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LE DEVELOPPEMENT
POLITIGUE
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Ouvrage couronne par I'lnstitut
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INGLEHART Ronald,La transition culturelle dans les
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/11111111111111111111111111111111111 *00565496*
KAZANCIGIL Ali (sous la direction de), L'Etat au pluriel
Perspectives de sociologie historique. Preface de LECA Jean et PAPINI Roberto, Les democraties sont-elles Georges LAVAU gouvernables ? sc Editi08 MER LE Marcel, La crise du Golfe et Ie "Nouvel ordre international" . Revue et tmgmentie ROBIN Maurice, Histoire comparative des idees poli tiques. SEILER Daniel-Louis, Comportement politique compare. SEILER Daniel-Louis, De la comparaison des partis poli tiques.
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VANDELU Luciano, Pouvoirs locaux.
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ECONOIIICA 49. rue Hericart, 75015 Paris
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C> Ed, ECONOMlCA, 1994
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Tous droits de reproduction, de traduction, d'adapration reserves pour tous les pays,
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AVANT-PROPOS
ALA CINQUIEME EDITION La periode du "developpementalisme triomphant" parait close. n serait bien sUr hatif de proclamer qu'elle n'inspire plus aucune recherch~ : les concepts qui ont fonde la theorie deve loppementaliste classique n'ont pas totalement disparu des pro ductions tbeoriques les plus recentes meme s'ils sty retrouvent avec nuances et precautions. ~, Pour l'essentiel cependant, Ie souci de la relativite l'emporte sur les certitudes. Ces dernieres annees ont ete plus riches en tra vaux s'interrogeant sur la crise de l'analyse developpementaliste qu'en nouveaux modeles revendiquant une place parmi les (Xuvres de la theorie politique. Ce bilan. souvent severe, met en evidence trois grandes crises dont sortira peut-etre un renouveau de la sociologie du developpement. Crise d'aoord de l'analyse comparative, que les premiers deve loppementalistes avaient deja degagee, mais a laquel1e on donne actuellement une nouvelle mesure. De plus en plus est proclamee Ia necessite de rompre avec une conception universaliste du changement sans cesse reintroduite par une neo-evolutionnisme renace. La volonte de se demarquer de pareilles iDusions se tra duit en meme temps par un appel a13 connaissance individuali sante et par un effort visant a doubler chaque concept a preten tion universe lIe d'un ensemble de representations traduisant les modalires propres de son insertion dans des histoires specifiques. Crise ensuite de l'explication, alors que se trouvent fon heu reusement rejetes les schemas monodeterministes" les construc tions fmalistes ou les certitudes causales qui servaient de fonde ment aux theories developpementalistes. A ces modes de raison nement, condamnes avec une vigueur sans cesse plus affmnee, se substituent des modeles d'explication dont la portee se veut beaucoup plus limitee. Sous l'effet d'un retour 11'histoire, se profile une explication de type «sequentiel» pretendant montrer les liaisons qui existent entre differentes phases d'une histoire. sans en inferer pour autant une causalite exclusive : telle est l'orientation de ceux qui expliquent la construction des democra ties par reference aux structures agraires qui pIicedaient leUr
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Dis Ie debut des annees 60, la plupan des lJIlIeUTS 0IIl aban donne la pretention de fournir une tMorie ginerale du develop pement politique. Moins nonnati/s, plus nwdestement descripti/s, Us se sont surtout attaches construire des modelesformels d'un jeu de variables pouvant conditionner, dans des situarions-types, les possibilites d'adaptation politique a La modernisation, a l'urbanisation, au changement economique. Une attention beaucoup plus grande est accordee aux particularites et aux differences des diverses societes du Tiers-Monde, comme aussi au fait que la modernisation y est souvent un processus exogene et importe. Cette «deuxieme generation» de travaux-auxquels B. Badie consacre sa Deuxieme Partie - est marquee par des (Euvres pleines d'ingeniosite dont !'interet depasse. a mon sens, de beaucoup Ie probleme du changement polirique, de bienfaire apparaitre La pluralite des cheminemems, La part des contraintes internes et externes. Ceue recherche a aussi conduit a un reexamen des conditions historiques reelles dans lesquelles ['Europe s'est politiquement «diveloppee», des processus tres dif!erents et tres inegaux de construction et par/ois de destruction - des nations, des Etats et des systemes politiques en Occident. Or ce reemmen coincide precisement avec une serie de travaux - provenant generale ment d'un champ de preoccupations errangeres a la tMmatique du developpement - qui, en mariant souvent methode historique et methode sociologique, portent sur Ie changement politique en Europe, soit dans I'Antiquite, soit entre Ie XVe et Ie XV/Ie sieeles, soit sous la Revolution Fram;aise (p. ex. Barrington Moore, Ch. Tilly, Stein Rokkan, I. Wallerstein, Perry Anderson). C'est aces travaux que B. Badie consacre sa Troisieme Partie intituMe «vers un retour a l'histoire». Cela peut sur prendre au premier abord : il ne s'agit plus ld de «deve loppement politique» et it n'est presque plus question (sinon dans les vingt dernieres pages) des societes du Tiers-Monde. Mais a vrai'dire, ceLa me semble tout a fait justijie. Et pour , plusieurs raisons. D'abord, parce que, d'une certaine faf;on, cela a bien ete Ie cheminement suivi : d'une sociologie globalisante et normative a des etudes de plus en plus sensibles au differences, aux situations historiques specifiques, a l'enchainement des evenements. En second lieu, paree que - une fois abandonnee la probMmatique organiciste et evolutionniste du «develop pement» -Ie «developpement politique», comme Ie dit tres bien B. Badle, cessait d'etre un objet d'etude pour n'erre plus qu'une ~ tenter de comprendre et perspective, parmi d'autreE·pour d'expliquer des phenomen s depuis long temps erudies : la construction des Etats, les, ansformations des regimes pQ]i-.
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cittes dont MIlS connaissons bi met en garde contre unt analys changement politique dans les s pratiquement pas l'histoire. Enf sure par laquelle on pcut saisir aerce sur la construction politi logies et les systemes de valeurs sivement a partir du Moyen-A .beaucoup plus clairement la occidentales'.
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PREFACE
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Cest avec un reel plaisir que je presente Ie livre clair, intelli gent, et toujours remarquablement exact, de Bertrand Badie. Un rapide examen de la bibliographie et des notes de cet ou . vrage montrera immidiatement au lecteur que presque tous les travaw: relari/s au develol!£].ment politigue sont dfls d des au teurs nord-amiric4lns ouormation intellectuelle nord-ami ricaine ; qu'en tout cas tres peu nombreux sont ceu:t qui sont dfls d des auteurs /ran,ais ou- de langue /ran,aise. Alors qu'outre Atlantique une masse considerable de livres, d'articl'es et de colloques ont ete consacres depuis la fin des annees 50 au «developpeme!!t» et d la «modernisation» oUti ues, la scIence p01mque - et meme la sociologie po itique - ra~aises on! re lativement tres peu utilise ees concepts. On pourrait mLme dire que Ie theme, apparente, du «changement politique» n'a pas ete un theme central de la science poliiique /ran,aise, au moins jus qu'a une date assez recente. Cest dire que Ie premier merite de l'ouvrage de Bertrand Badie est de combler une lacune.1I presente, en les classant et en les aoolysant avec autant de justesse que de clarti et d'ele gance, un nombre considerable de travaux tres mal connus du public /ran,ais (alors que beaueoup d'entre eux sonl d'une grande importanCt! et 011.1 inspire beaucoup de recherches et d'etudes en Afrique, en Asie el en Amerique latine). Ala ensei gooms, DUX chercheurs et aux etudianls, qui ont besoin d'une in troduction a cene Iitterature souvent difficile, rauteur rendra un immense service: non seulement iI resume ces livres sans les • _ tr(!hir, mais les met en perspective et surtout il Its juge et les I critique avec IJII:idiJ.,e. mesure el finesse. II eclaire parfaitement bien les soubassemenls epistbnologiques. les presupposes ideo f logiques, les traditions i'fltellectll.elles qui ont souvent ete a fori gine des travaw: et des tendtlnces et ,. «ecole developpDnenta liste».ll excelle dans ces cOUTtes conclusions critiques. sans/or cer Ie ron, avec une clarte exemplaire. A dire vrm, Ie titre de ce livre est un peu trop modeste car, en dipit de la relative brievete du volume, Bertrand Bodie etend I
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son tinalyse bien au-dela des seules «t~ories» et des seuls «modties» dJl diveloppement. Progressivement, et fils la fin de sa Seconde Partie, ilfinit par passer en revue quelques-unes des explications historiques et sociologiques qui ont ere proposees pour la formation des Erats modernes, ta transfo!.mation de empires. la naissance et les transformations des regimes po/i riques er des sysremes de [1artis, les revolutions, etc. Au lecteur de juga s'i! )' a lieu de blamer ou de louer rauteur d'avoir ainsi debordi son slljet initial. Pour ma part, j'approuve entieremcnr ce choit qui remet d sa juste place la signification des «thiories du dlveloppcment politique» et resitue cel/es-ci comme une .«ideologie» particuliere a l'interieur d'une longue et multiple reflexion sur Ie changement politique. A cet egard, Ie seul regret que j'exprimerais serait que D. Badie n'ait pas essaye de montrer que cerre reflexion a ses racines dans des auvres de bien plus grande portee que la plupart de ceUes qutil analyse : par exemple, dans celles de Machifll!el... 4t!_rq~quevilk., deM~x, de MfQ. Weber... de ~ Regret injuste car, aetoute evidence. il se serair agi d'un toUl autre livre. II faudra du recul- et peut-~tre quelque sens de l'humour aufutur sociologue de la connaissance qui voudra un jour expli quer pourquoi et dans queUes conditions est ne dans les annees 50 Ie concept de «!!!'yel0l!l!..~;'i;,¥ ~rlitique». pourquoi elt si peu de temps tant de travaux on t abores a partir de ce concept (et dans cenains environnements politiques et culturels assez precis). II lui faudra aussi expliquer les raisons qui de ces rendent compIe du contenu - du dit et du non-dit travaux. Exp/iquer enfin pourquoi d partir de la fin des annees 60 commence - ce que montre tres bien B. Badie -, sinon un dec/in de I' «ecole» diveloppementaliste, du moins une phase moins «~», plus critique et plus problematique, un deplacement des questions, un certain desenchantement qui se tradult notamment par un usage de moins en moins frequent des ·vocables-concepts tels que «developpement» et «moder nisation». Ce futur sociologue de la connaissance pourra staider utilemen.: du petit ouvrage de B. Badie. X Enfail, s'U avait ete decemment possible d'cppeler un chat un chat, Ie «developpement politique» n'eut jamais du porter ce nom. rnais eut dl2 s'appeler Ie «non-developpement politique». Car enfin de quoi s'agissait-il ? Tout simplement des
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prl-modernes, nations inac pe.ment» va nattre. sous la organiciste et evolution'niste si elle s'en croit aujourd'h chevement». Ce qui est inac tOUl organe un achevement-e a universellement les memes parvient par des etapes dont dont les sequences sont unive Dans la conclusion de sa bien en lumiere non seulem cistes et evolutionnistes sur mIlis aussi les grands postul Ie changement represente co cumulatif, comme une croiss tepresentative, la diffusio!, d tion «occidentale» du temps. Directement derivees des pement, les theories du «d celles-d, postulaient que les s'acheminer vers un «plus-e loute organisation sociale, g ment suivant un plan tout tr donner valeur universelle d stylisee !) des nations europ caine: cette experience et centrisme, implkite - com presque tous les travaux rep lail du fait que Ie «plus-~tre trouver un dosage equilibre «exigences de carcition», cre de transformer la «peripheri comme «etre comme», «~t dimocraties occidentales. O fin des annees 60 la themati soit entree en crise : c'est diveloppement economique e de la double crise qui, e rariona/ite de notre develop notre modele politique. Toutefois - comme il est de toutes les sciences - ce bases scientifiquement dout pour les progres de la connai
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rpretent I'inegale croissance de e feodale qui lui est anterieure. que une logique evolutive, mais uccessions de s~uences consti ~ 'un retour aWeber, cette expli~ ne souvent du recours a la me~ ui contourne Ie piege de l'expli~ vidence de liaisons ou de cohe hronique, telles celles qui unis et qui. sans inferer non plus une elligibles des formes singulieres
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tenant pour l'essentiel au nou~ histoire. au recours a une appre s sociaux et ala redecouverte de dissociablement liee. Nul doute storique implique un renouvel otamment la nature de l'explica ion empirique. Force est surtout r n'est pas encore faite et que les ill age s'en ressentent encore. entes de la recherche semblent ilegies : l'analyse culturelle est proceder, selon la formule de ondeur» des ordres politiques et ue d'une sociologie de l'acteur nalyser la variete des strategies ques de domination ou de pra re approcher des phenomenes veloppementalisme ne pouvait ue, mais aussi l'importation ou pratiques politiques. . mondialisation, la disparition de au liberalisme economique, les ndial" semblent parfois prendre entifique : tout se passe comme ation, il fallait desormais comp mentalisme encore diffus dans sa ans l'action.
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INTRODUCTION
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L'eroergence hors d'Europe d'un grand nombre d'Etats nou veaux, issus de la decolonisation, n'a pas seulement derange les habitudes acquises en matiere de relations internationales. Elle a aussi profondement secoue les analyses, les fa~ons de concevoir et de penser que les sciences sociales avaient elaborees a panir de reflexions consacrees au Vieux Continent. • O'une certaine maniere. la Science politique a ete la premiere ebranlee, notarnment fravers les analyses institutionnelles et comparatives qui lui ont tres tot servi d'instruments methodolo giques priviJegies. L'echec rapide de l'implantation en Afrique ou en Asie des institutions europeennes, et notamment des Parlements, l'inanite, dans ce monde nouveau, de vieilles for mules comme celIe «d'equilibre» des pouvoirs ont contribue desorienter les analystes classiques. En meme temps, ks pro blemes politiques qui paraissaient dominants au sein du Tiers Monde tranchaient nettement avec ceux qui caracterisaient, uni forrnement et depuis plus d'un siecle, Ies vies politiques euro ¢tnnes et nord-arnericaines. Ces problemes nouveaux sont desormais bien connus. Us tiennent d'abord la difficulte d'apporter une reponse politique l'imperatif de modernisation economique, la necessite de defi nir pour cela de nouvelles rationalites et de nouvelles proce dures, d'assurer Ie passage d'une societe encore agraire dans sa demographie, dans sa technologie et dans ses valeurs, a une SOk dete urbaine et industrielle. Mais ils tiennent aussi aune sene de difficultes plus directement liees au pouvoir politique et a la fonction gouvernementale. L'Afrique, I'Asie et meme encore l'Amerique Latine s'efforcent de se doter d'une elite nouvelle, d'un corps de fonctionnaires, de professionnels de la politique et de toute une bureaucratie : en un mot, l'independance implique la construCtion d'un Etat, d'un centre dirigeant, qui doit se faire accepter jusque et y compris Iorsque Ie jeu politique l'arnene a recourir ala contrainte pour percevoir des ressources materielles et humaines. On a trop parle de la corruption des bureaucraties du Tiers-Monde, de leur poids et de leur demesure pour ignorer
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eelle-ci est dJautant plus critique que l'Etat naisS2Jllt fragile et peu legitime, apparait generalement dans un cadre national in completement dessine. Les guerres civiles, les lunes tribales ou ethniques qui ont ensanglante plusieurs Etats du Tiers-Monde n'illustrent que aspect dramatique de cet autre probleme. II convient d'y ajouter Ia difficulte de creer au sein de Ia population un sentiment d'identite nationale, une volonte de panicipation et d'adhesion : tout ce que la science politique contemporaine range sous Ie vOCable de «citoyennete». Autant d'aspects que les analystes europeens n'ont pas cou tume de retrouver dans Ia vie politique de leur propre pays. Ou, tres exactement, qu'ils n'ont plus coutume de rencontrer. Car la tentation est grande de remonter dans Ie temps et de rapprocher les enjeux actuels du Tiers-Monde dans ceux auxquels Ies royaumes europeens ont ete confrontes trois siecles auparavant. A premiere vue, les memes problemes de modernisation eco nomique se posaient : en France et ailleurs, la «monarchie abso lue)!> naissait sous les auspices d'une industrie qui commen~ait a poindre ; tres tot, l'imperatif politi que dominant fut d'adapter Ia societe agraire traditionnelle aux nouvelles rationalites econo miques, d'attirer et de mobiliser Ies elites anciennes vers Ie commerce et l'industrie, de faire entrer les societes europeennes dans l'age moderne. . En echo a eet imperatif, ces societes connurent aussi les pro blemes lies ala construction d'un Etat, a l'apparition d'une bu reaucratie et d'une elite politique soucieuse, deja, d'assurer sa pe rennit~ et son autonomie. 11 n'est qu'a se rappeler les tensions et les luttes d'influence, nees de la proliferation de Ia noblesse de robe, d'une administration qu'elle rendait pesante, plethorique et souvent parasitaire ainsi comme celIe d'une organisation poli tique mal adaptee a la societe traditionnelle, rejetee et combat tue, parce que vivant sur elle-meme et pour elle·meme, extrayant beaucoup et distribuant peu ... On est enfm tente de completer ce tableau des convergences en rappelant Ies problemes de construction nationale auxquels I'Europe se trouva simultanement confrontee. Le XVIIe siecle ang!ais fut, en grande partie, celui de l'unification sanglante de la Grande-Bretagne. A la meme epoque, en France, la Ligue et la Fronde constituaient les ultimes soubresauts d'un long et difficile processus de construction nationale : elles donnaient deja Ia me sure des difficultes de faire admettre I'existence d'un centre unique, source d'une meme appartenance nationale. Aussi rap ide qu'it soil, ce rapprochement est suggestif et, a bien des points de vue, seduisant. n a naturellement pese sur l'orientation des analyses politiques consacrees au Tiers-Mondo.
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1. Cttiteu 1954. aux Etah-Unis. cl s¢cial
vie politique des nouve ceIle des societes europeenne la rapprocher de ce que fUTe vant? Pourquoi ne pas interp rence aux mutations que Ie v bir ? Ce reflexe comparatif developpement la trame pr consacrees au Tiers-Monde. n fut aide en cela par des dc5sequilibres economiques e tion ne tarderent pas a deven tionale et a susciter l'elabora Monde. Celles-ci contribuer orienter les reflexions centre pement. Aussi, des 1959, alor commenfrait a se pencher sur favorises, Ie «Committee On tiative d'un colloque sur la « de developpement politique ttavaux et cherchait a rendre Monde en terrnes de «retard tique occidental. Dans cette veaux Etats etait justifiee p double imperatif : ameliorer leur offrant les moyens d'acc litique qui devait necessaire mocratique et liberal. n suffit «croisade» pour la democrat majeurs de «l'Alliance pour I aux Etats d'Amerique Latine . Mais cette fa~on d'envisa repondait pas seulement a de J'essentiel de sa force de to scientifique liee ala metapho notion de «progres» continu. et constitue probablement ru celles qui sont communes Elle a profondement marq aneindre, ensuite, Ia science Des Ie debut des annees ci effet, joue un role d'avant-gar
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tribu~ alier la notion de ~veaaccrediter l'idee que toute so rmes de sa propre croissance. e de demontrer que Ie retard rappon a I'Europe ou aux Etats ces de fond entre Ies nations, ser les «ressources latentes» globe. Avec cette' nouvelle s'affmn~ desormais comme Ie eque1une societe revele a elle le .. .3 anence a trouve son prolonge la notion d'etape qU'on doit a ci reprend a son compte l'idee des societes pour noter aussitot ssion necessaire de cinq phases le, les conditions prealables au he veTS la maturite et rere de hI ssant la simple analyse econo qu'a chacune de ces phases cor cis et que la derniere assure la masse. Quant au Tiers-Monde, il deuxieme phase et se trouve par mes economiques et politiques es pays europeens des la fin du
a ete manifeste en science poli developpement recourent abon inspire encore bien des typolo nt est peut-etre moins direct: en concept de developpement, la contribue a donner un nouveau iste et organiciste, sur laquelle grandes traditions sociologiques onne a cette tradition une valeur tili sable dans l'ensemble des nce politique.
w W., TM Proctls of EcOMmie Growth. New TM Stages of Economic Growth. Cambridge TM Strauv of EcOl'Wf1lic Dtwlopmell1. New ggins B., Economic Dtvtlopmitn' . PriAciplts onon, 1959. ~
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theorie sociologique classique etait effectivement prete servir de cadre de reference a une science du developpement. Tous les grands theoriciens du XIXe siecle se sont ing~nit!s a nous proposer, comrne noyau de leur construction, une interpre tation du developpement des socieres ; ils nous ont toos appris a compter avec la notion d'origine et de fin, de realisation progres sive et d'etape. En ce sens, chacun d'entre eux a laisse une socio Jogie du developpement : A. Comte, en analysant la succession, atravers I'Histoire, des «trois efats». dleologique, metaphysique et positif ; Spencer, en interpretant Ie developpement des socie tes par reference au passage d'un etat d'homogeneite un etat d'hCterogeneite ; Durkheim, en constatant que toute societe evo Jue d'une situation de solidaOre mecanique vers une situation de solidarite organique. Meme demarche chez Tonnies, avec Ies notions de communaute et de societe, ou chez Maine. avec celles de statul et de contrat. Marx n'a pas fait exception en pla~ant au centre de sa theorie l'id6! d'une succession ordonnee et neces saire de differents modes sociaux de production, aboutissant obligatoirelI)ent au stade final du communisme... Ces theories n'ont pas seulement en commun ]a volonte de se poser les memes questions, de s'interroger sur Ie «devenir du monde». Leurs reponses recelent aussi des elements de simili tude, qui fondent l'identite de Ia tMorie developpementaliste. Toutes ces constructions postulent en effet I'existence de meca nismes internes de changement amquels ob6issent nicessaire ment toutes les socUtes. queUe que soil leur situation dans l'es pace et dans Ie temps, et qui aboutissent a la realisation finale d'un modele donne de societe, deja present en germes en tout point du globe. Cene tradition scientifique repose ainsi sur un usage tres precis et tres organiciste de Ia notion de deve]oppe ment qui qualifie, comme Ie note R. Nisbet, tout changement procedant «directement de la SIJlJCtUre, de la substance ou de la nature de la chose qu'il affecte,.5. La thoorie developpementariste est done une thoorie du chan gement, en )'occurence Ja tbeorie dcminante. Sa force et sa te nacite viennent de l'ambition merne de son projet, de sa volonte de concilier, toujours seJon les tennes de R. Nisbet, Ia S1atique et la dynamique sociales au sein d'une explication. Le chan gement est ainsi envisage comme compos ante de chaque strUc ture : seuis diff'erent, selon les auteurs, la «loi de transfOllllation» et l'identite de l'agent moteur. S. Nisbet R., cDeveJopmenta!ism as • penpecIi_ ill McKinney J.C., TiryllkDa E.A., dir. TMorelit:DJ Sociolo" : PtTlptlcJivu tmtI Dn~lI1S. New York, Appletan Century Crofts, 1970, p. 177. •
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6. Parsons T" Shi1s E., Toward a Genral TNory of IIctiOfl. Cambridge, Harvard University Press, 1959, p. 90-91. ce, aussi Parsons T., TN Social System, New York, Free Press, 1951, p. 58-67 eI101·112; Parsons T., StrwctW'e aNI. ProceSS/II MDlkrll Societiu New York, Free Press, 1960, ainsi que fintroduC'tion de Ch.7Jel F., 1 Parsons T., Sociitis. Puis, Dunod, 1913. Sur ees traditi, '''5, cr. Sadie B., "Fonnes et lrans(onn.tions des COIIImlD'lault$ politiq~ ill
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La theorie sociologique contemporaine semble d'ailleurs se maintenir dans Ie droit fil de cette demarche : ainsi en est-iI. en tout cas, de l'ecole fonctionnaliste classi9u~ et notamment de T. Pmon~ qui envisage Ie developpement comme un processus «rationalisatiQn» assurant la transformation de certaines des varia"E1es caracterisant Ie systeme social. Cette transfonnation se traduit notamment par la dis arition des «statuts rescrits» et leur remplacement par des «s atuts acqUlS», par l'av nement
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1, Sur ces defmitions CIt leurs critiques. Unle Brown and Co. 1966, p. 33 «Afpmches 10 the Study of Political 1964,.. 108·120. • 8, NisbeJ.Jl, til') cit,n, tn.114PllK2.
Cette incapacite de s'~n developpement politique es de faiblesse de ces construc debats qui continuent a ma tique. Mais la n 'est probab developpement politique a tiques importantes et dec adressees a la tMorie devel Dominante dans les scie etre discutee et amendee qu tique a donc ete porte par l'hommage rendu par les passe, De pouvaient partage ni leur acceptation de la te propose d'analyser Ie passe de l'objet etudie, en ce qu'i1 evenements. Elle ne peut developpementaliste qui pr l'evenement, pour retrouve fondamentaux de transfor societes. Un tel debat s'est rapide non~t, chez Ies develop tions ou certaines explicatio rique a su mettre en eviden
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Claires et precises. la noti rapidement caracteris6e pa de ses plus celebres utilisat gner en relevant dix accepti on entendre par developpe des exigences du devel construction d'un systeme trielles .. , 7 ou encore .Ia comme modernes (legalite, construction de l'Etat-natio tif... ? La mobilisation de democratie ... 7 La realisa donne... 7 L'amelioration tique... 7 Ou enfin, un aspe
.I. lUI l-'1...U4lr,.."""";"
envisagee isolement, ainsi que les
ors, Ie recours exclusif aune loi uni
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on renouvelee de Ia notion de mo
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a~n universe lIe s'inspirant directe sociologiques du XIXe siecle. Le un renouvellement sociologique -' question, en construisant non plus des modeles formels uniquement tracto les seuls aspects juges com- . dernisation politique. Enfin, Ie troi-. ans l'Histoire, l'explication totale et t politique suivi par chaque societe, . ire, la possibilite de decouvrir, en ommunes. De plus en plus critique, nspire plus beaucoup de travaux: < e fait actuellement par recours aux
SeIlS tl Puis:saftCe, Paris, PUF, 1971, p. 28!l et sq. ; d. ell'1'lOCkrllile. Paris, Fayard, 1986. .......
PREMIERE PA.RTIE
Les theories develorpementalistes classiques
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Les theses developpemen science politique que de ma apparition des Ie milieu de certain nombre de travau l'avenement de pratiques po l'epanouissement de facteurs Mais elles ne se revelent plei travaux de Shiis. pour gagner au cours des annees soixante de l'ecole fg,nc!iQ.nIU!li.s.te-qui 1"i.ilr1le ses principaux ~de Mais meme a son apogee, cesse de connaitre Ia diversit grand nombre de theories po temps repond bien souvent a de corriger ou de parfaire des lees par Ia critique theoriq l'epreuve des faits. Derriere l eut donc deviner ~enaines pr politique du developpement j quel elle a dfi cesser d'elabor selles pour se limiter a Ia con ambitieux, mais aussi moins vent so mmaire , parfois nai classique ne saurait etre te archalque : recomposee, em elle garde une valeur heuristi explicative qu'il convient enc
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LES THEORIES QUANTIT ATIVES
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La «revolution behaviouraJiste.>>. qui a atteint la science poli rique auxTenaemains aelrSeCOnde gueae mondiale a donne naissance a un tres grand nombre de travaux se caractensant, entre autres, par un large·'tecours aux techniques quantitatives I, Plusieurs d'entre eux ont naturellement pone sur Ie changement_, / ~iti~et ,ont cherche it etablir des correlations ~ rappantlon de differents regimes politiques et Ie nivean atteint par certains indices se rapportant a la vie economique, sociaJe ou j culturelle. Les phenomenes de £hangement etaient deduits des resultats obtenus et se trouvaient ramenes a l'enumen.tion des conditions favorables a l'emergence de chacun de ces regimes. Ce type de demarche est, en cenains points, marginal par rapport aux theses developpementalistes. D'abord para:" qu'il ne parvient a envisager les phenomenes de changement qu'a travers des correlation successives et non comme objet principal d'an yse. nsuite, parce qu'i etudie Ie developpement politique non pas comme procedant d'un mecanisme interne. mais sim plement comme consequence de phenomenes extemes. comrne effet des changeiiientseconoiniques et sociaux. Pounant, cer tains des postulats developpementalistes les plus fondamentaux (necessite, continuite, uniformite des processus de change menL.) apparaissent deja clairement dans chacune de ces constructions, notamment cenes d~t de D.Lerner. On les retrouve egalement au sein des ttavaux qui, dans :Ie~ de Lipset et de Dahl. s'interrogent sur les conditions econo miques et sociales favorables a la realisation de la democratie ou, plus precisement, de la polI~~ I.
Sur Ie cbebaviOUniliSlllClO, ct. Eastat D., «The CunmI: Meaning -Behavicava1ism",. in
Charlesworth J.• M. Cotrlemporary PoJilic4l AItaJ)IIU, New YCIt, Fn:e Pmss,I967, P. 16,
Cl Birnbaum P.,IA FiIJ du politiqw, Paris, I.e Scuil. p. 10-25.
1
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Dans un article important, datant de mars 1959, S.M. Lipset de demontrer que Ieje~tigye ne pouvait etre com petitif -. et donc democratique- que s'it reposait deja sur un certain ~veloppement economique. L'auteur avan~ait, en guise de preuves, un certain nombre de 'travaux quantitatifs indiquant la realite d'une correlation entre indices de develo~pement .£~onomigu.e et indices ae COiiCjlIren£~ po1fti9.!l.!!2. ----Ce faisant, Ie politiste americain rejoignait la voie tracee, peu de temps auparavant, par R. Dahl ,!Ians A Pre/ace to Democratic Theory (1956) et Politici,"lconomics and Welfare (1957). Les deux ouvrages partent d'un reexamen critique de la notion de democratie pour aboutir a l'idee que celle-ci tend a se realiser progressivement sous la forme pq!~l!e. A mesure qu'elles se developpent, les societes de.viennenCplUs complexes, Ie nombre des groupes qui les composent tend a ~~et les «leaders» susceptibles de les diriger n'en som-que plUS nom breux. Ceux-ci sont donc contraints de negocier entre eux de maniere pennanente, de passer des alliances et de former, sur chaque probleme, _ Dans cette compe tition libre et cette negOClatIOn permanente, Ie peuple parvient a garder un certain controle sur la chose publique, notamment grace a relection ui constitue la source normal 'de to t.rum: trage entre groupes. Ul re qm enve e ces processus per met a10Sl la reattsation d'une certaine forme de democratie qui, sans correspondre a tous les ideaux qui lui etaient primitivement lies, pennet au moins d'eviter l~ m~o~lisati2!l de la decision par une c1asse dirigeante unique ... La polyarchie est des lOTs presentee comme un but a atteindre, eomme l'aboutissement reel et oblige de tout processus de developpement. Celui-ci ne correspond neanmoins a aucune dynamique poJitique : l'avenement de la polyarchie est totale ment dependante d'un developpement exc1usivement econo mique et social. Les cing «c:gnditions» gui, selon Dahl et Lindblom, presidenta cet av~nement ne laissent d'a11reUrs planer
L 'optique developpementaliste du modele polyarchique
s'effo~ait
1·.
DEMOCRATIE
2.
Upset S.M., «Some social Requisites of Democracy : Economic Development and Political Legitimacy». Amt:rit"" Polilical Scilnte Revie.... n" I. man 1959, p. 69-105. Une large plaee est faite i Ia plisentation r:t i Ia discuuion de ees travaux dans Dahl R., L'analyse politiqwe COllUmporaw, trad. fran y., Paris, R. Laffont, 1913 et dans Schwartzmberg R.G .• Sociologil Poliliqw. PIrls. Montd!restien, 1974. p. 182-194.
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A. LES THEORIES BEHA. VIOURAUSTES DE LA.
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4.
3.
poliliqlU. Paris. A. Calin..1ome: I). Dahl R.. Polyarchy. New Haven, Ya Birnbaum P.• Dahl It, L'htdyu po mane penpe.ctive a &E ~ i l'fv T.• CDmlfUUt.ity Strw:t_lMfIllhcir_Chandltz.I968.
Dahl R.. Lindblom C., PoIiIia, 1957. p. 294 et sq. (partidlemt:nt Ir
Envisagee de la sorte, la dans une double perspective. capacite : chaque SOC!~. est c politique par les posslbdltes q pement auquel elle se shue. A forte disparite de riehesse ou qu'un nombre reduit de «leade concurrence politique. l.e s mique emp&he l'instauration Ie pense Rostow, du fait des affronter, mais bien parce qu'it dont elle ne peut se passer... Cependant, Ie developpe l'ernergence de capacites nouv a l'elimination et a la reductio susceptibles de gener l'epano R. Dahl souligne qu'il pennet, rents types de eonflits et d'as ameli ore par lA merne les poss archique de la vie politique . Renforcement continu des obstacles : cette double orient theses developpementalistes saire et immanent. Celles-ci e la polyarchie existe en germes sation n'est que retardee par ressources et par un ensembl que conjoneturels. Nul doute Mrente de la modernisation,
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essentiellement dans Ie prolonge omiques du developpement. On ne les analyses de Dahl aient e16 a e travaux de type quantitatif, cher par l'usage des indicateurs sociaux, ntre changement economique et
fication
mbte de chercheurs ont, en effet, nt l'impact politique du developpe t Ont elabore, pour cela, un certain ure capables de donner une expres spondances suggerees par Dahl. Ce ique a necessairement appauvri la imposant une selection encore plus antes. Seules les plus quantifiables s : l'endoctrinement social ou la ue I'auteur envisageait comme ont dB etre ecartes pour ne laisser, des variables telles que Ie niveau etisation.
a correlation entre diveloppement ement politique
avaux s'est proposee d'operer des general, en construisant de vastes art des pays du monde et mettant en conomique avec les caracteristiques ts sont soumis. S'appuyant sur un rtant!, B. Russett a ainsi etabli des nombre d'indices d'ordre econo NB par habitant, les taux d'urbani nombre de radios et de tits d'hopi duit d'indices politiques, comme Ie e ou Ia part des ressources gouver ational Brut. .. La mise au point de
PolilicDl tl1Id soci4IINiica.tors, New Hav~.le 64), DIIblie sous 1& direction de B. Russett.
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a partir de certaines donnees extraites de celui de F. Russett, op.
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7. 8.
6.
Russett 8.. Trends jn World Politics, New York. MacMillan, 1965. p. 127. Cite el oommentedan. Dahl R., L'A_lyse politiqlUl contemporaiM, cp. cit., p. 125 et sq, et dans Schwanz.enberg R.G,. op. cit., p. 185 et sq, Dahl R .• op. cit., p. ]S8. _ 0" cit.. D. 160.
a
Dahl a repris cette classification pour la combiner a la no tion de polyarchie qu'il avait auparavant for gee. Simplifiant la typologie de Russett pour n'en retenir que l'indice du ~ par tete d'habitant, Ie politiste americain parvient a l'elaboration d'un ....0 ~ '.' tabl~ll'!:!_.9.ui ~~corr2mbor~'existence d'une relation etroite ~\ .. "entre Ie developpement economique et l'extension du regime po , ..,., lyarchique7 (voir tableau p. 19). . De cette ventilation, R.J?ahl,Ietire, en outre, un double en seignement. II note qU'au-dessous d'un certain seuil (200 ou 250 dollars), la variation du PNB par tete d'habitam Q'i~ d'effets sur la democratisatio des structures Iiti ues, tellement res condItIons favorables celles-ci s'y trouvent rtduites. De meme, au-delO d'un certain seuil (700 800 dollars), celte meme nouveau son importance, Lqonditions variation perd prealables a la polyarchie se trouvant d'ores et dt) reunies 8•. Meme s'il ajoute quelques restrictions pour tenir compte de, quelques cas <~aberrants», comme celui de l'Inde qui connai't un regime polyarchique malgre un faible-developpement
(Tableau recompose cit., p. 127).
~
0-55
Fourchette de participation --
I
Type
: Moyenne
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ces correlations lui a penrus de construire un tableau general, re partissant 107 pays selon cinq niveaux successifs de developpe ment econol1lique et politique : <des societes primitives tradi tionnelJes», «les civilisations traditi"onnelles», les «societes transitoires», «les societes ayant acheve leur revolution indus trielle» et «les societes de haute consommation de masse>'o.. Une telle classification confirme l'idee d'une croissance COT relee entre capaciH~s economiques et capacites politiques. Meme si la methode quantitative ne nous dit rien sur les mecanismes . qui assurent cette correspondance, B. Russett peut, par exemple, montrer que l~de chaque etape de deve loppe ment economique a tendance a se traduire par une elevation du taux de participation electorale :
..:.0
quanlilaliveS du diveloppe
9.
--
0". cit.. D.161.
-
D'autres travaux sont venus . pour verifier de fa(fon plus ser theorie de la polyarchie. On a developpement economique fav archique des societes en atten l'acuiti et la violence de ces de de compromis plus nombreux 9• teIle hypothese presente un doub de valider ~.me serie importante par R. Dahl ou par S. Lipset, m d'explication dynamique des pro sant une interpretation plausible reperees. L'espoir de faire ainsi franc rie quantitative du developpem cherches. C'est ainsi que D. Hi ficative entre la croissance ou lence politique ; W. Flanigan et sultats comparables en etablis PNB par habitant, niveau econo centage de la population agricol J.D. Feierabend et son equipe o tant que cette relation etait curv
- b) Les analyses partielles : pement economique ~t }-'iol
6conomique, R. Dahl est ainsi pr~ci~es et plus ri~ides que ce Polillcs, EconomIcs and We l'accroissement du PNB par principalement determinant d precisement, l'auteur comtate certain seuil ~e rewnu nation directement favorable a la trans et donc a l'avenement de la poly des indicateurs sociaux va ainsi du detenninisme economique su behaviouralistes de la democrati
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daSSIl/ues
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de transition, situees avant et apres
elles soient, ces analyses doivent prudence et leur·capacite de verifi .. mee : la traduction d'hypotheses en re, surtout lorsqu'elle s'exerce dans eur de cette difficulte apparait, par s la methode suivie par B. Russen nt entre egalite economique et sta
e lui pose pas les probH~mes de ables ; elle implique cependant Ie La ramene au degre de concentra alcule en foncti.o.n de.. tr .... 0... is in.dices .: Q§.sed'!.!lL.Rl!JS-d~ J~ . tn,.Qi!tL~ . i», qui «calcu~r,fD~ eng", .s..(ou toutes1es fermes auraient la ~~.de~Jles::£i?) ; enfin, la J?r~ p12ort au nQmbr~.lQ.till de fennes .. " enomenes essentielle~at't";: e politique pose, en revanche, des ~~s, que l'auteur a tente de re~ miinnemment discutable - ... de quatre tient au personnel go~ememental ce de rotation des ~ouvemants. Le iolbiceco71ectiveet correspond au rs d'emeutes de caractere politique. flits civils et s'obtient par la simple idents politiques violents», qu'il t ou d'une veritable guerilla. Enfm, e permet de distinguer les Etats qui te ans, un mouvement communiste e 20 % des voix ... politiques et economiques, Russett orrelation est obtenue en croisant n des terres et celui concernant Ie = .46). Notant cependant que seule
: a Cross Naliol'lal Causal Analysis, New York, sq. ; Flanigan W.H. et Fogelman E ...Patterns of storical Perspective», Comparalive Polilics. Vol. 3, t al., "Social Change and Political Violence: Cross Gun T., ed., Violence in America: Hislorica( aNi , Signet Books, 1969. lity Related 1" in Lewis P. et Poner D., The PrQclice sity Set Book, 1973, p. 60-93. .....
... ,wanes quantiuui ves du diw/oppcment
23
une faible partie de la variation est ainsi expliquee (r2 = .21), l'auteur fait alOTs iQtervenir Ie PNB par tete d'habitant comme seconde variable independante. Cette correction lui permet d'ameliorer son explication et de rendre compte de la moitie de la variation totale. EI1e l'amene a la conclusion que l'inegalite est source d'instabilile et de Vi"O'iei1"~Ies~ica~s pauvres, alors qu'e e s~ trouve neut!alis~e dans ce ~oIe amesure que Ie,S socie- . leS se develop pent et anelgnent un mveau suffisant de nchesse....-/ Procedant enfin au r_C?,p¢r~$e des «d~s stabl~.s», I'auteur conclut que celles-ci se retrouvenl essennelTement dans les societes ou l'indice_~5$~!Je et Ie niveau de revenu sont les plus ..J eleves.4. )(Comme elle est parfois un peu caricaturale. l'analyse de Russett laisse clairement apparaitre la ~~~coD.£lusiQDS- sur lesquelles debouche ce genre d'etude, ainsi que l'imponance. des obstacles techniques auxquels se heune toute verification empirique de la theorie polyarchique de Dahl. On trouve d'ai11eurs une confirmation supplementaire de ces difficultes dans les dementis que d'autres recherches quantitatives ont elles memes appones aux conclusions de Russett, de. Hibbs ou de ~rul : constrUisant d'autres indices portant sur les memes phenomenes, R. B.J!!!lII1s.1 puis, plus tard, M.C. Huds~n'ont pu de leur cote verifier I'existence d'une ""queIconque relation significative entre niveau de developpement economique et violence politique l2 . e>Le caractere tIautement contradictoire de tous ces resultats
ne s'explique pas seulement par les imperf££tions tecboiij,ue~ in
herentes a ce genre d'analyse, mais aussi par !Jmp2§~~~ni!~ de
lier a priori des situations objectives aux representations subjec
tives que les individus sont censes en retirer~. Rien ne permet.
en effel, d'affirrner que telle ou telle variation intervenue dqns la
vie economique ou sociale sera vf~_£Li!.zJ~!pr.¢(te-pQlitique
ment de la meme maniere dans des societes differentes. Ce pas
sage dans Ie champ pOlitique suppose !'interference de donnees
specifiques (culture, institutions en place, relations entre fprces
sociales) qui ont leur autonomie et done leur effet propre.
p. 254·284.
12. Rummel RJ., "Some Empincal Findings of ~alioos and their Behavior>o, World Polilics. 21, n' 2. 1969, p. 226·241, et Hudson ~.c.. "Conditions of Political Violence and
Instability : a Preliminary Test of Three Hypotheses·, Sage Professimral Papers in
Comparative POlitICS, series nO 01.005,1971 13. 0. Franck R., "The Prediction of Political Violence from Objective and Subjective Social
Indicators" ,IPSA COl'Igress. Edinburgh 1976 : d. IlUSsi Davies J" «Vers une Ih€orie de la
revolution», trad. franc. in Blmhaum P., Otazel F., Sociologie politique, op. Cil., tome 2.
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14. IS.
Dahl R.o op. cit., p. 161. BalandierG., 01'. cll., p. 114.
-
Tout cOIDme R. Dahl, K. Deutsch a envisage Ie probleme du developpement en utilisant un certain nombre d'indices revelant les transformations intervenues au sein de l'environnement du
B. LA THEORIE DE LA MOBILL.ATION CHEZ K.DEUTSCH
Cette reserve s'etend natureUement aux typologies plus glo bales. Comme R. Dahl l'avait lui-meme pressenti, l'Histoire de ment nettC1ment l'etroitesse de la relation entre richesse econo mique et regime polyan:::hique, et cela malgre la clarte apparente des tableaux statistiques l4• Ainsi les Etats-Unis se sont constitues en polyarchie a une epoque OU leur PNB par habitant etait infe rieur a celui que connaissait Ie Guatemala dans les annees 1960. En revanche, I'URSS et les democraties populaires ont d'oreset deja atteint un niveau de developpement economique qUI devrait «nonnalement» leur pennettre de vivre en polyan:::hie... De telIes ~ constatations confinnent, d'une part, qu'a un meme niveau de ri chesse peuvent correspondre des structures sociales differentes, explicatives de mecanismes politiques specifiques et, d'autre part, que des variables specifiquement politiques peuvent conte nir en elles-memes une part d'explication que la tMorie de Dahl sous-estime gravement. Toutes ces constructions souffrent ainsi d'une certaine forme de determinisme economique particulierement rigide et schema tique qui reduit la portee des decouvertes empiriques pourtant precieuses qui les accompagnent. Prisonnieres de l'illusion quantitative, eUes sont, en outre, affaiblies par un ensemble de defauts plus generaux que.,.Q. B'l!~dig a tres clairement souli gnes : elles reposent sur l'addinon de criteres heterogenes (<<donnees statistiques», «caracteristiques structurelles», «aspects estimes communs et specifiques»), pour ne deboucher, en fin de compte, que sur des considerations statiques, «donnant I'image d'un certain etat du Tiers-Monde», au lieu de proposer une expli cation des transfonnations subies ls . tsch et surtout D. Lerner, ont, quelque peu, attenue certains exces propres aux av ux oe R. Dahl. IIs se sont, en particulier, efforces de concilier l'approche quantitative du deve loppement avec la prise en compte de mediations socio-poli tiques. C'est precisement dans cette optique qu'ils ont I'un et l'autre amorce I'elaboration du concept de mobilisation.
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16. Daltsdi K... NaliQnal_1JIId socitJ/ Hall. 19S3.p. 100. 17. Dt:u1Sdl K... «Social Mobifu:aIion and RoiJIw. 1961. P. 493 ; d. lOui les n: Rmu fr~ise dbcintu poIitiqW!, j
sociales, mais comme l'e~fet at lion &ecoulant de celles-cl. K. DeuL~h a recouru acet veloppement national, c'est-a-di risant I'integfation d'une popula politique domine par un centre cette inu~gration ne peut etre re nomique et technologique est contact minimal entre les dif L'etablissement progressif de dale est precisement Ie trait c sociale qui, selon la fonnule de dividu dans un «public social e Ce processus est tres"fon ment politique. car en donnant :' . . bilisalion assure.\la de1iquesce locales ou uibales - et consa valeurs traditionnelles. Ce fais de nouveaux mecanismes d'in " tissant, entre autres. a la con \)Iaute nationale. Prise dans ce bilisation sociale comere a to (ville, mass-media, mobilite s mental dans la realisation de l du developpement. Mobilisation et modernis liees~ a tel point que leur dis Eludant ce delicat probleme. mer que la premiere n'est pas s la seconde mais aussi run de sation designe chez 1ui l' acti fective d'une societe, tout en lequel se trouve toute popula6 tionnel a un genre de vie mo tique conduit donc ranteur a gner un processus dynamique tive qui est _ censee en resulter. I·
politique. A priori. sa t que lcs pTec:edentes: Ie change comme Ie produit immediat de
.,antUauliU au di:veiopp
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nsion qu'eUe a ainsi subie, la notion entiel de son originalite et de sa va bablement la raison pour laquelle es ~ la seule mesure de la population meme dans une problematique .res Dahl et des «quantitavistes». II elJ guatorze indices capables de deter ion affectant une societe donnee, et elle-ci sur un .Me de developpement nt de donnees economiques (niveau population par secteur d'activite ..J, ute de la radio, frequentation des ci niveau d'alphabetisation ... ), de don e d'urbanisation) et de donnees poli le, niveau de conscription, taux de 13: 8. ste une importante correlation entre bilisation sociale etant par nature un e premiere phase de developpement. on. Les demandes adressees au sys politique. exposition aux mass me t de croitre plus vite que les capaci revenu, repartition de l'emploi par s revetent une importance particu ler les crises de croissance, les diffi travent Ie fonctionnement de la so e qu'elle est envisagee par Deutsch. n permet donc de determiner Ie ni eint par Ie systeme politique etudie temps, les aspects critiques des pro tique en cours. es qui ont ete faites pour verifier Ie bIematiques engageraient plutot ala ontroler les indices de mobilisation f et P. FI .. , a1 es dans la realite et revelaient es dlfferentes experiences de deve
par exemple ete-!!!b.,anisee et indus pres d'un siecle et demi avant que Ie isse et que la scolarisation ne se ge
of Time Series Analysis in Modernization Res~,.;
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: elle nta pas pour autant connu un processus de devekJwemenl politique particulierement agite ou instable. De memer( I . • ) "Allemagne s'est singularisee en atteignant treS vile un taux ~ ~ _ tleve de ScQlarisation, t!lndis la France est entree dans rere de l'urbanisatlon. ous ces exemples se rejoignent (»~\ QJ.{JO ' pour remettre en question runiversalite des correlations sugge- f rees par Deutsch et pour demontrer l'existence de plusieurs mo- ___ l€ elts histOi1qUes de mobilisation. Il est difficile, dails-cescondi tions, de retrouver a partir des indices qui nous sont proposes, des. ~?ils significatifs de developpement, communs it tou~~_ socletes... . Mais au-dela de ces insuffisances ou de ces echecs, c'est
toule une conception theorique qui se trouve remise en cause.
Comme Ie suggere F. Chazel, la notion de mobilisation n'est ve
ritablement utile que SI on parvient a l'envisager comme un pur
p'rocessus dynamique, analytiquement distinct de la modemisa:
tion20. Or, au lieu de recol1rir cette notion pour analyser en pro
fondeur les mecanismes de~. et de reintel>ratiO.n qui
accompagnent tout processus de changement. eutsch se
conrente d'en faire usage pour designer des degres. des niveaux
ou des etapes et donc pour conforter une approche dtli-berement
statique de la modernisation. De la decoule son incapacite de
donner une base veritablement nouvelle it l'analyse du
dtveloppement et de corriger, de fa~on satisfaisante. les defauts
que BOUS avons deja recenses chez les guantitavistes. _ . De toute fa~on, les principes fondamentaux qui in spirem la
lhOOrie de ~uts£b se concilient mal avec nne apprehension au
tonome de a mobilisation. La conception d'un change.rg~n~ §.o
cial nnitineair~ et_ordonne .£Q.nduit en eifet a envisager Ie cteve
loppement comme le~mantelement Ip6th~iQ!!.<E..~ coq,¢rent ~es
donnees de la societe traditionnelle : dans ces conditions, Ie role
intermediaire joue par Ie processus de mobilisation sociale ne
peut etre que tres ~anique et tres de~ndant de revolution des,
donnees infrastructure lies de la societ: Peu de place est done
laissee a la prise en compte de sa specificire, et a (orrfgri, de ses
variations d'un systeme politique a rautre. II est donc logique
que Ie modele dC(,. Deutsch .!lSW2-arvienne pas a tirer tout Ie parti
possible de la notion de mobilisation et en fasse un usage, cenes
- novateur mais, somme toute, assez marginal et peu decisif.
* * *
20. TM krillt Socitry.,sew yorit. Free Press, 1968. p. 419 e1 sq.
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21.
Deutsch K., «On Nationalism, World Regions and the Nature of the WeSlJo, ill Torsvik P., ed., Mobilization. Celller-periphery struclwru and Nalio1l-buildi1lg. Universiteitsporlaget, Bergen, 19S1. p. SI-93.
Titant recemment les consequences des differences qui se parent les modeles de developpement les UDS des autres, _K. Deutsch s'est pourtant efforce d'utiliser la problematique de la mo61hsatton sociale pour montrer ce qui distingue Ie nationa .fu11le occidental des' mouvements nationalistes qui mobilisent les autres societes du monde 21 • Il retient pour cela tngt et uneca racteristiques du «developpement national» occi ental. "Fe1fes~cj sont d~og~hiqu~ (structure geographique permettant une intense communica:uon intra-territoriale, niveau modere des p~ci.£it!lti()E}>',' na~rut,sous-sol). d'ordre culturel (ouvertur,e iiii-cultures ext~neures, sens-dlr-temps, ou~ct du travail , /fnanuel...). ou-a'Ordre socio-politique (valorisation de la regIe de.. ~it. 'dualite Etat-Eglise. autonomie~ cites, individuaIisme, apprentiss.ag{'QeIa tolerance, eloignement dans Ie temps des re volutions sociales ou anciennete de l'organisation du mou,<ement . ) ~ ouvner.... --- Afin d'evaluer leur plus ou moins grande presence dans les autres societes, Deutsch dote chacune de ces caracteristiques d'une valeur allant de zero (caracteristique absente) a deux (fortement presente). Le score maximum correspond ainsi aux donnees de l'histoire occidentale du developpement national ; si . 1'0n en croit Ie traitemenf quantitatif, les modeles russe, latino amencain, extreme oriental et balkanique en sont assez proches,' alors que les modeles africain et arabo-islamique s'en eloignent bien plus nettement. Vauteur en deduit l'irreductibilite du natio nalisme de ces derniers types de societeet les limites de leur occidentalisation 1 tenant aux donnees propres de leur mobilisation sociale. Un petit pas a incontestablement ete fraI)chr vers une connaissance moins universalisante d'un objet qui reste fort mal connu : la forme que revet la construction d'uo public national au sein des systemes politiques qui n'ont fait qu'emprunter - par Ie biais de leurs elites intellectuelles - line ideologie nationaliste occidentale qui ne correspond ni a leur culture ni a leur histoire. II reste que Ie traitement quantitatif propose par Deutsch souffre de l'arbitraire des criteres choisis (l'histoire d'une mobilisation ne se limite pas 3 la juxtaposition de vingt et une donnees), de .l:l naiVete de leur mesure (que veut dire un «individualisme moyen» 1) et du maintien de ce pole occidental qui semble representer la seule mobilisation nation ale reellement accomplie, alors que de fa~on significative l'auteur ne cherche pas aconcevoir ni a construire des modeles concurrents
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LA THEORIE DE LA M LERNER
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22. Lerner D., The I'assiflg of TradiliONll 23. Lerner D.. O(J, cil.• 43-50_
Des difficultes similaires trOuvent dans Ies travaux de D Ie developpement en recoura L'analyse que ce chercheur Traditional Society (1958), a encore sur l'usage d'indice~ mobilisation, mais rensemble une perspective developpem que chez K. Deutsch et R. Dah Lerner, selon un reflexe reference aux societes occide prendre et de prevoir Ie de\'e probleme de l'~sme incertitudes de cette refefencvolonte que manifestent les tout prix certaines orientation La modernisation passe precis ~ donc par un processus ~ un esprit positif et rationnel, e des comportements de type « non plus en fonction des im maires d'appartenance, mais d'un effort d'identification 3 Ia La'lntse-en-reiivre'oe-Cetle processus de developpeme conduite, 3 la realisation d'un racteriser - un suffrage uni de partiC1i',;on electorale. note que cette transfonnation grace a l'essor de la commun qui est 3 l'origine de'tout'pro par 13 meme, Ie developpem L'etude de Ia modernisation
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'd6veloppement national. L semblent etre en fait toujours I historique et, au total, peu con de Ia mobilisation sociaIe..:
hiorUs diveloppe~ntalis1el.elassiQIIU
veaux d'urbaniSMiQ!l., tt~,!Rha1tti mationqyi 1~~aracteris~I!t~., eutsch, D. Lerner envisage l'en s comme liees les unes aux autres cessus diachronique. Se referant dentale, il suggere que l'urbanisa orisant l'alphabetisationet l'essOI x derri~s~~elres'agis: autre, mais l'alphabetisatiQn pre ation des media, celles-ci suppo 1onpour--ehe'assimilees. reces"trOis\;ana61es~mais seule de developpement, c'est-a-dire prononcee pour enclencher un is de diffusion de l'infonnation. alors necessaire et detennine, a re du taux de participation poli-' ocratisation croissante du regime u seuil minimal· d'urbanisation, ces donnees: on se troliVeaJOiS' ont il n'est possible de sortir que / e developpement qui suppose, en es gouvememenfales les plus au ---..----- -. emarche, Ie recours aux indices e depart oblige de toute analyse. acun d'entre eux aide d'abord a modernisation de la societe mpte du taux d'urballisation esidant dans des villes de plus de e a detenniner si Ie premier seuil donnant, par la meme, naiss~f_e Sd'exposer24. : ) , ' tions entre ces indices pennet de veloppement et de decider quel mass media, education ou urbani ociete consideree atteigne un de lui assurer un fonctionnement
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stitue incontestablement un pro on de mobilisation. Celle-ci est ecise et plus autonome que chez eulement une rupture avec l'ordre
fWUIlilalives flu diveloppe~fIl
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31
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ancIen, mais aussi la promotion d'une culture et d'un compone , ment donnt~s qui ne sont pas sans rappeler la sociologie de M. Weber (idee.!t~_~~tigIl~lis~_t.i
,d)J.niy.~~i!Jjim:~). Le determinisme. economique seIai~-~m: fa
'roeme plus nuance et se trouve comge par toute une ~lanon
cultureg~~ De meme, en hierarchisant les variables extemes-eien- presentant un modele de developpement en trois etapes, liees les
unes aux autres par des tdMiQ!1S d~c~ysal.i!t .~T son du
fixisme auquel Dahl et Deutsch nous avalent habItues, pour nous
proposer une e~plication plausible du passag! d'un niveau de
developpement a un autre. I" La maniere dont D. Lerner envisage la mobilisation sociale
compone cependant des risques serieux. Les notions de rationa
lite et d'universalisme - qui lui sont associees - restent des
plus difficiles a definir et, afortiori, a me surer. Leur usage De se
defait qu'avec peine d'un, ethnocentrisme que Ie politiste amen
cain ne cherche meme pas a nier...
D'autre part, meme si ces problemes sont resolus, les constatations empiriques faites par un certain nombre de cher cheuTs suggerent de nouvelles reserves et impliquent d'autres nuances, Ainsi, s'interrogeant sur Ie developpement politique en ~g~ G. Bertsc~ s'inspire assez largement du modele de r.:emer-POUT ne lutapporter qu'une verification limitee2S• Apres avoir construit une echelle d'attitude «tradit!QIl» (mesnrant Ie poids des valeurs «non-rationnelles'») et une €chelle «particularisme», G. Bertsch a calciIle la correlation existant entre ces echelles et les iilciICes socio-economiques classiques de mobilisation. Globalement, la theorie de 1&rner parait valide : la correlation est ainsi de - 40 entre l'indice de mobilisation et Ie
score de l'echelle «ttaditioror;de + 41 entre les scores des deux
echelles ; et de - 27 entre l'indice de mobilisation et Ie score de
l'echelle «particulari~I1)e». La difference entre ces ccefficients pa
rait meme con firmer que ll!!!!ob~!!. a d'~bo,!:d ~"__ rationalisation des valeurs puis, seulement seconoalrement, sur promotIon ,~_f9IDPQne!11~_nt~ ..UJliv-eIS,aH..~t~.s.. , ---rvraiSTauteur constate qu'au-dela de ces phenomenes glo baux, Ies correlations varient beaucoup d'une region a l'autre de la Yougoslavie : e1les sont faibles en Slm:fu~ et en Serbie. beaucoup plus fortes en ~!Q~ti~5t en Ma.cedQine. Le ni\-eau de developpement economique ne peut expliquer ces differences•./ puisque des correlations fortes se retrouvent autant dans des re gions developpees (Croatie) que dans des regions «amerees» "-"---'''lII'''
2!. BMId! G., ..Survey Research and the Individuality: a Strategy for the emu Natim.aI
Analylis ofCanm~nity Building in Yugoslavia». IPSA Co"gr~ss. Munich. 1910.
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26. 7:1.
Zapf W., Flora P., op, Cette impossibihu! de rendre compte du changement polilique sans prendre en consideration le~ cu!!l!!el sp6E!!iilue..dans lequel it .'opere a egalement ete demontm: par plusieurs'liilhroji01OgGes:-1Jii-se riferera, en particulier, aux travall1 d'Edmund Leach, c:onsacn:s 11 l'interpretation des m&:anismes du changement politique qui caracterisent Ie JYsteme locial des Kachin. en Binnanie. Cf. Leach E., Lu syslinvs po/iliquu des MuJu lmu de Birmanie. Paris, Masp6!'" 1972 (pnImii::re ed., 1954).
ca.
En fait, comme Ie note G. Bertsch, une grande partie de la variation doit etre expliquee parreference a d'autres facteurs. lies notamment a des considerations socio-politiques plus globales. Ainsi, la..Ql~ n'a pas Ia meme si gnification en Slovenie, reB!O~n peripheriq!,l~Qu sevit" en outre, une substantielle regressiOn demographique, qu'en S~J2ie, region centrale et d091inante, marquee par des donnees historiques -o"'une-'autre"riature ... Des qu'on se situe it un niveau -plus fin d'analyse, on \'oit donc se profiler un ensemble de relations qui echappent au modele de !-e~~r et qui remettent en cause l'~ versali~tQ~~~~~§pgl!dances qu'ilsuggere. ---r.a hierirchisation des variables de developpement et I'idee qui en decoule - d'une modernisation s'operant en trois phases appellent des nuances encore plus fermes. Prolongeant les verifications qu'its avaient operees spr Ie compte du modele . de Deutsch, W. Zapf et P. Flora ont constate que l'histoire des societes europeennes et nord-americaines venait infmner la pro gression decrite par Lerner26 , L'~f!.isa~n n'a joue un rOle moteur, ni en France ni en PruSse, et son e et n'a pas ete imme 0\ USA J diat en Grande-Bretagne. En ce qui conCeme les Etats-Unis, Ie ., ~ -:- ~,modele de Lerner est tout simplement inverse: la participation -'~.-", ~" politique y a-precooe la scol.~sa!ion gui acQ!lnu, eIIe-meme, un , , r ~ essot plus rapine que l'urbamsauon. Enfin, les deux chercheurs ~ {' -~" n'ont pu verifier l'hypothese selon laquelle seul un taux d'urbani \lb ;..} _\- \ sation de 10 a 25 % pouvait determiner une croissance rapide de ,J W )'. : ~ \I 1'~.J!~OR~ de_~~ s~o!~sl!-tiQ!h.--:-.. , .~~l') ... \ "AI' L avenerrrent oe la democratIe pohtIque n'est donc pas ne .;,/ \,0-'."1..,''''' cessairement lie a l'at~inteJ:k.r.ela.tLQ..~..Qti[!l~le.s_entre des taux v.~ ~(rurbanjsatiQn, d~I!!:Q.h~~~ti~JUiQll et de diifJl.§iQnd~.§.m~.~~~ ~ J megia. Le developpement politique reste conditionne par des ~es historiquS<,S essentiellement variables selon les societes. II correspond ainsi a des mecanismes internes dont ~~ -.J9Domie est irroouctib a lOute analyse accordant un pouvoir explicatif centr et exclusif a des indices economiques et so- , ciaux. L'irrealisme de cette causalite unilineaire et uniformetl" r~ constitueTepremier enseignement qu'on uuisse retirer de I'Cch;JC ... , , de la construction de Lerner, comme de ~q;,.lui de l'ensemble des tMories quantitatives du developpement27, //
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28. Cf. nr' partie ; mais il cOIlvi problemalique.grice II l'etude so cr., en particulier,...oogan (M,) ::
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dans leurs ten "perspective reellement dyna ment ete reIeguees a l'etat etablir et a apprecier les co entre Ies differentes donnee son environnement social, e de ces correlations peut ser dele de developpement polit aspect statique qui contredit loppementaliste. eet echec appel stimulant a la recherch sanon sociale est en effet au ~ement. La maniere d tionnelles ou au contraire la tuent un element-clef de la loppement et de la pluralite La theorie sociologique st Tonni~ : seuls quelques t rique., sortant radicalement talistes, semblent parvenir a Dans Ie strict domaine pent apparaitre comme une blesses qui se degagent des envisageant Ie developpem nome et plus dynamique. E entrer la science politique a pementaliste...
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LA THEORIE DEVELOPPEME~T ALISTE DE SHILS t
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Avec Edward Shils, on assiste it un profond renouvellemem tMorique : Ie developpement politique n'est plus envisage comme une consequence d'un aspect du changement econo mique et social; il est construit comme un objet d'anaJyse sptci fique, se suffisant a lui-meme etobeissant it des principes qui lui sont propres. Shils, comme beancoup d'autres chercheurs qui lui feront suite, ne s'interesse qu'au systeme politique pour etudier les processus qui lui sont inMrents et pour re¢rer les differentes formes qu'il peut revetir au cours de son developpemenl II cesse, par la meme, de s'appuyer sur les tMories elaborees par les eco nomistes, pour constrnire des theories nouvelles, relevant excln sivement de la science politique. En 1960, E. Shils publie un ouvrage, intitule Political Development in the New States, qui apparait comme la chane de ce nouveau developpementalisme. Des les premieres pages de son livre, rauteur donne Ie ton de ce qui restera run des poslula15 fondamentaux de cette ecole scientifique : tous les Eta15 en deve loppement ont un but commun, celui de devenir modemes, c'est a-dire .«dynamiques», «democratiques et egalitaires», rompus aux lois de la science, avances sur Ie plan economiqne, souve rains et influents dans la vie intemationale. Mais surtout, Shils precise que l'ensemble de ces aspirations oriente la totalite des Etats nouveaux vers un modele de modernisme qui reste celui des democraties occidentales, tout juste amende dans certains l'" ses details, de maniere it favOfiser son implantation dans des aires geographiques qui lui soot etrangeres l . Chaque sysreme politique est des lors toume vers la construction d'nn regime marque par la predominance des lois civiles, par Ie fonctionne ment d'institutions representatives et par l'exercice sans restric-
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Shils E., Polilical Developmitlll ia liu New SurtleS. The Hague, Mouton and Co., 1960,p, 7 el L
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don des libertes publiques2, Tous ces principes existent en gennes dans chaque societe: leur realisation progressive est na turellement a la base de tout processus de developpement poli tique. :·4' Cet epanouissement est cependant mis en echec, dans les societes du Tiers-Monde, par un ensemble de donnees qui se re velent defavorables a I'etablissement d'un regime democratique et qui tiennent essentiellement a la trop gr-ande distance separant une petite elite acguise tw wQdemism.e, d'une masse apathique encore S~iSL;!Yi, QQr.m~S_JnJ!'!J}L.~aleu.r.s.~deJa.,SQciete.t.raQi:, tionnelle. Sur Ie plan social, cette soumission tend a donner une importance excessive aux allegeances locales gui rendent diffi .. 0 dIes la construction d'un Centre mooem~' eTfe fonctiQnnement ,}1~\~ . ~.d.es_app.llfeiI~J¢gisr~tifs.• exe'Ciitifi,et jq.di£ig~~. plan culturel, la societe trasiitionnelle est responsable d'une sous-_ education, debouchant sur des comportements particularistes et J \.... 6eterogenes, peu compatibles avec les principes d'une loi civile universelle et egale pour tous. Enfin, sur Ie plan ~ l'ecQ.- v -O.Qg1~...9lle, profondement enracinee dans les mentalites tra I ditionnelles, determine des' attitudes de reserve et de mefianc.e_a 1 regard de tout effort d'indpstrialisation. - - . Face aces difficultes, l'.tJi,!£.se trouve isolee et livree a eIle-. v ~ ~ ; meme. ContraireITl~m a ce qui s'est produit en Occident, elle ne • I 0 " disp()se.,Q~\J.'!p.E2fufd'aucune categorie sociale«ampon) a l'image -JV"'''''''';t'J''''des classes moyennes europeennes qui, ayant.'iaher6 tres tot a' - /1 {oFt.. ~J une culture «rationnelle», avaient pu assurer Ie fonctionnement J~ des !P.Earei~reaucratiqueslT!Q9~~9l!.kl!.~. Dans ~,,"-. . . l I e s Etats?u ,lers-Monde, l'elite est rofonde~ent coup~e des ~,1: 1 masses, separee d'elles par u e rofond, qUI, selon Shlls, enl -37'>"" \. traye toute fo~e de ,p~cipa~lOn politi~ue reeUe pour n~ donner "'i \ nalssance qu'a des regunes tres C'l!tra!!§~UT des pulslOns ex \ tremistes e~alitaires, exprliriant l'un et l'autre l'impossibnite certes provlsoire - de construire une veritable democratie mo derne. l>!r I rJ)~\ Tout Ie probleme du developpement politique Ge ramens V) des lors, a l'impossible combinaison d'une realite oli~aTGljlql!.e " l,nposee par lesaits et d'une aseiration oemocwiQue, nee,,_ ~ai ;:ement presente dans toute S$,iete. Les tensions, Ies c~es, Ies ~phenomenes autoritaires et les pratiques insitutionnelles instables)
\ ~\ qui caracterisent les Etats du Tiers-Monde derivent de cette dif
ficulte et se trouvent ainsi lies a Ia persistance, au sein de la so
f ciete, de valeurs, de normes et de comportements traditionnels. Toutes ces hypotheses con~duisentShils a construire sa probIe:;/ ------;,-/:r::;;r-:Z=ll-.I-+l~¥-// r ,I ~ 2. Op, cit.• pA8, I"t \ ~ \ ~,.~ \ ~
,--.,
?"enraPI)Y~21ient-rrs .~t "s~~
1
0" ell.
p. 48-49.
I. La democratie pol une reponse aux probleme meme temps Ie regime des but que cherche a atteindr developpement. Elle se c d'institutions politiques, executif dom les titulaires s valle regulier ; un pouvoir l au suffrage universel et fo rence entre paFtis politique ment etablie sur Ie principe tique suppose egalement un eHe n'est praticable que si e citoyens, que si eUe peut co discipnne. Pour leur part, I ,SUl~, coheJ:~m~§...~L effic tamment contre toutes Ies. f L'avenement d'un tel r fin de tout processus de de marquer que la democratie ti1ecti.hl,e. La modernisati faire des Etats qui s'effo (lndes, Japon, par exemple politiqlle de chaque Etat d' rique du Nord.
~Jr~ ~;n falt.t.Rour cessite 011 arch} ue ~ evol n reponse it ~es quest systemes politiques qui ap sibles au probleme de la mo la democratie tutelaire, l'oI totahtrur~ et {'.oligarchie tr tinctions operees entre ces moms forte differendation plus ou moins reelle des e Jl'l{)dele democratique.
autour de trois que plan de l'explication : d~ vient-ils d'un~l'!ati.ql!~~Q
aeveivppemenUJl.i.ste d
1'1'''' 11' ... 10UU"'''',)
1.H...l"}"'t'~.)
elaire repose sur un dCplacemenl erne un certain nombre de societes atiques apparaissent deja nettement, arquees par une culture civique fra titudes encore traditionnelles. La achevement de la modernisation so espoir de voir1rtnsl s'mstaurerles nitivement favorables a la democra
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at~g4es sont deja en place, mais leur neue que dans la democratie pure: st loin d'etre effective et les struc c~ondues avec les appareils du ratique institutionnelle est sou vent voient les textes : l'executif domine ainement Ie niveau de maturite poli en fonction de celle-ci, des restric ratique nonnal. ssite de ce type de regime est sus sincerite» des elites. Elle n'est pos eellement Ie jeu de la democratisa ur pouvoir. a mesure que s'ameliore asses. Elle suppose. en outre, que Ie itaire~ ne reponde qu'aux seuls he se trouve pas deVOy~ar des consi ues, tenant parexemp e a des luttes , I"jv>
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nisatrice derive, Quant a elle. de la 'est pas realisable it court ou moyen ctere encore tres traditionnel des s en place. Elle repose, des lors, sur les autori .res, prenant la forme de es institutions politiques democra ont que purement fonnelles ; l'op s d'existence legale et l'appareil ju tonomie. puie sur un important appareil bu neralement fennee sur elle-meme, ces sociales. Elle se preoccupe es dernisation economique et sociale, a rationalite et de demanteler toutes n. La democratisation n'est pas a e «decollage» economique du pays: e sans panage et trouve, dans
.e ...: .(;j(.iJlyl.lI.(;r.w.U.~j,t: ~
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de la tache l accomplir. sa source principaJe de lCgitimite: Turquie au temps de Mustafa Kemal ou 1'Iran SODS Ie regne
de Reza Pahlavi correspondent .res exactement ce style de
gouvernement.
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4. L'oligarchie totalitaire tranche avec Ie +;prapnatisme»
de l'oligarchie modernisatrice. Elle repose sur une doctrine poli
tique tres elaboree et Iargemenl diffusee, sen'anl a legitimer Ies
prerogatives exceptionnellement vastes dont dispose l'elite au
pouvoir. Au lieu de procooer a la modernisation en misanl sur
.r :·}t l'apathi~ des masses. elle s'efforee, au contraire, d'operer une ....." vaste mobilisation politique de Ia population tout entiere pour integrer celle-ci dans un processus de de\'eloppement dirige. Le profil institutionnel de ce type de systeme politi que repose done sur une c,Qnfusion des p
riantes au cours de l'Histoire : Ie communisme et Ie fascisme......
Vun et l'autre de ces regimes ccirresponaent "ainsi aes fOfmes
precises de developpement politique, liees a un effort de moder
nisation socio-economique paniculierernent intense e1 normale
ment appelees adisparaitre avec Ie relachement de celui-ci...
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S. L'oligarchie traditionnelle apparait, enfin. comme Ie
«niveau zero» du developpement politique. Elle est genel'ale
ment incarnee par un gouvemement monarchique, s'appuyant en
meme temps sur des croyances religieuses profondernem enra£i
nees et sur des ~nsiQ!!!lrtQn_s_de ..:pm:el!t~ liees a la structure
traditionnelle de la SOCIete. II est interessant de noter qu'oo re
trouve ainsi, it ce niveau politique tres elementaire, one situation
de fusion entre l'ensemble de la population et les elites diri
geantes. Cette situation prend fin des que la modernisation vient
al'ordre du jour, pour ne se retablir qu'au stade ultime de la de
mocmtie politique.
L'oligarchie traditionnelle se caracterise naturellement, sur Ie plan politique, par une totale ence de differenciati
structurelle : les institutions politiques en place son es p usJy.::...
dimentaires. et parfois meme intermittentes, ou confoodues avec
IesmstiuuIons religieuses ou familiales.1l n'existe ni Parlement, ..
ni bureaucratie. la communication sociale est des plus rrouites. /
Ie gouvemement central est faible, peu structure et peu dispose entreprendre un~ <euvre de modernisation.
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cinq "types purs» de systemes politiques : l'auloriUlrisme arinocratique traditioonel. la transition operee par les intellectuels nationalistes, Ie toulitarisme anstocratique, Ie IOIaIiUlrisme des intelJectuels et I. democratie. Cf. Kautsky, Political Change ill U1Id4r developed COlUltries .' Nationalism and ComntIDIism, New YOR:, 1. Wile),. 1962. S. Shils E., op. CU., p. 89. 6. Cf sur ce point, Lea J, Vatin J.C" L' Algirie politique. instituJiolU a regime, Paris. Preue _ de Ia FNSP, 1975, p, 315 el sqq,
4, On peut rapprocher Celie tYjX>logie de ceDe elaboree, peu apres, par ], Kautsky qui distingue
~et
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Plus encore que les auttes. ce syst~me politique ne corres pond qu'a un type ideal. L'oligarchie la plus traditionnelle est contrainte de mettre en route, tot ou lard. un processus de mo dernisation qui la rapproche d'autant du regime de «l'oligarchie modernisatrice». Le passage ace nouveau stade necessite cepen dant un chaneement dans la fonnule de_Iegi!imi~~.R.Qlitiqye.._,pn ,2bandoiiTela referenIDliX::YamiUrSViYlitis;wn~. au profit de valeurs «ratlonneIles» que que ques systemes politiques n'ont pas encore ose assumer (Arabie Saoudite. par exemple)4... II convient de remarquer que cette classification n'enumere pas a proprement parler les hapes par Iesquelles chaque societe en developpement devrait necessairement passer. «L'oligarchie modernisat;ice» et «I'oligar<;l}js..!Q!~» apparaissent W-eiiif" comme deux voies possibles. en competitIon l'une avec I autre! tandis que Ie passage par la «democratie tutelaire» n'est pas pre '" ·sente £Q!!ill1~inelu,aabl". E. ShiIs prend soin de preciser que . ~ -t'iippantion de tel ou tet deces systemes politiques depend de hi qsituatiog dans Iaquelle se trouve la societe consideree', mais sur \ ~al~n eUte dicigeame, de ses aspimtions, de ses / ,.J' .cap ermeme de ses choixy ; : I tJ...I':2, .. En pri~iIegiant de. Ia ~orte Ie role joue ~~Is.lit~~ils reha i/: rI I v.v bilite avec eclat I'exphcatIon purement pohnque du developpe fJ'( \ /'rv"'" I /~ ment. n Ie fait cependant au prix d'une sous-estimation@cbeyss
,I, ~ )."1" de la part importante prise par les masses elles-memes dans Ie / \$. ~' .'/ processus de construction de l'Etat moderne. II passe notammenB I. "', I sous silence les phenomenes de crise et de changement lies a . , 1.,{ , j I",,) a ll,lnature_des demandes adressees par les popula/ ,\ / ' . 1 ~tions tout recemment mobilisees aux centres gouvernementaux rJ; 1 nouvellement (:rees6. I .. ~ pluralite des processus de modernisation ne doit pas non . plus faire illusioll: elle va1de ijijf3dans l'analyse de Shils, avec ~nception~pement qui reste finaliste et tres unili neaire. L~ (l'oligarchie traditionnelle) et Ie point i .,.. " d'arrivee (la democratie politique) restent communs it l'ensemble I "1 \), \,J-J des societes ; celles-ci evoluent necessairement et irremediable· ~ ment vers une democratie de type occidental qui devra finale ment s'instaurer en tout point du globe et qui consacrera la I
•
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Shih E" Center and Periphery, Chicag
progresslVement selon des malgre l'entree en force de _~~ils ne parvi~nt ~s a ea " \<; tout e OrtJ.MI!JQW~ /. ~ ~ ~emodernisation, to )}. sur la dynamique qui assure I' , pement it une autre. y.,rtftr rait, de ce point de vue, tres i Ces postulats et ces orie gnee scientifique inauguree la plupart des construction Reposant sur les notions de ils ont, en particulier, prepar nelle de la modernisation.
.(~~g!u:I.~y~J.Qp~!
.met, non plus, de consldere
g:af!:1~ee ~J:~j~!(ttrt.: .:p,
s.u.ppo.s.ant.le. I.I.,m.In . anon. p.r.Og / ' ~~ffinner gu.~~~mocr
/
nestication» des conflit forces revolutionnaires7• En outre, quelle que so de developpement politiqu meme «loi de transfonnatio graduell des structures !i I vement pennanentes, sperm .' combler le /osse qui separe masse de la population ; iIs gressive des structures tradit placer par des institutions e l'Ouest. La demarche adoptee p f, seriJUle.~ostulats~ui pechen recours a u?~. c~nception si
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. . . . _,..-,__.. ;1~~_~
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III LA THEORIE FONCTIOl\SALISTE
DU DEVELOPPEMENT
A. FONCTION ET DEVEWPPEMEl\7 CHEZ ALMOND
~~f~!!::!!.ce aTepanouissf!J)1.entde.sproce~sii~.(Qn·ctiQnD~ijjii:iL£QijI
Des 1960, G. Almond et J.S. Coleman prirent l'initiative d'integrer l'etude du developpement politique au sein de la tMo rie fonctionnaliste 1• Dans son acce lion la Ius classi . enVIsage a SOC} t ,. ou Ie systeme pobtique;~comme un en d'elements interdependants. Chacun de ces elements contribue, d'une maniere specifique, a l'organisation et au fonctionnement de l'ensemble dont il fait partie. L'analyse fonctionnelle se pro pose, des lors, de re¢rer ces contributions (ou fonctions) et d'apprecier les satisfactions qu'elles apponent aux exigences de ...,; maintien et d'ada alion __Rre,~!.!:!nsemble consi<Jere2. '. ne telle perspective COnStllue un excellent buus pour rendre operatoire les theses developpementalistes les plus clas siques. S.i!Qm..AY~~~!TI~.p<>litiqJ,lee.volue de fa.~on .~J.l.~.!,!.~e et __ Yllilineaire vers une norme (Jefinie de fo.octionriement! il est)aF: faitement regiti~~Q'app[~9j~L~.n.Q!y~au de developpement 'par .cenS¢~ srY'~cfoI11plit ; c'est tres exactement Ia perspective choisie par Almond et Coleman dans The ~Q/j'i'$ of the Ikveloping Areas. Apres avoir defini Ie systeme politigue CQmIDe «Ie sys -"""Ieme d'interactions --uIfem lit les n 'integra!iQIL~t g'a aptan0!l ( ... ) e.ar Ie recours ou la menace de recours a une
'une problematique fonctionnaliste, en s'appuyant sur quatre
~ontrainte physique legitime», les auteurs justifient leur usage
1.
Ceue penpective sera, par la suite. critiquee et amende!! lIOlamment par Melton R.K., EUtrlDlu de tMorUl tt de melhotk $ociologiqw. Paris, PIon, 1965.
Almond G., Coleman 1.S., ed., TM PoIiJics University Press, 1960.
of lILt Dnillopillg AwlS. Prinasoo, Princeton 2.
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3. Almood G., Coleman 1.5., op. cit., p. 8, 11 et sqq., tracl. fl'31l¥. dlms Birnbaum P., Chazel F., Sociologi£ plJliJiqU4, Paris, A. Colin, 1971. tome I. p. 41,45 et 5 q q .
Puisque les memes fonctions se retrouvent partout. iI suffit de proceder a leur inventaire en observant les processus accom plis dans les systemes politiques les plus modemes. Procedant a cet examen, Almond et Col elan parviennent ainsi a induire l'univergtlite de seet "foiiC'tloils'":}ocialisation et recrutement ~ )Itiques•. e~~i.c!U.~~...!J.l"~.r,~~s. agr~g.a,.n~n aes-i~fef~s:SQm ~mcatI()n_ p.oht~que,. ~~'?6~~~~()~~}a !~.&1e, exec.utl~~J~... r~s.te-erffl'dctures pomIques qw les accomphssent et d'appr~cJ~~tregre d'autonomie et de s¢Cialisatio.n.. ,,~-Cesdeux demieres qu81Ites constituent les variables fonda mentales du developpement politique. Almond et Coleman les envisagent a travers Ie concept-cle de «differentiation struetu .!£!1e», grace auquel ils pretendent determiner Ie Ylll.eau de mo- ' uemisation atteint par chaque systeme politique. L nctions ~yant une existence universelle, Ie eveloppement he peut, en effet, consacrer que l~renciatioJLf!Qi~ante de .. £,~Q!j~es. Ainsi les societes traditionnelles se caracterisent par des structures politiques intermit!el)t~s et p~u s¢cialisees : Jes fonctions executive, 1~"!iYeeiju~iciaire y sont tres gene
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hypotheses fondamentales portant sur l'essence meme des rela tions politiquesl : a) Tous les systemes politiques, quelque soit leur ni",eau de developpement, sont dotes de structures politiques, comparables a celles qu'on retrouve actuellement dans les societes modernes. Seuls changem leurs degres de permanence et de specialisation. b) Les memes /onctions sont remplies dans tou.s les sys temes politiques : elles different seulement par la «frequence de leur realisation», par «Ie genre de struc tures qui les remplissent» et par «leur mode d'accom plissement» . c) Toutes les structures poIitiques sont «multi/one tionnelles» , c'est-a-dire contribuent de plusieurs manieres au fonctionnement du systeme politique. d) Tous les systemes politiques sont mixtes : ils ne sont ~ jamais totalement modemes ni totalement traditionnels. Le processus de developpernent est donc universel et permanent: il s'exerce autant dans les societes du Tiers Monde qu'en Europe Occidentale...
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fon
4. Coleman 1.S., Rosberg C. Polilic University of California Press, 1964. S. Almond G .• Powell B., COf'If{XITlIIi Brown and Co, 1966. p. 23-24; Cfand Normative Perspedives .., Comp 6. Almond G., Powell B., Comparllfiy~
socmtsmode . strUCtures exc USlvernent p pirtlS pohtfques, personnel blit une division du travail d 8(L~9~~.. 9~ . <:li.!!~renci lement sur l~e_lIesr~ncl politiques discontinues et contribuer que de fa~on me politique. A ce propos, 'lJ L~.~!!Lfonftiqra!].el>~Jqul independants, encore faibl samment rompus aux prat tique 4 • La realisation prog principe dynamique essen t approche fonctionnaliste du Ce cadre th60rique a et tard, par G. Almond et B. a d'abord ete enrichi de la fonctions qui, s'ajoutant au mais regrou¢es en trois ca les fonctions d'adaptation ,systeme politique. Mais s l'analyse des fonctions et d de la culture politique, c'est (des) croyances, (des) val trouve de maniere courant notent que cette cuhure su developpement, en fonctio plus en plus ration nels. a action politique})s. Le dev egalement en termes de «s seulement, comme aupara structurelle})6. La cornbina Almond et Powell a concl typologie detaillee des diff Ion leur niveau de moderni
accomplies par.nn
s l;uwrU.s J.evd<JppemenlaiisleS classiques ,
SYSTEME POUTIQUE
version assurent la transfonnation soutiens adresses au systeme poli s'imposant it l'ensemble de la so
de six et avaient deja ete reptrees
sontles fonctions d'articulation des
!t~r~.t~· d'[email protected]:re J!L[~.!S:,
onction jli
Les deux premieres regularisent
ue, les trois suivantes s'exercent «a ere s'accomplissant a run et l'autre
xistence, ces fonctions sont cepen es par Ie niveau de developpement les s'exercent. Si, par exemple, la ,. terets s'accomplit deja dans la so n un veritable essor que sous l'im :onomique qui determine une forte cations, et du developpement des e la circulation des demandes ... ar cette fonctiqn impose, en retour,
s en.J2Ws..spCkilli~ulan~§Q.QJ~£:
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ations nouvelles viennent a se for:' groupes de pression ... ), prenant Ie nerales qui se revelaient jusque-la Jj~ inter~t~ en jeu (~~ t@t1o~elle, Ie systeme poli "dejie'rfectiopJlU l'exercice de ses ' notamment d'instruments capables de demandeS et de lui apporter une
ation participent de la meme ma pement politique. Elles pennettent se maintenir ' a ter a la ce grace aux mecanismes de re alis3rion pglitique. ent contribue a doter chaque role ~~ A mesure que s'opere Ie deve- ( o e devient necessairement <1e p~ el a des agents qui doivent etre de
101lC~. dIvcltJppe/fWII
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en plus qualifies. Cene exigence croissante implique donc la progressive de structures particulieres, exclusivement • destinees it la f.prrnation et a13 ~.~lecti~!!.pe cadr~~,~gu~~. De meme, la fonction socjilli~iUiQP 12Slll1igUk assure Ja diffusion S!L Ie maintiend'une culture politique compatible avec-les besoins de foncclOnnement du systeme politique : elle donne, elJe aussi, .naissance a des institutions de plus en plus specialisees dans I'exercice de cette contribution (famille, ecole, mass media)9.
c) Les capaciles du systeme politique constituent, entin, Ie demier element du « triptyque » fonctionn~l d'Almond et Powell. Elles designent Ies cinq fonctions que doh accomplir tout sys teme politique dans ks relations qu'it entretient avec son envi ronnement 10 : -
-
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~acite-..E~tra.Eiv~ recouvre les performances accom
pies en vue (fextraire les ressources materielles et hu-·
maines necessaires it la realisation des buts que s'est
fixes Ie systeme politique ;
ta giQ.ac;iteI6gglatri~conceme l'exercice d'un controle
elf'lcace etcoordonne sur les individus et les groupes ;
~a trait a tous les efforts consentis
en vue de repartir, au sein de la societe, les divers biens,
services. honneurs et statuts qui sont disponibles ;
~ se rapporte a l'ensemble des
actlvttes ass-urant fa diffusion de valeurs symboliques
(de-files, fetes, voyages presidentiels ... ) au sein de la
societe et contribuant ainsi a la mobilisation d'un sou
tien populaire minimal ~ ~~po~ decrit enfin Ie degre de «sensibmte» ausysreme politique, son habilete a detec ter et asatisfaire les demandes qui lui sont adressees...
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II est evident que l'amelioration de toutes ces capacites ne peut se realiser simultanement : de fortes capacites extractives et regulatives soot par exempJe ne-cessaires prealablement a l'exer dce d'une bonne capadlt distributive. Cet etalement dans Ie temps est ineluctablement source de crises politique:s aigues, familieres lUX OOlIVeaux Elats du Tiers-Monde. Mais. en outre, et selon une logique qui DOtlS est desonnais bien connue, Ie developpemeot de chacune de ces capacites passe inevifablement par la creation de structures de plus en plus differevciees et 9. Ibid., p, 47-41et 64-:12_ 10. Ibid.. D. 14. 190 II!::t ..... _
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11. Almond G. Verba S., Civic Culture, Princeton University PIess, 1963. Les auteurs onl n:pi5 I'enentiel de celie m.alyse dans The Civic Cul/IITI Revisited, Boston, little Brown, 1980, qui ne remet pas en cause les fondements epistemologiques et conceptuels d'une construction contestable de la culwre politique. SUf la critique de cetle construction, C/. Badie B., Culture et politiqUl!, Paris, Economic., 7! ed., 1985. 12. Ahnond G., Powell, op. (;u., p. 57-58.
Un systeme politique n'est pas seulement constitue de struc tures : i1 suppose aussi un ensemble d'attitudes et de comporte ments plus ou moins coherents. Des 1963, G. Almond et S. Verba avaient precisement entrepris une vaste enquete qui se proposait de comparer les traits culturels de societes aussi diffe rentes que les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, l'Allemagne, I'Italie et Ie Mexique ll , Leur recherche les avait notamment amenes a distinguer trois grands types de culture, correspondant a trois types de re action possible face aux objets politiques. La culture « arois siale» suppose ains! une attitude d'indifference et Ignorance race a I'Etat-Nation et un repli sur Ies unites locales d'ap partenance, qu'i1 s'agisse de la tribu ou du village. La culture de " «sujeti{l.n» est, au contraire, marquee par une connaissance du systeme politique national assortie d'une grande passivite a son egard : les individus Ie respectent et Ie craignent tout en se ju _.N geant incapables de participer a son fonctionnement. La culture yfr_~.~ - l\ de «participation» repose en.f.in sur la volonte des citoyens ~~ ~_~_~.:~x~E£~r ~e .~.~~~~ {'''~~!1~--~!- entier~ ~e.urs dro~t.s et leurs de VOlfS, pour eser reellement sunla deCISIon pohnque. Tout en
notant qu'aucun e ces types n existe a l'etat pur, les auteurs
concluent que Ie dernier d'entre eux caracterise Ie mieux les
«democraties stables», et done- les systemes politiques les plus
developpes.
~\ Almond et Powell reprennent cette conclusion aleur compte V pour en faire un aspect essentiel de la modernisation de la cul ... ~.") ),:-"'.,ture po~itiqJ!~~)I~a'outent l'emergence «d'orientations 12ragma: tI ues», consacrant are eSSIO des ideofo ies t Ia rom' ~>1'~ g~LY..al ronan 'efficacite et la recherche du compromisl2, .r .k~V" Tous ces elements se rejoignent selon eux, pour assurer la
PRISE EN COMPTE DE LA CULTURE POLI TIQUE
c. LA
s¢Cialisees dans leur accompIisseVlent : on retrouve. .. eet . ultime niveau fonctionnel, la pennanence de run des deux principes de modernisation politique figurant au centre de la throrie d'Almond et PowelL
J-.\,~l
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of Modemi1y~. World Politics, XXXVI justcment en cause I. oorrelation entre: de 14. Ibid., p. 215-116. 15. Ibid., p. 217. C'est neus qui IraduilOllS.
13. Sill' ce concept et son usage developpeme
Chacun de ces ensembles gories representant dc~ :iiveau structure lIe et de secularisati aboutissent ainsi a l'etablissem
des «systemes primit politiques intermitten se caracterisent, en «paroissial» ; des «systemes traditi certain degre de diffe atteint Ie stade de la c des «systemes mod <
A partir de ces deux crit une typologie tres detaillee, c Ion leur niveau de developpe grands ensembles, correspond de differenciation structnrelle
POLITIQUES
D. LA TYPOLOGIE FON
~ularisation culturelle»13. strUctures politiques et donc l .uxquelles eUes sont assoc Almond et Powell notent, en bureaucratique se revele parf campagne pas d'u~e, t~rm agents et ses utthsateurs _universalistes», meritOCratiq son hannonieuse des process de cularisation cult rell . 'len out processu e develo
.... Jvlll.- ..UIll>...."', ... .....
IFS : lermiltenles •
es (Bergdama) ntaires (Nuer) idaux (Ashanti)
TIONNELS : ouvernemenlales difjerenciees
moniaux (Ouagadougou) ntralisoo (Inca, Angleterre des Tudor, . ques fOOdaux (France au XIIe siecle)
RNES : ues difjerenciees
renciees : Iimitoo (Athenes)
mes mobilises: ation et secularisation democratiques : ie des sous-systemes et culture partici
e autonomie des sous-sysremes (Gran~ Bretagne) onomie limitee des sous-systemes)( nce sous la IV e Republique) le autonomie des sous-systemes (Mex'lt
s autoritaires: "::w' des sous-systemes et culture mixte su icipante litaire radical (URSS) litaire conservateur (Allemagne Nazie) oritaire conservateur (Espagne de Franco) oritaire modemisateur (Bresil)
mes premo'bilises : et secularisation limitte re pre-mobilise (Ghana) atique pre-mobilise (Nigeria avant jan
6)
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I.
tableau lBisse apparaitre un grand nombre de sabdivi se caracterisant chacun par un mode panicU/ier d'acrom ~ment des differentes fonctions politiques.. Ainsi. ~ fooction d'articulation des interets se tro v xercee, dans les·l:\:filmes ,imin S, sans l'intervention d'aucune structure politique penna ~ente ou differencic~e : donnant, it ce propos, l'exemr!e des groupes Esquimaux, Almond et Powell notent que les der::l3Ildes tIDergent spontanement lors des deliberations qui rassemt-:ent, it J'occasion, la totalite des aduItes composant ces groupes. Us ajontent que c'est par Ie biais de ces memes structures im~mrit teDtes que se trouvent egalement remplies les fonctions txeeu tives, legislatives ou judiciaires. Avec remergence des syslernes lraditionnels, on assis:e it un debut de differenciation qui n'atteint cependant que Ies 5eules stl1JCtures gouvernemel\tales : c'est donc par I'intennediai:re de celles-ci que les processus d'articulation des interets tendent it: s'effectuer. Ainsi, dans les systernes patrimoniaux (Egypte des Pharaons), ce sont les institutions contr6lees par la fam.iJk royale qui servent de relais : les demandes sont exprimees par res chefs de village, qui les tranS1l1ettent aux ministres provinciaax, ces demiers les repercutant ensuite sur la COUT. Dans les burea:lcr~ ties centralisees (Empire Inca), les memes fonetions incom66it essennellement aux seuls appareils administratifs plus au moins bien repartis sur l'ensemble du territoire. Dans un cas comme dans rautre, la presence d'institutions permanentes sert de sup ,I port au cheminement des demandes, mais Ie processus reste considerablement affaibli par Ie monopole qu'exercent, en ce domaine. les institutions etatiques qui ont tendance it n'ani:uler que les interets qui leur eonviennent et a ne preler qu'une oreiUe diStlaite aux revendications qui s'expriment. Le systeIl'le poli fique ne conna!t alors qu'un equilibre pl:tcaire, constamment me nace par une trop faible ciTCrrrauon de l'infonnation et one trop grande fermeture aux impulsions venues de l'emironnemmr. Caracterises par une differenciation totale des structmes po litiques. les systemes politiques modernes sont, au contraire, do tes d'institutions de plus en plus specialisees dans la seule formu lation des demandes. Ainsi. dans les systbnes modernes pri-mo bilisis, des infrastructures politiques adequates sont deja lZnsees exiSkr (partis, groupes de pression), mais eUes sont CODI.'I"Olees par l'Etat" et en fait par une petite elite coupee des masses: leur capacite. receptive est done tres faible et l'articulation des mrerefS ltSte de quaIite mediocre. Dans les systemes autoritaires mobilises, la distance masse.,. tlite est plus redui te~ mais les structures politiques ne cmnBis sent encore qu'une autonomie tres fBible qui diminue d"autant
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contribution de A. Gouldner) et Mulkay M., FllIICtioN:Jli.ma. Ezdlange and Tlteorical Strategy. London, Routledge, 1971.
16. Op. cit.• p. 273. 17. Sur Ies orientations plus recentes du {onctionnaJisme, on se reportera 11 Demerath NJ., Peterson R., Cd. Sysums. Chtutge andCOIIjlict. New York, Free Press, 1967 (notammentu
II est incontestable que Ie fonctionnalisme a joue un role novateur important dans I 'analyse de la modernisation, notam ment en rassemblant les hypotheses eparses qui avaient ete for mulees sur son compte, pour les inserer dans une construction theorique globale et coherente. L'instrument fonctionnel sert, en quelque sorte, de premier revelateur des possibilites explicatives que recelent les theses developpementalistes les plus classiques. Ce revelateur a pourtant ses limites : Ie fonctionnalisme d'Almond reste tres fragile sur Ie plan methodologique, et tres en retrait par rapport aux approches fonctionnelles les plus re centes 17• II repose d'abord sur un usage discutable de la notion de systeme qui reste mal definie, tres empirique et, selon les tennes memes de J.P. NettI, «plus proche du vocable que du concept».
E. BlLAN CRITIQUE
leur efficacite. Seuls Its syst~mes dimocratiques. caracteri.s& une autonomie reellede I'ensemble de leurs structures. sont en mesure d'accomplir de maniere optimale la totalite des fonctions incombant au systeme politique : «l'independance» et la demul tiplication des groupes d'interets assurent ainsi Ie plein exercice des processus d'expression. de diffusion et d'organisation des dif ferentes demandes qui viennent aemerger au sein de la societe. Toute la typologie d'Almond et Powell est donc construite sur l'hypothese d'un developpement parfaitement lineaire qui tend meme a hierarchiser les differents systemes politiques mo . ires sont ainsi consideres comme dernes. Les s S1' es «moins ' . e oppes» que les systemes democratiques, parce qu'lls sont dotes de structures politiques moins autonomes et parce qu'ils sont marques par une culture politique moins «secularisee». Le totalitarisme reIeve pour Almond d'une mo dernisation inaC1revee, parce qu'il est l'expression d'une culture «m~xte, sujette-participante», qui repose encore sur une ideolo gie pesante et sur des comportements apathiques l6• Cette culture se trouve dans une phase de transition qu'elle devrait abandonner pour devenir plus pragmatique et davantage axee sur la participation des citoyens ... Le sY§.t~m' autoritiUre n'est ainsi qu'une des antichambres posSffi1es du stade democratique final, commun al'ensemble des systemes politiques.
18. Nettl P., "The Concepl of system in Po p. 319-320 ; if aussi FiDer S., «A1mond OpposiJwn. hiver 1969-1910, p. 5·21. TO peniste, dans _ travaux ks plus rta:nls. n&:essaire it _ "bonne dIeorie do dtve Causation.. , p. 7, in Almond G., Fianag Boston, Lime Brown, 1973. 19. Cf. sur ce point. RiW E, «The Theor COftumpO#'aryPoliJica! Malysi$. New Y
n'est en effet dC abstraite, capable de der fonctions inherentes a tou simplement caractense, a poste teS et de fonctions presume l'audnte de ses butsl8 . Mais Al quer pourquoi les processus fo dispensables a la realisationp s'averent plus necessaires qu fonctions qu'il nous propose es vation» des systemes politiqu pretendre a aucune exhausrivit explicative... Par ailleurs, en analysant par reference.a un systeme pol sions de son environnement e sees, G. Almond postule que l minimum d'unite, de centralis faisant, il sous-estime gravem tegration qui -caracterisent la d'Etais du Tiers-Monde, et qui res occidentaJes elles-memes, feodale l9 • Procedant par ce bi de la realite. il tend a donner l phisme qui serait Ia caracterisr systemes politiques. Mais au-dela meme de se d'AImond presente des defaut heuristique. Sa trop grande gen pertinence des decouvertes q exemple douteux qU'on puisse des relations politiques en app cessus d'articulation des inter groupe d'Esquimaux et tel qu'i1 syndicat f~ais ou britanniqu afait different dans I'un et l'au th.·c de comparaison et affaiblit
a
se d'universalite fonctionneUe sur te sa problematique20• urir a un modele d'analyse de portee dance favoriser une apprehension incipalement Ie chercheur it situer Ie yse sur un axe donne de developpe ui Ie separe du systeme politique qui oppe, Or, conclure que telle ou telle steme patrimonial» ou au «systeme nd peu de choses sur la dynamique eveloppement ou sur l'ensemble des la conduire jusqu'it ce niveau de 1110
ent se trouve ainsi detournee de ses l'elaboration de vastes typologies qui ves. d it se degager de ce statisme en pro e des processus de developpement en ressort reste marquee par une devenir des societes, assortie d'un estable que celui d'E. Shils ou de olitique occidentale est toujours pre reme, commun a tous les processus ecessairement la disparition totale et conflit. .. ation de ce processus finalise appel ses reserves, L'idee d'une secularisa s derive de la these celebre de la fin est de plus en plus contredite par la giques qui tendent it renaitre un peu Ies mouvements de contestation aux uche» en Europe ou en Amerique du dementie par la vigueur et Ie renfor nantes qui conditionnent encore Ie s societes et qui continuent a articu ances qui ne peuvent passer pour ligieuses, mythes, valeurs morales,
...
ner R., Political Devetopme/IJ and Change: a Policy 75, p. 6. 330. /Ideolo,y. GlenC<£, Free Pross, 1967 et Upset S.M., Paris, Lc Seuil, 1963, ch. 10. qu'elle suseite, cf Waxman C., The End o/Ideolo" lis, 1968, et Bimbaum P., Ul Fin dllpolitique. op. cit~
,'hypothese complementaire d·une diff6:enciation contimJe strUctures politiques parait tout aussi fragile. Fred Riggs la JH18Dcc fortement, dans son analyse du developpement adminis tratif, en notant d'abord que les societes industrielles ne sont ~ en toUt point. plus differenciees que Ies societes agraires, et en relevant, en outre, que loin d'etre continus et unifonnes, les pro cessus de differenciation se realisent selon des modalites com plexes et vrujables que l'analyse structuro-fonctionnelle classique De peut laisser apparaitre 24 , Enfin, toute cette explication dynamique repose toujours sur un double postulat qui affaiblissait deja Ies theories developpe mentalistes anterieures : la modernisation oMit a des lois de uansformation qui seraient communes a l'ensemble des societes, cclles-ci n ayant aucune latitude pour definir leur modele de de veloppement ; eHe supposerait en outre une elimination progres sive de l'ensemble des caracteristiques traditionnelles de ces so cieles, pour faire place it des institutions politiques uniforme ment modemes. Force est de constater qu·Almond n'apporte au cune verification empirique a l'une et l'autre de ces affirma tions,••
*
* * QueUe que soit l'importance de son apport it la sociologie et
ala science politique, Ie fonctionnalisme d'Almond, dans sa pre
tention theorique et explicative, semble ainsi s'etre engage dlris
une impasse, peut-etre dans la voie d'un certain assecbemeot que
~dement pas la seconde edition de ComparatiVe Polili.cs'rS. On doit certes etre sensible aux innovations que celle-ci comporte. notamment it l'analyse plus ~ubstantielle qu'Almond et P~el1 consacrent aux outputs, c'est-a-dire aux pfoduits du systeme po litique. quelque peu negliges Iors de la premiere epoque du deve loppementalisme qui s'interessait surtout a la montee de la pani 24. Itiw F., AdnWtistrazion. in Developin.g COlllllries, Houghton Miflin Co,Ibtoo.. 1964,;:t. 24
I!l 27-37. Pour UIIe critique de II notion de diff~renciafioo, cf IUssi TaUy C• ..no ct
Mi:neJve». tracl. in Birnbaum P., Chazel F" TItlorie: sociologiqw. Paris, Pl:F, 1915, p. 569 594. 25. Almond (G.), Powell (B.). Comparative Polilics. S-,stem, Process aNi Pdiq, 8os1on,1iIlk
.&-u, 197811 perspective d'Almond n'est pas abmdann6; comme Ie sua=. pH" eu:::npJe
rOl.Mll&e de Somjee construit a partir du concept faibleme:ot amende de c:;apKiIi poIi!:xjue,
1ftlIique·IU Japon, a II Yougoslavie, IU Nilenl.lu Mexique CI. al'Inde. Cf Somjl:c (A.H.); PoliJiaM Capacity in Developin, Socie:tiu, New York. St.-Mutin's Press, 1982 Dam une paspa;tive au demeunmt d~ve1oppementalisle. flWleOr II1OII1Te que les CI(lIci!& potitlques cIu lapon et du Nil~ril reslent limi\6es. du fail de II persislince ern_ tl'llCbtion CIIIIInmaulaire chez Ie premier et de I'kllteJnelll tribal-eommunauam cfJcz Ie seron4 (p. (iI).
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cipation politique et ll'essor des demandes. En mettant dtsor __._~_l'ac~~nt S~§j?OJitiques publiques. s~ la production des , ~U~QIU!gpes, les auteurs~log:tquement a concl~ que !a.f.()~atiorlspolitiq!~S se distinguent au moins autant par les caractenstiques de leur propre~strate~e que par Ie degre de differenciation aueint par leur structure. Lexplication de ces dis 'tOrstons'lle renvoie plus dans ces conditions au seul jeu a'une evolution plus ou moins achevee, mais aussi it des differences de choix. que les auteurs sont obliges de prendre en compte. En concluant it l'existence de ~ing stra~~~ de_g~.:tel().e,pern~Qt et done it la concurrence de cinq fonnule§. Jrarl:iltrage enrreles de ~andes, Almond et Powell doivent admettre qu'il n'y a pas un sew ~nne it l'evolution des societes et que les systemes poli tiques de @t ne se situent pas dans une pha~j!1!e~re de developpement et de differenciation, mais bel et Olen sur une trajectoire particuliere de changemem politique. Quel que soit Ie serieux de l'amendement, force est pourtant de noter que celui-ci derive davantage d'une concession faite it l'air du temps que d'un progres interne au fonctionnaIisme dont les implications directes. Ies plus discutables ne sont pas «revisitees» par Ies auteurs. ......---...
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1. Pye L, .cts Df Polilical iNvtiDpmel r&lisCs all debut des umees JOixIlllle).
L. Pye propose, dans As elements d'un nouveau mode litique 1• Le point de depart de Ia parfaite Iignee des demarc classiques ; l'auteur remarque ont en commun Ie's memes «s ramene a la triade suivante : r tion des capacites politiques. d - Le renforcement de l' toyens actifs et respo
A. LES TRAVAUXDEL. P
L'analyse fonctionnalist ment politique une image so rante, en I'assimilant it une affectant l'ensemble des soci jeunes Etats du Tiers-Monde differente, faite de revolution Ce contraste assez brutal entr avoir determine une nouv developpementalistes, menee Pye el d'Organski, qui donner plus importanle que celie modeles. Ce renouvellement, Ies deux auteurs, eut, entre statisme des modeles de Shil perspective reellement dyna modernisation.
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la vie politique de leur societe. n r l'avenement de lois universelles, par une procedure de recrutement ppel au seul merite et qui offre une motion a chaque individu. capacites du systeme politique i m ent de l'action gouvernementale, de sa rationalite. Elle se tradui t par un novation et d'adaptation au change sation sans cesse croissante des di umaines et materielles, enfin par on et de reproduction des valeurs es d'assurer la persistance du systeme
structurelle correspond aux defini ar Shils et Almond; eUe apparait en minateur commun a tous les modeles s.
s caracteristiques ne sont que de peu a l'analyse. L'essentiel consiste ue societe a fait l'apprentissage de ent elle a reagi aleur apparition et a r, cette confron~n ne va pas sans a l'orig~$ix crises qui se ren chaque systeme doit reussir a sur es de son deveioppement politique : imite, crise de penetration, crise de on, crise de distribution 3 •.
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est liee a l'urgence de susciter, au e, un sens profond de l'identite na z chaque individu, un sentiment du ommunaute territorialement delimi cette necessite se trouve contrariee ~ les diverses references tradition s ades entites segmentaires : groupe etc. La crise qui decoule d'une telle eg lee que par la modification des effort de mobilisation visant a fa ire e type «paroissial».
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r";,il.m ue .:n::.e ...),":
b) La crise de legitimite denv.e des difficultes de faft ad
~ l'autorite et la responsabilite d'un centre gouverne~tal
unique, monopolisant les diverses formes de contrainte k~ale.
Au sein des jeunes Etats, cette crise recoupe un certain OO:::1bre
de problemes concrets bien connus : queUe doit etre la rel.don
entre l'administration centrale et les autorites locales trad:::on neIles'! Quel rOle doivent jouer les appareils bureaucrati':;Jes. chils et militaires, dans la vie politique nation ale '! Corr:::1ent
doivent erre assurees la combinaison et la transition en!:"': les
strUctures coloniales ancienneset les structures politique$ ::O~~'
velles mises en place lors de l'independance ? /'
c) La crise de penetration tient a la necessite. pm:: les strUctures gouvernementales en place, d'elaborer des poliri~ues capables d'atteindre l'ensemble de la population et de toucher la vie quotidienne du peuple. La solution de ces nouveaux pro blemes passe par la creation d'une chaine d'institutions Ii,Hio nales, regionales et locales, a meme d'exercer leurs comptteTIces jusque dans les vi,llages les plus eloignes du centre. Elk im plique egalement la definition de modalites coherentes d'ir:ter vention (planification, nationalisation, con troles gouverner:len talL"(, legislation economique sociale et culturelle ...). Ene sip-..ifie enfin la mise en reuvre d'une serie d'incitations destinees aeta, blir la confiance entre les dirigeants et leurs «sujets», a vaincre , a susciter, en eux, de verit2.bles attentes en matiere de politique gouvernementale ...
~ l'a.l!athie_ de ces derniers et
d) La crise de participation resulte a son tour de l'at-nux soudain de nouveaux~teurs au sein du jeu politique. Elle appa rair en fai'lcomme la contrepartie inevitable des interventions massives realisees par Ie centre gouvernemental au sein de sa ptripherie, Ce gonflernent du llombre des acteurs politiques pro voque presque inevitablement une serie de tensio~_gues a l'inada tation des institution e lace. II se traduit par un accrolssemen ra . e au nombre des groupes d'interets. des dubs ou mane des panis politiques et par la necessite de concevoir en retour de nouvelles formes de relations politiques. II se caracte rise, en outre. par une brutale radicalisation des masses er par une elevation du niveau de leurs exigences. rune et l'autre de Ce:§) tensions devant finalement ~e resorber dans une extension, puis une generalisation du suffrage unive~ e) La crise d'integration nait, quant a elle, des difficultes d'inserer raction politique des masses dans des circuits fonction nels, capables de qonner aux revendications emises une forme et
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Op. cit., p. 57 et 66,
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Ces six crises ne se presentent pas parlout dans Ie meme ordre : leur succession obeit it une Iogique et it un rythme qui varient selon Ies societe,S et qui doivent etre rep6res par l'ana lyse 4• Cene hypothese - au demeurant tres novatrice - conduit Pye a degager trois grandes orientations de recherche, appti cables it l'analyse de n'importe quel systeme politique : a queUes crises un systeme politique donne s'est-il trouve confronte ? Comment Ies a-t-il surmontees? Dans quel ordre Ies a-t-il affrontees ? Privilegiant la derniere de ces questions, l'auteur constate que les difficultes sont d'autant plus grandes que Ies crises de developpement viennent it se presenter simuhanement. La Grande-Bretagne a, par exemple, connu une modernisation har monieuse et continue. parce qu'elle a pu traiter chacune de ces crises separement, et selon un rythme de succession tout a fait supportable. Au contraire, I'Allemagne et l'Italie ont connu des tensions politiques graves, essentiellement parce qu'elles ont ere confrontees, en meme temps, it une crise d'identite et une crise de legitimite ... La situatioi1 des Etats du Tiers-Monde issus de Ja decolonisation est plus grave encore, puisque Ia pression du sysreme internationalies contraint a s'aligner Ie plus rapidement possible sur la norme de developpement des Etats europ6ens et a affronter, simultanement, Ies six crises enumerees. Cene obliga tion Jes conduit it privilegier. volontairement ou non, la solution
f) La crise de distribution, enfin, a trait it Ia maniere dont les pouvoirs gouvernementaux sont utilises pour orienter Ia dis tribution des biens, des services et des valeurs au sein de la so ~-ciet~:.J~~e de I'obligation d'arbitrer entre Ies differentes ~-.eCategories soclaIes, de decider des priorites entre Ies besoins qui s'expriment et de definir un mode de repartition a Ia fois equi table et efficace. La solution it une telIe crise passe generalement par un renforcement de l'interventionnisme etatique et par l'epa nouissement de toute une bureaucratie sociale.
une orientation compatibles avectes cxigences de su:rvie syst~me politique. EUe ne peut etre sunnontee que par la crea~ don d'un important reseau d'inter-relations liant d'abord les orga~ nisations politiques entre eIles et assurant en suite une liaison mi~ nimale entre ees organisations et Ia totalite des eitoyens. Concretement, cette innovation se traduit. entre autres, par un renforcement de Ia fonetion agregative des parris politiques et par un perfectionnement des systemes electoraux.
a
ou .rautre de ces cris une serie de difficulte d'entraver pendant bien longte tion. L. Pye, releve, a ce propo I1taJie qui, faute d'avoir pu re d'identite et de legitimite, epro difficultes sunnonter leur cris Les questions posees par ler sur Ie compte des proces thises nouvelles et suggesti J'avantage de rompre quelque modeles d'Almond et de Shils sur les periodes de crises, c'e changement s'impose et prend corriger l'image harmonieuse processus de developpement, a, au contraire, tendance it se tensions tres profondes. EIles des hypotheses pertinentes, ca qui separent Ies systemes po definir de maniere precise la trouvent confrontes, a tel ou tel Les theses developpeme mises en cause dans ce qu'ell vent. cenes, se succeder selon pas moins que tout Ie modele d'un ordre ideal de successio de l'auteur, de l'experience brit parait ~g.1:§e» de maniere it ordre : 1 ne peut y avoir de r legitimite sans que la crise d'i la ~!~ciIDi.@~!!,,!!!!y~ raissent comme pratiquement i mental n'est pas legitime; !'in oo~la~ectiv penetration. 'iO'Ute a~ss comme devian!C et porteuse de Les definitions donnees sont beaucoup trop precises mOOele britannique comme Ie eIles contribuent, en outre, a i cultes inherentes a chaque soc que Ia Grande-Bretagne a dfi s COmme reponses aces crises r unique de modem!sation, pui
A...~ ill(!~mes <MiveluppememalisJes ClasSl~
versel et de la democratie electoral, me, Ie demantelement des structures secularisation de la culture, etc. On ces biais. les postulats d'unilinearite aient deja au centre des modeles
LA DE prE
spire d'autres travaux, tels ceux de Mais il convient surtout de retenir 6 qui a repris Ie modele de Pye pour ode qui integre cependant en partie rer C~! le,....~.pe~ent,de
luSJ}lt.mQ!!l:s~~!.,~ l~J:egle~.elL,
apres l'autre, les differentes crises, utilise Ie modele pour degage{. ires de dive19,JW.eIllellLpalitiqu.e.. societes. L'auteur montre, en effet,. J2Q.li!j~e a chaque formation entre des <~crises prioritaire~», c'est ent surmontables, et des <<.erises cuite et leur recurrence font, au cietes qui en sont affec~s. ~ eenne t nora-amerkaine' scf com lflaison originale d'une «crise aillante» qui ~ la specificite que. R. Grew ajoute que, dans cette imite QCcupe nne place ~egiee.L~ ermet de surmonter d'autant plus : il en conelut qu'elle constitue un emes politiques qui onl pu en faire
boucher sur une typologie originale
nt on ne saurait negliger la portee
lications portant sur les differentes
negal du fait de la trop grande rigi rises reprise a Pye. Eclairant Ie de-
reference a une crise prioritaire de
of Polilical Developmelll, Princeton, PrincetOll D., A World of NaljollS : Problems of Polilical lnstilUllon, 1967. opmelll ell Ewopt. alld The Ulliled Slales, Printeton,
.. ia 110M• • crise "~.'"
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et une crise saiUante de participation, l'auteUr pa:rrieat rendre compte en meme temps de la faible etatisatioo la
Grande-Bretagne, de sa stabilite institutionnelle et de I'utilisation
constante de l'autorite ties elites politiquespour elargir la partici
tion populaire. Le modele fran~ais met au contraire en 6i rence la dif~c.ul~e ,de resoudre les crises~a~~es !!~~~~~: \ tiQn et ~e ~~tImll~ ~t do~c la necesSiflae,me£!Teapro It ..Tls.t' ' \'. ~, pnoritalfe d Identlte natIonale et de penetration. Un teJ,p:1~fil ~.,. ~~me> temps, de la constance de la trad::ion etatique fran\,aise et de la profondeur des clivages politiquet' qui. en contrepartie, om laisse leurs traces sur la societe ch·ile., Comme la Grande-Bretagne, les Etats-Unis, la Belgique c;: les pays scandinaves beneficient 'tt crises prioritaires de legilirrirf : les societes dont on peut reperer Ie fort degre d'etatisation St ('.3 racterisent au contraire par une crise P!:tQ..t:iJ.~re de penetrati..lfl a-_ laquelle repondent des crises saillantes d'identite (Esp2..fne, Alle.magne), de distributions (Russie). d'identite puis de legiti mite (pologne) ou de legitimite (France). Une telle construction a pour elle de s'ouvrir it l'histoire et
de saisir deja la plurali1e des experiences de deve10ppement
Prolongee a l'ensemble des societes. y compris celles du Tlers
Monde, el1e permet de questionner la realite de fa~n plus fine
que ne Ie faisait Ie modele de Pye. Elle eclaire l'insertion origi~
nale, d'une ex.perience it I'autre, des mooeIes institutionnels. des
foones de participation, des references it Ia nation. EUe sodfre /
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~\, pourtant de plusieurs limites. Le «c;.e> d~1-ix£rises de ~:e' n'est p'~.~Jiesserre : Grew continue eXlger que toutes lese~pf-" .
r-nences hiStoriques soient ~w.::tibl.e.s aces seules categories:. En
. .lJ outre, les concepts de «crises prioritaires» et de «crises sail ;1 (/"1 lantes» restent peu construits, voire ambigus, et on parvico! mal ~y it les doter de crithes indiscutables, alors que les applicuion5 proposees par rauteur et ses collaborateurs restent plus ~. que verifiables et verifiees. Enfin, meme si on parvierit a la Ii siere d'une sociologie historique, on reste encore dans le cadre du deveIoppementalisme, comme I'indiquent non senlement la ,j rigiditi de la liste des crises proposees, mais surtout l'ins1!Jlme!l: " talisation dek~. 'originalite des modeles concrefs n'~taIJ[ i' ~uedu~ consistant a combiner des categoIi ries qui apparuennent a la seule histoire occidentale. i I,'I Le meme postulat developpementaliste se retrouve en fait .. I', dans plusieurs travaux recents qui pourtant ne s'en reclament pas . explicitement. L'idee de ramener tout developpement it rarticu ~on de crises I!!us 00 moins sonnontees transparait ainsi de
l'hypothese du «regime intermeffii'.ire» utili see par cenains au.
leurs pour decrire.la specificite des societes du Tiers-Monde, ni /
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porary SlaulS ; Van Benthem van den Bergh G., 011. lhe Dynamics 0/ Developml!nl o/ConJem 1980. Haye, La Papers, al Occasion ISS Polilics, an Approach 10 Campara1m O'Coonor l. lite Fiscal Crisis 0/1114 Siale. New York, 1973. .~ 1965. Organski AFK, The Siage so/Polilical Developf1l41'll. New Yorl.., Knoof.
L'analyse d'Organski occupe, dans cette perspective, une place it pan, en }iant Ies notions de crise et d'etape9. Ene repose sur l'hypothese que toute societe se develo ppe en passan t par
quatre phases successives : l'unifica~~1Jli1h'e, 11rui\lstriali ,s..atio,J4. Ie bien-etre et l'abo~. Lors de chacu ne phases, les stIuctures polifiq"ties··enp1ace se trouvent confrontees crist:': specifiques qui a un cenain nombre de problemes et nsde bien definies. Le deve justifient l'accomplissement de fonctio loppement politique suppose donc la realisation de ces fonctions. selon des modalites qui peuvent cepen dant varier d'une societe it . l'autre, d'un moment historique a l'autre.
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capitalistes ni socialistes. ni reellem ent populistes ni oligarchiques, cumulant de ce fait les tensions propres a rune et l'autre de ces societes et vivant de fa~on plus marqu ee encore que partout ailleurs la contradiction qui oppos e les flux de de mocratisation et d oligarchisation, con~ue comm e Ia crise cen trale de toute societe modeme7.
e aussi de ~ ..... ~-~._ _~!petlli?~?Ilte~developpementaliste se degag t these l'hypo nt utilise qui t~ '!2a13,Q ation..I d'InSplf travaux s ",,' l~:t.:? t:.,.~ eenain de la crise et de son ineluctable aggravation pour rendre intell!.:. ?' gible 1'.un~jaJit\!, du chang ement socio- politlq ue er·po ur ( Texpt lquer. S'inte ressan t surtou t aux societ es occide ntaies developpees, l- O~nno!.-S'efforce ainsi de montrer que les Etats contemporainsSont amfro ntes a une crise fiscale sans cesse plus aigue resultant de Ia contradictio~e exigence tou jours plus fone d'allocation et de redistribution, ero un besoin tou jours plus pressant de legitimation qui contra int I'Etat en meme temps a augmenter ses depen ses sans trop alourdir ses pone8 la '\' c::' tions • L'hypothese nous eclaire sur les crises qui affectent Tiersy compr is celles du ptupar t des societes moder nes qu'en fait O'Con nor pour atique system l'usage ~ .Mond~mais / ante et explicative it elle domin elle, unive~s e eomm ter 'rrrtsen I$""~) V 1) /.3'••••:;)' la des (~\.J.I \ seule de la dynamique des societes moder nes est It.x.6,lateur ·r elop esdeV ve entre les theori ~". 0'"' l points de convergence qu'ons retrou ,-2 V Q!e]lt qui relevent d'une change du theorie les et talistes pemen :.;-' .( ) t-~) ......; . v~QJ·1 epistemologie marxiste.
L.'~ 11",1.11 leS
10. Op. 01., P. 8·9 et 24-56. 11. Op. cit, p.lO-ll ctSll.IS7.
b) La phase d'indu strial de moder nisatio n econo mi consiste done a favoriser prio tal, l'acces au pouvo ir des el vers les villes, de la main-d'r orientations, et notamment l tique sans un cout social ele une limitation autoritaire de l litique des masses populaires et anti-syndicale, d'on egalem tees ala panicipation politiqu Organski releve que troi au cours de l'Histoire, apport semble de ces problemes : Ie stalinien et Ie regime «syncr pu s'exercer dans les pays ec ceux qui avaient connu une e L'ensemble des imperatifs d'i lentement et progressiveme limitee dirigee par des indust
Jer des lois de caracteieU:O La specif icite meme Gouvernement it se comporter partiCipation politique et it co cadre d'une culture politique ~e. ,On retrou ve, en fait, ~te, d~ite et de.
fi~~Ja.tiQ!!.~~_.c:~~i.!iet miIitai
a) La phase d'unif icatio des societl~s qui se ttouve nt d comme l'Euro pe du XVle au Etats du Tiers-Monde, aujourd Ie plus souve nt repart is entr population est peu mobilisee ; agraire 10•
Dans ce contexte, la fonc tiere toumee vers l'extension e tique et administratif du centr de maniere it rendre possib le Ces orientations se traduisent du rQl~Jj~s.elitespolitiques, p
lk]a nolionde.cri# '•." ,,
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l'J.'J.'t:IUIJii..JU"lw /.i/J..UlI:jM!S
s des pays konomiquemenl attardes e combler ce handicap par une poli ;,. reposant sur une exclusion totale n des competences d'anciennes cate (armee, bureaucratie, etc.) dans Ie itique totalitaire (URSS des premiers Ie modele «syncretique» s'impose lorsque l'economie d'une nation est raire, mi-industrielle, et que l'ache economique suppose Ia realisation entre les elites J1lfales et les elites in et les elites:et- au sein des masses tend it assurer Ie maintien d'un sec erer quelques avantages aux masses t en aucun cas se faire au detriment Ie rend fragile et, en fait, provisoire Peron). '\
tre est essentiellement marquee par ribution,que l'industrialisation avait esoudre. Prenant en consideration les ticipation, Ie systeme politique tente ussi complete que possible entre Ies ementales. Sur Ie plan economique, iriges vers l'amelioration du niveau ories sociales. Pour satisfaire Ies exi aussi renforcer les structures indus vernements procedent donc, durant tion tres large des pouvoirs et des . eIque sorte, it resoudre les crises del t de distribution, telles qu'elles sont
cedente phase, trois solutions dis ees it ces problemes, trois types de imposer : la democratie occidentale, ~ en ou I'Etat nazi. Le premier de ces e de la democratie de masse, animee ion et par une structure administra veloppement du «Welfare State». II dJ! «g.ouvernemenLbourg.eJ!!§» qui peratifs nouveaux, par une extension ne elevation du niveau culturel de la n des chances. Les mutations subies
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de La ItOlion de crise
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~ Ie regime communiste paraissent en revanche plus limirees :
celui -ci tente cependant de faire race aux difflcultes nouvelles en
developpant la production de biens de consommation, en ammo
rant Ie niveau de vie des masses et, sur Ie plan politique, en aue
nuant la repression, en procedant it une cenaine de~entralisation
et en abandonnant Ie culte de la personnalite (URSS. apres 1a
destalinisation). Quant a rEtat nazi, it apparait en fait comme
solution de remplacement a la democratie de masse lorsque
celle-ci se revele incapable d'assurer l'execution d'une politique
de protection sociale ; eette politique est alors m~se en place de maniere autoritaire, tandis que les exigences de participation po litique se trouvent satisfaites par des formules de mobilisation politique de type totalitaire, faisant largemem appel l'irrationa-/·' lite, au culte de la force et de l'ardeur nationale (Ine Reich alle- ( mand apres l'echec de Ia RepubIique de Weimar). ~/ ~ /' d) La phase d'abondance~onstitue, selon Organski, l'ave nir de nos societes. Elle est hatee, dans son avenement, par les . mutations de la tecJmo1Qgie qurTenforcent la productivite du tra _:.;....\ vail, favorisentl'aboooance de biens et detenninent, surtout, res ~ ~ sor deJ'automa!ign. Sur Ie plan economique et social, tous ces -c:na.ngements risquent de se traduire par de profonds desequi libres mena~ant essentiellement Ie plein emploi. lIs necessitent des lors une rap ide extension du controle gouvernemental sur l'economie et done une concentration de plus en plus nette des pouvoirs eeonomiques et politiques. Mais, en outre, le renforce . ~ ment du «detenninisme technologique» tend afaire de la compe ~ tence la source essentielle du pouvoir et done it encourager une .., .......nouvelle fissiol!. entre masse et elite ainsi qU'une necessaire fu sion entre. . .eGtes politiques et elites economiques13 Ces. nouveaux imperatifs impliquent un profond reamena gement des structures politiques. A en croire Organski , ils consacrent d'abord l'avenement d~un etatisme nuance proche de certaines formules sociales-democrates actuellement pr6nees en Europe occidentale. Mais ils risquent sunout de provoquer, it ~ . terme, une !res neUe regression de la democratie, une forte atte nuation de la participation et, correlativement, un~recrudescence _ ..~ (de l'apatbie litique des masses qui, eloignees deTexemee tiel ('r u UVOlr, ne trouveraient de compensations que dans l'amelioQ ration du bien-etre et l'abondance de biens: on assisterait alors au retour d'une culture politi que «~. Enfin, routes ces donnees impliquent, selOn. l'auteur,~lune disparition progressive de l'Etat-Nation dont Ie cadre, tro restreint, ne setait plus a
----------------13. 0" cit.• P. 13·14. Il7 cuqq.
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nouvelle phase de l'histoire des societes... La theorie d'Organski vient donc confmner et approfondir les efforts de L. Pye visant a fournir une lecture et une explica tion dynamiques du processus de developpement. En decoupant revolution des systemes politiques selon quatre grandes phases .... de modernisation, elle nous met incontestablement en presence de moments forts ~:adaptat!.2nj~L9~",~1:t!!fl&~~JE~t, par III meme, a concilier au sein d'une meme analyse, Ie re erage des niveaux et l'observation des processus, cela autant plus qu'Organski - a la difference de Pye - nous propose un modele assez complexe de determinations economiques, / '7 ',/r:J- v ~'f~91iliLl!e~~_Roli.!.~q~:.~, capable d'expliquer Ie passage l .. ,~ \~ d'une phaseae-aeviloppement a une autre. Par exemple, Ia phase....- -' '" dfindustrialisation assu~e, en meme temps, l'emergence de .---besoins economiques de consommation et d'exigences politiques de participation; cfest la combinaison de cesJ>esoin.s. et de ces _exigences qui definit l'enjeu de la phase suivante (phase 4iliro:. etre), faquelle se trouve it sontour mineepar l'appantion de 'problemes nouveaux. Toute periode historique contient ainsi en germe Ies elements de son propre depassement, et surtout les tensions capables d'assurer la realisation de celui-ci... La ~on explicative du modele d'Organski est donc beaucoup plus EXe!!£ite et precise que celIe des precedents modeles. n outre, Organski prolonge une autre innovation de L. Pye en suggerant, avec encore plus d'insistance, la pluralite des modes de developpement politi que. n 'batit en eftet I'analyse ae la deuxieme et de la troisieme phase modernisation sur Ia concurrence des formules bou.!geoise~, communistes et. ;;SY-ncretiques», en montrant comment chacune d'entre elles contient une reponse specifique aux crises inherentes a l'une et , I'autre de ces phases. On notera enfin que cette nouvelle <~ ~\..>\ )' construction presente deux aspects interessants et positifs : d'une.. . ,,- ,~", \\~, elle integre la notion de classe sociale, au moins pour defi ~ .r~ ,\ nir Ie fondement ~VOlT eoIiti~ ; d'autre part, elle tend II ,; \"'-~.... \ montrer que les syst mes.autoritair~ ne sont pas a priori moins ~,1 ~J developpes que Ies systemes democratiques, mais simplement -; "'i>, \.:t \ I r-" concurrents de ceux-ci ; cette precision donne notamment plus ';i (~\:!, de validite et de realisme aux analyses consacrees a I'EuroEe g,e 9"! l I",·~\i'" rEst.. u"j'~'r" 1 - Tous ces amenagements - au demeurant tres precieux et , ~ \,; ,: fon importants - se realisent cependant dans Ie cadre meme de - r 1:» ,/ la theone developpementaliste la plus classique, sans atteindre ~ ;;;:j reellement ses principes essentiels. La societe nationale vient aIa \.:' vie avec l'imperatif industriel. Elle se developpe grace au bienj(.
a cette
"'t.Iif.'';Jlpc.tlU;~S ~
I'echelle des problmtes techniques et economiques lies
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ca., ca.•
Op. p. 211. Op. p. 4, Op. cit.• p. 7.
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••
• ••
Op, cit., p.212. Op. cit., p. 92. 19. Op, cit., p.114-215.
14. 15. 16. 17. 11.
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pOur disparaitre progressiv technologique. Suivant Ies te contient en son sein Ies germes se modernise selon un processu uniformes, supposant une ameli industriel1e ls et se traduisant p naison optimale des ressources tout processus de developpeme tout, par les quatre memes etap uneS que Ies autres 17 , On retr -P.}l.!!ilinearite. et d'isomQIJ)hism constructions precroentes. Or, il est important de n presente chez Pye, Ia pluralite envisagee par Organski dans Ie regime democratique apparait comme occupant une place a pa et Ia moins cofiteuse aux proble historiquement, elle sfest impos tanees etaient les plus favorabl correspondent a des donnees b ~-¥' en tout cas, a des consideratio ~, niste apparait en debut d'indus J \ ucnienn.e est encore tres fone I) sation economigue sont faibles -,' 1J...e.recieiYa:,Ie renversement des ~ une industrialisation rapide, a V"n~-.s'ebr~ de lui-meme, selo I voie «syncretique» (ou fascist d'industrialisation, lorsque Ie Y:/-. important impose des cpm..,£r :}:, d'autant Ie developpement md ciete tout entiere 2o• La voie c ciste, ne sont donc que des var tinees a corriger un rythme de faible ou Ii attenuer .es diffieul tures socio-economiques trad parfaitement dans un process
de la ItOtiOll de criMI
sentercomme irreductible
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CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE
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i1if:;/(:?
est considerablement ~ par une serie de prrs"upposes q~'on qL/ _
~ut ramene! l'enonC,e_de quatr~ .grands ,po.stulats, t~s de~n-. ~ parIes faIts et.rtfute~ la CDngy~theQna.ue_--=~---~ ............\,l~~
1
L'im'entaire de toutes ces constructions theoriques laisse done clairement apparaltre une representation assez homogene du developpement social et politique. Chez R. Dah! et, plus nei tement encore. chez Shils. ~ ou Pye le ~hangement esr loujours envisage c~ri1e un processus ii1'fierent it 1~.!latuTe des choses, comme une force procedant des structures en place. '"Se -realiSant de faeron ordonnee. il se presente invariablement sous la forme d'un mecanisme de matur.aticm Ilrogr~ssi\':,... dote d'un point de depan et d'un point d'arrivee. suivant des etapes precises _ et obeissant it une loi definie de transformation. Enfin. concerne toutes les structures et agit sur elles de la meme rna niere, selon un processus necessaire et ~commun a ren semble des aires culturelles et geograpfilques... _ ___~ ~ue. la societe traditionnelle est envisagee df . . . comme ur. <em on)f de la societe moderne ; eIle est presumeV .. ,r: "':.":~ subir un long processus de croissance. mm:que notarri"6J.ent par une differenciation continue des elements qui la compo sent. <::ette differenciation la conduit progressivement vers un pOle de «~» appaJaissant plus ou moins comme le stade supreme de son histoire. Logiquement. toutes ces hypotheses amenent Ie chercheur envisager chaque phenomene social ou, politique nouveau comme l'expression ineluctable de cette dy narnique de modernisation; elles Ie condiiiSellt en outre aexpli quer le changement politique par reference it la position occupee par une societe donnee sur un ~e uniQU~ et unilineaire de deve- .•\" \..I ~ i -. loppement, oriente vers un out defini a priori. ~ ~~, i Mais, aussi seduisanle et coherente qu'elle soit, cette ap- J1 ". proche developpementaliste c1assique reste tres ,vulnerable. EJie./
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s these inherentes au developpeme,nta
es ameliorations progressivement ap
heoriques originelles ont donc ete ela
ondissement de leurs remisses. II e$L
ignions, avec Pye et rganskl, untype e plus complexe et Ie plus dynamique.
ation ~a plus complete et la plus fidele '.
istes issues des grandes traditions so- /
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tive 'l!;eZ semblable 11 celle d 'Organski en ramenam Ie ssion de quatre &apes distincles consacrees chacune au Ie deft de la modemite, Ia consolidation du leadership cio.ecooomique de 1a societe, ella mise en plape d'un ck nuaoce cependanl 1a rigidill: de son modele en notanl
pas c:es etapes de la meme maniere, -mais selon des rl: de leur situation gl:o-politique. Cf. Black C., Tltl!
York, Harper and Row,l966, p. 67-68. "'"
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3.
I. 2
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Moore W.o Social Change, Englewood Cliffs N.J., Prentice HaU. 1963, p. 28'et sqq. Cf notamment Gusfield 1'0 "Tradition and Modernity" : Misplaced Polarities in the Study of Social Olange", Tilt American JOIJTfwl 0/ Sociology, LXXIT, janvier 1967, p. 351 el sqq. Bendix R.• "TraditiCll and Modernity Reoonsidered". Comparative Studies in Society and His/ory, IX. avril 1967, p. 293-346. Ibid. ; c/ aussi Singer M., ed. Tradi/ional India: S/rllCtlll'e and Change, Austin University of Texas Press, 1959; Singh L.P., "Political Development and Political Decay. Towards Instability and DesinstilUtionalization in India", Munich. IPSA Congress, 1970 Srinavas MS.,"A SOle CIl Sanskritization and Weslemization" in Bendix R. Upset S.M 61, Chus,
I. En premier lieu. Ie changement est envisage comme un processus immanent al'ensemble des donnees traditionnelles qui {;empOsenne systeme social. Un tel postulat est on fait criti " .v .I\/.''vJ {;~ quable aplus d'un titre. D'aOOrd parce que Ie changement n 'est pas un processus ;,..,> J-' ulIiversel, affectant constamment la totalite des composantes dtine societe. Ainsi que Ie note W. Moore, it reste l'exception, pour n'atteindre en meme temps qu'unpetit nombre d'instances sociales qui doivent etr~ repere,es et identifiees avec precision 1 Les transfonnarions qui en'resultent sont donc controlees par les donnees traditionnelles de la societe. par une force de resistance qui leur donne aussitot une orientation et un contenu specifiques.> Cette capacite de persistance recele en fait un degre d'imma: ~ et d'universalite beaucoup plus eleve que celui qui est cense caracteriser la dynamique du chalJgement. En outre, la societe traditionnelle ne saurait etre definie comme Ie simple «J.erme» d'une societe moderne a venir. Loin d'etre uniquement composee d'elements latents ou rudimentaires elle apparait, au contraire, comme une totalite complexe, dotee d'identite et de specificite. Les recherches anthropologiques re centes ont montre que les ~~ tra4!Jjol1ne!!~ ont Ie plus souL vent connu une histoire \...onrrneQtee et se trouvent encore mar quees par une culture et une conTIguration sociale plus hetero,.< ~t meme plus conflictuelles u'on ne Ie croit a rio..r;,l!: ~.; Le changement social sop re amSl ans un contexte deja 1~~#,;)..,·:J> specifique, variable d'une societe a I'autre. Plutot que de suppo ,'.. ser l~dero~km~nt ou Ie depassement de toutes les donnees " '.)..) ~ \ traditionnelles, i1 se realise des lors en fonction de la tradition et r , ""v parfois meme grace a son concours. Les recherches consacrees a ( . " \ ~ \. la societe indienne revelent, par exemple, que la struct~~~lami: 'I V j.,/) 3 Jiale traditionnelle a, sur plus d'un point. favon~~J2LOcessus d~alis~~~: notamlT!ent en servant diu~..d·e~·eten l'aCThtanTncCI:~!!2~.~~~1t~.~~l!~rj,~~~:, De meme, apport du V systeme c:f.e~ ca"i;res'a l'organisation et au fonctionnement du parti du Congres est loin d'etre negligeable, tout comme l'essor de la _«sanscritisation » a directement participe a la modernisation Gune part imponante de la societe3 •
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4,
type pmant de
l'exemple latino-amer Latm America", in Petras J., Zeitlin Gn:eawith, Fawceu, 1968, p. 14-31. BaiandierG., op. cil., p. 64-65. Nisbet R., Social Cha(lge aN1 History. etlqlJ.
SIIlba". and Power, London, Routlege
2. En outre, ces theories cieuse d'un changement unifo definie. des points de converg
, 0\ .
Ainsi envisagee. la tradit de la modernite. EI geme!!.LPu l'~ assurer ou, au contraire, e..,discrooiter strategie des acteurs en plac ment, des attitudes de resistan modemisation 4• II est, des lor -pemeny-pomI(':jue a un «jeu as relativement la regressIOn aes des structures modernes. La c dernitb>, propre a l'ensemb schematique et trompeuse : il d'analyse qui envisage Ie deve et de la combinaison de ces de -;:;.=_ll. Entin, Ie postulat d'imma -~'.:.>'-ist~roces~us endoge~, s Or, l'Histoire montre que les provenir de facteurs exterieur particulier, evident que l'actu Tiers-Monde repond en grand l'exterieur, de l'ordre socio-ec ciennes puissances coloniales. la societe concemee, Ie chang autre que celle qui s'en trouve exemple, Ia constatation que f 'U ca italisme n'est as is Jt!e, mais des trans onnatIon ·Renaissance - les valeur'S r prendre Ia forrnule de R. Nis changement est parfois un
ICfU.sUH& tit lapr~partic .~!
· ...... n ..: :...It.il.Hlt \'.,a,,'.~...iH,.HL.J L.,u..}.H~I4t..l
ui affectent les societes Jes plus di lles-ci sont de plus en plus interde u'eUes se trouvent soumises a des mmunes et qui sont specifiques a un ependant. cette uniformite reste tres orme lIes. On ne peut donc suivre les 'ils la definissent, a priori, comme . ngement repondent d'abord a des rentes et se manifestent par l'inter us divers. Au lieu d'etre Ie fruit d'un ultent d'une convergence complexe Les modeles de Dahl, de Deutsch ou ifies, precisement parce qu'ils par modernisation resultait uniforme it nombre de facteurs (urbanisation, e, ou essor des communications so traire, Ibistoire de chaque societe se specijique de toutes ces variables et s de combinaison engendre une di ative des modes de realisation du
nt au dipan tres differentes les unes mener l'histoire de leur developpe mes etapes et des memes processus, ussett OU A. Organski. Plutot que de morphique du changement, l'analyse niere a pouvoir degager prioritaire eme politique a l'autre, viennent in modernisation. nt politique ne varie pas seulement alites ; il s'effectue aussi a de~ gements qui caracterisent, a notre. -Monde ne peuvent etre sembI abIes cident, tant it est evident que les ope du XVI lie siecle sont fondamen actuellement v€cues par les nations ique Latine. Le fait que ces nations ontees a un monde deja industrialise oppement une signification et une
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de lil premii:re ptUlU:
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orientation tout a fait specifiques, rendant les rapprochements difficiles et trompeurs7. _) ../~., I,;; Le rejet du postulat o'isomorphisme implique une redefini tion des instruments d'analyse et suppose d'abord l'abandon de mode/es thtoriques dont R. Boudon a recemment montre Ie ca ractere rrop reducteur, abusivement deductif et en compU~te contradiction avec l3. complexite du changement social 8, De tels modeles tendent, en effet, a ramener Ie,S reaIites les plus diverses A une representation rigide du processus de modernisation el a occulter Ies dimensi(.'Ins les plus specifiques a chaque societe. Or, celles-ci sont incontestablement dotees d'un pouvoir explicatif des plus importants. . Un enonne travail de recherche sur cette diversite des poli tiques de modernisation et des types de modernite reste a menel, alors qu'on n'en per.;oit presentement que l'amorce -thtorique. CeUe-ci suppose la denonciation de l'ethnocentrisme, qU'on re trOuve autant dans les methodes d'analyse, que dans les pratiques politiques, comme en temoigne, par exemple, l'exponation de la democratie parlementaire ou de cenaines formules de reforme agraire 9 . Au-dela, c'est tout Ie probleme des formules de substitution qui se trouve pose et qui renvoie a I'invention politique encore negligee dans l'analyse du developpement.
Sec~ M~rllfiZDIi.oft
Cj Hceming K.U.• . sc:cil1la/ CIum,u of N_1y D_top<", NtJtio&r., Demler. Col., MonographK Senes In Wood Affallli, p. 16 et sq.
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3. Par &ineurs, les theories developpementalistes que nous.- 1"'.1 ~ ~ ; avons presentees apprehendent Ie changement comme un pro- ~ __ , . cessus. finalise. L'hypothese d'une croissance continue et uni--(~) ? , ~ogiquement les theoriciens qui s'en. ~c}ament a d/) / 1 \,.} penser que tout processus de developpement est dmge vers un but unique et commun a toutes les societes, qu'il s'agisse de_~J;~\ l'avenement de Ia "democratie electorale" (Lerner), de la wdemo- 1'/' /\ ~:j ~ure IS, U S sterne emocrati ue" (Almond), de la (~\.'I""" !' ~lyarchie" (Dahl) ou de la "SOCIete d'abon an~" (Organski)... " i; cene conception unilineaire de la mOdernisation poli(ique DAd [... l: derive d'une conception ethnocentrique du changement social, ,I ' Iaissant supposer que Ie regime politique secrete par les societes $ht IJ occidentales finira par s'imposer dans toutes les pani~~ d~ globe, 0 .~e:,.,&NS~I" comme Ie plus "nonnal" ou Ie plus "fon", Cette dernlere Idee est • f
-
7.
S. 9.
Boodon R.,La placedlll1~SD,.dre. Paris, PUF,1984. Cf Wiarda H.• «The EIhnocenlrism of !he social sciences : implications f« research lIIld
poIic:y.., Rl!tJ14w ofpoIiliu. XllD. av. 198) ; WiaFda H., «Can Democrxy be exported '1
The queS! fCYf ~ in United StaleS Latin America Policy», in Milfdlebrook ".,
Rico C. bi., Tire U,.~ SuzIU aNilAliit Anutrjca. Pittsburgh, University of Pillsbuq.h
Pau.I9&5.
1945, p. 15.
Malinowski B., TIu! DyN:ll'l.ics ojCulture Change, New Haven, Yale University Press,
p;4?-
II. Plus precisbnmt sur J'ethnx:entrisme des theories developpemenlalistes, cf Eisenstad! s.,
«Varieties of Political ~el!lpment : The Theoretical Challenge», ill Eisenstadt S.•
Rokkan S., Bt:i.!ding S/QU:;r Qnd NQtions. London, Sage Publications, 1973, lCfvolume,
10.
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4. Enfin, la sociologie developpementaliste envisage Ie changement comme un processus continuo Ene presuppose abu -~-~~ sivement que Ie present est gros du futur, que celui-ci se construit grace au curnul d'un ensemble de m!!.tatioIlL~al1~".f.e.sse plus l~e. AFK Organ ski recoun une variante de cette hypo tliese forsqu'il suggere, dans Ie sillage de Marx, que Ie change ment derive d'une ele..'ation progressive et continue des tensions inheremesaux stru~ociales en place, Or, rien ne permet d'etablir qu'au cours de l'histoire, les changements de grande ampTeur aient resulte de l'effet cumule de changements de moindre dimension 12. De meme, it n'est pas ~!~i~~ de ,IGJ/sformer une simple relation chronologique en une re ation de causalite, en cherchant a expliquer une etape du developpementCte l'ht.;l!lanite, par reference a I'etape precedente.
\.v..:..; - - 1\ ...",~_J.....,.,..L5J..-N
..,
Us £hiories developpenwttalisleS classiquu
notamment tres presente chez J'anthropologue B. ~ 10rsqu'il note que Ie developpement culturel des societes primi~ tives resulte du he un entre une culture "plus haute et plus active" Oa culture occidentale) et une culture "plus simple et plus pas sive" Oa culture traditionnelle)lO. Outre qu'elle sous-estime les capacites d'adaptation et de transformation des structures tradi tionnelles, cette these est totalement indemontrable : elle repose entierement sur l'intuition et releve de la prophetie plutot que de la prediction scientifiq ue.. ,II Plus concretement, elle debouche sur deux conclusions des plus discutables. ElIe presente d'abord Ie phenomene autoritaire comme Ie prealable plus ou moins necessaire de la ~ liberale et se contente ainsi d'une apprehension tIes superficielle . et naIve d'un des problemes les plus imponants de'la science po litique. En outre, elle conduit ~ leg!!i!:!le~Ia colonisation comme un moment favorable a la diffuSlondela «culture su~rieure~ et donc comme une contribution precieuse a la mOdernisation poli tique du Tiers-Monde. Mais elle occulte, par lil meme, l'effet ne gatif que toute entreprise coioniale fait peser sur Ie developpe ment des societes, en exposant celles-ci a une «contre-accultura tion }) autoritaire et en les amputant de cenains elements fonda- / ' mentaux de leur tradition.
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Ilml.IIeirn E.,us RJglu die iIJ mitlux. "~~.."-t 'Q ....." ,.;t n 740..'41
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: l'histoire ne faibles, mais ,!Jne realisation le teneorientation est bien ente fute la these d'un changemen eDe ne tient pas compte de societes qui ont pourtan dCveloppement : decolonisat Monde, gue~s eJ'!~9ns tel postulat suppose, en chronologie en fonction de processus de modernisation. en remarquant avec lucidite plusieurs temps ( ... ). C'est es que nous avons en tete quand et Ie futur de l'humanite. Par pTt!tendons que la chronologi les evenements et les chan monde que represente Ie prom occidentale, est aussi la chron 1\on seulement les theo gent done Ie changement soci ftagile et contestable d'une co mais e1les commettent en pl ,chronologie de l'histoire occ C()!Il~I1.~~ il entrevoir L. Pye p~ notion d'etape par celle de c '] n'avait pu' etre menee jusqu' \ son compte Ie postulat de co \ amene adefinir chacune de c \ l'aes dans les autres, selon " \ neaue...
_n.r~'c1iTonologlque
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SOCl
t non ans a succ s
Us Regles de la methode soci causes u c an ement devaie
ues exactement ce que
iapremiere partie
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me. dans sa facture classique, s'est
me une ideologie : ideologie elaboree
es pour fuvoriser l'universalisation de
ogression dedramatisee d'une econo
ale ~ porteuse d'emancipation
ntre l'expansion du communisme l5
par les "princes" du Tiers-monde qui
de legitimer leurs pratiques autori
que suppose cette ideo]ogie. il ressort ique doit etre defini comme un pro e., dans ses causes, comme dans sa
pas la disparition progressive de la
contraire, une utilisation nouvelle et e reorientation peut consister, soit en
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des donnees tradition nelles, soh en
ci avec des elements moderne.s.. issus
gique. de I'acception classique d!l change ement profond de la demarche socio ee. Le developpement politique ne par reference a la metaphore de la quelle etait construuetoute 1a theorie que. II ne peut donc plus wetendre a erselle que toute une lignee de SOCIO nsi lui donner. Au lieu de s'appuyer / ' ee, offrant une representation simpJi lite, Ie chercheur doit desonnais re nels d'analyse, reconstruisant dans urrentes, jugees communes et speci developpement poJitique l6 . Cette re marque une rupture importante dans Elle correspond aussi aux tendances . theorique qui s'efforce de doter la
ents specifiques, pennettant de par- .
n coMrente des objets qui appartien
ical change . social scienlisls and Ihe Ihird world.
modele fonnel correspond a II distinction qu'etab1it
th~~~..Jll..1!!adigme f~:mel. La lheorie
me thWrique. en ce qu--ene-repose su.:- ~D!1Q&~ Sur MorielO. in Boodon R.. La Crise de la sociologU!. Paris, radigmes de ranalyse du deve10ppemenl politique. if.
comparative des systi:mes politiques meditelTaneenslO • J, aciit-octobre 1977, p. 571 eI sqq.
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Des Ie milieu des annee politistes ont tente de batir, anciennes theories, des mod renouvellement qui etait developpement. Ces modeles ni l'ambition explicative des t au moins partiellement - de metaphorique, ils ont d'abor servent a guider la recherche, scientifiques, pour suggerer e qui ne Pfetendent a aucune l'interet de l'approche instit fonctionnalisme renove de D. travaux qui ont tente de modernisation a Ia constructio
I
L' APPROCHE INSTITUTION~ELLE DE S. HUNTINGTON
A. LA CRITIQUE DU DEVELOPPEMENTALISME CLASSIQUE
~.
1. Le developpement n'est pas un phinomene irreversible, . mais s'intercale en fait entre deux pt5riodes de decadence politique. Denont;;;ant l'i1Jusion du progres continu. Huntington regrette que les theories classiques aient occulte les phenomenes de regression qui occupent une place importante dans I'Histoire : l'Egypte pharaonique,/ " 1a Grece, l'Empire Romain out tous connu des cycles de "declin que la science politique doit savoir identifier et caracteriser. Le politiste americain en conelut que les modeles d'analyse doivent etre repenses de f3:\OD it pou voir tenir compte, a part ega]e, de cette ~temaRce de processus de developpement et de degenerescence . ..,,--.')
Dans un important article publie en 1965, S. Huntington de finit les premisses de son modele en procedant it une refutation origin ale des theses developpementalistes classiquesl . II deve Joppe, acette fin, quatre arguments principaux :/
'"
HumiDgton S., "Polilical Development and Political Dea)'lO. World Po/ilics. xm. J, avril 1965.11: 386-430.
2. Huntington constate, en outre, que les theories clas siques privilegient arbilrairement les societis contem poraines, en font leur objet exclusif d'analyse, ouhliant aussi que Ie developpement est un phenomene qu'on . ~ ~~ut reperer a tous les ages de l'humanite. De nom '1' l \ ~ . breuses societe~ a.n.ti9~~ ?nl c.?nn~ ~ essor polirique ~fb remarquable quf mente d'etre etudle : II conVleDt done 'etendre Ie champ de l'analyse developpemenWiste it foutes les epoques de l'Histoire et surtout de mmpre
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4. Le developpement politique doit donc etre defi.ni par re ference a un aitere autonomc etg.niversef, applicable aux societes antiques comme aux-"soctetts modernes./ analytiquement distinct des phenomenes economiques et sociaux, capable de caracteriser, a contrario/ les me canismes de ~. Huntington Croil pouvoir satis faire ces exigences en definissant. f..irwitutionnalisation. comme la Prm>L~ co~~.~l'en~I!!~I~.~~.JlE~es-. sus de devel~ment PQI!!IJ.u~: Ttient, des lors, pour " developpe tout systeme po ItIque d0te d'institutions )Stables, adaptees, complexes, autonomes et coherentes.
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2.
Dahrendorf R., ClassllS III colf{lilS Haye. 1972, p. 230. 310el sqq.
'* cUwu .... ". meiili indll.!lriellll. Mouton. Paris·La
Avec Huntington, la notion d'institution redevient ainsi l'objet central de l'analyse politique, Ia variable privilegiee de toute etude du changement. Cette demarche n'est pas en soi nou velIe: dIe s'inscrit dans un courant scientifique marque par un ~ ~ certain nombre d'autres travaux d'importance. Ainsi C7 /~ R. DahrendQIf avait deja envisage Ie changement social a travers .~ I'mstItul1onnalisation progressive du conflit et avail fait de celle ci une condition prealable de la democratie politigue2. Plus tard, ~t s'est efforce de montrer que Ie developpement sup
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De toute maniere, ajoute Huntington, Ie developpement
ne doit pas erre confondu avec fa modernisation ecooo mique, sodafe ou cuflllrelle. Non seulement }'industria
lisation n'est pas la source exdusive du developpement politique; m~e tend m§.m; parfois aJe geneL~!AJ.e.... ~r. Dans Ie but de comb er .lell:r ~tard, les societes f du Tiers-Monde s'occupent pnontauement de leurs )J- structures economiques et sociales, au detriment de la sphere politique qui se trouve entie'rement 'soumise a l'imperatif ~triel. Or, un tel desequilibre risque pre cisement de se solder par des formes plus ou moins du rabIes de decadence o~. Huntington en deduit qu'il est ne~nstinguer rigoureusement Ie de veloppement et la modernisation, celle-ci devant exclu sivement decrire les effets directs de I'industrialisation sur Ies structures economiques, sociales et politiques en place. .
" , , .OJ J/ /'
3.
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avec Ie reflexe sommaire qui consiste envLsagerJe veloppement politique com me un simple aspect du pro cessus d'industrialisa!ion. -
/
.
6.
Friedrich CJ., M,. ",Nl.IusGOVtlrlIIMN. Huntiagtoo S.• op. cil.• p. 28. PTenant, polyardlie. it est remarquable qu'Hunt renfora:mClll de f'Elal.
1968,,. 12
Huntington S., Polilical Ordtlr ill Cltallgi
4.
S.
Eisensladt S., ModmU741wlI : Proust an p. 147-155; Trad.tioft, CltiUIgllN Mod
)~J . 3.
mentales
S'inspirant de Tocqueville tiations la reponse necessai S. Huntington -note qu'un syst viable.que s'il est marque par ~. tion, c'est-a-dire si les organis \.!:Ous-tendent sont assez nombr ment valorisees par Ie public qu' A en croire Huntington, d necessaires pour proteger la so reguler Ies differents conflits qu egalement JX>ur assurer la prom correspond ant a ]'interet g~J!eral ment developpee auparavan C.J. Friedrich, Huntington rele sont d'autant mieux el neficient du ~upp<)rt d'institutio cas contraire, Ie gouvemement vais», car if est alors incapable
1. Sa necessite
.B. LE PROCESSUS D'INST
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Huntington va beaucoup pIuSolo tion Ie critere_~lq~~..~u devel ~ele d'analyse sur la pris seul processus.
tIOIlu "lles capables de lui don
Ia domination du change
V'-"i;\:., .••• -.;,~;l.q .. ~ ........ t.. w'- ..J~li_.iH •
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Ii ;u f eClil.J ... IIi; a u" l1/.'>Lk
SCOll,
Foresman and Co.
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e. Encore reduite au sein de societes nt critique des que des clivageseco: ls viennent a apparrutre. Huntington Y constitution de_Solo.!!..a precisementf~ me OU, Athenes, Ie fosse ..separant it s'accroitre defa90n tr~s sensible. tion se revele particulierement ne mbre de ~insi, en cas aine, Ia politisation brutale de cate ation ne devient supponable pour Ie procede, paraIIeIement, it I'elabora organiser ce nouveau flux et de l'in:- ~ ble dans des circuits fOi1ciionnels~ rale, toute forme de modernisatiOn site la mise en ..Qh~iqll_e~ .... che de l'analyse parallelement deve directement modernisation, essor de et institu.tiopnalisatiop..; Celle-Ciaoit.-< linge entr~Un
ion and Stratification,
'61 tratives; par Ie developpement de lois generales et imper
sonnelles9...
2. Les criteres d'institutionnalisation
Eilenstadt S., Troditiml, Cha1Ige and Modernily, op. cit., p. 40-41. Hunting10n 5., op. r:il .• p. 13·24.
S'appuyant sur toute cette .tradition renaissante.• Huntington releve que l'institutionnalisation d'un systeme politique suppose l'a~e, par les_or~!!isations et leU2rOCedyres qui Ie compo sent, d'un haut niveau d'ada tabil] , lexite d'autonomie et de cohesion. Le developpement politique passe onc par a promotion et Ie renforcement de chacune de ces qualites lO~ Un systeme institutionnel est adlzptable, des lors qu'i) a la
capacite de faire face au changement, de se maintenir et de se re
generer atravers les differentes epoques historiques. n doit pou
voir notamment accomplir des fonctions autres que ceIles qui ont
justifie sa cr.~tion. Huntington note, .par exemple, que Ia
~~n~~~~ se caracteri~ait l?ar u~ degre d'institutionna "salion rnoinore que 1a Mooarchu:: I.n:!tanntgJI£? en ce sem. qu 'elle n'avait pas pu ~jtdam~ au liberalismeet qu'elle n'avait pas reuSsi a survivre aux circonstances qui avaient immediatement decide de sa formation. De meme, un systeme politique ne sera institutionnaIise que
s'il est9tracterise par un haut niveau de complexit;, ~test-a-dire
si son~onnement ne depend pas exclusiveme,,!.ltdujeu d'une
seule structure. Huntington~ve, par exemple. que Ie systeme
p§titigue amtricain est plus developpe que Ie systeme politique fr~s de la lYe RepubJique, car, au lieu de reposer sur la seule institution legislative, iI s'appuie sur raction concune~et equi libree du President, du Senat, de la Chambre des Representants et de la COUT Supreme. Pour les memes raisons, une constitution / ' mixte, inspirle des ideaux democratique et aristocratique,. se si tue a un niveau de developpement lu~rieur acelui dfune consti tution uniquement fondee sur I'un ou autre de ces ideaux. ...--- En outre, I'institutionnalisation suppose une certaine auto nomie des structures politiques. Autonomie de l'Etat vis-a-vis d~ociales et$~, milS-aussi autonomie des/ parns pouuquem'egard de leur ~~sociille de ref~c
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Les entraves au developpement politi que
11.
Op_ cit., p. 24.
Comme nous I'avons vu, la modernisation sociale et eco nomique doit etre accompagriee et compensee, dans certains de ses effets, par la mise en ceuvre d'un important processus d'insti tutionnalisation. Les risques de contradiction sont cependant ele yes ace niveau, car les deux dynamiques sont loin d'etre parfai tement compatibles. En boule-versant certaines s~~ tionnelles et en provoquant une forte elevation de la partIcipation politique, la modernisation favorise, en effet, la formatiQ!1..de .' I nonyeaUXNoupeS sociaux qui n'existaient, jusque-U, qu'a l'etat.-'" , ~/- lat9tJ. Dans c illa e, on assiste peu it peu, a l'apparition d'iden -:' / tiflcatio ouvelles, particulierement rigides et exclusives, divi ~- a population en secteurs nettement antagonistes. / , ' ) l V / ' I l est des lors courant qu'une modernisation trop rapide J I transforrne la societe en un champ clos au sein duquel viennent '1.-'" \ directement s'affronter des forces sociales brutalement politisees \,.} )1 et tres conscientes de l'acuite de leur opposition. Cette pldicalisa ti des identifications et des conflits contrarie directement Ie "" \' efforts VIsant a mettre sur pIe, es ~nstIt~~o~~ sta. es",al!U? . j ''1 nomes et consensuelles. Parant a la necesslte d etabhr un mlnt "', mum d'ordre et de poursuivre l'ceuvre de modernisation econo mique, la force sociale dominante tend, des lors, a simplifier au maximum les institutions politiques, aen faire un instrument di rect de son action et adOJ,lr ~onner une signification ccercitive,.. Cette situation deli.lOntre, selon Huntington, que loin de pouvoir mener de ..eair un effort de modernisation economique et de developpement politique, les societes du Tiers-Monde ris quent souvent de devoir sacrifier ou differer Ie second au profit de la premieretLa modernisation passe alors par un !EEauvris: sement des institutions de la societe concernee, et donc par une
3.
rique jndependant, neutre. constitue d'UD personnel professiOA~ nalise exdusivement recrute en fonction de sa competence et ne cherchant qu'a satisfaire l'interet generaL Enfin, organisations et procedures politigues ne sont institu tionnalisees que si elles atteignent un certain degre de coherence, c'est-~-dire si elles font 1'0bjet d'un consensus, si elles sont acceptees et valorisees et si, en retour, la population et la classe politique en font un usage discipline. H~ntington conclut d'ailleurs sans ambiguIte : «Discipline et developpement vont la main dans la main»l1.
12.
Op_ cil,. p. 39 et sqq. I:l p. 59 et sqq.
Des lors, la modernis types c.le : ysteme politique, nalisation reussit ou non a c politique. Dans la «societ sociales et leur entree dans par Ie jeu d'institutions suff regulariser leur participatio
1. Societe civile et societe
C. LA SITUATION DES
~ence politique de celle par un ~ain' de violence et yeS au detriment des interet descence de la corruption12. L'absence d'institutions en effet aux titulaires de ,ro fins privees sur Ie bien publ thode de gouvernemem. Cee ~ 1 economique et sociale suscit velles sources de richesses e une dimension nouvelle a e que Ie processus de centralis faciIiter les choses en assur les moyens de promouYoir s toire national tout entier. ,.. Seule une modernisati un cadre institutionnel dijdj ser sans entralner, corr~tiv _ politique. Celle-ci menace . :/ societes. D'une art . f' a ement leur modernis institutionnel adapte. D'aut ttop rigides, trop centralisee donnees nouvelles. Huntingt institutions b.ritannigues q affronter la montee. de la p France qui etaient trop struc voir repondre ace flux sans decomposition.
-p~~
moyen
fort
n affrontement direct et non m6:tia les-ci utilisant la methode de leur . in : Ia participation politique y et ~ par I'insuffisance du processus miere sera dite politiquement deve raire, en situation de decadence,
le
iveau de ~ic.it!ation ~
(D'apres Huntington. op. ca., p, 79)
phique ci-dessus, la societe pre to par une situation de basse ou de Seul compte, en fait, Ie rapport ion. Lorsque celui-ci est favorable urra avoir affaire a des societes ci pation), it des societes civiles libe , ou a des societes civiles partici orsque Ie rapport est au contraire sation, on sera alors en presence ble participation), de societes pre ion moyenne) ou de societes pre cipation)I:/
a societe pretorienne
nte - et aussi la plus originale ociete pretorienne pennet done de
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I ... ,/UWUllulUlt: iit: uC J. J ~'fI1UnJ$Wn.
0,. cit., p. 19ft
~J.
Ia situation d'un systeme politique insuffisamment insti tutionnalise, et done en etat de decomposition et de crise. IDle se / c;aracterise par un affrontement «6 nu» de groupes sociaux anta !onistes, tees politises, rejetant touteproc&ture de negociarion et / de compromis et ne se referant a aueune regie du jeu commune. ( Face a ce sous-developpement institutionneI, chaque force en presence utilise naturellement comme methode d'action poli-, rique Ie moyen de pression dont il dispose: les oumers recou rent a la gre~e, les riches 3 la corruption, ]es militaires au coup o'Etat. Dans une s~tuation de desordre et de violence, ce demier roode d'action tend a jouer un role predominant: d'oo Ie nom de societe pretorienne, caracterisant non pas les.systemes politiques gouvemes par les militaires, mais un ensemble de societes 00 la prise du pouvoir par l'annee constitue un risque potentiel perma nent.
-*. Les institutions etant trop faibles et trop fragiles. }a sphere politique de ces societes se earacterise d'abord par un ~. d'autonomie. L'Etat est aux mains d'une c1asse, d'un groupe,v--" Voire d'unsslique et, surtout, les differentes forces sociales se presentent et agissent explicitement eomme des acteurs poIi tig!,ICs.. renfor~ant par 13 me me l'acui!t. des conflits et l'impor .J.ance de la corruption. Le~e, l'uwrsite, la bureaMqarie. L l'arrnee, les syndic~ts apparaissent comme de veri tables parti.§, et -=uiilisent les structures politiques 3 leurs .tins propres. De rrteme, les institutions connaissent un faible degre de complexite : tous les pouvoirs sont exerces par un seul homme ou, parfois, par one ..~~ iunte ; Hs ne se trouvent Jimitcs ou equilibres par aucun eootre Enf!nJes .i~stances po~itiq ues en place ne soot dotees - .~ ' b 'aucune legmmne•. ne s'appUlent sur aueun consensus et leur..,/'" ~-. capacire d'adaptation est des plus sOIDJIlll:!!~S : tQut chaIlL~ntA· -~..]a tete du pouvoir entraine, presque imman uablement, leur dis~ solution et leur remplacement par d'autres. Des lors, tout accroissement de la participation risque d'aggraver I'etat d'instabilite, de violence et de corruption caractmsant les societes pretoriennes. Dans ce cas, on assiste a nne acceleration du processus de decadence politi que. risquant de conduire jusqu'au chaos, si elle n'est pas arretee par une -,_~.J1ntm:itaire, freinant la participation ou imposant la mise en reuvre d'un processus d'instiuuionnalisation politique. Mais Huntington est formel : sans des institutions fortes et stables, la modernisation Sbcil.tle et economique ne peut aller de pair avec un quelconque developpement politique 14 --
14.
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Cene trop grande generaiite du modele apparai"t oot.IImmmt dans J'application qu'en a fait LP. Singh, dans «Political Development 01' Political Decay. Towards Instability and Desinstitutionalization in India... Munich,lPSA Congress, 1970. p. 2-24.
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La tentative de fonnalisation realisee par S. Huntington constitue un progres certain par rapport aux theories classiques. ;i.v-':: ....... p~ Le developpement n'apparait plus comme un processus continu : -~..::.:;;.....-- c:. il est entrecou e~e reflux de decadences, et rompt ainsi avec la -' conception n ., 'un progres unilineaire propre aux theories de. J <"---.-Y.clGppementalistes classiques. De meme, l'auteur se garde bien )/y._ ~, de rattacher ces processus a une cause precise et releve, de ma niere opportune, qu'i} n'~ a pas de relations a priod.,entre deve loppement economiq ue et developpement politique. La separa tion tres nette qu'il fait entre modernisation (adaptation au role industriel) et developpement (institutionnalisation) lui permet -;:~~ :nviterla..!!utolog.ie qUi~. rs c.Iassiques :/ \ . ans chaque innovation Ie frjlnc~menurune nouvelle etape dans Ie processus continu de «~ce politi9!lj:.»~ II est donc clair qu'Huntington ne nous propose pas une theorie explicative 510bale du changement, mais seulement un modele fonnel d'ana yse, destine a donner, par Ie biais de la no tion d'institutionnalisation, un eclairage sp&:ifique et coherent du processus de developpement politique. La construction qui en re suIte n'est pourtant pas a l'abri de certairtes ambigurtes. Si eUe est fonnalisee a l'extreme, eUe risque de n'apprendre q8e" peu d~ choses sur la nature du developpement politique. L'institu tionnalisation reste en effet. un critere beau coup trop gent.raI, beaucoup. trop comprehensif et, en fait, beaucoup trop ~~r ficiel, pour mettre eVloence une dimension reellement signifi cative du developpement ou de laQecadenc~ politique 15..1Si, au contraire, cette fonnalisation est attenuee par un usage a la lettre des criteres d'institutionnalisation que nous propose Huntington (adaptabilite, complexite, autonomie, coherence), on risque alors de retomber dans un modele encore trop marque d~ centrisme ou, du moins, de certaines illusions ideologiques. Le r j\ <;/~~Obot?> que l'auteur donne du systeme politique Ie plus ;""'; evelopp correspond, en effet, de fa~on particulierement etroite ,/ aux traits du systeme politique americain : il est caracterise par IX la separation et l'equilibre Jes pouvoirs, iI est dote d'un appareil institutionnel capable de s'adapter sans changement profond a toutes Ies donnees nouvelles de la vie economique et sociale, il est compose de partis politiques autonomes des formations sociales existantes ...
D. APPORTS ET AMBIGUITES DU MODELE /
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precision et paral't recou\'l"lTae position des institutions en pl elaboration d'institutions fragil Cette confusion porte gravem de ce concept et affaiblit d'aut tique du modele. Mais surtout Huntington de mo4.ernisati0cH!tlitique. cietes antiques ans son mod traits specifiques qui caracteri modernes. Soumises a des co sant des objectifs en certains p dent Ie diangement politique sairement des similitudes. Su semble avoir mene trop loin s heuristique de son modele cherche a etudier les problem sont actuellement confrontee reintroduisant la notion de contrepied de cette orientatio perspectives a l'approche f£.
tan te dans )a. construction d'Hu
En outre, la notion de d'6
iASluUlioMeUe de S. Hun
•
II
LE FONCTIONNALISME RENOVE DED.APTER
D. Apter se situe incontestablement dans Ia lignee des so ciologues fonctionnalistes. Plusieurs de ses concepts fondamen taUX s'inspirent des recherches tMoriques deja entreprises par T. Parsons et surtout M. Levyl. L'approche qu'il nous propose • reste neanmoins tres ~e et tres ~'abord parce qu'eUe part d'une defimtIon renouveIee de la notion de modernisation, mais. aussi parce qu'elle fait un usage tres specifique et tres formel des instruments fonctionnels. A. LES FONDEMENTS DU MODELE DE D. APTER
1. Une nouvelle definition de la modernisation Comme Huntington. Apter entend o¢rer une diS1inction tres jJlecise entre developpement et modernisation. mms pour privilfgier. cette fois, l'analyse de la seconde. Le deveIoppement est UIl processus tres general. d'extension universelIe: it conceme tous les changements qui tiennent it. une modification • d~~ale ou a une nouvelle repartition des roles a.-----sociaox. Au contraire, la modernisation constjule un nhenomene tres paniculier auquel Apter conrere une signification tfeS res trictive : eUe consiste en l'ilfPortation, au sein des societes tradi tionndles, de roles sociaux nouveaux issus de la societe indus triel1el. C'ette importation a une fonction innovatrice, destinee a fa voriSCl' et acontroler les mutations de la societe traditioooelle, it. l.
2.
DIII.s Model'lIizatiM lJ1Id tile Structure ofsocieties. Princeton, Princeton University Pless, 1'lIIi6, M. Lny propose Wle analyse de 1. modernisation qui se rec1_ de fa mime diJllardu: que celie de D. Apter. A~ D.• 1M: PoliJic;r ofModI!rnization, QUcage, QUage University Press, 1965, p. 42 Dtsil6mc:nts de raruvre d'Aper ont ell! traduils en fnn~is : Aper D., Pour I'Elat, contre I'BIt, Pari~. Economic:a, 1988.
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Les origines de la modernisation
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Cene optique tranche, par ailleurs, avec la conception d'un changement strictement endogene propre a tous les theoriciens developpementaJisres. Une des originalites les plus profondes du modele d'Apter est de partir de l'idee que la modernisation re pond en meme temps a des considerations externes et internes. ~Externes. parce que l'apparition de roles sociaux nouveaux pro vient de l'attraction et des influences exercees par les societes deja industrialisees.-Internes, parce que ces roles s'organisent et se stabilisent progressivement en fonction des caracteristiques traditionnelles de la societe au sein de laquelle its viennent s'im planter. Dans l'etude qu'il consacre au Ghanjl, Apter applique parfaitement cette problematique, en montrant comment tradi
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organiser et ~ son industrialisation. Mais eUe a ~ga1e- . ment une fonctlon stabilisatrice. car meme s'i1s procedent de f ~ I~!W I e-:-l'imitation des societes occidentales. les nouveaux roles sociaux - / ne sont pas seulement ~transelantes», mais adaptes ou, plus exactement. meles aux caractenstlques propres a chaque societe traditionnelle, qu'Apter tient pour irreductibles. En somme, la modernisation est destinee a ...Ereparer les superstruc~d'une societe donnee a l'apparition prochaine d'une economie indus trielle. . ____ Il est evident qu'en procedant de la sorte, la modernisation affaiblit quelque peu l'!!1t~~ative qui permettrait a fa societe trnditionnelle de se maintenir et de fonctionner. Elle tend,/· par la meme, donner naissance des phenomenes de desordre et d'anomje qui necessitent, a terme, une profonde reaction poli tique. L'ampleur de celle-ci explique Ie fort degre de p2litisatioo.. qui caracterise toutes les societes en mutation. Elle condmt b,Eter.... a envisager les processus politiques qui en derivent comme aes agents regulateurs du changement socio-economique et, de ce fait, comme un objet d'etude priviIegie. y.,. Le modele d'analyse qui procede de cette nouvelle defini c. t~q!l~ donc des theories classiques, en se presentant ..),'.;, '---Comme uit moaele de!1li!!~e ?i'?,liiii.)Iui ne pretend rendre compte que des solutions politlques apportees aux problemes po_ ses par la modernisation. En outre, celle-ci ne concerne plus qu'un moment tres precis de I'histoire de l'humanite (~ p¢riod~ d'industrialisation) et n'interesse qu'un nombre reduit de societes./ . exclusivement celles qui realisent leur industrialisation dans un contexte mondial tres particulier, marque par la predominance / d'aires regionales ou continentales deja industrialisees. ...
5.
3. 4.
Apter D., Ghana in TrtJnsiliOft, 2'" e Apter distingue auss) un type d'au nOqlbre de t)tulaires, relativement n'existe que dans les societe! les lOCietis modemisantes . Apter D., op. cit, p. 81 ; if aus!i p.
Le systeme politique a ·ser cette combinaison entre
3. Les modalitk de la m
a
et modemit6 participe preque3• • Afin de rendre cette pe et de tenir compte part ~g du changement, Ie politiste variables fondamentales, c fiques de chacune des socie dernisation. La premiere de place: Apter note que celleunifiee et centralisee, ou, a ..partie entre differents titulai nature des valeurs determin ceHes-ci peuvent etre C!!.n5 ./ des fins dernieres plus ou iJ'>J mentales pour ne se rappo ,., - moins.immooiats. L'implant r',)'csoCietes traditionnelles se r ./ ces variables : Apter note, d'une reference marxiste, la trouvait organisee seion ti proche de celui qui car Bambara5• La modernisatio de rexirrleur, tout en se co ductibies de Ia societe conce Grace a cette nouvelle n'apparaissent plus de mani nees incompatibles. En app sation a travers la reprise de _.' concernee, Apter reussit a s ~; pluuenaces du developpe "m:itte, a mettre en evidence dernisation : des lors que Ie de donnees internes et extern peuverit que revetir une cert societe, a l'elabonw.on de so
.}. n.. J t,l..ji.l....
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Autorite
decoulent ; il a. selon la fonnu le ssurer Ie maintien et l'adap tation Or, pour accom plir correc temen t olitique doit satisfa ire des exiune information suffisante sur les es et les pos.sib ilites du publi c; rercirion, de manie re a assure r gitimes. 11 doit egalem ent, en ondre aun certain nombre d'autres
proceder it l'alloc ation de norme s
user des symbo les conse nsuel s,/ es au sein de la societe, definir les / mble national... pas une seule manie re de proce igences fonctio nnelle s. Les exi ation sont compl ement aires l'une a la crercition impligue une dimi ormatio.!!.3 invers ement , un sys ention soutenue aux donne es is peut recourir it la c~rcition que
. Le dosage opere dans )Taccomces fonctions determ ine ainsi de systemes poIitiques et, partan t, ation politique. ~s systemes politiques different riable~ qui sous-tendent chacun e , comme nous I'avons vu, Ie type s sont dotees. Le politiste ameri une importante typolo gie distin s de systemes politiq ues suscep societe7 :
otiti
pyramidale
Systeme de reconciliation
Systeme theocratique
cldque
mobilisation
aucratique
ar Apter D. dans «Notes for a Theory of Non e CDlKcptlU l1 Approac hes to the Stwdy of a: lull, 1970, p. 306.
a
a
.Jonctionnali..sm£ rbwve de D.Apu r
.
99
hit IlSagl: D., TM Politicl ofModemi:ztJtion, op. cit., p. 25. On remarquera qu'Aper
De ces quatre system es politiq ues, trois seulement ))CUvent pretendre resoud re les proble mes poses par Ie changement et disposer d'une veritab le capaci \e moder nisatri ce : i1 s'agit du systeme de mobili sation , du system e de reconciliation et des systemes bureaucratiques. Pour sa pan, Ie systeme theocratique
ne se rencontre que dans les sQ£ifi ts traditi0ll..nelles ; it De cor isation et ne
respond qu'aux seules situations pn!cedant la IDodem s peut donc etre etudie comme system e modemisant . . Celte typologie fait, en outre, ressortir l'opposition de deux
C)'pes pUTS de system e politiq ue : I.!: systeme de mobilisation (autorite hierarchique-valeurs consom matoir es) et Ie systeme de
reconciliation autorite ramidale-valeurs'instrumenta1es), ca
ractenses par dellX-JIlodes de fonctio nneme nt tout a all oontra- ""~ dictoires. Le rernier fonctionne ala crercition, grace anne ati~' - tontt tres centraliSee et a l'exlst ence e v eu rigi es, tan . S que Ie see-ond fonctionne l'infor mation , ~ce Ii des valeurs souples, Dra£matiaues. et une forte-.diffusion des roles d'auto 'nle. Ces deux system es politiq ues corres ponde nt ainSia deux
-modalites extremes d'exer cice de la fonction politique. lis appa
raissent, par 1ft. meme, comm e deux modes ideaux d'organisation
du changement, comm e deux solutions pures auxquelles une so-
_ Its proble mes poses par la mo.:...-- Ciete.peut . recourir pour resoudre / .' dermsatlon. L'emergence de l'un ou l'autre de ces systemes depend d'1:me double consideration. Ene tient certes aux donnees de base de Ia societtfCOricemee:Te systeme politiq ue a, comme nous I'avon s/ vu, tendance a restituer et a consolider les traits caract mstiqu es du systeme social auquel it appartient ; it aura done ~nce a faire reuvre de modernisation a partir de ces donnees. Mais la
nature du sxsteme politique depend egalement des exigences qui
sont inherentes au proces sus de mod~sation, et qui peuvent agir dans un sens different. La transp osition de roles sociaux / nouveaux peut, en panicu lier, necess iter un recours inhabituel a la crercition. du fait de circonstances objectives particulierement .......- defavorables ou du fait d'une trop forte resistance -des valeurs tradirionneBes. Une societe pre-m oderne marquee par des va leurs consommatoires deja rigides aura ainsi Ie plus grand mal a s'ouvrir a des valeurs et des roles exoge nes ; sa modernisation 8.
p.2S-33.
Apter panni cfaun:s.. n se cia concept de mobilisation pour carac.eriser IDI systeme modemisant Ja mobilisation
dislingue ainsi d'un certain nombre d'auteurs , doni P. Nettl, pour qui Ucln. q sur politique est WIC propnete commune al'ensemble des processus de modern.isa 1967... 241. Sur ce point, NeuJ P., Tire PoliJical Mobilizalioll, London, Faber and Faber, 1WHi, apra. Its liens entre Iheorie de 1a modemisalion et tMarie de la mobilisatiOll, cf __
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d
u.n modek
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Op. cit., p. 121.
---------------
Les principaux types de systemes modernisants • Le systeme de mobilisation procede a la modernisation polirique it partir d'une centralisation de l'autorite, remise entre
B. L'ANALYSE DES PROCESSUS DE MODERNISATION "I. Les politiques de modernisation La description que nous donne ~ des trois systernes poliriques modernisants nous permet ainsi d'entrevoir trois rne C'J.nismes possibles d'adaptation au changement, r~ tendent it ~,,, rapprocher l'ensemble des systemes politiques du Tiers :'1onde. Chacun de ces mecanismes a ses points fons et ses fai blesses, et recele ainsi des risques precis de crise et d'echec.
I
9.
Y
o"eo sera que plus difficile et oe pourra, bien souveot, se reaIiser que par recours a un systeme de mobilisation, meme si eIle fonctionnait jusque-la selon un modele d'autorite decentralisee9/ . ' IJ~ Mais les facteurs qui entrent en jeu sont tellement nom ( breux et contradictoires que les systemes politiques qui viennent I / ) , ) \ . .I'f. \' a se fonner sont generalement mixtes et instables. Au lieu d'etre \ "")"f W; exclusivement crercitifs ou informatifs, Us ont Ie plus souvent J 'J/~!l tendance acombiner I'une et l'autre de ces formules ; au lieu de ~ \V s'apparenter au systeme de mobilisation ou au systeme de recon cili~tion, iI~ se rapprochent Ie plus s0.uve~t d.u s}'~t~me burtiAu cfatIque qUi apparau comme une solutIon ![ItermedlaIre entre ces ~ deux types ideaux. Enfin, pour peu que la con~r:e change ou I( qu'ils essuient des echecs, tous les systemes politiques peuvent/ I s'autotransformer et passer ainsi d'un type de fonctionnernent a un autre ... Par I'elaborationd'un tel modele, Apter vise un double ob jectif. II cherche d'abord it forger u~grill~ aidant a identifier et a decrire Ie systeme politique de m ernisation propre a chaque societe. De ce point de vue, l'avantage de son modele est d'insis ter s 'te des voies de modernisation. A cela s'ajoute un objectif beaucoup plus am ItIeux : exp iquer la nature du sys terne politique qui est venu emerger, mais aussi prevoir et ex pliquer les changements susceptibles de l'affecter au COUTS de 1a periode de modernisation. L'intention d'ARter est d'analyser en profondeur cette instabilite qii'il tient Ifbur caracteristique des SOCietes en transition; cette question est au centre des analyses qu'iI consacie aux systemes politiques modernisants ; elle cor ( respond tres etroitement it la dimension dynamique que doH ~ontenir toute approche du changement. /
f'.,rQ ~
• Le systeme de reconcil l'envers du systeme de mobi pecentralisation de~ d'aY. ,rence ideologique rigide et un . grace au compromis et it la ne terents groupes qui sont parti k suppose donc une tres grande aux demandes qui sont form definis les differents buts polit Ie court terme. Dans ces conditions, Ie s quement fonction de la bonn politique, de leur autodiscipli it deployer pour depasser le groupe de reference. Cetle fo aux anciennes societes segrn modernisation qu'en menagea differentes composantes : l'ex vue, Ie plus caracteristique. les exigences du developpem
type.
sente. L'accent est mis sur l'u du peuple a I'action politique, leader charismatique, par Ie p cielle. Cette allegeance populai la crercition, permet de surr plus delicats lies aux mutatio ment repetee, d'atteindre des chesse) permet de justifier, au soirernent exiges (faibles reve des libertes ... ). En meme tem tions assure Ie maintien d'un aux buts definis autoritairer )< D: Apter rapproche I'ensernbl centralisme democratique de politique de modernisation att et les hommes decides it o¢r sein de leur societe. L'URSS, Toure ou l'Egypte de Njtsser
de valeurs sacralisees, yehic
mains d'un chef unique, et
ICtionnaltsIM rllwve de D. J.
t fonctionner avec sucres que r industriaJisation.
a
aucratiques apparaissent, des lors, ue lIe, mixte, alliant principalement hierarchique un ensemble de va degage plusieurs variantes de ce
isatrice designe tout regime au sein st detenue au sommet par un IllO decide a operer Ia modernisation de adre d'une reference ideologique as as de l'actuelle monarchie marocaine narchie iranienne. e est de loin la variante la plus re proche beaucoup de l'autocratie IllO au lieu d'etre detenue par un IllO preme est entre les mains d'un chef unte qui affirment leur volonte de ition et de s'engager dans la moder pragmatique, mais autoritaire. ncien de recours a cette formule est Kemaliste ; on peut y ajouter, main des Etats d'Afrique ou du Moyen
antiliste se presente, politiquement, e «monarchie presidentielle», s'ou te grace au concours d'une sphere ansion, controlee par des entreprises s. Cette forme de gouvemement ca nt un assez grand nombre d'Etats et correspond, semble-t-il, assez bien Al Sadate. representation
entretient un type particulier de rela ociete; il se caracterise donc par un ation de la representation 10. Si on en
Non Democratic Representation». Some COllceplNill qq. Cf. aussi Leca J. et Vatin J.e.• lOp. cis.• et leur 86 el 482.
tJliiil.i.lltnaii.)me
renovi de D. Apter
103
Apter, celle-ci peut recouvrir trois formules differentes : 1a . representation fonctionneUe. fondee sur la reconnaissance d'une competence justifiant l'exercice d'un role d'autorite ; la represen tation populaire, fondee sur la reconnaissance d'un droit a l'in camation d'une collectivite ou a l'exercice d'une delegation for mellement confiee par celle-ci ; la representation profession nelle, fondee sur la reconnaissance d'une capacite d'agir au nom d'un groupe ayant partie prenante dans la vie socio-economique dupays. Le systeme de mobilisation s'appuie essentiellement sur une bureaucratisation de la representation fonctionnelle : il s'efforce en outre d'utiliser au maximum la representation populaire pour en faire, grace au plebiscite.la marque de l'unite de la societe et de l'adhesion populaire aux valeurs sacralisees. . En revanche, Ie systeme de reconciliation privih:gie naturel lement la representation professionnelle qui favorise 1a realisa tion des compromis et des marchandages entre les groupes. nlui sulx>rdonne la representation fonctionnelle, et s'applique, par &illeurs, a manipuler la representation populaire, en recourant notimment a Ia corruption et a diverses formules d'incitation et d'influence. Enfin, les systemes bureaucratiques consacrent la predomi nance de la representation fonctionnelle, totalemem legitimee par la contribution qu'elle peut apporter a la modernisation de la societe. Contrairement au systeme de mobilisation, les systemes bureaucratiques ne cherchent pas a utiliser la represenration po pulaire qu'iIs tendent a limiter au maximum.
2. La dynamique de la modernisation
Les principes de changement
Mais. au-dela de cette deSCription statique, rattention d'Apter est essentiellement attiree par les evolutions et les chan gements de regime qui affectent les societes en cours de moder nisation. L'aboutissement de son modele reside donc dans l'eclai rage qu'it donne de ces mouvements et dans les efforts de typo logie qui en derivent. a}
Une societe peut changer de systeme politique pat Ie jeu convagwt de deux processus dynamiques, Ie premier decoulant aux exigences extra:-politiques de Ia modernisation.
de la nature meme de chaque systeme politique, Ie second tenant
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11. Apter D., The Polilia of Modernization. op. cil., p. 30:5, 306 el 307. Cf aussi Apter D., Political Change: Collected Essays. Loodon, F. Cass, 1973, p. 110--114. 12. Apter D., The Politics ... , op. cil., p. 406 el 429.
De par leurs principes de fonctionnement, les syst~mes' litiques rec~lent une puissante dynamique La relation infonnation-ccercition. sur laquelle Us reposent pos", sede, en efta, une togique de changement qui s'est bien souvent, revelee determinante dans l'Histoire. Un systeme qui fonctionne grace a la ccercitiQ,O risque, par exemple, d'etre soumis a une r· grave( ~J2erdition)d'informations. II connait des lors, une situa _,~-·-iiOii(i'incertitude croissante qui Ie conduit soit a se radiealiser v r; Aavantage, soit, au contraire, a se transformer pour accorder plus -:.r!.p" de place et d'attention it l'infonnation issue de son environne / ment. Des ]ors, differentes tendances peuvent etre recensees. Un systeme de mobilisation paralyse dans son fonctionnement par une autorite trop centralisee et trop pesante peut ainsi se «Jiberaliser» et se transformer en systeme de reconciliation. II est • ega]ement possible (}!Ie ce meme systeme soit affecte par rero ..., ( '~<::::-_ siQ!!~'affadissement de ses valeurs ideologiques ou du pres -p-v-uge de son chef et glisse peu it peu vers un regime de type «bureaucratique », dans sa variante «nCo-mercantiliste» ou mili taire. Ce'dernier phenomene qu'Apter designe par Ie vocable de «ritualisation» parait etre Ie devenir des systemes revolution naires, sitot que l'ardeur et I'idealisme militants viennent a s'estomper (URSS stalinienne)lI. " Inversement, la logique du fonctionnement des systemes de reconciliation peut conduire a d'importantes transfonnations. Le recours systematique au compromis, la prise en compte .!llCticu_..._. ,r'~>~]euse de toutes les demandes peuvent engendrer des situations . ~/
..a.: U. ?lp.
14.
13.
Op. cil.• p. 421. Apter D .• «No«es r""1 Theol'ji " .... o
II' est remarquable, par distingues par Apter (syste mobilisation, ont des fonctio ferents selon qu'ils emergent de modernisation ou d'industr en periode pre-mod apparait surtout dan quees par une forte un equilibre assez ri qui pretendent au g encore ·tres apathiq essentiellement sou traditionnelles, entre tnous.~r:a pratique d dant pel.l fonctionne tant l'i11l?lantation d
b) Les niveaux de moderni
I.e changement politique simple mouvement de~t.r,,suffis.~J1ces...de chacun des regl iis exigences de la modernisa pement dans lequel se trouve ainsi que Ie systeme "neo-m apte a favoriser la stabilite e Iorsque s~morce Ie processus systeme de~trou\' processus de modernisation, l ~ree1krn~_nt ~t epr -buts suffisamll!~t!Ci~~etJDo dustrielles, de par Ia complex caracterisent, trouvent dans I de regime Ie plus adaptt~13. Bien entendu, it ne s'agi de tendances qui viennent or processus de changement po nous l'avons vu, nombreux et types de systemes politiques se succeder ou apparaitre se resteront cependant marques, de modernisation socio-econo
Jhdti.J{Uw,holWC; I <../wli<.
ernisation, Ie systbne dBrtconciliG e ~re!eJlt:i~n naissante des masses per aux procedures de neg~iation et
e situation risque alors de provOQuer elite traditionnelle et classes que ne se forment des institutions incarner la legitimite populaire et essus de prise de decision. En tout incipe du compromis permanent se si peu fonctionnel, car iI nuit it I'effi lisation, celle..:ci supposant l'exercice itaire entre les differents interets. trialisation avancee, Ie systeme de
parente a un fonctionnement de~ ue par une n6gociation permanente entre.Ies differents groupes compo trielle. II apparait comme la solution us fonctionnelle. correspondant Ie es donnees de I'infrastructure. II ne ment les democraties occidentales acterise aussi I'evolution de certains es avances (Pologne, URSS, Bresil) principaux groupes qui les de toute prise de de
~Ies
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enaire~obliges
I.
,
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rnisation, Ie systeme de mobilisation adrement des masses qui s'ouvrent a aniser les classes sociales existant a l5 • n procede it I'elimination des an sociales et politiques et s'efforce de ion par recours ades formules auto on intense, parti unique, «milita oduction). Tres fonctionnel pour entre elites traditionnelles et forces realiser }'integration des nouveaux gime devient de plus en plus pesant a . trialisation consacre I'appantion .de7l\\,.' <.
'J~\
bilisation dans Ie cadre de sociel6s lTaditioonelles. Ce u lOUI debut de la periode de modernisation et poser de fait d'une a~~ encore plus forte de la population. n nner rapidemcnt en oligarmie milil.llire bu en systCme ernes de mobilisation dans certains EI.IlIS Africains et la
ne). '.
If.
3.
fonctioNtaJisme riaotJI. de D. Apter
101
structures plus differenciees et d'exigences plus pragmatiques.
en periode d'industrialisation avancee, Ie sys,bne de mobilisarion s'efforce d'assurer Ie fonctionnement de la societe pJI" la promotion autoritaire de valeurs propres Ii une cIasse sodale determinee, "L'imperatif industriel" J'oblige cependant Ii limiter I'usage de la crercition, Ii ' etre dav:L1tage sensible Ii I'information et a operer une diversifi'::1tion maximale des modes de representation lfonctionnelle, populaire et professionnelle). II risque pJI" Ill. meme de glisser, de fait, vers un systeme de re conciliation.
La crise de la modernisation
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us travaux les plus recents de David A~ mettent da\'an tage "accent sur les phenomenes (Ie violence et de contes tation 16 : apres l'etude de la construction. de l'Etat, priorite est '\ donnee aux phenomenes de remise en cause de I'Etat, coofirmant . ainsi Ie dedin du d~veloppementalisme classique. -----s,;~/~.
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Apia D.• Pow r £1(11. COtIJrfll'£ItU, Ope ciJ.
Apia D.• Sawa N.• Afa:i.vl 1M Slak, Umbridgc:, Harvard University Press., 1984.
\ ,.)
Toote ceue tentative de formalisation renouvelle considera blemenl et utHement - Ii SCIenCe poHilque du cleveloppe Dient. Elle a I'avantage de ~e dem~~I: nettement des postulats developpementalistes classlque~/et de l'explication analogique qu'ils sous-tendent. Outre qu'i(tejette l'idee d'une continuite ri goureuse et ordonnee. Iiant entr~ eUes differentes «e~» du 16. 17.
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. AI ' ' dustn~ . 11e recouVT:. en mem~ ,. c h3!lge~e~t po1"I"nque. ~.est ~ preml~r proJX!ser u~r;,:;'U-) 'J ,v'f '('I 2-an~ seneuse. a la con~ept1on dune tranSfOmlatlOn purement tales, 1URSS et -:neme!.e ~resIl , F _J ~ I \lv'ln:~ente e! ls?-:norphlgue des systemes politiques. Surtout., En outre, bien qu d sen ? \(~, I W. pace a une defimnon renouv.elee de lao modernisat!s'n, 'I arvien serve~, Apter recourt encore, a a montrer: ue la com rehenslOn d du deYe}o.ppe,r:'ent. Le~~stem~d ~/i ar a nse en com t ermeabilite des sociI! s aux in place pnvIleglee dans son mo /,~ uen\."e-s aux contrain et en an aux e orts de domination gime Ie mieux adapte aux soci ;' ~ l}\ v~nu: de rext ; ~ un sta e p us recent, en lo, 1 a ern~rhe" ~tion: Certes. l'aute~r: se gar XJ' ~ Imegrer a ~~ des mouvements sociaux dans celle du ~j «ldylhq.u~ » de ce regime, se /~1~'d~~·eloppe.mentp01iiique. Autant d'orientations nouveUb et de:' <)y.. qu'O!t a pu o~serv<:r.c~ez l?!!!l y e CISIWS qUI permettent au politiste americain de batir un modele IS!') systeme de reconCIlIatIon ne c d'anllyse original, reconstruisant dans l'absiF.ill un certain .. democratie arlem~ke et c nom~re de propriet~s caracte~stiques de la modernisation, que reste nea,nmoi,ns que Ie gli les dev~loppementah~tes c,lasslques ~e pouvaient !pprehende.~: nouS est I?~esente comme ~ne ment pohnque. De ce pomt _ ~oes lors, Ie modele d Apter est a plus d'un titre unle ala re nous est propose ne parait sci cherche. n aide d'abord' ( apprecier la part respective prise par !es-~_urs_ internesft e.xtemes danu a modernisation d'une SQ.'= fait abstraction de cette part d cele et qui, de toute maniere,. ",<:iete donn~-:eneaairant notamment -les ·cQndiiloos'a'imQlania: ..!Ion de roles ou de valeurs modemes au sein de la soci€ie tradi- ' indispensable de sa construcno tionnelle. II fou~it, ~en outre, le~~\lx necessaires a la prise ~oute cette ambi~u'ite pa en compte des. dl!f~rentes modalites d'organisation du change que fall ~pter ~e la notlO~ ~e ment. et met alOSI 1accent sur la pluralite des voies d'acces a la cette notIon n est pas cntIqua epoque d
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est precisernent ce type de gefju,n es plus recentes qui tentent de ramener au processus de /
e.~~e&.p'olitiq,u.e
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III LE l\10DELE CENTRE-PERIPHERIE
I.
Shils E .• C~JIler tmd Periphery, Chicago, Olic.ago University Press. 1975. p, 7.
P:
~n survol"rapide de l'histoire de ces derniers siecles revele que tout ensemble territorial independant tend a restreindre sa segmentarisation et ii se doter d'un appareil politique central p,etendant a un cenain monopole sur Ie plan de l'action econo mique, sociale et culturelle. Cette idee se trouve sysu:rnatisee dans beaucoup de travaux theoriques produits par la science po litique moderne. Fidele a une orientation que nous avons deja ca racterisee, g. Shiis la·reprend precisement a son compte en no:. tant que la formation d'uncentre repond a un «besoin d'intef[li,~ ..• ~» des individus et des groupes oans une entirequi transcenae .:'> ) "'~ Teur existence concrete: elle apparait, a ce titre, cornine un pro cessus inherent a tonte societe l , /' Sans aller conune Shils jusqu'a proclarner la necessite socio
Iogique d'un tel phenomene, et sans Ie tenir pour irreversible,
bon nombre de chercheurs tendent a voir dans Ia construction
d'un centre une propriete commune a l'ensemble des processus
de developpement politique qui affectent nos socieres contempo raines. C'est precisement a partir de cette propriete formelle et
abstraite que des politologues comme Bendix, Eisenstad ou
Bokkan ont elabore des modeles d'analysecapables, sem e+il,
(:I'aller assez loin dans Ia connaissance et peut-etre dans l'explica-/ tion de dimensions essentieHes de la modernisation politique2 • Bien qu'encore paniels et distincts les uns des autres. c~,~_J!lqdi;les se. r~<;:9.p~nt ~~!",U!~§. JJ.):I!1_P9int, laissant apparaitre un cenain nombre de principes generallx qui constituent l~~~.~._) fondamentale d'une analyse renouvelee du developpement poli tique.
2,
Cf surtooI, Bendix R., Nl.llimc,BlMJdiltg tmd CitiulfSlIip : Slwiiu of OIlT Chan,illg SocUzI
Ord.t!.r, New York. 1. Wiley. 1964 : Eisenstadt S.• ModullizQlUzII : PrOfltst and Cho.lIg~.
Eng.lewood Oiffs. Prentice Hall, 1966; EisenstlJt S.• Rokkan S .• Buildiltg Slates and
NQlWtts. Beverly HiUs, SlljIe Publications. 1973.2 voL; Rokkan S,. Urwin D., ECOIIOrrq,1
TuriJon. 1d.t!.1tlih. Bevertv Hills, Sue PuhliCllli...... lQin
NERAUX DU MODELE
tion d'un centre
at
~'o , depuis Ie XVle siecle el jusqu'a nos u monde, queUes qu'elles soient, om site de se doter d'un centre politique ritoire depassant largement Ie cadre tribJ!1 ; loin de faire exception, les onaesont, a present, immediatement atif. Connaissant des modalites, des radicalement differentes d'une societe mporte neanmoins, dans I'abstrait, un es irreductibles qui permettent de Ie derer que la construction d'un centre d'institutions ouJ!s..YJ1~rue~tinees bale ne societe inde en'3ante, rial recis et u ue-I caracterisee !X21ret",~~Jtes al eCOOr COIIlRQsaotes3. -- d'abord litau progres de Ia..divisigg"" rdination des aeteurs sociaux et au . II s'inscrit par priorite dans une e, derivant de l'essor des echanges de rgit ensuite au domaine politi9af' par u institutionneI de eontrOle et e do culture!, ~ar I~iai§".9·une [email protected] riQheriS~1.. autour de laJ!l2!Jlue, du s iQoologies provenant du centre. eel matique ni d'intensite egale d'une s0 i~n Ie mode de ~artition des r~-_ te~, laissant aux peripheries une nde de resistance politique et cuItu ntre, et Ies plalfant ainsi dans une si ou moins marquee. ./ . l'epoque modeme, ce processus en istique de bouleversements affectanr ociale et politique. Cene constatation un courant scientifique qui tient ces teurs du developpement politique. efini, selon la formule de ---.,....,' R. Kothari,
IIS inspirons en partie de Coulon C., cSysterne poIitique Ul fraJlfaise de IciellCe politilpu, octobre 1972. p. 1063
m~tkjf:
Ct:mre-pc:npfierie
tU
:comme l'interaction qui s'etablit entre la penetration d'un centre au sein d'une societe et la reponse de Ia peripherie acette intru- _
structures traditionnelles 4•
~io.D, l'ensemble de ce processus etant mediatise par Ie jeu des
2. . Construction d'un centre et dheloppernent politique Ainsi conlfu, Ie developpement poIitique apparait comme un
phenomene complexe el decomposable qu'on peut ramener au
concours de quatre processus clairement identifiables :
a) II suppose d'abord ['emergence tFune structure politique
centrale, c'est-a-dire l'enclenchement d'un processus par lequel
tend it. se cristalliser, sur un lieu donne, l'identite politique de
toute une collectivite et ou tend, en meme temps, it. se former un
ensemble d'institutions pretendant mettre en reuvre des poli
tiques imperatives susceptibles de recevoir une execution imme
diate sur l'ensemble du territoire conceme.
Kothari R., «The ConflOOtations of"l'hemirs wi1h National Realities», Rokkan S., 811ildiJ1g Sl4Ies aNiNolion;s, Dj? cit., p. 112.
u. Eisenstadt S.,
~
.y
.;
b) II implique aussi la penetraJioll progressive de ce centre au sein de III peripherie, ctest-it.~dire la reunion d'une serie de dispositions donnant it l'autorite centrale les moyens d'exercer un controle reel sur la formation sociale qu'elle pretend pouvoir in camer et gouvemer. Ce processus se traduit, d'aoord, par l'elaboration d'un en semble de mecanismes visant it creer un sentimentrj'allegeance.. ., nationale au sein de la population interessee. Le centre s'efforce. parcemais, de s'imposer, au sein d'un territoire donne, comme /, l'unique detenteur de la contrainte pbysique legitime~\.S-~ ~ A..J"f j ih II s'evertue, en outre, a articuIer 1Dl cenain nOInbre de buts t;~l destines it. animer l'activite de toute la collectivite qu'il contrOie. . Definis autoritairement, au apres negociation avec les centres ill:. termediaire~ ces buts sont traduits en E2!Zammes et en poli tigue}, et surtout en n..QD!1es, v~rs et s~, diffuses au sein de la population tout entiere par Ie biaisoes differents pro cessus de socialisation politique. ~ Le centre intervient egalement au sein de la peripherie, pour operer une regulation minimale entre les groupes qui la compo sent et notamment pour les soumettre aun minimum de regles et de normes communes. Cette forme de penetration a pu se concretiser par la «defeodalisationlt, lars de Ia naissance de l'E1at 4.
~
. A la recherdte ,.J un
me-
6.
5.
~
Sur la «detribalisation .., if. Wilson G .• All Essay 011 the Ecolllmlics of Detribalizatioll ill Northern RhodesiD, Rhodes Linvingston Institute, 2 vol., 1941 el 1942. n convient, cependant, de priciser que ees processus soot loin e!'etre immMiats ; la readalite s'est maintenue, sous bien des aspects, pendmt plusieurs sieeles de monarchie absolue./ Celte tendanee est ues apparente dans les travaux de Zolberg pour qui la juxtaposition d'un centre modeme et d'une peripherie traditionnelle caracterise les societes africaines actuelles qu'jJ designe IOUS Ie vocable de «societes syncretiques,. ; cf Zolberg A., «The Structure or Political Confiicu in the New States of Tropical Africa,., Americall Political Sciellce Review, n° I, mars 1968.
nee. La construction d'un centre est avant tout un processus ~bs : elle n'implique, a ce titre, aucun ~li~nementsur des struc tures politiques nouvelles et uniformes ; bien au contraire, elle ne peut reellement s'operer sans ]e concours et la reutilisation des structures traditionnelles heritees du passe. II est a ce propos •.) danger~J1...x..d'assimi1er Ie centre a la modemite et la peripherie a ~ .:.'" ~atradition :une terre confusion se retrouve dans de nombreuses t; , :':. ' analyses et procede pourtant d'une doubleerreur6• D'abord parce que Ie processus de centralisation politique fie se limite pas a la construction d'une~ mais 'tend son effet reor
diation active des instances traditionnelles de la societe concer
d) Le developpement politique se realise enfin par la
d a la formation et a la penetration d'une autorite centrale n'est pas uniquement .E~~iv; : les differents secteurs qui la compo sent tendent, au contralre, a se regenerer et a se reorganiser en fonc . tion de ces donnees nouvelles et concourent ainsi au processus de developpement polilique. Cette reorganisation se traduit a terme par ]a formation de demandes de participation politique. par la creation d'un etat de citoyennete, par I'emergence progres sive de revendications de tous ordres, et par divers modes . d'expression de soutiens, repondant aux efforts de mobilisation tentes par ]e centre. Tous ces processus peuvent aboutir, soit a la formation d'organisations nouvelles (partis, mouvements sociaux divers), soit a l'adaptation des structures anciennes a l'exercice de ces nouvelles fonctions.
c) Le developpement politique passe egalement par une re organisation progressive de Is peripherie. La reaction de celle
Absolu en Europe ou par la «dttribalisation», lors de 1'apparition d'Etats modemes au sein du Tiers-Mondes. Enfin. Ie centre penette a l'interieur de la societe afin d'organ;ser /'usage de fa force et de rassembler, entre ses mains, les pouvoirs de contrainte qui se trouvaient jusque 13. disperses, voire atomises. Dans cette perspective, il tend a imposer, sur tout Ie territoire, une bureaucratie, une annee et une police uniques et controh~es par lui. /
~
7.
Divl:f()~_1IJ Usi~Q/,
Paris. Edcimll
Anderson P., LiNag6s 0/ the Ab$~ ist
a) Vuniversalite du proce est llne donnee caracteristique ]es systemes politiques contem remergence d'une autorite cent les donnees fondamentales de l de cette propriete est donc un tr chacun d'entre eux et peut etr hautement significative de leur On ne saurait bien sur oubl racteriser jadis certaines societ de la Chine imperiale ou ,!~J: FSIecre 'sonCOeCe'polnt de en Ire autant de toute la categ taniques», degagee par I"a centralisation des structures nomene exceptionnel, repondan (generalement ecologiques. co ~~), .landis qu'elle est deven e oncuonnement de taus les s A cela s'ajoutent des diffe ..!J...ualitarJLD'une part. la pu;"qm traditionnels, etait souvent des du calife ne controlait, en fait, unes aux autres par des activit quement pas de prises sur les c nomes 7• D'autre part, les relati
Con\,ue a panir de la noti cette nouvelle approche du dev faire les exigences auxquelles scientifique : la propriete sur effet l'avantage d'avoir une po abstraite. et de pouvoir suscite nentes.
3. Portee theorique
ganisateur a l'ensemble des s parce que res transformations n sultent d'une combinaison etroit
cuJre-periphirie
A Ia redtttTche tilUl
ere et tres differente de celie qui ca.
politique des societes contempo
ntre ne repondait aucune organisa
rie : non seulement celle-ci restait
tif, mais en plus dIe ne participait
mation des institutions politiques
nerale, la construction du centre
tes traditionneIies, a une rationalite
ans sa nature et ses implications de
social caracterisant les societes mO
Je de I'histoire moderne. Ie proces
re revet donc une double significa
selle, iI peut etre defini comme une
litiq,ue des societes ~ mais conte
uJues etnouvelles, il peut etre en
me un phenomene deAJOdernisatioa.
r les societes tradttionnelles aux:
orain.
ction d'un centre est une propriiU
oppement politique. Ene peut done
d'analyse capable de se demarquer
nous avions degages.
e autorite centralcu>eut autant den e mcteurs externes et ne presuppose Elle se realise, par ailleurs, grace at'· traditionnelles et des donnees rna u postulat d'immanence sur Iequel entalistes classique~n outre, elle modalites concretes de sa mise en cense en deriver. Un regime autori-"\.. ue de type occidental peuvent I'un struction et definir des modes ori centre et la peripherie. L'idee de 9!!1i,gues,ne debouche des lors sur u developpement politique. phique. Ie processus de centralisa
ment d'une societe al'autre. La refe
met done pas de deduire a priori Ja
ssurent la modernisation politique
a c::e propos Eberhard W., CO"4JU:rors aNI RlIlen,
t aNI CMllle, op. c;r., p.14, et, sur I'ensemble de
.moaete cenlre-phipMrie
111
des differenies societes ; en revanche, elle aide l'observateur A ordonner sa recherche et aen definir les orientations Ies plus im_. portantes et Ies plus significatives. --c) Le recours a la notion de construction d'un centre permet des Iors de batir un modele d'analrse d.u developpement poli tique, valide'et un Ie sur-Ie plan lkYD.stiQ~e, et, dans une moindre mesure, sur Ie plan explicatif. Ce modele guide Ies recherches ~ dans trois directions essentielles, en posant un cenain nombre de questions precises sur les processus de developpement : 1) Comment teIle societe contemporaine s'est-elle dotee
d'un cenrre ? A panir de quels facteurs ? Que peut nous
apprendre ce processus genetique, quant aux modalites
qui pankularisent Ie developpement politique de }a so
ciete concernee? x
2) Quels sont Ies effels de l'apparition d'un centre sur Ie
fonctionnement d'une societe et de son systeme poli
tique .., Sur la reorganisation de ses donnees tradition
nelles'" Sur la transformation de ses valeurs et sur la
structuration de ses conflits ?
3) QueUes sont les modalites concretes de realisation de ce
processus de construction? Quels sont Ies agents qui
I'ont organise et realise ? Par queis moyens .., Par Ie jeu / '
de queUes poIitiques ? ~
Autant de questions qui pennettent de saisir des dimensions importantes du developpement politique et qui peuvent egale ment rendre compte des modalites specifiques qui caracterisentJ leur insertion au sein de chaque societe prise individuellement.
B. I.E PROCESSUS DE CONSTRUCTION D'UN CENTRE I. L 'origine du processus La centralisation progressive qui affecte Ies societes mo derni-santes correspond inconlestablement a la logique d'un pro cessus historique. Des Ie XVle siecle. plusieurs societes euro peennes ont dfi faire face a un bouleversement de leur organisa tion socio- economique qui a directement favorise Ie decIin des Structures feodales decentralisees. Pourtant, toutes les societes n'ont pas attendu une amorce d'industrialisation pour se doter d'un centre modeme : a ce compte Ia. la plupart des societes du
I
~
:1
"
9.
Anderson P., op. cit, p. 20 el sqq. 10. Elias N., La Dynamique ck I'Occident, Paris, Cabnann·Uvy, 1976, p. 106. II. NOlI! nous inspirons ici d'une distinction etablie par Blondel I. et Nellis I.R., «A Fonnal Analysis of a Nation·Building Process .. , Munich. IPSA COllgress, 1970.
L'essor d'une economie marchande constitue, historique ment, Ie premier facteur du processus moderne de centralisation. / L'apparition de structures politiques centrales tient en Europe occidentale a la pression qu'exer~ait, des la Renaissance, I'epa nouissement progressif des villes de marches 9 • Les progres du commerce et ceux, plus timides, d'un embryon d'industrie, im pliquaient l'organisation d'une veritable division du travail, de passant Ie simple cadre du fief; comme Ie note N. Elias, ils ne cessitaient l'extension et la protection des voies de OOmmunica tion et des marches, la frappe de Ia monnaie, la preservation de la production contre toute violence, ainsi que de nombreuses me sures de coordination et de regula~ionlO. Autant de donnees nou velles qui appelaient non seulement l'emergence d'une autorite centrale, mais aussi Ia mise en place d'un reseau de communica tions, d'inter-relations et d'echanges d'informations, al1ant du centre vers la peripherie et de la peripherie vers Ie centre, consa crant ainsi la realisation d'un modele original de centralisation, conforme aux traits caracteristiques que nous avons definis. Mais un tel resuhat n'est pas necessairement atteint par la pression direCle d'interets economiques deja organises. Le meme type de centralisation peut etre, en effet, decide autoritairement sans repondre a aucune exigence nouvel1e issue de I'infrastruc ture economique, et ne proceder ainsi que d'une operation tech nique, me nee par un nombre limite de groupes ou de leadersll. Ce demier processus peut d'abord deriver de la voionte de cer taines elites qui cherchent non plus a reagir a des donnees eco
a) La pluralite des jacteurs tk centralisation \ \
TIers-Monde ne seraienr pas encore touchees par un tel sus. En fait, si on peut avancer l'hypothese qu'a l'epoque mo. derne, la construction d'un centre s'inspire d'une Iogique conforme aux besoins d'une economie industrielle et marcl!and~.. on doit simultanement admettreqiieres systemes poIifiques y re courent selon des methodes et dans des contextes differents et en reponse a un jeu d..:i.n£itations qui vane d'une aire geographique a l'autre. De la, derivent d'importantes differences dans les modali tes de realisation de leur developpement politique. De Ia decoule aussi la particulante des problemes poses par la centralisation forcee et souvent artificielle qui s'opere lors de l'independance des societes colonisees.
,,,,
"
..
I ~
'I
;..
• ..
un facteur seoond de construCilon d'un
12. Anderson P., Of' cil., p. 196 et sqq. ; ra priddail environ d'un siecle I. reactioo
II est cenain qu'au cours d d'un centre s'est rarement ram initiative technique et pression fale ment combinees pour fav
b) L '~ffet spicifique de clwc
nomjques deja elaborees, mais a l'avenement d'une economie in naturellement les elites conce d'un centre dote de moyens d' distribution et capable de reunir tranSfOrn13tion des infrastructur net dans l'Europe pre-industrie des Etats nouveaux d'Afrique o ment les mecanismes qu'Apter de modernisation. '( . Par ailleurs, certains elite creer ou de renforcer les structur lisa avec des societes deja dot plus puissanles et plus directe montre. par exemple, commen rosse durent se plier a une ce pnoiitaire d'equiJibrer Ies transf arOuest et de prev~ir atnsi to militariste de J'Etat russe et su 'err,ffigeraiipO!astOlitj)aniculi fa~n plus generale, la simple de fonctionnement des puissa effets sur l'evolution que conn du Tiers-Monde qui se trouve beaucoup d'obstacles, la ce politiques.. ?¥ L'histoire mod erne oppo ideaux de centralisation politi d'un interet soclo-economlq operation techniq!!,S menee vo dirigeante.-Cette dualite des f pluralite des rnodeles de devel que les deux types ideaux que promouvoir la meme fonne de
; , ... "' .... I ~
.••u I
(.(.'i.tJCi/e
a un
ponance respective de chacun de d'une societe a l'autre et rend compte periences de modernisation poJitique. un centre est d'ordre technique, inde e infrastructurelle, plus eJle est lite it l'homme ou du groupe qui en ont pris ors une forte mobilisation des soutiens unique, capable de se «desinvestir», . e rsonnel, pour Ie transfe institutions centra es gu'il s'efforce
a
sible qu'a plusieurs conditions. II ne d'un leader assez poputaire et assez ution ttadItlonnelle pour POUV()Jf ca e flux de soutiens dont il peut disPQ a creation et la promotion d'interets biliser la majeure partie de la popula un tel transfert d'allegeances : la sa n passe Je plus souvent par Ie lance: mes economiques ou par l'organisa de mobilisation idtologique. Enfin, ise ne peut reussir pleinement que si cun in 'ret contradictoire, lie, par " e "te cuI ela popula imultane d'un processus d'industriali te une seule region du territoire nt du Nigeria).':><... que d'un centre debouche ainsi sur un ofiiique qui se distingue notamment aaccorder au leader charismatigg,e, it ~/... on politique. Aucontraire, les socie- ~ olution economique 'pr~?C~~t ~uJ de leurs structures po uique n on. §.QCial£.?e leur population e~ en
ions dicolonisies
es cas, les nations recemment deco n centre selon des processus presque
p. 29 et sqq.
cClltre-piriphirie
121
exclusivement techniques. Mais cette necessite se trouve aggra vee par Ie jeu negatif de plusieurs facteurs. D'aoord. par l'obJiga tion de realiser ceUe constructi
Les consequeoces de I'emergence dlun centre
par u!.1Q.ffa.m d'~~ entre les nouvelles elites et Ies masses. ~~'~
2.
C[. Lea J., «Tradilion. modcmiti et idcnlile nationale dans les sysli:mcs politlqucs inlcracs : quelques cllcmples magim:bins _, Co/toque jrallco-pak.isIDtt4Is. Maison des
L'origine des processus de centralisation ne constitue pas ]a seule variable significative du developpement politique des so cietes. La maniere dont ceUes-ci rea~issent it ces mecanismes constitue une autre variable que la TeC erche se doit d'isoler. On pent coosiderer, avec Ies tenants de ce modele, que la construc tion d'uo centre determine, au sein des societes modernisantes, nolo i~_~I~t!m.Ie» nouvelle, alliee it une I'apparition d'une « reutilisation de certaines oonees issues de la tradition et a ressor de nouvelles fonnes de conflits. 14.
SciClll:cs de I'lIommc,lIOVanim: 1975; F.ismsladt S., op. ci/.• p. 110 ct,qq.
WI
L'apparition d'une «technologie politique» nouvelk
d
16.
IS.
Riggs E, «The Theory of Political Development», in Charleswonh J., op. cit. p. 338. La meme problematique est utilisee par Bendix R., op. cu., p. 136·137. Cf. Eisenstadt S., «Bureaucratization, Markets and Power Structure_, in Allardt E., Litunen Y., Cleavages ; Ideology and Political System, Helsinki, The Academic Bockstore, 1964 ; el Riggs F., Admillislrluioll in Delleloping COlUtlriu, HoughlOn Miflin Co, BOSIOn, 1964.
1. Elle derive d'abord de I:qflaiblissement des li~ns C.O.!Jl".!~:. namaires. La construction d'un centre consacre, en eiTet, la des- ~ 6rgartiSatioh des communautes ruraIes, familiales et tribales qui '&f ne sont plus les beneficiaires exc1usifs de l'allegeance politique t' 'des individus. Le cadre communautaire s'estompe pour laisser peu a peu la place a un systeme social form6 de roles differencies, n!partis sur un vaste territoire. Ces roles doivent donc etre distribues, organises et coordonnes selon des procedures speci fiques et nouvelles. Sur Ie plan politique, ce processus favorise d'abord Ie deve loppement d'organisations bureaucrati9..,ues centrales ,qui tendent a s'adapter aI'umvers culturel ue chaque societe cOncernee. Par dela cette adaptation, ces organisations s'efforcent de repondre fa la specialisation croissante des taches en agissant chacune dans '8'::V une sphere de competence precise. en employant un corps deV"'../, fonctionnaires professionnels et en procedant a l'allocation~ directe et imperative des ressources qu'elles sont censees erer 16 Le meme processus conduit simultanement a l'emergence u systeme de lois generales et impersonnelles capables en meme temps d'assurer a l'autorite centrale un controle sur I'ensemble du territoire et de proceder a la coordination des differentes activites sociales specialisees. Enfin. l'effet combine de cette nouvelle rationalite bureaucratique et de ce principe de Jegalite contri5ue a determiner Ie remplacement progressif d'un systeme de statuts prescrits par un systeme de statuts acquis, les mdividus tendant peu a peu a etre recrutes, pour l'exercice de roles d'autorite,
L'emergence d'une structure politique centrale modifie sen siblement Ie fonctionnement de la societe qui en est affectee. EIIe entraine l'apparition de valeurs, de procedures et d'organisa tions qui relevent, selon la formule de F. Riggs, d'une nouvelle «technologie politique»IS. L'analyse empirique devra montrer les . formes specifiques qu'une telle innovation tend a prendre dans , It' dOle \. ",t" Cll!.fq chaque societe. Mais onp~Mt d'ores et deja remarquer que cette ,~,J.;..~ nouvelle «(technologie » possede un certain nombre de carac.te U ristiques irreductibles, liees a la necessite de faire face a plu sieurs mutations:
a)
Ii /u I t!. c..1k:fl..11£
20.
19.
18.
11.
Sur ces deux demiers points, cf. Leca approches de type psycho-sociologique p sur I'attitude des citoyens el des leader «Making Men Modem: on the Causes a Developing Countries», American JOUTNJ Baldix R.• op. cit _, p. 66 et sqq,
Cf Leca J.• op. cit.
Su£ une approche complete - rnais tres c La Palombara J., Weiner M., ed., PoliJic Princelon University Press, 1966. Sur Emerson R., Political Modernization. t
pation politique, de donner un c .toye~n~ qu'elle implique, dete ou de structures nouvelles : co sous forme plebiscitaire ou no _ Rretention representative, et sur -~inclusifs et d'associations vol l'a.yJp31 ililance a une communaut d'interets s ecifiques det~ one peuvenl pren re es orrnes/dlv celle des organisationsrjJolitiqu caines20. ~~"'F/t"' La penetration progressive periphtrie impUque, en demier l redislributrices des differentes toire national. Cette exigence d'appareils de planification econ ainsi que l'elaboration par Ie cen
-'TIe la meme maniere, la ne
QK!!e~at-
2. L'essor d'une nouvelle te lemenl du developpement de la live lla penetration du centre a - cessite d'operer une mobilisatio d'abord a l'elaboration d'ideolo consacrant l;..ru1m~te..de la vo mode d'expression prevu pour c tralisent, I~St.~!TIesI!Qlitl9!!~ferer aux' attentes et aux beso l'interpretation qu'ils en fon subordonm!e a d'autres buts. deplacement progressif de sourc de notions ~ites, comme cell
dtapres leur competence et non des c~J!!!!!!.lnautes ~~lionnelles1
; moaeie centfe-pefJjmene
.r\ ld /t:I./u;rciu:
a WI
sceptibles d'affecter une societ6 dustrialisation, education ... ).
un nouveau centre sur la scene in on de valeurs et de comportements aun profond renouvellement ideo urs nationales deviennent Ie theme alisation opere par Ie centre; elles me revolutionnaires et servent ainsi toute la peripherie autour de l'auto
sont etroitement liees au processus lles n'aboutissent pas pour autant a lori)des regimes politiques isomor es sont essentiellement fonnelles et nisati . u particulier : e... lative ou . ie nationaliste ondamentalement differents une que seule l'analyse empirique peut parce que cette innovation ne se partir des structures traditionnelles / ) ~~
tures traditionnelles
ocede pas a une destruction syste me Ie croyaient les developpemen ectue, au ~ntraire, sur la base des ures acqUlses. Menees notamment un certain nombre d'approches de exemple montre comment la erne ne pouvait etre integree dans ~ce al'utilisation et a la redefinition rs traditionnelles en place21 . Cette et de la modernite se realise selon ut donc etre etudiee a plusieurs ni
ven, Yale University Press, 1968 ; Binder L., The Easl, New York. J. Wiley. 1964 ; sur la necessire de es de la socibe modemisanle. cf aussi Willner A.R.o tical Development», World Polilics, vol. XVI, n° 3, culturelle. if. Sadie B.. Cullure el polilique, Paris,
lIIOdelt! cenlre-peripltlm
125
1. Tout d'abord, les nouvelles structures politiques centrales sont en partie con\,ues en fonction des institutions traditionnelles propres a chaque societe modernisante. Pour reprendre 1a for mule de G. Balandier, on peut dire que les Etats nouveaux ten dent plus ou moins a «traduire» les eIc~ments de modernite dans Ie «langage propre a la culture receptrice)), et donc a legitimer les structures nom'elles en les marquant de l'empreinte de la tra dition22. Plu-sieurs ftats d'Afrigue recemment independants ont. construit leurs institUtiOns en s'appuyant sur les modeles ~ses_ . / par les empires africains pre-coloniaux (ef. par exemple, Je MaIl/'" de Modibo Keita ou la Guinee de Sekou Toure). D'autres, sans se referer a un passe auSSi lomtain, maintiennent, au niveau cen- . / traI. plusieurs traits caracteristiques des societes segmentaires / " dont ils sont issus. en ~~nis~t notamment certaines valeurs ou certaines formes de 1t~rarc Ie sociale dans lesquelles se re connait la population concernee23 . ~
, rt.
a
\.
~ En outre. l~s structures politiques modernes ne peuvent se • ..! uf rre a elles-memes et ont besoin, pour fonctionner, de rein troduzre des valeurs ou d~tements issus de la tradiUiiii.
Les analyses consacrees aux organisations bureaucratiques mo
dernes om tres tot pennis de constater que celles-ci survivaient
en assurant la persistance de certaines valeurs ou de certains
biens communautaires traditionnels24 . Prolongeant cette re
flexion, ~ziet.a montre comment les cultures nlUi
pesaient necessairement sur la nature et l'orlentation des bureau .tIad~~ qui venalent it se former. Relevons, a titre d'exemple, que
e evelOppemenl pohuque a consacre, en URSS, I'emergence
d'organisations fonctionnant essentiellement grace a untJorte
acceptation trefautorite et grnce ala roliferation de r ' fonnelles entre mdIVIaUS ; au contralre. e type de modernisation
pohtique accompb ifux Etat;'t1nis a contribue I .RfoDJOuvair la
meme rationalite bureaucral1que, mais en s'appuyant, cene foiSt
sur l'arbitraire individus,:l et la volonte de Eartici£ation .Q~.
~, pour abOutir ain"si la creatioO-(raTganisatioriiplus de
centrali~es, plus autonomes, mais aussi plus competitives:i3. On
peut considerer, de Ta meme IllilQ~re, que les systemes politiques
du Tiers-Monde sont actuellement a la recherche d'one formule
~llable de def!n~n tQuilibr~ effi.£!1ce et durable entre les pro:
22. Balandier G.• SeflS el puissance, cp. cit.• p. 236 23. Cf Coulon c., an. cit. p. 1067. 24. Cf. b traYaux de Menon R., et notamment cBureauCllIUc Structure and PersonaliLY»,
SocitJl Forces. XVlll, 1940, p. S60·568.
25. Crm:iu M.. Le PbilWll'li..e mue4l1Cr4liqw. Paris, Le Seuil. 1963. p. 296-305.
i Li.,.i ....:1 ",/.i.. ..... ... Ii Ii
rnodemes et les traits culturels inh~"""
~' ... ~ U
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'r
,,-»
V
29.
21. 28.
26.
Press. 1969, (Ire Cd" 19(4), p. 290 et sqq. Coulon c., art. CIl., p. 1011. Favret J., «L.e U'aditiOl'lausme par exeCs de rnodemite», Archiyes ell.ropeelllles de socioiogie, vm, 1961. Coulon c., Les _WmaIIS et Ie polNoir ell Afriqw #lOire, Paris, Kanhala, 1983.
wIberg A., One-Party GoverllMLfIl jn the Iyory Coast, Princeton, Princeton University
3. Par ailleurs. I'aulorite centrale tend generalementL maintenir et utiliser lescentres interm!El!E!EJ!aditig,n'.!!!!'p'our etendre son cornr6le sur la penpfierie. Analysant Iedeveloppe ment politique de l~.rpte d'lvoire1 A. Zol!:>e1,g note, par exemple, ~ • que tout en essayam,de neutraliser les Chef'S territoriaux,: troP'y)'j " \/ 0>~ ._pui.ss.~p_!s,}e gouvernement l~?tnen tend a prot~ger ]es anciens_ . 71 ,).~ -(-. chefs de vlrr~ges e a e conClle J~llrslfaveurskour en .faue,d"es . I reralsefi:les ~Isrrum:nts e pene~tIon au sem de la ¢;tphene26• .,~ 0 Ion fal t la meme constatatIon a propos du ~ et re v. leve qu une telle emreprise determine une perenmsaUQt1 de la .- f cbefferie traditionnelle, de son prestige et de son pouvoirau sein /meme d'un systeme politique moderne 21 • La~ali~ion des . structures politiques tend ainsi a donner naissance a un reseau de communications et d'inter-relations qui suppose une'"'nouvelle forme de combinaison entre la tradition et la modemite et qui consacre, par Hi rneme, l'originaiite oecnaque processus de deve loppeinent politique. fr . ..) ~)( 0 v ~ ~~.., 4. Enfin, la eri herie nte souvent de reagir et de jaire .,:r' ression sur Ie centre en recouran ra I IOn . \ l>- c-e .!1!..!.l.. usa e e e es pratIques peut etre une arme et un an Y/) " gage destines a etablir une communication avec les nouvelles au torites centrales et contribuer, de cette fa~on, a con firmer Ie centre dans sa position d'arbitre et de souverain. Analysant les emeutes rurales Wervenues dans les Aures -er en Kabylie aux l.9ldem.!!ns de l'indeE<::ndance algerie nne, J. Fav.t,et montre, par exemple, comment Ies masses paysannes peuvent recourir a des modes tradition nels d'insurrection pour attirer I'attention de l'Etat, pour prornouvoir des revendications de type moderne et pour obtenir des !!~SO-1!IC~s"s.u~rieure~ a celles dont elles dispo saient 28 • Coulon montre, de meme, comment la formation et res t . sor d'.l,Ul iSlarn·~Ulaire en Afrig,ue noire peuvent etre apprecies ~ comme ~ rwshfiirir~l' la pei1j'ji'1lne de se demarguer-Aes,. ,:1 institutions politiques construites par Ie centre et d'exprimer son rejet de celles-ci 29 . En procedant de Ia sorte, les secteurs peri pberiques reintroduisent periodiquement, dans les nouvelles rela
",~"jI
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1".\. . . . ''''"
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L'emergence de nouveaux c
30. 31.
Po..voir plripltlriqw, Pari BalMtdierG., SeIlS et puiSsance, op. cit" p.
Cf Gremion P., u
.,,~,"/'
L'apparition d'un ~ con ture conflictuelle de la societe co it reridre manifestes un certain n ~La centralisati mcanon mimmale entre groupe (proprietaires, paysans, marcban leur organisation et surtout leu meme lieu: elle tend par la mem rets opposes, parlois contradictoi leur concurrence et de leur antago consacrer l'emergence de lignes
c)
nons politiques. un certain nomb tradition, qui se trouvent ainsi cons Systerne politique modernisant.
On pourrait penser que seuls l n()US a\'ons degages consacrent un ~ undis que les_deux dernJw situations provisoires, aux exigenc transition. La distinction n'est p canstate notam~;nt que l
i .... v~.;.
A hi ncltttCltt d'lUI
les donnees specifiques de la sociea.! s ecologiques, demographiques et
lesquelles s'opere la centralisation vent, en outre, aviver ou compliquer types de modernisation risquent en e resurgence simultanee de tensions ~ certaines fonnules de mobilisa ertaines fractions de la popula agir en faveur d'un retour aux va e revivre leur ancien cadre commu particulierement evident dans cer forte expansion qui tendent a se nt qu'elles se sont fonnees et a de tagonismes tribaux. es conflits ethniques se trouvent la et organises au niveau national et aux autres clivages en fonnation. n e ce phenomene soit souvent encou e1les-memes qui, cherchant it se Ie au sein de leur propre commu n ent a avoriser Ie «gel» des an inserer au sein des systemes poli
autorite centrale ne se limite pas it ou a perenniser des clivages tradi source d'antagonismes proprement de nouvelles institutions determine eux originaux, au sein de la classe de Ia societe tout entiere. Celle-ci nsions nouvelles, resultant notam la cito~e,nne}~ gue ~uvent renco~ ales penphenques Geunes, prole s ... ). De meme, l'apparition d'un ssant tend a favoriser l'elaboration , reposant sur la contestation des
- -.-~
-.:-
A .• op cit., p. 238, et sur la naissance des groupes 76 et sqq. D», cf Balandier G.• SeIlS et puissance, op. cit., us des notions d'ethrtie eI de tribu, cf Amsel1e 1.L.. aris. La Decouvene. 1985. Sur Ie c1ientelisrne en p. 1071 el sqq. Sur Ie plan thCorique, on JlOUITlI se cts and Social MOllemenlS. Englewood Qiffs NJ.• ~. L'auleur montre comment les alJegeances ent souvenlla formation de mouvements associllifs
~le centre-periphiri.e
Les modalites de la construction du centre
buts generaux definis par retite au poUYoir. A mesureque se de veloppe la participation politique. cette contestation est ameme de mobiliser cenatnes categories sociales modemes (comme les elites urbaines ou les etudiants. dans les Etats recemment deco Tomses), puis, tres progresslvement, I'ensemble de la population,/ sur des projets poIitiques plus ou moins coherents, consacrant ainsi l'emergence de conflits s¢cifiquement politiques, qui peu vent ne pas correspondre aux clivages sociaux, economiques ou tribaux deja existants34 • . ,~OlitisiPO,!1_ gradueUe de la peripherie apparait ainsi comme e lalS u tIme ~qoa ta ti'WttemtsmOitpolitique tend arestructurer Ies clivages sociaux et a operer la transformatIon treS5"ocietes traditionndles. EIIe permet au chercheur d'achever son inventaire des effets-spedfiques que provoque la construcI tiori d'un centre sur les conditions de fonctionnement de chaque J societe.
3.
La maniere dont se realise la centralisatio!1.des structures politiques, les circonstances dans Tesquel1es s'opere leur penetra tion au sein de la societe tout entiere constituent d'autres va riables hautement significatives des processus que nous avons decrits. La Iogique du modele conduit a constater que remer gence d'un centre est l'reuvre d'act£UIS qui sont tres differents d'une societe a l'autre et qUI phent chacun de maniere specifique sur Ie processus de developpement politique. De meme, Jes deci sions prises par Ie nouveau centre peuvent relever d'orientations tres diverses et donner ainsi naissance it differentes formules de modernisation politique. a) La nature des acteurs
AaJdemv of Political aM Social SciellCD. mars 1965. D. 23.
Cf Halpern M., «'Thr: Rate and Costs of Politi(2\ Development». A_lu ojtM American
La comprehension des phenomenes de centralisation poli tique passe par l'analyse des acteurs qui ont participe a sa mise en reuvre, par la prise en compte de leur identite, de leur appar tenance socia Ie; de leurs interets et de leurs motivations. De ce point de vue, une importante difference semble opposer l'expe rience europ6enne it la situation que tendent a connaitre les so cietes du Tiers-Monde. Comme Ie souligne 12isenstadt, les sys 34.
t
i
,
A la recherche d',.,.
36.
35.
peu
Gallimard, 1964.
Eisenstadt S.• Ope cit., p. 157 ; cf aussi Benda H.T., «Non-Western Intelli,enuias as Political Elites". ill Kautsky I .• «t., Politicaf Change ill UNkrdevefoped COUII/ril-s, New York, John Wiley, 1963,p. 235·251. Eisenstadt S., Ope cit.. cf auss; Ziegler I .• Socwlogie de fa NOII.'IIeffe AfriqlU.. Paris,
n.
't
'-'I),
temes politiques europeens se sont developpes al'initiative 1'""elite economique bourgeoise qui s'est peu a peu transfonnee en classe pohtlque. Au contralre;1es Etats nes de la recente deco Ionisation s'organisent generalement sous 1'impulsion d'un per s2.!}neI essentitll~ment politique et iotellectueI, tres distinct d'elites economiques peu nombreuses, resolument situees en de hors du jeu gouvernemental et etroitement liees aux anciennes , puissances coloniales35 • . Cette difference a plusieurs implications: constituee d'intel . lectuels souvent fonnes it l'etraflger, la classe pohtIque des nou •}. veau"X'E'tais -du 'I'iers-Nl"onae est en me me temps coup,ee des ( i ~ sociales traditionneUes et des elites econom!g~~.m.2. 2,ern..s:s.tme prouve aes'1'Ol's les pIUs grmn1es-ai1'fiCUTfes a mam tenir une cohesion sociale minimale, it operer la synthese neces saire entre tradition et modernite, et surtout a slmPQ~er, au sein de la population, comme la detentrice legitime de l'autorite cen trale. Par ailleurs, n'ayant d'autres resSOhrces que des attributs ~xc,lusiviment ~0Ii~9ues, ces elite; sont Tal pla~ees et mo 'ttveesl'TIur preni::Ire en charge Ie developpement economlque na tional : eUes ne cherchent generalement qu'a RerenniseLleur 12j;; tiei ation au ouvoir d'Etat, it assurer la roliferation des ro es d'autonte et a su rdonner v secteurs de lavre soda-ie-i" ~cf61Tiinanc:fOe a~SI!he!JthlitiqU~~'Tous ces el~mentSris-' quenf~_er ou d'entrav~! a reahsabon de certams aspects du processus de centraITsation politique ; ils donnent souvent . i ue tres artificiel, naissance it un type de develop em qui reste plaque sur une rea 1 e sociale pratiquement immua e. Au contraire, l'acces progressif de la bourgeoisie iDdu~ _POU~i[ EOlititc~;~ aide les systemes politiques europeens it s'in serer p us pro on ement au sein de la societe et it beneficier, des Ie depart, d'une plus forte participation populaire ; il leur a, en' outre, pennis de lier etroitement les processus de changement politique et de changement economique, et de.E..arvs;;nir ainsi it la definition de politiques globales de developpement social. II est evident que ce contraste n'a rien d'absolu et connait de -j nombreux cal, al)tennediaires que la recherche doit mettre en .' .PAl evidence: il n'oppose en fait que les societes d'Europe occiden- a.. tale aux nations les plus jeunes et les moins..Q9te~ sur Ie plan 1'1 economique. II importe donc de Ie nuancer pour prendre en consideration un certain nombre de syS'reriies'Politiques du Tiers
l,.JV
~s.
3"
11....... ..,. r. Rmnner R .. Political f)ueloDtr
cuqq.
Ha:ming K.H.. «Modernisation et Oas Monde... in AbdeI·Malek A., Sociologil-
1) Quels sont les buts.. re Le developpement eco prioritaire ? Le chan comme la dimension c differents systemes mo 2; Comment les donnees eUes ete acquises ? En De que) poids les diff economique et politiqu tions? 3) • Quels sont les facteurs orientations? Peut-on
Enfin, l'emergence d'un cen l'elaboration de....PolitiQ,ye~ glo nature des politiques edictees consrime don.: une derniere vari et qui contribue, egalement, a loppement politique de chaque tente de consrruire une methode ainsi que leur insertion dans Ie peut, atitre d'exemple, enumer elaborees par G, Brewer et R. B les differents aspects des decis politiques modemisants38 :
b) Lo. nature des politiques
"p
Monde qui. en Asie ou en Amer ca:xistepce d'une classe politiq elite economique relativement l'opposition que nous avons rele vet lJdentite des acteurs qu centralisation pohuque ; com chaque elite au pouvoir a un but, ne se limitent pas it la modernis celle-ci...Y,Q$•..i0Dll;e panh;:yl~~~ ~alites de sa m.lse 12.ratIgl!e
c~ripherie
,'\ I ...
n;",ru,I",liC
a WI
a
explicitant certains traits gene politique? n faire sur Ie developpement er les orientations futures a par ntes ? Peut-on simuler differents Quels facteurs de changement tants a court ou moyen tenne ? ans queUe proportion les autres nger? tives a ces realisations? Quels possibles? QueUes sont leurs et quels sont leurs couts? Dans loppement politique pennet-it ites de choix entre differentes
avaux anterieurs quelques axes questions. l.R ~ releve qu'un systeme~tique ne doit sfaire les exigences liees a sa ment se montrer capable de re besoins humains fondamentaux e <<..~~)39. II range n.::1tre, la justice, la l!bej1e, soit es «fiennent unifonnement tous ur societe d'~ppaqenance, et qui, stem'ents»,peuvenTetre atteints se, des lors, de definir Ie niveau systeme politique en mesurant u'il a pu eff~1iye!llent"pro.QBire _ orees, leur nature et leur mten odele, les v~e~lefs du de ents qui pennettentO'aj:lprecier rnisatrices des structures pol i que societe. ge et comph~te cette reflexion en e developpement, tout systeme a une alternative qui l'oblige a e et une distribution ~ te lui assure des conditions op ation des buts qu'it s'est fixes,
olitical Systems and Political Goods», World
3-414.
pment», art. cit, p. 340 el sqq.
flWai ie celUre ..ptmphCf ie
lJj
tandis que~it§ lui pennel de faire participer l'ensemble de la population a aboration de S3 politique et Ie conduit a proceder au panage Ie plus juste possible des differents biens disponibles. IX,XRiggs tient ces deux solutions pour incompatibles et va meme jusqu'a definir la pan d'equitt' et la ran d'efficacite comme in versement proportionnelles rune a butre. ce qui lui permet de distinguer deux.types de politique, rune de «gauge» qui-pffiri legie la justice sur la rentabilite et J'a;Jtre, de ~drQite», qui opere Ie choix inverse. A mesure que les systemes politiques se deve loppent, les possibilites d'equite et d'efficacite se renforcent, mais restent tout aussi inconC'iliables et necessitent toujours un choix entre deux orientations divergentes. Riggs en conclut qu'i) existe deux modes de penetration du .:entre dans la peripherie et qu'il est done necessaire de distinguer, dans toute recherche, entre deux fonnules de developpement politique.
1 ~
"
..,..
La noti,,::: de construction d' avec une vision pluraliste du de dans ses origines, dans ses effets sation, la cemralisation des stru priete abstrai:e du developpemen chercheur ve:-s la formulation de couvene de variables significativ ser divers types de modernisatio maintien ou la trtmsformation d valeurs ou de componements. L'interet heuristique et rne d'analyse rend compte de son su occupe actuellement dans la scie ~ J Son maniement n'en reste pas sieurs precautions. Tout d'abord centralisation est relativement fa la.notion sta:ique de ~ rest paniculier hlsardeux de decide semble territorial donne peut etr blematique que nous avons decr hender des tendances au change leurs modalires et leurs consequ adaptee pour saisir des hats ou d Les dangers theoriques sont de~ aU5si fonnelle soil-elle, 1a tentation organiciste ; on ne consen:e une dimemion metaph n'y prend ga:de, n.~introduire cer s'appuyerem 1es dcveloppement d'une autorite centrale ne peut phenomene necessajre et definit vement au cours de l'epoque co l'envisager comme un acquis irr gres unilineaire des societes. Le velle segmentarisation des syste decentraHsatif'n, it la'regionalisa
CO~CLUSION DE LA
avenement d'une nouvelle ere his se Ies processus de centralisation
.
mes ne peuvent etre tenus pour au s a la culture et aux infrastruc~ s'epanouissent, ils varient profon ue a l'autre et n'ont done en com estent abstraites et qui ne peuvent ension de leur identite et de leur
* * *
ous apporte ainsi un e~lairage spe alite que recele tout changement soit l'instilJ!!ion!!Slis,!!!o'!. avec rOles}nd.!Jstriel~ave~~ ou la "Eliens.tadLQu Belldix. Chacun tique quant a la legitimite de sa nt a la pertinence de sa fonction ur autant juger ces constructions a, tive globale qu'elles ne peuvent nonce a se presenter comme des es a celles elaborees par les deve ette modestie devant l'explication retour vers l'histoire que tendent a entes du developpement politique .
TROISIEME PARTIE
Vers un retour it l'histoire
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I.
Nisbet It. 5oci2/ Cltartge a lid His/ory, op. c
dans chaque aire geographique e Emisage de la sorte, Ie dev jet universel abstrait a l'etat d'o n'est plus de connaitre les traits veloppement des societes'pofftl culieres qui president a leur mu couvnr ensuite de nouvelles va ser ces differences et ces appare II est evident que ce retour retour a I'HislOire. Des lors qu realite de I'evenement, tel qu'il prise separement, nous retrouvo rien et nous sommes amenes a cupations methodologiques. C relation entre l'etude du cha «indestruct;1.1f> aussitot qu'on d tion, de la to ',·:te et des universa Cette nomelle apprehensio d'histoire, suppose Ie respect d' gique. Elle implique d'abord q dans sa singularite, OU, plus e politiquesotremoie dans la rel
~<de\'eloppem~nt9~..s d!"ff§.!~!:lces
Les modeles formeJs, con rique, nous montrent donc de moins abstraits, communs a l'e Mais ils nous suggerent en me connais~ent un grand nombre de tement les m.:xialites de leur re politiques re~!C'nt en effet marq tions, d~x et des debats s univcrselle qU'elIe soit, Ia propri concretise elk-meme dans cha demeurent pn..')fondement origin !oppement p0litique ne serait compte de l'essor de ces disse~ sique a troprapidement relegue est doni." necessaire de franchir cherche. pour tenter de compren systeme politique parvient a sin du changement ; au-dela desmO ';)IiI impone de faire Ie point
teue
formation polilique2. La au cours de l'histoire, telle ou eJle donnee structurelle du change r queUe mediation, et en depit de ntations qui exigent notamment que iete concernee soient pris en consi les facteurs internes, pour rendre le ou telle caracteristique qui fonde ubies par cette societe. tre egalement etudie dans sa temE!!= ret est profondement marque par Ie rce et par la duree dans laquelle il ose une distinction a priori entre Ie JpPCI;I., lent, progressif, aide par un favorable et celui du Tiers-Monde, / ' ditionne par un contexte internatio emes politiques deja developpes. / ' rieur meme de ces deux ensembles, ceracterisee par une temporalite qui pte, poUrbeaucoup, des particulari- / '
verte de la singularite et de la tem comme une revanche de l'histoire oire R. N~, comme une preuve ennent de plus en plus historigues3• nt accueilli avec reserves: i'analyse jet concret ne saurait remplacer les ous avons recenses. En fait, la re passer a un ~\leaij epistimo utres choses et d'expliquer en parti ration des differents processus de orite est de nous rapprocher de cas e1Ie n'efface pas ce qu'une autre ndre, a un autre niveau, sur la eloppement politique4 • ( "
Making and Theories of Political Transformations», Slates ill Westerll EIUDpI!, Princeton, Princeton
Ol
es difficuhes, c/- Tilly C., Big StructlUes. LArge ork. Russell Sage. 1984 : Skocpol T., ed., Vision and mbridge University Press, 1984; «La sociologie
CiellceS Sociales, nO 133, 1992.
•
I
•
LE DEVELOPPEMENT
DES SYSTEMES POLITIQUES EUROPEE~S
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Le retour a une vision singuliere et tempore lie du de\elop pement politique conduit a apprefienoer l'experience vecue pJr chaque societe pour tenter de rendTe compte de ses caracteris tiques specifiques face aux processus generaux qui ont nurque , l'histoire universe lie. Appliquee au cas precis de l'Europe, cette methode suppose la prise en compte successive de trois enjeux a la faveur desquels se scml dessinees les differences essentieUes qui separent encore les divers systemes politiques europeens. II, s'agit d'abord de la formation de !,Etat-Nation, qui s'esr accom plie dans les dimensions et souS"CkSTo'iii1eS tres variees. ; de l'emergence des regimes poliriques de masse qui a ete sour~e de nouvelles differenciations; de la structurarion des systemes par- _ tisans qui continuent a particulariser chacune des societes plura ~u Vieux Continent" Certes, ces enjeux sont tres depen dants les Wis deSautres et tendent parfois a se chevauchc:zrill!~hIo~.~..o. .~'~ nologiquement : il reste que leur distinction ana!Yuque est mdis- . ·:::r.:r~;...., pensable a l'elaboration de moderes hisloriques ; elle a notam ment permis de mettre en evidence une serie de variables de terminantes qui expliquent la realisation concurrente des diffe rentes formules de developpement politique qui ont marque '../" l'histoire de l'Europe.
A. LA FORMATION DE L'ETAT-NATION
Comment l'Etat-Nation e5t-il apparu au sein des differents
territoires europeens ? Par Ie jeu de queUes incitations ? Sous
quelles formes ? La reponse a ces questions devrait permettre
d'expliquer un premier ensemble de "differences" qui caracteri
sent nos systemes politiques contemporains: leur taille, d'abord,
leur disposition, mais aussi les donnees fondamentales de leur
fonctionnement et notamment les traits les plus anciens qui do
Les modeles geo..economiques
2.
1.
Pour une analyse plus eJaboree de ces questions, ct. Badie B" Birnbaum p" Sociologie de I'E/aJ. Paris, Grassel,I919. Wallerstein L, The Modern World Sysum. New York, Academic Press, 1974. Gf aussi The GQpi/aiis/ World ECf)fIQm;], Londres, Paris, Cambridge University Press, MSH, 1979; GiopoliJics and GeocuJ/.lTe, Cambridge. Cambridge University Press, 1991. Le premier de ces ouvrages a &e traduit en franyais : LA sys/erne du moNk du XV" siecle a nos jo/US, Paris, F1arr.marion, 1984.
Dans un important ouvrage, I. Wallerstein constate que les origines de I'Etat-Nation se confondent avec les bouleversements economiques qui se sont etaies du milieu du xve siecle jusqu'a la fin du XVIIe siecle2• Ces'transformations intenses, etroitement liees au developpement technologique, ont consacre la naissance d'une economie mondiale, maritime et marchande, imposant une veritable division du travail entre Ies differentes aires geogra phiques du globe. A en croire l'auteur, elles ont egalement ete a l'origirie des differences et des inegalites qui ont marque, par la suite, Ie developpemem des systemes politiques euro¢ens. Seule la peripherie atlantique de l'Europe a, en effet, profite de ces mutations, en dominant et control ant les echanges com / 4\,·~~~~u~~~~~rrog~t Ie quasi-monopole de la navigation ., 1.1" \ fiTIariume et de l'expanslon veTS l'outre-mer. Au contraire, Ies re ,., ;~ \~/' gions centrales et orientales du Vieux C:0ntin.ent, rna! plac~es \. dans cette nouvelle concurrence, eurent a sublr une regreSSIOn economique qui les condamna, peu a peu, a se specialiser dans l'activite a~ricole. L'Angieterre, les Pays-Bas et, a un moindre degre, Ia .H&'1Ice, prenaient ainsi Ie relais des villes italiennes comme centre de l'economie euro¢enne.
Renaissance: Ie modeled'l. Wallerstein
a) Le developpement economique inegal lors de la
1.
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minent leurs structures politiques centrales et les centre-p6ripherie. Plusieurs types d'analyse ont ete elabores l effet : Ie premier, tres proche de l'historiographie marxiste, in. siste sur Ie poids des determinations socio-economiques et leurs/ fones variations-'t'l.:.une aire geographique a l'autre ; Ie deux ierne, )1 plu~sY!1!hetigl!e, se propose d'adjoindre a cette explication un -r/---eiisemble de variables plus politiques et davantage liees a la I,}..; culture p3,fticuliere des populations concernees ; un autre type se / dessine, enfin, hors de toute apprehension geographique, s'effor yant de construire Ia sociologie historique sur une base essentiel lement comparative', ....
3_
Sur ce prob1eme, cf. allSsi Tilly C., Making». ill Tilly C, ed. The ForntlJ/io, PriN:eIoo Uni~rsityJ>ress. 1975, p. 28,
Wallersteinsouligne que aboutir a la naissance d'un nou conrraire, qu'its fav{)riserent, d economiquement, l'emergence des territoires plus ou moins v d'Etat-Nation. Cette innovatio societes peut en fait recevoir d'une pan, Ie poids des"structu elites nouvelles a composer av dessinaient deja les limites a centres ne pouvaient compter e ~urgeoisie marchande, eUe-m et soucieuse de malntenir la pre elle etait attachee, favorisait centres rayonnant sur des ter assez larges pour permettre efficace et pour faciliter l'essor restreints pour ne pas soumettr ajU~op rigide 3• Cette explication «econo Nation reste, bien sur, tres part de permettre a Wallerstein de source de differenciation entr peens. Directement sollicitees economique, les societes della purent s'eriger plus facilement sources economiques et monet rapide de leurs ,apEar~i!§.l2.!:!~! 9'oi.ssagg, _a!l_~j~.~e:~.§lite~s.Q tecnon~PQhnqlJ.e_,PQ.ur ..Ie.tiI£..il gifes' En revanche, les societe orientale purent se satisfaire lo tra1isati9'1.RQ!i!i~ qui avait p Iaritii.qe d'action aux aristocrati Ainsi Wallerstein peut-il concl )ntemWQnqu2S consacrerent, d clh'age Est-Ouest, une premie developpement politique europ Force est pourtalu d'admet rapport de eet eclairage parait, sion trop economiste du develo
...1. ,I,.Wr'jil.iI,1,;1ll U<;~ ~):>lc..//,lt:JPOUII
t·erJ: un r.e1our G
I
onne. en Occident, des les XIIJc ri ode d'expansion de l'economie oposee est peu compatible avec les Etat, plus soucieux de garantir en et ses propres interets economiques chande. Surtout, ceUe construction s qu'on ne peut que discuter : eUe on etatique se fit vigoureu~e en ~-~!!.!e:.s.,.alors qu'elle s'yest faite, Crete qufen 'france ou en Espagne... probablement Ii son refus d'inserer Ie ensemble plus vaste de fac~eurs 50 ssuscitc;r une explication en fait pu: Ia genese des systemes politiques, rique devrait, au contraire, montrer omique et la diversite de ses effels
oires suivies par les Etats absoills e P. Anderson
I'Europe occidentale et l'Europe ntre des travaux de P. Anderson qui n, d'une interpretation socio-econo torique des societes4 . Cependant, Ia eme : si, pour Wallerstein, les diffe vent de l'originalite de leur position. que international de la Renaissance, Ie fondement de ces differences re ajectoires de developpement suivies Deux ecoles semblent ainsi se des e systeme international pour unite re pour eclairer Ies circonstancesoe fferenciation politique qui s'en est e Ies Etats absolus institues ala fin ntites priiS ou moins ~~s. et e pour recenser les particularites qui hacun d'entre eux. Cette deuxieme
olutist Slate, london. NLB. 1974. (uad. fro L'EIIJI 8). Sur les diff~rences qui opp
IIIlIJhel(1fJJ)emenJ des systtmu poIiljques OITopiau
Feodalite occidentale etfeodalite orientale
,14.5
approche. reussit par Il-meme, a s'eloigner d'une vision tTOP «economlste». A Anderson observe en effet qu'au-dela de leurs Smili.!..!!~ les Etats absolus ont connu des formes tres differentes decleve: loppement politique. Si ces differences sont d'abord remar quables sur Ie plan individuel, elles apparaissent encore plus nettement selon que ces Etats se situent a rEst ou a rOuest de l'Elbe. L'interet du modele qu'il nous propose est d'expliquer cette disparite en examinant cenes les circonstances immediates de la fonnation de l'Etat-nation, rnais en remontant aussi l ses origines plus lointaine~ et en s'interrogeant notamment sur I'effet de la diversite des structures socio-politiques qui root precedee. 1)
Anderson construit sa demonstration en soulignant que I'Occident a connu lID systeme feodal Jlus ancien, plus structure et plus pousse que l'Europe Orientale. Cene-ci a decouvert la feodalite beaucoup plus tard, l'a, «importee» sur son territoire pour la plaquer sur une rea lite sociale qui ne se pretait que par tiellement Ii ce genre de f.Eff~En particulier, les dim{!J)sions propres aux territoires de ' urope de lEst ont empeche la mise en place d'une structure ft,oda.le de type pyramidal et des liens /18-£QIDplex.esde ~uzerainetequi ontcaracterise Ie Moyen-Age WI occidental. Ces differences ont naturellement pese sur Ie 'V developpement ulterieur des societes politiques europeennes./ Tres tot, l'Europe occidentale a ete ~Ollctionnementdes~~, ~~.,.c, tu.n~s p.~uralist:s, aux r~l.ation~_de reJ!esentation, ei 8,la _n~~s1te des corps mtermedlaJre~"': eIIe a pu donc traverser I'ere de la cons"iructiOiiIlatfonale et de l'absolutisme en maintenant des institutions politiques susceptibles de limiter et de controler quelque peu les pouvoirs de I'autorite centrale (Etats Generaux, Parlement, dispositions limitant Ies prerogatives financieres et budgetaires du souverain). Au contraire. la faiblesse des struc tures feodales de l'Est euro¢en a laisse pratiqueriieiiTlibre cours Ii la mootee de ~~sme centrali~ll!. au sein des systemes politiques !!!t~~ien ,: au lieu de favoriser I'emergence d'institutions representatiVes. l'evolution des relations entre Ie ;monarque et l'aristoc~ n'a pratiquemeot aoouti qu'li la totale
Op. Cd., p. 221 et sqq.
centrales qui restaient tres peu differenciees.
iniegramm de celle-ci dans Ies nouvelles structures politiques
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6.
Ibid., p. 27 et sqq. ; p. 49 et sqq : cf. egalement Anderson P., Les Passages de l' 1UI1iquiJi au fiodalisme. trad. fr., Paris. Masptro, 1977. Sur I'ongine medievale de l'Elal occidental, cf aussi Strayer I., Us origines midiivales de r Euu moderne, Paris, Payot. 1979.
Ces disparites originelles ont pese plus ou moins directe ment sur les circonstances immediates qui ont preside Ii la construction de l'Etat-Nation et qui different elles-memes pro fondement a I'E<:! et a I'Ouest de l'Europe.~®-souligne a ce propos que l'ah nement d'Etats centralises dans la partie occi dentale du continent europeen a ete provoque par Ie redeploie ment du pouvoir aristocratique face a la transformation du monde rural, mais aussi et surtout, face it l'ascension d'une bour
2) Les circonstances immediates de la construction eratique et nationale
A cene premiere opposition stafo~te reffet dtune ex~ tIes differente en matiere de~rie~ Anderson note que la dalite occidentale est restee s'f"mpreinte des traditions du droit romain, et notamment de la distinction tres neUe que celui-ci po: sait entre Ie droi!..fublic du souverain et Ie droit prive de la pro ~. Cette distmction, inconnue aI'Est de l'Europe, a double ment marque d'originalite Ie developpement politi que occidental. I Elle a d'abord contribue Ii imposer un cadre juridique a l'absolu tisme naissant, en favorisant l'elaboration d'un droit naturel im prescriptible, puis en cuhivant l'idee d'un droit constitutionnel capable de rationaliser et de definir - Ie pOYY2!! du mo a~rqI~ Mais elle a, en outre, offert une base tres favoraore-au~eve oppement JX.un.capitalisme umaiD, embryon des transfor: mations economiques et sociales futures. Face Ii ce juridisme et a cette trajectoire economique particuliere, l'Europe orientale pui- sait, au contraire, dans un systeme social essentiellement~ les ressources d'une homogeneite politique plus grande et donc plus favorable Ii la formation de regimes autoritaires. . Anderson prouve ainsi, grace al'histoire et Ii son analyse de la feodalit~que !'idee d'un modele unilineaire de developpement n'est pas fondee, qu'une phase historique ne succede pas sim plement Ii une autre, mais reste profondement marquee par sa genese et par les traits caracteristiques de ses antecedents. Les , societes n'ont pas tootes ete preparees de la meme maniere a aborder 1'etape de la construction etatique et nationale : ces diffe rences rendent compte deja d'une part importante de l'originalite des experiences politiques concretes auxqueIIes e1les ont ete en suite confrontees .
--_.._--
marchande pr6-capitali
9,
8.
7.
l..iMages, 0,. cit.• p. 19. Ibid.. p. 203 et sqq.
Ibid., p. 198 et sqq.
a
procedait ainsi de la necessite pouvoir politique de la noblesse lconomiques de la nouvelle el sence, lie a la decomposition done, dans sa precocite et son d type de feodalite connu par chaq La naiss.mce de I'Etat absol aune tout autre origine et consa ferente de developpement poli s'etendaient a rest de 1J;:;lbe ne centralisatrice~ deri\'ees du prog industrielle: Elles etaient, en re rurale liee au developpement pr sion du servage et a l'essor d'in site de faire face a des perils aristocraties russes et prussienn prerogatives en faveur d'un a contenir ce debut d'agitatlon et consolidation du servage et du \\? Mais P. Anderson releve que h orientale a eti surtout provoqu internation~, par Ie be,s~in .dev ,sances occldentales qUi tnalent tiques une capacite militaire construction de l'Etat-Nation s' est-europeennes a panir d'une d une double menace. interne et double necessite de reaction, po dehors9• Par rappon it l'Occident Les nouveaux centres n'ava les memes fonctions a rEst et it decalage permet aAnderson d'e dominants qui opposent les sys tale a ceux d'Europe occidentale ..militarisation qui~larise " et qui fait echO l'imponance d sation politique. Des Ie XVlIe prussien etait pratiquement entr taire qui controIait ainsi la fisc gouvemements provinciaux. Le
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ns une moindre mesure, en Russie ; if demeure peut-etre encore - un trait dis ment politique aI'est de l'Elbe, nouveaux Etats d'Europe orientale ont dO e l'aristocratie une classe politique e~_ avec les officiers, des principaux roles vemementa,ux. ~on~ire. les systemes durent tres tot s ouvnr aux nouvelles nstituant notamment Ie systeme de !!.lli en resulta, a l'Est, une etroite conf'ilsiOil uveau centre et la defense des interets de egression de l'autonomie des villes,~ epression des emeutes paysannes) et, ~e~ucoup pl~s ~ybride, .t~n~ant si,multa mtten des pnvlleges noblhrures et a favo rce et de l'industrie (levee de quelques terieures, developpement des investisse 1omie d'Etat, amorce d'une entreprise r0 ble de donnees a alimente la croissance s differentes de s1!y~e. L 'Eta. atistocm resque inevitablement la paysannerie en ition et, en fait, en acteur revolutionnaire e, Ie developpement des societes poli t dans Ie sens de Ia fonnation d'un double. ocratie a 11l..EY~Xteri~, puis a Ia bour
methode d'Anderson est ainsi de proceder es variantes du developpement politique determinisme economique doublement d'abord aetablir qu'au-dela de la catc~go oducti()}l~~.I, il existe une pluralite de____ efSOOnt la prise en compte est seule en ire a l'etude de la construction nationale formes, II Jaisse en outre apparaitre que l~~JacleuIs-.e~Qn_,?~q~e~, ne tient pas seu purement inrrastru~fJrelles (ecologie. hie), mais aussi it des elements moins juridique de la propriete, combinaison t germanique ... ), Ces ~!!~ etant ~ l du modele qui en derive est de fournir, que marxiste affinee, une explication co des formes de centralisation politique qui e la Renaissance europeenne, et surtout
Iliwlloooemelll des sySlhftej poliJiqws aropeens
149
une probIematique nouvelle et feronde liant Ia naissance de l'Etat occidental a Ia crise de la feodalite, et interpretant l'inegal developpement des Etats contemporains par reference a la nature de leur passe feodai ll . Il reste qu'en depit des precautions prises, ce type d'approche ne peut pas rendre compte de toutes les di mensions du changemem politique, ni de toutes ses variantes : son postulat economiste l'engage a laisser dans l'ornbre Ie jeu d'un certain nombre de variables cu.lturel~ qui ont pounant pese sur la construction de I'Etat-Sation et qui repondent donc egale ment des differenciation!'- reperees. 2. Le modele geo-politique de S. Rokkan En reintroduisant des considerations extra-economiques, les analyses de S. Rokkan permenent jus,!ement de completer l'eclai rage que no us donne Anderson des conditions du developpement politique europeen. Ces analyses relevent cependant d'une autre ambition et done d'une autre methode. Rokkan ne cherche pas seulement it mettre en evidence 13 }!lurall!.¢ des circonstances qui presiderent a la naissance de l'Etat~Nation : son propos est de re constituer la chaIne de variables qui, de la fin du Moyen-Age jusqu'a nos jours, a detennine i'apparition des donnees qui parti cularisent encore actuellement Ia vie politique de ha ue societe di!:;;r. 7eident.le. II distingue. pour eel•• de varia es pre: .-. "r S qui rendent corn te ~n!c!~rnent de . a S;QP~trYCUQn ~iQut..e nitionale, de 'ariables i1l1ermliIiai[ii qUI permettent expliquer a formation es C Iva[,e~ mques au cours du XIXe siecle, et de v ' Iii: emJa!ltes qui correspondent a la structuration des alternatives polin ues et des alignements parti sans observables aujourd'hui. Au sein de cette construction, Ia formation de I'Etat-Nation fait done figure de point de depart, constitutif d'une premiere etape dans la differenciation des sys temes politiques. Pour l'analyser, Rokkan s'interroge sur Ia na ture de ces "variables QrelLminaires et sur les explications qu'elles peuvent donner (fes processL5 differencies de £.entrali_~~ti~m_llQli ti~~ aifect~~~nt les scx:i_~!e~£
a l'elaboration d'une «can~_ conceptuelle» de I'Europe des XVle
II.
ojS.xiQ/ogy, man 19SO. p.l06t-1 094.
Ceue hypothese est developpee dans S.xiolo&~ til. rElat, op. cu. Elle a inspire egalement, dans one problematique d'onentalioc marum, Hechter M., Brustein W., «Regional Modes of Production and Pauems of Stair; Formation in Western Europe», American JOIJ.TNlI
J
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~ c::r sun,elou.r
ai' dbtloppeIMfIl des S]ssemes poliliqun ewopltns
13_
Rokkan
s.. «Cilies, States and Natioos_ ..,.. 00, cit,. D. II.
151
-
'~
1
La combinaison des trois series de variables qU€ nous ve nons d'enumerer permet a Rokkan de distinguer plusieurs types de developpement politique qui apparaissent clair~ment a la lecture de sa «carte conceptuelle» (cj. tableau p. 1~ Celle-ci fait ressonir une double opposition : eUe reprend d'abord, en Ie precisam, Ie clivage Est-Ouest mis en evidence par Anderson et Wallerstein; elle y ajoute un clivage Sud-Nord, lie au poids des variables culturenes . , " ." ~> v~1 c-"~ ~ 1. La differenciation Est~~~.~r..,derive, dans Ie modele de Rokkan, de l'impact coniugy9'des variables economiques et terri tori ales. us variables economiques 8P~OS~, en effet, Ie mode de formation de I'Etat-Nation occidenta , soutenu par Ie progres d'une econoIllit...~ne et commerciale, a celui de l'Etat-Nation orientalqur~e pouvali- s'appuyer quesur une inft~strucU!I~~,.. cole. Alors qu'en France ou en Angleterre, l'essor de la Q'lOnetari smton devint rapidement une res source appreciable pour les ...~ )rQ~,~ 1A-~,P!!~!!!!f!i~,<~.!s:!e" les ~liteL~~q:!~!'~~Q~, ~ l'Europe de l'Est durent au contram;:proced.er a la constnutIon de -">' ....... leurs appareils bureaucratiques centraux en comptant sur le,jeul sou~ien de l'aristocratie. fonciere. Rejoignant Anderson et I Wallerstein, S. Roffin note'quececontraste s'est profondement ~ • ~'t lrepercute sur les formes memes du developpement politique et ) exphqU'e notamment les differences qui opposent ces deux types de societe, tant du point de vue de leur organisation interne que de l'a~p!~3 de I'!..Q~~!!J>()J~ue qui continue ales caracten~' . -
de son autonomie et notammeni tout un fondement culturel qui ituJs les principales variantes met en evidence les conditions propres a la formation du se-nri gagerl2. rnent national au sein de chaque Etat Ce renouvellement metbo dologique a une double consequence: iI permet d'abord de reve ler de nouvelles differences dans la realisation des processus de nables exp/icatives centralisation 01it1 ue et aboutit ainsi a une classification plus 'comp exe es ormules de construction eultique et n:uionale : / nisme unidimensionnel, S. Rokkan rnais il donne aussi naissance a un modele qui doit en contrepar e du developpement politique est re-' tie renoncer a definir in bstrac a un mode precis d'articulation e trois series de variables: des va entre les variables du eveloppemem politique et a S'appuyer, par .. ,,' es, mais aussi des variables territo ~uent, sur une explication tMorique et globale de la mo e de penetration du centre au sein de es culturelles qui permettent d'appre dernisation politique. \L " ationale du systeme politique etudie. vem une specification precise pour b) La «carte conceptuelle» de I'Europe reliminaire du developpemem corres l'Etat-Nation. C'est ainsi que Rokkan economiques explicatives de la ationale l'intensite des flux com mer reseaux d'echanges qui tendaient a s europeennes des Ie debut de la erritoriale correspond, quant a eUe, a les centres naissants etaient alors en peripherie grace a leur force adminis deuxieme variable tient compte, par co:rcitives dont disposait chacun de eur position geo-politique et des po~ on dont ils pouvaient beneficier eu ironnant et a la proximite des autres culturel1e recouvre a cet echelon Ie ique et linguistique des populations entre ainsi que Ie niveau de nationali riale eventuellement operee, un peu Reforme protestante. nce d'un ensemble de determinations archisees qui tranche avec l'analyse a e nous propose P. Anderson. Dans Ie loppement politique retrouve une part
otammenl I'essentiel de plusieurs articles dont : RoUan : a Dimensional Model for the Study of Contrasts in Rokkan S., ed., BWding SUJtes a1ld NalioflS, Beverley tome I. p. 13-96 ; Rokkan S., «Dimensions of Slale a Possible Paradigm (01' Research on Variations within Form.a1iott of NaliollO./ States itt West4!TJI Europe, Pren, 1915, p. S61,·600 ; Rokkan S., «Un modele geo quelquei sources de variations en Europe de rOuest,..
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L'auteuT releve cependant q riable territoriale vient nuancer capacite de controle et d'expansi des mutations economiques s'est dans les territoires de la peripher merciale allant de la Mediterran l'autre de ces zones purent ben l'economie mercantile: pourtant quee par l'emergence d'Etats-Na territoires assez vastes ; la secon dominee par un reseau d'Etats-C les uns des autres. Une source s ainsi se profiler dans Ie develo indique que la differenciation e simple clivage mais oppose au ment politique : a rouest, un controlant la formation d'Etatsrorale engendrant des systemes centre, une prosperite commer seau de micro-Etats pratiquem riques. Rokkan ramene ce nouvea tori ale de la zone commerciale ensemble de considerations ge pherie orientale et occidentale dynastiques pouvaient aisemen \ va~~~£_r.e.gi9J!~«l'epine dorsale (tancien Empire 'n:frilaiiliinres I qu'it etait difficile a l'une d'e t,;:.- autres et d'organiser, a sa perip elle aurait pu controler les res sance a des Etats:Nations, l'e donc abouti dans cette portion rence et l'autonomie des cites guer ou, dans Ie cas exception s'ensuivit notamment que le Hennes connurent une formule tique, marquee par une constr , rant. au COUTS du XIXe siec1e, ~ participation populaire. De me of nationales, cette particularite f "<., '\ ~onvoitisey des Etats perip prier tout ou partie de ce ruban
aeveloppement des sysli:mes poJiliquc
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ble de dissemblances, Rokkan nciation qui est lice, cette fOlS, au les et qui partage Ie continent euro ud. Alors que les autres disparites les circonstances de la construction iculierement pest! sur les modalites n. L'auteur souligne en effet que Ie suivi une trajectoire tres differente . qui fut atteinte par la Reforme, et ui continua a se developper dans Ie ire de la Contre-Reforme. ement du protestantisme contribua usion entre les bureaucraties ~ atiques lalques. Accompagne d'une mene tendit a mettre (apidement en es nouveaux Etats. En outre, les s devinrent, des la Renaissance, des ation cuiturelle et de diffusion de ntraire, dans l'Eurqge catholique, re supra-territonal..et he coiitn5ua nt a1"qianonisSifii'ent de la nation. stemes politiques du Nord de l'Eu dement du stade de la construction ction nationale et furent en mesure tdeS-reglmeS 'politiques de masse, et unifiee. En revanche, les societes ngager que plus tard et plus diffici-' n, soit au prix d'u en France), soit fusion entre
or,
581-583.
que la mise en reuvre de ces diffe pement politique etait elle-meme homogeneite culturelle deja atteint s. il est evident que, lors de la les frontieres territoriales ne cor x frontieres linguistiques et que, vendications nation ales ne cOlnci avec les aspirations territoriales ues. Meme si ce probleme a connu rope du Nord, il est evident que it a aucune distribution geogra t en fait que d'eclairer les circons-
ation and Nation-Building .. ''', op. cit., p,
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...<;j,<;WjJJJI.iULi,1 ......\.
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tances propres au developpement de chaque systeme politique et de rendre compte, en paniculier, des crises qui ont marque ren tree de chacun d'entre eux dans l'ere de la participation politique de masse. Au total, les variables construites par Rollan au fil de son analyse sont si nombreuses et definies de maniere tellement in dependantes les unes des autres que la cane conceptuelle qui en resulte n'aboutit qu'a une juxt:lposirion ordonnee de cas singu·· liers refletant chacun une fom1e irreductible de construction eta tique et nationale. Une telle methode Tavantage. sur celles d'Anderson et Wallerstein, d'offrir un bilan plus detaille et plus complexe des differences qui separent les societes euro¢ennes. En revanche, elle doit renoncer a foumir une explication hierar .". chique et integree du developpement politique et se distinguer/ encore plus radicalement de J"analyse sociologique et des phe nomenes universels que celle-ci s'efforce de mettre en lumiere l6• Au-dela du debat sur l'autonomie du politique, on voit donc s'affronter, a travers ces deux types d'approche. deux'manieres d'utiliser l'Hist
I ....
La prudence explicative de Rokkan est d'lUUeun soulignee par Allardt «I.t Vallen 'lui qualifient son modele «d'appareil concep'.llel» pennettam de tTOuver des cau!res spicifiques propres a dta'lue contexte historiqLIC. Cf Allardt E.. VaUen H., ..S. Rokhn : .. Intellectual ProfJlt::", in Tonvik Po, ed., op. cu., p. 34. Rokkan S., Urwin D., EcOIWf1'l), TlZrril.ory,ldilJfliJy. op. cit., ell. 2 et sqq.
~')) c} L'analyse des peripheries et de leur articulation au centre
constitue Ie chapitre Ie plus recent de l'reuvre de S. Rokkan.
Reprenant sa «carte conceptuelle», l"auteur s'est efforce d'eclairer
et de c1asser les differentes situations peripheriqlles qui se sont
forgees dans Ie cadre de I'histoire europeenne, donnant n.aissance
ades modeles d'or anisation te 'tori e unitaire ou federal .et
favonsant, eventuel emem, a formation e uvem ts de mo
bilisation peripherique17•
.,-.j, ~ Rokkan .E:.r~toi!l, pour cela, d'analyser Ies differents modes de structuratlOn territoriale qui accompagnent la construction etatique et nationale. 11 note que celle-ci peut s'ope (5""'-
16.
17.
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18. 19.
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Ibid.. P. 40 et sqq. Sur Ie ccoloniaIisme inlemell>, ct. luui Hechter M., Internal Colonialism. Londres, Routledge and Kegan Paul, J975.
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rfCrde'manim i·PoI~phale. ou ~phale». La fo~~I~ renvoie d'a~rd au modele fec:J~raI et cODsoci~f, . .. , [ pnontalTcment tt «~e» de l'Europe, cette zone au SCID 'cl j de laquelle aucun centre potentlei ne peut definitivement s'impo_ \.../ \ ser,a tous les a~ ; mais il note q~'~l1e conceme aussi, a un i momdre degre, d autres systemes pohnques, tel~e, dont '. \ Ie centre investit davaotage dans des entreprises exterieures que
\dans la penetration et la reorganisation systematiques des peri
~pheries. '" La distinction entre Ie modele «monocephab> et Ie modele pluricephal s'apprecie empiriquement, par reference a un «ccefficient de concentration» des principales activites &:ono miques (industrie. commerce. banques, assurances) et par la me ~ " sure du fosse qui separe chaque region d'un pays donne dans t>~ ~ f ,··!.J.]£~9m.R11sSement de chaque fonction eq>oomique. La France. la Grande.Bretagne, la Belgique, l'Autriche et Ie Danemark s'impo sent ainsi comme societes qlQnoct.Rhales. au contraire de !:AIlE.. ~e. de l'ltalie. des ~ys-Bas et de la ,S.u.is,5e. La Suede, a ./ 1ig..rvege et1'aFinlande occupent des positions Wtermediairesl8 . ./ Mais queUe que soit sa structure rerritoriale. chaque systeme politique risque de connaitre des tensions entre son centre et ses peripheries. Ces tensions seront d'autant plus ~es que les peri pheries disposent de ressources propres, de nature territoriale (Structuration de leur propre territoire, position strategique ... ), culturelle (identite linguistique ou religieuse) ou economique (autonomie par rapport au marche central, richesses detenues en propre). Rokkan note pourtant, de fa~on pertinente, que ces ~ ~~urces n'engendrent pas .t.o.ut.e.s.... av. .I.a. meme~~u.rr. Ides pro test~6iquel:"I~'S::fi~~~dre territonatet surtout, .,£ulturJ!1 se revelent plus aetermmants que Ie facteur lConomique qUI parait lui-meme avoir un effet plus decisif en cas de ~uvrete .' de la peri~riC:Ualors victime de <~ialisme interne» "", qufeiI '7~~~~ ne, i~ent.ite cultureIJe nettement~f!!!!p~~ es! en '. toute SItuatIon moblhsatnce ; eUe se trouve, en revancne, d au tant plus porteuseoe revendications que Ie contexte economique est defavorable (Jura, Irlande du Nord, Haut·Adige ou Corse, .. ). En~ releve l'effet catalyseur de deux types d'evene ments : la diffusion des Prindp~ ~des pratiques democratiques
. . . . . ;;'~~
#
24.
23.
22.
21.
20.
Rokbn S.• Urwin op. cit., P. 1 extemeslI> (ie. eJoignk:s: du _e, c chevancluoteslI> (i.e. tirailIi5es I:IIlIl! de Skocpol T.. tip. cit, P. 370. Bendix R~J.'Dqs or I'Mph. Belteley, Her:mel. G~ SociologMo lie kI COfllJtTIICt q notre ouvrage. La DeJa Et.au, Society. toodleS, HJlDII1, 1981; G I..ond-res, E. Arnold, 191)1 ; Pogi G., Riu 0/ tire Moth,. 5la, Brighlorl, W
n..
La diversite des ordres po a une distribution goographiq celle-ci a joue un role tres i velle sociologie historique de rative, et notamment Ie reco . dramati9u~~1 - opposant, historiques nenement distinct maniere la difference des ,coo pratiques politiques. de mieux et de ce qui ne rest pas, tan1 a se nourrit la science politiqu tiques observables. Cene demarche qui pent legitimite22, qu'a celui de la d conduit davantage adecrire d calion pretendant maitriser, c cifique de chacune des variabl
3. L 'analyse comparative
~
ta g~nera:tisation du Welfar de vue que I'avenement de la r Cette analyse permet d'in et les strategies donl se doten peripheriques, ceux-ci depen l'organisation territoriale ]2rea de penetration du centre 'da confirmee l'orientation episte disposer de materiaux conce variete des formes d'articulati rapport a l'histoire cree, dans c d'une connaissance des differ J.?roPQsitions ~rmetl!!!Ld~ec}ai celles-ci restent cependant em en realite de la descriptiQn que
oeVt:lOPjkllkJ1laQ J>J.lil;.ffu:..1 pu.. i
Vers unlOllT.
ES REGIMES POLITIQUES DB
ogique se retrouve bien entendu au ees it la formation des regimes poH du XVlIIe siecle, les Etats-Nations a la montee de la 12articipation ~inouveau defi hiStori'que par'fa "nuse egimes qui avaient leurs caracteres e et qui introduisaient, par ta meme, o dans Ie developpement des sys Certaines analyses - dont celIe de ntative expliquent ces differences it atique sur l'etat des forces sociales steme politique 10rS de son entree n. D'autres, relevant d'une meme sur l'l!vene~s revQ!!llIQrS so,,;;.. s deve"'lO'p'pements~ues. ace it ravaux, appartenant a la ijgn~e de la naissance de l'Etat-Nation. cher':' e explication plus complexe, )jant itiques contemporains au jeu com nomique, politique et culturel.
des forces sociales : Ie modele de
ate d'abord la pluralite et la singula- , saDQn pplit(que : la majeure partie e a l'analyse de l'emergence des re ans plusieurs societes euro¢ennes rcam neanmoins de proceder it une tiede sa recherche, l'auteur degage formules de developpement poli , fascisme, communisme) qui assu fferente, Ie passage d'un contexte ontexte social modems. Se referant n marxiSie, l'auteur note que cette s qui opposent les structures socio tats concernes. L'originalite de son
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/orsllip aNi D~mDcracy. Lord tiM P~asQIIl iJI 1M n. Beacon Press, 1966.559 p. (frad. fr.; us origines
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tlheloppementdes systt.Iffl!S poliliques ewopltlll
La modernisation de type dimocmtique
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1\59
modele est cependant d'a1ler au-dell d'une v!siori~~et di chotomique de la lutte des classes: B. Moore'souligne. en effet. que l'origine de ces differences de regime se situe principalement dans les dOI}.nees memes de la vie Plra}s qui caracterise chaque societe europeenne avant son entree dans rage industriel. La dif ferenciation entre Etats democratique. fasciste et communiste se rameoe ainsi au jeu combine de plusieurs variables qui ~ 1a nature et la puissan~S presentes a l'aube de la modernisation, ainsl que les relations d'alliance ou de .£QDflit qui les unissaient ou les opposaient a l'Efiiten place et a la bo9r~~ois!~JJlontante . '-"'.-""'.-.
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a)
Tout en notant que les structures feodaJes communes a toutes les societes d'Europe occidentale avaient deja invente Ie droit de resistance a l'autorite centrale et prefigure efficacement une culture politique liberale, B: Moore considere que fa moder nisation de type democratique s'explique essentiellement par Ie poids des revolutions bourgeoises qW ont ec1ate dans plusieurs societes ouest-europeennes au moment meme ou celJes-ci sor taient d'un systeme economique agraire, pour entrer dans rere industrielle (Guerre civile anglaise, Guerre d'independance ame ricaine, Revolution fran~aise). L'auteur prend soin de noter que ees revolutions etaient profondement differentes les unes des autres! tant par les formes qu'enesJeYetin;n~ ~~!~e~ qu.'~I~~~.7 opposerent ou les Clrconstances qUI lei preclplterent [; essenueI reste cependant qu'elles furent toutes sanctioonees par Ie meme resultat, qu'elles permirent a la bourgeoisie de s'imposer et qu'elles ouvrirent la voie a l'etablissement progressif de la demo cratie. L'explieation du developpement democratique passe done, selon B. Moore, par l'explication de cette victoire £9ure:koise26et . par la recherche des facteurs qui y ont effectivement contribue : / Le premier de ces faeteurs est la force de la bourgeoisie elle meme. L'auteur ad met volontiets que sans bourgeoisie, il ne peut y avoir de democratie:--que l'emergeBCe de ceUe-ci est. euoite m liee a l'essor du commerce e Ie ,or alOe. us " '( Prenant que ques lstanc avec explication marxlS '\ iStncte, il noteeepe.n ant que la bourgeoisie n'a jamais etc~ l'ac- / ~ teur unique des grandes revolutions democratiques modernes, que son triomphe final provenait surtout de sa capacite de
Ibid.. D. 337.
Op.
cu., (trad. fr.)..p. 343. 27.
26.
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[ll~si.Uanao~~.K~~:m:u:rme·feVoluuon- ~)/
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~ d'explication. destine
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nane de la paysannene constltue amSl un facteur concurrent a rendre compte du developpement demo ~if. -,.J cratique des societes qui, a l'instar de la France, sont marquees
~)(Ir K ~ tar la crexistence Q'une elite bourgeoise puissante et d'une P:! 1 '_' ""'r'i.:ulture Ii£resslve.
~jJ f_~' B. 'Moore est des Iors conduit a distinguer deux sortes de
I ... J trajectoire democratique. La premiere, de type anglais, tient a la
~ predominance d'une bourgeoisie puissante~plee a une aristo 1.-; tie agraire tres integree dans une economie de marche. La se (onde, ~ type fran\ais, derive de I'action d'une bourgeoisie forte, capa];le Oecontioler et de manipuler a son profit l'energie 'revolutionnaire de masses paysannes liguees contre une aristo cratie fonciere repressive, La similitude de ces deux filieres tient certes a l'analogie des resultats qu'elles ont consacres ; mais it est evident que leurs dispantes ~nt assez importantes pour peser sur les institutions dont se sont dotees ces societes ainsi que sur les traits qui continuent a caracteriser leur vie politique.
r
v
contr61er des coalitions et des alliances beaucoup plus unissant contre rEtat absolu tout ou partie des anciennes catcf!(). nes agraires. Les relations -'!'ltre la ville et la campagne. entre les elites industrielles et leS'" elites rurales. constituent des lors une deuxieme variable que B. Moore tient pour fondamentale. La Guerre civile anglaise ou la revolution amencaine ont debouche sur un succes de la bourgeoisie, parce que ceHe-ci a pu benefi der de l'appui de proprietaires fonciers deja tres lies a l'economie .} urbaine naissante : la gentry bntannique avait besoin des villes ~~ ·.PQ':lf.cQmmercialiser la)aine .qu'eHe produisait ; les ferrniers du ~ 21 f Nord-Est, et du «Middle-West» etaient unis par une meme com- h ~. munaute d'interet avec la bourgeoisie ffiarchande americainer L'ouverture de la campagne sur les villes, I'organisation de l'economie rorale en agriCUlture de masse indtaient donc "Ies elites terriennes a partager les options liberales de la bourgeoisie et a stallier a celle-ci contre la couro~ur assurer l'etablis sement dtun regime democrat~~~'V>\ A ce niveau d'explication,le cas frariC;;llis apparait cependant comme iQgJ;ant : plutot repressive et ferrnee, l'agriculture fran ~aise de l'Ancien Regime ne s'est jamais Rretee a une telle/'" alliance avec les elites bourgeoises qui etaienfjnlr!illeurs moins puissantes qu'en Angleterre ou aux Etats-Unis. B. Moore en de " duh ue la victoire remportee ar la bourgeoisie a la aveur de 1 \.. . evolution e re ve 'un autre~rocessus : eUe tena.J.t a sa capactfe oe contrOI'er l!,ne coalition'une nature particuliere,.,./ 9 ..£9m~n?~I!L2Y~~eoisie tresJ!¢tert!l~,~e •. des V' v
~ c:fS un rewUl' "
28.
Ibid, p. 345 el S4lq.
Correspondant a un model developpement democratique. B. Moore comme une fonnule cee cette fois par une revolutio Ie fruit dune coalition original reaucratie en place, une bourge aristocratie fonciere, encore p agricole predominant. Vavene ces dependent de la reunion d qui relevent des memes variab rendre cDmpte du developpem Ainsi la puissance compa apparait-dle toujours comme l la modernisation de type fasci tence d'une bourgeoisie de pu pour etre acceptee comme all encore trop faible pour, deve constituee et pour imposer u tion. Cette alliance fonction qui se traduit, sur Ie plan e secteurs industriel et agricol alternance de forrnules autor tion, dont l'echec donne final talitaire de droite (Ie nazism Weimar. Ie fascisme italien a La nature autoritaire s'explique, en outre, par la c directement lies a retat des mule fasciste tient tout d'abor type repressif, fonctionnant tement d'un appareil d'Etat participation populaire et q entre la ville et la campagn d'une masse paysannefaible ce titre, de mettre en echec fonciere. et de contester l'ap \Ia paysanneriejest effective ,qUI ont evolue vers Ie fasci liens unissant l'ancien ~C?rt du sentiment communautair
b) La MOdernisation de type /
LA; acvelo.f1tl<:t1k/l; ae.l ::').I."w,,:, t'V,.....
erive ainsi d'un''besoin de interets sont divergents, mais s. C'est precisement la la necessite d'unJLrbitrag~Jm.torifasciste de gouvemement : celle radicale seion l'ampleur de la ute maniere, transitoire et ne dure conciliation.
communiste
developpement est, quant a elle, olution bourgeoise ou une revolu revolution de masse, mobilisant t l'absOlutisme monarchique une dominee par la paysannerie 29• n et sa transformation en dictature croire B. Moore, un rapport de ment fait la decision en Russie et
de ce rapport de forces tient a la -meme liee a la quasi-inexistence u industrielle. eet effacement du Jes structures de la societe us dominee que par l'opposition ur deboucher sur une revolution t cependant etre c.Q!illictueIIe et derive donc, comme Ie fascisme, repressive, servile, fonctionnant ar un appareil d'Etat tres centra une forte potentialite revolution nnes et donc la croissance de re e entre Ie travailleur de la terre et
ements tend it eriger la paysanne pable de se mobiliser contre I'Etat lace; elle Ia conduit en outre a aissant, seule force sociale non dotee de ~ur£!:.2.!~ d'un debut dte par uneelite revolutionnaire ablissement d'une dictature de ouvelles elites et procedant a
~Lt. Jivdoppemen.l des SjSlemes polil~U£S e":.'f!:tn.S
-
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l'enudrement de masses jusque ill faiblement politis&s.. nest
important de constater que ces conditions favorables a
l'etablissement d'un regime communiste sont a ce niveau tres
. proches des traits qui ont jadis caracterist Ie developpement de la societe fran~aise qui fut marquee, elle aussi, par une agriculture repressive et par une forte pOlentialite revolutionnaire des masses "p_ay~:m.l]es : si on se rerere it B. ~20re, Ie modele communiste n'aurait echoue en France" que parce que la bourgeoisie a pu tres tot controler Ie mouvement paysan et canaliser, a son profit, l'energie revolutionnaire qu'il contenait. On retrouve done dans chacune des analyses menees par B. Moore Ia meme construction theorique qui consiste a rendre
compte du developpement politique en reperant d'abord la
structure de classe propre achaque societe entrant dans I'm de
lapaniCipation politique, puis Ie type de revolution qui en derive
(revolution bourgeoise, revolution par Ie sommet, revolution
paysanne), et enfin la~~tl!!~ du regime politique qui s'impose a
la faveur de cene crise revolutionnaire (democratie occidentale,
fascisme, communisme). Pour expliquer la differenciation qui
s'opere entre ces trajectoires, l'auteur s'appuie chaque fois sur \ U,'.
l~!· ..d.S,.. re1a...ti.f de.l.a.~ c.las.s . e......bo. r.geoise..,' I,e. ~era:griCUIfur~ m~c:J!{~~~i@~,ur ~~ repreSs\ve) et1la potentiali1[reY:QlutiQ!lnIDJ:e
tT.ois Van.·.abl.e,S-cleS : ,!fl ooe d'agriculture en ne~
or DictatorShip ad Democrac.p. Polilics artd Society. vol. 4. n· 1. 1973. Cf aussi les
Sur a: point, cf Skocpoi T.• «A critical Review of Barrington Moore', Social Origins
Malgtt ses nuances, Ie modele de B. Moore se t:rou:\'e ainsi
dOli d'une forte coherence tMorique et donne de l'apparition des
regimes politiques de masse une explication qui a Ie merite de
remonter tTes loin dans la profondeur historique des societes.
Son apport Ie plus original est sans aucun doute de montrer que
la modernisation politique iest determinee W l~ jeu e~~ht$:if
d'~un acte_ur, ni d'aucune c1asse sociale, mais par les rrpes de
~ui tendent it se former face a un certain nomtieo'en- '
jeux privilegies : plus que la nature des forces en presence, ce
sont Ies alliances passees entre elles, avec ou contre fEtat en place, qui pennel it l'auteur d'expliquer les formes differenciees du developpement politique. 11 reste que certains aspects de la· demarche S\livie ne sont pas sans poser quelques problemes qui tendent a affaiblir la portee des conclus~ons proposees3(l. 30.
Clulllge : Hist.ial SlIuiiu of Po/ilical DevilopfN!lII.. Boston Litlk Bl1CIIm, 1913.
critiques fonnulees par Almond G. et Mundt R.. dans «Crisis. Choice and Oange Some mllAtive Conclusi_. in Almond G., Flanagan S.• Mundt R.• ed., Crisis. CJwil:.e alld P. 642.543. Poor we analyse de 1& genese el du fonctionnement de 1a~. prmant lIeS insta;nI:es par rapport au dilenninisme IOCial de B, Moore. if· aussi Ikl'ftlll:l G., Ala
frmrlib&r de 14 ;6!/ftOCrlll i.e Paris. PUF, 19K3.
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lui permettent d'ctablir Ia puissance de l~e. celle-ci est appreciee de maniere reIath:,e : eIle est etablie en fonction de la puissance propre a l'aris~lRtie fonciere. Mais meme definie de ~orte, it n'est pas prouve que la bourgeoisie fran~ais filt plus forte que laQ9Er~oisie alleIDIDlJte fn que la dlf- ference filt assez neUe pour deternirrier des modes de develop pement aussi radicalement opposes. En outre, les forces bour ,~s n'ont pas ete citracterisees partout par Ie degre d]lOmo= geneite que B. Moore semble leur preter : il est par exemple im portant de noter que IA..bourge()is!e fran\aise n'etait que_~~~! lement lieeji l'industrie et au commerce et qu'une forte mmorite d'entre eIle etait formee de renilers -prus ou moins attaches au systeme Eoncier et par consequent en mal de participer a une ..... c.Qalition rev.illutiQnnaire dirige.e. contre les structures socia-poli tiques en place. •
La distinction ~ntreJ!griculture de marche et awculture re .£Tes,g~e est tout aussi diffici~ a saisir : tout systeme foncier s'etablit et (!ersiste par recours unecontrainte polirique cou verte ou exercee par l'Etat. La gentry anglaise a eUe-meme pro fite de cette ressource qui lur a norammein permis de procider J'e~E~!sion d'un~_~ass~)mportante de paysans : eIle etait, a ce titre, tres-dependarue-de I'Etat en place QOnf elIe avait interet maintenir Ie caractere repressif. La veritable difference semble plutot resider dans Ie fait que la bureaucratie britannique n'avail ni la dimension, ni Ie caractere centralise de la bureaucratie prussienne : la variable determinante de Ia forme autoritaire ou liberale du regime politique modemisant ne rient donc pas tant au type d'agriculture en place qu'a Ia nature et au poids de l'appa rei! bureaucratique avec lequella classe dominante est amenee a composer. Enfin, aussi complexe que soit la structure explicative construite par l'auteur, celle-ci tend a faire renaitre certains des postulats caracteristiques de la theorie developpementaliste c1assique. B. Moore ne prend d'abord en compte que les sources internes du changement, sans considerer les influences exte rieures, Ie poids des conflits armes ou meme celui de Ia division du travail economique, mise en evidence par des auteurs comme I, Wallerstein. Mais, surtout, en se referant a Ia Iutte des classes, il privilegie un facteur explicatif du changement jusqu'a Ie pre senter, sous une forme particuliere, comme la loi unique de trans/ormation des societes politiques, Iaissant necessairement _ dans rombre l'effet d'un certain nombre d'autres facteurs poli- ~ ~ tiques ou cuitureis et releguant comme A~cessoires,ou contin:--;9 1) gents les differents aspects de la modernisation qui restent me-
'8. Moore reste parexemple assdvague sur les criteres
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31.
fl'
Skocpol {T.}, S'ates and Socuu Re 1919 ; tnod, fro EIaB R'~ollllu- So
_____________________-.~tc
Nul doute que Ies travaux inspires par l'reuvre pionniere de en effet la reflexion amorcee pa tature et de la democratie .en s' historiques des grandes revoluti etablir pourquoi ces demieres s certaines societes, comme Ia Fr qu'elles sont absentes de l'histo dans une certaine mesure, de r volution de nature exclusiveme (' V ,-~_9§jeurs !!ffinites se retro . ayant connu un destin revoluti agraires, des Etats bureaucrati une crise politico-militaire affe tion et liberant ainsi Ies potenti sannerie. Les deux premieres c d'un premier c1ivage qu'on retr cien Regime, en Russie tsariste un Etat puissant, lie a l'aristo queUe s'exerce essentieIlement Mais surtout, T. Skocpol mont inherentes a cette articul...tivn elle conforte l'orientation revo trave l'etablissement de liens e et rend dramatique enfin t dernisation rendue necessaire lional. eet effort de moderni
2. La prise en compte des re de T. Skocpol
s~e.( ~i;:'-)
a
ductibles .. son modele. abouti niveaux, Ie premier oorrespondan consistant operer une analyse lier de developpement ; Ie seco partie de son livre, et proposant limite a rendre compte du princ loppement politique en trois typ precisement en critique de cene pes d'autres modeles recourant
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:lIetvppt;.men{ des ~j.:.."lm;:, potUiqu£
H;I..\ Ulile/our..J I
ion qui Ie place en situation conflit avec son aristocratie, Ie sa capacite repressive, precipitant lutionnaire. ~~ iculte~ ..s .athese, en s'appuyant tonques qui semblent concorder : ociales agraires fram;:aises que nue parmi les origines de la." en meme temps eIethQ:Ijqu~et rd des paysans des Etats. fran ation manifeste entre un effort es dernisation de ces Etats et l'affai conservation de l'ordre social ; Ie es aristocraties dans l'enclenche aires ... t-elle sans difficultes marquer des et celles ayant caracterise les 50 volutions sociales. Tel Ie Japon, stocratie terrienne, Ie caractere es que des rapports de'dorn:mailon, ormation de la societe; telle la es forte integration de I'aristocra onditions d'une «revolution par Ie , caracterisee par la faiblesse de iete civile par une aristocratie qui s rapports sociaux conformement lasse. ..! t ces apports et notamment l'eta ciete agraire» et «revolution so- ":J.P est affaibli par une triple incerti- U. est aussi ¢quivoque_que chez :) ce qu'on constate chez R~
T. Skocpol est construit confor
que de la revolution qui con90it a
enomene homogene, unique, cor
rs que des materiaux historiques
rer, selon une demarche qui inter «falsifier») les hypotheses qui lui
~ /
I'Etat comme variable explicative
heureusement desservi par une aire du concept qui s'y rattache 32, qui conduit l'auteur a apprehen du; pextvoiT, Paris, PUF, 1984, p. 150.
i.e ac",eluppc;mwl tks :').)jl;{ru;..\ pvUl
La reintroduction des variables poIitiques
101
der I'Etat principalement de I'exterieur. a travers ses liens avec telle force sociale ou ses conflits avec telle autre, sans procede1ll. une analyse des processus d'institutionnalisation qui Ie fODdent et de Ia nature de l'autcmomie qui Ie caracterise. Une telle vision qui renoue avec un certain fonctionnalisme aboutit au paradoxe en confondant I'Etat absolu fran9ais, l'Empire tsariste et l'Empire chinois en une seule et meme categorie. Enfin, decoulant en grande partie de cette demiere re marque, et rejoignant cenains travers de B. Moore, on ne peut que regretter la fragilite des distinctions qui opposent theori quement de fa~on decisive - des Etats dotes d'une aristocratie fonciere «faible» (Japon). «integree» (Prusse) ou «autooome» (France, Russie, Chine). Ces rapprochements et ces oppositions paraissent servir davantage les besoins d'une construction a priori que ceux d'une veritable explication socio-historique, surtout lorsqu'on prend la mesure de ce qui separe I'hislOire, et done la structure sociale et la culture, de l'Ancien Regime fran ~ais, de celIe de l'empire des mandchous ou des RomanCN...
3.
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Rokbn S.... Un modele geo-tlcoru:mique et gOO-polilique.•.1,., an. cit., p. 9·14. Op cit.. p. 9·10.
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S. Rollan s'est efforce de prolonger la reflexion qu"it avait consacft!e a la formation de l'Etat-Nation en s'appuyant sur l'exemple du regime fasciste et en donnant de celui-ci UIl: expli cation de nature plus politique que celle prop osee par B. Moore3 3• Les differences qui separent les deux rnitbodes
apparaissent deja au niveau des definitions : au lieu d'envisag~r ",,::!'..)
Ie phenomene fasciste comme un processus derivam d'one ,:-*,1 ~ re~ol'!~~~~E~ree au somm~t et sanctionnant un...!X~_pamculier ____ ".7 u; -I...;> ~ d'eqmhbre entre forces socIales, Rokkan constnnt son 05Jente:' , maniere beaucoup plus empirique, en se referant exc1usivement
a ses aspects politiques les plus manifestes. II considere ainsi Ie
~comme une r~e apportee aux ~s engendrees par \
(.!.JJ 1' r~x.te.n....s.to.n. progressive du jeu d~mocratique et par l'~?SOI" de la !T!~iJi$.;ttion cQ!l1~..!i!ive de masse. Cene reponse se traduit par une :::uspension violente et brutale du jeu pluraliste et par l'avenemem au pouvoir d'un mouvement monolitbm.ue assurant un controle autoritaire sur I'ensemble de la population 34• Ainsi identifiie, la yoieJ1lSCiste de modernisation~Qgylru:ise Ie destin des dnq Etats-Nations d"Europe occidentale qui ne purem main tenir Ie processus de democratisation de leurs instirutions (Allemagne, Autriche, Espagne, Italie, Portugal) : pour fauteur, 33. 34.
[;P
Ie probleme est donc'derechercber,(ians lcs facteUri Joppement politique communs lees cinq societes. l'explieatil de cette reussite selective du fascisme et de la forme particuliere de changement politique qu'elle a ainsi entrainee. • Se referant ~ «carte conceptuelle» de l'Europe, Rollan observe que ces dnq pays n'appartiennent pas it une categorie unique, mais relevent de formules differentes de developpement politique. Analysant les traits specifiques de leur histoire. i1 constate cependant que les pays concernes partagent au moins trois caracteristiques communeS qui peuvent, des lors, etre te nues pour des facteurs explicatifs du phenomene fasciste. Le premier de ces traits est de ~olitique : de par leur situation ~ geographique, ces cinq soclltes apparalsSent toutes comme les l}.eri~res d!Empi~es quiQlJt'decline puis d!sparu (I'Empire ro main, ceJUf de Charlemagne ou celui de-- Charles Quint). En deuxieme lieu et sur un plan qui releve, cette fois, de I~~ ph~~mique, toutes ces societes eurent a~ubir, dans l!\ f~':l.::: ,.. lee de leurechec politiq!Je, une marginalisanon eC()l!Q.miqu~
~ 6- "onseculive~=a.!!~d€v~pemenLducapitaIisme-aUantique- qui
. ava.upnontairement atteint le_~~rd-Q.uest del'E!,lf()p~: L'auteur
remarque enfin que chacun de ces pays s'est efforee de retablir sa
position internationale enprocedant des Ie debut du XIXe sieele
, '! a un vigoun::u~_~r::!y nationaliste et en s'appuyant, OOtamment -'j)\i-",I.: en Allemagne, sur constitution d'aIliances entre les elites mili- _ .. cv _.gire et indll..§.!rielle-'-. Cette methode - fondee sur une recherche de correlations - debouche sur une explication du fascisme qui rejoint, en cer tains points, celle donnee par B. Moore: Rokkan re1eve en effet rimportance des facteurs economiques et confirme Ie lien etroit qui existe entre une industrialisation tardive et Ie succes de la foriiifiI'eliSciSie ae - - DJ.SA!~o~=Ceii'eC'Ori-espondance est-=' pou nt nuancee et n'apparait plus comme la cause exclusive de ce type de developpement : Ie fascisme se revele paraIlelement comme Ie produit d'une memoire collective et d'une culture poli tique nationale, comme Ie resultat differe d'une accumulation d'echecs et de gloires imperiales passees. 11 est incontestable qu'en reintroduisant ainsi des considerations d'ordre r ,rique, ~, \' Rokkan enrichit la connaissance du modele fasciste de develop y- pement et parvient notamment a expliquer les formes specifiques (?-...,Qiil Jl .IGyetUS;S, son nationalisme exacerbe, sa volonte domina trice et son culte du chef. La concurrence de tous ces modeles prolonge donc celIe qui caracterisait deja Ie debat methodologique portant sur l'expli cation de la formation de l'Etat-Nation. D'un cote, B. Moore pro pose une analyse tres explicative, s'appuyant sur un petit nombre
LA FORM~TION DES DES SYSTEMES PARTIS
I. L 'analyse typologique S.M. Lipset et S. Rokkan Des travaux de nature ma ceder a une analyse typologiqu
La structuration des syste derniere etape du developpemen occidentale, mais aussi comme I lisation. II est evident que cbaq modele conflictuel specifique, son histoire, de sa culture, de s socio-economiques. De grandes les syst~mes sociaux quant a conflits, quant a la traduction po aux alignements partisans qui e profonde interaction entre la c dernisation : si la structuratio pese sur Ie developpement de conditions memes dans lesqueU un role important dans Ia definit ces interrelations contribuent a ciations dans l'organisation des rement, dans Ie developpement est evidemment tres dependante tionnement, des formes que peu elle repose.
c.
de variables' t::res ordonnees. ma ductibles a toute modaisation le larisent la mise en pratique des gages. De l'autre, Rokkan utili specificite de chaque regime p evidence les facteurs qui ont co sans donner une interpretation t de developpement qui s'est ains reste de sa voir si une telle alter marche historique comparative certaines variables politiques di tion de portee generale n'est pa sances du modele et, plus exact teur du facteur explicatif dont il
\ crs UtI rell..liV
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t Aexpliquer, Apartir de la, les dif vement opposes. Ces systemes par nstitues au cours du XIXe siecle, place a des regimes plus ou moins postulent cependant qu'ils ne firent es de clivage deja clairement eta n ..La problematique definie par les ser ces differents ~s de c~~Pits. ;f racteristiques qu'ils omre'vetus au de rendre compte des differents qui particularisent les systemes tale contemporaine35 • ¢-ont contribue. d'apres Upset et partisans du Vieux Continent: les ~ , l,!~ll~~!a construction nationale ainsi que la culture politiquement ~t,. es ; les deux autres decoulent de la ssent la ville contre la campagne e les patrons. La configuration art is s'expliquerait des lors par its, par les formes et les intensites re d'une societe a l'autre et par les ls ont pu rencontrer, ~a et la, au
truction nation ale sont a l'origine n des structures conflictuelles. Les ,-A otes d'une EgIise nationale, ont ete qui a, en revanche, profondement societes catholiques ; au plus. les nt-ils vu s'opposer lt~s tenants de l~ de la papaute romaine; De meme, nes ont ete affectes, des leur ntre Ie groupe national ou linguis es p6ripheriques minoritaires ; les eur formation d'une plus forte ho u contraire proteges de con flits de
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okkan S.• «Cleavage Slru~tures, Pan} Systems and el S.M.• Rokkan S .• ed.• Parly Sysl~ms and Voler 967; ct Roickan S., Cilizl.!fu. EI~Cliol'lS. PQrlies. New une application dece modele. cf §!;jJ.er D., ear~,eI surtoulSeiler D.• De kz comparQUOI'I des1!fJrlis
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Ceaab\e.au est eubli d'lIpR:s wui pn!5enli par Upset S., Rokkan S., op. cit.• p. 37.
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La Revolution industrielle complique queIque peu ces premieres disparitts. Si tIle provoqua partout l'emergence d'un conflit de type «bourgeois-protetaire», eUe determina, dans cer- . tains cas, une alliance entre les elites rurales et les elites urbaines et entralna, dans d·autre~. remergence de profonds antagonismes entre ces forces. Dans certaines societes, les elites rorales etaient au pouvoir au moment de l'industriaIisation et y resthent seules ; /" dans d'autres, les elites bourgeoises prirent tres tot Ie controle de l'Etat et organiserent d6nc elles-memes I'entree de leur systeme politique dans rere de la participation de masse. Les auteurs deduisent de ces premisses que Ies conflits po litiques ont ete structures en trois etapes successives consacrant, a chaque fois, une nouvelle differenciation entre les systemes politiques. D'abord, au Ill.Qment de la Renaissance, lorsque la /' crise ,religieuse ~boutit a ~ne fusion Eglise-Etat.~~ns les p"a~~de ._~ _.. la Reforme, et au contralre a Up' a lanc entre cesaeux ms1 tances dans les pays catholiqueslEns~u moment de la revo lution democratique, lorsque l'enjeu etait de controler l'e.ducarion de ~se : certains pays protestants continuerent alors a etre domines par une EgIi~ nationale, tandis que certains autres commencerent it etre affectes par la rivalite entre celle-ci et I'EgJise romaine minoritaire ; de leur cote, les pays catholiques furent a l'epoque marques par one forte opposition entrej'Eglis,e et l'Etat-ou au contraire dornines par Ie renforcement de l'alliance passee entre l'elite dirigeante et Ie haut clerge. Enfin, au moment de la revolution industrielle, lorsque chacun de ces quatre groupes fut a son tour divise entre Ies Elats controles par la nou velle elite industrielle et ceux ruriges par l'elite rurale tradition nelle. Procedant ainsi par dichotomie successive, Upset et Rokkan sont amenes a distinguer huit types differents de sys teme partisan, qu'on peut recapituler de la maniere suivante 37 (tableau p. 172). Cette typologie vise entre autres aexpliquer l'emergence de
quelques types particuliers de parti politique au sein des societes
europeennes38• Lipset et Rokkan remarquent ainsi que les partis .
~,!:!.se deve}oppent dans les systemes sociaux caracteri ses par une COIncidence entre les c!ivag,es lin~uistiq!les, re!ig!~u~ et economiques : tel est Ie cas notamment ae'la Be!giijpe, domi nee par l'opposition entre la)Y...~lkmi~.fr:a!lc.9Pb.oJle, d'orientation ~ et d'industrialisation precoce, et Ie pays Aamand en meme
37. '20
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temps caracterise par un parler s gieuse beaucoup plus forte et par dominante agraire. De·meme, pa)'sans met-elle en relief une au loppement politique de certaines que des partis de ce type n'o deuxieme categorie de leur typ nave), alors qu'ailleurs la represe des panis conservateurs ou des tholique. Eu egard a la specificit en deduisent que Ie developpem pamculierement favorise dans le tres tOt par I'etite industrielle, e centre faible controlant difficile pam paysan expnmerait ainsi l ven agrarien, marginalise econ ne trouvant de surcroit dans laique un moyen de cristalliser s sur Ie developpement selectif d Rollin constatent que Ie P.C. plantation dans les pays qui rel categories de leur typologie, c'e construction d'une culture natio trouvee differee sous l'effet du tholique romaine a l'Etat (Franc ailleurs, que les seules societes pam communiste important onl tion narionale difficile (Allemag les auteurs concluent que ~ niste au sein du processus de m specificites culturelles generale national @fectueux... _~ U:;;!.! Les travaux ae Lipset et R cenain nombre de structures c de la pluralite des systemes de descriprif et tres st. :i~]ue,les aut des conespondances, constater tions, sans pouvoir degager les mene, sans analyser la genese a qui oot detennine leur traductio que la realisation meme de ces gnificative d'une societe Ii. I'autr seulement de la rencontre de f soo( egalement dependants de t notamment de la nature et du
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n minutieux de ces dynarniques de mieux expliquer la differenciation ment politique : il implique cepen eau d'analyse pour proceder it I'etude ers de con flit , de leurs conditions ion politique. C'est precisement I'in et de P. Bois, portant respectivement formation des conflits en Vendee et volution fram;aise.
mation dlun conDit: les travaux de
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(,,/1: '
s vendeen durant la Revolution et pparition du mouvement ~hQ!!an, ntraste opposant deux zones geogra.. iUde Mauges, lieu priviIegie de l'in de paysans tres hostiles it la ville et a ~.al-de-!.oir~ republicain, marque tion~ntre les populations.ur:,. onslderanon t~_~_Jle changement et l'autre de ces zones, l'auteur s'in ont determine Ie developpement de de.J4l.Ilflit et d~ce39. II rejoint P. ijQis qui avait remarque Ie meme nt de la Sarthe, domine dans sa partie tres precoce"'a la Republique et par et ~urgeojs.. et dans sa partie occi la cause royaliste et une profonde rurales et la nouvelle elite econo / developpement de ces deux formes st lie a !'impact de deux modes diffe la communaute rurale. Le Val-de par l'essor de contacts et Q'echanges le: des relations d'interdependance / ntre ~ne a sannerie riche qui cher oduction vi . 0 ou cerealiere et la etait avide d contrOier la vie socio peripheriquel Celle-ci fut done pro
c
tiL COnlrtl·rellOllllion. Paris, Fayard, 1970 (ed. orig.,
ns, Maurice Vilain,1960.
1;
Lc .;.ew:luppc;melll des .l)Jlimes pollllques europeens
Tilly C., op. cU., p, 46 Op_ cit,. p, 17·28. '
li5
paysannene
gressivement ~netree par \toe agrjcu1tur~.de t~_commercjal et peu it peu exposee it I'influence preponderante des villes. Dominee au contraire par une agriculture de~bsi$mnce _et une production cerealiere relativement pauvre,lA.ccommunaute wraJe . / des ~lu~es resta durant )ongtemps impermeable it tout contact , avec es ville~ : et lorsque celles-ci beneficierent, au .xYIIIe siede, des rtogres de l'industrie. textile, l'urbanisation__ brutale qui s'ensuivit determina de profonde'S.Cassures au sein du monde rural et contribua a dresser,la paysannerie contre 1a nouvelle bourgeoisie~l. +J:U')" L'auteur reveie ainsi Ie poid; important de !:urbanisa!iQO dans la desintegration des communautes rurales et dans la defi nition des-reratlonsO'il1iancc'ou ae'cc;rillIT~erifrela' et les autres forces sociales. Dans Ie Val-de-Loire, une urbanisa . lion lente et regu!iere a progressivement integre la paysannerie dans iiii"SYsteme economique et politi que moderne. Des liens de communication se sont develo~pes dans toute la region, favori-' sant l'etablissement d'activites coordonnees autour des centres __ citadins. Soumis Ii rinfluence urbaine, Ie monde rural a ainsi ete -roiiCh[par Ie processus de differenciation des rOles sociaux, par la diffusion de normes et de valeurs nouvelles et par la generali sation de relations sociaJes .Q.~.RS
contraire, empeche la mise en reuvre de tels mecanisrnes d'inre
gration : l'urbanisation a longtemps ete partielle et limitee.
Quelques gros oourgs ont fait leur apparition autour de manufac
tures textiles, mais leurs contacts avec la campagne environnante
etaient pratiquement inexistants. La population paysanne, repliee
sur une agriculture de subslstance, n'etait pas en situation
41. 42.
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43.
Un type comparable d'analyse est E. Allanh, ..Types of PrOle!lS and Ali New York, Free Pri':ss, 1970.
pagne devint en meme temps source essentielle de clivage po Ainsi C. Tilly et, dans un la qualite du processus d'urbani I'emergence eventuelle d'un c traduction en clivage politiqu gressif et s~ developpe dans entre la ville et la campagne, duelle de la communaute pays d'un nouveau centre modeme. est soudaine et forcee,les alleg nelles resistent et tendent a eri goniste de la bourgeoisie43 • Or modaliu5s de ce processus d'ur !!!D1es dime pluralite de varia determinisme economique etr s'est ainsLaveree fav9rable a Vendee et defavorable dans l'analyse historique est precise <:ausalit,¢ qui est specifique apprecier ainsi, pour chaque relatif des differents facteurs d negatif qu'ils tendant a jouer d des communautes rurales en confirme l:i!T§~llcti.t?J~..si,!. developpement et veri fie I'interdependance qui unit Ie c Ie conflit _~lLeffectivern..e. change~nt, sa pertinence et aUSSl de la traiectoir;e suivie rythme deleurs mutations I'ensemble de leurs acteurs.
Mais l'originalite des tra compte la singularite du proc noncer pour autant a tout eff L'auteur construit en effet tout rnethodique des con~hions de dales traditionnelles. La refer du changement lui permet de coberente un tres grand nomb loppement, qu'ils soient d'ordr
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d t6change avec Ie monde du commerce, mais au contraire en de concurrence et dbostilite avec une bourgeoisie qui pretendait acheter la terre. On ne retrouve donc pas, dans cette region, l'es sor des activites coordinatrices qui avaient peu it peu transfonne la communaute rU1'!le du Val-de-Loire. Bien au contraire, cette "' hostilite latente entre ruraux et urbains tourna a l'antagonisme brutallorsque l'industrie textile con nut un demarrage rapide peu de temps avant 1789 : ce decollage economique accentua bruta lement Ie mouvement d'urbanisation et la pretention des nou veaux centres a exercer leur contr61e sur la totalite du Plateau. '*: L'avenement Ikla ~~volution.!8dic~lisa et PQIitisa ce ~onflit ~ co~troitement Ie comportement des masses paysannes : (~ft au lieu de s'integrer dans de nouvelles relations sociales, la pay sannerie manifesta son attachement it la communaute rurale tra ditionnelle en combattant la Republique, en refusant les nou::'1 velles elites, les institutions centrales et Ie role de citoyen qui en . " decoulait .::;I~ Sans faire directement reference it la modernisation, P. Bois .,.,i.Y developpe une analyse similaire a propos de la Sarthe. II nQte qu'a l'est du departement, Ie developpement d'un sentiment re pubJicain etait directement lie a l'absence de conflit entre la pay sannerie et la bourgeoisie efa l'etablissement progressif de relations d'integration entre la campagne et Ie tissu urbain en voie de formation. L'auteur releve que cette evolution est imputable a la condition des masses paysannes qui, trop pauvres pour vivre de leur production agricole, se livraient a des activites artisanales de tissage qui les mirent tres tot en relation de commercialisation ...(, , avec les villes. A cela s'ajoute que toute la partie orientale du de- ~~ y , t-I....~ ~.p.!!n~ITI~.n!d~~~!!.lieren}~JllJ;Loi§ee. etait peuplee de~ L:. ~ r'l.f - ~ d'artisans du bois, acquis a la Republique, encadrant la popula' tion rurale et favorisant l'integration de celle-ci dans un systeme social nouveau controle par la bourgeoisie. Au contraire, l'ouest de la Sarthe restait domine par une paysannerie plus aisee, ex- . clusivement consacree a des taches agricoles, et surtout suffiIv samment riche pour pretendre acheter ]a terre qu'elle travaillait : I' elle en trait, de ce fait meme, en COTlflit avec une bourgeoisie Ii dont elle n'avait rien a attendre (;t <]ui, de surcroit, se portait concurremment acquereur de biens fonciers. L'avenement d'une V'. . \t.\ ,J, revolution encadree et organisee par les elites bourgeoises eut Ie . i I:' ,,:;J.;0 _ meme~en Sarthe qu'en Vendee: deja ~fractairx!. ~ ~ \~ation ~s nouveaux centres urbains, la paysannerie de toute la partie occidentale du departement milita pour la sau vegarde de la communaute rurale traditionnelle, se dressa contre la Republique et se joignit au mouvement chou an : dans cette re gion, comme dans les Mauges, l'opposition latente ville-cam-
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~us U.fI retour"
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sont plus tellement les rapports sses qui expliquent les formes di. politique, mais les conditions pam a s'o¢rer la dissolution des an ou d'alliance. sous l'impact de tel Cette nouvelle demarche est donc iste et moins reductrice que celles et laisse plus de place a l'analyse y ne propose aucune explication a itique, mais simplement un cadre e reveler et d'expliquer l'enchaine us de developpement et de mettre de chaque forme de modernisation
d'autant plus precieux que Ie mo rendre compte de la genese des pouvoir etre etendu a un champ te. Tout d'abord, l'anal~se de lii_ utes rurales ne Dermet Das se .
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de d'analyse ne saurait se limiter a etes paysannes : on peut fort bien s bouleversements affectant n'im ociale et eclairer par 1ft meme les se r:ealise chaque sequence _hjsJQ: st significatif que sOitj)recise e s'engagent les travaux menes par nt d'interpreter Ie changement a la sont periodiquement confrontes les trajectoire de developpement se tenant compte du degre d'integra ment Ie systeme etudie. de la puis ou international qui a contribue ft le formule de coalition qu'i1 a ete sa cohesion et son equilibre44 • utions sont incontestablement en e comparative, de la degager en «reductionnisrne» et des pieges de re de proceder a la confrontation /r-i/
Rm......
ce II1d Cbange : Some Tentative Conclusions», ill Crisis. Clwice and Chaltgt : Historical Studies 0/
I.e divdoppemem da systimes po/iliques t!urOpet!1II
des processus de developpement les plus divers. n serait a eet
egard interessant d'appli9uer les elements de cette nouvelle pro
bh~matique a I'etude des societes du Tiers~Monqe. et de com
prendre ainsi la modernisation politique des Etats nouveaux Ii la
lumiere des conditions qui president it 1a dts.integratiR!] even
tue]]e des communautes tribales traditionnelles, operee sous
l'iIilpU1Sion des centresnouvdlemenfcre~Cetle extension reste cependant conditionnee par I'examen preruable des traits histo- - riques specifiques qui caracterisent Ie developpement de ces so cietes.
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Plus que jamais, depuis la fin de la b c:riIiquable, par son imprecision ell'un iI. .)IV'
II est tout d'abord evident tion politique suivis par les so Tiers-Monde n'obeissent pas les premieres s'erigerent en Et flu~ait ni ne les contraignait
1. Une temporalite particu
TIERS-MONDE
A • LA SPECIFICITE HIS
Les societes du Tiers-Mon tres differentes les unes des au sonnalisee par une cl!!.!!!!e, un saunut redUlre a line globalisa dela de ces differences, elles tmstiques communes de depe pesent sur les circonstan~ et qui les conduisent arepondre maniae originale, qui ne peu ment Ie processus du develop dence de cette originalite devi la definition des categories d'a differentes dynamiques assur res societes.
LE DEVE DES SYSTEM DU TIE
-..
ention d'uDe fonne nouvelle de
a
r ~~ci~ et a leurs...besoms. Au
s-Mon «urent placees i !'Issue de
njeu tout fait paniculier qui les
delais les plus brefs, de .§!!UCttffi;S
diti~nn~ieQt leur en~ dans fa vie
iennes puissaricescoloniales pre~ Ie plus acheve. Les societes afri- .' C'" lors Cccytelees entre la necesSite de tJ;. ples deja consaereset Ia vOlonredC ,7 en model ant leurs developpement propre culture. Cene contradiction oppement politique des societes du notamment de l'instabilite et des itique de chaque oouvellftat. Elle ns affirmee 'selon que la societe res sources d'un passe national ca s d'un modele orimal de moderni
e dependance
que des societes du Tiers-Monde
a situation de dependance dans la
rouvees et se trouvent encore. au
al fa~onne, contrOle et domine par
d-americain. Ainsi que' Ie Dote
ement des systemes politiques
s qu'a partir d'une analyse attentive
auxquelles ceux-ci sont exposes l .
uvel1e du processus de modernisa
ont ouvert la voie a de nouveUg
ernational un element defenninant
ns de developpement politique2•
intemationale sur les mecanismes Monde sTxerce d'abord d'une!!J!!; eripheriques sont soumises a aes hors d'elles et ne sont guere mai re developpement : la constructiQ!!
n, et meme l'institutionnalisatioD
t., p. 39. ystems and the Mod.urIi.zalioft ofSocietiu. Looctaa.
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Cf Thomas L., cOualisme
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c:l domination m .AfriqI:& Noire», ill Abdel·MaJek A., W .•
Soci%gie. I'impirialisme. Paris, Anthf
~
a
sont autant de buts dont le~systemes poJitiques du TJel"S-Monde son~ contraints de ~~g?terpour avoir leur place dans Ia vie.inter natIonale et pour· preserver leur pan de souveramete./ Essentiellement finalise de 1'exterieur, Ie develo~' tique de ces societes verifie encore moins que les autres Ie postu lat du changement immanent sur lequel reposent les theories de veloppementalistes classiques. L'analyse-liistorique de la mo dernrs~'·soCie'tesnon-europ6ennes doit, des lors,· plus que jamais rectifier ce defaUf1'fiOOfiCiiiFenmettant en evidence les sources exterieures de changement. et notarnment l'importance des phenomenes de mimetisme et de diffusion des modeles. A cet impact dIflus au sy*Steme international s'ajoote l'effet
de deux formes plus concretes de dependance qui pesent d'un
poids considerable sur revolution des societes du Tiers-Monde :
la $21onisalion et La dependan£e pon-colonia!s; !&.passe colo ..JJi.JJ.L apparalt comme une determinante conSlderable dn develop pement politique des societes qui y onl ete exposees et explique pour beaucoup les difficultes toutes specifiques. qui entravent en core leur organisation en Etat-Nation. Sur Ie plan de la construc tion nationale. la colonisation a incon establement vorise I mobilisation SOCIa e es POau auons traditionne les. rom. se on m@alites qUI sont tresinerentes ae celles autrefois obser vees en Europe, et qui continuent it peser negativement sur Ia formation d'un"sentiment natiorutl. Procedant. surtout en Afrique, ades decoupages ,!fbitraire..l des territoires conquis, renttepris.;: coloniale a contribue la formation de sysremes politiques han-· dicapes, des Ie depart, par une hjterogepeite cult~!l.P et eth nique beaucoup plus forte que ceIle qUI caractense Ies Etats Nations du Vieux Contine!lr Cette disparire a souvent etc. aggra vee par unepoImque qUI conduisait Ie colonisateur aencomager Ie tribalisme et Ie maintien des cheffc.ti~ locales, de maniere a onso r sa uveraine' t c'-e de la"metfupoR:" Imposam
en ill ~ langus,s europeennes commemoyen de conununication,
la colonisation a contribue it ~renniser la multiplicit6 des dia
lectes au sein des territoires conquis et gerief-aIDSl ]e' processus
d)Jnifi£~!ion li~i~avait ete, en Europe. une des bases
les plus sOIiOeSdu developpement national3•
On peut de meme noter que, sur Ie plan de la cOBStruction
etatique, l'entreprise coloniale a prepare la constitution d'un
~ tw.reaJJCGti~e JPOdern.,e, en mettant en place lID, appareil
administratif colOnli"i plus OU moms specialise : mai~ ce centre
essentiellement destine aasseoir la souverainere d'une puissance
3.
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.
6.
~.
4.
Ibid. ; cj. " I.M i. Lcca J., «Tradition, moderni1:e et idenL;Le nationale des systemes politiques internes; quelques exemples maghrebins», op. cit. It Cf. Leca J., Vatin J.C., L'Algirie politlqllL... op. cit., p. 483 et sqq. Cf. Cardoso F.H., PoliliqllL el dive/oppemeltl fks sociitis dipeNi4nles. Paris, Anthropos, 1971 : Abdel·Malek A., dir., Sociologie de I'impirialisme, op. cil .. Amin S., Le diveloppement inigal, Paris, Editions de Minuit, 1973 : Frank G.. Le diveloppemelll du sous~ive/oppemellt, Paris, Maspero, 1970; pour une presentation de ees analyses, cf. Leca J., «Pour une analyse comparative des J)'Stemes politiques mcSditerraneens". Revw fra1lfaise de science po/illqllL, aoot-octobre 1977, p. SS7·S81 et, dans Ie meme numero de rene revue, Peixoto A.C., d..a theorie de Ja dependance; bilan critique". p. 601~29. Poor un bilan critique de cette litt&ature. if. aussi notre ouvrage L 'Etat imporli. Paris, Fayard, 1992, ch. I.
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une CJite autochtone confinee dans ses roles traditionnels et par . consequenr-marp?eparee a l'exercice du pouvoir4. Ces donnees pesent encore sur la vie politique des pays du Tiers-Monde et expliquent. pour beaucoup. les difficultes auxqueUes ceux-ci se trouvent confrontes dans la realisation du processus de centrali sation de leurs structures P.2litigue~. ..... lrreste -qu"'l'au-aeUt de -ces traits generaux. Ia coIonisatiQ!},.,., connait de nombreuses variantes qulon ne sau~ : source dloriginalite dans Ie developpement du Tiers-Monde, eUe explique aussi la pluralite des formes de modernisation des sys temes politiqueS-qtlt en relevent. 1. Leca et J.C. Vatin definis-"* sent. par exemple. la «nature de l'explOitanon colomaIe» comme /'\~ Jlne variabl!Jli~~_4~ la~J})~emi§~tion et montrent V . comment Ies traits specinques de la coloniSatiO'ilsubie'par l'AIgerie permettent dlexpliquer certains aspects originaux du developpement politique de ce pays. notamment l'absence de confEt de classe au sein de Ia jelJne nation algerienne. hi r-A....•. ITiarg1hal1s:1tion cresnotm5teS1raditionnels et Ie succes obtenu par V ~~;; elites po.puliste_~S ... MaIS aussi aeterminant qulil soh. Ie regime colonial ne " constitue pas la seule forme concrete de dependance:res SOcie tes du Tiers-Monde se trouvent egalem~¥~~~ a un W!!.. Ius complexe d'«imperialisme» qui derive a sItuation pei1~ \}) phenque qu'en~g rR;ctlpenf'ilu sein dlun systeme economique di \ 'I rige de fait par un petit nombre de puissances c.cntrales. Cette v" -1''t. forme d'hegemonie qui connBit necessairement des prolongements politiques exerce encore un effet considerable sur Ie ~ developpement des societes dominees. selon des modalites qui ont ete mises it jour et etudiees par plusieurs chercheurs qui se n~clament d'une «sofjoJqgf~ 4~.J!!~dee~t:tian.ce» ou d'une ,(sociologie de l'imperzalisme»6: ---
e.XtUietire, est reste ~ficie~ et mal reIi6 aux tenito~re~ ~pbt•. nques; plac6 sous l'~ufQnte a'un perso~nel ~l!!>pob.taJ.n, 11 avaIl en outre ten dance aecarter des (onetlons les-prus Importantes
,
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7.
Cardoso F.H.• op.cil.. p. 81-811.
res
Analysant pIps particuli Latine F. Cardoso souligne a c nomique niest pas un phenome lormes differentes an cours d chacune un effet particulier s qui s'y sont trouvees soumises. europe:en' s'est d'abord organise du travail a l'echelle d~ resp~tipberiques 'ctrr'fs' "One ac etait contrOlee et comme!£iaJis a dorriinante industrielle. L'a nouvelle puissance hj&e..!!loniq g(lation de dominatIon : dote dans tous Ies domaines de la chercha moins a p!!petuer un qu'a utiliser les e.cooomies ¢r taux et realiser de nouveaiiXi nouvelle .forme de dependance, la marginalisation des societes \. du capitalisme americain su \ ~ll'~J3.:Y~» au sem de Ia soci . «~alisme» (par comme gression depuis la derniere g I ;rtenclavisation») est devenu do ". ~y~eme ,si Ce~e a,n~~se ne ;~) du phenomene <~mpenaliste» e Ibistoire du continent sud-a.me evidence l'etroite relation qui de dependance economique et pement politique des sociel~ exemple que I de ndan !lricoles a 'nO!?mment pour e mmee la charge d'organiser e nomiques internes ainsi que Ie eUe favorise par Ia meme Ia c ~. etroitement lie aux pui tlsamment .auton991e pour acc economiques qui lui sont assi systeme d'encIavisa.!!oJl retire decisio gative econormque, d'emp}oi relevant toutes de la dernier type de societe, Ie cen
nction politique e$sentiC) an 'bilite es «enclaves» etrangUes'~ ci se ait sentir au niveau de 1a for ces au pouvoir et de leur strategre.-r:a i!!Qrl» fait du possesseqr de la uvoir d'Etat. L'eI!ieu principal elant la ~ en place, on asslste genefcilement, etablissement d'un comprIDDis entre et Ie secteur la!ii!ondiair.e, l~ premier u second l'exerclce du ~ocal. uvent aux qepens des au.tres secteurs er des IlQUvel1 es elites urbaioesaspi autonomie par rapport aux circuits' . En revanche, dans les situations cit:.: D,", Ia puissance hegemonique teQd
atie traditioooelle qu'elle entretient et
reer elle-meme une elite exclusive
auvegarder les relations de domina
omme dans l'autre, et queUe que soit
ependance, la constitution de. X~1i1e
c sous t:i.!!!E1!i.§ion de facteurs sou ent pratlquement pas pese sur la n en Europe occidentale, et qui ren tion d'une veritable fusion entre les es donnees issues de la tradition de
W.o Tile
ont ainsi amorce un type renouvele ant, envisageant les phenomenes de ncept «d~40nomie dualiste»10. Le ontrer comment la penarntio~ du n Amerique latine, en ASle et en a des c;nclaves m~_ernt;.s exp.orta- " une ~~ls1e economlque bee a ts ~e;-alors -'iulen face, se ubslstance, dotee d'une j~h.JlolQgj.~ ll~!r~s, animee d'une culture es etTmpliquant l'enorme majorite de
derne se developpe aux depens du
t les paysanneries, provoquant une
controlable, et surtout canalisant
1·107. Hq>kins, 1980.
t, New·York, Norton, 1968; Murdoch
a
ressentiel des investissements : Ia logique de cettejtiVisiondu travail assure ainsi Ie «developpement du sous-dCveJoppement». Fort pertinente et explicative notarnrnent de la faible ca padte des politiques endogenes de modernisation, cette analyse Pourrait avoir contre eUe son syst~matisme : toutes les sociexes dependantes ne comptent pas en leur sein des secteurs enclaves et ceux-ci sont tres differents, par exemple d'un pays prooucteur de petrole a un pays d'economie rurale ... De meme. ~onvient-i1 de prendre toute la mesure de I'importance de la croissance du secteur industriel exportateur dans certaines socieres du Yrers Monde et de ses effets sur les economies developpees: il est ainsi indispensable de se pencher sur les consequences politiques du passage de ce qu'Evans appelle, a propos du Bresil, une «de endance classi ue» un «developpement de nd;mt»lI. II faut. par al eurs pren re en romp essor et a s 1 lClte des NPJ12, tout comme celie des ~.Etats rentiers» producteurs de pe trole l3 • Enfin, conviendrait-il de ne pas negliger les facleurs ex tra-economiques de.il~[).dl!Dc~ qu'il soient de nature~!itigue ou culturellel4• --- .
3. Une structure sociale spkifique On ne saurait enfin oublier que les societes du TIer:s-Monde sont dotees d'une structure sociale particuliere qui pese de rna niere decisive sur Ies circonstances et les orientations de leur de veloppement politique. A la limite. certaines dtentre dies ne re sultent que de lajuxtaposition pc: groupes en tous points distincts les uns des autreset ne parvenant qu'l une faible integration na tionale. II est evident que dans ces societes - que certains poli tistes ont qualifie de ~Iurales» - aucune culture commune" au ~une formule de legitlmite p![tagee par tous ne pent servir(fe base it la formation dtun centre gouvernementalls. Dans ces conditions, la construction etat:it:tue a ten dance a se realiser de maniere plus autoritaire que ce ne fut Ie cas en Europe. souvent it l'initiative d'un ~pe qui confisque ason profit Ie ~opoI.e de Evans P., D~~""alll di!v~lopme1tl 111: MiatlC#: oj MlI.llUsaliollal, Siau aN1 Local CapiJaJ ill Brazil, Princetro University PKss, 1919. Qad 1., B~1Wtd lite mylh : busilfess. _ y aNi power;" Sowlr East A.R.:r. Unw~ and
~1l. 12.
Beblawi H.• Luciani G., ed., Tille ReIIliQ !ftat~, I..oodNs. Croom Hehn, 1917. Cf. DOtre ouvrage, L'E~~!: 01'. cit.
H)'1Tlan, Londn:s.1989. 13. 14. IS.
Smith M.G., Kuperr:::ecr:;-pr.,l1lism ia A/Tica, Univenily cl California PIns. 1969. Cj. notammenl Ia contribution de Smith M.(J.~ c lnSlitutional and Politicllf Conditions 01 P1uralimt»; Young C. Tille Po/ilia ofc.IiMTl1l Phlrtliism. Umvel'llity clW~ Press, 1976.
~
"
16,
Sur ce sujet. on se reportera II Balandier G., «Problematique des classes sociales en Afrique Noire,.. Calliers illterMtiollaux de socwlogle;-XXX-vrn:;-'l965:"SuT Ie$; COMOllItions elhnocentriques de I. notion de dasse, if, Fallers L: .Social Stratification and Economic: Process in Africa ... ill Bendix R., Upset S., id. Citus Status and PdWltr. op. cit., p. 141-149. Surl'aw-rition progressive d'une bourgeoisie tc:onomique dans les socittts du Tiers-Monde les plus cSeveJopptel tc:onomiquement, cf. Amin S., op. cit., p,297-304.
'lit
la contnunte et impose I. tous les Butres g~ral~atiC!n de propres structures politiques. Au lieu de saercer aemania-e progressive et continue, Ie developpement politique procede. des lors, de fa~on selective, par sursaut, et selon un processus tres favorable 3 la demtrhiplication des coups d'Etat ainsi qU'3 1'0fA. cialisation des !i~'alites.de persffines et!l~_.dieru.tles... ' II est evident que ce*lura Isme n'est jamais inu58!..al : 3 me sure qu'eHes s'engagentans I'm{1ustrialisation, les societes du Tiers-Monde sont exposees aux effets de Ia mobilisation qui se traduit, notamment, par une differenciation progressive des roles sociaux et economiques, et donc par une attenuatioQ des aspects les plus trancMs de la «societe plurale». Mais tout aussi reel qu'il "oit, ce dernjer pMnomene'reste generalement peu developpe, tres marginal, et ne debouche nullement sur des antagonismes 2ssimilables a la notion europeenne de conflit de classes: les liouveaux groupes a statuts economiques sont encore mal dessi :es, peu conscients et tres divises notamment par la survivance (~es clivages culturels traditionnels. En outre, ~~~t:lisa!iS)]t et les rapports contemporains de dependance economlque ont em p:.:':che - et empechent encore - la formation ~ ~~upe~ so ciaux autochtones 3 interets veritablement contradlctoires : la Ll'tte des classesa'donc prn-S"Souvenfune-dimension internatio nale que nationale et ne joue probablement pas, 3 l'interieur des societes africaines et asiatiques, Ie rOle qu'elle a pu jouer - et joue encore - dans Ie developpement euro¢en 16• Les analyses developpementalistes qui - 3 l'exemple de celles de B. ~ ou d'Organski - ont ete construites sur la notion de g;tnflit so cial trouvent, dans cette autre specificite des societes du Tiers1.10nde, un obstacle important a la generalisation de leur portee explicative. Le retard economique de ces societes contribue, en fait, 3 deplacer les determinismes : <19minao~~n~, des la forma tj,)n de l'Etat-Nation, l.:mf!:~!!1!~Jure~onomique n'a pas reelle ment d'effets sur la formation des classes sociales en Afrique ou, en Asie. La detention du pouvoir apparait des lors comme la source principale de constitution des classes dominantes au sein' du Tiers--Monde, comme Ie meilleur atout dont peut disposer un groupe pour exercer son hegemonie, s'approprier des richesses,
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_,'------':....::i.. 'I.t';~;"~
1.11,
17.
'.""~-"
Cf. i ce mjet. Hoeming K.• «Modernisat d'Afriquelrqlialc". ill Abdel-MaIek. dir., lntdtiCemias as Poli1iaJ Elites.., ill Kau COfIIIlTiu_tIp, cit,. p. 235·251 ; Balmdier Fauon f .. La DatMh d.tIla tllrTlI, Puis, M
--~.-."
Chacun des traits que nous v conditions sptcifiques dans lesq des societes du Tiers-Monde, con distingue de cene qui marqua Ie monde europeen et nord-arnericai vers les «area srudies-»-aTailalys de degage~ires» qui £~ ciete du Tiers-Monde.La sociolo sentiel1ement consacree a l'elab d'apprehender les configurations communes et qui Ies distinguent developpement. Ces modeles insi de la predominance du politique """'.... -,., --.'
MODERNISATION DU TI
B. LES APPROCHES SOC
se doter d'un statut privilegie et, d ment en veritable classe sociale di Cette nouvelle particularite processus de developpement poli ration m~e, comme F. Fanon socio-economique solide et des qu'elle pourrait controler, 1~_.PQE Tiers-Monde est aJ!te..Qee, pou construire un centre gouverneme la contrainte, it recourir 3 la RejoignanL ae maniere significat pees ailleurs par Hurltin!ton, Fa entre l~ changement pohtique e l •... mique abount it des «!e.iq:-uyseli"ar ~-> (fictafures! l'intronisation de leade '~'I \...~~ Wts unigues particul tres peu mobilisateurs 18• On peut tt depasser Ie court terme pour cons structuration sociale et politiq.ue profond renouvellement des for tique et appeler par 13 meme un leur sont habituellement_c~rees:-
•
U ..... t:.Wpputu:.1U aes S}~le"J.ej·polll"i
"'~~'''j>Il'';;!~~!' .v""'.I'lI!!tMr......
ration de Ia soci~t~ civile. c~ri inuit~ et sa faible conscience dteDe_ a'bon cOIllmunautaire et se~I!JEe. reseaux uniwsels de soeTaliilite. de ce constat: Ie caractere nOO-pa aue. la generalisation des Drati isation de pratigues ailtOritaire~
mes politiques neo-patrimoniaux
'9
ur les~ctuali~r. cenaines categories r~he, par ce ,biais. a mettre l'accent Tlers-Monde modeme, aux modeles atrimoniale19. Celle-ci suppose une aement contrOlee par Ie prince dont isit les agents de fa~on -discretion I.ar.c~ et qui_decid~J et souve
t est de retrouver certains de ces ent des societes contemporaines ou d'Asie. Fonement dominees par see autour de la ",rsonne du p~ n modele de (lommat;on personmili vers l.!.pmtecgon et Ie maintien de Celle-ci developperait une strategie um l'acces de I'L~ripherie aux res e. a s'assurer Iemonopole de la re roler Ie processus de modernisation d'encourager pour maintenir sa~ enir de maniere a eviter qu'iI ne rivale,.s susceptibles de revendiquer '" e orientation precise a la politique ntierement contro)ee par le.P2uvojr lusivement en conformite avec sa e a une logique economique de I'in o~~ Ie capitl!! de soutiens dont Au heu de se construire de f~n nee aux des§sins de l'elite politique r ~a~~
nomiqu~~ La pratique neopatrimo );f~~
llialum IUId Motkrll ttIo-PtmimottiaJintt., Bevalley
U/.-_t..J D_I:~: __ 'VV
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ssi Roth G.• «Personal mlcnhip palrimoniIIism•. ,
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LIt dlveloppemelll du qtlJmes poIitiIpIa • ....".......
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niale permet ainsi de renforcer les fe$SOUI'Ces gil grouirIi au ~u voir. mais aussi de les echanger contre Ie soutien ~ .' bien places (notables: syndicalistes.leaders d'opinion.:, . Richard Joseph suit une demarche voisine.lorsqu'a propos du ,Nigeria. it constate une «~!UP2litisati~» de la vie sociale et construit Ie concept de <~ysteme PQIitigue de p!e~nde» qui de7 signe des situations dans lesqueUes les acteurs- i t i ues concourent pour obtenir des positions e pouvoir au sem e I'Etat afin de les utiliser pour leur benefice ~nnel ou poUT ce lui des groupes qui les soutienneflL l1neree probIematique permet alors de montrer Ie mode original d>ani~..YIitiW entre les com onements oliti ues. economigues c;L¥iauxgui ¥l.!1t 0,9 serve ans es societes du ca italisme n hen Deli. Toutes ces- analyses mettent en tV! nee 'inversion des de- . terminismes qui affecte les societes do Tiers-Monde~ entre Ie politique qui parait independaQt et l'economique qui y acquiert un statut .§ubordonne. Le sous-developpement ecooomique Peut etre tenu. aans pes "'conditions, pour un des facteurs controJant l'apparition de ce mode de domination. Ce n'est pas pour amant le seul : les resistances communautai'Ces, Ie caractere segmente n anceaecale-ci.jJ'egard de l'exte de la socIete CIVI e, a rieur. l'inexistence c asses et~ en premier lieu. d'une aristogJl: tie dotee de privileges compromettent la mise en place de £Outre pouvoirs. ayant une extension nationals. Quand ceux-ci se for ment. Us sont generalement de nature J!:articulariste. donnant ainsi des atouts supplementfu"es au centre ~litique et 1egitimant sa pretention a universaliser sa domiilatioo./ L'hypothese neo-patrimoniale dispose ainsi de solide~ ar guments en sa faveur. Elle rend intelli~b1e~ bien deSpratiques politiques courantes au sein du Tiers-Monde ; elle a pour eUe'. egalement. de construire de fac;;on peninente Ie Slam. d'u ~li tique dans ce qui fait sa difference par rappan"3 une sociologie classique de l'Etat. et s'inscrit ainsi dans Ie cadre dOone reflexion socio-historique. Celle-ci n'est pourtant pas menee jusqu'a son terme : outre qu'il renvoie a des definitions encore trop vagues et parfois divergentes22 • Ie concept de neo-patrimonia lisme semble pretendre a une universalite qui en realite Ie des
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--
Pour une application aWl sociit6s moyen-orieatal'cl. cf. Bill J.• Leidm c., Po/ilics ill 1M Jliddle East. Boston. little Bro..... 1m; pour d'aIIIJa ~ ltoc:l R. Brazil ; Politia ill a patrimonial 8OcillIJ. BOIlOl1, ADyn aad Bacon. 1972. Williame J.C.• PlIlTimbttMJlistrt IUId political cqf! ia dtt COIlfl'. Sbnford. Stmfonl Ulli.Ycnity Plus 1912; CroodI H., cPatrimonialism IIId MiliIafy Rule ialrJdooesW. WoddPfliiliu. XXXI juiI. 1979. S71-S&7 ; M~rd J.F., dir. EIBu 4 AfrifW NiNe. Paris, ~ 1991. Joseph R., «Class. State .nd Prebeadal Politic. ill Ni&eri.... 'lie JollT1fQ/ of CorNnott_ItJcIlltdComporllliv/lSllltiiD. ViOl XXI._.1983.p. 21-l&.
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24.
23.
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m.
de clientele; du pbenomene "analyse politique», fevr. 1976. 103-131. Sur clientelisme, aussi Schmidt S., Scott C., Guasti Berkeley, University California 1977 ; Eisenstadt S., Lanareband 1981 ;
M~ard J.F., «Le rappan social a Revut /ra"faise de SCiellU politiqut. p. Ie cf. J.• Lande L, 6:1., F,.ieNb, FoI.lowers alld FactiollS, of Press, R., Cd., Political Leca 1., Schemeil Y., Cli.elllelism, Patronage and Developm.elll, Londres, Sage. «Neo-patrimonialisme eI clienuHisme dans Ie monde arabe,. ; Gellner E.• Waterbury J., ed., PalrollS and CliellJs in MedielerrlUlt!lUI Societiu. Londres, Duckwonh, I J.F., art. CU., p. lOS eI sqq.
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28. 29.
n.
26.
25.
Banfield
Oticago. University of O
scit!1lce poIiliqlU!. avo 1971, p. 259-2 Lande (C.).I..etuUn. FactioM and Haven. Yale Univemty Press. 1965. E.. Tite Moral of Backwar Cf par exempJe Weiner M.• Part Congress.
cIienteli 1972.
On noten. par exemple, la prise ntalie: Allum P., Politics aNi Soci 1973 OIl Gtuiano L ...La crise d'u Lemarchand R.. «Political
ciples) e!.j?atrimoniallS• Nul retrouvent 'dins ~ust americaines : elles structure Ii ses electeurs que ceux du ricaine it la population de sa fait done un concept suscept 5..).\~ relations sociales26 . ~~anqe distingue cepend ile c lentele est Ie m:iocipe e teme poliflque et celles ou i J miere de ces situations est fr etre tenue pour constitutiv listes». Elle ' ul de plu , Ique neo-patrimoni~ qu d'affrontements entre _elite~l s'appuyant essentiellement qui peuvent esperer utili , .J~titutionspubliq!!e~ '!!.19f! est egaIemenra1imente par d'aIJicylatiQ.,n entre Ie~entre autant deriver de l'iden~ tr que du caractere trop segme met en evidence l'effet dete ui co duh Ies' acteurs soci~ rulientelaires a ~ strate formes de mot;lvements de obligeant aun panage trop la Le systeme politique cli temps a des realites transito veau de mobilisation SOCl e (pratique politique neo--Etri mentaire et commOOautalre certalnsOeveJoppemefitalis ment de leur construction po modernisation inachevee29.
"_dtveIoppeMQfl4!aSJ.stem
~1, .r .
sen, Ie syst~se abusivement et Ie conduit 1 perdre une partie de sa pertinence en reduisant 1 un meme ordre poJitique Jes experiences de l'Argentine, de l'Inde ou du Congo... Envisage de la sorte, il semble inviter A une construction trans-cuIturelle py RQ1itiru!e ; u~ sans precautions, il risque ae ii[oil£Cavec~.' cenains aspects de la demarche developpementaliste en sugge- \.j> rant que I'or anisation neo- atrimoniale des systemes politiques constitue une---,, sone tape precedant_ --< ent:ree dans la modernite.
~'\). 7 -'.
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2. L 'analyse des systemes politiques clientelistes s'impose comme prolongement de l'hypothese neo-patrimoniale. Celle-ci ",' '\ """ suppose en effet une ~ de representation '-.>v·,I)1iant Ie £eE!re et la ~~ri.eet postule l'existence de relations venicales et serectrves entre ces deux instances. Dans ces condi nons-;Tessentlddes-'relations. entre gouvemants ~t_gguvemes s'exe'rce sous la formeaerera:ilons de '§ieiiiele=que J.F. Medard definit commeEun rapport de dependance personnelle non lie la parente qui repose sur un echange reciproque de faveurs entre deux personnes, ~tton et l~J~.!knt, qui contrOlent des ressources inegales»23 J.. J.F. Medard explicite les quatre caracteristiques essentiell~s de cette relation. D'abord son caractere ~rsonn
tion de dependance, puisque Ies parties disposent de ressource~ inegales· et que ~.jU a plus a craindre d'etre abandonne par' ,\,;.. . son.p.~.f:!'o~l,qll~,(~~TIIT~}Jt'~.~ J~ la ,defec}ion d'.un.(I~ s~~. (r ..., 'lllll-clients. Elle est enfin ~e, pmsqu elle est inegaIitaire et !ill.!: terale et empeche la structuration de la societe en classes24. - "'Bien sUr, Ia relation de 'clienteieeS"rune cifegorie tres ex- ;,;:-Aalsive de l'analyse sociologique et peut done se retrouver dans ,.~ histoires et les contextes les plus divers. R. Lemarchand di~tingue, par exemple, entre Ies relations de clientele de type feo ~l, tpercan!U.e, :~e (Hant une autoriterelfgieuse A ses dis
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VISIon et suggerer que ,. tion de ce «pluralisme limite» dans Ies divers contextes du Tiers ment associe ila difficulte plus. Monde contemporain. .QP le~ institulipJl~~!lit!q~~ .. a) Les conditions d'emergence de l'autoritarisme font rob es qui relevent d'u~t': tout a~tre jet principal de la reflex ion menee par G. O'Donnell dans us autonome du ohu ue, amsi .\-lodernization and Bureaucratic. Authoritarianism. L'auteur se organisation ureaucratique propos~erenies phases de l'histoire ducapi[aJisme s communautaire gue societale. ~ en outre conduire assocler sud-americain a l'alternance de systemes politiques , es pratiques «l2arentelaires» et '''~C(iJl~ora('}.ts» et de systemes politiques «excluants»32. Les premiers cherchent it activer la panicipation de secteurs popu omplementaire des liens com laires «>J, aIors que Tessecoiiasprocedent au contraire en la restreignant de maniere drastique.J( olitiques autoritaires s'oriente, /' Les systemes incorporants renvoient it un !]lQde oopylisJe de en cause du'lien trop simple mis ~~~rnent. tels Ie peronisme ou Ie getulis!'ll' ; il. oot pour ls entre sous-developpement et fonctio· selon O'Donnell, d'assurer, par une large coalition de , .' c asses, a promotion d'une politique ipdustrielle orienree vers la out l'examen des sItuations 1a Coilsommation et l'essor de Ia production' nationale. r, des cas bresilien et argenijjl, stes, comme Q'Donnell ou «systemes eXcluants» -" ou Etats bureaucraliques autoritaires onditions d'emergence des sys . - 3sS.-·u."renT-a:u-cCm.rr,aire. une depolitisation syste~ue, desti l . nee it remettre rintegralite du pouvoir entre les mains d'une pe s tant a 13 pauvrete des societe~ \ tite ~e composee de technocrates, d~itaiI1!§_et de.civils li~.§. ques panicularisant l'histoire de " au capltalisme internationiiJ. Cene restriction de la panlcipation st deja en soi difficile a definir. \" .' fait echo, pour l'al.!teur, aux crises economiques derivant des ex: liste qui rassimile_~urementet :::; t periences populistes et se traduisant par l'aggravation des defi. on et une participauOilTriache- i->Ji'~ cits, fa hausse de l'inflation et la baisse des revenus des ('lasses que Ie recours au seul critere de moyennes. VEtat bureaucratique autoritaire'-correspond ainsi a itique3o• Les experiences totali un bes€>in «d'a rofondissement e l'industrialisation», lie en mobilisation qUI ont pris forine meme temps a es ranonalites sociales et economiques, et s'im qu'un gouvemement autoritaire pose comme traduction politique de l'austerite. O'Donnell I'uti urant la pplitisation unilaterale lise pour designer par exemple les situations politiques bresi ur depohtisation systematique. liennes apres 1964, ou chiliennes apres W... ~ L'lnreret d'une telle analyse est de monlrer comment Ie » auquel recoun.!Jnz a, en re ensif et de designer ainsi ren developpement du capitalisme peut etre egalement porteur de elles l'action oolitigue du centre 1 pratiQue.~ autoritairsr,s, et d'aboutir ainsi a une vision ntre- ouvoirs31 • On petl~ regret pessiiRiste, cenes, mais plus valide - qui ne presenre plus les un tel concept et Ie fait que la Ipt atteintes ponees au modele democratique comme des crises mite aen faire Ie contrepoint du 1,' ~~----_ Ilr'lees a· ~'E~RSr a mesure que s'opere Ie developpement. ue doit en faire la sociologie po __ ~~~conv~nt-il de relever l'effon visant non plus les differents modes d'incarna J~'~ seulement a lier l'economique et Ie politique de fa'ron detenniniste. mais it mettre au contraire en evidence "effer Structuranl de I!, strategie des elites dans Ie cboix des politiqoes
l G., cL'autorilarisme,., in Grawiu M" Leca l,
egimes,., in Greestein F., Polsby ~" Handbook
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34.
33.
37. Piu$OOTP Pre.. 1'177.
36. 63. Malloy 1.• Cd., AIIlMritariatJism :;nd Corporatism ill Latill America. University of
35.
Stepan A., «The New Professiooalism of Inlemal warfare and Miliary Role Expansion .. , in Stepan A., Cd., AlIlhorillJriDlI Brazil, New Haven, Yale University Press. 1973, p. 46-
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fondissement du ca italisme economiques et des modeles dl>r"a.nisation .politiQ1!e. et surtout ta Ir a priori un lien quel dans la.~~!.tc)E.-A~.J2!,.l?~~t:!tcipa~!~I!.J~)~. Cette place ~, les cycles de la vie econo accordee au jeu des acteuis - riieme si eUe est encore 1imit~.-::::= ........J perspective qui confere en constitue un tactew: oe V" --peeflne et nord-americaine sieurs problemes. II est tout d'abord difficile de nier Ie caractere sise ideologique ni d'un verit 0~Ltqri!aire de la plupart des systtf!les PQli!iques ~-IDlli~tes et de ...)'/' .' grande partie a cause de son ;1e pas admettre que certaines formes de mobilisation populaire , '. geres. Cette situation a cond \ A\'t_~\ssent all~r~ avec la pratique de la contrai~te. Plusieurs ., ,).,; . ,)'-"""' :rJvaux, notamment ceux de Malloy, montrent cJalTement tous sir, pour atteindre leurs fins, caracterise au contraire la f ~\ ~r';~ C-~..5S~us-el1lt!!.d..R~» autor~taTreS9~~ !X~kos le~,_~~st~~es.~ capital de soutien. mais ne .~ , :..~ JlIf,~nclu~nj.S.» : une forte prall.que d'ehusrneet de paternahsme, "~ qns dOute, mais aussi et surtout, fe recours massif a un corpora-_ ment forte, rec0l1nue et des mouvem"e'niS ouvriers oc )isme d:Ew qui place les organisations representatives sous la se trouve, de ce fait, souvent tutelle du pouvoir politique et qui laisse a ce1ui-ci Ie soin de ]a fonction d'entreprise. de structurer ou du moins la possibilite de contr61er les :',1ouvements de mobilisation populaire34 • La depolirisari2D et un mode qui fait aussi grand Jjnclusion sont donc bien deux variantes de l'autoritarisme qui aux pratiques autoritaires ,donc toujours a un choix a derivent touteS deux de certains traits que nous avons situes au rendu possible en meme te centre du neo-patrimonialisme : la su eriorite des sources politiques sur toutes les autres, la dl Idle strucrurauon e sources politiques propres a faible structuration horizonta r~seaux de s9l!dariteSJH)rizontaJes~ns oppo§ant centre etI>efTpnerle, aufiint d'-eTements qui, en chaque occasion, abandonnent au politique Ie soin de determiner, a partir de ses b) Lo formation des regi propres ressources, l'orientation des politiques economiques. La realite de ce choix des .!cteurs J>
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)es jeunes Btats n'ont pas l'exclos en revanche indeniable que la plu ers cette fonnule de gouvernement, nt inedites par rappon a ce qui s'est es systemes autoritaires euro¢ens. s-Monde, I~~ a Eani unique ntes qui illustrent et entretiennenfla odernisation politique actuellement ennet donc de retrouver et d'expli s. les principales differences qui trajectoire du developpement suivi ant. generalef!l~n~ avancees a;e suJet. chercher l'ongme de ce phenomene lits qui affectent les societes dotees cette methode Ie conduit pastu ation s'opere a partir de cliv~.s. l~ syst~eQliti9ue aU~J~ng~~
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crone
..~~_; au contraire, lorsque la mo ase d'un clivage unique ou d'un en es, Ie systeme politique tendra a se ura precisement pour fQnction d'Q! emonie du grou~"'yain9ueur ~ur Ie isme serait ainsi I'expression fon bien rendue, il est vrai, par Ie anis uniques qui s'efforcent essen pulation contre un ennemi designe, e natI~IL~traJ1gere, ou d'une c1asse
une Qelle situati~,- ~ite de Qandue:>dans les socletes qUI ne font on : l'e~latement desalleg~~l1ces re Ij~Ym~ et .h! . ~IlJ:1.1'p'!&ne, les luttes oloniale constituent autant de don ocietes du Tiers-Monde qui ten dent a encourager la formation de panis supposer, avec Huntington. que puissants, homogenes et structures ur du phenomene de «bifurcation» ueront ades rythmes et dans des di
nal Dynamics of One-Pany SYSIanSlO. ill HuntingtOll olilics ill Moehrn Society, Basic Booles. New YOtk,
Op. cil., p. 15.
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1'adVersaireeCe-n
. rections differentes. seJon les intentions et la strat6gie~Sites qui les manipulenl S'interrogeant plus paniculierement sur I'evolution suivie par ce phenomepe, Huntington releve que Ie pani unique peut remplir deux types de fonetion : soit maintemr et cons5Iider la bifurcation, en limitant Ies forces de 'anlni'ant aIns! un sYsteme politique de type ,,!xclusionna..ire» proche de la categorie utilisee par O'Donnell (comme en Afrique du Sud, ou dans la Turqu!e kemalis!e), ~i!"£n:5~~r, ~Qritair~ a la transformatIon complete de 1a so..::rete en cherchant a atteindre toutes les forces qui la composent et en prenant la direction d'un systeme politique de type
u.
40.
Sur ce demiet fXlint, if Ozbudun E.... Esaabtisbe:d Revolution Venus Unified Revolution : Contrasting Pllllems of DemOCTlltil.aUon in MaK:o and Turkey.. , Huntington 5., Moore C., ed., op ~it, p. 380-405.
-,c".·,.
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41. 42. 43.
HWltington S., op. cu., p. 19. Ozbudun E., op. cit, Cf supra, dew. i~me'partie, chapilR: 1.
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45. 46.
dans Birnbaum P., Chazd F
516. 0", cU.• P. 33. q: supra. pnomiUi:: pn\ie. dIapitR: I.
lIB f~is
de precipiter une explosion ttvolutionnaire qui remettriul en taine stabilite aux valeurs et au cause la nature merne du regime en place. II peut egalement re tion. Ce processus se traduit d'a pondre de maniere plus indirecte, en orientant la rnodemisati@n sif d~el un transfert de so ~ocio-econornique ~~ une ~irecti?n plus favorable au .main~ie,n faus lInpersonnelles. capables p du gatu quo : Huntmgton retIent amsll'exemple du reglme ..hbe a conJoncture eDrasseoir leur fien d'apres-guerre qui, pour se proteger contre la [ormation riode. Ce retrait du chef se reali '~\j.. parti qui devient Ie principal det d'i:i"ne classe d'industriels autochtones susceptibles de dlspute..r Ie pouvoir it l'eliteen place, a deli6en!ment choisi de faire appeT'a""' voir, qui s'organise de fa~on des investisseurs etrangers41 . Enfin, il peut accepter de se trans ~rsonnel Q.!v...a~~t~~e J?rofe.ssio f(mner soit en integrant, en son sein, les nouvelles elites, soit en des militants revoutionn31res. l<.iissant Ies elites dissidentes ou Ies exclus former un parti . . ~ raIlelernent 3 ~qati; d nmcurrent, misant sur l'incapacite de ceIui-ci de prendre Ie pou ~ ~ ~essalfe queds \';'ir. Dans ce demier cas, la modernisation determine une veri / devient meme dysfonctionnell t41hle transformation du s sterne liti ue, puisque d'exclusion veau consensus et pour Ia per n.,ire et monopartisan, ce ui-ci devient uraliste et competitif. l'id6010gie revolutionnaire du-p C est par exemple Ie modele de devel~ppement que suivit la se maintient desormais de fa~o .Turguie d'apres-guerre, Iorsque ~Republicain du PeU121~ valeurs ayant ete peu 3 peu i la population44.:. laissa les nouvelles ~lites industrielles et bancaires s'organiser d~:ns Ie Parti Democrate et s'appuyer sur les masses Qay,sannes L'auteur releve enfin que, jasque-Ia exclues du jeupolitique42• nalise, Ie systeme revolutionn Contrairernent au systerne «~~I!lsiQnnAir~}) qui ne change «defi», en se dotant d'une legi que par les Rressions exercees par son f(,nvironnement, Ie systeme Cette demiere phase de develo " (,!..evplutionna~ recele..en Iul-meme les principes de son propre gence et I'arrivee au pouvoir d'u , .,.,.- ;F...r r ___-developpement puisque sa fonction consiste it changer les struc trice, par la demultiplication de -" tures en place pour etablir un nouvel ordre social. Se referant a la competirifs, par l'essor d'une~n notion, d1!lstitutionnalisatjoo qu'il avait precedemment elabo de l'elite au pouvoir et enfin ree 43 , Huntington considere que Ie developpernent d'un tel pro mandes de participarionpopula cessus est essentiellernent regie arIe besom d'assurer ro essi Cette derniere remarque ve t la erennisati des ac UlS e a revolution, onc e certaine arnbigutte it l'en S. Huntington semble reprendr .::;.:,?" t:.""tran,sformer a societe, e conso I er ~ ~ IUbiIili du systi:me polilique en pIaI nues par un effort de «consolidation» visant a assurer une cer \ l' \. "" ) -A~ depolitisalion,. telle qU'elle a Eli dtf ..... Politicallnvolvemenllt, ill Allardt E.,
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diveloppemou des S}Slenws po/.i~ .!.';"'~" ,o,":",!,,' ,"" ,',,('. ,-~k;'i»"
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Vers WI relour d
Le dbeloppemiUU du splemes politjquu Aulu.rr-IMA_
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L'introduction des '~es historiques et cuhurels ainsi que la prise en compte de I'ordre mondial ont incontestablement permis de mener une analyse plus rigoureuse des socieres en de
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Cf entre mtres. Badle B. Sanluw R.. dir., COllles/a/ioM /!II pays ~IUIS, Paris, OIeam,2IOmes,1984ttl981. Hyden G .• 8eyolld lJjQIftIIlI. ill TallWtlli.:z. UNkrtUlIeJopm.elll alld _ KlICaptKred Londres, Hir:nematm, 19110. ~
veloppement et ouvert ainsi, peu it peu, Ia voie au «post-deve-~. !?ppementaI!,~~"e». Celui-ci P~f la rupture avec mtl'S"lEs 49.
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c. POST-DEVELOPPEMENTALISME ET NEO-DEVE WPPEMENTALISME _ ~
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Ce nouvel edairage a Ie mente de ~n m!me temps les ord l'avantage de mettre en evi illusions du develo~~mentalisme et Ie carcao_de 18 methode . gimes monopartisans et l'imQos institutionnelle, pour inviter-aune an~(parIebaS;-de·· tegorie unique d'analyse. Mais l'ordre social. CeUe-ci suggere utilement que la logique neo-pa d'une methode capable de rendre trimoniale ne rencontre pas un systeme social totalement passif. nIDLent les diverses trajectoires comme Ie laisseraient supposer la plupart des analyses consa TTes regimes dotes d'un parti crees it l'autoritarisme, et qu'il est pn!cieux de s'interroger sur la s-Monde, cette m6thode permet multiplicite des productioflS d.!1 politi9.l!e propres it l'histoire de t un cenain nombre de variabIp chaque societe. D'ou }'importance de constituer une sociologie de important sur la transformation Ia contestation dans les societes extra-occidentales49, mettant en ns entre les cliv;rs internes et evidence ses specifi.:-ites, notamment Ie role de la religion, des du ~ssus deeco)onisiidQn, precheurs, des petits intellectuels, mais aussi de certames pra de I'Emt-Nation, imponance de tiques comme l'escapisme la resistance passive ou I'economie 1 IsaOon soclale.,. d'affection. Celle-ci. mise en-lvidence par G'. Hyde,!!,> a propos de la Tanzanie, monrre commentJ! Qaxsannerie releuj!, par la . ~~MooJ.'en~_uJ~, toute interference du PQ!!yoirpQlitiqI!~_ risme : les «modes populaires h - dans l'eco~omie r!IDile, co~ue comme devant etre regulee ex cTusivement par les liens communautaires 5o, Plusieurs problemes restent pour autant poses. D'abord iveau, la pertinence de travaux l'usage discutable du concept de_s?Ciete civile. dont on peut se me temps l'hypothese evolution demander si elle n'est pas trop rapldement con~ue comme une table et cene, issue de Ia vision realite constituee, alors que doit etre soulevee en priorite la ble mise en echec de l'ordre po question de son mode de constitution et de Ia realite de sa it I'interieur des «~ocietes ci construction. D'autre part, Ia difficuJte d'apprebender Ies pra ~modes populaires d'action polJ tiques de (ldetotalisatioJ!.» evoquees, de definir Ies methodes pennettant de les recueillir de fa~on systematique et surtout de mesurer et d'apprecier leur intensite, leur nature reellement poli tique et la puissance de leur effet sur I'ordre politique en place, Autant de problemes qui avertissent de l'ampleur de la recherche it mener et des precautions qui doivent l'accompagner, mais qui ne rernettent nullement en cause laJ~ertin~~.s~ de son orientation .
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Ies pretentIons autontaires du evidence Ie
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ll poliJique. Paris, CERI etie groupe de travail an J.E, «La revanche des soci&es 'fricaines», on C, us musulw!atts tl Je POlJ.voir ell AfriqlU!. P, juin 1985; Couloo c., Martin D., dir. 1991.
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52.
51.
On notera pounantla reconversion assez surprenante de cenains auteurs comme Samuel Huntington dans I'usage assez peu critique de la variable culturelle envisagee en meme temps ~::)JI1",e principe d'identification, mat rice de developpement et facteur de structuration des relations intemationales. Ceue derive culturaliste est une reponse possible a la crise convergente des theories developpementalistes et des relations intemationales de I'apres.bipolarite. Cf Huntington S., "The clash of civitizations ~", Foreign Affairs, ete 1993.p. 2249. Migdal J., Strong Societies and Weak States, Stale·society relations and State Capabuities in the Third World, Princeton, Princeton University Press, 1988; Ergas Z., ed., The African State in Transition, Basingstoke, McMillan, 1987; Callaghy T., "The State as Lame Leviathan: the Patrimonial Administrative Slate in Africa», ibidem; Chabal P., ed., Political DomiNllion in Africa: reflections on the limil o/power, New York, Cambridge university Press, 1986; Puuerman L, Ruschmeyer D., State and Marlut i,. Developml!N : synergy or rivalry, Boulder, Lynne Mienner Publishers, 1992 ; Bayart J.F., L'Etat en AfriqWl!, Paris, Fayard, 1989.
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postulats qui fondaient la thootjeldeveloppementaliste : 1 these d'une evolution universelle!ntelli~i~ par l'observateur et opposable ~ l'acteur est clairement rejet e. La rehabilitation des cultures a momentan(ment conduit ~ des exces qui ont, a leur tour, ete abandonnes ~elivre du determinisme evolutionniste, X Ie o_st-~_~."el_o ementalisme ne saurait se su~raonner I'in;~~ 'raUf es cultures , a une m camque out aUSSI redoutable qUI rendiait les individus et les societes prisonniers de leur Histoire et definitivement fermesrcelk'des· atiiies:--Les"progTeS'ae-la ~-- a'" '. --'-"---'~"~'~-='~'-------' __ h_"'-'-'r-- mon lahsatIon ont en fait permis de sta6i iser Ie balancier : !£. 9.~vel~ppement n'est ni ~niverselleme,~!_pr9~~~~.e,!}L~!!lturel1eme·nfeCTate~-iresriiiteiaCtif;·contrarnt par des parametres'muT tlples re¢'raoles a l~hel1e mondiale, mais constamment remis en cause ou requalifie par des dynamiqu~~
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autr~p~o(:tllf~ion, dU~P2litique
S3. S4.
1992.
Paris, Le $cui1, 1993; IaffrelOl C., Couffignal G., dir., RliAlIento III di
Coolon c., Manin D.C., op. cit. Etienne B., L'/slam radiclll, Paris, H
une ligne de fracture peuFett bat : cette production repose ""O'lnvention suffisamment for -=Uonii"WeOu est-elle extraver !9nCtIOns graves qui risquent la dependance, voire de l'exc . qu'on pourrait simplifier eti methodolo~ique» a son cont posent : si les determinants i mis, leur etrennisaticw deoou propriation QU sur 1a constru univers politiques seraient e propres a la societe en deve nomes pour etre reellement i prooiiire des expressions centr Pour Jean-Fran~ois Ba propriation» se revelent ai assirniler a la societe les lo celles-ci se revelent en fait c des jeux de solidarite et de f Patrick Chabal, comrne Joel . Afriques !,Olilique~53 insistent ~/Ja profUSIon des reseaux asso \ ,.... clete cIvile et sa capacite de fonctionnements de l'Etat. Att ) Afrique, des associations de (Zambie), ife journalistes ou aussi de societes d'epargne seaux d'econornie informelle sociabilite reli ieuse (Eglise mesSliii1qi:ies, etc. : espace du Moyen-Orient, du monde i retrouve ainsi, systematisee, l «modes populaires d'action p Cette premiere constructi rion de «post-developpement d'un reel depassernent de ce
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ppropriation peut rendre progres compte de la demuitiplication s allegeances, nOtirOment reli
mants les elements d'une bureau gieuses et communautaires, ainsi que de la recomposition stra
ation univer§ali~. On peut ce tegique (et non naturelle) des identifications ethniques et
tions la vision partielle et par trop tribales : e1Ie met ainsi l'accent sur la crise dU~-'!.i!!!Q!!~l et
t d'un Etat que Thomas CaUaghy consacre Ie remplacement du nationalisme par Ie particularis,,!!e.
iathan boiteu'Q>: toute une socio .If. L'essor des espaces soc;.iaux vides marque j'ech~ deii!r.Q£~.§~s. n EM non se"tHement mal adapte, '"\~ penetratjg~Ji~~n developpement au sein de la societt~ lise de l'interieur comme de rex et I'appannon de nouvelles mediations permettant l'acres des in ble capacite et les couts econo dividus aux biens collectifs (reseaux sociaux, associations d'en structure polirique im£?2Sse plus traides, communautes villageoises, etc.). Quant ~ neo-EolIu Iisme, il designe l'essor de strategies d'inversion par lesque es flse~e dans la societe, poneuse u'i~le par les gouvernes. "1e'S1'ouvemants - en place ou potentiels - ten tent de mobiliser d'un systemisme d'antan, l'hypo les gouvemes a partir d'un appel au peuple et d'une critique sys de la regulation - par trop tematique de la polit(que et de ses elites. Faute de pouvoir s'ac ueur, etre verifiee dans certains tualiser, comme autrefois, dans une politique economique ou le ne peut pas s'imposer comme etrangere d'inspiration nationaliste, Ie populisme qevient une . Enfin, Ie contexte international gestuel1e, une pratique de manipulation symbolique valorisant e politique dans les societes en teS' attentes populaires en vue de mieux les cont:rOler et les cana i des contraintes intemationales tiser, mais aussi exaltant les principes egalitaires afin de mieux deployees par les elites d'Etat au les contenir... et de faire accepter les plans d'ajustement structu nt. Ces strategies qui deviennent reI... Plus que jamais, Ie developpement apparait ainsi comme un pas a priori con~en~ avec les ordre de crises et de tensions, comme une recompositioo mobili-· 6. . . ~'C,~ satrice et conflictuelle it l'echelle intemationale. , sion trop fonctionnaliste du deve QueUe que soit sa diversite et queUe que puisse ette sa por scrivent dans cette seconde pers tee novatrice, le post-developpemental'isme ne s'impose pourtant ccent sur la crise recurrente qui '. ..J"'pas comme Ie nouveau ~difml£ dQ~,!lWlt. II est, au contrair~, tant dans sa..£~pacite ~isf!il?ll,~!Y~' ,. , ...)~ confronte a un neo-devJoppememalisme militant qui, pour se autre etant d'ailleurs li€es. Le de. recomposer, se nournt simultanement des espoirs nouveaux de en derive ouvre des lors la voie a «transition democratique» et de l'ambiance neo-liberale de cette posent comme themes actuels de de miHenaire. Lfeffo~drement du bloc sovietique y est pour fin dentites de substitution qu'elles chose: on a pu croire qu'il marquerait une regression quelque snationales, essor des «~..s des ideologies et une defaite des autori tarisl1les! pour consacrer OnnecteSdes relations pOlliiques Ie modele democratique occidental et celui du marcht comme uveau populisme davantage leste aboutissements de l'Histoire. La lenue de multiples conferences de poliiiqueS inedites, en vue de nationales en Afrique,l'effondrement de dictatures en Amerique ants et gouvemeS57 • Ces trois di latine, les promesses de democratisation affichees ~a et fa ont pu post-developpementaliste une di etre ainsi tenues pour des debuts de verification empirique mais tardive - des premiers principes du developpementalisme classique. Une nouvelle litterature s'est construite dans ce climat gestifs de D. Da:rbon, nOl.llrnmenl in Coulon C, pour concevoir Ie developpement politique comme 1a pleine rea lisation d'un «nouvel ordre mondiah> qui se distinguerait du pre mier developpementalisme en retirant a l'Etat cette fonction de modernisation active qui en faisait naguere un element central et IlXlteur du developpement polilique : la societl! et Ie marche
ci/ . ees questions, on peut se reponer II tElal importi, ur les n:1ations transnationales, cf Rosenau 1., ton, Princeton University Press, 1990. Sur ees vue CuJlIITU /II cOliflits.
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remplacent. au creur du noo..developpementalisme. l'Etat ~t la l!I~ification, comme pour mieux legitimer l'ideologie'o1'i1cleOe ou'FMreT1a fonction d'assainissement a laquelle pretendent les plans d'ajustement st'Nt;tureL Face la faillite des Etats et celIe de la bipolarite Est-Ouest, la capacite integratrice du marche mondial et l'essor du comp1erce international se presentent ainsi comme les nouvelles chances de democratisation d'un Tiersl\fonde par ailleurs de moins en moins monolithique. Cette democratisation ne vient plus de l'Etat, mais de la societe, du marche et du nouvel ordre mondial. Elle n'est pas Ie resultat d'une montee brutale de la participation des masses - telle que Ie redoutait S. Huntington - mais l'effet 5!Jm~.re£$>.!!£!li!l,~on nationale qu'illustrent les fameuses «conferences natlonafes» et qlli iippeUe la these de la polyarchletene.quTeUe-clous-etait offene par Dahl au debut des annees soixante : Roben Slater, S3rry SchutZ~Stephen Dorr ou Larry Diamond proposentlUnsi one maniere de charte du neo-developpementalisme5S . La demarche merite d'etre critiquee. Le nouvel ordre mon
ciial estPQurJe.moinshj'pOthetique et se distingue davantage par
',:> ~ f' sgJl~, ses tensions cultufeIles, ses exclusions econo
. /miques, son incapacite reguler les conflits que par son organi
'1 I; sari?n; : 1'1 SQ:CjQlo~e_des re]ationS-inte~ati(;)Oa1es m~t davantage
en eVIdence la fmblesse de ses capacltes tntegratnces que se~ ~effonnances um6catrices59. Le retour en force d'une sociologie "'" e la transition democratique renoue avec les naiVetes evolu tionnistes tout en occultant les «desenchantements de la libene», ;»tJes tegaips d'autoritarisme en Europe"de'res~ les'iiucages electo , . ~ la.Qi§¥.mination de la violence, les nouvelles formules po i,(..J\ K' pu listes ou Idcmillaires de legitimationro• Plus fondamentalement /
encore, l'invention democratique ne progresse pas : affaire
d'elites qui I'instrumentalisent souvent pour acceIerer Ie rythme ., de leur passage au pouvoir, la democratisation reste opaque.7 \ \ -",., ,/" -JI~' v~i!lintclligible.. par les masses dont on constate qu'elles • J , t.. nvestiSsent de plus en plus dans les identifications de substi ... ~ tution comme pour mieux afficher les lieux ou la participation fait reellement~ a leur yeux. Quant a la crise deJl~tat dans les societes en dcveloppement. elle est tresaouslvement assi milee it celIe qui frappe les Etats du Nord, l'ideologie neo liberale confondant les deux au nom de la meme exaltation du
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» c.J.
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Cf Iackson R .• Quosi Stales: Sover , Qunbrldge. Cambridge University Pr
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marche : c'est oublier que la c est autrement plus profond europeen : l'essor d'une litter states»61 ou les <{ailed State pement est victime de «(~~~ abusives et d'une mediocre re dire en Afrique. en Asie ou en
I.e dlveloppemem des systbnes politi
~
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CONCLUSION DE LA TROISlt~IE PARTIE
L'interference de toutes .ces variables propres. au contexte dans lequel se debat actuellement Ie Tiers-.\Ionde confirme qu'il est difficile et perilleux d'etendre aux systemes politiques qui re lhent de cette partie du monde Ies modeles qui ont ete etablis pour rendre compte du developpement des SOCielC!S europeennes', 'd, Toute comparaison menee a ce niveau est en fait genee par une ambigulte fondamentale : l'Europe occidentale a·reussi, depuis Ia Renaissance, a exporter et a generaliser son propre modele de developpement, fonde sur la formule de Ia_f.Qfl~ml~JiOll..Etatiqu£.. et nati9flaJ~, Nulle part cependant ce processus de developpe ment n'a retrouve Ies conditions culturelles, sociales et econo miques qui avaient determine son apparition a l'ouest du Vieux Continent De cette contradiction derivent en meme temps les similitudes et Ies differences qui apparaissem c1airement entre Ie developpement politique des societes europeennes et celui des societes du Tiers-Monde, La part de similitude garantit Ia possi bilite de construire des modeles formers d'analyse dotes d'une veritable portee universelle, mais dIe explique aussi la puissance de la tentation ethnocentrique encore tri:s presente dans Ia science politique moderne. La part de differences iIlusare de son cOte la necessite d'un retour parallele a l'histoire ainsi que Ie be soin urgent de poursuivre \.me reflexion systematique et compa rative portant sur les diverses conditions affectant Ie diveloppe ment politique d~s societes du Tiers-Monde. Force est pourtant de considerer que cette orientation fait fottement defaut. Aussi suggestifs que soient les feceDfS travaux sur Ie neo-patrimonialisme ou l'autoritarisme, ils surestiment l'homogeneite du Tiers-Monde, au lieu de teniT compte de la plu ralite des histoires, des formations sociaIes, de l'inegale resis tance des structures communautaires et de la diversiti des cul tures ; ils echouent ainsi dans leur tentative de jeter les bases d'une veritable connaissance individualisante, I1s se situent. par la-meme, en-d~a du renouveau qui a affecte recemment la so ciologic du developpement politique europien, et revelmt la dif ficulte de systematiser Ie recours aux methodes de la sociologie bistorique,
"
2.
1.
La Palombara J.• «Bure:ll;.;;racy and Dilemmas". in La PaJomban 1.. ed., Bl Princeton t:niversily Press, /963. p. 55cit., p. 12·74. Cf les critiques ideologiquel adressees annees souante, notammen: par MoskO of American Social Scientis:.u. The ~ Social Darwinism 10 Curren: Theories o p. 69·83 ; Bodenheimer S.. «The Ideol Science's Paradigm Surrogu for Latin comparatiw Politics, 1971.
Lorsqu'elle a ete contrue, classique a incontestablement triomphante, partagee par tous leurs, ont cru que la va.,';ante o progressivement s'imposer par gimes. Dominant dans les anne nees soixante, ce courant de p sens it l'histoire et a tout natu concept de developpement poli recevoir une acception precis modernisation et developpeme d'occidentalisation, de democra des theories tres complexes contentees d'expliquer mais q crire : c'est dans cet esprit que soutenir que la modernisation .ibre enrr~Ijs~ (ligsLql:l~" _~band s'est evertue a montrer queT mieux que tout autre regime, f nomique harmonieux 1. On com qu'un tel courant ideologique, ,.•.~_!!!Isme, ait cherche sa legitimat organiCiste qu'il a ainsi contribu II est remarquable, de ce remise en cause du de\"e1oppe peu la crise qui a affecte, d !'ideologie democratique amer
CONCLUSIO
ra
al
outi Ala constatation quti) eorie unique et coherente du i est divers dans sa nature, ses chercheurs ont des lOTS cesse eoriques exhaustives, pour au point de modeles formels . ons partielles et limitees des , Ie bilan de cette evolution adoxe : si la tMorie develop ement critiquee, Ie concept de avail cree est reste dans Ie a ete repris par ceux-la memes a re~u, au gre de la critique plus diverses et les plus plus en plus ~semigJ!e en on, un «co - ept-parapluie»f' ne un tres grand nombre de gnes les uns des autres 4 • Face legitimement s'interroger sur a~on plus generale, sur l'usage eles d'analyse qu'il sous-tend:-/' ppose qu'on tire avec precision ques adressees au developpe s vu que Ie concept de deve mie de la simple pluralite des i et surtout de la pluralite des angement. L'iilusion d'un but es les societes, avait accredite mps combattue - d'un meca ionnement des societes : des on a naturellement admis que t pouvaient coexister dans une ment autonome.lAinsi l'institu ar Huntington, modification~, on a laquelle se rerere Apter, f ~tisee par Bendix, consti: ment relevant oephe-nomenes s et repondant a des facteurs
s au developpementalisme, cl ChilCQte R.H., er, Westview. 1981 ; Wiarda H.• ed. New r, Westview, 1985 ; Smith T., «Requiem or rld Poli1ics, XXXVVn,juiUet 1985. p. 532
Modernization. Development and Politics», , p. 303.
I.. v IH. ,.,,)tv!l
~~bstraite
t; t.lil: r ute
Surcepoint. cf Huntington S.,art. cil. SlD'ce demier point, cl Apter D., Political Chal'lee. op cu., p. 57.
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differents. Ces phenomenes n'ont plus en commun' que leur ca-
pacite de rendre compte de la vie politique en des tennes qui
priviJegient Ie changement sur tout autre unite d'analy~. Dans
ces conditions, Ie developpement politique ne s'affinne plus
comme un objet d'analyse, ni comme un domaine de re.:-herche,
mais bien davantage comme un mode d'~roche de 11 realite
..£OIitique, au meme titre que lesifnalyses du pouvoir, ies ~i-aTYses
C()lTftrcruelles, ou les analyses institutionnelles5 • Elaix"x pour
etendre l'analyse politique a l'univers du Tiers-Monde, Ie ~'oncept
de developpement politi que s'est ainsi transforme pour enrichir
la science politique d'un nouveau paradigme. Celui--ci cl.)nsiste a
penser Ie changement comme se reduisant it une categorie .
definie (l'institutionnalisation, la centralisaion des, structures politiques. l'insertion des roles industriels. ere.),! l'utilite de chacune de ces categories et -des modeJes qu'cHes sous-tendent etant des lors de porter un eclairage specifi-}ue sur chaque systeme politique etudie... II teste que cet eclatement de l'analyse en perspectiws mul tiples aboutit a une segmentarisation des connaissances et de l'explication qui rend compte, pour beaucoup, du retour a l'his toire que nous avons souligne. L'analyse developpemenuliste se presente ainsi comme un nouvel enjeu du debat qui oppose l'historien au politiste, et qu'il serait bien hasardeux de rrancher .. ici. D'autant plus que leur lecture du changement est SOtllvent plus complementaire que contradictoire : en se referant it un changement concret, la demarche de l'historien presente }'avan rage de restituer fidelement la specificite et la cOIDvfexite de chaque experience de developpement; en recourant aun modele analytique, Ie politiste est, au contraire, en mesure de construire sa problematique du changement et donc de repe:rer celui-ci au,. deJa des comportements concrets, avant meme qu'il ne soit pel\u par les acteurs et qu'il ne donne naissance ades institutions nou velles6• Envisage de la sorte, Ie retour a l'Histoire apparait donc da vantage comme une confirmation des orientations recePlleS de la science politique, que comme une reelle possibilite de lies depas ser.
5. 6.
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Bertsch G., 31 Bill J.• 191 Binder L.. 62. 124 Birnbaum P., 8, 15, 17, 23.44, 54, 142. 166. 201 Black C.• 70 Blondel J.• 118. 120 BOO"nheirner S.• 213
,Ft~,214
P" Balandier G., 10,24, 72. 73, 124, 127, 128, 182. 188, 189 "Banfield E., 193 Bayan J .F., 202, 204 Beblawi H.. 187 Bell D.• 54 Bell W., 213 Benda H.. 129, 189 Ber-dix Ro, 72, 111-134, 157.
B
Abdel-Malek A.:130, 183-4. 189 Allardt E., 122, 155, 177.201 Almond G., 43-56, 57, 58, 61, 71, 108. 163. 175
Allum P., 193 Amin S., 116. 184. 188
Amselle J.L., 128 Anderson J.• 151 Anderson P., 116, 118, 119, 144· 149, 153, 175 Apter D., 81, 93, 95-109, 134. 214. 215
A
des aut
I
Grendzier I., 78
GrewR.,62
Guasti, 192
GurrT.,22
Gusfield J.• 72
H
I
Halpern M., 128
Hechter M., 144. 149, 156
Herman G., 209
Hermet G., 157, 163, 194,208
Hibbs D.• 21-23
Higgins B., 6, 186
Himmelstrand U.• 201
Hirschman A.• 6, 197-198
Hodgkin T., 189
Hoerning K.H., 75, 130, 189
Hudson M.C., 23
Huntington S., 81, 83-93, 134,
198 et sq., 204, 214, 215
Hyden G., 203
Inkeles A., 123
J
Jackson R., 209
Jaffrelot c., 205
Joseph R., 191
K
KasardaJ.D., 33
Kaufman R., 197
Kautsky J., 40, 129, 189
Kepel G., 205
Kothari R., 113
Kuper K., 187
L
Lande C., 192-193
index. au c.w.leIUS La Palombara J., 123, 213
Leach E.. 32
Leca J., 8, 40, 78, 102, lOR, 121,
'123, 184, 192, 194
Lemarclund R., 192-193
Lerner D.• 15, 24, 29-33, 54, 73,
86
Levy Moo 95
Lewis P.. 22
Lindblom c., 17
Linz J., 194,208
Lipset S.~1., 16,21,54, 72, 169 174, 188, 208
Lilunen Y., 122
Luciani G., 187
M ~faine H.o 7
Malinowski R., 76
Malloy J., 196
Man Ie. 76
~fartin D.C., 202, 206
~fazrui A., 213
Mbokolo E., 128
McKinney J.c., 7
~1edan:f J.E, 191-192
Menon R., 43. 125
Midelebrook K., 75
!\1Jgdal 1.. 204
~100re B.• 158-165
Moore c.. 198 et sq.
~100re W., 51
Moskos c., 213
Mulkay ~1., 52
Mundt R.o 53, 163, 176
Murdoch W., 186
N
!l'ellis R., 118, 120
Settl J.P., 53, 99, 182
NisbelR., 7, 9, 13, 77.129-140
o Oberschall A., 128. O'Connor J., 64
O'Donnel G., 194 et s. Organ ski A.EK., 570 64-70, 74,
76
Ozbudun E., 199
p
Packenham R., 9
Parsons T., 8, 31
Peixoto A.C., 1~ Penpock J.R., 132
Peterson R., 52
Petras J., 72
Poggi G., 157
Polsby N., 194
Potter D.• 22
Powell B., 45, 47-51, 55
Putterman L., 204
Pye L.. 9, 57-63.65-71, 77, 213
R
Ratner S" 209
Rico C., 75
Riggs R., 53, 54, 122, 132
Robertson R.. 182
Roet G., 191
Rokkan S.• 75, 111-134, 150 158. 164-74, 177, WI
Rosberg C., 45
Rosenau J., 206
Rostow W., 6.17
Roth G.• 190
Rueschmeyer D.• 104
Rummel RJ., 23
Russeu 8., 18, 19, 22, 74
Rusmw D., 62
S
Santucci R., 203
Sawa N., 107
Schemeil Y.. 192
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TC··1ueville A., 85
To;,;,jes E, 7, 33
Torsvik P .• 28
Tir}akian EA., 7
1'9
Tht;)~d R.. 191
ThJma5 L., 183
Tiliy C .• 54. 138, 140. 148. 174
T
Sr<·n.::er H., 7
Sr;13\"as M..c...... 72
Sta·.enhagen R., 72
Sr'."pan A., 196
Suay;:r J.• 146
Sll10uts M.e., 208
S0::'jet' A.H., 55
Si,.ilh T., 201
Schmidt S•• 192
Sc hutz R., 208
SchwartzeJlberg R.G., 16.19
Scott J., 192 .......
S~'ikr D., 170
St'ITa J.• 197
Shils E .• 8. 13, 33. 35-41, 57,
58.61.71, 111, 189
S,:1ger M.. 72
Singh L.P., 72, 92
Sk-oq:lOl L 140, 163-165
S~.Her R.. 208
Smith M.G.. 187 .
Zapf P.. 26-27. 32
Zeitlin M., 72
Ziegler J., 130
Zolberg A.• 114, 125, 126
z
Young C., 187
y
Wallerstein I., 142, 153, 162
Waterbury J .• 192
• Waxman D., 54
Weber M., 2,48.73. 115
Weiner M., 123, 193
Wiarda H.• 75,214
Williame J.C., 191
Wilner A.R., 124
Wilson G., 114
w
Vallen H., 155
Vatin J.C., 40. 102, 108, 184
Verba S., 48
v
Urwin D.• 111,.153. ISS. 157
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J./~~~(.
•
.)
LA THEORIE DEVELOPPEME
A. Les theories behaviouraliste 1. L'optique developpe chique .......................... 2. Les tentatives de quant B. La theorie de la mobilisation C. La theorie de la mobiJisation
LES THEORIES QUANTIT PEMENT .......................................
Fonction et developpement c
Bilan critique~......................
Les fonctions du sysreme po La prise en compte de Ia cult La t:'rologie fonctionneHe d
A partir et au-deJa de Pye ..... Les travaux d'Organski .........
Les travaux de L. Pye ....... :~.
Conclusion de la premiere partie ........
A. B. C.
IV. L'INSERTION DE LA NOTION
A. B. C. D. E.
THEORIE FONCTIONN PEMENT .......................................
m. LA
n.
I.
LES THEORIES DEVELOP CLASSIQU
PREMIERE-PA
Introduction ...........................................
Avant-propos a la SI!' edition ................
Preface ...................................................
TABLE DES
RTIE
Table des ~
83
UN MODELE
EI..LE DE
95
92
90
85
85
87
88
89
89
83
D~PT~........... .
talisme classique .... ~ ........ . isation .................................. .. ...................... , ........................ . nnalisation ............................ .. ppement politique ... ~........... . dernes .................................... . e pretorienne ......."(. ................. . la societe pretorienne ... ~....... odele ....................................... .
OVE
107
95
95
de D. Apter ....... " ................... . n de la modernisation ...... !.;;. .. .. ernisation ..... P1.. ...................... . odernisation .....~ .................. .. modernisation ..... ~ ................. . ernisation ............................... . odernisation ........'b.................. sation .................. ~ ............... .. ............................................... ..
111
135
115
117
117
121
129
113
107
103
97
100
100
96
HERIE ................................... . 112
112
'"
modele .................................... .. ion d'un centre ....................... . re et developpemenl politique ................................................ . n d'un centre ... ~ ...................... . .............................................. .. 'emergence d'un centre ........... . nstruction d'un centre ............ ..
.... ........ .............. .............. .........
fable des malteres
TROISIEME PARTIE
VERS UN RETOUR A L 'HISTOIRE
I. LE DEVELOPPEMENT DES Sl'STEMES POUTlQl'f:S EUROPEENS
141
174
141
142
149
157
158
A. La formation de I'Etat-Nation............................................. I.' Les modeles ge.o-economiqucs................................... 2. Le modele gcO-polilique de S. Rokk.::m ...................... 3. L'analyse comparatiw de la genese des Euts ............ B. La formation des regimes politiques. de masse .................... 1. L'ex 'cation ar I'etat des forces sociaJes: lemodelc
de . Moore .............................................................. en compte des rfvolutions sociales : 2. La T. Skocpo ................................................................ uction des variables politiques ................ 3. La reI C. La formation des clivages politiques et des systemes parti sans ................ ~..... .......... ............ .............. ............ ................ 1. L'analyse typologique des systemes panisans par S.M. Upset et S. Rotkan ...... _..................................... Les conditions de formation d'un conflit : les uavaux
de C. Tilly et P. Bois ..................................................
181
Conclusion de la troisi.eme parlie .......................................................
213
211
181
181
182
187
169
169
165
167
158
II. LE DEVELOPPEMENT DES SYSTEMES POUTIQUES DV
TIERS·MONDE...........................................................................
189
190
192
194
203
Cooclusioa generate ............................................................................
217
2.
A. La specificitC historique des societes du Tiers-Monde ....... 1. Uoe tempornJite particuliere....................................... 2. Le poids des relations de dCpendance ...... .................. 3. Une structure socialespecifique................................. R Les approches socio·historiques de la modernisation du
Tiers·Monde........................................................................ I. Le neo-patrimon ial isme .................. ..... ......... ..... ..... .... 2. La prise en compte du c1ientelisme ............... ............. 3. La ret1exion sur I'autoritarisme .................................. C. Post-developpementaJisme et neo.developpcmem.a1isme...
Index des noms d·auteurs....................................................................
22 r
Table des matieres .........................................._........................ _........
L
I.
t
I