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À mes parents
Page laissée blanche intentionnellement
AVANT-PROPOS Ce livre est une version considérablement élargie et modifiée de ma thèse de doctorat, écrite principalement sous la direction de HEINER EICHNER et CHLODWIG H. WERBA, et défendue à Vienne le 28 juin 2002. Mes recherches sur le désidératif védique ont commencé en 1992 sous l’impulsion de JOCHEM SCHINDLER, mon premier parrain de thèse, auquel je dois énormément de connaissances dans le domaine de la grammaire comparée, et qui m’a réellement fait comprendre l’importance de l’esprit critique pour une recherche en linguistique. Je tiens également à exprimer toute ma gratitude à mes autres professeurs de l’université de Vienne, HEINER EICHNER, MARTIN PETERS, et aussi particulièrement CHLODWIG H. WERBA, qui non seulement m’a assisté de façon très efficace durant la rédaction de la partie monographique, mais qui m’a également toujours accordé une grande attention lorsque je lui faisais part de mes opinions sur les problèmes de sémantique. Son esprit pragmatique et réaliste a eu une influence déterminante sur ce travail, ainsi que sur moi-même en tant que chercheur. C’est grâce aux encouragements de ALEXANDER M. LUBOTSKY que mes recherches ont continué après la défense de thèse. Je lui suis infiniment reconnaissant pour la confiance qu’il m’a accordée, ainsi que pour ses nombreuses corrections, remarques, et critiques constructives, notamment après la conférence à Leiden en octobre 2005, à laquelle il m’avait invité. Je dois aussi sincèrement remercier LEONID KULIKOV qui a également relu le manuscrit final et qui m’avait déjà fait auparavant plusieurs remarques intéressantes concernant la fonction du désidératif. Il faut également signaler que la mise en page de ce livre doit beaucoup à mon ami ROBERT G UILLEMETTE qui m’a aidé à m’orienter dans la jungle informatique. Finalement je tiens à remercier tous les auditeurs de ma conférence à Leiden pour leurs questions et remarques stimulantes ; les professeurs à l’université d’Islande JÖRUNDUR HILMARSSON et JÓN GUNNARSSON qui m’ont fait découvrir cette branche passionnante de la linguistique qu’est la grammaire comparée ; ma femme et mes trois filles, sans l’amour desquelles rien ne m’est possible. Il va de soi que je porte seul la responsabilité d’éventuelles erreurs ou inexactitudes dans ce volume.
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TABLE DES MATIÈRES
I. Introduction II. Aperçu général de la catégorie II.1 Fréquence des exemples II.2 Les thèmes II.2.1 Division par périodes littéraires II.2.2 Les thèmes du RV II.2.3 Les thèmes du SV II.2.4 Les thèmes de l’AV II.2.5 Les thèmes des YVm II.2.6 Les thèmes de la prose brahmanique II.2.7 Les thèmes des Ãr II.2.8 Les thèmes des Up II.2.9 Les thèmes des S II.3 Rapport des thèmes désidératifs et de leurs bases de dérivation II.3.1 Rapport de diathèse II.3.1.1 Les thèmes uniquement actif ou moyen II.3.1.2 Les thèmes également moyen qu’actif II.3.1.3 Les thèmes plus souvent moyen qu’actif II.3.1.4 Les thèmes plus souvent actif que moyen II.3.2 Rapport sémantique II.4 Les racines secondaires anciens thèmes désidératifs III. La formation des thèmes désidératifs secondaires III.1. Étude précédente III.2. Méthode III.3. Le degré radical III.3.1. Le degré zéro II.3.1.1. Le degré zéro des racines CR (R = i,u,r) III.3.1.2. Le degré zéro des racines CRC III.3.1.3. Le degré zéro des racines CaN III.3.1.4. Le degré zero des racines Cå III.3.2. Le degré zéro -i- ; les thèmes monosyllabiques III.3.2.1. Les thèmes monosyllabiques de racine (C)ÀC III.3.2.2. Les thèmes monosyllabiques de racines RC III.3.2.3. Les thèmes monosyllabiques de racines Cå III.3.3. Le degré plein III.3.3.1. Le degré plein des racines Cå
1 4 4 4 7 7 9 9 10 11 14 15 16 17 17 17 18 19 19 20 21 23 23 23 24 24 25 25 26 26 26 27 28 29 29 30
III.3.3.2. Le degré plein des racines d’autres structures III.3.4. Le degré allongé III.4. Le suffixe III.5. Le redoublement III.5.1. La voyelle longue de redoublement III.5.2. Le redoublement inversé III.6. Conclusions
31 31 33 33 34 34 35
IV. La fonction du désidératif IV.1. Problèmes posés par l’interprétation classique IV.1.1. Le désir de l’agent n’est pas toujours la notion la plus pertinente du contexte IV.1.2. Éclaircissement sur l’interprétation des traducteurs et des commentateurs indiens IV.2. Méthodes de l’analyse IV.3. Analyse sémantique du désidératif védique par le biais des explicitations IV.3.1. Les explicitations IV.3.1.1. L’effort, la tentative IV.3.1.2. Le désir, l’obsession, la décision, l’intention IV.3.1.3. Conclusions au sujet des explicitations du désidératif IV.3.2. Analyse de la valeur pragmatique du désidératif par le biais des implicititations IV.3.3. Conclusions et définition de la fonction pragmatique et sémantique du désidératif IV.4. Comparaison du désidératif avec le prospectif IV.5. Étymologies des sens lexicalisés IV.6. La reconstruction de la fonction des morphèmes du désidératif IV.6.1. La valeur sémantique du redoublement IV.6.2. La valeur sémantique du suffixe -saIV.7. Au sujet de l’origine du désidératif
36 36
68 68 70 72
V. Monographie V.1. Remarque sur les méthodes et la structure aßißifi...
74 74 76
Textes cités en abrégé Bibliographie de la littérature secondaire Abréviations Index des passages
36 37 39 40 41 42 45 47 48 49 51 53
248 250 262 265
I. Introduction Cet ouvrage est le compte rendu d’une recherche sur la formation et la fonction du désidératif (= dés.) védique. Seuls ont traité auparavant cette catégorie de façon systématique l’article de HERMANN GÜNTERT Zur Bildung der altindischen Desiderativa, publié en 1912 dans IF 30 (1912) 80-137, et le traité de JARL CHARPENTIER, Die Desiderativbildungen der indoiranischen Sprachen, publié après GÜNTERT également en 1912. Le premier est une analyse morphologique synchronique du matériel indien et avestique divisé en trois couches, älteste/jüngere/jüngste Schicht. Cette division repose en fait sur une idée préconçue sur l’ancienneté décroissante des différents types de formation. Pour GÜNTERT, étant donné l’accent invariablement fixé sur la syllabe de redoublement, la syllabe radicale ne pouvait originellement afficher que le degré zéro. Ainsi tous les thèmes à degré zéro, y compris les monosyllabiques tels que ßikfi1 ou ¥ps, qu’ils apparaissent dès le RV, ou qu’ils soient seulement cités par les grammairiens indiens, sont considérés comme faisant partie de l’ancienne couche. Ceux avec le degré plein se retrouvent dans la couche intermédiaire et ceux avec la voyelle -i- devant le suffixe -s- sont dans la troisième. Étant donné donc que selon GÜNTERT, les deux couches postérieures ne contiennent que des innovations, seul un inventaire partiel en est donné. Pour la couche ancienne par contre, tous les thèmes sont mentionnés, divisés selon leurs bases. La citation des passages est très sporadique, ainsi que les informations concernant l’attestation du dés. dans différentes catégories grammaticales tel le moy., les différents modes ou les formes nominales. À la fin de cet inventaire, GÜNTERT inclut un exposé sur les principes analogiques propres à cette catégorie. Selon lui il y a deux types productifs déjà en action dans le RV: selon le premier les racines se terminant par une voyelle forment le thème avec allongement de cette voyelle devant le suffixe -s-, selon le second une racine terminée par une consonne donnera un thème avec une voyelle radicale courte. Aucun principe analogique n’est formulé pour expliquer la venue du degré plein dans la seconde couche, et pour celle de la voyelle -i- devant -s- GÜNTERT se contente de nommer le fut. et l’aor. comme bases analogiques potentielles. Un chapitre supplémentaire traite de la syllabe de redoublement et en particulier des formations à redoublement
1 Les formes non-accentuées et sans voyelle thématique représentent les thèmes dés.
comme des bases de dérivation pour toutes les formes y compris les nominales.
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inversé telle que aßißifi de aß. La dernière partie est consacrée à la recherche de restes de formations similaires dans d’autres langues indo-européennes. D’une façon générale on peut dire que l’analyse de GÜNTERT sert essentiellement à expliciter, plutôt qu’à démontrer, la vision de départ selon laquelle le dés. est primairement caractérisé par le degré radical zéro et le suffixe -s-. Le point fort de l’article est de mener des discussions ouvertes et argumentées sur l’étymologie de certains thèmes controversés comme iyakfi ou d¥kfi. L’ouvrage de CHARPENTIER est constitué d’un inventaire des thèmes indiens et avestiques. Ceux-ci sont divisés primairement selon la structure phonologique de leurs racines, et secondairement selon la forme de leur thèmes. Les citations de passages restent très sporadiques mais plus de détails sont fournis concernant les attestations en catégories grammaticales, sans qu’on puisse parler d’inventaire complet. Comme dans l’article de GÜNTERT, l’étymologie de quelques thèmes est ouvertement discutée. Le chapitre suivant Stellung des Desiderativa innerhalb des indischen Verbalsystems, est un exposé sur l’origine du dés. indo-iranien. Selon CHARPENTIER le dés. est un Volontativus (cf. 107) caractérisé par le suffixe -s-, comme le fut., originellement formé à partir de prés. redoublés du type grec Ÿ°Ÿ‰o„◊i, mais analogiquement influencé par l’aor. redoublé. Les ouvrages ultérieurs qui traitent du dés. se contentent d’exprimer des opinions concernant divers problèmes morphologiques à l’aide d’exemples ciblés, et non plus en considération d’un matériel objectivement organisé. Parmi ceux-ci il faut citer MANU LEUMANN Die Prototypen der indoiranischen Desiderativa dans Morphologische Neuerungen im altindischen Verbalsystem, paru en 1952. Pour LEUMANN, le dés. est une innovation de l’indo-iranien. Ceci serait particulièrement notable dans la double caractérisation morphologique, redoublement et suffixe -s-. LEUMANN veut reconstruire les thèmes dés. comme d’anciens prés. avec suffixe -sa-, formés sur une ancienne flexion prés. redoublée. Ainsi sur un prés. *dídå-ti/*díd-mas de då ‘donner’ (le vrai thème prés. s’appelle dádåti/dádmas), un autre est créé, dídå-sa-ti/dít-sa-nti, qui aurait généré les deux thèmes attestés du dés. de då, didås et dits. De la même façon didhifi de dhå, viendrait de * dhídhÇsa-ti, prés. en -sa- formé sur *dhídhÇ-ti. Plus tard un parallèle aurait été créé entre dits et le nouveau thème prés. dad-, créant ainsi le schéma d’une dérivation monosyllabique à partir de la racine. Sur ce modèle on crée pits sur pad, lips sur labh et ßikfi sur ßak. De même ¥ps de åp serait calqué sur lips de labh, au lieu de provenir phonétiquement de *i-Çp-s-, comme le soutenaient GÜNTERT et d’autres. Quant aux dés. à degré plein de racines Cå, tels jijñås, pipås etc., ils auraient été créés à partir de didås. Un autre article proéminent est celui de STANLEY INSLER Sanskrit îpsati and îrtsati dans IF 73 (1968[69]) 57-66. Celui-ci considère ¥ps comme un
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degré zéro analogiquement formé sur le pf. âpur, après qu’un lien eut été créé entre des formes pf. monosyllabiques équivalentes ßek-úr, debh-úr et les thèmes dés. hérités ßikfi et dips. De la même façon s¥kfi et d¥kfi auraient été fondés sur såhvá«s et dåßvá«s. Les racines C å par contre au lieu d’être également influencées par leur pf. monosyllabiques jajñ-úr, pap-úr etc. modèlent leurs dés. sur l’adj. verb., sous l’influence des racines CRC qui adoptent invariablement ce modèle (p.ex. t®p-tá 5 tit®ps). Donc sur jñåtá- de jñå se forme jijñås, et sur (d)hitá-, didhifi, etc. Quant à ¥rts, selon certains le dés. de ®dh selon d’autres celui de rådh, INSLER l’explique comme formé sur le prés. rådh-nó-ti, selon le schéma åp-nó-ti : îp-sa-ti. La nécessité de refaire une analyse découle avant tout de l’insuffisance du matériel recensé dans les ouvrages de GÜNTERT et de CHARPENTIER. Il faut tenir en effet compte, que d’une part à l’époque de leurs rédactions de nombreux textes védiques n’avaient pas encore été standardisés, tel le Paippalådasaμhitå, le Jaimin¥yabråhma˙a ou l’Aßvalåyanaßrautas°tra, et que d’autre part de nombreux ouvrages ultérieurs ont considérablement amélioré la compréhension des textes anciens, en particulier l’index du vocabulaire védique Vaidika-padånukrama-kofias. Pour ces mêmes raisons, un grand nombre de formes dés. mentionnées par WHITNEY dans RVD ne sont pas correctes ou sont incertaines. Une condition nécessaire avant d’entamer la collecte d’exemples est de délimiter un état de langue comme base du matériel. Le fait de mélanger des formes de Sanskrit classique avec des formes védiques, comme le font GÜNTERT et CHARPENTIER, nuit à la clarté de l’analyse de synthèse, étant donné la distance qui sépare ces deux périodes littéraires. L'objectif de la recherche est de faire apparaître grâce à une analyse essentiellement synchronique un maximum de faits émanant de la langue védique qui serviront de base à toutes discussions concernant le désidératif indo-européen. Cet ouvrage comporte quatre parties principales: un aperçu général de la catégorie, un chapitre traitant spécialement de sa formation, un autre consacré à la fonction sémantique et pragmatique, et finalement la partie monographique avec l’inventaire complet des attestations de chaque thème.
II. Aperçu général de la catégorie II.1. Fréquence des exemples En dehors de ceux de ¥kfi, ¥fi, d¥kfi, bhikfi et ßikfi, qui sont devenus des racines secondaires, on compte du RV aux plus anciens S environ 1750 exemples de thèmes dés. Contrairement à l’int. (cf. SCHAEFER 15), la période la plus productive est la prose brahmanique, tant pour la fréquence des exemples, que pour la production de nouveaux thèmes. La répartition morphologique indique que le dés. est principalement une formation du système prés., les exemples aor. et pf. périphrastiques étant à peine plus de 50. Il y a étonnamment peu d’exemples à la 1p., soit à peine 6%, ce qui peut être une simple conséquence du mode d’expression des auteurs védiques. À part cela, il n’y aucune restriction grammaticale particulière, le dés. est relativement fréquent à l’impf., il est compatible avec les deux diathèses et avec tous les modes. Les formes nominales dérivées sont assez rares, à l’exception des adj. en -u- qui sont fortement appréciés par les poètes du RV.
II.2. Les thèmes On compte 148 thèmes différents dont seulement 24 sont attestés par plus de 10 exemples et il n’y pas moins de 50 hapax legomena. La période la plus prolifique est la prose brahmanique (YVpr et Br) durant laquelle on voit apparaître 64 thèmes nouveaux. Suivent ensuite l’AV avec 17 thèmes nouveaux, les S avec 13, les Up avec 4, les Ãr avec 3 et les YVm avec 2. Les thèmes se répartissent d’après leurs types de formation respectifs. Il y a d’abord les secondaires redoublés, subdivisés selon 3 critères: le degré vocalique de la racine, zéro, plein ou allongé, la forme du suffixe, -s- ou -ifi-, et la quantité de la voyelle de redoublement, brève ou allongée. Ensuite viennent les thèmes secondaires monosyllabiques qui affichent invariablement le suffixe -s-, et en dernier lieu les tertiaires. Les thèmes jighå«s, m¥må«s, jigå«s, +yiyå«s et +titå«s sont dans un premier temps considérés noninterprétativement comme comportant un degré allongé de la racine. U n e analyse divergente est proposée dans le chapitre général sur la formation du dés. (v. p. 31). On trouve ainsi en védique 10 types de formations différents, très variablement productifs. Le tableau ci-dessous indique la répartition des thèmes entre ces types de formations, en fonction des critères phonologiques et morphologiques imposés par la racine : racines de structure phonologique
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ÀC, RC (R = º, ∑ , r), CR, CRC, CaN, NaC, Cå, CÀC ou CaNC, racines Gu˙a/V®ddhi, Saμprasåra˙a, racines sans degré vocalique ou racines secondaires, racines Ani†, Se† ou Ve†.
R(z)/(a) = thèmes à degré zéro ou plein de la racine, -s-/-ifi- = suffixe -s- ou -ifi-, ÅV = voyelle de redoublement longue, Mon. = thèmes monosyllabiques, Terti. = thèmes tertiaires, G/V = racines Gu˙a/V®ddhi, Saμp. = racines Saμprasåra˙a, s.d.v. = racines sans degré vocalique, Sec. = racines secondaires, Ani† = racines Ani†, Se† = racines Se†, Ve† = racines Ve†.
Le type redoublé avec degré radical zéro et suffixe -s- est de loin le plus répandu. Il correspond à tous les types morphologiques de racine, bien qu’il soit minoritaire lorsque celle-ci est Saμprasåra˙a. Il est moins utilisé que le type à degré allongé lorsque la racine est CaN, et que le type à degré plein lorsqu’elle est Cå, et il n'est jamais utilisé avec une racine CÀC. On lui préfère également le degré plein, sisa∫kfi de sañj, seul exemple védique de dés. d’une racine CaNC. L’usage du degré zéro avec suffixe -ifi-, qui n’est attesté qu’à partir de la prose brahmanique, se limite à 6 exemples de racines
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CRC, dont 3 sont Se† ou Ve†, et 3 thèmes tertiaires. Le degré zéro avec voyelle de redoublement longue n’est rencontré que dans t°t°rfi, de la racine sans degré vocalique tur. Le type redoublé avec degré plein correspond principalement aux racines Cå dès le RV, et CÀC à partir de l’AV. Dans le premier cas il est nettement majoritaire, dans le second il n’est concurrencé que par le type monosyllabique. Il est de loin la formation la plus fréquente lorsque la racine est Saμprasåra˙a. Le degré plein avec suffixe -ifi-, qui apparaît d’abord dans l’AV, est utilisé, à l’exception de jigamifi, uniquement pour des racines Se† ou Ve†, se terminant par une consonne. Le degré plein avec voyelle de redoublement longue se trouve dans y¥yaps, attesté dans les S, et dans b¥bhats de la racine sans degré vocalique bådh. Le degré allongé, pour le RV attesté uniquement par jighå«s, n’est utilisé que pour 3 racines CaN Ani†, et une Ve†, au détriment du type avec degré zéro. Sa variante avec voyelle de redoublement longue ne concerne que m¥må«s de man, thème très bien attesté dès l’AV, mais avec un sens entièrement lexicalisé. Le type monosyllabique est attesté pour les racines du type CÀC Gu˙a/V®ddhi Ani†, dès le RV. Il n’y a que deux exemples à partir de racines Cå, dits de då et dhits de dhå. Les formations tertiaires sont abondantes en prose brahmanique et dans les S, mais 13 d’entre elles sur 22 sont des hapax legomena, et 2 autres ne sont attestées que dans un seul passage indépendant. Elles sont presque exclusivement formées à partir de thèmes caus. Pour 9 racines, ces différents types de formation se font concurrence.
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Les thèmes à degré zéro, didhifi de dhå et pip¥fi de på, sont attestés dans les livres des familles du RV, à la différence de leur doublet respectif, le monosyllabique dhits et le degré plein pipås, qui ne sont attestés que dans des Ma˙∂alas plus récents. Il faut également préciser que didhifi ne doit ses attestations post-rigvédiques, 20 exemples sur les 36, qu’à l’adj. didhifiú- qui est entièrement lexicalisé et ne connaît aucune variante. On remarquera également pits de pad hapax dans B, en face de pipats, lui-même hapax dans BK, et la paire yiyaps, y¥yaps de yabh tous deux attestés dans åS. Sur le plan sémantique, on remarque que dhits et bibådhifi ne sont jamais utilisés avec un sens lexicalisé, contrairement à leur doublets didhifi et b¥bhats. En dehors de cela, ces variations morphologiques n’entraînent aucune variation de sens.
II.2.1. Division par périodes littéraires Les caractères gras indiquent, pour le RV, les thèmes qui apparaissent en dehors des livres des familles. Ailleurs ils indiquent les nouveaux thèmes, par rapport à la / aux période(s) littéraire(s) précédente(s).
II.2.2. Les thèmes du RV 45 thèmes. Les chiffres romains entre parenthèses indiquent le/les Ma˙∂alas des attestations: Redoublés, degré zéro et suffixe -s- (31) Racines CR Gu˙a/V®ddhi Ani†: cik¥fi(1) (VIII), jig¥fi(1), yuy°fi(2), ßußr°fi – Se†: nin¥fi, pipr¥fi, bubh°fi (I) – Ve†: yuy°fi(1). Racines CRC Gu˙a/V®ddhi Ani†: cikits, jugukfi (VIII), tit®ts (X), did®kfi, dudukfi, ninits, bibhits (X), mumukfi (I, X), yuyuts, ririkfi, rurukfi(1) (VIII), viv®ts, ßußukfi, sis®ps (VIII) – Ve†: rurukfi(2) (IX) – Saμprasåra˙a Ani†: titikfi – (1) sans degré vocalique Ani†: tit®ps (X). Racines CaN Gu˙a/V®ddhi Ani†: vivås – Se† sifiås. Racines NaC Saμprasåra˙a Ani†: inakfi (I, IX, X), iyakfi(1). Racines Cå Gu˙a/V®ddhi Se†: didhifi, pip¥fi. Redoublé avec voyelle longue, degré zéro et suffixe -s- (1) Racine CRC secondaire: t°t°rfi (X).
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Redoublés, degré plein et suffixe -s- (3) Racines Cå Gu˙a/V®ddhi Se†: didås (X), pipås (VIII) – Saμprasåra˙a Se†: jijyås (X). Redoublé avec voyelle longue, degré plein et suffixe -s- (1) Racine CÀC sans degré vocalique Ve†: b¥bhats (I, X). Redoublé, degré allongé et suffixe -s- (1) Racine CaN Gu˙a/V®ddhi Ani†: jighå«s. Monosyllabiques et suffixe -s- (8) Racine ÀC Gu˙a/V®ddhi Ani†: ¥kfi (I, IX, X). Racine RC Gu˙a/V®ddhi Ani†: ¥fi. Racine Cå Gu˙a/V®ddhi Se†: dits, dhits (I, X). Racines CÀC Gu˙a/V®ddhi Ani†: dips, bhikfi, ßikfi, s¥kfi. Le RV ne connaît que 6 types de formations. On remarquera spécialement l’absence de thèmes avec suffixe -ifi-. ¥kfi, ¥fi, titikfi, b¥bhats, bhikfi, ßikfi, sont entièrement lexicalisés, cikits est semi-lexicalisé. Il y a 6 hapax legomena, jugukfi, tit®ps(1), t°t°rfi, yuy°fi(2), rurukfi(2), ßußukfi (ces deux derniers étant uniquement des adj.: rurukfiá˙i- et ‰ßußukfiá˙i-) et 3 thèmes, dudukfi, ririkfi, yuy°fi(1), qui n’apparaissent plus après le RV. Les thèmes pipr¥fi et bibhits sont attestés seulement une fois en védique dans le RV, mais apparaissent aussi ultérieurement. Le type le plus productif est celui avec degré zéro qui est seul moyen de dérivation pour les racines Ci/u (il n’y a aucun dés. de racine C® dans le RV) et CRC. Il fournit deux thèmes de racines CaN, vivås de van ‘gagner, vaincre’ et sifiås de san ‘gagner, obtenir’, et également deux de racines Cå, pip¥fi de på ‘boire’ et didhifi de dhå ‘mettre’. En dehors de b¥bhats, qui provient d’une racine sans degré vocalique, les thèmes à degré plein, absents des livres des familles, se limitent aux formations de racines Cå. Deux d’entre eux connaissent un doublet mieux attesté et mieux réparti, pip¥fi (3x dans I, VI et VII) en face de pipås (1x dans VIII) et dits (12x dans I, II, IV, VI, VII, VIII et IX) en face de didås (1x dans X). Le troisième jijyås n’est également attesté dans le RV qu’une seule fois, dans le livre X. Comme exemple de thème avec degré allongé, le RV ne connaît que jighå«s de han ‘frapper, tuer’, un des thèmes par ailleurs les mieux attestés.
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II.2.3. Les thèmes des SV 3 thèmes: Redoublé, degré allongé et suffixe -s- (1) Racines CaN Gu˙a/V®ddhi Ani†: jighå«s. Monosyllabiques et suffixe -s- (2) Racine ÀC Gu˙a/V®ddhi Ani†: ¥kfi. Racine CÀC Gu˙a/V®ddhi Ani†: ßikfi. Seul jighå«s a une valeur dés. Il n’y a aucun nouveau thème étant donné que la plupart des exemples se trouvent dans des répétitions du RV. Il faut signaler une forme incertaine, didh®kfi, éventuellement dés. de d®h ‘attacher’ ou de dh®fi ‘oser’, et un exemple incertain de ¥ps ou de ¥rts (sam¥psati JS 2.2.6 5 SV 3.3.7 sam¥rtsati)
II.2.4. Les thèmes de l’AV 36 thèmes dont 17 nouveaux. Redoublés, degré zéro et suffixe -s- (15) (+5) Racines CR Gu˙a/V®ddhi Ani†: cik¥rfi, jig¥fi(1), jih¥rfi – Se†: nin¥fi. Racines CRC Gu˙a/V®ddhi Ani†: cikits, tit®ps(2), yuyuts, vivits, viv®ts – Saμprasåra˙a Ani†: titikfi – secondaire: dudh°rfi. Racines CaN Gu˙a/V®ddhi Ani†: vivås – Se† sifiås. Racine NaC Saμprasåra˙a Ani†: iyakfi(1). Racine Cå Gu˙a/V®ddhi Se†: didhifi. Redoublés, degré plein et suffixe -s- (4) (+4) Racine Cå Saμprasåra˙a Se†: jij~nås. Racines CÀC Gu˙a/V®ddhi Ani†: jighats, +yiyaps – Saμprasåra˙a Ani†: vivakfi. Redoublé avec voyelle longue, degré plein et suffixe -s- (1) Racine CÀC sans degré vocalique Ve†: b¥bhats. Redoublé, degré plein et suffixe -ifi- (1) (+1) Racine CÀC Gu˙a/V®ddhi Se†: pipatifi. Redoublés, degré allongé et suffixe -s- (2) (+1)
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Racines CaN Gu˙a/V®ddhi Ani†: jigå«s, jighå«s. Redoublé avec voyelle longue, degré allongé et suffixe -s- (1) (+1) Racine CaN Gu˙a/V®ddhi Ani†: m¥må«s Monosyllabiques et suffixe -s- (12) (+5) Racines ÀC Gu˙a/V®ddhi Ani†: ¥kfi, ¥ps Racines RC Gu˙a/V®ddhi Ani†: ¥rts, ¥fi Racines Cå Gu˙a/V®ddhi Se†: dits, dhits Racines CÀC Gu˙a/V®ddhi Ani†: d¥kfi, dips, bhikfi, lips, l¥ps, ßikfi ¥kfi, ¥fi, titikfi, didhifi, d¥kfi, bhikfi, m¥må«s, ßikfi sont entièrement lexicalisés, cikits semi-lexicalisé. Parmi les nouveaux thèmes, pipatifi de pat ‘tomber, voler’, dudh°rfi de dh°/ur(v) ‘endommager, blesser’, vivakfi de vac ‘parler’, l¥ps de labh ‘prendre’ et +yiyaps de yabh ‘coïter’ n’apparaissent pas dans la version de Paippalåda, alors que tit®ps(2) de t®p ‘consommer’ et vivits de vid ‘trouver’ n’apparaissent pas dans celle de aunaka. Seulement 102 exemples sur 187 sont communs aux deux versions atharvavédiques. Les autres appartiennent majoritairement à AVP, dans des passages qui ne font pas partie de la version de aunaka. Le seul hapax legomenos est tit®ps(2) dans AVP 13.10.5b. Comme innovations par rapport au RV, on remarque le premier exemple de dés. de racine C® (jih¥rfi de la racine Ani† h® ‘prendre, retirer’), le degré plein dans les thèmes de racine CÀC Ani† (jighats, vivakfi et +yiyaps), le premier exemple de formation avec suffixe -ifi- (pipatifi de la racine Se† pat), deux thèmes de plus avec le degré allongé (jigå«s de gam ‘aller’et m¥må«s de man ‘penser’), et quatre nouveaux monosyllabiques (d¥kfi de dåß ‘rendre hommage’, lips de labh ‘prendre’, ¥ps de åp ‘obtenir’et ‰¥rts de ®dh ‘prospérer’ (ou de rådh ‘réussir’ [v. p. 95]).
II.2.5. Les thèmes des YVm 18 thèmes dont 2 nouveaux: Redoublés, degré zéro et suffixe -s- (7) (+1) Racines CR Gu˙a/V®ddhi Ani†: cik¥fi(1), ßußr°fi – Se†: tit¥rfi. Racine CRC Gu˙a/V®ddhi Ani†: cikits. Racine NaC Saμprasåra˙a Ani†: iyakfi(1). Racine CaN Gu˙a/V®ddhi Ani†: vivås. Racine Cå Gu˙a/V®ddhi Se†: didhifi.
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Redoublés, degré plein et suffixe -s- (1) Racine CÀC Saμprasåra˙a Ani†: vivakfi. Redoublés avec voyelle longue, degré plein et suffixe -s- (1) Racine CÀC sans degré vocalique Ve†: b¥bhats. Redoublés, degré allongé et suffixe -s- (1) Racine CaN Gu˙a/V®ddhi Ani†: jighå«s. Monosyllabiques et suffixe -s- (8) (+1) Racine aC Gu˙a/V®ddhi Ani†: ¥kfi. Racine RC Gu˙a/V®ddhi Ani†: ¥fi. Racine Cå Gu˙a/V®ddhi Se†: dits. Racines CÀC Gu˙a/V®ddhi Ani†: dips, d¥kfi, dhips, bhikfi, ßikfi. 7 thèmes sur les 18 attestés sont lexicalisés, ¥kfi, ¥fi, cikits, didhifi, d¥kfi, bhikfi et ßikfi. La seule formation nouvelle est un thème à degré zéro de racine C®, tit¥rfi de la racine Se† tÈ ‘traverser’, dans un mantra isolé de MS. L’autre nouveauté, le thème dhips, est une variante mantrique de dips, attestée dans VS(K). Les deux sont encore attestés ultérieurement.
II.2.6. Les thèmes de la prose brahmanique 107 thèmes dont 64 nouveaux: Redoublés, degré zéro et suffixe -s- (37) (+19) Racines CR Gu˙a/V®ddhi Ani†: cik¥rfi, cik¥fi(2), +cuk≈fi°fi, jig¥fi(1), jih¥rfi, tist¥rfi, tust°rfi, didh¥rfi, bubh°rfi, sis¥rfi, ßußr°fi – Se†: tit¥rfi, nin¥fi, bubh°fi – Ve†: cikfi¥fi. Racines CRC Gu˙a/V®ddhi Ani†: cikits, cicchits, dudrukfi, did®kfi, mumukfi, rurukfi(1), ruruts, vivits, viv®kfi, viv®ts, sis®kfi, sis®ps – Saμprasåra˙a Ani†: titikfi – Se†: jigh®kfi – Ve†: sufiups – secondaires: jijy°fi, jugups, jujy°fi, dudh°rfi. Racine CaN Gu˙a/V®ddhi Se†: sifiås. Racines Cå Gu˙a/V®ddhi Se†: jig¥fi(2), didhifi. Redoublés, degré zéro et suffixe -ifi- (5) (+5) Racines CRC Gu˙a/V®ddhi Ani†: tifi†ighifi – Ve†: vividifi – secondaires: jij¥vifi, did¥kfiifi, jihi«sifi.
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Redoublés, degré plein et suffixe -s- (14) (+8) Racines Cå Gu˙a/V®ddhi Se†: jigås, jighrås, jihås, tifi†hås, didås, pipås – Saμprasåra˙a Se†: jijyås, jij~nås. Racines CÀC Gu˙a/V®ddhi Ani†: jighats, pipats – Saμprasåra˙a Ani†: iyakfi(2), vivakfi – Ve†: vivats. Racine CaNC Gu˙a/V®ddhi Ani†: sisa∫kfi. Redoublé avec voyelle longue, degré plein et suffixe -s- (1) Racine CÀC sans degré vocalique Ve†: b¥bhats. Redoublés, degré plein et suffixe -ifi- (11) (+10) Racine aC Gu˙a/V®ddhi Se†: aßißifi. Racine CR Gu˙a/V®ddhi Se†: cicarifi. Racine CRC Saμprasåra˙a Se†: +jigrah¥fi. Racines CaN Gu˙a/V®ddhi Ani†: jigamifi – Se†: cikramifi, jijanifi. Racine NaC Gu˙a/V®ddhi Se†: mimathifi. Racines CÀC Gu˙a/V®ddhi Se†: pipatifi – Ve†: +ßißasifi – Såμprasåra˙a Se†: vivadifi – sans degré vocalique Ve†: bibådhifi. Redoublés, degré allongé et suffixe -s- (4) (+2) Racine CaN Gu˙a/V®ddhi Ani†: jigå«s, jighå«s, +yiyå«s – Ve† +titå«s. Redoublé avec voyelle longue, degré allongé et suffixe -s- (1) Racine CaN Gu˙a/V®ddhi Ani†: m¥må«s. Monosyllabiques et suffixe -s- (19) (+5) Racines ÀC Gu˙a/V®ddhi Ani†: ¥kfi, ¥ps. Racines RC Gu˙a/V®ddhi Ani†: ¥rts, ¥fi. Racines Cå Gu˙a/V®ddhi Se†: dits, dhits. Racines CÀC Gu˙a/V®ddhi Ani†: dips, s¥kfi, d¥kfi, dhips, dh¥kfi, dh¥ps, pits, bhikfi, rips , lips, l¥ps, ßikfi – secondaire j~n¥ps. Tertiaires (15) (+15) åpipayifi, +cikalpayifi, jijanayifi, titarpayifi, +tifi†håpayifi, didråpayifi, pipåtayifi, pipådayifi, pipåyayifi, bibhåvayifi, mumodayifi, rirådhayifi, lilåpayifi, lulobhayifi, vivårayifi. En prose brahmanique (YVpr et Br), ¥kfi, ¥fi, cikits, titikfi, didhifi, d¥kfi, b¥bhats, bhikfi, m¥må«s sont entièrement lexicalisés. Il en est de même pour ßikfi si on fait exception de deux exemples marginaux où ßíkfiati est associé à ßaknóti comme son dés. (v. p. 235). Les thèmes aßißifi, pipås, sont partiellement lexicalisés.
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Parmi les nouveaux thèmes on remarque que le type de formation le plus productif reste celui avec degré zéro. Vient ensuite la nouvelle catégorie des formations tertiaires, puis les formations à degré plein et suffixe -ifi-, ensuite seulement les thèmes à degré plein et suffixe -s-, et en dernier lieu les thèmes monosyllabiques. Un très grand nombre de ces nouveaux thèmes ne sont plus attestés après la prose brahmanique. On remarque spécialement que 4 n’apparaissent que dans KS (+titå«s, dudrukfi, pipåyayifi, +yiyå«s), 2 que dans MS (tifi†ighifi, didh¥rfi), 14 que dans B ou BK (cikfi¥fi, jig¥fi [2], jujy°fi, jighrås, jihås, jihi«sifi, dh¥kfi, pits, pipats, pipåtayifi, bibådhifi, rirådhayifi, vivats, sifia∫k≈fi) 9 que dans JB (+cuk≈fi°s, jigås, jijanayifi, titarpayifi, dh¥ps, pipådayifi, mimathifi, lilåpayifi, vivårayifi), 4 que dans AB (jijy°fi, did¥kfiifi, bibhåvayifi, lulobhayifi), 2 uniquement dans KB (+jigrah¥fi, +tifi†håpayifi). C’est ainsi que l’on compte 17 hapax legomena (cikfi¥fi, +cuk≈fi°s, jig¥fi [2], +jigrah¥fi, jighrås, +titå«s, tifi†ighifi, did¥kfiifi, pipåyayifi, pipats, pipåtayifi, bibhåvayifi, mimathifi, +yiyå«s, lilåpayifi, lulobhayifi, vivats), et 4 thèmes, jihås, didh¥rfi, pipådayifi et pits qui ne sont encore attestés qu’après la période védique. Parmi les thèmes à degré zéro on notera jig¥fi(2) dérivé de gå ‘aller’, comme pip¥fi de på, et didhifi de dhå. On trouve également le premier exemple de racine CRC Se†, jigh®kfi de gra(b)h ‘attraper’ (sans -i- devant le suffixe, à l’opposé des doublets jigrah¥fi et jig®h¥fi) et le second d’une racine Ve†, sufiups de svap ‘dormir’. Une nouvelle formation fait son apparition, celle des degrés zéro avec suffixe -ifi-, avec trois thèmes de racines secondaires jij¥vifi, jihi«sifi et did¥kfiifi, un d’une racine Ve†, vividifi de vid ‘connaître, savoir’, et un d’une racine Ani† tifi†ighifi de stigh . Les formations à degré plein prennent un essor particulier. Celles avec le suffixe -s- s’accordent aux racines Cå et CaC. Celles avec le suffixe -ifi-, à l’exception de jigamifi de gam ‘aller’, sont uniquement dérivées de racine Se† ou Ve†. Parmi ces formations bibådhifi est manifestement une création secondaire de la racine bådh ‘(re)pousser’, étant donné le sens entièrement lexicalisé de b¥bhats. Le thème +ßißasifi de ßas ‘couper’, est un amendement de ßißåsifi, la longueur de la voyelle radicale étant due à un allongement métrique. Il existe deux autres thèmes de plus de racines CaN avec degré allongé, un hapax legomenos dans KS, +yiyå«s de yam ‘tenir, étirer’, et titå«s de tan ‘tendre/étirer’, attesté dans un passage commun à KS et KpS. Parmi les formations monosyllabiques, on remarque pits dans B 11.1.1.3 de pad en face du redoublé pipats dans BK 3.1.11.5. Quant à dh¥ps, attesté seulement dans JB 1.98, il s’agit avec dhips d’une autre variante à consonne initiale aspirée de dips. dh¥kfi dans B 3.2.2.30 5 BK 4.2.2.30, n’est pas une
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variante de d¥kfi, mais bien une forme probablement artificielle du dés. de dah ‘brûler’. Les thèmes dés. tertiaires sont une nouvelle catégorie. Parmi les quinze il y a sept hapax legomena. Ils sont invariablement dérivés de thèmes caus., dont ils gardent la morphologie, degré plein ou allongé et suffixe -ay-, et le sens factitif.
II.2.7. Les thèmes des ÅAR 28 thèmes dont 3 nouveaux. Redoublés, degré zéro et suffixe -s- (8) (+1) Racine CR Gu˙a/V®ddhi Ani†: ßußr°fi. Racine CRC Gu˙a/V®ddhi Ani†: cikits, tit®ts, bubhukfi, ruruts – Saμprasåra˙a Ani†: titikfi – Se†: jigh®kfi – secondaire jugups. Redoublés, degré zéro et suffixe -ifi- (3) (+1) Racine CRC Gu˙a/V®ddhi Ve†: rurucifi, vividifi – secondaire jij¥vifi. Redoublé avec voyelle longue, degré zéro et suffixe -s- (1) Racine CÀC sans degré vocalique Ve†: b¥bhats. Redoublés, degré plein et suffixe -s- (3) Racines Cå Gu˙a/V®ddhi Se†: pipås – Saμprasåra˙a Se†: jij~nås, didhyås. Redoublé, degré plein et suffixe -ifi- (1) Racine CaN Gu˙a/V®ddhi Ani†: jigamifi. Redoublés, degré allongé et suffixe -s- (2) Racines CaN Gu˙a/V®ddhi Ani†: jigå«s, jighå«s. Redoublés avec voyelle longue, degré allongé et suffixe -s- (1) Racine CaN Gu˙a/V®ddhi Ani†: m¥må«s. Monosyllabiques et suffixe -s- (8) Racines ÀC Gu˙a/V®ddhi Ani†: ¥kfi, ¥ps. Racines Cå Gu˙a/V®ddhi Se†: dits, dhits. Racines CÀC Gu˙a/V®ddhi Ani†: d¥kfi, dhits, bhikfi, ßikfi. Tertiaires (1) (+1) cik¥rtayifi.
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Dans les Ãr, comme dans les Up, une grande partie des thèmes, soit 10 sur 22, sont entièrement lexicalisés : ¥kfi, ¥fi, cikits, titikfi, d¥kfi, bubhukfi, bhikfi, pipås, b¥bhats, ßikfi. Le type à degré zéro produit encore un thème de racine CRC, bubhukfi de bhuj ‘consommer’. Les deux autres nouveautés sont des hapax legomena : un thème avec degré zéro et suffixe -ifi-, rurucifi de la racine Ve† ruc ‘briller’, et un thème tertiaire, cik¥rtayifi de k¥rtaya- ‘mentionner’, le seul exemple védique de dés. dérivé d’un thème dénominatif.
II.2.8. Les thèmes des Up 33 thèmes dont 4 nouveaux. Redoublés, degré zéro et suffixe -s- (13) Racines CR Gu˙a/V®ddhi Ani†: jig¥fi(1), jih¥rfi, bubh°rfi, ßußr°fi – Se†: tit¥rfi, nin¥fi, bubh°fi. Racines CRC Gu˙a/V®ddhi Ani†: cikits, did®kfi, mumukfi – Saμprasåra˙a Ani†: titikfi – Se†: jigh®kfi – secondaire: jugups. Redoublés, degré zéro et suffixe -ifi- (2) Racines CRC Gu˙a/V®ddhi Ve†: vividifi – Secondaire jij¥vifi. Redoublés, degré plein et suffixe -s- (7) (+3) Racine CRC Saμprasåra˙a Ani†: vivyats. Racines Cå Gu˙a/V®ddhi Se†: tifi†hås, pipås – Saμprasåra˙a Se†: jij~nås, didhyås, yiyås. Racine CaC Gu˙a/V®ddhi Ani†: jighats. Redoublés, degré plein et suffixe -ifi- (3) Racine ÀC Gu˙a/V®ddhi Se†: aßißifi. Racines CaN Gu˙a/V®ddhi Ani†: jigamifi – Se† cikramifi. Redoublé avec voyelle longue, degré allongé et suffixe -s- (1) Racine CaN Gu˙a/V®ddhi Ani†: m¥må«s. Monosyllabiques et suffixe -s- (6) (+1) Racines ÀC Gu˙a/V®ddhi Ani† ¥kfi, ¥ps. Racines CÀC Gu˙a/V®ddhi Ani† d¥kfi, bhikfi, ßikfi, ߥkfi. Tertiaires (1) åpipayifi.
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Dans les Up, presque un tiers des thèmes, soit 10 sur 33, sont entièrement lexicalisés : aßißifi, ¥kfi, cikits, titikfi, d¥kfi, pipås, bhikfi, m¥må«s, ßikfi et ߥkfi. Le type de formation avec degré plein produit encore trois thèmes de racines Saμprasåra˙a yiyås, didhyås et vivyats de yå ‘aller’, dhyå ‘penser’et vyadh ‘percer’. Le seul hapax legomenos est un n.a. ߥkfiå de ߥkfi, mais aucun des trois nouveaux thèmes n’est attesté en dehors des Up.
II.2.9. Les thèmes des S 58 thèmes dont 13 nouveaux. Redoublés, degré zéro et suffixe -s- (21) (+2) Racines CR Gu˙a/V®ddhi Ani†: cik¥fi(2), cik¥rfi, jig¥fi(1), jih¥rfi, tist¥rfi, tust°rfi, mum°rfi, ßußr°fi – Se†: tit¥rfi, nin¥fi, pup°fi, bubh°fi. Racines CRC Gu˙a/V®ddhi Ani†: cikits, did®kfi, bubhukfi, mumukfi, yuyuts, ruruts Saμprasåra˙a Ve† sufiups – Secondaire jugups, dudh°rfi. Redoublés, degré zéro et suffixe -ifi- (2) (+1) Racines CRC Saμprasåra˙a Se†: jig®h¥fi – Secondaire jij¥vifi. Redoublé avec voyelle longue, degré zéro, suffixe -s- (1) Racine CÀC sans degré vocalique Ve†: b¥bhats. Redoublés, degré plein et suffixe -s- (8) (+3) Racines CÀC Gu˙a/V®ddhi Ani† +yiyaps – Saμprasåra˙a Ani†: iyakfi, yiyakfi. Racines Cå Gu˙a/V®ddhi Se†: titrås, didås, pipås – Saμprasåra˙a Se† cikhyås, jij~nås. Redoublés, degré plein et suffixe -ifi- (3) Racine ÀC Gu˙a/V®ddhi Se†: aßißifi. Racine CaN Gu˙a/V®ddhi Ani†: jigamifi. Racine CÀC Gu˙a/V®ddhi Ve†: +ßißasifi. Redoublés avec voyelle longue, degré plein, suffixe -s- (1) (+1) Racine CÀC Gu˙a/V®ddhi Ani†: y¥yaps. Redoublés, degré allongé et suffixe -s- (2) Racine CaN Gu˙a/V®ddhi Ani†: jigå«s, jighå«s. Redoublé avec voyelle longue, degré allongé et suffixe -s- (1)
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Racine CaN Gu˙a/V®ddhi Ani†: m¥må«s. Monosyllabiques et suffixe -s- (12) Racines ÀC Gu˙a/V®ddhi Ani†: ¥kfi, ¥ps. Racines RC Gu˙a/V®ddhi Ani†: ¥rts, ¥fi. Racines CÀC Gu˙a/V®ddhi Ani†: d¥kfi, bhikfi, lips, ßikfi, s¥kfi Racines Cå Gu˙a/V®ddhi Se†: dits, dhits. Tertiaires (8) (+6) cikalpayifi, tifi†håpayifi, didhårayifi, +pup°rayifi, bibhakfiayifi, vivåcayifi, vivarfiayifi, sisådhayifi Dans les S, 10 des 58 thèmes, ¥kfi, ¥fi, cikits, pipås, b¥bhats, bubhukfi, d¥kfi, bhikfi, m¥må«s, ßikfi sont entièrement lexicalisés. Pas moins de 8 des 13 nouveautés sont des hapax legomena: jig®h¥fi, titrås, +pup°rayifi, pup°fi, yiyakfi, vivåcayifi, vivarfiayifi, sisådhayifi, et 3, cikhyås, didhårayifi et bibhakfiayifi, sont encore attestés après la période védique.
II.3. Rapport des thèmes désidératifs et de leur bases de dérivation Les thèmes dés. ont en védique deux origines : secondaires, dérivés d’une racine, ou tertiaires, dérivés d’un autre thème secondaire.
II.3.1. Rapport de diathèse. Il y a 142 thèmes dés. attestés par des formes verbales. Ils sont classés cidessous en fonction de leur usage de la diathèse. Pour 118 d’entre eux, compte tenu qu’il y a moins de 10 exemples, cet usage peut être ou ne pas être représentatif.
II.3.1.1 Les thèmes uniquement actif ou moyen act.: aßißifi, åpipayifi, inakfi, ¥ps, ¥rts, +cikalpayifi, cik¥rtayi≈fi, cikramifi, cikfi¥fi, cikhyås, cicarifi, +cuk≈fi°s, jigamifi, jigå«s, jigås, jig¥fi(2) de gå ‘aller’, jig®h¥fi, + jigrah¥fi, jighats, jigh®kfi, jighrås, jijanayifi, jij¥vifi, jijyås, jihås, jihi«sifi, jugukfi, jujy°fi, j~n¥ps, titarpayifi, titå«s, titikfi, tit®ts, tit®ps(1) de t®p voler’, tit®ps(2) de t®p ‘consommer’, tifi†håpayifi, tifi†ighifi, t°t°rfi, didås, didråpayifi, didh¥rfi, dips, dudukfi, dudrukfi, dudh°rfi, dhips, dh¥ps, ninits, pipatifi, pipats, ‘
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pipåtayifi, pipådayifi, pipåyayifi, pip¥fi, pipr¥fi, +pup°rayifi, bibhakfiayifi, bibhåvayifi, bibhits, bubh°rfi, bubh°fi, mum°rfi, mumodayifi, +yiyå«s, +yiyaps, yiyås, y¥yaps, yuy°fi(1) de yu/y° ‘tirer vers soi’, yuy°fi(2) de yu ‘éloigner’, rirådhayifi, ririkfi, rurukfi(1) de ruh monter’, lulobhayifi, vivakfi, vivats, vivadifi, vivarfiayifi, vivåcayifi, vivårayifi, vividifi, vivyats, +ßißasifi, sifiås, sisa∫kfi, sisådhayifi, sis¥rfi, sis®ps, sufiups ‘
moy.: iyakfi(2) de yaj ‘sacrifier’, cik¥fi(2) de ci ‘entasser’, jijanifi, jij~nås, titrås, tist¥rfi, did¥kfiifi, did®kfi, didhårayifi, didhyås, dh¥kfi, pits, pup°fi, bibådhifi, b¥bhats, bubhukfi, mimathifi, mumukfi, yiyakfi, rips, rurucifi, ruruts, lips, lilåpayifi, l¥ps, viv®kfi, ßußr°fi 89 thèmes sont uniquement attestés à l’act. et 29 uniquement au moy. Parmi eux titikfi, jijñås, did®kfi et ßußr°fi sont Medium tantum sans valeur particulière alors que leurs racines respectives, tyaj, jñå, d®ß et ßru, alternent les deux diathèses, et que les moy. de d®ß, ßru, et selon GOTÕ (PIV 168 et s.) également celui de tyaj, sont pass. Exemple plus isolé, il faut aussi noter didhyås de dhyå, attesté uniquement au moy. avec ni+, dans des passages parallèles entre BÃUM, BÃUK et Ã, avec une valeur affective plausible, alors que dhyå est essentiellement act. On notera également, bien qu’ils soient peu attestés, deux thèmes qui à l’inverse de leurs racines ne montrent aucune variation dans la diathèse : inakfi de naß/aß, seulement act., et mumukfi de muc ‘libérer’, dont le sens ‘se libérer’ avec abl. est équivalent à celui du prés. fientif múcya-/ mucyá-, en opposition au sens facientif transitif ‘libérer’ du prés. à infixe nasale muñcá-. Ce même sens passif se retrouve dans le gdf. mumukfiitavya- et l’adj. mumukfiú-.
II.3.1.2. Les thèmes également moyen qu’actif cicchits, didhifi, vivits de vid ‘trouver’ Sur ces trois thèmes, cicchits de chid ‘couper’ et vivits ne sont attestés que deux fois. Pour ce premier, l’exemple moy. est avec ava+ alors que ava+chid n’est qu’act. ou pass. Par contre pour vivits, le moy. ‘acquérir’ est conforme à celui de vid. De même l’usage du moy. de didhifi, de dhå ‘mettre’, avec le sens ‘prendre, obtenir’ est identique à celui de dhå.
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II.3.1.3. Les thèmes plus souvent moyen qu’actif cik¥fi(1) de ci ‘percevoir’, jugups, tust°rfi, m¥må«s, sis®kfi, s¥kfi L’usage de la diathèse de sis®kfi (moy. ‘faire sortir de soi + dés.’ contre act. ‘lâcher + dés.’) est conforme à celui de s®j, l’aspect minoritaire de l’act. ne pouvant être dû qu’au hasard des attestations. Pour s¥kfi la seule forme act. est un part. sîkfiant- RV 6.14.3d, parallèlement à des exemples similaires de part. act. de sah (v. PiV 325), lui aussi majoritairement moy. Pour tust°rfi, tout comme pour son doublet tist¥rfi, il y a conformité avec la racine st® ‘renverser’, dans l’usage dominant du moy. Le seul exemple act. dans BK 3.1.2.12, est peut-être analogique par rapport à une autre forme act. dans le même passage. L’usage moy. dominant de cik¥fi(1), et de jugups, s’oppose à l’act. de leurs racines ci ‘percevoir’ et gup ‘protéger’. Pour m¥må«s de man ‘penser’, les deux seuls exemples act., contre 78 moy., se limitent au pf. pér. 3pl. m¥må«såm cakrur dans JB 3.350 et ChU.5.11.1, et le thème peut être considéré comme un Medium tantum.
II.3.1.4. Les thèmes plus souvent actif que moyen iyakfi(1) de aß/naß ‘atteindre, obtenir’, cikits, cik¥rfi, jig¥fi(1) de ji ‘vaincre’, jighå«s, jih¥rfi, tit¥rfi, tifi†hås, dits, dhits, nin¥fi, pipås, yuyuts, vivås, viv®ts iyakfi(1) a une valeur affective comme aß/naß; les composés apa+jighå«s, upa+jih¥rfi, vi+tifi†hås, å+dits, å+dhits sont moy. comme leur correspondants radicaux apa+han, upa+h®, vi+shtå, å+då, å+dhå, et abhi+dhits (abhidhítsate RV 10.85.30d) a un sens réflexif direct ‘se couvrir’ comme souvent avec dhå (cf. WRV 661a,1). Certaines formes moy., n’ont par contre pas ou très peu de correspondances dans le paradigme de la racine, tel que (ud/vi+)nin¥fi de n¥ ‘mener’, dans KauU 3.8 et åS 17.17.3, ou pipåsete de på ‘boire’ dans VaikhS 15.31: 209,20. D’autres se distinguent par leur moy. sans valeur particulière alors que leurs racines ont un moy. contrastif. C’est le cas de tit¥rfi attesté dans GB 2.6.14: 269,2 et BhåS 6.10.8 (contre l’act. 4x), sans valeur affective justifiable alors que le moy. de tÈ (v. PiV 160 et s.) est soit affectif soit réflexif. Dans le cas de viv®ts, c’est l’act. majoritaire, qui n’a pratiquement aucune correspondance dans le paradigme de v®t. Pour le moy. de cikits, jig¥fi et vivås il faut envisager un usage affectif particulier du thème dés., sans rapport direct avec l’usage de la diathèse des
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racines correspondantes, cit, ji et van. L’unique forme moy. cikitsate dans MS 3.7.5: 81,14-15, est une variante affective du sens act. lexicalisé ‘se concentrer, réfléchir’. Le moy. du simplex jig¥fi, dans RV 1.163.7b, AVP 6.14.4a et BauS.18.50: 410,9 se distingue non seulement par la diathèse mais égale-ment par le sens ‘gagner + dés.’ à l’opposé de l’act. qui signifie ‘vaincre + dés.’. Pour vivås, le moy. principalement représenté par la forme 1sg. âvivåse (8x dans RV), a la plupart du temps une valeur affective justifiable.
II.3.2. Rapport sémantique Dans l’immense majorité des exemples, le sens de base du thème dés. est un de ceux attestés par la racine correspondante. Ce lien sémantique est prouvé par les très nombreuses associations contextuelles entre la forme dés. et une autre de la même racine : aßißifi (B 3.1.2.1, VådhS 14.3.10 et 14.3.19), inakfi (RV 9.73.9c), iyakfi(2) (BauS 23.17: 176,12), ¥ps (KS 8.7: 91,5; AB 4.26.2; TB 1.4.10.3, 2.7.14.1-2 et 3.8.16.1; B 10.1.2.1; BK 2.4.1.8 et 7.3.3.8), ¥rts (KS 13.3: 182,9 et TS 3.4.6.1), cik¥rfi (MS 2.4.3: 40,6; B 5.2.3.4 et 5.2.5.4/8/12), cikramifi (B 8.5.3.1; JB 3.184), cicchits (JB 2.238), +cukfi°fi (JB 2.156), jigamifi (TS 2.3.4.2; JB 1.67 et 2.113; GB 1.3.21: 71,13; LåS 2.6.17), jigås (JB 1.103), jig¥fi(1) (TS 6.2.3.1; JB 1.235 et 3.271´; B 5.4.3.8), jig¥fi(2) (B 1.4.1.21 = BK 2.3.4.17), jighå«s (MS 1.6.9: 100,5 et 4.5.8: 75,1; TS 6.1.8.3; KB 24.4.3), jij~nås´´ (JB 2.329; BÃUM 1.5.15), jih¥rfi (B 3.8.1.2), titarpayifi (JB 3.313), tit¥rfi (MSm 1.5.1: 67,8), tit®ts (KS 13.3: 181,20-2 l), tifi†hås (B 11.1.6.5; BK.5.8.3.5), tist¥rfi (JB 2.73), tifi†ighifi (MS 1.6.3: 89,9), tust°rfi (MS 1.8.3: 118,11-13; KB 4.5.9; B 2.2.2.14), dits (RV 4.32.20; AV 3.20.8), didås (RV 10.151.2b; AB 8.21.10m), didråpayifi (B 9.1.1.24), didhårayifi (VådhS 14.4.25), dips (11 associations, p.ex. RV 7.104.20b), dudh°rfi (B 1.4.1.40), dhits (B 11.5.8.6 ; Aà 3.1.4), pipatifi (B 1.2.4.18 et 10.2.1.1; BK 2.2.2.10), pipåtayifi (BK 4.6.4.5), pipås (KS 13.5: 185,14 et 14.5: 204,16), bubh°fi (AB 4.18.8), mumukfi (RV 10.111.9c), ririkfi (RV 1.129.10g et 8.18.13a), ruruts (AB.1.12.3; JB 2.374 et 3.2; TB 2.1.2.1), lips (B 3.2.1.36, 4.5.10.7 et 6.2.1.6; BK 4.2.1.26), vivakfi (B 4.6.7.2), vivarfiayifi (VådhS 14.4.13), vivits (TB 3.12.2.9), vividifi (BÃUM 4.4.25), viv®kfi (JB 1.65 5 B 12.4.4.3), sis¥rfi (TS 2.2.4.6 = MS 2.1.10: 12,4), sis®kfi (JB 1.73; KS 13.7: 189,16), s¥kfi (TS 2.2.3.4). Comme discordances sémantiques on relèvera les sens factitifs de paryå/sam+viv®ts ‘faire tourner + dés.’, jigamifi (AB 3.24.13 et TS 1.5.2.3), et jigå«s (TS 6.5.8.2) ‘faire aller + dés.’, pour lesquelles on se serait attendu à
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des thèmes tertiaires *vivartayifi et *jigamayifi. Le composé vi+¥rts est également factitif ‘faire échouer + dés.’ ce qui incite plutôt à rapporcher ¥rts de ®dh que de rådh (v. p. 95). jig¥fi au moy., au n.a. jig¥fiâ- et à son adj. jig¥fiú-, signifie ‘gagner + dés.’, différent de ‘vaincre’ de la racine ji. vivås a le sens ‘gagner + dés.’ très rarement utilisé dans un contexte combatif, à l’inverse de vanó- ‘dominer’. Il y a également une tendance certaine à la lexicalisation, entraînant presque toujours la venue d’un nouveau lexème. Elle peut être partielle: aßißifi ‘avoir faim’ en face de ‘manger + dés.’, iyakfi ‘désirer avidement’ en face ‘obtenir, atteindre + dés.’, cikits ‘veiller’, ‘lorgner’, ‘soigner’, ‘réfléchir’, ‘douter’ en face de divers sens dés. des composés de cit ‘remarquer’, pipås ‘avoir soif’ en face de ‘boire + dés.’, ßußr°fi ‘obéir’ en face de ‘entendre + dés.’. Certains exemples de lexicalisations partielles sont confinés dans des formes nominales, comme le n.a. jighatså- ‘la faim’ à côté de ‘consommer, manger + dés.’, les adj. jugupsu- ‘pointilleux’ à côté de ‘surveiller + dés.’, et didhifiú- ‘prétendant’ à côté de ‘prendre + dés.’. Ce dernier exemple est le seul où la lexicalisation s’est effectuée à partir d’un sens moy. D’autres cas similaires de lexicalisations partielles sont proposés par les traducteurs, tels que upajijñâsya- ‘unintelligible’ d’après EGGELING pour B 3.2.1.24, did´®kfiu‘neugierig’ d’après GELDNER pour RV 7.86.3a, sans qu’il y ait vraiment de preuve contextuelle évidente. Les seuls thèmes qui sont parfois attestés sans valeur dés. et avec le même sens de base que celui de la racine, sont lips de labh (p.ex. dans AVP 5.34.2) et sa variante l¥ps (p.ex. AB 2.3.12). Les lexicalisations totales sont titikfi ‘endurer, supporter’ de tyaj ‘repousser’, b¥bhats ‘être dégoûté’ de bådh ‘écarter’, et m¥må«s ‘réfléchir, méditer’, ‘contester/critiquer’, ‘avoir des doutes’ de man ‘penser’. Ces 4 thèmes figurent parmi les mieux attestés.
II.4. Les racines secondaires anciens thèmes désidératifs Cinq anciens thèmes dés., tous monosyllabiques, ¥kfi, ¥fi, d¥kfi, bhikfi et ßikfi sont considérés par les grammairiens indiens comme des racines. Durant la période védique ceci se constate déjà pour ¥kfi et d¥kfi par le fait que leurs paradigmes comportent des formations secondaires telles que le caus. (¥kfiáya-, d¥kfiáya-) et le dés. (did¥kfiifi). Pour les autres la distinction est plutôt due au sentiment linguistique qui ne perçoit aucun lien sémantique entre ces racines et leur anciennes bases de dérivations *ak, i, *daß/dåß, bhaj et ßak. Une exception cependant concerne ßikfi pour lequel deux exemples en prose yajurvédique attestent une valeur dés. et font supposer la perception d’un lien morphologique avec ßak: TS 2.6.2.6 et MS 4.2.9: 30,12 (v. p. 235)
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La masse d’exemples constituée par ces 5 racines est largement aussi grande que celle des thèmes dés., spécialement si on compte ceux des formes nominales. Quatre de ces racines sont attestées dès le RV, ¥kfi, ¥fi, bhikfi et ßikfi, seul d¥kfi n’apparaît qu’à partir de l’AV, comme n.a. et comme adj. verb,. et en prose brahmanique en tant que formes verbales. La répartition entre catégories dérivationnelles n’apporte évidemment aucune information concernant le dés. puisque ces racines n’attestent plus de valeur dés. En ce qui concerne le rapport historique de diathèse avec les racines correspondantes on remarquera que trois de ces anciens dés. sont des Medium tantum: ¥kfi, bhikfi et d¥kfi. Pour ¥kfi il y a bien 4 exemples act. tout à fait secondaires (v. p. 88). On ne peut savoir si cet usage du moy. a une équivalence dans la racine *ak ‘voir’, faute d’exemple de formes aux modes personnelles de cette dernière. Par contre il est clair que bhikfi ‘demander’, a simplement conservé la diathèse de bhaj avec le sens ‘recevoir une part’, dont son sens fut anciennement dérivé (*‘désirer recevoir une part’). Quant à d¥kfi, il se distancie totalement de dåß uniquement act. (cf. AIS 231). L’usage partiel du moy. de ¥fi, le dés. de i ‘aller’, avec le sens particulier ‘reculer’ doit être un développement spécifique du dés. Pour ßikfi le sens moy. ‘pratiquer’ a dû être développé à partir d’un usage affectif ‘s’efforcer pour soi-même’.
III. La formation des thèmes désidératifs secondaires
III.1. Étude précédente Une description de la formation des thèmes dés. en vieil indien est offerte par GÜNTERT (114 et s.). Celui-ci considère qu’étant donné l’accent invariablement fixé sur la syllabe de redoublement, la syllabe radicale doit selon la règle comporter le degré zéro. L’usage de cette règle est d’après lui particulièrement exemplifié dans les thèmes monosyllabiques ¥kfi < *i-ikfi < *i-Çk-s- de *ak ‘voir’, ¥ps < *i-ip-s- < * i-Çp-s- de åp ‘obtenir, atteindre’, ditsa < *di-d-sa- de då ‘donner’, dhitsa < * dhi-dh-s-a- de dhå ‘mettre’, et dans les dés. de racines Cå, tel pip¥fia de på ‘boire’. Le RV connaît cependant l’usage du degré plein pour les racines Cå. Quant aux racines à consonnes finales, elles utilisent soit le degré zéro comme ni-nit-sa- de nid ‘reprocher’, soit le degré plein comme vi-vak-fia- de vac ‘parler’(analogiquement aux racines Cå) lorsque le degré zéro aurait entraîné une déformation trop grande de la syllabe radicale. GÜNTERT met en contraste la voyelle longue des racines Ci/u, p.ex. ci-k¥fia de ci ‘empiler’, avec la courte des thèmes de racines C]C, p.ex. di-d®k-fiade d®ß ‘voir’. Il explique ce contraste historiquement: les racines (ou ‘bases’) qui se terminent par une voyelle ont une longue devant -s-, celles qui sont fermées par une consonne ont une courte (seule exception di-dhi-fia-). La même explication est adoptée pour les racines C®, dont l’allongement *ti-tÈ-fia- serait justifié par une forme de base *ter. L’usage du suffixe -ifi- est considéré par GÜNTERT comme secondaire, ayant pour but de sauvegarder l’aspect radical devant le suffixe et étant le plus souvent suscité par une analogie avec le fut. ou l’aor.
III.2. Méthode Le but de l’investigation est d’obtenir un schéma de base pour la formation des thèmes dés. en védique. Comme il a été indiqué dans le chapitre II.2, les trois grands critères de variations formelles des thèmes sont: a) le degré radical, b) le suffixe, c) le redoublement.
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Dans les chapitres qui suivent, chacun de ces critères sera analysé individuellement. Parmi les différents modèles de réalisation de ces 3 composantes il faut distinguer les productifs des isolés, et dans le premier cas élucider les contraintes morpho-phonologiques qui les ont produits.
III.3. Le degré radical Les thèmes dés. présentent trois degrés radicaux différents, degré zéro comme dans tit®ps de t®p, plein p.ex. jighats de ghas, ou allongé pour certaines racines CaN, tel que gam qui donne jigå«s.
III.3.1. Le degré zéro inakfi et iyakfi(1) de aß/naß ‘atteindre, obtenir’, cikits de cit ‘remarquer, reconnaître’, cik¥rfi de k® ‘faire’, cik¥fi(1) de ci ‘remarquer’, cik¥fi(2) de ci ‘empiler’, cikfi¥fi de kfi¥ ‘détruire’, cicchits de chid ‘arracher’, +cuk≈fi°s de kfi° ‘éternuer’, jig¥fi(1) de ji ‘vaincre’, jig¥fi(2) de gå ‘aller’, jig®h¥fi et jigh®kfi, de g®(b)h ‘attraper’, jij¥vifi jujy°fi et jijy°fi de j¥v ‘vivre’, jihi«sifi de hi«s ‘abîmer, blesser’, jih¥rfi de h® ‘prendre’, jugukfi de guh ‘cacher’, jugups de gup ‘protéger’, titikfi de tyaj ‘abandonner’, tit®ts de t®d ‘percer’, tit®ps(1) de t®p ‘voler’, tit®ps(2) de t®p ‘se rassasier’, tit¥rfi de tÈ ‘traverser’, tifi†ighifi de stigh ‘s’élever’, tist¥rfi et tust°rfi de st® ‘renverser’, t°t°rfi de tur ‘avancer vite’, did¥kfiifi de d¥kfi ‘se consacrer’, did®kfi de d®ß ‘voir’, didhifi de dhå ‘mettre’, didh¥rfi de dh® ‘tenir’, dudukfi de duh ‘traire’, dudrukfi de druh ‘tromper’, dudh°rfi de dh°/ur(v) ‘endommager’, ninits de nid ‘reprocher’, nin¥fi de n¥ ‘mener’, pip¥fi de på ‘boire’, pipr¥fi de pr¥ ‘réjouir’, pup°fi de p° ‘(se) purifier’, bibhits de bhid ‘fendre’, bubhukfi de bhuj ‘consommer’, bubh°rfi de bh® ‘porter’, bubh°fi de bh° ‘être, devenir’, mumukfi de muc ‘enlever, libérer’, mum°rfi de m® ‘mourir’, yuyuts de yudh ‘combattre’, yuy°fi(1) de yu/y° ‘tirer vers soi’, yuy°fi(2) de yu ‘éloigner’, ririkfi de rifi ‘(se)blesser’, rurukfi(1) de ruh ‘monter’, rurukfi(2) de ruj ‘casser’, rurucifi de ruc ‘briller’, ruruts de rudh ‘freiner’, vivås de van ‘gagner’, vivits de vid ‘trouver’, vividifi de vid ‘connaître’, viv®ts de v®t ‘se tourner, rouler’, viv®kfi de v®j ‘‘(re)tourner’, ßußukfi de ßuc ‘luire’, ßußr°fi de ßru ‘entendre’, sifiås de san ‘gagner’, sis¥rfi de s® ‘courir, se dépêcher’, sis®kfi de s®j ‘lâcher’, sis®ps de s®p ‘ramper’, sufiups de svap ‘dormir’
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III.3.1.1. Le degré zéro des racines CR (R = i,u,r) A la seule exception de car, toutes les racines CR affichent le degré zéro. La raison pour cette exception est la rareté des exemples à degré zéro de cette racine (v. VIA I/286) et l’influence générale du fut., au moment de la création du thème, en prose brahmanique. Les racines Se† C¥/° affichent la voyelle longue devant le suffixe, et les CÈ, une voyelle anaptyctique -¥- devant -r-, -°- si la consonne qui précède est labiale. Les racines Ani† se comportent exactement de la même manière. Leur thèmes dés., cik¥rfi, cik¥fi(1)(2), jig¥fi(1), jih¥rfi, ti/ust¥/°rfi, didh¥rfi, bubh°rfi, mum°rfi, yuy°fi(2), ßußr°fi et sis¥rfi, contrastent avec leurs adj. verb. k®tá-, citá-, jitá-, h®tá-, st®tá-, dh®tá-, bh®tá-, m®tá-, yutá-, ßrutá- et s®tá-. Uniquement pour jig¥fi(1) on aurait pu imaginer une contamination de jyå, comparable par exemple à celle du pf. part. jig¥vás- (RV+), et pour cik¥fi(1) de ci ‘remarquer’, un allongement analogique par rapport au prés. acrostatique câya-. Mais pour les autres thèmes il n’y a aucun analogisme possible. Il est donc inévitable de considérer qu’il s’agit dans tous ces thèmes de formes spécifiquement liées à la catégorie du dés. Cet allongement n’est pas comparable à celui observé au pass. devant le suffixe -ya- (p.ex. ßr°yá-), puisque celui-ci n’influence pas le -®- (cf. pass. hriyá- de h®). Étant donné la maintenance du -i- bref dans didhifi de dhå, la condition ne peut pas être la position devant le suffixe dés. -s-. En contradiction avec la règle concernant la qualité de la voyelle anaptyctique devant -r-, on remarquera pour la racine primairement Ani† st®, le thème tust°rfi (MS, KB, B[K], VB, ÃpS), variante mieux attestée que tist¥rfi (JB, ÃpS) (v. à ce sujet CALAND 87)
III.3.1.2. Le degré zéro des racines CRC Toutes les racines CRC forment un thème avec degré zéro. Dans tit®ps, cicchits, jig®h¥fi, jij¥vifi, jugups, did¥kfiifi, did®kfi, dudukfi, dudrukfi, bibhits, bubhukfi, yuyuts, ririkfi, rurukfi(2), ruruts, rurucifi, vivits, vividifi, viv®ts, viv®kfi, sis®kfi et sufiups, la forme du degré zéro correspond à celle des adj. verb. t®ptá-, chittá-, g®h¥tá-, jiv¥tá-, guptá-, d¥kfiitá-, d®fi†á-, dugdhá-, drugdhá-, bhinná-, bhuktá-, yuddhá-, rifi†á-, rugná-, ruddhá-, rucitá-, vittá-, viditá-, v®ttá-, v®ktá-, s®fi†á- et suptá-. Pour les racines Saμprasåra˙a on voit la même correspondance entre iy/nakfi de aß/naß et l’adj. verb. afi†á-, par contre titikfi de tyaj se différencie de tyaktá-, mais cette dernière forme n’est attestée qu’à partir des Br, alors que le thème dés. apparaît dès le RV.
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Pour jijy°fi, jujy°fi, la forme du degré zéro, est manifestement accordée à celle des adj. verb. d’autres racines en -iv telles dy°tá- de d¥v ou sy°tá- de s¥v (v. AiG I/91). Dans la syllabe radicale de t°t°rfi la voyelle est longue parce que le suffixe a une consonne à l’initiale, en accord avec la répartition habituelle des deux allomorphes de la racine secondaire tur. Dans jigh®kfi de g®(b)h, on observe le rejet de l’aspiration sur la consonne radicale initiale, comme c’est le cas dans de nombreuses formes devant suffixe -s- (cf. AiG I/127 et s.). Ce phénomène fait exception dans deux thèmes uniquement attestés dans le RV: jugukfi de guh, qui est un hapax legomenos (RV 8.31.7b) et dudukfi de duh, attesté seulement trois fois. Ces formes dés. contrastent avec d’autres des mêmes racines devant suffixe -s-, telles les thèmes aor. aghukfia-, ádhukfi- et ádhukfia-.
III.3.1.3. Le degré zéro des racines CaN Il n’y a que deux thèmes dés. à degré zéro de racines CaN, l’un est d’une racine Se†, sifiås < *sís§H-sa- de san (cf. l’adj. verb. såtá- < *s§H-tá-), et l’autre d’une Ani† vivås de van, dont la forme peut s’expliquer par l’analogie avec san basé sur une similitude sémantique, les deux racines signifiant ‘gagner’ (cf. VIA I/232). Ce type de formation est largement minoritaire par rapport à celui avec degré allongé, et à celui avec degré plein et suffixe -ifi-.
III.3.1.4. Le degré zéro des racines Cå Seulement 3 racines Cå affichent le degré zéro au dés. contre 12 avec degré plein. La forme du degré zéro correspond à celle de l’adj. verb. pour didhifi de dhå 5 (d)hitá- et pip¥fi de på 5 p¥tá-. Pour jig¥fi de gå ‘aller’, qui est seulement attesté dans un passage commun à B et BK, on a un parallèle dans les formes -s- aor. moy. adhyag¥fi†hås, adhyag¥fiata, mentionnées par NARTEN (AiV 108).
III.3.2. Le degré zéro -i-; les thèmes monosyllabiques ¥kfi de *ak ‘voir’, ¥ps de *ap/åp ‘obtenir, atteindre’, ¥rts de ®dh ‘prospérer’ (ou de rådh [v. p. 95]), ¥fi de i ‘aller’, j~n¥ps de jñåp ‘faire savoir’, dits de då ‘donner’, dips de dabh ‘tromper, faire du mal’, d¥kfi de *daß/dåß ‘rendre hommage’, dhits de dhå ‘mettre’, dhips et dh¥ps de dabh ‘tromper, faire du
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mal’, dh¥kfi de dah ‘brûler’, pits de pad ‘marcher, tomber’, bhikfi de bhaj ‘partager’, rips de rabh ‘attraper’, lips et l¥ps de labh ‘attraper’, ßikfi et ߥkfi de ßak ‘pouvoir’, s¥kfi de sah ‘venir à bout, dominer’
III.3.2.1. Les thèmes monosyllabiques de racine (C)ÀC Même si elle est, avec 16 thèmes, numériquement supérieure au type à degré plein, la formation monosyllabique est marginale pour les racines CÀC, comme d’ailleurs pour les autres types. Les thèmes post-rigvédiques sont principalement ¥ps, d¥kfi et lips, tous attestés dans l’AV. Les autres sont soit des variantes de thèmes existants telles l¥ps (AV et Br), dhips (YVm) dh¥ps (Br) et rips (Br), ou bien ils sont très isolés, jñ¥ps (VB 530,1-5; VådhS 11.1.18), dh¥kfi (B 3.2.2.30 = BK 4.2.2.30), pits (B 11.1.1.3). Quelle que soit leur ancienneté, ces thèmes sont en védique tous ressentis comme formés directement sur la racine avec substitution du a radical par un pseudo-degré zéro i. Les thèmes ßikfi et dips, étant donné leurs équivalents avestiques six¯a- et di÷πa-, doivent forcément être des héritages indoiraniens, *c'°k¯a- et *díbz[a- généralement interprétés comme des formes dissimilées de thèmes redoublés *c'°c'k¯a- et *dídbz[a-. Quant à ¥kfi, puisqu’il provient d’une racine à initiale laryngale, I-Ir. *Hak (I-E *#ekÁ cf. EWA I/203), il s’explique logiquement comme un thème redoublé *H°Hk¯a-. Il n’y a aucune raison de douter que ¥ps ait une origine similaire (*HíHpsa-). L’ancienneté des autres thèmes n’est pas directement prouvable. Il faut constater qu’il n’existe dans le RV et l’AV aucun autre modèle de dérivation pour les racines du type CaC, le seul exemple de degré plein étant b¥bhatsqui a un sens lexicalisé et est manifestement influencé par son int. Donc soit on considère que les racines de cette structure ne formaient pas en védique de dés. avant la période productive du degré plein, ce qui signifierait que tous les monosyllabiques attestés jusque là seraient des thèmes plus anciens, soit il faut considérer un modèle analogique, très peu productif. La première éventualité ne pose pas de problème phonologique pour bhikfi < I-Ir. *b°gπha- (? < *b°bgπha-). Concernant d¥kfi et s¥kfi se pose le problème de la quantité du ¥. Pour le premier, celle-ci ne peut en tout cas pas provenir d’un allongement compensatoire après une dissimilation I-Ir. de *d°dc'¯a-, car le même phénomène aurait donné **d¥ps et **bh¥kfi2. Il n’y a donc que l’influence analogique du prés. dåß(a)- qui offre une explication plausible. Pour s¥kfi, on peut imaginer 2 explications. Selon la première, une forme I-Ir. 2
On pourrait néanmoins justifier la voyelle longue de d¥kfi comme le résultat du développement particulier de *d" en *±" que LUBOTSKY (1994: 204) propose pour expliquer, entre autre, l’ancien part. pf. dåßvâ«s- (<*de±"-uos < *ded"-uos-).
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dissimilée *s°j'πa- ou même védique *sikfi, s’allonge analogiquement par rapport au part. pf. act. såhvá«s-. Selon la seconde, une forme I-Ir. non dissimilée *s°πj'zha- survit jusqu’en védique et se transforme en *s≠j'πha-, avant la désonorisation de πh en fi. Pour la seconde éventualité, INSLER (1968) propose un schéma productif analogique proportionnel, adopté en védique, basé sur des formes nonredoublées du pf. Ainsi, un rapprochement pf. ßek-úr : dés. ßík-fiati et debh-úr: díp-sati aurait incité à créer sur les formes pf. act. 3pl. åpúr, et part. dåßvá«s-, såhvá«s-, les dés. ¥ps, d¥kfi et s¥kfi. La principale objection est qu’il n’y a aucun lien sémantique clair entre le pf. et le dés., et ces thèmes pf. ne sont pas des morphèmes autonomes mais des allomorphes (de *ßaßkúr, dadbhúr etc.) limités aux du., pl., moy. et part. De plus le degré zéro ¥ pour å, comme l’admet INSLER est historiquement secondaire et analogique par rapport à i pour a. D’autre part, il ne fait pas de doute que ¥ps a créé un modèle productif pour certaines racines se terminant par une labiale. Avec lips, l¥ps et rips de r/labh3, il y a également une similitude sémantique, les lexèmes ‘attraper’ et ‘obtenir’ étant communs avec ¥ps. Dans jñ¥ps de jñÀp cette influence est plus forte que celle de la formation redoublée avec degré plein, malgré l’aor. redoublé ájijñipa- (cf. TS 2.1.11.3). Les thèmes pits de pad et dh¥kfi de dah ne peuvent en aucun cas démontrer un modèle productif pour la prose brahmanique. L’existence du premier ne tient qu’à une seule attestation en védique. Le second a de grandes chances d’être une forme artificielle, à côté du thème redoublé didhakfi attesté en sanskrit épique.
III.3.2.2. Les thèmes monosyllabiques de racines RC Les deux seuls exemples de dés. de racines RC sont monosyllabiques: ¥fi de i ‘aller’ et ¥rts, si on soutient l'étymologie avec ®dh ‘prospérer’ plutôt qu'avec rådh (v. p. 95). Historiquement ces thèmes comportaient le degré zéro de leur racine et une syllabe de redoublement, ¥fi < *H°Hi¯a- et ¥rts < *HíH®dz[a-. Le monosyllabisme n’apparaît que secondairement après la chute des laryngales, *í-i‰ > î‰, *í-® > *ír‰ > *´¥r. Les formes sont inanalysables en védique, ce qui
3 La forme originelle du dés. de l/rabh était peut-être *rírps syncopé en *rips (cf.
GÜNTERT [97] qui signale des cas similaires en védique comme tricá-, t®cá‘contenant trois vers’, de *trirc-) mais le substantif uttararkfia- (BauS 20.7: 18,7), indique qu’un groupe -rVrTs- peut aussi se maintenir.
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explique l’absence totale de modèle avant la productivité du type à redoublement inversé en Sanskrit classique (v. RVD 234).
III.3.2.3. Les thèmes monosyllabiques de racines Cå Il y a seulement deux monosyllabiques de racines Cå, dhits de dhå et dits de då, en face de 12 thèmes redoublés avec degré plein. Ces formes ne peuvent que s’analyser comme des thèmes redoublés di-t-s et dhi-t-s, avec comme degrés zéro radicaux les morphèmes asyllabiques d et dh. Cette forme asyllabique peut s’expliquer synchroniquement pour då, si on considère qu’elle était la seule existante dans le RV. Elle est attestée non seulement dans toutes les formes avec degré zéro du prés. (‰)dádå-4, sans exception, mais également dans la forme composée ‰tta de l’adj. verb. (cf. AiG II/2/561), en face duquel aucune forme simplex n’est attestée en dehors de dattá- secondairement formé sur le thème prés. Il n’y a par contre aucun exemple d’une forme di, ni simplex ni composé, attesté dans le RV5. Pour dhå, par contre, à côté de dh on trouve de nombreux exemples du degré zéro dhi tels l’imp. moy. 2sg. dadhifiva, l’inj. moy. 2pl. dadhidhvam, les formes aor. moy. adhithås adhita, adh¥mahi, dhifivá, le pass. dh¥ya- et l’adj. verb. (‰d)hitá-, qui ont dû contribuer à former le dés. didhifi, nettement mieux attesté que son doublet dhits. L’absence totale du -i- dans le degré zéro de då, et sa présence partielle dans celui de dhå peuvent s’expliquer comme deux moyens d’introduire une différence phonologique supplémentaire entre les deux racines. Un contraste dits : didhifi aurait donc été synchroniquement tout à fait régulier. Le thème dhits a dû être ultérieurement créé analogiquement par rapport à dits. En conclusion rien n’empêche de croire que ces deux thèmes sont des formations tardives, sans relation historique avec le problème de la chute des H en position entre phonèmes asyllabiques.
III.3.3. Le degré plein aßißifi de aß ‘manger, consommer’, iyakfi(2) de yaj ‘sacrifier’, cikramifi de kram ‘marcher’, cikhyås de khyå ‘regarder’, cicarifi de car ‘se bouger’, jigamifi de gam ‘aller, venir’, jigås de gå ‘chanter’, jighrås de ghrå ‘sentir’, +jigrah¥fi de 4 cf. pour då: dattás, ‰datte, ‰datse, ‰dadmahe, ‰dadvahe, ‰adatta, adattåm, daddhí,
dattám, dattåm, ‰datsva, ‰dattåm, datta, ádattana, dadyât. 5 Les seuls exemples dans les Saμhita, sont l’aor. sigmatique moy. 1sg. ådifii (AV [v.
AiV 136], en remplacement de l’aor. radical âdi [KSm 16.14: 237,7 = 20.4: 21,17 = MSm 2.7.14: 85,8]) et le pass. (‰)d¥yá- (SV 1x; AV+ [cf. KULIKOV 85]).
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gra(b)h ‘attraper’, jijanifi de jan ‘naître’, jihås de quitter’, jighats de ghas ‘manger, consommer’, jij~nås de jñå ‘connaître’, jijyås de jyå ‘dévaliser, violenter’, titrås de trå ‘protéger’, tifi†hås de sthå ‘se tenir, s’arrêter’, didås de då ‘donner’, didhyås de dhyå ‘penser’, pipatifi de pat ‘voler, tomber’, pipats de pad ‘marcher,tomber’, pipås de på ‘boire’, bibådhifi de bådh ‘repousser’, b¥bhats de bådh ‘repousser’, mimathifi de math ‘arracher, voler’, yiyakfi de yaj ‘sacrifier’, +yiyaps et y¥yaps de yabh ‘coïter’, yiyås de yå ‘aller’, vivakfi de vac ‘parler’, vivats de vas ‘passer la nuit’, vivadifi de vad ‘parler’, vivyats de vyadh ‘percer’, +ßißasifi de ßas ‘dépecer’, sisa∫kfi de sañj ‘accrocher, pendre’
III.3.3.1. Le degré plein des racines Cå Avec 12 thèmes contre 5 à degré zéro (3 polysyllabiques didhifi, pip¥fi, jig¥fi et 2 monosyllabiques dits et dhits), le degré plein représente le mode de formation régulier des thèmes dés. de racines Cå. Dans le RV, il s’agit pourtant encore d’une formation marginale, les trois thèmes, jijyås, didås et pipås n’étant attestés qu’une seule fois et seulement en dehors des livres des familles, et deux d’entre eux possédant un doublet à degré zéro radical, dits et pip¥fi, mieux attesté et mieux réparti. Le thème didås s’explique comme une forme éclaircie de dits, le dés. régulier de då ‘donner’, comme on remarque que tvâdåta- (RV+), et havyádåti- (RV+) contiennent comme second membre des formes éclaircies de l’adj. verb. ‰tta et du n.a. ‰tti (v. AiG II/1/98). Parmi les 12 thèmes cités, 5 sont de racines pour lesquelles le degré zéro est normalement Cå- et non C¥-, cikhyås, jighrås, jijñås, titrås, didhyås (cf. les adj. verb. khyåtá-, ghråtá-, jñåtá-, tråtá, dhyåtá-). Par contre le degré plein de jijyås, jigås, tifi†hås, et pipås contraste avec le degré zéro de leurs adj. verb. j¥tá-, g¥tá- sthitá- et p¥tá-. L’utilisation du degré plein en lieu du degré zéro a dû être suscitée d’une part par ces formations de racines Cå qui n’attestent pas de degré zéro C¥, et d’autre part par sifiås, un des thèmes dés. les mieux attestés dans le RV, qu’on aurait interprété comme le dés. de la variante radicale så de san (v. VIA I/323 avec litt.). Avec le degré plein se crée également un lien formel avec une autre catégorie grammaticale qui prend aussi particulièrement son essor en prose, le fut., qui entraîne toute une série de formations analogiques telles que p.ex. jñåsyá- : jijñås ‡ håsyá- : x (x = jihås). i
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III.3.3.2. Le degré plein des racines d’autres structures (CR, CRC, CaN, NaC, CaC et CaNC) Dans le RV il n’y a que b¥bhats de bådh. La voyelle radicale courte n’a aucun parallèle excepté dans l’int. båbadh-, où elle s’accorde avec d’autres formes int. de racines CåC telles câkaß- de kåß, pâpaj- de påj etc. (v. SCHAEFER 26). L’autre point commun entre les deux thèmes est la voyelle de redoublement longue. Comme le constate SCHAEFER (156), le thème int. a dans 2 exemples rigvédiques, 4.19.8 et 4.22.7, un sens patientif ‘être à l’étroit/serré’, en contraste avec le sens invariablement factitif du prés. bådha-. De même le dés. b¥bhats est caractérisé par un sens lexicalisé intransitif fientif ‘être dégoûté’. Il est donc probable que la forme du dés., anciennement *bibhåts a été accordée à celle de l’int. en b¥bhats, étant donné cette similitude sémantique. Pour la période post-rigvédique, le lien formel avec le fut. des racines Cå, se propage parmi les racines d’autres structures et en particulier dans les racines CaC pour lequel il est le seul moyen productif. Donc sur le fut. patifiyá- (AV+) est formé pipatifi (AV+), sur yakfiyá- (Br+), (y)iyakfi (Br+), sur vatsyá- (Br+), vivats (Br), sur vakfiyá- (RV), vivakfi (AV+), sur vadifiyá(AV+), vivadifi (Br+), sur ßasifiya (Br+), +ßißasifi. De même pour la racine CaNC, sur sa∫kfiya- on crée sisa∫kfi. Par contre vivyats (Up) est différent du fut. post-védique vetsya- (v. VIA I/399). Avec la venue de pipatifi de pat, un nouveau thème pipats a été créé pour pad, selon le schéma oppositionnel Se†Ani† (v. PiV 204 et s.). Le thème bibådhifi, qui a une valeur dés. alors que b¥bhats est complètement lexicalisé, n’a aucun fut. comme modèle, mais s’explique par le fait que bådh est une racine sans degré vocalique. Pour expliquer jighats (AV+), on peut concevoir une influence du fut. atsyá- de ad ‘manger’. À côté des dés. à degré plein de racine CaC, on trouve, toujours sous l’influence du fut., des thèmes de racines d’autres structures phonologiques, aßißifi, cikramifi, cicarifi, jigrah¥fi, jigamifi, jijanifi correspondant respectivement à aßifiyá-, kramifiyá-, carifiyá-, grah¥fiyá-, janifiyá-, tous formés dans la période de la prose brahmanique.
III.3.4. Le degré allongé Ce modèle qui est réservé aux racines du type CaN est relativement productif, jighå«s de han ‘frapper’, +titå«s de tan ‘tendre, étirer’, m¥må«s de man ‘penser’, jigå«s de gam ‘aller’et +yiyå«s de yam ‘tenir, étirer’, en face du degré zéro (2x, vivås et sifiås), ou du degré plein (3x, jigamifi, jijanifi et cikramifi). Le RV ne connaît que jighå«s. jigå«s (AV) est synonyme de
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jigamifi. m¥må«s est très bien attesté mais complètement lexicalisé, alors que + titå«s et +yiyå«s sont respectivement un hapax et un thème attesté dans deux passages parallèles de la prose yajurvédique. Un degré allongé n’a aucune raison d’être pour le dés., catégorie où le degré zéro est la norme. Un usage analogique par rapport à l’aor. sigmatique, n’a pas de sens puisque le degré long y est représentatif de l’act. par rapport au moy; or parmi ces thèmes dés., m¥må«s est un Medium tantum. Les quelques variantes isolées inj. moy avec degré allongé (p.ex. må«sta AV 11.2.8) signalées par NARTEN (AiV 189), n’ont certainement pas pu contaminer le dés. Le seul aor. qui est régulièrement attesté à l’act. est celui de yam, áyå«s-, et on trouve également quelques formes act. átå«s- ou átå«sifi-, de tan. Mais ces deux thèmes sigmatiques sont secondaires par rapport aux aor. radicaux, áyamur, átan. De plus, en face de jighå«s, le thème le mieux attesté, il n’y a aucun aor. sigmatique. Expliquer ces formes à partir de thèmes à degré plein, *jighans etc., allongés secondairement, est également compliqué. La formation dés. avec degré plein a son origine principalement dans les dés. de racines qui n’affichent pas de degré vocalique zéro, or toutes les racines correspondantes de ces thèmes l’affichent régulièrement: adj. verb. hatá-, yatá-, tatá-, abs. gatvî, n.a. matí-. Cette formation à degré plein a été propulsée par une analogie formelle avec le fut., mais si ces thèmes en question avaient étés créés selon ce modèle, on s’étonnerait que le suffixe soit invariablement -s- et jamais -ifi-, comme c’est souvent le cas avec les racines CaN, p.ex. gamifiyá-. De toute manière, les exemples d’allongement devant -N- sont, selon WACKERNAGEL (AiG I/43), des provincialismes isolés. En conséquence, il faut bien considérer -å«- comme un degré zéro -å-, identique à celui de sifiås de la racine Se† san, suivi de -«-. Le traitement identique des racines Can et Cani au dés. est donc parallèle à celui des racines du type CR et CRi. MCCONE (156) considérant que *-ö- et *-õ-, lorsqu’ils sont secondaires, c’est-à-dire non-issus de *-˙H- et *-μH-, deviennent régulièrement -ån- et -åm-, explique le thème jigå«s comme issu de *jigõs. Cette reconstruction repose sur son assomption générale que le comportement Se† des racines CR/N au dés. est secondaire et résulte d’un allongement sans rapport avec les laryngales. La restitution de la consonne nasale dans les formes à degré zéro de racines CaN est un phénomène courant en védique. On peut p.ex. supposer une influence provenant des formes aor. subj. telles que ma«sate, ya«sate (v. AiV 102).
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III.4. Le suffixe Le suffixe -s- qui devient régulièrement -fi- selon la loi de ‘ruki’ (AiG I/230 et s.), s’accorde principalement avec les thèmes de racines Ani† et les thèmes à degré zéro radical de racines Se† ou Ve† de type CR ou CaN, et avec tous les thèmes de racine Cå. Le suffixe -ifi-, absent du RV, est attesté dans 18 thèmes: aßißifi, cikramifi, cicarifi, jigamifi, jig®h¥fi, +jigrah¥fi, jijanifi, jihi«sifi, jij¥vifi, tifi†ighifi, did¥kfiifi, pipatifi, bibådhifi, mimathifi, rurucifi, vivadifi, vividifi, +ßißasifi. Dans tous les thèmes avec le degré plein, donc formés sous l’influence du fut., le suffixe -ifis'accorde avec celui-ci. C’est pour cela que l’on a p.ex. jigamifi, de la racine Ani† gam, sous l’influence du fut. gamifiyá-. Pour jig®h¥fi de g®(b)h ‘attraper’, la forme du suffixe s’explique par le caractère Se† de la racine (v. AiV 110). Pour rurucifi de ruc ‘luire, briller’ et vividifi de vid ‘connaître, le suffixe a une fonction dissimilatrice puisqu’il différencie ces thèmes de rurukfi de ruj ‘casser’ et de vivits de vid ‘trouver’. Les thèmes jij¥vifi et did¥kfiifi des racines secondaires j¥v, d¥kfi, s’accordent aux adj. verb. j¥vitá- et d¥kfiitá-. Pour tifi†ighifi de stigh le suffixe doit servir à préserver l’aspiration de l’occlusive finale de la syllabe radicale. Le suffixe -s- dans jigh®kfi de la racine Se† de g®(b)h et dans b¥bhats de la racine Ve† bådh (cf. aor. ábådhifi-, l’adj. verb. bådhitá-, et l’autre dés. bibådhifi), sont des preuves indirectes du caractère secondaire du suffixe -ifi-6.
III.5. Le redoublement A l’exception des thèmes monosyllabiques, tous les thèmes dés. sont redoublés. La syllabe de redoublement se forme en reproduisant la première consonne de la syllabe radicale, la seconde si la racine commence par -sC- (cf. tifi†hås de sthå), suivie de -i/¥-; ou de -u/°- seulement si cette voyelle se trouve dans la syllabe radicale (p.ex. jig¥fi : jugukfi). Une occlusive gutturale est sans exception, comme au pf., reproduite comme une palatale (v. AiG I/146), et une aspirée comme une non-aspirée, selon la loi de GRASSMANN (cf. AiG I/123 et s.). Le thème iyakfi de aß/naß provient régulièrement de *H°Hc'¯(cf. EWA I/27).
6 Pour sufiups de svap, autre racine Ve†, il faut tenir compte de l’adj. verb. suptá-,
pour vivats du fut. vatsyá-, et pour rurukfi de l’adj. verb. rugná-.
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III.5.1 La voyelle longue de redoublement La voyelle longue apparaît dans 2 thèmes de racines anciennement à laryngale initiale, ¥ps < *HíHpsa-, ¥kfi < *H°Hk¯a-. Il ne fait pas de doute que le premier d’entre eux a influencé la longueur du i dans ¥rts, par le biais d'une similitude sémantique (‘obtenir qc.’ 5 ‘avoir du succès vis à vis de qc.’). Mais cette variante longue apparaît également dans 4 autres thèmes apparemment sans caractéristiques communes: t°t°rfi de tur ‘aller vite’, b¥bhats de bådh ‘repousser’, m¥må«s de man ‘penser’, y¥yaps de yabh ‘coïter’. Parmi ces 4, seul le dernier s’oppose à une variante avec voyelle courte. Deux autres, b¥bhats et m¥må«s sont bien attestés mais entièrement lexicalisés, t°t°rfi est un hapax du Ma˙∂ala X du RV et y¥yaps n’est attesté que 3x dans ÃßS et åS. En indo-iranien, il devait y avoir plus d’exemples étant donné l’allongement de la voyelle de redoublement qui a dû se produire devant une laryngale précédant un phonème non-syllabique, semblable à ce que l’on observe au pf. (våv®dh- < *H(∑)aH∑®d[-) ou à l’int. (cf. SCHAEFER 53: le type de redoublement I, Kâ- < *KéH-K‰). L’absence quasi-totale de voyelle de redoublement longue, même dans des thèmes où elle serait historiquement justifiée tel que **y°yutsa de yudh < *Hºa∑dh, doit provenir d’une élimination systématique de ces variantes. Il n’est pas impossible que t°t°rfi soit le produit d’un allongement métrique (v. p. 155), et b¥bhats a manifestement été calqué sur l’int. bâbadh. Pour y¥yaps on peut imaginer qu’un dés. I-Ir. *H(º)´iHibz[a-7 aurait pu être considéré comme phonétiquement trop semblable à *HíHpsa- de *Hap, vu la connotation sexuelle de ce premier, et transformé en *HíHºabz[a- (> *HîHºabz[a-), sous l’influence du prés. *Hºábha-. Le plus difficile est sans conteste de trouver une explication pour la voyelle longue de m¥må«s, mais on peut p.ex. concevoir un allongement parallèlement à *H≠Hk¯a- < *H°Hk¯a- de ¥kfi ‘regarder/imaginer’, vu la similitude sémantique des deux thèmes, fréquemment utilisé pour introduire une phrase avec íti. On pourrait également poser une influence tardive du nouveau thème prés. dîdhe-/dîdhi(RV+8) issu du pf. de dh¥ ‘considérer’.
III.5.2. Le redoublement inversé Il n’apparaît en védique que dans 2 thèmes, aßißifi de aß ‘consommer’ et åpipayifi du caus. åpáya-. Un nombre important d’autres thèmes, qui soit 7 cf. VIA I/221 le degré zéro dans le substantif íbha-. 8
v. KÜMMEL 257.
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apparaissent après la période védique, soit ne sont mentionnés que par les grammairiens, sont recensés par CHARPENTIER (18). Selon ce dernier, ces thèmes sont constitués d’une syllabe redoublée avec le degré plein de la racine et d’une radicale avec le degré zéro. Dans åpipayifi, cette description ne peut pas convenir, parce qu’aucun thème dés. tertiaire ne modifie le degré radical, celui-ci étant toujours identique à celui du thème secondaire. En conséquence, dans ce thème la première syllabe åp‰ représente le radical tel qu’il est dans le caus. åpáya-. La syllabe intermédiaire ‰ip‰ représente elle le redoublement de åp, contenant la consonne finale -p- et la voyelle -i- pour le -å- du radical, comme dans bibådhifi. De même, asißifi contient la syllabe radicale à degré plein ‰a߉, en concordance avec les formations dés. de racines CaC en prose brahmanique, qui sont basées sur une analogie avec le fut. (cf. aßißyá-) et son redoublement ‰i߉. Cette analyse convient certainement à un thème post-védique tel que ubjijifia- de ubj où la syllabe intermédiaire ne contient qu’une seule des deux consonnes finales du radical comme c’est la règle pour la syllabe de redoublement. Dans certains thèmes post-védiques, on a introduit dans la syllabe radicale des règles spécifiques pour la syllabe de redoublement telle la désaspiration d’une occlusive comme dans edidhifi de edh ‘prospérer’, parce que l’usage de ces règles se justifiait taxinomiquement. D’autres exemples de cette méthode de redoublement se trouvent dans le paradigme d’autres racines ou thèmes, à initiale vocalique comme les aor. ‰åpipa- de *ap (v. VIA I/158) et árpipa- du caus. arpaya- (v. JAMISON 80). Pour le dés. elle remplace la formation monosyllabique attestée dans ¥ps, ¥rts, ¥kfi et ¥fi.
III.6. Conclusions Redoublement, degré zéro et suffixe -s- sont les normes du RV. Pour des raisons (morpho-)phonologiques, ces caractéristiques limitent considérablement la formation à partir de racines des types C a C et Cå, qui sont les premières à adopter le degré plein. Analogiquement, celui-ci s’infiltre, dès l’AV, dans les formations de racines d’autres structures. Cette avance contribue au rapprochement avec le fut., qui en prose brahmanique incite également à l’usage partiel du suffixe -ifi-, parallèlement à celui-ci ou dans le but de préserver l’aspect radical. Le traitement identique des racines CR/N et CRi/N i est une caractéristique constante du dés. La formation monosyllabique n’est jamais productive sauf éventuellement pour quelques thèmes de racines CaC dans le RV et d’autres influencés par ¥ps. L’allongement de la voyelle de redoublement n’est qu’une variante tout à fait marginale et inconditionnée.
IV. La fonction du désidératif L’analyse se fixe comme objectif d’apporter une réponse aux questions suivantes: a) Quels sont les limites d’usage de la catégorie? b) Quel est le sens invariable commun à tous les exemples? c) Quel est l’origine des sens lexicalisés? d) Quels rôles sémantiques les composants morphologiques jouentils/ont-ils joué dans ce sens de base?
IV.1. Problèmes posés par l’interprétation classique L’interprétation classique de la fonction du dés. est que cette catégorie exprime le désir de l’agent d’accomplir l’action exprimée par la racine (cf. B. DELBRÜCK AiS 227 et s. der Wunsch des Trägers der Handlung den Wurzelbegriff auszuführen)9. Il est nécessaire de clarifier cette définition qui n’est pas suffisamment large que pour couvrir le sens de tous les exemples.
IV.1.1. Le désir de l’agent n’est pas toujours la notion la plus pertinente du contexte Selon la définition classique le dés. exprimerait invariablement une action introvertie dirigée sur une conceptualisation de l’action de base, or il est absolument clair dans certains exemples que l’action est extravertie et influence réellement un accomplissement. Il s’agit en premier lieu de ceux dont le contexte est une demande, un encouragement ou une prescription, exprimés par l’imp.-, le subj.- ou l’opt. dés. On se demande dans ces cas-là quel pourrait être l’usage du dés. étant donné que le désir, un sentiment en principe non-influençable de l’extérieur, peut difficilement constituer l’acte perlocutif auquel ces formes font appel. En voici deux exemples caractéristiques où on remarque par ailleurs des traductions différentes de celle préconisée par l’interprétation traditionnelle: • RV 10.31.2a-b pári cin márto drávi˙am mamanyåd ®tásya pathâ námasâ vivåset /
9 La même définition se retrouve encore dans LIV (23) pour la catégorie indo-
européenne du même nom.
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‘Herum auch sollte der Sterbliche um den Reichtum denken, auf dem Pfad der Wahren Ordnung sollte er durch Verehrung [die Götter] zu gewinnen suchen’ (KÜMMEL [365]) • B 3.6.4.12 átho pratyáñcaμ dákfii˙åyai tv èvàinaμ diß᪠páribibådhifietaifiâ vái dík pitÈ˙âμ tásmåd enaμ dákfii˙åyai diß´aª páribibådhifieta ‘But let him take care to keep it from (falling towards) the southern quarter, for that is the quarter of the Fathers: therefore he must take care to keep it from the southern quarter’ (EGGELING)
IV.1.2. Éclaircissement sur l’interprétation des traducteurs et des commentateurs indiens Dans leur ouvrage Relevance: Communication and Cognition (1995) les linguistes SPERBER et WILSON mettent en évidence l’importance de deux opérations particulières de décodage, nécessaires pour l’interprétation sémantique et pragmatique du discours: les explicitations et les implicitations10. Les premières en particulier vont nous servir à interpréter la valeur sémantique des verbes tels que ‘désirer’, ‘s’efforcer’, ‘essayer’ par rapport à la fonction grammaticale du dés. Les explicitations sont des propositions que l’interlocuteur assume comme communiquées plus ou moins explicitement par les phrases qui composent le discours auquel il prend part. Elles lui semblent pertinentes par rapport aux intentions du locuteur, et servent entre autre à désambiguïser certaines parties du discours, dont le contenu sémantique pur ne suffirait pas au décodage. Dans leur contenu se combinent des données encodées linguistiquement et d’autres qui sont inférées du contexte. Moins ce dernier est important pour le décodage, plus la proposition sera dite explicite. Les explicitations sont indispensables aux traducteurs dont la tâche est de reproduire le contenu pragmatique du texte au delà de sa représentation sémantique. Pour un traducteur on peut poser les critères suivants pour le choix de ces propositions: a) Elles doivent inférer des concepts logiques par rapport au contexte qui s’est développé jusqu’au moment de l’interprétation de la forme en question. b) Ces mêmes concepts doivent être compatibles avec le sens supposé de la forme ambiguë. 10 v. SPERBER-WILSON (176-202).
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Donc lorsque GELDNER ou WHITNEY traduisent une forme dés. avec un verbe signifiant ‘désirer’ ou ‘essayer’ ils le font pour expliciter ce qui leur semble contextuellement pertinent et sémantiquement compatible avec le sens de la forme dés., qu’ils ne peuvent sinon rendre directement faute d’équivalence grammaticale dans la langue d’arrivée. Deux exemples vont illustrer comment ce choix s’opère avec le dés.: 1) • VådhS 14.3.19 sa u cet kfi¥ram aßißifiet11 Le thème général du passage est la détermination de ce qui est consommable et inconsommable par le consacré (ka˙∂ikå 1 athaifiåm aßanånaßana). Le ka˙∂ikå 18 stipule que la consommation du lait n’est normalement pas autorisée (na kfi¥ram aßn¥yåd d¥kfiitas). Après la phrase contenant la forme dés. commence une prescription qu’il faut appliquer pour que la consommation ait lieu dans les bonnes règles. Ce contexte autorise logiquement plusieurs explicitations, p.ex.: a) le consacré exprimerait l’envie de consommer du lait b) le consacré ferait la demande de consommer du lait c) le consacré désirerait quand même consommer du lait L’expression de l’envie et celle de la demande sont plausibles mais elles ne sont pas explicites parce qu’elles vont au delà de ce qu’on suppose être le sens propre du dés. La bonne explicitation est donc c. car elle s’allie parfaitement au contenu sémantique supposé de aßißifiet (le désir de consommer) et n’exclut pas l’idée de l’envie et de la demande qui restent donc plausibles. 2) • B 3.6.4.12 átho pratyáñcaμ dákfii˙åyai tv èvàinaμ diß᪠páribibådhifieta12 Le thème est la manière de faire tomber l’arbre qui servira à faire le poteau sacrificiel. Les ka˙∂ikå précédents communiquent d’abord les cas d’importance relative, mais 12 met en garde contre une faute grave. La prescription qui inclut la forme dés. est donc importante. Ici également plusieurs explicitations sont plausibles: a) Le prêtre doit être vigilant pour repousser l’arbre de la zone sud. b) Le prêtre doit s’efforcer de repousser l’arbre de la zone sud. Si on considère toujours que le sens de base exprimé par le dés. est le désir de l’agent, on optera plutôt pour a., car la vigilance est une action mentale comme le désir. La proposition contenant páribibådhifieta serait donc relativement explicite, le contexte aidant seulement à faire le lien entre ‘désirer’ et ‘être vigilant’. Néanmoins ‘être vigilant’ ne suggère pas particulièrement ‘s’efforcer’, or l’explicitation b. est tout aussi plausible que a. dans le contexte présent. C’est donc bien ‘s’efforcer’ qui est la solution la plus satisfaisante, car c’est une action qui est compatible avec ‘désirer’ (l’effort est 11 12
v. p. 76 analyse et traduction. v. p. 191 analyse et traduction.
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alimenté par le désir) et dont on peut déduire toutes sortes d’actions aussi bien physiques que mentales. Ici donc le rôle du contexte serait plus important, encore une fois considérant le sens de base du dés. comme étant le désir de l’agent de réaliser l’action. L’analyse des commentateurs indiens reflète également cette opération de décodage. La raison pour laquelle leur interprétation est invariablement ‘désirer + inf.’, quel que soit le contexte de l’attestation, est que la proposition selon laquelle l’agent ‘désire l’action’ est toujours vraie, que le contexte communique un effort, une tentative, ou un autre type de comportement agentif stimulé de l’intérieur. En d’autres termes ifi est adopté par les commentateurs indiens parce que cette racine exprime un concept commun à toutes les propositions communiquées par le dés. et elle est par conséquent la plus apte à représenter la constance de la fonction de la catégorie. On comprend dès lors que les actions ‘désirer’, ‘essayer’, ‘s’efforcer’ ou autres ne traduisent pas la véritable fonction grammaticale du dés. mais représentent différentes valeurs contextuelles. Leur inventaire complet est cependant indispensable pour l’analyse fonctionnelle.
IV.2. Méthodes de l’analyse Pour déterminer la fonction d’une catégorie verbale il est indispensable dans un premier temps de délimiter ce que DAHL (1985: 9) appelle de façon générale the extension of a term, c’est-à-dire dans le cas présent l’extension maximale du champ sémantique des sens accordés aux formes dés. Pour réaliser cette étape la théorie de la pertinence mentionnée dans le chapitre précédent a été adoptée systématiquement. En effet, l’éventail le plus complet des explicitations causées par les formes dés. doit représenter plausiblement le champ sémantique propre de la catégorie, puisque ces propositions sont par définition toutes compatibles avec le sens de chacune de ses formes. Le champ couvert par ces sens ne va cependant pas inclure de centre puisque ces propositions servent seulement à désambiguïser les formes dés. Aucune n’est vraiment le sens de base. Il va néanmoins laisser apparaître un focus, c’est-àdire une tendance à refléter une ou plusieurs valeurs centrales. Ainsi les contenus de toutes les explicitations du dés. vont présenter une ou un certain nombre de caractéristiques communes, qu’on utilisera alors pour décrire le sens de base.
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L’autre opération de décodage appelée par SPERBER et WILSON les implicitations13 servira, elle, à analyser la fonction pragmatique du dés. Les implicitations sont d’autres propositions, suggérées, soit par le contexte, soit par la présence d’un mot particulier dans le discours. Elles éclaircissent l’interlocuteur sur l’intention et l’attitude du locuteur en procurant des idées supplémentaires qui ne sont pas directement encodées. • AB 3.30.2 ®bhavo vai devefiu tapaså somap¥tham abhyajaya«s tebhyaª pråtaªsavane +Øvåcikalpayifian ‘Les ]bhus, en vérité, par voie d´austérité obtinrent le droit à la consommation du Soma parmi les dieux. Ils (= les dieux) désirèrent leur arranger (une place) dans la cérémonie du matin’ L’implicitation provoquée par le dés. avåcikalpayifian est que l’achèvement de l’action ‘arranger’ est une chose concevable pour la suite du récit. De ce fait le lecteur s’attend à interpréter des éléments supplémentaires pour confirmer ou infirmer cette hypothèse. Il y a deux types d’implicitations: les conventionnelles qui sont liées à l’interprétation particulière d’un mot ou d’une catégorie grammaticale, et les contextuelles qui sont générées par le contexte.
IV.3. Analyse sémantique du désidératif védique par le biais des explicitations Les grammairiens indiens utilisent toujours la racine ifi ‘désirer’ suivie d’un inf. pour expliciter le sens de chaque forme dés. Comme argumenté plus haut, il est probable que cette analyse invariable serve une double cause. Elle représente un sens qui est toujours compatible avec le contexte des exemples, même s’il n’est pas toujours le plus pertinent, et elle est de plus un symbole pour l’unité fonctionnelle de la catégorie. Dans le cadre de l’analyse présente il était nécessaire d’inférer dans les explicitations de chaque exemple les concepts les plus directement marqués par le contexte afin de faire ressortir du matériel l’inventaire le plus complet et le plus nuancé possible des propositions compatibles au sens de base du dés.
13 Le terme implicature vient originellement de GRICE (1976). La façon dont SPERBER
et WILSON l’utilise est en fait très proche de celle de DAHL dans son introduction de Tense and Aspect Systems (1985: 11) I use the term implicature to mean something that can be inferred from a use of certain linguistic category or type of expression, although it cannot be regarded as belonging to its meaning.
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IV.3.1. Les explicitations Les explicitations offertes par le matériel se divisent et subdivisent de la manière suivante: A. Le sujet cherche à réaliser une action. Il s’efforce sur l’action. Il tente l’action. B. Le sujet est stimulé pour réaliser l’action Il est désireux, préoccupé, obsédé, engoué de faire l’action. Il est décidé, il a l’intention de faire l’action. Dans le premier groupe d’exemples on se représente l’agent comme aux prises avec l’action, alors que dans le second il est perçu avant tout comme dans un état mental particulier qui le stimule vers l’accomplissement de cette action. Voici deux exemples, caractéristiques pour les deux groupes: • RV 9.3.4 efiá víßvåni vâryå ßûro yánn iva sátvabhis / pávamånaª sifiåsati // ‘Celui-ci (= le Soma), en se purifiant, s’efforce de gagner tout ce qui est désirable, comme un héros allant, accompagné de ses soldats’ Si le Soma est comme un héros allant ou marchant lorsqu’il exécute l’action de víßvåni vâryå... sifiåsati, cela signifie qu’il est déjà en train d’accomplir une phase de son objectif. La comparaison avec ßûro yán impose donc comme valeur contextuelle pour sifiås une action physique comme p.ex. ‘courir pour gagner’. L’idée d’un mouvement est de surcroît suggérée par l’action fientive dynamique du part. moy. nom. sg. pávamånas. • RV 10.111.9 s®j᪠síndh°«r áhinå jagrasånâ« âd íd et⪠prá vivijre javéna / múmukfiamå˙å utá yâ mumucré Ødhéd etâ ná ramante nítiktås // ‘Frei liesst/lässt du die Ströme, die von der Schlange verschlungen waren. Da sind diese (Flüsse) wirklich losgestürzt in Eile, die freikommen wollten und die freigekommen sind; nun ruhen diese wirklich nicht (mehr), die erregten.’ (KÜMMEL [491]) Dans cette strophe qui dépeint la libération des eaux par Indra, le part. dés. nom. pl. múmukfiamå˙ås ne représente pas une tentative ou un effort des eaux. Il caractérise leur désir intense de se libérer de l’emprise de V®tra, en contraste avec l’état serein de l’action accomplie exprimé par le pf. mumucré.
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IV.3.1.1. L’effort, la tentative Dans ces deux types d’explicitations l’agent est vu comme aux prises avec une action qui représente pour lui une difficulté particulière. La différence entre les deux est cependant que l’effort est un engagement positif qui met en valeur des qualités de caractère du sujet, alors que la tentative est interprétée lorsque l’action semble d’une issue incertaine. On peut illustrer cette différence avec les deux passages suivants: • RV 10.75.4c-d râjeva yúdhvå nayasi tvám ít sícau yád åsåm ágraμ pravátåm ínakfiasi // ‘Toi (= Sindhu), tu mènes (les fleuves), comme un roi belliqueux (mène) deux ailes d’armée, lorsque tu t’efforces d’atteindre le sommet de ces (fleuves) portés vers l’avant’ • JB 3.313 våg vai yajña« sas®jånå såßanåyat såpipåsat tåμ devå arvåg yajñåhutyåtitarpayifian tåμ nåtarpayan ‘Våc, en vérité, ayant produit le sacrifice eut faim et soif. Les dieux dès lors tentèrent de la rassasier à l’aide du Yajñåhuti. Ils ne la rassasièrent pas’ Parmi les exemples où on interprète l’action comme un effort on remarque plusieurs types de contextes caractéristiques: a) Un humain, qui est souvent le poète lui-même, se distingue en s’efforçant pour accomplir un acte pieux: • RV 4.4.7 séd agne astu subhágaª sudânur yás två nítyena havífiå yá uktháis / pípr¥fiati svá âyufii duro˙é víßvéd asmai sudínå sâsad ifi†ís // ‘Qu’il soit heureux, riche en offrandes, Agni, celui qui, dans sa demeure, durant sa vie, s’efforce par des chants, par des offrandes continues, de te satisfaire. Que tous les jours lui soient bons, doit être le voeu’ • RV 8.31.15c-d devânåμ yá ín máno yájamåna íyakfiaty abhîd áyajvano bhuvat // ‘Celui qui, en sacrifiant, s’efforce d’obtenir l’esprit des dieux, il dominera les non-adeptes du sacrifice’ b) Une déité fait un effort, surtout de volonté, pour accomplir une action symboliquement importante: • RV 1.74.9 utá dyumát suvîryaμ b®hád agne vivåsasi / devébhyo deva dåßúfie //
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‘Et tu (= Agni) t’efforces d’obtenir des dieux une brillante et grande supériorité pour le sacrifiant’14 • RV 6.73.3c-d ap᪠sífiåsan svàr áprat¥to b™haspátir hánty amítram arkáis // ‘Lorsqu’il s’efforce de gagner le soleil et les eaux, B®haspati est irrésistible, il frappe l’ennemi grâce aux chants’ • RV 8.103.4 prá yáμ råyé nín¥fiasi márto yás te vaso dâßat / sá v¥ráμ dhatte agna ukthaßa«sínaμ tmánå sahasrapofií˙am // ‘Le mortel qui t’honore, Ô Trésor, que tu te donnes la peine de mener jusqu’à la richesse, celui-là obtient un fils qui récite des poèmes, qui prospère de mille boeufs’ • RV 8.50.10 yáthå ká˙ve maghavan médhe adhvaré d¥rghán¥the dám°nasi / yáthå góßarye ásifiåso adrivo máyi gotrá« harißríyam // ‘Wie du für Ka˙va, o Freigebiger, bei Opfer (und) Gottesdienst, für D¥rghan¥tha, den Hausherrn, wie du für Goßarya, du Herr des Pressteins, (den Preis) zu gewinnen trachtetest, (so gewinne) für mich die Rinderherde, die durch falbe Rosse verschönert wird!’ (GELDNER) Dans certains exemples cet effort de volonté ou de coopération de la déité est commandé par le poète avec l’imp.: • RV 3.8.6d prajâvad asmé didhifiantu rátnam // ‘Puissent-ils (= les poteaux sacrificiels) s’efforcer de nous procurer un trésor riche en descendances’ • RV 6.47.20c-d b™haspate prácikitså gávifi†´åv itthâ saté jaritrá indra pánthåm // ‘B®haspati, efforce-toi de reconnaître le chemin pour le chanteur ainsi occupé à la recherche de butins, Ô Indra’15. c) Un effort particulier est prescrit pour accomplir un acte important dans le cadre d’un rituel ou d’une cérémonie de sacrifice: • KB 25.9.2 sapråtaranuvåkena sapatn¥saμyåjenaitenåhnå purådityasyåstam ayåt sam¥pseyus ‘They should seek to complete with this day including its morning litany and the offerings to the wives (with the gods) before the setting of the sun’ (KEITH) • B 2.3.2.8 navåvasité vainam âhareyuª tásmin paceyus tád bråhma˙â aßn¥yur yády u tán ná vindét yád páced ápi gór evá dugdhám ádhißrayitavái br°yåt tásmin bråhma˙ån pâyayitavái br°yåt
14
Pour ce passage v. p. 71 l’analyse de la valeur fut. du dés.
15 D’après OBERLIES (462).
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pâp¥yå«so ha vâ asya sapátnå bhavanti yásyaiváμ vidúfia eváμ kurvánti tásmåd evám evá cik¥rfiet ‘Or they may also take it16 over to a new dwelling; and let them then cook on it food (...) for the priests to eat. And should he not be able to procure anything to cook, let him order the milk of a cow to be put thereon and let the priests be asked to drink it. And his enemies will indeed fare ill, for whomsoever, knowing this, they do so: let him therefore, endeavour by all means to do so’ (EGGELING) Parmi les exemples où on interprète l’action du dés. comme une tentative, on remarque également des genres spécifiques de contextes: a) Un ennemi tente une action hostile contre laquelle le poète demande protection ou représailles: • RV 10.87.17c-d p¥yûfiam agne yatamás tít®psåt táμ pratyáñcam arcífiå vidhya márman // ‘Quiconque tentera de voler du lait, Ô Agni, frappe-le par-derrière avec ta flamme, sur un point sensible’ • AV 8.6.16c-d áva bhefiaja pådaya yá imâ« saμvív®tsaty ápatih svapatí« stríyam // ‘make to fall down, O remedy, him who, not her husband, tries to approach this woman that has a husband’(WHITNEY) • B 1.6.1.15 sá yády enaμ puráståt asurarakfiâny åsísa∫kfianty agnír evá tâny ápahanti ‘And if the Asuras and Rakfias try to attack him (the sacrificer) in front, Agni repels them’ (EGGELING) Dans ces trois exemples, vu les interventions demandées par le poète, ‘frapper par derrière’, ‘faire tomber’ et ‘repousser’, il est clair que les agents des actions dés. sont représentés comme déjà agissant et non pas seulement comme complotant leur méfaits. D’autres exemples du même genre de contexte peuvent également être explicités aussi bien par le fait que l’agent désire l’action. b) Une personne essaie de terminer une action qui n’a pourtant aucune chance d’aboutir: • B 12.5.1.13 yáthånyásyåμ yónau rétaª siktá tád anyásyå prajíjanayifiet ‘as if he were to seek to cause the seed implanted in one womb to be born forth from another womb’ (EGGELING)
16 Il s’agit du dakfii˙ågní.
45 • BK 4.2.1.26 yáthå yáμ jígh®kfiet tám atis´ ® jyånulípsamåno nânulábheta nânvapnuyâd evá« ha sá yajñáμ nânvåpnoti ‘Comme (quelqu’un qui) s’efforce de saisir quelqu’un (d’autre), et (qui) ayant (pourtant) rattrapé (cette personne), (et) étant sur le point de l’obtenir, n’arrive ni à la saisir ni à l’obtenir, c’est exactement de la même manière qu’il n’obtient pas le sacrifice’
IV.3.1.2. Le désir, l’obsession, la décision, l’intention L’explicitation dans tous les exemples de ce groupe est que le sujet de la forme dés. a l’esprit tourné vers l’accomplissement de l’action. Dans certains exemples cette attitude précède manifestement toute entreprise physique: • KS 13.7: 189,14-15 prajåpatir vai prajås sis®kfiamå˙as sa dvit¥yam mithunaμ nåvindata ‘Prajåpati being desirous of creating offspring, – he did not find a second, a (fit object for) copulation’ (OERTEL [1926: 23]) • B 9.5.1.64 kathám agníß cetávyo glâyåmo Øha saμvatsarábh®tåyågním u cik¥fiåmaha íti ‘how is Agni to be built? For, indeed, we are loth to carry him for a year, and yet we wish to build him’ (EGGELING) Dans d’autres exemples il n’est pas exclu que l’agent ait déjà réalisé une phase physique, mais le contexte met surtout en évidence son besoin pour le produit de l’action. L’usage du dés. en prose dans le contexte des prescriptions pour des actions de rituel illustre bien ce type d’exemples. L’agent est le plus souvent un sacrifiant auquel on recommande une offrande particulière pour qu’il puisse exaucer son voeu d’accomplir une action: • B 12.4.4.3 yó dvifiató bhrât®vyåt saμvív®kfieta tátkåma etáyå yajeta sá« haivâsmåd v®∫kte ‘And if any one desire to despoil his spiteful enemy, let him, with that object in view, perform this offering, and he verily will despoil him.’ (EGGELING) • KB 4.5.9 sa efia tust°rfiamå˙asya yajñaª sa ya icched dvifiantaμ bh®åt®vya« st®˙v¥yeti sa etena yajate st®˙ute hi ‘Ce sacrifice (le sårvaseniyajña) est réservé à celui qui désire renverser (un ennemi). Un qui désire: „puis-je renverser mon ennemi haïssant“, un tel doit sacrifier avec ce sacrifice et il renverse (son ennemi)’ Dans certains exemples on interprète l’attitude de l’agent comme un désir particulièrement intense, une obsession, ou un engouement, lorsque le
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contexte met en évidence un besoin personnel insistant pour le produit ou l’objet de l’action: • KS 21.6: 44,18-45,1 etárhi vâ efiá jåyate yárhi c¥yáte yáthå vatsó jåtás stánaμ prépsaty eváμ vâ efiá etárhi bhågadhéyaμ prépsati sá yájamånaμ caivâdhváryuμ ca dhyåyati yác chatarudríyaμ juhóti bhågadhéyenaiváina« ßamayati ‘En vérité, celui-ci (= Agni) naît dès le moment où il (= l’autel du feu) est empilé. Comme un veau qui vient de naître désire vite obtenir la mamelle, de la même façon, en vérité, celui-ci (= Agni) désire à ce moment-là obtenir tout de suite sa part. Il suce le Yajamåna et l´Adhvaryu. En offrant (à Agni) l’offrande du atarudr¥ya, il l’apaise avec sa propre part’ • åSm 16.4.6 +yiyapsata iva te mano hotar må tvaμ vado bahu ‘Ta pensée est comme si tu étais obnubilé par l’envie de faire l’amour, Hotar. Arrête de parler tant !’ • RV 3.30.13 díd®kfianta ufiáso yâmann aktór vivásvatyå máhi citrám án¥kam / víßve jånanti mahinâ yád âgåd índrasya kárma súk®tå purû˙i // ‘Sie verlangen beim kommen der Morgenröte aus dem Dunkel (der Nacht) das grosse, prächtige Anlitz der Aufleuchtenden zu sehen. Alle erkennen, wenn sie in ihrer Herrlichkeit gekommen ist: Des Indra viele Werke sind wohlgetan’ (GELDNER) Dans d’autres exemples cette aversion pour l’accomplissement de l’action est la cause ou l’origine d’une autre action. C’est un des usages les plus caractéristiques du part. dés. L’attitude concentrée de l’agent est dans ce cas une circonstance secondaire de la phrase et il est plus difficile d’en analyser son intensité. À travers cet usage circonstanciel on interprète donc surtout une intention: • RV 4.23.7a-b drúhaμ jíghå«san dhvarásam anindrâμ tétikte tigmâ tujáse án¥kå / ‘Ayant en tête de frapper la fausseté qui trompe, et ne connaît pas Indra, il (= Indra) aiguise encore mieux17 les pointes aiguës, en vue d’une offensive’ • ÃpS 20.6.7 dakfii˙enåhavan¥ya« hotå hira˙yakaßipåv upa vißati påriplavaμ bhauvanyavaμ cåcikhyåsan ‘Au sud de l’Ahavan¥ya l’Hotar s’installe sur un coussin d’or, ayant l’intention de réciter le Pariplåva Bhauvanyava’
17 cf. GELDNER I/450n. 7b citant Såya˙a, et SCHAEFER 128.
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IV.3.1.3. Conclusions au sujet des explicitations du désidératif Les explicitations exposées dans ce chapitre reflètent donc deux types d’usage de la catégorie. Dans l’un, l’agent est aux prises avec l’action, dans l’autre, il a l’esprit tourné vers son accomplissement. Cette différence est créée par le contexte qui favorise l’une ou l’autre interprétation. L’explicitation selon laquelle l’agent désire l’action s’impose lorsqu’on interprète le besoin de cet agent pour le résultat de l’action (cf. les exemples du type B 12.4.4.3 p. 45). L’effort est par contre ressenti lorsque ce résultat est interprété comme une nécessité, un devoir ou une obligation (cf. RV 4.4.7 v. p. 42 ou B 3.6.4.12 v. p. 38). Dans une grande partie des exemples le contexte ne favorise aucune de ces images en particulier. Ceci est p.ex. le cas lorsque le sujet est une personne indéterminée. Il y a deux catégories importantes de ce genre d’exemples: ceux qui dépeignent, à l’aide d’une forme dés., et d’une non-dés., le dénouement positif d’une action entreprise, et ceux où un ennemi anonyme menace avec une action hostile contre laquelle le poète demande protection. Les diverses possibilités de traduction de la forme dés., reprises ici dans chaque exemple, illustrent le peu d’impact du contexte qui autorise aussi bien l’explicitation ‘désire...’, que ‘tente...’, ou ‘s’efforce...’. • KB 25.12.21 +cicarifia«ß carati
‘désirant/s’efforçant/essayant de déambuler, il déambule’ • B 12.4.1.10 yám ádhvåna« sam´¥psati tá« sámaßnute
‘Il termine la route qu’il s’efforce de/tente/désire terminer’ • JB 2.73 ta« st®˙ute yaμ tist¥rfiate
‘il renverse celui qu’il désire/tente/s’efforce de renverser’ • RV 1.129.10f-g anyám asmád ririfieª káμ cid adrivo rírikfiantaμ cid adrivaª // ‘A tout autre que nous, Ô Adrivas, tu dois nuire, à quiconque qui tente de/entreprend/convoite de (nous) nuire, Ô Adrivas’ • RV 7.104.11c-d práti ßufiyatu yáßo asya devå yó no dívå dípsati yáß ca náktam ‘Que sa gloire ternisse, Ô dieux, qui de jour et de nuit tente/convoite/entreprend de nous nuire’ • AV 11.10.26 marmåvídhaμ róruvata« +supar˙âr adantu dußcítaμ m®ditá« ßáyånam / yá imâm pratîc¥m âhutim amítro no yuyutsati ‘Puissent les aigles dévorer le mal-pensant, qui gît écrasé, percé à un point vital, l’ennemi qui tente de/entreprend/convoite de combattre notre offrande de riposte’
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IV.3.2. Analyse de la valeur pragmatique du désidératif par le biais des implicitations Le matériel fait ressortir un type d’implicitation que l’on pourrait nommer conventionnel parce qu’il tient directement de la présence d’une forme dés. dans le discours. Il s’agit de faire concevoir l’accomplissement ou l’aboutissement de l’action. Qu’elle soit explicitée comme un effort, une tentative, un désir, ou une intention, une forme dés. provoque toujours une vue indéterminée et incertaine de la fin de son action. L’interlocuteur cherche à la clarifier en y associant tel ou tel élément pertinent du contexte: • RV 8.31.15c-d devânåμ yá ín máno yájamåna íyakfiaty abhîd áyajvano bhuvat // ‘Celui qui, en sacrifiant, s’efforce d’obtenir l’esprit des dieux, il dominera les non-adeptes du sacrifice’ La vision future de la domination des non-adeptes glorifie l’image de l’agent de íyakfiati dont on suppose alors un effort fructueux. • B 1.6.1.15 sá yády enaμ puráståt asurarakfiâny åsísa∫kfianty agnír evá tâny ápahanti ‘And if the Asuras and Rakfias try to attack him (the sacrificer) in front, Agni repels them’ (EGGELING) La demande d’intervention fait comprendre que l’achèvement de åsísa∫kfianti est de l’ordre du possible. L’action est un danger. • B 11.1.1.3 átha yó nákfiatra ådhatté yáthâpihitåyåμ dvåry ádvårå púraμ +prapítseta sá jihm᪠pur᪠syâd ev´aμ tád yó nákfiatra ådhatté ‘Et maintenant concernant celui qui instaure (les feux) durant un astérisme: comme tentant de rentrer par la porte dans une citadelle, à un endroit sans porte, il serait à côté (= exclu) de la citadelle, c’est exactement cela lorsqu’il instaure (les feux) durant un astérisme’ Les circonstances font comprendre un impossible aboutissement, un manque de succès. Dans certains récits légendaires, aucun élément déterminant ne permet de concevoir tout de suite l’aboutissement ou l’accomplissement de l’action. Dans ces cas l’implicitation reste pour ainsi dire en suspens et constitue un topique: • JB 1.193-194 indro vai v®tram ajighå«sat sa prajåpatim upådhåvad dhanåni v®tram iti tasmå eta« fio∂aßinaμ vajraμ pråyacchad yad asya v¥ryam ås¥t tad ådåya ßakvaryaª taμ nåßaknod dhantuμ taμ punar upådhåvad dhanåny eva v®tram iti tasmai ßakvaryaª pråyacchat tato vå indro v®tram ahan ‘Indra wished to slay V®tra. Saying (...) „I will slay V®tra“ he resorted to Prajåpati’. He gave to him this Ûo∂aßin as a thunderbolt after
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having taken away its force, namely the akvar¥ verses. He could not slay him. He resorted again to him saying: „I really want to slay V®tra“. He gave to him the akvar¥ verses. Then Indra slayed V®tra’’ (BODEWITZ)
IV.3.3. Conclusions et définition de la fonction pragmatique et sémantique du désidératif Le fait de faire concevoir l’accomplissement ou l’aboutissement d’une action, constitue sans aucun doute une fonction pragmatique particulière au dés., dont les auteurs védiques savaient se servir. Dans un exemple tel que RV 8.31.15d (v. p. 48) l’image volontairement créée d’un effort fructueux contribue à l’éloge du sacrifiant et de son épouse ce qui est le thème général de l’hymne. Cette fonction doit certainement s’expliquer à travers une caractéristique sémantique particulière de cette catégorie. L’action du dés. est telle qu’elle provoque l’image du sujet en train de l’achever, sans exprimer pour autant de modalité, c’est-à-dire sans préciser si cet achèvement doit ou peut avoir lieu. Il n’y a donc aucun point de vue particulier du locuteur inclus dans son sens de base. Par conséquent cette implicitation ne peut que résulter d’un aspect grammatical particulier de l’action qu’il faut maintenant identifier en fonction des différentes explicitations. Toutes les explicitations du dés. mettent en évidence des opérations (‘s’efforcer...’, ‘tenter...’, ‘désirer...’, ‘entreprendre...’) qui marquent un progrès relatif d’une action vers son résultat. L’aspect verbal qu’elles reflètent, celui du dés., est un développement imperfectif, intermédiaire entre le stade totalement initial et le stade totalement final d’un événement18. 18 Un événement est par définition une action transitoire limitée par un état initial et un état final différent de l’initial (cf. BINNICK 188 developing from an initial state to a terminal state). L’événement est donc toujours une action télique (cf. BINNICK 181). Dans toutes les situations des exemples du matériel, l’action exprimée par le dés. est effectivement le développement d’une action télique, c’est-à-dire limitée par un résultat final. Les quelques exemples où l’action de base semble à première vue avoir l’aspect d’une simple activité sont les suivants: • B 10.3.5.9 athá yá evàitám anubhávati yó vái tám ánu bhâryån búbh°rfiati sá haivâlaμ bhâryebhyo bhavati ‘but indeed, only he satisfies his dependants, who is faithfull to that one and who, along with him, strives to support his dependants’ (EGGELING) L’interprétation atélique provient du caractère généralisant du discours. Mais l’action ‘supporter/apporter son support’ peut être limitée par les besoins d’assistance de la personne concernée.
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L’ampleur de ce développement est variable et dépend de l’interprétation du contexte. Il peut être adjacent au stade initial (développement initial), adjacent au stade final (développement final), ou il peut être médian (développement interne). 1) Développement initial: • VådhS 14.3.19 sa u cet kfi¥ram aßißifiet ... ‘Mais si par contre il (= le consacré) désirait consommer du lait ...’ Le désir du consacré est la première progression à partir d’un stade totalement initial caractérisé par l’interdiction de ‘consommer’19. Vu le contexte on n’imagine pas qu’il puisse à lui seul porter ses fruits. L’ampleur du développement est donc limitée à cette phase initiale. 2) Développement final: • RV 1.17.8 índråvaru˙a nû nú vå« sífiåsant¥fiu dh¥fiv â / asmábhya« ßárma yachatam // ‘Indra, Varu˙a, maintenant vraiment que les poèmes s’efforcent /s’apprêtent à vous gagner, accordez-nous votre protection’ Il est clair qu’ici le développement a lieu juste avant l’aboutissement final de l’événement ‘gagner’. 3) Développement interne: • RV 10.100.12c-d rájifi†hayå rájyå paßvá â gós t´°t°rfiati páry ágraμ duvasyús // ‘In geradester Linie bestrebt sich der Huldiger, die Spitze der Rinderherde zu überholen’ (GELDNER) t´°t°rfiati exprime une longue transition jusqu’à un stade bien avancé soit disant proche de l’arrivée mais néanmoins encore indéterminé. Le point de départ de cette transition ne joue aucun rôle particulier dans l’interprétation.
• RV 1.33.6 áyuyutsann anavadyásya sénåm ... / ‘Sie wollten die Wehr des Untadeligen bekämpfen’ (GELDNER) ‘combattre’ est de prime abord une simple activité, mais avec un objet direct délimité (une armée) celle-ci peut néanmoins être une transition vers un résultat (vers la fin du combat, la victoire). La même interprétation vaut pour les autres exemples du dés. de yudh également avec des compléments définis. Le résultat qui est la limite extrême du développement exprimé par le dés. est souvent explicité, soit avec une forme pf., ou prés.: • RV 8.95.6c-d purû˙y asya páu«syå sífiåsanto vanåmahe // ‘Lorsque nous nous efforçons de gagner sa grande force virile, nous gagnons’ • RV 9.73.9c dhîråß cit tát samínakfianta åßata ‘Auch nur die Sachkundigen, die das zu erreichen suchen, haben es erreicht’ (GELDNER) • RV 10.111.9c múmukfiamå˙å utá yâ mumucré ‘die freikommen wollten und die freigekommen sind (GELDNER). 19 v. p. 76 analyse plus complète du contexte
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Quelle que soit l’ampleur qu’on interprète pour le développement, le dés. reste toujours non-terminatif: la phase culminante n’est jamais exprimée. C’est la raison pour laquelle on peut aussi considérer l’action du dés. négativement, comme si le développement qu’il exprimait restait bloqué sans atteindre sa maturité complète (cf. B 11.1.1.3 v. p. 48). L’implicitation conventionnelle du dés. a donc bien son origine dans cet aspect particulier. En interprétant une forme dés., un interlocuteur imagine automatiquement l’événement global dans lequel le développement est imbriqué. Et afin de se rendre compte de l’importance de cet événement pour la suite du discours, il essaie d’en évaluer les chances d’aboutissement. Cette définition de la fonction grammaticale du dés. comme celle du développement intermédiaire d’un événement permet maintenant de faire un rapprochement avec une catégorie attestée dans d’autres langues, en l’occurrence le prospectif.
IV.4. Comparaison du dés. avec le prospectif La formation be going to + inf. en Anglais, et par corrélation ses équivalents dans les langues latines tels que le fut. proche français aller + inf., sont considérés par COMRIE (1976: 64-65) comme exprimant une catégorie fut. particulière qu’il nomme le prospectif. La fonction de ce dernier est définie comme ‘un fait présent lié à un évènement futur’. Le prospectif de COMRIE est encore cité par DAHL (1985: 111-112) et BINNICK (382)20. Cette définition s’adapte bien à la fonction du dés. puisque le développement intermédiaire d’un événement est bien un fait relaté à sa réalisation future. Comme exposé dans le dernier chapitre IV.3.2. sur les implicitations (v. p. 48), un lien cognitif entre le développement qui est réellement en train
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Il est cependant remis en doute, mais sans réelle contre-argumentation, par DAHL. (2000: 319) qui parle de de-andative construction pour tous les usages de be going to + inf., et de ses équivalents ouest-européens. Il est un fait qu’en français le fut. proche est souvent utilisé pour communiquer une intention ou une prédiction: Laissez! Je vais m'en occuper La patronne va arriver d'un instant à l'autre. Le temps va s'améliorer. Ne vous en faites pas! Il va comprendre. J'en suis sûr Il y a donc souvent un point de vue du sujet parlant qu’il faut interpréter pour comprendre le lien entre l’action présente et l’action future. Mais la définition de COMRIE correspond bien à l’usage en phrase subordonnée: Il paraît que Julie va se marier.
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de se passer et l’image d’un événement s’établit systématiquement avec l’interprétation d’une forme dés. Une autre catégorie s’adapte très bien à la définition de COMRIE. Il s’agit de la construction être sur le point de + inf. ou son équivalent anglais to be about to + inf. Considérons deux exemples et comparons les au dés. a) Il est sur le point de changer d’avis La phrase communique que le sujet il a un comportement tel que l’action ‘changer d’avis’ est en train de germer. Si les conditions restent favorables, si personne n’essaie de le faire revenir sur sa première intention, cette action deviendra un fait accompli. Il s’agit donc bien d’un développement en cours qui peut s’expliciter d’une façon très similaire au dés. L’agent peut en effet être considéré comme pris par le doute, ou comme pensant subitement à un élément nouveau. b) Il était sur le point de signer l’accord quand il changea soudainement d’avis. Dans cet exemple on voit que la juxtaposition de était sur le point de signer et de changea d’avis sert ici à dépeindre une situation frustrante: le sujet faisait exactement ce qu’il fallait faire et brusquement les conditions ont changé, empêchant l’action d’aboutir. L’emploi contextuel de la périphrase être sur le point de est tout à fait similaire ici à celui du dés. dans des exemples tels que BK 4.2.1.26 (v. p. 45) La différence cependant entre le dés. védique et la périphrase être sur le point de + inf. est qu’on interprète en général l’action de cette dernière comme dans une stade de développement final, c’est-à-dire presque achevée. Ceci s’illustre bien dans ces quelques exemples de titres de journaux où la périphrase sert à annoncer un évènement imminent: a) La télévision sur le point d'entamer sa révolution b) La Russie sur le point d'achever les négociations bilatérales c) Google serait sur le point d'annoncer Google PC Cette limite d’usage ne vaut pas pour le dés. védique qui peut représenter n’importe quelle stade du développement d’une action (v. p. 50). En conclusion, bien qu’il reste une catégorie à part, avec ses propres particularités morphologiques et sémantiques, le dés. est associable au prospectif tel qu’il est défini par COMRIE. La sous-catégorie du prospectif avec laquelle il a le plus de caractères communs est la périphrase être sur le point de + inf., qui se différencie néanmoins par sa fonction pragmatique de faire concevoir le moment proche de l’accomplissement.
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IV.5. Étymologies des sens lexicalisés Les sens lexicalisés dés. étaient initialement des propositions qui servaient systématiquement à interpréter des sens contextuels particuliers de formes dés. Ils représentent des actions concrètes qui dans ces contextes etaient compatibles à l’idée de l’action en train de se développer. On peut imaginer un exemple similaire, mais fictif, en français avec la périphrase ‘être sur le point de’. Un locuteur interprétera plutôt une phrase telle que ‘il est sur le point de comprendre’ à travers l’explicitation ‘il fait un effort pour comprendre’. Mais si l’usage de cette périphrase devient stéréotypé cette explicitation pourrait devenir une action concrète. Imaginons p.ex. que ce contexte soit celui où le sujet s’efforce de comprendre une tromperie, l’action concrète pourrait être ‘douter’ ou ‘soupçonner’, s’il s’agit de comprendre rétrospectivement le mal fait à quelqu’un, l’action pourrait être ‘se rendre compte’ ou ‘réaliser’. C’est exactement de cette manière que l’on pourra p.ex. réinterpréter le sens ‘être dégoûté’ du dés. b¥bhats de la racine bådh signifiant au moy. ‘se repousser’. Initialement ‘il/elle est dégoûté(e)’ était une action concrète qui faisait comprendre que ‘se repousser de + abl.’ était en train de se développer. Il n’est pas difficile d’imaginer un contexte où une telle interprétation s’impose. Étant donné le sens lexicalisé ‘prude’ de l’adj. b¥bhatsú- ce contexte devait être celui d’ébats sexuels: un des acteurs est pris de dégoût pour l’autre ce qui fait penser qu’il va se détacher de son partenaire pour mettre fin aux ébats. La lexicalisation se produit lorsque le sens concret de la proposition explicitante est utilisé dans un contexte où le sens de base n’est plus nécessaire. Donc si un locuteur veut communiquer le sens concret ‘être dégoûté’ avec b¥bhats dans le contexte où l’objet du dégoût est p.ex. un aliment, l’interlocuteur ne va plus tenir compte de l’action ‘se repousser de’ qui n’est certes pas nécessaire à l’interprétation. Pour expliquer l’origine dés. d’un sens lexicalisé il faut trouver dans quel contexte ce sens pouvait avoir la valeur sémantique et pragmatique de cette catégorie. Il doit s’agir d’un contexte dans lequel l’action en question était considérée comme une phase de développement de l’action de la racine. Dans la grande majorité des cas le contexte recherché reste courant dans les exemples du sens lexicalisé.
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aßißifi Le dés. de aß ‘se nourrir, manger, consommer’ est un de ceux qui apparaît comme soit exprimant une valeur dés., soit comme lexicalisé avec le sens ‘avoir faim’. Dans l’unique exemple non-lexicalisé VådhS 14.3.19 aßißifi représente le désir du consacré de boire du lait, une action qu’il lui est impossible de réaliser sans une prescription particulière. Même si elle n’est pas l’explicitation la plus pertinente dans cet exemple précis, la proposition ‘le sujet a faim’ s’interprète aisément comme une action qui en se développant entraîne la consommation d’aliment. On peut p.ex. imaginer un contexte, similaire à celui de pipås/pip¥fi (v. p. 188), où une personne réclame à manger. L’usage de aßißifi dans un contexte où l’action ‘manger/consommer’ n’est pas importante pour l’interprétation générale du passage, se constate dans B 10.4.1.18 qui parle de la faim en tant que souffrance et non plus en tant qu’incitation à la consommation: • B 10.4.1.18 tásmåd u haitád áßißifiatas t®prám iva bhavati prå˙áir adyámånasya ‘hence he who is hungry here, feels very restless, consumed as he is by his vital airs’ (EGGELING)
¥fi Pour ¥fi de i ‘aller’, il est remarquable de constater à quel point ce thème est souvent utilisé dans des contextes caractéristiques pour la catégorie du dés.: • RV 5.67.5 kó nú våm mitrâstuto váru˙o vå tanûnåm / tát sú våm éfiate matír átribhya éfiate matís // ‘Wer von euch ist noch ungepriesen, o Mitra, oder ist es Varu˙a unter (euren) Personen? Darum wendet sich das Gedicht gerade an euch, wendet sich das Gedicht von Seiten der Atri’s (an euch)’ (GELDNER) Le poète craignant un oubli, assure une déité qu’une pensée se dirige vers elle. Une connotation d’effort fructueux est clairement mise en valeur par le contexte. Quant au mouvement il pourrait aussi bien s’agir de ‘se dépêcher’ que de ‘aller tout droit’. Dans une grande partie des exemples du moy., la catégorie la plus répandue pour ¥fi, où le sens est toujours ‘se reculer’, on remarque que le contexte met souvent en évidence la peur de l’agent comme un stimulus du mouvement:
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D’une manière générale la genèse des sens lexicalisés de ¥fi a dû s’opérer en plusieurs étapes, et à partir de plusieurs types de contextes. Les sens act. ‘se dépêcher’ et ‘aller tout droit’ s’interprètent sans problème comme des efforts intermédiaires pour réaliser l’action ‘arriver à’. Le contexte caractéristique devait être celui où l’achèvement du trajet était pour une raison ou pour une autre difficile (cf. ce genre de contexte dans AB 3.24.13 åjigamifiati). En français ‘il se dépêche’ est une explicitation facilement concevable pour clarifier une phrase telle que ‘il est sur le point d’arriver’. L’exemple RV 5.67.5 est peut-être une relique de ce type d’usage. Avec la lexicalisation, ifi a pu être utilisé dans des contextes où seule l’idée d’un mouvement hâtif, ou en ligne droite était pertinente sans celle de l’arrivée entraînée par ce mouvement. Il ne s’agit plus d’un effort spécialement effectué pour terminer une course difficile mais d’un mouvement délibérément exécuté avec hâte ou sans détour. Ainsi dans TSm 1.1.11.1 l’agent est un attaquant qui va droit sur sa victime, stimulé par la haine: • TSm 1.1.11.1 gandharvò Øsi vißvâvasur víßvasmåd ´¥fiatas yájamånasya paridhír i∂á ¥∂itá ‘Thou art the Gandharva Vißvåvasu (...), the fence of the sacrificer from every attacker, praised and to be praised’ (KEITH) Tenant compte de l’usage attesté dans les exemples du moy., on peut imaginer que c’était ‘avoir peur’ qui était originellement l’explicitation concrète de îfiate et que l’action imaginée comme se développant était ‘se reculer’. Ce sens est, il faut préciser, non-attesté pour la racine i, mais il a pu se développer isolément avec le thème dés. Ici également on peut faire un parallèle avec la périphrase ‘être sur le point de’ en français, qui dans une
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phrase telle que ‘il est sur le point de reculer’ s’interpréterait bien avec la proposition ‘il a peur’, p.ex. dans le contexte d’une confrontation. Ce sens ‘se reculer’ peut expliquer l’usage du moyen du dés., puisqu’il s’agit d’un mouvement rétrogradé sur les traces mêmes de l’agent qui devient également but. Pour expliquer maintenant que îfiate a retrouvé le sens de base ‘se reculer’ on peut supposer que l’usage de ce thème dés. moy. soit d’abord devenu caractérisant pour l’agent. Cette évolution a peut-être débuté avec le part. qui aurait pris le sens péjoratif ‘(qui est) toujours prêt(e) à reculer devant la peur’. À partir de là un aspect fréquentatif aurait contaminé toutes les autres formes. Dans un dernier stade cet aspect fréquentatif aurait disparu et le thème se serait mis à exprimer l’action ‘reculer’ telle quelle.
¥kfi L’ancien thème dés. ¥kfi a deux sens de base, ‘regarder’ et ‘se faire une réflexion, imaginer’. Ils varient sensiblement avec l’usage de préverbes21. Le premier d’entre eux est une action physique très peu caractérisée et sans connotation d’effort particulière sur un objet réel. Un indice contextuel important pour l’étymologie ressort des commentaires brahmaniques sur les cérémonies de sacrifice où ¥kfi indique un acte visuel, sur un ustensile ou un participant, qui a comme effet de susciter une pensée: • TS 1.7.1.2 yárhi hóté∂åm upahváyeta tárhi yájamåno hótåram ¥´ kfiamå˙o våyúm mánaså dhyåyet ‘Lorsque l’Hotar annonce l’I∂å, le Yajamåna regardant alors l’Hotar doit avec sa pensée imaginer Våyu’ • MS 4.6.9: 93,5 yád ´ ¥ kfiamå˙o juhuyât pradh¥yámånånåm efiåm upadrafi†â syâd anyátrékfiamå˙ena hotavyàm ánupadrafi†aifiåμ bhavati ‘Wenn man (den Becher mit Milch für die Ãdityas) beim Opferguss ansähe, würde man den (Kühen) bei der Übergabe (...) zusehen. Mann soll beim Opferguss anderswohin sehen; so sieht man ihnen (...) nicht zu’ (TICHY [1995: 345]) Un autre exemple important pour la reconstruction étymologique est AB 3.21.4, un passage légendaire où le regard exprimé par ¥kfi remplace la parole. • AB 3.21.4 taμ devå abruvan sarvaμ vå avocathå api no Øtråstv iti sa nety abrav¥t kathaμ vo Øpiyåd iti tam abruvann apy eva no Østu maghavann iti tån ¥kfiataiva 21 Pour le rejet de la signification ‘apercevoir’ v. p. 89.
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‘To him the gods said: „All hast thou asked; let us have a share here also“. „No“, he replied, „how can you have a share also?“. They answered: „Let us have a share also, O bounteous one“. He merely looked at them’ (KEITH) Dans aucun exemple de ce premier sens, la vue n’est entravée d’une manière quelconque. Au contraire le sujet et le complément d’objet direct de ¥kfi sont typiquement représentés dans une situation qui les confronte déjà visuellement, ce qui exclut l’idée d’un effort physique du sujet pour la vision. Le second sens de ¥kfi est lui réservé aux exemples où l’objet direct est interne. L’action suscite une réflexion qui est la plupart du temps explicitée dans une phrase avec íti. Voici un exemple caractéristique également dans un passage légendaire: • B 3.2.1.19 té devâ yajñám abruvan yófiå vâ iyáμ vâg úpamantrayasva hvayifiyáte vái tvéti svayáμ vå haivàikfiata yófiå vâ iyáμ vâg úpamantrayai hvayifiyáte vái méti tâm úpåmantrayata ‘Les dieux dirent à Yajña (le sacrifice): „Våc (la parole) en vérité est une femme. Fais-lui un signe ! Elle t'invitera sûrement jusqu’à elle !“. Ou alors, (ce fut Yajña) lui-même (qui) se fit la réflexion : „Våc, en vérité est une femme. Je vais lui faire un signe. Elle m’invitera sûrement près d’elle“. Il lui fit un signe’ Tout comme avec ¥fi, il est nécessaire pour expliquer les sens lexicalisés de ¥kfi d’imaginer un sens de base inédit pour la racine, en l’occurrence ‘se représenter’. Ce dés. aurait été utilisé systématiquement dans deux types de contexte. Le premier aurait imposé comme explicitation l’image d’un effort particulier pour se représenter mentalement un objet réel. Exactement le type de contexte qu’on retrouve p.ex. dans MS 4.6.9: 93,5 (v. p. 56). Concrètement cet effort aurait été égalé avec l’action ‘regarder’, qui est bien ce que l’on fait lorsqu’on cherche à se donner une vision subjective d’un objet ou d’une personne. Dans le second contexte l’action de base aurait été ‘se représenter un objet interne’, et le sens de ¥kfi- aurait été concrètement explicité comme ‘imaginer’, l’action qui entraîne, ou peut entraîner la vision analytique d’une chose ou d’une personne. Ce sens de base ‘se représenter’, en tant qu’action réflexive indirecte (‘voir pour soi/à sa façon’) pourrait de surcroît offrir une explication pour la diathèse uniformément moyenne de ¥kfi.
cikits Pour cikits ce sont principalement les formes simplex qui se sont lexicalisées, alors que celles des composés avec apa+, å+ et pra+ ont gardé
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une valeur dés. (v. p. 103). Seul le composé avec vi+ atteste secondairement la lexicalisation ‘être dans le doute/douter’, en prose brahmanique. Cette action peut dans certains cas être considérée comme le premier stade de développement de l’action ‘distinguer’ de vi+cit. Une personne qui doute entame un effort de réflexion qui peut en effet aboutir à une vision claire. Le contexte devait bien sûr être systématiquement celui où la distinction entre deux ou plusieurs phénomènes était problématique. C’est exactement celui de l’exemple non-lexicalisé RV 4.16.10d ou le sujet de ví...cikitsat est l’épouse d’Indra cherchant à distinguer son mari de Kutsa (v. p. 104). Dans un exemple lexicalisé tel que TS 6.5.9.1 la difficulté est similaire et concerne la distinction entre deux options: • TS 6.5.9.1 táμ vy àcikitsaj juhávån¥3 mâ haufiâ3m íti sò Ømanyata yád dhofiyâmy åmá« hofiyåmi yán ná hofiyâmi yajñaveßasáμ karifiyåmîti tám adhriyata hótum ‘Il (= Indra) eu un doute à son (= le Soma) sujet: „Vais-je l’offrir ou ne vais-je pas l’offrir“. Il pensa: „Si je (l’)offre, (c’est) du (Soma) cru (que) je vais offrir; si je ne (l’)offre pas, je vais troubler le sacrifice“. Il opta pour l’offrande.’ Les sens lexicalisés du simplex sont ‘veiller’ (RV, AV et YVm), ‘lorgner, comploter’ (AV et MS), ‘soigner’ (YVpr+) et ‘se concentrer, réfléchir’ (YVpr+). Tous les quatre sont des actions réalisées alors que le sujet est attentif ou montre de l’attention à l’égard d’une chose ou d’une personne. Ils doivent donc tous avoir été dérivés d’un sens lexicalisé primaire ‘se montrer attentif à’ qui est lui aisément interprétable comme un développement susceptible d’entraîner l’action ‘remarquer’. De ces quatre sens, seul ‘se concentrer, réfléchir’ conserve encore des traces d’un contexte caractéristique du dés. où l’accent est mis sur un effort de l’action: • KS 10.10: 137,4 devåßca vå asuråßca saμyattå åsa«s te Øsurå bh°yå«so + jitamanasa22 åsan kan¥yå«saª paråjitamanastarå iva devås te devå abruvaμ cikitsata yo no v¥ryåvattamas tam anusamårabhåmahå iti ta indram abruva«s tvaμ vai no v¥ryåvattamo ‘Les Devas et les Asuras furent en compétition. Les Asuras plus anciens avaient l’esprit préoccupé par la victoire. Les Devas plus jeunes étaient réellement plus préoccupés par la défaite. Les dieux dirent: „Concentrez-vous: Celui qui de nous a le plus de force virile, nous nous raccrocherons à lui“. Ils dirent „Indra, toi, en vérité tu es le plus viril de nous“.
22 v. AzI I/219n. 1.
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L’usage du dés. imp. dans une telle situation pourrait faire penser qu’il s’agirait ici d’un exemple non-lexicalisé de cikits, semblable p.ex. à prácikitså dans RV 6.47.20c (v. p. 103), mais ceci est mis en doute par l’absence de complément direct qui n’est pas compatible avec ‘remarquer’. Dans des contextes différents, cette action ‘se montrer attentif à’ est devenue ‘veiller’ ou ‘lorgner’, avec des connotations opposées, comme l’indiquent les deux exemples suivants: • RV 1.123.1 p®thû rátho dákfii˙åyå ayojy áinaμ devâso am™tåso asthuª / k®fi˙âd úd asthåd aryä víhåyåß cíkitsant¥ mânufiåya kfiáyåya // ‘Der breite Wagen der Dakfii˙å ist geschirrt; ihn haben die unsterblichen Götter jetzt bestiegen. Die Herrin ist in voller Kraft dem Dunkel entstiegen für den menschlichen Wohnsitz sorgend’ (GELDNER) • AV 5.11.1 p´®ßniμ varu˙a dákfii˙åμ dadåvân +punarmaghatváμ mánasåcikits¥s // ‘nachdem du, Varu˙a, die gefleckte Kuh als Opferlohn gegeben hast, hast du mit deinem Denken es auf die Rückerstattung abgesehen gehabt’ (HOFFMANN [AzI III/793]) La connotation négative du dés. aor. acikits¥s s’interprète par la nature du complément direct qui est la reprise d’une donation. Il s’agit donc bien d’une simple variante contextuelle de ‘se montrer attentif à’. Le sens ‘soigner/guérir’ est manifestement une évolution de ‘veiller’, postérieure donc à la lexicalisation originelle du thème: • MS 4.8.1: 106,8 tâ abruvå«s cikitsataμ nå íti ‘(The rest of the Asuras) said to these two (Asuric Brahmans), „Heal us!“ (JAMISON [1996: 188]) Les Asuras sont menacés par le bruit du cognement des bols de Manu. Ils demandent à deux Bråhman, t®fi†â et várutr¥, de les guérir de ce mal. Le sens du dés. imp. cikitsatam pourrait également être ‘occupe-toi de’ ou ‘prendssoin de’ ce qui serait dans les deux cas un stade intermédiaire plausible entre ‘veiller’ et ‘guérir’.
titikfi GOTÕ (PiV 165n. 268) considère titikfi comme le dés. tiré du sens moy. ‘repousser’ qu’il reconstruit pour la racine tyaj. Le thème s’est lexicalisé et est uniquement attesté avec la valeur concrète ‘endurer’. Le contexte des exemples est caractérisé par la nature du complément direct qui représente le plus souvent un objet menaçant ou agressif. Ceci est illustré dans RV 3.30.1c où
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les sujets sont les chanteurs et les prêtres s’adressant à Indra. La strophe met en évidence leur endurance vis à vis des attaques des concurrents: • RV 3.30.1 icchánti två somyâsaª sákhåyaª sunvánti sómaμ dádhati práyå«si / títikfiante abhíßastiμ jánånåm ‘Nach dir verlangen die somawürdigen Freunde; sie pressen Soma aus, sie bereiten das Opfermahl. Sie trotzen die üblen Nachrede der Leute’ (GELDNER). L’action ‘repousser (la médisance)’ n’est pas nécessaire à l’interprétation de ce passage qui met surtout en évidence l’endurance comme une attitude générale caractéristique du sujet et non comme une action réelle. Mais dans le contexte d’une action particulière où sujet et objet étaient vus en train de se confronter, ‘endurer’ a bien pu servir d’explicitation concrète au dés. de tyaj, car c’est une action qui permet effectivement le développement de ‘repousser son adversaire’. Une personne qui endure ne s’affaiblit pas et est par conséquent susceptible par la suite de repousser l’attaque. Certains exemples affichent un contexte différent des autres car l’objet direct de titikfi est une chose non pas agressive, mais plutôt insuportable: • AV 8.6.12a yé sûryaμ ná títikfiante ‘Ceux qui ne supportent pas le soleil’ Il doit s’agir d’un usage caractérisant de ‘endurer’ pouvant donc signifier ‘être endurant (vis à vis de)’ et aussi ‘supporter’.
d¥kfi La racine secondaire d¥kfi ‘se consacrer’, ancien dés. de dåß (= *daß) ‘rendre hommage’, représente les actes qui constituent la consécration du sacrifiant, comme la coupe des cheveux et des ongles, ou la prise d’un bain purificateur, avant d’entreprendre un sacrifice somique. Il y a plusieurs explications possibles pour la lexicalisation du dés. de dåß. La première est d’admettre que ‘se consacrer’ ait bien été interprété originellement comme un développement préliminaire à ‘rendre hommage aux dieux’. Avec la consécration germe effectivement cet hommage qui continuera de se développer favorablement si toutes les observances sont respectées. Mais le thème dés. d¥kfi a peut-être été formé à une époque où dåß avait un autre sens de base. Pour rappel, HARÐARSON (63 et s.) propose pour la racine I-E *de" l’évolution sémantique ‘accueillir (un invité)’ > ‘souhaiter la bienvenue’ > ‘rendre hommage’.
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Considérant, à partir de ce schéma, que d¥kfi était à l’origine le dés. du sens ‘accueillir un dieu comme un invité’, l’explicitation concrète qu’on lui accordait était peut-être l’accomplissement de divers actes préparatoires à l’accueil. Avec la lexicalisation d¥kfi aurait été utilisé pour désigner uniquement ces actes particuliers sans que la vision de l’accueil soit encore contextuellement importante. Dans un stade ultérieur le thème aurait pris le sens généralisé de ‘faire un rituel préparatoire’.
pipås Comme aßißifi, le dés. de på est attesté soit avec le sens dés., c’est-à-dire exprimant une action susceptible d’aboutir à l’achèvement de ‘boire’, soit avec le sens concret ‘avoir soif’. Voici deux exemples qui illustrent ces deux valeurs: • RV 8.4.11 ádhvaryo dråváyå tvá« sómam índraª pipåsati / úpa n°náμ yuyuje v™fia˙å hár¥ â ca jagåma v®trahâ // ‘Toi Adhvaryu, fais couler le Soma: Indra désire boire. Maintenant, il a harnaché ses étalons couleur fauve, et il est arrivé, le tueur de V®tra’ • JB 1.252 na ha vå aßanåyati na pipåsati ‘He (the sun) is not hungry or thirsty’ (BODEWITZ) Comme pour aßißifi ‘avoir faim’ vis à vis de ‘manger’, il est clair que ‘avoir soif’ est un état physique qui peut entraîner l’action ‘boire’ si les conditions le permettent. C’est exactement le contexte pour une telle explicitation dans RV 8.4.11: Indra désire boire et l’Adhvaryu est prié d’agir en prévision de la consommation du Soma. Dans l’autre exemple pipåsati exprime seulement la soif, sans rapport avec la consommation.
b¥bhats Comme discuté dans le chapitre d’introduction à ces analyses étymologiques (v. p. 53), b¥bhats dés. du sens moy. ‘se repousser’ de bådh, est uniquement attesté avec un sens lexicalisé très spécifique, ‘être dégoûté’. Celui-ci s’explique logiquement comme une attitude caractéristique pour une personne qui va se repousser de quelqu’un d’autre, en particulier dans le contexte d’un rapport sexuel. La lexicalisation a commencé lorsque ce sens concret était exprimé dans d’autre types de contextes où ‘se repousser’ ne jouait plus aucun rôle. C’est le cas p.ex. dans JB 1.55 où le complément abl. est un aliment, situation qui suggère plutôt le refus de la consommation que le rejet du consommateur:
62 • JB 1.55 tad åhur yad etasya d¥rghasatri˙o Øgnihotraμ juhvato agnihotraμ duhyamånam amedhyam åpadyeta kiμ tatra karma kå pråyaßcittir iti tad u haike hotavyam eva manyante na vai devåª kasmåc cana b¥bhatsanta iti vadantas ‘Now they say: „If into the agnihotra milk of this performer of a long sacrificial session, viz. the offerer of the agnihotra, something impure should fall while it is being milked, what rite and what expiation would there be in that case? “ Some opine that nevertheless it should be offered arguing: „Surely the gods have no loathing for anything“ (BODEWITZ)
Dans les trois exemples de b¥bhats avec préverbe le contexte pourrait justifier l’interprétation d’un sens dés. non-lexicalisé. Le sujet est dégoûté par quelque chose, ou quelqu’un, et la suite du texte le représente comme s’étant effectivement repoussé ou enfui de cette chose ou personne. Ce qui favorise encore plus l’interprétation du sens grammatical du dés. est que le sens des préverbes semblent correspondre aux directions vers lesquelles les sujets effectueraient ces mouvements sur eux-mêmes. Les deux interprétations, possibles pour chaque passage, sont proposées ci-dessous: • KS 23.5: 80,15-17 annaμ vai manufiyebhya udab¥bhatsata tad devå + ayiyå«san tå åpo Øbruvann upåvartasva vayaμ ta etån svadayifiyåma iti a) ‘La nourriture était complètement dégoûtée par les hommes. Les dieux tentèrent de la retenir. Les eaux dirent, „approche23! Nous allons les assaisonner pour toi“ b) ‘La nourriture dégoûtée désirait se repousser vers le haut à l’écart des hommes Les dieux tentèrent de la retenir... Étant donné l’appel des dieux, upåvartasva ‘approche’, il faut comprendre que la nourriture s’est effectivement éloignée des hommes et donc logiquement vers le haut, par la bouche. Mais l’idée d’éloignement peut aussi être inférée du fait que les dieux essaient de la retenir. Dans le second cas la fonction du préverbe ud+ serait emphatique (‘complètement dégoûtée’), et non directionnelle. • MS 4.5.8: 75,5 táto vái dev⪠sómam aghnant sá hatò Øp°yat tásmåd devâ údab¥bhatsanta sá våyúr abrav¥d aháμ va etá« sóma« svadayifiyåmi a) ‘Ensuite vraiment les dieux tuèrent Soma. Celui-ci, tué, pourrit. Les dieux furent complètement dégoûtés de lui. Våyu dit, „Moi, je vais assaisonner ce Soma“ b)...Les dieux dégoûtés désirèrent se repousser de lui... 23 cf. le sens de úpa na âvartasva dans TS 2.6.6.2.
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La situation est très similaire à celle de l’exemple précédent et suggère également deux interprétations: údab¥bhatsanta peut simplement indiquer un dégoût profond (usage emphatique de ud+), ou un dégoût qui entraîne l’achèvement de ‘se repousser vers le haut24’. • AB 3.30.4 tebhyo vai devå apaivåb¥bhatsanta manufiyagandhåt ta ete dhåyye antaradadhata a) ‘Vraiment les dieux furent dégoûtés par eux (= les ]bhus), à cause de leur odeur humaine. Ils mirent entre (eux et les ]bhus) ces deux dhåyya.’ b) ‘Vraiment les dieux dégoûtés désirèrent s’écarter d’eux,...’ Des trois exemples celui-ci semble moins convainquant pour l’interprétation du sens grammatical du dés. L’idée la plus importante est le dégoût des dieux. L’action ‘se repousser’ n’est pas forcément nécessaire à l’interprétation globale. L’usage du préverbe apa+ est cependant difficilement justifiable pour emphatiser l’idée du dégoût. L’explication pour ces exemples particuliers est peut-être une conservation uniquement de l’usage contextuel de b¥bhats ‘être dégoûté’, dans une situation qui favorise l’idée d’un mouvement d’écart du sujet, sans que celuici soit réellement exprimé.
bhikfi Ce dés. tiré du sens moy. ‘recevoir une part’ de bhaj ‘apparaît uniquement avec le sens concret ‘demander’. Entre les deux actions il est aisé d’interpréter un lien de cause à effet. On peut dire qu’une personne qui demande avec une certaine insistance est susceptible de faire aboutir ‘recevoir une part’. Les exemples de bhikfi n’attestent cependant aucune valeur particulière d’insistance pour la demande. La seule caractéristique notoire dans le cadre du RV est le nombre d’exemples où le sujet est un humain et la personne sollicitée une déité: • RV 2.28.1 idáμ kavér ådityásya svarâjo víßvåni sânty abhy àstu mahnâ / áti yó mandró yajáthåya dev᪠suk¥rtíμ bhikfie váru˙asya bhûres // ‘Dies (Lied) auf den weisen, selbherrlichen Aditisohn soll alle vorhandenen an Grösse übertreffen, der als Gott überaus angenehm zu verehren ist. Ich bitte um guten Ruhm vor dem reichen Varu˙a’ (GELDNER)
24 Le mouvement a lieu vers le haut si on imagine les dieux baissés auprès du Soma gisant.
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m¥må«s Les sens lexicalisés de m¥må«s, le dés. de man ‘penser’, sont ‘réfléchir, méditer’ (AV+), ‘contester / critiquer’ (simplex AV et MS, avec upa+ Br) et ‘avoir des doutes’ (YVpr). Jamais ce thème n’est attesté avec une valeur dés. Le premier de ces sens, ‘réfléchir’ s’explique facilement comme une action dont le développement peut faire aboutir l’action ‘penser à’, variante lexicale de la racine man, caractéristique du prés. moy. manu-té. Un contexte courant devait être celui où l’objet de la pensée était, pour une raison ou pour une autre, difficile à saisir, ou à faire revenir à la mémoire. Ce type de situation où l’action de m¥må«s est ressentie comme un effort est encore caractéristique pour de nombreux exemples en prose brahmanique, comme ces deux-ci: • KS 8.3: 86,7-8 na vai su vidur iva manufiyå nakfiatram m¥må«santa iva ‘Die Menschen wissen gleichsam nicht genau das Gestirn (...). Denn sie stellen darüber Überlegungen an. (KRICK [300]). Le thème de ce passage est le moment adéquat pour l’établissement du feu sacré. L’action à laquelle m¥må«sante fait référence est bien un cheminement de pensée vers une idée concrète, en l’occurrence l’identification du Nakfiatra25 • KS 8.12: 95,15-16 ådhéyo Øgnî3r nâdhéyâ3 íti m¥må«sante ßvò Øgním ådhåsyámånenâ3 íti „Ist das Feuer anzulegen oder ist es nicht anzulegen von dem, der sich am nächsten Morgen das Feuer gründen wird ? “ So überlegt man.’ (KRICK [275]) Dans ces deux exemples l’interprétation de l’aboutissement ‘penser à’ n’est pas nécessaire pour la compréhension générale, le passage servant seulement à introduire un thème de réflexion. D’autre part il est important de constater qu’il n’y a pas de synonymie entre ¥kfi et m¥må«s, qui se différencient par la nature de leur complément direct: un objet ou une personne du monde réel pour le premier, mais une vision de la pensée pour le second. Théoriquement, le sens ‘douter’ de m¥må«s qui n’est attesté que dans quelques exemples, pourrait s’expliquer comme une action qui en se développant entraînerait ‘penser’, sens qui caractérise lui une autre partie du paradigme de man, en particulier le prés. moy. mányate. Mais ce sens pourrait également s’expliquer comme une variante contextuelle de ‘réfléchir/méditer’. Un exemple caractéristique est celui-ci:
25 Pour des exemples de sens similaire avec le prés. manu-té v. JOACHIM 121 et s.
65 • KS 25.3: 105,8-9 yatråpaª pråc¥r åhavan¥yåt prat¥c¥r garhapatyåd vyavadraveyus tasmin yåjayed yam udake vå påtre vå vivåhe vå m¥må«seran påpmanå vå efio Ønufiakto yam udake vå påtre vå vivåhe vå m¥må«sante påpmanaivainaμ vyåvartayati ‘Là où les eaux courent dans des directions différentes, (les unes) à l’est de l’Ãhavan¥ya, (les autres) à l’ouest du Garhapatya, à cet endroit il doit laisser sacrifier un au sujet duquel ils ont des doutes concernant les cérémonies d’offrande d’eau aux morts, concernant les repas, ou les noces. En vérité le malheur reste accroché à celui au sujet duquel ils ont des doutes concernant les cérémonies d’offrandes aux morts, les repas, ou les noces. (En le laissant sacrifier à cet endroit) il le débarrasse du mal’ La notion de doute est surtout suggérée par le contexte, en particulier par le caractère négatif de la personne qui constitue l’objet direct de m¥må«s et indirectement aussi par l’importance symbolique des cérémonies dans lesquelles le sujet de m¥må«s visualise cette personne. Il est certain en tout cas que ‘critiquer’ est une variante de ‘méditer, réfléchir’, dans un contexte où la pensée est considérée par le sujet parlant comme néfaste. L’exemple suivant dans un discours direct illustre bien cette caractéristique de l’usage de m¥må«s • MS 3.8.1: 92,13-14 naívám ékaß canéfium astâm m¥må«såtå íti tásmåd etásyéfiur astâ ná +m¥må«sitavyäsaptåhám26 „Niemand soll einen von mir abgeschossenen Pfeil beanstanden“ Deshalb soll ein von ihm abgeschossener Pfeil bis zum siebenten Tag nicht beanstandet werden, so sage mann.’ (CALAND [245]) Le contexte est le voeu de Rudra de pouvoir lancer ses flèches mortelles, pendant 7 jours, sans subir de critiques27.
ßikfi Les sens lexicalisés de ßikfi, ancien dés. de ßak, sont ‘s’efforcer’ et ‘donner’ à l’act., ainsi que ‘pratiquer’ et ‘apprendre’ au moy. En plus de cela il y a un sens particulier avec upa+, ‘s’efforcer d’obtenir/de contenter’. À
26 cf. MITTWEDE 1986: 129. 27 Dans le passage équivalent TS 6.2.3.2 Rudra exige de devenir, durant la même
période de 7 jours, le maître des animaux. La flèche mentionnée par Rudra dans le passage de MS est donc bien celle qu’il lance sur les animaux restés dehors (cf. MACDONELL 1897: 75).
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l’exception de quelques exemples isolés (v. p. 234) où elle est peut-être secondairement réinstaurée, ßikfi n’est jamais attesté avec sa fonction dés. Le premier sens ‘s’efforcer’ s’explique étymologiquement comme un développement intermédiaire de ‘devenir capable’ ou ‘venir à bout28’. La lexicalisation s’est opérée dans des contextes où la capacité n’était pas considérée comme un objectif de l’effort. ßikfi représente ainsi la plupart du temps un effort entièrement dépendant de son agent pour qui la question de la capacité ne se pose pas: • RV 8.51.6a-b yásmai tváμ vaso dånâya ßíkfiasi sá råyás pófiam aßnute / ‘Il accède à la richesse, Ô Vasu, pour qui tu t'efforces de donner’ • RV 10.27.1 ásat sú me jaritaª sâbhivegó yát sunvaté yájamanåya ßíkfiam / ánåߥrdåm ahám asmi prahantâ satyadhv™taμ v®jinåyántam åbhúm // ‘(Indra:) Dass soll fein mein Bestreben sein, o Sänger, dass ich dem Somapressenden Opferer von Nutzen sei’ (GELDNER) L’objectif, ‘devenir capable’ ou ‘venir à bout’, n’est jamais une composante contextuelle indispensable et est même inadapté aux nombreux exemples imp. où le sujet est un dieu. Le poète ne demande pas à celui-ci de devenir capable d’un acte, il s’intéresse seulement à son effort de volonté. • RV 8.66.14c-d tváμ na utî táva citráyå dhiyâ ßíkfiå ßacifi†ha gåtuvít // ‘Efforce-toi pour nous, toi le plus capable, le connaisseur de chemin, par ton assistance et tes intentions brillantes’ La présence dans la même strophe du superlatif ßácifi†ha- atteste bien le fait qu’Indra n’a pas lui-même besoin de l’effort pour devenir capable. La traduction de ßikfi avec ‘se rendre/être utile’ reflète seulement une variante contextuelle de ‘s’efforcer’ dans les situations où l’avantage de l’effort est particulièrement suggéré par le fait que le complément indirect représente un bénéficiaire de l’action. • RV 7.87.4c-d vidvân padásya gúhyå ná vocad yugâya vípra úparåya ßíkfian // ‘Le sage connaissant la trace des mots, la transmettra comme un secret, se rendant utile aux générations futures’ Le composé avec upa+ qui régit un acc. de la personne a quant à lui le sens ‘attirer’: • RV 3.52.6c-d ®bhumántaμ vâjavantaμ två kave práyasvanta úpa ßikfiema dh¥tíbhiª //
28 Sens originel de cette racine, cf. KÜMMEL 511.
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‘Wir möchten dich, o Weiser, in Gesellschaft des ]bhus und Våja bei guter Beköstigung mit Dichtungen anlocken’ (GELDNER) Ce sens s’explique comme une évolution secondaire de ‘s’efforcer auprès de’, où l’idée de proximité, et le complément acc. qui en découle, sont communiqués par le préverbe upa+. Dans une autre catégorie d’exemples avec un complément acc. ou gén., ßikfi signifie ‘s’efforcer sur quelque chose’, sens qui, avec le complément indirect au dat. évolue en ‘donner’: • RV 3.43.5d kuvín me vásvo am™tasya ßíkfiås // ‘Assurément tu vas t'efforcer pour moi sur des biens immortels’ • RV 1.27.5c ßíkfiå vásvo ántamasya // ‘Gib uns Anteil an den höchsten Siegerpreis’ (GELDNER) Il s’agit probablement d’un usage analogique par rapport à ßak, qui atteste régulièrement la même construction avec un acc. ou un gén.: • RV 3.16.6a-b ßagdhí vâjasya subhaga prajâvató Øgne b®ható adhvaré /
‘Erwirk (uns) kinderreiche hohe Belohnung bei dem Opfer, du holder Agni!’ (GELDNER). Au moy., le sens lexicalisé ‘s’efforcer’ a pris une valeur réflexive indirecte ‘s’efforcer pour son propre compte’ qui a évolué en ‘pratiquer’ et ensuite ‘apprendre’. Ce développement opposé de l’act. et du moy. est spécifique au védique puisqu’en iranien ‘apprendre’ est secondairement devenu le sens des deux diathèses. Un exemple rigvédique de ‘pratiquer’ est 1.28.3: • RV 1.28.3 yátra nâry apacyavám upacyaváμ ca ßíkfiate / ulûkhalasutånåm ávéd v indra jalgulaª ‘Wo die Frau das Hinstossen und Herstossen einübt, da mögest du Indra den im Mörser ausgeschlagenenen Soma Hinunterschlingen’ (GELDNER)
ßußr°fi Comme aßißifi et pipås, le dés. de ßru est attesté soit comme une action dés., soit comme exprimant une action concrète en l’occurrence ‘obéir’. Ce sens s’explique aisément comme un développement dans l’attitude du sujet susceptible de faire aboutir l’action ‘entendre’. Dans un exemple comme BauS 15.4: 208,7 on remarque que ‘entendre’ ne fait plus partie du contexte où seul ‘obéir’ est exprimé par ßußr°fi:
68 • BauS 15.4: 208,7 sa åha bråhma˙åß ca råjånaßcådhvaryur dvau saμvatsarau råjå bhavifiyati tasya ßußr°fiadhvaμ yo håsya na ßußr°fiifiyate sarvasvaμ taμ jyåsyant¥ti ‘Il (= le Yajamåna) proclame: Ô rois et Bråhmans, l’Adhvaryu sera roi pendant deux ans. Obéissez à lui. Celui-qui ne lui obéira pas, ils le réprimeront totalement’.
IV.6. La reconstruction de la fonction des morphèmes du désidératif La définition de la fonction grammaticale du dés. exposée dans le chapitre IV.3.3.1, grâce à laquelle il est donc possible d’expliquer l’ensemble du matériel, y compris les étymologies des sens lexicalisés, doit maintenant être confrontée à une analyse morpho-sémantique de la catégorie. Comme le chapitre sur la formation l’a fait clairement ressortir, les morphèmes caractéristiques du dés. sont les suivants: a) le redoublement de la syllabe radicale avec la voyelle -i/ub) le suffixe -saL’exposé suivant va tenter de reconstruire l’histoire de la formation du dés. védique en cherchant des rapports sémantiques possibles entre des valeurs supposées de ces morphèmes et le sens de base de la catégorie.
IV.6.1. La valeur sémantique du redoublement Morphologiquement parlant le redoublement du dés. n’a aucune correspondance exacte en védique. Par rapport à celui du prés. et du pf. il se différencie par l’absence totale d’exemples avec la voyelle de redoublement a (p.ex. pf. vavárdh-, prés. dádå-), par rapport à celui de l’aor. caus. il n’est pas systématiquement sujet à l’allongement rythmique (p.ex. aor. áj¥jana-), et en comparaison de l’int. il n’est que partiel (p.ex. int. yaμyam¥-). À cause de ce manque de correspondance parfaite on ne peut établir de lien sémantique direct entre ces catégories et le dés. Au lieu de cela il faut tester la valeur fondamentale généralement attribuée au redoublement verbal qui est d’exprimer un aspect répétitif de l’action de base. Dans certains exemples, la situation dans laquelle l’action du dés. prend place suggère l’image d’un développement progressif graduel. Le sujet exécute des efforts répétés qui convergent vers un résultat. Cette image est également marquée dans quelques exemples par des compléments instrumentaux multiples:
69 • RV 2.35.5a-b asmái tisró avyathyâya nâr¥r devâya devîr didhifianty
ánnam / ‘Trois femmes, déesses, s’efforcent de lui (= Apåm Napåt) mettre des aliments, à lui, le dieu, qu’on ne peut pas laisser vaciller29’ L’image est celle du feu, alimenté progressivement jusqu’à ce qu’il ne vacille plus, et brûle droit. • RV 2.35.12a-b sá« sânu mârjmi dídhifiåmi bílmair dádhåmy ánnaiª pári vanda ®gbhíª / ‘Ich reibe den Rücken (der Feuerstätte), suche (ihn) mit Spänen aufzufangen, versehe ihn mit Nahrung, schmeichele ihm mit Versen’ (GELDNER) Ici il s’agirait du lancement répété de copeaux pour arriver à fixer définitivement le feu naissant. • RV 4.4.7 séd agne astu subhágaª sudânur yás två nítyena havífiå yá uktháis / pípr¥fiati svá âyufii duro˙é víßvéd asmai sudínå sâsad ifi†ís // ‘Qu’il soit heureux, riche en offrandes, Agni, celui qui, dans sa demeure, durant sa vie, s’efforce par des chants, par des offrandes continues, de te satisfaire. Que tous les jours lui soient bons, doit être le voeu’ • AV 8.5.15 yás två k®tyâbhir yás två d¥kfiâbhir yajñáir yás två jíghå«sati / pratyák tvám indra táμ jahi vájre˙a ßatáparva˙å // ‘Qui par magie, qui par la consécration, qui par le sacrifice, tente de te frapper, toi Indra, frappe-le par derrière, avec la foudre aux cent jointures’ • BÃUM 4.4.25 tám etáμ vedånuvacanéna vividifianti brahmacárye˙a tápaså ßraddháyå yajñénânåßakena ‘Ils s’efforcent par récitations des Veda de connaître celui-là (= l’Ãtman), par convertissement au Brahmanisme, par ascétisme, par la foi, par le sacrifice et par le jeûne’ Ces exemples constituent peut-être la relique d’une ancienne fonction du redoublement qui aurait été d’indiquer un développement graduel de l’action: une progression qui pouvait être soit linéaire, sous forme d’actions successives opérant sur un seul axe, soit diversifiée avec des actions diverses ayant une même finalité. Cette image aurait été ensuite simplifiée en celle d’un développement: au lieu de progresser pas à pas, l’action évolue de façon continue. Dans cet aspect répétitif exprimé originellement par le redoublement du dés., les répétitions auraient donc été considérées comme s’additionnant, et par conséquent comme marquant une progression. On peut qualifier cette fonction d’aspect progressif graduel. 29 pour a-vyathyá- de vyath
70
C’est un autre aspect qui devait caractériser les prés. redoublés du type de bíbhar-ti, et de dádhå-ti, puisque la fonction de ces thèmes devient atélique ou fréquentative (v. KULIKOV 2005: 442 et s.). On peut supposer que les répétitions de l’action de base qu’ils exprimaient étaient vues comme se succédant l’une à l’autre sans marquer de progression. Quant à l’int. il se distinguerait du dés. par le fait que ses répétitions constituent les séquences inhérentes d’un seul phénomène (v. SCHAEFER 97 et PRAUST 56).
IV.6.2. La valeur sémantique du suffixe -saDans le système verbal du védique comme dans celui de la langue mère indo-européenne, le suffixe -s- est considéré comme le morphème de l’aor. dont la fonction est l’aspect grammatical perfectif. La voyelle thématique -a- < I-E *e/o, a peut-être géré plusieurs fonctions dans le système verbal indo-européen, mais la seule qui est discernable en védique est l’expression du mode subj. La combinaison de ces deux suffixes a dû en I-E comme en Véd., servir à exprimer le subj. aor., c’est-à-dire une action perfective dans le cadre d’un discours basé sur un point de vue momentané du locuteur, volontatif ou désidératif30. Tous les thèmes subj. y compris celui d’aor. peuvent exercer la fonction d’un fut. Ceci est constaté, p.ex. pour le védique et le grec ancien, par DELBRÜCK qui nomme cet usage particulier Der Conjunctiv der Erwartung (1871: 122-128). Dans des ouvrages plus récents on utilise plutôt le terme mode prospectif (v. p.ex. KÜMMEL 89 et n. 24). Le dés. védique ne peut lui ni signifier l’aspect perfectif, puisque son action ne s’accomplit jamais complètement, ni le mode subj., puisqu’il est luimême combinable à tous les modes. Le seul lien sémantique plausible entre son morphème -sa- et la combinaison -s-a- du subj. aor. est d’admettre son affinité sémantique avec le mode prospectif. Pour examiner un tel lien il faut comparer des exemples des deux catégories dans des contextes similaires. Comme exemple de subj. avec une valeur fut., on peut considérer RV 2.38.1, un des exemples cités par DELBRÜCK:
30 Un discours ‘non-factif’ n'engage pas la responsabilité du locuteur concernant la vérité ou la fausseté du discours (cf. LYONS I/796).
71 • RV 2.38.1 úd u fiyá dev᪠savitâ savâya ßaßvattamáμ tádapå váhnir asthåt / n°náμ devébhyo ví hí dh´åti rátnam áthâbhajad v¥tíhotra« svastáu // ‘Dieser Gott Savit® hat sich zum vielten Male aufgemacht, um die Weisung zu geben, der Wagenfahrer, dessen Werk dies ist, denn jetzt verteilt er den Göttern sein Kleinod, und dem Opfereifrigen gewährte er Anteil am Glück’ (GELDNER) La strophe renferme un acte illocutif expressif-indirect: elle communique un voeu (celui du partage des trésors de Savit®) sous la forme d’une assertion. Celle-ci a deux parties. Le poète exprime d’abord dans a-b. une action accomplie par rapport au moment de la parole (aor. úd...asthåt) et enchaîne dans c. avec le subj. pour exprimer son image mentale d’une autre action qui dès lors (n°nám ‘maintenant’) va logiquement s’achever. Pour réaliser cette interprétation il faut bien sûr savoir ou accepter le fait que la première action est un signe précurseur de la seconde (‘Savitar s’est levé (donc) il va distribuer aux dieux...’). Dans un tel exemple aucun point de vue particulier du locuteur, ni volontatif, ni désidératif, n’est nécessaire pour comprendre l’origine du discours non-factif. C’est en réalisant ce lien cognitif entre les deux actions que l’interlocuteur accepte le fait que l’action va réellement se passer.31 Un exemple de dés. tel que RV 1.74.9 renferme également un acte illocutif-indirect: • RV 1.74.9 utá dyumát suvîryam b®hád agne vivåsasi / devébhyo deva dåßúfie // ‘Et tu (= Agni) t’efforces/es sur le point d’obtenir des dieux une brillante et grande supériorité pour le sacrifiant’ Il s’agit en effet dans cette strophe finale d’exprimer un voeu (‘obtenir des dieux une grande supériorité’) sous la forme d’une assertion (‘tu t’efforces d’obtenir’). Ce n’est pas un hasard si le dés. vivåsasi intervient dans la strophe finale. Le poète l’utilise manifestement pour créer un parallèle entre l’évolution positive de l’hymne et celle de l'action d’Agni: Agni se sentant déjà presque totalement satisfait par les formules du poète considère son effort de procurer un trésor comme étant également sur le point d’aboutir. Donc comme avec l’exemple de subj. l’interprétation du sens futur est fondée sur un lien cognitif. Il s’agit ici du lien entre le développement d’une situation réelle, celle de l’hymne qui s’achève brillamment, et celui d’une action que l’on considère comme un aboutissement parallèle à ce développement, l’obtention de la récompense pour l’hymne.
Quelques rares exemples dans le matériel attestent une situation similaire où le développement exprimé par la forme dés. est mis en parallèle avec un développement réel sur le point d’aboutir: 31 Un exemple similaire d’aor. subj. est RV 4.51.1.
72 • TB 1.4.10.3 saμvatsaráμ vâ efiá ¥psat´¥ty åhuª yáß cåturmåsyáir
yájata íti efiá ha tvái saμvatsarám åpnoti yá eváμ vidvå«s cåturmåsyáir yájate „En vérité il est sur le point d’obtenir l’année“, disent-ils, „celui qui sacrifie avec les Cåturmåsyas“. Celui-là obtient bien (?tvái) l’année, qui sachant ainsi sacrifie avec les Cåturmåsyas’ Un parallèle est manifestement fait ici entre le développement fructueux des sacrifices saisonniers et celui de l’obtention du but ultime, l’année. Il est par conséquent clair que le dés. ¥psati exprime l’obtention de ce résultat comme un évènement sur le point d’aboutir. En extrapolant maintenant sur ces exemples, on peut imaginer que cette valeur fut. du dés. était relativement courante dans des situations spécifiques du langage parlé où le développement d'une action exprimé par le dés. était associable à un développement extra-linguistique considéré comme aboutissant. La conclusion de ce chapitre est donc que le dés., tout comme le subj. aor., peut dans certains contextes exprimer une action comme sur le point d’aboutir ou de se réaliser. Il est donc possible de déterminer pour le suffixe -sa- du dés. une origine commune à celui du subj. aor. Pour comprendre la fonction de ce suffixe par rapport au sens de base de la catégorie, il faut maintenant envisager un schéma historique dans lequel sa contribution est comparée et évaluée par rapport à celle de la syllabe de redoublement.
IV.7. Au sujet de l’origine du désidératif A ce stade final de l’analyse il est possible de formuler une explication concernant la genèse du dés. védique. En préliminaire, il est important de constater que la fonction de l’aspect progressif-graduel que l’on peut reconstruire pour le redoublement (v. p. 68) est compatible à tous les exemples, alors que celle du fut. ne l’est que pour un groupe restreint, car dans nombre d’exemples il est exclu que l’action soit considérée comme réellement aboutissant. Ceci suggère que le redoublement était bien le morphème originel de la catégorie et que le suffixe -sa- serait apparu ultérieurement lorsqu’un parallèle avec le subj. aor. aurait été secondairement établi. Donc les thèmes dés., d’abord uniquement constitués du redoublement de la racine, exprimaient la progression graduelle d’une action. Dans des contextes déterminés, comparables à ceux discutés dans le chapitre précédent, ces thèmes communiquaient l’aboutissement fut. de cette
73
progression. Pour clarifier cet usage le suffixe -sa- du subj. aor. aurait été adjoint au thème pour exprimer la vue mentale de l’action réalisée. Cette valeur aurait été déduite du sens des aor. subj. dans des contextes, comme celui de RV 2.38.1 (v. p. 70), où aucun point de vue particulier du locuteur, volontatif ou autre, ne jouait de rôle dans l’interprétation. C’est la raison pour laquelle ce suffixe n’apporte aucune valeur modale dans le sens du dés. Dans les autres contextes du dés., qui ne favorisaient pas particulièrement un sens fut., le suffixe -sa- aurait également exprimé la vision mentale de l’aboutissement. C’est de là que viendrait l’implicitation conventionnelle de faire concevoir l’achèvement de l’action. Avec la multiplication des usages, l’image d’un développement se serait petit à petit substitué à celle de la progression graduelle; le redoublement et le suffixe -sa- auraient perdu leur fonctions initiales. Cependant le problème reste encore de comprendre par quel moyen morphologique l’opposition sémantique actions répétées convergentes des thèmes dés. redoublés avant l’addition du suffixe -sa-, et actions répétées32 des prés. redoublés du type de bíbhar-, était exprimée. Il est probable que c’était la place du ton sur la syllabe de redoublement qui marquait l’aspect particulier du dés., alors que les autres thèmes avaient un accent mobile et des degrés vocaliques variés.
32
v. p. 69.
V. Monographie
V.1. Remarques sur les méthodes et la structure Le matériel englobe tous les ouvrages des Saμhitås, et des Bråhma˙as, ainsi que les plus anciens Upanifiad, Ara˙yakås et rautas°trås: (par ordre de citation) RV, RVKh, JS, SV, AV, AVP, VS, VSK, KS, KpS, TS, MS, AB, KB, JB, PB, ÛB, TB, VB, B, BK, GB, AÃ, Ã, TÃ, AU, KauU, ChU, KeU, KU, TU, MaiU, BÃUM, BÃUK, ŸU, vetU, ÃßS, åS, LåS, DråS, BauS, BhåS, ÃpS, HiS, VaiS, VådhS, MåS, VårS et KåS. Pour tous les exemples de mantras excepté ceux de VS(K), le sigle est caractérisé par le symbole m, mais seuls ceux des textes Saμhitås des Yajurvedas noirs, KS, KpS, TS et MS, sont classifiés séparément des exemples de prose, entre AVP et VS. Les thèmes sont classifiés par ordre alphabétique sanskrit, qu’il soit secondaires ou tertiaires, et indiqués dans leurs formes dérivationnelles primaires sans accentuation et sans voyelle thématique. L’inventaire formel indique toutes les formes verbales et nominales du thème, attestées dans le matériel de recherche, et la citation complète de leurs attestations, à la seule exception de celles de d¥kfiitá- et d¥kfiâ- qui s’arrêtent à l’AV. Le chiffre à droite de la racine (p.ex. v. p. 130 De han248) indique la correspondance dans VIA I. L’inventaire sémantique présente seulement une sélection des sens attestés et des indications sur la syntaxe qui les accompagnent. La numérotation est réalisée selon l’ordre suivant : d’abord les sens des formes simplex, subdivisés en catégories grammaticales et sous-subdivisés d’après la période littéraire du premier exemple, puis les sens des formes composées divisés et subdivisés selon les même critères. Les sens des formes composées qui contiennent inchangés des lexèmes de forme simplex déjà cités ne sont pas indiqués. Entre les parenthèses qui précèdent apparaissent les critères de classification, avec éventuellement une liste complète de tous les exemples et ainsi que les préverbes avec les sens desquels le sens est également attesté.
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Le symbole + dés. sert à caractériser les sens de base attestés avec la fonction grammaticale du dés. Son absence signifie donc un sens sans cette fonction, c’est-à-dire un sens lexicalisé. Les commentaires visent seulement à rendre compte de la valeur sémantique contextuelle des formes dés.: ce qu’elles servent à représenter, marquer ou mettre en évidence, à travers le contexte aussi bien immédiat que général. Le sens de base de la catégorie, que ces formes expriment invariablement, n’est discuté que dans le chapitre IV. De même, les explications étymologiques des sens lexicalisés, qui sont principalement fondées sur l’interprétation du sens de base de la catégorie, sont reportées dans le même chapitre IV.
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aßißifi prés. ind. act. 3sg. aßißifiati ChU 3.17.1 et 6.8.3 opt. prés. act. 3sg. áßißifiet B 3.1.2.133; VådhS 14.3.10 et 14.3.19 part. act. áßißifiant- B 10.4.1.18 6x simplex act. (2x Br; 2x Up; 2x S) De aß259 ‘se nourrir, se rassasier, manger (cf. associations avec aßn¥yåt dans B 3.1.2.1, VådhS 14.3.10 et 14.3.19) Litt.: GÜNTERT 129, CHARPENTIER 18 1) (B 10.4.1.18 et Up) ‘avoir faim’ 2) (VådhS 14.3.1934) ‘consommer + dés.’, avec acc. asißifi est un des thèmes dés. qui se présente soit comme lexicalisé, avec le sens ‘avoir faim’, soit comme assumant sa fonction dés. Le seul exemple nonlexicalisé certain est VådhS 14.3.19 étant donné le complément direct kfi¥ram qui ne serait pas justifié avec le sens ‘avoir faim’: • VådhS 14.3.19 sa u cet kfi¥ram aßißifien mahatå kfi¥rapåtre˙a maitråvaru˙aμ graha« ßr¥˙¥h¥ty adhvaryur yaj°r°påt kåmaμ paryudaktasya drapsam avadhåya dadh¥ti vadann aßn¥yåt ‘Mais si par contre il (= le consacré) désire consommer du lait, l’Adhvaryu (disant) „Cuis la puisée de Mitra et Varu˙a d’après le yaj°r°pa- (?)“, il doit pour son désir en consommer avec une grande coupe de lait, disant „(Ceci est du) petit lait“, après avoir versé par terre une goutte de (la coupe) levée’ Dans le ka˙∂ikå précédent il est stipulé que la consommation du lait par le consacré ne peut normalement pas avoir lieu. Le dés. aßißifiet dans la phrase conditionnelle est utilisé pour faire allusion au désir du consacré de faire (tout de même) cette consommation, action qui nécessite une prescription particulière. Pour l’interprétation du sens lexicalisé ‘avoir faim’ v. p. 54 33 5 BK 4.1.2.1 +jíghatset (‡ jighats). 34 Pour l’autre passage, VådhS 14.3.10 sa u ced odanam aßn¥yåd aßißifiet, les deux
sens sont possibles. Avec la restitution du complément odanam pour aßißifiet, on obtient ‘si maintenant il consommait/mangeait du riz, (ou) s’il désirait (en) consommer/manger’. On s’étonnerait dans ce cas de ne pas trouver la particule vå après les deux verbes. Sans restitution de complément, le passage pourrait signifier ‘si maintenant il consommait/mangeait du riz, il aurait faim’, ce qui signifierait en substance qu’un d¥kfiita qui enfreindrait la règle de ne pas manger de riz connaîtrait la faim.
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åpipayifi prés. ind. act. 3pl. åpipayifianti B 2.6.3.11 (v. OERTEL II/905) 5 BK 1.6.3.8 (v. CALAND 1926: 63 et OERTEL II/905 et s.) et B 10.4.3.21 opt. prés. act. 3sg. (sám+)âpipayifiet B 2.6.3.11 5 BK 1.6.3.8; BÃUM 1.5.34 (sám +) = BÃUK 1.5.23 7x act. (5x Br; 2x Up) dont 5x simplex (Br) et 2x sam+ (Up) Du caus. åpáya- de åp (= *ap5) (‡ ¥ps) ‘obtenir, atteindre’ Litt.: VIA I/158 (simplex et sam+) ‘rendre achevé, achever, compléter35 + dés.’, avec simple acc.36. Le dés. opt. à valeur prescriptive dans BÃUM 1.5.34 met en évidence un effort de persévérance pour l’exécution d’une action astreignante: • BÃUM 1.5.34 yády u cáret samåpipayifiet ‘S’il suit (un voeu) il doit s’efforcer de l’accomplir jusqu’au bout’. Dans B 2.6.3.11 les dés. åpipayifianti et âpipayifiet servent à communiquer le désir de certains prêtres de terminer un rituel déterminé. La prescription qui suit indique la démarche à suivre pour que ce désir se concrétise: • B 2.6.3.11 tád háike râtr¥r åpipayifianti sá yádi râtr¥r ´åpipayified yád ad᪠puráståt phålgunyái paur˙amåsyâ údd®fi†aμ tác chunås¥ryè˙a yajeta ‘Ici certains désirent achever les nuits. S’il désire achever les nuits, il doit sacrifier avec le unås¥rya lorsque, avant la pleine lune de Phålgun¥, dans le (ciel) d’alors, (la nouvelle lune) est devenue visible’37
35 cf. le Nag. åpayitâ TS 7.1.5.6 (v. TICHY 1995: 214) et samåpaya- dans JB 1.3, 2.160, 2.299, 2.374, 2.381 et 3.3, et également abhí+åpáya- ‘accomplir, achever’ dans B 1.1.1.15 5 9.5.2.3 5 10.1.3.10 5 10.1.3.8, 10.4.3.6 et 1.1.1.21. 36 Pour cet usage du causatif de verbe transitif avec acc. simple v. TICHY 1980: 10. 37 Le thème est l’interruption du cycle des sacrifices saisonniers, adoptée par certains afin de se faire consacrer prêtre somique (cf. EGGELING I/447n. 2). Les nuits étant une forme auxiliaire de l’année comme les jours, les saisons ou les heures (cf. B 10.4.3.21), leur achèvement représente une substitution adéquate de l’achèvement du cycle entier. De même BK 1.6.3.8 râtribhir háika åpipayifianti s’interprète comme ‘Ici certains préfèrent achever (l’année [cf. CALAND 1926: 63 et OERTEL II/905 et s.]) grâce aux nuits’.
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inakfi prés. ind. act. 2sg. ínakfiasi RV 10.75.4d inj. prés. act. 3sg. ínakfiat RV 1.132.6e (= YVm; v. GELDNER I/186) part. act. (úd[...])/sam)ínakfiant- RV 1.51.9c, 9.73.9c (sam+), 10.8.9a (úd+) et 10.45.7d (úd... [= YVm]) 6x act. (RV) dont 3x simplex, 2x ud+ et 1x sam+ De naß/aß486 (‡ iyakfi) ‘atteindre, obtenir’ (cf. association avec åßata dans RV 9.73.9c) Litt.: CHARPENTIER 21, 22, GÜNTERT 90, 120, 30 (simplex et avec les sens de ud+ et sam+) ‘atteindre, obtenir + dés.’, avec acc. La similitude de sens, le fait que les attestations soient limitées aux livres adjacents du RV, et l’absence du n initial dans la syllabe de redoublement, indiquent bien que ce thème est une forme secondairement éclaircie de iyakfi38. On remarque cependant, à la différence de celui-ci, l’absence d’exemples moy. même là où il serait justifié, comme dans RV 9.73.9c où il contraste avec l’aor. moy. åßata: • RV 9.73.9c dhîråß cit tát samínakfianta åßata ‘Auch nur die Sachkundigen, die das zu erreichen suchen, haben es erreicht’ (GELDNER) En ce qui concerne la valeur sémantique, ínakfiasi dans RV 10.75.4d qui caractérise la course du fleuve Sindhu, vu la comparaison avec l’avance d’un chef d’armée et le caractère élogieux de l’hymne, sert bien à représenter une action volontaire progressant directement vers le succès: • RV 10.75.4c-d râjeva yúdhvå nayasi tvám ít sícau yád åsåm ágraμ pravátåm ínakfiasi // ‘Toi (= Sindhu), tu mènes (les fleuves39), comme un roi belliqueux (mène) deux ailes d’armée, lorsque tu t’efforces d’atteindre le sommet de ces (fleuves) portés vers l’avant’ Dans un contexte différent, ínakfiat dans RV 1.132.6 dépeint la tentative d’une personne hostile d’atteindre une cachette après son méfait: • RV 1.132.6 yuváμ tám indråparvatå puroyúdhå yó naª p®tanyâd ápa táμ-tam íd dhataμ / vájre˙a táμ-tam íd dhataμ / d°ré cattâya
38 Autres exemples de n analogique dans le paradigme de naß/aß dans AzI II/361. 39
cf. GELDNER n. 4ab citant Såya˙a. Ces fleuves sont probablement les affluents que Sindhu emmène à travers ses propres torrents.
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chantsad gáhanaμ yád ínakfiat / asmâka« ßátr°n pári ß°ra vißváto darmâ darfi¥fi†a vißvátas // ‘Indra und Parvata, schlaget ihr beide als Vorkämpfer jeden weg, der uns anfeinden sollte, mit der Keule erschlaget jeden! Dem in die Ferne Geflohenen soll sie wie der Schlupfwinkel erscheinen, den er zu erreichen strebt. Unsere Feinde soll er, o Held, vollständig, soll der Zersprenger vollständig zersprengen.’ (GELDNER) L’usage est manifestement de représenter ce sujet hostile comme frustré du fruit de sa tentative grâce à l’intervention d’Indra et Parvata.
iyakfi(1)(2) prés. ind. act. 2sg. (prá...)íyakfiasi RV 6.49.4d (= YVm), 8.45.31b (prá...) et 8.46.17d (v. GELDNER II/365n. 17) – 3sg. (abhí...)íyakfiati RV 8.31.15d-18d (= YVm; v. GELDNER II/342n. 15c), RV 9.78.1b (abhí...) et 10.11.6b (= AV 18.1.23a) – 3pl. íyakfianti RV 9.64.21b – moy. 3sg. +iyakfiate BauS 17.49: 329,13 (+iyakfiate pour l’opt. iyakfiyeta, étant donné l’ind. nirvapati de la phrase principale ; la forme du suffixe est conforme à la lecture de CALAND pour le passage équivalent BauS 23.17: 176,12 [v. opt.]) subj. prés. act. 3pl. íyakfiån RV 10.50.3c opt. prés. moy. 3sg. iyakfieta BauS 23.17: 176,12 (lecture du Vivara˙a [commentaires] adoptée par CALAND pour différentes v.l. yiyakfieta, iyajyeta, yajeta et yakfieta; 5 ind. +iyakfiate BauS 17.49: 329,13) part. act. (abhí...)íyakfiant- RV 1.153.2d, 2.20.1d, 6.21.3d, 9.11.1c (abhí...; = YVm), 9.22.4c, 9.66.14b et 10.74.1a (v. GELDNER III/n. 1a) – moy. íyakfiamå˙a- RV 1.123.10b (v. EVP III/60n. 10b); AV 4.14.5c = AVP 3.38.3c = KSm 18.4: 21,9 = KpSm 48.16 = TSm 4.6.5.2 = VS 17.69 = VSK 18.69 = Bm 9.2.3.28 5 MSm 2.10.6: 138,5 5 MSm 3.3.9: 41,20; KS 7.15: 79,8 = KpS 6.5 5 MS 1.6.12: 105,8 pf. pér. moy. 3sg. iyakfiåμ cakre JB 2.113 5 2.126 5 2.303 adj. iyakfiú- RV 10.4.1d (= TSm 2.5.12.4; v. CHARPENTIER 114, GELDNER III/125) 35x (17x RV; 2x AV; 7x YVm; 3x YVpr; 4x Br; 2x S) dont 12x simplex act. (RV), 19x simplex moy. (RV; AV; YVm/pr; Br; S), 1x simplex adj. (RV), 2x abhi+ act. (RV) et 1x pra+ act. (RV) iyakfi(1) de naß/aß486 (‡ inakfi) ‘atteindre, obtenir’ et iyakfi(2) de yaj494 (‡ yiyakfi) ‘sacrifier’ (cf. association avec yajeta dans BauS 23.17: 176,12) Litt.: CHARPENTIER 62, 109, 112, GÜNTERT 118, 119, 120, 121
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1) (simplex act. et moy., et avec les sens de abhi+ et pra+, dans RV, AV et YVm/pr) ‘atteindre, obtenir + dés.’, avec acc. 2) (simplex dans RV 1.123.10b, 6.21.3d 8.45.31, 8.46.17d, 9.64.21b, 9.66.14b et 10.74.1a) ‘désirer avidement’, sans complément 3) (simplex moy. dans Br et S) ‘sacrifier + dés.’ Les 34 exemples cités ici appartiennent à deux thèmes différents: d’une part iyakfi de naß/aß ‘obtenir, atteindre’, essentiellement attesté dans le RV, et d’autre part iyakfi de yaj ‘vénérer, sacrifier’, attesté à partir des Br. La première dérivation est une formation avec degré radical zéro, *H°Hc'¯a(cf. EWA I/27) de la racine indo-iranienne *Hnac', la deuxième est formée avec le degré radical plein, l’absence du y initial étant réglementée par la position devant -i- (cf. AiG I/1/262). La distinction entre les deux thèmes repose bien sûr sur l’analyse sémantique seule. On remarquera les compléments sumnám (RV 1.153.2d, 2.20.1d, 10.50.3c)40, kavím (6.49.4d), gâs (9.78.1b), pathás (9.22.4c), bhágam (10.11.6b), et mánas (8.31.15c), qui sont bien attestés avec naß/aß. Dans la majorité des exemples iyakfi sert à dépeindre un effort de volonté ou d’assiduité, de la part des adeptes du sacrifice, à obtenir la faveur d’un dieu. Dans le contexte de l’auto-éloge qui caractérise ces exemples, le poète s’identifiant lui-même à cette classe de sacrifiants volontaires, on interprète l’effort comme voué au succès: • RV 8.31.15c-d devânåμ yá ín máno yájamåna íyakfiaty abhîd áyajvano bhuvat // ‘Celui qui, en sacrifiant, s’efforce d’obtenir l’esprit des dieux, il dominera les non-adeptes du sacrifice’ La strophe reprend le thème du début de l’hymne, c’est-à-dire la récompense du prêtre et de son épouse pour la bonne réalisation du pressage du Soma. La valeur positive de l’effort voué au succès est particulièrement soulignée par la mention d’une autre action qui se réalisera en conséquence, en l’occurrence la victoire sur les non-adeptes du sacrifice. • RV 10.50.3a-b ké té nára indra yé ta ifié yé te sumná« sadhanyàm íyakfiån /
40 Il y a bien des exemples du complément sumnám avec yaj que GELDNER traduit par "erbitten": RV 8.19.4d sá no mitrásya váru˙asya só apâm â sumnáμ yakfiate diví "Er möge uns des Mitra, des Varu˙a, er der Gewässer Gunst im Himmel erbitten". GOTÕ (PiV 254) cite un exemple avec un complément sémantiquement similaire à sumnám, en l’occurrence drávi˙am, RV 3.1.22 = 10.80.7 ágne máhi drávi˙am â yajasva, ‘Agni, opfere dir grossen Besitz herbei!’, pour exemplifier une valeur particulière du moy. affectif de yaj.
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‘Qui sont ces hommes, Indra, qui (sont voués) à ta force, et vont s’efforcer d’obtenir ta faveur qui procure des butins41’ Comme le note GELDNER dans son commentaire la réponse à cette question est ‘nous’, c’est-à-dire le poète et sa communauté religieuse. Le dés. subj. 3pl. iyakfiån souligne particulièrement l’effort de volonté ou de courage de cette catégorie de prêtres privilégiés par Indra. Dans RV 6.49.4d, on reconnaît l’usage particulier du dés. pour représenter l’action volontaire et bénéfique d’un dieu: • RV 6.49.4 prá våyúm áchå b®hatî man¥fiâ b®hádrayiμ vißvávåraμ rathaprâm / dyutádyåmå niyútaª pátyamånaª kavíª kavím iyakfiasi prayajyo // ‘Ma haute pensée (se dirige) vers Våyu au grandes richesses, qui possède tout ce qui est désirable, qui a une voiture pleine. Par une route éclatante, dominant les Niyuts, (tel un) sage tu fais l’effort d’atteindre le sage, Ô adorable’ Pour justifier le sens lexicalisé concret ‘être avide d’obtenir, réclamer’, on se basera en particulier sur l’absence de complément direct qui ne convient pas à une action comme ‘atteindre, obtenir’: • RV 8.45.31 yád dadhifié manasyási mandån᪠préd íyakfiasi / mâ tát kar indra mr¬áya // ‘Alors que tu as déjà reçu (un sacrifice), étant ivre, tu t’obstines, et réclames (encore). Ne fais pas cela Indra, sois charitable’ Dans certains exemples, l’absence de complément n’est peut-être que superficielle, l’objet de l’obtention étant interprétable contextuellement: • RV 1.123.10 kanyèva tanvä ßâßadånå« éfii devi devám íyakfiamå˙am / sa«smáyamånå yuvatíª puráståd åvír vákfiå«si k®˙ufie vibhåtî // ‘Telle une jeune femme, paradant avec son corps, Ô déesse, tu vas vers le dieu avide (/ ‘qui désire (t')atteindre’). Jeune, brillant vers l’Est, tu dévoiles, souriante, ta poitrine’ Deux autres exemples, où on pourrait aisément restituer un complément et interpréter un dés. non-lexicalisé, sont AV 4.14.5c42 et KS 7.15: 79,7-843
41 sadhanyàm d’après GELDNER ‘Beute gewährende’. 42 AV 4.14.5c íyakfiamå˙å bh´®gubhiª sajófiåª suàr yantu yájamånåª svastí, où
d’après le contexte de la strophe on peut poser Agni comme complément sousentendu: ‘S’efforçant de (l’ [= Agni]) atteindre, unis dans la pensée avec les B®ghus, puissent-ils en sacrifiant aller jusqu’au soleil, pour le bien-être’. 43 KS 7.15: 79,7-8 ådityå vå ita uttamå amuμ lokam åya«s te pathirakfiayas ta iyakfiamå˙aμ pratinudante, où il faut restituer amuμ lokam comme complément pour iyakfiamå˙åm, ‘D’ici, les Ãdityas arrivèrent les derniers à l’autre monde. Ils sont les gardiens du chemin. Ils repoussent celui qui essaye de (l’ [= l’autre monde]) atteindre’.
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En tous cas la possibilité qu’il s’agisse dans tous ces exemples du dés. de yaj ‘sacrifier, vénérer’ n’est pas supportée par le contexte44.. Comme dés. de yaj ‘sacrifier’, iyakfi représente le désir d’accomplir une cérémonie de sacrifice particulière pour laquelle une prescription est nécessaire: • BauS 17.49: 329 någataßr¥r mahendraμ yajeta trayo vai gataßriyaª ßußruvån gråma˙¥ råjanyas tefiåμ mahendro devateti sa yo Ønya etebhyo mahendram iyakfiate sa saμvatsaram indram ifi†vågnaye vratapataye puro∂åßam afi†åkapålaμ nirvapati ‘Un non-Gataßr¥ ne doit pas offrir le Mahendra. Trois, en vérité, sont les Gataßr¥s: le ußruvån, le Gråma˙¥ et le Råjanya. Pour ceux-là le Mahendra est la déité. Un autre que ceux-là souhaitant offrir le Mahendra, offre des gâteaux de riz sur huit tessons à Agni le maître des ordonnances, après avoir sacrifié Indra pendant un an...’
¥kfi prés. ind. act. 3pl. ¥kfianti MaiU 7.1-6 – moy. 1sg. KSm 1.4: 2,13 (prá+) = 31.3: 4,11 = KpSm 1.4 = TSm 1.1.4.1 = TBm 3.2.4.5 = BauSm 1.5: 7,9-182x = BhåSm 1.19.9 = ÃpSm 1.17.9 = ÃpSm 3.19.5 = HiSm 2.8.19 5 VSK 2.22 (práti+) 5 KBm 6.9.5 (prati+) 5 ÃßSm 1.13.1 5 (prati+) 5 ÃßSm 8.14.17 (prati+ et sam+) 5 åSm 4.7.4 (prati+) 5 MåSm 5.2.15.15 (anu+) 5 KåSm 2.2.15 (prati+); TSm 1.1.10.345 (áva+) = BauSm 1.12: 18,5 = BhåSm 2.6.6 (ava+) = ÃpSm 3.19.7 = ÃpSm 6.6.6 = VaiS 4.8: 47,13-14 = MåSm 1.2.5.12 5 MSm 1.1.11: 7,1; MSm 1.1.5: 3,3 (prá+) = 4.1.5: 6,16 = MåS 1.2.1.29 et MSm 1.1.7: 4,6 (áva+) = 4.1.7: 9,13 = MåSm 1.2.2.31; VS 36.18 (sám+) = VSK 36.18; JB 1.249 (abhivi+) et 3.368; GBm 2.1.2: 145,646 (prati+); TÃm 4.3.3 (ánu+) = 5.3.7 = BauSm 9.4: 270,2 = BhåSm 11.4.6 = ÃpSm 15.4.7 = HiSm 24.1.22 = VaiS 13.5: 13 et TÃm 4.38.1 (pra+); ÃßSm 8.14.18 (anuvi+); åSm 2.8.9 (ava+)47 et 7.4.4 (prati+); BauSm 3.25: 4 (ava+) = MåSm 5.2.15.17 (anu+); ÃpSm 1.21.7 (ava+) = HiSm 1.5.90 et ÃpS 6.10.11 (prati+); MåSm 2.3.7.1 (ava+) – 2sg. ¥kfiase AVP 17.14.1d – 3sg. ati/áva/anv/anuví/anvava/abhyáva/úd/upa/upâva/parå/prá/práti/pratisam/pratyápa/pratyava/ví/vyava/sam+´)¥kfiate AV 9.6.3 (prá+) = AVP 44 Seule exception peut-être, 6.21.3d, où d’après GELDNER (II/120n. 5a) le thème serait une question concernant le moment propice du sacrifice. 45 5 avapaßyåmi KS 1.10: 5,9-10 / VS 1.30 / VSK 1.47 / B 1.3.1.19 / åS 4.8.1. 46 5 prátipaßyåmi TS 2.6.8.5 / ÃpS 3.19.6. 47 5 avapaßyåmi PB 1.5.3.
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16.111.3 et AV 9.6.18 (prá+) 5 AVP 16.112.5 (áva+); KS 6.7: 56,18 (áva+) = KpS 4.6, KS 22.8: 64,22 (áva+) = KpS 35.2, KS 26.5: 128,11-122x (ud+) = KpS 41.32x, KS 28.4: 158,7 (pra+) = KpS 44.5, KS 29.2: 169,18 = 170,2 (ava+) = KpS 45.32x, KS 31.9: 11,6 (áva+) = KpS 47.9 = MS 4.1.12: 15,7, KS 31.9: 11,8-92x (ava+) = KpS 47.92x, KS 31.9: 11,12 (ava+) = KpS 47.9; TS 2.3.11.2 (áva+) et 3.2.9.52x (prati+ et práti+); MS 1.8.5: 122,3-112x (práti+), 3.2.7: 26,12 (ava+) et 3.3.4: 37,5 (prá+); AB 1.22 (ava+) et 6.1 (ava+); KB 6.9.5 (prati+); JB 1.82x, 1.174 (pratisam+), 1.205 (ava+), 1.247 (pratyava+), 1.329, 2.502x (vi+), 2.56, 2.118 (vi+), 2.121 (vi+) et 3.346 (vyava+); PB 7.9.16 (upa+) et 12.13.32 (ava+); ÛB 1.7.2 (ava+); TB 2.1.4.3 (prati+) et 3.11.7.42x (pratyápa+) 5 B 2.3.3.12 (upâva+) 5 BK 3.1.9.3 (pratyava+) 5 BK 3.2.6.3 (pratyava+); B 1.1.2.14 (pra+), 1.1.2.21 (pra+), 1.3.1.13 (áva+) 5 BK 2.2.4.10 (áva+), B 1.3.1.182x (áva+) 5 BK 2.2.4.15 (áva+), B 1.3.1.19 (áva+) = BK 2.2.4.16, B 1.3.1.26 (áva+) = BK 2.2.4.18, B 1.3.1.27 (áva+) = BK 2.2.4.20, B 1.3.1.28 (áva+) = BK 2.2.4.21, B 1.6.3.41 (vi+) = BK 2.6.1.28, B 1.9.3.132x (pra+) = BK 2.8.4.8, B 1.9.3.14 (pra+) = BK 2.8.4.9, B 1.9.3.152x (úd+) = BK 2.8.4.9, B 1.9.3.16 (úd+) = BK 2.8.4.10, B 3.7.1.18 (úd+), B 4.3.4.18 (pra+) = BK 5.4.1.14, B 6.3.3.4 = 6.4.4.14, 6.7.2.16 (ví+), 11.1.5.1 (abhyáva+), 14.2.2.35 (pra+) et 14.2.2.38 (pra+); BK 2.1.2.12 (pra+), 2.1.2.15 (ví+), 3.2.6.3 (pratyava+) et 4.7.1.17 (úd+); KauU 2.15 (anvava+); ÃßS1.13.1; åS 2.14.1 (sam+), 4.8.1 (ava+) et 8.1.7 (anu+); BauS 1.5: 7,9 (pra+), 1.5: 7,18 (pra+), 1.7: 10,18 (anvava+) = VådhS 2.6.31, BauS 3.23: 95,5 (sam+), 3.27: 99,10 (vi+), 3.28: 100,14 (sam+), 6.13: 170,7 et 9.4: 270,1 (anu+); BhåS 1.20.3 (abhivi+); ÃpS 1.18.4 (anuvi+), 2.3.10 (anuvi+), 2.11.10 (prati+), 4.4.9 (anuvi+), 6.10.2 (abhivi+), 11.18.2 (anuvi+), 12.20.10 (parå+), 13.5.14 (anuvi+), 15.3.7 (anuvi+), 15.4.7 (anuvi+) et 22.28.24 (anuvi+); VådhS 1.3.31 (prati+) = 1.12.15, 1.16.17 (pratyava+), 1.18.20 (anuvi+), 1.20.3 (parå+), 2.1.17 (pratyava+), 2.3.3 (prati+), 2.4.31 (anu+), 2.6.32 (anvava+), 2.7.16 (pratyava+), 2.7.24 (pratyava+), 2.8.35 (ava+), 2.11.22 (parå+), 3.14.2 (prati+), 3.16.7 (sam+), 4.1.48 (prati+), 4.1.55 (prati+), 4.5.19 (pra+) et 6.3.5 (ati+); MåS 1.2.1.40 (abhibi+) et 2.2.4.40 (abhivi+); KåS 2.2.13 (prati+) et 2.7.8 (ava+) – 3du. ava/parå/sam+¥kfiete BauS 7.11: 216,9 (sam+) et 7.11: 216,10 (parå+); BhåS 2.6.11 (ava+); ÃpS 2.3.6 (ava+) et 7.17.2 (ava+); HiS 13.6.15 (ava+); VaiS 5.4: 4 (ava+) – 1pl. upapra/sám+¥kfiåmahe AVP 16.132.12b (upapra+) = 19.28.12; MSm 4.9.27: 140,7 (sám+) = VS 36.18 = VSK 36.18 – 3pl. (ánv/ápa/áva/ud/udvi/nir/parå/práti/sam+îkfiante AV 4.14.4a (ápa+) = AVP 3.38.4a = KSm 18.4: 268,9 = KSm 21.9: 48,15 = KpSm 28.4 = TSm 4.6.5.2 et 5.4.7.1 = MSm 2.10.6: 138,8 = VS 17.68 = VSK 18.68 = Bm 9.2.3.27 = TÃm 1.27.5 et AV 14.1.39d (práti+) 5 AVP 18.4.8d (prati+); AVP 15.19.6a (udvi+) et 15.19 7c (áva+); TS 6.6.7.2 (áva+); JB 1.247 et 2.52; B 3.1.1.11,
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6.3.3.5(ánu+) et 9.2.3.27 (ápa+); BK 2.6.2.12 et 4.1.1.1; Tà 1.27.5 (ápa+), 5.3.10 (áva+), 5.6.113x (áva+) et 5.6.12 (áva+); GB 1.2.2: 34,7-8 (nir+); BauS 7.11: 216,16 (sam+), 7.11: 216,17 (parå+), 7.11: 217,52x (parå+ et sam+) et 10.52: 54,12 (apa+); ÃpS 12.18.16 (ava+) et 21.10.10 (sam+) impf. moy. 3sg. (anuví/ánv/abhi...ava/abhivy/áva/pari/praty/pratyanv/pratyava/vy+)áikfiata AV 13.3.6e; KS 7.9: 70,21 (anu+), 10.5: 130,5 (áva+), 13.4: 184,17 (pratyava+) = 23.4: 79,2 = KpS 36.1 et KS 31.9: 11,11 (áva+) = KpS 47.9; MS 1.6.12: 104,13-1448, 2.1.11: 13,5 (áva+) et 3.7.8: 85,14; AB 2.16.1; KB 12.9.19; JB 1.78, 1.108 (abhi...ava+), 1.113, 1.1172x, 2.26, 2.1252x, 1.288 (pratyanu+), 2.3692x (simplex et vi+), 2.399 (anu+), 3.346 (pratyava+), 3.349 (pratyava+) et 3.365 (vi+); PB 18.1.3; TB 3.3.5.1 (áva+); B 1.7.3.3, 2.2.4.1 = 2.5.1.1, 2.2.4.3 = 2.5.1.2, 2.5.1.13, 3.2.1.19, 3.9.1.2, 3.9.1.3, 6.2.1.595x, 6.2.2.6 (anuví+), 10.4.2.21 (+páryaikfiata pour ‰páryaikfiat), 10.4.2.22, 11.1.6.12, 11.1.6.13, 11.2.3.3, 12.7.1.10 et 13.7.1.1; VB 437,10 (pari+); GB 1.1.1: 1,2, 1.1.3: 2,13 (anu+), 1.1.10: 8,9 (anu+), 1.1.11: 9,9 (anu+), 1.1.34: 27,8, 2.1.2: 144,8 (prati+) et 2.2 15: 181,12 (ava+); Aà 2.4.3 (abhivi+); Tà 1.4.3 (ánu+); KU 4.1c (+aikfiatå‰ pour aikfiad å‰49); ChU 6.2.32x et 6.3.2; BÃUM 1.2.5 = BÃUK 1.2.5; åS 14.27-28.1 – ¥kfiata (résulte d’une scission érronée, dans la langue liturgique, de *saikfiata [forme courante de sa aikfiata] en sa ¥kfiata, et, dans le cas de AB 3.21.4 5 3.45.8, d’une dissimilation ¥kfiataiva de *aikfiataiva [v. IiV 108]) AB 3.21.4 5 3.45.8; AU 1.1,1.3 et 3,1.112x – 3du. (abhy/pary)áikfietåm RV 10.121.6b (abhi+ [= YVm]; v. GELDNER III/348n. 6b); JB 1.134 (pari+) et 2.230; PB 13.7.12 – 3pl. (anv/abhy/ava/pary+)áikfianta AV 2.34.3b (anu+) = AVP 3.32.4b = KSm 30.8: 190,3 (anu+) = MSm 1.2.15: 25.5 (v.l. anvaicchanta) = MS 3.9.7: 125,16 5 TSm 3.1.4.2 (abhi+); JB 1.97 (pari+) et 2.291 = 3.187; ÛB 1.7.2 (ava+); VB 423,19; KeU 3.1; ChU 6.2.4 inj. prés. moy. 2sg. prá+¥kfiathås B 4.6.7.9 5 4.6.7.10 5 BK 5.8.4.10; KåS 8.4.26 imp. prés. moy. 2sg. (ánv/anuví/abhi...ava/párå+)¥kfiasva MSm 2.7.16: 100,5 (anuví+) = VS 13.30 = VSK 14.32 = Bm 7.5.1.8; JB 1.108 (abhi...ava+), 2.399 (anu+) et 2.400 (anu+); B 3.6.2.3 (párå+) et 7.5.1.8 (anuvi+); BK 2.5.2.1 5 5.3.4.1 – 2du. avekfiethåm ChU 8.8.2 – 2pl. (sám)¥kfiadhvam MSm 4.9.27: 140,7 (sám+); VS 5.34; BauS 14.14: 177,12-13 – 3pl. sám¥kfiantåm VS 36.18 = VSK 36.1.18 subj. prés. moy. 1sg. avékfiai B 7.1.1.40; JB 3.271 48 5 KS 11.6: 151,6 et TS 6.5.6.1 amanyata. 49 L’act. aikfiat dans le påda c. kaß cid dh¥raª pratyagåtmånam aikfiat semble avoir
été introduit afin de rétablir un Trifi†ubh, comme dans le påda d. åv®ttacakfiur an®tatvam icchan, en lieu d’un jagat¥ originel kaß cid dh¥raª pratyagåtmånam + aikfiata.
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opt. prés. act. 3sg. ¥kfiet ÃpS 15.20.19 – moy. 3sg. (ati/ánu/áva/upa/upåva/nis/párå/pari/paryava/pra/prativi/pratisam/pratyanv/pratyava/vyava+ )îkfieta KS 6.7: 56,16 (áva+) = KpS 4.6 5 MS 1.8.4: 119,12 (ava+), KS 28.6: 161,9 = KpS 44.6, KS 29.2: 169,17 (áva+) = KpS 45.3, KS 34.18: 48,16 (pari+) et 34.18: 48,20 (ati+); TS 3.2.3.32x (áva+), 3.2.3.4 (áva+), 3.2.4.5 (párå+) = BauS 7.10: 216,2, TS 6.5.6.52x (ánu+ et anu+) et 6.6.7.22x (áva+); MS 3.2.7: 26,12 (ava+) et 4.6.9: 92,12 (áva+); AB 3.32.5-62x (ava+), 6.26.7 et 8.10.4 (anu+); JB 1.1672x (ava+ et paryava+), 1.174 (pratisam+), 1.247 (pratyava+), 1.288 (pratyanu+), 3.4, 3.346 (vyava+) et 3.3572x (pratyava+); PB 7.7.15 (prativi+); TB 3.3.5.2 (áva+); B 1.3.1.26 (áva+) = BK 2.2.4.19, B 2.3.3.12 (upåva+) 5 BK 3.1.9.3 (pratyava+) 5 BK 3.2.6.3 (pratyava+), B 7.1.1.40 (áva+) et 14.1.1.31 (pra+); BK 5.8.4.102x (pra+); GB 1.2.2: 34,6 et 2.2.15: 181,7 (ava+; 5 at¥kfieta KS 34.18: 48,20); AÃ 2.2.42x (upa+) et 3.2.4 (upa+); Ã 3.42x (paryava+); TÃ 5.6.122x (áva+) et 5.8.92x (ánu+); MaiU 6.21 (nis+); ÃßS 2.5.2; åS 8.10.1 (sam+); BauS 10.22: 20,3 (ava+), 22.1: 118,1 (sam+) et 25.1: 228,4-5 (pra+); BhåS 6.11.6 (abhivi+); ÃpS 6.17.11 (anu+) et 13.10.4 (anu+); HiS 3.7.85 (abhivi+); VådhS 3.7.22 et 14.1.29314x – 3pl. (ava/parå+)¥kfieran JB 2.52; ÃßS 6.12.4 (ava+); LåS 1.12.4 (ava+) et 5.7.2 (ava+); DråS 3.4.19 (ava+) et 14.3.3 (ava+); HiS 8.5.38 (parå+) part. moy (anuví/anv/apa/ava/ud/upa/upåva/pra/prati/pratyava/vi/sam+)îkfiamå˙a- AV 9.7.23 5 AVP 16.139.24, AV 12.5.19 (apa+) 5 AVP 16.142.6 (apa+) et AV 12.5.20 = AVP 16.142.7; KS 28.1: 153,13 (prati+) = KpS 44.1, KS 28.6: 161,8 = KpS 44.6 5 MS 4.6.9: 93,5-62x, KS 36.7: 75,8 (anapekfiamå˙ås) = MS 1.10.13: 153,14, KS 36.14: 81,15 (anapekfiamå˙ås) = MS 1.10.20: 161,1 et KS 41.10: 154,12-13 (vi+) = TS 7.1.19.3 = MS 3.12.3: 161,5; TS 1.7.1.2; MS 3.2.4: 20,10 (ánapekfiamå˙ås) et 4.8.5: 113,14 (ánapekfiamå˙ås); VS 22.8; VSK 24.3.6; AB 1.29.15; KB post 26.2: 130,27; JB 1.197 (sam+), 2.46, 2.254 (aprat¥kfiamå˙ås), 2.357, 2.398 (ava+) et 3.3442x (anu+ et upa+); B 1.5.1.26, 1.6.3.41 (vi+), 2.3.4.35, 2.6.1.28 (vi+), 4.6.7.1 (pra+), 4.6.7.10 (pra+), 5.2.1.152x (anuvi+), 5.2.1.18 (upåva+), 5.4.3.20 (pratyava+) 5 BK 6.2.2.15 (pratyava+), B 6.5.4.5, 11.5.4.14 (sam+), 13.6.2.20 (ánapa+), 13.8.3.4 (ánapa+), 14.2.2.35 et 14.2.2.38; BK 1.4.1.25, 1.6.2.8 (ánapa+), 2.1.1.2, 4.2.2.6, 7.1.1.4 (ánapa+) et 7.3.3.18 (pratyava+); GB 1.1.3: 2,14; MaiU 1.2 (ud+); ÃßS 1.1.23, 2.3.27 et 2.5.17 (anuvi+); åS 6.12.2; LåS 4.2.9; DråS 11,2,10; BauS 2.8: 46,5 (ava+), 3.27: 99,10 (pra+), 9.20: 298,2 (pra+) et 10.22: 20,4 (ava+); BhåS 7.13.4 (ava+); ÃpS 7.17.1 (ava+), 12.17.5 (ava+) et 15.21.8 (pra+); MåS 1.1.2.23 (anu+), 1.1.2.25 (anu+) et 2.3.7.3 (pra+); KåS 6.3.12, 8.4.24 (pra+), 21.1.17 (anapekfiamå˙ås) et 26.4.15 fut. moy. 1sg. abhyavekfiifiye JB 1.108
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part. fut. act. vi+¥kfiifiyánt- KSm 5.1.10: 154,12 = TSm 7.1.19.2 – moy. avekfiifiyámå˙å B 1.3.1.13; BK 2.2.4.10 aor. act. 1sg. +ava+aikfiifiam GB 1.3.12: 79,6 (+avaikfiifiam pour avekfiifiam50) – moy. 1sg. ápa/sám+aikfiifii RVKh 1.1.1a (sám+); B 11.5.3.6 (ápa+) – 2sg. ava/ápa/abhyava+aikfiifi†hås JB 1.1082x (abhyava+); B 11.5.3.3 (ápa+); GB 1.3.11: 77,13 (+avaikfiifi†håª pour avekfiifi†håª) pf. per. moy. 3sg. (abhyava/ava+)¥kfiâμ cakre AB 6.18.2, 6.30.7 et 7.16.3; JB 1.42, 1.152, 1.196 et 3.2703x (ava+); B 1.6.3.7 5 BK 2.6.1.4, B 1.7.4.6 (ava+) = BK 2.7.2.5 (ava+), B 2.1.2.14, 2.2.1.13 = BK 1.2.1.9, B 2.5.1.3, 2.5.2.26 = BK 1.5.1.24, B 3.2.1.22, 3.2.1.26, 3.2.1.27 = BK 4.2.1.20, B 3.6.1.26 (samanu+), 3.9.4.12 = BK 4.9.4.9, B 3.9.4.22, 4.1.3.11 = BK 5.1.3.8, B 4.1.5.4 = BK 5.1.5.3, B 4.3.4.23 = BK 5.4.1.19, B 4.5.3.2 = BK 5.6.1.2, B 5.5.4.8, 7.3.2.14 (abhyava+), 9.5.1.14, 9.5.1.15, 10.4.2.3, 11.5.1.4, 11.8.1.2; BK 1.2.4.1 (5 impf. aikfiata B 2.2.4.1), 1.4.3.1 (5 impf. aikfiata B 2.5.1.1), 1.4.3.2 (5 impf. aikfiata B 2.5.1.2), 1.4.3.11 (5 impf. aikfiata B 2.5.1.13), 2.7.1.3 (5 impf. aikfiata B 1.7.3.3), 2.7.1.1751, 3.1.12.9, 3.1.12.12 (5 impf. aikfiata B 11.1.6.12), 3.1.12.13 (5 impf. aikfiata B 11.1.6.13), 3.2.5.2 (5 impf. aikfiata B 11.2.3.3), 4.2.3.2, 4.9.1.2 (5 impf. aikfiata B 3.9.1.2) et 7.5.1.3; GB 2.6.1: 242,12 et 2.6.9: 256,16; BÃUM 1.4.3 = BÃUK 1.4.2, BÃUM 1.4.6 = BÃUK 1.4.4 et BÃUM 6.4.2 = BÃUK 6.4.2; BauS 18.13: 357,10, 18.28: 376,2, 18.44: 396,7, 18.45: 397,14 et 18.47: 403,10 – ¥kfiåm åsa52 åS 15.21.1 – 3du. (ava+)¥kfiåμ cakråte JB 2.299; ChU 8.8.1 (ava+) et 8.8.2 (ava+) – 3pl. ¥kfiåμ cakrire JB 1.296; B 3.2.1.22; BK 2.6.4.1853 et 5.4.2.354 abs. (ava+)¥kfiitvå JB 1.108; BauS 20.10: 23,15 (ava+) – anv/anuvi/anusam/anvava/ava/ud/upa/parå/pari/paryava/pra/prati/vi/sam/sa manv+íkfiya KB 16.5. 32 (paryava+); JB 1.126 et 3.271 (ava+); PB 6.7.242x (ava+) et 7.6.17; B 2.2.4.12 (ud+) = BK 1.2.4.9, B 2.4.1.6 (parå+), 2.4.1.12 (parå+), 3.6.1.26 (samanu+) = BK 4.6.1.26, B 3.8.2.25 (anvava+), 4.5.7.6 (samanu+) 5 BK 5.7.4.8 (anusam+), B 12.2.1.9 (upa+), 12.4.4.6 (ava+), 12.4.4.7 (ava+) et 12.6.1.2 (anusam+); GB 1.5.2: 115,3 (ud+); à 11.42x (pari+ et vi+); ChU 8.8.4 (anu+); BÃUM 1.4.1 (anuvi+) = BÃUK 1.4.1 et 6.1.1 (ud+) = BÃUK 6.2.1; ÃßS 3.9.4 (ava+) et 4.7.4 (ava+); åS 1.6.11 (pra+), 4.7.4 (prati+), 4.16.6 (sam+), 7.4.4 (prati+) et 6.12.24 (anuvi+) – (anusam/apa+/prati+)îkfiam MS 1.5.7: 75,13 (ánapekfiam); TS 5.2.4.4 50 Une autre possibilité serait que la forme avekfiifiam n’appartienne pas à ava+¥kfi mais à viß. 51 5 parimam®ße B 1.7.3.19. 52 åsa forme act. pour le moy., v. GS 490. 53 5 akåmayanta B 1.7.2.23. 54 5 °cur B 4.3.5.3.
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(áprat¥kfiam) = TB 1.6.1.4, TS 6.6.3.5 (id.) = TB 1.6.5.6; TB 1.6.10.5 (id.) = 1.7.1.9; B 2.6.2.18 (áprat¥kfiam 5 part. moy. ánapekfiamå˙ås BK 1.6.2.8), 5.2.3.4 (áprat¥kfiam 5 part. moy. ánapakfiemånas BK 7.1.1.4), 5.2.4.20 (áprat¥kfiam), 5.6.5.10 (anusam+), 7.1.3.17 (áprat¥kfiam ), 9.1.2.122x (áprat¥kfiam ), 12.5.2.15 (ánapekfiam), 12.9.2.8 (ánapekfiam) et 14.3.1.28 (ánapekfiam); KåS 5.10.20 (anapekfiam) adj. verb. (ví+)¥kfiita- KSm 5.1.10: 154,13 (ví+) = TSm 7.1.19.3 = MSm 3.12.3 5 VS 22.82x (simplex et vi+) 5 VSK 24.122x (id.); JB 2.52 = VB 423,20; ÃßS 2.19.15; inf. îkfiitum BK 4.1.1.355 gdf. anv/upa+îkfiya- TS 6.5.6.5 (anu+); AB 3.2.2 (upekfiyatamam); Tà 5.8.10 (anu+) – anv¥kfiitavyä B 8.1.3.3 – ¥kfienyäsas RV 9.77.3c n.a. (prati/vyapa/sam+)¥kfiâ- AVP 20.14.4b; TB 3.4.19.1 (prati+); GB 2.2.5: 169,1 (vyapa+); ÃpS 15.6: 13 (sam+); HiS 24.2.10; VaiS 13.8: 162,5 (sam+) adj. = n.ag. (pra+)îkfiaka- B 7.1.2.11; MaiU 2.7 (prekfiakavat); LåS 1.12.15 = DråS 3.4.29 caus. ind. act. 3sg. (ava/parå/pra/sam+)¥kfiayati DråS 5.4.8; BauS 1.12: 18,2, 4.4: 114,11 (parå+), 6.2: 158,15, 6.13: 170,6 (sam+) et 8.6: 242,4; KåS 2.7.4 (ava+), 9.7.8 (ava+), 10.7.3 (sam+) et 19.2.30 (pra+) – 3pl. pra/sam+¥kfiayanti AVP 5.7.2a (sam+); JB 1.282 (pra+) – moy. 1sg. ava+ikfiaye AVP 20.53.8 (5 prés. 1sg. prat¥kfie GBm 1.2.2: 145,6 etc.) – 3sg. sam¥kfiayate MåS 2.1.3.47 caus. inj. act. 3sg. sam...¥kfiáyat RV 1.132.5a caus. imp. act. 3pl. sám¥kfiayantu AV 4.15.2a (v. WHITNEY I/172, JAMISON 123n. 35) – moy. 2sg. sám¥kfiayasva AV 4.15.3a (5 sam¥kfiayati AVP 5.7.2a) caus. opt. act. 3sg. (anv/ava+)¥kfiayet ÃßS 8.14.17; BauS 20.10: 22,1523,13x (ava+) et 20.28: 63,8 (ava+); DråS 5.4.8 (anu+) caus. part. act. sam¥kfiáyant- AV 11.9.6 et 11.9.9 = 11.9.11 = 11.9.25 caus. abs. avekfiayitvå BauS 25.11: 240,1 ? (áva/pra)îkfie RV 8.79.9ab (áva...; v. GELDNER II/406n. 9ab); AV 12.1.58b 5 AVP 17.6.5b; KåS 2.3.16 (pra+), 1sg. moy. de (‰)¥kfi ou 2sg. moy. de (‰)¥ß (= *iß541) ? sam¥kfiyamå˙åm KåS 7.6.26, caus. pass. part. d’après KULIKOV 582 et s. Plus de 600 exemples (3x RV; 1x RVKh; 31x AV; 60x YVm; 80x YVpr; plus de 300x Br; 20x Ãr; 23x Up; 151x S) simplex (AV; YVmpr; Br; Up; Ãr; S) ou avec ati+ (YVpr; S), (praty/sam)anu+ (AV; YVm/pr, Br; S), (praty/vy)apa+ (AV; YVm/pr; Br; Ãr), abhi+ (RV; YVm), 55 5 jófiayitum B 3.1.1.4.
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(anv/abhy/upa/pary/praty/vy)ava+ (AV; YVm/pr; Br; Ãr; Up; S), ud+ (YVpr; Br; Up), upa+ (Br; S), nir+ (Br; Up), parå+ (YVpr; Br; Ãr; S), pari+ (YVpr; Br; Ãr), (upa)pra+ (AV; YVm/pr; Br; S), prati+ (AV; YVm/pr; Br; S), (anu/abhi/ud/prati)vi+ (YVm/pr; Br; Ãr; S), (anu/prati)sam+ (RV; RVKh; YVm; Br; S) dont 4x act., 510x moy., 52 abs., 10x adj. verb., 1x inf., 5x gdf., 6x Na, 5x adj. = n.ag., 23x caus. act., 3x caus. moy. et 1x caus. abs. De *ak/ac1 ‘voir’ Litt.: AiV 142, CHARPENTIER 14, 108, EMENEAU 192, GÜNTERT 107, 110, 111, 115, 119, 128, JAMISON 123 et s., NEISSER 172 et s., PiV 77, STRUNCK 1977: 982 et s. 1) (simplex et combiné avec les sens des préverbes mentionnés dans l’inventaire formel, RV+) ‘regarder’, avec acc. 2) (simplex, YVpr+) ‘imaginer / se faire une réflexion’, particulièrement fréquent avec une phrase avec íti, sinon avec acc. Pour ce qui est de la diathèse, il est clair qu’¥kfi est un Medium tantum, les 4 exemples act. étant tout à fait marginaux, et sans contraste sémantique particulier par rapport au moy. Pour ¥kfianti de MaiU 7.1-6, il faut tenir compte du fait que dans la langue de ce texte, la distinction entre l’act. et le moy. n’est plus constante. Dans KSm 5.1.10: 154,12 (= TSm 7.1.19.2), le part. fut. act. dat. sg. v¥kfiifiyate est analogique par rapport à toute une série de part. fut. act. qui précèdent dans le même passage (p.ex. jågarifiyate, prabhotsyate, åpsyate ...). Dans +avaikfiifiam GB 1.3.12: 79,6, la désinence act., étant donnée celle du moy. dans +avaikfiifi†hås GB 1.3.11: 77,13, ne peut être que secondaire (cf. pour d¥kfi dans 1.3.20: 90,8 la forme corrompue d¥kfiifiyati en face, dans le même passage, des formes moy. d¥kfiifiyamå˙ån et d¥kfiifiyadhve). En ce qui concerne îkfie, les passages cités dans l’inventaire formel attestent sans équivoque la première personne de ¥kfi et non la seconde au moy. de ¥ß ‘s’emparer de’. Ceci se constate par la présence du complément instrumental cákfiufiå ‘avec les yeux’ (p.ex. VS 5.34 mitrásya må cákfiufiå ¥kfiadhvam ‘regardez-moi avec les yeux de Mitra), ou par l’évidence de la première personne (p.ex. JB 1.249 yad ahaμ dvifiantam abhivadåmi yad abhiprå˙imi yad abhiv¥kfie ‘lorque je m’adresse à une personne haïssante, lorsque je souffle [vers lui], lorsque je [le] regarde’). L’action exprimée par ¥kfi est bien l’action visuelle physique ‘regarder’56, ou mentale ‘se faire une réflexion, imaginer’, ce deuxième sens étant particu56 D’après AV 2.34.3a-b yé vadhyámånam ánu dîdhyånå anváikfianta mánaså cákfiufiå ca ‘they who, giving attention to the one being bound, looked after (him) with mind and with eye’ (KEITH), celle-ci peut également être assistée par l’esprit.
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lièrement attesté avec une phrase avec íti. Deux exemples caractéristiques sont TS 1.7.1.2 et B 3.2.1.19: • TS 1.7.1.2 yárhi hóté∂åm upahváyeta tárhi yájamåno hótåram ¥´ kfiamå˙o våyúm mánaså dhyåyet ‘Lorsque l’Hotar annonce l’I∂å, le Yajamåna regardant alors l’Hotar doit avec sa pensée imaginer Våyu’ • B 3.2.1.19 té devâ yajñám abruvan yófiå vâ iyáμ vâg úpamantrayasva hvayifiyáte vái tvéti svayáμ vå haivàikfiata yófiå vâ iyáμ vâg úpamantrayai hvayifiyáte vái méti tâm úpåmantrayata ‘Les dieux dirent à Yajña (le sacrifice): „Våc (la parole) en vérité est une femme. Fais-lui un signe ! Elle t’invitera sûrement jusqu’à elle !“. Ou alors, (ce fut Yajña) lui-même (qui) se fit la réflexion : „Våc, en vérité est une femme. Je vais lui faire un signe. Elle m’invitera sûrement près d’elle“. Il lui fit un signe.’ Le sens ‘percevoir, apercevoir’, qu’on lui accorde souvent (cf. EWA I/203) est inconcevable pour plusieurs raisons. Son aspect ponctuel ne se justifie dans aucun exemple simplex. Il est incompatible avec les contextes où le sujet de ¥kfi et son complément direct sont interprétés comme déjà confrontés visuellement, comme p.ex. ceux où un prêtre regarde un ustensile, ou un lieu particulier de l’aire du sacrifice57. Il ne convient pas non plus aux exemples sans complément direct tels qu’AV 13.3.6d-e yó antarâ ródas¥ kruddháß cákfiufiáikfiata ‘Who, angered, looked with his eyes between the two firmaments’ (WHITNEY). Pour l’analyse étymologique des sens de ¥kfi v. p. 56
¥ps prés. ind. act. 3sg. (avá/úpa/pari/prá/sám+)îpsati KS 8.7: 91,5 = KpS 7.4 et KS 21.6: 44,19 (prá+) = KpS 31.21 = TS 5.4.3.1 = BauS 17.23: 303,2-3; MS 3.6.8: 70,9 (prá+); JB 1.96 (+prepsati pour prepsyat‰ [v. BODEWITZ 1990: 229n. 41 qui soutient la lecture de CALAND]), 2.371, 3.247 (+prepsati pour prepsyat‰[v. CALAND 1919: 285]); AB 4.26.2; KB 11.7.11 (upa+); TB 1.4.10.3, 3.8.4.2 = B 13.1.2.9, TB 3.8.16.1 et 3.8.23.1; B 1.4.2.13 (+prépsati pour prépsy‰ [WEBER 1191 ad 39,7]) = BK 2.4.1.8 et B 12.4.1.10
57 Également dans AB 3.21.4 où la phrase tån ¥kfiataiva ‘he merely looked at them’ (KEITH) se situe à fin d’un dialogue entre le sujet et le complément. Un autre type d’exemple où le sens ‘apercevoir’ convient mal est ceux où l’action est préalable à ‘voir’ ou à ‘comprendre’: p.ex. B 2.5.1.3 prajâpatir ¥kfiâμ cakre...sá haitád evá dadarßa ‘Prajåpati se fit la réflexion...Et ainsi il vit’ (cf. NEISSER [172]).
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(sam+); BK 3.1.9.12x (ava+) et 7.3.3.8 = 7.3.3.9; GB 1.2.3: 35,3 (pari); AÃ 2.3.2; VådhS 2.10.3 (pari+) 5 4.13.33 (pari+) 5 6.12.25 (pari+) – 3pl. (úpa/prá+)¥psanti JB 1.241 (pra+), 2.44, 2.335 = 2.339 = 2.341 = 2.346 = 2.353 = 2.355 = 2.361 et 2.385 (+prepsanti pour prepsya‰); KB 18.6.7 5 25.9.16; B 4.1.1.21 (prá+) = BK 5.1.1.16, B 12.1.1.1; BK 1.1.2.11 (úpa+) impf. act. 3sg. (pra+)aipsat AB 8.22.7 (pra+); B 10.1.2.1 – 3pl. (úpa/prá+)áipsan MS 2.1.11: 13,11 (úpa+); TS 3.5.1.2 (prá+); AB 6.24.1 (yajñenaivepsa«s dissimilation de +‰aivai‰ [v. IiV 108]); TB 1.3.2.3 imp. prés. act. 2sg. ¥pså TB 2.7.14.1-23x = PB 20.3.23x – 2pl. ¥psata AVP 16.10.8a58; TB 2.7.14.2 = PB 20.3.2 opt. prés. act. 3sg. upa/pra+¥pset JB 1.241 (pra+) et 1.344 (pra+); KB 4.8.8 (upa+); VådhS 3.1.262x (upa+) – 3pl. sam¥pseyur KB 25.9.2 part. act. (abhi/upa/pari/sam/[abhi]pra+)îpsant- AV 9.5.12a 5 AVP 16.97.2c 5 AVP 16.98.1a, AV 10.7.4a-c3x (pra+) = AVP 17.7.5a-c3x, AV 10.7.6a-c2x (pra+) = AVP 17.7.6a-c2x et AV 10.7.37c (pra+) = AVP 17.10.8c; KS 8.15: 98,15-162x (pra+) = KpS 8.32x = MS 1.7.2: 110,7 et KS 27.1: 139,9 (abhi+) = KpS 42.1 5 TS 6.4.5.6 (pra+); TS 2.3.1.4 (pra+) = BauS 13.22: 133,3; AB 4.27.8 (upepsanta indiqué érronément comme prés. moy. 3pl. dans VPK II/1/474c); KB 21.1.1 et 22.6.4 (abhipra+); JB 1.233 5 ÛB 1.6.1, JB 2.427 et 3.114 (abhi+); PB 25.6.5 (sam+); BK 5.3.3.8 (upa+); VB 330,4 (pari+); AÃ 1.1.1: 77,6; BÃUM 4.4.25 aor. act. 3sg. (úpa+)áips¥t TB 1.7.9.3; B 11.1.4.42x (úpa+) = BK 3.2.3.32x n.a. upa+¥psâ- MS 2.4.4: 42,3; B 13.8.1.16 (ma∫galopeps´ayå) n.ag. abhi+¥psin- KathU 2.4c (vidyåbhåpsinam) adj. (pari+)¥psu- VB 331,26 (pari+); KåS 22.5.8 ? sam¥psati dans JS 2.2.6 5 SV 3.3.7 sam¥rtsati ? ¥psamånas dans MSm 4.14.17: 245,14 némna ®˙ân®˙ávån îpsamånas59 pour lequel MITTWEDE (1986: 203) propose la lecture nén na +®˙âd ®˙ávån îpsamåno. La forme est incertaine étant donné le caractère altéré de la strophe, et contrasterait singulièrement dans le paradigme de ¥ps sinon uniquement act. ? abh¥psitam MaiU 7.9 (vidyåbh¥psitam ), le passage étant une citation de KathU 2.4 qui atteste vidyåbh¥psinam, la forme est incertaine. 113x (16x AV; 18x YVpr; 65x Br; 2x Ãr; 2x Up; 8x S) dont 44x simplex act. (AV; YVpr; Br; Ãr; Up), 1x simplex adj. (S), 3x abhi+ act. (YVpr; Br), 1x abhi+ n.ag. (Up), 1x abhipra+ act. (Br), 2x ava+ act. (Br), 12x upa+ act. 58 5 AV 8.4.18a iccháta. 59 5 értsamånas (‡ ¥rts) AV 6.118.2c, yacchamånas AVP 16.50.4c, +îrtsamånas (‡
¥rts) TÃ 2.4.1 (pour íts‰), icchamånas KåB 126,11.
91
(YVpr; Br; S), 2x upa+ n.a. (YVpr; Br), 5x pari+ act. (Br; S), 1x pari+ adj. (Br), 36x pra+ act. (AV; YVpr; Br) et 4x sam+ act. (SV; Br) ‡ Cl. De åp (= *ap5) (‡ åpipayifi) ‘obtenir, atteindre’ (cf. associations avec (‰)åpnoti dans KS 8.7: 91,5, AB 4.26.2, TB 1.4.10.3 et 3.8.16.1, BK 2.4.1.8 et 7.3.3.8, avec pråpya dans KS 8.15: 98,16, åpnuvan dans JB 1.233 et åpnot dans TB 2.7.14.1-2 et B 10.1.2.1) Litt.: AiG I/103, AiG II/2/575, CHARPENTIER 15, 108, 111, GÜNTERT 81, 110, 115, INSLER 1969, LEUMANN 119, VIA I/157 et s. 1) (simplex dans AVP 16.10.8a, KS 8.7: 91,5, TB 2.7.14.1-2 2, et avec le sens de upa+ dans MS 2.1.11: 13,11) ‘attraper, mettre la main sur + dés.’, avec acc. 2) (simplex dans YVpr+ et avec les sens de abhi+ dans KS 27.1: 139,9, upa+60, pari+ dans VB 330,4 et VB 331,26 [v. KLAUS 1989: 19] et pra+ dans YVpr et Br) ‘obtenir+ dés.’, avec acc.61 3) (abhi+ dans JB 3.114 et [abhi]pra+ dans AV) ‘atteindre + dés.’62, avec acc. 4) (ava+) ‘s’approprier + dés.’63 5) (pari+ dans VådhS 4.13.33 et 6.12.25 et sam+) ‘conclure + dés.’, avec acc. . De l’inventaire des formes il ressort principalement que ¥ps est uniquement act. et est bien attesté dès l’AV. Sa fréquente association avec différentes formes de åp prouve le sentiment du lien morphologique et sémantique avec la racine : • KS 8.7: 91,5 nainam åpnoti ya ¥psati ya evaμ veda ‘Qui tente de/désire (l’)attraper n’attrape pas celui qui sait ainsi’ On remarque d’autre part l’association purement sémantique avec sámaßnute de naß/aß ‘atteindre’: • B 12.4.1.10 yám ádhvåna« sam´¥psati tá« sámaßnute ‘Il termine la route qu’il s’efforce de terminer’. Il y a 3 cas où une forme de ¥ps est parallèle dans un passage équivalent à une de ifi ‘désirer’: ¥psata (AVP 16.10.8a) 5 icchata (RV 7.104.18a; AV 60 Le Na. upepsâyai dans MS 2.4.4: 42,3 est un dat. finalis ‘pour le désir d’obtenir complètement’, triråtrásya vâ upepsâyai traidhåtavy´ â hriyate yâvad vái triråtré˙opåpnóti tâvat traidhåtavyayâ ávarunddhe ‘Vraiment c’est pour le désir d’obtenir le sacrifice somique de trois jours que l’offrande tripartite est offerte. Vraiment, autant qu’il obtient avec le sacrifice somique de trois jours, voilà ce qu’il obtient avec l’offrande tripartite’. 61Parmi les acc. rei on notera spécialement saμvatsará- ‘l’année’ (TB 1.4.10.3, JB 2. 335 et 2.427, ÃA 1.1.1: 77,6 [cf. pour åp avec saμvatsarám OERTEL 1926: 33]). Un acc. personae est d’autre part attesté dans TB 3.8.16.1 et JB 2.371. 62 cf. le sens de abhyåpnoti dans B 9.1.2.16. 63 cf. PW ava+åp ‘in Besitz nehmen’.
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8.4.18a), prépsati (KS 21.6: 44,19) 5 icchati (MS 3.3.4: 37,4-5), îpsantas (BÃUM 4.4.25) 5 icchantas (BÃUK 4.4.22). Ce parallélisme peut s’expliquer par la similitude entre ‘obtenir + dés.’ et les sens ‘désirer’ ou ‘chercher’ de ifi, qui dans certains contextes font ressentir l’action ‘obtenir’ comme latente. Il y a également un cas de parallélisme avec ‰¥rts, dés. de ®dh ‘prospérer’ ou de rådh ‘réussir’64: úpepsanti (BK 1.1.2.11) 5 úpertset (B 2.1.2.17), qui doit s’expliquer par la similitude sémantique entre les actions ‘obtenir quelque chose’ et ‘avoir du succès par rapport à quelque chose’. Pour ce qui est de la valeur sémantique et pragmatique, dans TB 1.4.10.3 ¥psati sert manifestement à représenter un effort fructueux, qui mène à l’atteinte d’un objectif exigeant: • TB 1.4.10.3 saμvatsaráμ vâ efiá ¥psatîty åhuª yáß cåturmåsyáir yájata íti efiá ha tvái saμvatsarám åpnoti yá eváμ vidvå«s cåturmåsyáir yájate „En vérité il s’efforce/est sur le point d’obtenir l’année“, disent-ils, „celui qui sacrifie avec les Cåturmåsyas“. Celui-là obtient bien (?tvái) l’année, qui sachant ainsi sacrifie avec les Cåturmåsyas’’ Le dés. caractérise ici le sujet comme un exécuteur, proche du succès de son entreprise, image qui contribue à mettre en évidence le bénéfice qui découle de l’accomplissement des Cåturmåsyas. L’interprétation d’une valeur fut. dans cet exemple est discutée dans le chapitre IV.6.2 (v. p. 71). Dans les exemples d’opt. prescriptif (KB 25.9.2), et d’imp. 2sg./pl. (AVP 16.10.8a et TB 2.7.14.1-2) l’action communiquée est un effort de volonté ou de persévérance qui assure l’obtention ou l’achèvement: • KB 25.9.2 sapråtaranuvåkena sapatn¥saμyåjenaitenåhnå purådityasyåstam ayåt sam¥pseyus ‘They should seek to complete with this day including its morning litany and the offerings to the wives (with the gods) before the setting of the sun’ (KEITH) • TB 2.7.14.1-2 prajâpatiª paßûn as®jata tè Øsmåt s®fi†âª páråñca åyan tân agnifi†oména nâpnot ... sò Øgním abrav¥t imân ma ¥pséti ‘Prajåpati produisit le bétail. Le bétail produit s’enfuit de lui. Il ne l’obtint pas avec l’Agnifi≈toma ... Il dit à Agni: „Tâche de les obtenir pour moi“ Dans cet exemple il est clair que Prajåpati demande à Agni de faire réellement de telle sorte qu’il obtienne le bétail, puisqu’il est bénéficiaire de l’action. Il ne s’agit donc pas d’une tentative éphémère. L’interprétation est difficile pour les exemples comme AV 10.7.4, où le part. nom. sg. prépsan semble indiquer un effort vers un objectif inconnu:
64
v. p. 95 discussion sur l’étymologie dans le lemma de ¥rts.
93 • AV 10.7.4a-b kvà1 prépsan d¥pyata °rdhvó agníª kvà1 prépsan
pavate måtaríßcå / ‘Jusqu’où s’efforce-t-il d’atteindre, le feu qui flambe dressé? Jusqu’où s’efforce-t-il d’atteindre, Måtarißvan qui se purifie?’ Ou peut-être s’agit-il d’un usage caractérisant du part. signifiant ‘désireux d’atteindre’, le pronom interrogatif représentant alors un complément de but pour d¥pyate (‘Jusqu’où flambe le feu avide d’obtenir,...’) Dans KS 21.6 le thème général est l’attribution immédiate de l’offrande à Agni après l’empilage de l’autel. La phrase avec les deux exemples de prépsati sert à caractériser le dieu comme préoccupé, même obsédé par le désir d’obtention de cette offre: • KS 21.6: 44,18-45,1 etárhi vâ efiá jåyate yárhi c¥yáte yáthå vatsó jåtás stánaμ prépsaty eváμ vâ efiá etárhi bhågadhéyaμ prépsati sá yájamånaμ caivâdhváryuμ ca dhyåyati yác chatarudríyaμ juhóti bhågadhéyenaiváina« ßamayati ‘En vérité, celui-ci (= Agni) naît dès le moment où il (= l’autel du feu) est empilé. Comme un veau qui vient de naître désire obtenir la mamelle, de la même façon, en vérité, celui-ci (= Agni) désire à ce moment-là obtenir sa part. Il suce le Yajamåna et l’Adhvaryu. En offrant (à Agni) l’offrande du atarudr¥ya, il l’apaise avec sa propre part’. Le même type d’usage et de contexte se retrouve dans KS 8.15: Agni est désireux d’obtenir son offre, et aussi longtemps qu’il reste dans cet état d’attente, il provoque l’échec de l’Adhvaryu: • KS 8.15: 98,15 agner vai bhågaª punarådheyaμ taμ bhågaμ prepsan vyardhayati ‘En vérité, la part d’Agni consiste en sa réinstauration. Aussi longtemps qu’il reste à désirer sa part il le (= l’Adhvaryu) laisse échouer’ Le passage continue en expliquant comment Agni obtenant sa part grâce à l’action de l’Adhvaryu cesse de faire échouer celui-ci. Enfin dans les passages légendaires TS 3.5.1.2 et MS 2.1.11 le dés. marque respectivement le désir et la tentative de réaliser une obtention: • TS 3.5.1.2 ådityâc câ∫girasaß cågnîn ´âdadhata té darßap°r˙amåsáu práipsan øDie Ãdityas und die A∫girasen gründeten sich beide die Feuer. Sie wollten (...) das Neu- und Vollmondopfer (...) erlangen’ (KRICK [490]) • MS 2.1.11: 13,11-12 tâμ nâmnópaipsan dâbhi íty ásurå âhvayan víßvakarman íti dev⪠sâ nânyatarâ«ß canópâvartata
94
‘Ils essayèrent de l’attraper par son nom: „Dåbh¥“, appelèrent les Asuras, „Vißvakarman“ appelèrent les Devas. Elle ne se dirigea ni vers les uns ni même vers les autres’
¥rts prés. ind. act. 3pl. +¥rtsanti JB 2.335 (pour ¥tsanti [v. FRENZ 1966: 4]) = 2.339 (id.) = 2.341 (id.) = 2.346 (id.) = 2.353 (id.) = 2.355 (id.) = 2.361 (id.) opt. prés. act. 3sg. (úpa+)´îrtset KS 13.3: 182,7 et 29.7: 175,15 = KpS 45.8; MS 1.6.5: 94,1, 1.6.8: 99,3, 1.6.9: 100,8, 1.6.10: 102,4. et 1.7.3: 112,6; TS 3.4.6.1 = BauS 14.16: 181,9; B 2.1.2.1765 (úpa+) et 2.3.2.14 (úpa+); BauS 14.16: 181,10; ÃpS 6.29.9 et 19.17.20; part. act. vi+îrtsant- AV 5.7.8c (INSLER 1968: 65) = AVP 7.9.5c aor. inj. act. 2sg. ví+¥rts¥s AV 5.7.6a (v. IiV 63 et INSLER ib.) = AVP 7.9.8a; AVP 7.9.3c n.a. vi+¥rtsâ- AV 5.7.1d (INSLER ib.) = AVP 7.9.1d ? sam¥rtsati dans SV 3.3.7 5 sam¥psati JS 2.2.6 ? értsamånas AV 6.118.2c ®˙ân no nár˙am értsamånas66 (v. WHITNEY I/368, GÜNTERT 112, INSLER 1969: 65n. 10) ‘desiring to win from us debt from debt’ (WHITNEY), forme incertaine étant donné le caractère altéré de la strophe. Le moy. est peut-être analogique par rapport à upalípsamånås (1b) et yâcamånas (3b). 29x (7x AV; 9x YVpr; 9x Br; 4x S) dont 20x simplex act. (YVpr; Br; S), 2x upa+ act. (Br), 5x vi+ act. (AV), 2x vi+ Na (AV) ‡ S° Pour l’étymologie v. discussion ci-dessous: de ®dh24 ‘prospérer’ (cf. PW I/440 et s., EMENEAU, GÜNTERT, HOFFMANN IiV 63 et 287; associations avec ®dhnoti dans KS 13.3: 182,9 et TS 3.4.6.1) ou de rådh (= rådh/¥rdh497) ‘parvenir, réussir’ (cf. INSLER, VIA) Litt.: CHARPENTIER 16, 117, 111, EMENEAU 191 et s., GÜNTERT 111, 112, 128, 132, INSLER 1969: 65 , VIA I/396
65 B 2.1.2.17 nákfiatram úpertset ˛ BK 1.1.2.11 etád ... úpepsanti. 66 5 yacchamånas AVP 16.50.4c, îpsamånas MSm 4.14.17: 245,14 (‡ ¥ps),
icchamånas KåB 126,11, +îrtsamånas TÃ 2.4.1 (pour íts‰). Il faut noter que le Padapå≈tha ne décompose pas érts‰ en å îrts‰.
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1) (simplex et upa+) ‘avoir du succès + dés.’, acc. de contenu67 au simplex dans JB 2.335 et avec upa+ 2) (vi+) ‘faire échouer + dés.’, avec acc. Comme ¥ps, ¥rts n’est attesté qu’à partir de AV, et est exclusivement act. L’étymologie est disputée. Selon certains, ¥rts appartiendrait à ®dh et selon d’autres à rådh. Un argument pour le rattachement avec ®dh réside dans les exemples d’associations avec ®dhnoti: • TS 3.4.6.1 yéna kárma˙értset tátra hotavyä ®dhnóty evá téna kárma˙å ‘If he is desirous of prospering in a rite, then should he offer them68, and in that rite he prospers’ (KEITH) Ce lien peut cependant être secondaire, ‘avoir du succès’ étant un sémantème commun aux deux racines (cf. pour ®dh, p.ex. ®dhnóti TS 1.5.1.4 et 5.4.10.5 et pour rådh, p.ex. áråtsur TS 7.4.8.3). On remarque d'autre part que le sens du composé avec vi+ est factifif ‘faire échouer + dés.’. En tenant compte de l'usage antonymique du préfixe on peut considérer que ce sens est basé sur un même usage factifif du simplex ‘faire réussir’. Un tel usage est attesté sans contexte avec la racine ®dh dans un exemple comme RV 1.17.9: • RV 1.17.9 prá våm aßnotu sufi†utír índråvaru˙a y´åμ huvé y´åm ®dh´åthe sadhástutim ‘Euch soll das Loblied erreichen, Indra und Varu˙a, das ich hinausrufe der gemeinsame Lobpreis, den ihr erfolgreich machen sollet’ (GELDNER) Pour rådh par contre il n'y a aucun exemple irréfutable d'usage factitif69, l'acc. qui est 3x attesté avec l'aor. subj. 1pl. rådhåma pouvant aussi bien être de contenu: • RV 1.41.7a kath´å rådhåma sakhåyaª stómam mitrásyåryam˙ás ‘Wie können wir, o Genosen, das Loblied auf Mitra und Aryaman richtig treffen’ (GELDNER) GELDNER adopte la même inteprétation pour 8.70.13b et 10.63.6a, alors que ETTER (83) suggère pour 1.41.7 un sens factitif ‘vollbringen’. Mais on ne peut de toute façon exclure que vi+¥rts représente le dés. d’un caus. (ví+)rådháya- (comme ‰viv®ts par rapport à v®t [v. p. 229]) même si celui-ci est peu attesté dans les Saμhitas70.
67 cf. p.ex. B 2.3.2.14 etéfiåm éka« saμvatsarám úpertset ‘Durant l’année, il doit
s’appliquer/efforcer à obtenir du succès par rapport à un seul de ces (? désir/dieux/ stades du feu [cf. ka˙∂ikå 11-13]). 68 = abhyåtånâs. 69 WRV et VIA I/397 "zu Stande bringen".
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En résumé il n’y a aucun argument intransigeant pour défendre le rapprochement avec ®dh plutôt qu’avec rådh, même si la balance penche dans ce sens. En ce qui concerne la valeur sémantique, l’opt. ¥rtset dans MS 1.6.5, et d’autres exemples similaires, s’interprète comme une action stimulée par le désir ou la volonté du sujet: • MS 1.6.5: 94,1 yásyértsed yavamáyam evá tásya paßcópâsyed vr¥himáyaμ purás ‘Für wen71 er (der Adhvaryu) Gedeihen Wünscht, für den soll er den Gerstenkuchen nur im Westen und den Reiskuchen nur im Osten hinwerfen’ (KRICK [268]). Le contexte ne permet pas de comprendre avec certitude si l’action de îrtset est incontrôlable (l’Adhvaryu n’arrive pas à avoir du succès), auquel cas la prescription serait comme un remède, ou si cette prescription offre seulement un moyen d’améliorer le succès de l’Adhvaryu, qui serait déjà en bonne voie. En tout cas il est clair que l’usage du dés. est de mettre en évidence le besoin de l’agent pour le résultat de l’action. L’exemple B 2.1.2.17 est intéressant puisqu’il combine 3 formes dés. différentes, úpertset, jíghå«sati et ví...jig¥fiate: • B 2.1.2.17 tásmåd etát kfiatríya evá nákfiatram úpertsej jíghå«sat¥va hy èfiá sapátnån vïva jig¥fiate ‘C’est pourquoi un membre de la classe des Kfiatriyas doit spécialement s’efforcer d’avoir du succès par rapport à ce Nakfiatra, puisque pour ainsi dire un tel (Kfiatriya) aspire à tuer (et) à vaincre complètement ses ennemis’ Les deux formes ind. jíghå«sati et ví...jig¥fiate communiquent que les Kfiatriyas ont l’esprit tourné vers l’élimination de leurs ennemis. Qu’ils aient ou non déjà été aux prises avec ces actions est un élément secondaire pour l’interprétation du contexte. C’est leur besoin pour le résultat qui compte, parce qu’il justifie la prescription avec l’opt. úpertset. Dans la prescription même, à travers la valeur symbolique positive du complément nákfiatram, on comprend que le dés. met l’accent sur l’effort fructueux pour accomplir plus particulièrement l’action de ‘prospérer’ au moment propice du Nakfiatra.
70 avec vi+ dans le part. composé ávirådhayant¥ AV 2.36.4d, avec sam+ AV 3.30.5
saμrådháyantas et simplex 11.1.10 rådhayåmi. 71 Pour traduire le gén. commodi de yásya DELBRÜCK (AiS 10) mentionne, un passage similaire, MS 1.6.9: 100,8 tád yásyértset phalgun¥p°r˙amåsá evá tásyâdadhyåt, comme exemple d’ellipse du groupe loc. ‘beim Opfer’, le pron. yásya étant alors gén. poss.: ‘Bei wessen Opfer er nun gut vorwärts zu kommen wünscht, bei dessen Opfer lege er das Feuer am Phalgun¥-Vollmond an’.
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Un autre exemple où le dés. sert à mettre en évidence un effort qui mène à un accomplissement est JB 2.335 qui rappelle TB 1.4.10.3 (v. p. 92): • JB 2.335 saμvatsaraμ vå etad ¥rtsanti saμvatsaram ¥psanti yad yajante yat sattram åsate ‘En vérité, de cette manière, lorsqu’ils sacrifient pour eux-mêmes (et) lorsqu’ils s’appliquent sur le Sattra, ils s’efforcent d’obtenir du succès par rapport à cette année, ils s’efforcent d’obtenir cette année’ Pour les exemples du composé avec vi+ WHITNEY (I/232) et HOFFMANN (IiV 63) interprètent sans raison un sens lexicalisé ‘déjouer’. Le contexte, un esprit néfaste tente une action destructrice, est parallèle à celui de nombreux exemples de jighå«s, dips ou ninits: • AV 5.7.6 mâ vaníμ mâ vâcaμ no v´¥rts¥r ubhâv indrågnî â bharatåμ no vás°ni / sárve no adyá dítsantò Øråtiμ práti haryata ‘N’essaie pas de faire échouer notre parole, notre désir. Qu’Indra et Agni, eux deux, nous apportent des bonnes choses. Tous, aujourd’hui, qui sont enclins à donner, accueillez le radin’
¥fi prés. ind. act. 3sg. â/ud+¥fiati RV 9.71.6b (â+ [= AB 1.30.22 (v. PiV 109n. 84)]); KS 36.7: 74,4 (ud+) – moy. 1sg. â+¥fie RV 5.49.1a – 3sg. (â[...]/práti...â+)îfiate RV 1.39.8b (â...), 1.84.17a, 1.124.6d, 1.141.8b, 1.149.1a (â+) = 10.93.6c, 5.34.4b-d2x, 5.67.5c-d2x (â+), 5.83.2c, 5.86.3d (práti...â+), 6.42.3d (â+ [= JS 2.792]), 8.45.37c (= Tà 1.3.1), 8.78.9c (â+) – 3pl. îfiante RV 6.66.4a impf. act. 3sg. úd/vy/sámaifiat KS 13.3: 181,20 (sam+) = MS 2.5.3: 50,18, KS 13.3: 182,1 (ví+) = MS 2.5.3: 51,2; MS 1.6.3: 90,14-162x (úd+), 1.10.12: 152,9 (úd+); JB 1.144 (ud+), 3.354 (sam+), 3.360 (sam+) – 3du. samefiatåm JB 3.163 – 3pl. áti+aifian KS 36.8: 75,15 = MS 1.10.14: 154,1 (v. AzI I/211n. 5) – moy. 3pl. áifianta RV 1.126.5d inj. prés. moy. 3pl. â+¥fianta RV 8.96.3d imp. act. 2sg. úpefia KSm 3.3: 24,18 = KSm 26.6: 126,4 = KpSm 2.10 = KpSm 41.4 = MSm 1.2.14: 24,672 = MåSm 1.8.2.28 – 3sg. â/úpa/ud+¥fiatu AV 6.67.3c-d2x (â+ et úpa+; v. PiV 109) = AVP 19.6.152x 5 RVKh 5.2.32x, AV 11.9.21b (ud+)
72 SCHROEDER (I/24n. 2) sépare sânûpefia en sânu úpa ifia supposant erronément un
thème prés. *ifiá- de ifi ‘désirer’.
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part. act. (å/upa/sam+)îfiant- RV 10.89.14b (å+ [v. PiV 109n. 84 avec litt.); AV 8.6.17a (úpa+; v. PiV 109) = AVP 16.80.8; TSm 1.1.11.173 = KSm 1.11: 6,3 = BauSm 1,13: 20,8; PB 3.11.4 (sam+)74 – moy. îfiamå˙a- RV 1.171.4a, 4.58.6d (= AV/YVm), 8.96.7a (= AV/SV/YVm); RVKh 5.8.2 = AV 20.127.2 = åS 12.14.2; MSm 1.1.12: 7,10 (nom. sg. îfiamå˙as 5 part. act. abl. sg. îfiatas TSm 1.1.11.1 [v. VV I/31]); KS 23.8: 83,11 = 28.2: 154,1 = 28.3: 156,9 = 28,6: 160,6 = KpS 36.5 = KpS 44.2 = KpS 44,3 = KpS 44,6 adj. verb. (úd/prati/ví/sám+)¥fiitá- RV 10.119.12b (úd+); KS 13.3: 181,21 (prat¥fiitagr¥vas), 13.3: 181,21 (sám+) = TS 2.1.5.2 = MS 2.5.3: 50,18, KS 13.3: 182,1 (ví+) = MS 2.5.3: 51,2; JB 3.354 (ud+) et 3.355 (ud+) adj. ¥fiya- JB 3.322x = 3.1472x 5 3.229 À exclure de cet inventaire sont ¥fié RV 10.89.3d et ¥fiiré AV 5.19.3b = AVP 7.8.7b et AV 19.26.2b, pf. moy. de ifi12 ‘désirer’ (cf. KÜMMEL 126 et s.), faussement indiqués sous ¥fi dans VPK I/2/858b. De même ápa...aiyefi RV 5.2.8a, ppf. de i ‘aller’ (cf. KÜMMEL 99). ? ¥fiitá-, TÃm 4.31 = BauSm 9.18: 293,4 5 BhåSm 11.19.12, est incertain, le groupe saμdhi yád¥fiitó, pouvant également être décomposé en yádi + ifiitó, ce dernier étant alors l’adj. verb. de ifi ‘mettre en marche’. 84x (25x RV; 3x RVKh; 8x AV; 9x YVm; 24 YVpr; 12x Br; 3x S) dont 3x simplex act. (YVm), 24x simplex moy. (RV; RVKh; YVm/pr; AV; S), 2x simplex adj. verb. (S), 5x simplex adj. (Br), 2x ati+ act. (YVpr), 6x å+ act. (RV; RVKh; AV), 9x å+ moy. (RV), 6x ud+ act. (RV; AV; YVpr), 3x ud+ adj. verb. (RV; Br), 11x upa+ act. (AV; YVm), 1x prati+ adj. verb. (YVpr), 1x pratyå+ moy. (RV), 2x vi+ act. (YVpr), 2x vi+ adj. verb. (YVpr), 6x sam+ act. (YVpr; Br), 3x sam+ adj. verb. (YVpr) De i9 ‘aller’ (cf. WRV 237, PiV 77), et non prés. secondaire de ifi ‘mettre en marche’ (cf. JOACHIM 43 et EWA [v. litt.]). 5 Av. i¯a- (ind. i¯a˝¶- Y 45.1; part. i¯at-) de i ‘aller’ Litt.: AzI I/211n. 5, EWA I/271 et s., GOTÕ 1993: 122, KELLENS 1984: 196, PINAULT 1994: 310, PiV 77 1) (simplex act. et avec les sens de [praty]å+ act./moy. et de upa+) ‘aller directement’ ou ‘se dépêcher’ou ‘se diriger’, acc. avec å+, loc. avec pratyå+
73 5 ®fiatas KpS 1.11 de ®fi ‘enfoncer, pousser’. 74 Du part. act. de ¥fi est également issu l’adv. ¥fiát ‘à peu près, environ’ très courant dans les S (v. VPK IV/1/622c et s.), les premiers exemples étant PB 6.7.19 et B 2.5.2.14; v. EWA I/208.
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2) (simplex moy.) ‘reculer’, avec abl. 3) (ati+) ‘passer à côté, éviter’4) (ud+) ‘s’élever’, acc. dans RV 10.119.12b 6) (vi+) ‘s’étendre’ 7) (sam+) ‘sétirer’ Le rattachement avec ifi ‘mettre en marche’ est démenti d’abord par des données syntaxiques, puisque ¥fi est sans complément direct, le seul acc. étant un acc. de but avec (‰)å et ud+, et aussi par la sémantique puisque ¥fi n’atteste que les sens d’un verbe de mouvement. Le lien morphologique entre i ‘aller’ et ¥fi est confirmé historiquement par le lien avestique équivalent entre i et i¯a-. Le sens ‘se dépêcher’ généralement considéré comme celui de base pour ¥fi (cf. WRV, PW), est en fait peu attesté. Les composés avec ati+, ud+, vi+ et sam+ en particulier expriment des mouvements dirigés, sans aucune connotation de vitesse. De même le composé avec å+ peut être rendu aussi bien par ‘aller droit vers’ que par ‘se dépêcher vers’: • RV 5.67.5 kó nú våm mitrâstuto váru˙o vå tanûnåm / tát sú våm éfiate matír átribhya éfiate matís ‘Wer von euch ist noch ungepriesen, o Mitra, oder ist es Varu˙a unter (euren) Personen? Darum wendet sich das Gedicht gerade an euch, wendet sich das Gedicht von Seiten der Atri’s (an euch)’ (GELDNER). Pour le simplex moy., la catégorie la mieux attestée, le sens de base est bien ‘s’écarter, reculer’, et non ‘fuir’: • RV 1.124.6c-d arepáså tanvä ßâßadånå nârbhåd ¥´ fiate ná mahó vibhåtî // ‘Stolz auf ihren makellosen Leib zieht sie sich nicht von Klein und Gross zurück, wenn sie erstrahlt’ (GELDNER) • RV 1.84.17a ká ¥fiate tujyáte... ‘Wer weicht, wer flieht75’ (GELDNER). Le contexte de la peur comme cause du mouvement de recul est caractéristique dans presque tous les exemples. Comme exemple du sens ‘aller tout droit’ on a p.ex. RV 1.39.8 et TSm 1.1.11.1 : • RV 1.39.8b å yó no ábhva ¥´ fiate ‘(Wenn ein)...Drohnis auf uns losgeht’ (GELDNER)76 • TSm 1.1.11.1 gandharvò Øsi vißvâvasur víßvasmåd ´¥fiatas yájamånasya paridhír i∂á ¥∂itá
75
KULIKOV (82) interprète pour tujyáte ‘... is put to panic flight’.
76 Un autre exemple est peut-être RV 5.49.1a-b deváμ vo adyá savitâram éfie bhágaμ
ca rátnaμ vibhájantam åyóª ‘Aujourd'hui je vais directement vers vous, dieu Savitar, et Bhaga qui distribue le trésor pour Ãyu’, où on a l’impression que le poète précise dans cette première strophe de cet hymne à tous les dieux, qu’il va s’adresser directement aux déités Savitar et Bhaga.
100
‘Thou art the Gandharva Vißvåvasu (...), the fence of the sacrificer from every attacker, praised and to be praised’ (KEITH) L’attaquant est une personne qui menace parce qu’elle se dirige droit sur sa victime. Pour l’étymologie de ces divers sens lexicalisés de ¥fi v. p. 54
?edidhifi edidhifiuªpatím dans VS 30.9 = VSK 34.9 áråddhyå edidhifiuªpatím équivalent à TB 3.4.4.1 áråddhyai didhifi°pátim ‘... pour l’échec, l’époux d’une femme mariée avant sa soeur aînée’’. Les commentaires respectifs de chaque passage attribuent à edidhifiu- et didhifi°- un sens identique : ‘femme mariée, alors que la fille aînée (de sa famille) (est encore) non-mariée’. Telle quelle, la forme semble être un adj. ‘désireux de s’accroître’, du thème dés. edidhifi de edh ‘prospérer’. En supposant une désinence originelle dat. sg. en -aye (cf. sandháye au début du même ka˙∂ikå) pour áråddhi- on obtient + áråddhaye didhifiuªpatím qui aurait été dans un premier temps corrigé en *áråddhyaiyedhifiuªpatím‰ sous l’influence des dat. nír®tyai et nífik®tyai et réanalysé ensuite en áråddhyå ed‰. En tout cas la probablilité qu’il s’agisse d’une forme secondaire est renforcée par la présence du Visarjan¥ya dans ‰uªpatím qui ne peut être, lui, que secondaire par rapport à ‰°patím, et atteste ainsi le caractère récent du passage. Litt.: AiG II/1/265, CHARPENTIER 18 et s., GÜNTERT 127 et s.
+
cikalpayifi
impf. act. 3pl. +ava+acikalpayifian AB 3.30.23x (+’våcikalpayifia«s pour våcikalp‰ [v. PW II/170, CALAND 185, KEITH 1920: 183n. 1, IndSt IX/264]) opt. prés. act. 3sg. +cikalpayifiet JB 1.300 (+cikalpayifiet pour cikalpifiet [v. BODEWITZ 1990: 306n. 8]); BauS 24.1: 185,7 5x act. (4x Br; 1x S) dont 2x simplex (Br; S) et 3x ava+ (Br) Du caus. kalpáya- de k¬p ‘être adapté’ (simplex et ava+) ‘arranger, établir + dés.’, avec acc.
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À l’opt. prescriptif (JB 1.300 et BauS 24.1: 185,7) cikalpayifiet met l’accent sur un effort particulier pour produire une variation continue dans le chant des Såmans: • JB 1.300 sa yo haivaμ vidvån jåmi kalpayaty ajåmy evåsya tat k≈lptaμ bhavati tat t°pary upary ajåmy eva +cikalpayifiet amithunaμ tad aprajananaμ yaj jåmi yathå +pumå«sau77 vå saha +ßay¥yåtåm78 striyau vå ‘He who knowing thus produces sameness, by him thereby variation is produced. One should however wish to produce this variation continuously. Sameness does not lead to pairing and offspring, just as when two men or two women would lie together’ (BODEWITZ) Le degré de difficulté dans l’action est difficile à évaluer. Il semble s’agir avant tout d’un effort d’attention pour éviter la faute qui est illustrée par la métaphore. Dans le passage légendaire AB 3.30.2, l’impf. 3pl. avåcikalpayifian sert à communiquer l’intention ou le désir des dieux d’arranger une place pour les ]bhus dans une cérémonie du Soma: • AB 3.30.2 ®bhavo vai devefiu tapaså somap¥tham abhyajaya«s tebhyaª pråtaªsavane +Øvåcikalpayifia«s tån agnir vasubhiª pråtaªsavanåd anudata ‘Les ]bhus, en vérité, par voie d’austérité obtinrent le droit à la consommation du Soma parmi les dieux. Ils (= les dieux) désirèrent leur arranger (une place) dans la cérémonie du matin. Agni accompagné des Vasus les repoussèrent de la cérémonie du matin’ Le passage continue de la même manière, relatant ensuite le projet d’arranger une place pour les ]bhus dans les deux autres cérémonies, l’action étant à chaque fois contrecarrée par un groupe de déités s’opposant à leur présence. Il se termine par l’intervention de Prajåpati qui, lui, accepte de consommer le Soma en leur compagnie.
cikits prés. ind. act. 3sg. (ápa.../ví)cíkitsati AV 13.2.15b (ápa+ [v. WHITNEY II/722]) = AVP 18.21.9b; AVP 7.7.2d = 7.7.4d = 10.12.8d et 8.15.10b; KS 11.8: 154,20; VS 40.679 (ví+) 5 BÃUM 4.4.18 (ví+); TB 2.1.2.2 (vi+) 5 B 2.2.4.9 (vi+) – 1pl. â...cikitsåmas RV 8.91.3a (= AVP 4.26.4 / JB 1.220; v. 77 v. BODEWITZ 1990: 306n. 9. 78 v. BODEWITZ 1990: 306n. 9. 79 5 vijugupsate ŸU.6 (= VSK 40.6) = BÃUK 4.4.15 5 KU 2.1.5/12 (‡ jugups).
102
CHARPENTIER 84) – 3pl. cíkitsanti KS 11.8: 154,16-17 = MS 2.3.5: 33,3 – moy. 3sg. cíkitsate MS 3.7.5: 81,14-15 impf. act. 3sg. vyàcikitsat TS 6.5.9.1; TB 2.1.2.2 5 B 2.2.4.6 5 BK 1.2.4.5; B 2.2.4.9 5 BK 1.2.4.7 – 3pl. ácikitsan TB 3.7.6.12 = BhåS 4.12.1 = ApS 4.8.3 = HiS 6.2.19 inj. prés. act. 3sg. ví...cikitsat RV 4.16.10d (v. IiV 188 et s.) imp. prés. act. 2sg. prá...cikitså RV 1.91.23d (= VS 34.23 / VSK 33.16) et 6.47.20c – 3sg. cíkitsatu AV 6.68.2c, 6.141.1c = AVP 19.22.7c et AV 10.6.5c = AVP 16.42.5c – 2du. cíkitsatam MS 4.8.1: 106,8 (v. JAMISON 1996: 188); JB 1.151 – 2pl. cikitsata TSm 3.2.8.4 = ÃpSm 13.10.10; KS 10.10: 137,4 subj. prés. act. 3sg. cíkitsåt AV 9.2.3d = AVP 16.76.3d opt. prés. act. 3sg. (vi)cíkitset MS 1.6.11: 103,9-10 (v. AzI III/792 et s.); AB 8.15.3 (vi+); Aà 3.2.6 (vi+); à 8.112x (vi+); KåS 25.13.19 part. act. (vi)cíkitsant- RV 1.123.1d (v. GELDNER I/170); B 2.2.4.9 (vi+) 5 BK 1.2.4.7 (vi+), B 4.3.4.20 (ávicikitsan) = BK 5.4.1.15; VB 530,2 (vi+) aor. act. 2sg. acikitfi¥s AV 5.11.1d (v. WHITNEY I/237, AzI III/792 et s.) = AVP 8.1.1d; BåU 23d adj. verb. (vi)cikitsita- KU 1.1.21-222x (vi+); HiS 14.1.252x n.a. vicikitsâ- KB post 26.2: 130,25 et post 26.2: 131,13 ; TB 2.1.2.2 5 B 2.2.4.9 5 BK 1.2.4.7; B 10.6.3.2 = ChU 3.14.4; BÃUM 1.5.9 = BÃUK 1.5.3 = MaiU 6.30; KU 1.1.20 adj. cikitsú- AV 10.1.1b = AVP 16.35.1b 71x (5x RV; 17x AV; 2x YVm; 7x YVpr; 21 Br; 3x Ãr; 9x Up; 7x S) dont 28x simplex act. (RV; AV; YVm/pr; Br; Up; S), 1x simplex moy. (YVpr), 2x simplex adj. verb. (S), 2x simplex adj. (AV), 1x apa+ act. (AV), 1x å+ (RV), 2x pra+ (RV), 20 vi+ act. (RV; YVpr; Br; Up; Ãr), 2x vi+ adj. verb. (Up) et 11x vi+ n.a. (Br; Up) ‡ Cl. De cit58 ‘remarquer, reconnaître’ Litt.: AzI III/792 et s., CHARPENTIER 45, GÜNTERT 86, INSLER 1969: 58, 61, 64n. 9, LEUMANN 119, VIA I/183 1) (simplex dans RV 1.123.1d, AV et YVm) ‘veiller’, avec dat. commodi dans RV 1.123.1d, dat. finalis dans AV 6.68.2c, AV 6.141.1c et TSm 3.2.8.4, dat. commodi et acc. de contenu dans AV 10.6.5c 2) (simplex dans AV 5.11.1d, 7.7.2d, 9.2.3d et MS 1.6.11: 103,9-10) ‘lorgner, comploter’80, sans complément dans MS 1.6.11: 103,9-10, avec acc. et dat. incommodi dans AV 9.2.3d, AVP 7.7.2d, avec simplement acc. dans AV 5.11.1d 3) (simplex, 80 v. AzI III/792.
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YVpr+) ‘soigner, guérir’, avec dat. dans KS 11.8: 154,2081, MS 4.8.1: 106,8, TB 3.7.6.12, avec acc. dans JB 1.151 4) (simplex act. dans KS 10.10: 137,4, et MS 3.7.5: 81,14-15 au moy.) ‘se concentrer, réfléchir’ 5) (apa+) ‘détourner son attention + dés.’82, avec abl. 6) (å+) ‘comprendre + dés.’83, +acc. 7) (pra+) ‘reconnaître + dés.’, acc. seulement dans RV 6.47.20c 8) (vi+ dans RV 4.16.10d) ‘dissocier, distinguer + dés.’84, avec acc. 9) (vi+ dans YVpr+) ‘douter’, le plus souvent avec phrase avec íti et avec en plus un acc. d’extension dans TS 6.5.9.1, usage absolu, peut-être dans VS 40.6 (v. cidessous), sinon dans AB 8.15.3, VB 530,2 et B 4.3.4.2085 Le thème dés. presqu’entièrement lexicalisé cikits, attesté dès le RV, appartient à cit5 8 ‘remarquer, connaître’ et non à cit59 ‘briller, se distinguer’, comme le démontrent les sémantèmes mentionnés dans l’inventaire sémantique. Seuls quelques exemples attestent un sens non-lexicalisé, tous avec préverbes: RV 1.91.23d, 4.16.10d, 6.47.20c, 8.91.3a-b et AV 13.2.15. Parmi eux les deux imp. dés. de RV 1.91.23d et 6.47.20c représentent la demande, respectivement à Soma et à B®haspati/Indra, d’un effort de coopération pour l’exécution de l’action ‘reconnaître le chemin’: • RV 6.47.20c-d b™haspate prácikitså gávifi†´åv itthâ saté jaritrá indra pánthåm // ‘B®haspati, efforce-toi de reconnaître le chemin pour le chanteur ainsi occupé à la recherche de butins, Ô Indra’86. L’interprétation ‘reconnaître’ comme sens de base dans ces exemples maintient le lien avec la racine cit ‘remarquer, connaître’, même si le composé pra+cit n’est attesté qu’au caus. prés. ou à l’aor. redoublé avec le sens ‘faire apparaître’ de cit ‘briller, se distinguer’87 (p.ex. prácetayati RV 1.3.12b; prâcikitat RV 7.80.2d88).
81 En face de cikitsati et cikitsanti de KS 11.8: 154,16-17/20 correspondent respectivement bhifiajyanti dansTS 2.3.11.4 et åyur dadhåti dans MS 2.3.5: 33.2. 82 cf. le sens de apacetáyåtai dans KSm 1.12: 7,15. 83 cf. le sens de åciketa dans RV 8.2.14b. 84 cf. vi+cit WRV ‘kennen, erkennen’, p.ex. víciketat RV 1.152.2a. 85 Le composé privatif ávicikitsant- ‘sans réfléchir’ peut s’interpréter également comme ‘sans hésiter’ comme le fait EGGELING pour B 4.3.4.20 yâμ vái råtámanå ávicikitsan dákfii˙åμ dádåti ‘for whatever sacrificial gift he gives unhesitatingly,...’. 86 D’après OBERLIES (462). 87 D’après WRV pra+cit signifie ‘erscheinen’ou ‘sich auszeichnen’, mais PW mentionne également un sens ‘kennen’, sur seule base de tváμ soma prá cikito man¥fiâ dans RV 1.91.1a, qu’il faut bien pourtant traduire (cf. l’interpretation de GELDNER I/91) en ‘Toi, Soma, tu te manifestes par le recueillement’. PW cite
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Les deux exemples RV 8.91.3 et AV 13.2.15 ont comme point commun d’utiliser un dés. avec négation: • RV 8.91.3a-b â caná två cikitsåmó Ødhi caná två némasi / ‘Wir möchten dich zwar nicht verstehen und doch missverstehen wir dich nicht’ (GELDNER) 89 • AV 13.2.15 tá« sámåpnoti j°tíbhis táto n´åpa cikitsati / ténåm´®tasya bhakfiáμ devânåμ nâva rundhate // ‘Avec sa vélocité il (= S°rya) l’(= le chemin) accomplit totalement. Il ne veut pas en relâcher son attention. Par-là (= par ce chemin) ils (?= les hommes) n’obtiennent pas de part de l’immortalité des dieux’ Il s’agit manifestement dans les deux cas de marquer un manque de volonté ou de coopération de la part du sujet. Dans AV 13.2.15 ont comprend également que la récalcitrance de S°rya à relâcher son attention, constitue l’obstacle qui empêche les humains d’obtenir une part d’immortalité. En d’autres termes il y a une contre-implicitation interprétable sur base du dés. avec négation comme quoi cette action n’aura pas lieu. L’usage de ví...cikitsat dans RV 4.16.10 est difficile à déterminer avec certitude: • RV 4.16.10d ví våμ cikitsad ®tacíd dha nâr¥ // ‘Elle fait ce qu’elle peut (5 s’efforce) pour vous distinguer; (ta) femme (est) bien celle qui voit juste’90 Le sujet est l’épouse d’Indra qui s’applique pour distinguer Indra de Kutsa, identiques d’apparence. Le dés. sert en tout cas manifestement à exprimer cette action sans phase finale, ce qui laisse un certain suspens, relâché ensuite par le sens du composé ®tacít ‘qui connaît la vérité’. Dans tous les autres exemples, du simplex et de vi+, y compris celui du simplex RV 1.123.1d et ceux de l’AV, on ne rencontre que les différents sens lexicalisés, ‘veiller’, ‘lorgner, comploter’, ‘soigner’ et ‘se concentrer, réfléchir’. Le seul exemple mantrique susceptible de conserver une valeur dés. est VS 40.6: • VS 40.6 yás tú sárvå˙i bh°tâni åtmánn evânupáßyati sarvabh°téfiu cåtmânaμ táto ná vícikitsati
également un sens ‘kund machen, verkündigen’, mais là encore il n’y a aucune évidence : dans 8.39.3c sá devéfiu prá cikiddhi le complément loc. suggère plutôt le sens ‘se manifester’, dans 7.80.2d prâcikitat sûryaμ yajñám agním ‘(Agni), annonce le soleil, le sacrifice, le feu’, il s’agit d’une forme aor. caus. 88 cf. KÜMMEL 176n. 189. 89 Pour des détails concernant le mythe d’Ãpala, v. JAMISON 1996: 240 et s. 90 cf. IiV 188.
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‘Celui qui suit des yeux toutes les créatures dans l’Ãtman et l’Ãtman dans toutes les créatures ne veut plus en relâcher son attention’ L’exemple rappelle AV 13.2.15. Une autre possibilité serait d’interpréter pour tátas une valeur temporelle ‘dès lors’, et pour vícikitsati le sens lexicalisé ‘douter’: ‘Qui voit toutes les créatures dans l’Ãtman et l’Ãtman dans toutes les créatures, dès lors ne doute plus’ Pour l’analyse étymologique des sens lexicalisés de cikits v. p. 57
cik¥rtayifi opt. prés. act. 3sg. cik¥rtayifiet AÃ 5.3.3 (v. KEITH 1909: 304n. 22) Du dénom. k¥rtaya- ‘mentionner’ ‘mentionner + dés.’ AÃ 5.3.3 meghe Øpartau varfie triråtraμ vaidekenådhyåyenåntariyån
nåsmin kathåμ vadeta nåsya råtrau cana cik¥rtayifiet ‘And when rain falls out of season he should stop his study of the Veda for three nights, nor in this time should he tell tales, nor even at night at this time be fain to set them forth’ (KEITH) Le dés. opt. cik¥rtayifiet représente une intention ou un effort inutile.
cik¥rfi prés. ind. act. 3sg. (ni)cík¥rfiati RVKh 4.5.38 et 4.5.39; AV 5.8.3b = AVP 7.18.3b, AV 11.2.13 (ni+) = AVP 16.105.3b et AV 12.4.19d = AVP 17.17.8d; B 2.2.3.16, 5.2.3.4 = BK 7.1.1.4 = BK 7.1.3.1, B 5.2.5.4, 5.2.5.8 = BK 7.1.3.2 et B 5 2.5.12; ÃpS 6.6.8 impf. act. 3sg. ácik¥rfiat MS 2.4.3: 40,6 (v. AiS 520) – 3pl. (paryâ+)acik¥rfian TS 6.5.2.2 (paryâ+); JB1.124 subj. prés. act. 3sg. cik¥rfiåt JB1.98 opt. prés. act. 3sg. cík¥rfiet JB 1.49 et 2.259; B 1.9.2.23, 1.9.3.10, 2.3.2.8, 3.6.2.14, 3.7.3.7 et 4.4.5.19; BK 1.1.4.3; BhåS 11.15.1 – 3pl. moy. cik¥rfieran ÃßS 8.13.22 part. act. cik¥rfiant- ÃpS 10.13.9; KåS 25.8.7 aor. act. 2sg. ácik¥rfi¥s B 3.4.3.6 – 3sg. acik¥rfi¥t JB 1.54 adj. verb. cik¥rfiita- BauS 25.16: 247,7
106
37x (2x RVKh; 6x AV; 2x YVpr; 21x Br, 6x S) dont 32x simplex act. (RVKh; AV, YVpr; Br; S), 1x simplex moy. (S), 1x simplex adj. verb. (S), 2x ni+ act. (AV), 1x paryå+ act. (YVpr) ‡ Cl. De k®28 ‘faire’ (cf. associations avec akarot dans MS 2.4.3: 40,6 et ßaknóti kártum dans B 5.2.3.4 et 5.2.5.4/8/12) Litt.: CHARPENTIER 37, INSLER 1969: 62n. 6, LEUMANN 116 1) (simplex dans AV et Br+) ‘faire, réaliser + dés.’, avec acc. 2) (simplex dans MS 2.4.3: 40,6; BK 1.1.4.3; BhåS 11.15.1) ‘rendre / transformer + dés.’, avec acc., double acc. dans MS 2.4.3 3) (simplex dans Br) ‘agir + dés.’4) (simplex dans B 3.4.3.6) ‘faire du mal + dés.’91, avec acc. 5) (ni+) ‘faire tomber, vaincre + dés.’92, avec acc. 6) (paryå+) ‘retourner + dés.’93, avec acc. Le parallélisme entre cik¥rfi et la racine k® se constate dans l’éventail des lexèmes qui sont tous dans le champ sémantique de cette dernière. La forme -k¥r- de la syllabe radicale contraste avec celle de l’adj. verbal k®-tá-. On remarquera 3 cas de discordances entre B et BK, à chaque fois l’un attestant le dés. opt. et l’autre l’opt.: • B 1.9.2.23 yádi yájufiå cík¥rfied eténaivá kuryåt ‘Si elle (= l’épouse du sacrifiant) désire le (= défaire le Veda) faire avec un Yajufi, elle doit le faire avec celui-ci...’ 5 • BK 2.8.3.18 yádi yájufiå kury´åt ‘Si elle agit avec un Yajufi...’ • B 1.9.3.10 paráståt tv èvärvâ∫ krámeta yá itò Ønuß´åsanaμ cík¥rfiet ‘Now he who wishes to give instructions from hence, should come hitherwards from above.’ (EGGELING) 5 • BK 2.8.4.6 amútas tv èvärvâk krameta yá íto Ønuß´åsanaμ kury´åt ‘Mais qui, à partir d’ici, donnerait une directive doit à partir d’ici marcher en avant’ • B 3.6.2.14 súguptaμ cik¥rfiet ‘Il doit s’appliquer à faire une bonne garde’ 5 • BK 4.6.2.6 súguptam gopåyeyur ‘Ils doivent veiller à une bonne surveillance’. Pour ce qui est de la valeur sémantique, dans le contexte des prescriptions (JB 1.49, 2.259; B 2.3.2.8, 3.6.2.14 et 3.7.3.7), le dés. opt. cík¥rfiet met en
91 cf. asmân k®˙avat RV 8.43.3c, VIA I/169 et PW ‘jmd Etwas anhaben’. 92 cf. ni+k® PW ‘überwinden’. 93 cf. paryå+k® PW ‘überwenden’.
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évidence un effort d’attention ou de persévérance sur des actions particulièrement importantes: • B 2.3.2.8 navåvasité vainam âhareyuª tásmin paceyus tád bråhma˙â aßn¥yur yády u tán ná vindét yát páced ápi gór evá dugdhám ádhißrayitavái br°yåt tásmin bråhma˙ån pâyayitavái br°yåt pâp¥yå«so ha vâ asya sapátnå bhavanti yásyaiváμ vidúfia eváμ kurvánti tásmåd evám evá cik¥rfiet ‘Or they may also take it94 over to a new dwelling; and let them then cook on it food (...) for the priests to eat. And should he not be able to procure anything to cook, let him order the milk of a cow to be put thereon and let the priests be asked to drink it. And his enemies will indeed fare ill, for whomsoever, knowing this, they do so: let him therefore, endeavour by all means to do so’ (EGGELING) Avec le dés. cik¥rfiet, l’auteur recherche manifestement un effet amplificateur pour la prescription, souligné également par le groupe adverbial evám evá. Cette prescription réitère globalement les précédentes qui contiennent les opt. åhareyur, paceyur et br°yåt. • JB 2.259 sa satyam eva vadet satyaμ caret satyaμ cik¥rfiet ‘Il doit uniquement dire la vérité, accomplir la vérité, s’efforcer de produire la vérité’ L’usage du dés. pour ‘produire la vérité’ souligne probablement un degré de difficulté supérieur par rapport aux autres actions. Un autre exemple, à côté de JB 2.259, où un dés. apparaît juste après une forme non-dés. représentant la même action de base, est BK 1.1.4.3: • BK 1.1.4.3 yáthå yéna vâhanena syantsyán syâd íti tát súhitaμ kuryåt tát súhitaμ cik¥rfied evám etád íti „Comme l’attelage avec lequel il serait sur le point de partir“, disentils, „On le rendrait satisfait (= bien nourri), on s’efforcerait de le rendre satisfait. Ainsi est cela“ disent-ils’. Le thème est la nécessité de cuire un riz au lait pour quatre Brahmans lors du rituel du Brahmaudana (v. KRICK 276 pour le passage équivalent sans forme dés. B 2.1.4.4), afin de ‘satisfaire les mètres’. Les phrases contenant kuryåt et cík¥rfiet servent d’argument en faveur de cette technique, opinion ensuite critiquée par le rédacteur du B. Par rapport au passage équivalent B 2.1.4.4, la forme dés. est un pur rajout. Elle doit servir à marquer encore plus la bonne intention du prêtre, súhitaμ cik¥rfiet connotant alors l’effort de bonne volonté durant l’action de ‘satisfaire’. Dans AV 12.4.19, avec cík¥rfiati qui n’exprime pas la phase finale de l’action sinon terminative ‘réaliser ses désirs’, l’auteur peut dépeindre l’image d’un effort ou d’une entreprise frustrée: 94 Il sagit du Dakfiinågní.
108 • AV 12.4.19c-d nâsmai kâmåª sám®dhante yân ádattvå cík¥rfiati //
‘Les désirs qu’il s’efforce/entreprend de réaliser, sans avoir donné (la vache au Bråhman), ne se réalisent pas’ Un exemple similaire est JB 1.54: • JB 1.54 yad anenågnihotre˙åcik¥rfi¥n nyav®tat ‘Ce qu’il s’est efforcé/a entrepris de faire avec l’Agnihotra, maintenant lui tourne le dos’ Le schéma contextuel de ces deux derniers exemples est le même: une action aurait pu aboutir, mais échoue sous l’effet de circonstances néfastes. B 3.4.3.6 est un des rares exemples de dés. dans une interpellation en discours direct: • B 3.4.3.6 íti vai mâμ tvám ácik¥rfi¥r íti måjighå«s¥r íti ‘Alors tu as essayé de me faire du mal et de me frapper!’ Enfin il faut signaler d’autres exemples dans des passages légendaires qui utilisent le dés. pour indiquer une entreprise ou une tentative: • TS 6.5.2.2 ásurå vâ uttarat᪠p®thivîμ pary´ å cik¥rfian tâμ devâ dhruvé˙åd®«han ‘Les Asuras, en vérité, entreprirent/essayèrent d’en haut de retourner la terre. Les dieux la maintinrent grâce au Dhruva’ Vu l’enchaînement des propositions dans ce passage on interprète plutôt l’action de paryâcik¥rfian comme une tentative, comme si les Asuras en avaient réalisé une partie au moment où les dieux les stoppèrent. • B 5.2.5.4 átha yád vaifi˙av᪠tríkapålo vå puro∂âßo bhávati carúr vå yân evâsmå agnír dåtâ púrufiån dádåti téfiv eváitad antat᪠prátitifi†hati yád vái púrufiavån kárma cík¥rfiati ßaknóti vai tát kártum ‘And as to why there is either a cake on three potsherds, or a pap, for Vifi˙u: whatever men Agni, the giver, gives him, among them he thereby finally establishes him (the King); and whatever work he wishes to do with his men, that he is able to do’ (EGGELING) La juxtaposition du dés. cík¥rfiati et de la périphrase à valeur perfective ßaknóti...kártum, sert à illustrer le dénouement couronné de succès d’une action désirée ou entreprise
cik¥fi(1) prés. ind. act. 3sg. nícik¥fiati MSm 2.7.2: 75,12 – Med. 3sg. (ní)cik¥fiate RV 8.78.6b-c2x (ní+ et simplex); KSm 16.2: 221,23 (ni+; 5 act. 3sg. ‰fiati MSm 2.7.2: 75,12) = TSm 4.1.2.3 = VS 11.18 = VSK 12.18 = Bm 6.3.3.8 (+nícik¥fiate pour nícik¥fia [v. VPK II/1/803n. g])
109
8x (2x RV; 5x YVm; 1x Br) dont 1x simplex moy. (RV), 1x ni+ act. (YVm), 6x ni+ moy. (RV; YVm; Br) De ci56 ‘percevoir/faire attention’ Litt.: CHARPENTIER 25, GÜNTERT 116 ‡ S° (simplex et ni+ act./moy.) ‘percevoir + dés.’, avec acc. Ce thème dés., attesté dans seulement deux passages indépendants, RV 8.78.6b et KSm 16.2: 221,23 etc., se distingue de sa racine par l’usage du moy.95. Une valeur affective n’est pas exclue dans RV 8.78.6b96: • RV 8.78.6 sá manyúm mártyånåm ádabdho nícik¥fiate / purâ nidáß cik¥fiate // ‘Non-dupe, il (= Indra) veut percevoir (? pour son propre compte) l’esprit des mortels. Avant (les paroles) médisantes il veut percevoir (? pour son propre compte)’ Dans cet exemple cik¥fi marque particulièrement un effort à la fois courageux et volontaire d’Indra pour l’achèvement de ‘percevoir l’esprit des mortels’, une action en partie protectrice puisqu’elle permet d’écarter des concurrents médisants. Un sens lexicalisé concret dans cet exemple, comme suggère GELDNER avec ‘erforscht’ (v. également PW, WRV, WSD ‘beschauen, beobachten, überwachen’), est contredit par B 6.3.3.8 où le commentaire mantrique de ce même passage reprend nicik¥fiate par did®kfiate, dés. de d®ß ‘voir’. L’autre exemple, le mantra KSm 16.2: 221,23, ne permet aucune analyse précise. Il s’agit en tout cas d’un exemple rare où le sujet de la forme dés. n’est pas un être humain: • KSm 16.2: 221,23 agni« sadhaste mahati cakfiufiå nicik¥fiate ‘Il (= le cheval) désire avec ces yeux percevoir Agni dans sa grande demeure’.
95 Au moy. on a le pf. ní...cikethe RV 5.66.4 (v. KÜMMEL 170), et cikite KSm 37.9:
90,14 pour lequel il existe des variantes actives (cf. pour la variation des diathèses avec ci VV I/35). La forme ácidhvam indiquée dans GONDA 1979: 63 appartient à cit ‘remarquer’, cf. +áciddhvam LIV 383n. 2. 96 cf. GONDA 1979: 195.
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cik¥fi(2) prés. ind. moy. 1pl. cik¥fiåmahe B 9.5.1.64 (v. AiS 227) part. moy. cik¥fiamå˙a- KåS 16.1.5 De ci55 ‘entasser’ Litt.: CHARPENTIER 25, GÜNTERT 116, INSLER 1969: 57 ‘empiler + dés.’, avec acc. Dans les deux exemples, le dés. sert à communiquer le désir du sujet pour l’achèvement de ‘empiler l’autel du feu’: • B 9.5.1.64 kathám agníß cetávyo glâyåmo Øha saμvatsarábh®tåyågním u cik¥fiåmaha íti ‘how is Agni to be built? For, indeed, we are loth to carry him for a year, and yet we wish to build him’ (EGGELING) L’exemple est remarquable parce qu’il montre clairement que le dés. peut être utilisé dans un contexte où l’action n’est pas encore dans une phase dynamique.
cikramifi prés. ind. act. 3sg. ápa/saμcikramifiati JB 3.184 (sam+); B 4.6.9.3 (ápa+) = BK 5.8.3.2, B 4.6.9.5 (ápa+) 5 BK 5.8.3.3 et B 4.6.9.16 (ápa+) – 3pl. ápa/úccikramifianti B 4.6.9.3 (ápa+) = BK 5.8.3.2 (+‰fianti pour ‰fiati) et 7.5.2.5 (úd+) impf. act. 3sg. ápa/úd+acikramifiat B 4.6.9.1 (ápa+), 7.5.1.16-183x (úd+) 5 8.5.3.1 (úd+) – 3du. údacikramifiatåm B 7.5.1.19 – 3pl. ápa/úd+acikramifian B 4.6.9.1 (ápa+), 7.5.2.4 (úd+; AiS 227) part. act. uccikramifiant- ChU 5.1.12 pf. pér. act. 3sg. apacikramifiâμ cakåra B 4.6.9.16; BK 5.8.3.1 – 3pl. apacikramifiâμ cakrur BK 5.8.3.1 21x act. (20x Br, 1x Up) dont 12x apa+ (Br), 8x ud+ (Br; Up) et 1x sam+ (Br) De kram266 ‘marcher’ (cf. associations avec útkråmasi dans B 8.5.3.1 et saμkråmati dans JB 3.184) Litt.: CHARPENTIER 76, GÜNTERT 124, VIA I/278
111
1) (apa/ud+) ‘s’en aller loin de + dés.’, avec abl. 2) (sam+) ‘passer d’un endroit à un autre + dés.’97, avec abl. et acc. Sur le plan de la formation, on remarque le degré plein de la racine, en face du degré zéro dans l’adj. verb. kråntá-. Le a bref du radical contraste avec le degré exclusivement allongé dans les prés. act. ápa+krâma-ti, úd+krâma-ti et sám+krâma-ti, des Br. (v. PiV 116 et s.). Le i du suffixe correspond au caractère se† de la racine. A l’exception de JB 3.184, ce thème est exclusivement utilisé dans des récits légendaires pour communiquer le désir du sujet pour l’achèvement de l’action ‘fuir’. Dans l’exemple qui suit ce comportement résulte de la peur de subir des souffrances: • B 4.6.9.1 devâ ha vái sattrám åsata ßríyaμ gacchema yáßaª syåmånnåd⪠syåméti tébhya etád annâdyam abhíjitam ápåcikramifiat paßávo vâ ánnaμ paßávo haivàibhyas tád ápåcikramifian yád vái na imé ßråntâ ná hi«syúª kathám iva svin naª sakfiyanta íti ‘Now, once on a time, the gods were sitting in a sacrificial session, thinking, „May we attain excellence, may we be glorious, may we be eaters of food!“ That same food, gained by them, wished to go away from them, - and, food being cattle, it was the cattle that wished to go away from them, „It is to be feared lest they being exhausted may hurt us: how, indeed, will they deal with us?“ (EGGELING) Dans JB 3.184, saμcikramifiati est utilisé pour dépeindre une tentative frustrée. La même action couronnée de succès est exprimée avec le prés. saμkråmati: • JB 3.184 yo vai m°låd agra« saμcikramifiati na sa ßaknoty atha yo Øgråd agra« saμkråmati sa ßaknoti ‘Qui essaie de passer de la base au sommet n’y arrive pas mais qui passe du sommet à un (autre) sommet y arrive.’
cikfi¥fi prés. ind. act. 3pl. vicíkfi¥fianti B 9.1.1.23 De kfii397 ‘détruire’ (cf. association avec víkfiinanti) Litt.: CHARPENTIER 24, 110 (avec vi+) ‘détruire complètement + dés.’ 97 cf. PW ‘übergehen von auf’.
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• B 9.1.1.23 eté vái táμ víkfii˙anti yáμ vicíks¥fianti ‘Ces (dieux), en vérité, détruisent complètement celui qu’ils désirent détruire complètement’ La combinaison du dés. dans la phrase relative et du prés. non-dés. dans la principale sert à illustrer l’évolution fructueuse d’une action désirée ou tentée.
cikhyås part. act. åcikhyåsant- ÃpS 20.6.7 ‡ Cl. (adj. verb. et adj.) De khyå ‘regarder’ Litt.: CHARPENTIER 24, 109 (avec å+) ‘réciter + dés.’+ acc. Sur le plan morphologique il faut remarquer que le degré plein a un parallèle dans l’adj. verb. khyåtá- et le pass. khyåyá-: Le part. dés. nom. sg. åcikhyåsan communique l’intention du sujet d’achever l’action ‘réciter’: • ÃpS 20.6.7 dakfii˙enåhavan¥ya« hotå hira˙yakaßipåv upa vißati påriplavaμ bhauvanyavaμ cåcikhyåsan ‘Au sud de l’Ãhavan¥ya l’hotar s’installe sur un coussin d’or, ayant l’intention de réciter le Pariplåva Bhauvanyava’ Le part. dés. met simplement l’accent sur le fait que l’agent a l’esprit tourné vers une action déterminée au moment où il en accomplit une autre.
cicarifi prés. ind. act. 3sg. cicarifiati B 6.4.4.19 (v. AiS 227) prés. opt. act. 3sg. cicarifiet B 11.1.8.4 part. act. +cicarifiant- KB 25.12.21 = 30.6.4 (+cicarifia«ß pour cicarfia«ß)98 98 ny°∫khamånaka iva vai prathamaμ cicarfia«ß carati La lecture adoptée par SREEKRISHNA SARMA, cicarfia«ßcarati (cf. le deuxième thème dés. cicarfi indiqué par CHARPENTIER [37] et WHITNEY [RVD 45] qui n’a aucune autre source), est une forme
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De car284 ‘se bouger’ Litt.: CHARPENTIER 76, GÜNTERT 124 1) (B 11.1.8.4) ‘passer + dés.’, avec acc. 2) (B 6.4.4.19) ‘coucher, avoir un rapport sexuel99 + dés.’ avec instr. 3) (KB 25.12.21) ‘se bouger’ Ce thème est le seul exemple de dés. avec degré radical plein d’une racine CR, le degré zéro de car n’étant qu’exceptionnellement attesté dans l’int. part. acc. sg. masc. carc°ryámå˙am (v. SCHAEFER 111) dans RV 9.124.8c (= AÃ 2.3.5), ou dans l’adj. cirá dans RV+. Dans B 6.4.4.19 cicarifiati marque particulièrement un effort de volonté ou d’assiduité pour le respect d’une règle générale de la vie: • B 6.4.4.19 tásmåd ápi sváyå jåyáyå tirá ivaivá cicarifiati ‘C’est pourquoi également avec sa propre femme on s’efforce d’avoir un rapport sexuel pour ainsi dire uniquement à l’écart’. Le part. dés. nom. sg. cicarifian dans KB 25.12.21 est juxtaposé au prés. ind. carati pour illustrer le dénouement positif d’une action désirée ou entreprise: • KB 25.12.21 ny°∫khamånaka iva vai prathamaμ +cicarifia«ß carati ‘En vérité, disant à haute voix o (?/bredouillant), pour ainsi dire, aspirant à/s’efforçant de déambuler, il déambule’
cicchits prés. opt. act. 3sg. +cicchitset JB 1.1002x (+cicchitset pour ‰sat ) part. moy. avacicchitsamåna- JB 2.238 ‡ Cl. (adj. cicchitsu-) De chid64 ‘arracher, couper, détruire’ (cf. association avec acchintta dans JB 2.238) Litt.: CHARPENTIER 46, GÜNTERT 87
inconcevable étant donné le suffixe –ifi- du fut. carifiyá- qui doit nécessairement se retrouver dans le dés., vu l’influence déterminante de cette catégorie sur les formations dés. avec le degré plein (v. p. 31). Parmi les v.l. on trouve cicarifiußca‰, adoptée par LINDNER, qui atteste la forme correcte du thème dés., mais la présence de l’adv. prathamam incite à la corriger en un part. +cicarifia«ß. 99 cf. VIA I/287 le même sens avec adhi+.
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1) (simplex act.) ‘détruire, éliminer +dés.’, avec acc. 2) (ava+ moy.) ‘éliminer + dés.’100, avec acc. Sur le plan morphologique, le moy. de ava+cicchits attesté dans JB 2.238 n’a aucune correspondance dans le paradigme de ava+chid. Une valeur affective est conforme au contexte qui met en évidence les souhaits personnels du sujet101: • JB 2.238 råjå prajåkåmaß ca khalat¥ ca daivovåt¥ avacicchitsamånas... ‘Le roi désirant une descendance et aspirant pour son propre compte à éliminer Khalati et Daivovati ...’ La traduction de CALAND (1919: 185 et s.) ‘als er ... sich von Khalati (Khalköpfigkeit ?) und Daivovåti (?) zu befreien suchte’ semble se baser sur le sens du pass. ‘se libérer de, prendre ses distances’ avec abl., qui est très fréquent dans JB. Le simplex cicchits représente le désir de l’agent d’accomplir l’action ‘détruire’: • JB 1.100 sa yo bhråt®vyalokaμ cicchitsed dvyudåsåm eva gåyet ‘He who wishes to annihilate the world of the rival should sing the verse with two raisings’ (BODEWITZ)
+
cuk≈fi°s
prés. ind. act. 1sg. +cukfi°fiåmi JB 2.156 (+cukfi°fi‰ pour cukfiufi‰) De kfiu38 ‘éternuer’ (cf. l’association avec kfiutvå, kfiuhi et cukfiuvå«sam ) Litt.: CHARPENTIER 24, 110, GÜNTERT 83 ‘éternuer + dés.’ • JB 2.156 +cukfi°fiåmi vå iti atha ha sma tataª purå kfiutvaiva mriyante
ta« hocuª kfiuhi j¥veti vakfiyåma iti sa ha +cukfiåva102 taμ ha j¥vety °cur103 sa ha jij¥va
+
100 cf. le sens de l’act. ‘éloigner, éliminer’ p.ex. avaciccheda dans JB 2.123. 101 Le moyen du simplex est également très peu attesté. 102 103
cf. OERTEL I/305, amendé pour kfiuvåva. amendé pour ocur.
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„J’ai besoin d’éternuer“ dit-il (= ?Indra). Et c’est justement, après avoir éternué qu’on meurt. Ils (= les dieux) lui dirent, „Éternue et nous te dirons: Vis!“. Il éternua et ils lui dirent „Vis!“. Il vécut’ Bien que non-corrigée par OERTEL I/305 et FRENZ 9, la voyelle radicale brève s’est manifestement analogiquement introduite ici d’après kfiutvå, kfiuhi et cukfiuvå«sam. L’exemple est intéressant car l’action du dés. est nécessaire mais non désirée puisqu’elle entraîne la mort.
jigamifi prés. ind. act. 3sg. (anusam/å)jígamifiati TS 1.5.2.3 (v. GÜNTERT 124) et 2.3.4.2; AB 2.36.5 (anusam+) et 3.24.13 (å+) = GB 2.3.22: 136,10; JB1.67 = 2.99 = 2.289 = 2.293 opt. prés. act. 3sg. jigamifiet JB 2.113 5 2.420; GB 1.3.21: 71,13; ChU 5.2.4 = à 9.8; Aà 5.1.4; à 2.11 et 4.4; LåS 2.6.17 = DråS 5.2.24 part. act. samåjigamifiant- BauS 18.40: 390,11 20x act. (2x YVpr; 10x Br; 4x Ãr; 1x Up; 3x S) dont 17x simplex (YVpr; Br; Up; Ãr; S), 1x anusam+ (Br), 1x å+ (Br) et 1x samå+ (S) ‡ Cl. De gam45 (‡ jigå«s) ‘aller, venir’ (cf. associations avec gamayati, dans TS 2.3.4.2, gacchati dans JB 1.67 et gacchet dans JB 2.113, GB 1.3.21: 71,13 et LåS 2.6.17) Litt.: CHARPENTIER 76, GÜNTERT 124, LEUMANN 116 1) (simplex dans YVpr+) ‘aller + dés.’2) (peut-être dans simplex TS 1.5.2.3 et sûrement å+ dans AB 3.24.13) ‘faire parvenir, ramener + dés.’, avec double acc. 3) (anusam+) ‘suivre + dés.’4) (samå+) ‘arriver ensemble + dés.’. Sur le plan morphologique on remarque le degré radical plein en face du degré zéro, p.ex., dans le thème prés. gáccha-, ou l’adj. verb. gatá-. De l’inventaire sémantique on retiendra d’abord la valeur caus. ‘faire arriver’ dans quelques exemples, pour laquelle on se serait attendu à un caus. dés. *jigamayifi. Dans les deux exemples qui suivent jigamifi est associé, via une métaphore, à une manière particulière de réciter certains vers: • AB 3.24.13 g®hå vai pratifi†hå s°ktaμ tat pratifi†hitatamayå våcå ßa«stavyaμ tasmåd yady api d°ra iva paß°n labhate g®hån evainån åjigamifiati g®hå hi paß°nåμ pratifi†hå
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‘En vérité le S°kta est une maison, un support. Alors il faut réciter avec la voix la plus supportée (5 soutenue). C’est pourquoi même s’il obtient le bétail à un endroit qui semble être loin, il s’efforce de le ramener jusqu’aux maisons. Car les maisons sont le support du bétail’. Le thème est la façon dont il faut réciter l’hymne RV 1.32 qui relate des exploits d’Indra. Il semble y avoir un parallèle entre l’action exigeante de réciter avec une voix soutenue pour atteindre Indra, et celle de faire faire une longue marche au bétail jusqu’aux maisons. Dans ce cas jigamifi mettrait particulièrement en évidence la progression difficile et exigeante du troupeau. • TS 1.5.2.3 yáthå våmáμ vásu vividån᪠prakåßáμ jígamifiati tåd´®g evá tád ‘Comme quelqu’un qui après avoir trouvé un beau trésor, s’efforce de (le)104 faire parvenir jusqu’à la clarté du jour. Ainsi est-ce comme ça’105 La phrase sert de comparaison avec la récitation à haute voix d’un Yajufi à Agni Svifi†ak®t. Elle contraste avec une des phrases précédentes où la récitation à voix basse est comparée à l’acte d’une personne cachant le trésor qu’il vient de trouver (yáthå våmáμ vásu vividånó gûhati). L’équivalence topographique avec gûhati ‘il cache’ et la comparaison sémantique avec práti...níråha ‘il parle à voix haute’ font plutôt penser que jígamifiati représente comme elles-deux une action dynamique et physique. Mais quelle est la justification du dés. pour l’expression de cette action? Il doit également s’agir de marquer un effort, en l’occurrence celui de hausser la voix, de faire ouvertement un éloge devant un être divin, comparable à l’auto-détermination d’une personne révélant sa richesse au public. Un usage différent du dés. est attesté dans AB 2.36.5 où anusaμjigamifiati représente le désir intense et frustré de l’Acchåvåka de ramper derrière les autres prêtres: • AB 2.36.5-6 tasmåd u puraståd anye hotrakåª sadah prasarpanti paßcåchåvåkaª paßceva hi h¥no Ønusaμjigamifiati ‘C’est pourquoi les autres Hotrakas rampent vers le Sadas devant, (et) l’Achåvakas derrière. Car étant pour ainsi dire laissé derrière il est impatient de les suivre’ Enfin dans TS 2.3.4.2 la juxtaposition du dés. jígamifiati et du prés. caus. (non-dés.) gamayati sert simplement à illustrer l’achèvement complet d’une action désirée ou entreprise: 104 cf. la même restitution du complément direct pour gûhati dans le même Ka˙∂ikå. 105 KEITH traduit avec hésitation par ‘it is as if one who has found a rich treasure is
fain to go openly’, à l’encontre de l’interprétation des commentateurs qui déterminent pour jígamifiati un sens caus.
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• TS 2.3.4.2 aryam˙é carúμ nírvaped y᪠kåmáyeta svastí janátåm iyåm íty asáu vâ ådityò Øryamâ Øryamá˙am evá svéna bhågadheyenópa dhåvati sá eváinaμ tád gamayati yátra jígamifiati ‘He should offer an oblation to Aryaman who desires „May I go prosperously among men“; Aryaman is yonder sun; verily he has recourse to Aryaman with his own share; verily he makes him go whether he is fain to go’ (KEITH).
jigå«s prés. ind. act. 3sg. (abhyå)jigå«sati AV 12.4.29b-30b2x 5 AVP 17.18.9d10b2x (+jígå«sati amendement par WHITNEY pour ‰ghå«s‰ [v. II/698 et 1881: 95b])106; JB 2.383 (abhyå+); B 1.4.1.21 (v. WEBER 132 et EGGELING I/106n. 3)107 = BK 2.3.4.17 impf. act. 3sg. (aty)ajigå«sat B 10.2.1.1; AÃ 2.4.3 (+atyajigå«sat amendement par O. BÖTHLINGK pour ‰ghå«s‰ [KEITH 1909 229n. 3]108) – 3pl. (anváva/anvâ+)ajigå«san TS 3.2.2.3 (anváva+) = BauS 14.8: 135,2, TS 5.5.5.4 et 6.5.8.2; JB 1.120 5 1.136; B 11.2.7.26 (anvâ+) opt. prés. act. 3sg. abhisaμprajigå«set JB 2.240 part. act. pari/prajigå«sant- åS 16.22.10 (pra+); BauS 16.29: 275,5 (pari+) 19x act. (4x AV; 3x YVpr; 8x Br; 1x Ãr; 3x S) dont 11x simplex (AV; YVpr, Br),1x ati+ (Ãr), 1x abhisam+ (Br), 1x anvava+ (YVpr), 1x anvå+ (Br), 1x abhyå+ (Br), 1x pari+ (S), 1x pra+ (S) et 1x sampra+ (Br) ‡ Cl. De gam 45 (‡ jigamifi) ‘aller,venir’ Litt.: CHARPENTIER 41, GÜNTERT 84, INSLER 1969: 62n. 6
106 AV 12.4.29b yadâ sthâma +jígå«sati ‘when she desires to go (?) to her station’
(WHITNEY), le sujet étant la vache. L’amendement, qui est d’ailleurs soutenu par l’interprétation de l’Atharvavedapråtißåkhya (v. Ca. 1.86), est évident étant donné que jíghå«sati ‘désire frapper’ n’aurait pratiquement aucun sens avec un complément comme sthâma. 107 B 1.4.1.21 sá hí devân jíg¥fiati sá hí devân jígå«sati ‘since he whishes to approach the gods, to go to the gods’ (EGGELING). Såya˙a adopte pourtant la lecture jighå«sati, en affirmant un sens ‘aller’ pour han (v. EGGELING I/107). 108 Aà 2.4.3 tad enat s®fi†aμ parå∫ atyajigå«sat ‘(The food) when created sought to go away’ (Keith).
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1) (simplex dans AV+ et avec le sens de ati+) ‘aller + dés.’, avec acc. 2) (simplex dans TS 6.5.8.2) ‘laisser aller + dés.’, avec double acc. 3) (anvava+ TS 3.2.2.3) ‘comprendre + dés.’109 4) (‰å+ et pari+) ‘arriver + dés.’ 5) ([‰]pra+) ‘partir + dés.’, avec abl. Alors que jigamifi n’apparaît qu’à partir de la prose yajurvédique, jigå«s est attesté dès l’AV. Une autre différence est que jigå«s n’est jamais associé contextuellement avec gam, mais l’est par contre avec i ‘aller’ (TS 3.2.2.3 et B 11.2.7.26)110. Sinon les deux thèmes ne se distinguent ni dans la flexion ni par leur sens de base. Comme pour jigamifi, on trouve un exemple attestant sans équivoque une valeur caus.: • TS 6.5.8.1-2 devâ vâ itétaª pátn¥ª svargáμ lokám ajigå«san ‘Assurément, d’ici les dieux désirèrent laisser leurs épouses aller jusqu’au monde céleste’ jigå«s est principalement attesté dans les récits légendaires de la prose brahmanique pour représenter l’action ‘aller jusqu’au monde céleste’ (svargáμ lokám) comme désirée ou entreprise par son sujet (TS 5.5.5.4, 6.5.8.2; JB 1.120 et 1.136; B 10.2.1.1). Dans aucun exemple la forme dés. n’indique explicitement un stade particulier de l’achèvement de cette action. Celle-ci peut-être interprétée, soit comme tentée, soit comme seulement planifiée ou désirée: • B 10.2.1.1 prajâpatiª svargáμ lokám ajigå«sat sárve vái paßávaª prajâpatiª púrufió Øßvo gáur ávir aj᪠sá etáir r°páir nâßaknot ... Prajåpati was desirous of going up to the world of heaven; but Prajåpati, indeed, is all the (sacrificial) animals – man, horse, bull, ram, and he-goat – by means of all these forms he could not do so ...’ (EGGELING) Le reste du passage explique comment il arriva à ses fins en contractant et déployant les ailes de l’autel du feu en forme d’oiseau. • TS 5.5.5.4 agnínå vái dev⪠svargáμ lokám ajigå«san téna pátituμ nâßaknuvan... ‘By Agni the gods sought to go to the world of heaven, with him they could not fly’ (KEITH) Le passage continue en expliquant que grâce à l’usage de la brique poreuse (svayamåt®˙˙â) pour la construction de l’autel du feu, les dieux arrivèrent jusqu’au monde céleste. Le même succès est ensuite prédit au prêtre qui pose quatre briques poreuses.
109 cf. VIA I/177 ava+gam ‘verstehen’. 110 cf. l’usage supplétif de gam pour i Pa≈˙i≈˙is 2.4.46 et s.
119 • TS 6.5.8.1-2 devâ vâ itétaª pátn¥ª svargáμ lokám ajigå«san té svargáμ lokáμ ná prâjånan tá etáμ påtn¥vatám apaßyaμ tám ag®h˙ata táto vái té svargáμ lokáμ prâjånan ‘The gods desired that the wives should go to the world of heaven. They could not discern the world of heaven, they saw this (cup) for the wives, they drew it; then indeed did they discern the world of heaven’ (KEITH) Le Påtn¥vata est donc adopté pour l’atteinte du monde céleste par les femmes, mais d’autres incidents interviennent qui compliquent encore l’achèvement de cette action. En début de passage le dés. semble servir à marquer particulièrement l’entreprise de l’action. Dans l’exemple suivant le contexte impose plutôt l’image d’une tentative pour cette même action ‘aller jusqu’au monde céleste’: • B 11.2.7.26 prayåjáir vái dev⪠svargáμ lokám åya«s tân ásurå anv´åjigå«san tân anuyåjáiª pratyauhan tád yád anuyåjâ ¥jyánte påpmânam evá tád dvifiántaμ bhrât®vyaμ yájamånaª práty°hati ‘A l’aide de l’offrande préliminaire, en vérité, les dieux allèrent jusqu’au monde céleste. Les Asuras tentèrent de les suivre. À l’aide des offrandes annexes ils (= les dieux) les repoussèrent. Donc lorsque les offrandes annexes sont offertes, le Yajamåna en vérité repousse alors son rival haïssant et mauvais’ Le dés. marque à la fois l’effort des Asuras pour l’action ‘suivre’ et en même temps permet le parallèle avec la tentative menaçante de l’ennemi du Yajamåna. D’autre part B 1.4.1.21 est un des rares exemples d’usage du dés. dans une interprétation de mantra: • B 1.4.1.21 devân jigåti sumnayúr íti yájamåno vái sumnayúª sá hí devân jíg¥fiati sá hí devân +jígå«sati tásmåd âha devân jigåti sumnayúr íti ‘Il s’approche des dieux bien pensant’. Le Yajamåna est (ce) bien pensant, puisqu’il désire/s’efforce de s’approcher des dieux, (c’est-àdire) puisqu’il désire/s’efforce d’aller vers les dieux. C’est pourquoi il dit: ‘Il s’approche des dieux bien pensant’ Ainsi l’action devân jig¥fiati/jigå«sati est sensée expliquer pourquoi le Yajamåna est qualifié de sumnayús ‘bien pensant’, dans le mantra. Peut-être ce lien référentiel se justifie-t-il par le biais de l’action man ‘penser’ dont sumna-yú- est dérivé, ce qui voudrait dire que l’auteur interprète jig¥fiati /jigå«sati concrètement comme une action mentale. Mais une personne désirante n’est pas forcément ‘bien désirante/pensante’. Donc l’explication repose également sur le lien avec le sème ‘bien’ exprimé par le préfixe su(’bien pensant’ 5 ‘ allant vers les dieux en étant bien pensant’ 5 ‘...de bonne volonté’).
120
jigås prés. ind. act. 3sg. jigåsati JB 1.320 part. act. vijigåsant- JB 1.103 De gå/g¥278 ‘chanter’ (cf. association avec ßaknoti vigåtum dans JB 1.103) Litt.: CHARPENTIER 25, 109, GÜNTERT 119, INSLER 1969: 62 1) (simplex) ‘chanter + dés.’ 2) (vi+) ‘chanter avec différents mètres + dés.’111 Le degré plein contraste avec le degré zéro dans l’adj. verb. g¥tá- ou le pass. g¥yá-. Dans les deux exemples, JB 1.103 et 1.320, le dés. de gå représente une intention du sujet de réaliser l’action ‘chanter de deux façons différentes, avec des mètres différents’. Cet aspect multiple de l’action est rendu dans JB 1.320 par l’Adv. dvedhå ‘de deux façons différentes’, et dans JB 1.103 par le préverbe vi+: • JB 1.320 yas samåne yajñakratau dvedhå jigåsati vifiiktå ime raså yåtayåmåno bhavanti ‘If one wants to sing in one and the same sacrifice in two ways, these essences become spilt and exhausted’ (BODEWITZ)
jig¥fi(1)(2) prés. ind. act. 3sg. jíg¥fiati AV 11.5.18d (v.l. jig¥rfiati [v. WHITNEY II/639]; v. NARTEN 1986: 122); KS 10.9: 135,17; MS 1.5.8: 76,5 et 2.1.10: 12,4 = TS 2.2.4.6; JB 1.235; B 1.4.1.21 (v. EGGELING I/106n. 3 et NARTEN 1986: 123n. 150) = BK 2.3.4.17 (id.) et B 5.4.3.8 = BK 7.3.3.8 – 1pl. +jig¥fiåmas JB 3.270 (+‰mo pour ‰ma cf. CALAND 1919: 293n. 1) – moy. 2sg. jíg¥fiase RV 10.4.3d (v. CHARPENTIER 82, et NARTEN 1986: 121) – 3sg. ví...jig¥fiate B 2.1.2.17 – 3pl. +ví...jíg¥fiante BK 1.1.2.11 (+jíg¥fianta eva amendé pour act. ‰ifianty‰112; 5 3sg. ví...jig¥fiate B 2.1.2.17)
111 cf. p.ex. vi ... gåyet et ßaknoti vigåtum du même passage ou vigåyati dans JB
1.266. 112 BK 1.1.2.11 tásmåd ápy etád råjányabandhava úpepsanti té ha jíghå«santi vïva +
jíg¥fiante. La terminaison active, tout à fait irrégulière pour vi+ji, s’est manifestement introduite sous l’influence des deux autres formes dés. act. úpepsanti et jíghå«santi .
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impf. act. 3pl. ajig¥fian TS 6.2.3.1 – moy. 3sg. ví+ajig¥fiata B 4.3.3.6 = BK 5.3.4.4 = BK 5.3.4.8 subj. prés. act. 3sg. jig¥fiåt AVP 2.65.3b – 1pl. jig¥fiåma JB 1.125x (v. BODEWITZ 1973: 46n. 2), 1.13 et 3.270 (BODEWITZ id.) – moy. 1pl. vijíg¥fiåmahai B 1.5.4.6 = BK 2.5.2.6 opt. prés. act. 3sg. (uj)jíg¥fiet MS 2.1.3: 4,16; JB 1.344 (ud+) (v. BODEWITZ 1990: 315n. 19) part. act. (abhi/ava/ud/prati)jig¥fiant- KB 23.7.6 (prati+); åS 14.42.15 (abhi+), 14.42.16, 14.43-48.113x, 14.49.12x (ud+) et 14.50.1 (ava+); MåS 5.1.8.17 – moy. (vi)jíg¥fiamå˙a- RV 1.163.7b (= YVm [v. CHARPENTIER 83, NARTEN 1986: 121]); AVP 6.14.4a; JB 2.1392x (vi+); ÃßS 9.7.30 (vi+), 10.6.1 (vi+) et 11.3.11 (vi+); BauS.18.50: 410,9 adj. verb. jig¥fiita- KB 23.7.8 adj. jig¥fiú- RV 2.38.6a (= AV; v. CHARPENTIER 114, NARTEN 1986: 122) n.a. jig¥fiâ- RV 1.171.3d (v. NARTEN 1986: 22) et 1.186.4a (v. NARTEN 1986: 122); GB 1.1.31: 23,5 (vijig¥fias); MaiU 3.5 ? jig¥fiati dans AVP 16.102.5b yatas s°rya udety astaμ yatra jig¥fiati, étant donné l’adv. de lieu yatra ne peut être dés. de ji. On aurait pu voir ici un exemple du dés. gå mais la connotation dés. pour une action tel que le coucher du soleil (ástam i) est plus que surprenante et l’équivalence avec gácchati dans AV 10.8.16b fait plutôt pencher pour une erreur de transmission. En effet dans les manuscrits apparaît la forme jigitsati dont ts peut être une altération de ch, cf. VVII/96 et s. ? åjig¥fiam SV 1.372; JS 1.39.3 54x (5x RV; 3x AV; 6x YVpr; 26x Br; 1x Up; 13x S) dont 27x simplex act. (AV; YVpr; Br; S), 4x simplex moy. (RV; AV; S), 1x simplex adj. verb. (Br), 1x simplex adj. (RV), 4x simplex n.a. (RV; Br; Up), 1x abhi+ act. (S), 1x ava+ act. (S), 3x ud+ act. (Br), 1x prati+ act. (Br), 11x vi+ moy. (Br; S). ‡ Cl. jig¥fi(1) de ji69 ‘vaincre’ (cf. associations avec jétum nâßaknuvan dans TS 6.2.3.1, jayati dans JB 1.235 et B 5.4.3.8, avec jayeta dans JB 3.271) et jig¥fi(2) de gå/g¥277 ‘aller’ (cf. associations avec jigåti dans B 1.4.1.21 = BK 2.3.4.17) 5 Av. j®ji¯a- ‘gagner’ (ind. prés. 3pl. j®ji¯Δt® YH 39,1; imp. moy. 2sg. j®ji¯a∫ha V15,13.14; n.a. j®ji¯¶- YH 35,8) Litt., pour jig¥fi de ji ‘vaincre’, CHARPENTIER 25, 112, 114, GÜNTERT 82, 117, INSLER 1969: 58, KELLENS 1984: 196, LEUMANN 116, NARTEN 1986: 121 et s.
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Litt., pour jig¥fi de gå ‘aller’, CHARPENTIER 25, EGGELING I/106n. 3, GÜNTERT 85, INSLER 1969: 63 1) (simplex moy., peut-être Na et adj. [v. ci-dessous], dans RV et BauS.18.50: 410,9) ‘gagner pour soi + dés.’, avec ou sans acc. 2) (simplex act. dans B 1.4.1.21 = BK 2.3.4.17) ‘aller + dés.’, avec acc. 3) (simplex act. et avec les sens de ud+113, vi+114 et prati‰, dans AV 11.5.18d, YVpr et Br) ‘triompher, vaincre + dés.’ avec acc. Pour le dés. de gå il n’y a que B 1.4.1.21 = BK 2.3.4.17: • B 1.4.1.21 devân jigåti sumnayúr íti yájamåno vái sumnayúª sá hí devân jíg¥fiati sá hí devân +jígå«sati tásmåd âha devân jigåti sumnayúr íti ‘Il s’approche des dieux bien pensant’. Le Yajamåna est (ce) bien pensant, puisqu’il désire/s’efforce de s’approcher des dieux, (c’està-dire) puisqu’il désire/s’efforce d’aller vers les dieux. C’est pourquoi il dit: ‘Il s’approche des dieux bien pensant’115. EGGELING (I/106n. 3) l’interprète comme le dés. de gå, mais NARTEN (1986: 123n. 150) n’exclut pas qu’il s’agisse de celui de ji et suggère la traduction, ‘denn er wünscht die Götter zu besiegen, denn er wünscht zu den Göttern hinzugehen’. L’action devân ji n’est certainement pas couramment exprimée en védique mais pourrait éventuellement faire allusion au fait qu’à l’origine le sacrifice aux dieux était une course. Néanmoins il semble plus évident que jígå«sati en tant que dés. d’un verbe de mouvement ait justement dans cet exemple la fonction de clarifier le sens de jíg¥fiati comme le dés. de gå et non de ji. Par contre dans BauS 18.50 il faut bien opter pour le dés. de ji: • BauS 18.50: 410,8-9 agniß ca ådityaß ca samånalokaμ jig¥fiamå˙au ‘Agni et les Ãdityas désirant gagner un monde/espace commun’ Il y aurait pourtant la possibilité de faire un rapprochement dans le même passage avec samånaμ lokam aitåm (410,10-11), samånaμ lokam iyåm (410,11-12), samånaμ lokam eti (410,13), ce qui suggérerait un dés. de gå. Mais pour suppléer la racine i on s’attendrait à jigå«s de gam (cf. På˙ini 2.4.46 et s. et VIA I/160), et de toute façon le moy. est non-attesté avec gå (v. AiS 231). 113 cf. la valeur de ud+ avec ji, PiV 149. 114 cf. la valeur de vi+ avec ji, PiV 149. 115 On pourrait même supposer que l’erreur de transmission jíghå«sati dés. de han
‘frapper’, dans le passage parallèle BK 2.3.4.1, qu’il faut bien sûr corriger en + jígå«sati (‡ jigå«s), aurait eu pour but de clarifier erronément jíg¥fiati comme le dés. de ji.
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De même dans AV 11.5.18c-d ana∂vân brahmacárye˙âßvo ghåsáμ jigîfiati, vu le parallélisme avec vindate du Påda b, il faut bien voir le dés. de ji (cf. NARTEN [1986: 122] ‘Durch Brahmanwandel wünscht der Zugochse, das Pferd, Futter zu gewinnen’), et non de gå comme le suppose OLDENBERG, en se basant sur RV 2.34.15d ó fiú våßréva sumatír jigåtu et 9.71.5c jígåd úpa jrayati gór ap¥cyàm, deux exemples difficilement comparables avec AV 11.5.18c-d puisqu’ils sont sans compléments, alors qu’ici il y a ghåsám. Dans deux exemples simplex RV 1.163.7b et BauS 18.50: 410,9, les compléments ífi- ‘rafraîchissement, revitalisant’et samånaloka- ‘monde/espace commun’, se différencient de ceux habituels de ji en ce sens qu’ils ne représentent pas un objet affecté par l’action comme c’est le cas avec la valeur ‘vaincre’. De même dans RV 10.4.3d, le contexte tel qu’analysé par NARTEN, suggère comme complément sous-entendu la notion abstraite ‘moyen de subsistance’. Étant donné la nature de ces compléments que l’on pourrait qualifier d’effectués (effiziert), en ce sens qu’ils expriment le produit d’une action, on attribuerait à jig¥fi un autre lexème que ‘vaincre’, en l’occurrence ‘gagner’. Une seconde particularité caractérise ces exemples par rapport à ji, l’usage du moy., alors qu’au simplex ji est uniquement act. (v. PiV 149). Si on rapproche ces deux éléments, il faut conclure que le dés. jig¥fi a indépendamment de sa racine ji, développé un usage particulier du moy. avec le sens ‘gagner’. De même, dans le RV, les deux exemples du n.a. et celui de l’adj., qui présentent des difficultés d’interprétation particulières à cause de l’absence de complément, sont, d’après l’analyse de NARTEN, caractérisés par un contexte non-combatif, ce qui suggérerait également ici le lexème ‘gagner’ à la place de ‘vaincre’. L’attribution du lexème ‘gagner’à jig¥fi rejoint l’opinion de NARTEN (1986), à la différence près que celle-ci ne conçoit pas la survivance de ce sens après la période atharvavédique, or l’exemple cité plus haut, BauS 18.50: 410,9, prouve le contraire. NARTEN veut d’autre part voir dans cette caractéristique un archaïsme indo-iranien étant donné que les exemples avestiques affichent eux aussi l’absence de contexte combatif. En ce qui concerne la valeur sémantique et l’usage, les exemples du RV et de l’AV sont tous caractérisés par la même action de base ‘obtenir son moyen de subsistance’. Une autre particularité est que le sujet est dans presque tous les exemples (tous sauf celui de l’adj. en -u-), un animal symbolique: • RV 1.163.7a-b átrå te r°pám uttamám apaßyaμ jíg¥fiamå˙am ifiá â padé gós / ‘dort sah ich deine höchste Gestalt, die Labungen zu gewinnen wünscht in der Spur der Kuh’ (NARTEN) Dans cet hymne tout entier adressé au cheval, les strophes 6 et 7 évoquent d’après GELDNER (I/226 n.6-7) l’identification avec le ‘cheval-solaire’, une
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image symbolique du cheval idéal, tant dans les combats que dans les courses. NARTEN ne pense pas qu’il s’agisse d’une vraie scène de combat, à laquelle jígifiamå˙am fait allusion, mais interprète plutôt dans cette métaphore l’action symbolique d’assurer un moyen de subsistance. De toute manière il est évident que ce part. dés. sert au poète à caractériser positivement le cheval solaire, en mettant en évidence son effort d’assiduité et de volonté à commettre cette action symboliquement fondamentale. • RV 10.4.3c-d dhánor ádhi pravátå yåsi háryañ jíg¥fiase paßúr ivâvas®fi†aª // ‘(venant) du désert, (et) désirant, tu (= Agni) chemines par les voies abruptes. Comme un animal lâché tu t'efforces de gagner (tes aliments)’ Cette traduction se rattache à l’interprétation de NARTEN qui, comme pour les autres exemples rigvédiques, interprète ici l’action de ‘gagner son/un moyen de subsistance’. Selon elle encore, l’image à laquelle il est fait allusion est celle du feu émanant des bâtons d’allumage, et se ruant sur le combustible. Le choix du poète pour le thème dés., doit certainement reposer sur la volonté de conserver dans cette action l’aspect duratif exprimé par le thème prés. yåsi. Une autre forme de la racine ji aurait forcément posé le focus sur la phase terminale de cette action. Sinon, à travers l’image d’un animal lâché, on comprend que jíg¥fiase fait référence à une action intense, puisque conduite par un agent avide, et irréversiblement tournée vers son achèvement. Les exemples de l’Atharvaveda sont particulièrement difficiles à interpréter, pour différentes raisons: sens de base obscur, ou syntaxe inhabituelle: • AV 11.5.18 brahmacárye˙a kanyä3 yúvånaμ vindate pátim / ana∂vân brahmacárye˙âßvo ghåsáμ jig¥fiati // ‘By Vedic-studentship a girl wins a young husband; by Vedicstudentship a draft-ox, a horse strives to gain food’ (WHITNEY) Il est difficile de savoir à quoi jig¥fiati fait référence dans cet exemple. Celui-ci fait en tous cas partie de ceux où une forme dés. contraste dans une série de propositions de constructions similaires, avec des formes non-dés. On peut supposer qu’il se justifie pour marquer un effort particulier dans la réalisation de l’action. En prose, à l’opt. prescriptif (JB 1.344) ou l’imp. cohortatif (JB 1.12 et B 1.5.4.6) jig¥fi marque clairement un effort de volonté ou de persévérance: • JB 1.344 tad u vå åhur +imam evågre manaså yajñakratum +åkuveta + tam evojjig¥fiet ‘As to this they also say: ‘One should intend this sacrifice in mind ahead of (the others). One should strive to win it’ (BODEWITZ) Dans d’autres exemples le dés. représente sans aucun doute une action désirée:
125 • KS 10.9: 135,16-17 v®tram efia jighå«sati yas saμgråmaμ jig¥fiati
‘Qui désire être vainqueur d’un combat, désire tuer V®tra’ La combinaison de jighå«sati et jig¥fiati dans cet exemple est également attestée dans B 2.1.2.17 (v. p. 96). • JB 2.139 tasmåd råjani vijig¥fiamå˙e vißaª pradånam icchante tasmåd u råjå vijig¥fiamå˙o vißa eva pradånaμ prayacchati ‘C´est pourquoi les villageois, à l’égard d’un roi qui désire vaincre, souhaitent une donnation. C’est pourquoi le roi qui désire vaincre octroie aux villageois une donnation’.
jig®h¥fi prés. opt. act. 3sg. jig®h¥fiet VådhS 3.3.4 De gra(b)h506 ‘attraper’ (‡ jigrah¥fi, jigh®kfi). ‘attraper + dés.’, avec acc. Le thème est conforme au fait que seules les formes à gutturale de la racine gra(b)h restent attestées dans les Br. Le ¥ se retrouve p.ex. dans l’adj. verb. g®bh¥tá- ou l’aor. act. 1pl. ágrabh¥fima (v. AiV 110). Pour ce qui est de la valeur sémantique, le dés. opt. jig®h¥fiet dans VådhS 3.3.4 sert à représenter une tentative sans espoir pour ‘attraper’: • VådhS 3.3.4 yathånågatåyåtithyaμ kuryåd yathånågataμ jig®h¥fiet ‘Comme quelqu’un qui ferait de l’hospitalité pour un (invité) qui ne serait pas encore arrivé, comme quelqu’un qui essaierait d’attraper (quelque chose / quelqu’un) qui ne serait pas arrivé’
+
jigrah¥fi
part. act. +parijigrah¥fiant- KB 2.8.26 (+‰h¥fian‰ pour ‰h¥fiyan‰; v. KEITH 1920: 356n. 4 et AzI II/572n. 22) De gra(b)h506 ‘attraper’ (‡ jig®h¥fi, jigh®kfi). Litt.: CHARPENTIER 76, GÜNTERT 124 (pari+) ‘entourer + dés.’, sans complément.
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Deux amendements sont proposées par KEITH pour la forme erronée parijigrah¥fiyan: un part. fut. act. parigrah¥fiyan ou un part. dés. act. parijigrah¥fian. Des deux erreurs de transmission, le rajout du y après fi, ou celui d’une syllabe de redoublement, la première est de loin la plus fréquente. Elle a pu être encouragée par le degré plein de la racine qui morphologiquement caractérise le fut. Ce degré plein d’ailleurs contraste avec le degré zéro dans jig®h¥fi et jigh®kfi, les allomorphes dés. de la racine g®(b)h. En ce qui concerne la valeur sémantique, comme pour jig®h¥fiet dans VådhS 3.3.4 (‡ jig®h¥fi), le part. sert à représenter un effort ou une tentative désespérée, image dont se sert l’auteur pour illustrer un rituel déconseillé: • KB 2.8.26-27 tad yathå viråjabåhubhyåμ + parijigrah¥fiann antare˙åtimucyeta tåd®k tat yat saμdhau juhoti ‘Wie einer, der mit den beiden Einpferchungsarmen umschliessen möchte, durch den Zwischenraum vermieden werden dürfte (d.h. wie man einem, der ... umscliessen möchte, entkommen dürfte), so ist das, wenn man bei der Dämmerung opfert’ (HOFFMANN [AzI II/572n. 22])
?jigråhayifi opt. prés. act. 3sg. jigråhayifiet JB 1.342 p°rvo vasat¥var¥r jigråhayifiet (v. BODEWITZ 1990: 314 [VI.1] n. 3). Ce thème serait issu du caus. gråhaya- de gra(b)h506 ‘attraper’ (‡ jig®h¥fi, jigrah¥fi, jigh®kfi). La traduction de BODEWITZ ‘he should try to be the first to draw up the waters left standing overnight.’, sans accorder de valeur caus., comme on s’y attendrait avec jigråhayifiet , est un compromis avec celle de MYLLIUS (cité dans BODEWITZ id.) ‘Als erste möge man die Übernachtungswasser schöpfen’, qui ne rend ni de valeur caus. ni de valeur dés. L’absence de valeur dés. n’a aucune justification, les exemples de dés. à l’opt. prescriptif étant nombreux et incluant tous une valeur déterminée. Pour ce qui est de la valeur caus., d’après BODEWITZ, citant d’autres sources, ce serait l’Adhvaryu même, le sujet de jigråhayifiet, qui accomplirait l’action. Dans ce cas, il faudrait accorder à jigråhayifiet un sens équivalent à åpipayifiet, basé sur un usage passif, ‘rendre pris’ de gråhaya-, sans complément d’agent : ‘Il (= Adhvaryu) doit s’efforcer d’être le premier à prendre (= rendre prises) les eaux restées durant la nuit’. D’après les sens indiqués dans PW, et les attestations en prose brahmanique, gråhayati a effectivement le sens ‘rendre pris’ mais toujours accompagné de deux compléments, acc. et instr.: p.ex. TS 3.4.8.5 nír®tig®h¥ta eváinaμ nír®tyå gråhayati ‘Dans un lieu saisi par la ruine, il le rend saisi par la ruine’. En conséquence de tout cela le thème doit être considéré comme incertain. Il pourrait s’agir d’une forme corrompue de +jigrah¥fi. On pourrait p.ex.
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imaginer une première corruption en *jigråh¥fiet erronément corrigée ensuite en jigråhayifiet.
jighats prés. ind. act. 3sg. jíghatsati AV 5.19.6b; BK 5.8.3.5 – 3du. jíghatsatas AV 6.140.1b = AVP 19.49.9b – 3pl. jighatsanti AVP 17.14.5b; B 1.9.2.12 (EGGELING I/259n. 1) = BK 2.8.3.11 inj. act. 2sg. jighatsas AV 5.18.1d (v. IiV 87) = AVP 9.17.1d opt. act. 3sg. jíghatset KS 10.3: 127,1; BK 4.1.2.12x (+jíghats‰ pour jigháts‰ [cf. CALAND 202n. 2])116 n.a. jighatså- BÃUM 4.4.28 (vijighatsas117) 5 ChU 8.1.5 (id.) 5 8.7.1 (id.) 5 8.7 3 (id.) adj. (saμ)jighatsú- AV 2.14.1b = AVP 2.4.1d, AV 8.2.20c = AVP 16.4.10c; AVP 2.91.2a et 5.27.7b (sam+) 22x (12x AV; 1x YVpr; 5x Br; 4x Up) dont 12x simplex act. (AV; YVpr; Br), 5x simplex adj. (AV), 4x simplex Na (Up) et 1x sam+ adj. (AV) ‡ Cl. De ghas49 ‘manger, consommer, bouffer’. Litt.: CHARPENTIER 57, 109, GÜNTERT 109, 121 1) (simplex dans AV, YVpr118, B 1.9.2.12119 = BK 2.8.3.11) ‘consommer, manger + dés.’, avec ou sans acc.120 2) (adj. simplex et avec sam‰121) ‘dévorer + dés.’122 3) (n.a.123) ‘la faim’
116 5 áßißifiet (‡ aßißifi) B 3.1.2.1. 117 Composé possessif avec comme premier membre le préverbe vi+ (v. AIG II/I/285)
cf. vijig¥fia-. 118 KS 10.3: 127,1 yo Ønannam adyåd yo vå jighatset ‘celui qui mange de la nonnourriture ou celui qui désire (en) manger’ 5 MS 2.1.2: 2,16 anannám atsyán ‘celui qui s’apprête à manger de la non-nourriture’. 119 EGGELING ne rend aucune valeur dés. dans B 1.9.2.12 tásmåd imâ månufiyà stríyas tirá ivaivá pu«só jighatsanti ‘Whenever human women here eat (they do so) apart from men.’, précisant curieusement dans une notice en bas de page pour jighatsanti un sens intensif ‘eat greedily, swallow their food’ (I/259n. 1), qui ne semble pas nécessaire dans le contexte. 120 Également avec un sens figuré ‘manger = détruire’ avec le complément pitáraμ måtáraμ ca ‘père et mère’ AV 6.140.1b, ou bråhma˙ám AV 5.19.6b ugró râjå
128
AV 5.18.1 contient un des rares exemples de dés. dans une phrase prohibitive: • AV 5.18.1 naítâμ te devâ adadus túbhyaμ n®pate áttave / mâ bråhma˙ásya råjanya gâm jighatso anådyâm ‘Nicht haben dir die Götter diese (Kuh) gegeben, damit du König, sie verzehrest. Begehre nicht (mehr), o Råjanya, des Brahmanen Kuh zu verspeisen, die man nicht essen darf.’ (HOFFMANN [IiV 87]). Dans AV 5.19.6, jíghatsati représente une intention menaçante: • AV 5.19.6 ugró râjå mányamåno bråhma˙áμ yó jíghatsati / párå tát sicyate råfi†hráμ bråhmanó yátra j¥yáte // ‘A king who thinks himself formidable, (and) who desires to devour a Brahman - that kingdom is poured away, where a Brahman is scathed’ (WHITNEY) Le contexte est totalement différent dans l’exemple de prose B 1.9.2.12 où jighatsanti marque un effort de persévérance pour maintenir un règle générale de la vie sociale: • B 1.9.2.12 tásmåd imâ månufiyà stríyas tirá ivaivá pu«só jighatsanti ‘Deshalb suchen auch die menschlichen Weiber so zu sagen verborgen vor ihrem Mann zu essen’ (DELBRÜCK [AiS : 477]) Enfin KS 10.3 est un exemple particulier, car l’action en question est fondamentalement non-désirable, en l’occurrence ‘manger de la nonnourriture’: • KS 10.3: 127,1-2 agnaye vaißvånaråya dvådaßakapålaμ nirvaped yo Ønannam adyåd yo vå jighatset ‘Il doit offrir un gâteau sur douze tessons à Agni Vaißvånara, celui-qui mangerait de la non-nourriture, ou qui serait tenté d’(en) manger’
jighå«s prés. ind. act. 2sg. jighå«sasi RV 1.170.2a (v. CHARPENTIER 84) et 7.86.4b (v. CHARPENTIER 84) – 3sg. (abhi...)jíghå«sati RV 2.23.12b (= KSm 4.16:
mányamåno bråhma˙áμ yó jíghatsati ‘Lorsqu’un roi, se considérant puissant, désire bouffer/détruire un bråhman,...’. 121 Dans cet usage, le préverbe sam+ rappelle sam+pså ‘mordre à travers, casser avec les dents’ (cf. AiS 468). 122 cf. pour ghas PW et WRV ‘verschlingen’. 123 Le sens ‘avoir faim’ n’est sinon pas assuré pour jighats. Dans BK 4.1.2.1 yády u ná +jíghatsed ápi näßn¥yåt et BK 5.8.3.5 sá tifi†hate yó vitífi†håsate Øßnâti sá yó jíghatsatí, le sens pourrait tout aussi bien être ‘désirer manger’.
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42,5), 6.16.32c, 6.75.19b (= A/SV; CHARPENTIER 84), 7.59.8b (abhi... [= A/YVm]), 10.133.3d (= A/SV), 10.162.3c, 10.162.5c et 10.162.6c; RVKh 4.5.37; JS 4.1.6; AV 4.18.3b = AVP 5.24.3b, AV 8.5.15b = AVP 16.28.5b et AV 20.96.13 5 20.96.15-16; AVP 1.20.3b124, 5.4.13b, 10.2.4b, 10.11.1b-9b9x, 10.12.1b-2b2x, 10.12.4b, 19.36.11d et 20.52.1a; KSm 5.4: 162,15 = TSm 7.4.15.1 = MSm 3.12.1: 160,7 = VS 22.5 = VSK 24.5 = TBm 3.8.4.1 = BauSm 15.6: 210,3; KS 10.9: 135,16; MS 1.6.9: 100,5; JB 3.1702x; TB 3.8.4.1 et TBm 2.4.1.1 = TÃ 2.5.2; B 2.1.2.17; VårS 3.4.1.24 – 3pl. jíghå«santi AVP 10.12.11 (+jighå«santi pour jighå«santu); KS 19.3: 3,15 = 20.5: 23,17 = TS 5.1.3.4 = TS 5.2.7.5, KS 24.6: 97,1, 25.8: 114,6 5 TS 6.2.9.2 5 TS 6.6.3.1, KS 26.2: 122,19 = MS 3.9.7: 126,3 = MS 3.10.1: 129,14 et KS 26.8: 132,1; KpS 30.1, 31.7, 40.1, 40.5, 41.6; TS 6.1.4.5 et 6.1.7.3 5 6.1.8.3 5 6.2.10.1; MS 3.1.3: 4,9; JB 3.73; B 3.4.3.6; BK 1.1.2.11; TÃ 5.9.4 impf. act. 3sg. ajighå«sat RV 4.18.12b; JB 1.193 = 1.203 = 3.134 = 3.189; B 4.3.3.6 = BK 5.3.4.4 – 3pl. (abhy)ajighå«san KS 19.10: 11,18 = KpS 30.8 5 TS 5.1.10.2 5 MS 3.1.9: 12,14, KS 22.7: 63,2, 22.11: 67,8 = 29.8: 176,13 = MS 3.2.6: 24,4 = MS 3.3.7: 40,9 = GB 2.1.18: 155,16 5 KpS 35.5 (abhi+), KS 24.8: 99,16 = KpS 38.1 5 MS 3.3.5: 38,8, KS 31.7: 8,13 = MS 4.1.9: 11,13 = TB 3.2.8.6 et KS 37.8: 88,16; KpS 35.1 et 47.7; TS 2.6.1.5, 6.3.2.1 et 6.5.8.4; MS 3.7.4: 80,13, 4.5.8: 75,1 et 4.5.8: 75,12; AB 1.30.8; JB 3.31 et 3.98; PB 6.7.1 et 14.12.7; ÛB 1.2.1 et 3.1.9; TB 1.3.4.4, 1.7.1.5, 3.2.8.6, 3.8.15.1 et 3.8.18.6; B 2.5.2.10 et 7.3.2.5 = 9.2.3.2; GB 2.3.23: 210,4 subj. prés. act. 3sg. jíghå«såt AVP 20.31.5b = TSm 4.3.13.4 – 1pl. apajighå«såma B 2.4.3.3 part. act. (apa/parå)jíghå«sant- RV 1.36.15c, 1.80.13c, 4.23.7a (v. CHARPENTIER 84), 8.67.11b, 10.102.3a (= åS 18.11.2); AV 6.99.2b = AVP 19.16.6b 5 AVP 19.13.2b; AVP 4.20.7d (parå+); KSm 17.12: 255,21 = KpSm 27.2 = TSm 4.5.3.1 = MSm 2.9.3: 123,5 = VS 16.21 = VSK 17.21; JB 2.155; KB 24.4.2 (apa+) – moy. apajighå«samåna- KB 21.1.1; åS 14.22.23 5 14.39.8 5 14.39.10 et 14.27.1 aor. act. 2sg. ajighå«s¥s B 3.4.3.6 pf. pér. act. 3sg. jighå«sâμ cakåra BK 7.5.3.1 – 3pl. jighå«sâμ cakrur JB 3.31; BK 1.5.1.8 et 4.4.3.6 adj. apa/abhijighå«su- AB 4.4.5 (apa+); GB 1.1.22: 15,8-9 (abhi+) 159x (16x RV; 1x RVkh; 1x SV; 29x AV; 12x YVm; 48x YVpr, 43x Br; 2x Ãr; 6x S) dont 147x simplex act. (RV; SV; AV; YVm/pr; Br; Ãr; S), 2x apa+ act. (Br), 5x apa+ moy. (Br; S), 1x apa+ adj. (Br), 2x abhi+ act. (RV; YVpr; Br), 1x abhi+ adj. (Br) et 1x parå+ act. (AV) 124 5 AV 1.19.3b abhidâsati.
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‡ Cl. De han248 ‘frapper’ (cf. associations avec hánti dans RV 10.162.3ab, ahan dans MS 1.6.9: 100,5, aßaknuvan hántum dans 4.5.8: 75,1, ghnanti dans TS 6.1.8.3 et apajaghnur dans KB 24.4.3) Litt.: CHARPENTIER 44, GÜNTERT 84, 107, INSLER 1969: 62n. 6 1) (simplex et abhi+, RV+) ‘frapper/abattre par coups + dés.’, avec acc. 125, sans complément seulement dans quelques exemples du part.126 2) (simplex, YVpr+) ‘troubler + dés.’127, avec acc.128 3) (apa+ act. et moy.) ‘chasser + dés.’129, avec acc. 4) (parå+) ‘caresser + dés.’130 Ce thème est un des mieux attestés en védique, plus particulièrement dans l’AV et en prose yajurvédique. La forme radicale avec une voyelle longue et une consonne nasale, contraste avec le degré zéro notamment dans l’adj. verbal ha-tá-. Contrairement à ceux des autres thèmes de la racine han, la majorité des exemples du dés. jighå«s représentent une action malfaisante qui menace directement ou indirectement le sujet parlant et sa communauté. Cette action peut être contextuellement interprétée comme une intention ou une tentative. Dans les exemples où la forme est un part. ou se trouve dans une subordonnée relative, l’usage est avant tout de caractériser un individu par ce type d’agissement: • RV 6.16.32 tváμ táμ deva jihváyå pári bådhasva dufik™tam / márto yó no jíghå«sati // ‘Diesen Übeltäter halte du, o Gott, mit der Zunge ab, wenn uns ein Sterblicher nach dem Leben trachtet’ (GELDNER)
125 Les complément les plus fréquents sont le pronom personnel 1pl. nas (9x) ou
v®trá- (5x). 126 Seule exception, le prés. 3sg. sans complément dans RV 2.23.12b ádevena
mánaså yó rißa˙yáti ßåsâm ugró mányamåno jíghå«sati ‘Wer mit gottlosem Sinne Schaden stiften will, (wer) unter den Gebietern sich für gewaltig hält und mordlustig ist’ (GELDNER) puisque ßåsâm est Gen. pl. de ßâs- ‘Gebot, Rat, Befehl’. L’interprétation d’un acc. exigerait un thème inexistant **ßåsâ-, pourtant revendiqué dans WRV qui en dehors de cet exemple, indique ßåsâs pour RV 7.48.6a malgré l’interprétation ßåsâ, instr. de ßâs-, du Padapå†ha. 127 cf. pour han VIA I/269 ‘zerstören’. 128 Avec le plus fréquemment comme sujet rakfias- (18x), et comme complément yajñá- (11x). 129 moy. affectif comme pour apa+han (cf. AiS 259). 130 v. AzI III/823 et cf. CALAND 388 act. 3pl. paråhanti ‘betasten’.
131
Cette strophe reprend le thème de la précédente: RV 6.16.31 yó no agne duréva â márto vadhâya dâßati / tásmån naª påhy á°hasas ‘Le mortel, porté sur le mal qui vénère le crime contre nous, Ô Agni, protège nous contre cette oppression’. Il s’agit donc de demandes de protection et de représailles, contre des agissements non seulement menaçants, mais aussi susceptibles de s’achever. • RV 10.162.3 yás te hánti patáyantaμ nifiatsnúμ y᪠sar¥s®pám / jåtáμ yás te jíghå«sati tám itó nåßayåmasi // ‘Der dir die einfallende, die empfangene, die sich regende (Leibesfrucht) tötet, der dir die geborene töten will, den treiben wir von hinnen’ (GELDNER) L’hymne 10.62 a comme thème la protection contre les tentatives d’aggression sur le foetus. Dans cette strophe on remarque en particulier le contraste entre le prés. non-dés. hánti et le dés. jíghå«sati, qu’à première vue rien ne justifie. Peut-être le choix du dés. est-il conditionné par le mètre, jíghå«sati formant une cadence iambique de prédilection, comme l’int. sar¥s®pám dans b. et ‰ayåmasi dans d. • AV 8.5.15 yás två k®tyâbhir yás två d¥kfiâbhir yajñáir yás två jíghå«sati / pratyák tvám indra táμ jahi vájre˙a ßatáparva˙å // ‘Qui par magie, qui par la consécration, qui par le sacrifice, tente de te frapper, toi Indra, frappe-le par derrière, avec la foudre au cent jointures’ La strophe est adressée à Indra, et l’arme en question est l’amulette qui protège contre la magie. On ne ressent aucune implication que les actions vont aboutir, toute l’emphase de la strophe reposant sur l’expression des représailles. Sur une personne telle qu’Indra ces actions semblent de toutes manières vaines ou débiles. Dans RV 7.86.4, une action menaçante a comme agent le dieu Varu˙a dont le poète craint la colère131: • RV 7.86.4a-b kím âga åsa varu˙a jyéfi†haμ yát stotâraμ jíghå«sasi sákhåyam / ‘Qu’est donc cette faute majeure, Varu˙a, qui fait que tu menaces de frapper le chanteur, ton compagnon?’. À côté de ces exemples, quelques-uns attestent l’usage de jighå«s pour représenter une action positive ‘frapper un ennemi’, qui est sinon le plus fréquent pour les autres thèmes de han. Dans les deux qui suivent le désir d’Indra de ‘frapper à mort’ le laisse accomplir des actions préparatives: • RV 4.23.7a-b drúhaμ jíghå«san dhvarásam anindrâμ tétikte tigmâ tujáse án¥kå / 131 Un exemple très similaire est la phrase interrogative RV 1.170.2a kíμ na indra jighå«sasi ‘Pourquoi menaces-tu de nous frapper, Indra’, adressée par les Maruts.
132
‘Ayant en tête de frapper la fausseté, qui trompe et ne connaît pas Indra, il (= Indra) aiguise encore mieux132 les pointes aigues, en vue d’une offensive’ • RV 1.80.13c-d áhim indra jíghå«sato diví te badbadhe ßávas ‘Désirant frapper le serpent, Indra, ta force se mit à pousser et pousser dans le ciel’ Également dans quelques passages légendaires de prose jighå«s représente l’intention ou le désir de frapper un enemi: • KB 21.1.1 devå vai m®tyuμ påpmånam apajighå«samånå brahma˙aª salokatå« såyujyam ¥psanta etam abhiplava« fia∂aham apaßyan ta etenåbhiplavenåbhiplutya m®tyuμ påpmånam apahatya brahma˙aª salokatå« såyujyam åpuª ‘Les dieux en vérité désirant chasser la mort, le mal, et désirant obtenir l’unification, la cohabitation avec le Brahman, aperçurent ce (rituel) Abhiplava de six jours. S’étant rapproché grâce à cet Abhiplava, après avoir chassé la mort, le mal, il obtinrent l’unification, la cohabitation avec le Brahman’ • JB 1.193 indro vai v®tram ajighå«sat sa prajåpatim upådhåvad dhanåni v®tram iti ‘Indra wished to slay V®tra. Saying (...) „I will slay V®tra“ he resorted to Prajåpati’ (BODEWITZ). Pour l’exemple en discours direct B 3.4.3.6 íti vai mâm tvám ácik¥rfi¥r íti måjighå«s¥r íti ‘Alors tu as essayé de me faire du mal et de me frapper!’ v. p. 108
jigh®kfi impf. act. 3sg. ajigh®kfiat Aà 2.4.38x = AU 3.3–108x opt. prés. act. 3sg. jígh®kfiet BK 4.2.1.26 part. act. jigh®kfiant- JB 1.161 – moy. abhijigh®kfiamå˙a- MaiU 6.12 19x (2x Br; 8x Ãr; 9x Up) dont 18x simplex act. (Br; Ar; Up) et 1x abhi+ moy. (Up) ‡ Cl. De g®(b)h506 ‘attraper’ (‡ jig®h¥fi, jigrah¥fi) Litt.: AiG I/255, CHARPENTIER 57, 109, 110, GÜNTERT 90, 132, VIA I/402
132 cf. GELDNER I/450n. 7b citant Såya˙a, et SCHAEFER 128.
133
1) (simplex) ‘attraper+ dés.’2) (abhi+ moy.) ‘gagner pour soi + dés.’133 Ce thème contraste avec jig®h¥fi et jigrah¥fi par l’absence de ¥ devant le suffixe -s-, et d’une manière générale avec le paradigme de g®(b)h, racine régulièrement Se† (prés. g®bhnâ-, adj. Verb. g®bh¥tá- etc.). Dans tous ses exemples, jigh®kfi marque particulièrement un effort du sujet pour rattraper une personne qui s’enfuit (Aà 2.4.3) ou attraper une personne insaisissable (BK 4.2.1.26; JB 1.161): • BK 4.2.1.26 yáthå yáμ jígh®kfiet tám atis´ ® jyånulípsamåno nânulábheta nânvapnuyâd evá« ha sá yajñáμ nânvåpnoti ‘Comme (quelqu’un qui) s’efforce de saisir quelqu’un (d’autre), et (qui) ayant (pourtant) rattrapé (cette personne), (et) étant sur le point de l’obtenir, n’arrive ni à la saisir ni à l’obtenir, c’est exactement de la même manière qu’il n’obtient pas le sacrifice’ Ce genre d’utilisation du dés., pour représenter un effort désespéré qui n’aboutit pas, et illustrer ainsi comment le sacrifice échouerait à cause d’un mauvais rituel, est également attestée dans les exemples des autres thèmesvariantes du dés. de g®(b)h. Dans un tel contexte l’image d’un effort intense s’impose. Cette image correspond aussi indirectement à tous les efforts produits jusque-là par le prêtre pour obtenir le sacrifice.
jighrås prés. opt. act. 3sg. jighråset BK 5.1.3.6 De ghrå282 ‘sentir, renifler’ ‘renifler + dés.’, avec gén. Le degré plein est parallèle à celui de l’adj. verb. ghråtá- (YV+). L’usage du complément gén. gandhásya contraste, par contre, avec l’acc., habituellement régi par ghrå. L’opt. dés. jighråset à valeur prescriptive marque particulièrement un effort de volonté, nécessité par la nature répulsive de l’action: • BK 5.1.3.6 tásmåd yá âsakta iva mányetaivàitásya gandhásya jighråset ‘C’est pourquoi, qui se sentirait pour ainsi dire comme indisposé, doit particulièrement s’efforcer de renifler cette odeur’ 133 cf. pour le moy. affectif de g®(b)h AiS 241.
134
jijanayifi impf. act. 3sg. +pråjijanayifiat JB 1.357 (+‰nayifiat pour ‰nifiata) opt. prés. act. 3sg. prajíjanayifiet B 12.5.1.13 gdf. prajijaniyifiitavyà- B 7.3.1.12
134
Du caus. janaya- de jan286 ‘naître’ (‡ jijanifi) Litt.: CHARPENTIER 77, GÜNTERT 124 ‘faire naître + dés.’ Dans le passage légendaire JB 1.357, le dés. impf. +pråjijanayifiat représente un désir stimulant, préalable à l’achèvement réel de ‘procréer’: • JB 1.357 atha prajåpatiª +pråjijanayifiat sa tapo Øtapyata sa aikfiata hanta nu pratifi†håm +janayai tato yåª prajås +srakfiye tåm etad eva pratifi†håsyanti nåpratifi†hitåß carant¥ª pradarpifiyanta iti sa imaμ lokam ajanayad antarikfialokam amuμ lokam iti ‘Prajåpati desired to procreate. He practised austerity. He wished: ‘‘Come, let me create a firm foundation. Then the creatures, who I will create, will here have a firm footing and they will not, walking around without a firm foothold, become confused’’. He created this world’ (BODEWITZ) Etant donné l’agencement du récit et la chaîne d’actions qui le suit, prajijanayifiat ne peut que faire référence à une action pré-dynamique qui précède toute tentative physique de l’achèvement de ‘procréer’. L’autre exemple à un mode personnel, prajíjanayifiet dans B 12.5.1.13, illustre l’usage du dés. pour représenter un tentative sur l’action ‘faire naître’, qui n’a aucune chance d’aboutir: • B 12.5.1.13 yáthånyásyåμ yónau rétaª siktá tád anyáfiyå prajíjanayifiet ‘as if he were to seek to cause the seed implanted in one womb to be born forth from another womb’ (EGGELING)
jijanifi part. moy. prajíjanifiamå˙a- B 7.4.1.14 134 JB 1.357 atha prajåpatiª +pråjijanayifiat (autres amendements dans le même
passage +janayai pour ‰ye, et +srakfiye pour ‰s®k cf. BODEWITZ 1990: 320).
135
De jan286 ‘naître’ (‡ jijanayifi) (pra+) ‘naître + dés.’ Il s’agit d’une formation à degré plein, en face du degré zéro, p.ex. dans l’adj. verb. jåtá-. Le i devant s est quant à lui conforme au caractère Se† de la racine. Le dés. de jan est attesté dans une interprétation mantrique pour expliquer l’adj. venás dans le mantra ví s¥mat᪠surúco vená åvar ‘from the summit he, the longing, overspread the shining’ (EGGELING). L’exemple illustre on ne peut mieux que le dés. sert à représenter un agent désirant ou aspirant à accomplir une action: • B 7.4.1.14 asâv ådityó venó yád vái prajíjanifiamå˙ó Øvenat ‘he is the longing one inasmuch as he longed to be born’ (EGGELING)
jij¥vifi prés. ind. act. 3sg. jij¥vifiati JB 1.69 prés. imp. act. 2sg. +jíj¥vifia ŸU 2b (v. THIEME I/231a qui subdivise la scripto continua jijivifiéd en jíj¥vifia íd ) opt. act. 3sg. jij¥vifiet AÃ 5.3.1; LåS 8.8.41; KåS 22.6.20 5x simplex act. (1x Br; 1x Ãr; 1x Up; 2x S) ‡ Cl. De j¥v ‘vivre’ (‡ jijy°fi et jujy°fi) Litt.: CHARPENTIER 77, 111, GÜNTERT 123, 124 1) (Ãr, Up et S) ‘vivre + dés.’ 2) (Br) ‘vivre de + dés.’, avec instr. Le dés. jij¥vifiati dans JB 1.69 marque un effort de volonté pour l’accomplissement d’un objectif lié à la vie sociale: • JB 1.69 tasmåd u pådåvanejyenaiva jij¥vifiati ‘C’est pourquoi il (= un membre de la caste des °dras) s’efforce de vivre en lavant les pieds’
136
jij~nås prés. ind. moy. 1sg. (vi)jij~nåse AV 14.1.56b = AVP 18.6.4b; ChU 7.16-23.17x (vi+) – 3pl. (vi)jij~nåsante JB 2.1; PB 8.7.7; BauS 16.13: 260,8 (vi+) impf. moy. 1sg. vyajijnåse JB 2.329 – 3pl. anupra/upa/pra+ajij~nåsanta KS 21.2: 38,15 (anupra+) = KpS 31.17 et KS 23.8: 83,14 (anupra+) = KpS 36.5; AB 2.22.10 (pra+) et 3.27.1 (pra+); BK 4.2.1.18 (úpa+) imp. prés. moy. 2sg. víjij~nåsasva Tà 9.1-5.15x; TU 3.1-5.15x opt. prés. moy. 3sg. prá/vi/saμjij~nåseta MS 2.5.5: 53,19 (prá+); BauS 13.20: 131,14 (+saμjijñåseta, pour ‰s¥ta135) et 24.6: 189,16 (+prajijñåseta, v.l., pour ‰s¥ta); KauU 3.810x (vijijñåseta pour ‰s¥ta cf. AzI II/371) part. moy. vijij~nåsamåna- BauS 14.13: 176,6 et 16.13: 260,4 aor. moy. 1sg. vyajij~nåsifii åS 16.29.8 gdf. upa/vijij~nâsya- B 3.2.1.24 (upa+); BÃUM 1.5.15-163x (vi+) = BÃUK 1.5.8-93x – vijij~nåsitavya- ChU 7.16-23.17x, 8.1.1-22x et 8.7.1 = 8.7.3; MaiU 6.8 – +upajij~nåsénya- BK 4.2.1.18 (+‰jijnåsény‰ pour upajijnâseny‰; 5 upajijñâsyåm B 3.2.1.24) n.a. +vijij~nås´â- BÃUM 3.1.1 (+‰ås´â pour ‰âså) = BÃUK 3.1.1; BauS.23.8: 160,10 69x (2x AV; 5x YVpr; 8x Br; 5x Ãr; 42x Up; 7x S) dont 4x simplex moy. (AV; Br), 4x anupra+ moy. (YVpr), 1x upa+ moy. (Br), 2x upa+ gdf. (Br), 4x pra+ moy. (YVpr; Br; S), 32x vi+ moy. (Br; Ãr; Up; S), 18x vi+ gdf. (Up); 3x vi+ n.a. (Up; S) et 1x sam+ moy. (S) ‡ Cl. De jñå508 ‘connaître’ (cf. associations avec avijñåta dans JB 2.329 et BÃUM 1.5.15) 5 Av. zix¯n∂Ôha (part. moy. zix¯n∂ÔhΔmna Yt 14.21) de zan ‘connaître’ Litt.: CHARPENTIER 26, 111, 119, GÜNTERT 119, INSLER 1969: 61, 62, KELLENS 1986: 196 et s., LEUMANN 116 1) (simplex) ‘connaître + dés.’, avec acc. 2) (upa+) ‘inventer + dés.’136, avec acc. 3) (pra+ et vi+) ‘reconnaître, comprendre + dés.’, avec acc. sauf dans AB 2.22.10 4) (sam+ moy.) ‘s’entendre + dés.’137.
135La forme athématique ne repose que sur un seul ms., les autres étant corrompus
(v. CALAND 1904: 131n. 1). D’autres exemples de terminaison -¥ta à la place de -eta ont étés relevés par K. HOFFMANN (AzI II/371). 136 cf. úpajån¥ta B 1.6.4.7 et 3.5.1.14. EGGELING traduit le gdf. dans B 3.2.1.24 par ‘unintelligible’ (vâcam...upajijñâsyåm) ce qui se justifie si on considère que ce sens a évolué à partir de ‘qu’il faut s’efforcer d’inventer’.
137
Le dés. jijñås, dont le degré plein de la syllabe radicale est parallèle à celui de l’adj. verb. jñåtá-, de l’abs. jñåtvâ, et du pass. jñåyá-., est un Medium tantum alors que la racine jñå alterne elle l’act. et le moy. L’absence de valeur particulière du moy. se constate en particulier dans KS 23.8 où il contraste sans nuance sémantique avec l’act. d’un thème non-dés.: • KS 23.8: 83,13-14 tå ime Øvare devå anupråjijñåsanta tå na pråjånan ‘Les dieux suivants désirèrent /s’efforcèrent de les (= points cardinaux) reconnaître à nouveau. Il ne les reconnurent pas’138. Sur le plan morphologique il faut également signaler que jijñås est le seul thème non-lexicalisé qui est régulièrement attesté à la 1p. En ce qui concerne la valeur sémantique on remarque que les compléments de jijñås représentent des objets, des lieux ou des personnes difficiles à reconnaître ou à imaginer, ce qui confère au dés. la connotation d’un effort ou d’une tentative. Voici deux exemples caractéristiques: • AV 14.1.56 idáμ tád r°páμ yád ávasta yófiå jåyâμ jijñåse mánaså cárant¥m / tâm ´anvartifiye sákhibhir návagvaiª ká imân vidvân iva cacarta pâßån // 139 ‘Ceci est la forme revêtue par la jeune femme. Par la pensée je m’efforce de connaître la femme bougeante. Je la suivrai140 accompagné des Navagvas. Qui sachant, a délié ces liens?’ Cet unique exemple atharvavédique fait partie de l’hymne pour les cérémonies de mariage. La strophe fait manifestement référence au rituel durant lequel la mariée est tenue par des liens141 avant d’être livrée à son époux. Avec le complément instrumental mánaså, le dés. jijñåse représente manifestement l’effort d’imagination du marié alimenté par l’attirance sexuelle, pour connaître son épouse. Le part. prés. acc. sg. cárant¥m peut signifier ‘bougeante’, au sens premier du terme, libérée des liens, mais également avec une connotation érotique, aimante. • JB 2.1 så caturtham ahaª pråpya virå∂ bhavati t°fi˙¥μ nifiadyam etad dha vai vairåjyaμ våco yat t°fi˙¥m nifiadyaμ yåm imå« ßrefi†hinas t°fi˙¥m ås¥nasyaiva jijñåsante ‘Une fois le quatrième jour accompli, elle (= Våc) devient le Viråj, l’abaissement silencieux (de la voix). En vérité cet aspect du Viråj de 137 cf. sam+jñå moy. VIA I/404. 138 cf. une variation act.-moy. similaire mentionnée par NARTEN (AiV 122) pour l’aor.
ájñås-. 139 r°pám doit être la parure de s°ryâ (prototype de la mariée) discutée dans la strophe précédente. 140 ánvartifiye < ánuvartifiye cf. WHITNEY II/751. 141 Des liens de Varu˙a cf. strophe 57.
138
la voix c’est cet abaissement silencieux, c’est la (voix) silencieuse d’une personne de haut rang assise, qu’ils s’efforcent de reconnaître’ D’autres exemples illustrent également cet usage de jijñås comme KS 23.8: 83,14 où les dieux s’efforcent de retrouver les points cardinaux brouillés par les Asuras, ou AB 2.22.10 où les mêmes dieux tentent de trouver un moyen pour guérir une femme Asura malade d’une intoxication.
jijyås opt. prés. act. 3sg. jíjyåset MS 2.1.3: 4,16 et 2.1.8: 10,7-8 part. act. jíjyåsant- RV 10.152.5b (= AV / YVm) De jyå509 ‘dévaliser, violenter’ Litt.: CHARPENTIER 26, 109, GÜNTERT 118, 119, INSLER 1969: 62 1) (RV) ‘dévaliser + dés.’, sans complément 2) (YVpr) ‘réprimer142 + dés.’, avec acc. Le degré plein de la syllabe radicale contraste avec le degré zéro dans le pass. / prés. fientif j¥yá-/jîya-143 et dans l’adj. verb. j¥tá-. Le sens de base du part. dés. gén. sg. jíjyåsatas dans RV 10.152.5 peut bien être ‘dévaliser’, sens primaire de la racine jyå, avec une connotation d’action violente suggérée par vadhám ‘arme de crime’. Le dés. caractérise sinon ici une action tentée: • RV 10.152.5a-b ápendra dvifiató mánó Øpa jíjyåsato vadhám ‘Écarte, Ô Indra, l’intention du haïssant. Écarte l’arme de celui qui essaie de (nous) dévaliser!’ Pour les deux exemples dés. opt. dans MS 2.1.3 et 2.1.8, le sens de base semble plutôt être ‘réprimer’ comme c’est souvent le cas dans les Br. Le dés. y sert à caractériser un sujet comme désirant l’accomplissement d’une action. Dans ce genre d’exemples l’élément contextuel le plus important est que l’agent a besoin du résultat de l’action, qu’il en ait ou non déjà réalisé une partie: • MS 2.1.3: 4,14-16 ågneyám afi†âkapålaμ nírvaped agn¥fiomîyam ékådaßakapålaμ dyåvåp®thivîyaμ dvíkapålaμ y᪠saμgråmáμ jíg¥fien +n®jyâyaμ144 vå jíjyåset
142 143
cf. PW ‘überwältigen, unterdrücken’. v. KULIKOV 282 et s.
139
‘Il doit offrir un gâteau sur huit tessons à Agni, sur onze tessons à Agni-Soma, sur deux tessons à Dyava-P®thivi, celui qui désire vaincre au combat, ou qui désire réprimer la répression des hommes’
jijy°fi adj. verb. jijy°fiita- AB 7.29.2-43x De j¥v (‡ jij¥vifi et jujy°fi) Litt.: CHARPENTIER 36 ‘vivre de + dés.’, avec instr. • AB 7.29.2 ¥ßvaro håsmåd dvit¥yo vå t®t¥yo vå bråhma˙atåm abhyupaitoª sa brahmabandhavena jijy°fiitas ‘Le second ou le troisième fils après lui est succeptible de se diriger vers le bråhmanisme. Il est souhaité de vivre (5 on lui souhaite de vivre) d’une charge nominale de Brahman’. Il s’agit d’un des rares exemples d’adj. verb. de dés. non-lexicalisé.
jihås part. act. vijíhåsant- B 10.4.4.1 ‡ Cl. De hå374 ‘quitter’ Litt.: CHARPENTIER 33, 109, INSLER 1969: 63 ‘quitter +dés.’, avec acc. Dans cet unique exemple, le dés. part. nom. sg. vijíhåsan représente le désir intense du sujet d’accomplir une action: • B 10.4.4.1 prajåpatiμ vái praj⪠s®jámånaμ påpmâ m®tyúr abhipárijaghåna sá tápo Øtapyata sahásra« saμvatsarân påpmânaμ vijíhåsan 144
pour ‰yåyáμ cf. AIG II/1: 224 et MITTWEDE 1986: 75.
140
‘En vérité lorsque Prajåpati était en train de produire les créatures, la mort, le mal, prit pouvoir de lui. Aspirant à se débarrasser du mal, il pratiqua l’austérité durant mille années’ L’intensité de ce désir se reflète particulièrement dans l’action principale qu’elle suscite.
jihi«sifi prés. ind. act. 3pl. jíhi«sifianti B 9.1.1.35-373x (v. AiS 228) opt. prés. act. 3sg. jíhi«sifiet B 9.2.1.2 De hi«s ‘abîmer, blesser’ ‘blesser + dés.’, avec acc. • B 9.1.1.35 varfié˙a ha té hi«santi yám jíhi«sifianti ‘Avec la pluie ils blessent celui qu’ils désirent blesser’ Il s’agit du même contexte et de la même valeur sémantique que pour vicíks¥fianti dans le ka˙∂ikå 23 (‡ ciks¥fi).
jih¥rfi prés. ind. act. 3sg. (sám.../å/vyâ)jíh¥rfiati AV 2.25.3b = AVP 4.13.6b, AV 5.29.15d; AVP 16.154.8d145, 19.21.6d et 19.21.7d; JB 1.922x (å+); B 11.1.6.3 (vyâ+) = BK 3.1.12.4 et B 3.8.1.2 (sám...) – 2pl. åjih¥rfiatha B 12.7.3.1 – 3pl. jih¥rfianti HiS 3.8.4 – moy. 3sg. upajih¥rfiate JB 1.2654x impf. act. 3sg. vyâ+ajih¥rfiat B 11.1.6.3 = BK 3.1.12.4 – 2pl. å+ajih¥rfiata JB 2.442 opt. prés. act. 3sg. udåjih¥rfiet BauS 24.36: 223,1 adj. verb. parijih¥rfiita- GB 1.3.19: 89,11 n.a. jih¥rfiå- MaiU 3.5 23x (6x AV; 14x Br; 1x Up; 2x S) dont 7x simplex act. (AV; S), 1x simplex n.a. (Up), 4x å+ act. (Br), 1x udå+ act. (S), 4x upa+ moy. (Br), 1x pari+ adj. verb. (Br), 4x vyå+ act. (Br) et 1x sam+ act. (Br) ‡ Cl. 145 5 AV 11.5.18d jig¥fiati.
141
De h®252‘prendre, retirer’ Litt.: CHARPENTIER 40, GÜNTERT 116 1) (simplex) ‘prendre + dés.’, avec acc. 2) (å+ dans JB 1.92) ‘capturer + dés.’ 3) (å+ dans B 12.7.3.1) ‘rapporter + dés.’ 4) (udå+) ‘rajouter + dés.’ 5) (upa+ moy.) ‘recevoir + dés.’146 6) (pari+) ‘éviter + dés.’ 7) (vyå+) ‘s’exprimer + dés.’ 8) (sam+) ‘agencer + dés.’ Sur le plan morphologique, le degré de la syllabe radicale contraste avec celui de l’adj. verb. h®tá-. Tous les lexèmes font partie de ceux couramment attestés par la racine h® et la valeur dés. ne fait jamais défaut. Pour l’analyse sémantique de la valeur dés., parmi les exemples atharvavédiques, on retiendra surtout ceux où jih¥rfi représente une tentative ou un désir de voler: • AV 2.25.3 arâyam as®kfiâvånaμ yáß ca sphåtíμ jíh¥rfiati / garbhådáμ ká˙vaμ nåßaya p´®ßnipâr˙i sáhasva ca // ‘The blood-drinking wizard, and whoso wants to take away fatness, the embryo-eating ká˙va do thou make disappear, O spotted-leaf, and overpower’ (WHITNEY) L’action peut aussi bien être considérée comme à un stade préparatoire, une convoitise, ou comme une phase dynamique. Le contexte est très différent dans B 3.8.1.2, où en association avec le prés. non-dés. sámbharati, sám...jih¥rfiati marque un effort de volonté: • B 3.8.1.2 sárve˙eva vâ efi´ a mánaså sárve˙åtmánå yajñá« sámbharati sáμ ca jih¥rfiati yó dîkfiate ‘With his whole mind, with his whole self, forsooth, he who consecrates himself prepares and endeavours to prepare the sacrifice’ (EGGELING) L’image de l’effort est en accord avec celle de l’engagement total, suggérée par les groupes adjectivaux sárve˙a...mánaså et sárve˙åtmánå. Un autre exemple d’effort positif est attesté par la forme dés. imp. 2pl. ´åjih¥rfiatha dans B 12.7.3.1 idám ma å´ jih¥rfiathéti ‘seek ye to bring me back these things!’ (EGGELING), où Indra fait appel à la coopération des Aßvins et de Sarasvat¥ pour lui ramener ce qui lui fut volé par Namuci. Cet usage du dés. dans une commande adressée à une déité rappelle certains exemples similaires dans le RV (cf. p.ex. l’imp. prácikitså dans RV 6.47.20c, v. p. 103) Un usage encore différent se trouve dans B 11.1.6.3 où la juxtaposition de vy´åjih¥rfiat et de vyâharat sert à représenter une tentative fructueuse: • B 11.1.6.3 sá saμvatsaré vy´åjih¥rfiat sá bhûr íti vyâharat 146 cf. úpaharate TS 5.2.6.2.
142
‘At the end of a year he tried to speak. He said „bh°ª“ (EGGELING)
?jih¥fi Le prés. ind. moy. 3sg. +níjih¥fiate n’est seulement attesté que d’après une correction +níjih¥fiate ... +¥fiámå˙as proposée par ROTH-WHITNEY pour AV 20.127.2 níjih¥∂ate divá ¥fiámå˙ås = RVKh 5.8.2 (avec le part. dés. correctement accentué îfiamå˙ås) 5 åS 12.14.2 nijih¥late (forme incertaine d’après CALAND 1953: 335), probablement suscitée par le fait que le préverbe ni+ est bien attesté avec hå374 ‘se bouger’ mais pas avec h¥∂ ‘être en colère’. La désinence sg. -ate, ainsi que le nom. sg. -as, s’accorde mal dans le contexte où l’acteur principal est le pl. úfitrås
jugukfi prés. ind. act. 3du. jugukfiatas RV 8.31.7b De guh46 ‘cacher’ Litt.: CHARPENTIER 45, GÜNTERT 88, OLDENBERG 1916: 176 ‘dissimuler + dés.’ L’absence d’aspiration du g dans la syllabe radicale contraste avec d’autres formes à suffixe sigmatique tel que l’aor. ághukfia-. Dans cet hymne RV 8.31 qui est une louange du sacrifiant et de son épouse, sont attestées trois formes dés.: vivåsatas (7c) et íyakfiati (15d), toutes deux servant à représenter l’effort de volonté du sacrifiant (et de son épouse), et cette forme du dés. de guh, jugukfiatas (7b): • RV 8.31.7 ná devânåm ápi hnutaª sumatíμ ná jugukfiatas / ßrávo b®hád vivåsatas // ‘Nicht verleugnen sie der Götter Gunst, noch suchen sie sie zu verheimlichen; hohen Ruhm suchen sie zu gewinnen.’ (GELDNER). Cette forme est certainement bien adaptée au mètre, en parfait parallèle avec vivåsatas. Par rapport à ‘nier (la faveur)’ exprimé par le prés. non-dés. ápi hnutas, le dés. jugukfiatas met peut-être l’accent sur la difficulté supérieure de ‘dissimuler (la faveur)’. L’action représentée semble donc être une tentative (cf. GELDNER ‘suchen...’), une action entreprise, que le poète précise qu’elle n’arrivera pas.
143
jugups prés. ind. moy. 3sg. (vi+)jugupsate ŸU.6147 (vi+ [= VSK 40.6]) = BÃUK 4.4.15 5 KU 2.1.5-122x; BhåS 4.4.5 opt. prés. act. 3sg. jugupset JB 1.17 (v. BODEWITZ 1973: 55n. 4); Tà 10.9.1; ÃpS 8.4.8; VådhS 14.1.16 – moy. 3sg. jugupseta ChU 5.10.8; Tà 2.8.1 – 3pl. jugupseran DråS 3.3.14 adj. jugupsu- åS 3.20.5 13x (1x Br; 2x Ãr; 5x Up; 5x S) dont 3x simplex act. (Br; Ãr; S), 5x simplex moy. (Up; Ãr; S), 1x simplex adj. (S) et 4x vi+ moy. (Up; S) ‡ Cl. De gup ‘protéger’ Litt.: CHARPENTIER 44, GÜNTERT 89, 125, 132 1) (simplex act.) ‘(sur)veiller + dés.’, avec acc. seulement dans JB 1.17 2) (simplex moy. et vi+ moy.) ‘se protéger de + dés.’, avec abl. 3) (adj.) ‘? pointilleux’ Comme caractéristique du dés. par rapport aux autres thèmes de la racine gup on notera l’usage du préverbe vi+, et également celui du moy., alors que la racine est presque exclusivement act.148. Parmi les exemples, on retiendra surtout les opt. à valeur prescriptive (JB 1.17; ChU 5.10.8; VådhS 14.1.16) ou le dés. sert clairement à marquer un effort d’attention sur l’action ‘(se) surveiller’: • JB 1.17 så yå manufiyayonir manufiyaloka eva saª tat striyai prajananam ato Ødhi prajåª prajåyante tasmåd u kalyå˙¥μ jåyåm icchet kalyå˙e ma åtmå saμbhavåd iti tasmåd u jåyåμ jugupsen nen mama yonau mama loke Ønyas saμbhavåd iti ‘The human womb is (related to) the human world. It is the generative organ of the women. Out of that progeny is born. Therefore one should desire a good wife (thinking): ‘ Let my Self come into existence in something good’. Therefore also one should seek to
147 5 vícikitsati VS 40.6 et BÃUM 4.4.18 (‡ cikits). 148 Les seuls exemples moy. sont gopåyáte TB 2.2.10.4, gopåyasva TÃ 6.8.1,
gopåyadhvam KåS 25.13.25.
144
watch over one's wife (thinking) ‘Lest in my womb, in my world somebody else come into existence’ (BODEWITZ) Le sens lexicalisé et expressif ‘pointilleux’ de l’adj. (åS 3.20.5 yad bråhmano jugupsur na bhakfiayed etad dufi†asya lakfia˙am ‘The criterion by which to know a certain sacrificial substance as defiled is this, that a fastidious bråhmana would not partake of it’ [CALAND]), s’il est vraiment justifié, a dû être attribué par le biais d’une équivalence à valeur subjective négative de ‘s’efforçant de surveiller’.
jujy°fi prés. ind. act. 3pl. jújy°fianti B 3.2.4.16149 = 3.5.3.11 De j¥v ‘vivre’ (‡ jij¥vifi, jijy°fi) Litt.: CHARPENTIER 36, 111, GÜNTERT 113, WACKERNAGEL I/361 ‘vivre de, gagner sa vie + dés.’ Cet unique attestation de jujy°fi rappelle, par son contexte et son usage du dés., JB 1.69 l’unique exemple de jijivifi, une autre variante du dés. de j¥v. Ici également le dés. met spécialement en évidence un effort d’assiduité pour l’accomplissement d’un devoir social, en l’occurrence ‘gagner sa vie’: • B 3.2.4.16 dhîr asi dákfii˙éti dhiyâdhiyå hy ètáyå manufiyä jújy°fianti án°kteneva prakåmódyeneva gâthåbhir iva tásmåd åha dhîr asîti „Thou art intelligence, thou art the Dakfii˙å,“ – for it is by means of their respective intellingence that people seek to make their living, either by reciting (the Veda), or by readiness of speech, or by songs: therefore he says, „Thou art intellingence“ (EGGELING) Les multiples compléments instr., en premier lieu le composé intensif dhiyâdhiyå, contribuent à créer l’image d’un effort diversifié.
j~n¥ps prés. ind. act. 3sg. j~n¥psati VådhS 11.1.18150 – 3pl. j~n¥psanti VB 530,1-52x
149 5 BK 4.2.4.13 j´îvanti.
145
‡ Ép. De jñÀp ‘faire connaître’ Litt.: CHARPENTIER 74, GÜNTERT 102 ‘faire connaître + dés.’ Étant donné le sens ‘à qui on veut faire connaître/apprendre’ accordé par På˙ini au dés. part. pass. jñ¥psyamå˙a-, et la valeur invariablement causative de jñÀp, on ne peut que mettre en doute le sens non-causatif ‘erfahren wünschen’ que CALAND (1919: 531) attribue à jñ¥ps dans VB 529,32-530.2 tå« haiva kurupåñcålånå« ßrotriyå vedair jñ¥psant¥tthå3m itthå3m iti net tu ha sma sa åha ‘‘Dieses Wissen wünschten die gelehrten Brahmanen unter den Kurupåñcålas durch die Vedas zu erfahren, (indem sie fragten): ‘Ist es só ? Ist es só ? Er aber teilt es nicht mit.’. Un certain nombre de corrections sont envisageables, et permettraient de faire la modification sémantique souhaitée. D’abord on s’étonne de ne pas trouver la particule sma au début de la première phrase comme dans tu ha sma sa åha, étant donné qu’il s’agit du même contexte. On pourrait ainsi poser ha +sma pour haiva. Pour le pron. fém. tåm (= paßuߥrfiavidyåm [529,32] ‘le savoir concernant la tête de l’animal [à sacrifier]’), la lecture +tam existe également (= kururåja- [id.] ‘le roi des Kuru’) permettant, puisque le complément de jñ¥ps‰ serait alors un être vivant, de poser le sens causatif adéquat ‘faire savoir/instruire’. D’autre part le Pluti dans itthå3m itthå3m au lieu d’indiquer une question disjonctive, pourrait simplement avoir une valeur emphatique. Si on rajoute la correction supplémentaire +neti pour net on arriverait finalement à +ta« ha +sma kurupañcalånå« ßrotriyå vedair jñ¥psant¥tthå3m itthå3m iti net tu ha sma sa åha ‘les érudits des Kurupañcala par l’intermédiaire de leur savoir s’efforçaient de l’instruire: „comme ça (tu dois le faire), comme ça !“. „Non !“ répondait-il’. Dans une telle conjoncture, la réponse du Roi se justifierait par le fait que celui-ci était plus savant que ces érudits puisqu’il avait été instruit par Agni (cf. 229,32 kururåjåya haikasmå agniª paßuߥrfiavidyåμ provåca ‘Agni explica la science concernant la tête de l’animal (à sacrifier) à un seul roi des Kuru’). L’autre exemple VådhS 11.1.17-18 yaμ na pråsahå jefiyan manyata upa dånaμ tasmå aharanti svasåraμ vå duhitaraμ vå dadhånena vainam jñ¥psati, pour des raisons contextuelles ne permet aucune analyse ni du lexème ni de la 150 La forme *abhijñ¥psati indiquée dans l’index de WITZEL (CALAND 724a) est proprement introuvable.
146
valeur dés. La traduction de CALAND (1919: 357) attribue comme souhaité une valeur causative : ‘wenn er aber nicht zu bemeistern hofft und nicht mit Gewalt besiegen zu können meint, dem schickt er eine Gabe zu, seine Tochter oder seine Schwester, oder er sucht ihn durch ... zu belehren’.
titarpayifi impf. act. 3pl. atitarpayifian JB 3.3132x Du caus. tarpaya- de t®p84 (‡ tit®ps) ‘se rassasier, apprécier, être satisfait’ (cf. association avec atarpayan) ‘rassasier + dés.’, avec acc. Dans cet exemple unique, le thème tertiaire titarpayifi, dérivé du caus. tarpáya-, sert à représenter une tentative: • JB 3.313 våg vai yajña« sas®jånå såßanåyat såpipåsat tåμ devå arvåg yajñåhutyåtitarpayifian tåm nåtarpayan ‘Våc, en vérité, ayant produit le sacrifice eut faim et soif. Les dieux dès lors tentèrent de la rassasier à l’aide du Yajñåhuti. Ils ne la rassasièrent pas’
titå«s prés. ind. act. 3sg. saμtitå«sati KS 8.1: 83,8-9 (+‰tå«s pour ‰ta«s‰ [v. MITTWEDE 1989: 62]) = KpS 6.6 (+‰saμtit pour saμcit‰ [v. OERTEL I/681]) De tan407 ‘tendre, étirer’ Litt.: GÜNTERT 122 (sam+) ‘se relier avec + dés.’, avec instr. L’unique exemple du dés. de tan est attesté dans le cadre du mythe de Citrå qui raconte comment Indra à l’aide d’une brique fit tomber du monde céleste les Asuras nommés Kålakañjas. La phrase en question mentionne une conséquence néfaste de la chute pour l’un des Asuras qui dégénéra en se transformant en araignée:
147 • KS 8.1: 83,8-9 yo vyav®hyata so Øyam °r˙avåbhis svair åntrais +
saμtita«sati ‘Wer auseinandergerissen wurde, der ist zur Spinne geworden. Sie will sich immer mit ihren eigenen Eingeweiden wieder zusammenspinnen’ (KRICK [35]). Sans aucun doute le dés. contribue ici à créer l’image d’un effort perpétuel qui n’aboutit jamais.
titikfi prés. ind. moy. 1sg. titikfie B 2.3.3.2 – 3sg. títikfiate RV 2.13.3c; B 3.1.2.15 5 BK 4.1.2.9; VB 308,15 – 3pl. títikfiante RV 3.30.1c (= VS 34.18 / VSK 33.1; v. GÜNTERT 85); AV 8.6.12a ( v. GÜNTERT 85) = AVP 16.80.3a part. moy. átitikfiamå˙a- B 2.3.3.1 fut. moy. 3sg. titikfiifiyáte B 3.1.2.14 5 BK 4.1.2.9 adj. titikfiú- AV 12.1.48b 5 AVP 17.5.6b; BÃUM 4.4.28 = BÃUK 4.4.23; Ã 13.1 n.a. titikfiå- VB 308,22 17x simplex (2x RV; 4x AV; 8x Br; 1x Ãr; 2x Up) dont 11x moy. (RV; AV; Br), 5x adj. (AV; Up; Ãr) et 1x n.a. (Br) ‡ Cl. De tyaj485 ‘repousser, abandonner’ et non tij78 ‘être tranchant’ Litt.: AiS 228, CHARPENTIER 46, 111, GÜNTERT 85, 86, 132, OERTEL I/682, PiV 166n. 268 et 169n. 277, VIA I/389 ‘supporter/endurer’, avec acc. titikfi n’a plus aucune valeur désidérative. L’ancienne étymologie le reliait à tij ‘être aiguisé’, ‘aiguiser’, en posant pour celui-ci un sens *‘s’aiguiser contre’ (cf. PW ‘sich scharf zu machen suchen gegen’). Elle est rejetée par GOTÕ (PiV 165n. 268) qui de toute façon n’accepte pour tij que le sens factitif ‘scharf machen’. À sa place celui-ci propose le lien avec tyaj et comme sens primaire *‘etw. von sich fernzuhalten suchen, abwehren’. Ce lien avec tyaj avait par ailleurs déjà été mentionné par OERTEL (I/682), après que celui-ci eut prouvé l’existence de forme à degré zéro de cette racine (cf. également à ce sujet VIA I/388). La racine tyaj est mal attestée en védique ; d’après GOTÕ (id. 168 et s.), son sens act. serait ‘abandonner’, transitif facientif, et son moy. serait réflexif ‘s’abandonner’, deux sens différents du lexème ‘repousser’ dont
148
il se sert pour reconstruire le dés. Ce dernier peut cependant être apparenté à ‘abandonner’, considérant que les deux ont en commun la notion de séparation. Pour une analyse étymologique du sens de titikfi v. p. 59
tit¥rfi part. act. tít¥rfiant- MSm 1.5.1: 67,8; KU 1.3.2; HiS 2.6.51 (+tit¥rfi‰ pour tit¥rifi‰) et 3.7.33 – moy. tit¥rfiamå˙a- GB 2.6.14: 269,2; BhåS 6.10.8 n.a. tit¥rfiå- HiS 17.1.26 7x simplex (1x YVm; 1x Br; 1x Up; 4x S) dont 4x act. (YVm; Up; S), 2x moy. (Br; S) et 1x n.a. (S) ‡ Cl. De tÈ291 ‘traverser’ (cf. association avec l’aor. 3sg. tår¥t dans MSm 1.5.1: 67,8) Litt.: CHARPENTIER 38, 109, 110, GÜNTERT 83, 115 1) (act. dans MSm 1.5.1: 67,8 et moy.) ‘surpasser, vaincre + dés.’151 2) (act. dans KU 1.3.2) ‘traverser + dés.’, avec acc. Sur le plan morphologique on remarque l’usage partiel du moyen sans valeur particulière alors que celui de tÈ est réciproque ou affectif (v. PiV 160 et s.) Pour ce qui est de la valeur sémantique et de l’usage, le part. dans GB 2.6.14 marque un désir intense pour réaliser la victoire des dieux sur les Asuras: • GB 2.6.14: 269,2 asurån ha vai devå anna« secire bh°tena bh°tena jighå«santas tit¥rfiamå˙ås ‘En vérité, les dieux suivirent la nourriture de créatures en créatures, désireux de frapper, et de vaincre les Asuras’ Le moy. contraste singulièrement avec l’act. de l’autre part. dés. jighå«santas. Dans le mantra MSm 1.5.1, le part. dés. nom. sg. tit¥rfian représente une intention ou une action menaçante, ce qui occasionne la formulation d’une phrase prohibitive pour la stopper: • MSm 1.5.1: 67,8 mâ må tít¥rfian tår¥t ‘Ayant l’intention de me surpasser, qu’il ne (me) surpasse pas’ 151 cf. pour tÈ p.ex. tår¥t RV 9.14.4c.
149
Enfin dans KU 1.3.2 le dés. part. moy. met l’accent sur un effort de volonté pour l’accomplissement d’une action juste: • KU 1.3.2 yaª setur ¥jånånåm akfiaraμ brahma yat param abhayaμ tit¥rfiatåμ påraμ nåciketa« ßakemahi ‘Puissions-nous (réaliser) le feu de Naciketa, le pont de ceux qui vénèrent le Brahman indestructible et suprême, (le pont) de ceux qui veulent passer sur l’autre rive sûre’
tit®ts prés. ind. act. 3sg. abhitit®tsati AÃ 1.3.1: 87,6 subj. prés. act. 3pl. abhí...tít®tsån RV 10.74.4b (= VS 33.28 / VSK 32.28) part. act. uttit®tsant- KS 13.3: 181,20-2 l ‡ Ép., Cl. De t®d83 ‘percer’ (cf. association avec udat®˙at dans KS 13.3: 181,20-2 l et abhi..t®˙atti dans AÃ 1.3.1: 87,6) Litt.: CHARPENTIER 57, GÜNTERT 90 (avec les sens de abhi+ et ud+) ‘percer, ouvrir + dés.’, avec acc. sauf dans KS 13.3: 181,20-21152 L’exemple rigvédique se trouve dans une brève allusion au mythe de Vala: • RV 10.74.4a-b â tát ta indråyávaª panantábhí yá °rváμ gómantaμ tít®tsån / ‘Les Ãyus s’en émerveillent, Ô Indra, qui vont vouloir percer la cachette riche en bétail’ Le thème de la strophe est la récompense du sacrifice (= tád) escomptée par les Ãyus (humains au service des dieux) et qui leur donne (symboliquement parlant) la volonté de percer la caverne de Vala, riche en bétail. Il est clair que le dés. subj. 3pl. tít®tsån fait référence à un effort intense de volonté, suscité par l’émerveillement pour la récompense. Dans KS 13.3, un passage également lié au mythe de Vala, le part. dés. nom. sg. tít®tsan fait référence à l’effort de la première vache libérée par Indra, pour percer la cachette:
152 cf. udat®˙at sans complément dans KS 9.11: 112,14 et 13.3: 181,20.
150 • KS 13.3: 181,19-2l aindram utp®fi†im ålabheta paßukåma indro vai valam apåv®˙ot ta« sahasram an°dait tasyaifio Øgrata udat®˙at sa samaifiad uttit®tsann imån lokån paßya«s tasmåd efia sam¥fiitaª prat¥fiitagr¥vas ‘Un qui désire obtenir du bétail doit sacrifier une bête bossue (? utp®fi†im 5 unnatá-) à Indra. En vérité Indra ouvrit (la caverne) de Vala. Un millier (de bêtes) le suivirent. En tête de ce (millier de bêtes) cette (bête bossue) perça (la sortie de la caverne). Elle s’étira en s’efforçant de percer, en voyant ces mondes. C’est pourquoi cette (bête bossue) est étirée et a le cou étiré’
tit®ps(1) subj. prés. act. 3sg. tít®psåt RV 10.87.17c (= AV 8.3.17c / AVP 16.7.7c; v. CHARPENTIER 85, GELDNER III/279n. 17c) De t®p550 ‘voler’ (cf. GELDNER III/279n. 17c, EWA I/635, VIA I427) Litt.: CHARPENTIER 57, 85, 109, GÜNTERT 90, INSLER 1969: 57, 58, 61, VIA I/427 ‘voler + dés.’, avec acc. Cet unique exemple du dés. de t®p ‘voler’ fait référence à une tentative menaçante pour laquelle le poète exige une intervention: • RV 10.87.17c-d p¥yûfiam agne yatamás tít®psåt tám pratyáñcam arcífiå vidhya márman // ‘Quiconque tentera de voler du lait, Ô Agni, frappe-le par-derrière avec ta flamme, sur un point sensible’
tit®ps(2) part. act. tit®psant- AVP 13.10.5b
151
De t®p84 se rassasier, consommer’ ‘
‘consommer + dés.’, avec gén.
titrås prés. ind. moy. 3sg. parititråsate VådhS 11.25.22 (v. CALAND 371) De trå292 ‘sauver, protéger’ (pari+) ‘protéger + dés.’avec acc. Sur le plan morphologique le degré plein de la syllabe radicale est parallèle à celui de l’adj. verb. tråtá-. Le dés. caractérise l’Adhvaryu comme concerné par la défense de certaines personnes: • VådhS 11.25.22 atha yån adhvaryuª parititråsate... ‘Et maintenant, concernant ceux que l’Adhvaryu désire protéger (contre le dépouillement)...’
tifi†ighifi part. act. +atitífi†ighifiant- MS 1.6.3: 89,9 (+atitífi†i‰ pour atitifi†ígh‰ [v. VIA I/259]) De stigh227 ‘s’élever’ (cf. association avec atifi†igháμ nâßknot) Litt.: GÜNTERT 125, VIA I/259 (ati+) ‘s’élever au-dessus de’, avec acc. • MS 1.6.3: 89,8-9 prajâpatir vâ idám ágra ås¥t táμ v¥rúdho Øbhyàrohann asuryò vâ etâ yád ófiadhayas tâ +atitífi†ighifiann atifi†igháμ nâßknot sò Øßocat sò Øtapyata táto Øgnír as®jyata tám agní« s®fi†áμ v¥rúdhåm téjo Øgacchat tâ aßufiyan Prajåpati war diese (Erdenwelt) am Anfang. Ihn überwuchsen die Pflanzen. Asura-artig (...) sind ja die Kräuter. So sehr er sich auch aus ihnen herauskämpfen wollte, war er doch nicht fähig, über sie hinauszusteigen. Schmerz durchglühte ihn, er geriet in Hitze. Daraus
152
entsprang das Feuer. In dieses geschaffenen Feuer (...) ging die Glutkraft der Pflanzen ein’ (KRICK [42]): Dans ce passage légendaire de la prose brahmanique le dés. part. caractérise l’effort à la fois physique et volontaire de Prajåpati pour parvenir à se sortir des plantes. Le malaise décrit dans la phrase suivante est compris comme résultant à la fois de l’action des plantes, mais également de ces efforts vains à les vaincre. Aucun élément du texte ne communique directement que l’action connotée par atitífi†ighifian soit répétée, mais cette éventualité correspond bien au contexte.
tifi†håpayifi opt. prés. act. 3sg. saμtifi†håpayifiet BauS 21.7: 80,8-9 et 21.25: 115,2-3 – 3pl. +saμtifi†håpayifieyur KB 25.8.22 (+saμtifi†hå‰ pour saμsthå‰) Du caus. sthåpaya- de sthå369 (‡ tifi†hås, sthåpayifi) ‘se tenir, s’arrêter’ (avec sam+) ‘accomplir, terminer + dés.’, avec simple acc. • KB 25.8.22-9.2 purådityasyåstamayåd etad ahaª +saμtifi†håpayifieyus sapråtaranuvåkam etad ahar divåk¥rtyam bhavati sapråtaranuvåkena sapatn¥saμyåjenaitenåhnå purådityasyåstamayåt sam¥pseyus ‘Before the setting of the sun should they seek to complete (the rite of) this day; the day has its morning litany, to be recited by day. They should seek to complete with this day including its morning litany and the offering to the wives (with the gods) before the setting of the sun.’ (KEITH) La forme non-redoublée du thème dés. s’est peut-être introduite sous l’influence du dés. monosyllabique sam¥pseyus de sam+åp. Une correction similaire est nécessaire dans BauS 24.7: 190,9 (+‰abhipup°r‰ pour abhip°r‰ [‡ pup°rayifi]). L’action représentée par ce dés. opt. à valeur prescriptive est un effort pour se hâter de terminer le rituel en question en temps voulu.
tifi†hås prés. ind. act. 3sg. úttifi†håsati B 11.1.6.5 (v. AiS 227) = BK 3.1.12.4 – moy. 3sg. vitífi†håsate BK.5.8.3.5 opt. prés. act. 3sg. tifi†håset BÃUM 3.4.1 = BÃUK 3.5.1
153
5x (3x Br; 2x Up) dont 2x simplex act. (Up), 2x ut+ act. (Br) et 1x vi+ moy. (Br) ‡ Cl. De sthå369 (‡ tifi†håpayifi) ‘se tenir, s’arrêter’ (cf. associations avec abhyúdatifi†hat dans B 11.1.6.5 et ví...tifi†hate dans BK.5.8.3.5) Litt.: CHARPENTIER 32, 109, GÜNTERT 81, 119, INSLER 1969: 62 1) (simplex) ‘rester, s’en tenir à + dés.’, avec instr. 2) (ud+) ‘se lever + dés.’ 3) (vi+) ‘se disperser + dés.’ • B 11.1.6.5 saμvatsaré prajâpatir abhyúdatifi†hat tásmåd u saμvatsará evá kumårá úttifi†håsati ‘Après un an Prajåpati se leva. C’est pourquoi après un an un enfant essaie/entreprend de se lever’ Le dés. met en évidence la tentative ou l’effort de volonté de réaliser une action difficile.
tist¥rfi prés. ind. moy. 3sg. tist¥rfiate JB 2.73 subj. prés. moy. 3sg. tist¥rfiåtai JB 2.73 n.a. bhråt®vyatist¥rfiå- ÃpS 22.2.9 (v. CALAND 87) De st®230 (‡ tust°rfi) ‘renverser’ (cf. association avec st®˙ute et st®˙avai dans JB 2.73) Litt.: CALAND 87, CHARPENTIER 40, GÜNTERT 83, INSLER 1969: 62n. 6 ‘renverser + dés.’, avec acc. • JB 2.73 manufiyasenayå våva nu ta« st®˙ute yaμ tist¥rfiate ‘Vraiment, maintenant, avec l’armée des hommes, il renverse celui qu’il désire renverser’ La juxtaposition d’un thème dés. et d’un autre non-dés. de la même racine sert globalement à représenter l’achèvement positif d’une action désirée ou entreprise.
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tust°rfi prés. ind. act. 3sg. túst°rfiati BK 3.1.12.12 – moy. 3sg. túst°rfiate MS 1.8.3: 118,13 = ÃpS 6.6.4; PB 12.13.6 part. moy. túst°rfiamå˙a- MS 1.8.3: 118,11; KB 4.5.9; B 2.2.2.14 (v. AiS 228) = BK 1.2.2.9; VB 520,25 9x simplex (2x YVpr; 6x Br; 1x S) dont 1x act. (Br) et 8x moy. (YVpr; Br; S) De st®230 (‡ tist¥rfi) ‘renverser’ (cf. associations avec st®˙uté dans MS 1.8.3: 118,11-13 et B 2.2.2.14, avec st®˙v¥ya dans KB 4.5.9) Litt.: CALAND 87, GÜNTERT 83 (act. et moy.) ‘renverser + dés.’. Parmi les exemples on retiendra BK 3.1.12.12 dont la particularité est la forme act., ce qui est inhabituel pour la racine st®, essentiellement attestée au moy.: • BK 3.1.12.12 átha yá« sá tsárati yáμ túst°rfiaty abhí haivàinaμ bhavati ‘Et il domine celui qu’il approche furtivement, celui qu’il tente de renverser’. Peut-être y-a-t-il un analogisme de diathèse par rapport à tsárati. En tout cas, sur le plan sémantique, le parallèle entre ces deux formes est intéressant puisqu’il suggère pour le dés. la connotation d’une tentative qui approche lentement vers son but. Le part. sert dans le cadre d’une prescription de rituel à caractériser un sujet comme désireux ou préoccupé par l’achèvement de l’action ‘renverser un ennemi’: • KB 4.5.9 sa efia tust°rfiamå˙asya yajñaª sa ya icched dvifiantaμ bh®åt®vya« st®˙v¥yeti sa etena yajate st®˙ute hi ‘Ce sacrifice (= le sårvaseniyajña) est réservé à celui qui aspire à renverser (un ennemi). Un qui désire: ‘puis-je renverser mon ennemi haïssant. Un tel doit sacrifier avec ce sacrifice et il renverse (son ennemi)’
t°t°rfi prés. ind. act. 3sg. tût°rfiati RV 10.100.12d (v. GÜNTERT 94)
155
De tur ‘avancer vite’. Litt.: CHARPENTIER 105, 110, GÜNTERT 83, 94, 95 ‘avancer vite/devancer + dés.’ • RV 10.100.12 citrás te bhånúª kratuprâ abhifi†íª sánti sp™dho
jara˙iprâ ádh®fi†ås / rájifi†hayå rájyå paßvá â gós t´°t°rfiati páry ágraμ duvasyús // ‘Ausgezeichnet ist dein Glanz die gedanken erfüllend deine Überlegenheit. Es sind Nebenbuhler da, die unangefochten das volle Alter erreichen. In geradester Linie bestrebt sich der Huldiger, die Spitze der Rinderherde zu überholen’ (GELDNER) Le påda final tût°rfiati páry ágraμ duvasyúª, de l’unique strophe Trifi†ubh de ce s°kta, correspond au refrain final â sarvátåtim áditiμ vr˙¥mahe, des 11 strophes Jagat¥ précédentes. Peut-être la quantité de la voyelle de redoublement a-t-elle été analogiquement allongée parallèlement à â, syllabe initiale de ce refrain. Sur le plan sémantique, le dés. est utilisé pour marquer l’effort fructueux et valorisant du poète pour atteindre l’objectif de son poème, en contraste avec la victoire facile des concurrents décrite dans b.
dits prés. ind. act. 2sg. dítsasi RV 1.170.3d (CHARPENTIER 85), 4.32.8b = 8.14.4c (CHARPENTIER 85; 5 AV 20.27.4c), RV 4.32.20c (CHARPENTIER 85) et 8.88.3c – 3sg. dítsati AV 12.4.2d = 12.4.12b = AVP 17.16.2b = AVP 17.17.2b et AV 12.4.13d 5 12.4.19 5 AVP 17.17.3b 5 AVP 17.17.8b; AVP 10.12.3a; JB 1.2664x – 3pl. ditsanti JB 2.75 – moy. 3sg. åditsate JB 1.2654x (v. OERTEL I/322; érronément indiqué dans VPK II/77 comme composé privatif aditsatas 153 )
153 L’interprétation ‘To someone who wants to take something from him he is willing to give it.’ de BODEWITZ (1990: 150) pour JB 1.265 so Øsyåditsata upajih¥rfiate semble se baser sur un part. act. dat. sg. *åditsate, bien que å+då soit exclusivement moy., et sur un sens ‘donner’ pour upajih¥rfiate alors que upa+h® moy. signifie ‘recevoir, receptionner’ (v. PW ‘empfangen’). Pour ce passage VPK II/77a indique un composé privatif aditsatas ‘non désireux de donner’qui ne convient pas non plus parce qu’il contredit le contexte général, dans lequel aucun participant n’est contre le fait de donner. Seule interprétation possible donc, un Ind. moy. 3sg. åditsate, ce qui oblige à
156
impf. act. 3du. aditsatåm PB 13.7.12 – moy. 3pl. âditsanta TS 1.5.1.1; MS 3.9.1: 112,12; PB 7.5.6; JB 3.117 (v. OERTEL II/1489) opt. prés. act. 1sg. dítseyam RV 8.14.2a (= S/AV) – 3sg. ditset BauS.3.29: 103,3; HiS 17.6.42 part. act. dítsant- RV 2.14.10d, 6.53.3a (áditsantam), 7.32.5a 5 9.61.27b (= SV), et 8.81.3b (= SV); AV 3.20.8c (áditsantam) = AVP 3.34.4c = KSm 14.2: 201,16 = TSm 1.7.10.1 = MSm 1.11.4: 165,6 = VS 9.24 = VSK 10.34 (corrigé pour âditsantam), AV 5.7.6c = AVP 7.9.8c; AVP 7.9.3d; MSm 4.14.17: 245,7 (+áditsan pour dhípsyam [v. MITTWEDE 1986: 202])154 5 TÃ 2.4.1 (áditsan) – pass. åditsyamåna- JB 3.117 (v. OERTEL II/1489 et s.) adj. ditsú- RV 5.39.3a (v. CHARPENTIER 114) 51x (12x RV; 15x AV; 6x YVm; 2x YVpr; 13x Br; 1x Ãr; 2x S) dont 41x simplex act. (RV; AV; YVm; Br; Ãr; S), 1x simplex adj. (RV), 8x å+ moy. (YVpr; Br) et 1x å+ pass. (Br) ‡ Mbh De då294 (‡ didås) ‘donner’ (cf. associations avec dehi dans RV 4.32.20, avec dåpayatu dans AV 3.20.8) Litt.: CHARPENTIER 68, 109, 114, GÜNTERT 102, 118, INSLER 1969: 61, 62, 64, LEUMANN 117 et s. 1) (simplex) ‘donner, offrir + dés.’, avec ou sans acc. 2) (å+) ‘prendre + dés.’, avec acc., mais gén. dans JB 1.265. Ce thème, vu l’éventail et le nombre des attestations, doit être considéré comme la formation dés. régulière de la racine då. Les deux lexèmes sont parfaitement en accord avec les sens habituels de la racine et on ne relève aucune tendance à la lexicalisation. Dans la grande majorité des exemples, dits marque l’effort de volonté de donner. Dans ceux du RV le sujet est soit Indra prêt à donner au mortels, soit le mortel enclin à offrir aux dieux: • RV 8.81.3 nahí två ß°ra devâ ná mártåso dítsantam / bh¥máμ ná gâμ våráyante // ‘Wenn du geben willst, halten dich ja weder Götter noch Sterbliche auf so wenig wie einen furchtbaren Stier o Held’ (GELDNER) L’effort de volonté est expressivement caractérisé par la métaphore avec un taureau que l’on ne peut arrêter. considérer so Øsyåditsata upajih¥rfiate comme deux phrases distinctes, ‘Il (le chanteur) désire prendre de cette (part). Il (le Brahman) désire recevoir (de cette part)’. 154 5 ádåsyan AV 6.119.1b et TB 3.7.12.3.
157 • RV 4.32.8 ná två varante anyáthå yád dítsasi stutó maghám /
stot™bhya indra girva˙aª // ‘Nicht halten sie dich auf andere Weise ab, wann du gepriesen den Sängern eine Gabe schenken willst, du Lobbegehrender’ (GELDNER) Même image dans cet exemple, Indra est incoercible lorsqu’il est agent de dits. Son geste généreux ne peut que s’accomplir jusqu’au bout. • RV 2.14.10 ádhvaryavaª páyasódhar yáthå góª sómebhir ¥m p®˙atå bhojám índram / védåhám asya níbh®tam ma etád dítsantaμ bhûyo yajatáß ciketa ‘Adhvaryu’s! Füllet den gastfreien Indra mit Soma an wie das Euter der Kuh mit Milch! Ich kenne ihn; das steht für mich fest: Der Vehrungswürdige beachtet den, der mehr geben will’ (GELDNER) Dans les exemples atharvavédiques dits est le plus souvent utilisé avec négation pour faire référence à l’absence de volonté à donner ce qui devrait justement l’être: • AV 12.4.13c-d hí«ste ádattå púrufiaμ yåcitâm ca ná dítsati // ‘she, ungiven, harms a man, if he is not willing to give her when asked for’ (WHITNEY). Le composé å+dits est quant à lui attesté en prose dans différents passages légendaires pour faire référence à une tentative de prendre un objet contre la volonté de quelqu’un d’autre: • TS 1.5.1.1 devås°r⪠sáμyattå åsan té devâ vijayáμ upayánto Øgnaú våmám vásu sáμnyàdadhatedám u no bhavifiyati yádi no jefiyánt´îti tád agnír nyàkåmayata ténâpåkråmat tád devâ vijítyåvarúrutsamånå ánvåyan tád asyá sáhas´åditsanta sò Ørod¥t... ‘The gods and the Asuras were in conflict; the gods, in anticipation of the contest, deposited in Agni their desirable riches (thinking), ‘This will still be ours, if they defeat us.’ Agni desired it and went away with it. The gods having defeated ( the Asuras) pursued (Agni) desirous of recovering it. They sought violently to take it from him. He wept...’ (KEITH)
didås part. act. dídåsant- RV 10.151.2b (= TB.2.8.8.6) pf. act. 2sg. didåsitha ABm 8.21.10 = åS 16.16.3 De då294 (‡ dits) ‘donner’ (cf. association avec dádatas dans RV 10.151.2b et dåtum arhati dans AB 8.21.10m)
158
Litt.: CHARPENTIER 26, 109, 111, EWA I/715, GÜNTERT 118, INSLER 1969: 62, 64, LEUMANN 117, 118, 119 ‘donner, offrir + dés.’, avec acc. dans AB 8.21.10m Cet autre thème dés. de då est marginal par rapport à dits. L’étrange forme pf. non-périphrastique 2sg. didåsitha dans le mantra ABm 8.21.10 n’a de parallèle que dans sifiåsátur (RV 9.47.5a) de san ‘gagner’ (‡ sifiås): • ABm 8.21.10 na må martyaª kaß cana dåtum arhati vißvakarman bhauvana måμ didåsitha ‘No man whatsoever ought to give me, O Vißvakarman Bhauvana, thou hast been fain to give me’155 (KEITH) Le mantra est prononcé par la terre, c’est-à-dire le sol qui (cf. EGGELING V/421 n.1, pour B 13.7.1.15) fut laissé pour compte par Vißvakarman Bhauvana comme honoraire d’un sacrifice. Le dés. fait manifestement référence à la volonté de donner.
did¥kfiifi prés. opt. moy. 3sg. did¥kfiifieta AB 4.25.3 De d¨¨¥kfi ‘se consacrer’ (‡ d¥kfi) ‘se consacrer + dés.’ • AB 4.25.3 tasmåd evaμ vidvån d¥kfiamå˙efiu p°rvaª p°rva eva
did¥kfiifieta ‘C’est pourquoi un qui sait cela doit s’efforcer de se consacrer le tout premier parmi ceux qui se consacrent’. Le dés. représente un effort d’empressement pour l’action ‘se consacrer’:
did®kfi prés. ind. moy. 3sg. did®kfiate B 6.3.3.8 – 3pl. díd®kfiante RV 3.30.13a (v. GONDA 1979: 196); JB 1.2492x, 2.66 et 3.2032x; B 3.1.2.16 = BK 4.1.2.9; BÃUM 1.3.27 = BÃUK 1.3.25 155 5 B 13.7.1.15 ...mandá åsitha ‘...tu étais fou’.
159
impf. moy. 3pl. adid®kfianta KS 20.5: 23,15 (v. SCHROEDER 1900 II/23n.5) = KpS 31.7 opt. prés. moy. 3sg. did®kfieta JB 1.104 part. moy. did®kfiamå˙å- JB 1.2492x fut. pér. moy. did®kfiitâras B 11.2.7.12 (v. AiG II/2: 678 et TICHY 1995: 37 et s.) gdf. did®kfiénya- RV 1.146.5a et 5.55.4b (v. GONDA 1959: 84); KS 37.1: 85,8 = TB 2.7.9.4; ÃpS 22.26.19; HiS 23.4.33 – did®kfiéya- RV 3.1.12b adj. did´®kfiu- RV 7.86.3a (v. ci-dessous) 25x simplex (5x RV; 3x YVpr; 13x Br; 2x Up; 2x S) dont 17x moy. (RV; YVpr; Br; Up), 7x gdf. (RV; YVpr; Br; S), 1x adj. (RV) ‡ Cl. De d®ß97 ‘voir’. Litt.: CHARPENTIER 58, 110, 114, 115, 119, GÜNTERT 89, 132, LEUMANN 116, OLDENBERG 1916: 176 ‘voir + dés.’, avec acc. Une particularité du thème dés. did®kfi est d’être un Medium tantum sans valeur particulière156, alors que le moy. de d®ß est passif. La forme paroxytonisée de l’adj., did´®kfiu, dans RV 7.86.3a p®ché tád éno varu˙a did™kfiu‰ ‘Ich frage mich neugierig nach der Sünde’ (GELDNER), ne peut s’expliquer que dérivationnellement comme un retrait d’accent pour caractériser l’usage adverbial de la forme nt. de l’adj. *did®kfiú -, comme le suggère LANMAN (405 et s.), repris par OLDENBERG (1912: 59) même si, comme le remarque WACKERNAGEL (AIG II/2/468), il n’y a aucun parallèle pour une telle accentuation157. Il n’y a aucune association contextuelle avec une forme de la racine d®ß, on notera par contre celle avec paßyåma de paß ‘voir’ dans JB 3.203, ce qui confirme l’usage supplétif de d®ß pour cette racine. En ce qui concerne l’usage et la valeur sémantique, le dés. de d®ß représente caractéristiquement un engouement, un emballement, pour voir un
156 J. GONDA (1979: 196) justifie néanmoins le moy. dans RV 3.30.13a comme
l’expression du désir personnel des humains de revoir le soleil après chaque nuit. 157 Pour argumenter son opinion, OLDENBERG mentionne suhántu dans RV 7.19.4d, un soit-disant autre exemple de formation adverbiale dérivée d’adj. La comparaison n’est cependant pas correcte puisqu’à l’inverse de did´®kfiu l’accentuation radicale de suhántu est totalement régulière, par rapport aux exemples de composés similaires (cf. AIG II/2/651), tel suyántubhis dans RV 5.44.4c.
160
objet, un phénomène, ou une personne déterminée. L’action concrète pourrait être interprétée comme un acte visuel duratif, ou fréquentatif, accompli avec une certaine intensité, ce qui n’a cependant rien à voir avec une difficulté quelconque qui entraverait la vue, mais provient bien de cette affection de l’agent pour la chose, la personne, ou le phénomène en question. Voici deux exemples qui illustrent cette valeur sémantique particulière: • RV 3.30.13 díd®kfianta ufiáso yâmann aktór vivásvatyå máhi citrám án¥kam / víßve jånanti mahinâ yád âgåd índrasya kárma súk®tå purû˙i // ‘Sie verlangen beim Kommen der Morgenröte aus dem Dunkel (der Nacht) das grosse, prächtige Anlitz der Aufleuchtenden zu sehen. Alle erkennen, wenn sie in ihrer Herrlichkeit gekommen ist: Des Indra viele Werke sind wohlgetan’ (GELDNER) Dans la strophe précédente le poète décrit la course du soleil comme dirigée par Indra. Le même thème est conservé dans cette strophe 13 en mettant en évidence l’agrément que cette action d’Indra apporte aux humains. Vu le caractère répétitif de la course du soleil, on interprète de la même manière un action fréquentative pour díd®kfianta ‘(chaque jour) regardant avec enthousiasme...’ • B 3.1.2.16 tásmåd u suvâså evá bubh°fiet sváyå tvacâ sám®dhyå íti tásmåd ápy aßl¥lá« suvâsasaμ did®kfiante sváyå hí tvacâ sám®ddho bhávati ‘Hence also one should take care to be properly clad, so that he may be completely endued with his own skin. Hence also people like to see even an ugly person properly clad, since he is indued with his own skin’ (EGGELING) Les deux dés. bubh°fiet et did®kfiante s’accordent respectivement à deux contextes différents: le premier marque un effort de volonté et d’attention pour le respect d’une règle générale de la vie sociale, le second fait référence à l’agrément qui accompagne la vue d’une personne bien habillée.
didråpayifi prés. ind. act. 3sg. dídråpayifiati B 9.1.1.24 Du caus. dråpaya- de drå302 courir’ (cf. association avec dråpayati) ‘
‘faire courir + dés.’, avec simple acc. • B 9.1.1.24 efiá vái táμ dråpayati yáμ dídråpayifiati
161
‘Vraiment il fait courir celui qu’il désire faire courir’ Il s’agit du même usage que pour vicíks¥fianti dans le ka˙∂ikå précédent (‡ cikfi¥fi)
didhårayifi opt. prés. moy. 3sg. didhårayifieta VådhS 14.4.25 ‡ S° Du prés. dhåraya- de dh®104 (‡ didh¥rfi) ‘tenir’ (cf. association avec l’inf. dhårayitum) ‘retenir + dés.’ Le moy. semble plutôt être réflexif indirect que direct158 et il faut restituer un complément direct : • VådhS 14.4.25 na chardayeta / tam u cec chardikå vindyåd yathåßåkaμ didhårayifieta / atha yadi ßaknuyåd dhårayitum cåtvålaμ vå jaghanena gårhapatyaμ vå paridhiμ k®två chardayeta ‘Il ne doit pas vomir. Si le vomissement lui survient, il doit s’efforcer de (le) retenir comme il peut. S’il peut (le) retenir, après avoir fait une clôture derrière le cåtvala- ou le gårhapatya-, il doit vomir’. Le dés. met l’accent sur l’effort nécessaire pour réaliser l’action en question.
didhifi prés. ind. act. 1sg. dídhifiåmi RV 2.35.12c (au sujet de l’éventuelle tmésis sám... v. GELDNER I/322n. 12cd et EVP XIV/34n. 104) – 3pl. didhifianti RV 2.35.5b (v. EVP XIV/34n. 104) – moy. 1pl. dídhifiåmahe RV 10.132.3a (v. EVP VII/63n. 3ab) – 3pl. dídhifiante RV 4.18.7b (ind. didhifiante ou inj./subj.didhifianta [v. IiV 246n. 262), 10.63.1a (= AB 5.2.11 / KB 22.6.11; ind. dídhifiante ou part. act. nom. pl. dídhifiantas [v. GELDNER III/223n. 1a et EVP IV/116n. 1a]) 158 Pour le moy. de dhåraya-, par contre, PW indique les sens ‘se tenir à’ avec acc. et
‘appartenir à’ avec dat.
162
inj. prés. moy. 3pl. didhifianta RV 1.132.5f imp. prés. act. 3pl. didhifiantu RV 3.8.6d (v. EVP X/113) opt. prés. act. 1pl. didhifiema RV 8.96.6c – moy. 1sg. didhifieya RV 7.32.18c (= AV 20.82.1c) part. moy. dídhifiåna- RV 10.114.1c gdf. didhifiâyya- RV 1.73.2d et 2.4.1c (= KSm 39.14: 131,13) – +didhifie˙yam JB 3.302x (+didhifi‰ pour dadhifi‰, la forme correcte est indiquée sous dhifi dans VPK II/780) adj. didhifiú- RV 1.71.3b (v. CHARPENTIER 115, EVP XII/90), 6.55.5a (v. CHARPENTIER 115), 10.18.8c (= AV 18.3.2c / Tà 6.1.3c; v. CHARPENTIER 115, WHITNEY II/849, EVP XVI/127 et THIEME: 453 et s.) et 10.78.5b (v. CHARPENTIER 115, GELDNER et EVP X/113); AVP 1.70.1b (daidhifiavyam), 1.70.2d (id.), 1.70.4a (didhifi°patis159) et 9.22.18 (+didhifi‰ pour didifi‰); KSm 18.21: 282,11 = MSm 4.13.7: 209,2 (+didhifi‰ pour dadhifi‰ [v. MITTWEDE 1986: 200]) = TBm 3.6.12.1; TSm 3.2.4.4 (daidhifiavya) = ÃßS 1.3.30; KS 31.7: 9,8-92x (agredidhifiu- ) = KpS 47.72x et KS 31.7: 9,92x (didhifi°pati-) = KpS 47.72x; TB 3.4.4.1 (didhifi°pátim) 36x simplex (16x RV; 4x AV; 5x YVm; 8x YVpr; 3x Br) dont 4 (?5)x act. (RV), 6x moy. (RV), 4x gdf. (RV; Br), 22x adj. (RV; AV; YVm/pr; Br) ‡ Cl. (adj. didhifiu- ) De dhå307 (‡ dhits) ‘mettre’ Litt. (au sujet de didhifiú- v. ci-dessous): AIG I/103, CHARPENTIER 27, 110, 115, GÜNTERT 85, 116, 124, 127, INSLER 1969: 61, 63, 64n. 8, LEUMANN 118 1) (act. dans RV 2.35.12c et 8.96.6c) ‘fixer + dés.’160, avec acc. et instr. 2) (act. dans RV 3.8.6d) ‘gagner + dés.’161, avec acc. et dat. 3) (moy.162, et adj. dans 1.71.3b) ‘prendre, obtenir + dés.’163, avec acc.164 4) (adj. substantivisé 159 5 AV 6.112.3a párivittas ‘frère aîné devancé en mariage par un plus jeune’ (v.
PW). 160 cf. p.ex. le sens de dadhåma dans RV 10.108.3c. 161 cf. p.ex. le sens de dádhåsi dans RV 1.94.14c. 162 v. GONDA 1979:194 et s. 163 Il faut relever deux traductions qui ne tiennent compte d’aucune valeur affective
du moy.: RV 4.18.7b índrasyåvadyáμ didhifianta âpas ‘beabsichtigen sie (= les eaux) Indras Schande darzulegen’ (HOFFMANN [IiV 246]; le sens ‘énoncer’ étant habituellement réservé au composé avec abhi+ [v. VIA I/298]) et RV 1.132.5f índra okyàμ didhifianta dh¥táyas ‘Ô Indra, die [formulierten] Gedanken wollen [dir] Behagen bereiten’ (OBERLIES [1998: 400n. 37]). 164 acc. personæ dans RV 7.32.18c et 10.132.3a (cf. pour dhå RV 10.10.1c nápåtam âdadh¥ta ).
163
dans RV 6.55.5a et 10.78.5b)165 ‘prétendant’5) (adj. fém. substantivisé premier membre de composé déterminatif dans AVP 1.70.4a et 9.22.18, KS 31.7: 9,9 et TB 3.4.4.1) ‘femme mariée avant sa soeur aînée’ 6) (adj. fém substantivisé, dans le dérivé patronymique daidhifiavya-, AVP 1.70.1b, 1.70.2d et TSm 3.2.4.4 = ÃßS 1.3.30) ‘femme remariée’ 7) (adj. masc. substantivisé second membre de composé déterminatif dans KS 31.7: 9,8) ‘homme marié à une veuve’ Ce thème est nettement mieux attesté que son doublet dhits, mais les formes aux modes personnelles se limitent au RV. Seul l’adj. didhifiú- est partiellement lexicalisé. Au moy., didhifi est surtout utilisé pour marquer un effort de détermination de la part des humains dans l’accomplissement d’une action symboliquement importante qui engage également la participation d’un dieu: • RV 8.96.6 tám u fi†avåma yá imâ jajâna víßvå jåtâny ávarå˙y asmåt / índre˙a mitráμ didhifiema g¥rbhír úpo námobhir vrfiabháμ vißema // ‘Ihn wollen wir preisen der alle diese Geschöpfe erzeugt hat die nach ihm kommen. Mit Indra möchten wir Freundschaft schliessen durch Lobesworte; wir wollen uns unter Verbeugungen zu dem Bullen setzen’ (GELDNER) Ces paroles sont celles des prêtres, impressionnés par Indra qui, arme à la main, est sur le point d’abattre V®tra (cf. GELDNER II/422n. 6). On remarque le contraste entre ce thème dés. opt. 1pl. didhifiema et le prés. opt. non-dés. vißema. Ce contraste se justifie par le fait que ‘sceller l’amitié’ est une action qui ne dépend pas uniquement de la volonté du sujet parlant. Le dés. marque donc l’effort des prêtres accompli dans ce sens. • RV 10.132.3 ádhå cin nú yád dídhifiåmahe våm abhí priyáμ rék˙aª pátyamånåª / dadvân vå yát púfiyati rék˙aª sáμ v åran nákir asya maghâni // ‘Maintenant d’autant plus, que nous nous efforçons de vous gagner, prenant possession de la chère part d’héritage, ou (maintenant) que le donneur d’offrande laisse croître la part d’héritage; et personne n’a encore constitué son cadeau166’ L’hymne 10.132 présente dans son ensemble beaucoup de problèmes d’interprétation, mais la valeur sémantique du dés. dídhifiåmahe est relativement facile à justifier. Le poète exprime à Mitra et Varu˙a (= v å m) un
165 v. EWA I/725, EVP X/113 et XV/150, THIEME 453 et s., ZEHNDER 1993: 121. 166 cf. GELDNER ‘Noch keiner hat dessen Geschenke aufgebracht’ et le commentaire en bas de page, plutôt que KÜMMEL (238) ‘und nicht sind dessen Gaben zusammengekommen (...)’. Quelle que soit l’interprétation de sám...åran le sens général du påda est que l’offre en question reste disponible.
164
argument afin qu’ils assurent aux prêtres leur amitié durant les combats contre leurs ennemis, un thème introduit dans la strophe précédente. En substance, cet argument fait référence à leurs efforts pour gagner les déités, qui consiste à leur présenter une offrande exceptionnelle. • RV 1.132.5f índra okyàμ didhifianta dh¥táyas ‘Ô Indra, die (formulierten) Gedanken wollen (dir) Behagen167 bereiten (...)’ (OBERLIES [400n. 37]) Le thème de l’hymne étant la concurrence entre le poète et ses rivaux, il est clair que dans cette phrase le dés. sert à mettre en évidence l’effort positif et fructueux des bonnes pensées (du poète même) à accomplir une action qui plaît aux dieux, en contraste avec les actions des concurrents avides, décrites au début de cette stophe, qui agissent seulement dans leur propre intérêt. Les deux exemples ind. act. sont dans un même hymne adressé à Apåm Napåt et présentent la particularité que les actions auxquelles ils font référence sont manifestement répétitives: • RV 2.35.5a-b asmái tisró avyathyâya nâr¥r devâya devîr didhifianty ánnam / ‘Trois femmes, déesses, s’efforcent de lui (= Apåm Napåt) mettre des aliments, à lui, le dieu, qu’on ne peut pas laisser vaciller’ D’après GELDNER (I/321n. 5ab) les trois nourricières sont les mères d’Apåm Napåt. Vu le complément avyathyâya ‘qu’on ne peut laisser vaciller’ (a-vyathyá- avec comme second membre le gdf. du caus. vyatháya- de vyath ‘chanceler, vaciller’), l’action représentée par le dés. ind. 3pl. didhifianti doit être la maintenance du feu par le posage répété de combustibles. Le dés. se justifie donc pour mettre en évidence l’effort qu’une telle action exige. • RV 2.35.12 asmái bah°nâ« avamâya sákhye yajñáir vidhema námaså havírbhiª / sá« sânu mârjmi dídhifiåmi bílmair dádhåmy ánnaiª pári vanda ®gbhíª // ‘Ihm als dem untersten (nächsten) Freunde der vielen wollen wir mit Anbetung, mit Verbeugung, mit Opferspenden aufwarten. Ich reibe den Rücken (der Feuerstätte), suche (ihn) mit Spänen aufzufangen, versehe ihn mit Nahrung, schmeichele ihm mit Versen’ (GELDNER) Des trois actions mentionnées dans les pådas c et d, une seule est exprimée avec un dés., en l’occurrence le captage du feu à l’aide de copeaux. Ce choix se justifie par la difficulté objective de l’action dont le succès dépend de l’habileté de l’agent. Comme dans l’exemple précédent l’action semble être répétitive: le captage progressif par jets de copeaux.
167 Pour okyàm le sens ‘plaisir’ (cf. RV 10.44.9c) est plus adapté au contexte que
‘foyer’ interprété par GELDNER (‘Die frommem Gedanken möchten sich bei Indra eine Heimstätte bereiten’).
165
Parmi les autres exemples caractéristiques on note l’imp. 3pl. didhifiantu dans RV 3.8.6, qui est une demande pour un effort de volonté de la part des poteaux de sacrifice afin de réaliser une action au bénéfice des humains. Ce genre d’appel à la coopération d’un dieu, exprimé avec une forme dés. est relativement fréquent dans le RV: • RV 3.8.6d prajâvad asmé didhifiantu rátnam // ‘Puissent-ils (les poteaux sacrificiels) s’efforcer de nous procurer un trésor riche en descendances’ Enfin il faut signaler un exemple de dés. dans une phrase interrogative: • RV 4.18.7a-b kím u fivid asmai nivído bhananténdrasyåvadyáμ didhifianta âpas / ‘Reden sie ihm einladende Worte nach, (oder) beabsichtigen die Gewässer Indra’s schande?’ (GELDNER). Le dés. s’y justifie pour mettre l’accent sur une action seulement intentionnée. En ce qui concerne l’adj. didhifiú-, dont le sens de base est manifestement dérivé du moy. affectif ‘prendre à son compte + dés.’, il faut noter dans RV 1.71.3b qu’il s’agit d’une action efforcée, contre-nature et animée par une mauvaise pensée168: • RV 1.71.3 dádhann ®táμ dhanáyann asya dh¥tím âd íd aryó didhifivó víbh®tråª / át®fiyant¥r apáso yanty áchå devâñ jánma práyaså vardháyant¥ª // ‘Sie stellten das Gesetz fest, sie brachten die Erkenntnis dieses in Umlauf. Seitdem sind die begehrlichen (Gedanken) des Nebenbuhlers (wie) Kinder, die noch getragen werden. Nur die Gierlosen (Gedanken) des geschickten (Sängers) gehen zu (ihnen), indem sie das Geschlecht der Götter mir Labsal stärken’ (GELDNER) L’adj. dés. didhifivas qualifie les pensées avides des concurrents en contraste avec át®fiyant¥s du påda c pour les pensées non-assoiffées des prêtres de la secte du poète. Cette valeur négative se spécialise dans le contexte matrimonial, pour désigner ceux ou celles qui désirent se prendre illégalement un conjoint. La substantivisation de l’adj. à partir de ce sens commence dès le RV p.ex. 6.55.5a, måtúr didhifiúm abravam, où il représente P°fian comme le prétendant de sa mère (cf. MACDONELL 1897: 35 et OBERLIES 203 et s.)169.
168 cf. THIEME (455) ‘didhifiu ist begleitet von der Konnotation, dass der so bezeichnete etwas tun will was natürlicherweise nicht möglich scheint’. 169 Même valeur de substantif probablement dans 10.78.5b didhifiávo ná rathyઠ(5 åpo ná...jigatnávas, áßvåso ná...jyéfi†håsas dans a et c, où la particule ná suit directement un substantif de comparaison) qui qualifie les Maruts comme prétendants ou courtisans (cf. MACDONELL 1897: 79).
166
Dans AV et les Br, didhifiú- n’est plus que substantif et possède des sens spécialisés. Le composé agredidhifiu-, dont la seule attestation védique, KS 31.7: 9,8-9 = KpS 47.7 agredidhifiå agredidhifius ne permet pas d’analyse précise, signifie selon le Dharmaßåstra de GAUTAMA (15.6) ‘homme marié en premières noces à une veuve’170. Le composé didhifi°páti-, attesté dès l’AVP, désigne, selon les commentaires (p.ex. celui de TB 3.4.4.1), l’époux d’une femme mariée avant sa soeur aînée. Le dérivé v®ddhi daidhifiavya- signifie selon PW, et KEITH pour TS 3.2.4.4, ‘fils d’une femme remariée’. Le sens du voc. sg. didhifio adressé à Vanaspati est obscur dans KSm 18.21: 282,11 = MSm 4.13.7: 209,2 = TB 3.6.12.1, le commentaire de TB l’interprète comme dhåra˙akußala ‘Ô (toi) apte à tenir’.
didh¥rfi impf. act. 3pl. adidh¥rfian MS 3.6.9: 72,10171 ‡ Cl. (adj. didh¥rfiu-, Na didh¥rfiå-) De dh®104 (‡ didhårayifi) ‘tenir’ 5 Av. d®darΔ¯a- (inj. 3sg. d®darΔ¯at¶ Y 46,7) de dar ‘tenir’ Litt.: CHARPENTIER 38, GÜNTERT 83, 116, KELLENS 1984: 196 et s. ‘maintenir + dés.’ Sur le plan morphologique, la forme du degré zéro radical contraste avec celle de l’adj. verb. dh®tá-. En ce qui concerne le sens et l’usage, il est clair que le choix du dés. dans cet unique exemple se justifie pour marquer une tentative délicate: • MS 3.6.9: 72,9-10 ánnaμ vái manufiyèbhyå údab¥bhatsata tád devâ manufiyèfiv adidh¥rfian tád âpo Øbruvan vayáμ +ta +etân ßúndhåmâthopâvartasvéti táto Ønnaμ manufiyän +upâvartata172 ‘La nourriture fut dégoûtée par les hommes. Les dieux essayèrent de la maintenir près des hommes. Les eaux lui dirent: „Nous allons les purifier pour toi. Alors reviens!“. Après cela la nourriture revint jusqu’aux hommes’
170 Pour la construction de ce composé cf AiG II/1/249. 171 5 +ayiyå«san KS 23.5: 80,16 (‡ +yiyå«s). 172 v. MITTWEDE 1986: 123.
167
?didh®kfi SV 3.1.1173 = JS 2.4.10 indra jyefi†haμ na å bhara ojifitha pupuri ßravas / yad didh®kfiema vajrahastå rodas¥ ubhe sußipra paprås 5 RV 6.46.5c (= AV 20.80.1c) índra jyéfi†haμ na â bharan ójifi†ham pápuri ßrávas / yénemé citra vajrahasta ródas¥ óbhé sußipra prâs // ‘Indra, bring uns den höchtsten, stärksten, (alles) erfüllenden Ruhm, mit dem du wunderbarer Keulenträger diese beiden Welthälften erfüllest, du Schönlippiger’ (GELDNER). La forme pourrait être un dés. prés. opt. act. 1pl. de d®h98 attacher’ou de dh®fi418 ‘se jeter sur, oser’. ‘
didhyås imp. prés. moy. 2sg. nídidhyåsasva BÃUM 2.4.4 5 4.5.5 = BÃUK 2.4.4 = BÃUK 4.5.5 gdf. nididhyåsitavyà- BÃUM 2.4.5 = 4.5.6 = BÃUK 2.4.5 = BÃUK 4.5.6 = Ã 13.1 9x ni+ (1x Ãr; 8x Up) dont 4x moy. (Up) et 5x gdf. (Ãr; Up) ‡ Cl. (ni+ n.a. et ni+ adj.) De dhyå593 ‘penser’ Litt.: CHARPENTIER 28, 111, GÜNTERT 119, INSLER 1969: 62 (ni+) ‘remarquer + dés.’, avec acc.174 Le moy. de ce thème dés. est isolé dans le paradigme de dhyå. Les seules autres formes moy. sont dhyåyate KS 24.3: 92,1175, dhyåyate GB 1.1.25: 17,15-17/18,2-4, dhyåyeta JB 1.323, +abhidhyåyeta pour ‰yåy¥ta KauU 3.8 (AzI II/371) et åS 10.21.14, +dhyåyeta idem pour dhyåy¥ta. Il n’apparaît régulièrement qu’à partir des Upanifiad récents176.
173 Ara˙yamkå˙∂a livre 6, chap. 3. 174 Dans BÃUM 2.4.4 vyåcakfiå˙ásya tú me nídidhyåsasvéti il faut sous-entendre
vâcam (cf. OERTEL I/510 et s.). 175 5 dhyåyati MS 3.7.5: 81,16-17. 176 À cette liste il faut encore ajouter dhyåyante pour KB 27.11.3 indiqué dans VPK
II/788a qui est une v.l. pour dhyåyanti.
168
Toujours sur le plan morphologique, le composé avec ni+ n’est attesté qu’une seule fois dans VådhS 14.1.31 I nainåμ nidhyåtam ¥kfieta ‘il (= le consacré) ne doit pas la (= femme) regarder attentivement’. Pour ce qui est de la valeur sémantique, dans BÃUM 2.4.4, le seul exemple à un mode personnel, l’action est un effort d’attention prolongé durant une action verbale: • BÃUM 2.4.4 éhi âsva vyâkhyåsyåmi te vyåcakfiå˙ásya tú me nídidhyåsasvéti ‘Viens ici, assieds-toi ! Je vais t’expliquer. Mais efforce-toi de faire attention à ma (voix), lorsque je serai en train d’expliquer’ L’autre exemple indépendant, B à U M 2.4.5, laisse singulièrement contraster le dés. gdf. nom. sg. nididhyåsitavyàs avec deux autres gdf. de thèmes non-dés., probablement pour marquer un effort productif sur une action considérée comme plus difficile que les deux autres: • BÃUM 2.4.5 åtmâ vâ are drafi†avyઠßrotavyò mantavyò nididhyåsitavyàs ‘L’Ãtman, en vérité, are, doit être vu, entendu, pensé et désiré qu’on le remarque’
dips prés. ind. act. 3sg. dípsati RV 2.28.10c (= MSm 4.14.9: 229,4; v. NARTEN 1992: 147 et s.), 7.104.10a (= AV 8.4.10a / AVP 16.9.10; v. NARTEN 1992: 149), 7.104.11d (= AV 8.4.11d / AVP 16.10.1d; v. CHARPENTIER 86, NARTEN 1992: 148); AV 4.36.2b 5 AVP 10.12.7b, AV 5.14.2c = AVP 7.1.2c et AV 7.108.1a; AVP 10.12.6d; KSm 1.9: 4,13-173x177 = KpSm 1.93x – 1pl. dipsåmas KSm 1.9: 4,133x178 = KpSm 1.93x – 3pl. dípsanti RV 1.25.14c (v. EVP VII/14n. 14a) et 7.104.20b (= AV 8.4.20b / AVP 16.10.9b); AV 10.3.16c = AVP 16.64.6c, AV 19.49.7b et AV 19.65.1b = AVP 16.150.4b; KS 37.16: 96,5 imp. act. 2sg. dípsa AV 5.14.1b = AVP 7.1.1b subj. prés. act. 3sg. dípsåt AV 4.36.1c et 4.36.2b; KSm 16.7: 228,16 = KpSm 16.7 = MSm 2.7.7: 84,3 = TSm 4.1.10.3 = TÃm 2.5.2 part. act. dípsant- RV 1.147.3d (= YVm) = 4.4.13d, 2.27.3b (v. GELDNER I/309 et EVP VI/89); AV 4.36.2a = AVP 10.12.7a (ádipsatas), AV 4.36.2b 5 AVP 10.12.7b, AV 4.36.3c et 5.14.1c = AVP 7.1.1c; AVP 2.72.5; KS 32.1: 18,17
177 5 dvéfiti TSm 1.1 1.1.9.1 et MSm 1.1.10: 5,15. 178 5 dvifimás TSm 1.1 1.1.9.1 et MSm 1.1.10: 5,15.
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adj. (abhi)dipsú- RV 1.25.14c (v. CHARPENTIER 86, 115, EVP VII/14n. 14a), 2.23.10c (abhi+; v. CHARPENTIER 116), 2.23.13c (abhi+) et 7.104.20b (v. CHARPENTIER 116); AV 10.3.16d = AVP 16.64.6d (råfi†radipsávas) 56x (12x RV; 25x AV; 16x YVm; 2x YVpr; 1x Ãr) dont 50x simplex act. (RV; AV; YVm/pr; Ãr), 4x simplex adj. (RV; AV) et 2x abhi+ adj. (RV) De dabh88 ‘tromper, faire du mal’ (cf. 11 associations, soit entre plusieurs formes de dips prés., adj. ou part. [p.ex. AV 4.36.2a-b yó no dípsåd ádipsato dípsato yáß ca dípsati], soit entre une ou plusieurs formes de dips et avec une de dabh [p.ex. RV 7.104.20b índraμ dipsanti dipsávó ’dåbhyam]). 5 Av. di·πa- (inf. di·πaidii¶i- Y 45,4) de dab ‘tromper’ Litt.: CHARPENTIER 66, 115, 119, GÜNTERT 96, 97, INSLER 1969: 58, 59, 64, KELLENS 1984: 197, LEUMANN 116, NARTEN 1992, VIA I/193 (simplex et abhi+) ‘?nuire, faire du mal ou détériorer/altérer (v. ci-dessous) + dés.’ avec acc., loc. de concernement dans AV 10.3.16d, ou sans complément dans RV 1.147.3d et 2.27.3b. En ce qui concerne la valeur sémantique de dips, il faut d’abord faire quelques remarques concernant le sens de base du thème. Contre l’interprétation ‘vouloir du mal’ (NARTEN ‘anhaben’), celle-ci devrait plutôt être ‘détériorer/altérer’ dans un exemple tel que RV 7.104.10a yó no rásaμ dípsati pitvó agne ‘Qui essaye de détériorer l’essence de notre nourriture, Ô Agni’, vu le complément concret et inanimé rásam...pitvás. Dans les exemples où le complément est un être vivant cette action pourrait bien être une détérioration sur le plan moral p.ex. ‘tromper’, ‘trahir’ ou ‘déjouer’ (cf. WRV pour dabh p.ex. le sens n.4 jemand in Stich lassen). Pour RV 2.28.10 yó me råjan yújyo vå sákhå vå svápne bhayám bh¥ráve máhyam âha / stenó vå yó dípsati no v™ko vå tváμ tásmåd varu˙a påhy asmân //, il pourrait s’agir de ‘troubler (la quiétude de) qq.’, une action qui convient également bien aux loups et aux voleurs: ‘Toi, Varu˙a, protège nous de celui-ci, voleur ou loup qui tente de nous troubler, (de celui) qui, mon allié ou ami, m’effraye, me (rend) craintif dans le sommeil’. Quel que soit son sens de base exact, le dés. dips représente une action convoitée ou tentée. L’agent est la plupart du temps une personne hostile au sujet parlant ou à sa communauté. La mention de cette action occasionne une demande de protection, de punition ou de représailles: • RV 7.104.11d par᪠só astu tanvä tánå ca tisr᪠prthivîr adhó astu víßvåª / práti ßufiyatu yáßo asya devå yó no dívå dípsati yáß ca náktam
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‘Der soll um Leib und Kinder kommen; er soll unter alle drei Erdräume versinken. Sein Ansehen soll verdorren , ihr Götter, wer uns am Tag und wer uns bei Nacht zu schädigen sucht!’ (GELDNER) • AV 4.36.1 tân satyáujåª prá dahatv agnír vaißvånaró v´®fiå / yó no durasyâd dípsåc câtho yó no aråtiyât // ‘Them let him of real force burn forth, Agni Vaißvånara, the bull; who so shall abuse and seek to harm us, likewise who so shall play the niggard toward us’ (WHITNEY) Avec le dés. part. dípsant- un personnage est caractérisé de façon intemporelle par l’habitude d’être agent d’une telle action. L’exemple qui suit est l’un des rares où le sujet est une déité qui agit contre le mal et pour le bien des mortels. L’action doit être l’effort de volonté du dieu, qui se donne la peine d’agir ainsi: • RV 2.27.3 tá ådityâsa urávo gabh¥râ ádabdhåso dípsanto bh°ryakfi⪠/ ant᪠paßyanti v®jinótá sådhú sárvaμ râjabhyaª paramâ cid ánti // ‘Die Ãditya's, in die Weite und Tiefe reichend, (selbst) unbetört, während sie zu betören suchen, mit vielen Augen durchschauen sie das Böse und Gute im Innern. Alles auch die fernsten Dinge sind den Königen nahe’ (GELDNER) L’action de dips n’est pas nécessairement perçue comme dangereuse. Dans certains exemples la tentative est contextuellement représentée comme vaine ou sans succès possible: • RV 7.104.20b etá u tyé patayanti ßváyåtava índraμ dipsanti dipsávó Ødåbhyam / ßíߥte ßakr᪠píßunebhyo vadháμ n°ná« s®jad aßániμ yåtumádbhyaª // ‘Diese fliegen als Werwölfe umher. Den vor Schädigung sicheren Indra suchen die Schadensüchtigen zu schädigen. akra schärft für die Verleumder die Waffe. Möge er jetzt den Stein gegen die Zauberer schleudern.’ (GELDNER)
d¥kfi prés. ind. moy. 1sg. (anu)d¥kfie JBm 2.52 (anu+) = 3.359, 2.534x; Ã 7.1, 9.1; ÃpS 10.10.65x; HiS 10.2.14 – 3sg. (abhi)dîkfiate KS 9.15: 118,4-62x, 22.13: 69,1-2 (abhi+), 23.1: 73,9 = KpS 35.7, KS 23.3: 76,20-77,12x, 23.6: 81,7-173x, 23.7: 83,6 = KpS 36.4, KS 24.7: 97,14 = KpS 37.8, KS 34.9: 43,22-44,22x; TS 6.1.1.3, 6.1.1.4; MS 3.6.1: 59,13-60,66x, 3.6.2: 61,13, 3.6.3: 63,13, 3.6.4: 64,20, 3.6.7: 69,10, 3.7.3: 77,11, 3.7.8: 87,12-192x, 3.7.10: 91,10, 3.9.1: 113,20, 4.3.9: 48,17-182x; AB 2.3.9, 4.26.3, 4.28.72x, 7.20.5, 7.22.4, 7.23.4, 8.5.1; KB 7.1.2, 7.1.12, 7.3.13, 7.3.18 (abhi+), 7.6.31, 7.6.35 (abhi+), 10.5.1;
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JB 2.64, 3.298; PB 9.3.1; TB 2.3.5.4; B 3.1.1.1, 3.1.1.8 = 3.1.1.10 = BK 4.1.1.4 = BK 4.1.1.5, B 3.1.2.1 = BK 4.1.2.1, B 3.1.4.1 = BK 4.1.4.1, B 3.2.1.6 5 BK 4.2.1.3, B 3.6.3.12x (abhí+ et simplex) = BK 4.6.3.1, B 5.3.2.2, 5.3.2.4, 6.2.2.26, 6.2.2.27, 10.1.5.1, 12.1.1.11; BK 4.1.2.1, 4.1.3.152x, 4.1.3.19; GB 1.4.1: 93,8; åS 15.12.12 – 3pl. dîkfiante TS 7.4.8.124x; KB 7.2.3, 7.5.13, 7.5.16; JB 1.345, 2.26; PB 5.9.2, 5.4.52x, 5.4.8, 5.4.11, 25.10.1, 25.18.42x, ÛB 4.6.2; B 1.1.4.3, 4.6.8.5, 5.8.3.20, 12.1.1.1 = GB 1.4.1: 93,8-112x, B 12.1.1.10, 12.3.3.1, 12.3.5.1, 12.3.5.3-10; BK 4.4.2.9; GB 1.4.6: 95,14-96,12x, 1.5.2: 114,1, 1.5.9: 123,12; åS 10.1.1 impf. moy. 3sg. ad¥kfiata KS 34.13: 45,9; JB 2.372; VB 423,13, 423,17-18 – 1pl. ad¥kfiåmahi AB 4.17.2 – 3pl. ad¥kfianta KS 34.13: 45,11-173x; MS 3.6.10: 74,7; AB 4.25.32x; KB 6.1.5; JB 1.165; 2.1582x; PB 16.12.1; B 3.6.2.10 = BK 4.6.2.5, B 6.1.3.7; VB 427,3 imp. moy. 3sg. d¥kfiatåm KBm 7.6.3 = 7.6.14 5 JBm 2.65 = åSm 5.4.1 5 ÃpSm 10.8.7 5 10.10.6, KBm 7.6.4 = 7.6.15 5 JBm 2.65 = åSm 5.4.1 5 ÃpSm 10.8.7 5 ÃpSm 10.10.6, KBm 7.6.5 = 7.6.16 5 JBm 2.64 = åSm 5.4.1 5 ÃpSm 10.10.6 5 ÃpSm 10.8.7, KBm 7.6.8 = 7.6.19 5 JBm 2.65 = åSm 5.4.1 5 ÃpSm 10.10.6 5 ÃpSm 10.8.7, KBm 7.6.9 = 7.6.20 = åSm 5.4.1 5 ÃpSm 10.10.6 5 ÃpSm 10.8.7 5 ÃpSm 10.10.6 – 2pl. d¥kfiadhvam AB 4.25.3; JB 3.3 – 3pl. (anu)d¥kfiantåm TBm 3.7.7.86x (anu+) = ÃpSm 10.11.1 et TBm 3.7.7.9 = ÃpSm 10.11.1; HiS 10.2.14 subj. prés. moy. 1sg. d¥kfiai B 3.1.2.2 = B 3.1.2.102x = BK 4.1.2.2 = BK 4.1.2.62x 5 GB 1.3.20: 90,7 (+d¥kfiå pour dikfiå), B 3.1.3.1 = BK 4.1.3.1, 3.1.3.182x = BK 4.1.3.14; GB 1.5.2: 115,3 opt. prés. moy. 3sg. dîkfieta KS 34.9: 42,19, 34.13: 45,20, 35.16: 62,9 = KpS 48.14; TS 6.1.4.7; AB 1.1.12, 4.26.2; JB 1.355, 2.53, 3.359; PB 9.5.12, 9.9.152x, 10.3.3, 10.3.4; B 2.6.3.12 5 BK 1.6.3.8, 3.1.2.1 (5 ind. d¥kfiate BK 4.1.2.1), 3.4.2.15, 4.5.10.6, 4.5.10.7, 12.1.1.2-5; ÃpS 10.7.11 – 3pl. d¥kfieran KS 34.9: 4312x; TS 7.4.8.1-24x; AB 4.26.12; KB 19.1.21; JB 2.3724x, 2.373; PB 5.9.1, 9.3.1, 10.3.32x; B 3.4.2.15 (5 ind. dîkfiante BK 4.4.2), 12.1.1.11; ÃpS 12.6.2, 12.6.15 fut. moy. 1sg. d¥kfiifiye JB 2.43, 2.552x; B 12.2.1.9 – 3sg. dikfiifiyate GB 1.3.20: 90,8 (+d¥kfiifiyata iti pour d¥kfiifiyat¥ti179) – 1pl. d¥kfiifiyåmahe JB 2.55; B 3.1.2.3 – 2pl. d¥kfiifiyadhve GB 1.3.20: 90,8-143x part. moy. (upa)dîkfiamå˙a- KS 22.13: 69,5; AB 7.232x; KB 7.2.5, 7.3.18, 7.6.35; JB 2.232x, 2.38, 2.522x, 2.63, 2.642x, 2.66, 3.3593x; TBm 3.7.7.87x = ÃpSm 10.11.11 et TBm 3.7.7.9 = ÃpSm 10.11.11; B 6.7.4.13, 12.1.1.10;
179 GB 1.3.20: 90,8 ko h¥d avijñåyamånena saha +d¥kfiifiyata iti ‘qui se consacrerait
avec une personne qui (lui) est inconnue ?’. Étant donné que dans le même passage on trouve les formes moy. d¥kfiifiyamå˙ån et d¥kfiifiyadhve, l’act. du fut. ne peut se justifier.
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BK 4.6.3.1; BauS 25.29: 263,3; ÃpS 12.3.7 (upa+); HiS 10.2.14, 16.1.39 fut. part. moy. d¥kfiifiyámå˙a- KS 9.16: 118,16; TS 5.5.1.4, 7.2.5.1, 7.4.8.1; AB 7.20.1, 7.20.2; KB 9.1.12, 19.1.1, 19.1.19; JB 2.52, 2.177, 3.359; TB 2.2.2.5; B 4.6.8.3, 4.6.8.5, 4.6.8.10, 4.6.8.15; BK 4.1.1.42x; GB 1.3.20: 90,5-6, 1.4.6: 95,14; LåS 3.3.6; BauS 16.31: 277,14, 23.13: 170,1; ÃpS 21.2.14, 21.15.4, 22.23.16; HiS 7.1.15, 17.8.31 aor. moy. 3sg. ád¥kfiifiwa TSm 6.1.4.3 = ÃpSm 10.11.5; KS 23.5: 80,4 = KpS 36.2; MS 3.6.1: 59,14; AB 2.19.1, 7.25.1, 7.25.2; B 3.2.2.4 = BK 4.2.2.4; BK 4.2.1.27 – 3du. ad¥kfiifiåtåm JUB 3.7.8 – 3pl. ad¥kfiifiata TB 3.10.11.2 pf. moy. 1sg. did¥kfié TB 3.7.14.1; JB 2.53; ApS 13.21.3 – 3pl. did¥kfiire PB 24.18.2 ; B 12.3.3.1; GB 1.5.10: 125,1 pf. moy. did¥kfiå˙as PB 10.3.2 adj. verb. (saμ)d¥kfiitá- AV 10.10.12d = 10.10.17c et 11.5.6c ... gdf. d¥kfiyam PB 5.1.6 adj. upad¥kfiin- KåS 25.14.3 (upa+)180 abs. d¥kfiitvå KB 7.1.10; B 6.2.2.28, 6.2.2.29, 9.5.1.22x, 9.5.1.82x; Ã 9.8; ChU 5.2.4; ÃßS 4.1.8 – upad¥kfiya KåS 25.13.27 n.a. d¥kfiâ- AV 8.5.15a = AVP 16.28.5a, AV 8.9.17d = AVP 16.19.7d, AV 9.6.4a = AVP 16.111.4a, AV 11.7.8a, 12.1.1a = AVP 17.1.1a, AV 14.2.52c = AVP 18.12.1c, AV 15.16.5, 12.5.3 = AVP 16.140.3, AV 19.40.3a = AVP 20.57.4a, AV 19.41.1b = AVP 1.53.3b, AV 19.43.1; AVP 2.52.2b, 2.52.5c, 9.4.6a, 9.23.20b, 16.82.8b, 17.29.14, 19.28.11a, 20.54.4b ... caus. prés. act. 1sg. d¥kfiayåmi KSm 5.1.9: 153,10-185x = TS 7.1.18.1-25x; TBm 3.7.7.52x (5 prés. ind. moy. d¥kfie JB 2.534x) = ÃpSm 10.11.1, TBm 3.7.7.63x = ÃpSm 10.11.1 et TBm 3.7.7.72x = ÃpSm 10.11.1 – 3sg. d¥kfiáyati KS 19.10: 10,16-182x = KpS 30.82x, KS 23.7: 83,7 = KpS 36.4; TS 5.1.9.14x, 6.1.1.3-43x, 6.1.2.5-76x, 6.1.3.22x, 6.1.3.5, 6.1.9.14x; KB 7.6.21; JB 2.65; B 3.2.1.12x = BK 4.2.1.13x, 5.4.5.14 = BK 7.4.1.12, 12.1.1.2; BK 4.2.1.2, 7.4.1.123x; GB 1.4.2: 93,12, 1.4.3: 94,3, 1.4.4: 94,9, 1.4.5: 94,14, 1.4.6: 95,4-137x; KåS 12.2.15 – 3pl. d¥kfiayanti KS 22.13: 68,7; TS 1.8.18.1, 5.2.4.2, 6.1.2.5; MS 3.6.6: 66,18, 3.6.7: 68,8; AB 1.3.1, 1.3.3, 1.3.7, 1.3.9; TB 1.8.2.1; ÃpS 18.20.122x caus. impf. act. 3pl. ad¥kfiayan KS 23.7: 82,20 = KpS 36.4; AB 3.45.1; PB 10.3.2 caus. imp. act. 2sg. d¥kfiayatu ÃpS 10.10.65x; HiS 10.2.148x – 2pl. d¥kfiayata JB 1.234 – 3pl. d¥kfiayantu TBm 3.7.7.10 = ÃpSm 10.3.8 180 Les autres exemples de d¥kfiin- sont manifestement dérivés de d¥kfiâ- (cf. les
dérivés en -in- de thèmes en -å AIG II/2/329): AB 1.3 212x (p°rvad¥kfii˙as et aparad¥kfii˙as); PB 10.3.6 (sahad¥kfii˙as), 10.3.7 (sahad¥kfii˙as); KåS 7.5.11 (ekad¥kfi¥); DråS 8.4.25 (ekåfi†akåd¥kfii˙as); LåS (ekåfi†akåd¥kfii˙as).
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caus. opt. act. 3sg. d¥kfiáyet KS 23.5: 79,19; MS 3.6.8: 71,13; JB 2.66; KåS 25.11.19 – 3du. d¥kfiayetåm AB 1.4.10 – 3pl. d¥kfiayeyur ÃßS 6.10.25, 12.8.25; VB 388,29 caus. part. act. d¥kfiáyant- MS 3.6.7: 68,8-102x caus. fut. act. 2pl. d¥kfiayifiyatha GB 1.3.20: 90,10-112x caus. pf. per. act. 3sg d¥kfiayåμ cakåra JB 1.234 – 3pl. d¥kfiayåμ cakrur JB 1.234 caus. aor. act. 2sg. adid¥kfias B 11.7.2.6; VB 338,3, 338,21 caus. abs. d¥kfiayitvâ KS 20.1: 20.1 = KpS 31.3; TS 5.2.4.2; AB 4.25.1; JB 1.345; PB 9.8.1; åS 13.11.1 dés. ‡ did¥kfi 519x (29x AV; 84 YV; 101x YV; 254x Br; 2x Ãr; 1x Up; 28 S) dont 320x simplex moy. (YVm/pr; Br; Ãr; Up; S), 10x simplex abs. (Br; Ãr; Up; S), 23x simplex adj. verb. dans AV et YVm/pr, 27x simplex n.a. dans AV, 115x simplex caus. act. (YVm/pr; Br; S), 7x simplex caus. abs. (YVpr; Br; S), 3x abhi+ moy. (YVpr; Br), 14x moy. anu+ (YVm), 1x upa+ moy. (S) et 1x upa+ adj. (S) Désidératif de *daß89 ‘rendre hommage’ (cf. GÜNTERT 98, MINARD II/263 et s., OLDENBERG 1895: 176, VIA I/194) et non de dah90 brûler’ (cf. CHARPENTIER 67, HILLDEBRANDT 482 et s.), ou dakfi ‘être adroit’ (cf. OLDENBERG 1923: 397n. 1, PW III/642). Litt.: CHARPENTIER 67, 105, 109, 111, EWA III/44, GÜNTERT 98, 124, , INSLER 1968: 59 et n. 3, MINARD II/263 et s., OLDENBERG 1895: 176 et 1923: 397n. 1, VIA I/194 ‘
1) (simplex et également avec les sens de abhi+ et anu+) ‘se consacrer’ 2) (caus.) ‘consacrer’, avec acc. Le thème d¥kfi n’est attesté qu’à partir de l’AV comme adj. verb. et n.a. À partir des YVm il se présente comme un Medium tantum. Le sens ne comporte aucune trace de la valeur dés. En ce qui concerne le problème de l’étymologie, on relèvera les points suivants. À l’inverse de ‘chauffer’ de tap, dont le dérivé nominal tápas est clairement associé au d¥kfiâ (cf. p.ex. VS 4.7 d¥kfiâyai tápase Øgnáye svâha), l’action ‘brûler’ exprimée par dah ne joue aucun rôle et n’a aucune valeur idéologique, ni dans le cadre particulier de cette cérémonie, ni dans la tradition du rituel védique en général, alors que ‘rendre hommage’ le lexème de *daß se justifie puisque le d¥kfiâ a comme fonction de préparer le sacrifiant au sacrifice somique, qui est un hommage adressé aux dieux. Ces (contre-) arguments extra-linguistiques, déjà mentionnés par OLDENBERG (1895: 176),
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n’ont bien sûr qu’une valeur relative, dans la mesure où il sont basés sur des données qui sont peut-être bien antérieures et différentes de celles qui correspondent à l’époque de la constitution de ce thème dés. Comme argument linguistique, sur le plan morpho-phonologique, et toujours contre dah, on notera bien sûr l’absence totale d’exemple de d¥kfi à occlusive initiale aspirée, à l’inverse de nombreuses formes de dah, tels p.ex. l’aor. part. d(h)ákfiat (dákfiat RV 1.130.8 : dhákfiat RV 6.3.4d). Là encore on peut rétorquer que d¥kfi aurait été formé à une époque où le maintien de la loi de GRASSMANN était de règle pour la formation du dés., et qu’une fois lexicalisé ce thème aurait définitivement échappé à toute modification analogique. Deuxième argument morpho-phonologique, la voyelle longue ¥ a dans le paradigme de *daß, un modèle analogique en l’occurrence le prés. acrostatique dâfi†i (v. PiV 75 avec litt.). Pour une explication étymologique de d¥kfi et son rapport sémantique avec la racine v. p. 60
dudukfi inj. prés. act. 3pl. dúdukfian RV 10.61.10d et 10.74.4d (= YVm) part. act. dúdukfiant- RV 7.18.4b De duh95 ‘traire’ Litt.: CHARPENTIER 47, GÜNTERT 88, LEUMANN 118 ‘traire + dés.’avec acc. Comme particularité morphologique on notera l’absence d’aspiration initiale, tout comme dans jugukfi- de guh, en contraste avec les thèmes aor. ádhukfi- et ádhukfia-. Pour l’analyse sémantique, seuls deux des trois exemples sont relativement clairs: • RV 7.18.4a-b dhenúμ ná två s°yávase dúdukfiann úpa bráhmå˙i sas®je vásifi†has / ‘Vasifi†has, ayant en tête de te traire comme une vache sur un riche pâturage, a lâché sa parole sacrée (comme un veau)’ Selon les commentaires de GELDNER (I/195n. 4ab), le poète mythique Vasifi†has laisse les paroles sacrées se ruer vers Indra (= två) afin de le préparer à donner les choses désirables, comme on laisse des veaux têter à une vache pour faire venir son lait. Dans cet exemple donc le part. dés. marque l’intention de ‘traire’.
175 • RV 10.74.4 å tát ta indråyávaª panantábhí yá °rváμ gómantaμ tít®tsån / sak®tsvàμ yé puruputrâm mahî« sahásradhåråμ b®hatîμ dúdukfian // ‘Les Ãyus s’en émerveillent, Ô Indra, qui vont vouloir percer la cachette riche en bétail, (eux) qui s’efforcent de traire la grande (vache), riche en fils, qui porte mille courants, et qui une seule fois fut pleine’ Le contexte est l’émerveillement des Ãyus pour la récompense du sacrifice (‡ tit®ts). La deuxième phrase relative contenant l’inj. 3pl. dudukfian mentionne une action caractérisante des Ãyus, en l’occurrence l’effort pour traire la vache mythique, la source des plus grandes richesses.
dudrukfi opt. prés. act. 3sg. abhidudrukfiet KS 10.3: 127,4181 = 13.1: 180,2 De druh101 ‘tromper’ Lit.: CHARPENTIER 47, GÜNTERT 89, OLDENBERG 1916: 176 ‘tromper + dés.’ • KS 10.3: 127,3-4 agnaye vaißvånaråya dvådaßakapålaμ nirvaped yas
samåntam abhidruhyed yo våbhidudrukfiet ‘Pour Agni de tous les hommes il offre un gâteau sur douze tessons, celui qui tromperait un semblable, ou qui désirerait tromper (un semblable)’ Dans une relative à fonction restrictive comme celle-ci, le dés. sert à caractériser une personne comme désireuse ou concernée par l’achèvement d’une action. Peut-être le sujet en a-t-il déjà réalisé une phase dynamique (il s’efforce, ou peine à réaliser...) mais le seul point pertinent pour l’interprétation du contexte est qu’il a besoin du résultat.
181 5 fut. part. abhidhrokfiyant- MS 2.1.2: 2,8.
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dudh°rfi prés. ind. act. 3sg. dudh°rfiati AV 20.128.2b = åS 12.20.2.3b part. act. dúdh°rfiant- B 1.4.1.402x = BK 2.3.4.302x pf. pér. act. 3pl. dudh°rfiâμ cakrur B 1.4.1.40 = BK 2.3.4.30 8x simplex act. (1x AV; 6x Br; 1x S) De dh°/ur(v) ‘endommager, blesser’ (cf. association avec l’inf. dhûrvitum dans B 1.4.1.40) Litt.: CHARPENTIER 39, GÜNTERT 116, PiV 191n. 355 ‘faire du tort + dés.’ • B 1.4.1.40 devân ha vái yajñéna yájamånå«s sapátnå ásurå dudh°rfi´åμ cakrus té dúdh°rfianta evá ná ßekur dhûrvitum ‘Les Asuras, en vérité, essayèrent de faire du tort aux dieux, alors que ceux-ci étaient occupés à sacrifier avec un sacrifice. Même s’efforçant de (leur) faire du tort, ils ne purent (leur) faire du tort’ L’exemple rappelle MS 1.6.3: 89,8-9 (‡ tifi†ighifi). Ici également la juxtaposition du dés. part. nom. pl. dúdh°rfiantas et de la périphrase ná ßekur dhûrvitum sert à créer l’image d’une action réalisée avec effort mais qui n’aboutit pas.
dhits prés. ind. act. 1sg. apadhitsåmi AVP 16.50.7d182 – 2du. dhitsathas RV 1.46.9c (v. GELDNER I/57) – moy. 3sg. abhidhítsate RV 10.85.30d (CHARPENTIER 85) impf. moy. 3pl. âdhitsanta TB 1.1.2.2 prés. opt. act. 3sg. (ni/saμ)dhítset AB 1.17.14; B 11.5.8.6 (sam+); JB 2.240 (ni+) – moy. 3sg. nidhitseta BauS 3.29: 103,4 aor. act. 1sg. samadhitsifiam Aà 3.1.4 = à 7.10 – 2sg. samadhits¥s à 7.9 5 Aà 3.1.4 et à 7.10 inf. saμdhitsitum à 7.10
182 5 ápasuvåmi AV 6.119.3d.
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14x (2x RV; 1x AV; 4x Br; 6x Ãr; 1x S) dont 2x simplex act. (RV; Br), 1x apa+ act. (AV), 1x abhi+ moy. (RV), 1x å+ moy. (TB), 1x ni+ act. (Br), 1x ni+ moy. (S), 6x sam+ act. (Br; Ãr) et 1x sam+ inf. (Ãr) ‡ Cl. De dhå307 (‡ didhifi) ‘mettre’ (cf. associations avec saμdadhyât dans B 11.5.8.6 et saμdhåm dans AÃ 3.1.4) Litt.: CHARPENTIER 68, 106, 109, GÜNTERT 85, 102, 116, 131, INSLER 1969: 63, LEUMANN 118 1) (simplex) ‘poser, mettre + dés.’, avec acc. 2) (apa+) ‘retirer, éliminer + dés.’, avec acc. 3) (abhi+ moy.) ‘se couvrir + dés.’183 avec acc. et instr. 4) (å+ moy.) ‘instaurer (le feu) pour soi-même’, avec acc. 5) (ni+ act./moy. affectif) ‘mettre de côté’+ dés.’184 6) (sam+) ‘assembler + dés.’, avec acc. et instr. La comparaison des deux thèmes dés. de dhå, met en évidence la répartition littéraire différente, puisque didhifi est plus fréquent et mieux réparti que dhits dans le RV, mais, à l’inverse de ce dernier, presque absent de la prose en dehors de didhifiú-. On constate également la préférence pour dhits- lorsqu’on utilise un préverbe. Sur le plan métrique il y a encore le fait que didhifi est utilisé le plus souvent dans des vers de 11 syllabes, dhits- par contre dans ceux de 8 syllabes. Les deux thèmes ne se chevauchent pas sémantiquement puisque dans la liste ci-dessus ne figurent pas ‘fixer + dés.’ et ‘prendre + dés.’, les deux seuls sens exprimés par didhifi. Dernière divergence, contrairement à didhifi dont le sens de l’adj. didhifiú- tend à se lexicaliser, dhits ne perd jamais sa valeur dés. L’usage et la valeur sémantique des deux exemples qui suivent sont difficiles à justifier: • RV 1.46.9 divás ka˙våsa índavo vásu síndh°nåm padé / sváμ vavríμ kúha dhitsathas // ‘Les gouttes (du Soma) sont aux (portes) du ciel, O Ka˙vas. Le bon (Soma) est au pied des fleuves. Votre véritable apparence, à quel endroit avez-vous l’intention de la prendre185?’ La question formulée aux Aßvins dans le påda c. est certainement en rapport avec leur particularité d’être les déités de l’entre-deux-zones (v. OBERLIES 178 et s.), ce qui leur confère une personnalité ambigue. Le contenu pragmatique de cette question est en fait ‘Où serez-vous avec votre vraie 183 cf. le sens de l’act. abhi+dhå WRV ‘belegen ’. 184 cf. ni+dhå ‘anlegen VIA I/299. 185 Comme le remarque GELDNER (I/57n. 9c) il faut selon cette inteprétation de dhitsathas accorder un sens moyen ’mettre sur soi’ même si la forme est act.
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nature (sváμ vavrím)?’. Le dés. doit s’y justifier pour mettre l’accent sur l’intention des Aßvins de prendre leur véritable apparence. Le poète les imagine sur le point de réaliser cette action et s’interroge sur la phase finale, la seule qui compte vraiment. L’autre exemple rigvédique, dans l’hymne RV 10.85 pour les cérémonies de mariage, sert peut-être à représenter une tentative maladroite: • RV 10.85.30 aßr¥râ tanûr bhavati rúßat¥ påpáyåmuyâ / pátir yád vadhvò vâsaså svám á∫gam abhidhítsate / ‘Unschön wird der Leib, der blendenweisse, gar so hasslich, wenn der Gatte mit dem Kleide der jungen Frau seinen eigenen Körper bedecken will’ (GELDNER) L’usage du dés. est encore plus obscur que dans l’exemple précédent. Néanmoins, dans le contexte élaboré par les pådas a et b, qui met en évidence le caractère souillé voire honteux du dépucelage, le dés. moy. 3sg. abhidhítsate pourrait s’interpréter comme une tentative maladroite de l’époux de couvrir son membre viril. Un exemple plus clair est B 11.5.8.6 où l’image d’une personne essayant sans succès de recoller des pièces cassées, illustre une mauvais moyen de remédier à une séance de sacrifice interrompue: • B 11.5.8.6 sá yáthå párva˙å párva saμdadhyâd evá« haivá« sáμdadhåti yá etâbhir bhifiajyati átha yó hâto Ønyéna bhifiajyáti yáthå ߥr˙éna ߥr˙â« saμdhítsed yáthå vâ ߥr˙é garám abhinidadhyâd eváμ tád ‘even as one would put together joint with joint, so does he put together (the broken part of the sacrifice) whoever heals it by means of these (three sacred words). But if he heals it in any other way than this, it would be just as if one tried to put together something that is broken with something else that is broken, or as if one were to apply some poison as lotion to a broken part’ (EGGELING) Un exemple très différent est AVP 16.50.7d, un des rares où le sujet est la première personne. Il ne fait aucun doute que l’action à laquelle il est fait référence est un sentiment interne qui stimule le sujet à accomplir l’action: • AVP 16.50.7 vaißvånaraª påvayå(n) nas pavitrair yat saμgaram abhidhåvåmy åßåm / anåjånan manaså yåcamåno yat tatraino Øpa dhitsåmi // ‘Puisse Vaißvånara me purifier avec ses moyens de purification, lorsque je vais á l’encontre d’un accord, d’une attente; sans avoir pris connaissance, en mendiant dans ma tête. Le crime qui est inclu dans cela, je désire l’éliminer’.
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dhips prés. subj. act. 3sg. dhípsåt VS 11.80 = VSK 12.81 = Bm 6.6.3.10 De dabh88 (‡ dips, dh¥ps) ‘endommager, nuire’. Litt.: CHARPENTIER 67, INSLER 1969: 60n. 4, VIA I/193 ‘nuire + dés.’ Sur le plan sémantique le dés. de dhips est utilisé pour marquer l’intention ou la tentative menaçante d’une personne, contre laquelle le mantra exprime une intervention: • VS 11.80 yó asmábhyam aråt¥yâd yáß ca no dvéfiate jánas / níndåd yó asmân dhípsåc ca sárvaμ táμ masmasâ kuru ‘La personne qui nous sera hostile, nous haïra, celle qui nous dira des paroles médisantes et celle qui désirera/tentera de nous nuire, réduis-la toute entière en poussière’ Il s’agit d’une variante de dípsåt dans KSm 16.7: 228,16 = KpSm 16.7 = m MS 2.7.7: 84,3 = TSm 4.1.10.3 = TÃ 2.5.2
dh¥kfi prés. ind. moy. 3sg. dhîkfiate B 3.2.2.303x (v. EGGELING II/47n. 1, OLDENBERG 1916: 176n. 6) = BK 4.2.2.303x adj. verb. dh¥kfiitá- B 3.2.2.302x = BK 4.2.2.302x; ? l’adj. verb. dh¥kfiitam dans GB 1.3.19: 88,6 ßrefi†håμ dhiyaμ kfiiyat¥ti taμ vå etaμ dh¥kfiita« santaμ +d¥kfiitaμ iti åcakfiate parokfie˙a ‘‘il demeure dans la plus forte réflexion’’disent-ils. Vraiment il caractérise secrètement le d¥kfiita pour ainsi dire comme celui qui est possesseur d’une réflexion habitée’, semble bien être un composé possessif dh¥-kfiita- ‘qui possède une réflexion habitée’= ‘qui demeure dans sa réflexion’, avec comme second membre l’adj. verb. kfiitá- de kfii ‘habiter, demeurer’. 10x simplex (Br.) dont 6x moy. et 4x adj. verb. De dah90 ‘brûler’ (cf. OLDENBERG 1916: 176n. 6) . Litt.: CHARPENTIER 105, 111, EWA I/727, EGGELING II/47n. 1, GÜNTERT 98, 99, 100, 119, 122, MINARD II/263 et s., OLDENBERG 1916: 176n. 6 (moy.) ?‘brûler + dés.’, avec dat.
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• B 3.2.2.30 sá vái dh¥kfiate våcé hí dhîkfiate yajñâya hí dhîkfiate yajñó hí vâg dh¥kfiitó ha vái nâmaitád yád d¥kfiitá íti
Le rapprochement avec dih9 2 enduire’ (cf. EGGELING II/47n. 1, MINARD II/263 et s., et PW), est morphologiquement impossible, le dés. des racines CRC étant toujours bisyllabique. L’association dans ce passage avec l’adj. verb. d¥kfiitás de d¥kfi a certainement une fonction d’étymologie populaire à laquelle on ne peut pas accorder de valeur linguistique. L’aspiration de l’occlusive initiale impose que la racine de dh¥kfi soit à occlusive finale aspirée, ce qui exclut le rapprochement avec *daß. Par élimination il ne reste que dah ‘brûler’, comme possibilité bien que cette racine ne soit attestée que 3x au moy. en védique (v. PiV 175) et que les compléments dat. våcé et yajñâya ne s’accordent pas avec sa valeur transitive. Il est par conséquent pratiquement certain que cette forme soit artificielle, étant donné la faible productivité du type dés. monosyllabique. En Épique on trouve pour dah le thème didhakfi qui correspond à la formation régulière de dés. de racines du type CaC. ‘
dh¥ps prés. ind. act. 3sg. dh¥psati JB 1.98 – 3pl. dh¥psanti JB 1.98 imp. prés. act. 2sg. dh¥psatåt JB 1.98 De dabh88 (‡ dips, dhips) ‘endommager, nuire’. Litt.: CHARPENTIER 67, 105, GÜNTERT 97, 100, INSLER 1969: 60n. 4 ‘abîmer, gâcher + dés.’ Ce thème est la troisième variante du dés. de dabh, attestée dans seulement un seul exemple de la prose brahmanique: • JB 1.98 ya etad agne t¥rtvåsmin loke sådhu cik¥rfiåt tat tvam asmin loke dh¥psatåd iti ‘If someone will overcome this and will try to do some good in this world, Ô Agni, then you shall try to destroy it in this world’ (BODEWITZ) Le ¥ du thème est peut-être analogique par rapport à t¥rtvå et cik¥rfiati, ou alors il s’agit d’une influence de ¥ps, le dés. de åp, étant donné la similitude sémantique entre ‘attraper + dés.’, qui dans un contexte négatif peut être équivalent à ‘arrêter’ ou ‘stopper’, ce qui se rapproche de ‘gâcher’.
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Le dés. sert à indiquer la bonne volonté d’Agni de réaliser cette action juste.
ninits prés. ind. act. 2sg. nínitsasi RVKh 5.15.4 – 3sg. nínitsati RVKh 5.12.2 subj. prés. act. 3sg. nínitsåt RV 6.52.2b186 adj. ninitsú- (v. CHARPENTIER 116) RV 1.189.6c, 7.25.2c, 7.34.12b et 8.68.19b ? opt. prés. moy. 3sg. nin¥tseta ÃßS 9.11.1. Le commentaire åptum icchet fait supposer *¥pset. La terminaison moy. serait de toute façon irrégulière pour nid, presque exclusivement act. (seule forme moy. nindante GB 2.3.20: 206,12). 7x simplex (5x RV; 2x RVKh) dont 3x act. (RV; RVKh) et 4x adj. (RV) De nid112 (‡ nin¥ts) ‘reprocher, injurier’ Litt.: CHARPENTIER 48, 109, 116, GÜNTERT 86 ‘injurier, salir + dés.’ Le dés. de nid marque invariablement une tentative ou une intention de dire du mal, contre laquelle le poète exige une représaille: • RV 6.52.2 áti vå yó maruto mányate no bráhma vå y᪠kriyámå˙aμ nínitsåt / táp°μfii tásmai v®jinâni santu brahmadvífiam abhí tá« ßocatu dyáuª // ‘Oder wer sich mehr dünkt als wir, ihr Marut, oder wer die (von uns) getane feierliche Rede schmähen will, dem mögen seine Falschheiten zu Feuerflammen werden. Den Feind der feierlichen Rede soll der Himmel verbrennen!’ (GELDNER)
186 5 níndifiat AV 2.12.6b (v. AiV 162).
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nin¥fi prés. ind. act. 1sg. nin¥fiåmi AB 6.30.11 = GB 2.6.9: 257,6 – 2sg. (prá+)nín¥fiasi RV 8.103.4a (prá... [= SV 1.58 / JS 1.6.4]); AB 6.30.10 = GB 2.6.9: 257,5 – 3sg. nín¥fiati AV 19.50.5d (?ápa+ v. WHITNEY II: 984) = AVP 14.4.15d – moy. 3sg. (un)nin¥fiate KauU 3.82x (ud+ et simplex; = à 5.82x) opt. prés. act. 3sg. vinin¥fiet BauS 18.45: 401,2 part. act. apanin¥fiant- VB 495,14 – moy. vinin¥fiamå˙a- åS 17.17.3 gdf. pra˙in¥fie˙ya- JB 3.13 = 3.162x = 3.58 = 3.174 = 3.177 5 PB 11.5.1 5 14.3.4 20x (1x RV; 2x AV; 13x Br; 2x Up; 2x S) dont 6x simplex act. (AV; Br), 1x simplex moy. (Up), 1x apa+ act. (Br), 1x ud+ moy. (Up), 1x pra+ act. (RV), 8x pra+ gdf. (Br), 1x vi+ act. (S) et 1x vi+ moy. (S). ‡ Cl. De n¥311 ‘guider, mener’ Litt.: CHARPENTIER 29, 110, GÜNTERT 82, INSLER 1969: 63 1) (simplex act. et moy. et également avec le sens de ud+) ‘(em)mener + dés.’187 2) (apa+ et vi+ act./moy.) ‘chasser + dés.’188 3) (pra+ dans RV 8.103.4a) ‘conduire + dés.’avec acc. et dat. finalis 4) (pra+ dans Br) ‘accomplir + dés.’189 Le dés. de n¥ reflète les différents usages du dés. Il sert à marquer un effort de volonté d’une déité, une tentative menaçante d’un ennemi, ou une intention: • RV 8.103.4 prá yáμ råyé nín¥fiasi márto yás te vaso dâßat / sá v¥raμ dhatte agna ukthaßa«sínaμ tmánå sahasrapofií˙am // ‘Le mortel qui t’honore, Ô Trésor, que tu te donnes la peine de mener jusqu’à la richesse, celui-là obtient un fils qui récite des poèmes, qui lui-même fait prospérer mille boeufs’ L’exemple est caractéristique pour le RV. Le poète choisit une forme dés. afin de pouvoir mettre en évidence la (bonne) volonté d’un dieu, ici Agni, à exécuter une action au bénéfice des humains. Ces bénéfices mentionnés dans c et d font comprendre que l’action ‘mener vers la richesse’ est sensée aboutir.
187 pour n¥ ‘emmener’cf. PW ‘abführen, wegführen’. 188 cf. apanayåmasi dans AVP 1.26.4, apanåyet à p S 9.4.8, 9.4.11 et vi+n¥
‘austreiben’VIA I/301. 189 cf. (‰)pra+n¥ ‘ausführen, vollbringen’VIA I/301.
183 • AV 19.50.5d ápa stenám avåsayo gór ájam utá táskaram / átho yó
árvataª ßíro Øbhidhâya nín¥fiati // ‘Thou didst make the thief stay away, and the kine-driving robber, also him who haltering the courser’s head, tries to lead it (away)’ (WHITNEY) Dans la phrase relative le dés. caractérise un individu comme désireux de commettre une action hostile. • KauU 3.8 efia hy evaina« sådhu karma kårayati taμ yam ebhyo lokebhya unnin¥fiata efia u evainam asådhu karma kårayati taμ yam adho nin¥fiate ‘Car celui-ci (= l’Ãtman) laisse accomplir de bonnes actions à celui qu’il a l’intention d’élever de ces mondes. Celui-ci (id.) laisse aussi accomplir de mauvaises actions à celui qu’il a l’intention de mener vers le bas’ Le moy., rare sinon avec n¥ (cf. PiV 197) ne semble en tout cas pas avoir de valeur particulière dans cet exemple. On remarque également un exemple dans une phrase interrogative AB 6.30.10, où le dés. représente une action tentée: • AB 6.30.10 sa hovåcaindro vai madhyandinaª kathendraμ madhyandinån nin¥fias¥ti ‘Il dit: ‘En vérité la cérémonie de midi est connectée à Indra. Pourquoi essayes-tu d’éloigner Indra de la cérémonie de midi’
pits opt. prés. moy. 3sg. +prapítseta B 11.1.1.3 (+prapítseta sa pour ‰pítsetsa190) ‡ Cl. De pad116 (‡ pipats, pipådayifi) ‘marcher, tomber’ Litt.: CHARPENTIER 70, GÜNTERT 100, 101, LEUMANN 116, 119 (pra+) ‘rentrer + dés.’
190 L’act. ne peut se justifier, étant donné le moy. prapádyeta dans le même Ka˙∂ikå, yáthå vív®tåyåμ dvårí dvårâ púraμ prapádyeta ‘Comme celui qui, la porte étant ouverte, entrerait dans une citadelle par la porte’. Le moy. est attesté par l’autre exemple dés. de pad, prapípatseta, dans BK 3.1.11.5. La racine pad n’est pratiquement jamais act., le seul exemple védique étant prapadyåmi TÃ 20.43.1.
184
Dans cet exemple unique du dés. de pad, l’action est une tentative. Vu la description des circonstances, on comprend que celle-ci est vaine et sans espoir d’aboutir. Cette image négative est utilisée pour illustrer un rituel déconseillé • B 11.1.1.3 átha yó nákfiatra ådhatté yáthâpihitåyåμ dvåry ádvårå púraμ +prapítseta sá jihm᪠pur᪠syâd ev´aμ tád yó nákfiatra ådhatté ‘Et maintenant concernant celui qui instaure (les feux) durant un astérisme: comme tentant de rentrer par la porte dans une citadelle, à un endroit sans porte, il serait à côté (= exclu) de la citadelle, c’est exactement cela lorsqu’il instaure (les feux) durant un astérisme’
pipatifi prés. ind. act. 3sg. prá...pipatifiati AV 12.2.52a191 (v. WHITNEY II/682) impf. act. 3sg. (úd+)apipatifiat B 1.2.4.18 et 10.2.1.1 (úd+) pf. pér. act. 3sg. pipatifiâμ cakåra BK 2.2.2.10 (5 impf. apipatifiat B 1.2.4.18 ) 4x act. (1x AV; 3x Br) dont 2x simplex (Br), 1x ud+ (Br) et 1x pra+ (AV) De pat312 (‡ pipåtayifi) ‘voler, tomber’ (cf. associations avec papta dans B 1.2.4.18 et BK 2.2.2.10, avec údapatat dans B 10.2.1.1) Litt.: CHARPENTIER 77, GÜNTERT 124, LEUMANN 116 1) (simplex) ‘voler + dés.’, avec acc. de but 2) (pra+) ‘se ruer vers l’avant + dés.’, sans complément 3) (ud+) ‘s’envoler + dés.’ Sur le plan morphologique, le degré plein de la racine est conforme à celui de l’adj. verb. patitá- (AV+). La voyelle i devant le suffixe s correspond au caractère secondairement (cf. PiV 205) se† de la racine (cf. adj. verb. patitá-, inf. pátitum, fut. patifiyá-, l’abs. patitvâ). En ce qui concerne l’usage et la valeur sémantique, le dés. dans AV 12.2.52a marque le désir ou la décision d’une action: • AV 12.2.52a-b préva pipatifiati mánaså múhur âvartate púnaª / ‘Décidé mentalement semble-t-il (= Agni le mangeur de chair) à voler vers l’avant, il retourne subitement en arrière’ En interprétant la phrase dans son ensemble on peut rétrospectivement imaginer pour prá...pipatifiati une action de va-et-vient, donc répétitive. 191 5 pra...patati AVP 17.34.11a.
185
Dans B 1.2.4.18 et 10.2.1.1 pipatifi représente des actions intentionnées ou tentées: • B 1.2.4.18 yátra vái devâ arárum asurarakfiasám apâghnata sá dívam apipatifiat tám agnír abhinyàdadhåd áraro dívam mâpapta íti ‘En vérité, lorsque les dieux chassèrent Araru l’Asura-Rakfias, celui-ci tenta de voler jusqu’au ciel. Agni le repoussa vers le bas en disant „Arura, tu ne voles pas jusqu’au ciel“
pipats opt. prés. moy. 3sg. prapípatseta BK 3.1.11.5 De pad116 (‡ pits, pipådayifi) ‘marcher, tomber’ ‘rentrer + dés.’ • BK 3.1.11.5 átha yád dha dakfii˙atá upâs¥ta +yáthädvåre˙a192
prapípatsetaiváμ ha tád ‘Et maintenant, s’il attendait (pour monter dans le bateau193) au sud : comme quelqu’un qui voudrait entrer par (un endroit) où il n’y a pas de porte, voilà comment ce serait (s’il attendait au sud)’194. L’exemple reflète le même type d’usage du dés. que pits l’autre thème dés. hapax de pad (‡ pits)
pipåtayifi opt. prés. act. 3sg. pipåtayifiet BK 4.6.4.5195
192 pour yáthå dvä‰. 193 cf. BK 3.1.11.3 efiâ vái náuª svárgyå yád agnihotrám ‘Dasselbe, fürwahr, ist ein
zum himmlischen Bereich gehöriges Boot, nämlich das Agnihotra(opfer).’ (KLAUS 14). 194 5 B 2.3.3.16 yó daki˙atá étyâste yáthå prát¥r˙åyåm ågácchet sá vih¥yéta sá táta evá barhidhâ syâd éváμ tád ‘Qui attend (le bateau), après être entré par le sud: comme quelqu’un qui arriverait, (le bateau) étant parti, serait laissé derrière, et resterait à l’extérieur du (monde céleste), ainsi serait-ce (s’il attendait après être entré par le sud)’. 195 5 påtayet B 3.6.4.12.
186
Du caus. påtaya- de pat312 (‡ pipatifi) ‘voler, tomber’ (cf. association avec påtayet) (caus.) ‘faire tomber + dés.’, avec acc. • BK 4.6.4.5 táμ prâñcaμ pipåtayifiet prâc¥ hí devânåμ dík
‘Il doit s’efforcer de le (= l’arbre) faire tomber tourné vers l’Est, car l’Est est la zone des dieux’ Dans le même passage se trouve également páribibådhifieta dés. de bådh (‡ bibådhifi). L’objet de la prescription est la direction dans laquelle il est opportun de faire tomber l’arbre qui servira ensuite à confectionner le poteau sacrificiel. Ici le rédacteur insiste à l’aide du dés. sur l’effort, à la fois physique et l’effort d’attention, que l’on est supposé produire pour faire tomber cet arbre dans une zone privilégiée, en l’occurrence celle des dieux.
pipådayifi part. act. sampipådayifiant- JB 1.233 ‡ S° Du caus. pådaya- de pad116 (‡ pipats, pits) ‘marcher, tomber’ Litt.: CHARPENTIER 70 (caus.) ‘faire correspondre196 + dés.’, avec simple acc. • JB 1.233 virå˙ nåtiyafi†avyeti åhuª yo ha vai viråjam atiyajate punar
ha so Ømufimin loke yajamåna åste r°kfiaª purufia viråja« saμpipådayifiann ¥psann anåpnuvann åste kva hi tad åpsyati yad ito nåptvå praiti ‘Il ne faut pas sacrifier au-delà du Viråj’, disent-ils. Celui-qui sacrifie au-delà du Viråj, reste encore à sacrifier dans ce monde de l’au-delà. Tel un homme affaibli il reste essayant de faire correspondre le Viråj (et) essayant de l’obtenir sans (l’) obtenir. Car où obtiendra-t-il ce qu’il quitte sans l’avoir obtenu ici’ Les deux part. dés. saμpipådyayifian et ¥psan, combinés au part. prés. non-dés. anåpnuvan, servent à représenter l’image d’une tentative,
196 v. sur le sens de viråjam saμpadyate BODEWITZ 1990: 212n. 4 post I.1.1.1.
187
éventuellement répétée, qui n’aboutit pas, afin d’illustrer la conséquence néfaste d’un acte de rituel déconseillé.
pipåyayifi opt. prés. act. 3sg. pipåyayifiet KS 13.6: 187,11-12197 Du caus. påyaya- de på316 (‡ pip¥fi, pipås) ‘boire’ (caus.) ‘laisser boire + dés.’, avec double acc. åßvinaμ dh°mralalåmam ålabheta yo durbråhma˙a« somaμ pipåyayifiet ‘Il doit offrir un (boeuf) gris pâle aux Aßvins, celui qui désire faire boire du Soma à un mauvais Bråhman’ Il s’agit d’un exemple de l’usage caractéristique du dés. dans les prescriptions de rituels, pour désigner une personne comme désireuse ou préoccupée par l’achèvement d’une action. • KS 13.6: 187,11-12
pipås prés. ind. act. 3sg. pípåsati RV 8.4.11b (= SV 1.308 / JS 1.32.6); KS 14.5: 204,16 = MS 1.11.5: 166,18; TS 2.1.10.1; JB 1.2522x = 2.6 = 2.384; ChU 3.17.1 et 6.8.5; HiS 23.3.45 – 3pl. pipåsanti JB 1.2822x – moy. 3du. pipåsete VaikhS 15.31: 209,20 impf. act. 3sg. apipåsat JB 3.313 opt. prés. act. 3sg. pípåset TS 2.1.10.1; KS 13.5: 185,14; HiS 8.7.43 part. act. pipåsant- AB 6.8.7 = GB 2.6.5: 249,15; GB.2.5.10: 237,4-82x n.a. pipåsâ- AB 2.19.12x; JB 1.184 et 3.3442x; TB 1.5.9.5-62x (aßanayåpipåsé) et 3.4.16.1; B 10.2.6.19, 12.2.3.12; BK 2.7.1.23; VB 471,21 (aßanayåpipåse); GB 1.4.23: 111,7 (aßanåpipåse); AÃ 2.4.23x (aßanåpipåså-); Ã 11.1 (aßanåyåpipåsåbhyåm) = KU 1.1.12; TÃ 4.22.1; ChU 6.8.3 (aßanåpipåse); AU 2.1 (aßanåpipåsåbhyåm) et 2.52x (aßanåpipåse); BÃUM 3.4.1 (aßanåyåpipåsé) = BÃUK 3.5.1 et BÃUM 4.4.28 (+ápipåsas pour
197 5 pípåset TS 2.1.10.1.
188
apipåsás198) = ChU 8.1.5 = ChU 8.7.1= ChU 8.7.3; ChU 3.17.6.; MaiU 3.5; åS 2.8.6 (aßanåyåpipåse), 2.8.8 (aßanåyåpipås¥yena), 2.8.16 (aßanåyåpipås¥yena) et 2.8.22 (aßanåyåpipås¥yena); BauS 2.5: 36,2; 58x simplex (1x RV; 5x YVpr; 24x Br; 15x Up; 5x Ãr; 8x S) dont 21x act. (RV; YVpr; Br; Up; S), 1x moy. (S) et 36x n.a. (Br; Up; Ãr; S) ‡ Cl. De på316 (‡ pip¥fi, pipåyayifi) ‘boire’ (cf. associations avec pibet dans KS 13.5: 185,14 et pibati dans KS 14.5: 204,16) Litt.: CHARPENTIER 30, 109, GÜNTERT 118, INSLER 1969: 62, LEUMANN 116 1) (RV, YVpr et JB 1.282) ‘boire + dés.’, avec acc. dans RV 8.4.11b 2) (Br+) ‘avoir soif’. Le degré plein radical ne correspond pas au degré zéro p¥ dans l’adj. verb. p¥tá-, l’abs. p¥tvâ, le pass. p¥yá. Le moy. dans VaikhS 15.31: 209,20 tau yadi pipåsete est apparemment sans valeur particulière.199 et contraste avec l’act. bhakfiayatas qui précède dans le même passage. Dans l’unique exemple rigvédique le dés. pipås contribue à créer l’image d’Indra ayant l’envie de boire, pour étancher sa soif, ou pour se fortifier avant de tuer V®tra. Il est sur le point de boire ce qui suscite les ordres donnés à l’Adhvaryu: • RV 8.4.11 ádhvaryo dråváyå tvá« sómam índraª pipåsati / úpa n°náμ yuyuje v™fia˙å hár¥ â ca jagåma v®trahâ // ‘Toi Adhvaryu, fais couler le Soma: Indra désire boire. Maintenant il a harnaché ses étalons couleur fauve, et il est arrivé, le tueur de V®tra’ Également en prose, l’action de pipås est invariablement l’envie de boire: • KS 13.5: 185,14 aindrågnam etam anus®fi†am ålabheta yasya pitå pitåmahas somaμ na pibed atha sa pipåset ‘Il doit offrir à Indra et Agni (une bête) qui a été relâchée200, celui dont le père ou le grand-père n’aurait pas consommé de soma, et qui désire (lui-même) (en) boire’
198 L’accent sur la syllabe finale a dû être analogique par rapport à vijarás et
vijighatsás qui précèdent directement. 199 Il n’y a pas de possibilité de voir un sens pass. comme GELDNER le fait pour le
part. papånás ‘getrunken’dans RV 6.44.7b. Sinon, les exemples moy. de på ‘boire’ sont très rares. La forme pibeta indiquée dans VPK I/4/1985b pour AVP 8.95.5 est attestée comme pibet dans l’édition de D. BHATTACHARYA. 200 anufi®fi†am 5 punar uts®†ám TS 2.1.5.5.
189
Le passage continue en expliquant que celui dont le père ou le grand-père ne boit pas de soma, est privé de sa force virile et exclu de la consommation de soma. L’envie de boire à laquelle le dés. pipåset fait référence est donc frustrée. Pour une explication étymologique du sens lexicalisé ‘avoir soif’ v. p. 61
pip¥fi prés. ind. act. 3sg. pip¥fiati RV 1.15.9a (= VS 26.22; v. CHARPENTIER 82) part. act. píp¥fiant- RV 6.42.1a (= S/YV; v. CHARPENTIER 82) adj. pip¥fiú- RV 7.59.4d (v. CHARPENTIER117) De på316 (‡ pipås, pipåyayifi) ‘boire’ Litt.: CHARPENTIER 29, 108, 111, 117, GÜNTERT 81, 118, INSLER 1969: 61, 62, 63, LEUMANN 116 ‘boire + dés.’, sans complément ou avec complément sous-entendu. Sur le plan sémantique pip¥fi est utilisé pour représenter, exactement comme pipås, Indra ayant envie de boire et suscitant les réactions adéquates des prêtres: • RV 1.15.9 dravi˙od⪠pip¥fiati juhóta prá ca tifi†hata / nefi†râd ®túbhir ifiyata // ‘Le donneur de richesse désire boire. Sacrifiez et mettez vous à l’avant. Dépêchez à temps (le Soma) de la coupe de Nefi†®’
pipr¥fi prés. ind. act. 3sg. pípr¥fiati RV 4.4.7c (= YVm; v. CHARPENTIER 82) ‡ Cl. (n.a. et adj.) De pr¥320 réjouir, amadouer, pacifier’ Litt.: CHARPENTIER 30, 109, 111, GÜNTERT 81, INSLER 1969: 63 ‘
‘réjouir + dés.’
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Le dés. pípr¥fiati dans cet exemple unique marque particulièrement l’effort d’assiduité et de volonté pour satisfaite Agni: • RV 4.4.7 séd agne astu subhágaª sudânur yás två nítyena havífiå yá uktháis / pípr¥fiati svá âyufii duro˙é víßvéd asmai sudínå sâsad ifi†ís // ‘Qu’il soit heureux, riche en offrandes, Agni, celui qui, dans sa demeure, durant sa vie, s’efforce par des chants, par des offrandes continues, de te satisfaire. Que tous les jours lui soient bons, doit être le voeu’ Le poète utilisant cette image pour formuler un éloge personnel, on comprend que cet effort est fructueux, c’est-à-dire que le poète fait tout son possible pour satisfaire Agni.
pup°fi part. moy. pup°fiåmå˙a- BauS 14.13: 175,14 De p°318 ‘(se) purifier’ Litt.: CHARPENTIER 30 ‘se purifier + dés.’ Dans cet exemple le part. dés. nom. sg. pup°fiamå˙as sert à caractériser un vieillard comme désireux ou décidé à ‘se purifier’: • BauS 14.13: 175,14 snåtakaª pup°fiamå˙o ’ ra˙ye pradåvyaμ dahantam upådhigamyåñjalinopast¥r˙åbhighåritån sakt°n pradåvye juhoti ‘Un vieillard désirant se purifier, après être arrivé dans la forêt près d’un feu de forêt en train de brûler, offre dans le feu de forêt avec les deux mains jointes des grains réchauffés et éparpillés’
+
pup°rayifi
prés. opt. act. +abhipup°rayifiet BauS 24.7: 190,9 (+‰bhipup°rayified‰ pour ‰bhip°ray‰) Du prés. p°raya- de p°r ‘remplir’ ‘remplir + dés.’, avec acc. et instr.
191
Le passage est contextuellement obscur, na prakråntaμ karma t°fi˙¥μ karma˙åbhipup°rayified iti ‘Il ne doit pas s’efforcer/essayer silencieusement de compléter un rituel (déjà) entamé avec un rituel’. Dans le contexte le dés. sert à représenter une intention inutile. La lecture abhip°rayifiet est adoptée telle quelle par CALAND201 et maintenue par ALBINO (v. 5-19). Elle ne peut cependant se justifier étant donné la constante régularité des autres formations dés. tertiaires qui présentent invariablement une syllabe de redoublement (‡ +tifi†håpayifi pour une correction semblable). +
bibådhifi opt. prés. moy. 3sg. páribibådhifieta B 3.6.4.12 = BK 4.6.4.5 et B 4.2.5.10 = BK 5.3.1.8 4x pári+ moy. (Br) De bådh640 (‡ b¥bhats) ‘pousser’ Litt.: CHAPENTIER 78, 112, GÜNTERT 125 ‘repousser à l’écart de + dés.’, +acc. et abl. Sur le plan morphologique le degré allongé de la syllabe radicale correspond au fait que la racine bådh est sans degré vocalique. Le ‰i‰ devant ‰s‰ provient du caractère Ve† de la racine et se retrouve dans l’adj. verb. bådhita-, l’abs. bådhitvå, l’inf. bådhitum La formation est récente et a dû être suscitée par le fait que l’autre variante du dés. de bådh, b¥bhats, n’avait plus de fonction dés. Le dés. dans cet exemple unique sert à marquer l’effort nécessaire pour assurer le résultat d’une action particulièrement importante et difficile: • B 3.6.4.12 átho pratyáñcaμ dákfii˙åyai tv èvàinaμ diß᪠páribibådhifietaifiâ vái dík pitÈ˙âμ tásmåd enaμ dákfii˙åyai diß´aª páribibådhifieta ‘But let him take care to keep it from (falling towards) the southern quarter, for that is the quarter of the Fathers: therefore he must take care to keep it from the southen quarter’ (EGGELING)
201
v. CALAND 1903: abhip°rayifiet, ... von bis jetzt unbekannter Bildung.
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bibhakfiayifi prés. opt. act. 3sg. bibhakfiayifiet ÃpS 12.24.5 ‡ Ép. (MBh I 139,22c) Du Denom. bhakfiaya- ‘consommer’ Litt.: GÜNTERT 125 ‘consommer + dés.’
bibhåvayifi prés. ind. act. 3pl. prabibhåvayifianti AB 5.3.4 (v. KEITH 1920: 226n. 3) Du caus. bhåvaya- de bh°325 (‡ bubh°fi) ‘être, devenir, grandir’ (caus.) ‘renforcer + dés.’202 Dans cet unique exemple du dés. de bhåvaya-, la forme prabibhåvayifianti vient après deux autres formes verbales non-dés. qui comme elle insistent sur une façon déterminée de prononcer le son o. Comme dans quelques exemples similaires où thèmes dés. et non-dés. se côtoient dans un même discours, on comprend que prabibhåvayifianti sert à marquer un effort particulier pour l’accomplissement d’une action jugée plus primordiale ou plus délicate que les autres: • AB 5.3.4 tad yac caturtham ahar ny°∫khayanty etad eva tad akfiaram abhyåyacchanty etad vardhayanty etat prabibhåvayifianti caturthasyåhna udyatyai ‘Le quatrième jour, ils prononcent à haute voix le son o, ils prolongent cette syllabe, ils la font croître, il s’efforcent de la renforcer, pour le support de cette quatrième journée’
202 cf. prabhåvayåma AB 6.14.4.
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bibhits inj. prés. act. 3pl. bibhitsan RV 10.61.13b (v. GELDNER III/229n. 13ab) ‡ MBh. De bhid130 ‘fendre’ Litt.: CHARPENTIER 49, GÜNTERT 86, LEUMANN 116 ‘détruire + dés.’ • RV 10.61.13b tád ín nv àsya parifiádvåno agman purû sádanto
nårfiadám bibhitsan ‘Da kamen noch dessen Belagerer; viele (Burgen) belagernd wollten sie den Nårfiada zerspalten.’ (GELDNER) Un hymne obscur, riche en expressions rares et en ellipses. Le sujet de bibhitsan n’est pas clairement établi, ce qui ne permet pas d’analyse précise de l’usage du dés.
b¥bhats prés. ind. moy. 3sg. b¥bhatsate JB 1.55; TB 1.1.3.8 – 3pl. b¥bhatsante AB 3.46.4; JB 1.552x (+b¥bhatsanta pour b¥bhatsa iti et b¥bhatsantå3i [v. BODEWITZ 1973: 176n. 2 et 3]) 5 B 12.4.2.2 5 12.4.2.9 5 KåS 25.5.25; B 11.1.6.30 = BK 3.1.12.28 impf. moy. 3sg. údab¥bhatsata KS 23.5: 80,16 = MS 3.6.9: 72,10 – 3pl. (apa..../úd)ab¥bhatsanta MS 4.5.8: 75,5 (úd+); AB 3.30.4 (apa...); B 12.7.3.4 opt. prés. moy. 3sg. b¥bhatseta AÃ 2.3.7: 116,102x; KåS 25.4.9 – 3du. b¥bhatseyåtåm LåS 2.4.12; DråS 4.4.21 part. moy. b¥bhatsamåna- JB 1.73, 1.164 = 3.268 = 3.296 = PB 8.4.5 = PB 8.5.11; B 7.2.3.2 pf. Per. moy. 3pl. b¥bhatsâμ cakrire B 1.1.3.5 = BK 2.1.3.2 gdf. b¥bhatseya- JB 1.55 b¥bhatsya- BauS 19.10: 434,11 n.a. b¥bhatsâ- VS 30.17 = VSK 34.17 = TBm 3.4.14.1; TB 1.1.3.9 (áb¥bhatsåyai); adj. b¥bhatsú- RV 1.164.8c (= AV; v. CHARPENTIER 117), 10.124.8d et 10.124.9a (v. CHARPENTIER 117); AV 11.8.28 = AVP 16.87.9 – b¥bhatsa- KB 3.6.11; ÃßS 3.10.20 et 3.11.21; BauS 28.9: 359,2 = ÃpS 10.14.1 = VaiS 21.2: 323,15 = KåS 25.11.26
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48x (3x RV; 2x AV; 2x YVm; 4x YVpr; 24x Br; 2x Ãr; 11x S) dont 26x simplex moy. (Br; Ãr; S), 2x simplex gdf. (Br; S), 12x simplex adj. (RV; AV; Br; S), 4x simplex n.a. (YVm; Br), 1x apa+ moy. (Br) et 3x ud+ moy. (YVpr) ‡ Cl. De bådh640 (‡ bibådhifi) ‘(re)pousser, écarter’ Litt.: AiS 228, CHARPENTIER 60, 105, 106, 117, EWA II/222, GÜNTERT 94, 95, 100, 121, 122, MINARD II/336, PiV 217n. 450, VIA I/465 1) (simplex) ‘être dégoûté’, avec abl. ?2) (apa+ et ud+) ‘se repousser + dés.’ De l’inventaire formel on retiendra que, d’une part que le RV et l’AV ne connaissent que l’adj. et les YVm le n.a., et d’autre part le Medium tantum à partir des YVpr. Le sens ne comporte aucune trace de la valeur dés. GOTÕ (PiV 217n. 450), constatant l’usage constant de l’abl., pose comme étymologie *‘désirer se repousser de qc.’, et postule ainsi pour bådh un ancien usage contrastif du moy. Pour l’analyse étymologique de b¥bhats, ainsi que la possibilité d'interpréter un sens dés. dans les formes composées, v. p. 61
bubhukfi part. moy. bubhukfiamå˙a- VårS 1.5.5.1 n.a. bubhukfiâ- TÃ 1.28 ‡ Ép. De bhuj131 ‘consommer’ Litt.: CHARPENTIER 49, GÜNTERT 89, VIA I/212 ‘avoir faim’
bubh°rfi prés. ind. act. 3sg. búbh°rfiati B 10.3.5.9 = BÃUM 1.3.20 = BÃUK 1.3.19
195
‡ Cl. De bh®133 ‘porter’ Litt.: CHARPENTIER 110, GÜNTERT 115, 116 ‘soutenir + dés.’203 • B 10.3.5.9 yá u haivaμvída« svéfiu pratipratír búbh°fiati ná haivâlaμ bhâryebhyo bhavati athá yá evàitám anubhávati yó vái tám ánu bhâryån búbh°rfiati sá haivâlaμ bhâryebhyo bhavati ‘And if any one strives to become a rival among his own people to one who knows this, he does not satisfy his dependants; but indeed, only he satisfies his dependants, who is faithfull to that one and who, along with him, strives to support his dependants’ (EGGELING) Cette strophe et la précédente servent à commenter tout le mérite du prêtre qui connaît la valeur d’un certain Yajufi, discuté en détail depuis le début du chapitre 5. Les deux formes dés., búbh°fiati de bh° ‘devenir’ (‡ bubh°fi) et búbh°rfiati représentent des actions efforcées sur la personne de ce prêtre qui ont des répercussions différentes sur la communauté.
bubh°fi prés. ind. act. 3sg. búbh°fiati KS 12.10:173,3 = MS 2.4.1: 38,23 et KS 13.6: 187,15; MS 1.5.8: 76,6 et 4.8.2: 108,6; AB 4.18.8; JB 2.22; B 11.2.3.5 (v. AiS 228); BÃUM 1.3.202x (v. AiS 227) = BÃUK 1.3.192x, BÃUM 6.2.1 = BÃUK 6.1.1 = 6.1.2 – 1pl. bubh°fiåmas KB 9.1.14 impf. act. 3sg. åvír abubh°fiat B 10.5.3.3-107x opt. prés. act. 3sg. búbh°fiet AB 2.20.21; TB 2.1.8.1 = BauS.3.4: 73,3; B 3.1.2.16 = BK 4.1.2.9, B 3.1.2.17; ÛB 1.5.6; Ã 4.4; BhåS 6.9.1 5 ÃpS 2.19.4; ÃpS 6.4.1; HiS 3.7.19 part. act. (abhi/saμ)búbh°fiant- RV 1.32.7c (= AVP 13.6.7c; v. CHARPENTIER 83); KS 10.2: 126,9, 10.4: 128,15, 10.8: 134,10, 10.10: 136,18, 11.1: 144,18, 11.4: 148,5, 11.6: 151,5, 12.1: 163,5, 12.5: 166,22, 12.10: 173,1, 12.13: 176,2-3, 13.2: 181,3-4, 13.3: 182,13, 13.4: 172,13, 13.5: 176,12, 13.8: 190,18, 13.12: 193,18, 19.10: 11,2 = KpS 30.8, KS 25.3: 105,11-12 = KpS 38.6, KS 29.6: 174,5-6 et 34.9: 42,16; KpS 45.7; TS 3.2.3.3 = ÃpS 12.19.3; MS 1.6.9: 100,5; JB 1.134, 2.44 (abubh°fiantas), 2.952x et 3.2873x; B 203 cf. pour bh® PW ‘unterhalten’.
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9.3.4.142x et 10.2.2.3; PB 20.2.2; ÃßS 10.1.5, 10.3.12 et 10.5.12; åS 4.13.2 (sam+) et 14.23.1(abhi+); BhåS 13.20.11; ÃpS 2.19.14, 12.8.12, 22.13.17 et 22.13.22; HiS 8.5.22 et17.5.36; VaiS 15.22:14; VårS 3.2.5.18 gdf. bubh°fiitavya- JB 1.282 Na bubh°fiå- KB 25.14.11 adj. bubh°fiu- KåS 18.5.10 91x (1x RV; 31x YVpr; 31x Br, 1x Ãr; 7x Up; 20x S) dont 79x simplex act. (RV; AV; YVpr; Br; Up; S), 1x simplex gdf. (Br), 1x simplex adj. (S), 1x simplex n.a. (Br), 1x abhi+ act. (S), 7x avec l’ Adv. åvís+ act. (Br) et 1x sam+ act. (S) ‡ Cl. De bh°325 ‘être, devenir, grandir’ (cf. association avec bhavati dans AB 4.18.8) Litt.: CHARPENTIER 30, GÜNTERT 82, INSLER 1969: 62n. 6 1) (simplex, RV+) ‘devenir + dés.’, le plus souvent avec nom. apposé, sinon avec pratimânam et gén. dans RV 1.32.7c204, avec inf. -tos dans AB 2.20.21205 2) (simplex dans KS 34.9: 42,15 et KB 25.14.11) ‘exister + dés.’ 3) (simplex dans B 3.1.2.16) ‘être + dés.’206 avec adj. 4) (simplex et sam+, YVpr+) ‘prospérer + dés.’ 5) (abhi+) ‘dominer + dés.’, avec acc. 6) (avec l’Adv. åvís) ‘se manifester + dés.’ Dans RV 1.32.7c, l’unique exemple rigvédique le dés. part. a une valeur caractérisante. Il représente l’avidité de V®tra de devenir l’égal d’Indra, alors qu’il est défait par ce dernier, ne peut plus accomplir quoi que ce soit et n’a même plus la force de désirer vaincre: • RV 1.32.7c-d v™fi˙o vádhriª pratimânaμ búbh°fian purutrâ v®tró aßayad vyàstaª // ‘Découpé, celui qui est avide de devenir l’égal du taureau, V®tra, gisait éclaté en maints endroits’ En prose, dans son usage le plus courant, bubh°fi sert à caractériser, le plus souvent comme part. ou dans une phrase relative, une personne comme
204 cf. bh° avec pratimânam RV 1.52.13a et 2.12.9c. 205 AB 2.20.21 yo Ømadhavyo yaßo Ørtor bubh°fiet ‘who being without taste of the
honey drink desires to win fame’. Peut-être faut-il restituer ¥ßvaras ‘... désire pouvoir acquérir la gloire’ (cf. l’ellipse de ¥ßvaras OERTEL I/477 et s.). 206 JB 1.282 tasmåd u ha bråhma˙ena ßuddhenaiva ßucinå bubh°fiitavyam ‘Therefore also the Brahmin should wish to be pure and clean’ (BODEWITZ) cf. pour bhavitavyàm + instr. AiS 399.
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cherchant avec difficulté à atteindre la prospérité. Dans l’exemple suivant on constate qu’il est en opposition sémantique avec le composé gatáßri/¥‘parvenu’: • TB 2.1.8.1 pûrvau duhyåj jyefi†hásya jyaifi†hineyásya yó vå gatáßr¥s syât áparau duhyåt kanifi†hásya kånifi†hineyásya yó vå búbh°fiet ‘Il doit traire les deux (trayons) de devant pour un (Yajamåna) qui serait un fils aîné né de la plus ancienne épouse207, ou (pour un Yajamåna) qui aurait atteint la prospérité. Il doit traire les deux trayons de derrière pour un (Yajamåna) qui serait un fils cadet né de la dernière épouse ou (pour un Yajamåna) qui cherche à prospérer’. On compte 49 exemples du part. búbh°fiant- avec ce sens, dont une grande partie dans KS. Il est ainsi synonyme du composé possessif bhûtikåma- ‘qui désire la prospérité’, comme l’attestent quelques exemples de formes parallèles, notamment KS 10.2: 126,9 5 MS 2.1.4: 5,16 ou KS 12.5: 166,22 5 MS 2.3.7: 34,16.: Avec d’autres sens de base bubh°fi représente également le plus souvent une action tentée qui est même parfois contre la normale: • KS 13.6:187:15 ståyad iva yajeta ståyad iva hi durbråhma˙o bråhma˙o bubh°fiati ‘Il offre comme si c’était en secret. Car c’est comme en secret que le mauvais Bråhman essaye de devenir un Bråhman’ • AB 4.18.8 yasmåd uttaro bubh°fiati tasmåd uttaro bhavati ya evaμ veda ‘Thus he becomes who knows thus higher than he than whom he desires to be higher’ (KEITH) • B 10.3.5.9 yá u haivaμvída« svéfiu pratipratír búbh°fiati ná haivâlaμ bhâryebhyo bhavati ‘And if any one strives to become a rival among his own people to one who knows this, he does not satisfy his dependants’ (EGGELING) Le gdf. de JB 1.282 et l’opt. prescriptif de B 3.1.2.16 sont les seules formes utilisées pour marquer l’action volontaire d’accomplir un objectif important: • JB 1.282 tasmåd u ha bråhma˙ena ßuddhenaiva ßucinå bubh°fiitavyam ‘Therefore also the Brahmin should wish to be pure and clean’ (BODEWITZ) • B 3.1.2.16 tásmåd u suvâså evá bubh°fiet ‘Hence also one should take care to be properly clad’ (EGGELING)
207 5 cf. KRICK 331n. 871 et PW.
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bhikfi prés. ind. moy. 1sg. bhikfie RV 1.171.1b et 2.28.1d – 3sg. bhíkfiate RV 7.32.17d; B 11.3.3.5; BhåS 10.12.4 inj. prés. moy. 3pl. bhikfianta RV 3.56.7d opt. prés. moy. 3sg. bhikfieta RV 1.152.6c, 8.7.15b (v. EVP X/105n. 15) et 8.18.1b; B 11.3.3.7 subj. prés. moy. 1sg. bhikfiai GB 1.2.6: 36,7 part. moy. bhíkfiamå˙a- RV 1.73.6c, 1.73.7a (= TB 2.7.12.5; CHARPENTIER 85), 3.33.2, 3.61.6, 4.41.9 (CHARPENTIER 86), 7.6.6, 7.10.3b (= MSm 4.14.3: 218,7 / TB 2.8.2.4), 7.90.7a = 7.91.7a, 9.70.2a et 10.31.5c; VS 30.18 = VSK 34.18 5 TBm 3.4.16.1 pf. moy. 3sg. bibhikfie ChU 1.10.2 et 4.3.5; JUB 3.2.1 adj. verb. ábhikfiit- B 11.3.3.7 gdf. bhikfiitavyà- B 11.3.3.7 abs. bhikfiitvå Ã 4.1: 2 = KauU 2.1: 2 n.a. bhikfiâ- RV 1.162.12c (må«sabhikfiâm [= YVm]; v. AIG II/2/190) et 6.50.1c (abhikfiadâm [v. GELDNER II/151n. 1b]); AV 11.5.9b = AVP 16.153.8b; B 11.3.3.7; GB 1.2.3: 35,3 et 1.2.6: 38,10; ChU 4.3.7 et 8.8.5; BÃUM 3.4.1 (bhikfiåcáryam) = BÃUM 4.4.26 = BÃUK 3.5.1 = BÃUK 4.4.22; BauS 17.39: 319,3; HiS 10.3.2 (bhikfiåcaryam) ? durbhikfiam TÃ 1.4.3. D’aprèx PW il s’agit du substantif neutre ‘Hungersnot’. Såya˙a par contre l’interprète comme un adj. (bhikfiitum api durlabham) 47x simplex (20x RV; 2x AV; 2x YVm; 9x Br; 1x Ãr; 10x Up, 3x S) dont 28x moy. (RV; YVm; Br; Up; S), 1x adj. verb. (Br), 1x gdf. (Br), 2x abs. (Ar; Up) et 15x n.a. (RV; AV; Up; S) ‡ Cl. De bhaj127 ‘partager, donner/recevoir une part’ Litt.: CHARPENTIER 70, 109, GÜNTERT 98, INSLER 1969: 59, 60 1) (RV et AV) ‘demander, supplier’, avec acc. ou gén. partitif rei208. Dans RV 10.31.5c, la personne sollicitée est représentée par un abl., dans RV 1.73.7a
208 En général le complément direct représente une chose matérielle (p.ex. drávi˙am,
pitvás) ou une entité abstraite (p.ex. sumatím, sumnám). Moins clair est le sens exact de RV 7.32.17c-d távåyáμ víßvaª puruh°ta pârthivo avasyúr nâma bhikfiate, ‘Deinen Namen fleht jeder schutzbedürftige Erdenbewohner an, du Vielgerufener’ (GELDNER).
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par un loc. 2) (VS 30.18 et Br) ‘mendier’, avec facultativement un acc. personæ. bhikfi est un ancien thème dés. entièrement lexicalisé, exprimant uniquement des actions concrètes dont la plus fréquente est ‘demander’. À partir des YVm on observe une spécialisation de ce sens en ‘mendier’, avec également un changement syntaxique puisque l’acc., lorsqu’il est présent, au lieu de représenter le complément d’objet direct, représente la personne sollicitée. De ce sens sont tirés le gdf. ‘mendiable’ et l’adj. verb. ‘mendié’. Le n.a. bhikfiâ- signifie ‘mendicité’ dans B 11.3.3.7, mais ‘aumône’ dans AV 11.5.9b, ChU 4.3.7 et 8.8.5. Le composé må«sabhikfiâ-, dans RV 1.162.12c yé cârvato må«sabhikfiâm upâsata, représente probablement une séquence rituelle de l’Aßvamedhá, ‘la demande de viande’ou ‘l’aumône de viande’. L’autre composé abhikfiadâ- (RV 6.50.1c), doit bien s’analyser en abhikfiadâ-, le premier membre étant un composé privatif adjectival *a-bhikfiá- ‘sans demande’, non attesté en dehors de cet exemple. Ce premier membre peut, soit avoir une valeur adverbiale ‘qui donne sans demande/spontanément’ (cf. les composés du type satya-yáj- ‘wahrhaft opfernd’[AIG II/1/66]), soit représenter le complément indirect de -dâ-, ‘qui donne à un qui est sans demande’. La forme se distingue spécialement par rapport aux nombreux autres composés avec -dâ- où le premier membre désigne l’objet direct (dhanadâ-, dravi˙odâ-, vasudâ- etc.). Pour une analyse étymologique du sens lexicalisé de bhikfi v. p. 63
mimathifi impf. moy. 3pl. vyamimathifianta JB 2.231 (+‰fianta pour +‰fiata [v. OERTEL I/344 et s., NARTEN 1960: 125n. 16]) De math 328 ‘arracher, voler’ Litt.: GÜNTERT 91 i
(vi+) ‘voler + dés.’ Degré plein et ‰i‰, parallèlement à l’adj. verb. mathitá• JB 2.231 tå asya prajå varu˙ag®h¥tå maruto randhryå anvavapåtino + vyamimathifianta ‘Diese von Varu˙a ergriffenen Geschöpfe des Prajåpati, wollten die hinterherstürmenden Maruts rauben’ (NARTEN [1960: 125n. 16]). Le dés. marque une intention ou une tentative hostile.
200
m¥må«s prés. ind. moy. 3sg. (upa)m¥må«sate JB 1.141 (upa+) et 3.384 – 1pl. m¥må«såmahe JB 3.384 – 3pl. m¥må«sante KS 8.3: 86,8 = KpS 6.8, KS 8.12: 95,15, 19.8: 9,19 = KpS 7.7, KS 23.9: 85,16 = KpS 36.6 = MS 3.7.9: 89,9 5 KS 30.1: 182,12 5 KpS 46.4 , KS 25.3: 105,10 = KpS 38.6 5 TS 6.2.6.4 5 MS 3.8.4: 97,18, KS 27.5: 144 ,1 = KpS 42.5, KS 29.2: 169,8 = KpS 45.3, KS 33.7: 32,10 = TS 7.5.7.1 et KS 37.1: 85,9; MS 1.6.10: 103,1, 1.8.5: 122,8, 1.8.7: 125,13, 1.10.20: 159,18, et 3.10.5: 136,8; JB 1.71, 1.116, 1.176, 1.291, 1.315, et 2.393; KB 2.7.16 et post 26.2: 130,27; Aà 3.2.3: 135,4; à 8.4 impf. moy. 3pl. am¥må«santa AV 12.4.42a = AVP 17.20.2a; PB 12.10.15 subj. prés. moy. 3sg. (upa+)m¥må«såtai MS 3.8.1: 92,14; VådhS 3.13.8 (upa+) opt. prés. moy. 3sg. (upa)m¥må«seta KS 27.2: 139,15 (v. OERTEL II/992) = KpS 42.2 = MS 3.8.5: 101,14 = MS 4.5.5: 70,12 = PB 6.5.9; JB 1.141 (upa+) = 1.302 et 3.359 (upa+); GB 1.3.8: 72,14-73,1; VB 322,13 (upa+) = 435,13 = 444,19 = 484,25 = 493,31 = 495,28 – 3pl. mîmå«seran KS 25.3: 105,9 = KpS 38.6 = TS 6.2.6.4 = MS 3.8.4:97,17 = PB 23.4.2 part. moy. mîmå«samåna- AV 9.1.3b = AVP 16.32.2b; AB 4.27.9; JB 1.246 et 1.273 – pass. m¥må«syámånasya- AV 9.6.24 (+‰syámånasya pour ‰sám [v. VIA I/215]) = AVP 16.113.1; ÃßS 11.2.6 (+m¥må«syamånå pour ‰samånå [v. VIA id.]) aor. moy. 2sg. am¥må«sifi†hås B 11.6.2.4 pf. pér. act. 3pl. m¥må«såm cakrur JB 3.350; ChU.5.11.1 – moy. 3sg. m¥må«sâm cakre B 4.2.1.7 = BK 5.2.1.5; Tà 1.12.5 adj. verb. m¥må«sitá- AV 9.6.24 (v. CHARPENTIER 113) = AVP 16.113.1; KB 11.5.5 et 12.9.17; BÃUM 1.4.29 = BÃUK 1.4.16 inf. m¥må«situm JB 3.159 abs. m¥må«sitvå KS 26.9: 134,8 = KpS 41.7 gdf. m¥må«sitavyà- MS 3.8.1: 92,14 – m¥må«sya- KenaU 2.1 n.a. (upa)m¥må«sâ- KB 7.4.16; TB 3.3.4.6, 3.3.8.5 et 3.10.9.2 5 B 1.3.5.12; B 4.1.1.16 5 4.5.3.8 5 4.5.4.7 5 BK 2.3.3.8 5 BK 4.1.4.15 5 BK 4.5.1.2 5 BK 5.1.1.13 5 BK 5.2.2.11 5 BK 5.6.1.7; B 8.7.4.12 5 9.5.1.12 5 10.2.5.9, 11.2.4.4, 11.4.2.2 (upa+) = 11.4.2.12 = 11.4.2.15 ; Tà 8.8.1 = TU 2.8.1; ChU 5.11.1; åS 18.24.34; BauS 2.12: 53,13; ÃpS 15.18.12 = 19.16.7; VådhS 1.1.9, 3.5.4 et 3.6.16 121x (8x AV; 39x YVpr; 53x Br; 4x Ãr; 6x Up; 9x S; 1x GS; 1x DhS) dont 2x simplex act. (Br; Up), 62x simplex moy. (AV; YVpr; Br; Up; Ãr; S), 3x simplex pass. (AV; S), 6x simplex adj. verb. (AV; Br; Up), 2x simplex abs.
201
(YVpr), 4x simplex gdf. (YVpr; Up; GS; DhS), 1x simplex inf. (Br), 28x simplex n.a. (Br; Up; Ãr; S), 10x upa+ moy. (Br) et 3x upa+ n.a. (Br) ‡ Cl. De man137 ‘penser’ Litt.: AiG II/2/575, AiS 228, CHARPENTIER 41, 105, 106, 111, 112, GÜNTERT 84, 94, 95, 100, VIA I/137 1) (simplex dans AV+) ‘réfléchir, méditer’, souvent avec acc. de contenu, avec loc. de concernement dans JB 1.246, gén. dans B 11.6.2.4209, sans complément dans AV 9.1.3b, KS 8.3: 86,8 et 26.9: 134,8, sinon très fréquent après une phrase avec íti à partir des YVpr 2) (simplex dans AV 9.6.24 et MS 3.8.1: 92,14 et upa+) ‘contester / critiquer’, acc. avec upa+ dans VB 322,13, sinon sans acc. ou avec phrase avec íti 3) (simplex dans KS 25.3: 105,10 et 27.2: 139,15, AÃ 3.2.3: 135,4) ‘avoir des doutes’, avec acc. et loc. Les exemples act. se limitant au pf. pér. 3pl. m¥må«såm cakrur dans JB 3.350 et ChU 5.11.1 (cf. une variation moy./act. similaire au pf. pour ås ‘être assis’, v. VIA I/450), m¥må«s peut être considéré comme un Medium tantum, comme la racine man. Le thème est complètement lexicalisé et n’exprime que des actions concrètes: ‘réfléchir, méditer’, ‘contester / critiquer’ et ‘avoir des doutes’. Pour l’étymologie des différents sens de m¥må«s v. p. 64
mumukfi prés. ind. moy. 3sg. mumukfiate ÃßSm 4.11.6 part. moy. múmukfiamå˙a- RV 10.111.9c (CHARPENTIER 84) gdf. mumukfiitavya- JB 1.330 adj. mumukfiú- RV 1.140.4a (v. CHARPENTIER 117); vetU6.18; VaiS 2.9: 28.3 6x simplex (2x RV; 1x Br; 1x Up; 2x S) dont 2x moy. (RV; S), 1x gdf. (Br) et 3x adj. (RV; Up; S) ‡ Cl. De muc141 enlever, libérer’ (cf. association avec mumucré dans RV 10.111.9c) Litt.: CHARPENTIER 53, 117, GÜNTERT 88, LEUMANN 116 ‘
209 B 11.6.2.4 tváμ nédifi†haμ yåjñavalkyågnihotrásyåm¥må«sifi†hås ‘Thou, O Yåjñavalkya, hast inquired most closely into the nature of the Agnihotra’ (EGGELING).
202
(moy., adj. et gdf.) ‘se libérer + dés.’, avec abl. dans JB 1.330, sinon sans complément. Le lexème de toutes les formes, y compris les nominales, correspond au sens du prés. moy. múcya- et non à celui de muñcá- qui est transitif. Sur le plan sémantique il faut admettre que ni l’unique exemple à un mode personnel, ÃßSm 4.11.6, ni RV 1.140.4a pour l’adj. en -u-, ne permettent d’analyses pertinentes. L’exemple le plus clair est RV 10.111.9 avec le part. dés. moy. nom. pl. múmukfiamå˙ås: • RV 10.111.9 s®j᪠síndh°«r áhinå jagrasånâ« âd íd et⪠prá vivijre javéna / múmukfiamå˙å utá yâ mumucré Ødhéd etâ ná ramante nítiktås // ‘Frei liesst/lässt du die Ströme, die von der Schlange verschlungen waren. Da sind diese (Flüsse) wirklich losgestürzt in Eile, die freikommen wollten und die freigekommen sind; nun ruhen diese wirklich nicht (mehr), die erregten.’ (KÜMMEL [491]) Le part. dés. ne représente ni une tentative ni un effort, mais caractérise le désir pressant des eaux à se libérer de l’emprise de V®tra. En dehors de cet exemple, on notera que le gdf. dans JB 1.330 tasmåt kfiipram mumukfiitavyam ‘Il faut s’efforcer de s’en libérer rapidement’ qui marque un effort surtout physique pour l’action ‘se débarasser du chant Rathantara’, c’est-à-dire le chanter rapidement.
mum°rfi opt. prés. act. 3sg. mum°rfiet LåS 8.8.40; KåS 22.6.19 ‡ Cl. De m®143 mourir’ Litt.: CHARPENTIER 39, GÜNTERT 116, LEUMANN 116 ‘
‘mourir + dés.’
mumodayifi prés. ind. act. 3sg. prámumodayifiati B 3.3.4.18 = BK 4.3.4.13 part. act. pramúmodayifiant- BK 1.4.1.9 = 1.4.1.12
203
4x pra+ act. (Br) Du caus. modáya- de mud435 ‘se réjouir/amuser’ (Avec caus.) ‘réjouir + dés.’ Le dés. mumodayifi, dans ces deux exemples, met l’accent sur un effort d’éloquence pour satisfaire un dieu: • BK 1.4.1.9 áthågnír m°rdhâ div᪠kakút pátiª p®thivyâ ayam apâ« rétå«si jinvatîti yáthå yâcan kalyâ˙aμ váded åmufiyåya˙ó vái tvám asy álaμ vái tvám etásmå asîti pramúmodayifiann úpastuyâd eváμ vévaifiâ ‘(Il récite) „Agni est la tête, le sommet du ciel. Le maître de la terre anime la semence des eaux.“ Comme une personne suppliante parlerait poliment, (disant) „En vérité tu es le descendant d’untel et untel. Tu es capable de ça“. S’efforçant de le satisfaire, il lui ferait des louanges. De cette manière en vérité est ce (vers)’
+
yiyå«s
impf. act. 3pl. ayiyå«san KS 23.5: 80,16210 (+ayiyå«sa«s‰ pour ayiya«sa«s‰) De yam150 tenir, étirer’ Litt.: CHARPENTIER 42211, GÜNTERT 122 ‘retenir + dés.’. ‘
• KS 23.5: 80,15-16 annaμ vai manufiyebhya udab¥bhatsata tad devå
ayiya«san ‘La nourriture, en vérité, fut dégoûtée par les humains. Les dieux désirèrent/essayèrent de la retenir’ 210 5 MS 3.6.9: 72,10 adidh¥rfian (‡ didh¥rfi). 211
CHARPENTIER mentionne un Ger. abhyåya«sénya dans RV 1.34.1d abhyåya«sényå bhavatam man¥fiíbhiª qu’il traduit ‘von den Opferpriestern lasst ihr (= Aßvinen) Euch herlenken’. D’après lui il faudrait lire +abhyåiya«sénya, ce qui donnerait un thème dés. *iya«s de yam. La forme est traitée par WACKERNAGEL (AIG II/2/503) comme un Ger. dérivé d’un aor. sigmatique, mais elle n’est pas mentionnée dans AiV. La restitution de la syllabe i est contre l’exigence du mètre, le Påda étant un Jagat¥, et contenant déjà 12 syllabes.
204
Même valeur sémantique que pour adidh¥rfian dans le passage parallèle MS 3.6.9: 72,9-10 (‡ didh¥rfi), et même amendement que pour +saμtita«sati également dans KS (‡ titå«s).
yiyakfi prés. opt. moy. 3sg. yiyakfieta BhåS 1.15.14212 De yaj494 (‡ iyakfi) ‘sacrifier’ Litt.: CHARPENTIER 62, GÜNTERT 121 ‘sacrifier + dés.’ Sur le plan morphologique on remarque que le degré de la racine est plein alors que le degré zéro est attesté dans le pass. ijya-, l’adj. verb. ifi†á-, l’abs. ifi†vâ. Du point de vue sémantique l’unique exemple reflète un des usages les plus courants du dés. en prose brahmanique, puisqu’il sert à caractériser une personne comme désireuse ou concernée par l’achèvement d’une action: • BhåS 1.15.14 sa ya indrayåj¥ mahendraμ yiyakfieta saμvatsaram indram ifi†vågnaye vratapataye puro∂åßam afi†åkapålåμ nirvapet ‘Qui, étant un indrayåj¥ (?), désirerait sacrifier avec le Mahendra doit, après avoir sacrifié pour Indra pendant une année, offrir à Agni, patron des observances, un gâteau sur douze tessons’
+
yiyaps
part. act. +yiyapsant- åSm 16.4.6 (+‰psata pour ‰psyata; v. AzI II/573)213 – pass. *yiyapsyámåna- AV 20.135.5 (d’après HOFFMANN [AzI II/573 et s.] qui adopte cette forme part. pass. dés., étant données les formes parallèles passives y¥yapsyamånå et y¥yapsyate respectivement dans åSm 12.23.5 et ÃßSm 8.3.24 [‡ y¥yaps], à la place du part. fut. moy./pass. +yapsyamånå, luimême amendement pour yákfiyamå˙å) De yabh149 (‡ y¥yaps) ‘coïter’ 212 5 BauS 23.17: 176,12 iyakfieta. 213 5 y¥yapsyatas ÃßSm 10.8.11.
205
Litt.: CHARPENTIER 62, 109, GÜNTERT 119 ‘coïter + dés.’ Cette forme à voyelle de redoublement brève du dés. de yabh n’est donc attestée que par deux exemples. Le premier est une amendement, le second une forme reconstruite. Dans les deux cas le dés. caractérise particulièrement le désir intense de rapport sexuel: åSm 16.4.6 +yiyapsata iva te mano hotar må tvaμ vado bahu ‘Ta pensée est comme si tu brûlais d’envie de coïter, Hotar. Arrête de parler tant !’ L’exemple est intéressant car il indique un parallèle entre l’action dés. et une action exubérante: le prêtre parlant beaucoup a une pensée équivalente à celle d’une personne désirant coïter/avoir un rapport sexuel. Bien sûr il y a plusieurs façons d’interpréter ce lien mais on peut supposer que l’allusion soit faite à un désir très intense d’acte sexuel, exactement comme une personne parlant trop qui semble surexcitée. • AV 20.135.5 patnî *yiyapsyámånå ‘L’épouse désirée pour le coït (approche)’ L’épouse est patiente ou récipient d’une action supposée mener au coït. Il doit s’agir d’un état stimulant aussi bien physique que mental d’un partenaire potentiel. Si cette interprétation se révèle incompatible au contexte il faut rejeter le dernier amendement de HOFFMANN et conserver le part. fut. yapsyámånå qui permet la traduction ‘die Gattin (kommt) in der Absicht sich zu begatten (begattet zu werden)’.
yiyås part. act. +prayíyåsant- BÃUM 4.3.44 = BÃUK 4.3.38 (+‰yíyåsantam‰ pour ‰yiyåsántam‰) De yå514 ‘aller’ Litt.: CHARPENTIER 31, GÜNTERT 119 (pra+) ‘partir + dés.’ Le degré plein de la voyelle radicale peut s’expliquer comme étant parallèle à celui de l’adj. verb. yåtá-, l’abs. yåtvâ, le pass. yåyá-.
206 • BÃUM 4.3.44 tád yáthå rájånaμ +prayíyåsantam úgråª prátyenasaª
s°tagråma˙yá upasamåyánti evá« haivaμvída« sárve prå˙â upasamâyanti yátraitád °rdhvocchvåsî bhávati ‘Comme des héritiers féroces, le héraut et le chef, se rassemblent autour d’un roi qui tente de partir, ainsi se rassemblent les souffles autour de celui qui sait ainsi lorsqu’il souffle pour la dernière fois’ L’action semble plutôt être une tentative de ‘partir’, qui d’après le contexte ne peut s’achever vu le rassemblement humain autour du sujet.
y¥yaps pass. 3sg. y¥yapsyate ÃßSm 8.3.24 (v. AzI II/573) part. act. y¥yapsant- ÃßSm 10.8.11 (+‰psata pour ‰psyata; v. AzI II/572)214 – pass. y¥yapsyamåna- åSm 12.23.5 (5 3sg. ‰syate ÃßSm 8.3.24; v. AzI II/573) De yabh149 (‡ yiyaps) ‘coïter’ ‘coïter + dés.’ Tous les exemples de y¥yaps connaissent des variantes avec voyelle de redoublement courte, amendées ou reconstruites: ÃßSm 8.3.24 et åSm 12.23.5 sont apparentés à AV 20.135.5 *yiyapsyámånå, ÃßSm 10.8.11 est une variante de åSm 16.4.6 +yiyapsatas. Pour ÃßSm 8.3.24 il faut conserver la même interprétation que pour AV 20.135.5: l’épouse est patiente, ou plutôt récipient de signes annonciateurs de l’acte sexuel, en l’occurrence l’érection de l’Hotar215: ÃßSm 8.3.24 patn¥ y¥yapsyate jaritar othå modaiva hotå vifi†¥mena jaritar otha modaiva ‘L’épouse est desirée d’être pénétrée Ô chanteur. Othå modaiva. L’Hotar (le fera) avec son membre en érection. Othå modaiva Si cette interprétation s’avérait, pour une raison ou pour une autre, inacceptable, il faudrait amender y¥yapsyate en un fut. yapsyate qui se traduirait par ‘a l’intention de se faire pénétrer’.
214 5 yiyapsyatas åSm 16.4.6. 215 cf. KULIKOV 368 et s.
207
yuyuts prés. ind. act. 3sg. yúyutsati AV 11.10.26d impf. act. 3pl. áyuyutsan RV 1.33.6a (CHARPENTIER 84) part. act. yúyutsant- RV 5.32.5d et 10.48.10c (v. CHARPENTIER 84) – moy. yuyutsamåna- HiS 22.2.25 5x simplex (3x RV; 1x AV; 1x S) dont 4x act. (RV; AV) et 1x moy. (S) ‡ Cl. De yudh153 ‘combattre’ Litt.: CHARPENTIER 53, GÜNTERT 88, INSLER 1969: 58, 61 ‘combattre + dés.’, avec acc. sauf au part. Dans les trois exemples rigvédiques, le dés. de yudh représente le désir ou la tentative éphémère de combattre un opposant trop puissant, en l’occurrence Indra: • RV 1.33.6 áyuyutsann anavadyásya sénåm áyåtayanta kfiitáyo návagvås / v®fiåyúdho ná vádhrayo nírafi†åª pravádbhir índråc citáyanta åyan // ‘Sie wollten die Wehr des Untadeligen bekämpfen; die Navagvastämme übten Vergeltung. Wie verschnittene (Stiere), die mit einem Bulen kämpfen, flohen sie gezeichnet in eiligem Laufe vor Indra, zur Einsicht Kommend’ (GELDNER) Dans l’hymne 1.33 les strophes de 4 à 7 relatent un acte héroïque d’Indra et de ses alliés dans le cadre d’un mythe inédit. Le sujet de l’impf. 3pl. áyuyutsan sont des ennemis non-adeptes du sacrifice, appelés les Sanakås (cf. str. 4). • RV 5.32.5 tyáμ cid asya krátubhir nífiattam amarmá˙o vidád íd asya márma / yád ¥« sukfiatra prábh®tå mádasya yúyutsantaμ támasi harmyé dh⪠/ ‘Selbst diesen, da er infolge seiner Absichten sich niedergeduckt hatte, (erschlug er); er fand seine, des Unverwundbaren, verwundbare Stelle, als du trefflicher Herrscher, nach der Darbringung des Rauschtrankes, den kampfbegierigem im das Dunkel, im das feste Haus brachtest’ (GELDNER) Le démon en question est V®tra (cf. GELDNER II/31n. 5a). • RV 10.48.10c-d sá tigmáß®∫gaμ v®fiabháμ yúyutsan druhás tasthau bahulé baddhó ant᪠//
208
‘cherchant (= le gardien du Soma) à combattre le taureau aux cornes aiguisées (= Indra), il reste attaché dans l’épais (méandre216) du mal. ’ Vu les circonstances décrites, l’action du part. yúyutsan semble plutôt une tentative physique qu’une incitation mentale. Enfin dans l’unique exemple atharvavédique le dés. sert à marquer un désir, ou l’intention hostile d’un ennemi contre lequel le poète demande une représaille: • AV 11.10.26 marmåvídhaμ róruvataμ +supar˙âr217 adantu dußcítam m®ditá« ßáyånam / yá imâμ pratîc¥m âhutim amítro no yuyutsati ‘Puissent les aigles dévorer le mal-pensant, qui gît écrasé, percé à un point vital, l’ennemi qui aspire à/essaie de combattre notre offrande de riposte’
yuy°fi(1) prés. ind. act. 3du. yúy°fiatas RV 1.144.3a part. act. yúy°fiant- RV 4.16.11c (v. CHARPENTIER 83) De yu/y°442 ‘tirer vers soi, (main)tenir, unir’ Litt.: CHARPENTIER 31, GÜNTERT 82, INSLER 1969: 62n. 6 ‘maintenir + dés.’ Le dés. de yu ‘tirer, maintenir’ marque dans les deux exemples un effort physique pour contrôler une chose instable ou bougeante: • RV 1.144.3a-b yúy°fiataª sávayaså tád íd vápuª samånám árthaμ vitáritratå218 mithás / ‘Avec la même vigueur, ils (= les bras) s’efforcent de conserver cette merveille, accomplissant à tour de rôle le même but219’ Le dés. marque l’effort physique et l’habileté des deux bras pour contrôler l’allumage du feu. • RV 4.16.11c ®jrâ vâjaμ ná gádhyaμ yúy°fian ‘T(= Indra)’efforçant de maintenir les deux (chevaux) rougesbrillants comme un prix de victoire à maintenir’220 216
cf. GELDNER n. 10c et 10d.
217 cf. WHITNEY II/659. 218 v. SCHAEFER 131 ‘durchdringen’. 219 samånám ártham complément direct du part. int. Nom. du. vitáritratå plutôt
qu’acc. adverbial.
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yuy°fi(2) prés. ind. act. 3du. yúy°fiatas RV 6.62.1d (v. GELDNER II/164n. 1d) De yu151 ‘éloigner’ ‘repousser + dés.’, avec acc. • RV 6.62.1 stufié nárå divó asyá prasántåßvínå huve járamå˙o arkáiª / yâ sadyá usrâ vyúfii jmó ántån yúy°fiataª páry urû várå«si ‘Je m’apprête à louer les deux proéminents maîtres de ce ciel. (Les) réveillant j'appelle les Aßvins par des chants. Eux qui, dès la naissance du jour, dans la clarté de l’aurore, s’efforcent d’écarter les frontières de la terre au-delà des grands espaces’ Ce second thème yuy°fi appartient sans aucun doute à la racine yu ‘(se) maintenir à l’écart’. La traduction de GELDNER ‘die sogleich bei Aufgang der Morgenröte die Grenzen der Erde, die Weiten Räume zu umspannen suchen’ attribue pourtant yúy°fiatas à un composé non attesté sinon en védique *pari+yu, de yu ‘tirer vers soi, (main)tenir, unir’. Dans cette interprétation, ce n’est pas tant la composition de pári ‘autour’ avec yu ‘maintenir, unir’ qui pose des problèmes, les deux sémantèmes étant facilement compatibles, mais bien plutôt la question de savoir ce que le poète aurait voulu entendre par jmó ántån ... urû várå«si ‘frontières de la terre ... grands espaces’, une équivalence incompréhensible étant donné l’incompatibilité sémantique entre ánta‘frontière, bord’ et váras- ‘espace’. L’autre interprétation de GELDNER (v. n. 1d) ‘Die die Grenzen der Erde über weite Strecken fortzurücken suchen’, selon laquelle várå«si est un acc. de distance, attribue yúy°fiataª à yu ‘(se) maintenir à l’écart’ et considère pári comme une préposition. Elle se rallie à l’interprétation de Såya˙a qui interprète yúy°fiatas comme p®thak kurutas (de k® p®thak ‘séparer’) ou comme vistårayatas (de vi+ståraya- ‘écarter’). Elle est également, supportée par un argument philologique, à savoir que les Aßvins ont comme fonction d’éliminer les conflits qui se produisent dans les zones intermédiaires telles les frontières (concrètes ou abstraites) ou les bords de territoires221 (OBERLIES 1998: 179).
220 Mythe d’Indra prenant l’apparence de Kutsa. Dans le vers précédent se trouve
déjà le dés. ví ...cikitsat. 221 GELDNER dans ses commentaires cite RV 7.69.3c-d ví våμ rátho vadhvä
yâdamånó Øntån divó bådhate vartaníbhyåm ‘Euer Wagen, der von der jungen Frau
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Dans le paradigme de yu ‘(se) maintenir à l’écart’, ce thème dés. s’inscrirait donc aux côtés du thème redoublé yúyo-, sporadiquement attesté surtout au forme modales (cf. IiV 90), et du caus. yå/aváya- (v. JAMISON 1983: 174 et s.), comme forme transitive, à côté du prés. yúccha- intransitif. Sur le plan sémantique ce dés. sert à mettre en évidence un effort fructueux des Aßvins à réaliser cette action fondamentale.
rips part. moy. åripsamåna- GB 2.1.12: 152,3-4222 ‡ Cl. De rabh157 ‘attraper’ Litt.: VIA I/225 (avec å+) ‘entamer + dés.’ Pour cette variante du dés. de rabh avec le i bref il n’y a en védique qu’un seul exemple: GB 2.1.12: 152,3-4 ågnåvaifi˙avam ekådaßakapålaμ nivaped darßap°r˙amåsåv åripsamå˙as ‘Il doit offrir un gâteau sur onze tessons à Agni de tous les hommes celui qui désire entamer le sacrifice de la nouvelle et de la pleine lune’ Selon un usage courant en prose, le dés. sert ici à caractériser une personne comme désireuse ou concernée par l’accomplissement d’une action, et à qui s’applique une prescription déterminée.
r¥ps prés. ind. moy. 3pl. +anvår¥psante VB 435,6 (pour anvårir¥ps‰) opt. prés. moy. 3sg. +anvår¥pseta VB 435,5 (pour anvårir¥ps‰)
begleitet wird, drängt durch beide Radspuren, die Enden des Himmels auseinander’, qui offre une image similaire à celle de 6.62.1d. 222 5 årapsyamånas MåS 1.5.6 et ålapsyamånas MS 1.4.14: 63,14.
211
‡ Cl. De rabh157 ‘attraper’ Litt.: GÜNTERT 97, VIA I/225 (avec anvå+) ‘rattraper + dés.’ Ces deux formes du dés. de rabh avec le ¥ long sont des amendements de formes aberrantes, anvårir¥pseta et anvårir¥psante sans correspondance morphologique pour la catégorie du dés., qui indiqueraient un thème anciennement monosyllabique, secondairement redoublé. Sur le plan sémantique elles servent à représenter des efforts ou des tentatives sur des actions impossibles et illustrent ainsi les conséquences néfastes d’une mauvaise action dans une cérémonie de sacrifice: • VB 435,4-7 tan nu haitad eke p°rvåh˙a eva d¥kfiante sa yathå våra˙aμ någa« hastinam åra˙yaμ uddrutam +anvår¥psetaiva« ha vå eta etåμ devatåm uddrutåm +anvår¥psante ye p°rvåh˙e d¥kfiante tåμ nåpnuvanty uddruteva hy efiå devatå tad åsmål lokåd bhavati ‘Einige nun weihen sich dan am Vormittag. Wie man einen wilden Elefante, der davongelaufen ist, würde packen wollen, so wollen die, die sich am Vormittage weihen, diese Gottheit (d.h. die Sonne), wenn sie emporgegangen ist, ergreifen, erreichen nicht, denn diese Gottheit ist dann von diesem Raume emporgegangen.’ (CALAND)
rirådhayifi prés. ind. act. 3sg. (abhi)rírådhayifiati B 2.3.4.6 (abhi+) 5 BK 1.4.1.5 Du caus. rådhaya- de rådh497 (‡ ¥rts) ‘parvenir, réussir’ (caus. simplex et abhi+) ‘contenter + dés.’, avec simple acc. • B 2.3.4.6 yó vái bråhma˙áμ vå ßá«samåno Ønucárati kfiatríyaμ våyáμ me dåsyati ayám me g®hân karifiyatîti yó vái táμ vâdyena vå kárma˙å våbhirírådhayifiati tásmai vái sá déyam manyaté ‘Whosoever follows either a Bråhman or Kfiatriya, praising him, thinking, „He will give me gifts, he will build me a house,“ to him, if he strives to please him both in speech and deed, that (master of his) will think himself bound to give gifts’ (EGGELING)
212
L’usage et la valeur sémantique ressemblent très fort à ceux du dés. de modáya- dans BK 1.4.1.9 (v. p. 203). Ici également l’accent est clairement mis sur un effort d’engagement pour avoir du succès auprès d’une personne dont on attend quelque-chose d’important.
ririkfi prés. ind. act. 3sg. rírikfiati RV 8.18.13a (v. CHARPENTIER 84) part. act. rírikfiant- RV 1.129.10g et 7.36.4c (v. CHARPENTIER 84) adj. ririkfiú- RV 1.189.6c223 4x simplex (RV) dont 3x act. et 1x adj. De rifi165 ‘(se)blesser’ (cf. associations dans RV 8.18.13a avec ririfi¥fi†a et dans 1.129.10g avec ririfies). Litt.: CHARPENTIER 54, 86 ‘léser + dés.’, avec acc. seulement dans 8.18.13a. En ce qui concerne le sens de base on constate qu’aucun des 4 exemples n’atteste le sens intransitif ‘se blesser’ qui est le plus courant pour le prés. rífiya-, et qui est également attesté par l’aor. arifia- (cf. KULIKOV 456). Comme l’illustre l’exemple ci-dessous, le dés. de rifi représente une tentative ou un désir de la part d’un être hostile de léser ou de faire du mal à la communauté du poète, action contre laquelle ce dernier demande une représaille: • RV 1.129.10f-g anyám asmád ririfieª224 káμ cid adrivo rírikfiantaμ cid adrivaª // ‘Tout autre que nous tu dois léser, Ô Adrivas, quiconque qui tente de/désire (nous) léser, Ô Adrivas’
223 Associé à ninits´os dés. de nid (‡ ninits). 224 ririfies aor. redoublé irrégulier selon JAMISON 144n. 79a. qui suggère l’influence
du dés. rírikfi‰ pour expliquer la voyelle redoublée brève. Autre possibilité, l’exigence du mètre, étant donné que les deux formes sont dans une césure de vers à 12 syllabes exigeant une brève.
213
rurukfi(1) part. act. årúrukfiant- RV 8.14.14b (= AV 20.29.4a) pf. pér. 3pl. act. samårurukfiâμ cakrur B 2.1.2.13 = BK 1.1.2.9 ‡ Cl. De ruh170 ‘monter’, ‘croître’ Litt.: CHARPENTIER 54, GÜNTERT 88, 89, OLDENBERG 1916: 176 (avec [sam]å+) ‘monter + dés.’, avec acc. Dans l’exemple rigvédique le dés. part. gén. sg. årúrukfiatas, représente une tentative qui est arrêtée par l’action d’Indra: • RV 8.14.14 måyâbhir utsís®psata índra dyâm årúrukfiatas / áva dásy°«r adh°nuthås // ‘Ô Indra tu fis tomber les Dasyus qui tentaient par la magie de ramper vers le haut (et) d’atteindre le ciel’ Dans le cadre du passage légendaire B 2.1.2.13 le dés. pf. périphrastique marque l’intention des dieux et des Asuras de monter jusqu’au monde céleste. Cette action dés. précède manifestement toutes tentatives réelles d’achèvement: • B 2.1.2.13 devâß ca vâ ásuråßcobháye pråjåpaty⪠pasp®dhire tá ubháya evâmuμ loká« samårurukfi´åμ cakrur ‘Now the gods and the Asuras, both of them sprung from Prajåpati, were contending for superiority. Both parties were desirous of rising to yonder world, the sky’ (EGGELING)
rurukfi(2) adj. rurukfiáni- RV 9.48.2c (= SV) De ruj455 ‘casser, mettre en pièce’ Litt.: CHARPENTIER 54 ‘détruire + dés.’ Aucune analyse sémantique précise de ce dés. adj. n’est possible. Il sert probablement à caractériser le Soma comme volontaire pour l’action de détruire des villes:
214 • RV 9.48.2c ßatáμ púro rurukfiá˙im // ‘(toi) qui a la volonté de détruire cent villes’
rurucifi opt. prés. moy. 3sg. virurucifieta AÃ 3.2.5: 138,9 (v. KEITH 255n.4) De ruc454 ‘briller’ Litt.: CHARPENTIER 78, 119, GÜNTERT 124 (vi+) ‘se distinguer + dés.’ • AÃ 3.2.5: 138,9 yasyåm sa«sady adh¥yåno vå bhåfiamåno vå na virurucifieta tatraitåm ®cam japet ‘À une assemblée dans laquelle, parlant, ou récitant, il ne désire pas se distinguer, il doit chuchoter ce vers’ Le dés. sert simplement à marquer une intention du sujet.
ruruts impf. moy. 3sg. ava+arurutsata JB 3.2 – 3pl. áva+arurutsanta AB 1.12.3; TB 1.1.6.2 part. moy. ava+rúrutsamåna- KS 12.5: 166,20; TS 1.5.1.1 (5 impf. moy. 3pl. ‰santa TB 1.1.6.2); JB 2.374; TB 2.1.2.1; B 10.4.3.6; TÃ 5.1.2; ÃßS 11.2.18 (+‰avarurutsa‰ pour ‰avarurutsya‰225); BauS 16.28: 273,13 = 16.28: 274,4 – pass. aparurutsyamåna- KS 10.9: 134,21 5 11.6: 151,3 et 37.11: 91,21 15x (5x YVpr; 6x Br; 1x Ãr; 3x S) dont 3x apa+ pass. (YVpr), 12x ava+ moy. (YVpr; Br; Ãr; S) ‡ Ép. et Cl. (adj.)
225 ÃßS 11.2.18 gråmyåra˙yan paß°n +avarurutsamånåª ‘Diejenigen, die sich der zahmen wie auch der wilden Tiere bemächitigen wollen’ (MYLIUS 1994: 442). Le complément direct paß°n rend l’interprétation passive impossible.
215
De rudh168 ‘freiner, arrêter’ (cf. associations avec avarundhata dans AB.1.12.3, avarotsyase dans JB 3.2, avårutsmahi dans JB 2.374 et avarúdhaμ...aßaknot dans TB 2.1.2.1) Litt.: CHARPENTIER 54, GÜNTERT 89 1) (apa+) ‘repousser + dés.’2) (ava+) ‘obtenir + dés.’ Dans KS 10.9 le dés. part. pass. représente une tentative de ‘repousser’ subie par une personne: • KS 10.9: 134,21 indråya sutråm˙a ekådaßakapålaμ nirvaped aparuddho våparurutsyamånas ‘Il offre un gâteau sur onze tessons à Indra le bon protecteur, celui qui est repoussé, ou celui que l’on tente de repousser’ Dans l’autre exemple KS 12.5 le dés. part. moy. marque une intention, circonstance de l’action principale: • KS 12.5: 166,20-21 tån¥ndro Øvarurutsamåno Ønvacarat sa etam aindram apaßyad dvådaßakapålaμ tena vai sa tån¥ndriyå˙i v¥ryå˙y avårunddha ‘Ayant l’intention de les (= forces viriles) obtenir, Indra (les) suivit. Il vit cette oblation à Indra sur douze tessons. Grâce à elle, en vérité il obtint ces forces viriles’
lips prés. ind. moy. 1sg. âlipse B 6.2.1.6 – 3sg. lipsate JB 1.265 et 2.395 – 2pl. lipsadhve JB 1.296 – 3pl. (anu/ví)lipsante JB 2.395; B 2.6.2.16226 = BK 1.6.2.8 (v. CALAND 1926: 65n. 3), B 4.4.3.9 (ví+) = BK 5.5.1.9 et B 4.4.3.10 (ví+) 5 BK 5.5.1.9; BauS 5.16: 152,6 = 5.16: 152,25; KåS 25.12.24 (anu+) impf. moy. 3sg. â+alipsata B 6.2.1.5 et 7.5.2.4 = 7.5.2.28 – 3pl. (å+)alipsanta VB 417,5 (å+), 417,15 et 417,18 (å+) imp. prés. moy. 2sg. lipsasva AVP 5.34.2c (v. LUBOTSKY 153n. c) – 2pl. ánulipsadhvam Bm 4.5.10.7 = KåSm.25.12.23 subj. prés. moy. 1pl. lipsåmahai JB 2.75
226 B 2.6.2.16 tân vílipsanta úpasp®ßanti d’après EGGELING (I/442n. 2), se basant sur
Såya˙a, vilipsanta serait, malgré l’accentuation, part. act. nom. pl. (cf. VPK II/1356), alors que labh est exclusivement moy. (v. IiV 262). L’analyse en moy. 3pl., la seule possible, est notée dans CALAND 1926: 65n. 3.
216
opt. prés. moy. 3sg. (anu)lípseta B 3.2.1.36 (anu+); BK 5.5.1.10; JB 1.353 et 2.299 (v. OERTEL I/491); åS 8.8.7; BauS 24.12: 196,5 et 24.33: 219,13 part. moy. anu/abhi/å/upalípsamåna- AV 6.118.1b (upa+; v. WHITNEY I/367 et s.) 5 AVP 16.50.3b (abhi+)227; BK 4.2.1.26 (anu+); KåS 8.2.7 (å+) – pass. ålipsyámånas B 7.5.2.4 = 7.5.2.28 abs. lipsitvå LåS5.3.9; DråS 13.3.6 38x (2x AV228; 26x Br; 10x S) dont 16x simplex moy. (Br; S), 2x simplex abs. (S), 5x anu+ moy. (Br; S), 1x abhi+ moy. (AV), 6x å+ moy. (Br; S), 2x å+ pass. (Br), 1x upa+ moy. (AV) et 5x vi+ moy. (Br) ‡ Cl. De labh (‡ l¥ps) ‘attraper’ (cf. associations avec anulábheta dans B 3.2.1.36 et BK 4.2.1.26, anulábheran dans B 4.5.10.7, alábhai dans 6.2.1.6) Litt.: CHARPENTIER 72, GÜNTERT 97, 100, INSLER 1969: 57, 58, 59, LEUMANN 119 1) (simplex dans JB 1.296, 2.395) ‘attraper, prendre + dés.’ avec acc. 2) (simplex dans AVP 5.34.2c, et avec abhi+, upa+) ‘saisir’ 3) (simplex dans JB 1.353, 2.75 et 2.299 et BK 5.5.1.10 lipseta) ‘prendre/obtenir une part ?+ dés.’ avec gén. partitif229 4) (anu+) ‘rattraper + dés.’, avec acc. 5) (å+) ‘prendre pour sacrifier + dés.’, avec acc. 6) (vi+) ‘partager, répartir ?+ dés.’230 avec acc. La valeur dés. de lips est difficile à justifier dans plusieurs exemples où l’action semble s’accomplir directement, sans aucune circonstance particulière. L’exemple le plus flagrant est certainement l’imp. moy. 2sg. lipsasva dans AVP 5.34.2c • AVP 5.34.2 å krandayolulå kuru våcam å dhehy apriyåm / ßiro lipsasva hastabhyåμ keßås te abhißocanam // ‘Shout out, wail, raise your unpleasant voice. Grasp your head with your hands. Hair is your tornment.’ (LUBOTSKY [152])
227 5 upajíghnamånas TB 3.7.12.3 et
+
avajíghnamånas MS 4.17: 245,11 (v. MITTWEDE 1986: 202). 228 Ne sont pas inclus ici les trois exemples avålipsyas dans AVP 1.69.1-3 d’après ZEHNDER (1993: 120), qui dans l’édition de D. BHATTACHARYA apparaissent tous comme avålapsyas. 229 cf. labh avec gén. partitif OERTEL I/490. 230 cf. v i+labh PW ‘auseinandernehmen, wegziehen’. Ce sens vaut également pour B 2.6.2.16 tân vílipsanta úpasp®ßanti ‘Ils désirent les (miettes de gâteaux) partager, (et) (les) touchent’.
217
Les seuls exemples où la valeur dés. est vraiment claire sont ceux où l’objet direct représente une chose ou une personne inaccessible. Dans ces cas-là le dés. indique manifestement une tentative ou une intention d’achèvement: • JB 1.296 åru˙i« ha yåntam ud¥cyåª pariprajighnyur åru˙a åru˙e kiyatå b®hadrathantare prajås prajanayantaª kiyatå devayaßasam ånaßåte iti tad dha na pratyuvåca sa hovåca vedåham etad yan me brahma lipsadhve tad v evåhaμ yufimabhyaμ na vakfiyåm¥ti ‘When Aruni was travelling (in their country) the Northerners fom all sides rushed on to him (saying) „Aruni, by how much do the B®hat and the Rathantara create the creatures? By how much do they attain the glory of the gods ?“. He did not answer their question (but said) : „I know this namely that you want to obtain my esoteric knowledge. Therefore I shall not answer you“ (BODEWITZ) • BK 4.2.1.26 yáthå yáμ jígh®kfiet tám atis´ ® jyånulípsamåno nânulábheta nânvapnuyâd evá« ha sá yajñáμ nânvåpnoti ‘Comme (quelqu’un qui) s’efforce de saisir quelqu’un (d’autre), et (qui) ayant (pourtant) rattrapé (cette personne), (et) étant sur le point de l’obtenir, n’arrive ni à la saisir ni à l’obtenir, c’est exactement de la même manière qu’il n’obtient pas le sacrifice’ • B 7.5.2.4 etád vái yátraitân prajâpatiª paßûn ´ålipsata tá ålipsyámånå údacikramifian ‘De la même manière, en vérité, alors que Prajåpati avait l’intention de sacrifier les bêtes, celles-ci menaçées d’être sacrifiées voulurent s’enfuir’
lilåpayifi imp. prés. moy. 2sg. lilåpayifiasva JB 1.162 (v. BODEWITZ 1990: 265n. 5) Du caus. låpaya- de l¥ ‘se plier, s’humilier’ Litt.: FRENZ 1966: 35, OERTEL I/360, PiV 279n. 648 et s. (caus.) ‘tromper, humilier + dés.’231 • JB 1.162 atha ha sumitraª kautso darßan¥ya åsa sa ta« hovåca
sumitra darßan¥yo vå asi sulåpå vai darßan¥yena striyaª imåμ d¥rghajihv¥μ lilåpayifiasveti 231 cf. låpaya- VIA I/315 ‘tauschen, demütigen’.
218
‘Now there was a handsome man called Sumitra (...), the son of Kutsa. To him he said: „Sumitra, you are handsome ; women can easily be fooled by handsome man. Try to fool, this Lady Long-tongue“ (BODEWITZ). Le dés. marque spécialement un effort de volonté et de coopération pour réaliser une action incertaine.
l¥ps prés. ind. moy. 3pl. l¥psante TB 1.6.10.5 (v. OERTEL I/490) opt. moy. 2sg. +l¥psethås AV 20.134.5 (amendement de ROTH et WHITNEY) gdf. l¥psitavya- AB 2.3.12 (v. OERTEL I/490) De labh (‡ lips) ‘attraper’ Litt.: CHARPENTIER 72, 105, 111, INSLER 1969: 60 (TB 1.6.10.5) ‘prendre/obtenir une part + dés.’, avec gén. partitif Dans TB 1.6.10.5 l¥ps marque clairement un effort pour réaliser une action difficile: • TB 1.6.10.5 útkiranti bhágasya l¥psante ‘Sie werfen (die Küchen) in die Höhe, (indem sie diese wiederauffangen) suchen sie das Glück zu ergreifen’ (CALAND232) La valeur dés. est par contre difficile à justifier pour le gdf. l¥psitavyam dans AB 2.3.12 étant donné que l’action est directement achevable sans phase préparatoire quelconque. • AB 2.3.12 tasmåt tasyåßitavyaμ caiva l¥psitavyaμ ca ‘C’est pour cette raison qu’il faut en (de l’animal de sacrifice) manger, et qu’il faut en prendre’ Le thème est la consommation d’une partie de l’animal qui sert d’offrande à Agni et Soma dans le cadre du sacrifice somique. Le passage commence par l’opinion selon laquelle il n’est pas conseillé de manger de cet animal. À l’aide d’une explication mythologique le rédacteur de AB exprime l’opinion contraire. Si l¥psitavyam indiquait un désir ou une volonté de prendre une part on s’attendrait également à un dés. gdf. pour aß ‘consommer’. La seule explication pour la présence d’un dés. dans ce passage est qu’il sert à représenter une action appréciée, ‘il faut aimer en prendre..’.
232 Dans OERTEL I/490.
219
lulobhayifi prés. subj. act. 3sg. ålulobhayifiåt AB 1.24.5 Du caus. lulobhaya- de lubh461 ‘devenir fou’ ‘déranger + dés.’ • AB 1.24.5 te Øbruvan hantå yå eva na imåª priyatamås tanvas tå asya
varu˙asya rajño grhe saμnidadhåmahai tåbhir eva naª sa na saμgachåtai yo na etad atikråmåd ya ålulobhayifiåd iti ‘...they said, „Come, our dearest bodies let us deposit in the house of king Varu˙a; with them may he not be united who shall transgress this, who shall seek to cause trouble“ (KEITH) Le dés. représente une tentative hostile.
vivakfi opt. prés. act. 3sg. ánuvivakfiet B 1.3.5.14 – moy. 3sg. ánu...vivakfieta B 4.6.7.2 part. act. (anu)vívakfiant- VS 23.23 (v. AzI II/572n. 23) = VSK 25.25 et VS 23.25 = VSK 25.27; B 1.3.5.14 (anu+) adj. vivakfiú- AV 2.30.3a-b2x ? ví...vívakfiase dans le refrain de Vimada RV 10.21, 10.24... Selon GELDNER et OLDENBERG (repris par LUBOTSKY [RWC II/1218a]), il s’agit d’un dés. ind. 1sg. de vac, alors que KIEHNLE (179 et s.) voit une forme délibérément ambiguë, à la fois prés. ind. moy. 2sg. de vi+vakfi ‘du wächst auseinander / wächst du auseinander’ (malgré le fait que vakfi forme sinon un prés. VI úkfia[v. PiV 74]), et dés. ind. moy. 2sg. de vah ‘du wünscht zu führen, fahren’ou ‘willst du ... fahren (cf. le thème dés. post-védique vivakfia- VIA I/398). D’autre part NEISSER (149n. 9) inclut la forme comme exemple d’imp. en -se, et la rattache à vah ‘conduire’, ‘füllet den Bauch bei Vimada’. Finalement GOTÕ (1993: 135n. 98) pense à un inf., idée reprise par TICHY (1995: 184) qui traduit par ‘um...zu erstarken’, mais qui avait déjà été auparavant rejetée catégoriquement par KIEHNLE (179). 9x (2x AV; 4x YVm; 3x Br) dont 4x simplex act. (YVm), 2x simplex adj. (AV) et 2x anu+ act. (Br) et 1x anu+ moy. (Br) ‡ Cl.
220
De vac498 (‡ vivåcayifi) ‘parler’ (cf. association avec ‰án°ktå dans B 4.6.7.2) Litt.: CHARPENTIER 62, 109, VIA I/417 1) (simplex) ‘parler + dés.’, sans complément 2) (anu+ act.) ‘réciter + dés.’, sans complément 3) (anu+ moy.) ‘étudier + dés.’, avec acc. La formation est caractérisée par le degré plein dans la syllabe radicale alors que le degré zéro est attesté p.ex. dans le pass. ucyá-, l’adj. verb. uktá-. Les deux exemples dés. opt. avec valeur prescriptive, B 1.3.5.14 et B 4.6.7.2, mettent l’accent sur des efforts personnels du sujet pour réaliser des prescriptions exigeantes: • B 1.3.5.14 sá yâvad asya vâcaª syåt evám ev´ånuvivakfiet tásyaitásya paricakfiòtá såmy ávånyåd ánavånann anuvívakfia«s tát kárma vív®hyeta sâ paricakfiâ ‘He (the Hot®) should endeavour to recite thus (uninterruptedly) as long as his strength lasts. If, on the other hand, he were to take breath in the middle (of the verse), it would be a slight on this very (sacrifice): by reciting this (holy) composition without taking breath, that slight will be avoided (WHITNEY) Dans VS 23.25 le dés. part. est d’après K. Hoffmann (AzI II/572) un euphémisme pour le part. *yi/¥yapsant- dés. de yabh ‘coïter’ attesté dans åSm 16.4.6 et ÃßSm 10.8.11. Comme dans ces exemples il faut donc intepréter le dés. comme un désir intense de réaliser une action: • VS 23.25 vívakfiata iva te mukhám ‘Ton visage est comme celui d’une personne qui désire ardemment ‘parler’
vivats opt. prés. act. 3sg. vívatset B 13.6.2.20 De vas536 ‘passer la nuit’ Litt.: CHARPENTIER 63, 109, GÜNTERT 121, VIA I/420 ‘habiter, vivre + dés.’ Ce thème dés. présente le degré plein de la syllabe radicale, le degré zéro n’étant que marginalement attesté p.ex. dans l’adj. verb. ufiitá-.
221
La dissimilation ‰ss‰ en ‰ts‰ caractérise également l’aor. ávåts- (v. AiV 239). Dans cet exemple unique le dés. indique simplement le désir ou l’intention de réaliser une action: • B 13.6.2.20 ánapekfiamå˙o Øra˙yám abhipréyåt tád evá manufiyèbhyas tiró bhavati yády u grâme vívatset ... g®héfiu pratyávasyet ‘...let him betake himself to the forest without looking round; and that (place), indeed, is apart from men. But should he wish to live in the village ... let him dwell at his home ...’ (EGGELING)
vivadifi opt. prés. act. 3sg. vivadifiet BK 1.2.2.16 et 2.1.1.4; JB 3.77; VB 333,31 = 489,13-14 5x simplex act. (Br) De vad 518 ‘hausser la voix’. Litt.: CHARPENTIER 78, GÜNTERT 124 i
‘dire + dés.’, avec acc. Le thème a le degré radical plein en face du degré zéro de l’adj. verb. uditá-. Quant à la voyelle ‰i‰ devant ‰s‰, elle correspond au caractère se† de la racine. Dans tous les exemples le complément est satyám ‘la vérité’, et le dés. marque l’effort de volonté ou de courage qui caractérise une personne qui ne dit que la vérité: • BK 2.1.1.4 sá yâvad asya váßaª syât tâvat satyám evá vivadifiet etád dha vâ ékaμ devâ vratáμ caranti yás satyam ‘Aussi longtemps que dure son voeu, il doit s’efforcer de ne dire que la vérité. En effet c’est seulement ce serment-là, (dire) la vérité, que tiennent les dieux’
vivarfiayifi opt. prés. act. 3sg. abhivivarfiayifiet VådhS 14.4.13
222
Du caus. varfiáya- de v®fi184 ‘pleuvoir’ (cf. association à abhivarfiet dans les Ka˙∂ikås 11 et 12) (abhi+ caus.) ‘faire pleuvoir, arroser + dés.’, avec simple acc.. • VådhS 14.4.13 atha yady enam abhivivarfiayifiet svedapar¥to vå
d¥rghasatre rajaså vå pariplutas... ‘Et maintenant le cas où il désire l’ (= le consacré) arroser. (Qu’il soit) couvert de sueur durant une longue session, ou tapissé de poussière...’ Dans le ka˙∂ikå 11 il est spécifié que le consacré ne peut pas se faire mouiller. Ce ka˙∂ikå-ci indique la prescription au cas où l’Adhvaryu désirerait tout de même l’arroser afin de le laver de sa sueur ou de le débarasser de la poussière environnante. Le dés. se justifie donc pour présenter l’action ‘arroser’ comme désirée ou intentionnée, préalablement à toute action réelle.
vivåcayifi opt. prés. act. 3sg. vivåcayifiet VårS 1.7.2.28 Du caus. våcáya- de vac498 (‡ vivakfi) ‘parler’ (caus.) ‘laisser parler + dés.’
vivårayifi impf. moy. 3sg. avivårayifiata JB 2.1103x 5 3.153 5 3.155 Du caus. våráya- de v®180 couvrir’, ‘empêcher’ ‘
‘retenir + dés.’ (cf. avårayata JB 1.172) Le dés. de våraya- indique une tentative malaisée, en l’occurrence celle de Prajåpati de retenir les bêtes s’enfuyant: • JB 2.110 prajåpatiª paß°n as®jata te Øsmåt s®fi†åª prådravan tån agnifi†omenåvivårayifiata te tad atyådravan
223
‘Prajåpati produisit les bêtes. Celles-ci produites coururent loin de lui. Il essaya de les retenir avec l’Agnifi†oma. Elles coururent en l’évitant’
vivås prés. ind. act. 2sg. (â)vívåsasi RV 1.31.5d (å+), 1.74.9b, 6.16.12b (= SV / YVm) et 10.64.5b (â+) – 3sg. (â[...])vívåsati RV 1.12.9b (å+ [= SV / YVm]), 1.58.1d (â...), 1.84.9b (å+ [= A/SV]), 2.26.3c (å+ [= YVm]), 5.74.1c (â...), 6.60.11a (å+ [= SV]), 8.19.13b (å+), 8.69.1d (â+ [= SV]), 8.97.4 (â+ [= SV]), 9.44.4c (â+), 9.86.14d (â+), 9.98.4d, 10.93.2c (å+) – 2du. âvivåsathas RV 1.119.9c (v. IiV 111) – 3du. åvívåsatas RV 8.31.7c – 3pl. â...vivåsanti RV 3.51.7d (= YVm), 4.11.5c, 8.60.5d (= SV); TSm 2.3.14.6 – moy. 1sg. âvivåse RV 1.41.8c, 6.51.8a, 6.51.8d (v. GELDNER II/154), 6.52.17b, 6.62.5b, 6.66.11b, 7.6.2c, 7.58.5a et 8.16.3 (= AV 20.44.3a) – 3sg. (â...)vívåsate RV 1.117.1b (â...) et 8.19.24c impf. act. 3sg. åvívåsat AV 7.21.1c = AVP 20.5.2c imp. prés. act. 2sg. âvivåsa RV 5.83.1b (= YVm; v. CHARPENTIER 83), 8.96.12b (v. CHARPENTIER 84) et 10.63.5c – 2pl. â/úpa...vivåsata RV 8.15.1c (â+ [= A/SV]) et 6.15.6c (úpa...) – 3pl. vivåsantu AVP 5.2.8b (5 ind. â...vivåsanti TSm 2.3.14.6) subj. prés. act. 3sg. åvívåsåt RV 7.20.6a et 7.100.1d (= TB 2.4.3.5) – 3pl. â...vívåsån RV 1.173.1 et 2.11.16 opt. prés. act. 1sg. âvivåseyam RV 2.33.6d (v. CHARPENTIER 83) – 3sg. âvivåset RV 6.16.46b et 10.31.2b (JOACHIM 122) – 1pl. âvivåsema RV 6.38.5d et 6.61.2d (= YVm) part. act. (abhy)åvívåsant- RV 1.152.6c, 5.45.3d (v. GELDNER II/50), 5.45.4d, 5.47.1c, 7.72.3c, 7.94.11c (åvívåsataª [= VS(K) 33.76(32.6.7)]; part. gén. sg. et non prés. ind. 3du. [v. GELDNER II/264n. 11c]), 7.104.21b (abhyå+ [= AV 8.4.21 / AVP 16.11.1]; v. CHARPENTIER 84) et 9.39.5a (= SV) 59x (55x RV; 3x AV; 1x YVm) dont 4x simplex act. (RV), 1x simplex moy. (RV), 1x abhyå+ act. (RV), 42x å+ act. (RV; AV; YVm), 10x å+ Med (RV) et 1x upa+ act. (RV) De van174 ‘gagner’ 5 Av. v®uu«gha-233 (imp. v®uu«ghat™ Y 53,5) de van ‘vaincre’ 233 La forme iranienne peut représenter le degré plein ou long de la racine (v.
KELLENS 1984: 197n. 9).
224
Litt.: CHARPENTIER 43, GÜNTERT 82, 84, 95, INSLER 1969: 62, KELLENS 1984: 196 et 197n. 9, VIA I/232 (simplex, ‰å+ et upa+, act./moy.) ‘gagner + dés.’, avec acc. et dat. dans 1.74.9b, 6.16.12b et 9.98.4d, dat. finalis (‘...gagner pour’) dans 6.61.2d, 10.63.5c, usage absolu dans 7.94.11c, 9.39.5a et 9.44.4c, sinon avec seulement acc. Étant donné le lexème de base ‘gagner’, vivås appartient uniquement à la racine Ani† van. L’act. est largement majoritaire. Une valeur possessive du moy. est en tout cas évidente dans RV 6.51.8a k®táμ cid éno námasâ vivåse ‘Par la dévotion, je m’efforce de gagner sur moi (= de m’attribuer) le pèché déjà commis’234, elle pourrait également se justifier dans 6.62.5b, 6.66.11b, 7.58.5a et 7.6.2c. Pour ce qui est du moy. avec å+, on notera la grande fréquence de âvivåse (9 exemples sur 10). Ces formes sont toujours situées en fin de påda. NEISSER (64) considère le moyen de vivås comme une irrégularité, et interprète cette forme comme un imp. en -se235 (cf. la même explication pour ví...vívakfie [‡ vivakfi]), donc comme neutre sur le plan de la diathèse et celui de la personne. Dans 1.41.8c, pourtant le sujet de âvivåse est bien le même que celui de prátivoce du Påda b, c’est-à-dire le poète luimême. Le sens de base ‘gagner’ de vivås se différencie de celui de sifiås parce qu’il s’agit d’une action qui affecte l’objet direct d’une manière ou d’une autre. Ainsi å+vivås, dont le complément est toujours une déité, a comme sens de base non pas ‘gagner le bon vouloir de la déité’ mais plutôt ‘gagner la présence, faire venir une déité’236. • RV 5.74.1a,d kûfi†ho devåv aßvinådyâ divó manåvas° / ... átrir våm ´å vivåsati ‘Où êtes-vous aujourd’hui, les Aßvins, (fils) du ciel, riches en idées ... Atri s’efforce de vous gagner’237. Il n’y a par contre qu’un seul exemple ou l’affectation exprimée par vivås est une aggression ou une domination: • RV 1.31.5d ékåyur ágre víßa åvívåsasi //
234 cf. LUDWIG IV: 219 235 D’après lui encore, ce serait sur ces exemples que la 3sg. vivåsate (RV 8.19.24c)
aurait été secondairement construite. 236 Sens sinon assez rare pour van mais néanmoins attesté, également avec å+, au pf. moy. dans 5.74.7b. 237 Pour la difficulté d’accéder aux Aßvin, et leur ambiguïté spatiale cf. OBERLIES 1998: 179.
225
‘Depuis le début, ayant Ãyu à toi seul238, tu (= Agni) t’efforces de vaincre les clans’. L’idée de lutte, ‘gagner contre qq.’, est sinon aléatoire pour vivås. Le dés. vivås marque invariablement un effort de volonté fructueux pour gagner une chose ou une personne symboliquement importante: • RV 1.74.9 utá dyumát suvîryaμ b®hád agne vivåsasi / devébhyo deva dåßúfie // ‘Et tu (= Agni) t’efforces d’/va obtenir des dieux une brillante et grande supériorité pour le sacrifiant’ Dans cette strophe finale le dés. sert à mettre en évidence la bonne volonté du dieu à réaliser l’action que le poète espère le plus. C’est un des rares exemples où la valeur pragmatique est manifestement d’exprimer une action comme sur le point de s’achever (v. analyse p. 71). • RV 1.12.9 yó agníμ deváv¥taye havífimån åvívåsati / tásmai påvaka m®¬aya // ‘Sois clément Ô purificateur, pour celui qui par une oblation, s’efforce de gagner Agni en vue de l’invitation des dieux’. Ici le poète met en évidence son effort personnel pour tenter de convaincre la déité. • RV 8.96.12a-b tád vivi∂∂hi yát ta índro jújofiat stuhí sufi†utíμ námas´å vivåsa / ‘Prépare quelque chose de ta part qu’Indra appréciera. Chante une louange. Efforce-toi de (l’)obtenir avec une révérence’. Dans cette chaîne d’actions, le dés. se justifie par le fait que ‘obtenir Indra’ est une action symboliquement plus fondamentale que les autres. • RV 10.31.2a-b pári cin márto drávi˙am mamanyåd ®tásya pathâ námasâ vivåset / ‘Herum auch sollte der Sterbliche um den Reichtum denken, auf dem Pfad der Wahren Ordnung sollte er durch Verehrung (die Götter) zu gewinnen suchen’ (KÜMMEL [365]) Ici l’accent est spécialement mis sur l’effort engagé pour réaliser une action laborieuse. Le poète utilise souvent vivås pour insister sur le fait qu’il se comporte prudemment et a seulement l’intention de gagner la déité. C’est souvent le cas après qu’il ait cité une caractéristique proéminente, aspect ou force redoutable, qualité guerrière (RV 2.33.6d, 4.11.5c, 7.58.5, 8.15.1c, 8.60.5d), de cette déité: • RV 2.33.6 ún må mamanda v®fiabhó marútvån tvákfi¥yaså váyaså nâdhamånam / gh™˙¥va chåyâ« arapâ aߥyâ vivåseyaμ rudrásya sumnám // 238 cf. GELDNER I/34n. 5d.
226
‘Begeistert hat mich der Bulle mit der Marutschar durch seine starke Kraft, mich den Schutzbedürftigen. Ohne Gebreste möchte ich (sie) wie den Schatten in der Sonnenglut erreichen: des Rudra Gnade möchte ich zu gewinnen suchen.’ (GELDNER). La valeur positive de l’effort est parfois sous-entendue par la mention d’actes bénéfiques attribués à l’agent de vivås: • RV 7.20.6 nû cit sá bhrefiate jáno ná refian máno yó asya ghorám åvívåsåt / yajñáir yá índre dádhate dúvå«si kfiáyat sá råyá ®tapâ ®tej⪠// ‘Jamais il ne se blessera, ni ne subira de dommage, l’humain qui s’efforcera de gagner son esprit cruel, qui par des sacrifices offrrira à Indra. Il vivra (?)239 de richesse, gardien de l’ordre, né dans l’ordre’. Un sens lexicalisé ‘prier (une déité) de venir’ comme GELDNER interprète souvent pour å+vivås, est d’une manière générale injustifié, et même impossible dans RV 1.31.5d (v. p. 224).
vivits prés. ind. act. 2sg. ánuvivitsasi TB 3.12.2.9 part. moy. vivitsamåna- AVP 4.20.7b240 De vid176 trouver’ (cf. association avec ánu...vetsyasi dans TB 3.12.2.9) Litt.: CHARPENTIER 55, GÜNTERT 136 ‘
1) (simplex moy.) ‘obtenir/?marier241 + dés.’avec acc. 2) (anu+) ‘trouver, découvrir + dés.’, avec acc. TB 3.12.2.9 tám ánuvittir abrav¥t prájåpate svargáμ vái lokám ánuvivitsasi ahám u v´â ánuvittir asmi mâμ nú yajasva átha te 242satyânuvittir bhavifiyati ánu svargáμ lokáμ vetsyásîti
239 prés. subj. de kfii ‘habiter’ bien que le gén. råyás ‘richesse’ impliquerait plutôt le
prés. thématique kfiáya- de kfiå ‘posséder’. 240 AVP 4.20.7b anyå vivitsamånas, lecture de D. BHATTACHARYYA, adoptée par HOFFMANN ( AzI III/823). La lecture anyå vivitsa må indiquée par DH. BHATTACHARYA, est impossible, le pronom enclitique 1sg. må devant, d’après la loi de WACKERNAGEL, se trouver en seconde position. 241 cf. VIA I/234 pour B 11.5.1.1. 242 ? Edition A. Mahadeva Sastri satyâ Ønuv‰.
227
‘Anuvitti lui (= Prajåpati) parla: „Prajåpati, en vérité tu désires découvrir le monde céleste. Moi, en vérité, je suis Anuvitti (la découverte). Sacrifie pour moi maintenant et la vraie découverte sera pour toi. Tu découvriras le monde céleste“ Dans le cadre de ce dialogue il est clair que ánuvivitsasi représente la disposition mentale, désir ou envie, de Prajåpati, plutôt qu’une tentative physique d’achèvement de sa part. L’autre attestation de vivits, le part. nom. sg. vivitsamånas dans AVP 4.20.7 marque le désir du membre viril à ‘recevoir’ des femmes. La lecture adoptée ci-dessous, ainsi que la traduction sont celles de HOFFMANN (AzI III/823): • AVP 4.20.7 a∫go nu mod iva ßvaso a∫go nu mod iva stanaª / anyå vivitsamåno anyåª paråjighå«san ‘wohlan aber nun schnaube nicht, sozusagen, heraus. Wohlan aber nu brülle nicht sozusagen, heraus, indem du wünscht andere (Frauen) zu bekommen, indem du wünscht, andere (Frauen) zu tätscheln’
vividifi prés. ind. act. 1sg. vividifiåmi B 11.5.3.1 – 3pl. vividifianti BÃUM 4.4.25 = BÃUK 4.4.22 = Ã 13.1 prés. subj. act. 1sg. vividifiåni ChU 1.11.1; VB 337,20 6x simplex act. (2x Br; 3x Up; 1x Ãr) ‡ Cl. De vid463 ‘connaître, savoir’ (cf. association avec viditvâ dans BÃUM 4.4.25) Litt.: CHARPENTIER 79, GÜNTERT 81, 125, INSLER 1969: 64n. 8, LEUMANN 116 ‘connaître + dés.’, avec acc. Sur le plan morphologique, le i du suffixe s’explique par le caractère secondairement Se† de la racine (cf. VIA I/377). Pour l’analyse sémantique on retiendra les exemples suivants: • B 11.5.3.1 ßauceyó ha prâc¥nayogyaª uddâlakam âru˙im âjagåma brahmódyam agnihotráμ vividifiåm´¥ti ‘auceya Pråc¥nayogya came to Uddålaka Aru˙i for a disputation on spiritual matters, thinking, ‘I desire to know the Agnihotra’ (EGGELING)
228
L’action de vividifiåmi, un des rares exemples à la 1sg., s’explique clairement comme un sentiment stimulateur, désir ou volonté, pour l’achèvement de l’action ‘connaître’. • BÃUM 4.4.25 tám etáμ vedånuvacanéna vividifianti brahmacárye˙atápaså ßraddháyå yajñénânåßakena ‘Ils s’efforcent par récitations des Vedas de connaître celui-là (= l’Ãtman), par conversion au Brahmanisme, par ascétisme, par la foi, par le sacrifice et par le jeûne’ Ici par contre, les multiples compléments instrumentaux imposent comme référence pour le dés. l’image d’un effort diversifié et fructueux pour achever une action juste.
viv®kfi opt. prés. moy. 3sg. saμvív®kfieta JB 1.65 5 B 12.4.4.3 De v®j181 ‘(re)tourner’ (cf. association dans les deux passages avec sam...v®∫kte) Litt.: CHARPENTIER 62 (sam+) ‘s’approprier + dés.’243, sans acc. mais avec abl. de provenance dans B 12.4.4.3, gén. possessif dans JB 1.65 (cf. pour des exemples similaires d’équivalence gén. 5 abl. avec v®j , OERTEL II/795 et s.) • B 12.4.4.3 átho ha yó dvifiató bhrât®vyåt saμvív®kfieta tátkåma
etáyå yajeta sá« haivâsmåd v®∫kte etád evá tátra kárma ‘And if any one desire to despoil his spiteful enemy, let him, with that object in view, perform this offering, and he verily will despoil him’ (EGGELING) Dans cette phrase relative le dés. sert à caractériser une personne comme désirant ou étant préoccupée par l’achèvement d’une action.
243 cf. pour saμ+v®j VIA I/236 ‘sich aneignen, an sich ziehen’.
229
viv®ts prés. ind. act. 3sg. saμvív®tsati AV 8.6.16d = AVP 16.80.7d prés. opt. moy. 3sg. vyåvív®tseta B 12.4.4.2 part. act. paryåvív®tsant- RV 7.63.2c (CHARPENTIER 84) 4x (1x RV; 2x AV; 1x Br) dont 1x paryå+ act. (RV), 1x vyå+ moy. (Br), et 2x sam+ act. (AV) ‡ Cl (adj.) De v®t182 ‘se tourner, rouler’ Litt.: CHARPENTIER 62, GÜNTERT 89 1) (paryå+) ‘faire tourner + dés.’, avec acc. 2) (vyå+) ‘se détourner + dés.’, avec abl. 3) (sam+) ‘s’approcher’ avec acc. de but L’exemple rigvédique a la particularité d’être transitif: • RV 7.63.2 úd v eti prasav¥tâ jánånåm mahân ketúr ar˙av᪠sûryasya / samånáμ cakráμ paryåvív®tsan yád etaßó váhati dh°rfiú yuktás // ‘Es geht der Wecker der Menschen das grosse, wallende Banner des S°rya auf, um das (stets) gleiche Rad ins Rollen zu bringen, das der ins Joch gespannte Etaßa zieht.’ (GELDNER) Avec cette interprétation de GELDNER, paryåvív®tsan est transitif ayant comme complément direct cakrám. Ceci serait un exemple isolé dans le paradigme essentiellement intransitif et moy. de v®t. Si on amendait cette forme en un inj. 3sg. +‰®tsad elle pourrait avoir un sens intransitif en se rapportant à la roue: ‘La même roue désire tourner, que tire Etaßas attelé au joug’. Cet amendement clarifierait également le contenu du vers, car on comprend difficilement que ce soit la clarté du soleil qui mette en branle ce même soleil. Mais une forme act. intransitive serait également une anomalie morphologique. Il est par conséquent nécessaire d’intepréter paryåvív®tsan comme ayant le sens d’un dés. causatif ‘faire tourner + dés.’, tout en gardant la forme d’un thème secondaire, comme le font jigamifi et jigå«s. Pour ce qui est de la valeur sémantique, il est clair que le dés. sert dans cet exemple à marquer l’effort de S°rya à perpétuer cette action éternelle et fondamentale. Dans AV 8.6.16 le dés. représente la tentative d’un être hostile, et contre laquelle une intervention est demandée: • AV 8.6.16c-d áva bhefiaja pådaya yá imâ« saμvív®tsaty ápatih svapatí« stríyam //
230
‘make to fall down, O remedy, him who, not her husband, tries to approach this woman that has a husband.’ (WHITNEY) L’usage du dés. opt. vyåvívrtseta dans B 12.4.4.2 est identique à celui de saμvív®kfieta dans la strophe suivante (‡ viv®kfi).
vivyats impf. act. 3pl. avivyatsan BÃUM 1.3.8 = BÃUK 1.3.7 De vyadh502 percer’ Litt.: CHARPENTIER 63, GÜNTERT 122 ‘
‘blesser, frapper + dés.’ Sur le plan morphologique, on remarque que le degré de la syllabe radicale est plein alors que le degré zéro est attesté dans le pass. vidhyá- et l’adj. verb. viddhá-. Dans cet exemple le dés. sert à représenter une tentative: • BÃUM 1.3.8 athá hemám åsanyàμ prå˙ám °cuª tváμ na údgåyéti táthéti tébhyo efió prå˙á údagåyat té Øviduª anéna vá na udgåtrâtyefiyantîti tám abhidrútya påpmánåvivyatsan ‘Alors ils (= les dieux) dirent à ce souffle dans la bouche : „toi, chante pour nous!“, „D’accord!“ dit (le souffle). Ce souffle chanta pour eux. Ils (= les démons) dirent : „Grâce à ce chanteur ils vont nous dominer“. Après s’être rués sur lui, il tentèrent de le blesser par le mal.’
+
ßißasifi
part. act. +vi+ßißasifiant- åS 15.25.1 (+vißißåsifian nom. masc. pour le nt. ‰åsifiat) adj. +vißißasifiu- AB 7.17.5 De ßas468 ‘découper, trancher’. Litt.: CHARPENTIER 79 ‘dépecer, tuer +dés.’.
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Les deux passages sont parallèles et font partie de la légende de unaªßepa: • AB 7.17.5 bh¥ma eva sauyavasih ßåsena +vißißasifius / ‘Effrayant, vraiment, était Sauyavasi prêt à tuer, avec son couteau’. L’usage est manifestement de représenter une intention menaçante. Le degré allongé de la racine, qui n’a aucune justification sur le plan de la formation dés., est certainement conditionné par le mètre. La forme étant dans une cadence d’Anufi†ubh, la syllabe antépénultième doit nécessairement être longue. L’allongement est de plus favorisé par le substantif instr. ßåsena dans la même phrase.
ßikfi prés. ind. act. 1sg. (úpa...)ßikfiåmi RV 10.95.17b (úpa....); AV 7.109.1c et 9.2.1b = AVP 16.76.1b – 2sg. ßíkfiasi RV 1.81.2d (= A/SV), 8.51.6a et 8.52.8b (= RVKh 3.4.8b); SV 1.296c = JS 1.2.2.7.4c – 3sg. (upa)ßíkfiati RV 3.59.2b (= TSm 3.4.11.5 / MSm 4.10.2: 146,13), 6.28.2a (= TB 2.8.8.11) et 8.49.1d (= A/SV); RVKh 3.1.1d; TS 2.6.2.6; MS 4.2.9: 30,12; PB 14.2-5 (upa+); VådhS 1.4.9 – 2du. ßíkfiathas RV 8.59.1d (= RVKh 1.6.1d) – 3pl. úpa..../pratißíkfianti RV 1.173.10d (úpa...) et 10.29.5d (prati+ [= AV 20.76.5d]) – moy. 3sg. ßíkfiate RV 1.28.3b (CHARPENTIER 86); AV 4.21.2a244 (5 act. ‰fiati dans RV 6.28.2a); KSm 23.12: 88,20 (5 act. 3sg. ‰fiati RV 3.59.2b); AB 1.13.27; JB 3.104 impf. act. 2sg. áßikfias RV 6.31.4c et 10.54.1d – 3sg. upåßikfiat KS 10.6: 130,16 – 2du. (â....)aßikfiatam RV 1.112.19b (â... [v. EVP XVI/11n. 19]) et 7.83.8b – 3pl. (úpa+/...)áßikfian AV 11.8.17a (úpa+) = AVP 16.86.7a; TS 2.6.2.6; PB 10.12.2 (upa...) inj. prés. act. 1sg. ßíkfiam RV 10.27.1b imp. prés. act. 2sg. (anu/...â/úpa)ßíkfiÀ RV 1.27.5c (= SV 2.849c; CHARPENTIER 87), 1.62.12d (CHARPENTIER 87), 2.11.21c = 2.15.10c = 2.1620.9c3x, 3.19.3b (= TSm 1.3.14.16 / MSm 4.14.15: 240,9; CHARPENTIER 87), 3.30.15b, 7.27.2b (= TB 2.8.5.7; CHARPENTIER 87), 7.32.26c (= A/SV/YVm), 8.2.15c (= SV), 8.2.41a, 8.4.15c, 8.66.14d, 8.92.9a (...â245 [= SV]), 9.19.6a (úpa+ [= SV]), 9.81.3c, 9.87.9d (v. EVP IX/100n. 9), 10.42.2 (úpa+ [= AV 20.89.2a]), 10.65.5a, 10.81.5c (= YVm) et 10.133.7a; RVKh 5.4.1c; SV 4.1; JS 244 AV 4.21.2a índro yájvane g®˙até ca ßíkfiata úpéd dadåti ná sváμ mufiåyati ‘Indra s’efforce pour le sacrifiant, chantant, et offre, il ne vole pas ce qui lui appartient’: l’accentuation de ßíkfiate est un cas d’accentuation d’intonation (cf. KLEIN 1992: 43). 245 RV 8.92.9a ßíkfiå ˙a indra råyá â.
232
1.27.7, 2.7.1, 3.11.7, 4.12.1, 4.27.3 et 4.30.6; AVP 5.27.6b (anu+); AÃm 4.1.1 – 3sg. ßikfiatu RV 1.81.6c – 2du. ßíkfiatam RV 1.34.4b, 1.109.7a (= YVm; CHARPENTIER 87), 1.109.8a, 8.26.12c, 8.59.4d (= RVKh 1.6.4) et 10.39.6b – 2pl. úpaßikfiata TB 2.5.1.1 subj. prés. act. 1sg. ßikfiå˙i AVP 4.9.2c (5 ind. ‰fiåmi AV 7.109.1c) – 2sg. ßíkfiås RV 3.43.5d – 3sg. (úpa...)ßikfiåt RV 1.68.6a; AV 7.12.1c (úpa...) 5 AVP 20.20.9c (upa...) – 3pl. ßíkfiån AV 6.122.2d = AVP 16.51.6d (v. WHITNEY I/372) opt. prés. act. 1sg. (?...å)ßíkfieyam RV 7.32.19a (?...â 246[= A/SV et YVm]), 8.14.2a (= A/SV) – 3sg. ßíkfiet BÃUM 5.2.4 (+ßíkfiet pour ßikfiét) = BÃUK 5.2.3 – 1pl. (úpa)ßikfiema RV 3.52.6d (úpa+); AVP 1.96.1d (upa+ [= YVm]) et 1.96.2d (= YVm); HiS 11.8.15 – 3pl. upaßíkfieyur TB 2.3.2.2 = ÃpS 14.15.1 = HiS 10.7.17 – moy. 3sg. upaßikfieta KB 23.9.6 part. act. (å/upa)ßíkfiant- RV 1.132.4c, 5.40.8b (upa+), 6.20.10d, 6.27.5b, 6.27.7, 7.19.2d (= AV 20.37.2c), 7.20.7a, 7.87.4d (CHARPENTIER 87), 9.72.8b, 10.27.22d, 10.48.2d et 10.102.7b (CHARPENTIER 85); AV 6.114.2d 5 AVP 16.49.2d 5 TBm 2.4.4.9 (å+), AV 6.114.3d = AVP 16.49.3d = TBm 2.4.4.9, AV 9.4.1c = AVP 16.24.1c, AV 12.3.27 = AVP 17.38.7; AVP 16.151.1; MSm 4.14.15: 242:6; JB 1.2752x (simplex et upa+) – moy. ßíkfiamå˙a- RV 7.103.5b et 8.42.3a (= YVm; CHARPENTIER 87) pf. act. 3pl. ßißikfiur KB 30.5.13 adj. verb. ßikfiitá- VS 28.15-173x = VSK 30.15-173x = TB 2.6.10.2-43x inf. ßikfiitum KB 7.7.37 abs. upaßikfiya ÃpS. 20.13.8 adj. ßikfiú- RV 3.19.3b (= YVm; v. CHARPENTIER id. et GELDNER I/354 n. 3b) et 8.52.8b247 (= RVKh 3.4.8b; v. CHARPENTIER id.) gdf. ßikfie˙ya- VaiS 37.2 – ßikfiyas MåS 2.5.3.10 n.a. (å/upa)ßikfiâ - AVP 4.10.3b (upa+); VS 30.102x (å+ et upa+) = VSK 34.102x = TB 3.4.6.12x; KB 12.8.14; Tà 7.2.1; MuU 1.1.5 nom verbal premier membre d’un composé EDKXYUƯKL ßikfiånarás RV 1.53.2c (= AV 20.21.2c) et 4.20.8c ? imp. prés. act. 2sg. víßikfia RV 4.35.3b et adj. nom. sg. vißíkfius248 RV 2.1.10d (v. CHARPENTIER 118). Ni ví+ßak ni ví+ßikfi ne sont attestés, et de plus on voit difficilement quelle pourrait être la fonction sémantique de ví+ avec leurs lexèmes. La possibilité qu’il s’agisse du dés. de ßas ‘couper’ (cf. vi+ßikfi PW et WRV ‘austeilen’), très bien attesté avec vi+, n’est pas exclue. Dans les 246 RV 7.32.19a ßíkfieyam ín mahayaté divé-dive råyá â kuhacidvíde. 247 RV 8.52.8b girva˙aª ßíkfio... double voc. en début de Påda. 248 L’accentuation radicale, certainement analogique par rapport à l’autre nomen
agentis åtánis dans le même Påda, tváμ vißíkfiur asi yajñám åtániª.
233
deux passages la forme se rapporte à Agni, or il est mentionné dans AB 2.7.12, dans le cadre du sacrifice animalier, qu’Agni, le Hot® des dieux, a dépecé (l’animal) avec sa voix (agnir vai devånå« hotås¥t sa enaμ våcå vyaßåt). 151x (73x RV; 2x RVKh; 9x SV; 24x AV, 13x YVm, 4x YVpr; 14x Br; 2x Ãr; 3x Up; 7x S) dont 91x simplex act. (RV; RVKh; SV; YVpr; Br; Up; S), 7x simplex moy. (RV; YVm; Br), 9x simplex adj. verb. (YVm), 1x simplex inf. (Br), 2x simplex gdf. (S), 2x simplex adj. (RV), 3x simplex n.a. (Br; Ar; Up), 1x anu+ act. (AV), 5x å+ act. (RV; Br), 3x å+ Na (YVm), 17x upa+ act. (RV; AV; YVpr; Br; S), 1x upa+ moy. (Br), 3x upa+ n.a. (AV; YVm), 1x prati+ act. (RV), 1x vi+ act. (RV) et 1x vi+ adj. (RV) ‡ Cl. De ßak189 (‡ ߥkfi) ‘venir à bout de, réussir, pouvoir, être capable’ (cf. associations avec ßaknoti dans TS 2.6.2.6 et MS 4.2.9: 30,12) 5 Av. six¯a- ‘apprendre’ (impf. ¶six¯at Y 19,10; part. act. six¯at- part. moy. six¯Δmna Y 55,6) de sac ‘s’y connaître’ Litt.: AiG I/270, AiG II/2/575, CHARPENTIER 72, 73, 112, 118, GÜNTERT 96, 105, INSLER 1969: 58, 59, 64, KELLENS 1984: 197, KUIPER 1976: 242n. 1, LEUMANN 116, 118, NARTEN 1986: 123n. 151, THIEME 1929: 58. 1) (simplex act. ou secondairement moy.249 et adj. dans RV+ et avec å+ dans TB 2.4.4.9) ‘s’efforcer pour qq.’, ‘rendre service à qq.’, ‘être utile à qq.’250, avec dat. commodi251, et, en plus, instr. d’accompagnement dans RV 1.62.12d, 3.59.2b, 8.66.14d, 8.49.1d, ou datifs finaux RV 8.4.15c et RV 8.51.6a. 2) (simplex act., RV+, et avec le sens de prati+252) ‘donner’253, surtout avec acc., gén. partitif dans RV 1.27.5c, 3.19.3b, 3.43.5d et 8.92.9a et partout avec dat. commodi sauf dans RV 1.112.19b 3) (simplex act. dans RV
249 AV 4.21.2a, KSm 23.12: 88,20 variantes de l’act. dans RV 6.28.2a et 3.59.2b. 250 Avec ce sens le sujet est en général une déité et le complément au dat. un humain,
mais l’inverse est également attesté dans RV 1.68.6a, 3.59.2b, 7.20.7a, 7.87.4d et 8.14.2a. 251 Sans dat., quelques exemples de part. tels AV 12.3.27 et JB 1.275. 252 RV 10.29.5d gíraß ca yé te tuvijåta p°rvîr nára indra pratißíkfianty ánnaiª ‘Et (ces hommes) qui, Ô Indra fort de naissance, en échange, t’offrent (leurs) nombreuses louanges, accompagnées de nourritures’. 253 ßikfiati interprété comme dånakarmå˙as dans Ngh. 33.20. Il faut également noter l’équivalence entre ßíkfiasi dans SV 1.296c = JS 1.2.2.7.4c et dítsasi dans RV 8.88.3c.
234
1.34.4b, 1.109.7a, 1.109.8a, 8.2.15c, 9.81.3c et avec le sens d’anu+254) ‘s’efforcer’, sans dat. commodi, acc. seulement avec anu+255 4) (simplex act. dans TS 2.6.2.6 et MS 4.2.9: 30,12) ‘réaliser + dés.’, avec acc. 5) (simplex moy.256 p. ex. dans RV 1.28.3b257 et JB 3.104 [v. ci-dessous], dans l’inf. de KB 7.7.37, et upa+ moy. dans KB 23.9.6) ‘pratiquer’258, avec acc. 6) (simplex moy. dans RV 7.103.5b, n.a., inf., gdf. et adj. verb. et dans les Na avec å+ et upa+) ‘apprendre’259 7) (upa+ act.) ‘s’efforcer d’obtenir/de contenter qq.’, avec acc. personæ (déité), et instr. de moyen. Sur le plan sémantique, il y a au simplex principalement deux sens à l’act., ‘s’efforcer’, en usage absolu ou avec dat. commodi (‘s’efforcer pour quelqu’un > être utile, etc.’) et ‘donner’, et deux au moy. ‘pratiquer’et ‘apprendre’. En plus de cela il y a un sémantème particulier avec upa+, ‘s’efforcer d’obtenir/de contenter qq.’ qui régit l’acc. Le sens dans certains exemples du simplex act. n’est pas clair, notamment dans AV 7.109.1c et 9.2.1, AVP 1.96.2c et 4.9.2c, KB 30.5.13, où le complément acc. représente une déité, p.ex. AV 7.109.1c gh®téna káli« ßikfiåmi. Dans cet exemple ‘s’efforcer pour, rendre service à’ semble exclu à cause du régime direct acc., à moins qu’il ne s’agisse d’une évolution similaire à cikits ‘soigner, guérir’ d’abord construit avec dat. et ensuite avec acc. Un autre élément qui ne favorise pas ce sens dans ces exemples, est la nature des compléments instr., gh®tá- (3x) ou índu-, des instruments qui servent plutôt à contenter et non à rendre service aux dieux. En conséquence il
254 Peut-être également avec upa+ dans AV 11.8.17a sarvé devâ úpåßikfian pour
lequel WHITNEY traduit avec hésitation ‘All the gods assisted’ malgré l’absence de dat. commodi. 255 AVP 5.27.6b asunvantam ayajamånam iccha stenasyetyåμ taskarasyånu ßikfia. ‘cherche le non-pressant, le non-sacrifiant, efforce-toi sur la course du voleur et du bandit’ (5 ánvefii TSm 4.2.5.4 et ánvihi KSm 16.12: 234,3 = MSm 2.7.11: 90,15 = VS 12.62 = VSK 13.5.1 = B 7.2.1.9). 256 Peut-être avec ce même sens, mais act., dans AV 6.122.2d dâtuμ céchíkfiån ‘s’ils pratiquent l’action de donner’ (mais WHITNEY ‘... able to give’), et dans BÃUM 5.2.4 tád etát trayá« ßikfiet dámaμ dânaμ dayâm íti ‘il faut pratiquer cette triade: contrainte-donation-compassion’. 257 Interprétations diverses pour RV 8.42.3a imâμ dhíya« ßíkfiamå˙asya deva krátuμ dákfiaμ varu˙a sá« ßißådhi: ‘Schärfe, Gott Varu˙a, Überlegung und Willenkraft, wenn ich es mit dieser Dichtung versuche’ (GELDNER) différente de KEITH pour AB 1.13.27 ßikfiamånasya deveti ßikfiate vå efia yo yajate ‘Of thy suppliant, O god’ ( he says); he who sacrifices is a suppliant’. La diathèse et le régime acc. font pencher pour ‘pratiquer’ mais le contexte dans RV 8.42.3 favorise plutôt ‘s’efforcer’. 258 v. NEISSER 304. 259 v. AiG II/2/575 et NEISSER 304.
235
semble plus probable qu’il faille accorder ici le sens ‘s’efforcer d’obtenir/de contenter’ identique à celui du composé avec upa+. Quelques exemples de combinaisons avec une forme non-dés. de ßak, semblent indiquer une valeur dés.: • TS 2.6.2.6 yád vâ etáyå devâ áßikfian tád aßaknuvan yá eváμ véda ßaknóty evá yác chíkfiati ‘Whatever the gods were fain to do by it (the cakvar¥) that they were able to do , he who knows thus can do whatever he is fain to do’ (KEITH). On ne voit pas quel sens lexicalisé de ßikfi pourrait correspondre syntactiquement. L’acc. n’est attesté au simplex qu’avec ‘donner’ ou ‘pratiquer’, des sens qui ne s’accordent pas avec le contexte. • MS 4.2.9: 30,12 yó vái ßaktíμ véda sá táñ ßaknoti yáñ ßíkfiati ‘Il réussit ce qu’il désire/tente de réussir, celui qui en vérité connait ce pouvoir’. Dans trois exemples, AV 6.114.2d , AV 6.114.3d et TB 2.4.4.9, ßikfi est associé au pf. monosyllabique ßek-. Ici cependant le sens lexicalisé ‘s’efforcer’peut aussi convenir: • AV 6.114.2 ®tásya ®ténådityå yájatrå muñcateha nas / yajnáμ yád yajnavåhasaª ßíkfianto nópaßekimá // ‘Par la justice pour ce qui est juste, Ô vénérables Ãditya, délivreznous, lorsque, Ô conducteurs de sacrifices, bien que nous efforçant, nous ne réussissons pas le sacrifice’ • AV 6.114.3 médasvatå yájamånåª srucâjyåni júhvatas / akåmâ vißve vo devåª ßíkfianto nópa ßekima ‘Sacrifiant avec ce qui est gras et faisant, sans désir, des oblations de beurre avec la cuillère de sacrifice, Ô tous les dieux, bien que nous efforçant, nous n’avons pas réussi pour vous le sacrifice’260 • TB 2.4.4.9 yajñáir vo yajñavåhasaª åßíkfianto ná ßekima ‘Lorsque, Ô conducteurs de sacrifices, nous efforçant pour vous par (nos) sacrifices, nous échouons’ Une autre association secondaire et purement morphologique se trouve dans JB 3.104 ßaknoti yac chikfiate, où le moy. ßikfiate ne peut pas être le dés. de l’act. ßaknoti. Le sens est donc bien ‘pratiquer’: ‘il peut/arrive à (faire) ce qu’il pratique’. La fréquence de l’imp., 41 exemples, en fait un des contextes les plus caractéristiques de ßikfi . Dans un tel contexte, le poète requiert la force d’un dieu, le plus souvent Indra, p.ex. RV 8.2.15c ßíkfiå ßac¥vaª ßác¥bhiª ‘Strenge dich nach deiner Macht an, du Mächtiger!’ (GELDNER). Pour une explication étymologique des sens lexicalisés de ßikfi v. p. 65 260 KÜMMEL 510 n’hésite pas à rendre une valeur dés.: ‘...wir es bewältigt wollten’.
236
?ßißlikfi prés. ind. moy. 3sg. ßißlikfiate AV 20.134.6b et adj. aßißlikfiu- de ßlifi ‘se pendre, s’accrocher’, d’après une lecture +áßißlikfiuμ +ßißlikfiate de WHITNEY 1881: 39a/297b et VC 125a pour AV 20.134.6b akfilal¥ púcchíl¥yate (?) 5 åS 12. 23.1 chlil¥pu chlil¥fiate 5 RVKh 5.17.4 sil¥puccho vil¥yate, sans indications de l’édition de VISHVA BANDHU, qui ne mentionne que la phrase initiale, contenue dans chaque Pådas de ce S°kta, ihétthá prâg apâg udág adháråg. Litt.: CHARPENTIER 56, GÜNTERT 87
ߥkfi n.a. ߥkfiå- TU 1.2 ‡ Up. mineurs (v. VPK III/822a) dés. de ßak189 ‘pouvoir, être capable’ (‡ ßikfi) Litt.: AiG I/43 (Na) ‘prononciation’
ßußukfi adj. åßußukfiá˙i- RV 2.1.1a (= RVKhi / YVm; v. GELDNER I/275) De ßuc196 ‘luire’ Litt.: CHARPENTIER 56, 119, GÜNTERT 89 (å+) ‘luire, briller ?+dés.’ • RV 2.1.1a tvám åßußukfiá˙is
‘du als Brennlustiger’ (GELDNER), Pour l’interprétation du sens de base on peut se baser sur d’autres exemples de â+ßuc, RV 7.8.1d âgnír ágra ufiásåm aßoci ‘Agni s’est enflammé avant toutes les Aurores’, RV 1.97.1b ágne ßußugdhy â rayím ‘Ô Agni, brille
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sur la richesse’. Comme l’interprète avec justesse GELDNER, cet adj. dés. sert à caractériser Agni comme particulièrement enclin à ‘briller’.
ßußr°fi prés. ind. moy. 3sg. upa...ßußr°fiate AB 3.2.7 – 3pl. ßußr°fiante MS 4.2.1: 22,6; KB 7.7.39; JB 1.267; à 8.9; ChU 7.5.2 impf. moy. 3sg. aßußr°fiata MS 4.2.1: 22,5 imp. prés. moy. 2pl. ßußr°fiadhvam BauS 15.4: 208,7 opt. prés. moy. 3sg. ßrußr°fieta JB 1.104 fut. moy. 3sg. ßußr°fiifiyate BauS 15.4: 208,7 part. moy. ßúßr°fiamå˙a- RV 4.38.7b (= AV 20.37.2b) et 7.19.2d; KSm 5.1.10: 154,11-12261 = MSm 3.12.3: 161,4 = TSm 7.1.19.2 = VS 22.8 = VSK 24.11 adj. verb.. ßußr°fiit´a- BÃUM 6.4.17 = BÃUK 6.4.18 adj. ßußr°fiú- TB 2.3.11.4; JB 1.261 gdf. ßußr°fié˙ya- TSm 3.3.2.2 = TÃm 4.1.1 = åSm 1.4.5 = BauSm 3.27:13 = ÃpSm 24.11.2 26x (2x RV; 6x YVm; 2x YVpr; 6x Br; 2x Ãr; 3x Up; 5x S) dont 16x simplex moy. (RV; YVm/pr; Br; Ar; Up; S), 2x simplex adj. verb. (Up), 2x simplex adj. (Br), 5x simplex gdf. (YVm; Ãr; S) et 1x upa+ moy. (Br) ‡ Cl. De ßru203 ‘entendre’ 5 Av. susr™¯a- (part. moy. susr™¯Δmna Yt 14,21) de sru ‘entendre’ Litt.: CHARPENTIER 31, 111, 119, GÜNTERT 116, KELLENS 1984: 196, LEUMANN 116 1) (simplex et upa+) ‘entendre, écouter + dés.’, avec acc. ou gén., dat. dans ChU 7.5.2, ou sans complément 2) (simplex p.ex. dans BauS 15.4: 208,7 et adj. dans TB 2.3.11.4) ‘obéir’ Comme pour did®kfi, le Medium tantum de ßußr°fi est sans valeur particulière, à l’opposé de celui de la racine ßru qui donne un sens passif. Sur le plan sémantique il faut noter que comme aßißifi et pipås, le dés. de ßru est attesté soit avec la valeur sémantique grammaticale caractéristique du 261 ßußr°fiamå˙åya svåhå équivaut dans le même passage à des part. fut. svapsyate svåhå (154,9), prabhotsyate svåhå (154,10), jågarifiyate svåhå (154,11).
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dés., soit avec comme sens premier une ancienne valeur concrète de l’action dés. en l’occurrence ‘obéir’. Parmi les usages du sens non-lexicalisé, on remarque dans les deux exemples rigvédiques le même syntagme ßúßr°fiamå˙as tanvä samaryé ‘(toi qui) en personne262 as la volonté d’écouter au combat’263, dans 4.38.7b pour caractériser le cheval de combat Dadhikrå, et dans 7.19.2d pour Indra. Dans les deux cas l’action est manifestement l’effort de volonté et de coopération d’un être héroïque pour accomplir une action qui est bénéfique à l’égard des humains. Un autre usage est attesté dans JB 1.267, KB 7.7.39 et ChU 7.5.2 où le dés. met l’accent sur un engouement pour entendre une personne que l’on apprécie (v. p. 159 le même type d’usage pour did®kfi): • JB 1.267 tasmåd u j¥r˙asya våca« ßußr°fiante ‘C’est pourquoi d’ailleurs on aime/préfère écouter la voix d’un vieillard’ Pour une explication étymologique du sens concret ‘obéir’ v. p. 67
sisa∫kfi prés. ind. act. 3pl. åsísa∫kfianti B 1.6.1.153x impf. act. 3pl. å+ásisa∫kfian B 1.6.1.123x 6x å+ act. (Br) De sañj210 accrocher, pendre’ Litt.: CHARPENTIER 63, GÜNTERT 121, 130, VIA I/249 ‘
‘s’accrocher à + dés.’, avec acc. Sur le plan morphologique on remarque le degré plein dans la syllabe radicale, alors que la racine sañj atteste le degré zéro dans le pass. saj-yá- et l’adj. verb. sak-tá-. • B 1.6.1.15 sá yády enaμ puráståt asurarakfiasâny åsísa∫kfianty agnír evá tâny ápahanti
262 tanvä ‘en personne’ cf. RV 8.100.1 ayáμ ta emi tanvä puráståd ‘Ich hier gehe in
eigener Person dir voran’ (GELDNER). 263 GELDNER ignore sans raison la valeur dés. dans ces deux passages et traduit de
façon différente : ‘der mit seinem Leib in der Schlacht gehorcht’ pour 4.38.7b et ‘(du) ... mit deiner Person dich im Kampf (ihm) zur Verfügung stellend’ pour 7.19.2d.
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‘And if the Asuras and Rakfias try to attack him (the sacrificer) in front, Agni repels them’ (EGGELING) Le dés. représente une action tentée par un être hostile contre laquelle il est demandé une intervention.
sifiås prés. ind. act. 2sg. sífiåsasi RV 8.95.9d (= SV 2.754), 9.23.6c et 10.102.12c – 3sg. sífiåsati RV 1.133.7d (= AV 20.67.1d), 7.32.14 (= SV 1.280; v. CHARPENTIER 83), 7.32.20a (= S/YVm), 8.62.3b, 9.3.4c (= SV 2.608; v. CHARPENTIER 83), 9.7.4c, 9.74.1b et 9.74.7a; SV 2.1032; JS 1.25.6, 1.29.6, 3.19.12, 3.26.5, 3.49.7, 4.27.7; AV 13.2.14b = AVP 18.21.8b – 2pl. sifiåsatha AV 6.21.3b = AVP 1.38.3b impf. act. 2sg. ásifiåsas RV 8.50.10c (= RVKh 3.2.10c) – 3sg. asifiåsat RV 8.51.2c – 3pl. ásifiåsan RV 3.31.9d (v. CHARPENTIER 83) imp. act. 2du. sífiåsatam RV 10.143.3b pf. act. 3du. sifiåsátur RV 9.47.5a264 part. act. sífiåsant- RV 1.17.8b, 1.112.5c, 1.123.4c, 1.130.3e, 1.146.4c, 2.32.1b, 5.31.1d (= AVP 15.12.2d), 5.62.9c (= YVm), 6.73.3c = A/YVm), 8.3.11, 8.3.12b, 8.95.6d = 9.61.11c (= S/YVm), 8.103.11d, 9.35.4b, 9.76.2b (= SV), 9.90.4c (= SV 2.579), 9.96.18c (= SV 2.526 / JB 3.205), 10.102.4d; SV 3.1.8; JS 2.5.5, 3.3.3, 3.20.19, 3.41.2, 3.47.5; AVP 19.45.14; KS 33.1: 27,1 = TS 7.5.2.1 5 AB 4.17.2; JB 3.2832x adj. sifiåsú- RV 1.102.6d; AV 6.21.3b = AVP 1.38.3b; AB 6.7.5= GB 2.5.13: 239,7 – sifiåsáni- RV 10.53.11d ? sifiåsathas AV 20.49.1b (5 AVP 19.45.14b sífiåsantas) 64x simplex (37x RV; 13x SV; 7x AV; 2x YVpr; 5x Br) dont 58x act. (RV; SV; AV; YVpr; Br) et 6x adj. (RV; AV; Br) De san360 ‘gagner, obtenir’ 5 Av. i¯∂•ha (opt. i¯∂•haßta Yt 19,53) de han ‘conquérir’
264 sifiåsát° ray¥˙âμ ‘Beide haben Reichtümer zu gewinnen gesucht’ (GELDNER [=
OBERLIES 1998: 537]). La seule autre forme pf. non-périphrastique est didåsitha AB 8.21. Peut-être s’agit-il dans RV 9.47.5 d’un usage ad hoc de la terminaison pf. en lieu et place de la terminaison du prés. -tás (cf. VIA I/256), comme pour sisratur RV 8.59.2c.
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Litt.: CHARPENTIER 43, 119, GÜNTERT 82, 131, INSLER 1969: 62, KELLENS 1984: 196, VIA I/196 et s. ‘obtenir, gagner + dés.’, le plus souvent avec acc. rei, personæ seul dans RV 1.17.8b, avec un gén. seul dans RV 9.47.5a, 8x sans complément. Le dés. de san est avec celui de van un des mieux attestés dans le RV. Sémantiquement, le thème correspond entièrement à la racine et la valeur dés. ne fait jamais défaut. À l’exception de quelques exemples en prose, sifiås marque toujours un effort de volonté et de force physique du sujet vers une victoire. Cet effort n’est pas du tout éphémère, mais au contraire le plus souvent ressenti comme voué au succès de l’action. En particulier le part. sífiåsant- est utilisé pour caractériser une personne ou une déité comme agissant de façon efficace ou intransigeante pour la victoire: • RV 6.73.3c-d ap᪠sífiåsan svàr áprat¥to b™haspátir hánty amítram arkáis // ‘Lorsqu’il s’efforce de gagner le soleil et les eaux, B®haspatis est irrésistible, il frappe à mort l’ennemi grâce aux chants’ • RV 8.103.11c-d dufi†árå yásya prava˙é nórmáyo dhiyâ vâja« sífiåsatas // ‘De qui (= Agni) (les intentions /?les vagues265) sont intraversables, comme les vagues dans des rapides, lorsqu’il s’efforce avec la pensée de gagner le prix de la course’266 • RV 1.130.3d-g vrajáμ vajrî gávåm iva sífiåsann á∫girastamas / ápåv®˙od ífia índraª pár¥v®tå dvâra ífiaª pár¥v®tås // ‘Indra le premier des A∫giras, le porteur de l’éclair, à la manière de quelqu’un qui s’efforce de gagner un enclos de vaches, a découvert les rafraîchissements séquestrés, (il a ouvert) les portes, (il a découvert) les rafraîchissements séquestrés’ • RV 1.17.8 índråvaru˙a nû nú vå« sífiåsant¥fiu dh¥fiv â / asmábhya« ßárma yachatam // ‘Indra, Varu˙a, maintenant vraiment que les poèmes s’efforcent /?s’apprêtent à vous gagner, accordez-nous votre protection’ Il y a deux façons d’interprèter le dés. dans cet exemple. Selon la première le poète estime que l’effort fourni par les pensées justifie l’octroi de la
265 v. GELDNER II/435n. 11c. 266 Peut-être une allusion au caractère combatif d’Agni (cf. OBERLIES 356), bien que
le début de la stophe semble plutôt faire allusion à la course pour apporter les sacrifices aux dieux.
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protection. Ou alors les pensées ont presque gagné les deux déités et se basant sur cela le poète exprime prématurément sa demande. • RV 8.50.10 yáthå ká˙ve maghavan médhe adhvaré d¥rghán¥the dám°nasi / yáthå góßarye ásifiåso adrivo máyi gotrá« harißríyam // ‘Wie du für Ka˙va, o Freigebiger, bei Opfer (und) Gottesdienst, für D¥rghan¥tha, den Hausherrn, wie du für Goßarya, du Herr des Pressteins, (den Preis) zu gewinnen trachtetest, (so gewinne) für mich die Rinderherde, die durch falbe Rosse verschönert wird!’ (GELDNER) Dans cette strophe finale le poète rappelle à Indra l’effort qu’il consentit à Ka˙va et extrapole sur le même acte réalisé à son égard. Le part. peut également servir à caractériser le désir intense de gagner qui incite à l’accomplissement d’autres actions: • RV 1.123.4a-c g®háμ-g®ham ahanâ yåty áchå divé-dive ádhi nâmå dádhånå / sífiåsant¥ dyotanâ ßáßvad âgåt ‘Dans chaque demeure elle vient ahanâ (?267), à chaque jour portant son nom. Stimulée par le désir de gagner (cette course), la brillante (Ufias) est revenue encore et toujours’ Dans deux exemples le dés. de san et une forme non-dés. d’une racine signifiant également ‘gagner’ sont juxtaposées. L’usage pragmatique de cette juxtaposition est cependant différent dans chacun d’entre eux: • RV 8.95.6c-d purû˙y asya paú«syå sífiåsanto vanåmahe // ‘Lorsque nous nous efforçons de gagner sa grande force virile, nous gagnons’ Dans cet exemple le part. marque bien un effort fructueux puisqu’il constitue l’antécédent de ‘gagner’ (vanåmahe) • RV 5.62.9d sífiåsanto jig¥vâ«saª syåma // ‘Lorsque nous nous efforçons de gagner puissions-nous être vainqueurs’ Ici par contre le souhait de victoire exprimé à l’opt. fait bien comprendre que l’action de sífiåsantas n’est qu’une tentative ou une entreprise au succès incertain. Parmi les contextes fréquents de sifiås dans le RV on remarque en particulier 11 exemples du ma˙∂ala IX, où l’action durative de la purification du soma est comparée à celle d’un coureur se dirigeant vers un but ultime268: • RV 9.3.4 efiá víßvåni vâryå ßûro yánn iva sátvabhis / pávamånaª sifiåsati // ‘Celui-ci (= le Soma), en se purifiant, s’efforce de gagner tout ce qui est désirable, comme un héros allant accompagné de ses soldats’ 267
v. EWA I/154.
268 Pour la comparaison de la purification du soma à une course v. OBERLIES 459 et s.
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Les rares exemples post-rigvédiques indépendants confirment ces mêmes usages de sifiås. Dans un exemple comme TS 7.5.2.1 le part. caractérise un acteur comme désirant, ou ayant comme intention, la réalisation d’une action: • TS 7.5.2.1 gâvo vâ etát sattrám åsatåß®∫g⪠satîª ß®∫gâ˙i sífiåsant¥s ‘Les vaches, en vérité, accomplirent ce fameux Sattra, étant sans cornes et désirant obtenir des cornes’
?sisikfi imp. act. 2 sg. sisikfiå AVP 20.49.7c tena sisikfiå varcas svayambhuyå samañjanam. D’après VPK I/5/3376b il s’agirait du dés. de sic217 verser, se déverser’. On s’étonnera que la forme ne soit pas *sifiikfia-. Étant donné que la fricative dentale serait phonologiquement correcte devant un [r] ou un [®], on serait tenté de voir ici une forme de s®j2 2 2 lâcher’. Pour l’interprétation du passage le substantif varcas- pose des problèmes. On le conçoit mal comme sujet de sisikfiå comme la lecture de RAGHU VIRA le suggère. Avec sam+s®j par contre, un instr. associatif várcaså est attesté, ce qui rejoint la correction proposée dans VPK I/5/2764n. w. On en arriverait ainsi à +sa«s®j(y)e +varcaså ‘Je m’unis au Varcas’, au détriment de la forme dés. Litt.: GÜNTERT 130 ‘
‘
sisådhayifi prés. opt. act. sisådhayifiet BauS 18.45: 400,13 Du caus. sådhaya- de sådh/sidh215 réussir’ ‘
(caus.) ‘faire prospérer + dés.’, avec simple acc. • BauS 18.45: 400,13 sa yo vitta« sisådhayifiet ta« ßadena yåjayet
‘Il doit faire sacrifier avec le ada, un qui désire faire prospérer sa propriété’ Le dés. dans cette phrase relative sert à caractériser une personne comme désireuse ou préoccupée par l’accomplissement d’une action, afin de lui attribuer une prescription de rituel.
243
sis¥rfi prés. ind. act. 3sg. sis¥rfiati TS 2.2.4.6269 = MS 2.1.10: 12,4 De s®220 ‘courir, se dépêcher’ (cf. associations au composé våjas´®t) Litt.: CHARPENTIER 40, GÜNTERT 83 ‘courir + dés.’, avec acc. de contenu vâjam ‘course’ • TS 2.2.4.5-6 agnáye vajas´®te puro∂âßam afi†âkapålaμ nírvapet
saμgråmé sáμyatte vâjaμ vâ efiá sis¥rfiati y᪠saμgråmáμ jíg¥fiati agníª khálu vái devânåμ våjas´ ® d agním evá våjas´ ® ta« svéna bhågadhéyenópa dhåvati dhâvati vâja« hánti v®tráμ jáyati t´a« saμgråmám ‘À Agni le coureur de courses il doit offrir un gâteau sur huit tessons au moment ou la bataille est sur le point d’être engagée. En vérité il désire faire une course celui qui désire gagner une bataille. De fait Agni en vérité est le coureur de courses des dieux. C’est à Agni le coureur de courses, qu’il a recours avec sa propre part. Il court jusqu’à la course (et) il frappe son ennemi’ Il est clair que les deux dés. sis¥rfiati et jíg¥fiati représentent les sentiments stimulateurs qui engage la personne à entreprendre la course et le combat.
sis®kfi prés. ind. act. 1sg. prasis®kfiåmi KBm 27.2.10 (v. KEITH 1920: 508n. 5) impf. moy. 3sg. asis®kfiata BK 3.1.12.7; JB 1.73 part. moy. sis®kfiamå˙a- KS 9.17: 120,11 et 13.7: 189,14 5 GB 2.2.1: 135,15 6x (2x YVpr; 4x Br) dont 5 simplex moy. (YVpr; Br) et 1x pra+ act. (Br) De s®j222 ‘lâcher’ (cf. associations avec as®jata dans JB 1.73 et KS 13.7: 189,16) Litt.: CHARPENTIER 63, GÜNTERT 90 1) (simplex moy.) ‘faire sortir de soi, faire naître, produire + dés.’ 2) (pra+) ‘laisser partir + dés.’
269 5 dhåvati KS 10.5: 129,10.
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En dehors du mantra KBm 27.2.10, le dés. sis®kfi est attesté uniquement dans des récits légendaires en prose pour représenter le désir, l’effort, et éventuellement aussi la tentative de ‘produire la progéniture’: • KS 9.17: 120,11-12 prajåpater vai prajås sis®kfiamånasya tasyendragn¥ prajå apåg°hatåm ‘Of Prajåpati, desiring to create offspring, of him Indra and Agni hid away offspring’ (OERTEL [1926: 101]) Ce bref passage mythologique est censé illustrer l’utilité d’une offrande à Indra et Agni, pour celui qui est prajåkåma- c’est-à-dire ‘désirant une descendance’. En conséquence il est clair que le dés. part. sert à caractériser Prajåpati de la même manière que ce composé possessif. Le sens contextuel est donc comme l’interprète OERTEL ‘désireux de produire’. • KS 13.7: 189,14-15 prajåpatir vai prajås sis®kfiamånas sa dvit¥yam mithunam nåvindata ‘Prajåpati being desirous of creating offspring, he did not find a second, a (fit object for) copulation’ (OERTEL [1926: 23]) Ici également il faut interpréter un parallèle sémantique entre le dés. part. et le composé prajåkåma-. L’action de Prajåpati se situe avant toute tentative physique de réaliser l’action ‘produire’ puisque les circonstances décrites rendent cette action infaisable. • BK 3.1.12.7 só Ørcáñ chrâmyan prajâkåmaß cacåra sá åtmány evá prájåtim adhatta s`o Øsis®kfiata sá âsyenaivá devân janayâμ cakre ‘Priant et peinant, désirant des descendants, il (Prajåpati) erra. Il mit sur lui le pouvoir de procréation. Il s’efforça d’émettre. Par sa bouche il fit naître les dieux’ Dans les strophes précédentes d’autres thèmes dés. sont attestés, comme jih¥rfi, tifi†hås et tust°rfi. Le dés. impf. 3sg. asis®kfiata qui est un pur rajout par rapport au passage équivalent B 11.1.6.7, ne peut que mettre l’accent sur un effort particulier durant l’action de ‘produire’. Cette action doit réellement être en train de se produire puisque la phrase suivante explique le résultat de cette production. • JB 1.73 prajåpatiª prajå as®jata so Øgnim api mukhåd asis®kfiata so agnir mukhåd b¥bhatsamåna °rdhva uddrutya mastifikam uddhatyås®jyata ‘Prajåpati produisit les créatures. Agni, c’est par la bouche qu’il désira/essaya de le produire. Dégoûté par la bouche (de Prajåpati), Agni fut produit après s’être enfui par le haut et après avoir frappé sa (= de Prajåpati) mâchoire’ Par rapport à l’impf. as®jata qui représente une action s’accomplissant normalement, le dés. impf. asis®kfiata fait référence à une action seulement entreprise, sans qu’on puisse savoir précisément s’il s’agit d’un désir
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préliminaire (action entreprise mentalement) ou d’une tentative (engagement physique). Le mantra KBm 27.2.10 no enåμ prasis®kfiåmi ‘Je ne veux/désire pas la laisser partir’ ne permet malheureusement aucune interprétation sémantique pertinente. Il s’agit pourtant d’un des rares exemples du dés. à la 1sg. Le complément enåm se rapporte probablement à l’Anufi†ubh qui d’après le ka˙∂ikå 3 est ‘relâché’ au dixième jour du sacrifice somique.
sis®ps prés. ind. act. 3sg. átisis®psati B 4.6.9.16 = BK 5.8.3.15 impf. act. 3sg. átyasis®psat B 4.6.9.16 part. act. utsís®psant- RV 8.14.14b (= AV 20.29.4a; v. CHARPENTIER 84) pf. pér. act. 3sg. atisis®psâμ cakåra BK 5.8.3.14 (5 impf. átyasis®psat B 4.6.9.16) 5x act. (1x RV; 4x Br) dont 4x ati+ (Br) et 1x ut+ (RV) ‡ Cl. De s®p223 ‘ramper, se glisser’ Litt.: CHARPENTIER 63, GÜNTERT 89 (avec les sens de ati+ et ud+) ‘ramper + dés.’, avec acc. Dans RV 8.14.14 le dés. part. gén. sg. utsís®psatas représente une action tentée exactement comme rurukfiatas auquel il est associé (‡ rurukfi). Les quatre autres exemples sont en fait liés à un même passage légendaire racontant comment Våc entreprit de s’enfuir et tenta de ramper le long de la terre avant d’être arrêtée: • B 4.6.9.16 devébhyo há vaí våcó ráso Øbhíjito Øpacikramifiâμ cakåra sá imâm evá páråñ átyasis®psad iyáμ vái vâk tásyå efiá ráso yád ófiadhayas yád vánaspátayas tám eténa sâmnå åpnuvan ‘En vérité l’essence de la voix conquise par les dieux entreprit de s’enfuir d’eux. Elle tenta de ramper le long de cette (terre). En vérité la voix est cette (terre). Son essence, ce sont les plantes et les arbres. Ils (= les dieux) l’obtinrent grâce à ce Såman’
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s¥kfi prés. ind. moy. 3sg. sîkfiate TS 2.2.3.4 inj. moy. 3pl. s´îkfianta RV 7.60.11c (HOFFMANN [IiV 258n. 296] hésite entre inj. ou subj.) part. act. sîkfiant- RV 6.14.3d (CHARPENTIER 85) – moy. sîkfiamånas TS 2.2.3.4 = BauS 13.5: 122,21 5x simplex (2x RV; 2x YVpr; 1x S) dont 1x act.270 (RV) et 4x moy. (RV; YVpr; S) De sah214 ‘venir à bout, dominer’ (cf. association avec sahate dans TS 2.2.3.4) Litt.: CHARPENTIER 73, 105, GÜNTERT 100, 105, INSLER 1969: 59, 60, OLDENBERG 1916: 176 ‘dominer, maîtriser + dés.’ avec acc. sauf comme part. Les deux exemples rigvédiques présentent des difficultés relatives d’interprétation: • RV 6.14.3c-d tûrvanto dásyum åyávo vratáiª s´¥kfianto avratám // ‘Les Ãyus qui vainquent Dasyu et s’efforcent par les serments de sacrifice de vaincre celui qui ne prête pas serment’ Le seul critère qui peut expliquer le choix du dés. pour la seconde action des Ãyus est qu’il s’agit pour sîkfiantas d’une action assidue, qui se répète continuellement puisque les avratám sont et seront toujours susceptibles de troubler l’ordre. En tout cas le complément instr. pl. vratáis suggère une action répétée. • RV 7.60.11 yó bráhma˙e sumatím åyájåte vâjasya såtáu paramásya råy᪠/ s´¥kfianta manyúm maghávåno aryá urú kfiáyåya cakrire sudhâtu // ‘Les donneurs généreux de celui qui en échange d’une parole sacrée sacrifie en vue d’obtenir la faveur (des dieux), quand il s’agit de la conquête du plus haut prix, (ceux-là) entreprendront / se risqueront à vaincre la mauvaise pensée du/des rival/-aux. Ils se sont constitué une vaste et riche (terre) pour habiter’ Cette traduction se rallie à l’interprétation de GELDNER qui considère l’antécédent sous-entendu de la phrase relative dans a. comme le complément de maghávånas dans c. Toujours selon GELDNER le sens général de la strophe est que les Maghavans d’un tel sacrifiant peuvent sans craindre combattre leur rivaux: leur victoire est assurée par la justesse du sacrifice. Le rôle sémantique 270 cf. PiV 325 d’autres attestations sporadiques de l’act. de sah au part.
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du dés. sîkfianta, qui par ailleurs s’interprète plus facilement si on considère sa forme comme un subj., doit être de représenter une action entreprise: vu cette sécurité qui résulte de la bonne conduite du sacrifice ces Maghavan peuvent entreprendre une telle action sans crainte d’échec. L’exemple unique en prose brahmanique illustre l’usage du part. dés. pour caractériser une personne comme désireuse ou préoccupée par l’accomplissement d’une action, afin de lui attribuer une prescription: • TS 2.2.3.4 agnáye såhantyâya puro∂âßam afi†âkapålaμ nírvapet s´¥kfiamå˙as ‘He who seeks to be strong should offer a cake on eight postherds to Agni, the strong’ (KEITH)
sufiups opt. prés. act. 3sg. sufiupset VådhS 1.2.26 = 1.11.28 adj. sufiupsu- GB 1.2.2: 33,12 ‡ Cl. De svap538 ‘dormir’ Litt.: CHARPENTIER 64, GÜNTERT 89 ‘dormir + dés.’
TEXTES CITÉS EN ABRÉGÉ Aitareyåra˙yaka, éd. A.B. KEITH Aitareyabråhma˙a, éd. TH. AUFRECHT Ãpastambaßrautas°tra, éd. R. GARBE Ãßvalåyanaßrautas°tra, éd. Rámanáráya˙a Vidyáratna Aitareyopanifiad, éd. V.P. LIMAYE- R. D. VADEKAR (= Aà 2.46) AV aunak¥yå Atharvavedasaμhitå, Kå˙∂as I-XIX, éd. R. ROTHW.D. WHITNEY - M. LINDENAU, Kå˙∂a XX, éd. VISHVA BANDHU 1963 AVP (Atharvaveda- )Paippalådasaμhitå, éd. DURGAMOHAN BHATTACHARYYA Kå˙∂as I-IV, DIPAK BHATTACHARYA Kå˙∂as I-XV, RAGHU VIRA Kå˙∂as I- XX. BÃUK B®hadåra˙yakopanifiad, réc. Kå˙va, éd. V.P. LIMAYE- R. D. VADEKAR BÃUM B®hadåra˙yakopanifiad, réc. Mådhyandina, éd. O BÖTHLINGK BauS Baudhåyanaßrautas°tra, éd. W. CALAND BhåS Bhåradvåjaßrautas°tra, éd. C.G. KASHIKAR ChU Chåndogyopanifiad, éd. LIMAYE-VADEKER W. MORGENROTH DråS Dråhyåya˙aßrautas°tra, éd. J.N. REUTER GB Gopathabråhma˙a, éd. D. GAASTRA HiS Hira˙yakeßißrautas°tra, éd. ÃSG ŸU Ißopanifiad, éd. LIMAYE-VADEKAR (= VS 40) JB Jamin¥yabråhma˙a, éd. RAGHU VIRA -LOKESH CHANDRA JS Jaimin¥yasaμhitå, éd. W. CALAND JUB = KeU Ken/Talavakåropanifiad (= JUB IV 18-21), éd. H. OERTEL KåB Kå†habråhma˙a, éd. SŒuryakŒanta KåS Kåtyåyanaßrautas°tra, éd. A. WEBER KauU Kaufi¥takyupanifiad (= à III-VI), éd. A. FRENZ KB Kaufi¥takibråhma˙a, éd. E.R. SREEKRISHNA SARMA KpS Kapifi†halaka†hasaμhitå, éd. RAGHU VIRA KS Kå†haka / Ka†hakasaμhitå, éd. L. VON SCHROEDER KU Ka†h(/Kå†hak)opanifiad, éd. V.P. LIMAYE - R. D. VADEKAR LåS Lå†yayanaßrautas°tra, éd. A.CH. VEDANTAVAGISA MaiU Maitråya˙¥ya Upanifiad, éd. J.A.B. VAN BUITENEN MåS Månavaßrautas°tra, éd. J. VAN GELDER MS Maitråya˙¥yasaμhitå, éd. L. VON SCHROEDER PB Pañcavi«ßabråhma˙a / Tå˙∂yamahåbråhma˙a, éd. A. VHINNASVAMI ASTRI RV ]gvedasaμhitå, éd. T. AUFRECHT RVKh ]gvedakhila, éd. J. SCHEFTELOWITZ Aà AB ÃpS ÃßS AU
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Vaidika-padånukrama-kofiaª / A Vedic Word Concordance de VISHVA BANDHU et. al. Vol. I (Pt. I-VI): Saμhitås, Vol. II (Pt. I-II): The Bråhma˙as and the Ãra˙yakas, Vol III (Pt. I-II): Upanifiads, Vol. IV (Pt. I-IV): Vedå∫ga-s°tras, Vol. V (Pt. III=: Index ab initio / Index ab ultimo. [åntaku†¥vaidikagranthamålå]. Lahore / Hoshiarpur 19351965.
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ABRÉVIATIONS AAWL
AGWG
AKM abl. abs. adj. WZKS acc. act. aor. AOS Ãr ÃSG Av. adj.verb. Br C caus. Cl. dat. dénom. dés. du. Ép. fém. fut. gén. gdf. HOS IF I-Ir. imp. impf. ind. inf.
Abhandlungen der Geistes- und sozialwissenschaftlichen Klasse der Akademie der Wissenschaften und der Literatur, Mainz Abhandlungen der königlichen Gesellschaft der Wissenschaften zu Göttingen, Philologisch-historische Klasse Abhandlungen für die Kunde des Morgenlandes ablatif absolutif adjectif Wiener Zeitschrift für die Kunde Südasiens accusatif actif aoriste American Oriental Series Ãra˙yakas Ãnandåßramasaμsk®tagranthåvali avestique adjectif verbal Bråhma˙as Consonne causatif (sanskrit) classique datif dénominatif désidératif duel (sanskrit) épique féminin futur génitif gérondif Harvard Oriental Series Indogermanische Forschungen indo-iranien impératif imparfait indicatif infinitif
263
inj. instr. int. JAOS KZ loc. masc. moy. m.i. N n.a. n.ag. nom. n.p. nt. opt. part. pass. pér. pf. pl. ppf. prés. pron. poss. R SBE SbHAW, SbÖAW sg. S S° subj. SV Up V ’ VKAW
injonctif instrumental intensif Journal of the American Oriental Society Kuhns Zeitschrift locatif masculin moyen moyen indien /n, m/ nomen actionis nomen agentis nominatif nom propre neutre optatif participe passif périphrastique parfait pluriel plus que parfait présent pronom possessif /º, ∑, r, l/, ou indication particulière Sacred Books of the East Sitzungberichte der Heidelberger Akademie der Wissenschaften Sitzungsberichte der Österreichischen Akademie der Wissenschaften, Philosophisch-historische Klasse singulier rautas°tras S°tras subjonctif Såmavedasaμhitås Upanifiad Voyelle Voyelle longue Verhandelingen der Koninklijke Nederlandse Akademie van Wetenschappen
264
voc. YV YVm YVpr ZDMG
vocatif Yajurvedasaμhitås Mantra(s) yajurvédique(s) Prose yajurvédique Zeitschrift der Deutschen Morgenlaendische Gesellschaft
INDEX DES PASSAGES AÃ 2.4.3 3.2.5
117108 214
AB 1.13.27 1.24.5 2.3.12 2.20.21 2.36.5-6 3.21.4 3.24.13 3.30.2 3.30.4 4.18.8 4.25.3 5.3.4 6.30.10 7.17.5 7.29.2 8.21.10
234257 219 218 196205 116 56, 8957 115 40, 101 63 197 158 192 183 231 139 158
ÃpS 20.6.7
46, 112
ÃßS 11.2.18 AV 2.25.3 2.34.3 4.14.5 4.21.2 4.36.1 5.7.6 5.11.1 5.18.1 5.19.6 6.114.2 6.114.3 6.118.2 6.122.2 8.5.15 8.6.12 8.6.16 10.7.4 11.5.18 11.10.26
214225 141 8956 8142 231244 170 97 59 128 127120, 128 235 235 94 234256 69, 131 60 44, 229 93 124 47, 208
12.2.52 12.4.13 12.4.19 12.4.29 13.2.15 14.1.56 19.50.5 20.127.2 20.134.6 20.135.5 AVP 4.20.7 5.34.2 16.50.7 16.102.5 20.49.7 BÃUM 1.3.8 1.5.34 2.4.4
184 157 108 117106 104 137 183 142 236 205 226240, 227 216 178 121 242
2.4.5 4.3.44 4.4.25 5.2.4
230 77 167174, 168 168 206 69, 228 234256
BauS 14.13: 175,14 15.4: 208,7 17.49: 329,13 18.45: 400,13 18.50: 410,8-9
190 67 82 242 122
BhåS 1.15.14
204
GB 1.3.19: 88,6 1.3.20: 90,8 2.6.14: 269,2
179 171179 148
JB 1.17 1.54 1.55 1.69
143 108 62 135
1.73 1.98 1.100 1.162 1.193 1.233 1.252 1.265 1.267 1.282 1.296 1.300 1.320 1.342 1.344 1.357 2.1 2.73 2.110 2.139 2.156 2.231 2.238 2.259 2.335 3.184 3.313
244 180 114 217 48, 132 186 61 155153 238 196206, 197 217 101 120 126 124 134 137 47, 153 222 125 114 199 114 107 97 111 42, 146
KauU 3.8
183
KB 2.8.26-27 4.5.9 21.1.1 25.8.22-9.2 25.9.2 25.12.21 30.6.4
126 45, 154 132 152 43, 92 47, 113 11298
KS 7.15: 79,7-8 8.1: 83,8-9 8.3: 86,7-8 8.7: 91,5 8.12: 95,15-16 8.15: 98,15 9.17: 120,11-12
8143 147 64 91 64 93 244
266
10.3: 127,3-4 10.9: 134,21 10.9: 135,16-17 10.10: 137,4 12.5: 166,20-21 13.3: 181,19-2l 13.5: 185,14 13.6: 187,11-12 13.6:187:15 13.7: 189,14-15 16.2: 221,23 21.6: 44,18-45,1 23.5: 80,15-17 23.8: 83,13-14 25.3: 105,8-9
127118, 128 175 215 125 58 215 150 188 187 197 45, 244 109 46, 93 62, 203 137 65
KU 1.3.2
149
MSm 1.5.1: 67,8 1.6.3: 89,8-9 1.6.5: 94,1 1.6.9: 100,8 2.1.3: 4,14-16 2.1.11: 13,11-12 2.4.4: 42,3 3.6.9: 72,9-10 3.8.1: 92,13-14 4.2.9: 30,12 4.5.8: 75,5 4.6.9: 93,5 4.8.1: 106,8 4.14.17: 245,14
148 151 96 9671 138 93 9160 166 65 235 62 56 59 90
10.3: 127,1
RV 1.12.9 1.15.9 1.17.8 1.17.9 1.27.5 1.28.3 1.31.5 1.33.6 1.34.1 1.39.8 1.41.7 1.46.9
225 189 50, 240 95 67 67 224 5018, 207 203211 99 95 177
1.71.3 1.74.9 1.80.13 1.84.17 1.91.1 1.123.1 1.123.4 1.123.10 1.124.6 1.129.10 1.130.3 1.132.5 1.132.6 1.144.3 1.163.7 1.170.2 2.1.1 2.14.10 2.23.12 2.27.3 2.28.1 2.33.6 2.35.5 2.35.12 2.38.1 3.1.22 3.8.6 3.16.6 3.30.1 3.30.13 3.43.5 3.52.6 4.4.7 4.16.10 4.16.11 4.18.7 4.23.7 4.32.8 4.38.7 4.58.6 5.32.5 5.49.1 5.62.9 5.67.5 5.74.1 6.14.3 6.16.32 6.47.20
165 42, 71, 225 132 99 10387 59 241 81 55, 99 47, 212 240 164 78 208 123 131131 236 157 130126 170 63 225 68, 164 69, 164 70 8040 43, 165 67 60 46, 160 67 66 42, 69, 190 104 208 162163, 165 46, 131 157 238263 55 207 9976 241 54, 99 224 246 130 43, 103
6.49.4 6.52.2 6.62.1 6.73.3 7.18.4 7.19.2 7.20.6 7.32.17 7.60.11 7.63.2 7.69.3 7.80.2 7.86.4 7.87.4 7.104.11 7.104.20 8.4.11 8.14.14 8.19.4 8.31.7 8.31.15 8.39.3 8.42.3 8.45.31 8.50.10 8.51.6 8.66.14 8.78.6 8.81.3 8.91.3 8.95.6 8.96.6 8.96.7 8.96.12 8.100.1 8.103.4 8.103.11 9.3.4 9.47.5 9.48.2 9.73.9 10.4.3 10.27.1 10.29.5 10.31.2 10.48.10 10.50.3 10.61.13
81 181 209 43, 240 174 238263 226 198208 246 229 209221 10487 131 66 47, 169 170 61, 188 213 8040 142 42, 48, 80 10487 234257 81 43, 241 66 66 109 156 104 5018, 241 163 55 225 238262 43, 182 240 41, 241 239264 214 5018, 78 124 66 233252 36, 225 207 80 193
267 10.74.4 10.75.4 10.78.5 10.85.30 10.87.17 10.100.12 10.111.9 10.132.3 10.152.5 10.162.3
149, 175 42, 78 165169 178 44, 150 50, 155 41, 5018, 202 163 138 131
SV 3.1.1
167
TB 1.4.10.3 2.4.4.9 2.7.14.1-2
71, 92 235 92
TS 1.1.11.1 1.5.1.1 1.5.2.3 1.7.1.2 2.2.3.4 2.2.4.5-6 2.3.4.2 2.6.2.6 3.4.6.1 3.5.1.2 5.5.5.4 6.5.2.2 6.5.8.1-2 6.5.9.1 7.5.2.1 VådhS 3.3.4 11.1.18 11.25.22 14.3.10 14.3.19
55, 99 157 116 56, 89 247 243 117 235 95 93 118 108 118, 119 58 242
14.4.13 14.4.25
125 145 151 7634 38, 50, 76 222 161
VB 435,4-7
211
530,1-5
145
VS 11.80 23.25 30.9 40.6
179 220 100 104
åS 16.4.6
46
B 1.2.4.18 1.3.5.14 1.4.1.21 1.4.1.40 1.6.1.15 1.9.2.12 1.9.2.23 1.9.3.10 2.1.2.13 2.1.2.17 2.3.2.8 2.3.2.14 2.3.3.16 2.3.4.6 2.6.2.16 2.6.3.11 3.1.2.16 3.2.1.19 3.2.2.30 3.2.4.16 3.4.3.6 3.6.2.14 3.6.4.12 3.8.1.2 4.3.4.20 4.6.9.1 4.6.9.16 5.2.5.4 6.4.4.19 7.4.1.14 7.5.2.4 9.1.1.23 9.1.1.24 9.1.1.35
185 220 117107, 119, 176 44, 48, 238 127119, 128 106 106 213 96 43, 107 9567 185194 211 215226 77 160, 197 57, 89 180 144 108 106 37, 38, 191 141 10385 111 245 108 113 135 217 112 160 140
9.5.1.64 10.2.1.1 10.3.5.9 10.4.1.18 10.4.4.1 11.1.1.3 11.1.6.3 11.1.6.5 11.2.7.26 11.5.3.1 11.5.8.6 11.6.2.4 12.4.1.10 12.4.4.3 12.5.1.13 13.6.2.20 BK 1.1.2.11 1.1.4.3 1.4.1.9 1.6.3.8 2.1.1.4 2.8.3.18 2.8.4.6 3.1.11.3 3.1.11.5 3.1.12.7 3.1.12.12 4.1.2.1 4.2.1.26 4.6.2.6 4.6.4.5 5.1.3.6 5.8.3.5
45, 110 118 4918, 195, 197 54 139 48, 184 141 153 119 227 178 201209 47, 91 45, 228 44, 134 221 120112 107 203 7737 221 106 106 185193 185 244 154 128123 133, 217, 45 106 186 133 128123