proposee par W. Weiser pour les lettres A et K, il faut bien conclure qu'il est it la fois I'un et l'autre. Tout ce qui precede demontre l'existencc de quatre categories d'ernissions monetaires en Asie Mineure : ~ Monnaie royale 253. ~ Monnaie satrapale. ~ Monnaie des dynastes. ~ Monnaie civique 254. On n'a pas toujours tente de repartir nctternent les emissions entre ces ensembles, peut-etre parce qu'il convient simultanement d'observer qu'ils doivent etre concus plutot en terme d'association que de dissemblance, en quelque sorte comme quatre cercles partiellement secants: ~ On isole certes une monnaie royale, mais die est frappee it Sardes, et probablement ailleurs, donc par l'autorite satrapale dans la mesure ou Ie satrape est en meme Robinson 1948,48-55; Kraay 1976,74; Franke & Hirmer 1966, 184 (PI. I, II). Fittschcn 1988 ("Tissapherne" it la chouette, pI. 28 n" 1 ; Phamabaze, ibid., 2, etc.). 24K Harrison 1982a, 112-122; ef. it titre de comparaison ies emissions faites en Egypte apparemment en 402, it un moment oil il n'y a pratiquement pas d'cmissions it Athcncs, Lipinski 1982, 23-24. 249 Datation Weiser 1989, 284 sg.: il propose non pas 412/411 ct Milct mais une date comprise entre 401 et 395, en particulier it eause des choueues, imitation de monnaies d'Athcnes irouvccs dans Ie merne tresor et gui presentcnt bien des similitudes avec lcs series egyptiennes prccitees. 2,Il Weiser 1989, 283 sq. Ce dernier "lit" mcmc [Tl]IIA sous Ie eou du satrapc it l'avcrs de ectte monnaie ; d. sa pI. XIX, 27 A (grossic 7 fois) pour sc faire une opinion. 2S1 P. 267-269 et pI. XVI-XVIII. (PI. I, 17 et 18 = Weiser, Taf. XVII, 1 et 6). 252 Supra p. 43. 2SJ Cf. PI. TIl, 1-3 et surtout Airam 1993,23-50. 254 Dandamayev 1972, 45, distinguc guatre niveaux: des monnaies d'or royales, d'argent satrapalcs, d'argent provincialcs avec les memes symboies gue la premiere categoric, cnlin les monnaics locales. 246
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temps karanos ou quelque chose d'equivalent. Si l'on pousse le raisonnement a son terrne, les monnaies portant la legende BALIAEQL (en entier ou abregee) devraient etre percues comme des monnaies royales 255, cest ce qu'indique explicitement la legende, au meme titre que sides et dariques. A cet egard la monnaie I, 16 apparait comme exemplaire : a I'avers une tete satrapale mais au revers, outre la legende "du Roi", c' est bien le roi archer qui est represente avec dans le champ une "triere" qui montre sans ambiguite a quelle fin ce monnayage a ete frappe. - En ce qui concerne les liens entre monnaie satrapale et monnaie royale, il est possible de relever l'utilisation en partie au moins des memes ateliers, une destination identique, dans plusieurs cas une legende qui fait explicitement reference au Roi enfin des emprunts iconographiques. - Pour ce qui est de la relation entre monnaie satrapale et monnaie des dynastes, on peut les rapprocher par l'iconographie, les lieux d'emission et, particllernent, par les fonctions et les etalons (les monnaies des Hekatomnides peuvent etre definies comme situees a l'interface des deux groupes 256) avec aussi I' utilisation de themes proprement perses. - Entre monnaie satrapale et monnaie civique sont communs les ateliers, les etalons (par exernple Ie passage simultane a l'etalon rhodien), I'iconographie (des revers en particulier) 257. TJ est evident que les satrapes se servent de l'infrastructure des cites pour frapper leurs monnaies (ateliers en activite, graveurs, savoir-faire traditionnel) 25R comme Ie feront Alexandre et les souverains hellenistiques. Dans un certain nombre de cas, on constate une volonte de s'inserer dans des series civiques preexistantes : lorsque Tissapherne emet a Xanthos, il choisit d'illustrer ses monnaies avec une Athena coiffee du casque attique, theme iconographique Ie plus frequent sur les monnaies de la cite, avec la legende Arfina (= Xanthos) ; sur I'autre face, Ie "satrape" acheval et Ie nom de Tissapherne en lycien : s'agit-il d'une emission satrapale ou d'une emission civique? La presence du nom de Tissapherne semble plaider pour la premiere solution de merne que la decouverte d'une monnaie aux themes identiques, mais dans cet exemplaire (en bronze et non en argent) Ie nom de Tissapherne est en grec et Ie traitement graphique de l'Athena bien different. H. A. Cahn 259 penche pour un atelier mysien proche d'Astyra. Cette decouverte tendrait a montrer que les deux monnaies font partie d'un "programme" ideologique de Tissapherne mais dont les realisations ont ete adaptees aux conditions locales. Des monnaies au nom de Datarnes sont ernises a Sinope, a l'avers la nymphe Sinope, au revers un aigle tenant un dauphin dans ses serres avec L'.ATA, L'.ATAM, L'.ATAMA se substituant a la legende LINQ qui figure sur les series civiques, tout en conservant la merne iconographie me me s'il n'y a pas a ce jour
Dans le meme sens Mildenberg 1998, 281. Cf. le point de vue exprime par Konuk 1998, 188-199, qui considere les emissions hekatomnides comme sporadiqucs comme Ie sont aussi pour lui ccllcs des cites (it lexception peut-etre dEphcsc), 257 Cf. Harrison 1982a, 190: "The single clear pattern which emerges from the foregoing list of diverse coin types and weight standards used by the Persian issuers is a pattern of close adherence to the customs of the particular area in which they were minting". 258 Cela parait etre Ie cas des Hekatomnidcs it Milct et de Datames 11 Sinope (Contra Konuk 1998). 259 Cahn 1985,589 n° 4 (Mysie); 591 n° 12 (Xanthos). Hurter 1979, 100, pense que cette monnaie a ete emise par la cite; contra Harrison 1932a, 394, qui retient Tissaphcrne lui-rneme. 255 256
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d'identite de coins averee 260. R. A. Moysey 261 a mis en doute qu'il s'agisse d'un monnayage satrapal. C'est lit une position paradoxale dans la mesure ou Datames est loin d'etre le seul "Perse" a avoir appose son nom sur des monnaies emises dans I'atelier de Sinope 262. Dans bon nombre de cas nous n'avons pas de legende mais seulement un "portrait", par exemple a Phocee, et I'hypothese la plus vraisemblable est qu'il s'agit alors d'un monnayage civique 263. A titre de comparaison, notons que Mytilene 264, a un moment qu'il importe de definir, ernet parmi des illustrations tres varices de revers une tete satrapale. II est tentant de penser que l'occasion historique est la liberation de tout le couloir paralien de la domination spartiate par Pharnabaze et Conon apres la bataille de Cnide, Nous aurions done bien ici une representation de Pharnabaze (d'autant quia l'avers, Athena casquee parait bien evoquer Conon), mais en soulignant que dans ce cas il ne peut s'agir d'autre chose que d'une emission civique en remerciement de la "liberation" de la cite. En guise de premiere conclusion, I'apparition de monnaies isolees a "tete satrapale" peut manifester toute une gamme de liens entre satrape et cite sans qu'il faille obligatoirement envisager un episode historique de domination. En revanche, a Lampsaque, une fois retirees it cette cite diverses emissions d'Orontes en argent et en bronze 265, il n'en reste pas moins que le monnayage d'or it tete de satrape 266 pose problerne si lion veut y voir une emission civique dans la mesure ou il y a plusieurs coins qui se distinguent les uns des autres par des details de gravure. Orontes etant exclu, Ie satrape sous l'autorite duquel elles ont ete ernises reste fort incertain 267. La question pourrait etre aussi etudiee sous l' angle du partage des fonctions entre monnaies satrapales et civiques. K. Konuk 268 fait observer qu' it I' exception de la periode initiale les Hekatomnides ont frappe les grosses divisions d' argent laissant les cites emettre le bronze it usage local. Observons a ce propos que I'un des apports les plus considerables de ces dernieres annees a ete I'apparition en grand nombre de fractions (Cilicie, Carie) qui arneneront it reconsiderer pour partie la signification du monnayage satrapal. - Les monnaies des dynastes et les monnaies civiques partagent la fonction, l'etalon, le caractere local, I'iconographie, les ateliers. 260 Konuk 1998, 71 et n. 132, observe quil ny a aucune identite de coin entre monnaies civiques ct series de Datamcs ; que ccs dernicres sont de facture mediocre et presentcnt une unique subdivision (obole) : SNC Black Sea 1447 A (PI. III, 13), inconnue dans lc monnayage eivique. Il conelut it une frappe it Amisos et non it Sinope dapres Ie Ps.-Arist., tc., 2.2.24a ou dans un atelier militaire, Cf. infra p. 358 n. 424. 261 Moysey, 1989, 121 sq. Contrairement au point de vue de Konuk 1998, Moyscy croit pouvoir etablir des rapprochements ctroits entre les monnaies it legende IlNQ et celles lcgcndees !lATAMA, il propose de conclure que routes ont ete frappee par la cite. La presence eonjointe du nom du monetairc sur certains exemplaires (e.g. PI. III, 14) confirme ee point. 11 est en effet bien probable que toutes ont ete frappees dans la cite, mais les monnaies aux memes types a legende aramccnne frappces ultcricurement (note suivante) mettent hors de doutc qu'il s'agit d'unc emission satrapale. 262 Mithropastes, Orontobates, Hydames etc. Cf. Harrison 1982a, 164-167; 1982b, 181- J94; memes doutes de Konuk 1998 it propos du lieu de ces emissions. CL infra p. 113-114. 263 Bodenstedt 1976, 69-7.5 et dans son ouvrage de synthese, Bodcnstedt J985, identific plus ou moins vraisemblablemcnt : le predecesseur de Pissouthnes (mais cf. infra p. 36), Tissapherne (infra p. 127), Orontes (rnais cf. infra p. 152). Nous ajoutons Alexandre (infra p. 482). 2M Bodenstedt J985, My 71 (PI. II, 3). 265 Infra p. J52. 266 Infra p. 345 n. 324. 267 Weiser 1989, 296, et Cahn 1989, 101, proposent Ie nom de Spithridates (PI. 11, 15). C'est I'hypothcsc que nous retiendrons. Mais d' autres suggcrent Artabaze, on pourrait aussi penser a Ariobarzane. 268 Konuk 1998. 195.
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- Enfin, pour revenir a notre point de depart, on remarquera que le monnayage civique comporte les marques du loyalisme au Roi ou a ses representants, une reference implicite ou explicite al'Empire (iconographie, etalon), Pour apprecier l'importance quantitative des monnaies satrapiques, il faudrait procedet a une etude systematique du materiel et mettre en regard les resultats avec ceux obtenus par Ph. Kinns 269 pour les monnaies civiques. On constate a priori les memes disparites puisqu'on peut opposer par exemple aux abondantes series ciliciennes les emissions beaucoup plus rares en Asie Mineure occidentale. Le monnayage satrapal remis en situation, tant du point de vue historique que strictement nurnismatique, meriterait une nouvelle etude globale 270.
4.4. Pouvoir satrapal et politique religieuse 271 L'un des secteurs ou un Btat "interventionniste" manifeste le plus evidemment son activite est le domaine religieux. Or, il parait d' emblee difficile d' affirmer qu'il y a une veritable politique religieuse du pouvoir central 272 au sens ou on pourrait I'entendre pour des Btats modernes et cela rnalgre la phrase de Berose 273 qui attribue a Artaxerxes II la volonte d'introduire Ie culte d' Anahita dans diverses capitales dont Sardes 274. On a certes constate depuis longtemps la large diffusion du culte d' Anaitis, mais il parait bien plus probable qu'il convient de la lier a la colonisation 275 dans la plupart des cas (e.g. en Lydie de l'Est) 276. A contrario, s'il y avait une volonte politique a valeur universelle, on devrait rencontrer de nombreuses traces du culte de Ahura Mazda. Or, on doit enregistrer l' absence totale de reference epigraphique ou litteraire directe ace dieu (sanctuaire, culte, etc.) 277. On ne trouve sa representation ernblematique que sur des sceaux inexploitables historiquement si l' on n'en connait pas la provenance 278, pour ne pas dire la date, et surtout pour la peri ode qui nous occupe sur les monnaies de la seule Cilicie-?". II est loin d'etre assure que le reglernent
Kinns 1989. 189-193. Cf. aussi Konuk 1998. Cf. aussi la conclusion de Carradice 1987.93 : "Certainly there is still much more work to be done on Achaemenid 'regal' (croeseid, daric and siglos) coinages and on the many 'local' (satrapal and city) issues produced within the empire". 271 La question vient detre vigoureusement recxarninee pat Briant 1998b. 272 Gnoli 1975,117-190; Dandamayev 1975, 193-200; Briant 1986,425-440; 1996,695-698,1024-1027. 273 Cite par Clement d' Alexandrie, Protreptique, 5.57.3. 274 Briant 1986,431 : "Ia decision prise par Artaxerxes interesse exclusivement l'cthno-classe dominante unie par scs croyances et ses traditions ainsi que par leur commune dependance it legard du Roi" et plus loin "11 me parait donc exclu de conclurc quavec Artaxerxes la politique achernenide cvolue dans Ie sens de lintolerance religieuse''. IJ reprend ce dossier en 1996, 698 sq., en retenant l'idee qu'il sagit de "souder plus encore autour [d'Artaxerxes] la diaspora perse imperiale". Gnoli 1975, 129 et Boyce 1982, 203-4 conclucnt qu'il sagit 111 d'un moyen de contrer I' action de Cyrus en Asie Mineurc. 27S Infra p. 196 sq. 276 Diakonoff 1979, 139-189; Briant 1982,458-467 ; Debord 1986, 85-91. 277 Notons quelques traces probables de sa survie sous sa forme hellenisee I'.ti Ileporov en Phrygie, sur Ic territoire de Nakoleia, Drew-Bear 1978,48 n" 25; en Lydie it Kula, TAM, V, 1,267: I'.t1 Ilcpon. Noter lc plus vague Ouoi.; Ileporov, infra p. 76. 278 I1 est rcpresente sur certains sceaux de Daskyleion (ef. par exemple Balkan 1959). 279 Infra p. 336 et e.g. PI. VIII, 8. A noter cependant Ie tres beau pectoral proven ant d'une tombe de la region de Kula qui est conserve au Musee d'Usak (email cloisonne, it rapprocher de la plaque de harnais trouvee it Samos, Parayre 1989,45-51). 269 270
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du culte de Zeus de Baradates doive etre associe a cette problematique no. En effet cette inscription fait certes mention d'un Zeus Baradato. L. Robert propose de traduire Ie dernier terme par "legislateur", ce qui sappliquerait parfaitement a Ahura Mazda, mais Fr. Gschnitzer suivi par P. Frei fait observer 281 que Ie second terme est presque assurernent un genitif et que I'interpretation probable doit etre Zeus de Baradates, com me nous avons dans Ie Pont un Men de Pharnakes, Done un culte introduit ou protege par un notable perse non identifie par ailleurs 282. Les grands sanctuaires asianiques ont sans aucun doute ete l'objet de l'attention des autorites perses au point meme que de facon tres durable leurs pretres ou principaux administrateurs ont pu etre dotes de noms perses (par eponymie du premier titulaire?). Le cas du Megabyze d'Ephese a ete analyse depuis fort longtemps 283. Rappelons I'anecdote concernant Ie depot fait par Xenophon a I' Arternision et restitue par Ie miocene 284 aScillonte ou l' Athenien avait fait amenager un "modele reduit" du sanctuaire ephesien. Le Megabyze vient lui rendre son bien a l'occasion d'un voyage a Olympie. A premiere analyse, cela pourrait impliquer qu'il etait alors issu dun milieu grec ou cornpletement acculture. Ce fait parait contradictoire avec I' assertion de Strabon 285 selon qui les Megabyzes sont des pretres eunuques que les Ephesiens recrutent "ailleurs" (rXAAax68£v) et auxquels ils accordent de grands honncurs. II n'y a pas lieu de douter de la qualite de l'information de Strabon puisque sa source est Arternidore d'Ephese. Ces deux informations sont compatibles seulement si l'on admet qu'Ephese a ete un creuset, un carrefour dinfluences et qu'il ri'est en rien contradictoire de porter un titre iranien, d' etre originaire des regions interieures de l' Anatolie mais d' etre eduque a Ephese et de nouer la des liens de proxenie avec des Grecs comme Xenophon ou les dirigeants de Priene, V. Sekunda 286 pense qu'une evolution a eu lieu sans pour autant que le nom iranien de Ia fonction soit supplante par un autre. II met en parallele la situation de Pessinonte ou en 198 287 deux pretres galles s' appellent Attis et Batakes. Le second nom apparait encore en 102 288 . II suggere qu'il s'agit comme a Ephese de noms pris au moment de I' accession au sacerdoce, Les ternoignages directs concernant I' activite civile des satrapes ne sont pas si nornbreux, mais la plupart dentrc eux concernent la religion et il semble bien que le role du satrape cornrne "lcgislateur" ou "fondateur" ait ete important. Encore faut-il bien sentendre sur Ie sens a donner aces termes. La question sinsere naturellement dans Ie debat plus general autour du theme "Zentralgewalt-Lokalautonomie" initie par P. Frei 289 et il sest Robert, 1975,306-330; cf. Briant 1997,76 et infra p. 367 sq. Frei & Koch 1984,20 sq. (Cf. Gschnitzer 1977 et Chaumont, 1990, 579-6(8). En dernier lieu Briant 1996. 1027; 1998,205-228. 2H2 Cf. infra p. 367-374. Si nous avons raison de penser que cc Zeus a ete associe prccoccmcnt aArtemis et quelle qu'ait ctc la perception du dieu par 1cs maitres de Sardes (inevitahlement, me semble-t-il, avec une reference implieite a leur propre divinitc majeure), on explique plus aiserncnt quil soit plus tard percu eomme Ie Zeus Polios. 2SJ Benveniste 1966, 108. 284 Ce titre figure par exemple dans I'inseription de Prienc l. Prienc, 3 qui daterait du debut du IIJC s. scion Crowther 1996,233. (mais cf. infra p. 444). 285 Str. 14.1.23. 2H6 Sekunda 1991, 135 sq. 287 Polybe 21.37.5. 288 Plut., Martus, 17.5-6 ; Dim!. 36.13.1-3. 289 E.g. Frei 1996.37-113. 280
2Hl
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nourri ces dernieres annees des interpretations contradictoires proposees pour la Trilingue de Xanthos 290 et qui debouchent sur des propositions beaucoup plus theoriques sur le fonctionnement general de l'Empire. Beaucoup de postulats sont fondes sur la derniere ligne du texte grec : I11~6:l1;apo<; 8£ KUplO<; E01CO. L'editeur de la version ararneenne, A. DupontSommer 291 est un bon representant de l'opinion selon laquelle Ie satrape est maitre de tout; il conclut quil existait une sorte de direction des cultes, tant a l'echelon central que dans chaque satrapie 292 et une interpenetration du politique et du religieux par I'introduction sollicitee d'un dieu carien en Lycie. P. Briant propose une toute autre lecture des versions grecque et lycienne qu'il considere comme Ie versant "civique" 293: il sagit d'une fondation cultuelle, a bien des egards proche de celles inventoriees par B. Laum 294, a une nuance (importante) pres, la decision est prise ici par la cite de Xanthos. Notons done deja que nous avons affaire a une decision politique, au sens etymologique du terme, consistant en la creation d'un culte poliade. Partant du postulat qu'il paraissait difficilement admissible que toute decision a caractere religieux de la cite ait ete au prealable soumise pour avis au satrape, P. Briant 295 concluait qu' il s' agissait d'une decision sollicitee par les Xanthiens. Reprenant la question dans un article recent 296, il reinterprete la derniere mention "et que Pixodaros (en) soit maitre" comme portant seulement sur l' arbitrage en cas de contestation dont il est question dans le passage immediatement antecedent. On doit etre d' accord avec lui sur la nature et ia construction du texte. J' ajouterai cependant cependant une idee mainte fois exprimee 297: le controle satrapique (comme eventuellement celui du pouvoir central) s' exerce a posteriori 298. Pour le reste tout est affaire d'interpretation. P. Briant conclut que "le satrape de Carie et Lycie n' etait pas directement ni personnellement concerne par l'institution d'une nouvelle fondation cultuelle a Xanthos" et il accorde I'initiative a la cornmunaute locale. II me parait alors necessaire de sinterroger sur la marge de manoeuvre des Xanthiens. Ces derniers sont subordonnes au satrape de Lycie, probablement a l'un des archontes, et a I'epimelete de la ville (gouverneur civil et militaire?) 299. Ce sont la les caracteristiques d'une VIlle sujette, dautant plus controlee qu'elle etait une residence administrative, dotee d'une garnison. P. Briant souligne les elements qui demontrent I' importance de ce culte pour les autorites xanthiennes. II est bien clair que le Basileus Kaunios et Arkesimas sont installes comme synnaoi theoi de Leto : il est fait mention de dispositions pour la pretrise, les revenus affectes et nullement d'un temenos urbain 300. Inieressons-nous aux divinites concernees, si nous ne savons rien d' Arkesimas, il nen va pas de me me en ce qui concerne Ie Basileus
Metzger et al. 1979. Dupont-Sommcr 1979. 168-169. Cr. encore Grzybck 1998,229-237 parmi beaucoup d' autres. 292 Contra Boyce 1982, 267. 293 cr. supra p. 3 J . 294 Laum 1941. 295 Briant 1986, 436. 296 Briant 1998b, 305-340. 297 Supra p. 26. 298 Lc fait pour Ie satrape detre une juri diction dappel et celui qui tranche en dernier ressort, lui confere unc position emincntc, y compris dans Ics debars internes dcs cites, it titre de comparaison, d. le role de I'heliee athcnicnne it linterieur de l'Empire. 299 Cf. infra p. 174 (voir aussi Bernard 1998,342-347). soo Contra Metzger 1979, 33 et 38 ; implicitement 1992, 25. 29U
291
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a.e.)
Kaunios. Son nom apparaissait dans l'inscription du Pilier inscrit de Xanthos 301 it I'epoque du gouvernement de Tissapherne mais la nouvelle interpretation de ce passage par H. C. Melchert montre qu'il y est seulement question dafficher un texte important dans son sanctuaire it Caunos et non de l'introduction de ce culte au v- s. it Xanthos. Cela demontre qu'il s'agissait d'une divinite de premier plan, Ie plus important dieu masculin de la cite, le Maitre de Caunos 302, divinite primordiale de cette cote meridionale de I' Anatolie, represente probablement par Ie betyle figurant sur les monnaies civiques (K. Konuk). Or deux faits meritent d'etre releves : la presence de ce meme culte a Cos 303 et la forte implication des Hekatomnides it Caunos 304. Tout cela me parait confirmer que l'introduction du culte it Xanthos n'etait pas un fait anodin mais bien un acte politique significatif quel qu'en ait ete l'initiateur (la cite, une faction, I' administration concernee en sous-rnain). On rappellera aussi l'intervention de Droaphernes, hyparque de Sardes, dans Ia reglementation du culte de Zeus de Baradates, de facon aeviter la contagion avec les cultes de Sabazios, Ma et Angdistis 305, SOUS peine de souillure ; celle de Gadatas dans I' affaire des jardiniers sacres du sanctuaire d' Apollon pres de Magnesie du Meandre 306 OU le representant du Roi est rappele it l' ordre pour son zele intempestif 307. Le sacrifice de Tissapherne a I' Artemis d'Ephese (Thucydide 8.109.1) parait relever du domaine de la piete personnelle. On sait par ailleurs que le satrape choisit d' ernettre une partie de son monnayage sous Ie patronage d' Artemis Astyrene mais c' est a coup sur le satrape qui est concerne es qualites dans I' acte de reconnaissance de I' asile de Dionysos Bacchios par Idrieus au nom d' Artaxerxes 308. Merrie chose pour I'inscription provenant de Sekkoy que publie W. Blumel w'. L'affaire concerne la delimitation d'un territoire, peut-etre dans la premiere annee du regne de Mausole (restitution possible de EKTCm au debut du texte). Sont can cernes Zeus OCiOYCDA,A,l;, les Mylasiens ainsi que I' arche des gens de Kindye, un pretre qui recoit (au doit recevoir) une somme en stateres. Puis vient une liste de representants de poleis (appartenant evidernment au koinon des Cariens) 310 qui servent de garants. Le texte doit etre rapproche d' un document similaire, connu depuis fort longtemps 311. Toujours en ce qui concerne les Hekatornnides, on doit se demander a queI titre ils menent leur politique religieuse en Carie: en tant que representants du pouvoir central et/ou par leur statut de 301
302
TL, 4, c dans I'mterpretauon du texte proposcc par Melchert 1993, 31 (infra p. 312) A comparer avec la posiuon du Baal de Tarse: et Ie sens qu'rl convient de donner au terme Baal (infra
p. 88 n 41). Paton & HIcks 1891, 109 n° 53. Infra p. 258. 305 Faut-il y voir quelque allusion a une rerruse en ordre consecutive a la revolte de Datarnes? Infra p. 373. Lecture d.ffercnte du document par Bnant 1998 (infra appendice 4) 306 SylL.J, 22. Boffo 1978, d. p 267-303 ; 1983,63 sq 307 A comparer avec les prescnptions de Esdras, 7.24 "Nous faisons savoir pour taus Ics pretres, lcvites, serviteurs de ce sanctuaire qu'rl n'est perrms dc lever sur eux ru impot m redevance, ru tnbut" 3118 Robert 1936, n° 96 ; Hornblower, 1982, M4 , infra p. 136 309 Blumcll990, 29 sq. pense que cette stele ainsi que la suivante sont des pierres errantes et proviennent de Mylasa En reahte Ie heu de decouverte est un sue anuquc Important acropole, forufications depoque classique, tresor de monnaies rhodiennes. autres mscnptions dont plusieurs milliaires. Un nom possible, Kasolaba, qUI n' est pas situee avec exactitude mars doit etre placee au nord de Kerarnos, 310 Infra p 178 L'appointement du pretre, la delnrutauon d'un domame sacre invitent a rapprocher ce texte de la Tnlmgue de Xanthos. 311 IK, 34-Mylasa, 4 303 304
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basileus des Cariens? On pensera par exemple it I'autel d' Aphrodite it Mylasa 312 consacre par Hekatomnos ainsi qu'a la longue serie de travaux et aux dedicaces qui leurs correspondent it Labraunda et Sinuri 313. Autre mode dintervention, la fondation. On pensera au possible cas de Pharnakes (sanctuaire de Men de Pharnakes), sans qu'on puisse decider s'Il sagit d'un satrape de I'epoque de Cyrus ou de Pharnace lef 314. II convient de rappeler dans la rneme region le sanctuaire d' Anaitis (accornpagnee de deux divinites secondaires) 315, fondation perse apres une victoire sur les Saces. On rapprochera Ie comportement de Themistocle it Magnesie, ou it est decrit comme fondateur d'un temple it la Mere des Dieux Dindyrnene 316. II intronise sa fille Mnesiptolema comme premiere pretresse de ce culte. De rneme, si I'on accepte une hypothese proposee precedemment 317, la famille sacerdotale de Labraunda est issue d'une branche cadette de la famille des Hekatomnides, II n'y a pas dans ce cas fondation mais recuperation d'un tres ancien culte dont Ie titulaire est Ie "second apres le roi" (ou le satrape).
5. LES
PEUPLES DE L'EMPIRE PERSE
Dans ce qui precede I'accent a ete mis sur la presence administrative perse dans les provinces et les rapports avec Ie pouvoir central. Parmi les titres que le Roi s'attribue figure celui de Xsaya8iya dahyiiniim "roi des pays". L'Empire perse est en effet constitue d'une mosaique de peuples tres divers. II convient donc de se demander quelle perception avait le pouvoir central des populations dorninees ou meme plus simplement quelle en etait la description proposee. Nous sommes confrontes it deux types de documents dont la genese est apparemment semblable mais que la mise en parallele amene it distinguer voire meme it opposer: Ies inscriptions perses et la longue description par Herodote des nomes de l'Empire it completer par Ie catalogue militaire du livre VII. Malgre les divergences, il convient d'emblee de souligner I'irnportance de la notion de "peuple" qui se retrouve aussi bien dans les listes perses (dahyu) que chez Herodote (ethnos).
5.1. Les listes perses
318
Les seuls documents dont nous disposons sont les inscriptions que Darius (surtout) et Xerxes ont fait graver en divers points de leur Empire. Elles remontent aux annees 521-477 et sont donc assez largement anterieures it la periode envisagee dans cet ouvrage. Elles donnent des listes de peuples-pays (dahyu) 319, peuples primordiaux integres dans des ensembles plus m IK, 34-Mylasa, 4 : W](J)f10D Tijt 'A
Infra p 386. Infra p. 89. 315 Str. 12.3.37 ; cf. 11.84. 31" Plut., tne«. 30 117 Debord 1969, 383 sq , 1982, 330 n 5 318 Junge 1941, 12, Walser 1966,27-50. Cameron 1973,47-56; Roaf 1974, 73-160, Herrenschrmdt 1976,33-65; contra, Frye 1977,75-78; cf aussi Kellens 1983, 143-150. 319 Lecog 1990, 131, 139, 133 "le mot dahyu peut s'apphquer a toutes sortcs de peuples. quelle qu'en sort la taille ou l'rmportancc, son cmploi n'est jusufie par aueun cntere lmguisnque, ethnologrque ou pohuquc . II suffit qu'un groupe humam SOIt percu comme homogene pour former un dahyu" ,cf 1997,130-153. 313
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vastes, les satrapies, et qui sont Ie plus souvent l'instrument de leur cristallisation. Mais notons deja que les documents perses representent (au sens fort, cest-a-dire aussi iconographiquement) la propagande du pouvoir imperial pour affirmer la grandeur, la variete et l'extension geographique de l'Empire 320. Enfin, merne s'il convient de conserver aI'esprit la necessite d'une elernentaire prudence dans la mesure ou ces !istes n'ont nullement vocation a etre un inventaire objectif du pouvoir perse, il n'en reste pas moins qu'elles semblent suivre l'actualite, integrant les conquetes, passant sous silence les regions perdues ; ces variations ont ete un element determinant de datation pour certaines d' entre elles. Pour nous en tenir a l'Asie Mineure, nous retrouvons dans chacune des listes Katpatouka (la Cappadoce) 321 et Sparda (Sardes, c' est -a-dire la Lydie) 322. Les modifications concernent les autres peuples, c' est-a-dire essentiellement les Grecs et les Scythes: a - Dans la grande inscription de Bisutun (DB), qui remonte aux annees 520 (avant la conquete de l'Indus et l'expedition contre les Scythes), on trouve les tayaiy drayahyd C"ceux de la mer"), Sparda et Yaund. On doit y voir lequivalent des trois premiers names herodoteens. En effet, comme Ie pense R. Schmitt 323, les tayaiy drayahyd correspondent ala Phrygie gouvernee depuis Daskyleion ; bien que cela ait ere affirme longtemps par une majorite de savants, il est peu probable que "ceux de la mer" soit une reference a Chypre au aux insulaires, cela pour plusieurs raisons: - Si les habitants de Chypre doivent etre indus, ce peut etre aussi bien sous Ie vocable Yaund, puisqu'ils sont qualifies de Yamani (comme d'ailleurs les Ciliciens) dans les textes assyriens. - Dans les listes posterieures (par exemple a Persepolis, DPe), "ceux de la mer" sont associes logiquement a "ceux au dela de la mer", dahyiiva taya paradrahyd, dont tout Ie monde admet qu'ils ne peuvent faire reference qu'aux peuples d'au del a du Bosphore, comme les Saka paradrahyd de DNa ou les Yauna paradrahyd de XDaiv. - La liste des peuples qu'Herodote situe dans Ie troisieme nome commence par cette formule curieuse, "ceux des Hellespontins que I'on a a droite en penetrant en bateau (dans cette mer)". Ce nome a done pour Herodote une connotation maritime evidente. - Cette tradition d'appeler "gens de la mer" les peuples de l'Hellespont se retrouve dans la definition du pouvoir d'Artabaze vers 478-477, 0aLpanll:; ~a0tAE(o:; Ent T01::; 8aAa00D Eev£0tV 324. - Encore a l'epoque de I'expedition d'Agesilas en Phrygie, donc en 395, I'auteur anonyme des Helleniques d'Oxyrrhynchos 325 designe la region de Daskyleion sous Ie nom de Phrygie napa8aAanloto:;.
32(1
Cf Toynbee 1954,588-590, Cameron 1973,47-56
m Herzfeld 1968, 311-312 322 Cf en derruer heu Balcer 1984. Un livre Ioisonnant au contcnu beaucoup plus vastc que nc l'indiquc le titre Un certain nombrc d'affirmauon paradoxalcs. 323 Schmitt 1972, 522-527 Contra Balcer 1988, 18, mats nous pensons quc l'opnnon de Schmitt est la bonne, d'une part parcc que lcs arguments de B. sont pour unc part specieux (uulisauon crroncc de Hdt. 7.74, etc.) d'autre part it cause de l'unportance ancicnne de Daskyleion (au moms it l'epoque de la dormnation lydrenne) qui en faisait l'un des pnnclpaux centres pohuques de l'Asic Mmeure OCCidentale 324 Ps.- Thcrmstoclc 165, cf. infra p 93 n. 90 m Hell Ox, 17 3
EMPIRE PERSE ET SATRAPIE
71
- Enfin, il est impossible de rendre compte du passage du Periple du Ps.-Skylax 326 mentionnant les cites d'Eolide qui sont dites E1rt 8aAcX1:1n (alors que pas plus Kebren que Skepsis ou Neandreia ne sont situees sur la cote ...) si I'on n'oppose pas l'Eolide appartenant a un "ensemble maritime", au reste qui est appele plus loin TO KcXTCD, "le bas" (cf. infra ~). ~ - Dans l'inscription de Persepolis, DPe, nous trouvons quelques annees plus tard (environ 515-513), Sparda, les Yaurui tayaiy u.skahya, les Yaund tayaiy paradrahyd, comme nous I'avons vu "Ioniens maritimes" et les dahvdva tayaiy paradrahyd, "peuples d'au dela de la mer". Deux differences remarquables : - Des peuples non precises mais nouveaux, en qui on s'accorde a voir Ie resultat de l'expedition scythique de Darius avant les conquetes de Megabaze et I'organisation territoriale qui s'ensuivra. Ce qui permet de placer ce texte autour de la date admise pour l'expedition contre les Scythes. - Deux autres peuples designes comme "Ioniens", c'est-a-dire Grecs, ce qui correspond mieux a une realite percue directement par le Roi en campagne. En ce qui concerne les loniens du pays uska, terme qui est malheureusement un hapax et que l'on traduit par "du sec/du creux/ de la plaine", il faut comprendre que c'est la notion que les Grecs transcrivent par le terme KcXTCD, Ie "bas" 327, que les choses soient considerees depuis le centre de l'Empire ou meme de Sardes. y - Nous retrouvons un cadre similaire dans l'inscription de Suse (DS), un peu posterieure, qui mentionne desormais Iskudurru (= Skudra), la Thrace 328. Egalement les Ioniens de la mer et les loniens pres de la mer. Cette derniere definition est moins precise que uska mais clle dolt recouvrir la meme realite. 8 - L'inscription de Suez (DZ), anterieure a 493, parait suivre l'actualite puisque les Ioniens en revolte n'y figment pas, a la difference de Skudra et de Sparda. £ - Dans l'inscription du tombeau de Naqs-i-Rustam (DNa), qui date des dernieres annees du regne de Darius, l'accent est mis sur les conquetes recentes : sont mentionnes avec plus de precision les Saka paradrahyd; les Scythes d'au dela de la mer, Skudra, done la Thrace, les Yauna takahara qui doivent correspondre aux loniens porteurs de petase de DS, il s'agit des Macedoniens, Apparaissent aussi !'Ionie et les Cariens, Karkii 329, etant donne la position de ce peuple dans la liste on a parfois propose d'y voir les Cariens deportes en Mesopotarnie apres la revolte de 493. II n'y a cependant pas lieu de douter qu'il s'agit bien ici de la Carie. Lcs Caricns sont fondamentalement percus comrnc un peuple maritime et sont lies par consequent en un meme concept aux peuples similaires des zones meridionales.On note en revanche l'abscnce remarquabJe des "Ioniens maritimes". F - L'inscription de Xerxes (XDaiv) montre une derniere transformation. Nous voyons Sparda, Skudra ct Karkd ; les Macedoniens ont disparu, ce qui doit impliquer une Ps.-Skylax § 96 et 98 (YIuller) infra p 74 Infra p 121 n. 50 m Balcer 1988, 1-21 329 Sur la question en general, Ellers 1935, col 201 sq. ; Bnant 1996,402-406. Sur la "spatrahsanon" de la hste de Naqs-i-Rustam, cf. I'mterpretation interessante de Goukowsky 1978, 222-224. [] convicnt sans doute d'acccpter sa rcparuuon en trois cerc1cs concentnques, sauf sur un point qUI concerne justement Karka . Goukowsky mtroduu ee peuple dans Ie second eerc1e, or I'ordre adopte Ie place logiqucmcnt dans Ie cercle cxtcncur avec des peuples consideres mamfestemcnt eomme penpheriques (Scythes, Grecs d'Europe) , ce n'est pas de notre propre conception geographlque dont nous devons tcrur compte mars bren de cel1e des Pcrscs Cctte locahsauon 126
327
L'ASIE MINEURE AU lye s. (412-323 a.C.)
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date posterieure a 479 ; en revanche figurent les loniens de la Mer et ceux au dela de la Mer; done les peuples des deux rives de I'Hellespont. Par consequent l'absencedu peuple Yauna seul, ou avec les precisions apportees en ~ ou y, suppose que ce qui reste de l'lonie a ete integre dans l'ensemble Sparda, tandis que la majeure part de la region a echappe aux Perses pour adherer a la Ligue de Delos, naissante, alors que la Thrace et I'Hellespont sont testes provisoirement sous influence perse. Cappadoce
Behistun Db (c. 520)
X
Phrygie Hellespontique Tayaiy drayahya "ceux de la
Sparda
lonie
X
Yauna
X
Yaunatyay Uskahya (Kato)
dahyava tya paradraya "peuples au-deli! de lamer"
X
ceux pres de la mer
Ioruens porteurs de petase
X
X
Europe
Cane
mer"
Persepohs OPe (515-513)
X
Yauna tyay drayahya
Suse Ds
X
X
Suez Oz (avant 493)
X
[-1
Naqs-i-Rustam DNa (apres 493)
X
XOmv (apres 479)
X
X
X
X Grecs au-deli! de la mer
X
5.2. Les names herodoteens La situation administrative de l'Asie Mineure a la fin du ye s. est toujours interpretee par reference a l'organisation de l'Empire perse qu'Herodote attribue a Darius ler. Dans une longue digression qui rompt avec le fil du recit, il donne une description administrative de l'Empire avant de rapporter un certain nombre d'aspects geographiques ou ethniques. L'Empire perse est, selon lui, partage en vingt nomes qu'il enumere en commencant par l'lonie 330. Cette liste ne saurait etre dissociee du paragraphe qui la precede 331 et lui sert d'introduction, Herodote y indique que les nomes sont appeles par les Perses eux-rnemes des satrapies, a la tete desquelles sont places des gouverneurs. Les tributs sont determines avec comme base les peuples ; le montant en est fixe en metal precieux et autres prestations. Nous verrons plus loin que beaucoup de modernes ont emis des reserves sur ce paragraphe, en
n'est peut-etre pas sans Importance pour la suite du debat : la Cane est-elle ou non une satrapie ordmaire? La tonalite "maritrme" de la Cane dans les hstes perses a ele soulignee par Herzfeld, SUIVI par Herrenschrmdt 1976, 54 n. 28. Rappelons Ie role de cette provmce dans les armees perses, toujours concu en liaison avec une flotte. 330 Hdt. 3.90-97. 331 Hdt. 3.89.
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EMPIRE PERSE ET SATRAPIE
particulier pour l'equivalence affirrnee des termes nome et satrapie. La description herodoteenne fournit done trois types d'informations : I) Une liste de vingt nomes dont on constate qu'est absente la Perse, par definition non tributaire. 2) Une description des "peuples" que l'on trouve dans chaque nome 332. 3) Le montant du phoros. L'Asie Mineure est repartie en six nomes. Les trois premiers sont designes ailleurs 333 sous les noms de Ionie, Lydie, Phrygie. PEUPLES
PHaROS
Ioruens, Magnetes d' Asre, Eohens, Canens, Lycrens, Milyens, Pamphyhens
TIs versent au total un pharos de quatre cents talents babylorncns 334
II
Mysrens, Lydiens, Lasornens, Kabalecns, Hytcnnecns
cinq cents talents.
TTl
Hellespontms d 'Asie, Phrygicns, Thraces d' Asie, Paphlagoruens, Manandyruens, Syriens 335
trois cent soixante talents
NOME
TV
Ciliciens
336
TIs versent un tnbut de Clllq cents talents dargent (dont cent quarante depenses sur place pour la cavalene garrusarre) mars aussi des prestations en nature: trots cent soixante chevaux blancs
XTTl
[Pactyike 1337, Armerue 338 et peuples voisins jusqu'au Pont Euxm 339
quatre cents talents
XIX
Mosques, Tibarernens, Macrons, Mossyneques 340, Mares
trois cents talents
Examinons Ie cas de quelques uns des ethne susdenomrnes : Magnetes d'Asie II s'agit assurernent de la region dont Magnesie du Meandre 341 est le centre. Un grand nombre d'indices invitent a penser que Ie role de cette ville, et de la region a laquelle elle donne son nom, a ete sous-estime par les modernes 342. Le site ancien (non repere) doit etre 332 A noter Ie fail que dans ces trois premIers names, le peuple pnncipal (Magnetes, Lydiens, Phrygicns) ne vient qu'cn second, apres des Grecs au des peuples plus helleruses. 333 Hdt. 3.127 ; en 3.120 Ie troisierne nome est appele V6~IOS EV L'.uaKUAElqJ. 334 Rapprocher 3.89 et 90 (Murray 1966, 149) Sur les modahtes du systeme tnbutarre et avec une analyse du texte herodoteen, Descat 1985,103-107 (sp. 104). Malgre une opiruon parfois soutenue, II convient d'accorder quelque credit a la definition fourme par Herodotc du tnbut percu par les Perses Pour la perception sur des nongrecs, d. SvIl.3, 22. 135 Pour l'rdenufication de ces "Syriens" infra p 85 n. 11. 336 Aucunc mdication sur les peuples autres que les Cihcrcns. Cetle province ctait probablement vaste a l'ongme (infra p. 318) 337 Sur l'mcongruue de cctte mention, infra p. 86. TI ne peut etre ICI question d'autre chose que de la Cappadoce-Katpatuke. 338 Hewsen 1983, 125-143. 339 Cf. Legrand, CUF, 141 n. 4. 340 Cf. p. 79 Sur les Mossyncques, Debord 1994, 56 341 LeWiS 1977, 103 n. 77 , Andrewes, III Gomme et al 1981, 118.
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L' ASIE MINEURE AU TVe s. (412-323 a.C.)
recherche a la base nord orientale du mont Thorax, avec comme limite septentrionale la riviere Leteos, affluent du Meandre 343. Au moment de la campagne de Thibron sa localisation a change 344. II n'y a pas lieu de s'etonner 345 si Herodote 1.142.3-4 ne la mentionne pas dans la liste des cites ioniennes justement parce qu'elle constitue une entire a part.
Eoliens En ce qui concerne l'Eolide, le texte le plus interessant est celui du Ps.- Sky lax 346 : § 96 'EV'tEU8EV 0' AioAlS xoopa KaAE1'tal. AioAlOES OE reOAEtS £V a1nn eiciv £rel 8aAanD' KE~PllV, hll\lftS, Nccvdpsux, Ilerisux, reapareAous
ana
Cf SyIP, 22; Hdt 3.122.1 ,The 8.50.3 w Cf Highbargcr 1937,91 ; Bean 1966,206 sq ]44 Cf infra p 236. 345 E g Boffo 1983, 31 346 Ps -Skylax § 96 ct 98 (Muller), reeditc par Courullon 1986-1987, 56 347 Ai.OAt1cijC; Muller (SUlVl par Peretu) Cette correction asscz violentc ne sirnpose pas II existe en effet un lndeipedion bien aueste it la tors par lcs monnaics ct les hstes cphebiqucs de Pcrgamc ct Apollorns C'cst dans cctte region quest fondce ulterteurement Stratomcee du Carque (Robert 1962,43-71). 345 Cf. 1a note de Courullon ct aussi Stauber 1996, 151 . ,Ix KeJ.'(j) Muller. 349 Les corrections des noms propres ne sont pas mdiquees lorsqu'clles etarenr evidentes 350 Suprap 70-71. 151 Cook 1973.288 Cf aUSSI Xen., Hell., 3.1 10. J5] Infrap 121
EMPIRE PERSE ET SATRAPIE
Mysiens
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354
Nous verrons que cette region n'est pas entierement contra lee par les Perses, en grande partie 3 cause de son relief. Ses habitants font des incursions dans les satrapies voisines et Pharnabaze doit Iutter contre eux 355. Selon I' auteur des Helleniques d'Oxyrrhynchos, 16.1, dCH yap ol nOAAot ,ON MUCiWV au[,ovollOl Kat] ~aCHAECJ)~ OUX {JTCaKOUov,£~. II y a un satrape de Mysie en 362/361 356, mais il ne doit y avoir coincidence que partielle entre la partie insoumise et celie dont le centre se situe plus 3 I'ouest, autour de Pergame et qui atteint la cote. La chaine de l'Ida au nord-ouest et celie de l'Olyrnpc au nordest marquent les !imites traditionnelles de la region. On sait 357, qu' apres avoir tenu une partie des rives du golfe d' Adramyttion, les Mysiens ont ete refoules plus 3 I'interieur, En ce qui concerne Ie Mont Olympe, il parait etre une limite de la Mysie dans Ie catalogue militaire d'Herodote 358. Cependant il convient de noter que la region de Kios est unanimement attribuee a la Mysie 359. Cela souligne la complexite des situations: faut-il penser que la Mysie s'etend politiquement jusqu'a la Propontide, entrainant une discontinuite du troisierne nome (comme c'est certainement Ie cas pour Ie deuxieme)? C'est ce qui semble ressortir du Ps.-Skylax 360 qui nous indique qu'est phrygienne la region qui sur la cote s'etend de Kios a Antandros alors que celie qui va d'Olbia (plus tard Nicornedie) 3 Kios est mysienne. Cela permettrait aussi d'expliquer Ie passage si sou vent compris 3 contresens de Diodore concernant la basileia de Kios. 36]. Or tout ce que l'on peut voir de la description de la region par le Ps.-Skylax coincide remarquablement par ailleurs avec les informations fournies par Herodote. Une deuxierne hypothese consisterait 3 penser que les Mysiens du nord de l'Olyrnpe reievent du deuxieme nome. En tout cas la region de Yalova reste bien percue comme mysienne et ses habitants se revendiquent merne comme des Mysiens "originels" 362 de la periode hellenistique 3 I' epoque imperiale avancee.
Milyens L'une de ces zones qu'il est difficile de classer 363, la plupart du temps consideree comme la partie nord-est de la Lycie. Cependant Arrien 364 affirme que la Milyas est une partie de la Grande-Phrygie qui aurait ete rattachee sur ordre du Roi 3 la Lycie. Pour lui ou plutot pour sa source il s'agit probablement de la Grande-Phrygie d'Antigone. L'ordre "du Roi" ri'est assorti daucun contexte chronologique datable. C'cst un nouvel exemple des variations des res sorts territoriaux qui jalonnent I'histoire de l'Empire. II est piquant de constater que les decouvertes archeologiques recentes dans la plaine d' Elmah (3 Bayindrr) demontrent I'influence (et le controle politi que?) des Phrygiens sur ce territoire vcrs les
Cf. notre contnbution au colloque Origtnes gentium (sous presse). Xen .• Hell.• 3.1 13 ; An. 1.6.7; 9 14.2.5 13.3.2.23 . M,5m . 3.5.26. l56 DlOd. 15.903; cf infra p 149 sq. 357 Ps.-Skylax 98. m Hdt 7.74 359 Hdt. 5122; Xen .• Hell. 1.4.7; Hell. Ox. 173 360 § 93 et 96 Cf. Xen . Hell .. 1 47. 361 Diod. 15.90. infra p. 99 sq 362 Cf. Zeus Pratornysicus dans l'mscnpuon Robert 1949.35 sq. (= IK. 32-Apamcla Buhyrncn, 114) ou encore 1c damos des Pratornysiar, Corsten 1991.81. 3(,3 Hdt. 1 173.777 164 Amen, An . 1.24.5 1\4
355
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L'ASIE MINEURE AU IVe s, (412-323 a.c.)
VIlle-VIle s. a.c. 365Si l'on se refere a Strabon 366 il est possible d'avoir une description assez precise des contours de cette region qui confine aussi ala Pisidie 367. Lasoniens-Kabaleens 36R On se demandera si les Lasoniens sont simplement la partie d'origine meonienne, c'est-a-dire lydienne, des Kabaleens 369 ou si les deux termes sont synonymes comme cela semble etre le cas dans un autre passage d'Herodote 370 relatif a l'equipement des contingents de l'armee perse. Ces Kabaleens habitent le pays de Kibyra, au nord de la Lycie, comme le dit Strabon 371 : "On rapporte que les Kibyrates sont les descendants des Lydiens qui prirent possession de la Kabalitide et plus tard des Pisidiens voisins qui s'y installerent, transportant la ville dans un autre site d'acropole tres fortifie ...". C'est a cette merne ambiance lydienne qu'il convient d'attribuer la monnaie imperiale de Kidrama au nom et a l'effigie de Zeus Lydios (ce particularisme, ou du moins le souvenir que l'on veut en garder, se perpetue done fort tard). L. Robert 372 donne de bonnes raisons de situer cette cite dans la region de Tabai ou [plutot] de Kibyra. Le rapport entre la Lydie et les Kabaleens est encore confirme par la presence en Lydie d'une KaUaA1lYWv Ka'tOlKla373. De la I'idee que la raison qui a preside au decoupage du deuxierne nome herodoteen est bien que tout s'organise directement ou indirectement autour de l'ethnos lydien en fonction de son expansion historique. Kibyra forme une tetrapole avec Boubon, Balboura, Oinoanda 374. Notons que la region a continue a etre marquee de l'empreinte des Perses bien apres leur retrait, c'est ce que montre par exemple l'inscription tardo-antique trouvee a Acipayam dans la plaine de Karayiik Bazar au nord ouest du lac Kabalitis 375, ou sont mentionnes les GUOl 'EAA~VCOV Kal TIEpClWV. L'hellenisation de la region ne saurait commencer avant l'epoque hellenistique au plus tot 376. Hytenneens "Les Etenniens habitent les montagnes de Pisidie au dessus de Side" 377. Tout comme la Mysie, la Pisidie et la Lycaonie sont donnees comme exemples de pays rebelles 378 et paraissent echapper souvent au controle perse 379. Pendant la campagne de Cimon, les Pisidiens sont reputes hostiles aux Perses 380 et Pharnabaze mene plusieurs actions contre les Mysiens et les Pisidiens 381 ; la Lycaonie est consideree par Cyrus comme un "pays 365 Mitchell 1990, 87 sq. MISS Melhnk (cornmumcauon orale) propose dc trouver des influences phrygiennes dans le celebre tumulus de Karaburun (infra p. 186). 366 Str. 12.3.27 ,7.1,13.4 17; 14.39 367 Cf.Bean 1%0, 76-80 et surtout Hall 1986, 142-145. 36R Masson 1984. 139-145 369 Cf. la note de Arkwnght 1914,64 sq. 370 Hdt. 7.76. 371 Str.134.16-17. 372 Rohert 1954,214. m Signalce par Buresch 1914,126-127 et 167, cite par Robert 1954,215 n. I 374 Cf. Ruge 1919,1394-1395. 375 Pubhee par Robert 1978,277-286. 376 Sur la region, cf. Naour 1980 177 Polybc 5 73 orthographie 'E~EVV£i; merne graplue (ETENNEQN) sur des monnaics datces par Hill du IV e S (cf. BMC Lycw, p. CXIX) , infra p 317. En revanche Herodote ecru 'Y~£VVE£S Cf. en dcrnicr lieu Nolle 1992 m xen , An., 3.2.23. 37 Cf. Xen., Mem., 3.5.26. 3S0 DlOd 1161. 3H1 Xen., Hell .. 3 1.13 Q
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ennemi" 382 ; des Pisidiens sont au cote d'Aspis de Cataonie 383, ces memes Pisidiens agissent contre Datames 384 etc.
Hellespontins d'Asie Plus exacternent, "les habitants de l'Hellespont que I'on a a droite en entrant dans cette mer". La suite des evenements montrera que la Troade et une partie de l'Eolide appartiennent a deux gouvernements distincts. Antandros est souvent mentionnee comme se trouvant aux limites et la "frontiere" parait avoir ete l'objet de frequents conflits.
Phrygiens Si I'on s'efforce de reunir et de confronter les differents passages ou Herodote nom me la Phrygie on doit enregistrer le fait qu'en 1.72 la Phrygie est decrite com me s'etendant jusqu'a l'Halys (ce fleuve separe les Phrygiens des Matienes) ; quen 5.49 il mentionne les Phrygiens continentaux (
Thraces d'Asie Ceux qui habitent la Bithynie 388, jusqu'a Olbia.
Mariandyniens Ce peuple est bien connu par de nombreuses mentions chez les auteurs anciens. Il est installe dans l'arriere pays d'Heraclee du Pont 389.
5.3. Une possible synthese? - Vingt nomes. - Trente neuf dahyu (en fait, de vingt-trois a trente et un selon les listes). - Soixante treize ethne. Cette simple enumeration doit nous convaincre que ces trois categories ne traduisent pas des realites stricternent identiques. Que sont les dahyu par rapport aux deux autres entites? Pour s'en tenir a l'Asie Mineure occidentale, la mise en regard d'Herodote et de la synthese des inscriptions perses (cf. le tableau) montre que la comparaison doit etre faite
xs», An., 1.2.19. Cornelius Nepos, Dat., 4.4. 3S4 lbid , 6.1. 385 Sans etre peut-etre aussi precis que Ramsay 1895, 85 ou Jones 1940, 51 et 73 qur considerent que Kydrara est ensuite appelee Hydrela. 386 Cf. Xen., An., 1.2.6 , Str. 134.12-13 m Infra p. 155 m Cf. Hdt 775, Ps.-Sky1ax § 92. Sur cette region au rv-s., Debord 1998,139-143. 3S9 Debord 1977, 48 sq 352 383
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plutot entre nome et dahyu. Pour tenter d'expliquer pourquoi Ie nombre des dahyu est plus important, i! convient de noter que ces listes ne visent sans doute pas a etre des documents administratif's. 11 s'agit bien plutot de montrer la variete, Ie nombre, la dispersion spatiale des peuples domines. Par la, elles recoupent assez largement ce qu'aurait pu ctre une Iiste de satrapies dont il convient tout aussitot d'observer qu'elle ne prend veritablernent tout son sens qu'apres les reformes de Darius Ier, le premier a jeter un oeil de kapelos 390 sur son Empire. Les divergences proviennent aussi du fait que sont places la sur Ie meme plan des entites comme Sparda et Katpatuka, mais egalement les Scythes et d'autres 391 qui ne reIevent manifestement pas du rnerne type de controle. Ces derniers appartiennent aux peuples "peripheriques" sur lesquels on connait, toujours seion Herodote, Ie jugement porte par Ies Perses a la suite des Medes : "lis estiment entre tous apres eux-rnemes les peuples qui habitent le plus pres d' eux ; en seconde Iigne, ceux qui sent au second degre d'eloignernent ; puis, graduellement, ils mesurent leur estime en proportion de la distance ... Du temps de la domination des Medes, les peuples de l'Empire exercaient merne une domination l'un sur I' autre : les Medes, qui avaient le commandement d'ensemble commandaient a leurs plus proches voisins; ceux-ci aux peuples limitrophes; ces derniers a ceux qui venaient ensuite ; cela se faisait d' apres Ie merne principe selon lequel les Perscs accordent leur estime ; car il y avait de peuple a peuple gradation dans le commandement et l' autorite deleguee" 392. Cette definition, certes theorique, eclaire Ie passage en 3.89 oil Herodote decrit Ie mode indirect de rattachement a l'Empire pour certains peuples. "II [Darius jles [Ies phoroi] fixa pour chacun des peuples, annexant aces peuples leurs voisins et, au dela des voisins irnmediats, repartissant entre eux les autres peuples plus eloignes", Elle justifie aussi la composition des nomes qui pourrait nous apparaitre dans certains cas comme assez anarchique. Prenons l'exemple du deuxieme nome. Le noyau est constitue par Ie peuple principal qui est celui des Lydiens, La raison tient a des facteurs historiques et ethno-gcographiques : la puissance ancienne de Ia Lydie est ainsi reconnue et aussi Ie fait que les peuples secondaires ont des liens ethniques ou "coloniaux" avec les Lydiens. Les Mysiens qui constituent Ie "second cercle" sont un peuple important. lis sont pen;;us comme les parents et meme des colons des precedents 393. Les autres peuples appartiennent au troisieme cercle : nous avons vu plus haut 394 que les Lasoniens-Kabalcens etaient reputes avoir une me me origine ethnique que les Lydiens. Done, I' important ce n'est pas tant la geographie que les peuples. II n'est me me pas assure que la Lydie et les Lasoniens aient une frontiere commune strictement definie (la Carie 395 et la Phrygie ne semblent guere laisser de Hdl. 3 89 Thraccs, Macedorueus, cf Balcer 1988, 1-22 m Hdt 1.134 mHclt.7.74;ef.1.!71 Dehord1985,347 30)4 Supra p. 76. 395 A moms qu'a cette cpoque eette region natteigne pas vers l'est des contrecs qUI seront considerees commc eanennes a partir de l'epoque hcllerusnquc (vallce de lHarpasos et au-dela) ,90
WI
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place pour cela) ; ce n'est pas ce qui compte, mais plutot le fait qu'historiquement ils soient Ies colons des Lydiens formant ainsi l'un de ces peuples "des marges" meme si, en l'occurrence, cette notion s'applique ici a des peuples de I'interieur, C'est encore plus evident pour les Etenneis. Que faut-il entendre par ethnos? Revenons au celebre passage de Thucydide 396 sur les Etoliens dont l'organisation est jugee bien inferieure a celie de la cite (et pourtant on connait I'issue de l'affrontement avec les Atheniens), Les principales fonctions sont d'ordre militaire mais aussi religieux et judiciaire. Ce que nous savons des peuples de l'Anatolie est conforme a cette definition sommaire. On sait l'importance des koina 397. Certes, on saisit mieux leur fonctionnement a l'epoque hellenistique, mais les antecedents ne sont pas moins nets. Dans ce dornaine, comme dans d'autres, les Perses se sont contentes de recuperer a leur profit des structures preexistantes. Parmi les cas attestes chez Herodote 398 figurent les Cariens et les Ioniens. Grace a des documents posterieurs de plus d'un siecle a ce qui nous est rapporte la, il est possible de demontrer combien etait vigilant Ie controle exerce sur ces communautes : pour les Cariens, on cvoquera l'appel fait au Roi contre Mausole mais qui tourne mal pour Ie depute des factieux 399. En ce qui concerne les Ioniens nous sommes inforrnes sur l'intervention de Strouthas 400 dans un litige foncier entre cites apres arbitrage des Ioniens et d'une reforme du koinon qui aurait eu lieu en 373/2 40 1. Du point de vue perse, l'ethnos est aussi - et peut-etre surtout - l'unite fiscale de base 402. L'ordre choisi par Herodote est certes arbitraire et hellenocentrique mais il n'est pas pour autant depourvu de logique 403. En chaque occasion Ie peuple "principal" (Magnetes, Lydiens, Phrygiens) est place au second rang et cela parce qu'on va de la mer vers l'interieur ou d'ouest en est. Quant aux grandcs articulations, il suit pour l'Asic Mineure Ie trace de la Route royale. Nous retrouvons un principe similaire dans la liste des satrapies qui figure a la fin de l'Anabase 404. Dans ces conditions, quelle confiance accorder a la liste herodoteenne des nomes? Revenons a l'cquation proposee par 3.89 entre nomos et satrapeia 405. Si l'on veut lui The 3.94. Cf provisotrement Debord 1985,349. m lorucns, Hdt 642 , Canens, 5 118-119. 399 Infra p 386 100 Infra p 254 n 167 (a rapprocher d'Hdt 642 precue) 401 Infra p 177 402 Hdt 389 403 Herzfeld 1968, 288 sq penche pour un cmprunt Iait par Herodote a Hecatee de MJiet , dans Ie merne sens Dandamaycv 1972,21-24 11 n'y a Iii nen d'assure. La plupart des modcrnes font rcmarquer quc lcs hstcs onentales commencent logrquement par 1.1 Pcrsc 11 y a done eu un rcmaniement "ionocentnque" pour adapter l'mformauon un pubhc grec 404 Xen , An .. 7 8 25 40S Armayor 1978, 1-9, conclut pour sa part que le contenu des hstcs pcrses est irreconcihable avec 1.1 dcscnption herodoteenne de l'Emprre et que, en fait, II n'y a nen a nrer de cette derruere. Ccttc vision "cxtremiste" n'est pas partagee par tous lcs spccrahstcs Bnant 1980, n" 197 rep roche A de vouloir tirer des hstes une geographic adnurustrauve precise de l'Empire perse, alors que e'cst irnpossrble dans les deux cas (cf. aUSSl Vallal 1986,277-287; Bernard 1987, 177-191, Young, CAlI IV 2 , 1998) A contrano 1.1 volonte mamfestee par Herzfeld 1968, de conciher iI tout pnx les sources aboutit a des idcnnficanons contestables des dahyu des hstes (tYGlY drayahv/i. karkai. Cn certain nombre de commentateurs refusent I'idcnntc entre nome et satrapre, cf par ex. Legrand, dans la nonce du hvre 3 des Histoircs d'Herodotc p. 111 n 2 La coherence et 1.1 fiabihtc de la source dHcrodote est affirmec par Cameron 1973, 47-50 qui VOlt par aillcurs dans lcs dahyu des documents perses des peuples et non des satrapies Cf Jacobs 1994, 89-116 J90
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conserver une valeur historique, il faut admettre qu'a un moment donne au moins le decoupage de l'Empire a ete tel que decrit en 3.90 et suivants et cela ne va pas sans difficultes, Le seul moment hypothetiquement possible serait celui de la reforme de Darius ler consecutive a la reprise en main des provinces, ou plus exactement I'epoque ou est gravee l'inscription du tombeau de Naqs-i-Rustam (supra). Ce que nous savons des periodes aussi bien anterieures que posterieures ne correspond en effet pas a ce que decrit Herodote. II est certes tout a fait impossible de preciser la nature et les contours originaux des gouvernements provinciaux dans la mesure ou le decoupage de l'Empire que Xenophon attribue a Cyrus dans la Cyropedie 406 nous donne bien plutot une "photographic" de la situation administrative a l'epoque ou l'Athenien compose son ouvrage. Pour la periode immediatement anterieure a Darius, profitant en cela de la faiblesse du pouvoir central, Oroites avait reussi a unifier a son profit les trois nomes occidentaux. Pour la Phrygie cela s'etait fait par la violence, rien n'indique qu'il en ait ete de meme pour \'Ionie. En ce qui concerne l'Ionie et Sparda, il est important de souligner qu'Herodote est ici en accord avec les inscriptions perses les plus anciennes pour distinguer deux gouvernements ; mais il semble se contredire lui-meme dans les developpements evenementiels ulterieurs : les trois generaux perses Daurises, Hymaies, Otanes auxquels Artaphernes fait appel pour mettre ala raison les Grecs et les autres revoltes 407 sont probablement identiques aux titulaires anonymes des trois nomes en deca de l'Halys qui defont les Ioniens a Ephese 408. Il est toutefois difficile de preciser ce qu'etaient ces circonscriptions. Artaphernes est explicitement en charge de la Lydie. ChI. Tuplin 409 propose - sans preuve - d'attribuer au trois "satrapes" la Phrygie hellespontique, la [Grande] Phrygie et la Cappadoce. Notons simplement que la Cappadoce ne correspond pas a la definition d'un nome en deca de l'Halys 410. 11 est difficile de preciser d'avantage. Daurises semble avoir un interet particulier pour la Carie, puisqu'a l'annonce de troubles dans cette region, il revient precipitamment de Troade oii il etait en operations. II trouve la mort dans une bataille sur le Meandre 411 avec un certain Amorges dont il est tentant de rapprocher le nom de celui du fils batard de Pissouthnes revolte precisement en Carie vers 414. Otanes, comme beaucoup de commentateurs le pensent, a pu apres son commandement en Thrace (comme Megabaze avant lui) etre nomme satrape de Daskyleion. Aucun indice pour Hymaies. Le texte d'Herodote implique que cette region "en deca de l'Halys" comportait au moins quatre gouvernements. Nous reviendrons plus loin sur la question discutee de l'existence ou non d'une satrapie distincte en Ionie. Dans les documents iraniens il y a place pour deux 406 Le decoupage de l'Empire it l'epoque de Cyrus Ie Grand est deem par Xen., Cyr., 8.6, specialernent au § 9 . en Cappadoce Artabatas, la Grande Phrygic est confiee it Artakamas, la Lydre et l'Iorue it Chrysantas, la Cane it Adousios (Xcnophon precise celui-la merne que les habitants avaient demander, la Phrygre hcllesponuque et I'Eohde it Pharnouchos. La Cilicie, Chypre et la Paphlagonie restent sans satrapes mais patent tnbut. Le texte xenophonuque est acceptc comme ayant une valeur historrque par Lehmann-Haupt 1921, 86-88 Contra Leuze 1935, 162 sq. 407 Hdt. 5.116. 408 Hdt.5.I02. 409 Tuplin 1987a, 194 n 92 in fine. 410 Balcer 1984, 171, propose de situer it Gordion le centre de la satrapie de Cappadoce, cela est contraire it tout ce que l'on peut savoir par ailleurs: d. par ex. Amen, An., 1 29.5 pour qui Gordion est en Phrygie hcllcspontique alors que les sources du Sanganos sont placees en [Grande] Phrygie ; cf. aUSSl Xen., Hell., 4.1.1. 411 Hdt. 5.121.
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ensembles distincts de Katpatuka et de "ceux de la mer", qui correspondent respectivement aux deux satrapies bien identifiees de Cappadoce et de Phrygie hellespontique. Une position de repli consisterait a considerer les nomoi uniquement comme circonscriptions fiscales. C'est la tentation qu'ont eu un certain nombre de savants 412, mais il faut dire que c'est un peu une solution de facilite. Certes la vocation du systeme est de faire rentrer l'impot et du point de vue du pouvoir central le maintien de l'ordre est assure lorsque ce dernier est paye. II faut noter aussi que, comme dans toutes les monarchies orientales, le pharos avait un montant fixe et immuable ce dont ternoignent un certain nombre de passages d'auteurs anciens: "II (Artaphernes) mesura leur territoire (celui des Ioniens) en parasanges ... et d'apres cette mesure, fixa les tributs que devait payer chaque cite, tributs qui depuis lors sont restes constamment et jusqu'a mon epoque inchanges" 413. C'est done Darius Ie, qui a etabli le montant du pharos par ethnos 414. Rapprochons le texte de Xenophon 415 qui nous apprend que: "[Cyrus] lui [Lysandre] assigna le montant total des tributs des villes qui lui revenaient et il lui donna tout ce qu'il y avait en plus" ou encore Thucydide : "Tissapherne aussi voulait l'intervention des Peloponesiens ... c'est que le Roi lui avait reclame recemment les tributs de son gouvernement [arche] dont il etait reste redevable parce que les Atheniens l'ernpechaient de les percevoir dans les cites grecques ..."416. D'un point de vue fiscal on comprend bien le regroupement des nomes I et II, quasi impose par les circonstances historiques. II serait en revanche bien plus difficile d'expliquer qu'il n'y ait qu'un seul nome-circonscription fiscale pour les deux satrapies de Cappadoce et de Daskyleion. II reste avere qu'il y a des points de convergence entre les satrapies de Cappadoce et de Phrygie, par exemple au moment de l'expedition de Scythie les circonstances exigeaient un commandement unique pour toute la cote septentrionale de l'Anatolie, qu'il s'agisse d'une circonscription administrative unique ou plutot d'un commandement du type de ceux qui existeront pour la facade egeenne lorsque les objectifs militaires auront change 417. Au IVe siecle encore des liens familiaux existent entre les 412 Nemein sigmfie en premier Iicu "partagcr", d'ou nomos employe lei pour designer une reparuuon terntonale mars aussi fisealc comme Ie montrent les § 89 sq. Certes Legrand observe justcmcnt que lorsque Ie terme vouo ; est employe seul par Hdt. (3.120 ; 127 , 5.102 ,9.113 ; 116) II ne s'agu jamais de perception des tnbuts. Mars II ne fait pas de doute que cc dermer n'etabht pas de luerarclne entre Ics diffcrcnts termes designant les gouvernements regionaux amst en 1.192, Ics trOIS termcs apXTl, orrrpcornin, VOW); paraissent mterchangeables Cepcndant dans ec memc dcvcloppcment I'idee du pharos et des autres revenus est ommpresente Toynbee 1955, 582 sq., parle de distncts de taxation a propos des nomcs 11 est notable que toutes les monarchies "orientales" ont eu la taxation eomme premier SOUCI 11 convient d'mclure dans cette defimnon lcs royaumes myceruens ou par exemple le terme ereutero (= eleutheros) a une sigmficauon d'abord fiscale "celui qUI est exempte de taxes" Une etude du phcnomcne de la taxation dans l'Emprre n'est pas notre propos ICI, cf Tuplm 1987b, 137·158 et en denuer heu, Balcer 1984,17; 1988, 1·2; 1989, Descat 1997, 253·262 413 Hdt. 6.42. 414 Cf. Hdt 3.89. 415 Supra p. 43. 416 Hdt. 2.1.14 ; The 8.55, trad R Well (cf. 86 I, demarche idenuque de Pharnabazc). VOIr mfra p. 203 les interpretanons drvergentes de ce passage ct lcs consequences pour la date de designation de Tissapherne comme satrape de Sardes, cf Lewis 1977,87 Notons a titre de comparaison, IK, 22.I·Stratomkeia, 502,1 21 sq.... 1WV oODAOlv a1E[Aij ciVCXl Kat rceXV10l]V rcA~~ cp6pOl~ ~a0lA1KWV. qu'il convicnt sans doute d'mterpreter comme une exemption de toutes les taxes et charges excepte Ie phoros basilikos 417 Dans 1'ordre des pnontes ala fOIS stratcgiqucs et chronologiques, les Scythes appararssent comme un danger constant sur tout Ie f1ane nord de l'Ernprre lis sont proteges par des reliefs ct par la mer (Proponude, mer
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satrapes des deux regions qui ne sauraient s'expliquer que par une histoire commune a un certain moment. Mais nous verrons plus loin qu'un certain nombre de confusions sont dues a une interpretation erronee du texte d'Herodote qui nous est rnanifestement parvenu corrompu sur un point (Paktyike), En ce qui concerne l'Ionie et Sparda, le souvenir qu'il s'agit de deux entites distinctes est constant, meme si les circonstances rassemblent les deux sous un seul satrape, et cela a du grandement faciliter le choix fait en deux occasions au moins de recreer une province distincte d'Ionie. La liste des ethne parait pouvoir etre consideree comme l'elemcnt permanent du systeme dans la mesure justement OU elle s'appuie sur les peuples qui forment par definition des ensembles coherents et stables, les seuls susceptibles de traverser indernnes les aleas des politiques generees par le pouvoir central. a moins que des mouvements massifs de population n'cntrainent des phenomenes de rupture. L'exemple le plus net est cclui de la Grande-Phrygie issue d'une scission du vaste groupe phrygien, sans doute en partie a cause de l'importance de la colonisation effectuee dans la region de Kelainai-Kolossai. Le regroupement dans des entites plus vastes a pu etre, lui, l'objet de variations pour de multiples raisons (circonstances historiques, "poids" des satrapes), Les etapes de la carriere de Tissapherne pourraient, nous Ie verrons plus loin, fournir un excellent exemplc des modifications des ressorts territoriaux engendrees par les evenernents politiques. Les definitions et lcs cadres generaux qui viennent d'ctre proposes n'ont evidernment de sens que si l'on peut les nourrir de donnees concretes reunics dans le cadre regional considere. Nous avons d'autre part note que les documents lcs plus anciens s'appliquant (de facon reelle ou affirrnee telle) a I'epoque de Darius Icr generaient, par leur nature meme, un certain nombre de difficultes d'interpretation ou de coherence, interne ou comparee. Us ne sauraient en aucun cas servir de cadre pour I'analyse des situations administratives ulterieures. lis sont done plutot des indicateurs de "pistes" pour l'interpretation de la documentation riche mais disparate dont nous disposons pour la fin du ye et le lye s.
Noire). Ce n'est que plus tard que la connaissance pUIS l'affrontcmcnt avec les Grees europecns arneneront it modifier la strategIc ct it dcplacer vers la mer Egee ee type de commandement
CHAPITRE II
LES SATRAPIES DE CAPPADOCE ET DE PHRYGIE MARITIME
Ce chapitre et Ie suivant ont pour objectif de decrire de maniere rapide l'histoire des satrapies de l'Asie Mineure occidentale et centrale a partir de la reforme de Darius. Avant d'aborder les chapitres proprement chronologiques qui composent la deuxieme partie, il convient en effet de mettre en place Ie cadre geopolitique en insistant particulierement sur les changements qui ont pu intervenir dans l'etendue voire merne le nombre des ressorts satrapiques, II est d'autre part indispensable de considerer de facon continue, lorsque les sources nous le perrnettent, la succession et done I'identification des satrapes ainsi que les titres qui leurs sont attribues avec les interpretations que cela sous-tend.
1. LA CAPPADOCE ET LA LISTE HERODOTEENNE C'est la satrapie la plus orientale de l'Asie Mineure proprement dite. EJle parait un peu marginale aux yeux des Grecs qui ont moins de rapports avec la Cappadoce qu'avec les regions littorales. Cependant les sources montrent qu'en realite l'histoire de cette satrapie est importante, parfois essentielle, quand on veut prendre en compte le point de vue perse sur l'Asie Mineure et qu'elle symbolise parfaitement Ies rnanieres successives dont la monarchie perse a envisage les affaires grecques. Strabon 1 considere la Cappadoce comme nne region diversifiee qui a connu au cours de son histoire de nombreux changements. L'idee rnaitresse est qu'elle constitue un isthme entre le Golfe d'lssos et Sinope et que vers l'ouest (c'est-a-dire au dela de I'Halys) s'ouvre nne peninsule, une chersonnese, qui est l'Asie Mineure 2. Strabon ne fait que reprendre la un veritable lieu commun dont nous avons la premiere mention (conservee) chez Herodote auquel il fait explicitement reference. Ce dernier affirme que c'est la region qui permet la plus courte traversee du Pont a la mer de CiJicie ; il precise me me que cela se fait en cinq jours 3. Cette vision erronee de Ia geographie anatolienne a trouve tout au long de l'Antiquite de nombreux emules 4. Elle est certainement d'inspiration orientale bien plutot que grecque egeenne. EJle representc bien, en tout cas, l'idee qu'on pouvait en avoir en se situant au cceur de l'Empire perse. Cela se traduit dans l'intitule de pouvoirs comme cclui d'Artaphemes 5 qui a autorite sur "tous lcs pays maritimes d'Asie" (epithalassiaq, ce qui ne concerne pas , Str 12.1.1 Str 12.1 3 Sur 1a notion d'Isthrne, cf aUSSI 1e Ps.-Anst , De mundo, 393 b.9 Ce theme est empruntc il Poseidomos selon Lasserre CCF, 48 n I, mars 11 s'agu d'un heu commun ql11 don etre bcaucoup plus ancien. 3 Hdt. 1.72 . 2.34. 4 Cf. par cxcrnplc Hell. Ox., 174 ; Quinto Curcc 3.1.12-13 ; Phne, HN, 6 7. 5 Hdt. 5.30 2
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seulement les cotes (on emploie pour Ies commandements de la region de Phrygie maritime le terme de parathalassioii 6, rnais, comme on le verra plus loin, I'ensemble des pays de ce cote (s.c. it I'ouest) de l'Halys 7. Cette image du plus court chemin du sud au nord, de Tarse it Sinope, doit etre liee it I'existence d'une tres ancienne route reliant Ies deux villes et sur laquelle on pourrait retrouver de multiples ternoignages. Ainsi Strabon indique que primitivement (avant d'etre acheminee vers Ephese), l'ocre de Sinope portait ce nom bien qu'elle fOt exploitee en Grande-Cappadoce parce qu'elle etait exportee par ce port 8. Selon Herodote 9, la frontiere occidentale de Ia Cappadoce est I'Halys. Ce dernier vient d'une montagne d'Armenie 10, il coule it travers la Cilicie (infra) et separe dans son cours moyen Ies Matienes vers I'est et les Phrygiens vers I'ouest puis, vers son embouchure, Ies Syriens-Cappadociens 11 d'un cote, les Paphlagoniens de I'autre 12. Frontiere historique puisque c'est celle qui existait entre Phrygiens et Lydiens d'un cote, Assyriens et Medes de l'autre. Dans Ies documents iraniens cette region est Ie dahyu de Katpatuka, toujours present dans les inscriptions de Darius et de Xerxes. De la meme facon, on retrouve cet ethnos dans deux autres sources herodoteennes, l'itineraire de la route royale 13 et Ie catalogue de l'armee de Xerxes 14. La Cappadoce est done bordee it I'ouest par la Paphlagonie et la Phrygie, it I'est par l'Armenie, au sud par la Cilicie, et au nord par Ie Pont-Euxin, Le cadre geographique parait ainsi bien delimite et pourtant nous sommes amenes it constater un certain nombre d'anornalies, dont il faut tenter de rendre compte. Dans un autre passage 15, Herodote a une conception tres large de Ia cote "syrienne" qui est comprise entre les fteuves Thermodon et Parthenios 16, ce qui priverait Ia Paphlagonie de son acces it la mer. Cette position n'est pas isolee puisque Ie Ps.-Skylax 17 deplace un peu cet acces vers I'ouest, (, Hdt. 7 135 , d. infra p. 93 7
Entos Halvos: 5.102.
Str. 122.10 Hdt I 6 , d'ou Str 12.3 9. 10 Pour Str. 123 12, I'Halys a sa source en Grande-Cappadoce et plus preciscmcnt en Carruscnc. II II Y a la une reference a la population ancienne de la Cappadocc II faut rappeler que dans la region autour de Kultcpc (Kanosh) la presence assynenne se marufeste des Ie debut du 11' nullcnaire a C cf. Garelh 1963 et aussi Ozguc 1971 Le Ps.-Skylax 89 (Muller) emplorc encore Ie tcrme d'Assynens pour designer Ie peuple qm attcint la mer entre Ics Chalybes et les Paphlagomens. Cf. l'artrcle pionrucr de Noldcke 1871, 443-468 ; Franck 1966, 5-122 (sp 84-89). II est a noter qu'Apolloruos dc Rhodes 2 964, aSSOCle l'Ins a la terre assynenne. 11 releve probablemcnt de la meme traduion que Sky lax Les mentions des Syncns ou encore des Lcukosynens sont rclativement nombreuses depuis Hecatee tap. Et dc Byzance), rc-tu« I, F7a et Hdt 1.6,72,2104; 3.90. On notera aUSSl Ia relation etabhc par Pindarc (ap Str 123 9) entre les Syncns et lcs Amazones Cc passage exphcitc Ie fait que les Cappadociens sont appeles sort "Syncns" sort "Lcukosyncns" pour les disunguer des habitants de la Syne proprcment drte par la coulcur de la peau (mars cf Hesychrus, s. v. Asuxooupoc Ba~1)AWVtoS AEUKOXPOOS) ; SIr. 123.5 "Les Synens blancs que nous appclons Cappadocicns", renverse la proposinon d'Herodote 1 72 en inversant l'ordre des facteurs, cf. encore SIr 16.12; Plme, HN, 6 3 (9) SII'on en crort Cornehus Nepos, Dat.. 1,.1, le nom de Leukosyricns serart a rescrver au peuple qUI jouxtc la Cappadoce et qUI consutuc la partie nord de la Cilicre, mais celte defininon rcstncnvc semble contreditc par tout le rcstc de la tradition La Ptena d'Herodote 1.76 est srtuee a l'est de lHalys mars pres de Smope, mamfestcmcnt une region naturellement forte (laxupo1cnov), peuplec dc Synens. Summers 1997, 81-94, crou pouvoir srtuer leur capitale sur Ie Kerkenes Dag, 12 Hdt 1 72, cf aUSSI 1.6. 11 Hdt. 5 49-54 14 Hdt 761-99 15 Hdt 2.104. 16 Robert 1980, 191 sq. (Thermodon) ; 165 sq (Partheruos). 17 Ps.-Skylax 89. R 9
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situant Sinope et une assez large bande cotiere (probablement jusqu'au Kiire Daglan) en Syrie. Strabon presente les choses de facon assez contradictoire: en 12.3.5, ou, citant Callisthene, il attribue la facade maritime de la Paphlagonie aux Kaukoniens (aux hautes epoques) qu'il donne com me voisins des Syriens blancs; mais en 12.3.9, il reproduit Herodote (1.6) en faisant de I'embouchure de I'Halys la frontiere cotiere entre Paphlagonie et Cappadoce. Cela traduit manifestement des variations terri toriales liees a des accidents historiques, dont Ie detail nous echappe, mais qui ont donne naissance a une double tradition litteraire qu'aussi bien Herodote que Strabon ont quelque mal a ordonner. L'une, qui marque la frontiere a I'embouchure de l'Halys, remonterait a Hecatee, l'autre, qui integre Sinope a la Syrie et dont Apollonios de Rhodes 18 se fait l'echo, serait empruntee a Eumelos de Corinthe 19. II convient de prendre en compte cette double definition de la Syrie lorsqu'on examine Ie problerne central pose par les delimitations herodoteennes du troisierne nome. Peut-on admettre, comme beaucoup Ie font, que la Cappadoce et la Phrygie maritime formaient une merne entite dans la liste des nomes? Un tel ensemble, tout a fait surdimensionne, cree des problernes inextricables, y compris pour la lecture d'autres passages explicitement contradictoires des Histoires 20, et ne trouve aucune confirmation ailleurs puisque au yo s. l'autorite du satrape de Daskyleion ne parait guere depasser la Bithynie 21 sur la cote et la region de Gordion. On pourrait songer a attribuer a cette derniere un role de capitale, comme Ie fait Balcer 22, ala fois en raison de son passe et de l'importance des vestiges apparents. A I' epoque de Pharnabaze et de I' expedition d' Agesilas 23 Gordion releve a I' evidence de la Phrygie hellespontique dont elle est probablement I'un des centres administratifs seeondaires 24. Le fait qu'il s' agisse d'une ville importante est aussi du a sa position geostrategique au point de convergence des deux routes principales de I' Anatolie occidentale 25 Une premiere constatation simposc. En 3.93 est donnee la description du treizierne nome: Paktyike, Arrneniens et les peuples voisins jusqu'au Pont Euxin. On a fait remarquer depuis longtemps que la Paktyike etait placee la par erreur puisqu'il s'agit d'une region que I'on retrouve deux fois dans l'ceuvre d'Herodote (dont une dans la meme liste des nomes) 26 bien loin de la mer Noire, aux confins de l'Indus. Autre remarque, le dix-neuvierne nome occupe une region qui va de la CoIchide au Thcrrnodon, il regroupe des peuples que l'Anabase mentionne comme autonomoi 27 et qui creent de serieux problernes a l'Arrnenie qui est leur voisine au sud. Cela ne laisse aucune place pour Ie debouche sur la mer du treizieme nome qui se situe obligatoirement entre l'Halys et lc Therrnodon, done dans une region
18 ApoIIomos de Rhodes 2.946 sq. Cf. aussi Plut , LuI.' , 235, selon lequel Smope aurart appartenu aux Synens (aux temps legendarres), 19 Cf la note 2 de Lasserrc, CUF, 69 Eumelos compose vcrs 730, cf. FGrHlst, 451, F5 , Bowra 1963, 145153. Mais cclte date est-elle vraiment credible? II s' agu en lout cas dune tradiuon anciennc, cr. Ivantchik 1997,35 sq. 20 Cf. par excmplc Hdl. 5 49 ; 5 52 21 cr Xen., An., 644. 22 Balcer 1984, 171 21 Ceue ville sert de quartrcrs d'hrver a Pharnabazc, Xcn , Hell, 1.4.1. 24 Infra p 175 25 Supra p. 38. )6 Hdt. 3 102 ; 4 44. 27 Xcn • An , 7 8 25 , cf Hdt 3 94
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consideree comme appartenant a la Cappadoce. II semble bien qu'il faille suivre Laird 28 lorsqu'il propose de voir a cet cndroit une corruption du texte ou Paktyike aurait ete ecrit pour Katpatyke-Kappadokia. Ce n'est pas deplacer le problerne en creant un nouveau doublon Syriens/Cappadociens, si lion admet, comme indique plus haut, que des "Syriens" pouvaient etre aussi etablis a l'ouest de l'Halys dans la region cotiere et relevaient du troisierne nome. Le probleme des Iirnites se pose aussi au sud. La Cilicie n'est jamais citee comme telle dans les textes iranicns, mais il est aventure d'en inferer qu'clle echappe au controle perse 29. Herodote l'integre dans la Iiste des nomes au quatrierne rang et, chez lui, cette "region" est fort etendue puisqu'il affirme en 1.72, que l'Halys traverse la Cilicie. II coule done dans une region qui a presque toujours ete consideree comme cappadocienne 30. .J. D. Bing denie toute valeur a ce passage 31 ct met en avant Ies donnees de la geographic neo-babylonienne, en particulier une lettre de I' epoque de Sargon IT au le gouverneur de la Cilicie est en charge des affaires de la Cappadoce et soumet les Phrygiens du roi Mita 32. Encore faudrait-il etre sur que la definition des limites de la region et de son centre politique aux hautes epoques nest pas Ie fruit d'un postulat. Le poids des cites proches de la cote, qui nous parait evident, l' est seulement en fonction de la nouvelle donne geo-politique nee de la creation de l'Empire perse desorrnais dote d'une vaste facade maritime. L'une de ses missions sera la constitution de grandes flottes, des 490 pour la premiere invasion de la Grece et ensuite pour tenter de soumettre I'Egypte si souvcnt en etat de rebellion et dont la reconquete apparait comme un objectif prioritaire. Rernarquons que ce qui est souvent percu comme une incoherence d'Herodote trouve confirmation dans Ie passage de Cornelius Nepos consacre au territoire cantle au pere de Datames, Carnisares : habuit provinciam partem Ciliciae iuxta Cappadociam quam incolent Leucosyri. Cette assertion a ete souvent interpretee a tort par les modernes 33. Pour J. D. Bing, la province de Carnisares qui echoit ensuite a Datarnes ne peut etre que la Cilicie. II me semble que nous semmes la en contradiction sur deux points avec le texte de Cornelius Nepos (dont la source pourrait etre Dinan) : il n'y est pas du tout question de la Cilicie mais de la pars qui jouxte la Cappadoce. 11 faut d' autre part subordonner quam incolent Leucosyri it partem Ciliciae et non a Cappadociam. On citera surtout Strabon. J. D. Bing remarque qu'il indique en 12.1.1 que la limite sud de la Cappadoce est le Taurus cilicien et note: 'This cannot be taken to mean, contra Waddington, that northern slope of the Taurus Mountains was called Cilicia" - certes, mais ce n'est pas non plus un argument pour prouver le contraire. 11 omet en revanche de citer 12.2.7 ou l'une des dix strategies du royaume de Grande-Cappadoce est appclee Cilicie avec com me capitale Mazaka 34, ce qui parait tout a fait corroborer Cornelius Nepos. Strabon Laird 1921,308, approuvc par Legrand, CCf', 141, n 4 Infra p 318 sq 30 Etat de la question founu par Bmg 1998,42-43, spccialcmcnt n. 5, qUI refuse Ie po int de vue soutenu ICI, remontant a Meyer 1879 II sappure pour S3 part sur des arguments presentcs par Waddington 1860,440 sq 31 II allegue, ce q111 est mcthodiqucmcnt contestable, lcs raisons pour lesquellcs un auteur de la deux ieme moine du ICC s a.c. aurau ajoute des mformatrons erronees a sa propre source ct S111t sur ce POint Calder 1925,7-11 dont les conclusions generales sont par aillcurs asscz discutablcs, 32 Cf. Postgatc 1973, 25-34 13 Cornehus Nepos, Dat., 1.1. Infra p 105 n 168 34 'Ev OE Tn KIAn:i\:' KaAOUIll:Vn TO. MlxsaKa, ~ ,lJ.llTpOnOAu; TOU £8vou; Mazaka est aujourd'hui Kayscn, mars rl est probable que la ville moderne n'cst pas exactcment a l'emplacemcnr du site pnrmuf ; voir Harper 1976, s v , 182 Cf aUSSI la nonce de Lasscrre, CUF. s v P 220 2S
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RR
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definit ce site comme impropre a I'habitat et a la defense mais indique qu'il a ete choisi (§9) parce qu'il etait central. Rappelons que Mazaka est proche de l'ancienne Kanesh devenue Anisa a l'epoque hellenistique. Toutefois cette derniere conserve sa tradition "syrienne" avec, en particulier, la permanence du culte d' Astarte qui reste la principale divinite de la cite 35. II parait done assure que dans la repartition initiale, la Cilicie de I'Halys etait Ie cceur de ce que Herodote appelle Ie quatrierne nome. La domination perse a egalement laisse des traces, d'une part dans l'onomastique 36 et cela est valable pour les deux parties de la Cappadoce, d'autre part avec un autel decouvert a Bunyan (pres de Kiiltepe) ou est figure sur les quatre faces un pretre du feu 37. Cette region, coupee (depuis quand?) de la zone au sud du Taurus, est Ie gouvernement initial de Carnisares et de Datames, Elle est designee de plusieurs noms: Grande-Cappadoce, Cappadoce Taurique, Ie plus interessant dans notre perspective etant avO) Kcmrccx8oK1CX 38 (Haute-Cappadoce dans la geopolitique perse). Elle constitue Ie noyau du royaume de Grande-Cappadoce. La partie nord que I'on appelle Cappadoce pontique sera ensuite Ie royaume du Pont 39. Elle a sa capitale dans la vallee de l'Iris a Gazioura 40 OU Ariarathes (lef) ernet des monnaies a I'image de Baal semblables a celles de Tarse en Cilicie, mais la legende arameenne indique qu'il s'agit du Baal de Gazioura 41. Dans la liste herodoteenne elle est- reunie a l'Armenie. Observons que cette derniere formera plus tard un et meme deux ensembles separes. Nous verrons plus loin qu'a certaines epoques, la Cappadoce a pu etre unifiee (en particulier par Datames) 42 mais il est frappant de constater que pour Strabon elle est scindee en deux provinces distinctes au moment de la conquete rnacedonienne 43.
2. LA CAPPADOCE ET L'ASTE MINEURE SOUS LE REGNE DE DARIUS
ler
Avant de montrer I'importance prise par la satrapie de Cappadoce dans la strategie de Darius au debut de son regne, il est peut-etre possible de determiner Ie nom de son premier titulaire, Pharnakes, premier roi de Cappadoce. Dans sa genealogie, Diodore 44 fait de lui un onele de Cyrus. Rappelons I'existence tout pres de Kabeira 45 du sanctuaire de Men de Pharnakes 46 avec la komopolis d'Ameria, peuplee de hierodules, proche encore du 3S Cf. la reedruon par Robert 1963, 457-523 d'un decret tardo-hellemsnque d'Arusa, toponyme qUI demontrc la pcrsistance du nom Kanesb. Le sanctuaire d'Astarte est lc heu d'affichage des decrets, 36 Robert 1963,514-519. 17 Bittel 1952, 18-29 , 1956, 35-42 et pI. Xv. Fin du ve siccle, 3R Str. 11.12.2, cf 12.14. 3Y Olshauscn 1978, col. 396-442. 40 Str. 12.3.15, la dccnt commc une ancicnnc capitale royale desertc de son temps. Sur le site, cf. la nonce de Lasserre, CUF, 211. 41 Infra p. 108 II cst Important de noter avec Lemaire (Istanbul) que Baal pourrart etre un appellauf generique et signifier, maitre, seigncur ; ce qm cxpliquerart 1a nccessite de preciser un heu (e.g. Baaltars) au une caractensuque (e.g. Baaldagon). 42 Infra p. 357. 43 Str 12.1.4. 44 Diod. 31.19.] -8. 45 La description de Kabcira, donncc par Str. 12.3.30, est tout it fait conformc it la traditron achernemde : eau abondante (mouhn), pare avec animaux, terrain de chasse. Ellc est indiquec cornmc 1a capitalc de Mithndute sans qu'on sache nen de la situauon anteneurc. VOIr BIller & Olshauscn ]978 (pour Kaberra p. 169). 46 Str 12.331; comme l'mdrque Lane ]964.49. On ne connait pas l'emplacerncnt d'Amcna rn a fortiori celut du sanctuaire de Men de Phamakes (pour lcqucl on aurau sans doute tort d'attendre un "temple" proche du
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Chiliokomon 47. Nous semmes ici dans Ie bassin interieur de l'Iris qui apparait comme une zone de colonisation perse. II n'est evidernment pas assure que Ie fondateur soit ce premier Pharnakes. On peut aussi penser a Pharnace ler du Pont, eponyme de la cite de Pharnakeia. Quelques indices cependant plaident pour la premiere hypothese. L'organisation sociale dec rite pour Ameria laisserait penser a quelque chose d'ancien. Plusieurs anthroponymes perses sont batis sur le nom du dieu Men ainsi dans I'inscription d'Anisa precitee nous avons un Menophilos fils de Maidates, soit comme Ie note L. Robert 48 deux facons -l'une grecque, l'autre perse - de marquer sa devotion au dieu Men. Dans cette me me region, les Perses ont ete aussi fondateurs. Zela 49, OU a ete amenage un "tell" est consacree a Anaitis mais aussi a deux autres divinites perses secondaires qui partagent ses autels : Ornanes et Anadates, apres une victoire remportee par des generaux perses sur les Saces. Cela temoigne de l'infiuence du pouvoir politique perse sur les faits religieux et les populations. A noter dans cette meme perspective que le successeur mythique de Pharnakes dans la genealogie de Diodore s'appelle Gallos et que c' est le nom du pretre consacre dans sa chair a la Deesse-rnere. On se souviendra que le pretre est toujours dans ces principautes orientales "le second apres le roi" et que le principal sanctuaire de la region est celui de Ma aCornana, ici Comana Pontique 50. Soulignons pourtant que cette genealogie est loin d'etre totalement fiable. Diodore indique egalement que l'un des "Sept" etait satrape de Cappadoce et que Darius lui donna ce gouvernement en l'exemptant du tribut. Cette precision est d'importance car il s'agit evidemment d'Otanes dont Herodote se plait a souligner la singularite parmi les conjures 51. Diodore lui donne le nom de Anaphas. 11 ne s'agit pourtant pas d'une banale erreur puisque Ctesias l'appelle Onophas 52. Les inscriptions perses emploient le nom Utana dont Otanes est la transcription la plus exacte en grec 53. Herodote fait de lui un fils de Pharnapes, on n'est pas loin de Pharnakes. Toujours selon Diodore, Anaphas a un fils homonyrne qui lui succede, Herodote 54 signale un Anaphes, fils d'Otanes qui commande le contingent des Kissiens dans le catalogue des contingents de l'armee de Xerxes. Anaphas a deux fils, l'un s'appelle Datames et Diodore precise qu'il s'agit d'un homme qui s'est distingue a la guerre mais aussi dans les autres aspects de I'exercice du pouvoir, qu'il a combattu les Perses avec succes avant d'etre tue les armes a la main. C'est bien evidernment Ie Datames du lye siecle et la chronologie a subi la une brusque acceleration de pres de cent cinquante annees destinee a rattacher la famille de Datarnes a la lignee celebre d'Otanes pour accroitre ainsi sa legitimite. Datarnes aurait eu un fils du nom d' Ariararnnes dont le modele grec). L'hypothese de Lasserre, CUF, Ig4, pour lcqucl Amena serait situee pres de Pharnakcra, n'cst pas recevablc cn raison memc du tcxte de Strabon (il y plus de 100 km. it vol d'oiscau entre Kabeira et Pharnakera). Sur Ie dicu Men et ses probables ongmes iramenncs cn plus de l'tnscnption d' Arnsa, cf Lane 1976 (index s. v ) ; Van Haeperen-Pourbais 1994, 221-257, mars il me semble quon ne peut la suivre lorsqu'elle fall de
PF7: 1495.
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Hdt 762.
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"regne" aurait dure cinquante ans sans pour autant qu'il accomplit rien de notable. It s'agit en fait pour Diodore, de "retornber sur ses pieds" avec Ariarathes (Iv), tue apres avoir ete capture par Perdiccas en 322. Selon Ctesias 55, un Ariararnnes est satrape de Cappadoce au moment ou se prepare l'expedition de Scythie en SIS. Tl ressort done a l'evidence que cette liste est sujette a caution. Elle integre des donnees exactes, mais elles ne sont pas toujours correctement liees lcs unes aux autres. Comme toujours, il s'agit d'assurer a la famille regnante en Cappadoce la lignee la plus prestigieuse possible, au risque de graves distorsions pour ne pas dire franchement des libertes prises avec l'histoire. On doit retenir, avec naturellement toute la prudence qui s'impose : -- Epoque de Cyrus Pharnakes, - Vel's 521-520 Otanes, - Vel's SIS Ariaramnes. Le poids considerable pris par Oroites a partir de sa position a Sardes amene Darius a reconsiderer la hierarchic des gouvernements de l'Asie Mineure. En effet, la remise en ordre qui aboutit a l'elimination du satrape "rebelle" a pour consequence une modification complete du dispositif strategique perse. Sardes, qui avait ete la plaque tournante de toutes les premieres operations perses en Asie Mineure, perd ce role. C'est Otanes qui recoit le commandement de l'expedition menee a Sames pour retablir Syloson 56 (rappelons que c'est l'affaire de Samos qui avait declenche le confiit entre Oroites et Mitrobates), Otanes a recu pour cela le titre de karanos (ou son equivalent). L'irnportance alors de la Cappadoce est encore renforcee par les nouveaux objectifs que s'assigne Ie pouvoir central: c'est desormais la mer Noire 57, et plus exactement les Scythes qui la bordent au nord, qui preoccupent Darius. Le satrape de Cappadoce Ariararnnes est charge d'une mission exploratoire sur les cotes de Scythie avec ordre de faire des prisonniers, Le satrape envoie effectivement trente pentecontores. C' est-a-dire qu'il a un commandcment maritime. Or les contingents mentionnes dans l'expedition de Scythie du cote des Grecs sont des Hellespontins (a cote des Eoliens et des Ioniens) 5S ; de meme pour la flotte de Xerxes 59. Des cites comme Sinope et Amisos ne sont jamais mentionnees explicitement et tout au plus leur contribution (faible sans doute) est fondue dans la masse hellespontique. Tout laisse a penser qu'Ariararnnes a autorite sur l'ensemble de l'Asie Mineure septentrionale, avec un commandernent militaire unifie. Cette situation qui est la consequence des troubles de 522 ne va pas ctre prolongee, Darius tire la lecon de la campagne de Scythie, d'une meilleure connaissance du terrain et des nouveaux objectifs occidentaux (il s'agit desormais de conquerir les regions europeennes). Tl organise un nouveau systeme a son retour: en installant son frere Artaphernes a Sardes, il en fait naturellement Ie chef principal de toute l'Asie Mineure jusqu'a l'Halys. Les evenemcnts de 499-494 vont confirmer cette situation. Pour lutter contre les Grecs en revolte mais aussi contre les autres peuples qui ont suivi, Artaphemes fait appel aux satrapes qui tiennent les nomes de ce cote de l'Halys (done a I'ouest de ce fleuve). Le satrape de Cappadoce n'est plus concerne et cette situation va durer un siecle environ, d'ou
ro-n,« 688, F 13 § 20. Hdt. 3 139 Dcscat 1990, sp 542 sq. Hdt 489. Hdt 7 95-96
55 CtCSIaS, 56 57 5R 5Y
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notre complete ignorance des satrapes du Y" s. dans une zone qui n'a que tres episodiquement de rapport avec les Grecs du littoral egeen. II est par exemple difficile d'interpreter, meme chronologiquement, la mention de ['expedition de Pericles en mer Noire 60. Elle semble devoir sc situer apres la revolte de Samos et I'agitation a Byzance, dans Ie cadre d'une entreprise de grande envergure tentee par Pissouthnes 61, alors satrape de Sardes, qui agite la menace d'une veritable expedition perse ; tout cela laisse a penser que ce dernier a un commandement asscz large, du type de celui d'Artaphernes, C'est probablement en 437 que Pericles parait en mer Noire. Mais il n'est peut-etre pas aile personnellement aSinope et sur les cotes maritimes de la Cappadoce. C'est a Lamachos qu'est attribuee l'intervention a Sinope 62. Cclle-ci a pour consequence l'expulsion du tyran Timesilaos et I'installation de six cents colons atheniens. II faut penser que c'est au merne moment que des Atheniens sous Athenokles refondent Amisos sous le nom de Piree 63, comme nous I' apprend Ie passage de Theopornpe transmis par Strabon 64 ou il est fait mention de trois fondations successives d'Amisos : la premiere par les Milesiens (au debut du vr s.), la derniere par les Atheniens, Quant a la deuxieme, elle serait )' oeuvre de varchon des Cappadociens, Timades, Faut-il lier cet evenement a I'apport de colons phoceens vers 560 connu par Ie Ps.-Skymnos 65, et dans ce cas Timades serait Ie dynaste des Cappadociens alors sous tutelle des Medes, ou penser qu'il est posterieur et se place a l'epoque de la domination perse? On mettra en parallele Ie cas d'Astakos 66 fondee par les Megariens en 712/711, puis a nouveau par les Atheniens en 435/434 67 et enfin par Doidalses Ie dynaste bithynien (il s'agit probablement plutot la d'une "recuperation" de la cite en 405 apres Ie desastre d'Aigos Potamoi ou peut-etre me me des apres 412).
3. LA SATRAPIE
DE DASKYLEION
II convient d'abord de faire table rase de l'hypothesc soutenue par 1. M. Balcer 68 selon laquelle la satrapic de Daskyleion serait apparue de facon tardive et ne serait au depart qu'une "dependance" de Sardes. Nous pensons que "ceux pres de la mer" (que l'Anonyme d'Oxyrrhynchos transcrit par parathalassioii 69 designe bien dans les listes perses les habitants de la bande cotiere relativement etroite qui est situee au nord de la Mysie. C'est la Phrygie hellespontique 70. Le massif de l'Olympc de Mysie etait a I'est une borne frontiere Plut., Per, 20-21. Cf. en general, Glotz 1949,211. Pissouthncs est fils d'Hystaspes, Infra p 119. Pour sa part LeWIS, 1977,59-60, spccialcmcnt n 70. me toute relauon entre les affaires de l'Egee et I'mterventton de Pericles en mer NOIre De facon un peu excessive tout son developpemcnt vise it souligner le caractere peu engage voire merne ambigu de la polinquc de Pissouthncs dans eette affaire qUI aurait amsi anucrpe l'atutudc de son sueeesseur Tissapherne, Dans un sens different Eddy 1973b, 247 -252 62 Plut., Per., 2012; cf. IG, P, 1180, rncntion d'un Atherucn mort it Sinopc, probablcment au moment de cctte expediuon. Sur Smope, Ruge 1927 s. v et surtout Robinson 1905, 294-333 ; 1906a, 125-153 , articles reunis dans Robinson 1906b. Cf aussi Akurgal, Princeton Ene, "Sinop", 842 ct Debord 1990, 516-525 (,3 Hirschfeld 1894,sv ,Cumont 1906,111 sq etCumontmAndersonetal 1910,1 sq 64 Str 12.3.14. 65 Ps -Skymnos, Peneg., 918-920, cf Lasserre 1978, 212-220. 66 Str 1242. Cf. Debord 1998, 141 67 Mcmnon d'Heraclee, rc-n.«, 434, Fl, 12.3, Dlod 12.34.5 (cf Menu et al. 1939,471 sq.) 6~ Balcer 1988. 18 69 Hell Ox, 17,3. 70 Amsi SchmItt 1972 , histone de la satrapie dans Weiskopf, Encyc. Iran, s.v "Daskyleion", 85-90 60
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commode. 11 semble, en effet, que Balcer interprete it tort Ie catalogue herodoteen de l'armee de Xerxes 71 ou figurent ensemble au § 74 les Lydiens et les Mysiens preuve, pour lui, que Phrygiens-Mysiens et Lydiens relevent d'un merne gouvemement. 11 omet cependant de signaler que les Phrygiens sont egalernent presents au § 73 et que les correlations etablies la avec les Macedoniens inclinent a penser a un peuple (au moins partiellement) cotier, Les Mysiens sont dits Olyrnpiens, du nom du mont Olympe. Cela suppose que la Mysie s'etendait au moins jusqu'aux pentes de cette chaine montagneuse, de merne qu'elle atteignait l'lda a I'ouest 72. D'autres liaisons apparaissent avec les Paphlagoniens, les Mariandyniens, les Syriens-Cappadociens et meme les Arrneniens, Ils ont tous des equipernents comparables mais des commandements distincts, Tous ces peuples constituent, nous I'avons vu, les troisierne et treizieme nomes entre lesquels doivent subsister des liens particuiiers. La region de Kios, consideree comme mysienne par Ie Ps-Skylax 73 pose un probleme connexe. On pensera it la pacification par Agesilas d'une region comprise entre Kios et l'Olympe de Mysie en reponse aux exactions commises contre son arrnee a l'aller du periple qui devait l'amener it Gordion et aux confins de la Paphlagonie. D'ou l'idee d'un "couloir mysien" separant la Phrygie proprement cotiere (Herodote : ceux que l'on a a droite en entrant dans l'Hellespont) du reste de la satrapie (Herodote : la Phrygie) et joignant la Mysie a la region de Kios au une dynastie perse avait sa basileia 74. C' est entre autres a cette region que Polybe 7S (et apres lui Tite-Live 76) fait reference lorsqu'il parle de la Mysie annexee par Prusias de Bithynie. Cette denomination a done perdure a l'epoque hellenistique 77. 11 n'y a pas lieu de rejeter ce que dit explicitement Herodote 78 en attribuant la satrapie de Daskyleion it un certain Mitrobates, qui est ainsi le premier titulaire atteste du paste en 523 au plus tard 79. Celui-ci est surtout connu pour avoir ete prive de son gouvernement par Oroites, Qu'advient-il apres la mise it mort de ce dernier. La seule chose assuree est qu'en 493 la satrapie est entre les mains d'Oibares, fils de Megabaze so. Entre les environs de 520 et 493 nous somrnes reduits it des hypotheses. Nous avons pu noter que vers 515, l'initiative militaire dans la region revient au satrape de Cappadoce Ariaramnes, Cela ne veut pas dire pour autant que la satrapie ait cesse d'exister, tout au plus peut-on penser que sa reconstitution n'a pas ete une priorite pour Ie pouvoir qui se mettait en place. On sait que des commandements militaires elargis furent confies successivement it Megabaze et it Otanes (fils de Sisamnes). Dans un cas, I'objectif assigne est la Thrace et la Macedoine ; dans l'autre, la saisie des Detroits et de certaines iles du Nord de l'Egee. Etaient-ils pour autant satrapes
Hdt 773-74. Ps.-Skylax 88, infra p 149 La chaine de l'Olympe (Ulu Dag) culm me it 2543 m. 73 Selon Str 12.4.8, une colomsauon rnysiennc en Buhynie est arrestee par Skylax (FGrHlst, 709, Fll) qui rapporte qu'ils s'ctabhrent (ainsi que les Phrygiens) autour du lac d'Askama, Toujours d'apres Strabon, Denys de Chalcis mdique que Ie Bosphore scst appelc "mysien" avant d'etrc "thrace", cf. Debord 1998. 74 Infra p 99 sq 75 Polybe 21A5 10 76 Tile-LIVe 38.39.15 77 Supra p. 75. 78 Hdt 3.120-126. 79 Contra, Balcer 1988 , Pent 1990,41-2 ; 182 80 Hdt. 6.33 , Justm 7.3. 71
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de Daskyleion? Le premier est seulement qualifie de strategos 81 et le seul argument que l'on pourrait avancer est le fait que son fils Oibares est, lui, certainement investi de cette fonction, Le second 82 est dit ()"CPCXTTlY0C; ... TcDV TCcxpcx8cxAcxaaiwv avopcDv. Or il convient de rappeler que Ie terme de parathalassioi est employe dans les Helleniques d'Oxyrrhynchos pour designer les habitants de la Phrygie hellespontique. Otanes pourrait bien etre encore en charge de Daskyleion au moment de la revolte de l'Ionie 83, en 499. Oibares intervient pour sa part a Byzance, a Chalcedoine, en Troade, a Lemnos et Irnbros, ce qui cadre bien avec un commandement centre en Phrygie maritime. Apres Oibares, nous n'avons a nouveau plus rien de sur. A une epoque indeterminee, mais que Ph. Legrand 84 situe entre les guerres mediques (avec beaucoup de vraisemblance si I'on considere l'ensemble du livre VI) 85, Hydarnes est qualifie par Herodote 86 de mpCXTl1Yoc; 'IcDV TCcxpcx8cxAcxaaiwv av8pcOTCwV 'IcDV EV Tn 'Aain· Le titre est identique a celui de Otanes quelques annees plus tot. II accueille et fait transiter vers Suse une ambassade lacedemonienne, A priori on pourrait penser que le lieu de rencontre est Sardes mais le recit d'Herodote ne dit rien de precis, et on sait que, plus tard, plusieurs ambassades vers la Haute-Asie sont pas sees par Daskyleion. De plus la fonction d'Hydarnes suffirait a expliquer que ce soit vers lui que se dirigent les Spartiates quelque soit son lieu de residence. Dernier argument, si Artaphernes (II) succede a son pere a Sardes 87, on voit mal a quel moment placer Hydarnes. Cela reste done hypothetique et l'unanirnite est loin d'etre faite sur ce point 88. En 478, Xerxes remplace Megabates 89, alors en paste, par Artabaze, fils de Pharnakes 90. A partir de la s'ouvre une longue periode de successions familiales et l' acces au satrapat devient une affaire hereditaire : en 430 en effet, Thucydide 91 nous indique indirectement que le satrape de Daskyleion est Pharnakes fils de Pharnabaze, c' est en effet lui qui concede aux Deliens, expulses de leur lie par les Atheniens 92, des terres aAdramyttion. Ces memes Deliens sont massacres trairreusernent par
Hdt 4143-4; 5.1-2,14-15. Hdt 5 25-28. Legrand 1946, 32 n 3 lui attnbue un commandemcnt cxclusivement rruhtairc SJ Hdt 5 116. S4 Legrand, CUF, livre 7 nonce p.13D (unphcitcmcnt) 85 Le dialogue entre les Spartiatcs et le satrape, SI Ie fond - au moms - a quelquc lustoncue ne saurau se comprendre apres la dcuxicme guerre medique, 11 scrt au contraire comme le note Legrand a exphciter la determmauon des Grecs, Sparnates aUSSl bien qu'Atheruens 86 Hdt.7.135. S7 Infra p. 119. 88 Dans Ie meme scm que nous, Burn 1984, 136 ; cf. deja Krumbholz 1883, 33 qUI place ausst Hydarnes tot dans le rcgne de Xerxes, contra LeWIS 1977, 83 n. 10. Et il n'y a guere de raison de doutcr que le merne personnage est Ie chef des Immortcls en 480 (cf LeWIS 1977, 84 et n. 12) S9 The. J 129.1 ; 1325 Megabates est Ie commandant de l'cxpcdiuon rnanqucc contrc Naxos, Hdt 5.32. 90 Parnaka des sources iramennes. Ce derruer est fils d' Arsames et COUSIn de Darius Cf LeWIS 1977, 9 sq ; Andrewes In Gomme et al 1981, 18. Thcrmstoclc, Lettre, 16.5 (Doenges 1981) defimt Artabazc comme aU1parry); BUCilAEm; Err\ 101; rrpo; 8u;caaaD E8ECiIV Malgre la date tardive de composruon du recueil (Ief ou lI'slec1e dc notre ere"), l'informauon de l'auteur est marufestemcnt PUlSCC a unc source tres au fait des rcalites perses, cf Schmitt 1972, 524 sq. (avee references anteneures), On dolt comparer a la denommauon des hstes perses, tayia» dravahya. "ceux aupres de la mer" (supra p. 70). Le seul anachrorusme apparent est qu'un con temporam eut plus vraisernblablcmcnt employe le utre d'hyparque a la place de satrape (contra Doenges 1981, 82-83, qUI pense que la fcncuon a ete reconstituee a partrr de la zone ou agu Pausamas). 91 Thc 2.67 I. Le stemma de la farmlle, Beloch 1923, lSi Cf aussi LeWIS 1977,52; Sekunda 1988,178. 92 Thc 5 1 (en 422) , Dlod. 12.73 1 R1
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Arsakes, hyparque de Tissapherne en 411 93. II ne semble pas qu'il soit possible d'en inferer que Pharnakes avait expresserncnt profite de la revolte de Pissouthnes pour agrandir sa provinee et que Tissapherne avait remis de l'ordre en 411 en faisant massacrer ceux des Deliens qui etaient testes 94. Adramyttion est entre les mains du satrape de Daskyleion, Ariobarzane, vers 365 95 . Ccla permet d'avoir une idee des limites de l'autorite de Pharnabaze en Bolide. La partition de cette region en deux est confirrnee par le recit de la campagne de Derkylidas contre Pharnabaze fourni par Xenophon 96. Le Spartiate se distinguc de son predecesseur Thibron en traitant avec egard Ie pays ami (cest-a-dire la region qui rcleve de Tissapherne) alors qu'il met au pillage "la partie de I'Bolide appartenant a Pharnabaze", De merne. Agesilas evacuant apres convention la province du merne Pharnabaze 97 etablit son camp dans la plaine de Thebe sans aucun doute pres de la frontiere de la satrapie. Nous venons d'evoquer par anticipation deux episodes qui se placent sous Ie gouvernement de Pharnabaze, fils de Pharnakes, qui avait succede it son pere entre 414 et 412 9R. Tres vite la rivalite des satrapes occidentaux se manifeste, au point qu'on peut la considerer com me quasi institutionnelle 99. La question Iitigieuse, outre les problemes poses par l'incompatibilite des caracteres, est celIe du commandement des armees destinees a contrer les entreprises des Grecs europeens, Ainsi au cours de son long gouvernement, Pharnabaze a ere place deux fois sous les ordres de Tissapherne et, entre temps, de Cyrus. II estime manifestement it la mort de Tissapherne que, compte tenu de son rang, de son age, des services rendus, ce commandement lui revient de droit. Les limites des satrapies a la fin du Y" et au debut du lye font probleme dans la mesure ou nos maigres renseignements risquent d'apparaitre comme contradictoires. Examinons les indications geographiques qui nous sont ainsi fournies en respectant I'ordre chronologique : 1) Avant 400 Pharnabaze controle une region qui vajusqu'aux confins de la Pisidie 100 ou, bien plutot, accessible aux raids des Pisidiens.
Thc 8 108.4. Une partie seulement a du rentrcr a Delos des 421 The 5 32.1 ; pour la discussion de eeUe question cf. Wade-Gery 1958, 222 n I ; LCWlS 1977, 80 n. 198 ,Andrewes 1961,S n. II et Andrewes In Gomme et al 1981, 12. Adramytuon est consrderee par la tradition grecque eomme une fondatron Iydienne Ccla pouvait fourmr unc base a la revendication du satrapc de Sardes, ef. Weiskopf 1982, 444 n. 20 , Stauber 1996, IK, 50-AdramyuelOn, p 127 sq. 95 Anobarzane asslege dans Adramyttion par Autophradares Polyen 7 26 96 Xen, Hell, 31.10 sq. 97 Xen , lIell, 41.41 , d. encore AlieS. 226, Assos est dans le domaine du satrapc de Daskylcion, Anobarzane .Dcmosthcne, C Aristocrates, 154. 9R The, 8.66 I (412) , Pharnakes est encore sairapc en 414, cf. Anstophane, Otseaux, 1028, LeWIS, 1977, 52 et n 17, sc demandc a partir de The. 8 58.1 SI le gouvernement de la satraprc n'a pas pu etre exerce de facon collegiate par les fils de Pharnakes, On rcmarquera cependant que du cote perse sont CItes, pour lc troisicmc traue de 411, Tissaphernc mars aussi apres lut un certam Hreramenes qui pourrait etrc un hyparque du prermer nomrne. Il ne serait pas mvraisemblable qu'un frere de Pharnabave exeree des responsabrlues auprcs de lui. 99 The. 3.2.13 , Tissapherne commandant en chef en Asie Mmeure occidentale en 411 (The 8 58 1), une suuauon rdentiquc apres qu'il art ele nornme a la Ie le des armces, succedant en eela a Cyrus (Xcn., Hell., 3 2 13 , 4.1.37) d'ou la reaction de Pharnabazc au moment de sa rencontre avec Agesilas (supra p 44) 100 Xen., Hell., 3 1.13 nous apprend que Pharnabazc dou conterur les raids des Mysiens et des Pisidrcns, Beloch 1923, 132 en conclut que la satrapie hcllespontique s'etendait encore a cettc cpoque jusqu'aux con fins de la Pisuhe, com me dans la listc des nomes (doutes de LeWIS 1977,56 n. 39). Lc rapprochement avec Plut., Them, 30 mvite a penser que les Pisidrcns, pour leur propre compte, ou a la soldc d'autres, pouvaient se hvrer a des raids vers Ie nord, bien au dela de leur region d'ongme (sur lcs mouvements des peuples de "brigands" cf Briant 1982, 183) 9]
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2) En 408, Cyrus est designe comme satrape de Lydie, Grande Phrygie, Cappadoce 101. 3) En 405, alors que Cyrus est reparti en Haute-Asie, Pharnabaze est en possession de la localite de Blau(n)da aux limites de la Lydie, il y installe les proscrits milesiens 102. 4) En 401 Cyrus confie la province de Haute-Phrygie a l'un des membres de sa parentele 103. 5) Vers l'est, Pharnabaze tient la Bithynie mais pas la Paphlagonie 104. 6) En 400 Tissapherne conserve son ancien domaine (Ionie-Carie), il recoit en plus ce qu'avait Cyrus 105. 7) En 396/5 une partie de la Phrygie interieure est dans le ressort de Pharnabaze 106,
On ne saurait done urer argument de ce passage pour dcfirur lcs limrtes de la satrapic de Daskylcion a la fin du v- s., en notant aussi qU'11 s'agu d'un rccu "mternporel" puisqu'il fall reference a des evenements censes etre multrples a l'epoquc ou Mama (infra p. 240) vrvart et qU'11 est impossible de les srtuer par rapport I'arnvcc de Cyrus en 407, dont on sait qU'11 avart rccu la Grande- Phrygie. . 101 Xcn , An, 1 97, cf. Leuze 1935,245 n. 1. 102 Diod. 13.104.6. C'est une question sans doute descspcrcc que la locahsanon de la posiuon remise par Pharnabazc aux CXIJCS rmlcsicns en meme temps qn'un statere d'or (nn danquc) par tete, Le nom meme est lorn d'errc assure Les manuscnts donnent KAauoa, mars dcpuis Wcsschng on a I'habimde d'emender en BAa110a. Cela n'a nen de choquant dans la mcsure ou les toponymes de ce passage ont sub I de graves alterations (KADoiac; pour ADoia;, 8cXc'iGmv a la place de "Io.cov). 11 est tcntant de pcnser a la locahte de Klauda (ou Blauda), dent irdentrficanon a fait l'objct de bcaucoup d'interrogauons mars qUI pourrau etrc a Sulumcnli, cestadrre tout a fait aux con fins de la Lydre et de la Phrygie (cf Hamilton 1842, 124 sq , KC11 & von Premerstein 1911, 144- 150 ; 1914, 50-51, Ramsay 1883,38 ct 1890,127 [ef. aUSSI 1331. cite avee quelques prccaunons par Drew-Bear 1978,56-59; ct. aussi Bornmelaer 1981 98 n 86; Hornblower 1982, 218-219 n 2; Petzl 1996, 149) La suuauon gcograpluque de Blaundos, smon sa Iocalisauon precise est assuree par Str 125 2, qui mdiquc qu'clle se trouve dans le voismage d'Ankyra [Sidera]. Hornblower, loc. cu., suggcrc qu'il s'agit de la me me ville qUI avail etc autrefois don nee Amyntas, fils de Boubarcs (Hdt 8.136, la Ville est appelee Alabanda mars placcc en Phrygie). Sekunda 1991, 127 sq pense [mars sa demonstrauon reste bien alcatoirc] que Blanda doll eire idennfiee Pharnakera, menuonnee par EtIenne de Byzance La VIlle de Blaudos a parfois ete suuee a Bolat (done scnsiblernent plus au nord, ainsr. apres bien d'autres, Lasserre, CliF) II est a noter cepcndant que Ramsay 1890, 133, avan donne de bons arguments centre ectte locahsauon, Une autre hypothese (au moms) reste ouverte : Ramsay 1890, 118 et 133, signale une agglorncranon du nom de Kalanda qui apparait dans les hstes concihaires et qu'rl suue non lorn de Stratoruccc du Carque. Nous aunons dans ecs confins myso-lydrens une au Ire candidate possible pour Klauda Les locahsanons envisagees n'amcncnt nu1lemenl a remplacer le nom de Pharnabaze par celui de Tissaphcrnc dans lc passage de Diodore (ainst Andrewes 1971, 213 sq , LeWIS 1977, 121 n. 92 . Westlake 1979, 41 n I) On salt (Xen , Hell , 3.1.13) que Pharnabazc cut mail Ie a partir avee lcs Mysiens, 11 n'est done pas exclu qu'a quclquc moment il art cherche a implanter des banrns aUSS1 pres que possible de leur paine d'onginc s'assurant leur fidelite mars aussi le controle d'unc region dangcrcuse pour sa satrapie meme 51 elle n'en relevau pas officicllcmcnt Lcs Mysicns dependent au moms en theone de la Lyd1C et en cc sens Diodorc nc commcttrart aucune incoherence en qualifiant Blauda de CPPOUplOV 11 ~Ti; ADoia;. La demarche de Pharnabaze trouve un parallele presque exact dans l'installanon quelques annees plus tot de Dehens aAdramyttion par Pharnakcs Rappclons enlin que les rapporls entre Lysandre, qUi chasse les democrates de Milel, el Pharnabaze, qUi les aeeueille, ne sonl pas bons Lc satrape sc plamt a Spartc dc Lysandre "quI pille et ravage son ternlorre" (Plut , I>ys., 19 7), 11 cst I'ongme de son rappel. IOJ Infra p 124. 104 Xen , An., 7 8 25 lOS Xen, Hell., 313 106 En gras, il s'aglt de ]a vallee du Sanganos dont la souree est placee en Grande-Phrygle par Arnen L'anecdole rapportee par Plut., Them. 30 parall con firmer que LeontokephalC se tmuve aux hmlles de la satrap1c de Phrygle. E1le esl pmbablement encore Ie pOInt Ie plus mendlOnal du tcrntorre conlrale par Pharnabaze
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mais l'action d'Agesilas, a Leontokephale 107, puis a Gordian a pour consequence de Ie priver momentanement du contr61e de cette region IDS. 8) A partir de 394, il recupere la partie de l'Eolide dont les Spartiates l'avaient spolie en 399 ; mais celle-ci ne comprend toujours pas la plaine de Thebe, les villes d'Adramyttion, Antandros, Astyra qui sont clairement en dehors de son dornaine, comme c'etait Ie cas au moment de la campagne d'Agesilas 109. II semble done bien que les regions d'Assos en Eolide, Leontokephale au sud, Gordian vers l'est et la Bithynie au nord-est representent les limites de la satrapie de Pharnabaze. A un moment indeterrnine, Ariobarzane qui succede en 388 a Pharnabaze no reprend possession d' Adramyttion Ill. K. J. Beloch donne l'analyse la plus fouillee de l'histoire de la famille de Daskyleion pour aboutir au stemma suivant 112 :
Supra p 34 n 84. Perle de la Troade (que Xen , Hell., 3.1.10, appelle l'BolIde de Phamabaze) lors de l'expediuon de Derkyhdas (3.1.16 sq ; cf. 3.2.13) en 399. La regron est recupcrec, sauf Abydos, apres la bataillc de Crude (4.8.t-7; 31-33) lOY Xen , Hell., 4 1.'11 : lorsqu'aux termcs de la convention qU'11 vicnt d'aeeepter, Agesilas quitte la satraprc de Daskylcion, 11 ctahht scs quarticrs des qu'il entre dans la satrapie voisme, ce11e de Sardes, "dans la plame de Thebe, autour du sanctuaire d'Artemis Astyrenc". Le controle de fait que Pharnabaze avait exerce sur Antandros (Hell, 1.1 25-26) apres l'cxpulsion de la garrnson de Tissaphcme en 'III (The. 8.108) avau donc ete de courte duree Mars it premiere vue lc texte des Hell. Ox., 16.1, parait en contradrction avec cclui de Xenophon : £TC£lOi) o£ KCl'rijpEv Ei; ~i)v xwpav ~i)v
lOR
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Pharnakes Artabaze
Phamabazc
Pharnakes I
Anobarzane
Pharnabaze
--I Muhndate
Aparne
Parapita
Artabaze seem de Mentor
fils
Mithridate
Anobarzanc de KIOS
i
Pharnabaze
Barsinc
Apame
Artorus
Memnon
Ptolemee
Eumene
Mithrrdatc de Kios
Anobarzane Arsames Kophen
Alexandre
Les proposttions de ce savant ont ete assez largement acceptees 113 lorsque Ie problerne n'a pas ete purement et simplement esquive, dans ce qui a pu apparaitre comme une question desesperee, Notons d'abord que les hypotheses elaborees ne peuvent etre considerees cam me entierement satisfaisantes et qu'un certain nombre de points meritent un reexarnen : l ) K. J. Beloch se debarrasse un peu vite de l'encombrant passage de Diodore (15.90.3) ou Ariobarzane, le satrape de Phrygie, recupere la basileia de Mithridate a la mort de ce demier (l'explication foumie est la confusion des deux Ariobarzane). 2) Comment la branche de Kios a-t-elle pu s'emparer aussi rapidement de la Cappadoce pontique si elle n' avait pas des liens anciens avec cette region? 114 Essayons de rassembler et d'ordonner les differents renseignements disponibles : a) Un Ariobarzane apparait d'abord en 406/405 115 11 est important de constater que les faits rapportes (rapatriement d'une ambassade athenienne) 116 se pas sent a Kios et dans sa region. Cette derniere est alors manifestement sous la responsabilite de cet Ariobarzane, II] Cf. par ex. la note de Sherman, edtteur pour la call. Loeb du hvre 15 de Drodore, qUI rcunit cornmodement a propos de 15.90.2 (202 n 1) l'cnscrnble des temoignages sur Ie difficile dossier MrthndateAriobarzane. On ne peut cepcndant accepter son interpretauon (diffcrente de Beloch, sans que eel a sort mdiquc) de la basileia comme etant Ie royaumc du Pont. 114 Infra p. 101. 115 Xcn., Hell., 1.4.7 Weiskopf 1989, 28 pcnsc quil sagu du futur satrape. ll f Infra p. 228.
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b) Les textes anciens n'indiquent jamais explicitement s'il y a un lien de parente entre Pharnabaze et Ariobarzane. On ne dispose en effet que de renseignements flous, ainsi Xenophon, Hell., 4.1.40: 'De; 0' f.v Tn TOU CPapva~&sou anoOTwic,x an00TEp&V aOEAqJOe; T~V apx~v qJuy&oa f.noi110E TOV Tile; l1apanime; u\.6v... 117. Ainsi forrnule, Ie texte est ambigu. K. J. Beloch hesite entre les deux solutions possibles pour la construction de la phrase: adelphos pouvant designer un frere de Pharnabaze ou un frere du fils de Parapita, done un fils de Pharnabaze. Dans le stemma qui lui sert de conclusion, il adopte la premiere solution. M. N. Weiskopf 118 suggere de facon convaincante, meme s'il ne peut apporter de preuve decisive, qu'Ariobarzane est un fils, le fils aine, de Pharnabaze. Malheureusement les personnages ne sont pas nommes a l'exception de la mere du jeune homme exile. De rneme la date de I'''absence'' de Pharnabaze n'est pas precisee, mais il parait assez vraisemblable de situer ces faits au moment de son rappel aupres du Roi 119 c) Pharnabaze est accompagne par un ou plusieurs freres lors de la negociation du troisieme traite de 411 avec les Spartiates 120. M. N. Weiskopf suppose 121 par reference au pere du "fondateur" de la dynastie satrapale de Daskyleion qu'il s'agit d'une appellation generique "les fils de Pharnakes", Merne si l'on accepte avec prudence le point de vue de M. N. Weiskopf, il convient de nc pas oublier celui de K. J. Beloch qui voit dans ce passage un argument en faveur de I'idee que Pharnabaze ct Ariobarzane sont freres 122. d) Une autre source confirme indirectement la parente d'Ariobarzane et de Pharnabaze : lorsque Artabaze, fils de Pharnabazc et d'Apame (elle-meme fille d'Artaxerxes, cf. h), se rend it Alexandre 123, il est accornpagne de plusieurs de ses enfants dont un Ariobarzane. 11 a un autre fils du nom de Pharnabaze 124. e) Remarquons aussi que la plupart des modernes considerent que la satrapie de Daskyleion avait depuis l'epoque de Pharnakes un caractere hereditairc 125. II est donc tout a fait logique que Pharnabaze ait obtenu que son fils aine lui succede, d'autant que ce dernier entretenait de bonnes relations avec les Spartiates et en particulier Antalkidas. f) En effet, Xenophon 126 nous apprend qu' Ariobarzane est depuis longtemps l'hote d'Antalkidas. II va favoriser les entrepriscs de ce dernier lorsqu'il est designe comme satrape. 117 "Plus tard, profitant de l'abscncc de Pharnabaze, son frere en depossedant de son pouvoir lou commandement"] Ie fils de Parapna, l'avait exrle" ; trad. Hatzfcld, CUF. 118 Weiskopf 19H2, 120-9 (1989, 31), qui s'appuic entre autres sur le recit de Plutarque, Age's ,13, rapporlant les memes evcnements et OU Ie jeune hornme est dit avou etc chasse par scs freres. Sekunda 1988 ct Corsten 19H5 (voir note 132) ehaeun de leur cote, avec des soluuons differcntes, rcfusent les hens de parente proposes tradmonncllcmcnt pour Pharnabaze et Anobarzane 119 Infra p 263 Une toute autre interpretation pour Sekunda 1988, 178, scion lcquel le fils de Parapita est un fils illegitime (il parait difficile de tradmre archie par home comme Ie fait S) On san que Pharnabaze avau un frere batard, Bagaios, qUI commandc sa cavalene (Hell, 3 413) Le nom de deux des fils de Pharnabazc, Oxythres et Dibrktos, est connu par Polyen 7.33.2 (freres cadets d'Artabazc prohablement) Un oncle de Pharnabaze (Susanuthres) . Cornchus Nepos, file, 103. 120 The. H.5H I , infra p. 214 121 Weiskopf 19H9, 27 n 35 122 Beloch 1923, 147. m Amen, An., 3.23.7; ce fall avait etc souhgne par Noldlckc 1884, 295 sq. (e.r de l'ouvrage de Krumbholz, lHH3) , ef. Bosworth 1980a, 325 , Weiskopf 1982, 122 et n. 64. 124 Infra p 458 125 Supra p. 93. 126 xe»., Hell, 5 1.28
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g) Cornelius Nepos 127 definit Ariobarzane comme praefectus Lydiae et Ioniae totiusque Phrvgiae dans un contexte anterieur aux evenernents qu'il rapporte, approximativement dans les annees 380-375. La plupart des modernes ant rejete cette assertion comme fantaisiste. Ne pourrait-elle eventuellement recouvrir une strategic englobant les satrapies de l'Asie Mineure occidentale dont nous avons deja releve plusieurs exemples? h) En 366, Ariobarzane est considere comme rebelle par Ie pouvoir central; il est decide - mais peut-etre pas des les premieres operations - de Ie remplacer par son dernifrere (au neveu) Artabaze, le petit-fils du Roi 128. i) Nous savons cgalcment qu'Ariobarzane est livre par traitrise au Roi par son pro pre fils Mithridate 129, par ailleurs assassin de Datarnes (infra), et Harpocration est Ie seul a indiquer qu'il fut crucifie. Voila les donnees a peu pres assurees, rnerne s'il subsiste un doute sur Ie degre de parente (supra b, c) entre Pharnabaze et Ariobarzane. Le reste est beaucoup plus sujet a caution: j) Le point de depart est Ie texte de Diodore 15.90.3 : 'ApLO~apsaVTje; 0 Tile; et>puYlae; O'aTpaITTje; oe; Kat M L8plOaTou T£A.£UT~CmVTOe; Tile; tourou ~acnA.£lae; K£KUpL£UKWe; ~v ... que l'on doit traduire "Ariobarzane, Ie satrape de Phrygie, qui devint aussi a la mort de Mithridate Ie maitre de sa principaute" 130. Beloch rejette cette assertion (qui n'entre pas dans son schema general) mais on pensera avec Weiskopf 131 qu'il n'est pas possi ble de se debarrasser sans discussion de ce passage. Le satrape de Phrygie (cette titulature simplifiee n'est pas pour autant inexacte) devient Ie maitre de la basileia de Mithridate a la mort de ce dernier. Ce terme ne saurait s'appliquer au ressort d'une satrapie, pas plus celie de Phrygie hellespontique, ou I'on ne voit aucune raison d'introduire Mithridate dans la liste des satrapes 132, que celIe de Cappadoce qui a en effet un titulaire du nom de Mithridate en 40] AOO. k) Pour proceder logiquernent, il importe tout d'abord de definir ce qu'est la basileia. Sur ce point au moins il semble que I'on puisse arriver a des conclusions solides. II est clair que Ie terme de basileia a un double sens. D'une part, et il est possible d'alleguer bien des paralleles pour differcnts satrapes aussi bien que pour Arbinas (Erbbina) en Lycie 133, il s'agit d'un palais, d'une demeure fortifiee, dont dependent des domaines, des villages. D'autre part, la coherence interne de Diodore met hors de doute que la basileia est le point de depart de la puissance de la famille de Kios 134 et dans ce cas, par extension, Ie terme doit etre compris au sens de principaute. Au passage ]5.90.3 repondent en effet 16.90.2 au il est Cornchus Nepos, Dat • 2 5 Polyen 7 26 , infra p 104 129 Xen , Cyrop , R R 4, Anst , Pol, 51312'1; Valero Maxunc 9.11, ext. 12, indiquent seulernent la livrarson au ROI du perc par lc fils, Harpocrauon, s.v. 'APIO~rxp1;6.v'1~, est le seul it mentionncr sa mise it mort. "0 La traducuon de Vial, CUF, est pour Ie moms rapide et mcriteran d'etre exphquee par une note: "Anobarzane le satrapc de Phrygic qui avart pns possession de ce royaume [faut-il cornprcndrc 1'1 Phrygie eomme Bnant 1996,677 (ef. 1051)'71 iJ la mort de Mithndatc..", Weiskopf 1982, 12R, n'est pas 10m de proposer une solution idcnnquc, qu'rl tente d'cxpliquer par l'mversion des noms des deux personnages (mfra) 131 Weiskopf 19R2,I2R U2 Weiskopf suggere que les noms d'Anobarzane et de vluhndate ont pu etre mvcrscs mars nos sources et la vraiscmblancc font penser que c'est Artabaze qut a dircctcmcnt succcdc it Anobarzane. m Phamabaze, Xen., Hell., 4 1.15-16 (ef. Hell Ox, 17.3) , Weiskopf, p. 50 et sur lc termc en general, supra p 46, pour Arbmas, cf. l'mscnptton grecque de TL, 44, infra p 187. 134 En ce qUI concerne la cite de KIOS, lcnscrnble des testtmonia et unc csquissc histonquc sont fourrus par Corsten 19R5, 3-71 (specialcmcnt 23-30 pour la penodc qUI nous occupe). Elle appartient iJ la Ligue de Delos et 127
12S
lOa
L' ASIE MINEURE AU IVe s. (412-323 a.c.)
indique qu'Ariobarzane meurt en 337/6 apres avoir "regne" vingt six ans (done depuis 363/ 2) et que Mithridate (II) 135 lui succeda dans la basileia pour trente cinq ans et 20.1 I 1.4 (en 302) ou Mithridate, tue it Kios apres avoir gouverne cette cite et Myrleia 136, est rernplace par Mithidrate (III) qui herite de la dynasteia et agrandit son domaine pour devenir roi de la Cappadoce Pontique et de Paphlagonie pour trente six ans. On suit done aisement Ie processus de formation et de consolidation d'une principaute it partir de la basileia de Kios qui s'''arrondit'' meme au point de devenir un royaume qui comprend aussi la Paphlagonie et la Cappadoce Ponti que 137. QueJle definition juridique donner it cette basileia? La clef de cette enigrne parait etre foumie par Xenophon et Skylax 138. Chez ces deux auteurs la region de Kios est decrite comme mysienne et cela pourrait bien refleter non pas une vague reference au peuplement primitif de la region mais plutot I'organisation administrative du secteur 139. Si cette lecture est la bonne, la basileia releve de la satrapie de Sardes. Or, tres souvent, Ie cceur du pays mysien echappe it I'autorite des Perses 140 ; c'est la raison pour laqueJle a pu se constituer it cet endroit encore plus eloigne de Sardes une veritable principaute, distincte de la satrapie de Daskyleion, mais dont les titulaires sont necessairernent arnenes it composer avec cette derniere, Revenons it Diodore 15.90.3 et it l'identite de Mithridate. Trois solutions au moins sont envisageablcs :
apparait dans un certain nombre de hstes entre 454/3 et 418/7 (1000 dr.) Dans I'inscnpuon IK, 29-KIOS, 2 (Tod, 149), que l'on date gcncralemcnt de 360 ou d'une an nee de peu posteneurc, elle presente routes les caractensuques d'une CIte autonome avec ses msutuuons, ses magrstrats . Cette rmpression est rcnforcec par Ie monnayage que Waddington ct al 1908, 311-314, dataicnt de la deuxieme moine du IV's. Le RIder 1963, 31 propose de modifier la chronologie relauve des errussions : d'abord une ermssion d'argent d'ctalon rhodicn (Waddington et al. 1908, pI. XLIX 27 ~ Lc Rider 1963, pI. XIX, 1), vers 350-345 ; puis des stateres d'or de poids atuque en 345/330 et enhn des hcmi-drachmes ct des 1/4 de dr de poids perse. Parmi les monnaies de bronze seule la monnaie n° 14 p. 314, pl 99, 35' PI. III, 12 (anepigraphe, 11 la difference des bronzes de lcpoquc d'Alexandre), dort etre considcrce comme une mamfestauon de la tutelle pcrse au IV'S : avers, tete de "satrape" barhu 11 drone, avec uare mars sans diademe / revers, grappe de raisin et couronne forrnce de deux epis de ble Apres d'autrcs, Le RIder, p. 40, s'mtcrroge sur le dcgrc de hbcrtc de KJOS en souhgnant que lcs frappes d'argent restent limuees aux pcutes drvtsions [mars retenons qu'il y a tout de merne la frappe d'or]. La premiere impression est qu'il a du y avoir des periodcs d'mdependancc et d'autre ou un controlc plus ou moms strict s'cxcrce sur la cite. Pour lever la contradiction apparente entre Diodore et lcs autres sources, rl y a peut-etre une ebauche de solution Sl l'on se rappelle la nature nutialc de Ia basilcia, qUI n'implique nullement que la cite de KIOS en art fait partie au depart. Le texte de Xenophon a) et un dec ret athemcn (infra p 228) semblent imphquer que, 11 la fin du Vv x., Kios jOUiSSaIt dunc part d' autononue , la basileia correspond 11 la nche plaine qui se trouve 11 l'mteneur, sur l'Izruk Golu (Askama LImen, dont Strahon note que ses eaux etarent poissonneuses ; sur ee type d'obscrvanons, cf supra p. 46). La VIlle ellememc a donc du avoir des rapports fiuctuants avec lc pouvoir perse et plus precisemcnt avec la dynastic de "Kios". Selon Plut , Phoc., 18, Alexandre offre 11 Phocion les revenus de KIOS Cf. Dehord 1998,141. 135 Dont Diodorc rapporte aillcurs (19.40.2) qU'11 descendait de I'un des "Sept" ; cc qut est le cas, rappelons-le, des Pharnacides. 116 Myrleia est une colome de Colophon, cf. Plinc, HN, 5.143 ; ElJenne de Byzancc, s.v. Ellc pale un tnhul d'un demi-talent 11 Athencs en 433/2, IG, 13, 279, II 18, sous l'appcllation BpUAA£HXVo. (ef. Mentt et al. 1939, s. v) Ellc est refondee par la dynastic buhymenne sous lc nom d'Aparnee. Cf. Debord 1998, 146. 137 Sur l'acccssion de ce personnage d'abord lie 11 Antigone, cf aUSSI Appren, Muhr., 9. 138 Supra p. 75. 139 C'est la conclusion que nous retenons pour les § 96 et 98 du Ps.-Skylax. 14() Hell. Ox,16.1.
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1) Mithridate est le satrape de Cappadoce de 401/400 141. C'est la solution retenue par ceux qui n'etablissent pas les correlations mises en evidence ci-dessus entre les divers passages de Diodare. Ce dernier souligne qu'Ariobarzane est le satrape de Phrygie mais ne donne aucun titre particulier a Mithridate; on comprendrait assez mal que le satrape ait sa basileia a Kios, c' est-a-dire en dehors de sa satrapie. II n'est nullement impossible en revanche qu'il y ait un lien de parente entre Mithridate, les satrapes de Cappadoce, et les Pharnakides (cf. infra Ie stemma propose) et cela expliquerait a la fois Ie fait que Mithridate, le fils d'Ariobarzane, ait ete delegue aupres de Datames qui avait succede a Mithridate en Cappadoce 142 et aussi la facilite avec laquelle les descendants de la branche de Kios ant pu s'emparcr de la region, com me s'ils y possedaient deja des jalons 143. 2) Mithridate est le fils d'Ariobarzane. Telle est la solution de M. N. Weiskopf 144 mais elle implique d'inverser les noms des deux protagonistes. II en infere que Mithridate a pu succeder de facon mornentanee a son pere dans la charge de la satrapie de Daskyleion, ce dont il n'y a aucune preuve et meme dont la vraisemblance historique est contestable. 3) La dynastie de Kios est une entire distincte 145, telle est l'opinion de Th. Carsten apres Ed. Meyer 146 apres avoir reuni les testimonia concernant cette cite, resume ses propositions par Ie stemma suivant :
Muhndate I
Anobarzane I (Ie satrape, mort en 363/2)
Anobarzane II 363/2
Mnhndate II qur hvre son pere en 363/2 maitre de Kros en 337-302
Mithndatc III
ocr du Pont it partir de 302)
141 Xen., Anah . 7 8.25 On ne saurait negligcr ce passage considere par certains comme un ajout indu it l'Anahase. Rcmarquons que Pharnabaze est designe lit comme en charge de la Bithymc (ce renscignement cst incornplet mars pas faux; Ie passage a sa coherence puisque l'auteur donne la lrste non des satrapes mars des autontes qui contr6lcnt lcs heux de passage des DIX M1IIe). 142 Infra p 107 141 Drod. 20 111.4 expcdic ceue question en une phrase: "Mithndate hcntant de la pnncipautc ajouta bcaucoup de sujcts, 11 regna en Cappadoee et en Paphlagoruc pendant trente SIX ans". Les auteurs modernes, Sl cnnques par ailleurs it l'egard du rccn de Diodore, ne se posent guere la qucsuon de savoir comment et it qucl titre Mithndate a pu mcttre la mam sur la region ponto-paphlagorucnne. 144 Werskopf 1982, 430. 145 Pour Sekunda 1988, 180-1S1, la fanullc de KJOS (Anobarzane et ses descendants) n'a pas de hen de parente avec Pharnabaze Selon lui J1 s'agit d'une branche cadette de la fanulle de Mrthndate, Ie satrapc de Cappadocc 146 Corsten 1985, 30
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La solution presentee par Th. Corsten a l'avantage de ne pas obliger it manipuler Ie texte de Diodore IS.90.3, mais on peut lui objecter divers arguments de poids inegal. Tout d'abord Ie fait de faire apparaitre un troisicrne Mithridate en plus du satrape de Cappadoce et du fils d'Ariobarzane ; d'autre part, Th. Corsten ne tient pas vraiment compte de Xenophon, Hell., 104.7, oii il apparait que Ie responsable de la region est (un) Ariobarzane ; enfin et surtout son fils Mithridate II aurait une vie it eclipses, mais qui dure fort longtemps 147. Le point de depart est interessant, mais il faut tenter de tenir compte de tous les textes et done aller jusqu'au bout du raisonnement. Dans ce cas, Ariobarzane mentionne par Xenophon a) est distinct du satrape et l'ancetre de cette lignee de la dorea de Kios ; il a un fils nomrne Mithridate qui lui succede it une date indeterminee et qui est encore present en 364, d. 1) ; le satrape Ariobarzane profite de la mort de ce dernier pour accaparer la basileia. Notons en passant que la phrase de Diodore se comprend mieux encore si it l'origine cette basileia ne releve pas de la satrapie de Daskyleion (supra). Mais lui-merne disparait rapidement puisqu'un autre Ariobarzane (fils du precedent Mithridate") en dispose it partir de 363/362. On obtient alors l'arbre genealogique suivant : ~-~-----
Pharnakes
Phamaba:e
Ariobarrane
Anobarzane Ide KIOSI Mrthndate acuf en 406/5 satrape de Cappadoce en 40 I/O
Parapita
Apamc
fils
Artabaze
Mirhndate [de Kios] encore vivant en 365/4
Anobarzane II de KJOS 363/2-337/6 Muhridate
Mithridate 337/6-302/l - - - - - - - - - -
Repetons que tout cela reste tres hypothetique mais que l'avantage de cette solution apparemment cornpliquee est de tenir compte des differents elements du puzzle tels qu'ils nous ont ete conserves. Diodore dispose manifesternent de deux sources distinctes, d'une part les elements d'une ou plusieurs histoires generales et d'autre part une chronique officielle de la dynastic cappadocienne. 11 a rnanifestement quelque mal it combiner I'ensemble des donnees; it sa decharge, l'abondance des homonymes (quelles que soient les solutions retenues) et la difficulte de maniement des chroniques ou toute erreur ou mauvais calcul se repercute, voire se multiplie lorsque lion remonte dans le temps.
147
Supra p. 100.
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I) II reste un dernier document a confronter au reste du dossier; Justin 14R resume l'histoire d'Heraclee pontique. A partir de 365 il nous montre le "senat" faire appel a Timothee, a Epaminondas, rnais en vain 149 ; les aristocrates s'adressent alors a Clearchos pour mater leurs opposants. Ce dernier s'etait mis au service des Perses apres avoir ete expulse de sa cite ; il feint de s'entendre avee Mithridate, que Justin decrit comme l'ennemi principal de la cite mais en fait il trompe tout le monde puisque dans un premier temps il capture Mithridate, qu'il libere contre une forte rancon ; il s'installe ensuite au pouvoir a Heraclee et maltraite les aristocrates. Qui est le Perse ici mentionne? La reponse est evidemment lice a la solution proposee pour Diodore 15.90.3. Pour nous il ne peut s'agir que du Mithridate issu de la branche de Kios (voir le stemma ci-dessus), on ne voit pas en effet a quel titre Mithridate de Cappadoce pourrait entretenir des rapports mauvais - mais constants - avec Heraclee ponti que. m) Pour en terminer avec Mithridate, le fils d'Ariobarzane satrape de Phrygie, il faut rappeler qu'il poursuit une carriere de "traitre" deja fort bien entamee. II se revolte contre le grand Roi, de facon fictive selon nos sources 150, pille les villages, s'empare du montant du tribut, abat les forteresses et ayant ainsi manifcste la sincerite de sa rebellion, il propose une alliance a Datames. Cc dernier tombe dans un guet-apens et meurt de la main de Mithridate. Le seul renseignement posterieur (?) que nous possedions est fourni par Polyen ou nous Ie voyons fuir devant des poursuivants a travers la Paphlagonie 151. Cet episode appelle quelques rernarques : le lieu du soulevement se situe obligatoirement dans la partie orientale de la satrapie de Daskyleion, au voisinage des territoires controles par Datarnes ; s'il s'agissait de la basileia de Kios (en poussant a son terme l'hypothese de M. N. Weiskopf) nous serions en presence d'une nouvelle difficulte puisque ces evenements se placent en 359/ 358 selon toute probabilite et qu'il y aurait la contradiction avec Diodore 16.90.2. Que retenir de tout ce qui precede? Ariobarzane est le frere cadet ou plutot Ie fils aine de Pharnabaze auquel il succede, II est deja en "rebellion" depuis quelques annees contre Ie pouvoir central lorsqu'il s'cmpare de la principaute de Kios, a une date indeterrninee mais qui ne peut s'inscrire qu'entre 364 et 363. II n'y a pas identite entre Ariobarzane de 15.90.3, mort tres probablement des 363/362, cf. i), done avant la date que Diodore assigne a la grande revolte des satrapcs, et son homonyme de 16.90.2 qui "regne" dans la basileia jusqu'en 337/336 152. II Y a done bien deux Ariobarzane (au moins ...), mais aussi deux Mithridate (sans cornpter cclui de Cappadoce). Ces homonymies expliquent pourquoi cet ccheveau d'informations est aussi difficile a rnanier, comme l'est plus generalement tout ce qui concerne cet episode.
14X 149
ISO
Justin 16.4. Sur la crcdibihtc de ce "raccourci", infra p 300. Cornelius Nepos, Dat., 10-11 , Polyen 7 29 I Pour Weiskopf 1982. 51 il s'ugit du fils d' Anobarzane, Ie
satrape. lSI 152
Polyen 7.29 2 A moms d'admcttrc cornme Ie fait Beloch 1923 (supra p 97) qu'il Y a eu confusion chez Diodorc
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Artabaze succede a Ariobarzane a une date inconnue, probablement au plus tard en 363/362 153, et il est contraint de s'enfuir a la cour de Macedoine en 352. L'etendue de son ressort est assez difficile a preciser, en particulier pour ce qui concerne sa partie orientale. Des son retour, il peut compter sur les res sources de la Paphlagonie et il semble avoir retabli assez rapidement son autorite sur la Bithynie 154, en revanche une partie des cites grecques de la cote paraissent avoir echappe au controle, Il est remplace par Arsites, sans qu'on sache si cette succession a ete directe ou non puisqu'on n'a de trace de ce dernier que vers 340, lorsqu'il envoie de I'aide aux Perinthiens contre Philippe 155. Pausanias lui donne Ie titre de 0<X1panTje; 1ile; EqJ' 'EAATj0nov1Cp
Pharnabazc (JlI)
Barsme
Mentor
Thymondas
Memnon (I)
Memnon(lI)
"----------------------
153 FIls de Pharnabaze et d'unc fillc du ROl (infra p 295). Weiskopf 1982, 381 sq. plaide pour une date anteneurc, (des 365). Sur Ie personnage cf. Ia nonce de Herve 1926, n° 152, Brunt 1975, 22 sq. ; Bosworth 1980, I sq ct. mfra p. 346 sq. 154 L'mscnpuon de Kios (Tod, 149 = IK, 29-KlOS, 2), en I'honneur de l'Athcrucn Athenodoros, n'apporte pas les precrsions attendues. Il est simplemcnt plausible que ce dermer a rccouvre la region au nom d' Artabaze, dont nous savons par ailleurs qu'il etait l'un des officiers (Enec, Pol., 24.10). Faut en conclure qu'rl sagn de rendre la pnncipaute a ses legrtunes propnctaircs dans Ie cadre du reglernent general de la revolte d' Anobarzanc ou bien Aratabazc intervicnt-il comme satrape de Daskyleron? 155 Paus. I 29 10. Beloch 1923, 149 et 156, penche pour une succession dtrecte la fin des annces 350. 156 Amen, An., 1.12.8. 11 convient de ne pas ecartcr cette menuon puisquc dans la meme phrase, Amen qualifie Spnhndates de satrape de LydIC et Ionic. 157 Weiskopf 1982,83, cf. aussi Berve 1926,82 n° 151, sur Ies ChOlX stratcgiqucs et la fin du personnage, cf. infra p. 431. Mithropastes, fils d'Arsites, fut exile par Darius Ormuz, cf. Strabon 16.3 5. 158 DlOd. 17 19.4. 159 Cf Berve 1926, 253 sq., n° 498; 442 (stemma de 1a farmlle). Pharnabaze (1II) est Ie successeur de Memnon a Ia tete de la flottc (infra p. 458). Thymondas est charge par Ie ROl de lUI ramener les mercenaires confies precedcmmcnt son oncle (infra p. 459) Athenes rend des honneurs Memnon (II), IG, 1[2,356 (cf Tod 1948 282, avec Ie commentaire sur Ia fin de cctte Ianullc).
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4.
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LA SATRAPTE DE CAPPADOCE AU TVe STECLE
Apres une longue eclipse, nous retrouvons une mention de la Cappadoce a la tin du karanos, une satrapie qui englobe Lydie, Grande-Phrygie et Cappadoce 160. L'adjonction de cette derniere a un ensemble deja fort consequent se justifie, en fonction de la mission qui lui a ete confiee, par la necessite de controler la Route royale, vecteur principal de la puissance perse. Elle est de plus, tout comme la Lydie au la Grande-Phrygie, un secteur important de colonisation et done de levees de troupes. En 401, Cyrus laisse la Cappadoce et la Lycaonie a Mithradates (ou Mithridates) 161. Cette precision semble impliquer une progression vers Ie sud de la zone controlee depuis la Cappadoce. En effet, la Lycaonie est une region qui echappe frequernment a l'administration perse. II n'est pas impossible que, dans Ie merne temps, le Taurus "cilicien" 162 soit devenu une frontiere et non plus comme a l'epoque precedente un trait d'union entre Cilicie du nord et du sud; situation qui s'expliquerait par une "reconquete" partielle par les autorites perses d'une region devenue plus autonome 163. Bien qu'il soit l'un des amis les plus fideles de Cyrus 164, Mithridate change de camp assez rapidernent, en merne temps qu'Ariaios. Des I'automne 401, il combat sous les ordres de Tissapherne pour que les Grecs s'eloignent de la Cappadoce et pas sent par le nord 165. 11 parait conserver la satrapie de Cappadoce 166 de rnerne qu'Ariaios est recompense de son attitude en recevant la satrapie de Grande-Phrygie ou il trahit a son tour Tissapherne en 395 167 , C'est a partir des annees suivantes que l'histoire de cette region va se placer de plus en plus nettement au cceur des problernes qui agitent l'Asie Mineure. Des le debut du regne d'Artaxerxes II, Camisares se voit contier un gouvernement ainsi defini par Cornelius Nepos 168 : "La partie de la Cilicie qui jouxte la Cappadoce et qu'habitent les Leukosyriens", 11 est difticile de determiner s'il s'agit la d'un gouvernement autonorne, ne de la partition de la Cilicie ou bien d'une hyparchie rattachee ala Cappadoce. En tout cas, ce gouvernement de marche frontiere a une importance strategique decisive, en particulier parce qu'il controle les Portes de Cilicie, au il convient par consequent de nommer des personnages energiques, si possible bans militaires. Toujours d'apres Cornelius Nepos, Camisares etait d'origine carienne et cette mention a pose beaucoup de problernes aux erudits modernes. Pour bon nombre d'entre eux, il est exclu qu'un gouvernement de V" s. avec l'entree en scene de Cyrus en 407. II recoit, avec le titre de
Xen., An., 1.9.7. Xen., An., 7.8.25. 162 Str. 12.1.1. 163 Infra p. 164. 164 Xen., An., 3.5.35 165 Xen., An., 3.3.4. 166 Sur ce point Beloch 1923, 153. 167 DlOd. 14808 168 Cornelius Nepos, Dat., 1.1 : habuit prouinciam partem Ciliciae iuxta Cappudociam quam incoleru Leucosyrz Sekunda 1988b, 36-37, considcrc qu'il y a erreur (de Cornelius Nepos ou de Dinon") de locahsation dans la mesurc OU les Leukosynens sont en Cappadoce et non en Cihcie, mars Cornelius Nepos nmdique nullement que Carmsares gouverne la CI1ICIC, (mcrnc erreur chez Moyscy 1986,24 cf. encore Bmg 1998,42-44, Nat de la question dans sa n 7). Sur les Leukosynens, supra p 85 n. II Bnant 1996,732 pense qu'rl sagr! de la Cataorue qUI serau done passee de Carrusares it Aspis Pour rna part, jc pcnchcrais pour une enure plus vaste avec cornrne capitale Mazaka, supra p 87. 160 161
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quelque importance ait pu etre devolu a un non-Iranien 169 : N. V. Sekunda conclut que Carnisares et par consequent son fils Datarnes sont des Perses 170 issus d'une famille implantee en Carie et, ce qui est plus hypothetique, que cette famille avait du sa fortune a Tissapherne en restant loyale a ce dernier au moment de l'anabase de Cyrus. Si l'on accepte cette origine perse, il convient tout aussitot de noter que Datames est aussi le fils de Scythissa 171. Ce fait confirme que des Perses de haut rang pouvaient tisser des liens matrimoniaux avec les aristocraties locales dont I'autorite etait reconnue par le pouvoir central 172. Au cours de la grande expedition contre les Cadusiens, Camisares est tue et est remplace aussitot dans son poste par son fils Datarnes, dont c'est la premiere experience militaire d'envergure (il est done ne vers 410-405) 173 et qui se montre deja tres brill ant. Ainsi commence la carriere du meilleur stratege perse du Ive siecle, que Cornelius Nepos nous permet de suivre avec une assez grande precision. La deuxieme etape est sa participation decisive a la campagne menee par Autophradates, satrape de Lydie, contre les "peuples qui se sont revoltes" 174. Le role joue dans la victoire lui vaut peut-etre, comme Ie pense W. Judeich 175, de recevoir en recompense 176 la satrapie de Cappadoce. Cela suppose que cette derniere avait ete rendue vacante par la mort de son titulaire Mithridate, a une date qui pourrait se situer peu avant (?) 380. La phase suivante est la reconquete au nom du Roi de la Paphlagonie qui etait restee en etat de secession de fait depuis la campagne de Cyrus contre son frere 177 et, vraisemblablement en meme temps, de toute la zone nord de la Cappadoce y compris Sinope (cf, ci-dessus). Datames est epaule par Ariobarzane, au tres probablement plutot I'inversesi I'on tient compte de l'age respectif, de la notoriete et des origines des deux personnages. Si l'on accepte de donner quelque credit au titre que lui donne Cornelius Nepos: "gouverneur de Lydie, d'Ionie et de Phrygie toute entiere', 178 il s'agit Iii d'un de ces commandements C'est la posiuon affirmee avec force par Petrt 1988, 318 (supra p. 27) Sekunda 1988b, 35-36 , 1991, 88 sq SUIVI par Bmg 1998,44 Pour Camisares, Sekunda admet qu'il n'y a pas de parallele averc dans l'onomasttquc perse. A noter cependant que Hamson 1982, 256 n. 3 (suivant en cela JUStl 1895 S v. Kamsar) penehc pour l'alternauve conrraire En revanche Ic nom de Datames ou plutot Datamas se rencontre par trois Iois chez Xenophon pour designer deux personnes diffcrentcs (Cyr., 5.338; 4 16,8.3 13) et deja dans les Penes: Schmitt 1978 L'orthographe arameenne soulcve de seneuses difficultes . dolt-on considerer que les monnaies Irappees en Cihcic par Tarkumuwa apparticnncnt bien a Datames (mfra p. 361)') Lc principal argument avancc par Sekunda pour l'ongme iraruenne de Datames, ct par consequent de Carrusares, est le fall que le premier a etc garde du palais, foncuon rcservcc aux seuls Iramens selon Herodotc 7.41, et Hcraklcidcs de Kyrnc (Athenee 12.514 b-e), Il est a noter que le Ps- Anst., Ee., 2.1350 b, dcsignc Datames cornme Penes. Son beau-perc Muhrobarzanes est sans aucun doute un Pcrsc 171 Scythissa, dont on ne connait pas l'ongrne exacte (son nom cst-il vcntablernent une indicauon fiable") est la tante de Thuys Ie rot de Paphlagoruc dont ee mcme Datamcs detruira le pouvoir (Cornelius Nepos 14.23). 172 Supra p. 28 173 Sekunda 1988b, p. 37 dcveloppc lc mcrne rmsonnement . "A date of birth of around 405 or earlier' 174 Cornchus Nepos, Dat., 2.1 175 Judeich 1892, 191-192. 176 Evoqucc par Cornelius Nepos, Dat., 2 I. Telle est aussi la solution retenue par Sekunda 1988b, 44, qUI propose 385 ou 384 (a rabaisser peut-etre de quelques annecs) Noter que Diodore 15.912 prcsentc Datamcs eomme le satrape de Cappadoce. Ce pomt de vue est celut de la plupart des histonens A sou1tgner que Bmg 1998, 42 sq., sefforce de dernontrer que Ic ressort de Datames (et deja de Carrusarcs) est la Cihcre 177 Infra p 112. In Cornelius Nepos. Dat , 2 5 169
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doubles si frequents dans la mise en ceuvre des arrnees perses. La presence d'Ariobarzane est justifiee par la mitoyennete, peut-etre me me par Ie fait qu'autrefois la Paphlagonie avait appartenu au troisierne nome 179 ; celie de Datarnes egalernent par la mitoyennete, si I'on admet qu'il a recu la Cappadoce. L'accard entre les deux satrapes est concretise par la presence de Mithridate, Ie fils d'Ariobarzane, aupres de Datames des les annees suivantes ]80. Le fait qu'Ariobarzane ait quitte Ie theatre des operations n'entraine pas de brouille entre les deux hommes 18]. Un peu plus tard, vers 376-375, Datarnes est charge de combattre Aspis de Cataonie. Cette region est decrite par Cornelius Nepos ]82 comme "au dessus de la Cilicie et aux confins de la Cappadoce", S'appuyant sur Ie relief et un solide reseau de places fortes, Aspis n'obeit plus aux ardres du Roi, et meme, il s'empare des convois amenant Ie tribut au centre de l'Empire. II serait tentant de voir en Aspis un dynaste-brigand autochtone, laisse quasi independant, mais en fait les choses sont beaucoup moins simples. La Cataonie ne se distingue ni par la langue ni par Ie peuplement du reste de la Cappadoce ]83. En ce qui concerne les cultes, Comana de Cataonie (on dit en general de Cappadoce) est Ie centre du plus important sanctuaire de Cappadoce, celui de Ma, et son grand-pretre est issu de la famille royale. De meme Ie culte d'Apollon cataonien 184 a une grande reputation. Ces solidarites, meme si elle s'appliquent a l'epoque "des rois" (c'est-a-dire de la dynastie cappadocienne), ne peuvent que traduire des realites anciennes. D'apres Strabon 185 elle a eu une existence autonome pendant une longue periode, en fait jusqu'a I'annexion par Ariarathes III (soit entre les environs de 255 et 220). N. V. Sekunda ]86 soutient avec des arguments serieux que Ie nom Aspis est perse, II en tire la conclusion qu'il s'agit du satrape (disons plutot gouverneur) revolte de la region. Datames regle rapidement la question avec peu de moyens. On voit done la brillante carriere de ce "nouveau venu" avec comme corollaire les jalousies ala cour, qui conduisent a la revolte et fmalement a l'assassinat de Datames 187. Si I'on essaie d'esquisser les contours des territoires controles par ce dernier (sans qu'il faille penser qu'il les a tous tenus en merne temps) il faut y inclure, outre la Cappadoce, la Paphlagonie, la Cilicie (au moins en partie), la Cataonie, la cote meridionale jusqua la Pisidie, avec une possible intervention a Side en Pamphylie 188. La comme ailleurs, le pouvoir central parait avoir tire la lecon des evenernents, II y a tout lieu de penser que la Cappadoce fut a nouveau scindee en deux provinces. Strabon ]89 indique explicitement que les Macedoniens, au moment de Ia conquete, trouvent Ia Supra p. 73. Cornelius Nepos, Dat., 4.5 , 10 sq. lSI [bid, 2.5. IS2 [hid, 4.2 Cf. Atkinson 1972, 408-409 , Bnant 1996, 731 sq.; Strabon 1222 souligne Jes quahtes agncoles du pedion cataoruen Ig3 SIr 12.22-6 IH4 Cf. Debord 1982. 163-164. ISS SIr. 12.1.2 IH(, Sckunda 1988b. 43. 187 Infra p 359 IH8 C'cst du moms Ie POlOt de vue de Weiskopf 1982, 208, it moms que Datames nagrsse lit dans Ie cadre de son mandat it la tete dc la flotte de Phcrucic , sur Ie monnayage de SIde surfrappe par Datamcs, infra p 365 lS9 Str 12 I 4 179 IgO
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Cappadoce subdivisee en deux satrapies. Essayons de confronter les informations de valeur inegale qui nous sont proposees et qui ont suscite des analyses contradictoires ou peu pertinentes chez les modernes. Pour Diodore 190, l'arbre genealogique de la famille de Cappadoce se construit ainsi a partir de Datames : I Datames
I I I I
Anamnes (Anararnnes plutot) durant 50 ans
Holophcrne (Orophcrnes plutot) , qui accompagne Art Ochos en Egypte entre 351 et 343
Ariarathes (1) mort en 322 face 11 Eumcnc ct Pcrdiccas (11 l'age de 82 ans)
adopte
Ariarathes (II)
Aryses
On attribue a Ariarathes Ier des monnaies ernises a Sinope, ou en tout cas reprenant a l'identique les types monetaires et l'etalon des monnaies de cette cite 191, ainsi que des series emises a Gazioura 192 apparemment imitees du monnayage tarsiote de Mazaios ]93, mais dont la legende en arameen precise qu'il s'agit du Baal de Gazioura : avec a l'avers Baal, au revers un griffon attaquant un cervide, Ariarathes en arameen. Entin, Arrien 194 indique que Mithrobouzanes, hyparque de Cappadoce, est tue ala batailJe du Granique. Peut-on accorder quelque credit ala "Chronique cappadocienne" de Diodore? II est clair que dans Ie detail cette derniere est (parfois gravement) fautive, nous l'avons releve plus haut 195. C'est egalement vrai pour la partie qui concerne le lye s., le gouvernement de Diod. 31.19 , pour la premiere parue de cette gcnealogie, supra p 90. IYI Hamson 1982a, 468-469. Legende arameenne 'Arywrt : Babclon 1910,431-442, pI. lID, 17-19, III, 8 (III, 3 = PI. III, 17). SNG Black Sea, 1459. Surles rnonnaies de Sinope, infra p. 114 sq 192 PI. X, 15. Harrison 1982a, 470; cf Babelon 1910,669-672, pI. CXI, 9-12. Remach 1890,30-31, en deduit l'tdee que Anarathes avatt unc pnncipaute autour de Gazioura, Cf. SImonetta 1961, 11 et 26 , Naster 1988,9. 193 L'influcncc des monnaies cihciennes est evidente et montre bien que la region regarde vers Ie sud. Ccla vaut aUSSI bien pour l'avers que pour le revers qui "plagic" Je monnayage de Mazaios, cf PI. X, 3 et infra p 413 : avers lc Baal de Tarsc tete de face! revers un han attaquant un cervide 194 Amen, An., 1.16.3; Diod. 17.213, emploie 11Y01J>LEVO;; on ne pcut ncn fonder, commc 1e fait par exemple Lasserre, l'cditcur du hvrc 12 de Strabon, CUF, 151,11 la suite de Jones 1971,429 sur l'emploi du termc hyparchos par Amen, cf. supra p. 24 195 Supra p. 90. 190
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Datames est largement anti date ce qui amene a etendre sur cinquante ans celui d'Ariamnes (sans qu'il ait accompli rien de notable ...). 11 parait plausible cependant de retenir un lien entre la famille d'Ariarathes et Datames. Dans ce cas, I'origine du pouvoir de Camisares, puis de Datames, et I'exercice hereditaire d'une puissance dynastique a partir d'Ariarathes (II) nous ramenent toujours dans la Cappadoce meridionale (done le futur royaume de Cappadoce). Une fois cela etabli, comment ordonner le reste de la documentation? A partir de 358, il Y a deux satrapies : c'est la meilleure reponse du pouvoir central a de possibles tentatives hegernoniques. II n'y a done aucune raison de douter de l'affirmation par Strabon de l'existence de deux satrapies au moment de la conquete rnacedonienne, ne serait-ce que par comparaison avec les antecedents 196 mais aussi avec la situation ulterieure ou existent les deux royaumes du Pont et de Cappadoce. La situation con forme a la norme parait bien etre celle de la partition. Malgre la "revolte" de Datames la zone meridionale reste dans la merne famille. Cela n'est nullement contradictoire avec les pratiques de gouvernement perses ; mais une satrapie de Cappadoce pontique est reconstituee pour Mithrobouzanes ou son predecesseur, Mithrobouzanes est tue au Granique, cependant les Macedoniens ne font pas l'effort de conquerir le centre de l'Anatolie (situation a comparer a celle de la Carie). Le passage d'Alexandre est trap bref pour que les choses soient modifiees profondement, 11 designe un "satrape" (Sabiktas) pour la Cappadoce 197 qui ne survit pas, au moins politiquement, ala contre-offensive perse de 333-332 198. Cette double disparition laisse le champ libre a Ariarathes 199 pour se tailler une vaste principaute reconstituant le domaine qu'avait domine son ancetre Datames, Nous ne savons rien de concret sur Ie processus. Mais plusieurs observations doivent etre faites a partir des monnaies. Les monnaies de Gazioura sont generalernent considerees comme appartenant a la derniere decade de son activite 200. Les imitations des types de Sinope sont les plus tardives du groupe des six Perses ayant ernis selon ce modele 201. On rapprochera les observations de E. T. Newell concernant le tresor de Kuchuk Kohne 202 qui s'etonnait de ne pas trouver dans sa composition de monnaies d'Ariarathes aux cotes des monnaies civigues de Sinope, Amisos ou encore de monnaies de Mazaios. dans un tresor qu'il date de 325-320. Ce faisceau d'indications est plus facile a expliquer si la presence d'Ariarathes dans cette zone nord est conjoncturelle et directement lice aux evenements qui vont en trainer sa disparition en 322. On rappellera qu' a la mort d' Alexandre Eumene recoit en partage la Cappadoce, la Paphlagonie, et les territoires pontigues jusqua Trapezonte 203. 11 est tentant de penser que ces territoires, qui sont a conquerir, correspondent en fait a la liste des regions que controlait Ariarathes, L' extension de son domaine vers Ie nord, si notre hypothese est exacte, engendrait un danger plus important pour les Macedoniens que l'existence d'un ensemble non controle au centre de la
196 Certes, II n'y a pas d'autre attestation exphcue d'unc telle srtuauon , mars 11 convrent de rehre autrement 1cs passages prccrtes de Herodote ct Cornelius Nepos. Les hypotheses de Jones, loco CIt, qUI sont souvcnt citccs eomme reference scmblcnt devoir etre completernent repensees. 197 Infra p. 162 19H Infra p. 463 sq. 199 Hamson 1982a, 286-290. 200 Parrru d'autres Babelon 1910,434, SImonetta 1961, 11. 201 Infra p. I 14 sq 202 Hamson 1982a, 289-290 errant Kewell 1931, 1-24 20] Amen, Succ, FGrHIst, 156, FI (5) , Briant 1982, IS.
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peninsule. Cet accroissement avait pour consequence de couper I' Anatolie en deux et permettait la mainmise sur la rive sud de la mer Noire. L' elimination d' Ariarathes devenait un objectif prioritaire. II parait coherent de penser que c' est I' effort de guerre final (trente mille fantassins et quinze mille cavaliers selon Diodore 18.16.2) qui a necessite la frappe des monnaies attribuables ace personnage.
5. LA P APHLAGONIE 204 C' est une region tres compartimentee, articulee autour des Monts Olgassys (llgaz Daglan), puissante dorsale qui culmine a plus de deux mille cinq cents metres, mais aussi un secteur boise et d'acces difficile, Strabon 205 retient comme particularite l'abondance des sanctuaires installes par les Paphlagoniens. Au nord, se trouve une zone fertile, arrosce par la riviere Arnnias, puis apres une nouvelle chaine montagneuse (Kure Daglan), la cote controlee par Sinope qui ferme ainsi une partie de I'acces a la mer pour les Paphlagoniens. II leur fallait deboucher, de facon assez malaisee, plus a l'ouest, mais la commencait le territoire des Heracleotes 206. Nous avons vu plus haut qu'Herodote 207 donne une image contradictoire des peuples qui habitent les regions comprises entre Thermodon et Parthenios, et que Skylax situe au dela de Sinope vers l'ouest la "frontiere" entre Assyrie et Paphlagonie. Au sud des Monts Olgassys une zone elevee (hautes collines atteignant mille huit cents metres) qui enserre de petites plaines. La plus importante est celIe OU se trouve Gangra (aujourd'hui Cankm) qui sc definit plus tard sur son monnayage comme apxcnoHxTll na
cO·j Cf. Leonhard 1915, Ruge & Butel 1949, col 2510-2537, Wilson, 1960 (non vtdii , l'esscnucl des conclusions du meme auteur dans ses notices de la Princeton Encyclopedia of' Classical Sites. 1976 Remarques breves sur l'cvoluuon de la region dans Baumbach 1911,44 et 55 , Bosworth 1980,188 sq , Bnant 1996,718 sq 20S Str. 12.340, cf. Robert 1963,449-452 et 656-659,1980,210-214. 206 11 est notable que pour Kallisthenes cite par Str 12.3.5. les Cauconicns et les Henetes barrent l'acccs it la mer aux Paphlagorucns On avait done it l'epoque d'Alcxandrc Ie souvemr plus on moms confus d'une epoque OU les Paphlagomcns etaient un peuple contmental. 207 Supra p. 85. 20S Cf Robert 1980, 204 ct 265 209 Str 12.3 40
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1I I
-------.-----
Gerdek Bogan
Tomce du =vc ~el~el
si
cle
50km
gr co-perse
Carle 3 La Paphlagoruc
Paphlagonie 2!o. On ne doit pas conclure a priori qu'il y a confusion chez Diodore puisqu'il indique expressemcnt qu'il suit Ephore. On rapproehera Ie recit de Cornelius Nepos concernant la "mise en scene" de la remise de Thuys au Roi 211 apres l'avoir revetu du "veternent somptueux que portent les satrapes du Roi", II s'agit non pas d'une belle histoire comme l'indique superficiellement l'editeur de la CUF, mais de la volonte d'humilier celui qui etait considere comme Ie representant du Roi et a ce titre aura it du se comporter comme un satrape. On aurait sans do ute d'ailleurs une assez fausse image de la Paphlagonie en imaginant qu'elle etait restee al'ecart de I'influence perse. J'en retiens com me preuve Ie relief d'Afirozu representant un banquet funerairc a trois personnages habilles a la mode perse 212, ou encore la presence de tombes rupestres a fronton etudiees par A. von Gall 213 et datees par lui des y c et lye s. Si I' on accepte cette chronologie, la consultation d' une carte invite a 21()
Diod 14 J 1.3. Bnant 1996,662 ernet I'hypothese quil pourrait sagrr dAnobarzane (mars cf infra
p.228). Cornelius Nepos, Dat., 3 1 Sur ceue scene Bnant 1996, 211 Rehel' a banquet funerairc d'Afirozu, Doncec1-Youtc J984, JOJ-1 18 21l Yon Gall 1966a Kalekapr, "perse" , Salarkoy, deux iemc moine du IV'S, Kastamonu, deuxieme moure du IV'S , Gerdek Bogazi v- s. ; Terehk Kayasi, deux Ierne moine du V'S. ; Hanbarkaya Kargi, V' s , lskihp, IV's ; Kapikaya, v- s. Cf von Gall J966b, 19-43 211 212
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penser que la diffusion des themes perses (adaptes a la specificite regionale) s'est faite au en remontant l' Halys a partir de son cours final et le long de son affluent l' Amnias. La progression au IVe s. concerne les alentours des monts Olgassys. H. von Gall 214 souligne les correspondances a etablir avec la Phrygie et il convient de rappeler les liens politiques reels puis theoriques entre les deux regions.
VO s.
Au moment du retour de ce qui reste des Dix Mille, la Paphlagonie est indiquee comme etant Yarche d'un certain Korylas. Le long recit de Xenophon laisse penser que ce personnage, bien qu'il soit englobe dans la liste des archontes 215 qui comprend par exemple Pharnabaze pour la Bithynie, est un Paphlagonien de souche 216. Ces derniers "ne se sont pas rendus a l'appel du Roi, leur chef est trap fier pour cela" 217 Que faut-il en conclure quant a l'organisation politique et la dimension spatiale de la Paphlagonie? Tout d'abord la situation n'est pas cornpletement identique a celle des peuples du nord-est de l'Anatolie qui sont expressement decrits comme n'obeissant pas au Roi 218. II semble plutot que Korylas a profite de la situation creee par la guerre civile qui mobilisait les energies au cceur de l'Empire pour manifester des velleites d'independance. II n'a pas repondu a la demande royale, c' est-a-dire au "service d'ost", qu'il devait normalement honorer. Quel est Ie secteur controle? Il n'est pas assure que la Paphlagonie soit veritablernent unifiee, D'apres la description que donne le Sinopeen Hekatonymos 219 la zone concernee par l'action de Korylas englobe l'arriere-pays de Kotyora et se poursuit jusqu'a la chora de Sinope, done un secteur qui sert norrnalement de dcbouche a la Cappadoce vers la mer. Une telle situation ne peut s'expliquer que par les circonstances exceptionnelles evoquees ci-dessus. II controle plaines et montagnes, y compris peut-etre les pentes des monts Olgassys. En cela il est un voisin encombrant pour les Sinopeens, a la fois pour la ville et la chora dont on connait la richesse a travers Strabon 220. Bon site de presqu'ile determinant deux ports, peche de la pelarnyde, bois de qualite pour la construction navale, d'autres pour le mobilier, olivier pres de la cote 221, cultures "maraicheres" aux alentours de la ville auxquels s' ajoutent les possessions au long de la cote peuplee de Grecs et qui paient un tribut a Sinope (Kotyora, Cerasonte, Trapezonte) 222. Face a la mauvaise volonte affichee par Kotyora et certains Sinopeens, Xenophon repond par d'autres menaces, il propose de s'allier avec Korylas 223 : "on m'assure qu'il convoite votre cite et vos places maritimes (xmpla ,Cx Em8aAa,na)". Cela suffit a
214
Von Gall 1966a, 122.
m Xen., An., 7.8.25 216
lbid., 5.5.23.
LI7
tua.. 5 6.8.
218 AUSSI bien Xen , An., 517, que 7.825 Cf. encore 3.516-17 et4.1.4-9 Ils sont lc pendant des Pisidicns au sud-ouest de l'Anatohc. 2lY xs«. An., 5 6.8. 220 Str. 12.3 1-12. 221 Et par consequent les amphores necessaires II est it notcr qu'un certain nombre de noms perses apparaissent sur les umbres arnphonques, cf Robert 1963, 515 . Mithrobates, Maidates (com me dans l'mscnpuon d'Amsa precitce), ere La presence de ces noms n'a evidemment pas Ie mcmc scns scion la date de leur unhsation 222 Xen , An, 5 5.10 , d. Ehrhardt 1983, 57 sq. 223 Xen., An, 5.5.23. Mats les choses n'etaient pas SI Simples Xenophon indique un peu plus lam qu'Hckatonyrnos est le proxenc de Korylas (5 6 11).
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provoquer le revirement des Sinopeens 224. II n'est pas certain en revanche que Korylas soit maitre des zones au sud des monts Olgassys, beaucoup plus faciles d'acces it partir des territoires restes sous controle perse. Quelques annees plus tard (en 395) c'est un autre personnage, Otys, qui est I'interlocuteur d'Agesilas lorsque ce dernier envahit la satrapie de Pharnabaze. Les recits de Xenophon et de l'Anonyme d'Oxyrrhynchos 225 laissent it penser que le contact a eu lieu dans la zone meridionale de la Paphlagonie. Dans ce cas Otys tient Gangra mais on ne sait rien alors pour le nord. Agesilas propose de tisser des liens matrimoniaux entre Ie transfuge Spithridates et le dynaste. Par ce geste, un pas est franchi dans le sens de la rupture avec I'empire, d'autant qu'Otys fournit un contingent de caval erie qui vient grossir I'escadron perse de Spithridate. La plupart des modernes admettent que Thuys (Cornelius Nepos) qu'Elien et Theopornpe appellent Thys 226, est identique it Otys 227 chez Xenophon, Malgre les doutes exprime par M. N. Weiskopf 228, il est quasi certain qu'il s'agit bien du merne personnage en raison de ses caracteres physiques originaux 229, mais surtout parce que les Helleniques d'Oxyrrhynchos 230 appellent Otys f1111<;. Le "pont" est ainsi etabli entre des anthroponymes transcrivant de facon plus ou moins exacte Ie nom indigene 231. Dans I'annee 380 232 Ie Roi, apres avoir mate une importante revolte dont nous n'avons pas de traces directes 233, entend reintegrer la Paphlagonie dans l'Empire alors qu'eUe est en etat de secession de fait depuis au moins 400 234 . C'est Datames qui est charge de I'operation, sans doute parce qu'il est par sa mere un cousin germain de Thuys. II n'y a pas eu de conflit prealablement declare comme tendrait it Ie prouver la procedure suivie. Mais la negociation ayant echoue, la guerre aboutit it la capture de Thuys (cf. ci-dessus). II est logique de penser que c'est au cours de cette campagne que Datames recouvre it J'Empire perse toute la zone septentrionale que controlait autrefois Korylas. Polyen et Ie Ps.-Aristote nous Ie montrent it Arnisos et it Sinope 235. C'est dans cette derniere ville que sont frappees des monnaies Iegendees ~A TAMA ou ~ATA 236. C'est probablement encore en Paphlagonie qu'il revient 224 Sur Sinope en 400, ef. Raubitschck 1964, ISS, SUIVI par LeWIS 1977,60 n 70. Tout comme Korylas, 1cs Suiopcens ont pu profitcr de la suuauon creee par l'arnvee des Dix-Mille pour s'affranchir cornpletemcnt de la tutelle perse jusqu'a l'action de Datames 225 Xen., Hell, 4.1.3, Otys vtent sceller un traitc d'alhance alors qU'11 a refuse de se rendrc a l'mvuanon du ROI ; II fourrut mille cavaliers et deux mille peltastes aAgesilas Cf. aussi Hell Ox, 17.2 226 Cornelius Nepos, Dat, 2, Ehen, HV, 127; Theopornpe dans Athcnce 4.144 h; 10.415 d. Ce meme nom figure sur de nombreux timbres amphonqucs et surtout dans une mscnpuon conservee au musce de Sarnsun (l'ongme de la stele n'est pas assuree) . Olshausen 1988, 271, BaYT1<; 81.10<;, "Bages fils de Thys" II est parucuhcrement mteressant de cons tater que Ie perc de ce pcrsonnage a un nom iramen 227 Kotys dans I'!lgestlas, 3 4 ; de mdrne chez Plut ,Ages., II. m Weiskopf 1982, 75 n. 20. 229 Cf. l'anecdote de la hvraison de Datames au ROI rapportee par Cornelius Nepos; Robert J 963,453 sq. Zgusia 1964, 188. 23U Hell., Ox, 17.2. 231 Robert. IDe ell. 232 Cornehus Nepos, Dat., 2.1 5 m Infra p 281 sq. 234 Sekunda 1988b, 40, propose a tort les annees 380 2J5 Les doutes errus par Hamson 1982a, 265, sur Ie fan qu'Amisos sou dans la zone ou se dcroule une part des operations ne paraissent pas fondcs, 2J6 Les types sont les memes que sur les monnmes civiques avers tete femmine agauche (nymphe Smope") revers aigle en vol tenant dans ses serres un dauphin Sur les monnaies civiques figure la legendc IlNQ avec
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(Cornelius Nepos indique seulernent qu'il se trouve dans une region proche de la CappadoccjP" aux alentours de 370. 11 est alors en froid avec le Roi sans pout' autant ctre entre ouverternent en rebellion. Peut-etrc est-ce a ce moment qu'il convient de placer I'episode rapporte par Polyen 238 de la deuxierne tentative contre Sinope stoppee par l'intervention du Roi. La mort de Datames entraine le retour de la Paphlagonie dans les "droit chemin" de la domination perse, Elle figure dans la liste des regions qui soutiennent l'action d'Artabaze 239 pour la conquete de sa province. Le contingent de cavaleric d'Arsites au Graniquc 240 en cst originaire. La Paphlagonie parait done etre officiellement dans la satrapie de Daskyleion, renouant avec la plus ancienne tradition perse, Nous verrons plus loin qu'Alcxandre ne prend pas vraimcnt lc controle de cette region, malgre son integration theorique dans la province de Kalas 241, et que Sinopc devient l'un des principaux poles de la resistance pcrse avec en particulier la frappe de series monetaires identiqucs a cclles de Datames, mais avec legende arameennc 242. Il n'y a pas lieu de douter que ccs monnaies s'inserent dans lcs emissions de Sinopc, il ne s'agit pas d'i'irnitations barbares" 243. C. M. Harrison isole les noms de six "Perses" qui ernettent ce type de monnaies. En ce qui concernc l'ordre chronologique, quatre se situcraient dans Ja peri ode 333-332 et elle lcs met par consequent en relation avec les operations menees contre les lieutenants d'Alexandre a partir de la Paphlagonie et de la Cappadoce 244. Mithropastes, selon la lecture revisee par Harrison 245, est un pcrsonnage inconnu par ailleurs, a moins d'admettre qu'il est Ic fils d'Arsites 246ledefunt satrape de Phrygie hellespontique et qu'il defend ainsi le dernier lambcau de Ia satrapie de son pere. Orontobates 247 dans lequel l'auteur propose de reconnaitre lc satrape de Carie dont on ignore le sort apres sa defaite contre Ptolernee et Asandros 248. vidama (Hydarnes pour les Grecs) 249 est identifie au personnage defait par Balakros en Cilicie plutot qu'a Milet 250. Il pourrait etre Ie fils de Mazaios 251 et avoir tente apartir du nord de reconquerir la satrapie de son pere. Enfin Tyryn (7) dont le nom merne ne se laisse pas abreviation du nom du monetaire (Babc1on 1910, 1521-26); ce dcrmcr apparait aussi parfois sur 1es monnares emises au nom de Datamcs, ibid 415, pl. 110, I , SNC Black Sea 1447 = PI. III, 14 Cf. supra p 64 n 261, mars cf Konuk J998, 71 et n. 132 Pour lUI, sort cllcs sont Irappecs a AITIlsOS (Polyen), sort d s'aglt dunc frappe de campagne 2'7 Cornelius Nepos, Dat., 5 6. m Polyen 7 21 5 , infra p 359. 239 Demosthcne, C JI nstocr., 155 240 Diod. 17 19 4. 241 Qumtc Curce 3 1.23, affirrne que les Paphlagomens n'ont jarnais verse de tnbut aux Perses Se10n lUI, ils se seraient soumis a Alexandre centre le non-versernent du tnbut ; solon Amen, en obtenant de ne pas accueilhr de troupes maccdomennes, cf infra p 455. Cf. essenticllcmcnt Hamson 1982a, 265-290 , 1982b, 181-194; Briant 1996,851 241 En ce sens Newell 1931, 16-19 Konuk 1998,71 n 132 retire ces monnaies a Sinope ct lcs quahfie de "camp mmts" 244 Infra p. 464. 24, Hamson 1982a, 266-267 , 1982b, 182-184 Mtrwpst, lecture ameliorcc de monnaics pubhees par Troxell 1978. 9- I 1. 24(, Supra p. 104. 247 Hamson 1982a, 268-269 ; 1982b, 185-186 : [ 'Ajrwntpt 24H Infra p. 461. 249 Hamson 1982a, 269 , 1982b, 187 : Wdrn VOir SNC Black Sea 1448-1451 2'() Infra p. 462 sq 251 Jusn 1895, s v. Wrdama (4), Berve 1926, n" 759
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interpreter. Les deux autres personnages emettraient un peu plus tard. M. C. Harrison refute ['equation 'Ahdssn = Syssinas (ou Abd Syssinas) que proposaient B. V. Head, et J.-P. Six, suivis par A. T. Olmstead 252. Rappelons que Syssinas est connu pour avoir denonce la trahison de son perc au Roi 253. La date assignee it ces monnaies dans la serie precitee ne conviendrait guere it ce personnage. Elles sont stylistiquement proches de celles d'Ariarathes 254 et (peut-etre") de peu anterieures it ces derniercs. Pour E. Babelon, iI faudrait lire Abrokomas, rnais c'est paleographiquement impossible. Tout cela reste tres largement hypothetique. C' est probablement dans la partie centrale de l' Anatolie que l' anabasc d' Alexandre marque Ie plus nettement une rupture avec I'epoque precedcnte. Nous verrons plus loin que cette region, incornpletcmcnt conquise, est rapidement rnarginalisee. Ce serait une grave erreur de perspective de penscr quil en allait de memc sous la domination perse. Ces provinces ont eomme caractcre eommun d'etre beaueoup plus acculturees qu'on ne l'a parfois affirme (de la Cilicie it la Paphlagonie) et d'etre pour la plupart des zones de forte colonisation. Leur principal defaut est de ne pas avoir eu de chantre grec de leur histoire. L'information sur la Phrygie hellespontique est evidemment plus dense. Certes Daskyleion n' est pas Sardes et il faudrait expliquer pourquoi son role a decru apres la conquete macedonienne. Observons cependant que sous les Achernenides sa place a souvent ete de premier plan et que la route vcrs Abydos a concurrence parfois victorieusement I'axe venant de Sardes tant sur le plan politique qu'econornique.
m SIX 1894,302-305 (lOWS contra Robmson 1920, 11-12 SUIVI par Harnson1982a, 284-285, 1982h, 182) ; SNG Black Sea 1456-1458 (Cf Waddmgton et 01, pI 2428 = PI. Ill, 16) 253 Cornelius Nepos, Dat.. 7.1 254 Supra p. 109.
CHAPITRE lIT
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Lorsqu'il donne la liste des nornes, en 3.90, Herodote distingue sous le regne de Darius deux entites differentes dans la partie la plus occidentale de l' Anatolie. Pour la merne epoque, les documents perses mentionnent simultanernent Yauna et Sparda. En revanche, Ie premier nom a disparu dans I'inscription de Xerxes. Raisonnant par "peuples", il etait logique que Darius aboutit a la conclusion qu'il valait mieux gerer la part la plus occidentale de l'Asie Mineure en deux gouvernements distincts : les Lydiens et ceux qui leur avaient ete soumis, depuis Sardes ; les Grecs et les autres peuples cotiers, depuis Magnesie. Malgre l'existence de nombreux indices, un certain nombre de savants (e.g. D. M. Lewis, M. N. Weiskopf et en dernier lieu Th. Petit) 1 refusent l'existence d'une satrapie d'Ionie, au moins aux V C et IV e s. Ce qui suit vise a montrer que si les circonstances ont amene, des Xerxes, a renoncer defacto a cette partition, elle n'en n'est pas rnoins restee presente dans la pratique administrative perse. En consequence, des choix strategiques (a usage interne ou externe) ont arnene (1 certains moments Ie pouvoir central a reproduire une telle situation. Rappelons, une fois encore, que l'Empire est Ie produit d'une tradition mais qu'il se caracterise aussi par sa capacite d' adaptation aux conditions de l'heure, qu'il ne saurait se definir, meme dans l'ordre administratif, comme un ensemble immobile.
1. JUSQU'EN 380, UNE OU DEUX SATRAPIES? Sous le regne de Cyrus, Oroites est satrape a Sardcs ; il I'est encore a l'epoque de la maladie de Cambyse 2. Au cours d'un affrontement verbal a la Porte du Roi avec Mitrobates, satrape de Daskyleion, ce dernier assene un argument decisif centre la vaillance supposee d'Oroites : il n'a pas su ajouter a son nome l'ile contigue de Samos. Cela suppose que la cote - l'Ionie - etait sous le contrale du satrape de Sardes. Relevons que l'episode qui aboutit au supplice de Polycrate 3 se passe entierement a Magnesie (Herodote precise, du Meandre) ou Oroites se tient. II y a manifestement la une residence satrapale 4 qui servira ulterieurement et a plusieurs reprises lorsque les Perses auront des rapports prolonges avec les Grecs, quils soient belliqueux ou diplomatiques. Protitant des troubles qui aboutissent a la prise du pouvoir par Darius, Oroites fait executer Mitrobates et Ie tils de ce dernier pour s'emparer de I Lewis 1977, 118-9; Weiskopf 1982, 91-2 ct n. 14; Peru 1988, 309-312. Cf aussi Chaumont 1990,586603 ; Briant 1996 reste dubitatif, e.g p. 721 : "les rapports precis qui bent les deux composantes [Lydie ct Ioruc] sont nen moms que claus" 2 Hdt 3.120. , Hdt 3.120-125. 4 Pour Chaumont 1990.587, J1 sagn du siege de la satrapre.
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leur nome. II tient desormais trois provinces selon Herodote : Phrygie, Lydie, Tonie 5. Lorsque Darius est enfin en mesure d'affirmer son autorite, il se debarrasse d'Oroites suspecte de velleites d'independance ; mais Ie precede utilise dernontre bien a quel degre de puissance etait parvenu Ie satrape 6. Tout comme dans Ie cas evoque ci-dessus de la satrapie de Daskyleion, nous ne savons pratiquement rien de ce qui se passe dans la region irnmediatement apres la mort d'Oroites 7. Tous les paralleles montrent que, dans ce type de situation, la reponse du pouvoir central fut la division en plusieurs gouvernements du territoire rebelle. Autre consequence: Ie deplacernent provisoire du centre de commandement principal d' Anatolie vers la Cappadoce 8. C'est en effet Otanes qui est charge de la conquete de Samos. La date de la nomination a Sardes d'Artaphernes, frere du Roi, n'est pas, elle non plus, absolument definie. Du recit quelque peu decousu d'Herodote il faut conclure que cet evenement a eu lieu entre le retour de l'expedition de Scythie et Ie depart de Darius vers la Haute-Asie. Artaphernes est etabli hyparque (c'est-a-dire satrape) des Sardiens en meme temps qu'est cree un commandement de "ceux de la cote" pour Otanes 9. Nous avons vu plus haut que cette nomination est peut-etre assortie (ou suivie?) du titre de satrape de Daskyleion 10. Quelques annees plus tard, Herodote presente ainsi Artaphernes : Tmv 8' Em8aA(xCJCJ1(J)v Tmv EV Tn 'ACJ1n apX£l rcaVT(J)v, "il commande a tous ceux qui en Asie vivent pres de la mer" 11. La suite du recit montre qu'il beneficie la d'un commandement elargi qui lui permet de reunir l'arrnee destinee ala conquete de Naxos (apres avoir cependant obtenu I'aval du Roi), de designer son chef, Megabates, le futur satrape de Daskyleion 12. Cette fonction lui donne (au moins apres le declenchernent de la revolte de l'Ionie) la haute main sur tous les nomes qui sont entos Halyos puisque Artaphernes peut appeler a la rescousse les trois hyparques des nomes definis par ce critere geographique 13. Pour deux d'entre eux, il parait probable que leurs ressorts nominaux sont la Phrygic et la Carie. On ne peut hesiter en ce qui cone erne Ie dernier qu'entre la Grande-Phrygie (mais elle n'apparait pas comme dahyu dans les textes iraniens ni comme entire individualisee chez Herodote) et l'Ionie, naturcllement en observant qu' Artaphernes est pour sa part satrape de Lydie. C'est plutot cette derniere solution que nous privilegicrons en rernarquant que les trois armees mises en mouvemcnt par les Perses agissent, en parant au plus presse, en fonction des zones soulevees ct que l'intervcntion d' Artaphernes en Eolide 14 ne prejuge en rien de l'etendue du nome qui lui avait ete confie. II est satrape encore en 492 au moins 15. s Hdt. 3.127 Hdt.3.128. Balcer 1984, e.g., 185, suppose que Bagaios, I'mstrumcnt de I'cxecutton d'Oroites, exerca it Sardes une sorte d'intenm jusqu'a l'amvee de Darius , eela n'est nullement Impossible, mars II n'y a aucunc preuve. R Supra p. 90. 9 Hdt. 5.25. 10 Supra p 93. II Hdt. 5.30. 12 Hdt 531-32. 13 Hdt 5.102; 116 Par opposiuon it Til; lXVW "AA'lJO; rroHX~ou 'Ao in; (I 130, cf 1(3). Daurises en campagne dans I' Hellespont se dinge vers la Cane it ]' annoncc de la rcvolte de la region, Otanes est sans doute Ie meme personnage que celui designc en 5.25 par 1c litre de aTpmllYo; TWV rrapa8aAaaalwv eXvopwv (supra p. 93). Hymaies nest pas mentionne ailleurs. 14 Hdt.5.123 15 Hdt 6.42 LeWIS 1977, 2 n 2, souhgne qu'il autonse aussi un voyage vers Persepohs en 495 (PF7; 1404). 6
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II faut surtout verser au dossier de la satrapie d'Ionic linscription ML, 12 16 , lettre de Darius a un certain Gadatas que Ie texte grec qualifie de doulos (terme dont nous avons vu plus haut que les Grecs 1e donnaient en equivalence de bandakiiy. Ce dernier est felicite pour avoir introduit la culture, dans un secteur defini comme Ta KUHO Tile; 'Ao ir«; /-lEPll, d'arbrcs provenant de TOUe; nEpav EU
, 22, 1 12-13, sur lauthenncite de ce document cf. Brandcnstcin & Mayrhofer 1964,91-98, Wiesehofer 1987, 396-398 gUI propose de dater ce texte entre 521 et 486. En derruer lieu Lccoq 1997. 17 Bnant 1996, 507-509, 977, comme Dandamaev 1984, 114. 18 Bnant 1996, 304 19 Infra p. 121 n. 50. 20 Bnant 1996, 507 propose, it utre dhypothcse, I'cpoquc du sejour de Danus it Sardes au retour de sa campagne europeenne 21 Supra p. 47. Scion Robert 1987,42-43 lcs hierodules menuonnes ICI rclevent du sanctuaire d' Apol1on dAulai 22 Dans lc meme scns gue nous Meiggs dans MClggS & LeWIS 1980, n° 12 commentaue , Chaumont 1990, 590. 23 Ainsi Balcer 1985, 31-42. 24 E g Weiskopf 1982,134 n 14. 2S Retenant l'mdividuahte de la satrapie d'Iorne, Beloch 1923, 137-141 , Bengtson 1937, 129 sq , Murray 1966, 149, pour Bosworth 1980a, 112, el1e cxistc en 390 et encore en 362 sous le nom de Myste
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Revenons a Sardcs. II est possible qu'Artaphernes (II) fils d'Artaphernes ait succede a son pere. Nous Ie trouvons a la tete des contingents Iydiens et mysiens de l'armee de Xerxes en 480 26 . En ce cas, il n'y a pas de place pour Hydarnes que l'on doit considerer comme en poste a Daskyleion 27. C'est vers 465 que I' on peut situer I'anecdote rapportec par Plutarque 28 ou lion voit Dcrnarate, qui revendique Ie port de la tiare droite 29, sc faire rabrouer par Mithropaustes, anepsios (cousin) du Roi. Aucune fonction n'est indiquee pour ce haut personnage. On sait simplement que la scene se passe a Sardes. II est possible que ce dernier soit alors satrape de Sparda et que I'on ait continue ainsi a y maintenir des proches parents du Roi, tels Cyrus a la fin du siecle, mais sans doute aussi Pissouthnes, qui est en charge de ce gouvernement au moins en 440 3 Ce dernier est fils d'Hystaspes, cest-a-dire tres probablement Ie neveu de Xerxes 31. II mene une politi que active en mer Egee entrainant la defection de Samos et en chaine celie de Byzance ; Lesbos et Chios se sentent menacces, C'est done deja tout Ie "couloir paralien" 32 qui est concerne et il est tentant de voir globalement dans ccs troubles la main de Pissouthnes, ct pas seulement a Samos. II peut disposer de la "flotte de Phenicie" ou du moins est en situation de Ie faire croire 33. Tout cela permet de lui attribuer un large comrnandement, comparable a celui de certains de ses predecesseurs. On connait la replique d'Athenes et de Pericles 34 Pissouthnes est encore en poste en 427 et son attitude anti-athenienne 35 d' alors parait devoir deboucher sur un conflit ouvert. Les parties antagonistes appuient des groupes rivaux dans un conti it local a Colophon et Notion. L'episode est narre par Thucydide 3.34.1-2: Itamenes sernpare de Colophon en 430 avec I' appui de la faction aristocratique. Les opposants se refugient pres de la mer a Notion (c'est un schema classique). Mais les troubles reprennent et un groupe obtient de Pissouthnes J'installation d'une garnison composee d' Arcadiens et de barbares en un point forti fie (blaTElXlGlla) qui sert de point de ralliement a tous les philo-perses. Grace a une ruse I' Athenien Paches massacre la garnison et assure aux amis d' Athenes Ie controle du port. Ce passage montre que la guerre du Peloponese a permis a Pissouthnes de renforcer les positions perses en Ionic. Y a-t-il pour autant reconstitution d'un gouvernement spccifique? Le texte de Thucydide est trop allusif pour que I' on puisse trancher. II parait plus vraisemblable de penser qu'Itarnenes est un subordonne (un hyparque?) de Pissouthncs.
°.
26 Hdt 774 Les Ioniens et les Canons sont cornmandes la par Anabtgnes, Hdt. 7 97 En s' appuyant sur Hdt 643011 a suggere aussi que Mardoruos avait peut-etre etc Ie succcsscur d' Artaphernes pour une courtc pen ode 27 Supra p. 93. 2S Plut.. Them. 29 29 Intra p 486 30 The 1.1154-5 Dlod 12.27; Bnant 1996,598 j] Hdt 7 64 ; cf ccpcndant Drod. 11.69.2, qut place Hystaspes, fils de Xerxes, en Bacmanc en 465. d'ou le comrnentairc de LeWIS 1977, 55 11 35, qUI indique que Pissouthncs pourrart ctre le fils de ce dermer Observons cepcndant que les deux passages sont tout a fait compatibles Xerxes a presque it coup sur donne Ie nom de son frere a l'un de ses fils 32 Cf l'mtroducnon. 33 Rappclons que cette dcrruerc sera un instrument diplomatique - ou Sl l'on veut dissuasif - plus que vcntablcment mihtarre, en ce qUI concerne du moms les affaircs egecnnes avant 394 , cf. infra p. 213 et n. 75 34 The. I. I 15-1 17 , cf. aUSSI supra p 91 et n 62 35 The 331 I , 34.2 ct Polyen 32 Cf auss: iaffarre de Zopyros et de Caunos (Ctesias, Fcirllist. 688, F 15 43) qui pourrart montrer que cette cite sest dctachee d' Athenes it I'rnsugauon de Pissouthnes C') ; von Ie dOSSIer rcuru par Briant 1996. 100I
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Peut-etre une monnaie de Phocee "represente'vt-elle ce demier 36. Thucydide ne nous apprend rien de plus. C'est done le seul Ctesias qui mentionne la revolte dusatrape. Le Roi envoie contre lui trois nobles perses, dont Tissapherne 37, et c'est curieusement par une inscription lycienne que nous apprenons le nom du pere de ce dernier: Hydarnes 38. Tissapheme recoit le gouvemement de Pissouthnes apres l'elimination de ce dernier livre par le chef de ses mercenaires atheniens, Lykon. II n'y a rien a attendre du recit de Ctesias en ce qui conceme la chronologie absolue, en particulier a cause des lacunes evidentes de son information 39. II n'y a pas de raison decisive de placer cet episode au debut du regne de Darius II. Certains auteurs ont cru pouvoir deduire de la confrontation de deux passages de Thucydide 40 l'idee que Tissapherne etait deja en possession d'Adramyttion des avant 421, puisqu'a cette date les Deliens sont censes avoir reintegre leur ile. Mais, a la lecture, il apparait assez peu vraisemblable que les gens d'Antandros alleguent un evenernent vieux de dix ans (Ie massacre de Deliens d'Adrarnyttion) pour se soulever contre l'hyparque de Tissapherne. II y ala une contradiction qui a rendu prudents la plupart des commentateurs 41. Peut-etre tous les Deliens ne sont-ils pas rentres dans leur Ile, dans la mesure ou les conditions qui leur avaient ete faites par Pharnakes paraissaient favorables 42. Une date basse rendrait mieux compte de l'enchainement des faits, essentiellement l'exigence de l'arriere des
J(, PI. I, 7. Bodenstedt 1985, 82 et pi 7 Ph 65. La dale qu'rl propose sur des cntercs styhsuques tourne aulour de 450 ; II crort pouvoir prcciscr 453 ou 452, en liaison avec l'absence supposee de Phocee dans les ustes du tnbut attrque Harrison 1982a, 142-145, a beau jeu de montrer la farblcsse des arguments avances. Pour sa part, Weiser 1989, 282 suggere d'y voir un "MIdas" mars la tiare avec diaderne mvite plutot a penser a un satrapc. Bodenstedt avail rapproche (Ph 66 el 68), sans Ie preciser mars sur des cntcres de ressemblancc, deux "Midas" qui pourraicnt etre Ie meme satrape tete nue, m.us porteur d'un diademe (PI. I, 8). Sans proposer d'idennficauon, Cahn 1989, 98 (cf pl. 1 n" 2), dale la monnare Ph 65 du troisieme quart du v- s , ce qUI correspondrart parfaitement au gouverncmcnt de Pissouthnes. 37 FGrHist, 688, F15. 52(50) Cf. Schaefer 1940, 1579-1599, Peut 1981, Sekunda 1991,90 sq : les deux autres sonl Spnhradates (un ancetre du subordonne de Pharnabaze?) ct Parmises. 38 Inscnption de Xanthos en lycicn, TL, 44c. I 11-12, ou est menuonne Zispriina Widriinahe ; le contexte n'a pu etre cornpletcrnent elucide mais Ic nom de Xanthos apparait ScIon Melchert 1993, 31, II pourrait etre question d'un accord entre Tissaphernc dun cote, les Spartiates et leurs alhes de lautre. Des steles pour scellcr I' accord sent en gees a Hytcnna el Caunos. LeWIS 1977, 83 el n. 4, eruct deux proposrtions : I) Tissaphcrne esl d'une farrullc Issue de l'un des "Sept" (Hdt. 7.70) Peut-on aller plus avant dans la precision? Cf. les forts doutes de Westlake 1985,44, n 6. LeWIS se contente de rapprocher le perc de Tissaphcrne du commandant des Imrnortcls en 480 (Hdt 7.135), probablement idenuque au personnage evoque supra p. 93, sans qu'on puisse preciser le degre exact de parentc (cf.les hypotheses de Pctu 1981,5 sq.), mars commc le note LCWIS p. 84 (cf aUSSI, Westlake ou encore Cook 1983, 67) Ie nom est trop commun pour qu'on putsse eire certain de cctte idenufication Cependant Ie personnage ChOiSI pour un gouvernement de cctte Importance nc pouvait etre qu'un membre de la fanulle royalc ou alhe a cette dermere. 2) Ayant associe Hydarnes a la satrapie de Sardes (mars cf supra p. 93), il conclut que les propnetes que Tissapherne possede en Cane (Cornelius Nepos, Ages., 3.1 : quod 'PSIus erant plurima domicilia In Canal pourrarent etre antencures a son installation comme satrapc ]] nous parait plus plausible qu'il s'agit SOIt de domames dont 11 avail pns possession en meltant un tcrmc a la secession d'Amorges, sort de domaines msutunonnels, c'cst-a-drre lies a la fonction satrapale, que Ie satrape avart a Magncsic (en fall dans la vallee du Meandre) (supra p. 46). Dans l'mscnpuon precuee de Xanthos apparait aussi Ie nom de Hierarnenes (infra p. 215). 39 Andrewes 1961, 4 sq. 4[) Thc 8.108.4, 5.32.1. 41 Andrewes in Gomme et al. 1981, 12, retient la datauon haute alors que Lewis J977, 80 sq proposerait une date vers 416/5 commc alternative a celle-cr. 42 The. 5 I
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tributs par Ie Roi aTissapherne <' et la revolte d'Amorges en Carie apres l'echec de son pere 44. Dernier element d'un maigre dossier (Thucydide n'ayant pas juge que ces evenernents etaient dignes d'etre rapportes 45 sans doute parce qu'ils n'etaient pas alors au cceur du conflit), une inscription 46 qui semble indiquer qu'un stratege athenien envoye a Ephese recoit une somme d'argent. Malgre I'opinion de plusieurs auteurs, Ie lien avec la revolte d'Arnorges parait bien problematique. La date, et surtout Ie lieu (Thucydide precise qu'Amorges s'est souleve en Carie), invitent plutot a penser ades mesures conservatoires dues al'action de Tissapherne en lonie pendant ou immediaternent apres la revolte de Pissouthnes, Cet effort est d' ailleurs couronne de succes puisqu'Ephese (parmi d'autres) continue a payer Ie pharos 47, ce qui motive la demande d'intervention formulee par Tissapheme aupres des Spartiates 48. Ce dernier apparait donc pour la premiere fois dans Ie recit de Thucydide au cours de l'hiver 413/2 49 avec comme preoccupation premiere de reduire le soulevernent d'Amorges, batard de Pissouthnes en Carie. Thucydide indique qu'il a ete nomrne (J'Pa1:TlYO~ ,oW K<X,W par Ie Roi, et ce titre a suscite des commentaires aussi abondants que divergents chez les modemes 50. II est impossible de comprendre ce que cela signifie si I'on n'essaie pas de rendre 41 The, 8 5.5. Les comrncntateurs qUI acccptcnt la date haute sont embarrasses par cettc mention meme Sl l'on admet qu'une remise du phoros a lieu apres la mort du ROl (Hdt. 6 59), I! parait impensable qu'une dizame d'annees d'arneres art pu ctrc cxigcc de quclqu'un que le ROI recompensait de son efficacitc centre Ie rebelle Pissouthncs Cette demande n'est plausible que SI elle court a partir de I'accession de Tissaphemc et a condinon que colle-ct sou un evencmcnt recent (cf Murray 1966, 148 sq ). Pent 1981,13-15, crort pouvorr apporter un element de preuve cornplementaire : partant de l'rdennficanon d' Arsites (hyparque de Ttssaphernc) avec Arnsttu menuonne en dec. 417 dans une tablctte baby Iorncnnc (Cardascia 1951, 96-97), il penche, p. 15. pour une date cornpnsc entre 415 et 413. mars cela repose sur une mepnse : l'hyparque s' appelle Arsakes, 44 Les tendanccs centnfuges de la region, combattues - ou entennccs - par l'accession d'unc dynastic locale au satrapat, semblent deja inscntes dans Ie ChOlX d'Arnorges , ef. 8.282 SI l'on en croit Andocide, Paix, 29, des le depart Arnorges avait recu Ie souticn des Athcmcns (imphcrtement chez The, loc cu., et 54 3) 45 Cf. e.g. Andrewes ]96], 6 sq § 2 "Thueydldes' silences". 46 IG, P, 370, 1. 79 (lG, F, 302) , commcntaire de Mentt 1936, 382; Andrewes, loc. Cit. , Wade-Gory 1958,222 sq. ; ML, 77 ; LeWIS 1977,86 47 IG, P, 290 (ATL, II, hste 40) 1,26 415/4. 4X The 8.5 5. 4Y The. 8.5.4. 50 Diod. 13.36.5, ecru 0 tOlY ErCl8aAeXnll; tOTCWV EXWV tT]V 0tpatrjylav et plus 10m (13.37.4) satrapes pour designer lc pOUVOlr de Pharnaba:e, alors que Ie contexte et les evenemcnts decnts montrent bien qU'I] s'agrt de Tissapherne. Le titre de strategos chez Thucydide ne suffit pas it qualifier une charge rmhtaire : nous avons vu plus haut qu'il n'cmploie pas Ie terme satrapes. II est trcs probable qu'rcr strategos ton kato sert a explrciter l'idec que son gouvernement ne comporte pas seulement la Lydre, mars que Tissaphernc a aUSSI la charge de l'Iorue qu'il a pour nussion de reconquern. Le ROI lUI rappellera peu apres qu'il dolt acquitter lc phoros pour ccue derrucrc, dont en realue les Perses ne controlent qu'une mfime partie au moment de son accession. Sur cc litre cf. Ie cornmentarre avec bibliographic de Andrewes in Gomme et aZ. 1981, 13-16. Mars lc rapprochement avec le Ps.-Skylax § 98 (supra p. 74) mvuerait plutot it pcnser que nous sommes en presence d'un neutre (Wed & Romilly, CUF, 5 n 2) alors qu' Andrewes y VOlt un masculm. Remarquons que le parallele que proposent WeI! & Rorrully avec Thc 1.120.2, all s'opposent ta KeXtW Ita avw n'est pas sigruficauf dans la mesure au dans cc passage les deux termes ant un sens geograpluque vague; chez Hdt. 1.177, Harpage sou met ta KeXtW tij; 'AC'lTj; pendant que Cyrus fait de memc pour ta avw ; le § 178 montre qu'il s'agu d'une disuncnon qUI vaut seulernent pour I'Anatolie et Ie recit des § 162-176. hrrutc l'action d'Harpage it J'Iorne, la Cane, la Lycre. Cette mcmc expression dans ML, 12 iSyll.", 22) 1. 12, designe probablement la regIon gouvernee depUls Magn6sle du Meandre. Cela eonfirme qu'il s'ag!t bIen de la traducllon en grec d'un terme perse, par exemple u,~ka de l'mscnptIon DPe (supra p. 72). AJoutons Ie commentalfe de Walbank 1957, 570 avw, onenta!, KeX~W occldcntal, it propos de Polybe 5.40.5, Wt; avw t6rrOl; ; d. 3.6, 10 : al avw 0atpaTCEtm (vOIr aUSSI Robert 1949, 5-22; 1950, 73). Andrewes pense que Tissapherne avalt un commandement mdllmre [e'est eVIdent dans Ie cadre de la campagne contre Amorgcsj mms II faut noter qu'a cette epoque la satraple de DaskylelOn en etan exciue
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compatibles l'ensemble des informations fournies par les deux gouverncments de Tissapherne, avec entre les deux celui de Cyrus, ou pour etre plus exact les deux gouvernements successifs de Cyrus, sans oublier que Tissapherne avait conserve quelque pouvoir mcme a l'epoque du commandement de ce dernier. Tissapherne est done "en charge du Bas-Pays". II ne semble pas qu'il s'agisse d'un terme designant un commandernent militaire du type de celui exerce par Cyrus 51 et englobant toute l'Asie Mineure occidentale, et pas davantage la responsabilite de la seule satrapie de Sardes, correspondant au deuxierne nome herodoteen, En bref.jusqu'a l'arrivec de Cyrus, Tissapherne est satrape d'une region qui comprend ala fois la Lydie, l'Ionie, une partie de l'Eolide, la Carie, la Lycie 52 et probablement quelques territoires adjacents. Des le debut les rapports entre Tissapherne et Pharnabaze ne sont pas bons 53 mais le second n'est en rien subordonne au premier. Tissapherne recoit un commandement superieur vers Ie debut de l'annee 411 comme l'indiquent a la fois la presence de Pharnabaze a ses cotes lors des negociations du troisierne traite avec les Lacedernoniens, un peu plus tard une action de Tissapherne dans I'Hellespont 54 et enfin Ie fait qu'il dispose (ou est suppose pouvoir disposer) de la flotte de Phenicie 55. La nomination de Cyrus 56 en 408 ou 407 amene des modifications importantes pour l'administration de la region. II est designe par Xenophon dans les Helleniques commc ap~())V 1taV1COV 1fr1V £1tl 8aA,ann 57. Cette fonction n'est nullement en contradiction avec cc que dit l'Anabase 58 OU le ressort qui lui est attribue est ainsi decrit : Lydie, Grande-Phrygie, Cappadoce 59. Elle se situe simplement sur un autre plan 60. Prernierernent Cyrus dispose d'un En ce sens Andrewes In Gornme et al 1981, 14. Supra n 38 et Infra p 126. 53 The 8 6.2 ; cf. egalernent l'eprsode d'Antandros supra et encore, quelques annecs plus tard les reflexions de Pharnabaze sur Ie comportement de Tissapherne, Xcn., Hell, 4 1.32 (s'adrcssant a Agesilas et aux Laccdemornens) . "de la duphcite comme chez Tissapherne, vous n'en trouvercz rn dans mes actes ni dans mes paroles" 54 The 8 58 I , Tissaphernc dans l'Hellcspont, Hell, I I 9 , situation idenuque pour Cyrus. Xen., Hell , I 4 5 et, de nouveau, pour Trssapherne, tbul , 3 2.13 ,4 1.37 IS The 8 46.1 ; 58.5 . Diod. 13 365 , 37.4 , Infra p 213 et n 75, cf cgalcmem p. 215 S6 COUSIn 1924. Rappelons que Cyrus etau Ie fils de Danus II et Ie frere cadet du futur Artaxerxes II. Xen . Hell, 1.4 3 arr~vrllCHxv. Ked Kupec, &p~UlV rr{XV,UlV ,wv Errl 8lXAann KlXl GU~rrof,ql~GUlV AlXK£om~ovlOl~, ETClG10A.~V 1£ ElpEPf 1Ol~ Ka,Ul rrUGl10 !3lXGlAElOV Glpp6:YlG~lX EXOUGlXV, EV i-v~v KlX11ao£' KlXmrr{~rrUl Kiipov Kapnvov 1WV d~ KnG1UlAOV ix8pOl~O~EVUlV' ,(, OE Kapnvov ('CHI K{'plOV, passage que J Hatzfeld, CUF, traduit de la facon survantc "IIs rencontrcrcnt egalement Cyrus qut allait prendre le commandement de toutes lesjorces de mer ct faire la guerre avec: les Lacedcrnorucns , aussr etart-il mum d'une lettre destmee aux gens d'lIsle Mineure sans exception. portant Ie cachet du ROl ct qUI contcnait entre autres ces mots 'J'cnvoie Cyrus com me Caranos des forces qUI sont en tram de se rassembler iI Cast6los, Caranos veut dire seigneur'." En plusieurs points la traduclion n'est pas lout iI fait exaete ct ajoute iI la difficultc d'mtcrpretauon II ne s'agu pas rei de "forces de mer" mars d'un eommandement elarg: concernant une region trcs precise dans la terrntnologre perse (cf Artaphernes). LeWIS 1977,84 et n 12, souhgne que son lieu de commandement est Sardes ; II est done logiquc que cettc foncuon sort jumelcc avec la satrapre de Sparda II est de memc facon Inexact de traduire kato par "Asie Mineure" , II aurart fallu au mOInS ajoutcr "OCCidentale" (sur ee tcrrnc supra p 117 ou la hrrutc est l'Halys ou encore ci-dessus n. 50). Dans ccs deux cas II s'agn, malgrc Weiskopf 1982, d'une Iormule empruntee de Iacon plus ou moms htterale au vocabularre de la chanccllene perse " Xen , An , I. 9 7 S9 C'CSI par ee trorsieme clement que se disungue Iondamcntalcment Ie ressort de Cyrus par rapport iI celui de ses prcdccesscurs ; II en fait un vcntable "vice-rot" de l'Asre Mmeure OCCIdentale et centrale 60 II n'y a done pas heu de prefcrcr l'une des versions iI l'autrc, comme Ie fait Weiskopf, 1982, e.g 30, qUI pcnsc que Cyrus n'ctau pas satrape mats qu'il avait sculcmcnt un commandement qui s'imposart aux satrapes de la region SI tel ctau Ie cas, pourquoi ne pas aVOIr menuonne la Phryg:c hellesponuquc pour laquelle II ctan aussi karanos 51
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commandement large, du type de celui dont avait beneficie avant lui Artaphcrnes frere de Darius, La formulation employee par Xenophon est pratiquement identique a celie d'Herodotc 61, Cependant Xenophon fournit des precisions interessantes : Cyrus est karanos des troupes qui se concentrent a Kastolos 02, Nous avons vu plus haut que ce titre est un hapax, qu'il est d'esscnce militaire - c'est d'ailleurs ce qu'indique explicitement Xenophon ~ mais qu'il donne a son detenteur les rnoyens, en particulier fiscaux et peut-etre monetaires, de mener a bien Ies operations armees 03, Deuxiemernent il est en possession d'un ressort satrapique dont il n'y a pas lieu de douter de l'existence tel qu'il est defini 64,11 Y a done place pour d'autres satrapies en Asie Mineure occidentale, com me l'indique fort clairement Diodore 65, en premier lieu celie de Pharnabaze. En revanche, il est difficile de decider si la Grande-Phrygie a ete retiree a ce moment a Daskyleion ou si ce fait etait acquis depuis longtemps 66, Le principal "perdant" de ce remaniement est Tissapherne dont iI n'est pas douteux qu"il est reste en Asie Mineure en 407. Sans etre en conflit ouvert avec Cyrus il doit cependant courber l'echine. Cyrus est Ie fils du Roi et il a le pouvoir que lui confere son titre de karanos. De surcroit, la politique de balance entre Spartiates et Atheniens qu'il pronait a ete desavouee par Suse. Enfin, il est litteralement "coince" entre Cyrus d'un cote et Lysandre de l'autre, au moins dans la partie ionienne de son gouvernement dont I'existence est explicitement attestee par Xenophon 07. Son ressort ne peut etre qu'une satrapie de IonieCarie-Lycie, reconstituant pour l'essentiel Ie premier nome herodoteen (on ne sait rien de la Pamphylie a ce moment). Remarquons d'une part que c'etait la premiere fois qu'une telle province pouvait exister depuis 476, paradoxalement grace aux efforts de Tissapherne, rneme s'ils avaient ete juges peu efficaces en haut lieu. Depuis les traites de 411, les Spartiates ont explicitement admis la possession institutionnelle et fiscale sur les villes d'lonie 68 par les Perses. D'autre part on observera que Cyrus parait etre reste completement etranger a la Carie et a la Lycie, alors que les temoignages concernant Tissapherne y sont irnportants 69. A l'annonce de la maladie de Darius, Cyrus se dirige vers la Haute-Asie en compagnie de Tissapherne qu'il considere, nous dit Xenophon, comme son ami 70. Ce grand dissimulateur tient enfin sa vengeance, il denonce a Artaxerxes les ambitions de son frere, (,I Hdt 530 (Artapherncs) T(JJV 0' E1t18aAC100lffiV TiDv i» 1n 'A0i11 apXEl1tcXV1ffiV voir supra p. 117 On rappc1lcra Hdt I 154 ou les alhe« de Paktyes contre Ie ROi sont dcsignes commc 0\ Em8cIAa00l01 aV8pffi1tOI 62 Kastolos, Kastolou Pcdion, ef. X6n, Cyr , 6.2 II , Hornblower 1982, 146 n 65; Debord 1985, 349 , Briant 1982, 151 Cf la notice de Weiskopf, I'V. "Castolus" In Encyclopedta Iranica. 63 Supra p 26 64 Selon Plut., /vrtax , 2 5, Cyrus fut nomme Auoiac; 0(.(1P<'l1t11; KlX! HOV Err!8rlAC1C)(}11 01plX111y6;. (,5 Drod 14 12 8 . apXffiv a1tOOEOElY~£VoC; 1Cj)V £1t!8cX/,C11111 0a1pa1tEliDv (cf. 14.19.2). 66 Infra piSS. 67 Xen , Hell.., 3.1.3 . "Tissaphcrnc . fut cnvoye comme satrapc it la fois de la province dont II avart IUlmeme prccedemment la charge el de cellc de Cyrus" 6S CL par ex. The. 818.1 (trauc d'alhancc entre Chalkrdeus et Tissapherne) . "I.cs Lacedemoniens et Ieurs allies ont fait alliance avec Ie ROl el Tissapheme aux conditions survantes lout Ie terntotre el routes les villcs que posscde le ROl et que posscdarent scs peres, appartIcndronl au ROI. Tout cc que lcs Athcmens tiraient de ces vrlles en argent ct autremcnt, Iera l'objet d'unc opposiuon commune" Trad R Well (CCF) it mettre en relation avec 855,eJt6suprap 121 69 Certains au leurs : LeWIS 1977, 119; Hornblower 1982, 33 ; Sekunda 1991, 88, convidercnt que Ie ressort de Tissaphernc avait ete reduit it une satrapic de Cane 7() Xen., An , I I 2
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Ce dernier est retenu sur place alors que Tissapherne regagne son gouvernement, en pensant avoir les mains libres puisque ses deux "ennernis" : Cyrus et Lysandre, ant quitte la place. II retablit son autorite sur l'lonie 71. Mais Parysatis obtient la grace de Cyrus et meme son retour des 403 dans son gouvernement 72. A partir de la, c'est la guerre ouverte entre les deux hommes. Cyrus revendique l'Ionie, s'empare "des villes d'lonie qui relevaient anciennement de Tissapherne, aqui Ie Roi les avait donnees" 73, iI paie Ie tribut au Roi pour elles et ce dernier laisse faire (nous savons que ce n'est pas la un cas isole). Seule Milet, au Tissapherne a renforce Ie pouvoir de ses partisans, resiste. Cyrus en fait le siege 74, mais ses preoccupations sont ailleurs. A son depart, il cree trois satrapies 75 : une de Lydie et une de Phrygie, confiees respectivement a Artimas 76 et Artakamas 77, et une d'Ionie-Eolide pour Tamas 78. Une fois Cyrus disparu, Tissapherne peut retrouver son ancien gouvernement et merne au dela. Cela se fait en deux temps: des 401/400 il revient en charge des satrapies 79 relevant precedernment de Cyrus, il faut comprendre qu'il sagit du secteur Lydie-Ionie. En revanche il ne parait pas avoir autorite sur la Cappadoce probablement conservee par Mithridate (supra). Fin 398-debut 397, il recoit en plus un commandement militaire comparable a celui de Cyrus, puisqu'il a le pas sur Pharnabaze et decide seul des actions militaires a mener dans les deux gouvernements, y compris la zone hellespontique 80. 71 Ibid., I 1.6 ; Xen., Hell., 3 1.3 "11 cxigea immediaterncnt la sourrussion de toutes les vrlles d'Iorue Cellespartagccs entre lc desir d'etre hbres et la crainte de Tissapherne, it qUi elles avaient prefcrc Cyrus de son vivant". 72 La date du retour de Cyrus a donne lieu it des theories differcntcs : Cavaignac 1924,311-3, propose 404 , Meyer 1913, 173, etc 403, meme chose pour Andrcwes 1971, 215, alors que Bommclaer 1981, 123-4 plaidc pour un retour tardif de Cyrus La chronologie parait cependant bien se mettre en place SI l'on considere, 1) le dec ret athcnien pour Nouon et Ephese (lG, IF, I) louces pour aVOIr accueilli les refugles de Samos, evcncmcnt qui ne peut se placer qu'avant la repnse en mains de la region (en 402 7 ) par Cyrus Rappelons que Ie dec ret est pns sous l'archontat d'Euchdc en 403/402,2) les preparaufs diplornatiques et rmluarrcs deems par lc debut de l'Anabase ne sauraient se reduire it quelques mois n De la confrontation de ce passage (Xen , An, 1.1.6) cot de Hell., 3 I 3 (Cite ci-dcssus n 7]),11 ressort que nomznalement Tissapherne ctait maitre de I'Iorue (lc reste, au sud, ne lui etant pas conteste). vlais sur lc terrain, etant donne la fragihte de la position personnelle et ausst it cause de la reputation de Tissaphcrne, il dcvart ctre drffictle de faire la part des choses entre Ie fait et lc droit. Mcme avant la rupture de 405 la situation de Trssapherne en lome ne devau pas etrc confortable, ce qui exphque qu'elle au ete son premier objcctif au moment de son retour de Haute-Asie, comme SI c'etart lit qU'11 avait subr les plus graves rcbuffadcs dont 11 souhauait se venger au plus vue, Dans sa volonte de mer l'existence d'une satrapie mdivrduahsee d'Ioruc, LeWIS 1977, l20-12l, est amene it envrsager toutes sortes d'hypotheses comphquccs, alars que tour peut se regler simplement : tous les documents traitant de Cyrus et de Tissapheme sont coherents Sl l'on adrnet que lc karanos peut disposer (en tout au partie) du phoros leve dans les territoircs dont II a la charge, et done pas seulement dans sa satrapie (supra p 26). 74 Xen., An, 1.1 7. 75 Dlod. 14196 7" Sur Artirnas, 11 parait drfficile de suivre Balcer 1984, 189. II est hautcment Improbable que l'on ait amenage un tombeau it Limyra pour cc mernc personnage. 77 Xen., An., 7.8.25 A tort au it raison ce passage est considere par bon nombre d'auteurs comme mterpole, Diodore ne donne pas les noms des tuulaircs des deux satrapics. 78 Tames n'cst pas menuonne par Xenophon (au son mterpolateur) mars par le seul Drodore 79 Xen., Hell., 3.1 3 . "11 fut envoye commc satrape it la Iois de son anciennc provmce et dc ccllc que commandait Cyrus". RO Xen., Hell., 3.2.13, strategos tan pantan ; Diod, 14.26.4, Trssaphernc recoit 1~V ~yq.LOV(<XV (bv Kupo; btl 8<xAo.Hlls ~PXE Ci<X1:P<X7tE1WV selon Diodore, et eel a des 40 I, c'cst cette simultanene que renent Westlake 1981, 257 sq , cf. Corneltus Nepos, Ages., 2.3 : Tissaphernes, qUI summum tmpertum rum truer praefectos habebat regios (it l'epoque de l'amvee d'Agesilas en Asie en 396). Ii ne semble eependant plus etre question de la Grande-Phrygie (au est Anaios en 395, cf. Drod. 14.80.8 ; Polyen 7.16 I). Cf. LeWIS 1977, 119. Une ballc de fronde it son nom a ete trouvce it [Julia] Gordos, cvidcmmcnt impossible it dater Foss 1975,25-30
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Ce schema, relativcrnent facile a etablir si l'on tient compte de ce que disent les sources, et par consequent si l'on admet l'existence de deux entites "filles" de celles qui existaient du temps de Darius ler, n'a pourtant pas ete adopte par tous les modernes 81. Les monnaies apportent quelques elements de confirmation malgre les serieuses interrogations qu'elles peuvent encore susciter. 11 etait etrange qu'il n'y cut point de monnayage certainement attribuable a Cyrus le J eune si l' on considere les fortes sommes depensees pour la guerre, et cela d'autant plus qu'il est tres probable qu'il faut lui retirer la paternite des dariques a "I'archer imberbe", presque a coup sur plus anciennes 82. Les chouettes publiees par W. Weiser 83 viennent heureusement combler cette lacune en parallele, tres probablement, avec des dariques "ordinaires". En ce qui concerne Tissapherne 84 la situation est tres differente. Jusqu'a une epoque rclativement proche de nous les monnaies (toutes anepigraphes, ou plus exactement ne portant mention que du Roi) qui lui etaicnt attribuees appartenaient a deux groupes. D'une part, une serie "tetes satrap ales" avec tiare et diademe, au revers l'archer perse (tetradrachme et drachme d'argent, bronze), avec sur les tetradrachrnes une triere comme symbole secondaire 85; d' autre part le desorrnais tres celebre tetradrachme, tres finernent grave et qui porte la chouette d'Athenes au revers, mais avec la legende BAL86 et dont on peut rapprocher une autre piece de meme module avec une cithare a sept cordes au revers 87. L'absence du nom du satrape a entraine le scepticisme le plus complet de M. C. Harrison 88 qui refuse, pour des raisons de methode, toute identification du ou des personnages. Pour W. Weiser 89, la serie it l'archer est plus recente et ne doit done pas etre attribuee it Tissapherne. En revanche, iJ croit pouvoir lire [TI]LLA sous Je profil du satrape "it Ja chouette" et date cette monnaie de la periode qui suit Ja disparition de Cyrus 90. La nouveaute de ces dernieres annees a ete l'apparition en divers endroits d'ernissions dont J'attribution it Tissapherne n'est pas douteuse dans la mesure oil elles portent le nom du satrape : 1 8 Andrewes 1971,208 el Lewis 1977, 119, pensent que sa satrapie a ele reduitc a la Cane alors que Busolt 1904,1567, et Judeich 1892,36,40-41, lui attnbuent nne satrapte d'Ioruc calquee sur Ie premier nome hcrodotccn. 82 Supra p. 59 n 223. 83 Welser 1989,267-293 , supra p. 62. 84 Son "portrait" (mars cf. Infra n 88), Franke & Hurner 1966, pI. 184, 621-623. Sur Ie monnayage de Tissapherne en general, cf. Babelon 1893, XXXI-XXXIV, 1910, 10 I-I 06 , a completer par Robinson 1948,48-55 , Schwabachcr 1957, 27-32, Cahn 1985,587-594,1986,11-14,1989,99 sq. 85 Babelon 1910, col 102-106 (pI 88, 10-13), etalon rhodicn, "phemcien" pour Cahn 1985, cf sa pi p. 591 n" 7 , J 989, pI. I n° 7 (PI. 1, 16), p 102: lcgcndc BA, BAIlAE, BAIIAEQI sur les tetradrachmes , cf les references dans larucle de Welser 1989, 287 n 96. Dans ce cas la parcnte du rendu entre drachmes et tctradrachmes fait qurl est difficile dc nepas parlerd'un "portrait" (cf Cahn 1985,591 n° 7 et 8). 8f; Franke & Hirmer 1966, pi 184, n° 621 , Cahn 1989, pI. I n" 5, (Pl. I, 11) eel untcum cst d'ctalon attiquc. 87 Franke & Hirmer, 1966, n° 622 , Cahn 1989, n" 6 ( PI. I, 15); ctalon "pherucien" (rhodien) qUI mcite Welser 1989, 290 a proposer une dale ulterieure a la mort de Tissapherne (sans aucun doutc a justc titre) et cornme heu d'errussion Colophon (telle etait deja la conclusron de Bahelon 1910, col 111-114, mars 11 proposait de rccormaitre Orontes) D'autrcs avaient suggere lasos (HMC Ionia, 325 n" 13 ; SIX J 888, 106 sq.) avec moms de viarscmblancc etant donne la grande parente des representations de la lyre sur Ies monnaies crviques (e g Welser 1989, pI. 20, n" 33). l.cgcndc BAIIA. RS Hamson 1982a recuse toute idennficanon d'un personnage lorsque Ie nom (du satrape) n'est pas mdique sur la monnare. 89 Welser 1989, 290 sq. A hre ces pages, II est assez tentant de pcnser a Tmhaze en rapprochanl ces monnaics de series crruscs en Cilicic, infra p 336 sq De fait, I'uuhsauon de letalon rhodicn rend I'aunbuuon de ces monnaics a Tissapherne 10Ul a fait improbable 9() Welser 1989, Taf XIX, 27A Celtc rnonnaic farsan partie du tresor drt de "Kararnan", ]' antique Laranda (fGel{ 1243 et les doutes expnrnes la sur Ie heu de decouverte); en fonction de cela Pnce 1989, 106 apres Buttrey
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- A Xanthos 91, une monnaie qui, pour I'instant, est un unicum et par consequent difficile it dater. Elle figurait dans un tresor qui comportait au moins soixante dix huit pieces. II s'agit d'un statere d'argent de 8,42 g avec it I'avers un cavalier perse au galop a droite, legende en Iycien Ariina (?) ; au revers l'Athena de Xanthos, legendc Zisiapriilna, nom qui apparait dans I'inscription TL, 44c. Ce trait amene M. C. Harrison v- it proposer une date plus haute que celie retenue par S. Hurter 93. Cette dernicre donne comme autre argument que Ie theme du cavalier perse est ernprunte aux monnaies ciliciennes du Syenncsis pour lesquelles C. M. Kraay 94 propose Ie debut du rye s. Mais la datation de ces series n'est pas absolument assuree 95. Pour M. C. Harrison 96 il s'agit d'un monnayage emis par Ie satrape it cause de la legende transcrivant son nom dans sa graphie Iycienne. On rappellera que Ie "cavalier pcrse" figure egalement sur une serie assez abondante frappec en Carie dont I'attribution - et done la date - restent incertaines 97. Le contexte historique de cette emission ne sc laisse pas aisernent saisir. II faut done conserver une fourchette chronologique large dans la mesure ou Tissapherne peut avoir eu I'oecasion de frapper monnaie it Xanthos a divers moments de son activite satrapale : fin de la guerre du Peloponese, periode du "repli" de Tissapherne sur la Carie-Lycie, campagne contre Agesilas, - A Astyra: plusieurs exemplaires. [provenant d'une me me trouvaillc"] sont recemrnent apparus sur le marche 98. II s'agit de bronzes avec a I'avers, un "portrait" de Tissapherne, tete nue, done it la grecque, a droite la legende TIIIA; au revers, statue archaisante d'une "Meter", avec legende AITYPH 99. Comme Ie fait observer H. A. Cahn 100
1982, 1J7-140 en repouse a la commurncauon de Cahn (qui rctient la date tradruonncllc de 412-411), evoque la possibihtc pour Ie tresor d'une date proche du nuheu du IV's Mais la pubhcation de W Weiser appcllc it un reexarnen glohal des imuauons perses de chouettes atuques Cf aussi les doutes de Capccclu 1991, 68-69 Yl Mcillcurc photo, Zahle, 1989, 181 (1'1. I, 14). Cette monnare avait etc publiee par Hurter 1979, pI. 8,6 Zahle 1989, 173 donne la descnption du tresor et propose unc date d' entourssement proche de 385, mars c.ctrc date parait reposer sur une sortc de ccrclc vicrcux elle dccoule rmphcitemcnr de la date attnbuee a une mormare de Tarse, appartenant a notre groupe B (mfra p 329) et que Zahle, it la suite de Kraay 1962, dare de 390, alms qu'rl signale dans cc mcmc trcsor deux monnaics mylasicnncs datees par Troxell 1979, 264, de 460-400 "2 Hamson 1982a, 391-395 y1 Hurter 1979, 100-10 I, d'ou Welser 1989, 283 94 Kraa y I962, 10-1 I Y5 Cf Hamson 1982a, 450-458, qUI propose une date plus haute, dans Ie courant du V" s , pour la sene de Tarse, cavaher perse/hoplue gree (en fait un retour a la solution adoptee tradiuonnellcmcnt), en rcponsc aux dates proposccs par Kraay 1962, 12-15 (cf , de facon plus vague, mars imphcucmcnt au tout debut du IV'S, Kraay 1976. 281) Or ees serre s sont certes idenuques par l'illustrauon, en revanche bien differentcs par Ie rcndu (carrc en ereux au revers crrculairc) cheval plus stauquc dans lcs premieres, plus "ani me" dans les autres, hoplue a drone pUIS a gauche, avec de nomhreuses emissions differentes, ce qUI suppose que cette "sene" rccouvrc en rcaluc une asscz longue pen ode On obscrvcra que Ic revers de la monnaie de Trssaphernc est circulatre mars que Ie cheval paraii plus proche de celut de la prenuere sene En d'autres termes cette monnare pourrau s'inscnrc it l'intcncur de l'cvolution de ee type ct nc pas ctrc forcerncnt postcncurc aux dermeres emiscs Cf infra p 329 sq 96 Hamson 1982a, penehe pour une ermssion satrapale, alms que S Hurter, 01' ell, pcnsc qu'il s'agn d'un monnayagc CIVlqUC
Supra p 55 n. 197 Cahn 1985, 591 , 1986, 11-14 , 1989, 99 , Welser 1989, 271 n 21 (ef pI. 19, n" 25) donne une liste de nouveaux exemplaires Cf. par cxcmplc Auktion Athena, 15 mal 1990 n" 146 (PI. I, 12). En dormer lieu Stauber 1996, 253-257 (sans illustrauon) 99 Plus vrarsemblablcmcnr A2:TYPHN(NQN) qu'A2:TYPH(NH). La rnonnaie de la vente Athena (note prcccdcntc) semble porter A2:TYPA mars la photo ne permeI pas de trancher en route certitude. lOll Cahn 1985.585-587, cf Laurnorucr 1958,670. 07
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nous connaissons quatre Astyra : en Troade 101, en Mysie, en Eolide 102, en Carie. II est hors de doute qu'il s'agit de cclle de Mysie dont Ie sanctuaire d'Arternis Astyrencest bien connu 103. Observons qu' en ce qui rcgarde les legendes, la pratique a ete identique a Astyra et a Xanthos. Cela tendrait a con firmer Ie fait quil s'ugit bien d'une emission satrapale dans la mesure ou les emissions civiques d' Astyra a cette epoque sont bien differentes 104. - Un autre groupe de bronzes lOS "sorti" en mernc temps que Ie precedent, porte les memes types que Ie didrachme de Xanthos (cavalier pcrse brandissant une lance, Athena portant un casque attique) mais l'ordrc des faces est inverse et Ie traitement stylistiquement bien different (Ie fait est particulicrcment evident pour Athena), avec I'inscription TIIIA en grec en revers. II n'est pas possible d'attribuer une origine certaine aces monnaies, mais leur lieu d'emission ne devrait pas etre tres eloigne d'Astyra. H. A. Cahn lO6 suggere Adramyttion. La proximitc de ces deux groupes invite a penser qu'ils ont ete ernis dans des conditions historiques et chronologiques similaires. Le moment Ie plus approprie parait etre celui de la reprise en main de la region d'Adramyttion et Antandros que Tissapherne semble avoir morncntanerncnt perdue en 411 107, mais qui depend de la satrapie de Sardes en 395 108. Comme on le voit, la fourchette chronologique est relativernent large mais, en realite, seules deux peri odes paraissent vraisernblables, soit une periode tres proche de ]'''affront'', soit mieux encore lcs annees (l'annee") qui suivent immediatement son retour en Asic Mineure aprcs la mort de Cyrus. A ce moment, Tissapherne est en mesure de revendiquer la totalite de son gouvernement 109, y compris dans cette region, et Pharnabaze, reste apparemment assez discret dans la guerre civile qui vient d'avoir lieu, ne peut s'y opposer. En consequence si I'on considere la monnaie d'Adramyttion (?) comme une repliquc de celIe de Xanthos, cette derniere devrait etre datee des annees imrnediatement anterieures a 400. - Un cas un peu particulier est celui d'une hekte de Phocee 110 ou le "portrait" presente des traits de ressemblance physique assez evidents avec certaines des monnaies d'Astyra malgre les reserves de principe de C. M. Harrison. Une difference d'importance, il s'agit tres probablement ici d'un monnayage civique. Nous sommes done en presence de toute une serie d'ernissions qui se caracterisent par une grande diversite d'etalons, de meraux et d'iconographie et cela suppose d'assez nombreux centres de frappe. Tissapherne parait ctre Ie premier satrape perse a avoir percu l'interet de l'utilisation systematique d'un monnayage imitant cclui des cites grecques. Si I'on essaie de concilier I'ensemble des indications fragmentaires fournies par nos sources, la succession de Tissapheme, cest-a-dire les annees 395-380, est particulierement Pres de la rnodcrnc Canakkalc, ef Cook 1973, 36 Astyra d'EolJde Paus. 4 35 10 ; cf. Lambnamdis et al 1966, 196 103 Supra p 96 n 108 104 En derrner heu Stauber 1996, 259-260 (unc inccrtnude ccs monnares CIVIljUCS provicnnent-elles d' Astyra de Mysie ou de son homonyme de Cane') cf. Stauber 1996, 258) 105 Cahn 1985. cf les references de la note 84 supra. (PI. I, 13) 106 Cahn 1989,99 n 6 On frappe en effet it Adrarnytuon des monnaies pour Orontes sur lesquelles Athena est representee aUSSl avec un casque atuque (rnfra p 151) 107 Supra p 94 lOS Supra p 96 et n 108. 109 II n'y a pas lieu de supposer avec Cahn 1985, 593 qu'rl agit lit en tant ljuc karanos ou de voir dans ccs monnaies la marque d'une que Iconque volontc d'indcpcndancc (1989, 99). 110 Cf Bodcnstcdt 1981,154 n 87 (pI 8 n" 10), Cahn 1989. pI T, n" 9. (PI. I, 9). 101
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difficile a cornprendre. Le pouvoir central semble avoir passablement tatonne : on constate une grande instabilite dans les fonctions satrapiques et dans l'etendue -des ressorts territoriaux. A la mort de Tissapherne (en 395) s'ouvre une periode de transition. Tithraustes, qui exercait de hautes fonctions ala cour, est charge d'une mission ponctuelle 1I I. II s'agit de regler, au moins provisoirernent, les problernes poses a la satrapie de Lydie par la presence d'Agesilas 112. On sait que Tithraustes ne s'embarrasse pas de scrupules en incitant Ie roi de Sparte a envahir la Phrygie hellespontique et en lui fournissant un fort viatique, 11 n'est done rien d'autre qu'un administrateur provisoire 113 charge d'une mission militaire et diplomatique ad hoc. Lorsqu'il rep art pour la Haute-Asie il remet a Ariaios et a Passiphernes le commandement de I'arrnee 114. Le premier est en charge de la Haute-Phrygie mais il n'y a aucune raison de penser que Ie second est devenu satrape a Sardes. La vacance semble done durer jusqu'a l'arrivee de Tiribaze 115, dote en 393/392 d'un commandement militaire 116 probablement de meme type que ceux qui avaient ete confies precedemment a Cyrus puis a Tissapherne 117 et dont nous apprenons par le seul Cornelius Nepos I I S qu'il etait aussi satrape de Lydie. Apres son rapprochement avec le Spartiate Antalkidas, le Roi le rappelle (ou en tout cas il se rend aupres de lui 1(9). C'est l'occasion d'une grande reorganisation qui a lieu en 392/391 12 - La Carie devient une satrapie separee sous Hekatomnos 121. - La Lydie est donnee a Autophradates 122. Sa satrapie comprend aussi, nous Ie verrons plus loin, la Lycie. Nous en avons en tout cas la preuve pour la partie occidentale et meridionale. A moins dimaginer (meme si cela reste possible) quil y avait une nette rupture
°:
III Tithraustes cxercart probablemcnt les fonctions de cluharque , LeWIS 1977, 19 n 96 (apres Bruce 1967, 90-91) : cf Xcn., Hell., 3.4.25: Diod. 1480.7 Il a en tout cas la haute main sur lcs affaires rruhtaires ct leurs prolongements financiers puisque c'est a lui que Conon vient rcclamer l'argent pour solder la nolle (Hell Ox., 143) L'un de ses descendants pourrait etre Ie satrape de HautePhrygie du rrulicu du IV's. (cf Beloch 1923, 152) : cn tout cas les deux Tithraustes ne pcuvent etrc unc seulc personne Infra p. 156. 112 Infrap 247 113 Chaumont 1990,596 sq. en fait le satrape de Sardcs pour un court laps de temps 114 Sur Anaios, cf. infra p. 156, on ne sait ncn de plus sur Passipherncs liS Cf. Melom 1950, 292-339 Tmbazc eSI l'arm et Ie conseiller d'Artaxerxes au morns des 401 (Plut , Artax, 7.3 : Xen., An, 4 4 4). Weiskopf 1982, 84-88, lUI attnbue le litre d'hyparquc d'Arrnernc occidentale, 11 SUIt en cela Xen., An., 44.4 (alors que Died. 1427.7 le qualific de satrape dArrnenre) , 11 aurait recu cette promotion en recompense des services rendus (Plut, Artax., 10.1) mats aunut ete place sous les ordrcs d'Orontcs, satrapc d'Arrneme. Cf. aussi Osborne 1973,518-9 (qUI sappuic sur An, 3517) et Infra p 149 n. 263: notons en passant qu'ici Weiskopf admct 1a conception "tradiuonnelle" d'un hyparque qUI trent unc region particuherc mars soumis a un satrape 116 Xen , Hell., 4.8.12: ~aGlA£WC; ilvm G1pa1Y1YoV; DJOd. 14.85.4' 0 1COV Ka1a 1~V 'Aoiov rrd;cov o1lVeXflEUlV a<jlllYOUflEVOC;
117 Weiskopf 1982, 87 n. 8 ne rerient pas ce commandemcnt elarg, car II ne croit pas qu'il ait a ce moment Ie pas sur Pharnabaze 118 Cornelius Nepos, Conon, 5.3 Les textes cues note 115 montrent clauement la double nature du mandat de Tinbaze (contra Weiskopf 1982,132 n. 8, qUI nc rctient que la Ionctron satrapale) 119 Xen , Hell., 4.8 16: cf. Infra p. 254. 120 Cf. Beloch 1923, 137 et l'approbauon nuancec de Hornblower 1982, 38 n 12: contra Petit 1988, 308 121 Infra p. 134; Hornblower 1982, 36 sq , contra PeW 1988,313 sq. 122 Theopornpe, Ftirllist. 115, Fl03.4· 10V ADolac; £~a1peXrrT)V, cf. Beloch 1923, 135. Comme le fan observer Weiskopf 1989, 38, on ne sait nen de la carriere antericure et de la farmlle d' Autophradates. II semble cepcndant difficrle dadmettre avec lUI qu'rl sagit en 390 dun officrer subalterne (Strouthas gouvernant a Sardcs), cela parait assez contradictoirc avec Ie commandement qUI lUI est alors confie de lexpeditton contre Evagoras conjomtcment avec Hekatomnos Dans le merne sens que Weiskopf Chaumont 1990, 599
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territoriale, il faut conclure que Ie "trait d'union" est constitue par la Carie Orientale dont d'autres indices semblent indiquer qu'elle n'appartenait pas, au moins sous les premiers d' entre eux, aux Hekatomnides. Une satrapie d'Ionie est recreec pour Strouthas. Elle accompagne un commandement militaire ample du type de ceux qui avaient existe anterieurement 123. Contrairement a ce qu'affirme Th. Petit 124, il n'y a pas lieu de douter de ce que dit I'inscription de Milet Tod, 113 125 qui lui donne seulement le titre de satrape d'Ionie. Certes, on pourrait arguer du fait que cette inscription prend en compte les seuls Ioniens parce qu'ils sont les interlocuteurs du satrape 126, mais toute la documentation disponible sur ce personnage coneerne Ylonie dont Ie centre vital est la vallee du Meandre, Lorsque Ies Lacedernoniens veulent lui porter des coups qui I'atteignent specifiquernent, les actions militaires de leurs generaux ont lieu precisement dans cette region 127, selon les memes principes qui guideront les operations successives d'Agesilas contre les differents satrapes de l'Asie Mineure occidentale. II se confirme done ainsi qu'a des epoques diverses, sans qu'il y ait forcement de continuite, on a reconstitue une arche separce dont l'origine remonte au "premier" nome herodoteen 128, meme si ses limites ont pu varier. La Carie n'est pas incluse dans l' arche de Strouthas mais ses cotes sont naturellement sous son controle militaire. On ne sait rien pour ce qui concerne la Pamphylie. Le pouvoir central parait done avoir souvent hesite entre cette solution et une grande satrapie unifiee, mais potentiellement l'Ionie conservait son identite, Les objectifs semblent relativement clairs. Les choix faits (y compris le maintien de Pharnabaze) impliquent que Ie Roi n'est pas pret a changer de politi que et que la priorite est donnee a la lutte contre le roi rebelle de Salamine, Evagoras, Une expedition est organisee avec it sa tete Hekatornnos comme navarque et Autophradates comme general des troupes terrestres 129, alors que Strauthas est en charge des affaires de l'Egee. Cette repartition est remise en cause par Ie changement de la politique royale en faveur de Sparte et aussi sans doute I' echec de I' expedition chypriote. Tiribaze revient aux affaires aSardes (recuperant la satrapie d'Ionie?) en 388 130, en me me temps qu'Ariobarzane succede a Pharnabaze (supra). Seul Hekatomnos echappe a ce mouvcment. Rien ne permet daffirmer que Tiribaze est decharge de la satrapie de Sardes en me me temps qu'il recoit la mission de preparer puis de mener I'expedition contre Chypre, comme ce sera Ie cas plus tard pour Pharnabaze. Le fait que Kyrne et Phocee scient le premier lieu de concentration de la flotte sernblerait indiquer le contraire. En tout cas [en 380?], Autophradates est une
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Xen , Hell, 4.8.17
ETCIWAll(J6~£voS ~iDv
KCHa 8&I,CHWV, Diod. 1499 I
<J1pex~l1y6s.
ETCt
8&Aexnexv. Pent 1988, 309 sq. Milet, 1.2, p 113 sq ,n° 9 (Sylt ', 134) Strouthas est quahfie de satrapes, mats sans autre precision par la Souda et Harpocranon, S v. Pour Weiskopf 1989, 29, J1 est satrape a Sardes 126 Comme par exemplc les versions Iycienncs et aramccnncs de la tnlmgue de Xanthos qualifiant seulernent Pixodaros de satrape de Lycie, 127 Xen , Hell, 4.8.17 et 21 ; sur l'cpisodc de Tigrane, cf Infra p. 259 n 204 12S Positron sinularrc de Osborne 1982, 70-71 , mats cf la note 132. 129 Theopompe, lac. CIt L'emplor de Cancns dans la floue pcrse est un usage constant depurs la conquete, no Xen , Hell, 4.1.25 124
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seconde fois son successeur 131. Notons cependant que ce schema complexe n'a pas ernporte I'adhesion de tous les commentateurs modernes et que plusieurs des maillons ont ete remis en question de facon plus ou moins ferme 132. Des 392, mais cela est encore plus evident a partir de 380, l'organisation mise en place par Darius, telle du moins que nous la decrit Herodote, est bien morte. Le nombre des satrapies s'est multiplie. A quelques retouches pres, il est desormais fixe pour la part occidentale de l'Asie Mineure. C'est l'evolution ulterieure de ces "satrapies-filles" que nous allons tour a tour examiner.
2. LA SATRAPIE DE CARIE
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Tout le monde s'accorde aujourd'hui pour considerer qu'une entite carienne, quel qu'en soit Ie premier titulaire et la signification exacte, apparait au tout debut du lye S. Une serie d'interrogations vient alors a l'esprit : - Y a-t-il des antecedents a la satrapie du lye s.? Sans revenir sur toute la problematique des listes perses, on invoquera celle de Naqs-i-Rustam, de l'epoque de Darius Ier, ou non seulement Karka est distinct mais encore tres eloigne dans la liste de Katpatuka, Sparda, Yauna. Ces dernieres se succedent somme toute suivant l'ordre herodoteen mais en l'inversant 134. La creation d'unite autonome au IVe s. n'est pas une veritable innovation 135 d'autant que la satrapie "reliquat'' de Tissapherne a partir de 407 devait eire percue de facto com me une satrapie de Carie; - A que lie date? Pour des raisons historiques evoquees plus haut 136, la date qui parait la plus plausible est 392/1. Cela suppose d'eliminer Ie ghost-satrap qu'est tres certainement Hyssaldomos. La tradition litteraire antique, assez peu prolixe il est vrai, avait laisse penser que le premier satrape etait Hekatornnos 137 mais une inscription reexaminee
131 Sur la lin de Tmbazc, d. Plut., Artax, 29; lcs rapports cyclothymiques qu'entrcucnncnt lc ROI el Tmbaze, conslammenl mrs en lurruere par la V'c d'Artaxerxes, pourraicnt particllcmcnt jusufier les avatars de la satrapie de Sardes Weiskopf 1989, 39, situe cette succession peu apres 374, en rail la consequence de I'echec des Perses en Egyptc. 132 Le recu de Xenophon est ICI plus que jamais discontmu et decousu 11 juxtapose des ralls qUI, pour nous, ne prescntent aucune coherence, comme si la trame des evcncmcnts ctait acquise de son lecteur Diodorc apporte quelques precrsions complemcntarrcs rna's n'cst gucre plus eclairaru Qucl dcgrc de fiabihte dort-on attnbuer a Cornelius Nepos, SI souvent approximauf dans ses traducuons dinsutuuons grecques en terrnes Jatms, ou a Yepuome de Theopornpe par PhOtlOS" Les conclusions ICIexposees sont proches de celles de Bcloch 1923 (cf. lcs tableaux synoptiques de sa piSS). Les points les plus discutes sont les suivants (un etat de la question est fourru par Hornblower 1982, 37 sq ) 1) I'cxistcncc d'une satrapie d'Ioruc est contestee par Lewis 1977, 118 n 75, qUI lend a penser que Strouthas a purement et srmplement remplace Tmbaze C'rcluctance .. msunctive"), ibid. p. 146 plus explicitement ; posmon idcnuquc de Petit 1988, 309. La theone de Cawkwcll 1976, 274 n 19 mtroduit une comphcation supplemcntaire avec l'rdee que Strouthas aurau succcdc dans la satrapre de Lydie 11 Autophradates 2) II n'y aurait pas eu de premier mandai d'Autophradatcs, tcllc est l'opnuon de Lewis, lac ell, de Weiskopf J 989, 40, ct deja de Krumbholz 1883, 66. 133 Bockisch 1970, 117-175: Hornblower 1982 (essenuel) , RUZIcka 1992. L14 Supra p 71 el n 329. 135 Contra Hornblower 1982, 18. 116 Supra p 128. 137 cr. par exemple Str 142.23 (11 propos de Mylasa) : ITCXCpt; Of KCXt ~CXGiAEtoV ,mv KapillV ,mv ITEpt10V
'EKCX16~v(J)
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Planche IV
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Legende des planches IV-V IV I, Mylasa, A. Laumonier, Cultes, pI. III, I IV2, Mylasa, A. Laumonier, Cultes, pI. IV, 3 lV3, Tegce, A. Laumonier, Cultes, pI. III, 2 IV 4, Milet (7), Hekatomnos, Y. Athena 1988 n" 180, ar, 4,24 g. IV5, Milet (7), Hckatomnos, Babelon 89.17, ar, 12,40 g. IV6, Mvlasa, Mausole (7), Babelon 91.6, ar, 15,04 g. IV7, Mylasa, Hekatomnos, von Aulock 2354, ar, I: ~ g. IV8, ('7), Hckatornnos ('I), Troxell, Fest. Mildenberg, pI. 40 n" lA, ar, 0,47 g. IV9, (7), (7), Keckman I 847, ar, 0,23 g. IVIO, Mylasa, Mausole, Troxell pI. 40 n" 3, ar, 0,32 g. IV II, Mylasa, hellenistique, von Aulock 2618, ae, 1,69 g. V I, ('I), Hekatomnos, von Aulock 8044, ar, 2,17 g. V2, ('I), Kim (7), von Aulock 8045, ar, 2,24 g.
V3, (7), ('I), Troxell pI. 40 n' I I B, ar, 0,39 g. V4, Milet ('.I), Mausole (7), Jenkins, BMQ 1972, ar,3,30g. V5, Milet (7), Mausole, v. Athena mai 1990 n'191, ar, 12,15 g. V6, Mylasa, Mausole, Bank Leu 1980 n" 160, 14,99 g. V7, lIaliearnasse ('I), Mausole, v. Athena 1987 n" 127, ar, 15,04 g. V8, IIaliearnasse (7), Idrieus, v. Athena 1987 n" 128, ar, 15,23 g. V9, lIaliearnasse ('I), Pixodaros, von Aulock 8048, ar, 0,82 g. V 10, Haliearnasse (7), Pixodaros, v. Athena 1987 n" 129, au, 1,39 g. V II, Haliearnasse ('I), Pixodaros. Babelon 90. I 2, au, 4,17 g. V 12, Halicarnasse (7), Pixodaros, v. Athena 1987 n' 130, ar, 7,09 g. V 13, Halicarnasse ('I), Orontobates, Babelon 91.4, ar, 15,08 g. V 14, Cos, (7), Hurter 1998, pl. 32.28, ar, 6,84 g.
L' ASLE MINEURE AU IVe s. (412-323 a.c.)
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par L. Robert 138 a amene le monde savant 139 a admettre que Ie premier satrape hekatomnide etait Hyssaldomos, le pere d'Hekatornnos, 11 apparait cependant qu'une tout autre interpretation du (ou des) document(s) est plus plausible 140. Nous proposons done de revenir ala solution traditionnelle : Hekatornnos a bien ete Ie premier satrape en 392/391, son pere Hyssaldomos ayant exerce une fonction identique a celle des hyparques connus de Tissapherne. 11 est en effet bien peu probable que la Carie ait ete dotee des 395 d'un satrape alms que la piece maitresse du systeme, la Lydie, aurait du attendre 393 au moins pour en avoir un. Certes, on pourrait discuter eette date de 392/391 au vu de la fonction enigmatique attribuee a Hekatomnos vers 380 par Isocrate, celle d'epistathmos 141. II n'y a pas de raison de eroire qu'Isocrate fait reference ici a une fonction precise, distincte de celle de satrape. On notera que, des 391, le Carien est appele a exercer un commandement a Chypre et que ce genre de mission est confie a de hauts dignitaires de l'Empire. D'autre part il a ete remarque, depuis l'Antiquite, que la composition du Panegyrique a dure de nombreuses annees, apartir de 392 au moins 142, et I'on ne peut etre sur qu'Isocrate ait modifie sur ce point son texte initial. La genealogie des Hekatornnides s'organise selon Ie stemma suivant
138
139
1988,313.
143
Robert 1937, 571 sq. Contra avee des arguments simi1aires aux notrcs, Hornblower, p. 36 et n. 5 suivi sur ce point par Petit
140 IK, 34-Mylasa, 4. L'inscription, copice a Mylasa, est connue seulement par une copie cnvoyec a Condoleon. Son objet pourrait eire la protection d'un domaine sucre consacre a Aphrodite si l'on suit Ie dcchiffrerncnt propose par Haussoullier 1899, 155 n. 1. Robert 1937, 568 reedite unc listc de presbeis trouvee it Tralles (ou simplcment copiec la") IK, 34-Mylasa, 8 et suggere qu'il pourrait s'agir de la fin du merne document. Remarquons que la decouverte ulterieure de listes comparables (infra p. 179) fait doutcr de la validite de cctte hypothese. On ne peut determiner la longueur des lignes du n" 4 ct done une restitution 'EKa16~v(j) 10D 'Yoo JaA8cO~ou d~(Xl8p[ aTCEllOV 10; parait possible. Il faut reconnaitre que les mentions de satrapcs hckatomnidcs avec leur patronyme sont rates ou plutot relevent d'un autre type de documents, ainsi la dedicace Sinuri, 76 faite par 'EKa16~v(j); 'YaaaA8cO~ou ou encore celles de Labraunda publiees par Crampa (1972, 13-19) mais qui ne component pas la titulature persc. 11 y a cependant au moins un parallelc exact: IK, 34-Mylasa, 5, l. 2-4: Mauaa]cOAf,ou wD 'EKa[16~v(j) E~(Xl8paltJEllOv1[O; qui nous incite a tranchcr resolumcnt dans le scns indique plus haut. 141 Isocrate, Paneg., 162: a rapprocher du § 120 ou l'auteur declare quil scn faut de peu que la Paix du Roi ait eu comme consequence de permettre aux Perses d'etablir des gouverneurs dans les cites: cf. Cawkwell 1973,52 n. 1 : Hornblower 1982, 107 : LSJ s.v. Le terme epistathmos peut done ctre traduit par "gouverneur" quclle que soit la nature et la taille du "gouvcrnement". Ruzicka 1979, 35 fait observer que des l'amiquite on a eprouve le besoin de prcciser le sens de ce terme: les /snecdota graeca (Bekker 253) donncnt comme definition: "Lcs archontes et les satrapes qui gouvement les cites assujettics au Roi" alors que Harpocration, s. v. precise que Hekatomnos netait rien dautre que le gouverneur de la satrapie de Carie. Observons enfin qu'Isocratc, Phil., 104 mentionne Idrieus et "beaucoup d' autres satrapes". 142 Mathieu CUF, notice p. 5-6 avec Ies references. 143 Beloch 1923, 143-145. Hekatomnos : Diod. 14.98.3: sur son controle probable dun territoire allant jusqu'a Caunos et a Milet, infra p. 143-144 ct 387. Mausole: Diod. 16.36.2, maitre de la Carie centrale puis a partir de 387 ('I) dune partie au moins de l'Ionie (infra p. 387) : apres la revolte des satrapes, il annexe la Lycie (infra p. 356), ef. Lucien, Dial. Morts, 24.1. Artemisc : Diod, 16.36.2: 45.7. 1dricus : Diod.,loc. cit. ct 69.2. Ada I: 69.2: 74.2. Pixodaros : 74.2. Ada II: Str. 14.2.17 : Arrien, An., 1.23.7.
LES SATRAPIES DE SARDES ET D'IONIE ET LEUR POSTERITE
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Hyssaldomos
Hekatomnos (392/1-377/6)
Mausole (377/6-353/2)
Artemisia (353/2-351/0)
Idrieus (351/0-344/3)
Ada 1 (344/3-341/0) Orontobatcs (336/5-ete 334)
Pixodaros (341/0- 336/5) I
Ada II
Ce tableau ne va pas sans poser de nombreux problernes, en particulier en ce qui concerne la chronologie. a) Y a-t-il eu un premier exercice de la satrapie par Pixodaros en 358? Telle est la conclusion a laquelle arrivaient H. Metzger, E. Laroche et A. Dupont-Sommer dans leur presentation preliminaire de la stele trilingue de Xanthos ]44. Le point de vue presente dans l'edition definitive est reste pratiquement inchange ]45 malgre l'hypothese de E. Badian 146 qui, suivi par la plupart des savants 147, suggere que Ie roi Artaxerxes dont il est question pourrait etre en realite Arses, dont Ie regne n'a dure que deux ans, et qui aurait pu a l'image de ses predecesseurs prendre le nom dynastique d'Artaxerxes (IV). L'argument que developpe A. Dupont-Sommer 14X (aucune source antique ne donne d'autre nom a Arses) avait certes son poids mais il valait au moins autant pour l'intermede Pixodaros sur lequelle silence etait tout aussi complet. En admettant que I'an I d'Artaxerxes dont il est question dans la seule version arameenne est bien 358, on multiplie les difficultes historiques 149. Comme le notent 1. et L. Robert ]50, la solution elegante est bien 337. La decouverte recente de documents relatifs ala periode entre Artaxerxes III et Arses, confirment la these de Badian lSI. II subsiste cependant un certain nombre de problernes. H. Metzger ]52 observe que Ie tout debut du texte grec: 'EnEl Auicic«; ~a8panl1C; EyEVElO nl~cD8apoc; semble indiquer que cette nomination est recente, "il faut entendre qu'un nouveau pouvoir vient de s'installer" et il en fait implicitement un argument pour la date haute 153. II convient de reexaminer la question en mettant en regard les differentes versions. Le texte arameen designe Pixodaras comme Ie Metzger et al. 1974, 82-149. Metzger et al. 1979 ; cf. specialement la contribution de Dupont-Sommer, p. 165-168. 146 Badian 1977,40-50. 147 Robert & Robert 1977, 472 et 1980, 486; Worrle 1978, 234 n. 174: Childs 1981, 78 ; Hornblower 1982,46 sq. ; Eichner 1983, 52 ; Bryce 1986,48. Pour sa part Frei 1981, 368-9 reste sur une prudente reserve alors qu' Asheri 1983, 109-1 [() penchc pour la date haute. 14H Dupont-Sommer 1979, 166 n. I et la reponsc de Robert & Robert 1980,486. 149 D'autres arguments pouvaicnt eire presentes en faveur de la date basse, infra p. 384 sq. ISO Robert & Robert 1977,472. lSi Briant 1997,58; 1998b. 152 Metzger 1979, 37. 151 Badian 1977 est manifestement gene par eelle mention et aboutit a une solution peu economique : Pixodaros aurait ctc satrape en Carie en 341/340 mais c'cst seulement en 337 qu'il scrait devenu maitre de la Lycic. 144
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L' ASIE MINEURE AU IVe s. (412-323 a.c.)
136
satrape qui (gouverne) en Carie et Lycie en l'an I d'Artaxerxes, et cela sans indication des administrateurs regionaux ou locaux qui figurent.en revanche, dans les deux autres versions. Il est abusif de combiner des textes qui ne sont pas destines au merne usage et ne disent pas exactement la merne chose (infra). Il faut voir dans Ie debut des versions lycienne et grecque: "Lorsque Pixodaros devint satrape en Lycie, il etablit Hieron et Apollodotos comme archontes de Lycie et Artemelis comme epimelete de Xanthos" la transcription d'une sorte de chronique a I'orientale plutot qu'un decret a la facon grecque 154. Cette idee est renforcee par le fait que H. Metzger ISS admet que le texte grec est la traduction du texte lycien, realisee par un scribe maitrisant bien, mais pas de facon parfaite, la langue grecque. Par consequent, ce prearnbule ne doit pas obligatoirement etre mis en relation avec I'an I d'Artaxerxes (date du document arameen, dont I'omission n'est pas fortuite), rnais represente l'etat administratif de la Lycie mis en place en 34 I et qui dure encore en 337. En bref, il y a toutes chances que Pixodaros soit devenu satrape en Carie et Lycie en 34 I. b) L'inscription de Tralles qui reconnait Ie droit d'asile du sanctuaire de Dionysos Bacchios ]56 est datee de la septierne annee du regne d'Artaxerxes (il ne peut s'agir que d'Artaxerxes III, ce qui donne la date de 353) et indique que le satrape en fonction est Idrieus. Or, Diodore 157 situe son accession en 35 l/350. S. Hornblower ISS discute cette inscription et propose I'alternative suivante : soit il s'agit d'un faux soit il faut considerer qu'il y a une erreur du lapicide, IInIII pour DUn, sept pour neuf. Pour S. Hornblower, la deuxieme solution est la bonne. On admettra volontiers qu'il s'agit la de la copie d'epoque imperiale d'un original du IV e s. 159, en revanche j'avoue ne pas comprendre comment on peut passer de IllIllI a fUIll (a la rigueur Illllfl, pour conserver sept hastes verticales, mais ce nombre ne signifie rien). On doit observer que sur certaines monnaies de Sidon, Traite, U, n° 94 I, ernises par MazdaylMazaios dont les legendes sont en ararneen la dix septierne annee du pouvoir du satrape (plutot que du regne d'Artaxerxes comme le pense Babelon 160) est notee comme suit: lIUnC La facon a premiere vue anormale de noter sept s'expliquerait done mieux par un original arameen, element de nature a renforcer l'hypothese de l'authenticite de cette inscription qui a parfois ete contestee 161. Cela parait ouvrir la porte a une autre possibilite qui ne me parait pas devoir etre rejetee sans quelque consideration: le "regne" d'Artemise seule a pu etre envisage par Ie pouvoir perse comme une sorte de parenthese non officialisee merne si elle fonctionnait de facto. Il y aurait ainsi un "rattrapage" de deux annees pour ne laisser aucun hiatus dans la sequence officielle des satrapes. c) Une derniere enigrne concernc encore Pixodaros. Strabon 162 etArrien 163 presentent deux versions contradictoires. Pour le premier, Pixodaros demande au Roi de lui envoyer un Robert & Robert 1974, 553. Metzger 1979, p. 38. 156 Robert 1936 ; Hornblower 1982, M4 ; IK, 36.I-Tralleis, 3 ; cf. Debord 1982,264 ; Rigsby 1996,416-417. 157 Diod. 16.45.7. I5S Hornblower 1982. 40-41. 159 Cf. sur les circonstances et I'''ambiance'' de l'exhumation de tels documents, Debord 1982, 278-284. 160 Infra p. 415. Jr.J Cf. par exemp1e lcs doutes de Nilsson 1961,88 n. 5 : "Vicllecht eine Falschung?". J62 Str. 14.2.17. 1(" Arrien, An., 1.23.8.
154
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LES SATRAPIES DE SARDES ET D'IONIE ET LEUR POSTERITE
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satrape pour partager le pouvoir avec lui. Orontobates est choisi ; il epouse Ada II la fille que Pixodaros avait eu d'une femme cappadocienne 164. Arrien dit seulement qu'a la mort de Pixodaros, Ie Roi envoie son beau-frere pour lui succeder. Une chose parait assuree, Le Perse Orontobates est Ie gendre du Carien, comme Ie laisse supposer I'histoire du mariage macedonien avorte 165. S. Hornblower 166 propose d'adopter integralernent la version de Strabon. Mais sur Ie reste (partage du pouvoir et non succession) il est en realite impossible de trancher. Les monnaies emises le sont par l'un ou I'autre, non par les deux sirnultanernent 167. Les Hekatornnides sont-ils de veritables satrapes? En se fondant sur le postulat que les satrapes sont tous d'origine iranienne, un certain nombre de savants 168 leur refusent ce titre. Leur principal argument est que les auteurs grecs ne les designent pratiquement jamais comme satrapes mais avec les qualificatifs les plus divers. Diodore utilise presque toujours Ie terme de dynastes ou le verbe derive 169, alors que Strabon prefere celui de basileus 170. II est assez paradoxaI, a l'instar de Th. Petit, de tirer argument de ces textes, tres disparates, pour refuser tout caractere officiel aux documents epigraphiques en grec 17l, en Iycien, en arameen qui designent explicitement les Hekatomnides males comme satrapes. Par exemple la trilingue de Xanthos donne en grec, EITd AUK:iaS ~a8p&rrfJS Ey£VE'tO ; Ie lycien dit eke Trtiimisii xssa8rapazate ; "lorsque devint satrape de Lycie..." alors que l'arameen formule de facou sensiblement differente puisque Pixodaros est appele "le satrape qui (est) en Carie et Str, 14.2.17. Plut., A/ex., 10. 16(, Hornblower 1982.49. 167 Infra p. 144 n. 230. 168 Cf. la position exemplaire de Childs 1981, 75 et n. 122 : "In the case of M. the evidence shows that he had a great pcrsonnal freedom to conduct both internal and foreign affairs ... Yet this does not mean that he held a position comparable to that of his Persian colleagues with the title satrap. Rather it is more likely that he served as a sub-satrap in the Persian administration with certain freedoms as a local ruler apart from the administration of the Empire". Voir aussi I'argumentation detaillee de Petit 1988, 313-320. Ib9 Hekatomnos, 14.98.3 etc. (cf. lcs references a la note n. 143) ; particulicremcnt 16.42.6 ou Idrieus est qualifie de dynaste et defini eomme <jllA.OS ... Wl crD,uruxxOs nEpcriDv EK n.povovrov. Sont encore employes Ics terrnes archon: Theopornpe, FGrHisl, 115, F299 ; Libanios, infra n. 171 et tyrannos : Ps.-Arist., Ee., 2.2. (1348a). 170 Hekatornnos, Mausole, Ada I (a l'epoque d'Alexandrc): Str. 14.2.17. Cf. Ciccron, Tusc., 3.31.75; Lucien, Dial. Morts, 24.1 et deja Epigcncs, Mnemation, cite par Athenee 11.472f (Pixodaros fils du roi [Hekatornnosj) : et aussi La Souda s.V., Dexippos (Hekatornnos) : Valero Maxime 4.6, ext. 1 (Artcmisc) : Plut., A/ex., 22.7 (Idrieus). Y a-t-il eu vraiment un roi des Caricns, cest-a-dire du koinon dont I'existence est arrestee a l'cpoque de Mausolc (lK, 34-Mylasa, I = Tod, 138)? Cette question mcrite d'etre po see a partir de l'inscription n° 10 du mcrne recueil, I. I : 1Kopciv ~aO'lA.[£ ; doit-on lire] Knpoiv, ~aO'lA.( .. commc Ie fait Waddington, LW, 388, ou ] Kuptov ~aO'lA.[ £Ds comrnc l'cnvisagc Hornblower 1982, 55 n. 28 (cf. p. 60) par reference a l'cxistcncc a l'cpoquc hellenistiquc tardive d'un pretre et roi du koinon des Cariens (lK, 35-Mylasa, 828, I. 12); sur cette inscription, cf. Robert 1937, 571 ct n. 2. A noter a titre de comparaison qu' Autophradates est appcle roi dans I'inscription Iycienne tt; I, 61 ; cf. Zahle 1979, 103. 171 IK, 34-Mylasa, 1-3 (= Tod, 138) ; 5 (= Syll.', 170). Cf. Aulu-Gelle 10.18.1 : Mausolus autemjuit, ut M. Tullius ail, rex terrae Cariae, ut quidam Graecarum historiarum scriptores, provinciae praefectus, (j'(x1paITllV Graeci meant. On ne peut naturcllcment tirer argument dans un sens ou dans un autre d'asscrtions tardives (cf. encore Pixodaros satrape de Carie pour Plut., A/ex., 10.1 ; merne designation pour Mausole chez Libanios, Second argument contre Timocrate ; cornme Ic note Petit 1988, 314, n. 45, Ie merne emploie archon quelques lignes plus bas). Petit est conduit a refuser l'idee que les decrets transmellent une titulature ottieielle ; cf. cependant encore Idricus a Tralles (Robert 1936,143-144 = Hornblower 1982, M 4); Pixodaros a Platasa iLabraund«, III 2 n" 42 = Hornblower, M 8). 164
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en Lycic", 11 me parait tout a fait impossible de suivre Th. Petit qui, pour rendre coherente sa demonstration, est oblige de conclure que Ie texte arameen navait pas plus que les deux autres de valeur officiclle. Pourquoi, dans ce cas, avoir pris la peine de donner trois documents, dont deux quasi semblables mais dans des langues differentes, Ie troisicme presentant de multiples divergences et surtout ecrit dans une langue dont I'affichage a Xanthos se justifie par son caractere de langue de I'administration perse 172? C'cst done I' existence merne de la trilingue qui n' aurait aucun sens. On pourrait etrc tente d'objecter qu'en Asie Mineure merne beau coup de documents (decrets de cites grccques, architraves de monuments cariens) ne comportent pas ces indications. II n'y a pas lieu de rechercher la quelque contradiction; les points de vue sont differents, Comme les cites de la vieille Grece 173, celles d'Tonie maintiennent pour leur part la fiction qui fait de Mausole ou d'Idrieus, lorsqu'elles les honorent, de simples Mylaseis. 11 ne s'agit pas de les des obliger, de leur denier leur titre perse 174 mais bien au contraire de les accepter comme parents en assimilant Mylasa a une cite de plein exercice ; on leur applique les regles qui regissent les rapports entre Grecs. C'est ce rnerne message que vehiculent lcs dedicaces de Labraunda 175. Pour les auteurs grecs, les rnaitres de la Carie sont ce qu'ils n'ont jarnais cesse d'etre : c' est-a-dire des dynastes autochtones que I'on pare de titres divers (d. Perikles de Lirnyra, qualifie de roi par Theopornpe) 176. II est en effet bien clair qu'ils exercaient, au merne titre que beaucoup d'autres, un pouvoir de type local puis regional avant de devenir des satrapes. Leur "promotion" dans la hierarchic perse ne gomme pas cette dimension puisqu'ils presentent un certain nombre de traits bien specifiques : emission d'un monnayage abondant et dont certains souticnncnt Ie caractere continu 177, mariage hierogamique et, plus encore, association des princesses au pouvoir de leur frere epoux cornrne l'indique clairement Ie decret concernant Cnossos 178 pris conjointement par Mausole et Arternise, Dans cette meme inscription il est fait reference a Yarche de Mausole sans qu'il soit question d'un pouvoir superieur. Tout cela n'empeche nullement que, du point de vue perse, les Hekatornnides puissent exerccr la charge satrapale, On observera que notre meconnaissance du detail de I'administration perse, et aussi de I'origine de beaucoup d'officiers, est telle qu'il n'est pas exclu qu'un certain nornbre de non-Iraniens aient pu exercer des commandernents de cet ordre 179. On a aussi ernis des reserves en fonction de la succession hercditaire, mais c'est oublier que I'on possede plusieurs parallclcs, en particulier
Metzger et al. 1979, 60 et 140 ; Petit 1988, 315. Cf. aussi lc point de vue de Briant 1998. cr. Tod, 161A (Tcgcc) ; B (Delphes, consecration par les Milesiens), 174 II n'y a done probablement rien it tirer de lit concernant l'appartcnancc de teJle cite it la mouvanee des Hekatomnides ou non. 175 Labraunda, 1TI, 2, 15-19 (ldrieus fils d'Hckatornnos Mylaseusi ; ibid., 13-14 (Mausollos fils d'Hekatomnos, sans autre indication). 176 Thcopompe, FGrHist, 115, Fl03.17, infra p. 353. 177 Qui se differencic en cela des monnayages satrapiques connus (cf. eependant celui de Tissapherne) ct se rapproche par exemplc de eeux emis par lcs dynastcs de Lycie. Nastcr 1979, 35 n. 158 rcprend rapidement la question et observe que seuls lcs Hekatomnidcs hommes ont frappe monnaie it leur nom. A noter que Konuk 1998 rejette Iidee d'un monnayage frappe sans interruption. I7R Labraunda, III, 2, 40. 17Y Briant 1987, 19 s'interrogc sur lcs origines de Datamcs ct it ccttc occasion examine la question des 172
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cchangcs matrirnoniaux entre Iranicns el non Iranicns.
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celui de la satrapie de Daskyleion conservee dans la famille de Pharnakes, D'ailleurs, ce que Ie Roi a accepte, ou seulement tolcre, il peut y mettre fin a tout instant. Ainsi, I'envoi d'Orontobates peut etre percu comme une reprise en main menee en douceur mais qui s'avere necessaire pour faire face a la montee du peril rnacedonien 180. La liaison directe avec lc pouvoir central (qui atteste que Mausolc n'est pas un subsatrap comme le pense W. A. P. Childs) se manifeste en differentes occasions. Ainsi, dans Ie premier decret de Mylasa 181, l'appel au Roi par Ie koinon des Cariens, ou tel de ses membres, se fait sans interrnediaire et Ie Roi renouvelle implicitement sa confiance a Mausole en condamnant a mort son denonciateur ; la revendication du pharos est faite directement lorsque Ie versement vient a n'etre plus effectue 182. Nous savons aussi, a travers la Trilingue et d'autres actes de Xanthos, qu'un echelon de la chancellerie perse fonctionnait tres normalement aupres de Pixodaros. Il convient enfin de rappeler la tres longue resistance d'Halicarnasse a Alexandre, qui suppose une integration reussie a l'Empire. Il reste une derniere question a evoquer, celle des sreurs-epouses et de la nature du pouvoir qu'elles exercent, en distinguant deux situations: Ie moment oil elles sont associees au "regne" de leur frere ; eelui ou elles sont devenues veuves, Dans Ie premier cas Ie decret de Mausole, et Arternise pour Cnossos public par J. Crampa 183 permet de clarifier un peu les choses ou, plus exactement, d'en marquer lcs nuances. Le document ernane des deux epoux : "Il a plu a Mausole et a Arternisc". 11 est possible de trouver un parallele a Sinuri oil une EVTOA~ emane a la fois d'ldrieus et Ada 184. Revenons au premier texte, pour remarquer qu'il est ensuite question des affaires et de Yarche de Mausole seu!. De merne, il n'y a pas trace des sceurs-epouses dans les nornbreuses dedicaces de monuments en Carie. C'est aussi une image inegalitaire que nous donne le decret d'Erythrees 185 en faveur de Mausole, nomrne seul comme beneficiaire, merne si Arternise recoit une statue de marbre (de bronze pour Mausole) et une couronne de trente dariques (cinquante pour Mausole), Le fait qu'Artemise soit aussi honoree par une cite grecque est, cependant, Ie constat de la realite de I'association d'une femme au pouvoir, si difficile a admettre pour les Hellenes (infra). Dans ce domaine, comme dans tant d'autres, la Carie peut etre definie comme un carrefour oil I'on peut a la fois regarder devant et derriere soi : lorsqu'Arrien 186 relate qu'Alexandre concede 11 Ada le titre viager de satrape de Carie, il croit necessaire d'expliquer ce choix inhabituel par une tradition asiatique remontant a la reine Semiramis. Mais on ne peut s'ernpecher d'evoquer aussi les couples lagides, particulierement celui forme par Ptolernee Philadelphe et Arsinoe tels qu'ils apparaissent sur leur monnayage avec la reine en arriere-plan rnais bien presentc.
Infra p. 406. IK, 34-Mylasa, I. IS2 Ps.-Arist.. fe., 2. 1348a (l3a) de mcrne Idrieus semble verser direetemcnt sa quote-part au Grand Roi (Isocrate, Philippe, 104) ; ef. la reference aux basilike tcl« dans I'inseription lK, 22.I-Stratonikeia, 502. 181 Labraunda, III, 2, 40. IS4 Robert 1949, 63 sq., version arnelioree de Sinuri, 73 (= Hornblower I982, M 5); cf. Sinuri, 75, exemption d'imp6ts accordee par Idrieus fils d'Hekatomnos et Ada tille d'Hekatomnos. ISS lK, I-Erythrai, 8. 186 Arrien, An., 1.23.7 ; a noter que Strabon la qualifie de reine, il est en ceia coherent avec lui-rnerne (supra n. 170). IRO
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Par trois fois, des femmes exercent seules Ie gouvernement de la Carie: Artemise entre 353/352 et 351/350, Ada (I) entre 344/343 et 341/340 puis de nouveau entre 334 et une date indeterminee avant la mort d'Alexandre m. C'est dans ce dernier et seul cas qu'Ada est explicitement denomrnee satrape par Arrien. Contrairement it I'opinion de S. Hornblower 188, il n'est pas assure que tel ait ete le cas pour Artemise et Ada sous la tutelle perse. Aucun document (texte litteraire ou epigraphique, monnaie) ne leur attribue ce titre. L'inscription de Tralles citee supra et le "coup de force" de Pixodaros inciteraient it penser que la situation particuliere de la Carie a ete toleree, plus que veritablernent acceptee, par Ie pouvoir central. Cette situation d'une femme exercant de hautes responsabilites dans l'Empire n'est pas sans parallele : qu'il suffise de rappeler I'episode de Mania en Troade, l'acceptation de Pharnabaze mais aussi les resistances rencontrees, allant jusqu'a I'assassinat de I'hyparque de sexe feminin 189. Dans cette affaire, le gendre de Mania a une reaction que l'on pourrait qualifier de tres grecque. Rappelons l'opinion de Demosthene au moment ou Artemise gouverne seule et la tentative infructueuse des Rhodiens sur Halicarnasse au merne moment, telle que la relate Vitruve 190. Le fait qu'Alexandre ait fait porter son choix sur Ada pour remplacer Orontobates s'explique par les conditions particulieres de la conquete (Ada lui propose de faire de lui son heritier en I'adoptant et le Macedonien "joue Ie jeu", esperant ainsi renforcer sa Iegitirnite en Carie) bien plus que par la tradition orientale suggeree par Arrien, encore fallait-il que cette derniere existat. II faudrait enfin ajouter au dossier un texte enigmatique (N 322) lu it Pinara en Lycie ou figure le nom d' Ada suivi de deux barres verticales dans une position terminale qui est normalement reservee it la "date" par l'indication de I'autorite de tutelle. Malheureusement le mot qui precede reste incomprehensible. L'etude recente du "tresor de Pixodaros" 191 parait demontrer des identites de coin de droit entre certaines monnaies d'Idrieus et de Pixodaros, ce qui exclut ipso facto qu' Ada ait ernis it son nom au cours des annees d' interregne, On sait depuis longtemps que les Hekatomnides ont emis des monnaies de facon plus reguliere et abondante que les autres satrapes 192 : - Un premier groupe doit attirer notre attention. II s' agit pour l' essentiel de fractions. H. Troxell avait publie une variete presentant it l'avers le lion milesien de profil it gauche, au revers Apollon de trois-quarts face 193. Elle attribuait cette serie assez fruste it Hekatornnos, notant la presence d' un trident sur ces monnaies toutes anepigraphes par ailleurs. K. Konuk 194 produit des exemplaires portant la legende EKA ou EK, confirmant la frappe par Hekatomnos mais surtout iI interprete Ie trident'!' ou w comme une (ou deux)
IP La tombc princicre dune femme a etc decouverte dans la pcripheric d'Halicarnasse. Elle est datee par Ie materiel de 360-325. On l'attribue (assez hypothetiquernenr) a Ada I: cf. Isager 1994, 97-106. La tombc contcnait une intaille a motif pcrse. Ig, Hornblower 1982, e.g. 45. I m Infra. p. 173 ; 241. 190 Demosthene, Rhodiens, 23 ; Vitruve 2.8.14 ; cf. infra p. 400. 191 Hurter 1998, 153 et sa pl. 33 n" 48-49, cf. aussi Hurter 1986, 16-18. 1'J2 II faudra desorrnais consulter la these de Konuk 1998 qui fait Ie point it cette date sur cc que l'on sait du monnayage des Hekatomnidcs. 193 Troxell 1984, pI. 40 2 A; SNG Keckman 847-859 (847 = PI. IV, 9). 194 Konuk 1998.22-28 ct pl. 1.3 ; 7, 143-149.
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lettre(s) carienne(s) qui aurait valeur de ii 195 et eonelut qu'il pourrait sagir la d'une emission faite par Hyssaldomos. J'ai indique plus haut 196 quelles etaient les raisons de repousser I'hypothese d'un premier satrapat de Carie pour Hyssaldomos. Cela nexclut pas pour autant que ce dernier ait pu emettre en tant que dynaste de Mylasa comme plusieurs autres de ses homologues cariens. II convient cependant de presenter quelques observations. Le trident apparait sur une autre variete avec Ie lion milesien a I' avers, le lion samien de face au revers 197 en association avec des lettres NE (grecques ou cariennes?) mais aussi sur une autre serie datant du satrapat de Mausole 198. II s'agit d'une hemiobole d'argent d'etalon rhodien (1/24 e de statere) ; a I'avers, Ie lion milesien de profil ; au revers un trident avec la legende MA sur au moins I'un des exemplaires conserves. II est certes tentant de placer cette petite emission au debut du "regne" de Mausole, en tout cas au moment du deplacernent de sa capitale vcrs la mer 199, ce que pourrait symboliser Ie revers au trident. On ajoutera merne aux observations de l' editeur que Ie culte de Poseidon est present des les hautes epoques a Halicarnasse 200. II faut alors evoquer Ie culte de Zeus Osogoa 201, appele aussi Zenoposeidon, dont I'effigie est mainte fois reproduite sur les monnaies imperiales de Mylasa avec ses attributs principaux, le trident 202 et Ie crabe. Etranges accessoires marins, pour un dieu continental, dent on a justifie la presence par l'elaboration de themes mythologiques, savants certes, mais comme toujours a posteriori 203. Observons tout aussit6t qu'a l'exception de quelques representations archaisantes 204, I'image de Zeus Osogoa sur les monnaies imperiales est de facture classique. Cela suppose que Yagalma qui sert de modele doit etre, ou peu s'en faut, le contemporain du Zeus Labraundeus dans sa deuxierne facture (cf. cidessus). A. Laumonier 205 soutenait que Ie Zeus des Otorkondeis etait identique a Zeus Osogoa, deja contre toute vraisernblance puisque l'inscription IK, 34-Mylasa, 204, 7 (LW, 415) dernontrait qu'il s'agissait de deux divinites differentes et de surcroit ce statut de divinite d'une tribu permettait difficilement de rendre compte de la presence de ce dieu sur Ie monnayage imperial de Mylasa 206. Une monnaie signalee par H. Troxell 207 porte a I'avers Zeus Osogoa revetu d'un himation, tenant un aigle dans la main droite, un trident dans la main gauche, au revers Zeus Labraundeus, legende MA. Les themes retenus incitent a
Mais lc dcchiffrernent du carien parait encore bien incertain. Supra p. 134. 197 Troxell 1984, p1. 40 1 A (PI. IV, 8) ; Konuk 1998, 23 fait observer que eet unique specimen prescnte un carte en creux au revers; SNC Keckman 837-846. 19, Troxell 1984,251-252, pI. 40 n° 3 (PI. IV, 10) ; SNC Keckman 860-861 ; Konuk 1998,85-89. 199 Infra p. 375. Cf. Troxell 1984,252. 200 Svli.', 46. Inscription du v- s. 201 Laumonier 1958,101-126. 202 Obscrvons que cc meme trident figure quasi it I'identique sur une seric de monnaies hcllcnistiques de Mylasa (e.g. SNC v,m Aulock 2617-2621 ; PI. IV, II = 2618). 203 Paus. 8.10.4; Athcncc 2.42a (qui cite Theophraste) ; cf. aussi 8.337e ct d (qui cite Machen, infra); Pline, HN, 31.54. Cf. Laumonier 1958,104-105 ct n. 7. 204 Laumonier e.g. p1. IV n° 8 : est-ee par necessite d'etablir un parallclc avec Zeus Labraundeus dont la representation est alors toujours archaique et qui figure aussi sur cette medaille ou simplement pour s'adapter au gout du temps? 205 Cf. supra n. 20 I. 20' E.g. SNC von Aulock 2626 ; 2634. 207 Troxell 1984, 252 et n. II it partir de Bank Leu, Auktion 25, 23 Avril 1980 n° 160. Tetradrachme, 14,99 g, datable du debut du mandat de Mausole (PI. V, 6). Cene monnaie figure dans lc trcsor de Pixodaros, ef. Hurter 1980, ISO, qui trcs naturellement en localise la frappe it Mylasa. 195
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proposer une ongme mylasienne pour cette frappe. Un texte epigraphique que publie W. Bliirnel 20s confirme it son tour la "collusion" entre Mausole, Zeus Osogoa et les Mylasiens. La restitution du texte n'est pas aisee mais il apparait que Zeus Osogollis et Ies Mylasiens (7) recoivent un terrain ayant appartenu aux habitants de Kindye ; cela sous Ies auspices de Mausole et Ie controle d'envoyes du koinon des Cariens, Ce dieu fait done partie de la strategic politico-religieuse du satrape. Pour ce qui est de la tradition Iitteraire elle retient deux etapes : I'une au Ie ruisseau alimente Ie sanctuaire de Zeus Osogoa en eau douce, I'autre au il se transforme en un flux d'eau salee (Pline, HN, 31.54). II est evident qu'il s'agit d'une allegorie destinee a supporter l'idee d'un changement d'orientation du pouvoir de la dynastie rnylasienne, autrefois continentale et desorrnais maritime mais anierieurement au deplacement vers Halicamasse. L'anciennete du nom de la divinite trouve confirmation dans une anecdote de Machon citee par Athenee 209 qui nous reporte au plus tard au milieu du IVe s. a.C. Le crabe que "terrasse" Zeus sur les representations ulterieures pourrait apparaitre comme une reference a la prise de Cos 2]0 (il est en effet Ie symbole principal des monnaies de cette cite). Le trident et l'assimilation de Zeus Osogoa a Poseidon (evolution qui peut paraitre etrange en soi) s'explique alors si I'on rappelle qu'il existe en Ionie un culte de Poseidon bien plus celebre que eelui d'Halicarnasse : eelui de Poseidon Helikonios, divinite du sanctuaire federal des Ioniens 2] '. L'ensemble de ces series primitives montre en tout cas I'importance des themes ioniens (Samos, Milet) qui ne saurait sexpliquer par une simple volonte de copier des series bien connues au par l'existence de rapports economiques, Comme nous le verrons plus loin, il n'est pas exclu qu'Hekatornnos, puis Mausole, aient chcrche it s'appuyer sur Ie koinon des Ioniens de la meme facon qu'ils le faisaient sur eelui des Cariens, mais cela ne s'est pas fait sans soubresauts 2]2. Nous conclurons d'autre part que cette serie n'a pas lieu d'etre attribuee a Halicarnasse, dont clle ne reprend, au n'anticipe, aucun des themes monetaires, mais bien it Mylasa avant lc deplacernent de la capitale dont rien n'indique qu'elle ait eu lieu au tout debut du mandat de Mausole 213. En allant jusqu' au bout du raisonnement le "trident" des monnaies les plus anciennes doit-il etre lu comme une lettre? Si tel etait Ie cas, en rapport avec le nom de Mylasa? - Un deuxiernc groupe a vu, des sa decouverte, scs origines discutces. A I'avers est representee une tete de lion a gauche avec une patte apparente au dessous, la Iegende EKA au MA en permet l'attribution evidente a Hekatomnos puis a Mausole ; au revers Ia rosace milesienne 214; etalon milesien 2]5. Tous ces elements plaident pour une provenance
Blume! 1990. 29-42 ; infra p. 179 sq. Athenee 8.337c-d. Savelkoul 1988,274-279. Machen est un contcmporain de Philippe II de Maccdoine. 210 Infra p. 381. 211 Vitruve 4.1. 212 Infra p. 177 sq. 2D C'JI1ira Troxell 1984,252. qui suit sur ce point la datation proposcc par Hornblower 1982, 78-79. Bockisch 1970, 144-5 situe pour sa part Ie dcplaccment environ dix ans apres Ie debut du "regne" de Mausole. 214 Cr. Hornblower 1982, Ill. Legende EKA, e.g. BMC Ionia p. 187 et pl. XXI. 5 : dr. pesant 4,2 g ; SNG von Aulock 2356 sq. (4. 16 et 4, 14 g) ; Delepierre 2721 (3.98 g). (voir PI. IV, 4 = v. Athena 1988 n" 180,4,24 g.) ; Traite, II, n° 84, pl. 89. 17 (Pl. IV 5) d'un poids de 12,4 g, etc. LCgende MA, BMC Ionia, p. 188 ct pI. XXI. 6 : 12,7 g (etalon samicn"), voir PI. V, 5 (= v. Athena 1990 n° 191. 12,15 g). 21S Kinns 1986,237,249 sq., 1989, 191 n. 59 parle detalon aliique. Force est alors de constatcr lc faible poids de ces monnaics par rapport au modele nthcnicn (par exemple la drachme d'Hekatomnos pese 4,15 g. les 20S
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milesienne, mais un certain nombre de specialistes soutiennent l'hypothesc d'une imitation realisee (a Mylasa?) a partir d'un modele rnilesien 216. Dans ce debat, il convient tout d'abord de noter que la carence des sources litteraires ne permet nullement de conclure dans un sens ou dans I'autre. Par consequent K. Konuk a raison de souligner que ce sont seulement Ies monnaies qui ont fait postuIer qu'Hekatomnos avait pu etablir son controle sur Milet 217. L'examen du contenu du tresor CH 5, 17 + CH 8, 96 2 18 l'amene a considerer que les emissions "milesiennes" du satrape nont pas encore commence au moment de I' enfouissement de ce lot. Il faudrait done supposer que les ateliers hekatomnides (a Mylasa?) ont ernis alternativement (ou simultanernent) des monnaies detalon different dont l'une au type d'une cite voisine mais non integree dans leur dispositif politique 219. Il me semble que vraisemblance pour vraisemblance 220 Ie controle de Milet, et done l' attribution des monnaies, reste plausible. K. Konuk 221 etudie les tresors monetaires contenant des fractions d'ctalon milesien. Il conclut quil y a eu simultanement des emissions (rares) de Milet et pour Hekatornnos. II est tentant de Ie suivre sur ce point, mais cela n' exclut pas pour autant qu'ellcs aient pu etre frappees au merne endroit. On sait que Mausole reprend Ie meme type pour ses stateres et K. Konuk 222 souligne la continuite des series. Que faire alors des series d' etalon rhodien? 11 est diffici Ie eneore une fois dimaginer qu' elles ont alterne dans le me me atelier. 11 me parait done inevitable d'admettre qu'il y a bien eu deux ateliers distincts, fonctionnant a des fins differentes, Nous en resterons done sur ce point aux conclusions de E. Babelon 223 dont on peut tenter, de resserrer la chronologie. Hekatomnos a pu controler Milet vcrs la fin de son gouvernement, la Paix du Roi de 387 fournissant un bon terminus ad quem. Nous reviendrons plus loin sur la date finale. Ajoutons aux "milesiennes"
triobolcs qui leur sont associees ont un poids dc 2, 109) ct ont etc reconnues it ce titre eomme milesiennes par Babelon, infra n. 223 (cc dcrnier expose une vision plus complexe des rapports ctalon attiquc/ctalon milcsiaquc). Nc pourrait-on concilier tout cela en postulant dc I'cxistcnce d'unc prise de benefice au moment de l'echange force it raison de un pour un avec lcs monnaies venant d'Athenes 2J(, Les partisans de cette theorie, Head, BMC Ionia, p, XXXV sq. apres Six ] 890, 231 ; en dernier lieu Moysey 1989, 129 et n. 65. 11s s'appuient entre autres sur Ie fait qu'un certain nombre de ces monnaies ont ete trouvees au nord de Bodrum, dans la peninsulc de Myndos. Mais cet argument est peu probant dans la mesure ou des monnaies indubitablcment milcsicnnes du v- s. (SNG Cop. 945 ; 949) ont Ia mcme provenance. Dans ce meme sens Konuk 1998. 30-36. 217 En revanche, je ne suis pas certain de la validite de I'argumcnt (p. 39) prenant en compte I'existence d'une satrapic d'Ionie sous Strouthas; en 387 celle-ci avait probahlement disparu et I'on ne connait que quelques uns des soubresauts qui concerncnt la partie meridionale de la region. 2IK Konuk 1998, 55-62. 21Y Les monnaies it la chouettc nc fournissent pas un bon parallclc, 220 Infra p. 287 sq. 221 Konuk 1998,41 A6 it partir de ClI 8,7 (qu'il date des alentours 380) ; CH 8,54 (du milieu du v- s.) ; IGCH 1205 (debut du IV'S.); IGCH 1199 (vers 380); IGCH 1207; SNG Kerkman 138c-138d, 139a, fin v'-debut IV's. 222 Konuk 1998. 84. 223 Babelon 1910, 143 sq. ; suivi par Kraay 1976,275 ; Hornblower 1982, III ; Deppert-Lippitz 1980, 12 ; Kinns 1986, dans un c.r. du precedent, 233-260 (cf. sp.237, 249 sq.) est plus dubitatif mais laissc ouverte la possibilitc. Hurter 1998,149 soulignait aprcs dautres que Milet nernct pas dc monnaies d'argent au debut du IV's. it la difference de la plupart des autres cites d' Asie Mineure. Elle ne produit de tetradrachmcs qu' it partir du milieu du IV's. (Deppert-Lippitz 1984, 11-13, n" 68-93), ils sont presents dans lc trcsor de Pixodaros : cf. supra n. 217 pour des fractions.
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une monnaie unique en son genre publiee par J. K. Jenkins 224 qui pourrait etre attribuee a ce dynaste: avers, le Roi deb out a droite face a un griffon aile/revers, une rosace de type milesien, - II faut mettre a part deux monnaies dont Ies exemplaires les mieux connus sont publics dans les supplementa de la collection von Aulock 225, presentant a l'avers comme au revers un protome de taureau. L'une avec la legende EKA et carre en creux (on pense evidernment a Hekatornnos), l'autre avec KIM (pour KfMQN?) 226 et un revers circulaire en creux. H. Troxell 227 les rapproche de series similaires avec, sur certains exemplaires, des taureaux affrontes et diverses lettres cariennes. Il est impossible d' attribuer une origine certaine aces rnonnaies, ni meme de definir s'il s'agit uniquement d'un monnayage de dynastes ou si, simultanement, des series ont pu etre ernises par une cite. La seule observation qui doit etre faite, sans qu'on puisse en tirer de conclusions historiques, est que Ie theme du protome de taureau avec une patte repliee se retrouve sur les monnaies de Samos mais seion K. Konuk la provenance pourrait etre Caunos 22R. - Le dernier groupe, en fait le premier que l'on ait isole (et qui reste le mieux represente) 229, debute avec Mausole et se poursuit jusqu'a la conquete de la Carie par Alexandre 230. Il s'agit d'un monnayage d'argent d'etalon rhodien : a l'avers une tete d'Apollon de trois-quarts face a droite. K. Konuk 231 propose d'y voir une copie de I' Apollon qui figure depuis 390 au moins a I'avers des monnaies d'Halicarnasse. Cela impliquerait que la frappe soit posterieure au transfert de la capitale satrapique. Au revers est represente Zeus Labraundeus avec la labrys (double hache) sur l'epaule droite, dans la main gauche une longue lance 232. Il s'agit tres probablement la d'une reproduction de la statue cultuelle la plus 224 Jenkins 1972, 97-98 croit lire le debut du nom de Mausole; Konuk 1998, 47 sq. penche pour Hekatomnos (PI. V, 4). Pour une autre monnaie hekatomnide aux themes achcmenides, cf. infra n. 235. m SNG von Aulock 8044-8045. (PI. V 1-2). Sur ccs monnaies ef. Wells 1984,57-60; elJes proviennent du tresor IGCH 1206, date la de e. 370 a.c. 226 II pent y avoir la simplement une trace parmi d'autres d'un double monnayage civique et satrapal simultancment ou succcssivemcnt. Kim( ) etant Ie debut du nom d'un magistral. 227 Troxell 1984, 256 n. 24 (PI. V, 3). 228 Konuk, 1998,49-51 qui souligne aussi l'etroite relation de Caunos et des Hekatornnides. 229 Supra p. 57. 230 Cf. Konuk 1993, 237-241; Hurler 1998. 152-153: Mausole (legende MAYIHlAAO ou MAYIH.lAAOY), Traite, II, n" 90-99, pI. 90, 2-7 ; SNG von /vulock 2358-2365, ctc., frappe un grand nombre de tctradrachrnes (PI. V, 7) dctalon rhodien (environ 15,25 g), des drachmes et quelques hemidrachmes. II n'y a probablemenl pas de solution de continuitc avec Ie monnayage d'Idrieus (Ii'.PIEQI), Traite, II, n° 100-102, pI. 90, 8-10 ; von Aulock 2366-2369, etc, 11 sagit alors de tetradrachrnes (PI. V, 8), drachmes, hemidrachmes mais aussi de didruchmes de po ids allege (environ 7 g). Konuk 1993, 238-239 mel en lumiere la creation dun double systernc pondcral qui eoneerne aussi Rhodes et Cos. Selon lui cest cc double systeme qui explique la fabrication de trihernioboles (environ 0,90 g, Konuk 1993, 238 et 240 fig. 2 ; Traite, II, n° 103-104, pI. 90, 11 : avers Apollon de trois-quarts face/revers rosace milesienne) pour pcrmettrc lc passage de l'un a l'autre. On peut dautrc part constater des identites de coin de droit entre certaines series d'Idrieus et de Pixodaros (Hurter 1986, 16-18; 1998, 153). Pixodaros (mcO..\APO ou flEO!l.APOY), Traite, II, n° 110-113, pI. 90, 18-20; 91, 1-2; von Aulock 2375-2377, emet des tetradtachrnes sculement au debut de son regne, des drachmes et eusuite une grande quantite de didrachmes "Iegers" (PI. V, 12). nombreux dans Ie "tresor de Pixodaros", On connait egalement des trihcmioboles sernblables a ceux d'Idrieus tTraite. II, n" 114, pI. 91, 3 ; von Aulock 2370-2371, 8048 ; PI. V, 9). Lc volume des monnaies cruises par Orontobates (POONTOflATO), Traite, 11, n° 114 (sic)-115, pI. 91,4-5 (tetradrachmes. PI. V, 13), parait plus faible. Pour une etude systematique et un classement raisonnc de ce materiel d. Konuk 1998. 231 Konuk 1998.97. 2]2 Remplacee par un sceptre a embout trilobe sur certaines series dIdrieus et Orontobatcs (cf. Konuk 1998,53).
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recente du dieu 233. La posture de trois-quarts face permet aussi de masquer le caractere un peu encombrant dans une perspective grecque de la polyrnastie du dieu. Ce parti pris de representation edulcoree, qui gomme I'aspect trap anecdotique de la statuaire ancienne, fait apparaitre un autre domaine dans lequel les Hekatornnides jouent pleinement leur role de precurseurs de l'epoque hellenistique. Cette longue serie de monnaies avait ete precedee par une emission d'Hekatornnos, it l'avers Zeus de Labraunda, archetype du revers des monnaies ulterieures ; au revers, un lion deb out it draite incline vers l' avant qui trouve son modele it Milet, meme etalon 234. II convient probablement de rapprocher, et d'attribuer it Mausole une petite serie de rneme etalon, meme avers mais dote d'un revers tres original (du moins en Carie) illustrant l'archer perse debout it droite et vetu d'une tunique courte 235. - Enfin Pixodaros est Ie seul it avoir emis des monnaies d'or dont le poids est aligne sur l'etalon persique. II va de soi que ce monnayage na rien d'insurrectionnel mais ternoigne bien plutot de la difficulte des temps et de l'ultime effort de guerre contre Alexandre 236. Pour resumer notre sentiment, il semble bien qu'apres les tatonncments du debut (avec plusieurs lieux d'ernission et des series it la fois peu abondantes et peu coherentes) un changement radical se soit produit ; il se caracterise par un monnayage important qui a su sadapter aux besoins conjoncturels jusqu'a la fin de la dynastie. Le nouveau type parait correspondre it l'installation de Mausolc it Halicarnasse. En conclusion, la dynastie hekatornnide a joue avec habilete de tous les registres : "simplicite" et philhellenisme 237 qui it plusieurs reprises laissent penser aux Grecs qu'ils peuvent les utiliser comme force d'appoint (Lysandre, Grecs insulaires, lsocrate) ou que leur pouvoir n'est pas si pesant. Mais on se rappellera aussi I'etendue et la solidite de cette meme arche, si l'opportunite s'en fait sentir. Les Hekatornnides, par la puissance de leur flotte, 233 11 se pourrait quexistent deux agalmata : run archaiquc (ou it tout le moins de facture archarsantc), statue tres rigidc, bras ouverts it angle droit, dans une main la double hache, dans lautrc la lance ou Ie sceptre et sur la tete une sortc de palos. Cf. e.g. Ie relief illustre pJ. III fig. I par Laumonier 1958 ; les monnaies imperiales, ibid. (pl. IV) ; Akarca 1959, e.g. pJ. XI, n° 90-93 ; cf, aussi ses pages 32 sq. (PI. IV, 1 et 2) ; I' autre, de facture c1assique, qui pourrait parfaitement avoir ete realiscc par (pour) Hekatornnos. La statue sc diffcrcncie de la precedente par Ie drape du veterncnt et plus nettement encore par Ie fait que la labrvs est desorrnais portec sur lcpaule droitc. C'est cette representation qui est figuree quelque peu maladroitement suo: Ie relief de Tegee (PI. IV, 3) et de facon plus significative, sur la seric de monnaics precitee, 2J4 Babelon 1910, col. 14] -2 et pI. 89, 15-16; SNC von Aulock 2354, J5,2 g ; (PI. IV, 7). Sur les antecedents milesiens, Konuk 1993,237 n. 6; 1998,54. m Babelon 1910, col. 159-160 et pI. 91, 6 (PI. IV, 6), [autre exemplaire Bank Leu, Auktion 25, avril] 980, n° 166], que Babelon attribue sans explication a Orontobates, mais en partant implicitement du fait que cc dernicr est perse et par consequent que I'illustration lui eonvient mieux qu'a des Cariens. Jenkins 1972, ]00, n. 4 (supra p.57 n. 206) a Hekatomnos (deja dans cc sens lrnhoof-Blumer ]906, 263 n" II). Konuk 1998. 9 pcnche pour Mausole. Le fait que cctte rnonnaie soit presente dans Ie tresor de Pixodaros ou Ion ne trouve aucune emission d'Hekatomnos (cf. Hurter 1998, 152) ainsi que Ja parcrue cvidentc du revers avec PI. V, 6, sembi erait lui donner raison. 236 Konuk 1993, 241-242, cf. Vickers 1989, 254-255. A Iavers, Apollon de profil, au revers, Zeus Labraundeus (PI. V, IO-Il) ; sur un 24 o de statere (0,33 g) a I' avers, Apollon de profil, au revers, la hache bipenne et Ill. Konuk 1998, ]78 sq. situerait plutot cc monnayage au debut du satrapat de Pixodaros. 237 Gunter 1985, 113, discutc a juste titre Ie role attribue par la plupart des auteurs aux Hekatomnides dans la diffusion de l'hellenisme en Carie. On observera que I'attitude peut etrc differcntc a l'interieur de la satrapie et au dehors. Cf. la reponse de Hornblower 1990, 137-] 39.
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deviennent lcs auxiliaires quasi indispensables du pouvoir perse sans pour autant renoncer a une politique tortueuse a Chypre. C'est probabJement a ce double ou triple jeu que fait allusion Strabon 23R lorsqu'il indique que Pixodaros est oblige a un moment de choisir clairement son camp (1tEpalcHXr;). II faut surtout eviter Ie piege ou sont tombes beaucoup de Grecs, lsocrate etant l'un des plus beaux exemples. En effet, rneme s'il convient de nuancer quelque peu en constatant que les Hekatornnides ont profite au mieux des circonstances, Ie plus souvent il y a coincidence entre leurs interets personnels et ceux plus generaux de l'Empire 239 et cela grace, encore une fois, a la structure souple de ce dernier. La latitude d'action dont ils semblent disposer ne signifie nullement que le pouvoir central se desintercsse de ce qui se passe en Carie. Le mariage d'Ada (II) avec Orontobates, l'association de ce dernier au pouvoir de Pixodaros ou a tout le moins le fait qu'illui succcde, tout cela ressemble fort a un echec final d'une poJitique menee au mieux des intcrets locaux. Le Roi n'est pas intervenu jusqu'alors parce qu'il n'en avait pas les moyens mais surtout probablement parce que les Cariens menaient une politique globalement conforrne a ses interets, 11 finit par reprendre les choses en main lorsque la necessite s'en fait sentir.
3. LA LYCIE En ce qui concerne la Lycie, depuis O. Treuber, on ecrit avec quelques nuances - car il faut bien tenir compte de la documentation existante - que cette region a connu une autonomie quasi totale a l'egard de l'Empire perse, auquel elle aurait appartenu de facon seulement nominale 240. Le texte toujours allegue est ernprunte a lsocrate 241 : "De la Lycic jamais un Perse n'a ete Ie maitre". Mauvaise foi ou absence d'inforrnation, cette phrase s'inscrit dans une tentative pour dernontrer que les forces centrifuges de l'Empire (Carie, cites grecques, etc.) n'attendent qu'un signal pour faire secession et seront d'un secours precieux dans la guerre qu'il convient de mener contre Ie Roi. II n'y a de mcrne rien a tirer des "silences de Xenophon" sinon, tout au plus, la preuve indirecte que Cyrus n'a jamais mis la main sur la region. II convient de noier, au contraire, que des que des sources locales explicites nous sont offertes le terme satrape apparait, Transcrit directement du perse il nous est transmis par les chroniques lyciennes et c'est mcme la premiere mention datee dans un document contemporain pour les regions occidentales de l'Empire 242. Des l'epoque de
m Sir. 14.2.17. Cf. Hornblower 1982, 169 et infra c.g. p. 406. 2>0 Trcuber 1887, 102 ; Metzger et al. 1979, 34 sq dou Savalli 1988 : "Periodc dindepcndancc lycienne aussi bien d' Athencs que de la Persc - de 440 a 380 c.". Bernard 1964, 195-212 sp. 209 rapproche une jarnbicre qui apparait deux fois sur le sarcophage de Payawa avec une stele grcco-pcrsc de la region de Daskyleion. Cela denote une influence certainc sur lcs rnrcurs et lcs usages. Lcs Perses etaienr assez "Habiles pour accorder une large autonomic aux hobereaux indigenes". Bernard cite alors Ie Pan., 161 dIsocratc dont il souligne le caracterc exagere Ice ncst pas unc cxagerntion mais unc conrrcvcritc] puisquc "Certaines cites durent recevoir ccpendant des gouvcrneurs pcrses qui paraisscnt avoir fait souchc dans leur fief, sassimilant au milieu indigene et scmancipant de lautorite centrale". 241 Isocrate, Paneg., 161 (vcrs 380). 242 TL, 44 b 26, khssadrapahi trmmili, "satrapc de Lycie", malheurcusement lc contexte n'est pas intelligible ct on ne sait s'il s'agit de Tissapherne [solution la plus probable] ou, 11 la rigueur, d'un des dynastes de Xanthos ; 11 titre de comparaison, cf. Pixodaros Tniimisii khssathrapawata dans la trilinguc de Xanthos ; ef. Childs 1981. 67 n. 72. 239
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Tissapherne (mais rappclons encore que la documentation manque pour les epoques anterieures) I'''interventionnisme perse" est manifeste 243, non seulement - ce seraitIa un fait relativement banal - dans Ie domaine de la politique mais aussi dans un contexte religieux qui nous fait penctrer plus au crcur de la realite lycienne. II ne s'agit pas, apparernment, d'imposer des themes perses. Ces derniers existent dans les representations figurees qui sont un autre bon ternoin des comportements 244. Le satrape Tissapherne parait plutot avoir joue Ie role de catalyseur de I'infiuence carienne 245. Le fonetionnement de I'administration locale et regionale ne peut etre apercu que dans ses grandes !ignes dans la mesure ou le dialecte lycien est encore tres incompletement decrypte. Pendant la majeure partie du ye s., la Lycie parait etre placee sous l'autorite d'un seul "hyparque" (en I'occurrence Kuprlli et ses successeurs irnmediats), qui exerce son autorite it partir de sa capitale, Xanthos, et dont il delegue une part aux cadets et aux fils du Kals?[ika genos, sous forme de commandements et de morceaux de sa basileia, dans Ie bassin de Xanthos et meme au dela 246. Y a-t-il des le yc s. deux regions qui ne nous sont sensibles alors que par l'existence de deux systernes ponderaux distincts 247 et qui sont concretisees au lye S. par I'existence de deux archontes dans la Trilingue de Xanthos 245'1 Le problerne reste insoluble pour l'instant et la situation ne parait pas si simple car il y a bien d'autres dynastes qui tiennent des vilies, voire des regions, sans qu'on puisse etablir une hierarchie, si elle existe. A ceux la s'ajoutent des personnages de toutes origines (Perses, Grecs, etc.) qui recoivent des commandements mais aussi des apanages qui peuvent devenir hereditaires, A partir de la fin du vc s., apparait la formule khctawata 249 accompagnee du nom du dynaste. Celle-ci permet la datation et indique aussi a quelle autorite est soumise la ville. A noter que cela nc designe pas forccment un eommandement subalterne puisqu'clle est aussi associee au nom d'Autophradates 250. Ce dernier parait avoir etabli des hyparques qui gouvernent la part occidentale de la Lycie en son nom (Artembares it Telmessos et dans la haute vallee du Xanthe, Payawa dans la partie basse et it Xanthos-ville). 243 Cf. lc "Pilier inscrit", Ie monnayage ; sur l'importance de la presence perse des 480. Bryce 1990.531 ; Zahlc 1991 ct infra p. 310 et notes. 2+4 Cf. par cxernplc la scene d'audience du sarcophagc de Payawa it Xanthos, mise en serie par Borchhardt 1980, 7-12 (et lcs reserves de Akurgal 1980, 13 sq., a propos de la face est du Monument des Harpyes) ; Jacobs 1987,71-73; Briant 1996, 520-521. Un autre debar est ne autour des monnaics it tete "satrapale", Pour Cahn 1975, 84-91, la tiarc est un attribut satrapal, il identific de ce fait les "portraits" comme ccux des satrapes cl non des princes locaux, La position de Zahle 1976 est au contraire dc postuler qu'il s'agit lit des portraits idcalises des dynastcs locaux. Le critcre du pouvoir sarrapal ctant Ie diademe. Zahle 1982, 103. Sur cc debar, cf. encore Harrison 1982a, 83 sq.; Petit 1988,320-322; Moysey 1989, 134-136. 245 Cf. l'introduction supposee du cultc du Basileus Kaunios, ainsi Laroche 1980, 6 (rnais d. supra p. 68). 246 Unc indication est fournie en ce sens par la 1.8 de l'inscription grecque du Pilier inscrit, OU Khcrci (Gergis pour Bousquet 1975 ; 1(92) "donne it scs prochcs part de son dornaine royal" (trad. Bousquet p. 139). Nous prefererions traduire basileia par un terme plus vague (ef. supra p. 99 sq.). 247 11 sc peut ccpendant qu'il s'agissc lit d'un "accident historiquc", cr. infra p. 307. 24~ Cr. les conclusions de Borchhardt 1978, 183-191 et infra p. 405. 249 Hcubeck 1979. 25() Selon Childs 1981, 76, la Lycie serait un moment passcc sous Ic controle de Strouthas, satrape d'lonic, Cela parait logiquc, si l'on adrnet une reconstitution du premier nome hcrodotccn it son profit. Mais rien ne permet de trancher en ce sens. II n'y a it ce jour aucune mention de Strouthas en Lyeie (pas plus qu'en Carie) alors que Ics temoignages concernant Autophradates existent meme s'ils sont indatablcs. Pour Childs 1c sarcophage de Payawa sur lcqucl figure le nom d'Autophradatcs (TL, 40) doit etre date de 370-360 sur des criteres stylistiques (Bryce 1986, 47 propose pour sa part 370-350). Manifestcmcnt Childs est tcntc de situcr l'intcrvention d'Autophradates dans Ie cadre de la rcvolte des satrapes.
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Pour essayer d'aller plus au fond des choses, il faut comparer deux points de vue qui s'opposent ou, en tout cas, presentent de fortes differences. Selon O. Morkholm et 1. Zahle 251 on ne peut conclure du rapprochement sur une monnaie d'un nom de dynaste de celui d'une cite que cette derniere est sous le controle direct du premier. Ils pen sent plutot ii une sorte de feodalisme ou de grands proprietaires fonciers et chefs de guerre, organises en clans, possedent vraisemblablement des domaines dans plusieurs parties de la Lycie et peuvent soit frapper leurs monnaies dans des emissions privces, soit plutot emettre un monnayage dans la cite voisine avec laquelle ils ant des liens economiques. T. R. Bryce 252 presente une autre vision des choses . il y aurait des dynastes lyciens et un tissu administratif plus integre, ce qui suppose un controle plus avere de I'autorite centrale. Pour lui en definitive la Lycie se presente sous la forme d'un microcosme entretenant le me me type de rapport avec le satrape que ce dernier avec le pouvoir central. II en resulte un systerne hierarchise dans lequel Xanthos - son dynaste - a un role d'interrnediaire entre Ie satrape et des dynastes locaux qui ont avec lui des liens familiaux [et/ou] des relations de dependance attestes entre autres par Ie monnayage. Je pencherais pour ma part en ce sens en soulignant Ie parallele tout a fait eclairant a operer avec Zenis et Mania, dynastes du second niveau 253 de la satrapie de DaskyJeion. Le premier debute a Dardanos mais son autorite s'etend a toute la Troade dont il est nomme hyparque. Sa femme Mania lui succede et sou met ii son pouvoir - done celui du satrape, done celui du Roi - plusieurs villes. Leur fille epouse Midias qui, lui, tient personnellement Skepsis d'oii il est originaire. La famille de Kuprlli et de Gergis peut leur etre legitimement comparee, le fait exceptionnel en Lycie restant I'extraordinaire abondance de monnayages ernis aux YC_Iye S. Ce phenomene cessera brutalement avec l'arrivee des Hekatomnides. En bref, jusqu'a sa saisie par ces derniers, l'impression que donne la Lycie est celie d'une certaine flexibilite selon que Ie controle du pouvoir central est plus au mains direct sur la region. Tout parait reposer sur une bonne dose d'ambiguite, qui n'est pas levee tant que les apparences sont sauves... et que Ie pharos rentre et il est interessant de souligner que, loin d'etre un cas particulier, la Lycie devrait etre prise comme l'un des exemples du mode de fonctionnement de l'Empire perse. Apres l'''intermede'' represente par Perikles au moment de la revoltc des satrapes, la Lycie est prise en main par les Hekatomnides et n'apparait plus que com me une entire complementaire de la Carie 254. Elle est en effet administree par Kondalos 255, un hyparque de Mausole. Dans la triJingue de Xanthos, les versions lycienne et grecque designent Pixodaros eomme satrape de Lycie, alors que le tcxtc ararneen le quaJifie de satrape de Carie et Lycie. Nous avons note plus haut qu'il s'agissait sans doute Iii de la version de l'administration impcriale. En outre, l'un des intcrcts de ce document est de decrire les principaux rouages du mode de gouvernement de la region: deux archontes, etablis probablement sur chacun des
Morkholm & Zahle 1972, 112. Bryce 1983,41. m Infra p. 173. 254 Sur ces evenernents, cf. infra p. 356. m Ps.-Arist., Fe., 2.1348 a (13 a). 251 252
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deux secteurs qui cornposent la Lycie, l'un autour de Xanthos, l'autre de Limyra 256 (on pense tout naturellement aux hyparques dont il a ete question plus haut) ; un epimelete de Xanthos, pour lequel on ne saurait preciser s'il s'agit d'un administrateur civil - c'est ce a quai fait penser a priori ce titre - au d'un gouverneur en charge de la garnison 257.
4. LA SATRAPTE DE MYSIE 258 Son existence est liee a celui qui a peut-etre ete son unique titulaire : Orontes 259. Personnage singulier que cct Orontes, d'origine bactrienne comme nous l'apprend la "Chronique de Pergame" 260, mais membre de la haute noblesse perse puisque selon Strabon 261 le dernier dynaste d'Armenie a l'epoque d'Antiochos TTl s'appelait Orontes et que ce dernier etait descendant d'Hydarnes, l'un des "Sept". Cela explique qu'il ait ete choisi comme gendre par Artaxerxes Mncmon et qu'il soit Ie chef naturel des revoltes en 361. Cette origine et la longevite de fa dynastie sont en quelque sorte soulignees par les grandes inscriptions royales de Cornmagene ou Aroandes-Orontes est salue comme l'ancetre de la farnille regnante locale 262. D'abord satrape d'Armenie 263, il est designe pour commander les forces royales a Chypre contre Evagoras conjointement avec Tiribaze, satrape de Lydie. Tl accuse ce dernier aupres du Roi et capte ainsi un moment Ie commandement unique de l'operation. Tiribaze est rappele et juge mais il reussit a se disculper au cours du proces, Orontes est alors disgracie et probablement prive de sa satrapie. II reapparait quelque quinze ans plus tard dans Ie recit de Diodore comme satrape de Mysie, mais rien ne pennet de preciser la date de sa nomination. Un vif deb at s'est etabli entre les erudits rnodernes, bon nombre d'entre eux doutant de I'existence d'une satrapie qui devait forcernent etre retranchee de la zone de commandement d' Autophradates, jusque la fidele au Roi. Des solutions contradictoires ont ete retenues et M. J. Osborne donne un bon etat de la question. On a suppose une erreur de Diodore ou de ses copistes : pour les uns, la confusion est d'ordre chronologique, Orontes aurait recu la satrapie de Mysie apres la revolte 264 ; pour d'autres
256 Telle est la conclusion scduisante de Borchhardt 1978, 183-191 (cf. Dupont-Sommer 1979, 176) qui met en correlation la trilingue dc Xanthos et sa decouverte a Lirnvra d'une tombe-tumulus amenagcc pour un Carien (infra p. 4(5). 257 Metzger et al. 1979,37. 2SS L'article cssentiel est celui de Osborne 1975,291-309; ef. Osborne 1971,297-321; 1973,515-551 ; 198152-54; 1982,61-80 (avec reeuei1 des testimonia); 1983. 2") Sur Ie nom, ef. Grenet 1983, 373-4. 260 Texte infra p. 350 n. 363. II est Ie fils d'Artasouras. 261 Str. 11.14.15. 262 Aroandes fils d'Artasouras ct gendre de Mnemon qui figure dans Ics inscriptions de Commagcne nc peut qu'etre identique avec Orontes ; ef. Reinach 1890, 364-367. 263 L'etait-il deja au moment de l'anabase de Cyrus ou bien rccoit-il ee gouvcrnerr.cnt en recompense de son courage it Cunaxa, lcs textes ne permettent pas de trancher (Xen., An., 3.5.17, ineiterait a peneher pour la premiere solution) ; ef. Osborne 1973, 518. Trogue-Pornpee lui donne cc titre au moment dc la revolte des satrapes (Prol., ]0), d'ou sans doute la position de Hornblower 1982, 177 dont l'analyse des evenements de 362/1 est par ailleurs tres "classique" mais qui propose l'idee qu'en realite Orontes n'a jamais etc dechargc de la satrapie d'Arrnenic, cf. la vive reaction de Osborne 1982, 67 sq. 264 Nous verrons infra que c'cst mettrc Ie texte de Diodore en contradiction avec Iui-memc ct qu'il y a de serieuses objections it unc tclle hypothese.
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I'erreur porterait sur Ie nom 265 de la satrapie ; pour d'autres enfin, sur le titre, Orontes ne serait en fait qu'un hyparque 266 place apres 380, supreme humiliation, sous les ordres de son ennemi jure, Tiribaze. Une fois encore, il n'y a pas lieu de corriger violemment un texte ancien. La Mysie est une vaste region qui s'etend de la cote et du mont Ida a l'ouest jusqu'au mont Dindymos a l'est, de I'Hermos au sud jusqu'a la haute et moyenne vallee du Makestos et de ses affluents au nord 267. Ce serait une serieuse erreur de perspective que de reduire ce territoire a un role de zone refuge, en justifiant cette assertion par Ie relief tres accidente de sa partie interieure articulo sur l'epine dorsale que constitue le Temnos et culminant dans l'Olympe de Mysie. 11 est exact que cette zone, riche en hommes solides montagnards et rudes combattants, a souvent cchappe au controle de l'administration achemenide. En revanche, les vallees peripheriques et la partie occidentale font clairement partie du dispositif militaire et economique perse 268. De plus, les circonstances paraissent favorables a la creation d'une telle entire autour de la Mysie pergamenienne. L'Ionie, lorsqu'elle forme un gouvernement separe, trouve naturellement son centre d'equilibre a Magnesie du Meandre, sa "capitale". Une partition de la region en deux entites (Lydie, lonie) ne se justifiant plus apres la creation de la satrapie de Carie, Magnesie se trouve alors cornpletement excentree, Autre facteur, la possession de la zone qui borde le golfe d'Adramyttion entraine depuis des decennies la rivalite des satrapes de Sardes et de Daskyleion. II est tentant de penser que le pouvoir central a voulu mettre fin a cette situation en mettant en place un "ecran" entre les deux satrapies dont l'antagonisme etait inscrit dans la configuration geographique. Le succes de cette tentative ne fut pas a la hauteur des esperances. On peut merne penser que la participation d' Autophradates a la revolte a, au moins en partie, pour origine le depit de voir son loyalisme recompense par la diminution de sa sphere de commandement lors de la tentative de repression d'Ariobarzane. II n'est pas possible de definir avec exactitude la dimension spatiale du ressort dOrontes, en particulier en ce qui concerne ses limites orientales. Par contre, il est assure que son centre politique etait Pergame 269, sur laquelle Ie satrape parait avoir exerce une pression particuliere, incluant des deplacements de population 270, et elle a df etre son lieu de residence ordinaire. La comparaison s'impose done avec Halicarnasse. II est a noter que les Perses n'ont jamais choisi com me centre administratif principal une cite cotiere, ainsi Sardes, Daskyleion (retenues d'abord parce qu'elles sont d'anciennes "capitales" lydiennes), mais aussi Magnesie, Mylasa. Ce type de choix est logique si I'on tient compte de deux 265 Osborne 1975, 299-302, montrc l'impossibilite quil y a 11 faire d'Orontes Ie satrape de Daskyleion (Droysen 1877 ; Babelon 1893) ou de Sardes. 266 Cettc solution s'appuic sur l'idce de la "degradation" d'Oronres aprcs la rehabilitation de Tiribaze ; Osborne 1975, 296 sq. fait justcment un sort 11 cette opinion (suivi en cela par Hornblower 1982, 177 n. 58, qui pcnchc pour l'hypothese qu'Orontes n'ajamais cesse d'etre satrape d'Arrncnic). La sanction infligee il Orontes sert pourtant de point de depart it toute la thcoric de Weiskopf 1982 sur la revolte des satrapes (ef. aussi Weiskopf 1989, 69-91). Ce dernicr reprend sur ce point les theses de Judeich 1892,222 n. 2, suivi par exemple par Olmstead 1931, 415. 2(,7 Debord 1985,345-347,11 propos du corpus 7AM, Y, 1 de KeiJ & Herrmann 1981 et d'autres publications posterieures concernant la meme region. Weiskopf 1989 en sous-estime rnanifestemcntl'importance etla divcrsitc. 26R Cf. infra p. 238 sq. la description xenophontique de la region de Pcrgame. 269 Weiskopf 1982 dccrit justcmcnt Ia satrapie comrne larchetype du royaume de Pergamc. On notera que la synthcsc de Hansen 1947, si utile par ailleurs, esi trop concise sur les origines de cette principaute au IV'S. no GCIS, 264.
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elements d'importance inegale selon les epoques. L'Empire perse est un empire continental dont il ne faut jamais oublier que la perception de la geographie politique se fait de I'interieur, A eel a s'ajoute, plus tard, la volonte de ne pas etre I'otage de la pression maritime exercee par les Grecs. Le principal element d'appreciation du do maine d'Orontes est son monnayage 271. Nous touchons la un point qui est loin d'etre completernent elucide. H. A. Troxell 272 a precede a un examen minutieux des monnaies alleguees. Ses conclusions paraissent devoir emporter l'adhesion en l'etat de la documentation. Elle degage deux groupes de monnaies provenant d'ateliers distincts, en fonction des revers: -- Le premier venant d'Adramyttion, avec au revers un cheval aile (comme sur les monnaies de Lampsaque, cf. ci-dessous). 11 s'agit d'une serie de tetroboles (ou derni-sicles) d'argent de poids tres variable (2,20 a 3,13 g), a l'avers une Athena portant un casque attique 273 ; au revers un protome de cheval aile et la legendc OPONTA ; de deux series de bronzes de poids varies (0,60 a 1,82 g) avec le me me revers - legende OPONT ou OPONTA - rnais a l'avers soit Zeus laure, soit une tete satrapale 274. Ce Zeus laure trouve un parallele immediat dans Ie monnayage de bronze d'Adramyttion (Iegende ALlPAMY) 275. 11 convient done de retirer a Lampsaque lirnputation de l'ensemble de ces pieces contrairement a ce qu'ecrivait E. Babelon 276. -~ Le second est attribuable aKisthene, On a depuis longtemps identifie une monnaie de bronze avec al'avers une tete satrapale, sans legende ; au revers un cavalier perse au galop (comme sur les monnaies de Tissapherne, mais le rendu de la course du cheval est plus proche des dernieres series de Sardes) et la lcgende KIL8A 277. II n'est pas absolument assure que cette emission, qui parait etre une emission civique, doive etre donnee a Orontes. On peut cependant la rapprocher de deux autres series de bronzes avec a l'avers une tete satrapale, au revers un sanglier aile, accornpagne dans un cas de la legende OPONTA, dans ]'autre K ou KIL 278. Tres logiquement H. A. Troxell en conclut qu'il convient de donner la mernc origine aux tetroboles (ou demi-sicles : poids 2,41 g a 2,79 g) d'argent bien connus qui portent a l'avers un hoplite grec agenouille a gauche 279 ; au revers un sanglier aile a
Babclon 1893, LXXIII sq.; 1910, 107 sq.; Hornblower 1982,178 sq.; Kraay 1976,1'1. 54, 922, 925. Troxell 1981,27-37; ef. aussi Weiskopf 1982, 388-394. m Troxell 1981, 1'1. 4 n" 1 ; Traite, II, 1'1. 88.15 (PI. II, 10). 274 Troxell 1981. 1'1. 4 n" 2 ct 3; tmue. II, 1'1. 88.17 (PI. II, 11) et 14; SNG von Aulock 1822 (PI. II. 12). m Troxell 1981, 33 et 1'1. 4 A, apres Fritze 1910, 10-12. Cahn 1989, 99 n. 6, propose d'auribuer it Adramyttion une seric de monnaics de Tissaphcrnc, it cause de la presence d'une Athena avec ce meme casque attique. 27(, Babelon 1910, col. 107-110. 277 Traite, II, 1'1. 88.21 = Troxell 1981, 1'1. 4 n" 5 (PI. II, 9). m Troxell 1981, 3Dct 1'1. 4 n" 6, 7a. 7b; la derniere de ces monnaies etait ineditc. m Babelon 1893, LXXIV, lig. 34 ; traue. 11,1'1. 88.22 (PI. II, 8) ; Head, BMC Ionia 326, n° 17; Hirsch. 1'1. 77, 1465; Troxell 1981,1'1. 4,4; Cahn 1989,1'1. 1, 16. A propos dc la position du pcltastc, Babelon rappelle l'obscrvation de Waddington 1867, 19: "11 (Chabrias) avait appris it ses soldats lorsque I'ennemi allait charger, it meure un genou en terre et it tenir leurs lances en arret, en se eouvrant du bouclier appuye contre l'autre genou" (Diod. 15.32.5). Dans ce cas, il est probable que l'cmission monetaire a ete faite pour retribuer ceux-Ia memes qui sont illustrcs sur lcs monnaies, mais il faut aussi considerer qu'il s'agit de l'affirmation que c'cst grace aux peltastes grecs qu'Orontes est en situation de rernportcr la victoire. Faut-il y voir une reference direete it Chabrias it travers sa statue de l'agora d'Athenes? Telle est l'opinion de Burnett & Edmonson 1961, 89 sq. et n. 45, mais cf. contra 271
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droite avec la legende OPONTA. Generalement cette monnaie a etc attribuee a Clazornenes 280. II est en revanche tres peu probable qu'Orontes soit represente sur une celebre sene de monnaies d'or de Lampsaque 281 considerees comme I'une des "preuves" de son aspiration ala royaute 282. On ne doit done pas retenir l'argument de ressemblance entre cette monnaie et une hekte de Phocee 283 OU la seule lettre gravee (ou apparente) est un A avec laquelle il faut beaucoup jongler pour retrouver la legende [OPONT]A! Comme le note M. J. Osborne 284, I'existence d'une "cote mysienne" ne souleve aucune difficulte : elle s'inscrit dans une longue tradition. II cite en effet un passage de Diodore 285 relatif a l'expedition navale que Xerxes mene vers la Grece et oii figurent les cites de Lycie, Carie, Troade et Hellespont. Il convient d'ajouter de facon plus significative encore le Ps.-Skylax 98 : "A partir d'Antandros et du pays des Indei, Ie 'bas' formait autrefois la chora de Mysie sous ce nom jusqu'a Teuthrania, cest aujourd'hui la Lydie". La satrapie ainsi definie permet de comprendre pourquoi des affrontements se sont produits entre Orontes et Autophradates, l'un des episodes etant localise pres de Kyme avant 362/1 et non apres comme Ie supposerait la version traditionnelle de ces evenernents 286. Elle prend la suite de la satrapie d'Ionie et doit etre percue ainsi par les Grecs puisque Rhoisakes est qualifie un peu plus tard de satrape d'Ionie et Lydie, ce qui, malgre M. N. Weiskopf, ne saurait se concevoir si a un moment anterieur il n'y avait pas eu deux entites distinctes 287. La duree d'existence de ce gouvemement est difficile a preciser. Sa creation est posterieure au milieu des annees 360 288 et selon I'opinion traditionnelle elle disparait avec Orontes apres le milieu du lye s., mais peut -etre des 361 si l'on accepte le point de vue de M. Osborne 289. II n'est pas exclu cependant, si l'on retient plutot avec R. A. Moysey une date basse pour Ie decretIG, IF, 207, qu'un fils homonyme du premier satrape ait pu lui succeder-w. La satrapie n' existe plus en tout cas a l'epoque de Spithridates 291.
Westermark 1965,7-14 (non vidi) cite par Moysey 1989,124 sq. n. 49. Le fait que ee theme apparaisse sur d'autres monnayages, en partieulier sur cclui du Syenncsis a Tarse, ef. e.g. Weiser 1989, pl. XIX, 18 et 19, ne permet pas pour autant de conclure qu'il s'agit d'un theme banal et done sans signification particulierc, 280 Babelon 1910, col. 63. 281 Babelon 1893, LXXII; 1910, 109-1](); Baldwin 1924, pl. 2, 15-17; Gulbenkian 689 = PI. 11,15; Troxell 1981, pl. 4, B. Cettc derniere refuse l'attribution de ce monnayage a Orontes, suivie par Weiskopf 1982, 390-392; Moysey 1986,28; 1989, 122-123 (il penehe pour une emission eivique). Cf. infra p. 154; 345. 282 Supra p. 60. 2S3 Cctte hekte de Phocee est eonnue depuis fort longternps, d. Babelon 1910, 118 ct pl. 88, 24 ; Kraay & Hirmer, pl. 200 n" 718. Bodenstedt 1981, Ph. [0 I (Pl.T, 10) continue d'attribuer a Orontes eette monnaie de facture assez mediocre et mal centrce ; cette hypothese est a juste titre fortement remise en question (Troxell 1981 : Moysey 1989, etc.). Cf. supra p. 61 n. 238. 284 Osborne 1975, 306 sq. 285 Diod. 10.1.2. 286 Poly en 7.14.2; infra p. 344 et 352. 287 Dans le meme sen. que nous, Osborne 1981, 70 n. 239. 288 Osborne 1975, 308, d'apres Xen., Ages., 2.26 ; contra, Weiskopf 1982. 289 Osborne 1973, 547 sq. 290 Infra p. 352. 291 Infra p. 154
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Cette derniere est, de facon tres curieuse, totalement absente de nos sources apres la premiere revolte des satrapes puisque c'est a Tithraustes (infra) qu'echoit la mission de s'opposer a Artabaze Iorsque ce dernier entre en rebellion. Nous n'avons quelque information, si l'on suit Diodore, qu'a partir de 350/49. A ce moment, Rhoisakes, qui participe avec le Roi a une expedition en Egypte, est donne comme titulaire d'une satrapie d'Ionie et de Lydie 292. Nous apprenons Ia qu'il appartenait a I'une des plus illustres families perses puisqu'il descendait de I'un des "Sept". En fait, il y a confusion chez Diodore entre deux expeditions egyptiennes d'Ochos, l'une en 35 1, I'autre en 344 293 . C'est seulernent en 344 que Rhoisakes est atteste comme satrape de Sardes, mais rien n'empeche qu'il l'ait ete des Ie milieu du lye S. 294. Present egalernent dans l'armee royale apres avoir change de camp, Mentor prend une part decisive a la victoire. Entre autre recompense il recoit Ie titre de satrape Tile; KaTCx T~V 'Ao iov napaAiae; en meme temps que celui d'corroxpuroip 0Tpa1T)Y6:; 295. Si l'on abaisse de sept ans la chronologie, Ie texte de Diodore devient coherent, en particulier, par reference a l'histoire de la capture d'Hermias d'Atarnee qui convient mieu en 342 qu'en 349/348 296 . Remarquons aussi que cette action cadre bien avec l'aire geographique qui lui a ete assignee 297. 11 est done tentant de penser qu'a ete reconstituee pour Mentor une fonction double, du type de celie qui avait ete confiee quelques annees plus tot a Strouthas 298. Comme eel a avait ete Ie cas de ce dernier, il s'agit peut-etre la d'une mission de courte duree ou bien Mentor est mort en cours de mandat puisqu'il disparait cornpletement de nos sources. A un moment qu'il est impossible de preciser (pour K. J. Beloch, vers 340), Spithridates devient satrape de Lydie et d'lonie 299. 11 est assez probable qu'il s'agit du fils et non du frere du precedent satrape, On comprendrait mal que Rhoisakes, destitue de son gouvernement ait pu jouer un role important a la bataille du Granique 300. Celui qui est designe la comme etant Ie frere de Spithridates pourrait eire le fils cadet du satrape homonyme de 344.
Diod. 16.47.2. Cf. par ex. Beloch 1923, 284-287 (d. 136) ; Lewis 1977, 23 n. 131, etc. 294 Cf. Hanfmann 1983, 256. 295 Diod. 16.52; des lc dcveloppcment rapportc it 350/49 (16.50.7), Mentor est qualific dc tv roi; mxpc.x8c.xA,c.xH10l; f.lEp£CH ,ii; ,Ao ir«; Tiy£f.l(~)V f.lEYlCHO;. Cette mention a manifestement gene heaucoup de modernes. Ni Mentor ni Memnon ne sont introduits dans Ies listes satrapales de l'Asie Mineure occidentale par Beloch 1923 ; Berve 1926,251 conclut que Memnon etait plutot un hyparque qu'un satrape, ce qui en contradiction avec le textc de Diodore mais surtout avee la fonction de commandant en chef qu'il exerce. De mernc Weiskopf 1982 denie toute signification concrete a ce passage de Diodore et qualifie Memnon de "lesser officer, local noble". 296 Infra p. 419. S'il est neccssairc de "descendre" de sept annees la chronologie absolue de Diodorc, il est en revanche possihle d'en conserver Ie deroulernent sans retouchc majeure. 297 A propos du merne episode Str. 13.1.57, indique que Memnon (et non Mentor) "servait" (uTCllpnwv) les Perses et qu'il etait stratege. Celte contamination est excusable si l'on songc qu'a quelques annees d'intervalle les deux freres ont cxercc des fonctions similaires. 298 Supra p. 129. 299 Arrien, An., 1.12.8; 16.3 (satrape de Lydie); Diod. 17.19.4; 20.2 (appele dans les deux passages Spithrobates, satrape d'Ionie). 300 Rhoisakes idcntifie la comme Ie frcre du satrape Spithridates atteint Ie cimier du casque d'Alcxandre avant d'ctrc tuc. 292 293
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En ce qui concerne le monnayage ernis par (ou au nom de) Spithridaies, il convient de suivre pour l'essentiel les conclusions de E. Babelon 301. S'il parait evident que les monnaies qui portent la legendc II1I ou ImePI doivent etre attribuees au satrape et non au subordonne de Pharnabaze 302, en revanche Ie lieu d'ernission fait probleme. On propose generalement Lampsaque et Kyrne 303 a cause de la presence au revers soit de Pegase (PI. II, 17-18) soit du protorne de cheval (PI. II, 16, 19-20), mais cette attribution a ete discutee principalement parce que Lampsaque se trouve hors du ressort satrapique de Spithridates 304. II faudrait done, comme Ie note Babelon, admettre que ce dernier exercait un commandement karanique, ce qui est vraisemblable etant donne son statut, mais dont nous navons par ailleurs aucune preuve: Arrien nindique pas qui commande en chef chez les Perses au Granique. Ce monnayage, relativement abondant, est bien connu et a ete souvent etudie, Observons qu'il utilise aussi bien I' argent que le bronze. Nous avons vu plus haut qu'il y avait deux types de revers, il a en revanche ete moins mis en valeur qu'il y avait deux types d' avers. Traite, II, n° 69 et 71 305 presentent un rendu assez particulier de la tiare, tres plissee et dont les paragnatides recouvrent largement les joues 306, alors que sur Traite, 11, n° 70 307 la tiare est beaucoup plus "classique" et les paragnatides libres. Ce qui suit est plus problematique dans la mesure ou Ie satrape n' est pas nornrne. Le tres celebre statere d' or de Lampsaque qui a servi pour une part de base aux theories de Babelon sur la revolte d'Orontes une fois "enleve" ace dernier 308, la reattribution a Spithridates parait possible 309 en particulier par comparaison avec lc second type davers decrit ci-dessus 310. II est aussi tout a fait legitime de penser a Spithridates pour des bronzes civiques de Kebren, Les avers se rapprochent des deux types precedernment evoques 311 et forment un me me ensemble, chronologiquement res serre, avec une monnaie au "satrape imberbe" que nous identifions a Alexandre (infra), presentant en particulier des revers caracteristiques, occupes enticrernent par un monogram me forme des lettres K et E. Quelles sont, pendant la campagne d'Alexandre, les fonctions de Mernnon? Jusqu'au Granique, il a un "commandernent" 312 et il obtient par exemple de Darius des troupes mercenaires pour tenter de s'emparer de Cyzique 313 pendant la campagne de Parrnenion, Babelon 1910, 125-128. Cf. les doutcs dc Cahn 1989, 101 pour des raisons stylistiques, ][)3 Recemment encore Cahn, lac. cit. \04 E.g. Six 1888, 114 n. 56 ; Droysen 1908, 100. Les revers d' Adramyttion sont quasi identiques it ceux de Lampsaque comme le fait observer Troxell it propos du monnayagc d'Orontcs (supra). Le rapprochement rcstc done tentant : comparcr 1c revers de II, 15 et ceux de II 17-18. S'i1 ny a pas identite de provenance, il y a au moins copie consciente. On pourrait done suggcrcr aussi bien 1'une que I'uutrc commc lieu demission, lOS PI. 89,1 ct 3 (PI. 11,18-19). 3D!, cr. la representation de Darius sur la rnosaique de Pompei. 107 PI. 89, 2 (PI. II, 17). 30R Troxell 1981,27,37 et supra p. 64. ]u'! Comme Ie pcnscni Cahn 1989, 101 et Weiser 1989, 295 sq. 310 Comparer PI. II, 15 et 17. Rien lit d'assurc, on pourrait penser aussi it Ariobarzane ou Artabaze, uniquement sur des critcrcs de vraisemb1ance dans la mesure ou aucun des deux satrapes n' a "signe" de monnaies. 111 Premiere version: Traite. 11, n° 68, pI. 88, 28 (pI. II, 14) ; n'' 2335, pl. 164, 25; deuxiernc version Traite, II, n° 2335, pl. 164,24; vente Pegan 23 fevrier 1991 n" 40, PI. II, 13). m Arrien, An., 1.12.9. II me parait Ires rcductcur de Ie considercr comme un simple chef de mercenaires, cf. McKoy 1989. m Diod. 17,7.2 (cf. infra p. 423), 301
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mais au debut de l' anabase d' Alexandre il n'est qu'un ofticier parmi d'autres et son avis ne prevaut guere 314. 11 faut attendre le siege d'Halicarnasse pour qu'il receive un commandement de premiere importance 315 comparable a ceux de Tissapherne et de Cyrus le Jeune. A sa mort, Autophradates 316 et Pharnabaze 317 lui succedent a la tete de la flotte.
6. LA SATRAPIE DE HAUTE-PHRYGIE 318 Le nom de cette satrapie est rendu diversement chez les auteurs grecs, rnais la formulation la plus correcte seIon les concepts perses est aV0l8EV
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Cyrus, de nouveaux responsables sont designes pour les satrapies anatoliennes. II semble qu' Ariaios ait ete charge de la Grande-Phrygie 327. Tous les auteurs concordent pour evoquer l'uide qu'il foumit a Tithraustes dans le guet-apens prepare contre Tissapherne. Le recit le plus prolixe, du moins en I' etat de conservation de nos sources 328, est celui de Polyen 329 et il ne permet pas de trancher en toute securite. Ariaios attire Tissapheme a Kolossai, ou il a manifestement une residence, il le remet a Tithraustes qui Ie fait transporter a Kelainai et c'est la qu'il sera execute. Le rapport des deux officiers perses n'est pas explicite. Tithraustes vient du centre de l'Empire avec les pleins pouvoirs. Sa fonction n' est pas precisee (est-il chiliarque?). Apres la mort de Tissapherne, il regle la situation militarodiplomatique en passant une convention avec Agesilas. Puis il repart en Haute-Asie en laissant le commandement de l'arrnee a Ariaios et Passiphernes 330. Cela ne semble pas plaider en faveur de l'hypothese qui ferait de Tithraustes le satrape de Kelainai (et par consequent d' Ariaios l'hyparque de Kolossai). La situation d' Ariaios ri'est pas non plus completement eclaircie rnais le plus simple serait de penser qu'il detient Ie gouvernernent en Haute-Phrygie qu'il cumule avec Ie commandement de larmee apres Ie depart de Tithraustes, Ce ne peut etre qu'a ce titre qu'il recoit a Sardes 331 la soumission de Spithridates et des autres Perses decus par Agesilas 332. Nous ne savons plus rien jusque dans les annees 350 ou un autre Tithraustes est tres probablement le titulaire du gouvemement 333. Certes, aucun temoignage ne Ie qualifie de satrape 334 mais tous lui attribuent, au moins irnplicitement, la charge de larmee royale. Weiskopfw le qualifie de "lesser officer", ce qui parait contradictoire avec le fait qu'rl exerce un commandement important. Le papyrus Erzherzog Reiner Iournit une precision decisive: Chares "guerroya contre le Roi et, ayant envahi la Phrygie, il ravagea la chora de Tithraustes jusqu' a ce que l' ambassade venue d' Athenes arrive et lui enjoigne de cesser de faire la guerre aux satrapes du Roi" 336. Com me 327 Ariaios appartient it une famille noble, merne s'il ne s'agit pas d'unc des toutes premieres (Xcn., An., 2.2.1); il exercc un eommandement important dans l'arrnee de Cyrus (ibid., 1.8.5; 9.31). Diodore dit (14.24.1) 0 Kupou aCHpaTCy]s 1EmYelEVO<; ETCt ~ij<; "hYE,uovlas que Oldfather (Loeb) traduit librement mais en respcctam l'esprit du texte "who was second in command to Cyrus" (supra p. 24) ; apres la mort de cc dcrnicr, les Grccs proposcnt la royautc it Ariaios mais ilIa refuse et meme change de camp (ibid., 2S35 sq. ; Plut., Artax., 18). Le Roi lui aeeorde son pardon. Si du moins on accepte l'Identification de ce personnage avec celui auqucl le seul Diodore 14.80.8 donne Ie qualificatif de satrape (sans preciscr unc affectation gcographique), Diodore en tout cas ne fait pas la liaison puisqu'il appelle eonstamment le premier Aridaios (alors que Xenophon ccrit Ariaios) et cmploie lcxpression ru; 'APWlOS pour designer Ie second. 32S Les Helleniques de l' Anonyme d'Oxyrrhynehos sont 11 cet cndroit trap mutilccs pour etrc vraiment utiles. m Polyen 7.16.1. .no Hell. Ox., 14.3. 3.1l A moins d'admettre, mais cest beaucoup moins probable malgre Bruce dans son eommentaire aux Helleniques d'Oxvrrhynchos 14.3, qu' Ariaios a ete pour un temps satrapc de Sardes. 3.12 Xen., Hell., 4.1.27, souligne que Spithridatcs avait etc mis en eonfiance par Ie fait qu' Ariaios setait luimeme rcbclle centre l'autorite du Roi, el eette precision p1aide en faveur de lidentite supposee des deux Ariaios. mil faut etre daccord avee Beloch 1923, 153 pour dire que ee Tithraustes ne saurait etre idcntifie 11 eelui de 395 (dans le mcme scns Osborne 1973, 542 ; Weiskopf 1982, 526 et n. 3. Sckunda 1991, 112, pense quil s' agit du grand-perc et du petit-fils) contrairemcnt it l'opinion de Judcich 1892,210 n. 2 et 270. Certains ont YU dans cette homonymic la manifestation de la transmission hereditaire de ce gouvcrncment. .134 Cf. P. Erzherzog Reiner (FGrflist, 105, F4) ; Schol. Demosthene, 1" Phil., 19. m Weiskopf 1982, 526 et dans Ie rncme sens Hornblower 1982, 144 n. 57 ; cf. infra p. 394. 336 P. Erzherzog Reiner: ETCO]AE,U£l TCPO<; ~aalAEa Kat cruvEfl~aAWv £1<;
LES SATRAPIES DE SARDES ET D'IONIE ET LEUR POSTERITE
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nous Ie verrons it plusieurs reprises, le terrne chora peut tout it fait designer ici Ie ressort satrapique de Tithraustes. On ne sait que fairc de Polyen 7.28.2 relatant un stratagerne utilise par un certain Arsames, en charge de la Grande-Phrygie, alors en rebellion contre Ie Roi 337. Ala bataille du Granique, les contingents de la satrapie sont conduits par Atizyes 338. Lorsqu'il est en mesure de controler la province Alexandre Ie rcmplace par Antigone 339. Comme on le voit I'histoire de cette satrapie est particulierernent discontinue dans la mesure ou elle ne joue qu'accidentellement (e.g. Tithraustes) un role de premier plan dans les affaires des regions cotieres qui sont les seules it interesser les auteurs grecs. Sa creation s'explique par l'irnmensite de la satrapie initiale, qui en empechait sans doute une gestion efficace. Elle sert de zone tampon entre les peuples non soumis du sud et la Phrygie hellespontique, cependant il serait tres incomplet de la ramener it ce seul role. Ses centres principaux sont Kelainai 340 et Kolossai 341. La premiere est manifestement la capitale de la satrapie it l'epoque d'Atizyes et son acropole abritait une garnison. Le Meandre et ses affluents (com me lc Marsyas) representent un reservoir permanent en eau. Les alluvions constituent un terroir particulierement propice a l' agriculture et qui contraste vivement avec I' environnement tres aride 342. Strabon 343 decrit la region comme riche par son agriculture et son artisanat et il y a plusieurs cites hellenistiques florissantes (Apamee, Laodicee-duLykos) qui succedent it Kelainai et Kolossai dans la region. II n'est done pas etonnant que la Haute-Phrygie soit devenue une zone de peuplement perse 344 dont la conquete est jugee primordiale par Alexandre. Autant de raisons pour en faire une satrapie de plein exercice. Au milieu du lye s., Diodore (16.47.2) attribue it Spithridatcs une satrapie de Lydie et d'Tonie, unifiee certes, mais qui rappelle la partition que nombre de modernes refusent d' accepter chez Herodote. Com me nous l' avons souligne tout au long de ce chapitre les ressorts satrapiques ont varie au gre des circonstances internes ou externes. La prise de controle par Athenes des regions cotieres enleve toute signification it unc satrapie d'Ionie et c'est it I'evidence pour la partie perse la raison de l' entree en guerre au cotes des Spartiates. Des que cela est possible et a plusieurs reprises, une circonscription cotierc (entierernent autonome ou placee sous la tutelle de Sardes) est redefinie, assortie le plus souvent d'un commandement naval. C'est done la jusqua I'epoque d' Alexandre l'un des elements de permanence. Cela n' exclut pas pour autant des retouches importantes : experience avortee d' une satrapie mysienne (mais, au fond, elle peut-etre consideree comme une sorte de "brouillon" du royaume de Pergame) ; creation pIus durable de la satrapie de Carie dont la dynastie prefigurait it bien des egards les monarchies hellenistiques, mais morcelee et disputee tout au long de la periode hellenistique, la Carie ne retrouvera jamais son unite avant I'epoque imperiale, Beloch 1923, 153 pensc quil sagit dune confusion avec Datamcs. Arrien,An.,1.25.3; 2.11.8; Diod. 17.21.3; cf. Berve 1926,91 n" 179. 339 Arrien, All., 1.29.2. 340 L'auteur des Helleniques d'Oxvrrhynchos. 12.3 indiquc que cest la plus grande cite de Phrygie. 341 II n'existe pas detude rcccntc sur la region: sur Kelainai on consultera Hirschfeld 1876, 1-26; Weber 1892; Briant 1973,49-53. Jl n'y a pas eu de fouillc veritable sur lc site, OU nont done etc reperes que des vestiges postcricurs. Le site de Kolossai nest pas cxactcmcnt fixe. II eiait proche de Laodicee. 142 Tchiatchcff 1886, 212 sq.; Robert 1962, 341-343. 343 Str. 13.8.13 sq. 344 Cf. Arricn, An., 1.2.7-8; Robert 1963,349. Sckunda 1991, 110 sq., pense pouvoir y retrouver des tcmoignages indirccts (bien tenus) dune forte presence aristocratique pcrse. 1l note aussi (p. 114) lc nornbre des anthroponymes iranicns susceptibles detre anribucs it cette Laodiccc, 337
B8
APPENDlCE 1
L'ORGANISATION SATRAPIQUE SOUS ALEXANDRE I La mort d'Alexandre en 323 entraine une nouvelle donne politique et a ce moment Diodore ressent la necessite de dresser une liste des satrapies dont Perdiccas precede a la redistribution: "II donna la Cilicie a Phi Iotas ... a Eumene la Paphlagonie, la Cappadoce ainsi que les regions adjacentes qu'Alexandre n'avait pas eu Ie temps de conquerir.. a Antigone la Pamphylie, la Lycie et la Grande-Phrygie, a Asandros la Carie, a Menandre la Lydic, a Leonnatos la Phrygie hellespontique" 2. Plus loin, Ie me me auteur propose une approche plus geographique : "Ensuite l'Arrnenie, la Lycaonie, la Cappadoce, qui ont toutcs un climat hivernal rigoureux; leurs voisines imrnediates sont la Grande-Phrygie ct la Phrygie hellespontique ; sur Ie flanc, sont la Lydie et la Carie; contigue par en dessous a la Phrygie, la Pisidie et jouxtant cette derniere, la Lycie" 3. Comme it est aise de s' en rendre compte la liste satrapique differe assez sensiblement de celle que I'on pouvait etablir sous Ie regne de Darius 111 Codoman. Faut-il en conclure que la presence d'Alexandre a ete synonyme de profonds bouleversements administratifs? Dans ce dornaine, com me dans d'autres, la politique adoptee par Ie Macedonien procede d'une double analyse: il est bien probable que, des Ie depart, il s'est place dans la perspective d'une conquete de l'integralite de l'Empire perse ; par ailleurs les etapes de son avancee l'amenent a prendre des decisions ponctuelles en fonction des problernes poses, mais cela n'est pas contradictoire. La conjonction de ces deux donnees nous parait deboucher dans la pratique sur une reproduction systematique paste pour poste du systerne perse. Les modifications ne viendront que lorsqu'Alexandre sera pleinement entre dans Ie systeme et qu'il voudra veritablernent inflechir ce dernier. A la tete de la Phrygie hellespontique apres la victoire du Granique, Kalas succede a Arsites 4.11 n'y a pas de raison de douter que la capitale satrapique soit restee a Daskyleion. Lorsqu'Alexandre se trouve a Ankyra 5, il decide de rattacher la Paphlagonie au gouvernemenl de Kalas. II ne s'agit la en aucune facon d'une innovation; comme nous l'avons vu plus haut 6, la fin de Datarnes avait permis a l'administration perse de reintegrer cette region, restee Iongtcmps largemenl autonorne defacto, dans la satrapie de Daskyleion.
1 Berve 1926, ::53-258 donne une description sommaire des satrapies de l'Asie Mineure avec en particulier lcs references a la bibliographic antcricurc ; entre les p. 276 et 277 un tableau chronologique des satrapes : on trouvera dans Ie tome II, 1cs notices relatives aux differents personnages. Ce travail reste la base de toute etude ultcricurc dans la mesure ou Berve disposait de toutl'essentiel de la documentation. Cf. Jacobs 1994, 39 sq. 2 Diod. 18.3; ef. Dexippos, FGrHist, 100, F8; Arrien, Succ., FGrHist, 156, FI.5-8; Quinte Curec 10.10.1-6. 3 Diod. 18.5.4. 4 Arrien,An., 1.17.1-2. 5 Arricn, An., 2.4.2 ; Quinte Curcc 3.1.22-24 ; cf. Plut., Alex., 18. 6 Supra p. 114.
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Il n'est pas sur que cettc decision ait etc suivie de quelque effet pratique. Selon Arrien 7, Alexandre avait pris l'cngagement de ne pas occuper militairement la region; selon Quinte Curce, il etait merne cense I'avoir exernptee du tribut 8 et pourtant Kalas mene unc campagne en Paphlagonie 9. Cettc derniere etait, en effet, devenue le centre principal de concentration de Ia resistance perse 10, et I'on peut lier a ce fait l'ernission de series monetaires it legendes ararneennes it Sinope 11. Lc resultat dc cette expedition n'est pas connu mais on peut douter de son efficacite dans la mcsure ou nous savons par aiIJeurs que Kalas ne controlait pas la Bithynie : c'est en combattant Bas, prince bithynien, qu'il trouve la mort avant 323 12 ; il est remplace par Demarches 13. A Sardes, le nouveau satrape Asandros, fils de Philotas, se voit confier I'ensernble de Yarche dc Spithridates. Alexandre pousse plus loin la volonte de reproduire le systeme perse en nommant Nikias it la tete d'un departernent fiscal; un autre officier est responsable de la garnison de I'acropole 14. On ne sait pas si cette organisation etait specifique a la Lydie ni s'iI existait un rapport hierarchique entre ces personnages 15 Asandros est rernplace dans sa charge par Menandre a l'occasion d'un remanicment qui concernc aussi la Syrie et probablement la Lycic en 331 16. Il n'cst pas aise de definir cxactement les Iimites de la satrapie, notons simplement qu'une inscription de 'Gambreion 17 attestc que la region de Pergame appartient it cet ensemble, probablement sans hiatus depuis la disparition de la satrapie de Mysic, quelle que soit la date de cet evcnernent. Une autre interrogation conceme l'Ionie : quel est son rapport avec la Lydie? C'est la un point delicat qu'il convient d'apprecier en tenant compte de tout Ie passe historique. Nous savons qu'Alcxandre designe Alkimachos 18 pour liberer les cites d'lonie et d'EoIide. Le fait que ce dernier ait, quelques annees plus tard, it veiller au maintien de la paix civile a Chios 19 indique it Ia fois qu'i] est reste en charge de la region reconquise et fournit une indication sur les limites de son ressort, On est evidemrnent fort rente de Ie qualifier d'hyparque d'Ionie, meme si aucune source ne lui donne explicitement ce titre. Dans la derniere partie du regne d'Alcxandre apparait un autre officier du nom de Philoxenos 20. A partir de sources nornbreuses, mais heteroclites,
Arrien, An., 2.4.1. Quinto Curce 3.1.23. 9 Ibid. 4.5.13. Alexandre avait place la region sous tutellc, Arrien, An., 2.4.2. 10 Quinto Curce 4.1.34. 11 Supra p. 114-115. 12 Mcmnon, FGrHist, 434, F I. 12.4. Billows 1990, 45 n. 85 lie sa fin la campagne contre les Paphlagoniens. Tl vaut micux placer cct episode peu avant la mort d' Alexandre. 13 Arrien, Succ., FGrHist, 156, F1.6. 14 Arrien, An., 1.17.7-8. 15 Infra p. 433. 16 Arrien,An., 3.6.7; cf. 7.23.1. 17 302 18 Arrien, An., 1.18.1-2. 19 Il n'est pas sur, comme lc fait Tod 1948, 267, qu'il faille identifier ce personnage (Berve 1926, n" 47) avee celui qui recoit des honneurs a Athenes quelques annces plus tot (Ted, 180); en revanche, il s'agit ineontestablcment de l'officier qu'Alexandre detache pour pacifier l'Eolide et l'Ionie (Arrien, All .. 1.18.1-2 ; infra p. 436). Par consequent, a la difference de Parmcnion envoye a Tralles et a Magncsic, il apparait qu'Alkimaehos est rcstc en charge de la region avec la Ionction (et le titre") d'hyparque. 211 Berve 1926, n" 793-796; Bengtson 1937,126 sq. et 141 sq.; Badian 1966,56-61. 7
S
a
s-u».
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W. Tarn 21 reconstitue la earn ere d'un seul personnage ayant successivement exerce de multiples fonctions. Nous retiendrons cette hypothese. II a en premier lieu la charge de la perception des phoroi "de ce cote du Taurus" 22 puis de ce que Plutarque definit comme une hyparchie du littoral (uTCapxo~ ,ft~ TCapaAia~) 23 et qui, dans la realite, correspond a une hyparchie de l'Ionie 24. Quelle qu'ait ete I'importance de la fonction fiscale evoquee ci-dessus, un poste politico-rnilitaire eomme I'est une hyparchie constituait sans aucun doute une promotion pour Philoxenos (Tarn). On ne saurait d'autre part confondre cette seconde charge avec celie precitee : Philoxenos est amene a intervenir a Ephese dans une circonstance qui comporte a la fois des aspects politiques et judiciaires 25. Cela n'a manifestement rien a voir avec la fiscalite. Derniere question, est-il satrape ou hyparque? Si, comme Ie fait E. Badian 26, et bien qu'il ne soit pas nornmement mentionne, il convient de lui attribuer cet episode ou quatre prisonniers arretes a Methymna, Tmbros et Rhodes 27 sont transferes a Sardes, puis liberes sur I'intervention de Phocion 28, il faut penser que, com me dans le cas d'Alkimachos, les 'iles font partie du secteur supervise par Philoxenos. Cependant le lieu d'incarceration contirmant que cet officier depend de Sardes, on peut en conclure que Ie titre le plus approprie est bien hyparchos. Tout a fait au terme de la vic d'Alexandre, Philoxenos parait avoir beneficie d'une nouvelle distinction puisqu'il semble etre satrape de Carie 29. En fonction du second passage d'Arrien 30 il est meme possible qu'il ait simplement rajoute la Carie a son ancien gouvernement 31. Si tel est bien Ie cas, il est piquant de constater qu'Alexandre a presque reconstitue Ie premier nome herodoteen, Ie gouvernement de Strouthas 32 ou la carriere de Tamas. Le choix d'Ada comme satrape de Carie 33 peut paraitre a priori surprenant. Comme nous I'avons vu il correspond cependant a une pratique bien arrestee dans l'Empire perse. En realite la procedure est plus complexe : Alexandre accepte d'etre adopte par Ada et, en retour, celle-ci est designee comme satrape. II faut y voir en quelque sorte Ie maintien de I'ambiguite du statut des Hekatomnides a l'epoque precedente. On observera que son domaine est ampute de la Lycie, non encore conquise, mais qui appartiendra plus tard it un autre rcssort. Ada est sans doute agee et Philoxenos la remplace, tout a la tin de la vie Tarn 1948,172 sq. La nature exacte de la fonction fait probleme ; cf. infra p. 473. 23 Plut., De Fort. Alex., 1.12.333a. 2·\ Polycn 6.49. 25 Infra p. 436. 26 Badian 1966.56. 27 Cf. aussi l'intcrpcllation it Rhodes par Philoxenos de l'intendant des hiens d'Harpale, Paus. 2.33.4. C'cst probablcmcnt Ic merne personnage qui est qualific d'''amira1 de 1a flottc" par Plut., Alex., 22.1. c'cst peut-etre lit un titre inexact mais il fallait bien que Philoxenos disposat d'une flotte pour exercer sa tutelle sur les iles (contra Badian 1966). 2R Plut., Phoc .. 18 ; Elien, HV, 1.25. 29 Ps-Arist., Ee., 2.31 ; Arricn, An., 7.23.1. 30 Arrien, An., 7.24.1. 'I Badian 1966, 61 ct n. 104 se propose de refuter I'hypothcsc de l'unicitc, soutcnuc entre autres par Bengtson 1937, en mcttant en avant les termcs qui qualifient Philoxenos (Ie second du nom selon lui) ; "un obscur Macedonicn" (Arrien) ou encore 11; MaK£8(0V pour le Ps.-Arist. Mais signalons que Pausanias cmploie 1a simple formule lA.6~Evo; MaK£8wv pour designer lc "premier" personnage. 32 Cf. sur ee point, Bengtson, loco cit. Diod. 17.24.3. 21
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d'Alexandre, sans qu'on sache s'il y a eu un hiatus entre les deux. En ce qui concerne la capitale de la satrapie, il est exclu qu' Halicarnasse ait retrouve cette fonction. On peut penser a Alinda, a l'epoque d'Ada, rnais Mylasa parait tout aussi plausible. Philoxenos, hyparque de la cote avait probablement choisi Milet : on notera en effet que cette cite est devenue un centre assez important d'ernissions monetaires a la fin du regne d'Alexandre 34. Promu satrape de Carie reste-t-il it Milet (it noter que sur certaines emissions anciennes d'or - pas sur l'argent ou Ie symbole est plus tardif - la double hache apparait comme marque de controle) 35 ou choisit-il Mylasa? La question reste ouverte. II y a certes frappe de monnaies a l'effigie d'Alexandre a Mylasa, mais ces alexandreioi sont posthumes 36. Mylasa est la capitale du satrape Asandros 37, fils d' Agathon, mais on ne sait si cette situation preexiste a sa nomination par Perdiccas. La Phrygie interieure (ou Grande-Phrygie) une fois conquise est confiee it Antigone 38. C'est par erreur que Quinte Curce lui attribue la Lydie 39. Les contours de la satrapie sont probablement les memes qu'a l'epoque perse 40 et lorsque Antigone fait mouvement vers la Lycaonie 41, Quinte Curce n'indique pas s'il s'agit de controler le secteur de plateau autour d'Tconion qui faisait traditionnellement partie de l'horizon phrygien 42 ou d'entreprendre la pacification de la region beaucoup plus accidcntee des contreforts du Taurus. Le recit de la mort de Balakros quelques annees plus tard (ci-dessous) montre que cette zone meridionale de la Lycaonie n'etait pas controlee par les Macedoniens, pas plus qu'elle ne l'avait ete precedemment par les Perses 43. II reste cependant possible que cette region ait ete nominalement rattachee ala juridiction d'Antigone 44. Ce dernier va conserver sa province jusqu'a la mort d'Alexandre (et rnemc au dela) en l'accroissant vers Ie sud. En effet, Ie Macedonien avait cree pour Nearque une satrapie de Lycie et des territoires adjacents jusqu'au Taurus 45, done Lycie, Pamphylie et probablement Pisidie. Pour ce qui concerne la date, on doit presumer que cette nomination est intervenue des 33413, Arrien ne signale son existence qu'en 331 dans un passage qui constitue une digression. Une satrapie avec une telle definition geographique apparait de prime abord comme une innovation; rnais il convient tout aussitot de nuancer cette affirmation: les territoires cotiers, y compris la Lycie-Pamphylie, avaient constitue le premier nome selon Herodote. Le sort administratif de ces regions aux ye et lye s. les avait separees. La Pisidie n'est que rarement ou partiellement controlee, la Lycie est rattachee a Sardes puis a Halicarnasse et on ne sait rien du sort de la
34
Thompson 1980, cf. e.g 66-68.
3, Thompson n" 124 a et suivants Thompson 1981. Cf. par ex. lK, 34-My1asa, 21 el de facon plus cxphcitc Robert & Robert, Bull cp., 1983, 100,1 3 (deja Robert 1955b) mscnption trouvce a l'emplacernent dc la future Stratomcce qUI parait mdiquer qu' Asandros siege t'fl MUAtXaol t;. Sur cet Asandros cf. Blumcl 1997, 140 35 Amen, An., I 29 3 39 Quinte Curcc 4 I 35 ; cf infra p. 464. 40 Cf Bnant 1973,47-49 41 Qumte Curcc 4.5 13 ; cf. intra p. 465 42 Xen., An , I 2.19 ; cf. Ramsay 1904, col. 58 43 Supra p 76 44 Briant 1973,48, apres Baumbach 1911,57. 45 Amen, An • 3 6 6. 36 37
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Parnphylic, peui-etre un temps cap tee par Mausole, mais cnsuite rattachee it la GrandePhrygie. Je ne vois pas de raison de penser, avec Ed. Mcyer w, qu'elle constituc une entite qui pail' directement le pharos au Roi sans passer par Ie systerne satrapique. Ce decoupage correspond it un choix tactique : il s'agit de renforcer Ic secteur qui sert de pivot - ou d'obstacle selon le point dc vue duquel on se place - entre la mer de Cilicie et l'Egee. Par consequent cctte nouvelle satrapie est concue comme maritime, it l'instar de ce qu'etait I'Jonie aux epoques precedentes ; en ce sens le choix du "marin" Nearque it sa tete n'est nullemcnt fortuit. L' objectif est, it l'evidence, de contrccarrer la domination maritime que les Perses ont acquise grace it la flotte phenicienne et, peut-etre, de developper une nouvelle puissance navale pour remplacer la flotte grecque dont Alexandre s'etait volontairement prive quelques temps plus tot et cela dans la perspective de la conquete de la cote syrophenicienne et de l'Egypte. En 331, cette preoccupation conjoncturelle est caduque et la region est agregee it la Phrygie d'Antigone. C'est du moins ce qui se deduit de la presence de Nearque aupres du Roi. On sait, en cffet, qu'il accompagne Asandros, ancien satrape de Sardes, qui arnene des renforts vcnant de Grece cn vue des campagnes orientales, cela en 329/328 47 . Asandros, nous I'avons vu plus haut, a ete rcrnplace des Ie debut de sa mission, c'est it dire en 331. Or Antigone est confirrne dans son commandement accru en 323 48 . Depuis O. Treuber 49, la plupart des savants admcttent qu'Antigone recoit ce supplement territorial en 331 50, solution logiquc mais dont on ne peut etablir la preuve formelle. II est alors it la tete d'une province enorrne qui lui donnera les bases territoriales necessaires it l'assouvissement de ses ambitions personnelles apres la disparition d'Alexandrc. Derniere observation, il est possible qu'au moment de la centre-offensive pcrse de 333-332 Antigone ait eu des responsabilites militaires elargies it I'ensemble du champ de bataille, en sommc un commandement comparable it ceux dont nous avons releve supra l'existence pour certains officiers perses, dont Cyrus 51. En ce qui conceme l'organisation de la Cappadocc 52, considerons tout d'abord les faits bruts. Selon Arrien 53, Sabiktas - inconnu par ailleurs - est dcsigne commc satrape ; pour Quinte Curce 54, Ie satrape s'appelle Abistamcnes. 1. E. Atkinson 55 propose une solution dont les deux elements sont egalernent seduisants : il s'agirait d'un seul et meme personnage et son origine serait cappadocienne (une telle nomination n'aurait rien d'extraordinaire si l'on songe it la position faite it Ada en Carie). C'cst en tout cas la seule facon de concilier ces informations avec les allegations d'Appien et de Strabon. Le texte de Strabon contient une affirmation qui parait solide 56 : au moment de la conqucte macedonicnne, la Cappadocc etait divisce en deux satrapies. 11 poursuit: " Ces memes Maccdoniens perrnirent, alors qu'ils Meyer 1925, 6-7 Amen, An., 4 7 2 , Qumte Curee 7 10 13. 4, DIod 18 3, cite supra p 158, Briant 1973, 132 et notes 49 Trcubcr 1887, 139. 50 Cf Briant 1973,74-76, avec bibltograplue 5' Briant 1973, 66-70 et infra p 465 52 Infra p 456. j, Amen. An • 2 4 2 54 Quinte Curee 3 4 1 55 Atkinson 1980, 135 sq 56 Str 12 I 4. supra p 109
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tenaient l'une mais pas l'autre, qu'elles se transformassent de satrapies en royaumes". Appien, pour sa part 57, soutient qu'Alexandre laissa en place les dynastes qu'il trouva en Cappadoce, a la condition qu'ils paient le tribut. En bref, il nous semble qu'Alexandre choisit le "satrape" parmi les dynastes locaux qui accepterent de lui faire allegeance. Son autorite, apparemment tres ephemere, se limitait a la Cappadoce interieure. La Cappadoce pontique lui a toujours echappe, La Cilicie est tout naturellement la derniere des satrapies de l'Asie Mineure a etre dotee d'un satrape par Alexandre. L'evenernent est imrnediatement consccutif a la bataille d'Issos 58. La charge est confiee a Balakros qui est aussitot conccrne par la contre-offensive perse a partir de la Cappadoce 59. Quinte Curce 60 fournit une version contradictoire puisqu'il indiquc qu'Alexandre donna la Cilicie a Sokrates, S'il ne s'agit pas la d'une erreur pure et simple, on pensera que ce dernier avait recu un commandement militaire ou une hyparchie (les deux autres officiers mentionnes dans Ie meme passage ont des charges de ce type). II est possible d'individualiser un monnayage de Balakros 61 : - A Tarse, une premiere scrie, probablcment sans solution de continuite avec l'une des dernieres emissions de Mazaios 62 au point qu' on ne lcs distinguait que difficilement avant l'etude de H. von Aulock ; a l'avers Ie Baal de Tarse dont Ie nom est indique en arameen ; au revers, un lion attaquant un taureau sur deux rangees de murs dotes de quatre tours avec dans le champ une massue 63 et la lettre B 64. E. Babelon decrit cette monnaie avec un T sous le siege de Baal et donne plusieurs variantes avec 1, M, I (done Issos, Mallos, Soloi) 65. - Une serie plus abondante: a I'avers Athena de trois-quarts face a gauche; au revers Baal represcnte de Iacon identique aux series precedentes et la Iegende B ou BAAAKPOY 66 - parfois aussi absente, sans qu'il faille penser aArsames. Cette legende a ete copiee de facon mediocre par un graveur qui ne lisait pas Ie grec dans la monnaie de "style barbare" Levante 118 67 . Sous le siege, la lettre T fait penser que Ie lieu d'ernission est Tarse 68, mais il existe d'autres monnaies avec rncrne des liaisons de coin qui portent au meme endroit les lettres 1, M, I (respectivement pour Issos 69, Mallos 70, Soloi 71) et aussi parfois dans lc champ IO (avers), II (revers). Cette serie est probablcment la plus recente 72. Appicn, Mithr , 8. Amen, An .. 2 12 2 59 Infra p. 462 sq (,0 Quuue Curce 4 5.9 61 Aulock 1964, 78-82 62 Infra p 4 I 3 sq 6J II est difficilc d' attnbuer avec certitude a Mazaios ou a Balakros les monnaies qUI ne mcnuonncnt pas Ie nom du satrapc mars cclui de Baaltars, clles se disungucnt des prccedcntes par lappanuon de la massue dans Ie champs du revers. SNG France 2 362-364. (Cf Miidenberg 1990-1, pi 2 8) J'y vcrrais cepcndant volonners l'affirmauon de la dnncnsion hcracleenuc d' Alexandre. 04 SNG Levante 122 (PI X. 12) , Trauc, II, n" 712 (= France 2 365) . Cop 322, von Aulock 5965 65 Traltd, II, n" 714-716, voir BMC Ciltcia p 173-174 (pI XXI, 7-13) 6(; SNG France 2 367-371. (PI X, 13 = France 2371), cf aussi Levantc 120-121 67 SNG Levante 118 (PI X, 14), a comparer a la lcgendc de la monnare precedente : par exemple le B tres grele de l'uuualc peut etre a premiere vue pns pour un I, etc 6S SNG Levante 120-121 , Cop. 323-324 ; wm Aulock 5963-5964. 69 SNG Levante 178-181 , France 2 420 70 SNG Levante 169- 170 , von /sulock 5721 , France 2 413 71 SNG Levante 52-53 , von /vulock 5873 . cf France 2 196-198 72 Hamson 1982a, 352 n 20 57
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On observera combien Ie monnayage de Balakros par les lieux de frappe (y compris apparemment leur diversite ou en tout cas les indications de provenance du prelevement tributaire), le choix des themes, de I'etalon, vise a s'inscrire dans la continuite de celui de l'epoque precedente. II y a une volonte evidente de se couler dans Ie moule preexistant. Diodore 73 nous apprend que Philippe et Perdiccas, apres avoir defait Ariarathes et installe Eumene en Cappadoce, decident de s'attaquer a Isaura et Laranda parce que ces deux cites sont responsables de la mort de Balakros. Pour les deux cornmunautes, il s'agit de leur premiere apparition dans l'histoire. Diodore les qualifie toutes deux de poleis. Strabon 74 en foumit une description toute differente : pour lui il s'agit bien plutot de places fortifiees qui servent de refuge a des populations de pasteurs-pillards 75 organisees en federation de villages. Cette organisation, comme le note A. H. M. Jones 76 ne doit guere etre differente de celie des Etenniens 77. Il est done bien plausible que Balakros avait rnene une expedition de represailles malheureuse contre des populations insoumises et dont la richesse etait, comme celie des Pisidiens, le produit du pillage. Les lectures de Diodore et Strabon paraissent contradictoires mais il convient de rappeler que la campagne des Macedoniens se traduit par la destruction complete des deux sites (population et biens). En ce qui conceme Isaura, Diodore 78 souligne que sa richesse en or et en argent etait naturelle pour une cite prospere depuis longtemps. Cette aisance materielle (conjuguee avec les contacts etablis avec les cites grecques voisines) amene tout naturellement a la frappe de monnaies. Celles d'Isaura ont ete identifiees recernment 79, en revanche, une petite serie de Laranda etait connue depuis longtemps : a Iavers deux personnages diademes, au revers un proto me de loup 80, legende AAPAN. II est tout it fail tentant de mettre en relation avec Laranda tout ou partie d' une serie de petites divisions 81 classees par E. Levante commc "incertaines de Cilicie" : alavers Baal (de Tarse) tronant, au revers un proto me de loup avec parfois la lettre A. Des rapports privilegies paraissent setablir entre Laranda et Tarse. C'est ce que montrent le choix de Baal et la presence du loup (sans oublier pour autant que la region s'appelle Lycaonie) lui-rneme bien atteste sur les monnaies tarsiotes dans la mesure OU il existait a Tarse un culte d' Apollon Lykeios 82. Comme nous le verrons plus loin a propos de la Pisidie (Etenna/Side, Selge/Aspendos), il est clair que les regions interieures sont en contact avec le monde mediterraneen : la chaine du Taurus devait logiquement servir de frontiere, mais Ie bassin fluvial du Kalykadnos permettait la communication dans les deux sens. Elles ont developpe au lye s. une activite d'echanges basee sur une economie de type monetaire qui devait necessairement deboucher, a terrne, sur une organisation politique de type civique grec. Le DlOd. 18.22 1-2 Str 12.66.2, ct 1 pour l'elevage des moutons comme acnvite prmcrpale de toute la Lycaome 75 Cf sur ce type de rapprochement, Bnant 1982b 76 Jones 1937, 126. 77 Infra p. 317, n 110. on pourrait ajourcr bien d'autrcs peuples des regions accidentees de l'Anatohe os Diad. 18.22 4 79 Gokturk (Istanbul). so Babelon 1910,450 n. 4 RI E g. SNG France 2 443-453. 82 Robert 1987,55 (monnaies impenales, la statue cultuelle est representee lil avec une facture archaiquc), 1c dicu vicnt d' Argos, Tarse aurait ete fondce par Pcrsee, heros argicn (p. 59) , Str. 14.5.12 en fait aUSSl une colome d' Argos Pour Bing 1971,99·109, elJe serait une apoikia des Lindrcns. Sur les mythes et les cultes de Tarse, Chuvin 1981. 319-324. 7J
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coup darret fut brutal, mais la comme ailleurs 83, on voit combien sont dangereuses des positions trap manicheennes opposant villages indigenes et cites grecques. De surcroit les regions interieures qui sont mal connues a travers les sources grecques semblent avait ete un lieu potentiel de colonisation "perse" 84. II est aventure de suivre E. Babelon lorsquil cherche a relier avec trop de precision Ie monnayage de Laranda a un evenernent historique precis en praposant la date de 324/323 85. Les series qui ne sont pas encore parfaitement identifiees presentent une diversite qui ne saurait s' expliquer que par la duree. 11 parait done beaucoup plus vraisemblable de penser que ce monnayage a couvert au mains le troisieme quart du lye s. Diodore souligne que la mort de Balakros s'est praduite a un moment au Alexandre vivait encore. Cette formulation laisse penser que l'evenernent a eu lieu en 323 86.11 est done possible qu'il y ait eu un hiatus jusqu'a la nomination de Philotas qui est faite par Perdiccas (supra) ; Philoxenos 87, ancien satrape de Carie, lui succedera au moment du partage de Triparadeisos. Une lecture degagee de tout a priori amene a la conclusion que, dans la grande majorite des cas, Alexandre s'est contente de reproduire tels quels les rouages adrninistratifs de l'Empire perse. Le choix des titulaires des postes repond a peu pres aux memes criteres que sous les Achernenides, y compris lorsque cela parait necessaire parmi les dynastes autochtones. Les raisons sont clairement affichees dans Ie cas d'Ada ; on espere qu'ils permettront le ralliement plus facile de populations que le conquerant n'avait ni le temps ni Jes moyens de pacifier (telle est peut-etre aussi la raison de I'elevation de Sabiktas). Bien entendu, Alexandre ne s'interdit pas pour autant les modifications, les reajustements, guide en cela par les aleas de la conquete et les objectifs qu'il s'assignait (Lycie-Pamphylie). Mais cette "plasticite" administrative (toute relative) trouverait bien des antecedents a l'epoque perse et il est piquant de constater qu'a pu se poser aussi le probleme des facades maritimes et que, si nos conclusions sont exactes, une province littorale a du meme eire ressuscitee pour un certain laps de temps sur la cote egeenne.
Voir infra les komai cancnnes Cf. la Pisidie ou la Cappadocc , supra p. 105 8' SUlVl par Levante, cornmcntarre a SNG France 3 2311. 86 Newell 1918,70 et 81 souucnt sans demonstration que Balakros est mort en 328 ct pense que la sene Athena/Baal lut est postcneure (mars cf plus haut) 87 DlOd 18 39 6 83 S4
CHAPITRE IV
L'ORGANISATION INTERNE DES SATRAPIES DE
L' ASIE MINEURE
Ce chapitre tente de rapprocher une serie dobservations quil est necessaire de relier bien qu'elles apparaissent de prime abord comme distinctes : I) Nous avons tente de definir plus haut Ie ressort principal de gouvernement. Merne sil existe un certain nombre de disparites, il est assez clair que Ie module normal, au sens premier du terme, est la satrapie. Cela dit, la realite de cette derniere a pu varier dans Ie temps et dans I' espace. Certaines sont de taille relativement modeste et, dans ce cas, Ie satrape peut y exercer aisement une autorite.sans partage. II n'en va pas de rnerne pour les "grandes" satrapies ou les distances sont considerables et qui reunissent des peuples (on rappellera une fois encore l'importance de ce concept) bien differencies. De plus, ces satrapies sont naturellement confiees a de grands personnages, lesquels sont souvent amenes a exercer d' autres types de commandements, en particulier militaires. Il est necessaire pour toutes ces raisons qua chaque ethnos corresponde un echelon de gouvernement que nous designerons par commodite du nom d'hyparchie. 2) L'etude des rapports entre satrapie et pouvoir central semble donner la mesure de la plasticite du systerne ; cependant nous avons pu relever qu'une partie du tableau etait en "trornpe-l'reil" puisque les moyens de controle dont ce dernier disposait etaient considerables, du moins lorsqu'il etait en situation de les utiliser. Si nous en restons a I' echelon de la satrapie, le precede evident pour limiter le pouvoir du satrape consiste a multiplier les rouages de commandement, non plus verticalement (satrapie/hyparchie) mais horizontalement en divisant les responsabilites (administration, armee, finances), creant par la des sources de conflits et de rivalites dont le Roi joue a son profit. Est-il possible de relever les traces d'un tel systerne, quittant ainsi le domaine de la theorie dans lequel parait nous enfermer Xenophon? 3) Les echelons administratifs ne sont pas, loin s' en faut, les seuls temoins de la presence perse en Asie Mineure. Les rois perses, et apparemment aussi les satrapes, peuvent conceder a des individus, nobles perses, aristocrates et condottieri grecs ou assimiles, des domaines parfois si vastes quils deviennent de veritables principautes, cc qui leur permet de sintegrer au plus haut niveau dans Ie systeme de gouvernement. Par ailleurs, le quadrillage militaire (mais aussi bien dautres raisons conjoncturelles ou de politique generale) peut amener l'implantation de garnisons, de colonies militaires et/ou de peuplement. L'existence de la deuxierne categoric a ete recernment contestee et il convient done de proceder a un reexamen de la documentation disponible en soulignant deja que les deux types de presence ne sont en rien contradictoires, rnais au contraire sont complernentaires (cf, ci-dessous l'episode d' Asidates).
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1. SEPARATION
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DES TACHES DANS LA SATRAPIE
Pour ce qui concerne I'Empire perse dans son ensemble, l'irnage que nous en donne Xenophon dans la Cyropedie et subsidiairement dans I' Economique parait devoir permettre d' affirmer la realite de la separation des pouvoirs. La creation de hierarchies paralleles, voire me me rivales, est une des reglcs de fonctionnement du systerne : "Quand il fut de retour a Babylone, (Cyrus) decida d'envoyer des satrapes aux peuples soumis, II ne vouIut point eependant que les commandants des eitadelles et les chiliarques des gardes de Ia chora obeissent a un autre qu' a lui-mcme. 11 prenait cette precaution afin que, si quelque satrape, tier de ses richesses et du nombre de ses sujets, se conduisait en despote et se mettait en tete de refuser I' obeissance, il trouvat aussitot dans le pays des gens pour s' y opposer" I. Dans un autre passage, une mernc hierarchic de la base au somrnet parait etre mise en place pour I' administration fiscale et financiere 2 irnitee de celle de l' arrnee, dont il vient de montrer qu' elle est tres structuree. Dans I' Economique, il oppose Ie gouverneur (archoni, en charge des affaires civiles et du tribut, et Ie phrourarque, responsable des troupes et des garnisons. Lcs deux sont chapeautes par Ie satrape partout ou il y en a un 3. C' est done d'abord a I'instance satrapique qu'il revient de reglcr les contentieux, rnais Ie controle virtuel et surtout la nomination des officiers restent Ie fait du Roi. On presentera en contrepoint ce passage de la Vie d'Eumene due a Plutarque ": "11 remit les cites a ses arnis, il installa des phrourarques, intronisa des juges 5 et les dioecetcs qu' iI voulait ; Perdiccas n' etait intervenu en rien dans ces affaires ..." En bien des points l'adrninistration mise en place par Eumene a toute raison d' etre quasi decalquee sur ceUe des Perses, En revanche, et Ie fait est particulierement souligne par Plutarque ou sa source, Ie regent Perdiccas lui a laisse toute liberte et eela apparait com me peu ordinaire. Le texte prccitc fait reference a des "direcetes", sans aucun doute charges de ladministration fiscale, Quelles sont les traces d'une organisation de ce type dans les provinces? L'Egypte pourrait peut-etre servir de reference pour I'existence d'une telle separation des charges: I' organisation interne du royaume lagide nous invite a penser que le pouvoir a vocation centralisatrice se dote d' une double administration dont chacune des branches lui rend directement des cornptes, Mais, pour que l'exernple soit probant, encore faudrait-il qu' Alexandre et ses successeurs aient bien emprunte cette pratique a leurs Xen., Cyr , 86 lbid., 8.1. 3 Xen , t:c , 4 5-11 L'analysc derarllee de ccs passages est donnce par Bnant 1982 (cf. Index) Cook 1983, 83, cst trcs sccptiquc sur l'uulrsauon que lon peut faire des tranes xenophonuqucs. On udmeura volonuers avec lUI que le tableau ne peut valoir que pour les terntoires directcmcnt controles par les Perses et qu'rl est par trop systematique mars, dans ce domame cornme dans dautres, on ne saurair tout rcjctcr sans cxamcn 4 Plut , Eum., 3 7 , cf. Ie commcntaire approfondi de Bnant 1982, 16 sq 5 Bnant 1982,22 sq. ; 11 ny a pas de jugcs royaux cn Asie Mmeure it lcpoquc achemerudc Certes Otanes (Hdt. 5 25) a exerce cette foncuon mats Ie contexte indique que cela se passe dans la capnale royale. On peut cependant trouvcr une illustrauon du role judiciairc du satrapc dans linscnptron Tod, 113 (Strouth as) , mfra p. 254 n. 167. I
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predecesseurs perses alors merne qu' elle etait deja traditionnelle dans l' Egypte pharaonique 6. Revenons a l' Asie Mineure. Il faut bien dire que les indices sont tenus 7. L'un remonte a l'epoque de la conquete du royaume Iydien par Cyrus. Ce dernier remet I'acropole de Sardes au Perse Tabalos et charge le Lydien Paktyes de convoyer les tresors des Lydiens vers la Haute-Asie 8. On pourrait etre rente d'y voir la prefiguration d'une separation des taches a partir du moment ou la perception du phoros fut rationalisee par Darius, mais l' exernplarite de ce cas est peu probante etant donne le resultat facheux de cette operation. Beaucoup plus significatif est Ie fait que lorsqu' Alexandre prend possession de Sardes, il designe Pausanias comme commandant de la citadelle de la ville pour remplacer Mithrines, Nikias pour s'occuper de I'etablissement de l'assiette du tribut et de sa perception ('trov ooprov 'tile; 0'UV'tcX~E(Oe; te KCXt cXTCo<popae;), Asandros comme satrape avec les effectifs militaires appropries 9. Nous sommes au tout debut de sa campagne et il y a peu de chances qu'il ait cherche la a innover en quoi que ce soit. Ce type de partage trouve d' ailleurs le parallele attendu a Babylone 10. Mazaios est nornme satrape, mais Apollodoros d' Amphipolis est en charge des troupes et Asklepiodoros ala responsabilite de la collecte du tribut. Quinte Curce precise meme qu' il y avait un commandant particulier pour la citadelle J 1. II est difficile d'aller plus loin, c'est-a-dire daffirmer que toutes les satrapies etaient reellement gerees selon le merne schema. Sardes et Babylone sont deux grands poles du gouvernement provincial. Peut-etre cette cornplexite etait-elle inutile dans des satrapies moins importantes? 12 Autre question: le responsable de la fiscalite etait-il subordonne au satrape? La documentation est bien mince. Esdras, 7.21, nous indique que Ies tresoriers de la satrapie de Ebir-Nari (la Transeuphratene) recoivent un ordre royal - apparemment sans reference a quelque interrnediaire que ce soit - alors que les autres officiers 13 autour du satrape sont associes ace dernier dans la correspondance avec le Roi. Observons cependant qu'il ressort aussi bien a travers Ies ceuvres theoriques precitees 14 que de I' analyse de situations concretes 15 que la responsabilite du satrape est entiere dans la perception du phoros. La solution de bon sens consiste done a penser qu'il existe bien un echelon fiscal differencie, mais qui fonctionne normalement sous la tutelle du satrape 16.
(, Sur la double adrrurnstranon de l'Egypte, cf. par ex. Thomas 1978, 187-194, Orneux 1983,25-26, 1985, 177 A noter cepcndanr que ce derruer sinterroge sur Ie caractere conjoncturel de lrmportancc pnse par le dioecete et son adrmrusrranon sous Ptolcmec II En ce qui conccrne lcs pcrmanences adrrurustranves entre l'Emprre pcrse ctAlcxandrc en Egypte, Preaux 197R, 278 ; entre les Achemerudes et leurs prcdeccsscurs, Bnan11987, 13 sq 7 Hornblower 1982, 1SO-lSI. 8 Hdt. 1 153. 9 Amen, An., 1 177. (cf Berve 1926, n" 565). in Amen. An . 3.16.4 II Quinte Curce 5.1.43 sq. 12 Ainsi Amen, An., 1.17, laisse it penser que Kalas aVaIL la responsabilnc dircctc de la perception du phoros dans sa satrapie. lJ Esdras, 5.6 et 6 6. 14 Cf. par ex. lc Ps.-Anst., Ee., 2 1 4 et le cornmcntaire de Bnant 1982, 27 qui admet pour sa part que I) 11 Y a conunurte entre Ic systcme qut prevaut sous les Acherncrudcs puis sous Alexandre, 2) les satrapes ctaicnt rcsponsables de la levee des impots dans leur ressort Cf aUSSl Bnant 1993, 17 sq 15 Les exemples sont nombrcux : pensons it Trssaphcrnc, The 8.5.5; mars aussr it Cyrus, Xen., Hell , 2.144 etc. 16 Poml dc vue semblablc pour Le RIder 1997,165 sq
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Merne chose si I' on descend au niveau des structures locales. Dans l'inscription de Mnesirnachos 17 il est indique que Ie paiement du phoros se fera it la chiliarchie (et non au chiliarque) ce qui est bien la formulation la plus appropriee, C' est done qu' Antigone, et avant lui Alexandre, a maintenu un systeme ou, bien que distincts, les deux ordres, militaire et fiscal, concourent it la rentree reguliere de I'impot. Par la force des choses, la chili archie est ainsi devenue dans la chora un echelon necessaire de la pression fiscale IR. La perception et Ie lieu de perception sont done lies, mais avec des administrateurs distincts. II est, en revanche, difficile de tirer quelque argument de la nomination par Alexandre 19 de Koiranos pour coUecter les impots en Phenicie et de Philoxenos pour ceux d'en deca du Taurus 20. On ne peut, en effet, determiner ce que recouvrent reellement ces charges et, a fortiori, si elles reproduisent des rouages administratifs perses. Autre administrateur "economique" aupres d' Alexandre, un certain Antimenes de Rhodes 21. II est, entre autres, en charge de la gestion des taxes et du systeme d' accompagnement des routes royales. Par deux fois, le texte laisse apenser que son action sinscrit dans la continuite par rapport it l'Empire perse, mais cela nindique rien sur la gestion materielle des provinces.
2. LES ECHELONS TNFERIEURS DE COMMANDEMENT 22 "On ecrivit ... aux satrapes du Roi, aux gouverneurs des diverses provinces, aux chefs des differentes populations 23" ou encore "Cela se passait au temps de Xerxes, de ce Xerxes qui regnait de I' Tnde it I' Ethiopie sur cent vingt sept provinces 24". Si I' on prend it la lettre ces deux passages du Livre d' Esther, il faut concevoir une hierarchic it trois niveaux, dont il faut bien dire qu' it I' exception de I' Egypte 25 il est difficile d' en reperer la trace concrete, en Asie 17 Sardis, 7.1, I : it redater de la fin du rv- s L'existencc d'un reseau de chiharchies encore it cette epoque parait confirmer la mention qUIcn est fane par Xen., Cyr., 8.6.1 (cf. te., 4.7). IS I1 faut ctrc d'accord sur ce pomt avec Bnant 1982.210, rnalgre Tuphn 1987b, 132 (pomt de vue plus nuance et crrconstancie, Tuplin 1987a, 214-217, scs reserves pnncrpalcs reposent sur la date supposee tardive du document de Sardes, mats d. supra p. 42). 19 Amen, An., 3.6.4. 20 Iii; 'Ao ir«; Err\ ,&0£ lODTrrupo» EKA.EyEIV ; "de ce cote du Taurus", .. mars lequel : faut-il se placer du pomt de vue d' Alexandre, qUi est alors it I'cst du Taurus, ou du pomt de vue suppose "grec" d' Amen regardant done I' ASIC it partir de la Mer Egee') Bervc 1926, n° 793, en fait une sorte de sunntcndant des finances pour I' Asie Mmcure cistaunque, ce qui parait disproportionne par rapport it la charge de Koiranos (la Phenicie) et na aucun parallele connu. Cependant dans une direction smulaire Badian 1966, 54-56, prescnte l'bypothese que les deux personnages sont charges de lever les syntaxets sur les cites grccques (Philoxenos) et pheruciennes (Koiranos), mats Amen parle de phoiot (supra p 160) 21 Ps.-Anst., te., 2. I 352 b-1353 a (§ 34 a et 38 CUF). 22 Cf. Robert 1975, sp. 312-313; Bertrand, 1974,25-47 (bthhographie} ; Weiskopf 1982,103-106, Tuplm 1987b, 339 sq. ; Chaumont 1990,584-585 23 Esther, 3.12 24 Ibid., 1.1 Cc qUI reviendrau it estrmer it SIX Ic nombre des "hyparchies" par satrapre, le terme arameen est medinah, mats ccla reste bien entendu tout thconque 25 En Egypte Ie tctusc frtuaraka. chef d'un nome, semble pouvoir etre percu comme lequivalenr du grec hvparchos ; encore au dessous lc chef d'un district est appcle hpthpt en arameen , Henning 1968, 138-145; Bolgolyubov 1974, 109-114; Frye 1983,114 Cf. cependant les reserves de Tuplm 1987b, 124 sq. Jacobs 1994 decnt sous lc rcgne de Darius III un systcme satrapiquc it trois ctages Grofisatrapce - Hauptsatrapie Kleinsatrapie S'Il s'aglt d'une reconstruction theonque (e g Esther, 312), dont 11 n'est en aucune facon avere quelle art ete claboree de facon aUSSl explrcite par Ie pouvoir perse, pourquoi pas' 11 serait possible de trouver des traces d'un tel organigramme dans cc qUI a etc defiru plus haut par les termes de . - pouvorr kararuque - satrapie
,a
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Mineure comme ailleurs. Cela est du, pour une large part, a linadequation d'une information fournie, pour I'essentiel, par des textes litteraires et aussi a lambiguitedu terme hyparque. Herodote emploie manifestement umxpxo; pour designer des officiers qui reIevent des trois niveaux evoques ci-dessus, Tout dabord ceux que l'on appellera plus tard des satrapes : par exemple Oibares, Artaphernes, Oroites, etc. Sandokes, lui, est dit 0 a1Ia KU~T]; 1:11; AloA-iOo; u1Iapxo;: il semble que l'on doive comprendre qu'il est "en charge de l'Eolide a partir de Kyme" 26. En ce cas, il appartient a une deuxierne categoric, celie des gouverneurs de "peuples". Tl est, certes, mentionne dans un episode guerrier mais rien nindique que sa fonction d'hyparque ait ete exclusivement militaire. Le troisierne niveau apparait en 7.106, ou il est fait allusion aux "hyparques etablis en Thrace et partout dans l'Hellespont". Un peu plus loin dans la phrase, Herodote met en avant celui de Doriskos, montrant qu'il s' agit la de gouverneurs de places fortes dominant une portion de territoire. On peut sans doute rattacher a la merne categoric l'hyparque de Lemnos 27 . La presence, a plusieurs reprises, du terme hyparchos chez Thucydide prend d'autant plus de relief que cet auteur n'utilise pas le titre de satrapes auquel il prefere celui de strategos. Trois cas concernent la satrapie de Tissapherne : - Stages commande un contingent qui participe a la destruction des murailles de Teos 28 a I' ete de 412. II est en charge de la meme region, implicitement la Lydie, encore en 409: il soppose aThrasyllos dans l'arriere-pays de Colophon 29. - Arsakes, au debut du mandat de Tissaphcrne, massacre les Deliens etablis a Adramyttion, installe une garnison et impose de lourdes charges aux gens d' Antandros : il tient done la partie septentrionale de la satrapie 30. - La carriere de Tamas est la mieux connue et le "cursus" de cet Egyptien de Memphis ne presente aucune anomalie 3] lorsqu' on met bout about les informations fournies par les differents auteurs. II est hyparque de Tissapherne et/ou d' Ionie 32, puis se rallie a Cyrus qu'il aide, grace a ses vaisscaux, a assieger Milet 33. Tl commande la flotte barb are de - hyparchre. Ce systcme trouve en Anatohe un cerrain nombre d' antecedents (Cyrus, Trssapherne. etc) fI me semble en revanche que son applicauon quasi mecanistc rend mal compte de la spcctficite des cas regionaux et de sa capacite d' adapianon. 26 Hdt 7.194; ceue traduction parait rendrc rrucux compte du texte et de la reautc que ce11e de Legrand, "le gouverneur de Kyme en Eohde" Selon Cook 19R3, 176, lhyparque de Kyme seran it mettre en relation, en 4RO, avec la flotte dcsunee it envahir la Grcce 27 Hdt.5.27. 2R The 8.16.3: LTaYll;D1tCXPXO; Tioouqxpvou; "9 Xcn , Hell., 1.2.5 . LTaYll; .. b ntpCJll; 1tEPl 1(;(1H" elX XWpl" illv, traduction assez hbre de Hatzfeld "Le Persc Stages de qui dependait la region" FauHI donner it chorion Ie sens (frequent chez Xcnophon) de place forte, ou plurot rapporter tauta ta ch/ma aux komai de la phrase precedentc oii Xenophon mdiquc que les operations se deroulent en Lydre? Observons que dans de nombreux cas attestcs lc chorion ne saurart ctre 1sole de la chora ou II est place, par consequent II scrau errone dattnbuer it Stages une Ioncuon purement rmhtairc, cf Debord 1994, 59. Sur lc sens de ('h6Y/o/1, en paruculier dans lcs stoles des Hcrmocopides, Pnchett 1956, 26R sq , (jUI traduit par "land", "landed property" Chaumont 1990,53 sq. attnbue it Stages unc charge comprenant une part de la Lydre, une part de lIonie II me semble que le partage avec Tamas dort plutot se conccvoir amsi la cote et Ics affarrcs mantimes it ce derrucr, la terre it I' autre 10 Thc 8.IORA-5. 31 Contra, Weiskopf 1982,13 12 The 8.31 2 (hyparque d'Ioruc) , 87 J et3 (hyparque de Tissapherne) Xen ,A/1. 142
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celui-ci dans la premiere partie de son anabase 34. Diodore 35 indique que des parents du rebelle se voient attribuer la charge de la Lydie et de la Phrygie, alors que Tamas recoit l'Ionie, 1'Eolide et les territoires associes. Plus tard, apres la mort de Cyrus, et alors qu'il a etc le plus puissant des satrapes de ce dernier, et conscient qu'il ne pourra pas se reconcilier avec Tissapherne, il s'enfuit en Egypte avec sa flotte aupres de Psarnmetique qui le fait assassiner 36. Autre fait a noter, la liaison, encore une fois attestee, entre le commandement de la flotte et la charge de I'Tonie 37. Ce qui vient d' etre dit a propos de Tamas laisse penser que Cyrus avait etabli (au conserve) des hyparques dans son immense gouvernement. Malheureusement, les textes mentionnant explicitement des hyparques dans l' entourage de Cyrus sont peu explicites 38. En tout cas, lorsquil se declara ouvertement comme pretendant au trone achernenide, il abandonna, dans le me me temps, Ie titre de satrape et morcela a nouveau son ancienne province, trop vaste pour un seul gouverneur. L'analyse de ces trois eas montre que nous sommes en presence d'un systerne hierarchique. Les hyparques sont subordonnes au satrape: ils sont charges d'une circonscription geographique 39. En revanche, il n'cst pas assure que la satrapie etait decoupec de facon immuable en un certain nombre de "departements", 11 est possible que certaines missions regionales, ou locales, aient ete confiees ad hoc a la discretion du satrape et en fonction des circonstances. Par ailleurs Tissapherne n' est nullement I'initiateur du systerne dans sa vaste satrapie. Outre Sandokes mentionne plus haut, telle parait etre egalement la position, sinon le titre - qui n'est pas indique -, d'Itamenes lorsqu'il intervient aColophon au nom de Pissouthnes en 430 4 Pour la suite, nous possedons deux indications presque contemporaines. Nous connaissons depuis peu un hyparque de Lydie du nom de Droaphernes. L'inscription est une copie romaine d'un original date de la trente neuvieme annee du regne d' Artaxerxes, soit l'annee 366/365 4 1 si ron pense avec I'editeur L. Robert 42 qu'il sagit d' Artaxerxes II. Ce me me auteur suggere que ron a ecrit hyparque a la place de satrape, or a ce moment le satrape est connu : il s' agit d' Autophradates 43. Le cas de Stages evoque plus haut dernontre
°.
Dlod.14.195;cf.Xen.,An., 1221 ,4.2. Diod 14 196 ernploic Ic tcrme eptmeletes, "en charge de", auquel on ne donncra par consequent pas de sens trap precis 36 DlOd 1435.3-5. n On ne comprend pas letonnement que LeWIS 1977,93, n. 48, mamfcstc it propos de ce cumul, peutetre parce qu'rl entre mal dans son hypothese du rcfus de l'cxrstcncc d'une entue d'Iome ayant quelquc autonorme. lR Xcn , An, I 220: Cyrus Ian executer it Tyane hEpbY rrvu 1:WY urrapxcov ouvaoTllv, suspecte de comploter avec un scnbe royal contre Ic prctcndant au tronc Cf aussi Anaios, Xen , An., 1.8.5. II semble qu' I! faille comprendrc lit "commandant en second" (supra p. 24) 39 Telles sont aUSSl les conclusions dc Wcikopf 1982, 106 40 The, 334 I. II n'cst pas du tout certain que lTtamenes qUI sc porte avec son propre contmgent au sccours dAsidates (Xen, An, 8815) sort Ie mcmc pcrsonnagc. 51 tel etan Ie cas, I! laudrau admcttrc qu'rl avait change de distnct aprcs l' amvcc de Trssapherne et aurait eu une bien longue carriere. 41 Robert 1975,310, mdique qu'rl pcnsc it 365 "2 Robert 1975.306-330 Cf. Hanfmann ed. 1983,256. 43 On a bien note plus haut les imprecisions de la carriere de ce satrape (supra p. 130) avant 380 et apres 361/360, mars entre les deux, II est assurernent en foncuon. Notons en passant que le regne d' Artaxerxes I'"~ (hypothese ccanee par Robert 1975, 310) ne convicnt pas rrucux puisqu' it la date requise, Ie satrape de Sardes eiau Pissouthncs (supra p 119) l4
3S
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quil pouvait y avoir un hyparque en charge de la Lydie. Pour sa part P. Briant 44 pencherait plutot pour la datation haute, c'est-a-dire le regne d' Artaxerxes ler et done 426 sous le satrap at de Pissouthnes, En ayant conscience qu' aucun des arguments presentes ne peut etre considere comme decisif, no us prefererions la date basse qui nous parait plus vraisemblable : la peri ode est plus prolixe dans la definition des rouages administratifs. En tout cas, si cest cette date qui devait etre conservee, il nous parait douteux qu'un document du milieu du lye S. ait employe les deux termes d'hyparque et de satrape I'un pour I'autre, On se rappellera tous les documents dates conjointement par l'indication de lannee du regne du Roi et la mention du satrape 45. La position de Tigrane 46, probable hyparque d'Ionie, est apparemment plus simple. La date de 366 est fournie par l'intervention des Atheniens a Samos ; de meme, Ie ressort se deduit du contexte. Le veritable probleme est de savoir au nom de qui agit Tigrane. S. Hornblower 47 developpe l'idee que l'installation de la garnison sest faite a I'instigation de Mausole. Son principal argument est d' ordre monetaire 48, avec la presence de monnaies de Mausole dans un tresor trouve dans l'Ile de Samos 49. Mais ce fait, a lui seul, ne saurait etre un argument decisif : le tresor contient aussi des monnaies d'ldrieus et S. Hornblower est contraint de souligner que, dans son hypothese, les monnaies des deux satrapes ne seraient pas entrees dans la meme perspective sur rile. S'il s'agit bien d'un tresor, cela ne prejuge nullement du moment de l' arrivee sur l'Ile des monnaies de Mausole, qui ont pu circuler, ou etre thesaurisees, au del a de son mandat. II convient done de poser Ie problerne autrement. Avec des formulations diverses (parce que les informations sont de nature differente), nous savons que Mausole est present aMilet, Erythrees, Chios, Latmos ; mieux merne, il nous parait etre I'instigateur de la restauration de la ligue ionienne au Panionion 50. Dans ces conditions, il faut pousser Ie raisonnernent jusquau bout et se demander si Tigrane n' est pas un hyparque de Mausole pour l'Ionie, comme Kondalos l' etait pour la Lycie 51. On restera neanmoins prudent 52. En effet, si peu de choses du detail des evenernents des annees 360 nous sont connues que des changements ont pu se produire sans que l'information nous soit parvenue, y compris la reprise en main de tout ou partie de la region a partir de Sardes. Comment interpreter, par exemple, le fait que les monnaies milesiennes de Mausole paraissent dater seulement de la premiere partie de son gouvernement 53? En tout cas, si Tigrane est un subordonne de Mausole, cela signifierait qu'un Perse peut etre place sous les ordres d'un satrape autochtone.
Bnant 1996, 1026 Dans ce memc scns, Pent 1988, 312, n. 15 ; Weiskopf 1982, 98-107 , Hamson 1982a, 246-248. 46 Dernosthene, Rhodiens, 9, Ie quahfic d'hyparque du ROI ; II sagu peur-etre du gendre de Strouthas ; cf infra p. 259 et n 204; p. 291. 47 Hornblower 1982, 187 , 198 48 Hornblower 1982,109, n 19 44
45
49
IGCH 1213.
so Infra p. 177. 51 Ps.-Anst., Ee., 2.1348 a (§ 14a, CUF). 52 Hornblower, CAH, YF, 88, ecarte cette hypothese paree que Demosthene, toujours prompt a denoncer les manccuvrcs de Mauso1e, nmdique nen de tel. C'cst un argument de poids, sans doute pas decisif a lui scul 51 Infra p 388
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La situation des autres satrapies amene a conclure que Ie pouvoir des dynastes locaux peut etre assimile a la fonction d'un hyparque, lui conferant la duree a mains que Ie satrape n' en decide autrement. De telles missions peuvent etre confiees a des non- Iraniens et en particulier ades Grecs. Dans la satrapie de Daskyleion deux cas meritent notre attention. Xenophon 54 nous relate, avec un certain luxe de details, l'histoire de la famille de Zenis, II indique que cette partie de I'Eolide etait a Pharnabaze et que Ie "comrnandement satrapal" etait exerce par Zenis de Dardanos, done un dynaste grec (au greco-barbare"), A la mort de ce dernier, Ie satrape se prepare a designer quelqu'un dautre mais Mania, sa veuve, Ie persuade de lui confier la "charge satrapale" 55. Le role et Ie comportement de Zenis et de Mania sont Merits de facon precise et tres vivante par Xenophon que I' on peut citer la in extenso 56 : "Man mari qui t' etait devoue a tous les autres egards, te versait Ie montant des impots (phoroi) 57 de maniere a etre honore de tes eloges. Eh bien si tu trouves en moi-rneme un aussi bon subordonne qu' en lui, quelle nccessite pour toi d' etablir un autre gouverneur (satrapesyt et, si je ne fais pas ton affaire, tu seras toujours libre de me destituer et de donner mes fonctions tarche) a un autre. Ces paroles deciderent Pharnabaze a donner a cette femme Ie gouvernement (satrapeuein). Une fois qu'elle eut Ie pays sous ses ordres, on vit qu' elle ne versait pas moins les impots que son mari ; en outre quand elle arrivait chez Pharnabaze, elle lui apportait toujours des presents 58, et quand cetait lui qui descendait dans Ie pays, elk savait beaucoup mieux que les autres gouverneurs (hyparchoi) lui organiser une reception magnifique et agreable ; non contente de maintenir au pouvoir de Pharnabaze les villes qui lui avaient ete remises, elk y adjoignit des villes non-sujettes de la cote, ... dont ses mercenaires 59 grecs prirent d'assaut les murailles, tandis quelle-meme assistait aux operations de sa voiture de voyage '" Elle participait aussi aux expeditions de Pharnabaze 60... qui I' appelait parfois pour la consulter 61." Midias, le gendre de Mania, l'assassine et se saisit du gouvernement puis il demande
a Pharnabaze de I' agreer comme hyparque. La rcponse du satrape illustre bien Ie type des rapports hierarchiques etablis a linterieur de l'Empire et leur mode de fonctionnement: il peut tout garder jusqu' a ce que Pharnabaze vienne Ie lui reprcndre. A I'epoque d' Ariobarzane, Philiskos d' Abydos parait remplir des fonctions similaircs. II est decrit comme Ie "plus important des hyparques" du satrape 62. II exerce son Xcn , Hell., 3.1.10-15 ; d. infra p. 240 sq. Il n'y a pas heu de gloscr sur 1c titre de "satrape" qUI apparait plusieurs fois dans le recit, dans la mesure ou la fonction de Zerus pUIS de Mama est a I'cvidcnce cellc dun hyparque, cc que dit cxphcitemcnt 1c § 12 So xs», Hell .. 3 I 11-13 Trad. Hatzl'eld lcgeremcm modifiee 57 Cf. plus loin Ie tcxtc de I' Economtque. SR En un systerne de don-contre don, qUI don etre pns en compte parallelcrnent aux echanges cconorrnques. On atlnbuc avec quelque vraisemblancc un monnayage it Mama, e g SHG Tubtngen 2576 (PI. III, 19) avers I' hyparquc a cheval a gauche , revers coq a gauche. S9 Elle leve done scs propres forces nuhtaires (cf une VISIOn tres diffcrcnte infra dans l' Econonuquei 60 En unc sorte de "service dost". 61 Existe-t-il un "conscil" du satrape? 62 Dernosthcne, C Aristocr , 142 cf Xen , Hell, 7 1.27 ; Diod 1570.2, infra p 288 S4
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mandat en Troade et Dernosthene precise qu'il controle tout l'Hellespont et appointe une garnison a Perinthe. En Lycie 63 et en Carie 64, la situation ne parait pas etre tres differente. Comme nous l' avons deja indique, la relation des satrapes avec ces regions a sans doute assez considerablement varie selon les epoques. Le gouvernement de Tissapherne se manifeste de facon plus concrete et, par consequent, Ie controle exerce sur les autorites locales a dfl etre plus etroit. La dynastie des Hekatomnides en Carie, Ie Ka]s? lika genos en Lycie correspondent bien a cette definition de dynastes locaux reconnus par Ie pouvoir satrapique, avec une succession hereditaire (marquee apparemment par quelques "accidents", au moins en Lycie, mais nos sources ne permettent pas d'en dire plus). La succession de Tissapherne amene Ie pouvoir central a operer des choix differents, La Carie forme desorrnais une entite de "premier rang", assirnilee done a une satrapie, alors que Ie controle sur la Lycie tend a saccentuer avec la presence d'officiers perses (Arternbares sfirement, peut-etre Mithrapates) en charge de districts regionaux SOllS I' autorite d' Autophradates. A noter, aussi, la presence de Payawa (un Pamphylien?) a Xanthos. L'ultirne etape est la mainmise de la Carie sur la Lycie. Mausole y installe un "hyparque", Kondalos, dont rune des attributions primordiales est la perception des phoroi 65. Pixodaros semble pour sa part avoir partage la Lycie en deux unites qui sont confiees a des archontes grecs 66. Tout naturellement l'information que nous avons sur l'Est de I' Anatolie est nettement plus maigre. Nous savons que Datames au debut de sa carriere etait en charge de "la partie de la Cilicie qui jouxte la Cappadoce" et qu'il avait succede dans cet emploi a son pere Camisares 67. Comme nous l'avons vu plus haut, cela implique que la Cappadoce etait, elle aussi, subdivisee en "departements". La Cataonic, ou Aspis se comporte comme un dynaste quasi independant (ce qui ne signifie pas qu'il etait nominalement detache de l'Empire), pourrait etre l'un de ees sous-ensembles 68. II n'y a done pas de raison de douter qu'jl sagissc d'une strueture assez repandue, au moins dans les satrapies les plus vastes dont les titulaires etaient des personnages importants que Ie Roi appelait sou vent de facon simultanee a d' autres taches: par exemple des expeditions militaires dont la preparation pouvair etre tres longue. On sait que la question de l' existence de gouverneurs subalternes se pose aussi pour I' Arrnenie. La mention d'varchontes'' dans la Trilingue de Xanthos face a I'epirnelete de Xanthos dont on a compris la charge comme etant celie d'un commandant de la garnison 69 interpretation incertaine rnais qui repose sur des bases assez solides puisque la ville est consideree comme une forteresse par la version aramecnne du texte 70 - doit etre rapprochee d'un passage bien connu de I' Economique de Xenophon 71 : "Et lcs fonctionnaires preposcs aux deux offices [archontes et phrourarques] ne sont pas les memes: les uns commandent 6, Supra p 147, Infra p 313. 64
6S 66 67
65 69 70
71
Supra p 137 Supra p 49 Infra p. 405. Supra p 109. Comclius Nepos, IJat, 4.1. Hornblower 1982, 147 Tuplin 1987b, 189 Xen , lie, 4 8.9 et 11 , cf supra
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aux habitants, aux cultivateurs et prelevent sur eux des tributs, les autres commandent aux troupes et aux garnisons ... Partout ou il y a un satrape c'est lui qui a la haute main sur les deux dornaines, civil et militaire", Ce qui precede montre qu' un tel tableau etait sans doute inexact par son caractcre bien trop systematique. L'exernple de Mania tcmoigne bien qu'un "sous-satrape" peut avoir aussi des activites militaires 72 et merne, dans ce cadre, une assez large autonomie daction. II est en revanche probable que dans les zones de forte presence perse les deux domaines etaient clairement differencies. Inversement 1. M. Cook 73 note que la mention des hyparques de Cyrus et de Tissapherne est toujours liee a des operations militaires, mais on fera valoir que c'est ce seul point de vue qui interesse Thucydide et Xenophon (dans les Helleniques et l' Anabase) et non I' administration des provinces. Les preoccupations de Droaphernes sont a I'evidence d'une autre nature dans I'inscription de Sardes precitee, A I' cpoque d' Alexandre la situation ne parait pas tres differente. 1.-M. Bertrand 74 s'est efforcc de montrer que Ie relativement grand nombre des hyparques connus etaient dotes de cornmandements qui ri'uvaient pas Iorcement de definition geographiquc ; mais il est a noter que de telles subdivisions sont auestees. Deux cas paraissent indubitablcs, ceux d' Alkimachos et de Philoxcnos 75 qui ont exerce en Ionie une fonction (plutot, la conjonction de fonctions) qui doit eire comparee a celie de Tamas et probablement aussi de Strouthas. n existait encore d' autres echelons adrninistratifs a un niveau inferieur, done local, mais nous ne possedons aucune information valable pour la chora en Asie Mineure. Par consequent, il est impossible de dire si ces fonctions etaicnt remplies par des Perses, ou en tout cas des non-autochtones. Ainsi, on ne sait quel etait le titre de Rhatanes 76, qui defend Gordion au moment de l'expedition d'Agesilas : hyparque pour la Phrygie interieure, phrourarque, gouverneur local 77? Nous ne savons rien pour cette meme region des komarques 7R - qui devaient necessairement exister -, etaient-ils designes par les populations locales, ou du moins parmi elles ou bien s' agissait-il de Ionctionnaires surimposes? Les elements de comparaison pour Ie reste de I'Ernpire ne permettent guere de conclure 79. De ce qui precede, il res sort que chaque satrapie, chaque region, a sa specificite, Selon les circonstances, au les hommes au pouvoir, peuvent cohabiter ou se succcder 72 Cf. lmdicauon Iounue pour Kondalos par le Ps -Anst., Ee, 2 134R a (§ 14 c) A noter que la traducuon de Wartelle . "L'un de ,Ie.1 soldats" forcc un peu les choses. Kondalos nest pcut-etrc charge que de I'cntrcuen des soldats dont "les chefs" pourrarent relever d'une autre structure hierarchique Cela est dautant plus plausible si lon suppose que l' episode se passe it Xanthos ou il y a probablement une akra. 71 Coo],. 1983. 176 74 Bertrand 1974, 30-31, fait reference it Amen, An , 3.16.4 (oii Mazaios est dit aa1prnrl1S Ba~uAffivoS) et le compare it 4 18.13 (ou la forrnulauon est 0 Ba~uAwvlOS urrapxos). En observant le flottemcnt assez systematique de cet auteur entre satrape et hyparquc, il me parait assez assure que Mazaios ctan satrape de Babyloruc 75 Supra p 159-160 76 Sur Rhatanes, cf Hell Ox, 16.6. Sekunda 19R8a, 181 propose de I'rdcnnficr au Rhatincs qUI commando la eavalene de Pharnabaze (Xen , An , 6.5.7 ; Hell., 3 4.13) Nos sources n' indrquent pas s' il etart dote d' une dorea comparable iJ cclle de Spuhndatcs De mcmc J! est Impossible de connaitre Ie statut d'Itamenes, menuonne dans lepisode d' Asidates evoque plus haut 7k Des mentions de komarques dans des mscnptions medites de Cane mars au plus tCit iJ lepoque hcllcmsuque. 79 Tuphn 1987b
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plusieurs types d' administrateurs de districts. Nous rencontrons bien sur des Perses ou assimiles (Stages, Arsakes, Artembares, Tigrane, Droaphernes...), mais aussi d' autres etrangers, y compris des Grecs (Tamas, Payawa, Philiskos et deja Themistocle), voire des autochtones fidelises (Zenis et Mania, le Ka{s? jika genos, Hyssaldomos) surimposes aux rouages poiitiques existants. Ces criteres ethniques n' autorisent nullement a etablir des categories distinctes que ce soit en fonction du statut ou du type d' attributions. S'il fallait marquer des nuances, je les verrais, une fois encore, davantage dans la duree. L' evolution de la satrapie et la taille de certaines d' entre elles amenent I' autorite a deleguer des taches regionales dans une perspective plus "fonctionnariste".
3. LES RAPPORTS AVEC LES ENTITES PREEXISTANTES : LES
KOINA
Nous venons de montrer que le gouvernement perse s'est accornmode de la presence de pouvoirs locaux qui existaient anterieurement a la conquete et qu'il s'est efforce de les fideliser, La solution la plus commode consistait a traiter avec les entites constituees a I' echelon des peuples. L' ethnos-dahyu etait l' unite de mesure de I'Empire perse. En consequence, nous pouvons penser que ce sous-ensemble n' a pas seulement une fonction fiscale mais aussi politique. H. Gallet de Santerre 80 a autrefois soutenu l'hypothese qu' Alexandre avait revivifie des koina, sous-entendant que les Perses avaient pour leur part mis a mal ces entites, Il est bien plus probable que, dans ce domaine comme dans tant d' autres, Alexandre a simplement poursuivi la poiitique de ses predecesseurs. Examinons successivement les divers cas susceptibles d' etre allegues.
3.1. La ligue des Ioniens 81 "Artaphernes ... fit venir les deputes des cites, et il obligea les Ioniens a conclure entre eux des conventions (G'tlV8TjKa:;) pour regler leur differends par la voie judiciaire (oCJ)G101Kot E1Ev) et non par enlevements et rapines reciproques" 82. Dans quel autre cadre cela peut-il se comprendre sinon dans celui de I' ethnos et de ses rouages? On doit done s'interroger sur le role des Perses dans l'evolution des institutions des loniens, et par Iii sur la situation au moment de la conquete par Cyrus. Herodote 83 rapporte qu'au moment de la campagne d'Harpage, Bias de Priene, au cours d'une reunion tenue au Panionion 84, propose que les Ioniens ernigrent en Sardaigne pour fonder une cite panionienne, et it cette occasion rappelle l' opinion exprimee par Thales de Milet avant la conquete. Pour ce dernier, il convenait que les Ioniens se dotassent d'un conseil (bouleuterioni unique dont Ie siege serait a Teos, au centre de l'Ionie, les autres cites devenant des demes de la nouvelle communaute 85. Tout cela parait indiquer, qu'au moins a so Gallet de Santerre 1947-1948, 305 sq Infra p. 475. 81 Caspan 1915, 173 sq., Roebuck, 1955, Cas sola 1958, 153 sq , Fogazza 1973,157-169; Boffo 1983, 19 sq Sur la pcnodc des ongmes, cf infra p 268. 82 Hdt. 6.42 Trad Legrand, CUF. 83 Hdt. 1.170. S4 Hommel III Kleiner et al. 1967, 91-94 85 Selon Roebuck 1955, 29, cc choix aurart imphque de transformer lcs probouloi du Pamoruon en un conseil permanent.
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la fin de l'epoque de la domination lydienne, la ligue avait commence it fonctionner comme un veritable organe politi que et, en ce sens, les Perses auraient seulement rendu plus systematique un element preexistant. On alleguera aussi Herodote 1.141 : apres la defaite de Cresus les loniens et les Eoliens envoient une ambassade it Cyrus pour tenter de traiter aux memes conditions qu'avec les Lydiens. Apres le refus du Perse, une reunion a lieu au Panionion et I' on decide (it I' exception de Milet) de se defcndre. Plus tard, it l' epoque de la revolte de l'lonie 86, les choix des navarques est effectue au Panionion. II ri'y a pas beaucoup de traces de l'activite au ye s. Nous apprenons incidemment par Thucydide 87 que les loniens organisent des fetes religieuses it Ephese. Diodore, pour sa part, indique que neuf cites (douze selon Herodote) tiennent les Panionia pres d'Ephese it la suite de "guerres" 88 qui avaient devaste Ia region du Mykale. Au debut du rye s., le satrape d'Ionie, Strouthas, s' appuie sur les Ioniens pour trancher un conflit territorial 89 ; on doit en deduire qu'il etait en situation de controler cette instance. Le passage precite de Diodore nous renseigne sur une demarche des Ioniens visant au renouvellement des traditions. lis consultent I' oracle de Delphes qui leur indique qu'ils doivent trouver Ies traces ecrites de leurs origines it Helike en Achaie. Les gens d'Helike veulent d'abord ernpecher les Ioniens de sacrifier au temple de Poseidon, puis ils comrnettent un sacrilege sur I'offrande et merne la personne des delegues, Diodore nen dit pas plus dans la mesure OU il insiste sur les malheurs qui frappent l'Achaie et ne s'interesse pas it l'aspect "ionien" de I'affaire. Strabon 90 nous foumit quelques informations complemcntaires, tout d' abord quant it la date du seisrne provoque en represailles par I'Ebranleur du sol (373) et aussi l'indication que J'ambassade avait eu lieu I' annee precedente. II souligne les liens affirmes entre Pricne et Helike. Ainsi les pieces du puzzle paraissent se mettre en place 91. Priene joue un role de premier plan dans la demarche de renouvellement du culte et plus tard dans I' ordonnancement des ceremonies, ce qui implique que I' objectif ctait de rappeler les principes originels avec comme corollaire Ie retour au Panionon. Les reunions echappent ainsi it la tutelle d'Ephese, adversaire de toujours des Hekatomnides, et dans le meme temps Mausole entreprend le (rejamenagement du site de Priene, point strategique primordial pour qui veut tenir la peninsule du Mykale. Selon G. Fogazza 92 cest au debut du ryes. seulement que la ligue aurait ete reconstituee au Panonion et elle aurait ensuite ete "reactivee" selon un scenario identique sous Alexandre ou I'un des Diadoques 93. Pour cet auteur la ligue ionienne est synonyme de recherche de la liberte grecque mais les quelques cas precites (en particulier l' episode associe au nom de Strouthas, omis par Fogazza) montrent bien que le fonctionnement normal de la ligue se situe it linterieur du cadre institutionnel de l'Empirc perse. Hdt 67. The 3.104 par reference a des cvcncmcnts dehcns de 426/425 88 Died. 15.49. On ne salt cc que recouvre ce terme vague Pour Kleiner 1967, 14, 11 sagrrait de la gucrrc entre Samos ct Milet pour Fogazza 1973, 166, de la bataillc du Mvkalc de 479 89 Tod, 113, infra p 254 n 167. 90 Str. 8.72, cf aUSSI 14.1.20. 91 Rappelons quHekatomnos et Mauso1e tenaient deja sans doute Miler ou I1s battent probablemcnt monnaie 92 Fogazza 1973, 166 93 J Priene, 490. 86
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II me semble que c'cst dans cc contexte de dispute a propos de la preeminence au sein du koinon quil convient d'interpreter le passage de Strabon 94 OU est mentionnee l'existence d'une farnillc cphesiennc qui revendique le titre de "roi des Ioniens", en arguant du fait qu' elle est issue du roi Codras. Cette fami lie a conserve divers privileges (proedrie, rnaitrise des sacrifices pour Demeter Eleusisienne), Au dela des references, toujours intercssantes, aux origines de la colonisation, Strabon parait marquer la volonte qu' ont les Ephesiens de rappeler la place preerninente quils pretendent detenir parmi les Ioniens. Une inscription du rv- s. datee par P. Hommel 95 des annces 349-333 a ete decouverte au cours des fouilles allemandes du Panionion, Son etat de conservation n'en permet pas une restitution complete mais iJ y est question des rois porteurs de sceptre (on pense bien sur a Ja scene du conseil dans l'Iliade), du roi et prytane et du roi des Ephesiens. Malgre P. Carlier 96, on suivra A. Momigliano Iorsqu'il met en parallele lexistence d'un roi du koinon des Cariens (infra), sans toutefois que cela irnplique la copie d'un systerne par I' autre.
3,2. Le koinon des Eoliens Son existence ancienne parait devoir etre deduite de deux passages d'Herodote 97. Dans le premier les Eoliens sont associes aux Ioniens pour la demarche effectuee aupres de Cyrus apres la prise de Sardes 98 . On rapprochera un dec ret pris par les loniens et les Eoliens dans le courant du IV" S. 99 Faut-il penser a une union organique ou a une demarche commune de circonstance'? Le second extrait, qui voit Smyrne etre acquise par la ruse a l'Ionie montre que les interets des deux communautes pouvaient n'etre pas idcntiques. Vers 480, il Y a un hyparque pour I'Eolide ]00, l'existence de ce koinon est attestee par des monnaies a I'epoquc hellenistique (entre 300 et 280'?) Ill!. Hcrodote nomme en premier Kyrne parmi les douze (puis onze) membres mais son centre politico-religieux est plus probablement Ie celebre sanctuaire oraculaire d' Apollon a Gryneion 11)2.
3.3. Le koinon des Cariens
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Tout comme pour les Ioniens, la premiere interrogation concerne les ongines. Herodote 104 emploie simplement ol KapEC;. S'agit-il Ia d'une veritable organisation politique ou d'une reunion de circonstance pour tenter de Iaire face a I' arrivee des Pcrscs? Les Cariens 94 Str. J 4.1 3 , cf 8 7.2 Momighano 1934a , Carher 1984, 432-435, 440-442 et sp 450-455, Ragone 1996, 221 sq el n 29 95 Hommel dans Klemer et al 1967,45-63 96 Carher 1984. 'n Hdt. J.l41 cl 149 9R Les Grecs essaicnt vamernenr de se retabhr apres leur manque de luciduc dans l'atfrontcment entre Cyrus et CreSUS. 9') Cf ce qUI est peut-ctrc (rcsutunon d'Engelmann & Merkelbach) un decrct conjoint des lorucns ct des Eohens datable du lV'S : IK, l-Erythrar, 16 100 Hdt. 7.194 101 Monnaics it legende AIOAE, Head 1910, 559, infra p. 475 , ef Gallet de Santerre 1947-1948, 305 sq , Robert 1951, 92-100 102 Sur lcqucl, Ragone 1990, 9 sq liB En derruer lteu, et de facon plus dctaillec, ef Les hautes terres de Cane (it paraitrc) : 1e chapurc "Cite grecque-village canen Des usages du mot kinnon" 104 Hdt 5118.
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avaient ete soumis par Cresus 105 et on sait que Ie royaume Iydien fonctionnait deja en un systerne ou les peuples jouaient un role important. Autre question, la ligue carienne a-t-elle eu pour modele Ie koinon des loniens? Tel est Ie point de vue de A. Momigliano 106. La refutation de D. Magie 107 et S. Hornblower lOR repose sur Ie fait que les deux entites ne peuvent pas etre de meme nature puisque dans un cas nous sommes en presence d'un groupe de cites ct dans l'autre de villages (k6mai). L'information sur Ie koinon des Caricns sest enrichie recemrnent avec la publication de deux inscriptions trouvees a Sekkoy 109 sur un site antique, etape sur la route qui mene de Keramos a Mylasa. II sagit de deux listes denvoyes de communautes cariennes, redigees vraisernblablement pour la me me affaire ou en tout cas a tres peu de temps dintervalle. En effet, lorsque Ics parties conservees se recoupent, les envoyes sont les memes avec quelques variantes d' orthographe ou erreurs du lapicide. Bien que cela ne soit pas explicitement indique 110, on ne voit pas dans quel autre cadre que Ie koinon des Cariens ces gens pourraient etre reunis. L'affaire elle-rneme est obscure parce que le debut de l'inscription manque pour l'une, et est peu lisible pour I'autre. On devine seulement qu'il est question dans la premiere d'une attribution de terres que l'on delimite. II y est fait mention des gens de Kindyc, de Zeus Osogollis et des Mylasiens, Tout cela, mieux explicite, serait evidernmcnt interessant, A la ligne sept la formule [or napncHXv nClf,£COV ouvrant la liste des envoyes est tout a fait notable. Mausole considere donc chacune des entites representees comme une polis. Soulignons que ce n'est pas une facilite de langage mais bien un concept institutionnel qui est exprirnc la, II serait certes tentant d' opposer deux systernes ideologiques antagonistes en suspectant la chancellerie de Mausole demployer un vocabulaire inadequat pour faire piece au rnepris affiche par les Grecs, convaincus de la "barbaric" des Cariens. Mais, chaque fois qu' on peut Ie verifier pour la peri ode immediatement posterieure, les communautes cariennes mentionnees la sont bien des cites. Examinons quelques cas significatifs. Pladasa est une cite sous Ie satrapat de Pixodaros III et encore en 320/319 sous Philippe III 112. La situation est sernbl able pour Koranza II] et encore pour Ouranion 114, rnerne si dans ce cas I'hiatus est un peu plus important (inscriptions du Ill" s.). Rernarquons done, une fois encore, combien il est trap simpliste dopposcr cite grecque et "ville" autochtone. Les trois cntites precitecs envoient des representants dont tous les noms sont cariens : or deux se situent sur la cote (Pladasa, Ouranion), I' autre plus a I'interieur (Koranza). Par ailleurs, dans la liste de Sekkoy figurent egalcment de vieilles cites grecques comme Halicarnasse et Iasos, Prenons d' abord lc cas d' Halicarnassc, Celle-ci, ville portuaire, est indubitablement une cite grecque ; pour Strabon (14.2.16), ses colons venaient entre autres de Trczcne, II n'est pas besoin de rappeler quellc est la patrie d'Herodote qui,
ana
10' 106
107 lOS
109 110 III
112 111 114
Hdt 128 Momighano 1934,429 sq spccialement p 431 MagIC 1950, 1031 et n 76 Hornblower 1982, 55 sq En parucuher la n 33 de 1'1 P 56. Blumcl 1990. 29-42 A moms dadmettrc I 7 une rcsutunon du type Kup]01 ITUP~0UV a.ITO ITOAf(J)V Labraunda, 42 Vannhoglu et al 1990, 61 IK. 22 l-Stratorukeia. 501-503. Lc n" 503 emploie explicncmcnt lc tcrrne de {JOlts. Vannlioglu et al 1992, 165
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de son cote, affirme : "La population sur laquelle (Artcmise) regnait ... etait, je le declare, toute dorienne ; celle d'Halicarnasse, originaire de Trezene" ]15. On sait aussi qu'Halicarnasse est co-fondatrice de I'Hellenion de Naucratis 116. En fonction de l'origine affirrnee des colons, il est normal que le dialectc utilise ii Halicarnassc vers le milieu du ye s, soit I'ionien, comme le prouvent deux inscriptions bien connues 117. En revanche ces inscriptions montrent que I' onomastiquc est tres composite, aussi bien a Halicarnasse merne que dans les villages des alentours. Notons par exemple deux occurrences du nom perse Megabates (une fois associe a un patronyme carien, l'autre fois comme patronyme d'un personnage au nom grec). Les noms cariens nappartiennent pas seulement aux gens modestes ou supposes tels (biens ou personnes gages du n° 46) mais aussi aux principaux magistrats de la cite (mnemones du n° 45). Ce meme melange onomastique (Herakleides, Dernetrios, Pylades mais aussi Kondmalos, Pyrkeas, Tmbrassis) caracterise encore la delegation de la cite dans I' inscription evoquee plus haut et datee du satrapat de Mausole, done du lye S. En ce qui concerne Tasos deux des noms qui nous sont parvenus sont indubitablement grecs, mais Phanes est un vieux nom anatolien 118 et Ouliades est la forme grecisee du nom caricn Oliatos qui apparait chez Herodote ]]9. En definitive une seule de ces delegations porte exclusivement des noms grecs. Malheurcusemcnt Ie nom de la cite n'est pas integralement conserve. L'editeur, W. Blumel, pense a Cnide. Nous preferons restituer Mynd]os J20. Observons, enfin, que me me a i'Interieur du pays l'acculturation hellenique commence a faire sentir ses effcts : dans plusieurs cas, Ie representant a un nom grec mais son patronyme est carien. Commc nous I'avons deja note, Ies deux listes sont incompletes. Elles se recoupent seulcment pour deux delegations (Caunos et Pladasa). Au total ce sont vingt-et-un noms de cites complets ou partiels qui nous sont transmis, trois delegations au rnoins, en l' etat des pierres, restent anonymes ]21 La cartographie des sites connus arnene quelques reflexions ou interrogations. Si nous avons bien Iii une liste de membres du koinon carien la repartition geographique est interessante. A I'exception de Caunos, dont la presence ne doit pas nous etonner tant ses liens avec les Hekatomnides apparaisscnt a la fois profonds et anciens 122, tous les autres centres se situent en Carie occidentale et centrale, en ne depassant pas le Marsyas et Ie fond du golfe Ceramique. De plus il n'y a guere dabsences notables (Alinda et surtout Mylasa, mais le cas de cette dernierc est pcut-etre lie a l' affaire qui motive la reunion et ou elle est partie prenante), lesquelles pourraient sexpliquer ponctuellement par I'etat du texte. En revanche, rien pour la vallee de I' Harpasos ou au dela vcrs I' est, mais Hdt 799 Hdl. 2.178 : 17 Svll >, 45-46 (45 = ML, 32). Ilk Mernc 51 la consonnance peut etre ressenlJe cornme grccque Parmi beaucoup d'exemples Hdt 3.4 el 11, Phanes, ongmmrc d'Hahearnassc (Gree au Canen") mercenaire au service dAmasrs pUIS de Cambyse ou encore Osborne & Byrne, 3371 (lG, 13, 427 dale de 414/3 mention dun esclave, ¢rxvr; 1;0 [y£jvo; ADOO;), 119 On observera que dans I'rnscnpuon IK, 28,I-Iasos, 1 (hstc des pcrsonncs prosenles apresun complol centre Mausolc) lcs noms eanens ne sont pas absents mats toul de me me assez nunontaires 11 est mteressant de noter que les noms Ohatos ct Ouliadcs figurenl simultancrncnt dans ee tcxte , sur 1e nom, Masson 1988, 177-179. 120 D'aprcs unc suggestion de R Dcscat, 121 La lisle mtegrart quasi ccrtainement Chalkctor on pensera it lmscnption IK. 35-Mylasa, 911 : dee ret de Chalkctor pour un citoyen de Koranza (lV'S a.C,) 122 Aussi dans Ie domame de la circulunor: monctarrc, cf Konuk 1998b, 223 115 116
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prernierernent dans cette region le statut de polis semble etre apparu un peu plus tard et en second lieu on ne sait pas quelle etait la limite orientale de la satrapie de Mausole. Autre interet des !istes de Sekkoy, elles attirent I' attention sur une serie de documents similaires provenant de Mylasa 123 et de Labraunda 124. La multiplication de listes en des endroits differents suggere plusieurs hypotheses: soit un affichage dans routes les cites concernees, mais alors il est un peu etonnant qu'il ri'y ait pas davantage d'inscriptions connues, soit que Ies !ieux de reunion du koinon aient pu varier 125, eventuellement en fonction de la nature de I'affaire evoquee, Chaque delegation est composee de presbeis UK, 34-Mylasa, 8) accornpagnes d'un kerux (Labraunda, Sekkoy). Seules les inscriptions de Sekkoy permettent de constater que toutes les communautes ne deleguent pas le meme Hombre de representants, Dans les parties conservees on peut voir que la plupart des cites envoient deux ou trois presbeis en plus du kerux. Les Ouranietai nont qu'un presbeus, les Pladasietai et les Cauniens en ont en revanche quatre. Nous ne savons rien des criteres qui president aces differences, mais comme nous le verrons plus loin, I'hypothese la plus "cconomique" est de penser qu'une hierarchic etait etablie selon l'importance des cites. Malgre l' apparition ulterieure de l' ethnos des Chrysaoriens, le koinon des Cariens ne disparait pas pour autant. Ici comme ailleurs (on pense par exemple a l' evolution institutionnelle d' Athenes a la fin du Vie s.), on ne supprime pas les institutions anciennes qui, merne videes de leur contenu politique, nen continuent pas moins a joucr un role religieux. Deux documents confirment ce point. Ces deux entites sont probablement mentionnees de facon simultanee dans une inscription de Labraunda 126 datant du IIIe s. avant notre ere, et dans une inscription de Mylasa du lie s. figure un l£P£UC; Ko:1. ~aCHA£u:; 'IOU KOlVOU 'IOU Kap[wv] 127. L'inscription est evidcmment tardive mais il ne serait pas etonnant que, des l'origine, Ie "roi" des Cariens en ait (~te en meme temps Ie pretre, que les Hekatornnides se soient arroges ou non ce titre 128. Les affaires traitees qui nous sont connues reIevent manifestement du religieux 129. Par consequent, a partir de donnees culturelles differentes, mais dans une zone OU les contacts entre cornmunautes sont etroits, le pouvoir perse a pu etre rente de trauver des interlocuteurs a une echelle suffisamment large, celie des peuples, d' ou une tendance a I'harmonisation des systernes de gouvernement regionaux, sans pour autant qu'il soit necessaire de presupposer un "modele" ionien.
In Nous disposons de deux inscnpuons IK, 34-Mylasa, 4 et 8, l'une trouvee a Mylasa, lautre copree a Tralies mars proven ant peut-erre de Mylasa. La nouvelle decouverte qui muluphe Jcs occurrences de ce type de documents nimpose plus lhyporhese de Robert 1937, 573, scion laquelle les deux mscnpuons precitees seraient deux parties de la meme stele 124 Labraunda. 67 125 Des hypotheses smulaires pour les Lycrens, Magie 1950,525 , Morctn 1962,208-209 126 Labraunda,5. 127 IK, 35-My!asa, 828, I. 12, cf. Robert 1937, 54 ct n. 2; Hornblower 1982, 55 n. 28 (cf. p 60) propose de restituer cventuellcmcnt, IK, 34-Mylasa, 10,6] KapolY ~acHA[Eu;. 128 Le fan que tel auteur grec leur attnbue 1c quahficauf de rot ncst pas une preuve deCISIVe de lexistcnce de ce titre dans lcs mstitunons cancnnes 129 Amsi dans lmscnption de Sckkoy, cornrnc dans Ie fragment de Tralles, IK, 34-Mylasa, 4
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3.4. Le koinon des Lyciens De la memc facon que pour la Carie, les auteurs grecs nous donnent une image ambigue de la Lycie en ce qui concerne \a presence de la polis 130. Certains comme Hecatee 131, le Ps-Skylax qualificnt de poleis plusieurs villes lyciennes, mais chez le second auteur au moins on sait Ies debats suscites par lc scns institutionnel qu'il conviendrait ou non daccordcr a ce terme 132. En revanche un celebre passage de Menandre 133 parle des komai lyciennes. Arrien pour sa part emploie soit le terme de polis soit celui plus vague de polisma 134. Mais tout com me les agglomerations cariennes du rv- s. les Xanthiens, et d' autres, ont eu manifestement le sentiment de constituer une polis (N 320). L'existence d'un koinon des Lyciens est cvidemrnent bien auestee a l' epoque hellenistique et au dela, en particulier par Ie texte de Strabon 135 base sur Arternidore d'Ephese, ce qui nous situe aux a\entours de 100 avant notre ere. Beaucoup de cornmentateurs admettent qu'il a ete Ionde a l'epoque des Lagides 136. II est cependant legitime de penser qu' aux temps des Achernenides, I' ethnos lycien constituait un des echelons de gouvernement de l'Empire. Selon A. H. M. Jones 137 son existence se deduit de la mention des AUKlOt Kat CiUV1£AEs 138 dans les listes attiques du tribut. T. Bryce 139 reprend l'idee d'une federation autour de Xanthos 140. La position de Keen 141 est plus ambigue mais son scepticisrne repose sur Ie postulat suivant : "A genuinly federal state in the Near East at this early stage seems highly unlikely", qui parait peu probant en lui-merne. Pour cc qui est des autres ethne, labsence d'information est uniquement un probleme de sources. Pour les Pheniciens, Diodore 142 nous apprend qu'ils tenaient leurs assemblecs communes a Tyr. Par ailleurs, I'interet manifeste pour ce type d'organisation par Alexandre 143 ne fait que conforter lidee que le Macedonien a, Iii encore, recupere une pratique perse,
4. DOMAINES CONCEDES,
DOREA!
La presence perse ne se limite pas a quelques gouverneurs ou administrateurs. Dans un certain nombre de regions, ellc parait assez dense et il faut tenter d'en preciser la nature. Keen 1998, ~3-56. Cite par Etienne de Byzanee. 112 Ps -Skylax 100 Doutes de Whitehead 1994, CO/lira Flensted-Jensen & Hansen 1996, 152 sq 131 Menandrc, Boucher, 30-32 114 Amen, An., I 244 135 Str. 143 3 et lcs monnaics, Troxell 1982 ]Jr, Sur eette hgue, cf Larsen 1956, 161-162, 166-7, 1957,5-25 (la considere comme tardrvc) , 1968, 240-263 , Moretu 1962, 179-195, qUI rcucnt l'idce qucllc a ete fondee par les Lagidcs, avec une premiere attestanon en 278/7, mars qUI cvoque, p 185-6, Ihypothese d'un systerne remontant aux VC-IV" s Jones J 937.96 m A rioter que Phasehs et Tclmcssos qUI parent separement nc font pas partie de la Lycie. !]y Bryce 1983, 31-42. 140 Cf ccpcndant les doutes de Tuplm 1987b, I I I, n 13. 141 Keen 1998, 44-45 142 Diod 16 41 I 143 Gallet de Santerre 1947-8,302-306 110 131
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Depuis les travaux de L Robert 144, on adrnet volontiers que Ja colonisation persc a joue un role important en Asic Mineure occidentale, On croit pouvoir en retrouver la trace dans I' onornastiquc, la toponyrnie, la survie des cultes iraniens, Les principales zones concernecs, ou supposees l'etre, sont la Lydie du nord-est, la Mysie pergameniennc, la region de Daskyleion, celie de Kelainai-Kolossai. Cette conception des choses a etc recemrnent remise en question par N, V Sekunda 145, qui propose comme alternative une vision "feodaliste" de Ja presence perse avec ses "dukes" et ses "knights" 146, II prend comme exemple la satrapie de Daskyleion, ou il reIeve la presence de trois families de premier plan (Pharnakides, Ariobarzanides qu'il distingue des precedents, Spithridatides) et dautres nobles parmi lesquels il range les deux cents cavaliers qui accompagnent les revirements de Spithridates et aussi les six cents cavaliers de Pharnabaze 147 qui seraient quelques un des homotimoi que N, V Sekunda reconnait dans Ies cent vingt mille cavaliers "perses" de la Cyropedie 148,
4.1. La noblesse perse Comme il arrive sou vent, les critiques de N. V Sekunda ont rendu moins assurees les constructions de ses dcvanciers sans pour autant que Ie systerne qu'il propose soit pleinement convaincant, II reieve a juste titre que si I' on inclut I' archeologie (en particulier les tombeaux) 149 les ternoignages concernant la noblesse perse sent relativement abondants et il met en avant I'exernple d' Asidates 150. Ce dernier exploite un riche domaine qui porte un pyrgos 151 dote d'une tursis 152 "elevee", grande, munie de creneaux 153. Les decouvertes de W. Radt dans la peninsule de Myndos 154 permettent de se faire une idee assez precise de ce type d'edifice assimilable a une ferme fortifiee 155. Asidates a avec lui sa famille et, apparemment, un certain nombre d'hommes. Les "esclaves" qui exploitent Ie domaine sont nombreux : du recit de Xenophon, il ressort qu'ils sont beaucoup plus de deux cents. II faut
Infra n 255-256. Sekunda 1985.7-29 . cf ausst 1991, 83-87 (pour la reaffirmauon de sa these gcncralc) , un pomt de vue comparable csl devcloppe par Baslez 1985, 29 ct 138 slj 146 Sekunda 1988a, 175-196 sp. 184 sq), 1991,83, deja Widcngren 1956, 118-119. 147 Xen., Hell, 4 1.17. 14H Xen., Cvr , 1.2.15 149 Sekunda 1985, 13-14 , cf. ausst 1988a, 188-190 150 Xcn ,An, 7 8 8-22 , voir Tuplm 1987a, 213 151 Sur lcs pyrgo! de Teos, tenus par lcs anstocratcs locaux, cf mfra Sur les tennes designam les foruficanons, Debord 1994, 53-61, specialcment 57 sq , a propos du terme tetrapyrgta qui a trop souvent scrvi de support a des hypotheses "fcodahstes" tres en honneur au debut du steele et revrvifiees par Sekunda. 152 Sur les tyrseis de la vallee du Mcandre, Xen , Hell, 3 2.14 sq. 15' Masqucray (CUF) lrddullnpo~(1X£&VlX;Exoucm par "mu me de creneaux". Le terme employe par Enee 33 3 est XfIAo; sans que la traduction proposee par Bon (CUF) sort beaucoup plus sfirc De cc fait les reserves de Robert 1983, 116 paraisscnt jusufiees, A notcr que npo,ulXXlOV est pour Hcsychrus. s v rupptc, un synonyme de n\JPYo;, EnlXl,;li;, etc . cf Debord 1994,57. 15'1 Radt 1970, cf c g. pi 4 et 7 ISS Quelques points de comparaison dans la documentation cpigraplnquc, Y'aul« de Sardis, 7.1.1 , la buns dont on lrouve mention dans lmscnptron Welles 1934, n" 18-20 (cf p. 91 et 320-321), ou un domame est vendu a I' ex-reuie Laodice ou encore Plut., Eum , 8 . "Il leur vendait les fcrmes ct les tetrapyrgta de la chora qUI ctarent plein desclaves et de bctail " Le ChOlX d'une traduction est evidernment condruonne par la concepuon generate que lon ado pte pour tout le systerne de la hicrarcluc sociale Lcs trouvailles de Radt tnvitent it dourer ljU'I1 sagisse dun systerne spccrfiquement perse cr Bnant 1982, 100-10 I 144 145
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evidemment rapprocher cela des oiketai et des laoi de I'inscription de Mnesirnachos 156. A I'interieur de la maison de maitre sont entreposees de grandes richesses, reelles ou supposees, qui suscitent la convoitise de ses voisins habituels, Il est, en effet, fort interessant de relevcr l'attitude d'Hellas, la femme de Gongylos. Autant il est evident que lon doit faire d' Asidates I'un de ces nobles perses apanages - un "knight" si l' on veut - autant la situation d'Itamenes parait plus discutable. N. V. Sekunda en fait un "duke", mais Xenophon nest guere explicite : il est seulement question de la troupe qu'Itarnenes conduit ("C~v Eamou bUva~nv). Faut-il penser qu'apres ce membre de phrase intervient une ponctuation forte, dans ce cas les autres forces qui arrivent s' ajoutent aux siennes - et Itarnenes n' est alors rien de plus qu'un autre "knight" - ou bien ce qui suit est la description de ceux qu'il amene avec lui, mais alors il s'agit de troupes royales et Itamenes doit etre percu comme un officier au service du Roi (hyparque, phrourarque?) 157. Les grands domaines devaient etre relativement importants, a la fois quantitativement et qualitativement, mais les ternoignages sont rares et peu explicites. L. Robert 158 ernet l'hypothese que Banabelos intendant d'un domaine des alentours de Laodicee-du-Lykos (en Phrygie) pourrait descendre d'une famille semitique qui gerait traditionnellement la propriete au nom de rnaitres perses. A cote de l'hyparchie percue comme un ressort administratif, subsiste une forme plus archaique de controle local ou regional. Un certain nombre de nobles perses sont apanages avec possibilite de transmission hereditaire 159. En contrepartie, ils doivent fournir des contingents, en particulier de cavalerie, a I'armee perse. Un cas exernplaire, celui de Spithridates 160 noble perse etabli en Phrygie hellespontique qui, ayant subi un affront, passe du cote des Lacedemoniens avec enfants, biens et environ deux cents cavaliers. Cet episode peut sans doute recevoir un meilleur eclairage si on rappelle que Ie satrape homonyme (un descendant?) combat au Granique avec quarante de ses syngeneis 161. Les contingents que chacun de ces nobles doit amener al' armee royale sont proportionnes au rang qu' ils ont dans la hierarchic imperiale 162. Cette organisation n' est sans doute guere differente de celle qui est connue pour la Macedoine ou la Thessalie : armees privees comprenant a la fois parents et dependants 163. Dans Ie cas de Spithridates cela suppose un tres vaste domaine dont I' essentiel devait se trouver non loin de Cyzique, sans pour autant qu'il ait controle la cite 164. Ces dispositions valent pour tous ceux qui recoivent des domaines, qu'ils les tiennent du Roi ou des satrapes. C'est Ie cas de Mentor et Memnon 165 qui doivent leur premier domaine a Artabaze 166 alors que Ie second est donne par Ie Roi 167 (ce dernier possede ou acquiert par Bnant 1982, 103 sq ; Debord 1982, 250. Cf Tuplin 1987a, 198 Il parait drfficile de confondre ee personnage avee Itarnanes qur intervrent en 428 dans les affaires de Colophon (The. 3 34 I) et qui pourrait eire un hyparque de Prssouthnes, lequel fournit des rnercenaires it la faction de scs partisans it Notion (Ihld , 3 342). ISS Robert 1976,667 it propos d'une mscnpuon pubhec par Worrle 1975,59-87. 156
IS7
ISY
xs». Cyr., 3.6.5
Xen,Hell.,34.10;cf suprap 45etmfrap 244;Tuphn 1987b, 117 161 Diod. 17.20.2 ; 21.1. 162 Cf. lmtcrprerauon que l'on peut Iaire en cc sens de Cyr, 8.6. 1(,3 Cf. e.g. Sordi 1958, 324 164 A la lecture du passage precue de Xenophon (Hell., 3.4.10), II parait bien pcu probable que, cornme Ie pcnsc Moyscy 1975, 6, Spithndates sort le maitre de Cyzique 16S Cf Kahrstedtl932a, 964 sq ; 1932b, 652 sq.; Me Coy 1989,422 sq. 16(, En Troade (Dernosthene, C Anstocr., 154; Ps.-Arist., Fe., 2.1351b) mars cf infra p 435. 167 Infra p 434 InO
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confiscation de vastes domaines, paradeisoi, villages 16R qu'il peut redistribuer). Les deux freres sont des Grecs, des Rhodiens, mais ils se comportent, et sont traites, comrne des nobles perses. Memnon amene au Granique sa propre force de cavalerie 169, comme Ie fait aussi Arsamenes 170. Apres la conquete macedonienne, lintegration des familles nobles perses parait, dans de nombreux cas, s'effectuer sans a-coup. Leurs membres sont assimiles au meilleur niveau par les cites voisines qui y trouvent interet par I' entree de vastes domaines dans leur chora. On relevera deux exemples significatifs : - Une inscription trouvee a Chios (mais provenant d'ailleurs) est un decret d'une Apollonia pour un certain Mardonios (au tout debut du IIIe s.?) proclame evergete et citoyen pour services rendus sous les tyrans et lors du synrecisme de la tetrapole, L. Robert 171 penche, apres Moretti 172, pour Apollonia du Meandre. Mais nous sommes la bien loin de la cote. Ne pourrait-on penser a cette Apollonia du Calque mentionnee par Xenophon 173? Nous n' avons pas de traces a I'epoque hellenistique parce que, sans doute, elle a, ete absorbee par Pergarne, mais sa situation generale se preterait bien a I' existence de proprietaires perses a proximite, II ne faut pas confondre cette cite avec Apollonis, fondation pergamenienne. On sait qu'au IV e s. toute la region etait entre les mains de "tyrans", P. Briant 174 souligne que c' est Ie satrape lui rneme qui est a I'origine de cette decision, peut-etre a I' occasion d'un arbitrage. - A Amyzon 175, Bagadates fils d' Ariaramnes recoit non seulement la citoyennete mais encore il devient neocore d' Artemis. V. Sekunda 176 s'interroge sur Ies origines et les connexions de cette famille. II fait observer Ia parente des noms Bagadates et Gadatas 177. Le pere de Bagadates a egalernent un nom perse bien atteste : Ariararnnes ; un descendant homonyme detient encore la neocorie sous Antiochos III 178. II n'y a pas de preuve que l'homonymie avec Ie satrape de Cappadoce indique un quelconque lien familial. II est en revanche particulierement interessant de noter la dedicace erigee a Labraunda en facade de I'un des principaux monuments du sanctuaire pour un Ariaramnes fils de Mausole 179. La encore il n'est pas etabli (bien qu'il ne faille pas exclure cette hypothese) que ce personnage soit Ie fils du satrape ni qu' existe une quelconque correlation avec la famille d' Amyzon. II 168 Des exemples de paradis royaux : Amen, An., 6.29.4 , Dtod. 16.41.5, Qumte Curee 7.2.22; des villages royaux 1. Priene, 1 (= Tod, 185) 1. 9 sq. xwpuy YIVWcrKW E~T1v £IvaI lOUS OE KU101KODVtuS Ev culS KW~aIS tUlnaIS <j1Ep£1V WUS <j10pOUS. Les laot de ees villages doivent done 1e phoros it Alexandre, eomme ils versaient it ses predeccsscurs (cf. Debord 1977, 51). Cf. encore la recuperation au nom du ROI par Trthraustes dune somme de 220 talents (Hell Ox, 143) sur l' ousia de Tissapherne. 169 Drod, 17.194' WUS {oiouS bmflS (it comparer avec Itarnenes, CI des sus p 184). 170 Weiskopf 1982, ernct des doutes sur l'rnterprctauon tradruonnelle sclon laquelle Arsamenes est it ce moment satrape de Cihcie (Arsarnes pour Qumte-Curce 3.4.3 ; Amen, An., 2.4 5). II ri'y a peut-etre pas de raison d' etre aussi cnnq ue. 171 Robert 1987,344-349 172 Moretti 1979, 295-300. 171 174 175
176 177 178
179
xe», An., 7.8.15.
Bnant 1985a, 169-171. Robert & Robert 1983, 97,115-118; Bnant 1985a, 167-195. Sekunda 1991, 93-96. ML, 12 : Gadatas, quelque sou son statut (supra p. 118), est en foncuon it Magnesie du Meandrc. Robert & Robert 1983. Labraunda, 28 et Ie commcntarre de Crampa.
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s' agit cependant a coup sur de quelqu' un d' important, produit probable (a cette generation ou anterieurement) d' une union matrimoniale entre families aristoeratiques pcrses et autoehtones.
4.2. Dynastes autochtones L'une des particularites qui pourrait etre mise en exergue est que, dans nombre de cas, ces derniers detiennent leurs biens en tant que possessions patrimoniales ; mais eette difference tend a s'estornper lorsque Ie temps passe et certaines familles perses font souche Iocalcment (sans parler de la possibilite dalliances matrimoniales). II est cependant evident que la confirmation du bien, son eventuelle evolution (augmentation ou amputation), est fonction de la fidelite affichee envers I' autorite centrale. II y a aussi un probleme de sources. Ces notables locaux etaient innombrables mais I'information les concernant nous est fournie, pour lessentiel, par des sources grecques, directes ou indirectes, sauf dans Ie cas de la Lycie ou la documentation, merne si elle n' est encore que partiellement exploitable, est tres abondante et diversifiee, Comme nous l' avons observe plus haut, il n'y a aucun paradoxe aprendre I'aristocrarie Iycienne pour exemple des rapports qu' entretiennent des elites locales avec le pouvoir et plus generalernent la civilisation perse. Les monuments funeraires sont la source principale de notre information 180. Deux tornbes de Lycic du nord vont nous permettre de mettre en place notre problematique. La premiere a Kizilbel pres d' Elmah, datant du dernier quart du VIC s., ternoigne d'influences ionicnnes a la fois par les themes et leur traitement meme si les ernpreintes orientales (phrygienncs?) ne sont pas absentes. Quelque cinquante ans plus tard, la tombe de Karaburun atteste que bien des evolutions se sont produites. Certes la technique graphique est grecque (cette fois plus attique qu'ionienne) mais elle est au service d'une ideologic deja profondement iranisee 181. Les serviteurs du dynaste defunt ont un costume perse. La scene de combat illustre une victoire sur les Grecs et celle du voyage (dans un contexte evidernment funeraire) invite a des comparaisons avec les reliefs "greco-perses" de Daskyleion. Cette vie noble est done concue sur un modele perse. Les monuments funeraires de Xanthos 182 fournissent egalement de precieux jalons pour interpreter les evolutions des aspirations de l'aristocratie lycienne. Les piliers semblent etre le fruit d'une elaboration locale au ye s. Lcs influences et les artistes peuvent etre grecs avec des origines tres diverses 183, mais ils sont au service d'une ideologic etrangere et travaillent a la gloire de dynastes avec des emprunts au bestiaire sacre oriental, telles les sphynges psychopompes, les representations cvoquent aussi la famille de ces derniers. Le choix de l' emplacement de ces tombes n' est nullement fortuit. C' est evident sur I' acropole de Xanthos mais aussi par exernple a Sura 184. Leur nornbre, relativement restreint, indique bien qu'ils sent reserves ades potentats locaux 185. Cf. par excmple Keen 199R, 182-192. Mellmk 1979; cf aussi Zahle 1991 pour qui I'uiflucncc perse est partrcuherernent nette vers 480/470 et dans lc dernicr tiers du Y' s IR2 Dernargnc 1958; Demargne & Laroche 1974 IS' Cf. le Monuments des Harpies vers 4RO. IS4 Cf la reconstitunon isometnque ires expressive de Wurster 1993,27, fig 24-25. lSI Dcttour-Lcvic 1982,205 en dcnornbrc quarantc IRO IRI
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Au lye s. les sarcophages deviennent plus importants. Celui de Payawa (date de 370360 186) reflete Ia vie noble des princes lyciens et de leurs officiers : le dynaste vainqueur qui siege au banquet, rend audience sur son trone (soumission de ses ennemis, delegation de ses sujets). On pourrait retrouver ces scenes en Iran et dans tous les centres au sexercc la domination perse. Au fur et a mesurc que l' on avance dans le lye s. on constate un approfondissement de l'hellenisation, a la fois par la technique mais surtout par Ie choix des themes qui sont empruntes a Ia vie civique (palestre, agora, religion) me me si subsistent des "ilots de resistance" proprement Iycicns, Ainsi la chasse ala Chi mere qui appartient a la gestc locale de Bellerophon, L'environnement archcologique, en dautres terrnes I'insertion de leur palais forti fie dans I'agglomeration quils dorninent, est bien mis en lumiere par W. Wurster ]87: citons lcs exemples de Pinata, Tlos, Phellos, Limyra, etc. II avait ete observe depuis Iongtemps que Tlos etait amenagee sur un veritable "nid daigle". La nature du pouvoir des princes lyciens a ete diversement interpretee. En lycien la formule ene X (nom du dynaste) khiitawata 188 qualifie un certain nombre d'entre eux mais pas tous (en l'etat de nos connaissanccs par exemple Kherei, Arppakkhu, etc. mais pas Kheriga). A noter que le merne formulaire est employe aussi pour Ie satrape, en l'occurrence Autophradates (TL, 61) 189. II est interessant de signaler que c'est le verbe tupovveco qui est employe par Symmachos de Pellana pour definir la nature du gouvernement d' Arbinas ]90. Telle etait done la perception que pouvait avoir ce Grec de l' exercice du pouvoir par les dynastes. TIs disposent - au moins pour ceux du premier rang - d'une basileia, cornme c'est Ie cas d' Arbinas qui en a "donne une part aux rnernbres de sa syngeneic" 191. 1. Bousquet traduit basileia par "domaine royal" et plus loin indique qu'il a partage son royaume entre ses syngeneis. Par comparaison avec Ariobarzane de Kios ]92, nous prefererions une traduction plus vague du type "domaine princier", "domaine dynastique" 193, dans la rnesure ou il serait pour le mains imprudent d'evacuer l'idee du pouvoir du Roi ou du satrape, me me si la region, ou tel dynaste a pu profiter des circonstances pour semanciper de fait a un moment de l'histoire mauvementee de la Lycie. Prenant appui sur ce document auquel il donne une valeur normative et sur le constat qu' il parait y avoir une hierarchic entre les dynastes, P. Frei 194 decrit ce systeme comme de nature feodale. Nous avons vu plus haut que cette approche avait ete revivifiee recemrnent pour I' aristocratie perse ]95. Ce point de vue est a la fois seduisant, indemontrable a ce jour, et sans doutc force-t-il les chases si I' on veut etablir un parallele trop strict avec les donnees du
Intra p. 314 n g5 Wurster 1993.7-30 mars ef. contra ZImmermann 1992, 16-19. ISH Heubeck 1979,247-259. en derruer lieu hste des occurrences Keen 1999,46-4g. 1<9 Cc terme est egalement employe pour unc divuutc dans la Tnlmgue de Xanthos Cela ne dort evidcmmcnt pas surprendre, cf Ie tcrrne basileuon employe Irequernmcnt cn LydIC pour des dicux dans leurs relations avec des villages: Debord 1982, 166. 190 Ensemble des tcxtcs rcums et traduus par Bousquet 1992. 191 Tl., 44 (Bousquet 1975, 139 = SEC, 42, 1992, 1245). 192 Supra p. 99 191 Cf dans un sens smularre Savalli 1988, 111, qut compare la Lycie aux royaumes homenques, rapprochement pertment, mars que sont lcs "royaumes" homenques? 194 FrcI I990b, g-9. 195 Sekunda 1988a : 1991 : supra p Ig3. 186
IH7
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Moyen Age occidental. Autre caracteristique fort surprenante: Ie nombre de ceux qui frappent monnaie. Certains dentre eux ne sont meme connus que par ce moyen 196. Notable egalernent la quantite et limportance des tresors monetaires decouverts en Lycie ainsi que l'abondance des monnaies lyciennes dans dautres tresors ]97. 1. Zahle tire argument des tresors dits "Decadrachm hoard" et de Podalia pour ernettre l'hypothese que Ie metal etait fourni, en partie au moins, par Ie pouvoir perse a des fins militaires ou administratives. Education 198, costume 199, mode de gouvernement sont sans aucun doute perses. La culture 200, les techniques artistiques, la pratique monetaire et bien d' autres aspects sont influences par la Grece (proche ou lointaine) mais il ne faut pas, bien entendu, s'enfermer dans un manicheisme simpliste. Ces dynastes sont Iyciens et c'est d'abord sur cela qu'est assis leur pouvoir hereditaire, Dans Ie domaine politique, ils jouent au mieux de leurs interets des evenernents generaux qui depassent Ie cadre de la Lycie. J. Bousquet 201 s'est essaye a reconstituer I"'histoire" de I'un d'entre eux, Arbinas, a partir des elements fournis par les monnaies et les inscriptions. Force est de constater que cette esquisse reste fragile 202. Nous avons sou vent compare le genos de Kheriga a la famille de Zenis de Dardanos, mais il nous manque ici un Xenophon pour donner une veritable epaisseur historique a un dossier pourtant deja bien fourni.
4.3. Les Grecs dotes d'un apanage-» II existe d' assez nombreux ternoignages relatifs a des dons en faveur de Grecs. Les raisons, lorsqu' elles sont connues, sont diverses : - Simplement la faveur du Roi qui donne sept villes aPytharchos de Cyzique 204. - La qualite du recipiendaire : Metiochos est Ie fils aine de Miltiade. Capture par les Pheniciens, il est remis a Darius. Contre toute attente, celui-ci lui donne une rnaison, une terre et une femme perse, avec laquelle il a des enfants admis au rang de Perses 205. - Les alliances matrimoniales : Ie fils d'un Perse (Boubares) et d'une Macedonienne (Gygaie, elle-rneme fille d' Amyntas) porte Ie nom d' Amyntas, il est dote par Ie Roi des revenus de la grande ville phrygienne d' Alabastra (?) 206. Dans ce cas il s' agit done d' un "perso-grec", comme les enfants de Metiochos.
Cf. Merkholm 1964 , Zahle 1989. Zahle ] 989 Iyg Herrenschrniu 1985, merne 51 son pornt de vue est trap tranche. 199 Monnaics dc Kherci, Ddcncvele, Arttumpara; sarcophagc de Payawa, 200 Cf Arbmas et Penkles 201 Bousquet 1975 , 1992 202 Cf. e.g. Robert 1978a. 203 11 nc faut sans doutc pas melanger tous les apanages comrne Ie fait Sainte-Croix 1972, 37 sq L'ensernble des temoignages, Bnant 1985b, 58-59 , cf. deja Pareti 1911, 132-144 204 Agathoclcs de Babylone, FGrHlsl, 472, F6, apud Athcncc 1.30 aCes villes, du moms pour celles qUI sont connues ou idenufiables sont situees au nord-ouest de I' Anatolre, comrnc Pedasos , cf. Ruge 1937 s. v , nonce de Hofstetter 1978 sur Ie personnage, n" 282. 205 Hdt. 6.41. On ne connait pas la locahsauon des biens concedes. 206 Hdt. 8.136 I Les manuscnts portent Alabanda, qUI cst une Ville canennc; la correction sappure sur Etienne de Byzance ' AA.&~c((Hpa nOA.li; cl>puy(a~' 'Hpo8oTO~ Cette assertion est cuneuse On n' a pas d' autre mention de cette localite On pourrait penscr a Blaunda, supra p 95 n. 102. 196 197
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- Un service signale : Phylakos de Samos participe efficacement a la bataille de Salamine et se voit attribuer un grand domaine en recompense 207. On pense encore a Lykon 208 qui recoit villes et terres pour prix de son abandon du camp de Pissouthnes, ou aux cas precitcs de Mentor et Memnon. - II convient de traiter a part la donation des revenus de Gryneion a Alcibiade par Pharnabaze 209 dont la mention parait resulter d'une erreur de Cornelius Nepos, ou d'une invention malveillante de sa source par reference a Thernistocle. Quelques autres cas sont mieux connus tels ceux des Gongylides ou des Dernaratides, ct ce n' est pas a un type de concession different qu' appartient la dorea de Thernistocle, Du point de vue du pouvoir central il n'y a qu'un seul mode de rapports possible: Ies cites sont sujettes tout comme l'cst la cham. On aurait done tort disoler ces dynastes grecs de leurs homologues, "autochtones" ou "perses", auxquels sont attribuees villes ou cites. Ces Grecs, du moins ceux qui sont installes anciennement comme c'est Ie cas des families mentionnees ci-dessus, se comportent exactement de la meme facon que Ies autres dynastes. Ils agissent scion leur prapre interet mais globalement sont fideles au Roi a qui ils doivent leur position. C' est par consequent etablir une distinction arbitraire que de les opposer aux nobles locaux ou iraniens 210 en une vision trap hellenocentriste, dont nous avons souligne au debut de ce chapitre les persistances jusqua aujourd'hui et qui aboutit a des lectures a contresens d'un certain nombre de textes comme on peut le demontrer pour Ies Demaratides et les Gongylides, Exile de Sparte, Ie rai Demarate se refugie aupres du Grand Roi en 491. 11 recoit de ce dernier les villes de Teuthrania et d'Halisarna 211 et fonde une dynastie qui dure jusqu' a la fin de l' Empire perse. II est Iui-merne encore vivant lorsque Themistocle passe aux Perses 212. Nous retrouvons la trace de ses descendants a I'epoque de la rebellion de Cyrus, en effet Proklcs, maitre de Teuthrania, I'accornpagne dans son anabase 213. On peut penser quil fait ensuite rapidement sa soumission a Artaxerxes puisqu'il est encore en possession de cette cite et d'Halisarna en 399 au moment du retour de Xenophon avec lc reste des DixMille, et que cela n' a pu se faire qu' avec l' assentiment du nouveau maitre de l' Asie Mineure occidentale, Tissapherne. Le destin des Gongylides est parallele a celui des Dernaratides, Gongylos d'Eretrie est l'homme de confiance de Pausanias a Byzance 214. S'etant refugie aupres du Roi, il recoit Gambrcion, Palaigambreion, Myrina, Gryneion 2lS. Sa femme (ou plus exactement sa veuve) parait dominer Pergame 216 alors que ses deux fils (Gongylos II et
Hdt 8 85 3 , la locahsauon n' est pas precrsee, Ctesras, 688, F 15 53 (52) 209 Cornelius Nepos, Ale, 9 2 210 Cf Ie commcntairc de Robert & Robert 1983. 116 et n 154 (il propos de l'cpisode dAsidates dans l'Anabase) . "Lcs trOIS elements de la populanon apparaisscnt done dans lc tableau dynastes grces dans les villcs, seigneurs perses dans les domaines fortifies et garrusons iraruennes. Les maitres grecs et perses se prllent Ies uns les autres et lamvee des Dix-Mille fourrut un renfort aux premiers". cf Robert 1973.483 n 20 Lcs eomportements sont assurernent moms mamcheens. 211 Hdt 6.70. 212 Plut., Them.. 29.8. m Xen., An., 2.1.3. 214 The. 1.1286; Dlod. 11.44.3 215 Xen., Hell, 3 1 6 216 Xcn . An.. 7 8 8 207
20H
rom.«
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Gorgion) se sont partages l'heritage paternel i'". C'cst probablement a tort que les editeurs des ATL 218 s'interrogent sur la continuite de la possession de Myrina et de Gryneion par Gongylos en observant que les deux cites ont paye le phoros 3 la Ligue de Delos, car on se demandera si 3 certains moments il n'est pas envisageable qu'un double pharos ait pu etre acquitte 3 Athenes et aux Perses 219. Nous retrouverons bientot des manifestations de cette attitude arnbigue. II est tres probable que les deux families ont entretenu des liens etroits qui se traduisent par des unions matrimoniales: une inscription de Delos 220 concerne un Dernarate, fils de Gorgion et ami de Lysimaque. Merne chose peut-etre avec Thcrnistocle, dont Hellas, femme de Gongylos, pourrait etre la fille 221. Leurs domaines sont tres irnbriques 222. Xenophon jette un eclairage interessant, mais qui parait avoir ete sou vent interprete fautivement, sur la situation de ces families au tournant du yc et du lye s. Ecartons d' ernblee, comme l' ont fait nombre de nos devanciers 223, l'hypothese ruineuse d' E. Babelon 224 selon laqueJle Pergame aurait ete tenue par les Dernaratides puisquil res sort de An., 7.8.8 que cette cite est dominee par Hellas, femme de Gongylos Ier et mere de Gongylos II. Elle reside 13 et c'est elle qui suggere 3 Xenophon I'action contre Asidates, Son attitude est donc resolument favorable aux entreprises des Grecs. Un peu plus tard, elle dcconseille 3 ses fils de se meler aux operations et cela n' est logique 225 que si ces derniers sont tcntes de se ranger du cote d' Asidates, bien tardivement d' ailleurs, en fait lorsque l' affaire parait tourner au desavantage de Xenophon 226. La conquete de la region par Thibron fournit I'occasion 3 Xenophon de dresser un tableau des attitudes des differentes comrnunautes de la region: "II se rendit maitre des cites de Pergame, celle-ci de son plein gre, et de Teuthrania et d' Halisarna que tenaient Eurysthenes et Prokles ... se soumirent aussi Gorgion et Gongylos ... maitres de Gambrion et de Palaigambrion pour l'un, de Myrina et Gryneion pour I'autre. II y cut aussi celles qui etaient sans defense et que Thibron prit de force. Quant a Larisa dite l'cgyptienne ... il en entreprit le siege." 227. II faut lire le texte comme progressant crescendo en quatre paliers et I' ordre retenu n' est evidernment pas du tout indifferent: I) Pergame accueille Thibron de son plein gre (et cela est coherent avec I' attitude anterieure d'Hellas). Xcn .. Hell. foe ell m Menu et al. 1950. 200~202 219 Dcscat 1991, 37 a partir d'Isocratc, Pancg .120. 220 Syll 3, 381 ,cr Durrbach, Choix, 21 ~23 221 Scion Babclon 1910,92; aprcs SIX 1890. 192 n 27 Cf. carte 5 p 237 223 Par cxcrnplc Hansen J 947.9 . deja Fntze 1906.48 n. 1, lannbuan aux GongylIdes Babelon 1910.80; LeWIS 1977.54. accepte trap rapidement les points de vue de Babelon (histoire, monnaic) 22' Xen ,An.• 7.8 8 et 8.17. 226 Infra p. 239 227 Xen , Hell. 3 1 6-7: Kcd nOAEl; n,;py<xJ.l0V J.lEV £KOU('j(XV npoC5';A<X~£ Kril T£u8prlvlriv Kril '!\A1C5riPVriV, (bv E{lp11C58';vT]; ~E Kril npoKA.ii; ~PXov . np0C5ExrJ1PTlC5riV OE rrlHip wl Topvitov wl fO/yUAO; .... EXOV1E; 0 J.lEV fU,U~PLOV K<Xl n<x/,(l[yriJ.l~plOV, 6 OE vluptvov Kril Fpuvr iov ...'Hv OE uC58£v£1; oiior«; Kril KC"!x KPUW; 6 (·)I~pwv EAu,u~-IriV£ ,\uprauv IE J.l~V ~~v Aiyun~I(j.v WAOlllllcVTlV EnOAlOpKEl 217
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2) Les possessions des Gongylides et des Dernaratides se soumettent mais apparemment apres qu'une negociation ait eu lieu (a noter que Ia construction de la phrase isole Ies Gongylides et Pergame, au point damener E. Babelon a I'erreur signalee plus haut). 3) Les cites mal defendues sont ernportees dassaut. 4) Larisa I'egyptienne 22S, bien fortifiee et tenue par une garnison, resiste aux tentatives de Thibron, ce qui provoque Ie rappel de ce dernier, En fait la seule cite a avoir opte d' enthousiasrne pour Thibron est Pergame 229. Nous sommes mal renseignes sur la situation posterieure. Les Perses retablissent leurs positions anciennes et le plus plausible est que les deux dynasties ont pu a nouveau restaurer, au prix d'un de ces revirernents dont ellcs etaient farnilieres, leur pouvoir ancestral. Les deux families paraissent en effet avoir survecu ala tourmente comme Ie montre l'inscription de Delos precitee et rnieux encore un passage de Sextus Empiricus 230 qui nous informe que Ie tyran d' Atarnee, Herrnias, fait epouser rune de ses parentes (et fille d' Aristote) par un certain Prokles. Ce type d'union ne s'expliquc guere que dans Ie cadre d'une politique dalliances entre families de dynastes voisins. Les monnayages mcriteraient un complet reexarnen. E. Babelon 231 avait cru pouvoir isoler un groupe de monnaies d'Eurysthenes a Pergame. C'est en fait un lot disparate qui comprenait une hekte delectrum et des diobolcs d'argent. Ecartons demblee I' hetke (n° 43) qu'jl convient de redonner a Mitylene et dont Ie satrape de I'avers est probablement Pharnabaze 232. Restent les monnaies d' argent (1,5 g en moyenne) qui pres en tent a I' avers un Apollon laurc a droite, au revers une tete de "satrape barbu" a droite dans un carre creux avec legendc Illil'F ou Ilfil'TA 233. II ne peut s'agir d'Eurysthenes. La plupart des numismates situent ces monnaies dans la deuxierne moitic du ve s. (et plutot vers sa fin) 234. S'rl convient de rcconnaitre 121 un "portrait", sagit-il du satrape (Pharnabaze?) ou du dynaste local, en I' occurrence Gongylos Ier? Sur un bel cxcmplairc, public dans un article posthume de O. Morkholrn, le "Perse" est representc avec la tiare et Ie diaderne 235 ce qui inviterait a choisir plutot la premiere solution. Restcnt les autrcs monnaies des Gongylides (Gorgion et Gongylos II) 236 qui font problerne. En ce qui concerne les Dernaratides, E. Babelon identifie un groupe de monnaies de Proklcs [er a Teuthrania mais cette attribution est tres discutable 237. II sagit presque a coup sur de monnaies civiques avec la legende TEY au revers associee a un "satrape imberbe" (peut-etre Alexandre) n~. Infra p 194 Tuplin 1993, 49, souticnt que les dynastcs grees apportcnt une "voluntary adhesion" 3 Thrbron On arrnerart savorr ee qUI se passe 3 Pergame qUI sera plus tard la "capitale" dOrontes. DO Sextus Empmcus I 25R 231 Trait,', II, col R5 sq Cf Bodenstedt 1976, pI. I n" 9 et supra p 64 (PI. II, 3) m Bodenstcdt 1976, pI. I n° 11 ct 12, SNC VOI1 Aulock 1347 (PI. II, 4) ; Babclon, pi 88.8 (PI. II, 6) 214 SIX I R90. 194: 1894, 31 R, les place 3 la fin du v's (eomme lcs monnaics de Teuthrama scion Babelon) , Wroth IRn, XXVIII-XXIX, pcnchc pour la pen ode 420AOO , von Fritze 1906,47 sq., pour Ie nuheu du Vv s. Sur ccs monnares ef. aussi Harnson 19R2 a, 70 sq et note 54 Morkholm 19R4, I RI sq et pI. 27 n° I (PI. II,S). 236 Babelon 1910, 93-98 , Head 1910, 528 Cf par excmplc The Nunusmatic Aucuon Ltd, Ancient COll1S, Dec. I 19R5, n" 120, avo Apollon laurc 3 droitc , rev protome de taureau 3 drone, legendc fOPf[I I. PI. II, 7 = Traue. II, pI 88 9: cf. col 93-96, attnbue 13 3 Garnbrcron Babelon 1910, R3-86 ns Infra p 48 I 229
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Revenons pour conclure au cas de Thernistocle 239: les modernes ont ernis des hypotheses contradictoires sur ce que I' Athenien recoit effectivement du Roi. Rappelons qu'il sagit de Magnesie au "revenu" de cinquante talents 240, Myonte et Lampsaque 241 auxquelles s' ajoutent probablement Palaiskepsis et Perkote 242. Observons que les domaines concedes ne sont pas contigus et eela ne se conceit que sil s'agit de I'octroi des revenus et non d'un don de territoire. Thernistocle reside a Magnesie (du Meandre) et son comportement ne differe en rien de celui de ses homologues iraniens 243. Cela vaut aussi bien en matiere de religion 244 que pour l'emission de monnaies 245, encore qu'en ce domaine on doive plutot le percevoir comme un precurseur, Le Roi ordonne a Thernistocle de porter un costume perse (comme cela avait ete demande aussi a Demarate) et pour tinancer cette depense - et dans une certaine mesure cette concession - il recoit Gambreion 246. En fait, Themistocle est l'<'hyparque" d'une region dont l'ethnos des Magnetes est le centre. L'episode de Leontokephale apporte un autre eclairage 247. A ce moment, l' Athenien est mandate par Ie Roi pour un commandement precis: il doit "soccuper des affaires de la Grece", Themistocle commande a Magnesie, Epixyes a Kelainai et jusqu'alors ils devaient etre a peu pres sur le merne plan. L'attentat fomente par Epixyes na done de sens que si on en fait la consequence des jalousies suscitees par ce surcroit dhonneur qui echoit a Themistocle, Le caractere officiel de la mission explique que la tentative d' assassinat ait ete perpetree hors de la "satrapie" du dernier nomme ; dans le cas contraire, Ie Roi l'en aurait tenu pour responsable. Entin les dons "pour la ceinture", etc. qui sont faits aThemistocle se concoivent dans un systerne archaique de don et de contre-don 248 OU chacun a interet afaire fructifier lc mieux possible le domaine concede. Le Roi multiplie les largesses, en retour il attend fidelite et paiement regulier du dasmos 249. Com me on Ie voit, la distinction traditionnelle entre Perses, Grecs et autochtones n' a pas de raison d'etre, Dans leur rapport avec les biens concedes, ils ont Ie merne comportement. S' integrer au systerne socio-politique perse implique d' en accepter toutes les consequences, y compris le mode de vie et de fonctionnernent social. Les differences tiennent a I' origine des dons et surtout a leur importance. II est en effet tentant de pousser Podlecki 1975 , Frost 1980. II s' agit probabJement de l' assicttc du phoros et dor.c de cc que "vaut" Magnesie sans qu' on puisse etrc sur de la veracrtc de cctte somme. A rapprocher du "don" fait a Alcibiade par Pharnabazc de Gryneion qUi pale un phoros (vectlgal) de cmquantc talents sclon Cornelius Nepos, Alc., 9.3 (ef Bnant 1982, 58-9 n. 8; 1985b, 58). Nous semmes lei dans la meme situation. L'histoncitc dc cette assertion est tres douteuse dans la mesurc ou elle est en contradicuon avec Xcn , Hell., 3.1 67. Sur Gryneion, Robert 1973,481 sq. ; Ragone J990. 241 The. 1 138 5. 242 Plut, Them., 29 10; Athenee 129 f ajoute Gambreron, a tort comme lmdique Podlecki 1975, 129 n. l34 (elle avait ete donnee a Gongylos par Xerxes' Xen., Hell., 3.1.6). 243 Apres un sejour a la Porte du ROI ou tl apprend la langue ct suuue aux coutumes perses Plut, Them, 295-6. 244 Plut., Them., 29.6 (i! apprend la doetnne des mages) ; 30,2-6 (i! eleve un temple a la Meter Dindymene et consacrc sa filJe comme pretresse), supra p. 69 245 PI. 1,1-6 (supra p. 58) 246 Athcnee l.29 sq , mats ef u. 27 et 242 247 Plut., Them, 30 , supra p. 36. 248 Bnant 1985b. m Murray 1966, 142-156. 239 240
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lanalyse jusquau bout en considerant la satrapie (au moins dans sa conception ancienne) comme la plus importante des doreai. C'est a une conclusion proche, merne s'il ne mene pas Ie raisonnement jusqua son terme, quaboutit D. M. Lewis 250 en comparant le pouvoir de Tissapherne sur les villes d'Ionie a la dorea de Themistocle a Magnesie (ou a celie de Lykon). En revanche, en fonction de ce qui a ete dit plus haut, il ne semble pas que ce systerne soit de creation recente comme le propose D. M. Lewis; par sa nature merne il ne peut que deriver du systerne originel de contr6le et ne saurait apparaitre en 407. C' est bien comme une possession familiale que la famille de Pharnabaze conceit sa satrapie 251.
5. LES COLONIES PERSES Pour en terminer, il faut essayer de caracteriser la "colonisation perse" en Asie Mineure. II est assez probable que Ie phenomene a pris plusieurs formes, ce qui donne a cette notion un champ plus large que ron ne limaginerait de prime abord. La presence iranienne ne saurait se limiter a quelques nobles et leur entourage. II convient de rappeler, par exernple, que Cyrus a dans son armee dix mille Perses qui sont des fantassins d' elite et ne peuvent, par consequent, se confondre par leur recrutement avec les cavaliers issus de I' aristocratic ou, plus exacternent, du systeme de contr61e de vastes domaines par cette derniere 252. L'onomastique est d'un precieux secours 253 lorsque, en de trop rares occasions, l' epigraphie a travers des documents contemporains de notre periode permet d' en faire la preuve. II est evidemment de moindre valeur demonstrative d' alleguer des noms isoles, surtout lorsquils figurent dans des inscriptions largement posterieures a la periode achemenide, Sur ce point les reserves de N. V. Sekunda et M.-F. Baslez 254 sont d'un poids certain, mais la multiplication des ternoignages mis en relief par L. Robert 255 implique que, statistiquement, un certain nombre d' entre eux ne peuvent qu' emaner de descendants de la colonisation ancienne.
5.1. Les zones de colonisation Des preuves 256 de la colonisation perse existent: 250 Lewis 1977, 122 et n 9g-100 SUlvl par Hornblower 1982,33, Idee d'un apanage special sur les villes dIonie (iI partir deAn., 1 16) 251 Cf supra p 104 le conflrt entre Anobarzane et Artabazc pour la possession de la satrapie de Daskyleion. 252 DlOd. 14225 , cf. Tuplin 1997a, 195 253 Cf. par exemple Masson 1987,237 sq , qUI releve dans une mscnption d'Ephese (fin du IV'S.) relatrve aux condarnnauons iI mort de Sardrcns cinq noms irarucns dont un Euamcs ongmaire de Hierakornc ; un Mithndates dont il suggere quil est I'csclave d'un Lydien (il aurait Iallu mettre cette mscnption en relauon avec Sardis;'] I, I dont I'onomasuque presente une grande srrmhtude) 254 Sekunda 1995, 7-30, s'cfforce de montrer que les traces de la colomsauon ne sont pas aussi eclatantes que ne l'ont affirme ses devancrers, en particulrcr L. Robert. I1 propose de penser que Ie role de 1a noblesse perse a etc plus Important que celui des colons, cf par exemple p 26 "the evidence on coloruzatron IS extremely poor" Son point de vue, qUI suppose l'urnvee tardive d'un certain nombre de personnes aux noms perses, est partage par Baslez (1985, 137-155) On observera ccpcndant que Ie cas des ilcs ct de la "diaspora" irarucnne ri'cst pas stncternent idenuque iI cclui de l' Anatohe dans la mesure ou dans un cas la dommation directe a etc rare ou episodique, alors qu'elle est la regle pour une longue pcnode dans Ie second. 255 Robert 1963,349; Robert 1966,31-32,1975,284-285 et notes; Robert & Robert 1983, 16g, etc 256 Cf. les listes Iourrnes iI plusicurs repnscs par Robert (1975,323-324; 1982,373) ct discutecs par Sekunda 1985, 1g-26 Cf aussr Tuphn 1987a, 190 ,l987b ; Bnant 1985, 173
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- Des colons militaires egyptiens sont installes par Cyrus pres de Kyrne, a Kyllene et aLarisa 257. Les descendants de ces premiers colons sont encore presents (et efficaces) au moment de la campagne de Thibron 258. -- Lcs hoplites "assyriens" venant du village de Comania au secours d' Asidates, sont tres probablement des Cappadociens qui ant adopte un toponyme rappelant Ie nom de Cornana, le principal sanctuaire de leur region d'origine 259. - Des cavaliers hyrcaniens nous rappellent qu'une plaine voisine est appelee plaine hyrcanienne. Selon Strabon 260 cette derniere avait recu son nom des Perses qui y avaient installe des colons hyrcaniens. Les cavaliers hyrcaniens qui accompagnent Spithridates 261 ont toutes chances detre leves parmi les descendants de ces colons 262. II est anoter qu'une cite a conserve le nom d'Hyrcanis, mais la colonisation perse n'y a laisse que peu de traces dans la mesure oii une nouvelle fondation, qui est Ie fait de "Macedoniens", a lieu a I'epoque hellenistique 263. - On s' est demande dans le meme passage de Strabon, si Ie Kyroupedion etait un autre nom de la plaine hyrcanienne au sil constituait une entire distincte 264. - A noter aussi la Dareioukorne et divers toponymes quasi identiques (Darieion, Dareion) 265. II est difficile de savoir combien d'etablissements correspondaient a ces noms dans la mcsure au des localisations divergentes (Phrygie, Mysie) cachent parfois Ies hesitations des auteurs anciens sur la geographic de la region 266. 2'7 Xen , Cyr , 7 1.43-45. [] faut ctre daccord avec Sckunda (p. 19) pour considcrcr ccttc mstallauon d'F:gypliens cornme un fait lustonque (merne srl nest pas assure qu'rl faille remonter a Cyrus) l'S Xen , Hell., 3.1 7 Larissa l' cgypucnne resistc victoncuscment aux assauts de Thibron en 399 259 Xen., An , 7 8 15 , ef Robert & Robert 1983, 153, qUI renvoicnt au texte de Sardes (Robert 1975, spec 322-3) interdisant aux therapeutcs de Zeus de Baradates de participer entre autrcs aux mystcres de Ma, mars sur ce point Infra p 367 sq. L'emploi du terme "Assynens'' par Xenophon nc dolt pas surprendre. Herodote desrgnc en cffet constamment lcs habitants de la Cappadocc commc Synens Sur Ie sanctuairc de Ma a Cornana, cf Debord 1982, index S v. (bibhograplue) 260 Str 13.4.13: dm ,0 'YpKeXVlOv 1l:E8Iov, nEpo-mV E1l:0VO,ucweXvtWv Kat E1l:0IKOU; aynyov,wv i'KElSEV (ouoiox; 8i: KIXt10K{lpou1l:£810V Ilrpo«: KmWvOf.lC1c")lXV) 261 Dlod 17194. 262 Tolle est lopnuon de Lane Fox 1973, 516; Brunt 1986, 449: Hornblower 1982, 143, contra Hammond 1980, 80 n. 21 ; Sekunda 1985 pour qUI d s' agu dc forces recemment rmplaniccs 261 Robert 1948, 16-26 ; on rencontre a quelques km de la un M. Antomus Bagoas, done un personnage dont 1a farmlle est d' origmc pcrse mais qUI a rccu 1a cuoycnncre romaine de Marc Antoine, lind, p 19 n 3 264 La formulauon de Str 13 413 est ambigue. Faut-il comprendre que ouoiu»; bE xo.i introduu l'rdce que Ics Pcrscs ont aU,ISI donne son nom au Kyrou Pedion, ou bien que la plaine hyrcarucnnc est aUSSI appelce plamc de Cyrus. Dans lc premier sens e g. Jones (Loeb ad loc ) et Sckunda 1985, 22 , dans Ie second, Ghione 1904, 51-2, SUlvl par Jones 1937, 38 Un petit mdice de la presence rmhtaire perse dans la r!~glon une balle de frondc au nom de Tissapheme trouvce a Gordes (la future Juha Gordos), ef. Foss 1975,25 et pI V 265 Dareioukomc Dcrekoy sur l' Hermes, ef. Ramsay 1890, 124-125 (mscnpuon publicc dans Ie ECH, 9, 1885,397 = fGR, IV, 1352' 1] tlapf.loUKWf!llHOV xo.toucin). tlnpElov 1l:apa ,E,u Muo inv dans 1a hste des tnbuts atuques, fG, P, 71, III 109 sq Sekunda 1988a, 195, souligne le fair que cettc localitc pale Ie phoros aAthencs et que srl y a bien eu colorusauon (sous Darius) la fondation a perdu depuis longtemps son caractere milnarre. II la suue, titre dhypothesc, sur la route qUI de Gordion menc vers les detrorrs et la Thrace ct qUI est mcnuonnce Pannukome (supra p 36) , d. aussi Mentt et al. 1939, 479 qUI la Iocaliscnt pres de la Proponude. Ellc est bien cvidcmment disuncte de Dareroukome, En revanche 11 est dtfficile de savorr s'l! en est de memo pour Ic Ao.pictov qu'Euenne de Byzance place en Phrygie Cc tcrmc peut sapphquer aussi bien a 1a Grande-Phrygie qu'a la Phrygle hcl1espontlque. Sekunda 1991, 132, penche pour I eXistence de deux 10ealItes dlstmctes 266 cr. les heSltatlOnS de Str. 13.4.12, pour qualrfier toute la reglon Sur ce pomt, vOir Debord 19R5, 346351
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- Au Ill" S. sous Ie regne de Seleucos II, des colons militaires de la region de Magnesie du Sipyle 267, plus exactement du chorion de Palaimagnesia, obtiennent Ie droit de cite de Smyrne lorsquc cette derniere augmente sa population civique en englobant divers groupes a son territoire. L'une des informations les plus interessantes fournies sur ces colons dorigine perse (I. 104-105: '£2/-lavllC; Kat oi TIEpCJat ol UITO '£2/-laVllv) est quils conservent leurs kleroi (cest-a-dire les lots qui leur avaient ete attribues anterieurement) et cela nous rapproche de situations bien connues en Babylonie 26R. II reste cependant la une difficulte qu'il ne faut pas esquiver: a quelle date ces Perses ont-ils ete installes? L. Robert et M. Launey penchent pour I'epoque achernenide, N. Sekunda pour l'epoque hellenistique, Un argument parait plaider plutot pour la premiere solution. L'integration dans un cadre civique grec suppose de la part des nouveaux admis une certaine acculturation qui ne se conceit que par la duree de leur presence 269. L'irnplantation ne parait pas cependant pouvoir etrc anterieure a la campagne de Memnon contre Parrnenion en 335 27
°.
- Les Maibozanoi, qui doivent a I' evidence leur nom a Maibouzanes nom perse bien atteste en Cappadoce, sont apparus dans la celebre inscription des conventus trouvee a Ephese et publiee par Chr. Habicht 271. L. Robert propose de situer cet etablissernent a Golmarrnara ou etait deja connue une dedicace a l' Artemis Persique 272. - Hierakorne, la future Hierocesaree, est celebre pour son sanetuaire de l' Artemis Persique dont le droit d' asile fut largement reeonnu 273. De notre point de vue, Ie temoignage le plus interessant est eelui de Pausanias 274 qui parle du sanctuaire "de ceux des Lydiens appeles Perses". II y a donc eu un phenomene dintegration sur la longue duree sans pour autant qu'il y ait eu totale acculturation puisque ces "Perses" continuent a pratiquer leur ancien culte avec un rituel perse. - La Kardakon kome mentionnee dans une lettre dEumene II au gouverneur de Telmessos 275 obtient du roi une exemption de taxe et l' autorisation de restaurer sa tour (pyrgion). N. V. Sekunda 276 propose avec beaucoup de vraisemblance de dater l'installation du village des kardakes 277 du lye s. (des annees 340 selon lui mais sans veritable preuve) et non, comme on l'a souvent propose a la suite de I'editeur M. Segrc, de I'epoque hellenistique. La localisation n' est pas connue mais on peut penser aux confins caro-lyciens,
267 OGIS, 229, (SchmItt 1969, 492 ; IK, 8-'YIagnesla am Sipylos, 1. Cf Robert 1936, 97 , Launey 1950, 566, 669-674 268 E.g Tuplm 1987b, ISS. 269 Cf les clauses restncuves de lmscnpuon de Pergamc OGIS, 338 en ce qUI eoncerne lacccssion a Ia citoyennetc des laoi bastlikot. 270 Infra p 423 271 Habicht 1975,73-74 , Maibouzanes cst un nom perse bien auestc en Cappadocc, Robert 1963,516 n. 4. 272 Robert 1982, p. 367-373 , ef deja Radct 1887,447-448 n" 5 C'est vo1ontairement que cette mscnpuon na pas ete reprise dans Ie corpus TAM, V parcc que consideree cornmc unc pierre dcplaccc 273 Robert 1948, 27-33, Debord 1982,82 274 Paus. 5.27 5 on a parfois propose de "rendrc plus mtclligrblc'' ce passage en introduisant divers complements. En fait Ie texte dolt etre conserve en I' etat (Robert 1976c, 29-30 ) m Segrc 1938, 190-207, traducnon Austin 1981, n° 202 276 Sekunda 1991, 105-107. Cf Keen 1998,64 sq. 277 Sur Ie tcrrne infra p 364 n. 482.
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Tl parait assure que les zones de colonisation perse sont plus nombreuses que ne I'affirrne N. V. Sekunda : en Eolide, en Grande-Phrygie, 278 dans la region de Tabai-?", dans la plaine du Meandre, en Grande-Cappadoce 280, Cappadoce pontique 281, dans la vallee de I' Hermos 282, en Armenie 283 et sans doute en bien d' autres endroits. Les deplacements de population correspondent a la politique averee des grands empires orientaux 284. Les Perses, les Iraniens en general, sont tres minoritaires en nombre. Us assurent le controle des regions en sappuyant sur des garnisons mono-ethniques qui conservent longtemps leur particularisme 285 et sont les garants du maintien de I' ordre perse, ce qui n' est en rien contradictoire. Tl va de soi que ces mouvements valent dans les deux sens : ainsi les Cariens "transplantes" qui participent a la bataille de Gaugameles 286. II est probable que ce phenomene trouve mieux sa place au debut de la presence perse, a un moment ou le pouvoir central a besoin d'affirmer localement son autorite et dispose par ailleurs d'un reservoir d'hommes disponibles. Cela nexclut pas qu'un certain nombre de reajusternents aient pu avoir lieu jusqu' au lye s. Le parallele avec la colonisation macedonienne est, me semble-t-il, tout a fait eclairant,
5.2. Les cultes iraniens temoin de la colonisation? Dans plusieurs cas il y a une concomitance tres logique entre colonisation et culte d' Artemis Persique (Maibozanoi, Hierakorne-Hierocesaree, site de Sancam 287). Faut-il penser reciproquement que lorsqu' existe une forte den site de cultes d'origine iranienne, il y a une bonne probabilite qu'ait existe la unc zone de peuplement implante par les maitres perses? Telle a ete l'hypothese largement accreditee apres les travaux de L. Robert 288, mais discutee par N. V. Sekunda 289. La Lydic du Nord-Est 290 a livre des temoignages extrernernent 278 Robert 1963, 349, Ie nom d'un monetairc . Maiphemes sur les monnaics d' Apamee , a combiner avec les temoignages du eulte d' Arterms Anauis (y cornpns son Image cultuelle sur les monnaies erruse-, sous l' autonte de Maiphernes) 279 Robert & Robert 1954, 79 ; Robert 1937, 353-354; 1978b, 285. les noms iramens sont bien atrestes dans tout le secteur de Tabar-Aphrodtsias Sekunda 1991,119 emet l'hypothesc (a laquelle II me semble qu'rl faut souscnre) que la region reIeve de Kolossai a I' epoque de la dommauon achemerude no La grande abondanee des noms iraruens en Cappadoce a l'cpoque hellcmsuque et au dela est un ternorgnage indirect de la colorusauon . Robert 1963, 5 J 4-519. 281 Lc loponyme Chihokomon, "mille villages", la presence du sanctuairc de Men de Pharnakes, le cultc dAnaitrs a Z61a, lonornasuque, tout ccla au nuheu de riches plaines agncoles, au Ian I delcments qUI plaident en faveur d' unc presence pcrse con stante 252 Noms perscs en Lydie, Robert 1963,216-218. n:1 Ou lcs cultcs perses som particuherement bien represcntcs, Str 11.1416; beaucoup de sanctuarrcs d' Anaius, parucuhcrement en Aciliscnc. 284 Cf. deja pour les Hutues Bryce J 986, 8 m cr. lcs detachcmcnts juifs cn Egypte, bibhograplne Briant J 996,981 256 Amen, An, 3 13 I 257 Robert 1948, 58-60, montre qu'rl y avau aussi un sanciuarre d' Arterni« Persiquc bcncficiant du drou dasilc comme celui de Hierakome Une mscripuon mcnuonnc des kutotkountes sans qui! puisse en etre ure I'rdee d'une "colorusauon" Ce site pourrau ctrc Hicrolophos (nom connu par Plmc, HN. 5 126) scion une hypothese de Buresch 1898,27. 2SR Robert 1976e, 37 n. 60, donne un bon resume de sa pensee concernant Ja nature et la sigmficauon de la presence perse en ASIC Mincure, les drffercntcs formes sous lcsquclles elle se mamfeste Pour une analyse du culte d' AnahuaAnams, ibid ,44-47 (cf. Robert 1975, 327-8) 289 Sekunda 1985,7. 290 Le eours du Moyen-Hermes, mars aussi Ie Kogamos avec Pluladclphie, done toute line zone ccntrec pnncipalcmcnt autour de cc que lon appclle la Lydie "brulec" (Katakckaumene) Oll Meome.
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abondants du culte d' Artemis Anaitis 291, mais il n'y a pas de trace d'une colonisation perse 292 dans la documentation epigraphique retrouvee, Faut oil s' en etonner? Probablement non. Comme cela a deja ete observe 293, la penetration de I'hellenisation a ete bien plus tardive (en tout cas pour la region de Kula et toute la Katakekaurnene) que dans la plaine hyrcanienne dont I'acces etait beaucoup plus aise et qui etait plus proche des centres du pouvoir a I'epoque hellenistique. La documentation epigraphique, redigee en grec, est par consequent beau coup plus tardive ici et d' autant plus eloignee de l' epoque de la colonisation. En revanche, la Turquie a obtenu le retour d'objets provenant de fouilles clandestines dans des tumuli d'une zone comprise entre Usak et Gure, tout pres du trace de la voie royale (supra). Parmi le materiel beaucoup de ternoignages attestent I' origine (au linfluence) iranienne : glyptique, toreutique et tout particulierement un pectoral cloisonne de tres belle facture representant Ie disque solaire aile d' Ahura Mazda 294. N. V. Sekunda 295 releve aussi la presence de trois noms iraniens dans une inscription Imperiale de Sebaste 296. Faut-il parler d'une presence de nobles perses apanages comme il le soutient au de colons'? Le texte de Xenophon relatif a I'expedition contre Asidates montre que tout se tient et ces deux donnees loin de s'exclure sont tres norrnalement complernentaires. Si l'on admet que la colonisation a eu lieu surtout au debut de la presence achernenide 297, il ne faut pas penser pour autant qu'a chaque mention d'un culte d' Anaitis correspond de facon quasi mecaniste une "colonie" perse. Ce serait sans do ute gravernent sous-estimer la dynamique propre d'une divinite et de ses fideles. La densite des temoignages est en revanche un bon indice que nous sornmes dans une zone de peuplernent iranise 298. La population a connu de nombreux apports successifs et il est d' autant plus interessant de constater dans ces conditions la survie des cultes iraniens. Dans ce contexte le developpernent de Pausanias sur les "Lydiens appeles Perses" prend toute sa valeur. 291 KeI11923, 250 sq ; Briant 1982,458-467, Diakonoff 1979,139-189, Debord 1982,265-7; 1984,85 91 ,Kell & Herrmann 1981, 1 (cf Index) 292 Cf. ausst Ie cas exemplarre dHypaipa, Robert 1976c, 25 sq., dans la haute-vallcc du Caystrc. L' etabhsscment, par sa situauon strategique au sud du Tmolos, trent la route de Sardes ; 11 possede une acropole On relevc aussi la relative Iertihte de la vallee, Ie cultc celebre (Pausamas) d'une Artemis Pcrsiquc, appelee Anaitis dans les inscnpnons, avec des trans cultuels bien marques, des mages sont menuonnes dans une mscnpuon ; quelques survivances perses dans l'onomasuquc ct entin 1cs monnaies, encore a l'epoquc nnpcnalc attestcnt la survie de la tradiuon perse Pour ceue merne region du Tm610s. Robert foe. Cit, 30 n 24, cite un passage de Diogcnc Ie Tragique (Aihenee 14636 a-b) oil des Au8Cx~ BlXKTpiCl~ 1E TCClp8{vou~ se hvrent en l'honncur de I' Artemis du Tmolos a des ntcs de mode perse 291 Debord 1985. 352 294 cr. deja Ie rapport dc Mclhnk 1967, 172 et pI 59, concernant des fouillcs de tumult dans la merne region (Ikiztcpc pres de Gure) avec du materiel Iydien et pcrse. lis sont prcscntcs au musce dUsak. Cf. Ozgen & Ozturk 1996, Karagoz 1996,285-296 (par exemple sa fig 8 phiale d'argent a omphalos et godrons avec une frise de guerners pcrses a la lance, datee la du VI'S ), resume dans Bnant 1997, 18-19 295 Sekunda 1991, 129 sq. 296 Robert 1978b, 284 sq. n. 63 297 Quel est Ie dcgre de pertinence de lobservauon de Sekunda 1985, 24 'The cult of Persian Artemis seems to go back to Cyrean limes, where as the sanctuary to Artemis Anaitrs may only have been estabhshed III the fifth century, when the cult of Anahita was sponsored throughout the Empire". II hut cvidcmment allusion ICI au celebre texte de Bcrose, Ftlrlhst, 6RO, FII, qUI vaut pour Ie rcgne dArtaxerxcs II SI cette disnncuon a quclque vahdite (7) II scrau possible d' envisagcr deux mouvements de colonisauon , Ie second evcntuellement avec des elements non rramens mars iramscs (cf. ce qUI se passe dans la meme region a lepoque de la dorrunanon attahde. Debord 1985, 348) 29S L'un des objets du musee dLsuk est mscnt du nom perse Artrmas, mars en lydien
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Ajoutons enfin un ternoignage indirect: le lieu de rassemblement de I'armee perse pour les campagnes se deroulant en Asie Mineure occidentale est Ie Kastolou Pedion 299, bien localise entre Hermos et Kogamos. Certes, tout montre quon faisait appel a des contingents locaux pour constituer les arrnees des grandes expeditions, mais il serait impensable qu'une partie notable des troupes les plus fiables ne fut pas constituee de soldats "professionnels" 300, recrutes dans des corps a predominance ethnique marquee proven ant des autres parties de I'Empire, et dont le ciment etait justement I' acceptation des principaux traits de civilisation iranienne, en particulier en matiere religieuse.
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Supra p. 123.
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Ec.. 4 6.
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CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE
II n'y a aucune raison dopposer les auteurs les uns aux autres, en particulier Herodote a Xenophon. La satrapie, le ressort satrapique ont evolue, Au depart il sagit de tres grands ensembles confies a des proches du Roi : familiers, rnembres de sa famille, descendants des "Sept". Un lien personnel tres fort est conserve avec Ie Roi dans un systerne de relations "archaiques", somme toute guere different de ce que I'on rencontre en Grece a Ja me me epoquc, On eomprend mieux pourquoi les Spartiates en particulier, rnais on pourrait dire Ia me me chose des Macedoniens, ont pu trouver a partir de ces modes de comportement, "fossiles" au lye S., tant de points de rencontre avec les Perses, Bien entendu il serait caricatural de ne souJigner que les convergences: la difference essentielle reside en la disparition en Greco d'un echelon royal comparable a eelui de la monarchie perse (mais dont iI convient d' observer tout aussitot qu' il perdure en Macedoine), La satrapic ne doit pas etre imaginee comme un systeme clos, enferrne dans des frontieres rigides. Bien plus importantes pour la definir sont les relations de personnes : celles du satrape avec Ie Roi, nous I' avons vu, mais aussi celles du satrape avec les aristocrates (perses ou non) dotes de dornaines, ou avec les representants des ethne et des villes. Quel est le "ens de I'evolution? Elle est a bien des egards semblable a ee qui se passe de Iautre cote de 1'Egee. A la multiplication des magistratures correspond I'augmentation du nombre des satrapies et de leurs subdivisions. On sefforce, avec des fortunes diverses, de "norrnaliser" la situation de regions considerees comme vivant de facon assez autonomes (Cilicie, Paphlagonie). Rien done qui dernontre la victoire des forces centrifuges qui sont reputees etrc les signes precurseurs de la chute de l'Empire (lsocrate). Au contraire l'Egypte, longtemps le fer de lance de la rebellion, vient de rentrer dans lc rang. II semble meme que l'on s'efforce de mettre sur pied une administration "rnoderne" utilisant un nombre croissant de Grecs. Dans quelle me sure doit-on considerer les informations relatives a I' administration perse de l' Asie Mineure au lye S. comme exemplaires du fonctionnemcnt de l'enscmble de l'Empire? Question difficile pour plusieurs raisons. Nous avons vu que l'Empire perse avait su (ou avait ete oblige de) sauvegarder les disparites regionales issues d'une longue tradition historiquc, par consequent la generalisation de toute information locale a I' ensemble imperial doit etre tentee avec prudence. Tl est patent que la nature et les dates des sources conservees sont bien differcntes, Autre constat, ce qui vient d' etre dit confirme limportancc et la profondeur de I'irnplantation persc en Asic Mineure occidentale. Tout eel a va laisser des traces durables, longtemps apres la conquete macedonienne, dans les domaines religieux, culturel, institutionnel merne, dans les modes dexploitation du sol aussi bien que pour la perception de l'impot. Un rcmarquable exemple de cette "persisation" nous est fourni par Ephese.
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Plutarque attribue a Lysandre 301 cette observation: "Arrive a Ephese, il trouve la ville ... dans un triste etat et risquant de devenir barbare en sc laissant contaminer parIes moeurs perses parce qu'elle etait entouree par la Lydie et que les generaux du Roi y sejournaient le plus souvent". L'iranisation des rnceurs est soulignee par Athenee 302 ; iranisation encore du culte d' Artemis 303 probablement renforcee par l' attention particuliere portee a cette derniere par certains nobles perses, au premier rang desquels le satrape Tissapherne 304. Or, rnalgre tout cela, Ephese ne peut evidemment etre percue autrement que comme une cite grecque. Les satrapies occidentales de l'Ernpire perse constituent un champ d' experiences particulierement interessant dans la mesure oil nous y assistons a la confrontation de deux mondes dont lorganisation est theoriquement antinomique. Par la force des choses, chacun d'entre eux est oblige de prendre en compte la realite de I'autre, d'autant que la presence de Grecs de Grece d'Europe, pese de tout son poids a partir du debut du v c s. Pourtant, le Roi entend faire gerer ces provinces selon les memes principes que pour le reste de l'Empire. La se trouve la source de bon nombre de conflits, les satrapes ayant des choix difficiles a effectuer, ce qui les arnene a attirer la suspicion du pouvoir central et parfois rneme a se rebeller contre lui. Du cote grec, la monarchie perse et I'organisation satrapique constituent I'objet de reflexion de theoriciens politiques comme le Xenophon de 1'Economique et de la Cyropedie ou le Ps.-Aristote de I' Economique. Ces eeuvres concourent a rendre credible une alternative monarchique face a la crise que connait la cite dans le courant du IV e S. Cela dit, et comme nous I' avons maintes fois souligne, les mondes de l' Asie Mineure occidentale ne sont pas un ensemble homo gene : il y a de tres considerables disparites regionales qu'il ne faut pas sous-estimer; des evolutions historiques que I'on ne peut helas reperer que dans quelques regions privilegiees. Par consequent, il serait caricatural de ne pas faire place a lelernent "autochtone" (carien, Iycien, pisidien, mysien etc.) dont le degre d'rntegration, ou de non-integration, varie avec la nature du relief, I'existence de traits culturels developpes, d'une hierarchic politi que deja bien affirrnee. Cependant, pour tenter de resoudre notre dilemme initial, on aurait sans doute tout a fait tort d'irnaginer que cette diversite engendre lanarchie et que, com me le pretend Isocrate, l' Asie est un fruit mflr qu'il suffit de cueillir. Cette souplesse est aussi adaptation aux realitos du lieu et du temps; l' essentiel est que le phoros rentre. La preuve, s'il en fallait une, que ce systerne de gouvernement n'etait pas si mal adapte aux besoins est fournie par le fait qu' Alexandre et ses successeurs imrnediats en reprennent pratiquement trait pour trait les principes et le plus souvent meme le detail.
Plut., Lys., 3.2 (cf Sekunda 1985, 17-18). Athencc 12.525 c-c qUi, dapres Dcmocnte d'Ephese, souligne I'usage de vetcments perses (il la mode perse) par les Ephesiens 303 Benveniste 1966, 108-113 ; cf. Picard 1922, 163 sq Cf aUSSI sur Ie Megabyzc, Robert 1975, 318. 304 Cf Sekunda 1985,17-18. Cahn 1985,593 301 302
DEUXIEME PARTIE
CONFLITS ET ENJEUX DE POUVOIR (412-423 a.C.)
CHAPITRE V
L' ASIE MINEURE DURANT LA DERNIERE PHASE DE LA GUERRE DU PELOPONNESE
Etudier les evenernents qui se produisent sur la facade occidentale de l'Asie Mineure au [V e S. amene inevitablement a prendre d' abord en compte la periode 413-404 I. La date de 413/412 est en effet une date importante mais elle fournit aussi une charniere commode. La region connait alors un moment particulierement difficile, peut-etre des I'avenernent de Darius IT et en tout cas avec la revolte de Pissouthnes enrayee depuis pcu mais relayee par celie d'Arnorges. Tissapherne vient juste d'apparaitre dans le jeu politi que de la region. En faisant appel a Sparte pour briser l'hegernonie navale athenierme dont la plus grave consequence etait de priver les satrapes des revenus du phoros des regions cotieres 2, il accomplit un geste Iourd de consequence. Phamabaze entreprend une demarche parallele. Les points de vue des deux satrapes sont done convergents meme s'ils sont concurrents; une semblablc communaute d'interets se retrouve avec les cites insulaires de Lesbos et de Chios : "Les gens de Chios et Tissapherne negociaient done de concert et dans lc meme sens" 3. Ccla va entrainer Ie deplacernent des champs de bataille vers la cote asiatique et de profondes convulsions politiques dans les cites dont la consequence directe est un eclairage plus constant (essentiellement atravers Ie livre VIn de Thucydide) sur une region pour laquelle il n'y avaitjusque la qu'unc information discontinue.
1. LA GUERRE EN IONIE, 412-411
4
Le debut du livre VIII nous montre comment, dans l'hiver 413/412, I'annonce du desastre de Sicile amene les allies et sujets d'Athenes aussi bien que les neutres apenser qu'il est temps de choisir leur camp, naturellement du cote OU l'on entrevoit la victoire s. Les appels a Sparte sc multiplient mais Thucydide 6 montre bien les faiblesses du mode de decision en matiere de politique exterieure dans les institutions spartiates : on pensera aux conflits d'infIuence entre Ie roi Agis (qui mene sa propre politi que a Decelle, recoit des 1 Evcnements bnevement envisages du POint de vue perse : Olmstead [948, 358-370, du cote de la confederanon athcnienne, Mciggs 1972,351-374 et dans differentes notes addiuonnellcs ; Kagan [987 , du point de vue sparuatc, Parke 1930,37-79, Bockisch 1968, 139-160; avec un gros effort pour mtegrer les donnees pcrscs, Lewis 1977, specialement 91-135. Pour lcs Grecs asrauques, cf Westlake 1979, 9-44 2 Supra p 121. ] Thc. 8.6 (cf. aussi 5.4-5). 4 Les evencmcnts dont il est question ICI doivent ctrc rcunis sous le nom de guerre en Tome (The, 8 11 3 . WU 'jUlVIKOU 1tOA,£flOD, plus appropnc que celui de guerre d'lorue, souvent rctcnu, ct. Westlake 1979,9 n. I. , Diod. 13 34.1-2 II y a beau coup de confusion dans Ie recit de ce dermer qUi attnbuc par exemplc a Pharnabaze des mterventions qui ne peuvcnt etre que l' ceuvre de Ttssapherne (ef 13.36 5 , 37.4-6), supra p. 121 n SO 6 The. 8 5 3-5 , 6 1-3
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ambassades 7) et les ephores ; a Sparte meme de sourdes luttes compliquent et retardent les choix. Parmi les demandes d'intervention figurent celie des factions de Lesbos, Chios, Erythrees, presentees simultanernent a celles des satrapes Tissapherne et Pharnabaze. Les requetes de Tissapherne et de Chios sont reconnues comme prioritaires et cela a l'instigation d'Alcibiade 8. Constatons deja l'influence considerable de ce dernier 9, non seulement par ses choix strategiques, mais par sa seule presence qui a pour consequence de changer l'arne d'un certain nombre de combats 10. II est l'interlocuteur privilegie de ses adversaires II et parait encore jouer un role disproportionne a ce que sont ses moyens reels. Cela est certes dfl a son charisme 12, a la necessite qu'ont les auteurs anciens de "personnaliser" les evenernents, mais aussi au fait que les circonstances l'ont amene a se comporter en "outsider" en raison de l'ambiguite de sa situation a Sparte d'abord, puis face a l'Etat athenien. L'expedition de Chalkideus et d'Alcibiade vers l'Ionie est d'abord un "coup de bluff'. Alors que Ie gros de la flotte peloponnesienne est bloque a Speiraion, ils reussissent avec un faible detachernent naval 13, a obtenir la defection de Chios, Erythrees et Clazornenes dans un premier temps 14. Les Atheniens, conscients du desastre, interviennent rapidement a Samos, qui apparait une fois encore comme la clef de voute de leur systerne de defense en Ionie. lis y renforcent leur flotte d'un contingent leve sur placeet se rendent a Teos 15. Cependant ils se replient rapidement car la situation est radicalement differente de celles des annees anterieures : la superiorite navale est du cote de Sparte et de ses allies, grace surtout a 7 Agis decide d'envoyer un harmoste a Lcsbos (The. 8 5 2 ; c'est la seule occurrence dans son ccuvre du terrne ('P,LLOCH~<; , d. Parke 1930,44). L'opcrauon n'aura aucunc suite Immediate Notons en passant qu'rl est question ICI de Lesbos et non des cites entre lesquclles I'ile est partagee, Observons aussi quc lcs "grandcs Iles" agissent en ordre disperse (QUInn 1981, 43-44) ou plutot en liaison avec le pouvoir satraprque dont elles dependent geograplnquemcm 8 Telle est l'opnuon de The 8.6.2; quelques reserves sont erruses par Lewis 1977, 89 et de fait, d'apres The 8 8, le plan lacedcmomen etait a la fois ambiticux et coherent, articule autour dc trois harmostes : un a ChIOS, un a Lesbos, un dans l'Hellcspont. Ccla nous mdiquc clatremcnt que les harmostes n'etaient pas seulement en charge d'une place forte, mars qu'a partir de la I1s devaient controlcr toute une region. Ce schema theorique ne fut pas realise a ce moment (Parke 1930,44). 9 Outre la biograplue classique de Hatzfcld 1940, cf. Brunt 1952, 59-96; Delebecque 1965 et l'introducuon par Well de son edmon du livre VIn de Thucydidc, CUF, 1972; 1'amplc commentairc d' Andrcwes in Gomme et al. 1981. On consultcra aussi la trcs abondante hrbhograplnc reume par Hofstetter 1978, 9- I2 10 xen , Hell., I 1.9; DlOd. 13.46.3 II Par exemple Pharnabaze, Xcn., Hell., 1.3.11-12. 12 11 csr patent qu'Alcrbiade uuhsau Iargemcnt un Incontestable pOUVOIr de seduction. Pour lie prendre en compte que les faits de la penode qUI nous oecupe, rappelons lcs rapports pnvilegres qu'Alcibrade noue avec Trssaphcrne pUIS avec Pharnabaze. Thucydide mamfeste a son egard des sentiments contradictoircs faits ala Iois d'aturance et de mcfiancc, Dans quclle mcsure Alcibiade est-il l'unc des sources pnncipales du livre VIII (d. Westlake 1979)? 13 II faut noter a cc propos avec Westlake 1979, 10 et n. I, que lcs forces mises en ceuvre dans la premiere partie du conflrt par Athcnes et Spartc sont relauvement modestes. Le peu de moyen en hommes est mrs en evidence par le peut nombre de garmsons qUI sont alors miscs en place par les antagomstes. 14 The, 8 14. Sans pour autant s'cn prendre a la Ville meme d'Erythrccs, lcs Atherucns conscrvent les pomts fortifies de Sidoussa et Pte160n itbtd., 242). Le premier gcste des Clazornemens rallies a Sparte est de fortifier Pohchna sur Ie conllnent (mfra n 40) Rappelons qu'a cette epoque Clazorncncs n'etart pas encore rattachcc a la terre. Selon Ic reflexe habituel, meme lorsqu'ils ont la maitnsc de la mer, les Spartiates prennent des precauuon au cas ou unc SItuation "norrnale" se retabhrait (ccst-a-drre la suprernaue navalc des Atherucns) L'etabhssemcnt sur l'ilc de Clazomcnes reste non forufie (8.3 I .3). Cf Infra n 41 15 Ibid, 16.2-3; sur Tcos et sa region, cf Robert & Robert 1976, 153-235, sp 165-188. La cite pare normalement SIX talents de phoros , cf Westlake 1979, 12-14 ct Infra n 27
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l'apport de Chios (des equipages de Chios remplacent les Lacedernoniens sur les navires arnenes par Chalkideus, Chios fournit en outre vingt navires supplementaires) 16. Les Lacedemoniens avaient d'ailleurs pris leurs precautions en s'assurant par avance de l'importance de la ftotte de Chios et de la richesse de la cite 17. Teos, menacee par terre et par mer (les forces terrestres etant composees d'Erythreens, de Clazorneniens et de quelques barbares arnenes par Stages), fait secession it son tour 1~. Le premier acte des occupants est de detruire Ie mur qui protege la ville vers l'interieur, Alcibiade lance alors une operation en direction de Milet. Grace it ses liens personnels avec des aristocrates milesiens, il emporte l'adhesion de la cite, prenant, une fois encore, de vitesse les Atheniens 19. C'est dans ce contexte que se place un premier accord entre Tissapherne et les Spartiates, dont Thucydide nous fournit Ie contenu 20 : "Les Lacedernoniens et leurs allies ont fait alliance avec Ie Roi et Tissapherne aux conditions suivantes: tout Ie territoire et les cites que possede Ie Roi et que possedaient ses peres appartiendront au Roi. Tout ce que les Atheniens tiraient de ces cites, en argent ou autrernent, fera I'objet d'une opposition commune du Roi et de Lacedemone et ses allies; il ne sera pas permis de mettre fin it la guerre contre Athenes sans la decision des deux parties, le Roi et Lacedernone avec ses allies. Quiconque fera defection dans I'empire du Roi sera I'ennemi de Lacedemone et de ses allies; quiconque fera defection chez les Lacedernoniens et leurs allies sera, de la meme facon, l'ennemi du Roi", Ce "traite" pouvait paraitre tres peu favorable aux cites asiatiques 21 mais la rancceur it I' egard d' Athenes etait telle que Ie confiit se poursuit comme si de rien n'etait et Chios y joue un role tres actif 22. Les initiatives qu'elle prend sont immediatcrnent refrenees par les Spartiates (pour bien marquer it qui appartient Ie pouvoir de decision? par simple
lbid , 17.1 Lcs gens de ChIos, a ceue epoque, sont les seuls parmi les allies d'Athenes a eontnbuer a la Ligue par des navires et non par Ie phoros dans l'htver 413/2, les Athernens exigent d'eux eomme gage la fourmture de sept bateaux. Pour atnrcr les Spartiatcs en Ion Ie, 1Is pretendent pouvoir en disposer de pas moms de soixante et ee fan est confirme par un observateur perieque (8.6.4). La flotte de Chios est consideree par lsocrate comme un clement dctcrnunant dans l'equihbrc des forces navales la fin du vs s. (Isocratc, Paneg., 139) Quelques autres cites peuvent mettre en hgne un peut nombre de navires, ct. Andrewes in Gemme et al 1981, 38. Sur ChIOS, cf QUInn 1969, 2230 ; O'l\eI11978-9, 66-73. A partir de 412 Chios ernet des tetradrachmcs avec a I'avers un sphmx et une amphore et au revers un carre cn creux, pUIS un carre avec stnes et Ie nom du magistrat monctairc, Baldwm 1914, 26-29 ; 6278; Hardwick lQ93, 217-218, Hurter 1998,149. 18 Balcer 1970, 25-30 isole une eourte sene (cmq ans) ermse par les cites de Teos et de Phoccc qUI concluent un pacte monetaire afin de pallicr l' abscncc (orccc du numcraire athemen 19 Ibid, 17 2 ; cf. Melggs 1972,367 20 Ibid , 18, traduction WCII, CUE Lcxposinon des clauses mtervtent de Iacon abrupte dans Ie devcloppemcnt de Thucydidc (cf. par opposruon Ie trorsieme traue ; sur cc pomtAndrewes in Gomme et al 1981, 40). Lcs trois accords successifs (Bengtson 1975, n" 200-202) sont analyses par Levy 1983,221-241, Can fora 1990,193-216. 21 A noter que la disnnction tres nette opcrcc entre chora et polets n'imphque pas une difference de tranement, bien au contrairc Le fall que Ie texte de l'accord exphcite l'affirmation que Ie ROI veut effacer l'empremte atheruenne mdique bren que les cites apparticnncnt sans ambiguire a ee derruer et que Tissapherne entend y msister ; sur ce pomt, Levy 1983,229-234. LeWIS 1977,90, s'interrogc sur le dcgre dapphcation du traitc par exemple Erythrees a-t-elle du rompre lcs accords qu'cllc avait passes auparavant avec Sparte (8 6 4)7 22 Sur la suuauon interne de la cite, infra p. 207 et Meiggs 1972,358-9. Cf cgalcmcnt Miler (Lewis 1977,95). 16
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prudence") 23. Partie vers Anaia 24, la flotte est mise en deroute par les Atheniens a son retour vcrs Dios Hieron 25. Malgre ce revers elle provoque la defection de Lcbcdos et Hairai 26. L'attitudc de Teas peut paraitre plus ambigue : clle recoit d'abord les gens de Chios et Tissapherne, puis les Atheniens, En realite les Tciens n'ont guere Ie choix dans la mesure au la destruction de leur mur les prive d'un moyen de defense efficace (cf. l'exemple oppose de Hairai que les Atheniens ne peuvent em porter) 27. Ainsi, en quelques sernaines, la position dominantc d'Athenes en Ionie s'etait quasiment effondree. Ephese pas see a l'ennerni, ou au mieux hesitante 28, les Atheniens ne pouvaient plus guere cornpter que sur Samos. Le passage de Thucydide concernant les evenernents de 412 (7.28) montre bien qu'a cc moment rile n'est pas en revolte contrairement a I' affirmation rapide de Diodore 29. Les liens sont d'ailleurs renforces par une insurrection: les democrates samiens aides par les equipages de trois trieres atheniennes 30 liquident le pouvoir des notables, en tuent deux cents, en exilent quatre cents, partagent leurs terres et installent un regime de dernocratie exclusive puisque les geomores ne peuvent plus acceder aux affaires 31. Les manages entre les deux groupes sont desorrnais interdits. Assures Thc.8.192 Cf Fantasia 1986. 113-143. 25 EtIenne de Byzanee . "'lOS tEpOV' TCOA1XVlOV "lrovir«; ,uEm~u AE~E8ou Kat KOAOcpiDvo; . cf. Mentt et al. 1939,483 On remarquera simplemcnt que l'objection presentee quant it l'identrficauon du site (pas de trace d'un temple mars sculernent un habitat) n'est prohablement pas decisive Ie terme hieron peut sigmfier sanctuaire et I'on n'a pas Iorcement it imagmcr un temple (les habitants de Dios Hieron sont mentionnes dans ML, 47, 1 26) Cf. Robert 1946,520 sq , Rohert & Rohert 1989,71-75 26 A l'ouest de Tees au village moderne de Nca-Dcrmrcrh (Ked 1912, Beibl 59-64, Mentt et at. 1939, 465-6) (hjmpo.iot ou (h)mpmf.s dans les hstes attiqucs (cf Mentt et at. 1939,465-6); Str. 14.132 orthograplue fEpm et precise qu'elle est un TCoA1Xvwv Tnirov (eette intcgrauon s'est done produue probablemcnt it l'epoque hcllcmstiquc) Le Ps.-Sky1ax 98 Ia nomme "Avprx, Rohert 1946,512 n 2 rappelle plusreurs decrets du vc et du IV"s (par exemple MIchel, 497, avec la formule EV Aipfio rv date lit du me s mars pour lequel WIlhelm propose Ie IV'S) Monnayage du tv- s. cf Irnhoof Blumer 1883, 280 n" 259 , 1902, 512 (pI XIX, 17) 27 Comme le precise The 8.16.3, ce mur avait ete ban du cote des terres en partanr du prmcipe qu'une menace pouvan vernr de J'mtencur. les Athcrucns etant supposes avorr la maitnse de 1a mer Les Sparuates el Ies Pcrses sernprcsscnt de lc detruire, faisant amsi de Teos une ville ouverte (cf The 820.2). Died 1376.4, mdiquc que Kalhkraudas s'empare de Tees en 406 malgre Ie mur, ce qui suppose qu'une fortificauon avait ete (rjetabhe (apparemment vcrs la mer ccuc Iois) II ne faut pas rmagmer qu'il s'aglt lit de murs appareilles avec soin mars plutot de construcuons de fortune qU'11 ctait done rclauvement facile de detruire Cf Wadc-Gery 1958, 219-20 , Lewis 1977,89. 28 A I'ete de 412 un navire de Cluos trouve refuge it Ephese alors qu'rl est poursurvi par les Atheniens (The. 8.18 3 avec Ie commcnraire de Wcil). En 415/4, Ephese est dans la mouvance athemenne cllc pare Ie pharos (lG, 13,290 = ATL, 11, 40 T, I. 26), elle recoit probablement un stratege athemen au pnntemps de 414 (fG, 13, 270. I 79 = ML, 77) auquel a etc remise une somme d'argenl (sur le sens de cettc action supra p. 121). Vcrs la fin de I'ete 411 Trssapherne se rend it Ephcsc (The. 8 109 I) el offrc un sacnficc it Artemis La cite a-t-elle pour autant opte de facon fermc pour 1e satrape? Telle est lopnuon de Lewis 1977, 90 n 39 En tout cas Ephcse et tout son enVlrlJnnement sont fermement anlI-athemcns en 409 (410 pour Plerart 1995,276), mfra n 143 Elle emel des ce moment des dldrachmcs et en sUIte des lelradrachmes avee it l'avers I'abeillc et au revers Ie protome d'un ccrvlde regardanl en amere. Ce monnayage est Importanl quantltatlvcment au IV's (Hurter 1998, 148 ; Konuk 1998) 29 DlOd 13.342, ef Qumn 1981, 19-20 , Shipley 1987, 124-128 ]0 II est ImpossIble de donner une InterpretatIOn assuree de eet episode, s'agll-J! d'une IDltlatlvc mdlvlduelle des Atbemens en charge du contmgenl naval ou d'unc actIOn plus deliheree, prevcntlve, levant 1a menace d'cffet "boule de nelge" de l'actlVlte lacedemomenne'l 31 II n' y a eependanl aucune raIson deCISive de sltuer en 412 la grande reforme mstltutlOnnelle qUI donne it Samos de nouveaux cadres geopolltlques (ehillastys, etc) avcc Glolz & Cohen 1949,713 apres d'autres. Roussel 1976, 88 proposc de rabmsser eeUe dale au lV's. 11 semhle que Ie momcnt appropne SOltla reinstallatIOn des cxIles samlens en 322 (Debord 1984, 2(5) 23 24
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de la fidelite des Samiens, les Atheniens leur accordcnt I'autonomie 32. Cet episode sanglant fournit quelques indications complernentaires interessantes. Le gouvernement en place jusque Iii etait ii I' evidence, entre les mains des 01.lVCX1Ql1CX10l qui etaient restes loyaux (contraints et forces") aAthenes alors qu'une autre faction daristocrates tenait Anaia, sur Ie continent. Des le debut des hostilites ce parti avait fait allegeance a Sparte 33 parce que, des 440/439 34, il n' avait pas accepte de composer avec Athenes, C' est probablement ii ces dcrniers que fait allusion un decret athcnicn assez mutilc mais ou il est question des "Sarniens qui ont mene les Peloponnesiens contre Samos" 35. Les habitants de Chios manifestent une activite soutenue en direction de Lesbos. A la simple lecture de Thucydide il est evident que les deux lies ont des rapports etroits et anciens. En tout cas, une action conjuguee par terre et par mer, entraine la defection de Methyrnna puis de Mytilenc ct probablement de Kyme ct de Phocee 37 au cours de la rnerne campagne. La position des Lacedernoniens est ccpendant loin d'etre assuree, tant militairement que politiquernent. Militairement tout d'abord puisque l'arrivee d'une escadre athenienne entraine des Ic premier engagement la defaite des vaisseaux de Chios et la perte de Mytilene ; mais aussi politiquement, en effet, si le commandant spartiate Astyochos obtient l'adhesion d'Eresos, il doit compter sur la presence des gens de Chios pour rassurer les Methyrnnecns et les conforter dans leur volonte de secession 3g. En tout cas I'episode evoque supra brise l'elan des Spartiates et de leurs allies (les gens de Chios sont probablement echaudes par leur defaite rapide a Mytilene) qui rcnoncent a l'expedition projetee dans l'Hellespont 39. Les Atheniens rctablissent rapidement l'ordre ii Lesbos et de Iii se rendent aClazornenes ou plus exactement ii Polichna 40. TIs persuadent les Clazorneniens de reintegrer leur ile, sauf les instigateurs du deplacernent initial qui sc sont refugies a Daphnous 41. Le principal interet de ccttc demarche est de nous con firmer que, dans les deux 32 The 8.21 ; cet episode Important pose de facon plus generate la question de la pression exercee par les Atheruens sur les regrmes des cites alhccs , cr infra p. 222-223 Quinn 1981, 18-19 The 1.115.5.1161-1173,4751 3S IG, P, 96, tel que resutue par Lewis 1954,29-31 (dou StX;, 14, 1957,9). Quinn 1981,73 n. 50 ernet I 'hypothese que ce document pourratt se rapporter aux cvenements de 405 et non it eeux de 412. 36 Ibtd , 8 22 . cf 23.4. Cf Andrewes 10 Gemme et al 1981, 50 ; Westlake 1979, 20 3P, The 8234 39 Cf Meiggs 1972,361 41i Cf Andrewes 1981. 35. On rappellera la hstc du tnbut IG, IJ, 264, III 28-30 dont Ia forrnularton (TIoALxvatOi 'Eru8palwv) indrque une associauon ctroite avec les Erythreens, qUI parent pour ses habitants, it Ia difference de ee qUI se passe pour les autres membres de la syntehe qUI parent ehacun pour SOl. 41 Tbe. 8.23.6 , pour la topographic du scctcur cf Cook 1953-4, 149-157 et aussi de la Geniere et al 1982, 82-96 Un dccrct atheruen de 407, fG, P, 119 = P, 117 (cf ML,77 et son cornmentarrc), accroit encore Ie caracrere complexe des mouvements des factions clazomcrucnncs , contraircmcnt it cc que nous voyons dans Ie tcxtc de Thucydidc pour 412 (8 31 2-3) au lcs Clazomenrens sont du cote d'Athenes et resistent victoneuscmcnt i\ l'assaut d'Astyochos (ils sont encore dans le merne camp en 410 Xen., Hell , 1.1.10-11), II apparait qu'en 407 ce sont lcs rnaitres de Daphnous qui sont pro-atheruens La seulc cxphcauon possible est qu'entre 410 ct 407 les Laccdemomens ant rcussi a obtemr Ie transfert des partisans d'Athcncs it Daphnous alors qU'IIs avaient echouc dans leur tentative de 412 (The. 8.32.2: "[Astyochos] longea la cote jusqu'a Clazornencs, ou rl sornma lcs partisans dAthcncs d'aller s'mstaller it Daphnous et de sc rallicr iL son paru") , ces derrucrs retournent des que possible it leur anciennc alliance Sur ces questions, cf aussi Andrewes In Gomme et al. 1981,34-35 et la reflexion de LeWIS 1977, 93 n 49' 'The pattern of sphts 10 the citizen body, secessions and changes of allegiance may be a good deal commoner than sources let us sec"
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Carte 4 . La guerre autour de ChlOS.
20km
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camps, on est d'accord pour penser que les Atheniens ont une incontestable suprematie sur mer, mais qu'en revanche ils ne peuvent rien entreprendre de durable sur terre, d'ou l'idee que le ralliement des Clazorneniens a Athenes passe par leur reimplantation sur l'ile, si proche du continent soit-elle. Dans ce tableau des forces et des faiblesses des deux camps, Chios represente une anomalie importante et les Atheniens vont s'efforcer d'y remedier. Ils mettent en place un dispositif de harcelement articule sur un certain nombre de points fortifies tout pres, puis sur l'ile merne de Chios (Sidoussa, Pteleon, iles Oinoussai et enfin Delphinion) 42 et ils entreprennent la devastation quasi systematique du territoire de Chios, reproduisant en cela ce que les Spartiates font depuis Decelle. Suit une digression 43 ou Thucydide rapporte l'heureuse situation de Chios, intacte depuis les guerres mediques et cela grace, en partie, a la sagesse (et implicitement a la moderation) de son gouvemement 44. Enhardie par la presence proche des Atheniens et confortee par la situation materielle difficile de la cite, une faction cherche a renverser le gouvemement pro-spartiate. Les magistrats font appel a Astyochos. Ce demier prend des mesures severes, y compris la demande d'otages, pour refrener cette tentative de coup d'Etat, rnais sans aller jusqu'aux mesures extremes que seraient des massacres ou des expulsions 45. Apres avoir recu des renforts, les Atheniens se portent devant Milet avec un contingent argien. Ici se place une reflexion tres significative. Les Argiens engagent Ie combat avec l'idee qu'ils mettront aisernent en deroute les Ioniens et, malgre le commentaire de R. WeiI 46, on est tente de penser qu'un tel mepris etait assez courant en Grece face ala valeur militaire, a la valeur tout court de ces Grecs asiatiques. Thucydide, ayant note que dans ce meme engagement les Argiens ont ete defaits par les Milesiens, les Peloponnesiens par les Atheniens, constate que de part et d'autre les Ioniens l'ont ernporte sur les Doriens. II substitue done un autre type d'opposition dont les clivages traversent la mer Egce. L'issue finale du combat est favorable aux Atheniens qui peuvent ainsi mettre Ie siege devant Milet, mais celui-ci est leve a I'annonce de l'arrivee d'une ftotte peloponnesienne, qui aborde a Teichioussa, bourgade milesienne sur Ie golfe d'Iasos. Apres Ie depart des Atheniens I'action navale vers Milet etait devenue sans objet et Tissapheme obtient des Lacedemoniens qu'ils agissent contre Iasos et Ie rebelle Amorges 47. Prise par surprise, la ville procure un tres gros butin et les mercenaires d'Amorges, peloponnesiens pour la plupart, sont enroles par les Lacedemoniens, En revanche les habitants de toutes conditions sont livres a Tissapheme, a raison d'un darique par tete, et ce demier installc une garnison a Iasos 48. Le pilier inscrit de 42 Geographic de la region, Keil 1910,5-22, 1912,49-50; Merut et al. 1939,485-486; Andrewes III Gomme et al. 1981,55-7. Sur Srdoussa, Wade-Gery 1938,470-5 (iI partir de PlIne, HN, 5.137) 43 The 8.24.4-5 44 cr Meiggs 1972, 362. 45 The. 8.24 6 ; 31 1 a rapprocher de 36.1 : "Lcs Miles lens acccptaient avec ardeur Ics charges de la guerre" 46 Commentarre sur 8.25.3 , ce theme de J'opposiuon ethruque est traue par de Romilly 1947,76 sq. ; Will 1956 ;Alty 1982, 1-14 47 The. 8 28.2 et supra p. 121 a parur de 8.5 5 ; Westlake 1977,319-29. 4H The. 8 28 2-4 : Amorges et Iasos sont lcs allies d'Athencs, c'est cc qUI ressort exphcrtemcnt du rccit de Thucydide pour lequel la pnse de la ville est due au fall que "personne ne s'auendan a cc que les navires nc fussent pas Atheruens'' ; cf. cgalemcnt 54 3 Cette collusion est confirrncc par Andocide, Paix, 29. Sur la region d'lasos, ef. Bean & Cook 1957, 100-6 avec un plan de la region compnse entre Milet ct Iasos, La construction du mur date probablement de cette penode (cf Hornblower 1982, 317 n 184, avec brbhograplue et plus generalernent 32-33 sur la snuation de la cite)
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Xanthos 49 nous apprend que les Spartiates n'ont pas ete les seuls it partieiper aetivement it I'operation Les Lyciens de Xanthos ont envoye un contingent et leur dynaste, Kherei (ou Gergis?) a tue en un seul jour et de sa main sept hoplites arcadiens 50. Yers la fin de I'hiver 51, la guerre d'escarmouches se poursuit sans modification importante des positions, mais dans les deux camps on manifeste quelque inquietude sur la fidelite des allies: Ies Atheniens it l'egard de Lesbos, les Lacedemoniens pour Chios et Erythrees 52. Les gens de Chios manifestent, en effet, une certaine mauvaise grace it continuer l'effort de guerre 53. Un seul mouvement significarif intervient : sous l'action de Tissapherne, Cnide quitte Ie camp athenien, et cela confirrne bien la volonte du satrape de reprendre en main la Carie apres la revolte du batard de Pissouthnes 54. Les Atheniens ne peuvent recouvrer Cnide, mais ravagent son territoire, ainsi que probablement celui de Caunos 55. II est d'usage courant chez les auteurs modernes de considerer que les satrapes ont generalement mis en oeuvre des moyens militaires limites parce qu'ils ne disposaient que de faibles contingents terrestres et pas de flotte, et qu'ils attendaient presque tout en matiere militaire de leurs allies spartiates 56. On se demandera cependant si l'eclairage que fournit Thucydide n'est pas selectif. II est peu probable en effet que la rebellion d'Amorges ait eu pour cadre la seule lasos, mais Ie reste de la Carie interesse peu les auteurs grecs, L'action de Tissapherne y a ete plus importante et plus profonde, ce qui justifierait sa possession de domaines importants dans la region (hypothese aussi plausible que celie d'une implantation familiale ancienne developpee par D. M. Lewis) 57. A ce moment les Laccdernoniens negocient un nouvel accord avec Tissapherne, destine it se substituer au precedent 58 : 49 50
TL, 44a I 52-55 ; Infra p. 312 TL, 44e I 29 Pour lc choix de Gergis, cf Bousquet 1992.
The. 8 30-1 The 8 33 2-4 . c'est la cuncuse affaire des prisonruers erythrccns a Samos, dont la rumeur pretend qu'rls ont ete "retoumcs" et rcnvoyes ehez eux pour fomenter des troubles. Sur ee type de situation. cf Losada 1972 Westlake 1979, 16-17, s'mterrogc a justc litre sur l'acuvite des Erythrecns au cours de la guerre (cf. supra l'acuon en drrection de Tcos) ; nous apprenons ICI indirectemcnt qu'ils avaient aussi eu une acnvrte sur mer, a moms que lcs pnsonrners soient simplement l'cquipagc d'un navrre marchand arraisonne en mer par Ics Sarruens ou leurs alhes atheruens. lis sont apparcmment tres peu actrts par la suite. 53 The 8 32.3-33 I. 54 The 8 35 1-3. Crude se revolte centre Athcncs a l'msrrganon de Trssapherne et accueille des troupes sparnates, EI1e recou en suite une garruson du satrape (109.1). C'cst Ie dcuxicmc cxcmplc d'unc garmson rmplantee dans une cite canenne ct cela confirme bien la volonte d'ernpnse directe du satrape sur la region 50 Cela decoule du fart que Caunos est consideree comme un point sur par les Spartiatcs (8 39.4 ; cf. 43 I) S6 Tcllc est par exemple la posrtion de Westlake 1979,35-36, qUI pense qua aucun moment de la guerre en lome 1es deux satrapes conccrncs ne disposcnt de forces nuhtaircs srgmficauvcs. 11 faut tout de mcrnc rappeler que Tissaphernc installe des garmsons a Crude (The 8.1(9), Milet (84.4-5. 1(9). Antandros (1084-5) et probablement d' auires pUlsque ne sont connus que lcs cas ou ces garmsons ont etc cxpulsecs Autre argument prcscnte par Westlake, Tissaphcrne a eonstamment peur (57.1, 1(9) que les Sparuates ne prllent son terntoire pour se dcdommager du mauvais verscment de la solde et eel a rnontrerart sa faiblcssc , mars II convicnt de constater qu'ils n'ont nen rente en ce sens. L'atntudc gcncralc de Sparte n'mdique pas qu'clle a Ie senument d'etre en position de force face a la puissance pcrsc. 57 LeWIS 1977, 83 , cf. un Cancn "bilmguc'' dans I'entourage de Ttssapherne, charge d'une rmssion a Sparte (The. 8.85.2) ss The. 837, cf. Andrewes in Gomme et al 1981,81-2 pour une possible drsuncuon entre les terntoircs que Ic ROI controle (on notcra en effet l'ambiguite de la traduction Wed-de Ronul1y) , cf cgalcmcnt LeWIS 1977.94 et n 54 On s'mtcrrogcra sur la nature etla portcc d'un tel accord, amsi 8 45 4-5 parait exclure l'existence d'un traitc bi-lateral cxplicite 51
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"Tout le territoire et les villes qui appartiennent au Roi Darius ou appartenaient a son pere ou a ses aieux ne seront l'objet d'aucune agression militaire ni d'aucune alliance de la part des Lacedernoniens ni de leurs allies; de leur cote le roi Darius et ceux qu'il commande ne feront subir aucune agression militaire ni aucun dommage aux Lacedemoniens et a leurs allies. Pour toutes les demandes que les Lacedemoniens ou leurs allies feront au Roi ou que lc Roi fera aux Lacedemoniens et a leurs allies, ils n'auront qu'a se conformer aux decisions dont ils conviendront. La guerre contre les Atheniens et leurs allies sera rnenee en commun par les deux parties; si l'on veut y mettre fin, ce sera fait en commun par les deux parties. Toutes les troupes qui se rendront sur le territoire du Roi a I'appel du Roi, seront entretenues par le Roi. Si l'une des villes comprises dans cet accord avec le Roi attaque le territoire du Roi, les autres s'y opposeront et soutiendront Ie Roi autant qu'ils Ie pourront ; si quelqu'un sur le territoire du Roi ou dans Ie pays que commande Ie Roi attaque le territoire des Lacedemoniens ou de leurs allies, Ie Roi devra s'y opposer et donner son soutien autant qu'ille pourra". Si I'on compare ce traite au precedent, on s'apercoit irnmediatement qu'il est plus detaille et plus realiste. A l'evidence il est Ie fruit d'une cohabitation sur Ie terrain et fonction de faits concrets. Les Spartiates obtiennent I'assurance de leur entretien en Asie aux frais du Roi et la garantie de son aide s'ils sont attaques par quiconque dependant de l'autorite de ce dernier, autorite et pretentious qui ne sont par ailleurs nullement remises en cause. Une fois encore l'entente se fait sur Ie dos des cites asiatiques. Grace au dispositif qu'ils ont mis en place (supra), lcs Atheniens peuvent accroitre leur pression sur Chios, a partir surtout de Delphinion 59. Cela entraine des troubles dans la cite, l'installation d'un gouvernement plus radical 60 tout a la devotion de Sparte, des executions 61 et une grande fuite d'esclaves. Thucydide rappelle ici que Chios est la cite la plus riche d'Ionie, que Ie nombre de ses esclaves est seulement inferieur a celui de Sparte. Du cote spartiate, on se decide enfin a utiliser I'argent propose par Pharnabaze pour equiper une f1otte. Apres un periplc complexe qui eonfirme toutes les hesitations de la politique lacedemonienne, ces navires arrivent a Caunos 62 OU ils attendent leur jonction avec Astyochos qui, au passage, pille l'ile de Cos 63 qui avait etc precedernment ravagee par un 59 Sur la cote onentale de l'ilc au nord de l'agglomerauon pnncipale de Cluos , d. Boardman 1956,41-49 pour les Jouilles de ce site qUI doit bien entendn son nom it l'Apollon Delphnuos 60 Merggs 1972, 362 n 3 61 Dont cclle de Tydce fils d'lon que certams (e g Melggs 1972 apres von Wilamowitz , cf. encore Dover 1986, 27-37) pensent ctrc Ie poctc Ion de Chios , sur cc pomt, cf. Jacoby 1947, 1 n. 9 Ces executions ont heu it l'msugauon de l'harrnoste spartiate Pedantos, cf Bruce 1964, 273 ; 1967, 31 sq. ; Pierart 1995, 266. 62 The. 8 39 3 ; la cite de Caunos ctait trcs lourdement taxee dans Ie cadre de la hguc de Delos, ATL, II, A 9, 98. Westlake 1979 suggere qu'rl pourran s'agir d'une indernnue extorqucc et non du paiement ordmaire. Meyer 1913, 556, pense que la regron (Crude, Caunos) est tombec aux mams de Tissaphernc (contra Westlake 1979, 23 n 1) C'est it Caunos que sc place la rencontre entre Tissaphemc et lcs Sparuares qUI aboutu it la troisieme convention de 411 (mfra p. 213) 63 Cos Mcropis, consideree par les anciens comme Ie site pnrrutif de I'He, deviendra l'agglomerauon pnncipalc apres Ie syncecisme , Shcrwin-Wlutc 1978,50 sq , ef. egalement Westlake 1979, 17-20. Cos pale un tnbut de cmq talents. Pour Bean & Cook 1957, 119-126, Astypalaia, dans la partie occidentale de l'ile etait favorable it Sparte alors que Cos Meroprs ctait proathcruennc. Meiggs 1963,35 , Westlake 1979, 17 n 6, SherwinWhite 1978, 54-55 refusent cctte hypothese et en effet la taille de l'ilc rend peu probable le fan qu'elle an pu etre partagee entre deux obediences
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tremblement de terre. Des operations ant lieu autour de Syrne 64 avec a la clef une victoire Iacedemonienne mais qui n'apporte rien de decisif (en particulier Halicarnasse reste aux Atheniens 65.) En revanche Rhodes change de camp. A Camiros l'intervention de la fiotte Iacedemonienne a I'appel des 8uvaTOnCn;Ql &v8p£S provoque la panique parmi les noA.A.ot l'amiral spartiate reunit une assemblee commune 66 alaquelle participent les gens de Lindos et Ialysos et au l'on decide que I'ensemble de l'ile se joint aux Peloponnesiens, Diodore attribue un role important au Rhodien Dorieus 67 exile aThourioi apres la prise du pouvoir par Ie demos. A cette occasion les Lacedemoniens precedent a la requisition de trente deux talents 68. Peu de temps auparavant une rencontre a eu lieu a Cnide entre Tissapherne et les Spartiates ; ces derniers sans doute enhardis par leurs succes denoncent l'accord precedent, provoquant la fureur du satrape. II n'est apparemment pas besoin de chercher plus loin les motifs des attitudes ulterieures de celui-ci a l'egard de Sparte. C'est Ie moment que choisit Alcibiade pour tenter de tirer son epingle du jeu en s'appuyant alternativement sur les Atheniens de Samos et sur Tissapherne dont il devient Ie conseiller privilegie 69. D'apres Thucydide 70, c'est lui qui suggere au satrape la politique de bascule qui correspondait bien aux interets du Roi mais aussi au caractere de Tissapherne. C'est lui encore qui recoit Ies doleances des cites 71. Chios est distinguee des autres cites, manifestement en fonction de ses rapports anterieurs avec Athenes et la ligue de Delos a laquelle elle coJlaborait par ses propres forces militaires alors que les autres payaient Ie phoros. Alcibiade econduit les gens de Chios en arguant qu'ils sont les plus riches des Grecs, qu'ils ont leurs propres forces militaires et que Tissapherne ne saurait cngager hommes et argent pour autrui (ce qui sousentend qu'il ne vcut pas s'engager pour ceux qui revendiquent leur indepcndance par rapport al'Empire perse). Pour les autres, il leur declare qu'ayant paye tribut aAthenes, il n'y a pas de raisons qu'elles ne paient pas au mains autant pour assurer leur securite, Thucydide n'arrive pas a debrouiller aisement tous les fils d'une situation au derneurant fort confuse. Malgre ses allegations il ressort bien que Tissapherne mcnait les chases a son idee et qu'apres avoir rencontre Ies Atheniens 72 il finit par se persuader que la Symc, Andrewes in Gomme et ai. 1981, 88 ; Chalkc, Cook 1961, 58 The. 8.45.4-5 (cf IG, P, !O3. decret pour les habitants dHahcamasse, 410/409). 61i Que I'on peut considcrer dune certame rnaruerc eomme une premiere etape en direcuon du syncecisme, effeetlf en 408 (cf. Demand 1990,90; Bresson 1993, 129) 67 Il apparucnt a la celebre famille olympiorucc des Diagondes (orrgmaires de 1alysos) , sur le role dominant de eette derruere a Rhodes jusqu' en 395, David 1984, 271, a partir de Paus 6.7 1-7 6S The 8 44 , cf Diod 13.385 et45.1 , cctte contnbunon a ete rapprochee par Woodhead 1948, 56 n 4 du tn but verse par les dtffcrcntes comrnunautes rhodiennes , le maxunum verse par Lmdos est de quinzc talents, Ialysos dix talents, Karmros dix talents et SI l'on ajoutc les ensembles secondaires, on obuent un total proche de quarante talents Les Laccdcmomcns sctaicnt en quelque sorte lies lcs mams en s'mtcrdisant de lever Ie phoros, ils ont done recours a des expedients de ce type; d. encore la contnbunon de trois quaranuemcs de Clues par homme pour la flotte (The 8.101 I) , voir Andrcwcs l1l Gomme et al 1981, 346-7 69 The. 8.45-52 70 Arguant du fait que les Sparuatcs sont venus en ASIC pour libercr lcs cites grecqucs, eertes dans un prermer temps des Athernens mars a terme sans doutc des Perses (46.2), Alcibrade tire argument de l'entrevue orageusc de Crude (43.3-4) mars en deplacant 1a portee ; ee passage est a rapprocher de 52 ou II est indique que Lichas veut hbercr la totalue des CItes. Cf LeWIS 1977. 100. 71 The. 8.45.4-5. 72 Cettc ncgocration a cela d'mtcressant qu'elle montre jusqu'ou (fort loin) lcs Athemens ctaient prets a allcr dans les concessrons au ROI (564) Tissaphcrnc reclame d'abord l'Iorue, puis les lIes avoismantes plus divers 64
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moins mauvaise solution etait de traiter avec les Spartiates sur de nouvelles bases. Apres des preliminaires qui ont eu lieu dans la plaine du Meandre, c' est-a-dire probablement a Magnesie, Tissapherne se rend a Caunos 73 et conc1ut un troisierne accord, dont les conditions sont les suivantes : "Tout Ie territoire royal qui est situe en Asie demeure la propriete du Roi ; le Roi doit pouvoir disposer a son gre de son territoire. Les Lacedemoniens et leurs allies n'iront faire subir aucun dommage au territoire du Roi et Ie Roi n'ira faire subir aucun dommage au territoire des Lacedernoniens et de leurs allies. Si l'un des Lacedernoniens ou de leurs allies veut faire subir des dommages au territoire du Roi, les Lacedernoniens et leurs allies s'y opposeront ; et si un sujet du Roi veut faire subir des dommages aux Lacedernoniens ou a leurs allies le Roi devra s'y opposer. Tissapherne entretiendra dans les conditions convenues les navires actuellement presents jusqu'a la venue des navires du Roi" 74. Suivent des clauses relatives a la cooperation des deux f1ottes. Mais on sait que celle qui fut formee en Phenicie n'arriva jamais en mer Egee 75 : si l'on en croit Tissapherne au nom duquel Alcibiade 76 pretend s' exprimer, cette flotte est venue jusqu'a Aspendos. Ce texte appelle un certain nombre de commentaires : - Contrairement a ce qu'il avait fait pour les deux traites precedents, Thucydide prend soin de donner l'intitule comme s'il avait eu acces a un document redige, a la difference de ce qui s'etait passe jusque lao Cette impression est apparemment renforcee par le fait - que l'on ne doit pas considerer comme une contradiction - que les negociations ayant eu lieu a Caunos, la ratification se fait en un lieu de la vallee du Meandre que Thucydide ne precise pas (on pourrait suggerer Yoikos de Tissapherne). A. Andrewes souligne, a juste titre, que les trois traites, me me Ie dernier parvenu dans une forme plus elaboree, n'etaient, sans l'aval du Roi d'une part et du gouvernement de Sparte d'autre part, qu'une convention entre les acteurs du theatre des operations 77. - Du cote perse, le seul Tissapherne s'etait engage dans les deux premiers traites 7H ; avantages enfin la hbre circulanon d'unc flotte perse en Egee II est tres sigmficauf que lcs negocrateurs atherucns alent acquiesce aux deux premieres demandes. 73 C'est peut etrc a ccs cvenernents que fait allusion Ie piher inscnt de Xanthos (TL. 44c 3-9) oil selon I'rnterprctanon du textc proposee par Melcherl 1993, 31-34, lc dvnaste de Xanthos se vante de s'ctrc entrcmis entre Tissapheme d'une part et ses allies de l' autre pour conclurc un accord. Des steles sont engees a Hytenna et a Caunos. 74 The. 858. 75 Sur la flotte "fantomc" dc Pherucrc, cf LeWIS 1958, 392-7 qui sappuie sur des papyrus ou apparait une revolte en Egypte cctte epoque (cf Diod, 13.466) ct conclut que la flottc a etc cnvoyee la ct que son absence en lome n'est pas due a la volonte de Trssapherne (The. 8.87, cf. Meyer 1956, 305 sq. meme confusion systematique de Drod. 13 37.4-5 pour lequclles trois cents navircs de la flottc de Phemcic obcisscnt a Pharnabaze, cf deja 13.36.5 el encore 13.38.4); cf egalement Andrcwcs 1961, 13-14 et surtout Laterner 1976,267-290, Walllnga 1987,73. Sur les traitcs successifs avec lc ROI, cf Levy 1983; lcs textes sont donnes par Bengtson 1975, 139-143; cf. aussr Goldstein 1974, 162-164 , Andrewes in Gomme et al. 1981, ad loc. ; Bommelaer 1981, I 18 sq 76 The, 8.81.3. Cf, Kagan 1987,212 sq. Pour dc possibles traces d'un monnayage errus simultancmcnt a ceuc occasion 11 Tyr et a Tarse (mcme type d'avers : Melkart chevauchant Pcgasc au dcssus des Ilots), cf. Kraay 1976, 280 comparanli\CGC 1049 ct SNG Levante 56 (PI. VII, 6-7). 77 Andrewes, in . Gomme et al. 1981, 143. Sur Ie lieu de la ranficanon, cf. Lewis 1977,103, n 77. VOIr aUSSl Levy 1983, 225 78 Plus exactcment, comme Ie fait rcrnarqucr Levy 1983, 227, Ie ROI et Tissaphcrne pour Ie premier accord, Ic ROI Danus, les cnfants du ROI el Trssapherne pour le second. S'agrt-rl par cette cuneuse formulanon d'mdiquer la durcc accrue de l'accord?
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pour le troisierne, outre Tissapherne et Hieramenes 79, les fils de Pharnakes, c'est-a-dire Pharnabaze et un (7) frere non nomrne, sont mentionnes, Les deux satrapies occidentales sont done liees par l'accord et Tissapherne est en charge a ce moment d'un commandement elargi (supra). II agit par delegation du Roi qui est implicitement concerne puisqu'on regle les "affaires du Roi", On peut penser que cette ouverture precede d'une demande expresse des Spartiates, peut-etre deja dans la perspective d'un elargissement de leur action vers Ie nord. - En apparence, les Lacedemoniens ont obtenu une concession importante par la limitation explicite a l'Asie des pretentious royales. lis font ainsi disparaitre, manifesternent par I'action de Lichas, l'ambiguite des accords precedents. - La contrepartie n'etait pas negligeable. Pour les Grecs d'Asie au moins "au lieu de la liberte, Sparte leur apporterait I'empire du Mede" 80 et Ie merne Lichas rappelle plus tard avec quelque brutalite que "les Milesiens, comme tous les habitants du pays du Roi, devaient obeir comme des esclaves a Tissapherne dans tout ce qui ne passait pas la mesure et Ie servir jusqu'a ce que la guerre fut rnenee a bonne fin" 81. Merne avec la restriction mentale que suppose Ie deuxieme membre de la phrase, on sait que cela provoqua une vive colere chez les Milesiens, On peut meme penser avec Ed. Levy 82 que Ie membre de phrase "le Roi doit pouvoir disposer a son gre de son territoire" est une allusion tres transparente au phoros, cause immediate de la guerre d'Ionie et dont les Spartiates admettent implicitement la legitimite, Au merne titre que les precedents, Ie troisierne traite est un accord inegal r'. L'apparence est done la poursuite de l'alliance, mais il est evident que quelque chose a ete rompu entre Tissapherne et les Lacedemoniens, qui jamais ne sera efface et les relations ulterieures resteront empreintes d'une mefiance reciproque. 79 Dont Ie nom apparait ausst dans lmscnption lycienne TL, 44 c associe a cclui de Tissapherne. Jl est mamfestcmcnt he a lUIcomme le montrent sa menuon dans le trorsieme traite avec Sparte (The. 8.58) ct Xcn., Hell., 2. J 8-9 (Hatzfeld, CUF, se debarrasse un peu rapidement de ce passage cn le considcrant comme mterpole), oil nous apprenons que Hierarnenes est apparcnte a la famillc royale ; l'arumosue de Cyrus a l'egard des enfants de cc dcrruer pourrait s'expliquer par les hens ctroits qu'il parait avoir avee Ttssaphernc. Done, plut6t que de VOl[ en lui (LeWIS) un envoye royal, nous penserons qu'il exerce un commanderncnt (hyparchie") sous les ordres de Tissaphernc. 80 The 8433 81 Ibid., 83.5 : A1XaC; ... EqJl1 ,E xp~vm Tt
,n
,ex
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Les evenernents de l'ete 411 tels que les rapporte Thucydide paraissent tres confus, partiellement sans doute it cause du caractere inacheve de l'eeuvre 84, mais il semble que cela est dfl bien plutot au grand desordre des evenernents qui paraissent se derouler sans plan et sans suite, ce qui provoque un grand trouble dans les esprits. On deplace des flottes nombreuses qui se rencontrent sans s'affronter, et on ne sait plus tres bien quels sont les contours des camps antagonistes. II suffira d'evoquer ici la tension qui monte entre Tissapherne et les Spartiates 85, puis entre les Milesiens et Astyochos 86, et l'expulsion de la garnison perse par Milet 87. Tout cela culmine avec la revolution oligarchique aAthenes, dont les antecedents et les contrecoups it Samos fournissent I'occasion de longs developpernents a Thucydide. Apres I' echec du renversement de la democratic par une faction de ceux qui detenaient Ie pouvoir, une sorte de gouvernement mixte, compose d'Atheniens et d'une majorite des Samiens, prend toutes les decisions 88, en particulier en imposant la lutte it outrance contre Sparte et ses allies. Les revirements des dirigeants samiens montrent bien que les situations pouvaient ctre moins manicheennes (affrontement democrates contre oligarques) que l'on aparfois tendance it Ie penser s".
2. L'INITlATIVE AUX ATHENIENS, 411-407 De l'etude de l'ensemble de cette peri ode, il ressort que les Atheniens ont une politique variable" selon les succes ou les echecs : en cas de victoire ils cherchent it etendre leur presence militaire aux cotes de la Carie et de l'lonie et a reprendre pied dans les cites; chaque revers entraine un retour vers l'Hellespont dont le controle est rendu encore plus vital par la presence spartiate it Decelie qui coupe la route de l'Eubee et fait dependre plus etroiternent Athenes pour son approvisionnement du ble des regions pontiques. Autre element important, les Lacedernoniens repondent it l'appel (qui vient d'etre renouvele") de Pharnabaze et leur passage dans la sphere hellespontique modifie profondernent les donnees dans la mesure oil Tissapherne ne dispose plus du merne moyen de pression sur les Spartiates 90. II se propose d'utiliser une autre carte, militaire cette fois : la flotte de Phenicie 91. Son depart est suivi par celui d'Alcibiade qui, de Samos, se rend it Caunos et Phaselis 92. Le fait que 8.88 et 108.1 se repondent indique que l'cxpedition a bien
"a geornetrie
Cf Delebecque 1965 , 1967 " Wed, notice du hvre VllJ, CUF, 1972, P XII-XIII. The 8.83. 86 The 8.84.4-5 87 The. 8.845. Parke 1930,47-8, suggcrc avec vraisemblance que cette garmson avau remplace celie de l'harmoste de Sparic Pluhppos en apphcation de la convention passce avec Tissaphcrne. 8S E g 8.732-6 (cf 8.63.3-4) ; 8 75.2-3 S9 L'mtcrpretanon de Quinn, 1981, 20-22, parait un peu forcer Ie tcxtc ici. Ccrtes les "trois cents" de Samos devaient aVOIr des ongmes assez composites, comme les "quatre cents" d' Athenes. II est evident quil y avait des "Theramcne' parmi eux, prets it de multiples volte-facc, mars Thucydidc souligne it plusieurs repnses quils sont dans un prenuer temps lcs "democrates" done ceux qUI avaient pns - ou acceptc - quelques temps auparavant des mcsures dexcluston a I'cneontrc des gcomores (The. 8 21). II ressort de 8.73.2 qu'rls ne sont qu'une partie des trois cents COnjures (qui cornprennent aussi des Atheruens). 90 The. 8.802; cf Westlake 1979,37. 91 The 8 1083, ef. Kagan 1987,236 sq. et supra n. 75 92 Le choix de Phaselis s' exphque par sa situation strategiquc mats aussi par les relauons etroitcs que la cite cntrctient depuis longtemps avec lIorne, Chios en partrcuher , cf The. 269.1 ct IG, P, 10 (ML, 31) ; sur ce decret voir en dcrruer heu Fornara 1979,48-52. 84
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eu lieu 93. Doit-on penser que l'Athenien manifestait ainsi sa capacite a concevoir de facon globale la situation en Orient, en une analyse comparable a celie qui avait conduit a l'expedition de Sicile; ou bien s'agissait-il d'un double "coup de bluff': d'abord de Tissapherne, brandissant la menace d'une fiotte qui ne parvint jamais - du moins pas avant puis d'Alcibiade, trouvant ainsi une occasion de faire valoir son role a peu de frais 394 (cf. 8.108.1). Mais ce "machiavelisrne" n'est-il pas un peu trap celui des modernes, dans la mesure ou il est assure que la fiotte a bien existe mais qu'elle a ete employee en Egypte, c'est-a-dire en un endroit juge toujours prioritaire par le Roi. En ce sens Alcibiade n'aurait fait qu'anticiper sur Ie role qui reviendra plus tard a Conon. En 411, Mindaras avait decide d' envoyer un petit contingent de navires italiotes vers Rhodes sous les ordres de Dorieus. II sagissait de faire face a un risque de retournement de la situation en faveur des dernocrates en Egee 94, mais c' est I'Hellespont qui devient Ie centre principal de l'activite militaire. Les Atheniens tiennent la Chersonnese, c' est-a-dire la rive nord, les Lacedernoniens et Pharnahaze appuient leur defense sur la place forte d'Abydos 95 ralliee par Derkylidas. II peut paraitre utile, a ce moment, de dresser un tableau des positions respectives des adversaires. Pour I'essentiel, les Atheniens controlent les territoires insulaires : Samos 96, Cos 97, Chalke 98, Lesbos 99, Clazornenes 100; mais aussi un certain nombre de positions sur Ie continent: Halicarnasse 101, Lampsaque 102, Cyzique, perdue et immediaternent reprise 103. Outre Abydos qui est en quelque sorte un pole operationnel en territoire ennerni, a laquelle s'ajoute la region comprise entre Sigeion et Rhoiteion, soumise par Derkylidas au cours de sa marc he vers le nord 104, les Spartiates tiennent la majeure partie -r,
93
Cf les doutes de Delebecque 1965,107 et 125, contra Westlake 1979,23 et n. 2 Cf aussi Amit 1973,
438 DlOd. 13 38.5 ; supra p. 212. The. 8.6.11. Le monnayagc d'Abydos au v- s. se subdivisc en deux groupes (Robinson 1958, 593 sq.) . l'un d'etalon cgmcl1que en argent posterieur a la revolte (mftuence pcloponnesicnne), l'autre compose de stateres d'or de pords atuque, 96 The 8.21., 108.2, IG, 13, 96 (= 12,101), pour ceue inscnption voir Lewis 1954, 29-31 ; Diod. 13.46.3. 97 The 8.44.3 ; 108.2. 98 lbid , Rhodes en revanche leur a echappe (supra p. 212). 99 Cependant, Eresos fait defection a l'ctc de 411 (8. 1002-3) ; des anstoerates methyrnneens venus de Kymc sont en cffel mcapables de reprendre en main leur cite qUI avau remtegrc I'alhance athemenne ; ils cntrainent alors les Eresiens dans la secession ; cf. Diod. 13.49 3. 100 Y eompns leur terntoire continental, The 8.31.2; cf. Xen., Hell., t.t.lO-l1 : les Clazomeruens favonsent la lime d'Alcrbrade et lUI procurcnt SIX navircs, ro: The. 8.108.2; ef. Ie dec reI de 410/09 en l'honncur des Hahcarnasstens IG, P, 103, la cite est dans la mouvanee atheruenne en 412 ct 411, d. The. 842.4. Elle reste loyale durant la guerre (Hornblower 1982,28) Sur l'attitudc de Crude, tbid., 29. 102 Lampsaque est pnsc par les Sparuates en meme temps qu'Abydos, elle est perdue presqu'aussitot (The. 8.62.1-2; ef. Xcn , Hell, 1.2.13). Cf Str 13.118 (Leaf 1923a, 92-7); Charon de Lampsaquc, rc-n,« 262, F7-8 (fondation) ; son tern toire est ctcndu et nche, cf. Xen., Hell., 3.1 19 , The. 1.138.5 (vm) , Str , loco cit. Au VO s Lampsaque frappe des rnonnares d'electrurn, ef Kraay & Hirrner 1966, 37, pl 202, 724 ; la hste des tnbuts de 418/ 417 mdtque que celui de Lampsaque est de 12 talents (comme au mihcu du vs s.), cf. Mentt 1972,418-20, Eddy ! 973a, 49-53 ; Andrewes In Gomme et al. 1981, 151. 103 Par deux fors : The 8.107.1 et 2 (cf. Diod. 13.40.6), pUIS prise par Pharnabaze et Mindaros (Diod. 13 49.4; impliciterncnt Xcn., Hell., 1.1 14) elle est repnse par les Athemens (ibid.. 1.1.19-20) qUI demandent une forte contnbuuon financiere, cf. Robertson 1980, 298 104 Thc 8.61 1 94 95
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de l'lonie et s'appuient essentiellement sur Chios 105 et sur Milet qui est alors leur quartier general. La preoccupation athenienne est somme toute identique a celle des Perses : il s'agit avant tout de percevoir le tribut et diverses taxes sur les territoires controles. C'est ainsi que Ies Atheniens envoient une flotte en Macedoine et en Thrace pour y collecter le phoros en 410 ; Cyzique 106 reprise par eux doit payer une forte contribution (XP~l-iam noAAa). Ces memes Atheniens s'installent a Chrysopolis, sur le territoire de Chalcedoine, la fortifient et organisent une douane pour prelever une dime sur les navires qui transitent par Ie Bosphore (bEKa1:Em~plOV, bEKa1(11) 107. Un peu plus tard Chalcedoine doit s'engager a verser le phoros et ses arrieres 108. Les levees des Spartiates sont plus episodiques et toujours en liaison avec une expedition precise. De plus dans une convention conclue avec Tissapherne (convention dite de Therirnenes), ils ont accepte que "tout le territoire et les villes qui appartiennent au Roi Darius ou appartenaient a son pere ... ne paient tribut ni aux Lacedernoniens ni a leurs allies" 109. Quelles sont les reactions des cites asiatiques face a tout cela? II est evident qu'elles ne souhaitent pas etre ranconnees - ou subir la taxation - davantage par un parti que par I'autre. Le cas d'Antandros parait a cet egard tres significatif 110. Les habitants estiment que I'hyparque Arsakes les contraint a des versements insupportables ; ils font appel aux Spartiates d'Abydos 111 pour expulser leur garnison perse et leur action conjuguee est couronnee de succes, Leur ambition avouee, selon Diodore, est de faire d'Antandros une cite libre I !2. On doit considerer cependant l'operation comme un succes tout relatif dans la
105
Infra p. 219
xs». Hell.,
1.1.20. Ibtd., 22, ce site de Chrysopohs est mentionne dans une inscnption d'Arhencs IG, P, 108 (P, 107), ma1heureusement Ie texte est trop muule pour qu'on pursse en tirer autre chose 108 Xen., Hell., 1.3.9; la situation de Chalcedoinc et de Chrysopolis amene it poser de facon plus globa1e la question du phoros . selon The. 7 28.4, apres le desastre de Sicile, celui-ci avait ete remplace par une taxe de 5% sur 1e trafic manti me (EiKOm~) et pourtant Xcnophon parle partout du phoros ; on sc demandera done Sl la mesure evoquee par Thucydide avait valeur umversclle ou it tout Ie moms SI cc type de perception ne s'est pas revele tres vito encore plus mopcrant que celut du phoros car 11 imphquait une presence permanente dans les CIteS, presence que justcment les Athernens etaicnt mcapables de mamtemr En tout cas, elle n'a pas dure puisqu'en 411 on etait revenu au systemc du phoros, la dime de Chrysopohs ne pouvani en aucun cas ctre confondue avec Yetkoste de Thucydide 109 Thc 8.37.2 110 The 8.108; Drod, 13.42.4; Andrewes in Gomme et al. 1981,356. En 424, des exiles lesbiens veu1ent s'etabhr it Antandros (The 4523), mars la ville est repnse rapidement par les Athernens (75.1) ; son nom figure en 421 dans 1esATL (A 10, IY.15 = IG, P, 77); ellc se revoltc probab1ement en 412 et rccou plus tard une garmson perse ; son monnayage est frappe sur l'etalon perse : Robinson 1949, 332 II convrent de rernarquer que la cite retombe alors pour un bref moment (cf supra p 96 n. 109) sous la coupe de Pharnabaze qUI la fait (ou la larsse) forufier - Xen., Hell., 1 1.26 - par les habuants aides par le contmgent syracusam III Andrewcs m Gomme et al. 1981, 356, se demande Sl malgre la preCISIOn fourrne par Diodore (note precedente) les hophtes ne sont pas pour l'essentrel des Abydrens, par reference it la force constituce par Anaxrbios, Xen., Hell., 4.8.35. 112 Xen., Cyr., 7.4.9, attnbue it un general de Cyrus le Grand l'acceptation du statut des cites de Phrygie hellcsponnque, qUI "obunrent it force de presents de ne pas reccvoir de barbares dans leurs rnurs, mars simplement de supporter un tnbut (dasmos; et de fairc toute les campagnes ordonnees par Cyrus" Sur la notion d' "autononue" des CItes grecqucs dans l'Ernpire, ef. infra p 236. Dans quelle mesure dort-on disunguer Ie phoros alors eXlge (e.g. Thc. 8.45.4) du dUSInoS qut serait la forme plus ancicnne et mieux percue de taxation (cf. Murray 1966, 142-156)" 106
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mesure ou il a fallu au moins l'aval de Pharnabaze pour qu'elle puisse etre rnenee a bien. D'autre part, bien que nous n'ayons aucune information a ce sujet, Tissapherne a dil retablir la situation a son profit quelque temps plus tard : en 396, Agesilas sortant par convention de la satrapie de Pharnabaze s'installe en pays ennemi, cest-a-dire dans la satrapie de Sardes, a Astyra, tout pres d'Antandros 113. L'equilibre apparemment instable des forces provoque egalement des convulsions a l'interieur des cites. Nous avons etudie plus haut 114 le cas de Rhodes qui peut etre considere comme exemplaire. La situation est rendue encore plus complexe par la relative ambiguite du role de Tissapherne. Nous avons deja vu qu'il entretient des relations difficiles avec Pharnabaze et aussi avec les Spartiates (l'affaire d'Antandros n'ayant sans doute rien arrange). Apparemment ces derniers voient la la possibilite d'un double jeu. Tissapherne est egalernent mal vu par les cites grecques asiatiques 115, les episodes de Milet, de Cnide 116, d'Antandros sent Ia pour en temoigner et l'on ajoutera le massacre des Deliens d'Adramyttion par un subordonne du satrape 117. Nous avons vu plus haut que Tissapherne avait etabli un bon contact avec Alcibiade 1]8. Pourtant, celui-ci s'etant rendu aupres de lui, ill'interne a Sardcs. L'Athenien semble neanmoins s'echapper assez facilement 119. Selon Plutarque 120, Alcibiade lui-memo laissait entendre que ccla s'etait fait avec l'assentiment de Tissapherne. Les premiers affronternents dans l'Hellespont ont pour but (dans les deux camps) de regler la question de la suprematie navale que les Spartiates ont recernment contestee aux Atheniens. Par deux fois les Lacedemoniens sont defaits et subissent de lourdes pertes en hommes et en materiel 121. La bataille de Cyzique montre que les Atheniens sont cgalernent capables de tenir lc chuc dans un combat terrestre. Cette succession de victoires leur permet de retablir, partiellement au mains, une situation bien compromise. La Propontide et ses deux rives sont a nouveau sous controle athenien. NOllS avons note plus haut que les Atheniens sinstallent a Chrysopolis 122, position strategique sur Ie Bosphore, situee sur Ie territoire de Chalcedoine. Le territoire recupere s'etend probablement plus a l'Interieur : Miletoulteichos] figure dans la liste, fort rnutilee, du phoros pour 410/409 123 et si I'on suit N. Robertson 124 dans son analyse du dec ret d'atimie contre Arthmios de Zeleia, cette derniere avait ete recuperee pour un temps par les Atheniens 125. Des escadres sont Supra n 110. Supra p 212 115 Amsi Plurarque presente la hamc des Grees contre Tissapherne comme un veritable Iicu commun en differents passages' Ale., 23.1 , Ages, 10.5; ef. Lys., 4.2, celte haine est tenaee puisque dix ans plus tard, au moment du seeond mandat de Cyrus, toutes lcs cites iorucnnes echappent a Tissaphcmc sauf Milet qui est maintenue de force dans l'obeissancc (Xen., An , 1.1.6-7). 116 The. 8.109.1. 117 The. 8.108.4-5, i09.1 (supra p 120) Comme lc suggere Parke 1930,48, II est u es probable que Tissaphcrne avait mstalle une garmson a Antandros, ala suite du trotsiemc trarte avec lcs Spartiatcs (supra n 58) 11K The 8.45-46 119 Xcn., Hell, 1.1.10. 120 Plut., Ale., 28. 121 The 8.1042-5; 105.1-3, pUIS Xen., Hell, 1.1.1-7. cr Andrewcs 1982. 19-25 122 A propos de eette locahte, d. Etlenne de Byzance citant Ephore, FGrHlSt, 70, F83 et Theopornpe, ronu«. 115, F7 123 IG,13, 100. 124 Robertson 1980. 293-30 I 125 Elle verse le pharos en 440 et figure dans Ie dee ret de 425 Sur lc contexte infra p 222 111 114
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immediaternent depechees pour percevoir Je phoros. Cependant cela n'entamait que partieJJement Ie potenticl tcrrestre de Pharnabaze. Le satrape enjoint aux Lacedemoniens et a leurs allies de reconstruirc une flotte a Antandros 126. Cela n'cst en aucune facon contradictoire avec Ie recit de Thucydide : Antandros s'est liberee de Tissapherne (et non de Pharnabaze) grace a J'appui spartiate, or cette liberte etait sans doute assez iJJusoire surtout apres la defaite de Cyzique qui placait les Lacedernoniens en situation de grande dependance a l'egard du satrape. A cette meme epoque, Iasos 127 se revolte a la fois contre Tissapherne et l'harmoste spartiate. Un regime democratique s'y installe 12R. Les Lacedemonicns nc sernblent pas en etat de reagir ou plutot le font sans plan bien construit, Le navarque Pasippidas est destitue (sans doute a cause des liens qu'il avait tisses avec Tissapherne) et rernplace par Kratesippidas qui prend Ie commandcment de la flottc aChios 129. Diodore 130 precise pour sa part qu'avec les vingt cinq navircs fournis, ct dont Jes equipages sont completes par les allies, il croise en Ionie sans efficacite, puis qu'ayant recu de I'argent des exiles de Chios (napa 10lV EK Xiou (jJUyaOcov) il reinstalle ces derniers dans l'Ile entrainant par un mouvement en chaine l'exil de six cents de leurs ennemis qui semparent d'Atarnee et, a partir de ce point fort, continuent la lutte contre ceux qui tiennent Chios. Faut-iJ en conclure qu'entre temps Chios avait change de camp 131? M. Pierart reprend Ie dossier 132 et nuance I'opinion, souvent presentee 133, selon laqucJJe iJ sagirait d'une affaire purement interne, un parti modere mais phiJolaconien aurait renverse Ies "durs", obliges de sexiler, Pour lui, les hommes au pouvoir a I'arrivee de Kratesippidas se veulent "neutres", En l'absence de sources explicites, il est tres difficile de trancher. En tout cas il parait desormais assure que dans I' inscription IG, VI, 1, completee par un nouveau fragment 134, les exiles de Chios amis des Lacedernonicns (101 <jl£UyOV1£S 10V Xlov 101 <jllAOl 10110v [AaK£Oah~ovlov), qui contribuent pour mille stateres eginetiques (1. 9-10) sent bien les memes que ceux mentionnes par Diodorc et cette contribution au rnoins doit etre placee en 409 ou 408. Les Ephesiens donnent pour leur part une somme de miJJe dariques m. Ce choix se jusufic par la reserve de bOIS que constitue le mont Ida (The 452). Xen., Hell .. 1 1 32, lcs manuscnts donnent l'unprobablc 8aacp , meme confusion chez les copistes de Diod. 131045 (en 405) avec Ia precrsron T~; Ko pic«; et done malgre Pouilloux 1954, 137-8, on restera fidele l'opunon tradiuonnelle sur ce point (cf. Mcrggs 1972,577 sq., Westlake 1979,24 sq.; Bommelaer 1981, 67 n 309) Pieratt 1995, 279 propose pour sa part de penser a ChlOS. 128 Elle sera recuperee par Lysandrc, Diod. 13 104.7 129 Xen.. Hell, 1.1.32 Les chronologies retenues sont vanahles, entre 409/8 et 408/7, mars la date precise est impossible connaitre en letat de la documentation puisque dans cc cas II y a eu sancuon et non une succession a echeancc du mandai. Sur lcs navarques sparuates ef. Sealey 1976, 335-358. 130 Diod. 13.65 3-4 131 E.g. Parke 1930, 45 sq 132 Pierart 1995, sp 267-270 In E.g. Mciggs 1972, 362-3 ; Andrewes 10 Gomme et al. 1981, 83 ; ('AH, IV 2 , 1992, 489. Je penchcrais plut6t pour cettc solution D LeWIS avait prepare unc etude sur 1c sujct, elle est restee apparemment medue. 134 Le textc dans SEC, 39, 1989,370 Outre larucle de Pierart 1995, cl. Loonus 1992, Blcckrnann, 1993, 297-308. m M. Pierart rcucnt I'urnte de temps de la gravure et des versemcnts. D' autres solutions ont ete proposccs ou pourratent I'etre Dans l'edztlO princeps de I'rnscnpnon nouvellement completee Horos, 7, 1989, 77-124, Mattharou & Pikoulas acceptent l'rdee d'unc gravure par une meme main mars en plusieurs fois (ce1a parait pcu vraisernblable Sl l'on admet qu'un assez long laps de temps a pu secouler). On pourrait penser a une sorte de recapitulatif des dons cffcctucs sur une longue penode en rappel ant que 1'mscnption IG, V.I. 219 a etc mterpretcc 126 127
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Sans lien apparent avec les evenernents ioniens, une action modeste est menee en direction de Byzance et de Chalcedoine, dont le seul effet durable est l'installation de Klearchos comme harmoste a Byzance 136. En 410 ou 409 137, les Atheniens, enhardis par leurs succes de l'annee precedente, partent de Samos pour porter l'offensive en Ionie, l'un des points forts de la presence Iacedernonienne. lis debarquent a Pygela 138 pour un coup de main; des Milesiens venus ala rescousse sont defaits et la majorite du contingent de deux cents hommes est tuee 139. La rapidite d'intervention suppose un role tres actif de Milet a mettre en relation avec les propos de Thucydide 140. Mais on rapprochera aussi les liens tisses entre Pygela et Milet dont on pourrait trouver trace aux hautes epoques et encore dans le decret disopolitie entre les deux cites au lye s. 141 Les Atheniens rembarquent pour Notion d'ou ils poussent vers I'interieur, Colophon 142 leur ouvre ses portes ; ils passent ensuite en Lydie ou les ble sont rnurs, le pays est ravage, les villages pilles, Enfin, toujours par voie maritime, ils prennent Ephese comme objectif, mais cette fois Tissapherne entreprend de gros preparatifs pour se porter "au secours d'Arternis". Face aux Ephesiens renforces par des Syracusains, des Selinontins, quelques Lacedernoniens et les troupes de Tissapherne, les Atheniens subissent une severe defaite et perdent 400 hommes 143. lis se replient donc vers I'Hellcspont avec une escale a Methyrnna. L'amalgame avec les troupes d'Alcibiade se fait avec quelque difficulte, neanmoins les Atheniens fortifient Lampsaque 144, manifestement pour faire piece a Abydos d'ailleurs la premiere operation est Iancee contre cette derniere. Les troupes de Pharnabaze sont mises en deroute mais les Atheniens ne peuvent prendre Ia ville. Lampsaque sert alors de point de depart pour des operations de pillage dans le pays du Roi 145. Cette installation se voulait durable et visait a montrer que l'on abandonnait pas la terre a Pharnabaze et a ses allies 146.
par Jeffery 1961, 197, comme un document de mcmc nature que IG. Y 1,1 Pierart 1995 attnbue les versements des Egmetes et des Meliens a des groupes d' exiles SI cc point de vue etait accepte, il cnlcverau toute pertinence aux hypotheses preferant une datation haute (en general 427) pour Ie document: amsi Meiggs dans ML, 67; Renfrew & Wagstaff 1982, 49 La date du verserncnt des Ephcsiens depend cvidemment de lmterpretauon gcneralc de I'rnscnpuon . pour Prerart la merne date de 409 ou 408 ; pour Lewis dans ML, 67, debut du rv- s. 136 Xcn., Hell, I 1.36 , cf. infra. p. 223. m Selon que I'on adopte la chronologie haute ou basse : Xen., Hell., 1.2 I ete 410 ou 409; 1.3.1. pnntcmps 409 ou 408,1.4.2, pnntcmps 408 ou 407, ce qUI placcrait la bataille de Notion au pnntemps 407 ou 406. Pour un bon expose du probleme, cf Robertson 1980, en derruer lieu C'AH, v 2 [1992J 503-505 et Pierart 1995, ! 9 (pour ce derruer . 142. et6 410, mars 1.4 2, pnntemps 407) 138 Celebre par son sanctuaire d'Arterms Mounychia, cense aVOIr ete fonde par Agamemnon, Str. 14.1.20. Cf Ragone 1996 139 xen., Hell., I 22-3. 140 The. 8.36.1. 141 Delpluruon, 142= IK, 17.I-Ephesos, 3110, Ragone 1996, 363 142 CL Milne 1941. Hurter 1998, 149, indique que cette cite ernet un monnayage selon l'etalon perse, pUIS a partir de 394 (sur cctte penodisatron, cf. appendicc 3), elle adoptc I'ctalon rhodicn pour des senes de mediocre Importance, ce qui semble mdiqucr que la cite a dechne 143 Xen., Hell., 1.2.6-9 ; Hell. Ox. (nouveau fragment 1/1 Koenen 1976, 55-76 ; Mclcechrue & Kern 1988, 116-121; Chambers 1993, 1,1 4-5; 2, 1. 19-20.32-33), DlOd. 13.64.1. Les sources mdiquent qu'Ephese est alors fermement annathemenne 144 xen., Hell., I 2.15 145 Xen., Hell., 1.2 17 ,cf. DlOd. 13.64.4 146 Cf. Hatzfeld 1940, 280
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L'annee suivante, au printemps de 409 au de 408 147 , Alcibiade lance une offensive en direction du Bosphore. Les Atheniens entreprennent d'abard Ie siege de Chalcedoine. II sagit la d'un episode mineur mais dont l'analyse a ete reprise recemment et qui presente un certain interet d' ardre methodologique, Nous disposons de trois textes qui relatent ces evenements : Xenophon, Hell., 1.3.1-9; Plutarque, Ale., 29.5-30; Diodore 13.66.1-3. II Y a de serieuses divergences entre les recits, proches, des deux premiers et Diodore au Ie satrape Pharnabaze ne joue aucun role, M. Amit 148 considere que la convergence de Xenophon et de Plutarque d'une part, Ie caractere plus complet du recit dautre part amene a privilegier la version de Xenophon : Alcibiade enferme Chalcedoine grace a une palissade de bois etablie "d'une mer a l'autre" et au long du ficuve. A cause de cette derniere, Pharnabaze qui campe a proximite avec son armee ne peut intervenir efficacement ; l'harmoste spartiate tente une sortie au cours de laquelle il est tue 149 La cite est mise en grand peril 150. Confronte a une situation jugee desastreuse Pharnabaze accepte de traiter, apparemment dans une negociation tripartite 151. - Les Chalcedoniens doivent acquitter Ie tribut et les arrieres, - Pharnabaze donne une sorte de rancon de vingt talents. - Les Atheniens acceptent la sauvegarde de la ville jusqu'au retour de l'ambassade (Plutarque ajoute qu'ils sengagent ane pas ravager Ie territoire de Pharnabaze). Les Atheniens suspendent leur action et Pharnabaze exige qu' Alcibiade, absent lars des negociations, jure aussi. A. B. Bosworth 152 suggere que Diodare a comme source I' Anonyme des Helleniques d'Oxyrrhynehos (dont ce developpement est perdu) et que cette version des faits comparte moins dinvraisernblances que ceUe de Xenophon, II conelut que les atrocites commises a Chalcedoine (infra) ant eu lieu immediaternent apres la bataille de Cyzique et que Ie silence de Xenophon (et des autres sources majeures) s'explique par son parti pris philolaconien 153. Deux ambassades se rendent aupres du Roi; en effet, l'ambassade athenienne accornpagnee d'Argicns a etc precedee d'une autre composee de Peloponnesiens et de Syracusains. On sait que les envoyes atheniens n'atteindront jamais la Haute-Asic (apres qu'ils soient restes longtemps bloques a Gordian, Pharnabaze recoit mission de Ics faire reconduire) 154. Des questions subsistent en ce qui concerne l'ambassadc (au les
147 Comme 11 a ete note supra.Ia chronologie de cettc penode est assez inccrtamc cf Beloch 1931,243-254 ; Andrewes 1953,2-9 qui opte pour la date basse, de me me Bosworth 1997,306 (contra Robertson 1980, 282-3DI). 148 Amn 1973, 436-447 14~ Xcn , Hell., 1.3.2. La date de la pnse de controle de Chalcedoine par les Sparuates et Pharnabaze n'est pas connue elle se produit probablement cn rneme temps que celie de Byzance (The. 8.80.2-4, !O7 I). Sur Chalccdome dans cette penodc, cf Parke 193D, 48 ; Bosworth 1997, 297 -313 1511 Xen., flell., 1 3 9 Rren n'indiquc que lcs Athcrnens scient cntrcs il ce moment dans Chalccdoine Tel est aUSSl le point de vue de Amit 1973, 445 sq qUI parait aVOIr raison contre beaucoup d'edueurs et de commcntateurs de cc passage de Xcnophon (Bengtson, Glotz, W1I1, etc) , par consequent la correction apportee au tcxtc de Xen., Hell., 1 3.9. par Hatzfeld 1940, 285 n. 2, parait sans objet (II comprcnd que les Atheruens s'engagcnt il ne pas Iaire la guerrc a Pharnabare jusqu'au retour de l'ambassade). 151 Arrut 1973,436-447. 152 Bosworth 1997,306 sq. 153 L'arucle de Bosworth, bien que sohdernent argumcnte, ne me parait pas en defimuve devoir cmporter ladhesion. 154 Infra p 228.
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ambassades) de Sparte. Selon Xenophon, l'une est menee par Pasippidas ]5\ l'autre revient d'Asie avec Boiotos 156. II n'y a sans doute pas lieu de penser qu'il s'agit de deux ambassades distinctes - Pasippidas a pu par exemple mourir en route 157. D'autre part, Boiotios annonce qu'il a obtenu tout ce qu'il souhaitait du Roi. Les conclusions de D. M. Lewis ]58 sont les suivantes : un nouveau traite, qu'il designe sous Ie nom de "traite de Boiotios", a ete jure sur des bases plus satisfaisantes pour les deux parties; il prevoit l'autonomie des cites asiatiques mais ceIa ne les exempte pas pour autant du pharos; l'envoi de Cyrus apporte une autre modification d'importance puisque ce demier percoit Ie tribut it titre de revenu personnel ]59. ChI. Tuplin ]60 doute it juste titre de cette reconstruction. II y a bien eu accord, mais les Spartiates sont essentiellement venus demander aux Perses de joindre l'acte a la parole; comme toujours, cela se manifeste par des moyens accrus pour la guerre 161 et un remaniement des responsables de I'administration perse en Asie Mineure occidentale ]62. Le Roi frappe un grand coup et marque son interet pour les operations en envoy ant son fils cadet, Cyrus, avec des pouvoirs que I'on pourrait comparer it ceux d'un vicc-roi, Entre temps, Aleibiade avait mis it la raison Selyrnbria sur la cote nord de la Propontide. Outre Ie recit de Diodore ]63, nous avons la chance de posseder le texte de la convention ratifiee l'annee suivante it Athenes 164 : l'autonomie de la cite y est reconnue ; les tribunaux de Selyrnbria auront la connaissance des proces entre tous les citoyens : ceux qui sont testes et ceux dont Athenes permet le retour; les Atheniens s'interdisent de demander des indemnites pour des pertes subies sauf pour les immeubles 165; les conventions, publiques ou privees, pas sees avant le retour a la Confederation sont annulees ; les contestations sont reglees par les tribunaux; il doit y avoir une prestation de serment reciproque par les Selyrnbriens et tous les Atheniens presents dans la cite; les otages seront rendus par les Atheniens. Ces clauses sont particulierement interessantes dans la mesure ou elles montrent qu'Athenes, en cette periode de court renouveau, avait tire les lecons de ses echecs passes. mais ccla doit etre un peu nuance par Ie retour des bannis et la presence d'une gamison Xcn., Hell., 1 3.13 Xen., Hell, I 42. Malgre l'opimon de Hatzfeld, CUF, ad loc., II convient de suivre sur ce pomt Bcloch 1931, 256 ; cf encore Bommclaer 1981,63-65. Robertson 1980, 290 conunuc it soutcrur que deux ambassades ont eu heu it unc annee dmtcrvalle Retenons auss: Ie point de vue de Pierart 1995,281 sq , qUI considere que Pasippidas, banru de Sparte (Xen , Hell, J .1.32), agu ici it litre personnel 15S LeWIS 1977, e.g. p 124. 159 Mars cf. supra p. 43 sq 160 Tuplm 1987c, 133-153. Dans le meme scns Cartledge 1987, 190 sq It.1 Faut-il placer dans ce contexte Ie dee ret daunue pns ~I Athcncs centre Arthrmos de Zeleia (4081407)'1 C'est l'hypothese seduisantc [rnais fragile] de Robertson 1980,293-301. 162 Supra p 122. 163 Dlod. 13 66.4. Cf. Plut., Alc , 30. 164 IG, 1\ 118 (lG, F. 116 ; ML, 87) , cf, Hatzfeld 1940, 283 sq ; Andrewcs 1953, 8 , Gauthier 1972, J 62163. 165 A noter que les Atherucns posscdent it ntre pnve des biens dans divcrscs cites ainsi, les stclcs des Hermocopides, IG, 13, 427 et 430, menuonnent des terres it Abydos et Ophryneion, cf, en paruculrer dans la seconde inscnption iorrlKcxprrlcx rE; yE; 'ti':; iov 'OtpPUVElOI Cf Pntehett 1953, p 282 ct 288 , 1956, 311 ; Cook 1973, 77. VOIr aussi la contnbuuon de Gauthier 1973, 168 sq Monnaies d' Abydos a partir du vv s., SNG von /vulock 14391443 , dOphryncron au ]V e s von All lock 1559 (themes dionysraques) 155
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athenienne 166. Malgre tout, la situation qui est faite aux Selyrnbriens est beaucoup plus favorable par c:xemple que cellc naguere reservee aux Chalcidiens, Apparemrnent les cites reconquises par Athenes ont en general beneficie de la meme moderation comme le montre son attitude a l'egard de Byzance. C'est en effet sur cette derniere que les Atheniens font porter leur effort. Apres un long siege, la ville est prise en l'absence de l'harrnoste lacedernonien Klearchos, parti chercher du secours aupres de Pharnabaze. D'apres Diodore 167, Klearchos etait mal vu par les Byzantins. Certains dentre eux permettent l'entrce par surprise des Atheniens dans la ville et tous changent de camp a l'annonce qu'aucun mal ne sera fait a la cite. Suit une reprise en main methodique des deux rives de la Propontide et des detroits (sauf la place forte d'Abydos) 168. L'objectif est evident: il s'agit d'assurer la securite du passage du ble. On mettra en regard la reflcxion desabusee d'Agis qui, depuis Decelie, voit filer vers le Piree les convois de navires charges de ble et constate ainsi la vanite de sa presence et des sacrifices qu'elle entraine 169. Alcibiade rentre it Athenes avec un enorrne butin et beaucoup de prisonniers. Xenophon est particulierement concis sur l' operation qui permet a ce dernier, parti de Samos avec vingt navires, de constituer un tresor de guerre de cent talents dans le golfe Cerarnique en Carie. Cette somrne parait tout it fait disproportionnee avec ce que rendait la levee normale du phoros (toute la Carie aurait au mieux ete taxee pour la moitie), de surcroit le pays est fort accidcnte, compartimente et pourvu de bons systernes dcfensifs 170. Si le renseigncment fourni par Xenophon est exact, il faut done admettre qu' Alcibiade a mis du temps pour semparer de plusieurs de ces petits centres et y faire du butin. C'cst ce qui incite N. Robertson 171 a penser que toute la partie utile de I'annee 408 a dfl etre consacrec it cet acte que l' on pourrait assimiler it de la piraterie. Tl est accueilli en triomphateur et sur sa lancee obtient de larges pouvoirs ; il organise une expedition it Andros puis, de la, gagne Sarnos qu'il prend comme base d'actions contre Chios et Rhodes 172. La situation en Ionie et en Carie ne parait pas defavorable : outre Sarnos, Cos, Clazomenes 173, les Atheniens controlent Notion et peut etre encore Colophon 174, Iasos 175 Teos, Delphinion dans l'ile de Chios 176 et Kyrne en Eolide 177. Ils peuvent en outre esperer profiter de l'attitude pleine de duplicite de Tissapherne 178. Plut, Ale, 30. DIOd 13675-7. 16S lbid , 6R 1-2 C'est tres certamcmcnt it ce moment que Chalcedoinc ChOISlt fermerncnt son camp et accueille une garmson athemennc (infra) 169 Xcn , Hell, 1 1.35. 170 Cf notre volume collccuf Hautes terres de Cane, it paraitre 171 Robertson 1980, 2R6 sq 172 DIOd 13 69.5. 173 Supra n. 41 174 DIOd. 13.71.1 cf Xcn , Hell .. 1 2.4. 175 Ibld. I 1.32 et Dlod 13104.7. 176 Xen , Hell .. 1.5.15 177 DIOd IJ.73.3-6. Je ne SUIS pas sur que l'on puissc urer de The. 8 100.3 l'idee que Kyme etait en ctat de defection en 411 malgre Hatzfcld 1940,3 IJ n. 2 , en tout cas d'apres le texte prccuc de Diodorc (dont la source eiau Ephore de Kyrne") les Kyrneens revendiquent la quahtc de a{)flflaxO~ TC6A.l~ aupres des Athemens Cette affirrnanon parait contredire par Thc. 8.31.3, mars com me le note Westlake 1977 1c fait qu'unc cite SOIl amenee it accueillir l'un ou l'autrc des belligerants ne prouve pas pour autant qu'elle art choisi de changer de camp Cette attitude "passive" pOUVaIt etre ccpcndant exploitee par Alcibiade pour jusuficr son acuon. 17S Est-ce it cc moment qu'il Iaut attnbuer IG. [3, 113 ou sont mentionnes le Ror, Trssapherne et ChIos dans un dec ret pns par Athenes en favcur d'Evagoras (cf Ie lemme . Hatzfcld 1940.307 n. 5 LeWIS 1977, 129 sq.) IC(,
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3. L'ARRIVEE DE CYRUS ET DE LYSANDRE Nous avons vu plus haut les consequences institutionnelles de l'arrivee de Cyrus en Asie Mineure (408 ou 407) 179. Si l' on essaie de definir le contexte politi que, il s'agit a I'evidence pour le pouvoir central de remettre de l'ordre apres les revers de Pharnabaze dans la Propontide mais aussi d'une manifestation de defiance a l'egard de Tissapherne, suscitee en partie par l'ambassade lacedemonienne, Un autre changement de personne va avoir egalement une grande importance: la nomination de Lysandre l80 a la tete du corps expeditionnaire lacedemonien. Ce dernier fait route par Rhodes, Cos 181, Milet puis Ephese et, de la, il se rend a Sardes pour rencontrer Cyrus. L'entente entre les deux hommes semble imrnediatement sans nuage. Cyrus amene avec lui les moyens de l'action militaire : cinq cents talents et annonce son engagement personnel, y compris financier 182. Lysandre est egalement bien accueilli par les cites grecques, particulierement aEphese l83 dont il fait son quartier general et Ie centre de ses preparatifs militaires. Cela prouve bien que le credit de Sparte n'avait pas ete entame par le traite de 411 184 ou plutot que l'envoi de Cyrus avait ete assorti, lors des negociations menees par l'ambassade spartiate en Haute Asie, d'une convention avec Ie Roi l85 garantissant les interets des deux parties. Les Atheniens essaient de rencontrer Cyrus, en vain malgre l'appui de Tissapherne qui preche toujours l'equilibre entre les Grecs pour mieux les controler l86. Ils s'efforcent alors de reprendre l'offensive en Iancant une action en direction de Phocee 187. Nous savons par Diodore 188 qu'Alcibiade apporte son appui aux Clazorneniens en butte aux actions d'exiles, appartenant evidemment a la faction pro-spartiate, En son absence, la fiotte de Samos subit une grave defaite (bataille de Notion au printemps de 407 ou plutot de 406 l89) dont il est tenu pour responsable. C' est la un revers d'autant plus serieux que sa consequence directe est la perte des positions atheniennes it Tees et Delphinion ]90. Alcibiade tente alms Robertson 1980,282-301. En 408 pour Died 13 70.3 VOIr Lotze 1964 et en derrucr lieu Bommelaer 1981, 62-160 lSI Xen., Hell., 1.5.1 , DlOd 13.70.2 Sur Cos supra n. 63. IX2 Xen., Hell, 1.5.3 , supra p. 43 sq 183 Xcn., Hell., 1.86, Diod 13 704, Plut., Lys , 3.3-4 IR4 Lewis 1977, liS. IgS Lewis 1977, J24 sq. ; cf supra p. 222 IHi> Xen., Hell, 1.5 8-9 , cf. supra The 8.46. m Xen., Hell., 1.5 II Les manuscnts donnent le verbe TEIXi1;'ElV pour qualifier l'acuon de Thrasybule it Phocee ; or la ville est censee etre rebelle aux Athemens a partir de 412 (The. 8.31.3 ; 101.2) ; un certain nombre de cornmentatcurs rctiennent l'idec d'un siege et corngent en ionlTElxU;'ElV (ainsi Hatzfcld, CUF) 11 vaut rmeux remarquer avec Westlake 1979,21-22 (qui suit UnderhJ1119(0), que 1a pnse d'une ville non fortifiec est facile pour tous les camps II n'y a done aucune raison de modifier la lecture fourrue par tous 1es manuscnts. Sur ces termes Debord 1994, 54 n. 4 Thrasybulc veut en faire un point d'appui forufic, pan strategtque judicieux lorsqu'on salt la place que Phocee a toujours tenu dans 1e disposiuf mihtaire perse. Malgre ccs travaux (on nc san que1 a pu etre leur degre de reahsauon), la position athcmcnne teste fragile, en particuher apres la defaite de Notion: en 406 une parne des vaincus de 1abataillc des Argmuses se refugie a Phocee (Xen , Hell., 1.6.33), ce qui montre bien que la situauon avait evolue entre temps. IRS Diod 13 71.1-2. L'mtervennon a Clazornenes est-elle ncccssaircmcnt contradictoire avec lcxpcdiuon vers Phocee comme le pen sent Hatzfeld 1940, 309 et Bomme1aer 1981, 90 n. 43. [] semble que nen nmterdit de rcterur lcs deux. I R9 Cf. Robertson 1980, 284. 190 Xen, Hell., 1 5.11 ; Hell. Ox. (PSI 13(4); DlOd. 13.71 1-4. Sur la batarlle de Notion, cf Bruce 1967, 35-45 , Andrewes 1982. 15-19 , McKechme & Kern 1988, 125-129 179
IXO
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une action (rapportee par Diodore 191) doublement malencontreuse contre Kyrne. Les Atheniens sont tenus en echec, de plus les Kyrneens se plaignent d'avoir ete attaques et leur territoire pille alors qu'ils sont les allies d'Athenes, II est assez difficile d'apprecier le bien fonde de leur argumentation dans la mesure OU leur attitude depuis 413 etait pour Ie moins arnbigue 192. II est possible que certaines voix a Athenes, et ailleurs, aient suggere qu'Alcibiade avait mene mollement son action contre Kyme parce qu'il avait ete achete par I'or perse 193. C'est vers ce moment ( 408/407) que Diodore place le syneecisme des trois cites de Camiros, Lindos et Ialysos, unies desorrnais en une seule qui prend le nom de l'Ile : Rhodes 194. R. Meiggs 195 y voit simplement une strategic defensive de concentration des forces, face a la pression athenienne, sur Ie site le plus propice. On doit cependant observer que les autres agglomerations n'ont pas disparu et que le succes economique, sil ri'etait pas l'objectif recherche, a ete tres rapidement obtenu. Alcibiade est destitue et remplace par Canon, mais ce dernier, comme son predecesseur, en est reduit a des expedients, c' est-a-dire a faire vivre son armee par la razzia et le pillage a un moment ou l'armee ennemie est mieux payee et plus regulierernent par Cyrus. Des problernes de personnes se manifestent egalement dans Ie camp spartiate. Lysandre, arrive au terme de son commandement, cede avec mauvaise grace la place a Kallikratidas 196. II avance comme argument la meconnaissance de son successeur concernant les choses de l'Asie et entretient en sous-main I'agitation dans Ies cites ioniennes 197. Lysandre avait su se constituer une clientele personnelle au sein des factions aristocratiques, particulierement a Ephese au il invite des gens venus des differentes cites de !'Ionie a constituer de veritables hetairies a sa devotion 198. II avait contribue a la progression econornique de la cite et de son port, pensant manifestement qu'une ville importante et prospere etait plus apte a servir de cadre a I'effort de guerre spartiate 199. Mais au dela des rivalites des hommes - il est clair que des ce moment I'ambition personnelle de Lysandre suscite des attitudes tres diverses - c'est plus profondement I'opposition de deux politiques que nous constatons : au pragmatisme de Lysandre s' oppose I'attitude "vieux spartiate" de Kallikratidas. Ce dernier en effet se heurte tres vite a Cyrus, qui ne comprend probablement 1Y1 Diod 13.73.3-6. Cet episode a suscite bcaucoup de cornmentaires chez les moderncs. Sa rcahtc cst gcneralemcnt adrnise, mats II est place avant Notion par Busolt 1897,1575 n 1 et Meyer 1913,634 (dans Ie merne sens, Westlake 1979, 20 et n. 4). 192 Cornehus Nepos, Ale., 7.1-2. 19) Cf par cxemple The. 8.1003 ; Westlake 1979, 20 194 Diod, 13.75.1 , Conan, FGrHisl, 26, Fl , Str. 14.29 et 11 ; Aehus Ansude, Rh., 43.552 sq Xcnophon ne rnentionnc pas cc fan. Cf. Moggr 1976, 213-220 ; Demand 1990, 89-94 , Bresson 1993, 119-13 I 195 Meiggs 1972, 2lO. 196 Hofstetter 1978, n" 170; Ronnet 1981, lIl-121 ; Tuphn 1987c, 135-6 197 Xen , Hell .. 1.64. 198 Plut., Lys., 56 et surtout DIad 13.70.4. "Alors Lysandre, revenant a Ephese appela aupres de lur les hommes les plus mfluents des crtcs ; les incita a former des hctaincs et leur promit de les mstaller en maitres dans chaeune de leurs cites si ses projeis abounssaient. .." II est a noter que Lysandrc s'appuie sur Ephese, vrlle "orientale" ; Kalhkratidas sur Milet, revenant amsi it la suuanon tradinonnellc (un peu plus tard Lysandrc va fairc payer chcr aux Milesrcns leur manque d'enthousiasme a son egard). II est clair que les nvahtes anciennes entre les deux villes n'ont pu qu'etre ravrvees ; cf Bommclaer 1981, 80 et 89. 199 Plut, Lys., 3.4; cf Bomrnclaer 1981,85.
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pas pourquoi les changements se produisent a la tete du corps expeditionnaire dans la mesure ou Lysandre a montre son efficacite et que lui merne n'a pas reclame son depart. D'autre part, Kallikratidas repugne a utiliser une diplomatic a I'orientale. La strategic utilisee devient done plus traditionnelle : puisque Cyrus refuse de Ie recevoir dans des conditions jugees acceptables, Ie Spartiate se tourne vel'S les cites grecques. II Ieve cinquante trieres sur les allies insulaires, Chios, Rhodes et d'autres non precises 200. II dernande de I'argent aux Milesiens et le discours que lui prete Xenophon laisse apparaitre son rnepris pour Ie barbare et l'idee d'une necessaire reconciliation, a terrne, entre Athencs et Sparte (prefigurant ainsi les themes du lye S.) 201. II obtient par persuasion, mais aussi par une sorte de chantage sur les adversaires supposes de Sparte a l'interieur de la cite, une forte contribution. II se rend ensuite a Chios ou il precede un peu de merne et recoit cinq drachmes par matelot. Dote de ces moyens, il se porte vel'S Lesbos apres avoir force les Atheniens a evacuer Delphinion sur Ie territoire de Chios et capture Teos 202. II fait le siege de Methyrnna et s'ernpare de la ville, malgre la garnison athenienne et l'hostilite des dirigeants de la cite mais grace a des intelligences avec des habitants de Ia cite. I1laisse la liberte aux Methyrnneens mais vend Ies esclaves et les soldats de la garnison 203. Ph. Gauthier 204 voit dans cet episode Ia preuve que les clerouques atheniens etablis dans lile apres la revolte de 428 etaient encore en place en 406. II reconnait lui-merne que la defection de 412/411 fait probleme. II me parait qu'il ya Iii confusion de deux donnees: une garnison (mercenaire ou non) peut avoir ete implantee de facon ponctuelle selon Ies aleas des operations, iI n' en va pas de meme de clerouques, necessairement les premiers vises en periode de trouble. Kallikratidas bloque alors Conon au pied des remparts de Mytilene. n fait appel a des troupes venues de Methymna et de Chios et recoit enfin de I'argent de Cyrus. Le blocus de la flotte et Ie siege de la ville commence alors mais une triere athenienne reussit a passer et a informer les autorites, A cette nouvelle, Athenes rassemble ses ultimes ressources et demande la merne chose aux allies 205. La flotte ainsi constituee rencontre celie des Lacedernoniens aux Arginuses 206, OU elle remporte la victoire dans les conditions et avec les consequences a Athenes que I'on sait. Le navarque lacedemonien trouve la mort au cours du combat naval. Mytilene est degagee mais les Athenicns ne peuvent pas pousser plus loin leur avantage. Les Spartiates rassemblent leurs forces a Chios apres un passage a Pyrrha 21J7. A cause de difficultes de subsistance les soldats envisageni un coup de force contre la cite. Celui-ci Hell, I 6.3 1.67-11. 202 Diod 13 76.3-4 Westlake 1979, 13 n 4. rnorurc que ce passage n'est nulJemcnt en contradiction avec Xen , Hell., 15.15 II nc nous parait ccpcndant pas assure quid fadlc suivre Westlake 1979, 13 n. 14, lorsquil suppose que la prise de Teos par Kalhkraudas n'imphquc pas que cettc dermere avait regagne Ie glron atherucn La reconstruction au moms particllc du mur semble plaider en sens contraire ct smon on nc VOlt pas alors pourquoi le navarque laccdernoruen s'en serait pns a elle pour s'y procurer du butin 203 xen., Hell, 16.13-15; D10d. 13.76.5 204 Gauthier 1966. 86-87. 20S DlOd. 13.79. 20r. La locahsauon des Argmuses a ete remise en question par Robert 1980, 281 sq II les srtue aux lies Adjano, pres de l'anciennc Pitanc et non, comme c'cst la tradition, l'ilc Saint Georges (les Argmuses dorvcnt leur nom it des marncs blanches) Stauber 1996, 284 sq ne stgnale pas ccttc hypothese. 207 D10d 13 100 5 200 X~n.,
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est evite de justesse grace au sang-froid des chefs du contingent et a une contribution qui permet de payer les troupes. Cyrus et les allies de Sparte 208 obtienncnt Ie retour de Lysandre (officiellement a un poste d'epistoleus car il ne peut etre navarque une seconde fois). CeIui-ci reorganise l'arrnce a Ephese et fait construire de nouveaux navires aAntandros 209. Cyrus lui remet une forte somme d'argent pour equiper Ia flotte avant de se rendre en Haute-Asie ou il est rappelc au chcvet de son pere, II I'autorise a lever le phoros en son absence. On peut considerer qu'il lui confie une sorte d'''interim'' du pouvoir dans les regions dont il a la charge 210. Lysandre a done, a tous egards, les mains plus libres que lors de son premier cornman dement et il peut mener la politique qui etait restee a l'etat de virtualite 211. Diodore 212 nous montre comment Lysandre se comporte a Milet ou les oligarques, assures de son appui, massacrent un grand nombre de democrates ; un millier d'autres s'exilent a Blau(n)dos en Lydie 213 ou ils sont installes par Pharnabaze. C'est Ie premier exemple d'une politi que qui sera developpec de facon systematique par la suite. Scion l'injonction de Cyrus, Lysandre ne s'en prend pas immediatement au gros de la flotte athenienne, Xcnophon et Diodore (nous savons que leur source est differente) nous rapportent deux episodes dont on ne peut preciser I'ordre chronologique. II s'agit de Ia prise d'lasos : huit cents hommes en age de porter les armes sont passes au fil de l'epee, les femmes et les cnfants vend us comme esclaves, Ia cite est rasee 214. Plus au sud il penetre dans Ie golfe Cerami que, s'empare de Kedreai, cite insulaire alliee d'Athenes, dont Xenophon 215 precise qu'elle etait peuplee de semi-barbares : les habitants sont reduits a I'esclavage. II fait ensuite escale aRhodes. Pendant ce temps, lcs Athcniens, maitres de la mer en Ionie, se Iivrcnt a des ravages sur la terre royale. Remarquons cependant que, faisant route vcrs l'Hellespont, ils sont obliges de naviguer au large parce que les habitants de la cote sont juges hostiles 216. 20R Xcn., Hell ,21.6-7, Diod. 13 lO(l.7-8 , Plut, Lys, 74 "La plupart des hornmes poliuques mfluents dans les cites desrraiem dCPUlS longtemps son retour, car Ils espcrarcnt dcvcrur encore plus puissants quand, grace a IUl. les gouvernements dcmocratiqucs auraicnt ele completemcnt dctruus" Cf Bommelaer 1981, 97 el n 76 209 Xcn , lIell, 2.1 10 210 Supra p 43. Pour la slgmficatlon de ce passage de Xcn , Hell, 2 1 14. A noter I'importance de la contribuuon financicrc perse it la guerre a cette epoque, cf Lewis 1977, 131, n 138. 211 Supra et Olod. 13 70 212 Died. 131045-7; Plut., Lys, 8.1-3 ou le nombre des morts est mdiquc cornmc ctant de hurt ccnts , cf egalement Polyen I 45.1 et 4 Cf. Infra pour la suuation mtcneurc de Milet Supra p 95 n 102 214 Diod 131047 L'ordre lc plus probable des fails en 412, Arnorges a fait d'Iasos son quartier general (The, 8 28.2-29, 1) , la ville est reprise par les Lacedemomens a l'insugauon de Tissaphcrne qui place la ville "sous bonne garde" Entre 412 et 409, die est tcnuc par un harmoste spartratc, ce qui n'cst en nen contradictorre avec l'action precedentc L'harrnoste est cxpulse par les habirants en 409 (Xen., l lell , 1 I 32) Ceux-ci se toument naturellement vcrs Athenes avec laqucllc ils cntrcncnncnt des relations ctroitcs (fG, IF, 3) jusqu'a la mise a sac de 405 par Lysandre. Tout cela parait SImple, mats II ne taut pas occulter les nornbrcuses quesuons qUI rcstent posees, Apres bien d'autres, Westlake soulignc que les episodes de 409 et 405 nc sonl attnbues a lasos que par une correction tcxtuellc de Thasos en lasos (supra note 127) L'ordre de succession des puissances qui controlcnt lasos propose par Westlake 1979, 24-25 (Arnorges, Laccdcmomcns, Tissaphcrne et les Athemens, Lysandre) parait trop eomplexc 1\ n'y a en particuher nen dans les lextes - Xenophon mdiquc mernc le contrairc - qUI dcmontrc unc reprise a quelquc moment par Trssaphcrne. Autre question controversce . la date de IG, IF, 3. Sur ce point, les opuuons de LeWIS ont vane II pcnchait d'abord (1954, 33) pour une dale antencure it 4\2, mars rcvicnt cnsuue it une date plus traduionnclle (1977, 91 n 43) 215 Xen,Hell,21115. 21(,
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Lysandre se sent assez fort pour tenter de retourner it son avantage la situation dans les Detroits ou les Atheniens ont encore des positions solides. Un eclairage sur la situation de la region nous est fourni par la combinaison d'un passage de Xenophon 217 et d'un decret athenien pour les gens de Kios 218. Ariobarzane est charge par Pharnabaze de renvoyer vers Ie camp athenien I'ambassade restee bloquee pendant trois ans a Gordion 219. II fait reconduire les Atheniens a Kios (a1tllyay£v de; Kiov) "d'ou ils s'ernbarquerent pour rejoindre Ie reste de l'armee", A cette meme date de 406/5 (sous I'archontat de Kallias) 220, un relief represente Athena serrant la main d'un personnage masculin dont le nom - KIOI - est indique au dessus 221. Les auteurs des ATL 222 suggerent avec vraisernblance qu'un decret a ete pris pour remercier les gens de Kios pour leur aide a I'ambassade. Tout cela est presque anecdotique, mais nous obtenons indirectement deux informations importantes : avant Aigos Potamoi la position des Atheniens en Propontide est loin d'etre defavorable, Kios comme Byzance et Chalcedoine ou d'autres encore sont restees dans leur mouvance. L'arriere-pays est tenu par Ariobarzane. A quel titre? Com me hyparque de Pharnabaze? P. Briant 223 ernet l'hypothese qu' Ariobarzane pourrait etre Ie "satrape" de Paphlagonie me le it la fin de la vie d' Alcibiade 224. En tant que titulaire d'une dorea qui sera agrandie apres la deroute athenienne a la ville de Kios? 225 En tout cas, avant 405, sa situation par rapport it la cite de Kios parait etre assez comparable it celie de Spithridates face it Cyzique. Lysandre entreprend Ie siege par terre et par mer de Lampsaque fortifiee par les Atheniens en 409 226 . Une fois prise la ville est pillee mais les habitants sont epargnes. Les Atheniens s'installent en face, en Chersonnese, ou il sont surpris par Lysandre : c'est Ie fameux desastre d'Aigos Potamoi. La victoire est certes celie de Lysandre et de Sparte mais, it l'epoque, on a voulu en faire un triomphe de tous les Grecs en indiquant sur Ie monument de Delphes le nom des navarques victorieux et leur origine 227 : Chi os, Rhodes, Cnide, Ephese, Milet, Samos et peut-etre Erythrees 228 pour ne mentionner que ceux qui sont originaires de la region qui nous occupe. Seul Conon reussit a s'echapper, Les Lacedemoniens peuvent alors entreprendre le nettoyage du Bosphore. Depuis 411 le sort de Byzance et Chalcedoine est etroiternent lie, les mouvements qui concernent la premiere touchent imrnediaternent la seconde, Pour ne prendre en compte que les evenements les plus recents, clles sont traitees comme un ensemble par Lysandre 229 et placees sous I'autorite d'un seul harmoste. Elles avaient toutes
lbid.. 147. IG. P. 124. 219 Supra p 221 ; son envoi a heu en 408 et son retour en 405. donc peu de temps avant la bataillc decisive d'Argos Potamoi 220 11 Y a deux archontes ayant porte lc nom de Kallias ; l'un en 406/5, l'autre en 377/6 Pour de nombreuses raisons, mars en particuher paree qu'a la seconde date un accord entre Athenes ct KIOS sera It apparu comme une contravention a la Paix du [{OJ, c'est la date de 406/5 qUI doit etre retenue 221 On a aussr pense a TKIO~, cf Corsten 1985,24-25 (1. 23). 222 Mentt et al. 1939, 502 223 Briant 1996, 661 sq 224 Supra pill. 22S La dISCUSSIon de ccs points difficiles, supra p. 99 sq. 22(, Xen., Hell. 1.2 is 227 FD, TJI 1,50-68; Mciggs & LeWIS 1980,95 ; Paus X, 9, 9. 12K LeWIS 1977, l l S et n 59. Doutes de Westlake 1979, 27 n 30. m Xen , Hell., 2 2.2 217
lIS
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deux des garnisons atheniennes 230 et pas sent des conventions pour I' evacuation en douceur de ces dernieres. Mais c'est la que les destins se separent. La victoire de Sparte et Ie deplacernent des centres d'interet vers la rive europeenne ont comme consequence de laisser Ie champ libre aPharnabaze. Si le recit de Xenophon 231 est exact, le satrape avait largement ceuvre pour la sauvegarde de Chalcedoine. II pouvait done etre d' autant plus enclin alui faire payer tres cher son recent retour au giron athenien (dans la foulee, semble-t-il, du revirement de Byzance), C'est done dans ce contexte de remise au pas et pour lexemple que l'on cornprend le mieux les atrocites comrnises a Chalcedoine et rapportees dans les Bithyniaka d' Arrien 232. Le satrape fait proceder a la castration des enfants males et a leur deportation aupres de Darius, renouvelant ainsi des pratiques qui paraissaient etre d'un autre age 233. La fiotte lacedernonienne est remise en etat a Lampsaque, puis se rend a Lesbos au toute I'ile - y compris Mytilene - passe sous son controle 234. Tout le monde abandonne les Atheniens sauf les Samiens qui "apres avoir mis it mort leurs gnorimoi avaient leur cite bien en main" 235. Un decret en I'honneur des Samiens est pris en 405 par les Atheniens en raison de leur loyaute. On leur octroie la citoyennete, mais ils peuvent choisir librement leur regime politique. La stele sera detruite sous les Trente et regravee ensuite 236. Cependant, avant me me la chute d'Athenes (automne 404), Lysandre se rend it Sames qu'il force a capituler, Les hornmes libres peuvent partir, l'ile est rendue it ses anciens proprietaires 237 et il y etablit une decarchie 23g. IIlicencie alors les elements allies de la fiotte. Au milieu de cette tourmente les Grecs asiatiques paraissent a la recherche d'une eleutheria plus ou moins illusoire (Antandros). TIs souhaitent evidemment eviter Ies exactions des garnisons installees par les Perses ou les Lacedernoniens, garnisons qui sont le plus souvent constituees de mercenaires, Les rapports entretenus avec elles et leurs officiers varient selon les lieux et selon la personnalite de ces harmostes (Iasos, Chalcedoine, Byzance). Dans bon nombre de cas, les cites ne manifestent pas de zele excessif dans des affrontements qui paraissent Ies depasser (Cyzique) d'autant que leurs moyens militaires sont sans commune me sure avec ceux de Sparte, d'Athenes ou des satrapes. En ce qui concerne la guerre sur mer, pendant la premiere partie de la periode 239, on remarquera que les loniens n'ont pratiquement pas fourni de navires, si l'on met a part Chios,
2:10 Xen , Hell, 2.2.1 ; pour Chalcedome cela suppose que Xcnophon a passe sous silence un episode, comme ccla lUI arnve SOU vent. Le Simple bon scns fait penser que Ie ChOlX du camp atheruen eu lreu en meme temps que la pnse de Byzance, 231 Supra p. 221 contra Bosworth 1997 232 Amen, rcrn.« 156, F79-80 ; Bosworth 1997,298 sq. 2:13 A rapprocher de Hdt 6.32. Cette affaire trouve un echo chez Plut , Camille, 199. En revanche Ie fait qu'clle ne sort pas rncntionncc dans les sources de I'epoquc classiquc ou celles qUI en dcnvent dircctement, sexphque bien Sl I'on pense qu'a partir de 405 J'attennon des auteurs se deplace vers Athenes ct que l' Asie retomhe dans un anonymat quasi complet , sur Chalccdoine en 400, Infra p. 234 sq 2:14 Xcn., Hell., 2 5. 235 Ibid., 2.6 Cf Bommelaer 1981, 140. On don en mfcrer quil y avait eu une tentative mfructueuse de soulevcment de quelques survivants des geomores, 236 IG, IF, 1 , cf mfra p. 235. 2:17 On pensc aux gens d' Anaia exiles au cours des soubresauts de 412-411 m Xen., Hell, :: 3.6 ; DlOd 1434-5; Plut, Lys., 142 239 Ce paragraphe dou beaucoup a Westlake 1979, 25 sq., merne SI nos conclusions ne sont pas totalement idcnuques a celles de cet auteur. Cf aUSSl Tuplin 1987, 136-8
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censee disposer de soixantc navires au debut du conflit 240. Certes au VIC s. et encore pendant les guerres rnediques, les Ioniens ont pu mettre a I'eau des flottes importantes, mais dans Ie cadre de la Ligue de Delos, apres 427, seules Chios et Methyrnna 241 contribuent par des vaisseaux. II n'est done pas etonnant que leur participation soit d'abord si faible (un navire de Samos avec les Atheniens ; un de Milet, un d'Anaia 242 - les exiles samiens - au cote des Lacedernoniens). La construction navale est une activite qui ne s'improvise pas. Elle demande du temps et des compeiences, mais aussi une volonte politique. C'est seulement avec l'arrivee de Lysandre que ces conditions sont reunies et la flotte de ce dernier comprend des navires de Chios, de Rhodes et d'autres construits a Ephese 243. De rneme la fiotte de Kallikratidas qui se compose, au dire de Xenophon 244, de cent quarante navires : les quatrevingt-dix de Lysandre, cinquante autres requisitionnes avec leurs equipages a Chios, Rhodes et d'autres cites alliees 245. Ainsi, malgre H. D. Westlake, il semble bien que dans la derniere partie de la guerre l'effort naval demande aux allies ait ete considerable et que pour la premiere fois les "Ioniens" (au sens large que donne Westlake a ce term e) aient ete superieurs en nombre aux autres cornposantes de la flotte y compris les Peloponnesiens. Le caractere panhellenique du contingent naval engage sur la cote asiatique est confirrne par le monument des navarques qui cornmernore a Delphes la victoire d'Aigos Potamoi 246. Du cote athenien, on conserve la politique qui avait ete la regie con stante au ye s., cest-a-dire que l'on fait appel Ie moins possible aux navires des allies (sauf ceux de Chios pendant
Thc 8.6.4. Cf. Thc 8.100.5 Mytilene disposart avant 428 dune flotte que lon peut csumcr it une cinquantainc durutes : Quinn 1981,30 et n 28, Brun 1988a, 375 Cc dermer pense que la cite possedau unc manne de guerre non negligeable au IV'S. 242 The 8.61.2 Un detachement naval pour garder Milct est compose de cmq navires de Thounoi, quatre de Syracuse, un d'Anaia, un de Milet, un Lacedernomen. Ce navirc d'Anaia au c6te des Lacedemoruens hut quesuon Le propos de Thucydide pourrait fairc penscr que nous sommes en presence d'une enure pohuque individuahscc comme les autrcs qui sont enumerees dans Ie meme passage En rcalitc les gens d'Anaia sont la parnc retranchec it la communaute sarmenne que lcs Atherucns ne controlent pas. II sagrt it la fois d'unc partiuon conjoncturellc . lcs exiles de Samos, hostiles it la democratie se sont rcfugies des 441 sur le continent ct ont profite des offensives lacedemoruennes pour tenter de retourncr la situation en leur faveur, mars aussi d'unc situauon plus structurclle Ie secteur contmental (cf sur sa localisauon Fantasia 1986, 124 n 39. Sur la peree de Sames, mfra p 2(8) etant propice au devcloppemcnt d'unc plus vaste propncte alors que Ie port msulaire scrau par dcfirution Ie "lieu" des democratcs (rnemc mterrogauon pour Clazomenes, mfra p. 261, pcut-etrc dans ce cas plus facile it resoudre etant donne la Iaiblc supcrficie de I'ilc) 24J 11 faut combiner les mrormanons partielles Iourrues par diffcrcnts auteurs pour dresser un tableau coherent it 1a bataille des Arginuscs, lcs Lacedcmorucns ont perdu leur flotte et son commandant (Mmdaros), Diod 13.70 I (cf. Xcn , Hell, I (34) , Lysandre quitte le Peloponese avec (autant") de navires et d'hommes qu'il le peut , rl requisruonne ceux des cites de Rhodes, equipe l'cnscmble it Mtlet et it Ephese ; il recoit ceux de ChlOS, ce qUI donne en tout une cscadre d'envtron soixante-dix navires (Diod. 13.702-3 , avec moms de precisions, Xen , Hell., I 5.1) Arrive it Ephese, II met sur pled un programme de construction navale en comrncncant par orgatuser un arsenal (Plut , Lys., 3.4), ce qui lui perrnet, au moment de la batmlle de NotIon de dIsposer de quatre-vrngt-dlx navlres (Xen., Hell, I 5 10). 244 Xen , Hell, 1.6 3. 245 Il n'y a pas heu de penser, avec Westlake 1979, 20 In fine, que la maJonte des "autrcs" cites cst it rechercher 10m de l'Asle Mmeure. II nous est seulement rndlque que Kalhkratldas est venu prendre un commandement sur la c6te asratlque, nen sur une eventueJ1e escadre d'appOint 246 Cf supra p. 228 , pour Westlake 1979, 27, les navarques ISSUS d'autres regIons serment les plus nombreux 240
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LA DERNIERE PHASE DE LA GUERRE DU PELOPONNESE
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l'expedition de Sicile). C'est done seulement dans Ies circonstances quasi desesperees qui precedent la bataille des Arginuses que I'on met sur I'eau tout ce dont on peut disposer 247. Sur terre, la situation est a peu pres identique. Au debut de la guerre, les Chiotes, les Clazomeniens, les Erythreens participent avec un certain enthousiasme. IIs prennent merne des initiatives, apparemment vite refrenees ou ternperees, mais les contingents engages (tout comme ceux des Lacedernoniens a la rneme epoque) sont peu nombreux. Apres quelques mois, les loniens ne prennent part a aucune action militaire notable sauf pour la defense de leur territoire (Ephese). La seule exception importante est Milet 24~, qui parait s'impliquer plus cornpletement dans Ie confiit. II faut done se garder de considerer la peri ode de facon univoque. En realite, I'attitude des cites d'Ionie est faite de I'addition de cas particuliers selon la situation geographique, la taille et Ie fait qu'ellcs soient pourvues ou non de muraillcs 249. II Ya beau coup d'exemples ou la prise de la cite se passe sans trap de mal sinon par Ie versernent d'une contribution a la guerre : Cyzique, Chalcedoine. Ce sont les petites cites qui paraissent etre traitees avec le plus de desinvolture (Kedreai), mais un certain nombre echappe aux vicissitudes des combats (Erythrees). Les changements imposes de l'exterieur ont souvent de graves repercussions par Ie retour des factions precedernrnent exilees et qui ne revent que de revanche (Chios). II put aussi y avoir quelques episodes dont la barbarie devint proverbiale (Chalcedoine), Il serait eependant trap schematique de considerer que les cites asiatiques ne jouent qu'un role de eomparse. Beaucoup parmi les plus importantes paraissent avoir une marge de manoeuvre et une action personnelles tres importantes (Milet, Ephese, Samos, Chios). En conclusion, quelques traits d'ensemble se degagent. Au depart, il y a beaucoup d'enthousiasme pour la revolte, Il s'agit d'expulser les Atheniens dont les exactions sont ressenties par tous comme insupportables, d'ou une collaboration ctroite avec les Peloponnesiens. II s'avere assez vite que les hypotheses de depart des uns et des autres sont peu realistes et cela entrainc beaucoup de desillusions. Les Spartiates sont entres dans la guerre en pensant qu'Athenes serait rapidement a genoux, mais la resistance inattendue de cette derniere, et par voie de consequence l'incapacite des Lacedernoniens a conclure, entraine Ie desenchanternent des Ioniens et leur relatif dcsengagemcnt, II s'instaure un climat de suspicion reciproque. Les Lacedemoniens ont peu de confiance et d'estime pour les Ioniens qui, eux-rnernes, s'apercoivent que leurs allies sont prets a s'entendre sur leur dos avec Tissapherne dont les rapports avec les cites grecques sont de plus en plus mauvais. Le fosse se creuse aussi entre Tissapherne et I'ensemblc des Grecs des cites europeennes, L'entente avait repose sur un malentendu ou plutot sur la volonte de part et d'autre d'occulter les problemes, L'objectif ctait la mise a mal du dispositif athenien et la reflexion n'a pas ete Xen , Hcll., I 625 les Atherucns ant cquipe cent dix navires avec des equipages composes d'csc1aves, d'hommes librcs et mernc de cavaliers : "Ils se dmgerent alors vers Sarnos ou lis recurcnt dix navires , lis en asscmblercnt trente qu'rls trouvcrent ehez 1cs autres allies au I1s Iorccrcnt tout le rnonde a rnonter a bord" II est a noter que l'affronterncnt a coute plus de soixante bateaux aux alhcs de Sparte, (ibid., 34) 24R lis retrouvent les Peloponesicns au eap Mykalc en 411 (The 8 79.4) pour preparcr une acuon contre Samos, des Milesiens sont venus ala rcscousse des gens de Pygela contre le corps expediuonnarre athenien en 409 (Xcn., Hell, 1 2.2) , quelques autres exernplcs cites par Westlake 1979, 33 n 3. 249 Cf Westlake 1979, 28 ct n 4.
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L' ASIE MINEURE AU IVe s. (412-323 a.c.)
au dela de I'enjeu immediat. Or les Perses, en echange d'une aide qui se fait de plus en plus parcirnonieuse, exigent le prix fort, c' est-a-dire la livraison de l'Asie, y comprisles cites. L'arrivee de Cyrus et de Lysandre modifie provisoirement les choses, dans la mesure ou les ambitions des deux personnages ne se contrarient pas, mais elle apparait plutot comme une pause. Par la suite, quelque chose semble s'etre rompu irrernediablernent entre Spartiates et Perses. De plus, l'action de Lysandre apparait globalement comme tres liee aux interets des factions a l'interieur des cites; elle revivifie les luttes intestines qui prennent parfois, comme a Milet, un tour tres violent. Entin il convient de constater que la periodisation adoptee en fonction des criteres de l'histoire des cites de la Grece d'Europe ne s'applique que tres imparfaitement a la situation de l'Ionie et plus generalement de la facade occidentale de l' Anatolie.
CHAPITRE VI
DE LA VICTOIRE MILITAIRE
A LA PREEMINENCE DIPLOMATIQUE (404-387)
1
1. VERS UN NOUVEAU RENVERSEMENT DES ALLIANCES 1.1. Apogee et declin rapide du systeme lysandrien L'annee 404 marque Ie point culminant de Ia puissance Iysandrienne et de son organisation decarchique, L'eeuvre de Xenophon nous est d'un mince secours pour cette epoque et il faut recourir au recit de Plutarque avec les reserves que cela doit entrainer : ainsi pour l'episode sanglant de Milet 2 OU rnalgre Ie serment du Spartiate, les chefs de la faction dernocratique sont massacres au nombre de huit cents. Plutarque precise a'A.'A.a Kat ... UCJ1:EpOV, et sans doute convient-il de placer cet episode apres la croisiere dans les detroits, Ce retour vers l'Ionie ne doit pas nous etonner, nous trauvons Lysandre a Samos a I'epoque ou I'on celebre les Heraia rebaptisees en son honneur Lysandreia 3. C'est encore ace moment que fut leve Ie phoros dont Diodore nous dit qu'il atteignit plus de cent talents 4. L'action et Ie pouvoir de Lysandre apparaissent a beaucoup de Lacedernoniens comme trap personnels et il suffit d'un pretexte, fourni par Pharnabaze qui se plaint des exactions de Lysandre dans sa satrapie, pour qu'il soit rappele a Sparte 5. Les rapports de Pharnabaze avec le navarque n'avaient, semble-t-il, jamais ete des meilleurs. D'une part Lysandre etait tres lie a Cyrus et d'autre part les relations de Pharnabaze avec les Atheniens s'etaient pragressivement ameliorees. En 408 ce dernier avait fait d'Alcibiade son hote et Iorsqu'apres la debacle d'Aigos Potamoi l'Athenien se refugie aupres de lui il parait l'accueillir d'abord
I Outre les ouvrages menuonnes au debut du precedent chapitrc, on reticndra l'aruclc de Andrewes 1971, 206-226; Hamilton 1979. Voir aussi Tuplm 1993 2 Plut, J.ys., 19.3. Je ne vois pas de raison decisive de cornger Milct en Thasos, eomme Ie propose Bommelaer 1981,154 n. 225, "avec taus les modernes" (7). 3 Sur la drvimsauon de Lysandre a Samos, Habicht 1970, 3-7, qui considcre que la date la plus probable pour la creation de la fete se situe entre 404 et 390 (ibid 243 sq.). II est SUlvl par Flower 1988, 132 sq. Cartledge 1982, 265 attnbue ectte mutation du nom (lourde de sigruficauon) aux relations tradiuonnclles entre ansrocrates samiens et lacedemorucns. 4 Diod, 1410.2. II est difficile d'mterpreter avec certitude Ie textc tres ramasse et sans contexte chronologiquc (smon la mort d'Alcibiade) de Diodore. Cette levee faite par Sparte en son nom etart tellement contradtctorre avec toute la poliuque antericure de la cite qu'clle a choque lcs anciens : cf. lsocrate, 12.67 (encore que la comparaison operee avec la dommanon atheruenne ne sort pas sans equivoque : J1 n'est pas avere que l'on doive comprendrc que les Spartiates ont, eux, pcrcu un tnbut) et surtout Polybe 6.49.10, OU les Spartiates sont accuses "de se presser a la Porte des Perses, d'extorquer des tnbuts des msulaires, d'exiger des contnbunons de taus les Grees" 5 Plut, Lys., 197 II s'agn probablcment d'acuons destmees a assurer la subsistance de l'armee.
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L'ASIE MINEURE AU lye S. (412-323 a.c.)
favorablement 6. Mais I'injonction de Lysandre 71'amcne aenvoyer contre lui des sicaires sous les ordres de Bagaios. Ses assassins lc rejoignent a Melissa pres de Metropolis de Phrygie alors qu'il cherche a se rendre aupres du "satrape" de Paphlagonie dont il cspere qu'il I'introduira aupres du Roi R. A propos de la nouvelle donne politique qu'entraine le depart de Lysandre, il est necessaire de s'intcrroger sur l'application sur Ie terrain des clauses du traite de 411 9 (ou eventuellement des accords de 408 a Suse) 10 dont les consequences devaient etre l'evacuation des Spartiates. En bonne methode II deux aspects doivent etre distingues, meme s'ils ont des liens entre eux : lc rappel des harrnostes, la disparition des decarchies. L'evacuation militaire a du etre progressive, mais elle etait inevitable. En droit tout d'abord, sous peine de rompre le traite (et I'on a vu au cours du differend entre Lysandre et Pharnabaze que lcs Lacedemoniens ne sont pas prets alors a la rupture) ; dans la pratique ensuite, car prives des ressources des satrapes, ils eussent ete en peine de solder les mercenaires qui composaient en majorite les garnisons. Ces derniers pas sent done tres probablement au Roi ce qui pourrait expliquer partiellement l'ambiguite de certaines attitudes un peu plus tard, II importe d' abord d'examiner a titre de contrc-epreuve les exemples allegues pour soutenir l'opinion contraire : - Chalcedoine avait ete placee sous la tutelle de l'harmoste de Byzance par Lysandre en 405 12. On sait seulement qu'en 400 il Y a une garnison dans la ville et que cette dcrnicre obeit aux ordres du navarque Anaxibios 13. II n' est pas assure que la garnison ait ete maintenue en permanence 14. Nous venons de voir qu'il y a une presence continue de Sparte a Byzance (harmoste et parfois aussi navarque) mais nous sornrnes la hors d'Asie Mineure.
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(, Cornchus Nepos, Ale, 9.2 ; Plut .Alc, 37. Hatzfeld 1948, 342 et n 3, doute juste titre de l'assertion de Cornelius Nepos selon laquelle non sculernent Alcibiade aurau ete accueilh trcs arrucalcmcnt mal'; de plus que le satrape lUI au ran donne Ie revenu de Gryncion. SI cettc derruere est bien la pcute cue colicnnc celebre par son oracle d'Apollon, I) elle n'cst pas sous lc contr61e de Pharnabaze, moms d'admettre que ee dcrrucr a profite tres provisoircmcnt de la suuauon de Tissapherne pour s'appropner ou du moms rcvcndiquer Ie contr61e dune region dlsputee (cf supra p 95 et n. 102 pour Blaundos). 2) II s'cst ag: tout au plus d'une vellcitc la region apparticnt encore aux Gongyhdes en 399 (mfra p. 238-239). II y a done probablement quclquc confusion dans Ie recit de Cornelius Nepos el une contammauon de la biog. apluc de Thcrmstocle. Tout cela n'exclut pas pour autant que dans un premier temps Pharnabaze ait rccu courroiscmcnt celui qUI etait son hote, 7 Cf sur ee pornt lcs conclusions de Hatzfcld 1948, 337 sq. Certes les tradinons et lcs motifs avances, divergent (cf. le sccpticisme de Robert 1980) mars une certaine vraisemblance sc degage Alcrbrade, malgre lous les revers d'Athenes el son mfortune personnelle espere encore retourner la suuauon a son avantage. Sa dermerc chance consistc it convamcrc Ie ROI lut-mcme. II est evident que les autontes sparuatcs ne pouvaicnt counr ee nsque. Pharnabaze ne peut nen refuser a Lysandre dont l'escadrc est maitresse des Detroits et qUIJOUlIde la confiancc de Cyrus. Ceue trahison de la foi jurcc a dO cepcndant etre ressenuc comme une hunuliauon et eontnbuer la rupture entre les deux hommes. s La locahsauon du lieu de l'assassmat est due a Robert 1980,257 sq (cl supra p 36 n. 91). 'J Supra p 213 sq 10 Cornmc le suggcrc LeWIS 1977, cf supra p 222 II Cf Bomrnelaer 1981, 118 sq 12 Xen , Hell., 22 I C'est semble-HI it ce momen 1 qu'rl convient de placer I'cpisode cruel qUI marque it jam.us la mernoire des Chalcedoruens (supra p 229) U Xen., An , 7.1.20, notons que rnalgrc ce qUI esl parfois soutenu les Cyrccns n'ont probablemenl pas louche Chalcedoine , ils sont a Chrysopohs, certes sur Ie terntorre de la cue, mars qUI a unc place Ires parnculicre dcpuis la fin clu v- s 14 Parke 1930, 58, analyse autrement la presence spartiate a Chalcedome Selon lUI, Pharnabazc aurair ahcnc cette cite aux Atherucns (cf supra Hell., 1.39) et lorsquc Sparte la repnt en mains elle aurait reclame les memes droits. Cette argumentauon ne repose sur aucune base sohde
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A LA PREEMINENCE DIPLOMATIQUE
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- Pour Parion et Cyrique, voire Ahydos, la seule conclusion a laquelle on puisse arriver est qu'en 400 les envoyes de Sparte circulent librement dans les ports de Pharnabaze ; cela sc conceit tres bien etant donne la nature des rapports qui existent alors entre le satrape et son alliee 15 - En Ionie, aucun harmoste n'est attestc ; en revanche, Ie dec ret athenien qui loue les habitants de Notion et d'Ephese 16 en 403/2 pour I'accueil qu'ils ont reserve aux exiles de Samos cadrerait mal avec I'idec du maintien des decarchies dans ces cites. A coup sur done a ce moment, ces deux cites, et tres probablement beaucoup d'autres, avaient remplace ces dernieres par des gouvernements plus moderes sans pour autant alIer jusqu'a la democratic mais par reference aux patrioi politeiai 17. II est tres tentant de situer les deux phenomenes Sinon de facon totalement concornitante du moins tres praches dans le temps (rappel des harrnostes, disparition des decarchies) 18. Une date haute justifierait mieux les assertions de Xenophon 19 selon lequel Agesilas avait trouve les vilIes "en etat de dissension par suite des changements politiques qui suivirent la chute de l'Empire athenien" ou encore "la situation politique des cites etait troublee et il n'y avait plus ni democrates comme au temps des Athenicns ni decarchies comme au temps de Lysandre". Faut-il y voir la volonte de Sparte de donner des gages a Tissapherne en eliminant du gouvernement des cites des hornmes politiques tant devoues a Lysandre et qui avaient ete completernent engages au cote de Cyrus dans Ie conftit opposant les deux satrapes? 20 Bien que cette preoccupation ne soit pas tout a fait a exclure, I' affaire parait plutot refletcr les clivages internes de Sparte. La seconde presence de Cyrus en Asie Mineure peut-etre considerec a bon droit comme une sorte d'interrnede pour les cites asiatiques qui se rangent unanimement de son cote, a I'exception de Milet que Tissapherne avait pris soin de ramener a son parti en chassant du pouvoir les hommes de Lysandre 21 et dont Cyrus fait le siege par terre et par mer. Mais selon Xenophon ce n'est qu'une peripetie ou plutot un pretexte. En effet Cyrus est essentiellement preoccupe par sa vengeance ct son projet de conquete du tronc, Les Spartiates lui fournissent une aide discrete 22 mais surtout ils permettent a plusieurs officiers de se joindre a lui a titre prive et de recruter des contingents de mercenaires, L'un de leurs chefs est Clearchos, I'harmoste de Byzance, oblige de quitter la ville par suite de troubles internes mais aussi de son attitude tyrannique a l'cgard de la cite 23. Ces mercenaires et aussi Xcn .. 11.11 .• 72.'5 et 7 ; Beloch 1922.35 pour CyZlqUC et Meyer 1958.46 pour Ics trois cites 1G.IJ2.I. I, I. 48-9 (Tod. 97, I. 8-9) cf Andrewes 1971.207-16 contre Snuth 1948.45-56. L'rnscnpuon IG. IF I, I est en realite un dOSSIer de dccrets concernant Samos, Ics uns pris en 405, dautrcs, completant les pnvileges octroyes aux Sarmens, en 403/2. II s' agu cvidemrnent de ceux des Sarmens qUI etarent restesjusqu' au bout fidelcs it Athcnes A noter Ia clause Ia,Llio~ . Allnvc io.; dVD:l, TCOAITUJOIJEVO; OTCW; (XV auwl ~6AWV1D:l (I 12 sq.). Cf ML 94. 17 xsn., Hell. 3.4.2. IR Apres Beloch 1922. 16 ct d'autres, Andrewes 1971,211, plaide pour la fin de 403. Bommelacr 1981. e.g. 183 place la fin dcs decarchies en 398 ou 397 IY Xen ,Ages. 1.37, Hcll., 4.4.7. 20 Hanulton 1979,126-129. RUZIcka 1997, III 21 Xen , 11.11 , I I 7. 22 Xen . Hell .. 3.1 1 2J Drod 14 12. Les SparlJates ont cnvoye un contmgent centre lUI , J! se refugie d'abord it Selyrnbna pUIS auprcs de Cyrus Ccla n'entraine apparemment aucunc brourllc avec lcs l accdemomens 15
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les contingents leves sur place (explicitement les bannis milesiens parmi d'autres) 24 sont officiellement destines it lutter contre les rebelles. Le depart de Cyrus entraine une reorganisation des satrapies occidentales 25.
1.2. L'hostilite declaree envers Sparte et l' action d' Agesilas en Asie 26 Apres la mort de Cyrus, Tissapherne revient en Anatolie occidentale et desormais les regles du jeu sont profondement modifiees. Ce dernier a des comptes it regler a la fois avec les Spartiates pour leur attitude anterieure et aussi avec les cites grecques asiatiques. Malgre I'ultimatum spartiate qui exige qu'aucune action ne soit entreprise contre elles, Tissapherne se dirige vers Kyme dont il ravage le territoire sans pouvoir s'emparer de la ville 27. Des avant la fin de 400 et it I'appel des cites ioniennes, Sparte envoie Thibron qui arrive avec un contingent non negligeable mais recrute aussi sur place "car c'etait Ie temps ou toute les cites grecques obeissaient it n'importe quel ordre d'un homme venu de Lacedernone" 28. Fait nouveau egalement, I'aspiration a I'eleutheria des Grecs asiatiques 29 ou plus exactement la prise en compte de cette demande par les autorites spartiates : ainsi, Derkylidas demande pour les habitants des cites que controlait Midias, et avant lui Mania, liberte et autonomie 30 ; Agesilas pose la meme revendication 31. La politique officielle de Sparte est done bien differente de ce qu'elle etait a la fin du ve S. 32, telle qu'elle etait exprimee par ses envoyes successifs (Lichas, Lysandre ) quelle que soit par ailleurs leur position personnelle. Xenophon souligne expressernent la relative inactivite initiale de Thibron mais il semble lui etre globalement hostile 33. En revanche Diodore indique qu'a partir de son quartier general d'Ephese, il s'empare de Magnesie qui n'etait pas fortifiee 34. II etablit la population it Thorax, lieu plus facile a contr6ler, pres du celebre sanctuaire d'Arternis Leukophryene 35. 11 echoue en revanche face aTralles, mieux defendue 36 ; il pille Ie territoire du Roi mais se replie vers Ephese al'arrivee de Tissapherne. 24 Drod, 1419.5 et 7, Xen., An., 1.21-3. Cf. Roy 1967,287-323; Perlman 1976-7,241-284; Seibt 1977. [] est a noter que les "Dix-Mtlle" paraissent ne comporter qu'asscz peu d'Ioruens (un Chiote, un Sarruen menuonnes) , cf. Westlake 1979, 34 25 DlOd. 14196 (supra p 124). 26 Westlake 1981,257-279; 1986,405-426. 27 Diod 1435.6-7; sur Kyrne, Bouzck 1974, 1980, Engelmann 1976. II est possible que les monnaics emises aAstyra et Adramytuon (7) soient Irappees a I'occasion de cette campagne 28 Xen., Hell, 3 1.5. Cela suppose que les regimes en place ctaicnt des oligarchies philolaconrcnncs depuis 405/4 au moins. Drod 14.36.2 precise qu'il recrute deux mille hommes en plus des cmq mille qu'il amene ; ces contmgcnts ioruens (ou ceux reurus par Derkyhdas) se deb andent a Magncsie (Infra), Hell, 3 2.17, "gens de Pncnc, de l'Achilleion, des 'iles et des vrlles d'lonie". Pareti 1913, 259-277. 29 xs». Hell., 3.1.3 ; DlOd. 14.35.6. 30 Xen .. Hell., 3.1.20, cf. 3.2.12. 11 xs», Hell., 3.4.5. 32 RUZicka 1997, 109 sq. souhgne la rupture que represente I'ete 400 avec I'appel a laidc des cites iorucnncs aupres de Sparte. 33 Tuplm 1993,48 sq. Isocrate, Paneg , 144 en donne une Image plus favorable, il est vrar dans un contexte polcmique. 34 Diod. 14.36.3 ; sur le heu de residence de Trssaphcrne. supra p. 46. 35 Cf. aussi Xen., Hell., 3.2.19 : Meyer 1909, 112 penche pour 391 c'est-a-drre la deuxiemc campagne de Thrbron en Asie. Contra Bcloch 1923,34-5 n. I , sur Magncsic, Kern 1900, V-XVIII; Bmgol 1998 36 D!Od. 14 36 3 Les pcntcs escarpees de I' acropole consntuaient un rernpart efficace
DE LA VICTOIRE MIUTAIRE
A LA PREEMINENCE DIPLOMATIQUE
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Indeipedion (Stratoruccc)
Pergame
•
Oll(jU
• ~
e
• Gambreion
• Aigai
Snkm
Algai
Nom menuonne par le Pseudo-Skylax
Carte 5 : Eohde et Mysre occidentale.
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Pour cette rnerne cpoquc, Xenophon nous fournit de facon fortuite a l'occasion de l'etapc ultime du periple des Dix-Millc, de Lampsaque a la jonction avec Thibron, des renseignements tres vivants sur la geographic politi que de la Troade et de l'Eolide 37. C' est un tableau assez precis de la Troade qui nous est propose. La mise en perspective avec les autres sources, en particulier le monnayage 38, permet de montrer quil sagit d'une region bien dotee en cites grecques (ou de modele grec). La configuration de la peninsule explique en partie cette caracteristique. Xenophon decrit d'abord le debarqucment dans le grand port de Lampsaque et son marche (on notera tout particulicrement l'anecdote de la vente de son cheval) puis une marche qui par Antandros, le pedion de Thebe, Adramyttion, Kytarion les conduit enfin a Pergame 39. A partir de Pergame Ie tableau est tout a fait different: au chapelet cotier des cites se juxtapose un monde composite dans la main du Roi perse 40. Pergame est tenue par Ia familJe des Gongylides 41, d'origine eretrienne. Le texte de Xenophon n'est pas tres explicite, mais le personnage en vue dans Ia cite parait etre Hellas, veuve de Gongylos. C'est elle qui suggere a Xenophon un coup de main contre la propriete du noble perse Asidates 42. Dans cette merne region des troupes "perses" sont cantonnees dans les villages. lJ s' agit en realite d'Hyrcaniens et de Cappadociens - Xcnophon les appelle Assyriens - pour ceux dont l'origine est precisec. II y ala aussi plusieurs cites grecques qui ont ete donnees par Ie Roi a des Grecs exiles: Teuthrania 43 et Halisarna 44 aux Demaratides 45 ; Gambreion 46, Palaigambreion Myrina 48, Gryneion 49 aux Gongylides. II y a aussi
xcn , An, 7 8 7-8. II est cn cffct tout it fait rcmarquablc quun grand nombre de cItes de Troadc-Mysic-Eohdc, me me parrru lcs plus msigmfiautes, cmcttent des monnaies it la fin du v' ct surtout au IV" s 39 Par la vale terrcstre directe et par consequent dans un chemmemeni drffcrcnt de cclui que dccnt Ie Ps Skylax § 98 40 Xen., An., 7.8.9-21 On salt peu de choscs sur la Pergame du rv- s , cf. Hansen 1947,8-13 (rapide) Sur les Gongyhdes, supra p 189 sq 42 Supra p ] 90 11 Ps -Skylax 98 ,SIr 13 I 69 , Xen , Hell., 3 I 6. Ce vocable designc it la f"OIS une region et une CIte. Sur cette dualite cf Ruge 1934 Elle doit scxpliquer par lorgamsauon fiscale de l'Emp.rc persc, comme dans Ie cas smulaire de Magnesle Le site a ete fixe par Thraemer 1888, 184 sq ct Conze 1887, 149-160 , ef. ausst Robert 1973, 480 n 9. On connait pour le iv-s un monnayage peu abondanl : SNG COl'. 549 , Tubingen 2502 Une monnare interessante est pubhee par Imhoof-Blumcr 1883,258 sq n" 149 ct pI E n" 20 A l'avcrs unc tete lauree d'Apollon, au revers une tete imbcrbe coiffee d'une uare pcrse, Icgcnde TEY (bronze) Cette monnaie et d'autrcs comparables sont attnbuecs sans vcntables preuves it Proklcs par Babelon 19 [0. col. 83 On a parfois propose d'idenutier lit une drvmue perse (Men") , Ie nom d'Aiys a etc rctcnu pour des monnaics dont l'illustrauon est tres proche, cf. Phocee (Bodcnstcdt 1985, Ph. 84) et surtout Mytilene (ul , My. 1(2), dent le rendu sc rapproche beaucoup de Traue, II, n" 42 (pl. 88 n" 5) Cf. aUSSI Imhoof-Blumer 1890, 619 sq. (argent) , flN2 538 , SNG Cop Mvsia. 549. Sur une autre mtcrprctauon possible infra, appendice 5 44 Dont la locahsauon n'est pas exactcmcnt assuree, cf. Schuchhardt 1912, [16-17, Wilhelm 1914, 149150, Robert 1973,481. Faut-il pcnser que les petues cites prochcs de Pergame ont ete umes it ceue derruere en un vaste synoecismc (que Ics populauons alent etc deplacees ou non) Sur la region de Pergamc, Gluonc 1905, sp 109 sq 45 Supra p 189 46 On attnbue it cette cite un monnayage pour la sccondc moiuc du IY" s SNG von Aulock 1085-1088 . Tubtngen 2186-2193. C1' aussi Syll.', 302 , UG I, p. 257 , cf RostovrzeffIv 10,267, cpoquc d' Alexandre (cf. supra p. 159) 48 Synthcsc commode surtout par les tesumonia reums : Kassab 1987,173-189. Monnayage des rv-m-s , SNG von Aulock 1659 ; Tubingcn 2709-2712 4') Gryneion est celebre par son sanctuaire oraculaire consacre it Apollon (Ragone 19(0) , elle frappe un rnonnayage de bronze avec it I'avcrs Apollon et au levers une coquille (elle etan rcputee pour ses huitres scIon 18
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Parthenion, ville dotee de murs, dont le maitre n'est pas nornme ; de merne pour Apollonia 50. II est admis universellernent, parce que Ie texte de Xenophon est sur ce point sans equivoque, que les gens qui tiennent les deux derniercs nomrnees se portent au secours d'Asidates, En revanche tous les commentateurs admettent que les Gongylides et les Dernaratides se ran gent du cote de Xenophon. Or la coherence de l'ensemble de la documentation 51 implique que, a I'exception d'Hcllas, I'attitude des dynastes grecs a ete pour le mains suspecte. lis ne se sont pas engages dans Ie "coup" centre Asidates mais semblent en revanche decides a venir a la curee (rnalgre I'avis contraire d'Hellas) lorsque les affaires tournent mal pour Xenophon et ils restent finalcment dans une prudente expectative. Cet enchevetremcnt de cites grecques avec leur chora comportant des komai, de villages issus ou non de la colonisation perse, de phrouria 52 montre la cornplexite du monde sur lequelles Perses ont excrce leur autorite. Au yo s., a l'exception des zones cotieres (a la difference de ce qui se passe en Cane et partiellement en Troade) les Atheniens ont eu peu de contacts avec ces regions, meme relativement proches de la mer. Elles sont restees sous la tutelle directe des Perses 53. En 399, Thibron vient a la rencontre de ce qui reste des Dix-Mille et obtient la soumis sian de la plupart des villes de l'Eolide septentrionale et de la Mysie pcrgarnenienne 54. Il y a toute une gradation dans Ie rccit de Xenophon 55. Pergame se singularise par Ie fait qu'elle se livre d'elle-rneme. Teuthrania et Halisarna tombent au pouvoir de Thibron, les maitres de Garnbreion, Palaigarnbreion, Myrina et Gryneion se soumcttent, d'autres sont prises de force rnais Larisa l'Egyptienne resiste victorieuscment 56. A la suite de cet echec, Thibron est rappele a Ephese (il est condamne a son retour a Sparte a cause de ses exactions contre les allies) et rernplace en 398 par Derkylidas, harmoste d' Abydos en 407. Ce dernier joue de la rivalite entre Pharnabaze et Tissapherne 57. II engage une action contre la satrapie de Pharnabaze apres convention avec Tissapherne et penetre dans la partie de l'Eolide qui est du ressort de ce satrape. Dans le recit de Xenophon, c'est la le pretexte d'une longue digression sur la famille qui gouverne cette region 58. On pourrait intituler ce developpernent "Histoire de Mania", tant ce personnage parait avoir irnpressionne I'auteur ct ctrc la veritable cause de l'ampleur inaccoutumee du recit 59. Pline) , ef Robert 1973, 482 n 13 qui date celtc sene du IV's alors que Wroth propose Ie III's. On retrouve ces monnaies dans diffcrcntcs collections SNG von Aulock 1619-20, Cop 202-207, etc soConnue seulement par Xcn , An , 7 8 IS, ccttc cite pOUITaIt ctrc une candidate seneuse pour l'artnbuuon du document dc Clues ctudic par Robert 1983, 500 sq (supra p 185). 51 En paruculrcr pour rendrc totalement compatible lcs deux rccits de Xcn., An, 7 8.8-22; Hel!.. 3 I 6-7 et ternr compte du fait qu'apres 1'1 tourmente les dynastes paraissent retrouver leur suuauon ancicnnc (supra p 191) 52 Cf. l'orgarusauon des phrouria qur apparait chez Polycn 4.10 53 Cf les analyses de Bnant 1982, 189 sq Nous revrendrons ailleurs sur lcs mforrnations cconorruques fourmes par ee texte. 54 C'cst a ce moment qu'rl conv-ent de placer Ie stratageme d' Alexandros, phrourarque des chana d'Eohde, qui reurut au pretexte d'unc grande marnfcstatron culturelle lcs notables des cites du vorsinage. les SaIS,t, en lire une forte rancon avant de Iivrer les phrouria a Thi bron 55 Supra p. 190 sq. 56 II Y a deux Lans(s)a dans Ie nord-ouest de I' Asie Mmeure cellc-ci (Hell, 3 1.7) dont les rumcs ont ete reperees a Buzuncuk (Schefold, Bochlau & von Gerkan 1940, Bean 1966, 100 sq.), lautre en Troade dont il est question en 3.1.13 et 16 (cf. Cook 1973,219-221) Lansa de Troade, cite asscz importante au v- s , pare trois talents de tnbut (Riel 1997, IK, 53·Alexandrcld Troas, p 5) Sur Ics mccrutudcs concernant la localrsauon du site, Akalin 1991 57 Supra p 95 5S Xen., Hell, 3 I.lO-16 ,cL Dlod 14382-3 ,9 Le devcloppcment qUI SUit s'appure largemcnt sur lcs travaux de Cook 1973
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Pcgai •
• Skepsis
J.lda
Vlellle Gargara Hamaxitos Lampoma • • 'd Antandros • Po1yme Ion • Asses -----~~
.
..
• Thebe
• Astyra
50km
Carte 6 : La Troade.
Zenis et Mania sont originaires de Dardanos 60. Quelle que soit l'origine iointaine des habitants, ces derniers sont consideres comme Grecs a l'epoque ciassique. Its ecrivent en tout 60
Dardanos est menuonnee par Ie Ps.-Skylax 95 , Str. 13.1.28 ; sa Iocahsation
a Mal Tepe
(6.o:p8o:vt~
aKpo: = Kcphez Burnu) a etc rcconnue dcpurs longtemps ; cf. Leaf 1923 a, 150-2, Menu et al 1939,479; Cook
1973, 59 (cerarruque du VIII's. a I'epoquc hellernsuque) et 60 n 1 : sur le tumulus decouvert a proximite, cf. Duyuran 1960, 9- 12, inscription datee la du IV'S (mais en reahte la tombe contient des objets hellerustiques, commc l'est l'rnscnpnon sur Ic cippe funeraire dont est donnee la photographic), dautres inscnptions plus anciennes sont mennonnces, cf. Ie resume des conclusions de Tashkhoglu 1963, 17-18 dans AS, 21, 1971, 50 (qu'rl est mdispensable de consulter avec Robert & Robert, Bull Ep., 1968,432). Elle pate en general un talent de pharos a Athenes et apparait pour la dcrruere fois dans le decrct de reajustement du versement en 425/4 (IG, 1\ 71). Doneus est a Dardanos en 410 ; une garmson probablement peloponnesienne s'y trouvc deja ; Diod. 13.45.4 (cf. LeWIS 1977, 128 n. 123) Monnaics de Dardanos avec a lavcrs une femme a cheval a gauche, au revers un coq dans un carre en crcux, fin v- s souvent attnbuecs a Mama. Traue, II, pI. 167 19 ; SNG Berry 985 ; Cop. 282 , Tubingen 2576 (PI. III, 19) , von Aulock J 504.
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cas en grec. Cela ri'empeche sans doute pas qu'il puisse y avoir quelques nuances dans la perception des choses (cf. plus loin I'arnbassade des gens de Sigeion accompagnant Chares a Ilion au moment de I'anabase d'Alexandre). Mania conserve les cites qui lui avaient ete confiees a la mort de son mari et y ajoute les cites cotieres de Larisa, Hamaxitos et Kolonai 61 dont les fortifications sont prises d'assaut par ses mercenaires grecs. Ces villes echappent ainsi al'influence athenienne 62. Mania est assassinee par son gendre Midias qui se maintient a Skepsis (Xenophon indique plus loin qu'il s'agit de sa cite d'origine) 63 et a Gergis 64. nest precise que ce sont des places fortifiees (EXl.lpal Teat-Els). Dans le reste du territoire, les garnisons restent fideles a Pharnabaze. Derkylidas se presente sur la cote et en un jour Larisa, Hamaxitos, Kolonai se livrent a lui. A son appel, Neandria 65, llion 66, Kokylion 67 ouvrent leurs portes, mais nous apprenons que la mort de Mania a accru les dissensions entre la population et les mercenaires grecs. A Kebren 68 en revanche le chef de la garnison ne veut pas livrer la ville et Derkylidas entreprend un siege, mais les Grecs imposent la reddition 69. 61 Ps.-Skylax 95, Str. 13 I 47 (cf. 13.3.2). Du Sud vers le Nord: Harnaxuos figure dans Ie dec ret pour 422/ 421 (IG, 13,77), son tnbut avan ete porte en 425 a 4 T (cerarmquc reconnue, du VIle - ou meme vine S.- au IV'S. : Cook 1973, 231 , IK, 53-Alexandrela Troas, ef. Riel 1997, p. 5) ; rnemc chose pour Kolonai, a eela pres que Ie montant de son phoros n'est pas connu (Cook, p. 217, Ie site est abandonne apres Ie IV'S.) ; Lama est encore occupee pendant une partie de l'epoque hellernsuque . Cook, p 200, cf Leaf 1923a, 223 sq. ; Mentt et al 1939, 505 sq. ; Robert 1951, 36-64 ; Cook, p. 195 sq , Str. 13.1.47 mdiquc que Kolonar et Lama Iaisarent parue de la peree de Tcnedos (mfra appendice 2). Cook, p 196, emet des doutes sur Ia rcconstituuon de ce passage et suggere d'y mserer plutot les Lesbiens (d'apres The, 4.52) Monnaies de Kolonai au IV'S., SNG von Aulock 1552 sq , Tubingen 2647 , de Lama, von Aulock 1554 sq 62 Probablement entre 410 et 404/3 II serait peu vraiscmblable que ees cites alent fait defection plus lot (ef. Skepsis note suivante). II s'agit done plutot d'une consequence Immediate de la defarte athemenne 63 Str. 13.1.33; 45; 52. Monnaies, Head 191O, 548-9 (460-400 aC); SNG von Aulock 1575-1579 (deuxieme moiue V'-IVC s.) , Tubingen 2659-2673 , decret de proxernc, Juderch 1898, 225-40; cf Leaf I923a, 272 sq. ; 1923b, 270-2 ; Robert 1951, 13-15 ; un fragment dun autre dec ret hellcrustique est public par Cook 1973, 399 n" 13 ; Ie phoros est encore reclarne en 410/409 (IG, 13, 100), une scule indrcanon de son montant anteneur, un talent 64 Du texte d'Herodote 5 122, II resson que lcs Gcrgnhcs constrtuaient alors un peuple et non une CIte, celle-ci a dO ctre crcce peu apres (par Ie deplacement de ees populations"). En tout cas Ie matencl collccte sur le site montre que celui-ci a tres vrte prosper" (II dure des environs de 500 a la fin du II's ). Cf Cook 1973, 347-51, qUI public l'epitaphc d'epoquc classique d'un Kebrenien, decouverte sur Ie sIte (p 401 n" 18) qu'il idcnufie de Iacon definiuve a proxnnue du Village ture de Kanncali. Monnaics de la fin vr s , SNG Tubingen 2650 , tVe-III'S . von Aulock 1556-1558; Tubingen 2651 sq. 65 Str 13.1.51 , Neandna est prcsentc dans la hste du pharos de 410 (lG, 13, 1(0), son montant habuuel est de deux mille dr. Cf. Koldewey 1891 , Leaf 1923 a, 547 ; Ruge 1935 s. v , Cook 1973, 204 sq ; Schwcrtcrm 1994 , RIel 1997 (lK, 53-AlexandreIa Troas p. 7) ; Ic site est occupe du VII' au IV's. WInter 1985, 680-683 propose de dater la fortification de la fin du IVe s ou du debut du ttl e S. 66 Phoros porte a deux talents en 425 Mindaros a Ihon, Xen , Hell, I 1.4 la CIte est-elle deja dans la mouvance de Mama a cette cpoquc comme Ie suggere LeWIS 1977') 67 La locahsanon de Kokylion n'est pas connue et l'on possede bien peu de ternorgnages sur cette CIte, ef. Cook 1973. 322. 68 Rlcl1997, IK, 53-AlcxandreIa Troas, p. 7. 69 Str. 13 1.33 , Kebren figure dans la hste de 425/4 (auparavant elle contnbuait au maximum pour la somme importantc de trois talents. Sa nchesse est confirrnee par la presence d'un matcncl abondant et ongmal (terres curtes architectomques), monnaics du v- s. ["] (Lazzaruu 1986 idcntrfic Zerus sur les monnaics "a tete satrapalc" de la cite cf. PI. II, 13-14, nous penchenons piutot pour Spuhndates, du moms pour les plus anciennes) ct du IV's. SNG von /vulock 1545-1551 , Tubtngen 2623-2650. A la fin du tV" s. elle est incorporee a Alexandne de Troade (mfra) cf. Cook 1973, 327-344 (p 337 II signale des rdentitcs de COInS avec des cites voismes) : cf. egalement Leaf 1923a, 171-173, Mentt et al. 1939,99 sq ; Robert (1951,34; 1973,172, cf. encore 1982,330 n. 70) et Cook divergent sur Ic sort ultcneur de la Cite, que nous n'avons pas a discutcr lei
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Le corps cxpeditionnaire spartiate se porte alors vers Skepsis. Derkylidas entre dans la ville en "bluffant" Minias : apres avoir demande liberte et autonomie 70 pour les habitants, il "remit la cite aux citoyens (et) ... leur recommand(a) de la gouverner cornme il convenait a des Grecs" 71. A Gergis, un scenario quasi identique se reproduit. Derkylidas confisque ce qui appartenait a Mania en arguant du fait que cette derniere tenait tout de Pharnabaze 72, et ne restitue a Midias que ce qui lui vient de son pere c'cst-a-dire apparemment ses biens patrimoniaux a Skepsis. Ainsi, par demonstration de force, par la ruse, en jouant des antagonismes latents des differents groupes, Ie general lacedcmonien s'empare en huit jours de pratiquement toute la region de Troade que tenait Mania. Devant I'ampleur du desastre, Pharnabaze demande, et obtient, une treve dont il profite, semble-t-il, pour se rendre en Haute-Asic et faire entreprendre la construction de la flotte dont Ie role ulterieur sera si important 73. Derkylidas s'installe en Thrace de Bithynie 74 OU son arrnee vit sur Ie pays. Ce point de chute pour hiverner satisfait les deux belligerants et montre une fois encore la difficulte qu'il pouvait y avoir a tenir en main, sans argent sans cesse renouvcle, une arrnee relativement nombreuse. Apres I'hiver 398, la treve est prolongee 75 et, pour les memes raisons, Derkylidas passe avec son armee en Chersonnese de Thrace. De la, il revient vers Ephese par Atarnee tenue par des exiles de Chios 76. Le siege dure huit mois. Apres s'etre empare de cette place forte (chorioru il s'cn sert de lieu d'ctape (katagoge) y stocke tout Ie necessaire et installe Dracon de Pellene comme epirnelcte. Isocrate 77 precise que ce demier prend appui sur Atarnee pour ravager Ie pedion de Mysic avec trois mille peltastes. Les ephores ordonnent alors a Derkylidas de se porter en Carie pour atteindre la le cceur des possessions de Tissapherne. Celui-ci - qui vient d'etre nornme strategos ton pant/in 78 - est rejoint par Phamabaze et, rnalgre I'avis de ce dernier qui souhaitait pour sa part reconquerir la Troade, il se rend en Carie au il etablit des garnisons puis il revient dans la vallee du Meandre. Dans la plaine, au sur les premiers contreforts des collines, les seuls veritables "reliefs" sont les tumuli et les tours. Ils servent d' observatoire aux guetteurs des deux arrnecs. La suite du recit montre que nous sommes entre Magnesie et Tralles. L'archeologie na pas permis pour l'jnstant la decouverte des vestiges correspondants. On peut cependant s' en faire une bonne idee avec les nombreuses tours que I' on rencontre dans cette region 79 et aussi par le nombre des tumuli que I' on peut apercevoir tout autour de 70 Comme cela a ete note par plusicurs auteurs (cf Tuphn 1993, 50), ccue altitude imuale parait en contradrcuon avec la reahte (harrnostes, epimeletes) telle que la decnt plus tard Trssaphcrnc Mars Xenophon parait tout a fait favorable a Dcrkylidas a dcux reprises (llell, 3 2.9 , 11),11se plait a souhgner la parx etla prosperue des villcs lorsquelles sont sous controle lacedemorucn Cf Corsaro 1994, 115 sq . Ragone 1996,344 71 xen , Hell, 3 1.21. 72 Dc Samre-Croix 19RI, 55R n 7, estrme a trois cent cinquantc talents les sornmcs rccucilhcs comme butut Cclui-ci va pcrrnettre a Dcrkyhdas de Iairc VIVfC son arrnee pendant plusieurs rnois. 73 Infra p 243; cf Dtod 1439 1-4, Hell Ox, 2.1 Cent tncres sent dcmandces aux rois de Chypre, lcnscmble de la flottc est prepare en Cihcic sous lcs ordres de Conon 74 C'est-a-drre la region cornpnse entre Chalcedoine et Hcraclce pontiquc 75 Pharnabaze en profile pour "montcr" ala cour du ROJ II fait approuver son plan de construction d' une flottc et probablement commence a dcsscrvir les mterets de Tissaphcmc (Westlake 19RI, 260,278) 76 Xen , Hell, 3.2.11 , Diod 13 65 3-4 cf Infra p 267 77 lsocrate, Paneg., 144 n Supra p 124 n gO 79 Cf lcxplorauon mence dans la region par Paton (1900) et reprise par notre equipc
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Magnesie 80. Nornbre d' entre elles ont ete amenagces au IV e S. Les tumuli sont egalement tres presents dans la vallee du Meandre et de ses affluents. On pensera it ceux d'Harpasa ou encore au tres bel exemple a Mal Tepe (Direcik). L'amenagernent interieur des chambres est realise en schiste mais taille it la maniere du bois. Ce type de tombe et dautres indices nous orientent vers la Lydie voisine. Mais sommes nous a cette epoque en Carie? Nous avons note plus haut que sous le regne de Darius la reponse etait tres probablement negative, et il en va peut-etre de merne du temps de Mausole. Avons-nous un element de reponse avec I'indication que nous fournit l'auteur anonyme des Helleniques d'Oxyrrhychos 81 qui dans un passage mutile semble indiquer que pour lui la vallee du Meandre etait habitee par des Lydiens? Les deux armees se font done face pres de Magnesie. L'affrontcment se conclut par une "non-bataille" (l'expression est de S. Ruzicka) qui permet une fois encore a Xenophon 82 de donner une image peu flattee des forces antagonistes d'Ionie, en opposant les attitudes dans les deux camps. Les Peloponesiens ne bronchent pas alors que les Prieniens et les gens de I' Achilleion se debandent en abandonnant leurs arrnes, Ie reste des contingents insulaires et ioniens n' est pas loin d' en faire autant. Dans Ie camp perse, Pharnabaze veut en decoudre mais Tissapherne qui n' est pas informe de la situation des troupes de Derkylidas hesite a s'engager et fait demander aux Grecs les conditions de la paix. Du cote grec, il est reclame I'''autonomie des cites grecques" 83, du cote perse "que l'armee grecque sorte de la chora et les harmostes des vilies" 84. Une treve est conclue pour consulter les autorites de Sparte et Ie Roi. Mais it I'annonce (done des 397) 85 de l'arrnement d'une flotte en Phenicie par les Perses, Sparte decide I'envoi d'un contingent substantiel en Asie qui est place, fait nouveau et signe de I'importance attachee a cette operation, sous Ie commandement du roi Agesilas 86. D'apres Xenophon 87 cette decision a ete prise sous l'influcnce de Lysandre qui pensait pouvoir, it cette occasion, restaurer lcs decarchies "lesquelles avaient ete supprirnees par les ephores qui avaient fait retablir les patrioi politeiai", Des son debarquernent it Ephesc (396), Agesilas entreprend de negocier avec Tissapherne pour l'etablissement d'une treve 88
so Humann et al 1904, fig. 12 , Bmgol 1998,77 sq
Hell. Ox, 12l7] 4. Xen., Hell, 4 2.17-18; cf Wcstlake 1979,34; Ruzicka 1997. Ill. S3 Xcn., Hell., 3.2.20 R4 A noter ICI la claire drstmction operee entre ch/ira et poleis (a rapprocher des textcs des tratte« The, 8 58,
Bl
R2
ctc.). SS Xen., Hell, 3.4 1; Ages. 16 ; Plut., Ages., 6.1 Selon l'rnformatcur la puissance de la flone don eire portee a trois cents navircs C'est a cettc meme epoque qu'il convicnt de placer la rmssion de Timocratcs de Rhodes en Grece (1a situauon est done parallclc mars invcrsee par rapport aux evenemcnts de 411, The 8 5). II a e\l~ en effet plus probablement envoye par Pharnabaze SI l'on rctient la version des faits proposee par les Hell Ox, 2.1-2 ct 5 (avec Polycn 1.483) plutot que ccllc de Xenophon qUI pense que l'msugateur est Trthraustcs, done necessairernent aprcs la bataille de Sardcs (Xen , Hell., , 5.1-2, Paus. 3.98) La premiere soluuon est retenuc par Ics cditeurs des Hell Ox., p 205 ct en derruer heu par Bruce 1967 dans son commeruairc a ce memc tcxte e g , p.59 (avec bibhograplue) contre Meyer 1909,44 sq , Jacoby, FtirHist. p. 395. II parait beaucoup plus coherent de pcnser que les troubles en Grccc eommencent avant l'arnvcc de Tuhraustes aux affarres. B6 Seager 1977,183-184; De Voto 1985, 169. Cartledge 1987, sp. 180-202 ct 208-218, Hamilton 1991, 87-103. Cf. cgalcmcnt Hofstetter 1978, 2-4 (avec une importante bibhographre). Tuphn 1993,51, suggere que l'cchcc rclatrf de Derkyhdas est l'une des causes du ehangement de la polniquc spartiate et que Ie mot dordre est desormars la "libcrtc pour les Grees d'Asie" (Seager & Tuplm 1980, 141-154). 87 Xcn , Hell., 3 4.1-3. 88 Xen., Hell, 3 4 5-6
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Xenophon evoque alors a ce moment la situation politi que de l'lonie R9 qui, d'apres lui, n'etait plus gouvernee par des democraties cornrne au temps de la domination athenienne, ni des decarchies cornme au temps de Lysandre. Nous reviendrons plus loin sur cette affirmation par trop simpliste mais interessons nous plutot ici aux implications et aux causes de la situation de crise interne egalement evoquee, En 397, au retour de l'expedition quil a mene en Chersonese, Derkylidas observe que les cites se trouvent globalement dans une situation satisfaisante 90. Paradoxalement J.. F. Bommelaer 91 en tire argument pour conclure que l'abolition des decarchies est posterieure a la situation decrite par le texte qu'il prend done a la lettre. II semble plus probable d'admettre que l'cclipse de I'influence de Lysandre a Sparte s'est produite peu apres la victoire sur Athenes et que les ephores (supra) en ont profite pour deposseder du pouvoir les partisans du navarque. Une partie d'entre eux sont mis a mort apres leurs exactions 92, les autres se pressent autour de Lysandre qui a accornpagne Agesilas en Asic dans I'espoir d'etre reinstalles en maitres dans leurs cites. Cette "cour" de Lysandre irrite Agesilas qui, apres avoir manifeste beaucoup de froideur a son egard, I'envoie en mission dans I'Hellespont. La, Lysandre obtient Ie ralliement du Perse Spithridates 93. Ayant obtenu des renforts, Tissapherne rompt la treve, Les preparatifs de campagne sont decrits avec complaisance dans ce veritable panegyrique qu'est l'Agesilas. Peut-on accorder quelque credit a la description de l'enthousiasme qui preside a la "levee en masse"? Cette atmosphere contraste singulierement avec Ie comportement des contingents ioniens dans les engagements precedents et Ie mepris a peine deguise que Xenophon manifestait a leur egard dans les Helleniques oil il decrit le "stratagerne'' qui permet au roi de se procurer une cavalerie mercenaire sans bourse delier et souligne avec une ironie mordante Ie zele que les plus riches mettent a se procurer un remplacant pour se faire tuer a leur place 94. Pendant ce temps une partie (quarante navires) de la flotte eonstruite en Phenicie est venue, sous le eommandement de Conon, s'ancrer dans lc port de Caunos 95. Elle est bloquee par Ie navarque Pharax (done en 397 et non l'annee suivante, date qui se deduit du texte de Diodore). Celui-ei s'appuie sur Ie phrourion de Sasanda mais doit se retirer a Rhodes sous la pression du reste de la flotte perse commandee par Pharnabaze et Artaphernes. Conon poursuit alors son avantage en s'avancant avec guatre-vingts trieres en Chersonnese (c'est-adire la future Peree rhodienne). Les Rhodiens se revoltent contre les Lacedemoniens et laissent entrer Conon et sa flotte dans Ie port 96. II Y transporte aussi son quartier general. Avec les Rhodiens il profite de l'effet de surprise pour capturer les cargos de ravitaillement en ble que les Spartiates avaient obtenus du roi d'Egypte, Des renforts venant de Phenicie 89
xs». Hell., 3.4.7
Xcn., Hell., 3.2.11 Supra p 235. 92 Plut., Ages, 2.2 , ef. Xen., Ages., 1.37 , Hell., 427 91 Ce dermer apparait dans les Hell. en 3.4 10 (ef. Xen , Ages, 33) Est-ee Ie mernc personnage que Ie general qUI vrent avec Tissapherne bnscr la revolte de Pissouthnes, Ftirliist, 6RR, FI5 53 (52)" C'est I'hypothese de LeWIS 1977, RI n 200 SUlvl par Petit 1981, 12 Ou bien son fils (Weiskopf 1989, 23 n. IS)" Rappelons aussi le satrape hornonyme ISSU de I'un des Sept (supra p. 153). A-l-il recu son domame en recompense du service rendu au 1e posscdait-il deja" La question se pose dans les memes termes que pour Tissaphcrnc (supra). En tout cas, il foumu un bon exemplc de ees perses apanages par Ie ROI (ef Briant 19R2, 310-311) 94 Xen , Hell., 3.4 IS , Ages, I 23.4. 95 Hell. Ox., 4 21e passage est tres mal conscrve , DIad. 1479 4-R VOIrFunke 1980,59-70 96 Infra p 25 I 90
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rejoignent Conon 97. Sur ses mouvements avant la bataille de Cnide Xenophon est une fois encore totalement silencieux, ce qui desequilibre completement l'appreciation que I'on peut porter sur les evenernents d'Asie Mineure pendant la presence d'Agesilas. Sur la terre ferme celui-ci ne reste pas inactif, il mene en 396 puis au printemps et a l'automne de 395 trois campagnes 98 pour lesquelles Xenophon met en valeur l'habilete tactique du roi lacedemonien : - En 396 99 , Agesilas convoque les contingents des villes pour une expedition en Carie, ou Tissapherne avait son oikos. Le satrape tombe dans Ie piege, d'autant qu'il sait qu'Agesilas manque de cavalerie et que la configuration geographique de la Carie est peu propice a son utilisation. 11 envoie done ses propres cavaliers pour attendre le Spartiate dans Ia plaine du Meandre mais ce dernier passe en Phrygie (ici a l'evidence la satrapie de Pharnabaze) et pragresse jusque dans les environs de Daskyleion. Un engagement partiel a lieu, apres lequel Agesilas se replie (il ne se sent manifestement pas en position de force) et revient aEphese ou il decide de constituer un corps de cavaleric capable de rivaliser avec les Perses (supra). Le tres bref recit de Diodore est bien different, non pas tant par la route decrite que par I'ambition qu'il attribue aAgesilas de piller et de detruire : la troupe 100 est accornpagnee d'un marche ambulant pour revendre Ie butin. Le roi prend Kyrne comme base operationnelle 101 et de la pousse des raids en Phrygie. C'est probablement a ce moment qu'il convient de placer Ie siege de Phocee rnentionne seulement par Polyen 102. - La presence d' Agesilas a Ephese a laisse un temoignage epigraphique : une inscription sur une base de colonne de I' Arternision 103. C' est en effet au printemps 395 104 qu'il concentre ses troupes dans cette cite et les entraine au combat, au point que la ville devient un veritable "atelier de guerre" ou tous les corps de metiers rivalisent dans la fabrication d' armes et I' agora bruisse sans cesse des transactions sur les armes et les chevaux 105. Apres avoir minutieusement prepare son armee, Agesilas laisse entendre qu'il va 97 Quatrc-vingts navrres venant de Pherucic sous le r01 de Sidon et dix de Crhcic. Tel est l'ordre des evcnements rapporte par Diodore (rcjcte par Grenfell & Hunt 1908,211-13, acccpte par Bruce 1967,74), qUI propose dc dissocicr - a juste litre - I' abandon du paru de Spartc et la revoluuon dernocrauque de l'ete 395, infra p.251). 98 Le rncrlleur expose est celui de Dugas 1910, 58-95 ; cf. egalement Bruce 1967, mdex s v Agesilas , Kelly 1978,97-98. 99 xsn , He/I., 3 412-15, Dlod. 1479.3. 100 Dix mille hommes dont quatre mille lcves sur place, mats sculemcnt quatre cents cavaliers 101 Renseigncrncnt probablerncnt ernprunte it Ephore 102 Polyen 21 16. Un certain nornbrc d'autcurs, c g nnphcrtcrnent Glotz 1941, 68, admettent que la capture de Phocee se place en 365 Les nouccs de Polyen ne semblent suivre aucun ordre chronologiquc rat sonne (ainsi la bataillc de Coronee est placee avant la premiere expedition en Asie), 11 n'y a done nen it mferer de la place de cct episode En 396 la srtuation parait plus proplce it un tel fall d'armcs qu'cn 365 (infra) , cf. dans un scns comparable au notre Bommelaer 1981, 185 et n. 70. Le rccit de la "ruse" d'Agesilas est mteressant en ce qu'il montre que les Phoceens reduits it Icurs seules forces ne peuvent nen contrc les Lacedcmorucns S'ils ont pu resister auparavant c'cst grace a l'assrstance d'alhes qui ne peuvent etrc que les occupants des phrouria avoismants (on pensera au parallele ires eclairant fourm par Xen., An., 8 8.15), ce qUI parait con firmer l'interct constant que les Perses ont attache it cette region strategique depuis lc debut du v c s. (Hdt. 5.123 ,7.95), cf LeWIS 1977, 139 n 19. lU3 Cf Borker 1980,69-75, Wesenberg 1981, 175-180; Ragone 1996,331 et n 121 sq. SUIt Borker dans l'bypothesc d'unc tentative avortee de reconstrucuon de I' Artemision qUI auran ete mcendic en 395 Comment conciher cette hypothese avec Xen , Hell, 3 4.18') 104 Dugas 1910, 59-65 IUS Xcn , Hell, 3 4 17
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!Phocec . '
Hermos
• Kolossai
50km
Carle 7 Les campag nes d' Agesl1as
s'attaquer au creur de la Lydie mais Tissapherne pense a nouveau qu'il se dirigera plutot vel's la Carie et place ses forces en consequence. A partir de la, lcs donnees divergent totalement, Xenophon 106 ne decrit pas a proprement parler un itineraire mais la duree du trajet (trois jours) et le premier obstacle naturel qu'il mentionne est le Pactole. Ceci avait conduit les differents commentateurs 107 a penser que la route suivie etait la plus courte possible en suivant la vallee du Caystre jusqu'a Hypaipa pour atteindre ensuite le Pactole et Sardes en travers ant Ie Tmolos, TIs ecartaient ainsi la version de Diodore lOR qui s'est trouvee confortee apres la decouverte des Helleniques d'Oxyrrhynchos 109. Selon ces auteurs, Agesilas aurait quitte beaucoup plus tot la plaine du Caystre (a Metropolis") pour s'engagcr dans la passe de 106 Xen., Hell, 3.4.20-21 ; Ages, 1.28-9, aucune precrsion quanl au chernin ernpruntc chez Plut., Ages., 10.1; Paus. 3.9.5; Cornelius Nepos, Age's, 3.4-5, Polyen 21.9. 107 Cf. Radel 1893, 31 n 102; Cousin 1924, 85 ; Busol1 1908, 255-85 conunuc a prcferer la version de Xenophon meme apres 1a publicauon du papyrus d'Ox yrrhynchos 10' DlOd 1480.1-2 109 Hell Ox, 61-3
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Karabcl !!", gagner Ie bassin de ]'Hermos et rejoindre la la route prineipale qui relic Smyrne a Sardes, Les Lacedernoniens s'appuient sur les contreforts du Sipyle, sans doute pour eviter d'etre surpris par le deploiernent de la cavalerie perse. L'itineraire decrit etait propice au pillage - tout ce que pouvait esperer en realite Agesilas, comme Ie montrera la suite des operations, incapable qu'il etait d'emporter d'assaut une place fortifiee de quelque importance - et il doit se contenter du sac du paradis de Tissapherne (avant ou apres la batai Ile de Sardes) Ill. L'affrontement est rapporte de facon assez divergente par les auteurs 112. Au dela des peripeties, notons que rnalgre Ie peu d'importance reel (quantitatif) de cet engagement (les Perses ont perdu six cents hornrnes si l' on suit Xenophon - plutot que six mille dapres Diodore -), il a cependant un retentissement considerable: il dissuade dans l'imrnediat Tissapherne de toute action efficace ulterieure et surtout entraine sa disgrace et a terme sa condamnation a mort par Ie Roi. Xenophon enchaine tout de suite sur la mise a mort de Tissapherne. Les Helleniques d'Oxyrrhynchos sont done les seules a donner un recit relativement detaille de ce qui se passe ensuite 113. Agesilas s'enfoncc en direction de la Phrygie, probablement en remontant le Kogamos jusqu'a la Iigne de relief qui sert de limite ala Lydie et a la Phrygie. La, plutot que de se diriger vcrs l'interieur en direction de Kelainai 114, il choisit le retour vers la mer en suivant la vallee du Meandre, II sejourne, semble-t-il, un temps a Magnesie et c'est la qu'il apprendra la mort de Tissapherne. 11 revient alors a Ephese 115. Ch, Dugas a raison d'insister sur le sens que I'on doit attribuer a cette campagne: il s'agit pour l'essentiel d'une demonstration de force par Ie pillage des plus riches parties du terri toire ennerni, ce qui permet en merne temps d'entretenir I'armce, 11 faut en effet rappeler une fois encore combien les Spartiates connaissaient de difficultes en ce domaine lorsque Ie recours a l'or perse leur etai t interdit. La bataille de Sardes fit au moins une victime supplementaire en la personne de Tissapherne. Le Roi envoie Tithraustes avec pour mission la mise a mort du satrape 116. Avec la complicite d'Ariaios, qui reside alors a Kolossai, Tissapherne est attire dans un guet-apens et decapite a Kelainai, Tithraustes engage aussitot des pourparlers avec Agesilas 117. D' apres Xenophon il propose comme base de negociation la reconnaissance de I'autonomie des cites grecques a condition qu'elles continuent a payer l'archaios dasmos. 11 lui remet trente
liD Le col de Kar.ibcl a ete uuhse depuis la plus haute anuqurte ; Ie relief rupestre hrtute atteste sa frequentauon au II' rmllenarre avant notre ere Cf. Guterbock 1967. 63-71. C'cst probablcmcnt l'un des deux rchcfs evoqucs par Herodotc 2.106 III Dugas 1910, 61. place cet episode aprcs la bataillc de Sardes et non avant cornmc l'mdiquc Diodorc ; certes Ie recit parait ams: plus coherent mars en est-il pour autant plus credible? 112 Dugas 1910,65-73. Cornelius 1933, 29-31. Bruce 1967.150-6, Anderson 1974,27-53, Gray 1979, 183-200 , De Voto 1988,41-53 ; Botha 1988. 71-80 ; Wyhe 1992, 118-130 La bataillc de Sardes fart encore rage I II' lieU Ox,627, 73, 114 Herodote 726, Xen , An., I 2.7-8. "ville bien peuplee, grande et nchc" Cyrus Ie jcune y avait une residence et un paradis, Ie ROI possedatt egalcrnent un palais pres des sources du Marsyas, HeU Ox., 7.3 . "Kclamai, grande ville de Phrygie" Elk devrcnt Apamee de Phrygic a l'cpoquc hcllcnisuquc , cf Ramsay 1895, ad. foe ; Robert 1962, 338 sq (supra p 157). 115 Dugas 1910, 75, a partir de Hell. Ox, 8.1.39-40 116 xe», lieU, 34.25 ,DIad 14.806-8; Plut, Ages, 10.4-5 117 Xen , HeU , 3.4 25-6 , lsocrarc, Paneg , 153, , Diad 14 80 8 . Plut , Ages. 10.4-5
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talents contre la promesse que les Spartiates ne devasteront plus la Lydie, Agesilas s'engage a passer dans la satrapie de Pharnabaze 118. - Le roi de Sparte entreprend done une nouveIle campagne a I'automne de 395 119. II remonte vers Ie nord par la route cotiere 120 en s'abstenant de molester les populations de la Lydie, puisqu'il a recu par avance les moyens de sub sister. "Apres qu'il fut entre sur Ie territoire de Pharnabaze ayant depasse la plaine de Thebe 12l et celie qu'on appelle Apia, il penetra en Mysie" 122. Cette simple phrase invite aconsiderer qu'au moment de la campagne d'Agesilas Ie secteur d'Adramyttion est dans la mouvance de Pharnabaze (mais cf. infra). Le nom du pedion suivant (Apia) qui a disparu dans Ie papyrus, se restitue grace a Strabon 123. La description que nous fournit ce dernier incite a penser que la chaine montagneuse nommee Ternnos n'est pas seulement la dorsale est-ouest mais qu'elle decrit un arc vers Ie nord pour separer la plaine de Thebe (et done la region d'Adramyttion) et la vallee moyenne du Makestos a I'est de la future Hadrianutherai-Balikesir ou il conviendra de situer la plaine d'Apia. Nous entrons alors en Mysie telle qu'eIle est definie par Ie Ps.-Skylax, § 88, c'est-adire repoussee a l'interieur des terres. Le roi lacedernonien renforce son arrnee en recrutant des Mysiens, qu'il Iiberera au retour de la campagne. Une apparente rupture de phrase a pour objet de souligner que bon nombre de Mysiens sont autonomes et n'obeissent pas au Roi. Agesilas se dirige vers la region de l'Olympe de Mysie ou la nature du terrain, propice aux embuscades, entraine des revers. On s'est interroge sur cette tactique, mais outre le fait qu'il recrute Iii des soldats redoutes, il faut probablement y voir la volonte de surprendre la vigilance de Pharnabaze (comme cela avait ete Ie cas pour Tissapherne) lequel en prevision d'une attaque sur Daskyleion avait du concentrer ses forces en consequence et etait suppose avoir degarni la partie la plus orientale de la satrapie. II s'engage alors en direction de la Phrygie et, rejoint par Spithridates, ravage Ie territoire de Leonton Kephalai sans pouvoir s' emparer de la ville qui est defendue par de solides fortifications 124. II se dirige alors vers Gordion et, la encore, echoue dans son siege 125. Spithridates lui conseille alors de s'allier avec Ie roi de Paphlagonie 126 Otys 127. Pour cela I'armee lacedernonienne avance jusqu'a I'Halys 128 en suivant la route royale 129. Le roi de Paphlagonie accepte de foumir des troupes et sans doute aussi de nouer une alliance matrimoniale avec Spithridates 130. De la, Agesilas revient vers Kios de Mysie par Ie us Ccia montre une fois encore, SI ncccssaire, que lcs rapports des officiers perses sont denues de loute amcrutc Chacun gi:te au rmeux ses mterets eventuellement au detriment de eeux du voisin IIY Hell Ox., 18 33. , 20.38 , xe-, Hell., 3 4.27-9 ; 4.1.1-2 ; Plut., Ages., 105-6 ; 11.1. 120 II passe par les environs de Kymc, Xen., Hell., 3.4.27 ; lil il apprend que 1cs autontes spartiatcs lui ont confie aussi la rcsponsabihtc de la flottc (Infra p. 251). 121 Cette cite emertait un monnayage au IV'S. : SNG Cop. 550: von Aulock 1436 ; Tubtngcn 2503 122 Hell. Ox., 16 1 121 Str. 12.1.70; ef. aUSSI Polybe 5.77.9. 124 Supra p 34 n. 84 !25 Hell. Ox, 16.6, ef. Bruce 1967, 141 sq. Le commandant de la place, Rhatanes, est probablcment Ie meme que Ie Rhatmes des Hell., 3.4.13, qui commandc la cavalene de Pharnabaze. 126 Tcrntoire alors quasi autonome comme une partie de la Mysic, cf Xen., An., 5.6 6 , supra p. 110 127 Cf. Dugas 1910,83 pour les differents noms de ce roi chez les auteurs grecs et suprap 113. mAnderson 1899, 95. 129 Supra p. 34-35. 130 Xcn , Hell. 414-15
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Sangarios (et non la Bithynie) 131 puis fait route vers I'Interieur, penetre en Phrygie mais ne peut sernparer de Miletouteichos 132 et par lcs rives du lac Daskylitis gagne Ie territoire de Daskyleion 133. Xenophon nous fournit alors une description complaisante de la richesse des domaines de Pharnabaze pilles par les Spartiates. Le partage du butin qui suit la prise du camp du satrape entraine la defection de Spithridates. Cet episode indique bien que les rapports n'etaient pas faciles entre Grecs et Perses rneme lorsqu'ils etaient allies. Par I'entremise d'Apollophanes de Cyzique - les notables (commercants ou proprietaires fonciers?) de cette region ont tout interet au retour de la paix entre Sparte et Ie satrape de Daskyleion ~ Agesilas et Pharnabaze pas sent une convention ala suite de laquelle les Lacedemoniens, apres avoir expedie leur butin par Cyzique se retirent du pays de Pharnabaze. Ce dernier est selon Xenophon 134 en situation d'expectative : il se "rebellera" si le Roi envoie en Asie Mineure un autre strategos et place une fois encore Pharnabaze sous ses ordres. Agesilas s'installe dans la plaine de Thebe et plus precisement autour du sanctuaire d'Arternis Astyrene. II se trouve sur Ie territoire de la satrapie de Lydie (nous avons la la preuve que la region avait de nouveau echappe a Pharnabaze 135) et prepare l'expedition du printemps suivant. Xenophon lui attribue comme objectif d'aller "le plus a n(Xp(Xe(xA(xHi8to~,
Dugas 1910,86, cf. Remach 1888,93 Hell Ox, 17.3 Milctoutcichos = Mrlctoupohs qui figure dans la hste du tnbut atuque 1G, 13, 100 (dale probable 410/4(9) ; cf. en derruer heu, Schwertheim 1983, specialement 105 ; Robert 1980, 89 n. 572. On IUl aunbue un monnayage des Ie debut du IVe S. BMC Mysia. P 91 n" 3 sq , .'INC; von Aulock 7412 , Cop 246 sq , Tubingen 2315-2319 Bien que les sites de Mrletouteichos et de Daskyleion (nole suivantc) scient dcsorrnais connus avec quelque secunte, 11 subsistc dans la marche d'Agcsilas un certam nombre dmcerutudes Le Sparuate sun le Rhyndakos pour aueindrc le lac Daskylius. Pour rester le plus pres possible du tcxtc de l'Anonymc d'Oxyrrhynchos 11 faut penser que, passe a proxumtc du lac d'Apollonia, Agcsilas a gagne les nves du lae Daskylius en suivant l'crmssarre qui Ie joint au Rhyndakos (cf la earte 8) Le passage des Hell Ox, 173, est done a rajoutcr au dossier que ieunu Robert 1980, 89-98, el qui traite de la navrgabihtc du Rhyndakos jusqu'au lac d'Apollorna et merne jusqu'a Milctoupohs Comment conciher aUSSl ecla avec Str 12.8 10, qUImcntionne trots lacs Daskyhtis (lc mcme que Ie lac Marsyas ou encore Aphruus, ld 13 1 9), Apollomaus, Milctopohus (on ne voit pas bien a quOl ce dermer peul correspondre. S'il a jamais existe, Ie trorsieme lac devait etre de beaucoup plus pcute taillc et se suucr dans la zone de marecage au nord-est de Kavakln : cr. Bruce 1967, 146-147. m 11 convicnt bien entendu de disunguer la capitale de la satrapic de Daskylcion EV Ilpozovtid, qui pale huit cents dr de phoros a Athencs (Mentl et at. 1939, 479-480). Les temoignages hueraires sur la premiere sont cvrdernrncnt nombreux (cf tbul; 480): Hdt 3120; 126; 633.3; The 1.1291, xe», Hell., 4 1.15-16 Elle est suuee au sud-est du lac Daskylius sur lcquel cf. Hccatcc, Ftlrllist; 1, F217 cue par SIr 123.22 'OOPU<J<Jl1s (l)S) p{wv . arro Oumos EK "trjs A1llVlls "trjs lIlX<JK1lAlclOOC; ES 'P{lVOlXKOV i'<J~aAAEl L'Odrysscs est done le Karadcre (sur sa carle E Schwerthcim propose de facon erronee Ie Nitufer) , cf. encore Hell. Ox, 17 3 ; Plut., Luc., 9.16. En cc qUI concerne les sources archeologiqucs. les fouilles de Daskyleion, qui ont hvrc des vestiges assez impressionnants du "palms de Pharnabazc" (cf. par ex la photo donnee par Akurgal 1961, pI. 115), n'ont pas ete vcntablemcnt pubhces, cf Akurgal 1956, 20-24; Cook 1961c, 34~35 Environ trois cents bulles furcnt rmscs au jour , un pctrt nombre a ete public par Balkan 1959, 123~ 130 , ,1propose de voir la un ensemble date par la mention de Xerxes des annees 481 ~480 (a completer par Kaptan 1990, 15-27 , 1996, 259~271) ccpendant Mclhnk 1955.235, suggere que la ccramiquc associcc don etre ramcnec aux alenlours de 400 Ma« la sene des bulles est-elle homogcne'' On ne pourra, peut-etre, rcpondre a cette quesuon que par une elude exhaustive du materiel Sur les Iouilles recentes et leurs resultats, Bakir 1995, 269~281. Rappelons cnfin la concentrauon des steles "greco-perses" autour du lac Daskyhus. Parmi les travaux les plus rccents, Dupont-Sommer 1966, 44~58, Bernard 1969, 17~28, Dentzer 1982; Altheim-Suchl et at 1983.90; Cremer 1984, 87-99; Altheim-Suehl & Cremer 1985, 1~13 On se dcrnandcra d'ou provient Ja stele du Musee de Bergama publiee par Radl 1983, 55-68 (11 penche pour Sardes, mals est~ce bien assure?). Vne tombe satrapale ('I), Bernard 1969, 17~28 134 Xen., Hell., 4 137; supra p. 45 II seraJt sans doute excessd' de you la, avec Seager 1977, 182~4, la volonle du rol de Sparte de creer une "zone de satrapes rebelles" 135 Supra p 96 n 109 III
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l'interieur possible" (aVCDTcX1Cll) 136 alors que l'autcur des Helleniques d'Oxyrrhynchos cst plus precis - et plus credible - 137 en proposant la Cappadoce. II est clair qu'Agesilas rnene une action methodique et realiste, qui l'arnene a ravager successivement en prenant un important butin la Lydie, la Phrygie Hellespontique, la Cappadoce m. Il espere manifestemcnt faire pIier ainsi lc pouvoir central et l'entreticn de son arrnee est assure sur Ie terrain. On sait qu'il est rappele en Europe, "vaincu par trente mille archers perses" 139 et ne pourra donner suite a son projet: lc Roi a done trouve la parade au defi qui lui etait ainsi lance. Agesilas ne se desinteressait pas pour autant des operations sur mer puisque, devant la menace representee par la floue de Conon 140 et de Pharnabaze, il avait dernande aux cites alliees un effort de construction navale sans precedent. Les cites et les particuliers promettent cent vingt trieres ncuves. L'escadre placee sous le commandement de Pisandre (quatre-vingt-cinq ou quatrc-vingt-dix navires) se porte en direction dc Rhodes ou Conon a soutenu une revolution dernocratique 141. Il semble que dans un premier temps la prise de distance par rapport a Spartc ait ete le fait des Diagorides, cette famille aristocratique qui tenait le haut du pave a Rhodes depuis de nombrcuses annees 142. Ce revirement entraine l' execution de Dorieus par les Spartiates mais, des I' ete 395, les Diagorides et plusieurs de leurs partisans sont massacres, Ies survivants exiles 143. Conon a quitte provisoirement l'Ile pendant cet episode sanglant pour ne pas y etre implique de facon trop visible. II y avait sans doute une autre raison, encore plus imperative, a ce depart: il fallait assurer la solde des equipages. Conon se rend done a Caunos et, de la, il penetre a I'interieur des terres 144 pour rencontrer Tithraustes et Pharnabaze. Tithraustes tire deux cent vingt talents des biens de Tissapherne 145, mais cette somme n'est pas suffisante et Canon doit se rendre aupres du Roi 146 pour obtenir davantage. Les navires de Conan se trouvent a Loryma en Chersonnese 147 ; Peisandros relache a Cnide puis se dirige vers Physkos. L'affrontement des IJ6 Xen., Hell., 4141 , la traduction proposee par Hatzfeld (Haute-Asre) est madequate Cornelius Nepos, Ages.4 I, lui prete comme objccnf la Perse 137 /-Jell Ox, 17 104. Malgrc une grosse erreur topogruphrque qUI montre combien ctaicnt mediocrcs lcs connaissances que lcs Grecs avaient de la gcographie des regions Internes de lAsre Mineure (supra p. 83) decnte ultcneurement encore comme un isthmc, mars qUI reprenaient sans doute scrvilerncnt une conception persc de la geographic de ces regions us On ne survra done pas Judcich lorsqu'il cruet des doutes sur lcs capacitcs de stratcgc d'Agesilas. 139 /-Jell. Ox, 17 3 140 Barbien 1955 141 Plu!., Age's, 15, Paus 676, Dlod. 14.796. Cf Westlake 1983a, 333-344 , DaVId 1984,272. 142 Supra p 212 et 244. 143 La source pour eette affaire est Hell. Ox, 102-3, cf. Bruce 1961, 167-170, 1967, 98-102 , DaVId 1984, 272-273 ; Bresson 1993 L'autcur des Helleniques mdique exphcitement que lc regime rcnversc par lcs dernocratcs etait cclui des Diagondcs 144 On pensera a la region de Kelamai-Kolossar 145 /-Jell Ox, 141-3 140 Diod 14 81.4-6 ; cf. aussi Cornelius Nepos, Conon, 3 , Paus. 3 9.2 147 Xen , Hell., 43.10-12; Drod 14834 Conon fourrut a Starr 1976, 64, un excellent excmple d'une percepuon hcllcnocentriste de l'histoire achcmcrudc Alors que Conon est a l'ev.dcnce un anural perse, au moms jusqu'en 394, un certain nombre de modernes inversent les roles, amsi Bean 1971, pour qUI Ie controle naval sparuatc "ended for good by the Atheman naval victory under Conon" (p. 71), "The Athenian admiral Conon WIth Persians now on hIS SIde puts an end to Spartan control" (p 139). Mars n'est-tl pas outrancrer de consrderer avec Starr (loc. cit.) que la bataillc de Crude a ouvert une penodc de donunanon manumc sans partage pour la Pcrsc, qUI n'a etc remise en cause par aucun ctat grcc, rnerne Athenes. jusqu'a l'epoque d'Alexandrc (on pensera entre autres 11 l'episodc du siege d'Assos et au reph pen gloneux de la nolle de Mausolc)?
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deux fiottes se conclut par la fuite des allies ]48 et la mort du navarque spartiate. Conon capture cinquante des quatre-vingt-dix navires et une partie des equipages enfuis a terre. Le reste de la fiotte vaincue se refugie a Cnide 149. Forts de ce succes, les vainqueurs rallient a eux Cos, Nisyros et Telos 150. Les defections se prop agent comme une veritable trainee de poudre : Chios expulse sa garnison, Mytilene 151, Ephese, Erythrees changent de camp. Deux tendances se manifestent, certaines cites entendent reprendre leur Iiberte, d'autres s'attachent a Conon qui jouit manifestement d'une grande popularite dans la region 152. Apres Ie retour triomphal a Athenes, les choses deviennent plus complexes que ne l'indique C. G. Starr. Conon est tres largement honore, a la difference de ce qui se passe pour Pharnabaze pour lequel on ne peut guere alleguer que les monnaies de Mytilene 153. Il Ya deja la en germe les divergences qui vont apparaitre chez les officiers perses quant a l'appreciation du role de Conon (par exemple Tiribaze et Pharnabaze), Si l'on se tourne du cote spartiate, on constate que, malgre la debacle, Derkylidas a pu sauver un certain nombre de positions en particulier la place fortifiee d'Abydos, mais aussi Sestos, de l'autre cote de l'Hellespont, Son discours ]54 montre cependant que les Lacedernoniens ne peuvent plus compter que sur un petit nombre de points d'appui (Aigai, Temnos et quelques autres non identifies) qui echappent encore ala reprise en main par les Perses. Faut-il conclure avec Plutarque a la versatilite des Ioniens, prets a faire mille bassesses pour se concilier le vainqueur du moment ou bien penser qu'ils ont voulu croire aux promesses de Conon et de Pharnabaze 155 en une quete obstinee et pathetique de leur autonomie? En fait cette attitude manifestait une grande coherence, merne si ponctuellement, a travers les accidents de l'histoire, elle passait par des revirements frequents. Il n' est pas contradictoire qu'elle puisse paraitre relever de I'utopie et s'accompagner d'une certaine dose de fatalisme. Il est clair en tout cas que la presence des harmostes lacedemoniens etait mal 148 Xen , Hell., 43.12, Diod. 14.837. Cf. Westlake 1979, 34. A noter qu'il y a des contmgents iomens dans l'arrnee d'Agesilas a Coronee 149 Xen.,Hell.,43.10-13;Dlod.14.83.4-7. 150 Xen., Hell., 4.8.1-3; Diod, 1484.3-4 et de facon plus vague Paus 6316. Cf Barbieri 1955, 153 sq.; Funke 1980b, 120 sq ; Lanzrllotta 1981, 273-276. 151 Elle est la seule des cites de Lesbos a echapper au controle lacedemonien en 389 (Xen , Hell., 4 8.2829) C'est trcs probablement Pharnabaze qu'il convient de reconnaitre au revers d'une hekte de Myulenc avec a I'avers Athena coiffee du casque attiquc. Cf. Bodenstcdt 1981, 10-11 et 250, em 71 qUI reeensc treizc cxemplaires dont Tratte, II, n" 43 (Perses n" 373) attnbue a tort par E. Babelon it Eurysthcncs de Pergame. Remarquons que Ie "couple" qUI figure sur les monnaies peut tres bien illustrer l'assocranon de Pharnabaze et de Conon (PI. II, 3) Le fart que les autres cites restent dans la mouvance sparuate mdique assez combien ctaient grandes les nvalites dans l'ile. 152 Paus. 6.3.16, mdiquc que les Sanuens ont eleve des statues succcssivement a Alcibiade, Lysandre, Conan ct Timothee ; ee merne Conon avart une statue it Ephese ; Erythrees lUI avau enge une statue de bronze (dore sans doute) cornme Jc demande un decret de proxerue passe en son honncur, IK, l-Erythrar, 6 (= Syll.'; 126), par un gouverncment redevenu democrauque Cf. plus generalcmcnt Dernosthene, Leptine, 71. 153 Il est it noter que Xen., Hell., 4 8.2 affirrne que les cites "dcccrnaicnt des eloges it Pharnabaze", mars a la difference de ce qUI se passe pour Conon aueun monument, aueun temoignage ncst passe a la postcnte. On se rappellera cependant que nos sources grecques n'ont peut-ctre pas voulu insister sur ees votes pns pour un satrape perse. De surcroit, ees decrets, ces statues - s'ils ont cxiste - n'ont pas df) survivrc aux penpcnes de l'histoire ulteneure 154 Xen , Hell, 4 84-5. Derkylidas est-il alors harmoste d' Abydos? Le texte de Xenophon est ambigu. II parle eertes des autres harmostes mars la presence de Derkylidas parait presque fortune II avart ete envoye par Agesrlas (4.3.1-3) pour une rmssron ponetuelle. 155 Xen . Hell, 4 8 1-2
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supportee et que I'adhesion des cites etait liee a la promesse que les Perses "ne fortifieraient pas leurs citadelles et qu'ils respecteraient leur autonomic".
2. LA VICTOlRE DE LA DIPLOMATlE PERSE : 394-387 La mort de Tissapherne puis la bataille de Cnide et la reprise en main de la cote asiatique qui en resulte ont comme corollaire une peri ode de vacance du pouvoir satrapique en Asie Mineure occidentale. Le chiliarque Tithraustes avait etc charge d'une mission ponctuelle et se retire une fois sa tache accomplie. II laisse it Sardes Ariaios et Passiphernes avec des attributions presentees comme purement militaires 156 et leur ayant remis environ sept cents talents. Mais, a partir de 392, les Spartiates vont trouver a Sardes un nouvel interlocuteur en la personne de Tiribaze 157. Ce dernier a recu un commandement important, du type de celui dont avaient beneficie Cyrus puis Tissapherne 158, et on deduit generalernent d'un passage de Cornelius Nepos qu'il etait egalement satrape de Sardes (Lydie, Ionie, Carie) 159. Pendant que Pharnabaze et Conon s'efforcent de porter des coups decisifs aSparte, il apparait tres vite que Tiribaze preconise une toute autre politique. En 392, il accueille avec sympathie Antalkidas 160 qui vient it la tete d'une ambassade Iacedernonienne proposer la paix au Roi. Le prix it payer est que Sparte ne lui disputera pas la possession des cites asiatiques, cn contrepartie, celles des iles et du Monde grec conserveront ou recouvreront leur autonomic. Un tel programme ne pouvait que recevoir l'aval du satrape. Cependant, it la nouvelle que les Spartiates avaient depute Antalkidas aupres de Tiribaze, les Atheniens et leurs allies du moment (Beotiens, Corinthiens, Argiens) lui envoient aussi des ambassadeurs et cette entrevue va se transformer presqu'accidentellement en une conference internationale. Cette premiere tentative va echouer et a partir de la les versions divergent. Pour Xenophon 161 ce sont Ies interets des cites de la Grece d'Europe (Athenes, Thebes, Argos) qui ont motive le
Hell. Ox., 14.3. Supra p. 128 et nilS lOb Xen . Hell., 4.8.12 , Died. 14.85.4 , cf LCWIS 1977, 145, n. 63 159 Cornehus Nepos, Conon, 5 3 qui Sardibus prcerat. 160 Xen .. Hell, 4 812-15, cf Martm 1944. 13-30 (spccia'ement l7-20), 1949. 126 sq, qL11 confronte les sources anciennes en tentant de refuter les conclusions du memorre de Wilcken 1941 II part du presuppose que tout accord formel avec lc ROl nc peut avoir d'histoncitc dans la mesure ou ce derrner ne saurait trarter quiconque sur un pled d'egahtc et par consequent sccllcr une paix. Cela l'amene it mer I'existencc de la pal x de Kalhas (449) et d'Epilykos (423), cf. Martm 1963, 232 Pour rcvcrnr it la negociation de 392, Martin a raison, contre Wilcken, de soutcnir que l'accord entre Amalkidas ct Tmbaze ne peut etre mterprctc commc une pal X entre Sparte et la Perse. Mar» II semble bien que c'cst cmrer dans un debat stenle que de cherchcr it enfermer les rapports diplomanqucs antiques dans des cadres trop modcrrnstcs Les contacts sont frequents comme le montre lc nombrc des ambassades. On ne peut mer que certaines au moms ont ete survies d'effets concrets. que l'on ne saurait reduire it une sounussron pure et sunplc des cues grecques (cf. par exemple l'arnbassade de 408 et l'idcc d'un "traitc de BOlOUOS" qu'cn life LeWIS, supra) Martm propose de Iacon assez convaincante de placer Ie contact de Sardes - dont J1 ne souligne pas assez Ie caractere Impromptu - connu par Xenophon, avant la reunion sans suite de Sparte (Plulocore, Andocidc). Ryder 1965, 27-33 et 165-169 oil J1 expose sa preference pour une chronologie I) Sardes 2) Sparte, avec Treves 1937.113 sq et Accame 1951,5-20. contre une succession 1) Sparte 2) Sardes avec Judcich 1926, 141 sq et Momighano 1936a, 98 sq. Sur Antalkidas, Hofstetter 1978,15-16 it la bibhographie duquel J1 conviendra d'ajoutcr Buckler 1977, 139-145 ; Devoto 1986, 191-202 • Jehne 1991, 265-271 ; 1992, 99-116. 161 Xen., Hell., 4.8 IS 156
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refus ; pour Philochore 162, l'opposition des Atheniens vient de la situation faite aux Hellenes residant en Asie. II est certes probable que cet argument a cu son poids, en particulier au cours des discussions qui se placent it Yekklesia apres les conferences de Sardes et de Sparte, mais la suite des evenernents montre que les preoccupations atheniennes etaient prioritairement ailleurs 163. Tiribaze indique de que I cote il penche 164 en dormant sccreternent de l'argent it Antalkidas et en arretant Conon it Sardes en 391 165. Cepcndant il eprouve Ie bcsoin de se justifier aupres du Roi (ou ce dernier Ie rappelle) et Artaxerxes montre que, pour le moment, il n'envisage pas de modifier Ie cap de sa politique. Cet episode est neanrnoins l'occasion d'un profond remaniement de I'organigramme des responsables perses en Asie Mineure occidentale. Tandis qu'il retient Tiribaze en Haute-Asie, il delegue Strouthas, explicitement indique comme favorable aux Atheniens, £1Clf.l£AT\O"Of.l£VoC; 10W Ka1Cx 8&Aanav 166. Ce dernier cumule des fonctions administratives et militaires puisque nous savons par ailleurs que Strouthas etait satrape d'lonie 167. II faut penser que nous sommes it nouveau en presence de deux satrapies, avec la probable reorganisation d'unc satrapie d'Ionie autour de Magnesie, C'est ce que dernontrc la campagne de Thibron dans la vallee du Meandre, qui prend pour point de depart une fois encore Ephese et cn s'appuyant sur Priene, Leukophrys et Philochorc ap. Didymos, In Dem irc-n.«, 328, F 149). Sur ce point on ne peut etrc d'accord avec Martin 1949, 133 sq. Cf deja les ncgocrauons d'Alcibrade ct de Trssapherne avec les cnvoyes athcmens (supra p. 212) ou Ie point d'achoppemcnt n'cst pas les cites d'Asre mais la hbre circulauon de la Ilotte perse en Egee Ce n'cst pas le Menexene de Platon (245 a-c) qUI peut convamcrc du contrarre Nous y rcncontrons un flonlege de cliches (et quelques corurcvcntcs) sur l'atutudc d'Athenes a l'egard des Pcrses dcpuis leurs premiers rapports Dans ccs condrtions II est dtfficile de lUI fane con fiance lorsqu'il sc fan l'ccho de Ia volonte du ROI de romprc avec Ics Athcmens par l'exigence de l'abandon des Grees d'AsIC, exigence que selon Platen Ies Atheniens nc pouvaient accepter (et que, d'aprcs lUI, ils refuserent seuls entre tous) On Satl d'autre part que, malgre les conversations de Sardes, le ROI n'a pas immediatement rompu avec les Atheruens. Le revircmem royal est bien en rclauon avec les cites asiatiques mats II se produit trois ans plus tard (infra p. 278) Or lc Menexene pourrait dater d'un ou deux ans apres la paix (ef. Ryder 1965,42 et notes) Le silence d'Andocidc, Sur la Paix, ne saurait servir d'avantage d'argumenl. Andocide avau ete designe pour etre l'un des plcmpotenuaires athcmens a la reunion de Sparte L'ambassade prefcrc cependant ne pas s'cngager sans lavis de Yekklesia. qUI refuse lcs clauses de l'accord Ce discours cst un plaidoycr pro domo de l'orateur. On a remarque depuis longtemps que les cites d'AsIC ne sont pas mcnuonnecs et le role du ROI simplerncnt evoque. Andocide a ChOISI d'argumentcr umquement sur les rapports avec Sparte ct lcs avantagcs de la parx malgre les sacrifices qu'elle Impose a Athenes 164 Xen, Hell, 48.16; DlOd. 14.85.4 II ne semble pas, malgre Weiskopf 1992, ss, qu'on PIJISSC considerer la polrnque de Tmbazc comrne la suite de celie de Tissaphcrnc. L'arrestation de Conon n'mdique en aucun cas que Tmbaze au voulu eviter d'entrcr en confht avec Pharnahaze. 165 David 1984, 276 n. 30, penche pour I'automne 392. 166 Xen .Hell , 4 8 17 ; Diod. 1499 II cmploie le tenne CHP Tod, 113) LTpoucrlls ~,;cmp<xTlls 'lrovin; est amcnc au nom du ROI a proceder a l'arbrtrage d'un iJlige entre Milet et Myonte a propos de terres suuces dans la vallcc du Meandrc, Strouthas eonvoque un tnbunal de la Liguc ioruennc. Les noms conserves sent ceux des gens d'Erythrees, ChIOS,Clazomenes, Lcbedos, Ephese ; manquent ceux de Phocee. Teos, Colophon, Samos, Pnene (et d parmt Impossible de 1cs Ioger tous dans la lacune). Lc fonetlOnnement de ccottco hguco (supra p. 177) mdlque que Ie decoupage Ilcos-contment n'est pas (ou pas encore) entre dans les faIts Apres aVIS, Strouthas donne raison aux Mdeslens A travers Ie cas de Strouthas, J1 apparait une [01S dco plus que ks missions con!lces par Ie Roi sont des mISSions ad hoc (avee ohJeetlfs et evcntudlement durce hmltee). II s'aglt ICI de mamtemr Ie eontact mdllalrco avcc ks Athemens dans Ie cadrco des convenllons precedentes Lco meilleur heu pour cco faIrco ctalt naturellcmcont la cotco lOmenne, d'oi:! la resurgence poncruellc- d'un com man dement dlstmct con lome (contra PetIt 1988, 309 sq.) Mals II scralt tres abusd' de conslderer la [onctlon de satrapco d'Iome altnhuee a Strouthas par Tod, 113 comme l'lIlterpretatllJ Graeca d'un commandemcnt naval dont nous avons d'autrcos temOlgnages . comment en cco cas exphquer la nature dco la seule mterventlOn concrete dontllous avons la tracco (voIr TuplIn 1993, 181 n 68 cot Frcol 1996, 97) 162 II,J
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A LA PREEMINENCE DIPLOMATIQUE
• Colophon
• Ephesc • Tralles
• Magnesie
• Harpasa ~/~
·Am,,:A::~~::::\GCIg"
IIyllanma •
• I abranda
e01ymos • Mylasa
• Sinun
• Koranza
• Hlelkomc
I
• Kolunets
• Thera
• Tdyma
Cl
s~ <:J
o
50km
Carte 9 : La Cane au IV' steele
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l'Achilleion 168. Thibron est tue par surprise et Ie reste de ses forces se refugie au phrourion de Cnidinion 169. Autophradates recoit la Lydie 170 et Hekatomnos une satrapie de Carie qui pourrait apparaitre comme une nouveaute, Pourtant la creation d'une entire specifique de Carie n'est en quelque sorte que la poursuite et I'accentuation de la situation anterieure. Nous avons en effet note a plusieurs reprises que la Carie constituait la part la plus significative de la satrapie de Tissapherne a I' epoque ou ce dernier avait ete prive de la Lydie au profit de Cyrus. 11 est meme assure qu'il y possedait dans la vallee du Meandre de riches domaines personnels. La dynastie des Hekatomnides 171 a ses racines plus au sud, dans la plaine de Mylasa. C'est probablement une famille tres anciennement implantee, si du moins on admet que I'un de ses ancetres est Pixodaros, fils de Mausollos 172. L'aristocratie carienne semble s'etre rangee rapidement du cote perse et en avoir tire avantage ; cependant cela ne s'est pas fait sans accidents de parcours. Nous n'en saisissons pas le detail, mais les \istes du phoros nous montrent que les contacts po\itiques avec Athenes remontent au moins au milieu du v-s. 173 et dans certains cas (Halicarnasse peut-etre) 174 aux origines de la Ligue de Delos. Les cites cotieres y figurent bien entendu, comme lasos (de six cents a mille huit cents dr.) 175, 16R Xen., Hell, 48.17. Sur Pnene au lye s, cf infra et l'article de Van Berchem 1970, 198-205, Leukophrys cst lc nouveau site de Magnesic . les modcrnes hesitcnt pour savoir SI le deplaccment auprcs du sanctuatre d'Arterms Leukophryene a eu lieu au cours de la premiere campagne de Thibron en 397 (Diod. 14.36.4), tel est par cxcmple le point de vue de Beloch 1923,34-5, ou de la dcuxieme campagne de 391 (c.g. Meyer 1909, 112) ; Achilleion est une place foruficc connue seulement par les deux passages de Xenophon (3.2.19 ; 4.8.17) qUI sc rapportent a la region de Magncsic. Diod 1499.1, precise que Thibron s'emparc de fonda (Ismda") ct de la montagne de Kormssos (Selmissos") ; cf. Mentt et al. 1939,93. 16Y Xen., Hell., 4.8.19; Diod 14.99.3; 10 KVIO(VlOV IPPOUPlOV est selon Parke 1930,69, la place forte de Crude, hase nava1c de Sparte a cette epoque (cf. Xen., Hell. 4.8.22) 170 Thcopompe, Ftirllist, lIS, Fl03.4. Son dorname sctend aussi ala Lycie (TL, 61). 17l Le travail cssenrrel est celut de Hornblower 1982. On consultcra egalernent Judeich 1892, 226 sq. , Beloch 1923,234 ; Bockisch 1969, 117-175 ; Crampa 1972, 6-8 , RUZicka 1979 ; 1992. 172 Hdt. 5 118 ; Pixodaros fils de Mausol1os est un personnage important pursqu'il est le gcndre du roi de Cihcic Sycnncsis (le prermer a avoir note la douhle homonymic avec la dynastic des Hekatornnides est Newton 1862, 31), II est I'un des chefs de la confederation canenne au moment de la revolte de I'Iorue , II est donne commc ongmairc de Kmdye quc Str. 14220 srgnale comme un chorion n'cxistant plus a son epoque, probahlement absorbe par Bargyha, cf Robert 1949, 10 ; Bean & Cook 1957, 97 , Hornhlower 1982, 100 Notons encore le nom de Pigrcs fils d'Hysseldomos (Hdt. 7.98, cf. Tod, lIS) Ala meme cpoque, la Iarmlle dommante a Mylasa est eel1e d'Ibanohs et de ses fils Ohatos et Heraklcides Ohatos, Hdt. 5.37, (= Ouliades dans les documents plus tardifs), est cortes un nom banal en Cane, mars il ne semble pas etre Ie fait du hasard que la dynasue saccrdotale de Labraunda (Dehord 1969, 383 sq ; 1982, 330) all rctcnu des noms comme ccux d'Hekatomnos, Ouhades lorsqu'on sait d'unc part que les Hckatomnides avaicnt un attachement particulicr au culte de Zeus Labraundeus et d'autre part que ccst un usage constant chez la plupart des dynasties orientales que de confier Ies saccrdoces les plus irnportants de l'Etat a des branches collatcralcs de la farrulle regnante. Hcraklcides, Hdt 5121, frere du precedent (cf. la notice de Legrand, p. 58 n. 2, de l'edruon CUF du tome 5 d'Herodotc avec reference a un ouvrage, don! nous ne possedons que Je titre, et qu'aurait ecrit Skylax sur le "roi" des Mylasiens Herakleides : Souda 5 v. "Skylax", cf. Mcntt et al 1939,498 n 4, Bengtson 1954, 3(H-307; Momighano 1971,290 et n 33; FGrHist, IY, I). 171 Sur lcs dynastes de Ja fin de I'archaismc en Cane, RUZicka 1979, 15 Cf Eddy 1973,24] sq sur lcs rapports des Ville, de Cane avec Athenes (contra Hornhlower 1982, 27 n. 168) et Mentt ]939, 187 sq. Sur Ie phoros cancn, Thompson 198], 95-100. 174 Hornblower 1982, 27. Hahcarnasse et Bargyha serarent membrcs de la hgue depuis l'ongme a la difference dc Kmdye (cf. Mentt et al. 1939,212 sq.), Lors de I'action de Cimon en Cane, Diod, 11.60.4 ; Ephorc, FGrHIst, 70, FJ91, frg 8.11 est etabh une distmcuon entre les cites colorusees a parur de la Grece et les et les cites "diglottales'' ; les secondcs ont des garmsons perses ct sont pnses apres un siege. Sur lcs monnaics autonomes d' Hahcarnasse, cf Troxell 1984, 253 sq., 1egendees A c:oO Notons en passant qu'II s'aglt la de lettres canennes et que la derlllere, doubl6e, a ete mIse a tort par Babelon ]910, 159-168 et 170-172, en relatlon avcc Evagoras 175 Supra p 209 n. 48, sur fasos, BertI 1993. 187-247; Franco 1997, 145-154 et 1e volumeANSP, 1993
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Halicarnasse (dix mille dr. en general); la syntelie qui unit plusieurs communautes cariennes autour du dynaste Tyrnnes 176 ; plus a I'interieur Chalketor (deux mille cent dr.) 177 et Euromos (deux mille cinq cents dr. puis une exigence de cinq talents) 178 ; Mylasa (un talent puis cinq mille deux cents dr.) et Olymos 179 ; enfin les 'E8pti1~ (region occupee plus tard par Stratonicee) 180 en syntelie avec les Kup(j)).Li1~ 181 et les 'Y).LECi(j"i1~ (Hymessos) 182 pour un phoros estime en 425/424 a six talents 183. Le plus remarquable etant la profondcur de la penetration de l'influence athenienne, sans equivalent dans les autres regions au etait percu le tribut 184. Mais il serait vain de vouloir opposer cites grecques et agglomerations caricnnes : a Iasos a la fin du VIe s., de nombreuses offrandes au sanctuaire de Zeus Megistos portent des graffiti en carien 185. Les Hekatornnides ant assis leur pouvoir sur la partie centrale de la Carie en se ralliant ala man archie perse en une situation comparable a celle de Zenis et Mania en Troade. La tradition Iitteraire antique, assez peu prolixe sur cc point il est vrai, laisse penser que le premier satrape carien 186 a ete Hekatomnos, 11 est en effet bien peu probable que la Carie 187 ait ete dotee des 395 d'un satrape alors que la piece maitresse du systeme (la Lydie) aurait du attendre 393 au mains pour en avoir un. II est beaucoup plus coherent de penser que la reorganisation de 392/391 188 est le moment le plus propice pour la creation de la satrapie 176 Kapt; hov TU~VE; apXEl, e.g. l G, [3·71, 1113-114. Tymnes n'cst connu que par les hstes du tnbut (a noter la tombe d'un Canen nomme Tyrnncs fils de Skylax a Athenes d. Bengtson 1954, 303) ; cf ccpcndant Hdt. 7.98 . 'Io nrxio; 0 Tuuvrco, mdique comme canen dans une hste des officicrs les plus importants de la flotte de DarIUS cf. Pnce 1979,8-12. Sur la syntche, cf. Mcntt 1937, 385-9, voir egalemcnt Bean & Cook 1955, 147 sq.; 163 avec mention d'un autre dynastc Pigres de Syangela (pour lequcl Camp 1974,316 admet I'equivalence Igres = Pigres), enfin la dynasue de Lygdarms a Halicarnassc, cf, Maffi 1988. 177 Sur Chalketor et ses inscriptions cariennes, cf. Roben 1949, 8-10. I7R SIte: a cote du village d'Ayakh pres de Sehrmyc Mendel; cf. Laurnoruer 1958, 164-75 ; inscnpnons eanennes, Robert 1949,6 et 13 , lcs fouilles les plus recentes ne sont pas publiees, clles ont permls la mise au jour de plusieurs inscnpuons, que l'on peut voir pour certaines sur Ie Site, les plus anciennes remontant ala fin du rv- s : Ernngton 1993, 15-31. On connait une monnaie dHyromos, ef. Troxell 1984,253 179 Robert 1955a, 226-227 idenufie les 'YAI~~S des AIL, 5, ll, I 39 uo. P, 263) cornmc lcs habitants de eette locahte 180 Menu et al. 1939,483-484; Sahm 1976, 7. Cf en derruer lieu, Debord 1994, 109 lSI 11 ne me parait pas assure que Kyromos, sort idcnuquc a Euromos-Hyromos dans Ie dee ret de 425 pour la fixauon du phoros (ATL, A 9 = IG, 13, 71 , cf. Mentt & West 1934), II, 143-4 On cornprcndratt mal qu'une syntelie reurusse des cites cloignccs et en tout cas separccs par lc terntoirc de Mylasa et cela d'autant qu'Euromos figure aillcurs (11, 100) dans Ie merne document, a sa place puisque juste avant Chalkctor. Lcs cdneurs des ATL supposent qu'rl s'agu d'une inadvertancc des redacteurs 182 SIte inconnu, cf. Robert 1955a, 223 sq. 183 Ces trois peuples - plutot que cues - sont associes pour l'assiette du phoros de 425, l G, 1\ 71, 11,1434. Meritt et al. 1939,484, mettent en doute Ie caractere effectif de cettc rmposinon. Ellc imphquc cependant que des contacts bien reels avec Athenes ont existe a quelquc moment 184 Malgre Hornblower 1982, 30, on se demandera SI ce phcnorncnc doit ctre nus en relation avec des contacts anciens et nourns avec tous les aspects de la culture grecque, cf par exemple les kourot archaiques de Mylasa (Laubscher 1963-1964, 84-88 , RUZicka 1979, 30-31) 185 Cf en dermer lieu Berti & Innocenti 1998. 137-142 IS6 Supra p. 130. IR7 En soulignant l'urucrte de la province On pourrait en effet imagmcr que la Carle scptcntnonale ~ la vallee du Meandre - avatt sa dcstmee lice a cellc de l'lomc, alors que la Cane meridionale aurart pu plus tot, des Ie v- s., avoir unc vie autonome II est clair qu'a l'epoque de Tissapherne cette hypothese ne saurait ctrc rctcnue (supra p. 123). Tres tOt, en tout cas apres la Paix du ROl, Hekatomnos qUIcontrolart peut-ctre Tralles (supra p 134 n. 140) a nus la main aUSSl sur Mrlet ; c'est ce qUI semble se deduirc d'une des composantes de son monnayage (ef. c g BMC Carta, pI XXI, 5 et supra p 142 sq), alors qucllc est sous lautontc du satrape dTorne, Strouthras en 388 18R Supra p 128
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carienne. Hekatomnos est aussitot charge d'une mission importante a Chypre IS9: Ie commandement de la flotte envoyee contre Evagoras ]90. Cela suppose que ses qualites etaient reeonnues depuis longtemps par Ie Roi et qu'il frequente assidument la Porte de ee dernier. On peut s'interroger sur Ie point de rassernblement de eette flotte. II ne semble pas qu'Halicarnasse puisse etre retenue dans la mesure ou les exaetions du lieutenant de Thrasybule 191 invitent a penser qu'a ce moment encore la ville echappe au controle des Hekatomnides. II est en effet beaucoup plus plausible de penser avec S. Hornblower 192 que la plupart des cites cotieres ne sont controlees sans discussion possible par les satrapes qu'apres la Paix du Roi. Caunos 193, remarquable site portuaire dont on sait qu'elle a eleve une statue a Hekatomnos, parait un meilleur candidat. On pourrait objecter 194 que Diodore indique explicitement qu'Hekatomnos a traverse les hautes (avcu) satrapies avant de voguer vers Chypre. II n'aurait alors fait, venant de la cour du Grand Roi, que prendre Ie commandement de la fiotte de Phenicie. Mais on observera que quelques annees plus tard la flotte envoyee anouveau contre Evagoras se constitue aPhocee et Kyrne 195.11 parait possible sinon probable que la flotte ait ete reunie en Carie, comme Ie sera plus tard celle de Mausole. Les Spartiates ont donc echoue, en apparence au moins, dans leur tentative de rapprochement avee le Roi. Dans ce contexte, ils recoivent avec interet un groupe d'aristocrates rhodiens venus solliciter leur aide. Les versions des faits rapportes par Xenophon 196 et par Diodore ]97 different serieuserncnt et il est difficile de se faire une idee exacte de la situation 198. La raison plausible est que la situation etait assez complexe, mouvante et il faut dautre part tenir compte des ambiguites du vocabulaire (polis successivernent au sens de ville et de cite) et du fait qu'il s'agit de deux resumes forcernent simplificateurs, Xenophon presente une version coherentc, au moins a premiere vue, des evenements et c'est celie qui a ete retenue par la plupart des commentateurs 199. Pour lui les "plus riches" ont ete expulses par Ie demos, ils font valoir aupres des Lacedcmoniens que le triomphe des democrates livre l'rle aux Athcniens qui recoivcnt ainsi une aide non negligeable 200. Le recit de Diodore est bien different, les philo-laconiens brutalement ecartes
I S9 Hornblower 1982, 21 n 123. sur la conncxion entre la Cane et Chyprc, qui vaut pour toutes les epoqucs et tous lcs domaincs, cf infra 401. 1')0 Theopompe, FGrli ist, 115, FI03 , Died 14983-4 Cf Costa 1974,40-56 Autophradates commande pour sa part lcs troupes tcrrcstrcs solon lc prmcipc constant du cornmandcment double (en ce sens Beloch 1922, 89) 19' Lysias, 28 12 ct 17. 192 Hornblower 1982, 85 n. 56 19, Infra I' 384 sq 194 Cf RUZIcka 1979.78 195 Died. 15 2.4 I'JO Xen . Hell., 4.8 20-25. 197 Dtod, 14971-4 ; 99 4-5. 198 D'ou les analyses contradrctorrcs des modernes, pour ne citer que quelques travaux rcccnts, Funke 1980, 65-66. Ruschenbuch 1982,495-498, Westlake 1983b, 239-250; Davrd 1984,277-284, en dermer lieu Bresson 1993, 166-175. 199 Westlake ccartc Xcnophon et scfforce de rehabiliter pour lcsscnucl Diodore 20(] Comme le notent Funke 1980, 65-66 ct Westlake 1983. 240, les puissances de premier plan sont cntrainees dans celte affaire par les factions rhodiennes bien plus qu'cllcs nont suscrte la stasis
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du pouvoir a I'epoque de Conon 201 ont repris Ie dessus 202, ils expulsent de la ville les partisans d' Athenes ; a la suite d' affrontements annes les aristocrates l' ernportent, ils tuent ou exilent nombre de leurs ennemis mais, craignant une nouvelle revolution, ils envoient une ambassadc a Lacedernone, Cette dcrnierc constitue, a I' ete de 391, une escadre de huit navires sous Ie navarque Ekdikos et avec aussi Diphridas, Apres la reprise en main de Samos 203, ce dernier passe en Asie pour recueillir les debris de l'arrnee de Thibron. II se conduit en chef de brigands ranconnant Ie gendre de Strouthas 204 pour payer ses soldats. Pendant ce temps, la flotte lacedemonienne stationne a Cnide OU elle apprend que les democrates ont rernporte une nette victoire a Rhodes et qu'ils disposent par ailleurs d'une flotte deux fois superieure en nombre a celle des Spartiates 205. II me semble que la situation n' est pas aussi manicheenne que Ie suggere de facon tres partisane Xenophon. L' opposition AaK(OvU:;oV1f:t;-TCAoucnonEpOl/8Tjfl0t; ne resume qu'imparfaitement les soubresauts - bien sou vent non decrits - de la vie interne des cites. Le revirement des Diagorides (ou de certains d'entre eux?), Ie fait que la stasis puissc etre politi que sans etre obligatoirement lutte armee, tout eel a rend quasi impossible une appreciation fine de la situation. Globalement Ies democrates sont au pouvoir depuis Ie passage de Conon ce qui a entraine ipso facto la creation d'un groupe d'exiles qui conservent naturellement des amis a Rhodes. Ces derniers sont suspects rnais indispensables dans le dispositif naval de la cite. II y a d' abord une agitation politico-judiciaire puis une action violente ou les oligarques prennent Ie dessus. Etant donne la taille de l'Ile mais aussi Ie fait que Ie syncecisme n'est sans doute pas encore cornpletement "digcre" aucune des factions ne semble en mesure de simposer partout et pour longternps. En regie generale les oligarques tiennent la ville de Rhodes, tout ou partie, puisqu'il contr6lent lc (un?) mur 206 mais les autres villes leur echappent. Le poids relatif des uns et des autres varie au cours de la peri ode. Toute Ia difficulte est de cornprendre comment integrer ces elements d'histoire locale dans les evenernents internationaux. La surprise d'Ekdikos restc inactif a Cnide est contradictoire avec la victoire supposce connues des dcmocrates au debut du recit de 201 Supra p 251 Xcnophon est muet sur lcpisode de restauranon democrauque, cc qUI pourrait cxpliquer pourquoi il lui est necessaire dmrrodurrc ici la prise de pouvoir par les dcmocrates pour rcndre son propos mtclhgrblc. 202 Westlake 1983b, 246 sappuic sur Anst, Pol , 5 1302b 23, 1304b 27 pour pnvilcgicr la version de Diodore Dans un developpement sur lcs causes des rcvoluuons en democrauc, le Stagrrue prend lexemple de Rhodes ou lcs dernocrates au pouvoir remunerent ceux qUI servent I'ftat (une forme de rmsthophone) mars pas lcs trierarqucs Ces derruers, sous le coup de poursuitcs judiciarrcs, iomcntcnt unc conspirauon qui leur permet de suuposer Ce textc, par son caractcre imprecis, suscrte bien des questions. tout dabord quant a la date des evenernents evoques, Westlake apres Momighano 1936b, 53-54 les date de 391. Dans le merne sens David 1984, 273-275, mars Berthold 1980, 31-40 , Hornblower 1982, 127. penehent pour 357 201 Drod 14.973 On ne Salt a qucl morncnt Ics Athcmcns avaient recupcre l'ilc de Samos Sa "hbcrauon" par Conon est deduite de Paus 6.3 16 11 n'y a pas dautre ternorgnage, a moms qu'il convrcnne de dater Ie monnayage IYN de 394. Les recits de Dicdore et de Xcnophon sc cornpletcnt et ne divergent plus que sur quelques pomts mineurs. 204 Ce dormer s'appelle Tigranc On se dcmandcra s'il s'agrt du personnage homonyme, hyparque en lome au moment de la capture de Samos par Trmothee (infra p 292) A noter que lc passage de X6n, Hell, 4 8 21, ne saurait etre uuhsc eomme preuve que Strouthas est utulairc de la satrapre de Sardes, amsi que Ie fait Pent 1988, 309 n. 13. Certes II est indiquc que Tigranc se rend a Sardes, mars routes les operations de Thibron pUIS de Diphndas, y compns la capture du gendre de Strouthas, se placcnt dans la vallec du Mcandre 205 Xen , Hell, 4 8 22. l.c passage est lacunaire, Iaut-rl le mettre en relation eettc flouc rhodrcnne avec la passage precue d' Anstotc? 2116 l.c pomt de vue de Bresson 1993, 171-172 est tres comparable
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Xenophon. II faut done penser que la situation (ou l'image que les exiles voulaient en donner) paraissait suftisamment incertaine pour que l'envoi d'un petit contingent lacedemonien suffit a retourner la situation en faveur de leurs amis. Ekdikos decouvre que ce n' est manifestement pas le cas et que les dernocrates ont la situation bien en main. En 390, Teleutias 207 est envoye en Asie avec douze trieres, II passe par Samos 208 OU il renforce sa flotte de sept navires et fait jonction a Cnide avec ceux envoyes l'annee precedente. Il a done en tout vingt sept navires 209. En route pour Rhodes, il capture dix navires atheniens qui allaient a Chypre soutenir Evagoras, ce qui provoque cette remarque pertinente de Xenophon : "Singuliere contradiction en cette affaire dans la conduite des deux adversaires : les Atheniens, amis du Roi, envoyaient des renforts a leur allie Evagoras qui faisait la guerre au Roi ; Teleutias, quand les Lacedemoniens etaient en guerre avec le Roi, detruisait une flotte qui allait cornbattre contre lui" 210. Teleutias vend ses prises aCnide puis revient soutenir les aristocrates a Rhodes. En 389 211, Athenes confie quarante vaisseaux a Thrasybule. Son attitude parait exactement syrnetrique a celle d'Ekdikos, malgre l'importance du contingent naval dont il dispose, il n'intervient pas a Rhodes et cela montre bien que la position des oligarques est consideree comme inexpugnable. Les partisans de Sparte tiennent un 1£1X0 C; 212 qui apparemment leur permet de contr6ler la ville de Rhodes. Xenophon soutient que le parti favorable a Athenes est maitre des villes (c'est-a-dire les autres villes de l'ile) et, ayant l'avantage du nombre (il vient de remporter une bataille) il ne craint rien dans I'immediat. C'est la une formulation rhetorique et propre a dedouaner le stratege athenien 213 de son inaction. Thrasybule se rend done dans I'Hellespont, renouant ainsi avec la tradition 214. II reprend contact avec les roitelets thraces avant d'aller a Byzance ou il afferme la dime sur les navires venant du Pont-Euxin et etablit la democratic. On pourrait se croire revenu aux plus beaux jours de l'imperialisme athenien 215. IJ s'assure egalcmcnt de la bonne volonte des gens de Chalcedoine 216 et, cornme le souligne Xenophon, ccla se passe sans engagement militaire, en grande partie parce que le Roi, ou plus exactement Pharnabaze, entretient de bons rapports avec les Atheniens 217. Thrasybule se rend alors aLesbos dont toutes les cites sauf Mytilene tiennent pour Sparte 218. Sur place, il organise une troupe composee d'hoplites athcniens, de 207
Telcunas est Ic frerc d' Agestlas. la nature de son mandat u' est pas claire Le plus vrarsemblable est
qu' rl a recu un eommandement extraordinatrc
Xen , Hell., 4 8 23. Xcn , Hell., 4 8.24 ; cf Diod, 14974 210 Xen , Hell, Ibid. , cf Hamilton 1979, 293-294. 211 Selon Funke 1980, 94-97 la rrnssron de Thrasybule de Sterna debute it letc 390 et se poursuit I' annce survante Cf Seager 1967 212 La confrontation de deux passages des Hcllcntques de Xcnophon (4 8 25 ct 5.1.5) incite it pcnscr que ce tCIC!lOS est Ie mur (ou I'un des murs) de 1a ville de Rhodes ct que Diodore n'a pas bien compos cc qUI sc passau dans l'ile de Rhodes (II faut dire que la situation etait assez complexc) cntrainant Hatzfcld it une traduction approxunative pour teichos C'un point fortifie") , cf. Bresson 1993, 171-172 . Debord 1994, 55 ct n 6. 213 A cornparer par contraste avec Ie tableau de la srtuauon dressc aprcs la mort du stratcge atherucn par Dlod 1499.4-5. 214 Xen., Hell., 4.8.28 ; en passant par l'Ioruc ou il collecte des fonds (Diod. 1494.2). On san par un decret d'Athcnes, cf infra n. 227, quill pcrcort une eikoste. 215 Xen . Hell, 4 8 27 (d. 1.1 22). 216 La nuance provicnt du fait que Chalccdome rcleve normalement de Pharnabaze 217 Xcn , Hell, 4 8 27 m Supra p. 252 n. 15 I 20S 209
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Mytileniens et d'cxiles des autres cites. L'objectif est la seconde ville de l'ile , Methymna, dont la defense est organisee par l'harmoste Iacedernonien : infanterie de la flotte lacedemonienne, gens de Methymna, exiles mytileniens. Un combat a lieu sous les murs de Methymna et les Spartiates ont le dessous, ce qui provoque les defections d'Eresos et d'Antissa selon Diodore 219. En ce qui concerne Methyrnna, I' Athenien ne reussit qu' a ravager son territoire. Autre fait notable, Thrasybule, pour mieux stimuler les Mytileniens, leur fait miroiter quils seront avec son aide les rnaitres de Lesbos. Comme le note P. Brun 220, il ne faisait la que flatter I' aspiration hegemonique de la principale des cites de I'Ile. II se prepare a venir soutenir l'action des democrates it Rhodes mais suit d'abord les cotes de l'Asie Mineure sud-occidentale extorquant des subsides pour alimenter la caisse de la campagne. Cette action est ires mal percue par les cites traditionnellement alliees d'Athenes comme Halicarnasse d'autant que cc qui etait exige consistait non pas en une contribution extraordinaire mais en la volonte de restaurer une taxe permanente de 5 % (EiKOG1~) comme semble Ie montrer I'inscription de Clazomenes etudiee ci-dessous. Thrasybule pousse jusqu'a Aspendos ou, apres avoir obtenu l'argent, il est assassine par les habitants rnecontents des exactions de scs soldats 222. Diodore 223 apporte une precision supplernentaire en indiquant que les trierarques atheniens choisissent alors de se replier sur Rhodes pour aider les partisans d' Athenes qui pour leur part se sont assures le controle d' un phrourion 224 dont iI Ya tout lieu de penser quil s'agissait d'un point fortifie permettant de menacer le rempart (teichos) evoque ci-dessus. Mais la position des oligarques est suffisamment forte pour que Hierax le nouveau navarque Iacedemonien puisse utiliser l'Ile com me base pour ses operations navales. Grace a l'action de Thrasybulc 22S, meme si elle fut discutee apres sa mort (cf. Lysias), les Atheniens ont Ie sentiment d' avoir recupere leurs positions sur la cote asiatique et de tenir it nouveau la mer 226. Deux decrets du peuple athenien eclairent les preoccupations des partenaires du moment et expliquent le revirement perse : ~ Le decret pour Clazornenes 227 est date de 387 228 . Le demos de Clazomenes y est loue pour sa fidelite a l'egard du demos athenien, Nous avons la une probable reference aux rapports generalement amicaux entre les deux cites dans Ic courant du yo s. (supra). Cela n'ernpeche pas que les Clazomeniens sont invites a continuer de verser Yeikoste imposee par Thrasybule. La situation interne de Clazomenes semble difficile. Nous avons vu plus haut qu'a cette epoque c'est encore une ile, mais elle possede naturcllement un territoirc continental ou se sont installes les adversaires de la democratic, plus precisernent dans la
219 Hell., 4.8.28-30; Diod. 14.94.3-4. Contrarrement a ce quaffirment Glotz & Cohen 1941, 95 ThrasybuIe ne "s' cmpare" pas de Lesbos. Le texte de Diodorc est clair a eet cgard. 220 Brun 1988a, 377. 221 Lysias 28.12 222 xsn . Hell, 4.8.31, DJOd. 14.99.4 (pnntcrnps 389')) Cf. Seager 1967,109-110 223 DlOd 14994-5. 224 DJOd 1499.4. 225 Cawkwc1l1976, 270-277 220 Xen., Hell., 5 1 13 227 IG, IF, 28 , Sy1l3, 136, Tod, 114, IK, 2-ErythraJ, 502. Sur cc tcxte ct Ie suivant, ef. Merkelbach 1970, 32-36 , Picard 1980, 242-4 ; Cawkwell 1976, 271 , Aikyo 1988 (sa resutuuon du nom de Pharnabaze a Ia 1 21 ne sunposo pas) m De 386 pour Cartledge 1987, 194
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bourgade de Chyton 229. Les democrates, victorieux, ont demande des otages a leurs opposants. S'etant donne le choix, les Atheniens decident en dernier lieu de ne pas installer de garnison ni d'archan. Ils s'interdisent de rappeler les bannis de Clazornenes sans l'avis du demos de la cite et laissent aussi les Clazorneniens libres de prendre contact avec les villes qui les approvisionnent en ble : Smyrne, Milet (ou Phocee) 230 et Chios. II s'agit apparemment la d'une concession importante dans la mesure OU l'obligation de passer par Athenes est ecartee, Les strateges atheniens doivent aider les Clazorneniens a conclure un accord sur les memes bases avec une tierce puissance qui pourrait bien etre Ie Roi (le texte est mutile), Le traitement fait a Clazomenes parait favorable. Les Clazomeniens sont declares libres comme les Atheniens mais l'ordre des decisions qui met en premier la perception de Yeikoste est revelateur. - C'est probablement a la peri ode 388-386 qu'il faut attribuer un autre dec ret athenien decouvert a Erythrees 231. La situation politique y est egalement difficile. Les democrates tiennent l'asty mais I'acropole est aux mains d'opposants et lcs strateges atheniens ne doivent pas traiter avec eux sans I'aval du demos d'Athenes, De rnerne, personne ne peut rappeler les bannis sans I'accord du demos d'Erythrees, La clause finale est capitale : nEptO£ LOU llT) fxoiooa8m 'Epudpuioi»; LOt; ~apf3&pOl; ... "au sujet de la non-livraison des Erythreens aux barbares, il est repondu..." Malheureusement le texte conserve sc terminc sans que cette reponse soit connue, mais merne sans ce precieux complement, nous voyons quelle pouvait etre l'anxiete des cites asiatiques dans le debat qui a lieu apartir de 392 et ou ~ non sans raisons - ces dernieres peuvent avoir I'impression d'etre un enjeu, voire meme une monnaie d'echange, dans une negociation qui leur echappe. A la lecture de ces documents, on comprend mieux Ie changement d'attitude du Roi entre 392 et 387. Le comportement athenien, en particulier avec la campagne de Thrasybule, tendait de plus en plus a ressembler a celui du v: s., me me si la cite n'avait que tres partiellement les moyens d'une telle politique. Tout cela ne pouvait qu'inciter le Roi a choisir la voie preconisee par la faction representee par Tiribaze et done a rappeler Strouthas 232. Les Lacedernoniens reprenncnt I'offensive dans l'Hellespont. Dcrkylidas, bien que n'ayant pas demerite, est rernplace par Anaxibios comme harmoste d'Abydos 233. Ce dernier avait recu trois trieres et de I'argent pour lever mille mercenaires. Les Abydeniens lui fournissent trois autres navires et deux cents hoplites. Grace a cctte arrnee il reussit a 229 La bourgaue de XU1l)V est egalement mentionnec par Ephorc, 19, ap. EtIenne de Byzance (FCrHlst, 70, F78) , Anst , Pol , 5 1303b 9 (X{l1PCP) et Str 14.1.36 (X{l1PlOV). cr Menu et al. 1939,503 sq Sur Ie sue double de Clazomencs, Kulhpouus 1972,9-24, Cook 1953-1954, 149-157 et en dcrrncr lieu de la Geruere et al 1982,8196; Demand 1990,87-89. II en rcssort que Ic site autour du hoyuk, qUI supporte une occupation tres ancicnnc, est trcs probablemcnt Ie Chyton-Chytnon des anciens Le rapport de Clazomencs it son domaine conunental est comparable it 1a relation Samos-Anaia. 230 Sur l'approvrsionnement en bIe, cf. infra La lacune du texte 1. 18-19 a ete comb lee differemment par Wilhelm etla plupart des auteurs ..
Sahm 1976,565-71 (ct. Robert & Robert, Bull ep , 1977,4(2) = SIcC, 26,1976-1977,1282. m Seager 1967, 96 sq. , Cawkwell 1976, 276 ; Hornb1owcr 1982, 184 sq Les Athemens ont it ce moment l'arnbtuon de reconsntuer leur Empire, mars les factions portent des appreciations drffcrentcs sur Ie role de la Perse dans Ie rcdrcssemcnt athcnicn face it Sparte (ces pomts de vue divcrgents pouvant etre personnalises sous les noms 231
de Thrasyhule et de Conon) 2n Xcn , Hell, 4.8 32
cr
supra sur Ie statut de Dcrkylidas
DE LA VICTOIRE MILITAIRE
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detacher certaines cites eoliennes de Pharnabaze et traverse l'isthme eolien pour rallier Antandros. Au retour, il tombe dans une embuscade tendue pres de Kremaste par Iphicrate, venu dans la region avec quatre navires et mille deux cents peltastes. Anaxibios est tue et sa troupe mise en deroute 234. Iphicrate retourne alors en Chersonnese. A Rhodes, les partisans de Lacedernone tiennent toujours la ville 235. Hierax est envoye pour les soutenir alors que leurs adversaires occupent un camp retranche (Em1ElX1CiI-Hx) avec un contingent athenien, Antalkidas est nomme navarque en 388. Par ce geste les Lacedemoniens pensent se concilier Tiribaze. Le Spartiate installe son quartier general a Ephese 236 et de la un detachernent naval gagne Abydos, pill ant au passage Tenedos 237. Mais Ie veritable tourn ant se produit lorsqu'Antalkidas, s'etant rendu en Haute-Asie aupres du Roi, revient avec Tiribaze 23R apres qu'un accord ait ete conelu. Le changement du paysage politique du cote perse est total puisque Pharnabaze est rappele, certes avec taus les honneurs : il va epouser la fille du Roi. Ce rappel n'est sans aucun doute pas fortuit: il signifie qu'a une nouvelle politique doivent etre associes de nouveaux executants, Le successeur qui lui est donne, Ariobarzane 239, collabore aussitot avec les Spartiates. La consequence immediate est que la route du Pont est coupee aux Atheniens et, malgre Xenophon, il faut penser que c'est autant par la nouvelle donne du jeu politique que par la superiorite de la fiotte d'Antalkidas (quatrevingts navires). Faut-il placer a ce moment Ie stratagerne employe par Iphicrate a Chios pour amener les trierarques laconophiles a se demasquer 240 et la double operation, incompletement reussie aSames? 241 La lassitude des cites grecques parait de plus en plus evidente, ne serait-ce que par la faiblesse des contingents navals mis en rcuvre lorsque le Roi ne fournit pas l'argent et tout Ie monde va accepter les propositions de Tiribaze qui avaient ete repoussecs avec indignation en 392.
234 Sur Abydos, supra p.216 , l'aidc en hophtcs et en navires Iourruc it Sparte par lcs Abydcrucns conrirme les moycns ccononuques dont drsposair eette cue L'expedinon vers Antandros peut etre liee it la volonte de controler une cue ou tl etart possible de fabnqucr des navrres; mars sans aueun doute Ies Abydcrncns qUI possedaicnt des mmes d'oi sur la route d'Antandros pres de Krcmaste (dont 1a locahsation n'est pas exacterncnt assuree) y trouvaient aussi leur interet. Sur lcs hens tradiuonnels d'Abydos et d'Antandros ella route qui les rehe, cf. Cook 1973.290. Ce dermer rejette, tbul , 342 sq., la resutution [EV K]pEp[amfjt. / EV K£~p]fjV[l, reienue par Robert 1937, 171-2 dans la hstc des thcodoroqucs de Delphes et propose de lire EV 'Elpelcen ... / £V MlTu/,J~V[Cll]. Cette suggestion est acceptee par Robert 1982, 330 n 70. 235 Xen., l Iell . 5 I 5. 216 Apparemrnenl Strouthas, s'rl esl encore en lome, ne controle pas ccttc cite On ne san pas quand Tinbaze eSI revenu it Sardes m Xen, Hell 5 1 6, cf Graefe 1935,262-270. 23K Xcn., Hell, 5 1 25 Le rccit de Xcnophon est toujours Ires discontmu II semble cepcndant assure que Tinbaze s' est rendu it plusieurs reprises aupres du ROl en Hautc-Asie 239 Xcn., Hell, 5 1 28 mdiquc qu' Anobarzane entreuent dcpuis longternps des hens dhospitahtc avec Antalkidas 240 Polycn 3 9 58 241 Polyen 3 9 36, mars cf mfr., p 290 sq
APPENDICE 2
LES PEREES
... "Les insulaires qui meritent notre pitie quand nous les voyons contraints par I'insuffisance de leur territoire de cultiver des montagnes, alms que les continentaux, parce que leur terre est inepuisable, en laissent inculte la majeure partie et, de celles qu'ils cultivent, retirent une telle richesse" 1. Cette assertion d'Isocrate, enoncee en 380, mente notre attention a plusieurs titres. Tout d' abord parce qu' elle exprime avec justesse la convoitise seculaire des insulaires (et des Grecs en general) a I'egard des vastes et fertiles plaines littorales, mais aussi parce qu' elle parait impliquer que les iles ont perdu acette epoque leurs territoires sur le continent. Mais dans quelle mcsure est-ce I'une de ces formules-choc qu'affectionnait le rheteur pour renforcer son argumentation? En tout cas il y avait la un contraste cerise etre violent par rapport aux situations anterieures ou presque toutes les grandes iles, du nord au sud, Tenedos, Lesbos, Chios, Samos, Rhodes (apparemment pas Cos) avaient possede des perees continentales et cela des I' epoque archaique pour la plupart d' entre elles. En ce qui concerne le lye s. la question primordiale qui se pose est de savoir quelles sont les consequences de la Paix du Roi sur I' evolution des rapports des perees avec les iles qui en avaient la tutelle. Des reponses fort divergentes ont ete proposees par les divers savants qui ont traite de cette question. W. Judeich 2 conclut, en s'appuyant sur le Ps-Skylax, lequel mentionne explicitement les perees, qu'au lye s. les insulaires ont conserve leurs territoires continentaux moyennant le versement d'un tribut. Pour K. 1. Beloch 3 il est probable que Tenedos et Mytilene etaient encore en possession de leurs domaines continentaux lorsqu' ils adherent a la Deuxieme confederation. Par reference aux conclusions de L. Boffo 4 pour laquelle lors de la conquete perse les cites insulaires restent libres mais ne conservent leurs perees que moyennant tribut, U. Fantasia 5 penche plut6t dans ce sens mais avec plus de prudence en fonction du cas de Samos qui est le point de depart de son etude. En revanche, S. Hornblower conclut en faveur de I'hypothese de la saisie 6.
I Isocrate, Paneg., 132, trad. Mathieu & Bremond, CUF La nature du "comment" ne fait aucun doutc dans la mesure ou la phrase qUI SUit cxhortc Ics Grecs it "exploiter I' Asie". Brun 1996, 67 sq. utilise ce passage pour dcmontrer la pratique des cultures en terrasse. 2 Judeich 1892, 105 sq. et n. 2 3 Beloch 1923, 158 et 165. 4 Boffo 1983,42. 5 Fantasia 1986, 113-143. 6 Hornblower 1982, 128 , 1983, 199 ; selon Cawkwell 1981, 70, Ie traite conucnt des stipulations precises concernant les dornames continentaux des cites grecqucs. Ce1a ne parait pas du tout mdispcnsablc.
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Le cas de Samos precite montre bien que I' on aurait tort de systernatiser sans discernement. La situation de chacune des iles est particuliere en fonction des aleas de son histoire, d'autant que la nature du domaine continental de chacune d'entre elles et de son peuplement a ete a I'evidence assez heterogene, II importe de reexaminer chacun des cas dans son evolution historique en tenant compte des grandes inegalites dans I'information.
Tenedos Au temoignage d' Aristote 7, sa chora est ancienne puisqu' au debut du VIe s. elle fait I' objet d'une dispute avec Sigeion et que Tenedos fait valoir son bon droit grace a I' arbitrage de Periandre, L' affaire rebondit dans Ie courant de la deuxierne moitie du [Ve s. Sigeion est alors sous la domination de Chares, mais il est malheureusement impossible de dater plus precisement l'episode. II parait a priori assez logique de penser qu'il s'agit du moment ou Tenedos recouvre sa peree, ou souhaite la recuperer apres I' avoir par consequent perdue, ce qui nous placerait apres 334. Selon Strabon 8, la peree de Tenedos comportait deux parties, I' une I'Achaiion est encore de son temps detenue par l'Ile ; I' autre comprenait autrefois [quand?] Larisa et Kolonai. Le texte du § 47 est malheureusement lacunaire et si la sequence T~<; TEVEOiwv TCEpaia<; oDam nporepov, s' appliquant aKolonai et Larisa est generalement acceptee, mais il faut dire que Ie texte conserve est Ie suivant: T~<; [c.a.lO] 8ia<; aDam KTA --- et J. M. Cook 9 propose une toute autre interpretation: selon lui, aux hautes epoques, la region avait ete colonisee par Mytilene et c'est ce nom qu'Il convient de restituer dans Ie passage. Cette interpretation tres seduisante est contestee par s. Hornblower 10. Ce dernier pense que la peree de Tenedos a du constituer la chora de Memnon 11. Deux passages d' Arrien, An., 2.1.4 (Mytilene) et 2.2 (Tenedos) sont allegues dans Ie debat par S. Hornblower qui suppose que la premiere preoccupation des cites avait ete avec I' arrivee d' Alexandre la recuperation de leurs perees. Cela est bien possible mais les textes ne disent rien de tel. Dans les deux cas, il est fait reference au retour a la "paix d' Antalkidas" par opposition aux accords inscrits sur des steles et passes avec Alexandre (Mytilene), Alexandre et les Grecs (Tenedos), II sagit done d'un renversement d' alliances qui est impose aux cites et nullement de problernes territoriaux. On ne voit pas d' ailleurs quel interet auraient eu les amiraux perses as' interesser aux perees dans la situation provisoirement inversee par rapport a celie qui prevalait au moment de la conclusion de la Paix du Roi : la terre aux Perses, la mer aux Grecs. Mytilene 12 La question des territoires continentaux des cites de Lesbos est complexe. Toute la cote de Troade, au moins de l'Hellespont a Antandros a ete colonisee par les Eoliens. Strabon I3 precise que les Lesbiens revendiquent la quasi-totalite de la Troade et que la Arist., sn«; J375b; cf Ruge 1937b, 585; Leaf 1923, 223 sq.; Cook 1973, 189 Str. 13.1.46-47. CLIc croquis p. 240 9 Cook 1973, 197 sq 10 Hornblower [982, 144 et n. 58 , 128. 11 Mars sur ce point cf Infra p. 434. 12 Beloch 1912,308,414 sq., Ruge 1937b, 583-585; Menu et al. 1950, 196, Cook 1973, 178 sq., 1978, 58 sq. 13 Str. 13.1.38 7
B
KonTj~
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plupart des fondations sont de leur fait. C' est en s' appuyant sur cette tradition que se met en place un jeu complexe qui oppose les insulaires de Tenedos, de Mytilene et les cites continentales qui cherchent a s'emanciper au a conserver une autonomie deja acquise. A partir du VIC s. Athenes intervient a son tour. Herodote decrit le conftit qui oppose Athenes a Mytilene et dont l' enjeu est le controle de cette region hautement strategique 14. L' affaire est reglee grace a l' arbitrage de Peri andre : les Atheniens gardent Sigeion 15, les Mytileniens Achilleion qu' ils fortifient a cette occasion] 6. L' echec de la revolte de 428 a les consequences que l' on sait pour la ville, ses habitants et leurs domaines. Thucydide 17 ajoute que les Atheniens s'ernparent des polismata tenus par les Mytileniens sur Ie continent. Strabon attribue a Thucydide l'assertion selon laquelle Troie (ou plutot la Troade : la formulation T~V Tpo'tav est ambigue) aurait ete prise aux Mytileniens par Athenes a I'occasion de la guerre de Pachcs en 427. En realite, Thucydide ne dit rien de tel. En 424 ces cites sont toujours aux mains des Atheniens, Elles sont qualifiees d' Akteennes Cde la cote") et c'est sous ce vocable qu'elles sont regroupees dans la liste du tribut sous la rubrique Aktaiai poleis 1R. C' est a cette date 19 que les bannis de Mytilene (et du reste de Lesbos) entrent en action sur Ie continent, semparent de Rhoiteion quils restituent contre rancon (deux mille stateres phocaiques) puis d' Antandros quils esperent utiliser comme chantier naval et base de depart pour ravager Lesbos ct prendre possession des agglomerations (rroAi0~a1(X) eoliennes du continent. Le Ps.-Skylax 95, tel que son texte a ete corrige par les editeurs successifs, nomme du nord au sud Sigeion, Achilleion, Achaiion. A noter qu'il n'est nullement question la d'une chora de Mytilene (ni dailleurs de Tenedos) mais que celle-ci est signalee au dela d' Antandros, immediatement avant la chora de Chi os. Au IVe s., la plupart de ces anciennes fondations "lesbiennes" beneficient du statut de cite. Achilleion est deja qualifiee de polis par Herodote, le fait qu' elle soit seulement une katoikia micra pour Strabon (placee sous la tutelle d'Ilion) ne prouve rien quant a son statut anterieur. Sigeion et Achilleion ernettent des monnaies de bronze au Ive s. 20. De 335 a 332, Sigeion est sous la coupe de Chares 21, elle entre en contestation avec Tenedos 22. Ce ne peut guere etre qua propos de problernes territoriaux 23 puisqu'il est fait reference a I'arbitrage de Peri andre deja mentionne. La ch/ira de Mytilene est mentionnee
Hdt. 5.94 sq. ,cf Str, loc. cit. Cf. Ie dee ret de 45110 (lG, 13, 17) pns par les Athemens en favour de Sigeion. A noter que Mattmgly 1963, 267-70 propose la date de 41 8/417 16 Str. 13.1.39. 17 The 3503. IS ATL, A. 9~10. 425/424~421/420 (lG, 13, 71, col Ill! 125·138 et 77) Cf Mentt et al 1939,157 sq.; 1950, 196; Pordoselcnc. Antandros, Rhoitcron, Hamaxuos, Lansa, Ophryneion, prohablement Kolonar (Cook 1973.197). IY The 452 20 Robert 1966h, 106 sq. Cf. e g SNG von /vulock 1569 ou 7637 (Sigcion), Athena de trois-quarts face (avers), ehouette et croissant lcgcndc LIfE (au revers) Cctte sene parait preeedee (ehouettc dans un carre en crcux au revers, lcgcnde RA) par une sene avec tete satrapale it lavers coiffee dune narc hce par un drademe (PI. II 22) Cf aUSSl SNG Tubingen 2653~2655 Pour Achrllcion, cf'.Lmhoof-Blumcr 1901,33 sq. (Head 1910,540) 21 Amen, An , 1 12.1 22 Anst., Rhct , 1375b Cook 1973, 179 IS
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dans Ie texte malheureusement tres mutile de Theopompe (FGrHist, 115, F291 relatif a I'aventure d'Herrnias). Le contexte ne se laisse pas clucider, il est cepcndant probable que Ie tyran en avait Caple au moins une partie. Quinte Curce-" signale qu'en raison de leur fidelite lcs Mytileniens voient leur territoire largement augmente par Alexandre. Cet aeeroissement n' a probablement de sens que sur Ie continent.
Peree de Chios La premiere mention rernonte, a travers Ie recit d'Herodote 25, a l'epoque de la conquete de la Lydie par Cyrus. Paktyes, un Lydien qui a ete charge d'une mission de confiance, trahit le roi et senfuit a Kyme. De la il est envoye a Mytilene, puis a Chios ou il est livre a Mazares contre Ie revenu d' Atarnee CErct 10 'Ampv£l !-tw80). II est indique la qu' Atarnee se trouve en face de Lesbos 26. Des ee passage implieitement et plus explicitement en 6.28, il ressort que Ie territoire d' Atarnee, et plus largement la plaine du Calque, produisent des cereales en abondance, En effet, rile ne possede qu'une seule plaine fertile au sud. Le reste est essentiellernent propice a la culture de la vigne et des arbres fruitiers. Par consequent la richesse proverbiale de l'Ile ne saurait sexpliquer sans rapport de la peree 27. Peu avant 480, les gens de Chios sont encore en possession d'Atarnee 28, Diodore rapporte qu'en 409 29 Ie Spartiate Kratesippidas, a la demande des exiles de Chios, s'empare de l'acropole et expulse six cents adversaires qui a leur tour se saisissent du chorion d' Atarnee, bien defendu et qui leur sert de point de depart pour des coups de main contre leurs ennemis et plus generalernent contre l'Ion ie, ce qui decide Derkylidas a agir contre eux en 397 3 lis detiennent beaucoup de ble et il faudra un siege de huit mois pour les amener a composition. Cette remise au pas ne parait pas etre synonyrne d'expulsion si ron suit le texte ala lettre et c'est peut-etre une situation inchangee qu'enregistre le Ps.-Skylax § 98 Iorsqu'il mentionne en dessous de la chora de Mytilene, eelle de Chios et la polis d' Atamee. Cellc-ci est une cite assez importante pour devenir sous Euboulos, et plus encore sous son successeur Hermias 31, le centre d'une principaute qui me parait impliquer la disparition de la peree de Chios. L' activite du dynaste en lonie va cntrainer I'intervention de Mentor et il est probable que Memnon possedait sa ch/ira 32 dans ee secteur, qui pourrait etre ainsi fondee, tout ou partie, sur ce qui avait ete autrefois la peree de Chios. C' est certainement, mais de facon vague, aces territoires que fait allusion Polybc v.
°.
Qumte Curee 4.8.13 Mvtilenaets.. magnam regtonemfimbus adject! Hdt 1 160; dou Paus. 4 35 10 20 Ce site est menuonne par plusicurs auteurs et sa localisauon peut etrc preciscc grace it Hdt. 742.1 , Str 13 1 67, Ps -Skylax 98 ; Phnc, HN, 532; 37, 56 Ses rumes sent placees it Kale Agih, cf en derruer lieu Lambnarudes et al 1996, 190-194 (avec bibhographic). 27 The. 845.4-5 Alcibiadc aglssant au nom de Trssapherne econdurt les Cluotes en rctorquant qu' lis sont lcs plus riches Grccs, supra p. 212 28 Hdt 8 106. 29 DlOd. 13 65.4. 30 Xcn , Hell., 3.2.1 , supra p. 242 " Infra p. 418. On attnhue it Atamee un monnayage pour la seconde moine du IV'S MySUl, P 14; SNG Tubingen 2182 12 Infra p. 434 33 Polyhe 21 45 6. , cf Walbank 1979, 170, 'A 81]viX, 1908, p 167, l. 26 , 31 ; domames dans Ia peree Cf. Burchner 1900, 1630 24 25
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Peree de Samos L'existence d'une peree de Samos 34 semble pouvoir etre inferee, des le hautarchaisme (YIIIe s.), du conflit connu sous le nom de "guerre meliaque" 35. Ce confiit, ne de I'insolence de la cite de Melie, entraine l'union de I' ensemble des cites ioniennes contre cette derniere. Vaincue et detruite 36, son territoire est partage par Ie sort. Pour les plus eloignees ces parcelles de terrains ne presentaient pas un grand interet, elle devinrent une monnaie d'echange et la source de conftits. II n'en allait pas de meme pour les voisines immediates : Samos recut Pygela 37, Priene, Dryoussa et Ie Karion (Ie nom meme est notable). Le Ps.-Skylax, 98 38, donne la liste des localites qui se trouvent dans la peree de Samos : Anaia, Panionion 39, Erasistratios, Charadrous, Phokaia, Akadamis, Mykale. Cellesci jouxtent les territoires d'Ephese, de Magnesie et de Priene, 11 convient d'observer qu'il n'est pas fait mention de Pygela. L'histoire de cette derniere a dfl etre assez agitee. Elle est autonome vers Ie milieu du y e s. puisqu' elle figure pour un talent dans les listes du tribut attique pour 446/445 et encore en 415/414 40 . Sa position juste au sud d' Ephese en a fait sans aucun doute un objet de convoitise pour sa puisante voisine mais de nombreux ternoignages indiquent qu' elle etait autonome it nouveau au IV e S. 41 La date ne se laisse pas aisement apprehender, mais il est tentant de voir dans les differents mouvements la consequence de la lutte dinfluence opposant Ephese aux Hekatornnides 42. C' est en tout cas it ce moment qu' est constrnite I' enceinte de Pygela 43 D'apres Strabon 44 Anaia a ete acquise par Samos it l'occasion d'un echange avec les Erat de la quesuon : Fantasia 1986, 113-143 ; cf Shipley 1987,29-37 Vitruve 4.1.4. it consulter avec les notes de P Gros, CUF. Cf. Ragone 1986, 173-205. 36 Plusieurs allusions a cette guerre dans le texte eprgraphique I. Prtene, 37 (1. 56, 108, 118) ; cf. aussi 422 (= Anstotc, fr. 576 Rose, fragment de la Samion polttetai 37 I Priene, 37, 1. 118-122; 38 fragment 5,1 8 cr. Curty 1989. Franco 1993b, 67-85,162-164. Sur la localisation probable cf, Kerl 1908 ; Mentt et al. 1939,543. Ragone 1996,215 et n. 10 reste prudent tout en presentant les elements des possibles Identifications. 18 Faut-il voir dans cette hste une Image de 1a situation au IV'S. ou bien l'une des parties "archaiques" du Pertple'! Cf Fantasia 1986, 123 n. 35. La menuon du Paruomon fait problcmc pour une datation au miheu du IV's. 11 faut ncccssairement suucr cela avant 373, date de la rcactivauon des fetes et du retour au premier plan de Pnene. 39 Pamoruon. cf. Kleiner et al. 1967. 40 Mcntt et al. 1939,390 sq., IG, 13, 266 (446/445),290 (415/414) 41 Cf lample monograplnc de Ragone 1996, 183-241,341-379 Pygcla au IVe s. (monnares, decret, trattc avec Milct), figure dans la liste des theorodoques d' Argos (aux environs de 330), cf. Charncux 1966, 198-216, lequel admet cependant (201 sq) apres ATL II, 82, quavant 4-46/445 elle constituatt une simple dependance d'Ephcsc Ensemble des ternoignages reums par Robert 1967, 37-40 Elle semble rattachee it Ephese dans les annees qUI SUIvent la Paix du ROI Sur 1c monnayage, Reghng 1922,46-53. Kmns 1989, 189 le date des annees 360. Cf Ragone 1996, 237 sq. (ne connait pas les travaux de Kmns) qUI fournn une hste de monnaics publiees (n. 71) : or, argent, bronze. 42 En cc scns Hornblower 1982, 112. 43 Datee par Keil 1908, 139-140, de l'cpoque hellcmsuquc, mais d. sa photo ibid. : isodome a feuillure, bossagc irrcguher et blocs assez larges comparallvement it leur longueur, cest unc technique typiquement hekatomnrde. Cf. aussi Ie "Rmgmaucr" au nord d' Anaia, col. 150, avec la carte col 135-136, ou II est defiru comme canon ('1) 44 Str. 14.1.20: 11 convicnt de lire £k "Avmu 1tOA1S et non pas dm N£rX1tOA1S, cf Robert 1982b, 312-314 Lc tcxtc qUI oppose une situanon ancienne it I' actuelle, ne permet en rcahtc aucunc vcntablc approche chronologique. Cf. Paus. 74.2-3, qUI rcportc 10m dans Ie passe mytluque des donnees qUI peuvent avoir des contrcparncs dans lactualue (opposition Ephese-Samos) une parue des Sarrucns (tpf1JYOVT£S) sc refugio it Anaia Cf. Ragone 1996, 239 n. 76, plus que par des considerations etymologrques bnllantes dont la base est quelque peu tenue, 240 sq , jc scrais tente par un rapprochement avec la presence de cc tcrmc dans lmscnption IG, V.I, 1+ (supra p 219) mentionnant Ics exiles de ChlOS Fajoutcrai que Pausamas met en avant une entente entre les Sarmens et lcs Cariens contre les Iornens, cf Infra p 291 34
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Ephesiens (contre Marathesion) 45. Elle est absente des listes attiques. L'explication la plus plausible est qu'a ce moment elle fait partie de la peree de Samos (meme situation pour Atarnee par rapport a Chios) alors que les bourgades dependantes de Mytilene semblent avoir gagne leur autonomie a la suite de la revolte de l'Ile en 428/427 et apparaissent dans la liste de 425 46 . En 44]/440 les Atheniens organisent une expedition contre Samos. La formulation de Thucydide 47 est assez vague: "a propos de Priene", II s'agit done de problemes relatifs aux interets continentaux dc Samos sans qu' on puisse preciser plus. Les Atheniens installent la democratic a Samos. Une partie des opposants senfuient vers le continent (il ne peut sagir que d' Anaia), et complotent avec les dynotatoi de ceux qui sont restes. I1s obtiennent l'aide de Pissouthnes, Ie satrape de Sardes et reussissent un coup de main sur Samos. Malgre l' arrivee de forces importantes les Atheniens mettent plusieurs mois a retablir la situation apres un siege et au prix d'un accord qui ne semble pas impliquer Ie retour ala democratic 48 Les opposants continuent a tenir Anaia puisqu'en 424 : "Les exiles de Samos s'y etaient etablis [a Anaia] et de la facilitaient la navigation pour les Peloponesiens en leur envoyant des pilotes, cependant qu'ils entretenaient Ie desordre chez les Samiens de la ville et accueillaient ceux qui en sortaient" 49 La situation est inchangee en 412-4]] 50. Par consequent, des Ie milieu du ye s. me me s'il n'y a pas rupture en droit, les vicissitudes de la situation politico-militaire font que les deux cornmunautes samicnnes de l'Ile et du continent nobeissent pas aux memes motivations, par inclination pcrsonnelle sans doute mais aussi a cause d'evidents determinisrnes geographiques. Les exiles samiens devront attendre 322 pour rentrer dans l'Ile, Comme Ie montrent les deux premiers decrets de la serie publiee par Chr. Habicht 51, Anaia a servi de point de depart pour une premiere tentative avortee des exiles apres la decision de 324 concernant le retour des bannis 52. Pour Chr. Habicht, l'ancienne peree de Samos aurait ete captee par Priene. A noter cependant que l. Priene, 363, 1. 22 sq., montre que dans la premiere moitie du lye S. (il est malheureusement impossible de preciser davantage) Ie territoire de Thebes du Mykale 53 jouxte celui de Samos. Ce qui suppose que les Samiens avaient conserve aussi (jusquen 366?) des possessions dans la region du Mykale. A un moment que Ion doit situer entre 366 et 356, Anaia d'Ionie semble etre consideree comme une cite de plein droit 54 Elle contribue a la restauration du temple de Delphes (en drachrnes phocaiques) detruit par le trernblement de terre de 373 55. En 365, il est evident que les clerouques atheniens installes a Samos ne controlent pas cette derniere, Sur Marathcsion, Ked 1908. Cette localuc est mcntionne dans I. Prtene, 37. ATL, A 9 = tc. 13, 71 Fantasia 1986, 130. 47 Thc 1 1152 48 The I liS 4-117 Sur ces faits et leur analyse, Voir Quinn 1981, 18 49 Thc 475.1 trad dc Ronully, Cf. deja 3322 (428). 50 Thc 819.1,612, supra p 230 n 242 51 Habicht 1957, 156-8 ct 164 sq (Cf Robert & Robert, Bull. ep , 1960,318) 52 Infra p. 477. 53 Ccttc derruere est auto nome au IV's, aux hautes epoques el1e avait appartcnu au terntorre de Melle et fall ensuite lobjet d'un echange terruorral entre Milet et Samos (Thcopompe, FGrHIst, 115, F23, cf. f. Priene, 37). Cornme on lc VOlt I' lustoire de la region est paruculierement aguee et comp1cxe 54 Fantasia 1986, 118-119 55 FD, IlLS, 6 A. 45 46
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La prise de controle aurait pu paraitre en contravention explicite avec la Paix du Roi que Tirnothee avait comme mission precise de respecter. Apparemment une partie de la population deplacce s'installe la, a moins que les textes allcgues indiquent seulement que le retour des exiles (ou plutot de leurs descendants) s'est effectue par Anaia 56. Mais par comparaison ala situation anterieure, cela ne saurait dernontrcr que les territoires cotiers ont etc (ou non) confisques par les Perses au moment de la Paix du Roi. De merne la presence d'une inscription funcraire pour un Athenien pres d' Anaia 57, meme si elle date du IV e s. 5S, ne prouve nullement un controle athenien 59.
Perce de Rhodes Comme souvent c'est paradoxalement plutot en direction de la Lycie, plus precisement sa partie orientale, et de son voisinage que nous orientent divers documents ou informations et non vers la Chersonnese, au moins dans un premier temps. J. Spier 60 observe que Phaselis 61 etait une colonie de Rhodes et que I'on a aussi dans la meme region Ie nom de Rhodiapolis. II Mite parmi les monnaies du "Decadrachm Hoard" une piece (exemplaire unique) quil definit lui-mente comme assez extraordinaire. Elle porte a I'avers un cheval aile et au revers la mention POi'lION retrograde dans un carre en creux perle. Rappclons que le tresor est date des annces 460. Que peut signifier a cette date l' evocation d'une comrnunaute de "Rhodicns" 62? Faut-il y voir la preuve que pour des operations exterieures une organisation des insulaires avait precede le syneecisme ou plutot simplement la presence d' une sorte de comptoir commun a toutes les cites de l'Ilc? Les Rhodiens tiennent aussi l'Tlot de Mcgiste 63, remarquable position sur la route de la Lycie orientale et au dela vers Chypre et Ia cote syro-palestinienne. En ce qui concerne la peree de Rhodes proprement dite, il est a noter qu'il n'y a aucune preuve evidente d'une telle possession avant 387. Les conclusions en ce sens de P. M. Fraser et G.E. Bean 64 reposent assez largement sur un a priori, qui au demeurant na rien dinvraisemblable. Malgre l'absence de documents epigraphiques locaux, plusieurs temoignages attestent I'existence de cites au v- s, dans cc qui sera plus tard Ie territoire de la peree integree. Les donnees lcs plus abondantes concernent Chersonnese souvent prcscnte dans les listes du tribut attique de 452/451 a 428/427 pour trois talents puis deux talents quatre mille deux cents drachmes, ainsi que dans le dec ret de 425/424 65 . La derniere mention "reguliere", en 428/427 66, bien que tres mutilee, est la plus interessante dans la mesure ou il est question d'une syntclic autour des Chersonnesiens, Ces derniers ont probablement leur centre politique et religieux au sanctuaire d'Hemithea Cf Badian 1976,293 n 9, qui compare avec Ie retour de Phylc des dcmocrates atheruens. Ked 1908, 164 n" 7 is Com me Ie pensc Habicht 1957, 158 (hellerusuque pour Ked). 50 Shipley 1987, 157. 60 Spier 1987,36 Cf. aussi Bresson 1993,748-757 (pour Korydalla, Gagar, Rhodiapohs) (, I Certes pas en Lycie, mars VIvanten syrnbiosc avec cllc 62 Etant it peu pres assure qu'il convrent d'entendre Rhodion comme un gemufplunel. 63 Ps.-Skylax 99. (,4 Fraser & Bean 1954,94 sq. , voir aussi Mayer 1937. ss IG, 13, 261-283 et 71; cf Bresson 1990, 104,1999,104 sq 66 Tcllc est la date retenue par les IG, 1',426/425 selon Picrart 1984,172-176 5(, 57
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a Kastabos 67, lequel jouissait deja d'une certaine notoriete a I'epoque de la domination perse 68. On leur attribue aussi un monnayage date traditionnellement de la seconde moitie du IV e s. 69 H. Cahn reexamine I'ensemble des emissions et propose de les placer entre 530 et 450, ce qui parait trop rot, au moins en ce qui concerne la date finale 70. D'autres tcmoignages concernent Kedreai, qui figure aussi presque en permanence dans les listes attiques (Lysandre prend dailleurs pretexte de cette fidelitc a Athenes pour traiter l'Ile avec une particuliere rigueur 71) ou encore Kallipolis, absente des listes, mais dont Ie toponyme moderne Gelibolu conserve Ie souvenir 72. II ressort de ce qui precede que ces divers cas (Chersonese, Kedreai, Kallipolis) doivent etre clairement distingues, A la fin du v e s. Kedreai est une entire autonome mais Ie coup porte par Lysandre a pu lui etre fatal et la livrcr aux visees rhodiennes. Le cas de Kallipolis est different, qui parait exister en tant que cite au IV e S. En revanche Chersonese si presente au VC s. reapparait ensuite comme un koinon rhodien 73, mais apres une longue periode de silence. II ne parait done pas exclu que d'une part Ie syncecisme des cites rhodiennes, generateur d'un nouveau dynamisme, et dautre part Ie vide Iaisse par la defaitc athenicnne aient modi fie profondement les equilibres au profit de Rhodes. En cc sens la premiere partie de l' evolution serait comparable a la situation de Mytilene dans son rapport avec les Aktaiai poleis, la seconde bien differente : Rhodes sort moins meurtrie - et unifiee ~ de la guerre du Peloponese, et done en mesure d'irnposer ses pretentious aux petites entites continentales. Le territoire continental de Rhodes est mentionne par lc Ps.-Skylax mais on sait que la date de redaction de cette ceuvre est loin d' etre assuree. II est alors tentant de considerer les Leures d'Eschine 74 comme Ie premier temoignage historique de la possession de la peree par lcs Rhodiens mais on sait que I' authenticite en est souvcnt mise en doute. On y voit I' orateur athenien acquerir un bien dans la peree rhodicnne, un petit phrourion au lieu dit Ammos (Amos?) dont il precise que I'agglomeration est alors en ruines. Or, dapres ce que l'on sait, Eschine a quitte Athenes en 330. II semble etre passe par Ephese avant de setablir a Rhodes et/ou dans la peree, done entre 330 et 325. Le fait que Ies Rhodiens des cette date aient "recupere" aussi rapidement un territoire qui comprenait Physkos et Amos semble impliquer une possession anterieure sinon on ne voit pas au nom de quoi ils auraient obtenu d' Alexandre cette concession a une date aussi proche de leur ralliement. Le tableau trcs 67 .Ie ne SUlS pas sfir qu'rl fatllc interpreter IG, P, 283 III 31-33 (= ATL, n'' 27) eomme le fait Bresson 1993, 66 sq. II y a bien svntcltc; eomme dans plusieurs autres cas auestes (par cxcmplc les Telmcssiens ct l.yciens), lcs noms de deux des membres sont partiellcmcnt conserves: Amos, Lcr] ] et II yen avait au moms un trorsicme. Les semmes vcrsees sont faibles et on volt mal comment arnver au total de deux talents quatrc rrulle deux cents dr Bresson suggcrc Iui-meme la solution 1c verserncnt des Chcrsonncsicns pourran sc trouver unmediatcmcnt au des sus, dans la partie lacunarrc et II nc s'aglraltliI que du complement fourru par lcs svnteleis "S Diod 5 63 I , Cook & Plommcr 1966 mars d. Debord 1982, 41-45 69 Head 1911, 614 , SNG Cop 190. 7() Cahn 1970,200-211, pour l'cssentiel dctalon cgmcuquc 71 Xen , Hell.. 211.15 72 L'rdcnuficauon de Kallipohs a Kyllandos due a Bean & Cook 1957 don etre seneusement rerrnse err quesuon. Kalhpolis existe deja au IV" S, err tout cas a l'cpoque dAlexandre (Infra p. 461), II Y a toutcs chances qu'rl s'aglsse dunc Iondauon (par synrrcisme) du IV's., attnbuablc done aux Hekatomrudes Elle occupc le flanc sud du fond du golfe Cerarmquc Imhoof Blumer 1883, 307 n" 29 , 1901, 138 n" 1 idcnufic son monnayagc au It' s , Head 191 L 612. Bresson 1991. n" 5. 74 Eschmc I 4 . 9 I : 12 II
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vivant que donne la lettre IX de la richesse agricole du terroir (oliviers, vignes, terres a cereales et paturages) qui contraste avec le fait qu'il n'y a pas une maison debout est un indice qui plaiderait en faveur de son authenticite, On pense naturellement aux operations qui ont implique Orontobates et les lieutenants d' Alexandre. CONCLUSION Au terme de cette etude de cas, il apparait qu' on ne saurait traiter du probleme des perees sans tenir compte des situations particulieres, En effet des les origines, des differences notables peuvent etre mises en lurniere : la gamme va du controle de Iocalites dont l' objectif constant sera de s' affranchir de la tutelle de la suzeraine insulaire (villes de Troade/Mytilene) avec l'appui interesse de tierces puissances, a la possession de territoires plus ou moins vastes, percus plutot en relation avec leur valeur agricole (Mytilene/chora de Mytilene). Les evenernents dample portee comme la Paix du Roi ont pu entrainer des modifications importantes. Doit-on penser pour autant que la saisie des perees a ete systematique et, en quelque sorte, programmee? Les soubresauts anterieurs sur lesquels nous sommes paradoxalement mieux renseignes montrent bien que les changements de puissance dominante entrainent ipso facto des convulsions locales dont la partition du territoire entre ile et continent constitue un facteur aggravant, en tout cas important, et qui entraine la perennisation des situations de stasis (e.g. Atarnee/Samos), En 387, c'est probablement quelque chose de similaire qui se passe. Les partisans de la Perse, disons plutot les factions oligarchiques appuyees par les satrapes perses, voient leur position confortee et aussi renforcee l' opportunite de menees fractionnistes. Les revendications des iles aupres d' Alexandre concernant la restitution des perees ont bien entendu des arrieres-plans materiels, econorniques, mais il s'agit dabord pour les democrates anouveau dominants de proceder a I' eradication de leurs etemels rivaux.
APPENDICE 3
LE MONNAYAGE rYN I Depuis plus d'un siecle on a isole un groupe de monnaies qui ont comme caracteristique de faire figurer au droit un theme commun : Herakles etouffant des serpents (Drakonopnigon) alms que Ie revers reprend le theme habituel de chacune des cites ernettrices. Pour le reste, I'identite d'etalon 2, de metal, la presence de la Iegende IYN sont de regie mais celle-ci souffre des exceptions. Dernier trait remarquable : le volume des series parait avoir ete relativement modeste. Les donnees principales peuvent etre reunies dans le tableau suivant :
CIte Byzance
Metal
LCgendeIYN
Bovide
Tete d' Aphrodite Euploia KNIL'.JQN
Crude
*
a droite
Tete de Iron a gauche - thon KYZI
Abcille dans un grcneus E-nE
Ephese
Tete laurcc d' ApolJon IA
Iasos Samos
sc
*
*
adrone
Tete de lion de face IA Rose PO
Rhodes Lampsaque
CH5.17
a gauche sur un ny
AR
Cyzique
Presence dans
Theme du revers
AV
Protome de Pegase a gauche dans un carre en creux aneprgraphe
Le prefixe IYN indique bien entendu I' entente, I' alliance, sans qu' on puisse dire avec certitude quel substantif ou quel adjectif est ainsi abrege 3. Nous en sornmes done reduits a essayer de decrypter le sens du mot, et de I'institution, en tentant de situer cette emission dans son contexte chronologique. I Une etude exhaustive du matenel sera proposee par F. De1ncux (Istanbul). Ccs quelques pages n'ont d'autre objet que de resumer ce que l'on salt de ces monnaies et d'exposer les pnnelpaux problernes quelles posent, L'arucle de base reste celui de Karwicse 1980, merne s'11 me parait que ses conclusions chronologiques et done histonques ne peuvent etre retenues. 2 Etalon rhodien, les cxcmplaires sarmens sont en general les plus lourds 3 IUV(~HXX1K6v), Iuv(~o:xio:), etc.
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En combinant des criteres "stylistiques" avec Ie postulat selon lequel lcs cites asiatiques ne sont pas en situation apres la Paix du Roi d' entrer individuellement dans une alliance, la plupart des auteurs ont conclu que I' accord materialise par la legende IYN etait anterieur a 387. On a par consequent cherche au debut du lye, voire meme a la fin du ye s. les circonstances qui auraient pu amener son emission. W. H. Waddington des 1863 4 avait propose une fourchette chronologique comprise entre 394 et 391, K. Regling 5 etendait la duree jusqu'a la conquete de Byzancc par Thrasybule en 389. A quelques nuances pres, la plupart des commentateurs ont mis en relation ce monnayage avec la bataille de Cnide et ses suites. Sans pour autant que les opinions convergent sur Ie sens historique a donner. G. L. Cawkwell 6 retient une alliance anti-spartiate pour la periode 394-391 alors que J. M. Cook 7 croit reconnaitre une alliance pro-spartiate dans la periode immediatement postericurc, 391/390. 11 faut aussi observer que cette datation peu fondee a genere un veritable cercle vicieux, dans la mesure ou il n' etait pas possible d' etablir une chronologie absolue des emissions rnonetaires de la plupart des cites. Sur ce point le Traite d'E, Babelon est tout a fait exernplaire, les series IYN y sont considerees comme un element charniere dans lcs monnayages de Samos, etc. et cctte chronologie etablie sert a renforcer la date de 394, retenuc a priori 8. Deux hypotheses "extremes" se singularisent par des choix chronologiques diametralement opposes. S. Karwiese 9 dans une mise au point recente plaide pour linfluence de Lysandre et situe ce monnayage a la fin du yc s. Au contraire, 1. Hiquily 10 retenait une date proche de 367. Examinons cette derniere hypothese qui malgre ses detracteurs pouvait paraitre tres seduisante. En 367 se produit le revirernent que I'on sait a Suse : Thebes devicnt I'interlocuteur privilegie du Roi en Grece d'Europe ct 364 marque la Iin de la grande politique navale thebaine. Rappelons aussi qu'Eparninondas meurt en 362 a Mantince. Pourquoi evoquer d'ernblee ces evenernents? 11 parait a priori exister une relation etroite entre lc type de revers commun aux monnaies IYN et celui qui figure sur les monnaies de Thebes 11. Certcs, il n'y a pas copie servile mais la reference pourrait paraitre assez evidente meme S. Karwiese fait observer que ce theme ri'est naturcllement pas absent des peinture sur ceramique ni merne dautres monnayages 12. Une intense activite diplomatique a du se rnanifester a partir de 367 ; nous savons par Diodore 13 qu'clle concerne Chios, Rhodes, Byzance, membres de la seconde Confederation constituee autour d' Athenes et que les Thcbains cherchent a debaucher. Les resultats sont assez inegaux : Byzance rompt avec Athenes, la situation est plus arnbigue en ce qui Waddmgton 1863, 223 Reghng 1906, 207 (, Cawkwell 1956, 69-75 , 1963b, 152-154. Dans cc meme sens, Ragonc 1996, 354 sq ct bien d'autrcs 7 Cook 1961a. 66-72 ~ Cf. pour Colophon, Hurter 1998, 149 9 Karwicsc 1980. 1-27 10 Hiquily 1948, 1-4 contra Ephraim 1948,4-6, pour lequella date proposcc est bcaucoup trop tardive en fonction du style des monnaies II ACGC 362 «r PI. III, 21) 12 Par exemple Crotonc, ACGC 637, ITIalS dans ce cas le rcndu est asscz sensiblement different 12 Diod 15791 4
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concerne lcs deux autres. Diodore na pas rnentionne ici Samos qui nappartient pas it la Ligue. Cette action aurait pu deboucher sur une entente sous Ie double patronage de la Perse et de Thebes, ce qui expliquerait que des cites placees des deux cotes du couloir paralien soient concernees dans une operation fondamentalement anti-athenienne. Quels arguments peut-on developper pour ou contre une telle date? On doit d' abord mettre en valeur l'observation de C. M. Kraay 14 it propos de ses numeros 368-369 ou au revers et au dessus de I' amphore traditionnelle du revers apparaissent un boucher mais aussi une rose avec la legende Ellfl A et EnAMI - le symbolisme guerrier de la premiere mais surtout I' alliance rhodienne suggeree par la seconde monnaie incitent it penser que I' on a voulu ainsi illustrer l'entente liberatrice avec Rhodes. C. M. Kraay 15 s'interroge it propos des emissions dargent ACGC 362, et d'electrum ACGC 363 16 au type d'Herakles enfant pour savoir sil y a une correlation avec Ie monnayage IYN ou une simple rencontre. Si nous examinons Ie cas de Samos 17, les series du lye S. IR portent les noms des magistrats monetaires au revers. Vingt trois noms sont connus pour trente cinq ans environ. Toutes ces emissions paraissent de faible ampleur (un ou deux coins de revers attestes) sauf celle d'Hegcsianax pour laquelle on denornbre dix coins de revers. Par son rendu ce monnayage a ete mis en relation etroite avec les types employes pour Ie monnayage IYN. Quel est le moment le plus approprie de I'histoire de lTle pour une frappe monetaire abondante? II serait logique de penser it la peri ode ou les Samiens hebergent une garnison perse puis doivent soutenir un long siege des Atheniens. Le cas de Cyzique a ete souvent allegue dans le debar. La situation politico-militaire de cette derniere n'est pas clairement etablie 19. Cependant, d'apres Diodore 15.81.6, elle suhit un siege de la part d'Epaminondas et Timothee l'en delivre. Si done on retenait une date d'emission comprise entre 367 et 364, il faudrait supposer qu'entre ces deux dates Cyzique avait une nouvelle fois change de camp. Ce qui evidemrnent na rien d'irnpossible mais ne repose sur aucune source conservee, L'absence de Chios parmi les lieux d'emission fait egalernent problerne 20. D' autres objections ont ete presentees. Elles tiennent au style des monnaies. Ainsi it Ephese la representation de I' abeille au revers a un rendu "archaisant" qui la distingue des series du lye s. 21. On a de meme allegue la monnaie d'or de Lampsaque avec au revers un carre en ereux 22. Mais on doit faire it ce propos plusieurs observations. D'une part, la presence d'un carre en ereux ne doit pas faire rejeter systematiqucment une datation au debut du lye s. II suffira pour s'cn convaincre de mettre en parallele les series eilieiennes de
Kraay 1976, 114 n I Kraay 1976, 113 datee iii comme la survantc des environs de 390, mars ne faut-rl pas y voir "l'effet IYN" signale ci-dessus? Cf. aussi BMC Central Greece, n" 101-103 p 79, pI 14 7-8, date proposcc 395-387 aC. 16 BMC Central Greece, n" 89-90 p 77-78, pI. 14. 1-2 Lc ChOlX de ce support rare a Thebes pouvant paraitre hautement srgmficanf dans unc offensive en direcuon de cites dont trois cmcttcnt l'clcctrum 17 Kraay 1976,255 , Barron 1966 IH Barron 1966, 113 19 Infra p. 298 el 11. 172. 20 A contraster avec DlOd. 15.79 I 21 Exemplarre illustre Gulbenkuin 730 = PI. HI, 22. 22 A comparer par exemple ACGC 91 8 au revers de la monnaic a tete satrapale PI. II, 15 Karwicsc 1980, 1911. 145 admct meme que eelle sene pourran etrc plus tardive que Ie monnayage IY\i 14
IS
L' ASIE MINEURE AU
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iv- s. (412-323
a.c.)
I'epoque du mandat de Tiribaze 23. D'autre part, il ne parait pas assure que ee monnayage doive etre considere comme appartenant pleinement au mouvement concretise par les series en argent. II est en effet facile de montrer que les monnayages d' or et d' electrum de Cyzique, Larnpsaque, Phocee-Mitylene presentent des types tres varies qui illustrent des themes tires de I' actualite immediate 24, choisis paree que la cite concernee adherait aux themes retenus mais peut-etre aussi par un simple phenomene de mode. Mais I'argument decisif pour repousser une date comprise entre 367 et 364 est en definitive Ie tresor CH 5, 1979, 17 date la des environs de 375. La description donnee nexclut pas toute ambiguite : on y signale la presence de pieces au nom d'Hekatornnos et de "dynastes cariens", M. J. Price [par lettre] avait bien voulu rnindiquer que Ie tresor contenait des monnaies d'Hekatomnos, mais aucune de Mausole, et que par ailleurs les monnaies LYN semblaient avoir circule assez Iongtemps 25 (ce qui pose question dans la mesure ou la presence de monnaies de trois origines differentes, alors que nous avons souligne la faible ampleur de I'ernission, pouvait laisser penser que nous netions pas a un moment tres eloigne de la fabrication lors de I' enfouissement du trcsor). L' etude du tresor CH 5, 17 (+ CH 8, 96) doit etre reprise en detail dans CH 9 mais K. Konuk 26 donne une premiere mise a jour de l'information concernant ce tresor aujourd'hui disperse. II considere pour sa part que la date de 375 est trop basse en raison de l'absence des types milesiens d'Hekatomnos 27. Le tresor contenait : - Des tetradrachrnes d'Hekatornnos. - Des monnaies de Caunos 28 primitivement attribues a des "dynastes cariens", _.- En tout quinze monnaies LYN (Cnide, Rhodes, Ephese). - Des monnaies Herakles/crabe de Cos 29. II rejoint dans ses conclusions la datation haute de S. Karwiese en se fondant sur la nouvelle chronologie proposee du tresor et sur l'usure des monnaies LYN. La date proposee par S. Karwiese (405-404 a.c.) a paru interessante a nombre d'historiens et de numismates 30. IJ me semble cependant que l'on doit avoir un doute methodique dans la mesure ou on ne peut jamais etre sur des conditions de constitution d'un tresor qui a pu etre reuni en plusieurs fois meme s'il forme un tout au moment de son enfouissement. Outre le hiatus tout de merne important qu'Il faudrait supposer entre la date d' emission et l' enfouissement de CH 5,17, la principale reserve que I' on doit faire me parait etre en relation avec I' ieonographie. Malgre les efforts de S. Karwiese il reste des donnees irreductibles. L' argumentation qui fait le lien entre Herakles et Lysandre est recevable, it est en revanche moins evident de l'associcr au Drakonopnigon. Ce dernier par la localisation du
2,
Infra p 341 n. 296 Pharnabaze ct Conon 11 Mrtylene, divers satrapcs 11 Phocec, Zeus "Pluhppios" 11 Cyzique, Lampsaquc et Mytilene, Alexandre probablcmcnt (infra appendicc 5). 25 Ce qUI Iaisait dater ce monnayage de c 400 par Hardwick 1993,215 n. 30 20 Konuk 1998a, 55-62 27 Mats ccla repose (supra p. 142) sur des hypotheses non assurccs concernant la chronologie relanvc et la localisauon des frappes au nom dHekatomnos (au moms soixante dIX). 28 Cf. Konuk 1998b, 223. 29 Konuk rcpousse lappartenance 11 cc trcsor de rnonnaies Heraklcs/tfite femmme 30 Kmns 1986b, 157 , Ashton 1990, 12 n 2 24
LE MONNAYAGE IYN
277
mythe, par les representations des le milieu du yc s. est incontestablement beotien. II est tout a fait inconcevable que les cites asiatiques pour remercier ou evoquer unnavarque lacedernonien aient choisi un theme thebain. D'autres arguments pourraient etre presentes. S. Karwiese 31 reconnait qu'une serieuse difficulte resulte, dans son hypothese, de I'usage de I' etalon rhodien alors que les travaux recents sur les tresors rnonetaires n' obligent nullement a remonter aussi haut la date de la systematisation de cet etalon. En conclusion, si I' on veut associer ce monnayage exceptionnel a des evenernents historiques precis c'est, faute d'information plus decisive, la peri ode qui suit immediaternent 394 qui reste la plus plausible et - me semble-t-il - plutot dans une ambiance anti-spartiate. Le choix de representer Herakles eradiquant les serpents visait a souligner I' atmosphere nee de la "liberation" recente (meme si tres vite eela devait saverer netre qu'une ephemere illusion). Reste a comprendre Ie choix de ce theme thebain, II conviendra alors de se rappeler quil figure a deux reprises au ye s. sur les monnaies d'electrum de Cyzique ". La derniere de ces series est datee du troisieme quart du ye s. par S. Karwiese 33. II me semble qu' apres avoir donne une explication plausible du theme adopte, nous trouvons la la filiation iconographique. Cyzique a toujours defini ses origines mythiques en relation avec la legende des Argonautes auxquels est assode Herakles, mais un Herakles qui est celui du cycle thebain et en aucune facon un Herakles peloponesien. II y a done bien rencontre mais indirecte avec les themes thebains, Les envoyes des cites concernees ont cherche la representation symbolique qui pouvait les federer, Cyzique disposait deja de celui qui fut retenu.
Karwiese 1980, 18. Traite, II, n° 2654, pI. 174 28 , /lCGC 966, SNC von Aulock 7321 pour la plus anciennc, Herakles est reprcsentc avec lphikles Traite. 11, n° 2656 , Boston 1501 pour la plus r6eente. 33 Karwiese 1980, 13-14 et pl I. 2 Elle est trcs proche de I'unagc canomque du monnayage IYN 31 32
CHAPITRE
vn
DE LA PAlX DU ROl
A LA REVOLTE DES SATRAPES (386-362) 1. LA PAlX DU ROT I Diodore 2 donne un compte rendu succinct du rescrit royal mais insiste sur Ie fait que Thebes, Athenes et quelques autres acceptent a contrecceur la sujetion des cites asiatiques, car elles ne sont pas en mesure de s'opposer a la volonte conjointe de la Perse et de Sparte. Xenophon trans met en ces termes le texte de la decision royale 3 : "Le roi Artaxerxes estime juste que les cites d'Asie lui appartiennent et aussi, parmi les lies, Clazomenes et Chypre 4 et que I'autonomie soit laissee aux autres cites grecques, petites ou grandes, al'exception de Lernnos, Imbros et Skyros qui, comme par Ie passe, appartiendront aux Atheniens 5. Ceux (] qui n'accepteront pas cette paix, je leur ferai personnellement la guerre avec l'aide de ceux qui l'observent, a la fois sur terre et sur mer, avec ma flotte et mon tresor", Xenophon 7 insiste sur Ie succes remporte par Sparte dans cette affaire et le renforcement a court terme de son pouvoir sur Ie Peloponnese, occultant I'abandon ignominieux des cites asiatiques qui deviendra un veritable leitmotiv chez les adversaires de Sparte et affaiblira la position de cette derniere, I Momighano 1934,482-514, Wilckcn 1941; Martin 1944,13-30,1949,126 sq.; 1963, Ryder 1965, 356 et 122-3; Seager 1974,36-63; Smclair 1978, 29-54; Cawkwell 1981a, 69-83, Badian 1991,25-48, Urban 1991 2 DIOd. 14.110.3-4. , Xcn., Hell., 5 1.31 ; DIOd 14 1103, propose une version abregcc des evcnemcnts L'cnsemble des documents relaufs it cettc paix sont rcums par Bengtson 1975, n" 242 , cf. Martin 1963, 232. 4 Lcs cornmcntateurs de ce passage, e g. Hatzfeld, CUF, p. 72 n. 1, ct Ryder 1965, 34 considcrent que les deux exceptions que sent Chyprc ct Clazornenes precedent de mcsures de retorsion aux acuons ponctuclles d'Athencs vers ccs deux cndroits II semble plutot que nous ayons affaire it unc conccpuon globale de l'cmpire perse, qUI unphque de la part du Roi I'idec que son royaume est une entire contmentale, vue de l'inteneur. seule l'ilc la plus proche est revcndiquee, Le cas de Chypre, carrefour strategiquc vital. est un peu different et s'apparentc it I'analyse faue par la Turquie de la situation crcce par 1e traite de Lausanne, cf la ires instructive comparaison fane par Lewis 1977, 156-8. Notons qu'une telle conception n'est pas nouvelle en 386 et qu'cllc s'inscnt dans une tradition perse dont la descnption herodotccnnc de I' Empire est I'illustration la rmeux eonnue des hellemstes 5 Cf. Anst., Ath. Pol, 622 et Infra, p 292 n. 130 Seager 1966, 172, souucnt que Lemnos et 1mbros sont importantcs pour Athenes paree qu'ellcs jalonncnt la route du Pont mars aussi parce qu'elles produisent elles-rnernes du ble, cf Cargill 1981, 9 n. 4 (, Lewis 1977, 147 et n 79, souligne que 07l:0'l:£P01 ne peut sigmtier que "celui des deux (camps)", ce qUI suppose que Ie ROl sc place theorrquement en position d'arbitre mars sans jamais mterverur dirccterncnt cnsuite dans les confhts entre Grecs d'Europe. BIen entendu cela n'est pas incompatible avec 1e fart que chacun savait de quel cote pcnchait alors Ie ROI 7 xs.. Hell., 5 I 36.
DE LA PAIX DU ROI
A LA REVOLTE DES
SATRAPES
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Certains modernes ont doute que Xenophon ait donne tout Ie detail des clauses de la Paix du Roi, bien qu'il fasse parler ce dernier it la premiere personne, en particulier Ie dispositif aurait pu contenir une clause concernant Ie territoire des cites 8. En tout cas, merne si une telle clause a bien existe, elle a ete appliquee de facon restrictive pour les cites insulaires voisines de la cote asiatique qui ont ete privees au moins de facto de leurs domaines continentaux (supra appendice 2). II convient aussi de noter combien lc texte etait peu precis dans sa definition de I'autonomie laissant ainsi aux cites aspirant a l'hegernonie une assez large marge de manecuvre dont Sparte puis Athenes vont largement profiter. A partir de lit deux questions peuvent etre posees qu'il conviendra d'avoir a I'esprit en decrivant la suite des evenernents : - Quelle a ete la duree d'application de la Paix, en particulier jusqua quand trouvet-on des references explicites a cette demiere? - Quelle a ete la realite de sa mise en ceuvre? En d'autres termes y a-t-il eu des entorses et, subsidiairement - si ceue question a quelque pertinence -, quelle a ete la part de responsabilite de chacun dans son echec final, que I degre de sincerite peut se deceler chez les differentes parties?
2. LES CITES ASIATIQUES APRES LA PAIX Le decret athcnien concernant Erythrees cite supra montre com bien etait grande l'inquietude des cites asiatiques a l'idee d'etre soumises par traitc au Grand Roi. En fait nous ne savons pratiquement rien sur les consequences en Asie de la Paix du Roi : Ie silence se fait pour plusieurs annees. II y a it cela un certain nombre de raisons. Come nous I'avons note plus haut, Xenophon 9 ne retient de l'execution du traite que ce qui concerne la Grece d'Europe, en faisant une victoire pour Sparte et ignorant I'abandon de l'Asie 10 et rnerne la constitution de la Deuxieme confederation athenienne, 11 est evident que sans espoir de trouver des allies les cites asiatiques n'avaient pas le moyen de se dresser contre Ie Roi. Elles courbent done l'echine en attendant des jours meilleurs II. lsocrate dans Ie Panegyrique donne une image effrayantc de la situation: "(Le Roi) a recu sur les villes grecques un pouvoir suffisant pour detruire les unes et clever des citadelles dans les autres" 12. g Cf Martm 1944, 26 analysant Ie passage de Jusun concernant la paix, 66.1 "crvitattbus libertatcm suaque omnia restuuu" qu'il faut rapprochcr d'Andocide 3 19 (pan de 392) : T~V hXUTWV l'xov-m; , dans Ie mcme scns Ryder 1965, 122 sq 9 Xcn .. Hell. 5 1.36. 10 cr. par ex Diod. 15.9 5 ct 194 ; sur l'ambiancc qUI prcvaut cn Groce, Ryder 1965, 39-57 II Moyscy 1975, 14-5, l'argumentauon que I'auteur developpe sur lc dechn cconornique des cites asianques (largcment appuyee sur Cook 1961 b, 9-18, mcmc Sl Moyscy, 15 n. 18, attnbue d'autres causes au phenornenc) fourmt I'un des themes pnnclpaux de eet ouvrage 12 Isocrate, Paneg., 137, trad. Mathieu, cur, cf 123-4. "Autrefois Ics Spartiates s'mdignarent quand nous pretendions commander it quelques Grccs en respect.int les lOIS; mamtcnant que ccux-ci sont soumis it un tel eselavage, ils nc se soucient pas de ces gens qUI, non sculemcnt parent un tnbut et VOlent leurs cuadelles occupccs par leurs cnnerms, mars qUI, en plus des malheurs publics supportcni des souffrances corporellcs plus pernblcs que les eselaves que nous avons achctes. Mars Ie plus grand de tous les maux, c'est pour eux d'etre forces de partir en cxpedinon pour afferrmr leur propre servitude _." , cf Buchner 1958. Sur la rnauvaisc conscience des Athcruens, cf. Lysias, Discours Olympique 3, date de 387 par Drod. mars que beau coup de modernes deplacent en 384 (e.g Ryder 1965,44), "Lorsque Je vois la Grece dans la suuation dcshonorante ou clle est, une grande paruc de son terruoirc sourrus it des barbarcs ,. On rapprochera lc § 5 ou il fait reference au role de l'or perse "Que l'or c'est Ie
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L' ASlE MlNEURE AU
rv- s. (412-323
a.C.)
Ce pamphlet ne reflete sans doute que partiellement la realite, On mettra en regard les rares indications que nous fournit accidentellement Diodore 13. En effet a propos d'un tremblement de terre qui frappe I'Achaie en 373/372, il mentionne la situation de la Ligue Ionienne. II s'agit d'une veritable reorganisation puisque les Ioniens se preoccupent de retrouver la copie de textes anciens. Diodore insiste sur l'aspect religieux de l'union entre les neuf cites autour du Panionion 14, un moment abandonne pour la proximite d'Ephese acause du caractere trop expose de la region du cap Mykale. 11 parait bien probable que ce deplacement s'accompagne d'une restructuration politique qui n'est pas contradictoire avec la mainmise perse: a titre de comparaison, nous avons note plus haut qu'a l'epoque de Strouthas la ligue fonctionne sous la tutelle du satrape. Ce calme apparent permet au Roi de se tourner avec plus d'efficacite vers d'autres points chauds et en particulier Chypre ou s'opposent des forces importantes, le roi de Salamine ayant trouve des allies en Arabie, en Egypte et ailleurs. Diodore est notre source essentielle pour la peri ode mais il ne mentionne l'Asie Mineure occidentale que dans la mesure ou elle sert de lieu de preparation - a Kyme et a Phocee 15 - pour la flotte envoyee contre Evagoras, Trois cent mille hommes y compris la cavalerie et plus de trois cents navires auraient etc ainsi reunis. L'argument de R.A. Moysey 16 concernant l'affaiblissement de la region est discutable. La levee concerne surtout les populations non-grecques et, pour des expeditions de ce type, l'argent est fourni par la caisse centrale 17. 11 est probable en revanche que les cites grecques ont participe a I'effort de guerre, en particulier par la fourniture d'equipages 18. Le manque d'information laisse une autre question sans reponse : quelle etait l'autorite en charge des regions cotieres? Nous avons vu que la flotte de Tiribaze se constitue a Kyrne et Phocee, done au nord de la peninsule d'Erythrees, mais on ne sait quelle etait la limite meridionale de l'autorite du satrape de Sardes. 11 est vraisemblable qu'Hekatomnos tenait Milet et que Mausole a fait de meme pendant une partie de son "regne", Ephese avec laquelle ce dernier va connaitre bien des difficultes 19 semble avoir vecu des phases assez longues ou elle jouit d'une autonomie de facto. Des cette epoque, il apparait que certains satrapes se livrent a un double jeu. Ainsi Hekatomnos, auquel Diodore attribue le titre de dynaste de Carie, est cense fournir secreternent des subsides importants a Evagoras 20. L'accent est egalement mis sur les rivalites qui opposent les hauts dignitaires de l'Empire perse, Tiribaze et Orontes 21 choisis respectivement comme commandants de la fiotte et de l'arrnee envoyee contre Evagoras,
Grand ROI qUI en dispose; que les Grecs sont au service de qUI peut les payer, que lc barbare a beaucoup de valsseaux ...". 11 Diod 1549. 14 Supra p. 177. 15 Diod. 15.2.2. 16 Moysey 1975, 15. 17 Xen., Cyr., 1.6 9 etc. 18 Isocrate, Paneg, 135: "Dans I'arrnee de Tmbaze la partie la plus uuhsable de son mfantene a ete levee dans nos contrees et la rnajontc de sa flotte vient d'lorue". II faut bien sur comprendre que les fantassins sont des merccnaires venus pour l'essenuel de Grece d'Europe. 19 Infra p. 388. 20 Dlod. 15.2.3-4. 21 DJOd. 15.8-11
DE LA PAlX DU ROI A LA REYOLTE DES SATRAPES
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Rappelons que Tiribaze 22 etait Ie satrape de Sardes et Orontes le beau-frere du Roi 23. Ce dernier se comporte done toujours de la meme facon, sa politique est de diviser pour mieux regner, Une autre fiotte est construite en Phenicie et placee sous les ordres de Glos, gendre de Tiribaze et fils de Tamas 24, mais Glos se revolte et fait appel it Akoris, roi rebelle d'Egypte, et aux Spartiates auxquels il promet le retour de leur suprernatie. D'apres Diodore o, ces derniers acceptent cette alliance 26 parce qu'ils sont en butte aux critiques des autres Grecs qui leur reprochent d'avoir livre les Grecs d'Asie aux Perses 27. La secession de Glos 28 est due it la disgrace temporaire de Tiribaze accuse, entre autres, par Orontes d'avoir des relations privilegiees avec Sparte 29. Cet episode montre que, malgre la Paix d'Antalkidas, un fort parti en Perse soupconne les Spartiates de vouloir restaurer leur empire. Si Tiribaze arrive it se disculper au cours du proces, Glos connait un sort moins favorable puisqu'il est assassine avant que son action ait eu quelque efficacite. Son fils Tamas Ie remplace. Sans transition nous voyons apparaitre la fiotte qu'il commande en mer Egee. Nous ne savons presque rien sur ces troubles de 383/2. Peut-etre est-ce it ce moment que se place le soulevement des Pisidiens dont Theopornpe (apud Photios) 30 indique qu'ils avaient conclu une alliance avec l'Egyptien Akoris. Le seul Polyen nous apprend qu'Autophradates mena une campagne victorieuse contre les Pisidiens, mais la date n'en est pas precisee 31. Tamas fonde la polis de Leuke, autour d'un sanctuaire d'Apollon preexistant 32 sur un promontoire qui dominait la mer. Diodore ne mentionne ce fait anecdotique, manifestement emprunte it Ephore, que parce que les Clazorneniens et les Kyrneens souhaitent egalement incorporer Leuke dans leur territoire et qu'il fournit it l'historien I'occasion de decrire Ie stratageme qui permit aux Clazomeniens de l'emporter. Ce type de fondation, dont Ie but est de mieux controler la contree, est loin d'etre isole et des precedents sont attestes 33. Les Clazorneniens ont pu capter Lenke parce que Tamas est mort rapidement et que la rebellion s'est eteinte, soit d'elle meme soit sous l'action d'Autophradates qui avait ete dote d'un vaste
Meloni 1950, 292-339. Diod IS 2.2 ; sur Orontes, cf infra et Osborne 1971, 297-321 ; 1973, 515-561. 24 II apparait en 15.3.2 et 6. Cf. Sekunda 1991, 89 sq. qUI suggere que cet Egyptien etait dote d'un apanage en Cane, d'apres Athenee 6.256c (ou II est quahfie de "Canen"), Cf. aussi pour ce personnage Enee 31.35. 25 DlOd. 15.9.5. 26 Episode acccpte par Judeich 1892,190; Ryder 1963, 105-9; 1965,52; Moysey 1975, 16; mars rejete par Lewis 1977,58 n. 59. 27 A rapprocher du Panegyrtque d'Isocrate (ensemble du discours et plus parucuherement § 137) ou il est fait appe1 en 380 it I'union sacrcc contre les Perses, it l'imuauon de ce qu'avait ete des 392 Ie propos de Gorgias (supra) dans son Discours olymptque. 28 Dlod.15.9.3sq 29 Died. 15.10.2-3; paiallelement it l'accusauon pnncrpale d'avoir partre liee avec Evagoras qu'rl est ccnse assreger. On sait qu'il sera finalemcnt rehabilue (ibul . 15.11). 30 PhOtIOS, BIb!., 176: FGrHIst. 115, F103.Comme Ie note Sekunda 1988b, 39-40, Yepuome de PhotIos n'est pas toujours fiable mars l'hypothese reste seduisante. A remarquer qu'il est question des Aspendiens dans la suite du texte. JI Polyen 7.27.1. Selon Sekunda, loc. cit, eet episode serait it placer autour de 384 mars on pourrait aussi penser it la campagne contre Datarnes qUI arnene Autophradates it emprunter une route mendionale pour contourner les posinons du satrape revolte (mfra p. 364). 32 Died. 15.181-4, cf 15.92.1. Lcuke est implantcc sur un promontorre qUI conrrole l'cntrcc dans Ie bassin de l'Herrnos, c'est it dire, entre autres, l'acces it Sardes. 33 Cf. par exemple Lansa "l'Egypticnne" supra p. 194. 22
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L'AS1EMINEURE AU IV" s, (412-323
a.c.)
comrnandement "centre les peuples qui se sont revoltes" 34. C'est peut etre dans ce meme contexte que doit etre interprete Ie conftit entre Autophradates et les Ephesiens 35, lequel ne semble comprehensible que dans une perspective plus vaste. 11 est peu credible en effet que les Ephesiens se soient souleves seuls contre I'autorite satrapalc 36. L'echec premature des revoltes s'explique aussi par le fait que les Spartiates avaient renonce a leurs projets asiatiques 37. Seul eet aspect est retenu par Diodore qui souligne pourtant I'importance de la preparation diplomatique de l'affaire : des contacts avec le roi d'Egypte avaient ete pris parallelement a ceux qui etaient noues avec Sparte.
3. LA DEUXIEME CONFEDERATION ATHENIENNE ET LES INSULAlRES
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Dans les lles, la situation creee par la Paix du Roi est bien differente : les cites recouvrent leur autonomie. Certaines se tournent a nouveau vcrs Athenes, peut-etre merne sans qu'il y ait eu de veritable hiatus pour Chios, Mytilene et Byzanee 39. Cependant la situation est probablement plus complexe qu'il n'y parait d'apres cc qu'affirme Isocrate luirneme. Le Panegyrique, en 380 done, rapporte que les Spartiates levent tribut sur les insulaires, lesquels ont d'autant moins les moyens de payer qu'ils ont ete privcs de leurs perees par la Paix du Roi 40. Telle est la conclusion qui a ete sou vent tiree des propos du rheteur athenien 4]. Les Iles (et Byzance qui est dans la meme situation) vont chercher un soutien face aux pretentious spartiates mais aussi ala menace potentielle de la Perse 42. Elles 34 Diad. 15.184 mdique que la rebellion s'est etemte Cl1'TO!HX1W; 11 est cependant tentant de situer it ce moment l'acuon d'Autophradatcs contrc lcs rebelles dans 1a me sure OU Cornehus Nepos, Dat , 2, nous mdique qu'il a rccu I'aidc de Datamcs, alors au debut de sa carriere (supra p. 1(6). Nous aeccptons ICI la rcconsntution des faits proposes par Judeich 1892, 190 sq SUlvl par Bcloch 1923, 136 , contra Weiskopf 1982, 96 ct n 20 35 Polyen 7.273. ,6 On rapprochera l'action mcnec centre Atarnec. II semble par consequent y aVOIr deux possibihtes , sou vers la fin des annces 380, sort en 362, mars it ce moment Autophradatcs parucipe lui-meme it la revolte La premiere solution parait done la plus plausible. Erant donne la nature du commandement d'Autophradates, son mtervenuon contre les Ephcsicns ne prejugc en ricn de la repartition ternton ale de la cote iomenne entre 1es satrapes DlOd 1519.2 15 La bibhograplue est considerable (cf celie Iourrue par Cawkwel1 198\ b, 40), nous ne retiendrons que quelques ouvrages essenuels, reservant la cuauon d'autrcs contnbuuons aux drscussions de points prccis , Judcrch 1892,258 sq.; Marshall 1905; Aeeame 1941 ,Carglll, 1981, version rcvrscc dune dissertation de 1977, et 1982, 91-102, ou 11 resume ses resultats Cargill a une conception trcs "herodoreenne" de l'histoirc en cc sens qu'il a cru pouvoir dcccler chez scs prcdccesscurs une visron unuathemennc de la Dcuxicrne confederation et qU'11 s'efforce de dernontrer que la responsabihte de la guerre des alhcs n'cst pas le fall d'Athencs mars que Mausole en est lc pnncipal imtratcur 11 parait plus Important de voir quel etart Ie jugemcnt porte par les contemporains. 39 lsocrate, Plat., 28 La comparaison avec les decrets mvite it une certainc prudence et 11 n'cst pas assure, comme lc fait Hornblower 1982, 125 qu'il faille accepter de tel1cs affirmations sans reserve (avec les conclusions que eela unphque par exemple pour Rhodes, absente de l'enumerauon) , on mcttra en parallelc Isocrate, Pancg., 163, qUI suppose que Rhodes, Samos, Clues nont pas pcnchc en favcur du R01, mars 11 Iaut rappeler que Sarnos n'a pas adhere it la confcderauon. Brun 1988a, 378 cxpnme Ie merne scepticismc ; scion Iui Ie propos dIsocrate conccrnau seulement lc mamtien d'un gouvcrnement dcmocratiquc En ce qur coneerne ChlOS, sa fidehte avail pu ctrc confortee par lclrrrunauon du jeu polttiquc d'un certain nornbrc de tricrarqucs laconoplules par Iplucrate (Polycn 3.9.58 , d. supra). 4() lsocratc, Paneg., 132 Supra p. 272. 41 Telles sont les conclusions de Hornblower 1982, 128-9 Selon lUI les cites devront attendrc la conquetc de l'Asic par Alexandre pour recouvrer la jouissancc de leur peree (mars cf. supra appcndice 2) 42 Isocrate, Paneg , 162
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reprennent naturellement Ie chemin d' Athencs. Diodore indique succinctement 43 que Chios et Byzance donnent Ie signal de la secession, suivies par Rhodes, Mytilene et d'autres, Nous constatons, une fois encore, I'importance de I'axe nord-sud, de Byzance aRhodes, si souvent atteste, Des documents epigraphiques permettent de preciscr voire meme de contredire certaines de ces affirmations. II s'agit de decrets atheniens pour Chios en 384 44 , Methymna 45 et Byzance en 378 46. Le texte de la charte est transmis par le decret d'Aristoteles, date du printemps 377 47, a la suite duquel sont inscrits les noms des participants (soixante dix selon Diodore 4g, soixante quinze pour Eschine 49). Les mernbres fondateurs sont avec Athenes, Chios, Thebes, Mytilene, Methyrnna, Rhodes, Byzance, parmi les autres figurent les Eresiens et les Antisseens 50. Absences remarquables, cclles de COS SI et surtout de Samos 52. Pour tenter de debrouiller une situation rendue peu claire par la pauvrete de nos informations, le guide indispensable est Ie decret d'Aristoteles, qu'il convient d'analyser de facon globale (fond et forme) 53 parce qu'il represente une etape importante dans la constitution de la ligue. En effet, les traites bilateraux et la charte collective s'inscrivent dans
43 Diod 1528.3. SI l'on veut comparer cct ordre a celui du decret d'Anstotelc, et considerer qU'11 a valeur Iustonquc. on constatera cc que du exacternent lc texte rrpiinOl rrpo~ T~V arro
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un rneme rnouvement, ou plus exactement la redaction de la charte constitutive est la resultante des negociations avec chacune des cites qui tiennent compte des desiderata des futurs allies et des conditions propres achacun 54. Ces premieres negociations permettent de degager un cadre unique qui sera propose aux nouveaux postulants a l'alliance : 1. 24-5 "dans les memes conditions que Chios, Thebes et les autres allies", a cela repondent aux 1. 79 et suivantes six noms d'une meme main. Sur la merne ligne Xiot et E>llPo.1ot· (entre les deux) Tevsotot est grave d'une autre main), puis au dessous du premier MunAll[v]o.1ot, [M]1l8u[J..lv]o.101, 'P68101 (Ilomootoi sur la merne ligne mais d'une autre main), Bu1;&vnol. Comme Ie texte lui-meme I'indique (1. 69-72), on inscrit d'abord le nom des cites actuellement alliees, une place est prevue pour les autres it la suite et apparemment au fur et a mesure des ralliements. Un second dec ret (plutot qu'un amendement, le formulaire ne semblant pas convenir) egalement propose par Aristoteles clot l'espace consacre aux noms des cites et il faut alors inscrire les autres (dont celui d'Eresos) sur la tranche de la stele une fois que tous les blancs ont ete utilises. Si I'on admet que l'ensemble du document est coherent, en d'autres termes que I'ordre de citation des allies n'est pas indifferent, on obtient la hste suivante : I) Chios ; 2) Thebes; 3) Mytilene ; 4) Methymna ; 5) Rhodes; 6) Byzance. Voyons dans quelle mesure cet ordre correspond a ce que l'on peut tirer de I'analyse du reste de la documentation. L'alliance avec Chios, datee de I'ete 384 dans Ie decret [G, IF, 34, s'inscnt dans Ie cadre de la paix "qu'ont juree le Roi, les Atheniens, les Lacedernoniens et les autres Grecs", II est note dans Ie texte que les citoyens de Chios "sent venus avec des propositions favorables au demos athenien, a toute la Grece, au Grand Roi", II est a noter que Chios est alors en democratie, comme I'indique la mention du demos a la ligne 16. On reste dans le cadre de tous les accords existants ; les gens de Chios seront libres et autonomes. Ce traite va servir de reference pour tous les traites ulterieurs. La seule evolution notable concerne les rapports avec Sparte 55 qui se deteriorent rapidement, comme Ie montre Ie fait que cette derniere est designee nornmement comme un adversaire potentiel dans le decret d'Aristoteles alors que pendant cette peri ode Ies Atheniens conservent une constante prudence al'egard du Roi 56. Un nouveau decret athenien publie par W. K. Pritchett 57 permet daffirmer que des negociations en vue de l'etablissernent d'une symmachie ont lieu des 379/378. II se produit alors une "acceleration" du processus d'alliance. Pour ce qui se passe acette epoque, on a beaucoup utilise le decret [G, IF, 40 auquel on a fait dire manifestement plus que son etat de conservation ne le per met 58. Telle est la conclusion bien argumentee a laquelle aboutit J. L. Cargill qui conteste Ies differentes
Burnett 1962, 2 II convient de rappcler qu'en 378 s'est produit un "accroc" de tarlle aux traitcs avec Ie raid de Sphodnas sur Ie Piree, d'autant plus mal percu que son auteur est acquute a Sparte , cf. Diod, 15.29.7; Xen., Hell., 5.4.24 sq Sur l'evoluuon des relations des msulaircs avec Sparte, cf. Ryder 1965, 51 S6 Cf. Xen., Hell., 6.3.12 (encore done en 371), dont il convient de comparcr les propos au texte du decret d'Anstoteles (ef. aUSSI infra p. 290). S7 Pntchett 1972, 164-9, dee ret pns en I'honneur d'un certain Euryphron qUI a aide lcs Atheruens Hornblower 1982,126 n. 161 souhgne ajustc titre l'mtuinon de Cawkwell 1973,47-60 qUI proposait de rcmonter la date des negocrations. 58 Le titre donne a l'inscnpuon dans Yeduio minor dcs IG est "Foedus eum Thebams ct Myulenacis" S4
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restitutions proposees et les conclusions hatives qui en ont ete tirees 59. Une fois le texte apure, il reste que, dans le decret proprement dit, dont il subsiste moins de la moitie des quatre dernieres lignes, il est question aux 1. 2-3 des deux [...J thebains (on restitue traditionnellement la np£a~Tj, ambassadeurs) qui seraient appeles a un rep as d'hotes le lendemain au prytanee (1. 3-4). Remarquons que si ce canevas est accepte, on a le plus grand mal a remplir la lacune de la ligne 3 et que Ie verbe KaA£am, appeler, viendrait au moins aussi logiquement a cet endroit. Dans la plupart des cas, mais certes pas touj ours , les amendements se rapportent au merne sujet que Ie decret, en rajoutant quelque detail pratique 60. Or l'amendement, dont il est difficile de comprendre totalement Ie contenu, bien qu'on en ait toute la longueur sur la partie droite, propose des honneurs pour deux insulaires, un Chiote et un Mytilenien, puis plus loin vient I'adjectif "rnytilenien'' au genitif. A. P. Burnett 61 s'efforce de rendre sa coherence a l'ensemble du document, mais il est significatif 1) qu'il lui faille reintroduire dans une partie lacunaire le nom des Thebains, 2) qu'elle ne sache manifestement que faire du... [ro 1O[U] MU"IlAllVaio de la ligne 19. A titre d'hypothese, on suggerera que l'amendement comporte des mesures individuelles de remerciements pour les deux .insulaires que l'on loue pour leur action dans le processus d'aJliance entre Athenes et Mytilene, alors que Ie decret pouvait dans ses dernieres lignes faire reference au(x) precedentrs) traiters) avec Thebes (et Chios?) 62. Si I'on reste acquis a l'interpretation traditionnelle de ce document, notons en passant que I'adhesion de Thebes s'est faite en deux temps. Un accord entre les cites de Thebes et d'Athenes d'abord (avant le raid de Sphodrias sur le Piree) 63, puis un deuxieme par lequel la premiere nommee entre dans la Ligue 64. Methymna 65 est encore dans la mouvance spartiate au moment du passage de Thrasybule, qui ne peut s'emparer d'elle. Les criteres de datation du decret la concernant (IG, IF, 42) sont, nous l'avons vu plus haut, errones puisque l'alliance ne se constitue pas par le decret d'Aristoteles mais probablement des 379/8. Les Methymneens viennent apres d'autres, done soit en 379/8 soit en 378/7, date qui parait la plus plausible 66.
59 Cargill 1981. 53. donne une ediuon elaguec de tous les supplements douteux et analyse Ie texte p 5456. II me, a juste trtrc semble-t-il, que l'on puisse s'appuyer sur [G. IF, 40 comme le font par exernple Burnett et Cawkwell apres bien d'autres pour regler la quesnon de la date dentrcc de Thebes dans la confederanon (sur ce point cf Cloche 1952, 117-123 . Buckler 1971. 504-508) . notons que ces deux auteurs acceptent l'alliancc entre Thebes et Athenes avant l'auaque de Sphodnas, Died 15.28.5 (contra Ryder 1965, 54 n 4). Signalons aussi Buckler 1971. 506-508 avec une hypothese mgenieuse sur lc nombre 70 qUI sc trouve a la IIgne 1 du texte ; 11 s'agiran des prestataires de serment mandates par 1cs differents membres de l'alhance. En dcrrucr lieu Kallet-Marx 1985. 127-151 60 Accame 1941. 38-44 (cf. Burnett 1962. 6) est amene a conc1ure que I'amendemcnt n'a nen a voir avec le texte prmcipal ct. malgre Burnett. cette posinon "extremiste" a au moms Ie mente de bien poser Ie problcmc 61 Burnett 1962, 8-9. 62 Cf. la conception tres differente de Caw kwell 1973. 49. 63 Diod. 15.28.5 mdique qu'Athcncs et lcs autres Grees qUI partictpcnt au syncdnon sont allies de Thebes. Ce passage fait problerne et a ete souvent rejete au Ignore par les modernes. 11 est fort possible qu'il corresponde a une reahte . l'alhance avee Thebes, mars qu'il anucipe quelque peu sur la creation du syncdnon des alhes 64 Diod. 15.29.7-8. 65 Cr. Buchholz 1975. 146 sq. 66 Puisqu'il fait reference.J. 9-10. it l'mscnption panni les noms des confederes, qUI a heu en 377 et dont on imagme mal qu'on l'ait prevue trcs Ionguernent it l'avance
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En ce qui concerne Rhodes, aucune autre information ne nous permet de dater son adhesion a la ligue 67. CelIe de Byzance est traditionnelIement datee de 378 (IG, IF, 41). Pour se raccrocher au recit de Diodore, G. L. Cawkwell sf s'efforce de rester dans Ie cadre de cette chronologie relative et considere que Ie decret pour Byzance est anterieur a celui pour Methymna. II argue du fait que dans Ie premier cas les Atheniens sont les seuls interlocuteurs des Byzantins alors que dans Ie second les synedres des allies participent au serment. La difference pourrait s'expliquer par Ie fait que les deux decrets ne semblent pas se placer au rneme moment du processus symmachique. De plus les II. 4-6 impliquent qu'au moment ou se conclut l'alIiance avec Byzance il y a deja d'autres allies 69 et pas sculernent les gens de Chios dont la charte a peut-etre servi de modele 70. Byzance avait ete "liberce" par Thrasybule qui avait restaure la democratic 71 en 390/389. Malgre la Paix du Roi, elIe est restee dans la mouvance athenienne 72, ce qui, repetons-Ie, ne prejuge en rien de la conclusion formelIe d'un traite d'alliance. C'est a cette anciennete des bons rapports avec Athenes que se rapporte probablement le debut du texte en son etat actuel. Si Ie decret d'Aristoteles ne peut pas etre considere comme Ie "decret constitutif" de la Confederation, il reste a en expliquer la redaction. Le texte lui-memo donne la solution, il s'agit : 1) De donner toute garantie aux allies presents et a venir. L'offre est faite indifferernment aux Grecs et aux barbares ; en cela elIe ne se distinguc pas de l'alIiance prccedente. Cclui qui n'est pas sujet du Roi, en vertu de la Paix juree 73, peut demander a devenir l'allie d'Athenes et des autres contederes en toute liberte et autonomic, avec la constitution qu'il vcut, sans garnison ni gouverneur, sans payer de tribut. Interdiction est faite aux Atheniens de posscder des biens fonciers et immobiliers dans les cites de l'alIiance. Autant de mesures et d'interdictions qui mettent en evidence les abus de la premiere confederation. 2) De dresser officiellement la liste des allies en la gravant, apparemment pour la premiere Iois sur une stele, En bref, pour resumer notre point de vue en tentant de repondre aux questions posees plus haut, il apparait que des 384 lcs Atheniens ont passe une convention bilaterale avec Chios, mais ce n'est qu'en 379/378 que les evenernents se precipitent, En deux ans des conventions sont conclues sur Ie modele de celie de Chios avec cinq autres cites, mais a chaque fois Ies autres symmachoi sont associes au nouveau pacte. Une fois atteint Ie total de
Cf Accame 1941, 15 sq ; 32 sq Berthold 1980,41 , 1984, 28-29. Cawkwell 1973. 51 69 Tod, 121 : dvm BvSu[vT10VC; ,A811valwv] C;Vflf.HXXOVC; K[al TiDv &'A'Awv C;V Ill,U[XXOlV 70 La mention de Clues est rcstuuee dans Ie texte 71 Xcn., Hell., 4 8 27 , Dcmosthcnc, C Lepune.U) 72 !socrate. Plat., 28 71 Ala ligne 14, apres rclccturc de cettc partie qUI a ete erasee (I. 12-14), Cargill rcstuue Kat ~u()J'Ad)c; KaHXHXC; c;vv8~Kac; eomme lc faisait deja Aeeame. Il propose d'y voir (1981, 28-30), eontre Cawkwell 1973, 60 ct n. I, une reference a la Paix du ROI, d'autant plus ncccssaire a cause des lignes 17-18 Vl101W1iDv, [;c;10! ,U11 ~ac;l]A£OlC; El0lV qUI Impliquent que la Pal x est encore en vigueur L'crasure intcrvicndrait assez tard scIon Cargill 1981,32, qUI SUItsur ce pomt Ryder 1965,81 sq et n. 9 (en 367'1). On peut egalement ctre d'aeeord avec Cargill sur Ie hut que l'on a trap resutue (en parucuher I. 10) . II n'y a aueun element pour decider s'il est question d'unc koine eiren«, dont cc serait la premiere mcnnon cprgrapluquc attcstee, ou sunplement de la Paix du ROi 67
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sept membres au printemps de 377, il est decide de materialiser I'alliance en fixant durablement les noms des symmachoi sur le marbre et en ajoutant des garanties telles que beaucoup d'autres ralliements sont attendus 74. Ccs precautions etaient necessaires pour obtenir les adhesions mais la plupart des interdictions ont ete tournees par la suite. Certes il ne fut pas leve de phoros rnais, apartir de 373, des syniaxeis 75 furent demandees aux allies. En 366/365, des clerouques sont installes a Samos (infra), des garnisons aux points chauds ; les regimes democratiques sont favorises mais un certain nombre de ces derniers vont "lacher" Athenes au profit de Mausole pendant la Guerre Sociale. On sait que J. L. Cargill 76 s'efforcc de "blanchir" Athencs des accusations portees contre elle apropos de l'evolution de la Deuxieme Confederation. Le vrai problerne est moins Ie jugement des modernes que celui des contemporains et il est significatif de voir que, me me aAthenes, I'opinion publique est tres partagee, par exemple sur l'affaire de Samos, "liberee" par Timothee. Tout comme Ie fait Demosthene 77, J. L. Cargill n joue un peu sur les mots en ne retenant que la premiere phase mais en oubliant la clerouquie. On rappellera en contrepoint Ie jugement d'Isocrate dans Ie Sur la Paix 79, done au plein cceur de la guerre des allies, qui oppose deux phases dans I'attitude d'Athenes (§ 30) : " ... en montrant la justice de notre cite, en venant en aide aux opprimes sans convoiter Ie bien d'autrui, nous avons recu Ie commandement par Ie libre choix des Grecs, a qui maintenant, depuis bien longtemps deja nous temoignons un mepris deraisonnable et terneraire", Done si J. L. Cargill a souvent ponctuellement raison dans son plaidoyer pour Athenes, il n'en reste pas moins qu'en trente ans le capital de confiance a l'egard de la grande metropole s'est affaibli, mais surtout les habitants des rivages orientaux de l'Egee consideraient comme caduque I'une des raisons fondamentales de la creation de la Ligue, en I'occurrence I'attitude oppressive de Sparte, bien incapable desorrnais d'apparaitre comme un epouvantail, Par consequent ils renaclaient de plus en plus a I'effort financier que I'on exigeait d'eux et pour des objeetifs qu'ils n'avaient pas choisis : le fruit etait rnur, Mausole n'avait plus qu'a Ie cueillir.
4. A LA RECHERCHE D'UNE IMPOSSIBLE PAIX COMMUNE Entre 378 et 371 des conflits sporadiques opposent Sparte et Athenes. En 375, selon Yopinio communis RO, Athcncs envoie une flotte sous Chabrias vers Lesbos et l'Hellespont, Cet episode est reexamine par A. P. Burnett et C. N. Edmonson a l'occasion d'une reconstitution nouvelle du monument de Chabrias a Athencs RI. Ce dernier recoit une couronne du demos de Mytilene ou il est intervenu, mais aussi de la garnison dans cette cite. Apparemment celle-ci a ete installee avec l'accord, et peut-etre rnemc a la dernande, des Burnett & Edmonson 1961,81-83, Cargill 1981,62-67, Brun 1988a, 377 n 27 admcttent que la plupart des msulaires dont Anussa ct Bresos ont rejoint la symmachre en 375 (Glotz & Cohen 1941, 140, Woodhead 1962,258-266 pcnchent pour 373) 7S f:tatde la question, Brun 1983, 74-142(sp. 91-3) BrunaccepteladatcretenueparCawkwell1963,91 sq 76 CargIll 1981 77 Demosthene, Rhodiens, 9 . ~)l£Uef.p(j)(JE. 7H Cargill 1981, 149 et n 8 79 Trad. MathIeu 80 Busolt 1897,761, Beloch 1923, 154, etc. RI Burnett & Edmonson 1961,74-91
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Mytileniens. II ne faut done pas y voir une contravention aI'accord general scelle par la stele d'Aristoteles. Plus interessant encore, une couronne est votee par Philiskos, la garnison d'[Abydos] 82 et les soldats qui ont combattu avec Chabrias a l'Aianteion de l'Hellespont 83. Cette double mention invite a penser que Philiskos a recu de I'aide de la part de Chabrias. On ne sait contre quel adversaire, peut-etre des cites revoltees ou bien contre Abydos dont on sait que l'influence spartiate y est plus persistante qu'ailleurs 84 7 La mention d'une garnison d'Abydos dans le texte tend a montrer que Philiskos et Ariobarzane tiennent la cite avec I'aide d'Athenes 85. Cela eclaire d'un jour nouveau les rapports de cette derniere avec Ie satrape, dont la neutralite bienveillante est necessaire pour assurer la securite du ravitaillement en ble. Aucune mention directe d'Ariobarzane dans ces evenements, mais Philiskos est son representant legitime et le satrape est probablement lui-rneme accapare par d'autres taches, com me la pacification de la Paphlagonie avec son allie Datames 86. Dernosthene 87 denonce ceux qui ont fait voter le droit de cite pour Ariobarzane, ses trois fils, Philiskos et un autre Abydenien. Ni la date ni les circonstances du decret ne sont precisees, Deux moments sont possibles. La plupart des commentateurs penchent pour la periode OU Athenes (Timothee) aide Ariobarzane en revolte contre le Roi 88. M. N. Weiskopf 89 propose avec vraisemblance de remonter cet episode dans les annees 375. Les relations entre Athenes et le Roi se tendent assez vite. Le detonateur est le differend entre Iphicrate et Pharnabaze lors de la tentative avortee de reprise en main de l'Egypte par la Perse 90. Cette derniere cherche en vain la conclusion d'une paix durable entre les Grecs. En 375/374 9 1, l'initiative du Roi ne modifie en rien les "regles du jeu" imposees par la paix de 386 a une exception pres: J'affirmation que les cites doivent etre libres de garnisons (etrangeres) 92 - acpPoupTj1:m. II est evident qu' Athenes et ses allies sont al'origine 82 Sur Phihskos d'Abydos, Hofstetter 1978,150 sq. (ajouter I'arucle de 1a note precedcntc) ; le personnage et son role, infra n. 97. "3 [01 cnpan]wmt 01 EV ~[Wt Ailav1E[i]W11Wt [EV 'EAA'l01!6]vcWt 0[u~~axJE0&[~EJVOl, restitution dne a WIlhelm 1947, 190 sq., legerement modifiee par Burnett & Edmonson Pour la locahsanon sur Ie tcrntoire de Rhorteion, a l'oucst de la cite, d. Cook 1973, 86-88 84 A propos d'Abydos on ne salt dans quel contexte histonque placer le decret [G, IF, 49 pour cinq Abyderuens qUI est date par lc style du debut du IVe s. (cf. SEG, 21, 1965, 224) ; Burnett & Edmonson proposent de ramener la date au debut des annees 370. Anobarzane parait regler ainsi lcs sequelles de la presence spartiare dans la region a l'epoque d'Anaxibtos (ef. Xen., Hell., 4.8 32-39). 85 Tclle est lopuuon des editeurs, cf Ies doutes de Cargrll. Dans qucllc mesure sont-rls fondes? Il est notable que la meme formulauon : 01 01panW1<X1 ... son employee pour routes les garmsons (Abydos, My ulene, etc.). 86 Sur ees operations, d. Prasek 1910, 210 sq. Infra p. 358. 87 Dernosthcnc, C Aristocr , 142 et 202. 88 Infra p. 296. En ee sens Buckler 1980, 165 sq. 89 Weiskopf 1989, 34 n. 61 90 Diod. 15.29.1-4, indrque qu'en Egypte Chabnas avait choisr, a utre pnve, 1c parti des insurges, mars qu'a la demande de Pharnabaze et pour ne pas deplaire au Rot, les Atherucns rappellent Chabnas et envoient Iphicrate pour alder les forces royales. Cet episode est date de 377/6 par Diodore mats ce fait a etc discutc par lcs modernes (par cxcmple Parke 1933,59 sq. penche pour une date antcneurc). Cawkwell 1973,47 n. 3 propose 375. L'acuon proprement due en Egypte a lieu en 374/3 (Diod. 15.41-43). 91 Diod. 15.38.J, affirme que le ROI a souhaite cette paix pour pouvoir se procurer des mercenaires plus facilement dans les CItes grecques. Cf. Momighano J936b, 3-35; CawkweU 1963, 84-95 ; Ryder 1965, 58 sq ; 124-6 ; Buckler 1971b, 353-61 (qUI discute de la date du traite, automne 375 ou ete 374 - II penche pour 1a premiere solution -, abondante brbhographie) ; Gray 1980,306-326, Cargtl11981, 10-11 ; Thompson 1983,75-80. 92 DIOd. 15.38.2.
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de cette demande dans la mesure ou une clause identique figure par exemple dans Ie decret d'Aristoteles, En 371 93 la responsabilite de l'echec des negociaticns est attribuee par Xenophon et Diodore aux Thebains, De grands changements se produisent en Grece qui accaparent l'attention des historiens dont les ceuvres nous ont ete conservees et ce n'est que par quelques documents isoles que nous pouvons entrevoir ce qui se passe sur Ie continent asiatique et dans les iles. II s'y produit pourtant des evenernents appeles it avoir une grande portee tant it l'interieur des cites que dans Ie domaine des relations internationales. Pour ne citer qu'un exernple, Ie developpement de la puissance hekatomnide et son inflechissernent dans un sens plus egeen it partir de la nouvelle capitale de Mausole : Halicarnasse. Pour l'instant iJ n'est pas possible de fixer precisement la date du transfert, qui a eu lieu entre 377 et 362 mais S. Hornblower y voit une reponse it la politique active d'Athenes en mer Egee 94. Cette politique est illustree par deux decrets atheniens 95 pris respectivement en 369/ 368 et en 367. Ils concernent Mytilene et les autres cites de Lesbos : Antissa, Methymna, Eresos et Pyrrha. Des ambassadeurs ont ete envoyes par Athenes, dabord it Mytilene puis semble-t-il aupres de I'ensernble des cites de Lcsbos en 367. S'agit-il de sassurer de la loyaute de l'Ile face aux perils et en particulier aux nouvelles ambitions thebaines? Le decret de 369/368 fait allusion it une guerre qui a eu lieu et au fait que les Atheniens ont Iutte au nom de la liberte des Grecs au contraire des Lacedernoniens (dont Ie nom est presque totalement restitue). Les Mytileniens y sont loues pour avoir ceuvre dans Ie sens souhaite par Athenes, it la fois par leur propre action et par incitation aupres des autres allies. En 368, une nouvelle tentative de paix est faite par Artaxerxes 96 ou plus exactement par Ie satrape de Mysie hellespontique : Ariobarzane. Celui-ci envoie en Grece Philiskos d'Abydos 97 avec une grosse somme d'argcnt renouant en cela avec la politique menee par son predecesseur quelques annees plus t61. Xenophon impute l'echec des negociations de Delphes une nouvelle fois aux Thebains. Philiskos repart en Asie sans que rien nait ete conelu et Iaisse deux mille mercenaires aux Spartiates 9R. L' annee 367 marque un tournant important: au Congres de Suse Ie Roi choisit pour la premiere fois les Thebains comme interlocuteurs privilegies 99. II se produit une "redistribution des cartes" qui amene it nouveau la region qui nous occupe sous Ie feu des projecteurs. Mais it vrai dire Ja sequence des evenerncnts se laisse mal apprehender dans la
93 Diod. 15504; cf, Xen . Hell.. 6 3 12; 5 1 . Sordi 195 ,40 sq ; Woodhead 1957a, 373 , 1957b, 225 , Sealey 1957,108; Ryder 1965,67 sq.; Dusaruc 1979, ala suite de Momighano 1934,494 sq., pcnse que lc textc Stoatsvertrage? 292 don etre interprete dans le contexte de la koine eirene de 371 et non dans celut de la revolte des satrapes (infra p. 348 n. 346). 94 Hornblower 1982, 188 ; cf. infra p 375. 9S IG, 112,107, Tod, 131, cf. Alficn TOnInI 1989,47-61 96 C'est ainsi que Diodore presente les choses (l5.70.2). 97 Xen., Hell., 7.127; cf. Dcmosthenc, C Artstocr., 141; 202; Beloch 1923, L 181 , Meyer 1958,443, Moysey 1975, 49-50. Pluliskos est designe par Dernosthenc, op CIt., 142, comme Ie plus Important des hyparques (tradutt it tort par satrape par Gernet, CUF) d'Anobarzane. II assure Ia surveillance de l'Hellespont a partir de la Troade, qu'il eontr61e (tout ou partie') cf infra) au nom du satrape. II parait ahusif de dire avec de Sainte CrOIx 1972, 39 que "Anobarzanes IS said to have given possession of vanous Greek crucs to hISprotege Phihscus of Abydus" Supra p. 288. 98 Longue dISCUSSion avec etat de la question sur la ventabler") rmssion de Pluliskos a Delphes . Moyscy 1975, 53 sq 99 Xen.JJell.. 5.1.3-7 Cf Buckler 1980.151-157
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rnesure ou Xenophon pas plus que Diodare n'ont juge utile de prendre en compte cet episode dans leur chroniques respectives. II faut donc se contenter d' ouvrages polerniques qui font allusion aux faits sans les decrire vraiment et lon doit merne suspecter qu'ils ont pu etre reconstruits au gre des besoins de la demonstration. Ainsi, a en croire Dernosthene 1011, Timothee apporte d' abord une aide limitee aAriobarzane puis se rend a Samos. C' est l' ordre inverse que suggere Isocrate 101. Nous devons tenter de reconstituer la sequence des faits de la facon la plus simple et la plus coherente possible. Selon Dernosthene, lorsque Tirnothee se dirige vers la cote asiatique au printernps de 366 avec un contingent non negligeable (trente navires, huit mille hommes) 102 il a recu pour instruction de ne pas "violer les traites conclus avec le Roi" 103. Son choix se porte sur Samos 104 qui avait resiste victorieusement aIphicrate. Cornme pour beaucoup d'autres cites, il est tres difficile de reconstituer l'histoire de Samos au lye S. Elle se tourne a nouveau vers Athenes au moment du passage de Conon et Pharnabaze en 394 lOS. Shipley 106 s'efforce de rernettre en ordre les quelques temoignages conserves: en 391 les Spartiates obtiennent qu'elle fasse secession 107 et l' annee suivante Teleutias y augmente sa flotte de sept navires de guerre. En revanche, malgre G. Shipley, il n'est pas sur que la campagne de Thrasybule ait eu quelque effet a Samos 108, a moins de situer peu apres 109 Ie stratagerne de Chabrias rapporte par Frontin, 1.4.14. En tout cas cet episode ne saurait etre associe a la revolte des allies, cela serait en effet contraire a toute la tradition 110 qui fait mourir Chabrias a Chios des Ie declenchernent des hostilites. Frontin ecrit : Chabrias... cum adire portum Samiorum obstante nauali hostium praesidia non posset.: nullo obstante portum cum reliqua adeptus est classe et malgre un certain nornbre de cornmentaires ou de traductions, ce passage implique le controle du port de Sarnos par des farces amies et un blocus ennerni 111. Rappclons qu' elle avait choisi de ne pas adherer a la deuxieme confederation autour d' Athcnes. L'Ile avait une fois de plus change de camp entre 375 et 369/368, dates bien hypothetiques puisquil est impossible de placer precisement I'action d'Iphicrate a Samos 112. W. Judeich propose de situer son intervention manquee en 369/368 113. Malgre la reussite du stratagerne, les Atheniens ne s'implantent pas
Dcmosthenc, Rhodtens, 9. Isocrate. Ech .. 3 102 Isocratc, Ech , 111 ; Po1yen 3 109 sq. donne sept rmlle. Lcs deux sources indtquent que les forces de Tunothee vivent sur Ie pays et non grace aux subsides atheruens , sur ce pomt, cf Ps.-Anst., Ec , 2 1350b 5 101 Dcrnosthcnc, Rhodiens, 9 Notons que ce pamphlet de l'cpoque de la Ouerre Sociale a interet a "faire porter le chapeau" a Mausole de tous lcs maux d'Athenes, meme a titre retroacuf ; alors qu'il semble bien au contrairc que dans lcs annccs 60 on Ie menageait (supra). 100 101
104 Meyer 1958,456-8, Moggi 1981, 16-20, Griffith 1978, 138-141 ,CargI!I1981, 148-50, DaVIS 1969. 328 sq. (pnntemps de 365) ; Fantasia 1986, 114 En derrucr lieu Shipley 1987 IDS Supra p 252 n 152 106 Shipley 1910, 134 sq et le pomt de vue Ires cnuquc de Cargill 1995. 17-21 (sp. 18 n. 3) 107 Supra p 259 IlIk Supra p. 260 109 Judeich 1892,271, propose 375. III) Infra p 380 III Cf Bennett, col Loeb, "he secures possession of the harbour", alors qu'il aurait sutfi de dire "II pUI penctrer", d'ou Shipley 1987, 156 n. 7" Chahnas captured the harbour of Samos"
n 3
112
Polycn 3 9.36
I i]
Pour Shipley J 987, 156 n 7, eel episode "probably belongs in the SOCIalWar", contra Cargill 1995, 18
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durablement sur l'ile et se contentent de razzier par deux fois la cham, cela seul suffirait a expliquer I' appel fait a I'hyparque perse. Peut-on mettre cet episode en rapport avec un passage de Cornelius Nepos, Tim., 1,2 mentionnant une campagne precedant celie de Tirnothce (sans plus de precision) qui se serait soldee par un echec et aurait coute mille deux cents talents. Ce montant se repetc pour plusieurs episodes des relations d'Athenes et de Samos 114 et entraine quelques doutes sur la validite de I'indication chiffree, L'action de Tirnothce suppose naturellement que l'Ilc n'etait pas alors dans la mouvance athenienne, Mais nous sommes loin de maitriser l'ensemble des soubresauts qui agitent Ie monde insulaire a ce moment. A verser aussi au dossier l'hypothese d'une possible (mais breve) peri ode ou les Samiens prirent resolument Ie parti d' Athenes documentee par une monnaie qui provient du "tresor de Pixodaros" 115. Ce remarquable tetradrachrne presente l'avers habituel au scalp de lion mais au revers, a la place du protome de taureau, est figuree une statue de facture archaisante d' Athena brandissant la lance au dessus de sa tete, symboles secondaires, un rameau d'olivier et une chouette, legende IA. Samos "etait gardee par Kyprothernis que Tigrane 1]6, hyparque du Roi, y avait installe" 117, Dernosthene explique de facon assez rhetorique que si Ie Roi n'est pas intervenu lorsqu'Athenes a "dclivre" Samos, c'est guion prend des risques pour ce dont on tente de vous depouiller mais pas pour ce dont on s'est agrandi. S. Hornblower 118 va rneme un peu plus loin en affirmant que la presence d'une garnison mercenaire implantee par les Perses etait en contradiction avec les clauses de la Paix du Roi 119. II n'est pas assure qu'il faille prendre ala lettre Ie propos de Dernosthene. En effet il est assez plausible que la faction au pouvoir a Samos, hostile a Athenes comme Ie montre la non adhesion a Ia Ligue, mise en alerte par la tentative d'lphicrate a appele a I'aide les Perses, preferant leur tutelle a une presence athenienne s'accompagnant de la restauration de la democratic 120. Cette situation ne faisait que reproduire celie de 440 ou Pissouthnes recoit une demande d'aide de la part des notables samiens et leur fournit un contingent de sept cents hommes 121. La victoire est Cf. la campagne de Pericles (Isocrate, Ech , I J 1) Hurter J998. 150 ct pI 32, 2 J Cette dermcrc mdiquc uric autre hypothese envisageablc . l' errussion de la monnaic par lcs clerouqucs de Samos mars I'exrstcncc dun seul cxemplaire connu de eette monnare ne plaide pas en faveur de ce pomt de vue. Barron 1998, 26 sq souuent, par comparaison avec Jes representations d' Athena Piomachos sur lcs amphorcs panathenarques, que cette monnaie na pas pu eire crrnse avant 360/59. Ce qUI lamene a I'attnbuer aux Sarmens rcstcs sur Lilc qUI auraient conserve une part dautononuc mars dans une etroitc associauon avec Jcs Athcniens Cette hypothese parait peu reahste, surtout apres la pubhcauon de I'rnscnpnon Hallof & Habicht 1995 (inh a) 116 Suprap 172 117 Dernosthene, Rhodiens, 9 Lc schohaste (Dilts 1983, 180) ajoutc que lc ROIn' ctait pas fachc de I' action de Trgranc (OUK ~yo:vanTj(jf BaGlAE11;) liS Hornblower 1982,98 ,cf aussi 135 sq.. "After Timotheos siege, the eJcruchy on Samos kept Mausolus and Persia at bay" Observons cepcndant que les rnonnares a l'effigrc de Mausole (trouvees avec cel1es d'ldneus) peuvent seulement montrer que des rclanons cconormques cxistaicnt entre Hahcarnasse et Samos , et cela Sl on pense que ccs monna.cs sont arnvccs a Samos du vivant dc Mausole, ce qut n'a nen d'cbhgatoire (Thompson et al 1973, J62 n" 1213) Ce qui vaut pour Cos n'est pas forccment applicable a Samos 119 Solon Cargill 1995, 19, Trgrane, aussr bien que Ttmothee, sont en contravcnnon avee la Paix du ROl, ce serau la preuve que celle-ci est rompuc 120 En cc scns, 11 ne faut pas souternr un pomt de vue trop hellenoccntnste en mtrodursant une echelle subjective de valeurs selon laquel1e des Grees nc sauraicnt adhcrcr de plem gre a une hegcmome perse , sur Ie sujct en general, cf Mazzanno 1979, 139 sq , contre Holladay 1978, 178. 121 Thc I1J5sq ,DlOd 1227 II"'
liS
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longue a se dessiner, Tirnothee met dix mois pour forcer les assieges a capitulcr 122. Quellcs etaient les motivations d'Athenes et du stratege dans cctte affaire? En premier lieu d'ordre politique c'est evident, puis acourt terme la recuperation de butin (il envoie mille deux cents talents a Athenes) 123 et la solde des equipages pour la suite de la campagne. G. Shipley soutient que des Ic depart Timothee avait cn tete la colonisation de Samos 124 puisqu'il fait epargner par les soldats Ie potentiel des exploitations agricoles (arbres, ferrnes, etc.). Des clerouques sont installes dans l'ile des 365 125. II est difficile d'en preciser le nornbre, la seule indication chiffree - deux mille - est foumie dans un contexte assez ambigu. 11 y eut plusieurs envois de colons. Trois vagues successives ressortcnt des ternoignages conserves: la premiere des 365 126, une deuxieme en 3611360 127 cnfin une troisierne en 352/351 128 . C'est Strabon 14.1.18 qui donne le nombre de deux mille clerouques, apparemment pour la premiere vague puisque cette precision vient irnmediatement apres l'allusion ala campagne de Pericles, elle est mentionnee pour introduire le nom de Neokles, pere d'Epicure 129. La date d'installation des premieres clerouquies dans le cadre de la deuxierne confederation a ete discutee en s'appuyant sur IG, IF, 1609. Les problemes poses par ce texte sent complexes 130. Quoiqu'il en soit, on ne doit pas modifier la date traditionnelle d'installation
122 Sur la date de 365, la plus plausible, cf Ryder 1965, 81 ; mats Ie meme auteur cvoquc la possrbihte (note I) de 361, s'appuyant sur Schol Eschmc, Ttmarque, 53, cf, aussi Cawkwe111972, 272 sq. Shipley 1987, 138 n 60, date l'cxpcdinon de 367/6 et place sa fin en novernbrc 366. Autre question, celle de la Ioruficauon de Samos : Kienast 1978, "DIC stadtmauer van Sames", 64 et 97, la date de peu aprcs 370, mats san argument prmcipal est la presence dans lcs Iondauons d'une anse d'arnphore (cf Hornblower 1982,198 n. 123 et 297 n. 23). J2j Comchus Nepos, Tim., I 2. Timothee lui-rneme et ses hcutenants recoivent a la suite de ces hauts faits de grands honneurs a Athenes : Demosthene, c. Artstocr., 202 124 Shipley met en rapport Poly en 3.10 5 avec Samos (i! n'y a pas la de reference precise contrairement aux § 9 et 10) qu'il cite p. 138 sq II n'est pas sur que lc lien sou aussi cxplicite que l'mdrque S. mars cela eclairc bien l'idcc generaIe que Ie stratege pouvait se fane de l'mtervcnuon atherucnnc et les mformauons qUI ont pu etre fourrncs a Yekklesia 125 Le hvre de Salomon 1997 aborde de facon tres breve la question de la clerouquie de Samos Elle pnvrlcgic la colorusauon agncole. 126 Arist Ir 611,35 Rose (Heraclide Ie Pontrque, Polu., 10.7; FHG, II, p. 216): 0\ OE fASovn::; rr&vm:; f~E~aAov. On a infcre de ce membre de phrase (cf infra) que ce passage sans contexte se rapportart a 365 127 Schol. Eschme, Ttmarque, 53. 12S Ciccron, De nat. deo., 1.72, Philochorc, FGrHIst, 328, F 154, mdiquc, cvrdcmmcnt a tort, qU'11 s'agit de la fondauon de la clerouquie, notons cependant que la tourmcnte des annces 357-355 avau du entrainer la mort ou le depart de nombre des occupants m.uaux 129 Le philosophe est ne en 341 et cela fail penser a Shipley 1987, 141, qu'il s'agu du trorsierne contingent. Carla, Samiakes Meletes 2 (1995-1996) 7-26lnon vult cite par Follet, Bull ep , 1997,36] reprend Ie dossier des diffcrents apports et penche pour la deuxierne vague de colons; un NeokIes est archonte a Samos en 334/333 (SEG, I g, 1962, 2(0). !30 Le haut de la stele est bnse et on ne peut donc assigner de date sure a ce comptc-rendu des cpimelctes des arsenaux. La menuon d'une expedition clcroucluque aux IIgnes 88-111 a fait dater tradmonnellement ce document de 366/365 (I. 89: KATjp[oJxlu]pxOV1ltlV) , cf. par exemple les arguments dcvcloppes par Davies 1969, 309 sq., qui cntiquc les proposiuons de Sealey 1957,95-111; ce derruer prcfcre une date de la fin des unnees 70 (a cause de la mention de l'actrvitc de Pasion. mort en 3701369), ce qUI suppose que la volonte d'mstallation des clcrouquics rcrnontcrart a cette penode (pas obhgatoirernent a Samos, dont Ie nom n'est pas menuonne dans Ie texte) Cawkwell 1973b, 759-61 renent pour sa partla date de 3701369 , son pnncipal argument ctant quc Ie cumul de la strategic et de la tnerarchre, qUi decoule de Ja date basse, pour Iphicrate n'a pas de ventable parallele, Pour lUI lcs l. 88-111 concemcnt Ie renouvelJement des commandants des clerouques de Lernnos, Imbros ct Skyros (Cawkwell 1981,51, avec reference a Ansi , Ath Pol, 62.2). La position de Cawkwell a ete discutee par Brun 1985, 312-316, qUI propose de rcverur a la date bassc, avec de bons arguments, mars Ie debar restc ouvert
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dont Diodore 18.18.9 permet de confirmer qu'elle est bien de 366/5: il indique en effet que Perdiccas fait rentrer en 323 les exiles samiens qui avaient etc chasses quarante trois ans plus tot 131. Un document recernment publie arnene a un reexamen de la question de la clerouquie samienne, fonde sur dautres bases. 11 s'agit d'une inscription effacee systernatiquement (done apres 321), liste de deux cent cinquante citoyens atheniens repartis entre les tribus que les editeurs 132 interpretent ajuste titre comme la Iiste des membres de la boule des residents atheniens a Samos. Figurent aussi les noms de divers magistrats dont un archonte. On pouvait deja avoir la preuve que tous les aspects de la vie de l'Ile etaient controles par les Atheniens, y compris la vie religieuse dans ses manifestations les plus traditionnelles par l'inventaire de l'Heraion de Samos de 346/345 133. Tout cela demontre l'importance numerique de la presence athenienne mais ne permet toujours pas d'en definir la composition et par consequent la nature. Kl. Hallof et Chr. Habicht demontrent que certains clerouques sont connus a Athenes par dautres inscriptions (mais peut-on pour autant admettre I'idee d'une sorte de rotation"). On observera syrnetriquement I'apparition dans la nouvelle inscription d'anthroponymes nouveaux; or l'onomastique athenienne est la moins mal connue de toutes, ce qui plaiderait plutot pour une origine samienne de ces "Atheniens". La nouvelle inscription invite-t-elle a adopter Ie point de vue maximaliste de G. Shipley 134 pour lequel les deux mille colons rnentionnes par Strabon ne sont que I' avant-garde d'un apport initial qu'II estime se situer entre six mille et douze mille homrnes? Une telle saignee parait difficile a admettre en une seule fois meme si on peut y inclure les Samiens dernocrates expulses par Lysandre (ou plutot leur descendants). En revanche, la nature des sources qui nous permettent de fixer a trois le nombre des apports successifs fait douter qu' il n'y en ait pas eu d'avantage. Question connexe, a-t-on expulse la totalite de l'ancienne population civique de Samos selon I'affirmation pretee a Heraclide du Pont par Aristote : "Ils les expulserent tous" (navms £~I'~o:AOV)? Nombre de commentateurs ont admis qu'il s'agit d'une exageration m, que seuls les opposants d'Athenes ont du partir et que I'on peut supposer sans risque qu'ils etaient en bonne part les proprietaires fonciers sur les terres desquels on a etabli les clerouques. 11 semble impossible d' admettre que les Atheniens ont vide l'ile de sa population, y compris la faction sans doute nurneriquement importante de ses partisans declares ou non dont on ne peut corollairernent admettre qu'ils avaient tous ete deloges par Lysandre. Comment Dernosthene 15.9 (en 351) pouvait-i! soutenir que Timothee avait libere I'lie si la consequence avait ete I' expulsion de toute la population autochtone 136?
131 VOIr cependant Griffith 1978, 135 n 16 qUI propose 36514 ; Mitchel & Kroll 1980, 91 publrcnt un jeton de terre curte avec Ie nom d'un stratege decnt comme is IeXf.loV et Ie datent de peu apres 365. Ensemble des tcmoignagcs sur les stratcges pour Sames, Cargill 1995, 142. 132 Hallof & Habicht 1995, 273-304, sp. 286 sq. m Michel, 832 ; cf. Ohly 1953, 25-50 ; Debord 1982, 219-221. 134 Considerc comme exagere par Figueira 1991, 30 n. 60. mEg. Beloch 1923, 194 n. 3 (contra Hornblower 1982, 199 n. 132). 136 En cc sens Barron 1998,26 sq. Ce derruer signale des traces dialectales dans I'mvcntairc de lHeraion II [approche la monnare recemment pubhcc du trcsor de Pixodaros (supra p 291 ct n 115) et reuent l'idee que les Samiens [estes sur l'Ilc ont conserve "a measure of autonomy alongside the Athenian adrmrustranon", posuion qu'rl pcnse eire plus proche de celle de Gnffith 1978, 139 sq (II nc me semble pas que G aille jusque la) que de celie de Cargill 1983, 326 sq
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La clef de ce paradoxe apparent est, semble-t-il, fournie par IG, IF, 1, I. 12 137 OU la citoyennete athenienne est accordee a ceux des Samiens qui en feront la demande et a eux seuls. Les decrets renouveles apres la chute des Trente etaient encore valides en 366. II est done probable que les Samiens ont eu le choix entre le droit de cite athenien et l'exil 138. Comme le note G. Glotz 139 il ne s'agissait pas la d'une violation de la charte de la confederation puisque Samos n'en etait pas membre, mais les Atheniens n'en comrnettaient pas moins une grave faute politique. Une telle mesure rappclait trop Ie comportement imperialiste de la cite dans Ie cadre de la premiere alliance et montrait qu'en fait cette derniere n'avait rien retenu de sa defaite de 404. L'echo de cette affaire fut considerable. A Athenes un large debat s'ouvrit sur l'opportunite de la mesure 140 et, preuve de la large reprobation qui s'ensuivit, beaucoup de cites accueillirent chez elles les exiles 141. C'est probablement pendant Ie long siege de Samos que Timothee prit contact avec les Erythreens. Malheureusement les circonstances et l'issue nous echappent en raison du mauvais etat de conservation du decret athenicn pris pour eux 142. Certains modernes ant egalernent mis en relation Ie siege de Samos et le synoecisme de Cos 143, faisant du second la consequence du premier. En effet si Cos n'est pas membre de la confederation athenienne - et nous avons vu 'ci-dessus que c'etait la solution la plus probable 144 - elle pouvait redouter un sort comparable a celui de Samos, ayant eu a subir elle CIte supra p. 235 n 16 1983, 326 sg.; 1995, 20 souucnt qu'rl sagu d'un retour au statut de 405, ee qUI aurart evidcmment comrnc consequence de muurruser la part de l'apport athcmen. Comme lc note Shipley 1987, 142, I'onomasuque qUI permet d'etabhr des parallclcs entre Ics noms des clcrouques et eeux des Sarruens ne prouve nen puisque ees noms de Sarrucns sont posteneurs a la suppression de 1a clcrouquie, cela montreralt plutot que tous 1es anciens clerouques n'ont pas ete expulses en 323 pcut-ctre lout simplcmcnt paree qu'rls pOllValenI arguer du fait qu'rls etaient descendants daurochtonev. Un meteque d'ongine sarmennc au Pircc dans 1cs annees 320, IG, IIl, 1628, 1. 366-8 ; 1629, 1. 859. Barron 1998, 27 mel en avant un Sarrucn qUI vend du bois a Eleusls en 329/328 (lG, IF, 1672). II deduit du fait qu'rl nest pas quahfie de meteque qurl <'agn d'un Samicn de I'lle ct y VOlt un argument pour sa theorre sur le mamticn d'une structure poliuquc distmctc de 1a clerouchie Cela ne parait pas assure comment aurait-on pu designer autrerncnt un Sam len de la diaspora, meme a Athenes? 139 Glotz 1941,169. 140 Cf Anst , ss«, 1384b 32-35; CawkweIl1972, 272 sq 141 Cf Hornblower 1982, 109 n. 20, 128 n 184, 133 ; Sherwin-While 1978, 67 ct n 194, qUI donne Ia lisle des cites ayant accueilh des Sarmens Cyrcnc, Rhodes, Pncne, Iasos, Heraclee (du Latmos"), Sestos, Amplnpohs, Cos, apres Habicht 1957, 152 sq n 2-4, 13,20-29; 1972. 191 sq avec lc catalogue des decrets pns apres Ic retour des Samiens dans leur lie pour remercicr leurs hotcs , cf. encore Habicht 1975 b, 45-50 ct Seibert 1979,514 n 1304 142 IG, IF, 108 (lK, l-Erythrai, 7),366/365 Le contexte general est donne par Beloeh 1922, 194, Meyer 1958,444 sq. ; ef Judeich 1892,200. Remarquons que Timothee a des raisons famihales d'cntreternr des relations avec Erythrees pUlsque son perc, Conon y a rccu des honneurs importants, doni la citoyennete potcnticllc, a titre hcrcditairc (IK, l-Erythrai, 6) Le plus SImple est de penser que, fori de ccla, Timothcc a nouc des relations avec 1a cue (ou une tacuon) au moment du siege de Samos cc 'lUI cxphqucrart qu'un dccret air ele pns a Athenes pour les Erythreens, decrct dont nous ne pouvons preciser la leneur CL encore Osborne 1975, 308 n 32 ; Davies 1969, 330 el Hornblower 1982, 108-9 (cf. P 52) Ces dcrrners (ef aussi Shipley 1987, 138) croient preciser le contexte en hant ee dccret it Demosthene, Chers., 24 "Tous 1es strateges qUI a un moment quelconque sont parus d'ici avec quelques vaisseaux .. tous urent dc I'argenl de ChIOS, Erythrees, d'ou lis peuvent, c'est-a-dire des villes d'Asie" []e souligne]. Ce textc, dale de 341, a un caractere bien trop rhetonque el general pour qu'on puissc cspercr en urcr une Information sur la situation de 366/5. II s'applique tout aussi bren au contexte de la campagne de Thrasybule 'lUI precede la Paix du ROl Notons en passant qu'il constitue une objecuon de taillc aux theories de Cargill sur les rapports d'Athenes et de ses allies 1'13 Cf Davies 1969.328-331. 144 Supra n 5\. 137
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aussi au ve s. la presence d'une clerouquie, Une telle affirmation est cependant pour I'instant invcrifiable dans la mesure ou seul un passage de Diodore 145 nous renseigne explicitement sur l'evencment. Le deplacernent en direction du continent et peut-etre plus encore au contact de l'axe maritime nord-sud 146 peut avoir de toutes autres causes, mais Ie synchronisme est troublant ]47. Le choix thebain du congres de Suse de 367 cut sur Ie territoire asiatique au moins une autre consequence. Nous avons vu plus haut qu'Ariobarzane s'etait compromis par des tentatives diplomatiques officielles infructueuses du cote de la Groce ct qu'il entretenait de bons rapports personnels avec Ies Atheniens et les Spartiates. Comme eela avait ete le cas pour Pharnabaze, le changement de politique ]48 entraine un remaniement a la tete de la satrapie de Daskyleion. Mais, alors que precedcmment cela s'etait traduit par un surcroit d'honneur pour Pharnabaze, Ariobarzane est considere, lui, comme rebelle. On nen connait pas les raisons. Faut-il penser que des le depart le Roi avait en tete de lui substituer Artabaze, fils de Pharnabaze, mais aussi son propre petit-fils 149? On doit cependant eonstater qu'il n'apparait pas dans le recit des premieres operations: Autophradates et Mausole sont les deux chefs designes de l'expedition IS0. II semble n' en retirer le benefice qu' a posteriori. De merne I'attitude de Mithridate s'explique rnieux s'il etait persuade que le problerne successoral n'etait pas encore regle. II est en tout cas assez probable qu'Ariobarzane a ete conforte dans ses velleites de resistance par I'cxemple de Datames ]51 dont la revolte perturbait par ailleurs les relations entre l'Asie Mineure occidentale et Ie centre de l'Empire.
145 DlOd 15762; Str. 14.2.19, cf Ps -Skylax 90 (Coumllon 1986-7,49-62), Sherwin-Whue 1978,65 sq. mel en relation avec Ie synrecismc un passage de la Poluique d'Anst 1304 b 25 ou 11 est question d'unc revolution oligarcluque qUI SUIt (de combien") l'etabhsscment de la democratic II y auran un paradoxe au moms apparent iI admettrc que la rupture avec Athencs a coincide avec la rrnse en place d'un regunc democrauquc (cf n. 147) 146 Cf. I'introducuon. 14' Sherwin-White 1978, 66 sq , adrnet avec prudence que le synrecisme de Cos est unc reformc de type democratique, aprcs Paton & HIcks 1891. XXVII, Judeich 1892, 238, cf encore Mogg: 1976, 325 sq et Hornblower 1982a, 103 et n. 197. Notons cependant qu'clle ne comportc aucune reference "chsthcrucnnc" Faut-il au contrnire y vorr l'influencc de V!ausole ct non pas une reacuon contrc ce dcrnrer ct done une reponsc au syncecisme d'Hahcarnasse, com me Ie pense Judeich, loe cu. SUIVI par Ncppi V!odona 1933,37 RUZIcka 1992,70 trouve dans J'action de Timothee iI Sames la raison du rcnforcemcnt de la presence de V!ausole a Cos Les Hekatornrudcs ant exerce une Influence precoce sur l'ilc : lcs relanons economiqucs et monctaires sont bien attestecs ; cf Bean & Cook 1957, 142 11 n'cst pas Impossible de penser avec PuglIese Carratelli 1957, 337-9 , 1963, 149-152, que la reunion des cites insulaires a pu avoir un caractere olrgarchrque En dormer Iicu Demand 1990, 127-132 148 Ccue visron des choscs n'cst somme toute pas tres differentc de celle de Sekunda 1988b, 51 pour lequel la disgrace d'Anobarzane est hee iI l'mfluence croissante de Tmbaze iI la eour (dont nous avons observe plus haut qu'il etart plutot philolacoruen) 11 est clair que tout changement de pohtiquc est he aux alcas des 1uttes des personncs et des clans iI 1a cour du RaJ. 149 Com me Ie note Moysey 1975, 65, aucune source antique ne mentionne qu'il s'agit la de la raison de la rcvoltc d'Anobarzane , pourtant les rncntrons en sont relauvcment nornbrcuscs . Diod. 15 90 3 , Cornehus Nepos, Dat , 2.5 ; TlOgUC Pornpee, Prol, 10 ; Dcmosthene, Rhodiens, 9 , Cornelius Nepos, Tim, I 2-3 Harpocration, s. v. On rctrouve Artabaze parmi les officters royaux loyalistcs avant la fin de la rcvoltc , II est ernpnsonne par Autophradatcs, lorsquc ce dermer se JOInt au mouvement Diod 15.91 2 , Dernosthene, c. Arzstocr., 23.154-5 (en 362/1, cr infra p. 347) ISO Comme 1e souhgne Weiskopf 1989, 26 II sagu Iii d'une operauon organisee selon tous les processus hahituels des mises en ceuvre darrnccs impenales. lSI Sur lcs mouvauons supposccs d' Anobarzane, Weiskopf 1989,41-43
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Les operations rnilitaires se deplacent done vers le nord-ouest de l'Asie Mineure : fort logiquernent en effet, le satrape a appele it I'aide Sparte et Athenes 152. Agesilas arrive Ie premier au secours d'Ariobarzane, enferme dans Adramyttion par Autophradates 153, it moins que ce nc soit Assos 154, et brise l'encerclement, Entre temps, Timothee, pour sa part, se porte dans l'Hellespont. II degage les places fortes de Sestos et de Krithone qui appartenaient it Ariobarzane mais qui etaient menacees par le roi des Odryses, Kotys. En recompense de ses services, le satrape lui donne les deux places qu'il recoit au nom d'Athenes, consolidant ainsi les positions de sa patrie en Chersonese 155. Comme le note 1. Buckler, les choix tactiques de Tirnothee etaient habiles puisque, quel que soit le resultat de l'affrontement entre Perses, il n'avait pas viole les clauses de la Paix et pouvait esperer conserver les positions acquises. Pour sa part Agesilas recoit de I'argent en recompense. Devant cette action conjointe (et qui semble rnerne coordonnee), Mausole se retire en Carie avec sa flotte 156. II faut done supposer que pendant cette campagne Autophradates avait le comrnandement des forces terrestres et Mausole celui de la flotte. Tandis que Timothee consolide les positions atheniennes 157 sur la cote septentrionale de 152 Diod. 15.90.3; Moysey 1975, 75 retrouve des traces d'un possible contact anterieur eutre Spartc, Athenes ct lcs dynastes asiatrqucs (Anobarzane et peut-etre Mausole dans Isocrate, Archid., 62-3, ceuvrc qUIdate de 366. II convient de rappcler que les bons rapports entre Athenes et Anobarzane remontent au moms a 375 (supra p. 288). Le satrape est decnt comme alhe de Sparte par Xen., Ages., 2.26. Sur ces evenernents ef. Buckler 1980, 166-175 153 Polyen 7.26 , Autophradares disposart de trois mille mercenaires grecs (Cornelius Nepos, Dat , 8.2). 154 Telle est la version de Xen., Ages, 2.26 , le recit de Xenophon pourrait paraitre plus liable que celui de Polyen (note precedente) II prcscnte cependant un caractere hagiograpluque qUI deforrne, volontaircmcnt ou non, une partie des evenerncnts, Je ne VOIS pas de raison de comphquer les choses en pensant avec Weiskopf 1989, 46-48 qu'rl y a eu deux campagnes contre Anobarzane 366 (Adrarnyttion), 365 (Assos). ISS On a parfois voulu Iaire dire au tcxte de Cornehus Nepos, Tun, I 3. plus qu'il ne du ; ains: Glotz 1949, 168 , Parke 1933, 109 , Meyer 1958, 444 ; Meloni 195 I, I() , Hornblower 1982, 174, supposent que Timothee a particrpe a loperation du golfe d'Adramyttion Or ce n'est pas ce que du Cornehus Nepos: Artobarrani stmul cum Agesilao auxtlio pro[ectus est que l'on peut traduire "II se porta au secours d'Anobarzane en memc temps qu'Agesrlas", L'endroit n'cst pas precise ; J! n'y a done pas lieu d'opposcr ccttc mforrnanon aux Silences de Xen., Ages., 2.26 et Polyen 7.26 et surtout a Isocrate 15.112 comme Ie fan Moysey 1975,82 De merne a propos de Sestos et Knthone, Moysey prcfcrc la version d'Isocratc (EAa~£) a celie de Cornehus Nepos (acceptti. Mars Xen., Ages, 2.27 indique que Kotys "assregeait Scstos qUI appartenait encore a Anobarzane" d'apres lUI, c'est l'mtervention d'Agcsilas qUI l'aurait degagcc. Faut-il srtuer a ce moment I'cpisodc du ravage des vigncs des nehes propnetarres de Lampsaque (Polycn 2.1.26p Pour des raisons paralleles, Isocrate et Xenophon ont comme but de mettre en avant lcs exploits de leurs "heros" II cst par exemple tres comprehensible qu'lsocrate art insiste sur la defense ou la pnse des villes de Chcrsonnese de Thraee, fait hautement glorieux pour Timothee et par la pour Athenes, plutot que sur Ie don - apparemment a posteriort par Anobarzane, qUIl'etart beaucoup moms (cf. Moysey 1975, 83 . "therefore It IS possible Sestos and Knthone were 'ceded' to Athens", etc ). Une Iois adrms ce schema, Iaut-il penser que Kotys agu pour sa part de concert avec Jcs satrapes loyalistes ou, plus simplernent, qU'11 profite de la situanon pour tenter de chasser Anobarzanc de la Chersonese? Buckler 1980,167, considcre que l'mstallauon d'Anobarzane a Knthone et Scstos, done sur la rive europccnne de I'Hellespont, etait en contradicnon avec les clauses de la Paix du Rot, tout eomme l'etait Ia presence perse a Samos. Cf. aussi lc propos tres polcmiquc de Demosthene, Rhodiens, 9. Sur la chronologrc de ees episodes, Kallct 1993, 246 sq. 156 Xen., AReS., 2.26-7 , Mausole est cerise commander cent tncrcs, malS nc parait pas les avOtr engagees actlvemcnt, sauf peut-etre a Cy71que. 157 Cf. Moysey 1975, 83-84. Pour la sequence des evencmcnts J'adopte ICI une reconstructIon proche de celie de Glotz 1949, 167-170 (sauf pour les evenements de Troade et de I'Hellespont) et donc bIen dlffercnte de celie de Buckler qUI tend it mmlmlser l'lmpact de la campagne mantlme d'Epammondas, a laquelle tl deme tout sueees et memc tout erlet prallquc Pomt de vue plus nuance de Buckler 1998,203, oil tI eonsldere que la flotte a servI d'arme dlplomallque, mals son uItlme conclusIOn est que "the entIre Theban naval program was an expensIve fatlure" >-
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l'Hellespont mais refuse de s'engager it Heraclee 158, Agesilas se rend aupres de Mausole 159 puis en Egypte. Malgre les succes - apparemment ponctuels - des generaux grecs.Artabaze reussit a se maintenir sur la cote grace aux mercenaires de Mentor et Memnon de Rhodes, ses beaux-freres 160. La reussite des Atheniens apparait comme tres fragile puisqu'en 365/4 la construction d'une flotte en Beotie, a I'instigation d'Epaminondas 161 et sans doute grace al'or perse, permet aux Thebains d'intervenir l' annee suivante en Egee orientale et dans les Detroits. C'est la un fait nouveau, d'autant que cela s'accompagne d'un appel ala defection de l'alliance athenienne 162 de Byzance, Chios, Rhodes (plus Keos) 163. Pour Chios et Rhodes, on a pu douter des effets 164 de cette tentative de "debauchage". En tout cas aucune action violente n'est rnentionnee dans les textes litteraires mais I' epigraphic apporte une confirmation decisive 165. Les Cnidiens ont pris un decret de proxenie pour Epaminondas ce qui suggere que ce dernier a du faire escale it Cnide dans son periple de Chi os aRhodes 166 et confirme que tout cela se
ISS Justin 16.4; contraircment a cc qu'ecnt Buckler 1980, 168, Justm indrque que Tunothee refuse de s'immisccr dans les affaires d'Heraclee (infra p. 3(0) apres que tres vraisemblablemcnt on lui all envoye une ambassade ; merne scenano pour Epammondas, dont II encore moms plausible qU'11 sort aile jusqu'a Heraclee, '59 Ccla peut se deduire de Xen., Ages., 2.27. La posrtion de Mausole reste toujours aussi ambigue. 160 C'est la premiere fois qu'apparaissent ces personnages appeles a jouer un grand role par la sutte. C'est aussi apparemment la prcrmere Iois qu'un Perse de SI haut rang contracte une alliance matnmornale avec une farm lie grecque. En ce sens les Grecs se comportent cornme l'ont fait avant eux des anstocrates d'autres regions et cela confirme bien qU'11 pOUVaIt Y aVOIr dans les cites (cf. plus haut a Samos) des facuons qui ne marufcstarent aucune hosuhte de prmcipe ala dom matron perse. 161 Cf. Roesch 1984,45-60. L'existence de cettc flotte a ere autrefois mee, cf. Cawkwell 1972, 270- I pour lequel les Thebams se sont appuyes esscntiellement sur les flottes des allies (Rhodes, ChIOS, Byzance) , Diod. 15.79.1, insiste fortcment sur la constructron de cent tneres et des arsenaux correspondants Cela n'cxelut nullement que des navires supplementaires aient pu ctre Iourrus par les alhes, encore que la parncipation active des Chiotcs et des Rhodiens sort 10m d'etre assuree (infra n. 164). AllUSIOn a cette flotte ephemcre. Plut., Philopoemen, 14.2-3. La monnare ACGC 369, cf. p. 114 n I qUI porte Ie nom d'Epammondas et une rase au dessus de l'amphore tradrtionnelle doit etre prabablement mise en relation avec ces cvenerncnts, Hornblower 1982, 200 n. 137; Hepworth 1986,39 (et pI. 3, 5) VO\rsupra p. 275. 162 DlOd. 15.79.1. 163 La secession pUIS la repnse de Keos, que ne menuonne aucune source httcraire, est rapportec par IG, IF, 111 = Tod, 142. Cf. Buckler 1980, 173. 164 Hornblower 1982, 126, pense que Rhodes n'a pas effecuvernent qurtte l'alliance athcrncnne et qu'il en va de meme pour ChlOS. II s'appuie sur Diod 16.7 3: Xicov Kat 'P08(UlV Kat K(pmv, En 8£ Busav1(Ulv arrocnav1Ulv, hste des cites "rcvoltees" a l'epoque de la guerre socialc Son tnterprctation du tcxte est par trap selective, a moms de donner a E1l un sens fort qU'11 n'a pas ICI (cf. 16.21.1 ou Ie merne mot parait bien sigruficr "et aussi" et etre place Ia pour rampre la monotonic de l'aceumulation des noms). Que Iaire alors de Cos dont H. adrnet, sans doute a juste litre, qu'elle n'a jamais appartenu a la confederation (supra n. 51)? 165 Blume! 1994, 157 (363 a.c.), d. Buckler 1998, 192-205 (364 a.c.) 166 La decouverte de ee texte, a Tekir, a relancc Ie debat ISSU de la posiuon pnse par Bean & Cook 1952, 202-212 (SUlVlS par exemple sur ce POlDt par Robert & Robert, Bull. ep 1954, 228 (p 168)' Ie site ancien de Crude serait Datca et la Ville aurait ete transplantee au IY' s. a la pointe de la Knidta Cette hypothese avart ere contestee par Demand 1989, 224-237 (ef. aussr Blumel, IK, -l l-Knrdos, p 1-2) 11 parait assez clair que Ie debat est pose de facon erronee. Datca et Tekir sont egalement Crude et I'on aurau tort dunagmer obhgatoirement une structure centralisee de modele atheruen C' est seuJement a I' epoquc hellerusnque que l' agglomeration de la pointe de la perunsule sest affirmee en liaison avec lacnvrte du "couloir paralien" (cf. l'rntroducuon), mais cela ne srgrufie nullement que Ics autrcs bourgs ont pour autant disparu ou meme pcnchtc Bresson 1999 soulient quil convient de revemr au point de vue de Bcan & Cook, ccst-a-drre au transfert du centre polrtique de Cmde de Dat~a vers Teklr dans!a deux Ierne mOltle du IY' s Pour B., Ie TnoplOn sc trouvalt a Tekir
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fait avec l'asscntiment des Perses, Il semble que J. Buckler ]67 force quclque peu Ie sens du decret en Ie considerant comme la preuve d'un lien politique tisse entre Cnide et la Beotie et de la demonstration des ambitions navales d'Eparninondas en Egee. La formule £GnAouv ... KCXt £KnAouv est tres banale. La comparaison faite avec Athenodoros (decret de Kios) et Iphiades (decret de Cnide) ninvite pas ade telles conclusions dans la mesure ou il n'y a pas de raison objective de supposer que ces deux chefs de guerre disposaient d'une flotte significative] 68. De meme la collation de la proxenie n' est certes pas a cette epoque un honneur vide de sens 169, mais c'est attribuer a la cite de Cnide une capacitc de decision dont elle n' avait guere de chance de pouvoir beneficier. Le decret est bien un acte politique mais qui sinscrit sans aucun doute dans un contexte ou les decisions sont prises a Halicarnasse ou meme a Suse, Il apparait done que Chios et Rhodes ont pour le moins pris leur distance avec Athencs, mais cela ne suppose pas ipso facto qu'il y avait eu quelque engagement militaire. Le cas de Byzance est different 170. Il sinscrit dans un ensemble de donnees complexes et a premiere vue contradictoires qui concernent les Detroits et la Propontide, Le discours Contre Polycles montre les gens de Byzance, de Chalcedoine et de Cyzique se livrant a des operations de piraterie sur les navires marchands circulant dans les parages. Les gens de Proconnesos (allies d' Athenes) sont menaces par Cyzique. Nous savons d' autre part que vers ce moment Alexandre de Pheres a envoye des navires vers l'Hellespont 171 ct Samos. La reaction d'Athenes est d'autant plus vive que la route vitale des Dctroits menace d'etre coupce. Une flotte est envoyee sous Ie commandernent de Timothee, Toronee ct Potidee sont reprises, Cyzique qui subissait un siege de la flotte d'Epaminondas, debloquce 172. C'est peutctrc a cette campagne qu'il convient de rattaeher la detaite des Byzantins face a Tirnothee que C. Nepos mentionne sans en permettre la datation precise 173. En tout cas si cet episode est bien reel, il ne detourne pas durablement les Byzantins de l'allianee de Thebes ou ils sont representes par des synedres quelques annees plus tard 174, entre 355 et 351, done bien apres
Buckler 1999, 196-204 Cependant lphiades drsposait d' autres argumems qUI pouvaient procurer unc gene, ou une aide, considerable aux Cnidicns (infra). 169 Comme Ie note L Robert, I'a-t-II jamais ete? 170 Ps-Demosrhcnc, C Polycles, 6 ; cf. Sealey 1956, 197 Un Byzannn est honore par un decret de la hgue thebaine UG, VII, 2048) , Roesch va sans doute trop 10m dans la precision lorsqu'il imagine que cc personnage pOUITaIt etre un architectc naval Lcs raisons prccrses sont inconnucs mars pourrarent etre aussi bien pohtiques que techniques, en liaison directe avec la construction de la flotte Les navires d'Epaminondas Byzancc, cf Isocratc, rn«. 53. 171 Polyen 6.2.1 172 DlOd. 15 g16 (364/3), Cornclrus Nepos, TlYI1, I 3, cf. Hasluck 1910, Glotz 1949, 170 Le statut et la situation de Cyzrque 11 partir de 387 nc sont pas clairs. 11 s'agu certes d'une lie, mars rchcc au conuncnt par des pouts (Str. 12.g.II). On ne sart a quel moment ccs dcrmcrs out etc construits. L'attaque d'Epammondas se justrfie Sl la crte Cyziquc? Pour est alors dans la mouvance d'Anobarzane A quel moment suuer l'mtervenuon de Timothcc Buckler 1990, 168, cf aussl256 sq., elle a lieu avant l'arnvcc de la flotte d'Epammondas (en 365, Weiskopf 1989, 52 penche pour 364) II s'agissait offictcllcmcnt d'aider Anobarzane et en reallte de se procurer du buun pour payer la troupe. SI pour rester plus pres du texte l'on place cct episode au moment de la presence d'Epammondas l'action d'mtirmdauon de Tunothee se deroule stnctcment sur mer et par consequent J1 n'y a pas plus ICI qu'a Heraclee (con Ira Buckler) de rupture des instructions donnees au stratcgc au moment de son depart d'Athenes In Cornchus Nepos, Jim, I 2. 174 Tad. 160, I 11 ct 20-24 167
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la guerre des allies dont ils sont un des principaux protagonistes 175. De merne on a tente de rapprocher Ie siege de Chalcedoine par un adversaire inconnu a I' occasion duquel cette derniere recoit une aide encombrante de Cyzique 176. L'exemple de Cyzique montre que les cites grecques sont engagees dans des conftits qui les depassent avec un cortege de revirements plus ou moins spontanes. Ellcs servent d'enjeu aux luttes fratricides d'Ariobarzane et Artabaze. Tel est Ie cas des villes de Troade et plus particulierement de Larnpsaque. Demosthene fait allusion aces evenernents qui content la vie a Philiskos d'Abydos 177. On ne peut, a travers cet auteur 17R, se faire une idee exacte de l'ampleur des operations: s'agit-il d'un soulevernent (manque puisque les assassins de Philiskos se refugient a Lesbos) ou d'une vengeance privee consecutive aux exactions du chef de mercenaires? En tout cas cela s'insere dans une operation de reprise en main des villes de Ia cote: "11 profitait de la puissance d'Ariobarzane pour conquerir les villes grecques". La date est egalement imprecise, elle se situe en tout cas entre 375 179, date probable du decret honorifique d'Athenes pour Ariobarzane et secondairement pour les Abydiens Philiskos et Agauos 180, ct 363/362 date de la mort d'Ariobarzane 181. C'est aussi dans cette epoque troublee qu'il convient de placer I'episode dIphiades, "tyran d' Abydos". Les bribes d'information que nous possedons ont ete parfois surinterpretees par les modernes. D' apres Aristote 182, Iphiades est le chef d'une des hetairies qui se disputent le pouvoir d Abydos. A l'evidence il appartient a un courant anti-athenien qui arrive aux affaires grace aux difficultes (ou a la chute) d'Ariobarzane, On peut certes le qualifier de tyran comme le laisse entendre le Stagirite, il parait bien plus probable que Ia double conjonction de la situation et du controle de I' armee lui donne un levier dont il a su jouer. Sa Iamille est l'une des plus en vue, sinon la principale, des familles aristocratiques d' Abydos. On en connait des representants des le vc s. 183, plusieurs monetaires, dont un Iphiades, au rv- s. 184 L' action d' Iphiades depasse Ie cadre de sa cite pour conccrner l' ensemble de la zone hellespontique. II participc a la saisie de Sestos 185 et s'ernpare de Parion 186. Reste a interpreter le decret honorifiquc que les Cnidiens prennent en son honneur 187. II me semble que la clef se trouve dans le tcxte de Dernosthene, c. Aristocrates 176-177 : il y est question de Charidemos qui reclarne a tous tele et dekatai ct se comporte comme si la contree lui
175 Pour Buckler, Epammondas s'est bien rcndu it Byzance et y a etc recu avec sympathie sans pour autant cmporter la decision de la cite d'cntrcr cn rebellion ouverte centre Athenes 176 Enee 12 11 177 Sur Phihskos d'Abydos, cf Hofstetter 1978, 1 et259 sq (brbhograpluc) 178 Demosthene, C /vnstocr , 141 170 Mals cf supra p n8. 180 Demosthene, loc Cit, 141 et 202. lSI Suprap 104 182 Anst, Pol,S. 1106a 31 18, WIlhelm 1911, XIV; Robert 1967b, 23-25 On fcra observer que dans l' inscnpuon IG, P, 28, pcu apres le miheu du vv s , plusieurs membres de la farmllc sent honores par un dccret de proxcnic, ce qUI demontre que malgrc le parti-pns de Demosthene, c. /vristot:r , 158, les dingeants d' Abydos nont pas ete systcmatrquernent defavorablcs a Athenes, merne Sl c' est la suuanon la plus frequente. 184 Tratte, II, n'' 2463 ISS Demosthene, c. Artstocr , 158. 18(, Enec 28 6 187 SyIP, 187
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appartenait, exigeant que ses percepteurs aient la haute main sur les impots. II sagit a I' evidence de controler entre autres Ie lucratif produit de la circulation maritime dans les Detroits. Dans un tel contexte, des puissances de premier plan comme Athenes peuvent penser intervenir militairement, les autres tentent d' aplanir la difficulte par d' autres moyens, par exemple en octroy ant des privileges sign ales ace personnage repute important. II est en effet tres plausible que Chari demos navait fait rien dautre que de reproduire une pratique deja ancienne, en particulier par Iphiades avec comme centre operationnel Abydos, ce que la consultation d'une carte permet aisement de comprendre. Heraclee pontique ISS fournit un autre exemple de ces luttes intestines ou les factions n'hesitent pas a faire appel a I'intervention de forces exterieures pour asseoir leur hegemonic. Notre source principale est l'abrege de Trogue Pompee par Justin 189. Selon cet auteur 190, alors que les autres cites paient tribut a Athenes, les seuls Heracleotes refusent et se declarent allies des Perses. Cela entraine une expedition sous Lamachos, qui ravage la chora mais dont une tempete detruit les vaisseaux. II est done contraint de rejoindre Chalcedoine par la voie terrestre. Au debut du lye S. une crise latente oppose la faction populaire aux riches (les premiers revendiquent, d'apres Justin, I'abolition des dettes et Ie partage des terres). II est fait appel par Ie conseil d'abord a Tirnothee puis a Epaminondas. II est clair que Ie fecit manque de coherence. Ce ne peut etre que Ie parti des dernocrates qui tente vainement d'attirer Timothee (ce dernier n'est manifestement interesse que par la zone des Detroits) et probablement un groupe antagoniste qui essuie Ie merne echec aupres d'Eparninondas. On notera la meme opposition de motifs si I'on fait intervenir des facteurs exterieurs, La faction hostile aux Perses se tourne naturellement vers Timothee ; une partie au moins de I'aristocratie peut au contraire souhaiter leur tutelle pour mettre a bas Ie parti adverse. L'appel a Clearchos peut tout aussi bien s'interpreter en ce sens. La reforrne institutionnelle dont il est question chez Enee 191 se place peu avant ce moment, au cours d'un de ces episodes de pouvoir democratique, ou en tout cas de gouvernement plus ouvert, auquel fait allusion Aristote 192. Les aristocrates s'adressent done a Clearchos 193 qu'ils avaient exile et qui s'etait mis avec ses mercenaires au service de Mithridate 194. Clearchos floue ses differents partenaires : Mithridate qu'il capture et relache contre une forte rancon, les aristocrates qu'il malmene apres avoir ete appele par eux. En 364, il installe un pouvoir tyrannique qui va durer douze ans jusqu'a son assassinat. Polyen 2.30.1-3 nous decrit quelques etapes de la consolidation de son pouvoir. n fortifie I' acropole puis fait arreter les membres du conseil des Trois cents (done les plus influents des notables). II entrcprend Ie siege d' Astakos qui est pour lui Ie moyen de faire perir nombre de citoyens. II s' agit la it I'evidence des griefs habituels contre la cautele et la cruaute des tyrans. On sait qu'il accroit Ie territoire d'Heraclee jusqu'a Kieros au sud, Tieion it l'est, et jusqu'a Astakos (sans Hoepfner 1966 ,Ashen 1972 ; Franke 1966. 130 sq . Burstein J 976 . Saprykin 1982, 127-149 Justin 16.4. 190 Justm 16.3.9 (424/3) . cf. Thc. 4 75.2. 191 Enee 11.10 bis-Ll , 192 Anst., Pol., 5 1304b 31 sq. 193 Souda, s v. KA,£cxPXos; Enee 125; Jusun 16.4-8, Diod 1581.5. 194 Pour Weiskopf 1982, 430, J1 ne fait pas de doute que Ie Mrthndate menuonne ICI est Ie fils d'Anobarzane ; cene hypothese est discutee supra p. 103, mars Ie contexte general reste it preciscr Enee souligne Ie grand danger qu'rl y a it tntrodurre dans une cite un pam trop puissant de mcrcenarres 188 189
DE LA PAJX DU ROJ
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SATRAPES
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pouvoir s'en emparer) en direction de la Propontide 195. Dans Ie domaine des relations exterieures, il se comporte en vassal loyal du Grand Roi, auquel il delegue nombre d'ambassadcs mais cela ne I'ernpeche pas dentretenir de bons rapports avec Athenes. Rappelons qu'il avait donne a son fils Ie nom de Timothee dont il etait I'arni et a cause duquel Athenes lui confera Ie droit de cite 196. II est repute etre le fondateur d'une bibliotheque et se presente lui-rneme comme Ie fils de Zeus 197. On en retiendra I'idee que par bien de traits il prefigure I' attitude des rois hellenistiques. Apres sa mort, la tyrannie ne disparait pas pour autant puisqu'il est rernplace par son frere Satyros (353/2 a 346/5), tout cela probablement avec I'assentiment des Perses qui ont laisse a nouveau se developper ce type de regime dans les cite grecques. Les deux fils de Clearchos, Tirnothee (346/5-33817), destinataire de la Lettre VII d'Isocrate, puis Denys, lui succedent. Ce dernier epouse la femme divorcee de Cratere, Amastris 198 et prend le titre de roi en 305 peu de temps avant sa mort 199. II profite des vicissitudes des temps pour agrandir son dornaine, beneficiant de la vacance du pouvoir dans la partie nord de I' Anatolie apres la victoire d' Alexandre au Granique, puis il reussit a se maintenir malgre l'appel de ses adversaire aAlexandre dabord puis a Perdiccas. Heraclee est une fondation milesienne 200. Elle possede vers l'est cinq colonies de Milet, Tieion, Sesames, Kromna, Kytoron, Mastya, comptoirs plutot que cites. La reine Amastris fonde sous son propre nom une cite nouvelle par le syneecisme de quatre Iocalites : Sesames, Kytoron, Kromna, Tieion 201.
195
37 sq.
Memnon d'Heraclcc (apud Photius, Bibl., 224), FGrHist, 434, FI, 1-5. Cf. De Sainte Croix 1972,
Dernosthene, c. Leptine, 84. Plut., F d'Alexandre, 2.5.338c. 19R Fille d'Oxyarhres, Ie frere de Darius (Ill). Cela pour montrer une fois encore les liens matrimoniaux qui pouvaient se tisser au IV's. entre les aristoeratics locale et persc, Cf. infra p. 488. 199 Magie 1950, 308 sq. 200 C'cst ce qu'affirme Str. 12.3.4, eontraircment 11 une tradition [locale"] qui fait venir Ics colons de Megare et de Beotie, cf. Magie 1950, 1191 n. 23 ; Asheri 1972, 12-17. Lasserre CUF 157 rctient la fondation milesienne eomme n'ctant pas 11 ecarter, Cf. aussi Ehrhardt 1983. 201 Str. 12.3.10 qui indique de surcroit que Kytoron etait autrefois un emporion des Sinopeens et que Tieion se scparc rapidemcnt des trois autres. Cf. Debord 1998. 196
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CHAPlTRE VIlI
"LA GRANDE REYOLTE DES SATRAPES"
II s'agit Ia d'un episode controverse et qui comporte bien des zones d'ornbre malgre le reexarnen drastique auquel se sont livres M. 1. Osborne 1 et surtout M. Weiskopf:": problerne exemplaire de l'utilisation des sources et de leur difficulte. Le seul recit coherent et global des faits est celui de Diodore 3 ; mais il apparaii tres vite al'analyse que ces deux qualificatifs sont eux-memes inadequats. Dans un souci de mise en scene dramatique (unite de temps, unite d'action), Diodore a reuni des faits qui en realite se deroulent sur beaucoup plus d'une annee et qui sont probablement moins lies entre eux que l'auteur ne l'affirme 4. La revolte des (ou de) satrapes est traitee de facon encore plus schematique par Justin resumant TroguePompee s. n apporte des informations nouvelles, mais partiellement contradictoires avec celles de Diodore, et il conviendra de se rappeler que Ie recit de cet auteur, lorsqu'on peut Ie comparer a d'autres sources, se revelo souvent assez fautif. A cote dc cela, quelques eclairages nous sont fournis par Polyen 6 et le Ps.-Aristote de l'Eco/1omique, n. Ces deux auteurs ont en commun de s'interesser it des stratagernes militaires ou fiscaux, classes par personnages celebres mais sans que jarnais le contexte chronologique ne soit precise et qui apparaissent, parfois meme, dans une complete internporalite. nest done dangereux, en l'absence de tout point d'ancrage, de tenter de restituer ces faits precis dans un cadre plus general et it une date determinee. La suite montrera la difficulte d'une telle entreprise. Entin, occupant une place a part dans ce tableau, Dernosthene et Cornelius Nepos. Dans plusieurs de ses rcuvres, le premier fait reference it la situation des annees 365-360. II Y a la une information de premier ordre dont il faut obligatoirement tenir compte, mcme si le plus souvent il ne s'agit que d'allusions a une situation supposee connue des Atheniens 7. Le second est precieux par sa "Vie de Datarnes" 8, expose seduisant mais necessairement hagiographique qu'il faudra tenter de concilier avec Diodore 9. Notons que c'est sans doute par les progres de la numismatique qu'il est possible de sortir de certaines impasses. Des avancees importantes ont eu lieu depuis les travaux Osborne 1971,297-321; 1973,515-551; 1975,291-309. Weiskopf 1989. ] Diod. 15.90 sq. 4 Weiskopf 1982, 338; 1989, J2. 5 Troguc-Pompec, Prol., 10: (Artaxerxes) in Cadusis victus, dejectores in Asiu purpuratos suos persecutus, primum Dotamen praejectum «Paphlagoniae>. Paphlagonon origo repetita ; deinde praefectum Hellesponti /sriobarranen, deinde in Syria praejectum Armeniae Oronten, omnibus victis, decesserit. filio successore Ocho. (; Stratagemes, attribues iI Orontcs, Autophradatcs, Mausole, etc. 7 Cf. par exemplc Demosthene, Sur les symmories, 31. R Sur les sources possibles de Cornelius Nepos, Thiel 1923,412 sq. ; cf. Moysey 1992, 158-\68. <) Diod. 15.91.2-7. I
2
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classiques de E. Babelon 10. Un reexarnen systematique des monnaies satrapales (signification, ctalons, representations) serait cependant necessaire II. Nous avons vu plus haut qu'Autophradates, Mausole et Artabaze n'avaient pas reussi a venir a bout de la revolte d'Ariobarzane. La presence d'Agesilas et les manrcuvres d'intimidation de Tirnothee avaient suffi a etablir un partage de fait de Ia partie occidentale de la satrapie de Daskyleion. La participation de Mausole a l'expedition avait pam tellement peu effieace qu'on avait pu s'interroger sur son eventuelle duplicite.
1. LES ACTEURS DE LA REYOLTE SELON DIODORE En 36211, scion Diodore, se produit une revolte generale des zones cotieres de l'Empire. II est essentiel de lire integralernent lc texte 12 : "Sous l'archontat de Melon a Athenes [362/1 ]... les peuples qui habitent la cote de l'Asie se rcvolterent contre les Perses et quelques uns des satrapes et des strateges entrant en revolte firent la guerre aArtaxerxes. Simultanement Ie roi d'Egypte Taches ayant decide de combattre les Perses, equipait une ftotte et levait des forces d'infanterie. Ayant recrute de nombreux mercenaires dans les cites grecques, il persuada les Lacedemoniens de s'allier a lui. Les Spartiates en voulaient au Grand Roi parce que les Messeniens avaient ete places sur le meme plan que les autres Grecs dans la Paix Commune. La sedition contre Ies Perses ayant pris une telle arnpleur, le Roi aussi se prepara a la guerre. Car il avait a combattre en mcme temps le roi d'Egypte, les cites grecques d'Asie, les Lacedernoniens et leurs allies, les satrapes et les strateges qui avaient des commandernents dans les districts cotiers et avaient decide d'agir de concert; parmi ces derniers, les plus en vue etaicnt Ariobarzane, Ie satrape de Phrygie qui, a la mort de Mithridate, avait pris possession de Ia basileia de ce dernier 13 et Mausole, dynaste de Carie, maitre de nombreuses places fortes et de villes considerables dont Halicarnasse, qui possedait une acropole remarquable et le palais 14 de la (dynastic de) Carie, se trouvait etre le centre et la metropole ; outre ces derniers, Orontcs, satrape de Mysie et Autophradates (satrape) de Lydie; a cote des loniens 15, les Lycicns, les Pisidiens, les Pamphyliens et les Cilicicns, plus les Syriens, les Pheniciens, et pratiquement tous les peuples coticrs". Diodore distingue deux categories panni la longue enumeration des coalises : les representants du pouvoir perse et Ies peuples. II etablit une hierarchic dont la validite a ete souvent discutee, Ces donnees ne se situent pas sur le mcrne plan et peuvent etre resumees par le tableau suivant : Babelon 1893 ; 1910. Cf. supra p. 65. 12 Diod. 15.90.1-3. IJ La basileia de Mithridate est probablcrnent la dorea pcrsonnelle de ce dernier. Sur cc point ef. supra p. 99. Nous avons soulignc lit lc danger que representait la traduction de ee passage par Ci. Vial, CUP: "Ariobarzanes Ic satrape de Phrygie qui avait pris possession de ee royaurne 11 ia rnort de Mithridate". 14 Ce deuxieme ernploi du rnot basileia montre bien la polysomic du terrne ; Ie "palais" se trouvait probablcment it lernplaccmcnt du chateau des Hospitalicrs de Saint-Jean. 15 Plutot que "parmi Ics pcuplcs", Convient-il avec Dindorf de eorriger 'Irovcov en fHviDv (c'est la solution que rctient Ci. Vial), rnais la correction parait asscz violcntc, au plutot penser avec d'autres editcurs qu'un rnot a ctc ornis (e.g. uv£u, TCA~v)? Quelle que soit la solution, le sens ne fait pas difficultc. 10
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Les ennemis du Roi : vision globale
Les ennemis du Roi : listc detaillec des belligerants
I. Lcs pcuples qui habitent la cote d'Asie
I. roi d'Egypte
I" groupe: I. Ariobarzane. Mausole
2. Quelques uns des satrapes et strateges.
2. Cites grccques d'Asic
3. Taches, roi d'Egypte.
3. Laccdcmoniens ct allies
Ordre de la revoltc
2.0rontes, Autophradates
2' groupe: 1. Ionicns
4. Lacedernoniens
4. Satrapes ct stratcges des regions coticrcs qui coordonnent leur action
2. Lyciens, Pisidiens, Pamphyliens, Ciliciens 3. Syriens, Pheniciens, pratiquement tous les peuples cotiers,
Les peuples qui habitent la cote d'Asie La formulation est ambigue. Le terme Asia est employe par Diodore tantot pour designer l'Asie Mineure (et merne souvent sa partie occidentale), tantat en un sens geographique beaucoup plus large 16. Notons que la formule 01 T~V rcapaAlOv OlJ(Q'UVTEe; Tile; 'Ao ioz; est peut-etre a distinguer d'autres qui, bien que paraissant proches comme 01 T~V rcapa8aAantoV Tile; 'Aoir«; otKoUVTEe; "EAAl'lVEe;, semblent s'appliquer plus specifiquement aux Grecs d'Asie Mineure 17. La suite du texte est plus precise: il est question d'abord des cites grecques d'Asie et, plus loin, des loniens 18. Les Ioniens R. A. Moysey 19, en accord avec sa these principale qui met en evidence la faiblesse des cites de la Grece d'Asie, conclut "while the Greeks may well have become weary of Persian domination, they did not initiate the rebellion". II serait certes vain de vouloir determiner de facon lineaire un ordre de soulevement, en particulier a cause du caractere artificiel de la chronologie de Diodore. Cependant, la suite des evenements montre que le role des loniens n'est pas secondaire et que leur resolution est grande puisque la revolte ne prend fin que par la traitrise de Rheornithres qui se saisit de leurs chefs assembles 20. II est
E.g. Diod. 15.93.6; 16.40; 46.3 etc. Diod. 16.44.4 ; sur la notion de satrapie "cotierc", cf. supra p. 70 sq., 91 sq. 18 Si notre interpretation du document est corrcctc, la mention des Ioniens - qui figure dans lcs manuscrits - doit etre conservee en 90.3. Elle consacrc Ie role privilegie que Diodore leur attribue dans la rcvoltc, 1'J Moysey 1975,98, traduit Asia par Asie Mineure et eonc!ut que eeux que Diodore appelle "habitants de la cote" sont les Grccs, Selon lui, Diodore suit Ephorc qui fait la part trap belle aux Grecs reprenant par personne interposee des themes des thcoriciens politiques atheniens comme Isocrate, 20 Infra p. 348. 16 17
LA GRANDE REVOL TE DES SATRAPES
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bien probable que Diodore naccorde pas tout a fait Ie meme sens qu'Herodote au vocable "Ioniens", Nalls avons vu plus haut que lenumeration des peuples doit erre lue en sirnultaneite avec celles des satrapes revoltes, en quelque sorte pour combler les vides dans la perspective d'une conflagration touchant toutes Ics regions cotieres, Elle na done pas valeur institutionnelle. Est-il possible de determiner des facteurs communs a toutes ces cites, ala fois pour tacher de leur donner une identite et pour cerncr les clivages internes. J. Balcer 2] propose une grille d' analyse au la "frontiere" serait en fait interne aux cites dans la mesure all l' on pourrait opposer au v- S. asty et chora. La premiere est en general tenuc par des dernocrates pro-atheniens, la seconde subdivisee en rural manorial districts. M. Pieratt 22 a beau jeu de montrer qu' un point de vue aussi systematique ne saurait corrcspondre it une realite que I' on doit concevoir comme plus complexe et surtout sujettc a des evolutions liees a la conjoncture. Le seul exemple de Teas suffira sans do ute a montrer les difficultes d'une analyse trop Iineaire, On a beaucoup disserte sur Ics pyrgoi 23. Y. Bequignon 24 y voit des detachements militaires en charge des tours. En revanche D. W. S. Hunt P les interprete dans le cadre d'un systerne decrit comme feodal. Ces deux positions sont evidemment inconciliables mais pourtant des solutions de cornpromis ant ete tentees it partir d'une definition minimale : il est clair qu'a l'epoque hellenistique au mains il sagit, comme les symmories, d'une subdivision de la cite. M. Pierart 26 pense que Ie pyrgos est du a une reorganisation militaire, posterieure aux syrnmories, J. et L. Robert 27 soulignent que dans d'assez nombreux cas I'eponyme de ces pyrgoi porte un nom indigene et cela tendrait plutot a montrer que l'origine est assez ancienne - au plus tard IVe S. - et qu'il sagissait au depart de dornaines disposant de tours dans la campagne 28, dont A. Boeckh 29 faisait I' equivalent des demes atheniens. On rapprochera la tombe de Tas Kule pres de Phocee que N. Cahill 30 propose de dater de la fin du VIe au du debut du v- s. et qu'il analyse com me pouvant appartenir a une famille aristocratique perse ou a des nobles locaux "persianises". L'observation de J. et L. Robert concernant l'arriere pays ionien et la persistance de toponymes indigenes pour nombre d' agglomerations de petite taiJIe invite a rappcler que Strabon 3] attribue aux Cariens et aux Leleges, du sud au nord Ie peuplement de l'Ionie avant I' arrivee des Grecs. On sait que ceux-ci ant eu a compter aux hautes epoques avec ces populations. Ainsi les Milesiens connaisscnt de graves difficultes avec les Gergithes soutenus par le clerge (et done de l'oracle) de Didyrnes 32. La situation vaut encore tres largement pour le IV e S. et merne au dela. En ternoignent les rapports conflictuels des Prieniens et des Pedieis que traduit l'opposition explicite entre les citoyens de Pricne et les 21 22 23 24 25 26
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Balcer 1985, 31-42. Picrart 1985b, 42. cr. aussi Mitchell 1990, 107. En dernier lieu Jones 1987,308-310. Bcquignon 1928, 185-208. Hunt 1947,68-76; dans Ie meme scns Balcer 1985,39. Pieratt 1985a, 177 sq.; Jones 1987,308-310. Robert & Robert, Bull. ep., 1976, 174, apres Ruge 1934a, 553-555. Debord 1994, 57. Boeckh, CIG, 3064, commentairc. Cahill 1988. 481-501. Str. 14.1.3 apres Pherecyde. Debord 1977.
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habitants des komai a I'epoque d' Alexandre 3:1. Si l'on compare avec ce qui se passe plus au sud, la grande difference reside dans le rapport des forces. Le tissu des cites grecques est tel que les entites indigenes, peut-etre assez diverses par leurs origines, n' ont pas pu developper de solidarites ou de caracteres culturels communs. Les quelques traits autochtones reperables, en particulier dans le domaine de la religion (Didyrnes), ont ctc recupercs par Ie groupe dominant.
Les Lyciens 34 La documentation sur cette region est abondante apartir de la fin du Vc s. et jusqu'a la mainmise par Ics Hekaiomnides. En effct a quelques trap rares mentions Iitteraires s'ajoutent d'importantes inscriptions, provenant en particulier de Xanthos 35 et du Letoon et un grand nombre de monnaies auxquellcs ont ete consacrees plusieurs etudes recentes 36. La principale difficulte provient du fait que, rnalgre les decouvertes qui en ont fait progresser le dechiffrernem, la langue lycicnne reste encore largement herrnetique. On doit s'interroger sur les raisons qui president a la prosperite econornique d'une region qui ne semble pas posseder de ressources la distinguant de ses voisins immediats 37. Les opinions divergent: J. Zahle aurait tendance a attribuer a des causes militaires l' enrichissement des dynastes Iyciens sous la domination persc alors que A. Keen souligne plutot la situation strategique de la region sur la route qui va de l' Egee a la Mediterranee orientale, etape obligatoire pour les navircs circulant dans les deux sens. Le pays est tres accidente et compartirnente. Cela se traduit dans l'ordre politi que par la multiplication apparente des entites politiques 3X. On peut considerer cependant que, de Telmessos a Gagai, sc degagcnt trois unites geographiques 39 : I) A l'ouest, Ie bassin du Xanthe. Les principaux centres sont Xanthos, Tlos, Pinara, Patara auxquels il convient d'ajouter Telmessos, bien distincte mais dont l'histoire est Iiee a celIe de la region 40. 2) Une zone centrale ou sont notables Ies Iocalites associees de Phellos et Antiphellos, puis Aperlai, Myra 41. 3) La partie est qui s'organise dans Ie bassin du Limyros avec Limyra, Rhodiapolis, I. Priene, 1. Une bibliographic exhaustive est Iournie par Borehhardt & Dobesch 1993. A l'ctudc classiquc de Treuber 1887, on substituera des publications qui tiennent compte de Ja decouverte de nouveaux documents et du mcilleur dcchiffrerncnt de ceux qui etaieni deja connus : Houwink teu Cate 19h5, 3-15 ; Jameson 1973,265-308 ; Bean 1987; Metzger et al. 1979,25-37; Weiskopf 1982,441-2; Hornblower 1982. 181 sq.; cf. surtout Childs 1981,55-80 (article touffu et parfois aventurc mais la base de notre analyse); Bryce 1980,337 sq.: 1983,31-42; Asheri 1983 ; Bryce 1986a ; Metzger 1987, 3-19 ; Bryce 1990, 53\-541. Cf. la synrhese generate de Kolb & Kupke 1992 et Ics travaux rccents de Keen 1992a, 53-63 ; 1992b ; 1993, 71-77 et surtout 1998. 35 Recueil des inscriptions lycicnncs, Kalinka 1901, revise par Friedrich 1932, 52-90 et complete par Neumann 1979 ; cf. aussi les volumes des Fouilles de Xanthos, specialement lcs volumes 5 et 6. ]6 Mise au point bibliographique commode de Picard pour Metzger 1987. 10 n. 53. Babelon 1893. CX sq. donne I'ctat des connaissances a la fin du XIX'S. De nombreux articles dont Ie support principal est la numismatiquc om paru dans ces vingt dernicres annecs ; cf. Atlan 1958. 89-95 ; Jenkins 1959.48 ; Morkholm 1964, 65-76 ; 1971. 1-29; Morkholm & Zahlc 1972.57-113; 47,1976.47-90: Morkholm & Neumann 1978.3 sq.; Zahle 1985. etc. Zahle 1989 ; Keen 1993. 3~ Cf. la tentative de hierarchisation des cites proposee par Zahlc 1980, 37-49. La plus importantc est Xanthos puis Phcllos/Antiphcllos, Limyra, Telmessos, suivies de Pinata, Tlos, Patara, Myra (cette etude repose sur une analyse quantitative et qualitative des differerus types de sources). 39 Mcrkholm 1964. 71 ; cf. aussi Bryce 1980. 377 sq. avec un dccoupage legeremcnt different. En dernier lieu Schweycr 1996 et Keen 1998. J 3-33. 40 Childs 1981.56 et n. 13 (cf. aussi Houwink ten Catc 1965. 15). 41 Borchhardt et al. 1975. 33
34
LA GRANDE REVOLTE DES SA TRAPES
307
PAMPHYLIE
• Balbourn
CARIE
.-. • Kalynda
".
... - ... .... \
•
Oinoanda
\
,
MILYAS
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Rhodiupolis ~
• Korydalla
Leloene
K;lndybae
de Xunthos
1/
50krn
L
Carte 10 : La Lycie.
Korydalla. En revanche Phaselis 42 n'appartient pas politiquement a. I'horizon lycien, meme si la geographic impose des relations etroites bien que parfois mouvernentees. Cette structuration implique des consequences pour la frappe des monnaies. De facon un peu trop simplificatrice sans doute, on oppose deux regions utilisant deux etalons distincts : dans la partie occidentale on ernet des monnaies "legeres" calquccs sur l'etalon athenien alors que lcs autres centres d'ernission adoptent un etalon "lourd" convertible dans le systeme perse. Faut-il voir a. cette bipolarisation des raisons d'ordre econornique (Morkholm) ou administratif (Childs). Nous verrons en tout cas que cela ne prejuge en rien des choix politiques des differentes regions. Des Ie debut du yc s., une famillc : Ie Ka]s "jika genos 43 joue un role primordial en Lyeie. Une reconstitution du stemma familial a ete tentee par plusieurs auteurs. La plus satisfaisante a. ce jour parait etre celle de T. Bryce 44 dans sa version B c' est-a-dire ceJle qui fait d'Harpagos non pas un membre direct mais un allie de la famille xanthienne :
Infra n. 412. 7L, 44e 31. On a toujours restitue KlX[ p ]iKU 'I~VO;. Bousquet 1992, 172 sq., fait observer a justc titre qu'6tant donn61c nom du pere de Gergis transmis par Herodotc un o ou un S conviendrait sans doute mieux. 44 Bryce 1982, 334. Pour un stemma toialemcnt different Keen 1998, 220. 42
41
L' ASIE MINEURE AU IVe s. (412-323 a.c.)
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----------~
Kbeziga (Kossika) Kuprlli (Kybernis)
nne
Kheziga _. -
,..., ,
_ .... _ - - -,
Khcriga (Gcrgi s)
-
Arppakhu (Harpagos) ..-
--
.-
Kherei
(Kerris~)
Erbinna (Arbinas)
En effet le nom d'Harpagos ouvre deux hypotheses: 1) Le Ka[s? [ika genos a du sa preeminence dans la vallee du Xanthos a larrivee des Perses. Il serait l'une des quatrevingts familles qui repeuplent la ville apres la premiere destruction par le general perse Harpagos (Herodote 1.176). Le genos temoigne ide son attachement au vainqueur par I'adoption de ce nom - comme dautres choisiront en sens contraire le nom de Perikles. Dans ce cas, Harpagos serait l'un des fils de Kuprlli. Telle est la solution retenue par J. Bousquet 45. 2) Harpagos (Arppakhu) a recu en recompense un domaine dans la region conquise ct une branche de sa famille a pu continuer a y resider. Deux inscriptions provenant de Phellos et de ses environs (N 310 et TL, 77) 46 se terminent par la formuIe cneArppakhuhe khiitawata dont le sens est probablement "sous l' autorite d' Harpagos" et pourtant ce dernier ne semble pas avoir emis de monnaies. Certains modernes ant voulu voir chez Herodote la trace d'une tradition "harpagide" 47. Dans ce cas le Ka]s? [ika genos aurait recherche une alliance matrimoniale avec un personnage important de I'aristocratie perse ". Bousquet 19'J2 (donne lit comme une evidence). Cf. Kecn 1998,46; 76-79. Sur la region de Phellos-Antiphcllos et son organisation geopolnique, Schweyer 1996, 39-42. 47 Bryce 1982, 332 n. 19. 48 Cc type dalliance pourrait etre illustre par lcxernple de Pharnouchos ne d'un perc lycicn el dune mere perse (supra p. 21). 45 46
Legende de la planche VI
I !
I I
Vl.I, Kherei. Sehwahaeher pl. 11. 2, ar, 8,18 g. VI.2, Kherei, idem pI. 1I. 13, ar, 8,35 g. V1.3, Artembares, idem pl. 11. 13, ar, 3,79 g. VIA, Ddenevele, idem pI. 11.6, ar, 7,95 g. VL5, Mithrapata, idem pl. 12. I, ar, 9,77 g. V1.6, Pcrikles, idem pI. 12. 9, ar, 9,85 g. VI.7, Khcriga, SNG von Aulock 4166, ar, 9,50 g. VI.8, Khcrei, Cahn 1989 I. 8, ar. VI.9, Kherei, von Aulock 4176, ar, 4,13 g.
VI.IO, Ddenevele, von Aulock 4180, ar, 8,34 g. V1.11, Ddenevele, Hurter, Essays... Thompson ' pI. 8.7, ar, 8,47 g. V1.I2, Arbinas, idem pl. 9. 26, ar, 8, 48 g. V1.13, Artcmbares, von Aulock 4184, (revers de VI3). VLI4, Pcrikles, von Aulock 4252, 9,91 g. V1.I5, Perikles, v. Athena 1987132,9,04 g.
LA GRANDE REVOLTE DES SATRAPES
I
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Planche VI
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L'ASIE MINEURE AU IVe s. (412-323 a.c.)
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L'existence d'un certain nombre de noms perses dans les families "locales" 49 ne permet pas le plus souvent de trancher : sagit-il dautochtones iranises, de families perses anciennement implantees, de representants en mission du pouvoir central? Tous ces cas de figure ont du coexister. Ces noms perses temoignent dans tous les cas d'unc presence imperiale bien affirrnee qui contraste avee lidee d' une "autonornie" de la Lycie jusqu' a une epoque relativement avancee so. P. Bernard 5 1 soutient de facon vraisemblable que nombre de nobles perses ont recu des domaines dans la region. On pensera a titre de comparaison a la situation de Spithridates et a ses relations avec Cyzique. En 480 Ie contingent navallycien qui accompagne Xerxes en Grece est probablement commande par Kuprlli fils de Kheziga 52. L'histoire de la Lycie s'cclaire un peu a partir du milieu du y c s. dans la mesure ou elle entre alors en contact avec Athenes, Elle apparait dans les listes des tributs pour 452/45 I, 451/450 et 446/445 53 et, en regle generalc, ce fait est lie a la campagne de Cimon qui culmine en 468 a la bataille de I'Eurymedon. L'adhesion des Lyciens est-elle obtenue par la force ou par la persuasion? La couche de destruction de Xanthos a-t-elle quelque lien avec ces evenernents? 54. L'ultime versernent, dix talents en 446/445, est effectue par les TEAE/-lECJCJ[Wll, !\UKlOl Ked CJDv[1EA-l 55. Vers 440, Kuprlli transmet Ie pouvoir a son petit fils Kheriga (celui-ci et son frere cadet Kherei sont des fils d'Harpagos) qui devient done le maitre de Xanthos mais aussi d'une principaute beaucoup
Schmitt 1982, 373-388; Bryce 1986a, 161 sq.; 1990,536 sq. Supra p. 146. )i Bernard 1964,208-212: il rclevc 24 noms pcrses dans des inscriptions hcllcnisriqucs et romaines. Point de vue different de Keen 1998,60 sq. 52 Bryce 1982,330 it propos dc Hdl. 7.98; cf. aussi 1983, 33-34; Bousquet 1992, 172. A la lecture Kyberniskos fils de Sikas (mss), il convient de substituer Kybcrnis fils de Kossika (ainsi Legrand, CUI", apres Meyer, mais la patcrnitc de l'hypothcsc parait devoir ctre attribuec it Six). Refus de l'cquivalcnce Kybcrnis/Kuprlli par Zgusta 1964 et Asheri 1972, 61. Selon Keen 1998, 89 et 96 il pourrait ctre mort au eours de la bataille de Salamine et on lui a attribue le sarcophage aux Harpyes. Le contingent Iyeien etait de cinquante navires selon Hdt. 7.92; de quarantc sculemcnt selon Diod. 11.2.1-2 ou il est indique que la Lycie a ete l'un des centres de construction de la flotte ; 3.7. Kuprlli ernct des monnaies it Xanthos mais aussi en Lycie centrale ct it Limyra. Cf. Morkholm & Zahle 1972,57-113 et en dernier lieu Spier 1987, 29-37 (specialement 33) ; des monnaies de ce dynaste dans le "Decadradhm hoard" dont l'cnfouisscmcnt [p. 371 pourrait dater des environs de 450. 53 IG, 13, 261 ; 262: 266 (ATL, II, 3 ; 4; 9). Le montant de la contribution unique des Lyciens et de Telmessos dans les deux premieres listcs nest pas connuc ; dans la troisierne, Telmcssos verse un talent, les Lyciens ct leur synteleis dix talents. C'est evidemment une somrne importantc (Jones 1937, 97) mais Bryee 1986a, 106 n. 18, fait observer qu'cllc est rclativcmcnt modeste par reference aux quatre eents talents dus par lc premier nome dans la repartition hcrodotccnne des tributs de l'Empire. S4 Plut., Cimon, 12.3; Diod. 11.60.4. Cettc version des faits est contestee par Bryce 1986a, I03 sq. Ce dernicr s'appuie sur Diodore qui indique que Cimon "usa de persuasion" alors que Plutarque est encore plus evasif. Notons cependant que la mission de Xanthos, d. e.g. Metzger 1963, 81, datc une destruction importantc de I'acropole lyciennc des annees 475-470. Peui-on penser it une simple coincidence? Bryce 1983,35 relevc le fait que le Monument des Harpyes (antcrieur au passage de Cimon) est reste intact et que Kuprlli continue it emcttrc un monnayage sous la domination athenienne. 55 IG, J3, 266 (dans lcs deux listes prcccdentcs, [TEAfllklGlOl KU-t AluKlOl; ITEAflE0JCHOl [Kat AUK10l]. Il Y a done bien deux entites distinctes, me me si pour la commodite du versement elles sont rassemblees en une merne rubrique). Dans que lie mesurc ccs synteleis sont-ils les ancetres des perioikoi de la Trilingue ct que l'on rencontre it l'cpoque hellenistiquc it Tclmessos et ailleurs en Lycie (Worrle 1978,236 sq.). Tolle est I'hypothcse de Childs 1981, 57 (mais cf. contra Bryce 1986a, 106, qui voit lit une distinction puremcnt politique). En dcrnier lieu Keen 1998, 45 sq. Il serait plus aise de trancher si nous savions qucllc definition les Athcniens - cl plus generalcment lcs Grccs - donnaient de la Lycie (ensemble de 1a region ou vallee du Xanthos"). Sur l'hypothcsc d'un koinon Iycien des l'epoque de la domination perse supra p. 182. 49
50
LA GRANDE REVOL TE DES SATRAPES
311
plus vaste 56. A un moment qu'il est difficile de preciser (des 440 selon Childs 57, vers 430 pour O. Merkholm-J. Zahle) 58, les Lyciens (au au mains une part d'cntre eux) ne paient plus leur contribution a la Ligue. Une expedition rncnee en 430/429 par l'Athenien Melesandros avec com me objectif de recuperer de I'argcnt, est defaite par les Lyciens. Melesandros est tue par le dynaste Trbbenirni 59 apparernment maitre de la partie orientale de la Lycie, En revanche il n'y a pas de preuve qu'a ce moment la part occidentale ait ete dctachec de la ligue de Delos. Sous Kheriga est emis un monnayage ala chouette qui perdure encore sous son frere et successeur Kherei 60 avant qu' elle soit remplacee par la "tete satrapale" 61. En bref, il n'cst done pas assure que l'action de Melesandros ait conccrne au depart I'ensemble de la Lycie, en revanche il est possible que sa defaite ait entrainc la secession de toute la region, plutot vers 430 que dix annees auparavant (cf, supra). Un certains nombre de noms propres 62 apparaissent dans l'inscription lycienne du "Pilier inscrit", mais celle-ci est tres incornpleternent dechiffrec ce qui ne permet pas d'en donner une interpretation entierernent satisfaisante. Les hypotheses de W. A. P. Childs quant
56 Certaines monnaics de Kheriga ont ete emises it Xaruhos dc facon simultancc it ccllcs de Kuprlli, Kheriga semble avoir exerce un commandcment en Lyeie centrale (monnaies it Phellos, cf. Morkholm & Neumann 1978, 15. ct Kandyba par cxernple Bank Leu 13 mai 1986) avant de succedcr it son grand-perc it Xanthos (Morkholrn & Zahle 1972, 75 : Bryce 1982, 335). Kheriga it Xanthos dans I'inscription TL, 43 avec la Iormule ene khiitawata, Laroche 1974, 134. II semble que la date basse Metzger (IY's.) et aussi Zahlc 1979, doive etrc abandon nee au profit de la date haute traditionnclle (vcrs 430) proposec pour Ie sarcophage qui porte l'inscription (d. Childs 1981,69 n. 77). Scs monnaies ne sont pas postcrieures it 410. 57 Childs 1981. 62. 5~ Morkholm & Zahlc 1976,75-6. (ef. aussi Asheri 1972,87). 59 Nous avons la version athcnicnne des faits par The, 2.69 et, fait rarissime, Ie point de vue antagoniste par Ie "Pilicr inscrit" de Xanthos : 7L, 44a 44 sq. Selon l'hypothese de Thompson 1967, 105-6, toute l'histoirc rapportcc par le Pilier se placerait au moment de la guerre de Dccclic. II y aurait done deux Melesandros, tous deux defait« dans des conditions quasi identiques it une generation d'intervalle. Cela parait bien improbable (Childs 1981, 64). II faut done admettre que nous semmes plutor en presence d'une ehroniquc portant sur une assez longue pcriodc. S'agissait-il de percevoir les arrieres du pharos'! Lc tcrme apyupoAoyElv employe Thucydide est vague. Trbbenimi emet (infra, n. 397) encore des monnaies vers 370. Une telle longevite fait penser it celie de Kuprlli ; it notcr qu'clle a suggere deux hypotheses eontradictoires : 1) avec Childs l'idee que plusieurs dynastes du merne nom ont pu se succeder, 2) avec Thompson, que I'episode de Melesandros est it placer au eours de la gucrre d'Ionic (supra). Cf. Keen 1993. 60 Monnaics it Xanthos, Phcllos, Tlos, Pinara, Telmessos : done un dornaine qui ne parait pas different de celui de son prcdccesscur (Morkholm 1976, 51 sq. : Morkholm & Neumann 1978, 16 et26; Bryce 1982,335-6), mais infra n. S I. 61 Pour la fin de ce monnayage qui est contemporainc de I'crection du pilier funeraire, cf, Childs 1981,63 n. 40. Kheriga ernct un monnayage qui porte it l'avers une deesse (Aphrodite?) et at! revers la chouette athcnicnnc (SNG von /vulock 4167-4168). La plus significative est cepcndant cclle qui inscrit cette chouette dans un tetraskele, ibid. 4166 (1'1. VI, 7). II est asscz tentant de considerer qu'elles correspondent it l'cpoquc de l'adhesion it la ligue de Delos, alors que Khcrci ernet des pieces comparablcs (4170-4171). En revanche il convient d'etre tout it fait d'accord avec Childs pour considcrcr que Ie choix d'Athena n'a pas de valeur "politiquc" (I'. 70). Ellc n'est autre que la dcessc Iycienne Maliya, A noter la tres cxceptionnellc qualite dc la monnaie Boston 2086 reproduite par Schwabacher, 1'1. II, 2 (portrait ["] de Khcrci de trois-quarts face), probablcment I'unc des dcmiercs cmiscs par lc dynastc (PI. VI, 1). (,2 Zagaba, Trbbenirni, Kherci, Tcththiwcibi, Mithrapata, Aruwatiycsi. Certains nc sont pour nous rien dautre que des noms. Mirhrapata/Mirthjrobates est un nom suffisamment commun pour qu'on puisse douter de l'identite entre cc personnage et Ie subordonnc de Pharnabazc (Xcn., Hell., 1.3.12), cf. Sekunda 1991,101. Sur Ie c1assemcnt ehronologique de ces dynastes en fonetion de leurs monnaies, Morkholm 1964. Tout est loin detre assure: par excmple Zagaba est-il un nom de dynaste ou de cite: Keen 1995, 55?
312
L' ASIE MINEURE AU IVe s. (412-323 a.c.)
a la date (vcrs 400) 63 et it la nature du document (il sagirait du pilier funeraire de Kherei) 64 s' opposent a celles de 1. Bousquet (pi lier funeraire de Gergis-Kheriga, debut du IV e s.) 65. La suite ne se laisse pas aisement apprehender it une exception pres : aux lignes 52-55 apparaissent les noms des Ioniens, de Iasos, Mykale, Samos (?), d' Amorges non loin du nom de Kherei, 11 est clair qu'il s'agit Ia des evenernents qui ont accompagne la revolte d'Amorges en Carie 66. Nous apprenons ainsi qu'un contingent Iycien a participe a la victoire de Tissapherne et des Spartiates puisque Kheriga-Gergis se glorifie d'avoir tue de sa main et en un seul jour, sept hoplites arcadiens 67. II faut en conclure quia ce moment la Lycie est dans la mouvance de Tissapherne dont Ie nom apparait dans I'inscription lycienne 68. La presence du satrape est encore attestee par une monnaie a legende lycienne emise a son nom a Xanthos 69. Le moment le plus adequat est la peri ode comprise entre 407 et 401, cest-a-dire lorsque son domaine parait se resumer pour I'essentiel it la Carie-Lycie et ou une presence effective dans la region parait plus plausible 70. Faut-il en conclure que Tissapherne a pris le controle direct de Xanthos et de sa region? Cela expliquerait pourquoi au tout debut du IV e s., Arbinas fils de Gergis affirme avoir etabli son pouvoir sur la region de Telmessos, Xanthos et Pinara. On ne sait d'ou est partie la reconquete menee par Arbinas. J. Bousquet 71 suggere Caunos en partant de premisses inexactes. En effet, le BasileusKaunios et son introduction en Lycie n'a rien a voir dans ce deb at si I'on suit H. C. Melchert 72 dans son interpretation de TL, 44c 7. Pour ce dernier, il s' agirait simplcment de I' affichage d'une stele dans le sanctuaire du dieu a Caunos 73 a l' occasion de negociations entre les Spartiates et Tissapherne arbitrees par le dynaste de Xanthos 74. L. Robert 75 se prononce en faveur de Tlos comme point de depart parce qu' elle n' est pas mentionnee dans Ie poeme 76 mais les arguments DC sont pas decisifs. 63 TL, 44a 59-60 apparaissent les noms de Darius et Artaxerxes ; il Y a eertes plusieurs combinaisons possibles mais cclle generalernent retenue est Darius II et Artaxerxcs II (cf. Childs 1981, 66 et n. 64). Noter egalement Ie nom de Tissaphcrne (Childs 1981,67-8 ct supra p. 120) et d' Arbinas, comme Ie fait observer Bousquet 1992, 170, qui optc pour Ie tout debut du IV'S. 64 Cf. Childs 1979,97-102; 1981,67-8 d'ou Bryce 1982, 332. 65 Bousquet 1975 (dou Robert 1978); 1992, suivi par Kecn 1998,130. 66 Supra p. 121. Keen 1993. 67 Cf. I'epigramme grecque de TL, 44c I. 29 (ML, 93) ; reedition du texte, Bryce 1986a, 97 ; traduction Picard 1980, 257. 6S Son nom cst associe it celui de Hieramenes dans un contexte religieux (cLI. 12 et 15).11 est assez tentant de rapproeher cette rencontre avec celie que l'on retrouve chez The. 8.58.1, it la fin de l'hiver 412/11 au moment de la conclusion du 3' accord avec les Spartiates, I'bypothese est scduisante si I' on retient la lecture proposee par Melchert 1993,31, Ie dynaste lycicn se serait entremis entre Ie satrape et les Spartiates lors de l'entrevue de Caunos. 69 Morkholm & Neumann 1978,25 et pl.llI, 4; Hurter 1979,100-101 : it l'avers, "satrape" perse it cheval, legende arliina (Xanthos) ; au revers Athena casquee, legcnde Zisa ...na ; Hurter propose une date comprise entre 400 et 395 ; (PI. l, 14). 70 D'aceord sur ee point avec Childs 1981,67 et n. 72, Keen 1998, 137 cmet l'hypothesc qu'elle aurait etc frappcc pour payer des mercenaires lyciens engages contre Amorges, 7' Bousquet 1975 et 1992. 72 Melchert 1993, 31. 73 On voir combien toute construction reposant sur une interpretation des textes Iyciens reste encore hasardeuse. 74 Suprap. 213. 75 Robert 1978a, 21, suivi par Hornblower 1994,214. 76 TL. 44a 47 indique qu'elle a appartcnu au domainc du Kals r lika genos, Kherei ayant df rernettre bon ordre dans cette ville. Pour Bousquet 1992, la reconqucte de Telmessos, Xanthos, Pinara par Arbinas s'est faite contre Kherci.
LA GRANDE REVOLTE DES SATRAPES
313
Les confins caro-lyciens, sans plus de precision, fournissent une meilleure approximation. La presence des lettres cariennes equivalant a ER 77 sur une monnaie d' Arbinas-Erbbina plaiderait en ce sens. A.-V. Schweyer 78 etudie cette region en soulignant Ie melange de caracteres cariens et lyciens (tombes, ecriture) a Krya. Rappelons un peu plus it linterieur, la presence d'une agglomeration importante it Kadyanda 79 qui offre dautres possibilites, d'autant que c'est it proxirnite de ce site qu'a ete decouvert Ie "tresor de Tissapherne". Si l'on situe le "regne" d' Arbinas 80 dans les premieres annees du IV" s. (au plus tard jusque vers 380-375?), il faut penser que la Lycie a eu a subir les soubresauts qui caracterisent l'Asie Mineure dans la periode : lutte Cyrus- Tissapherne 81, revolte des annees 380. Tout cela a du avoir des consequences sur la vie locale, mais rien d'assure ne peut etre dit 82. Nous avons ete amene it privilegier cette famille it la fois parce que la documentation recente permet enfin de mieux percevoir les liens familiaux et surtout son insertion dans l'histoire generale, merne s'il subsiste bien des zones d'ombre. II convient de constater aussi qu'elle a, durant de longues periodes, dornine une vaste partie sinon Ia totalite de la region. Cela n'exclut pas que de facon synchronique Ies monnaies, et parfois les inscriptions, font mention de bien d'autres dynastes (environ une quarantaine, repertories pour les vc et Ive s. 83), mais leur pouvoir reste plus local et dansles periodes calmes Ie Ka{s? [ika genos parait, jusqu'a la fin du v e s. au moins, avoir ete Ie representant regional du pouvoir central 77 Masson 1974, 127-130 dou Bousquet 1992, 167 n. 18. Le meme (ibid. 180) ajoute au dossier la monnaie Bank Leu 12 mai 1987 n" 325 cmise par Kheriga (tete casquee au revers; it l'avers Athena ct lezende Tuminehi) et sappuic cn realite sur une notice dEtienne de Byzance : Tuuvnoooc reoAl; Krxpic«; (alors qu;l y a aussi une 'Ap1UflVYj000; reoAl; Auxia;) ct sur 1es positions de Robert 1936 ;1955a, 188-193; 1966,9-14. Mais Zahle cite par Sehweyer 1996, 24 et 30-31, dernontre de facon convaincante (nature du monnayagc, presence dans Ie texte du pilier inscrit TL, 44 entre Xanthos et Kandyba) que Tymncssos doit etre placee it Koybasr. J'ajouterai quc, malgre la mention polis Karias, toute la suite de la notice fait reference it la Lydic. Schweyer SUggtTC (apres Jones ct dautres) qu'il y a un doublet chez Etienne entre lcs notices de Tymnessos et Artyrnnesos, 78 Schweyer 1996, 11 sq. 79 Sehweyer 1996, 16-17. 80 Arbinas bat monnaie it Telmessos et apparemment pas it Xanthos ; on en a tire argument pour soutenir que lc centre du pouvoir avait change et s'etait dcplacc de Xanthos vers Telmessos mais Metzger 1979, 24 fait rernarquer que sa presence (monuments, inscriptions) it Xanthos-ville ct au Letoon n'est pas moins nctte. En revanche rien ne montre une quelconque intervention en Lycie centrale (monnaies routes d'etalon "leger", cf, supra) qui est alors sous Ie contr6lc d'autres dynastes parmi 1esquels probablemcnt en premier lieu Trbbenimi et pcut-etrc Pcrikles (infra). Lc "tresor de Tissaphernc", n. 69 supra, trouve pres de Kadyanda et pour lequel Hurter propose une fourchette 410-385/80, arncnc it proposer quelques hypotheses nouvelles. Les monnaies de Ddcnevcle (19) et d'Arbinas (27) sont de loin les plus nombreuses, Ddcnevclc frappe a Telmessos (carre incus puis revers eireulaire) et la frappe d'Arbinas parait lui succedcr (revers cireulaire). Ddenevcle ernct aussi probablement it Xanthos et l'on notera Ia grande parente des revers (Athena casquee) des n'' 7, Ddenevele, et 26, Arbinas, PI. VI, 11-12 ; monnaies dont les poids sont par ailleurs idcntiques. 11 me parait done possible qu' Arbinas ait eu aussi, contraircment it l'opinion retcnue jusqu'alors, un atelier it Xanthos, Cf. sur d'autres bases les arguments de Keen 1998, 147. A noter aussi l'idee que 1e monument des Ncreides pourrait etrc la tombe d'Arbinas, ef. Demargne 1979, 99- lOO n. 16. 81 Keen 1998, 139 note la presence du nom de Lysandre dans trois inscriptions Iyciennes, TL, 90; 103; 104 datant des annees 360 mais qui rappellcraient 1c navarque spartiatc et des sympathies pour l'action de cc dernier, cf, en contrcpoint infra 1c choix du nom Perikles, 82 Rien ne prouve par excmple que 1a (rejconquetc d' Arbinas se soit faite contre Kherei comme Ie pensc Bousquet 1987 et 1992 (cf, les liens de coins des monnaies de Kheriga-Kherei-Erbinna) : cf. Keen 1998, 144 qui rejette l'idce d'une parente etroite entre les deux dynastes. 83 Un certain nombrc de dynastes sont uniquement connus par les monnaies et sont done seulcment des noms pour nous, (cf. Morkholm 1964; Morkholm & Neumann 1978; Zahle 1989), par ex. Aruwatijesi qui bat monnaic dans les deux etalons, de me me que Wekhssere (II) dont la presence de rnonnaies it la fois dans Ie "trcsor de Tissaphcrne" ct dans cclui de Podalia montre qu'il marque la transition entre les premieres decades du IVe s. et la periode de la revolte des satrapcs.
L' AS1E M1NEURE AU IVe s. (412-323 a.c.)
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sous l'autorite plus ou moins vigilante du satrape de Sardes et / ou d'Ionie 84. Au dela lcs choscs sont moins claires dans la mesurc ou Arbinas ne semble concerne que par la Lycie occidentale, Dans le premier quart du IV e S., plus precisernent a partir des environs de 390, la Lycie releve du satrape de Sardes, Autophradates 85 ; telle est apparemmcnt la situation au moment ou se declenche Ia revolte des satrapes. En bref, c'est d'une analyse superficielle de la realite Iycienne et cn s'appuyant sur l'opinion d'lsocrate 86 que lon a tire l'idee d'uno Lycie quasi independante durant une large partie de la periode classique. II convient en effct de rappeler que dans la pensee du rhcteur athenien I'affirmation selon laquelle les provinces de l'Empire perse sont pretes a faire secession a la premiere occasion constitue une sorte de leitmotiv qui releve plus d'une attitude volontariste que d'une analyse objective de Ia realite persc. II tient des raisonnements sirnilaires pour la Carie, la Cilicie. En fait, la Lycie apporte unc bonne information sur le fonctionnement normal de l'Empire perse. Elle est simplement mieux fournie en documents que la plupart des autres regions, meme si la difficulte d'interpretation des sources doit rendre prudent. Kheriga et Kherei jouent apeu pres Ie meme role aupres du pouvoir satrapal que la famille dc Mania en Troade 87.
Les PamphyIiens On sait pcu de chases sur l'evolution de cette region qui appartient au premier nome herodoteen. Lcs fouilles, a de rares exceptions pres, n'ont revele que les - trcs riches niveaux hcllenistiques et surtout romains 88. On sait que l'expedition de Cimon a comme consequence de faire entrer un certain nombre de cites dans la liguc de Delos 89 : Ityra, Perge, Sillyon, Aspendos, Kelenderis. Le periple du Ps.-Skylax 90 retient les noms d'Olbia, Magidos, Perge, Aspendos, Sillyon, Side. La Pamphylie apparait done comme assez largement urbanisee. Les deux cites Ies plus importantes sont Aspendos et Side 91. Leur monnayage remonte au V C s. et elles revendiquent une longue tradition d'hellenisrne (Side se Cf. provisoirement it ce sujet Bryce 1982, 336. Pour les mentions d'Autophradatcs, deux peri odes s'offrcnt it nous ; entre 392/1 et 387 ou entre 380 et la rcvolte des satrapes ; cf. it Xanthos TL, 40, sur le sareophage dit de Payawa, inscription d, Autophradatcs est qualifie de "satrape perse" (khssadrapa pal rzla), cf. Laroche 1974, 139; il est probablement represente sur la scene d'audiencc qui est figuree, cf. Demargne 1974,78 sq. qui propose de dater le monument des annces 370-350 (p. 86). Une autre inscription provenant de Bayindir Limam, sur la cote meridionale pres d'Antiphellos (TL, 61 ; cf. la bibliographic fournie par Childs 198 I, 74 n. 118) rnentionne Autophradates dans la forrnulc ene khiitawata wataprddutehe ("sous I'autoritc d'Autophradatcs"). Keen 1998, 171, la place apres la revolte des satrapes (infra). 80 Isocratc, Paneg., 161. 87 Xen., An .. 1,1.11, 8S Erzen 1973,388-401 ; Mansel 1975,49 sq. ; Nolle 1993,299-303. 89 Meritt et al. 1950. 11 et 207 sq. ; 260 sq. ; aussi Meiggs 1972, 102 et 420-421. YO Ps.-Skylax 100-10 I. 91 Sur leur eon stante rivalitc, :'-Jolle 1993. Pour la tres large diffusion des monnaies d'Aspendos, cf. les trcsors de Karaman (fGCll1244) et Podalia (fGCH 1262), Morkholm 1959, 184-200 ct 1971,6 sq. Mais Lcvantc 1994, 8 note que Ie rnonnayagc d' Aspendos na pas du dcbuter bien avant 400 (absent du tresor de Kelenderis, fGCH 1255, d. Davcsne 1989, 160 sq.) alors que latelier de Side est incontestablcrnent plus ancien. Monnaies d' Aspendos, cf. l' etude de Tekin (Istanbul) : d' abord gucrrier/triskele (e.g. ACGC 10(4), puis drachrne cavalier/ sanglier (ibid. 10(5), et siatcre deux lutteurs/frondeur (repris it l' identiquc it Sclge) ; rnonnaies de Side (Allan 1967, des le vs s.) : grenade/tete d' Athena puis vcrs 380 (infra p. 286 n. 226) Athcna/Apollon au corbeau, les deux divinitcs reprcscntecs en pied, SNG France 3 632-658. C'est bien entcndu ccue scric qui figure en nombre dans lc tresor de Nagidos ou sont presentcs egalcrncnt celles d' Aspcndos (ricn de certain pour celles de Selge). 84 85
LA GRANDE REVOLTE DES SATRAPES
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declare colonie de Kyrne 92 alors qu' Aspendos revendique des origines argiennes 93) rnerne si la realite apparait comme plus complexe comme tendrait a Ie prouver le nom merne de Panphyloi et la tradition qui integre les Leleges aux Iegendes de fondation. O. Casabonne 94 presente quelques arguments de vraisemblance pour affirmer que les Pamphyliens sont integres au me me nome que la Cilicie : tribut en chevaux exige d' Aspendos par Alexandre, presence d' Aspendiens et de Ciliciens au cote d'Epyaxa au moment de son entrevue avec Cyrus. Si cette hypothese devait etre retenue, disons a tout le moins que rien ne s'y oppose, il n'y a en revanche aucune raison den conclure au caractere errone de I'information d'Herodote. Nous avons releve plus haut de nombreux exemples de variations des ressorts territoriaux. La "Paix de Kallias" (449) pourrait par exemple avoir entraine de telles mutations puisque toute la facade occidentale etait perdue pour l' Empire, une petite part de la cote meridionale a pu etre rattachee a la Cilicie. Les solidarites sont evidentes encore au lye s. OU nous voyons le satrape de Cappadoce Datames, alors en charge de la ftotte du Grand Roi rassemblee en Phenicie, avoir des relations (dont la nature exacte ne saurait etre definic) avec Side 95. La circulation monetaire tendrait a montrer 96 que nous sommes dans une zone de forts contacts politico-economiques, Les cites paraissent avoir joui d'une assez large autonomie jusqu'a la campagne d'Alexandre avec peut-etre une relative reprise en main au debut du lye s. On cons tate en tout cas qu' elles jouent un role important dans Ie dispositif naval perse en Mediterranee orientale 97.
Les Pisidiens TIs habitent une region dont l'acces et par consequent Ie controle sont difficiles. Its sont consideres comme insoumis au pouvoir perse 9:1. Des tentatives de pacification ont lieu a l'initiative d'Autophradates, qui leur impose Ie versement du phoros, mais la date ne peut etre d'avantage preciscc 99. Rappelons aussi que le pretexte retenu par Cyrus pour lever son arrnee etait une campagne contre les Pisidiens 100. Comme c'est sou vent le cas pour ces populations montagnardes, les Pisidiens ont la reputation d'etre de redoutables guerriers et ils sont recrutes comme mercenaires dans les differentes arrnees qui s'affrontent dans la region. TI y a des Pisidiens dans l'armee du dynastc de Cataonie, Aspis, que combat Datames et dans celle d'Autophradates qui attaque ce me me Datarnes 101. Pour l'essentiel, l'organisation de la
Arrien, An., 1.26-27 ; cf. Jones 1937, 123-124. Str. 14.4.3. 94 Casabonne 1996, 115-117. 95 Infra p. 365. 96 Davesne 1989 ; Casabonnc 1996 et infra p. 335 n. 229. 97 The. 8.81.3; 87.6; 108.3. Kagan 1987,212 s4.; 236 sq. 9S Cf. Briant 1976, d'apres Polyen 7.27.1 ; Xcn., An., 1.9.14; Xen., Hell., 3.1.13. Leurs actions servent de pretexte a I'cxpedition de Cyrus: Xen., An., 1.1.11 : 1.2.1.4; cf. Diod. 2.61.4 ; Xen., Mem., 5.26; Theopornpe, FGrffist, 115, 1'103; Diod. 15.90.3; Cornelius Nepos, Dat., 4.4.6; Polycn, loco cit. lis sont utilises commc mcrcenaircs par ou contrc lcs Achernenides a cause de leur valeur gucrriere, cf. Arrien, An., 1.24.6 ; 28.1. 99 Polyen 7.27.1. lOO Xen., An .. 1.1.11. JOJ Cornelius Nepos, Dat., 4.4; 8.2, dans le decomptc de l'armce d'Autophradatcs lcs Pisidicns sont denombres avec Ics Aspcndiens, preuve supplernentairc des liens 6troits des deux regions; cf, encore 6.1-7, la guerre entre les Pisidiens et Datamcs, cf. infra p. 364. 92 93
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Carte 11 : Pamphylie Pisidie.
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region semble etre restee tribale jusqu'apres la conquete des Macedoniens, Telle est la perception, sans aucun doute tres simplificatrice, que I' on peut avoir de la region a la lecture de Xenophon et des quelques autres auteurs grecs qui lui consacrent quelques mots au detour d'une phrase. La realite est bien plus nuancee, La partie meridionale de la Pisidie a etc tres tOt en contact avec Ie monde grec, et il convient meme de constater que s' etablit une sorte de symbiose dans Ie bassin des petits f1euves cotiers communs a la Pisidie et a la Pamphylie. Deux "couples" se degagent : Aspendos-Selge et Side-Etenniens. Selon Strabon, Selge 102 aurait une origine lacedemonienne (tradition bien propre a la distinguer de ses voisines pisidiennes plus "tudes") ; peuplee de vingt mille homrnes, elle dispose d'une chora fertile avec oliviers, vigne, paturages, forets 103. Elle a subi plus tot que les autres localites pisidiennes l'influence de l'hellenisme comme Ie demontre son monnayage dont les themes sont calques sur ceux d' Aspendos ; au point qu'on a pu suggerer que les coins avaient ete fabriques par les memes graveurs 104. Ce monnayage debute vers 375/370 et atteint rapidement une diffusion non negligeable meme si elle n' est pas tout afait aussi importante que celie des monnaies d' Aspendos 105. Les monnaies divisionnaires de Selge ont fait I'objet d'etudes recentes 106. II en ressort qu'il convient de reattribuer a cette derniere des monnaies traditionnellement donnees aAspendos. Un nombre important de ces monnaies figure dans un tresor trouve a (pres de?) Silifke 107 et cela confirme, si necessaire, les relations etroites qui existent entre Pamphylie-Pisidie et Cilicie, en particulier a I' epoque de Datames (Ie tresor est date par G. Le Rider du troisieme quart du lye S.). Le meme type de rapport devait exister entre Side et les Etenniens IDS. Ces derniers que Strabon 109 appelle Katenneis semblent avoir conserve au moins jusqu' a I' epoque hellenistique une organisation du type koinon moins achevee que celie de Side, mais qui ne les ernpeche pas d' ernettre un monnayage atteste des Ie lye s. lID. 102 Apercu sur l'histoire de Selge, IK, 37-Selgc (Nolle & Schindler) ; cf. Fleischer 1968-1971, 19-23. 1m Str. 12.7.2-3. II sattarde beaucoup sur la production d'unc gomme aux memes usages que lencens tirec de la seve d'un arbre (styrax); cf. aussi Bean 1908, 138-147. 104 Kraay 1976,278; SNG von Aulock 5247-5265; France 3 1914-1934ICgendc ITAELlIYI vel simile (a noter sur plusieurs exemplaires la contremarque : taureau, legendc ararneenne Baal). La plupart des exemplaircs ont un osselet comme symbole secondaire. lOS Comme Ie note Kraay, ibid. n. I, Ie tresor de Podalia ne contient aucune monnaic de Sclgc ; son cnfouissement est maintenant date des annccs 375/370. Cclui de Karaman est postericur denviron dix ans ; des monnaies d' Aspcndos mais aussi de Sclge entrent dans sa composition; la proportion est notable: 393 pour lcs premieres, 171 pour les sccondcs. 11)6 De Callatay & Doyen 1987,63-71; Le Rider 1994, 14-15. Cf. aussi Destrooper 1988,21: deux trcsors (issus d'une meme decouverte") dates des annees 370. 107 Lc Rider 1994 et deja Dcstrooper 1988. lOR Polybe 5.73. 109 Str. 12.7.1. L'identite des deux peuples est parfois contestee. 110 Telle etait la date proposee par Hill (BMC Lycia p. CXlX) et Head 1911, 708 alors que lmhoof-Blumer 190 I, 3ti1 rctcnait Ic Ill'S. Dans Ie merne sens SNG France 3 1530 : tete de gorgone de face/harpe (serpe rccourbcc au bout d'une hampe, cf. Sekunda 1996, 9-17) ; statcrcs, deux luttcurs affrontcs (commc Aspendos)/homme arrne d'une harpe, symbole secondaire triskele (cf. Aspendos), legende ETENNEQN. La presence d'unc oboIe anepigraphc (au en tout cas a legcnde indechiffrable) dans un trcsor date du troisiernc quart du IV'S. contirme la date haute. La harpe est aussi presente sur certaines monnaies de Side (au point que l'on peut douter parfois de lattribution, cf. Le Rider 1994, 14) et eel a dernontrc lcs liens forts qui unissaient lcs Etenniens et Side, ce que sugger« Ie tcxte de Polybe precite.
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Pednelissos, voisinc mais sou vent ennemie de Selge est dotee d'une tres remarquable fortification a I' epoque hellenistique 111. C' cst Ie site d'une ville importante. 11 faut en tirer I' idee que des Ie IVe s. toute la Pisidie meridionale connait une peri ode faste. Mais la Pisidic nest pas une region geographiquernent hornogene, en particulier parce quelle sarticulc autour de la partie occidentale de la chaine du Taurus et il est evident que les conditions geo-politiques ont pese la de tout leur poids : au nord de la zone montagneuse l'hellenisation est beaucoup plus tardive, en revanche on doit observer la presence bien affirmee du culte de Men dans la region oii est etablie plus tard Antioche "de Pisidie". Strabon 112 distingue deux sanctuaires dans une region qu'il definit pour sa part comme jouxtant la Pisidie. Lc plus celebre, celui de Men Askainos, connait encore a I' epoque hellenistique unc organisation de type theocratique 113. On pourrait s' etonner de la presence aussi importante de Men dans ce secteur, mais il faut relever que toute cette frange nord-taurique appartenait, a l' epoque de Darius, au second nome si I' on retient comme historique la presence des Etenniens dans la description herodoteenne des nomes. Cette region a pu - a du - etre une zone de forte colonisation perse avant de servir au memc usage aux epoques hellenistique et romaine. Pour conclure, tout comme nous I' avons note plus haut pour la Mysic il serait bien dangereux de considerer la Pisidie comme un bloc hornogene, I' exemplc mcrne de la zone rebelle ayant toujours echappe au pouvoir central.
Les Ciliciens 114 L'histoire de la Cilicie jusqu'a la fin du ye s., et rnerne jusqu'en 360, ne saurait ctre restituee que par bribes. Herodote, dans son premier livre accredite I'image d'une "Grande Cilicie" englobant en partie le cours de l'Halys 115, non soumise a Crcsus ]16 et dont le souverain, le Syennesis 117, est au meme titre que Labynete/Nabonide I'arbitre du con flit entre Medes et Lydiens apres la celebre "bataille de I'eclipse" 1IR. Toujours selon Herodote, a l'epoque de Darius encore, la Cilicie a conserve des dimensions Iarges. Nous possedons en effet deux indices: au livre V 119, Herodote decrit Ie parcours ct les etapes de la voie royale. Cellc-ci ne fait qu'une breve incursion en Cilicie pour pcnetrer cnsuite en Arrnenie, dont elle est separec par ]'Euphrate. Tl faut remonter assez au nord pour trouvcr la possibilite d'une telle frontierc. La Cilicie constitue le quatrierne nome 120 dont le tribut est tres important, puisque la province doit fournir trois cent soixante
Peut-etre meme pour unc part antcrieurc, Paribcni 1916-1920, 73-78. Str. 12X14: 12.3.31. 111 Jones 1937,411, n. 10; Magic 1950, 1316 n. 22; Debord 1982,387 n. 23. ! 14 L'ouvragc de base reste Erzen 1940, 97- I 31. On pcut cgalcmcnt consulter Desideri & Jasink 1990, rap ide mais commode; Lemaire & Lozachmeur 1990, 143-155; cf. aussi Bing 1969; 1971, 98-J09; Houwink ten Catc 1965, 17-30; Weiskopf in Encyc. Iran. 562 sq. liS Hdt. 1.72 ; supra p. 87. 116 Bdt. 1.28. 117 Qu'il s'agisse d'un nom, d'un titre, ou plus vraisernhlablement du nom pris au moment de I'acccssion au pouvoir. Sur la signification du ierrne Benveniste 1930, 34. En dcmicr lieu Casabonne 1995. 147-172. llR Hdt. 1.74. 110 Hdt, 5.49 ct 52. 120 Btlt. 3.90. III
112
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chevaux en plus des cinq cents talents de phoros, dont cent quarante sont consommes sur place pour l'entretien de la cavalerie qui y tient gamison. Au moment de la revolte de l'Ionie, les Perses utilisent la Cilicie comme base arriere pour I'expedition contre Chypre 121. A cette merne epoque, on note les liens familiaux qui unissent aristocrates ciJiciens et cariens : Pixodaros, fils de Mausole de Kindye est Ie gendre du Syennesis, "roi" des Ciliciens 122. Une ftotte est construite pour Mardonios en 492 123. La CiJicie foumit un fort contingent it la ftotte de Xerxes 124 : cent navires (contre trente aux Pamphyliens, cinquante aux Lyciens). Syennesis fils d'Orornedon 125 est l'un des chefs de la ftotte 126. Mais la valeur de ce detachernent ne fait pas I'unanimite : aux dires d'Artemise, ils ne sont "bons it rien" 127. Ces quelques notations eparses invitent a considerer la Cilicie comme l'une de ces provinces au statut particulier en ce sens qu'elle a ete confiee (ou bien plutot laissee) a une dynastie autochtone. Mais cela ne permet aucune ambiguite : les Syennesis successifs exercent Ie pouvoir avec l'aval du Roi, auquel ils paient lc tribut (en nature et en especes). EHe est l'un des principaux lieux de formation et de concentration de la ftotte perse. II y a une (ou des) garnison, comme dans le reste de l'Empire. Ccuc derniere est tout naturellement composee d'allogenes. Dans le cas contraire on imagine mal qu'Herodote eut employe une formulation comme icC; 1~V 4lPOUP£OUCHXV '{nnov 1~V K1AtKlllV XWPllV 128. Si l'on admet la definition geographique large de la Cilicie exposee ci-dessus 129, la garnison n'a rien a voir avec Ie controle des Pones de Cilicie 130, que l'on aurait sans doute pas tenu avec une cavalerie, et il n'y a pas de gamison perse a cet endroit au moment du passage de Cyrus 131. 11 convient cependant de ne pas esquiver une difficulte majeure. Apparemment la Cilicie ne figure nulle part dans les listes perses et I'on ne peut rien assurer en ce qui regarde les representations figurees des tributaires. Mais on n'alleguera pas pour autant les deux mentions de la Cyropedie relatives a l'absence de satrapes perses en Cilicie et a Chypre 132. Nous avons en cffct deja note m que ceue "geographic" etait bien plutot I'echo, plus ou moins exact, de la situation a l'epoque de Xcnophon. Malgre P. Dcsideri et A. M. Jasink 134, il semble que cc soit unc solution de facilitc que de vouloir opposer (ici cornme ailleurs) satrapie et circonscription de taxation. Herodote fournit un dernicr eclairagc, assez enigmatique, concernant Ie regne de Xerxes. En signe de reconnaissance a l'cgard d'un certain Xenagoras d'Halicarnasse - encore un Carien, Ie roi Ie place a la tete de louie la Cilicie 135. Si cet episode est vraiment historique Hdt.5.11R. Hdt.5.l08. 123 Hdt. 6.43. 124 Hdt. 7.91. 125 Oromedon pourrait etre, selon Cook 1983, 149, un theonyrnc qui hcllenisait le nom d' Ahura Mazda. 126 H(It. 7.98 :. cf. Eschylc, Penes, 237. 127 Hdl. 8.68 et 100. 12S Hdt. 3.90; d. contra Babclon 1910.546; Olmstead 1948.295: "native cavalry guard"; Dcsidcri & Jasink 1990. 183 ; mais dans le meme sens que nons Erzen 1940,98. 129 Supra p. 87. uo Contra Legrand, ad [OC., 139 n. 7. 111 Xcn., An., 1.2.21. 112 Xen., Cyr., 7.4.1-2 et 8.6.2. Dans ee dernier passage Xcnophon ajoute la Paphlagonie. 133 Supra p. 80. U4 Desideri & Jasink 1990 citam l'article de Junge 1941, voir supra p. 81 et n. 412. 135 Hdt. 9.107. 121 122
L'ASIE MINEURE AU IVe s. (412-323 a.C.)
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LYCAONIE
o
• Laranda
Kirshu (Giilnari e
oQ6..
Kelendcns
Aphrodisias
Xagidos
o
o
Monnaics du ye s.
SUkm
Monnaies du lye s.
~ Tribut attiquc
Carte 12 : La Cilicic.
il dut se resumer a un bref intermede, car Ie gouvernement de la region parait revenir assez rapidement a une (la?) famille autochtone. Autre sujet de perplexite, par sa formulation Herodote vise-t-il a designer toute la region, nord et sud, telle que definie plus haut ou bien l'ouest et l'est, cest-a-dire a la fois Cilicie Trachee et Cilicie Pedienne? On sait fort peu de choses pour les trois derniers quarts du v e s. et il est significatif que cela soit toujours lie a la construction de fiottes perses. En 476 ]36 celle qui va etre detruite par Cimon avait ete constituee en Phenicie et en Cilicie, elle y sera restauree apres la defaite 137. En 461 138, une autre fiotte est construite en Cilicie, Phenicie et a Chypre sur l'ordre d'Artabaze et de Megabyze ; encore en 450-449, la derniere expedition de Cimon vers Chypre met en ceuvre Ia merne trilogie de peuples maritimes 139. De facon systematique par rapport au golfe d'Issos, charniere de deux sons-continents et vers lesquels convergent les armees terrestres, la Phenicie et la Cilicie sont, pour les memes raisons, des lieux privilegies de construction navale. Aux celebres cedres du Liban correspondent ceux qui se trouvent au
Diad. 11.60. On citera lc Contre Leocrate, 72, de Lycurgue, qui rappclle le temps au la flotte athenienne ravageait lcs cotes de la Cilicie et de la Phenicie, avec pcut-etre comme corollaire l'obligation pour certaines cites de verscr Ie phoros, au en tout cas la vclleite de Ie faire payer (infra n. 148). DS Diad. 11.75. 119 Plut., Cimon, 18.5: a rapprochcr de TMm., 34.4 ; cf. aussi The. 1.112. 136 137
LA GRANDE REVOLTE DES SA TRAPES
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Planche VII
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II
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Planche Vlll
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LA GRANDE REYOLTE DES SA TRAPES
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Planche IX
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Planche X
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LA GRANDE REVOLTE DES SATRAPES
325
Legende des planches VII -X VII. I , Tarse, ACGC 1031, ar, 9,01 g. VIL2, Tarsc, ACGC 1032, ar, 10,88 g. VII.3 Tarse, NC 1962 pI. 2. 10, ar, 10,66 g. VIlA, Tarsc, NC 1962 pI. 2, 13, ar, 10,64 g. VI1.5, Tarse, NC 1962 pI. 2. IS, ar, 10,55 g. VIL6, Tarsc, NC 1962 pI. 2, 14, ar, 10,44 g. VII.7, Tyr, ACGC 1049, ar. VIL8, T~lfSC, ACGC 1049, ar. VII.9, Tarse, RN 1973 pI. 1. I, ar, 10,49 g. VILlO, Tarse, SNG France 2 214, ar, 10,15 g. VII. I I , Tarse (7), SNG France 2 436, ar, 11,06 g. VILl2, Tarse SNG France 2 438, ar, 10,45 g. VI!.13, Tarse, Traite II pI. IDS. 3, ar, 10,60 g. VII.l4, Tarse, SNG France 2 219, ar, 10,52 g. VI1.15, Tarse, SNG Levante 60, ar, 10,44 g.
m,
VIII. I , Tarse, SNG France 2223, ar, 10,36 g. VIII.2, Tarse, SNG France 2 228, ar, 10,65 g. VIII.3, Tarse, ACGC 1036, ar, lO,75 g. VIIIA, Kelenderis, NC 1962 2. 6, ar, 10,59 g. VIII.5, Kclenderis, SNG France 2 77, ar, 10,52 g. VIII.6, Tarse, SNG France 2209, ar, 10,34 g. VIII.7, Tarse, RN 1973 pI. 1. 2, ar, lO,35 g. VIII.8, Tarse, SNG von Aulock 5914, ar, 10,64 g. VIll.9, Mallos (7), SNG Levante Suppl. I 23, ar, 10,54 g. VIlI.1 0, Tarsc, Tiribaze, SNG France 2 235, ar, 10,35 g. VIII. I I, Tarsc, Tiribaze, .'l'NG France 2 237, ar, 10,14 g. VIII.12, Holrnoi, Tiribazc, SNG France 2120, ar, 9,98 g. VIII.l3, lssos, Tiribazc, SNG France 2 421, ar, 10,53 g. VIII.14, Mallos, Tiribazc, SNG France 2398, ar, 10,30 g. VIlI.l5, Mallos 0), Tiribazc, SNG France 2 399, ar, 10,49 g. IX.I, Soloi, Tiribaze, SNG Levante 49, ar, 10,54 g. IX.2, Tarse (7), Tiribaze, SNG France 2 232, ar, 9,83 g. IX.3, Mallos CI), Tiribaze (7), SNG Levante 153, ar, 10 g. IXA, Nagidos, Tiribaze (7), ZPE 198940, ar. IX.5, Mallos, Tiribaze (7), SNG France 2391, ar, 9,96 g.
IX.6, Tarse, Tiribaze (7), SNG Levante 66, ar, 10,02 g. IX.7, Tarse, Pharnabaze (7), SNG Levante Suppl. I 17, ar, 10,26 g. IX.8, Tarsc, Pharnabaze, SNG Levante 75, ar, 10,50 g. IX.9, Tarse, Pharnabaze, ACGC lO37, ar. IX. I0, Tarse, Pharnabaze, SNG Levante 72, ar, 10,91 g. IX. I I , Tarse 0), Pharnabaze, SNG von Aulock 5919, ar, 10,73 g. IX.12, Nagidos, Pharnabaze, SNG France 2 23, ar, 9,91 g. IX.13, (7), Datames, ,'iNG von Aulock 5934, ar, 10,72 g. IX.14, Tarsc, Datamcs, SNG France 2 292. ar, 10,32 g. IX.15, Soloi, SNG Levante 40, ar, 10,69 g. X.l, (7), Boardman 1970b, p. 317 fig. 294. X.2. Tarse, Datames, SNG France 2 288, ar, 10,51 g. X.3, Tarse, Mazaios, v. Athena 1987 137, ar, 10,90 g. XA, Tarse, Mazaios, SNG Levante 108, ar, 10,59 g. X.5, Tarse, Mazaios, SNG France 2 320, ar, 10,62 g. X.6, Tarse, Mazaios, SNG Levante 114, ar, 10,81 g. X.7, Tarsc, Mazaios, SNG Levantc 185, ar, 9,95 g. X.8, Tarse (7), Mazaios, SNG Levante Suppl. I 28, ar, 10,73 g. X.9, Tarse, Mazaios, SNG Levante 189, ar, 0,69 g. X. 10, Tarse, Mazaios, SNG Levante Suppl. I 26, ar, 10,68 g. x.u, Nagidos, SNG France 230, ar, 10, IS g. X.12, Tarse, Balakros, SNG Levante 122, ar, 9,47 g. X.13, Tarse, Balakros, SNG France 2 371, ar, 10,74 g. X.l4, Ci), Balakros, SNG Levante 118, ar, 10,76 g. X.15, Gazioura. Ariarathes, Simonetta 1977 pI. I. 2, ar, 5,35 g.
L'ASIE MINEURE AU IVe s. (412-323 a.c.)
326
dessus d'Hamaxia, utilises selon Strabon pour les chantiers navals 140. De rnerne Diodore 141 donne une description tres vivante d'une telle construction dans les memes licux ; l'episode se situc it l'cpoque d'Antigone, mais il est evident qu'ici encore tout se passait comme dans la peri ode immediaternent anterieure, II precise que pour la Cilicie, les bois venaient du Taurus et A. Davesne 142 en tire argument pour expliquer I'importance du site perse de Meydancikkale. L. Robert 143 montre que Mallos (et aussi Aigai it cette epoque) etaient utilisees comme chan tiers navals pour la flotte de Pompee. Le bois vcnait par flottage sur Ie Pyramos it partir du Taurus jusqu'a Mallos. Par consequent, on ne voit pas bien en quoi il serait opportun de conclure it une semiindependance, voire merne it une veritable autonomie par rapport au pouvoir central, qui serait la consequence de la domination autochtonc. Depuis Ie debut du ye s., les Cilicicns sont impliques dans toutes Ics operations navales rnenees contre la Grece, Chypre, l'Egypte et nous verrons que cette situation se poursuit jusqu'a l'epoque d'Alexandre. II n'y a de plus aucune raison objective d'opposcr la situation du ye it celIe du lye s. Artabaze et Megabyze assument des fonctions exactemcnt comparables it celles de Tiribaze, Pharnabazc, Datames. La seule difference consiste dans Ie fait que les derniers ernettent des monnaies it leur nom, mais il est evident que cela tient it des raisons d'usage : les monnaies "satrapales" apparaissent de facon asscz tardive 144. Ce qui ne signifie pas pour autant que les generaux perses n'aient pas ernis de monnaies plus t6t. De plus les ateliers ciliciens ne naissent que tardivernent, dans Ie courant du ye s. Cinq cites ciliciennes (Nagidos, Tarse, Soloi, Mallos, Kelenderis) battent monnaie au ye s. et peut-etre merne six, si l'on adopte l'hypothese de A. Lemaire it propos de Oura 145. II s'agirait de la ville qui a precede, sur son site ou it proximite, Seleucie du Kalykadnos, fondee scion Strabon 146 grace au renfort des habitants d'Holmoi 147. - C'est apparemment seulement au milieu du ye s. que Kelenderis commence it ernettre un monnayage, tout comme Aspendos 148. Cc monnayage est celui d'une cite grecquc 149 : cavalier/chevre, Iegende KEA, KEAE ou KEAEN. II faut attendre Ie lye s. (les
Str. 14.5.3 (cf. aussi 14.5.10, les anciens arsenaux de I'crnbouchurc du Kydnos). Diod. 19.58.2-5. 142 Cf. Davesne 1987,38. 141 Robert 1973, 178-183 a partir de Lueain 3.227-228. 144 Supra p. 55 145 Lemaire 1989, 150-156, avers: caprin, revers: ehouette, legcnde arameenne ; en observant que I'avers est tres comparable aux revers de Kclcnderis. 146 Str. 14.5.4. Le Ps.-Skylax 102 mentionne dans la region unc polis desertee du nom de Sarpedon pres d'un fleuve (Ie Kalykadnos"). Ne pourraitil sagir dOura? 147 Celle-ci possede un atelier monetaire au IV e s. (infra p. 334). 14B Cela confirme la liaison entre les deux cites (voir plus haut), que tissc obligatoirement la route maritime entre Egee ct Phenicie, dont elles sont deux etapcs indispensables aussi bien pour Cimon, Pharnabaze que pour les navires de commerce. Meritt et al. 1950,260 sq. (ef. aussi Meiggs 1972,269 sq.), eonstatant que Kelcndcris, tout comme lcs cites de PamphyIie, n'apparait que dans la liste exceptionnelIc de 425 (leur document A 9), emeuent l'hypothese que si ces cites ont rccllerncnt paye Ie tribut a quelque moment, clIes l'ont fait avant lc debut des listcs en 454. ElIes avaient cte abandonnees en 449 par Arhencs si I'on tient pour historiques (en fait ou en droit) les clauses de la Paix de Kallias. 149 Sur lc monnayage cilicien au v e s., il convient de consulter Kraay 1976, 278-285 ; Casabonne (Istanbul). La circulation monetaire en Cilicie est csquisscc par Davesne 1989, 160-162 ; sur lc monnayage de Kclendcris, cf. Kraay 1962,2-6 (PI. YIII, 4) ; 1976,279 sq. ; SNG Levante 16-30; Cop. 76 sq. ; von /vulock 5614-5634. 140 141
LA GRANDE REYOLTE DES SATRAPES
327
environs de 380) pour que la Iegende KEAENL1EPITIKON soit apparemment la preuve que la frappe est faite au nom d'une autorite extericure qui ne peut alors etre autre que Pharnabaze ]50. - Nagidos, un monnayage de faible ampleur du dernier quart du ye s. Aphrodite/ Dionysos, legende grecque ]5], absent du tresor de Kelenderis. - Soloi, monnayage qui eommencerait dans le courant du troisieme quart du ve s. amazone/grappe de raisin, legende grecque 152. Done, pour ces trois cites des emissions qui paraissent etre au ye s. exclusivement civiques. La plupart des themes sont grecs (au cmpruntes al'imaginaire grec), la langue est greeque, en revanche l'etalon est "chypriote" au plutot persique, - La situation est diffcrente pour Mallos, Le theme le plus frequent du revers est des Ie debut du Ive s. le cygne ]53, mais al'avers figure une divinite ailee tenant un disque solaire parfois identifiee a Krenos. Ce personnage pourrait avoir quelque rapport avec Ahura Mazda ou plutot il ouvrait la porte a une assimilation syncretique. D'autres monnaies portent Ie theme typiquement perse du roi areher a I'avers comme au revers 154. Elles ont ete idcntifiees parce que le theme apparait a l'avers d'une rnonnaie ]55 qui porte la Iegende MAA ]56. On attribue aussi a Mallos III 8" de statere qui porte une. "tete satrapale"au revers 157. - Tarse emet sans aucun doute le monnayage le plus important, mais aussi celui qui comporte le mains de references proprernent civiques, ce qui amene, fort justement, C. M. Kraay ]58 a souligner que Ia Cilicie doit etre veritablemcnt consideree eomme une part de l'Empire perse. Examinons les problernes complexes poses par ees series tarsiotes 159. Elles se distinguent, sauf sur la premiere serie anepigraphe, d'abord par l'apparition de trois lettres arameennes equivalant a TRZ 160. La datation et la position relative des series sont sujettes a caution. La presence de multiples themes perses amene aussi a s'interroger sur la nature merne de ce monnayage. Le classement propose par E. Babelon ]61 isolait un premier groupe qui presente a l'avers un cavalier perse, generalement a droite, et au revers un peltaste gree nu agenouille en position de defense avee un casque corinthien, lanee et bouclier. Pour
150 Cf. Ie commentaire de Kraay 1976 it son n" ]() II (p. 279) ; SNG France 2 77 (PI. VIII,S) mais cf. Gauthier 1975 et infra p. 339. 151 Par exemple SNG France 2 1-4 ; lc n" 3 porte la Iegende NAnL'>IKON alors que les autres ant NAnL'>El:lN ou une forme abregee. 152 PI. IX, 15. legendc IOIIElN. Une piece du V's. porte une legende aramcennc enigmatique (Naster 1988, II). 153 A noter que les premieres series ont eomme type davers Hermes ct un belicr / au revers la divinite ailee (dernier quart du vs s.). 154 BMC Cilicia n° 23. p. 99. pI. xvrr, 4: SNG France 2 398 (PI. VIII, 15), qui pourrait dater de lepoque de Tiribaze (ccttc seric semble representee dans le trcsor CH 6.11). 155 BMC Cilicia p. 100 n° 24, pl. XVII, 5 ; Col. L. de Hirsch 1594; SNG France 2 399 (PI. VIII, 14) ; Gulbenkian 801 . Hcrakles au lion (revers). 156 La legende des monnaies de Mallos est generalement greeque : MAP ou MAA, mais ef. Traitc, II, n" 1396 = BMC Cilicia n" 17, p. 98 (pl. XVI, 13) avec Iegcndc bilingue grec-ararnecn ; Naster 1988, 10. 157 BMC Cilicia p. 100 n" 25. pl. XVII, 6 (rei-archer it lavers). ISS Kraay 1976,280 ; Casabonne 1996b passe en revue lensernble de la documentation figuree (monnaies, coroplastic, bas-relief) pour dcmontrcr la variete et la riehesse des representations cmpruntecs l' iconographie et it I'jdcologie pcrses. Pcut-etre cfn-i] ete utile de tenter une pcriodisation de ccs donnees. 159 Cf. la mise au point de Casabonne 1995 et ses corrections (Istanbul). IhIJ Naster 1988,7-8. 161 Babelon 1910,351-358 ct pl. CV-CVI.
a
L' ASIE MINEURE AU lye s. (412-323 a.c.)
328
lui ces series debutaicnt vers 475 et duraient jusquc dans le courant du lye s. C. M. Kraay, en publiant Ie Celenderis Hoard en 1962 162 propose une modification complete de la chronologie absolue : il pense que Ie monnayage de Tarse apparait seulement en 425. II bouleverse aussi l'ordrc des series puisque les monnaies cavalier/peltaste absentes du tresor de Kelenderis (date des alentours de 4 10), seraient posterieures au passage de Cyrus en Cilicie et dateraient des environs de 390. II introduit ensuite quelques nuances dans ACGC en prenant en compte diverses considerations historiques. Cette revision drastique n'a pas ernporte I'adhesion sur tous les points 163. La question rnerite d'autant plus d'etre examinee que la datation proposec interfere avec la reconstruction historique evoquee ci-dessus, les monnaies fournissant en quelque sorte I'illustration de la situation politique de la Cilieie: - La premiere serie (troisierne quart du yo s.) porte it I'avers comme au revers la representation de Bellerophon monte sur Pegase, theme grec mais qui peut trouver des repondants locaux dans toute l' Asie Mineure meridionale. Cette serie est par ailleurs anepigraphe et a toutes chances d'etre civique 164. - Une deuxierne seric, vers 425-420, offre une illustration toute differente : it l'avers un cavalier que C. M. Kraay propose d'identifier au dynaste ; au revers l'archer bien connu, type perse par excellence, egalerncnt anepigraphe 165, croix ansee en tau dans le champ. - Les monnaies suivantcs, entre 420 et 410, se rencontrent dans le tresor de Kelenderis et elles ont com me caracteristique commune d'avoir la legende TRZ en arameen. Entre ces series il est possible de relever des types identiques d'avers au de revers. Le premier groupe (a) porte a I'avers un lion attaquant un taureau, autre theme perse, et on pense bien sur au relief de Perscpolis, Le revers figure un cpi de ble en diagonale dans un carte (qui n'est plus vraiment en creux) souligne par un grenetis qui se transforme sur un cote en un bourrelet plein 166. Le second (b) presente Ie me me avers mais avec au revers un guerrier perse porte-lance ayant devant lui dans le champ un epi de ble en position mediane dans un carre souligne par un grenetis 167. Troisieme groupe (c) merne revers que le precedent mais associe it un avers au est figure Melkart chevauchant un hippocampe aile 168. Le groupe (d) presente ce meme avers avec une representation stylisee de I'onde avec au revers un dieu au trident et un epi de ble 169. Enfin un dernier groupe (e) 170 associe l'hippocampe aile it Nergal, Kraay 1962, 1-15, sp. 9-J 1 (= teen 1255); 1976,281. SNG von Aulock place lensemble des series examinees ici entre 425 ct 400 ; de mcrnc pour Levante ; plus imprecise en ee qui conccrnc lcs dates mais proposant de revenir aux points de vues traditionnels, Harrison 1982a.450-458. 164 Kraay & Moorey 1981,7, n° 59 ; ACGC 1031 (PI. VII, 1). Merne theme sur une monnaie du debut du IV's. : Mildenberg 1973 (PI. VllI, 7). 1(,5 ACGC 1032 (PI. Vll, 2). SNG France 2213. '66 Statures : Kraay 1962, pI. II 10 (PI. VlI, 3) it 12 ; SNG von Aulock 5907 : Levante 54 : France 2 201202 ; la plupart des avers sont de mediocre facture, les coins paraissent uses; on note la presence de symbolcs sccondaircs (crabe, arbre, tortue). Tiers de staterc, Levante 55. 167 Kraay 1962, pI. II, 13 (PI. Vll, 4). 16K Kraay 1962, pI. II 15 (PI. VII, 5) ; SNG von Aulock 5909 ; France 2 199. 1(,') Kraay 1962, pI. II, 14 (PI. Vll, 6) ; SNG von Aulock 5908 ; Levunte 56. 171J SNG von Aulock 5910; Levante 58. Cela permet l'idcntification du revers de ACGC 1033 (PI. Vll, 8), gucrricr represente it la mode perse avec lance ct arc comme Nergal ; cf. aussi ibid. 1035 trcs proche de Jenkins 1973, 31 et pI. 1. 1. Cf. le devcloppement de ce dernier sur Nergal ct les possibles syncretismes tarsiotes. Nerga! est present sur deux monnaies, Mildenberg 1973 ; Jenkins 1973 : l'une (PI. VlI, 9) avec cavalier au trot it droitc (avers), Nergal sur un lion arc et lance, lcgendc "lRGL.TRZ (revers), Iautre oil Ie dieu est dote d'une double haehe (Casabonne 1995) au revers d'une monnaie du debut du IV's. qui rcprcsentc Bcllcrophon it I' avers (PI.VIll, 7). 162
161
LA GRANDE REVOLTE DES SAT RAPES
329
represente et nomme sur des monnaies comparables. Cette fort interessante serie appelle plusieurs observations. On est tout d'abord frappe par la grande diversite des sujets figures, mais aussi par Ie fait que tous nous ramenent it I"Orient", perse bien sur mais aussi mesopotamien ou phenicien. c. M. Kraay 171 fait observer que le theme Mclkart sur I'hippocampe (dont on doit noter par ailleurs qu'il constitue une contrepartie marine du Bellerophon/Pegase de la premiere serie) se retrouve it la meme epoque sur des monnaies de Tyr 172. II propose d'en induire que l'elernent unificateur entre les deux regions est la construction de la "flotte de Phenicie" dont Tissapherne agite plusieurs fois la menace en 411 dans le jeu diplomatique subtil qu'il joue face aux Atheniens et aux Spartiates 173. En fonction de ce classement qui parait globalement acceptable bien que la fourchette chronologique proposee paraisse un peu resserree 174, comment situer la serie "satrape" it cheval/peltaste grec, pour laquelle C. M. Kraay occulte les tres sensibles differences de style qui existent entre les groupes en choisissant de n'illustrer que celui qui est manifestement le plus recent 175 7 E. Babelon avait Merit tres correctement les sequences: - Groupe A 176 : cheval au galop (notons que le mouvement n'est pas sensiblement different de celui du Pegase aile de la premiere serie chronologique de Kraay) devant le cavalier une croix ansee ; Ie peltaste du revers est en general it droite, figure en diagonale dans un carte dont le creux est assez accuse dans certains exemplaires 177, derriere lui une croix ansee en tau. Le grenetis du cadre n'est pas toujours present et dans un cas au moins tres maladroitement realise 178, sur un cote il forme sou vent un trait continuo L'avers est mediocrernent frappe comme pour la serie lion et taureau 179. E. Babelon propose de dater ces monnaies "vers 475", ce qui est sans aucun doute trop tot. - Groupe B 180 : Ie personnage de l'avers est plus avarice sur le cheval, dont le mouvement reste identique it celui du premier groupe mais avec plus de relief. Un cas particulier, la monnaie Levante 60 ou le "satrape" tient it la main une fieur de lotus. Au revers, Ie peltaste est it droite en position mediane dans le carre, lequel est souligne par un grenetis plus net; l'epi de ble est presque toujours present comme symbole secondaire. E. Babelon les situe "vers 450" et l' on peut faire la meme observation que ci-dessus. 171 Kraay 1976,280 sq. ; dans Ie mernc sens E. Levante, commentaire it cettc merne monnaie ; doutes de Casabonne (Istanbul). 172 ACGC 1049 (PI. VII, 7). Mais il convient de noter que Melkart sur l'hippoeampe/ehouette sont Ics themes rccurrcnts des monnaies tyriennes, ef.1c tresor 35 de Elayi & Elayi 1993 ; s'il y a eu influence, elle ne peut se eoneevoir q lie dans Ic sens Tyr vers Tarse. 173 The. 8.46, etc. ; ef. supra p. 213. Contra Casahonne (Istanbul). 174 Levante propose par exemple une fourchette 425-400. J7S ACGC 1036 (PI. VIII, 3). m. Traire, II, n° 504-508, pI. CV, 1-5; SNG France 2 215, 218, 219, 220; von Aulock 5911 ; Cop. 258. 177 Ce revers doit etre rapprochc de SNG France 2 211-212, dont lavers trcs mediocre est derive de eelui de la monnaie 214 (= Traite, 11, pI. 105.6 = PI. VII, 10) : satrape it cheval it gauche; mouehe it droite dans Ic champ. Le traitemcnt du revers de eette monnaie est tres original. archer it droite, aux muscles ires saillants, astragalc derriere 1a tete. Le rapprochement avec Ie groupe A amenerait it placer eette serie resolumcnt dans lc v's. mais il est it noter que Levante 1994, 10 signale deux excmp1aires de la dcrniere monnaie decrite dans le "tresor de Nagidos" datable des annees 380. Le problerne reste done entier. 178 Traite, II, n" 506 (= BMC Cilicia p. 162 n° 3, pI. XXVIII, 6), pI. CY, 3 (PI. VII, 13). 179 Sauf Traite, II, n° 508 (= SNG France 2219), pI. CY,5 (PI. VII, 14) peut-etre Ie plus recent de la seric, it rapprocher de Levante 6D (PI. VII, IS) dans le groupe B. lRO Traite, II, n° 509-512, CY, 7-11 ; CY, 9 = maintenant SNG France 2 223 (PI. VIII, I) ; Levante 60 ; von Aulock 5912.
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rv- s. (412-323
a.c.)
- Groupe C 181 : lc cheval est legerement cabre, avec un entourage circulaire en trait plein sou vent apparent et un fort relief. Le peltaste occupe a gauche tout le champ avec lindication plus ou moins nette du sol; le bouclier porte un episerne apparent (gorgone?). La date de 400 et se poursuivant au dela est ccue fois tres plausible. En passant en revue les criteres stylistiques, il parait difficile d'admettre que toutes ces monnaics sont posterieures aux groupes (a)-(e) 182, en effet : le groupe A parait presenter un certain nornbre d'affinites avec le (a) par la mauvaise qualite des avers 183 et le traitement en diagonale du carre au revers. De merne pour le groupe B compare a (b)-(c)-(d) : merne traitement et meme disposition des revers avec l' epi de ble comme syrnbole secondaire. En revanche lc groupe C est clairement postcrieur a tous les autres. Cependant il est evident qu'il convient de proceder a un rapprochement stylistique avec la quatrieme serie des monnaies de Kelenderis 184 pour ce qui concerne en particulier les avers. Par consequent si l' on accepte a la fois la provenance du Celenderis Hoard 185 et sa datation aux alentours de 400, on est amene a considerer cornmc logique que les monnaies de Kelenderis scient les plus abondantes mais aussi les plus rccentes du tresor. Cela pourrait expliquer que Ies rnonnaies des groupes A, B, C en soient absentes, Outre l'absence dans le Celenderis Hoard, l'argumentation de C. M. Kraay pour repousser la date de la serie cavalier/peltaste vers 390 186 repose sur des criteres exterieurs qui ont ete forternent contestes par M. C. Harrison 187. En ce qui concerne la non presence de mercenaires grecs avant cette date on ajoutera aux arguments de Harrison le fait que la "reine" Epyaxa lors de son entrevue avec Cyrus ctait accornpagnee de Ciliciens et d'Aspendiens 188, or Herodote dans le catalogue de I'arrnee de Xerxes 189 indique que les Pamphyliens sont equipes a la grecque, Impliciternent, le "satrape" a la tiare de l'avers ne peut etre que persc pour C. M. Kraay qui suppose 190 que "soon after Cyrus replaced the local dynast with a Persian satrap who, like his predecessor appeard mounted on the obverse, but now wearing a tiara". Cependant I) rien n'indique que le Syennesis ait ctc destitue par Cyrus ou merne Artaxerxes, 2) l'equation "port de la tiare = Perse" relevc cornme le montre l'exernple lycien du postulat gratuit, d'autant que sur la monnaie ACGC 1033 Ie "dynaste" porte deja la tiare 191. Ccla naus amene a reconsiderer au moins particllernent I'hypothese de W. Weiser 192 pour lequcl la monnaie la plus "rnoderne" aurait ctc ernise par ou au nom de
I ~ 'CY, 12-14; CY, 13 = maintcnant SNG France 2 228 (PI. VIII, 2) ; von Aulock 5913 ; Cop. 259 ; Levantc 61. IS2 On comparera par exemple a la situation d' Aspendos ou deux series bien differcntcs paraissent avoir ete emiscs simultancrncnt. IS3 Kraay 1962, pI. II, 10-11 (comparer VII, 3 ct VII, 13). IS4 Kraay 1962, pI. II, 6 ; cf. aussi ACGC 1036 (PI. VIII, 3 a rapproeher de VIII, 4). lSI Kraay 1962 (= IGCH 1255); cf. Davesne 1989, 160-162. Isr, L'cvolution du traitcment du cavalier est de mcmc nature que celie constatcc sur les monnaies d' Aspendos (datees par E. Levante de c. 420-360) : SNG France 3 15-25. IS7 Harrison 1982a. 450-458. ISS Xcn., An" 1.2.12. lS9 Hdt. 7.91. 190 Kraay 1976,28. 191 [] s'agit Ia d'un theme perse connu dont Donbaz & Stolper 1997, 71 donncnt unc illustration dans Ie dernier quart du v- s. La parente est frappante en particulier entre le sceau n" 21 p. 204 etla monnaie de la PI. VII, 15. 192 Weiser 1989,280 ct pI. 19. 19. Avec quelques reserves, cf. supra p. 59 n. 223.
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Cyrus, qui est cerise avoir scjournc vingt jours a Tarse selon Diodore 193. On doit penser en tout cas qu' elle peut lui etre contemporaine au, plus probableme nt, associee a I; effort de guerre de Canon et de Pharnabaze (infra). La presence de nombreux exemplaires de ce type dans le tresor de Nagidos (CH 8, 91) renforce encore I'idee que ces monnaies ont ete frappees a partir de 400 au plus tot, mais a contrario, aucun exemplaire des autres series cavalier/peltaste n'y figure. Que faire alors de ces premieres series? Pour le groupe B se pose indiscutablerncnt le probleme de la relation avec Tissapherne. Nous avons note plus haut que ce dernicr avait emis au mains deux series de monnaies au satrape galopant a droite (Xanthos, Adramyttion [?] 194). Une simple coincidence parait d'autant moins probable qu'une monnaie du groupe B se trouve dans le tresor dit "de Tissapherne" d'ou provient la monnaie prccitee de Xanthos 195. L'hypothese la plus vraisemblable est que certaines de ces monnaies du groupe B ont ete emises au moment de la construction de la "flotte de Phenicie" ]% et que le satrape, dont on connait par ailleurs le gout pour la cavalerie, a repris Ie theme dans son gouvernement occidental. Les monnaics du groupe A sont a coup sur anterieures, La litterature grecque ne nous perrnet de reprendre veritablement contact avec la Cilicie que grace a la campagne de Cyrus et a la relation qui en est donnee dans l'Anabase de Xenophon. Le rebelle est rejoint a Kaystroupedion par Epyaxa femme du Syennesis 197. Ellc apporte avec elle une solde de quatre mois pour la troupe de Cyrus. D'lconion, derniere ville de Phrygie on passe en Lycaonie 198, consideree comme pays ennemi cr a ce titre livree au pillage. Cyrus renvoie Epyaxa par la route la plus courte, on peut envisager un passage a travers Ie Taurus puis au long du Kalykadnos. II penetre pour sa part en Cappadoce au il se rend it Dana, qui ne peut etre que Tyane ]99 Cela suppose qu'a ce moment la "Grande Cilicie" herodoteenne avait vecu, sans qu'on puisse preciser a que! moment l'amputation s'etait produite. La frontiere de la province est done marquee au nord par le Taurus et on y penetre par Ies celebres Partes de Cilicie que le Syennesis est cerise garder ; mais Cyrus ne rencontre pas de resistance. Le dynaste, pris en tenaille entre l'arrnee de Cyrus, le contingent de Menon qui a accornpagne Epyaxa et la fiotte de Tames (trente cinq bateaux et sept cents mercenaires), abandonne dans un premier temps Tarse, sa capitale 200. Le passage est interessant a plus d'un titre : Ie Syennesis a sa basileia a Tarse, nous avons a plusieurs Diod. 14.20.4. Supra p. 126-127 (PI. I, 13 et 14). 195 Hurter 1979,97-108. Sans aueun doutc influcncce par l'opinion de Kraay, elle propose une date de 395-390 pour la monnaie de Tarse du trcsor (p. 107 ; sa pI. 9 A) alors que la monnaic de Tissapherne daterait de 400395. Cela parait paradoxa/. 196 Doutes d'Harrison 1982a, 46-51; Capeeehi 1991,68-69 suivis par Briant 1996, 1010 sur Ie fail que la monnaie avec revers a la ehouette (PI. I,ll) soil a moure en relation avec Tissapherne et a fortiori avec la flottc de Phenicie. Ce nest pas a ceue scrie que nous pen sons. 197 Xcn., An., 1.2.12. Casabonne 1996, 111-115 suggcre qu'Epyaxa la "Cilicienne" tenait, a titre familial, lout ou partie de la Cilicie Trachce avec cornmc eapitale Oura (renvoi a Lemaire 1989). Cc scrait a ce titre qu'elle aura it rencontrc seule Cyrus bien avant lentree de ce dernier en Cilieie. 19H Supra p. 164. 199 Albright 1922,74 sq.; Cousin 1924,259, contra Williams 1996,284-314 qui considere que Tyane est trop septentrionale pour eIre Dana (mais larrncc de Cyrus avail fail d'autrcs detours) el qui en consequence propose de placer ce toponyme a Zeive pres de Porsuk. llJO Xen., An., 1.2.23-24. 193 194
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reprises evoque la signification de ce terme 20 I, et il n'y a rien Iii qui distingue le Cilicien de n'importe que1 haut dignitaire de l'Empire. Autre donnee, Xenophon oppose le comportement des habitants de Tarse, qui fuient avec le dynaste en un lieu Iortifie de la montagne, et celui des kapeloi qui esperent visiblement faire des affaires avec l'arrnee de Cyrus et restent done sur place comme le font les habitants de Soloi et Issos, La merne opposition que celle que nous avions pu observer a propos du monnayage se manifeste donc entre la capitale provinciale, tres impregnee de I'infiuence perse et ii I'attitude legaliste, et les cites cotieres plus ouvertes au monde grec que Cyrus representait, d'une certaine maniere, par son comportement et aussi la composition de son armee. Une explication complementaire nous est foumie plus loin par Xenophon : les troupes grecques qui accompagnent Epyaxa se sont Iivrees a Tarse au pillage et a diverses exactions. Un accord finit par etre coneIu entre Cyrus et Ie Syennesis 202. Ce dernier remet a Cyrus XP~J.HX1:a noAAa (la forme de ces richesses n'est pas precisee). Les cadeaux de Cyrus sont ceux que fait normalement le Roi : cheval avec un frein en or, divers bijoux et armes d'or, un vetement perse. En outre Cyrus promet de ne plus piller et de rendre, dans la mesure du possible, les esclaves captures. Ce recit assez anecdotique laisse l'impression d'une grande ambiguite. L'attitude du couple cilicien est pleine de duplicite, Selon Diodore 203, le Syennesis aurait foumi des troupes aCyrus avec a leur tete l'un de ses fils, alors qu'il depechait l'autre aupres du Roi pour l'avertir des intentions de son frere cadet. A cela correspond le comportement contradictoire de Cyrus qui n'a pas ouvertement devoile ses plans (il est cense d'abord lutter contre les Pisidiens revoltes selon Xenophon ou encore contre les tyrannoi de Cilicie d'apres Diodore), mais il traite Ie dynaste cilicien comme Ie Roi le ferait a l'egard d'un satrape. Une telle attitude ne pouvait plus guere tromper que les plus naifs des mercenaires grecs. Selon de nombreux auteurs 204 cette duplicite aurait perdu Ie dynaste et la Cilicie entrerait apartir du debut du lye s. dans une ere de controle etroit avec ii sa tete des satrapes perses. L' argument e silentio est irrecevable dans la mesure ou les mentions anterieures ii 401 sont en nombre trop peu important pour qu' on puisse conclure que la situation posterieure a400 est differente. A ce moment du debar sur le degre d'integration de la Cilicie dans l'Empire perse il convient enfin de mettre en eeuvre les documents epigraphiques ou figures. Nous pensons d'abord aux textes arameens comme l'inscription de Hierapolis-Kastabala, borne du territoire sacre de Kubala-Cybele (que les Grecs interpretent comme une Artemis) et dont A. DupontSommer date la gravure de la fin du ye ou du debut du lye S. 205. Nous trouvons Iii confirmation de deux faits: la langue officielle de la Cilicie (cf. aussi les rnonnaies de Tarse) est la langue de l'Empire, les cultures traditionnelles, en particulier la religion, ont ete sauvegardees. Deux autres textes arameens ont ete lus a l'autre extrernite de la Cilicie, ii Gi.ilnar-Meydancikkale 206. L'un est une simple funeraire tres rnutilee, l'autre - en aussi
201
202 203 204 201 206
Supra p. 46 et 99 (Kios). 1.2.27. Diad. 14.19.3; ef. aussi 6. A partir de Noldeke 1984,297-298. Dupont-Sommer 1961, 19-23 ; Dupont-Sommer & Robert 1964, 7-15. Cf. aussi Debord 1982, 142. IIs sont publics par Lemaire & Lozachmeur 1987,365-372.
xs». An.,
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mauvais etat de conservation - est un document officiel date par l'annee (seizierne au moins) de regne d'un roi perse (probablement un Artaxerxes) qui donne par rapprochement avec une chronique neobabylonienne 207 Ie nom du site: Kirsu/Kirsi, L'importance du lieu a l'cpoque perse est confirrnee par la presence de bas-reliefs dont la date ne peut etre precisee, mais qui s'apparentent a ceux de Persepolis : deux corteges d'hommes habilles a la perse convergent vers une entree dont chaque cote cst "garde" par un porte-lance. Il s'agit sans aucun doute du palais, de la basileia, d'un dignitaire perse (hyparque ou dynaste local persise"). En tout cas cela montre que la Cilicie Trachee etait bien tenue et integree dans Ie tissu perse ce qui suppose evidernment qu'il en etait de meme pour la Cilicie plane ou ont ete trouves trois reliefs "greco-perses" datant du lye S. 208. En ce qui concerne les operations du debut du lye S., le choix de Conon comme amiral ne va pas modifier la politi que navale du Grand Roi. Des 399, ordre est donne de construire a Chypre une flotte de cent trieres, Des que cinquante sont pretes, l'Athenien passe en Cilicie ou il commence la preparation de la guerre. Cette derniere region conserve son role de point de concentration et de ravitaillement de la flotte. Un peu plus avant dans la guerre, alors que les operations contre les Lacedemoniens sont deja engagees, Con on recoit un important renfort mais Diodore precise 209 que seulernent dix trieres viennent de Cilicie, alors que Ie roi de Sidon en arnene quatre-vingts de Phenicie. Cela ne semble pas plaider en faveur de l'hypothese presentee par E. Babelon 210, selon lequel une partie du monnayage emis par Pharnabaze en Cilicie I'aurait ete au moment ou il est associe a Conon. On penserait plutot au groupe C du monnayage de Tarse decrit ci-dessus. On doit sinterroger sur la signification du monnayage cilicien anterieur aux series ernises pour l'equipement des grandes flottes (qui portent Ie nom du karanos designe) et par consequent sur l'autorite ernettrice. c. M. Kraay attribuait aces monnaies une fonction strictement militaire et, poussant Ie raisonnernent a I'extrerne, concluait par exemple que I' epi de ble sou vent present sur les monnaies de Tarse symbolisait le sitonion des soldats, O. Casabonne 211 a beau jeu de montrer qu'une telle interpretation est abusive. Nous avons deja observe qu'il est particulierernent difficile de mettre en relation des evenements precis avec I' emission d'une serie de rnonnaics, Cela vaut ici encore, et d' autant plus que les symboles peuvent sinterprcter en des sens divergents voire meme opposes 212. Ainsi la monnaie SNG France 2 209 2 13 presentc a I'avers Ie Grand Roi transpercant un lion aux panes dressecs 214 et au revers Ie Grand Roi appuye sur une lance et tenant en main une croix ansee, O. Casabonne 215 souligne que ce symbole est souvent present sur les monnaies de
207 208
Weiscman 1956. cite par Lemaire & Lozachrneur, note precedente. Cf. it Silifkc, Borchhardt 1968, 160-211 : Kizkalcsi, Hcrmary 1984,292-296; Adana, Fleischer 1984,
85-104. Diod. 14.79.8. Babclon 1910.399-402. 211 Casahonne 1995, 162, apres Starr 1977, 92 n. 70. 212 Cf. plus loin it propos de certaines monnaies de Datames. m Fin v--dcbut tv- «: (PI.VIII, 6). 214 Ce theme est Ires frequent dans la glyptique, ef. Boardman & Searisbriek 1977, n" 88 pour la representation qui se rapproche le plus de cellc des monnaics. 215 Casabonne 1995, 163-164. 209 210
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Tarse, mais aussi parfois ailleurs en Cilicie, 11 en conclut que la croix ansee est un emblerne du pouvoir dynastique cilicien, et par consequent que la monnaie sus mention nee, serait un marqueur de la volonte du Grand Roi daffirmer son pouvoir sur la Cilicie. Cela est tres plausible merne si en Cilicic cc theme iconographique est rarement le symbole principal 216, contrairement a Chypre oil une croix similaire mais differentc predornine 217. La double Iegendc TEPII(KON) et TRZ (en arameen) pourrait confirmer que la monnaie a ete frappee aTarsc mais que l'autorite ernettrice ri'est pas la cite. II taut souligner qu' au debut du lye s. plusieurs nouvelles cites battent monnaie : Holmoi 218, Issos 219, Aphrodisias 220 (?). II a ete beaucoup question ces dernieres annees 221 des emissions de I' atelier d'Issos auquel sont attribuees, en plus des series identifiablcs par la legende, dautres que E. T. Newell 222 donnait a Myriandros. La contribution de J. C. Brindley emporte pour I'essentiel I'adhesion, avec peut-etre une Iegere correction pour le debut atteste des series: divinite au trident a queue de monstre marin/lion a droite 223 qu'il date de 405-400 alors que leur presence dans le tresor de Nagidos 224 plaiderait plutot pour la periode 400-380. Observons a ce propos que des exemplaires de plusieurs autres series dIssos sont presentes dans ce merne tresor : groupe 3 de Brindley, Baal/Hcrakles (date par ce dernier de 390-386) 2·25 ; groupe 4, frappe au nom de Tiribaze (infra); groupe 5, Apollon avec sur de nombreux exemplaires la Iegende In] et ADATOPIOY 226/Heraklcs avec comme symbole secondaire #; pour la date Brindley propose 380-370. Observons cependant qu'un des exemplaires est surfrappe sur une monnaie d'Evagoras Ier (411-374) 227 et que ce type figure dans IGCH 1259, generalernent date des environs de 380. 11 n'y a d'ailleurs aucun obstacle a supposer que Issos a pu ernettre cette serie purement civique 228 parallelernent aux monnaies frappees pour Tiribaze 229 ; groupe 6 Une fois aTarse I'll : SNG France 2207. J. Elayi (Istanbul) fait observer que la croix unsee ou plus cxactement Ie symbole similaire peut prendre des formes tres diverses, en tout cas differentes de I' ankh egyptien. Le symbolc cilicicn et lc syrnbolc chypriotc (avec ses deux variantcs) ne sont pas idcntiques. 2]S Athena/Apollon en pied, legende OAMITIKON. SNG France 2 120 (PI. VIII, 12) ; Casabonne (Istanbul) propose avec prudence lcs alentours de 380. de Callatay (Istanbul) retient pour cette breve emission une fourchette 380-373. Observons que ces monnaies sont absentes du tresor de Nagidos, mais ccla ne saurait ctrc considere comme une indication totalcmcnt significative dans la mesure OU la serie est peu abondante. 219 Sur lssos, Bing 1985,97-123. no Attribution d'un monnayage 11 Aphrodisias de Cilicic par Imhoof-Blumer 1908, 204 n" I (a propos de Traite, II, n" 1520 bis; er. aussi Head 1911, 717 sq.). Les stateres sont dates par Kraay, ACGC 1015, des environs de 380 a.c. Des subdivisions dans Troxell & Kagan 1989,280. l.'idcntification repose sur une argumentation assez 2](,
217
tcnuc.
Bing 1984 ; Brindley 1993. Newell 1920. E.g. SNG France 2 421 (PI. VIII, 13). 224 Levante 1994. m Levanrc 1994, 9 signale qu' une monnaie apparue dans unc vente et portant I'inscription ILl confirme I'origine de ce groupe. 226 SNG Levante 173. Newell 1914, n° 72 propose dy voir une epiclese du dieu : mais cf. Masson 1992,69 : l' apparition du meme nom sur une monnaic de Soloi plaiderait plutot pour une signature d' artiste. Waggoner 1976. m Brindley 1993, 8. 229 Brindley 1993 observe fort justement que ceue scric qui rcprcsente a Iavers eomme au revers deux divinites en pied avec leurs diffcrcnts attributs sinscrit dans un ensemble homogene erni« par Side, Nagidos (e.g.
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Athena de trois-quarts face/jeune homme de profil date de 380-370 par Brindley 230, date plausible d'un point de vue stylistique et qui pourrait fournir un argument pour abaisser de quelques annees apres 380 la date denfouissement du trcsor de Nagidos. Ce tres intercssant tresor, par ailleurs quelque peu disparate (les monnaies athenicnnes et certaines tarsiotes paraissent plus anciennes que les autres), comporte 1) la serie Ahura Mazda/Baal (infra), 2) un ensemble homogene comme I'observait Brindley 231 illustrant a I'avers comme au revers deux divinites en pied avec leurs differents attributs. Tl parait y avoir la un programme comme pour la serie Ahura Mazda/Baal, indiquant des solidarites economiques et tres probablement aussi un cadre politique Iiant sous la tutelle du satrape les cites de Sidc 232 , Nagidos 233, Holmoi Issos 235, Mallos 236, Tarse 237.3) Cette serie parait etre suivie de peu par une autre au les divinites sont representees sous 1aforme d'une tete de profil (une au deux faces) 238. La plupart de ccs series figurent dans le tresor de Nagidos 239. Les annees 380 sont done caracterisees en Cilicie par I' abondance des frappes affichees comme civiques ou en tout cas a mettre en relation avec les cites 240 avant I' essor du monnayage qui affiche explicitement la responsabilite des officiers perses; ce qui n' ernpeche nullement la reference directe ou indirecte ala cite. Apres l'etablissemcnt de la Paix du Roi, les interets du gouvemement perse se toument anouveau vers Chypre 241. Tiribaze et Orontes sont charges de la mise en ceuvre de l'expedition. Selon Diodore 242, les preparatifs se font a Phocee et Kyme ; puis les generaux installent en Cilicie une arrnee de trois cent mille hommes comportant des cavaliers et trois
ACGC 1012 datee la, it tort, de c. 350, Aphrodite/Dionysos, lcgende NAnt.rKON SNG France 2 30 = PI. X, 11), Holrnoi, Issos, Tarse (e.g. von Aulock 5915), Mallos (Levantc 155; France 2 403 sq.) done datable des annees 3RO.
Cela confirrne res solidarites cconomiqucs, et sans aueun doute politiques, qui lient routcs ces cites. 230 Lc cboix des representations par un portrait et non plus en pied est commun it nombre d' autres cites, cf. Nagidos. 231 Brindley 1993, 9. 232 SNG von Aulock 4770 (Athena/Apollon au eorbeau)*' 2'3 SNG Levante I ; 7-10 (Aphrodite assise tenant une phiale, Eros dcbout it sa gauche/Dionysos avec grappe de raisin et thyrse). Les classcrncnts proposes font figurer d'abord une seric legendee "IAnt.EQ"I* (integralcment ou en abrcge) avant une autre consideree eomme nettemcnt plus tardive, Levante 11-14; France 2 29-41 [30 = PI. X, 111 (prineipalc difference, Eros eouronne Aphrodite, Ie rendu du costume est plus minuticux), lcgcnde NAnt.IKON". I.c tresor de Nagidos montre que les deux l'~gendes ont etc gravees simultancmem ou it peu d'intervalle (cf. France 2 3). 214 SNG Lcvantc 32; France 2 120 = PI. VIII, 12 (Athena Nicephore/Apollon it la phial e), OAMITlKO'\J*' 235 SNG Levante 173 (Heraklcs/Apollon a la phiale), II; d. aussi 174*, France 2 41R (BaaliHerakles). Cet avers est similairc aux revers de la serie de Tiribaze avee Ahura Mazda it l' avers. 236 SNG Levante 155 ; France 2 403-404 (Athena assisc, lance, bouclicr/Hermes ct Aphrodite), MAA*. m SNG Levante 64 ; France 2 237 (pI. VIII, 1l)-23R. Athena assisc similaire it celIe de Mallos/femme agenouillee aux ossclets, TEPLlKON* 2JR Cf. Soloi, e.g. Levante 43-45 ou le profil d' Athena rernplace I'umazone traditionnelle; Nagidos, Levante 2 ; France 2 5 tete d' Aphrodite/tete de Dionysos* ; Tarse, tete d' Aphroditet rj/Hcrakles terrassant Ie lion, Levante ()3 ; France 2 235 (= PI. VIII, !O)*' Ce meme theme de revers sur une monnaie de Mallos avee Kronos it l' avers, Levante 154 ; Issos, France 2 414*, Athena de trois-quarts face/tete juvenile. 239 Elles sont notces ici dun asterisque". 240 Infra pour les lcgendes en -IKON. 241 11 Y avait eu une premiere expedition des 391, menee par Autophradates et Hckatomnos ; mais cettc operation ne semble pas avoir ete mcncc it partir de la Cilicic (supra p. 25R). 242 Diod. 15.2.1-2.
en
336
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cents trieres. La Cilicie reste la base arriere des operations, c'est de Ia que Tiribaze se rend aupres du Roi, dont il obtient deux mille talents pour la guerre 243. Si l'on suit a la lettre Diodore, cela suppose que I'argent ernis localement eta it destine a l'approvisionnement en ble de la troupe et aussi au paiement des mercenaires. Le choix de la Cilicie s'expliquc par le fait que la Cilicie Pedias est une zone cerealiere et que par ailleurs les monnaies produites utili sent les infrastructures techniques preexistantes des cites ciliciennes. Si l'on en croit Isocrate 244, Ie roi de Salamine avait reussi a detacher la Cilicie du Grand Roi. II convient d'etre prudent face a ce ternoignage dans la me sure OU on a pu noter par ailleurs les erreurs ou les exagerations de cet auteur. A tout le moins la reconquete a ete rapide et complete. On sait la rivalite qui oppose les deux generaux perses, mais nous nous interesserons seulement ici a leur position en Cilicie. Seul Tiribaze ernet a son nom 245. Ce fait, ainsi que l'episode de la negociation avec Evagoras, indiquent qu'il avait alors Ie pas sur son collegue. II parait tout aussi clair que, contrairement a ce qui a ete souvent ecrit, il n'exerce aucune fonction de gouvernement regional (il y a encore tres probablement un Syennesis qui remplit cet office 246) et c'est en tant que responsable de la guerre a Chyprc qu'il cmet deux series de monnaies. La premiere presente au revers Ahura Mazda se couronnant et tenant une fleur de lotus 247; a l' avers 248 Baal avec aigle, legende arameenne TRIBZW 249. Les lieux d'ernission sont Soloi 250, Tarse 251, Issos 252, Mallos 253 par ordrc progressif de l'importance de la frappe. La seconde a comme point de depart la monnaie Traite, II, n° 578 254 : a l'avers, tete de satrape diademe (le diaderne est ici double), legende grecque TEIPIBAZOY ; au revers, tete d'Herakles frise, barbu avec pattes de lion nouees autour du cou, dans un grenetis circulairc. Cette monnaie est consideree par E. Babelon comme une imitation barbare (cf. aussi son faible poids, 9,85 g) mais il signale 255 une monnaic inedite tres scmblable de meilleur style.
243 Diod. 15.4.2. Le Rider 1997, 164 n" 40, suggcre qu'unc partie de ccttc somme aurait pu etre composee de sides ct de dariques ; cf. aussi 15.9.3 : Glos, bien pourvu en argent et en soldats. 244 Isoeratc, Paneg., 161 ; Evag., 62. 24, En dernier lieu Le Rider 1997, 152-153. 246 Bing 1998 complique beaucoup Ics choses en faisant de Camisarcs puis de Datames les sa/rapes de Cilieie. Par exemple p.46 n. 15 il suppose que des 391 Camisares a contrihue aux constructions navalcs qui preludent a lexpedition centre Evagoras. 247 A noter Ie choix fait dunc representation anthropornorphe, a la "grecque". 24S Tel est I' ordrc des faces que propose Le Rider. 249 11 s'agit de stateres ; sur unc monnaie divisionnaire apparait seulement la tete d' Ahura Mazda couronncc : SNG Levante 216 ; Traite, II, n" 577 (=France 2 234 donncc lit it Tarse [ineertaine]) ; von Aulock 5415; legende aramccnnc TRI. 250 Legendc 10; Traite, II, n" 581; SNG Lcvante 49 (PI. IX, 1). En parallclc avec des series eiviques (tete d'Athena/grappe de raisin ef. par ex. ACGC 1017; Levanle 45). 251 Legendc T ou TEP ; Traite, II, n" 582 ; SNe Levante 62; Levante Suppl. I 16. 252 Brindley 1993,4-5; Jegende l1LIKON; Traite. II, n" 579 (=SNG France 2 416); von Aulock 56015602; Levante 175. Lcgende I11Arm e.g. Levante 177 au revers inscription grccquc AMI sur la plupart des pieces (nom du rnonetaire"). 253 Legcndc MAP ou MAA; Traile, II, n" 580 (SNe France 2389-390) ; von Aulock 5712 sq. ; Levante 147 sq. L'irnportance relative de l'emission de Mallos est confirrnee par Ie tresor CH 8, 165 quil eonvient de dater des annees 380 : Casabonne (Istanbul) et non de "vers 330" avec lcs cditcurs, 2,4 Traite, II, p1.l07, 16 (= SNG France 2 232) (PI. IX, 2); ef. Cahn 1989, 104 et pI. I, 17. Cctte monnaie est attribuee it Issos par Weiser 1989, 290, it Tarse par Levantc. m Babelon 1910, 383 sq.
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On rapproche generalernent les monnaies ernises a Soloi 256, Mallos 257 et Nagidos 258, sans indication du nom du satrape, avec les types evoques ci-dessus mais avec quelques nuances dans Ia disposition de la tiare au Ie traitement de la barbe. Ces monnaies sont datees par C. M. Kraay des environs de 370, mais il ne fournit pas d'argument 259. II reste plus probable qu'elIes ont ete emises par Tiribaze 260. Les deux series ont en commun davoir plusieurs lieux demission. La premiere presente une complete unification des types; et cela vaut, bien que moins nettement, pour la seconde. II est aussi dernontre, et cest la une innovation, qu'il y a de la part du satrape une politi que monetaire reflechie et valable pour les cites qui sont Ie pivot de la constitution de la fIotte. Observant la quasi-identite des pieces de Soloi, Tarse et Mallos (alors que celles d'Issos presentent quelques caracteristiques differentes), G. Le Rider 261 suggere que toutes ont pu etre frappees aTarse. Quelle est la chronologie relative? L' absence du nom du satrape sur nombre d'exemplaires de la seconde emission est un (mince) argument en faveur de son anteriorite par rapport ala premiere, mais sa moindre homogeneite pourrait laisser supposer un plus grand etalement dans Ie temps. Pour lsocrate 262, I'affaire de Chypre dure six ans apres la Paix du Roi, ce qui nous arnenerait selon M. Weiskopf aux annees de campagne 38 I et 380, done aux annees civiles 38 I/380 er 380/379 263 . C'est simultanement qu'est menee la campagne contre l'Egypte 264, campagne malheureuse contre Akoris et Chabrias, dont les chefs sont Abrokomas, Tithraustes et Pharnabaze. Abrokomas est Ie satrape de Transeuphratene et c'est a partir du territoire qu'il controle qu'est organisee l'expedition, avec comme point de reunion, la ville d' Ake, Apparemment done rien a voir avec la CiIicie a laquelle on a dernande un considerable effort de guerre pour I' expedition de Chypre. Cela explique que la plupart des historiens et des numisrnates attribuent plutot I'important monnayage de Pharnabaze a la peri ode qui debute en 379, avec les preparatifs
256 Lcgende IOAIKON ou IOAEQN. Traitc, II. n" 563-566 (= SNG France 2 159-162: "monnayage satrapal vers 385 avo J.-c.") ; von Aulock 5682 sq. ; Levante 50. 257 Lcgende MAA ; Traite, II. n" 570 sq. ; SNG France 2 395-397; von Aulock 5716; cf. aussi Levante 153 (PI. IX. 3 anepigraphc) ; Weiser 1989, 290 (et sa pI. XX, 36) Y voit contre toute vraiscmblancc un Arcs. Mcrne type satrapal avec l'avers Aphrodite, von Aulock 57 I 7 ; L.evante 150 ; France 2 391 (PI. IX, 5) - 394. 25K A l'avers un Dionysos, qui justifie I'attribution par Weiser 1989, 290 a Nagidos de la monnaie Bank Leu 7 Auktion 1973, 260. style tres eomparable a celui de la monnaie de la PI. IX, 2 ; a noter en particulier le double diademe (PI. IX, 4 = Weiser pI. XX, 40). 259 Kraay 1976,284 sq. (n" 1018; 1027); d'ou probablemenl par exemple lindication vague de Lcvantc "later satraps" [par rapport Tiribaze I. 260 Tclle est aussi l'opinion de Weiser 1989, 290 sq. el implicitemenl de Levante (du moins en ce qui concerne la chronologie). La probabilite est encore renforccc par la presence dans Ic tresor de "Nagidos", Levantc 1994 (antcrieur it Pharnabaze mais cf. infra) de plusieurs monnaies du type l.evante 66 (PI. IX, 6) avec a l'avers une tete satrapale diademee (lcgendc TRZ en arameen) et au revers un "Persc" assis a droite. 261 Le Rider 1997, 157 (daprcs une idee comparable de Newell 1918, 86 it propos du monnayagc d' Alexandre). 262 Isocrate, Paneg ; 4.141 (voir aussi Evag., 64). 263 Weiskopf 1982, 144 sq. Les numismates reticnnent la fourchette 386-380 pour les monnaies de Tiribazc. 264 Isocrate, Paneg., 4.140. Mathieu, ad. loc., suggerait la date de 382 ; pour Weiskopf 1982, 166, il faudrait plutot penscr 385-383 (pour Moysey 1986, 15 : 386-383).
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d'une nouvelle expedition en Egypte 265. On sait que l'armee, dont la concentration finale a lieu a Ake apres plusieurs annees de preparation, rcunissait des forces considerables : vingt mille mercenaires avec lphicrate (douze mille scion Cornelius Nepos), deux cent mille barbares, deux cents triakontores et trois cents trieres. Plusieurs series peuvent etre individualisees 266 : - Un premier groupe 267 dont le volume parait assez modeste porte a l'avers Herakles de trois-quarts face revetu de la leonte, dans un grenetis circulaire, lcgcnde hlk 268; au revers, un guerrier barbu de profil, portant un casque attique intcrprete tan tot comme un "portrait" du satrape, tantot comme un Ares 269; legcnde TEPLlKON. Le theme de I'aversHerakles - nous rapproche de celui dont nous avons note la presence sur les monnaies attribuables a Tiribaze mais le traitement est plus "modernc" (trois-quarts face au lieu du profil) et cela renforce l'etablissement de la chronologie relative entre les deux series. Des monnaies de ce groupe figurent dans le tresor de Nagidos (CH 8, 91) datable, on le sait, des environs de 380. Ce fait confirrne I'hypothese de R. A. Moysey 270 pour lequel cette serie serait la premiere a faire figurer le guerrier casque au revers et amene a rejeter le classement de A. Lemaire 271 qui s' appuie sur la presence de la legende hlk qu'il pense devoir mettre en serie avec 1c troisierne groupe apres l' autre graphie klk. A partir de ces nouvelles donnees, trois solutions paraissent possibles. Soit cette frappe est anterieure a Pharnabaze 272 ; et il convient en effet de rappeler que I'ancien satrape de Daskyleion n'cst pas nomme sur les monnaies, qu' "Ares" est present sur d' autres series que les siennes. Soit il s' agit bien d'une emission de Pharnabaze pour la pcriode 386-383. Telle etait deja la conclusion de R. A. Moysey m. Mais cornme note plus haut il nous semble que la campagne conjointe d' Abrokomas, Tithraustes et Pharnabaze n' a pas concerne la Cilicie 274. Soit enfin la serie est de peu posterieure a 380. C' est cettc derniere solution que nous retiendrons a titre dhyporhese. II faut alors en mesurer lcs implications: tout dabord abaisser un peu au dcla d' autre part cela supposerait que dans une de 380 275 la date d' enfouissement de CH 8, 91 265 Diod. 15.29.3; 41; cr. par ex. Morkholm 1959, 184-201; Moysey 1986,7-61; :\aster 1989, 191201; Lc Rider 1997, 157. 266 En dcrnier lieu Le Rider 1997, 153. 267 Moysey 1986 seric 1, p. 30, reccnsc 7 cxcrnplaires connus, cr. sa pl. 2, 25 ; voir aussi SNG lion Aulock 5926 ; Levante Suppl. I ]7 (PI. IX, 7) ; France 2 240. Levante 75 prcscnte un exemplaire original OU "Ares" est remplace par un personnage imbcrbe qui pourrait bien etre une Athena (PI. IX, 8). Ccla est a rapprocher des observations de Kraay 1976, 176, a propos de son n 037 (PI. IX, 9). Pour ce dernier Ie personnage. represente parfois avec un casque laure, esr une allusion a la monnaic d'Athenes ; it en conclut que l'emission est faitc pour payer lcs mercenaires grecs. A rioter aussi qu'il n'y a aucunc mention de nom de la personne qui ernet. Sur cette serie, en dernier lieu de Callatay (Istanbul). 268 Naster 1988. 14-17. 2(,9 Cf. par ex. Kraay 1984, 8 : portrait idcalisc du satrape ; Naster 1989 193 relcvc diverses variantes dans le traitemcnt du casque. no Moyscy 1986, 14-15. 271 Lemaire 1989. 143. 172 Telle cstla conclusion de dc Callatay (Istanbul). 271 Suivi sur ce point par Casabonne (Istanbul). 274 De Callatay (Istanbul) rejelte pour des raisons numcriques la liaison entre cetre petite emission et la soldc des mercenaires pour l'Egyptc. 27S Hypothese cnvisagce par de Callatay (Istanbul). 276 Comme y invite aussi la presence dans ce trcsor de la plus rccente des series d'1ssos. C
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breve periode de transition Pharnabaze navait pas modifie profondernent la circulation monetaire. - Un deuxierne groupe, a l'avers Baaltars, Iegende ararneenne (Baal de Tarse) ; au revers "Ares", Ie nom de Pharnabaze est donne egalernent en arameen. II existe un grand nornbre de monnaies a ce type 277 qui doit etre attribue a Tarse a cause de la legende de I'avers. II faut en effet accepter les consequences d'une suggestion d' A. Lemaire 278 qui rappelle que Baal peut etrc un appellatif signifiant maitre, seigneur et que par consequent BLTRZ a toutes chances de designer Ie dieu principal de Ia cite de Tarse dans les caracteristiques duquel nombre d' etrangers ont pu reconnaitre celles de leur dieu majeur (on pensera au choix d' Alexandre de cette representation pour ses monnaies). - L'attribution du troisierne groupe 279 est plus problernatique. II n'est pas sur qu'il convienne de I'associer aTarse, du moins aTarse seule 280. L'avers est occupe par une copie de l'Arethuse syracusaine gravee par Kimon 281 ; meme revers que dans les series precedentes avec I'inscription bilingue hlk KIAIKION. R. A. Moysey 282 montre que des identites de eoins existent avec certaines monnaies de Datames. Les deux series ont done ete ernises successivement 283 mais sans solution de continuite. Ce groupe est quantitativement Ie plus important 284. - Un dernier groupe a etc emis a Nagidos, comme le prouve la legende NArIMKON de I'avers ou est representee une Aphrodite. C'est la le theme habituel des monnaies de cette cite mais eomme Ie fait observer C.M. Harrison 285 la deesse est ici "persisee" ; au revers le merne "Ares", legende au nom du satrape en ararneen et hlk ; il s'agit nurneriqucment d'une petite serie, Ajoutons eventuellement Kelendcris selon Ie sens que I'on attribue a la legende KEAEN~EPITIKON 286. Au terme de ee panorama sur la Cilicie a la fin du v- et au debut du lye s., il est clair que sans Ie monnayage (rnonnaies, contremarques, tresors) nous ne saurions pratiquement rien de I'histoire politique et institutionnelle de cette satrapie. En depit des limites imposees par ce type de source, il est loisible d'arriver a quelques conclusions generales. Tout dabord,
277 Moyscy 1986,30-34; SNG von /sulock: 5927-5933; Levante 71-74 (PI. IX, 10 = Levanie 72); Levante Suppl. I 17; France 2251-257, etc. ns Lemaire (Istanbul). 279 Davesne 1989, 166, metjustcment en doutc cettc attribution (cf. deja Ia prudence de Babelon 1910, 394-398) ; iI pense pour sa part qu'il faudrait peut-etre cIasser cette serie a Soloi. Obscrvons seulement qu'il existe plusicurs series qui peuvent etre frappecs simultancmcnt dans plusieurs cites et que la Iegende klk et/ou KIAIKION plaiderait plutot en favcur d'unc telle solution. 280 Deja Babelon 1910, commcntaire du n" 403; voir aussi Kraay 1976,223, avee lidee que seules les monnaies avec la Iegende Baal de Tarse sont assurernent de Tarse. 2S1 Moysey 1986, 34-40 ; Nastcr 1989, 196 sq. ; SNG Cop. 26 I-27 I ; von Aulock 59 I6-5925 (PI. IX, 11 = von Aulock 59 I 9) ; Levante 69-70 ; France 2 24 I -250, etc. m Infra p. 360. m Nastcr 1989 pense que ces series ont ete emises simultancment, eela parait historiqucmcnt assez peu probable si 1'on prend en compte l'figc, Ia carriere, Ie statut des deux personnes. 2S4 Sur Ic caractere exceptionnel du point de vue numerique des groupes 2 et 3 ct des trois emissions de Datames, de Callatay (Istanbul). 2S5 Harrison 1982,210; cf. aussi Casabonnc 1996 b, 126. 2R6 SNG von Aulock 5753 ; Traite, II, n" 599 = France 2 23 (PI. IX, 12) ; sur la monnaie de Kclenderis infra p. 341.
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la quantite de monnaies emises est considerable, bien plus importante par exemple que celle des Hekatomnides 287. La difference parait aussi resider dans le fait qu'il y a plusieurs autoriies emettrices : a I' evidence les cites elles-rnemes, le Syennesis a Tarse dans la deuxierne rnoitie du ye s. (sans qu' on puisse Ie demontrer) et dans Ie courant du lye s. avec Tiribaze l'apparition de generaux 288 en charge doperations militaires d'envergure necessitant la construction et l' armement de flottes puissantes ainsi que l' engagement de nombreux mercenaires. 11 est tout a fait plausible que ce type d' organisation dualiste a fonctionne des la fin du yc s. avec Tissapherne au moins. Une difference sensible : la composition du tresor monetaire IGCH 1255, dit "de Kelenderis" 289 date des environs de 410 et ou I' on note I'importance des monnaies de Chypre, d' Athenes 290 et - majoritairement - de Kelenderis (quelques monnaies de Tarse, Soloi, Mallos). Nous sornmes au debut des grandes emissions ciliciennes. L'expedition conjointe de Pharnabaze et de Conon a probablement pour consequence une augmentation du volume de ces emissions tarsiotes. 11 faut aussi souligner que la construction d'une flotte coute cher, sans meme qu'elle soit construite sur place : il ne s' agit pas seulement de solder des rnercenaires, d' autres aspects sont aussi onereux et concernent tout un territoire (ports et arriere-pays). Fourniture du bois, transport, agres, equipernents portuaires, ravitaillement etc. L'integralite de ces aspects ne pouvait etre couverte par la corvee. Ellc suppose des depenses tres importantes et inscrites dans la duree en amont de la mise aI' eau de la flotte. D'oii provient l'argent? Comme nous lavons vu plus haut, pour une part directement de la caisse centrale mais il parait tout aussi clair qu'une partie est tiree du prelevement tributaire. Tel est le cas a I'epoque du mandat de Pharnabaze, avec I' apparition des legendes hlk, klk ou KIAIKION, qui invitent apenser que I'on raisonne a I'echelle de la satrapie sans qu'il faille en inferer comme le fait C. M. Kraay 291 que Pharnabaze est satrape de Cilicie. Au mieux pourrait-on traduire "Phamabaze en Cilicie", Nous avons vu plus haut que des I'epoque de Tiribaze d'autres legendes avec un suffixe en -ikon etaient apparues : TEPIlKON, IOAIKON, IIIlKON, NArIL'lIKON (attestee aussi sous Pharnabaze et au dela), KEAENL'lEPlTIKON, OAMITIKON (difficiles adater avec certitude). C. M. Kraay 292 conclut apres dautres que le neutre singulier trahit l"'initiative d'un pouvoir exterieur" alors que le banal genitif pluriel sexplique par "lautorisation du gouvernernent de la cite" et cette hypothese scduisante a ete reprise par de nombrcux specialistes 293. Cette solution n' est pas acceptee par Ph. Gauthier 294 qui fait observer qu' a elle sculc la legende ne saurait constituer une preuve irrefutable alors que les series sont par ailleurs identiques (parfois merne avec des identites de coins). La monnaie SNG France 2
Dc Callatay (Istanbul). La presence de ccs dcrnicrs ncxclut nullcmcnt l'existence dune autoritc politique rcgionalc, mais on ne pcut que souligncr lc silence des sources. 2S9 Cf. Davesne )989. 291) En nornbrc important encore dans CH 8, 91. 29] Kraay 1976, 282. 292 Kraay 1976, 278 sq. 293 E.g. Levantc 1994, 8. Yoir aussi l'introduction a "lNG France 2 (on nc saurait ctrc aussi categorique pour I'opposition "civique" "satrapique" a partir des legendes). 294 Gauthier 1975, 166-167 suivant Babelon 1910, 852-855. 2R7
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209 porte la double legende TEPLI(KON) et TRZ en arameen. Faut-il en conclure que les deux legendes sont deux graphies d'une meme realite et qu'il n'y a la qu'un phenornene de mode 295? II parait cependant clair que dans certains cas on a tenu a marquer la difference sinon pourquoi a Kelendcris avoir decide d' ecrire in extenso I' encombrant KEAENL1EPITIKON296 au lieu de la formule habituelle KEA au KEAEN? Nous retiendrons done a titre dhypothese qu'a cote (voire simultanernent) des frappes civiques ont dfl exister des frappes issues de Ia perception du tribut (rappelons une fois encore que lc karanos etait habilite a en disposer) et qu'il s'agissait d'indiquer la provenance du metal qui servait a frapper ces monnaies, quelque soit par ailleurs Ie lieu de la frappe. Si l'on sefforce de faire la synthese des elements reunis ci-dessus concernant les peuples "revoltes" selon Diodore, il pourrait apparaitre comme un complet paradoxe de conclure qu'aucun de ces peuples n'echappe ala tutelle du pouvoir central. Comme nous l' avons observe il est pourtant avere qu' aucun ne peut etre considere comme rebelle en permanence, pas merne la Pisidie pourtant presentee au meme titre que la Mysie comme le meilleur exemple d'une telle situation. Certes les zones de montagne, pour I' Asie Mineure meridionale toutes les regions tauriques, avaient de particulieres facilites a se dispenser du versernent du phoros et des secteurs entiers ant du pendant de longues periodes echapper au controle des satrapes (la Cataonie d' Aspis 297, la Lycaonie, I'Isaurie 29R, une partie de la Pisidie, de la Cilicie Trachee) et representor des foyers dinsecurite, en particulier dans les periodes troubles de l'histoire de l'Empire, et done tout naturellement dans les annees 360, comme elle profiteront plus tard de toutes les occasions de s'affranchir de Ia tutelle du pouvoir central 299. Par consequent, on admettra volontiers avec M. Weiskopf qu'il s'agit la d'evenements a caractere essentiellement local. Cependant il est tout aussi assure que de tels desordres devaient etre encore accentues lorsqu'ils se greffaient sur des conflits de plus grande portee qui leur servaient de pretexte, II n'y a done rien d'anormal au fait que Diodore (au sa source) ait pu avoir la vision d'une conflagration generalisee merne si toutes les operations militaires ne se situaient pas au merne niveau et n'avaient pas Ie merne but. L'ordre suivi par Diodore pour lcs satrapes n'est pas indifferent. R.A. Moysey 300 pense qu'il est dfl aux liens etroits qui existent entre Ariobarzane et Mausole d'une part, et Ie monde grec de I'autre.
Cf. aussi la graphic IOAIKilN : SNG Levante 160; sur cctte question Casabonne (Istanbul). SNG France 2 77 (PI. VIII, 5) ; Gulbenkian 798. En observant d'ailleurs que eette (rare) monnaie est la seule it presenter au revers un carrc en ereux qui la differcncie netterncnt des autres emissions. 297 Cornelius Nepos, Dat., 4.1-5. Aspis qui s'emparc du montant de celui qui transite par la route royale. 29S Sur ees regions Diod. 18.22.1-4; Str. 12.6.2-3 et supra p. 164. 299 Briant 1976, 185-6. 300 Moysey 1975, 100, cf, 1986, 24 ; il y voit la preuve de l'hellenocentrisme de Diodorc ou de sa source. De fait, lcs deux satrapes ainsi privilcgies, Ariobarzane et Mausolc, sont ceux qui ont les contacts les plus etroits avec le monde gree et a contra rio l'ahsence de Datames, element essentiel de la rebellion semble aller en ce scns, tout comme la place modeste qui est attribucc it Tithraustes. Mais nous vcrrons plus loin que la situation personnelle des deux satrapes suftirait it expliqucr ce choix. 295
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Ariobarzane Fils ou here de Pharnabaze 301, il tient la satrapie de Daskyleion depuis les alentours de 387 302 . Sa "rebellion" est anterieure a 362/361, faut-il la mettre en relation avee la saisie de la basileia de Mithridate a la mort de ee dernier 303? Malgre M. Weiskopf 304, il semble qu'apres avoir ete mis en difficulte par Autophradates et Mausole il a rcussi a se maintenir dans une partie au moins de ses possessions (jusqu'en 363/3627). Mausole Satrape-dynaste de Carie 305 de 377 a 353, soit pratiquement durant un quart de siecle, son "regne" eonstitue l'un des temps forts de I'histoire de la Carie. Si I'arnbiguite de son titre ne fait guere problerne 306, sa position dans la "revolte" est beaueoup plus sujette a caution. La fin rapide de celle-ci n'altere probablement 307 en rien sa position qui, des avant 362, etait fondee sur l'attente et la prudence.
Orontes M. J. Osborne 308 parait avoir etabli que ce dernier est titulaire d'un commandement important dont le centre est la Mysie pergamenienne et qui s'etend sur une partie de la cote. Cette creation temoignerait d'un nouvel equilibre geopolitique de l'Asie Mineure occidentale apres la fondation de la satrapie de Carie qui enlevait toute pertinence a une satrapie centree a Magnesie de Meandre 309.
Autophradates Satrape de Sardes depuis qu'il a succede a Tiribaze, sa situation est comparable a celle de Mausole; tant par la tiedeur de son engagement dans la revolte que par lcs consequences pour lui de I'echec de la sedition. Nous verrons plus loin cependant qu'il ne subsiste aucune preuve de sa presence en Asie Mineure apres les cvenerncnts de 362/361. II va de soi qu'Artabaze dont le soulevernent est largement posterieur n'a pas a apparaitre ici. Diodore a choisi de parler de la revolte de Datames de facon separee, et cela reflete probablement une realite, merne s'il la situe dans Ie merne contexte chronologique.
.101 Judeich 1895.832 s.v. "Ariobarzancs': ; Beloeh 1923, 150-1 penche pour un frcre cadet de Pharnabazc, mais il n'est pas exclu qu'il s'agisse plutot d'un fils d'un autre manage, supra p. 98.
302
Xen., Hell., 5.1.28.
11 subsiste une grosse difficulte dans l'interpretation de Diod. 15.90.2. Faut-il avec Beloeh 1923, 149150, refuser toute valeur it ce passage (de merne Weikopf 1989, II conclut it une crreur de Diodorc) ; si I'on decide de le maintcnir, la basileia en question est-elle la d/irea de Kios ou la satrapie de Pont-Cappadoce. Nous pencherions plutot, supra p. 99, pour la dorea de Kios, 304 Weiskopf 1982,381-385. 105 Hornblower 1982, spccialcmem 137-182. 306 Supra p. 137. 107 Infra p. 352. 308 Supra p. 149. 309 Supra p. 150. 303
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2. ESSAI DE RECONSTRUCTION DES EVENEMENTS C'est a W. Judeich, avec quelques retouches dues a K. J. Beloch 310, que l'on doit la version des evenernents qui est devenue la "vulgate" jusqu'a ces derniercs annees. Pour lui, nous sommes en presence d'un soulevernent generalise dont Orontes est le chef. Le point culminant en est l'annee 362/361 comme I'indique Diodore (que l'on suit le plus exactement possible). Les operations depassent largement Ie cadre de l'Asie Mineure : I'ambition d'Orontes est de supplanter Ie Roi 311 et il menc une action conjuguee avec le roi rebelle d'Egypte. Les forces convergent en Syrie-Phenicie 312 pour attaquer Ie Roi. Mais assez rapidement les rebelles, ou plus exactement certains d'entre eux (Orontes, Rheornitres), se rendent au Roi dans I'espoir d'obtenir non seulement leur pardon mais aussi une amelioration de leur situation personnellc. Seuls Ariobarzane et Datarnes disparaissent. Pour les autres, il y a un simple retour au statu quo ante, Artabaze ayant remplace Ariobarzane. Se produit alors une deuxierne revolte a laquelle partici pent non seulement Artabaze mais aussi Orontcs alors qu'Autophradates et Mausole restent loyaux au Roi. Ce schema, dont je ne donne ici que les tres grands traits, suscite beaucoup de reserves et doit etre corrige en bien des points apres les etudes de M. J. Osborne et M. Weiskopf. Les pages qui suivent ne pretendent pas resoudre tous les problemes et supprimer les pans d'obscurite, II sagit de propositions revisables et dont chacun pourra juger de la pertinence.
2.1. La "revolte" des satrapes occidentaux Si l'on met a part son opinion concernant la localisation et la nature de son cornrnandement, Ie principal apport des travaux de M. J. Osborne a ete sa critique des positions traditionnelles sur la duree du mandat d'Orontes en Asie Mineure occidentale et son role eventuel apres 360. La plupart des crudits (e.g. R.A. Moysey, S. Hornblower, M. Weiskopf) admettent a sa suite qu'Orontes n'est en aucune facon associe a la revolte d' Artabaze. Ce point doit eire considere comme acquis. Notons simplement ici qu'il a comme consequence de creer un vide d'une vingtaine d'annees pour la satrapie de Sardes 313. La remise en cause proposce par M. Weiskopf est beaucoup plus profonde. En voyant les choses sommairement on peut dire que pour lui il n'y a pas de revolte des satrapes, mais que certains d'entre eux ont du etre consideres comme rebelles par Ie pouvoir central. La plupart des faits sont expliques par les relations conflictuelles d'autorites voisines (e.g. Ariobarzane-Autophradates, Artabazc-Autophradates) ou merne a l'interieur d'une satrapie (Orontes-Autophradates). Mausole et Autophradates n'ont pas pris part a la revolte. Ariobarzane et Datarnes se sont declares bien avant 362/361 (probablement scparernent) et Ie premier est deja mort en 362 et rem place par Artabaze. Orontcs, hyparque d'Autophradates, n'est qu'un "lesser officer" mecontent de son sort 314, son action n'a de Judeich 1892, 193-225 ; Beloch 1923,254-7; Olmstead 1948,408-429; Meloni 1951,5-27, La paternite de ccuc idee, tres largement contestee aujourd'hui, revient a Babclon 1893, LXXIII, a propos du statere d'or de Lampsaque (supra p. 152). 312 cr. litineraire propose par Moysey 1975 sur la carte anncxcc a son ouvragc. m Infra p. 352. 314 Weiskopf 1982, 406 : "Opposition to Artaxerxcs does enter into consideration for both men' aims [Orontes et Rhcomitrcs] were confined to attaining stronger positions in the far west at the expense of highest officers" ; cf. aussi Weiskopf 1989, 69-91. 3111
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valeur que regionale voire rnerne locale. Pour Ie pouvoir perse, l'affaire importante c'est Ie soulevernent de l'Egypte 315. Les sources grecques ont tout ernbrouille 316 et n'ont guere de credibilite. Si nous reprenons les donnees, une premiere observation doit etre faite : il est impossible de fournir un recit detaille et precis des evenements qui ont jalonne la revolte ; tout au plus peut-on souligner que celle-ci a eu une certaine ampleur et qu'Orontes y a joue un role determinant 317. Ces deux conclusions doivent etre inferees de Demosthene, Sur les symmories 31, qui, lorsqu'il se propose de decrire un soulevernent important ayant entraine Ie recrutement de beaueoup de mercenaires, prend precisernent, encore en 354, l'exemple de la revolte d'Orontes 31S. Ce dernier a etabli ses bases arrieres, un camp retranche, dans Ie massif du Tmolos. Les operations se deroulent en partie en Lydie contre les generaux du Roi, aux alentours de Sardes 319, et contre Autophradates nornmement a Kyme 320. Pour mener abien son entreprise, Orontes a recrute dix mille mercenaires grecs et nous avons une double affirmation que ces derniers constituent la force materielle mais aussi ideologique du satrape. C'est ce qu'indiquent nettement : dabord le recit de Polyen, OU I'on voit comment il trompe Autophradates en equipant a la grecque une partie de ses troupes "barbares" et en lui faisant croire qu'il a recu un important renfort de mercenaires grecs 321 et peut-etre aussi Ie droit de l'emission monetaire de Kisthene pour Orontes avec Ie type inhabituel du peltaste accroupi 322. Une partie des operations s'est aussi deroulee en Troade 323, mais il faudrait 315 Weiskopf resume ainsi scs themes p. 405 : "Crucial to reconstruction of the satrap's revolt as a massive destabilization of the Achaemenid far west has been the assumption that there existed at least the plans for widespread cooperation (if not ajoint invasion of sectors cast of the Syrian desert) between the rebel satraps. led by Orontcs, and the king of rebel Egypt, Tachos. However, the thrust of my reconstruction so far as been that neither Autophradates nor Mausollos were disloyal, and that Orontes' activities seem confined to an outward extension of his base in Mysia... He tries to exploit fighting among the highest officers in Sparda and Dascylium and fighting within the house of Ariobarzanes as a means to enhance his own power". 116 Cf. p. 340 : "lsocrates' false perceptions were shared by Ephorus and restated by Diodorus". cr. deja les remarques de la p. 338 ou Weiskopf croit pouvoir dcceler les tares du recit de Diodore qui sont celles aussi d'Hcrodotc, Xcnophon, Ephore, Isocrate... les auteurs modernes cloucs au pilori sont en bonne compagnie! 317 Malgre Weiskopf 1982, 413 pour qui "since Orontes had been a lesser officcr., we may assume he drew his principal support from among lesser officers", Weiskopf ne tient pas compte du passage de Dernosthene, 318 "Quelques uns craignent il est vrai qu'avcc son or (Ie Roi) ne recrute force mercenaires. A tort sclon moi. Car sans doute lorsqu'il s'agit d'aller comballre soit contre l'Egypte soit contre Orontes ou d'autres barbares, beaucoup de Grees voudront bien s'cnrolcr it son service" (Trad. Croiset, CUF). Ce discours est date de 354, mais il nc fait plus de doute que son propos s'applique ala revolie des annccs 360 ct non it celie d'Artabaze (sur ce point, iI convient de suivrc Osborne 1973, 544-551 ct Weiskopf 1982, 416 et note 115) ; ccla rcnforcc l'idee que plusieurs annccs aprcs, cctte revolte etait encore presente a tous les esprits it Athenes. Qu'elle pouvait rnerne avoir valeur d'exernple, 119 Polyen 7.14.2: Orontes est retranche dans Ie Tm6Jos d'ou illance un raid contre Sardes ; il se procure ainsi un enorme butin. 120 Polyen 7.14.3 : ces afTrontements avec Auiophradatcs ne peuvent etre posterieurs a la revolte de 362/ 361 (infra) mais rien ne permel de preciser la chronologie relalive (el done absolue) des stratagernes relenus par Polyen (d. par ex. la me me situation pour Tissapherne, 7.18.1 et 2. Weiskopf 1982, 395-398 s'efforce de minimiser la nature etla portee de ces cvcnemcnts). 321 En 7.14.2 Orontes est dit avoir avec lui dix mille mercenaires equipes lourdement. Autophradates en a Ie me me nombre avec en plus de la cavalerie. Plus interessant, en 14.3, Orontes a ete coupe de ses allies par une manceuvre d"Autophradatcs mais il reussit a se degagcr en faisant croire qu'il a recu de nouveaux contingents de mercenaires ; pour cela, it equipe it la grccque un certain nombre de scs barbares. 322 Babelon 1923, p1. 88, n" 22 (supra p. 151 n. 279). 121 Infra p. 347.
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pouvoir preciser quand et dans que] contexte. Faut-il penser que c'est seulement au moment ou Autophradates retient Artabaze (infra) ou deja lorsque, quelques annees auparavant, ce dernier a ete designe pour succeder a Ariobarzane? Charidernos tient une partie seulement de la Troade, il profite de I'arrestation momentanee d' Artabaze pour tenter de se constituer une principaute autonome. Qu'en est-il de la zone cotiere pendant tout ou partie de la meme periode? On a longtemps cru pouvoir resoudre partiellement la question en attribuant a Lampsaque un monnayage assez abondant frappe aussi bien en or, en argent et en bronze et dont la caracteristique commune etait un revers au Pegase. Les monnaies d' or sont presque a coup sur emises reellernent a Lampsaque et s' inserent sans difficulte dans les series de cette cite mais elles sont anepigraphes. Ce sont pourtant ces dernieres qui ont servi de support a la these d' E. Babelon 324 deja esquissee avant lui 325 : la frappe de I' or est bien la preuve qu'Orontes aspirait a la royaute 326 et pas seulement, comme l'indique Diodore, a augmenter son ressort de commandement. E. Babelon avait ete assez largement suivi 327 dans cette hypothese aventureuse par nombre de savants avant la remise en cause radicale de H. A. Troxell qui reattribue a Adramyttion et Kisthene les monnaies d'argent et de bronze qui portent cette fois Ie nom d'Orontes (au revers pour Adramyttion un protorne de Pegase tres sembi able a celui de Lampsaque ; pour Kisthene un sanglier aile). II n'y a done plus de raison de reconnaitre Orontes dans la tete satrapale du monnayage d'or de Lampsaque v''. En poussant Ie raisonnement a son terme toutes Ies emissions connues sont frappees dans une region qui peut relever legitimernent dOrontes, il n'est en rien assure qu'il sagisse d'un monnayage insurrectionnel. Dans la mesure ou I' on tend a reduire Ie role et les ambitions d'Orontes dans la part occidentale de I' Anatolie 329, il parait un peu paradoxal de privilegier Ie Prologue 10 de Trogue-Pornpee 330 qui en saluant Orontes du titre de satrape d'Armenie indique qu'il a ete defait en Syrie par Ie Roi. Si en definitive on acceptait cette version, elle
324 Cf. Babelon 1910, 107-110, et plus rccemmcnt Baldwin 1924. Cf. encore les remarques critiques de Weiskopf 1982, 388-394 et notes 71-73. On ajoutcra au monnayage d'or, Ie statere de la vente de Monaco, avril 1985 n" 346, gravure diffcrentc par exemple, de l'exemplaire prescnte par Kraay & Hirmer 1966, pl. 202, ce qui implique qu'il y a eu plusieurs frappes et attcste l'importance de ces series (Gulbenkian 689 = PI. 11,15). 325 Essentiellement par J.-P. Six. 126 En rapprochant aussi a tort le tctradrachmc d' argent au revers duquel figure une lyre (peut-etrc cmis a Colophon, cf. supra p. 62) avec la legendc BALlA, nouvelle "preuve" de la pretention au titre royal. Babelon 1910, 114 et n. 1; Osborne 1973,517 n. 14, retient cette hypothese quoique avec une relative prudence; Moysey 1975, 114 sq., de Iacon beaueoup plus categorique, mais il semble l'avoir abandonnee dans Moysey 1989. 127 Cf. par exemple Bodenstedt 1976, 74 et pl. 2, 13-14, qui releve des resscmblanccs entre les series de Phocee et de Lampsaque ; mais sur les comparaisons de "portraits", cf. Harrison 1982a. m Troxell 1981, 27-37, refuse eette attribution, suivi par Moysey 1986,28 qui trouve la un argument pour minimiser Ie role d'Orontes dans la rcvolte et suppose que, s'il s'agissait bien de lui, il aurait fait figurer son nom sur les monnaies ; cf. aussi 1989, II, oii il ernet plusieurs hypotheses (Ariobarzane, un monnayage eivique), dautres sont possibles encore (supra p. 154). 129 Hornblower 1982, 178-9 et n. 69. Sur les indications de Kraay, Hornblower constate qu'au IV e s. Clazornenes, Teos, Lampsaque, peut-etre Ephese, Kios, Rhodes, ont ernis des series monetaires en or. C'est probablement l'indication d'un etat de crise : il s'agit en effet le plus sou vent d'un monnayage de necessite en pcriode diffieile (les cvenemcnts de 362 ou l'arrivee du corps expcditionnaire de Philippe [Pl. Weiskopf 1982, 391-392. 330 Cite supra n. 5. Le theme de la strategic du "rendez-vous" (en francais dans le texte) d'Orontes et des autres revoltcs avec Taches pour envahir la Perse, tel que Ie decrit Moysey 1975, 107-108 (cf. ses cartes) et qui s'appuie sur le seul Trogue Pornpcc, Prol., 10, parait relever de la politique fiction (cf. cependant Hornblower 1982, 180 et encore Moyscy 1986, 26-27).
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supposerait une conftagration generalc impliquant la quasi totalite dc I' Asie Mineurc. Observons qu' a ce jour nous n' avons, par ailleurs, dinformations sur des operations militaircs que pour Ie quart nord-ouest de la Peninsule si I'on met a part Datames (comme le fait Diodore) et alors que Trogue-Pornpee enregistre les defaites successives de Datames, Ariobarzane et en dernier lieu Orontes, Avec Orontes, nous avons vu que Diodore designe Ariobarzane et Autophradates comme les principaux chefs du mouvement. En ce qui concerne Ariobarzane, aucun doute possible sur sa rebellion mais M. Weiskopf remet en cause la date de celle-ci. Pour lui Ariobarzane est mort depuis longtemps au moment ou Diodore situe l'acrne de la revolte, c' est-a-dire en 362/361. Reexaminons les faits. Nous avons note precedemment que des 3661 365, Ariobarzane est considere comme rebelle par Ie pouvoir central qui envoie Autophradates et Mausole contre lui. Artabaze n'est pas mentionne dans les sources qui relatent les evenernents d'Assos et/ou Adramyttion mais il ressort d'autres ternoignages qu'il controle une partie de la Troade (au moins l'interieur) des 362 et peut-etre merne avant. M.Weiskopf en eonclut 331 qu' Ariobarzane a disparu de la scene et qu' Artabaze l'a rernplace. Aucune source antique ne permet d'etayer cette affirmation qui est en contradiction avec le recit de Diodore 3.12. Malgre cela, il est assez tentant de suivre au moins sur ce point cette hypothese. Comme nous l'avons note plus haut 333, l'exploitation systematique de nos informations concernant Ariobarzane, en particulier chez Diodore, amene a penser que ce dernier est mort au plus tard en 363/362. Faut-il penser qu'Artabaze lui a irnmediatement succede ou plutot qu'une peri ode dinterregne assez confuse s'ouvre a ce moment et prend fin avec la reddition generale des rebelles. Si I'on accepte notre grille d' analyse du recit de Diodore on remarque que c'est Ariobarzane qui est nomme en premier (logiquement puisqu'il est Ie premier a se rebeller) mais que tout aussitot (15.91.1) Diodore indique qu'Orontcs est designe comme Ie stratege de ceux qui se sont revoltes, II doit sans doute ce choix a ses qualites personnelles, ses talents militaires, sa naissance et ses liens matrimoniaux, mais cela s'cxplique mieux si Ariobarzane a disparu a cc moment. En bref, il y a done beau coup plus probablement succession de revoltes dont nous sommes loin de posseder toutes les donnees. Au depart, Artabaze ne controle qu'une partie, Ia moins importante en superficie, de la satrapie dont il est le titulaire reconnu. II doit faire face a la rebellion reclle ou feinte de Mithridate dans la partie orientale de la Mysie mais aussi a la trahison de Charidernos, Ce dernier est recrute par Memnon et Mentor pendant qu' Artabaze est arrete par
Dans son paragraphe sur la chute de la maison d'Arioharzane, p. 38 1 sq., Weiskopf expose son "intime conviction" de la disparition prccocc d'Ariobarzane. Son principal argument est l'ahsenee dans nos sources de toute collusion entre les deux satrapes ; mais aucun auteur, sinon par les quelques bribes que nous livre Polycn, ne donne la moindre indication sur des campagnes qui ant pourtant bien eu lieu. m Diad. IS.90.3. 333 Supra p. 100. Si 1'on admet la veracite de l'allcgation de Diod. 16.90, sur les origines de la dynastie ponti que et qui situe en 363 l'acquisition de Ja basileia de Kios par Ariobarzanc, il faut alors jouer de Diodore eontre lui-rncmc. Quel est l'Ariobarzane qui a fait eette acquisition a cette date') Manifestement, a moins que son recit nc soit totalemcnt incoherent, il y a confusion de deux personnes. Si Arioharzane (lc fils de Mithridate) a bien rccupere son bien familial en 363, il taut supposer qu' Ariobarzane (lc satrape de Daskyleion) est deja mort. Supra p. 304.
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Autophradates 335. M. Weiskopfw se debarrasse rapidement du temoignage de Dernosthene en imaginant un incident de frontiere entre Ies deux satrapcs, or ce n'est pas du tout ee que suggere Ie terme gree (JuAArI'Vl~. II est plus simple de penser qu'Artabaze se trouve a ce moment aupres d'Autophradates et que par consequent il ne controle pas encore sa satrapie. Tl y done bien aete de "rebellion" de la part d'Autophradates, et l'on peut penser qu'il s'agit la d'un gage donne par le satrape de Lydie a ses voisins qui sont deja en etat de revolte ouverte. Cela ne signifie pas forcement qu'il a en suite participe activement a leur entreprise. On peut penser qu'avec cette peripetie la situation etait au comble de la confusion et que Charidemos a juge le moment opportun pour se tailler une principaute en Troade. Tl s' empare facilement de Skepsis, Kebren et Ilion 337. Enee donne des details supplementaires sur la capture de cctte derniere cite 338 qui est alors dirigee par un gouverneur 339 fidele a Artabaze. Grace a un stratagerne, la ville est prise mais manque de passer aussitot aux mains d' Athenodoros, officier loyaliste bien connu par ailleurs, Charidemos est incapable dassurer Ie ravitaillement en ble de sa troupe (sur place ou par la mer) alors qu' Artabaze libere par Autophradates s'cn procure en abondance. Demosthene precise qu'il vient de HautePhrygie, Lydie et Paphlagonie (§ 157). Charidernos se retire par convention du territoire conquis et, s' embarquant aAbydos 340, gagne la Chersonnese. 11 ressort de ce recit que les cites de Troade sont ballottees entre les diverses obediences dans une guerre qui les depasse, Faut-il conclure pour autant qu' elles sont gravement atteintes par ces troubles? Le recit d'Enee montre plutot que les affrontements ont lieu entre rnercenaires et celui de Dernosthene (§ ISS) indique qu' elles n' ont pas Iorcernent souffert d' exactions. La position de Mausole est tres comparable a celie d'Autophradates. Malgre M. Weiskopf 341, il ne semble pas y avoir de doute sur sa participation aux evencments ou en tout cas sur l'exploitation qu'il pu faire de ccux-ci a son profit. 11 n'y a pas en effet de raison d'ecarter Ie temoignage de I'auteur de l'Economique, 11 342, bon connaisseur des choses de l'Asie : Mausole avait un moment cesse de payer le phoros au Roi et ce dernier Ie fait reclamer, D' autre part, pour obtenir des subsides des Mylasiens il a recours a un subterfuge leur faisant croire que Ie Roi marche sur leur cite et quil leur faut contribuer financierement a la construction de murailles. L'efficacite du straiageme montre que cette situation etait plausible, mcrne si concreternent les troupes royales n'ont nullement envahi la Carie.
m Dernosthene, c. Aristocr., 154. .no Weiskopf 1982, 428. 337 Ps.-Arist., }o'{'" 2.1351b; Polycn 3.14; Dcmosthcne. c. Aristocr., 154; Ence, Pol., 24. Ces cvcnemcnts sont gcneralcment dates de 360. Parke 1933, 125-132 ; Osborne 1971, 317 sq. ; Pritchett 1974, 85-89 ; ef. aussi Hornblower 1982, 179 qui pcnche pour 362. Charidernos est execute plus tard sur I' ordrc de Darius II (Diod. 17.30; Berve 1926 n" 823). Parmi les orticiers qui s'opposent it Charidernos, done loyaux it Artabaze, figure Athcnodoros d'imbros (eela n'cst pas eontradietoire avee Ie fait qu'il soit qualifie d'Athenicn par IK, 29-Kios, 2 ct Dcmosthenc, c. Aristocr., 12). Cf. Graham 1964, 167 sq.; Hofstetter 1978, s.v. m Enee 24.3-14. m C'cst lc scns qu'il eonvient de donner it apxcov (ainsi Whitehead 1990), et non celui de magistrat, cornrne le fait par exemp1e Bon dans l'cdition de la CUI". J40 Dcmosthcnc, loc. cit., 158-160 souligne qu'clle est une ennemie de toujours dAthcncs . .141 Weiskopf 1982, 233-234 par excmp1e, cf. aussi 1989,65-68; cf. en revanche Hornblower 1982, 179. 342 Ps.-Arist.. F.e., 2.l351b 19.
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Au terme de cette revue des satrapes revoltes, il apparait que Ie principal "reproche" que l'on peut adresser a Diodore est d'avoir place sur un meme plan des situations assez differentes, celIe d'Ariobarzane et Orontes d'un cote, celle d'Autophradates et Mausole de l'autre : rebellion active, "suivisme" dans le cadre d'evenernents qu'on ne peut controler ou mise a profit de la situation a des fins personnelles. De plus, Diodore ne s'interesse, dans ce scenario trace a grands traits, qu'aux personnages les plus en vue et par consequent neglige ce qui concerne les peuples ou les acteurs secondaires. Localernent, les situations ont pu se reveler assez confuses, la carence du pouvoir central ayant permis a certains de constituer ou d'accroitre des principautes qui deviennent quasi autonomes. Deux exemples parmi le plus nets: en Troade, Charidernos 343 gouverne a son profit la part interieure de la region alors qu'il est cerise agir au nom d'Artabaze ; en Lycie, le dynaste Perikles de Limyra arrondit son domaine au detriment de ses voisins de Telmessos 344. De facon plus generale comme le note Diodore ce fut pour beaucoup l'occasion de s'affranchir du versement du pharos 345.
2.2 La fin de la revolte en Anatolie occidentale Comment la rebellion prend-elle fin? Nous avons pu noter que I'apport des mercenaires grecs avait ete percu comme un clement determinant des succes initiaux d'Orontes, Demosthene, Sur les symmories, 31, montre que la demarche du Roi est identique et il est probable, qu'apres une lente mise en action, de tres importants contingents royaux se portent vers l'Asie Mineure occidentale, contournant par le nord la region tenue par Datames. La presence de la Paphlagonie parmi les territoires loyaux qui permettent a Artabaze de retablir sa position en Troade par l'approvisionnement qu'ils procurent (infra) peut etre un argument en ce sens. Face a cette pression la reponse des rebelles passait par la recherche de subsides et d'allies. II est probable que Rheomithres avait deja ete envoye aupres de Taches, Ie roi d'Egypte, le seul susceptible de foumir une aide substantielle dans la mesure ou les cites de la Grece d'Europe se montraient reticentes a aider ouvertement les satrapes 346. Apparemment les secours tarderent et Orontes se soumit au pouvoir central avec Supra n. 337. Cf. Hornblower 1982, 181 et infra p. 352. 345 Diod. 15.90.4 : "A cause de l'importancc de la revolte, Ie Roi perdit la moitie de ses revenus" ; Moysey 1975, 117 et n. 52. 346 Le seul document concret est fourni par l'cpigraphie : Syll.', 182 (= Tod, 145 ; Staatsvertrage/; 292). A propos de la diplomatic d'Orontes, cf. Moysey 1975. 107 et les reserves de Weiskopf (1982, 398-40l) sur Ie tcxtc precite. II faut dire en effet que la disparition de la pierre, dent l'inscription est connue seulement par deux copies anciennes, l'absence de toute la premiere partie laissent subsister bien des interrogations. II s'agit en fait de deux textes : l'un, en dialecte attique, qui concerne la Paix commune. Ie Roi, les satrapes, les Hellenes; l'autre, en dialecte dorien, qui traite apparemment d'une tout autre affaire. "Les" satrapes ont envoye un ernissaire aux Hellenes. Le document ayant ete lu it Argos. on a bcaucoup discutc pour savoir quel pouvait etre I'organisrne, la confederation designee par ce vocable. Momigliano 1934, 497. pense que cctte instance doit etre la Deuxicmc confederation athenienne et qu'Argos n'a pu y appartenir qu'en 371/370, il est suivi par Dusanic 1979, 336. Beaucoup d'auteurs penchent ccpendant plutot pour la revolte des satrapes, cf. par exemple Ryder 1965, 142-144. Sur ce texte cf. egalcmem la note additionnelle de Tod it la misc au point de Austin 1944, 100 (en particulier sur l'identification de la koine eirene dont il est question dans ce texte). Cf. lc texte, traduction et commentairc in Moysey 1975, 143-148 qui developpe I'analyse "classique" du document: l'ambassadcur est envoye par [napcll les satrapes cn 361 (pour se rnettre en accord avec Diodore) et plus precisement par Orontes, Les Grecs qui refusent de rampre unilateralemcnt la Paix commune juree avec Ie Roi, rendcnt une reponsc negative. Cargill 1981. 1 I-12. semble adhcrer it la datation de cette inscription autour de 362/361. 343 344
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l'espoir de voir cette volte-face rapide recornpensee 352. Diodore indique 353 qu'il esperait obtenir un vaste commandement comme prix de son ralliernent, une ClCX'tPCXrcElCX 'tf\~ rccxpcx8cxAcxClCllou TC(X0Yl~. Si I'on veut rester en coherence avec l'ensemble de la documentation il ne peut s'agir que de la satrapie de Daskyleion 354 a laquelle serait naturellement reunie son ancienne province de Mysie. La chose n'a rien d'invraisemblable si I'on songe qu'Ariobarzane a disparu et que I'installation d'Artabaze ne s'est faite probablement qu'apres un certain hiatus. Cet espoir s'est avere fallacieux : les plans de Suse pour Daskyleion etaient d'une toute autre nature. "II fait arreter ceux qui apportent l'argent collecte, livre beaucoup de cites et les soldats recrutes aux officiers envoyes par Ie Rei". Tout cela semble indiquer qu'il n'y a pas eu d'affrontement decisif et que, sauf dans quelques cas (Ariobarzane et un peu plus tard Datames), on est venu a composition. Lorsque Rheornitres revient en Asic Mineure et plus precisement a Lenke 355 avec cinq cent talents et cinquante navires de guerre, il se rend compte que la partie est deja jouee : les principaux chefs du mouvement se sont rendus au reconcilies avec Ie Roi, a mains qu'ils n'aient disparu. II choisit done la solution de la reddition apparemment negociee puisque sa famille ne souffre nul1ement de son action anterieure 356. Pour obtenir son pardon, il livre au Roi les chefs de ceux qui sont encore en etat de revolte. Diodore. ne precise malheureusement pas leur identite, leur nornbre, ni merne leur qualite : nobles perses, dynastes grecs au indigenes, representants des cites? Toutes ces categories etaient probablement representees et il serait sans doute assez inexact de ramener la rebellion a Ia seule initiative des satrapes, comme Ie fait R. A. Moysey 357. Pour revenir aces derniers, leur sort reste souvent pour nous matiere a discussion. L'une des principales raisons est que Diodore ne s'y est pas interesse et n'apporte pratiquement aucune information apres la revolte. II est certes tres probable qu'Ariobarzane disparait, livre au Roi par son fils Mithridate, lequel devait encore se signaler plus tard en assassinant par traitrise Datames. Etant donne la tournure que prenaient les evenernents, Mithridate a pu penser se concilier les faveurs du Roi en trahissant son pere qui fut, selon Harpocration, crucifie par la suite 358, et obtenir la satrapie. Mais tels n'etaient pas les desseins du Roi : Ie choix d'Artabaze est maintenu. Mithridate se refugio plus a l'est, c'est-adire en Bithynie 359 et de la entre en contact avec Datarnes (infra). Artabaze entreprend Ia pacification de sa satrapie. Le seul episode pour lequel nous ayons queIque certitude est la reprise en main de la Troade ou nous voyons Artabaze, Mentor et Memnon assieger Charidernos puis perrnettre ace dernier de quitter la region pour se rendre
352 Osborne 1973, 543, pose la question de savoir si Orontes, trcs vite "retourne", n'etait pas cn fait un agent provocateur ;il compare son role a celui de Mithridate aupres de Datarncs. II faut dire cependant que les moyens mis en ccuvrc ct lcs affrontcmcnts initiaux avec Autophradatcs ne plaident guerc en favcur de cette hypothese. m Diod. 15.91.4. 354 Diod. 15.1. m Rhcomitrcs est prcscntc comme un "local noble" dont la motivation serait une amelioration de son statut personnel, alors que Diod. 15.92.1, indique qu'il a etc envoye ,WV cmoCHucwv (par les revoltes). 356 Cf. pour sa carriere ultericurc, Weiskopf 1982, 547 n. 97 ; son fils Phrasaortes est nommc satrapc de Pcrsidc par Alexandre. m Moyscy 1975, 98. 358 Harpocration, s. v. "Ariobarzane" est le scul a mcntionner eelle fin tragiquc ; supra p. 99 n. 129. 359 Supra p. 103.
uno
L' ASIE MINEURE AU
350
rv- s. (412-323
a.c.)
en Thraee en passant par Abydos 360. Du texte de Dernosthene, il semble dccouler que lcs deux freres se sont tailles un domaine "a eux" grace a l'expulsion de Charidernos 361. A ce moment Artabaze est loin de tenir en totalitc sa satrapie : Dernosthene, Contre Aristocrates, 155, donne un apercu des ressources dont peut disposer Ie satrape pour conquerir son domaine, Haute-Phrygie (avm8Ev <1Jpuy£a), Lydie, Paphlagonie. Le fait que Charidernos puisse quitter l'Anatolie par Abydos prouve simplement que cette derniere est dans la mouvance d'Artabaze. La "reconquete" coneerne aussi la part orientale. Aucun element ne permet de preciser la chronologie relative des evenernents mais on peut penser que cette action sc fait au detriment des interets de Mithridate ce qui expliquerait qu'il soit en rebellion ouverte dans la region (infra). II est assez tentant de mettre Ie decrct de Kios pour Athcnodoros 362 en relation avec les faits precites, dans la mesure ou ce dernier est connu par ailleurs comme I'un des officiers au service d'Artabaze. La fin d'Orontes est beaucoup plus difficile a traiter. Une seule chose est assurec : Orontes ne participe pas a la deuxicrne revolte ou Ie role principal revient a Artabaze. Par consequent, la remise des villes au Roi (Diodore) cloture sa premiere et unique revoltc. Parmi ces cites figure Pergame dont nous avons vu plus haut 363 qu'elle etait aussi sa capitalc. Or la "Chronique de Pergame" 364 indiqueque la restitution au Roi s'est Iaite juste avant la mort du satrape. Que faire alors du dccret athenien l G, IF, 207 pour Orontes, date generalement de 348 365. M. J. Osborne 366 propose de renoncer a cette date bassc et replace l'inscription dans les annees 360. Son argumentation sur l'existence de plusieurs documents et non pas d'un seul 367 ne parait pas devoir emporter l'adhesion : les considerations "techniques" figurant dans la partie aujourd'hui conservee du texte n'invitent guere a penser qu'il s'agit d'un decret honorifique ; en rcgle generale, les considerants sont en effet beau coup plus vagues. M. J. Osborne adrnet par ailleurs que les decrets ont pu etre graves sur une rneme stele et qu'en tout cas ils sont lies I'un a l'autre quel qu'en soit l'ordre (honneurs 36U
Dernosthenc.
c. Aristoer.,
157-159.
"I Dcmosthene, loc. cit., 157. II ne sagit probablement pas de la chora de Mcmnon mcntionnce par i\rrien, An., 1.17.8 (sur ce problcme, cf. infra p. 434 sq.). En revanche, iI n'y a pas lieu de s'interroger sur la capacite des satrapcs a faire des dons de terre comme ici : ainsi Hornblower 1982, 144 n. 58 : "It appears to show Artabazos, still a loyal satrap, making grants of a kind normally made by the king. This may just show that the royal authority was in rather low water at the time". II s'agit la d'un comportement normal du satrapc. 362 Tod, 149 (lK, 29-Kios, 2). Par la banaliie des considerants, lc dec ret n'apporic aucune precision sur les circonstances dans lcsquelles il a ete passe. Sur l'Athcnicn Athcnodoros, dont la carriere sc poursuit bien au dcla, cf. Parke 1933, 129 sq.; Hofstetter 1978,35-36; Le Rider 1963,39 sq.: voir supra n. 337. ,63 Supra p. 150. 364 OG1S, 264 1. 4 sq. . 'Opovrn; Ole'A prcou] pou, ,0 yEV]O; Br'JK,PlO;, 6.rro01&.; rmo 'ApW~Ep[~OU ,oil Ilrpo JellY ~rx(j[A£W; EKpr'J'T]0EV rcov nEpyrx[J.!T]VWV Krxt J.!]£HDKLClEV mJwu; rrr'JAlV Errt 10V KO[AWVOV Ei;] l~V mx[lcm]av rroAlv' Elw 'OpOV1T]; [,~v rroAlv ElrrnpE[tV1X; 'Apml~Ep~T]l rm£8rxvEv. "Orontes fils d'Artasuros, bactrien, setant revolte contre Ie roi des Perscs Artaxerxcs, assit son autorite sur les Perpameniens ct les reinstalla sur la hauteur dans I'ancicn site. Puis Orontes mourut ayant rendu la ville it Artaxcrxes". Dittenbergcr notes ad. loc., avait bien senti la difficulte qu'il y avait it concilier ce texte avec IG, IIl, 207. II concluait de facon brillante mais bien sujcttc 11 caution que dans les deux mentions il nc s'agissait pas du mcme Artaxerxes. II est ccpendant loisiblc de s'interroger sur le scns it donner a Eha dans une enumeration qui s'etend sur la longue duree. 365 Cctte date est retenue par Parke 1936,367-378; cf. plus rcccrnrncnt Cawkwell 1962, 131; Bengtson 1975, 324 ; Gauthier 1972, 82 ; 168-169. Nous vcrrons plus loin que Moysey, malgre I'argumentation de Osborne, reprcnd la date traditionnelle dans une etude solidement argumentce (l975, App. B 2, 254 sq.; 1987,93-1(0), de meme pour Bearzot 1985. 366 Osborne 1971, 297 -321 ; 1981, 54 ; ef. 1982. 72-79. 367 Telle ctait deja l'opinion de Judcich 1892,213 sq.
LA GRANDE REVOLTE DES SATRAPES
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pour obtenir Ie ble au a l'inverse, honneurs parce que I'on a obtenu le ble). Dans la partie aujourd'hui disparue - le decret honorifique - est indique Ie nom d'un archonte, et la commencent les difficultes car on a dfi corriger la lecture du premier cditeur pour retrouver Ie nom de Kallimachos, en charge en 349/8 36k. En s'appuyant sur la "Chronique de Pergame" 369 qui met en relation chronologique etroite la mort d'Orontes et la remise de Pergame au Roi, M. J. Osborne conclut que la seule date possible pour ces textes est a rechercher dans la fourchette 364-361 370. Remarquons tout d'abord avec R. A. Moysey 371 que la fourniture de grain aux Atheniens se comprend mieux dans une periodc de paix en Asie qu'au moment des troubles importants de 362/361. Mais surtout il convient de noter que la partie conservee du decret, mentionne Ies noms des trois strateges atheniens qui sont done en fonction simultanernent : Chari demos 372, Chares, Phocion. Dans une etude recentc, C. Bearzot 373 s'est attachee aretracer la carriere de ce dernier. Ellc dernontre que sa periode d'activite vraiment connue debute en 349/348. II ri'y a aucun ternoignage anterieur date avec securite : nous navons que le propos vague ct peu credible de Plutarque 374 selon lequel Phocion aurait exerce quarante cinq strategies. Nous sommcs iei en presence de !'une de ces contradictions de sources dont il est impossible de sortir en l'etai actuel de notre documentation. II se peut qu'Orontes meure des 36.1, il se peut aussi qu'il ait conserve son gouvernement. Le texte du dec ret athenien suppose que les contacts entre lcs Atheniens et Orontes ont eu lieu en Mysie eolienne puisqu'ils interviennent apres une mission de ,68 IG. IF. 207, 1. I I : lOD; £ITl Ko:(/,Al)flC1XOU apxovlO;. En fail, Pittakys avail copic NIKOMAXOY (Nikomachos est archonte en 341/340) el il n'y a pas de raison plus valable palcngraphiquement de corriger N1KOl\IAXOY en NIKO/Cl>HMOY (cc que proposait Osborne 1971, 319) qu'cn KAAAl/MAXOY (:-.Jikophcmos eSI archontc en 361/360, Kallimaehos en 349/348) ; on s'cst alors servi d'unc autre lecture (dircctc") de Rangabe qui proposait KAMAXOY, d'ou la restitution indiquee ci-dessus, II y a done en fail au moins trois dales possibles pour ce tcxte : 361/360, 349/348, 34l/340. La derniere parait ctrc exclue it cause de l'age suppose d'Orontes mais surtout par la conjonction au peste de stratcgc des trois personnages bien connus que sont Charidemos, Charcs ct Phocion, alors que ccttc annee ne parait pas cornporter d'action gucrricre susceptible d'avoir reuni les trois hommes. 1',9 Osborne 1973, 547-551, rcticnt en fail deux possibilites I) Ie retour d'Orontes en Arrncnic, pour intcgrcr 1c passage prccite de Troguc-Pornpee el aussi parce que son fils est satrape d'Armcnic a l'epoque de la conquete maccdonicnnc ; 2) il penchc pour unc mort rapide. Moyscy 1987, 97 n. 13, a plutot tendancc il sousestimer ce temoignage de Trogue-Pompee. nil C'cst sa dernicre analyse: 1982.75-78. 371 Cf. Moysey 1975, 265, ses conclusions sur la dale la pill' appropriee pour la fourniture de ble aux Atheniens. 172 Charidemos etait-il en situation d'excrccr unc stra.egie entre 364 el 36 I ') Pour ccla, il fallait evidcrnmeru qu'il rul devenu citoycn athcnicn (on sail qu'il Nail originaire d'Oreos en Eubce). Sur ce point le Centre Aristocraies de Dcrnosthene eSI notre principal guide (§ 141, 151,203 etc.), Depuis Parke 1928,170 (cf. 1933, 125132 el 146), il eSI assez courammcnt admis que l'octroi de la citoycnncte eut lieu en 357 (cf. Davies 1971, 15380; Moyscy 1987,98; CIC.), ce qui naturellement exclurait 1cs annces 360 pour IG, IF, 207. Osborne (en dcrnier lieu 1982,77-78) soutient que l'evcncmcnt doit se placer p1U161, au milieu des annees 360 (cf. Dusanic 1979,338 sq.; Tritle, 1988,71 ct. deja en faveur de 362, Glotz 1941, 183). Il est difficile de trancher de Iacon abruptc, mais nous ferons trois remarques : I) Le fail de rcccvoir la citoyennete n'implique pas que Charidcmos ail ele design« en meme temps comrnc stratege. 2) Pritchett 1974,88-89, fail observer que Charidcmos recoit unc couronnc d'or (IG, IF, 1496) seulcmcnt en 357/6.3) II est surtout rcntant de penser avec Moysey 1987,98 n. 18, que le V1lV du § 14 I du Contre /vristocrates cmportc la decision: "A certain moment ct dans certaines circonsiances [supra p. 288J vous avez fail d'Ariobarzane un citoyen, CI Phillskos a cause de ce dernier, comme main!enan! Charidernos it cause de Chersobleples". Ce dernicr succede a KOlys en 359. Osborne 1982, 76-78, prCferc s'appuyer sur Ie § 151. 371 Bearzol 1985, 79 sq. sur les 45 slralegics ; 94-95 pour lcs evenemenls qui nous occupcn!. En revanche Trille 1988, 162 n. 80 retienll'hisloricile de ceUe asserlion cl s'enorce en consequence de cOl1lblcr les "Iacuncs" dans la carriere supposee du slralege. 374 Plu!., Pho('" 8.1-2.
L'ASIE MINEURE AU IVe s. (412-323 a.C.)
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recouvrement de syntaxeis a Mytilene 375. L'absence de son nom au cours de la revolte d'Artabaze ne prouve pas sa disparition, elle montre tout au plus qu'a la difference de ce dernier, il a obei aux injonctions royales 376. De fait, nous ne savons pas qui gouverne la region de Lydie-Mysie-Ionie jusque dans les annees 340. Autophradates n'est en effet pas d'avantage nomme qu'Orontes 377, le seul ternoignage Ie concernant (il sagit des affrontements avec Orontes rapportes par Polyen) etant replace au cours de la premiere revolte, Nous savons simplement que la marque de son "revirement" est la liberation d'Artabaze et l'aide qu'il lui fournit, au rnoins par I'intendance pour reprendre pied en EOlide 378. Plus rien au dela 379. Une solution possible, mais dont il faut souligner qu'elle ne repose sur aucun argument materiel, pour concilier les sources : il existe un autre Orontes (fils ou petit-fils du precedent selon toute probabilite) 3RO qui est satrape d'Armenie en 331. Dans le texte IG, IF, 207, Yarche d'Orontes (I. 14) ne peut se trouver qu'en Mysie (cf. c. I. 13). Si I'ensemble du document date bien de 349/8, on peut suggerer l'hypothese 3Rl qu'Orontes II a d'abord succede en Mysie a Orontes I avant d'etre transporte en Armenie. Rappelons que nous ignorons tout de ce qui se passe en Lydie-lonie avant les environs de 344 382. En revanche, nous savons que Mausole a .survecu politiquement aux evenements de 362/361 et meme qu'il a su en profiter pour accroitre sa zone d'influence en Lycie et dans une partie de l'lonie ; non sans avoir connu quelques problernes auxquels Isocrate fait seulement allusion 3R3. En ce qui concerne la Lycie, la version traditionnelle des faits repose sur le schema suivant: Perikles se serait revolte et aurait vaincu Arternbares et ses partisans aTelmessos 3R4. Mausole aurait defait Perikles et recu la Lycie en recompense. Le temoignage de Theopompe doit etre mis en correlation avec un certain nombre d'inscriptions et de monnaies, en
375 La presence des stratcges a Mytilene avant Ie contact avec Orontes renforce l'idee de la localisation mysienne du satrape. Sur ces syntaxeis, ct. Brun 1983, 112 et 134. 376 Se pose Ie problcme de la "survie" de la dynastic familiale. L'un des fils parait etre a nouveau titulaire de la satrapie d'Armenie, mais il ne faut voir la ricn d'anormal si I'on conceit ccttc satrapic commc une dorea familiale. 11 en va autrcment pour les inscriptions de Commagene, ct. par exemple IGLS, 1,3, I. 10-15 (et sestemma familial propose ibid. p. 10), OU AroandesOrontes est designe comme l'ancetre de la dynastic. Ccttc revendication ne se comprcndrait gucre si Orontes avait disparu sans gloirc peu de temps apres sa reddition (cf. la conclusion paradoxale de Weiskopf 1982. 418). 177 La dernicre mention sure est l'clargissement d'Artabaze par Autophradates, Dernosthene, c./vristocr., ISS.
m Ibid. 156.
m A moins d'admcttre que Ie sarcophage xanthien de Payawa (qui porte I'inscription TL, 40) doive etre place bas dans la fourchette chronologique que lui attribue Bryce 1986a, 47: 370-350. Cf. supra n. 85. 180 Arrien, An., 3.8.5 ; Diod. 19.23.3. 181 Cf. Moysey, 1987, 97. 182 Supra p. 153, ]S3 Isocrate, Phil., 103. Idricus est suppose pouvoir adherer a une coalition contre Ie Roi pcrse menee par Philippe 11 dans la mesure ou lui-merne connait des difficultes avec Ie pouvoir central et ou son frere a ete maltraite (du verbe aiK(SO~at, la traduction "supplicie" proposee par Mathieu, CUF, est a l'cvidence beaucoup trap forte). Ce "mauvais traitcmem" a-t-il ete jusqu'a l'eviction temporaire de Mausole comme Ie pensentles editeurs de la stele trilingue de Xanthos? Cf. Dupont-Sommer 1979, 167 n. 2. 384 Theopompe, FGHisl, 1J5, Fl 03.17. La datation est incertainc, cf. Tuplin 1969, 13.
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particulicr depuis la publication du tresor de Podalia 38'). Le maitre de la Lycie occidentale au moment ou eclate la revolte des satrapes est Artturnpara-Artembaros. Bien qu'il n'y en ait aucune preuve directe, il apparait comme un representant loyaliste du pouvoir satrapique, c'est-a-dire d'Autophradates 386. On ne sait si Arternbares succede directement aArbinas et s'il y a un lien de parente entre eux. A. G. Keen 387 suggere qu'il a pu etre envoye par Autophradates pour recueillir I'heritage d' Arbinas a la mort de celui-ci. Son domaine comprend Telmessos, Kadyanda, Tlos, Pinara 388, c'est-a-dire au moins la Lycie nordoccidentale. Les fouilles de Xanthos n' ont livre aucun document le concernant. Tl convient meme d'observer que le sarcophage d'un autre officier, probablcment d'origine pamphylienne, Payawa 389, domine l'acropole de Xanthos. Or, I'une des inscriptions quil porte fait reference non pas aArtembares mais aAutophradates 390 qui n' a pas non plus frappe de monnaies a Xanthos. II est tres probable qu' Artembares conduit un contingent Iycien au moment de l' action menee par Autophradates contre Datarnes et que les operations engagees en Pamphylie l'amencnt a emettre des monnaies a legende lycienne a Side, vraisemblablement entre 370 et 366 39 1. II ri'est pas exclu que Perikles ait profite de cette absence pour tenter d'irnposer son pouvoir ala majeure part de la Lycie, Le point de depart de Perikles se situe dans la partie centrale et orientale de la region 392 avec probablement Limyra m ICCH 1262. Cet important tresor (plus de 1600 pieces) a ete decouvert sur la rive est du lac de Pod alia (Avian Golu) au village de Bucak a 15 km au sud d'Elmali. 11 a etc disperse mais plus de 500 monnaies sont conscrvccs a Istanbul. Olcay & Morkholm 1971, 1-29 publient 730 monnaies (488 lyciennes ct 242 d'Aspendos) ; d. aussi Jenkins 1959.33-40; Mildcnberg 1965,45-55; Schwabacher 1968, 117-122; Zahle 1989, 174. La date proposcc pour Ie tresor de Podalia par les editcurs, p. 28, est "auteur de 370" par comparaison avec Ie tresor de Karaman (fCCH 1244, Morkholm 1959, 187), qu'il convicndrait de situer vers 365-360 (I'analyse de son contcnu, Davesnc 1989, 165 sq.). 3Rh Cela se deduit du contexte general mais aussi du monnayage a tete "satrapale" emis par Artcmbarcs en Lycic occidentale, cf. par ex. Traite, II, pI. C 15-16. A notcr qu'Artcmbarcs n'crnct que des monnaics "Iegeres" (par consequent en Lycie occidentale). Sur ce monnayage, cf. Borchhardt 1976, 100-10 I ; Zahle 1990, 173 n" 173. lS7 Keen 1998, 151. 3SS Cf. T1~, II, 3 (Pinara, avec la formule cne khiitawatas il semble eire question dans ce texte de l'armee lycienne : 29, 7 (Tlos) ; Ie fragment de Theopompe cite supra mis en relation avec I'inscription de Limyra 104 b 1. 3 laisse pcnser que le centre du pouvoir d'Artembares est Telmessos. Dans l'inscription de Tlos, on lit Arttutiipara medese qu'il etait tentant de comprcndre Artcmbares Ie "Mede", cf. par ex. Borchhardt 1976, 10 I. Metzger 1979,35 n. 25 propose de coupcr mede se. Etat de la question Keen 1998, 149. 389 Houwink ten Cate 1965, 10 n. 1 (cf. p. 1(3) : Pavawa est la transcription en Iycien du nom OcwxFrx; qui apparait dans une inscription pamphylienne. Brixhe 1976, 235, a propos du n" 66, admct la posvibilite quil s'agisse d'un nom grcc (un Aspendicn venu servir en Lycie"). Le fait que ce soit un officier (a la tete d'un groupe de mcrcenaires") parait etre confirrnc par la "scene daudicncc" illustrce sur Ie sarcophage. Cf. Metzger 1979, 35 et l'inscription TL. 40. Bryce propose d'inscrire lcnscmble dans une fourchette chronologique comprise entre 370 et 350. 00 3 Autophradatcs avec la formulc cnc... khiitawata a Bayindir Limaru-Sebeda ('I) : TL, 61. 391 SNC von Aulock 4184 = PI. VI, 3 et 13. Quelle signification doit-on accorder a la frappe de monnaies a Side par Arternbares? Sclon lediteur Allan 1958, 89-95, Arternbares se serait refugie la vers 370 apres sa dcfaitc par Perikles, cc qui suppose que cc dcrnier aurait pris rapidement Ie controle de toutc la Lycic (ce point de vue est adoptc par Morkholm 1964,73 ; Houwink ten Cate 1965, 10 n. I ; Bryce 1980,380 ; Keen 1998, 162) ; pour Childs 1981, 76 cet episode se situe avant l'affrontement avec Ie rebellc, dans le contexte de I' action d' Autophradatcs contre Datames, qu'il faut, je crois, placer entre 370 et 367 (infra p. 364 sq.) et dont Ie theatre des operations est en effet la region meridionale de I' Anatolie. La solution proposee par Childs parait plus tentante mais clle n'cst etayee par aucune preuve decisive. m Keen 1998, 157. La formule cnc Periklehe khiitawata se lit a Teimioussa (TL, 67) ; Arneai (TL, 83) ; Limyra (TL, 103 et 132) ; sur un site anonyme pres de Kizilca (;'-J 314). Ce dernicr excrnple montre que le domaine de Pcrikles s'ctait ctcndu a tout ou partie de la Milyade ; monnaies a Limyra mais aussi a Phcllos, cf. Olcay & Morkholm 1971,13-14 (d. 27).
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comme capitale 393. Le nom meme du dynaste a de quoi surprendre. II parait bien etre porte par un Lycien et il sagirait d'un nom assume par identification a une sorte de "modele", syrnbole, mernc approximatif, de la lutte pour la liberte et contre I' oppression perse plutot que donne a la naissance, telle est l'hypothese de T. R. Bryce 394. Le monnayage de Perikles merite cgalcment une attention particuliere, La representation du dynaste de trois-quarts face, tete nuc, cheveux au vent, symbole charismatique evident (on pense au monnayage de Philippe V de Macedoine) temoigne de la volonte manifeste de se demarquer des "tetes satrapalcs" des dynastes de Lycie occidentale 395. Le fait qu'il soit qualifie de basileus par Theopompe n'apporte rien de decisif a la definition de son pouvoir et de ses ambitions. On notera cependant la publication recente par M. Warrle 396 de l'inscription que porte un autel, dcdicacc a Zeus, fils de Kronos et de Rhea, par TI£pl[KAlf\c; Auxir«; ~[aCHA£u(j)vJ. Malgrc l'etat de la pierre, la restitution parait tres tentante. M. Worrle rapproche la mention de la basileia dans I'inscription de Xanthos en l'honneur de Gergis. On rappellera les comparaisons possibles avec les Hekatornnides basileis des Cariens, avec les rois de Salamine de Chypre, etc. La reference a toute la Lycie est evidemment plus significative et justifierait l'intervention du pouvoir central 397. Les ctapes de la carriere de Pcrikles et les alliances qu'il a pu contracter ne sont pas faciles a saisir 398 . A la difference de Pcrikles, un certain nombre de ses contemporains dans la region figurent deja parmi les acteurs de la geste rapportec par Ie "pilier inscrit" de Xanthos : ainsi Trbbenimi et Mizrapata-Mitrobates au point que W. A. P. Childs 399 se dernande s'il ny a pas deux series de dynastes aux noms identiques. Trbbenimi est le vainqueur de Melesandros en 430/429. II est numeriquement, et de tres loin (deux cent vingt sept monnaies contre quatre-vingt-onze pour Mizrapata et cent dix sept pour Perikles), Ie dynaste le rnieux represente dans Ie tresor de Podalia, dont les editeurs datcnt I' enfouissement des alentours de 370. Apparernment un certain nombre de monnaies de Trbbenimi ont ete
3'J3 Cf. TL, 133. L' her/ion du dynaste a ete idcntifie par Borehhardt 1967 ; 1970,353-390; 1976; cf. 1990, 109-143. II parait clair par la decoration de ce monument qu' au moment ou il a ete construit, Perikles etait tout it fait intcgre aux usages perses, Keen 1998, 158 sq., et etait alors un dynastc "loyalistc". 394 Bryce 1980,379. Dans un sens different Six 1898,215-216; en dernier lieu Keen 1998, 155 sq. D' autres "dynastes" portent des noms grecs : cf. Tencgurc-Athcnagoras (SNG von Aulock 4123 ; Morkholm & Neumann 1978, 24). Bryce] 990, 537-540 etablit la 1iste des noms grees presents dans les inscriptions relatives indubitablcment it des residents en Lycie (sans pour autant quon puisse eire sur de leur originc, cornrnc cest Ie cas par exemple pour les offieiers mis en place par Pixodaros). Cf. en dernier lieu Neumann 1996, 145-151 ; Keen 1998, 66-69. 395 Commc Ic sou1igne Jenkins 1959, 36, il y a une volonte novatrice dans les monnaies "au portrait" de Pcrikles PI. VI, 6 ; il est assez probable que Ie revers au pel taste nu avec boucher est aussi une evocation du dynastc, cf. Schwabachcr, loc. cit. et p1. 12, 9a (PI. VI, 14 = SNG von Aulock 4252). A cornparer avec 1es series prccedentes it la face de lion/triskelc (PI. VI, 15). 3% Worrlc 1991,203-239 (dou SlOG,4],1991,1382); ef. 1993, 187-190. 197 Hornblower 1994,214, y verrait seulement une reponsc aux pretentious des dynastes de Xanthos. 39~ Lcs tensions dans la region onr laisse d' autres traces: nous voyons ainsi un certain Charimenes de Milet poursuivi par un contingent de Periklcs se refugier it Phaselis ou il est bloquc par 1a flotte du dynaste. Nous avons ainsi unc preuve indirecte que Phaselis cchappait it son autorite, Cette anecdote est rapportec par Polyen 5.42. Charimcnes est considere par certains, sans preuve, comme un agent de Mausole (Treuber 1887, 105 suivi par Judeich et Ruzicka contra Hornhlower 1982, ] 11 n. 38). 11 sagir encore de I'un de ces recits de Polyen quil est impossible de situer dans une chronologie precise. 399 Childs ] 98], 65 sq. ; c' est aussi, notons Ic, un des arguments des tenants de la date basse parfois proposec pour I'inscription TL, 44. Cependant si I' on refere au cas precite de Kuprlli (supra n. 52) une telle longeviie ncst pas it exclure.
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frappees a Limyra 400, avant celles de Perikles mais aussi de facon sirnultanee 401. Sans le secours des monnaies nous ne saurions rien de leurs liens de parente. Nous navons en effet aucune information sur la famille de Perikles. Tl parait assez probable que, comme c'etait le cas dans la partie occidentale, Perikles a exerce ailleurs un ou plusieurs commandements avant de succeder a Trbbenirni a Limyra 402. Mizrapata 403 parait avoir ete l' allie des deux premiers nornmes a ce moment, on ne sait rien de son role au cours de la revolte ; le seul point assure est qu'il tient une zone en Lycie centrale autour d'Isinda. Est-il identique (ou apparente") au Mitrobates mentionne par Xenophon? 404 Perikles a certainement ete initialement un dynaste integre dans I'organisation administrative perse. La rupture est consornrnee lorsqu' il se porte en Lycie occidentale et se vante dans une inscription de Limyra d' avoir assiege ('1) 405 Artembares. 11 a ete note plus haut qu'il s'empare de Telmessos (Theopornpe). Les deux situations ont ete mises en correlation, sans doute ajuste titre 406. Mais Ie controle qu'il exerce sur la region parait avoir ete de courte duree : il n' a laisse la aucune trace epigraphiq ue et, plus significatif encore, aucune monnaie. Tl est done tentant de situer cet episode peu de temps avant la fin de Ia revolte, On ne sait rien du sort ulterieur de Periklcs 407, mais comme le fait observer M. Worrle 408 les ternoignages archeologiques et epigraphiques n'impliquent nullement une fin ignominieuse et encore moins une fuite, 11 est possible qu' Arternbares ait conserve un commandement si l'on interprete TL, 29 (Tlos) comme une chronique au sont mentionnes C' est aussi de Limyra que vienncnt les deux inscriptions mentionnant ce dynaste (FL, 128 ;135). Olcay & Morkholm 1971, 10 et 2fJ. A noter qu'il y a Ia une situation comparable (identitc de coins) a cclle de Kuprlli et Kheriga a Xanthos, supra u. 56. 402 Cf. Ics monnaies de Trbbenimi et de Perikles frappe-s a Wedrei (sans doute Rhodiapolis, cf. Morkholm & Neumann 1978, 19-20; 14fJ-148) doni lc revers porte I' Athena si caracteristique, copie de la celebre monnaie dEukleidas de Syracuse (I'. 3 et 1'1. 8) ; ces monnaies datent done du debut du IV's. Dans Ic tresor de Podalia (vel's 375-370) figurcnt egalement quelques exemplaircs a ce type au nom de Vckhssere-Zagaba (ce nom est-il un anthroponyme ou un toponyrne? cf. Keen 1998, 55). Aruvatijesi appartient a la me me sequence ehronologique. A noter que la plupart de ces noms apparaisscnt dans la chronique du "pilier inscrit" mais pas cclui de Periklcs et aussi que Trbbcnimi surfrappc des monnaies d' Aruvatijesi. Pour Bryce 1987, 47 il Y aurait deux Trbbenimi, celui du Pilier Inserit ct celui des monnaies. 403 Sur cc nom iranien, parmi d'autres en Lycie, Scbmitt 1982 b, 23-24. Mizrapata est present a Isinda (FL, 64) et a Seyret (N 315). Une partie de son monnayage presentc une grande similitude avec cclui de Periklcs. Tous les deux ernettent a Phellos ; une deuxieme seric au "portrait" est traitee dans Ie merne esprit que celie de Perikles evoquecs supra n. 395, mernc si dans un cas - Mizrapata - Ie dynastc est rcprcscnte de profil dans un carre incus (PI. VI, 5) alors que dans I'autre - Perikles - tout Ie champ cst utilise et Ie dynaste de trois-quarts face. Mizrapata apparait avant Perik les, il est donne cornrnc contcmporain d ' Arbinas ct de Zagaba (a partir de 11>, 44) par Merkholm & Zahle 1972, 112. Childs 1981, 7fJ, en fait Ie gouverneur perse de la Lycie orientale alors qu' Artembares serait eelui de la Iycic occidentale. En cc scns Keen 1998, 153. Aucunc preuve ne peut etrc apportcc, Rappclons que la revolte des satrapes cst d'abord lc fait de notables perses, iI n'est done en rien assure que Mizrapata ait ete "loyaliste". Cf. Zahlc 1991 (rnonnaics a Tyrnncssos), mais Keen 1998, 164, affirmc qu'il nc peut sagir du mcrne personnagc (pere et fils"). II attribue les monnaies de Tyrnnessos a eelui qui figure dans l'inseription du Pilier (1L. 44). Borchhardt 1970,389, suggcre que Ie celebre hicron de Trysa, date des aJcntours de 380, serait la tombc de ce dynastc. 404 Xen., Hell., 1.3.13. 405 tt: 104, 3 (Limyra). Cf. Keen 1998, 1M. 406 Contra Keen 1998, 165. 407 Cf. Houwink ten Care 1965,13, "cruelly punished" ou encore Borchhardt 1967, 166, qui suggere qu'il a pu se refugier aupres du roi de Sidon (on sait en cffet cornbicn l'influence artistiquc de la Lycie a etc grande en particulier pour Ics sarcophages). Tout eela est pure hypothese (cf. Bryce 1980, 381 et surtout Worrle 1991). 40R Worrle 1991, partant entre autrcs du constat que dcs decisions prises par Periklcs sernblcnt perdurer assez longternps, par exemple it propos du koinon des Pcrnitai (sp. 224-234 = StX;, 41, 1991, 1380). 400 40[
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successivement 1. 5, ldrieus (Edryeuse), I. 7, Arternbares (Artturnpara), 1. 9, Alexandre (Alakssafitra), Ces faits, s'ils sont arranges scIon un ordre chronologique n'impliquent pas pour autant une date tardive pour Arternbares (la solution de "commodite" a ici encore consiste a imaginer deux Arternbares) : ldrieus a fort bien pu exercer la un cornman dement au nom de son frere Mausole comme cela a etc par exemple Ie cas a Latmos 409. Au terme de son developpernent, Keen 410 retient la sequence suivante : I) Trbbenimi et Perikles maitres conjoints de la part orientale de la Lycie. 2) Mort du premier nom me, constitution de son heroon par Ie second. 3) Mort d' Arbinas, Arternbares et Mithrapates sont designes comme responsables des deux moities de la Lycie. 4) Rupture de Perikles avec Ie pouvoir central avant I'ernbrasement general. II etcnd son influence jusqu'a la Milyade meridionale; il est attaque par Arternbares qui est dcfait apres des succes initiaux. 5) Perikles perd Telmessos. 6) Chasse de Lycie, Anembares bat monnaie aSide. Ce tableau a Ie mente de la clarte et de la coherence. II est eependant rien rnoins qu'assure qu'il corresponde a I'enchainement reel des faits. Comme toute tentative similaire il repose sur un certain nombre de postulats indemontrables, Le point trois suppose une organisation que I'on connait sous Pixodaras mais dont on n'a aucune preuve de I'existence anterieure. La position de Mithropates est inconnue. Le point six est egalement incertain. Comme on Ie voit les zones d'ornbre l'emportent largement sur les certitudes. La Lycie tornbe-t-elle rapidement sous la coupe des Hekatornnides? La question reste debattue. A. G. Keen 411 met en avant l'inscription TL, 61 pour attribuer a Autophradates la reconquete de la Lycie, OU il assumerait Ie titre de "roi' apres la disparition de Perik les, Cettc affirmation repose sur une base tenue, Elle s' appuie sur le fait que A. G. Keen donne au terme khiitawata un sens restrictif, ou plutot specifique (roi des Lyciens), qu'il ne semble pas toujours avoir 412. II adrnet que Mausole a mis tres tot la main sur la region. Pour S. Hornblower tl- une seule chose est sure: la region a change de rnaitres sous Pixodaros rnais cest sans doute etre trap critique envers les sources dans la mesure ou Ie Ps.-Aristote 414 indique que Kondalos 415, representant de Mausole percoit le phoros et diverses taxes dans cette zone. II n' est certes pas possible de determiner la date de la saisie de la region et Ie texte de Lucien 416, tel que corrige par W Judeich, indiquerait que Mausole controle une partie de la Lycie. On remarquera cepcndant que I'influence du satrape s'etend Infra p. 392. Keen 1991;. 166sq. 411 Keen 1998. 171. 412 Supra p. 11;7et n. 189. 413 Hornblower 1982, il suppuie sur I'inscription trilinguc de Xanthos, infra. 414 Ps.-Arisl., fe., 2.1348a. Hornblower 1982, 76, propose de reconnaitre Iii unc approximation pour Ie nom caricn attcstc par ail1curs Kov8I-llXA,a;. Sur Kondalos, cf. Zgusta 1964, § 676-1 ; Robert 1963, 148. 416 Lucien, Dial. des morts, 24.1 : Kell bd 1D ~aO'l/cEt
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bien au dela, jusqu' a Phaselis 417, et merne a une partie de la Pisidie-Parnphylie. Le controle est exerce direetement ct, observation capitale, il ri'y a plus de monnayage lycien avant I' epoque hellenistique 4] 8. Une administration structurec se met en place com me le montre la Trilingue de Xanthos ; elle concerne toute la Lycie 419. Pour la partie meridionale de l' Ionie, les choses sont moins claires. II y a tout d' abord la description du domaine de Mausole donnee par Ie Dialogue des Morts de Lucien. M. Weiskopf suggere que Mausole controlait la region sud-ouest de la Lydic, region dont il convient de souligner que les auteurs anciens la consideraient sou vent comme appartenant a Ia Carie. Nous verrons plus loin que cet elargissernent de la zone dinfluence de Mausole a une partie de la cote ionienne et merne aux iles adjacentes doit etre replace dans le contexte de la Guerre des allies.
2.3. Datames Par souci de clarte dans un dossier fort ernbrouille, nous terminons par Ie cas de Datames 420, quoique ce dernier ait excerce son activite bien avant le declenchement de la revolte dans les satrapies occidentales et merne si sa premiere "revoltc" est anterieure a celle d' Ariobarzane, mais son cas est particulier. Diodore ne Ie mentionne pas dans sa grandiose description des revoltes du chapitre 15.90. II faut en .conclure que sa rebellion se suffit a ellememe. Cependant, son action n' est pas sans rapport ni sans consequence sur le deroulement des evenernents de l' Asie Mincure occidentale et a ce titre il est indispensable de la mettre en parallele avec les soubresauts qui agitent les regions adjacentes. Ce personnage a beaucoup interesse les auteurs de I' Antiquite puisque Cornelius Nepos 42], lc Ps.-Aristote 422, Polyen Diodore 424 lui eonsaerent de substantiels developpernents qu'il n' est pas toujours facile de concilier et surtout de placer dans les lirnites d'une chronologie fiable. Le seul recit continu est celui de la Vie de Datames de Cornelius Nepos. Rappelons quelques faits: il succede a son pere comrne gouverneur (hyparque?) de la portion de la Cilicie qui touche ala Cappadoce et qu'habitent les Leukosyriens 42'). Faire avec J. D. Bing 426 417 Bref apercu historique de Blackman dans Schafer ed. 1981. 33. Cf. Hornblower 1982, 122-123 . Keen 1998. 233-235. Colonic rhodienne archarque et cite grecquc rcconnue par tous cornrnc telle, cllc participc it I'Hcllcnion de Naucratis (Hdt. 2.178.2). Lycicnne ou pamphylicnnc Pour Str., 14.3.9, elle nest pas membre du koinon lycien. On pcut avoir une idee de ses relations avec Mausolc par 1'inscription TAM, II, 1183 OU elle semble traitor sur un pied d'egalite avec Ie satrapc. Phaselis est en rapport avec l'Ionie et plus particulierement avec Chi os au VC s, Au cours de la campagne maritime de Cimon, Phaselis reste fidelc au Roi ; lcs gens de Chios presents au sein de la !lotte athenienne intercedent et obticnncnt un accord moyennant un versement de dix talents et la fourniture d'un contingent (Plut., Cimon, 12; cf. aussi ML, 31,1. 1III I = IG, P, 10 ). Phasclis apparait dans Ics ATL de 454/3 it 420/17. Ses bateaux sont presents en Egypte au V" s. (Briant & Descat 1998, 63). Elle connait un important essor economique au rve s. comme en temoigne Demosthene, c. Lacritos, 1 sq. et aussi un abondant monnayage, BMC Lycia p. 79 sq., il faut noter que Mauso1c a etc actif dans toute cette region du sud-ouest de I' Anatolie, ct. Etienne de Byzancc : L6/,U~01 01 V\JV Il wlolXl' LO/'{J~OUS KLXAOU~EVOUS Tmp£A81'uV MLXuawl,ou. Sur les Solymcs, cf, Hdt. 1.173.3. II s'agirait de Prclyciens localises en Milyas. 41S Troxell 1982, e.g. 10. 410 lnfra p, 405. 420 Meyer 1879,27 sq.; Cracco-Ruggini 1967,52 sq.; Fogazza 1972,130-131; sur le nom, Robert I966a, 31 ; supra p. 106. 421 II est lc seul "Persc" avec Artaxcrxcs auqucl cet auteur ait consacrc une Vie. 422 Ps.-Arist.. Toe.. 2.1350 b. 423 Polyen 7.21.1-7. 424 Diod. 15.91.2-7. 425 Cornelius Nepos, Dat., 1.2. Sur lcs implications geographiques, supra p. 105. 42(, Bing 1998.
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de Datames Ie satrape de Cilicie ne serait coherent qua condition de considerer quavant lui les positions de Tiribaze et Pharnabaze avaient ete similaires, dans la mesure OU irs assument Ie rnerne role et beneficient des memes prerogatives (en particulier monetaires), D'autre part il faudrait supposer qu' a des personnages aussi considerablcs aurait succede un quasi inconnu dans une charge de tout premier plan. Tout cela reste bien improbable. II me semble plus realiste de penser qu'il aide Autophradates contre les "peuples revoltes" 427 avec peut-etre a la clef une "promotion" Ie placant a la tete de I' ensemble de la Cappadoce 428. La date n' est pas certaine; il pourrait sagir des evenements des alentours de 380 qui ont eu une certaine ampleur mais que les sources ne permettent pas de reconstituer. Quelques annees plus tard 429 il entreprend la pacification puis la conquete de la Paphlagonie ; en cela, il est pleinement en accord avec les principes de fonctionnement de I'Empire perse 430. Peut-etre est-ce aces campagnes qu'il convient de rattacher Ies episodes ou, selon Polyen, Datarnes sernpare des richesses d'un grand sanctuaire (il ne precise pas lequel : Comana, Zela") pour payer ses soldats. II annonce qu' il va battre monnaie a Amisos 431 et il prend Sinope 432 en simulant la preparation d' une expedition contre Sestos (les gens de Sinope avaient sans doute eu maille apartir avec les Sestiens qui profitaient de la situation de crise pour controler les Detroits) 433. Cornelius Nepos note que la campagne en Paphlagonie s' est faite dans un premier temps avec I' aide d' Ariobarzane et M. Weiskopf 434 parait avoir vu juste en relevant que les projets de Datames, en particulier en direction de Sestos, mis aexecution ou non, n' ont de sens que dans le cadre d'une collaboration etroite avec Ariobarzane et qu'il n'y avait rien la dont le Roi put prendre ombrage. Sa reputation est telle a Suse, quil est charge de preparer une expedition en Egypte avec Pharnabaze et Tithraustes 435. Pharnabaze ayant ete rappele aupres du Roi, Datarnes en dcvicnt Ie commandant en chef. La encore la chronologie est tres discutee, Tithraustes n' a pas participe a l'expedition de 374/373 ou seul Iphicrate est mentionne. 11 faut done penser qu'une nouvelle expedition est organisee apres I' echec de la premiere 436 et que Datames est Cornelius Nepos, Dat., 2.1. Diod. 15.91.2 ; supra p. 106. Rappclons que Bing 1998 en fait le satrape de Cilieie. 429 Cornelius Nepos, Dat., 2.2-3.4. La date est imprecise; Babclon avait d'abord pcnchc pour 375 (in Waddington et al. 1908,2(0), dautrcs ont propose de dcsccndrc eette affaire vers 372-369 el merne plus bas (e.g. Six 1895, 169). Jc crois qu"il faut admettre quil y a eu deux interventions a Sinopc.T'unc ou Datamcs scrnparc de la ville, l'autre, nettement plus tard, ou le Roi lui enjoint de sc retirer avant quil nait pu eonelure Ie siege (Polyen 7.21.5 et pcut-ctrc Enee 40.4) ; en bonne logique ee n' est pas a ee moment qu' il aurait pu battre monnaic sur place. La date la plus appropricc pour la premiere operation parait devoir ctrc situee entre environ 380 et environ 375. Bing 1998,47, mel en relation lintervention en Paphlagonie avec la constitution de la flottc centre 1'Egypte, i1 sagirait d'une manifestation de la mobilisation gencrale, 410 Supra p. 78 ; daccord sur ee point avec Weiskopf 1982, 203. 431 Polyen 7.21.1 ; la me me histoirc, Ps.-Arist., te., 2. l350b 16. Sur Ie monnayage frappe dans la region, ef. Babelon 1910, 416 sq. Les rapports anciens d' Amisos avec la Cappadoce, Str. 13.3.14. Cependant, eomme Ie remarque Moyscy 1986, 25-26, le recit du Ps.-Aristote nc correspond pas avec les trouvailles monetaircs (des emissions sont connues a Sinope mais pas a Amisos). 432 Polycn 7.21.2. Cr. tnee, Pol., 40.4. 431 Les mss portent Seston, il n'y a pas lieu de chercher une correction plus ou moins judieieuse eomme eela a ete fait parfois (Melber cd. Teubner 1970 : Sesamon ; ef. par ex. Harrison 1982a, 260). D' accord sur cc point avec Weiskopf 1982, 211 et n. 16 (mais d. une opinion differente 1989, 32 n. 51). 434 Weiskopf 1982, 210. 435 Cornelius Nepos, Dat., 3.5. 436 Weiskopf 1982, 205. penche pour une seule preparation, cc qui I' amene a minimiser le role de Datarncs et placer le retrait de ce dernier des 374. 427 42S
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alors associe a Pharnabaze mais ce dernier disparait des 372 437. Pendant les longs preparatifs de I' armee a Ake, Ie Roi charge Datames d' une mission contre Ie dynaste-brigand Aspis de Cataonie 438. Ce dernier jouit d'une autonomie de fait, mais ce qui preoccupe Ie Roi c'est qu' Aspis entrave I' acheminement du phoros de I' Asie Mineure centrale et orientale vers Ie centre de l'Empire. Apres une victoire eclair, Datames revient a Ake mais une faction de la cour qui lui est hostile a profite de son absence pour Ie discrediter aupres du Roi. Selon Cornelius Nepos, il entre alors en rebellion et s'installe dans Ie pays voisin de la Cappadoce et it passe un accord secret avec Ariobarzane 439. Est-ce a dire qu'il revient vers Ia Paphlagonie, ce qui expliquerait une deuxieme action contre Sinope 440 qui, cette fois, naboutit pas a la suite de l'intervention royale? La version de Cornelius Nepos presente une alternative par trop manicheenne entre rebellion et loyaute. En fait, les relations de Datames avec le pouvoir central ne se sont deteriorees que progressivement, une etape importante etant sans doute la demarche de Syssinas, son fils aine qui denonce au Roi les mauvaises intentions de son pere 441. Comment peut-on expliquer cette rupture? Le commandement contre l'Egypte est une responsabilite exceptionnelle, mais a haut risque. II existe une opinion politique de la Cour autour du Roi et il est clair que la personnalite contradictoire d' Artaxerxes II avive les luttes d'influence. 11 est caracteristique que tout echec militaire entraine une accusation de trahison aux consequences graves, surtout quand il s'agit des grandes affaires de l'Empire, entreprises preparees de longue date et aux multiples rebondissements (cf. Tissapherne puis Conon intervcnant dans les affaires grecques, Tiribaze et Orontes a Chypre). Ce systcme peut freiner les entreprises militaires et pousser a des compromis avec les arrnees cnnernics, c'est en partie de la que vient l'image peu fiattee dans les sources grecques de la politique perse. Facteur aggravant, la position de Datamcs est dautant plus fragile qu'il a eu une ascension sociale fulgurante et qu'il partage des responsabilites avec des Perses du plus haut rang, d' ou une cristallisation des oppositions. Parmi ces dernieres, on peut mettre en bonne place Pharnabaze qui a ses propres raisons peut-etre de sopposer a Datarnes dans la mesure ou ce dernier parait avoir partie liee avec Ariobarzane. On peut se demander en effet si Pharnabaze avail accepte de bon gre les conditions de sa succession a Daskyleion 442. 437 Cf. la discussion des faits par Hornblower 1982, 171-172. Sur la date probable de la mort de Pharnabaze ct Ie remplacerncnt d'iphicrate par Timothee, cf. Cawkwell 1963, 88 n. 23 ct 25. Une fourchette possible pour la designation de Datames contre l'Egyptc : 372-366. Hornblower penche pour la partie haute, il pensc que la date proposee par Momigliano 1966,405 sq. pour la rcvolte de Datames (374/373) est trop haute, p. 171 n. 8 infine. 4JS Cornelius Nepos, Dat., 4.1-5.11 taut noter ccpendant que Sckunda 1988b, 43, donne de bons arguments pour soutenir que le nom d' Aspis est persc ; il en tire la conclusion que ce dernier etait le satrape de la region et quil setait revolte. Bing 1998, 48 n. 20 : "Aspis, like Thuys of Paphlagonia, appears to be an administrator responsible of the flow of local revenues and produces to the Persian treasuries". 4J9 Cornelius Nepos, Dat., 5.6; cf. Sekunda 1988b, 47. Weiskopf 1982, 205-207 suivi par Briant 1996, 1018 pcnse qu'il est ncccssaire d'inverser I'ordre des factcurs. Ccla ne parait nullernent indispensable si l'on adrnct que les preparatifs de iexpedition vcrs l'Egyprc ont pris beaucoup de temps. 44() Polyen 7.21.5. La lettre royale dcvanr laquelle Datames se prosterne indique a la fois lcs preoccupations du Roi face aux cntrcpriscs du satrape ct le fait que cclui-ci ncst pas ouvcrtcrnent en rebellion ou considerc comme tel par Ic pouvoir central. S'il y a bien deux campagnes contre Sinope, on ne sait a laquelle sapplique Enee, Pol., 40.4. Pour Sckunda 1988b, 46-47, il Y a bien deux interventions a Sinope, mais I'une, infruetueusc, vcrs 384, on ne eornprend pas alors lintervcntion du Roi ; I'autre, reussic, en 368 (le monnayage de Datarncs aurait ete frappe a ce moment). 441 Cornelius Nepos, Dat., 7. Xen., fIell., 5.28.
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On attribue traditionnellemcnt a Datames un abondant monnayage qui se subdivise en trois groupes : 1) A l' avers I' Arethuse des monnaies de Pharnabaze ; au revers "Ares" avec des identitcs de coins avec cclles de l' ancien satrape de Daskyleion, mises en lumiere par R. A. Moysey 443. La premiere difference reside dans Ie nom de celui qui ernet : TRKMW selon la lecture de A. Lemaire (infra). A noter egalement l' absence de l'indication du lieu d'emission : klk (Cilicie), qui figurait precedemment sur nombre de monnaies de Pharnabaze. Cette serie est de loin la plus abondante 444 puisque R. A. Moysey denombre trois cent sept monnaies et, plus important encore, deux cent deux coins de revers differents (contre respcctivement cent vingt quatre et cent sept pour les pharnabazes aux memes types). 2) Un groupe 445 (cent trentc six monnaies, dont cent neuf revers differents) presente a l' avers Baal de Tarse, assis de trois-quarts face adroite. II tient un bouquet forme d'un epi et d'une grappe de raisin, Ie tout dans une enceinte herissee de tours, legende en arameen, Au revers, deux personnages se faisant face, I'un est le dieu Ana, I'autre (Ie satrape?) un personnage vetu d'un manteau ample. I1s sont separes par un thymiaterion, Ie tout dans un temple represente de facon styli see par un grenetis dans un carre surmonte d'un toit a acroteres. Moysey 446 apres consultation de A. Lemaire 447 suggere que la legende peut aussi bien etre lue Anu. En tout etat de cause la convention de representation est la nudite heroique grecque, qui soppose a tout ce que I'on sait de la tradition perse tant pour la representation artistique de ces derniers que pour leurs habitudes quotidiennes ; de merne Ie "satrape" est vctu ala grecque. S'il s'agit bien du dieu mesopotarnien, adore au moins depuis I'epoque sumerienne, on notera ici le telescopage de traditions quasi antagonistes, dont les cites ciliciennes assumaient Ics contradictions. J. D. Bing 448 doute de cette identification et propose de reconnaitre ici le dieu de Kanesh, Ana. L'objection qu'il se presente a lui-rneme (pour I'ecarter ensuite) concernant la survie de cultes anciens ne tient pas si I'on prend en compte le decret hellenistique de Hanisa-Kanesh reexamine par L. Robert 449 OU la deesse Astarte apparait en position preerninente. L. Robert souligne la presence d'un culte de Zeus Soter: "Je croirais qua Hanisa les noms seuls de Zeus Soter et d'Herakles sont grecs et qu'ils recouvrent de tres anciennes divinites". Le point de vue de .T. D. Bing est done tres seduisant, mais il va tout a fait a l'cncontre des conclusions de son article en ce sens que le choix par Datarnes d'un dieu de la part meridionale de la Cappadoce, de surcroit adore par les Leukosyriens, redonne tout sa validite au texte de Cornelius Nepos, tout en enlevant sa valeur "insurrectionnelle" ace monnayage 450. Datames a simplement privilegie un dieu qui lui avait ete precedemment favorable dans son gouvernement initial. Moysey 1986,7-61. Cf. lc tableau de Moysey 1986, 16; ses pages 41-52 (pI. 2, 16-21); SNG Cop. 274-294; von Aulock 5934 (PI. IX, 13)-5942 ; Levante 78-80 ; France 2 258-277, etc. 445 Moysey 1986, 53-58 (pI. 3, 37 ; 4, 40-50) ; SNG Cop. 299-302 ; von Aulock 5943-5950 ; l.evante 83-84 (PI. IX, 14) ; France 2 290-300, etc. ; Naster 1989, 149 propose de placer ehronologiquement ce groupe apres eclui ou est representee Arethusc. 446 Moysey 1989, 109 n. 4. 447 Cf. en dernier lieu Lemaire (Istanbul). 44g Bing 1998, 59-63 ; abondante bibliographic p. 61. 449 Robert 1963,457-523, non signale par Bing. 450 Y a-t-il eomme Ie pense Bing un jeu de mots avec Ie substantif grcc &va(~) sous lequci on pourrait retrouvcr Zeus'? 443
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3) Un dernier groupe dont I'avers ne se distingue guere que par divers accessoires qui se trouvent sous Ie siege de Baal. Au revers, un "satrape" assis de trois-quarts face a droite, qui verifie la rectitude d'une fleche ; devant lui, un arc et it la hauteur de sa tete la representation non anthropomorphe de Ahura Mazda sous la forme styli see d'un disque solaire dote dailes. Ce groupe est Ie moins abondant : soixante douze monnaies pour soixante revers 451 et probablement Ie plus recent. Au cours des dernieres annees ces monnaies ont ete l' objet de plusieurs etudes et il convient de faire Ie point de ce qui parait desormais assure et de ce qui reste objet de controverses. - Le premier probleme est celui de l'auteur de ce monnayage. Depuis E. Babelon 452, il etait admis presque sans reserve que Ie nom arameen TRDMW grave sur ces monnaies ne pouvait identifier que Datames. Or, C. M. Harrison 453 et A. Lemaire 454, reprenant en cela des hypotheses anciennes de Th. Noldeke et J.-P. Six, developpent des points de vue tres similaires : la decouverte de monnaies mieux frappees ou conservees permet daffirmer qu'on ne peut pas lire autre chose que TRKMW, cest-a-dire un nom qui ne peut pas etre l'equivalent de Datames, meme par metathese de "cornmodite dialectale" 455. Reste a identifier Ie personnage. Pour C. M. Harrison (qui. suit J.-P. Six) 456 il sagit d'un dynaste indigene (dans la lignee ou non du Syennesis). Rappelons que, pour sa part, M. Weiskopf 457 voit dans "Datarnes" un "local noble" place sous les ordres de Pharnabaze et de Tithrausthes, Mais le refus didentifier Datames et "Tarkurnuwa" 458 cree plus de problernes qu'il n'en resout, dans la mesure OU on aboutit au double paradoxe suivant : un personnage parfaitement connu et atteste, ayant ernis des monnaies ailleurs (a Sinope), charge comme Tiribaze et Pharnabaze d'une expedition vers l'Egypte necessitant des moyens materiels, et done financiers, particulierement importants qui n' aurait pas battu monnaie en Cilicie ; un complet inconnu, "noble local" qui - au moment ou l'on sait que Datames exercait son mandat e>? - aurait frappe un monnayage dans des quantites que l'on ne retrouvera qu'avec I' arrivee d' Alexandre. II est done evident que si I' on prend en compte les donnees historiques Ie responsable de I' emission ne peut etre autre que Datames, C' est apparemment en derniere analyse la solution que retient A. Lemaire. Pour lui, Datames aurait deux noms, l'un local et dont il sefforce de reperer les possibles etymologies, lautre perse 460 . 4,1 Moysey 1996, 58-61 (pl. 5, 51-59) ; SNG Cop. 295-298 ; von Au!ock 595l-5952 ; Levante ssss (PI. X, 2) ; SNG France 2 282-2g Q etc. 452 BabeJon 1910, 407-416. 453 Harrison 1992a, 321-336. Cr. Six 1884,114-117; Noldeke 1884,298. 454 Lemaire 1989,144-149; 1991, 203-205. 455 On observera par cxcmple que Orontobates est appele Rhoontopates sur certaines de ses monnaies (cf. de Hirsch I g87. 93-95 ; Naster 1959, n° 1543). Harrison, jouc aussi sur l'identite du nom Datarnes avec 1a lcgende t1ATAMA qui apparait sur les monnaics de Sinope ; mais notons quil en va de mernc pour OPONTAOrontes alors que dans l'inscription du Nemrud Dag on Ie nomme Aroandcs (de facon plus fidclc it l'original iranicn"). 456 Harrison 1982,321-336, dans Ie merne sens Le Rider 1997, 15g sq. 457 Weiskopf 1992, 205 sq. 4SH En dernier lieu Briant 1997, 59-61. 459 Moysey 1986, 12 (cf. ses pl. 1 et 2, respectivcment n° 2 et 16;4 ct 17) dernontre les identites de coins de revers des dernieres monnaics de Pharnabaze et des premieres de "Tarkurnuwa". 460 Lemaire 1989, 147-g; cf aussi Sekunda 1988, 35-53, sp. 35 sq.
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- La date, le lieu et les circonstances des emissions (les trois ehoses ne peuvent etre envisagees separernent) sont I' objet de vives diseussions. Le point de vue de V. Sekunda resume bien la position la plus raisonnable 456 : les frappes des monnaies de Pharnabaze et de Datarnes ont ete effectuees successivernent, et non pas simultanement comme on le pense generalement 457, pour constituer la force armee necessaire aux expeditions en Egypte 458 : une emission avant 373, lautre entre 372 et 368 (cette duree expliquerait I' abondance de la frappe). R. A. Moysey 459 articule les series respectives de Pharnabaze et de Datames autour de 373 mais il propose une autre interpretation historiquc -w. Entre 372 et 368, Datarnes ernet dans le cadre de la mission que lui a confiee le Roi, mais les deux dernieres series seraient emises par le satrape entre en etat de rebellion dans les annees 360. Essayons d' analyser les differents arguments: I) La grande abondance et la diversite des frappes (trois cent soixante et onze coins d' avers connus contre seulement cent quatre-vingt-cinq pour Pharnabaze ; en quantite de monnaies, 2,3 pour I) ne peut que suggerer une duree importante. On penchera done pour une "revolte" tardive, cest-a-dire vers 368 mais il faut aussi observer que rien n'indique que routes ces monnaies aient ete frappees seulement a Tarse, au moins pour les series a I' Arethuse 461. Pharnabaze et Datames (on a vu com bien leurs monnayages etaient indissociables, non pas en simultaneite mais en continuite) seraient les seuls dans la lignee des Perses emettant en Cilicie a avoir Tarse comme seul atelier (d. Tiribaze aussi bien que Mazaios... ou Balakros). 2) R. A. Moysey met aussi en avant le choix des themes qui illustrent les monnaies. 11 s'efforce dy voir - il faut bien le dire, de facon assez subjective - la revendication de la royaute. Deux exernples : le satrape assis verifiant la rectitude de sa fleche serait, par le caractere inhabituel de la scene, suspect de "pretentious grandioses". On mettra en relation la representation sur les monnaies de Soloi d'une Amazone sassurant de la tension de son arc 462. Soulignons que ce theme semble banal dans la glyptique et done dans I'iconographie perse. J. Boardman 463 publie une bague signee Athenades et provenant du sud de la Russie representant ce theme a la mode hellenique. De facon encore plus significative il apparait a lidentique sur un sceau scaraboide 464, ce qui exclut completement I'hypothese de I'affirmation d'une volonte insurrectionnelle, II est assez banal pour figurer encore sur les monnaies parthes de Mithridate II et III 465. Retenons en contrepoint I' Apollon des revers Sekunda 1988 b. 42. Bibliographie fournie par Moysey 1986, 7 n. I. Confirmation du fait par de Callatay (Istanbul) a partir des contremarques. 45R Par consequent Ie rapport de Datames avec les emissions monctaircs est exactement idcntique a celui de ses predecesseurs (Tiribaze et Pharnabazc), contra Bing 1998. 459 Moysey 1986, 23 sq. 460 Devcloppcc dans Moysey 1989, 110-116, suivi par Bing 1998,55-63. 161 Comme Ie souligne Davesne 1989, 164 ; supra p. 360. En revanche il parait difficile de suivre Naster 1989,199, lorsqu'il argumente pour auribuer a Soloi certaines frappes a partir de la presence de la grappe de raisin a gauche dans Ie champ du revers (e.g. SNG von Aulock 5941) ; a titre de comparaison cf. la grappe qui figure devant Baaltars sur les monnaies de Balakros, von Aulork 5963-5964; Levante 120-121 ; France 2 367-371 (PI. X, 13). 462 E.g. SNG Levante 38-41 (ibid. 40 = PI. IX, 15). 463 Boardman 1970, 220 et pI. 681 404 Ibid. 316 et fig. 294 p. 317 (PI. X, 1). Merne conclusion chez Casabonne 1997, 37. 465 cr. e.g. Franke & Hirmer 1966, pI. 212 et n" 5, 781-782. 456
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seleucides dont l' attitude n' est pas due a une rcncontre fortuite avec Ie theme perse 466. De merne on ne saurait discuter Ie fait que "the winged disc symbol calls to mind the king", mais R. A. Moysey rappclle lui-rneme que Ahura Mazda (a figure humaine cette fois) apparaissait deja sur des monnaies de Tiribaze ss". On ajoutera qu'une figure identique, non anthropomorphe, se rencontre aussi sur certaines monnaies de Mazaios 468, lequel n' est pas suspect d' etre un satrape rebelle. 3) Dernier argument, Ics poids des monnaics. R. A. Moysey releve 469 que les deux derniers groupes de Datarnes sont en moyenne beaucoup plus legers que les groupes precedents, en particulier ceux de Pharnabaze. II en tire argument pour supposer que Ie satrape revolte a pu acertains moments etre coupe de ses approvisionnements en metal, cette reduction ponderale etant un expedient pour pallier la penurie, Cependant certaines notations complementaires amenent a nuancer cela. La "decrue" moyenne avait commence des les frappes de Pharnabaze comme Ie montrent les tableaux de Moysey. II y a sans aucun do ute un certain nombre de monnaies "aberrantes" dans Ie groupe au satrape assis (certaines monnaies pesent entre 6,80 et 8,20 g). Mais il faut observer tout aussitot que plusieurs exernplaires pesent plus de II g ce qui n'est pas Ie cas pour Pharnabazc. On s' interrogera enfin sur les motifs eventuels de la frappe par Ie rebelle. Rien dans Ie recit de Cornelius Nepos, bien au contraire, nindique que Datarnes ait eu a faire face au paiement de nombreux mcrcenaires grecs. Lorsqu'il quitte Ake pour se rctirer en Cappadoce, illaissc les troupes a Mandrokles de Magnesie et ne part qu'avec "les siens" 470. Dans le combat contrc Autophradates, il ne dispose que de moins du vingtiemc des forces de son adversaire 471, c' est-a-dire, si I'on prend Nepos ala lettre, environ huit mille hommes. A aucun moment dans son epopee il n' est question de mercenaires, sa tactique consiste toujours en une guerilla qui s' appuie sur une meilleure utilisation du terrain. Les differentes sources font etat d' evenernents qui concernent tout le CITur de I' Anatolie, mais la chronologie absolue et parfois meme, relative, fait problerne. Une des actions pousse Datarncs au dela de l'Euphrate, ce qui ne signifie pas une penetration en profondeur en Mesopotamie 472 : la haute vallee du fleuve est proche des territoires controles par Ie rebelle ; il doit vite renoncer face a la puissance de l' armee royale. On ne voir pas comment il serait possible d'inferer de ce passage une ambition a tres large portee du satrape qui se replie des l'annonce de larrivee des troupes royales 473. Au moins deux expeditions successives sont menees contre lui par Autophradates et Artabaze. Pour Cornelius Nepos, ce sent d' abord les Pisidiens qui attaquent Datarnes (il place a ce moment la trahison de son 46(, 11 nest pas exclu pour autant que celui-ci ait etc initialcment cmprunt6 a Iart grec, cf. par cxemple l'urchcr de Cyziquc, Franke & Hirmer 1966, pI. 199 (de la premiere moitie du v c s.). 467 PI. IX, I. 468 PI. X, 9 et, ega1cment il Tarse, SNG von /vulock 5914 (PI. VIII, 8). 469 Moysey 1986,16ctI989,tab1cauxp.114-115. 470 Cornelius Nepos, Dat., 5.6. 471 Cornelius Nepos, Dat., 8.3. 472 Polycn 7.21.3. 473 Moysey 1986, e.g. 21 n. I, attribue il Datames lambition de supplanter 1c Roi, cc qui parait assez contradictoire avec l'originc carienne quil lui conserve; il y aurait, scion eet auteur, une revolte conccrtee ct de plus en plus generalisee des satrapcs, dont Datames serait le principal acteur.
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beau-pete Mithrobarzane) 474 puis Autophradates 475, sans plus de succes. Datarnes est alors assassine par Mithridate 476. Diodore passe sous silence I' action d' Autophradates, en revanche il associe le revirement de Mithrobarzane a I' expedition d' Artabaze 477 et place sa mort peu apres. Une seule chose parait assuree : le passage a l' ennemi de Mithrobarzane est incomprehensible si les agresseurs sont "les Pisidiens", il est indispensable que l'autoritc a laquelle il veut se rendre, soit Ie Roi ou son representant, en I' occurrence Artabaze 4n. Le reste est plus hypothetique. On peut penser que la premiere offensive est celle d' Autophradates entre 370 et 367 479 ; apres cette date ce dernier a d' autres preoccupations au nord-ouest de sa propre satrapie. L'attaque est rnenee par le sud 480 apres une concentration de troupes dont, fait exceptionnel, Cornelius Nepos donne le detail de la composition 481 : cent cinquante six mille hommes sans compter les troupes legeres : cent mille fantassins et vingt mille cavaliers Kardakes 482 et encore trois mille frondeurs parmi les "Perses", Puis vient la liste des regions qui fournissent des troupes. II est interessant de noter que des contingents proviennent de toute I' Asie Mineure et en particulier de la zone centrale et meridionale : huit mille Cappadociens, dix mille Arrneniens, cinq mille Lydiens, trois mille Aspendiens et Pisidiens, deux mille Captianiens 483 et autant de Ciliciens, enfin trois Cornelius Nepos, Dat., 6.1-6.3. Ibid., 7.1-8.6 (cf. aussi Polyen 7.21.6). 476 Ibid., lO-11. 477 Diad. 15.91.2-7. 47S Cf. l'analyse par Weiskopf 1982, 212 sq., de differents passages des auteurs anciens au ce type de situation apparait. Quatre sont places sous Ie nom de Datames : Diod. 15.91.2-7; Frontin, Strat., 2.7.9; Polyen 7.21.7; Cornelius Nepos, Dut., 6 (ef. Beloeh 1923, 153). Weiskopf 1982, 214 eonelut - pour les raisons invoquces ci-dessus - que la defection de Mithroharzane est liee a I' action d' Artahaze. Sekunda 1988b, 48 sq. percoit la difficulte quil y a a admettre que Mithrobarzane se soit rendu aux Pisidiens ; mais, privilegiant Ie recit de Cornelius Nepos par rapport aux autres sources, il choisit de conserver cet episode. Cependant to ute sa reconstruction, il en a bien conscience, est sujette a caution. Une egale prudence est de mise pour tous ceux qui tentent de debrouiller cct echevcau particulierement complexe. 47Y Weiskopf 1982, 216, est plus precis: il propose deux annccs de campagne en 369 et 368. La tcnuc du Congres de Suse en 367 ne saurait fournir d'element dapprcciation puisqua ccttc date il sagit d'une affaire (provisoirement) reglee, Pour Sekunda 1988b, 45, la revolte de Datarnes doit etre datee de 368 ; tel etait deja 1c point de vue de Judeich. 480 Pour une reconstruction diffcrcnte d. Bing 1998,74-76. 4Rl Cornelius Nepos, Dat., 8.2. Peut-etre convicnt-il de situer la campagne contre les Pisidiens (Polyen 7.27.1 ; Frontin 1.4.5 : aucun des deux auteurs nindique Ie sens de la marche d' Autophradates) dans le contexte de la pacification de toute la region meridionale de l'Asic Mincure, a moins quil ne sagissc plutot d'une campagne des annees 380 (supra p. 281). 482 La reference aux Kardakes ne cornportc iei aucun commentaire. Briant 1996, 340 propose une explication tout a fait plausible quant au mode de recruternent de ces contingents en rapprochant Ie textc de Str. 15.3.18 (levees par classe d'age etc.). II y a la un parallele qui ne saurait etrc cornplctcment fortuit avec la cryptie spartiate. lei cornrne la il est probable qu'il y a un telescopage entre des pratiques tres anciennes qui rclcvcnt des rites de passage et une reutilisation beaucoup plus rcccnte a des fins plus utilitaires. Sekunda 1988b y voit la main de Datames (sans aueune preuve comme le note Briant). S'il fallait nornmer un (au des) initiatcurs il paraitrait plus logique de penser au couple Cyrus-Lysandre. Ce sont ecs Kardakes que l'on convoque a Kastolos au dans les autres points de concentration de I'arrncc persc. II y a un lien institutionncl entre ces contingents et la colonisation: c'cst ce que parait montrer l'inscription relative a la komi' des Kardakes evoquec supra p. 195. 4H3 Une absence notable dans cette Iiste : celie des Lyciens. Remarquons ccpcndant que lc texte de Cornelius Nepos (par la faute de l'auteur etlou de scs copistes) n'est pas exempt derreurs et que 1) la possible mention de Termilai dans la source de Cornelius Nepos eut etc peu comprehensible pour cc dcrnier, 2) lc nom des Captianiens rcstc une enigrne. On sait par ailleurs quil est assez probable qu' Artembares secondait Autophradates dans cette expedition, sinon on ne comprendrait pas a quel titre ce personnage a pu cmcttrc un monnayage a Side (supra p. 353 n. 391). Cf. Sekunda 1988b, 49-50. En dcrnier lieu Keen 1998, 167. 474
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mille mercenaires grecs. II parait done y avoir un recrutement sur place, mais aussi la presence de corps en garnison loin de leur terre d'origine w', comparables a ceux que nous avons rencontres a travers le recit de Xenophon en Bolide 485. Datames echoue dans sa premiere tentative pour ernpecher Autophradates de penetrer dans la zone qu'il controle, mais ce dernier une fois engage par les Portes de Cilicie est incapable de conclure et doit faire retraite vers la Phrygie apres qu'une promesse de reconciliation ait ete faite 486. Artabaze, designe comme general du Roi 487, est amene a son tour a combattre Datames. On ne peut guere envisager pour cette campagne que la periode qui suit la pacification de la satrapie de Daskyleion, done au mieux apartir de 360 488 . Elle est comme Ie prolongement nature I de celle-ci dans la me sure ou Mithridate semble poursuivre aux !imites de la satrapie et eventuellement en Paphlagonie (?) 489 un combat d' arriere-garde comparable a la resistance d' Arnorges en Carie apres la disparition de Pissouthnes, Pendant Ies annees interrnediaires, il est assez clair que Datames n'est pas concerne directement par les affaires de I' Asic Mineure occidentale. Jl est occupe par l' affermissement de son pouvoir a l'rnterieur de sa propre satrapie, alms que sa situation vis a vis du Roi devait etre assez arnbigue 490. Malgre la trahison de Mithrobarzane, Artabaze se montre aussi incapable que son predecesseur Autophradates de reduire Ie rebelle. On ne sait ou se placent les operations. Si l'on retient partiellement la version proposee par Cornelius Nepos, 6.1, on peut penser aux confins de la Pisidie. Le fait que Datarnes ait surfrappe le monnayage de Side 491 a pu suggerer que Ie "revolte" s' etait aussi avance vers I' ouest. II a pu y avoir "reconquete" de Side par Datames et Jes monnaies du satrape rebelle seraient posterieures a celles dArtembares deja signalees 492 mais il sagit la d'une hypothese dans la me sure ou la surfrappe ne prouve en rien la saisie de la ville. En realite les monnaies emises au type d'''Arethuse'' ne peuvent l'avoir ete que par Ie general Ioyaliste. II convient done de penser I) soit que Datames agissait la dans le cadre de son mandat, 2) soit que la circulation monetaire couvrait une etendue plus vaste que celie supposee pour la satrapie de Cilicie et que 3) les deux hypotheses loin d' ctre exclusives pcuvent en realite se combiner. Le monnayage d' Artembares a Side pourrait alms sinterpreter comme un ternoignage de I'action de reconquetc d'une partie pcripheriquc du domaine de Datames,
4X4 Pour Sekunda 1988b, 49, (dans Ie meme sens Tuplin) il s'agit en fait de larrnee rassemblee aAke pour la campagne egypticnnc et dont Autophradatcs aurait pris lc eommandement ilia suite du retrait de Datames. La composition de larmee incitcrait plutor a penser qu' Autophradates a fait route par Ie sud a partir de sa satrapie et a travers la Pisidic, la Pamphylie, la Cilieie, pour faire jonetion avec tout ou partie des troupes d' Ake avant de penetrer par lc sud en Cappadocc. 485 Supra p. 238. 4R6 Cf. aussi Frontin 2.7.9; Polyen 7.21.6. 487 Diod. 15.91.2-6; il ny a pas a gloser sur ce titre puisque, quclle quait ete sa position par aillcurs, Artabaze est a ce moment en charge de l'urmee royale (sur ee terme ef. supra p. 26). 4SS A noter que pour Weiskopf 1982, 422, c est au cours de son voyage pour prendre possession de sa satrapie qu' Artabaze est amcnc a affronter Datames. 489 Polyen 7.29.2. 490 II faut accepter lc point de vue de Weiskopf, e.g. p. 424, selon lequel Datames ne doir pas ctrc associe aux evcnemcnts de Ia rcvolte dOrontes et merne d' Ariobarzane (mais notons qu' aucun auteur ~ mcrne Diodore ny fait allusion). Dans 1es annees 367-360 Datames ne parait pas avoir ete officiellernent en situation de rebellion. 491 SNG Berry II 1294-1295 ; d. Morkholm 1964,73. 492 Supra n. 391.
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Cornelius Nepos indique comment Mithridate, le fils d' Ariobarzane qui avait autrefois exerce un commandement sous Datarnes 493 et dont avons vu qu'il operait pour son propre compte en Bithynie ou it proximite, cssaie de revenir en grace aupres du Roi en echangeant celle-ci contre la vie de Datames 494 peu de temps avant la mort d' Artaxerxes a I'hiver 359/358. Une fois Datames disparu, ses descendants continuent it exercer leur pouvoir sur une partie de la region 495. CONCLUSION La "Grande revolte des satrapes" correspond bien a une realitc. Certes, la grandiose fresque de Diodore ne saurait etre prise au pied de la lettre. Tl n' est guere possible d'irnaginer que tous, satrapes, dynastes, nobles perses, cites ont concouru, de l'Hellespont a la Phenicie, en un vaste mouvement conccrte avec Ie roi d' Egypte pour destabiliser le Roi, voire rneme Ie renverser. Les preoccupations des satrapes sont d'une autre nature. Elles constituent en fait une addition de cas particuliers (Ariobarzane, Datames), 11 n'en reste pas moins que la plupart des satrapes de l' Asie Mineure occidentale ont ete impliques, it un moment ou aun autre et merne si ce netait que dubout des levres (Autophradates), dans une seric de mouvements qui se succedent ou se juxtaposent. Orontes tente d'unifier leurs efforts mais il est tres vite con scient de la vanite de son entreprise, qu'il contribue largement a saborder, La remise en question, meme mornentanee, du fonctionnement normal de l'administration achernenide permet it ceux qui agissent a l'echelle regionale (Mausole en Carie) ou locale (Lyciens, Pisidiens, etc.) de saffranchir de leurs obligations a l'egard du pouvoir central (pharos) ou de regler des questions de suprernatie en arrondissant leurs possessions anterieures (Mausole, Perikles), Les cites, ou plus vraisemblablement des factions a linterieur de celles-ci, participent au mouvement et toutes subissent plus ou moins les contrecoups des operations (sieges, exactions, contributions volontaires ou forcees). II ne faut peut-etre pas cependant noircir Ie tableau: nous verrons plus loin que Ie potentiel econornique et social des cites n' est pas trap gravement entarne si I' on quitte Ie niveau des cas particuliers pour celui de l'ensemble regional. Ce sont les evcnernents les plus importants qui se pas sent sur Ie littoral ionien depuis presque trente ans (si I' on excepte la "secousse" de 382/381 qu' on peut difficilement estimer). Et cest peut-etre dans ce contexte que l'on peut comprendre un texte epigraphiquc de Sardes d' origine perse, recopie en grec et edite et commente par L. Robert 496 et dont nous allons maintenant examiner le contenu.
4')3
C'est lui qui avait ete charge dc mener Aspis auprcs du Roi apres sa defaite. d. Cornelius Nepos, Dat.,
4.5. 494 495 49(.
iua, 10-1 I. Fogazza 1972. Rohert 1975, 306-330.
APPENDICE 4
L'INSCRIPTION DE SARDES MENTIONNANT DROAPHERNES
'E1ECOV 1Pl~KOVHX EvvEa 'Aptrx~EP~ECO ~aCHA.d)oV10e;10V av4
8
12
opuxV1a ~PO[J,(pEpVTle; vae. Bap(a)KEcoAUOlTle; u1IapXOe; BrxpnOa1ECO Ati, I? TIpo
Le texte ne presente pas de probleme particulier. P. Briant est Ie premier a signaler qu'il sc termine par une hedera un peu diffcrente de cellc, tres neue, qui figure dans Ie corps de I'inscription. J'en propose la traduction suivante : "Annee trente neuf du regne d' Artaxcrxes. Droaphernes fils de Barakes, hyparque de Lydie (a consacre) la statue a Zeus de Baradates, II interdit aux neocores desservants de ce dernier, qui ont Ie droit de penetrer dans I' adyton et couronnent Ie dicu, de participer aux mysteres de Sabazios de ceux qui apportent Ies victimes pour etre brfilees 1, a ceux d' Angdistis et de Ma. Et il est fait interdiction au neocore Dorates de prendre part aces mystercs". Apres avoir ete dabord unanimement acceptee, I'interpretation du texte retenue par L. Robert 2 a ete discutee, d' abord sur un point precis, puis remise en cause plus radicalement par P. Briant 3. Pour poser les termes du dcbat, il est necessaire d' exposer brievement lcs deux points de vue.
Trad. L. Robert, d. infra p. 373. Robert 1975.306-330. , Briant 1998, 205-228. Je remercie vivement P. Briant de m' avoir communique les epreuvcs de son I
2
article.
L'ASlE MlNEURE AU rv- s. (412-323 a.c.)
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Scion L. Robert l'inscription comporte trois parties: - La dedicace d'une statue a(de) Zeus Baradates ("Legislateur", il sagirait donc ici d' Ahura Mazda) par Droaphernes, probable satrape (hyparque) de Lydic, la trente neuvieme annee du regne d' Artaxerxes (plutot Artaxerxes II, soit 365 a.C, qu' Artaxerxes Ie" 427 a.c.). Une interdiction cultuelle ernanant du merne personnage concernant la frequentation des mysteres de Sabazios, Angdistis et Ma. - Le rappel de cette interdiction visant specifiquernent un neocore du nom de Dorates, probablement contemporaine (et cause) de la gravure du document au milieu du n e s. de notre ere. P. Briant propose une solution alternative dans laquelle I' inscription ne compte que deux parties : - La dedicace a Zeus de Baradates par Droaphernes, officier perse au statut incertain, d'une statue humaine plutot sous Artaxerxes Ier que sous Artaxerxes IT. - Une interdiction incluse entre deux hederae contemporaine de la gravure et napportant par consequent aucune information sur I'ambiance religieuse a l'epoque de la domination achernenide, Reprenons les arguments avances. Comme le pensaient deja P. Frei 4 et F. Gschnitzer >, il est bien plus vraisemblable d'analyser, I. 4-5, BapabaL£w comme un genitif et non comme un datif. II faut done comprendre Zeus de Baradates et non Zeus Baradates. Par consequent il n'y a plus de preuve directe d'un quelconque phenomene syncretique avec Ahura Mazda. Peut-on aller plus loin pour tenter de cerner la personnalite du dieu dont il est question ici et la nature de son sanctuairc? Une inscription ulterieure (datee d'environ 100 a.c.) 6 represente une sorte de pont avec l'epoque imperiale. Zeus ri'y est dote daucune epiclese et elle emane des "therapeutes de Zeus qui font partie de ceux qui ont Ie droit de penetrer dans I'adyton" 7. L. Robert 8 conclut que cc fait etablit la continuite du culte et de son adyton et suggere que par la suite le dieu fut appele Megistos Polieus Zeus ou Zeus Polieus 9. C' est cette derniere forme qui est employee dans Sardis, 7.1, 8. Or cette inscription, datee du regne d' Auguste, fournit probablement une des clefs du problerne, II y est question d'un groupe de personnes : ol EV 10 t£P0 '"COD 1£ lloAll~WC; tnac; Kal1i1c; 'Ap1ElltboC; olKoDv1£C;. A ce propos L. Robert 10 ecrivait : "On peut se demander ... si, dans ce sanctuaire un Zeus Polieus d' origine iranienne n' etait pas associc a Artemis dans le sanctuaire ou dans Ie temple meme". A l'exception de l'origine iranienne, c'est bien la solution econornique. Les fouilleurs ont cherche en vain les vestiges du temple de Zeus et de son adyton 11 ; par Frei 1984, 19-21 ; 1996,90-96. \ Gsehnitzer 1986,45-54 et bien dautres, Chaumont 1990,581 n. 9 (eitant I'opinion de R. Schmitt) ; Corsten 1991, 176 - sans pour aut ant que leurs points de vue sur 1a nature du Zeus mcntionnc scient convcrgents ; cf. Herrmann 1996, 332 et Briant 1998, 213 sq. pour un etat de 1a question. 6 Sardis. 7.1,22 ; Herrmann 1996, 323, qui publie p. 321 une nouvelle inscription depoque impcriale ou il est question des mystes et therapeutes de Zeus. 7 Trad. Robert 1975, 321. Done une formule identique it celie de I' inscription que nous ctudions. R Robert 1975, 321 n. 51 sq. y Sardis, 7.1, 47. Robert, n. 51, invoque un pcu abusivement la Cvropedie ou Zeus est abondarnmcnt cite avec divcrscs cpicleses et tres evidcmmcnt comme une interpretatio Graeca d' Ahura Mazda, mais sans Ie qualificatif de Megistos. 10 Robert 1975, 321 n. 52. 11 Hanfmann 1983, 131 sq. 4
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369
ailleurs, la plupart des inscriptions ou est inscrit Ie nom de la divinite ont ete decouvertes aux alentours immediats du temple d' Artemis; enfin et surtout, les fouilles americaines ont mis aujour la tete d'une statue rnonurnentale, interpretee comme un Zeus et provenant de la partie est de la cella de ce meme temple 12. On rappellera que I' edifice hellenistique presente la caracteristique originale d' etre dote d'une cella double, l'une pour Zeus, I' autre pour Artemis. Les discussions sont vives entre archeologues pour etablir la chronologie et la nature des etats successifs du temple 13. Pour cette merne periode, lepigraphie est d'un mince secours 14. En ce qui concerne les epoques plus anciennes, les fouilles n'ont pas permis la mise au jour de structures anterieures a celles de l' edifice hellenistique. II est evident que le sanctuaire est tres ancien 15, cependant la premiere preuve indirecte, mais nette, de son existence: la dedicace bilingue (lydien-grec) 16 par Nannas fils de Dionysikles aArtemis ne date que du milieu du lye S. La consecration de la statue aZeus par Droaphernes me parait devoir poser la question de I' existence anterieure du partage dont nous avons la preuve irrefutable a I' epoque hellenistique. II me parait quasi assure qu' a quelque moment de la domination perse un officier de haut rang consacre une statue a Zeus dans le hieron d' Artemis. A partir de ce moment (ou deja precedemment"), une partie de I' adyton est utilise pour les ceremonies en l'honneur du maitre des dieux. QueUes sont les consequences d'une telle interpretation? Tout d' abord cela parait rendre vaines les tentatives Iaites pour determiner la nature de ce Zeus. La sequence des inscriptions precitees permet seulement de preciser qu'il ne peut sagir de Zeus Lydios 17 (a titre de comparaison, on ne confondait pas a Sardes Artemis Anaitis et I' Artemis sardicnne), Cette localisation rend comprehensible ce qui pouvait apparaitre comme antinomique : le Zeus de Baradates devenant Zeus Polios, le dieu d'un Perse se muant en celui de la cite. C' est bien le lieu qui a joue un role determinant dans cette mutation. Enfin, et c'est le plus important, il ne saurait etre question d'une affaire anodine ou relevant du domaine prive (dont on ne voit pas bien d'ailleurs pourquoi elle aurait ete I' objet d' une nouvelle gravure aussi longtemps apres la dedicace initiale et dans ce cas il est bien peu probable que I' on aurait utilise une datation par I' annee de regne d'Artaxerxes 18). II me semble qu'il sagit d'une fondation, ou d'un transfert de culte, dans laquelle I'autorite du ressort s'engageait. Ici comme a Xanthos, I'intervention (ou la sanction) d'un officier perse dans des affaires religieuses n' est nullcrncnt anecdotique rnerne si naturellement elle n' a pas de valeur universelle et concerne au premier chef les Sardiens \9.
Hanfmann 1983, 131 et (ig.176. Cctte statue n'est cvidernment pas celie offerte par Droaphcrnes. Butler 1925 ; Micrse dans Hanfmann 1983, 119-120. 14 OGIS, 225 (Welles, Rt.', 18-19). lettre d' Antioehos II dont I'affiehage est prcvu dans Ie hieron d' Artemis alors que celui du traitc entre Ephese et Sardes, OGIS, 437 (98 a.c.), a lieu dans le hieron de Zeus. 15 Mais on est reduit a des hypotheses fondees sur les textes litteraires. Butler 1925, 140 sq. In Sardis, 7.1, 85. 17 C'est probablement a un autre sanctuaire de Zeus que fait reference linscription Sardis, 7.1,17. liste de fontaines d'cpoquc imperiale qui situe rune dcntrc clles dans lc scctcur du local des mystes d' Allis et du sanetuaire de Zeus. Cf. Hanfmann 1983, 131-132, qui pense a Zeus Lydios, 18 Briant 1998,220 n. 37, rclevc le parallclc que pourrait rcprcsenter 1a hilingue aramco-lydicnne Cowley 1921. 19 Briant 1998,220 sq. et n. 37 prescnte un point de vue tout a fait different: "Le personnage (Doraies) na fait que dcdier a Zeus une statue rappelant la veneration familialc manifesree envers lc dieu depuis son ancetre Baradarcs : rien de plus". 12
13
L'ASIE MINEURE AU IVe s. (412-323 a.c.)
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L'implantation dans le principal sanctuaire de la ville permet de rnieux expliquer comment on a pu aisement passer d'un culte fonde par un Perse (queUe que soit la connotation qu'on lui donne) it celui de Zeus de la cite. Quelle etait la nature de la statue offerte? L. Robert opte pour la statue du dieu, l' absence de tout autre indication (eventuellernent nom de personne) semble aller en ce sens, mais le terme andrias fait problerne. Certes P. Briant souligne it juste titre que, statistiquement 20 ce mot designe une statue d'homme. Il donne des exemples de telles statues erigees devant des sanctuaires 21. Dans la plupart des cas releves, le terme pour designer la statue est eikon, tout comme it Erythrees pour la statue it l' effigie d' Artemisia elevee dans Ie sanctuaire d' Athena 22, et on pourrait multiplier les references. Si l' on prend en compte le corpus des inscriptions de Priene, on observera que le terme andrias est employe pour la statue de Megabyze et agolma pour Lysimaque 23. La problematique ne saurait done se resoudre it I' opposition des deux termes andrias-agalma. Mais aussi comment concevoir que la statue d'un hornme ait pu etre consacree a un dieu dans Ie sanctuaire d'un autre dieu? Le rcste nc peut etre qu'hypotheses. Baradates est inconnu par ailleurs. Est-il, comme le suggere P. Briant, un ancetre de Droaphernes qui aurait exerce a quelque moment un commandement it Sardes? Tout cela est plausible mais rien ne peut etre allegue en ce sens. Examinons maintenant les articulations des elements du texte les uns par rapport aux autres et ce qui en resulte pour sa comprehension generale. Nous avons deja note quil y avait trois parties distinctes pour L. Robert et seulement deux pour P. Briant. Ce dernier souligne un aspect formel interessant : la presence non pas d'une mais de deux feuiUes de lierre, encadrant les parties deux et trois qui formeraient ainsi un tout materialise par le graveur. Cet argument n' a peut-etre pas un caractere aussi decisif. Si I'on consulte par excmple Ie corpus TAM, V.2, il apparait que Ies hederae sont assez souvent placees de facon a souligner des elements que I' on veut mettre en valeur ou a ponctuer Ies textes, rnais parfois de facon plus aleatoire y compris it linterieur d'un mot 24 et assez frcquemment en fin de texte. L. Robert fait observer que les parties deux et trois s'ouvrent par Ie merne verbe, au singulier pour la partie deux : npoorrioosi, au pluriel pour la troisierne partie : npoornooouot. Quel en est le sujet? Pour L. Robert il est clair que celui du premier verbe ne pcut etrc que Droaphernes, ici sous-entendu, renforcant le lien entre les deux premiers textes. Le sujct du second verbe au pluriel est plus difficile it determiner. Pour L. Robert, "ils" equivaut it un indefini et ron doit comprendre "il est interdit", C'est cette redondance entre Ies deux interdictions autant que la necessite d' cxpliquer les raisons de la gravure au milieu du IIe s. qui I'avait conduit a considerer que cettc partie devait etre dissociee des deux autres. 20
imperiale. 21 22
23
A noter cependant que la majeure partie des occurrences epigraphiques appartienncnt E.g. Ariobarzane a Ilion, Diod, 17.17.6, alors que L. Robert lend a mini miser cctte habitude. SyIP, 168 = IK, l-Erythrai, 8. I. Priene. 3 el 14. TAM, V2, 1010. 1014, 1021. 1139. etc., ce que rcconnait Briaru luimeme p. 209 n. 8.
a I'cpoque
L'INSCRIPTION DE SARDES MENTIONNANT DROAPHERNES
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Autre question difficile : doit-on considerer Ie m'l1:ou de la ligne 8 comme faisant reference au Zeus de la dedicace? P. Briant 25 soutient qu'il convient de donner ici un sens adverbial aauiou 26. 11 faut maintenant prendre en compte quelques criteres internes propres a chacun des elements du document. Dans la deuxierne partie, le groupe des operateurs est qualifie de "neocores desservants de ce dernier 27 qui ont Ie droit de penetrer dans l' adyton et couronnent Ie dieu". P. Briant 2R s' appuie sur I' article de P. Herrmann 29 pour conforter son point de vue, en soulignant lcs paralleles ou correspondances dans des documents de l' epoque hellenistico-romaine qui lui paraissent confirmer que Ie college est une institution bien posterieure au lye S. Ce point important merite d'etre precise. L'association des qualificatifs de neocores et de therapeutes apparait dans ce seul texte. Dans une nouvelle inscription, il est question de mystes et therapeutes 30 et ailleurs des therapeutes de Zeus "qui font partie de ceux qui ont droit de penetrer dans l'adyton'' 31 et cette precision, qui suppose une double hierarchic partitive 32, prendrait tout son sens dans l'hypothese ou Zeus serait heberge par Artemis. Le titre de neocore est a la fois banal et ambigu. II peut designer aussi bien un personnage de rang modeste, un "sacristain" 33, qu'un personnage de tres bonne extraction sociale dont les fonctions deviennent honorifiques a I' epoque imperiale 34. On observera quil y avait un neocore d' Artemis aSardes sous la domination attalide 35 et que le Megabyze d'Ephese est qualifie de neocore d'Artemis dans deux inscriptions de Pricne datant de la fin du lye ou du debut du IlIe s. 36. Les therapeutes sont, scion L. Robert: "Un groupe cultuel que l'on pourrait appeler une association de devots qui se mettent au service de telle ou telle divinite" 37. On doit se demander si ce terme peut etrc un indice chronologique significatif : il apparait dans diverses inscriptions, a Delos 3R et aillcurs, au plus tot a lepoque hellenistique, Le rapprochement Ie plus interessant est celui que I' on peut faire avec un passage d' Aelius Aristide cite par Chr. Habicht 39 : Ot TE yap YEWKOpOl ... Kat TCavTE; 01 TCEpt TOY 8EOY 8EpaTCEUTat Kat Ta~lY EXOVTE; 40. On observera que le mot est atteste a I' epoque classique a plusieurs reprises chez Briant 1998. 222 et n. 45. Renvoi a Robert & Robert, Bull. ep., 1971, 648. II est evident que ce scns u'cst pas statistiquement u: plus frequent. 27 C' est-a-dire de Zeus, ef. Ie paragraphc precedent. Briant 1998, 225. 29 Herrmann J 996. 30 Herrmann 1996.321. 11 Sardis, 7.1, 22. 32 Buckler & Robinson., commentaire ad 101'. : "The association of 01 rou I1l0<; 8£parrEmai ... are members of the larger group 01 Ti, iX01l1oV E1'l'rrOPEUO,lll'VOl". 3.1 Cr. par exemple Ie Mime 4 dHerondas. l4 Debord 1982, 349 n. 11. 35 Sardis, 7.1, 8. 3(, f. Priene, 3 et231. Robert 1975, 319 et n. 41 ; d. Robert & Robert 1948, 10 ; Herrmann 1996, 322 . .18 Par exemple IG, Xl, 4. 1226 (ll' s. a.C.') ; ef. Roussel, 1916,266 sq. II s'agit des eultes egyptiens et syriens . .19 J. Pergamon, 8.3, p. 114. 40 Aelius Aristide 48.47. II sagit Iii dune mention tardive, nous nc savons rien de lorganisation du eulte d' Asklepios it Pergame au IV" s. sinon que son origine ctait privce. 25
2(,
372
L' ASIE MINEURE AU IVe s. (412-323 a.c.)
Platon 41 toujours en relation avec Ie service des dieux. En I'occurrence 8EpcmEuT~~ semble se substituer progressivement it 8Eparrwv en usage depuis Hornere. II n 'v a done pas de raison absolument decisive d'attribuer ces terrnes, seuls ou associes, plutot au lye S. ou it l' epoque hellenistico-romaine. - A part Ie nom Dorates, la troisieme partie de l'inscription ne comporte aucun element interne susceptible d'eclairer la date de redaction. 11 convient de noter cependant Ie caractere exceptionnel de cet interdit ad hominem. Comme le note L. Robert 42, il n'y a pour l'instant rien it tirer du nom de Dorates, qu'en bonne methode il rr'accentue pas. Quelle que soit la date retenue pour cette partie du document, il y a peu de chances pour qu'il s'agisse d'un personnage subalterne : si tel etait Ie cas on voit mal l'interet qu'il y aurait it perenniser cette interdiction sur la pierre. AI' epoque imperiale, un neocore dont la charge serait largement honorifique aurait peu de chances de n' etre pas un citoyen, voire un citoyen romain et dans ce cas il serait tout it fait etrange quil ne porte qu'un seul nom. Ce fait serait bien plus banal au IY" s. a.C. Au terme de cette tentative de reexamen global de I'inscription, et comme cela arrive bien souvent, on retire I'impression que Ie nombre de donnees assurees ou incontestables est moindre qu'on pouvait Ie penser au depart. L'interpretation repose pour une part sur une conception globalisante fondee sur la mise en serie de beaucoup d'autres documents. Pour L. Robert est sous-jacente I'idee d'une "survie" des realites iraniennes en Anatolie (culte, onomastique) alors que chez P. Briant transparait Ie point de vue qu'il convient de minimiser Ie poids de l'initiative des autorites perses dans la gestion du fait religieux dans les provinces 43. En ce qui me concerne, et en I'etat du dossier, je ne vois pas de raison decisive pour dissocier les trois elements et, en particulicr il ny a pas de certitude quant it une date aussi basse que le JlC s. p.e. sappliquant a la derniere partie. Alors pourquoi une copie aussi tardive? Le lIe s. a etc considere comme un siecle de renaissance rcligieuse en Anatolie 44.11 Y a au moins une part de verite it cette affirmation. Les conditions economiques etaient favorables et l' on manifeste, de facon parfois quelque peu superficielle, une volonte de renouer avec les aspects les plus traditionnels des cultes. Cette demarche dantiquaire se concretise par la representation des plus anciennes statues sur les monnaies et I' exhumation de textes reputes fondateurs. Pour accepter la pertinence de ce qui suit, il faut admettre deux postulats dont nous constatons qu'ils ne sont pas definitivement etablis : - L'inscription date de l'epoque d'Artaxerxes 11. Or comme note plus haut la trente neuvieme annee du regne, convient aussi bien it Artaxerxes Icr qu' it Artaxcrxes II. Une bonne partie de I' argumentation de L. Robert en faveur d' Artaxerxes II (statue de Zeus-Ahura Mazda) est caduque mais nous avons donne plus haut 45 quelques autres arguments qui nous 41 Platon, Phedre, 252c, "APEWt; 8EpCXltEma( ; Lois, 740c, 8Ep(J.rrEm~t; 8EiDv (scns figure), etc. Sur ce type d' evolution avec une specialisation plus affirmee des termes, cf, lc parallele de syngeneic. Debord in Bresson & Debord 1985, 194-196. 42 Robert 1975. 326. 43 cr. supra. 44 Cf. Beaujcu 1955,274-278; pour le regne dHadrien, spccialcmcnt it Pergame. Leglay 1976,347-372. 45 Sous Artaxerxcs Icc lc scul personnage connu pour la region et susceptible detrc hyparque de Pissouthnes cst un certain ltamenes (supra p. 171).
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paraissent etablir une presornption en faveur d' Artaxerxes n. Ce qui nous arnenerait a 366/ 365 a.c. Pour des raisons diverses les commentateurs ont ete genes par Ie fait qu' acette date la charge de satrape de Sardes est confiee aAutophradates, mais precisernent a ce moment celui-ci est absent de Lydie dans la mesure ou il a recu un commandement pour tenter de mater la revolte d' Ariobarzane. En I' absence du satrape, I'autorite sedentaire est I'hyparque qui lui est subordonne, et c'est explicitement la fonction que le texte attribue a Droaphernes, 11 n'y a done nulle contradiction a ce que des decisions puissent etre prises par I'hyparque. J'y verrais plutot une manifestation de I' emprise plus etroite de la trame de I'administration perse qui, me semble-t-il, sied mieux pour Ie rye que pour Ie ye s. -- Elle represente un ensemble chronologiquement homogene. Dans ce cas, quel sens donner a l'interdiction faite aux neocores de participer aux rnysteres de Sabazios Agdistis et Ma? Ces trois divinites ont en commun d'ctre relativement peu presentes en Lydie, du moins en I'etat de notre documentation 46. Elles sont phrygiennes, ou myso-phrygiennes pour Sabazios et Angdistis 47 et cappadocienne en ce qui concerne Ma, divinite guerriere, identifiee a Enyo par Strabon 48 dans sa description de Comana de Cappadoce. Trait remarquable concernant les pratiques rituelles associees au culte de Sabazios : linterdit relatif a la participation aux mysteres de ce dernier precise ,mv £vnupa ~aCHa1;;6v,wv, ce que L. Robert traduit par "ceux qui apportent des victirnes pour etre brulees", Nous sommes malheureusernent fort peu renseignes sur les pratiques Iiees aux cultes de Sabazios 49. A noter que les holocaustes apparaissent comme un usage proprernent oriental (sernitique"), cf. par ex. Porphyre, DA, 2.26 (= Eusebe, PE, 9.3) qui attribue a Theophraste une definition des sacrifices complets effectues par les Juifs (assimiles aux Syriens), se deroulant de nuit et dans un rituel qui doit etre repousse par les Grecs. Parmi Ies paralleles possibles, a la fin du IV" s. Ies Coeens interdisent aux pretres de dieux poliades, parmi lesquels Zeus Polieus, de sacrifier a Hecate et a d' autres dieux selon des rites chtoniens 50. Si, encore une fois, on retient l'hornogeneite du texte, tout se passe comrne si on redoutait la propagation de cultes juges politiquement dangereux pour la partie restee fidele al'Empire, n serait tentant par hypothese de rattacher ces faits assez obscurs pour nous a une influence "ideologique" vehiculee par Datames ou Ariobarzane. Ce que l'on peut savoir du comportement de Datarnes, en dehors de la guerre, montre un souci de la "mise en scene" destine a faire un effet ", ce qui explique pourquoi ce personnage a acquis si rapidement une reputation hors du comrnun, Rien ne nous autorise a conclure a une operation concertee de la
,a
46 Quelques mentions de Sabazios (Kollyda, TAM, Y.I, 356 sq.), de Zeus Sabazios (Herrmann 1962, n" 45; Keil & Premcrstein 1911, II, 168); une d'Angdistis (Keil & Premerstein 1914, III, 18, In s. a.c.); une de Ma (TAM, Y.2, 1305) dedicace hellenistique provenant d' Hyrcanis. Faut-il considcrer comme fortuite cctte rcncontre de la dee sse et d'une localitc associee it la colonisation perse? (supra p. 194). 47 Par excmplc, Cite de Midas, MAMA, 6, 394. Angdistis est aussi attestee it Eumencia dc Phrygie, Prusc de l'Olyrnpc, Philadelphic de Lydic, cn Pisidie, en Lycaonie, etc. Cf. Vermaseren 1987 ; it Dokimeion, Robert 1980, 236-240. 4H Str. 12.2.3, cf. Seyrig 1970,76-78. 49 Cf. Demosthene, Cour., 259 sq., pour quelques indications sarcastiques concernant la jeunessc d'Eschinc. so LSCG. 156, I. 8-9. 51 Cornelius Nepos, Dat., 3 ,6.3 ; 9.
374
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part des revoltes, mais Ie rapport entre la religion et le pouvoir politique apparait evident tout com me le trouble qui agitc les esprits dans les grands foyers de peuplement iranien que sont la Cappadoce et la Lydic. Cela permet de saisir la gravite de la situation et lechatiment rigoureux inflige aAriobarzane supplicie, et a Datames, assassine "sur ordre", qui contraste avec les suites de carriere relativement sans probleme que connaitront les autres "revoltes", Autophradates, Mausole et Orontes,
CHAPTTRE IX
MAUSOLE ET LA GUERRE DES ALLIES LA REVOLTE D' ARTABAZE
(357-352)
A l'accession de Mausole au pouvoir en 377, il parait clair que meme si l'ensemble carien a ete concede en totalite, sans doute des 391, par le pouvoir central aux Hekatomnides, ces derniers sappuient d'abord sur la plaine de Mylasa I. Pour les Grecs 2, les Cariens habitent sur des hauteurs. Une etude du terrain confirme tout a fait ce point de vue. Les points fortifies, dont on peut faire remonter l' amenagement a I' epoque hecatornnide, y sont plus nombreux quailleurs 3. Avant I'etablissement d'une agglomeration de type grec dans la plaine, a Mylasa, la region etait controlee par un dynaste puissant qui tenait les forteresses de Pecin Kale 4, de Kuyruklu Kale et sans doute d' autres. C' est probablement a lui que I'on doit la tombe rupestre d'ordre dorique, unique en son genre, proche de Mylasa >. II est assez tentant de penser que la "descente" a Mylasa est due a Hekatomnos. Selon Vitruve, Mausole y est ne mais on pensera surtout a Athenee 6 qui relate la visite du harpiste Stratonikos a Mylasa. L'anecdote telle qu'elle est rapportee suppose quil y a deja la des temples mais peu de population 7. II va etre donne a Mausole d'accroitre notablement les territoires controles directement et de deplacer Ie centre de gravite de la Carie par l'etablissement de sa capitale a Halicarnasse 8. Ce rnouvernent, auquel on a voulu parfois donner une signification liee a la conjoncture politique, en quelque sorte une reponse a I'irnperialisme agissant d' Athenes, peut etre percu aussi comme la manifestation d'une rupture avec la tradition "perse". En effet nous avons vu plus haut qu'elle considerait Ie monde d'un point de vue continental, ce qui se traduisait par I'implantation des centres du pouvoir satrapique a Sardes, Daskyleion et probablernent Magnesie. Cette "course a la mer" donne une nouvelle coloration au pouvoir carien. Les motivations que Vitruve 9 attribue a
SIr. 14.2.23. Cf. Aristophane, Oiseaux. 292 sq. 3 Debord & Descat ed. 1994: contributions de L. Karlsson, A. Pcschlow, E. Varinlioglu, R. Descat, P. Pedersen, 1. Pimouguel, T. Saner. 4 Akarca 1971,1-37. , A Berber ini, plan dans Akarca 1971, d. Bean 1980, 124 et pI. 4. 6 Athenee 8.348a. La pcriode de floruit de Stratonikos est gencralerncnt datce de 410-360 (Maas 1931, 326 sq.). 7 Ruzicka 1979, 59. S La date de ce transfert nest pas connue, on sait sculerncnt qu'il a eu lieu pendant Ie regne de Mausole, pour Ruzicka, l'evenernent a cu lieu aux environs de 367 (postulat [assez gratuit] que la flotte qui agit contre Ariobarzane en 366 ne peut avoir ete formee qu' a Haliearnasse) ; ef. Hornblower 1982, 297 sq. par la combinaison de Str. 14.2.23 (du temps dIlekatomnos, la capitale etait a Mylasa) et de Diod. 15.90.3 (a lepoque de la revoltc des satrapes la capitalc est Haliearnasse). Cf. aussi Vitruvc cite note suivante. 9 Vitruve, De arch., 2.8.10 sq. 1
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Mausolc sont identiques a celles des fondateurs des cites grecques : "Car ce roi, quoiqu'il fut ne a Mylasa, ayant remarque que la ville d'Halicamasse etait situee dans nne position naturellement fortifiee et offrait un emplacement commode et avantageux pour le commerce ainsi qu'un fort bon port, resolut d'y fixer sa residence". S. Hornblower III propose de rapprocher cette situation de celle de Salamine de Chypre "transforrnee" par Evagoras et qui, de ville orientale, devient ainsi une veritable cite grecque. En tout cas, quelles que soient ses motivations prafondes - sans doute pas univoques - ce transfert eut une double consequence. Dans un premier temps, pour les cites insulaires de la region il apparait qu'il y a desormais conjonction dinterets et dappreciation autour de I'''axe paralien" de Byzance a Rhodes, en rappel ant les deplacernents syrnetriques de Cos et d'Halicarnasse et aussi le reequilibrage urbain de Cnide. Cette convergence debouche dans I'irnmediat sur la Guerre des allies. Mais ces rapprochements n' entretiennent que de facon temporaire les illusions des cites. Dans un deuxierne temps, en fonction de la nature profondement differente du pouvoir hekatornnide, on assiste a I'assujettissement des insulaires par celui en qui elles avaient pense trauver un allie aux preoccupations semblables aux leurs 11. Cela peut aussi expliquer Ie comportement de certains Atheniens, en particulier dans Ia mouvance d'Isocrate, qui ont peut-etre cru que leffort des Hekatomnides vers Ja norrne grecque laissait esperer la possibilite d'une alliance contre le pouvoir central. Il sagissait la encore d'une illusion que ni Mausole ni ses successeurs n' ont permis de concretiser 12.
1. LA GUERRE DES ALLIES Depuis quelques annees, la question de la responsabilite de chacun dans ce conflit est de nouveau a I'ordre dujour. On se demandera s'Il ne sagit pas la d'un probleme mal pose dans la mesure ou il serait plus important de savoir quelle a ete la perception par les contemporains de ces evenements, Or il nous faut extrapoler a partir essentiellernent du discours de Dernosthene, Sur la liberte des Rhodiens compose en 351, cest-a-dire a un moment ou Iissue du conflit et ses consequences pour les cites insulaires sont connus, II s'agit la d'un temoignage precieux mais qui ne nous donne qu'une facette d'evenernents complexes que les modernes traitent sou vent de facon manicheenne, en rejetant la faute soit
10 Hornblower 1982, 298 it partir d'Isocratc, Evag., 47 : "II recueillait une ville livree it la barbarie OU sous la souvcraincte phenicienne qui naccucillait pas les Grecs, on ne pratiquait pas lcs metiers, ni ne eonnaissait Ie commerce, ne posscdait pas de ports ... ilia dota d'une vaste chora, eleva des murailles, mit it l'eau des trieres ... en sortc quclle ne fut inferieure it aucune cite greeque ..", liOn lira en ce sens I' hypothesis de Libanios it la harangue de Demosthene, Sur la liberte des Rhodiens. 12 Nous avons vu plus haut que Mausole cntretcnait de bons rapports avec certains Grecs, ainsi par exernple Agesilas ; Hornblower 1982, 184, argurnente autour de lidee qu' Androtion, envoye par Athcnes en ambassade it Mausole aprcs la gucrre des allies (infra) ct lui memc disciple dIsocratc aurait put etrc le representant d' une telle tendanee. Certes nous savons que ce dernier a compose un discours concernant la Carie hekatomnide, mais le scul passage conserve (transmis par Arist., Rhet., 1406b 25 = FGrHis!, 324, F72) concerne non pas Mausole mais Idrieus : c'cst it ce meme Idrieus qu'Isocrate, Phil.,103 pense pour aider Philippe et les Grecs dans une cventucllc action centre le Roi. II u'y a done peut-ctre pas lieu de transposer cette memc ambiance sous Ie gouvernemcnt de Mausole, encore que ec dernier ait pu, en bon politique, entretenir ceue illusion (cf. ci-dessus la situation des annccs 360-3(2).
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sur lirnperialisme athenien soit sur les manoeuvres de Mausole. La these de J. Cargill 13 permet de faire commodement Ie point sur l'historiographie de la question 14: Comme Ie souligne ce dernier, depuis F. H. Marshall 15 pour lequel "les causes de mecontenternent qui existaient dans la confederation etaient nombreuses et serieuses" 16, une majorite dauteurs comme S. Accame 17 ou T. T. B. Ryder 18 concluent, avec quelques nuances, ala responsabilite athenienne (rnerne observation pour G. Glotz-G. Cohen) 19. Pour 1. Cargill, cela repose sur Ie fait que les modernes n' echappent pas a la facilite par un parallele inadequat avec les developpernents de la Ligue de Delos 20. Ses propres conclusions sont radicalement differentes, Son livre est une defense et illustration de la conduite athenienne 2]. L'idee maitresse est que la Guerre sociale est en fait une guerre egeenne, aux implications beaucoup plus larges que la secession de quelques allies d' Athenes, Cette revolte n'est qu'un aspect d'un conflit ou sont impliques Mausole et deja Philippe II. Beaucoup de membres de la Ligue sont restes fideles pendant et apres les operations militaires. S'il y a responsabilite athenienne, elle incombe en totalite a Chares et a ses soutiens politiques comme Aristophon d' Azenia 22. En revanche Cargill souligne Ie role de J' or perse, qui permet d' acheter les consciences des politiciens, mais qui est aussi un moyen d' existence pour un grand nombre de mercenaires. II insiste enfin sur Ie caractere oligarchique de cette revolte 23. Pour rester dans notre cadre geographique, il est assez clair que Ie declenchement des hostilites a lieu a Chios, probablement en 357/356 24 . Pour J. Cargill, il est impossible de Cargill 1981. Cargill 1981. II convient evidernrnent de rajouter les travaux dont laureur n' a pu avoir connaissance, cssentiellement Ie livre de Hornblower et divers articles de Cawkwell cites infra. 15 Marshall 1905. 16 Marshall 1905, 109 sq. 17 Accame 1941,181. Ig Ryder 1965, 89. 19 Glotz & Cohen 1941, 188 sq. ; e.g., p. 194 : "Ainsi l' empire tend a dcvcnir un terrain d' exploitation pour les particuliers eomme pour l'Etat. L'hcgernonie d' Athenes tourne a nouveau au despotisme". 20 En une vision moralisante selon laquelle "hybris brings disaster". 21 Cargill 1981 et les comptes-rcndus de Hornblower 1982b, 235-9; Sherwin-White 1982, 269-271, elogieux sur Ie travail realise, critiques sur les theses retenues. 22 Cargill 1981, 155, refute l'Idcc que les critiques ernises tout au long de La Paix s'adressent it la Ligue; pour lui, elles sadressent seulement it Chares et condamnent les exactions de cc dernier (ef. Arist., Rhet., 1418 a) bien qu'il ne soit jamais nornme. II est evident que Chares a ete souvcnt la cible des auteurs et ccla des Ie IV's. (cf. ibid., 276 n. 85). On objeetera eependantles § 101, 106, etc. OU est exprirnce l'Idce que I'ernpire maritime est gencratcur de decadence; done, merne si Cargill, sappuyant sur Aristotc, a raison en suggerant qu'Isocratc vise particulierement Chares, il nen reste pas moins que dans I'esprit du rheteur les exactions de ce dernier sont la consequence inevitable de la domination sur mer. C. refuse l'idee d' assimiler Chares it ses prcdeccsscurs, par exemple Timothee suivant en eela Isocrate. On rapprochcra Dernosthene, Chers., 24 : "Tous les strateges qui ont pris la mer it quelque moment. .. extorquent de largent de Chios, d'Erythrccs et de partout ou ils peuvcnt, je veux dire de ceux qui habitent l' Asie". On pensera aussi aux exactions, au sens plcin du terme, de Thrasybule it Halicarnasse et ailleurs (supra p. 261). Notons entin Ie § 134 qui parait dcpasser la personnalite du seul Charcs pour poser la question beaueoup plus generale de la conception qu' Athenes doit avoir de son role dans Ie cadre de la ligue pour pouvoir en redevenir I' hegemon indiscute, 23 Dernosthcnc, Rhodiens, 19 ; Arist., Pol., 5.1304b. Cf. Ie C.r. de Sherwin- White cite supra n. 21. 24 Diod. 16.7.3 retient 358/357 comme date du debut de la guerre sociale et lui assigne une durec de trois ans. Cf. en cc sens Schweigert 1939, 12 sq. : bataillc de Chios, tout it la fin de 358/357 ; 357/356, campagne de Chares dans l'Hellespont et it Byzance ; 356/355, bataille d' Embata. Lewis 1954, 43 sq. aboutit it une datation comparable; Cawkwell 1962b, 34 sq. en sappuyant sur Denys d'Haliearnasse, Lys., 2.12.7. Cette date est largement acceptee, cf. Sherwin-White 1978,72 et n. 223 ; Hornblower 1982a, 211 et de nouveau Cawkwell 1981b, 52 n. 49, mais deja Bcloch 1923,258-9 ; Glotz & Cohen 1941, 198). 13
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preciser les causes irnmediates du conflit et il taut dire que les sources conservees sont particulierement indigentes sur ce point 25. Diodore 26 nous installe d' emblee dans Ie vif du sujet: il y a la gucrre, Chares et Chabrias se rendent a Chios ou ils rencontrent non seulement les forces attendues de la cite mais aussi des renforts venus de Byzance, Rhodes, Cos et me me de Mausole. Dernosthene, dont nous avons vu plus haut que son discours rhodien etait notre source principale 27, na pas en 351 comme objectif de decrire des evenernents supposes connus de tous et napporte aucune precision. C'est en s'appuyant sur I'argument anonyme du Sur la Paix d'Tsocrate 28 que G. Glotz-R. Cohen, developpant une idee de W. Judeich 29, ont elabore une hypothese seduisante. Chares avait ete charge de capturer Amphipolis mais les finances d' Athenes etaient dans une periode difficile : il decide, ou on lui enjoint, de faire d' abord une "tournee incitative" chez les allies pour percevoir Ie montant de la syntaxis indispensable pour payer ses equipages. Selon Demosthene 30, les Atheniens nont fait que reclamer ce qui leur etait du. Le membre de phrase est ambigu et a suscite des commentaires divergents chez les modernes, mais I'idce qu'il sagit de la contribution non acquittee des insulaires parait devoir emporter I'adhesion 31, dautant que la revolte et l'cchec de la perception amenent Chares a se mettre au service d' Artabaze avec comme but avoue le.versernent de la solde (infra). En effet, les Chiotes ne sont pas decides a payer, ils ont recu des renforts de Byzanee 32, de Rhodes, de Cos. L'axe nord-sud dont nous notons si souvent Ie fonctionnement se trouve ainsi reconstitue, Ils sont egalement aides par Mausolc. Le role veritable de ce dernier a suscite des commentaires divergents et eela des I' Antiquite. Pour sa part, Diodore 33 se eontente dindiquer qu'il a aide lcs rebelles alors que
2,
Cargill 1981, 154. Diod. 16.7.3 sq. 27 Dcmosthene, Rhodiens, specialcmcnt ~ 3. 28 "Chares avait etc cnvoye pour asservir Amphipolis ... croyant quil sen emparerait Iacilement.. il sattaqua a Chios, a Rhodes et aux autrcs allies". Tel qucl ce resume parait incoherent et Cargill 1981, 157, Cawkwell 1981b, 52, Hornblower 1982, 207 lui denient toute valeur. Tout eel a ne s' organise gue si I'on admet Ie prcalablc du recouvrement des syntaxeis sur lcs principaux allies (infra n. 31). Il parait bien improbable que Charcs ait ehoisi de sa propre initiative de se rendre a Chios. Sur ce theme en general, ef. Cargill 1981, 156 gui adopte les vues de Pritchett 1974, 59 sg. (77-78 sur Charcs) solon lcqucl Ics gcncraux atheniens du IV" s. ne peuvent ctrc consideres eomme des condottieri mais quils agissent presgue toujours sur ordre. Chares, sur leguel pesent par ailleurs toutes sortes daccusations, n'cst nulle part pris a partie: pour cette intervention a Chios. 2Y Judeieh 1892,285; Glotz & Cohen 1941, 196. 30 Demosthene, Rhodiens, 15. 11 Cawkwcll 1981, 52 sq., s' interroge sur Ie declenchement de la Guerre sociale ; son point de depart est le passage precite de Demosthenc, Rhodiens, 15: "C'cst en cffet pour avoir voulu vous priver de cc gui vous etait dG (to» xouiorxofl«t HZ v,UfTEp' {lettV 'l'80V~aavTEc;) quils (les Rhodiens) ont perdu la liberte" (trad. Croiset, CCF). Il presente deux hypotheses: 1) il convient de eomprendre que Demosthcnc a en tete dans eette phrase Ie recouvrement de la Chersonese et d' Amphipolis, mais eela parait incompatible avec Ie contexte, car il s' agit manifesternent de quclquc chose qui concemc beaueoup plus irnmcdiatcmcnt lcs Rhodicns ; 2) autre solution, les proprictcs ou dettes exterieures non recouvrees par les Atheniens (cf. deja Cawkwell 1972, 272 n. 4). Cctte interpretation est plus scduisante si l'on met en regard Isocratc, Paix, 5-6, pour lequel la majorite des orateurs entretient lcs Atheniens dans I' espoir de recouvrer leurs possessions dans les autres cites (Ta~ KT~aEl~ Ta~ EV Tat~ rrOAEGlV KOetI01l,llE8a), objection de taille a la these de Cargill (supra n. 21) ; ef. encore lsocrate, Plat., 44 : "Apres avoir abandonnc vos propres possessions par dcssein d'agrandir Ie plus possible la confederation" ... (trad. Mathieu & Bremond, CUF) ; rnais le verbe KOflll;ElV, "recouvrer", pcut aussi bien semployer pour des proprietes, des crcanccs, un tribut (Thucydide). Par consequent le "du" peut etre tout aussi bien Ie montant de la syntaxis. 32 Toujours en conftit larve avec Athenes depuis la fin des annees 360 (supra). n Diod. 16.7.3. 26
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Demosthene 34 lui attribue un role beaucoup plus actif: "Mausole, par son initiative et sa persuasion...", C'est sur ce membre de phrase que 1. Cargill appuie son argumentation 35, alors qu'un certain nombre de modernes ont plutot privilegie la premiere phrase du paragraphe: "Chi os, Rhodes et Byzance nous ont accuse de mauvais desseins a leur egard et c' est pour cela qu' elles ont d' un commun accord suscite contre nous la derniere guerre", Comme Ie note J. Cargill, cette accusation est implicitement rejetee par Dernosthene, mais il nen reste pas moins, qu'a tort ou a raison, elle a ete portee par les allies. Pour mesurer la facon dont chacun est implique dans Ie conflit, il faudrait au moins savoir quelles forces ont ete mises en oeuvre par les membres de cette nouvelle alliance 36. Nous avons vu plus haut 37 qu' au moment de la revolte d' Ariobarzane en 366/365, Mausole disposait de cent trieres et que ces dernieres avaient ete fort peu engagees dans les combats. Quelques dix ans plus tard, nous navons pas dinformation sur Ie nombre total de ses navires, ni merne Ie contingent envoyc a Chios. Cette derniere dispose evidernrnent de navires 38 et d'une grande experience en matiere de marine. L'apport de Rhodes semble avoir ete important. II faut raisonner sur des continuites historiques : si la ftotte rhodienne parait encore assez faible dans la premiere moitie du rv- s., elle est rune de celles qui comptent des la fin des annees 330 et ce domaine est rarement celui de I' improvisation. A vrai dire pour la periode consideree les preuves sont minces. II convient de noter cependant que pour certains contemporains la Guerre des allies a etc percue comme une guerre entre Athenes et Rhodes 39. Cos est censce avoir elle aussi envoye un contingent 40. La seule indication globale que nous ayons est Ie nombre total des vaisseaux (cent unites) utilises pour mcttre a malles clerouquies atheniennes apres la defaite a Chios (infra) et I'importance des contingents mis en ceuvre par Athenes pour tenter de s'opposer aux rebelles. Chares et Chabrias mettent Ie siege devant Chios par terre et par mer, mais au cours
Dernosrhene, Rhodiens, 3 : 0 >LEV ltpUHXVEuaa;1aD1a K(XtltElaa; MauawAo;. Cargill 1981, 153 ; concluant aussi it la responsabilite de Mausolc, Sealey 1976b, 440. J(, Cawkwell 1981b, 41 discutc la participation de chacun. II part du postulat que la ftottc dEpaminondas comportait pour I'csscntiel des navires fabriques par les allies (mais cf. supra p. 297 n. 161) et admet par voie de consequence limportance des contingents que les cites insulaires plus Byzance peuvent mettre en u.uvrc ; il pense mcmc que lcs cents navires engages it Samos ne sont quune partie de leur ftotte et il est apparemment tente de minimiser Ie role de Mausole, dont il admet que lcs ordrcs donnes par Ie Roi de debaucher les merccnaircs (infra) a largement affaibli la flotte du Carien. 37 Supra p. 296 n. 156. 3S Supra p. 205 n. 17. 3~ Hornblower 1982,21 (cf. p. 127) qui sappuie I) sur le tcrnoignage indirect de L. Lanuvinus evoquant une guerre des Athcnicns contre les Rhodiens dans une comedic demarqucc dun original grec du IVe s. (probablernent Menandre, cf. Garton 1971, 17 sq. ; Edmonds 1961,629-30, Atheniense helium cum Rhodiensibusi ; 2) sur une scholie it Demosthene, Org. fin., I (Dilts 1983, 166 1. 5-7 : OOKODat 01, ,UaAtaTa UltO 'Pooicov ~0li<:ija8m iGXUaaV1wv 1E Ka1a 8aArH1av Kat ltElarXV1WV lOU; aj,Aou; tXltoG1ijvm atlll>LaxOU; el 3) sur lexistence it Rhodes d'une tricrarchic (de type aihenien") qui prejuge de Iorganisation d'une ftottc non negligeable (Arist., Pol., 5.1304b 27). Les conclusions de Cawkwell 1981b, 41, vont dans le meme sens. On notera simplernenr que sa remarque sur I'cnvoi de seulement dix trieres par les Rhodiens it la llotte rasscmblcc par Alexandre (Arricn, Anab., 2.20) et du merne nombre fourni it Antigone (Diod. 19.77.2) indique seulement leur faible volonte de participer it une campagne de longue duree, pas leur capacite globale en cas dauaque dircctc. 40 Cf. Sherwin-White 1978,73 n. 224 : une cpigrammc (Paton & Hicks 1891, 350) honore les gens de Cos qui sont tornbcs pour la defense de I' eleutheria dans une guerre contre Athenes (dont lc nom est partiellcment rcstituc). Dans leur commentaire, Paton & Hicks retiennent deux peri odes possibles: la guerre d'Ionie ou la guerre sociale. 34
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d'un engagement naval, Chabrias est tue 41 et Chares doit se retirer. Cet echec a du etre suivi d'un certain nombre de defections volontaires ou forcees et les vainqueurs sen prennent aux clerouquies 42, preuve s'il en etait besoin que ces dernieres representent pour les ennemis d' Athenes Ie symbole de la domination athenienne 43. Imbros et Lemnos sont razziees, un fort contingent ravage la cham de Samos et met Ie siege par terre et par mer devant la ville 44. Athenes equipe une nouvelle flotte de soixante navires sous Chares, Timothee et Iphicrate mais les divergences entre les generaux entrainent un nouvel echec aEmbata 45. Pour pouvoir payer ses troupes Chares loue ses services a Artabaze. Apres un premier succes contre Tithraustes (ci-dessous § 4), il doit se retirer devant la menace du Roi d'engager contre les Atheniens une flotte de trois cents navires et Diodore 46 lie la fin du conflit avec les allies a cette injonction 47, soulignant aussi que des deux cotes on souhaite la paix, une paix de statu quo. Athenes sort evidernrnent affaiblie de ce conflit et cela va peser lourd dans la suite de son histoire 48, mais on ne peut pas considerer Ie sort des insulaires comme beau coup plus enviable: loin dacceder a I'eleutheria tant recherchee, ils tombent sous la coupe des Hekatornnides,
2. LES INSULAIRES Au moment du declenchement des hostilites, il semble bien que certains des insulaires qui se declarent contre Athenes sont gouvernes par des factions dernocratiques. C'est probablement le cas de Cos, dont Ie synrecisme, pourtant generalement percu comme
Diod. 16.7; Demosthene, Leptine, 80.2 ; Cornelius Nepos, Chab., 4; PIut., Phoc., 6.1. Diod. 16.21.2. 43 La clerouquie it Samos a ere renforcee en 361/0 (scho!. Eschine, Timarque, 53), elle le sera it nouveau en 352/1 (Philochore, FGrHist, 328, FI54). 44 La situation de Samos au cours de la guerre des allies n' est pas completemcnt eclaircie. Pour Diodorc elle est seulement menacee (16.21.2-3) mais pour Cornelius Nepos (Tim., 3.1 ; ef. 3.4) elle est prise. Tel est Ic point de vue de Davies 1969, p. 328. (contra Fantasia 1986, 114). 45 Diod. 16.21.3-4 situe eet affrontcment dans I'Hel1espont dans Ie contexte du siege de Byzance. Apparemment Diodore telescope deux operations, I'une it Byzance et dans les dctroits, une autre dans les eaux de Chios qui aboutit it la bataille d'Embata. Lc site nest en effer pas exactement place mais Etienne de Byzanee, s. v. "Eujlorov, nous apprend qu'il sagit d'un lieu du territoire d'Ervthrccs. II existe une anse assez resserree, au sud du village moderne d' Alacata (Ie site est place lit avec un point d'interrogation sur la carte de A. Philippson), mais eela correspond assez mal it la definition don nee par Ie seholiaste de The. 3.29.2 : ~O LETa~\) X(OU Kat 'Ep\)ep&~. Pour la bataille elle-rneme, ef. Polyen 3.9.29; Cornelius Nepos, Tim., 3.3 sq. 46 Diod, 16.22.2. 47 D'ou Iidee que la revolte d' Artabaze et la Guerre Soeia1c font bien partie d'un merne cchiquicr militaire et diplomatique. Hornblower 1982, 168 sq., confrontant les deux passages de Diodore (16.7.3 et 16.22.2) en tire la conclusion que Mausole a agi de son pro pre chef dans cette affaire et non sur ordre du Roi puisque cc dernier se considere comme agressc et non eomme agresseur alms que pourtant Mausole a aide les rebelles par des navires. Merrie si I'on admet ee point de vue, il faut attribuer une part de duplicite it I'attitude d' Artaxerxes ; rien ne montre qu'il dcsapprouvc l'action de Mausole, tout au plus n'en a-t-il pas ete l'initiateur. Autrement dit, merne si la politique du satrape vise des fins personnelles, clle va aussi dans Ie sens des souhaits du Roi dans la mcsure ou I' abaissement de la puissance athcnicnnc, qui apparait eomme un danger potentiel et une gene periodique (Moysey 1975, 172), lui laisse les mains libres en Egypte, II n'y a done pas lieu de deduire de l'''autonomie'' de Mausole quil s'ugit d'un "untypical satrap" (sur ce point cf. supra p. 146). 48 Dernosthene, Cour., 234: au moment ou la tension monte avee Philippe II, Dernosthcnc rclcvc que la richesse d' Atbenes repose surtout sur ses allies insulaires, mais qu' elle a perdu Chios, Rhodes, Corcyre. 41
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une mesure conservatoire face it la menace athenienne, a plutot ete le fait de democrates 49. II est possible que la Guerre sociale ait servi de pretexte a une revolution oligarchique, celle qui est evoquee par Aristote 50. Dans ce cas, comme Ie note S. Hornblower 51 , les democrates auraient creuse leur propre tombe. Demosthene 52 indique que, du vivant de Mausole et ensuite sous Arternise, les Hekatornnides ont mis la main sur Cos et sur Rhodes. Le tresor de Pixodaros 53 permet au moins de poser quelques questions. On y trouve deux series de tetradrachrnes d'etalon rhodien. L'un avec un Herakles barbu a l'avers, au revers Ie crabe, symbole habituel de Cos, inscrit dans un carre souligne par un grenetis avec le nom du magistrat et KmON. K. Konuk 54 montre a partir du tresor CH 5, 17 + CH 8,96 que cette serie, portant it l' avers Ie meme Herakles mais au revers une tete feminine voi lee, precede la date conventionnelle retenue pour Ie debut du monnayage de l'rle au rv- s. (366/5), il propose done de remonter son demarrage aux annees 380 et isole deux series distinctes Herakles/crabe. Rappelons que G. F. Hill 55 avait autrefois propose une hypothese ingenieuse en rapprochant Ie profil d' Herakles de la celebre statue du Mausolee, identifiant logiquement Arternise au revers de ces memes monnaies 56. Ce merne tresor contenait aussi des didrachrnes "legers'' aux memes types. II y a tout lieu de penser que Ie double systeme ponderal 57 a ete amen age en liaison avec les series emises par 1drieus ou que ce dernier a adopte une innovation venue des lies (Cos et Rhodes). On versera a ce dossier la monnaie publiee par S. Hurter ou derriere la tete feminine au voile raide figurent les lettres MA 58 sans la legende KmON 59. S'agit-il d'une annexion pure et simple ou plus vraisernblablement d'une alliance inegalitaire? Le cas de Rhodes est assez sembI able : il y a eu la aussi renversement des democrates qui avaient pourtant manifeste leur hostilite aAthenes. En 351 60, Rhodes a un gouvernement oligarchique, elle est sous Ie controle d'une garnison de barbares cariens 61, mais en 357 elle Mais cf. supra n. 145 p. 295; Ruzicka 1979, 104, auribuc eette mutation it l'intlucnee de Mausole. Arist., Pol., 5.1304b 25 ; cf. Sherwin-White 1978, 73 sui vie par Hornblower 1982, 134. Aueun clement de datation nest indiquc mais la liaison avec Ie recit parallele pour Rhodes u'est peut etrc pas fortuit. Pugliese Caratelli 1957,333-342, propose de voir lit la "main" des Asklepiades, 51 Hornblower 1982, 134. 52 Dcrnosthene, Rhodiens, 27. 53 Hurter 1998. S4 Konuk 1998a, 59-61. 55 Hill 1923,207-9; BMC Coria p1. XXX, 6-8 suivi par Brett (eommentaire it Boston 2(20). 56 Bonne photo, Hornblower 1982. pI. 36 (e) qui aeeepte l'identifieation (ef. p. 272 et n. 403) de mcrnc que Sherwin-White 1978, 70 et 76 n. 241 pour Artcmise ou eneore Hurter 1988, 151. Konuk 1998, 138-141 fait observer que la presence dHeraklcs sur les monnaies de Cos est anterieure au satrapat de Mausole ; il adrnet eependant que la tete voilee des revers peut ctrc eelle d' Artcrnise ou d' Ada. 57 Supra p. 144 n. 230. 5g Hurter 1998, p1. 32.28 (= PI. V, 14) ; Mildcnbcrg 1998, pl. 59.38 (datec de e. 350). II peut eertes y avoir lit lc debut du nom dun magistrat, mais la comcidence est troublante dautant que les uoms de magistrats sont en general plus developpes, Ceue serie pourrait-elle avoir etc crnise pcndam l'vintcrrcgnc'' d' Artcmise? Cf. infra n. 66 p.407. 59 Ce fait n'est pas it lui seul signilicatif dans la mesure ou les tetradrachmes qui utilisent Ie merne rendu de la tete feminine avec un voile tres raidc portent la legende "des Cocens". On rapproehera it titre dhypothesc Ia monnaie de Cnide, Mildenberg 1998, pI. 59.34 (Aphrodite it gauche). 60 Dcrnosthene, Rhodiens, 19. 61 Ibid. IS. 49
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vivait en democratic, cest ce qui ressort elairement du disc ours Pour La liberte des Rhodiens de Dernosthene 62. On peut rneme preciser qu'en 353 son regime est deja oligarchique 63. C'est entre ces deux dates que se situe la prise du pouvoir par les oligarques avec I'aide des dernocrates moderes, ces derniers ctant ensuite exiles 64. Tl est done possible de lier ce changement a la Guerre sociale comme on l'a fait pour Cos 65. II nest pas du tout sur en revanche que la stasis mentionnee par Aristote 66 se rapporte a cette periode. En ce qui concerne Ie monnayage, il est tres difficile d' en tirer argument pour reinterpreter les evenernents politiques. R. H. J. Ashton 67 conelut que les didrachmes legers sont apparus simultanernent a Rhodes et dans les frappes de Pixodaros et il date par consequent cette innovation ponderale de la fin des annees 340 suggerant une coordination des emissions monetaires. Tl met aussi en relation la monnaie "a tete de Demeter" avec Ie controle hekatomnide sur l'Ile qui perdure de la Guerre sociale a I' arrivee d' Alexandre 68. Pour ce qui concerne Chios, nous savons seulement qu'elle a probablement aussi change de systerne politique 69, peut-etre des la periode qui precede imrnediaternent Ie declenchement des hostilites, et ccla contribuerait a I'eclaircissernent des causes irnrnediates du conflit 70. En tout cas, comme Mytilene 7], elle a en 351 un gouvernement oligarchique mais on peut inferer du discours rhodien de Demosthene 72 que, cornme Byzance, Chios est restee seulement une alliee de Mausole qu'elle nintervient pas lorsque Ie satrape prend possession de Rhodes, qui est une autre de ses alliees. II ne parait pas y avoir de garnison carienne avant Idrieus 73 et malgre S. Hornblower 74, il n'y a rien a tirer d'un tresor monetaire publie par J. Boardman 75. Adoptant Ie point de vue de ce dernier, S. Hornblower tire argument de la presence dans ce tresor d' une piece quil decrit comrne une drachme d' etalon
62 Cf. les precisions supplemcntaires qu' apporte Dcmosthenc, Prol. 23 (Clavaud, CUF = 24 Bekker), 3 "Les dcmocratcs de Rhodes, qui naguere vous adressaient des propos bien plus grossicrs que les leurs (les aristoerates)". 63 Hornblower 1982, 127 a partir de Demosthcnc, Org. fin., 8. 64 Dcmosthene, Rhodiens, 14; ef. Thcopompe, FGrJlist, 115. FI2l (= Athencc 10. 444e-445a) ou est evoquee la prise du pouvoir par une faction oligarchiquc, 65 Supra n. 50. 66 Arist., Pol., 5.1304b 25 ; en ee sens Hornblower 1982, 127; Berthold 1980, 39-40; contra Westlake 1983b, 246, qui retient la date de 391, ef. supra p. 259. 67 Ashton s.d. (os Monnaie publiee par Pollard 1968,68 n. 101 (datee hi des alentours de 340); photo Hornblower 1982, pI. 36 (a), mais d. infra p. 485 (PI. XI, t4). m Hornblower j 982, 131 ; ef. O'Neill 197R-9, 71 qui observe que dans Ie traitc avec Athenes, Tod, 118 1. 16, ccst le demos de Chios qui est en relation avec cclui d' Athcncs. 70 I1 parait en dfet assez plausible que les evenemems relates par Enee, Pol., 11.3-6 (ef. 17.5) sont a inserire dans lactualite ; I'auteur ne precise en rien les circonstanccs ni lcs protagonistes en presence - ccla est connu de tous. Si lon pcnse avec Bon (CUF, ef. p. VIII sq. et note 2 p. 21) que eet opuscule peut dater de 357/6 voire mcrnc de 356/5, nous avons Ie detail de la trahison dun magistrat qui pcrrnct la faction adverse (aidee par Mausole? II est question de soldats qui semparcnt de la ville par surprise) de prendre Ie pouvoir. Enee precise que la sedition se produit en periode de paix, ee qui endort la vigilance de la faction au pouvoir, elk aurait done eu lieu au plus tard en 357. Whitehead 1990, 129, suivant une premiere opinion de Gehrke 1985,46 sq., pense avec moins de vraisemblance it une date posterieure a 355. 71 Dernosthenc, Rhodiens, 19; Orr;..fin., 8. 72 Demosthene, Rhodiens, 3. 7] Infra p. 402. Hornblower 1982, 132 et n. 220. 75 Boardman 1958-9,304, dou teen 1211, p. 162.
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chiote 76 comme preuve de Ia presence des Hekatornnides a Chios des l'epoque de Mausole mais I) cette piece est unique dans un tresor qui comporte par ailleurs soixante-cinq monnaies chiotes, 2) cette monnaie ne parait diffcrer en rien de celles emises par Mausole en Carie. Elle temoigne tout au plus qu'il y avait a ce moment des contacts entre Halicarnasse et Chios, ce qui n' a rien de bien surprenant. On ne sait rien des iles de taille plus modeste: pas plus Diodore que Dernosthene ne se sont appliques adecrire avec exactitude le contour des territoires controles par Ie satrapc. II est cependant assez logique de penser que ce dernier avait dans sa mouvance Ia totalite des iles cariennes : Syrne, Nisyros, Telos, Kalymna OU une grande quantite de monnaies a son effigie a ete decouverte 77. Rappelons aussi que linfluence de Mausole a peut-etre cgalement concerne Samos. La question doit etre posee a partir de la numismatique mais sans que I'on arrive la a des conclusions irrefutables, ou en sinterrogeant sur Ie nom du superieur hierarchique de Tigrane au moment de la guerre de Samos. Rien la encore d'assure, La politi que maritime de Mausole l'amene a prendre des contacts loin de sa sphere d'influence immediate comme l'atteste l'inscription publiee par J. Crampa 78 : un edit de Mausole et Artemisia pris en faveur des Cnossiens. Comme toujours Ie motif n' est pas donne avec precision, il faut supposer qu'il sagissait .de se procurer des mercenaires 79 ou eventuellement s' assurer les services de marins cretois pour harceler les communications maritimes d'Athenes. Observons que les relations entre la Carie et la Crete sont anciennes, en quelque sorte induites des donnees geographiques. Cela vaut aussi pour le IV e S. tant en ce qui concerne les cites RO que lcs dynastes 81. Nous n' avons aucune preuve d' interventions plus septentrionales 82.
3.
MAUSOLE DANS SA SATRAPIE
L'action de Mausole ne se limite pas au controle d'une partie de I'Egee. II poursuit parallelernent I'extension de son influence dans Ie quart sud-ouest de I'Asie Mineure, "Regnant sur toute la Carie, je dominais aussi une partie de la Lydie, je soumis des iles ; je m' avancai jusqua Milet assujettissant la plus grande part de I'Ionie". Ces propos que Lucien prete a Mausole 83, qu'ils aient ete partiellement defigures par un copiste ou non R4,
76 Decrite 11 tort dans IGCH cornme un didrachme. 0 I A em. ; 3,5 g ; 11 I'avers tete d' Apol1on de troisquarts face; au revers Zeus Labraundeus ct la legendc MAYIIQAAO. Il suffira de rcnvoyer 11 BMC Carla, p. 182 el pl. XXVlIl 4) pour retrouver dcs cxcmplaires Ires sembl ables dont les poids varicnt de 3,2 g 11 plus de 3,6 g et Ics diamctres entre 1,4 et 1,5 em. Pour ce qui est de I'ctalon "chiole" on rappcllcra qu'il s'ugit aussi de I'ctalon rhodien et que son usage est d'une grande banalite 11 I'cpoque (sur ee point, cf. Kraay 1976, 247 n. 1). Meme type d'argumentation prescntc par Lane Fox 1986, 10911 propos du trcsor public par Boardman, mais aussi dun autre plus anciennement connu (lGCH 1217) qui contient un tetradrachme "chiote" de Mausole. 77 Cf. Hornblower 1982, 136. A noter eependant que Ie trcsor sur lequel il se fonde (lGCH 1216) a cte enfoui bien apres Ie regne de Mausolc (dale proposce, vel'S 335). 7S Labraunda, 1II, 2 n" 40. 79 Telle est I'hypothesc d'Hornblower 1982,135. so Blumel 1995, 63 (traite entre Cnide et Lyttos) n° 34 : donne lil comme du III's. 81 Les monnaies de Pixodaros contremarquees par llanos: Konuk 1993, 240 el fig. 3-3a temoignent au moins de l'6troitesse des relations, la Crete etant une pourvoyeuse de mercenaires bien attestcc. 82 Infra p. 408. Lucien, Dial. des Morts, 24, I. 84 Doit-on lire Lydie ou Lycic' Cf. supra p. 356.
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rendent bien compte des progres territoriaux de la dynastie hekatornnide. Nous avons vu plus haut que l'une des consequences indirectes de la revolte des satrapes avaitete de livrer tout ou partie de la Lycie au satrape de Carie. Les effets ne nous en sont veritablernent sensibles qu'a l'epoque du gouvernement de Pixodaros, si du moins on adopte la datation basse de la stele trilingue de Xanthos proposee par E. Badian 85, c'est-a-dire 337 plutot que 358. Mausole a connu des difficultes avec Ie Roi, logiquement apres la revolte des satrapes 86, mais il est aux affaires et merne developpe une vaste politique des 357/356. Cela suppose des contacts ayant precede Ie declenchement des operations de la Guerre des allies, done au plus tard en 357. Dans l'hypothese haute, Pixodaros naurait ete satrape de Lycie qu'une annee 87 et on a parfois imagine qu'il aurait pu exercer la une fonction de vice-satrape, mais Ie document arameen precise qu"il est satrape de Carie et Lycie. Enfin, nous savons par ailleurs que Mausole exerce sa pleine autorite satrapale sur Mylasa en 361/360 88. Le principal obstacle a la date proposee par Badian reposait sur le constat qu' Arses n' etait nulle part designe sous Ie nom d' Artaxerxes (IV). On sait aujourd'hui que malgre la brievete du regne, de tels documents existent. Le debat est donc tranche 89. Les contacts de Mausole s'elargissent jusqu'a Phaselis 90 sans qu'on puisse preciser la date et le contexte. Les memes problernes de date et d'interprctation se posent pour son action en direction du nord. 11 faut penser que des le debut du gouvernement d'Hekatomnos, la satrapie carienne avait un debouche sur la mer ?'. La geographic suggere la region de Iasos-Bargylia, mais il est encore plus probable que Caunos a rempli ce role, L. Robert a soutenu naguere avec force 92 que la cite a vecu dans un relatif isolement par rapport a I' hinterland et la geographic parait a priori lui donner raison. TI souligne son caractere "grec" 93 et merne qu'elle est une cite grecque de "droit comrnun" a I'epoque hellenistique. Mais de cela il nest pas possible dinferer la situation a I' epoque classique. Le Ps.-Skylax 99 la qualifie de ville carienne et Herodote 94 est plus precis lorsqu'il indique que, bien que d'origine ethnique differente, les cauniens ont adopte Ie dialecte carien 95. TIs sont les seuls avec les Pladaseens a figurer dans les deux listes de Sekkoy. Les scribes ont eu manifestement quelque difficulte a orthographier les noms des envoyes 96. Les rapports avec les Hekatornnides sont constants. G. E. Bean a publie 97 deux dedicaces grecques de statues, respectivement d'Hekatomnos fils d'Hyssaldomos et de Mausollos fils d'Hekatomnos. Les noms des divinites auxquelles elles etaient consacrees ont ete effacees mais Bean lit 'A811VCXl et BaCHAEl 98 et I' on pense au Supra p. 135 sq. Isocrate. Phil., 103. 87 Dupont-Sommer 1979, 166 n. I et la rcponse de Robert & Robert 1980,486. ss Tod, 138,2° decret (= IK, 34-Mylasa, 2). S9 Briant 1997,58. 90 Supra p. 357 et n. 417. 91 Cf. I'expedition conduite par Hekatornnos contre Ie roi de Salamine de Chypre (supra p. 258). 92 Robert 1987, p. 449-532, etude sur Caunos et sa region (geographic, produits, relations). 9, Robert 1987, 526 n. 156. 94 Hdt. 1.72. 95 Les inscriptions confirment ccue double caractcristique ef. les textes de Sckkoy : B1Ume1 1990, 29-42. 96 Inscriptions dialeetales: Bean 1953, 19-20 (cf. aussi Robert 1950b, 18 n. 14 et 20 n. 16: Masson 1973, 123-131) et la bilingue Frei & Marek 1997, 1-79 (ef. Deseat 1998, 187-190). Frei & Marek 1998, 1-18. 97 Bean 1953, 20 n.3-4 = SEG, 12, 1955,470-471. 98 Bean 1953,95 sq. S5
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Basileus Kaunios (cf. ci-apres). Merrie si I'on admet que les deux statues ont ete erigces en meme temps, celie du premier nomrne pourrait etre l'indice d'un controle ancien. Toute la tradition 99 souligne I'excellence du port, fait confirrne par I'archeologie 100. Un premier etat de la fortification 101 et aussi I'irnportance des tombes rupestres des Ie IV e s. 102 indique que cette epoque a correspondu a un moment important pour la ville. K. Konuk 103 identifie le monnayage de cette cite. II presente un personnage aile aI' avers et un objet triangulaire dote d'anses au revers. Les series sont abondantes des le v- s. et sont presentes dans divers tresors cariens (e.g. CH 5, 17) ; cela demontre si besoin en etait que les liens entre Caunos et le reste de la Carie sont aussi econorniques. Sous Mausole, Caunos fait partie du koinon des Cariens. Les relations culturelJes confirment I' etroitesse des liens politi 'lues. Des tombes rupestres comparables a celles de Caunos sont disseminees en Carie centrale et meridionale 104. Le Basileus Kaunios a etc l'un des instruments de "carisation" de la Lycie lOS mais sans doute plus tard qu'on ne I'a dit 106. On observera d'ailleurs la presence du nom d'Hekatomnos (Ecatamla) dans une autre inscription lycienne malheureusement sans contexte interpretable 107. La Paix du Roi livre les cites cotieres qui bordent la Carie aux Hekatornnides. Nous n' avons aucun detail sur la facon dont a etc ressentie cette saisie qui inclut peut-etre la peree de Rhodes 108. lJ apparait cependant que des factions ont pu tenter de s'opposer au pouvoir des Hekatornnides et alimenter des "cornplots" contre Mausole ; par chance, nous assistons a l'un de ces "incidents" a Tasos 109. Un groupe - comme iJ est d'usage, l'inscription n'explicite pas d'avantage - est condarnne a I'exil et a la confiscation de ses biens. lJ sagit tres probablement malgre le caractere vague des formules de l' expulsion des opposants par la faction fidele au satrape qui gouverne la cite. II faut noter avec W. Judeich 110 que l'on maintient ici la fiction de la liberte de la cite qui decide elle-rneme de l' action amener contre les opposants. Le texte ne donne d' ailleurs aucun qualificatif a Mausole, a la difference des textes comparables de Mylasa III OU il est designe explicitemcnt comme exercant les fonctions de satrape. Le choix d'Halicamasse comme capitale satrapique eut au moins deux consequences: d' abord, le debut de la realisation dans cette cite d' un vaste programme monumental, on pense bien sur au Mausolee acheve (au moins) par Arternise. Signalons de facon plus significative le systeme de fortification de la ville 112 et cela malgre son site naturel E.g. Str. 14.2.3. Cf. lc plan fourni par Akurgal 1986, 275 a partir des lravaux de Ogiin 1968 ; 1978. 101 Pimouguet 1994. 290-299. L'unc des forteresses de Caunos est designee sous Ie nom de Persikon (Diod. 20.27), une autre Herakleion (Diod. 19.75.5).On ne sait rien de leur dale damenagcment. Le premier nom est cvidemment Ires evocaieur et Ie dcuxiernc pourrait etrc mis en relation avec Mausolc. L'cxamcn des systcmes fortifies ne contrcdit pas ces hypotheses. 102 Roos 1972. lIn Konuk 1998b, 197-223. 104 Roos 1989.63-68. 105 Cf. la Trilingue de Xanthos et Ie cornmentaire de Dupont-Sommer 1979, 168-9 (voir supra p. 285). 106 TL, 44e 8, avec lintcrpretation de Melcherl1993. Sur ccs questions, supra p. 312. 107 it; 32. lOS Cf. appcndice 2. 109 s-u>. 169 (= IK, 28-Iasos, I). 110 Judcich 1892,236 n. 3. III Infra n. 122. 112 Pedersen 1994,215-235. Sur les rapports avec Pricne et la "renaissance ionienne", Isagcr 1994. 99
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aisement defendable 113. Ensuite cette montee en puissance provoque la disparition de six poleis leleges 114 (a I'cxception de Syangela et Myndos qui restent en dehors du synrecisme) fondues en une seule: Halicarnasse. La date n'en est pas connue. Des solutions bien differentes ont ete retenues selon les parametres pris en compte, en particulier la simultaneite avec le choix comme capitale 115. Ce synrecisme na rien a voir avec celui effectue par Alexandre et connu par Pline 116. Pour les regions situees plus a l'interieur, et deja sous controlc hekatomnide, l'mformation devient un peu plus abondante grace aux inscriptions. Tout cornme Sinuri 117, Labraunda a livre un document 118 attestant une offrande faite par Hekatornnos, mais a Labraunda le programme des constructions monumentales commence avec Mausole 119 et se poursuit sous Idrieus. Merrie si nous sommes imparfaitement renseigncs pour les autres sites, il est assez probable que la situation est identique. Faut-il attribuer a Mausole lc deplacement et la "refondation" de Theangela 120. II y aurait bien d' autres sites ou des similitudes dans les techniques de construction paraissent impliquer I' action du satrape (Amyzon, Alinda, Alabanda...) 12l. Cela n' exclut pas pour autant que ces cites aient pu, quelque soit leur origine, etre integrees dans le koinon des Cariens. La tentation de dresser un tableau idyllique de la domination mausolienne doit etre temperee par la serie d' inscriptions relatives a des "complots" contre le satrape, trois decrets de Mylasa conserves sur la meme stele 122 et datant respectivement de 367/366, 3611360 et 355/354 par la reference aux annees de regne des souverains perses; il est egalement indique que Mausole exerce les fonctions de satrape 123. Du point de vue historique, le premier - de peu anterieur aux soubresauts de la revolte des satrapes - est sans conteste le plus interessant. Un certain Arlissis fils dOussollos a profite de sa position de depute du koinon carien aupres du Roi 124 pour comploter contre Mausole. Cela se traduit semble-t-il par une denonciation des maneeuvres de ce dernier, mais Artaxerxes ri'entre pas dans le jeu et fait mettre a mort Arlissis. Les deux autres textes sont relatifs a des attentats, I 'un contre la statue d'Hekatomnos, le second contre la personne de Mausole qui echappe a ses assaillants et ces derniers sont lynches par les partisans du satrape. Nous observons dans ces textcs a la fois toute la phraseologie officielle et obligee, surtout dans le premier 125 : reconnaissance du Vitruve 2.8.10 donne unc bonne idee de I'urbanismc de la cite tel que Mausole Ie dcveloppc. Str. 13.1.59. Sur la sujetion supposees des populations lelcges par rapport aux Caricns, cf. Philippe de Theangela, FGrHist, 741, F2 (Athenec 6.271b). liS Hornblower 1982, 78-79 propose 377/376, ou peu apres, en reponsc it la Deuxicrne confederation athenienne ; implicitement Ruzicka 1992, 35 retient une date similaire ; cf. aussi Moggi 1976, 266, 370-365. Bockish 1969, 144 opie pour 367/366 en sappuyant sur Ie monnayagc d'Halicarnassc; Demand 1990, 120, ne tranche pas entre Ics dates extremes. IIi> Varinlioglu et al. 1992, 162 contrairemcnt it ce qui est soutenu it la suite de Bean & Cook 1955, 115 et l44, par Moggi 1976, 263··271 ; Hornb1owerl982, 82 ; Demand 1990, 123. 117 Consecration dune table doffrandc par Hekatomnos. Sinuri, 1,76. II S Labraunda, Ill, 2, 27. 119 Crampa 1972, 6 sq. 120 Robert 1936a, 81-84; Bean 1971, 128-132. 121 Sur I'hellenisation en profondcur de la Carie it lepoque de Mausole, cf. Robert 1946, 506-523 sp. 515. 122 Tod, 138 (SyiP, 167) = IK, 34-Mylasa, 1-3. m Supra p. 137; cest la formule qui est la plus proche des terrncs de chanccllcric pcrses qui nous sont transmis Ie plus Iidelcment par lcs documents arameens (cf. la Trilingue de Xanthos). 124 Exactement, "ayanr ete envoyc par Ies Caricns", Cf. Robert & Robert 1983, 224. 125 l.oc. cit. ligncs 6-8 ct22-23. II]
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role d'evergete de la cite, non seulement de Mausole, mais aussi d'Hekatornnos et de leurs ancetrcs, comme pour affirmer Ie loyalisme a une veritable dynastie 126. Cela dit le troisieme decret montre clairement qu'un fort parti de la population soutient Mausole malgre la presence dindividus ou de factions hostiles. La poussee vers le nord en Ionie et peut etre en Lydie pose davantage de problernes, d'une part en ce qui regarde l'extension de ces progres et aussi quant a leur signification vis a vis des cites considerees, les rapports avec l'Empire et les voisins, en particulier Ie satrape de Sardes. Nous avons vu que Lucien indique que Mausole etait maitre d'une grande partie de !'Ionie et qu'il setait avarice jusqua Milet, ville carienne. On sait par Herodote 127 qu'il sagit la d'une revendication ancienne 128. Pas plus que Lucien, Polyen 129 ne permet de preciser si Milet a appartenu au domaine de Mausole : en effet, le complot visant a placer les partisans du satrape au pouvoir est decouvert et le representant de ce dernier doit s' echapper de la ville. Remarquons enfin que la logique de la geographic implique que Ie maitre de la Carie du nord se doit de "de boucher" a Latrnos et a Milet. Le recours au monnayage amene a considerer sur dautres bases la question de la presence precoce des Hekatomnides a Milet. Ces derniers ant emis une serie bien connue d'etalon rhodien 130, mais on connait aussi depuis longtemps une autre serie d'etalon rnilesien qui prend la suite des types frappes jusqu' a la fin du v- s. a Milet 131. II nous semble qu'il convient d'attribuer cette emission a I'atelier de Milet 132. Dans cette cite en effet, le monnayage ne commence veritablement a devenir important qu'a partir du milieu du IV e S., la date conventionnelle souvent adoptee, 353/352, est celle de I' annee de la mort de Mausole. Quelques rares monnaies d'argent sont pcut-etre anterieures a cette date (environs de 360) 133 ; mais it convient surtout de noter I'interet de la presence d'un monnayage de bronze qui, lui, pourrait remonter aux annees 375. Ph. Kinns note que la tete du lion de lavers (rosette au revers) n'est pas tournee vers larriere 134. Ce fait remarquable nous parait devoir etre rapproche des tetradrachrnes d'Hekatornnos 135, avec lion de profil regardant a droite devant lui. Par consequent on ne saurait retenir, comme cela a ete parfois le cas, l'''archa"isme'' de ces monnaies comme la preuve qu'il sagit d'une "imitation barbare", En dautres terrnes, labsence d'un monnayage civique de quelque envergure entre 390 et 350, A cornparer avec la situation dc Caunos, supra p. 385. Hdt. I. 146. m Cf. Laumonicr 1958, e.g., 539-540 ; 546. 129 Polyen 6.8. 110 Supra p. 144 et n. 230. 131 Cr. e.g. BMC Ionia pI. XXI, 4 ; sur la date relativement tardive de certaines de ces monnaics, Pfcilcr 1962-1963, 20-21 ; ce qui permettrait de comblcr un evcntuel biatus entre series civiques et series "satrapales" mais Konuk 1998,37, considere que les dates de Pfciler sent trop tardives. m Supra p. 142 sq., contra Konuk 1998, 38-40. 133 SNG von Aulock 2086, datee par I'editcur de 478-390 : mcme type de lion que 2354 ; ibid. 7932 sq., datecs entre 377-353 : lion avec tete vers larrierc, rosette. 134 Kinns 1989, 191 et n. 60 (cf. deja Kinns 1986a, 249) attire l'attention sur la monnaie Sternberg Sale 21, n" 2129. L'avers de eette monnaie se distingue du type qui deviendra usuel au revers des monnaies milesiennes a partir du milieu du lV's. : lion debout regard ant derriere lui, rosette dans Ie champ. C' est deja le type Ie plus frequent sur les bronzes avec monogramme M : cf. BMC Ionia XXI. 7. Pour sa part, Deppert-Lippitz 1980,54 et pI. 9 date ce materiel des annees 340. Des tetradrachmcs de Milet (Apollon de profil a gauche/lion a gauche regardant derriere lui, etoile) figurent dans Ie "trcsor de Pixodaros" (Hurter 1998, pI. 31.13-14). 135 SNG von Aulock 2354 (cf. supra p. 145). 126
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alors qu'il y a une tres nette acceleration par la suite, pourrait bien sexpliquer par le fait que Milet frappe a ee moment des series pour les Hekatornnides, en tout etat de cause peu abondantes, sous Hekatornnos d'abord puis Mausole, au debut de son gouvernement, en parallele avec des emissions de bronze destinees a la circulation locale. 11 est impossible de preciser si 1'interruption correspond a une perte du controle de la cite (au moment de la revolte des satrapes?) 136 ou a un changement de la politi que monetaire du satrape. En tout cas Milet est a coup sur dans la mouvance hekatornnide sous Idrieus 137. Si Mausole controle la majeure partie de l'Ionie (Lucien) au debut de son gouvernernent, y eompris peut-etre certaines positions insulaires 138, on doit en inferer qu'il est 1'instigateur de Ia reforme de la Ligue ionienne dont fait etat Diodore ]39 a la date de 373/ 372, reforme qui comporte logiquement un retour au Panionion pres de Mykale, 11 est a noter que le lieu de reunion avait ete precedemrnent transfere sur le territoire d' Ephese dont on sait qu'elle s'opposait aux entreprises du satrape. Cette derniere cite etait alors dirigee par une faction democratique dont le chef etait un certain Herophytos 140. Le point de litige parait avoir ete le controle de Pygela, petite cite situee au sud d'Ephese 141. Comme le montre la description de Strabon 142, Mykale et Pygela sont tres proches et appartiennent au merne ensemble geographique, il est done assez tentant de penser que tous ces evenernents conn us par bribes participent d'un meme mouvement de (re)prise en main de toute la region par Mausole, avec tous les renversements de situation que l' on doit Ie plus sou vent supposer, faute d' avoir la documentation necessaire, Ainsi, Ja litterature ne nous apprend rien sur Priene et ses rapports avec Mausole, mais Ie retour au Panionion implique que I'Hekatornnide ne pouvait pas se dcsinteresser de cette derniere, Pour Ie reste, Ies informations sont extrernernent fragmentaires ct, partant, sont objet de vives controverses 143. A la suite de H. von Gartringen, editeur des 1. Priene, on considere generalement que la refondation de Priene sur son nouveau site date du milieu du IV e s., done de l' epoque de la domination hekatornnide, Son argumentation repose pour partie sur 1. Priene, 4, ensemble de deux decrets pris pour un certain Apellis a plusieurs annees de 136 Kraay 1976, 275, propose une sequence qui serait sujetion puis indcpendance. On remarquera certes quIdrieus ne frappe pas de monnaic au type a la rosace ct quapres 350 Ie monnayage de Mild se developpe de facon significative; mais il nest pas exclu que la cite ait pu jouir, aprcs accord avec Mausolc, dunc autonomic comparable it celie d'Erythrees. 117 FD, lilA, 176 (Tad, 161 B); cf. infra p. 402, les rapports officiels au mains paraissent cxcellents. DS Supra p. 384. 119 Diad. 15049; supra p. 177. Lcs conclusions de Shipporcit 1998, 193-236, sont similaires aux notrcs. 140 Polyen lui donne 1c nom de Herophytos (7.23.2), Arrien, An., 1.17.9 sq. lc qualifie de "liberateur de la cite" (sa tombe sur I'agora est profanee par les partisans de l'oligarchie qui ant pactise avec Mcmnon). 141 Polyen, ibid. Pygcla est situee a proxirnitc de Marathesion (cE. Str. 14.1.20 ). Elle contribuc pour un talent puis un talent et demi it la ligue de Delos, cf. Meritt et al. 1939,543; Xen., Hell., 1.2.2 (en revolte en 410/ 4(9). Elle semble avoir connu une pcriode dc pleinc autonomie encore dans la premiere moine du IV' s : une serie de monnaics a etc datce du debut IV'S. par Regling 1922,46-53, lcgcnde
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distance 144. Si I' on accepte la date de 332/331 retenue pour le premier et en constatant qu' Apellis a rempli diverses magistratures pendant de longues annees : quatorze ans secretaire du stratege, secretaire du peuple pendant vingt ans (I. 14-17), on doit remonter la date de la (re)fondation au moins a 353/352. II convient de mettre en regard la revision drastique de la chronologie proposee par C. V. Crowther 145 qui, si elle etait acceptee, enleverait toute pertinence a ces inscriptions dans Ie debar. On sait que l'hypothese d'une refondation de Priene a l'epoque hekatornnide a connu un large echo, meme si la plupart des commentateurs sont obliges de constater que cela ne correspond pas du tout a la date architecturale qui est suggeree par les vestiges archeologiques et I' on comprend bien pourquoi Ie fouilleur du site, Th. Wiegand 146 a, pour sa part, opte en faveur d'une fondation par Alexandre. S. Hornblower 147 donne une analyse detaillee des arguments presentes. Celui qui est Ie plus souvent avarice pour la datation haute est Ie nom de l'architecte du temple d' Athena, Pytheos, dont Ie nom est attache au plus celebre des monuments hekatornnides 148. Beaucoup ont considere que, comme il en avait fait la proposition a Ephese, Alexandre s' est contente dachever a ses frais la construction d'un edifice deja en cours. II est evident en tout cas que Ie temenos d' Athena est ancien et J. C. Carter 149 propose de dater au moins l'une des statues trouvees a cet endroit du milieu du lye s. De plus, il parait impossible de soutenir que Priene avait disparu dans les annees 355-335 ; tout d' abord parce que deux ternoignages contredisent cette assertion. Eschine ISO indique qu' en 343 Ies deux votes des loniens au conseil amphictyonique de Delphes sont ceux d'Eretrie et de Priene ; presence etonnante selon R. Flaceliere 151, mais qui simpose si Ie koinon des Ioniens a ete reorganise, eomme nous le pensons, sous Ie controle de Priene, L' autre texte n' est pas precisernent datable puisqu'il s' agit du Ps.-Skylax (§ 98), dont nous avons vu pour la cote septentrionale que sa description "collait" bien pour Ie milieu du lye s. ; or il parle de Priene comme d'une cite dotee de deux ports. Dernier indice, Ie monnayage 152, dont on ne saurait nier l' existence. Ph. Kinns 153 isolc en effet deux series de bronzes datant approximativement du milieu du lye s. Les monnaies sont identiques : a l' avers Athena au casque athenien a droite, au revers un dauphin dans un cercle forme par Ie Meandre ; elles ne different que par la legende au revers: rIP et NAY, 144 Selon I'cditcur : 332/1 au plus tot pour le premier, 327/6 pour lc second, OU ne figure pas la forrnule indiquant que lcs Prieniens sont autonomes. Mais dans lcs deux cas lc stephanephore est Ie dieu (non specific, Zeus"). 14S Crowther 1996, 233, ses conclusions: I. Priene, 4a, en 294/293 : 40, en 285/284. 146 Wiegand & Schrader 1904, 35 : Asboeck 1913, 1-4. : tel est aussi lc point de vue de Van Bcrchcm 1970, 198-205, rnais on notera les reticences de Robert & Robert, Bull. ep., 1971,581, aux conclusions de ce dernier. 147 Hornblower 1982, 323-330. 14S Sclon Vitruve 7, Praef., 12, Ie mcmc qui concur avec Satyros le Mausolee d'Halicarnasse : cf. aussi 1.1.12. Sur Ies comparaisons entre les modules de construction hekatornnides et ceux du temple d Athena it Pricnc, Pedersen 1989, 9-14. 14Y Carter 1983,24-30: son n" 85 est une tete d"'Ada", tres comparable aux statues du Mausolce : p. 28, l'autcur ernet I'idee que la refondation collerait bien avcc lcs annccs 351-344, ala fois pour Ie temple et le projet d'urbanismc, mais un point de vue plus nuance dans 1990, 129-136 au moins en ce qui concernc la date de la tete conscrvee. Cf. deja Coulton 1977, 10 I, qui proposait une fourchette comprise entre 350 et 330. 150 Eschine,lImh., 116. lSI Flaccliere 1937,35 n. 3. 152 Hornblower 1982,327 et n. 277 tire des conclusions paradoxalcs de ees quelques monnaics, suivant sur ce point Van Bcrchem. IS] Kinns 1989, 190 sq.
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evidernrncnt pour Priene et Nauloehon 154. Le merne auteur met aussi en lurniere Ie fait qu' existe une grande parente entre ees pieces et une serie en argent de Magnesie du Meandre : Athena/trident dans Ie eereIe du Meandre 155 quil date des annees 360-350 et eela sans doute a juste titre dans la mesure ou Magnesie ernet a partir de 350 environ une serie cavalieri taureau 156 dont les themes seront eonstamment ensuite ceux de la cite. Ph. Kinns coneIut en sinterrogeant sur l'eventualitc de la collaboration de Magnesie a la refondation de Priene, hypothese pour Iinstant inverifiable. Ajoutons ace moment du debat un document qui n'a pas, me semble-t-il, ete pris en compte: l'jnscription I. Priene, 10, decret pour les habitants de Maronee. La pierre est assez peu lisible . Ce decret accorde assez probablement la citoyennete et dautres privileges aux ressortissants (qui Ie desirent") de cette cite. La suite du texte regle les rapports judiciaires entre les comrnunautes, mais il convient de souligner que tout se passe a Priene. L'editeur F. Hiller von Gartringen parait ernbarrasse pour proposer une date: IV e s. sur des criteres paleographiques, ce qui est bien vague et, dans Ie bref commentaire adjacent, il serait tente, acause des formes dialectales ioniennes, de dater ce texte de peu aprcs 334, voire meme d' avant cette date. Les arguments historiques plaident incontestablement pour une date haute. La chora de Maronee, cite grecque de Thrace, colonie de Chios, a ete ravagec en 353 par Philippe II 157, mais, pour G. T. Griffith 158,la ville est restee autonome puisqu'clle est l' alliee d' Athenes en 340 et tombe peu apres entre les mains de Philippe. Ces troubles ont certainement entraine Ie depart d'une partie de ses habitants, qui ont pu souhaiter s' implanter a proxirnite de leur terre d'origine en formant un complement de population pour la "recolonisation" de Priene et il est bien certain qu' un tel decret pris pour les Maronites parait mieux en situation avant la conquete de l' Anatolie par Alexandre. Cependant, meme si cette interpretation du document peut paraitre seduisante, elle suscite un certain nombre d' objections qui tiennent au formulaire du document et au regime politique qu' il sous-tend. Notons dabord qu'il n'y a pas de parallele exact a la formule "EOO~E Iljpjmlvjecov [ron] Ol~Jfl(J)l et que la mention de lautonomie des Prieniens, con stante apres la "liberation" par Antigone 159 est absente ici. Mais une telle formule de sanction implique que la cite est alors gouvernee par une faction democratique avec comme eponyrne Ie stephanephore, comme c'est aussi Ie cas apres 311, alors qu'en 335-334 I'cponyme etait Ie prytane. On a dautres exemples de telles variations 160. Tout cela reste conjectural. Que coneIure? II semble qu' il faut eviter des points de vue par trop lineaires, qui correspondent mal aux realites antiques. II est par exemple assez peu realiste de concevoir un scenario comme celui de S. M. SherwinWhite 161 qui ferait se succeder trois entites politiques : la vieille Priene, perdant son identite au profit de Naulochon, puis reprenant son ancien nom sur un site nouveau. Priene a ete une cite 154 Nau1ochon, BMC Ionia, p. 302 et pl. XXII, 14: ce sont Iii lcs sculcs monnaies connues de Nau1ochon; d' ou Head 1910, 587 ; pour Pricnc, Regling 1927, n" 47 ; SNG Tiibingen 3133 (cf. von Aulock 2152 ; Regling 53) : lcgcnde IIPIH. 155 BMC Ionia, p. 160 n" 15-16; pI. XVIII, 6. 150 Kinns 1989b, 137-148; cf. specialement 137-139 avec la n. 4; 142 pour 1es bronzes de 1a mernc periode. Kinns souligne que ccs monnaics d'argent d'ctalon rhodien voisinent avec cel1es de Milet dans 1e tresor IGCH 1213, date des environs de 340. Cf. SNG Tubingen 2923. 157 Polyen 4.2.22. ISS Griffith in Hammond & Griffith 1979,266 n. 2, daprcs lc Ps-Dcmosthenc, Lettre de Phil., 17. 159 Infra, p. 441 sq. pour la reinterpretation chronologique de ces decrets, 160 Infra, p. 443 et n. 142. 161 Sherwin-White 1985. 89.
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importante a I'epoque archaique, apparemment non negligeable encore apres la revolte de ['Ionie. Son site n'a pas etc localise avec une absolue certitude 162. L' ensemble de la documentation disponible montre que Priene na pas disparu, mais aussi qu'elle a serieusement periclite. Vers 350, le port de Naulochon est une communaute distincte, qui emet, en meme temps que Priene, des series aux types identiques. Naulochon etait raisonnablement l'un des ports que Skylax mentionne sans les nommer; elle a acquis momentanement son autonomie. L. Robert 163 met en relief Ie cas de Colophon et de Notion dont les rapports etaient regles au lye s. par une (JUVe~KT], un traite, ou sont prevues entre autres les procedures de prise des decrets, C'est d' Alexandre que les Prieniens obtiennent un arbitrage en leur faveur, qui cquivaut pour eux a la reconnaissance de la propriete de Naulochon 164, a la difference de Notion (Colophon-sur-Mer) et Colophon (ancienne) qui sont deux entites federees mais encore distinctes au IIIe s. II convient alors de se replacer dans Ie contexte de la domination du Panionion 165 et de la ligue ionicnne par Mausole. L'un des aspects du controle est aussi militaire et il etait impossible de negliger ce site remarquable qu'est la Teloneia Akra 166. Bon nombre des premiers textes epigraphiques conserves concement directement ou indirectement la gamison qui tient Ie phrourion. Nous sommes sur Ie territoire de Priene mais cela ne signifie pas necessairement que I'occupation de l' acropole ait eu comme corollaire immediat Ie deplacernent du centre de la cite. lei comme ailleurs (on pense par exemple a Cnide), on confond peut-etre trap vite I'existence d'une cite et l'obligation d'une hierarchic des agglomerations sur Ie territoire civique (les choses evoluent bien entendu a l' epoque hcllenistique). La transition a du s' operer progressivernent, en fonction de la perte dinteret du site ancien, desorrnais loin de la mer, et de la valeur strategique du site de la future cite hellenistique, C'est cela qui a determine l'installation initiale qui est a coup sur cellc de I'akra, avec la presence toute proche d'un sanctuaire d' Athena. L'idee d'installer la une ville nest que subsequente, d'ou Ie caractere aberrant du schema d'urbanisme, dont il ri'cst pas possible de determiner sil avait etc concu des avant I' arrivee d' Alexandre; enrappelant qu' il n' a eterealise qu' apres lamortdu Roi En ce qui conceme Latrnos, il etait couramment admis que Ie deplacernent du site et son changement de nom pour celui d'Heraclee etaient dus a Mausole s'Identifiant a Herakles. Cette assertion etait renforcee par un raisonnemcnt de type syllogistique reposant sur I'identification de Mausole represcnte en Herakles sur les monnaies de Cos 167. L'inscription de Sekkoy 168 aurait deja dfl attirer I' attention sur Ie fait que la delegation envoyee au koinon des Cariens l' etait par les Latmiens. Mais surtout, un autre document publie par W. Blumel ls? montre que la cite sappelait encore Latrnos au moment du satrap at exerce par Asandros 170. Etienne de Byzance indique simplernent que Pleistarcheia (s.v.) s'est appelee Herakleia avant et apres avoir recu ce nom. La nouvelle inscription, qui decrit les modalites d'une convention 1(,2 11 sc trouvcrait non loin de Gulbahce, a environ 10 km. au nord du Mcandrc, ef. Wiegand & Schrader 1904, 35 sq. ; Kleiner 1962, 1184 ; Bean 1971, 199. 163 Robert 1962, 62. 164 Infra, p. 439. 165 Kleiner et al. 1967, constatent que lunite de mesure du temple d' Athena a Priene est identique it celie du bouleutcrion du Panionion. 166 Cf. la photo tres suggestive publiee par Robert 1976, 178. 167 Supra p. 381. 168 Blumcl 1990,32, I. 11. Sur eette inscription, supra p. 179. 16') Blumel 1997. 136 sq. 1711 Supra p. 161.
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entre Latmos ct Pidasa, prevoit la creation d'une tribu Asandris, ce qui la situe 171 dans une fourchette chronologique 323-313. La comparaison avec Hyllarima parait eclairante. Cette derniere possede a peu de distance deux systernes fortifies, Ie plus recent doit etre I'ceuvre de Pleistarchos 172. Tout cela invite a proposer a titre d'hypothese que Ie dynaste a pu etre a l'origine du double changement de nom en rneme temps qu'il en transportait Ie site 173. Cela ri'cxclut pas pour autant que l'Heracleote, remercie parmi dautres pour son aide aux exiles samiens 174 puisse etre originaire d'Heraclee du Latmos. Il est en effet impossible de donner une date precise pour la prise du decret afferent. Polyen 175 nous apprend que Latmos a ete contrainte de composer avec Idricus, apparemment alors chef de l' armee du satrape, et fournir des otages, mais cette situation ne semble pas correspondre aux vreux de Mausole qui souhaite I'assujettir plus completernent (en installant par exemple une garnison?) et qui s'en empare par surprise. La question de savoir quclle contribution Mausole a pu apporter a l'urbanisme de la villereste objetde controverse 176. A Erythrees 177, unc inscription qu'il nest pas possible de dater avec certitude honore Ie satrape, Ie proclame bienfaiteur, lui accorde Ie droit de cite et la proxenie, prevoit I'erection d'une statue de bronze Ie representant sur I'agora ainsi qu'une statue de marbre pour Artemise dans Ie sanctuaire d' Athena. Mausole est simplcment designe par son nom et son cthnique, Mylaseus. Pour L. Robert I7R cela prouve qu'Erythrees n'est pas dependante de Mausole. En fait cette denomination n' est pas en soi un argument decisif 179 mais les honneurs accordes, droit de cite surtout, indiquent que les Erythreens entendent marquer les contours legaux de leur autonomie merne si en pratique cela ne Ics empeche pas d'etre dans la mouvance du Carien. On peut dire que ce type de document prefigure les rapports existant entre cites et souverains hellenistiques. La date proposee generalement est de 357-355, cesta-dire pendant la Guerre sociale ISO dans la mesure OU il est tentant de lier le sort d'Erythrees a celui de Chios, sa voisine, en rappel ant que la seconde bataille du confiit a eu lieu a Embata, pres des cotes du tcrritoire d'Erythrees. C' est sans doute un argument de poids : qui
Bliimell997, 140. m Cf. Brun 1994, 193-204. In Cf. aussi Karlsson 1994, 141-153, sp. 150 ct 153. A noter lc probleme de datation que ccla genere pour le § 99 du Ps.-Skylax, ou figure Ie nom dHcraclce. 174 1I nest pas indique quelle est l'Heraclcc concernee mais les commentateurs (Habicht 1957, 190 n" 23 suivi par Robert & Robert, Bull. ep., 1960,318) penchent pour des raisons de proximite pour la cite du Latmos. 175 Polycn 7.23.2 (cf. 8.53.4, infra p. 400). Cf. Str. 14.1.8. Lcs Latmioi figurent dans les listcs attiques. 176 Cf.T'erudc du site a laquclle sest livree Peschlow 1977,100-104; 1978-9,80; 1994, 157-172: la cite qui a precede Hcraclce se trouvait dans la montagne, a l'cst de la cite hcllcnistique ; Ie site est occupc de lepoque archaique aux environs de 300. Bien qu'il soit assez ruine son plan peut etre precise avee en partieulier de trcs belles fortifications. Pcschlow note que l' on peut faire un parallele etroit entre ces constructions et celles de Mausole a Labraunda. Elle suggere done que l'umcnagement a eu lieu dans la premiere moitic du lye s. (mais il parait y avoir unc egalc probabilitc pour Idricus que pour Mausole), On utilise des tetrapvrgia, y eompris pour le palais du maitre des lieux. 177 Tod, ISS (SyIP, 168 : IK, l-Erythrai, 8). m Sinuri, 108. J7Y A Labraunda, les dedicaces d'ldrieus (Lahraunda, Ill, 2 n" 17-19) mentionncnt son patronyme et son ethnique, Mylascus. Idrieus se pose done apparemment en simple eitoyen de la cite "grecque" de Mylasa, sans pour autant qu'il soit necessaire avec Crampa 1972 de se demander si Idrieus a fait ccs constructions sous Ie gouvernement de son trerc, ISO E.g. Tod : Merkelbaeh & Engelman dans IK, 1 ; Hornblower 1982, 108. 171
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controle Chios a tout interet a assurer ses arrieres a Erythrees, mais en vingt cinq ans les occasions n'ont pas du manquer aux Erythreens de manifester leurs bonnes intentions a I'egard de Mausole. II nest done pas possible d'etre aussi precis.
4. LA REYOLTE D' ARTABAZE En plus des inevitables problernes dinformation, la revolte d' Artabaze 181 amene a poser un certain nombre de questions generales sur Ie fonctionnement de l'Empire perse. Mais, tout d' abord, que I rapport doit-on etablir entre la Guerre des allies et les evenements du nord-ouest de l'Anatolie? II n'y a pas, apparernment, de lien direct et, pour employer Ie vocabulaire de M. N. Weiskopf, les faits se deroulent dans deux "spheres" difterentes. II faut tout aussit6t remarquer que tous ces faits sinscrivent dans I'echiquier complexe des relations entre Athenes et la Perse, qu' elle soit representee par Ie Roi ou les pouvoirs locaux et les arriere-pensees ne sont pas moins importantes d'un cote que de I'autre. Question complementaire, celle de la coincidence des interets a l'jnterieur de l'Empire perse: Mausole parait mener une politique assez libre et pourtant ceia ne lui nuit nullernent, alors qu' Artabaze est, lui, considere comme rebelle. II est interessant de noter quil est aise de faire un parallele avec la situation des annees 366-365. Les hommes ne sont pas tous Ies memes mais Ie comportement des protagonistes presente bien des similitudes, com me si un determinisme geographico-politique amenait Ie satrape de Daskyleion, les insulaires, Athenes et les generaux atheniens, Mausole a adopter des attitudes comparables a quelque dix ans de distance 182. Derniere interrogation plus traditionnelle, quel a ete Ie veritable poids de la revolte d'Artabaze : a-t-il ou non entraine d'autres satrapes dans sa rebellion? Nous avons vu plus haut qu' Artabaze avait ete installe a la tete de la satrapie de Daskyleion apres la disparition d'Ariobarzane, Quelques annees s'ecoulent et no us Ie retrouvons en etat de rebellion contre le pouvoir central dans ce qu'il est convenu d' appeler la "deuxierne revolte des satrapes". Les questions porteront a la fois sur I'ampleur du mouvement et les raisons de la rupture. II parait assez clair que Ie toumant se situe a la mort d' Artaxerxes IT en 359/358 suivie de I' accession au pouvoir d' Artaxerxes III Ochos. Artabaze etait par sa mere Ie petit-fils d' Artaxerxes II et manifestement Ie protege de ce dernier, La situation change radicalement avec Artaxerxes III qui entend reprendre en main I' ensemble de l'Empire avec toute la vigueur de quelqu'un qui s'est assis depuis peu sur le trone, L'apparente confusion qui caracterise cette deuxierne revolte n' est, semble-t-il, due qu' a I' extreme indigence de nos sources: Diodore est tres avare d'inforrnation et seul Ie hasard de conservation de scholies ou de fragments de papyrus nous permet quelques eclairages 183.
1R1 On consultera avec profit Bcloch 1922. 243, 250; 1923, 269; Moysey 1975, 175 sq. donne une reconstruction parfois contcstahle des evenements mais on trouvcra p. 295 sq., dans J'appendice D un utile examen des sources: citation et traduction de textcs rarcs (infra note 183); cf. aussi Weiskopf 1982, 418 sq. et Ics differents articles de Osborne cites supra p. 149 n. 258. 182 II Ya cviderrunent des differences, par excmplc Ieffacement de Spartc et l'issuc pour quelques uns des protagonistes, par exemplc Athcncs. 1H3 Diod. 16.22.1-3 ; 34.1-2 ; scholie 11 Dernosthenc, I' Phil., 19; P. Erzherrog Rainer (FGrHist, 105, F4) ; scholie 11 Dcmosthene, 3' Olynth., 31.
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La cause immediate de la rebellion est I' ordrc donne aux satrapes cotiers (rou; £1r1. 8aAcX0011s 0<X1pcXrrms) ]84 par Ochos de debander les mcrcenaires, II est tentant de penser que cette mesure concernait trois satrapes : Artabaze, Ie titulaire de la satrapie de Lydie, Mausole, plus eventuellement Orontes. La raison invoquce est Ie cout de leur entretien au moment ou Ie Roi entreprend une expedition importante en Egypte, Comme Ie note M. N. Weiskopf 185, cela suppose que les frais dentretien incornbaient, directement ou indirecternent, au Roi. A I' exception d' Artabaze, tous obeissent, La flotte de Mausole fait evidemment question, il faut supposer soit qu'elle n'etait pas incluse dans Ia decision royale, soit que Mausole avait d'autres moyens de la constituer, Cette mesure apparemment sage puisque Ie Roi visait a assurer sa securite sur ses arrieres au moment de s'engager en Egypte va en fait accelerer Ie mouvement en jetant sur Ie marche dix mille mercenaires qui vont se trouver un chef en la personne de Chares, lui-meme a la recherche de subsides pour payer son arrnee apres I' echec de Chios et sans doute aussi de victoires pour redorer son blason. C'est dans ce contexte que Chares sabouche avec Artabaze. M. N. Weiskopf ]86 conteste cette version des faits au nom de la vraisernblance. II reIeve Ie caractere nefaste que ne pouvait manquer davoir une telle mesure, qui liberait des forces ensuite incontrolables ; mais Ie parallele qu'il fournit, l'ordre similaire donne par Alexandre 187, debouche, comme l'jndique M. N. Weiskopf lui-rnerne sur la guerre lamiaque. Ccla montre bien qu'une telle erreur d' appreciation n' est nullement a exclure. En 356/355, Chares 188 vient de mener une campagne ruineuse en Egee. II a du mal a payer les hornmes de sa flotte dans la rnesure ou Athenes ne finance pratiquement pas l'expedition et ou illui faut vivre sur Ie pays ]89. C'est done pratiquement en condottiere qu'il se met au service d' Artabaze ]90. Nous apprenons ensuite 191 que Chares remporte une victoire sur Tithraustes en Phrygie. Le papyrus Erzherzog Rainer ]92 est un peu plus explicite : il indique que Chares a envahi la ch/ira de Tithraustes, Le statut et meme lidentite de ce dernier font problernc. Sans doute ri'est-il pas Ie chiliarque du meme nom ]93 mais son fils ou son petit-fils. Le verbe (1)V£Il~cXAA£lV, "envahir", suggere que la Phrygie dont il sagit ici est la Phrygie intcrieure, cest-a-dire la satrapie de Haute-Phrygie, centree a Kelainai 194. La plupart des modernes admettent que Tithraustes est Ie satrape alors en fonction. M. N. Weiskopf, coherent avec sa propre theorie des pouvoirs dans l'Empire perse, penche pour un "local noble", mais Ie peu que nous savons indique qu'il etait Ie chef de larmee "loyaliste". Cela suppose qu'il ne peut etre qu'un Perse de haut rang et par Scholle a Demosthene, I" Phil, 19. Weiskopf 1982. 473. Isr, Weiskopf 1982, 474. 1~7 Diod. 17.111.1. ISS Supra p. 377. IS9 L'uction de Chares, a cc moment seul chef de l'cxpcdition, au eours de!a guerre des allies est quantifiee par Eschine, /vmb., 71 ; d' aprcs lui, lc stratcge avait perdu cent-cinquarue tricrcs, dcpcnsc mille cinq cents talents, cxtorquc soixante talents par an aux insulaires et survecu grace a la piraterie. 1')1) Dans cettc affaire ccst apparcmmcnt de sa propre initiative que Chares scst engage auprcs d' Artabaze mcmc sil va tenter apres les premiers succes de faire legitimcr son action par lassernblee. I'll Diod. 15.22.1-2; scholie a Dcmosthcne, I" Phil., 19; Dernosthene, /' Phil., 24. m FGrllisl, 105, F4. I'll Judeich 1892,200 n. 2les identific a tort; contra Beloch 1923, 153 et il sa suite Osborne 1973,542; Weiskopf etc. 194 Supra p. ISS sq. dautant qu'il "descend" en suite vers la mer (K(X1(x~(x(VElv). IS4
I~S
MAUSOLE ET LA GUERRE DES ALLIES
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consequent, bien que nous n'en ayons aucune preuve formelle, il est tcntant de pcnser qu'il a exerce Ies fonctions de satrape. Pour M. N. Weiskopf 195 et S. Hornblower 1961e tcrrne chora employe dans Ie recit suggere une possession locale. Mais, merne si I'on retient cette possibilite, il n' y a pas de contradiction puisque le satrape est toujours dote de biens personnels et ce sont eux que l'ennemi est ccnse attaquer en premier (cf. Agesilas et Tissapherne ou Pharnabaze). Cela dit Ie terme cham est aussi employee au sens de "territoire", voire meme de "ressort territorial" cornrne Ie montre par exemple HelL. Ox., 16.1 ou il est question de la chlora] 197 de Pharnabaze envahie par Agesilas. Toutcs les bribes du recit montrent Ie role primordial de Tithraustes (a la fois dans I' ordre militaire et diplomatique) totalement disproportionne s'il sagissait simplement d'un "local noble". Chares defait I' armee de Tithraustes, composee de vingt mille Perses, essentiellement de cavaliers 198. II envoie une Iettre a Athenes ou il prcsente son action declat com me Ie digne pendant de la bataille de Marathon 199. C'etait sans doute aussi une facon de legitimer a posteriori ses actes. La premiere reaction des Athcniens est tres positive, mais devient beaucoup plus prudente lorsque Ie Roi reagit et menace d'envoyer en Egee une ftotte de trois cents navires 200. Chares sentrernet entre Tithraustes et Artabaze et obtient la conclusion d'une treve c()]. Les details de cette campagne, pas plus que lcs consequences pour les cites grecques ne sont connus. Nous avons quelque information sculement pour deux cites: Lampsaque et Sigeion. Encore nest-il pas possible de preciser a quel moment elles ont ete prises par Chares : avant de rejoindre Artabaze, ou plutot sur I'ordre de cc dernier alors qu' elles avaient profite des troubles pour faire secession? Dans ce cas, les interets d' Athenes et des satrapes etaient convergents lorsque I' on se rappelle les defections en trainee de poudre de Rhodes a Byzance qui risquaient de couper a Athenes la route de la mer Noire. Le scholiaste de Demosthene 202 nous apprcnd que pour annoncer sa victoire, Chares envoie des bceufs a Athenes qui furent repartis entre les tribus. Quel fut Ie sort ultcrieur des deux cites'? Pour Sigeion (et moins surernent pour Lampsaque 2(3) elle fut concedee a Chares qui y fixe sa
Weiskopf 1982, 476. Hornblower 1982, 144: "private Persian Tithrausres". 197 Cette restitution na ete remise en cause par personne. 1% Solon Diod. 16.22.1 Ie Roi dispose de plus de soixante dix mille hommes alors que lc scholiaste de Demosthene, I' Phil., 19 attribue vingt mille hommes a Tithraustes ; les deux donnees ne sont pas exclusives ou contradictoircs. 199 Scholie a Dernosthcne, Ie Phil., 19; formulation similaire, Plut., /sratos, 16.3. 200 Diod. 16.22.1-2 ; Moyscy 1975, 173 n. I, s'interroge sur la composition cvcntncl!c dc cette floue. II ne peut sagir, du moins en totalitc, des navires que Mausole peut mettre a l'eau. II faut done evidcrnmcnt penscr a la "flottc de Phenicie" dont on sait le role dans la diplomatie perse des la tin du v's. et aussi Iaction en 394 (pour rester dans Ie secteur de l' Egee). 201 Moyscy 1975, 185, suppose que deux batailles successives ont oppose Tithraustes el Chares ; malgre 1es arguments presentes, il est assez clair quil s'agit la d'une complication inutile d'un scul et mcmc evencmcnt : laftronternent est rapporte de facon lcgcrement diffcrcnte mais pas incompatible par nos trois sources (Diod. 16.22; P En Rainer; scholie a Dcmosthene, l" Phil., 19) qui derivcnt apparemment d'un original unique. 202 Scholie a Dcmosthene, 3" O!ynth., 31 (Dilts 1983, 100, 146a). 20J Pour Burchner 1924, 590-592, cette dernicre a ete conquise par Charcs en 355. I1 est possible qu' Artabaze ail cu quclque mal a la conserver dans sa mouvance. II nest pas sur que Chares y ait conserve quelque position aprcs la capture ct Ic sac dc 1a ville. En revanche Thcopompc, FGrHist. 115. F lOS (transrnis par Athcncc 12, 532b) est plus cxplicite pour Sigeion. I'iS
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residence et qui la conserve au moins jusqu' a l' arrivee d' Alexandre dans l'Hellespont 204. Le parallele entre Ariobarzane-Timothee 205 d' une part et Artabaze-Chares d' autre part est frappant par la similitude des comportements. La treve ne resout rien puisque les operations reprennent en 353/352. Artabaze a obtenu cette fois Ie concours des Thebains qui envoient cinq mille mercenaires commandes par Pamrnenes 206. Grace a ce renfort, les troupes royales sont vaincues par deux fois, mais peu apres (la date de 352 apparait comme tres plausible) 207 Artabaze, "lache" par les Thebains, s'enfuit en Macedoine accornpagne de son beau-frere Memnon 208. R. A. Moysey 209 suggere que les Thebains ont accepte d'intervenir en contrepartie du versement d'une somme de trois cents talents d' argent 210. Si tel est bien Ie cas, il convient d'etre aussi d'accord avec lui 211 pour penser que pas plus I'action de Chares que celle de Pammenes ne precedent d'un plan concerte pour liberer les cites grecques asiatiques. Les deux cas de figure montrent plutot les difficultes financieres d' Athenes et de Thebes, mais aussi la faiblesse de I'arrnee perse lorsquelle est confrontee aux contingents mercenaires grecs. La lecon sera retenue par les Macedoniens. Dans les evenernents qui viennent d' etre relates, Ie seul satrape rebelle est Artabaze et pourtant pratiquement toute la tradition savanteU? a tendu a donner a cette seconde revolte des satrapes 213 une ampleur presque comparable a la premiere. Cette vision doit aujourd'hui etre refutee car elle repose pour l' essentiel sur une lecture a contresens de Demosthene, Sur les symmories, 31. Ce discours est certes date de 354, mais le passage concerne, comme nous I'avons vu plus haut 214, sapplique de facon generale a l'activite du Roi et non aux evenements les plus recents. De plus, il ri'y a pas de preuve que le Roi ait enrole des mercenaires grecs contre Artabaze, mais plutot des indices du contraire. Orontes n' est pas concerne par la deuxierne revolte sans qu'on sache pour autant sil est encore en vie ou non. Merrie Iacune pour Autophradates et la Lydie. Cette derniere parait etrangernent absente du jeu politique des annees 350, mais peut-etre ri'est-ce la qu'un probleme de sources. Mausole pour sa part semble s' etre tenu a I' ecart des affaires du nord-ouest de I' Asie Mineure et s'etre uniquement concentre sur les problernes poses par le quart sud-ouest, c'est-a-dire sur sa propre "sphere d'influence",
Arricn, An., 1.12.1. Supra 1'.296. A noter que Hammond 1937,74 proposait deja ce parallele refuse par Moysey 1975, 180, en fonction d' un cadre general percu comme trcs different, en particulier pour la situation d' Athenes. 206 Diod. 16.34.1-2; Frontin 2.3.3; Polyen 5.16.2; 7.33.2. 2G! Moysey 1975, 189. 208 Cf. Diod. 16.52.3, Kienast 1971, suggere une influence de ces nobles perses sur les institutions macedonicnncs ; i1 faut peut -etre plutot penser avec Weiskopf 1982, 527 n. 21, que 1es ressernblances sont dues a un fonctionnernent archaisam comparable des deux monarchies. Mentor se refugio en Egyptc auprcs de !\ectanebo. 209 Moysey 1975, 186. 210 Diod. 16.40.2. Beloch 1922,483, n. I, met en relation cette somme avec l'aidc dcrnandee par Ie Roi pour son expedition en Egyptc, sans preuve, alors que Moysey 1975, 188, pense que les tractations ont pour cnjeu le maintien ou Ie retrait des cinq mille mereenaires, d'ou la rupture entre Pamrnenes et Artabaze. 211 Moysey 1975, 188. 212 De Judcich it Moysey. On sait que Weiskopf lui attribue une importance bien moindre (I'. 478). 213 Lcs deux passages prccites de Diodore ne mentionnent que 1e seu1 Artabaze mais Ie P Erz, Rainer indiquc que les satrapes loyalistes sopposcnt a lui. 214 Supra 1'.344 n. 318. 204 205
MAUSOLE ET LA GUERRE DES ALLIES
5. LES
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CITES GRECQUES AU MILIEU DU IVc SIECLE
Selon R. A. Moysey 215 le meilleur tableau de la situation des cites grecques en Asie Mineure a cette epoque est fourni par Isocrate, Lettre IX, A Archidamos 2]6 : "... il ne reste aucun lieu qui ne regorge de guerres, de luttes intestines, de massacres et de maux innombrables. La plupart de ces maux sont le partage des habitants des rivages asiatiques que, dans les traites 217, nous avons livre en bloc non seulement aux barbares, mais a des Grecs qui, sils ant la merne langue que nous, ant les facons d' agir des barbares... ces gens ravagent une faible partie de la terre du Grand Roi, mais s'Ils entrent dans quelque ville grecque, ils la detruisent, tuent les uns, exilent les autres, pillent la fortune des derniers" (suit une evocation des exactions sur les personnes, femmes et enfants). Faut-il comme lui prendre cette description apocalyptique a la lettre? II est evident que de telles exactions ant bien eu lieu dans la periode qui va de 365 a 350 : on pensera a titre d' exemple a l' attitude de Philiskos d' Abydos 21R et il existe sans doute beau coup d'autres cas semblables mais non connus. Cependant le precede d'Isocrate releve du genre pamphletaire. II consiste a presenter des cas particuliers, meme relativement repetes, comme une politi que systematique des Perses ou de leurs representants a l' egard des cites grecques, ou plus exactement de montrer que la consequence quasi mecanique de l' assujettissement au Roi est la situation decrite, Isocrate noircit volontairement le tableau pour reveiller la mauvaise conscience des Grecs d'Europe auxquels il rappelle leur comportement passe, qui a fait du Roi l' arbitre des querelles des cites et lui a livre les Grecs d' Asie. Le but est evidernment de provoquer. C' est un veritable leitmotiv chez le rheteur, une "croisade" contre Ies Perses, cimcnt de l'unite introuvable des cites grecques. Au dela du pamphlet, la realite anatolienne et insulaire se laisse assez difficilement apprehender au milieu du lye s. dans la mesure au nous sommes reduits a une information fragmentaire et qui, par definition merne, a tendance a amplifier les faits extraordinaires, au sens plein du terme, done les sieges, les pillages et autres exactions. La region d' AbydosLampsaque cst plusieurs fois concernee 2]9; on relevera aussi le deplacement de la population de Pergame, la prise de Latmos, peut-etre celle de Milet. Mais somme toute, encore une fois compte tenu du faible volume de notre information, les cites de la zone anatolienne sernblent plutot mains mal loties que celles de bien des regions de la Grece dEurope, en particulier en beneficiant d'unc stabilite politique qui, merne si elle etait irnposee, contrastait avec ce qui se passait de l' autre cote de l'Egee. La plupart des cites ant Moyscy 1975, 158-163. Trad. Mathieu & Bremond, CUF. Je ne rcticns que lcs passages Ics plus cxplicites des § 8- lO. 217 'Ev ml; (jDVe~KCX1;. S'ugit-il lit seu1cment d'une allusion it la Paix du Roi? Le propos parait plus general et sappliquer it tous lcs accords passes avec lc Roi en particu1ier par les Spartiates. De rneme Moysey 1975, 163, veut fairc des § 13-14 un etat des cites grecqucs d' Anato1ie it I'epoque d' Agesilas or Ie reproche qui lui est fait, "il voulait faire la guerre au Grand Roi et ramener dans leur patric scs amis exiles en les rend ant maitres des affaircs publiques" oppose plutot I'attitude du roi de Sparte en Asie et en Europe, I'une Iouee alors que lautrc est blamee. 218 Supra p. 289 n. 97. 219 Supra p. 299. 215 216
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un gouvernement oligarchique ou la faction favorable aux Perses tient le haut du pave; c' est eneore la situation a l'arrivee dAlexandre 220. D' autres parametres sur la plus longue duree, permettent en effet de presenter un tableau moins negatif, en particulier les emissions rnonetaires et les programmes de construction. En ce qui concerne les monnaies, il ne saurait etre question ici d' analyser la production cite par cite. Une telle etude serait a realiser et fournirait des informations capitales. Elle est pour le moins difficile et aleatoire dans la mesure ou la date absolue, parfois rncme relative, des series est encore a etablir. Nous sommes done contraints de raisonner sur des ensembles vastes aux contours flous et sur les exemples les mieux connus. Rares sont les cites qui cessent demettre : c'est Ie cas de Samos et moins surement de Chios. II y a interruption brutale de series assez abondantes et cela pour des raisons politiques bien connues comme I'installation de la clerouquie athenienne aSamos. En ce qui concerne Chios 221, elle crnet en electrum et en argent apres sa rebellion contre Athenes mais semble cesser ensuite sa production jusque vers Ie milieu du lye s. 222. II est difficile de relier cela aux evenernents politiques de Ia peri ode. On mettra en revanche en exergue lc developpcment du monnayage d'Ephese, de Milet, de Cos, de Rhodes pour I' argent 223 ; de Kios pour l'or 224, de Phocee, Mytilene et Cyzique pour I'electrum 225. CONCLUSIOl\ Du point de vue athenien, la Paix du Roi avait genere en theorie deux zones bien distinctes pour les cites grecques: I' une soumise a I' arbitraire du Roi perse, I' autre bencficiant de I' eleutheria. On voit bien que dans la pratique les choses ont evolue de facon diffcrente. Du cote des insulaires, c'est la une objection de taille aux theses de J. Cargill, pour les cites petites et moyennes nous rclcvons une quetc perrnanente, et qui peut paraitre aux modernes pathctique et quelque peu derisoire, de la liberte. Mais les factions qui cherchent a simposer sappuient volontiers sur I'ctranger, grec ou non-grec, et les passions peuvcnt obscurcir momentanernent le jugement politique de ceux qui sont engages dans ces luues, au point de lcs conduire a une sujetion plus importante. Contradiction apparente : depuis le debut du ye s. (mais ce ri'est pas a ce moment un fait nouveau) nous relevons Iidee constante que la survie politique passe par des ligues. Cependant le desenchanternent survient vite, alors que l'on s'est lie "pour tout Ie temps". Les objectifs que l'on s'etait assignes d'un commun accord peuvent apparaitre comrne dcpasses, etre modifies par la cite ou le pouvoir hegernonique et les contreparties de la protection, au moins des contributions Iinancieres, sont alors plus mal supportees. Elles donnent des arguments de poids a la faction ecartee du pouvoir et qui aspire a le reprendre. 220
22i
Arrien, An., 1.17.10 sq. ; Diod. 17.22 sq. Infra p. 408. cr. les conclusions, sans doute encore revisables, de Hardwick 1993, 218-219. Ccs series dans Hurler
1998, 149. 22, Cr. en ce scns les observations de Glotz & Cohen 1941, 103; pour un panorama general de cc monnayage cf. Kraay 1976,256 sq. 224 Waddington et al. 1908,311 et pI. XLIX, 1-4 (statere detalon attique avers Apollon laure, revers proue de navire). m Bodenstedt 1981, 168 et 260 (Phocec, Mytilene) ; SNG von /vulock 1207-1212 (Cyziquc). Cr. Mildenberg 1998.
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Du cote des cites continentales, le catastrophisme d'lsocrate a ete parfois recu comme verite irrefutable par les modernes. La realite parait sensiblement plus nuancee. Certaines cites ant pu trouver I'opportunite de saffranchir en fait de tutelles trop pesantes et d'autre part le traitement qui est celui des cites grecques parait assez souvent respecter les usages traditionnels en ce qui regarde I'apparence de l'autonomie des cites En ce sens il ri'y a pas hiatus mais bien evolution en continuite entre les epoques classique et hellenistique 226, La situation des cites grecques est done globalement loin d' etre aussi noire qu' on I' a parfois ecrit : Ie developpement de certains monnayages et Ie debut de programmes de constructions ambitieux suffisent a Ie montrer. Autre fait caracteristique, une differenciation accrue entre cites concretise les changements: alors qu'Ephesc, Milet, Rhodes ... tendent a affirmer leur role, d'autres seffacent a jamais par syncecisme ou absorption pure et simple. Enfin, malgre toutes Ies decisions politiques, lcs liens imposes par la geographic sont trop forts pour que I'on puisse totalement isoler cites cotieres et cites insulaires,
22" Gauthier 1985.4.
CHAPITREX
350-334
LES "AGES OBSCURS"
Pour cette quinzaine d'annees les sources d'information font cruellement defaut, Les evenernents nous echappent presque totalement et dans beaucoup de cas nous sommes meme dans l'Impossibilite de preciser quels sont les titulaires des principaux gouvemements mis en place par les Perses. Les indications les plus coherentes concement la Carie et les regions controlees par ses maitres successifs.
1. LES SUCCESSEURS DE MAUSOLE Mausole est mort en 353 1, et sa sceur-epouse Arternise lui succede jusqu'a son deces en 35 J /350 2 . Nous avons vu plus haut 3 qu'il etait difficile d' apprecier I' attitude du pouvoir perse face a cette situation. En revanche les Grecs ont considere que c' etait la une circonstance favorable pour s' affranchir de la tutelle carienne. Dernosthene 4 donne Ie ton en soulignant combien il serait humiliant pour les Atheniens d'avoir peur d'un barbare qui, de surcroit, est une femme. Comme en echo a I'ironie mordante de l'orateur, Vitruve 5 decrit comment les Rhodiens, indignes du fait qu'une femme puisse dominer les cites de Carie 6, tentent un coup de main sur Halicamasse. L' affaire est cui sante puisque non seulemcnt les mutins echouent : Artemise prevenue improvise l'un de ces stratagernes dont les anciens aimaient ase faire narrer Ie detail; puis, poussant son avantage, elle s'empare par surprise de Rhodes, qu'elle traite en cite conquise, faisant executer les principaux dirigeants et erigeant deux statues de bronze, I' une d' elle-rnerne, I' autre de Rhodes y apposant les marques de la servitude 7. Convient-il de rapprocher un autre stratageme, rapporte cette fois par Polyen 8.53.4. Ce dernier attribue, a tort, a Artemise l' Ancienne une maneeuvre qui pcrmet la capture de Latmos : s'etant rendue en grand cortege dans Ie bois sacre de la Grande Mere
Supra p. 135. Cf. Beloch 1923, 141 sq. ; Hornblower 1982, 40; Schol. Demosthcnc, Rhodiens, 11 (5a Dilts 1983), Kcpir«; E~aalA£"U£; cf. Valcrc Maxime 4.6, ext. 7; Jerome, Contre Jovinien, 1.130; Souda s. v. ' Aprsuioi« ; Pline, HN, 36.31 ; Diod, 16.36.2; 45.7: apsaaa E111 ouo. Hornblower 1982,41 n. 3D sappuie sur ce dernier passage pour conclurc qu'cllc a porte le titre de satrape (cf. supra p. 136 pour rune des interpretations possibles de Coll. Froehner; 96). Arternise ne semble pas avoir frappe monnaie a son nom (Kraay 1976,275 mais cf. supra p. 381 la possibilitc d'une frappe a Cos au nom de Mausole mais aprcs la disparition de ce dernier) ; il n'y a pas non plus d'inscription gravees sous sa seule autorite. 3 Supra p. 140. 4 Demosthene, Rhodiens, 23. 5 Vitruvc 2.8.14-15. (, Itaque post mortem Mausoli Artemisiam uxorem eius regnantem Rhodii indignantes mulierem imperare civitatibus Cariae totius ... 7 Sur cet episode, infra p. 407. i
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proche de Latmos, elle excite la curiosite des habitants qui relachent leur vigilance. Pour W. Judeich 8 cet episode se placerait dans la periode ou Arternise exerce seule le pouvoir. La decouverte d'une nouvelle inscription 9 qui prouve que Latmos navait pas change de nom it I'epoque du satrape Asandros semble lui donner raison 10. Mausole et Artemise sont morts sans enfant II, leur frere cadet ldrieus accede au pouvoir. II est reconnu comme satrape par le pouvoir central et il epouse une de ses sceurs, Ada (I). Son gouvernement dure jusqu'en 344 12. Le nouveau couple de dynastes poursuit la politique et consolide Ies acquis de ses predecesseurs, Malgre les espoirs ou les illusions de Grecs comme Isocrate, la relation d'ldrieus avec I' Empire reste globalement bonne rneme si elle parait avoir subi quelques crises. Peu de temps apres son accession au pouvoir, si I'on suit Diodore 13, ou la fin de son gouvernement comme le pensent la plupart des historiens contemporains, Ie Roi fait appel it lui pour preparer les operations contre les rois de Chypre qui se sont revoltes, renouant en cela avec la tradition qui avait fait d'Hekatomnos Ie chef d'une expedition anterieure. Le corps expeditionnaire comporte quarante trieres ct huit mille mercenaires sous Phocion et Evagoras. Diodore Ie qualifie de "dynaste" mais il est dit aussi tl1[~J Mm)(J0WA[A01)] de l'inscription Labraunda 28 est-il un fils du satrape (notons en passant quil s'agit (j;un nom perse) en tout cas Mausole parait avoir une posterite quenrcgistrc Syll.', 603 (Delphos) ou Pixodaros fils de Krates se definit comme descendant de Mausole fils d' Hckatomnos ; Hornblower 1982, 40 n. 28 ecarte ces temoignagcs pour rester fidclc a ce que dit Strabon. 12 Diod. 16.69.2. ; Plut., Ages., 13, rap porte la supplique du satrape Idrieus a propos dun certain Nicias. Ccla suppose qu'Idrieus exercait des fonctions officielles vraisemblahlement au nom dc son frere avant son accession a la charge satrapale puisque Agesilas meurt en 359 (36(),)). On penscra aussi a la prise de Latmos au nom de son frere, Polyen 7.23.2. I] Diod. 16.42.6-9. Hornblower 1982, 43, souligne les difficultcs qu'cngendre la chronologie assignee a cette expedition mettant en avant Isocratc, Phil., 103, OU cc dernier expose son espoir de la defection dIdrieus. Mais lon sait que les Hekatornnides ont toujours ete suspcctes de pratiqucr un double jcu. L'argumcnt nest done pas en soi decisif, Diodore insiste beaucoup sur la relation entre le debut du mandat dIdrieus ct l'cxpedition de Chypre, mais il situe dans le mernc mouvernent laction centre Sidon puis I'cxpcdition en Egypte. Faut-il rabaisscr la chronologie de I'cnsernble comme Ie faisait deja Bcloch 1923, 285-287 ; ef. Ruzicka 1992, 117 et 202 n. 59 ; Hornblower, CAH, VP, 9l et Konuk 1998 qui en tire argument pour confirmer I'attribution des monnaies roi archer/ satrape a cheval a lexpedition vers Chypre et la frappe a Evagoras II. Mais les evencrnents, et Ie monnayage de Sidon nentrent que rnalaiscment dans cette chronologie basse (infra p. 415 sq.). Le problcme reste done cntier. Unc solution alternative pouvant etre Ietalement dans lc temps des evenements susmentionncs. 14 Petit 1988, 316 sq. 1\ Coli. Froehner. 96 (Tralles) ; supra p. 136. 8 9
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Tout cela n' empeche nullement ldrieus et Ada d' etablir des contacts avec diverses cites de la Grece d'Europe et de eonforter leur image par I'erection de quelques monuments dans des circonstances qui nous echappent mais qui repondent a I' evidence a des objectifs de propagande. Les Milesiens 16, citoyens d'unc tres ancienne et illustre cornmunaute grecque, se font les promoteurs ou les intereesseurs de I'image du couple a Delphes. Image materielle puisque le bloc sur lequel est gravee I'inscription servait de base aux statues des dynastes, mais aussi "image" que l' on veut accrediter en faisant d' eux de simples particuliers a la greeque : ldrieus fils d' Hekatornnos, Ada fille d'Hekatomnos. Mais Ie seul rappel de cette filiation unique place les freres-epoux dans un cadre qui est bien etranger a la cite grecque classique 17. Com me le note M. N. Tod, le seulpteur est Satyros de Paros, I'un des auteurs du Mausolee IS. En revanche, il parait plus improbable qu'une analyse similaire puisse etre proposee pour un relief de Tegee 19 representant Ie couple entourant un Zeus Labraundeus polymaste avec le bipenne sur l'cpaulc droite et la lance dans la main gauche 20, avec cette simple mention: Zeus-Ada-Idrieus. WaywelI suggere que dans les deux cas (Delphes, Tegee) ldrieus etAda ont contribue financiercment a la reconstruction des temples d' Apollon et d' Athena Alea, C'est done la un moyen de manifester Ie philhellenisme de la dynastie, ce qui n' a rien de contradictoire avec la domination exercee sur un certain nombre de cites grecques insulaires ou cotieres, Dans le domaine insulaire, ldrieus consolide les positions acquises par son predecesseur a Rhodes, Cos et Chios 21. II serait eependant hatif de eonclure qu'il y a eu annexion pure et simple des trois rles. L'histoire du monnayage de ces trois cites ri'est pas completernent etablie mais il parait assure que certaines series ont ete frappees pendant cette periode. La presence de garnisons est synonyme d'un assujettissement plus marque mais non d'une integration ala satrapie. La participation de ces trois cites a Ia defense de Byzanee contre Philippe doit en effet etre consideree plutot comme le signe d' une certaine latitude d' action des cites (a condition naturellement qu' elle n' aille pas dans un sens contraire aux interets du satrape) que comme un engagement direct des Hekatomnides dans Ie conflit 22. En Carie et sur le continent, I' epoque d'Idrieus parait etre celle d'une conquete interieure. II est assure que sous Mausole bien des reticences ou des resistances se sont manifestees et que I'accroissernent de sa zone dinfluence ri'est pas alle sans conflits. Le
Tod, 161 B (Syll.'. 225' FD, 111.4, 176), cf. Marcadc 1953,93, pl. XVII, 1. Supra p. 139. IS Tod, 181, ef. Picard 1954, 75 sq. ; 870 sq. Sur le Mausolee et les elements de comparaison, et de difference, avec Ie temple d' Athena a Priene et ce1ui de Zeus ii Labraunda, Hoepfner 1966, sp. 113. IY Sur ce monument de Tegec, ef. Foucart 1910, 145 sq. ; Jonkces 1948, 31-33, qui propose de voir dans ce relief I'ceuvre d'un Carien ayant accompagne Scopas a Tegee au moment de l'crcction du temple d' Athena et apres lachevemcnt de son u uvre au Mausolce. La photo de cc relief (qui sc trouve au British Museum), ibid, p. 33. Unc meillcure reproduction est fournic par Borchhardt 1978, pl. 73, 8. Notons en passant que cc dcrnier (p. 190) n'indique pas la provenance de cette stele et que la legcndc qui est attribuee ii la photo: "Votivrelief... fur Zeus Labraundos von Mylasa" a amcne Dupont-Sommer 1979,176, ii ecrire qu'il s'agit d'un relief de Mylasa. En dcrnier lieu Waywell 1993,79-86 refuse toute correlation avec Scopas, il propose de voir dans ce monument la partie haute d'un decret. 20 La comparaison avec les monnaies rend probable quil sagit Iii d'une representation-interpretation de la statue cultuelle du dieu. Infra p.. 407 sq. 22 Infra p. 420. 16
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"regne" d'Idrieus bien que relativement court ne revelo pas, pour ce qui est connu ii ce jour, de telles tensions et il apparait qu'il a ete tres productif dans nombre de dornaines, en particulier celui des constructions. En 346, Isocrate 23 decrit le satrape comme l'homme le plus riche parmi les continentaux (done ici les habitants de I' Asie Mineure). C'est probablement grace a cela qu'il peut entreprendre ou achever des travaux importants, tant pour I'embellissernent de sanctuaires ou de sa capitale que pour la mise en eeuvre d'un programme de constructions a vocation militaire. Evoquons simplement ici la realisation architecturale imposante d' Amyzon "signee" par Idrieus 2S. On ne sait si ces travaux ont ete commences sous Mausole et seulement acheves sous son frere, La comparaison avec Labraunda 26, OU Ie frere cadet parait avoir developpe un programme complernentaire voire merne concurrent de celui de son aine, donne peut-etre un element de reponse a cette interrogation. On sait que Ies Hekatornnides ont aussi construit a Latmos 27. 11 existe des edifices comparables ii Theangela 28, Alinda (I'utilisation du granit interdit ici toute comparaison stylistique) 29, sans aucun doute aussi a Mylasa dont on sait peu de choses de son developpernent architectural dans la mesure ou les vestiges ont ete tres largement detruits soit par fa ville romaine, soit par la Milas moderne; cf. aussi l'amenagement des substructions du site de Sinuri 30. La plupart de ces constructions ternoignent d'une tres etroite parente qui ne peut les situer a des epoques trop eloignees, Bien des edifices de dimensions plus modestes qui datent aussi de cette merne peri ode comprise entre 350 et 335 jalonnent la cote 31, etc. 11 s'agit Iii de manifestations tangibles d'un renforcement de I'unite de la satrapieprincipaute, sur laquelle nous sornrnes mieux renseignes grace a la diffusion de la langue grecque comme langue d' expression ofticielle de ces cornmunautes, D' ailleurs, certaines d' entre elles vivaient ii linstar des cites grecques dont elles avaient copie les institutions, ou plus exactement elles avaient inflechi les leurs en leur dormant I' apparence et les denominations grecques les plus approchantes 32. II ne faut rien attendre pour l'instant de l'epigraphie de Mylasa et d'Halicarnasse pour ces periodes. En revanche les sites d'ensembles plus modestes ayant ete moins dctruits ou pilles peuvent s'averer plus parlants. A Sinuri, alors qu'Hekatomnos est seulernent present par la mention de I'offrande d'une trapeza et que Ie hasard (?) a fait qu'il ny a rien pour Mausole, Idrieus et Ada apparaissent dans plusieurs inscriptions 33. L'une en particulier fait mention d'une EVTOA~ d'Idrieus et Ada (sans autre precision) 34. Le choix de ce terme montre bien quel type de rapports pouvait Isoerate, Phil., 103. Le lieu est occupe par un cultc d' Artemis qui est hien anrerieur au IV's. Cf. par cxemple lcs statuettes du VI's. et le fragment de frise en terre cuite du v- s. : Robert & Rohert 1993, 63 et fig. 35. 25 Robert & Robert 1993, 63 ; consecration du propylee par Idrieus, n" I, p. 93-95; mise au point commode sur Ia presence hekatornnide en Carie intcrieurc, p. 90-92. 26 Labraunda, 6. 27 Supra p. 392 n. 176. 2x Bean & Cook 1955, 122 sq. ; 1957, 89 sq. 29 Cf. Rohert & Robert 1983, 6 sq. ; ef. deja Robert 1953, 13. 30 Devambez 1959.28-29. 31 Radt 1970, pour ne retcnir que des monuments editcs. 32 cr. provisoirement Bresson & Debord, 1985, 210 sq. 33 Sinuri, 73 et 75. 34 Sinuri, 73 : texte ameliorc Robert 1949b, 63 sq. (= Hornblower 1982, M5). 23 24
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exister entre les maitres de Ia Carie et unc petite comrnunaute rurale avant son absorption par Mylasa. A noter cependant qu'Idrieus se definit lui-rnerne comme Mylaseus dans l'une des dedicaces de Labraunda 35, ce qui inciterait a quelque prudence a definir l'''en dedans" et l'''en dehors" de la satrapie par l'opposition quasi mecaniste de ces appellations. Cela nous amene a poser la question des rapports de cites comme Erythrees avec Idrieus a partir de la nouvelle inscription publiee par E. Varinlioglu 36. Ce dernier suggere que ce decret a pu etre pris en meme temps que celui pour Mausole. II semble pourtant y avoir plusieurs arguments qui incitent a pencher plutot pour la peri ode ou Idrieus est lui-merne satrape : par exemple les colleges qui sont aI' origine du decret sont different», Les seuls strateges dans celui pour Mausole et trois colleges dans Ie second: strateges, prytanes, epimenioi. Le dernier nomme apparait ici pour la premiere fois. II sera rernplace dans les institutions democratiques par celui des exetastai 37 et cela tendrait a prouver que nous sornmes dans un cadre oligarchique qui sierait bien a un controle, qui reste a definir, des Hekatornnides. Autre difference, la citoyermete parmi les honneurs que recoit d' office Mausole. II parait significatif que dans le cas d'Idrieus il sera citoyen d'Erythrees sil le veut et choisira son genos 38. Par consequent, meme si les Erythreens entendent sauver les apparences de l' autonomie, ils accordent par exemple a Idrieus un droit de priorite dans les proces qui pourraient Ie concerner (ou qu'il pourrait intenter...). II est clair que le droit de cite de la modeste Erythrees pese comparativement peu face a la puissance du recipiendaire, Nous semmes ici dans un rapport de forces qui prefigure ceux de l' epoque hellenistique. II n' est pas fait mention d' Ada dans le texte, mais on observera que dans le decret pour Mausole les honneurs concedes a Arternise viennent a la fin de la stele, or celle-ci est mutilee a cet endroit. On se demandera enfin quelle est la chronologie relative de ce document par rapport au traite passe avec Hermias 39. Bien qu'il n'y ait aucune preuve irrefutable, il est tentant de penser que ce nouveau texte est anterieur et que par consequent il suit de peu I'accession d'Ldrieus aux fonctions satrapales. La mort d'Idrieus en 344/343 entraine le renouvellement de la situation qui avait permis a Artemise de se saisir seule du gouvernement pour quelques annees : Ada (I) la sreur-cpouse devient la maitresse unique de la Carie. Cependant il convient tout aussit6t de remarquer qu' a I' exception des textes litteraires, aucune source ne nous renseigne sur cctte peri ode. Profitant des evenernents de 34 I1340 (la COIncidence parait trap belle pour etre purement fortuitc), Pixodaros evince sa sceur, laquelle sexile a Alinda 40, et exerce un pouvoir satrapique reconnu, au moins en 337 comme le montre la Trilingue de Xanthos, si 1'0n accepte la datation basse. Nous ne possedons a vrai dire qu'une information assez mince sur l'activite du satrape. Du point de vue architectural (la phase des grandes
l.ahraunda, TIL2. n° 15-19. Varinlioglu 1981,45-47. 37 E.g.IK, l-Erythrai, 10; 12, etc. 38 Cette mention semble confirmer Ihypothese emisc (Debord 1984, 210) sur la nouveautc que rcprescntaicm les institutions en -tys tchiliastys. ctc.) dans les cites de la facade anatolienne (contra Gauthier, Bull. ep., 1987, n'' 230), puisque dans une cite ou sont attestecs de tellcs subdivisions, seu1ement it partir de lepoquc hcllcnistique, il est propose it Idricus de choisir le geno.\' auquel i1 appartiendra. 39 IK,I-Erythrai, 9, infrap. 418. 4iJ Arricn. An .. 1.23.8. 35 36
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entreprises en ce domaine semble etre achevee, peut-etre faute de moyens) on rei eve en tout et pour tout un autel, peut-etre, a Xanthos 41 ; meme doute pour un autre homos a Mylasa 42. Comme on le voit cela est extremement mince, les temps ne sont pas a la magnificence. II existe quelques traces de son activite politique dans un decret des Plataseis ou Pixodaros est appele satrape s ', mais en realite son nom figure la comme element de datation par reference aI'autorite officielle sur la region. En Lycie, l'inscription bilingue (grec-Iycien) TL, 45 nous apprend qu'un certain nombre de cites lyciennes: Xanthos, Tlos, Pinara, Kadyanda recoivent un privilege que le mauvais etat de conservation de la stele ne permet pas de definir avec precision 44 (dime sur les transactions "internationales?"). 11 est peut-etre aussi fait mention dans le texte d'une guerre avec Caunos. Ce nest done sans doute pas un hasard si le texte le plus important a ce jour concernant Pixodaros provient aussi de Lycie, de Xanthos. II s' agit de la fameuse inscription trilingue datee de I' an I d' Artaxerxes, dont la date - et par consequent le contexte - ont ete si vivement discutes, Comme dans nombre de cas deja signales en Lycie et aussi a Tralles, il s'agit ici de decisions a caractere religieux. II n'est pas possible d'etablir sil y a un lien entre cet acte et la campagne supposee a Caunos. II convient en effet de rappeler que le basileus Kaunios, principal beneficiaire de la consecration des Xanthiens et de leurs perieques, etait connu a Xanthos au moins des I' epoque de la domination de Tissapherne 45 ; mais qu' il est aussi present a Cos, ile controlee par les Hekatomnides 46. Le texte de Xanthos est precieux par les indications qu'il fournit sur I'organisation administrative de la province 47. Un personnage au nom carien, Artemelis, est epimelete de la cite de Xanthos et cela est a rapprocher de la decouverte en Lycie orientale par J. Borchhardt 48 d'une tombe-tumulus dont la seule decoration est un autel a la double hache, marquant ainsi la volonte du defunt de sidentifier fondamentalement comrne carien. Les deux archontes de Lycie ont pour leur part des noms grecs, Hieron et Apollodotos. C' est la un fait dont il semble que l'on na pas suffisamment souligne l'importance. S. Hornblower 49 fait observer que leur patronyme ri'est pas indique et que par consequent on ne saurait preciser s'ils sont grecs ou si on les a seulement appeles de noms grecs. La premiere hypothese reste la plus probable mais dans les deux cas ces noms plaident plut6t pour la datation basse de I'inscription. Notons que le monnayage de Pixodaros 50 est
41 'l L, 145.1. 11..12; il ny a pas de raison de penser que I'autel du Roi de Caunos et d'Arkesirnas dans la trilingue avait ete offert par Pixodaros conjointement avec les Xanthicns et leurs perieques, (contra Hornblower 1982,279). 42 IK, 34-Mylasa, 7 ; mais heaueoup plus probablement eette offrande est faite par Mausole et non par Pixodaros eomme les traces de lettres copiees au XVIll' s. Ie laissent penser (par reference it IK, 34-Mylasa, 6). 43 Labraunda, 1Il, 42 (HornhIower M8). 44 Tl., 45 1. I sq.' i!8WKEv nl~Q,8ap(J)L 'EK[a}r{'l.llvO\J :;::a]vI8Iiolll;, TA.WlWl;, Ilrvc.peotj c, Kav8au8l'olt]; 8EK&~T)V 1ij; E~.l1IOp[la; ~ij;] ouaT); [[.Iv ~ijl rei oAjEl. Cf. Sveneiskaya 1967, 84 sq. (il rapproeher de TL, 65 I. 317). L'ex istence memc d'un eonflit entre Pixodaros, les cites susnommccs d'une part et Caunos de I'autre est loin dctrc assurcc, cr. Bean 1953, 18 n. 30 a ; ef. aussi Hornblower 1982, 115 n. 174 ; 121 n. 128 ; 161 n. 198. En dernier lieu Bousquet 1986, 10 ; Briant & Deseat 1998, 82. 45 Laroche 1980,6 (mais cf supra p. 68). 46 Paton & Hicks 1891, 109 n. 53; interpretation de ee tcxtc par Bean 1954. 47 Supra p. 357. 4~ Borchhardt 1978, 183-191. 49 Hornblower 1982,76. 50 PI. V. 9 et 13.
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identique a celui de ses predecesseurs par les themes retenus pour l'illustration de ses monnaies. Cependant il est le seul des Hekatornnides a frapper l'or >' et il faut penser qu'il s' agit la d'une manifestation de difficultes entrain ant la fonte des reserves metalliques, Plutarque 52 est le seul auteur a rapporter le ballet diplomatique qui eut lieu entre les cours de Macedoine et de Carie et qu'il convient de placer tout a la fin du regne de Philippe II. Rappelons succinctement ce que nous dit Plutarque: Pixodaros cherche a devenir l' allie de Philippe; illui propose de sceller un accord par Ie mariage de sa fille ainee (Ada II sans doute) et d' Arrhidee (Ie futur Philippe III). Ayant appris cela, Alexandre fait I'offre au Carien de remplacer son derni-frere, ce que Pixodaros accepte avec empressement. Cette demarche declenche la colere de Philippe qui avait semble agreer le premier projet. Que retenir de cette anecdote? Les mariages entre Macedoniens et Perses ne sont pas une nouveaute puisque nous pouvons noter qu' Alexandre Ter avait donne sa seeur en mariage au perse Boubares 53 et que ce mariage avait ete en quelque sorte "sanctifie" par Ie pouvoir perse puisque Amyntas, Je fils issu de cette union se vit doter d' Alabanda (plus probablement Blaundos) 54 en Phrygie. Pixodaros ri'est certes pas un Perse, mais il est le dernier representant d'une dynastie connue de tous pour sa richesse et sa puissance gagnee au service de l'Empire. Les modernes ont discute le sens qu'il convient dattribuer a cette tentative avortee 55. Faut-il suivre Plutarque lorsqu'il considere qu'il s'agit pour Pixodaros d' assurer une alliance militaire avec la Macedoine, attitude sur laquelle il serait revenu plus tard en "persisant"? Dans quelle mesure ri'y a-t-il pas la une trace supplernentaire de l'intoxication permanente chez les Grecs (principalement les Atheniens) concernant la politique des Hekatomnides? On peut aussi bien penser quil s'agit d'une maneeuvre plus complexe ou, avec I' assentiment tacite du Roi, un satrape cotier s' efforce d' etendre le reseau de ses relations, appliquant les preceptes qu'Herodote prete aux Medes 56 puis aux Perses. Quoiqu'il en soit, ce rapprochement echoue dans la mesure ou il devient en quelque sorte une affaire interne a la Macedoine, revelant les tensions profondes qui secouent la cour de Pella. Soit qu'il ait ete personneUement decu du refus macedonien, soit sur ordre royal, un mariage est conclu entre Ada II et Orontobates et ce dernier est bientot associe au pouvoir satrapal 57. Quels qu' aient ete les revirements de la diplornatie hekatornnide, ce mariage et ses consequences doit etre considere comme un cuisant echec pour la dynastic carienne. Malgre les hypotheses de Th. Petit 5R, il montre combien la marge de rnanreuvre dont elle disposait etait mince lorsque le pouvoir central decidait de rendre plus concret son controle effectif sur llne region. En ce sens Ie sort de la Carie ne se distingue guere de celui des satrapies "hereditaires" tenues par des Perses (Daskyleion).
Robert & Rohert 1983, 91 n. 63; Konuk 1993,241-242 (ef. PI. V, 10-11). Plut., Alex., 10. 5, Hdt. 5.21 ; ef. Hornblower 1982, 218. 54 Cf. supra p. 188 n. 206. 55 Hornblower 1982, 221 ; Griffith in Hammond & Griffith 1979, 679 sq. 56 Supra p. 78. 57 Supra p. 146; Arrien, An., 1.23.8 et Str. 14.2.17, fournissent des versions eontradietoires de lenchainemcnt des faits. 5S Suprap.137. 51
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2. LES INSULAIRES Nous avons a vu plus haut 59 comment Mausole avait profite de la Guerre des allies pour susciter des regimes a sa devotion. 11 apparait que sa mort suscita quelques espoirs de liberation de la tutelle carienne, en particulier a Rhodes. 11 n' est en effet pas justifie de rejeter comme pure invention la tentative malheureuse que firent les Rhodiens sur le port dHalicarnasse 60. 11 faut bien que le "Discours Rhodien" de Dernosthene ait repondu a quelque velleite de soulevement, mais surtout Ie ProLogue 23 6 1 apporte des precisions dont R. Clavaud a raison de souligner qu'elles nont pas recu suffisamment d'attention de la part des commentateurs modernes. 11 y a eu non pas une mais deux interventions rhodiennes a Athenes, L'une est le fait de dernocrates exiles a laquelle repond Ie discours Sur La Liberti des Rhodiens, l' autre des oligarques au pouvoir dans l'Ile qui inspire a Demosthene soit un discours dont nous aurions ici le prologue soit, comme le suggere R. Clavaud 62, une simple intervention a l' assemblee qui aurait ete integralement conservee, Le point commun entre ces ambassades est quelles viennent demander de I'aide a Athenes, mais les objectifs sont differents, Les dernocrates veulent rentrer dans l'Ile et ils ne le peuvent que par un renversement des oligarques soutenus par Arternise. Demosthene plaide en leur faveur bien qu'Ils aient eux-rnemes fait basculer l'Ilc du cote carien et se soient comportes avec impudence a son cgard. Ils se font desormais les suppliants de la cite 63. Les oligarques ont une toute autre perspective. Peut-etre alarrnes par les nouvelles qui viennent d' Athenes, ils decident de se placer en position de force par rapport a leurs ennemis en prenant l' offensive contre Ie pouvoir carien a un moment ou il est presume affaibli 64. On sait quelle fut I'issue de cette affaire et les propos severes de l' orateur : "quand ils entreprennent une guerre pour leur compte vous avez plus de tracas pour corriger leur presornption et leur malchance" parait tout a fait correspondre a la situation que decrit Vitruve, c'est-a-dire a I'expedition malencontreuse des Rhodiens a Halicarnasse, et par consequent en confirmer I' existence. Contrairement a ce que pense R. Clavaud, il me semble que ce discours prend naturellement sa place quelques temps apres le raid, alors que la harangue n'cvoque nullernent l'idee d'une quelconque intervention hors de I'Ile de Rhodes. La poursuite et meme, comme nous venons de Ie voir, le renforcement du controle carien n' a pas laisse beaucoup de traces tangibles 65. II en va de meme pour Cos 66 OU la presence hekatomnide parait pourtant permanente. Par
Supra p. 381 sq. Vitruvc 2.8.14-15 ; Berthold 1978, 129-134; 1984,32 n. 44, plaide dans le sens du rejct de ect episode. Cf. supra p. 400. 61 Dcmosthcnc, Prologue 23, Clavaud CUr. 62 Clavaud, 149 n. 5. 63 Dcrnosthcnc fait observer que les Athcnicns ont sauve chaeun dentre eux (done dernocrates ou oligarques) lun apres l'autre, en rappel ant par allusion les interventions d' Athcnes en faveur des Rhodiens quel que soit la nature du gouvcrnemcnt en place. 64 Le Prologue, cf. particulierernent le § 3, est une charge contre I'impudence des envoyes des oligarques. 65 En 346, Dcmosthcnc, Paix, 25, observe que 1c Carien (Idrieus) occupe Ies ilcs de Chios, Cos et Rhodes. Une monnaie rhodienne datee hypothetiquement des annees 340 porte une "tete satrapale" mais cf. infra p. 485. 60 Demosthcnc, lac. cit. ; Sherwin- White 1978,76 et n. 241 a la suite de Hill idcntifie une tete feminine qui apparait au IV'S. sur les monnaies de Cos avec Artemise suggerant que certaines pourraient avoir ete emises apres la mort de Mausole. C est unc hypothese UIl peu avcnturcc, mais cf. supra p. 381. S9
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rapport a la situation anterieure la seule modification importante est I'assujettissernent de Chios 67 qui etait sans doute restee I' alliee de Mausole puisqu' elle nintervient pas, comme Ie note Demosthene 68, lorsque Ie satrape met la main sur Rhodes. Elle subit Ie meme sort de la main d'Idrieus. En 346, la pression du Carien est done considerable sur la clerouquie athenienne de Samos et on s'cxplique mieux ainsi les contingents de clerouques envoyes successivement par Athenes 69. Assez rapidement les preoccupations des protagonistes vont devenir d'une autre nature avec la montee en puissance de la Macedoine, qui amene a un rapprochement entre Athenes et les lIes rneridionales. Plus au nord, I' evolution de l'Ile de Lesbos 70, pour laquelle nous possedons une information un peu plus abondante, montre bien les soubresauts et les ambiguites de la politique egeenne en ce milieu du lye s. La situation est rendue encore plus compliquee par le fait que, a la difference de toutes les iles comparables, le synrecisrne na jamais pu s'y realiser, Autre originalite par rapport aux iles meridionales, la loyaute de Mytilene et des autres cites lesbiennes a I'alliance athenienne ne parait pas avoir ete remise en cause par la Guerre des allies. Rappelons qu'en 367 le pcuple de Mytilene (auquel on associe Methyrnna, Antissa, Eresos et Pyrrha) 71 est loue pour sa fidelite. II est vrai que depuis 375 au moins 72, une garnison athenienne est installee aMytilene. Elle s'y trouve encore en 371 au moins 73. II ri'est fait nulle allusion a Lesbos au cours de la guerre proprement dite. Dans la periode qui suit Mytilene parait se comporter en alliee assez libre de ses choix 74. A une date de peu anterieure a 350, les Mytileniens sont passes sous un gouvernement oligarchique 75 mais ils ne quittent pas pour autant la mouvance athenienne 76. On se dernandera cependant sil n'y a
67 Demosthene. loco cit, Bosworth 1980, 178, propose de meurc Enee 11.3 en relation avec cet evenement, Cc qui parait incompatible avec la date de composition de [' ceuvre. 6S Demosthene, Rhodiens, 3. 69 Supra p. 292. 70 Pistorius 1913 ; cf. aussi Brun 1988a, 380. 71 Tod, 131; supra p.289. On rapprochera aussi Tod, 163 (IG, XII. Supp!. 3) qui montre que les Mytileniens geraient leurs affaires de Iacon autonomc en obtenant une reduction des taxes sur lexportation du blc du Bosphore. Faut-il considcrcr dans ee decret, dont la date n'cst pas fermement fixcc, vcrs 350, la mention sans autre precision "les Mytileniens" comme indice d'un gouvernement non dcmocratique? 72 Monument de Chabrias; cf. Burnell & Edmonson 1961.85 sq.; supra p. 287. 73 lsee, Astyphilos, 14 ; cf. Burnell & Edmonson 1961, 86. 74 Cf. en 363, Dcmosthene, c. Aristocr., 143: Thersagoras et Exeklestos, les meurtriers de Philiskos d' Abydos fait recemment citoyen athenien (supra p. 299), se refugicnt it Lesbos. Demosthene fait observer que Philiskos n' avait pas obtenu un decret similaire it eelui qui est rcclame pour Charidcmos et qui prevoit les peines les plus severes contre un eventue! meurtrier, ~ 91 : "Quiconque tuera Chari demos sera sournis it la prise de eorps ; si quclqu'un, particulicr ou cite, I'enleve au saisissant, il sera mis au ban de la Confederation" ref. 142). Ce dcveloppement appelle deux remarques, it ccttc cpoque Lesbos (dans son ensemble dapres Ie texte) apparticnt it la Confederation et e11e est tenue d'en appliquer les lois mais, au vu et au su de tous, les tyrannoetones ont ete accueillis it Lesbos ; vers 358, le Px-Dcmosthcne, C. Polycles, 53, atteste la perception it Mytilenc de l'indemnite de nourriture pour lequipage d'une triere ; en 354/3 1cs Mytileniens dedicnt une couronne it Athena, IC, IF, 1437, 1. 14-15. 7S Demosthene, Rhodiens, 19; Org. fin., 8. La faction oligarchiquc a probablement expulse plusieurs de ses advcrsaires cf. lsocrate, Leure. 8, note suivante. 76 Parmi d'autres, Glotz 1941, 280 n. 73 ct Bengtson, commentaire it SV2, 328 (Tod, 168) d'apres Dcrnosthcnc, Rhodiens, 19 concluent que 1cs Mytilenicns ont quirte l'alliance en rnerne temps qu'ils ehangeaient de regime. Comme le note it juste titre Cargill 1981, 95 n. 39, la lettre d'Isocrate, 8.7, adressee aux oligarques de Mytilcne (Ies destinataires sont 1cs apxov~£~ et non le demos) affirme que l'orateur a toujours oeuvre en leur faveur et celie des autres allies (ilfliilV KlX1TfllV aAAmv GUfll.uxxmv). Il ne doit pas y avoir de doute sur Ie fait qu'au moment
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pas eu quelques peri odes de flotternent en particulier en ce qui concerne Ie paiement des syntaxeis, lorsque la marine athenienne ri'etait pas en me sure daider efficacement a leur perception. C'est a l'une de ces expeditions que fait allusion I'mscription IG, IF, 207, en 349/ 348 si l' on retient cette date 77, ou l' on voit Chari demos, Chares et Phocion prendre contact avec Orontes apres avoir recu (ou exige") la contribution de Lesbos 78. Faut-il voir une reaction directe a cette exaction dans I'etablissement d'une tyrannie anti-athenienne par Kammys 79, que le stratege Phaidros, dont on peut penser qu'il avait conduit une flotte au nord-est de 1'Egee, a du contribuer a deloger de la cite pour y reintroduire la dernocratie (1. 10) 80. 11 est assez tentant de placer a ce moment le discours sur Mytilene de Dernosthene dont nous ne possedons que le prologue et qui evoque de facon assez vague l' oppression qui pese sur le demos de Mytilene que l'orateur invite a secourir 81. L'une des clauses du decret Tod, 168 parait repondre aux revendications des insulaires dans la mesure ou le renouvellement de I' alliance en 346 prevoit I' abandon par Athenes du montant de la syntaxis 82. Cet acte doit etre replace dans un contexte plus general, il suit de peu la Paix de Philocrates 83, et le decret est pris le meme jour que celui pour les fils de Leukon, roi du Bosphore, probablement dans 1'ambiance de reconstruction qui suit la paix si cherernent acquise, avec en particulier l'abandon des anciennes positions en Chalcidique eten Thrace. On revient donc ala politique traditionnelle en direction des iles, des detroits, de la mer Noire. En ce qui conceme Methyrnna 84, nous navons aucune indication depuis la date de l'entree dans la Deuxieme confederation en 378/377 85. Vers 345, elle est sous la coupe d'un tyran du nom de Kleomis. Isocrate Ie presente cornme un "bon" tyran 86. L'une des raisons en est qu'a la difference de Kammys a Mytilene, Kleornis est un ami des Atheniens, Par un decret, ces derniers le louent pour son attitude mais surtout pour avoir rachete des citoyens
au elle est ecrite, l'appartenance ala ligue na pas ete denoncee, La date de cette lcttre n'est pas clairement fixce, Mathieu, CUF p. 173 propose soit les annees 353 ou 352 soit 349 ou 348. La recherche de la coherence de l'ensemble des documents invite a proposer 350 ou 349. La conclusion que les oligarques sont reste fideles a l'alliance parait pouvoir etre encore confortee par Dcmosthene, Org .. fin., 8 : "la democratic succombc a Mytilene ; vous vivez tranquilles, et celie de Rhodes est detruite ; elle etait votre ennemie dira-t-on ...... Manifestement pour Dernosthene les deux cites ne sont pas dans une situation identique. 77 Supra p. 350 sq. Sur l ' ordre des evenements, cf. Glotz, loco cit. n Brun 1988, developpe I'idee, peut-etre un pcu trop subtile, que la mention des syntaxeis de Lesbos, pourrait masquer lc fait que celles-c:i sont pcrcues sur toutes les cites sauf Mytilene. 79 Demosthene, c. Boiotios, 36-37. 80 Phaidros est l'un des promoteurs du decret Tod, 168 (fG, IF, 213 ; Syll.', 205 ; 5V', 328) ; cf, Pistorius 1913, 154; Judeich 1892, 295 sq. Rl Clavaud, 16, pense que ce discours dont nous avons seulcment le prologue 36 (37 Bekker) est a placer a la mernc epoquc et dans la meme ambiance que Rhodiens. II voit la main dc Mausole dans I'opprcssion de la democratic a Mytilene. Comme nous l' avons note supra n. 74, il n' y a aucune preuve d'une intervention aussi septentrionale de la part du Carien. 82 Brun 1983, 80 sq. 83 E.g. Cawkwell 1978, 92 sq. R4 Buchholz 1975. R5 Tod, 122 = IG, IF, 42 (supra p. 285). 86 Isocrate, Lettre 7, 8 sq. le cite en exemple a Timoihec, fils de Clearchos tyran d'Heraclee du Pont (supra p. 301). A comparer au qualificatif rctcnu par Tod, 170: avTjp aya.86s. En revanche Athencc 10.442 sq ; 443 a, attribue a Thcopompe (FGrHist, 115, F219) un jugement ncttcment moins favorable, mais on sait que ce dernier netait pas specialernent philo-athenicn.
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atheniens captures par des pirates 87. Comme le note J. Cargill 88, rien nindique que Methymna ait quitte l' alliance it quelque moment. Polyen rapporte un stratagerne ou le stratege athenien Chares est affronte it un certain Aristonymos 89. D'apres Buchholz, il pourrait s'agir du me me personnage, nomrne Aristonikos par Arrien 90. Ce qui supposerait qu'il sest maintenu de 340 jusqu'en 334. II serait plus econornique de pcnser que les deux textes sont relatifs aux memes evenernents au moment de la reconquete navale de Memnon 91. La situation d'Eresos de l' epoque de Philippe it celle des Diadoques est bien docurnentee par un dossier epigraphique 92 concernant les tyrans qui ont domine la cite au moins it trois reprises.Vers Ie milieu du IVe s. trois freres : Hermon, Heraios et Apollodoros ont capte le pouvoir. Nous ne savons pas quelle incidence ce changement de gouvernement a eu sur les relations avec Athenes, L' expulsion des tyrans avec I' aide de Philippe ne plaide pas dans le scns de M. N. Tod 93 qui suppose, sans preuves, que les Eresiens ont participe it la Guerre des allies. On sait qu'Eresos etait membre de la Confederation 94. Dans les annees 346 Athenes, nous l' avons vu plus haut, parait encore en mesure, si la necessite s' en fait sentir, de retablir l'ordre dans Ie sens qu'elle souhaite. II n'y a pas lieu d'etablir necessairernent un lien entre I' action dans les detroits et lintervention it Lesbos, mais les deux sinscrivent dans un merne mouvement general en direction de rest, cause immediate de la rupture avec le pouvoir perse (infra). La date la plus recente parait la plus appropriee 95. Comme nous le verrons plus loin la conclusion logique est que I' eviction s' est produite apres 338 (et merne sans doute it un moment proche de 336). Il est possible que Theophraste ait joue un role determinant dans cet evenernent 96. II n'est pas assure que le regime mis en place ait ete dernocratique ; en tout cas, Ies troubles engendres en Macedoine par la mort de Philippe et les problernes successoraux permettent l' etablissernent d'une autre tyrannic, celle d' Agonippos et Eurysilaos (infra) qui controlent probablement aussi Antissa 97. II Y a peut-etre une autre tyrannie it Pyrrha 98. La multiplication des regimes de cette nature en ce
87 Le developpcmcnt de 1a piratcric, dont lc dec ret Tod, !70 (Syll.3, 263 ; IG, IF, 284) est l'une des prcuvcs, parait lie a laffaiblissernent de la flottc athenienne ; cf. encore Ps-Dernosthcnc, Halonnese, 15, qui souligne l'utilisation que Philippe peut faire de eelle situation. gR Cargill 1981, 92. 89 Po1yen 5.44.3 ; ef. Buchholz 1975, 149. 90 Arrien, An., 3.2.4. 91 Infra p. 457 sq. n. 265 sq. 92 Tad, 191 (entre autres editions IG, XII.2. 526 - XII.Suppl., p. 65 sq.; IJG, II, XXVII, p. 161 sq.; OGIS, 8). En dernier lieu Heisscrcr 1980, 27-78; Brun 1988b, 253-261. YJ Tad, 1948, 258. 94 Supra p. 284. YS Griffith in Hammond & Griffith 1979, no sq., discute la dale el propose 340 au 339. Pistorius 1913, 60 sq. el. 120 sq., apres avoir cvoque trois dates possibles: 350 (Premiere Philippiquei ; 343 (sur l'Halonneset ; 340, en relation avec 1es evenernents de Perinthe et de Byzanee, avait pour sa part retenu la seeonde. 96 Plut., MOl:, 1126 f (cf, I097b) precise que Thcophraste a contribue deux jois iI I'climination de 1a tyrannie (entre 338 et 336 et plus tard au eours des proces de 332) ; Diogenc Lacrce 5.45 et 50 ; Elien, HV, 4.19 ; ef. Heisserer 1980, 73-76 ne eroit pas iI cettc intervention qu'il juge trop precoce, 97 Ps-Dcmosthcnc, Traite Alex., 7 : l'auteur de eette harangue laisse entendre que 1a majeure part sinon la toialite de lIle de Lesbos etait tenue par des tyrans ; ees regimes ont etc renverses a Antissa et Eresos ou ils ctaicnt ctablis avant la Paix (cest-a-dire le renouvellement de lalliance de Corinthe). Infra p. 467 sq. 98 Plut., Mor , 1126e ; est-il bien assure qu'i1 sagissc dune tyrannie comme Ie pense Pistorius?
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milieu de rv- s. n'est manifestement pas Iiee a la pression perse. Elle correspond plutot a I'un de ces mouvements pendulaires qui les font apparaitre et disparaitre depuis Ie VIe s. dans la region. Mais I' exemple d' Hermias d' Atarnee montrerait si necessaire que la conception du pouvoir tyrannique et la personnalite de ceux qui I' exercent a bien evolue depuis cette epoque. Philippe a tres vraisemblablement affranchi toute Tile de ces regimes. Tenedos fait partie de la confederation athenienne, elle est inscrite en bonne place dans la liste annexee au decret d' Aristoteles. Les Atheniens l'utilisent comme base navale aux alentours de 360 99 . Ce choix se justifie pleinement si I' on songe ala situation strategique de l'Ile pour Ie controle de l'acces aux Detroits, On comprend done que, dans toute la mesure du possible, Athenes ait cherche a la maintenir dans sa mouvance. Cela ne signifie pas pour autant qu'jl n'y ait pas eu des "accrocs" conjoncturels a des moments daffaiblissement de la puissance navale athenienne. En tout cas, apres 350, les Tenediens semblent avoir ete des allies fideles 100. I1s ont rneme prete de I' argent aux Atheniens ce qui leur vaut d' etre honores par decret lOl et ,1' etre exernptes de toute contribution jusqu' au remboursement de la dette. Le motif de l' emprunt pourrait etre Ie siege de Perinthe et de Byzance par Philippe en 340/339, qui a entraine une expedition navale athenienne (infra) pour assurer la litre circulation dans Jcs Detroits, L'ile est encore dans l'alliance athenienne 102 avant Cheronee (tout comme Proconnesos). En conclusion, peut-etre plus a ce moment qu'en dautres periodes la zone insulaire parait divisee, Ie destin de chacune des lies n' est guere sembI able a celui de ses voisines. L' affaiblissement d' Athenes avait donne l' espoir, concretise pour les 'iles du sud, de se debarrasser de la tuteJle pressante de cette derniere, mais c'etait pour mieux tomber sous Ie joug des Hekatomnides, II n'y a pas lieu de considerer cornme paradoxall'appel a Athenes tente par les factions rhodiennes antagonistes. J. Cargill en fait atort un des arguments de sa "defense" d' Athenes. Ce type de virage qui nous apparait comme tres brutal dans la politique des cites, en particuJier insulaires depuis que celles du continent sont passees "dcfinitivernent" sous la tutelle royale, iJlustre bien l' obstination qu' eJles mettent a rechercher l' eleutheria. Tentatives qui nous paraissent assez vaines, mais c' est notre privilege d'historiens modernes que de pouvoir analyser les choses sur la longue distance. On a vu que ces coups de boutoir ont eu souvcnt comme consequence de la faire tomber encore plus lourdement sous la coupe d'un plus puissant. Si nous revcnons a l'exernple de Rhodes, il est clair que cest bien ce pari qui est poursuivi encore a l'epoque hellenistique, d' abord avec Ie succes que l' on sait, jusqu' a ce que la chance que representait l' equilibre des royaumes ne tourne a l' avantage de Rome avec comrne consequence inevitable I' abaissement politique de la grande cite insulaire. Le cas de Samos est bicn different, avec pendant toute la peri ode la presence de la clerouquie athenienne, On observera cependant que les objectifs des Samiens avant 365 etaient de merne ordre que ceux des Rhodiens et que leurs reves d' exiles, realises seulement it partir de 322, correspondent a ces memes aspirations. L'ile dc Lesbos presente toutes Jes caracteristiques, toutes les tares aussi, du Ps-Dcmosthcne, C. Polycles, 53-54. Ps.iDemosrhcnc. C. Theocrines, 35 datable de 345-342' IG, IF, 232, 1. 7, en 339. lOl IG, IF, 233; SyIP, 256; Tad, 175 ; Migcottc 1984,23-25 n" 2. 102 Dernosthene. Cour.. 302.
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systerne civique tel qu'il est vecu au rv- siecle : divisions chroniques de la population en entites distinctes, toujours rivales, parfois ennemies ; recherche de I' autonomie et de ses moyens, y compris economiques ; et en meme temps soubresauts politiques arepetition qui debouchent sur I'instauration de tyrannies diversement supportees avec comme corollaire lappel inevitable a des puissances exterieures (Athenes, la Macedoine), ce qui entraine ulterieurernent une reaction perse.
3. LES GRANDES INCERTITUDES DE LA PERIODE ET LA MEDITERRANEE ORIENTALE
360-340: LA CIUCIE
L'attitude du gouvernement perse face aux revoltes qui agitent I' Asie Mineure occidentale est mal connue. Les sources grecques sont particulierernent deficientes : les Atheniens sinteressent de facon quasi exclusive a leurs rapports avec la Macedoine et subsidiairement avec les iles. Certains d'entre eux interviennent en Asie ou en Egypte, mais c'est Ie plus souvent a titre personnel et nous ne Ie savons que de facon fort allusive 103. Parmi les auteurs d'histoires generales, seul Ie texte de Diodore nous est integralernent parvenu, mais, malchance supplementaire, son recit est ici entache encore plus quailleurs de graves confusions chronologiques et il est de surcroit peu explicite. On ne sait merne pas comment sont gerees les principales satrapies. A cela s' ajoute Ie fait que pour Ie Roi I'affaire importante, et qui mobilise I' essentiel des energies, est la reconquete de I'Egypte 104. Sur ce point, Diodore lOS est particulierement confus : la plupart des commentateurs saccordent en effet pour penser qu'il a amalgame indfiment deux campagne en Egypte, l'une infructueuse a partir de 351/350 et celie qui aboutit a la defaite de Nectanebo, beaucoup plus tardive. Pour cette derniere M. Sordi !06 propose une fourchette chronologique comprise entre 346 et 343/ 342, et il y a en effet de bonnes raisons de placer cet evenement apres 344. Dans ces conditions la remise au pas de Chypre liee par Diodore a l' avenernent d' Idrieus 107 serait en relation avec la premiere de ces interventions. Plus problematique est la reconquete de la Phenicie et en particulier de Sidon, qui interesse directement notre sujet dans la mesure ou elle est associee a la carriere du gouverneur de la Cilicie Mazaios/Mazday lOS. L'essentiel de I'information est fourni par la numismatique. Mazaios emet a Tarse plusieurs series de monnaies 109. L' une presente a I' avers Ie Baal de Tarse, de trois-quarts face mais la tete de profil, tenant l' epi et la grappe, avec la legende ararneenne BLTRZ ; au revers un lion attaquant un cervi de 110, dans un carre en Ieger creux marque par un grenetis ou avec un soulignage circulaire, et la legende ararneenne IOJ Ainsi Diophantos, dont la Lettre 8, 8 d'isoerate nous informe incidernrncnt quil se trouve en Asic, on ne sait au service de qucllc cause (Hermias"). 104 Kienitz 1953, 170 sq. 105 Diod. 16.44 ; 47 etc. 106 Sordi 1959, 107-118. 11)7 Supra p. 40 I. lOR Six 1884,97-159; Berve 1926,243-244, n° 484. 109 Newell 1919, 1-15; Mildenberg 1990-1991,9-23; Lc Rider 1997.154-155. 110 Cf. it titre de comparaison les bijoux scarabordcs, Boardman 1970 n° 909 ; 1975 n" 97 et les monnaics de Pumiathon roi de Kition (ef. Destrooper-Georgiades 1993, 249-259). Certains y voient la preuve dune intervention de Mazaios it Chypre, cf. par exemplc Bing 1998, 67 n. 75).
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MZDY 111 (la presence d'un carre en creux ne prejuge en rien de la datation relative des monnaies). Une autre reprend un avers proche du precedent mais Baal, tete de face, est appuye de son bras gauche sur le sceptre, sur sa main droite I' aigle, figurent aussi divers symboles secondaires ; sur le revers: un lion attaquant un taureau. Il est notable qu'il sagit la d'un theme perse 112 bien connu, mais aussi du retour a l'illustration ancienne des monnaies de Tarse 113 ; meme legende 114.11 n'y a pas de veritable raison de placer cette serie apres la precedente si ce n' est la parente du theme de revers avec celui de la troisierne serie, Le troisierne groupe 115 parait plus recent ala fois parce que les themes restent inchanges sur Ie premier monnayage de Balakros 116 et aussi a cause de la titulature qui apparait sur cette serie : "Mazaios, en charge de la Transeuphratene 117 (Ebirnari de I' Ancien Testament) et de Ia Cilicie". L'avers est tres proche des precedents mais le bras gauche est replie vers la hanche et drape; Ie bras droit tient le sceptre, la tete est de profil ; dans Ie champ, epi, grappe et aigle ; merne legende. Le revers est doublement original: par le titre donne a Mazaios, par le theme, Ie lion attaquant le taureau n' occupe que la moitie superieure du decor, et dans Ie bas figurent deux murailles superposecs a quatre tours. Pour E. Babelon 118, il sagit de marquer que Mazaios controle les deux systemes de defense des Portes de Syrie dont Xenophon 119 donne une description vivante, l'un en Cilicie, lautre en Syrie de l'autre cote du Karsos. On a pu remarquer aussi la parente de ce decor avec celui des monnaies de Sidon avec la merne disposition "a plat" des tours 120. Un dernier groupe a I'avers semblable a la serie precedente au est represente a gauche sur certains exemplaires un aigle perche sur un thymiaterion ; au revers un lion a gauche sur un croissant, au dessus une etoile a seize branches 121. Cette monnaie doit etre rapprochee d'un sceau-cylindre de calcedoine 122. On y voit le Roi en posture d' orant face aune deesse dont Ie corps est radie (Anahita?) montee sur un lion a gauche reposant sur une ligne de sol. L' etoile des monnaies est evidernrnent la representation symbolique de la deesse, Sur certaines divisions a la place de I'etoile 123
III SNG Levante 107-112 (108 = PI. X, 4) carrc au revers; Cop. 305-307 , von AuLock 5953-5956 , France 2 312-329 (320 = PI. X, 5) , vanante de revers, Mildenberg 1990-1991, pI. 2-4 , cf Le RIder 1994, 16. 112 Eg. Boardman 1970 n" 935 , cf. Bing 1998,67 et notes. 111 PI. VII. 3-4. 114 SNG l.evante lOO-106 , Cop. 308-313 , von AuLock 5957-5960 , France 2 330-353 ; Mildenberg 19901991, pi 2-5, vente Athena 1987,137 (= PI. X, 3). Bon nombre de ces rnonnaics provicnncnt d'un tresor disperse aux Etats-Unls (ct Bmg 1998, 63 et 73) La tete radicc de Baaltars en fall a levidence un dreu solaire, lc syncrcnsmc avec Zeus cst facile 115 SNG Levante 113-115 (114 = PI. X, 6), Cop 314; von /vulock 5961 sq.; France 2 354-360; Mrldcnbcrg 1990-1991, pi 2-7. 116 Supra p. 163 117 Cf it ce sujct la monnare erruse a Hrerapohs, Lemaire (Istanbul), au nom de MZDY "en charge de la Transeuphratene" (Bordreuil 1996,27-30). Sur eettc lcgcndc, Mildenberg (Istanbul) 118 Babelon j 910,459-460, deja SIX 1884, 137 119 Xen ,An, 144 120 BIen different par cxemple de la drsposruon circulaire sur lcs monnaies de Datames, supra PI. IX, 14. 121 SNG Levante I iS5-188 (185 = PI. X, 7) , France 2 433-434 ; Mildenberg 1990-1991, pI. 2 n" 11-12. Cf. Ie tres bel exemplairc de revers, RMC Ciltcia, pi XXXI, 3 Sur certains cxcmplaires . vanantes. hgne de sol it la place du croissant et pas detorle (ibid. 432-434) 122 Boardman 1970b n" 878 In SNG Levante 191 , France 2 435
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apparait Ie disque solaire aile d' Ahura Mazda 124. E. T. Newell 125 attribue cette sene a Myriandros, hypothese qui a eu la vie dure mais qu'il convient de rcjeter. On doit par exemple prendre en consideration les reserves emises par E. Levante, en introduction a la serie des monnaies attribuees a cette cite: "no corroborating evidence has sofar turned out and probably part of these coins were minted at Tarsos", C'est cette solution que nous retiendrons en fonction de l'hypothese enoncee plus haut sur les monnaies qui portent la legende (et pas seulement I' effigie) "Baal de Tarse" 126. II existe plusieurs autres monnaies similaires : l'une 127 presente un avers tres proche des precedents, Baal, l'aigle sur Ie thymiaterion ; au revers un lion marchant a gauche sans ligne de sol 128, symbole secondaire "2". Plus originale, une autre serie represente Baaltars a lavers mais avec une facture "orientale", il porte une tiare droite, tient une fleur de lotus dans la main droite et cette meme fteur couronne son sceptre, au revers un lion accroupi a gauche, et comme symbole secondaire, un arc 129. Les subdivisions combinant des clements des deux series concretisent Ie lien entre elles 130 et invitent a proposer Tarse com me lieu probable de lemission 13l. II convient enfin de rapprocher une monnaie du musee de Haifa 132, don nee com me de provenance incertaine. II s'agit d'un didrachme de 8,15 g, done appartenant au dernier avatar de la carriere de Mazaios si l' on retient I' argumentation d'E. Babelon 133. Ce dernier suggere que Mazaios, rallie a Alexandre, na pas modifie ses themes monetaires mais adopte I' etalon attique: Baal de trois-quarts face mais tete de face l34/lion assis a droite tete de face; symbole secondaire "2" comme ci-dessus 135. Le dieu est appele Baaldagon par la legende et l' on doit naturellement rappeler la monnaie des annees 380 i36. Cette continuite invite entin a penser que les series "de Myriandros'' sont les dernieres a avoir ete ernises par Mazaios en Cilicie. II ressort de ce qui precede que Mazaios a poursuivi la politique de frappe relativement intensive en Cilicie de ses predecesseurs perses, Tissapherne peut-etre mais a coup sur Tiribaze, Pharnabaze, Datarnes et cela dans des circonstances comparables cest-a
SNG Levante 189 (PI. X, 9) - 190 Newell 1919, 1-42. 126 Cf supra p. 339, Selon Babelon 1910,471 sq, cette sene aurait etc crnise en Syne et it Babylone avant 331 , il admet imphcitement quil sagu de la derrnere emission de Mazaios fidele au Grand ROI 127 Mildcnbcrg 1990-1991, pI. 3 n" 13 , Levante Suppl. I 28 (= PI. X, 8) 12S Pamu Ies trois monnaies que Levante attnbue it nouveau it Mynandros (Levante Suppl. 126-28) seulle n" 27 porte cxphcucmcnt 1c nom de Mazaros EI1c sc distingue par labscncc du thvmiaterton et lmdicauon d'une hgnc de sol figuree par un greneus sous les partes du lion marchant it gauche 129 SNG Levante Suppl 126 (PI. X, 10) ou J1 cst souligne que Ie nom du satrape nest pas mdrque , cf aUSSI France 2 422-424, Mildenberg 1990-1991, pI. 3 n" 14, Gulbenkian 815 :,0 E.g SNG France 2 425, avec Baaltars comme dans X, to, la COIffure est legerement differente, revers comme dans X, 8. 111 Autre argument: la lettre T sous lc siege de Baal sur I'cxcmplaire SNG Levante 186 Bing 1989 propose (it tort semble-t-il) Issos Hamson 1982a, 361-370 exclut Mynandros mars suggcrc un site inconnu it l' mtcncur des terres, Tarse pour MIidenberg 1990-1991, 12-13 132 MIidenberg 1990-1991, pl. 3 n" 20. IB Babclon 1910,475-478. Confirmation par lcs tresors, Mildcnbcrg 1990-1991, 15-16 (brbhographie) et pi 3, 18-19 134 Cf PI. X, 3 I3S PI. X, 8 116 SNG France 2 421, PI. VIII. 13 124
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dire la preparation des expeditions en Egypte ou la pacification de Chypre et de la Phenicie. Par exemple cornme Ie fait observer C. M. Harrison 137 au moment de la revolte de la Phenicie le Roi fait armer huit cents navires et on voit mal un autre endroit possible pour la constitution de cette flotte que la Cilicie. Beaucoup de rnodernes situent la nomination de Mazaios en Cilicie en 361, implicitement parce qu'il y aurait eu ainsi abandon de la forme de gestion anterieure de la Cilicie dans la mesure ou elle avait participe a la grande revolte des satrapes. II n'y a aucune preuve de cela, En fait, cette nomination marque une rupture avec la tradition et renforce le controle par Ie pouvoir central 138. Une telle decision correspondrait bien ala politique menee par Ochos, une date apartir de 358 l39 parait done plus plausible. Cela dit, Ie monnayage de Mazaios indique bien qu'il s'inscrit dans la continuite des officiers perses qui I'avaient precede, meme si ces derniers n' avaient pas Ie titre de satrapes de Cilicie. Le Baal de Tarse, avec l' epi et la grappe, est Ie dispensateur des ressources locales, necessaires a I' entretien de l' arrnee et de la flotte operant en Mediterranee orientale. Mazaios a continue a remplir ce role d'vintendance'' soit aupres dautrcs chefs designes par le Roi, soit pour son pro pre compte lors de la (rejconquete de la Phenicie. Selon J. Elayi 140 les series monetaires de Sidon font apparaitre que Mazaios controle cette cite pendant vingt et un ans l41. Les mentions de nombres indiquent les annees du satrape Mazaios, imitant en cela les rois de Sidon; selon E. Babelon il s'agirait des annees de regne d'Artaxerxes 142. Le fait que Mazaios nait pas ete demblee satrape de Cilicie et Transeuphratene (ce que montrent les series successives de son monnayage telles que classees ci-dessus) implique de choisir plutot la premiere hypothese. Une tablette babylonienne mentionne Ienvoi a Babylone de femmes sidoniennes, prises de guerre, que A. K. Grayson 143 date de I' an quatorze d' Artaxerxes III - soit 345 alors que J. Elayi 144 propose Ian quatre, soit 355. Dans limpossibilite d'argumenter sur ce point je me contenterai d' evoquer les implications, et les difficultes, des deux lectures. La date de 345 entraine le rejet de celie qui se deduit de Diodore 16.43.1 (351/350) pour les evenernents qui arnenent Ie sac de Sidon et pose un serieux probleme de chronologie pour le monnayage ernis par Mazaios dans cette ville dont nous avons admis plus haut qu'il remonte a 354. Cela amene G. Le Rider Wi a une hypothese cornpliquee ou Mazaios aurait ete charge a partir de ceue date d'une mission ponctuelle, sous l'autorite de Belesys, mais alors pourquoi Mazaios serait-il l' autorite ernettrice des monnaies? P. Briant 146 pense pour sa part
Hamson 1982a. 355 it parur de Diod. 16.406 En notant une rOiS encore en contrepoint les propos dIsocrate, Phd, 102. "En outre les regions de Chypre, de Phenicie, de CII1CIC. ct de tout cc pays dou les Perses uraicnt leurs flottcs, appartenarent alors au Grand ROi, mamtenant eIles l'ont abandonne ou sont en prow it la guerre et a de tels malheurs .." . "'J Harrison 1982a, 350 sq est tcntcc de proposer une date encore plus basse (peu avant 350). 140 Elayi 1989, 218 , cf auss: Harrison 1982a, 348-349 , Bnant 1996, 702 141 Faut-il cornrne le eornput babylornen, compter unc an nee supplerncntaire d' accession? Cf. e.g Vannhoglu et al.1990, 73 sq 142 Babelon 1910, 581 sq. 143 Grayson 1975, 114 n" 9, crte par Bnant 1996, 702. 144 Elayl 1989 145 Le RIder 1997, 160. 146 Briant 1996, 702. 107
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que la revolte a commence peu de temps avant 346 et que I'on fait dire au texte de Diodore plus qu'il ne dit, dans la mesure ou il n'y aurait pas de lien immediat entre l' echec de I' expedition en Egypte (351) et la revolte de Sidon. Si l'on retient 355, que faire alors de Belesys, dont Diodore 147 indique qu'au moment de la premiere action avortee contre Sidon, datee par lui de 351, il est satrapes de Syrie alors que Mazaios est archon 148 de Cilicie? Pour tenir compte des monnaies sidoniennes evoquees ci-dessus, J. Elayi conclut qu'il ne peut etre qu'hyparque de Syrie sous la tutelle de Mazaios 149. Il faudrait alors penser qu'il y a eu, a tres peu dintervalle, deux episodes dramatiques pour la cite phenicienne (destructions, deportations) et pourtant cette derniere a retrouve sa prosperite avant meme la conquete par Alexandre. Ne serait-il pas preferable de penser qu'il ri'y a eu en realite qu'un seul sac de Sidon - en 355 - la reprise en main ayant entraine un remaniement des gouvernements de la region - en 354 - au profit de Mazaios ISO. Dans ce cas, Belesys aurait bien ete satrape de la Transeuphratene, mais avant la revolte de Tennes. A noter enfin qu'il n'y a pas d'obstacle a supposer que Mazaios a pu faire battre monnaie pour son compte a Sidon, profitant des infrastructures preexistantes, en meme temps que d' autres series etaient frappees pour les autorites locales. Il n'y a en revanche aucune preuve qu' Arsarnes ait frappe monnaie 151.11 n'est meme pas assure qu'il ait ete veritablernent satrape 152. Arrien ne lui attribue pas de titre. Peu avant la bataille d'Issos ou il va mourir, cet auteur laisse penser qu'il etait responsable de la defense de la Cilicie 153 alors que dans la liste des morts d'Issos, il est seulement indiquc qu'il commandait une force de cavalerie au Granique 154 et que dans le meme passage Sabakes est explicitement qualifie de satrape d'Egypte. Quinte Curce 155 est en definitive le plus net: qui Ciliciae praerat. Rien dans son activitc n'impose la frappe de monnaie.
DlOd. 16.422 Cette distincnon faite me parait indiqucr que Mazaios eSI dote d' un commandement du type de ceux de Tmbaze, Pharnabaze, Datarnes, en plus de son ntre satrapal (contra Le RIder 1997, 156; cf. aUSSI Bnant 1996, 352353). Casabonne 1995, 165 pense que la nature du pouvoir de Mazmos est sembI able a celle de ses predecesseurs, c'cst-a-dirc qu'rl n'est pas a ce moment satrape de Cihcie. 149 Elayl 1989,232 n. 163. 150 Le RIder 1997, 160 cvoque cette hypothese sans la retemr ; Leuze 1935, 386-387 propose de dater Ie eumul de 345/344 ou 344/343. 151 Malgrc Babelon 1910,461 sq. et dans lc memc sens, Kraay 1976,284. Contra Hamson 1982a, 352 n" 20 pour laquelle la plupart des rnonnaies d'vArsames'' ont etc emiscs par Balakros. Bordreuil 1996,29 en fait un subordonnc de Mazaios 152 Berve 1926,81 sq. n° 149; cf. Babelon, note precedentc ct aUSSI Bosworth 1980a, e.g 325 Tous font de lUI un satrape de Crhcie. Weiskopf 1982, 495-498, souuent avec des arguments de poids (en paruculier Ie fait que tous 1es officrers qUI parucipcnt a la bataille du Gramque relevent des satrapics de Sardes et de Daskyleion, et aUSSI la possible appurtenance d' Arsames a la lrgnec de Phamakes) que la presence d' A. en Cilicie ctait purement conjoncturellc et lree a une fonction rmhtaire - cette hypothese suppose que l'on ecarte le temorgnagc de QumteCurce. C'est pourquoi jc me ralherai en dcrmere analyse au point de vue de Leuze 1935,403-405 et de Atkinson 1980, 138, qUI Ie subordonnent a Mazaios en Cihcie. Rien ne s' oppose a ce que cette "promotion" tardive au pour objet de strueturer la defense de la region en reponsc a lavancc d' Alexandre 153 Amen, An., 2.4.5. 154 Amen, An., 2.11.8 (d. 1.12 8) ; Drod 17.194 mentionne un Arsamenes (SIC) qUIcommande sa propre force de cavalcne au Gramque. Ille quahfie de satrape, sans indicauon de heu On a pu noter cornbien lemploi de ce terme chez cet auteur ctait sujet a caution. 155 Quintc Curce 3 4 3 147 148
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4. LES GRANDES TNCERTITUDES DE LA PERTODE MTNEURE OCCIDENTALE
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Tl serait capital d' arriver a fournir une chronologie plus satisfaisante des evenernents du Proche Orient dans la mesure ou I' Asie Mineure occidentale est la region vers laquelle Ie Roi tourne son attention apres la reprise en main de la cote phenicienne et de l'Egypte, et cela sans solution de continuite, Jusque la nous ne savons plus rien, ainsi par exemple Ie sort d' Autophradates, apres les evenements peu glorieux pour lui des annees 360, ne nous est pas connu. Seule don nee a peu pres assuree, pendant toute cette peri ode la region semble avoir joui d'une assez large autonomie de fait. Com me nous avons deja pu Ie noter, un des premiers beneficiaires de cette situation a ete la dynastie des Hekatornnides dont l'influence en Tonie s' est accrue, profitant en eel a du vide apparent qui est Ia caracteristique principale de la satrapie de Sardes a cette cpoque. Localernent, certains ont su exploiter au mieux la situation, tel est bien sur Ie cas d' Hermias d' Atarnee qui avait ete precede dans cette voie par Euboulos. Selon Strabon 156, ce dernier etai: un banquier qui controlait la region d' Atarnee et d' Assos 157. Les dates de la periode d'activite d'Euboulos font problerne. Que faut-il penser de l'episodc rapporte par Aristote 158 ou I' on voit Ie tyran se degager d'une situation critique en faisant accepter par Autophradates I'idee que le siege d'Atarnee couterait beaucoup de temps et d'argent et que Ie jeu n'cn valait pas la chandelle? Deux dates sont possibles pour cette operation: soit la reprise en main apres la revolte des annees 380, soit beaucoup plus vraisemblablernent 366 au moment de I' avancee d' Autophradates contre Ariobarzane 159. Euboulos avait -i I capte la tyrannie par des prets aux satrapes perses? Telle est l'hypothese quavait developpe, sans preuvcs, W. Leaf 160, suivi avec un peu plus de prudence par R. Bogaert 161. Rien n'est moins sur, Pour Theopompe 162, il tient une simple officine de changeur, 1panEsa apyupaJ.lOlptK~, son homme de confiance est Herrnias, un esclave eunuque originaire de Bithynie. C'est du moins ainsi que Ie depeint Theopompe et Strabon lui emboite partiellement Ie pas. Certains modemes ont mis en doute cette triple marque dindignite preferant croire a la malignite de l'historien de Chios ne pouvant imaginer qu'un tel homme ait pu etre disciple de Platon et Ie beau-pere d' Aristote ... mais on sait que I' ascension sociale dans Ie milieu des banquiers pouvait se faire de cette facon (Pasion, Phormion), Euboulos avait envoye Hermias a Athenes ou, cornrne nous venons de Ie voir, il se lie aux plus illustres esprits du temps 163.
Str. !34.3. La distance qUI separc ces deux cites amene il sInterroger sur lctcnduc du tcrntoire controlc par Herrruas et avant lUI par Euboulos. Le fait quHermras art pu en derruer ressort trouvcr un certain nombre dalhes cn particuhcr en lome (cf par exemple Frythrecs) ne prejuge pas quil avait personncllcmcnt mis la main sur un ensemble de cites consutuant une veritable pnncipaute Un certam nomhre dindices (en parucuher les tnbulauons d' Anstote aupres dHerrruas) larsseraient plutot supposer qu' Asses ct Atarncc constnuaicnt l ' csscntiel de son dorname. ISH Anst, Pol., 2 1267a. 159 Supra p. 296. 160 Leaf 1915,167-168; 1923,295-300. Inl Bogacrt 1968,240 sq. 162 FGrHlst, 115, F291. Cf Shnmpton 1991, 125-6, Flower 1994,205-207. Inl Dunng 1957,272-283. lSI,
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Revenu it Atarnee, il est aSSOCle au pouvoir et certains (it I'instar de Demetrios de Magnesie) 164 le rendent responsable de la mort de son predecesseur (vers 350?). II fait venir aupres de lui it Assos Xenocrate et Aristote, qui epousera apres sa mort sa fille adoptive et manifeste it titre posthume I'attachement qu'il avait it son egard 165. Tous ces faits sent bien documentes parce qu'ils relevent de l'histoire litteraire, le reste est plus aleatoire. Le fait qu'Herrnias tienne Atarnee qui avait fait autrefois partie de la Peree de Chios I'entraine tres probablement dans des difficultes avec cette derniere 166 et cela suffirait it expliquer I' hostilite de Theopompe it son egard. II faut rappeler qu' it ce moment Chios est sous la coupe des Hekatomnides et la montee en puissance d'Hermias gene naturellement ces derniers. C' est probablement dans ce contexte de relations difficiles, susceptibles de deboucher sur un conflit ouvert, qu'il convient dinterpreter l' accord passe entre Hermias et les Erythreens 167. Ceux-ci se sentant menaces passent une convention, d' ailleurs defensive, et obtiennent des garanties d'Hermias et de ses hetairoi (infra) pour les biens quils mettront it I'abri sur le territoire de ce dernier dans I'hypothese d'une guerre. L'imrnunite est totale sauf en cas de vente de ces biens, auquel cas une taxe de 1I50c (done une pentekoste) est percue it titre retroactif, des droits de garde seront exigibles apres le retablissement de la paix si ces biens ne sont pas recuperes dans les trente jours. La reciprocite est prevue de Iacon plus breve et apparait plutot comme une clause de style indispensable it un accord ou les deux parties sont censees figurer sur le meme plan. De telles clauses dans un traite d'alliance et surtout la determination chiffree de leurs limites nous rappellent qu'Herrnias est homme habitue it traiter les problernes de commerce et de banque. La date de ce document n'est pas connue. Cependant le contexte impose une fourchette comprise entre le debut du gouvernement d'ldrieus en Carie (it ce moment Erythrces est fidele it ce dernier) et bien entendu avant la chute d' Hermias. Vu la tonalite du traite on peut merne penser que les preparatifs du conflit sont avances et que nous sommes pres de 342. Au moment du depart de l'expedition dont Ie but ultime est l'Egypte, Ie satrape d'lonie et de Lydie est Rhoisakes 16S. II est donne comme l'un des principaux chefs de I'expedition et est accornpagne d'une force importante de cavalerie et d'un corps non negligeable dinfanterie, Ie lout compose de barbares, sans aucun doute les forces rassernblees traditionnellement it Kastolos, dont il a ete question it plusieurs reprises 169. Diodore traite ailleurs 170 des contingents grecs places sur le meme plan que les Grecs d'Europe et qualifies explicitement dallies (ils sont au nombre de six mille). Faut-il accepter cette assertion de Diodore? Dans ce cas, cela signifierait que tout ou partie de la cote grecque a echappe au controle des Perses et un certain nombre dindices montrent que telle devait
Diogcnc Laeree 5 3. Statue et epigrammc a Delphes Diogene Laerce 5.5, hyrnnc a sa mcmorre : Athenee 15.696a-d. 166 Dunng 1957, 462, supra p 267. II semble aUSSl concerne par l'anciennc chora de Mytilene cf. Shnmpton 1991, 125-126 , Flower 1994, 87. 167 IK, l-Erythrar, 9 = Tod, 165, a rapprocher de l-Uriiist, 115, F 291, lIPO£lIllAO:KlCl'£ lIA£lCHOUS 'IWVOlV, "11 circonvmt 1a majeure part des Iomens" 16H D10d. 1647.2, supra p 153 169 Supra p 123, en dermer lieu pour la campagne d' Autophradatcs contre Datames, supra p 364 n. 482 170 D10d. 16.444 164
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etre la situation de fait de plusieurs cites (Erythrees par exemple). Mais notons bien que Ie texte nous invite a aller plus loin puisqu'il implique la reconnaissance comme allies des parathalassioi. Si tel etait bien le cas, il parait peu vraisemblable que Ie pouvoir central ait pu tolerer longtemps un tel laisser-faire ou plutot une telle incapacite de reaction dont la premiere cause etait prabablement l'ordre dArtaxerxes III interdisant aux satrapes cotiers d'entretenir des mercenaires et dont rien n'indique qu'il avait ete rapporte. Comme toujours le changement de politique passe par un mouvement des personnels en place mais aussi par un redecoupage administratif selon des recettes deja eprouvees 171. II est fait appel a Mentor (et non pas Memnon comme l'indique Strabon) comme stratege autokrator 172 et c'est peutetre ii ce moment qu'a lieu Ie remplacement de Rhoisakes par Spithridates (rappelons que Pixodaros devient satrape en 341/0). On retrauve ainsi Mentor pour la premiere fois depuis la disgrace d' Artabaze, qu'il avait du accompagner dans un premier temps en Macedoine, mais a partir de Iii son sort est dissocie de celui de son frere Memnon. II est l'un des chefs mercenaires 173 au service de Tennes, roi de Sidon; mais il contribue a livrer la ville a Artaxerxes et cela lui vaut de rentrer en grace et merne de devenir l'un des principaux officiers de I'expedition egyptienne et de gagner la a la fois la reconnaissance du Roi et celle de Bagoas appele par la suite a jouer un role capital a la cour ou il sera Ie "supporter" de Mentor 174. En recompense de ses services, il recoit les plus hautes distinctions, et cent talents dargent. Son premier souci est dcradiquer la revolte latente ou declaree d'Hermias et des autres cites grecques cotieres, Ces evenements sont places par Diodore en 349/8 175. Ce qui est notoirement impossible puisque Aristote est cerise avoir vecu trois ans a la cour d'Hermias apres la mort de Platon. De plus comme nous Ie verrons plus loin la date de l'arrestation d'Hermias est fixee par la IVe Philippique. Selon A. H. Chroust 176 Ie Stagirite avait ete envoye a Hermias par Philippe II et il se comporte comme I'agent du Macedonien, une sorte d"'honorable correspondant" sans pour autant que cela entrave sa production scientifiquc 177. A ce titre il essaie d'''appracher'' Mentor a qui, selon Diogene Laerce 178, il avait adresse des lettres. Est-ce parce qu'il pense avoir reussi a Ie debaucher que Mentor accepte de se rendre aupres de lui (Chroust) ou plutot parce que, comme nous I'avons vu plus haut, il n'y a pas ouverture formelle des hostilites et que les cites grecques sont toujours censees etre les alliees du Roi? En tout cas, Mentor attire Hermias dans un traquenard 179. Du recit de Diodore 180, il ressort que nombre de cites d'Eolide et d'Ionie avaient suivi Hermias ; et cela a pu donner ii Philippe Iidee qu'une entreprise pour controler l'Asie Mineure se
Supra p. 129 (Strouthas). Supra p. 153. 173 Ces mercenaircs lui ont ete fourms par le roi dEgypre 174 Diod 16.50.8 Noter dam lc camp adverse, parrm lcs pnncipaux chefs des mercenaires rccrutcs par Nectanebo, Kleiruas de Cos qUIest tuc au cours des premiers engagements (Diod. 16485) m DlOd. 16.52.5-8 176 Chroust 1972, 170-176 177 C'est de cettc periode de la vre d' Anstotc que datcnt les traitcs "zoologiques", Htstotre des animaux , Les parties des animaux , cf. lcs mtroducuons de Louis aux volumes de la CUF, el 1948, 91-95 ; Chroust 1972, 171 et n. 4. 178 Diogene Laercc 5. 27 179 Drogcne Lacrce 5 6 , Didyrne 6.36 sq ,cf. Foucart 1907 ISO DlOd 16526-7 l7:
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revelerait assez faci Ie. La reprise en main de toute la region s' opere une fois eneore par la ruse 181. Le tyran est livre au Roi et sa fin est rapportee par Didyme 182.11 nous est indique que les Perses veulent apprendre quels sont lcs liens d'Hermias avec les Macedoniens dont il est considere com me I'agent. Telle est la reputation que lui faisaient les Atheniens, L'auteur de la lVe Philippique 183 lui voue une haine implacable: "I'agent du meme Philippe, le eompliee de toute les machinations contre le Roi vient d' etre arrache de chez lui. Ainsi le Roi va etre instruit de toute l'affaire... par celui-Ia meme qui a monte Ie coup et qui a tout arrange". Dans un tel contexte, peut-on suggerer l'hypothese que Ies hetairoi dont il a ete question plus haut pourraient etre une sorte de eonseil des "amis" qui trouverait son modele ala cour de Macedoine 184'1 Apres ee succes sans effusion de sang (autre que celui d' Hermias) Mentor se sent assez fort pour demander au Roi le retour en grace d' Artabaze et Memnon. 11 donne des postes militaires de responsabilite aux fils de I'ancien satrape 185. La progression de Philippe II vcrs I'est 186, avee les sieges de Perinthe, puis de Byzance et probablement de Selyrnbria 187, la menace qu'il fait peser sur les Detroits, entraine des reactions eonvergentes. Athcnes, dont I'attitude a I' egard de Byzanee etait empreinte de quelque reticence 188, pense surtout a la libre circulation de ses convois de ble et envoie un contingent naval sous Chares, Les preoccupations de Rhodes, Cos, Chios 189 sont pour une bonne part identiques mais il y a une dimension supplernentaire : on rappellera en effet les liens traditionnels au long d' un axe nord-sud dont nous avons signale maintes fois le fonctionnement 190. Si l'on suit l'argurnentation. quelque peu rhetorique, de Dernosthene, Couronne, 234, Rhodes et Chios etaient restees a I'ecart du conftit naissant entre Athenes et Philippe. L'explication de leur aetion par la sujetion aux Hekatornnides n'est pas entierernent satisfaisante. Certes il n'y a pas divergence sur ce point avee le satrape mais eontrairement a ce quaffirment certains modernes il u'y a aueune trace d'une intervention direete du Carien. L' aide des satrapes (sans plus de precision) est fournie a Perinthe ala fois par I'envoi de mercenaires etrangers 191, de l'argent, de la nourriture et du materiel de guerre. Diodore donne en quelques mots sans equivoque les raisons de I' attitude perse: "I' augmentation du pouvoir du roi (Phi lippe) ayant ete rapportee en Asie, Ie Roi, redoutant la puissance de Philippe ecrivit aux satrapes de la cote pour qu'ils soutiennent lcs Perinthiens lSI DIOd., foe CIt , meme histoire chez Polyen 6.48 IS2 Didyrnc 5 64 sq. , cf. Dernosthene, 4" Phil., 32 IS] Dernosthene, 4" Phil, 32, cf. Judeich 1842,298, Kahrstedt 1910, 10 sq IS4 Plutot que dadrncttrc lhypothcsc "mcrcantihstc" de Leaf 1923a, 299, pour qut J1 sagu de "banking partners" ; pour Tod 1948, 189 sq. (cornmentaire au n" 165), c'euuent des "chief officers". IS, DlOd 16524. iS6 Les motivations en sont discutees, Gnffith in Hammond & Griffith 1979, 568, propose dy voir unc action fondamentalcment anu-atherucnne : J1 bloquc ainsi Ie trafic de la mer Notre Cette dimension exrste mdubnablernent mars elle nest pas la seule com me pourrau le Iarre croirc I'uthcnoccntnsmc de nos sources Toutc la pohuque de Phihppc na pas pour but unique de nuire a Athenes , l'expansronmsme est un phenomene autoreproducteur bien connu a toutes les epoques La reduction il mcrci d'ancicnncs alhccs commc 01ynthc rclcvc du merne processus iS7 Griffith in Hammond & Gnffith 1979,574 n 2. iSS Cf. supra pour Rhodes i59 Drod 16772. Frontin, Strat, 1.4.13a, ne menuonnc que ChlOS ct Rhodes Cf aUSSI Ie dccrct fragmentarre IG, IF. 234 190 Suprap. 9-10 191 Ps -Demosthcnc, Rlfp Phd. 5.
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de leur mieux" 192.11 est clair que I'intervention du Macedonien dans cette zone sensible fut consideree par Ie pouvoir perse comme un casus belli. On en trouvera confirmation dans la lettre envoyee par Darius III a Alexandre, qui rappelle qu' autrefois Philippe et Artaxerxes etaient allies et en paix, mais qu'a I'avenement d'Arses Ie roi de Macedoine avait pris l'initiative de I' affrontement sans provocation de la part du Perse 193. Dans sa reponse, Alexandre rejette evidernment les arguments en precisant que les Perses avaient aide les Perithiens qui avaient "manque" a son pere 194. N ous apprenons par Pausanias 195 que c' est (tres naturellement) Arsites, le satrape de Phrygie hellespontique, qui engagea les mercenaires sous I' Athenien Apollodoros pour mener a bien le "sauvetage" de Perinthe, On connait I'issue incertaine de I'affaire : Philippe est incapable de s'ernparer de Byzance et de Perinthe mais il reussit un fructueux coup de main sur la ftotte qui ramene Ie ble de la mer Noire. Des pourparlers de paix semblent s'engager, mais apparemment sans succes 196.
5. LA CAMPAGNE ASIATIQUE DE
PARMENION
197
Quelques mois avant sa mort, Philippe II envoie Parrnenion et Attale en Asie avec l'avant-garde de ses forces, soit dix mille hommes. II sagit, nous dit Diodore, de "charier (les Perses) pour la profanation des sanctuaires" 198 (ce programme avait fCI;;U I'assentiment des Grecs assembles a Corinthe) et de "liberer les cites grecques" 199. Nous ne sommes renseignes qu' indirectement sur la premiere annee de la campagne (336) et, bien qu' elle soit mieux documentee, la reconstruction des phases de celie de 335 n' est pas aisee. Le premier element concret est l'affrontement de Parrnenion et de Memnon a Magnesie, L'anteriorite de cet episode est assuree par le fait qu' Attale figure encore au cote de Parrnenion dans Ie recit de Polyen 200. De quelle Magnesie sagit-il? De celie du Meandre ou de celie du Sipyle? II y a tout lieu de proposer avec E. Badian 201 la seconde nommee. C' est la en effet que les generaux perses et Memnon peuvent disposer rapidement de la garnison de Sardes et d'une partie des forces des colonies du Moyen-Hermes, des troupes qui se reunissent a Kastolos.
192 Diod 16751-2 II tenta aussr vamement de faire alder lAtheruen Diopcithcs en Chcrsonnesc (en 341 au 340") par les Perses : Anst , Rhet., 2 1386 a 13 (lcs subsides arnvent apres la mort de ce derrner, cf Glatz & Cohen 1936, 334) 19, Amen, An, 2.14 2 194 tua. 5 195 Paus 129.10. 1% Sur ees evcncments, cf Griffith in Hammond & Griffith 1979,580 qUI pour sa part donne une version peu credible des faits. L'idee developpce Iii d'une paix separce avec Rhodes, Clues et Cos sappure unphcrtement sur Demosthenc 18.234 (au J1 est mdique de facon quelque peu rhctonque qu' Athencs ne pcut eompter m sur ChIOS, ru sur Rhodes) et plus exphcitement sur Frontin, Strat , I 4.13a au J1 est quesuon de vaisseaux de Rhodes et Clues mars d'une paix separcc seulement avec Byzancc Cf aussi Diod, 1677.2, une version des evencrncnts qUI parait presque totalement erronee 197 Badian 1966,37-69 (cf 39-43). Sur lcs circonstances de lexpcdiuon, RUZIcka 1985, 84-95. 195 Dlod. 1689.2; Justm 9.5. 199 DlOd. 16.912: cf. 17 2 4; 5-6 200 Polycn 5 44.4. 201 Badian 1966,41 , aussi CawkweJl 1978, 177 Dans un sens different Glotz 1941, 378 et encore McCoy 1989,424 11 suffira de se reporter ii la carte 13 pour trancher en faveur de la locahte la plus septentnonale
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Magnesie du Sipyle nest probablement alors qu'un phrourion ou guere mieux 202. Diodore indique que Memnon avait avec lui cinq mille mercenaires et ce faible nombre a surpris certains commentateurs, mais il faut tenir compte de l'urgence ; d'ordinaire la concentration des troupes roy ales prend beaucoup de temps. II n'y a pas de veritable bataille ran gee mais une sorte de ballet entre les adversaires. Contrairement a ce qu' ecrit E. Badian, il ne resulte pas de cette premiere passe d'armes que Memnon a pris Magnesie ou se retranche Parrnenion apres son echec. Il est plus probable que ce dernier I'a evacuee en se retirant vers le nord. A partir de ce moment, le combat a change d'ame. La mort de Philippe, les incertitudes de la succession, ses consequences pour certains des chefs de I' expedition (Artale), tout cela place le corps expeditionnaire macedonien dans une situation beaucoup moins favorable que l' annee precedente, La position des Perses est exactement inverse: en 338 Bagoas assassine Artaxerxes Ochos pour le remplacer par Arses 203 mais ce dernier est empoisonne quelques temps apres (en 336) et Darius III Codoman est porte sur Ie trone. II afferrnit son pouvoir en se debarrassant de Bagoas et peut alors se consacrer a la contreattaque en Asie Mincure. Apres Ie premier engagement de Magnesie, Memnon renonce a se heurter a Parrnenion en rase campagne et prefere I'isoler. Pour cela il se dirige au nord-ouest vers la cote. II s' agit manifestement de couper res Macedoniens de leurs arrieres : c' est ce qu'irnplique Ie fait que pour se rendre a Cyzique Ie contingent perse passe 8HX 'Tile; "[8T\e; 204. L'objectif que s'assigne Memnon est en effet le controle d'une cite grecque dont la position strategique est evidente si l' on constate que la voie normale pour traverser la Troade equivaut a un quasi contournement par Ie nord de cette zone accidentee. Cyzique en est veritablement le verrou et eUe s' est declaree alliee des Macedoniens 205. Malgre un stratageme qui consiste a coiffer une partie de ses hommes de casques macedoniens, Memnon ne peut pousser jusqu'au bout l'effet de surprise et penetrer dans dans la ville. II doit se contenter de ravager la chora et d'y faire un abondant butin 206. Cette option tactique contraint Parmenion a emprunter pratiquement la rneme route et a remonter vers Ie nord pour eviter l' enfermement. Si I' on suit Diodore, il n' est pas du tout en position de force mais bien au contraire sur la defensive (il est hors de question d'imaginer avec E. Badian que les generaux macedoniens visaient Daskyleion) 207 et cela dautant plus que les villes ferment leurs portes : en premier lieu Gryneion, a la longue tradition de soumission a des dynastes persophiles 208, confortee par la probable demonstration de force toute recente de Memnon.
202 L'htstoire de Magncsre aux hautes epoqucs est Impossible it etabhr Ihnken 1978, rcumt les maigres informanons concernant la locahte, Pour Ie VIe s quelques graffiti en Egypte ; pour Ie V" s. les propnctes paruculieres d'une source (Hcllamkos de Lesbos) ~ II nc reucnt pas le tcxte de Polyen. La place forte ou sc retire Parrncruon apres laffrontement a de bonnes chances detre Ie chorion de Palairnagnesia de OGIS, 2291 94 ou sont cantonnes les Perses dOmancs en 245 a.C, (ef. aussi le commcntairc de Ihnkcn, p. 114 sq.) supra p. 195. 201 Dlod. 17.53 204 Dlod. 17 7 3 205 Kaiser-Raiss 1984, 27-53, propose de reconnaitre Phihppe II sur les stateres delectrum von Fntze n° 199 (Zeus laurel qUI, sclon clle, auraicnt ete frappes a I'cpoque de lexpcdiuon de Parmcruon, mars cf infra p.484 206 Diod 1778, Poly en 5.44.5 Badran 1966 date cette acuon de juillet 335. 207 Badian 1966 2US Supra p 189
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La ville est prise d' assaut et ses habitants vendus comme esclaves. Le traitement inflige a Gryneion n'est en rien different de bien des episodes qui ont eu lieu avant ou apres en Grece d'Europe. A ce moment, comme Ie note C. B. Welles 209, Parmenion ne se preoccupe guere de la "liberation" des cites grecques, contrairement a I' argumentation specieuse de certains modernes 210. II sagit de se frayer a tout prix un chemin vers Ie nord et aussi de nourrir la troupe, de payer les mercenaires et de Icur fournir du butin 211. La ville de Pitane 212 qui resiste aussi aurait probablcment subi Ic merne sort sans l' arrivee de Memnon qui oblige Parrnenion a rom pre precipitamment et a se replier en Troadc. Une contre-attaquc menee avec I' adjonction de troupes fraiches, composees de Macedoniens et de mercenaires, arnenees par Kalas 213 ne donne rien face a la superiorite numerique des Perses, il faut se refugier au cap Rhoiteion 214. Les Macedoniens ne conservent apparemment qu'une seule tete de pont, a Abydos 215. Voila les donnees qui sont a peu pres assurees. II reste cependant bien des incertitudes concernant la campagne de 336 (par ou Parrnenion est-il venu?) et les evenernents d'Ephese. E. Badian 216 propose une solution originale : il suppose que les Macedoniens ont debarque pres d'Ephese et qu'ils tiennent dans un premier temps une bonne partie de Ja zone cotiere entre Lesbos et Samos. Ce que nous avons vu plus haut nous invite plutot a revenir a la solution traditionnelle, cest-a-dire larrivee par Abydos. Nous ne savons rien de I'offensive de 336, sans doute parcc qu' elle n' a cornporte aucun fait d' arme notable dans la mesure ou Ies Perses, surpris, ri'ont ete a aucun moment en mesure de sopposer a I'avancee macedonienne. Celleci a du se derouler selon un trace qui prefigure Ie debut de I' anabase d' Alexandre, au moins jusqua l'Herrnos 217. Remarquons aussi que Parrnenion n'avait probablement pas la flotte appropriee pour I' operation navale que suppose Ie debarquernent en Ionie. Que s'est-il reellement passe a Ephese? A coup sur linstallation d'un regime democratique hostile aux Perses et, par voie de consequence, philornacedonien, Est-il pour autant assure que Parrnenion et Attale se soient avances jusqu'a Ephese? Aucune source ne Ie dit. E. Badian soutient cette hypothese en soulignant que Diodore ne dit mot de la campagne de 336 (mais comme cela a ete note plus haut, peut-etre y a-t-il une explication a ce silence). On peut cependant se demander si en combinant Ie recit de Diodore et les informations fournies par Polyen on ne doit pas conclurc que Magnesie a ete Ie point d' avancee extreme du contingent rnacedonien. On comprcndrait mal en effet comment des officiers experirnentes seraient revenus vers la cote, pretant Ie flanc a I' attaque de I' arrnee perse concentree a Sardes et dans ses environs et au risque de se couper de leurs arrieres. Note a leduion de Diodore, coil Loeb, p. 137 n. 5, rclcvc par Badian 1966 Tarn 1948,219. 211 Sur la presence de mercenaucs en nombre pour cette campagne, cf Gnffith in Hammond & Gnffith 1979,438 sq 212 Kel11950. 1841-1843. 21:1 Sur ce personnage, supra p. 158. 214 DlOd.17 7 10, cf carte 6 p 240, Cook 1973,79 sq. 215 II semble que l' on peut infcrcr cela du pomt de depart de I'expedinon d' Alexandre, Amen, An., I 11.6. 216 Badian 1966,40. 217 L'cxpcdiuon d' Alexandre nc passe pas d'avantagc par 1a zone cotiere, pUlSqU'I! envoie aprcs la reddiuon de Sardes un detacherncnt pour prendre possession des domames de Mernnon, probab1ement en Eohde, infra p. 434 209
21[)
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E. Badian est conscient de cette difficulte puisqu'il fait venir les Macedoniens de la mer. Mais alors, dans cette hypothese, pourquoi netre pas revenu au point de depart suppose (Ephese) apres Ie serni-echec de Magnesie? Comment expliquer Ie ralliement de Cyzique a Parmenion et la tactique de Memnon? II ne parait possible d'envisager que deux hypotheses. Soit les Ephesiens ont d' eux-mernes declenche la revolte qui fait d' eux des allies des Macedoniens, au meme titre que les habitants de Cyzique (dont on ne sait pas si elle avait ete visitee par Parmenion). Soit le renversement de l'oligarchie a ete facilite par I'arrivee d'un detachement macedonien sans qu'il y ait eu combat, excepte les eventuelles luttes intestines: a quel moment et dans quelles circonstances est mort Herophytos qui avait son tombeau sur l' agora 218? Le principal argument de E. Badian pour une presence effective est Ie fait que Philippe devient le synnaos d' Artemis par la presence de sa statue dans le hieron 219. La comparaisons avec les autels de Zeus Philippios a Eresos 220 inciterait plutot a la prudence. On pourrait trouver de nombreux antecedents a la demarche des Ephesiens dans les iles et sur la cote: pour Lysandre, pour Conon. Ariobarzane avait sa statue devant le naos d' Athena a Ilion. Est-il par consequent pleinement legitime de placer cette statue sur Ie merne plan que celie de Philippe Iui-rneme lorsqu'il decide de fairefigurer sa propre effigie parmi celles des dieux lors de I'epiphanie de ces derniers aAigai 22l? Apres la retraite de Parrnenion, Ephese retombe aux mains de I' oligarchie soutenue par les Perses. Si I' on pense que l'installation d'une garnison suit de pres lareprise (ou le ralliement) de la ville, il faut conclure que I' evenernent precede de peu I' arrivee d' Alexandre en Asie. Arrien nous informe en effet que son chef etait un transfuge macedonien du nom d' Amyntas 222, ce qui suppose que les troubles qui ont suivi I' accession d' Alexandre au trone etaient regles et que les adversaires du nouveau roi avaient du s' exiler pour ne pas risquer leur vie. Pour interpreter cette campagne, il faut evidemment faire abstraction des evenernents ulterieurs, Comment son deroulernent a-t-il ete percu en Asie Mineure merne? Nous disposons de bien peu d'informations utilisables, mais une analyse globale indique clairement qu'elle sinscrit dans la tradition des expeditions rnenees par les Spartiates depuis la fin du ye siecle, sous Derkyllidas, Thibron et surtout Agesilas. Elle presente les memes caracteristiques et un deroulement assez comparable a celie dont les historiens locaux comme Theopompe ou Ephore entretenaient Ie souvenir. Les Macedoniens ont obtenu le ralliement de deux grandes cites au moins : Cyzique et Ephese, qui avaient derriere elles une longue tradition de resistance aux Perses, probablement de quelques unes en plus (Erythrees") 223. II est non moins assure que beaucoup d'autres - une majorite - nont pas Arnen, An., 1.17.10; supra p. 388 Arnen, lac. cu., on salt la polyvalence du terme hieron. II scrait plus prudent de lc traduire ICI par sanctuaire plutot que par temple. La nuance est ICI pumordiale SI l'on songe au nombre et a la drversue des documents qUI etaient cnges dans Ie temenos des dieux. En ce sens il est abusif de dire que Philippe est Ie synnaos d'Arterrus 220 Infra p 470 221 Dlod.l6.92 5 ,95 I . roic OCOOEKD: 8£Ot<; auv8povo<;. 222 Arnen, An , I 17 9 223 GGlS, 284 Erythrces connait succcssrvemcnt la tyrannic pUIS un premier episode democrauquc, Ie retour de l'olrgarchrc pUIS une deux Ierne dcmocraue, Badian 1966,62 n. 19, se demande SI la premiere democratic n' aurau pas pu ctrc etabhe au moment de I' expedinon de Parmemon. 215 219
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bouge. Ainsi Lampsaque dont E. Badian assure qu'elle avait ete perdue par Parmenion ("meme Lampsaque" ...) 224 na probablement jamais ete gagnee 225 si l'on prend comme parallele la situation de 334 ou Alexandre levite soigneusernent ainsi que Kolonai 226. D' autres, telles Gryneion, Pitane ont merne tente de resister. En sornme on doit considerer que cette operation se solde par un complet echec puisque, a l' exception d' Abydos (et de Cyzique"), toute l' Asie est retombee sous la coupe des Perses 227.
Badran 1966. 43. Malgrc Bosworth 1980, 107 sq., SUlVI par McCoy 1989, 424, JC ne vois pas de raison de situer Ie stratagcmc concernant Lampsaquc (Ps -Arist., te., 2 1351b I) a ce moment de la presence de Memnon cn Troade ; cornme pour I' cditcur de la CUF, il me semble que la pcnode de pnse en main dc la satrapre par Artabaze convient micux. 226 Amen, An., 1.12 6 ; infra p. 430 227 Cf. Ellis 1976,229 , Bosworth 1980, 100 Point de vue different d' Anson 1989,47, qur souticnt que les Macedoruens controlaient la nve europccnne de I'Hcllcspont mars aussi la majeure partie de la rive asrauque, Lcsbos (rnais cf. supra p. 409). Le scul port important de la region leur echappant, etant Lampsaque II me semble qu' Anson sous-esnme la capacite de ces CItes a changer de camp 224
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CHAPLTRE XI
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A L'EPOQUE DE L'EXPEDITION D' ALEXANDRE
L'anabase dAlexandre I a suscite des I' Antiquite un considerable attrait pour les auteurs et, merne si bon nombre de ces relations ont aujourd'hui disparu, les recits que nous ont transmis Arrien, Diodore et subsidiairement Plutarque ou Quinte Curce foumissent pour I' Asie Mineure une information bien plus developpee que pour la peri ode precedente. Avant den entreprendre I'analyse, il convient de bien marquer les limites et surtout Ie caractere hagiographique qui a etc donne aces recits ou, plus exactement, de noter que les auteurs dont les textes nous sont parvenus ecrivent a un moment ou non seulement I'issue de la campagne est bien connue, mais aussi ses consequences a plus long terme, c' est-a-dire la genese du monde hellenistique, Pour analyser raisonnablement cette premiere partie de l' anabase il est done necessaire de faire abstraction de tout cela, ce qui n' est pas chose simple. De plus, a quelques exceptions pres que nous aurons I'occasion de souligner, I'interet se porte tout naturellement sur les res gestae du Macedonien et ses adversaires (ou partenaires) locaux ne sont guere consideres que comme des faire-valoir ou, au mieux, a travers leurs traits "exotiques", Or, au moment OU il traverse l'Hellespont, Alexandre est certes Ie vainqueur de la vieille Grece par Ie maniement altematif de la seduction et du coup de force, mais Ie jugement que I'on pouvait porter a Suse ou meme de I'autre cote de 1'Egee sur les cites grecques europeennes ne devait guere etre favorable. De plus, et quoi qu' on ait pu en ecrire, nous avons vu que la campagne de Parrnenion n'etait rien moins qu'un echec et les cites grecques asiatiques ne pouvaient pas Ie ressentir d'une autre maniere, Cela explique que I' accueil qui lui est reserve ait ete dans un premier temps assez mitige. Notre objectif dans ce chapitre reste evidemrnent constant: tenter d' apprecier quelles sont les reactions locales a cette intrusion (autorites perses, cites grecques, villes et communautes rurales) et quel impact a court terme a pu avoir cet evenement.
I,
ALEXANDRE EN ASTE MINEURE OCCIDENTALE
Le passage de l' Hellespont se fait de Sestos vers Abydos 2 ; de la, Alexandre se rend it Ilion oii il sacrifie a Athena 3. On juge alors que Ie fait davoir trouve a terre la statue du satrape Ariobarzane est un presage favorable 4. Se distinguant en cela de Diodore, Arrien et Plutarque, Strabon 5 situe explicitement ce pelerinage apres la victoire du Granique. II I Baumbach 1911; Julien 1914; Berve 1926; Ehrenberg 1938, WIIcken 1933,90-106, Brckcrman 1934, 346-374 ; Tarn 1948 ; Badian 1966, 37-69 ; Heisserer 1980 ; Seibert 1985 ; Bosworth 1988, 35-55 Les etudes concernant Alexandre sont mnombrables. 2 Amen, An , 1.11.6. 3 Ibid. 7 ; Plut, Alex.. 15. 4 Dlod. 17 17.6. 5 Str 13 1 26.
L'ASIEM INE URE AU IVe s. (412-323 a.Co)
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Sclgc.
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Roure d'Alcxandrc Dctachcmcnts
Carte 14 . Alexandre en Asie Mmcur e occidentale
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indique qu'Ilion avait ete reduite au rang de simple kame. Faut-il penser que cela implique une pejoration de son statut juridique ou que les evenements consecutifs a Ia revolte d' Ariobarzane avaient entraine un pillage du site 6 et done la fuite d'une bonne partie des habitants? Ce trait est semble-t-il valable pour tout une partie de la Traade puisque Strabon attribue it Lysimaque, dans son projet de renouveau d'T1ion, l'idee d'incorporer dans son territoire des cites voisines "vieilles et ravagees" 7. Toujours selon Strabon, elle possedait un temple d' Athena "petit et simple" 8. Alexandre ordonne de lui rendre Ie titre de cite, consacre des offrandes dans le sanctuaire, commande d' orner la ville de constructions et enfin Ia praclame !ibre et exempte du tribut. Ulterieurement, apres sa victoire sur les Perses, il pramet d'en faire une grande cite, de lui construire un grand temple et de la doter d'un concours sacre. Ces promesses seront partiellement tenues par Antigone plutot que par Lysimaque 9. Ces donnees paraissent confirmees par les fouilles menees sur le site depuis Schliemann : K. Blegen 10, reprenant la numerotation des strates proposees par ses devanciers, considere que Troie VIII correspond aux epoques archaique et classique. Les observations conduiraient it penser que la cite a ete relativernent prospere aux VUC-YIC s. et aurait decline aux yqve s. 11 avant de connaitre un renouveau it la fin du lye s. (debut du niveau Troie IX). Pour J. M. Cook 12, l'estimation de la population proposee par Schliemann (de quarante it cent mille habitants) est beau coup trop forte. II a sans aucun doute raison pour les periodes anterieures it la creation de la colonie romaine. Notons cependant que son element de reference est le recensement turc de 1940 (deux mille habitants pour ce qui pourrait etre le territoire d'Ilion avant le synoecisme) et qu'on peut douter de la totale pertinence de ce rapprochement dans la mesure OU la population de ce secteur it I' epoque etait sans doute moins agglomeree que dans I' Antiquite, J. M. Cook allegue aussi pour rnesurer l'importance des cites de la region le montant du pharos reclame par les Atheniens en 425 (deux talents pour Ilion, trois pour Larisa et quatre pour Hamaxitos) rnais ces valeurs ne sont pas assurees 13. En arrivant it Ilion, nous I'avons vu un simple village, Alexandre est accueilli par diverses personnes, en particulier Chares qui est alors maitre de Sigeion depuis 335. Arrien 14 signale qu'il est accompagne de Grecs et d'£TI:lxwptot, d'autochtones. Cette remarque est particulierement interessante dans la mesure ou elle prolonge des themes deja rencontres au tout debut du lye s. dans la region it propos des origines de Zenis et de Mania. L'acculturation est quasi complete mais Ia perception de la nature des populations ne varie guere (cf. plus loin pour Sardes). Sans transition, Diodore 15 nous fait assister au conseil de guerre tenu par les chefs de I' arrnee perse. II fait Ia part belle a Memnon qui propose une tactique audacieuse consistant 6 Supra p. 299 7 'APXa!o:; ~611 KE},.aKCO~£Ya; ; pour ces synrecismes (Ilion, Alexandne de Troade), cf. Cook 1973, 364. B 'IEpOV ... ~tKpOY Kat E1J1£A£;. 9 Cf la note de Jones, call. Loeb p 52-53 Le texte de Strabon tel qU'11 est conserve fatt problemc Cf. Leaf 1923a, 142 sq. ; Cook 1973, 364 : lc passage qUIconcerne Ilion semble sapphquer plutot it Alexandnc de Troade (Iondee pnrrutrvernent sous Ie nom d' Antigoncia). 10 Blegen et al. 1950-1958. II Cf. aUSSI Cook 1973,98. 12 Cook 1973, IOO. 13 !G, 13, 71 (ATL, A 9), III 132 (425/4): TT "11A-LOyl. 14 Amen, An , 1.12 1 15 DlOd 17.182-4.
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a pratiquer la politique de la terre brulee en evitant Ie choc frontal avec Alexandre en rase campagne, et ensuite a porter la guerre en Grece grace a la concentration des forces navales et terrestres. Malgre cet avis, Ies generaux perses imposent le choix de I'affronternent en defendant le passage du Granique. La description de I' arrnee perse mais aussi le recit du deroulernent de la bataille permettent de nommer lcs principaux chefs. II y a la tous les satrapes de l' Asie Mineure cotiere 16, Arsites de Phrygie hellespontique avec ses cavaliers paphlagoniens 17, Spithrobates 18 d'Ionie et Lydie avec sa cavalerie hyrcanienne 19 accompagne de son Irere Rhoisakes, Arsamenes (ou Arsames") 20 de Cilicie qui dispose de sa propre cavalerie (rappelons que parmi le tribut leve traditionnellement en Cilicie figuraicnt des chevaux) 21 et Memnon a la tete de sa cavalerie, ne se distinguant en ricn a cet egard de ses homologues perses 22. Le trace de la route qui mene Alexandre d'Ilion au Granique est decrit par Arrien 23 : a Arisbe 24, il rejoint le gros de ses forces, passe par Percote 25 mais evite Lampsaque, puis par Hermotos en contournant Kolonai. Par consequent il passe au sud du Dede Dag, au long d'un affluent de rive gauche du Can Cay (le Granique). La cite de Priapos 26 se rend a I' arrivee des eclaireurs de I' arrnee, elle est prise en charge par un detachernent conduit par un de ses ressortissants. Une grande partie des eclaireurs est originaire d' Apollonia (il s' agit tres certainement d' Apollonia du Rhyndakos) 27. Cette premiere partie du periple invite deja a quelques observations generales. Par souci tactique, le Macedonien evite Ies cites les plus importantes, sans doute parce qu'un long siege aurait compromis ses chances de succes rapide (et done de succes tout court) mais aussi, comme Ie note E. Badian 28, parcc qu'il est loin d'etre assure de I'appui des cites a un moment au la fortune des armes na pas encore choisi son camp. A cet egard, I' anecdote rapportee par Pausanias 29 parait tout a fait 16 DlOd 17.19.4. 17 Supra p 114; pour Arsues, supra p 104 18 Supra p 153 et n 299, pour Amen, An., I 128,11 est satrape d'Iornc ct dc Lydic , selon Diodorc 11 est en charge de J'Iome II s'agu du personnage qu' Amen appcIlc Spithndatcs 19 A l'cvidcnce ces cavaliers vienncnt de la plaine hyrcamenne, supra p 194 20 Qumte Curce 3.4.3 , Amen, An., 245 Cf supra p 185: cst-il deja aposte en C1I1ClC? 21 Cf. Hdt. 3 90 : "Lcs Cthciens fourrussaicnt trois cent soixante chevaux blancs , et cinq cents talents d' argent , de ces crnq cents talents, cent quarante etarenr dcpcnscs pour la cavalene qUI tenait garmson en Cihcic" (trad. Legrand, CUF) 22 "Feudataircs" de ses domames plutot que mcrccnaircs Faire de Memnon un "mcrccnarre grec" est smguhereruent reductcur, cf. Ie debut chez McCoy 1989 Lorsqu' Arrren denornbre larmec perse 11 mdique qu'eIle cornporte vingt rrulle cavaliers et presqu'autant de fantassms dont II prend soin d'rndiqucr qu'rl sagu dc mercenaires etrangers (l 14.4). 21 Amen, An , 1 12.6-7. 24 Cf aUSSI Str. 13 1.20 et la mention dans 1'Illilde 2.835 , Leaf 1923a, 108 sq. )S Str, Ibid Comme Ie note cct auteur, il s' agrt la de bourgades sans Importance, qu'il nc saurait merne placer avec exacntudc On se demandcra done Sl Arnen ne privrlegte pas ces sues plutot a cause des rerrurusccnces homenques que par SOUcl de vente lustonquc , on y vena a la fois la volontc de fairc rcnouer d' emblcc la campagne d' Alexandre avec la geste heroiquc et aussi la mamfestatron de l'crudiuon de 1'auteur II convrent d'observer que la region cornpnse entre Lampsaque et Cyzrque est grccque de longue date, y cornpns pour des zones qUI ne sont pas en contact direct avec la mer. On pcnsera par exemplc a I'rnscnpnon votive du VI'S. trouvee a Pegar-Biga (lmscnpuon, Robert 1955,78; cf Debord 1982,209 et n. 215, sur le sue, Hasluck 1910,98-1(0). La we n'cst pas eloignee de I' emplacement suppose de la bataille du Gramquc 26 Sur Ie site de Pnapos, Leaf 1923a, 73 et surtout Olshausen 1974, s v 27 Presentation du SIte, Rohcrt 1980, 89-98. 28 Badian, 1966, 43 sq 29 Paus 6.18.2-4.
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eclairante : Ies habitants de Lampsaque ont "persise" ou sont suspects de I'avoir fait 30. Apres Ie succes d' Alexandre, ils craignent pour eux memes, leurs familles et leur patrie. Ils decident d' envoyer Anaximene en ambassade aupres du roi. Celui-ci, averti, jure qu'il fera le contraire de ce que lui demandera le phiIosophe et ce dernier tourne habiIement I' obstacle en demandant Ie pire traitement pour la ville et ses habitants. Alexandre, sous peine de se parjurer, pardonne a la cite. Cet episode ne peut guere se placer, comme Ie note E. Badian, qu' apres la bataille du Granique, mais il est impossible d' etre plus precis. L' emploi de contingents declaireurs autochtones indique clairement en revanche qu' Alexandre setait assure Ie concours de factions locales (par interet ou par conviction) qui lui evitent de tomber dans d' eventuels traquenards. Dans la perspective que nous nous sommes assignes, nous ne discuterons pas des peripeties de la bataille du Granique, dont Diodore et Arrien fournissent des versions assez divergentes 31. Figurent parmi les morts Ie satrape de Sardes Spithridates, son frere Rhoisakes et Mithrobouzanes hyparque (satrape?) de Cappadoce 32. La defaite fit indirectement une autre victime de marque: Arrien indique qu' Arsites, revenu en Phrygie (probablement aDaskyleion), se suicida, facon aristocratique dassumer la tactique qui avait mene au desastre contre I'avis de Memnon. On sait.que ce dernier pronait la politique de Ia terre brulee pour contrarier I'avance d'Alexandre mais qu'il ne fut pas suivi par les commandants perses. On attribue souvent aArsites un role decisif dans cette affaire, Raisons matcrielles tout d' abord, la premiere region touchee par ces destructions preventives etait sa propre satrapie. Rivalites de personnes ensuite si I'on veut bien se rappeler que la famille de Memnon est depuis Iongtemps impliquee en Phrygie hellespontique et liee familialement a Artabaze 33. La cite de Zeleia 34 qui avait servi de quartier general aux Perses 35 n' est pas particulierernent sanctionnee, ce qui doit signifier comme le pense E. Badian qu'elle est soumise au traitement comrnun reserve aux habitants de la satrapie de Daskyleion, auxquels Alexandre enjoint de rentrer chez eux et d' acquitter Iememe pharos que sous Darius. II convient d' observer que cette derniere est une cite grecque, en tout cas percue comme telle au moins des Ie ye S. 36. La capitale satrapique de Daskyleion est prise sans coup ferir par Parmenion, elle avait ete evacuee par sa garnison. Kalas est nomme satrape de Phrygie 37.11 est precise que les habitants de Daskyleion paieront un tribut egal a celui qu'ils versaient au Roi perse. ,0 Ils ne sont pas CIl "revolte" comme Ie pense Badian, n. 32 Le texte nest pas aUSSI prccis : i\a>L1jHXK'lVWV Ta ~acnAEw; TOD nEpG(llV 'l'POV'lCHXVTWV il Kat cxlT1CXV 'PpoviiGaI Aa~6vTwv. Par consequent nen nmdrque (supra p. 426) qu'rls aicnt adhere au parti de Philrppe au moment de 1'1 campagne de Parrnernon (contra Badian) 31 Amen, An, 1 13-16 , Diod. 17 19-21, 6 , Plut., Alex., 16. Sur ees divergences en particuher pour les noms, ef. Brunt 1962, 143. En derrner heu Me Coy 1989 (brbhograplne) 32 Sur Ie titre de ee pelsonnage. supra p 109 " Cr. Me Coy 1989,425 sq qui pose aUSSI la question (428 sq ) des rapports entre Memnon ct Arsitcs au moment de l' expcdruon de Parrneruon En l' absence de sources ccla est pure conjecture ,4 Leaf 1923a, 66 ; Hasluck 1910, 101 ; une inscnption datee gcneralcment de l' epoque de la conquete macedorucnne is-u>. 279), cf Rostovtzew 1910,260. ,5 Comme le note Heckel 1997, 195, Ie fait quarent parucipe a ce conseil tous les satrapes d' Anatolic et un certain nombre dc proches parents du ROI montre que 1'0n prcnait l'entrepnse d' Alexandre trcs au s6neux ,6 Comme note plus haut, el1e pare Ie phoros a Athenes et elle est probablement de nouveau dans I'obedicncc atherncnne en 410/409 (supra p 218) Amen, An , 1171-2
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Alexandre marche alors sur Sardes 38. Tous les auteurs concordent pour nous rapporter que le commandant de la citadelle, Mithrenes 39, se porte au devant du conquerant pour lui livrer la ville, les acropoles et les tresors qui y sont conserves 40. Mithrenes est accornpagne par Ies notables de Sardes. Le Macedonien concede la liberte aux Sardiens et a tous les autres Lydiens et leur permet de suivre les lois anciennes des Lydiens. Comme I'indique E. Badian 41, rien ne dit que les Perses avaient abroge ces lois (on peut meme ajouter que tout ce que I'on sait de leur mode de gestion inciterait a penser Ie contraire). Cette "liberation" n'exclut tres probablement pas le phoros, en tout cas la garnison est explicitement maintenue. Le texte d'Arrien montre done clairement qu'Alexandre na pas rnodifie la situation de la ville de Sardes. Que conclure alors a propos du statut juridique de cette derniere sous Ie regne d' Alexandre et de ses successeurs imrnediats? Ph. Gauthier argumente pour placer la naissance de la cite "grecque" de Sardes vers 226 42 . II est vrai qu' une premiere periode d' autonomie a du debuter a ce moment, materialisee pour nous par un monnayage avec la legende IAPMANQN 43. Faut-il en deduire pour autant qu'il n'y a pas de cite auparavant? II semble quil y ait lit confusion entre deux notions qui ne sont pas sur le meme plan. Nous avons vu plus haut qu' Alexandre conserve les institutions lydiennes et ce que l' on sait des rapports anciens entre Sardes et les cites ioniennes invite a penser que Ie developpernent institutionnel s' etait fait de facon parallele 44 et par consequent que Ie systeme politi que en vigueur pouvait permettre de passer assez rapidement au modele civigue. Les noms, l'ecriture et la langue Iydienne perdurent assez longtemps a Sardes, mais dans le domaine prive. Les documents a caractere officiel font defaut, sauf si I' on accepte de replacer ala fin du rv- s. (vraisemblablement peu avant 306) l'inscription Sardis, 7.1, I 45. Ce document est en grec, merne s'il ne nous en est parvenu qu'une copie, et la gestion des biens sacres par des neopoiai montre que I'hellenisation des institutions est largement engagee, Comment dailleurs pourrait-il en etre autrement dans la mesure OU Sardes reste une capitale satrapique de premier plan, avec par consequent un echelon administratif greco-rnacedonien important? Elle a done ete traitee tres tot a linstar d'une cite. II nest nullement necessaire d'imaginer une etape interrnediaire de "fondation" : son nom n'a pas change, sans doute a-t-on estirne qu'il etait assez celebre et glorieux pour ne pas la transformer en une banale Antioche ou Seleucie, Les limites a son autonomic tiennent d' abord a sa fonction de capitale et non a son "passe indigene". Rappelons a ce propos que I' atelier de Sardes est sans doute Ie premier en Asie a battre monnaie au nom dAlexandre 46. Dans le domaine religieux Alexandre a manifeste a I'egard de Sardes une mansuetude au moins egale a celle pour les
Bnant 1993, 13-27 Mithrincs pour Diodore Sur!c pcrsonnage et cettc drsuncuon entre les foncuons, cf. supra p. 40 n. 109. Comme lc fall observer Bnant 1993, 16, il est Ie premier Perse de haut rang a se ralher aAlexandre. 40 Amen, An., 1 17.3 , DIOd. 17.21 7 ; 1cs citadclles sont nous I'uvons note plus haut Ic pomt de convergence du phoros et probablcrnent de conservation d'une part de ce dermer, 41 Badran 1966,44-45. 42 Gauthier 1989,150-170. Cf. en un sens proche de celui expose ICI Bnant 1993, 19-23. 43 Seyng 1963, 35-38. 44 Cf. Briant 1995b relcvc l'existcnce dc tnbus a Sardes (Hdt. 4.45) . 'Acna; 'P1JA~. 45 Sur la date dc celte inscnpnon, cf. Debord 1982,244 sq. Dans Ic mcme sens que nous Briant 1982, 2l9, n. 227 , Corsaro 1985, 87, n. 63, etc. 46 Thompson 1983. 3B 39
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cites grecques. II a Ie projet de construire un temple de Zeus Olympien, laisse desordres en consequence 47 et accorde (ou confirme?) Ie droit d' asile du sanctuaire d' Artemis 48. Cela ne signifie pas pour autant que les relations avec les "vraies" cites du voisinage aient ete totalement depourvues d' ambiguite : retenons acet egard deux textes relatifs aux rapports de Sardes avec Milet et Ephese. Le premier est un accord d'asylie conclu entre Milesiens et Sardiens, sans doute de peu posterieur a 334 49 . Ph. Gauthier 50 insiste a bon droit sur la disparite des systernes qu'il laisse entrevoir : d'un cote (Milet), ce sont des magistrats qui sont responsables, alors que de l'autre (Sardes), il s'agit de personnes designees nominativement. Le second montre que ces rapports sont parfois difficiles : une inscription ephesienne 51 donne la liste de quarante six Sardiens condamnes amort pour avoir massacre des theores ephesiens d'Arternis. II ne doit pas s'agir d'une banale affaire de brigandage puisque l'un des condamnes parait etre Ie fils d'un des ambassadeurs de Sardes dans I'inscription milesienne. L'onomastique, en etant tout aussi majoritairement "indigene", presente bien des traits communs avec I' inscription de Mnesimachos precitee v . Mais cela ne doit pas etre considere de facon trop manicheenne comme preuve que la cite nexiste pas. A titre de comparaison on evoquera la liste des poleis cariennes qui figurent dans deux inscriptions de Sekkoy, datees du gouvernement de-Mausole 53. Leurs representants ont des noms presque exclusivernent cariens et pourtant leur statut de cite est reconnu par les successeurs imrnediats d' Alexandre (et on peut etendre ce raisonnement au moins a la Lycie). En bref, les Milesiens et les Ephesiens ne considerent probablement pas vers 330 les Sardiens comme constituant une cite similaire a la leur, mais la nouvelle conjoncture politique les amene a entretenir des contacts et rneme a conclure des conventions d'asylie, ce qui de facto les place sur un pied d' egalite. Un quart de siecle plus tard, Sardes fait gerer son principal sanctuaire, incontestablement tres ancien avec toute I' organisation traditionnelle que cela suppose, par un college de neopes dont la tonalite grecque et civique est indubitable et compte tenu de ce qui vient d' etre dit plus haut il me parait fort probable que des Ie debut de I'epoque classique au mains les Sardiens se consideraient comme appartenant a une polis. Tout comme a Daskyleion, Ie conquerant precede a un remplacement du personnel de la satrapie mais sans toucher a l'organisation mise en place (ou conservee") par lcs Perses 54 : Asandros, fils de Philotas est place a la tete de la Lydie et du reste de I' arche de Spithridates ; Nikias est charge de l' etablissernent et de la perception des irnpots 55 ; enfin Pausanias commande la garnison de I' akra.
47 Amen, An., 1 17.5-6 Cf Debord 1982, 268 , Herrmann 1989, 131 , Bnant 1993, 23. On ne Salt ce quil est advenu de ce projet 48 Tacite, Annales, 3.60-63 Sur ce texte en general Debord 1982, 278-284 ; sur le cas de Sardes, Herrmann 1989,127-131; Bnant 1993,23 sq. 49 Delphuuon, 135 , Syll ', 273 , cf. Gauthier 1972,242, n. 95. 50 Gauthier 1989, 160 sq 51 IK, 11 l-Ephesos, 2 ; ef. Robert & Robert, Bull ep , 1965,342, Robert 1967,32-36; Masson 1987, 225-239 , Gauthier 1989, 162 52 Debord 1982, 246 53 Supra p 179. 54 Amen, An., 1.17 7-8. 55 Supra p 168
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C' est de Sardes qu' Alexandre ordonne a Kalas de prendre possession de la chora de Memnon 56. Polyen 57 lui attribue un stratageme destine a "destabiliser" Ie Rhodien : apres avoir debarque en Asie, Alexandre aurait ordonne de ne pas toucher aux proprietes de Memnon afin de semer la suspicion dans Ie camp adverse 58. Partant de lidee qu' il est desorrnais I' adversaire le plus efficace 59, la motivation de cette mesure ne fait pas probleme. En revanche, la juxtaposition des sources invite a s'interroger sur la localisation de cette chiira si l'on admet qu'elle constitue un ensemble homogene, Sur ce point nombre de propositions divergentes ont ete presentees. - Ecartons demblee Ie point de vue de Chr. Tuplin 6IJ qui situe ces domaines dans la vallee de I'Aisepos, dabord parce que cela supposerait Ie retour loin en arriere vers le Nord d' un detachement non negligeable (Ie fait que Kalas ait ete nomme satrape de la region n' est pas en soi un argument) mais surtout parce que cette hypothese repose sur une confusion : Strabon 61 signale l'existence d'un tombeau de Memnon et d'une "kome de Memnon", mais il sagit, precise-t-il, du fils de Tithonos. c'est-a-dire du heros de la guerre de Troie et non du Rhodien 62. - S. Hornblower 63 reexamine les differentes attributions et retient comme solution la plus probable la chora de Tenedos mais il ne fournit pas une veritable demonstration. Son principal argument est la mise en demeure faite aux Tenediens par les successeurs de Mernnon a la tete de la fiotte perse de retourner a la Paix du Roi (Artaxerxes et non Darius comme l'indique par erreur Arrien 64 ou parce que le texte a ete corrompu) 65. La peree de Tenedos n' a sans aucun doute rien a voir dans cette affaire 66. On sait que l'ile etait restee fidele aux Athcniens jusqu'en 338 mais qu'elle avait change de camp a ce moment 67. II n'est pas exclu qu'Alexandre ait cherche a favoriser Tenedos, y compris par des restitutions territoriales mais le lien avec l'operation precitee est pure conjecture. De plus les memes objections que dans le cas precedent sirnposent pour une localisation aussi septentrionale.
Amen, An, 1.17.8 Polyen 43 15. is Rappelons que "symctnqucmcnt" scst ouvert chez les Perses un debar pour savoir si l'on dolt saenfier les dornames au nom de lefficacue mihtatre. 59 Mals a partir de quel moment') Rappclons quil jouc un role secondnire jusquau desastrc du Graruquc. 6U Tuplm 1987b, 136, n. 10! (;1 Str. 13 l.ll. 62 Sur la locahsauon de eet ensemble, Sekunda 1988a, 186-7 Heckel 1994, 93-95, sans menuonner la httcrature anterieure, note justcmcnt qu' Amen, An , 1 17 8 correspondrart mieux a une region proche de l'Ida mars on ne VOlt pas pourquoi Alexandre aurau specifiquement fait sarsir la chora de Mcmnon s'i1 ne sagissan pas de possessions de celui qut etart devenu son puncipal advcrsairc 63 Hornblower 1982, 128 , 144, n 58. Le texte de Polyen 4 3.15 nc parait pas etablir de hen tempore! immcdiat entre le debarquement et Ie fart d' cpargncr lcs biens de Memnon. II suffira de rapproeher Ie debut de cc paragraphe, 'AA£~C(v8pos 81C(~as ES 1~V 'Ao iuv et I Priene, 37, I. 146. 'A),[~&v8po'lJ 8lC(~rXV1Os Ei s 1~V 'Ao iov Alexandre regie un diffcrcnd de fronncrc entre Pncnc et Samos mats 11 est bien evident que ee ne fut point sa premiere preoccupation en posant Ie pled en Asie De plus Ie fall que cc stratagcmc vrcnnc avant cehn qUI est uuhse au Gramque nest pas un argument dccisif lorsquon pcnse a la desinvolture chronologique de Polyen 64 Amen, An., 2.2.2 65 Heisserer 1980, 132 sq. 66 Supra p 265 67 Demosthene, Cour , 302 56 57
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- Autre candidat, les anciennes possessions de Mentor et Memnon en Traade (Skepsis, Kebren, etc.) 68. Tel est le point de vue de K. J. Beloch 69, II faudrait alors supposer que Ies deux freres avaient rccu ces dornaines en don du satrape Artabaze en 362 ; qu' ils leur auraient evidernmcnt echappe au moment de la revolte et de I'exil, enfin que Memnon (ou Mentor?) les aurait obtenu a nouveau du mi. S. Hornblower releve la distinction juridique quil convient d'etablir entre les deux situations. - Il parait preferable avec A. Baumbach 70 de penser que Memnon a herite du domaine conquis par Mentor et qui pourrait etre constitue par les chorai de Chios et de Mytilene 71 et/ou de la principaute d' Hermias (les deux entites se recoupant au moins partiellement) 72. Rien ne prauve par ailleurs que les proprietes de Memnon aient constitue un ensemble geographiquement hornogene. De Sardes, Alexandre fait route vers Ephese. L'itineraire le plus court emprunte la passe de Karabel 73, mais il est possible qu'il ait choisi de passer a proximite du golfe de Smyrne, si du moins on accepte comme veridique la tradition selon laquelle il serait a I'origine du deplacernent de Smyrne de Bayrakh vers son site hellenistique 74. Le silence d' Arrien ne constitue pas un obstacle majeur: sauf pour les Smyrniotes eux-rnemes il sagit la d'un evenernent secondaire. Selon Arrien 75, le roi arrive a Ephese Ie quatrieme jour apres son depart de Sardes. Cela parait lui laisscr le temps pour lintermede cynegetique decrit par Pausanias, mais on ne saurait etre pour aut ant assure de I'historicite du fait 76 dans la mesure ou les Smyrniotes avaient tout interet a posteriori a placer ce transfert sous les meilleurs auspices, Alexandre devenant leur kiistes comme il avait ete celui d' Alexandrie et de bien dautres cites. En tout cas a defaut d'une "liberation" par Alexandre Iui-merne Smyrne se trouvait sur la route qui menait Alkimachos d' Ephese vers l'Eolide 77. L'etape suivante pour l'arrnee d' Alexandre est done Ephese, Apres J'echec de Parrnenion, Memnon avait installe dans la cite qui echappait depuis longtemps au controle perse une garnison comrnandee par Ie Macedonien Amyntas n. Le realisme I'emporte sur la terncrite : la garnison mercenaire senfuit en semparant de deux trieres ephesiennes. Alexandre ramene avec lui un certain nombre de ceux qui avaient ete exiles pour avoir pris
6S Demosthcnc, C /vrtstocr., 154 (cf. 157 pour la dcfimtion du terntorre autrefois controlc par Chandcmos), Supra p 347 69 Beloch 1923, 148 et n I, posiuon idenuque de Bcrve 1926 n" 497 , Seibert 1985,37 et Brunt 1986,73 n 5 70 Baumbach 1911, 17 ct notes, cc POint de vue remonte it G Grotc; contra Bcrve 1926, 252. n 1. Pour sa part, Hornblower 1982, 144, n. 58, considere - sans cxplicatton - que la localisauon est trop au sud. Rappelons, SI lon veut absolument her J'acuon de Kalas it son ressort satrapiquc, que la region a etc souvent l'objct de revendication de la part du satrape de Daskyleion 71 Supra p 267. 72 C' est cc qui rcssort du texte de Thcopompc supra p 418 Supra p 247 (la route inverse dAgesrlas) 74 Paus 7 5.1-4. 75 Amen, An., I 17 to 16 Cf. lcs clements du dOSSIer reUDIS par Cadoux 1938, 94-97. Doutant de l' authenncite, Gallet de Santerre 1947-48, qUI lui prete cependant la volontc dc cette rcfondation it partir de Plmc, HN, 5.118 , Aelius Anstide, Palm, p 431 Dindorf (mars contra Str 14 1.37 qUI attnbue ccla it Antigone ct Lysirnaque) 77 Cf Infra p. 436 7R Supra p. 425.
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son parti. 11 met a bas I'oligarchie pour la rcmplacer par un gouvernement democratique, La faction des demo crates entend bien se venger de ses adversaires : la mort est demandee pour ceux qui ont appele Mernnon, jete a bas la statue de Philippe et profane la tombe d'Heropythes sur I' agora 79. Le roi arrete rapidement cette "epuration" et en cela il se gagne, nous dit Arrien, la sympathie de beaucoup de Grecs 80. II enjoint aux Ephesiens de payer a Artemis les phoroi autrefois dus aux Perses 81. Strabon 82 rapporte que la cite etait alors en train de reconstruire Ie temple de cette deesse, incendie en 356 par Herostrate. D' apres Timee, cette operation etait menee a bien grace aux depots effectues par les Perses 83, mais Artemidore, suivi par Strabon, s'inscrit en faux contre une telle allegation. Alexandre propose aux Ephesiens de prendre a sa charge les frais passes et futurs de la reconstruction a la seule condition probablement que cela soit inscrit sur Ie temple (comme ce fut ensuite Ie cas a Priene). Les Ephesiens refusent par une sorte de pirouette: il ne sied pas a un dieu de consacrer des offrandes aux dieux. E. Badian en conclut que les relations d' Ephese et d' Alexandre etaient moins confiantes que celles entretenues par la cite avec son pere. Remarquons cependant qu'il porte a un stade les Iirnites de l'asile 84 et qu'il organise la des sacrifices a Artemis et une magnifique procession a laquelle participe I' ensemble de son armee, ce qui etait bien propre a eveiller I' admiration mais aussi la crainte des populations de I' Asie 85. Pline 86 signale que les Ephesiens firent placer dans Ie temple d' Artemis une peinture d' Apelle representant Alexandre brandissant Ie foudre. Manifestement ce dernier a franchi la une etape : il peut desormais se poser en arbitre indiscute a I'interieur des cites aussi bien que dans les rapports entre comrnunautes comme la situation interne d'Ephese en apporte la preuve. Magnesie 87 et Tralles 88 depechent des ambassades pour faire acte d' allegeance et Alexandre repond favorablement en confiant une mission a Parrnenion. Dans Ie rneme temps, il envoie un autre detachernent sous Alkimachos en direction de lTonie et de I'Eolide (y compris Ies i'les) pour "delivrer" les cites encore sujettes des Perses 89. Selon E. Badian, il faut interpreter cela comme une Realpolitik et non pas une conviction personnelle, et de fait revolution se fait sentir tres vite (cf. Ephese), en tout cas des quil est clair que I' Asie Mineure occidentale est conquise. 79 II est assez probable que Ie pcrsonnagc en qucsnon est celui qUI est mennonne sous Ie nom de Hcrophytos par Polyen 723.2, supra p 388 et n. 140 so Polyen 649, rapporte comment, quelques annees plus tard, trois freres assassinent un tyran d'Ephese, Hcgcsias, et encourrent de ce Iatt les foudres des autontes macedorucnnes, cn paruculier de Philoxenos, gouverneur d'Iorue (supra p 160). Comme lc note Badian 1966,64 n 36.11 sagu a ce moment d'un "cx-tyran'' (11 convient sans doute de penser a I'un des ohgarques nus en place par Memnon apres la campagne de Parmeruon) et 11 n'y a pas heu avec Tarn 1948, 174 sq , de douter de I' authcnticite de I' eprsode. 81 Amen, An ,117.9-13 82 Str 14.1 22. 81 Cr. Debord 1982, 226 ct notes 84 Str 14.123. 8S Amen, An, 1.18.2 , cf. Debord 1982, 268. 86 Phne, HN, 3S 92. 87 Amen, An., 1 18.1 Nous avons note a I' cpoquc dc Thibron (supra p. 236) Ie deplacernent de la ville vers Ie sanctuaire d' Arterms Lcukophryenc , ccst probablement seulement a parur de cc moment qu'clle fut considcrce comme une ventable cite grecque. 88 L'evoluuon de Tralles na pas dfi ctre tres differentc de celie de Magnesie Elle rccoit une garruson macedomenne (Amen, An, 1.236) ; cf Xen., Hell., 3 2.19 (en 397) ; Dlod 14.362 (en 399) 89 Amen, An , I 18 1-2
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De fait Arrien indique qu' ordre est donne de remplacer les oligarchies par des democraties, de liberer les cites des taxes payees aux Perses. II semble bien que pour la region concernee cette consigne ait ete appliquee a la lettre, c' est du moins I'image que les cites ont voulu conserver 90. Ainsi a Colophon ou un decret de la cite, par ailleurs assez mutile, comporte cette phrase parmi les considerants : "attendu que le roi Alexandre et Antigone lui ont donne (au peuple de Colophon) la liberte" 91. La date - done I'interpretation - du document ont ete discutees, L'editeur B. D. Meritt pensait a une date contemporaine du passage d' Alexandre, alors que L. Robert 92 proposait une date comprise entre 311 et 306. Merne ambiance dans une inscription d'Erythrees 93, lettre d' Antiochos II a la cite qui concede liberte et exemption puisque "sous Alexandre et Antigone la cite etait autonome et exempte du tribut", II n'est en revanche nullement assure qu'il convienne de situer a ce moment deux decrets, que I' on a parfois allegues, pour illustrer les turbulences engendrees dans les cites par les deux interventions macedoniennes 94. L' origine de la stele qui supporte ces textes est discutee ; elk a etc trouvee a Chios, mais on sait que nombre de pierres ont ete transportees dans l'Ile depuis Erythrees. C' est cette provenance que retient A. J. Heisserer 95, auteur d'un reexarnen attentif de l'inscription. II y est question de restituer son epee a la statue du tyrannoctone Philites, epee que les oligarques en accedant au pouvoir avaient subrepticement enlevee faute, peut-etre, d'avoir ose abattre la statue elle-rneme, mais la privant par ce gestc de sa signification originclle (Ph. Gauthier). La forme des lettres interdit un rapprochement direct avec I' epoque d' Alexandre 96, mais il convicnt de notcr quc le "scenario" retenu, a savoir : mort d'un tyran, suivi d'une probable democratic, installation d'une oligarchic, puis retour a la democratie, suppose un laps de temps relativcment long, sans que I' on puisse etablir la chronologie absolue de cettc sequence. Rien ne permet en effet daffirmer que Philitcs est la meme personne que celle qui apparait comme magistrat monetaire dans la periode 350-340 97. II est done impossible, en l' etat de notre
Brckcrrnann 1934,346-374, Badian 1966,46-53 ; Bosworth 1988,45-46; 251-253. 'II Mentt 1935, 358 sq : n" 1,1 6-7' b(Elo~ JrCXpEO[IlKEV lX1J1Qn . AAE~CXVOpO~ 6 ~CXCHA£U~ 1~V iCAEU8EplCXV
90
KCXI 'AV1lyOVO~. 92 Robert 1936b, 158 sq ,quasI unarurncment SUIVI par la suite 93 IK, l-Erythrar, 31 (OGIS, 223 ; Welles, RC, 15), I. 22-23 EJrl1£ 'AA£~&VOpou WI 'Avnvovo» lX1J10[ v[ouo; ~v WI &rpOPOAOYl1W~il JrOA1~ lJIlWV 94 284 ; IK, 2-Erythral, 503 95 Heisserer 1979,281-293 (deux photos) , Gauthier 1982, 215-221 ; 1985,32 Cette inscnption a ete donnec commc provenant de Chios pal tous les premiers cdrteurs, y compns MIchel 1900, 364 ; elle est attibuee it Erythrees par Dinenberger et H1IIer von Gaertnngen dans la Sylloge; Clazornenes par Wilhcm 1915,30-38 (dou lc c1assement cette cite par Engelmann & Merke1bach, IK, 2-Erythral, 503 ) 90 275-200 selon Hcisserer , rrulicu du Ill' s pour Gauthier Heissercr 1979,293, eonclut en indrquant qu' son avis 11 sagu lit d'unc copie d'un document plus ancien. II sappuie prmcrpalement sur les praescripta tres srmplrfies, ne comportant pas la mention des prytanes, strateges, exetastai. Mars II convicnt de nc pas conclure trop hativcmcnt dans la rncsurc ou Ie nombre des decrets erythrcens dont on a conserve Ie debut est tres Iarble et que Ie n" 27 de IK, J-Erythrar, que les edrtcurs proposent de dater des environs de 274, dcbute par Ie mcme forrnulaire, tel qu'rl est resume par Robert 1927, 119. Cf les reserves de Gauthier 1982,215 n. 4, coneernant Ie qualrficauf de tcxtes "cornmemoraufs" retenu par Heissercr-; 11 pense qu'rl cst Impossible en l'etat de fourrur une chrunologie ahsolue dans la mesurc au nous navons que Ie terminus (qurl suue pour sa part, rappelons-le, vers Ie milieu du
s-u», a
a
a
III'S.). 97 Cf, Hersserer 1979, 286, n. 17 (mforrnatrons fourrnes par Ph. K111ns) On eonsultera de ce derrner, sa these J980, 18-35, dont les pnnclpaux resultats sont resumes dans son article 1989, 186
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documentation, de relier ces cvenernents internes a Erythrces a la "grande histoire", II faut noter enfin qu' Alexandre s'cst interesse a la region concernee puisque selon Pllne il fait construire une digue a Clazomenes 9g pour relier l'Ile au continent et, inversernent, il projetait, toujours selon Pline 99 de percer par un canal listhme d'Erythrees. On ne saurait determiner a quel moment du regno se placent ces travaux ou projets. En revanche ce ne peut etre qu'au moment de sa campagne qu' Alkimachos dedi a dans le temple d' Apollon a Kyrne un grand candelabre de bronze provenant du sac de Thebes 100. Le cas de Priene doit etre aborde a ce moment de I' expose. Les sources litteraires sont muettes a son sujet, mais les inscriptions arnenent a reflechir sur les rapports entre Alexandre et la cite. Le premier document a considerer est l'inscription n° I du corpus 101, diagramma royal relatif aux Prieniens 102. Selon S. M. Sherwin-White 103, ce document a ete grave sur une ante du temple d' Athena 104, seulement dans les annees 280, au moment ou Lysimaque domine l'Ionie et en rapport avec le dossier de textes qui se trouve irnmediatement au dessous 105 et qui a trait aun confiit entre Prienc d'une part, les Pedieis 106 et les Magnetes de l'autre. Le diagramma servirait ainsi d'clement de reference dans un con flit a vocation territoriale, probablement de caractere seculaire, Cette hypothese est tres seduisante et eclaire d'un jour un peu different Ie contenu du document. Tout Ie texte selon S. M. Sherwin-White (en realite sa premiere partie seulement) est a rnettre en relation avec la fiscalite, en distinguant: 1) Les [Prieniens] qui habitent Naulochon, Icsquels sont, comme les autres Prieniens autonomes et libres, possedent la [terre] et les maisons en totalite en ville et dans la chora. Ceux-la, l'ensemble des Prieniens, Alexandre les exempte de la syntaxis 107. 2) Un certain nombre de komai, constituant au moins deux cornmunautes, Myrsileia et les Pedieis, si lon suit la tres probable restitution de A. J. Heisserer 109, villages que le roi reclame comme siens et qui, par consequent, doivent acquitter le phoros 109. Une nuance d'irnportance tout de merne. S. M. Sherwin-White s'est auachee a montrer la coherence du texte 1. Priene, 1, avec le reste de la documentation concernant les Pedieis, mais a certains
yg Plmc, HN, 5.117 ,Str 1.3.17 Plme, HN, 5.116 100 Gallet de Santerre 1947-1948,301-304 a partir de Phne, HN, 3514. 101 I. Prienc; I. Cette mscription a ete bien sou vent reproduitc (e.g OelIS, I) Plusieurs etudes lUI ant rcccmmcnt etc consacrees : Van Bcrchern 1970,198-205, Hersserer 1980,145-168, Sherwin-White 1985,69-89. Cf ausst Botermann 1994. 1]J2 Tcllc est la soluuon rctenue dcpuis Welles 1938,258 ct n 3 10l Sherwin-White 1985,72-74, selon elle II sagrran dun extraltd'une lettrc, ce qUI parait mal converur avec lc caracterc apparernment composite de la fin du document 104 Sherwin-Wlutc 1985, 71, fig I lOS I Priene. 14-16. 106 Faraguna 1995, 69-70 107 Infra p. 473. lOS Heisscrcr 1980,152 et 156, aux I. 9-10 du texte M1JpOTI[AFlcoy K]cxl nF[8'2coy ... 1 X({Jpay La zone du vacat cst csumcc a c a 9-10, nc pourrait-on penscr a quclque chose commc . Kw,uac; 1£ Kat') Hcissercr resutuc Myrsrlcia paree qu'elle est menuonnee dans une inscnpuon de Magnesie (certes beaucoup plus tardive, I Magnesia, 116, I. 53, 11 propos de ses agroi ; quant au Pedteis nous avons vu qu'rls sont I'occasion probable de l'rnscnptron de I' ensemble du dossier de l' ante du temple. lOY Ccla suppose a contra no que lcs Pnerucns etaicnt excmptcs pour 1a partie de la chora dont 1a possession leur etait reconnue Comme Ie note fort justernent Sherwin-White 1985, 83 II ne s' agu pas pour Alexandre de rcclamer Lachora dc Pnenc (contra Hornblower 19H2a, 162 sq) 99
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moments clle semble avoir perdu de vue la construction de la lettre elle merne 110. La premiere clause concerne les Prieniens de Naulochon : "Au sujet de ceux qui resident a Naulochon, autant qu'ils soient [Prieniens], qu'ils soient autonomes et libres, possedant la terre et les maisons - toutes celles qui sont dans la ville et la chora -, comme les Prieniens eux-rnemes". Cette formulation serait bien insolite si I'on comprend quil sagit la de mesures concernant les Prieniens en general. II me semble que I' on doit interpreter les choses ainsi : la liberation, I' autonornie, la pleine propriete sont deja reconnues par Alexandre aux Prieniens, c'est ce que pourrait indiquer la ligne 7: W[0TC£p ... 111, etc. ; Ie fait nouveau, que I'on met en valeur par la I. 2 112, c' est que les memes'droits sont reconnus aux Prieniens de Naulochon. Dans ces conditions, bien que S. M. Sherwin-White ait balaye rapidement cette hypothese 113, il parait inevitable d'admettre avec D. Van Berchem que lapolis de la I. 6 et la chora de la 1. 7 ne peuvent etre que celles de Naulochon, sinon comment les Prieniens de Naulochon pourraient etre dits possesseurs legitimes de la terre et des maisons en totalite (I. 6) s'il sagissait de Priene, Mon accord avec D. Van Bcrchem s'arrete la. Je crois en effet quil convient de renverser lordre des chases qu'il propose. II sagit, nous I'avons vu, d'un problerne de territoire, de frontieres, comme le differend seculaire avec Samos 114 dans lequel Alexandre etait intervenu des 334 liS. II faut tenir compte du fait que I'inscription figurait sur I' ante du temple ce qui implique que les Prieniens ant etc les beneficiaires de I' operation: il est clair que Naulochon appartient desormais aux Prieniens (ville et chora), alors que nous avons pu noter que vers Ie milieu du lye s. la numismatique lin montre que les deux communautes existaient separement, meme si leurs liens etaient testes etroits. La seule autre mention de Naulochon dans I'epigraphie prienienne provient de I. Priene, 196. Cette inscription ne manque pas d'interet dans la me sure ou cette dedicace 117 presente des ionismcs qui l' avaient faite dater du milieu du milieu du lye s. par Hiller von Gaertringen. Elle est en place et permet de fixer la chronologie du mur, a condition d'etre sur de celie de l'inscription. 11 me semble que cette reference au heros Naulochos conviendrait mieux a I'epoque ou Priene recupere la bourgade de Naulochon precedernment emancipee et done a I' epoque d' Alexandre. En meme temps, Alexandre fait valoir ses droits sur les Myrsileioi et les Pedieis (tout ou partie: on sait en effet que plus tard une partie de ces derniers se trouve dans la chora de Priene 118), et cela parce que le Macedonien se voulait I' heritier des grands domaines pcrscs (royaux au satrapaux) dont certains se trouvaient assurement dans la region de Magnesie 119. On ne connait pas l'emplacernent exact de Naulochon, probable port de Ill) Cf deja des la p. 81 infine, elle ne parle plus que du statut fiscal des Pneruens ; cf. encore p. 83, " ... the terruory the Pnenians are to control (the urban site of Pnene, the cham and Naulochon)". III Telle est la resutuuon que propose Heisserer 1980, 155 Mats en raison de ce qUI est conserve de la lettre, II est a vrat dire Impossible de traneher entre un n et un 0, qUI permettau une lecture o[ co hi 81, .. 11 argumentc sur Ja longueur de la Jacune qUI ne perrnet pas de loger [8£ ,u~J. 112 En realite la premiere Sl I'on admet avec Sherwm-Whue 1985, 81 que la lrgnc I . ~exatAEWe; 'A/,I£~av8Jpou a etc rajoutee apres coup, au moment de la gravure sur I'ante de I'ensemble du dossier. 113 Sherwm-Whitc 1985, 83, n. 113 I I. Priene, 37 ; supra p 268. liS I 146: 'AA£~av8po1J 8lC(~aVlOe; de; 1~V 'Ao iov. 116 Supra p. 390. 117 Chavane & Yon 1978, 140, donnent une traduction de ee texte liS Cf aUSSJ l. Priene. 3 qUI garanut les drous des Pedieis dans Ie decret pour Ie Megabyze 119 Supra p 46
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l'ancienne Priene (qui en possedait deux d'apres Ie Ps.-Skylax), sans doute assez a I'est sur l'ancien trace du golfe Latmique puisque Pline 120 parle d'un oppidum situe entre Myonte et Priene, Quant aux Pedieis, leur nom meme laisse supposer qu'ils habitaient Ie Pedion, cesta-dire la zone alluviale du Meandre entre Priene et Magnesie. Nous avons la tous les ingredients du confiit regie presque un derni-siecle plus tard par Lysirnaque et cela rend coherent Ie dossier dans Ie sens propose par S. M. Sherwin-White. Malgre les lacunes, les I. 1-15 se laissent done assez bien interpreter. II n' en va pas de merne pour la suite dont Ie texte est mal conserve mais il devait y avoir la des clauses d'une autre nature que fiscale, II y est d' abord question d' une phroura, une garnison ; il est raisonnable de penser qu' elle tient la Teloneia Akra dont il est question dans plusieurs decrets ulterieurs 121. Si Ie verbe d]auy£t[v de la I. 14 a bien pour objet ellV
Plme, HN, 5 113, cf carte IS Prtcne, 4 etc. m Badian 1966,48-49. 121 Charneux 1966, 177-183 (= SEC, 22, 1968,189). Les villes vrsitees dans Ie secteur sont Clazomenes, Erythrecs. ChlOS,Tees, Lcbcdos, Ephese, Milet, Notion, Nau1oehon. 124 La situauon des deux villcs de Colophon et Notion, telle que decnte par Robert 1936b, 165 sq , c'cst-adue une sympohue qui conserve la specificite de chacune rendrait bien compte de la situauon avant que Pnene ne reussissc a absorber Naulochon (voir supra p. 390) 125 Cf Bnant 1973,35 n 1 ; Billows 1985, 139, Heckel 1992,52, Crowther 1996, 198. 120
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dambiguite qui va de 311 it 306 126 que eelle ou il a pris Ie titre de roi 127. En revanche, clle trouve des repondants pour les Hekatomnides 128. On peut penser qu'elle eorrespond bien it lidee que le personnage honore est dabord un individu, qui doit son pouvoir it lui-merne. Pour lui aecorder les honneurs lcs Prieniens feignent de Ie considerer comme un simple particulier. Ceux qui lui sont octroyes sont importants mais excluent I' atelie sur la terre. CeIIe-ci reviendrait en fait, etant donne celui qui en est Ie rccipiendaire, it retrancher une part du territoire civique 129 . Cette clause me parait mieux correspondre au dynaste qu' it I' officier de 334. Plus decisif, les considerants : [EUjEPY£Tlll YEVO/-l£VOn Ked np08U/-lOll £OV1[l ei]; T~/-l nOA.lV "s'etant conduit en evergete et etant plein d'empressement it I'egard de la cite". II pourrait paraitre etonnant en effet que le document ne comporte aucune reference it la liberation de la ville (on se vante seulement de son autonornie, d. ci-apres) pas plus qu'a Alexandre. II serait en fin tout it fait paradoxal que nous ayons ce seul document concernant Antigone it l'epoque de I'anabase d' Alexandre, alors que Ies ternoignages sont nombreux it proxirnite immediate 130 apres 315. L. Robert 131 note: "II me parait evident qu' Antigone pas plus qu' aucun officier d' Alexandre, n' avait rien it voir dans la concession de la liberte it Colophon par Alexandre. S'il est nomme, c'est parce qu'tl a agi de sa propre autorite ; il a, it son tour, etant maitre de Colophon, concede la liberte it cette ville ; Ie texte est done posterieur it 315, OU Antigone fit proclamer it Tyr la Iibertc des cites grecques, sans doute rnerne a la paix de 311, anterieur it 306 OU il prit Ie titre de roi", Je crois pour ma part qu'il suffirait de remplacer Ie nom de Colophon par celui de Priene pour expliquer la situation de ceUe derniere et la position relative de l. Priene, 1 et 2 Comme it Colophon cest tout it fait intentionnellement qu' aux I. 4-7 du premier texte : «uro]vo[uoi»; dvm Karl. £A.Eu81£pou; .., 0ro-nEp 01.1 ITplllVE['i; aU10£j 132 correspond la formule : Ilpmvsorv aU10vo/-lOlV £OV10lV. Pour ce qui est de la date la plus vraisemblable il convient de rapprocher la situation de Milet it laquelle Antigone rend liberte et democratic en 313/312 133 . R. A. Billows 134 montre I'intcret qu' Antigone a porte it Priene ; ce fait est enregistre en liaison avec son arbitrage it propos du territoire dispute entre Priene et Samos. Son role a ete particulicrernent marquant
126 OCIS, 6, Skepsrs ; OCIS, 7, dccret de Kyme pour des juges de Magnesic (on rapprochcra I Priene, 8 , contra Crowther) , Svll.', 330, decret de la Confederation dcs cites de Troade pour Malousios dc G argara ; Sardis, 7 I, I 127 Syll ', 330, dcuxierne decrct de la Confcdcrauon des cites de Troade ; lcttrc a Eresos, Welles, RC, 2 (OCIS, 8), parue d'un dOSSIer ctudic ciaprcs , lcttrc a Teos, Welles RC, 4. 12~ Supra p. 138 12'J Le n° 3 pour Ie Mcgabyze comportc une clause qut va dans Ie meme scns interdicuon d' acquerir de la terre a morns de dix stadcs des fronuercs du terrrtorre d ' Ephese 110 Alors que Crowther ne peut mcttre en avant que des paralleles gcographlquemcnl lomtams pour Lysimaquc (Eretne, Athcncs). III Robert 1936b, 160, a propos de I'rnscnptron publree par Menu 1935,358 sq, n" I I 6-7 bCEl8~ no:pE8coKEV O:1n(lll ' AAESo:v8po; 0 ~CXatA£U; T~V i'AEU8EptCXV Ko:t ' AVTlYOVO; m Je rcprends ICI le textc ctabh par Hcisserer 1980, 146 In Delphuuon, 123,1. 2-4 Yj nOAt; EAE1J8EPO: Ko:t CX1JTOVOflO; EyEVETO uno 'Avrryovou KClt Yj 8l1flOKPClTlO: anEM8l1. Rappelons cependant que la suuauon de Milet (infra) et de Pnene sont differentes deja sous le regne de I' Argcade et surtout au moment de I'rntervenuon des gencraux d' Antigone contre la garruson mstallee par Asandros (Dlod 19.75.3-4) Il4 BIllows 1985.451-453
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puisqu'il est souligne dans I. Priene, 37, 141-149 135 et encore dans I. Priene, 40 136 alors que Lysimaque avait manifestement adopte le point de vue des Samiens 137. Si l'on sen tient aux inscriptions, on constate que deux groupes geographiques de cites ant recu une attention particuliere d' Antigone des avant 306 (au celles-la en particulier ant tenu a le signaler) en Troade-Eolide mais aussi en Tonie et le "dossier" epigraphique prienien appartient a cet ensemble 138. Comme nous I'avons note plus haut, C. V. Crowther conserve 1a date de 334 pour ce document et rabaisse a 296/295 le decret pour Ie Megabyze, ce qui etablirait un hiatus de presque quarante ans a l'interieur d'une serie qui parait pourtant presenter une grande homogeneite phraseologique (notee par C. V. Crowther lui-rneme). T1 ne saurait etre question de traiter en detail ces questions de toute facon posterieures au regne d' Alexandre. Disons seulement que malgre la meticulosite de la demonstration de C. V. Crowther il me semble qu' elle n' emporte pas I' adhesion 139. Pour rna part, je prefererais dater les textes I. Priene, 2, 3, 4a, 6, 7 au moins des annees 313 et suivantes 140. Le fait que leponyme soit dans l'inscription n° 2 le prytane, percu comme un magistrat typiquement oligarchique en Asie Mineure 141, et non pas un stephanephore avait fait placer cette inscription en tete de la serie comportant la double mention de l'autonomie et du KU PlO~ (JUAA,OYO~. lin' est pas assure qu' il convienne d' avoir un classement aussi systematique en opposant les couples prytane-oligarchie/stephanephore-democratie 142. Si toutefois on maintient I'ordre relatif rien ne prouve que les textes conserves perrnettent de remplir toutes les annees concernees, merne s' il faut penser que ces inscriptions occupent une peri ode relativement breve. Le decret 1. Priene, 4a loue Apellis pour la longevite de son activite politique - vingt ans. CO est principalement ce texte qui sert d' argument a Hiller von Gaertringen 143 pour dater 115 Arbitrage rhodicn du debut du II'S.
Sherk, RD, 10 A, senatus eonsulte de 135 a.c. m Welles, RC, 7 Sur eette contcstauon de terntoires qUI trouve ses memes dans llustoire archaiquc, cf supra p. 268 138 Cf Svll', 330 dccrcts des ville de Troade pour Mc:louSIOS de Gargara , un premier decret est pns sous "Antigone" alors que Ie second mentionne "le roi" ; ef. aussi Ie dee ret de Skepsis pour Antigone (OG/S, 6 particuhcrcmcnt les 1 15-16 £AE1J8E[ P 101 Kcd lXlnovo,u01 ilVTf;) , celui de Kyrne pour des juges de Magncsrc (OG/S,7) On meura particuherement en avant /K, l-Erythrai, 3': (RC, 15). II sagu dune lcttre dAntrochos II, nous semmes done a unc cpoque largement postcricurc aux farts envisages rei. La reference naturelle pour la hbertc et lauronorme est Ie "couple" Ie rot Alexandre et Antigone, 1 22-23 : £rrl TE 'AAd~av8poD KlXl 'Avrryovo» lXlno[vJO>LO; ~v KlXl c«popoA6YTlw; il rro;,"; UWDV 11 y a Ia un contexte general a l'cpoque d' Antigone dans lequel smscnt tout naturellement la formule tres parnculiere des decrets pncrncns, IIP1TlV£WV lXDWV(If!WV £OVTWV. Cf sur la pohnquc d' Antigone a I'cgards des cites greeques, Snnpson 1959,385-409, sp. 398-401 ; BIllows 1985,436-445 (en general), 446-463 (Asie Mineure) , Ruzicka 1996, 131-134 139 Cf Ie point de vue de Gauthier, Bull ep., 1997, 503, OU lon sent percer quelques reserves Je rcviendrai ailleurs sur I'analyse de ces textes. 140 Crowther 1996, 210 eruct (pour la rcjctcr aussuot) I'hypothese que lcs dccrets 3, 4 et 7 pourraient apparterur a une periode comrnencant en 319 (mars pourquoi seulement ccux-Ia"). 141 I. Prtene, p XII ct 205. Cf. lcs prytancs crythrccns dans le decret pour Idncus, supra p. 404 142 On pourrait mettre en avant I' exemple de ChlOSou I' eponyrnc est destgne tan tat eomme prytanc, tantot eomme stephanephorc, avec mcrne un eas ou I' on a TOV npurcviv TOV CHE'PlXvTl'Plopov] ; cf Vanseveren 1937, 344347 (Robert & Robert, Bull ep , 1971, 581) , Crowther 1996, 206 VOIr les irnphcauons supra p. 390 pour linscnpuon de Pnenc concernant Ics Maromtams. 14J / Priene, p 204 136
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la fondation de Priene de peu avant 350 a.C. II me semble qu'une chronologie globalement rabaissee de vingt ans foumirait un debut plus credible pour la carriere d' Apellis en liaison avec l' autonomie concedee par Alexandre et Ie changement de personnel politique qui en a resulte 144. Le decret 1. Priene, 3 amene a s'interroger sur les etapes de construction du temple d' Athena. Nous avons note plus haut qu'il y a toutes chances que celle-ci ait ete cntreprise sous les Hekatornnides 145 mais n' etait pas achevee au moment de la conquete macedonienne. Rien ne prouve qu' Alexandre se soit rendu aPriene mais tout le reste du dossier (affaire de Samos, de Naulochon) amene a penser qu'il a recu des ambassadeurs (a Ephese? pendant le siege de Milet") et c'est a ce moment qu'il a promis les fonds necessaires a I'achevement du temple. La comparaison avec ce qui se passe en Troade, et precisernent a Ilion, incite a douter que la promesse ait ete suivie immediaternent deffet 146. 11 ne me parait nullement invraisemblable qu' Antigone, manifesternent tres actif dans la region, ait pu contribuer a l' achevement des travaux. Quel peut etre alors le role dans cette affaire de Megabyze, fils de Megabyze, neocore de I'Artemis d'Ephese 1477 La formulations des lignes 6 a 8 : rtepi "COD vuoii tflc; [' A811vaC;] t~V aUVtEA£cnv reacJ(Xv rep08ulliav re[Oll1cHxll£[vov indique bien plus surernent une intervention diplomatique qu'une contribution financiere qui eut ete sans aucun doute plus clairement indiquee. A partir de la, deux hypotheses egalernent plausibles sont susceptibles d' etre proposees : soit Ie neocore a intercede aupres d' Antigone, soit I'intervention a eu lieu au moment du passage d' Alexandre a Ephese mais les Prieniens ont attendu la fin effective des travaux pour Ie remercier d'un decret et d'une statue 148. On sait que ce dernier entretenait des relations epistolaires avec Alexandre 149 qui font necessairement suite a un contact direct a Ephese. La dedicace : "Le rai Alexandre a consacre le temple a Athena Polias" ISO ne peut evidernment avoir ete gravee qu'une fois Ie monument termine, au moins dans son gros-reuvre, Que conclure? Le regne d' Alexandre a ici encore ete trap court pour avoir Iaisse une trace tangible incontestable. La fortification de I' akra, les debuts du temple d' Athena remontent aux Hekatomnides lSI. Certains elements de la muraille semblent etre anterieurs a l' arrivee des Macedoniens, mais d' autres pourraient etre contemporains et merne posterieurs 152. En revanche il est assez clair que les
Contra Crowther 1996, 216-211;. Cf supra p. 31;9. 146 Heissercr 1980, 164, souhgne quen 334 Alexandre pouvait fairc des promesscs mcluant des engagements financiers mars quil etait mcapablc de lcs honorer a ce moment. En revanche, Crowther 1996,219 soutienr que la forme des lettres de la dedicace 1 Priene, 153 amcne a la placer en 334. Peut-on etrc aussi precis cn argumentant seulement sur la "forme des lcttres". 147 1 Priene, 3. Remarquons au passage que ce ncocore au nom cultuel perse se comportc dans un rescau relauormel tout a fait grec, on penscra a la pemturc de la pompe du Megabyze realisee par Apcl1e, Plme, fiN, 35 93 (cf aussi les rapports d'un des predecesseurs avec Xenophon, son voyage a Olympic). Faut-il conclure pour autant a une erreur de Strabon a propos des engines du pcrsonnages. Cela ne parait en aucunc facon assure ct temoigne ICI encore d'une concepuon quelque peu mamcbeenne des rapports entre Grecs ct non Grecs. 148 I. Prtene, 136. 149 Plut., Alex, 42. 150 I. Priene, 156 (SyIP, 277, Tod, 184); Heisscrer 1980, 143-145. lSI Supra p 39 r. 152 Cf Pimouguet 1994,330-336 et par exemple Mcxrcoll 1997,48-53; 71-74, qui la date de I'cpoquc hellenisnque avant 300 (ctat de la question p 49 n 25) 144
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constructions urbaines ont tout chance d' etre hellenistiques 153 et tous les ternoignages archeologiques iraient plutot en ce sens. En bref, le debat sur la refondation de Priene me parait etre un faux probleme. II y a eu reactivation sous les Hekatomnides d'un site qui etait rune des composantes de Priene et cela pour des raions geo-strategiques, Les effets ont ete des lors visibles sur le terrain et la faveur d' Alexandre puis des Diadoques a permis la construction d' un veritable centre urbain dont la cite etait certainement depourvue auparavant. Apres Ie desastre du Granique, veritable Crecy de la noblesse perse mais aussi tombeau de la tactique pronee par les satrapes, la situation personnelle de Memnon est confortee, 11 semble desormais etre le seul aavoir l' oreiJle du Roi. Un echelon de resistance s'organise a Milet, Memnon se sent en securite, car il pense disposer (en cela il n'a pas tort) de la superiorite sur mer. Alexandre met le siege devant la viJle 154 qui est tenue par une garnison royale selon Arrien 155. Le Macedonien etablit un blocus par terre et par mer (Nicanor se jette avec sa flotte sur Ie celebre 110t de Lade) en levant aux Milesiens l' espoir de recevoir le secours de la flotte perse. Les notables milesiens font alors la curieuse proposition de faire de Milet une ville ouverte en y accueiJlant simultanement les Perses et Alexandre 156. La flotte perse est ancree au cap Mycale mais elle est obligee de se ravitailler a Samos dans la mesure ou Alexandre envoie Phi Iotas pour l'ernpecher de debarquer, etablissant ainsi un blocus qu' elle se montre incapable de forcer. Alexandre reussit a s'ernparer de la ville de Milet. I1laisse la liberte aux citoyens milesiens, mais vend les autres comme esclaves 157. 11 est clair que la comme ailleurs est etabli un regime dernocratique philomacedonien, Alexandre figure comme premier eponyrne apres la "liberation" de la cite, done pour I'annee 334/333. Cela ne signifie nullement pour autant que les annees suivantes aient ete exemptes de difficultes com me Ie montrent les deux eponymies d' ApoJlon pour 332/33 I et 330/329 158. II faut y voir la consequence des exactions de Pharnabaze 159. II apparait cependant que Milet a retrouve assez rapidement sa prosperite au point de devenir des Ie regne d' Alexandre une capitale administrative et un atelier monetaire royal 160. H. W. Parke 16J a sans doute raison de mettre en relation la restauration de la democratic et celle de I' oracle de Didymes, dont Callisthene 162 rapporte la prophetie faite a Alexandre dans le sens que pouvait souhaiter ce demier, 153 Cf. par exemple Botermann 1994, 165, repoussant certains arguments de Demand 1986 11 propos de la date de construcuon des malsons Com me II a ete note plus haut, II est difficrle de urer des conclusions de 1. Priene, 196 dont la date n' est pas assurec, en revanche la relation avec 1a muraille dans laquellc Ie bloc ne semble pas etre en remplor, parait bien affirrnee. 154 DlOd. 17.22.1. 155 Amen..4.n., I 18.4 156 Amen, An., 1.19.1. Preuve 11 tout 1c moms dunc ccrtaine uedeur 11 legard d"Alexandre ou en tout cas que I'on ne rrusart pas 11 coup sur sur la victorre finale de ce derruer 157 Diod. 17.22.5 ; cf. Amen, An, I 19.6 ISS Cf la liste Sy1l3, 272 (Dolphimon. 122) 159 Infra p 463. 160 Supra p 161 161 Parke 1985, e g 67 , en revanche, son interpretation du "massacre des Branchidcs" (62-68) parait plus sujctte 11 caution 162 l-Grlhst, 124, FI4 apud Str 17 143
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Fort de son succes a Milet, Alexandre se fixe Halicarnasse comme objectif dans la mesure ou Memnon (avec aussi Orontobates) a choisi cette place, aisement defendable, com me point de concentration des forces perses dans la region 163. Le Rhodien a obtenu un vaste commandement sur les "riverains de la mer" 164. Alexandre congedie l'essentiel de sa flotte 165 et, dans sa marche vers Halicarnasse, soumet selon Arrien et Diodore les cites grecques qui se trouvent sur son chemin 166. Diodore est Ie plus explicite : "Sur sa route, il gagne a sa cause les villes par ses bienfaits ('m.lt; qnAav8pcontatt;), mais il etait particulierernent genereux pour les cites grecques 167, leur accordant lautonomie et I' exemption du pharos, ajoutant quil avait entrepris la guerre contre les Perses en vue de la liberation des Grecs". Nous avons note combien ces themes entraient pleinement dans toute la tradition d' intervention des Grecs d'Europe en Asie 168, mais apartir de Iiiils nourrissaient aussi I'irnage mythique du Macedonien. Le detail de la marche ne nous est pas donne. On ne sait par consequent si Alexandre a suivi le plus court chemin par la route cotiere ou s' il a pris possession directement de la region de Mylasa, l'un des centres du pouvoir dans la satrapie de Carie. En tout cas, l'un de ses points de passage quasi oblige, dans la perspective enoncee par Diodore, est lasos. Un parti au moins parmi les habitants de cette cite avait participe ii l' action navale contre l' escadre macedonienne qui avait bloque I' acces a Milet en se jetant sur lTlot de Lade 169. Ce sont eux qui montent Ie seul navire capture par les Macedoniens au cours d'une escarmouche. Faut-il voir Iii la preuve que la flotte carienne avait participe au face a face des deux fiottcs, au cote des Pheniciens et des Chypriotes 170? C' est a nouveau par une inscription que nous sont fournies quelques informations complernentaires : deux freres, Gorgos et Minnion, sont honores d'un decret par leurs concitoyens pour etre intervenus aupres d' Alexandre et avoir ainsi recouvre la "Petite Mer" qu'ils remettent a leur cite. II n'y est pas dit explicitement que le roi en avait prive les Iasiens, mais on peut raisonnablement penser que tel avait etc Ie cas dans I'un de ccs arbitrages a propos de terres depuis longtemps contestees : les cites profitant du passage d' Alexandre sur leur territoire ou a proxirnite pour lui faire rcgler leurs conflits seculaires, La localisation de la "Petite Mer" nest pas cornpletement assuree, lasos est une lie tres proche de la cote. Strabon precise 171 que sa chora est pauvre et que la richesse principale provient de la peche, car la zone est tres poissonneuse. Plusieurs savants modernes ont rendu vraisemblable quil sagit la d'une ctcnduc lacustre encore en communication avec la mer dans l' Antiquite, grace aux eaux du
DlOd. 1723.4. Suprap.155etn.315 165 Cf. Thommassen 1984, 9 sq., pour les motifs qui ont conduit Alexandre a ceUe decision qui pouvait apparaitre comme audacieuse, voire mcmc imprudcntc. 166 DIOd. 17 24.1 .Arnen, An., 1.20 2 A partir de cc moment cf Stark 1958a et b. 167 Ce qUI suppose qu'rl ne letan pas oblrgatoiremem autant pour Ics autres (convienr-il de rapprocher eela de I' offre faite a Phocion concernant lcs rcvenus de Mylasa? 165 Cf. par exemple Agesilas. 169 Amen, An , 1.19 11 170 Edward 1989,44-49 171 Str 14.221 que I'on oppose souvcnt i The 8.283 ITCXAaJOITAOlHOV xwpiov, "la place jourssait dune antique opulence". Les deux mentions ne sont pas contradictoires, a moms de donner un sens au mot chorion qut nc convient pas ICI 16-'
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Kybersos (aujourdhui Ie San Cay), mais cest I'alluvionnement dfl ace meme fleuve qui a entraine sa disparition progressive au profit d'une plaine alluviale 172. Il suffit de regarder une carte pour constater que ce secteur a dO ctre I' objet de convoitises, de disputes avec Mylasa en particulier, cette derniere ayant probablement exerce des periodes de domination sur la region contestee, dans la mesure ou il sagissait de son debouche Ie plus commode sur la mer. En revanche, il nc parait pas judicieux de suivre A. J. Heisserer lorsqu'il propose de verser au rnerne dossier Ie don propose par Alexandre a Phocion 173 des revenus 174 au choix de Kios, de Mylasa, de Gergithe 175 ou d'Elaia, Cela ne signifie pas que le Macedonien a integre, ou assirnile, ces villes grecques au domaine royal (comme il le faisait par exemple pour les komai mentionnees dans I'jnscription l. Priene, 1) 176. Si I'anecdote a quelque fondernent historique (et cette hypothese ne doit en tout cas pas etre rejetee au nom d'une certaine image que l'on croit pouvoir attribuer a Alexandre), eela prouve seulement que les cites en question n' etaient pas a<popoAoyrrrOl, exemptes du tribut. Avec ce cadeau propose par Alexandre nous serions dans Ie mernc cas de figure que pour Thcrnistocle 177. Pour revenir a Iasos, doit-on comprendre que, dans un premier temps, Ie roi avait puni la cite de sa participation a la Iloue ennemie puis setait Iaisse flechir par Gorgos et Minnion? Encore faudrait-il que la chronologie soit assurec, or nous constatons, une fois encore, que tel n'est pas Ie cas. Il convicnt done de reexarnincr les indices fournis par les autres inscriptions qui mentionnent Gorgos. C'est probablement ce merne personnage qui participe en 324 a Ecbatane 178, en tant que orrAo
172 Sur ce pomt, cf la descnpuon de Chandler 177S, 108-109, Rayet & Thomas 1877, pi I et II (qUI donnent Ie trace probable de la cote dans I' Anuqmte et lcvoluuon jusque dans la deuxieme moure du XIX'S.) , dossier rcpns par Robert ]936a, 73-75, Robert & Robert, Bull ';p., 1973,4]9, Pugliese Carratcllt ]969-70,376377 , Hersscrcr 1980, 176-177, propose de rapprocher la mention du Sl/1US hasthcus de Plme, HN, 5 112, qur aurait ete ains: denornme it cause du don royal Cf La Rocca 1993 IT' Plut, Phoc, 18 7 174 11 ne sagrt nullement bien cntendu du don de la vIlle, une telle mtcrpretauon a arnene certains modernes it mer completement toute vahdiu' it ee passage (e g Blumel 1987, 10), pour Tarn 1948, 223. I] convicndrau de corn gel' Mylasa en Myrleia. 175 Sur KIOS, supra p. 99 et n. 134 . Gcrgithe, on pensera au don fait par Anuochos Icc it Anstodiktdcs d' Assos de terres qUI jouxtent la Gergulua, Welles, t«: 10, I 5 sq. , Elata, Str 13 3.5. Chez Ehen, uv. ] 25, Gcrgithe est remplaccc par la lycrenne Patara. La suuauon des deux prernieres localnes et les tluctuauons qUI les caractcnscnt font apparaitre I' existence de grands domaines Ioncicrs qui ont ere ou ont pu ctrc a divers moments entre les mains du rot (auss: bien au IY' s qua lcpoque hellemstrque), 176 Supra p. 439. 177 Supra p. 192. m Athenee 12.538b (= Ephrppos, FGrltist., 126, F5) , Bcrve, S v 17Y Syll.', 312 , Hcisserer 1980, 184-193 IHO Infra p. 471 sq lSI IG, IV 2 , 616-617.
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du moins pour les circonstances qui ont ete a I' origine de leur gravure lS2 ; dans la seconde (tres endommagee) il est question de quelqu'un venu de la part du roi et Gorges, ala lignc precedente, a Ie titre malheureusement mutile de OTC/W<jJ0p[... qui fait penser evidernment a OTCAo<jJuAa~ chez Athenee. Reste un decret trouve a Cos mais dont la provenance iasienne ne saurait etre mise en doute, ou Gorgos exerce la charge de [stephanephore] (eponyme) I S3. Ce document a ete date des annees proches de 330 par A. 1. Heisserer lR4. Or l'un des archontes de cette inscription exerce les fonctions de secretaire a lepoque dEupolemos et sa "carriere" politique pourrait done bien se situer plus tard que ne Ie pense A. 1. Heisserer. Tout cela parait plaider pour une date plus basse pour I' intervention des deux freres aupres d'Alexandre dans l'affaire de la "Petite Mer". Gorgos etait devenu l'un des familiers d' Alexandre a la fin de la vie de ce dernier, il obtient grace a cela des avantages territoriaux pour sa cite, participe activement a quelques episodes confiictuels de la vie du monde grec et apres Ia mort d' Alexandre revient a Iasos IRS, dont il avait peut-etre ete exile dans sajeunesse. II nous semble qu'il n'y a aucune raison objective de placer tot dans la campagne asiatique l'arbitrage favorable a lasos IS6. La demarche qui privilegie l'action d'un individu dans l' entourage immediat du roi au profit de sa cite d' origine prefigure des situations bien connues a l' epoque hellenistique et imperiale et montre la mutation en cours de la monarchie macedonienne. Lorsqu' Alexandre entre en Carie, Ada (I) se porte a sa rencontre et lui fait une proposition qui pouvait apparaitre a premiere vue comme saugrenue, celIe de l'adopter ]R7. Rappelons que la princesse hekatomnide avait ete evincee du pouvoir par son frere Pixodaros et qu' elle avait ete en quelques sorte releguee a Alinda lRR. Alexandre recoit cette offre avec faveur : dans un premier temps, il confirme la possession d' Alinda et apres la prise d'Halicarnasse IR9, il confie a Ada le pouvoir satrapique sur I'ensemble de la province ]90. Diodore lie a cette mesure Ie ralliement des cites qui envoient des delegations porteuses de couronnes d'or et de promesses de collaboration 191. II sagit de la reponse a la politique genereuse enoncee initialement et aux mesures particulieres prises en faveur d' Ada. II semble done bien que les poleis dent il est question ici soient celles de I'interieur de la Carie que, par la construction de son developpement, Diodore distingue des cites grecques de la cote.
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Heisscrer 1980, 194-202 , des ambassadeurs cptdaunens aupres d' Alexandre en 324 - la raison n'cst
pas prcc I see Paton & HIcks 1891, n° 21, Heisscrcr 1980, 179-182; IK, 2-1asos, 24 Blumel, mdique seulement "regne d' Alexandre". 185 IG, Iy2, 616 nous apprend qu'rl avait reside it Cos. 186 Contrmrement it lopnuon de Hersserer 1980 qui inscru ccla dans un "programme" valahle pour les cites iorucnnes (Erythrccs, Clazomencs, etc.) qUIcst it la fois disparate et indatable. 187 Amen, An., 1.238, Dlod. 17.242-3. 188 A I'cxccption du passage d' Amen susrnentionne on ne san a peu pres rien de I'histouc de ccue agglomcrauon avant l'epoque hellcmsuque (pas plus que pour sa voisme Alabanda). Sur les foruficauons remarquablement conservees et qUI pourraient rcmonter it I'cpoque de la dormnauon hekatornrude, Me NIcoll 1997, Karlsson 1994, 151 (Ada) ; Pimouguet 1994 189 II parait preferable de retemr la version d' Amen pour lequella reconnaissance comme satrape de Cane (supra p. 140) est posteneurc it la prise de la capitale satrapiquc it celle, unphcitc, de Diodore OU l' arche de la Cane est reconnue a Ada des l' en/revue iruuale. 190 On ne sail a quel moment exaetement elle est remplacee par Philoxcnos ; supra p 160. 191 Dlod 17 24 3 183
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Alexandre entreprend alors Ie siege d' Halicamasse dont il entend faciliter lissuc par la capture prelirninaire de l'ancienne cite de Myndos ]92, mais cette derniere ne lui est pas livree comme prevu, des renforts aux defenseurs arrivent par mer interdisant un succcs rapide. Le jeu n' en vaut plus la chandelle et Alexandre concentre ses forces autour d'Halicamasse. Les operations sont rapportees en detail par Diodore et plus encore par Arrien \93. La ville est bien defendue, a la fois par les fortifications et par la gamison. Le siege est long et I'issue incertaine. Cependant, la situation des assieges se degrade lentement et, apres une sortie rnanquee, les chefs de I'arrnee perse decident dabandonncr lcs lieux en laissant une gamison sur I'acropole (Alexandre se garde bien de chercher a la deloger) ; ils replient troupes et tresor de guerre sur Cos. Rappelons qu'a ce moment Alexandre na plus de flotte a leur opposer. II se contente de raser tout ce qui pourrait servir de base defensive a Halicamasse ou illaisse une petite garnison sous Ptolernee ]94, ala fois pour controler Ie parti installe par les Perses sur les hauteurs, en particuIier a Salmakis 195 et comme force d'intervention dans la region. Le syneecisme rapporte par Pline, HN, 5. 107 doit intervenir plus tard dans son regne. Il convient bien en effet de I' attribuer a Alexandre et de Ie distinguer de celui qui est du a Mausole ]96. II concernc les cites dOuranion, Theangela, Side, Medrnassa, Pedasa, TeImessos 197. Cette fusion fut de courte duree pour au moins deux cites: Ouranion et Theangela, Apres Ie deblocage du verrou d'Halicarnasse, l'objectif d' Alexandre sinfiechit quelque peu. Avant de poursuivre plus avant, illui faut consolider les positions acquises, en soumettant en particulier les zones de forte colonisation pcrses, susceptibles de fournir des troupes fraiches a l'ennerni, mais il sagit aussi de couper ses possibilites de ravitaillement it Memnon. Deux operations sont done rnenees simultanernent, sur lesquelles les informations foumies (par Arrien surtout) sont assez minces. Parrnenion est envoye it Sardes et de lit il penetre en Grande-Phrygie 19~. Alexandre, pour sa part, opte pour une offensive cotiere en direction de la Lycie 199. II y a dans Ie recit d'Arrien un certain nombre de ruptures de style: Ie developperncnt 1.23.7-8 decrit I'installation d' Ada com me satrape de Carie. Cette quasidigression est precedee de cette notation : ETC!. CVpuYlac; E0T£AAETo ; il apparait que cette affirmation est peu compatible avec 1.24.3 ou I' on voit Alexandre dclegucr Parmenion it Sardes puis en Phrygie. Si I'on veut conserver Ie texte en I' etat, il faut admettre que, dans un premier temps, Ie roi faisait route effectivement vers la Phrygie ; qu'il regie dabord les affaires de Carie et modi tie alors ses plans en scindant son arrnec en deux groupes. Done,
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L'episode est rap porte par Ie seul Amen, lin, 1205-7. Sur la pcmnsulc de Myndos, cf Radt 1970.
Infra n 296 19, 194
Amen, All., 1.205-23 ; D10d 1724.3-27 5 Cf. Pimouguet 1994 Amen, lin , 1236, sur lcvaluauon des garrnsons laissces derriere lUI par Alexandre, Thommasscn
1984,5-6 195 Amen, 1I1l, 1 233, Diod. 17.27 5. II s'agIl de la kom« peuplee de Canens au v- s dont on connait la convention qu'elle passe avec Halicamasse el Ie tyran Lygdarms (ML, 32) , cf Hornblower 1982,85 sq 1% Supra p. 386. 197 Vannlioglu ct al. 1992, 162 19S Amen, lin , I 24 3 , Diod. 17.27 6. 199 Tcllc est la srratcgie d' Alexandre en direcuon des ports, pour couper Ie ravitarllerncnt de la flotte cnnerrne et plus generalemcnt pour la pnver de tout apput tcrrcstrc , cf Diod 27.22 5 (Thornrnasscn 1984,9)
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laissant de cote Ie golfe Ceramique, solidement tenu par Orontobates 200, il se dirige vers la Lycie. Au passage, il obtient la soumission de la garnison mercenaire d'Hypama, Iocalite decrite comme un xcoplov 6xupov mais non localisee 201. Alexandre penetre en Lycie en semparant de Telmessos puis tombent Pinara, Xanthos et trente places de moindre importance 202. L' episode de Xanthos est rapporte par divers auteurs et I' on entre avec Plutarque de plain pied dans la legende 203. Le passage d' Alexandre est mis en evidence par une inscription 204 dont il est difficile de preciser si elle a ete gravce sur Ie moment ou (nettement?) plus tard. La qualite de la stele et de la gravure plaideraient dans le sens d'une commemoration destinee a rehausser le prestige de la ville et de son sanctuaire. Quittant la cote de Lycie occidentale, Alexandre se dirige en droite ligne vers la Milyade, cest-a-dire vers Ie nord-est. L'objectif se deduit de la suite: il sagit de prendre Ie controle de la cote pamphylienne et par la de retirer a Memnon la ressource d'un approvisionnement dans une region riche et aussi d' eventuels relais vers la cote phenicienne. L'acces par la cote est connu (de ses guides) comrne etant difficile ; Alexandre choisit done une route interieure, qui presente sans doute aussi des embuches tant humaines que geographiques. II guerroie d' abord en Milyade 205. La, il recoit la soumission de la "Basse Lycie". II faut naturellement comprendre la region qu'il na pas parcourue, cest-a-dire la cote sud-est dont le centre politique traditionnel est Limyra. A l' appel des Phaselitains, il se rend dans la cite de ces derniers. Rappelons que malgre sa situation geographique, Phaselis n'appartient pas a la Lycie. Avec ses trois ports, elle est une etape obligee sur la route maritime qui mene en Phenicie 206. Alexandre aide ses habitants it detruire un point fortifie qui servait de point de depart pour des incursions des Pisidiens dans sa chora 207. Pendant le sejour it Phaselis, Arrien insere une sorte d'incidente rapportant Ie "complot" ourdi par Darius: il sagit d'assassiner Alexandre en arm ant Ie bras d'un Macedonien homonyme du roi ; mais Parmenion, alors en campagne en Phrygie, a vent de la chose et informe Alexandre. II y a echange de courrier entre les Macedoniens avec I'intervention de guides de Perge. Nous apprenons incidemment Ie nom du satrape de Phrygie, Atizyes, lequel est alors manifestement engage contre Parrnenion. Apres la "pause" de Phaselis, Alexandre decide de remonter vers le nord. Une partie de ses forces emprunte a nouveau une route interieure pour se rendre a Perge ; lui-rneme
700 Amen, An, 2.57, , d. infra p 461. Je reviendrai ailleurs avec A Bresson, P Brun, R Descat, E.Vannhoglu sur la geographle histonque de la region. Cet umerarre suppose qu' Alexandre est revenu vers Mylasa et a par consequent contournc une region coucrc ou la circulation etait paruculierernent difficrle, ce qUI facrhtait daurant les cmbuscadcs, 201 On pourrait penser au site dElmah qUI correspond bien it l'rmage quen donne Amen, An, 1.244, mars II y a beaucoup de phrouria de ce type Bean & Cook 1957,81-85 plaeent lit Kyllandos, devcnu en suite Kalhpolis (mars cf en un sens different Robert 1937,491-5(0). Infra p. 461 et n. 298. cr ausst Lawrence 1979, 141 sq ; Hornblower 1982, 315 202 Keen 1996, 110-118. A noter que solon Ehen, HV, 1.25 11-12, Alexandre uuhse Patara comme I' un de ses emporia et que la flotte lycienne parucipe it ses cotes it la suue de la gucrrc contre Darius, Amen, An , 2.202 203 Plut , Alex., 17 , Le Roy 1980 srtuc I' episode au Letoon 204 Le Roy 1980,51-61, mars cf. Robert & Robert, Bull ep 1980, n" 487, Goukowski 1980, 113-117 ; VIdal Naquet 1984,353-355. 20S Supra p 75 206 Supra p 357 ct n 417 2()7 Amen, An , 1 246
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passe par la voie etroitc qui epouse le littoral, il dompte ainsi les elements, contribuant encore it sa legende 208. Alors qu'il oeculte tout le reste, Diodore est le seul it faire etat de la prise de la forteresse de Marrnares 20t), qu'il situe aux limites de la Lycie, et du sacrifice volontaire d'une partie de ses habitants; il s'agirait du site dacropole de Chandir en Pamphylie 210. L'itineraire eomplexe d' Alexandre en Pamphylie-Pisidie fournit it Arrien l' occasion de dresser un tableau d' ensemble de la region, et eel a pour la premiere fois dans nos sources litteraires, 11 oppose les cites qui revendiquent des origines grecques et les agglomerations indigenes; mais il fait aussi entrevoir un monde en pleine mutation, ce qui ne devait pas aller sans soubresauts et rivalitcs. Comme Ie laissait supposer la presence a leurs cotes de guides originaires de cette localite, Perge la pamphylienne accueille volontiers les Macedoniens, Notons qu'a Perge 211 seule la ville basse a ete partiellement fouillee. La fortification de l' epoque hellenistique a ete pour une part conservee, mais il convient d' attendre des vestiges plus anciens sur l' acropole, encore inexploree, Elle est surtout celebre par son sanctuaire d' Artemis 212, dont la localisation nest pas exactement assuree, mais qui se trouve assez loin de la ville. Ce sanctuaire avait un grand renom des le rv- s. (et sans doute bien avant) comme I' atteste Ie Ps.-Skylax 101 : ntpYTl TCT6Al~ KlXllEpov 'APTt"llOO~ apres le fieuve Kataraktes 213. Les gens d' Aspendos 214 viennent proposer de livrer la cite en contrepartie d'une exemption de garnison. 11 est significatif de voir Alexandre acceder it eette demande mais exiger Ie versement de einquante talents destines au misthos de I' armce 215 et lc me me nombre de chevaux que les Aspendiens devaient comme dasmos aux Perses. Nous apprenons un peu plus tard que les Aspendiens ne tiennent pas leurs engagements et se prepatent aresister 216. Alexandre se presente devant la ville. Comme dans le cas de Sillyon (infra), le site d'aeropole d'Aspcndos est facile it defendre, La difference est que eette dcrniere est une ville importante qu' Alexandre ne peut se permettre symboliquement de ncgliger, Bien que les fouilles n'aient rien revele qui soit anterieur it l'epoque de la domination romaine, il n' y a pas a douter de I' emplacement de la ville du lye S. ; on notera
Notcr Ie scepucisme de Plut., Alex, 17 DlOd.17.281-5 ,Cf Tuplin 1987a, 177-178. 210 Stark 1958a, 116, cf Stark 1958b, 250 sq., Welles, Dtodorus, ed. Loeb q.v, 195, n 5. 211 Lanckoronski 1890.33-63, Manscll949; 1967,101·106; Bnxhe 1976, 157-161. 212 Pace 1922, 169-186 ; 1923,297-314 , 1923-1924,402-412 au est publie un invcntarrc dobjcts consacres a la Deesse (SEG, 6, 1932,728 A et B) ; cf aussr Debord 1982,222 et notes Perge est Ie centre d'une confederation (sculement partir de lepoque hellerustrque"), cf Str 1442; Magie 1950,232 et 1134; Robert 1948a, 64 sq. Des monnaies de bronze du II'S., BMC Lycta P 119 sq. portent la legende Favo.c)(Jm; II prur«; , des terradrachmes lcgendcs 'AP1icfiuSo-; llFPYlxla-; ont suggcre a Seyng 1963, 43, I'idcc qu'rl sagissan Ja d'un "cxemplc typiquc de monnayagc sacerdotal", cc qUI impliqucrait, notons Ie, que Perge ail ete a l'origme un erat de type thcocranquc. Robert 1966b, 45-46, refute cette hypothese en comparant cettc emission 11 cellc emanant de lAthcna dIlton qUI smterpretc cornrnc un monnayage de panegyric ; il convicnt de Ie her ICI comme a Ilron a lexrstcncc de la confcderauon, Nous navons done aucune indicauon sur Ie systcme de gouvcrnement qUI prevaut Perg« au rv- s. 211 L'unc des cunosncs naturelles dc cette cote avec sa chute d'eau qUI tombe drrectcment dans la mer 214 Lanckoronskr J 890, 83-124 ; Bnxhe 1976, 191-200 21, Amen, An , I 262-3 216 Amen, An, I 265-27 1-5 20S 209
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par exemple que la necropole a livre des vases attiques du debut du v e s. 217. Malgre leur capacite de defense, les Aspendiens renoncent a resister mais, cette fois, Alexandre exige des otages, cent talents au lieu des cinquante demandes initialement, les chevaux promis, l'obeissance au satrape mis en place par Alexandre, un tribut annuel aux Macedoniens, la reduction d'un territoire qui avait ete acquis par la force au detriment des voisins (sans malheureusement plus de precision). Cet episode appelle un certain nombre d' observations. Des Ie depart Alexandre manifeste une relative severite a I' egard des Aspendiens qui pourtant viennent livrer d'eux-mernes leur cite. Les modernes 218 se sont interreges sur lcs raisons de cette attitude en soulignant avec Strabon 219 que les Aspendiens revendiquent une origine grecque puisquils affirment etre une colonie d' Argos. Un clement de reponse est sans doute fourni par le comportement traditionnel d'Aspendos : bien qu'assez eloignee de la mer, la ville peut etre aueinte par Ie fleuve Eurymedon, qu'il ctait possible de remontcr pour des navires a faible tirant d'eau ; son port a servi constammern de base navale ala flotte perse lors des transferts de cette derniere de la Phenicie vcrs des regions plus occidentales. Deux cas sont bien eonnus en 467 dabord lorsque Cimon defait la flottc de Phenicie a l'embouchure de l'Euryrnedon et en 394 la flotte de Pharnabazc et de Conon a stationne a coup sur quelques temps a Aspendos avant de penetrcr en Egee. Aspendos apparait dans les listes du tribut seulement a travers le decret de 425 221 . Strabon souligne aussi que cette cite est fiche en hornmes. Les exigences d' Alexandre indiquent que la prosperite matericlle est bien rcelle et il ne semble pas y avoir de raison de douter que les Aspendiens aient pu acquitter le montant considerable de ce qui ctait exige d' eux (il est tres probable que les cinquante talents initiaux sent lc montant normal du pharos dfl aux Perses, en plus des chevaux) 222. Un autre indice permet de mesurer la richesse de la cite: lc tres abondant monnayage emis des avant le milieu du V" s. et qui croit encore au IV e s. 223. Entre-temps, Alexandre s'ctait rendu a Side qui revendique une origine eolienne et plus precisernent kyrneenne 224. Strabon foumit les memes indications que Ie Ps.-Skylax ou Arrien mais il est beaucoup plus prolixe. 11 indique qu'il y avait la un temple d' Athena mais surtout il essaie de caracteriser ce qui fait I' originalite de la cite; ses fondatcurs ont etc les
2]7 E g Aspendos et Perge, guide archcologtquc des niles antiques de fa Pamphvlie. s d , 27-28 Sur II's vrlles de Pamphyhc ct leurs relauons depuis les ongmes a I'Emprre, Nolle 1993,297-317, sp 299-303 'IS CC Tarn 1948 2]') Str. 14.4.2. 220 Un troisieme possible en 411 (The 8.81 3) , supra p 213 ell AT!., A 9, II, 156-7 (1(;,13,71), II s'aglt done dune velleue de perception pluiot que 1'1 preuve d'une imposruon reelle 222 Contra Badian 1966, 49 mars cf Casabonne 1995. 11 convient de com parer ce montant a ce que "vaut" Magnesre (supra p 192) 223 Cc monnayage porte la legende "d' Aspendos" en grec mars dans le dialecte uuhse en Pamphyhc EITFEi1HYI Au Y' s , aprcs 1'1 campagne de C1l11On, c 465-430 a C , a I' avers Ie heros Mopsos (ef Robert 196m, au revers un tnskcle dans un carre en creux , pour la penode suivante (420-360 a.C) av un cavaher , rev un sanghcr (rl s'ugit alors de dcrm-sratcrcs dent Ie pords est ahgnc sur lc stele perse ; sans doute simultancmcnt (420-370') Ie type desorrnais aiscment Identifiable' av. deux jeunes athletes affrontes ; rev. un frondeur avec tnskele (ou non) dans lc champ. Cf Robert 1960, 177 sq , Morkholm 1971,18 ct pl. 20 , en dermer heu Kraay 1976, 276 sq ; SN(; Cop 153-158 ; 160-179; France 3 1-25 ; PIPS Pamphvlten 1-13. L'rmportance de ces ser.es est attestee par l' abondance des ermssions et 1'1 presence dans de nornbrcux trcsors. Cf en derruer heu Tckin (Istanbul) 224 Amen, An , 1 264-5 , Ps -Skylax 10 I . ef Nolle. IK, 43-S1de
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premiers a. quitter Kyme pour essaimer dans les colonies, cc qui explique que depuis tout ce temps ils aient: oublie leur langue, non sans quelque contradiction (dont il n'est pas sur qu'il la prenne a. sa charge), il poursuit en notant : "TIs parlercnt aussitot une langue barbare, non pas celie de leurs voisins barbares 225, mais une langue qui leur est propre et n' existait pas auparavant et, depuis lors, les citoyens de Side n'ont pas pactise avec les barbares comme leurs autres voisins" 226. Ce texte merite d' etre analyse avec une grande attention. Strabon joue de facon volontaire (sans doute meme avec une certaine distanciation teintee d'ironie) sur lcs termes ~ap~apor;, ~ap~apiS2lv, qui sont quasi marteles par trois fois, mais a. chaque fois a. un niveau different. Dans un premier temps, les citoyens de Side avouent parler une langue barbare au sens technique du terme : on ne saurait y reconnaitre du grec 227. Mais ils ne sont pas pour autant fondus dans Ie monde barbare, et il faut entendre quils n'ont pas perdu leur "arne" par un quelconque phenomene dacculturation avec leurs voisins pamphyliens. Mieux rnerne, et cette fois-ci au plan politique, ils n' ont pas "barbarise" c' est-a-dire pactise avec I' ennemi des Grecs, i.e. Ie Perse, avec, ultime perfidie, I' idee que les autres voisins (les Aspendiens par exemplc) nont pas eu la meme attitude. Le monnayage permet de conforter ce tableau nuance. Des son apparition au ye s., il est illustre d'une grenade qui, en grec, se dit side. Un peu comme dans Ie cas de Salamine de Chypre e-" il sagit probablement dun jeu de mots qui repose sur unc assimilation phonique : les Grecs ont entendu Ie mot "grenade" et celle-ci est devenue I' ernbleme de la cite sur Ies monnaies du ye s. Ces conclusions paraissent plus plausiblcs que celles de C. M. Kraay 229 pour qui I' absence de Iegende sur les monnaies du ye s. s' explique par la representation de la grenade avec Athena, I' association ctant suffisamment explicite ; on lui objectera que les monnaies du lye S. representant Athena ct la Nike avec une grenade dans Ie champ sur une face, Apollon sur I' autre face portent, elles, une legende qui indique sans aucun doute lc nom de la ville en un idiome local, ce qui confirme bien lidec d'une langue originale developpee a. part du monde environnant. De rnerne, sa these qu' Athena serait I'illustration de la partie grecque de la ville alors qu' Apollon representerait la partie pamphylienne de la population parait ne pas tenir compte du texte d' Arrien. Notons enfin la relative abondance de ce monnayage, preuve si besoin en
225 Non pas Ics Perses cornme lc comprend Robson. lc premier traducteur de la coli Loeb, mars 1cs Pamphyhcns, probab1cmenl ccux que Strabon designe sous Ie nom de Krbyratcs mincurs (cf ]'1traduction dc Brunt SUlVI par Savmel 19R4, ad loc.). En revanche 11 me semble quil ne faut pas comprendre 1'1 phrase suivarue comme une simple redondancc (Brunt, Savmel), dormant lit un texte bien pial mars qu' 11 convicnt de donner it ~apr)apii;£lV 1c sens de "pacuser avec les barbarcs", sens que lon rcncontrc par cxcmplc chez Xenophon, dont on san qu'Arnen etait un grand adrniratcur, ou eneore dans l'rnscnpuon de Chi os relauve aux proces . bd ~ap~apIGf.lGll, cucc infra p 467 226 Amen, An, I 264 Kat ODTOl AEyOUGIV {mEp a
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etait de la prosperite de la cite a I' epoque c1assique no. A la difference de ce qui s' etait passe pour Aspendos, Ies habitants ne se voient pas imposer un tribut, mais Alexandre y installe une garnison 231. En revanche Alexandre ne peut s'emparer de Sillyon (Arrien, tout comme Ie Ps.Skylax, ecrit Syllion) darn Ie site dacropole permet presqu'uniquernent par ses traits physiques de la decrire comme une "place forte" (xwplov Oxupov) propre a decourager Alexandre. La muraille date au plus tot dans son etat visible de I'epoque hellenistique-V, Le site na pas etc Iouille. Arrien nous apprend qu'elle etait tenue par une garnison mercenaire et aussi par des autochtones barbares. Cela nous eclaire sur le statut et la composition de la population de cette bourgade qui revendique pourtant elle aussi des origines grecques 233. Apres avoir regle les affaires de la region, Alexandre retourne a Perge et, de la, gagne Termessos (Arrien ou ses manuscrits ecrivent Telmessos, comme pour la ville de Lycie), dont les habitants sont des Pisidiens. La position est tres bien defendue naturellement 234. L'affronternent se resume a quelques escarmouches car Ie Macedonien prend vite conscience de son incapacite a s'emparer rapidement de cette position. C'est a ce moment quil recoit une ambassade des gens de Selge, eux aussi Pisidiens et guerriers, qui viennent proposer leur arnitie a Alexandre. Nous apprenons qu'ils sont les ennemis des Termessiens. II serait cependant sans doute insuffisant de ramener ces c1ivages a de strictes querelles de voisinage entre des tribus dont I'activite la plus rernuneratrice est ainsi que nous I'avons deja vu Ie pillage des terres avoisinantes 235. Selge fonctionne comme une cite de modele grec et elle revendique merne des origines que lui contestent les auteurs anciens 236. Au passage, et apres une rude bataille, Alexandre s'empare de Sagalassos, qu'Arrien decrit comme une agglomeration non negligeable peuplee des Pisidiens les plus belliqueux, ainsi que de toute une partie du systerne de fortification avant de poursuivre vcrs la Phrygie et sa capitale Kelainai, forte acropole tenue par mille Cariens et cent mercenaires grecs, le tout sous les ordres du satrape Atizyes. Les mercenaires proposent une reddition honorable sils ne recoivent pas de renfort a la date convenue 237. Alexandre designe Antigone comme
230 Le monnayage de Side a ete etudie par Atlan 1967 , cf aUSSI pour Ie v- S., Kraay 1969, 15 sq. En dcrruer heu SNG France 3 624-659; PFPS Pamphvlien 459-461. Ce monnayage est diffusejusqu'en Crhcie, cest l'rdee que l'on dolt rctcrur de la surfrappe de certains exernplaircs par Datames it moms dadmettre que ees pieces farsaient parue dun butm acquis en Pamphylic par Ie satrape revolte, cf supra p. 365 n. 491 aussi pour la presence et I' emISSIOn au nom d ' Artcmbares. 231 Lanckoronskl1890, 125-152; Manse11951 ; 1963,1965,34-119. Le matcnel grec decouvert rernonte au moms au VJI' s. selon Akurgal 1986, 360 232 Lanckoronski 1890,65 sq ; Bnxhe 1976, 163-166. En revanche on a Iso1e un monnayage du IV'S SNG FranC( 3951-958, legende LEAYNIYL. 233 Comme dans Ie cas de Phaschs, Perge et Aspendos, la Iondauon de Sillyon est mise en relation avec Ie heros Mopsos Sur le sens it donner it ces retours de la guerrc de Troic que ron interprete comme un marqueur de la premiere colorusauon cf. Nolle 1993, 299 sq (avec bibhograplue). SI11yon (tout com me Perge et Aspendos en Pamphylie) figure parmi les hstes des ATL, IG, 13, 71, II 114, ct done seulement en reahte dans Ie decret de 425/424 234 Amen, An., 1.27.5-8. 235 Apercu sur l'hrstoire de Selge, IK, 37-Selge (Nolle & Schindler). Sur Ie role de la Pisrdie dans l'Empirc pcrse, supra p. 315 ; sur les cramtes, fondees, des Phasehtams, supra p 450 236 Str. 1273 ; Polybe 5 76, cf. Jones 1971, 125 et note 4. 237 Amen, An., 1.29.1-3 Unc version un pcu duterente est don nee par Qumte Curce 3.7.8. Sur Kelamai et les evenements, Briant 1973,49 sq
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satrape et lui donne quinze cents mercenaires pour controler la ville. Ayant ainsi regle le sort du dernier centre de concentration de forces perses en Asie Mineure occidentale; il donne rendez-vous a Parrnenion au but de sa prochaine crape: Gordian. Pour penetrer au coeur de I' empire, Alexandre choisit done de retrouver Ie trace de la route royale (a peu pres a Ia hauteur de la moderne Afyon). Comme Arrien nous Ie rappelle 238, Gordian se trouve en Phrygie hellespontique alors que Ie Sangarios qui l'arrose prend sa source en (Grande) Phrygie 239. Selon D.W. Engels 240, Ie long sejour qu'y fait Alexandre et la traversee tres rapide de la Cappadoce jusqu' a Tssos s' expliquent par des raisons de logistique (approvisionnement en cereales), A partir de Gordian, au plutot d' Ankyra, un certain nombre de decisions sont prises concernant la Paphlagonie. Alexandre recoit la soumission de cette derniere et la place sous la tutelle de Kalas. Pour Arrien 241 Ie roi doit accepter en contrepartie de ne pas entrer en force sur Ie territoire. La version de Quinte Curce 242 est assez differente. II indique qu' Alexandre entre en Paphlagonie, que les habitants se soumettent, remettent des otages et obtiennent de ne pas payer tribut. Merne si I' on accepte cette version (I' exoneration du tribut a des precedents, merne pour des non-Grecs), il n'est nullement necessaire (ni plausible) d'envisager un periple qui aurait amene Ie Macedonien jusqua la mer Noire 243. II suffit de penser que la halte de Gordian (supra) a donne le temps aux cites et aux peuples de lui envoyer des ambassades. C' est ainsi que I' on doit interpreter les informations fournies par Memnon 244 sur I'histoire d'Heraclee, la reponse d'Alexandre est, somme toute, banale : rappel des bannis, instauration de la democratic. II montre aussi comment Ie tyran d' Heraclee, Denys, profite de la vacance du pouvoir et de la non presence directe d' Alexandre pour se maintenir en place et rnerne agrandir son domaine. Alexandre adopte la merne attitude aI' egard d' Amisos 245. En revanche, il y a tout lieu de penser que Sinope est alors fortement tenue par une faction philo-perse, comme Ie montrera la suite des evenements 246 mais aussi l'episode relate par Arrien 247. Au retour d'une expedition contre les Mardes, Alexandre fait arreter des envoyes Iacedemoniens et atheniens aupres de Darius qui ant ete captures par ses hornmes, mais il laisse libre les Sinopeens au motif que leur cite nappartenait pas a la Ligue des Grecs, de merne pour les Chalcedoniens (la raison ri'est pas indiquee mais doit etre identique). En ce qui concerne la Cappadoce 248, Ies auteurs anciens sont d'un grand laconisme, ce qui ne Ies empeche pas de nous fournir des versions qui sont apparemment contradictoires. Plutarque 249 indique seulement que Ia Paphlagonie et la Cappadoce furent 2'S 2J9
Amen, An., 1.29 5 Sur Ic celebre episode dc Gordion, Amen, An., 2 3 ; Plut., Alex., 17-18, 2 ; Quinte Curce 3.1.11-18 , Jusun
11.7 240 241 242 243 244
245 246 247 248 249
Engels 1978,38-39 , Thommasscn 1984.55 n 33. Amen, An . 24.1-2 Qumte Curce 3 1.22-24 Plut., Alex., 185 est tres concis D' accord sur ce point avec Thomrnassen 1984, 55 n. 32 (aussi 7 sq ) , contra Hornblower 1981, 240. rc.u,« 434, FI, 41 Appien, Mtthr , 8 ; Tarn 1948, 35, repousse eet episode Infra p. 463 Amen, An , 3 24.4-5 Thommassen 1984,47 sq. et supra p. 109. Plut,Alex, 185.
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conquises et c'est manifestement exagere, dans un cas cornme dans l'autre. Peut-on considcrer les autres versions 250 comme complemcntaires? Le point de depart doit etre I'existence, averee par Strabon, de deux satrapies perses, la Grande-Cappadoce et la Cappadoce pontique, au moment de la conquete par Alexandre. Selon cet auteur, seule la Grande-Cappadoce fut gagnee. Cela est apeu pres compatible avec ce que dit Arrien en une trap breve allusion: apres avoir regle les affaires de la Paphlagonie a Ankyra de Galatie (sic), il marche sur la Cappadoce, soumet la totalite de celie qui est a I'interieur de I' Halys (EVeOC;, c'est-a-dire paradoxalernent, etant donne la courbe de son cours, la rive gauche de ce f1euve) et beaucoup de la region au dela (il faut entendre seulement une partie...). Comme precedemment, la campagne est loin detre systematique. Un certain nombre de chefs perses ou autochtones sont soumis au versement du tribut (Appien) et l'un d'eux choisi comme satrape 251, mais Ie controle de la Cappadoce, dans sa seule partie meridionale, reste soumis a bien des vicissitudes sous Ie regne d' Alexandre avant d' echapper completement aux Macedoniens 252. En bref, malgre la facilite relative de ses succes, au moment ou il commence a s' enfoncer dans I' Empire perse, I' Argeade prend des risques importants dans la mesure ou Ie dispositif militaire qu'il laisse derriere lui aussi bien en Egee que sur la rive occidentale parait fragile : - La flotte a pour unique fonction desorrnais Ie transport du materiel de siege. -- Les garnisons sent peu importantes. L. A. Thommassen 253 estime que Ie nombre des soldats laisses en arriere est superieur a cinq mille hommes. Et encore faut-il noter quil sagit de forces "peripheriques" (cest-a-dire levees sur les allies ou des mercenaires). L' essentiel est constitue par les trois mille mercenaires et les deux cents cavaliers confies a Ptolernee pour s' opposer a Orontobates 254. II Y a aussi mi lie cinq cents hommes laisses a Kelainai, mais le reste doit etre relativement modeste dans la mesure OU les forces de Kalas en Phrygie hellespontique aussi bien que celles de Sardes ont dfi etre reduites au minimum apres l' achevernent de la pacification. -- Alexandre laisse derriere lui de nomhreux 'ilots potentiels de resistance qu'il navait ni le temps ni les moyens d'extirper un aun. - Les cites grecques sont fideles, mais qu' en serait-il a l' annonce du premier revers important? La suite des operations en Egee montre a l'evidence qu'il y avait des partis oligarchiques et des aspirants a la tyrannie dont I' acces au pouvoir passait par une adhesion a I' alliance perse.
Str 12 I 4 , Amen, An, 242; Appren, Mithr , 8. Supra p 162 Abistarnenes, inconnu par aillcurs, nornrne par Qumte Curcc 3 4 I 252 Infra p 465 253 Thommassen 1984, 5-6 254 Commc Ie note Thommassen 1984, 20 n. 7, ee dctachement etait sans aucun doute rcnforce de contingents canons ISSUS de forces loyales a Ada. On sest demande s'II peut sagir des hommes que mentionne Seneque, Des bienjait». 5.6.1. Mars ncst-ce pas Iii un peu forcer Ie texte' Ala difference de Thommasscn.jc scrais rente dc penscr it des forces locales Integrees au fur et it mesure de la conquctc pour eompenser la chute deffecufs "penphenques" mentronnes Cl-dessus 250 251
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2 . LA GUEImE EN EGEE 255
A ce moment des operations 256, Ie Grand Roi donne a Memnon Ie commandement de la guerre avec autorite sur toute la paralie 257. Dote d'une £lotte de trois cents navires et de mercenaires - dont lc nombre n'est pas indique -Ie Rhodien est desorrnais maitre de la mer. Sa centre-offensive deb ute au printemps de 333 258. Apres l'evacuation d'Halicarnasse, Memnon a etabli l' csserniel de ses forces aCos 259. C' est la, et dans des positions adj acentes, qu'il recoit les renforts envoyes par Ie Roi 260. 11 parait difficile d'inferer d' Arrien 1.19.8 que Samos ait pu etre une base, meme secondaire, pour la flotte perse 261. L' action menee la 262 au moment du siege de Milet par Alexandre ne peut etre concue que comme une operation ponctuelle rendue quasi obligatoire par Ie blocus impose par Ie Macedonien, qui interdit Ie ravitaillement sur Ie continent. L' attitude ulterieure de ce dernier, qui laisse Samos aux Atheniens, ne se comprendrait pas si Ies clerouques avaient fait cause commune avec les Perses, La question est encore plus epineuse pour Rhodes, pour laquelle il n'y a pas d'information sure avant 332 : on ne sait si ellc est res tee dans la mouvance perse ou si elle s'cst tenue a I'ecart des evenements. Les objectifs de Memnon sont evidernment insulaires. II se rend dabord it Chios qui lui est livree par traitrise, Il faut y voir la preuve quil y avait la un parti philo-perse. Si Ion doit dater I'inscription IK, l-Erythrai, 21 (decret pour Phanes) de 333/332 263, il faut penser qu'une garnison avait egalement ete installee sur I'acropole d'Erythrees dans la mesure ou Ie personnage honore est Ioue pour avoir prete de I' argent, sans demander d' interet, it la fois pour payer une sorte de rancon aux rnercenaires et pour dernanteler les fortifications de I'acropole. De la, Ie Rhodien remonte vers Lesbos, s'ernpare des cites de l'Ile ; Diodore precise 264 : Antissa, Methymna 265, Pyrrha, Eresos. Puis il entreprend Ie siege de Mytilenc.
Thommasscn 1984 . Ruzicka 1988 Amen, An., 2 I ; Drod 17 29 257 Supra p. 155 n 315 25S Brunt 1986, 455 ; 1962, P 154, Thommassen 1984, 34 n 4. 259 DJOd. 17.27.5. 260 L'adjonction de navircs ct dhommes, bren que non mcntionnee exphcitcment, est indispensable pour arnver aux nornbres fourms par Arnen II n'y a ccpcndant aucunc rarson de penser que to ute I'''armada'' persc avec Mcmnon it sa tete sest forrnee en Cihcrc-Phcrncre (rappelons qu'Alexandre controlc la Lycie etla Pamphyhe) 261 Thommassen, loc Cit, cf aussi Habicht 1957, 168 , Bengtson 1964, P, 71 pour lequel Samos ctait alors "in pcrsischen Besuz" ; mars cf contra, et sans aucun doute it juste titre, Shipley 1987, 158 sq., qUI pensc it une operauon de razzia pour se procurer de I' cau ct des vivres. 262 Supra, p. 445 26, Ainsi HabIcht 1963, 383 n. 3 264 Dlod 17 29 2 265 Thornmassen 1984,35 n. 6 a sans donte raison, aprcs Bosworth 1980a, 179-180, de placer it cc moment et non pas en 340 Ie stratagcmc de Myulene (note suivante) : Memnon aurait ete assez pres de Methyrnna pour sccounr Ie tyran Anstomkos (Polycn 5.44 3 I'appelle Anstonymos) contre I'acnon de l' Athernen Charcs (cf Bcrve 1926, n° 819). En revanche, lcs mouvations de ce derruer en eelle affatre ne sont pas tres claircs. On salt quil sc trouve it Srgeion (Amen, An, I 12 I) au moment du passage d' Alexandre it Ilion et apparemment se reconcihe avee lUI 11 est possible que les officicrs macedorncns en charge des detroits aient fait appel au VICUX condortiere pour contrer I'avanee du Rhodien II semble avoir reussi plus tard (pour son propre compte") it sernparer de Mytrlene (Infra p. 4(6) 255
2"
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Malgre une tentative de resistance sur mcr 266, la ville est bloquee a la fois par la terre et par la mer; mais Mytilene est une cite prospere 267 qui resiste longtemps 268 au siege du stratege perse grace it scs defcnseurs et a ses reserves. Le risque de contagion est rnanifeste v", Selon Arrien, dont Ie recit est plus detaille, Memnon etait mort avant la capitulation de la ville 270. Dans I' attente de la decision de Darius, Autophradatcs 271 et Pharnabaze (fils d' Artabaze et donc neveu de Memnon) assurent conjointement Ie commandement 272. Ils reussissent a amener les Mytilenicns a composition. La convention pas see avec ces derniers 273 prevoit Ie depart des mercenaires appointes par Alexandre; les steles retranscrivant les accords avec le Macedonien seront abattues 274. Les Mytileniens seront les allies des Perses sur les bases de la Paix d' Antalkidas avec Darius (sic), les exiles seront reintroduits dans la cite et recouvreront la moitie de leurs biens. Ces conditions parurent raisonnables aux assieges, rnais une fois dans la place, les Perses ont une toute autre attitude 275 : une garnison est mise en place sous Lycornedes de Rhodes; un regime tyrannique est offert a lancien exile Diogenes ; des subsides extorques par la force aux plus riches, par la taxation aux autres. C' est donc a un ensemble de mesures tres severes que furent en definitive soumis les Mytileniens puisqu'il comportait pratiquement tout ce qu'une cite sefforce deviter lorsquelle vient a composition: garnison, taxation, implantation d'un regime impose de I'exterieur, retour des bannis. Dans ce contexte, comment comprendre la reference faite a la Paix du Roi puisque cette derniere prevoyait explicitement I' autonomie des insulaires 276'1 266 Nous avons eu plus leurs occasions de signaler que Mytilene etait en mcsure d'cquiper une flottc non ncglrgcablc (e g supra p 289) mars celle-ci nest pas en mesure de fuirc face cfficacement a celie de Mcmnon Ln srrarageme de Frontm (25.46) pourrait ctre nus en relation avec ces evenernents : on y VOlt Mcrnnon, qui dispose alors de deux cents navires (on Sail par Amen, An., 2.1 2, qu'rl avait scindc a cc moment sa flotte en deux escadrcs) amcner scs adversaircs (non nornmcs, mars on ncn VOlt pas d'autrcs possibles que lcs Myuleruens) it engager le combat en les incitant it penser que ses navues sont en nomhre tres mfcncur it la reahte. 267 Amen, ibtd , decnt Myulcne eomme un point de passage du grand commerce international (supra mtroducuon) 2hH Outre scs propres forces, on apprend dans la suite du rccit d"Amen (2 I 4) qu' Alexandre y avait place une garmson. 269 Ce siege cntraine des remous dans les lles (e.g. l' Eubec) qur se sentent lcs premieres concernccs ; des contacts sont pris (dans les Cyclades) et l'cspoir renait en Grece mernc (Spartc) 270 Diodorc pretend Ie contrarre Sa mort comcidc avec le depart d' Alexandre de Gordion, mars il n' apprend la nouvelle qu' en Cihcie (Brunt 1962, 154) Pour heaucoup d' auteurs modernes, it la suite d' Amen, An., 2 1.3 ; Diod. 17 29.4 , 307 ; 31.3 , Quinte Curce 3.] 21 , 2 ] , Pint, Alex., 185, la mort de Memnon porte un coup decisif it la contreoffensive persc II est vain dc tenter de savoir cc qUI ce scrait passe Sl Memnon netau pas morl subuemcnt it Lcsbos (elm des debuts sur ce point . Thommassen ]984, 24-29). Certes il y a bien un moment de flotrement, mars le moment decisif parait plutot ctre la decision prise par Danus de rappeler it lUI les mercenaires de Pharnabaze (supra) qUI constituaient le pnncipal instrumcnt dartaque dont la floue netait que lc vecteur 271 A partir dc Polyen 7 27.2-3, Bcrve 1926,96, attnhue a Autophradates un commandement terrestre au moment de lavancce de Parmeruon ,d'apres Thommassen ]984 (51 n. 5, cf aussi 70-7]) II sagrrart plutot des annces 333-332 oil Autophradatcs cornmanderait des mercenaircs el aurait eu loccasion daffronrer les Ephesiens ]1 semble qu'cn fall ces "stratagemes" apparliennenl bien plus vratsemblahlement au premier Autophradates . lcs occasions ne manquent pas au moment de la rcvolte des satrapcs ou mlCUX encore au moment des troubles des annecs 380 (supra p. 281) 272 Supra p. 155 271 Amen. An . 2.1.4 274 Sur I'cnscmblc de cet episode, ef P1StO[JUS 1913, 62 sq Pour lUI, Myulene fail partie de la hgue de Cormthe a partir de 338 275 Amen, An , 2 ] 5 276 Supra p 278
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Notons deja que la meme reference sera utilisee ulterieurernent pour Tencdos et qu'il ne sagit done pas d'une proclamation fortuite. Pour revenir a Mytilene, il convient de placer en contrepoint Quinte Curce 277 qui rapporte qu' Alexandre loue ultericurernent Ia cite pour sa loyaute, rernbourse les depenses faites pour la guerre et accroit son territoire civique. Apres la prise de Mytilene, Autophradates reste en Egee alors que Pharnabaze se rend en Lycie avec une partie de la flotte et les mercenaires 2n. On ne sait rien des evenements et done de Iimpact reel de l'offensive ; celui-ci a dfl etre relativement faible dans la mesurc ou Darius (a I'annonce de la mort de Memnon?) modifie ses plans, privilegiant I'affronternent terrestre avec Alexandre. Pour cela, il recupcrc les mercenaires (par I' entremise de Thyrnondas, fils de Mentor) 279 et reunifie la flotte sous Ie commandement de Pharnabaze. Entre temps, Autophradates s'est porte avec cent navires vers Tenedos 280 alors qu'un detachernent de dix unites se dirige sous Datames vers les Cyclades 28]. Les Tenediens savent ne pas pouvoir attendre de renforts par la mer (la flotte d'Hegelochos, cf. infra, ri'est pas encore prete) et se rendent. lis obtiennent de se voir appliquer les clauses de la Paix du Roi a condition de mettre a bas les steles sur lesquelles etaient inscrits les accords avec Alexandre et les Grecs 282. S. Hornblower 283 developpe ici un point de vue original qu'il convient dexaminer : selon lui, la reference a la Paix d' Antalkidas dans Ie cas de Tenedos aussi bien que dans celui de Mytilene s'explique par le fait que les insulaires se sent empresses de recuperer leurs perees et que les Perses les obligent ainsi ales restituer, Merrie si I' on admet (infra) que l'action perse n'a pas concerne strictcment que Ie domaine insulaire, il est bien peu vraisemblablc que le problerne des territoires continentaux des iles ait constitue une preoccupation majeure pour Autophradates, La reference a la Paix du Roi doit bien plutot etre lue dans la logique des multiples paix renouvelant celle de 387 ; paix separees dans ce cas mais prefigurant une ordonnance generale dans l'hypothese d'une victoire finale. En d'autres terrncs, il sagit de demontrer que l'hegernonie perse qui avait connu une sorte dapogee en 387 est synonyme de paix et par la me me de stabilite sociale, programme bien Quintc Curee 4.8. t 3. Le but recherche est d' aruhilcr I' action d' Alexandre dans la meme region: II s' agn de reconquerir lcs posiuons coticrcs susccpubles de Iourmr Ie necessaire trail dumon entre I'Eg6e et la Cihcre-Pherncie Cf, Berve 1926, n° 544 s v Nearchos ; Green 1970, 117 , Thornmasscn 1984,52, n 17 27Y Thommasscn sefforce de montrer (1984, e g 31 el n. 23) que eette decision na pas amoindn I'uction des Perses en Egee (11 est plus nuance p 58) 11 a sans doute raison de crorre, contre Diodore, que la strategic a long terme de Memnon pas plus que celie de ses successeurs navan pour objet cl'mtcrvcmr directcmcnt en Maccdoinc , II sagrssau bien plutot de susciter la rcvoltc des cites en dispcnsant des subsides ou en fourrussant des rnercenaires (somme toute la rncmc pohuque qUI avart ete pratiquee depuis 395) On objcctcra cependant qu'rl ne suffit pas davorr un "plan", encore faut-il se donner lcs moycns de lc mcttre en ceuvre comme le note Thommassen luimcme, les mercenaircs rccupcres apres la batarlle dIssos Ieront preuve dunc rcdoutable efficacrtc aux cotes des Sparuates. 250 Arnen, An., 2 2.2-3 Un raid au moms est lance contre Samothracc, com me lc note Thommasscn 1984, 43 (Plut., Mor., 33ge) el une partie du butin cnvoyc en Phenicie (Plut., Alex, 48 4). lSI Bien quil n'y en all aucune preuve, II est assez tentant de penser quil sagn d'un parenl du celebre satrape. Pour le peu que I' on sait sur lc pcrsonnagc, cf Berve 1926, n° 45. 282 II sagrt la sans aucun doute d'une reference a la Lrguc de Connthc a laquelle lcs Tcncdicns avaient done adhere (cf Ehrenberg 1938, 22) Les modernes ont note que dans Ie cas de Myulene, II est question dun accord avec le seul Alexandre. Cependanl Pistonus 1913,62 sq. pcnsc que Myulcnc avait adhere a la hgue de Counthe dcpuis 338 De merne Tencdos ctart dans la mouvance macedoruenne depuis la meme date SItuation antencure chez Demosthcnc, Cour., 302 2Rl Hornblower 1982. 128 278
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propre a rassurer ou a confortcr les aristocrates des cites 2X4. En outre, la ligue des Hellenes a Corinthe a pour but de promouvoir une koine eirene 28S. Il etait done naturel que du cote perse la reference antagoniste fut celie de I' exemple Ie plus celebre de ce type de "Paix commune", ou les Perses avaient joue un role determinant. Pour faire face a une situation devenue dangereuse, Alexandre decide de prendre des mesures militaires d'importance. Nous sommes vers Ie milieu de 333 et les Macedonicns se trouvent alors a Gordion. Selon Quinte Curce 2R6, le roi donne ordre de reconquerir Lesbos, Chios et Cos (a noter qu'rl u'est pas question de Samos). Le dispositif est double, Amphoteros est place a la tete de la flotte de l'Hellespont et Hegelochos commande les forces terrestres. Les deux commandements sont couples, ce qui suppose que Ie centre de commandement est en Troade 2R7. Il nest pas exclu d'ailleurs qu'Autophradates ait pu prendre pied sur Ie continent. Certes les textes ne disent rien de tel 2RR mais quelques monnaies portant la legende OATA et qui semblent avoir ete ernises en Troade pourraient I' avoir ete par cet officier perse 2R9. Pendant ce temps, Alexandre s'est avarice vers la Cilicie 290 ou il penetre par Ies celebres Portes, desertees par Arsames 291 qui est occupe a appliquer la strategic de "terre brulee" que Memnon avait vainement preconisee avant le Granique. Apres avoir force le Perse a evacuer rapidement Tarse et ainsi evite son pillage (les auteurs nindiquent pas quel fut le traitement applique a cette capitale satrapique ou il reste quelque temps, bloque par la rualadie), Alexandre envoic Parrnenion controler les Portes de Syrie pour faire face a un eventuel retour offensif de Darius. En Cilicie, comme aiJleurs precedemment, Ie sort reserve aux cites est tres contraste. Soloi doit recevoir une garnison, payer une contribution de deux cents talents d'argent pour avoir ete favorable aux Perses 292. Ce montant est allege de cinquante talents aprcs la bataille d'Issos 293. Un peu plus tard, elle est aussi dotee d'une constitution democratique, Ie Macedonien y organise une parade militaire et des concours, sacrifie aAsklepios qui a permis sa guerison, visite Ie sanctuaire d' Athena de Magarsos 294 apres avoir pacifie rapidernent la CiJicie Trachee, JI se rend a MaJlos ou il met fin a des luues intestines (probablement au profit de ses partisans) et exempte la cite des taxes qui etaient auparavant versees au Grand Roi parce que les habitants disent etre des colons des Argiens. De la, il atteint les environs de Myriandros au dela des Portes assyriennes. La rencontre avec I'armee de Darius a lieu a Issos. 2S4 Interprctat.on diffcrcntc de Thornmassen 1984,51 n 8 elS3 n, 26, qUI sauache it montrer surtout en quoi la sujeuon des cites insularres contrcvcnait it la Icttrc des clauses de la Paix du ROJ (cf. cependant Samos avant 365) ; cf. ausst Brunt 1986, 125 sq n 2 285 Cf par cxemple Gnffith in Hammond & Gnffith 1979, 634 2S6 Qumte Curce 3.1.20 287 Green 1970, 116, propose de lacon plus precise, mars umquerncnt comme vraisemblable, la cite d'Abydos 2SS Nous verrons plus 10m que deux stratagcmcs de Polyen quelquefois allcgues napportcnt nen au debat 2SY Babelon 1910, 122, n° 67 (et eventucllement 66 ct 68) , cf supra p 61 n 238 (PI. II, 21) 2'J(1 Pour J'cnscmble de ces episodes, Amen,An., 243-59; Qumte Curcc 3 4; 7 2-7 2Yl Suprap 416 292 Bnant 1993, 18, pense que cette amende s'ujoutart au tnbut normalcment paye par la cite 293 Amen, An , 2.12.2. 294 Babelon 1910, 463, croit pouvoir reconnaitre ceue deesse sur certaines series du monnayage attnbue mamtenant it Balakros (supra p 163) Ru:n lit dassure
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La constitution d'une flotte prend du temps, mais dans l'intervalle plusieurs operations terrestres sont menees par des officicrs d' Alexandre. Alors qu'il se trouve a Soloi, Ie roi apprend que Ptolernee et Asandros 295 ont conduit une action victorieuse en Carie meridionale face a Orontobates qui tenait Halicarnasse, Myndos 296, Caunos, Thera 297, Kallipolis 298 et avait reeonquis Cos 299 et Ie Triopion 300. A l' exception de Caunos tous ees sites se trouvent sur les deux rives du golfe Ceramiquc. II est tentant de placer dans ce merne contexte de reconquete Ie ralliement des Rhodiens a Alexandre 301. Cette action privait la flotte de Pharnabaze de son principal point d'appui terrestre et conduit ce dernier a eontreattaquer ailleurs. II soumet Milet a la taxation 302 ct renforce sa maitrise sur Chios en y placant une garnison, pousse des raids jusqua Siphnos et Andros ou il prend position. D'apres Quinte Curce, il dispose encore de cent navires, malgre une defaite subie dans les passes de l'Hellespont par Aristornenes 303. De Chios, des detachemcnts sont cnvoyes a Cos et a Haliearnasse 304, ce qui pourrait laisser penser que les Macedonicns se sont contenics de defaire Orontobates mais quils n'ont pas systernatiquement cherchc a oceuper Ie terrain, dans la mesure sans doute ou ccla leur aurait impose de disperser leurs forces. C' est a 29) On connait deux Asandros, l'un (fils de Philotas) est Ie premier satrape rnaccdorucn de Sardcs, l'autre (fils d'Agathon) est plus tard en eharge de la Cane La plupart des eommentateurs (Berve 1926, n" 165, Heckel 1992. 385) adrneuent que cest le premier nomme qui a participe avec Ptolemee a l'cvicuon dOrnntobatcs en Cane Rien ne permet une tcllc affirrnanon. Le premier succcsseur d' Ada a pour nom Pluloxenos (ef Hornhlower 1982, 51 ct supra p 160) 296 Ps.-Skylax 99, Plmc, HN, 5 107 qUi signale lexistcnce d'une Palaemyndos A partrr de ce texte, Bean & Cook 1955, 108-111 , Bean 1979, 92-95 situent Myndos a Gumusluk (Ie nom ture rapcllc I'cxistencc d'une cxplouauon de minerat d'argent Les vcsuges d'une explouauon antique ont etc reperes par Paton & Myres 1896, 204, a Bozda, ou certains placent la Palaunyndos) et attnbuent a Mausolc un deplaccment du site vers la mer (cf supra p. 375). Demand 1990, 135-137, refute ee pomt de vue cn sappuyant sur lartrcle de Kahrstedt 19541955, 292-301 (a propos de Palaiskepsis et de l'etyrnologie de la premiere partie de ce mot compose), sans pleinement convaincre, et sur la presence d'un mur polygonal (Paton & Myres 1986,2(4) repute plus ancien (mars cf. Punouguet 1994, 279, pour la drfficulte de datauon dun tel apparel! que I'on pourrait dcsccndrc jusqua lepoque hellerusuquc) que la foruficauon assiegee sans succes par Alexandre (Arncn, An, 1.2(7) La problemauquc me parait etrc ICI asscz comparable a ccllc de Crude a laquelle on a sou vent compare Myndos les memes questions doivcnt ctre posees concernant le deplacement du site ct la luerarcluc des agglorncrauons 297 Dont la locahsauon n' est pas assurce avec une absolue cerutudc. II est probable que les vestiges de Yerkesik (doir provicnncnt les epitaphes de Theraton et de Tasycruce (theatre, constructions divcrscs) apparticnncnt a ceue communaute ; cf provisorrcment Dcscat 1994, 205-207 29S L'existcnce dun toponyme Gelibolu a conduit Robert 1937,491-500 a situcr Kallipohs a proxrrrutc de la cote, Bean & Cook 1957,81-85 contestent ee point de vue. La question mente detre repnse Nous pensons que la cole er l'rntencur au sud du golfe Ccranuque appartenaient a une mcmc enure pohtique, en loul cas a partir du synoccismc rclauvernent tardif (IV" s.) que suppose lc nom mernc de la localite de Kallrpolis Le paysage dort etre pense differemment de ce qu'rl est aujourdhui car I! faut terur compte de l'avancee des tcrres due aux atcrrisscmcnts des petits flcuves couers A notcr la monnaic publicc par Imhoof-Blumer 1883, 307 n° 29 qu'rl Iaut allnbuer a celle cite et non a cello des detrorts et lc portulan de Pm Rcis qUI confirme J'cxrstcncc sur Ia cote du toponyme au XVI'S 299 Ce qut suppose qua quclque moment lcs habitants de Cos sctaient affranctus de la tutclle persc ]Of) Bresson 1999,83-114, considere que Ie Tnopion ella Ville hellcnisuque de la pointe de la presquile occupent 1c rncrne emplacement 301 Quintc Curee 4 5 9. SI I'on suit l'ordre de cel auteur, Ie ralherncnt est plus lardl!' et se sllue seulement en 332 ]1)2 VOIr lllfra p. 463 ]0] QUinte Curee 4 1 36 , Alkillson 19~O, 289 pcnse a Juste 11lre qu'd s'aglt d'un raId poncluel (contra Thommassen 1984, 62) ]04 Arnen, An , 2 13 4
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Halicarnasse qu'Agis, le roi de Sparte, rejoint Autophradates, L'annonce en Egee de I'issue de la bataille d'Issos amene Pharnabaze a revenir precipitamment a Chios, qui est manifesternent sa base operationnelle et dont il craint Ie soulevernent 305. La defaite de Darius eut aussi une consequence inattendue unc partie des contingents engages du cote perse purent echapper aux Macedoniens et se replier en bon ordre vers le coeur de l'Anatolie (Cappadoce et Paphlagonie) pour y organiser un pole de resistance 306. Pour Quinte Curce, "lcs generaux de Darius, rescapes du combat d'Issos essayaient de reprendre la Lydie, a I' aide de toutes les troupes qui les avaient suivis dans leur fuite et en levant des forces en Cappadoce et en Paphlagonie" 307. Diodore indique qu "'un certain nombre de chefs et de generaux avaient echappe a la bataille d'Issos avec leurs contingents representaient la resistance perse. Les uns, qui avaient pris possession de cites importantes, les conserverent au parti de Darius; les autres gagnant des peuples et recrutant des troupes parmi eux", Ce dernier est done moins precis sur les lieux mais on doit noter la distinction cites/ ethne qui n' est pas un effet rhetorique. En brcf, des forces non negligeables, organisecs, accompagnees de leurs chefs, qui trouvent localemcnt un reservoir de recrutement considerable (fantassins et cavaliers) tant en Paphlagonie qu'en Cappadoce, zone probable de colonisation perse, et peuvent disposer de l'infrastructure technique des cites (ateliers monetaires par exemple). Quelle realite et quelle finalite pour les combats opposant Perses et Macedoniens? II convient bien entendu de revenir aux sources et merne dans ce cas de rnettre en question I' etablissernent du texte de Quinte Curce : "Le general d' Alexandre, Antigone, gouvernait la Lydie (Lydiae preerat) ; bien qu'il eut prelevc sur ses garnisons la plupart des soldats pour les envoyer au roi, il n'cn mena pas moins scs hommes au combat, dans son mepris pour les barbares. lei encore, lc sort des deux antagonistes ne se dementit pas : dans les trois batailles livrees en differents endroits (tribus proeliis alia atque alia regione commissisi" ... 30g et plus loin: "Le roi n' etait pas le seul a attaquer les villes qui ne reeonnaissaient pas le joug de son empire ; ses generaux aussi, chefs excellents, avaient penetre un peu partout : Kalas en Paphlagonie, Antigone en Lycaonie, Balakros ayant vaincu le general de Darius Hydarnes prit -cMilet» (Balacros Idarne praetore Darii superato denuo Miletum cepit, mais le texte des manuscrits donne duos militumi, Amphoteros et Hegelochos, avec une tlotte de 160 navires soumirent au pouvoir d' Alexandre les lies qui separent I' Achaie de r Asie" 309. Examinons tout dabord Ie cas de Balakros et de "Milet", D'une part parce que ce membre de phrase a rendu perplexe la plupart des cornmcntateurs, dautre part paree que, consciernment ou non, cette operation a Milet a largement influe sur la vision generale que l'on avait du deroulement global des operations. On doit a c. M. Harrison 310 une hypothese tres seduisante relative a I' etablissernent du texte. Ellc propose de revenir a ce qui figure reellernent sur les manuscrits : duos rvel simile 1 militum et de comprendre duo <milia> Ibid, 5 Sur ces evenements RUZicka 1988, 131-151 Cf. Burn 1952,81 -91 (specialemcnt 81-84) ; Bnant 1973,53-70, Thommassen 1984,68-70 ]OJ Quintc Curce 4 1.34 ; Diod, 17.485-6. 30R Quinte Curcc 4 1 34-35 , trad. Bardon, CUI" JUY lbid , 4 513. 310 Harrison 1982a, 298, n 71 105 jO(,
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militum, au lieu de denuo Miletum cepit. II devient alors beau coup plus facile didentifier Balakros et de situer son action 311. II s' agit bien du personnage qui a ete nornrne satrape de Cilicie au lendemain de la bataille dIssos 312. C'est a ce titre qu'jl doit affronter Hydarnes, Ce dernier est tres probablement le fils de Mazaios et figure en tout cas parmi les officiers perses ayant frappe monnaie aux types sinopeens, comme le montre C. M. Harrison 313. Levons aussitot une objection possible: l'action d'un Balakros a Milet serait la reponse a la capture de cette derniere par Pharnabaze 314. Or, Ie deuxierne passage de Quinte Curce cite ci-dessus 315 a amene les commentateurs qui admettent l'historicite de I' episode a fairc dire a 4.1.37 plus qu'il ne dit : "Pharnabaze, amiral de la flotte perse, extorque de l'argcnt aux Milesiens et implante une garnison dans la ville de Chios (A Milesiis... pecunia extracta et praesidia in urbem Chium introductoi" ; croisiere dintimidation dans un cas (non mentionnee par Arrien) 316 et garnison seulement dans le second. On doit merne ajouter que la mention expresse de la garnison de Chios aurait necessairement ete suivie de celIe de Milet si elle avait existe, Pharnabaze se comporte la comme tous ceux qui ont tenu la mer avant lui (par exemplc lcs Atheniens a l'epoque de Thrasybule) 317. S'il n'y a pas de prise de possession durable (voire merne pas de prise du tout) il ny a pas lieu de creer de toutes pieces un episode qui la fasse reprendre. Revenons aux evenernents. Ils se placent necessaircment aprcs Issos 318. NOLlS avons releve plus haut que l'anabase d'Alexandre navait fait qu'effleurer la Cappadoce 319 et la Paphlagonie, que I' Armenie n'est pas concernee ; par consequent, la plus grande part du quart nord-ouest de I' Asic Mineure echappe aux Macedoniens, Ccs derniers nc manifestent pas une ardeur offensive particuliere et Antigone, une fois sa satrapie pacifiee, renvoie une grande partie de ses troupes a Alexandre. Du cote perse, le potentiel existe mais, semble-t-il, ni lcs cadres ni la volonte politique. Ce statu quo bascule avec l' arrivee de contingents et de chefs actifs, Le merite revient a M. C. Harrison 320 davoir montre que Sinope devient l'un des centres, sinon le centre, de l' organisation de la riposte perse. 11 est difficile d' expliquer autrement les multiples emissions monetaires a la legende arameenne, au moins six noms differents dont quatre pour Ies annees 333-332 : Tyryn I?], personnage non idcntifie ; Mithropastes qui pourrait etre Ie fils d' Arsites, le dernier satrape de Phrygie maritime; Orontobates 321, peut-etre I' ancien satrape de Carie, dont on ne connait pas Ie sort apres sa defaite contre Ptolemee et Asandros ; vidama-Hvdarncs. probable fils de Mazaios. Le deroulement et la duree des operations ne se laissent pas aisernent apprehender. Nous Cf. Bnant 1973,72, n" 2 , sur diverses hypotheses cmbarrassecs presentees, cf c g Burn 1952,84 Supra p 163 Dans Ie meme mouvement qUI VOlt Polyperchon succedcr Ptolemee, fils de Seleukos, mort au combat 313 Hamson 1982a, 265-290 et 1982b, 181-194; ef supra p 114 sq 314 Qumte Curce 4.1.37 ; slipra p 461 .lIS Quintc Curee 4.5.13. 316 Amen. fin .. 2.13.4. 317 Supra p. 261. lIS Cf Thornmasscn 1984,76 sq., n 27 319 11 ncst plus question de Sabtktas ou Abrstarnenes, nornme a la tete de la satrapie de (Grande) Cappadoce (supra p. 162). 320 Hamson 1982 , supra p. 114 sq 321 Un officier perse de ce nom combat en 331 a Gaugarnclcs (Amen, An , 3 8 5) Berve 1926. n" 594, pense qu'rl sagu du satrape dechu , contra Justi 1895 S v 'OPOVT01IcXTllc; (2) et (3) 311
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disposons, nous I' avons vu plus haut d'un passage assez vague de Diodore et de deux textes de Quinte Curce qui ne disent pas exactement la merne chose. Le premier est tout a la gloire d' Antigone, Ie second place sur un meme plan trois satrapes : Kalas, Antigone, Balakros. Je serais cependant tente de penser qu' il s' agit pourtant des memes evenernents, mais a partir de sources differentes dont Quinte Curce na pas forcement percu qu'elles faisaient double emploi. Les trois Macedoniens s'opposent a trois armees perses (Quinte Curce) dont Ies chefs pourraient etre Hydarnes, Mithropastes, Orontobates ala fois vers le sud, Ie nord-ouest et l' ouest. Quels pouvaient etre Jes objectifs des Perses dans cette offensive? Quinte Curce 322 parait repondre sans ambiguue a cette question: il sagit de reprendre la Lydie (Lydiam recuperare). Une telle assertion merite reexamen, d'autant qu'elle a quelque peu perturbe les modernes et cela dautant plus que quelques lignes plus bas, Quinte Curce dit, sans doute fautivernent, d' Antigone qu'il gouvernait la Lydie (Lydiae praeerat). W. W. Tarn 323 conclut apres dautrcs quil convient de remplacer dans les deux cas Lydia par Phrygia. A. R. Burn 324 lui assigne des objectifs plus vastes et met en relation cette campagne avec les operations navales de Pharnabaze. Cela implique de corriger Lydiae en Phrygiae praeerat mais de conserver Lydiam recuperare. P. Briant 325 plaide pour la conservation du texte en l' etat et en tire, comme nous le verrons plus loin, des conclusions sur la position personnelle d' Antigone dans le confiit. Restitue comme propose par M. C. Harrison, Ie texte de Quinte Curce nous amene a considerer l' action perse com me une offensive tous azimuts, destinee a couper les relations d' Alexandre avec ses arrieres qui lui fournissent regulierement les renforts necessaircs a sa progression. Dans le merne temps, l'ouverture d'un second front avait cornme consequence de mobiliser beaucoup d'energies du cote macedonien alors que Ie Grand Roi est cense disposer d'un reservoir inepuisable d'hommes en Orient. Peut-on aller plus loin? En d'autres termes est-il legitime de preter aux officiers perses une politique offensive a plus longue portee, l' objectif avere etant la Grece 326? Il est fort malaise de speculer sur des operations qui ont echoue. P. Briant 327 montre que l' essentiel de l' activite navale de Pharnabaze 328 doit etre necessairement placee avant Issos : il est en effet bien clair que lamiral perse est ensuite reduit a la defensive. Il n'en reste pas moins que les Perses ont pu (et me me ont dfl) raisonner sur la situation navale au moment de la bataille d'Issos et dans cette hypothese il etait normal de rechercher la jonction avec la fiotte autour d'un pivot nature! qui ne pouvait etrc que la Lydic. Par consequent. la solution de A. R. Burn, malgre les objections qui lui ont etc opposees parait plausible en conservant dans le texte Lydiam 329 recuperare, mais sans qu' on puisse rien imaginer de ce qui se serait passe par la suite. P. Briant 330 donne pour sa part a Lydia non pas Ie sens de satrapie de Lydie, mais un sens geopolitique large comparable a ce que I' on entendait par la a l' epoque des Mermnades,
,22 Qumte Curee 4.1.34. m Tarn ]948, ] 10, n 3 Burn] 952, 82 125 Bnant 1973,63-68 m Burn] 952, 83 m Bnant 1973,61-63 m Supra p 459 329 Au sens de satrapie de Lydie 330 Briant 1973, 66-70.
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c'est-a-dire en pratique toute l' Asie Mineure en dcca de l'Halys. II en deduit qu' Antigone avait ete dote d'un commandement majeur (du type karanos a lepoque perse). De fait, si I'on relit Quinte Curce 4.1.34-35, Antigone est Ie seul nornrne, "il remporte trois victoires en des endroits differents" ; si l'on prend en compte 4.5.13, il faut constater que son role ne concerne que sa satrapie et encore dans une direction qui peut apparaitre com me bien peripherique : la Lycaonie. Sans entrer dans Ie debar sur les sources de cet auteur 331, il parait tentant de penser qu'il a juxtapose sans choisir deux recits, l'un dont Antigone etait Ie principal centre d'interet et un second qui lui attribue un role quasi annexe. II parait impossible de trancher entre les deux versions sinon en observant que peu de temps apres (peut-etre immediaterncnt, puisque l'on ne connait pas Ie veritable terme des operations) Antigone recut (a titre de recompense") la satrapie de Nearque en plus de celIe qu'il gouvernait 332. Cela pourrait montrer qu'il etait considere par Alexandre comme Ie veritable vainqueur de ce conflit. II convient d' ailleurs de nuancer quelque peu les communiques de victoire fournis par la (les) source(s) de Quinte Curce. Les generaux macedoniens nont fait rien de plus que de contenir la menace perse, Rien n'indique qu' Antigone ait franc hi I'Halys ; on peut avoir des doutes sur I'cfficacite de la campagne de Kalas en Paphlagonie et on sait a contrario qu' Ariarathe reussit a se constituer en Cappadoce et (au moins partiellement) en Paphlagonie une principaute qui perdure jusqu'aux campagnes d'Eumene V'. C'est donc plutot l'irnpression d'un "match nul", les adversaires restant it peu pres sur leurs positions. Les actions decisives se passaient ailleurs. La reconquete navale est rapportee par Arrien 334, qui la presente sous la forme d'un rapport d' Hegelochos a Alexandre qui se trouve alors en Egypte, Cette operation a cte evidernment facilitee par I' attaque menee par Ie Macedonien sur les ports pheniciens et particulierement Tyr m qui a ampute la ftotte de Pharnabaze de la part la plus nombreuse et la plus experimcntee de ses vaisseaux. Apres avoir obtenu Ie ralliement de Tenedos, l'amiral macedonien se porte vers Chios a l'appel de la faction democratique, Pharnabaze prend des mesures preventives: il fait arreter les partisans de la Macedoine, donne la direction des affaires de la cite a ses allies Apollonides et Athenagoras avec une garde. Hegelochos met le siege devant la cite, mais un parti ouvre le passage, la population massacre la garnison perse, livre Pharnabaze et les oligarques aux Macedoniens, Trois mille mercenaires grecs se trouvent a Chios, que les officiers d' Alexandre sernpressent d'cnroler, ainsi que les equipages des navires captures (douze trieres plus trente navires sans equipages et des lemboi de pirates) 336. Un peu plus tard, Aristonikos, le tyran de Methyrnna, qui arrivait la
331 Cf e.g. Bnant 1973, 97-11~. m Supra p. 161 333 Supra p 109. Anson 1990, 125- J 2~, suggerc que l'rmportance des forces cornmandccs par Neoptolcme en Armenie en 322 sexplique par 1a presence du rehquat des forces perscs de Cappadoce 334 Amen, An., 3 2.3-7 , cf aUSSI Qumte Curce 4 5 14-22 335 Thommassen 1984, ~S, insiste it juste utrc sur lc fait qu'cn poursuivant sa politrque systemanque de conqucte des ports tenus par les Perses (operation dcbutcc en Lycre apres la capture d'Hahcarnasse) Alexandre ctau condun it ce ChOlX de la route cotiere et non de 1a penetration Immediate au coeur de l'Emprre , choix strategiquc consrdcre comme mexphcable pour beaucoup de modernes La coherence de cette strategre est confirmee par la creation cpherncre d' une satrapic en l.ycic-Pamphylrc pour Ncarquc 336 Ce rccrutemcnt cxphque lexigence d'une fourmture de navires par les gens de ChlOS
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avec cinq navires pirates 337, tombe dans un traquenard : il est capture et les pirates massacres (selon Arrien) au faits prisonniers (Quinte Curce). Pharnabaze, les oligarques, Aristonikos sont embarques pour etre deferes it Alexandre (mais Ie premier nomrne reussit it s'enfuir au moment du passage it Cos). Hcgelochos se rend ensuite it Mytilene qui est tenue par Chares avec deux mille Perses 338. II s' empare de la ville et obtient avec facilite Ie ralliement de toute I 'lie de Lesbos. Un detachement de soixante navires prend possession de Cos, elle aussi livree par ses habitants. Rhodes s'est ralliee au moment ou Alexandre effectue Ie siege de Tyr : cest ce qu'il convient de conclure de l'envoi par la cite d'un contingent de neuf vaisseaux 339. Tout comme Chios, elle est traitee avec une evidente mefiance, Alexandre renvoie les tyrans dans leurs cites respectives pour etre juges (selon Quinte Curce, cette decision est prise a Sarnarie) a I'exception de ceux de Chios qui sont deportes it Elephantine. A Samarie egalerncnt v'? les gens de Rhodes et de Chios obtiennent detre decharges de leurs garnisons et Amphoteros recoit pour mission de reconquerir la Crete apres avoir purge la mer des pirates. Cornme nous l'avons note plus haut, ce fleau reapparait chaque fois qu'il n'y a aucune puissance capable d' assurer la police des mers ou que l'un des belligerants, comme c'est Ie cas des commandants de la fiotte perse, encourage Ie phenomene. Les consequences internes de tous ces mouvements sont aussi perceptibles par quelques textes epigraphiques 341 qu'il convient de tenter de replacer dans leur contexte. Nous etudierons en premier la lettre qu' Alexandre adresse aux gens de Chios 342 pour leur imposer Ie retour des bannis et l'instauration d'un regime democratique, II se reserve un droit de regard sur les modifications institutionnelles it venir. Les gens de Chios doivent fournir vingt trieres equipees it leurs frais jusqua la fin de la campagne. II est aussi exige que, parmi ceux qui ont livre la cite aux Perses, ceux qui ont fui seront bannis des cites adherant it la paix (done celles qui sont membres de la Ligue de Corinthe). Les diffcrcnds entre les bannis reintcgres et Jes autres habitants seront juges par la cour de justice d' Alexandre. Jusqu'au reglernent definitif des litiges une garnison est mise en place, elle subsiste aux frais des Chiotes. Nous avons vu plus haut que ces derniers obtiennent son retrait lorsqu' Alexandre est it Samarie. Ce celebre document amene a poser un certain nombre de questions et en premier lieu celle de sa date. Celle qui est habitucllement proposee est 332 343 mais 334 a aussi ses defenseurs. La raison avancee par A. J. Heisserer est la mention de la requisition de la ftotte ; mais cela peut sappliquer aussi bien a celie que commande Hegelochos qu'a celie de 334 : rappelons en effet quau moment ou Chios est reprise il reste beaucoup it faire en Egee et nous avons vu plus haut que les officiers Rappelons que la piratcnc JOUa\t un role non negligeable dans 1c seeteur nord de l'Egce Nous avons par exemple des informations sur cette dermere a l'epoque du regne de Philippe (supra p 410 n. 87) , cf auss: Qumte Curee 4.8.15 ]]S II taut entendre par lir qu' II s' agn de mercenaires appomtes par les Perses Quintc Curee 4 5 22 ; Amen, An , 3.2.6 Cf Herve 1926 n" 189 339 Arnen, An . 2.20 2 3"0 Quuue Curee 48 12-15 ; cf. Drod. 18.8.1. qUI souuent que la garmson ne fut expulsee quen 323 341 Ensemble du dOSSIer reuru par Hcisscrcr 1980. 342 Syll ', 283 (Tod, 192) , traducuon Fr Vannier, Le IV' 5 grec, n° 31, p. 129 ; Austin 19i1 1 n" 5 ; Hcissercr 1980, 79-95 , cf Hauben 1976, 84-86. 343 Tod, 1948, cornm ad toe ella pluparl des auIres cornmentateurs
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macedoniens usent de tous les moyens pour renforcer leur potentiel militaire. Le rappel des bannis, la mention d' une garnison, dont les citoyens de Chios devront attendre Ie printemps 331 pour en etrc debarrasses 344, tout cela plaide plutot pour une date basse. Autre argument en ce sens, A. J. Heisserer Iui-rneme 345 soutient que la stele est I' original de la lettrc et non une copie tardive. II donne des raisons de penser qu' ici comme ailleurs 346 la presence du titre royal nest pas la preuve que ces textes sont des documents amenages a posteriori. S'il a raison sur ce point, il ecarte lui-meme la date de 334, dans la mesure ou la stele cut ete immanquablement detruite en 333, au moment de l'offensive de Memnon, comme Ie montrent les episodes de Mytilene et de Tenedos 347. Comme l'avait prevu Alexandre, Ie retour des bannis et le traitement de ceux qui avaient pactisc avec les Perscs font probleme, Certes, no us avons vu que les principaux chefs avaient ete dcportes, mais le texte d' Arrien 348 montre que Ie parti philo-perse avait du etre assez important. La normalisation s'cst sans doute accornpagnee d'une "chasse aux sorcieres", quasi inevitable dans cc type de situation de revanche pour les exiles 349 et done de proces plus ou moins justifies, intentes ETCt ~ap~apt0j.lQn. lei encore, Alexandre dut intervenir vigoureusement pour temperer les ardeurs, Dans une lettre necessairement posterieure it la precedente 350, Ie souverain enjoint it Alkimachos de refrener les ardeurs vengeresses des Chiotes. 11 recommande en particulier daccueillir un de ses amis encore maintenu - injustement it son avis - en exil. Le nom n'a pas ete conserve, certains modernes ont pense it l'historien Theopornpe 35 I. On ne saurait en tout cas, comrne Ie fait A. J. Heisserer 352, s'appuyer sur la mention d' Alkimachos dans lc texte pour le dater preciscment, dans la mesure ou ce dernier parait bien etre restc en charge du secteur avec, parmi dautres attributions inherentes it sa fonction d'hyparque 353, la capacite de rendre lajustice au nom d' Alexandre. La situation de Mytilene est sans aucun doute tout it fait comparable it celie de Chi os. On connaissait depuis longtemps Ie texte d'un diagramma rclatif au retour des bannis 354. La date en est discutee ; cellc que l' on retient generalement est 324 en liaison avec I' ordonnance generale lue it Olympie 355. Mais la date de 332 a ses defenseurs 356 et il me semble que c'est l.cs Cluotes envoient une ambassadc en cc sens it Alexaudre qUI se trouve alors it Samanc Quinte Curce 4 8 12. 145 Hcisserer 1980, 80 34(, Cf e g p. 91 sq , En~sos ct peut-etre aUSSI Prrenc 347 Supra p 459 34H· Amen, An , 3.2.3-5 rl fourmt seulement les noms des prmcipaux meneurs , cf aUSSI Quinte Curce 45.14-21 340 Supra p 436 n 80 J5() Lcnschau 1940,207-214; SFG, 22, 1967,506, Forrest 1969,201-206, Hcisserer 1980,96-111 , PleJKo 1985, 239-245 151 D'upres PhOtlUS, Bibl , 176, 120b (contra Lcnschau 1940,213; cf Bcrve 1926, n" 365 ; Hcissercr 1980, 1(6). JS2 Hcisserer 1980, 109 m Supra p 160 354 IG, XII 2,6 (cf Suppl. p. 3-4) , OG1S, 2 ; MIchel, 356 , !.lG, II, P 344 sq. , Tod, 201 , cf. Pistonus 1913, 78 sq , Welles 1938, 258 n. 4 , Bikerman 1940, 33 , Balogh 1943, 69 sq. , 122 sq. Heissercr 1980, 118-139 , Herssercr & Hodot 1986, 120-128 (edmon rcviscc du textc) , Worthmgton 1990, 194-214 155 C'est la date traditionnellc, que lon he a l'ordonnance generale de retour des bantus (lJG , Tad, etc). En ce scns Brun 1988, 255 sq. Quelle que sort la date rctcnue, II parait difficile de placer a cctte epoque lcs dccrets concernant Ie retour des bantus it Erythrees (lK, l-Erythrar.f O) En Ioncuon de la forme des lettres une date proche du rruheu du rv- s convicndrau nueux 35(, Welles, Brkerrnan , Heisscrer 1980, Hersserer & Hodot 1986, Worthmgton 1990, Labarre 1996,34
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dans cette ambiance de remise en ordre difficile apres les multiples retournements de situation qui ont lieu depuis 335 que I' on peut Ie mieux rendre compte du dossier complete recemment par un decret sur la Concorde 357. A. J. Heisserer et R. Hodot proposent de placer chronologiquement ce texte avant IG, XIl.2, 6 358 . Cependant par comparaison avec les exemples precites de Chios et d'Ephese 35') je serais tcnte de retenir un ordre inverse. Le principal argument presente par les editeurs du decret sur la Concorde est fonde sur Ie fonctionnement des institutions a Mytilene : la mention de la bolla au rnerne titre que Ie damos indiquerait pour eux que la democratic nest pas cornpletement assuree sur ses bases alors que les problernes institutionnels seraient resolus dans IG, XII.2, 6. II me semble que cest mal apprecier la nature du document dont I'objet me me est la Concorde, Celle-ci peut prendre plusieurs formes mais la tonalite du texte parait indiquer un accord politique entre bolla et damos qui expliquerait le nombre des mentions des deux instances. Cette demarche est devenue tout a fait banale a I' epoque imperiale et trouve un parallele exact sur une monnaie de Nicornedie dont la legende est BOYAH I1HMOI OMONOIA 360. L'inscription insiste fortement sur la conceptualisation de Yhomonoia 361 comme le montre la liste des dieux et allegories garants de l'accord : les Douze Dieux ; Zeus Heraios, Basileus, Homonoios (cree sans doute pour la circonstance) ; Homonoia ; Dike ; Epiteleia ton agathon 362. II me semble done que le scenario a pu etre Ie suivant : le retour des exiles et la restauration de la democratic, les litiges devant etre regles par une commission mixte cornposee de representants de ceux qui sont partis et de ceux qui sont testes. Mais ici, comme a Chios ou a Ephese, l'ordre nouveau ne s'est pas etabli sans mal. Une crise a eu lieu sous la prytanie de Ditas avec un emballement du processus d' epuration qui necessite un "recentrage" : les actions judiciaires mcnees dans la legalite doivent continuer a etre appliquees, a la difference des rnesures prises sans support legal pour lesquelles sont apparemment prevues des dispositions reparatoires. En d' autres termes les autorites mises en place ont ete debordees et nous sommes en presence d'une phase de reprise en main qui passe par I' affirmation de la cohesion des instances de la cite. Le document le plus interessant (et Ie plus ditficile ...) provient aussi de l'Ile de Lesbos. II s' agit du celebre dossier d' Eresos 363. Cet ensemble de textes dont la gravure remonte au plus tot au regne d' Antigone Ie Borgne est relatif a I' attitude que la cite doit avoir a I' egard de groupes de tyrans et de leurs fami lles. Tout le monde s' accorde a penser qu'il y a eu trois tyrannies successives, Mais a partir de la, les interpretations divergent. A. Heisserer sefforce de dernontrer, contre la plupart de ses devanciers 364, que le second des
Heisscrcr & Hodot 1996, 109-114 , lcs auteurs rapprochent aussi IG. XII 2, 8. m Hersserer & Hodot 1986, 121 sq. SUlvlS par Worthington 1990 et Labarre 1996, 32 m Mentionncs par Hcisscrcr & Bodot 1996, 121 n. 18 .160 Waddington et al., T, 95 , cf Debord 1998, 155 n 154 Sur la notion d' homonoia en general, Thcriaut 1996, sp. 19 sq pour l' inscnpuon de Mytilcnc .161 A litre de comparaison, de Romilly 1972, 199-209 362 Cf lc cornmentarre des editeurs p 113 363 IG, XII 2, 526 (OG/S, 8; Welles, sc. 2); Heissercr 1980,27-28; Bertrand 1992, n" 68; Labarre 1996, 327-332 (traducnon francarsc chez Bertrand ct Labarre). 364 SUIVI it quelques nuances pres par Labarre 1996, 25-31, qui argumente sur la presence de Parmeruon en Eohde (Drod 177.8-10) ct lc "parallele" d'Ephcsc (cf p. suivante) Les deux references se sont pas pleinemcnt adequatcs Bosworth 1988, 192-193 propose nne autre mtcrprctation selon laqnelle la tyrannic d' Agomppos et Eurysilaos aurait evince ccllc d'Hcrmon, Hcraios ct Apollodoros avec Iaval de Phihppc, lcs deux tyrans auraicnt ete dcfirutrvcmcnt cxpulses plus tard et juges. Cette reconsutution parait pen convamcante. .157
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episodes tyranniques (i.c. avant la premiere prise en main de I'Ile au nom d' Alexandre) est le fait de la famille des premiers tyrans, donc de ceux qui sont nommes commc sollicitant leur retour sous Alexandre puis Philippe Arrhidee. Notons d'ernblee que nous preferons, sur ce point, conserver la sequence proposee traditionnellement : I) les trois Ireres Hermon, Heraios et Apollodoros ; 2) Agonippos et Eurysilaos ; 3) puis de nouveau ces derniers. Notre point de depart pour l' analyse de ce dossier est un passage d'un texte litteraire, la harangue Sur le traite avec Alexandre, qui figure dans Ie corpus des oeuvres de Demosthene (17), lequel a fait I'objet dinterpretations diverses sans qu'on le considere dans son integralite (fond et tonalite). Du discours de I' orateur anonyme, il ressort qu' Athenes croit pouvoir disposer encore d'une certaine liberte de manoeuvre a regard du Macedonien, qu'elle possede une force navale non negligeable ce qui est aussi un atout politique (§ 20). 11 eut ete bien difficile d' employer ce ton apres Ie sac de Thebes et I' expedition en Asie ne saurait a fortiori avoir debute, Rappelons aussi que Ie scholiaste de Dernosthene 365 place ce discours dans I' annee d' accession au pouvoir d' Alexandre; il parait par consequent impossible de Ie dater autrement que Ie fait M. Croiset 366, c' est-a-dire en 336/335, dans la periode qui suit la premiere mise au pas des Grecs avec Ie renouvellement de la Ligue de Corinthe, "normalisation" qui per met d'irnposer le retour au pouvoir de la famille des tyrans de Messene. Voici ce que dit Ie § 7 : "Les partisans des tyrans arguerant du fait qu'avant les traites (npiv La:; 0uv8~Ka:;) les fils de Philiades etaient tyrans de Messene et que, en raison de cela, Alexandre les a reinstalles, Mais c' est un argument ridicule, Les tyrans de Lesbos, notamment ceux d' Antissa ct d'Eresos ont ete chasses, comme ayant un pouvoir illegitime, eux qui exercaient la tyrannie avant les traites (npo HOV 0lloAoytWV)". Apparente contradiction qui ferait qu' Alexandre aurait renverse la tyrannie a Lesbos en merne temps (au plus tard) qu'il rcstaurait celie de Messene en 336. Or la plupart des historiens n'envisagent pas qu'Alexandre ait pu intervenir, merne indirecternent, a Lesbos avant 334 367 . Comment sortir de cette aporie sinon en admettant : I) Que les traitcs dont il est question ici ne peuvent etre que l'acte constitutif de la Ligue de Corinthe de 338, fraichement rcnouvelee par Alexandre ; 2) Que ce dernier ne peut etre l' auteur de I'expulsion des tyrans d'Eresos consignee dans Ie texte, qui ne dit d' ailleurs rien de tel. Dans I' esprit de l' Athenien, Ie pere et Ie fils rnenent une merne politique pernicieuse. Polybe 368 indique clairement que les tyrans de Messene avaient d' emblee ete les allies de Philippe. Alexandre, qui est explicitement Ie restaurateur de la tyrannie ne fait que poursuivre la politiquc inauguree par son pere ; 3) Que dans ces conditions lintervention de Philippe (ou en son nom) est posterieure a 338, puisque Ie Ps-Demosthene fait reference a I' exercice de la tyrannie a Lesbos avant la creation de la Ligue. Elle doit preceder de peu la campagne de Parmenion, meme si elle ne s'inscrit pas dans ce meme mouvement. Dans cette hypothese la politique du fils restait la aussi identique a celie du pere. II est en effet probable Schol. Ps.vDcmosthene, Tratte Alex. p. 196 Drlts CUF, p. 162 La date de ee document Important a etc fort discutee, cf Thommassen 1984, 51, n. 9, apres Ehrenberg 1938, 19-22 , Atkinson 1980, 330-331 , Bosworth 1980a, 178-180 , Heisserer 1980, 59 On reduit partiellemcnt la difficulte en observant que lc texte ne du nullement de facon cxpresse qu'Alexandre a expulse les tyrans de Lesbos. 367 Cf par ex Heisserer 1980, 70-71 36S Polybe 184 365
",6
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que la premiere sarsre de l'Ile par Alexandre a eu lieu en 334 par I'entremise d' Alkimachos 369. Au lendemain de I'echec de Parrnenion il est assez vraisemblable que I'Ile est retornbee aux mains des partisans de la Perse et done des amis de Mernnon, tout comme Ephese. Les tyrans se refugicnt deux-memes aupres du Rhodien avant d'etre reinstalles par ce dernier au cours de sa contre-attaquc et enfin evinces par Hegelochos, C' est probablemcnt au cours de leur deuxierne exercice de la tyrannie que les deux freres 370 Agonippos et Eurysilaos, qui tenaient selon toute apparence les deux cites d'Eresos et Antissa, ont detruit les autels de Zeus Philippios eriges dans les deux villes 371. C' est Alexandre et non Philippe qui les a fait elever 372 : il y a au moins deux raisons a cela. D'une part un culte de Zeus Philippios me parait tres improbable du vivant de Philippe et, de ce point de vue, Ie parallele d' Ephese n' est pas recevable dans la mesure ou les Ephesiens erigent une statue de Philippe. On sait par Pausanias que cette pratique avait de nombreux antecedents, d' autre part on comprendrait mal que les tyrans aient laisse subsister un tel temoignage apres la premiere eviction des Macedoniens, On observera que la reinterpretation de deux hektai de Mytilene 373 fournit un parallele tout a fait eclairant. Sur l'une d'elle apparait a l'avers un Zeus de facture tres comparable a celui de certaines series emises en Maccdoine sous Philippe IT. II me parait tres tentant d'y voir un Zeus Philippios 374, au revers un Herakles imberbe. Alexandre se pose done d' abord en successeur de son perc divinise. C' est a cette me me epoque que doit appartenir Ie monnayage precite de Cyzique et celui de Lampsaque apres Ie ralliement rapide de cette derniere 375. C' est done leur seconde tyrannie qui est marquee par un serieux durcissement : rendus furieux par leur eviction, ils exercent de vives represailles contre la population dans son ensemble et pas seulement contre la faction democratique qui avait tres probablernent accede au pouvoir avec l'arrivee d' Alexandre en Asie, Ils reconstruisent la citadellc de l' acropole, extorquent vingt mille stateres aux citoyens, s' en prennent aux Hellenes 376, abattent les autels de Zeus Philippios, declarent la guerre a Alexandre et aux Hellenes, desarment et expulsent les citoyens, enferment leurs families dans l'acropole ; sernparcnt encore grace aces otages de trois mille deux cents (ou deux mille trois cents) stateres, avec l'aide des "pirates", pillent la cite et les temples et y mettent Ie feu, provoquant la mort de plusieurs citoyens. Enfin Ie seul Agonippos est accuse d' avoir calornnie lcs Eresiens aupres d' Alexandre. On sait que ces tyrans furent captures sans doute par Hegelochos et remis sur ordre d' Alexandre aux Eresiens pour etre juges 377. Supra p 436. no Supra p. 410 , Berve en fait deux freres, avec quclquc vraisemblance Hersserer 1980,72.
](,9
m Contra Heisserer 1980,66-68, suivant Pistorius 1913, 12, cf. aussi Habicht 1970, 14-16 m Infra p. 484 (PI. Xl, 16-17) ]74 Cf les conciusrons de Karser-Rarss 1984, 27-53 it propos de Cyzique qUI y VOlt un "portrait" de
Phihppe (mfra p. 484). 375 Gulbenkian 691-692 376 [TOl}; "EAACXVlXS EACXli;E1[OJ, la formule est vague mars il convient de penser qu'Eresos avan adhere it la Lrguc de Connthe On rapprochera plus 10m dans Ie texte ITO),F,UOV E~£[vIK]al-l£VOS rrpos 'AA£~(XVOPOV Kcx1101S "E),AlXVlXS Infra p. 472. 377 Selon Qumte Curce 4.9.11, cest de Samane qu' Alexandre decide de renvoyer lcs tyrans pour y eire jugcs. II precise que, parmi d' autres, Anstorukos et Ersrlaos, tyrans de Methyrnna, furcnt juges, tortures, executes Le second nom est sans doute du it une erreur de Qumte Curcc . Ersilaos est trcs certamcment Eurysrlaos, tyran d'Eresos, lUI aussi execute aprcs jugernent par scs concrtoyens
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Ils furent condarnnes a mort a la quasi unanimite : seulement sept citoyens sur huit cent quatre-vingt trois se prononcerent pour l'acquittement 378. La vindicte populaire poursuivit comme il etait de regie les descendants de tous les tyrans. Sous Ie meme regne, on interdit le retour d'exil des descendants d'Herrnon et d'Heraios et Apollodoros 379 et on confirma la confiscation de leurs biens. 11 parait probable que ces derniers entendaient profiter en 324 de I'ordonnance generale de retour des bannis, rnais ils n'obtinrent pas gain de cause. La situation de Samos est un cas particulier t''''. Cela est vrai en fait depuis 365, c'esta-dire a partir de la saisie de l'Ile par les Atheniens et l'installation d'une clerouquie 381. Contrairement it ce qui a ete parfois assure, Ie silence des sources litteraires n' est pas fortuit 382 : il semble bien qu'a I'exception d'un coup de main rendu necessaire par les circonstances 383 les deux adversaires aient menage la position athenienne, Ccla permet en ces temps troubles, aux clerouques de mener une existence paisiblc ; ce que paraissent bien attester les documents epigraphiques. Par trois fois des theories apportent des couronnes d'or it Delphes, entre 334/3 et 32817 384. Comme Ie note G. Shipley, ces consecrations sont bien plutot I'affirrnation d'une prosperite de la comrnunaute que la marque d'une quelconque inquietude : la neutralite de fait de l'Ile permet d' accroitre sa richesse. L' attachernent it Athenes est concretise par des offrandes de couronnes ernanant des colons et que I'on retrouve dans les inventaires des biens sacres de la metropole 385. On nc sait si la presence d'une garnison athenienne sur l'ile etait permanente. Des documents epigraphiques, malheureusemcnt mal conserves, nous apprennent I' existence successive de plusieurs strateges pour Samos. L'un dentre eux [Di]philos Aixoneus pourrait etre une aide precieuse pour la datation des premiers decrets du corpus de Priene, cependant lidentification et la chronologie reposent sur une reconstruction seduisante (mais non assuree) des textes 386. 11 recoit le droit de cite a Priene dans des circonstances qui ne sont pas connues. G. Shipley 387 conjecture que cela pourrait avoir un rapport avec la recuperation de la Baitinetide par les Prieniens. C' est seulernent en 324, avec l' ordonnance de retour de tous les bannis, que le cas des Samiens est pris en compte par Alexandre 388 it la demande expresse de Gorges, membrc influent de l'entourage royal 389. En effet, cornme le pcnse m Cf. Debord 1984,211 n 66
st» Supra p 469 xso Shipley 1987, 159 3S I
Supra p 292.
m Supra p 457 ct n 261. 3~3
Supra p. 445 Cf en dcrrucr lieu, Bousquet 1959, 152-155 , deux des trois documents dans Sy1l3, 276, Ies trOIS, SEC, 18, 1962,200-202 m Deux au moms sont connues,l'une en 354/353 (IC, 112,1437), lautre en 346/345 (Ihld.. 1443) Notons quen eette meme annee les clerouqucs dressent un mveruaire des biens sacrcs reunis dans I' Hcraion (MIchel, 832 ; Oh1y 1953,25-50) ; sur cet mventatre, Debord 1982,219. 3H6 Rapprochement de J. Prtene, 5, 1. 18 et IC, IJ2, 1628a, 1. 120 ; cf Cargrll 1995, 142 ct n° 398 , Hallof & Habicht 1995, 302 n 70 ("kurz vor 326/5") ; en revanche Crowther 1996, 197 n. 9 doute de la resutuuon rctcnue pour l'tnscrtpuon atheruenne ct observe que l' on connait d' autres strateucs pour Samos. Cf Kroll & MItchel 1980, 91 sq. 3~7 Shipley 1987, 160 sss Shipley 1987, 165 Ou en 323') Cf Cargill 1995,40-41, avec brbhographie : en derruer heu Hallof & Habicht 1996, 397-405 ,S9 Cf Heisserer 1980, 182 , supra p. 448 3S~
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R. M. Errington 390, il a fallu une decision speciale concernant lc cas particulier de Samos 391. Encore convient-il de remarquer que les Samiens devront attendre au moins 322 pour pouvoir effectivement rentrer dans I'rle. Une tentative manquee de retour a lieu en 323. Elle vaut a ses auteurs d' etre arretes, conduits a Athenes et condamnes a mort; leur execution etant evitee de justesse 392. II parait plausible de lier a cette operation Ie dec ret honorifique pour Nausinicos de Sestos loue pour avoir fourni deux navires de guerre aux exiles qui se trouvaient a Anaia 393. La bourgade la plus importante de I' ancienne peree a servi de lieu de concentration des Samiens en attendant leur retour dans leur lie. II est meme assez probable que certains se sont etablis Ia avec la benediction des Perses des 411 et encore en 365 394. Notons a ce propos I'importance, quantitative et qualitative, de la "diaspora" samienne. Le nombre des decrets honorifiques et la dispersion geographique des beneficiaires attestent de l'etendue du secteur ou sexilent les Samiens, mais aussi du fait qu'Ils surent sattirer la bienveillance de nombre de gens infiuents dans leur cites au ailleurs (Gorgos et Minnion d'Jasos ne sont qu'un exemple parmi d' autres) 395. Dans cette nouvelle tourmente, essayons d'apprecier ce qu'a pu etre la situation des populations locales, quelle qu'en soit I'origine ethnique. Comme bon nombre de ses devanciers (Agesilas, Philippe, etc.) lobjectif que sassignait officiellement Alexandre etait la Iiberte des Grecs. On sait que de profondes divergences d' appreciations 396 existent sur Ie point de savoir quelles consequences pratiques a eu une telle proclamation. Question connexe, existe-t-il une difference de traitement entre les cites insulaires et les cites continentales? Certains modernes ont cherche a mettre en exergue les differences en aftirmant que les premieres faisaient partie de la Ligue de Corinthe, les autres non. II est difficile de tenir une position manicheenne. Certaines cites insulaires sont a coup sur membres de la Ligue (peut-etre rneme des le regne de Philippe pour certaines dentre elles), c' est Ie cas de Tenedos, de Chios, de tout ou partie des cites de Lesbos 397. Mais c' est la la totalite de La liste : Cos et Rhodes sont restees tardivement dans la mouvance perse, Samos etant, nous I' avons note, un cas particulier. Or nous constatons que si le besoin s' en fait sentir - que la cite ait prealablement appartenu a la Ligue au non - le Macedonien ou ses officiers installent des garnisons : ainsi a Mytilene, a Chios aussi bien qu'a Rhodes. On peut arguer du fait que les objectifs etaient d' ordre strategique et les garnisons placees avec
Ernngton 1975, 53 sq Cornrnc note CargJlI 1995,41-42, I'uuthcnucue (ou la date) de Plut., Alex., 281 a ete discutee II convrent de s'rnterroger ausst sur le sens . Alexandre accepte-t-il ou non le "don" de Samos aux Atherucns par cclui qu'OI1 appelle son perc') (comment tradurre EXEtE')) 192 Reconstruction diffcrcnte de celie de Shipley 1987, 165 m Tel que ce document, pubhc par Habicht 1957, 164 sq n" 2, a ete remterprete par Badian 1976,289294 , cf aussi Fantasia 1986, 115 394 Supra p. 269 395 Shipley 1987, 161-164, fourmt, apres Habicht 1957, une hstc des tcmoignagcs conserves grace aux mscnpuons hononfiques samiennes. 396 Par exemple entre Tarn 1948 ct Bikerman 1934 397 On dcduit de Ps.Tiemosthene, Tratte Alex, 7 I' Idee qu' Annssa et Eresos etaient certamement membres de la Lrguc, cf, supra p 410 ; Ie fait est moms assure pour Myulcnc, en tout cas si I'on accorde quclque valeur it la difference de formulauon, rclcvee supra p 458 et 459, par Amen des exigences de Pharnabaze it l'egard de Myulenc et de Tcnedos. Dans un cas destruction des steles relatives aux accords avec Alexandre; dans I' autre avec Alexandre et les Hellenes l'JO
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laccord de la population ou, a tout le moins, ala demande de la faction philo-rnacedonienne nouvellement installee au pouvoir. Le cas de Chios invite a poser la question en termes differents ; la garnison est mise en place (aux frais de la cite) et le restera tant que les problernes internes ne seront pas regles. On peut sans peine conelure que celle-ci constitue un puissant moyen de pression dans le sens des interets d' Alexandre et de ses partisans. On sait aussi que la situation faite a Rhodes etait identique et que les deux cites conjuguent leurs efforts pour obtenir Ie plus rapidement possible le depart de leurs phrouroi. Entre 340 et 323, plus encore que les cites continentales, les insulaires changent plusieurs fois d' obedience et cela ne fait qu'exacerber les passions et les exactions. Nous sommes assez mal renseignes sur ces convulsions, sauf dans Ie cas d'Eresos ou il semble bien que la tyrannie d' Agonippos et Eurysilaos se soit radicalisee entre le moment ou elle s'est installee pour la premiere fois et celui ou Memnon la remit au pouvoir apres leur eviction. Les luttes de faction sont une plaie commune des cites du lye S., mais il est evident quelles trouvent un aliment sans cesse renouvele dans les conflits qui opposent les grandes puissances. En ce qui concerne les cites asiatiques, beaucoup d'encre a ete consacree a la question de savoir si elles ont adhere a la Ligue de Corinthe apres leur "liberation". Apres d' autres, E. Badian 39g conelut a leur appartenance..Son argumentation repose sur des bases qui peuvent paraitre fragiles : il s' appuie essentiellement sur la convergence entre la fonction qu'if attribue a Philoxenos, celie de collecteur des syntaxeis des cites grecques de l'Ionie, et la mention dans l. Priene, 1 de I'exemption de la syntaxis octroyee aux Prieniens, II fait valoir que I) le terme syntaxis a ete substitue par les Atheniens a phoros dans le cadre de la ligue du lye S. ; 2) Philippe a reproduit les institutions de cette ligue pour revivifier celie de Corinthe. Cette demonstration appelle un certain nombre de commentaires. La lettre de Priene distingue sans ambiguite possible syntaxis et phoros : les citoyens de Priene sont exernptes des syntaxeis alors que les habitants des komai appartiennent au roi et sont a ce titre redevables du phoros 399. Peut-on pour autant identifier un personnage qui serait responsable de la collecte des impots des seules cites grecques? Il faut beaucoup forcer le texte d' Arrien, qui denornme Philoxenos collecteur des impots de ce cote du Taurus 400, pour attribuer a ce dernier une fonction exelusivement tournee vers l'Tonie et les cites grecques. La distinction fondamentale est a operer entre ceux qui paient et ceux qui sont exempts : a<jlOpoAOy11'rOl. Si I'on revient a l'inscription de Priene precitee, il faut bien voir quelles en sont les implications. E. Badian a raison de faire reference a Athenes pour la syntaxis, mais on est en droit de s'interroger sur ce que signifie l'emploi de ce terme. Dans la phraseologie diplomatique, qui sied aux rapports entre le Macedonien et une cite grecque, il est plus "politique" d' employer un terme evoquant une alliance ou les cites contribuaient volontairement alors que le phoros, qui avait Iaisse un souvenir odieux, convenait bien aux populations autochtones "esclaves" du grand Roi. Rappelons a cette occasion Ies liens existants entre Athenes et Priene, qui ont conduit certains modernes a imaginer que la refondation de Priene etait le fait des Atheniens 401. Constatons tout aussitot qu'il y a eu 39S Badran 1966, S9 , SUlVI sur ce point par Heisscrer J 980, 167 Cf Ic POIntde vue tres critique de Hrggins 1980,135-139 399 Supra p. 440 400 Supra p 160 401 En sappuyant sur I Priene, S et 6 ct Jes conclusions de l'cducur Hiller von Gaertnngen , cf. Hornblower 1982. 324-325
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devoiement du modele en ce sens que la possibilite dexemption que s'octroie Alexandre implique que la "Iiberte" que supposait la syntaxis est devenuc entierement fictive, puisque tout depend en dcrnier ressort de la decision royale. Le voeabulaire reste Ie me me entre Ie moment ou Alexandre reprend Ie controle de la Grece et celui ou il conquiert I' Asie ; un certain nombre de paralleles ont etc mis en evidence par A. J. Hcisscrcr. Par exemple Ps.Dernosthene, Sur le traite avec Alexandre, 8 402 : £A£u8l£poue; dvcn Kat a1.novo/-loue; "Coue; "EAATlVae; est a rapprocher de la formule identique appliquee ala seule cite de Priene dans 1. Priene, 1. Pour que Ie discours ideologique soit complet, il doit cornprendre, outre la Iiberte et I' autonomic, un troisierne volet qui est I' exemption fiscale ; la encore, les paralleles s'imposent, I'inscription d'Erythrees 403 repond a ce qu'avaient obtenu les Atheniens, a1.novo/-loue; dvcn Kat a<popoAoY~"COUe; 404 encore exactement lcs memes termcs employes par Diodore pour decrire ce qu' Alexandre concede aux cites grecques au cours de sa descente vers Halicarnasse 405. Est-ce a dire que Ie cadre politique etait necessairernent reste Ie merne? II n' est certes pas question de nier I' evidence, c' est-a-dire la continuation de la Ligue des Hellenes. On rappellera par exemple Ie passage d'Arrien 406 OU I'on voit Alexandre, au retour d'une expedition contre les Mardes, reglcr differemrnent Ie sort darnbassadeurs grecs aupres du Grand Roi 407,arretant les Lacedernoniens et I' Athenien, mais laissant libres les Sinopeens, sujets du Roi et qui ne sont pas membres de la Ligue (probablement la meme raison pour un sort identique fait a l'ambassadeur de Chalcedoine). Alexandre joue des distinctions avec une bonne foi toute relative puisqu'il ne semble pas que les Lacedemoniens aient jamais adhere (de gre ou de force) ala Ligue des Hellenes. II me parait assez tentant de penser que celle-ci est devenue une entite de plus en plus theorique, autrement dit une reference it laquelle on redonne vie si necessaire, La creation de la Ligue avait correspondu du point de vue macedonien a un besoin, a une cpoque : elle etait un moyen de "fideliser" les cites grecques et de les associer au grand dessein oriental. Mais il y aurait quelque paradoxe a penser qu' Alexandre a continue a vivifier cette institution en lui adjoignant effectivernent les cites asiatiques, dans Ie meme moment ou Ie licenciement de la flotte pouvait etre ressenti comme un geste de defiance a I' egard de ses allies grecs. Observons que la question devient obsolete a partir du moment ou la victoire se dessine nettement en faveur de I' Argeade 408. Apres Gaugameles en 331, "11 ccrivit que toutes les tyrannies avaient ete eradiquees et que partout les Grecs vivaient en eitoyens autonomes" 409. Nous sommes la en presence d'un bien curieux retour a ce leitmotiv qui a etc si sou vent repris depuis Ie yo s. On peut y voir une sorte de reponse a la Paix du Roi de 387 ou lcs cites d' Asie Mineure etaient exclues des garanties accordees ou imposees aux autres, mais en fait il s'agit de marquer que les cites nappartiennent plus aux Perses. De surcroit Ie concept Cf. aUSSl Scholle it Dernosthcnc, Cour., 89. IK, l-Erythrar, 31 ; supra p 437 404 Est-on Sl sur que, conforrnemcnt it I'opuuon generalement adrmse, tclle ctart lc cas de toutes Ics crtcs de la Grccc d' Europe 0 40S Diod 17.24 I , supra p. 446. 406 Amen, An , 3.24 3 407 De meme pour lcs rncrcenaires engages par Ic Grand ROi avant la pal X ct I' alliance lOS Goukowsky 1983,236, suggere que ce changement datntude it legard des cites grecques a heu it partir de 330 lOY Plut .Alex , 342 . cf RULIcka 1996, 128 sq 402
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d'autonomie a considerablernent evolue, Nous verrons plus loin qu'avec l'ordonnance sur le retour des bannis de 324, elle est largement mise a mal, au nom des principes, puisqu' Alexandre intervient directement dans les affaires interieures des poleis. Dans ces conditions, la relation individuelle dalliance avec le roi devient l'elerncnt determinant. On rappellera que l' atelier rnonetaire de Milet frappe des Ciu~~cxx{8m 8pcxX~CX{ 410, sans aucun doute des drachmes a I'effigie d'Alexandre (pour?, au nom de", avec I'accord du roi?). II est possible qu'il y ait cu un autre niveau a l'organisation des rapports. Je serais en effet assez enclin a suivre H. Gallet de Santerre 41 J lorsqu'il soutient l'hypothese selon laquelle Alexandre s'est appuye en Asie Mineure sur les koina. II suggere qu' Alexandre a revivifie la ligue autour du Panionion, mais il ne peut guere fournir que des indices comme par exemple la celebration d'Alexandreia sur le territoire de Teos 412 ; ainsi qu'une confederation des cites de Troade dont il situe le remodel age avant Antigone, autour de I' Athena d'Ilion ; enfin il sefforce daccrediter l'existence d'une confederation eolienne, II argumente en particulier autour de deux series de monnaies, I'une d' argent (tete d' Athena, casque corinthien, que Fr. lmhoof Blumer pense avoir ete imitee du monnayage d' or d' Alexandre), l'autre de bronze (tete d'Hera") ; les deux portant au revers la Iegende AlGAE. A la suite du numismate allemand 413 une veritable vulgate s' est imposee pour interpreter ces pieces comme ayant ete ernises par un koinon de Lesbos entre 330 et 280, le lieu de frappe propose etant Methyrnna 414. L. Robert 415 fait valoir que depuis H. Pistorius 416 existait une hypothese alternative plus coherente : une confederation liant les villes eoliennes ala fois de l'Ile et du continent, pourquoi en cffet employer pour Lesbos seule la Iegende AlGAE? II fait observer que les lieu x attestes de decouverte de ces monnaies sont Assos et Kebren et que les trouvailles les plus recentes nous ramenent a Ia Troade et a l'Eolide 417. II conclut donc a l' existence d'un koinon des Eoliens 41R mais s'interroge 419 sur les relations existant entre Ie koinon et la confederation reunie autour de l' Athena d'Ilion. II souligne que rien n'indique que ces entites se soient succedees et il me parait que cette question delicate doit etre traitee en parallele avec le "doublon" apparent que representent le koinon des Cariens et I' ethnos des Chrysaoriens. La mention d' Antigone, dont on sait qu'il a ete un successeur fidele aux idees d' Alexandre en particulier pour les themes de la Iiberte et de I' autonomie des cites 420, invite it prendre en consideration le point de vue d' H. Gallet de Santerre 421, dont je me
410 Robert 1959,668 sq cornptc-rcndu de J Dtdyma it propos des n" 434-437, cf. Deppcrt-Lippuz 1984, 63-64. FauHI attnbuer Ie debut de ce monnayage a la penode de dornmatron d'Anugone ou en remonter eneore la date') 411 Gallet de Santerre 1947-1948, 305-306. 412 Str 14131 , infra p 477 411 Mars Robert 1951, sp 93 sq, montre combicn son POInt de vue a ete schematise. 414 Cf par ex Wroth, BMC Troas, Introduction, Head 1911, 559 , SNG Cop 331-335 et von /sulock 1732, malgre lc hvre de Robert prccitc, connu de l' auteur de la notice 415 Robert 1951,92-100 410 Pistonus 1913, 125 417 Robert 1966,95 sq 418 Cf supra pIn 419 Robert 1951,97 sq 4211 Supra propos de Pncne 421 Cette pohtique en dirccuon des k.otna sc poursuit l'cpoquc hellcrustrque, ef par ex la lettre d'Eumenc II au kotnon des Iorucns. Welles, RC, 56 , ou encore Ie kotnon des Mysiens, Debord 1985. 349
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dernarquerai cependant sur un point: cette politique ne constitue en aucun cas une rupture par rapport a la situation anterieure sous l'Empire perse v". Comme la plupart des commentateurs de bonne foi I' ont note, l' attitude d' Alexandre a l'egard des cites, mais aussi la relation reciproque a beaucoup varie. 11 faut d'ernblee souligner que Ia litterature antique fausse sensiblement les perspectives dans la mesure ou il y a de la part d' Arrien et de Diodore, mais sans aucun doute deja aussi de leurs sources, reinterpretation de la premiere partie de la campagne a la lumiere des evenernents ulterieurs, En dautres termes, pour ce qui concerne Ia partie rnicrasiatique de la campagne, Alexandre n' a pas etc considere differemrnent de ses predecesseurs atheniens ou surtout spartiates : l' accueil recu est tres varie et il doit etre tenu compte des situations locales particulieres, Ainsi l'attitude opposee d' Abydos et de Lampsaque s'explique largement par la rivalite de toujours entre ces deux cites. De merne on ne saurait affirmer que celie des Milesiens au debut du siege 423 ternoignait d' une particuliere reverence a l' egard du Macedonien : il s' agit, en un moment incertain, de sauvegarder au mieux les interets de la cite en recherchant une neutralite de ville ouverte. Comme le note W. Heckel 424 I' accueil parfois reserve des Grecs et des populations autochtones s' explique aussi par le fait quils trouvaient leur interet a la domination perse, cela est particulierement vrai pour les oligarchies. Par consequent interpreter les ordres donnes par Alexandre a Alkimachos d' etablir la democratic dans les cites d'Eolide et les efforts d'Hegelochos et Amphoteros pour eradiquer les tyrans des 'iles cornme un acte desinteresse ne rend certainement pas compte des realites, De plus ce mot d'ordre fut rapidement tempere voire oublie, On constate en effet qu'une fois la victoire acquise, les cites prafitent de I' occasion qui leur est offerte pour tenter de rcgler a leur avantage certaines affaires en suspens, particulierement des con flits territoriaux. Cornme dans Ies Iles 425, la faction democratique s' assure le pouvoir, et a 1'instigation d' Alexandre lui-rnerne F", Ie changement sopere imrnediatement. Cependant les consequences sont telles que Ie roi est amene assez vite a "calmer le jeu", On se demandera dailleurs si cela correspond a la volonte sincere de retablir la paix civile que des proces sans fin auraient irrernediablement compromise ou bien si, la conquete devenant plus assuree, le roi avait en quelque sorte "recentre" le systerne politique qu'il souhaitait voir adopter par les cites grecques. Revenons un instant a I' attitude qu' Alexandre a adopte a!' egard de ces dermeres. Dans ce domaine il n'y a pas eu, malgre W. W. Tarn 427, d'attitude systematique mais bien plutot des reactions empiriques tenant compte des cas particuliers mais aussi de l' etat davancement des operations militaires, des irnperatifs de propagande ou, de Iacon encore plus prosaique, des necessites financieres, Il y a done garnison (Side) lorsque cela est juge necessaire, exaction d'un tribut (Aspendos, Soloi) avec merne, si I'on suit E. Badian 428, une veritable organisation pour la collecte des syntaxeis. Comme Ie montre I' exemple de Sardes,
m Supra p 176. 423 Supra p 445. 424 Heckel 1997, 194 425 On pensera particnherement au dec ret sur la concorde de Myttlene, Heisserer & Hodot 1986, 109, I. 2-3 "Que les citoyens VI vent dans la cite en democraue pour toujours" 426 Arrien, An, 1 182, supra p 446. m Tarn 1948, 199-227 428 Badian 1966,56 sq.
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I'evolution de la Parnphylie-Pisidie ou de la Carie, la distinction entre communautes grecques et non-grecques devient plus delicate a operer et Iorsque ces dernieres ne se sont pas opposees a lui, Ie Macedonien les traite a peu pres sur le merne pied que les cites grecques accelerant ainsi un processus evolutif deja en cours. En 324, Ia proclamation de Nicanor a Olyrnpie comporte deux volets : Alexandre exige que les cites lui decernent des honneurs divins 429 et ordonne le retour des bannis 430 dans leur cite d' origine. Si une telle mesure etait propre a susciter l' enthousiasme des exiles, il n' en allait pas de merne des pouvoirs en place dans les cites. Athenes pouvait par exemple craindre Ie pire a propos de Samos. En Anatolie 431, les consequences de l' ordonnance ne sont pas toujours faciIes a apprecier, la marge de manoeuvre des poleis est des plus minces et il est significatif que I'un des seuls cas connus soit celui d'Heraclee pontique 432 alors gouvernee par Ie tyran Denys. Ce dernier est manifestement menage par Alexandre (il faut rappelcr que celui-ci ne controle pas vraiment les regions septentrionales), mais les bannis s' appuyant probablement sur I' ordre general demandent a rentrer. Denys obtient gain de cause grace a l'intervention de Cleopatre, la soeur du roi 433. Concernant l'autre objet de la proclamation dOlyrnpie, ses consequences tangibles sont rnalaisees a quantifier 434. Un Alexandreion a Priene 435 est interprete comme un sanctuaire par l'editeur mais D. Magie 4,6 pense plutot a un gymnase ou a une stoa. L' existence d'un gymnase Philippeion a HaIicarnasse 437 plaiderait plutot en ce sens rnais cela suppose malgre tout une dimension cultuelle non negligeable. On rapprochera la statue du dieu Alexandre consacree dans le gymnase par la cite de Bargylia 43R. Le koinon des Ioniens organisait des Alexandreia dans un bois sacre situe sur Ie territoire de Tees 439. On rappellera que Priene avait un role rnoteur dans cette instance. II faut signaler aussi l'existence d'un culte d' Alexandre a Erythrees dont Ie sacerdoce etait mis en vente parmi tous ceux de la cite 440 au debut de I'epoque hellenistique. Un sacerdoce du dieu Alexandre existe encore au IIIe s. p.e. 441. II faut done distinguer un culte civique, dont il est 429 Contra Gcrnct & Boulanger 1932, 474 Drod. 18.8.4 nc parle que des banrus, Ie reste se dedutt du dossier atherucn et des reactions des chefs POhtIqUCS dans la cite 4JO Badian 1961,25-31, Bosworth 1988,220-228. 431 Supra p. 466 pour les CItes msulaires 432 Sur la situatron dHeraclee ce moment notre source pnncipale est Memnon ; cf aussi :'\Jymphls d'Hcraclce. rc-n.«, 432; IC, IF, 360, 1. 30 sq. 433 Memnon, tcnt.«, 434, F 1,4.1 (supra p 455). 114 Sur Ie eulte dAlexandre dans Ics cites dAsre Mmeure et Rhodes, Habicht 1970, 17-28 Voir aUSSI Robert 1929, 148 sq pour J'Ioruc. 13' 1 Priene, 108,75 , cf Heisserer 1980, 165 n 34 436 Magie 1950, 893 m MIChel, 456 , voir Migeotte 1984, n" 10 I sq. , 1992, n° 77 Faut-rl penscr a Phihppc II ou plurot a Phrhppe lIP 43S GCIS.3 439 Str. 14 1.31 II est question d' Alexandrcta au tout debut de I'rnscnpuon 1. Magnesia. 16 et aussi dans Ie decret des Ioruens pour Antiochos In trouve a Clazomenes (I K, 2-Erythrar, 504, 1. 25). Sur les Alexandreia a Rhodes mcntionnes dans Ltndos, 197 f 6, cf La discussion de Habicht 1970, 26-28. On se demandera dans quelle mesure Ie lien entre Alexandre et Dionysos (e.g. Lindos, 223) ne precede pas des relations pnvrlegiees de Rhodes avec I'Egypte ou sc developpe Ie my the d' Alexandre Neos Dtonysos (ef. sur l'Egypte Goukowsky 1981, 79-83) 4411 1K, 2-Eryrhrai, 20 I 441 IK. l-Erythrar, 64 , un sacerdoec d'Alexandre a Ephese, IK, 13-Ephesos, 719 Nous avons note plus haut que Ics Ephesiens avaient consacre dans l' Artermsion un portrait pcint par Apelle
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probablernent fait mention dans le ealendrier des cultes hellenistiques 442 et la participation des Erythreens aux Alexandreia du koinon 443. Par ailleurs, Ilion donne le nom d'Alexandre it I'une de ses tribus 444. En revanche il est legitime de se demander dans quelle mesure l'histoirc suivante relevc ou non du "Roman d' Alexandre". Notre guide est Callisthene, auteur du recit qui nous a ete transmis par Strabon 445. Apres la defaite de Salamine Xerxes s'etait venge en detruisant les temples d'Ionie it I'exception de celui d' Artemis Ephesia. Coracle de Didymes eta it reste muet et la source sacree setait tarie. La liberation de Milet par Alexandre produit un effet miraculeux : l' oracle renait et les Milesiens peuvent annonccr it Alexandre alors it Memphis qu'il est bien le fils de Zeus et que son avenir s' ann once sous les meilleures auspices. La suite est plus ctonnante, Selon Callisthene Ia dynastie sacerdotale des Branchides n' a pas ete deportee par les Perses mais a suivi volontairement Xerxes apres avoir pille elle-rncmc le sanetuaire. C' est la raison pour laquelle Alexandre donne I' ordre de massacrer leurs descendants etablis en Baetriane. II n'y a pas lieu de refuser l'historicite de I'cxaction, en revanche le sens profond de I'acte est moins evident. Callisthene, lc thuriferaire officiel de l'expedition (avant son inexplicable revirement et sa mort en 327) loue Alexandre d'avoir venge les Ioniens et de manifester ainsi son philhellenisme, nest peut-etre possible de placer dans ce contexte de renaissance du sanctuaire de Didymes Ie rare monnayage d'hernidrachmes presentant it I'avers une tete d' Apollon de trois-quarts face, et sur Ie revers le lion milesien it gauche regardant derriere lui avec la legende Ef ll!L)YMQN IEPH 446 sans qu' on puisse preciser le contexte historique ou politique precis de cette emission. On ne saurait dire que lie aurait ete I'evolution it I'interieur d'un empire unifie durablement. Relevons simplement comme une prefiguration du futur Ie fait que les cites paraissent avoir un "poids" lie it linfluence de tel de leurs concitoyens bien en cours auprcs du roi (cf. par exemple Gorges et Minnion d' Iasos, dont I' action permet de recouvrer un territoire dispute). Comme le note fort justement E. Badian 447, les cites - pas plus celles d'Europe que cclles d' Asie - ou les communautes assirnilees ne sent nullement partie prenante, ni merne I' enjcu, de la grande reunion de Babylone 44k qui suit la mort d' Alexandre. La difference entre Europe et Asie reside dans le fait que les unes croient pouvoir encore etre maitresses de leur sort alors que les autres sont trop integrees dans le systeme pour simplement tenter de resister. En ce sens comme dans beaucoup dautres dornaines, il n'y a done guere de changement par rapport a la pcriode qui precede. La conquete macedoniennc na par consequent fait qu'acccntucr un mouvement deja largement amerce.
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IK, 2-Erythrat, 207, I 90 IK, l-Erythrar, g7 et g9 (resutution probable)
I K. 3-Ilion, 122 Calhsthene, FGrHlst, 124. F 14, Str. 17.1.43, recit un peu different chez Qumte Curce 75 2R , sur tout ce passage Parke 1995a, 59-6g; 1985h, 36-42, qUI rcucnt lhrstoncne de levcncmcnt. '·16 BMC Ion", 51 p. 1g9 et pI XXI, 8, dale Iii des envrrons de 350 , K1I1ns 1996, 237, propose pour sa part c 330("). 447 Badian 1964. 61 44S Supra p 15g 444 445
APPENDlCE 5
ALEXANDRE ET LES MONNA YAGES "PERSES"
On connait depuis longtemps des series monetaires emises au nom d' Alexandre en Asie Mineure. M. Thompson 1 isole six et pcut-etre sept ateliers qui frappent I'or en Asie Mineure occidentale: Lampsaque, Abydos, Sardes, Colophon, Magnesie, Milet et Tcos ; les memes et d' autres encore, e.g. Mylasa 2, frappent argent et bronze 3. L'enonce de cette liste n' a rien qui doive surprendre, les ateliers nomrnes produisent en etlet a I' epoque precedente des monnaies civiques, satrapales ou royales. Scion M. Thompson, I'essentiel du monnayage d'or royal des annees 330-300 est frappe en Asie Mineure. On rappellera I'importance de I' atelier de Lampsaque 4, qui utilise au mains cent coins de droit; mais avant 325 ces monnaies sont presque exclusivement frappees a Sardes (en faible quantite a Magnesie) 5. Elles sont tres standardisees : les stateres d'or au leur divisions presentent invariablement a I' avers une Athena au casque corinthien a droite ; au revers Nike de troisquarts face agauche tenant une couronne dans sa main droite ; legende AAE:::ANi1POY. Les drachmes et tctradrachmes dargent ont a l'avers Herakles-Alexandre a droite avec Ia leonte ; au revers, Zeus sur son trone, de trois-quarts face a gauche, Ie sceptre dans la main gauche, l'aigle sur lc bras droit tendu. Elles se distinguent done essentiellement par les marques de controle (ideogramme et/ou monogramme) propres a chaque cite. II convient encore de rappeler qu'une tres large part de ces emissions a eu lieu apres la mort du roi ; cest vrai aussi pour I'argcnt. II y a quelques exceptions, en particulier les series de Sardes qui portent comme marque de controle une tete de "Mithra" 6. Les monnaies que nous allons evoquer maintenant sont bien differentes par leur origine, leur destination, leur caracteristiques, M. J. Price 7, preparant la publication des monnaies trouvees lors des fouilles de la necropole des animaux sacrcs a Saqqara en Egypte a propose naguere une interpretation originale de trois bronzes figurant dans ce lot 8 : - A lavers tete d'homme imberbe a droite avec tiare apparemment diadcmec et dressee sur au moins un des exemplaires (les autres sont mal centres). - Au revers protome de Pegase a droite, a sa droite A, au dessous une couronne.
I Thompson 19RJ. introducnon , cf. aUSSI de Callatay 1994, 19-35. Peute mise au pomt commode Price 1993, 170-175 2 Thompson 19RI, 207-218. 1 De Callatay 1989, 259-274. 4 Thompson 1991 5 Thompson 1983,41 " Infra p 4R5 7 Pnce 1981a, 32-37; 1981b, 173-175; 1991, pl 149, 3960a et b = PI. XI. 1·3 s 11 mdique que plusieurs autres provenant de Saqqara ou darlleurs en Egypte sont connus.
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Ce monnayage etait connu depuis fort longtemps. E. Babelon 9 proposait de I' attribuer a Lampsaque a cause du revers et il pensait y reconnaitre Orontes,cense aspirer au titre royal puisqu'il emettait la un monnayage d'or - anepigraphe, 11 avancait un autre avis en 1910 ]0 par comparaison avec son n° 27 frappe au nom de OATA (c'est-a-dire Autophradates), J. Babelon en 1930 avec plus de prudence ne donnait aucun nom a I'occasion de la publication de la collection de Luynes I I. On sait que la theorie d'E. Babelon etait d'autant moins recevable (comment admettre par exemple la restitution de la legends [OPONT]A) qu'H. Troxell a retire a Lampsaque Ie monnayage d'Orontes ]2. A noter cependant qu'elle pub lie ]3 un bronze (1,79 g) acquis par I' American Numismatic Society et presentant des caracteristiques similaires : avers un Perse it droite avec tiare, revers protome de Pegase a droite. Elle observe qu'il porte la tiare droite (signe de la royaute, infra) et I'attribue en consequence a Mithridate de Cornrnagene 14, de facon implicite parcc qu'il descendait dOrontes. Malgre le scepticisme officieux de quelques numismates, M. J. Price na cesse de reaffirmer son hypothese de depart. Le satrape imberbe de ces monnaies devait etre idcntifie aAlexandre 15 et l' emission realisee it Memphis au moment ou ce dernier y sejourne. Selon Ie numismate anglais il n'y aurait pas eu d'hiatus avec les monnaies des derniers satrapes perses Sabakes et Mazakes 16. Si on retient cette identification comme vraisemblable, il convient de s'interroger sur le caratere exceptionnel d'un tel monnayage. En d'autres termes, les graveurs de l'atelier de Memphis ont-ils innove ou tout simplement adopte des themes deja largement repandus? Nous avons observe plus haut que le type de Pegase (parfois interprete cornme un hippocampe aile) est commun a plusieurs cites, en particulier de Troade-Mysie-Eolide, et il est par exemple bien difficile d' attribuer precisernent la monnaie publiee par H. Troxell. En ce qui concerne le "satrape imberbe" de multiples identifications ont ete proposees, M. C. Harrison 17 ironise en mettant en valeur les raisonnernents contradictoires qui ont ete
Babelon 1893,56 n° 379. Babclon 1910, col. 121-122 n" 66, pl 88, 26 (PI., XI, 4) , cf SNG Tubtngen 2755, donne la commc "satrapc non idenufie (Autophradates")" Cc petit bronze assez fruste presente a Iavers un personnage nnberbe a la tiare Le revers est comparable a ceux de Kyrne (protome de cheval au galop). Lc commcntairc de Mannsperger rapproche cette monnare de la precedente. II Babclon 1930. n" 2900 12 Troxell 1981, 27-37 13 Troxell 1977, 23 (pI. 4,10 = PI. XI, 5). On observcra que ccst I'arucle du mcmc auteur cite a la note precedente qUI rend rmpossible cette attnbution 14 H Troxell public deux bronzes attnbuables a ce dynastc (n" 8 ct 9) mars la facture n'u nen de commun avec celle du n" 10 Le rendu de la tete de cette derruere monnaie ne lapparente pas pour auiant a celles de Saqqara: notons labscnce du A amsi que des poids sensiblcmcnt diffcrcnts 15 Arnst Pnce 1991,496 sq. et pl. 149 n'' 3960 a et b, "the aunbuuon to the hfeume of Alexander and to the nunt of Memphis seems certam". Cr. aussi Pnce 1993. 16 Sur ce monnayage NIcolet-PIerre 1979,221-230. L'ateher monetarre de Memplus au IV'S produit des irrutauon des chouettes atheruennes Sur ces monnaies, Buttrey 1982, 137-140; I'officmc fonctionnc encore au debut du regne de Ptolemce 1", Zervos 1967, 1-16; cf. Pnce 1991,496 17 Hamson 1982a, e g 223 sq. et n. 53,241 Elle sappurc sur Brett 1955, Boston, n° 1521-1523 (cf pour CyZlqUC, Traite, II, n° 2619-2620). Elle CIte a I'uppui de ses conclusions lc bas-rehef Lullres & Hrrmer 1971 n° 244 Mars nous devons observer que cette sculpture a etc rcahscc au m- s. avance dans un contexte culture! et histonquc deJa fort different Cf aussi Welser 1989,293 9
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tenus et conclut que dans la part nord-occidentale de I' Asie Mineure ce type doit etre interprete comme Attis. Examinons d' abord les differentes emissions de cette region: - A Teuthrania, un "satrape" imberbe dont Ie rendu est tres proche de celui des monnaies de Memphis est donne par E. Babelon 18 comme le portrait de Prokles ler. Son raisonnement repose sur un syllogisme dont les premisses sont discutables: le seul personnage historique connu dans cette cite est le descendant de Demarate 19, il est par consequent le seul it pouvoir figurer sur les monnaies. La date de 399 qui decoule de cette identification parait bien trop haute pour Ie style des monnaies 20, par ailleurs assez frustes, comme celles qu'identifie M. J. Price. Autre argument tout aussi decisif il s' agit de monnaies de bronze, qu'on ne saurait done dater trop haut ". - II existe it Kebren une abondante serie de monnaies portant une tete satrapale. Le type de revers est constitue par un monogramme liant les lettres K et E et elles sont ainsi faciles it identifier. Plusieurs attributions ont ete proposees. W. Wroth 22 pensait it Mania bien connue par le recit de Xenophon ou it Ia periode qui suit la Paix du Roi. E. Babelon souligne it juste titre que "ces petits bronzes sont d'une epoque plus voisine de l'invasion macedonienne" 23 . De fait, un examen plus attentif des monnaies conservees montre qu' il y a differentes series (au moins trois) rune avec un Perse 24 dont le rendu du visage et de la tiare pourrait etre rapproche de la tres celebre monnaie de Lampsaque 25 mais aussi de Traite, II, n° 70, pl. 89, 2 ; une deuxierne 26 OU la tiare est traitee de facon tres similaire it celles ou figure le nom de Spithridate 27, ce qui nous ramene hypothetiquernent au dernier satrape perse de Sardes. Sur la derniere serie le "satrape" est clairement imberbe, la facture est plus soignee, cela vaut aussi pour le monogramme du revers 28. S'Il s'agit bien d'Alexandre il n'y a pas d'hiatus dans la production de cettc petite serie de Kebrcn. Le tresor de Drama en Macedoine 29 comporte un grand nombre de bronzes dont certains proviennent d' Asie Mineure. II est par consequent tres tentant d' attribuer it Kebrcn et non it la Macedoine la piece 316 b (pl. 146) qui porte it I'exergue le monogramme K et E et de considerer qu'elle constitue en quelque sorte l'aboutissement de revolution de cet atelier 30.
Traue. II, col. R3-84 n° 41 sq. (pl. 88. fig. 4 a 6 = PI. Xl, 6-8). Xen., An., 7 8 17 20 Head 1911,538; SIX 1890, 194; 1894,318 proposait dattnbuer ces monnaics a Prokles II, sur des criteres de style plus que sur la vraisemblancc histonque (consrderant que Proklcs Icc venan trop tot pour la qualue du rcndu). Lcs arguments de Babelon pour refuter SIX emportent ladhesion 21 Sur ce point Pnce 1968, 10 I 22 Wroth 1892, mtrod p XX. Lazzanm 1986,30 sq., propose Zems. 23 Babelon 1910, col. 124 24 Traue, II, n° 2335, pl. 164,24: vente Pegan 23 fevner 1991 n" 40 (PI. II, 13) 25 Attnbuee hypotheuquement a Spithndatc par Cahn 1989, 101 et 103 n° 14. mars Welser 1989. 292 propose Artabaze, PI. II, 15 21> Tratle, II, n° 6R, pl. 8R, 2R , 2335, p1 164,25. 27 E.g. Traite, II, pl. 89,1 et 3 (PI. II, 18-19) 2R SNG Tubingen 2628 (PI. Xl, 9) , von /vulock 7622 , Cop 261 sq ; Sweden II 2181-21 R3 De facture differente, von Aulock 1547. 29 IGCH 404, date par Pnce 1991,53 de 323-320 (ou peu apres). 30 Sur Ie role Important de cette cite et la diffus.on de son rnonnayage, Robert 1951.83 sq 18
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- A Kios de Mysie, il convient d'examiner attentivement toute une serie de bronzes que W. Waddington-E. Babelon-Th. Reinach 31 datent du dernier quart du lye S. Le premier se singularise par la presence a I' avers d' un perse barbu 32, au revers une grappe de raisin entre deux epis de ble, anepigraphe. Ce personnage pourrait bien appartenir a la dynastie de Kios 33 ancetre des rois du Pont. Toutes les autres pieces ont en commun un avers a tete de Perse imberbe portant la tiare droite 34 que les auteurs identifient comme Mithra. Elles sont legendees : K], K]A, K]ANQN, ce qui indique qu'il sagit dernissions civiques. Les types de revers sont varies. Des themes dionysiaques dans la continuite de la monnaie precedente : grappe de raisin dans une couronne forrnee par les deux epis 35, canthare d' ou sortent deux grappes, couronne d'epis 36. Une monnaie se distingue en retenant Ie type a la proue de navire, habituel sur Ies monnaies d'or ou dargent, alors qu'une autre innove en placant au centre du revers une massue sous la Iegende KIANQN 37. Continuite et rupture caracterisent ce monnayage : comment ne pas voir en effet dans la mas sue une reference au nouvel ordre? A titre de comparaison Ie monnayage emis par Balakros en Cilicie au nom d' Alexandre se distingue essentiellement de celui de ses predecesseurs par I'apparition de la mas sue comme symbole secondaire 38. Notons enfin une serie avec Herakles imberbe a l'avers, la mas sue et Ie carquois au revers, done tout a fait comparable aux bronzes officiels d' Alexandre, mais la Iegende KIANnN atteste un emission civique 39 et le rendu est assez different. Trois cites micrasiatiques ou insulaires frappent des monnaies d' electrum, Tout montre qu'elles sont influencees en cela non seulement par leur propre somme mythologique mais aussi par les evenernents qui lcs concernent. Cela se traduit par une extreme variete des types retenus, trait qui leur est commun. Faut-il voir un effet du hasard si dans tous les cas apparait une figure imberbe, coiffee d'une tiare ceinte d'un diademe? - A Phocee, plusieurs hektai portent des teres satrapales tres differentes les unes des autres. Sans revenir ici sur la question de savoir s'il sagit ou non de portraits, nous serions tente de penser que I'on a voulu evoquer Pissouthnes (Ph 65) plutot que son predecesseur, Tissapherne (Ph 86), Autophradates (Ph JO]) plutot qu'Orontes, Tout cela pour montrer que I' hekte Ph 84 n' est pas un cas isole. Fr. Bodenstedt 40 propose d' y reconnaitre unjeune perse ou Attis. Cette attribution parait pouvoir etre revisee : I) il attribue une date de toute facon
11 Waddington-Babelon-Remach 1908,313 n" 6-13 (pI. 49, 28-34), cf aussi tvoae. II, I n" 2858-2864 (pi 180,27-33). cf aUSSl Hamson 1982, 146. 12 Tratte, II, n" 2865, pI. 180,34 = Waddmgton-Babclon-Rcinach 1908,314 n" 14, pI. 49, 35 (PI. III, 12). 33 DlOd. 15.90; 16.90. 14 De facon tout il fait comparable aux monnaies de Memphis, il tel point que SIX 1894, 311-313 attnbuatt ees dermeres et les bronzes de KIOS il Mithndate, fils d' Anobarzane pour la penode 337-302 15 tvaue. II, n" 2864, pI. 180,33; Waddmgton-Babelon-Remach 1908.314, n" 13, pI. 49, 34 (PI. XI, 10) 36 Tratte, II, n° 2859-2862, pI. 180,28-31, Waddmgton-Babelon-Remaeh 1908, pi 49,31 (= PI. XI. 11), SNG von Aulock 7003 qUi semble s' apparenter au portrait Delaware (infra) 37 Trauc, II n" 2858, pI 180, 27 = Waddmgton-Babclon-Remach 1908, 313 n" 6, pi 49, 28 (= PI. XI, 12) Babelon indiquc que "cette tete est sembI able sur les monnaies d' Amastns" 3H Cf. par exemple SNG Levante 122, pour Balakros, se distmgue pnncipalement de 114, pour Mazaios, par la presence de la massue dans Ie champ. 39 Waddmgton-Babelon-Reinaeh 1908, 314 n" 17; pI. 49, 38 (= PI. XI, 13) date lil sans ventable demonstranon du IIIe s. , cf. von Aulock 7005 40 Bodenstedt 1981, 153 Ph 84 (= PI. XII, 1) et pI. 8, 8
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a cette monnaie ; 2) si l' on observe que ce "Perse" porte une tiare mais aussi un diademe (dill debar qui a recemment oppose H. Cahn et J. Zahle 41 il ressort, a cote d'un certain nombrc dincertitudes, que Ie diaderne pourrait etre a l'epoque de la domination perse la marque du gouvernement satrapique) ; 3) si I'on "ate" au personnage la tiare qui a ete pour Ies modernes un obstacle insurmontable a toute interpretation, Ie rapprochement avec Herakles-Alexandre devient parfaitement evident. - Etant donne les liens qui unissent les emissions de Mytilene et de Phocee, on doit sinterroger sur l'eventuelle presence d' Alexandre sur ce monnayage. J. F. Healy 42 etudie l'abondante serie d'hektai (My 104 de Bodenstedt) qu'il considere (a juste titre) comme ayant ete la derniere emise aMytilene : avers tete de jeune homme imberbe a droite comes de bouc, trois boucles [?] sur Ie sommet du crane 43. II Y voit un Alexandre represente en fils de Zeus Ammon 44 et rejette ala fois l'Idee qu'il s'agisse du dieu lui-merne 45 ou encore d' Apollon Karneios selon une hypothese de Fr. Imhoof Blumer 46. Le premier apparaissait barbu sur My 67 ; Ie second est un dieu essentiellement peloponesien. Revers: aigle a droite regardant derriere lui inscrit dans un carre dont les cotes sont constitues par des bourrclets en relief. Cet aigle trouve sa contrepartie dans divers monnayages "macedoniens" 47 et on pense tout particulierernent a une breve serie reexaminee recemment par M. J. Price 48 : a I'avers, Zeus laure a droite identique a celui des monnaies de Philippe 11 et aussi a l' avers de My 103; au revers, un aigle a droite de trois-quarts face regardant derriere lui, symboles secondaires : une branche d' olivier et un bonnet perse deplie horizontalement 49, legende AAE3ANllPOY. M. J. Price c1asse cette emission a "Amphipolis" S0. Ses caracteristiques ainsi que son poids 51 avaient amene E. M. Pegan 52 a considerer qu' il s' agissait d'une serie de
trap haute
41 Cahn 1975. 84-91 et la reponse dc Morkholm & Zahlc 1976.82-84, aUSSI Zahlc ibid., 101- lO2 Le debat s'est largcment poursuivi cnsuite, cf par ex Hamson 1982, 81-93 ; Burner 1985 ; Pent 1988, 320-322 etc 42 Healy 1962, 65-71 SUlvl par Worthington 1990, 211 Biles ne figurent pas sur tous lcs exernplaires (My 104 = PI. XI, 15). 44 Tel est aussr le pomt de vue de Bodenstedt 1981, 101 On pensera bien sur aux monnaics de Lysunaque a l'effigic dAlexandre-Ammon, et mlCUX encore aux monnaics ernrses it Naucratis du VIvantd'Alexandre. 45 Ainsi Wroth 1892. et d'autres 46 Tel est aUSSI Ie point de vue de Jenkms, commcntaire a Gulbenktan 715 47 La representauon la plus proche etant celie des monnaies d' Amyntas III, cf Pegan 1968 . p1. 12, 11 En effet la parente cst cvidente entre lc rcndu des rnonnaies d' Amyntas (it Algal) et de Myttlene, mars c'est tout aUSSI net pour le monnayage au nom d' Alexandre (Pnce 1991, n° 96 sq., etc.) 4g Pncc 1991, n" 142 a et b (a = PI. XII, 2 = Babclon 1932, n° 910, p1. 311,18). 4~ L'rdenuticanon de cctte uarc, due a B V. Head, est reprise par Babelon 1932, 551 sq., ce qui le tart pencher pour unc fabncauon asratique - sans pouvoir unaginer qu'clle pursse ctrc lc fait d' Alexandre' Il attnbue a cettc sene une ongme bactncnnc Rappelons que l' une de ces monnares a ete trouvec au Pcnjab Les circonstanccs de I'anahase d'Alcxandre pourrarcnt expliqucr lc heu de la decouverte. 5(1 Gutllemets de M. J. Price. II pense aussi a Aigai. Lc RIder 1977,393 sq les attnbuc pour sa part a Pella. Son argumentation repose en partie sur une observation de Pegan . deux des cinq cxemplaires sont surfrappes sur des monnares de Patraos ror des Pcorucns (c. 335-315) Dans Ie memc sens Le RIder 1998, 239-241 et p1. 53 17. Argument certes fort pour une frappe en Macedome mars pas decisif a lUI seul 51 Entre 14,3 et 14,45 g, tctradrachmc de pords thraco-rnaccdoruen pour Lc Rider. L'cxemplaire de Rawalpindi est beaucoup plus lcger 52 Pegan 1968, 99-111 ; voir aussi I.e RIder 1977, 393-394 et p1. 49, 1-3 . ses photos ne laissent pas de doute sur l'rdenufication du bonnet. Celur-ci pouvait presenter des formes diverses, un cone retombant vers I'avant ou bien une sorte de "beret" dote de paragnandes et d'un couvre-nuque comme cest le cas ICI ; a titre de comparaison la photo donncc par Welser 1989, pI 18, 17 de la monnaie Bank Leu 42 Auknon 1987 n" 376 (PI III, 20) ou encore TrwII', u. pi 91,9,13,16,18-21, ete
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transmon entre les monnaies de Philippe et celles d' Alexandre 53. Si cette idee doit etre repoussee, I' attribution a la Macedoine devient moins contraignante et la presence de la coiffe perse (comme symbole secondaire) ferait plutot penser aSardes (infra) et en tout cas a un atelier anatolien, dans la periode precoce de I' intervention asiatique d' Alexandre. Le portrait de Zeus laure a droite est abondamment represente sur Ie monnayage de Mytilene (My 96, 98, 101) et il est tentant d'y voir une reference a I' action de Philippe dans Ie nord de I'Egce 54 mais nous avons vu plus haut que les autels de Zeus Philippios ne sauraient etre anterieurs a la campagne asiatique d' Alexandre. Mais que dire de la monnaie My 103 55 avec a I'avers Zeus et au revers un Herakles imberbe? Il est fort seduisant de penser que cette serie vise a associer Zeus Philippios, dont le culte est justement atteste a Lesbos (a Eresos precisement) par une inscription 56 et Alexandre Herakles 57 dans une representation qui va devenir canonique sur les monnaies du conquerant de I' Asie. C' est de cette seule facon que I' on peut expliquer I' ordre des faces. Fr. Bodenstedt place la monnaie My 102 58 immediatement avant dans son catalogue pour des raisons stylistiques evidentes, en particulier Ie meme type de carre delimite par un bourrelet continuo Il a interprete le type de revers comme Ie profil d'un satrape imberbe (les successeurs de Memnon au cours de la contre-attaque perse de 332 apres la mort de ce dernier a Mytilene"), Ie personnage de l'avers, traite a la grecque, etant Kammys, Diogenes ou merne Chares, Si cette lecture devait etre retenue I' ordre des faces serait quelque peu etonnant et le seul clement de comparaison apparent serait une autre piece de Mytilene, My 71, ou est represente au revers un Perse barbu qui a toutes chances d' etre Pharnabaze, dans le contexte de la reprise en main de I' Egee apres la bataille de Cnide en 394, mais a l'avers Athena doit symboliser l'action de Conon qu'une cite grecque insulaire avait evidernment la volonte de privilegier par rapport a celIe d'un Perse. Par consequent les conditions ne sont pas similaires. Nous proposons de voir a I' avers Philippe et au revers Alexandre en satrape (tiare et diaderne). -A Cyzique, des stateres et des hektai d'electrum 59 aussi bien qu'une herni-drachme et une subdivision dargent 60 ont pour illustration un "Perse" imberbe qu'E. Babelon 61 propose d'identifier a Atys en particulier parce que l'une des principales divinites de Cyzique est la Meter Dindyrnene, assimilee a Cybele, et dont Attis est Ie paredre. Mais cela est une reconstruction toute theorique dans la rnesure ou les references faites au sanctuaire montagnard de la deesse 62 ne mentionnent nullemcnt Attis. On notera aussi que dans ces exernplaires, comme E. Babelon I'indique lui-rneme, la tiare est ceinte du diademe et que Contra Pnce 1991, 103, "separate nunt" Unc Image quasi canomquc de ee Zeus laure (supra p 470) est presente avec une apparente srrnultaneite dans les series de Lampsaque (e.g Gulhenkzan 691-692) et de Cyzique (c g Gulbenkian 671), type figurant dans Jc tresor de Pnnkipo dont tout eoneorde a montrer qu'rl est contemporam d' Alexandre (mfra n 63). 55 PI. XI, 16. 56 IG, XIl.2. 526 , cf. en derruer lieu Heisscrer 1980, 58 sq 57 Bodenstedt 1981, 10 I. 5S PI. XI, 17. S9 Traite, II, n° 2619-2620 (PI 173,27 [PI. XII, 3J-28) ; Gulbenkian 644 (PI. XII, 4) , bibhograplue dans Mildenberg 1993-1994. 60 Traite, II, n" 2809-2810 (PI 178,14), ef. en derruer lieu vente Pegan, 23 fevner 1991 n" 38 61 Babelon 1910 col. 1461, sq. Cr. aussi von Fritze 1912. 62 Str 12 8 11 53
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plusieurs tetes de Zeus Ammon 63 figurent dans le merne groupe stylistique. Concernant la date de ces series, il doit etre observe qu'une monnaie sirnilaire a Gulbenkian 644 (ou le merne exemplaire?) figure dans Ie tresor de Prinkipo 64, ainsi qu'une tete d'Herakles imberbe 65. - Enfin a Rhodes, une monnaie conservee dans la collection Courtauld 66 et dont I'interet a ete souligne par S. Hornblower 67 presente dans le champ du revers une petite tete imberbe coiffee d'une tiare dans laquelle C. M. Kraay 6R voit une Demeter. Comme le fait observer R. A. Moysey 69 cette monnaie est datee des alentours de 340 par R. Ashton dans une fourchette comprise entre 350 et 334 (done implicitement avant les series frappees pour Alexandre). La rarete de cette emission - un seul exemplaire connu it ce jour - amene a suggerer qu'il sagit la d'une serie de "transition" au moment du ralJiement de Rhodes a Alexandre (et dans ces conditions on s'interrogera sur la presence de la lettre A syrnetriquement ala tete satrapale par rapport au bouton de rose, en rappel ant la meme lettre sur les monnaies de Saqqara). Ce cas est done different en ce sens que la tete "satrapale" est ici un symbole secondaire auquel on pourrait etre rente de n' accorder aucune valeur particuliere sinon la fantaisie du monetaire, Mais outre I' extreme rarete de tels symboles sur les monnaies rhodiennes de cette epoque, on notera une rencontre qui ne parait pas etre Ie fait du hasard. Certaines series officielles de Sardes 70, quil sagisse de l'or ou de largent, comportent comme marque de controle une tete coiffee d'une tiare. La serie VITI, ainsi definie par M. Thompson (n° 44-49), est datee par elle de la periode 330-325. Suivant en cela E. T. Newell 71 elle propose de reconnaitre un Mithra 72, tout en soulignant que Sanies etait Ie lieu Ie mieux approprie pour le rappel du pouvoir perse. II s'agit done bien plutot de la representation du pouvoir du Roi, et it ce moment il ne peut sagir que d'Alexandre. Sur certains exernplaires la tete est tres exactement sernblable a celle de Rhodes 73, en revanche, et comme il sied pour Ie roi, le tetradrachrne (n° 46) 74 presente une tete coiffee d'une tiare droite. II y avait longtemps que les Grccs connaissaient les subtilites de I'etiquette perse. On rappellera, a titre de comparaison, Ie discours que Xenophon 75 prete a Tissapherne "la tiare que Ie roi a sur la tete, lui seul a Ie droit de la porter droite" qui rend comprehensible la scene
Traite, II, n° 2623-2625 (pI 173,31-33); Gulhenkzan 640,652 qUI provient du tresor de Pnnkipo. Reglmg 1931, n° 12, IGCH 1239, date lit de 335/334, rnais on eonsultera lc commentaire de Lc Rider 1977,255-257, qUI doutc de lhomogencue de ce tresor venant de la plus grande des lies des Pnnces, en particuher de la liaison de groupe des phihppes d'or avec Ie reste 65 Gulhenkian 655 , von Fntze 1912, 194, pi 6.6; Kraay 1976, 264 n° 964, date cette monnare de 330, done de I'epoque d' Alexandre. Jenkins la plaee sensiblement plus haut dans lc IV's. 66 Pollard 1968, 68 n° 101 (datee lit des environs de 380, ef. Descat 1993, 228, qUI propose pour sa part 332 ou 331). Tctradrachme, 15,1 I g = PI. XI, 14 67 Hornblower 1982, 130 n 194 et p 134 (pI. 36a) II en tire des conclusions discutables, quelle que sort la date attnbuec it la monnaie 6, Kraay 1980, 61 69 Moysey 1989, 127 et n. 57 70 Thompson 1983,42. 71 Newell 1923. 72 E g p. 5 Les deux notions ne sont pas aussi evidemment hees que semble lc penser M Thompson. 73 Cf n044 et aussi 45 et p1 2 (= PI. XII, 5-6). 74 PI. XII, 7. 75 X6n, An , 2 5 23 ; Cyr, 8 13 3 , cf en comrepomt Hdt 7 61 et la note de Legrand, CUF, 95 n 63 64
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depeinte par Plutarque 76: "Quand Dernarate Ie Spartiate, invite a solliciter une faveur, demanda de faire son entree dans Sardes a cheval en portant sa tiare droite, comme les rois, Mithropaustes, cousin du Roi, touchant la tiare de Demarate, lui dit, cette tiare n'a pas de cervelle a couvrir..." On sait par deux anecdotes concernant ce merne Dernarate et Thernistocle 77 que le Grand Roi pouvait exiger le port du costume perse en echange de dons et du statut de Perse. Ce type de costume devait etre tout a fait banal pour les aristocrates anatoliens quelle qu'en fut l'origine ethnique (cf. la Lycie, la Paphlagonie, etc.) et il n'y a pas lieu, sauf par un postulat intenable, de penser qu' i I en allait autrement pour les Grecs. Alexandre revetu d'un costume perse? Nous disposons de quelques indices qui vont en ce sens 78. Arrien 79 indique qu'il echange son ancienne coiffure contre la kidaris perse et Quinte Curce 80 fournit une version differente mais comparable: "II ceignit sa tete d' un diademe de pourpre broche de blanc, tel que Darius en avait eu un, adopta le vetement des Perses" 81. Plutarque 82 rapporte l'anecdote suivante: les serviteurs d' Alexandre se sont divises en deux camps, run dirige par "Alexandre" lautre par "Darius". Averti, le Roi organise un combat singulier entre les deux chefs. "Alexandre" I'ernporte. En recompense il recoit douze villages et le droit de porter le costume perse. Ce dernier faisait done a I' evidence encore partie de I' etiquette. II y a aussi les monnaies provenant du tresor de Babylone 83 dont M. J. Price 84 montre que la date d'enfouissement doit etre tres proche de 323. On y trouve, selon la terminologie de Price, des monnaies de deux shekels (poids autour de 16 g) et de cinq shekels (autour de 40 g). La monnaie de deux shekels n'etait pas connue avant la decouverte de ce tresor. II y avait semble-t-il plusieurs types et aussi plusieurs ateliers. L' une presente a I' avers un Perse avec bonnet en arriere tirant a I' arc a droite; au revers un elephant a droite 85. Une autre variete publiee par H. Nicolet-Pierre 86 illustre un archer sur un quadrige que M. 1. Price identifie au Roi, lequel ne peut etre autre qu' Alexandre. II poursuit un elephant monte par deux personnages qui se trouve sur Iautre face. Tout cela se retrouve sur la piece de cinq shekels deja bien connue 87. A l' avers deux
76 Plut., Them, 297 ; ]'anecdote a quclque chance detre authenuquc puisquelle remonte au moms i! Phylarque (Souda, s. v. tiaras. 77 Athenee 1.29f-30a ; cf. Sekunda 1991,90. 78 Stewart ]993, 178 et n. 70 refuse cette Idee en s' appuyant sur Plut , Dem , 25 3, mars ce qur est drt la (dans un contexte ires polerruque) est que l'Argcadc rcfusau le titre de rot des 1"01S. S affirme d'autre part que Price 1981,34 "demolishes the notion that the 'Alexander' head on the Mcmphitc corns. was wearing a Persian satrapal cap". Ce n'est pas ce que drt Price et, de surcroit, les tctcs memphites s'rnscnvcnt dans une tradrtion d'enussions perses. 79 Arrien, An , 4 7 4 80 Quinte Curcc 6.6.4. 81 RItter ]965,6-30 traue de la coiffure du r01 pcrse et souhgne, 31-78, que le diademe d'Alcxandre na pas de modele grec ou macedomen 82 Plut., Alex. 3] .2-5. Cf. Bosworth 1980b. 83 Babylonc ]973 : CH I, 1975, n° 38 , 2, ]976, n° 49 ; 3, 1979 n° 22. 84 Pnce 1982,75-78 ; cf. ]991, 5 I ,452 sq. Ces senes semblent aV01r circule avant la thesaunsation 85 Price 1991, pI 159, I-J (I = PI. XII, 9) L'un des pratagomstes de la mosaique d' Alexandre i! Pompei porte le bonnet exactement de la merne facon Lcs lettrcs BA ligaturccs ne sauraient s' interpreter autrcmcnt que BA(IlAEQI) dans la contmuite des monnayages officiels anterieurs. So Nrcolet-Picrre 1978,40]-405. 87 Cf. l'exceJlente photographic de cette monnaie donnee par DaVIS & Kraay 1973, pI. 10-12 (= PI. XII, 10) Pnce 1988,34 et n 14; ses n° G et H (= PI. XII, 11)
ALEXANDRE ET LES MONNAYAGES "PERSES"
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"Perses" sur un elephant poursuivi par un cavalier arme d'une lance; au revers un personnage de face regardant ii droite couronne par Nike, Le couvre-chef est original, la combinaison du rendu des differentes series permet d' en donner une description plus exacte. II s'agit d'une tiare droite 88 comme il sied au Roi, mais dotee d'un cimier. Curieuse rencontre entre pratiques grecques et perses, mais qui somme toute na rien d'inattendu. On peut penser qu'il sagissait Iii d'une coiffure pour la guerre. II est evidemment tentant de rapprocher ce casque de la serie reunie par J. Votokopoulou 89 apartir de decouvertes issues principalement de la zone balkanique. Traditionnellement ces casques etaient appeles "thraces", elle propose de les nom mer "phrygiens" en soulignant, en particulier a travers Herodote 7.73 les liens existant entre Macedoniens et Phrygiens 90. Si I' on rnene Ie raisonnement a son terme, les occurrences herodoteennes 91 mettent en relation ces deux peuples (avec d'autres). L'un des elements peut etre la parente originelle, mais la soumission des Macedoniens a la Perse et leur participation a I' effort de guerre de cette derniere pourraient expliquer des similitudes dans la panoplie des differents contingents. On connait aussi depuis longtemps un monnayage de Hierapolis Bambyke 92 ernis au nom d' Alexandre (LKSNDR). Des representations diverses figurent sur ces series. Nous retiendrons ici les numeros 8 et 9 : I' avers est legerernent different mais dans les deux cas il sagit d'un cavalier a gauche coiffe d'un bonnet perse. Sur Ie numero 9 93 il porte une tiare a fanons alors qu' ii I' avers figure Ie Baal de Tarse dont il est bien probable qu'il a ete a I' origine du revers des frappes d' argent du conquerant 94. C' est assurement Alexandre que I'on a voulu illustrer la, Y a-t-il une "rnemoire" de ce type de costume, et en particulier de la coiffure? J. S. Crawford 95 publie un poids decore d'epoque romaine representant Alexandre coiffe d'un casque dont Ie sommet est orne d'un griffon. II le decrit comme "thrace" en fournissant un certain nombre de paralleles, Ie plus net etant une monnaie de Philippe V, ou Ie roi est represente avec un casque I'identifiant au heros Persee, a l'arriere une harpe. On sait toute l'ambiguite dutilisation de ce dernier en jouant sur I'homophonie perse-Perses. Mais cornrne Ie note J. S. Crawford, Ie casque du document qu'il publie n'est pas aile et il semble bien seduisant de considerer comme Ie fait implicitement M. J. Price 96 que ce casque "thrace" ou "phrygien" est en realite "perse". L' adjonction du griffon etant a mettre en relation par exemple avec la serie IV du monnayage de Sardes 97 OU I'animal mythique sert de marque de contr6le. L'examen des monnaies d' Amastris fait apparaitre egalernent une tete imberbe coiffee d'une tiare souple ceinte d'une couronne de laurier. On sait que la cite doit son nom a
SR S9
90
91 92
93 94 95 9h 97
Cemte d'un diadcmc dont Ie ruhan !lotte en arnere. Votokopoulou 1982,497-520 Supra p. 92. Cf aUSSI Hdt 9 31 sq Seyng 1971, 11-21. PI. XII, 8 Infra n 104 Crawford 1979,477-481 et pI. 67. Pnce 1981a, 34. Thompson J 983, n° 16-25.
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la reine homonyme niece de Darius III, divorcee de Cratere puis veuve de Denys tyran d' Heraclee pontique, qui la fonda par Ie synrecisme de plusieurs etablissements cotiers. Un premier monnayage est ernis it son effigie et Iegende a son nom it la fin du Ive s. 98. Lorsque la cite devient autonome au debut du me s. elle adopte logiquement la legende AMALTPIEQN, mais le personnage qui est figure portant le me me costume est alors masculin. Ceux des auteurs qui etablissent cette distinction pen sent alors a un Mithra. II me semble qu'il sagit d'un Alexandre idealise ?". C'est aussi un Alexandre "oriental", ou en tout cas syncretique, dont C. C. Vermeule 100 publie la representation. II sagit d'une statuette de bronze depoque romaine, derivant de la celebre statue de Lysippe pour Alexandre, main droite appuyee sur une lance, main gauche sur la hanche, costume de facture grecque mais sur la tete une tiare souple a fanons retombants sur les epaules et Ie croissant lunaire du dieu Men. Si l'on retient I'identification de C. C. Vermeule nous avons la une assimilation (tardive) d' Alexandre au dieu Men, probable volonte de reaffirmer le versant "oriental" de son epopee, N'oublions pas que Ie Dieu-Iune est presque assurernent un dieu d'origine iranienne. Certes, Alexandre (ou ceux qui ont utilise son image post mortem) n'a nullement repugne a de telles assimilations. Mais le phenomene que nous venons de decrire nest pas de meme nature: la floraison dans le dernier tiers du IVe S. d'un meme theme, un jeune homme imberbe coiffe d'une tiare, droite ou non, mais Ie plus souvent ceinte d'un diademe fait probleme. Les etalons, les meraux, les representations memes, sont aussi varies que possible mais il ne saurait en etre autrement lorsque I' on constate que ces monnayages sont civiques et que la frappe de ces derniers etait justement rune des manifestations les plus eclatantes de l' autonomie des cites. Quel pourrait-etre alors le denominateur cornrnun, si lon admet qu'il peut yen avoir un? Malgre C. M. Harrison cest une solution d'abandon que de penser quil sagit de representations divines. Certes ces dernieres sont innombrables sur les monnaies, mais de nombreux dignitaires de l'Empire perse y figurent aussi. De surcroit, les "identifications" de divinites varient tout autant que celles des humains : Attis, Mithra, Men ... Demeter meme. Sans se soucier des contradictions, les auteurs de ces propositions divergentes etablissent des correlations entre les differentes series, en general pour des raisons stylistiques. Soulignons enfin que les cultes des principales divinites retenues (Artis, Mithra) sont rattaches de facon parfois un peu laborieuse au pantheon de la cite concernee et, qu' it coup sur, leur veritable succes est posterieur it l' anabase d' Alexandre. Sauf omission de rna part, il ne me semble pas que I'on puisse alleguer une seule representation assuree d' Attis qui soit anterieure it l'epoque hcllenistique (plus tardive encore pour Mithra 1(1). On pourrait tolit au plus considerer qu'il est line consequence indirecte de cette derniere par les brassages culturels qui se produisent it ce moment.
9S E.g SNG Black Sea 1297-1300 (1297 = PI. XII, 12) , von Aulock 6798-6799, l'edueur G. Kleiner decnt une tete d' Amastns en Mithra ; nous avons Iii hien plutot une nouvelle illustranon des habitudes vestnnentaires des populations de I' Asie Mmeure iI cctte cpo que 99 SNG Black Sea 1303 (= PI. XII, 13). 100 Vermeule 1989.183- I85. IIlI Cf Vermaseren 1987
ALEXANDR'E ET LES MONNA YAGES "PERSES"
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On doit alors aller jusqu'au bout du raisonnement. C'est assurement deforrner les realites que de lire les etapes de I' epopee d' Alexandre a travers Ie prisme de recits bien posterieurs aux faits ou l'histoire des premisses est reecrite en fonction des resultats, Alexandre liberateur des cites grecques asiatiques 102, c'est devenu un debat d'ecole, presque un exercice de style chez les modernes. Si I' on essaie de "coller" le mieux possible aux sources conternporaines, telle est bien I'image qu'un certain nombre de cites ont voulu mettre en avant (cf. par exemple Priene) mais il nest pas moins interessant d'observer que ces memes cites ont represente dabord Alexandre non pas en roi macedonien, ni merne en nouvel Herakles mais en satrape puis en roi perse. A partir de la, deux hypotheses: soit qu' Alexandre ait choisi a ce moment de son apogee de revetir un tel costume, soit que les cites aient vu en lui le successeur du satrape perse qui les gouvernait jusque la et cela sans veritable solution de continuite 103. II est en effet aise de montrer que dans un premier temps Alexandre n' a modifie en rien I' administration satrapique. Les deux hypotheses sont dailleurs parfaitement compatibles dans la mesure ou on imagine mal que les cites aient pu developper un theme identique sur leurs monnaies sans I' aval du roi ou de ses representants, Sans entrer dans la controverse, qui comporte encore aujourd'hui quelques jugements subjectifs, sur la date (et done le lieu) d' apparition des monnayages royaux d' Alexandre 104, la synthese des elements presentes indique que son avance n' a pas localement entraine tout de suite des bouleversements dans les pratiques monetaires des cites. En ce qui conceme le bronze, c'est dans des ateliers ou l'on ernettait deja a I'effigie des satrapes, a Kios et a Kebren comme a Memphis, que l'on a evoque, avec la liberte de style qui caracterisait tres normalement les ateliers des cites grecques autonomes (ou des entites assimilees), Ie trait physique principal qui distinguait le jeune conquerant, Un certain nombre d'entre eux sont ensuite passes dans le nouveau systerne d'emission au nom du roi (Iegendes AAE:::ANflPOY ou BA) 105. En revanche Ie monnayage d'electrum na pas survecu au regno du Macedonien 106 : les frappes relativement abondantes de Mytilene (My 104) en constituent en quelque sorte le chant du cygne lCn.
102 Cf. par exemple 1'article de Badian 1966, 37-69. 103 Bnant 1993, 13 souligne lmteret prccoce el soutenu d' Alexandre pour les chases d' Asie. Mcmc s'11 a vou1u d'cmblee se poser en succcsseur du Grand ROI, I'opuuon des Grecs asrauques a pu etre plus nuancee, L'rmpact des victoires ct de lavancee vcrs I'rntcneur modifiant progrcssivcmcnt Ics donnees 104 Cf. Zervos 1979,1982,166-179, la reponse de Pncc 1982, 180-190, cf. encore de Callatay 1982,525 , Troxell 1991, 49-62 ct, reiterant son point de vue, Pncc 1991, 27 sq. ; 1993, 172. '05 Mats notons it ce propos quil ne s'aglt pas lit d'une "revolution" puisqu'rl existart depuis la fin du v c s. ou Ie debut du IVC s. des monnaies frappees dans les ateliers rrucrasiauques avec la lcgcnde BA au d'autres smulaires. 106 Healy 1962. 107 Cf. deJit les conclusions dc Babelon 1910, 1395 sq.
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Planche Xl
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Planche XII
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Legende des planches XI-XII
I
XI.1, Memphis, Price 1991 pI. 149. 3960a, ae, 0,94 g. XI.2, Memphis, Price 1991 pI. 149. 3960a x 2, ae. XI.3, Memphis, Price 1991 pI. 149. 3960b, ae, 1,22 g. XI.4, Memphis (?), Babelon pI. 88. 26, ae, 1,12 g. XI.5, (7), Troxell 1977 pI. 4. 10, ae. XI.6, Teuthrania, Babelon pl. 88. 4, ar, 1,60 g. XI.7, Teuthrania, Babelon pI. 88. 5, ae, 1,05 g. XI.8, 'Ieuthrania, Babelon pl. 88. 6, ae, 1,02 g. XI.9, Kebren, SNG Tiibingen 2628, ae, 0,66 g. XI.10, Kios, WB.R. pI. 49. 34, ae. XI.11, Kios, WB.R. pl. 49. 31, ae. X 1.1 2, Kios, WB.R. pI. 49. 28, ae. X1.13, Kios, WB.R. pI. 49. 38, ae. Xf.14, Rhodes, Pollard 1968, 101,ar, 15,11 g. XI.15, Mytilene, Bodenstedt My 104, el, 2,73 g. XI.16, Mytilene, Bodenstedt My 103, el, 2,55 g.
XI.18, Mytilene, Bodenstedt My 102, el, 2,35 g. XII. I , Phocee, Bodenstedt Ph. 84, el, 2,55 g. XII.2, Macedoine (7), Price 1991 142a, ar. 14,45 g. XII.3, Cyzique, Babelon pI. 173. 27, el, 16 g. XIIA, Cyzique, Gulbenkian 644, el, 15,86 g. XII.5, Sardes, Thompson 198344, au, 8,59 g. XII.6, Sardes, Thompson 198345, au, 8,55 g. XlI.7, Sardes, Thompson 198346, ar, 17,23 g. XII.8, Hierapolis de Syrie, Seyrig 1971 pl. 2. 9, ar, 8,02 g. XII.9, Babylone (7), Price 1991 pl. 159. I, ar. XII.I0, Babylone (7), Kraay-Davies 1973 pI. 12, ar. XII.11, Babylone (7), Price 1991 pI. 159. H, ar. XII.12, Amastris, SNG Black Sea 1299, ar, 9,62 g. XlI.13, Amastris, SNG Black Sea 1303, ar, 9,17 g.
CONCLUSION GENERALE
Au moment de conclure, il convient comme il se doit desquisser un bilan. En premier lieu, on peut se demander quelle est la place de l'Asie Mineure dans les affaires du temps. Nous sommes convaincu qu'elle doit etre lue a travers divers "filtres" ou parametres: - En ce qui concerne l'Empire perse il ne faut pas se laisser abuser par nos sources grecques : l'Asie Mineure n'est pas, n'ajamais ete Ie centre d'interet primordial du Roi perse. Le controle de l'Egypte - et les tentatives pour la recuperer - ont occupe les meilleurs generaux (ou ceux qui etaient reputes tels : Tiribaze, Pharnabaze, Datames), mobilise les energies de regions riches et peuplees (Cilicie, Phenicie), entraine des depenses considerables. Dans cette meme Iogique, le roi ne pouvait accepter d'etre longtemps prive du controle de Chypre. Cela ne signifie pas qu'il faille tomber dans Ie travers inverse: chaque fois qu'une parceIIe de territoire (en particulier cotier) lui echappe, Ie Roi cherche a se la reapproprier par la guerre ou la diplomatie. Les moyens mis en oeuvre sont parfois tres importants : ainsi, l'envoi de Cyrus et les ressources dont il dispose et plus generalernent la nomination aSardes d'officiers de haut rang demontrent que Ie controle de la region n'est pas indifferent; de surcroit la recuperation du terrain perdu est en general assez facile, en tout cas rapide, que la rebellion soit locale ou perse (revolte des satrapes, Artabaze etc.) ou que l'agresseur vienne de l'exterieur (generaux lacedemoniens, Parrnenion). On pourrait objecter que des regions, ou parties de regions, ont echappe durablement a l'administration perse, mais il faut observer qu'il s'agit de contrees difficiles a maintenir dans l'obeissance et econorniquement peu productives. De plus nous avons note plus haut qu'eIIes etaient loin d'etre homogenes et qu'elles n'etaient pas integralernent refractaires, loin s'en faut, au pouvoir central. II n'y avait done aucune raison de deployer systematiquement de gros moyens pour les soumettre (ce qui n'ernpecha pas la mise sur pied d'operations de pacificatrices d'envergure : Autophradates en Pisidie). - Si on se place du point de vue des Grecs europeens, l'AnatoIie - ou plus exactement ses cotes - devient une preoccupation prioritaire en 412. Avec des avatars divers cette situation va durer jusqu'en 387, ensuite il faudra attendre l'expedition de Parrnenion pour que l'Asie Mineure revienne sous Ie "feu des projecteurs", Au dire d'Tsocrate et de ses semblables c'est une chape de plomb qui s'est abattue sur les cites grecques asiatiques qui ne sont plus guere mentionnees que pour se lamenter sur leur sort miserable avec, il faut bien Ie dire, une certaine dose de tartuferie. Les changements que connait Ie monde anatolien entre 412 et 323 se sont produits de facon continue et quasi insensible. En ce qui concerne l'administration, c'est toujours a partir de la satrapie que s'organise l'espace politique. Cependant, globalement, les satrapies sont plus nombreuses et deviennent de veri tables ressorts administratifs alors qu'au depart on
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etait plus proche d'un apanage aristocratique. Autrement dit, la conquete perse a mis bout a bout des territoires qui avaient chacun leur histoire et leur originalite. C'est de cette accumulation de parties que s'est degage progressivement un tout qui echappe aux definitions archaiques du pouvoir (la dcrniere grande liste des tributaires date de peu apres 480) et forme un veritable Etat, a partir duquel se redefinissent des subdivisions. Une fois encore le parallele avec l'evolution de la cite grecque parait s'imposer. La mise en place d'un maillage administratif plus etroit temoigne done de la capacite d'adaptation du systeme aux realia du temps, il n'est en aucune facon la manifestation d'une inexorable decadence. Considerons la Carie. Elle est, selon certains, I'exemple de ces territoires pcripheriques que Ie pouvoir central impuissant se resignc a voir acquerir une independancc de fait. La concession du pouvoir a des potentats locaux creerait une situation nouvelle dans la mesure ou ils ont une politique exterieure qui leur est propre. En allant jusqu'au bout du raisonnernent, sont-t-ils merne des satrapes? Sans reprendre l'argumcnt develop pe plus haut, envisageons les choses globalement : entre 392 et 334 nous sommcs informes sur une seule revolte, aux consequences limitecs, de Mausole. Nous savons d'autre part qu'Idricus a connu des difficultes, non definies, avec Ie pouvoir central. Si l'on compare a la situation des satrapies gouvernees par des Iraniens, il apparait que ces dernieres ont connu des crises bien plus nombreuses et plus graves. Les Hekatomnides ont mene une politiquc etrangerc conforrne a leurs interets particuliers (e.g. Ie decret pour les Knossicns, leur role dans la guerre des allies) mais ils n'ont pour autant jamais ete pris en flagrant-delit de s'etre mis en contravention avec ceux du Roi (merne si les auteurs grecs font part de leur suspicion a cet egard, par exemple a propos des affaires de Chypre). Le mariage avorte entre Alexandre et Ada II ne representait pas necessairernent une demarche secessionnistc. En tout cas, a la fin de la pcriode, la reprise en main (si tant est qu'elle ait etc necessaire) s'opere "en douceur" : Ada II epouse Orontobates qui succede a son beau-pere sans qu'il ait apparemment de solution de continuite dans les modes d'administration (cf. par exemple le monnayage). Localernent, Ie fait le plus significatif est le developpernent d'une koine grecque qui tend a reduire les particularisrnes, sans les supprimcr entierernent, ce qui permet l'entree progressive de communautes autochtones dans le crcuset commun (Sardes, Mylasa, Xanthos et tant d'autres). Ces particularisrncs locaux trouvent aisernent des paralleles dans les situations complexes des cites : Ephcse, Iasos, Halicarnasse ne sauraicnt etre definies autrernent que cornrne des cites grecques et pourtant bien des traits de la vie quotidienne devaient surprcndre ou merne ehoquer ceux qui venaient de I' autre cote de I' Egce. Le caractere tres mixte des populations etait aussi un trait commun a toutes ces entites (Halicarnasse, Kedreai, Sigeion, etc.). On pourrait done soutenir que les contours, mais aussi Ie contenu du monde gree anatolien, de la cite grecque en Anatolie, a change. II serait assez reducteur de parler a ce propos d'acculturation. Alexandre va traiter Sardes et Mylasa de la meme facon qu'il aurait pu Ie faire pour de "vraies" cites grecqucs. Pour quelques temps encore pour certains traits (langue), pour beaucoup plus longtemps pour d'autres (faits religieux), Ies donnees heritees perdurent, enrichissant a leur tour Ia civilisation commune qui est en train de sc creer. Par consequent la demarche vers l'unite, tant culturelle que des modes de gouvernemcnt, n'cst nullerncnt exclusive de diversite et d'cnrichisscment par des elements allogenes.
CONCLUSION GENERALE
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Com me cela a etc souligne dans l'Introduction, la cite avec ses formes multiples et dans la mesure du possible les autres types d'organisation locale rneriteront une enquete specifique, Mais merne si cette derniere na pas ete etudiee pour elle-rneme, il ressort de ce qui precede quelle est un element actif voire moteur des evenernents. De plus l'un des centres d' interet de la peri ode est de constater qu' elle devient une reference, un "standard" pour les entites qui ont pu entrer en contact avec Ie monde grec. L' exernple de la Carie demontre la volonte des Hekatomnides de generaliser Ie fonctionnement des communautcs en poleis, prefigurant en ce domaine encore celui des Etats hellenistiques, De facon presque plus significative, la demarche a pu etre naturelle et reposer sur des liens cconorniques et culturels durables ; cela vaut pour certaines parts de la Pisidie-Pamphylic, de l'Isaurie, de la Lycaonie. Le processus etait alors avarice pour Selge, seulement entame pour les Etenniens, Laranda, Isaura, etc. L'aventure d' Alexandre va avoir comme consequence paradoxalc une interruption mornentanee de I' evolutions de ces regions. Au plan politique on doit se poser la question de leur marge de manreuvre, Le point de depart pourrait-etre Ie jugement severe porte par Pausanias I sur lcs Ioniens dispensateurs de statues. Dans une de ses habituellcs digressions et a propos de la statue de Lysandre a Olyrnpie, il note que les Samiens ont consacre une statue de bronze a Alcibiade dans l'Heraion, puis apres Aigos Potamoi avec les autres Ioniens ils en ont offert une de Lysandre a Olympic. Vers cette me me peri ode lcs Ephcsiens multiplient les dedicaces : Lysandre, Eteonikos, Pharax et dautres Lacedernoniens quasi inconnus. Nouveau rcvirernent, Con on et Timothee sont honores aussi bien dans I' Heraion de Samos que dans I' Arternision d'Ephcse, et il conclut : "C'est toujours la merne chose, les Ioniens comme tout Ie monde, courtisent ce qui dornine par la force 2". A cette enumeration on pourrait ajouter pour Ephcse la statue de Philippe et lc portrait peint d' Alexandre. Le paralicIe Samos-Ephese montre que des deux cotes de ce que nous avons defini comme I' axe paralien, les reactions sont de me me nature. Pour la plupart des cites I' eleutheria est devenu un vain mot, ou plus exactement une aspiration a laquelle scules les circonstances peuvent de temps en temps donner quelque credit. Les cites les plus importantes continuent a exploiter toutes les occasions de se demarquer de la tutcllc du pouvoir. On pensera a Hcrrnias d' Atarnec et a I'espoir quil suscite dans nombre dc cites, ou encore a Ephese en situation de conflit avec divers satrapes, Mais ces deux cas montrent bien les limites vites atteintcs : a Ephcse Ie libre fonctionncment de la democratic a I' epoque d' Alexandre y compris dans ses cxces est rapidement cncadre par les represcntants du mi. La fin tragique d'Hermias marque Ie debut de l'inexorable decadence d'une region auparavant prospere et bien peuplee, Cela n' ernpeche nullement Ies cites de retomber dans leurs travers anccstraux, eomme par exemple les conflits locaux reposant en partieulier sur des contestations de limites territoriales, quittes, tels les plaideurs de la fable, a sc mettre plus encore dans la main du pouvoir central dont on sollicite l'arbitrage. Ces conflits, parfois violcnts, se poursuivcnt bien au dela de la conquete macedoniennc, On pensera en particulicr a cette zone particulierement agitec de l'Ionie ou s'affrontent Ephesc, Priene, Samos, Magnesie, I Paus.6.3.14-16. 2 1(11lTa flEV Ecmv i'xov1a OU10l10V <'tXt Xpovov, K(X1 "IOlCHV WCl"(X1HOl; 0\ ITriV1E; &V8POlITOl 8EpaITE1JOUCH 1(1 imEpi:xovm 1n lax1n.
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pour ne citer que les plus importantes. II doit etre non moins evident que cela ne prejuge en rien de la disparition de I' autonomia qui permet de sauver les apparences. II y a bien des traces tangibles de cette derniere, Par exemple I'emission des monnaies se poursuit et me me sarnplifie au IV e s. (nombre des cites, importance des series) alors que Ie "diktat" athenien les avait privees de ce privilege pendant une partie du v- s. Le dynamisme des cites peut se mesurer aussi a. leurs constructions. Un tel effort suppose en effet au moins deux conditions: des disponibilites financieres mais aussi une volonte commune faite de stabilite politique et de confiance dans l'avenir de la collectivite (cf. les periodes de realisation des grands programmes de construction a. Athenes aux VIe et ye s., rien de comparable au lye S.). Prenons l'exemple de Mytilene pour ternoigner de travaux edilitaires dimportance : Ie sanctuaire d' Asklepios 3 est evoque dans un decret du milieu du lye s. en faveur d'un certain Athanas qui propose de prendre a. sa charge Ie detournement d'un cours d'eau et I'amenagement d'un acqueduc pour desservir Ie sanctuaire et la vilJe 4. Le temple d' Asklepios est reamenage dans Ie dernier tiers du siecle s. Cette sequence chronologique parait tout a. fait significative et I'on pourrait alleguer bien d' autres temoignages, Deplacement de sites vers des endroits plus favorables 6, constructions utilitaires avec l'erection des murailles 7, developpernent urbanistique 8, amenagernents de monuments 9, en particulier de temples, qui rivalisent de magnificence 10 : nous sommes en presence d'une peri ode dassez intenses remaniements, de mise en chantier de monuments importants. Merrie si la date precise ri'est pas toujours facile a. determiner (quelle articulation autour de l'anabase d'Alexandre?) il est globalement evident que le mouvement commence avant c' est-a-dire au moins des le milieu du IV e s. La "modernisation" des cites passe aussi par un toilettage de leurs institutions. II semble que dans ce domaine les cites insulaires aussi bien que cotieres aient servi de champ d' experimentation pour des innovations dont la necessite pouvait etre liee a. un accroissement substantiel de la population civique 11. Dans le domaine economique il est pour le moins aventure de donner un diagnostic valable pour l'ensemble de I' Anatolie dans la mesure ou la configuration geopolitique de ce sous-continent parait exclure toute synthese a. valeur universelle, On sait le jugement de ce type porte par J. M. Cook 12 qui postule un declin de l'Ionie au v- s., qui se scrait etendu IG, XII.2, 4 restituc et traduit par Hodot 1965 n° 4 dou Labarre 1996, n° 92. La decouverte d'un aequeduc date sur des critcrcs archeologiques de la premiere rnoitic du IV" s. eonfirme eette realisation (ef. AR, 1971-72, 19). 5 Heisserer 1988, 111-132 ; Labarre 1996, 209 sq., critique ses conclusions architccturalcs, 6 Cf. par ex. Cnide. 7 MeNieol1 1997 ; Pimouguet 1994 ; Debord & Deseat 1994, etc. 8 Voir par exemple Demand 1990. 9 E.g. Ie theatre dErythrees, Mel1ink 1980, 513. 10 Une liste exhaustive u'a pas sa place ici, relevons 11 titre d'cxernple Athena 11 Milet, IV'-lII e S., Mal1witz 1975, 67 sq. ; Demeter el Kore 11 Iasos, fin v- s. mcdific au rvs (AS 20, 1970, 14-16 : AR 1970-71, 47) ; Letoon de Xanthos avec divers amenagements de la fin du v' et du lV's. ; Metzger et ill. 1979, 17-22. Bien entcndu on noublicra pas la reconstruction amorcee de I' Artemision d'Ephese apres la destruction par ineendie de 356, Str. 14.1.22 ; autel du IV'S. et les questions autour de la date du temple d' Athena a Priene (supra p. 444). II Debord 1984. 12 Cook 1961,9 sq. 3
4
CONCLUSION GENERALE
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jusqu'a I'arrivee d'Alexandre. 11 a ete suivi plus au mains integralernent dans son analyse par divers auteurs 13. Les ternoignages litteraires mettent en avant les ravages, les destructions engendres par la guerre (Iasos, Kedreai et bien d'autres), C'est la une dramatisation des faits parfaitement comprehensible mais qui risque de fausser beau coup notre perception. II faudrait au moins mettre en regard divers passages au les memes auteurs vantent la richesse de ces regions. L'existence des perees et les ressources qu'elles procurent aux insulaires ant deja ete soulignees, En tout cela, positif ou negatif, le IY" s. anatolien prefigurait peut-etre plus qu'ailleurs I'epoque hellenistique. La prise en compte du monnayagc suggere aussi fortcment que Ie milieu du lye s. est une periode faste pour I'Empire acherncnide 14 en general mais particulierement pour I' Anatolie. Lc nombre des entites qui emettent devient tres important depassant largement le cadre de la cite. Des regions de I' interieur (com me la Cappadoce) sont desormais concernees par la circulation monetaire. L'importance du regne d'Alexandre n'est pas ou on I'a sou vent cherchee. A court terme rien ne parait bouger. Certes il y a de plus en plus de Greco-Macedoniens a la tete de l'adrninistration, rnais Ie phenomene etait deja amerce - a un degre moindre cela va de soi des la fin de I'epoque achernenide. Cependant les structures administratives et fiscales n'evoluent que lenternent, et en tout cas sont inchangees encore a la fin du IY" s. L'anabase d'Alexandre agit plutot comme un detonateur, un accelerateur pour placer sur Ie devant de la scene, ou systernatiser, des donnees deja perceptibles ou en gestation. Nous avons par exemple pu noter cornbien les Hekatomnides dans leur sphere ou encore la dynastic de Clearchos a Heraclee pontique prcfiguraient a bien des egards les souverains hellcnistiques. Comme cela a etc note dans lintroduction, c'cst le livre de W. Judeich qui nous a suggere la mise en chantier de celui-ci. II est interessant dobservcr que ce petit opusculc n' a pas si mal vieilli. Une reproduction realisee naguere (1991) attcste qu'il est encore lu, et sur des points de detail, des decouvertes reccntes viennent de lui donner raison contre ses detracteurs (identite de I' Arternise ayant berne les habitants de Latmos). En bien des points les lacunes de I' information sont tout aussi desesperantes qu' en 1892 et interdisent toute conclusion definitive (revolte des satrapes). La masse sans cesse croissante des publications ne masque pas toujours le fait que I' on a bien peu de choses neuves au originales a ecrire, W. Judeich avait a sa disposition tout l' essentiel des sources litteraires (la seule grande exception ctant les Helleniques d'Oxyrrhynchos). II est evident que des decouvertes epigraphiques spectaculaires ont fait reculcr les limites de notre ignorance. La Trilingue de Xanthos, l'rnscription de Droaphernes, les deux textes de Sekkoy, pour ne citer que quelques uns des documents recemment publics, ont suscite (et susciteront encore) des debats passionnes qui permettront d'approfondir la reflcxion sur les fontionnements a I' echelon local aussi bien qu' a celui de la satrapie. Sans mesestimer l'Interet des travaux anciens en ce dornaine, la numismatique a connu un regain d'Interet considerable au cours de ces vingt dernieres annees avec la publication de monnaies
13
E.g, Moysey 1975,14-15.
a Artaxerxes III Oehos un role determinant dans ce quil considere comme l ' apogee de I'Empirc. Il y a sans doute des causes structurclles 11 cette apparente prosperite. '4 Mi1denberg 1998,277 sq. attribue
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exceptionnelles (Thernistocle, Tissapherne) et de tresors (e.g. tresors cilicicns, tresor de Pixodaros) qui nont pas fini de fournir des arguments a des lectures contrastees des donnees politiques ou econorniques. Pour pouvoir proceder a une analyse globalisante chere a I' historien, il serait souhaitable que les donnees archeologiques accessibles soient egalement prises en compte cite par cite, region par region, afin de pouvoir mieux caracteriser des phenomenes de fond pour lesquels on ne peut que pcrcevoir des tendances a travers Ie reste de la documentation. Ce travail a priori ingrat mais indispensable reste a realiser si l' on veut veritablement evaluer ce que representait la cite grecque (ou de modele grec) en Asie Mineure a I' aube de I'epoque hellenistique.
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AELllJS ARISTIDE
Palin odie
[p. 431 Dindorfl 435 Rhodiakos [43.552 sq.1225 A'JDOClDE
Paix
1291121 ; 209 ApOI.J.ONIOS DE RHODES
[2.946 sq.] 86 ApPIFN
Guerre de Mithridate [8]163; 455; 456; [9]100 ARISTOTE
Athenaion Politeia [62.21278; 292 Histoire des Animaux [6.29] 36 Politique [2.1267aI96: 417; [5.1302b 231259; 15.1303b 9] 262; [5.1304b 251377; 381; 382; [5.1304b 27J 259; 379; [5.1304b 31 sq.] 300 ; [5.1306a 31]299; [5.1312aJ 99 Rhetorique, [1375bl 265, 266; [1384b 32-351 294; [1386a 13]421; [1406b 25]376; [1418a] 377
ATHENEE
[1.29 f-30 a] 486, [1.29 sq.] 192; [2.42aJ 141; [2.43a] 34; [4.144b] 113; [4.145al 42, [6.256c] 281; [6.271b[ 386, [8.337c-d] 141 ; 142; [10.415d] 113; [10.442 sq.] 409; [I0.443a] 409; [10.444c445al 382, [11.4721'] 137; [12.525c-e] 200; [12.532b] 395; [12.538bJ 447; [13.574e-f] 36; [14.636a-bI197; [15.696a-d] 418
(PS.-ARISTOTE)
Economique 2 [1345b 28-1346a 51 48; 168; [1348aJ 33;40; 41 ; 43,49; 137; 139; 148; 172; 175 ,356; [1350b 5] 290; [1350b 16164 ;106; 357; 358; [135IbJ 184; 347; 426; [1351b 19J 347; .[135Ib 361 160, [1353a] 34; [1352b-1353a] 169 ARISTOPHAI\E
Oiseaux [292 sq.] 375 ; [1028] 94 ARRIEN
Anabase 11.2.7-8] 157; 11.7-18.2] 40; [I 11.6J 424; 427; [1.11.71427; [1.12.1]266 ;396 ;429 ;457 ;[1.12.67] 430; [1.12.6] 426; [1.12.8] 153; 416; 430; [1.I2.9J 154; [J.J2.10] 155; [1.13-161431; 11.14.41 430, [J.J6.3] 108, 153;; [1.17J 168; [1.17.1-2] 158; 431; [1.17.3] 432; [1.17.5-61433, [1.17.7-8] 159; 433; [1.I7.8J 350; 434; [1.17.9] 425; [1.17.9 sq.] 388; [1.17.9-13] 436; [1.17.101 425; 435; [1.17.10 sq.] 398; [1.18.1-21 159; 436; [1.18.2] 476; [1.18.4139; 445; [1.19.1] 445; [1.19.6] 445; [1.19.81 457 ; [1.19.11 J 446 ; [1.20.2] 446 ; [1.20.3]
AU! .c-GFI.J.F
[10.18.11137 CICERON
De natura deorum [1.72]292 Tusculancs [3.31.75] 137 CLEMEI\T 0' ALEXANDRIE
Protreptique [5.57.3] 65 CORNEI.JUS NFPOS
Agesilas
[3.1] 120; [3.4-5]246; [4.1] 251 Alcibiade [7.1-2]225: [9.21 189; 234; [9.3] 192; [10.3198 Chubrias [41380 Conan [3]251; [5.31128,253
526
L'ASIE MINEURE AU IVe s. (412-323 a.c.)
Datames [!.J185; 87: lOS; 11.21357; [21113.282; [2.11 106; 35E. • 12.1.5] 113 ; [2.2-3.4J 358 ; [2.5J 99; 106, 295;[3J373;[3.1]111 ;[3.51358;[4.1]174;[4.151341.359; [4.4J 77; 315; [4.46J 315; [4.5] 107; 366; [4.10 sq.] 107; [5.6] 114; 359; 363. [6]364. [6.11365; [6.1-6.3] 364; [6.1-7J 315; [6.3] 373; [7] 359 ; [7.1] lIS ; [7.1-8.6] 364 ; [8.2] 296 ; 315 ; 364 ; [8.31363; [9] 373; [I02J 44; [10-11] 103; 364; 366; [14.2.31106 Timo!lu'e
[1.2J 291; [1.2-3[ 295 . 292; 298. [1.31296; 298; [3.11380; [3.3 sq.] 380 ANCIE'J TESTAME'JI
Polycles
[6]298. [53]408; [53-54J 4] 1 Theocrines [351411 Halonnese [15] 410 Reponse if Philippe [5J 420 Traite avec ALexandre [7J 410.472; [81474: [201469 DEt\YS D' HALICARt\ASSE
Lvsius 12.12.7J 377 DIDYME
[564 sq.] 420; [6.36 sq.J 419
Daniel
[6; 9; 13; 161 23 Esdras [5.6J 168; [6.6[ 168. [7.21]168; [7.24168 Esther [1.11169; [3.12130.31.169; 18.8130 Dc"!OSTIIEt\F
JC Philippique [4.241394 4 C Philippique
[321 420 , [ 12J 347 : [91J 408 ; [141] 289 ; 299 ; 351 : [1421173; 288; 408.11431408. [1511351: [1541 94; 184; 347,435; [154-5J 295; [155] 114. 155: 347; 350; 352. ]1561 352; [1571 435. [157-159J 350: [158J 299; [158-160J 347 ; [202J 288 ; 289 : 292; ]2031351 Boiotios [6-37]409 lacritos [I] 357 t eptine i601286; [711252. [80.21380; 1841301 Chersonese 1241294; 377 Couronne [234J 380; [259 sq.1373; [3021411; 434: 459 Organisation financiere
[81382; 408; 409 Paix
[251 407 ; 408 Prologue 23
382 ; 407 Prologue 36
409 Rhodiens [31 378 : 379 ; 382 ; [9] 172 . 287 , 290 ; 291 ; 293 ; 295.408; [14] 382[15] 378; 381; [19J 377: 381: 382; 408; [23]140; 400; [27]381 Sur les svmmories [31J 302; 344.348; 396 (Ps. DE"10STi"'.'iF)
Lettre de PhiLippe [171390
OIOJ)ORE
[2.5.35 sq.] 156; [2.61.4] 315 : [5.63.1]271 • [9.31.31 27. [10.1.21 152; [IO.25.4J 42; [11.2.12J 310: [11.37J 310; [11.44.31189; 111.601 310; 320: [11.611 76; [11.69.2J 119; [] 175J 320; [12.27] 119; 291; []2.34.5191. [12.73.1[ 93; ]13.34.]-21 203; [13.34.21 206; [13.36.5] 121; 122,203; [13.37.4] 121; 122; [13.37.4-6[ 203, [13.38.51212. 216; [13.40.61216; [13.4I.4J 40; [13.42.4J 217; [13.45.1] 212, [13.46.3] 204; 216, [13.46.61 2]3. [13.49.31216; ]13.49.4J 216; [1351J 40; [13.64.1J 220; [13.64.4J 220 . [13.65.3-41219 ,242; [13.65.4J 267; [13.66.1-31 221; [1366.4J 222; [13.67.5-71 223; [13.68.1-21 223, [13.69.51 223, [13.70.2-3] 230; [13.701224; 225; 227; 230; [13.71.1] 223; [13.71.1 -4] 224, [13.73.3-6[ 223; 225, [13.75.1 J 225; [13.76.3-41226; [13.76.4]206; [1376.51226; [13.79J 226; [13.100.5] 226; [13.100.7-81 227; [13.104.4144; [13.104.5] 219; [13104.5-7J 227, [13.104.6J 95; [13.104.71219; 223.227; I 14.3.4-5J 229; [14.10.21233: [1411.3J Ill; [14.12J 235, [14.12.8J 123; [14.19.3[ 332; [14.19.51171; 236; [14.19.6] 171; 236; 332; [14.197J 236; [14.20.41 331; [14.22.5J 193,114.24.1124.156; ]14.27.71 128. [14.35.3-5J 171; [14.35.6-7] 236; [14.36.2] 236; 436; [14.36.3]236; [14.36.41256; [14.38.2-31 239. [14.39.1-4J 242; [14.79.3J 245; [14.79.4-8J 244; [14.79.61251 , [14.79.8] 333 ; [14.80.1-21246 ; [14.80.2] 46; [14.80.6-8J 247; [14.80.7] 128. [14.80.8J lOS; 124,[14.81.4-61251 ;[14.83.41251, 252. [14.83.7J 252; [14.84.3-4J 252; [14.85.4J 128; 253; 254: ]14.94.3-41 261, 114.97.1-41 258; [14.97.31259; [14.n.3J 134; 137; [14.98.3-41258; [14.99J 254, [14.99.1]256. [14.99.31256; [14.99.451258; 260; 261; [14.110.3-4] 278; [151J 349: [15.2.1-2] 335, [15.2.2]280; 281. [15.2.3-4]280; [15.2.4] 258; [15.3.2J 281 ; [15.3.6] 281; [15.4.2J 336; [15.8.2-3127 [15.8-111280, [15.9.3 sq.1281; [15.9.5] 279; 281; [1510.2-3J 281; [15.11J 281; [15.16.401 304, [15.18.1-41 281, [15.18.4] 282: [15.19.21 282; [15.19.4] 279; [15.22.1-2J 394; [15.28.3] 283, [15.28.5] 285; [15.29.1-4] 288. 115.29.31 338; 115.29.41] 338; [15.29.7J 284:
INDEX DES SOURCES
[15.29.7-8J 285; [15.30.21 283; [15.32.5J 151; [15.36.4] 283 . [15.38.1]288 ; [15.38.21288 ; [15.41431288, [15.46.3] 304 [15.49] 177; 280; 388; [15.50.4J 289, [15.70.2] 173; 289; [15.76.2] 295; [15.79.11274; 275; 297; [15.81.5J 300; [15.81.6] 275; 298; [15.90J 75; [15.90 sq.] 302; [15.90.1-3] 303; [15.90.2J97 ;[15.9IUI46 ,97 ;99,100; 102; 103; 295; 296; 315; 346; 375; [15.90.41 348, [15.91.11 346; [15.91.2] 295, 302; 357; 358; [15.91.2-6J 365; [15.91.2-7] 302; 357; 364; [15.91.41349; [15.92.11 281 ,349; [15.93.6] 304; [16.7J 377; 378; 379, 380; [16.7.3] 297; 377; 378; 380,116.21.1]297; [16.21.2]380; [16.21.2-3] 3W; [16.2U-41380; [16.22J; [16.22.IJ 394; 395; 116.22.1-31394; 116.22.2] 380; [16.34.1-21 394, 396, [16.36.2] 134; 400; [16.40.2J 396; 116.4I.IJ 182; [16.41.5] 185,116.42.2]416; [16.42.6-9155; 401, [16.42.6] 137; [16.43.IJ 415; [16.44] 412; 116.44.4J 304; 418; [16.45.71 134, 136,400, [16.471412; [16.47.2] 153; 157,418; [16.48.51 419; [16.50.8J 419; [16.52.31396; [16.52.4] 420; [16.52.5-8J 419 ; [16.52.6-7] 419 ; 420 ; [16.521 153 ; [16.69.2] 134; 401 , 116.74.2] 134; [16.75.1-2J 421 ; [16.77.21420,421; [16.89.2] 421, [1690.21100, 103; [16.91.2J 421 ; [16.95.11425; [17.2.4-6] 421 ; [17.5.31423; [17.5-6J 421; [17.7.2] 154; 117.7.31 423; [17.7.8J 423, [17.7.101424; [17.17.6J 427; [17.18.2-4J 429; [17.18.3] 155; [17.19.4J 104; 114; 153; 185; 194; 416; 430; 117.19-21, 6] 431 ; [17.20.21153,184; [17.2I1J 184; [17.2J.3] 108; 157; [17.21.7J 40; 432; 117.22 sq.] 398; [17.22.1] 445; [17.22.5] 445; [17.23.4J 446; [17.23.6J 155; [17.24.1] 446; 474; [17.24.2-31448 ; [17.24.3] 160 ; 448; [17.24.3-27.5J 449; [17.27.5 J 449; 457; [17.27.6] 449. 117.281-51 451; [17.291 457, [17.29.11155; [17.29.41458; [17.30J 347; [17.30.71 458; [17.3U] 458; [17.48.5-61462, ]17.68.5121 , [17.111.11 394; [18.3] 158; 162; [185.4J 158; [18.8.IJ 466; [18.8.41 477, 118.16.21 41. 110; [18.18.9J 293; 118.22.1-2J 164, [18.22.1-4] 341; [18.22.41; [18.39.6] 165; [19.23.31 352, [19.40.2], 100; [19.58.2-5.] 326; 119.75.3-41442; 1197551 385.119.77.2J 379; [20.27]385, [20.111.4]100; 101; [27.22.51449; 13U9J 88 108; [31.19.1-8] 88, [36.13.1-3] 66; 137,4]122 DIOCiE/-;E LAERCE
[5.3]418, [5.5]418 410; [5.50]410
15.61419; 15. 27] 419; [5.45]
ELlE:-;
Histoires Yariees [1.251160; 447,11.25.11-121450; 11.27] 113; [4.19J 410 [IU-6] 382; [1110 bis-IIJ 300; 112131 299. [17.5] 382; [24] 347; [24.3-141347; 124.10] 104; [28.6J 299; ]33.3] 183; [AO.4] 358; 359
S27
ESCHINE
Ambussade [70]283; 1711 394; 1116] 389 Leure 1 [4] 271 Leure 9 [I] 271 Lettre 12 [111271 ESCHYLE
Perses [237] 319 ECSEBE
Preparation Evangelique [9.3J 373 FGrHist
Agathocles de Babylone 1472,1'6]188 Androtion [324,1'72] 376 Arrien, Bythiniata 1156, 1-79-80] 229 Arrien, Successeurs [156,1-1.5] 109; [156, 1'1.5-81158; 1156. 1'1.61159 Berosc 1680, FII] 197 Callisihene [124, F14] 445 ; 478 Charon de Lampsaque 1262,1-7-8] 216 Conon [26, FII225 Ctesias [688,1'13.16189; [688, F13.20J 90; 1688, F15.43J 119; [688, 1'15.52(50)] 120; [688, 1'15.53(52)] 189; 244 Dexippos [100, F81158 Ephippos [126, F51447 Ephore 170.1-781262; 170, 1-831218; 170, 1-191, frg. 81256
Eumebs [451, F5186 Hecatce [I, F7al, 85; [I, F2171250 Memnon [434,1'1,1-5] 301; [434, FI, 4.11455; 477; [434. rt, 12.3J 91; [434,1'1, 12.4J 159 Nicolas de Damas [90,1-65 J 96 Nymphis d'HcraclCc [4321477 P. Errhcr-og Rainer 1105, F4] 156; 393; 394; 396 Philippe de Theangcla 1741, F2J 386
L'ASIE MINEURE AU IV" s. (412-323 a.c.)
528
Philochore [328, F149) 254; 1328, F154]292 : 380 Skylax 1709, FII] 92 Theopompe [1l5, F7J 218; 1115, F23] 269; [liS, F59] 388; [liS, Fl031 258; 281; 315; 467; [115, FI03.41 128; 256; [115, H03.17] ]38; 353; [lIS, FI05] 395, [115,tI13] 42; 1115, F1211382; 1115,F2I9) 409; [115, F2911 267; 417; 418; [115, F2991 49; 137 FHG, IT p. 216 (Heraclide Ic Pontiquc) Polit., [10.7] 292 FR()~TJ~
[1.4.5] 364. [1.4.13a] 420; 421; [2.3.3J 396: [2.5.46J 458 ; 12.7.9]365 ; 365 HERO DOTE
[1.6]35; 85; 86; [108123; 11.10.] 117; [1.281179; 318; 11.72137; 77; 83; 85; 87; 318; 11.74] 318; 11.76] 85; [1.130J 117, [1.134] 78; [1.141]177, 178, [1.142.3-4] 74; [I 146] 387; [1.149] 178; [1.151] 74; [1.153J 168,11.1541123; [1.1601267; [1.1701176; [1.173]75; [1.177J 121 ; [2.1.14]81; [2.34] 37; 83; 12.1041 85; 12.178] 180; 12.178.2] 357; [3.41180; [3.11]180; [3.31] 23; [3.80-82]23; [3.83 sq.] 89 ; [3.89] 72 78; 79,81; 13.90141 ; 43 ; 72; 85,119; 318; 319; 430, [3.93] 86; [3.94]86; [3.102] 86; [3.120] 73 : 116; 250, ]3.120-1251116, [3.120-126192,13.122.1] 73, [3.126] 250; [3.127] 73, 117; [3.128J 30,117; [3.139]90; [4.44186, [4.45] 432; [4.891 90; [4.143-4] 93; [5.1-2] 93; ]5.14-15] 93 , [5.21] 406; [5.25]117 ; 167 ,15.25-281 93; [5.271170, ]5.30]83; 117; 123; [5.31-32]] 17; [5.32] 93; [5.37] 256; 15.49J 77; 85; 86; 318; [5.49-541 85; ]5.521 77 ; 86, 318; [5.52-54] 34: 15.53] 35; [5.94 sq.] 266; [5.102] 80; 85; 117; [5.1081319; 15.116] 80; 93, 117; [5.118] 178' 256; 319; [5.118-119J 79; [5.121180; 256; 15.1221 75; [5.123J 117,16.7] 177 , 16.28] 267; [6.32]229; 16.33] 92,16.33.3] 250; [6.41] 28, 188; 16.42J 35; 42; 79; 81; 117; 176; 16.43J 319, [6.591121; 16.70] 189; [7.26] 247; [7.26-30J 36; 37; 77; [742.IJ 267; [7.61] 485 ,17.61-99185; [7.62] 89. 17.64J 119, [7.70] 120; [7.73] 487; [7.73-74] 92; [7.74170; 75; '/8; 119; ]7.75]77 , 17.76] 76; 17.77] 75; [7911319; 330; [792J 310; [7.95-96J 90: [7.971119; [7.981256; 257; 310; 319; [7.99]180; 17 I06J 170 ; [7.135J 85 ; 93, 120 ; 17.1941 170 ; 178 ; [8.7.21178; [8.681319:, [8.85.3] 189; 18.87.11170, 18.87.3] 170, [8.100] 319; [8.106]267; 18.136] 28; 95; 18.136.11188; [9.107]319 Helleniques d'Ox . .v rrhvnchos [CPSI 13(4)J 224; [2.1] 242, [2.1.2] 243; 12.1.5] 243; [4.2] 244; [6.1-3J 246; [6.27]247, [7.3J 247; [8.1.39-40] 247,110.2-3]251; [12.3J 157; [1217].4] 243; []4.1-3]251 ; [14.3] 26; 46; 128,156; 185; 253; [16.1] 96,100; 248,395; [16.5-6] 34; [16.6] 175; 248; [17.3]70,75; 91 ; 99:, 113,250; 251 ;
[17.4] 37; 83; [17.1041 251 ,118.33]248: [20.38] 248; [21.4.6] 45 HIPPOCRATE
Airs, eaux, lieux [16] 19 HIPPONAX
[43] 36
Iliade [2.835] 430 ISEF.
Astyphilos [14]408 ISOCRATE
Echange [3] 290; [111]290: 291: [1121296 Evagoras [47]376; [621336' 1641337 Leure 7 [8 sg.] 409 Lettre 8 [7] 408 ; [8]412 Lettre 9 [8-101397 Paix [5-6]378; [101] 377; [1061377; 11341377 Paruuhenuique [671233 Panegyrique [1201134,190; [132J 264; 282; 1135]280, [137] 279; [139J 205; [140] 337; [141] 337: [144] 236, 242, [150-153J 22; [1531247; [1611146,314: 336; [162] 134; 282; 1163] 282 Philippe [53] 298; [101-104J 22; 1102]415; [1031352; 376, 384; 401 ,403; [104J 41 ; 134 Plataique 128] 282 , 286 ; [44J 378 JERCHvIE
Contre Iovinien
[1.!301400 JES nx
[11.7] 455; 116.3.9] 300: [16.41 103; 297; 30n; [16.4-8] 300; [7.3J 92 LIBA~IOS
Second argument contrc Timocrote 137 I.UCAIN
[3.227-228] 326 LUCIE'i
Dialogue do; Morts [24.1] 134, 137; 356: 383 LYCURGl'E
Contre Leocraie [721320 LYSIAS
Discours Olympioue [3J 279
INDEX DES SOURCES
Ergocles [121258; 261: [17] 258 Mt"Ar\DRE
Bouclier [30-321 182 PAUSA'iIAS
[1.29.IOJ 104; 421; [2.33.4J 160, [3.9.2] 251: [3.9.5J 246; [3.9.8J 243; 14.35.10] 267; [6.3.14-16] 495: [6.3.16] 252, 259: [6.7.6] 251; [6.18.2-41 430; [7.4.2-3J 268: [75.1-41435: [8.10.4] 141 PHOTICS
Bihliotheque [176.120b] 467 PLATO"
l.ettre 7 [332bJ 23 l.ois [740 cJ 372 Phedre 1252 cJ 372
Morius [17.5-6166 P('ricles 120.1.2191 ; 120-21191 Philopoernen 114.2-31297 Phocion [8.1-21351, 118/, 100,160: [18.7J 447 Thernistocle [29J 119: [29.8J 189: [29.7J 486; [29.6J 192, [29.56] 192; [29.10] 192: [30] 34,36; 69: 94: 95; 155, 192 : [34.4] 320 Fortune d'Alcx.andre 11.12.333aJ 160: [2.5.338cJ 301 Moralia II la-b! 49 ; [339cI459, [1097b] 410 : [1126c]410; [11261] 410 POLLCX
11.237J 49 POLYBE
[5. 40.5J 121 : [5.73J 76: 317' [5.77.91 248: [6.491 48; [6.49.10] 233: [18.4[ 469: 121.37.5166: [21.45.61267: [21.45.10192
PU"E
Histoire Ncnurelle [5.32[ 267; [5.37] 267: [5.56J 267; [5.IOTI 449; 461 :[5.112]447;[5.113[441 :[5.116]439,[5.117[ 439, [5.1261196: [5.137] 209: [5.143J 100;: [67J 37: 83; [6.9J 85: [31.541 141 , 142: [35.14] 439; [35.921436: [35.931444: [36.31] 400 PU:TARQlT
Agesilas [22J 244; [61J 243 : [8..3] 45 , [It). lJ 246: [10.4-5J 247: [10.5-61248: [11[113, [13J98 ;401, [15]251 Alcibiade [23.1] 218: 1247[46: 128J218: [29.5-30]221: [30[ 222 : 223 ; [37] 234 Alexandre [lOJ 27: 137 ;406,110.11137; [161431; 117]450: 451: [17-18, 21455; [18J 158: [18.5]455: 458: [221J 160: [22.71 137; 128.11472: [31.2-51486: [34.21474, [37.1J 21: [42] 444: [48.4]459 Aratos [16.31 395 Artaxerxes [2.'] 123; [7.31128, [101] 128: [181156: [23.5] 23 ; [29] UO Camille [19.9] 229 Cimon [12.3[ 310: [12] 357; [18.51320 Demosthene [25.3[ 486 liumene [3.7[167: 18]183: [8.5131 l.ucullus [9.161250, [23.5] 86 l.ysundre [3.21200: [3.3-4J 224: 13.4J 225: 230: 142] 218: 15.6]225: [7.4] 227: [8.1-31227, [9.2]43: [14.2J 229: [19.31233; [19.TI95: 233; [24.1145
529
POLYEr\
[1.48.3[ 243; [2.1.9J 246: [2.1.16] 245: [2.1.26[ 296: [3.2J 119; [3.9.29J 380: [3.9.36] 263: 290: [3.9.581263; 282; [310.5J 292; [3.10.9 sq.[290, [3.14J 347: [43.15] 434, [5.16.21 396: [5.44.3] 410: 457, [5.44.41421 , [5.44.5J 423: [6.2.1]298, [6.8J 387; [6.10J 39, 16.48[ 420,16.491160: 436: [7.14.2J 152: 344: [7.14.3] 344: [7.16.1J 124' 156, [7.21.11358: 17.21.1-71357; 17.21.21358, 17.21.3[ 363: [7.21.5J, 30, 114: 358; 359: [7.21.6] 364, 365: [7.21.71364, [7.23.21 388,392,401: 436: [7.26J 94: 96, 99; 296; [7.27.1J 281 : 315: 364, [7.27.2-3] 458; [27.3] 282; [7.282J 157: [7.29.1] 103: [7.29.21103 : 365,17.33.2] 396; [8.53.4J 392 ; 400 PORPHYRE
De I 'Abstinence
[2261373 QUNTL Cl:RCE
13.1.11-181455; [3.1.12-131 37, 83; [3.1.20] 460; [3.1.21] 458: [3.1.22-24] 158; 455, [31.231 114, 159; [3.2.11458; [HJ 430; 456; 460,13.4.11162; 456; [3.4.3J 416: 430: [3.7.81454; [4.1.34] 159: 462; 464; [4.1.34-35J 465: [4.1.351 161; 14.1.36[ 461; [4.1.371463; [4.5.9] 163: 461; [4.5.131159: 161; 462; 463; 465: [4.5.14-211467; [4.5.14-22[ 465: [4.5.22[ 466; [4.8.12[ 466: 467: [4.8.12-15J 466 ; [4.8.13] 267 ; 459 ; [4.9.111 470 , [5.1.43 sq.] 168; 15.4.41 21 : [5.85],36, [6.6.4] 486; [7.2-7] 460; [7.2.22] 185: [7.5 28J 478; [7.IO.13/, 162, [10.10.1-61158 SCHOL. DEMOSTHF"E
1'- Philippique [19] 156 ; 393 394: 395
L' ASIE MINEURE AU IVe s. (412-323 a.c.)
530
326; [14.5.12J 164; [15.3.181 364; 116.1.21 85. [16.3.5]104; [17.1.43]445; 478
]e Olvnthienne
1311393; 395 Couronnc 189] 474 Organisation financie re
[IJ 379 Rhodiens [11] 400 SCHOr.. ESCIlIKE
Timarque
1531292 ; 380 SCIlOL. PS.-DEMOSTIlEKE
Traite avec Alexandre [p. 196 Dilts] 469 SCHUL. TIlUCYDIDE
[3.92.21 380 SEKEQUE
Des Bienfaits 15.6.]]456 (PS.-SKYI.AX)
188] 92; [89J 85; 1901 295 ; [92] 77 ; [93] 75 ; [95J 240; 241; 266; [96] 71, 74, 75, 100; 198] 71; 74 ;75; 96; 100; 206; 238; 267; 268; 389; [99] 270; 384; 392' 461 ; [100J 182; 1100-1011 314 ; [101]451; 452; 1102]326 (PS.-SKYM:\OS)
Periegese [918-920191 STRABO)i
[1.3.17]439; [8.7.2] 177 ; [11.8.4169 ; 89 , 111.12.2] 88; [11.14.15] 149; [12.1.]] 37; 83; 87; 105; [12.1.21107; [12.1.3] 83; [12.1.4188; 107; 162; 456; [12.1.70]248; 112.2.2]107; [12.2.2-6J 107; [12.2.3]373. [12.2.7] 87; [12.2.10]37; 85; 112.3.1121 112; [12.3.5] 85; 86; 110; [12.3.9] 85; 86; [12.3.101301. [12.3.12] 85; [12.3.14191; 112.3.15] 88. [12.3.22]250; [12.3.27]76; [12.3.31] 88; 318; [12.3.321 89. [12.3.37] 69, 89; 112.3.401 110. 112.4.2] 91 ; [12.4.81 92 . [12.6.2-3] 341 ; [12.66.2J 164; [12.7.11 76. 317; [12.72-3J 317; 112.7.31 454. [12.8.10] 250; 112.8.111298; 484; [12.8.14J 318; 113.1.91 250; [13.1.11] 434; [13.1.17J 47. 113.1.18] 216; [13.1.201 430; [13.1.26] 427; [13.1.281 240; [13.1.33] 241; [13.1.38J 265; I 13.1.39J 266; [13.1.451 241; [13.1.46-47] 265: [13.1.471 241; [13.1.51] 241; [13.1.52J 241; I 13. 1.57J 153; [13.1.591 386; [13.1.67] 267: [13.1.691238; [13.3.2] 241; [13.4.3J 417; [13.8.13 sq.1157; [13.412J 194; [13.4.12-13] 77; [13.4.13] 194; 113.4.16-17] 76; [13.4.17] 76; [14.1.3] 178; 305; [14.1.8J 392; [14.1.20] 220; 268; 388; [14.I.22J 436; 496; [14.1.23] 66; 436; 114.1.311 475; 477; [14.1.321 206; [14.1.36] 262; [14.2.3] 385; [14.2.91225; [14.2.11J 225; 114.2.161179. 114.2.17]134; 136; 137,146; 401; 406; [14.2.19J 295; [14.2.201 256; [14.2.21] 446; [14.2.231 130; 375. [14.3.3J 182; [14.3.9176; [14.4.2]451; 452; [14.4.3] 315; 114.5.31 326; [14.5.4] 326; [14.5.10J
TACITE
Annales
13.60-63] 433 (PS.-THF.MISTOCl.E)
[16.5]70; 93 THliCYDIDE
11.1121 320; 11.115 sq.] 291. [1.115-117J 119: [1.115.2] 269; [1.115.4-117] 269; [1.115.5J 207; 11.116.1-117.31207; 11.120.21121; [1.128.6] 189; [1.129.1] 93, 250; [1.132.5J 93; [1.138.5]192, 216, [2.67.1193; 12.691 311 , 13.2.131 94; [3.31.1] 119 ; [3.34.1] 171; 184; [3.34.1-2] 119; [3.34.2J 119, 184; [3.50.3] 266; 13.941 79; [3.104J 177; [4.52] 217,219; 241; 266; [4.52.3] 217; [4.75.1J 207, 217 ; 269; 14.75.2J 300; 15.1193 ; 120; [5.4-5]203 ; [5.32.1] 120; [7.28.4] 217; [8269.1J 215; [8.5] 243; [8.5.2J 204; [8.5.3-51203 ; 18.5.4]12J . [8.5.5] 81,121 ; 123,168; [8.13.36.5] 213; [8.13.38.4] 213: [8.14J 204; [8.16.2-3J 204; 18.16.31 170, 206; [8.17.11 205; [8.17.2] 205; [8.18J 205; [8.18.1] 123; [8.18.3] 206; [8.19.11 269; 18.19.2] 206; [8.20.2] 206; [8.2]] 207; 215; 216; [8.22] 207 ; [8.23.4] 207 ; [8.236J 207 ; 18.24.21 204, 18.24.4-5J 209, [8.24.61 209; [8.25.3] 209 ; [8.28.2] ; [8.31.2J 170; 216; [8.31.31 204; 223; 224, [8.32.2] 207, 18.32.3-33.]] 210; [8.33.2-4] 210; [8.35.1-3] 210; [8361] 209; 220; [8.37] 210; 18.37.21 217; [8.39.3] 211; [8.39.41 210; [8.424] 216; [8.43.1] 210; [8.43.3J 214; [8.43.3-41 212; 18.441 212: [8.44.31 216; 18.45.4] 217, [8.45.4-5] 210; 212: 267; [8.45-46] 218; [8.45-52] 212, 18.461 224; 329; [8.46.11 122; [8.46.2] 212; [8.50.3] 73; [8.54.3J 121; 209' [856.4J 212; 18.57.11 210: 18.581213; 214.243; [8.58.1] 94; 98; 122; 312' [8.58.5] 122; [8.61.1J 216; 18.61.21 230, 269; 18.62.1-21216,18.63.3-4]215; [8.66.1J 94. [8.73.26] 215; [8.75.2-3] 215; [8.79.41 231 ; 18.80.21215 , 18.80.2-41221 ,18.81.3 [ 213 ,315 ; 452; [8.83] 215 ; [8.83.5] 214; [8.84.4-5] 210; 215; 18.85.21 210, 18.871213; 18.87.61 315; [8.88] 215; [81002-3J 216; [8.100.3] 223; 225; [8.100.51 230; 18.101.11 212; 18.104.2-51 218, [8.105.1-3] 218; [8.107.1J 216; 221; [8.107.2] 216; [8.108] 40, 94. 96; 217. [8.108.1J 215, 216,18.108.2] 2J6; [8.108.3] 215: 315; [8.108.4-5] 170; 210; 218; 18.109140; 206; 210; 218; 18.109.11 68, [8.6.1 203 ; [8.6.2J 122; 204; [8.6.4]205 ; 230; [8.6.11J 216; [8.g] 204 TITE-LrVE
[38.39.15]92 TROGlJE-PC):\1PEE
Prologue
[10J 149; 295 ; 302; 345 V AI.ERE MAXIYlE [4.6, ext 1J 137; [4.6. ext. 71400,19.11]99
INDEX DES SOURCES
204, [1.3121 311 ; [1.3./31 222; 355; [1.4.1] R6; [1.4.2J 220, 222; [1.4.3126; [1.4:5] 122; [1.4.7] 34 ; 75 , 97 ; 102 ; 228 ; [1.5. I J 224 ; 230 , [1.53 J43 ; 44; 224; [1.5.8-9]224; [1.5.lOJ 230; [1.5.11]224; [1.5.15J 223,226; [1.6.3J 226,230; [1.6.4] 225; [1.6.7J 48; [1.6.7-111226, [1.6.13-15J 226, ]1.6.25] 231 ; [1.6.33] 224; [1.6.34] 230; 231 ; [1,8,6] 224 ; [2.1.6-7] 227; [2.1.8-9J 214; [21.10J 227; 12.1.11] 43 ; [2. J.l4J 43: 44 ; 227 ; [2./.441 168 , [2.2.1] 229 ; 234; [2.2.21 228, [2.2.51 229; [2.2.6] 229; [2.3.6] 229: [2.3.R] 43; 44; [2.11 IS] 227 ,271; [2.11.171 227; [3.1.11 235; ]3.1.31 95; 236; [3.1.5] 236; [3.1.6] 189; 190; 192; 238; [3.1.6-71 239; 13.1.7] 194; [3.J.lOJ 74, 96; [3.1.IO-15J 24; 94; 173; [3.1.10-16] 239; [3.1.11-13] 173; [3.1.121 41; ]3.1.13175; 76; 94; 95; 315; [3.1.15J 26; [3.1.16 sq.] 96; [3.1.19] 216: [3.1.201 236 ; [3.1.211 242 ; [3.2.1]267; [3.2.91242: [3.2.11] 242; 244; [3.2.12] 29; 236; [3.2.13] 94; 96; [3.2.14 sq.] IR3, [3.2.17J 236 ; [3.2.191 236 ; 256 ; 436 ; [3.2.20] 243 ; [3.4.1 J 243; ., [3.4.2J 235 : [3.4.5J 236 ; 243 ; [3.4.71244; [3.4.IOJ 45; 184; 244; [3.4.12] 46, [3.4.12-15] 245: [3.4.131. 9R, 175; [3.4.15J 244; [3.4./71 245; [3.4.18J 245 ; [3.4.20-21 J 246 ; [3.4.25J 247 ; [3.4.27] 248; [3.4.27-9] 248: [3.5.1-2J 243; [4.J.lI 80; [4.1.1-2] 248, [4.1.3] 113; [4./.4-15] 248; [4.1.1516146; 250; [4.1.17]183; [4.1.20-28J 45; [4.1.361 27; [4.U71 45; 94; 122; 250, [4.1.39-40] 45; [4.1.40J 98; [4./.411 94, 96; 251; [4.2.7J 244: [4.2.17-18J 243; [4.3.1-3J 252; ]4.3.10-12] 251; [4.3.10-13]252; [4.3.121252; [4.471235; [4.8.1-3] 252; [4.8.2J 252; [4.8.12] 253, [4.8.151 253; [4,8,16] 254; [4.8.17] 254, 256; [4.8.19] 256; [4.8.20-251258; [4.8.211 259; [4.8.22J 256; 259; [4.8.23] 260; [4.8.241 260, 14.8.25] 260; [4,8,27] 260; 286; [4.8.28J 260; 14,8,28-29] 252; [4.8.28301261; [4.8.31] 261; [4.8.321 262; 14,8,35] 217; 148.4-5 I 252, [5.U-7] 2R9; [5.1.5] 260; 263; [5.1.6J 263; [5.1.13] 261; [5.1.25J 263; [5.1.28] 98; 263,342; 15.1.31J 278; [5.1.36] 278; 279: [5.4.24 sq.] 284; [5.28] 359; [6.1.121 283, 16.3.12] 284; 289; 16.5.IJ 289; [7.1.27J 173; 289 Mcmorablcs [3.5.26]76; [5.26J 315
VITRl:VF
[2.8.10J 49; 386; [2.8.10 sq.] 375: [2.8.14J 140; [2.8.14-15J 400; 407; [4.IJ 142; [7, Praef., 121389 XENOPHON
Agesilas [1.6.1243; [1.23.4] 244; [1.28-91246; [1.37] 235; 244; 12.26194,152; [2.26-7J 296; 12.27J 297; 13.3J 45,244; [3.4J 113 Anobusc [1.1.2] 123; [1.1.6] 44; 124,193; [1.1.6-7[ 218; [I 1.7J 124,235; [I 1.111314; 315; [1.2.1-3] 236; [1.2.1.4] 315; [1.2.6137; 77; 11.2.7J 36; 37; 46; [1.2.7-81155; 247; [1.2.10137; [1.2.12J 330; 331 : 11.2.19J 37,77,161; 11.2.20] 30; 171; [1.2.2IJ 37; 171; 319; 11,8,5J 156; 11.9.7J 95, lOS, 122, 155: [1.9.14J 75; 315; 11.9.31]156; [2.1.31189; 12.2.1J 156, [2.2.6]35; [2.5.13175; [2.5.23J 485; [3.2.23J 75; 76; [3.3.4] 105, ]3.5.16-171112; [3.5.17] 128; 149.135.351105; [4.1.4-91112; [4.4.2J 47; [4.4.4] 128; [5.5.10] 112; [5.17], 112, [5.5.23J 112, [5.6.6] 248; 15.6.81 112; [65.71 45, 175, [7.1.20] 234; [7.2.5J 235 ; [7.2.71235, [7.8.7-81238; [7.8.8J 183 ; 189; 190; [7,8,8-22J 183; 239; 17,8,9-2IJ 238; [7.8.15J 185: 194; 239; [7.8.171481 ; [7.8.25179; 86,95 ;105; 112; 124; 155; [8,8,15]171; 245 Cvropedie [1.2.151 183; 11.3.18] 23; [1.6.9J 280; [3.6.5J 184; [4.16J 106: [5.3.381. J06, [6.2.111123: ]7.1.43-451 194: [7.4.1-21319; [7.4.9J 217; [7.42J 27; [8.1] 167; [8.6130,38: 80; 167,184; [8.6.1139,169; [8.6.2J 319; [8.6.10]30; [8.61IJ 27; [R.13.3] 485; [R.6.17-18134; [8.8119; 22 Economique [4.5-11 J 38; 167; [4.6]198, [4.71169: 14.8.91174; [4,8,IIJ 174, [4.20-25]46 llelieniques [1.1.1-7J 218: [1.1.4] 241; [1.1.9J 122; 204; [1. I . 10] 21 R ; [I. I . 10-1 IJ 207 , 216 ; [1.1.14] 216 : [1.1.19-20J 216; 11.1.201217; [1.1.22J 217; 260; [1.1.25-26196; [1.1.26J 217; [1.1321219; 222; 223 : 227 ; [1.1.35 J 223 , [1.1.36J 220 ; [1.2.1] 220 ; [1.22J 231; 3RR; [1.2.2-3J 220; ]1.2.4] 223: [1.2.5] 40; 170; [1.2.6-91220; [1.2.13J 216; [1.2.15J 220; 228; [1.2.17J 220: 11.3./] 220; [1.3.1-91 221; 11.3.2J 221, 11.3.91217, 221: 234; [1.3.11-12]
SOURCES EPIGRAPHIQUES ATL [31310; 14J 310, [5] 257; [9]310; [271271 ; [401 206; [AIO] 217; [A9-IO[ 266; IA9]211 ; 257; 269; 429: 452 Coli. Froehner [961400; 401 Delphinion [ 122J 445 ; [1231 442 ; [135] 433 ; [142] 220 ; 388
531
FD Ill. 1
[50-68] 228 111.4 [176]38R; 402 Jl1.5
[6 A] 269
!. Didyma [434-4371475
532
L' ASIE MINEURE AU IVe s. (412-323 a.c.)
1. Magnesia [16]477; [1161439 I. Priene [I] 185; 306; 439; 442,447; 473; 474; [2] 441 ; 442; 443, [3] 66; 370; 371 ; 440; 443 , 444; [4] 388; 389 ; 441; [4al 389 ; 443 ; [4b] 389; [5] 471 ; 473 ; [6] 443 ; 473 ; [7] 443 ; [8J 442 ; [10] 390 ; [14] 370; ]14-16J 439 ; [37] 268 ; 269; 434; 440; 443 ; ]401443; 1108] 477; 1136] 444; 1153]444; 1156] 444; [196] 440,445; [2311 371 ; [363] 269; [490J 177 IG, I' [1011216; [107]217; [116] 222; [117] 207; [302] 121 ; 10, 13, [lJ 124; 229; 235; 294; [10] 215 ; 357; [171266; [28]299; [71] 194; 240; 257; 266, 269, 271 ; 429 ; 452 ; 454 ; 1771 217 ; 241 ; [96] 207 ; 216; [1001218; 24J ,250; [103J 212; 216; [1081 217 ; [I 13] 223 ; [ 118J 222 ; ]119] 207 , [124] 2211 ; [261] 310; 1261-2831 270; [262] 310; [263J 257; [266] 268; 310; [270J 206; [279, II J8], 100, [283] 271; [290] 121; 206; frO] 121; [427] 180; 222; [430J 222, [1180] 91 IC, IF [3] 227; [28]261; [341284; [34-51283 ; [401284; 285,[41] 283; 286, [42J 283,285; 409; [43] 283; [107J 283 , 289 ; [108] 294; [1111 297; [2071 152; 350; 351; 352,409; [2131409; [2321411 ; [233J 411 ; [2841410; [356] 104; [3601477 ; [14371408, [1496] 351; [1628]294; [1628a] 471, [1672] 294 IG, IV' [6161447; 448; [616-617[ 447 IG, V.I [JI219; 220; 268; [219]219 IG. VII [2048J 298 IG, XII.2 [5261410; 468; 484; [41496; [61467 ; 468; [81468 IG, XII Suppl. [31408 IGI5, I [31352 IGR, IV [1352] 194 lJGf [p. 257J 238 lJG, II [XXVII] 410 ; [XXXVI 467 I K, J -Erythrai [6]252; 294; [7J 294; 18]139; 370; 392, [9J 404; 418; [10J 404; 467, [12] 404; [16] 178; [211457; [27] 437; [31] 437 ; 443 , 474; [641477 ;[871 478 , [89] 478 IK,2-Erythrai [207] 47R; [5021261 ; [503] 437 ; [504] 477 IK,3-Ilion [1221478 IK, 8-Magnesia am Sipylos [11195
IK, 1l.1-Ephesos
[2J 433 IK, 13-Ephesos [719] 477 IK,17,I-Ephesos [3110] 220 IK, 22.1-Stratonikeia [501] 49; [501-503] 179; [502] 42; 49; 81,139 IX, 28,1-lasos [I] 180; 385 IK,29-Kios [2J 100; 104; 347; 350 IK, 32-Apameia Bithynien [114]75 IK,34-My1asa [1]137; 139, [1-3]137; 386; [21384; [4168, 69, 134; 181 ; [5J 137; [6] 405; 17J 405; [8J 134, 134; 181; [lOJ 181 ; [21]161 ; [204J 141 IK,35-My1asa [8281137,181; [9111180 IK,36.1-Tralleis [3]136 IX, 50-Adramytteion [127 sq.] 94 labraundo [5]181; [61403; [13-14] 138; [15-191138; 404; [17-19J 392; [27]386; [28] 185; 401; [40] 49,138; 139; 383; [42J 42; 137; 179; 405, [67]181 lindos [1971477 , [223] 477 LSCG [156J 373 MAMA 6 [394J 373 Michel 1356J 467 ; [364] 437 ; [4561477 ; [4971 206; [823] 293; [832J 471 Mi1et,1.2 [9] 129 ML [/2127; 118; 185; [31]215; [321180,449; [471 206; [67] 220 ; [77] 121 ; 206 ; 207 ; [87J 222 ; [93] 312, [94J 235 N [3101308; [314J 353; [3151355; [320]182; [322[ 140 OCIS [I] 439, [2] 467 , [6] 442; 443 ' [7J 442; 443 ; [8] 410; 442; 468' [223] 437; [225] 369; [2291 195; 423; [264J 150; 350; 351; [284J 425; [4371369
PFT [1404]117 RC
[10]447; [15]437; 443; [56]475 Sardis, 7,1 III 33 ; 39 ,42 ; 169 ; 183 ; 193 ,432 ; 442 ; [8] 368 ; 371; [17] 369; [22] 368; 371; [47]368; [851369
INDEX DES SOURCES
SEG [6,1932, 728AetB] 451; [12, 1955, 470A71] 384; [14, 1957,9] 207; [18, 1962,200,202] 471; [18, 1962,200] 292; 121,1965,224] 288; [22,1968,1891 441; [26, 1976,1977, 12821 262; [39, 1989, 370] 219; [41,1991,1380] 355; [41,1991,1382] 354 Sinuri
[731 139; 403; [75],49, 139; 403; [76] 134' [I08J 392
SylP [221, 27, 30, 68, 73, 118, 121; [45A6J 180; [46J 141; ]126J 252; [134] 129; 254; [136] 261 ; [167] 386; [168] 370; 392; [169] 385; [170J 137; [182J 348; [187J 299; [205J 409; 12251402; [2561411; [263J 41O; [2721445, [273J 433; [276J 471; [2771 444; [279] 431; [283J 466; 1284] 437; [3021 159; 238; [31 1] 49; [312J 447; [3301 442; 443; [3811 190, [603] 401
TAM, II [1183] 357
TAM, V,I
533
[356 sq.] 373 TAM, V.2, [10101 370; [1014] 370; [102l1 370; [11391 370; [!305] 373 TL [111353; [29J 355 ; [32] 385 ; [40] 147; 314; 352; 353 , [44] 99 , 187 , 307 ,31 I ; 312 ; 313 ; 354 ; 355 ; [44aJ; 210; [44bJ 146; [44c] 120; 210; 213,214; 385 ; [45] 49 ; 405 ; 1611 187 ; 256 ; 314 ; 353 ; 356 ; [64J 355; [65] 405; [77J 308; [83] 353; [90] 313; [1031313; 353; [104] 313; 355 [132] 353; [1331 354; [1451405 Tad [12]27; [97]235; [113] 167; 177 ;254; [114]261; [liS] 256; [118]283; 382; [121J 283; 286; [1221 283; 409; [1231 283; [1311283; 289; 408; [138] 137; 384; 386; [142J 297; [l45J 348; [1491 100, 104; 350; [155J 392, [1601298; [16IA,B] 138; [161 B]388; 402 ;[163J 408; [165] 418; [168] 408; 409;, [170J 409; 41O; [1751411; [180] 159; [181] 402; [184] 444; [185J 185; [191] 410, [192]466; 12011467
SOURCES NUMISMATIQUES CH3
ACGC [362J 274; 275 ; [363J 275 ; [3691 297; ]637] 274; [918) 275; [964] 485; ]966] 277, [1004] 314; [10051 314; [IOl2J 335; [lOIS] 334; [IOl7l 336' [1031] 325, 328; [1032] 325 328; [I033J 328; 330; [1036] 325,329; 330; [10371 325; [I049J 2]3;325;329 Athena 1987 [n° 127J 133; In' 1281133; [n° 129[ 133; [n° 130] 133; [n" 1321308; [n° 137] 325 Athena 1988 [n' 180) 133; 1990 [n' 191] 133, 142 Bank Leu 1973 [260J 337 Bank Leu 1987 [376J 483 BMCCaria [1821383 HAIC Central Greece
[77,78, n" 89,90] 275' [79, n° 101,1031275
euc ctua« [98, n' 17] 327 ; [98, n' 19J 47; [99, n" 231327 ; [100, n" 241 327 ; [100, n" 25J 327 ; [162, n° 3] 329 ; Ionia [51]478; [160, n" IS ct 16] 390; [302J 390; [323, n'2J 56; [323, nOlO sg.] 56; [326, n° 17]151,1327, n° 19] 61; [327, n" 20] 13; 61; Mysia [91, n'3 sq.] 250 Boston
[1501] 277; [1521,15231 480; [2020J 381 ; [20861 311
CHI [38]486
CH2 [49J 486
[22] 486
CH5 ]17] 143; 276; 381; 385 CFl8
[7J 143; [541143; 191] 331; 338; 340; [96] 143, 276; 381; [158] 56 Gulbenkian [640] 485 ; [644] 484 ; 485 ; 492; [652] 485 ; [655J 485, 16711484, [689]61, 152; 345; [691,692] 470; 484; [715] 483 ; [730] 275 ; [798J 341 ; [815] 414 Hirsch [1465] lSI ; [1594J 327 IGCH [404J 481 ; [1199] 143; [12051 143; [1206J 144; [1207[ 143; 112111 382; [1213 1 In, 390 ; [1216] 55,56; 383; [1239] 485 ; [12431 125; [12441314; 353 ; [1255 J 314 ; 328 , 330 ; 340 ; 11262J 314 ; 353 Pegan 1991 138J 484; [40161, 154; 481 SNG Berry [9851240; [1294,1295] 365 SNG Black Sea [13] 492; [1297,!3001 488; 11299] 492; [1303] 488, [1446,1447 A]60 [14471114; [1447 AI 64 ; [1448,1451] 114; [1456,14581115; [1459] 108 SNG Cop. Aeolis-Lesbos [202,207] 239; [331,335J 475 SNG Co/,. Caria [190J 271 SNG Cop. Ionia [945] 143; [949]143; [15381. 61 SNG Cop. Lycaonia-Cilicia [76 sq.] 326 ,[258] 329; [259J 330; [261,2711339;
534
SNG SNG SNG SNG SNG
SNG
SNG
SNG
SNG
SNG
L' ASIE MINEURE AU lye s. (412-323 a.c.)
[274-294J 360; [295-298] 361; [299-302] 360; [305-307] 413; [308-3131413; [314J 413; [322] 163; [323-324] 163 Cop. Lycia-Pamphylia [153-1581452; [160-179] 452 Cop. Mysia [246 sq.1250; [549] 238 ; [550] 248 Cop. Troas [261 sq.] 481; [282]240 Delepierre [27211 142 France 2 [1-41 327; [5] 335; [29-41] 335; [30] 325; 335; [77J 325; 327; 341 ; [1201 325; 334; 335; [1591621 337; [196-198] 163; [199] 328; [201-2021 328; [207] 334; [209] 47; 325; 333; 340; [2112121329; [213] 328; [214] 325; [215] 329; [218220] 329; [219] 325; [2231 325 ; 329; [228] 325; 330 ; [231 325 ; 339 ; [232] 325 ; 336 ; [234] 336 ; [235] 325 ; [237-238] 325 ; 335 ; [240J 338 ; [241250] 339; [251-257] 339; [258-2771360; [282-289] 361; [288] 325; [290-300] 360; [292] 325; [312329] 413; [320J 325. [330-3531 413, [354-360J 413; [362-364] 163; [365J 163; [367-371] 163; 362; [3711 163; 325; [389-390J 336; [3911 325 ; [391-394] 337; [395-397] 337; [398] 325; 327; [3991325; 327; [403-404] 335; [4131 163; [414] 335; [416] 336; [418] 335 ;[420] 163; [421] 325. 334; 414; 1422-4241 414; [4251 414; [433-434] 413; [435] 413; [436] 47; 325 ; [438] 325; [443453J 164 France 3 [1-25J 452; [624-6591454; [632-6581 314; [951958] 454 ; [1530] 317 ; [1914-1934] 317 ; [2311] 165 Keckman [138c-138d, 139aJ 143; [837-846J 141; [847-859] 140; [860-86IJ 141 Levante [1] 335; [2] 335. [7-10] 335; [11-14] 335; [16-301 326; [32J 335 ; [38-41] 362; [40J 325 ; [43-45J 335 ; [45] 336; [49] 325; 336; [52-53] 163; [54] 328; [55J 328 ; [561 213 ; 328 ; [581 328 ; [601 325 ; 329; [61] 59; 330; [62] 336 ; [64J 335; 166] 325; 337 ; [69-70J 339; [7174]339; [72] 325; 339; [75J 325; 338 ; [78-80] 360 ; [83-84] 360; [85-88] 361 ; [100106] 413 ; [107 -112] 413 ; [1081 325 ; [113-115] 50 ; 413; [114] 325; [118] 163; 325; [120-121] 163; 362; [1221 163; 325; 482. [147] 336; [1501 337; [1531325; 337; [154] 335; [155] 335; [160J 341; [169-170J 163; [1731 334.335; [174J 335; [175] 336; [177] 336; [178-181] 163; [185] 325; [185188] 413; [186] 414; [189] 325; 414; [191] 413; [216] 336 Levante Suppl. 1 [16J 336; [17J 325 ; 338 ; 339 ; [23] 47 . 325 . [26] 325; 414; [26-28] 414; [28] 325; 414 Munchen Troas [284-285] 61
SNG PFPS Pamphylien [1-131452; [459-461J 454 SNG Sweden II [2181-21831481 SNG Tubingen [21821267; [2186-2193] 238; [2315-2319[ 250; [2502] 238; [25031 248; [2576[ 173; 240; [262326501 241 ; [262R] 481 ; 492; [2647] 241 ; [2650] 241 ; [2651 sq.] 241; [2653-26551266; [2659-2673J 241; [2709-27121 238; [2754] 6; [2755] 61 .480; [2756] 61, [2922J 58; [29231390 . [3133J 390 SNG von AuLock [1085-1088] 238; [1207-12121 398; [1347] 191; [14361248; [1439-1443] 222; [15041240, [15451551] 241; [15471481; [1552 sq.] 241; [1554 sq.] 241; [1556-1558] 241; [1559J 222; [15691 266. [1575-1579] 241; [1619-201 239; [1659] 238. [1732J 475; [1822] 151; [1823] 61, [2086[ 387; [2152J 390. [2354J 133; 145 ; 387 ; [23565'1] 142; [2358-2365J 144. [2366-2369] 144; [2370-2371] 144. [2375-2377J 144; [2617-2621] 141; [2618] 133. 141; [4123] 354; [4166] 308; 311; [416741681 311; [4170-4171J 311; [4176] 58; 308; [4180J 308; [4184] 308; 353; [42521 308; 354; [4770[ 335; [5247-5265J 317; [5415] 336; [56015602] 336; [5614-5634[ 326; [5712 sq.1336; [5716J 337. [57171 337; [5721J 163; [5753J 339; [58731 163; [5907] 328; [5908] 328' [59091 328; [5910] 328. [59!![ 329; [5912J 329; [5913] 330; [5914[ 47; 325; 363 ; [5916-5925] 339; [59191325 . 339; [5926[ 338; [5927-5933] 339; [5934] 325; 3W [5941] 362; [5943-59501 360; [5951-59521 361 ; [5953-59561413; [5957-5960J 413; [5961 5'1] 413; [5963-5964] 163. 362. [59651 163; [6798-67991 488; [7003[ 482; [7005J 482; [7321] 277; [7412J 250; [7622 [ 481; [7636 J 61; [7637] 266; [7810].56; [7932 sq.1387 , [80441133; 144; [8045J 133; [80481133
tna«. ]] [n" 271480; [n" 36] 56; [n" 38-40J 58 . [n" 42] 238 ; [n" 43] 252. [n" 41 sq.] 481 ; [n "661 480; In' 671 61; [n" 68] 154; 481 ; [n" 69 et 71] 154; [n" 70J 154; 481; [n' 741 56; [n" 76-81[ 56; [n° 811 56; [n" 84[ 142; [n" 90-99] 144; [n' 100-102] 144; [n' 103-104] 144; [n' 110-113 [ !44; [n" 1141 144. [n' 114 (slc)-115J 144; [n' 116] 57; [n' 504-508J 329; [n' 509-5121 329; [n" 528[ 47; [n" 563-566[ 337; [n' 577J 336;. [n" 578] 336. [n° 579] 336; [n' 580] 336; [n' 581J 336; In' 582] 336; [n" 599[ 339; In" 712J 163; [n° 714-716] 163; [n" 804-806J 47. [n' 941] 136; [n' 13961327. [n' 1520bisJ 334; [n' 2335, pl. 164,24] 154; 481; [n' 2335. pl. 164, 251154.481; [n" 2463J 299; [n" 2619-2620J 480. 484; [n° 2623-2625] 485 ; [n° 26541 277 ; [n' 2656J 277. [n" 2809-2810J 484; [n" 2858-2864] 482; [n" 2859-2862] 482. [n° 28641482; [n" 28651482
INDEX THEMATIQUE
ABISTAMENES voir aussi SABIKTAS 162; 456; 463 ABROKOMAS (satrape de Transeuphratene) 337-338 ABROKOMAS 115 ABYDOS 38; 96, 115; 216-217 ,220; 222-223; 235; 252; 263; 288-289; 299-300; 347; 350; 397; 424; 426-427 ; 460 ; 476 ; (monnaie) 216 ; 222 ; 479 ACCULTCRATtOt\ (grecque) 21 ; 31 ; 180; 195; 429; 494; (Pamphylie) 453 ; (perse) 48 ACllAiE 177 ; 280 ; 462 ACHAlO'J 265-266 ACHEMEI\ll)ES, EMPIRE, EMPIRE ACHEMENIDE, EMPtRE PERSE 8-14; 19-36,41; 43; 56; 58; 65-75 ; 78-83; 87; 107; 110-116; 134; 137-140; 146; 148; 151, 158-160; 165-169; 173-177; 182; 197; 199 -200; 278; 295; 303,314-315; 319; 327; 332; 341, 358-359; 373 ; 387; 393; 401 , 406; 456; 476; 493; 497 ACHILLE!Ot\ 236 ; 243 ; 256 ; 266 ; (munnaie) 266 ACILISE:\E 196 ACIPAYAM 76 ADA 1134-140; 160-162; 165; 40/-404; 448-449; 456; 461 ADA 1I 28; 134-135; 137; 140; 146; 406,494 ADMINISTRATtO'i (Alexandre) 7; 137; (locale) 147; (Lycie) 357; (perse) 23-24; 28-29; 31 ; 33; 38 ; 105; 137138; 148; 150, 158; 166; 199; 222; 366; 373; 489; 493; 497; (perse, archives) 31; 42; (satrapale) 42; 44; (decentralisation) 29; (chancellerie) 30; 122; 139; 179; 386; (courriers) 30-33; 168, (document administratif) 30; 66; 78 ; 116; (fonctionnaire) 136; 169; 174-175, 182; (jugcs royaux) 167; (Iettres royales) 30 ; (officier) 22; 25-27,33; 128; 138; 156; 160; 162-163; 168; 170-174; 184; 354; 368-369; 442 , (off. perse) 248; 252; 463; 493, (off. royal) 295; (sccrctaires royaux) 30; (systernc hierarchique) 171 ; 173 ; 175 ADOUSIOS 80 ADRAMYTTtO'J 74; 93-96,120; 127,150; 170,218; 238; 248; 331; 346; (golfe) 75; (monnaie) 127; 151 ; 154; 236; 296; 345 AFIROZU (relief") III AFYON34 ; 455 AGATIION 161 AGAUOS 299 AGEStLAS 13; 25-26; 44; 70; 92-96; 113; 122-129; 156; 218; 235-236; 243-25/ ; 252; 260; 303; 376, 395-397; 401 ; 425 ; 435 ; 446,472; (campagne) 86 ; 96 ; 175 , 246-248 ; 25 I AGIS 203-204 ; 223 ; 296-297 ; 462 AGo'JIPPOS 410 ; 468 , 469-470 AGRICCLTURE 40,157; 267; 272; 292; 296; 317 AIANTEtON 288
AlGAl 252 , 326 ; 425 ; (monnaic) 483 AICiOS POTAMOI (bataille) 91; 228 ; 230; 233; 495 AISEPOS 434 ArxoNEcs 471 AKADAMIS 268 AKE 337-338 ; 359 ; 363-365 AKKADIEI\ 31 ALI\BANDA 95; 188 ; 281 ; 337; 386 ; 406; 448 ALABASTRA 188 ALA<;:ATA 380 ALCIBIADE 34-36; 46; 110; 189; 192; 204-205; 212; 213228 , 233-234 ; 252-254 ; 267 ; 495 ALEXANDRE 7-9; 12-14; 21-22,27; 34,40-41; 49; 55-56; 61-63; 96-100; 104; 109-110; 114-115; 137-139; 140; 144-145; 153-154; 157-169, 175-177; 182, 185, 191; 241; 251; 265-267; 271-272; 282; 301; 306; 315; 326; 339; 349,356; 361 ; 382; 386,389-391; 394-396; 398 ;406 ;414-416 ;421; 424-426; 427-492 ; 494-497 ; (monnaic) 61 ; 64 ; 154,276; 337 ; 475 ; 479- 492 ALEXANDRE DE PHF,RES 298 ALEXANDRJE 28 ; 435 ALEXAt\DRIE DE TROADE 241 ; 429 ALEXANDROS 39 ; 239 ALII\DA 161; 180; 386; 403-404; 448 ALKIMACHOS 159-160; 175 ; 435-436; 439; 467; 470; 476 ALTlNTA~ 34 AylASTRIS 301 ; (monnaie) 482; 487 ,492 AMERIA 88-89 AMISOS 90-91,113; 358; 455; (monnaie) 64; 109; 114 AM'JIAS 110-112 AMORCiES 80; 121 ; 209; 227; 312; 365; (revolte) 120-121 ; 203; 209-210,312 AMORCiSS (VI'S,) 80 AMOS 27 J-272 AMPHIPOLIS 294 ; 378 ; (monnaic) 483 AMPHOTEROS 460-462 ; 466 ; 476 AMY'JTAS (Ephesc) 425; 435 AMY'JTAS (lils de Boubares) 28; 95; 188; 406 AMYt\TAS 1JJ (monnaie) 483 AMYZONI85 , 386 ; 403 ANAIA206-207 ; 229-230 ; 268-270 ; 472 A'JAPltEs, AI\APIIAS 89 At\ATOLIE 7-10; 14; 20,37-38; 50; 66-68; 79; 86, 109112; 115-117; 121; 164; 170; 174; 188; 193; 232 ; 236 ; 30 I ; 345 , 350 ; 357 ; 363 ; 372 ; 393 ; 397; 431; 477 At\AVI\ 35-37 AI\AXWIOS 217 , 234 ; 262-263 ; 288 ANAXIMENE 431 ANDROS 223 , 461 At\DROTIOt\ 376
536
L' ASIE MINEURE AU IVe s, (412-323 a.C.)
AKISA voir aussi KAKESII 88··89 ; 112 AKKYI
ARGOS. ARCiIEN 164; 209: 221: 253; 348; (Iiste des thcorodoques) 268 ; 441 ARIAUIG'IES 119 ARIATOS 24; 45. 105.124.128; 156; 171 ; 247 . 253 ARtARAM'\ES (Amyzon) 185 ARIARAM'\F.S (fils de Datames) 108- J09 ARtARAM'\ES (satrape de Cappadocc) 89-92 ; 185 ARIARATHES Icc 61,90; 109-lJO ;164; (monnaie) 88; ]08, 115; 325 ARIARATlIES !l108-J09 ARlARATHES IIJ 107 ARIOBARZAJ\E (satrape de Phrygie) 26; 44-46; 55; 94-107; III : 129; 150; 173; 193; 263 ; 283 ; 288 -290 ; 295-296; 298-300; 303; 341-351 ; 357-359; 365366 : 429; (monnaie) 57 ; 6] ; 64; 154, (rcvoltej 99: 103; 295; 303 ; 342; 346; 370; 373-375; 379 : 393 ; 417 ; 425 ARlOBARLAJ\E I DE KIOS 97 ; 10 I-I 02 ; 187 ; 228 ARTOBARZAJ\F II DE KIOS JOO-I02 ; 346 ARlOBARLAKIDES 183 ARISBE430 ARISTOCRAT IE, I\OBLESSE voir aussi DYNASTIE 199 : (autochlone) 186. (hithynienne) 159; (carie nne) 256; (Cilicie) 319 (grecque) 189; (locale) 28; 38 ; 48; 106, (Lyeie) 186; (Milet) 445 ; (perse) 25-28; 45-47; 149; 157; 166; 11!3-11!6; 187; 193; 197; 200; 238; 305 . 308-3JO ; 366; (notables) 20; 30; 40; 186 ; 206 ; 239 ; 250 ; 355 ; 432 ARTSTOIllKIIlES 447 ARISTOME'il,S 461 ARTSTONIKOS. ARISTONYMOS 4JO ; 457 ; 465-466 ; 470 ARISTOPHON D'AZENIA 377 ARTSTOTE 4J8-419 ARLISSIS 386 AR:\lEE voir aussi j<'LOTTE, GAR.\TISO.\T, CiLERRE, MERCE.'JAIRE, (Abydos) 299; (Autophradatcs) 315; 364: 365; (Chares) 380; (Cyrus) 123; 193; 331-332; (Darius) 460-462 . (laccdcrnonienne) 210. 225-227 ; 233 ; 242-248; 251 ; (lycienne) 353 ; (royale) 34; 37-41 ; 55: 72; 76; 105-J07; J23 . 129; 153; 156; 166167 : 184; ]98 ; 238 ; 243 ; 258 ; 295 ; 335 ; 338 ; 347; 359; 362-365 . 394-396 . 415 ; 421-424.429430; 449; 462: 464; (satrape) 26; 117; 168; (Thibron) 259; (Tirnothee) 290; (Tithraustes) 395 . (troupes grccqucs) 242 ; 332 ; (Xerxes) 85 ; 89 ; 92 ; 119; 330 ; (cavalerie) 184; 193; 280; 335 (cav. Agcsilas) 245 ; (cav. Arsitcs) 104; 114; 430; (cav. Arsarnes) 416 (cav. athenienne) 231: (cav. Autophradatcs] 344,364; (cav. Eumcnc) 110. (cav. gamisaire) 43; 319; (cav. hyrcanienne) 194; 430. (cav. maccdonicnne) 456. (cav. Mernnon) 185 ; (cav. mercenaire) 244; (cav. Paphlagonie) 104; 113-114. (cav. pcrse) 247 ; 395 ; 430 ; 462 , (cav. Phamabaze) 98; 175; 183; 248 (cav. Rhoisakes) 418; (cav. Spithridates) 45; 113; 183; (commanderncnt militaire, voir aussi STR\TEGE) 26; 89; 94; 121122; 124. 128-129; J56 ; 167; 175; (c. provincial) 24; (officicr) 39-40; 103: 155; 159; 167: 184:
INDEX THEMATIQUE
229; 347-350; 353; 416; 419; (carien) 257; (Iacedcmonicn) 45 ; 235 ; (macedonien) 34; 424 ; 465-466; 472; (perse) 464; (royaux) 295; (contingents ioniens) 252; (contingent Iydien et mysien) 119; (contingent 1yeien) 312; (contingent paph1agonien) 248; (dispositif rnilitaire, Alexandre) 167; 449; 456; (fantassin) 110; 193; 261 ; 280; 303; 364, 418; 430; 462; (haras) 31; (hoplite) 210; 217; 260·263; (hoplite areadien) 312; (peltaste) SO ; 113 ; 242 ; 263 ; 328 ; (sitonioni 333 ; (solde, misthos. misthophoros) 39-40; 49; 55; 210; 227; 259; 331; 451; (troupes maccdoniennes) 114;421 ;424 ARME'JIE, ARMENIENS 47 ; 85-88 ; 128 ; 158 ; 174 ; 196 ; 318 ; 351; 463; 465 ARNLAl353 AROA'JDES voir aussi ORO"TES 149; 352; 361 ARRH!DF'E voir aussi PHILIPPE III 469 ARSAKES 94 , 170 ; 217 ARSAMENLS voir aussi ARSA\lES (satrape de Cilieic) 185; 416,430 ARSA\lES (perc de Pharnakes) 93 ARSAMLS (satrapc? de Haute-Phrygic) 157 ARSA\lES (satrape de Ci1icie) 185; 430,460; (monnaic) 163; 416 ARSi:s voir oussi ARTAXERXES IV 135; 384; 421-423 ARSI'JOL 139 ARSlTFiS (satrape de Phrygie) 24; 103-104; 114; 158; 421 ; 430; 431.463 ARSlTES, ARRISlTL 121 ,....RTABATAS 80 ARTMAZE (fils de Pharnabazc) 26-28 ; 98-99 , 103-104; 114; ISS; 184; 193; 295-299; 303; 320; 326; 343352; 363-365 ; 378-380; 393-397 , 419-420; 426 ; 431; 435; 493; (monnaie) 64; 154; 481; (revolte) 153 ; 342 , 380 ; 393-397 ARTABAZE (lils de Pharnakes) 70 ; 93 ARTAGKES 61 ARTAKAMAS 80; 124, ISS ARTAPHERKLS 35; 42; 80-83; 90-91 ; 117-119; 122-123; 170; 176; 244 ARTAPHER'JES 1I 93 ; 119 ARTASOlJRAS 149 AInAxERxLs 333 ; 367 ; 369 ARTAXLRXES I" 171-172 ; 357 ; 368 ; 372 ARTAXERXES 1I Ml\EMO'J 30 ; 39-40 , 62 ; 65 ; 98 ; lOS ; 122123,128; 135; 149, 171; 189; 197; 254, 278; 289; 303; 312; 330; 350; 359; 366-368; 372373 ; 386 ; 393 ; 434 ARTAXERXES III OCHOS 40; 56 ; 68; 135-136; 153; 380 ; 393; 415; 419-423,497 ARTAXERXES TV 135-136; 384; 405 ARTEMBARES (ARTTLMPARA) 174; 352-356; 364-365; (monnaie) 188; 308 ; 353 ; 454 AKrE\lELIS 136 , 405 ARTFO\llSL (femme de Mauso1e) 49 ; 134-40; 370; 381 ; 386 ; 392; 400-401; 404; 407; 497; (monnaie) 400 ARTbllSE (V" s.) 180; 319,400-401
537
ARTWv1l0S 218 ; 222 ARTIMAS 61; 124; 197 ARTISAl\AT 157 ARTYMNESOS 313 ARLWA-ruESI 311-313; 355 ASA'JDROS (li1s d' Agathon) 114, 158; 161 ; 391 ; 401 ; 442 ; 461-463 As ANDROS (fils de Phi Iotas) 159; 162; 168; 433; 461 ASJDATES 166; 171 ; 175; 183-184; 189-190, 194, 197; 238 ; 239 ASILE68 ; 136 ; 195-196 ; 433 ; 436 ASKAl\lA 100; (lac) 92; 100 ASKLEPIADES 381 ASKLEPlODOROS 168 ASPEt-illOS 164; 213; 261; 314-315; 317; 330; 451-452; 454; 476; (monnaie) 314; 317, 326; 330; 353 ; 452 ASPlS 77; 105-107; 174; 315,341; 359; 366 Asses 94-96; 296; 346; 417-418; 475 ASSYRlE, ASSYRlENS 85 ; 110 ; 194 , 238 ASTAKOS 91 ASTYOCHOS 207-211 ; 215 ASTYPALAIA 211 ASTYRA D'EOLIoE 127 ASTYRA DE CARIE 127 ASTYRA DE:'v!YSJE 63; 74; 96 ;126-127; 218; (monnaic) 58' 127 ; 236 ASTYRA DETROADE 127 ASYLIE (voir aussi asi1e) 433 ATAR'JEE 219; 242; 267-269; 272; 282; 417; 418; (rnonnaic) 267 ATHAt-i AS496 ATHE'JAllES 362 ATHE'JAGORAS (de Chios) 465 ATHEt-iAGORAS (Tenegurc, dynaste Iyeien) 354 ATHE'IES, ATlIENlENS 7-10; 13; 79-81; 93; 100; 104; 118123; 146; 157; 172; 181; 190, 194, 203-212; 215-235 ; 239-240 ; 244 ; 250-263 ; 266 ; 269-271 ; 278-279; 282-303 ; 310 ; 329 ; 344 ; 351 , 375-383 ; 393-396; 399-400; 406-412; 417; 420-421 ; 429431 ; 434; 442; 447; 455-457 , 463; 469-477; (monnaie) 143 ; 340 ATHE'JODOROS 104; 298 ; 347; 350 ArtlEKOKLES 91 ATJ:VllE 218,222 Arrzyts 157 ; 450 , 454 ATTALE 421-423 ; 424 AITIS 66 ATYS (rnonnaic) 238 AUTOCIlTO'JlE 20 ; 29 ; 138 ; 175-176; 192; 200 ; 306 , 429431 ; 454-456 ; 473 ; 476 ; 494 AUTOKOMlE 24; 29-30; 146, 171 ; 207 ; 217; 222; 236 ; 242-243 ; 247 ; 252-253 ; 266 ; 269 , 278-282 ; 286 ; 291; 310; 315; 326,359; 380; 388-393; 399; 404, 412; 417; 432; 440-446; 458; 474-475; 488; 495 AlTOPHRAllATES 50; 61; 94-96; 106,1211,-130; 137; 147152; 171 ; 174,187; 256-258,281-282; 295-296;
538
L' ASIE MINEURE AU
302-303; 314-315; 335; 342-349; 352-353; 356358. 363-366; 373-374, 397; 417-418; 458; (monnaie) 57 ; 480-482; (revolte) 342. 346-347 , 493 ACTOPHRADATtS 1I ISS; 45R-460; 462; (monnaic) 61 ; 55 ; 460 AVIAK GOLl: 353 AXE Dc CIRCCLATIO'l 9 ; 25 ; (paralien) 10; 119; 275 ; 297 ; 376; 495; (itineraire) 36-37; 246-247; 343; (it. Alexandre) 435 ; 450-451 ; (route) 10; 85; 115; 179; 194; 197; 245; 246, 270; 331; 365; (Abydos-Antandros) 263 ; (coticrc) 248 ; (maritime) 326; 450; (militaire voir aussi ARM(;E) 36-37; (naturelle) 37 ; (royal e) 33-37; 38 . 43 ; 49 ; 77-79 ; 85; 105; 155. 169; 197; 248; 318; 341; 455 ; (Sardes-Suse) 33-38 ; (Smyrnc-Sardes) 247; (trace) 33-38; 79; 197; 430; (duree de voyage) 35; (etapes) 10; 35-37; 318, 326; (hotclleric) 33; (rclais de poste) 33 AYAKLi257 BABYLO'IE 27; 31; 167-168; 415; 478; (monnaie) 492 BACTRIANE J 19 ; 478 BAC;ADATES 185 BAGAIOS (frcre de Pharnabazc) 98 ; 117 BAGAIOS (VI" s.) 234 BAGOAS (cp, romaine) 194 BAC;OAS 419 : 423 BAITl'lF1'IDE471 BALAKROS 114, 161; 163-165; 362; 462-464; (monnaic) 163-164; 325; 362.413; 416; 460; 482 BALBOLRA 76 BALLEDE FROKDE 124 : 194 BANARELOS 184 BA;\INIS (Chios) 219; 242; 267-268 ; 466; 467; (Clazornenes) 262: (Erythrces) 262; 467; (Heraclee Pontique) 455; (Lesbos) 217; 266; (Milet) 95; 227; 236; (Mytilcne) 261; 266; 458; 467; (Priene) 441 ; (Samos) 124; 206; 230; 235; 269, 293 ; 388; 392; 447; 471-472. (Sclymbria) 222: (Rhodes) 259, (retour) 466; 467 ; 471-472; 475-477 BARADATtS68; 369-370 BARAKES 367 BARRARE I 19 ; 205 ; 286 ; 3'8 , 344 . 397 ; 418 ; 453-454 ; 462 BARGYLlA 256 ; 477 BAS 159 BAS-EvIPIRE ROMAI'I 23 BASILEiA voir aussi RESIDEKCE ROYALE, TERRE 46-48, (de Kios) 46; 75; 92; 97; 99-100; 101-103; 303 ; 342; 346; (Gulnar) 333; (Tarse) 331 ; (Xanthos) 147 ; 187 ; 354 BATAILLE DE L' ECLIPSE 318 BATAKES 66 BAYINDIR LiMANI 314; 353 BAYRAKU435 8ELESYS415-416 BELSl!KL 27
tv- s. (412-323 a.c.) BEOTIE.8E01'IE'IS 253,297-298; 301 BETYLE 68 BIAS DE PRltKE 176 BIJo[;x SCARABOIDES 412 BIUNGClSSIF 21 ; 339, 384. (arameo-Iydien) 369, (greelycien) 405 BISUTUN 31 ; 70 BITHYNIE, BI1'HYKIE\IS voir aussi THRACES j)' ASIE 77; 86. 92; 95-96; 101-103; 112;159; 250; 349; 366; 417 BI.AL'iDOS 95 ; 188 ; 234 ; 406 BLE 215 ; 220; 223 ; 244; 262; 267; 278 ; 288 ; 328; 333 ; 336 . 347 . 351 ; 408 ; 420 . 421 BOWl 395 BODRUM 143 BOIS 33; 49; 96; 112; 219; 294; 326; 340; 477 BOLM 95 BOSPHORE io , 70; 92; 217-218; 221; 228; 408 BOUUARES 28 ; 95 . 188 , 406 BOURO'! 76 BOULElTLRI0'J 176 ; 391 BOZDAC; 461 BRANCIliDES 445 ; 478 BRllKZE (rnonnayagc) 50,56; 61-64; 100; 125; 151 ; 154; 238; 266-268; 345; 387-390; 451; 479-482; 489 BCCAK353 BELLE 30 ; 250 BU-;YA'J 88 BEn/( 44; 45; 209; 223: 226; 242; 245; 250-251 ; 292; 298 ; 344 ; 423-424 ; 454 ; 459 BCZt!~CUK 239 BYZANCE 10; 91-93; 119, 189; 220-223 ; 228-229 ; 260 ; 262; 274 ; 282-286 . 297-299 ; 357 ; 377-379 ; 382 . 395; 402; 410: 421 CADASTRA1'IO'J 42 CADUSIFN 106 CAiQl:E 267 CA\1BYSF 116; 180 CAMIROS 212 : 225 CA\IISARES28: 87-88; 105-106; 109; 174.336 CAMISE'J'co 85 C;:A'i (':AY (voir aussi Graniquc) 430 (:A/(AKKALE 127 (':AKKIRII1O CAPPADOCE 35; 41; 70; 77; 80-81 ; 83-91 ; 101-103' 105lID; 112-114; 117. 122-124; 158; 164; 174; 194-196; 251; 331; 357-360; 363-365; 374; 455: 462-465 . (Grande) 24 ; 37; 85-88, 196; (Pontique) 41; 88; 97 ;162; 196; (Taurique) 88 CARIE, CARIENS 8-9; 14-15; 21; 27; 46; 55-56; 59; 68; 7172; 78-80; 106; 10-110; 117; 119-122: 127; 129; 130-146; 148-152; 158; 162; 174-175; 178, 180-182; 196; 210; 215; 223; 239; 242-246; 255-258; 268; 296; 305; 314. 347; 356-357; 365-366 ; 375 ; 383-387; 400-406 ; 446-449; 461 ; 475-477 ; 494-495 ; (rnonnaie) 64 , 126; 494 CATAO'JIE 105-107; 174; 341
INDEX THEMATIQUE
CAUCONIC"S 110 CAL'Jos49;6H; 119; 120, 134; 144; 180; 181 ;210;211; 213; 215; 244; 251; 258,384; 3H5; 387; 405, 461; (monnaie) 144; 312 CAYSTRL 197 ; 246 CE'JTRES REGIONALX, (capitalc) 10; 3H; 41,65; 85-88; 105; 110; 141-144; 147; 150, 157; 191; 331 ; 332, 350; 354 ; 375 ; 386 ; 445 ; (capitale satrapique) 33 ; 36; 47; 158; 161 ; 250; 289; 431-432; 44H; 460 CLRAMIQUE (GOLFE) 180; 223 ; 227 ; 271 ; 450 ; 461 CERASO'JTE 112 CHABRIAS lSI ; 287-290; 337 ; 378-380; (campagne) 283 CHALCEDOINE 93 ; 217-223 : 22H-231 ; 234; 242; 260; 29H300; 474 CIIALClDlQUE 409 CHALKETOR I HO , 257 CIIALKlDECS 123 ; 204-205 CHALYBES 85 CIIA'JDlR 451 CHARAllROUS 268 CIIARES 156; 241 ; 265-266; 351 ; 377-380,394-396; 429; 457; 466: (campagne) 377; 409-410, 420: (monnaie) 4H4 CHARlIlLMOS 299-300 ; 345 ; 346-351 ,40H-409 ; 435 CIIARIMENFS 354 CHF,RONI2C (bataiJlc) 411 CIIERSOBLEPTFS 351 CHERSO'JNCSC (Carie) 251; 270-271, (monnaie) 271 CIILRSONNESE DC THRACE 216 ; 22H ; 242 , 244 , 263 ; 296 ; 347; 378; 421 C!IILlARCIIIF(rurale) 39-42; 167-169 CHIUARQUC (cour) 128; 156; 253: 395 CIIILlASTYS 206 CHIIJOKOW)'J 89,196 OlIOS 9-10; 3H; 119; 159; 172; 203-212; 215-219; 223; 226-231: 252-254; 262-264, 267-269; 274-275, 282-286; 290 ; 294 , 297-29H : 357 ; 377 -383 ; 392393; 402; 407-40H; 417; 420-421 : 437; 441-443, 453; 457; 460-468, 472-473, (bataillc) 377: (monnaie) 398 CHRYSA'iTAS80 CIIRrSAORIE"S 181 ; 475 CHRYSOPOLIS 234; 217-218 CIIYPRE 23 ; 24; 28; 55-57 ; 70; 80' 134; 146; 149; 258260,270: 278-280; 319-320; 326,333-336' 359; 401; 493-494; (expedition) 129; 319; 337, (monnaie) 334 ; 340 CIIYTON262 CrUCIC, CILICIENS 15; 21-24,27 ,36-37,43-44; 50; 55-59; 70; 73; 80, 83; H5-H8; 105-107; 110; 114-115: ISH; 162; 174' 199; 303; 314-317; 3/8-34/ : 357·365,4/2-4/6; 430, (monnaie) 47; 60; 64-65 ; 106; 108; 125-126; 164; 275, 326; 333-335, 339-340; (Citicie Pedias) 320; 336; (Cilicie Trachcc) 320; 331-333; 341 ; 460 CIMO" 76 , 256 ; 310 ; 314 ; 320 , 326 ; 357 ; 452 CIRCULATION DE RlEKS 38 CITre passim (Asly) 262; 305 ; (cites asiariqucs) 205 ; 211 ;
539
217; 222, 231; 258; 260; 274, 277-279; 473474; (cites eoliennes) 263 , (cites ioniennes) 29, 74; 218; 225, 231 ; 236; 268; 432; 44H, (cites pheniciennes) 169; (isopolitic) 220; (poLis) 68; 96' 179-182; 205; 243; 266-267; zsr ; 326, 3H6; 433 ; 440; 44H ; 475-4HO, 495 , (sympolilie) 96: 441 ; (synrccisme) 399: (s. Amastris) 304, 4HH: (Apollonia) I H5 ; (Cos) 211 , 294-295 ; 380 , (Ilion) 429, (Halicarnasse) 386 , (Kallipolis) 461 ; (Lesbos) 408; (pcninsuic de Myndos) 449; (Pcrgame) 238 ; (Rhodes) 212 ; 225 ; 259 , 270-271 CLAZOMF'JCS 204 , 207 ; 216 ; 223-224 ; 230 ; 254 , 261-262 ; 27H; lHl ; 345; 437-441; 448; 477; (monnaie) 152 CLEARCIIOS 103 , 235 ; 300-30 I ; 497 CLEllPATRL(sreur d'Alexandrej 441; 477 CNlDE 13 ; 38; 180; 210-212; 216-2IH; 22H; 251-252; 256; 259-260; 297-298. 461 , (hataillc) 60; 64; 96; 245; 251-253; 274; 376; 3H3, 391, 484: (monnaie) 276 ; 3HI C'JIDI'JION 256 C'JOSSOS, CNOSSILNS 49; 138-139 Connos 178 COU'Il:RE 59; (casque) 4H7, (couronnc) 139, 2H7-288; 351: (diadcmc) 61 ; 147; 337; 4H3 ; 4H6-4H7; ikidaris perse) 4H6; (tiare) 61 ; 119, 147; 330; 337; 4H3488 COLCHlDE 86 COIONISATlO'J 115; (Argos) 164; 452; 460, (Chios) 390, (grecque) In-I HO; (macedonicnne) 196: (Milet) 30 I; (militairc seleucidc) 195: (mysienne) 92; (perse) 25; 33: 36 -37; 65; 78-79; H2; 105; 115; 183 /93-/98, 239; 31H: 364; 373; 449; 462, (Rhodes) 270; (clerouque) 226, 270; 287 ; 291292, 379; 380, 471 ; (clerouque, Cos) 295 ; (clerouque, Samos) 290-294 ; 380 , 398 ; 408 ; 411 ; 457; 471 ; (colon athenien) 91 ; (colon phocecn) 91 COLOPHON 100; 119; 170-171 ; IH4; 220,223; 254; 391 ; 437,441-442, (monnaic) 125; 345: 479 CO~IANA DCCATAO'iIC 107 , 194 ; 373 Cm1ANA PONTIQUE 89 ; 358 CO~IANIA 194 COM~1AGE'JE 149 COMMl'NALTI'S CARICNNCS 179 , 257 ; 495 CO?\FEIlERAnON DESCITES DE TROADL442 CONOK 20; 26; 64; IlH ; 216,225-228,242-245; 251-254; 259; 262; 290,294; 331-333; 340; 359; 425, 452; 495 ; (rnonnaie) 276 ; 484 CONQLf:"lE (Lydie) 168 ; (rnaccdonicnne) 7 ; 21 ; 40 ; 45 , 88 , 107; 109; 115: 140; 144, 157-158; 162; 165; 185; 199; 282,317; 351; 390; 416; 427; 431; 444; 456 . 4n ; 495 ; (Naxos) 117 ; (perse) 24 ; 55 ; 70-71 ; 129 , 164; 176; 264 ; 267 ; 493 . (Phenicie) 415; (Samos) 117 CORCYRC 380 CORINTI1E, CORINTHIEK 253 ; (Ligue de Corinthe) 410; 421 ; 458-460 ; 466 , 469-470 ; 472-474 CORO'JFE (bataille) 245 ; 252 CORVLE 33 ; 35 ,42; 340
540
L' ASIE MINEURE AU IVe s. (412-323 a.c.)
Cos MEROPIS 211 Cos, COEE)l 38; 42; 68; 142; 211 ; 216; 223-224; 252; 264; 276; 283 ; 291 ; 294-297 ; 376-379; 380-381 ; 382 ; 400 -402 ; 405-407 ; 420-421 ; 448-449 ; 457 ; 460-461 ; 466; 472; (monnaie) 133; 144; 381 ; 391 ; 398.407 COSTC\1EPERSE III ; 186 ; 192 ; 333 ; 486 ; 489 CRATERE 301 ; 488 CRESUS 27; 77; 177-179; 318 CRETE383 CmvRE48 CU)lAXA 149 CYRE%294 CYRUS LE GRAl\D 22; 27; 30; 45; 80; 88-90; 116; 121 ; 167-168; 176-178; 193-194; 217; 267 CYRUS LE JEUNE 8 ; 23-28 ; 35-40 ; 43-50 ; 62 ; 65 ; 76 ; 81 • 94-95; 105-106; 119; 122-124; 127-128; 146; 149; 155-156; 162.170-171; 175; 189; 214; 218; 222; 224-236; 247; 253; 256; 313-315; 319; 328-332; 364; 493; (monnaic) 59-61; 125 CYZIQUE 36; 60; 154; 184; 216-221 ; 228-231; 235; 250; 275; 296-299; 310. 363. 423-426; 430; 470: (monnaie) 60 ; 275-277 ; 398 ; 4SO ; 484 ; 492
voir aussi PEUPLES 69; 72; 77-79; 85; 91-93; 117; ]30;176;319 DAl\A 331 DAPHNOlJS 207 DARDANOS 148 : 173 ; 240 DAREIO)l 194 DAREIOUKOME 194 DARIEION 194 DARIUS1" 23-24; 30-31; 41; 69-72; 78-85; 88-90; 93; 116118 ; 124; ]30 ; 168 ; 188 ; 194 ; 243 ; 318 DARIUS11120-123.169: 203; 211-213; 217; 229; 312; 347 DARIUS III CODO\IAN 104: 154; 158; 301 : 421-423; 431 ; 434 ; 450 ; 455 ; 458-462 ; 486 ; 488 DASKYLEION DE PROPO:-iTIDE 250 DASKYLEION 10; 22. 30; 36; 38; 46-47; 65; 115; 146; 245; 248-250; 359; 375; 423; 431 ; (monnaie) 56 DASKYLlTIS (lac) 250 DATAMES 23; 27; 30; 44; 50; 77; 87-89; 99; 101-103; 106; 108-109; 113; 138; 157; 174; 282; 288; 315-317; 325-326; 336; 341343; 346-349; 353; 357-366. 414 -418; 493; (monnaie) 50; 55; 5860; 63-64; 114; 325 ; 333 ; 339; 360; 362-363 ; 454; (rcvoltc) 68,107; 114; 158; 281; 295; 342; 357 ; 359 362-365; 373-374 DATAMES (epoque d' Alexandre) 459 DA T\~i\ voir aussi C\llDE 297 DATIS 34 DACRISES 80 : 117 DDENEVELL (rnonnaie) 188; 308; 313 DECARCHIE 229 ; 234-235 ; 243-244 DEcELlE 203 ; 209 ; 215 ,223.311 DEDE DAG 430 DELOS, DELlENS 93-95; 120; 170; 218; (Liguc de Delos) 72;99; 190;203;211-212;230;256;311 ;314; DAHYU
377 ; 388 DELPIlES 138; 228; 230; 270; 289; 401-402; 471; (conseil amphicryonique) 389 ; (liste des theodoroqucs ) 263 DELPHINION 209 ; 211 ; 223-226 DEMARATE 119; 189-192; 481; 486 DEMARATIllES 189-191; 238-239; (monnaie) 50: 191 DEMARCHOS 159 DEME 176 ; (ani que) 305 DEMETRIOS 180 DEMOCRATlE, DEMOCRATES, DEMOS 272; (athenien) 270; 284. (Chios) 284; 382; 466; (Clazorncncs) 261 . 262; Cos) 381 ; (Ephese) 436; 495; (ErYlhrecs) 262; 425; 437 . (Heraclee Pontique) 300 (Ionie) 235; (Milet) 95; 227. (Mytilcne) 287; 409; (Rhodes) 212; 251; 258-261; 260; 381; 382. 407; (Samos) 206; 215; 230; 293 DEl\YS D'HFRACLEE301 ; 455 ; 477 ; 488 DEREKC)Y 194 DERKYI.IDAS 216; 236; 239; 241 ; 242-244; 252; 262; 267; (campagne de) 94 ; 96 DETROITS 92, 228 ; 234; 297-298 ; 300; 358; 380; 409 ; 411; 420 DECXIE\IE COWEDERATIOl\ ATHf'l\IE:\NE 264; 274; 279; 282-287; 290 ; 292-294 ; 348 ; 386 ; 409-411 DIADOQUES 177 ; 410 ; 445 DIAGORIDES 212 ; 251 ; 259 DIALECTE (ionien) 180; (lycien) 147 ; 187 ; 306 ; (lydien) 197 DIASPORA PERSE 65 DIDYMES 306 ; (monnaie) 378 DIOECETE 167-168 DIOGENES 458; (monnaie) 484 DIOl\YSIKLES 369 DlOPE1TIlES 421 DIOPHA)lTOS 412 DIOS HIERON 206 DIPHRJDAS 259 DIPLOMATIE 493: (amhassade) 297; 376; (ambassade athcnicnne) 34; 97; 156; 221: 228; 253-254; 274; 282 ; 289; (a. chiotc) 467 ; (a. grecque) 474 : (a. ionic nne) 177; (a. lacedernonienne) 93; 222224; 253 ; (conference de Sardes) 254 ; (conference de Sparte) 254 ; (congres de Suse de 3(7) 289 ; 295 ; (Ariobarzanc) 295; (pcrsc) 253. 395; (traitcalliance) 22; 94; 96; 103; 113, 122-123; 156; 205; 210-218; 222-224.264-265; 284; 285-288; 294; 312; 354; 360; 382; 404; 408-410; 418; 458; (1. Cnidc-Lynos) 383 . (I. Sardes-Ephesc) 369 : (1. 4(8) 234; (1. 411) 94; 98; 234; (paix d' Antalkidas) 265 ; 281 ; 458 ; 459 ; (de Boiotios) 222; 253; (de Kallias) 253; 315; 326; (de Philocratcs) 409; (d'Epilykos) 253; (du Roi) 7-9; 134; 143 ; 228 ; 257-258 ; 264-265 ; 268-274 ; 278279; 282-283 ; 286; 291 ; 294-296; 335-337 ; 385 ; 397-398; 434; 458-460; 474; 481 DIREClK 243 DITAS 468 DIVINITES voir aussi ICONOGRAI'HIE (Ahura Mazda) 65-66 . 197; 319; 368; 414; (Alexandre) 477, (Anadatcs)
INDEX THEMATIQUE
89; (Angditls) 68; 367-368; 373 ; (Aphrodite) 69, 134; (Apollon d' Aulai) 68, 118; (Ap, de Leuke) 281; (Ap, de De1phes) 402; (Ap. Delphinios) 211, (Ap. de Didymes) 478; (Ap. de Gryneion) 178; 238; (Ap, de Kyme) 439 ; (Ap. Lykeios) 164; (Ap, de Mi1et) 445; (Arkesirnas) 67; 405; (Artemis) 332; (Art. Anaitis) 65 , 69; 89; 196-197, 369, 413, (Art. Astyrene) 68; 96; 127; 250; (Art. d' Amyzon) 185 ; 403 ; (Art. Ephcsia) 66-68 ; 200; 206, 371 ; 425, 433; 436; 444; 478; (Art. de 451; (Art. du Trnolos) 197 ; Perge) (Art. Leukophryene) 236; 256; 436; (Art. Mounychia) 220; (Art. Persique voir aussi Art. Anaitis) 195-197; (Art. sardicnnc) 66; 368-369; (Asklcpios) 371 ; (Ask!. de Mytilene) 496 ; (Askl. de Pergame) 371 ; (Astarte) 88; 360; (Athena Aka) 402; (Ath d' Athcnes) 228 ; 408 ; (Ath. d'Erythrees) 370; 392; (Ath, dIlion) 96 ; 425 ; 427-429 ; 451 ; 475 ; (Ath. de Magarsos) 460 , (Ath. de Priene) 389391 ; 439; 444; 496 (Atb. de Side) 452; (Ath. 1yeienne) 311 ; (Ath. Promaehos) 291 ; (A11is) 369 ; 481 ; 484 488; (Baal) 88 , (Baal de Tarsc) 68 ; 88 , (Baaldagan) 88, (Basileus Kaunias) 67; 147; 312; 385 ; 405 ; (Bellerophon) 187; (Deesse-Mere) 36 ; 89 ; 400; (Demeter) 488 ; (D, Eleusinienne) 178; (D de lases) 496; (Dike) 468 , (Dionysos) 477; (D. Bacchios) 68; 136; (Eny6) 373; (Hecate) 373; (Hemithca) 270; (Herakles) 55 , 360, 391 ; 470, 489; (Homonoia) 468 ; (Homonoios) 468 ; (Kronns) 354; (Kore de lases) 496; (Kubala-Cybele) 332; 484; (Lew) 67; (Ma) 68; 89 ; 107; 194; 339; 367368; 373 ; 468-469 ; 472-475 ; (Maliya, Lyeie) 311 ; (Men) 89 , 238 , 318 , 488 , (M. Askainas) 318 , (M. de Pharnakes) 66; 69; 88; 196; (Meter Dindymene) 69; 192; 484; (Mithra) 488, (Omancs) 89; (Poseidnn) 142; (P. d'Ilalicarnasse) 141; (P. Helikonios) 142; 177, (Rhea) 354; (Sabazios) 68 ; 367-368 ; 373 ; (Zeus) 354 ; 389 ; (Z de Baradates ) 66-68, 194; 367·369; (L des Otorkondeis) 141; (Z. Heraios) 468; (Z. Lahraundeus) 141; 256; 402; (L Lydios) 369; (Zeus Mcgistosj 257; (Z. Olympien) 433; (Z. Osagna) 141-142; (Z. Osogollis) 142; 179, (Z. Philippics) 425,470; 484, (Z. Pnlieus Sardes) 361537 I ; 373 ; (Z. Pa1ios) 66; 369; (Z. Pratomysieus) 75; (Zeus Sabazios) 373; (Z. Soter) 360; (Zcnoposeidom 141 DIX-MILLE WI; 112; 189,234-239 DORATES 367-369 ; 372 DORTEUS 212; 216; 240; 251 DORTSKOS 170 DRACONDE PELLI'NE242 DRAMA481 DROAPIlER,I'S 68; 171 ; 175; 367-373 DROIT DE CITE (Athcncs) 288; 294; 301 ; (Erythrces) 392393 ; 404 ; (Priene) 471 ; (Smyrnc) 195 DRYOUSSA 268 DUYLRA,240
541
DY,ASTIE, DY"iASTE 20; 25-26; 41; 174; (Armenic) 149; (autoehtane) 165; 186-188; 189; 319-320; 333; (bithynicn) 91, 113; (brigand) 107; (Cappadoce) 91; 102; 107; 108; 163; (Carie) 57, 137; 144; 256; 138; 280; 303; 342; 401; (carien monnaie) 276; (Cataonie) 315; (Cilicic) 332; 361; (Gree) 173; 111,11,-192; 239; (indigene) 28; 57, 361; (iranien) 28; (Kios) 99-103 ; 482; (lyeien) 55-59, 138; 147-148; 174; 187-188; 306; 310-312; (monnaie) 55; 62-64, 144; (Mylasa) 141; (Paph1agonie) 28, (pcrse) 189, (pontique) 346; (Syangela) 257 ; (Xanthos) 146; 213 ; 312 EBIR NARI voir aussi TRANSEUPHRATE"iE 27 ; 118 , 413 ECBATANE 36: 447 ECO"iOMIE 15; (echanges) 38; 55; 164; 173; 458, (relations cconorniquesl 291 ; (satrapique) 30 EGEE 9; 38,91-92, 119; 129, 162; 169; 199; 209; 213; 216; 254; 281; 287-289; 297-298; 306; 326; 383 ; 395 ; 409 ; 427 , 452 ; 456 ; 459 ; 462 ; 466 ; 484 EGYjXIE23; 31; 55; 62; 87; 130; 153; 162,167-171; 199; 213; 216; 280; 288; 297; 303 ; 326; 337; 344; 357; 359-361 ; 380, 412; 417; 465, 477; 493; (campagne d') 60; 338; 358 ; 362; 394-396; 40! ; 412; 415; 418; (expedition de 351) 416; (monnaie) 62 EKDIKOS 259-260 ELATA 447 EI.ECTRL:M (mannayage) 50; 191 ; 216,275-277; 398; 482; 484 EI.ELSIS 294 ELWJHERIA 229 ; 236 ; 379-380 ; 398 ; 411 ; 495 EI.MAIJ 186 ; 450 E~1BATA (hataille) 377 ; 380 ; 393 EMPIRES ORIE"iTALX 2 ; 23 ; 196 EMPORION, EMPOlwI9 ; 30 I EOLlDE, f:OLlENS 24-27 , 39-41 ; 71 ; 74; 77 ; 80; 90; 94-96, 117-118; 122; 127; 159; 170-173; 177-178; 196, 237-239, 265; 352; 365; 420; 435-436, 468; 475; 476; (monnaie) 191 f:PA:VIIKO"illAS 103 ; 274-275; 296; 297-300; (rnonnaie) 297 ErIlEsE, EPHESIE"iS 10; 37; 66; 80; 85; 121; 124; 160, 177 ; 199-200, 206; 219-220' 224-231 ; 235-236 ; 239; 242-247; 252-254; 263; 268, 271 ; 275, 280-282; 345 ; 371 ; 388-389; 424-425 ; 433-436 ; 441-444; 468-470, 477; 494-496; (monnaic) 5556 , 63 ; 275-276 ; 398 EPHORE204 ; 242-244 EPIKARPIA 33 ; 49 l':PIMELETE 136; 149; 171; 242 , 292 ; (Xanthos) 31 ; 67 , 174; 405 El'IMtNlO1404 EPISTATllMOS 134 EPISTOI,WS 227
EPIXYES 36 ; ISS ; 192 ErOQtJE HELI,ENISTIQUE 28 , 35-36. 42; 76-79 ; 88 ; 92 ; 96, 137. 145; 175; 178; 182; 185; 194-197,206;
542
L'ASIE MINEURE AU lye s. (412-323 a.c.)
240-241; 247, 26R' 297; 305, 310; 317-318, 357; 369-371; 384; 391; 404; 411; 444; 447448,451 ; 454; 461 ; 475-477 ; 488.497-498 f:PYAXA 315; 330-332 EQUIATIO:-J 20 f:HASISTRATlOS 26R ERr'sOS 207; 216; 261 ; 283-n4; 287-2R9; 408-410; 425; 442; 457 ; 467 ,468-471 ; 472-473 ; 4R4 ERSILAOS 470 f:HYTHREES, ERYTHREENS 139; 172; 204-207; 210; 228; 231 ; 252-254; 262; 279-280; 294; 370; 377; 3RO; 3RR; 392-393; 404; 417-419; 425; 437-439; 441 ; 448,457; 467; 474; 477-478 ; 496 ESCIHr-;E 271 Esc LAVAGE, ESCLAVES 27; 180; 183; 193; 211 ; 214; 226227; 231 ; 332; 417,424; 445; 473 ETAT TJIEOCRATIQUE 451 f:1Er-;:-JA, ETfr\'\IE:-JS (voiraussi HYTEr-;r-;A) 76; 164; 317-318; 495 ETEO:-JIKOS 495 ETlINGI' voir aussi lJAHYU, PELPLES 24 , 39-41 ; 69 ; 73 ; 7682; R5; 166; 176,181-182; 192; 199 EnluEr-;s 79 EUAMES 193 ELREE 215; 351; 458 EUBOLLOS 96 ; 267 ; 417 ElJKLEIDAS DE SYRACUSE 355 EElVIE:-JE 109; 15R, 164; 465; 475 El:\1i,:-JE 11 195 EUMEr-;EIA DE PHRYGIE 373 ELPHRATE 318 , 363 ELPOLF.MOS 44R ElJROV10S 257 ELRYMEDO,\ 452: (bataille) 310 ElJRYSILAOS 410,468-470; 473 EORYSTHb·i.s 190: (monnaie) 191 , 252 EVAGORAS Ie; 27-28; In-129; 149, 223; 256-260; non 1 ,334-336 , 376 EVAGORAS 11 50; 55; 401 (monnaie) 401 EVERCiESIE, EVERC;ETE 25 ; 185 ; 387 ; 442 EXEKLESTOS 408 EXFJASTAl437 ; (Erythrces) 404 Flr-;A:-JCES 166; 169 FISCALIrE, Impots, Systeme fiscal pcrse 48-49, 160, 168169; 173. 199; 300; 433; 439; 473; (administration) 167; 238; (capitation) 48-49, (eirconscription fiscale) 81; (dC/l'mol') 192: 217; 247; 451 ; (dime) 4R; 217, 405; (dime sur lcs navires) 217 ; 260 , (dime sur les troupeaux) 4R-49 ; (eikostei 217; 260-262; (exemption) 42; 49, RI . 139; 195; 222, 286; 429; 437; 442; 446-447; 455 460; 473-474; (impot sur la terre) 48, (rnisthopborie) 259; (pen/tkoste) 41R; (syntaxis Athenes) 169 ; 287 ; 352 ; 378 ; (s. Alexandre) 409 ; 439; 473-476, (xyntclicl 207; 257; 271 ; (tage) 41 4R; (taxes) 41-43; 4R-49; 68; 81; 169; 217; 261, 319 ; 356 ; 40R ; 418 , 437 ; 458 ; 461 ; (taxe artisan)
4R; (taxe, epikephalaion) 49 , (taxc portuaire) 4R49; (taxe Sparte) 212; 219; 233; 282. (tribut, photos Alexandre) 159-160; 163; 185,432,439; 447 ; 452; 456; 460 ; 473 ; 476 ; 497; (t. attiquc) 96; 118-121; 190,194; 204-207; 211, 216-2IR; 239-241 ; 250 ; 256-257 ; 266-26R ; 271 ; 2R7 ; 300 , 310-311 ; 320 ; 326 ; 429; 431 ; (L perse) 2 ; 23 ; 2629; 35; 40; 41-44; 45 ; 48 , 50; 55; 68; 72-73 , 78-81; 89,100-103; 107; 114; I1R; 124: 139, 14R; 162; 167-169; 173-175; IR2, 190-192; 203; 214; 217 , 222; 227 ; 264; 279, .lIS , 31 R-319 , 341 ; 347-348; 356, 359; 366: 430; 436; 452 : 494; (t. Sinope) 112 FLOTTI' (Agesilas) 251 ; (Alexandre) 379; (atheniennc) 207 ; 227; 230-231 ; 260; 287; 320; 3RO; 421 ; (Carie) 72 ; 446; (Chios) 205 ; 230 , (Chypre) 25R ; (Cilieie) 242 ; (Conon), 128 ; (Conon-Phamabazc) 245 ; 251252: (Darius) 257: (de l'Hcllcspont) 460; (Epaminondas) 297-298 , 379; (ionienne) 229-230 ; (Iaccdemonienne) 48; 204, 209-213; 219: 229230; 234, 259-260; (lycienne) 310: 319, 450; (macedonienne) 424; 446; 465-466; (Mardonios) 319; (Mausolc) 100, 251' 258; 296, 379; 394, (Mcmnon) 56; 457; (Mytilene) 458 ; (pcrs c) 55 ; 60-61 ,87; 129; 244,254; 319; 380; 415' 434, 445; 452; 457: 463; 466; (Perikles) 20, (de Phenicie) 55; 107; 119; 122,213-215 243-244; 258, 2R I ; .lIS ; 329; 331 ; 395; 452; (PhoceeKyrnc) 25X; 280; (Rhodes) 230. 259; 379; (Samos) 224; 230-231 ; 260; 290, (Tacli6s) 303 . (Tamos) 170; (Timothee) 298; (Tiribaze) 2RO: (thebaine) 297 ; (Xerxes) 90 ; 319 ; (commandcment naval) 157; 254, (construction naval c) 112; 230 : 251, 263; 266; 297; 320; 326; 333; 340; (domination maritime pers e) 251 ; (navarquc r 22R ; (Ioniens) 177; (Iaccdemonicn) 219; 226-227; 230: 234; 252; 259-263; 277; (perse) 129; (navire Abydos) 262-263 , (Anaia) 230; 472 : (Autophradates) 459; (Chi os) 205 ; 229; (Cilicie) 319; (italiote) 216; 230; (Lysandre) 43; 227 ,229; 230; (Mel hymn a) 230; (.vlilct) 230; (Pamphylic) 319; (Pharnabaze) 461, (Rheornitres) 349; (pcntccontorc) 90, (triakontnre) 338 (trierarchic, trierarque) 259-263; (tr. Athenes) 292; (tr. Kim) 282; (tr. Rhodes) 379; (equipage) 231 ; (solde, equipage) 57 ; 25 I ; 292 ; 378 FO"iDATIOr-; (athcniennc) 91: (Hckatomnidcs I 271; (Iegende) 315; (Lesbos) 266, (Leuke) zsr , (lydienne) 94, (rnaccdoniennc) 194. (Milet) 301 , (Pergarne) lR5; (Pricne refondation) 3R9; 390; 444, 445 ; 473: (Sillyon) 454 FORTIEICATIO:-J (okra. acropo!c, citadelle) 39-41 ; 253 ; 279 : 496: (Abydos) 216, 223: (Alabanda) 448, (Aspendos) 45 I ; (Babylone) 16R ; (Cappadocc) 41 ; (Cataonie) 107, (Caunos) 385, (Chcrsones e) 296: (Doriskos) 170; (Haliearnasse) 3R5 ; 449 ; (Heraclee Pontique) 300; (Hypaipa) 197, (Isaura) 164: (Kelainai) 46; 157; (Kibyra) 76; (Laranda) 164:
INDEX THEMATIQUE
(Milet) 40, (Pednelissos) 31 X ; (Perge) 45 I ; (Priene) 391; 441; 445: (PygCia) 268: (Samos) 292; (Sardes) 40; 41 ; 159; 16X; 432; 433; (Sckkov) 68 ; (Sidousa-Ptclcon) 204; (Sillyon) 454 " (Teos) 170; 205-206; 226; (Troade) 173; 241; (Xanthos) 175; IX6; 310; 353 ; (chorion Atarncc) 242 ; 267 : (Cnidinion) 256, (Eolide) 39; 239; (Lydic) 40; 170; (Palairnagnesia) 195; 423, (paphlagonien) 195; 423; (Sillyon) 454; (ferme fortificc) 183; 209; (forteresses royales) 38-44 ; (muraille urhaine) 231 ; (Carie) 303 ; (Chills) 267; (Erythrccs) 262 ; 457 ; (Gordion) 24X ; (Halicarnasse) 376; (Latmos) 392; (Lcontonkephalai) 24X; (Mcthyrnna) 261; (My las a) 347; (Parthcnion) 239; (Rhodes) 25926/ ; (Tralles) 236, (phrourarque) 39: 167; 174175; IX4; 239; (phmurion) 25; 40; 42; 239; 244245; 256, 261 , 272; 391; 423; 450: (pyrgos Asidates: IX3 ; (Teos) 305 ; (tetrapyrgia) IX3 ; 392; itursisi 183 FROI\TlERE 22; 29; 35; 74; 77-78; 85-86,91; 94-96; 105 ; 110; 164; 247; 305, 318; 331 ; 347; 434; 440442; 495 ; (Portes de Cilieie) 37 :. lOS ; 319; 331 ; 365 ; 460, (Porte de Lydie) 96; (Pones de Syrie) 460; (Portes Persiques) 21 GAllATAS 30 ; 47 ; 68 ; I 18 : 185 GAGA! 270 ; 306 GALLOS X9 GAVIRRFJOI\ 189; 192; 239; (monnaie) 191 : 238 GAVILRSES 61 GANGRA 110: 113 GAR)iISOI< voir aussi FORTlFICAlION 39; 167; 365 ; (Abydos)
288; (Adramyttion) 170; ( Antandros) 96; 218: (Aspcndos) 451 , (athenienne) 223 ; 226 ; 229 , 262 ;
286, 40X ; 471 ; (Chalcedoinc) 234; (chef de) 25 : 30: 40: 170; (Chios) 252; 3X2; 461-463 ; 466467; 473 : (Cilicie) 430; (Cnide) 210; (Colophon) 119; (de Pharnabaze) 241: (Epbese) 425; 435; (Erythrees) 457; (Haliearnasse) 449; (Hyparna) 450; (lasos) 209; (iranienne) IX9; (Kclainai) 157; (Larisa) 191: (Latmos) 392: (Milet) 442; (Mvtilcnc) 287 , 458 , 466; (perse) 215-217 ; 275 ; (peloponesicnnc) 234: 240, (Perinthe) 174 : (Pricne) 391, (Rhodes) 3XI ; 473 ; (royale) 26; 39; 46; 445 ; (Samos) 172; 291 , (Sardes) 159; 421 . 432-433 ; (Side) 454 ; 476; (Soloi) 460; (Tralles) 436 ; (Xanthos) 49 ; 67 ; 149, 174 GAUGAMFLES (bataille) 196; 463 ; 474 GAZIOlJRA 8X; 108; (monnaie) 108-109; 325
GERGIS 20; 47; 99; 14X; 210: 307; 312; 354 GLRt;ITHES 241 : 305 GERGlTIIIA 447 GLOS zs , 281,336 GCltvIAl{;\1ARA 195 GOI\GVLlDES 189-191 ; 234; 238-239; (monnaie) 191 GOI\GYLOS I" IX4; 189 -192; 238; (monnaie) 191 GOI\GVLOS II 189-190; (monnaie) 191 GORDIO"! 33 ; 34 ; 38 ; 80 ; X6 ; 92 : 96 , 175 , 194; 221 ; 228 ;
248 , 455 ; 458 , 460 GORllOS 124 : 194 GORGION 190, (monnaie) 191 GORGOS 446-448: 471-472: 478 GO()VER"!EME'\T PROVII\CIAL 80 : 16X GOCVER"!EUR voir aussi HVPARQUE 134, n6 ; 347 ; (Cilieie)
87; (g. de peuples) 170; (de Tc1messos) 195: (Ionic) 436; (Lycic) 355-357; (perse) 401; (Xanthos) 149 GRAND ROI passim GRAI
GA70PIIYLAKIE 40: 43
GYGAIE IXX
GELlBOLL 271 : 461
GV(;l'S 23
GEMME 59
GVMNASE 477
IX8; 307-308; (Erythrees) 404; (Ka[s?lika genas) 147; 174-176; IXX; 307-30X; 312-313 GEm10RES 206 ; 215 , 229 GERAISTOS (cap) 10 GERDEK BO(;A7I I I I GERGtS, GERGITIIE (cite) 241-242; 447
543
GENOS
HAllRtA'llJTHF.RAl-BALtKESIR 248 HADRIEI\ 372 HAIFA 414 HArRAl 206 llALtCARI
544
L' ASIE MINEURE AU IVe s. (412-323 a,C.)
155 ;161; 212,216; 256-258,261; 289-291; 298; 303; 375-376; 377; 383; 385-386; 494; (monnaie) 56; 133; 144; 179-180; 256; 400, 403; 407, 446-449; 457, 461-462;
295 ; 389; 386; 465 ;
474; 477 HALISARC\A 189-190 ; 238-239 HALYS 35 ; 77 ; 80 ; 83 ; 85-90 , 112; 122; 248 ; 318 ; 456 ; 465 HAMAXIA326 HAMAXITOS 241 ; 266 ; 429 HANBARKA YA KARGI III HARylOSTE (Abydos) 239; 262; (Byzancc) 220-223 ; 228 ; 234, 235 (Chios) 211; (lasos) 219; 227; (lacedemonien) 39 ; 229 ; 235 ; 242; (Lesbos) 204 ; (Mi1el) 215 HARPAGE(ARPPAKKHU) 121 ; 176; 187 HARPAGOS 307-310 HARPALE 160 HARPASA243 HARPASOS 78 ; 180 HAHCSHA 33 [fEDER,j 367-368 HEGELOCHOS 459-462; 465-466; 470 ; 476 HEGESIAc\AX (monnaie) 275 HEGESIAS 436 HEKATOMNIDES 10; 27-31 ; 42; 64; 68-69; 129-146; 148; 160; 174, 177; 180-181; 256-258; 268; 271 ; 283 ; 295 ; 306 , 354-356 ; 375-376 ; 380-393 , 401406; 411 ; 417-420; 442-445 ; 494-497 ; (monnaie) 55-57 ; 63 ; 138 , 140-145 ; 271 ; 340 HEKATOMKOS 57; 69; 128-129; 130-134; 137-139; 142; 145; 177; 256-257; 258; 280; 283 ; 335 , 375 ; 384 -386,401-403; (monnaie) 57; 133; 140-145; 276; 387 HFKATO:--JYMOS 112 HELn'rc 67 HELIKE 177 HELLAS 184 , 190 ; 238-239 [fJ-,LLc'NlON 180 ; 357 HELLE:--JISATIOK 8; 20; 73; 76; 187; 197; 318; 386; 432 HELLESPONT, HELLESPONTIKS 36 ; 70-72 , 77 ; 90-92; 117; 122, 152; 170; 174; 204; 207; 215-220; 227; 244; 252 ; 260-262 ; 265 ; 287-289 ; 296-298 ; 366 ; 377 ; 380 ; 426-427 HE'iETES 110 HERACLEEDL LATMOS 42 ; 294 ; 356 ; 391-392 HERACLEEPONTlQLE 77; 103; 110; 242; 297-298; 300-301 ; 455 ; 477 ; 497 HERAIA 233 HERAIOS410 ; 468-469 HERAKLFJDES 180 ; 256 HERMIAS 96,153; 191,267; 404; 411-412; 417-420; 435; 495 HERMOCOPIDES (stele) 48 ; 170; 222 HERMO:--J 410 ; 468-471 HER\lOS 34-35; 150; 194-198; 247,281; 421; 424 HERMOTOS 430 Hkuoo» 354 ; 356
HEROPtIYTOS 388 ; 425 ; 436 HEROSTRATE 436 HETAIRIE 299 llETAIIWI (Hermias) 418 HIERAKOME 193-196 HIERAME:--JES 94; 120; 214; 312 HIERAPOJ.tS BAMBYKE(monnaie) 413; 487 HIERAPOLIS DE PBRYGIE 77 HIFRAX 261-263 HlloROCESAREE 195 196 HIEROLOPtIOS 196 HIERO]\ 136 ; 405 HOLMOI 326 ; 334-335 ; (monnaie) 325 ; 335 IlOMONOIA 468 HOsPITALlrE, HOTE 45 ; 98 ; 233-234 ; 263 HYDAR:--JES (fils de Mazaios) 462 -464 , (monnaie) 64 J-!YLJAR:--JES (salrape de Phrygie hcllespontique) 93 ; 114 , 119120 IIYDAR:--JES (un des" Sept ") 149 HYDRELA 77 HYLLARIMA 392 HYMAIES 80 ; I 17 HYM'ESSOS 257 HYPAIPA 197 ; 246 HYPARCHIE, tIYPARQLF 24-27; 30; 33 ; 40-41 ; 68, 117; 120-121; 128; 134; 140,147-150,153-156; 159163; 166, 170-174; 175; 178; 184; 192; 214; 217; 228; 289-291; 333; 343; 357; 467; (Cappadoce) 431; (Ionie) 259; (Lydie) 367-368; 372-373; (Syrie) 416 HYPARc\A450 HYRCA,\IEKS238 HYRCAR"IS 194 ; 373 HYROylOS (monnaic) 257 HYSSALDOMOS 130; 134; 176; 384, (monnaie) 141 HYSSELDOY!OS 256 HYSTASPES 91 ; 119 HYTLK'\A, HYTE"NEE"iS voir aussi ETENKA76 ; 79 ; 120 ; 164 lALYSOS212,225 lASOS 179-180; 209-210; 219; 223; 227-229; 256-257; 294 ; 312 ; 385 ; 446-448 ; 494-497 IBA:--JOLls 256 ICO:--JIO"i 161 ; 331 ICO:--JOGRAPHIE MtJ:--JETAIRE 50; (abeilie) 206; 275; (Ada) 381; (Ahura Mazda) 48; 327; 335-336; 363, (aiglc) 58; 63; 113; 141; 336; 413-414; 479; 483; (Alexandre) 161; 481-484; 487-489, (Alexandre Ammon) 483; (Alexandre Herakles) 479; 483-484; (Amastris) 488; (amazone) 327; 335 ; 362, (amphore) 205 ; 275 ; 297 ; (Ana) 360 ; (Aphrodite) 31 I ; 327; 335-339; 381 ; (Apollon) 58, 140, 144-145; 238; 334-335; 362; 383 ; 387; 453; 478; (Apollon au corbcau) 314; 335; (Apollon Karncios) 483 , (Apollon laurel 191 , 398 ; (arbre) 328; (arc) 20; 56-57; 328,361-362; 414; 486, (Arcs) 58, 337-339; 360; (Arethuse) 339, 360; 362; 365; (Arternise, femme de Mausolc)
INDEX THEMATIQUE
381; (Athena) 62-64; ]26-127; 151; 163-165; 252; 266; 291; 313-314; 334-338; 355; 390; 453; 475; 479; 484; (Athena casquee) 312-3]3; (Athena Niccphore) 335 ; (athletes affrontes) 452, (Attis) 6] ; 482; (Atys) 484; (Baal) 88; 163-]65; 317; 334-336; 361,413; 414; (Baa] de Gazioura) 88; 108; (Baa] de Tarse) 108; ]63-164; 339; 360362; 412-415; 487; (Baaldagon) 414; (belier) 327; (Bcllerophon) 328-329; (ble) 47; ]00; 329-330; 412-415; 482; (bceuf, attelage) 47; (han net perse) 483 ; 487 ; (bouc) 483 ; (bouclier) 275 ; 327 ; 330 ; 335 ; 354 ; (canthare) 482 ; (carquois) 482 ; (casque) 487 ; (casque athenien) 390; (casque attique) 63 ; 127 ; ]51 ; 252 ; 338 ; (casque corinthien) 327 ; 475 , 479; (casque grec) 58; (cavalier) 314; 326; 390; 452; 487, (cavalierperse) 59; 126-127; 151 ; ]73; 3]2; 327-331; (satrape a cheval) 63; 329; 401 ; (cervi de) 108; 206; 412; (charrue) 47; (cheval) 6] ; ]51; ]54; 329; 480; (cheval aile) 15], 270, (chevrc) 326 ; (cithare) 58; 60; 6] ; 125; (coiffure perse) 58; (coq) ]73; 240; (coquille) 238; (costume perse) 47; (couronne) ]00, 479; 482; (crabe) 14]-142; 276; 328; 38] ; (croissant) 266; 413 ; (croix an see) 328-329 ; 333-334 ; (cygne) 327 , (dauphin) 60 ; 63 , 113 ; 390 ; (Demeter) 382 ; 485 ; (diadernc) 59 ;120; 125; 164; ]9]; 266, 336; 482; 484; 488; (Dionysus) 47; 327; 335-337; (disque solaire aile) 47; ]97; 361; 414, (divinitc au trident) 328 ; 334; (elephant) 486-487 ; (Eros) 335 ; (etoile) 387 , 413; (femme a cheval) 240; (fteur de lotus) 329; 336, 414, (frondeur) 3]4; 452, (gorgone) 317 ; 330; (Grand Roi) 333; (grappe de raisin) 100; 327 , 335-336; 360; 362; 412-415 ; 482; (grenade) 3]4; 453 ; (grenetix) 47 ; 58; 328 329; 336; 338; 360, 38] ; 4]2; 414, (griffon) 108; 144; (guerrier) 314; 328; 338; (guerrier casque) 338, (guerrier persc) 328; (harpe) 3] 7 ; 487, (Hera) 55; 475; (Herakles) 47; 276-277; 327; 334-338; 38]; 39]; 482-485; (Herakles Drakonopnigon) 273 ; 276; (Hermes) 327; 335; (hippocampe) 329; (hippocampe aile) 328; 480; (hoplite) 126; IS] ; (Iphikles) 277; (Kronos) 327; 335; (laboureur) 47; (labrys) 57; 144-145, 161 ; 328; 402,405; (lance) 56; 127; ]44-]45; 29] ; 327-328 ; 333 ; 335 ; 402 ; 487 , (leonte, 338 ; 479 ; (ligne de sol) 413-414; (lion) 47; ]08; 140-]42; 145; 163; 29] ; 327; 328-329; 333-336; 354; 387-388; 4]2-414; 418 ; (IOUI') 164; (lutteur) 314; 317; (lyre) ] 25; 345: (mas sue) 163; 482; (Mausole) 383; 392, (Melkart) 213; 328-329; (Meter) 126; (Mithra) 479; 482; 485; 488; (Mopsos) 452 ; (mouche) 329 ; (Nergal) 328 , (Nike) 453; 479; (nymphe Sino pc) 63; 1]3; (olivier, branche) 483 ; (Pegasc) ]54 ; 213 ; 328 , 329 ; 345 ; 479-480; (peltastc) 50; 59; 151 ; 327-331 : 344 ; 354; (perse) 480; 486-487; (perse barbu) 482; (phiale) 335; (Philippe Il) 484; (1'0105) ]45; (proue) 56; 60 ; 398: 482 ; (quadrige) 486 ; (Roi) 47 ; (Roi
545
archer) 55-63, 125 ; 145 ; 327- 329 ; 363 ; 401 ; 486 ; (Roi imberbe) 59; (rosace) 144; 388, (rosace milcsienne) 142-144; (rose) 275 ; 297; 485 ; (rose, bouton) 485; (rosette) 387; (sanglier) 314; 452; (sanglier aile) ]51 ; 345 ; (satrape) 58-59; (sceptre) 144-145; 4]3-414, 479; (serpent) 273; (siege) ]63: 36] ; 4]4; 465-466, 476; (sphynge) ]86; (sphynx) 205: (statue) 126; ]45; ]64; 470; 477; (statue Athena) 291; (taureau) 144,163,191,291; 317; 328-329; 390; 413; (temple) 360; 368; (tete barbue) 58; 191 ; (tete casquee) 3]3; (tete feminine) ]]3; 276; 381; 407; (tete imherhe) 59; 6] ; 125; 154, 19] ; 238; 338: 470; 479-488; (tete lauree) 58, (tete satrapale) 55-57; 61-64 ;100; 125; 147; 15] ; 241; 266; 275; 3] I; 327; 336-337; 345, 353-354; 407; 481-482; 485; (tctraskcle) 3] 1 ; (thon) 60; (lhymiaterion) 360; 4]3-414; (tiare) 5759; 100, 120; 125; 154; ]91,238; 266; 330; 414; 479-488; (tour) 163; 242; 305; 360; 4]3; (tortue) 328; (trident) 140-142; 390; (tricre) 63; 125, (triskcle) 314, 317 , 354; 452; (trone) 43; 479 ; (vache) 47 ; (veau) 47; (Zeus) 57 ; 479 ; (Z. 'Ammon) 483-485 ; (Z. Labraundeus) 144-145 ; 383 , (Z. laurel 15] ; 423; 483-484; (Z. Lydios) 76 ; (Z Philippios) 276 TCOl'OGRAPllIE PERSE 362 IDA (mont) 74-75; 92, ]49-]50,219; 434 /lJIA 43-44 TORIECS 41 ; 55,68; 134, 136-140; 352; 356; 376,382; 386-388; 392-393; 40/-404; 407; 408; 4]2; 418; 443; 494; (monnaie) 57, ]33; 144; 172, 291 ; 38] ; 388 TKIZTEPE 197 luiAz DACiLARI ] 10 Ir.rox 241 ; 266; 347: 370,427-430: 444; 457; 475; 418 IMBRAssrs ] 80 IMBROS 93 ; 160; 278 ; 292 ; 380 INOEI 74; 96; ]52 lK])uS 70 : 86 INSCRIPTIO.\! voir aussi index des sources (Acipayam) 76; (carienne) 257 , (Alexandre/Chios) 467; (Athencs/ Clazomenes) 261 ; (Colophon) 437; (Cornmagene) 149; 352; 361; (Erythrees) 437; (HierapolisKastabala) 332 ; (Droaphcrncs) ]75 ; 367-373 ; 497 ; (Limyra) 355; (Mausole et Arternise) 139; 383; (Mncsimachos) 33; 42; ]69; ] 84; 433; (.\!Iylasa) 134; 139; 181 ,386, (Samos) 472; (Sebastc) 197; (Sekkoy) 14; 68; 179; 181; 384; 391; 433; 497; (Tralles) 136 ;140, (decret Apollonia) ]85, (d. Aristotelcs) 283-289; 411 ; (d. Cnide) 297-299' (d Halicarnasse) 212; (d. Hanisa) 89; 360; (d. Plataseis) 405 , (d. Inniens-Lolicns) In; (d. Kios) 103 ; 298 ; 350; (d. Mylasa) 139; (d. Samos) 235 ; (d. Zclcia) 218 ; 222; (d. sur la Concorde Mytilene) 468; (listes ephebiques Pergame et Apollonis) 74 ; (bannis Mytilcnc I 468 ; 472 ; 476; (tyrans d'Eresos) 468-471
546
L' ASIE MINEURE AU IVe s. (412-323 a,C.)
INSCLAIRE 7-9; 13; 70; 92; 145, 160; 193; 203-204; 207209; 212; 216; 233; 236; 253; 264-266; 270272; 278-279, 282-284; 287-289 ; 295; 356-357 ; 376; 378-383 ; 388; 393-394,399; 402; 407-4/2 ; 425 ; 436 ; 457-462 ; 472-473 ; 476-477 ; 482
KARADERE250 KARAMAl\ 314; 317 KARANOS 26-28; 39; 44-45; 50; 62-63; 90 ;105; 122-124: 127 ; 169; 333 ,341 ; 465 KARAY()K BAZAR 76
Io"i 211 !ONDA 256 IONIE, IONIENS 8; 35; 71-73, 79-82; 90; 116-124; 134; 138; 142; 150; 159-162; 170-172; 175-178; 204206; 209; 212; 215-217; 220; 223; 227-235; 243-244; 252; 257; 260; 263; 267-268; 280; 303-306; 312; 352,356-357; 383; 387-389; 417418 ; 424 ; 436 ; 438-439 ; 443 ; 473-477 ,478 ; 495 !PHIADES 298-300 IPHICRATE 263 ; 282-283 ; 288 ; 290-292 ; 358-359 ; 380 IRA"i, !RANIE"iS28; 106; 138; 173; 196 IRAl\ISATION 200 IRIS 85 : 88-89 ISACRA 164 ; 495 ISAURIE341 ; 49'1 ISIl\DA 256 ; 355 !SKILIP 111 Issos 37; 332,334-336; 455; 464; (balaille) 163 ,416; 459460; 462-464; (golfe) 83; 320: (monnaic) 325 : 334-338; 414 ITAMf:NES 119; 171 ; 175 ; 184-185 ; 372 ITA"iOS (monnaic) 383 ITYRA 314 IZ:\IK Galli 100
KARlJAKES364
KJZILCA353 KABAlf:El\ 76 KAJJALITlDE 76 KARALITlS (lac) 76 KADEIRA 88 ; 89 KADYAl\DA 313 : 353 ; 405 KAlAl\DA 95 KALAS 114; 158-159; 168; 424; 431 ; 434-435,455-456; 462 ; 464-465 KALE AGILl 267 KALEKAPI II KALUAS 228 KALLlKRATlDAS 48 ; 206 ; 225-226 ; 230 KALI.lMACHOS 351 KALLlPOUS 271 ; 450 ; 461 ; (monnaie) 271 KALLlSTHE"iES 110 : 445 KALYKAD"iOS 164 ; 326 ; 331 KALYMNA 55 ; 283 ; 383 KAMIROS 212 KAMMYS409 ; (monnaie) 484 KANDAlJDA 49 KANDYBA 3 11 ; 313 KA"iESll voir aussi ANTSA 85 ; 88 ; 360 KAI'EWS 78 ; 332 KAPIKAYA 111 KARJ"iCAI.l 241 KARABEL (passe) 247 ; 435 KARABUR(;"i76
KARDAK(ll\ KOME 195 KARION 268 KARSOS413 KASOLABA 68 KASTABOS 271 KASTAMOl\U III KAST(lLOS, KASTOLO(;PEDIOl\ 26 ; 41 ; 123 ; 198 ; 421 KATAKEKAUMEl\E 196-197 KATARAKTES 45 I KATEl\NETS 317 KATPATUKA voir aussi CAPPADOCE 78 : 81 ; 85 KAUKOl\IENS86 KAVAKLl 250 KAYSERI 87 KAYSTROUPEDION 331 KEBREl\ 71 ; 74; 241 ; 347; 435 , 475 ; (monnaic) 61 ; 154: 481; 489; 492 KEDRF.AT 227 , 231 ; 271 ; 494 ; 497 KELAIl\AI 10; 25; 35-37; 46-47; 77; 82; 155-157: 183: 192 , 247 ; 251 ; 395 ,454-456 KELE'\DERIS 314; 326-328; 341 ; (monnaic) 325-326,330; 339 , 340 KEOS 297 KEPIIE7 BUR"iU 240 KERAW1N AGORA 34 ; 37 KERAMOS 68 : 179 KERKENES DA(i 85 K£RUX 181 KHERCI47; 58-59; 99; 147; 187; 210; 311-314; (monnaic) 188 ; 308 ; 311 KIIERIGA 187-188; 310-314; 355 ; (monnaie) 308; 311-313 KHEZIGA310 KIBYRA 76
KmYRATES 453 KlDRAMA (rnonnaie) 76 KmRARA 37 KIMON 339 KINDYE68; 142; 179; 256; 319 KIOS 34; 47; 75; 92; 97-100; 228; 248, 332; 345-347 : 447 ; (monnaie) 398 ; 482 ; 489 : 492 KJRSu-KlRSI333 KISSIE"iS 89 KJSTHE"iE (monnaie) 151 ; 344-345 KlTlON 412 KLFARCHOS 220 ; 223 KLEl"iiAS DE COS 419 KJ.F:OMIS 409 KOGAMOS 35 ; 196-198 ; 247 KaINE ElRLv£ 286 ; 289 ; 348 ; 460 KOINE GRECQlJE 494 Kotvot: 24,68; 176-/82; 317; (caricn) 14; 68; 137-139: 142; 178-181; 256; 385-386; 391 ; 475; (eolicn)
INDEX THE,MATIQUE
178 , (colien, monnaic) 475 , (ionien) 79 ; 142; 172 ; 176-179; 254; 280; 475-478; (Lcsbos) 475; (lycien) :.82; :110; 357; 388-391; (mysien) 475; (Pernitai) 355 ; (rhodien) 271 KOJRA'iOS 169 KOKVUON 241 KOU.ATEBOI37 KOLOMI 241 , 265-266 ; 426 ; 430 KOLOSSAI 25; 35-37; 77; 82; 156-157; 183 ; 196; 247; 251 K()~lARQUE 175 KONDALOS 33 ; 40-41 ; 49 ; 148 ; 172-175 ; 356 KO'iDMALOS 180 KORANLA 179-180 KORNISSOS 256 KORVDALLA 270 ; 307 KORYLSS 112-113 KOSSIKA310 KOTVORA 112 KOTVS 113; 296; 351 KciYBAsl 313 Kn.vrt.s 401 KRATESIPPIDAS 219; 267 KRblASTE 263 KRISTALLA 37 KRlTHOI\E 206 KRO~INA
301 KRvA313
Kttstrs 435 KOCHOKKUIlNE 109 KL:!.A 65; 197 KGLTEPL voir aussi KAI\ESH RS ; XX KLPRLLl 147-148; 308-311,354-355; (monnaie) 310-311 KCRE DAGLARI86 , I J0 KLVRLKLL KALE 375 KVBERNIS 310 KVUERSOS, SARI ~:AV 447 KVDNOS326 KVDRARA 77 KVLLA'iDOS271 ; 450 KVLl.1'KE 194 KY\lE 61; 129; 152; 170; 178; 194; 207; 216; 223-225; 236, 245; 248; 267; 280-281 ; 315 ; 335 ; 344; 439; 442-443,453; (monnaie) 154 ,480 KVPROTIl]o\lIS 291 KYROW1S 257 KVRO]WED/ON 194 KYTARION 238 KVTORON 301 LABRACKDA 42; 49; 69; 134; 181; 256; 386; 392-393; 400 -403 lABV'iETL-:"ABOKIJ)E 318 LADE 445-446 LM;IDES 139; 167; 182 LA~lACIIOS 91 ; 300 LAMPSAQUL 60-61 ; 192; 216; 220; 228-229; 238; 275; 296; 299,345; 426; (rnonnaie) 59; 64; 151-154; 216; 275-276; 343-345; 395-397; 430-431 ; 470; 476; 479-481; 484
547
LAOD!CE36; I83 LAOD/CEE-IJu-LVKOS 157; 184 LARAKDA 125,164; 495; (monnaic) 164-165 LARISA DE TROADE 239-241 ; 238, 265-266; 429 (rnonnaic) 241 LARISA L'EGVPTlEK'iE 190-191 ; 194; 239; 281 LASOKIENS 76-78 LATMIQUE (golfe) 441 LXIW1S 42 ; 172 ; 294 ; 387 ; 391-392 ; 397 ; 400-403 ; 497 LLBEllOS 206 , 254 ; 305 ; 315 ; 386 ; 441 LEM:-.JOS 93 ; 170 ; 278 ; 292 ; 380 LI'ON:-.JATOS 158 LEO:-.JTOKEPHALE, LEO:-.JTc):-.J KEPHALAI, LEO:-.JTOS KOME 3436,95-96; 155; 192; 248 LESBOS 9-10; 38; 74; 119; 203-204; 207; 210; 216; 226; 229; 252; 260-261 ; 264-267; 287; 289; 299; 408; 409 -411 ; 424; 426; 457-458; 460; 466469 ,472 ; 475 ; 484 LETEOS74 LECKL 281 ; 349 LITKO:-.J 409 LECKOPHRVS 254-256 LEUKOSYRIENS 85 ; 105 ; 357 ; 360 LICHAS 212; 214; 236 LrCHtS 214 LrMVRA 10; 124; 149; 187; 306; 310; 353; 355; 450 LrMVROS 306 LINDOS 164; 212; 225 LORVVIA 251 LOUYIIE 453 LVCAO:-.JIE 25; 36; 76; 105; 158; 161 ; 164-165; 331 ; 341 ; 373 ; 462 ; 465 , 495 LVCIE, LVClEKS 10; 14-15; 20-21; 24,31-33; 36; 40-41 ; 58; 67; 74-78,99; 121-122; 128; 134-137, 140; 146-149; 152; 158-160; 165; 172-174,182; 186188; 256; 270-271; 303; 306-314; 330; 348; 352-357; 383-385; 405; 486; (monnaie) 182; 188; 306; 311-313; 353; 357; 433; 449-451; 457 ; 465 LVCO~lEDES 458 LVDIE, LVDlE'iS 8 ; 22 ; 24-27 ; 35 ; 40-41 , 47 ; 65 ; 70; 7380,85,92,95-96, J05, 116-117; 121-124; 128; 134; 152; 158-161; 170-172; 183, 187; 196; 200; 220; 243 ; 246; 248 ; 25 I ; 256-257; 267 ; 313; 344; 347; 350,352; 356-357,374,383; 387;396,418,432;462;464 LVGDAWS 257 ; 449 LVKON 120; 189; 193 LVKOS 77 LVSANDRL 25; 43-48; 81; 95; 123-124; 145; 200; 219; 224-234; 235-236; 243-244; 252, 271 ; 274-276 ; 293; 313; 364; 425,495 LVSIV1AQUE 190: 370 ; 429 ; 435 ; 439 -443 ; (mannaic) 483 LVSIPPE 488 MACEllOINE, MACF1l0NTENS 71 ; 78; 92; 103; 107-109; 161 ; 164; 184; 199; 406-412; 419-420; 423-426; 444, 459; 462, 464-465; 470; 487; (monnaie) 483484; 492
548
L' ASIE MINEURE AU IVe s. (412-323 a.c.)
:vIAGE 23-25
MEGABYZE 320 ; 326
MAGIDOS 314
MEtlABYZE D'EpHESE 66; 370-371 ; 440-444
MAGNESIE ou :vIEAKDRE, MAGNETES D' ASIE 10 ; 36 ; 41 ; 46-
MEGARE 301
47; 68-69; 73.79; 116; 118-121; 150; 159; 185; 192-193; 213; 236; 238; 256; 242-243; 247; 254; 268; 342; 375 ; 42 I ; 436; 439-443 ; 495 ; (monnaie) 390 ; 479 MACI'JESIE m: SIPYLE 195 ; 421-425 MAlBOCZAKES 195 MAIBOZANOI 195-196 MAlDATES 89 ; 112 MAIPHERNES 196 MAKESTOS 150 ; 248 MAL TEPL 240 ; 243 MALEE (cap) 10 MALLOS 326 ; 335-337 ; 460 ; (monnaie) 47 ; 163 ; 325-327 ; 335 ; 336-337 ; 340 yIALO[JSIOS 442-443 MA'JDROKLES DE MACINI'SIE 363 :vIA'JIA 24-27; 40-41; 95; 140; 148; 173-176; 236; 239 242 . 257 ; 429 ; (monnaie) 173 ; 240 ; 314; 481 MA'JTI'JEE (balaiJle) 274 MARATI1ESIOK 269 ; 388 MARCHI; 48 MAROES 455 .474 MARDOKIOS 119; 185; 319 MARIAGE 28. 106; 113; 138; 146; 186-190; 248; 263; 301; 308; 346; 406; 494; (Artabaze) 297; (hi6rogamique) 138; (sceurs-epouses) 139; 400404; (veuve) 139; 173 ; 189 ; 218 ; (royal) 23 MARIANDY'JIE'JS voir oussi HERACLEL DU POKT 77 . 92 MAR\iARF.S 451 MARO'JEE 390 MARSYAS 46 ; 157; 180.247 ; (lac) 250 MASTYA 301 MATIE'JES 77 ; 85 MAUSOLE 10; 14; 28; 33; 40-41 ; 49; 57; 68. 79, 134; 137-142; 145.148.162; 172-174; 177-180; 185; 243. 280-283; 287-290; 295-297; 302-303; 341343 ; 346-348 ; 352-357 ; 366 ; 375-393 ; 396 ; 400409; 433; 449,461 ; (monnaie) 57; 133 ; 142-145 ; 172; 291; 374. 383; 388; 400; (rcvoltc) 342; 347; 494 MAUSOLE DE KY'JDlE 319 MACSOLLOS (fils dHekatomnos) 384 MAUSOLLOS 256 MAZAIOS 50; 108; 114; 136; 168; 175; 362; 412-416; 463; (monnaic) 55; 61 ; 108-109; 163; 325; 363; 412-415 ;482 MAZAKA 10 ; 87-88 ; 105 MAZAKES 480 MAZARES 267 MEA'JDRE 36; 46; 74; 77; 80; 120; 129; 155-157. 183; 196; 213 ; 242-247 ; 254-259 ; 391 ; 44 I MEDES 28 ; 78 ; 85 ; 91 ; 3 I 8 ; 406 MEDMASSA 449 :vIEGABATES 93 ; 117 ; I 80 :vIF,GABAZE 26 ; 7 I ; 80 . 92
MEGISTE 270 MELESA'JDROS 311 . 354 MELlE 268-269 MELISSA 36 ; 234 MaiNOK 26-28; 56; 60-6J ; 104; 153-154; 184-185; 189;
195; 265-267; 297; 346; 349; 388; 396; 410; 419-426; 429-436; 445-446; 449-450; 457- 460 ; 467; 470 . 473 ; 477 .484; (monnaie) 56 ME\INOK II 104 MEMPHIS 478; (monnaie) 480-482 ; 489; 492 MEN ANDRE 158-159 MFKON 331 :vIEKOPHIUlS 89 MEKTOR 26; 28; 96; 104. 153; 184. 189; 267 ; 297 ; 346; 349 ; 396 ; 4 I 9-420 ; 435 ; 459 MEOKIE 196 MER NOIRE 86 ; 90-9 I ; I 10 ; 395 ; 420-42 I MERCE'JAIRE 25 , 40; 104, 154, 184; 229; 235 . 262; 280; 289; 297-300; 303; 315; 33 I ; 338-340; 344; 347; 353; 365; 377-379; 383; 394-396; 401 ; 4 I9 -424 ; 430 ; 455-459 ; 465-466 ; 474 ; (athcnien) 120; (cretois) 383; (grec) 55. 173; 241 ; 288, 296; 330; 332; 338; 344; 348; 363 ; 396-397 ; 454; 465; (lycien) 312; (peloponesieu) 209; (pisidicn) 315 ; (solde) 62 ; 234 ; 336-338 MERMKADES 22 ; 464 MESOPOT A\lIE 59 ; 7J ; 363 MESSEKL 469 METAUX 48-50 ; 488 METl1nI'JA 160 ; 207 ; 220 ; 226 ; 230 ; 261 ; 283-286 ; 289 ; 408-410; 457; 465.470; 475 :vIETIOCHOS 28 ; 188 METROPOLIS 246 METROPOLIS DE PHRYGIE 234
MIDAs 36 ; 120; 373 MIDIAS 26; 148; 173; 236; 241-242 MlIET 10.36; 38-40; 95; 114; 124; 134; 142-143; 161 ;
170; 172; 177; 205; 209-210; 214-220; 224-235; 254; 257; 262; 268-269 . 280; 305 ; 356 . 383 ; 387 ; 397 ; 399 ; 433 ; 44 I -442 ; 445-446 ; 46 I -463 ; 496; (monnaie) 62-63; 133, 143-145; 257; 387390; 398 ; 475 ; 479 MILETOPOLlTlS (lac) 250 MILI'TO[JPOLIS 250 MILETOUTEICI10S 218 ; 250; (monnaie) 250 MILLIAIRE 68 MILTIAOL 28 ; 188 MILYAS. MILYE'JS 75 ; 353 ; 356-357 ; 450 MINDAROS 2 I 6 ; 230 ; 24 I MINE (argent) 461 ; (or) 263 MINIAS 242 MINKIO'J 446-447 ; 472 ; 478 MITA 87 MITHRADATES 105 MITI1RENES 40 ; 432
INDEX THEMATIQUE
MITHRIDATE (fils d'Ariobarzane) 44: 99: 101-103: 107; 295 ; 342 ; 346 ; 349-350 ; 364-366 MITHRIDATE DECOMYIAGENE (monnaie) 480 MITHRIDATE I DE KIOS 97-103; 300; 303 ; 342; (monnaie) 482 MITHRIDATE 1I DE KIOS 100-102 MITHRIDATE II! DE KIOS 100 MITHRIDATE 1I DEPARTHIE 362 MITHRIDATE III DEPARTHIE 362 MITIlRIDATE VI 88 MITHRIDATE, MJTHR]])ATES (.I, de Cappadoee) 101 106; 124 MITHRIDATES 193 MlTHRINES 168; 432 MITHROBOUZANES 24: 108-109; 364-365 ; 431 MITHROPASTES 104; 114; 463-464; (monnaie) 64; 463 MITHROPALSTES 119; 486 MITROBAfES (MIZRAPATA) 174; 311; 354-356 (monnaie) 308 ; 355 MJTROBATES (satrape de Daskvlcion) 90-92; 116 MNESIPTOLE:>1A 69 MODEDE VIE (civique) 187; (perse) 48; 192; 200,188 MOL(JN 303 MONNAIE 14-15; 22; 50-65; 497; (circulation monctaire) 315 ; 326; 339; 365 ; 497 ; (magistrat monetaire) 56; 205: 291 ; 381 ; 437; (politique monctaire) 337; 388; (provincialc) 62; (atelier) 151, 326; 462; 479; 486; 489; (atelier hckaromnide) 143; (atelier mysien) 63, (ateliers oeeidentaux) 56; (atelier Sardes) 432; (alexandreioi) 161; (athenienne voir aussi chouettes) 56; 59; (ehouettes) 50; 55-58; 61-62; 125-126; 143; 266; 291; 311; 326; 329,331; 335; 480; (chrysoi) 42; (creseidcs) 55 ; (darique) 55-56; 59 ; 63 ; 95 ; 125 ; 139; 336; (hekte) 58; 127; 191; 252; 470; 482484; (monnayage macedonien) 483 ; (siele) 55-56 ; 59; 63; 151 ; 336; 452; (monnayage civique) 5557; 62-65, 68; lO9; 113; 125-127, 151-152, 191; 327; 335-336; 341; 345; 387; 482; 488; (monnayagc de campagne) 114; (monnayage de panegyric) 451 ; (monnayage insurrcctionnel) 59; 60; 145; 345 ; (monnayage royal) 56-57 ; 62-63 ; 76; 164; 479; (monnayagc sacerdotal) 451; (monnayagc satrapal) 29; 50; 55-59; 62-65 ; 126127 ; 303 ; 337 ' 387 ; (man nayage LYN) 10; 273277; (eta Ion) 10; 50; 63-65 ; 127 ; 142-145; 164; 488; (etalon attiquc) 57-58, 125; 142 -143; 216; 307; 398; 414; (etalon chiote) 382-383; (etalon eginetique) 216; 271; (ctalon milesiaque) 142-143; 387; (ctalon persique) 100, 145 ; 217 ; 220; 307 ; 327 ; (etalon phenicicn) 125; (etalon rhodien) lO; 56; 60; 63 ; 100; 125; 141-144; 220; 273 ; 277 ; 381 ; 383 ; 387; 390; (draehme) 56-57 ; 60; 125 ; 142-144; 314: 382; 475; 479: (drachme phocaiquc) 269; (derni-statere) 452; (didrachme) 58; 127; 144; 206; 381-383; 414; (diohole) 191 ; (fractions) 64; 140; [43; (hemidrachrne) 144, 478 ; 484; (herniobole) 141 ; (obolc) 60; 64 ; 317 ; (shekel) 486; (staterc) 47 ; 57; 61 ; 68; 95' 100,
549
126; 141-145; 154; 216; 314; 317; 328; 334; 336; 343-345; 398; 423; 479; 484; (talent) 41-43, 46 ; 62; 291 ; (tctradrachrnc) 56-57 ; 62 , 125 ; 143144,205-206; 276; 291 ; 345 ; 381-383 ; 387-388 ; 45[; 479; 483-485; (tetrobole) 151; (triherniobole) 61; 144; (triobole) 143; (carrc en crcux) 58; 126; 141: [44 ;191; 205; 240; 266; 270,275; 329; 341; 412-413; 452; (coin) 64; 140; 317; 328, (coin de droit) 479 ; (coin de revers) 275 ; (idcntite de coin) 57; 64; 144; 241 ; 339-340; 355: 360361; (liaison de coin) 163; 313 ; (gravure, graveur) 63-64; 163; 317 ; 345 ; 468 ; 480; (anepigraphe) 61 ; lOO, 125 , 140; 317; 327-328,337; 345; 480482; (Iegcnde) 47, 50; 55-56; 60 -64; 113-126; 140-144; 151-154; 163-164; 178,191; 238; 266; 275; 291,312-313; 317,326-328; 334-340; 345; 361; 381-383; 388-390; 413-414; 432; 451-454; 460; 468. 475; 478-483; 488-489; (Iegende ararneenne) 47; 64; 88; 108; 1l7; 136; 159' 317; 326-328; 334-341 ; 360; 412; 463: (lcgcnde en grec) 327; (legende en Iycien) 126; 312; 353; (monogramme) 58; 154; 387; 479; 481 vior-sos 454 MOSSYNEQUES 73 MYCALE (CAP)445 My KALE 268 ; 269 ; 388 ; (hataille) 177 MYLASA 29; 68-69,130; 137-138; 142-143; 150,256-257; 375-376; 384-385 ; 393 ; 403-405 ; 494 ; (monnaie) 126; 133,161; 179-181; 446-447; 450; 479 MY/-;DOS 143 ; 180; 183; 386; 449; 461 MYO/-;TE 192 ; 254 ; 441 MYRA306 MYRIANDROS 334; 460; (rnonnaie) 414 MYRe,A 189; 190; 238 ; 239 ; (monnaie) 238 MYRLEIA 100; 447 MYRSILEIA, MYRSILEIOI 439 ; 440 MYSIEPERGAMENIENNE 342 MYSIE, MYSIE'JS 8-9; 25; 40; 60; 63; 74-78,91-92; 96, 118; 127; 149, 150; 183, 194; 237-239; 242, 248-249; 318; 341; 346; 349; 352; 475 MYTILENE 10,207; 226; 229-230; 252,260-261; 264-272; 282-289; 352 ; 382 ; 408-409 ; 458-459 ; 466 , 467468; 470, 472; 476 , 496; (monnaie) 64, 191 : 238 ; 252 ; 276 ; 398 ; 483-484 ; 489 ; 492 NACiIDOS 314; 329-331 ; 334-337; (monnaie) 325-327 , 334339 NAKOLEIA 65 NANN AS 369 NAQS-I-RlJSTA:I171 ; 80; 130 NAUCRATIS 180,357 , (monnaie) 483 NAULOCHON 390-391; 439; 440-441; 444; (monnaie) 390 NAXOS 93 NEA-DE:>lIRCU 206 N!~A/-;DRIA 71 ; 74 ; 241 NEARQLE 161-162,465 NECTA/-;EBO 396; 412; 419 NEMRUD DAG 33
L'ASIE MINEURE AU IVe s. (412-323 a.C.)
550
:'-lI:OKLtS 292 Nf'OPTOLl'ME 465 :'-lICAI\OR 445 ; 477 NICO\,ll'.DlE 75 ; (mannaie) 468 :'-liKIAS 159; 168 ,401; 433 NIKOMACHOS 351 '
129; 147; 155,310; 314-315; 318 23 ; (patrioi nomoi) 23 :'-lOTIO'J 119; 124; 184,220; 223; 235; 391; 441; (bataillc) 220; 224-225 ; 230 ; (Samos) 291
446: 450; 456; 461-464; 494; (mannaic) 57 : 64: 133: 144-145 OTAGES 209 , 222 ; 262 ; 392 ; 455 ; 470 OTAI\ES 26 ; 80 ; 89-93. 117 ; 167 OTYS lS ; 113 ; 248 OCLIADES 180 , 256 OCRA 326 , 331 OlJRA'J]ON 179 ; 181 ; 449 OlSSOLCOS 386 OXYTHRES 98 , 301
NOMOS
PACHES 119: 266 PACTOLE 246 PAKTY[:S 123 ;168; 267
OCRE 37; 85
PAKTYIKE 82 ; 86-87
ODR YSSES 250
PALAI(;A\,IBREIOI\ 189; 238-239
OIBARES 92-93 ; 170
PALAI\,IAGI\ESIA 195 ; 423
46; 245; (Tissapherne) 213 OINOA'JDA 76 OINOlSSAI (11es) 209 OUllA 75 , 77 ; 314 OLGASSYS 110 -113 OLIA TOS 180 : 256 OLIGARCHIE. OLIGARQUES voir aussi DE\IOCRAIIE 272 , 398 ; (Chios) 465-466 ; (Ephese) 388 ; 436; (Erythrces) 425; 437: (Mytilenc) 408-409: (Pricnc) 441; (Rhodes) 259-261; 381-382; 407; (Samos) 215 ; 227 OLIViER 112 OLYMOS 257 OLY\,1PF DE MYSIE 75; 91-92,150; 248 OLYMPIE 66 , 467 ; 477 ,495 OLY'JTHF 420 ONOMASTIQUE (nom anatolien) 180; (nom ararnccn) 361 ; (nom carien) 180; 256; 405; (nom grec) 180: 353354: 405 ; (nom indigene) 113; 305 ; 433 : (nom iranien) 113, (nom pcrse) 20, 66: 89; 107 ; 112 ; 180: 183-185; 193-197; 310; 401; (nom samien) 294 ; (patronyme) 134 ; 393 ; 405 O:-;OPHAS 89 OPlIRY'JEION 48 , 222 ; 266 OR (monnayagc) 34 ; 43 ; 48-50 , 56 ; 59-64 ; 95 ; 100; 145 ; 152; 154; 161; 164; 216; 268; 275-276: 332; 343-345; 398; 406; 475; 479-482; 485; (numeraire) 225 ; 247 ; 279 ; 297 ; 344 , 377 OREOS 351 ORMUZ 104 OROITES 26; 30; 80; 90-92,116-118,170 OROMl'DOI\ 319 ORO'JTAS 39AO ORONTES 27; 39; 60-61: 64; 128; 149-152; 280-lS1 : 302; 303 ; 335 ; 343-346; 348-349; 350-352; 359-361 , 365-366; 374, 394-396; 409 , (monnaie) 50; 5961; 64; 125-127, 151-154; 191 ; 480-482; (revoltc) 154; 342; 346 ORONTF.S II 352
PACAIMY'JDOS 461
P8cm: 112
ORONTOBATES lS;
PEllARITOS 211
OlKOS
PALAISKEPSIS 192 ; 461 PAM\IE\:ES 396 PA\,IPHYLIE, PAMPlIYLIE'JS 107; 118; 123, 129; 158,161 :
162, 165; 303; 314-315; 316-319, 326: 330: 353 ; 357 ; 365 ; 451-454 ; 457 , 495 PAI\IONIO]\ 172; 176-178; 268,280; 388; 391; 475 PANNlJKO\lE 36 ; 194 PAPHCAGONIE. PAPHLAGONIENS 21 : 24: 27-28: 80, 85-86; 92; 95; 101-109; 1/0-1/5; 158-159; 199; 288: 319,347-350; 358-359; 365; 455-456; 462A65: 481 PARADIS 45-47; 118; (Cyrus lc Jeune) 247 . (royal) 185: (Tissaphernc) 247 PARAPITA 98 PARASANGE 35-36 : 42 : 81 PARATIJAlASSIOI 85; 91-93; 419 PARENTE voir aussi MARIAGE 21 ; 24-29 , 45 ; 80-81 : 91 , 9596,104; 109; 113, 120; 128; 139; 148-149, ]53 . 156, 173; 183-194; 199; 2]4; 239; 256; 299, 305; 308; 319; 352-355; 431-433: (famille d' Amyzon) 185: (famille perse) 186; (famillc royale) 120: 214; (famillc xanthicnne) 307 PARION 235 : 299 PARMENION 8: 159: 195: 431 : 435-436: 449-450: 455 , 458-460; 468, 469-470; (campagne) 154; 421426 ; 427 ; 431 ; 493 PAR\IlSES 120 PARTIJE'JION 239 PART HENlOS 85 : I 10 PARYSATlS ]24 PA5IO>l 292 ; 417 PASIPPlDAS 2] 9 ; 222 PASSIPHERNES 128' 156,253 PATARA 306 ; 447 ; 450 PATRAOS (monnaic) 483 PALSA\:IAS 93 ; 168 ; 189 ; 433 PAYAWA 146-147,174; 187-188; 314,352-353 PE,:rN KALE 375
114; 137-140; 146' 272: 361: 406,
INDEX THEMATIQUE
551
PEDASA449 PEDASOS 188 PWIFIS 439-441 PED'IELISSOS 318 PEDOTRIBE 20 PECiAI-BIGA 430 PEISA'JDROS 251 PELAMYDE 112 PELLA 406; (monnaie) 483 PELClPONESE, PELOPO:\ESIENS 81 ; 231 ; 243 ; 269 ; 278 PELTAI37 P£O'lIE'IS 483 PERCOTE 430 PERDICCAS 90; 158; 161 ; 164-167; 293; 301 PEREE 264-272; 279; 282; (Chios) 267; 418, (Mytilenc) 265-267; 459; Rhodes) 244; 270-272; 385; (Samos) 230; 268-270,472; (Tenedos) 241 ; 265 ; 434 ; 459 PERGA:I1E 10; 50,74-75,150; 157-159; 185; 189-191 ; 195; 238-239; 350-351; 371-372; 397; (monnaie) 55 PERGE, 314 ; 450-451 ; 454 ; (monnaie) 451 PERIA'IDRE265-266 PERICLES 119 ; 291-292 PERIEQUES 405 PERIKLES DE LIMYRA 10: 91; 138; 148; 188; 308; 313; 348 ; 352-356; 366 ; (monnaie) 58-59 , 308 ; 354, (rcvolte) 352 PERI'ITHE, PERINTHIE'I 174; 410; 421 PERKOTE 192 PFRSEE 164 ; 487 PERSEPOLIS 24 ; 33-34 ; 70 ; 117 PERSlS passim PERSOPllILE 47 PESSINO'ITL66 PETlEL~ 74 PETITEMER 446 ; 448 PEUPLES voir aussi DARYU, ETRNOS 8-9; 14,22; 29-31 ; 6982; 86; 90-92; 106; 110-112; 116; 157; 164166, 176; 179-181; 257; 303-305; 317; 348; 358; 455; 462, 487; (brigands) 94, 164; (conquis) 167; (peup1es cotiers) 77; 116-117; 303304; 320 ; (peuples periphcriqucs) 29 PHAlDROS 409 PllAroiES 180 ; 457 PHARAX 244 ; 495 PHARNARAZE Ie< 93 ; 97 PHARNABA7E 11 23-28 ; 36 ; 40-41 ; 44-46 ; 50 ; 61-64 ; 7576; 81 ; 86,93-103; 112-113, 120-124; 127-129, 140; 154; 173-175; 183; 189; 192-193; 203-204; 211; 213-224; 227-229; 233-235; 239-245; 248253; 260-263; 288-290; 295; 311 ; 326; 331 ; 337-342; 358-363, 395; 414-416, 452, 493; (monnaie) 50; 55; 58-60; 191; 276; 325-327; 333 ; 337-339 ; 361-362 ; 484 PIIARNABA7E III 26; 104; 155; 445 ; 458-461 ; 462-466; 472 ; (monnaie) 60
PHARNAKEIA 89 ; 95 PllARNAKES DE CAPPADOCE 69 : 88-90 PHARNAKES 1 DEPllRYGIE 97-98 : 416 PllARNAKES II DE PHRYGIE 93-95, 120; 214 PHARNAKlDES n-101 ; 104; 183 PllARNAPES 89 PHARNOUCHOS 21 ; 80 ; 308 PllASELIS 182 ; 215 ; 270 ; 307 ; 354 ; 357 , 384 ; 450 ; 454 PHELLOS 187 ; 306-308 ; 311 ; 353 ; 355 PllENICIE, PHENICIENS 28; 169; 182; 188; 244; 303 ; 320 ; 326; 331-333; 343; 366: 412; 415,450; 493 PHILADELPHIE DE LYDIE 373 PIIILIADl~S 469 PHILIPPE II 27; 104, 142; 164; 298; 345; 352; 376-377 ; 380; 390; 402; 406,410-411; 419-425; 431, 436, 441 , 466-473 ; 477; 484; 495; (monnaie) 483-484 PHILIPPE lIT 179; 406 ,477 PHILIPPE V 354 ; (monnaie) 487 PHILIPPOS 215 PHILISKOS D'ABYDOS 173; 288-289; 299: 351; 397; 400; 408 PHILITES' 437
PHAR'IACE1" 69 , 89 PHARNAClDES 28 , 100 ; 104
PISSOLTH'IES 80; 91; 119-121; 171-172; 184, 189; 244; 269; 291 ; 365; 372; (rnonnaie) 55; 61 ; 482;
PIIILOTAS 158-159; 165,445 PHILOTIMIA 44 PIllLOXE'IOS 159 -161; 165; 169; 175; 436,448,461; 473 PHOCEE 10; 61; 120; 129; 207; 224; 245; 254; 262; 280; 305; 335; (monnaic) 55; 58; 61 , 64; 120; 127; 152 ; 205 ; 238 ; 276 ; 345 ; 398 ; 482-483 ; 492 PHOeIO'l 100; 160; 351,401 ,409: 446-447 PHOKAIA 268 PHORMION417 PHRASAORTES 349 PHRYGlE, PHRYGIENS 8; 28 ; 35-37 , 65 , 70; 73 ; 77-79; 8586 ; 87 ; 92 ; 95; 117; ] 55-157; 171 ' 175; 184; 194; 245-248 ; 331 : 365 ; 406; (Haute) 36; 75 ; 82; 105; 117; 122-124; 156-158; 161-162; 171; 196; 347; 350; 394-395; 449; 454; 455; (hcllcspontique) 24; 33,74; 80; 81; 85-86; 9193; 112; 115; 122; 128: 155-158, 175; 184; 194; 217; 249-251,431,455; 456 PHYLAKOS DE SAMOS 189 PIIYLE 270 PHYSKOS 251; 271 PlDASA 392 PIGREs 256-257 PILLAGE37 ; 94, 164; 220; 225 ; 247 ; 331-332; 429 , 454, 460 I'll' ARA49 ; 140; 187 , 306 ; 311-312 ; 353 , 405 : 450 PIRATERIE 223 ; 298 ; 394 ; 410 ; 466 PIREE 91 ; 223 ; 284-285 ; 294 PISAl\DRE 251 PISIDIE, PISlDIENS 25; 76, 94; 107 , 158, 161 ; 164; 281 ; 303 ; 315-318; 341; 357; 365; 373; 454; 477; 493-495
552
L' ASIE MINEURE AU IV" s. (412-323 a.c.)
(revolte) 80 . 94 ; 121 ; 203 PITANt 226 ; 424 ; 426 PIXODAROS (fils de Krates) 40 I PIXODAROS (fils de Mauso1e) 319 PIXODAROS 10; 27 , 31.49; 56-57; 67; 129-143; 146-148; 174; 179; 256; 354-356; 384, 404-406; 419; 448; (rnonnaic) 59; 133; 144-145; 382-383; 405406 PI.ADASA 42 ; 179- 180 PLAQUE' DE HAR:-JAIS 65 PI.EISTARCHEIA 392 PLEISTARCHOS 392 PODAEIA 188; 313-314; 317; 353-354 POI.ICH:-J A 204 ; 207 POLiSMA 182 ; 266 POLYCRATE 116 POLYPERCIIOI\ 463 PONT9 ; 66 ; 83-86 ; 278 POI\T-EuXIl\ 260 POPULATIOI\ 31 ; 89 ; 165 ; 169; 238 ; 241 ; 248 ; 305 ; 315 ; 429; 436; 472-473 ; 476 ; 488 ; 494 ; (Iclcge) 386 PORDOSEI.E:-JE 266 PORSUK 331 PORT 235; (Aspendos) 452; (Caunos) 244; 258; 385; (Chios) 9, (Ephese) 225; (Halicarnasse) 376. (Lampsaqoe) 238; (Nau1ochon) 391; (Notion) 119; (Priene) 390; 440; (Samos) 230; 290. (Synope) 85; 112 PORTE (du Roi) 116 . 192; 233 ; 258 ; (du satrape) 20; 30. 45; 48 PORTRAIT voir aussi !cOl\OGRAPHIE 50 ; 55-58 ; 62-64; 125127; 147; 191; 311; 335; 338; 345; 354-355 ; 470; 477 .481-484 POTIDEE 298 POUVOIR CEI\TRAL 21-22; 29 -31; 37-40; 44; 65-69; 80-82. 90; 99; 103. 116-1]8; 128-129; 139-140; 146150; J06-110; 166; 174; 189; 196. 200; 224; 251; 310; 318; 326; 341-343; 346; 348; 352354; 356 ; 359 ; 366 ; 375-376 ; 493-495 POUVOlRS LOCAUX 176; (pouvoir ancestral) ]91; (pouvoir dynastique ei1icien) 334 ; (pouvoir hereditaire) 188 ; (succession hereditairc) 174 PRATOMYSIAI 75 PRCSREUS 134 ;d81 PRESSOIR A HUILE 40 PRIAPOS 430 PRItNE 176-177 ; 236; 243 . 254-256; 268-269; 294; 305 ; 386-391; 402; 436; 439-445; 467; 471-477; 495496; (monnaie) 390 PRIl\CL-CI.IENT 24 PROBOUWI 176
PROCON:-JESOS 298 .411 PROF.DRIE 178 PROKLtS 238 PROKI.ES Icc 189-191; 480-481 (monnaie) 191 PROKLES Tl (monnaie) 481 PROPONTIDE 75,81; 194; 218; 222-224; 228; 298; 301 PROVINCES 22-24 ; 30-33 ; 39 ; 43-45 ; 55 ; 69 ; 80 ; 88 ; 107 ; 115-117; 166; 174; 189,196; 200, 314; 319;
372 PROXE:-JIE 25; 66; 112; 241; 252; 297-299,392 PRUSEDE I.'OLYMPE 373 PRCSIAS DE BITHYI\IE 92 PRY'v!l\ESSllS 34 PRYTANIE, PRYTANE 178 ; 390 ; 404 ; 437 ; 443 ; 468 PSAM\1ErIQUE 171 PTEu'.Ol\ 204 , 209 PTERIA 85 PTC1I.EYIF.E 114 PTOLEMEE (actif en Carie) 449 ; 456 ; 461-463 PTllLE\1FE (fils de Seleukos) 463 PTOLEMEE IT 139 ; 168 PUVIIATHON (monnaie) 412 PYGELA 220 ; 231 ; 268 ; 388 ; (monnaie) 388 PYI.ADES 180 PYRA\10S 326 PYRKEAS 180 PYRRHA 226 ; 283 ; 289 ; 408-410 ; 457 PYTHARCHOS 188 PYTHEllS389
voir aussi DIVINITES, ICO?\lOGRAPHIE 23; 65-69; (Anatolie) 372; (consecration, offrande) 386; (consecration, statue) 367-370; (culte) 65-69; 88; 107; 141-142; 147; 164; 177; 195-197; 200; 256; 318; 360; 368-373 ; 403; 470; 478; 484; 488; (cultc Alexandre) 477 ; (eulte autoehtone) 306 ; 332,372 ; (culte egypticn) 371 ; (eulte iranien) 183 ; 195--197 ; (cu1te syrien) 371 ; (interdiction cultuelle) 368; 373; (fetes Alexandreia) 475-478; (1'. Lysandreia) 233 ; (1'. Panioniai 177; (rnysteres) 194; 373; (mysteres de Sabazios) 367; (rnythcs) 164; 277; (oracle, Dclphes) 20; 177 ; (oracle, Didymes) 305 ; 445 ; (oracle Gryncion) 234; (rite chtonien) 373 ; (rite perse) 197; (sacrifice) 68; 177 ; 206; 373; 427; (sacrifice, holocaustc) 373; (sacrilege) \77; (sanctuaire asianique) 66; (sanctuaire oracu1aire) 178; 238; (Alexandreion) 477 ; (Artemision) 66, 245 ; 477 ; 495 ; 496 ; (bois sacrc) 96; 400; 477; (domaine sacre), 68; 134; 432; (etat-rcmplc) 24; (fondation) 67-69; 369; (hiemn) 369 ; 425 ; (offrande) 177 ; 257 , 386 ; 403 , 405; (Philippeion) 477; (source sacree) 478; (statue) 145; (statue cultuelle) 402; (temple) 88 ; 192 ; 270 ; 375 ; 402 ; 429 ; 436 ; 439 ; 444 ; 452 ; 496; (temple, adyton) 367; 368-371; (temple, cella) 369; (dynastie sacerdota1e) 256; (hierodule) 88; 1]8; (myste) 368-371 ; 368, 373; (neocore) 66; 185; 367-373 ; 444; (neope) 432-433 ; (pretre) 8889; 107; 181; 305; (pretrc eunuque) 66; (prctresse) 69; 192; 197; (sacerdace) 66; 256, 477; (theorc) 433; (therapcute) 194; 368; 371 ; L) 47; (po1itique roi. satrape, (ideologic cornmunautc) 65; 68; 89; 147; \81; 192; 280; 374; 405 ; ("regne" d'une divinite) 187 REQt:ISITION 37; 212; 466 RESIllE:-JCE 150 ; 156; (Cyrus Ie Jeune) 247 ; (royalc voir aussi HAS/LDA) 46,247; (satrapale) 46A8 ; 116 RELIGIOI\
INDEX THEMATIQUE
REVOLTE 29; 44-45; 59-61; 106 250; 281-283; 297-299, 303 ; 311 ; 314 , 318 ; 331-332 ; 341-345 ; 349-350 ; 35H ; 363, 374; 37H; 3HO; 396; (Chypre) 129; 401; (Egyptc) H7; 281 ; (Eresos) 216; (Grande r. des satrapcs) 12; 103, 134; 147-150; 153; 156; 289; 302-374; 415 ; 493 ; 497 ; (2< r. des satrapes) 3H4; 3HH; 393; 396; (Ionic) 71,93; 117; 256; 319; (Mytilene 428) 266; (Phrygie) 157; (Pygela, 410/4(9) 3HH; (Samos, 391) 290; (r. de 380) 313 RHATANES 175 ; 248 RHATI)JES 248 RHEOMITRES 304 ; 343 ; 348-349 RHODES, RHODlEKS 9-10; 34; 38; 104 ;140 ;160; 185; 212; 216-218, 223-230; 244; 251 ; 259-260; 263-264; 270-275 ; 282-286 ; 290 ; 294 ; 297 -298 ; 345 ; 378382; 396,399-402; 407-411 ; 420-421; 457; 461, 466; 472-473 ; 477 ; (monnaic) 68; 144; 276; 39H; 407 ; 485 ; 492 RHODlAPOLlS 270 ; 306 ; 355 RHOISilKES 152-153; 418-419; 430-431 RHOITEIOK 216; 266; 288; (cap) 424 RHOONTOPAIES 361 RHY)iDAKOS 250 RICHESSE 43; 167 ; 184; 332 ; 358 ROYAUTE, ROIS (Bosphorc) 409, (Cappadoce) 88-90; 107lO9; (Cappadoce Ponti que) 100; (Carie) 69; 137; 181 ; (Chyprc) 27-28; 242; 401; (Cilicie) 256; 319; (Comrnagene) 33 ; (Egyptc) 244; 282; 303 ; 343; 348; 366, 419; (lonie) 178; (Kition) 412 ; (Lycie) 138; (Macedoine) 28; 421; (Odryscs) 296; (Paphlagonic) lOO, 106; 248; (peonien) 483; (royaume lydien) 24; 47; 168; 179; (royaumes myceniens) 81 ; (Salamine) J29; 280; 336; 354 ; 384 ; (Sidon) 245 ; 333 ; 355 ; 415 ; 419 ; (royaume du Pan I) 88 ; 97 , 109,482 SABAKES 416 ; 480 SABIKTAS voir aussi ABlSTAMENES 109; 162 ; 165 ; 463 SACES 69; 89 SAGALASSOS 454 SALAVllKE 280; (bataillc) 118; 189; 310; 478 SALAMINE DECIlYPRE376 ; 453 SALARKOY 1I 1 SALMAKIS 449 SilMilRIE 466-467 ; 470 SAMOS 10, 3H; 46; 65; 90-91 ; 116; 119; 142; 172; 189; 204-207 ; 215-216 ; 220 ; 223 , 228-233 ; 254 ; 259260; 263 ; 274-275 ; 282-283 ; lH7 ; 290-294 ; 295298; 312; 379-380; 383; 388; 408; 411; 424; 434; 440-445; 457; 460; 471-472; 477; 495, (monnaic) 144; 2"4; 275; 291-293; 398 SAMSllN 113 SANAOS 35 SANDOKES 170-17l SANGARIOS 80 ; 95 ; 250 ; 455 SAQQARA 479; 4HO ; (monnaie) 485 SARDAIG!\E 176 SARDES 10; 13; 30; 33-41; 45-47; 65-66' 115; 119, 156; 160. 178; 218, 224; 246; 250; 253-254, 259; 263; zs: ; 344; 371; 374; 424; 429; 432-433;
553
449 ; 456 ; 476 ; 486 ; 492-494 ; (bataille) 13 ; 243 ; 247; (rnonnaie) 56; 62; 151; 432; 479; 484-487; 492 SARGON ll87 SARI,'AM 196 SARPEDO)J 326 SASilNDA 244 SATRAPE, SilTRAPIE 7-12; 20; 23-69; 70; 72-75; 78-H2; Ill; 158,166-176; 185; 193; 19-200; 203; 214; 229; 236; 258; 272; 280-lH2, 302-304; 312, 332; 335-337; 341 ; 348-350; 419; 430; 493; 497; (autochtone) 172; (autorite satrapale) 282; 384; (conseil du s.) 173; (macedonien) 452; 461 ; (Arrnenie) 47; 128; 149-150; 345; 351-352; (Babylonie) 175; (Cappadoce) 24; 83-91 ; 92; 95; 99; 101-102; 105-110; 162-163; IH5; 315; (Cappadoce Pontique) 1OH-l09; 456 ; 463; (Carie) 26; 48; 67; 114; 123-124; 128; 130-146,148; 157; 160-161; J65; 174; 181; 256-257; 342; 384 ; 400-401 ; 404-406 ; 446-449 ; 463 ; (Carie et Lyeie) 136; (Cilicie) 50; 163-164; 185; 319,336; 358 ; 4J6 ; 463 ; (Egypte) 416; 480; (lonie) 26; 45 , '104; 116-118; 123-124; 129-130; 143 ;147; 152153; 157; 177; 254; 257; 314; 41H; (IonicEolide) 124; (Ionie-Lydie) 430; (iranien) 57; (Lycie) 67; 123; 129; 146,161-162; 3H4; (LycieIonic-Carie) 253 ; (Lydie) 42 ; 45 ; 81 ; 9J ; 94-96 ; 100; 104; 106; 116-130; 149-150; 156-157; 153155; 159; 168-171; 21H; 250; 259; 280-281 ; 303; 314; 342-343; 347; 368, 373 ; 387; 416417; 431-433, 464; (Lydie-Ionic) 153; 157; (Mania) 173; (Mysie) 75; 149-152; 159; 303; (My sic hellespontique) 2H9; (Paphlagonic) 228; 234; (Perside) 349; (Phrygie) 95 103; 303; (Phrygie Haute) 95; 105; IlH; 155-157; 162; 395; 450; (Phrygie hellcspontiquc) 80,83; 86; 91-104; 110-124; 139; 148-150; 155; 158; 173; 183; 193 ; 295 ; 303 ; 33H ; 342 ; 349 , 365 ; 387 ; 416 ; 421; 431; 435, 463; (Pont-Cappadocc) 342; (Syric) 27 ; (Transcuphratenc) 337; 416 SilTYROS 301 ; 3H9 ; 402 SCEAU 30; 47; 65 , 330; 413 ; (scaraboide) 362 SCILLONTE 66 SCOPAS 402 SCCLPTURE 59 ; 355 SCYTHIE, SCYTHES 70-71 ; 7H ; 81 ; 90; (campagne de) HI; 90; 117 SCYTHISSA 28 ; 106 SELECClDES 21 SELEliCiEDUKALYKADNOS 326 SELEUCOS II 195 SELGE 164; 314; 317-31H; 454; 495; (monnaie) 317 SELlMIYE MENDEL 257 SELMISSOS 256 SELYMBRIA, SELYMRRIEN 222-223; 235 SEMIRAMIS 139 SEPT25 ; 45; H9; 100; 120,149; 153; 199,244 SESAMOS 301 SESTOS 252 ; 294-296 ; 299 , 358 ; 427 ; 472 SEYRET 355
554
L'ASIE MINEURE AU IVe s. (4] 2-323 a.c.)
SICILE203; (expedition) 216 231 SIDE 76; 107; 164; 314-317 , 335; 356; 364; 449; 452454,476; (monnaie) 107; 314; 317; 334; 353; 365 ; 453 ; 454 Smox 55; 401; 412,415-416 (monnaie) 47; 136; 413; 415416; (revolte) 416 SI])OUSSA 204 ; 209 SlGEION 61 , 216; 241 ; 265-266: 396, 429; 457; 494; (monnaie) 266 STGRIO'i (cap) 10 SlKAS310 STLLYOl\ 314; 451; 454; (mannale) 454 Sl'iOPE 37; 83-86; 90-91; 106; 110; 113-114; 358-361, 455; 463; (monnaie) 55; 60, 63-64; 108-109; 113-114; 159; 361; 463 SINeRI 49 ; 69 ; 386 : 392 ; 403 SlPH:-iOS 461 SlPYLE46; 247 SISMvlXES 92 SKEPSlS 71,74,148; 241-242; 347; 435,442-443 SKYROS 278 ; 292 SMYRNE 178 ; 195 ; 262 ; 435 SOKRATES 163 SOLOI 325 ; 332; 336-337 ; 362, 460-461 ; 476; (rnonnaie) 163; 325-327 ; 334-340; 362 SPARTE. SPARTIATES 7 ; 13 ; 22 ; 29 ; 43-45 ; 57 ; 60 ; 93-98 ; 120-123: 129; 157; 184; 189; 199, 203-221, 224-236; 239; 243·248; 251-253 ,256-263; 278284; 2S7-290: 295-296; 303; 312; 329; 333: 393 , 397 ; 425 ; 458-459 ; 474 .493-495 SPElRAIOl\ 204 SPHODRTAS 284-285 SPlTlIRADATES (collegue de Tissapherne) 120; 244 SPITHRIDATES (satrape) 104, 152-153; 157-159, 184; 194; 244; 419; 431; (monnaie) 61; 64; 154,241; 481 SPITHRIDATES (subordonnc de Pharnabaze) 28; 45; 113 ; 120; 156: 175: 183-184: 228; 244; 248-250, 310; (monnaic) 61 ; 154 SPITHRlDATIDLS 183 SPITHROBATES voir aussi SPlTHRIDATES (satrape) 153; 430 STADE (mesure) 35 ; 442 STAC:ES 170-171 : 205 STASIS 258-259 : 272 ; 382 STELE (Antissa-Iircsos) 472, (Caunos) 213 , (Hytenna) 213: (relief greco-perse) 34; 146; 186; 250; 333; (r. Perscpolis) 328; 333 ; (r. rupcstrc hittite) 247 ; (r. Tegee) 402 STEPHANEPHORE 389-390 ; 443 : 448 STOll 477 STRATf'-CIE, STRATF'GE 24; 93: 99; 121; 124'. 153; 170; 303; 346; 351-352; (athenien) 121; 206; 260-262; 294; 377; 409-410; 437; 471 , (Erythrecs) 404; (perse autocrator) 419 ; (Sarnos) 293 ; 471 STRATONlCEE DE CARIE42; 161 ; 257 STRATONICEE DC CA)QCE74; 95 STRATOl\IKOS 375 STROCTHAS 26; 44; 79; 128 -130; 143; 147; 153; 160; 167,172; 175-177,254; 257-259,262-263; 280:
419 SURA 186 SCSAMITHRES 98 SCSE 93 ; 123 ; 234 ; 298 ; 427 SYANGELA 386 SYE:-i:-iEStS 23; 28; 256; 318-319; 330-332; 336; 340,361, (monnaie) 59; 126; 152 SYLOSON 90 SYME212.383 SYM'.lAClIOS DE PELLA:-iA 20 SYMMORIE 305 Sn:EDRtOl\ 285 SYNGENEIA 184; 187 ; 372 SYRACUSE 230 SYRIL, SYRIF.:-iS 11 ; 56; 73 ; 85-87; 159; 194; 303; 343345; 373; 416; 492 SYRIENS-CAPPADOClEI<S 85 ; 92 SYSSINAS 115 : 359 TABAI 76 , 196 TABALOS 168 TACIIOS 303 ; 344-345 , 348 TAMI)'; 28; 124; 160; 170; 171,175; 281; 331 TARKUMUWA voir DATAMES 106; 361 TARSE 10; 68; 85; 88; 164; 325; 331-336; 340; 363 412; (monnale) 47; 50; 55; 59; 126; 152; 163; 213; 325-328; 331-340; 362; 412-414,460 TAS KULE 305 TAsYENICE 461 TAur
INDEX THEMATIQUE
aristocratique) 148, 184-186, 190; 193; 310; (d. Iortifie) 189; (d. Midias) 242 ; (d. Pharnabaze) 250 ; (revenus des) 43 (satrape) 46-47; (Teas) 305 ; (d. Tissaphcrne) 120,210; 256; (darca) 182-193; (d. Kios) 102; 228 ; 342; 352; (d. Mithridate) 303 ; (d Spithridates) 175; (d.Themistocle) 189; 192-193; (kleros) 42; 195; (kame) 40-42; 96; 165; 170; 179; 182; 239; 306; 429 ; 439 ; 447 ; 449; 473 ; (village royal) 185; (village indigene) 165 TETHTHIWEIBI 31 I TEUTHRA'IIA 74; 152; 189 190; 238; 239; (monnaie) 191; 238; 481; 492 THAJ.ESDE VlUET 176 TtlASOS 38 ; 227 ; 233 THEA!\GEJ.A 386 ; 403 ; 449 THLeL 94-96 ; 238 ; 248 ; 250 ; (monnaie) 248 THEBES 253; 274-275; 278; 283-285; 298; 396; 469; (monnaie) 274 THERES nt: MYKAJ.E269 THEMISTOCI.E 34-36; 41; 69; J55; 189-193; 447; 486; (mormaic) 55 ; 58 ; 497 THEoPHRAsTE410 THEoRoooQeE 268 Ttl ERA(Carie) 46J THERlyIE'IES 217 TtlERyIOOO!\ 85-86 ; 110 THFRSAGORAS 408 THLSMOS 23 THESSA1.IE 184 TIItBRO'l 74; 94. 190-191 , 236-239 ; 254-256 ; 259; 425 : 436; (campagne) 194; 236 : 256 THORAX (mont) 74 ; 236 THoeRIOI 212 ; 230 THRACI., TtlRACES 36 ; 71-72 ; 78-80 ; 92; 170; 194; 350 ; 409 TtlRACES D' AStE voir aussi BmIY'IIE 77 : 242 THRASYBUJ.E 224 ; 258-262 ; 274 ; 285-286 ; 294; 377 : 463 ; (campagne) 261 ; 290 THRASYJ.J.OS 170 THtJYS 106: 111-J 13: 359 THYMO'IOAS 104 : 459 TIUOK 300 : 30l TIGRANE 129,172; 259; 291; 383 TIMAOLs 91 TIMBRES AMPHOR[QUES 112-1 13 TIMr':SILAOS 91 TrMOCRATES 243 TIMOTHr':E (fils de Clearchos) 301 ; 409 TIMOttlEE 103; 252; 259; 270; 275; 287-300; 303; 359; 377 ; 380 ; 495 TIRlBAZE 23; 27; 44; 50; 91 ; 94-96; 105-106; 128-IJO; 149-150; 326-327; 335-337; 340-342; 358-362; 414-416,493; (monnaie) 55; 60; 96; 125; 252254; 262-263 ; 276 ; 280-281 ; 295 ; 325 ; 334-338 ; 363 TISSAPtlERNE 15,26-29; 40-41 ; 44-47; 56; 60-61 ; 68.8182; 120-130; 134; 146-147; 155-156; 168-171 :
555
174-175; 185; 189,193-194; 200; 203-206; 209220; 223-224; 227 ; 231 ; 234-236 ; 239; 242-248 : 251; 253-257; 267; 312-313; 329-331; 340; 344; 359, 395 ; 405 ; 414; 485 ; (monnaie) 50: 56-64 : 125-126; 138; 151; 312,331; 482; 497 T[THO'IOS 434 TITHRALSTI:S (chi1iarque) 26; 128; 156; 185; 243; 247; 251; 253 ; 361; 337-338; 341; 358; 394 TITHRAt:STI:S (satrape) 153; 156-157,380; 394-395 TLOS 29; 49; 187 ; 306; 311 ; 353-355 ; 405 TMOLDS 197 ; 246 ; 344 TOMBE65;71 ;80; 124; 140; 183;257;305;355;388; (Arbinas) 313, (Karaburun) 186, (Kizilbel) 186; (Mausolee) 381 ; 385 ; 389 ; 400 ; 402 ; (monument funeraire Xanthos) 186. (rupestre) 375: 385: (rupestre a fronton) III : (sareophage) 187; 310311: 314; 352-355; (salrapale) 250; (tumulus) 149 ; 197 ; 242-243 ; 405 ; (tumu1us, cippe funcrairc) 240 TOPONYMIE 34; 88; 95; 183; 194' 271; 331; 461; (chi1iokomon) 196; (indigene) 305 TorW"EE 298 TRALEl:s 47; 134,137,159; 181 ; 236; 242; 257; 405; 436 TRANSEUPtlRATE"E voir aussi EBIR KARl 50 ; 168 : 337 ; 413415 JRAPnA 403 TRAPI;ZOKTE 109 ; I 12 TRRBFXIMI 311-313; 354-356; (monnaie) 311 TRESOR MONr':TAIRE (voir index des sources) JO; 15; 40; 5559; 62; 68, 109, 125-126; 140-145; 172: 188: 270; 276; 29J-293; 313-314,317; 327-331 334340; 353-355; 381-387; 390; 413-414; 452; 481 : 484-486 ; 497 TRESORROY AI. 48 TRELENE 180 TRlRe 141 ; (Asandris) 392 TRIOPIOK 297 ; 461 TR[PARAOEISOS 165 TROAOE 26; 77; 80; 93; 96; 127, 140; 148, 152; 174: 184: 238 -242; 257; 265-266; 272; 289; 296; 299: 314; 344-349; 423-426; 429; 435,443,475 TRYS,V 355 TI.Ml'JEtlI313 TYA"" 30; 171 ; 331 TYDE:E 211 TYM"ES 257 TYM"ESSOS 313 ; (monnaie) 355 TYR 182; 442; 465-466, (monnaie) 213; 325; 329 TYRA"NIE, TYRAN 23; 412: 466; 474; 476; (Abydos) 299: (Antissa) 410, (Apollonia) J85, (Atarnee) 191: 267; 411 ; (Ephcse) 436; (Eresos) 410: 468-469: 473; (Erythrees) 425, 437, (Halicarnasse) 449; (Heraclee Pontique) 300-30] ; 409; 455 ; (Lesbos) 410; (Messene) 469: (Mcthymna) 409, 465; (Mytilcne) 409; 458 ; (Sinope) 91 ; (Xanthos) 20 TYRY, ('I) 114; 463 LJ~AK 197 t.r.u DAG 92
556
L' ASIE MINEURE AU lye s. (412-323 a.c.)
URBA"ISME, CO"STRCCTION MOKU\1FNTALE 386 ; 398 ; 496 . (acqueduc) 496; (hekatornnide) 385-386; 389; 403 .405; 448 ; (Heraclee du Latmos) 392 ; (Priene) 391 ; 445; (theatre) 496 UTANA89 VEKHSSERE-ZAGABA 355 WEDREl355 WEKHSSERE II 313 WEKHSSERE-ZAGABA 311 . 355 XANTHE 147; 306-310 XANTHOS 40; 49; 63; 67; 120; 127; 136-139; 147-149; 174-175; 182; 306; 310-314; 331; 354-355; 396; 405 ; 450 ; 494-496 ; (Letoon) 306 ; 496 ; (monnaie) 126-127; (pilier inscrit) 68; 147; 209; 213; 311;
313; 354 ; 355 ; (trilingue de Xanthos) 14; 31 ; 6768; 129; 135-137; 146-149; 187; 352; 356-357, 384-386 ; 404-405 ; 497 X8"AGORAS 319 XE"OCRATF 418 XERXES 35-38; 46; 69-71 ; 77; 85; 89; 92-93, 116. 119; 152; 169; 192; 310; 319; 478; (armec) 119 YALOVA 75 YERKESIK 461 ZAGABA 311 ZErvE 331 ZELA 89; 196; 358 ZELEIA36; 47; 431 ZE"rs 24; 61; 148; 173; 176; 188; 240-241; 257; 429; 481 ZOPYROS 119
TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION.....................................................................................
7
PREMIERE PARTIE
Mise en place et organisation des satrapies perses en Asie Mineure occidentale CHAPITRE I : Empire perse et satrapie
19
CHAPITRE II : Les satrapies de Cappadoce et de Phrygie maritime....
83
CHAPITRE III : Les satrapies de Sardes et d'Ionie et leur posterite .....
116
ApPENDICE 1 : L'organisation satrapique sous Alexandre........................
158
CHAPITRE IV : L' organisation interne des satrapies de l' Asie Mineure
166
DEUXIEME PARTIE
Conflits et enjeux de pouvoir (412-423 a.C.) CHAPITRE V : L' Asie Mineure durant la derniere phase de la guerre du Peloponnese....................................................... CHAPITRE VI : De la victoire militaire a la preeminence diplomatique
203 233
ApPENDlCE 2 : Les Perees
264
ApPENDlCE 3 : Le monnayage LYN
273
CHAPITRE VII : De la paix du Roi ala revolte des satrapes (386-362)
278
CHAPITRE VIII: "La grande revolte des satrapes"
302
ApPENDICE 4 : L'inscription de Sardes mentionnant Droaphernes
367
CHAPITRE IX : Mausole et la guerre des allies. La revolte d' Artabaze (357-352)................................................
375
L' ASIE MINEURE AU IVe s. (412-323 a.c.)
558
CHAPITRE
X : 350-334 : Les "ages obscurs"
CHAPITRE XI:
L' Asie Mineure
aI'epoque de I'expedition d' Alexandre
ApPENDICE 5 : Alexandre et les monnayages "perses"
400 427 479
CONCLUSION GENERALE.......................................................................
493
PRINCIPALES ABREVIAnONS.................................................................
499
BIBLIOGRAPHIE.....................................................................................
501
INDEX DES SOURCES.............................................................................
525
INDEX THEMATIQUE..............................................................................
535
TABLE DES MATIERES
557