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. « Troisime (scil. argument dAristote); jtout lieu est par sa
101 Art. cit., p. 247, n. 73 – 77. 102 Ils sont les suivants : 1) In Phys., 444.5 – 6 : ja· t/r c/r ousgr pepeqasl´mgr ja· toO tºpou toO peqi´womtor aqt^m. « La terre tant limite et, aussi, le lieu qui lenveloppe » ; 2) In Phys., 447.18 – 20 : fti p÷r tºpor pep´qamtai jat± l´cehor (peqi´wei c±q t¹ 1m tºp\ s_la), pepeqasl´mou d³ emtor toO tºpou ja· t¹ 1m aqt` s_la pepeq²mhai !m²cjg. « Parce que tout lieu est limit en grandeur (en effet, il enveloppe le corps qui est en lui), et puisque le lieu est limit, il est ncessaire que le corps qui est en lui soit, lui aussi, limit » ; 3) In Phys., 448.20 – 21 : oqd³ c±q eWmai fkyr 1m tºp\ 5kecem, Vma lμ ta¼t, eqh»r ja· pepeqasl´mom poi¶s,. « En effet, il (scil. Anaxagore) disait quil (scil. le mlange) nest gure en un lieu, afin de ne pas en faire de la sorte une ralit demble limite » ; 4) In Phys., 499.25 – 27 : t± aqt± ja· 1p· t_m jo¼vym 1qoOlem· ja· to¼toir c±q eXr tºpor jat± v¼sim, B jo¸kg t/r sekgmiaj/r sva¸qar 1piv²meia. « Nous dirons la mÞme chose pour les corps lgers aussi ; en effet, pour eux aussi, il y a un seul lieu par nature, la surface concave de la sphre lunaire ». Pour ce qui est du (1) et du (2), il faut dire que Philopon na jamais soutenu que la terre ou le lieu sont infinis, ni il na ni que le lieu enveloppe (ou contienne) ce qui est en lui ; ce quil a ni, cest que ce lieu enveloppant (ou contenant) puisse Þtre une limite, comme la pens Aristote. Le passage (3) ne concerne ni Philopon ni Aristote mais Anaxagore. Le passage (4) ne contredit pas, lui non plus, ce qui est dit dans le Corollaire ; il concerne limpulsion inhrente aux corps vers leurs lieux naturels, ce qui est affirm dans le
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Chapitre 1. La tradition scolaire ou les prsupposs pdagogiques
est en un lieu, il est impossible quil existe nature limit (car le lieu est la limite de un corps illimit. » lenveloppant) ;j si donc tout corps est en un lieu et que tout lieu est limit,
[4] Philopon, In Phys., 536.3 – 8 (th ria) : 1pe· owm pokkaw_r t¹ 5m timi, 5stai ja· b tºpor 5m timi l³m oqj 1m tºp\ d´, !kkû ¦speq aR 6neir ja· t± p²hg eQs· l³m 5m timi, oXom 1m t` s¾lati, oqw ¢r 1m tºp\ d³ !kkû ¢r 1m rpojeil´m\, jovty dμ ja· b juq¸yr tºpor, k´cy dμ t¹ p´qar toO peqi´womtor,j 5m timi l³m 5stai (1m s¾lati c²q), oq lμm ¢r 1m tºp\, !kkû ¢r p´qar 1m peqatoul´m\, taqt¹m d³ eQpe ?m ¢r 1m rpojeil´m\. « Puis donc que le dans quelque chose se dit de plusieurs manires, le lieu sera lui aussi dans quelque chose mais pas dans un lieu ; au contraire, de mÞme que les tats et les affections sont dans quelque chose, par
104 La phrase liminaire, que Verrycken ne marque pas, fait demble voir que Philopon est en train dexpliciter la mthode dAristote. On prÞtera bien entendu attention lexpression « t± aqt` dojoOmta ». 105 Verrycken a tort de renforcer le sens de mots comme « k´cy dμ » et dy voir une approbation clairement exprime ; il sagit en effet de copules ayant une simple valeur explicative.
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qutat et le chaud dans le corps en tant quaffection. »
exemple dans le corps, non comme en un lieu mais comme en un substrat, jde mÞme le lieu au sens propre, je veux dire105 la limite de lenveloppant,j est en quelque chose (de fait, en un corps) non comme en un lieu, mais comme une limite en une chose limite, cest--dire comme en un substrat. » [5] Philopon, In Phys., 539.5 – 6 (lexis) : jT¹m p q ¾ t y r !mt· toO t¹m juq¸yr, oxtor d´ 1sti t¹ p´qar toO peqi´womtor.j toOto d³ eWpe… «
Aristote, Phys., IV 4, 211a 29 – 31 : ftam l³m owm lμ di,qgl´mom × t¹ peqi´wom !kk± sumew´r, oqw ¢r 1m tºp\ k´cetai eWmai 1m 1je¸m\, !kkû ¢r l´qor 1m fk\. « Chaque fois donc que lenveloppant nest pas spar mais continu < ce quil enveloppe>, on ne dit pas que celui-ci y est comme dans un lieu, mais comme une partie dans un tout. »
[6] Philopon, In Phys., 542.16 – 20 (the ria) : taOta eQp½m diajq¸mei !pû !kk¶kym t± ¢r 1m fk\ ja· t± ¢r 1m tºp\, j1pe· ja· pokk± t_m rpaqwºmtym t` pq¾t\ tºp\, dr ja· juq¸yr 1st· tºpor, k´cy dμ t` pqosew_r 6jastom peqi´womti,j rp²qwei ja· t` fk\· ja· c±q t¹ fkom peqi´wei t± l´qg, ja· oute le ?fom aqt_m oute 5kattºm 1stim. « Ayant dit cela, il (scil. Aristote) distingue entre les choses qui sont comme dans un tout et les choses qui sont comme dans un lieu, jdu fait que plusieurs attributs du lieu premier, qui est le lieu au sens propre, je veux dire du lieu qui enveloppe chaque chose de manire immdiate,j sont aussi des attributs du tout ; car le tout enveloppe, lui aussi, les parties et nest ni plus grand quelles ni plus petit. »
[7] Philopon, In Phys., 542.34 – 543.4 (lexis) : = t i t ¹ m p q _ t o m l ¶ t e 1 k ² t t y l ¶ t e l e ¸ f y [Phys., IV 4, 211a 1 – 2]. ja· p_r, eQ peqi´wei b tºpor, oute le¸fym oute 1k²ttym 5stai. t¹ c±q peqi´wom le ?fom toO peqiewol´mou. jvgl· owm fti eQ l³m t¹ fkom s_la toO !´qor k´coir peqi´weim ja· tºpom eWmai, t` emti le ?fom #m eUg t¹ peqi´wom, eQ d³ lμ toOto eUg tºpor b p÷r !¶q, !kk± t¹ p´qar aqtoO t¹ pqosew_r peqi´wom ja· juqi¾tata Ç cm tºpor, oute le ?fom 5stai toOto oute 5kattom·j 1vaqlºfousi c±q !kk¶kair aR 1pivmeiai, F te topijμ ja· B toO 1m tºp\. « Au s s i , q u e l e l i e u p r e m i e r n e s t n i p l u s p e t i t n i p l u s g r a n d . Comment donc, si le lieu enveloppe, ne sera-t-il ni plus grand ni plus petit ? En effet, ce qui enveloppe est plus grand que ce qui est envelopp. jJe rponds donc (scil. en dissimulant Aristote) que si tu dis que cest la totalit du corps de lair qui enveloppe et est le lieu, lenveloppant sera de fait plus grand ; en revanche, si le lieu nest pas cela, cest--dire lair tout entier, mais sa limite, qui enveloppe de manire immdiate et est le lieu de manire propre, dans ce cas il ne sera ni plus grand ni plus petit.j Car les surfaces, celle du lieu et celle de ce qui est dans le lieu, se rattachent lune lautre. »
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Chapitre 1. La tradition scolaire ou les prsupposs pdagogiques
Aristote, Phys., IV 4, 211a 36 – 211b 1 : ja· 1²m te jim/tai t¹ peqi´wom 1²m te l¶, oqd³m Httom. « Et il nen est pas moins ainsi, que lenveloppant se meuve ou non. »
[8] Philopon, In Phys., 546.14 – 17 (lexis) : j#m b tºpor d´, vgs¸, jim/tai, oXom t¹ !cce ?om, oq s»m aqt`, !kkû 1m aqt` jime ?tai t¹ vdyq· jfkyr c±q oqd´ 1sti pq_tor tºpor t¹ !cce ?om, !kkû B jo¸kg aqtoO 1piv²meia, Ftir ja· !j¸mgtºr 1stim.j « Et si le lieu, dit-il (scil. Aristote), se meut, par exemple le vase, leau ne se meut pas avec lui mais en lui. j De manire absolue, ce nest pas le vase qui est le lieu premier mais sa surface concave, laquelle est immobile.j »
Il serait inutile de passer au crible les passages auxquels Verrycken renvoie par la suite afin de montrer que, dans un premier temps, Philopon saccordait avec Aristote pour nier lexistence du vide, avant quil naffirme le contraire dans son Corollarium de inani (In Phys., 675.12 – 695.8), ultrieurement insr dans le commentaire.106 Pour Philopon, lieu et vide sont identiques, et sil ny pas de raison particulire pour faire du Corollarium de loco le produit dune rvision, il ny en a pas non plus pour le Corollarium de inani. Il suffira de citer un passage, qui a chapp lattention de Verrycken, dans lequel Philopon annonce quil va dabord parcourir tout le discours dAristote au sujet du vide, puis quil se lancera la recherche de la vritable doctrine (comme il la dj fait propos du lieu)107 : Cest donc jusquici quAristote avance pour sa part son discours afin dtablir partir de lingalit des corps mus, telle quelle se produit cause du milieu travers lequel seffectue le mouvement, que si le vide existait, il ne serait pas 106 Entre autres passages, Verrycken renvoie lIn Phys., 2.21 – 22 (jat² timar d³ t_m vusij_m ja· t¹ jem¹m ja· t¹ %peiqom p÷si paqajokouhe ? to ?r vusijo ?r pq²clasi), en voulant suggrer, semble-t-il, que si Philopon avait accept depuis le dbut lexistence du vide, il aurait crit « jat 1l] » (cf. art. cit., p. 248 : « Outside the Corollary the idea of a necessary concomitance of body and void is rather emphatically ascribed to some physicists »), et lIn Phys., 2.25 – 27 : !kkû fti l³m oqdaloO d¼matai eWmai t¹ jem¹m de¸jmusim 1m t` tet²qt\ t/r pqojeil´mgr pqaclate¸ar b )qistot´kgr. Laissant du c t la question de savoir si ces deux passages peuvent effectivement prouver quelque chose, signalons quils sont extraits du kephalaion concernant le skopos du trait et que, de ce fait, ils remontent une tradition antrieure que Philopon navait qu reproduire la lettre. 107 In Phys., 650.27 – 651.4 : T` l³m owm )qistot´kei l´wqi t_m 1mtaOha pqºeisim b kºcor, 1j t/r !misºtgtor t_m jimoul´mym t/r paq± t¹ diû ox B j¸mgsir cimol´mgr jatasjeu²fomti ¢r oqj #m 1md´woito, eQ jem¹m Gm, j¸mgsim diû aqtoO cem´shai· ft\ d³ sjop¹r t/r !kghe¸ar pamtawoO tuwe?m, peqiahqe¸ty fsg d¼malir l¶ pou t0 deimºtgti ja· t` dusheyq¶t\ t_m 1piweiqgl²tym toO sjopoO dial²qtoi. j²kkiom d³ Usyr pq_tom t¹m p²mta diekhe ?m peq· toO Ç jemoO kºcom, eWta ovtyr !makabºmtar 1n !qw/r 6jastom 1pisj´xashai t_m 1piweiqgltym, fp, !kghe¸ar 5wei C xe¼dour, lgd³m aQdesh´mtar, lgd³ t/r !kghe¸ar t¹ toO !mdq¹r rpeikgll´mom 1p¸pqoshem h´mtar.
1.3 Lenseignement de Jean Philopon
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possible que le mouvement seffectue travers lui. Mais que celui qui se donne comme but datteindre tout moment la vrit se renforce autant que possible, afin quil ne se trompe pas sur son but cause de lhabilet des arguments et de la difficult les saisir. Peut-Þtre serait-il mieux de parcourir dabord tout le discours
Ainsi que la fait remarquer Chr. Wildberg,108 le dtachement de Philopon par rapport lautorit philosophique, quelle soit celle dAristote, de Platon ou encore de Proclus, est lun des traits desprit qui, avec le rejet de lharmonie des philosophes et le dpouillement de la philosophie lgard de sa fonction « salvatrice », ont dblay, pour ainsi dire, le terrain sur lequel Philopon a pu manifester sa nouveaut doctrinale. Ce dtachement est ostensiblement annonc ds les titres de ses traits polmiques contre Proclus et contre Aristote. Mais il ny a ni dvidence ni de ncessit logique pour poser que cette indiffrence envers les autorits fut le fruit soudain dune illumination ou dune rupture avec un pass coupable. Elle sest dj annonce dans le Prologue du Commentaire sur les Catgories, puis clairement exprime dans le Commentaire sur la Physique sous un mode moins ostensible et peut-Þtre moins assur. Pour nier les autorits, il faut dabord les conna tre, et pour devenir philosophe dans la fin de lantiquit, il faut dabord passer par lexgse. Mais lon voit que dj pour lexgte Philopon, vrit et exgse sont deux choses diffrentes : la deuxime ne conduit pas ncessairement la premire, et la vrit que Philopon exposera plus tard dans ses crits non exgtiques nest certes pas celle de Proclus ou dAristote. Quant la cration ou lternit du monde, qui daprs Verrycken sont toutes les deux affirmes dans le Commentaire sur la Physique, il ne vaut pas la peine que nous nous y attardions. Une fois que lon sait que, chez Philopon, vrit et exgse ne se confondent pas, on saura aussi reprer les passages dans lesquels Philopon exprime sa propre opinion.109
108 C. Wildberg, « Impetus theory and the hermeneutics of science in Simplicius and Philoponus ». 109 In Phys., 54.8 – 55.26 : sur lengendrement de lÞtre ; In Phys., 191.9 – 192.2 : sur lengendrement de la matire ; In Phys., 456.17 – 458.31 : sur lengendrement du temps.
Chapitre 2. La tradition commentariste ou les prsupposs exgtiques On peut affirmer que les Commentaires de Simplicius et de Philopon sinscrivent dans un cadre scolaire, quoique de faÅon diffrente. Le Commentaire de Philopon sur la Physique est le fruit dune srie de cours assurs Alexandrie, et celui de Simplicius, bien que purement littraire, manifeste parfois des traits dune pense pdagogique quil sest faÅonne sans doute lpoque de son apprentissage Alexandrie et, plus tard, Athnes. On pourrait donc parler dune tradition scolaire qui prcde la ralisation des commentaires. Mais quen est-il de la ralisation du commentaire lui-mÞme ? En cette fin de lantiquit dans laquelle crivent Simplicius et Philopon, le commentaire nest certes pas une nouveaut ; cest un genre littraire attest bien avant et avec le temps strictement codifi, dont les deux exgtes de la Physique poursuivent effectivement la tradition.
2.1 Les prolgomnes la Physique Les commentateurs noplatoniciens, suite une rflexion pdagogique laquelle nous avons dj prÞt notre attention, accordaient une grande importance lintroduction. Avant daborder les diffrentes tapes du cursus, des prolgomnes taient indispensablement dlivrs, et nous avons vu que, suite une systmatisation effectue principalement par Proclus, le dernier point des prolgomnes la philosophie dAristote posait a priori les six ou sept kephalaia prciser avant dentamer la lecture de chacun des traits aristotliciens compris dans le cursus : 1) le skopos du trait ; 2) son utilit ; 3) sa place dans lordre de lecture ; 4) la raison dÞtre de son titre ; 5) son authenticit ; 6) sa division en chapitres et, parfois, 7) sa classification quant aux diffrentes parties de la philosophie.1 Lexgte de la Physique avait donc prciser ces
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Cf. Simplicius, In Cat., 8.9 – 13 : d´jatom koip¹m Gm t_m pqoteh´mtym, pºsa wqμ jev²kaia ja· t¸ma t_m )qistot´kour pqaclatei_m pqodiaqhqoOshai. ja· 5sti taOta b sjopºr, t¹ wq¶silom, B t/r 1picqav/r aQt¸a, B t²nir t/r !macm¾seyr, eQ cm¶siom toO vikosºvou t¹ bibk¸om, B eQr t± jev²kaia dia¸qesir· oqj %topom d³ Usyr fgte ?m ja· rp¹ po ?om l´qor aqtoO t/r vikosov¸ar !m²cetai. Philopon omet le dernier point : In Cat., 7.1 – 3 : pas_m d³ t_m )qistot´kour pqaclatei_m t± pqok´ceshai ave¸komta 6n 1stim, b sjop¹r t¹ wq¶silom B
2.1 Les prolgomnes la Physique
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points (certains tant facultatifs, sils taient clairs),2 avant quil nentame la lecture et lexplication du texte. Fidles cette tradition, Simplicius et Philopon font prcder leurs commentaires de prolgomnes, le premier tant plus prolixe que le second, ainsi quon peut le constater gr ce au tableau suivant : Kephalaia
Simplicius
Philopon
Le skopos Le titre Lutilit Lordre Lauthenticit La division
1.3 – 4.7 4.8 – 16 4.17 – 5.26 5.27 – 31 5.32 – 6.3 6.4 – 30
1.3 – 3.1 2.13 – 15 3.1 – 10
Mais, pour lessentiel, les deux commentateurs ne font que reprendre des prcisions faites dj avant eux, comme cela ressort dune comparaison de leurs dveloppements. 2.1.1 Le skopos du trait Simplicius et Philopon saccordent dire que le but de la Physique est denseigner au sujet « des choses qui existent en commun dans toutes les ralits naturelles »,3 cest--dire les principes. Simplicius explique pralablement que
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aQt¸a t/r 1picqav/r B t²nir t/r !macm¾seyr B eQr t± jev²kaia dia¸qesir ja· eQ cm¶siom toO vikosºvou t¹ bibk¸om. Cf. Philopon, In Cat., 8.7 – 11 : EQd´mai d³ wqμ fti oq pamtaw0 taOta p²mta wqμ fgte ?m, !kkû 1m oXr t¹ sav³r !poj´jquptai· pokk²jir c±q t` sjop` sumamava¸metai ja· t¹ wq¶silom, oXom 1m t0 Peq· oqqamoO C 1m t0 Peq· xuw/r d/kor ja· b sjop¹r ja· t¹ wq¶silom ja· B 1picqav¶. 1m l´mtoi ce to ?r Tºpoir oqd³ 4m to¼tym d/kom. « Il faut savoir quil nest pas ncessaire de chercher prciser tous ces points dans tous les cas, mais seulement dans les cas o la prcision est cache. Souvent en effet lutilit appara t en mÞme temps que le but ; dans les traits Du ciel et De lme, par exemple, et le but et lutilit et le titre sont clairs. Par contre, dans les Topiques, rien de cela nest clair » ; Simplicius, In Cat., 8.31 – 9.3 (Trad. Ph. Hoffmann) : Qst´om d´, fti oqj !e· taOta p²mta de ?tai diaqhq¾seyr· pokk²jir c±q t¹ wq¶silom t` sjop` sumamava¸metai ja· B 1picqavμ pamt· d¶kg jah´stgjem, ¢r B Peq· xuw/r, ja· t¹ cm¶siom oqj 1p· p²mtym de ?tai jatasjeu/r, !kkû 1vû ¨m 5stim tir fkyr !mtikoc¸ar !voql¶. « Il faut bien savoir quon na pas toujours besoin dexpliquer tous ces points. Souvent en effet lutilit appara t en mÞme temps que le but, et le titre est clair pour tout le monde (par exemple, le titre De lme). Quant lauthenticit, elle ne demande pas dans tous les cas Þtre tablie : elle ne doit lÞtre que dans les cas o il y a, de manire gnrale, motif la contester. » Simplicius, In Phys., 3.13 – 15 : t/r d³ pqojeil´mgr pqaclate¸ar b sjop¹r peq· t_m joim0 p÷sim rpaqwºmtym to ?r vusijo ?r pq²clasi jahû fsom eQs· vusij², taqt¹m d³ eQpe ?m
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Chapitre 2. La tradition commentariste ou les prsupposs exgtiques
ceci se dgage facilement si lon considre la manire dont Aristote lui-mÞme a divis la partie physique de sa philosophie,4 et dveloppe par la suite la division.5 Philopon ne le dit pas explicitement, mais cest aussi par le moyen de la division des crits physiques dAristote quil dgage le but du trait.6 Aristote, expliquet-il, a couvert avec ses recherches tout le domaine de la nature, en consacrant chaque genre de ralits naturelles des traits correspondants.7 Si donc on prsente la manire dont la philosophie naturelle dAristote est divise, on saura demble quel genre ou quel domaine de la nature se rapporte chacun de ses traits, autrement dit on aura dgag leur skopos. Mutatis mutandis, la mÞme mthode dlucidation du skopos est suivie dans les commentaires aux autres traits physiques dAristote.8 Malgr quelques divergences quant lexpression, la division des traits physiques dAristote est en effet identique dans tous les commentaires qui la contiennent. Elle peut se reprsenter schmatiquement avec larbor suivante :
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sylatij², did²nai. Philopon, In Phys., 1.22 – 23 : c´cqaptai owm aqt` peq· t_m joim_r p÷si to ?r vusijo ?r rpaqwºmtym, Ftir 1st·m B pqojeil´mg pqaclate¸a. 2.13 – 14 : t¹ d³ pqoje¸lemom bibk¸om 1st¸m, ¢r eUqgtai, peq· t_m joim0 p÷si to ?r vusijo ?r pq²clasi paqajokouho¼mtym. Cf. Simplicius, In Phys., 1.3 – 5 : t¹m sjop¹m t/r )qistot´kour Vusij/r !jqo²seyr lahe ?m 5sti Nôd¸yr, eQ t/r jatû aqt¹m diaiq´seyr toO vusijoO l´qour t/r vikosov¸ar rpolmgshe¸glem. Cf. In Phys., 2.8 – 3.12. En exgte exemplaire, Simplicius fait prcder la division de la philosophie naturelle dAristote de la division de sa philosophie tout entire ; cf. In Phys., 1.5 – 2.7. Cf. In Phys., 1.16 – 2.13. Cf. Philopon, In Phys., 1.10 – 15 : pke¸star b )qistot´kgr vusij±r pqaclate¸ar sum´cqaxe, ja· sumdie ?ke to ?r vusijo ?r p÷sim ¢r eQpe ?m pq²clasim t¹ t_m 2autoO succqall²tym pk/hor. Vma d³ toOto de¸nylem, eukocom #m eUg t_m paqajokouho¼mtym to ?r vusijo?r pq²clasim aVqesim poi¶sashai· lahgsºleha c±q ovtyr fti ja· aR toO )qistot´kour pqaclate ?ai !joko¼hyr to ?r vusijo ?r sumdi,q´hgsam pq²clasi. La mÞme explication se trouve dans lIn De gen. et corr., 2.9 – 18, ce qui suggre que Philopon lemprunte Ammonius. Cf. Simplicius, In De caelo, 2.16 – 3.8 ; Philopon (daprs les cours dAmmonius), In De gen. et corr., 1.5 – 2.20. La division fait dfaut dans les Commentaires de Philopon et dOlympiodore aux Mtorologiques, videmment parce quelle est suppose dj connue gr ce aux commentaires prcdents. Une division analogue des traits physiques dAristote se retrouve encore chez lias (David), In Cat., 115.20 – 116.4.
2.1 Les prolgomnes la Physique
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Sans doute la division est-elle dorigine pripatticienne. Les ma tres noplatoniciens auraient certes peu dintrÞt ltaler jusquaux crits zoologiques dAristote, et Simplicius dit dailleurs explicitement quil reproduit une division pripatticienne.9 Les commentateurs prcisent deux fois quils ont donn une version abrge de la division.10 Elle devait donc Þtre plus dtaille lorigine, fournissant probablement davantage de prcisions sur les crits zoologiques et les Parva naturalia, auxquels les commentateurs noplatoniciens se rfrent naturellement assez vaguement,11 puisquils ne comptaient pas les enseigner. Il
9 In Phys., 3.10 – 12 : B l³m owm dia¸qesir toia¼tg t¸r 1sti toO vusijoO t/r vikosov¸ar jat± tμm peqipatgtijμm aVqesim ¢r sumekºmti eQpe ?m. 10 Simplicius, In Phys., 3.12 : ¢r sumekºmti eQpe ?m. Philopon (daprs les cours dAmmonius), In De gen. et corr., 2.19 – 20 : B l³m owm dia¸qesir t_m vusij_m pqacl²tym ja· t_m eQr taOta pqaclatei_m toO )qistot´kour, ¢r sumtºlyr eQpe ?m, avtg 1st¸m. 11 Cf. Simplicius, In De caelo, 3.4 – 8 : ja· dμ ja· peq· vut_m aqt` c´cqaptai ja· peq· f]ym, t± l³m joim_r ¢r t± peq· cem´seyr aqt_m ja· peq· loq¸ym diavoq÷r ja· wqe¸ar ja· peq· jim¶seyr ja· 1meqce¸ar, 1m oXr t² te Peq· poqe¸ar f]ym ja· Peq· lm¶lgr ja· 1cqgcºqseyr, t± d³ Qd¸yr jahû 6jastom eWdor t_m f]ym B Peq· f]ym Rstoq¸a paqad¸dysi. In Phys., 3.6 – 10 : peq· l³m owm f]ym 1m ta ?r peq· f]ym pamtodapa ?r pqaclate¸air diek´whgsam p0 l³m Rstoqij_r t± peq· aqt_m !vgco¼lemoi ¢r 1m ta ?r Peq· f]ym Rstoq¸air, p0 d³ aQtiokocij_r
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Chapitre 2. La tradition commentariste ou les prsupposs exgtiques
appara t donc que la tradition pripatticienne avait dj dtermin le but de chacun des traits physiques dAristote, et cest pour lessentiel de cette tradition que les commentateurs noplatoniciens savrent Þtre les hritiers.12 Mais quelle est la source exacte laquelle ils puisent ? Quelques explications de Simplicius sur le but du trait Du ciel peuvent nous aider apporter une rponse. Simplicius nous fait conna tre que, quant au skopos du trait Du ciel, ses prdcesseurs tenaient des opinions divergentes. Les exgtes noplatoniciens comme Jamblique et Syrianus, explique-t-il, considraient que le trait portait principalement sur le corps cleste, ternel et m en cercle, autrement dit le ciel au sens propre (peq· toO juq_yr oqqamoO), tirant videmment argument du titre du trait (eQr tμm 1picqav^m, ¢r 5oijem, !pobk]pomter).13 En cela, ils sopposaient clairement Alexandre dAphrodise qui considrait, bien avant eux, que le trait concernait le monde et les cinq corps qui sont en lui.14 Daprs Alexandre, le mot « ciel », que lon voit dans le titre du trait, ne signifiait pas uniquement le « ciel ultime » (5swator oqqam|r), dont Aristote traite assurment, mais aussi le « Monde », selon la dnomination quavait employe prcisment Platon, lorsquil dit dans le Time (28b 2 – 4) : « Le Ciel tout entier ou Monde ou quelque autre nom qui lui convienne mieux…».15 « Chacun de ces exgtes, je crois », ajoute plus bas Simplicius, « expose ce qui est, selon lui, le but du trait en suivant la division des crits physiques dAristote ».16 Or, dans la division des crits physiques reproduite par Philopon dans le Commentaire sur le De la
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did²sjomter, ¢r 1m to ?r Peq· f]ym cem´seyr ja· loq¸ym ja· jim¶seyr ja· vpmou ja· t_m toio¼tym. blo¸yr d³ ja· peq· vut_m jat± t¹m ditt¹m toOtom 1d¸danam tqºpom. On remarquera dans le dernier passage la troisime personne au pluriel (diek´whgsam, did²sjomter, 1d¸danam) qui dsigne les pripatticiens en gnral. Cf. aussi Philopon (daprs les cours dAmmonius), In De gen. et corr., 2.14 – 17 : 1m d³ ta ?r Peq· f]ym pqaclate¸air peq· t_m ¢r 1lx¼woir ja· aQshgtijo ?r (pke ?stai d³ axtai di± t¹ pokueid³r t/r t_m f]ym v¼seyr), 1m d³ to ?r Peq· vut_m peq· t_m 1lx¼wym l³m oqj aQshgtij_m d´. Philopon, In Phys., 2.7 – 12 : peq· l³m owm t_m ¢r fkoir f]oir paqajokouho¼mtym 1m t0 Peq· f]ym die¸kejtai, peq· d³ t_m to ?r l´qesim aqt_m paqajokouho¼mtym 5m te to ?r Peq· loq¸ym f]ym ja· 1m to ?r Peq· jim¶seyr f]ym. ja· t± Peq· vpmou d³ ja· 1cqgcºqseyr, Peq· fy/r te ja· ham²tou ja· t± paqapk¶sia to¼toir eQr tμm peq· f]ym sumte¸mei heyq¸am, ja· pqos´ti t± Peq· xuw/r. Il faut se rappeler que les « T± pq¹ t/r sumamacm~seyr » de Proclus ne faisaient que systmatiser des prsupposs exgtiques qui taient en vigueur bien avant lui. On peut se rfrer, par exemple, au prologue du Commentaire dAlexandre dAphrodise sur les Premiers Analytiques, o se trouvent explicits, il est vrai dune manire moins « scolastique », le but, lutilit et le titre du trait. Cf. Simplicius, In De caelo, 1.24 – 2.10. Ibid., 1.10 – 12 : peq· jºslou owm vgsim b )k´namdqor ja· peq· t_m 1m aqt` p´mte syl²tym toO te oqqam¸ou ja· t_m rp¹ sek¶mgm tess²qym, puqºr, !´qor, vdator, c/r. Ibid., 1.2 – 8. Ibid., 2.16 – 18 : 6jastor d³ t_m eQqgl´mym t0 diaiq´sei t_m )qistot´kour vusij_m succqall²tym, ¢r oWlai, paqajokouhoOmter t¹m jahû 2aut¹m sjop¹m !pod¸dysi.
2.1 Les prolgomnes la Physique
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gnration et de la corruption, rdig daprs les cours dAmmonius, il est affirm17 : Des ralits naturelles qui sont ternelles, quelles le soient la fois quant leur totalit et quant leurs parties ou quelles le soient uniquement quant leur totalit, alors quelles sont corruptibles quant leurs parties, Aristote sen est occup dans le trait Du ciel. Car lenseignement sur les quatre lments nest pas incompatible, comme on pourrait le penser, avec lobjet du trait, puisque, chez les anciens, le nom de ciel signifiait le monde tout entier. Platon, par exemple, dit dans le Time : « Le Ciel tout entier ou Monde ou quelque autre nom qui lui convienne mieux, quil soit ainsi nomm par nous »18 ; et dans le Politique : « ce que nous avons dnomm Ciel ou Monde ». De la mÞme manire, Aristote, en donnant au trait le titre « Du ciel », a voulu dsigner non seulement les corps en haut mais aussi le monde tout entier.
La ressemblance de ce qucrit Philopon avec le rapport que fait Simplicius de la dtermination du but du trait Du ciel par Alexandre parle delle-mÞme. Il faut en conclure que, dans ses cours, Ammonius reproduisait en ce point le commentaire dAlexandre, en y ajoutant ventuellement quelques lments explicatifs de son propre cru. Et puisque Simplicius nous dit encore que cest par le moyen de la division des crits physiques dAristote quAlexandre avait tabli le skopos du trait Du ciel, il est lgitime de penser que, chez Alexandre, la division des crits physiques dAristote avec les skopoi correspondants tait dj mise au point. Par la suite, les commentateurs noplatoniciens navaient qu puiser dans ses Commentaires et reproduire ses prcisions exgtiques,19 ventuellement en les modifiant selon leurs besoins ou, encore, en les rfutant,
17 Philopon (daprs les cours dAmmonius), In De gen. et corr., 1.13 – 23 : peq· l³m owm t_m 1m to ?r vusijo ?r !id¸ym, t_m te jat± tμm bkºtgta ja· t± l´qg ja· t_m jat± tμm bkºtgta l³m toio¼tym jat± d³ t± l´qg vhaqt_m, 1m t0 Peq· oqqamoO pqaclate¸ô di´kabem. oqd³ c²q, ¢r %m tir oUoito, !s¼lvymor B peq· t_m tess²qym stoiwe¸ym didasjak¸a t0 peq· oqqamoO rpoh´sei, t/r toO oqqamoO pqosgcoq¸ar t¹m p²mta jºslom dgko¼sgr paq± to?r pakaio ?r. 1m coOm Tila¸\ vgs·m b Pk²tym «b dμ p÷r oqqam¹r C jºslor C %kko f ti pot³ amolafºlemor l²kista #m d´woito, toOto Bl ?m ¡mol²shy», ja· 1m Pokitij` «dm dμ oqqam¹m C jºslom 1pymol²jalem». ¦ste ja· )qistot´kgr «Peq· oqqamoO» 1picq²xar oq t± %my s¾lata lºmom, !kk± p²mta jºslom 1s¶lamem. 18 Ammonius cite le Time avec exactitude (b dμ p÷r oqqam¹r C jºslor C ja· %kko fti pot³ amolafºlemor l²kistû #m d´woito, toOhû Bl?m ¡mol²shy), alors que les manuscrits de Simplicius donnent : b dμ p÷r oqqam¹r C jºslor C ja· %kko ti pot³ jatomolafºlemor #m d´woito. Il semble que Simplicius ait reproduit tel quel le texte dAlexandre, qui doit avoir cit Platon de mmoire. 19 Cela ne veut pas dire que la prcision du skopos des traits physiques en fonction de leur division tait ncessairement une innovation dAlexandre. Mais il est plus probant de penser que ctait dans ses Commentaires que les commentateurs noplatoniciens puisaient, plut t que dans les Commentaires dun Adraste ou dun Aspasius.
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Chapitre 2. La tradition commentariste ou les prsupposs exgtiques
comme cela sest pass avec le skopos du trait Du ciel et linterprtation quen ont donn Jamblique, Syrianus et, aussi, Simplicius.20 Contrairement au skopos du trait Du ciel, celui de la Physique, tel quil a t pralablement dtermin ou accept par Alexandre, na point suscit de discussion. Les exgtes noplatoniciens affirment unanimement que le trait porte sur les choses qui existent en commun dans toutes les ralits naturelles. Et celles-ci, expliquent-ils, sont leurs principes, cest--dire la matire et la forme, et, aussi, leurs concomitants ou accidents insparables (t± paqajokouhoOmta),21 cest--dire le mouvement, le lieu et le temps. Voil ce quen dit Philopon22 : Comme il a t dit, le livre prsent porte sur les concomitants qui sont communs toutes les ralits naturelles. Cest pourquoi il a nomm le trait proprement « Physique ». Ces concomitants sont au nombre de cinq : la matire, la forme, le lieu, le temps et le mouvement.
20 Simplicius conclut son expos en disant que le but du trait est denseigner au sujet des corps simples (peq· t_m "pk_m syl²tym), cest--dire le corps cleste et les quatre lments sublunaires (cf. In De caelo, 4.27 – 5.4 ; voir aussi In Phys., 2.11 – 30). Le dsaccord de Simplicius avec Alexandre part pour lessentiel de lexpression utilise par ce dernier, lequel dit que le trait porte prcisment sur « le Monde et les cinq corps simples » (peq· jºslou owm vgsim b )k´namdqor ja· peq· t_m 1m aqt` p´mte syl²tym). Simplicius a considr quAlexandre assignait de la sorte au trait deux diffrents objets dtude : (1) le monde et (2) les cinq corps, ce qui ab me la fois lunit du skopos et lunit du trait ; cf. In De caelo, 5.4 – 6 : « Si Alexandre navait pas dit que le but porte aussi sur le monde (ja· peq· jºslou), mais quil porte seulement sur les corps simples, je naurais pas t en dsaccord avec lui ». Dans ce contexte, Simplicius prenait le mot « monde » au sens large, comme dsignant tout ce sur quoi porte prcisment le Time de Platon, qui va des principes des ralits naturelles jusqu la constitution de lhomme et de ses parties. Or, Aristote, explique Simplicius (In De caelo, 3.10 – 27), la diffrence de Platon, a expos sa doctrine du monde ainsi compris dans lensemble de ses traits physiques et non pas dans un seul trait, ft-il le trait Du ciel ou un autre. En revanche, Ammonius faisait du « monde » du skopos alexandrique le terme gnrique qui englobe les cinq corps simples ; de ce fait, il assignait au « ja· » de la phrase dAlexandre une valeur explicative. 21 Ainsi que H. Hugonnard-Roche, « La formulation logique de largumentation dans les commentaires dAverros au De caelo », dans M.–O. Goulet-Caz et alii (ds), Le commentaire entre tradition et innovation, Paris, 2000, p. 388, rend en franÅais le terme latin consequentia qui reprend le grec parakolouthounta travers larabe lawa¯hiq. 22 In Phys., 2.13 – 16 : t¹ d³ pqoje¸lemom bibk¸om 1st¸m, ¢r eUqgtai, peq· t_m joim0 p÷si to?r vusijo?r pq²clasi paqajokouho¼mtym, di¹ ja· Qd¸yr Vusijμm tμm pqaclate¸am ¡mºlase. taOta d´ 1sti p´mte· vkg eWdor tºpor wqºmor j¸mgsir.
2.1 Les prolgomnes la Physique
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Philopon amalgame ici, en passant, concomitants et principes, dont une claire distinction est indique dans le dbut du Commentaire sur le De la gnration et de la corruption 23 : Ayant trait dans la Physique des principes des ralits naturelles, cest--dire de la matire et de la forme, et aussi des concomitants communs toutes les ralits naturelles, ceux-ci sont le lieu, le temps et le mouvement, Aristote…
ces prcisions traditionnelles, Simplicius ajoute quelques lments explicatifs de son propre cru. Dans une perspective rsolument noplatonicienne, il se rfre Platon dont il distingue la doctrine de celle des philosophes pripatticiens24 : Le but du prsent trait est denseigner au sujet des choses qui existent en commun dans toutes les ralits naturelles en tant quelles sont naturelles, cest--dire corporelles.25 Ce qui leur est commun, ce sont les principes et les concomitants des principes. Les principes sont les causes dites au sens propre, ainsi que les causes accessoires. Les causes sont selon les pripatticiens (jat± to¼tour) la cause productrice et la cause finale, tandis que les causes accessoires sont la forme, la matire et, en gnral, les lments. Quant Platon, il ajoute aux causes la cause paradigmatique et aux causes accessoires la cause instrumentale.
La cause productrice et finale selon les Pripatticiens est identifier avec la nature, que Simplicius ajoute expressment, dans son Commentaire sur le trait Du ciel, aux thmes majeurs de la Physique 26 : Parmi les crits physiques dAristote, les uns portent sur les principes naturels qui existent en commun dans toutes les ralits naturelles, savoir la matire, la forme, le mouvement, le temps et le lieu,27 et aussi sur la nature et les causes productrices 23 In De gen. et corr., 1.5 – 8 : Diakab½m b )qistot´kgr 1m t0 Vusij0 !jqo²sei peq· t_m !qw_m t_m vusij_m pqacl²tym, k´cy d³ vkgr ja· eUdour, ja· peq· t_m joim0 p÷si to ?r vusijo?r paqajokouho¼mtym, tºpor d³ taOta ja· wqºmor ja· j¸mgsir… 24 In Phys., 3.13 – 19 : T/r d³ pqojeil´mgr pqaclate¸ar b sjop¹r peq· t_m joim0 p÷sim rpaqwºmtym to ?r vusijo ?r pq²clasi jahû fsom eQs· vusij², taqt¹m d³ eQpe ?m sylatij², did²nai. joima· d³ p²mtym aR !qwa· ja· t± ta ?r !qwa ?r paqajokouhoOmta. !qwa· d´ eQsi t² te aUtia juq¸yr kecºlema ja· t± suma¸tia· ja· aUtia l³m tº te poigtijºm 1sti ja· t¹ tekij¹m jat± to¼tour, suma¸tia d³ tº te eWdor ja· B vkg ja· fkyr t± stoiwe?a. Pk²tym d³ to?r l³m aQt¸oir t¹ paqadeiclatij¹m pqost¸hgsi, to ?r d³ sumait¸oir t¹ aqcamijºm. 25 La prcision « en tant quelles sont naturelles, cest--dire corporelles » veut insinuer quil y a dautres principes (transcendants) pour les ralits naturelles, notamment les paradigmes platoniciens. 26 In De caelo, 2.18 – 24 : to¼tym c±q t± l´m 1sti peq· t_m vusij_m !qw_m t_m joim0 p÷sim rpaqwous_m to ?r vusijo ?r pq²clasim oXom vkgr ja· eUdour ja· jim¶seyr ja· tºpou ja· wqºmou ja· peq· t/r v¼seyr aqt/r ja· t_m paquvistal´mym aqt0 poigtij_m aQt¸ym […], peq· ¨m t± bibk¸a t/r 1picqavol´mgr Vusij/r !jqo²seyr did²sjei. 27 On remarquera que Simplicius regroupe ici, en passant, les concomitants sous la rubrique des principes, linverse de Philopon qui, dans son Commentaire sur la Physique, regroupe les principes sous la rubrique des concomitants.
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Chapitre 2. La tradition commentariste ou les prsupposs exgtiques
qui subsistent c t delle28 […]. Sur tous ces sujets nous enseignent les livres du trait intitul LeÅon de physique.
Il ajoute enfin le continu29 : Puisque la nature, qui est en quelque sorte cause productrice immdiate des ralits naturelles, sera montre principe de mouvement, et que toute ralit naturelle, qui est un corps, possde en lui son principe de mouvement, il est ncessaire que le physicien discoure aussi sur le mouvement. Et puisque tout corps m est mesur par le temps selon son mouvement et que, tant un corps, il est en un lieu, il faut galement enseigner au sujet du temps et du lieu. Et puisque et le corps et le lieu et le temps et le mouvement sont continus, il est ncessaire de traiter aussi du continu. Voil donc les choses qui accompagnent les principes naturels.
Que la Physique porte galement sur la nature et le continu, ce nest assurment pas une nouveaut de Simplicius. De pareilles prcisions se retrouvent en effet dans les promes de Philopon aux livres suivants de la Physique. 30 Linnovation de Simplicius sur ce point, sans doute peu importante, consiste plut t dans le fait quil a compris, par rigueur exgtique, la nature et le continu parmi les thmes majeurs de la Physique, tels quils sannoncent traditionnellement dans les prolgomnes du trait. Enfin, selon tous les deux commentateurs, la Physique porte aussi sur le vide et linfini qui, bien quen ralit (cest--dire selon Aristote) ils naccompagnent pas les ralits naturelles, mritent tout de mÞme dÞtre tudis31,32 :
28 Il sagit du hasard et de la spontanit, quAristote examine avec la nature dans le livre II de la Physique. 29 In Phys., 3.25 – 32 : 9pe· d³ B v¼sir poigtijºm pyr pqosew_r aUtiom owsa t_m vusij_m !qwμ jim¶seyr owsa deiwh¶setai ja· p÷m vusij¹m s_la cm !qwμm 1m 2aut` jim¶seyr 5wei, !macja ?or b peq· jim¶seyr kºcor t` vusij`. 1pe· d³ t¹ jimo¼lemom rp¹ wqºmou letqe ?tai jat± tμm j¸mgsim ja· s_la cm 1m tºp\ 1st¸, de ? ja· peq· wqºmou ja· peq· tºpou did²nai. 1peidμ d³ ja· t¹ s_la ja· b tºpor ja· b wqºmor ja· B j¸mgsir sumew/ 1sti, ja· peq· sumewoOr !m²cjg diakabe ?m. ja· taOta l³m paqajokouhe ? ta ?r vusija ?r !qwa ?r. 30 Voir infra, n. 50. 31 Philopon, In Phys., 2.21 – 29 : Jat² timar d³ t_m vusij_m ja· t¹ jem¹m ja· t¹ %peiqom p÷si paqajokouhe ? to ?r vusijo ?r pq²clasi […]. !kkû fti l³m oqdaloO d¼matai eWmai t¹ jem¹m de¸jmusim 1m t` tet²qt\ t/r pqojeil´mgr pqaclate¸ar b )qistot´kgr, t¹ d³ %peiqom fti l³m jatû 1m´qceiam eWmai oq d¼matai oqdû fkom ûla blo¸yr de¸jmusi, dum²lei d³ lºmom ja· jat± l´qg sumest²mai. 32 Simplicius, In Phys., 3.32 – 4.5 : 9lp¸ptei d³ fgt¶lata ja· peq· !pe¸qou ja· peq· jemoO, peq· !pe¸qou l³m fti !m²cjg ja· t± vusij± s¾lata ja· tμm j¸mgsim ja· t¹m tºpom ja· t¹m wqºmom sumew/ emta ja· di²stasim 5womta 1pû %peiqom eWmai diaiqet± ja· C %peiqa eWmai C pepeqasl´ma C p0 l³m t¹ %peiqom 5weim p0 d³ t¹ pepeqasl´mom· 1pe· d³ b tºpor 5don´ tisi di²stgl² ti jem¹m eWmai s¾lator 1steqgl´mom, eQjºtyr b peq· jemoO kºcor 1lp¸ptei t` peq· toO tºpou, ja· diºti tim³r t_m vusi j_m ja· oqw oR tuwºmter ja· t¹ jem¹m 1m !qw/r 5hemto kºc\. peq· to¼tym owm b t/r vusij/r !jqo²seyr sjopºr, $ joim0 p÷si to ?r
2.1 Les prolgomnes la Physique
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Selon certains physiciens, le vide et linfini accompagnent, eux aussi, toutes les ralits naturelles […]. Toutefois, que le vide ne peut exister nulle part, Aristote le montre dans le quatrime livre du prsent trait. Quant linfini, il montre galement quil ne peut pas exister ni en acte ni tout entier la fois, mais quil subsiste seulement en puissance et selon ses parties. Des points de recherche sur linfini et le vide entrent galement
« Voil donc », sexplique Simplicius en concluant le kephalaion du skopos, « sur quoi porte le but de la Physique : sur les choses qui existent en commun dans toutes les ralits naturelles ou qui semblent y exister mais qui en ralit nexistent pas ».33 Llucidation du skopos ne pose en effet pas de problme aux exgtes de la Physique. En reprenant une tradition bien antrieure, Philopon et Simplicius sont pour lessentiel daccord quant aux thmes ou concepts sur lesquels porte le trait. Mais il nen est pas de mÞme quant au contenu quils donneront ces concepts dans le cours du commentaire. Comme nous le verrons, ils dveloppent tous les deux des digressions pour tablir leurs propres doctrines au sujet de la matire, de la nature, du lieu, du temps et du vide.
2.1.2 Le titre (et les sous-titres) du trait Ainsi que le prcise Simplicius, llucidation du skopos rend aussit t clair le titre34 : La raison dÞtre du titre est dornavant claire. En enseignant au sujet des choses qui existent en commun dans toutes les ralits naturelles en tant quelles sont naturelles, le trait porte bon droit le nom commun <de toutes les ralits naturelles>, ayant t prcisment intitul « Physique » (Vusij¶). Dautre part,
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Chapitre 2. La tradition commentariste ou les prsupposs exgtiques
Philopon passe sous silence lexplication d « !jqºasir », mais il donne pour la « Vusij¶ » la mÞme explication que Simplicius sous une forme plus succincte.35 Les deux commentateurs passent ensuite la considration des sous-titres accords au trait par la tradition pripatticienne. Simplicius voque lautorit dAdraste dAphrodise (fl. dans le 1er tiers du IIe sicle ap. J.–C.), auteur dun livre canonique intitul Sur lordonnance des crits dAristote,36 pour dire que les cinq premiers livres du trait taient dsigns par le titre « Des principes » (Peq· !qw_m), alors que les trois derniers portaient le titre « Du mouvement » (Peq· jim^seyr). « Cest de cette manire », conclut-il, « quAristote lui-mÞme para t y faire rfrence dans plusieurs endroits ».37 Philopon cite une telle rfrence mais, la diffrence de Simplicius, il soutient que le titre « Peq· jim^seyr » dsigne non pas les trois mais les quatre derniers livres.38 Les deux commentateurs suivent donc en ce point deux traditions diffrentes quil convient de prciser.
35 Philopon, In Phys., 2.13 – 15 : t¹ d³ pqoje¸lemom bibk¸om 1st¸m, ¢r eUqgtai, peq· t_m joim0 p÷si to ?r vusijo ?r pq²clasi paqajokouho¼mtym, di¹ ja· Qd¸yr Vusijμm tμm pqaclate¸am ¡mºlase. Cf. le lieu parallle dans In Meteor., 3.28 – 30 : …tμm Vusijμm jakoul´mgm !jqºasim t¹ joim¹m emola t_m vusij_m ¢r Udiom !pojkgqyhe ?sam di± t¹ peq· t_m joim_m !qw_m t_m vusij_m "p²mtym did²sjeim. 36 Sur cet ouvrage, voir P. Moraux, Der Aristotelismus bei den Griechen : Von Andronikos bis Alexander von Aphrodisias, Berlin/New York, 1984, p. 314 – 317. 37 Cf. Simplicius, In Phys., 4.11 – 16 : -dqastor d³ 1m t` Peq· t/r t²neyr t_m )qistot´kour succqall²tym Rstoqe ? paq± l´m timym «Peq· !qw_m» 1picecq²vhai tμm pqaclate¸am, rpû %kkym d³ «Vusij/r !jqo²seyr», tim±r d³ p²kim t± l³m pq_ta p´mte «Peq· !qw_m» 1picq²veim vgs¸, t± d³ koip± tq¸a Peq· jim¶seyr. ovty d³ va¸metai ja· )qistot´kgr aqt_m pokkawoO lelmgl´mor. Cf. aussi le lieu parallle dans In Phys., 6.4 – 10 : diw0 d³ tμm pq¾tgm t/r fkgr pqaclate¸ar di,qgl´mgr t± l³m pq_ta -dqastor k´cei p´mte bibk¸a
2.1 Les prolgomnes la Physique
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A. Mansion avait dj fait remarquer que, dans son Commentaire sur le De caelo, Simplicius situe la division des deux parties du trait non pas entre les livres V et VI, comme il le fait dans le Commentaire sur la Physique, mais entre les livres IV et V,39 comme le fait prcisment Philopon. La divergence, explique-t-il, est due au fait que le Commentaire au trait Du ciel est antrieur celui la Physique ; il remonte donc une priode pendant laquelle Simplicius avait fait moins amplement connaissance avec la tradition de ses prdcesseurs.40 Ainsi que le signale Simplicius lui-mÞme, le prdcesseur qui il doit sa nouvelle opinion est principalement Adraste.41 Or, le fait que le tmoignage dAdraste soit expressment voqu deux reprises dans les prolgomnes la Physique suggre que Simplicius a t bien conscient quen plaÅant la division entre les livres V et VI, il rompait avec la thse communment reÅue son poque, par Philopon, par exemple,42 et par lui-mÞme dans un temps antrieur. Ce ne fut donc quen composant son Commentaire sur la Physique quil prit connaissance de lopinion dAdraste et se rsolut placer la division entre les livres V et VI. Nanmoins, la connaissance quil a eue de louvrage canonique dAdraste ne fut vraisemblablement pas directe. En effet, une seule scholie de ce philosophe figure dans le Commentaire de Simplicius, provenant sans doute du commentaire de Porphyre,43 et cest encore Porphyre que Simplicius voque
39 Simplicius, In De caelo, 226.19 – 21 : jake ? d³ «peq· !qw_m» t± t´ssaqa pq_ta bibk¸a t/r Vusij/r !jqo²seyr, ¦speq t± koip± t´ssaqa «peq· jim¶seyr» 1j²kei pq¹ ak¸cou k´cym… 40 Cf. A. Mansion, Introduction la Physique aristotlicienne, 2me d. revue et augmente, Louvain-la-Neuve, 1945, p. 49 – 50, n. 28. 41 Dans le prome au livre VI, Simplicius voque galement en faveur de la division « 5 + 3 » Thophraste et Andronicos de Rhodes (In Phys., 923.7 – 16) et cite encore Damas, le biographe dEudme (In Phys., 924.12 – 14 : fti d³ t± tq¸a 1st· t± Peq· jim¶seyr, ja· t± p´mte Vusij², laqtuqe ? ja· D²lar b t¹m b¸om Eqd¶lou cq²xar k´cym «ja· t_m 1j t/r Peq· v¼seyr pqaclate¸ar t/r )qistot´kour t_m Peq· jim¶seyr tq¸a»). Cest pourtant lautorit de louvrage canonique dAdraste qui est initialement voque, et cela ds les prolgomnes au trait. 42 La mÞme position est adopte par Philopon, comme par Olympiodore, dans lexplication du prome des Mtorologiques ; cf. Philopon, In Meteor,, 4.30 – 31 : j a · p e q · p ² s g r d³ j i m ¶ s e y r v u s i j / r 1m to ?r rst´qoir aqt/r (scil. t/r Vusij/r !jqo\seyr) t´ssaqsi kºcoir die¸kejtai. Olympiodore, In Meteor., 7.12 – 14 : di± d³ toO eQpe ?m j a · p e q · p ² s g r j i m ¶ s e y r v u s i j / r rpºlmgsim 1po¸gse t_m tess²qym kºcym e, st, f, g· 1m to¼toir c±q peq· p²sgr vusij/r jim¶seyr b kºcor. Il faut en dduire que, avant eux, Ammonius tait du mÞme avis. Dans son propre Commentaire aux Mtorologiques, Alexandre dAphrodise ne prcise pas quelles parties de la Physique sont dsignes dans le prome du trait. 43 Voir infra, p. 71 et n. 223.
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Chapitre 2. La tradition commentariste ou les prsupposs exgtiques
dans un passage du prome au livre V, relatif la division de la Physique en deux parties44 : Je mtonne du fait que le trs philosophe Porphyre qui, dans la synopse de ce cinquime livre, rapporte avec soin tout ce qui concerne la division des huit livres et dit que tous
Il semble donc que ce soit ce rapport dtaill de Porphyre que Simplicius doit sa documentation pripatticienne propos de divers titres de la Physique, et que ce soit encore l quil a puis le tmoignage dAdraste.45 Nanmoins, Porphyre optait pour la division « 4 + 4 », en instituant de la sorte une tradition qui fut par la suite dominante.46
2.1.3 La division du trait Les dveloppements sur le but de la Physique et sur la raison de son titre ont anticip sur le kephalaion de la division. Dune part, lors de llucidation du but, il est devenu clair que les thmes majeurs de la Physique se regroupent en deux ensembles : 1) les principes et 2) leurs concomitants. Dautre part, gr ce llucidation du titre, on a appris que lun de ces concomitants, savoir le mouvement, occupe une place privilgie au sein du trait : les trois ou les 44 In Phys., 802.7 – 13 (=159F Smith) : Haul²fy d³ t¹m vikosov¾tatom Poqv¼qiom, p_r 1m t0 sumºxei toO p´lptou to¼tou bibk¸ou, ja¸toi vikoj²kyr t± peq· t/r diaiq´seyr t_m ajt½ bibk¸ym Rstoq_m ja· fti p²mter t± l³m p´mte Vusij± jakoOsim, t± d³ tq¸a Peq· jim¶seyr, aqt¹r flyr t± !p¹ toO p´lptou %wqi toO acdºou bibk¸a 1ven/r t´ttaqa peq· jim¶seyr 5weim tμm pqaclate¸am aqt0 k´nei vgs· ja· Qd¸ô Peq· jim¶seyr 1picecq²vhai. 45 Louvrage dAdraste est galement voqu par Simplicius dans le Commentaire sur les Catgories, 16.2 et 18.16. Dans ce cas encore, il est fort probable quil sagisse dune documentation tire du grand commentaire de Porphyre aux Catgories ( Gedalios) ou de celui de Jamblique qui, ainsi que le prcise Simplicius (In Cat., 2.18 – 19), reprend abondamment et la lettre le commentaire de Porphyre. Porphyre, dautre part, avait certainement connu et employ des ouvrages dAdraste : dans son Commentaire sur les Harmoniques de Ptolme, 96. 1, il cite le commentaire dAdraste sur le Time, et dans sa Vita Plotini, 14.12 – 13, il nous fait savoir que Plotin lisait devant ses lves les commentaires pripatticiens dAspasius, dAlexandre et dAdraste. 46 Il nest malheureusement pas possible de savoir quel tait lavis dAlexandre dAphrodise. Dans son Commentaire sur les Mtorologiques, on la dit, il ne se prononce pas sur cette question, bien que loccasion se prsente. Il en va de mÞme dans son Commentaire sur le De sensu, 113.5 – 6, o il se contente de dire : Peq· jim¶seyr k´cym t± tekeuta ?a t/r Vusij/r !jqo²seyr. Peut-Þtre le faisait-il sciemment, face une tradition dj ambivalente.
2.1 Les prolgomnes la Physique
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quatre derniers livres lui sont consacrs. Il restait donc prciser de quelle manire les autres thmes majeurs de la Physique se rpartissent dans la premire partie. Comme attendu, Philopon est plus succinct que Simplicius. Il se contente de signaler que dans le premier livre du trait, il est principalement question de la matire, dans le deuxime, de la forme, dans le troisime, du mouvement et de linfini, et dans le quatrime, du lieu, du temps et du vide.47 On retrouve donc les sept thmes majeurs de la Physique, tels que Philopon les avait dj fait appara tre en traitant du skopos. Simplicius explicite lui aussi la division du trait en fonction des lments explicatifs dont il stait servi dans le mÞme kephalaion. Il laisse de c t la partie intitule « Peq· jim^seyr » et, en adoptant la division propose par Adraste, il prcise avec plus de dtails le contenu des cinq premiers livres, regroups sous le titre « Peq· !qw_m »48 :
47 Cf. Philopon, In Phys., 3.1 – 9 : 1m d³ t` pq¾t\ bibk¸\ !masjeu²fei ja· t±r t_m pakaiot´qym peq· t_m vusij_m !qw_m dºnar ja· did²sjei peq· toO eUdour ja· t/r vkgr, 1m d³ t` deut´q\ peq· toO eUdour (diak´cetai d³ ja· peq· t/r vkgr, ¦speq ja· 1m t` pq¾t\ peq· toO eUdour· !kk± l÷kkom 1m t` pq¾t\ peq· t/r vkgr Epeq toO eUdour, ¢r ja· 1m t` deut´q\ peq· toO eUdour l÷kkom Epeq t/r vkgr), 1m d³ t` tq¸t\ did²sjei peq· jim¶seyr ja· !pe¸qou, 1m d³ t` tet²qt\ peq· tºpou wqºmou jemoO, 1m d³ to ?r koipo ?r t´tqasi peq· jim¶seyr ja· p²mtym [ja·] t_m paqajokouho¼mtym aqt0. « Dans le premier livre, Aristote rfute les doctrines professes par les plus anciens au sujet des principes et enseigne sur la forme et la matire ; dans le deuxime livre, il enseigne sur la forme (il discourt aussi de la matire, comme il discourt de la forme dans le premier livre ; mais il discourt plus de la matire que de la forme dans le premier livre, de mÞme que dans le deuxime livre il discourt plus de la forme que de la matire) ; dans le troisime livre, il enseigne sur le mouvement et linfini ; dans le quatrime, sur le lieu, le temps et le vide ; dans les quatre livres qui restent, il enseigne sur le mouvement et toutes les proprits qui laccompagnent. » 48 In Phys., 6.10 – 30 : T_m d³ Peq· !qw_m 1m l³m t` pq¾t\ peq· t_m sumait¸ym did²sjei, t/r te vkgr vgl· ja· toO eUdour ja· t/r !mtijeil´mgr t` eUdei steq¶seyr7 1m d³ t` deut´q\ peq· toO pqosew_r poigtijoO aQt¸ou, fpeq tμm v¼sim eWma¸ vgsi, ja· l´mtoi ja· peq· toO tekijoO. 1peidμ d´ 1st¸ tima ja· %kka poigtij± dojoOmta aUtia, jat± sulbebgj¹r 5womta toOto ¦speq B t¼wg ja· t¹ aqtºlatom, oqd³ t¹m to¼tym dioqisl¹m !di²qhqytom jatak´koipem. bqis²lemor d³ tμm v¼sim !qwμm jim¶seyr ja· fkyr t_m vusij_m jat± j¸mgsim waqajtgqifol´mym, 1m t` tq¸t\ t¸ potû 5stim B j¸mgsir F te joimμ ja· 6jastom aqt/r eWdor !madid²sjei. 1pe· d³ sumewμr B vusijμ j¸mgsir, t¹ d³ sumew³r 1pû %peiqom diaiqetºm, ja· peq· sumewoOr ja· peq· !pe¸qou diak´cetai jat± t¹ tq¸tom bibk¸om. s¾lata d³ emta t± vusij± ja· h´sim 5womta tºpou de ?tai 1m è te 5stai ja· 1m è jimgh¶setai. di¹ ja· peq· tºpou di´neisim 1m t` tet²qt\. jem¹m d³ di²stgla tim_m t¹m tºpom rpokalbamºmtym ja· 1m !qw/r kºc\ t¹ jem¹m tih´mtym tim_m, eQjºtyr ja· t±r peq· toO jemoO fgt¶seir !majime ?. p²sgr d³ jim¶seyr rp¹ wqºmou letqoul´mgr, !macja ?om Gm ja· peq· wqºmou t¹m vusij¹m pokupqaclome ?m. ja· ovtyr t¹ t´taqtom sumepeq²mato bibk¸om. 1m t` p´lpt\ d³ tμm j¸mgsim !jqib_r !p¹ t_m %kkym letabok_m di´jqime ja· tμm !mt¸hesim t_m te jim¶seym pq¹r !kk¶kar ja· t_m Aqeli_m pqºr te t±r jim¶seir ja· pq¹r !kk¶kar di¾qise ja· tμm l¸am j¸mgsim Ftir pot´ 1sti peqi´cqaxem.
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Chapitre 2. La tradition commentariste ou les prsupposs exgtiques
Quant aux livres « Sur les principes », Aristote enseigne dans le premier au sujet des causes accessoires, cest--dire la matire, la forme et la privation qui soppose la forme49 ; dans le deuxime, il enseigne au sujet de la cause productrice immdiate, dont il dit que cest la nature, et, assurment, de la cause finale aussi. Mais puisquil y a galement certaines causes qui semblent Þtre productrices, mais qui en ralit ne le sont que par accident, comme le hasard et la spontanit, il na pas pass outre la dtermination de ces causes non plus. Et puisquil a dfini la nature comme principe du mouvement et quen gnral toutes les ralits naturelles se caractrisent par le mouvement, il nous apprend dans le troisime livre ce quest le mouvement, aussi bien le mouvement commun que chacune de ses espces. Et puisque le mouvement naturel est continu et que le continu est infiniment divisible, il discourt galement dans le troisime livre du continu et de linfini. Et puisque les ralits naturelles sont des corps et possdent une position, elles ont besoin dun lieu, dans lequel elles puissent Þtre et se mouvoir. Cest pourquoi il traite du lieu dans le quatrime livre. Dautre part, puisque certains philosophes ont considr que le lieu est un intervalle vide et lui ont assign valeur de principe, il reprend bon droit les recherches sur le vide. Et puisque tout mouvement est mesur par le temps, il est ncessaire que le physicien sadonne aussi ltude du temps. Ainsi sachve le quatrime livre. Dans le cinquime, il distingue avec prcision le mouvement des autres changements, dtermine lopposition des mouvements entre eux et celle des repos par rapport aux mouvements, et dcrit ce quest le mouvement considr comme un.
Simplicius est donc plus prcis que Philopon et indique galement quelques thmes « mineurs » de la Physique, comme la privation, le hasard et la spontanit. Mais en fait ces prcisions supplmentaires de Simplicius se retrouvent dans les promes de Philopon aux livres suivants de la Physique. 50
2.1.4 La place du trait dans lordre de lecture La division pripatticienne des traits physiques dAristote, qui dtermine leur skopos, dtermine galement la place de chaque trait dans lordre de lecture51 : en empruntant un sens descendant, on devait aller du plus universel au moins 49 On remarquera que Simplicius passe sous silence la rfutation aristotlicienne des anciennes doctrines des principes, laquelle se rfre Philopon. Ce nest pas au hasard, comme nous verrons plus loin. 50 Cf. Philopon, In Phys., 194.16 –195.13 (prome au livre II), propos de la nature en tant que cause productrice et propos du hasard et de la spontanit en tant que causes par accident ; In Phys., 339.10 –340.13 (prome au livre III), propos de la liaison dmonstrative qui unit la nature, le mouvement, le continu, linfini, le lieu, le vide et le temps. 51 Voir supra, p. 12–13. Citons ici un passage caractristique tir de Simplicius, In De caelo, 3.8– 10 : toia¼tgr owm ousgr t/r diaiq´seyr d/kom, fti let± tμm Vusijμm !jqºasim ta¼tgm !makgpt´om tμm pqaclate¸am (scil. tμm Peq· oqqamoO) jat± p²mtar to»r 1ngcgt±r t_m )qistot´kour. « La division tant donc telle, il est clair quaprs la Physique il faut aborder ce trait-ci (scil. le trait Du ciel) selon tous les exgtes de la philosophie dAristote. »
2.1 Les prolgomnes la Physique
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universel. Et puisque la Physique instruit au sujet des principes communs toutes les ralits naturelles, cest--dire la matire et la forme, ainsi que le mouvement, le lieu et le temps, il fallait bon droit quelle prcde tous les autres traits, lesquels sont consacrs ltude des ralits particulires qui drivent ou qui tmoignent de ces principes.52 Simplicius laisse entendre que ceci est une vidence.53 tant videmment du mÞme avis, Philopon ne traite pas dans son commentaire de ce kephalaion. 54
2.1.5 Lauthenticit du trait Simplicius explicite galement le kephalaion de lauthenticit. Il dit que la Physique est considre de manire unanime comme authentique, puisque Aristote sy rfre de manire sre et que les pripatticiens en gnral lvoquent dans leurs crits et commentaires.55 Mais il avoue galement quil est superflu de prciser ce point (peqitt¹m jatasjeu²feim). Philopon ne le dit pas, mais son silence montre clairement quil tait du mÞme avis.
2.1.6 Lutilit du trait Contrairement Philopon qui nen souffle mot, Simplicius consacre au kephalaion de lutilit un assez long dveloppement (In Phys., 4.17 – 5.26) qui met au clair, dabord, lutilit thique de ltude de la physique, puis son utilit spirituelle.56
52 Le raisonnement se fonde en effet sur le principe, la fois pdagogique et pistmologique, selon lequel la connaissance sacquiert en bonne et due forme, lorsquon va du plus gnral au moins gnral et du plus simple au plus complexe. 53 Cf. In Phys., 5.27 – 29 : eQ d³ ja· peq· t/r t²neyr toO succq²llator wqμ k´ceim, fti l³m t_m vusij_m pqogce ?tai p²mtym ¢r t±r !qw±r did²sjom t±r vusij²r, pqºdgkom ja· 1j t/r paqatehe¸sgr N¶seyr. La « N¶sir » prcdemment cite nonce un fameux principe pistmologique de lantiquit : « Nous pensons savoir chaque chose quand nous avons pris connaissance de ses causes premires, ses principes premiers et jusquaux lments. » (Phys., I 1, 184a 12 – 14 ; trad. P. Pellegrin) 54 Il explicite pourtant lordre de lecture des traits physiques en commentant le prome des Mtorologiques ; voir supra, p. 13, n. 22. 55 Cf. Simplicius, In Phys., 5.32 – 6.3 : nti d³ cm¶siom toO )qistot´kour t¹ bibk¸om, peqitt¹m jatasjeu²feim, !malv¸kejtom rp²qwom ja· 1m pokko ?r t_m !malvik´jtym succqall²tym lm¶lgr paq± toO )qistot´kour tucw²mom ja· t_m spoudaiot²tym aqtoO lahgt_m ja· t_m !p¹ t/r aRq´seyr p²mtym lelmgl´mym, t_m d³ ja· jev²kaia aqt/r ja· sumºxeir poioul´mym. 56 Cette partie des prolgomnes la Physique a t tudie par Ph. Hoffmann, « La triade chaldaque 5qyr, !k^heia, p_stir de Proclus Simplicius », dans A. Ph. Segonds
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Chapitre 2. La tradition commentariste ou les prsupposs exgtiques
La physique57, explique Simplicius, contribue au plus haut point au perfectionnement de l me et lascse des vertus pratiques : – la justice, parce quelle fait voir les concessions mutuelles des lments et des parties de lUnivers et lgalit de leurs rapports gomtriques ; – la temprance, parce quelle rvle la nature du plaisir, qui nest aucunement un bien titre principal ; – au courage, parce quelle nous libre de la crainte de la mort ; – la prudence, parce quelle nous enseigne accorder peu dimportance aux choses humaines.58 Mais le plus grand bienfait de la physique, poursuit Simplicius,59 cest quelle est aussi un trs beau chemin qui conduit la connaissance de lessence de l me et la contemplation des Formes spares et divines. Cest ce que montre Platon, qui part des mouvements naturels pour slancer la dcouverte de la substance automotrice et de lhypostase intellective et divine, et avec lui Aristote, qui dans ce trait luimÞme sappuie sur lternit du mouvement circulaire pour parvenir dcouvrir la cause immobile de tout mouvement. En outre, la vnration pour la transcendance divine est porte son plus haut degr dardeur par la physique, qui, partir de la comprhension prcise des ralits engendres par Lui, veille de belle manire un sentiment dadmiration pour la grandeur du Crateur ; et ce sentiment dadmiration est fermement accompagn par la sympathie avec le dieu, la foi et lespoir. Cest surtout pour cela quil faut sexercer ltude de la physique.
En comparant le dveloppement de Simplicius avec le Prologue du grand Commentaire dAverros la Physique, M. Rashed a montr que, pour ce qui est de lutilit thique de ltude de la physique, Simplicius suit le commentaire dAlexandre dAphrodise.60 Ce qui revient donc Simplicius est llucidation de lutilit spirituelle dune physique ouvrant la voie pour remonter jusqu une « sympathie » unitive avec le Dmiurge, assure par la comprhension vridique de ses œuvres et ladmiration quelles inspirent. Ainsi que la montr Ph. Hoffmann, cet acheminement anagogique de l me philosophante (dans ce cas,
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et C. Steel (ds), Proclus et la thologie platonicienne, Paris, 2000, p. 459 – 489, en particulier p. 476 – 484, dont nous suivons lanalyse. Le dveloppement de Simplicius ne concerne pas uniquement le trait de Physique mais toute la physique entendue comme partie de la philosophie. Cf. In Phys., 4.23 – 5.10. In Phys., 5.10 – 21 (Trad. Ph. Hoffmann): t¹ d³ l´cistom aqt/r !cahºm, fti ja· pq¹r tμm t/r xuwij/r oqs¸ar cm_sim ja· pq¹r tμm t_m wyqist_m ja· he¸ym eQd_m heyq¸am bdºr 1sti jakk¸stg, ¢r ja· Pk²tym dgko ? !p¹ t_m vusij_m jim¶seym bqlghe·r 1p· tμm evqesim t/r te aqtojim¶tou oqs¸ar ja· t/r moeq÷r ja· he¸ar rpost²seyr, ja· )qistot´kgr d³ 1m aqt0 ta¼t, t0 pqaclate¸ô !p¹ toO !id¸ou t/r jujkij/r jim¶seyr t¹ !j¸mgtom ja· p²sgr jim¶seyr aUtiom !meqeum_m. 5ti d³ t¹ pq¹r tμm he¸am rpeqowμm s´bar avtg l²kista diaheqla¸mei, jak_r 1j t/r t_m rpû aqtoO cimol´mym !jqiboOr jatamo¶seyr eQr haOla ja· lecakeiºtgta toO poi¶samtor !mece¸qousa· t` d³ ha¼lati to¼t\ B pq¹r t¹m he¹m sulp²heia ja· p¸stir ja· 1kp·r !svake ?r sumajokouhoOsi. ja· di± taOta l²kista vusiokoc¸am !sjgt´om. Cf. M. Rashed, « Alexandre dAphrodise lecteur du Protrptique », dans J. Hamesse (d.), Les prologues mdivaux, Turnhout, 2000, p. 1 – 37, en particulier p. 20 – 28, avec le commentaire de Ph. Hoffmann, art. cit., p. 480 et n. 108 – 109.
2.2 Larticulation et la composition du commentaire
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autour de la physique) se rend possible gr ce lAmour, la Vrit et la Foi, autrement dit une triade « chaldaque » laquelle les philosophes noplatoniciens accordaient beaucoup dimportance, notamment ceux dAthnes.
2.1.7 Une digression de Simplicius avant dentamer lexplication du texte Ayant achev les thmes obligs des prolgomnes, et avant quil naborde le commentaire proprement dit, Simplicius annonce : « Mais avant de me mettre au texte, jajouterai quelques mots davantage » (!kkû ak¸ca 5ti pqoshe·r 1p· tμm k´nim tqap¶solai). Les « quelques mots » qui suivent (In Phys. 6.31 – 8.15) constituent en effet une histoire brve de lvolution des recherches naturelles depuis les philosophes prplatoniciens jusqu Aristote, prsente dans un esprit de concordisme. Puisquil sagit de la toute premire digression du Commentaire, annexe aux prolgomnes, cest dans la partie consacre aux digressions que nous allons en parler. Contentons-nous de signaler prsent que cette digression liminaire fait dj appara tre une importante spcificit exgtique de Simplicius : celle qui est anime par le souci de mettre en harmonie tous les lments susceptibles de fonder la conviction dune divergence irrductible au sein de la philosophie des Hellnes.
2.2 Larticulation et la composition du commentaire 2.2.1 Le lemme, son « sens » et sa « lettre » Aprs avoir achev les prolgomnes, le commentateur aborde le texte et le commentaire proprement dit. Nous avons dit dans le chapitre prcdent que, dans la ralit scolaire du Ve et du VIe sicle, lexgse dun texte du cursus se ralise travers une srie de leÅons, dont la succession laisse parfois des traces dans les versions crites que sont prcisment les commentaires.61 Le ma tre fait dabord lire un disciple une portion du texte commenter, puis il livre son explication, qui comprend en principe deux volets. Non sans abuser, on a coutume dappeler le premier, qui claire la doctrine contenue dans le texte, explication de la th ria et le deuxime, qui claire les points obscurs de 61 Cela ne veut assurment pas dire que tous les commentaires sur Aristote et Platon dont nous disposons reproduisent tels quels des cours professs. Lire l-dessus E. Lamberz, « Proklos und die Form des philosophischen Kommentars », dans J. Ppin-H. D. Saffrey (ds), Proclus lecteur et interprte des anciens, Paris, 1987, p. 1 – 20, qui invite distinguer entre « rpolm^lata » (commentaires crits par le commentateur lui-mÞme sans rapport direct un cours) et « sw|kia » (commentaires crits par des lves suite un cours oral).
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Chapitre 2. La tradition commentariste ou les prsupposs exgtiques
lexpression, explication de la lexis. La terminologie est en effet emprunte aux commentaires de ladite cole dOlympiodore,62 mais il y a des antcdents bien avant. La premire distinction de ce type dans la littrature commentariste subsistante se rencontre dans le Commentaire (fragmentaire) dAspasius (actif la fin du Ier/dbut du IIe sicle de notre re) sur lthique Nicomaque. En employant, dans un seul passage (150.9 – 10), une formule de transition, Aspasius dit : B l³m owm fkg bo¼kgsir toO kºcou toia¼tg, t± d³ jat± tμm k´nim ovtyr 5wei… Ce « vouloir gnral » ou « vise recherche du discours » devient chez Alexandre dAphrodise le « moOr t/r 1piweiq¶seyr », cest--dire le « sens » de largumentation ou construction philosophique, qui se conÅoit nouveau en contraste avec sa « lettre ».63 Dans la terminologie de Proclus,64 le « moOr » se transforme en « di²moia »,65 et cest ce terme quemploiera son lve Ammonius,66 ainsi que lun des lves de ce dernier, savoir Philopon.67 Simplicius emploie pour sa part un terme parent, celui de « 5mmoia ».68 Quant la « heyq¸a », qui, partir dOlympiodore, devient du jargon standard consign dans les manuscrits, elle se rfre en effet, de manire purement scolaire, la premire des deux phases de la pratique orale de la « double exgse » que nous
62 Lire E. vrard, Lcole dOlympiodore et la composition du commentaire la Physique de Jean Philopon. 63 Cf. Alexandre, In Metaph., 276.9 – 10 : di¹ ja· !savest´qa B k´nir. 1jkabºmti d³ b moOr t/r 1piweiq¶seyr toioOtor. 276.27 – 28 : b l³m moOr t/r 1piweiq¶seyr toioOtor, t± d³ pq¹r tμm k´nim ovtyr. 331.9 – 10 : B 1piwe¸qgsir bqaw´yr l³m eUqgtai ja· avtg, 5sti d³ b moOr aqt/r toioOtor. 64 Lire A.–J. Festugire, « Modes de composition des Commentaires de Proclus », Museum Helveticum 20 (1963), p. 77 – 100 [repris dans A.–J. Festugire, tudes de philosophie grecque, Paris, 1971, p. 551 – 574]. 65 Cf. In Alc., 207.19 – 208.1 : taOta peq· t/r 1m to ?r pqojeil´moir N¶lasi diamo¸ar. T/r d³ k´neyr t¹ l³m
2.2 Larticulation et la composition du commentaire
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avons voque plus haut en parlant des Commentaires de Philopon.69 Il est vrai que la th ria dlivre lexplication de la doctrine – elle recouvre donc ce qui est ailleurs dsign comme « moOr » ou « di²moia/5mmoia » –, mais elle dsigne par surcro t la premire explication, gnrale et continue, dune portion de texte, premire par rapport lexplication de la lexis, qui reprend par la suite la mÞme portion de texte en la divisant en petites units minutieusement commentes. Cest une manire de faire « scolastique », contraignant parfois lexgte la rptition, qui ne se rencontre pas avant Ammonius, du moins daprs le tmoignage des commentaires existants. Il semble donc que cela ait t une conception lui, adopte ensuite par ses lves Philopon et Olympiodore et, plus tard, par lias, David et Stphanos dAlexandrie.70 Philopon, nous venons de le dire, procde dans son exgse selon la mthode scolaire dAmmonius. Simplicius, dautre part, qui a certainement connu cette mthode, ne lapplique pas, et pour cause : en composant un commentaire qui ntait pas destin lenseignement oral, il avait tout intrÞt viter les contraintes et les rptitions imposes par la pratique scolaire alexandrine. Ses commentaires sapparentent plut t ceux de Proclus, o lintrÞt est principalement port lexplication de la doctrine, la lexis ntant traite que lorsquil en est besoin.
69 Voir supra, p. 22 – 23. 70 Des occurrences du mot « heyq¸a » valeur exgtique se rencontrent videmment bien avant Ammonius. Il suffit de penser la « moeq± heyq¸a » de Jamblique ou de citer le passage suivant de Proclus, In Tim., I, 299.19 – 21 : Bl÷r d³ pq_tom wqμ tμm k´nim aqtμm jah artμm 1net²samtar 5peita ovty pq¹r tμm fkgm heyq¸am !madqale ?m. Cf. aussi Hermias (« de la voix » de Syrianus), In Phaedrum, 202.25 : de ? d³ aqt± heyqgtij¾teqom 1jkalb²meim, ja· lμ ¢r doje ? 5weim B k´nir. Mais avec Ammonius le mot sert dsigner une partie de lexgse, qui se reflte dans la version crite en tant quunit textuelle dmarque ; cf., titre indicatif, Asclpius (« de la voix » dAmmonius), In Metaph., 77.27 – 28 : toOto owm vgsim fti oR !jqib´statoi t_m kºcym ja· t_m pqºr ti poioOsim Qd´ar, ¢r eQq¶jalem 1m t0 heyq¸ô. 81.9 : eQq¶jalem d³ 1m t0 heyq¸ô fti Qd´a 1st·… 93.7 – 8 : di± t¹ !¸diom oR mogto· paqajtijo· rp²qwousi t_m aQshgt_m, ¢r 1m t0 heyq¸ô lelah¶jalem. Philopon (daprs les cours dAmmonius), In De gen. et corr., 276.13 – 14 : …ta¼tgm tμm diavoq±m t_m sglaimol´mym, Dm ja· %my pqoeiq¶jalem jat± tμm heyq¸am. Ne prÞtant pas assez dattention aux articulations des Commentaires dAmmonius et de Philopon, les diteurs des CAG les ont mal imprims : le lemme qui introduit en effet lexplication de la lexis appara t comme faisant partie de la th ria. Dans sa traduction dernirement parue, C. Osborne, Philoponus. On Aristotle Physics 1.1 – 3, Londres, 2006, a heureusement rtabli la structure de la « double exgse » du Commentaire la Physique de Philopon.
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Chapitre 2. La tradition commentariste ou les prsupposs exgtiques
2.2.2 Le commentaire comme recomposition Quelles que soient les divergences et quelles quen aient t les applications concrtes dans sa longue histoire, il est juste de dire que le commentaire exgtique se dveloppe en principe partir de la squence « lemme + explication du sens + explication de la lettre », plusieurs fois reprise jusqu ce que le commentaire soit achev. Cest, pour ainsi dire, llment constitutif fondamental du commentaire. Mais sajoutent au fur et mesure dautres lments de commentaire, selon une procdure que lon peut appeler, avec Ph. Hoffmann,71 « marqueterie des units textuelles » : – des « 1pist\seir » (remarques), introduites avec des formules comme « 1pist/sai %niom » ou « 1pist/sai wq¶ », qui portent sur de subtils problmes, poss par lexplication de tel ou tel passage ; – des « 1mst\seir » (objections) contre telle thse du philosophe ou telle explication antrieurement propose ; – des « fgt^seir » ou des « fgt^lata » (recherches ou points de recherche) exigs par telle thse ou telle imprcision philosophique. Il sagit des thmes, des problmes et des questions qui saccumulent autour dun texte faisant autorit au cours dune longue tradition exgtique. Il est essentiel de comprendre en ce point que lexgse, quelle soit orale ou crite, est un acte de recomposition, en ce sens quelle part dau moins une autre exgse dj existante, quelle se donne comme but de mettre jour ou denrichir, voire de corriger. Considrons donc dans cette perspective nos deux Commentaires sur la Physique. Dans celui de Simplicius, la chose est claire : le nom de lexgte « jat 1now^m », cest--dire Alexandre dAphrodise, y appara t plus de six cents fois. Simplicius sattarde constamment lexgse dAlexandre, tant pour le « sens » que pour la « lettre » de la Physique, et lon peut Þtre sr que, si on disposait du Commentaire dAlexandre sous forme intgrale, on reprerait dans celui de Simplicius bien plus demprunts. Dans une faÅon dcrire et de composer bien diffrente de la n tre, la source dans laquelle on puise et que lon reprend souvent la lettre, nest signale que lorsquil en est besoin, cest--dire lorsquil sagit de se diffrencier par rapport elle. Si en effet Simplicius cite et discute, plusieurs endroits dans son Commentaire, les explications donnes par Alexandre, cest parce que, ces endroits prcis, il ne saccorde pas, du moins pas tout fait, avec elles. Il faut considrer rebours que tout ce qui a t bien dit dans le Commentaire dAlexandre pouvait Þtre tacitement reproduit.72 71 Ph. Hoffmann, « Les catgories aristotliciennes pot³ et po» daprs le Commentaire de Simplicius. Mthode dexgse et aspects doctrinaux », dans M.–O. Goulet-Caz et alii (ds), Le commentaire entre tradition et innovation, p. 356 – 376, en particulier p. 357. 72 Il convient de citer cet gard un passage trs clairant, tir du prologue du Commentaire de Porphyre aux Harmoniques de Ptolme, 4.22 – 5.16 : « Nous proposant dexpliquer les Harmoniques de Ptolme, nous traiterons de leur plus grande partie en visant la symtrie. Et si, pour en faire lexgse, nous avons abus de certains
2.2 Larticulation et la composition du commentaire
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Nous verrons dans le chapitre suivant que le Commentaire dAlexandre la Physique nest pas le seul avoir t employ par Simplicius. Mais sans doute fut-il son modle principal. Puisque les prcisions dAlexandre sur la lexis du trait sont, elles aussi, rgulirement reprises et discutes, il faut en conclure que cest de ce Commentaire que provient aussi le dcoupage du texte en lemmes.73 Quant au Commentaire la Physique de Philopon, H. Vitelli avait dj fait remarquer que, outre les quinze cas o ceci est annonc, Philopon reprend tacitement environ six cents fois les explications fournies par Thmistius dans sa Paraphrase de la Physique. 74 Cet ouvrage est donc le « guide-fil » dont sest servi lexgte alexandrin pour composer son commentaire. Nanmoins, le commentaire de Thmistius est sous forme de paraphrase, celle-ci ne procure donc pas de dcoupage du texte. La divergence de Philopon par rapport Simplicius sur ce point permet dtablir que ce nest pas le Commentaire dAlexandre quil a employ cet gard. Qui plus est, le Commentaire de Philopon se dveloppe selon la structure « th ria + lexis », ce qui est une conception ammonienne et
de nos prdcesseurs, que lon ne nous bl me pas pour falsification ; cest pour faire lconomie du temps
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Chapitre 2. La tradition commentariste ou les prsupposs exgtiques
non pas alexandrique.75 Faut-il dire que Philopon a dcoup lui-mÞme le texte de la Physique ? Quelques prcisions de Simplicius permettent en effet dapporter une rponse. deux endroits de son Commentaire, Simplicius se rfre trois prcisions exgtiques dAmmonius, livres videmment lors dun cours oral sur la Physique auquel il avait assist.76 La premire, se rapportant la lexis, concernait la manire dont il fallait comprendre Phys., I 5, 188a 27 : de ? c±q t±r !qw±r lμ 1n !kk¶kym eWmai. Contrairement lexplication traditionnelle, propose apparemment par Alexandre, qui consistait dire que les principes, cest--dire les contraires, ne doivent pas Þtre mutuellement issus les uns des autres parce quil est impossible que les contraires subsistent tous les deux la fois, Ammonius soutenait quAristote voulait simplement dire quil est impossible que, des deux contraires, lun soit plus principiel (!qwoeid´steqom) que lautre.77 La deuxime et la troisime visaient clairer ce que dit Aristote en Phys., I 6, 189a 13 – 14 : l¸a te 1mamt¸ysir 1m pamt· c´mei 2m¸. La « contrarit unique », expliquait Ammonius, est celle qui se manifeste principalement dans le genre de la substance (B peq· t¹ c´mor t/r oqs¸ar heyqoul´mg), autrement dit la contrarit entre la forme et la privation, « parce que nous recherchons les principes de la subsistence des substances, dans lesquelles trouvent leur Þtre les autres catgories aussi ».78 Par « genre unique », poursuivait-il, il ne faut pas 75 C. DAncona Costa, « Syrianus dans la tradition exgtique de la Mtaphysique dAristote », dans M.–O. Goulet-Caz et alii (ds), Le commentaire entre tradition et innovation, p. 311 – 327 (voir aussi du mÞme auteur, « Commenting on Aristotle : from Late Antiquity to the Arab Aristotelianism », dans W. Geerlings et C. Schulze (ds), Der Kommentar in Antike und Mittelalter. Beitr ge zu seiner Erforschung, p. 201 – 251, en particulier p. 206 – 226) souligne juste titre limportance et la postrit du style de commentaire alexandrique chez les commentateurs noplatoniciens. Il faudrait pourtant nuancer son affirmation selon laquelle ce style de commentaire, rhabilit par Syrianus, sest par la suite impos Proclus, Ammonius et ses lves. Les commentaires dAmmonius et de ses lves se diffrencient dj sensiblement de ceux de Proclus et de Syrianus, et, en gnral, il vaut mieux voir dans le style de commentaire alexandrique (employ, il est vrai, dj par Aspasius) une matrice que les philosophes noplatoniciens ont largie et modifie conformment leurs besoins. 76 Cf. In Phys., 183.18 : b d³ Bl´teqor jahgcel½m )ll¾mior oqj An¸ou… 192.14 : pq¹r d³ t¹ de¼teqom 5kecem b Bl´teqor jahgcel½m )ll¾mior… 193.1 : b d³ )ll¾mior 5kece… 77 Simplicius, In Phys., 183.18 – 35 : b d³ Bl´teqor jahgcel½m )ll¾mior oqj An¸ou t¹ l μ 1 n ! k k ¶ k y m e W m a i t± 1mamt¸a ovtyr !jo¼eim, ¢r lμ 1n rpojeil´mym ja· di± toOto rpolemºmtym, !kk± jahû Dm 5mmoiam eUqgtai t¹ l μ 1 n % k k y m aqt± eWmai, ¢r oqdû 1m¹m t_m pq¾tym 1mamt¸ym %kka kalb²meim !qwoeid´steqa […]. jat± toOto owm 5oije t¹ sglaimºlemom ja· mOm k´ceshai t¹ lμ de ?m 1 n ! k k ¶ k y m e W m a i t± 1mamt¸a, ¢r oq dumat¹m cm h²teqom hat´qou !qwoeid´steqom ja· jahokij¾teqom eWmai d i ± t ¹ 1 m a m t ¸ a , vgs¸m, aqt± eWmai, tout´stim Qsosheme ?m !kk¶koir, ja· lgd³m 5weim pk´om t¹ 6teqom aqt_m toO 2t´qou pq¹r t¹m t/r !qw/r kºcom. 78 Simplicius, In Phys., 192.15 – 16 : t/r t_m oqsi_m rpost²seyr t±r !qw±r fgtoOlem, 1m aXr ja· aR %kkai jatgcoq¸ai t¹ eWmai 5wousim.
2.2 Larticulation et la composition du commentaire
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comprendre le genre logique, cest--dire le genre au sens propre, mais le substrat unique, autrement dit la matire dune chose, partir de laquelle se produit sa forme par opposition la privation. Et il voquait cet gard lexplication fournie par Alexandre dAphrodise.79 Les trois explications dAmmonius se retrouvent sans indication dorigine dans le Commentaire de Philopon.80 Et nous avons vu dans le chapitre prcdent que, dans son Corollarium de loco, Philopon se rfre explicitement Ammonius pour critiquer la dfense quil proposait oralement en faveur de la doctrine aristotlicienne du lieu.81 Il faut en conclure qu c t de la Paraphrase de Thmistius, Philopon utilisait, comme par ailleurs Simplicius, des notes prises au cours dAmmonius. De ce fait, on devrait attribuer le dcoupage du texte, adapt la mthode scolaire de « th ria + lexis », Ammonius. Lune des explications ammoniennes que nous fait conna tre Simplicius, celle qui porte sur le sens du genre unique, permet galement de constater que le Ma tre alexandrin utilisait dans ses cours de Physique le Commentaire dAlexandre.82 Il semble donc que la dizaine de rfrences Alexandre que lon trouve dans le Commentaire de Philopon,83 trs peu nombreuses par rapport aux six cents rfrences que lon trouve dans le Commentaire de Simplicius, proviennent de lexgse dAmmonius et non pas dune consultation directe de louvrage de lexgte pripatticien. Ammonius, en revanche, utilisait amplement les Commentaires dAlexandre. Pour le montrer, reportons-nous, titre dexemple, au beau commentaire « de la voix » dAmmonius (publi par Asclpius de Tralles) consacr au passage liminaire de la Mtaphysique. Ceci 79 Cf. Simplicius, In Phys., 193.1 – 7 : b d³ )ll¾mior 5kece lμ peq· toO juq¸yr c´mour k´ceshai mOm, l¶te toO pqosew_r l¶te toO !myt²ty (B c±q 1mamt¸ysir B jat± t±r diavoq±r bpot´qou to¼tym poie ? tμm c´mesim ja· tμm vhoq²m), !kkû fpeq, vgs¸, ja· b )k´namdqor pq¹r t` t´kei t/r toO NgtoO to¼tou 1ngc¶seyr 1p´stgse, c´mor 4m jake ? mOm t¹ 4m rpoje¸lemom. 5hor c±q aqt` ja· tμm rpojeil´mgm 2j²st\ v¼sim c´mor jake ?m. 80 Cf. Philopon, In Phys., 117.24 – 118.1 : tq¸a c±q taOta rp²qwei ta ?r !qwa ?r ta ?r pq¾tair jat± joimμm 5mmoiam, tº te lμ eWmai 1n %kkym (oqj´ti c±q #m eWem pq_tai !qwa¸), ja· t¹ lμ 1n !kk¶kym eWmai (eUte c±q eUg B 2t´qa 1j t/r 2t´qar, B l³m 5stai !qwμ B d³ oqj !qw¶, eUte !lvºteqai 1n !kk¶kym eWem, oqd³m l÷kkom 2jat´qa aqt_m !qwμ 5stai C oqj !qw¶), fti d³ ja· 1n aqt_m t± %kka de ? eWmai, pqºdgkom. 132.11 – 14 : 1pe· owm aR koipa· jatgcoq¸ai Qd¸am vpaqnim oqj 5wousim, !kkû 1m ta¼tair 5wousi t¹ eWmai, d/kom fti to¼tym rp¹ jahokijyt²tar 1mamti¾seir !macol´mym di± to¼tym j !je ?mai !mgcl´mai #m eWem. 129.14 – 18 : c´mor l³m owm 1mtaOh² vasim aqt¹m oR 1ngcgta· k´ceim oq «t¹ jat± pkeiºmym ja· diaveqºmtym t` eUdei 1m t` t¸ 1sti jatgcoqo¼lemom», !kk± t¹ rpoje¸lemom, 4m d´ 1sti ja· toOto t_m toO c´mour sglaimol´mym t` )qistot´kei. pokkawoO c±q t¹ rpoje¸lemom c´mor 1j²kese ja· 1m to ?r pqokaboOsim. Les « 1ngcgta· » sont videmment Ammonius et Alexandre. 81 Voir supra, p. 23 – 24. 82 Cf. Simplicius In Phys., 193.4 – 5 : !kkû fpeq, vgs¸ (scil. b )ll¾mior), ja· b )k´namdqor pq¹r t` t´kei t/r toO NgtoO to¼tou 1ngc¶seyr 1p´stgse. 192.22 – 23 : pq¹r d³ t± toO Blet´qou jahgcelºmor laqtuqoul´mou ja· t¹m )k´namdqom. 83 In Phys., 81.25 ; 349.5 ; 356.8 ; 492.3 ; 528.12 ; 738.24 ; 745.20 ; 756.9 ; 854.14 ; 891.1.
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Chapitre 2. La tradition commentariste ou les prsupposs exgtiques
nous permettra galement de nous faire une ide de la manire dont un exgte composait son commentaire : Asclpius (« de la voix » dAmmonius), In Metaph., 5.33 – 7.18 :
Alexandre dAphrodise, In Metaph., 1.3 – 2.2 :
{980a21 P²mter %mhqypoi toO eQd´mai aq´comtai v¼sei. sgle ?om d³ B t_m aQsh¶seym !c²pgsir}
{980a21 P²mter %mhqypoi toO eQd´mai aq´comtai v¼sei}
9peidμ B cm_sir tekeiºtgr 1st· t/r xuw/r, jahºkou l³m t/r "pk_r cicmysjo¼sgr, l÷kkom d³ t/r kocij/r, ja· ta¼tgr 5ti l÷kkom Hr heyq¸a t¹ t´kor, p÷sa d³ tekeiºtgr 2j²stou t¹ 2j²stou !cahºm 1stim, 1m d³ t` !cah` 6jastom 5wei t¹ eWma¸ te ja· s¾feshai, di± toOto jahºkou 1p¶cacem fti p ² m t e r % m h q y p o i t o O eQd´mai aq´comtai v¼sei, tout´stim aqtovu_r 1q_si t/r cm¾seyr ¢r ta¼tgr tekeiºtgtor ousgr aqt_m. sgle?om d³ to¼tou paq´heto 1maqc´statom tμm pq¹r t±r aQsh¶seir vik¸am· wa¸qolem c±q ta ?r aQsh¶sesim, 1peidμ diû aqt_m tμm t_m aQshgt_m pqacl²tym kalb²molem cm_sim. !kk± ja· wyq·r to¼tou aqt±r diû 2aut±r !cap_lem t±r aQsh¶seir, ja· l²kista pk´om t_m %kkym tμm bqatijμm aUshgsim· ja· c±q wyq·r toO pq²tteim ja· 1meqce ?m t¹ bq÷m aRqo¼leha !mt· p²mtym ¢r eQpe?m t_m %kkym. avtg owm B bqatijμ l²kista t_m %kkym aQsh¶seym poie? Bl÷r cmyq¸feim oq lºmom !kk¶kour !kk± ja· t± he ?a ja· t¹ d³ aUtiom, 1peid¶, ¦r vgsi oqq²mia s¾lata. ja· c²q, ¦r vgsi Pk²tym, Pk²tym 1m t` Va¸dymi, di± ta¼tgr t/r aQsh¶seyr t¹ t/r vikosov¸ar 1poqis²leha di± ta¼tgr t/r aQsh¶seyr t¹ t/r c´mor. !tem¸fomter c±q eQr t¹m oqqam¹m ja· vikosov¸ar 1poqis²leha c´mor· !tem¸fomter heyqoOmter tμm t²nim ja· t¹ %vqastom c±q eQr t¹m oqqam¹m ja· heyqoOmter tμm j²kkor 1qwºleha eQr 5mmoiam toO t²nim ja· t¹ %vqastom j²kkor 1qwºleha eQr dgliouqc¶samtor. avtg owm B aptijμ 5mmoiam toO dgliouqc¶samtor. l²kista t_m aQsh¶seym poie? Bl÷r cmyq¸feim, oq k´cei !kk¶kour !kk± t± he ?a. !kk± ja· oqd³ diû %kkgr oute c±q diû %kkgr aQsh¶seyr ovtyr sulp²swolem to?r pq²clasim ¢r di± aQsh¶seyr ovty sulp²swolem to?r ta¼tgr. j a · p o k k ² r , vgs¸, d g k o ? pq²clasim ¦speq di± ta¼tgr· di¹ ja¸ vgsim d i a v o q ± r t± letan» t_m bqat_m aqt0· fti p o k k ± r d g k o ? d i a v o q ± r avtg t_m aQshgt_m. pokka· c±q aR t_m wqyl²tym letan» c±q toO keujoO ja· toO l´kamor pokk± rp²qwei wq¾lata, oXom eQ t¼woi diavoqa· letan» t_m %jqym keujoO ja· vaiºm, namhºm, puqqºm, 1quhqºm. letan» d³ l´kamor tucw²mousim, oXom vaiºm, namhºm, heqloO ja· xuwqoO oqd³m rp²qwei Ecoum puqqºm, 1quhqºm, ¡wqºm· letan» d³ heqloO ngqoO ja· rcqoO.
Aqtovu_r bql_sim aR xuwa· 1p· t±r cm¾seir ja· 1v¸emtai toO !cahoO· !cah¹m d´ 1sti t/r xuw/r B juq¸yr cm_sir. diºti cim¾sjei t± he ?a ja· 1meqce ? jat± t¹m heyqgtij¹m moOm· t¹ d³ toioOto teke¸ys¸r 1sti t/r xuw/r. di¹ pacj²kyr vgs·m b )qistot´kgr p ² m t e r % m h q y p o i t o O e Q d ´ m a i a q ´ c o m t a i v ¼ s e i , 1peidμ B cm_sir tekeiºtgr 1st¸m. fti c±q p²mter %mhqypoi aqtovu_r 1q_si t/r cm¾seyr, sgle?om l´cistom B t_m aQsh¶seym vik¸a· wa¸qolem c±q ta ?r aQsh¶sesim, 1peidμ diû aqt_m hgq_lem t± pq²clata. %kkyr te d³ ja· wyq·r toO 1meqce ?m ti C pq²tteim jat± t±r aQsh¶seir !cap_lem aqt²r, ja· l²kista pk´om t_m %kkym tμm aptij¶m· ja· wyq·r c±q toO pq²tteim ja· 1meqce ?m t¹ bq÷m aRqo¼leha !mt· p²mtym ¢r eQpe?m t_m %kkym.
2.2 Larticulation et la composition du commentaire
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ja· xuwqoO C ngqoO ja· rcqoO oqd´m 1sti pk/hor toio¼tym diavoq_m. […] {980a 27 V¼sei l³m owm aUshgsim 5womta c¸metai t± f`a} […] eWpem owm fti b %mhqypor ja· t±r aQsh¶seir toO eQd´mai w²qim !capø, oq t/r wqe¸ar lºmom, 1peidμ ja· B aUshgsir eQr cm_sim aqt` sulb²kketai. vgs·m owm fti oq lºmg B aUshgsir pq¹r cm_sim aqt` sulb²kketai, !kk± ja· b kºcor, jahû dm pkeomejte? t± %kka f`a, ja· fti di± to¼tou tekeiºteqor t_m %kkym f]ym b %mhqypor, ja· fti B sov¸a t` 1m cm¾sei eWmai p÷si doje? tiliyt²tg, di± to¼tym Bl÷r did²sjei. !kk± ja· bebaio? t¹ pqoeiqgl´mom t¹ t±r aQsh¶seir to»r !mhq¾pour eqkºcyr !cap÷m. 1jt¸hetai d³ ja· tμm t²nim t_m 1p· ta?r aQsh¶sesi cimol´mym dum²leym ta?r xuwa?r.
{980a27 V¼sei l³m owm aUshgsim 5womta c¸metai t± f`a} EQp½m fti b %mhqypor ja· t±r aQsh¶seir toO eQd´mai w²qim !capø, oq t/r wqe¸ar lºmom, diºti ja· B aUshgsir eQr cm_sim aqt` sulb²kketa¸ ti, fti oq lºmom diû aQsh¶seyr t¹ cicm¾sjeim aqt`, !kkû 5wei ti pq¹r cm_sim pk´om paq± t± %kka f`a, t¹m kºcom, ox t¹ cicm¾sjeim Udiom, ja· fti tekeiºteqom di± toOto t_m %kkym f]ym b %mhqypor, ja· fti B sov¸a cm_sir eWmai p÷si doje? owsa tiliyt²tg, di± to¼tym Bl÷r did²sjei, ûla ja· bebai_m t¹ pqoeiqgl´mom fti eqkºcyr eUqgtai, t¹ to»r !mhq¾pour t±r aQsh¶seir ja· toO eQd´mai w²qim !cap÷m. 1jt¸hetai d³ ja· tμm t²nim t_m 1p· ta ?r aQsh¶sesi cimol´mym dum²leym t/r xuw/r, Ø ja· t± tekeiºteqa f`a t_m !tekest´qym diaiqe ?ta¸ te ja· wyq¸fetai, ja· fti pk´om ti paq± t± %kka f`a b %mhqypor t¹m kºcom 5wym jat± te¸mei d³ aqt` taOta p²mta eQr t¹m toOto tekeiºteqor 1je¸mym 1st¸m. te¸mei dû peq· sov¸ar kºcom ja· t¹ de?nai t¸r 1stim b aqt` taOta p²mta eQr t¹m peq· sov¸ar kºcom sovºr, […] ja· t¹ de?nai t¸r 1stim b sovºr.
{980a 28 9j d³ t/r aQsh¶seyr to ?r l³m aqt_m oq c¸metai lm¶lg, to?r d³ c¸metai} Oqj 5wousi lm¶lgm sj¾kgjer, 1lp¸der, t± d³ %kka 5wousim, oXom j¼ym, xittajºr, l¼qlgn, wekid½m ja· fsa %kka toiaOta. ja· di± ta¼tgm tμm aQt¸am t± l³m vqºmila rp²qwousi t± d³ lahglatij¾teqa t_m f]ym t_m lμ dumal´mym 5weim lm¶lgm· t_m c±q 1wºmtym lm¶lgm t± l³m vqºmila rp²qwei, t± d³ lahglatij¾teqa. vqºmila to¸mum rp²qwei %meu toO lamh²meim fsa lμ d¼mamtai diajq¸meim to»r xºvour, peq· d³ t¹m b¸om eQs·m eqpeq¸stqova, oXom l´kitta ja· wekid½m ja· l¼qlgn· pqomooOmtai c±q toO 2aut_m b¸ou.
k´cei d³ t_m l³m lºmgm aUshgsim 1wºmtym tekeiºteqa eWmai t± pq¹r t` aQsh²meshai ja· lmglome¼eim ¨m aQsh²momtai dum²lema, $ ja· vqomil¾teqa ja· lahgtij¾teqa eWmai eWpe t_m lμ dumal´mym lmglome¼eim, joimºteqom wqgs²lemor t` vqomil¾teqa. […] p_r d³ eWpe vqomil¾teqa, 1ngc¶sato pqoshe·r t¹ lahgtij¾teqa· jat± c±q toOto lahgtij¾teqa eWpem, fti di± t¹ d¼mashai lmglome¼eim Edg tim± aqt_m ja· vym²r timar lamh²meim ja· lile ?shai, ¢r pokk± t_m aqm´ym· !kk± ja· pq²ssei tim², ¢r j¼mer, 1k´vamter, %kka tim². d¼matai t¹ lahgtij¾teqa eQq/shai ja· 1p· toO
84 La comparaison avec le commentaire dAmmonius permet de rtablir avec certitude le mot corrompu dans le texte dAlexandre : on lira « wekid~m ». On corrigera par la suite le texte dit par M. Hayduck comme suit : t± c±q lelmgl´ma t_m f]ym cmyq¸fei, ¨m B wekid~m· ja· c±q l´lmgtai ja· d¼matai t¹ oQje ?ºm te ja· t¹ !kkºtqiom diacicm¾sjeim.
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Chapitre 2. La tradition commentariste ou les prsupposs exgtiques
{980b 24 Lamh²mei d³ fsa pq¹r t0 lm¶l, ja· ta¼tgm 5wei tμm aUshgsim} OXom j¼ym, xittajºr, Vppor, emor ja· fsa %kka toiaOta.
cmystij¾teqa· t± c±q lelmgl´ma t_m f]ym cmyq¸fei ¨m B …Qd¾m84 te c±q l´lmgtai ja· d¼matai t¹ oQje ?ºm te ja· t¹ !kkºtqiom diacicm¾sjeim. […]
{980b 25 T± l³m owm %kka ta ?r vamtas¸air {980b 25 T± l³m owm %kka ta ?r vamtas¸air f0 ja· ta ?r lm¶lair} f0 ja· ta ?r lm¶lair}
On se rend facilement compte que, pour faire son exgse, Ammonius sappuie fortement sur le Commentaire dAlexandre. Il y emprunte des passages entiers, il en modifie dautres, il en omet, certes, quelques-uns, il en ajoute aussi de son propre cru.85 Mais le nom dAlexandre ny appara t gure. Si lon compare minutieusement les deux commentaires, on trouvera en effet dans le commentaire dAmmonius plusieurs emprunts Alexandre non signals,86 sauf sil sagit de diverger nettement de son opinion ou, rebours, de lvoquer pour rsoudre un subtil problme exgtique.87 Cette remarque invite la prudence quant au fait de dterminer loriginalit dun exgte. Les rfrences nominales ne sont certainement pas un critre dcisif. On prfrera se fier plut t au ton clairement personnel de certains passages et, dfaut, on prÞtera une extrÞme attention aux articulations qui annoncent les diffrents moments du discours exgtique. Les passages introduits avec la formule « l^pote d³…» (« mais peut-Þtre que… »), peuvent contenir, par exemple, lopinion propre de lexgte, qui sajoute prcisment celle de ses prdcesseurs relativement un difficile problme exgtique. Mais le cas le plus obvie est celui des « paqejb\seir », sorte de diatribes autonomes qui sintercalent dans le commentaire proprement dit : en rompant avec lexgse, faÅonne au cours dune longue tradition, elles nous rvlent directement la pense de lexgte. Nous aurons assurment en reparler.
85 On remarquera aussi la multiplication des lemmes de la part dAmmonius, conformment aux besoins du commentaire par th ria et lexis. 86 Cf., titre indicatif, Asclpius (« de la voix » dAmmonius), In Metaph., 15.17 – 16.16, et Alexandre, In Metaph., 9.19 – 10.13 ; Asclpius (« de la voix » dAmmonius), In Metaph., 227.38 – 228.33, et Alexandre, In Metaph., 239.34 – 240.29. 87 Cf., titre indicatif, Asclpius (« de la voix » dAmmonius), In Metaph., 155.27 : b )k´namdqor «oqj %kkgr» cq²vei. 212.30 : b )k´namdqor ovtyr 1ngce ?tai t¹ wyq¸om. 311.27 : b )k´namdqor oUetai peq· toO sumh´tou k´ceim aqt¹m 1mtaOha.
Chapitre 3. La tradition livresque ou le matriau bibliographique Nous venons de dire que la rdaction dun commentaire est un acte de recomposition, en ce sens quelle part dau moins une exgse dj existante, quelle complte, corrige ou met jour. Cette exgse de « dpart » devient galement le moyen pour accder dautres ouvrages que le commentateur ne conna t pas de premire main. Pour ce qui est du Commentaire de Philopon, nous venons de voir que les quelques rfrences au Commentaire dAlexandre dAphrodise ne proviennent vraisemblablement pas dune consultation directe de louvrage : elles lui sont plut t communiques travers lexgse dAmmonius, que Philopon a utilise c t de la Paraphrase de Thmistius pour faire sa propre exgse de la Physique. part Thmistius, Ammonius et Alexandre, Philopon nvoque essentiellement pas dautres exgtes ou philosophes quil aurait pu utiliser comme sources directes pour son Commentaire. Nous ne nous y attarderons donc pas davantage.1 Nous passerons pour le reste au Commentaire de Simplicius qui fait preuve, de prime abord, dune vaste documentation. Il suffit de parcourir lindex nominum tabli par H. Diels la fin du volume X des CAG, pour se faire rapidement une ide des noms des exgtes et des philosophes quil voque. Mais est-ce que cela signifie quil a vraiment lu tous ces ouvrages ? Un passage du Prologue du Commentaire sur les Catgories montre clairement que cela nentrait pas dans les principaux soucis de lexgte : « Quant moi, jai lu 1
Il ny a que deux rfrences Thophraste, lune (In Phys., 4.8) la Physique, lautre (In Phys., 62.6) sans prcision douvrage. Les rfrences parallles chez Simplicius (In Phys., 9.7 – 10 et 115.12 – 13) permettent dtablir que ces propos de Thophraste sont communiqus Philopon moyennant une source commune, directe (Ammonius) ou indirecte (Alexandre ; Simplicius prcise en effet quil a reproduit la deuxime rfrence partir du Commentaire dAlexandre, qui cite la « Vusijμ Rstoq_a » de Thophraste). Une seule citation de Porphyre (Philopon, In Phys., 125.27 – 30 [=141bF Smith]), citant un vers de Xnophane, ne suffit certes pas pour tablir que Philopon a directement utilis le Commentaire sur la Physique de Porphyre. On trouve la mÞme citation chez Simplicius, In Phys., 188.32 – 189.1 (=141aF Smith), o le vers est pourtant attribu Anaximne. Soit dit en passant, lIn Phys. 130.5 – 12, o Philopon voque une remarque de Porphyre relative aux genres et aux diffrences, est assez vague pour Þtre considr comme un fragment du Commentaire sur la Physique de Porphyre, comme le pense Smith (143F) en suivant F. Romano, Porfirio e la fisica aristotelica, Catania, 1985 (Fr. 27). Ces prcisions ne signifient pour autant pas que Philopon tait ignorant de labondante littrature disponible Alexandrie, pripatticienne ou autre.
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Chapitre 3. La tradition livresque ou le matriau bibliographique
certains des crits que jai mentionns », prcise Simplicius,2 non sans nous surprendre, aprs avoir fait le bilan de divers types de commentaires consacrs au trait liminaire de lOrganon. Il faudra dsormais distinguer nettement entre les livres pris en mains et utiliss comme sources directes et les auteurs cits de manire mdiate ou invoqus comme autorits. Pour ce qui est du Commentaire sur les Catgories, les codices que Simplicius a eus en mains furent principalement les Commentaires respectifs de Porphyre et de Jamblique, ce dernier permettant Simplicius daccder au faux pythagoricien Des notions universelles, attribu Archytas de Tarente et considr comme la source dAristote.3 Nous nous appliquerons tudier dans cette perspective le Commentaire sur la Physique. En prÞtant attention, dune part, aux allusions qui impliquent un recours aux textes mÞmes, cest--dire des units bibliographiques distinctes, et, dautre part, la stratgie de citation employe par Simplicius, il nous sera possible de reprer les ouvrages quil a directement utiliss.
3.1 Les commentaires sur la Physique Les commentaires antrieurs ont valeur de modles suivre et sont indispensables pour la ralisation dun nouveau commentaire. Les exgtes de la Physique que Simplicius invoque divers endroits de son Commentaire sont les suivants : Alexandre dAphrodise, Adraste dAphrodise, Ammonius, Andronicos de Rhodes, Aspasius, Bothos de Sidon, Maxime dEphse, Porphyre, Syrianus et Thmistius. Mais il faut videmment distinguer entre ce que Simplicius a directement utilis et ce quil a connu de manire mdiate.
3.1.1 Les sources directes : Alexandre dAphrodise, Porphyre, Thmistius Simplicius na directement utilis que les trois ouvrages qui se trouvent rcapituls dans le passage qui suit, relatif la fin du livre V de la Physique : In Phys., 918.11 – 15 : l´wqi to¼tou t¹ p´qar 1st· toO bibk¸ou 5m tisim !mticq²voir, 1m d³ %kkoir ja· t± 2n/r Nghgsºlema pqºsjeitai, ûpeq oqd³ b Poqv¼qior sumox¸feim oqd³ b Hel¸stior paqavq²feim eVketo. b l´mtoi )k´namdqor 1pisglgm²lemor, fti 5m tisim !mticq²voir oq v´qetai, 1ngce ?tai flyr aqt².
2 3
In Cat., 3.2 : 1c½ c±q 1m´tuwom l³m ja¸ tisi t_m eQqgl´mym succq²llasim. Cf. Ph. Hoffmann, « Bibliothques et formes du livre la fin de lantiquit. Le tmoignage de la littrature noplatonicienne des Ve et VIe sicles », dans G. Prato (d.), I manoscritti greci tra riflessione e dibattito, Florence, 2000, p. 601 – 632, en particulier p. 619 – 620.
3.1 Les commentaires sur la Physique
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Ce passage permet en effet de constater que Simplicius a connu ces ouvrages dans des codices distincts quil consultait paralllement dans son cabinet de travail. Avant daborder la lexis de la Phys., V 6, 231a 5 – 17, Simplicius prcise que cette dernire partie du livre V est omise dans certains manuscrits de la Physique. Elle fait aussi dfaut, poursuit-il, dans la synopse de Porphyre (nous prciserons de quoi il sagit plus bas) et dans la Paraphrase de Thmistius ; Alexandre, par contre, la comprise dans son commentaire, tout en signalant quelle est ailleurs omise. On pourrait ventuellement penser que Simplicius na pas eu sa disposition les manuscrits dont il parle et quil a emprunt ce renseignement Alexandre, mais il est impossible de penser quil a connu lun de ces trois ouvrages par le biais de lautre : ni Porphyre ni Thmistius ne sauraient rendre compte du commentaire dAlexandre sur ce point et, pour des raisons purement chronologiques, ni Alexandre ne saurait renseigner Simplicius au sujet de Porphyre, ni Porphyre au sujet de Thmistius. Nous pouvons donc affirmer que Simplicius consultait plus ou moins paralllement les commentaires dAlexandre, de Porphyre et de Thmistius, et cela mesure quil composait son propre commentaire. Le Commentaire dAlexandre dAphrodise fut pour Simplicius, nous lavons dit, son modle principal.4 Le nombre des citations (plus de six cents) ne laisse aucun doute. Simplicius discute constamment les interprtations dAlexandre et rapporte plusieurs reprises le texte de la Physique (la lexis) quavait reproduit lAphrodisien tant dans les lemmes que dans le commentaire.5 Cela nest de fait 4
5
Un passage de Simplicius relatif au skopos des Catgories tmoigne de lestime que le commentateur noplatonicien prouvait pour Alexandre : In Cat., 10.8 – 10 : « Voyons
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Chapitre 3. La tradition livresque ou le matriau bibliographique
possible que si Simplicius avait sous les yeux une version intgrale du Commentaire dAlexandre. Invoquons enfin un passage rvlateur : In Phys., 332.20 – 22 : t± d³ toO )ken²mdqou rpolm¶lata ja· 1kkip´steq² pyr 1m to¼toir ja· rposucjewul´ma loi doje ?, t²wa toO letacqaxal´mou tμm t²nim t_m eQqgl´mym taq²namtor.
Cette remarque dordre philologique, sans doute personnelle (loi doje ? ), prsuppose un accs direct louvrage dAlexandre. RenonÅant, en effet, reproduire ou discuter, sur ce point prcis, le commentaire dAlexandre, Simplicius signale quil est peu intelligible, peut-Þtre parce quil a t mal copi. c t du Commentaire dAlexandre, Simplicius consultait galement celui de Porphyre. Dans le commentaire aux quatre premiers livres du trait, Porphyre est cit nommment environ cinquante fois, ses explications tant souvent juxtaposes celles dAlexandre. Contentons-nous de citer un passage dans lequel Simplicius explicite que, sur un point prcis, il a prfr le commentaire de Porphyre celui dAlexandre6 : Cest en suivant principalement Porphyre que jai prsent de cette manire la division dAristote et, ensuite, les objections chaque partie de la division. Cependant, le trs studieux Alexandre a rattach la division selon lÞtre et selon lun de la manire suivante…
Toutefois, dans le Commentaire aux livres V VIII, il ny a de Porphyre que trois citations. Cette disproportion entre les deux parties de la Physique (50 contre 3 citations) sexplique aisment, si lon suppose que Porphyre a arrÞt son commentaire proprement dit avec la fin du livre IV.7 Pour le reste du trait, il a pu se contenter de faire des synopses, ainsi que nous le suggre Simplicius dans le Prologue au livre V,8 et aussi dans le passage relatif la fin du livre V que nous avons cit plus haut.9 Il faut encore en dduire que cest en suivant la
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inverse est signal en 1245.2 – 8 : 5m tisi d³ !mticq²voir let± t¹ j i m e ? t a i d ³ B t ¹ B l º m o m pqºsjeitai t ¹ d ³ C r p ¹ t o O A o q j ´ t i · ! d ¼ m a t o m c ² q. oqj oWde d³ tμm pqosh¶jgm ta¼tgm b )k´namdqor, oqd³ t± pke¸oma, ¢r 5oije, t_m !mticq²vym. Voir aussi 167.30 – 168.6 ; 356.7 – 10 ; 495.8 – 12 ; 756.7 – 9 ; 876.22 – 27 ; 1051.5 – 1051.9 ; 1086.20 – 25 ; 1093.3 – 12 ; 1288.3 – 6 ; 1317.3 – 7. In Phys., 73.2 – 5 : !kkû 1c½ l³m t` Poqvuq¸\ t¹ pk´om jatajokouh_m ovtyr t¶m te dia¸qesim toO )qistot´kour 1poigs²lgm ja· tμm jahû 6jastom tl/la t/r diaiq´seyr 5mstasim. b l´mtoi 1pilek´stator )k´namdqor sum/xe tμm jat± t¹ cm ja· tμm jat± t¹ 4m dia¸qesim ovtyr… Ainsi que la dj suggr F. Romano, Porfirio e la fisica aristotelica, p. 53 – 56. In Phys., 802.7 – 8 : haul²fy d³ t¹m vikosov¾tatom Poqv¼qiom, p_r 1m t0 sumºxei toO p´lptou to¼tou bibk¸ou… (voir supra, p. 50 et n. 44). Le fait que la synopse de Porphyre soit voque par Simplicius seulement dans le commentaire au livre V ne suffit pas pour penser, avec F. Romano, que Porphyre avait entirement nglig les livres VI VIII. In Phys., 918.12 – 14 : …1m d³ %kkoir ja· t± 2n/r Nghgsºlema pqºsjeitai, ûpeq oqd³ b Poqv¼qior sumox¸feim oqd³ b Hel¸stior paqavq²feim eVketo. On remarquera que les
3.1 Les commentaires sur la Physique
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mthode de Porphyre que Simplicius a fait couronner ses commentaires aux quatre derniers livres de la Physique par des synopses correspondantes. La Paraphrase de Thmistius est cite par Simplicius environ trente fois.10 Il convient de reproduire lune de ces citations, puisquelle nous fait voir que Simplicius a eu sa disposition plus quun exemplaire de cet ouvrage11 : Il faut savoir que, dans les volumes que jai lus moi-mÞme,12 Thmistius sest mis paraphraser ce livre partir de la phrase suivante : « … », en ngligeant ce qui est dit dans ce livre jusquici ; il nen conserve pas la continuit non plus dans ce qui suit.
Il faudrait encore ajouter aux sources directes de Simplicius les notes quil avait prises au cours de son ma tre Ammonius.13 Enfin, deux remarques de Syrianus, sur la « contrarit unique » et sur la dfinition aristotlicienne de la nature,14 ne peuvent quavoir t communiques Simplicius sous forme de scholies consignes dans la marge dun manuscrit. Tel doit Þtre aussi le cas dune
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verbes employs (sumox¸feim, paqavq²feim) se rfrent avec exactitude la forme de commentaire adopte par Porphyre et Thmistius. Les emprunts non signals sont videmment bien plus nombreux, ainsi que Diels la dj fait remarquer (cf. Index nominum dans CAG X, s. v. Hel¸stior : « saepe celato nomine compilatur a Simplicio »). In Phys., 1051.9 – 13 : Qst´om d³ fti b Hel¸stior 1m oXr 5cmym 1c½ bibk¸oir !p¹ ta¼tgr t/r N¶seyr t/r keco¼sgr û p a m d μ t ¹ v e q º l e m o m C a q t ¹ r v û 2 a u t o O j i m e ? t a i C r p û % k k o u Eqnato toOto t¹ bibk¸om paqavq²feim t_m l´wqi toOde Ngh´mtym 1m aqt` jatavqom¶sar, ja· oqd³ 1m to ?r 2n/r tμm sum´weiam vuk²ttei. On pourrait penser aussi que Simplicius se rfre ici un exemplaire de la Paraphrase de Thmistius, rparti en deux codices. Toutefois, la Paraphrase, qui nest pas trs longue, pourrait aisment Þtre contenue dans un seul codex, et, qui plus est, la prcision de Simplicius illustre plut t sa mthode philologique, qui consiste examiner, le cas chant, plusieurs exemplaires dun ouvrage avant de se prononcer sur ltat de son texte. Cela est, par exemple, amplement manifest dans lemploi parallle quil fait de plusieurs manuscrits de la Physique. Voir supra, p. 60 – 61. In Phys., 192.29 – 193.1 : )kkû b l³m l´car Suqiamºr «l¶pote, vgs¸, c´mor l³m tμm jatgcoq¸am k´cei, l¸am d³ 5weim 1mamt¸ysim, 1pe· j#m §si pokka¸, rp¹ l¸am !m²comtai tμm rpeqowμm ja· tμm 5kkeixim, Ftir jahû 2j²stgm jatgcoq¸am oQje¸yr kalb²metai. !e· c±q t¹ jqe ?ttom t_m 1mamt¸ym rpeqow¶, t¹ d³ jatade´steqom 5kkeixir· %kkg owm 1m pos` rpeqowμ ja· %kkg 1m poi` ja· %kkg 1m t` poO C je ?shai· »bsaw_r c²q, vgs·m b Poqv¼qior, t¹ em, tosautaw_r ja· B rpeqbokμ ja· B 5kkeixir«. Usyr d´, vgs¸, pqoshe¸g %m tir, eQ 1pid´woito !mt¸hesim toia¼tgm p÷sa jatgcoq¸a». In Phys., 269.10 – 17 : 1vist²mei d³ b l´car Suqiam¹r fti b !podohe·r oxtor t/r v¼seyr bqisl¹r p÷si swed¹m "qlºsei to ?r t/r v¼seyr sglaimol´moir oQje¸yr 1vû 2j²st\ kalbamºlemor. ¦speq c±q t¹ emola B v¼sir blym¼lyr jatgcoqe ?tai vkgr te ja· eUdour ja· t/r oXom 1jv¼seyr [scripsi : 1j v¼seyr Diels] jat± t/r oXom aQt¸ar 1p· t_m vusij_m syl²tym juq¸yr tattºlemom, ovtyr ja· b bqisl¹r 1p· l³m t/r juq¸yr jakoul´mgr v¼seyr aqtºhem !jo¼etai, jat± !makoc¸am d³ ja· 1p· t_m %kkym !qw_m· !qwa· c±q jim¶seym ja· aR %kkai v¼seir, !kkû oqw ¢sa¼tyr.
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Chapitre 3. La tradition livresque ou le matriau bibliographique
explication singulire de Maxime dEphse (IVe sicle ap. J.–C.) au sujet du lieu.15 3.1.2 Les « autorits » ou sources indirectes De par sa nature brve, la Paraphrase de Thmistius ne saurait comprendre plusieurs rfrences explicites des ouvrages exgtiques antrieurs. En revanche, le Commentaire dAlexandre, ainsi que celui de Porphyre, ont permis Simplicius dintgrer dans son exgse plusieurs explications fournies par des auteurs dont il na pas connu les ouvrages de manire immdiate. Aprs Alexandre, Porphyre et Thmistius, le commentateur le plus cit dans le Commentaire de Simplicius est Aspasius (actif vers la fin du Ier et le dbut du IIe sicle de notre re).16 Ses explications interviennent dans le Commentaire environ vingt-cinq fois, tant toujours prcdes ou suivies de celles dAlexandre.17 Cela invite penser que Simplicius les reproduisait partir du Commentaire dAlexandre, ainsi que H. Diels lavait dj entrevu.18 Bothos de Sidon (seconde moiti du Ier sicle av. J.–C.) est cit par Simplicius trois fois.19 La premire citation est embo te dans une citation
15 In Phys., 592.6 – 10 : b d³ L²nilor jaimopqep´steqom 1ngc¶sato t¹ 1 v û d d ³ j i m e ? t a i , t a ¼ t , j a · t º p o r 1 s t · t o ? r l o q ¸ o i r . «jime ?tai c²q, vgs¸, t¹ pkam¾lemom, ¢r 1m t` deut´q\ Peq· oqqamoO de¸jmusim, 1p· t± !qisteq²· 1m to¼t\ owm ja· t± lºqia ¢r 1m tºp\· t± c±q deni± ja· !qisteq± tºpou diavoqa¸». F. Delfim Santos, « Maxime dphse », DPhA, t. IV, p. 320, attribue de manire errone cette scholie au Commentaire (perdu) de Maxime sur les Catgories, voqu par Simplicius dans le prologue de son Commentaire au trait liminaire de lOrganon. Nous reviendrons sur la citation de Maxime la fin du chapitre. 16 Sur Aspasius, voir P. Moraux, Der Aristotelismus bei den Griechen : Von Andronikos bis Alexander von Aphrodisias, vol. II, p. 226 – 293 ; J. Barnes, « An Introduction to Aspasius », dans A. Alberti et R. W. Sharples (ds), Aspasius : the earliest extant Commmentary on Aristotles Ethics, Berlin/New York, 1999, p. 1 – 50. 17 Cf., titre indicatif, In Phys., 131.12 – 16 : )kkû 1pe· paqû fkgm tμm 1n¶cgsim t¹ fpeq cm ¢r oqs¸am ja· aqt¹r 1neden²lgm ja· oqs¸am tμm %tolom ja· !qihl` l¸am, tim³r d³ t_m toO )qistot´kour 1ngcgt_m, ¨m ja· )sp²siºr 1sti, t¹ fpeq cm t¹ c´mor t_m emtym kalb²mousi, pq¹r otr Rjam_r !mte¸qgjem )k´namdqor b )vqodisie¼r, 1pitetlgl´myr 1jje¸shy t± paqû 1je¸mou kecºlema. 547.11 : …ovtyr l³m owm b )k´namdqor ja· b )sp²sior. 558.34 : ovtyr l³m oWlai b )sp²sior. b d³ )k´namdqor cq²vei ovtyr. On remarquera avec Diels (voir la note suivante) lusage du verbe « oWlai » dans le dernier passage, qui laisse appara tre un sentiment dhsitation de la part de Simplicius quant au fait de dterminer ce qui revient Aspasius dans le Commentaire dAlexandre. 18 Cf. Index nominum dans CAG X, s. v. )sp²sior : « per Alexandrum eius commentarium innotuisse conicias ex 131,14 ; 547,11 ; (oWlai) 558,34 ». 19 Sur Bothos de Sidon, voir P. Moraux, Der Aristotelismus bei den Griechen : Von Andronikos bis Alexander von Aphrodisias, vol. I, Berlin/New York, 1973, p. 143 – 179.
3.1 Les commentaires sur la Physique
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marque de Thmistius.20 La deuxime provient sans doute du Commentaire dAlexandre, ainsi quon peut ltablir laide dune comparaison avec la Paraphrase de Thmistius.21 Il en est vraisemblablement de mÞme pour la troisime citation, qui est, elle aussi, juxtapose une explication dAlexandre.22 Adraste dAphrodise, que nous avons voqu dans le chapitre prcdent, est cit une fois travers le Commentaire de Porphyre, ainsi que le laisse entendre Simplicius lui-mÞme.23 Quant la variante fournie par Andronicos de Rhodes (Ier sicle av. J.–C.) propos de la dfinition aristotlicienne du mouvement,24 on ne saurait clairement dfinir sa provenance ; en raison de son importance et de son autorit, elle devrait naturellement appara tre non seulement dans tout commentaire mais aussi dans tout manuscrit annot de la Physique.
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Moraux pense bon droit que ces trois citations ntablissent pas le fait que Bothos ait crit un commentaire continu sur la Physique. In Phys., 766.16 – 19 : « …1pe· ja· t¹ l´tqom ja· t¹ !qihl¹m k´ceim t¹m wqºmom toia¼tgm 1st·m rpºmoiam 1mdidºmtor, ¦speq ja· Bºghºr vgsim, fti oqd³m l´tqom rp¹ t/r v¼seyr c¸metai, !kkû Bl´teqom 5qcom 1st· t¹ letqe ?m ja· !qihle ?m. » toiaOta ja· toO Helist¸ou cq²vomtor… Cf. Thmistius, In Phys., 163.5 – 7. Cf. Simplicius, In Phys., 211.13 – 18 : « ftam c²q, vgs·m )k´namdqor, ¢r vkg tim¹r kalb²mgtai, tºte 1st· let± steq¶seyr· ftam d³ aqt¹ jahû art¹ t¹ rpoje¸lemom, oq let± steq¶seyr ». b l´mtoi Bºghor 5kecem fti « %loqvor l³m owsa ja· !me¸deor vkg k´cetai· B c±q vkg pq¹r t¹ 1sºlemom ¡mol²shai doje ?· ftam d³ d´ngtai t¹ eWdor, oqj´ti vkg !kkû rpoje¸lemom k´cetai· rpoje?shai c²q ti k´cetai t` Edg 1mºmti » ; Thmistius, In Phys., 26.12 – 24 : !kkû ftam l³m ¢r vkg tim¹r kalb²mgtai, tºte 5stai let± steq¶seyr ja· toO dum²lei· k´cetai c±q B vkg toO l¶py cecemgl´mou· ftam d³ ¢r rpoje¸lemom, oq p²mtyr let± steq¶seyr· […] fpeq c²q vgsim b B|ghor, B vkg 1m to ?r poio?r oqj´ti vkg dial´mei· %loqvor c±q jahû artμm ja· !me¸deor eUce vkg, !kkû eQr rpoje¸lemom Edg peqi¸statai· letû eUdour c±q toOto ja· p´qator ja· rpoje¸lemom eUdei ja· p´qati. B l³m c±q vkg pq¹r t¹ 1sºlemom ¡mol²shai va¸metai, t¹ d³ rpoje¸lemom pq¹r t¹ Edg 1mºm. On remarquera que Thmistius paraphrase tacitement le texte dAlexandre (et, par extension, la citation de Bothos). In Phys., 759.18 – 21: 1m¸statai d³ pq¹r t¹m kºcom toOtom b Bºghor k´cym lgd³m jyk¼eim t¹ !qihlgt¹m eWmai ja· d¸wa toO !qihloOmtor, ¦speq ja· t¹ aQshgt¹m d¸wa toO aQshamol´mou. b d³ )k´namdqor ja· tμm 5mstasim di± pkeiºmym t´heije ja· tμm k¼sim 1p¶cacem !jokouh_m t` )qistot´kei. Cf. In Phys., 122.33 – 123.1 : b d³ -dqastor boukºlemor dgk_sai, t¸ sgla¸mei t¹ fpeq em, paqen/khe l³m ak¸com t_m pqojeil´mym· wq¶sila d³ emta t± paqû aqtoO Ngh´mta, ¨m ja· Poqv¼qior 1lmglºmeuse, j²kkiom oWlai lμ paqadqale ?m. In Phys., 440.12 – 15 : Qst´om d³ fti 1m to¼t\ t` wyq¸\ oR l³m pokko· sav´steqom ovty cq²vousi ta¼tgm tμm k´nim· 1 m t e k ´ w e i a c ² q 1 s t i t o ¼ t o u r p ¹ t o O j i m g t i j o O , b d³ )mdqºmijor ovtyr· 1 m t e k ´ w e i a c ² q 1 s t i t o O j i m g t o O j a · r p ¹ t o ¼ t o u.
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Chapitre 3. La tradition livresque ou le matriau bibliographique
3.2 Les ouvrages dorigine pripatticienne 3.2.1 Les traits des anciens pripatticiens : Thophraste, Eudme, Straton Bien que Thophraste et Eudme naient pas crit de commentaires sur la Physique proprement parler, Simplicius emploie leurs ouvrages plusieurs reprises, sans doute en raison de leur autorit.25 Un bon nombre de ces citations provient videmment des Commentaires dAlexandre et de Porphyre.26 Nanmoins, une prcision philologique de Simplicius permet de voir aussit t quil a eu en mains un exemplaire de la Physique dEudme27 : Eudme non plus, qui suit Aristote de prs dans tous les cas, na pas compris le hoper on dans le sens du genre. Dans le premier livre de sa Physique, par exemple, il a crit ceci en parlant de Parmnide (comme le rapporte Alexandre ; pour ma part, je nai pas trouv ce passage dans le livre dEudme) : « … »
En bon philologue, Simplicius signale quil na pas pu reprer dans son propre exemplaire de la Physique dEudme la citation reproduite par Alexandre.28 Cest en effet un cas rvlateur de la manire peu soigne dont les auteurs antiques ( lexception peut-Þtre de Simplicius) citaient leurs sources.
25 Voici deux phrases de Simplicius qui reconnaissent lautorit des deux pripatticiens : In Phys., 964.29 – 30 : « Ces explications sont aussi admises par le coryphe (t¹m joquva ?om) parmi les compagnons dAristote, savoir Thophraste » ; 991.27 – 29 : « Puisque ce problme est invitable, il nest gure, je crois, dplac de citer aussi ce quEudme a crit sur ce sujet, celui qui conna t mieux que tout autre exgte lopinion dAristote (p²mtym l÷kkom t_m 1ngcgt_m tμm toO )qistot´kour cm¾lgm 1pistal´m\) ». 26 Tel semble Þtre le cas, lorsque les noms des deux pripatticiens figurent lun aprs lautre, comme dans le passage suivant (In Phys., 566.18 – 20) : Qst´om d³ fti ja· Heºvqastor ja· Eudglor 1m to ?r peq· tºpou !ni¾lasi ja· t¹ !j¸mgtom eWmai t¹m tºpom pqokalb²mousi. La mÞme faÅon de juxtaposer les deux pripatticiens est atteste en effet chez Alexandre dAphrodise ; cf. In Anal. Pr. 31.4 : Heºvqastor l³m ja· Eudglor "pko¼steqom 5deinam… 127.1 : jahû $ ja· Heovq²st\ te ja· Eqd¶l\ dojei. 27 In Phys., 133.21 – 25 : ja· b Eudglor d³ t` )qistot´kei p²mta jatajokouh_m toO fpeq emtor oqj Ejousem ¢r c´mour. 1m coOm t` pq¾t\ t_m Vusij_m peq· Paqlem¸dou k´cym taOta c´cqavem (¢r )k´namdqºr vgsim· 1c½ c±q oqw exqom 1m t` Eqdgle¸\ tμm k´nim ta¼tgm)· «…» 28 Cf. aussi les lieux parallles en In Phys., 115.11 – 16 : t¹m Paqlem¸dou kºcom, ¢r b )k´namdqor Rstoqe ?, b l³m Heºvqastor ovtyr 1jt¸hetai 1m t` pq¾t\ t/r Vusij/r Rstoq¸ar «t¹ paq± t¹ cm oqj em· t¹ oqj cm oqd´m· 4m %qa t¹ em», Eudglor d³ ovtyr «t¹ paq± t¹ cm oqj em, !kk± ja· lomaw_r k´cetai t¹ em· 4m %qa t¹ em.» toOto d³ eQ l³m !kkawoO pou c´cqavem ovtyr sav_r Eudglor, oqj 5wy k´ceim· 1m d³ to?r Vusijo?r peq· Paqlem¸dou t²de cq²vei, 1n ¨m Usyr sumacace ?m t¹ eQqgl´mom dumatºm· «…» ; In Phys., 1355.32 – 36 : t¹m d³ Eudglom b )k´namdqor t¹ pq¾tyr jimoOm 1m t` lec¸st\ j¼jk\ vgs· k´ceim t` di± t_m pºkym· oxtor c±q t²wista jime ?tai. 1c½ d³ ovtyr gxqom tμm cqavμm 1m t` Eqdgle¸\· «t/r d³ sva¸qar b l³m tºpor b peq· to»r pºkour t²wista jime ?tai».
3.2 Les ouvrages dorigine pripatticienne
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Outre la Physique dEudme, cite environ quatre-vingt fois, Simplicius a galement utilis directement lHistoire gomtrique du mÞme auteur, dont il donne une longue citation (In Phys., 61.1 – 68.32), enrichie ici et l de quelques explications29 : Je vais exposer la lettre mÞme de ce que dit Eudme, en ajoutant en vue de la clart quelques propos partir de mes mmoires des « lments » dEuclide, vu quEudme suit, selon lusage archaque, un mode hypomnmatique et expose succinctement les dductions. Voici ce quil dit dans le deuxime livre de lHistoire gomtrique…
Nous ne trouvons pas de tmoignages analogues pour les ouvrages de Thophraste. Toutefois, le cas dEudme suggre que Simplicius a eu directement accs un fonds pripatticien qui, outre les deux ouvrages dEudme, contenait la Physique (cite sept fois30) et le trait Du mouvement (cit cinq fois31) de Thophraste, ainsi que la « Vusijμ Rstoq¸a » (cite trois fois32) du mÞme auteur (identifie aux « Vusij_m [ou Vusija·] d|nai » par H. Diels), dans laquelle Simplicius a puis plusieurs renseignements sur les philosophes prsocratiques.33 Au mÞme fonds devrait encore appartenir le trait Du 29 In Phys., 60.27 – 31 : 1jh¶solai d³ t± rp¹ toO Eqd¶lou jat± k´nim kecºlema ak¸ca tim± pqostihe·r <eQr> sav¶meiam !p¹ t/r t_m Eqjke¸dou Stoiwe¸ym !malm¶seyr di± t¹m rpolmglatij¹m tqºpom toO Eqd¶lou jat± t¹ !qwazj¹m 5hor sumtºlour 1jhel´mou t±r !podºseir. k´cei d³ ¨de 1m t` deut´q\ bibk¸\ t/r Ceyletqij/r Rstoq¸ar… 30 In Phys., 9.7 ; 20.19 ; 639.13 ; 604.5 ; 860.19 ; 860.27 ; 1236.1. Que la Physique de Thophraste se trouve moins employe que la Physique dEudme, cela sexplique par le fait que le dernier ouvrage suivait de trs prs la Physique dAristote, la manire dune paraphrase, ainsi que le prcise Simplicius lui-mÞme ; cf. In Phys., 133.21 – 23 : ja· b Eudglor d³ t` )qistot´kei p²mta jatajokouh_m toO fpeq emtor oqj Ejousem ¢r c´mour. 924.17 – 18 : …dgko ? l³m ja· b Eudglor t± toO )qistot´kour paqan´ym. 1206.27 – 28 : ja· f ce Eudglor paqavq²fym swed¹m ja· aqt¹r t± )qistot´kour… 31 In Phys., 107.12 ; 413.1 ; 413.5 ; 964.30 ; 986.5. Il convient de reproduire le contexte de lune de ces citations en raison de son ton personnel (ce qui implique que Simplicius crit de son propre cru) : In Phys., 412.31 – 413.11 : ja· oWda l³m fti pqopet³r eWmai doje ? t¹ tμm 1mamt¸am !vi´mai t` )qistot´kei vym¶m, 6yr dû #m cm_mai dumgh_lem !jqib_r tμm aQt¸am t/r toia¼tgr aqtoO diat²neyr, !qjo¼leha pq¹r paqaluh¸am t0 te Eqd¶lou sumgcoq¸ô 1p· t/r pot³ jatgcoq¸ar Nghe¸s, ja· 5ti l÷kkom t0 Heovq²stou sav_r tμm j¸mgsim ja· letabokμm 1m p²sair ta ?r jatgcoq¸air heyqoOmtor. k´cei coOm 1m t` deut´q\ t_m Peq· jim¶seyr· «…». 1m t` tq¸t\ d³ 5ti sav´steqom oWlai t²de c´cqavem· «…». ja· toOto d³ 1m t` aqt` bibk¸\ vgs¸· «…». !kk± taOta l³m ja· 1p· pk´om fgtgt´om tμm )qistot´kour cm¾lgm !miwmeuºmtym Bl_m. 32 In Phys., 115.12 ; 149.32 ; 154.14. 33 Il est difficile de traiter ici de la question pineuse du lien quil y a entre le tmoignage de Simplicius sur la doctrine de Xnophane (In Phys., 22.30 – 23.14), les « Vusija· d|nai » de Thophraste et le petit trait pseudo-aristotlicien, De Melisso, de Xenophane, de Gorgia, 977a 14-b 20. Parmi labondante bibliographie (voir la notice de B. Cassin dans DPhA, t. I, p. 534 – 537), lire P. Moraux, Der Aristotelismus bei den Griechen, vol. I, p. 451 – 457 ; J. Wiesner, Ps.–Aristoteles MXG : Der historische Wert des
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Chapitre 3. La tradition livresque ou le matriau bibliographique
mouvement de Straton de Lampsaque que Simplicius cite deux endroits dune manire qui laisse entendre quil a eu aussi cet ouvrage en mains.34
3.2.2 Les crits des « nouveaux » pripatticiens Afin de soutenir que la division de la Physique en deux parties (Des principes et Du mouvement) doit Þtre pose entre les livres V et VI, Simplicius cite le trait Sur lordonnance des crits dAristote dAdraste, le trait Sur les livres dAristote dAndronicos, qui voquait ce propos la correspondance entre Eudme et Thophraste, et la Vie dEudme de Damas.35 Comme nous lavons dit, cette documentation pripatticienne provient selon toute vraisemblance de Porphyre, qui a repris dans la synopse du livre V toute la question de la division du trait.36 Il en est de mÞme du trait « Peq· he_m » de Nicolas de Damas (actif dans la premire moiti du Ier sicle av. J.–C.),37 auquel Simplicius se rfre deux fois, sans doute travers le Commentaire de Porphyre.38
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Xenophanesreferats, Amsterdam, 1974, p. 261 – 264 ; Id., « Theophrast und der Beginn des Archereferats von Simplikios Physikkommentar », Hermes 117 (1989), p. 288 – 303 ; J. Mansfeld, « Theophrastus and the Xenophanes Doxography », Mnemosyne 40 (1987), p. 286 – 312 . Cf. In Phys., 916.11 – 14 : oqd³m Usyr jyk¼ei t± rp¹ toO vusijoO Stq²tymor eQqgl´ma tejl¶qia paqacq²xai. 1m c±q t` Peq· jim¶seyr ovtyr eQp¾m, fti tμm 1sw²tgm toO tºpou 1nakkacμm 1m 1kaw¸st\ wqºm\ 1nakk²ssei t¹ jimo¼lemom, 1p²cei… 965.7 – 11 : ja· Stq\tym d³ b Kalxajgm¹r b Heovq²stou cecom½r !joustμr ja· 1m to ?r !q¸stoir Peqipatgtijo ?r !qihlo¼lemor tμm xuwμm blokoce ? jime ?shai oq lºmom tμm %kocom !kk± ja· tμm kocij¶m, jim¶seir k´cym eWmai t±r 1meqce¸ar ja· t/r xuw/r. k´cei owm 1m t` Peq· jim¶seyr pq¹r %kkoir pokko ?r ja· t²de… Lexplicitation de lacte de citer, par le moyen des verbes comme « paqacq²xai » ou « paqah´shai », implique une consultation directe de louvrage en question. En revanche, une citation de Straton assez vague, qui provient vraisemblablement du trait Du vide (In Phys., 693.11 – 13 : b l´mtoi Kalxajgm¹r Stq²tym deijm¼mai peiq÷tai, fti 5sti t¹ jem¹m diakalb²mom t¹ p÷m s_la, ¦ste lμ eWmai sumew´r, k´cym fti…), doit avoir t reproduite soit partir du Commentaire dAlexandre soit partir du Commentaire de Porphyre. Cf. In Phys., 4.11 – 16 ; 6.4 – 10 ; 923.7 – 924.23. Voir supra, p. 50. Sur Nicolas de Damas, voir P. Moraux, Der Aristotelismus bei den Griechen, vol. I, p. 446 – 450. Cf. In Phys., 23.14 et notamment 151.20 – 30 : 9peidμ d³ B l³m t_m pkeiºmym Rstoq¸a Dioc´mgm t¹m )pokkymi²tgm blo¸yr )manil´mei t¹m !´qa t¸heshai t¹ pq_tom stoiwe ?ºm vgsi, Mijºkaor d³ 1m t0 Peq· he_m pqaclate¸ô toOtom Rstoqe ? t¹ letan» puq¹r ja· !´qor tμm !qwμm !pov¶mashai, ja· t` Mijok²\ sumgjoko¼hgsem b pokulah´stator t_m vikosºvym Poqv¼qior, Qst´om ¢r… P. Moraux, op. cit., p. 451 et n. 3, pense que Simplicius peut aussi avoir puis sa documentation dans le Commentaire dAlexandre dAphrodise et voque ce propos lIn Phys., 23.14 – 16 et 149.11 – 18, o les opinions de Nicolas et dAlexandre sur les doctrines de Xnophane et dAnaximandre sont juxtaposes. On remarquera pourtant que, dans le deuxime passage, lopinion de Porphyre, qui
3.3 Les autres ouvrages
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En outre, Simplicius voque une fois le Commentaire dAlexandre dAphrodise au De caelo,39 quil a dailleurs amplement employ dans son commentaire de ce trait. En revanche, une allusion au trait alexandrique « Peq· jq²seym » est vraisemblablement due la Paraphrase de Thmistius,40 et une rfrence la « Rplique lpicurien Znobius »41 doit Þtre leffet dune autorfrence dAlexandre, reproduite partir de son Commentaire sur la Physique.
3.3 Les autres ouvrages Plusieurs autres auteurs sont cits par Simplicius. Nous les parcourrons par ordre chronologique en commenÅant par les plus anciens.
3.3.1 Les prsocratiques Parmi les nombreuses citations que Simplicius fait des philosophes prsocratiques (ou prplatoniciens selon Simplicius lui-mÞme), celles du trait « Peq· v¼seyr » de Diogne dApollonie, du Pome de Parmnide, ainsi que de lcrit de Znon dle ont t sans doute directes. Simplicius prcise lui-mÞme que le « Peq· v¼seyr » est le seul parmi les ouvrages de Diogne quil a pris en mains42 :
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saccorde avec celle de Nicolas, intervient entre les deux opinions de faÅon rvlatrice : Porphyre cite en effet Nicolas afin de soutenir sa propre opinion contre celle dAlexandre. In Phys., 1219.2 – 7. Cf. Simplicius, In Phys., 530.9 – 16 : T¹ d³ s_la di± s¾lator wyqe ?m oR l³m !qwa ?oi ¢r 1maqc³r %topom 1k²lbamom, oR d³ !p¹ t/r Sto÷r vsteqom pqos¶jamto ¢r !jokouhoOm ta ?r sv_m aqt_m rpoh´sesim, $r 1mºlifom pamt· tqºp\ de ?m juqoOm· s¾lata c±q p²mta k´ceim dojoOmter ja· t±r poiºtgtar ja· tμm xuwμm ja· di± pamt¹r bq_mter toO s¾lator ja· tμm xuwμm wyqoOsam ja· t±r poiºtgtar 1m ta ?r jq²sesi sumew¾qoum s_la di± s¾lator wyqe ?m. fti d³ !d¼matom toOto, de¸jmusi l³m ja· diû !vyqisl´mou succq²llator, de¸jmusi d³ ja· 1m to ?r rpolm¶lasi di± pkeiºmym 1piweiqgl²tym b )k´namdqor. Thmistius, In Phys., 104.14 – 22 : !kkû ovty t¹ p²mtym !top¾tatom !pamt¶setai· s_la c±q di± s¾lator wyq¶sei diû fkou ja· d¼o s¾lata t¹m aqt¹m 1v´nei tºpom· eQ c±q ja· b tºpor s_la ja· t¹ cemºlemom 1m aqt` s_la ja· Usa to ?r diast¶lasim %lvy, t¹ s_la 5stai 1m Us\ 2t´q\ s¾lati. toOto d³ Wqus¸pp\ l³m ja· to ?r !p¹ F¶mymor <1m> dºclas¸m 1stim, oR pakaio· d³ !p²cousim ¢r eQr !d¼matom 1maqc_r ja· pokko· paq¸stamtai t`de t` kºc\ cemij_r, f te )vqodisie»r )k´namdqor 1m t` peq· jq²seyr succq²llati ja· to?r rpolm¶lasim to?r vusijo?r ja· %kkoi tim´r, oXr oq wakep¹m 1mtuwe ?m. In Phys., 489.20 – 22 : t¹ d³ ja· v¼sei eWmai t±r toO tºpou ta¼tar diavoq±r aqt¹r l³m (scil. )qistot´kgr) 1m t0 Peq· oqqamoO de¸jmusim, b d³ )k´namdqor 1m to ?r pq¹r t¹m 9pijo¼qeiom Fgmºbiom !mticecqall´moir. In Phys., 151.20 – 30 : 9peidμ d³ B l³m t_m pkeiºmym Rstoq¸a Dioc´mgm t¹m )pokkymi²tgm blo¸yr )manil´mei t¹m !´qa t¸heshai t¹ pq_tom stoiwe ?ºm vgsi, Mijºkaor d³ 1m t0 Peq·
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Chapitre 3. La tradition livresque ou le matriau bibliographique
Puisque lhistoire de la plupart <des philosophes> rapporte que Diogne dApollonie a tabli, pareillement Anaximne, lair comme premier lment, et que Nicolas raconte pour sa part dans le trait Sur les dieux que Diogne a dclar comme principe lintermdiaire du feu et de lair, et que Porphyre, le plus instruit parmi tous les philosophes, a suivi Nicolas, il faut savoir que ce Diogne a crit plusieurs traits (comme il le rappelle lui-mÞme dans le trait Sur la nature en disant prcisment quil a rfut les physiologues – quil appelle, lui aussi, sophistes – et quil a crit une Mtorologie, dans laquelle, dit-il, il a parl du principe, et encore un trait Sur la nature de lhomme) et que dans le trait Sur la nature, le seul parmi ses ouvrages que jai eu en mains, il se propose de montrer par un long dveloppement quil y a dans le principe quil pose beaucoup dintelligence. Et il crit ceci juste aprs le prome…
Quant au Pome de Parmnide, cest la mÞme chose qui est implique dans le passage suivant, par ailleurs clbre43 : Et si je ne parais pas importun, je citerai avec plaisir les vers de Parmnide sur lUn-qui-est, qui dailleurs ne sont pas nombreux, tant pour le bien-fond de mes paroles que parce que lcrit parmnidien est rare.
Il en est de mÞme pour ce qui est de lcrit de Znon dle44 : quoi bon en dire plus, vu que ceci se trouve dans lcrit mÞme de Znon. En montrant nouveau que, si les Þtres sont plusieurs, ils seront la fois finis et infinis, Znon crit en effet ces mots mÞmes….
Les nombreuses citations du pome « Peq· v¼seyr » dEmpdocle et des crits analogues de Mlissos et dAnaxagore, faites parfois avec une prcision remarquable,45 suggrent aussi que Simplicius les ait directement employs. he_m pqaclate¸ô toOtom Rstoqe ? t¹ letan» puq¹r ja· !´qor tμm !qwμm !pov¶mashai, ja· t` Mijok²\ sumgjoko¼hgsem b pokulah´stator t_m vikosºvym Poqv¼qior, Qst´om ¢r c´cqaptai l³m pke¸oma t` Dioc´mei to¼t\ succq²llata (¢r aqt¹r 1m t` Peq· v¼seyr 1lm¶shg ja· pq¹r vusiokºcour !mteiqgj´mai k´cym, otr jake ? ja· aqt¹r sovist²r, ja· Leteyqokoc¸am cecqav´mai, 1m Ø ja· k´cei peq· t/r !qw/r eQqgj´mai, ja· l´mtoi ja· Peq· !mhq¾pou v¼seyr), 1m d´ ce t` Peq· v¼seyr, d t_m aqtoO lºmom eQr 1l³ Gkhe, pqot¸hetai l³m di± pokk_m de ?nai, fti 1m t0 rpû aqtoO tehe¸s, !qw0 1sti mºgsir pokk¶. cq²vei d³ eqh»r let± t¹ pqoo¸liom t²de… 43 In Phys., 144.25 – 28 : ja· eU t\ lμ doj_ ck¸swqor, Bd´yr #m t± peq· toO 2m¹r emtor 5pg toO Paqlem¸dou lgd³ pokk± emta to ?sde to ?r rpolm¶lasi paqacq²xaili di² te tμm p¸stim t_m rpû 1loO kecol´mym ja· di± tμm sp²mim toO Paqlemide¸ou succq²llator. 44 In Phys., 140.27 – 29 : ja· t¸ de ? pokk± k´ceim, fte ja· 1m aqt` v´qetai t` toO F¶mymor succq²llati. p²kim c±q deijm¼r, fti eQ pokk² 1sti, t± aqt± pepeqasl´ma 1st· ja· %peiqa, cq²vei taOta jat± k´nim b F¶mym· «…» 45 Cf. In Phys., 32.1 – 12 : %jousom aqtoO (scil. toO 9lpedojk]our) t_m 1m to ?r Vusijo ?r kecol´mym […]. k´cei owm pokkawoO l³m taOta ja· 1m to¼toir d³ to?r 5pesim… ja· pq¹ to¼tym d³ t_m 1p_m 1m %kkoir tμm !lvo ?m 1m to ?r aqto ?r 1m´qceiam paqad¸dysi k´cym… 34.28 – 29 : k´cei c±q letû ak¸ca t/r !qw/r toO pq¾tou Peq· v¼seyr )manacºqar ovtyr… 103.13 – 15 : mOm d³ t¹m Lek¸ssou kºcom Udylem, pq¹r dm pqºteqom rpamtø. to?r c±q t_m vusij_m !ni¾lasi wqgs²lemor b L´kissor peq· cem´seyr ja· vhoq÷r %qwetai toO succq²llator ovtyr…
3.3 Les autres ouvrages
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Pour ce qui est des autres prsocratiques (Anaximandre, Anaximne, Archlaos, Dmocrite, Hraclite, Leucippe, Thals, Xnophane), qui ne sont pas cits au sens propre, on pensera lgitimement que Simplicius a puis la plupart des renseignements quil fournit dans lœuvre de Thophraste.
3.3.3 Les platoniciens et les nopythagoriciens En rapportant une opinion dHermodore relative la doctrine platonicienne de la matire, Simplicius prcise quelle est en effet rapporte par Dercyllide (IIe-Ier sicle av. J.–C.)46 : Que Platon ne juge pas bon de considrer la matire comme premier principe, cest Hermodore, le compagnon de Platon, qui le dclare en crivant dans son livre Sur Platon ce que Platon a admis, entre autres, propos de la matire, comme la racont Dercyllide.
On pourrait penser bon droit que Simplicius a lu louvrage de Dercyllide. Mais en ralit, il ne fait que reproduire le Commentaire de Porphyre sur la Physique (ou son trait Sur la matire), ainsi que cela ressort du passage suivant47 : Puisque Aristote rapporte plusieurs endroits que Platon appelait la matire
grand et petit, il faut savoir que Porphyre raconte que Dercyllide a reproduit dans le onzime livre de son ouvrage Sur la philosophie de Platon – cest dans ce livre quil parle de la matire – un passage du compagnon de Platon Hermodore, partir duquel il devient clair que Platon, en considrant la matire selon linfini et lillimit, la dcrite partir des choses qui admettent le plus et le moins, auxquelles appartiennent aussi le grand et le petit.
De Porphyre, et prcisment de son trait Sur la matire, provient galement une citation du nopythagoricien Modratus de Gades (actif au Ier sicle ap. J.–C.), relative lenseignement des principes.48 Mutatis mutandis, il doit en Þtre de mÞme dune seule citation dEudore dAlexandrie (actif au Ier sicle av. J.–C.), qui porte, elle aussi, sur les premiers principes selon les Pythagoriciens.49 46 In Phys., 256.31 – 34 : fti d³ ¢r pq¾tgm aqtμm !qwμm oqj !nio ? k´ceim, 1d¶kysem :qlºdyqor b toO Pk²tymor 2ta ?qor 1m t` peq· Pk²tymor bibk¸\ t± dojoOmta t` Pk²tymi 5m te to ?r %kkoir ja· peq· t/r vkgr cq²vym, ¢r b Deqjukk¸dgr Rstºqgse. 47 In Phys., 247.30 – 248.1 : 9peidμ pokkawoO l´lmgtai toO Pk²tymor b )qistot´kgr ¢r tμm vkgm l´ca ja· lijq¹m k´comtor, Qst´om fti b Poqv¼qior Rstoqe ? t¹m Deqjukk¸dgm 1m t` ia t/r Pk²tymor vikosov¸ar, 5mha peq· vkgr poie ?tai t¹m kºcom, :qlod¾qou toO Pk²tymor 2ta¸qou k´nim paqacq²veim 1j t/r peq· Pk²tymor aqtoO succqav/r, 1n Hr dgkoOtai fti tμm vkgm b Pk²tym jat± t¹ %peiqom ja· !ºqistom rpotih´lemor !pû 1je¸mym aqtμm 1d¶kou t_m t¹ l÷kkom ja· t¹ Httom 1pidewol´mym, ¨m ja· t¹ l´ca ja· t¹ lijqºm 1stim. 48 Cf. In Phys., 231.5 – 7 : ja· taOta d³ b Poqv¼qior 1m t` deut´q\ Peq· vkgr t± toO Lodeq²tou paqatih´lemor c´cqavem… 49 Cf. In Phys., 181.10 – 19.
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Chapitre 3. La tradition livresque ou le matriau bibliographique
Par contre, le faux pythagoricien Des notions universelles, attribu Archytas de Tarente, est voqu quatre fois par Simplicius travers le Commentaire de Jamblique sur les Catgories. 50
3.3.3 Les noplatoniciens Il va sans dire que Simplicius avait directement accs un fonds proprement noplatonicien. Tel est sans doute le cas du trait Du nombre, du lieu et du temps de son ma tre Damascius et du trait Sur le lieu de Proclus, quil cite amplement dans le Corollaire sur le lieu, ainsi que dun livre dAmmonius portant sur la causalit divine chez Aristote.51 Simplicius a encore employ les Ennades de Plotin,52 le trait Sur la matire, que nous avons voqu tout lheure, et le Commentaire sur le Philbe de Porphyre,53 ainsi que les Commentaires de Jamblique sur les Catgories54 et le Time.55 Enfin, dans le Corollaire sur le lieu 50 Cf. In Phys., 234.1 ; 700.20 ; 785.14 et notamment 786.11 sqq. : b l´mtoi he ?or Y²lbkiwor 1m t` pq¾t\ t_m eQr t±r Jatgcoq¸ar rpolmgl²tym t¹m )qw¼tam bq¸fesha¸ vgsi t¹m wqºmom ¢r 5sti «jim²siºr tir !qihl¹r C ja· jahºky di²stala t÷r t_ pamt¹r v¼sior». 1ngce ?tai d³ t¹m bqisl¹m aqtºr… Simplicius prcise ailleurs (In Cat., 2.15 – 25) que Jamblique avait amplement intgr dans son exgse des Catgories le trait du pseudoArchytas, considr comme la source dAristote. 51 Cf. In Phys., 1363.8 – 12 : c´cqaptai d³ bibk¸om fkom )llym¸\ t` 1l` jahgcelºmi, pokk±r p¸steir paqewºlemom toO ja· poigtij¹m aUtiom Bce ?shai t¹m he¹m toO pamt¹r jºslou t¹m )qistot´kg, !vû ox ja· 1c¾ tima † letacac½m 1mtaOha to ?r pqojeil´moir !qjo¼mtyr, ja· 5nesti tμm tekeiot´qam peq· to¼tou didasjak¸am 1je ?hem kabe ?m. Le mÞme trait est voqu dans lIn De caelo, 271.18 – 21 : !qje ? d³ Rjam_r ja· b Bl´teqor jahgcel½m )ll¾mior 1m fk\ t\ bibk¸\ toOto deijm¼r, fti oq tekij¹m lºmom, !kk± ja· poigtij¹m aUtiom oWde toO jºslou t¹m he¹m b )qistot´kgr. 52 Cf. In Phys., 398.32 ; 706.25 ; 790.30 ; 1072.8 ; 1079.12. Certaines rfrences Plotin doivent pourtant provenir de Porphyre. 53 Cf. In Phys., 453.30 – 454.19 : Poqv¼qior d³ diaqhqoOm aqt± 1paccekkºlemor t²de peq· aqt_m c´cqavem 1m t` Vik¶b\· […] taOta b Poqv¼qior eWpem aqt0 swed¹m t0 k´nei, diaqhqoOm 1pacceik²lemor t± 1m t0 Peq· t !cahoO sumous¸ô aQmiclatyd_r Ngh´mta, ja· Usyr fti s¼lvyma 1je ?ma Gm to ?r 1m Vik¶b\ cecqall´moir. 54 In Phys., 60.7 ; 786.11 ; 787.4 ; 792.20. Simplicius prcise lui-mÞme quil a largement employ, voire copi, ce commentaire de Jamblique dans son propre Commentaire aux Catgories (3.2 – 4) : 1c½ c±q 1m´tuwom l³m ja¸ tisi t_m eQqgl´mym succq²llasim, 1pilek´steqom d³ ¢r oXºr te Gm to ?r Yalbk¸wou paqajokouh_m !pecqax²lgm, ja· aqt0 pokkawoO t0 k´nei toO vikosºvou wqgs²lemor. 55 Cf. In Phys. 639.22 – 24 : t¹ d³ aqt¹ de¸ny t¹m he ?om Y²lbkiwom laqtuqºlemom. ja· oxtor c±q 1m t` e bibk¸\ t_m eQr T¸laiom rpolmgl²tym 1m jevaka¸\ deut´q\ t²de c´cqave… 702.19 – 21 : b d³ Y²lbkiwor 1m t` acdº\ t_m eQr T¸laiom rpolmgl²tym ja· taOta pq¹r tμm dºnam 1p¶cacem… 793.23 – 24 : pqosje¸shy d³ ja· t± !p¹ t_m eQr T¸laiom rpolmgl²tym. 1m to¸mum t` acdº\ bibk¸\… Lexactitude des rfrences implique une consultation directe de louvrage.
3.4 Note sur la bibliothque de Simplicius
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appara t galement une citation du Commentaire de Syrianus au dixime livre des Lois.56
3.4 Note sur la bibliothque de Simplicius Est-il possible de tirer quelques conclusions concernant la bibliothque de Simplicius partir de ces lments « bibliographiques » ? Il est permis, notre avis, de rpondre par laffirmative. Il faut faire remarquer, tout dabord, que le Commentaire sur la Physique tmoigne dune documentation platonicienne qui fait appara tre en filigrane son caractre « athnien ». Lutilisation des Ennades, auxquelles tenait particulirement Proclus, des Commentaires de Porphyre sur le Philbe, de Jamblique et de Proclus sur le Time, de Syrianus sur les Lois, se conÅoit en effet comme le rsultat dune formation platonicienne que Simplicius aurait acquise plus vraisemblablement sous la direction de Damascius Athnes que sous la direction dAmmonius Alexandrie. De mÞme, certains ouvrages de pur caractre scientifique – et, de ce fait, peu diffuss en dehors du milieu athnien – comme le trait Sur le lieu de Proclus et le trait Du nombre, du lieu et du temps de Damascius, que Simplicius emploie largement dans son Corollaire sur le lieu, ne sauraient Þtre prsents que dans la bibliothque de lcole dAthnes. Peuton donc affirmer que Simplicius et les autres philosophes « athniens » partant en exil ont emport avec eux (une partie de) leur bibliothque ? Cest ce qui semble Þtre suggr par les trois scholies de Maxime dEphse et de Syrianus que Simplicius a intgres dans le Commentaire la Physique. Simplicius nous fait savoir plusieurs reprises quil consultait le long de la composition de son commentaire plus dun manuscrit de la Physique. 57 Les explications singulires de Maxime et de Syrianus pourraient vraisemblablement Þtre consignes dans les marges de lun de ces manuscrits. Se pose alors la question de savoir comment un manuscrit contenant du moins une scholie de Maxime dEphse pouvait Þtre en possession de Simplicius. Or, nous savons quun collgue et compagnon de Maxime, savoir Priscus – tous les deux furent des lves dAidsios le Jambliquen – vivait Athnes dans le dernier quart du 56 Cf.
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Chapitre 3. La tradition livresque ou le matriau bibliographique
IVe sicle, tant trs probablement lune des personnes que frquentait Plutarque dAthnes.58 Nous pouvons de la sorte penser un fonds « plutarquen » contenant des manuscrits annots dexplications issues de lcole (au sens large) de Jamblique, qui se serait trouv, plus dun sicle plus tard, entre les mains de Simplicius. Dans un tel manuscrit aussi, Syrianus pourrait avoir ajout entre-temps sa scholie concernant la dfinition aristotlicienne de la nature. Ce fonds athnien ntait videmment pas le seul disponible Simplicius. Le trait consacr par son ma tre Ammonius la causalit du dieu aristotlicien, dont Simplicius copie des extraits dans ses Commentaires sur la Physique et sur le De caelo, nous fait du coup voir quil possdait des livres depuis ses jours alexandrins. Et lon peut facilement imaginer un Simplicius « aristotlicien » se constituant Alexandrie une collection douvrages pripatticiens, quil aurait par la suite transporte Athnes. Enfin, en composant ses commentaires dans ses demeures isoles, Simplicius se serait mis lui-mÞme en quÞte de livres. Cest ce quil a vraisemblablement fait pour acqurir un exemplaire du « Peq· v¼seyr » de Diogne dApollonie, et il doit en Þtre de mÞme pour le Pome de Parmnide. La recherche a depuis longtemps fait remarquer que Simplicius nous transmet une version du Pome de Parmnide diffrente de celle que nous prsente Proclus (et meilleure). Au lieu de penser deux exemplaires diffrents qui seraient prsents dans la bibliothque de lcole dAthnes, il vaut mieux penser un manuscrit nonathnien que Simplicius aurait ultrieurement acquis. Cela rendrait dailleurs raison du renseignement quil est en mesure de nous fournir, savoir que « lcrit de Parmnide est difficilement trouvable ».
58 Cf. H. D. Saffrey et L. G. Westerink, Proclus. Thologie platonicienne, t. I, p. XLIXLIII.
Deuxime partie. Les digressions : lieux de rflexion personnelle et moyens dinnovation philosophique
Chapitre 4. Les digressions : esquisse dune typologie Cherchant saisir l « innovation » dans les Commentaires de Simplicius et de Philopon sur la Physique, nous avons commenc notre enquÞte en essayant de reprer la « tradition » dont ils ont t les hritiers. Il sest agi de reprer ces lments qui, vhiculs dune gnration de commentateurs lautre, prcdent et conditionnent la composition du commentaire en ce sens quils prdterminent ses traits formels et, dans une certaine mesure, son contenu. Par souci de systmaticit, nous les avons regroups sous trois « types » de tradition qui sont bien entendu strictement lis lun lautre : 1) les lments appartenant une tradition que lon peut nommer « scolaire », autrement dit les prsupposs pdagogiques inhrents aux cursus dtudes des coles noplatoniciennes dAlexandrie et dAthnes ; 2) les lments appartenant une tradition proprement « commentariste », autrement dit les prsupposs formels et exgtiques qui dlimitent a priori le modus operandi du commentateur ; 3) enfin, les lments appartenant une tradition « livresque », autrement dit la bibliographie utilise, exgtique ou autre. Lexamen de ces lments nous permet maintenant de marquer deux diffrences entre les dmarches exgtiques de Simplicius et de Philopon : 1) alors que Philopon poursuit Alexandrie la tradition des commentaires oraux, issus dun acte direct denseignement, Simplicius crit ses commentaires – peutÞtre en Syrie – en dehors de tout cadre rellement scolaire ; 2) alors que Simplicius fait valoir dans son exgse de la Physique plusieurs « autorits », noplatoniciennes et autres, Philopon nen reconna t explicitement aucune. Le dernier point fait aisment voir lcart qui spare les deux commentateurs quant la rception de la tradition : alors que Simplicius se retourne explicitement vers elle pour faire valoir ses diffrents acquis, Philopon semble tenir par rapport elle une position indiffrente. Avant den dire davantage, il faut prsent dvelopper notre recherche sur la spcificit, la fois exgtique et doctrinale, des deux commentateurs. Pour ce faire, nous nous rabattrons sur larticulation et les units textuelles du commentaire. Nous avons insist plus haut sur le fait que le commentaire est essentiellement un acte de recomposition en ce sens quil part, la plupart des fois tacitement, de commentaires dj existants. Ceci dit, une grande partie de ce quon lit dans les Commentaires de Simplicius et de Philopon nest que la reprise, souvent la lettre, dune ou plusieurs exgses antrieures, si bien que
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Chapitre 4. Les digressions : esquisse dune typologie
lapport personnel des deux commentateurs dans des commentaires qui, malgr tout, portent leur nom, se trouve a principio considrablement rduit. Ce nest en effet quune lecture minutieuse qui pourrait rvler leur contribution tel ou tel point dexgse, consigne par exemple dans des passages o un ton personnel rsonne. Il nest certainement pas question de traiter de tous les passages de cette sorte, ce qui ncessiterait un commentaire du commentaire. En revanche, dans ce qui suit, nous allons passer au crible une srie dunits textuelles nettement dmarques dans les deux Commentaires la Physique, qui contiennent de manire claire des rflexions personnelles et laissent appara tre en filigrane la spcificit philosophique, au sens large, de chacun des deux exgtes : les digressions qui rompent avec lexgse proprement dite pour faire place lopinion du philosophe. Pour se faire demble une ide de ce quest une « digression », dont le terme quivalent en grec est « paq´jbasir », il suffit de penser aux quatre Corollaria qui apparaissent dans les ditions des deux Commentaires sur la Physique : de loco et de tempore dans le Commentaire de Simplicius (In Phys., 601.1 – 645.19 et 773.8 – 800.25), et de loco et de inani dans le Commentaire de Philopon (In Phys., 557.8 – 585.4 et 675.12 – 695.8).1 tant dune tendue considrable et « couronnant » lexgse des doctrines aristotliciennes au sujet du lieu, du temps et du vide, ces units textuelles ont t ainsi nommes par H. Diels, et sa suite par H. Vitelli, pour marquer la rupture quelles prsentent avec le commentaire proprement dit, cest--dire la mthode de jalonner lexplication du texte dAristote par le moyen de lemmes. Cette ide de rupture est clairement exprime par Simplicius lui-mÞme dans les premires lignes du Corollaire sur le lieu2 : Si donc
Nanmoins, en marquant seulement quatre units textuelles de ce type, Diels et Vitelli ont leur insu fait perdre de vue les autres digressions prsentes dans les commentaires, qui ne sont pas peu nombreuses. E. Sonderegger a propos de 1
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Il est remarquer que dans la premire dition du Commentaire de Philopon (Venise, 1535), V. Trincavelli a dsign les Corollaires sur le lieu et sur le vide comme des « PAQEJBASEIS » (voir les renseignements fournis par H. Vitelli dans CAG XVI, p. xv, et lapparat critique ad 557.8 et 675.12). Ainsi que le rapporte E. Sonderegger, Simplikios, ber die Zeit. Ein Kommentar zum Corollarium de tempore, Gçttingen, 1982, p. 23 – 24, dans la premire traduction latine du Commentaire de Simplicius (Venise, 1543) les Corollaires sur le lieu et le temps ont t galement dsigns comme « PULCHRA ADMODUM DIGRESSIO QUA IN IO. GRAMMATICO VIDE TE IUVABIT » et « DIGRESSIO DE TEMPORE PULCHRA ». In Phys., 601.12 – 13 : ¦ste j#m 5ny toO rpolmglatisloO pqoz´mai dºny, t¹ wakep¹m ja· pokueid³r toO pqobk¶lator oR 1mtucw²momter aQti²shysam.
Chapitre 4. Les digressions : esquisse dune typologie
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parler galement dun Corollarium de casu dans le Commentaire de Simplicius (In Phys., 356.31 – 361.11),3 « couronnant » lexgse des chapitres consacrs ltude du hasard et de la spontanit (Phys., II 4 – 6). Mais cette digression nest pas la seule avoir chapp lattention de Diels et, qui plus est, elle nest pas la plus tendue non plus. Le passage que nous venons de citer montre clairement que le commentateur est bien conscient des limites imposes par sa t che dexgte et par la pratique du commentaire.4 Il nomet donc pas de signaler tous les cas o il se met franchir ces limites. Des phrases dintroduction ou de cl ture, plus ou moins strotypes, permettent en effet de reprer les units textuelles qui sont « en dehors du commentaire ». Signalons quelques cas indicatifs. Ayant donn un aperÅu des diffrentes doctrines tenues par les philosophes prplatoniciens au sujet des principes, inspir par la division quAristote propose en Phys., I 2, 184b 15 – 25, Simplicius prcise5 : Peut-Þtre ne serait-ce pas une mauvaise ide que je fasse une brve digression pour montrer aux plus studieux de quelle faÅon, mÞme sils semblent avoir des positions diffrentes concernant les principes, les anciens se trouvent tout de mÞme en parfaite harmonie.
Suit une longue digression ce sujet (In Phys., 29.6 – 37.8) qui se termine, de faÅon caractristique, avec les mots suivants6 : Mais il faut prsent reprendre le texte dAristote et parcourir minutieusement tout ce qui y est dit.
On retrouve par la suite le mot « paq´jbasir » la fin dun long expos consacr par Simplicius la signification prcise de lUn parmnidien (In Phys., 86.19 – 90.22)7 : Mais si tout ceci a ncessit une digression assez longue, quil me soit pardonn cause de lamour que jprouve lgard de ces choses. Passons maintenant la suite.
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E. Sonderegger, op. cit., p. 23. Cf. aussi Simplicius, In De caelo, 107.19 – 21 : !kkû fti l³m tosaOta k´ceim p´qa toO l´tqou doje ? pq¹r tμm t_m )qistot´kour 1n¶cgsim, oqd³ aqt¹r !cmo_. « Que dire tant de choses semble Þtre au-del de la mesure par rapport lexgse dAristote, je ne lignore certes pas. » In Phys., 29.3 – 5 : oqd³m d³ Usyr we ?qom ak¸com paqejb²mta to ?r vikolahest´qoir 1pide ?nai, p_r ja¸toi diav´qeshai dojoOmter oR pakaio· peq· t±r t_m !qw_m dºnar, 1maqlom¸yr flyr sulv´qomtai. In Phys., 37.8 – 9 : !kk± !makgpt´om p²kim tμm )qistot´kour k´nim ja· t± 1m aqt0 kecºlema diaqhqyt´om. In Phys, 90.20 – 22 : !kk± taOta l³m j#m paq´jbas¸m tima lajqot´qam 5swem, jewaq¸shy t` peq· aqt± 5qyti· 1p· d³ t± 2n/r Qt´om.
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Chapitre 4. Les digressions : esquisse dune typologie
De faÅon analogue, Philopon dit aprs un expos visant branler la ncessit admise de lternit du temps (In Phys., 456.17 – 458.15)8 : Il est donc possible de contr ler davantage la bÞtise de ces arguments ; mais pour ce qui est dune digression, ce que nous venons de dire est suffisant.
Et quelques lignes plus bas9 : Mais revenons au point do nous avons dvi.
De telles manires, les « paqejb\seir » se trouvent dmarques par les commentateurs eux-mÞmes, portant prcisment sur des thmes qui, bien quils se posent en vertu de lexgse, prsentent par rapport elle une certaine autonomie. En se fondant sur de tels critres formels intrinsques, on peut numrer dans les deux Commentaires sur la Physique les digressions suivantes : - Simplicius : 1)
6.31 – 8.15 : Sur lhistoire des recherches naturelles avant Aristote et lachvement confr par lui. 2) 28.32 – 37.9 : Sur lharmonie des philosophes au sujet des principes. 3) 86.19 – 90.22 : Sur les significations de lun chez Parmnide. 4) 142.28 – 148.24 : Sur lUn-qui-est selon Parmnide. 5) 227.23 – 233.3 : Sur la matire. 6) 282.31 – 289.35 : Sur la nature. 7) 356.31 – 361.11 : Sur le hasard. 8) 404.16 – 406.16 : Sur la notion de mouvement chez Platon et Aristote. 9) 601.1 – 645.19 : Sur le lieu (Corollarium de loco). 10) 773.8 – 800.25 : Sur le temps (Corollarium de tempore). 11) 821.12 – 823.24 : Sur les notions de mouvement et de changement. 12) 1247.27 – 1250.31 : Sur la notion dautomoteur. ces digressions on ajoutera les quatre rfutations, dans le livre VIII, du contra Aristotelem de Philopon : a) 1129.29 – 1152.19 : contre la creatio ex nihilo ; b) 1156.28 – 1169.9 : contre lengendrement du temps ; c) 1171.30 – 1182.39 : contre la corruptibilit du mouvement ; d) 1326.38 – 1340.8 : contre la corruptibilit du ciel.
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In Phys., 458.15 – 16 : dumat¹m l³m owm Gm 1p· pke ?om t¹ !mºgtom t_m toio¼tym kºcym 1k´cnai, !kkû ¢r 1m paqejb²sei Rjam± ja· taOta. In Phys., 459.1 : !kkû 1pamit´om fhem 1n´bglem.
Chapitre 4. Les digressions : esquisse dune typologie
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- Philopon : 1) 456.17 – 459.1 : Contre un argument posant la ncessit logique de lternit du temps. 2) 557.8 – 585.4 : Sur le lieu (Corollarium de loco). 3) 675.12 – 695.8 : Sur le vide (Corollarium de inani). On peut par la suite rpartir ces digressions de la manire suivante : - Selon leur contenu : a. Digressions portant de faÅon gnrale sur des concepts ou notions philosophiques qui constituent lobjet propre de la Physique ; telles sont les digressions consacres par Simplicius la matire, la nature, au hasard, au lieu et au temps, et par Philopon au lieu et au vide. Elles sont places la fin des units thmatiques correspondantes du trait aristotlicien. b. Digressions portant plut t sur des points dexgse ; telles sont les digressions consacres par Simplicius aux doctrines des principes professes par les philosophes prplatoniciens, linterprtation du Pome de Parmnide et aux notions de mouvement et dautomoteur chez Platon et Aristote, ainsi que la brve digression de Philopon consacre lternit du temps. Ces digressions sont faites en raison du contenu de certains passages aristotliciens et elles suivent en principe leur exgse. - Selon leur finalit : a. Digressions qui visent mieux articuler ou rectifier un concept aristotlicien dont lexplication laisse dsirer. Elles concident avec celles de la premire branche de la rpartition prcdente (sur la matire, sur la nature, sur le lieu, sur le vide et sur le temps), exception faite de la digression consacre au hasard. Nous les appellerons digressions « scientifiques » en ce sens quelles se proposent de confrer plus de prcision aux analyses correspondantes dAristote, voire de les remplacer. b. Digressions visant mettre en harmonie des doctrines ou des thses philosophiques qui, dans lanalyse dAristote, prsentent un caractre contradictoire. Ces digressions ne sont prsentes que chez Simplicius : celles consacres lenseignement des principes selon les philosophes prplatoniciens, au Pome de Parmnide et aux notions de mouvement et dautomoteur chez Platon et Aristote, ainsi que la digression consacre au hasard, qui veut harmoniser la doctrine aristotlicienne avec les considrations relevant du culte de la desse correspondante du panthon traditionnel (Tuch). Nous les nommerons digressions « concordistes ». c. Enfin, digressions dallure polmique ; ce sont les quatre rfutations du contra Aristotelem de Philopon par Simplicius, ainsi que la brve digression
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Chapitre 4. Les digressions : esquisse dune typologie
de Philopon qui rfute lun des arguments voqus par les paens en faveur de la ncessit logique de lternit du temps. Pour lanalyse qui va suivre, nous allons nous fonder sur la deuxime rpartition, tout en prcisant que les digressions ne prsentent une finalit singulire quau niveau thorique. La digression de Simplicius sur la matire, par exemple, c t dimportantes prcisions, de fond noplatonicien, quelle livre sur le statut de la matire, rfute galement la doctrine soutenue par Philopon dans son trait contra Proclum. Si nous la qualifions de « scientifique » au lieu de « polmique », cest parce quelle contient plus de prcisions au niveau de la doctrine et moins de rfutations contre tel ou tel argument. De la mÞme manire, les Corollaires de Philopon sur le lieu et sur le vide rfutent ouvertement les arguments dvelopps par Aristote en faveur du lieu conÅu comme limite de lenveloppant et contre lexistence du vide. Mais ils veulent moins rfuter une argumentation errone quils ne veulent proposer de nouvelles doctrines, plus valides et plus scientifiques que celles du Stagirite.10 Nous allons dabord examiner les digressions concordistes de Simplicius, auxquelles nous ajouterons une partie de lpilogue du Commentaire (In Phys., 1359.5 – 1360.23) qui met prcisment en liaison les dmarches physiques de Platon et dAristote quant leur vise thologique ; puis la digression polmique de Philopon, en omettant les rfutations du contra Aristotelem auxquelles sadonne Simplicius, qui prsentent un caractre plus spcifique et ncessitent pour cette raison un long examen part.11 Enfin, nous tudierons les digressions scientifiques des deux commentateurs, auxquelles nous ajouterons le bref excursus de Philopon consacr la question du mouvement contre nature (In Phys., 639.3 – 642.26), o il dveloppe sa clbre thorie de limpetus. Cette partie du Commentaire ne constitue pas une digression selon les critres formels que nous avons adopts plus haut ; elle se situe nanmoins dans la mÞme perspective que les deux Corollaires sur le lieu et sur le vide et mrite dÞtre tudie avec eux.
10 On peut dire aussi que les digressions « concordistes » de Simplicius sont galement des digressions « polmiques », puisquelles sen prennent, en dernire analyse, aux auteurs chrtiens qui accentuent la discorde des philosophes. 11 Les passages consacrs par Simplicius la rfutation du contra Aristotelem de Philopon sont rassembls, traduits en anglais et comments par C. Wildberg dans Philoponus. Against Aristotle on the Eternity of the World, transl. by C. Wildberg, Londres, 1987, et Philoponus. Corollaries on place and void, transl. by D. Furley, with Simplicius. Against Philoponus on the eternity of the world, transl. by C. Wildberg, Londres, 1991, p. 95 – 128. Sur le contexte religieux et spirituel de cette polmique, on se reportera ltude de Ph. Hoffmann, « Sur quelques aspects de la polmique de Simplicius contre Jean Philopon : de linvective la raffirmation de la transcendance du Ciel ».
Chapitre 5. Analyse des digressions 5.1 Les digressions « concordistes » de Simplicius Il convient de commencer notre examen par Simplicius et la premire digression que lon rencontre dans son Commentaire, place entre les prolgomnes au trait et le commentaire du texte aristotlicien proprement dit. On y trouvera en effet une esquisse du principe hermneutique qui rgit toute sa dmarche concordiste.
5.1.1 La digression liminaire : lhistoire des recherches naturelles et lachvement confr par Aristote (In Phys., 6.31 – 8.15) Arrivant la fin des kephalaia traits traditionnellement dans les prolgomnes, Simplicius nentame pas demble son commentaire la Physique : « Mais jajouterai quelques mots davantage, avant de me mettre au texte
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On peut assurment dire quelle sinspire aussi, mais de manire moins directe, de lhistoire de la philosophie dveloppe par Aristote dans le livre A de la Mtaphysique (voir notamment 983b 6 sqq.). In Tim., I, 1.24 – 4.5. Lire sur ce sujet les remarques dA. Lernould, Physique et thologie. Lecture du Time de Platon par Proclus, Villeneuve dAscq, 2001, p. 32 – 35.
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Chapitre 5. Analyse des digressions
causes des causes accessoires (suma_tia) et tudie les vraies causes (!kghim± aUtia), autrement dit les causes primordiales (juq_yr aUtia). On remarquera que la systmatisation quopre Proclus se fait autour de lœuvre de Platon, en particulier du Time, quelle veut prcisment clbrer comme rvlateur de la vraie physique, qui est concevoir comme une physique « thologique ». Nanmoins, en vertu de cet exhaussement de la dmarche platonicienne, la philosophie antrieure peut Þtre vue comme du pass aberrant et, qui plus est, la physique dAristote comme une sorte de recul qui perd ncessairement une partie de sa lgitimit scientifique. Simplicius veut cependant proposer une construction historique diffrente. linstar de Proclus, Simplicius commence son histoire avec les philosophes prplatoniciens, tels Thals et Anaximandre. Ces philosophes, explique-t-il, dits « physiciens » ou « physiologues » bon droit, ont centr leurs recherches autour des productions de la nature (t± v¼sei cim|lema). Cest pourquoi ils ont t amens saisir le principe (ou la cause) lmentaire quest prcisment la matire (reprsente par leau chez Thals, par linfini chez Anaximandre). Disposant pourtant dun langage philosophique assez primitif, ils se sont encore exprims de manire indfinie, comme sils faisaient appara tre les principes de tous les Þtres.3 Xnophane, Parmnide et les Pythagoriciens, qui leur ont succd, ont conduit la rflexion philosophique un premier achvement, en distinguant clairement entre la philosophie des principes naturels et la philosophie des principes surnaturels, cest--dire les intelligibles. Ayant pourtant dlivr leurs thories de manire nigmatique,4 il restait encore faire pour que la distinction entre les deux domaines de la ralit ft bien tablie. Ce fut finalement Platon qui opra, de manire nette et avec le langage appropri, la distinction de ces deux branches de la philosophie5 : Platon, en rendant plus claires les doctrines des Pythagoriciens et des lates, clbra dune part dignement les ralits surnaturelles, et dautre part, en se rapportant aux ralits naturelles et engendres, il distingua les principes lmentaires des autres principes et donna ces principes, lui pour la premire fois, le nom dlments, comme le raconte Eudme. Cest lui encore qui vit et distingua entre la cause productrice, la cause finale et, en plus, la cause paradigmatique, cest--dire les Ides.
Nanmoins, Platon a plut t men lachvement la philosophie surnaturelle, comme on peut le constater par les trois causes (transcendantes : le Bien, le 3 4 5
Cf. In Phys., 6.36 : 1n´vgmam !dioq¸styr ¢r p²mtym t_m emtym t±r !qw±r 1jva¸momter. Cf. In Phys., 7.3 : !kkû aQmiclat¾dg tμm 2aut_m vikosov¸am paqaded¾jasim. In Phys., 7.10 – 15 : n ce Pk²tym t² te t_m Puhacoqe¸ym ja· t_m 9keatij_m 1p· t¹ sav´steqom pqoacac½m t² te rp³q tμm v¼sim 1n¼lmgsem !n¸yr, j!m to ?r vusijo ?r ja· cemgto ?r t±r stoiwei¾deir !qw±r t_m %kkym di´jqime ja· stoiwe ?a pq_tor aqt¹r ¡mºlase t±r toia¼tar !qw²r, ¢r b Eudglor Rstoqe ?, ja· t¹ poigtij¹m aUtiom ja· t¹ tekij¹m ja· 5ti pq¹r to¼t\ t¹ paqadeiclatijºm, t±r Qd´ar, aqt¹r heas²lemor di´jqime.
5.1 Les digressions « concordistes » de Simplicius
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Modle, lIntellect) quil a tablies. Lachvement de la philosophie naturelle a t laffaire dAristote, qui, sans oublier leur dpendance des causes transcendantes, a mis au point les causes immanentes, savoir la matire, la forme, ainsi que la nature, cause productrice immdiate des ralits naturelles6 : Quant Aristote, il se diffrencia des physiciens prplatoniciens non seulement en ce quil prÞta attention la cause productrice mais aussi en ce quil considra mÞme les causes matrielles de faÅon plus principielle : alors que les physiciens supposaient
In Phys., 7.19 – 8.9 : j d´ ce )qistot´kgr t_m l³m pq¹ toO Pk²tymor vusiokºcym di¶mecjem oq lºmom t¹ poigtij¹m aUtiom 1pist¶sar, !kkû fti ja· t± rkij± aUtia !qwoeid´steqom 1he²sato. 1je¸mym c±q C t±r bloioleqe¸ar C 6m ti t_m tett²qym stoiwe¸ym C pke¸oma C p²mta rpohel´mym C l´wqi t_m !tºlym syl²tym 1khºmtym, aqt¹r ja· t±r bloioleqe¸ar ja· t± t´ssaqa stoiwe ?a di´kuse ja· aqtμm tμm sylatijμm v¼sim eUr te tμm vkgm ja· t¹ eWdor !m´kusem, ¢r pq¹ aqtoO Pk²tym ja· pq¹ toO Pk²tymor b Puhacoqij¹r T¸laior […]. bloO d³ ja· toO Pk²tymor ja· t_m pq¹ Pk²tymor "p²mtym di¶mecjem )qistot´kgr, fti peq· t_m vusij_m pqacl²tym C ¢r peq· p²mtym t_m emtym diakecol´mym, ¢r pq¹ toO Pk²tymºr timer, C ¢r peq· jºslou ja· leq_m jºslou ja· 1m to ?r peq· jºslou t± 1mtaOha fgto¼lema !majimo¼mtym, ¢r aqtºr te b Pk²tym ja· t_m pq¹ aqtoO timer, b )qistot´kgr ja· t± vusij± di´jqimem Fmtima 1m to ?r owsim 5wei t²nim ja· ¢r eQ lgd³ Gm jºslor, peq· aqtoO jahû art¹ did²sjei toO vusijoO s¾lator· j !m to ?r stoiwe¸oir d³ tμm st´qgsim ¢r %kko ti t/r vkgr owsam aqt¹r !p´deine, toO Pk²tymor t/r vkgr C jat± tμm vkgm !voqisal´mou tμm st´qgsim. ja· t¹ poigtij¹m d³ aUtiom t_m l³m %kkym paqakilpamºmtym, toO d³ )manacºqou ja· toO Pk²tymor, taqt¹m d³ eQpe ?m t_m Puhacoqe¸ym, t¹m he ?om moOm tih´mtym, aqt¹r t¹ pqosew³r fgt_m t_m v¼sei cimol´mym poigtij¹m aUtiom tμm v¼sim eWma¸ vgsim, Dm b Pk²tym 1m t` aqcamij` t´heije jimoul´mgm l³m rvû 2t´qou, jimoOsam d³ 6teqa. oq l´mtoi oqd³ )qistot´kgr 1p· t/r v¼seyr 5leimem ¢r 1p· pq¾tgr C juq¸yr poigtij/r, !kkû aqt¹r 1p· t¹ !j¸mgtom ja· p²mtym jimgtij¹m aUtiom !m/khe ja· p²mta to¼tou 1n/xem 1p· t´kei t/sde t/r pqaclate¸ar t± jimo¼lema.
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Chapitre 5. Analyse des digressions
comme si ctait elle la cause premire ou productrice au sens propre, mais il remonta lui-mÞme la cause immobile et motrice de toute chose, et dans la fin du prsent trait il attacha elle toutes les choses mues.
tape par tape, la philosophie progresse et la physique, en tant quune de ses parties, se concrtise. Gr ce aux travaux de Platon, le langage philosophique commence trouver la clart qui lui convient, puis lobjet et le langage indtermins de la physique se dterminent gr ce Aristote. Lhistoire que Simplicius propose ses lecteurs est en effet conÅue dans un horizon tout diffrent de celle de Proclus. Il ne sagit pas dune systmatisation « sparatrice », qui vise exalter lune quelconque des « physiques », comme la « physique thologique » que Proclus voyait seulement dans le Time de Platon,7 mais dune construction plut t volutive, qui met en relief laspect complmentaire de diverses recherches sur la nature. Elle annonce de la sorte le concordisme que lon rencontre tout au long du commentaire et prdispose le lecteur, selon un rflexe rhtorique bien connu, en convenir. (1) La spcificit langagire des philosophes, (2) leur mthode et (3) la diversit dobjets dtude au sein de la philosophie seront cette fin les oprateurs principaux8 : Quant au caractre de la physique de cet homme (scil. dAristote), il diffre dune part de celle des anciens en ce (1) quil rendit plus clair leur style nigmatique et (2) quil ajouta aux dmonstrations la prcision qui leur manquait, et dautre part de celle de Platon en ce quil met plus en vidence le caractre valide des dmonstrations et quil prend soin de poser leurs principes partir de la sensation et des opinions communes. (3) Enfin, il diffre de tous les philosophes la fois en ce quil labora toutes les parties de la physique, y compris les plus partielles.
Malgr leurs diffrences de « caractre », les philosophes ne diffrent en ralit pas, en ce sens prcis que lun ne contredit pas lautre. Tout au contraire, leurs 7
8
Cf. In Tim., I, 2.29 – 3.7 (Trad. A. Lernould) : « Platon en revanche est le seul (l|mor d³ b Pk\tym) qui, la suite des Pythagoriciens, dune part admette dans son enseignement les causes accessoires des ralits physiques, le » Rceptacle Universel « et la forme engage dans la matire, comme tant au service, pour la gnration, des Causes proprement dites, et, dautre part, avant ces causes accessoires, explore les Causes primordiales, lEfficient, lExemplaire, la Fin. Cest pour cela quil tablit, au-dessus de lUnivers, un Intellect Dmiurgique, une Cause Intelligible dans laquelle lUnivers existe titre premier, enfin le Bien, qui est prtabli dans le rang de dsirable pour lIntellect crateur ». En prcisant que, malgr tout, « Aristote remonta lui-mÞme la cause immobile et motrice de toutes choses », Simplicius veut rectifier en effet la vision de Proclus. In Phys., 8.9 – 15 : ja· t¹ eWdor d³ t/r toO !mdq¹r to¼tou vusiokoc¸ar di¶mecje t_m l³m pakaiot´qym, jahû fsom t¹ aQmiclat_der 1je¸mym eQr t¹ sav´steqom let´bake ja· !jq¸beiam ta ?r !pode¸nesi pqos´hgje, toO d³ Pk²tymor, jahû fsom pqovamest´qar t¸hgsi t±r t_m !pode¸neym !m²cjar ja· t±r !qw±r aqt_m !pº te t/r aQsh¶seyr ja· !p¹ t_m pqowe¸qym don_m spoud²fei kalb²meim, p²mtym d³ bloO t` p²mta t± t/r vusiokoc¸ar l´qg l´wqi t_m leqijyt²tym !peneqc²sashai.
5.1 Les digressions « concordistes » de Simplicius
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doctrines se compltent harmonieusement, et le successeur ne fait que dployer ce qui est ploy dans la philosophie du devancier. Tout comme lexgte, qui ne fait quexpliciter ce qui est virtuellement contenu dans le texte quil explore, entre autres lharmonie qui caractrise lenseignement des philosophes grecs au sujet des principes.
5.1.2 Sur lharmonie des philosophes au sujet des principes (In Phys., 28.32 – 37.9) Aprs le prome de la Physique, Aristote introduit son analyse au sujet des principes par le moyen dune division qui rend compte des doctrines soutenues par certains de ses devanciers9 : Il est ncessaire quil y ait ou bien un seul principe ou bien plusieurs, et sil ny en a quun, ou bien quil soit immobile, comme le disent Parmnide et Mlissos, ou bien quil soit m, comme le disent les physiciens : certains disent que le premier principe cest lair, dautres que cest leau. Sils sont plusieurs, il est ncessaire quils soient finis ou infinis. Sils sont finis et plus quun, il est ncessaire quils soient deux, trois, quatre ou quelque autre nombre, et sils sont infinis, il est ncessaire ou quils soient, comme pour Dmocrite, un selon le genre, mais diffrents selon la configuration ou lespce, ou encore quils soient contraires. Mais ceux qui recherchent combien sont les tants font aussi une recherche comparable. En effet, ils recherchent en premier si les origines des tants sont une ou plusieurs, et si elles sont plusieurs, si elles sont finies ou infinies, de sorte quils se demandent si le principe et llment sont un ou plusieurs.
Simplicius fait remarquer que la division dAristote nest pas parfaite, puisque certaines ramifications font dfaut : le principe unique peut Þtre, lui aussi, fini ou infini, de mÞme que les principes multiples pourraient Þtre immobiles (mais une telle doctrine na jamais t professe).10 Il se propose donc de donner un aperÅu des doctrines des anciens en reprenant la division dune manire plus parfaite.11 Le dveloppement qui suit (In Phys., 22.22 – 28.31) peut Þtre reprsent schmatiquement laide des tableaux suivants :
9 Phys., I 2, 184b 15 – 25 (Trad. P. Pellegrin adapte). 10 Cf. In Phys., 22.13 – 19. 11 In Phys., 22.20 – 21 : %leimom d³ Usyr 1j tekeyt´qar diaiq´seyr t±r dºnar p²sar peqikabºmtar ovty to ?r toO )qistot´kour 1pekhe ?m. Le matriau doctrinal de cette division, qui est bien plus riche que celle dAristote, provient vraisemblablement en grande partie de Thophraste. Des rsonances avec le Commentaire (perdu) dAlexandre dAphrodise la Physique ont t cependant dtectes par M. Rashed, Die berlieferungsgeschichte der aristotelischen Schrift De generatione et corruptione, Wiesbaden, 2001, p. 44 – 47.
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Chapitre 5. Analyse des digressions
a) Le principe est un12 :
Infini Fini
Immobile
Mobile
Mlissos (lÞtre rellement Þtre) Parmnide (lÞtre rellement Þtre)
Anaximandre (linfini) Anaximne et Diogne dApollonie (lair) Thals et Hippon (leau) Hippasos et Hraclite (le feu)
b) Les principes sont plusieurs (et mobiles) : Deux
Trois
Finis Parmnide (feu et terre) les Stociens (dieu et matire)
Infinis
Quatre
Six
Dix
Les Empdocle Empdocle Aristote (la matire et les (les quatre (les quatre lments + Pythagoriciens (la dcade) deux contraires: la lments) la haine et lamour) Platon forme et la (les causes + les causes privation) accessoires : la matire, Platon la forme et (les trois causes : le linstrument) dmiurge, le modle et le bien)
Simples et homognes
Composs et non-homognes
Leucippe, Dmocrite, Mtrodore (les atomes)
Anaxagore et Archlaos dAthnes (les homomres)
Simplicius prcise pour finir quil a structur son aperÅu non pas selon lordre chronologique de lapparition des diffrentes doctrines mais selon leur parent. 13 Il nen reste pourtant pas moins quil y a des divergences frappantes parmi les doctrines ainsi exposes, ce qui risque de produire une impression de discorde parmi les anciens. La suspension dune telle impression est le but que se donne Simplicius en crivant la prsente digression, qui est introduite de la manire suivante14 :
12 Aux tenants de cette thse appartient galement Xnophane, qui ne peut trouver sa place dans le tableau, puisquil niait du principe unique tout attribut (mobile/immobile, fini/infini) ; cf. Simplicius, In Phys., 22.25 – 23.20. 13 Cf. In Phys., 28.30 – 31: avtg l³m B s¼mtolor peq¸kgxir t_m Rstoqgl´mym peq· !qw_m oq jat± wqºmour !macqave ?sa, !kk± tμm t/r dºngr succ´meiam. 14 In Phys., 28.32 – 29.5: Oq wqμ d³ to»r tosa¼tgr !jo¼omtar diavoq÷r mol¸feim 1mamtiokoc¸ar eWmai ta¼tar t_m vikosovgs²mtym, fpeq tim³r ta ?r Rstoqija ?r lºmair !macqava ?r 1mtucw²momter ja· lgd³m t_m kecol´mym sumi´mter ameid¸feim 1piweiqoOsi, ja¸toi luq¸oir sw¸slasim aqto· jateswisl´moi oq peq· t±r vusij±r !qw²r (to¼tym c±q oqd³ emaq 1paýousim), !kk± peq· tμm jaha¸qesim t/r he¸ar rpeqow/r. oqd³m d³ Usyr we ?qom ak¸com
5.1 Les digressions « concordistes » de Simplicius
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En entendant parler dun aussi grand nombre de diffrences, il ne faut pas estimer que les discours des philosophes se contredisent les uns les autres, comme prcisment entreprennent de le soutenir, en affectant le mpris, des gens qui ne lisent que des recueils dopinions classes par ordre chronologique et qui ne comprennent rien ce quils lisent, et cela alors quils sont eux-mÞmes scinds en dinnombrables sectes, non pas sur la question des principes naturels (ils nont en effet pas la moindre ide sur la question) mais sur la faÅon de dgrader la transcendance divine. Peut-Þtre ne serait-ce pas une mauvaise ide que je fasse une brve digression pour montrer aux plus studieux de quelle faÅon, mÞme sils semblent avoir des positions diffrentes concernant les principes, les anciens se trouvent tout de mÞme en parfaite harmonie.
Le prome de la digression laisse apprhender larrire-plan de la dmarche de Simplicius, qui prsente en ralit deux aspects : il ne sagit pas seulement dtablir la concorde des philosophes, mais aussi de montrer laberration de ceux qui accentuent leur discorde, savoir les chrtiens.15 On prÞtera bien entendu attention au but « pratique » de la digression : sa raison dÞtre nest pas lapplication fidle dun principe formel dexgse (celui de laccord des philosophes) mais la prise en compte, et par la suite lannulation, des prmisses desquelles part rellement linvective laquelle sadonnent les auteurs chrtiens, « qui ne lisent que des recueils dopinions classes par ordre chronologique (Rstoqija· !macqava_),16 et qui ne comprennent rien ce quils lisent ». Quils ny comprennent rien, cela est manifeste, laisse entendre Simplicius, par le fait quils voient des diffrences et des contradictions l o celles-ci nexistent pas. On remarquera le contraste que font ces « recueils dopinions classes par ordre chronologique » avec laperÅu qui prcde la digression, crit non pas selon le temps de lapparition des diffrentes doctrines mais selon leur parent. Savoir lire les recueils doxographiques est en effet une affaire de paideia philosophique. Pour Simplicius, ces recueils sont destins des dbutants et constituent de la sorte une tape dinitiation lapprentissage philosophique. Passer une tape ultrieure et acqurir ainsi une vraie formation de philosophe, cest avant tout une question de philomatheia, autrement dit paqejb²mta to ?r vikolahest´qoir 1pide ?nai, p_r ja¸toi diav´qeshai dojoOmter oR pakaio· peq· t±r t_m !qw_m dºnar, 1maqlom¸yr flyr sulv´qomtai. 15 Cela a t bien vu par Plthon ; cf. Contra Scholarii pro Aristotele obiectiones, 1.20 – 2.4 : Silpk¸jior toOto lºmor poie ?, ja· d/kºr 1sti jat± t/r 1jjkgs¸ar aqt¹ poi_m7 !poteimºlemor c±q pq¹r t_m t/r 1jjkgs¸ar to»r 1m ame¸dei pqov´qomtar to ?r :kk¶mym vikosºvoir tμm pq¹r !kk¶koir diavym¸am, aqto»r l´m vgsim 1sw¸shai 1r l¼qia jat± t/r he¸ar rpeqow/r -ovty c±q ja· t0 k´nei vgs¸-, to»r d þkkgmar 1r toOto sulv´qeshai. 16 Ce type de recueils, qui appartient la tradition doxographique entame avec Thophraste, a t amplement utilis par les sceptiques avant de passer aux mains des auteurs chrtiens, comme Clment dAlexandrie et Eusbe de Csare, qui sen sont servi pour montrer les incohrences de la philosophie paenne ; voir H. Baltussen, « Philology or Philosophy ? Simplicius on the Use of Quotations », dans I. Worthington – J. M. Foley (ds.), Epea & Grammata. Oral and Written Communication in Ancient Greece, Leiden, 2002, p. 183, n. 26.
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Chapitre 5. Analyse des digressions
damour du savoir, dont les chrtiens sont totalement dpourvus.17 Sans avoir la moindre instruction, ils se contentent de lire des recueils doxographiques, sur lesquels ils b tissent leur littrature polmique qui reflte leur propre tat intellectuel, puisquils sont eux-mÞmes rpartis en maintes hrsies. Affirmer la discorde des philosophes, comme le font les chrtiens, cest demeurer inculte, alors que la nier, cest faire preuve de culture et de vritable connaissance philosophique. Comme attendu, lharmonisation des philosophes par Simplicius se fait sur le fond du systme noplatonicien. Elle est opre selon une distinction entre trois domaines de recherches sur les principes, qui divisent respectivement la digression en trois parties ranges selon un ordre descendant : A. 29.5 – 30.14 : Les philosophes traitant des principes de lintelligible : Xnophane, Mlissos, Parmnide. B. 30.14 – 35.21 : Les philosophes traitant la fois des principes de lintelligible et des principes du sensible : Parmnide, Empdocle, Anaxagore. C. 35.22 – 36.14 : Les philosophes traitant des principes du sensible : les Atomistes, Time le Pythagoricien et les Physiciens. Chacun de ces groupes de principes est susceptible dadmettre davantage de nuances. (A) Ainsi, Xnophane, Parmnide et Mlissos, dont les recherches ont port sur le principe premier et intelligible ont tous trait de lUn. Ils lont pourtant envisag selon des points de vue diffrents. Xnophane et Parmnide, pour lesquels le premier principe est un et fini, ont parl de lUn qui prexiste au multiple et lui confre de la sorte la limitation ncessaire. Mais alors que pour Parmnide lUn est immobile, pour Xnophane il transcende toute dualit, il nest donc ni mobile ni immobile. La divergence nest valide que dans un premier niveau dinterprtation : elle se lve, si lon tient compte du fait que Xnophane se rfre lUn radical, celui dont parlera plus tard Platon dans la premire hypothse du Parmnide, alors que Parmnide pense lUn-qui-est, autrement dit lUn de la seconde hypothse du mÞme dialogue platonicien. Mlissos, pour sa part, a considr lUn-qui-est en saccordant avec Parmnide. Si, par la suite, il a affirm que lUn est infini, cest parce quil la envisag du point de vue de sa puissance, qui est inpuisable, et de son existence, qui na ni commencement ni fin dans le temps. « Il ny a aucune contradiction entre les
17 La « vikol\heia » est pour Simplicius lune des qualits requises du bon tudiant en philosophie ; cf. In Cat., 8.1 (elle fait dfaut dans les dveloppements parallles dAmmonius et de Philopon). Le contre-exemple par excellence est Philopon.
5.1 Les digressions « concordistes » de Simplicius
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conceptions de ces hommes », conclut Simplicius, « dans les passages o ils parlent de la mÞme chose ».18 (B) Passant de la premire la deuxime partie de son Pome, autrement dit de laltheia la doxa, Parmnide fait galement partie des philosophes qui, bien avant Platon, se sont galement occups des principes du sensible. Il a t le premier poser les contraires (illustrs dans son Pome par une varit doppositions : lumire et tnbres, feu et terre, dense et rare, mÞme et autre) comme principes du devenir, et il a t suivi en cela par Aristote. Sans se dissocier vraiment de llate, Empdocle a envisag les deux mondes selon un rapport de modle image, en anticipant de la sorte sur la dmarche de Time le Pythagoricien et de Platon. Il a t ainsi amen poser les quatre lments (feu, air, eau, terre) comme principes lmentaires, et lamour et la haine comme causes productrices de tous les deux mondes. Enfin, Anaxagore sest diffrenci de ses devanciers en ce quil a voulu distinguer trois niveaux ou trois modes dexistence au lieu de deux : (1) le niveau de la contraction dans lUnion intelligible (qui correspond lUn-qui-est parmnidien), lorsquil affirme que « toutes choses taient ensemble », puis la distinction opre (2) au niveau intellectif de laquelle merge (3) le monde sensible, lorsquil dit « quil y a dans toutes les ralits contractes plusieurs choses de toutes les sortes, qui possdent les germes de toutes choses ». (C) Lenseignement des philosophes du « sensible », comme Leucippe, Dmocrite et Time le Pythagoricien, ne met gure en cause la doctrine des quatre lments dEmpdocle. Comme Platon et Aristote leur suite, ces philosophes se mirent en effet rechercher des causes et des ralits qui soient plus principielles. Ainsi, Time comme Platon qui la suivi ont trouv la constitution corporelle la plus originaire dans les figures corporelles, tandis que Leucippe et Dmocrite ont parl, dans la mÞme perspective, des corps tout premiers et minimes, savoir les atomes. Quant aux « physiciens », ils ont nonc leurs thories « monistes » propos de lorigine du monde sensible, non pas parce quils ont ignor le r le des autres lments dans la constitution du devenir, mais parce que chacun de ces philosophes a voulu mettre en relief lefficacit gnratrice de lun quelconque des lments (exception faite de la terre) : Thals le caractre nourricier et vital de leau, Hraclite le caractre vivifiant et crateur du feu, Anaximne le caractre maniable de lair, Anaximandre le caractre altrable de la ralit intermdiaire entre le feu et leau. Il est certes clair que linterprtation noplatonicienne de la philosophie prsocratique propose par Simplicius prsente pour le chercheur moderne un 18 In Phys., 30.13 – 14 : ovtyr l³m owm oqdel¸a jat± t±r 1mmo¸ar t_m !mdq_m to¼tym c´comem 1mamt¸ysir 1m oXr peq· toO aqtoO k´cousi.
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Chapitre 5. Analyse des digressions
intrÞt limit. Elle permet pour autant de saisir aussit t le trait saillant du modus philosophandi de cet exgte, savoir son concordisme, qui lance ici une systmatisation de lensemble de la philosophie grecque, construite selon des principes du noplatonisme. Pour systmatisation quelle soit, elle est « arbitraire » et opre partir de « citations disparates extraites de contextes nayant aucun rapport », pour reprendre la fine terminologie de P. Hadot.19 De fait, tout au long de la digression, on trouve plusieurs citations, plus ou moins longues, de Parmnide, de Mlissos, dEmpdocle et dAnaxagore, qui se rapportent videmment des thmes et des objectifs diffrents, mais qui font tout de mÞme systme harmonieux, une fois quelles sont lues la lumire des prsupposs noplatoniciens, tels linterprtation onto-thologique du Parmnide, la procession et la diversit des niveaux constitutifs de la ralit ou le rapport causal entre modle et image. Les philosophmes prplatoniciens sont livrs de la sorte des contresens frappants de la part de Simplicius, issus dune rfection noplatonicienne qui escamote les divergences doctrinales des philosophes en les rduisant des diffrences de perspective20 : Ainsi donc, les uns considrant le diacosme intelligible, les autres le diacosme sensible, les uns recherchant les lments immdiats des corps, les autres les lments plus principiels, les uns saisissant la nature lmentaire dun point de vue plus particulier, les autres dun point de vue plus universel, les uns recherchant seulement les lments, les autres toutes les causes et les causes accessoires, ils disent des choses diffrentes dans leurs discours de physique, qui nanmoins ne sont pas contraires pour qui peut juger correctement.
Aristote lui-mÞme est cens avoir pleinement reconnu cette diffrence des perspectives21 : Cest Aristote lui-mÞme, celui qui semble rendre ostensibles les dsaccords des philosophes, qui dira aprs coup que « les philosophes diffrent les uns des autres en ce que certains prennent des ralits antrieures, les autres des ralits postrieures, et en ce que certains prennent des ralits qui sont plus connues selon la raison, les autres des ralits qui sont plus connues selon la sensation ». « De 19 P. Hadot, « Philosophie, exgse et contresens », p. 337 [=tudes de philosophie ancienne, p. 8]. 20 In Phys., 36.15 – 20 : Ovtyr owm oR l³m eQr mogtºm, oR d³ eQr aQshgt¹m di²joslom !voq_mter, ja· oR l³m t± pqosew/ stoiwe ?a t_m syl²tym, oR d³ t± !qwoeid´steqa fgtoOmter, ja· oR l³m leqij¾teqom, oR d³ bkij¾teqom t/r stoiwei¾dour v¼seyr jatadqattºlemoi, ja· oR l³m t± stoiwe ?a lºmom, oR d³ p²mta t± aUtia ja· suma¸tia fgtoOmter, di²voqa l³m k´cousi vusiokocoOmter, oq lμm 1mamt¸a t` jq¸meim aqh_r dumal´m\. 21 In Phys., 36.20 – 24 : Ja· aqt¹r d³ b )qistot´kgr b t±r diavym¸ar aqt_m 1pideijm¼mai doj_m 1qe ? pqoekh½m ak¸com fti «diav´qousim !kk¶kym t` to»r l³m pqºteqa, to»r d³ vsteqa kalb²meim, ja· to»r l³m cmyqil¾teqa jat± t¹m kºcom, to»r d³ jat± tμm aUshgsim». «¦ste, vgs¸, taqt± k´ceim pyr ja· 6teqa !kk¶kym».
5.1 Les digressions « concordistes » de Simplicius
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sorte quils disent », poursuit-il, « en un sens, les mÞmes choses et, en un autre sens, des choses diffrentes les unes des autres. »
Lautorit dAristote, dont lanalyse a paru nourrir au dpart une « fausse » impression de discorde parmi les philosophes, est ainsi invoque par Simplicius en faveur de la concorde, lencontre de toute prtention des auteurs chrtiens. En finissant cette premire digression, Simplicius claire pralablement, dans un acte, on dirait, de providence lgard de ses lecteurs, la position interprtative quil faudra prendre, chaque fois quAristote appara tra objecter ses prdcesseurs22 : Nous avons t contraints de nous tendre davantage l-dessus cause de ceux qui ont vite fait daccuser les anciens de discorde. Et puisque nous entendrons Aristote critiquer les doctrines de ses devanciers, et que, avant Aristote, Platon para t le faire aussi, et de mÞme, avant tous les deux, Parmnide et Xnophane, il faut savoir que cest en prenant soin de leurs auditeurs superficiels que ces philosophes critiquent ce qui semble absurde dans les discours de leurs devanciers, dautant plus que les anciens avaient coutume dexprimer leurs opinions de manire nigmatique. En tmoigne Platon, qui admirait Parmnide tel point – bien quil paraisse le critiquer – quil dit que sa pense exige un plongeur de fond <pour Þtre atteinte>. De mÞme, Aristote fait manifestement allusion la profondeur de la sagesse de cet homme, lorsquil dit : « Parmnide semble parler en observant davantage ». Ces philosophes donc, (1) tant t en compltant ce qui a t omis, (2) tant t en claircissant ce qui a t dit de faÅon obscure, (3) tant t en sparant ce qui a t dit propos des ralits intelligibles, parce que cela ne peut pas sappliquer aux ralits naturelles (comme cela sest pass avec les philosophes qui affirment que lÞtre est un et immobile), (4) tant t en cartant pralablement les interprtations faciles des auditeurs superficiels, cest de tous ces points de vue quils semblent faire des critiques. Quant nous, nous essaierons de prÞter attention tous ces points dans notre commentaire des objections quAristote adresse chacun de ses devanciers. Mais il faut prsent reprendre le texte dAristote et parcourir minutieusement tout ce qui y est dit. 22 In Phys., 36.24 – 37.9 : )kk± taOta l³m di± to»r eqjºkyr diavym¸am 1cjakoOmtar to ?r pakaio ?r 1p· pk´om Amacj²shglem lgjOmai. 1peidμ d³ ja· )qistot´kour 1k´cwomtor !jousºleha t±r t_m pqot´qym vikosºvym dºnar ja· pq¹ toO )qistot´kour b Pk²tym toOto va¸metai poi_m ja· pq¹ !lvo ?m f te Paqlem¸dgr ja· Nemov²mgr, Qst´om fti t_m 1pipokaiºteqom !jqoyl´mym oxtoi jgdºlemoi t¹ vaimºlemom %topom 1m to ?r kºcoir aqt_m diek´cwousim, aQmiclatyd_r eQyhºtym t_m pakai_m t±r 2aut_m !pova¸meshai cm¾lar. dgko ? d³ b Pk²tym haul²fym ovtyr t¹m Paqlem¸dgm, dm diek´cweim doje ?, ja· bah´or jokulbgtoO de ?shai k´cym tμm di²moiam aqtoO. ja· )qistot´kgr d³ t¹ b²hor aqtoO t/r sov¸ar rpomo_m va¸metai, ftam k´c, «Paqlem¸dgr d³
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Chapitre 5. Analyse des digressions
Le principe dintelligibilit des critiques des anciens est dsormais fourni. Ces critiques sont en effet « phnomnales », en ce sens quelles valent uniquement dans un tout premier niveau soit dinterprtation soit de formation philosophique. Dans le premier cas, il sagit de rendre plus prcis ou de dployer par le moyen de la critique ce qui est dj contenu dans lancienne doctrine (points no 1 et no 2). Dans le deuxime cas, la critique est issue du souci pdagogique que les philosophes manifestent lgard de leurs lves « dbutants », qui ayant encore une comprhension simpliste de la philosophie risquent de mal comprendre les anciennes doctrines, dautant plus que celles-ci ont t nonces sous forme nigmatique (points no 3 et no 4). On peut dire sans gure trahir lesprit de Simplicius que les mÞmes lves, lorsquils auront atteint, gr ce leur philomatheia, une formation philosophique plus leve, se rendront compte que ces critiques nont t nonces que pour protger et faire progresser leurs mes philosophantes, lpoque dbutantes. Comme il la prcisment annonc, Simplicius appliquera ce principe dintelligibilit du discours critique des philosophes, notamment celui dAristote, tout au long du commentaire.23 Mais la critique qui, aux yeux du noplatonicien, mrite un examen tout particulier est celle qui est adresse Parmnide dle.
5.1.3 Deux digressions propos de la doctrine de Parmnide (In Phys., 86.19 – 90.22 et 142.28 – 148.24) Les digressions que Simplicius consacre la doctrine de Parmnide visent clairer non seulement la critique que lui adresse Aristote, mais aussi, larrire-plan du commentaire, celle de Platon. La premire digression (In Phys., 86.19 – 90.22) suit lexplication de Phys., I 2, 185b 5 – 25, o Aristote rfute le monisme de l « cole » late en faisant appara tre les diffrents sens quadmet le nom d « un ». Quand on dit que quelque chose est un, explique le Stagirite, on entend quelle est : 1) soit continue ; 2) soit indivisible ; 3) soit une et identique avec une autre chose en vertu de leur dfinition commune. La considration de ces trois sens conduit Aristote tablir que, contrairement ce quaffirment Parmnide et Mlissos, le tout ne peut pas Þtre un, car : 1) sil est un en tant que continu, il est en mÞme temps multiple, puisquil est infiniment divisible ; 2) sil est un en tant quindivisible, il ne peut Þtre ni limit, comme laffirme Parmnide, tant donn que cest la limite qui est indivisible et non pas 23 Cf., entre autres, In Phys., 107.29 – 30 ( propos de la doctrine de Mlissos) : ja· taOta l³m jak_r b )qistot´kgr !mte¸qgje, pq¹r t¹ vaimºlemom rpamt_m. 461.10 – 11 : fti d³ b l³m )qistot´kgr t¹ pqovaimºlemom Rstoqe ? t/r )manacºqou dºngr… 487.18 – 19 : ovtyr l³m owm pq¹r t¹ vaimºlemom t/r )manacºqou dºngr rp¶mtgsem b )qistot´kgr.
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le limit, ni illimit, comme laffirme pour sa part Mlissos, tant donn que linfinit relve de la quantit, et que lindivisible na pas de quantit ; 3) sil est un parce quil admet la mÞme dfinition quune autre chose, force est dadmettre que la thse latique est absurde, puisque, dans ce cas, toutes les choses seront identiques. Lanalyse aristotlicienne provoque aussit t ltonnement de Simplicius24 : Je mtonne assurment du fait quAristote soppose ces significations de lun dont Parmnide dit prcisment quelles appartiennent lUn-qui-est. Et en effet, il clbre lun comme continu : « Il est tout entier continu ; car lÞtre sapproche de lÞtre », et il dit quil est encore indivisible : « Car il est tout entier semblable ». Mais quil y ait aussi pour toutes les choses une seule et mÞme dfinition, celle de ltre, Parmnide laffirme dans les vers suivants : « Il faut que ce qui se dit et se pense soit ltre, car lÞtre est, alors que le nant nest pas ». Si donc, quoi quon dise ou pense, cest lÞtre, il y aura une dfinition unique pour toutes les choses, savoir celle de ltre.
Ltonnement nest pourtant que provisoire. Simplicius prcise aussit t que tant Parmnide que Mlissos auraient pleinement approuv la critique dAristote, dans la mesure o celle-ci est conÅue en fonction dune interprtation « superficielle », qui considrerait que lUn-qui-est, dont parlent les deux philosophes, est un corps. On a donc affaire une critique qui, comme lexgte lavait prdit dans la digression prcdente, sadresse par souci pdagogique des dbutants. Mais lÞtre qui est rellement, autrement dit lIntelligible, auquel se rfrent en ralit Parmnide et Mlissos, nest assurment pas un corps25 : Si lon veut les couter avec bienveillance,
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Aristote partir de ces hypothses. Car tant selon eux indivisible, lUn-qui-est nest ni limit ni illimit en tant que corps. En effet Parmnide pose les corps parmi les choses opines, et Mlissos aussi dit : « tant un, il faut quil nait pas de corps. Sil avait de lpaisseur, il aurait des parties et ne serait plus un ».
Les absurdits auxquelles mne le raisonnement dAristote ne valent pour Simplicius que si lon transpose – de manire errone comme le feraient les ignorants (=les chrtiens), ou par souci pdagogique comme la prcisment fait Aristote – la doctrine parmnidienne de lIntelligible au plan corporel.26 Dans la suite immdiate de la digression, qui peut se diviser en trois parties traitant respectivement (A) de lindivisibilit (87.7 – 18), (B) de la continuit (87.18 – 88.4) et (C) de lunit dfinitionnelle de ltre parmnidien (88.4 – 8), Simplicius prcise que ces trois attributs de lUn sont en effet valides sur le plan intelligible. Qui plus est, ils ont t admis aussi bien par Platon que par Aristote. (A) On retrouve lindivisibilit de lUn parmnidien dans lIntellect dAristote, cause immobile et indivise de toutes choses. (B) Sa continuit est celle dont fait tat Platon dans la deuxime hypothse du Parmnide (142e143a), lorsquil montre que lUn-qui-est est constitu de deux parties, lun et lÞtre, qui ouvrent sur une pluralit illimite. (C) Quant au fait que tout soit identique, il nen est pas autrement sur le plan intelligible : en vertu de lunion confre par lUn-qui-est, chaque chose l-bas, autrement dit chaque forme intelligible, est toute chose et, rebours, toute chose est chaque chose. De ce point de vue, les formes intelligibles admettent une seule dfinition, celle de ltre, et prcontiennent sous un mode causal toutes les dfinitions des Þtres qui apparaissent sous un mode caus au niveau morcel du sensible. Quil y ait ces deux faÅons de considrer les Þtres – lune relevant de la cause, lautre de leffet – cela, conclut Simplicius, a t affirm par Aristote lui-mÞme.27 Trouvant ainsi leur postrit chez Platon et Aristote, les trois attributs accords lUn par Parmnide nadmettent pas de vritable objection. Dans le dveloppement qui suit cette premire analyse, Simplicius va jusqu montrer 26 Rappelons-nous les remarques conclusives de Simplicius dans la digression prcdente, qui prcisent que la discorde des philosophes nest valide que pour ceux qui, par ignorance, ne peuvent pas distinguer entre les diffrents plans de la ralit auxquels se rapportent les diffrentes doctrines. N.–L. Cordero, « Simplicius et l » cole « elate », dans I. Hadot (d.), Simplicius : sa vie, son œuvre, sa survie, p. 166 – 182, en particulier p. 177 – 178, voit dans les explications de Simplicius un reproche llate davoir trop accept les sensibles et davoir transfr au niveau du sensible des considrations qui se rapportent lintelligible. Or, cest exactement le contraire que suggre linterprtation de Simplicius : cette « transposition » en un sens fallacieuse a t dlibrment effectue par Platon et Aristote suite une rflexion pdagogique. 27 Cf. In Phys., 88.8 – 11 : ja· taOta ja· aqt` oWlai t` )qistot´kei doje ? p²mtym aUtiom t¹m paqû aqt` pq_tom moOm k´comti ja· dittμm val´m\ tμm t²nim, tμm l³m 1m t` aQt¸\, tμm d³ 1m t` !potek´slati.
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quAristote a conÅu sa critique « apparente » de lUn parmnidien en pleine connaissance de larticulation de la doctrine de llate28 : Et si je ne parais pas certains de mes futurs lecteurs me conduire avec importunit, je dirais que cest parce quAristote avait saisi le triple ordre de lUnqui-est de Parmnide quil sest rfr lui de cette manire. En effet, lextrmit <de lUn-qui-est> est unifie de manire indivisible ; son milieu, ayant rel ch cette union de sorte quelle se transforme en cohsion, est devenu tout et parties (cest pourquoi Aristote a mis laporie sur le tout dans son discours sur le continu) ; enfin, le troisime, qui projette sur lui-mÞme la distinction formelle sous un mode unifi, montre pralablement en lui-mÞme toutes les choses sous un mode causal, et puisque cette distinction est intelligible, toutes les choses sont domines par lunion de lUn-qui-est : quoi quon y prenne comme distingu, on trouvera quil prserve lunion intelligible de lUn-qui-est, car la distinction nappara t que sous un mode causal.
Si donc Aristote critique (1) lindivisibilit, (2) la continuit et (3) lunit dfinitionnelle de lUn parmnidien, cest parce que celui-ci admet sparment ces trois attributs au fur et mesure dune procession de lIntelligible trois niveaux. Les acquis du systme noplatonicien servent de la sorte Simplicius non seulement pour expliquer la doctrine de Parmnide mais aussi pour rendre compte, videmment contresens, de larrire-plan de la critique aristotlicienne. Celle-ci ne fait que prouver, « qui peut juger correctement », que le Stagirite tait bien conscient de ce que llate voulait prcisment dcrire : la vrit de lIntelligible. La critique aristotlicienne nest donc aux yeux de Simplicius quune critique relative. En dpit de lobjectif rel de la doctrine parmnidienne, elle part, pour des raisons pdagogiques (aprs tout, Aristote est en train de faire de la physique), du point de vue des recherches sur la nature29 :
28 In Phys., 88.11 – 20 : Ja· eQ lμ doj_ tisi t_m 1mteunol´mym ck¸swqyr let²ceim, eUpoili #m ja· t¹m )qistot´kgm t/r tqitt/r [correxi : tq¸tgr libri Diels] toO 2m¹r emtor toO Paqlem¸dou t²neyr sumaishºlemom ovtyr pq¹r aqtμm !pote¸meshai· t¹ l³m %jqom !diaiq´tyr Fmytai· t¹ d³ l´som eQr sumowμm tμm 6mysim wak²sam fkom c´come ja· l´qg (di¹ ja· )qistot´kgr 1m t` peq· sumewoOr kºc\ tμm peq· toO fkou t´heijem !poq¸am)· t¹ d³ dμ tq¸tom Bmyl´myr tμm eQdgtijμm di²jqisim pqobakkºlemom p²mta l³m 1m 2aut` pqo´deine jatû aQt¸am, di± d³ t¹ mogtμm eWmai tμm di²jqisim p²mta t0 toO 2m¹r emtor 2m¾sei jejq²tgtai, ja· fpeq #m k²b, tir ¢r diajqih´m, toOto vuk²ttym erq¸sjei tμm toO 2m¹r emtor mogtμm 6mysim, diajq¸seyr d³ bpysoOm jatû aQt¸am !mavame¸sgr. 29 In Phys., 88.22 – 29 : P_r owm, va¸g %m tir, !mtik´ceim to ?r he¸oir to¼toir dºclasim b )qistot´kgr doje ?. C fti ¢r eQr vusijμm heyq¸am pqoacºlema paqakk²tteim doje ? t/r !kghe¸ar. oq c±q 1pid´wetai tμm mogtμm 6mysim b aQshgt¹r diaspaslºr, oqd³ ¦speq 1m to ?r mogto?r B Bmyl´mg vpaqnir aQtiyd_r tμm pepkghusl´mgm peqi´wei di²jqisim, ¢r d¼mashai ja· ta¼tgm 1je ? heyqe ?m, ovtyr 1m to?r aQshgto ?r tμm pamtek/ toO 2m¹r 6mysim bq÷m dumatºm. t¹ owm 1mtaOha !dia¸qetom ja· t¹ sumew³r ja· B jat± t¹m 6ma kºcom joimym¸a oqj 1vaqlºttei t` 2m¸.
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Chapitre 5. Analyse des digressions
Comment donc, dira-t-on, Aristote semble-t-il contredire ces doctrines divines ? La rponse est que, si on les transpose la thorie physique, ces doctrines semblent scarter de la vrit. Car, assurment, le morcellement sensible nadmet pas lunion intelligible. Et nous ne pouvons pas voir dans les ralits sensibles lunion acheve de lUn, de la manire dont il nous est rebours possible de contempler dans les ralits intelligibles la distinction multiplie que lexistence unifie contient sous un mode causal. Ce qui est donc,
Simplicius cl t la digression en citant un long extrait du Sophiste (244b-245e), dans lequel ltranger met en cause la doctrine de lUn de Parmnide. Nanmoins, explique-t-il pralablement, Platon a pleinement approuv la doctrine de llate dans le Parmnide, et cest en partant de l quil a pu rvler la nature de lUn radical.30 Platon, assurment, ne peut pas se contredire. Sa double approche nest donc ni le produit du hasard ni vritablement polmique. Elle relve dune dmarche dialectique qui vise dployer la doctrine difficile de llate. Et au sens de Simplicius, cette doctrine ne contient que du platonisme ploy. La deuxime digression (In Phys., 142.28 – 148.24) est une sorte de rcapitulation des remarques dj formules dans les digressions prcdentes et aussi au cours du commentaire. Somme toute, elle couronne lexgse de Phys., I 2 – 3, dont le contenu est pour lessentiel une rfutation des thses latiques. En voici le prome31 : Mais puisque nous avons dj atteint la fin des discours qui sopposent Parmnide, il serait bon de dpister quel degr la doctrine de lUn-qui-est de Parmnide rpond ce dont il est question ici, et dexaminer galement sur quoi portent prcisment les objections.
Autrement dit : est-ce bien la vritable porte de la doctrine de Parmnide quAristote et, aussi, Platon critiquent ? Pour donner une rponse, Simplicius commence par dterminer la nature exacte de lUn-qui-est selon Parmnide (142.31 – 147.16), puis il examine si les critiques dAristote et de Platon, une fois projetes sur un « Un » dtermin nouveaux frais, conservent encore leur validit (147.16 – 148.22). Comme attendu, les deux choses ne sont pas convergentes, et puisque ni lautorit de Platon ni celle dAristote ne peut se tromper, 30 Cf. In Phys., 88.30 – 33 : nti d³ oq di± vikeqist¸am B pq¹r Paqlem¸dgm !mtikoc¸a c´come, dgko ? ja· Pk²tym, 1m l³m t` Paqlem¸d, t¹ 4m cm toO Paqlem¸dou dewºlemor ja· !pû 1je¸mou t¹ rp³q 1je ?mo !meuq¸sjym, fpeq oqd³ 4m jake ?m !nio?, ja· t±r letû 1je ?mo t²neir toO 2m¹r paqadido¼r. 31 In Phys., 142.28 – 31 : )kkû 1peidμ pq¹r p´qar Edg t_m pq¹r Paqlem¸dgm kºcym !v¸cleha, jak_r #m 5woi t¶m te Paqlem¸dou dºnam aqtoO peq· toO 2m¹r emtor ¢r s¼lletqom to ?r pqojeil´moir !miwmeOsai ja· t±r !mtikoc¸ar pq¹r t¸ cecºmasim 1pisj´xashai.
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il faudra chercher un moyen pour rendre compte de ces critiques, en dernire analyse fallacieuses. Simplicius se met dabord retracer dans la premire partie du Pome de Parmnide (laltheia) les signes de lUn-qui-est, autrement dit ses attributs. Pour ce faire, il emprunte une voie ascendante dinspiration noplatonicienne, qui mne du sensible vers lintelligible travers une prdication ngative (142.31 – 144.11) : lUn de Parmnide, explique-t-il, nest ni engendr ni corruptible, puisque Parmnide affirme explicitement le contraire ; il nest pas corporel, puisquil est indivisible, et, de ce fait, il ne peut pas Þtre le Ciel ; il nest pas psychique non plus, puisquil est immobile ; il nest mÞme pas intellectif, vu que Parmnide affirme que lUn est la fois acte dintelliger et ce en vertu de quoi il y a intellection. Enfin, il nest aucunement une sorte de proprit commune comme luniversel notionnel (post rem) ou luniversel prdiqu des choses sensibles (in re), puisque le premier dispara t avec nous et que le deuxime appartient aux ralits trompeuses, dont Parmnide traite dans la deuxime partie de son Pome (la doxa). On est ainsi amen identifier lUn parmnidien avec lIntelligible32 : Il ne reste donc que la cause intelligible de toutes choses, en vertu de laquelle il y a et lintellect et lintelliger, et dans laquelle toutes les choses sont pralablement reÅues sous un mode unifi et contract selon une union unique ; voil ce qui est lUn-qui-est parmnidien, ce dans quoi il ny a quune nature, celle la fois de lun et de lÞtre. Cest pourquoi Znon disait que, si quelquun lui montrait lun, lui, il lui donnerait lÞtre, non parce quil niait lun mais parce que lun subsiste la fois avec lÞtre. cet Un-qui-est saccordent toutes les conclusions que nous avons nonces : le fait dÞtre inengendr et incorruptible, ainsi que « complet et dun seul genre », car, de fait, ce qui est avant toute distinction ne peut pas Þtre second avec une autre chose. Il lui convient aussi dÞtre tout entier la fois et de ne point laisser de place au non-Þtre, et encore dÞtre indivisible et immobile selon toute sorte de division ou de mouvement, identique et dans le mÞme tat, et de constituer aussi la limite de toutes les choses. Si, enfin, il est ce en vertu de quoi il y a lintelliger, il est vident quil est lIntelligible ; car lintelliger et lintellect existent en vertu de lintelligible.
32 In Phys., 144.11 – 24 : Ke¸petai owm t¹ mogt¹m p²mtym aUtiom, diû d ja· b moOr 1sti ja· t¹ moe ?m, 1m è p²mta jat± l¸am 6mysim sum,qgl´myr pqoe¸kgptai ja· Bmyl´myr, toOto eWmai t¹ Paqlem¸deiom 4m em, 1m è l¸a v¼sir ja· toO 2m¹r ja· emtor 1st¸. di¹ ja· F¶mym 5kecem, eU tir aqt` t¹ 4m 1pide¸noi, aqt¹r !pod¾seim t¹ em, oqw ¢r !pocim¾sjym toO 2mºr, !kkû ¢r ûla t` emti sumuvest_tor. to¼t\ dμ t` 2m· emti p²mta "qlºttei t± eQqgl´ma sulpeq²slata· ja· c±q t¹ !c´mgtom ja· !m¾kehqom ja· t¹ bkºjkgqom lomocem´r. t` c±q emti lehû 2t´qou de¼teqom oqj #m eUg t¹ pq¹ p²sgr cm diajq¸seyr. to¼t\ d³ ja· t¹ bloO p÷m pqos¶jei ja· t¹ lgdal0 w¾qam 5weim 1m aqt` t¹ lμ em, 5ti d³ t¹ !dia¸qetom ja· !j¸mgtom jat± p÷m eWdor diaiq´seyr ja· jim¶seyr ja· t¹ jat± t± aqt± ja· ¢sa¼tyr em te ja· p´qati t_m p²mtym 2st²mai. eQ d³ toOtº 1stim ox 6meja t¹ moe ?m, d/kom fti t¹ mogtºm 1sti· toO c±q mogtoO 6meja ja· t¹ moe ?m ja· b moOr.
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Chapitre 5. Analyse des digressions
Mais la lecture noplatonicienne ne sarrÞte pas ici. Certains indices suggrent encore que Parmnide a saisi, au-dessus de lIntelligible, la cause indicible de toutes choses, cest--dire lUn lui-mÞme ou Un radical33 : Il semble que lUn-qui-est ait t livr par Parmnide en tant que cause premire, puisquil est « tout entier la fois » et « limite extrÞme ». Toutefois, il ne la pas nomm « Un » tout court mais « Un-qui-est », et sil dit quil est « dun seul genre » et que, bien quil soit limite, il est nanmoins « achev », peut-Þtre veut-il insinuer que, au-dessus de lui, est installe la cause ineffable de toutes choses.
Bien que lUn-qui-est parmnidien soit d « un seul genre », cest--dire dune seule origine, il a cependant une origine, et bien quil soit une limite, il est cependant une limite « acheve ». Or, laisse entendre Simplicius, lorigine toute premire qui confre lUn-qui-est sa limitation, cest lUn radical. Parmnide se voit ainsi avoir reconnu, bien avant Platon, lUn qui fait lobjet de la premire hypothse du Parmnide. On retrouve ici le leitmotiv de la lecture concordiste de la philosophie des Hellnes, repr ds la digression liminaire de Simplicius : celui de la reformulation – en vue de la clart de lexpression – ou du dploiement – en vue de la prcision scientifique – de la vrit philosophique. Certes, de Parmnide Platon, le langage est devenu moins nigmatique, et les doctrines ont t ici et l enrichies. Mais la vrit quelles noncent, chacune sa propre manire, est reste pour lessentiel identique (et unique). Il reste videmment rsoudre le paradoxe : pourquoi Platon et Aristote se sont-ils montrs critiques lgard dune doctrine quils ont, au bout du compte, admise34 ? La rponse est que Platon, en contredisant Parmnide doublement, dune part parce quil a dit que lÞtre est un, et dautre part parce quil a totalement ni lexistence du non-Þtre, a formul ses objections en raisonnant du point de vue du diacosme intellectif, lequel est distingu. Dans celui-ci en effet, tant lÞtre est distingu de lun, de sorte que les deux ne font plus un, que les parties sont distingues du tout […]. Quant Aristote, en procdant dans ses objections par manire de division, ou bien, dit-il, lÞtre se dit de plusieurs faÅons, et dans ce cas il 33 In Phys., 147.12 – 16 : Ja· doje ? l³m ¢r pq_tom aUtiom rp¹ toO Paqlem¸dou paqad¸doshai, eUpeq 6m 1sti «bloO t¹ p÷m» ja· «pe ?qar p¼latom»· eQ d³ lμ "pk_r 4m aqtº, !kk± 4m cm eWpe, ja· eQ «lomocem´r», ja· eQ p´qar l³m «tetekesl´mom» d´, t²wa 1mde¸jmutai tμm %qqgtom t_m p²mtym aQt¸am rp³q aqt¹ RdqOshai. 34 In Phys., 147.17 – 148.11 : P_r owm ja· Pk²tym ja· )qistot´kgr !mtik´comter va¸momtai pq¹r t¹m Paqlem¸dgm. C b l³m Pk²tym, diw_r !mtik´cym aqt` jat² te t¹ 4m k´ceim t¹ cm ja· jat± t¹ tek´yr !maiqe ?m t¹ lμ em, !p¹ toO moeqoO ja· diajejqil´mou diajºslou tμm !mtikoc¸am pepo¸gtai, 1m è ja· t¹ cm !p¹ toO 2m¹r diejq¸hg ja· oqj 5leimem %lvy 4m ja· t± l´qg !p¹ toO fkou […]. b l´mtoi )qistot´kgr 1j diaiq´seyr pqosacac½m tμm !mtikoc¸am· C pokkaw_r, vgs¸, k´cetai t¹ cm ja· ovtyr pokk± 5stai C lomaw_r, ja· C oqs¸a C sulbebgjºr. ja· d/kom fti oqd³m to¼tym t` mogt` pqos¶jei, 1m t0 cem´sei t/r diaiq´seyr ta¼tgr !mavaimol´mgr ja· eUpeq %qa jatû aQt¸am 1m t0 moeqø diajq¸sei pqoeikgll´mgr.
5.1 Les digressions « concordistes » de Simplicius
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sera multiple, ou bien il se dit dune seule faÅon, et dans ce cas il sera soit une substance soit un accident. Or il est clair que rien de cela ne convient lIntelligible, puisque cette division appara t dans le devenir et que, par consquent, elle est pralablement reÅue sous un mode causal <non pas dans lIntelligible mais> dans la distinction intellective.
Ainsi comprises, les critiques de Platon et dAristote nont quune validit partielle : elles sont vraies si, en dpit de ce que voulait dire Parmnide, on rabaisse la vise de sa doctrine au niveau de lintellectif, comme la prcisment fait Platon dans le Sophiste, ou au niveau du devenir, comme le fait Aristote dans la Physique. Cependant, le contresens nest pas bl mer. Une fois de plus, il est utile ceux qui ne sont pas encore en mesure de saisir les diffrents niveaux du rel et qui, de ce fait, accordent une valeur absolue la doctrine parmnidienne35 : Que personne ne bl me pour autant Platon et Aristote davoir contredit Parmnide selon des conceptions autres
Tant Platon quAristote se voient raisonner dlibrment partir de lobjet prcis du rel qui sont en train dtudier, conformant ainsi leur discours aux besoins du « progrs spirituel » de leurs lves. Quitte faire des contresens, le philosophe veut Þtre ( la rflexion noplatonicienne, peut-Þtre avant toute autre chose) un pdagogue. Sans doute les deux digressions que Simplicius consacre la doctrine de Parmnide trouvent-elles leur raison dÞtre dans la place privilgie que doit occuper llate dans la conception quil propose de la philosophie des Hellnes, vue comme un ensemble harmonieux et cohrent. Platon lui-mÞme est cens avoir repris et mis au point la doctrine de Parmnide dans le dialogue homonyme et, rebours, la doctrine parmnidienne de ltre est comprendre la lumire de la lecture du dialogue de Platon.36 Mais cest l lune des deux raisons, lautre relevant de la psychologie personnelle de lauteur : ladmiration que Simplicius prouve devant Parmnide. Son Pome est cit et interprt dans le Commentaire plus que tout autre ouvrage prplatonicien, et bien que Simplicius voque dans la deuxime digression la raret de lcrit parmnidien,
35 In Phys., 148.11 – 13 : Lgde·r d³ t` Pk²tymi ja· t` )qistot´kei lelv´shy pq¹r %kkar 1mmo¸ar !mtik´comti. vikamhq¾pyr c±q t±r cemgsol´mar paqajo±r pqoamast´kkousim. 36 Cette approche du Pome de Parmnide est dj atteste chez Plotin et Proclus, comme la mis au clair C. Gurard, « Parmnide dle chez les Noplatoniciens », dans P. Aubenque (sous la dir. de), tudes sur Parmnide, t. II : Problmes dinterprtation, Paris, 1987, p. 294 – 313, en particulier p. 312.
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Chapitre 5. Analyse des digressions
ainsi que son dsir de justifier linterprtation quil propose,37 il faut accorder limportance ncessaire ce que lexgte dit la fin de la premire digression38 : Mais si tout ceci a ncessit une digression assez longue, quil me soit pardonn cause de lamour que jprouve pour ces choses. Passons maintenant la suite
On sait que, dans le vocabulaire noplatonicien, ler s (Amour) forme avec laltheia (Vrit) et la pistis (Foi) une triade de « puissances lvatrices », qui rendent possible la remonte de l me jusqu l« union » la plus heureuse avec le Dmiurge,39 et nous avons vu que, daprs Simplicius, ltude de la physique est utile dans la mesure o elle sordonne cette fin ultime de la philosophie.40 Ceci dit, lamour quil voque en concluant sa digression prend une signification prcise, et la prsence du Pome de Parmnide dans le Commentaire se justifie autrement : sa lecture veille dans l me de lexgte lAmour pour la ralit intelligible et facilite de la sorte sa remonte vers elle.
5.1.4 Sur les deux tuchai (In Phys., 356.31 – 361.11) La digression que Simplicius consacre tuch permet de voir ce mlange de philosophie et de religion si caractristique du noplatonisme tardif. Elle couronne lexgse de Phys., II 4 – 6, o Aristote tudie le hasard (t¼wg) et la spontanit (aqt|latom) en tant que causes des vnements naturels. De ce fait, E. Sonderegger a vu dans la digression un « Corollarium de casu », que H. Diels avait pass sous silence.41 La digression est effectivement introduite de manire analogue celle du Corollarium de tempore 42 : 37 Cf. In Phys., 144.25 – 28 : ja· eU t\ lμ doj_ ck¸swqor, Bd´yr #m t± peq· toO 2m¹r emtor 5pg toO Paqlem¸dou lgd³ pokk± emta to ?sde to ?r rpolm¶lasi paqacq²xaili di² te tμm p¸stim t_m rpû 1loO kecol´mym ja· di± tμm sp²mim toO Paqlemide¸ou succq²llator. 38 In Phys., 90.20 – 22 : !kk± taOta l³m j#m paq´jbas¸m tima lajqot´qam 5swem, jewaq¸shy t` peq· aqt± 5qyti· 1p· d³ t± 2n/r Qt´om. 39 Voir Ph. Hoffmann, « La triade chaldaque 5qyr, !k^heia, p_stir de Proclus Simplicius ». 40 Voir supra, p. 53 – 55. 41 Voir supra, p. 84 – 85. 42 In Phys., 356.31 – 357.1 : )kkû 1peidμ l´wqi toOde to ?r peq· t¼wgr ja· aqtol²tou kecol´moir rp¹ toO )qistot´kour paqajokouh¶sar ¢r dumat¹m Gm 1lo· t_m eQqgl´mym 6jasta di¶qhqysa, jak_r #m 5woi sumtºlyr 1jh´lemom t± t` )qistot´kei dojoOmta peq· to¼tym, ovtyr t± to ?r meyt´qoir vikosºvoir dedocl´ma pqoshe ?mai ja· de ?nai lgd³m t/r pakai÷r paqadºseyr diav´qomta. Cf.
5.1 Les digressions « concordistes » de Simplicius
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Mais puisque jai suivi jusquici de prs ce quAristote dit propos du hasard et de la spontanit, et que jen ai donn, autant quil ma t possible, un expos articul, il serait bon que (1) je prsente brivement la doctrine dAristote sur ces sujets, et (2) que jajoute ensuite les doctrines professes par les philosophes plus rcents, en montrant quelles ne diffrent en rien de la tradition ancienne.
Il aurait t pourtant plus plausible de parler dun Corollarium de fortuna et/ou de Fortuna, vu que Simplicius se donne la peine de la digression pour distinguer entre deux significations de tuch : lune, celle qui est mise au net par Aristote dans la Physique, se restreint au domaine des recherches naturelles ; lautre, celle laquelle se rfrent aussi bien la tradition ancienne que les « philosophes plus rcents », savoir les Stociens,43 a un contenu thologique qui correspond la Tuch du panthon traditionnel. En distinguant entre ces deux significations, Simplicius vise lever la discorde laquelle peut donner lieu lanalyse aristotlicienne, une fois confronte aux croyances religieuses paennes.44 Si en effet, comme laffirme Aristote, tuch est une cause par accident, qui se rend manifeste lorsquune ralit naturelle choue sa fin, comment peut-elle Þtre une desse, comme ladmettent pour leur part les Stociens et la tradition ancienne ? La rponse fournie par Simplicius ne veut pas seulement rsoudre un paradoxe dordre philosophique et religieux ; bien plus, elle veut rendre justice au culte paen et, en dernire analyse, clbrer la desse elle-mÞme. (1) Suivant le plan tabli dans le prome de digression, Simplicius rcapitule en premier lieu la doctrine aristotlicienne du hasard et de la spontanit (357.1 – 358.4). Fidle au principe de la prise en compte de lobjet prcis tudi, 43 Quil sagisse des Stociens, cela est prcis par Simplicius en In Phys., 333.2 – 5 : « Quest-ce que le hasard, certains nont pas dire en considrant quil ne se montre pas lintelligence humaine, puisquil est quelque chose de divin et dextraordinaire et quil dpasse pour cette raison la connaissance humaine ; cest ce que semblent dire les Stociens » ; cf. SVF, II, fr. 965 – 971. Quant la tradition ancienne, elle comprend non seulement le culte religieux mais aussi Orphe et Platon ; cf. In Phys., 333.7 – 17 : « Il semble que lopinion suivant laquelle le hasard est quelque chose de divin soit atteste chez les Grecs mÞme avant Aristote, et que les Stociens ne soient pas les premiers qui laient cru, comme certains le pensent [cf. Alexandre dAphrodise, De fato, 174.1 – 3]. En effet, Platon aussi dit dans les Lois » que cest un Dieu, et de concert avec ce dieu le Hasard et lOccasion qui gouvernent toutes les affaires humaines sans exception «. Le fait aussi que certaines cits honorent des Tuchai et quelles b tissent des temples <en leur honneur> semble Þtre devenu une coutume ultrieurement. En effet nous ne trouvons pas de rcits
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Chapitre 5. Analyse des digressions
il signale aussit t que ltude dAristote sapplique clairer les causes qui sont immanentes aux Þtres en devenir, autrement dit aux ralits naturelles45 : Aristote recherche en effet les causes des vnements qui se produisent dans les ralits naturelles, et puisquil dcouvre quil y a des vnements dont on dit quils se produisent spontanment ou par hasard, il se donne comme but dexpliciter leurs significations en les considrant du point de vue de leur notion superficielle.
Lanalyse aristotlicienne consiste pour lessentiel en une tude smantique qui sen tient lapplication habituelle des noms de hasard et de spontanit dans la description des causes actives dans le domaine naturel. Daprs Aristote, explique Simplicius, toute relation causale naturelle se dfinit ncessairement par un terme antcdent, qui est la cause efficiente de quelque chose, et un terme consquent, qui en est la cause finale. Le plus souvent, lun des termes suit lautre : ce en vue de quoi est active la cause efficiente est effectivement produit, comme cest le cas, par exemple, lorsquun homme sort pour rencontrer son ami et que, de fait, il le rencontre, ou lorsquune pierre tombe vers le bas pour occuper son lieu naturel et que, de fait, elle loccupe. Mais il y a des fois o cette consquence prdtermine choue : on ne trouve pas son ami mais quelquun dautre qui rend sa dette, et la pierre, bien quelle soit tombe pour occuper son lieu naturel, est devenue de surcro t un sige pour quelquun. De toutes ces choses, on dit quelles se produisent spontanment, en assignant ainsi au spontan une valeur de cause accidentelle. Les cas qui appartiennent ce genre dexplication se divisent en deux groupes : lun comprend les vnements dits « par hasard » (!p¹ t¼wgr), savoir ceux qui se produisent accidentellement suite des actions faites selon un choix rflchi (cest le cas du premier exemple) ; lautre comprend les vnements qui se produisent accidentellement suite des actions irrationnelles et naturelles (cest le cas du deuxime exemple). Pour dsigner ces derniers, on emploie, faute de mieux, le nom gnrique de spontanit (1j taqtol\tou). Mais cest bien lune des deux manires de voir et dexpliquer les choses. (2) Si quelquun, qui sest mis en marche simplement pour digrer son repas, a rencontr de surcro t son dbiteur, cela, explique Simplicius, nest un vnement accidentel que pour qui examine les choses du point de vue de la nature ou, mieux, pour qui raisonne partir de la causalit immanente aux Þtres naturels. Un Þtre naturel tel que lhomme dira effectivement que la rencontre du dbiteur sest produite « par hasard » (!p¹ t¼wgr) ou quelle est arrive « nimporte comment » (¢r 5tuwe). Il nen reste pourtant pas moins que
45 In Phys., 357.1 – 4 : j l³m owm )qistot´kgr t_m 1m to ?r vusijo ?r cimol´mym t± aUtia fgt_m, 1peidμ ja· 1j taqtol²tou ja· !p¹ t¼wgr erq¸sjei tim± kecºlema c¸meshai, t± sglaimºlema to¼tym jat± tμm 1pipok²fousam 5mmoiam diaqhq_sai pqot¸hetai.
5.1 Les digressions « concordistes » de Simplicius
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lhomme mis en marche « a obtenu » (5tuwe) sa dette. Cela est effectivement d au hasard mais non pas accidentellement46 : Si nous disons que le hasard est cause surtout des vnements dont nous ne voyons pas de cause par soi qui soit connue par nous, il ne faut pas croire pour cette raison que la cause par soi dune chose, lorsquelle devient cause accidentelle dune autre chose, sappelle alors hasard, et son effet « par hasard ». Au contraire, il faut considrer que la cause par soi est la cause de ce qui se produit prcisment.
Simplicius invite ses lecteurs comprendre tuch laide dun raisonnement smantique diffrent : non pas partir de « ¢r 5tuwe » mais partir de « tuwe ?m », autrement dit du fait dobtenir ce quon obtient. Le Hasard est une cause invisible pour lhomme, mais pour autant une cause par soi de toute obtention. Cest ce sens prcis de tuch, profond et non pas superficiel, que la tradition ancienne et les Stociens ont song, en raisonnant dun point de vue non pas physique mais thologique47 : Si nous considrons quil y a des causes divines qui prexistent toutes les autres proprits – par exemple la beaut, la sant ou la victoire –, partir desquelles sont prcisment transmises les participations ceux qui en participent, et que nous osons dsigner ces causes daprs les noms des biens quelles nous transmettent, il faut galement savoir que le fait dobtenir le bien quil faut est aussi une chose grande et digne de la donation divine. Comment donc nest-il pas ncessaire que nous appelions la bont divine, qui est pour nous la cause dobtenir, Tuch ? Cest donc avec raison que certains ont pens que « tuch est bien une cause, mais qui demeure cache lintelligence humaine, dans la mesure o elle est divine et trop surnaturelle ».
En crivant Phys., II 4 – 6, Aristote ne pensait certes pas la desse. Mais, au sens de Simplicius, cela ne veut pas dire quil sopposait la tradition thologique ou quil la mprisait. Tout au contraire, fidle son objet physique, il a simplement voulu adapter son analyse au langage et la conscience des hommes, pour qui la desse reste une cause invisible48 : 46 In Phys., 359.11 – 16 : EQ d³ 1m 1je¸moir l²kista tμm t¼wgm aQt¸am val´m, 1m oXr lgd³m %kko aUtiom jahû art¹ sumecmysl´mom bq_lem, oq di± toOto wqμ mol¸feim t¹ jahû artº timor aUtiom, ftam %kkou jat± sulbebgj¹r aUtiom c´mgtai, tºte jake ?shai t¼wgm l³m t¹ aUtiom, t¹ d³ !pot´kesla !p¹ t¼wgr, !kk± t¹ l³m jahû art¹ aUtiom 1je¸mou mol¸feim aUtiom, fpeq ja· c¸metai. 47 In Phys., 359.4 – 11 : EQ to¸mum ¦speq t_m %kkym p²mtym Qdiyl²tym oXom j²kkour rcie¸ar m¸jgr he¸ar tim±r pqo{p²qweim aQt¸ar mol¸folem, !vû ¨m aR leh´neir letad¸domtai to?r let´wousi, ja· t±r aQt¸ar jake ?m tokl_lem to ?r amºlasi t_m 1mdidol´mym !pû aqt_m !cah_m, 1peidμ ja· t¹ tuwe ?m toO 1pib²kkomtor !cahoO l´ca t¸ 1sti ja· t/r he¸ar dºseyr %niom, p_r oqj !macja ?om tμm toO tuwe ?m aQt¸am he¸am !cahºtgta jake ?m t¼wgm. ja· jak_r tisim 5donem «aQt¸a l³m eWmai B t¼wg, %dgkor d³ !mhqyp¸m, diamo¸ô, ¢r he ?ºm ti owsa ja· dailomi¾teqom». 48 In Phys., 359.11 – 359.27 : j l´mtoi )qistot´kgr, ¢r pokk²jir eWpom, vusijμm poio¼lemor tμm di²jqisim t¹ l³m !vam³r aUtiom to ?r heokºcoir paqadidºmai jatakilp²mei, t¹ d³
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Chapitre 5. Analyse des digressions
Aristote assurment, comme je lai dit plusieurs reprises, en faisant une distinction sur le plan naturel, laisse aux thologiens le soin de nous livrer la cause invisible. Quant la cause dont nous sommes conscients, lorsquelle atteint une fin autre que celle quelle a envisage, il lappelle hasard, et son effet « par hasard ».
Ayant cart toute apparence de discorde par la prise en compte de la diffrence dobjets dtude, Simplicius se met dterminer dans le reste de la digression (359.28 – 361.9) ltendue du pouvoir de la desse, de faÅon lui rendre la vnration approprie. Pour ce faire, il part dune simple prmisse : obtention est participation. Tuch, cause divine de toute obtention, est l o il y a besoin dobtenir, et il y a besoin dobtenir l o il y a besoin de participation. Par consquent, toute chose qui sest carte de lunion intelligible et qui, de ce fait, a besoin dune participation pour Þtre ce quelle est, ncessite le secours de Tuch. La desse est donc prsente dj au niveau intellectif. Mais l o elle manifeste amplement ses puissances bnfiques, cest dans lunivers corporel49 : Il y a donc besoin de Tuch dans la distinction des formes intellectives aussi, afin quelles puissent participer lune de lautre. Toutefois, cette distinction est indistincte, et la participation nest pas tellement une participation mais plut t une cosubsistence, si bien que la proprit de Tuch nest pas manifeste dans ces formes-l. En revanche, dans lunivers corporel, o la distinction acheve et le morcellement se sont dj produits, et dans lequel la participation et lobtention sont videntes, Tuch expose sa puissance de manire plus vidente aussi. Et en effet, cest gr ce Tuch que le soleil et chacun des astres errants atteignent leur habitation dans chacun des signes du zodiaque, et cest encore gr ce elle quils atteignent leurs constellations et que la lune atteint la lumire solaire, et les autres toiles les irradiations des autres. Toutefois, la puissance de Tuch nest pas si manifeste dans le Ciel, cause de lordre ncessaire
5.1 Les digressions « concordistes » de Simplicius
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ces causes afin que chacune des ralits nchoue pas < son but> mais quelle obtienne ce quil lui faut selon le Juste, autrement dit selon sa propre dignit. […] Et nous disons que la cause de la distribution selon la dignit est Dik, alors que la cause du fait dobtenir ce qui est ainsi distribu est Tuch.
Tuch veille ce que chaque chose obtienne ce que Dik a distribu, et contribue de la sorte la prservation de la hirarchie harmonieuse de lUnivers. De ce fait, elle nest pas partout prsente de la mÞme manire, mais elle manifeste sa puissance selon une proportion inverse au degr de lunit et, par consquent, de la dignit dune chose.50 Or, le plan de lunivers le moins digne est le plan morcel du monde sublunaire dans lequel vit lhomme. Cest pourquoi la tradition paenne, reconnaissant la puissance bnfique de Tuch, a su illustrer dignement la desse dans son iconographie et la clbrer justement par ses cultes51 : En effet, la domination de Tuch met en ordre plus que toute autre chose la part de lunivers qui est au-dessous de la lune, dans laquelle appara t prcisment la nature du contingent, qui en elle-mÞme est en dsordre, et que la Tuch, de concert avec les autres causes gouvernantes, dirige, ordonne et gouverne. Cest pourquoi on lui fait tenir en main un gouvernail, pour montrer quelle gouverne les choses qui naviguent dans le pont du devenir ; et lon installe ce gouvernail sur une sphre pour montrer quelle dirige linstabilit du devenir. Et dans lautre main, on lui met la corne dAmalthe pleine de fruits pour montrer quelle est la cause du fait dobtenir tous les fruits divins. Cest pourquoi nous honorons encore les Tuchai de nos cits et de nos maisons, et aussi la Tuch de chacun de nous, puisque nous sommes carts loin de lunion divine et que nous risquons ainsi dchouer la participation quil nous faut. Nous avons donc besoin de Tuch la desse pour y
50 On reconna tra derrire ce dveloppement de Simplicius lide de la providence divine exerce tout au long de la procession constitutive de lunivers, parfaitement rsume par Proclus dans la proposition 144 des lments de Thologie : P²mta t± emta ja· p÷sai t_m emtym aR diajosl¶seir 1p· tosoOtom pqoekgk¼hasim, 1vû fsom ja· aR t_m he_m diat²neir. ja· c±q 2auto ?r oR heo· t± emta sulpaq¶cacom, ja· oqd³m oXºm te Gm rpost/mai ja· l´tqou ja· t²neyr tuwe ?m 5ny t_m he_m· ja· c±q tekeioOmtai p²mta jat± tμm aqt_m d¼malim, ja· t²ttetai ja· letqe ?tai paq± t_m he_m. On peut dire, au sens de Simplicius, que le dieu qui fait quun Þtre obtienne (tuwe?m) selon sa propre puissance sa mesure et son ordre, cest Tuch. 51 In Phys., 360.27 – 37 : Ja· c±q B t/r T¼wgr 1pijq²teia tμm rp¹ sek¶mgm l²kista toO pamt¹r lo ?qam diajosle ?, paqû Ø ja· B toO 1mdewol´mou v¼sir, Dm %tajtom owsam jahû 2autμm B T¼wg let± t_m %kkym !qwgcij_m aQt¸ym jateuh¼mei ja· t²ttei ja· jubeqmø. di¹ ja· pgd²kiom aqt0 didoOsi jqate ?m ¢r jubeqm¾s, t± 1m t` pºmt\ t/r cem´seyr pk´omta ja· t¹ pgd²kiom 1p· sva¸qar Rdq¼ousim, ¢r t¹ %statom t/r cem´seyr jateuhumo¼sgr· j´qar d³ )lakhe¸ar 1m t0 2t´qô ta ?m weqo ?m jaqp_m pk/qer, ¢r toO tuwe ?m p²mtym t_m he¸ym jaqp_m aQt¸a. di± toOto d³ ja· pºkeym ja· oUjym ja· 2m¹r 2j²stou til_lem T¼war, fti pºqqy diast²mter t/r he¸ar 2m¾seyr jimdume¼olem dialaqte ?m t/r 1pibakko¼sgr leh´neyr. ja· deºleha pq¹r t¹ tuwe?m t/r te heoO T¼wgr ja· t_m 1m to ?r jqe¸ttosi c´mesi tμm aqtμm 1wous_m Qdiºtgta.
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Chapitre 5. Analyse des digressions
russir (pq¹r t¹ tuwe ?m), et aussi des desses qui ont la mÞme proprit
On voit bien que le concordisme de Simplicius ne concerne pas uniquement la philosophie. Suivant une dmarche bien atteste dans le noplatonisme, il veut justifier lensemble de la tradition paenne, philosophique aussi bien que religieuse et culturelle.
5.1.5 Trois digressions propos de lharmonie de Platon et dAristote au sujet du mouvement (In Phys., 404.16 – 406.16, 821.12 – 823.4 et 1247.27 – 1250.31) Ltablissement de lharmonie entre Platon et Aristote est lun des traits marquants du modus explicandi de Simplicius.52 Le Commentaire sur la Physique prsente toute une srie de telles harmonisations, chose gure tonnante vu que la Physique scarte ostensiblement de la doctrine platonicienne.53 Mais ce qui, dans le cadre de lexplication de ce trait, se prsente comme une dissidence majeure entre Platon et Aristote et, de ce fait, mrite un examen particulier, cest la doctrine professe par lun et lautre philosophe au sujet du mouvement. Simplicius sefforce de dissoudre la dissidence par le moyen de trois brves digressions. La premire digression (In Phys., 404.16 – 406.16) vient aprs lexgse du passage suivant de la Physique 54 : Il ny a pas de mouvement part des choses. En effet, ce qui change change toujours soit selon la substance, soit selon la quantit, soit selon la qualit, soit selon le lieu, et, disons-nous, on ne peut rien trouver qui soit commun ces changements et qui ne soit ni un ceci, ni une quantit, ni une qualit, ni aucun des autres prdicats catgoriels. De sorte quil ny aura ni mouvement ni changement de quoi que ce soit part des catgories quon a dites, du fait que rien nexiste part de ces catgories quon a dites.
La phrase liminaire de ce passage contredit videmment la dtermination du mouvement comme genre suprÞme dans le Sophiste. Une remarque relative de 52 Dans un passage des prolgomnes la philosophie dAristote (In Cat., 7.29 – 32), sur lequel nous reviendrons plus tard, Simplicius prcise que ltablissement de laccord entre les deux philosophes est lune des t ches du bon exgte. 53 Cf. In Phys., 222.29 – 225.20 et 245.19 – 246.16 (pour quelle raison Platon, la diffrence dAristote, na pas parl de la privation) ; 295.12 – 299.12 ( propos de la critique des Ides en Phys., II 2, 193b 35 – 194a 1) ; 421.3 – 422.9 (pour quelle raison Aristote, la diffrence de Platon, naccepte pas le mouvement de l me) ; 540.3 – 542.14 (sur les doctrines des deux philosophes au sujet du lieu) ; 717.21 – 718.12 (sur la diffrence des deux philosophes, voque par Alexandre dAphrodise, au sujet du temps) ; 1154.3 – 1156.3 (sur le sens de « cemgt|m » chez lun et lautre philosophe). 54 Phys., III 1, 200b 32 – 201a 3 (Trad. P. Pellegrin)
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Proclus pousse effectivement Simplicius prouver que la contradiction est une fois de plus apparente55 : Puisque le philosophe de Lycie dit quil y a un seul dsaccord entre Aristote et Platon, savoir leur doctrine du mouvement, puisque lun dit : « il ny a pas de mouvement part des choses », et rfute ainsi le mouvement en tant que genre, et que lautre dit que le mouvement est un genre de ltant, comme le sont la substance, le mÞme et lautre, nous ferions mieux pour notre part dessayer de montrer laccord quil y a dans ce qui a lapparence du dsaccord.
La digression se prsente donc comme une sorte de rectification de lopinion de Proclus, par ailleurs imposante. Mais elle est galement une rponse pralable quiconque serait enclin voir dans lanalyse du mouvement dans Phys. III une dmarche antiplatonicienne.56 Quatre arguments servent Simplicius pour dmontrer le contraire : les deux premiers (404.21 – 405.5) tablissent la distinction entre le « physicien » (Aristote) et le « thologien » (Platon), tandis que les deux autres (405.6 – 406.16) mettent en valeur les diffrences smantiques que lon observe dans le langage philosophique utilis par lun et lautre philosophe. 1) Premier argument : Lenseignement de Platon porte sur le diacosme intellectif, o se situent les premires causes distinctes des Þtres, parmi lesquelles figure le mouvement en tant que genre de ltant. Or, tant distinct, cest--dire pur mouvement, il existe part des choses. En revanche, Aristote considre le mouvement naturel qui se manifeste dans les ralits matrielles en tant quactualisation de leur « en puissance ». Il est vident que le mouvement ainsi conÅu ne peut pas exister part des choses. Les deux philosophes ne se contredisent donc pas lun lautre mais considrent le mouvement selon des plans diffrents de la ralit. 2) Deuxime argument (complmentaire du premier) : Le fait quAristote considre le mouvement comme acte/actualisation (ou passion) de quelque chose57 montre clairement que, lorsquil affirme qu « il ny a pas de mouvement 55 In Phys., 404.16 – 21 : 9peidμ d³ b 1j t/r Kuj¸ar vikºsovor 4m toOto ja· lºmom di²vymºm vgsi t¹ dºcla peq· jim¶seyr toO )qistot´kour ja· toO Pk²tymor, toO l³m k´comtor «oqj 5sti d´ tir j¸mgsir paq± t± pq²clata» ja· !maiqoOmtor t¹ c´mor eWmai tμm j¸mgsim, toO d³ c´mor 4m toO emtor tμm j¸mgsim k´comtor ¢r tμm oqs¸am ¢r t¹ taqt¹m ¢r t¹ 6teqom, j²kkiom eU pou dumat¹m tμm 1m t0 dojo¼s, diavym¸ô sulvym¸am 1pideijm¼mai. 56 En effet la remarque de Proclus ne fournit que le point de dpart, le nom du « philosophe de Lycie » napparaissant gure dans le reste de la digression. 57 Cette remarque prsuppose en effet la dfinition aristotlicienne du mouvement en Phys., III 1, 201a 10 – 11 : B toO dum²lei emtor 1m]qceia, Ø toioOtom, j¸mgs¸r 1stim (ainsi que lisaient principalement les anciens commentateurs ; dans notre Physique, « 1m]qceia » est remplac par « 1mtek´weia »), que lon peut traduire comme suit : « lacte de ltant en puissance, en tant quil est en puissance, est un mouvement ». Simplicius prcise plus bas (In Phys., 426.22 – 29) quil ne faut pas confondre l« 1m]qceia » de ltant en puissance (actualisation) avec l« 1m]qceia » substantielle des ralits intel-
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part des choses », il pense au mouvement qui se manifeste dans les ralits naturelles. Car ce mouvement-ci ne peut pas se produire en dehors de la ralit naturelle, qui se meut effectivement en agissant ou en p tissant. Or, cela signifie que lapproche dAristote ne contredit pas celle de Platon, vu que ce dernier envisage le mouvement sur le plan intellectif (voir largument prcdent). 3) Troisime argument : Aristote se donne comme but de rfuter lide que le mouvement puisse Þtre un genre. Mais il faut prudemment distinguer entre deux significations du genre, qui correspondent prcisment des usages particuliers chez Platon et chez Aristote. Parlant des genres de ltant, Platon dsigne les monades liminaires et transcendantes qui sont prsentes, sous mode de participation dgressive, dans tous les membres des sries qui procdent delles ; il sagit du genre dit ab uno (!v 2m|r), qui est une cause transcendante existant en soi. En revanche, Aristote parle du genre que lon peut qualifier de logique, lequel se rpartit en espces qui participent au genre de manire gale ; tant « logique », ce genre nexiste pas en dehors des espces et aussi des individus quil englobe. Une fois de plus, les deux philosophes ne parlent pas de la mÞme chose. 4) Quatrime argument : La diffrence smantique stend aussi la notion de mouvement chez lun et lautre philosophe. Le mouvement dont parle Platon se situe au plan mtaphysique ; il est, par consquent, totalement inchangeable. Cest en effet une faÅon de dsigner la premire extension de ltre premier, en vertu de laquelle se manifestent la Vie et la Pense. Par contre, le mouvement auquel se rfre Aristote correspond au changement constant du monde dicibas, conÅu comme actualisation de len puissance de ce qui est en puissance ; cest pourquoi il est toujours absorb dans les ralits mues. La raison de cette diffrence smantique, explique Simplicius, rside dans les conceptions diffrentes de Platon et dAristote quant la formation et lutilit du langage philosophique58 : Je crois que la cause de cette saisie diffrente est le fait que Platon exige que les causes paradigmatiques des ralits dici-bas soient dsignes avec les mÞmes noms
lectives (acte pur, cest--dire exempt de tout besoin dactualisation). Cest pourquoi lacte en tant que mouvement des ralits naturelles est, proprement parler, plus un « p²hor 1meqcgtijºm » quune « 1m´qceia ». 58 In Phys., 406.12 – 16 : AUtiom d³ oWlai t/r diavºqou ta¼tgr 1pibok/r t¹ t¹m l³m Pk²tyma !nioOm t± paqadeiclatij± t_m t0de aUtia to ?r aqto ?r amºlasi jake?shai, t¹m d³ )qistot´kg tμm toia¼tgm blymul¸am eqkabgh/mai ¢r jat± t¹ emola ja· tμm 5mmoiam blo¸am pqobakkol´mgm 1m Bl ?m.
5.1 Les digressions « concordistes » de Simplicius
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La spcificit langagire de Platon et dAristote devient dans la suite du commentaire le leitmotiv de lharmonisation de leurs doctrines du mouvement. On la retrouve peu de pages plus loin59 : Il faut savoir que Platon affirme que tout acte est un mouvement, en envisageant lacte selon lextension de ce qui agit partir de lessence. Aristote et ses amis, pour leur part, disent que le mouvement est un acte mais que tout acte nest pas un mouvement ; en effet ils mettent part lacte achev. Car, selon eux, le mouvement appartient aux ralits inacheves en tant quelles sont inacheves, vu quil appartient aux ralits en puissance qui nexistent pas encore mais qui existeront. Il est clair que la diffrence porte seulement sur le nom, les uns exigeant que seul lacte de changement soit dit mouvement, les autres toute tension partir de lessence.
Dans le cadre de lharmonisation des deux philosophes, lanalyse de leurs doctrines du mouvement se rduit essentiellement une analyse du langage nonÅant la doctrine. Ceci est encore plus amplement manifest dans la digression suivante. La deuxime digression de Simplicius relative au mouvement (In Phys., 821.12 – 823.4) suit lexgse de Phys., V 1, o Aristote met en oeuvre une distinction logico-smantique entre « mouvement » et « changement ». On peut la formuler brivement comme suit : alors que tout mouvement est un changement, tout changement nest pas un mouvement. Il en est ainsi, parce quil y a trois possibilits de changement : 1) soit dun sujet vers un sujet ; 2) soit dun sujet vers un non-sujet ; 3) soit dun non-sujet vers un sujet (le sujet tant ce qui est dit de quelque chose dans une affirmation, autrement dit un tat « positif »60). Or, tout mouvement, quil soit selon la qualit (altration), selon la quantit (augmentation et diminution) ou selon le lieu (transport), est toujours un changement dun sujet vers un sujet, puisquil se droule toujours entre deux tats « positifs », contraires ou intermdiaires61 : quelque chose de noir ou de gris, par exemple, saltre en quelque chose de blanc, et quelque chose qui est en bas se transporte en haut. Les deux autres changements, dits changements selon 59 In Phys., 428.5 – 12 : Yst´om d³ fti b Pk²tym l³m p÷sam 1m´qceiam j¸mgsim eWma¸ vgsi jat± tμm !p¹ t/r oqs¸ar 1nam²stasim toO 1meqcoOmtor heyq_m tμm 1m´qceiam· )qistot´kgr d³ ja· oR to¼tou v¸koi tμm l³m j¸mgsim 1m´qceiam k´cousim, oq p÷sam d³ 1m´qceiam j¸mgsim· oq c±q dμ ja· tμm teke¸am· !tek_m c±q Ø !tek/, diºti t_m dum²lei ja· t_m l¶py emtym !kkû 1sol´mym B j¸mgsir. ja· d/kom fti jat± t¹ emola lºmom B diavoq², t_m l³m tμm letabokijμm lºmgm 1m´qceiam !nio¼mtym j¸mgsim jake ?m, t_m d³ p÷sam tμm !p¹ t/r oqs¸ar 1jt´meiam. 60 Cf. Phys., V 1, 225a 6 – 7 : k´cy d³ rpoje¸lemom t¹ jatav²sei dgko¼lemom. Le non-sujet (lμ rpoje¸lemom) correspond alors une prdication ngative, un tat « privatif ». 61 Cf. Phys., V 1, 225b 1 – 5 : !m²cjg tμm 1n rpojeil´mou eQr rpoje¸lemom letabokμm j¸mgsim eWmai lºmgm. t± dû rpoje¸lema C 1mamt¸a C letan¼ (ja· c±q B st´qgsir je¸shy 1mamt¸om), ja· dgkoOtai jatav²sei, t¹ culm¹m ja· myd¹m ja· l´kam.
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Chapitre 5. Analyse des digressions
la « contradiction » en ce sens quils impliquent la fois une affirmation et une ngation, ne sont donc pas des mouvements proprement parler : celui dun non-sujet vers un sujet est une gnration, soit absolue soit dtermine,62 et celui dun sujet vers un non-sujet une corruption, soit absolue soit dtermine. Une fois de plus, lanalyse dAristote risque de produire lapparence dune discorde avec Platon63 : Ainsi donc, Aristote dit que le mouvement est une sorte de changement, le changement tant plus englobant que le mouvement, puisquil affirme que la gnration et la corruption sont des changements mais non pas des mouvements. Platon, dautre part, semble dire le contraire, savoir que le mouvement est plus englobant que le changement. En effet, il nomme les mÞmes changements quAristote, et il veut quils soient tous des mouvements (dans le dixime livre des Lois il numre en effet la gnration et la corruption parmi les mouvements naturels), et en plus il appelle « mouvement » lactivit de lintellect, lorsquil compare lactivit pistrophique de lintellect avec le mouvement dune « sphre forge sur un tour ». Je mtonne quune si grande diffrence apparaisse entre eux sur ce sujet, moins que leur dsaccord ne stende que jusquaux noms.
Pour tablir lharmonisation, Simplicius revient au thme de la diffrence du langage employ par les deux philosophes ou, pour ainsi dire, de leur habitude langagire. Tous les deux, explique-t-il, saccordent donner le nom de changement toute modification qui se produit dans le temps.64 La diffrence consiste donc dans lemploi quils font du nom de mouvement. Pour Platon, est mouvement toute extension, toute sortie (5jstasir) au sens large, partir de lÞtre.65 Or, le mouvement ainsi compris ne se produit pas seulement dans le monde sensible, lors dune altration ou dun mouvement local, par exemple, mais aussi – et de manire fondatrice – dans le monde intelligible : lIntellect luimÞme se constitue par un double « mouvement » (1) de procession partir de ltre et (2) de conversion ou action pistrophique vers ltre. Mais ce double mouvement nest pas un changement, en ce sens quil nimplique aucune 62 Phys., V 1, 225a 14 : B l³m "pk_r "pk/ (scil. c]mesir), B d³ t·r timºr. Ainsi que le fait remarquer P. Pellegrin (note ad locum), le franÅais ne peut pas rendre lambigut de « c_meshai/c]mesir », la fois venir lÞtre (gnration absolue) et devenir quelque chose (gnration dtermine). 63 In Phys., 821.12 – 21 : Ovty l³m owm b )qistot´kgr tμm j¸mgs¸m tima letabokμm
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modification temporelle. En revanche, Aristote a rserv le nom de mouvement aux activits changeantes et transitives dans lespace et dans le temps, qui sont propres aux ralits naturelles. Ce faisant, il a employ propos des « 1m]qceiai » intellectives, appeles « mouvements » par Platon, le nom d« oqs_a ». La raison de sa divergence smantique par rapport son ma tre est chercher dans son habitude langagire66 : Aristote, en effet, philosophe de manire plus adapte la multitude des hommes, en se protgeant ainsi contre les contresens qui risquent de se produire. Cest pourquoi il sest gard dappeler lactivit de lintellect, qui est inchangeable ou, comme le dit lui-mÞme de manire encore plus vnrable, qui est « essence », mouvement. Car celui qui entend « mouvement » comprend demble « changement », et il croit quil sagit de quelque chose qui se meut passivement, en ramenant demble dans son esprit, avec le mouvement, le temps.
La discorde entre les deux philosophes se prsente comme « superficielle », limite au niveau des noms employs. Nous avons vu que, dans la digression tablissant lharmonie des diffrentes doctrines au sujet des principes, Simplicius prcise que tant Platon quAristote, en formulant leurs critiques envers leurs prdcesseurs, prenaient bien soin de leurs auditeurs peu forms en philosophie.67 Si donc le discours critique, chez tous les deux philosophes, joue un r le providentiel lgard des mes encore ignorantes, chez Aristote ce r le est de surplus assign au langage philosophique. Il sagit dun choix dlibr du Stagirite, suite une rflexion pdagogique conÅue en faveur des « pokko¸ ».68 Appliquer le nom de mouvement pour dsigner au bout du compte, comme le fait Platon, quelque chose dimmobile, cest bien une doctrine inconcevable pour la multitude des gens. Le discours aristotlicien se voit ainsi revÞtir une prcision supplmentaire,69 qui explique sa divergence par rapport au discours platonicien. Une analyse identique du langage autour du mouvement se retrouve dans la troisime digression (In Phys., 1247.27 – 1250.31), qui claire la notion dautomoteur (aqtoj_mgtom) chez lun et lautre philosophe. La digression suit 66 In Phys., 821.27 – 32 : j d´ ce )qistot´kgr sulletqºteqa vikosov_m to?r pokko?r !mhq¾poir ja· t±r paqajo±r aqt_m vukattºlemor gqkab¶hg tμm toO moO 1m´qceiam !let²bkgtom owsam, C ¢r aqt¹r 5ti selmºteqom eWpem, oqs¸am owsam tμm 1m´qceiam toO moO j¸mgsim eQpe ?m. b c±q !jo¼ym j¸mgsim eqh»r letabokμm 1mmoe ? ja· pahgt¹m t¹ jimo¼lemom rpopte¼ei ja· wqºmom eqh»r t0 jim¶sei sumamav´qei. 67 Voir supra, p. 100. 68 Comme il est prcis depuis la digression liminaire (cf. In Phys., 8.13 – 14), Aristote sapplique souvent faire des opinions familires tous les gens le point de dpart de ses analyses. 69 Le successeur est cens confrer plus de prcision au discours du prdcesseur (cf. In Phys., 37.3 – 4 : pot³ d³ t¹ !sav_r eQqgl´mom savgm¸fomter).
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Chapitre 5. Analyse des digressions
lexgse de Phys., VIII 5, 257a 33 – 258b 10, o Aristote, sacheminant vers le premier moteur immobile, examine dabord ce qui se meut soi-mÞme70 : Il est ncessaire que ce qui se meut soi-mÞme possde un moteur qui soit immobile et un m dont il nest pas ncessaire quil meuve quelque chose.
Avant le premier moteur, limmobilit est donc dj atteste dans lune des parties de lautomoteur. Lanalyse aristotlicienne ne comporte de manire nette aucune allusion contraire ou critique lgard des thses platoniciennes. Pourtant, lu par un platonicien, tout propos relatif lautomotricit entra ne aussit t une discussion sur le mouvement de l me. Dj en commentant Phys., III 1, 201 a 25 – 26, o Aristote dit que certains sont davis que tout moteur est lui-mÞme m, Simplicius prend la peine de rpondre brivement une remarque dAlexandre dAphrodise, qui considrait que la doctrine platonicienne du mouvement automoteur de l me tait concerne dans ce passage.71 Selon Platon l me est automotrice, alors que pour Aristote elle est motrice : elle meut le corps, tant elle-mÞme immobile. De ce point de vue, ce nest pas l me mais le vivant (t¹ f`om) qui est automoteur au sens propre. La question est plus amplement aborde dans la prsente digression qui, une fois de plus, vise rsoudre la discorde par le moyen dun raisonnement smantique72 : La diffrence sest produite assurment dans la mesure o Platon appelle toute sorte de changement, quil soit actif ou passif, « mouvement ». […] En revanche, Aristote exige que seuls les changements naturels soient dits mouvements, et il considre que l me ne se meut pas mais quelle sactive.
La divergence est due en effet la mthode et la prcision langagire du Stagirite73 : Par consquent, la diffrence des philosophes sur ce point ne porte pas sur la chose mais sur le nom, comme cest le cas de la plupart de leurs diffrences. La raison en est souvent, je crois, le fait quAristote veuille conserver lusage habituel des noms et quil constitue son argumentation partir des choses videntes la sensation, 70 Phys., VIII 5, 258a 18 – 20 : !m²cjg %qa t¹ aqt¹ 2aut¹ jimoOm 5weim t¹ jimoOm !j¸mgtom d´, ja· t¹ jimo¼lemom lgd³m d³ jimoOm 1n !m²cjgr. 71 Cf. In Phys., 421.3 – 422.9. 72 In Phys., 1248.21 – 31 : J to¸mum diavoq± c´come, paqû fsom b l³m Pk²tym p÷sam tμm bpoiamoOm letabok¶m, t¶m te 1meqcgtijμm ja· tμm pahgtij¶m, j¸mgsim blokoce ?. […] b l´mtoi )qistot´kgr lºmar t±r vusij±r letabok±r jim¶seir !ni_m jake ?m, tμm xuwμm 1meqce ?m, !kkû oqw· jime ?shai mol¸fei. 73 In Phys., 1249.12 – 17 : ®ste oq peq· pq÷cla mOm, !kk± peq· emola to ?r vikosºvoir 1st·m B diavoq², ¦speq ja· 1m to ?r pke¸osi t_m %kkym. aUtiom d³ oWlai
5.1 Les digressions « concordistes » de Simplicius
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alors que Platon mprise plusieurs fois les noms et recourt sans peine aux thories intelligibles.
Ds la digression liminaire, Simplicius attirait lattention sur le fait que le point de dpart des analyses dAristote est souvent fourni par lvidence, langagire aussi bien que sensitive.74 Aristote appara t ainsi avoir employ le nom de mouvement selon son usage habituel, savoir pour dsigner les changements qui se manifestent dans les ralits naturelles. Or, si une telle ralit se meut, cest parce que son me meut son corps. Un tel mouvement – passif et, de ce fait, corporel –, l me ne peut assurment ladmettre, et de ce point de vue elle est immobile. Si, en revanche, on sapplique voir les choses selon la « thorie intelligible » de Platon, on comprendra en quel sens l me est automotrice : toutes les raisons qui sont contenues en elle ne sont pas actives de manire intgrale, mais les unes sactivent le moment venu par les autres. Lorsque, par exemple, l me ne conna t pas quelque chose, elle lapprend delle-mÞme, et lorsquelle cherche quelque chose, elle le dcouvre par elle-mÞme. Or, ce faisant, elle se « meut » elle-mÞme.75 Ceci dit, l me, tout comme une ralit simplement naturelle, possde len puissance quelle amne delle-mÞme lactualisation. De l surgit un paradoxe, vu quAristote propose une telle dfinition du mouvement en Phys., III 1, 201a 10 – 11. Comment donc peut-il affirmer que l me est immobile ? Certes, Aristote ne peut pas Þtre en contradiction avec lui-mÞme76 : Peut-Þtre donc que cette dfinition, qui dit que le mouvement est lentlchie du potentiel en tant quil est potentiel (Phys., III 1, 201a 10 – 11), est la dfinition commune de tout changement, psychique aussi bien que naturel, et, en gnral, du changement qui savance de len puissance vers len acte. La dfinition propre du mouvement en tant que mouvement est la suivante : lentlchie du mobile en tant quil est mobile (Phys., III 1, 201a 27 – 29).
Les diffrents moments de la dfinition aristotlicienne du mouvement (passant du « dumat|m », qui se rapporte la fois l me et au corps, au « jimgtºm », qui se rapporte uniquement au corps), sont comprendre, videmment contresens, la lumire de la doctrine platonicienne de lautomotricit de l me. Une fois de plus, il sest agi de dployer la doctrine du devancier en lui confrant une prcision qui tient compte des diffrents plans de la ralit.
74 Cf. In Phys., 8.13 – 14. 75 Cf. In Phys., 1249.17 – 35. 76 In Phys., 1250.22 – 26 : L¶pote owm oxtor l³m b bqisl¹r b k´cym 1mtek´weiam toO dumatoO Ø dumat¹m joim¹r p²sgr 1st· letabok/r ja· xuwij/r ja· sylatij/r ja· fkyr t/r !p¹ toO dum²lei eQr t¹ 1meqce¸ô pqopodifo¼sgr. b d³ t/r jim¶seyr ¢r jim¶seyr Qd¸yr bqislºr 1stim· 1mtek´weia toO jimgtoO Ø jimgtºm.
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Chapitre 5. Analyse des digressions
5.1.6 Corollaire : la physique thologique de Platon et dAristote et la constitution de lunivers (In Phys., 1359.5 – 1360.23) Le prsent dveloppement de Simplicius nest pas proprement parler une digression ; il est un pilogue couronnant la fin de lexgse du livre VIII de la Physique,77 dans lequel trouve lieu la dmonstration de lexistence ncessaire dun premier moteur immobile, immatriel et ternel, cause motrice et finale de toutes choses. Il convient pourtant dexaminer cet pilogue en finissant notre prsentation des digressions concordistes de Simplicius, puisque, dune part, il cl t lhistoire de la philosophie propose dans la digression liminaire, et que, dautre part, il rsume la dmarche concordiste de Simplicius vis--vis des « physiques » divergentes de Platon et dAristote. Dans la digression liminaire, Simplicius louait Aristote pour avoir achev les recherches naturelles et pour avoir confr la physique la dtermination dobjet qui lui manquait. En cela, dit-il, « Aristote se diffrencia la fois de Platon et de tous les philosophes ».78 Mais ceci ne veut pas dire quil se diffrencia en sopposant la physique thologique de Platon. Car il est arriv affirmer, en concluant son trait, que lunivers a une cause surnaturelle, savoir le premier moteur immobile. Voici donc la physique aristotlicienne accroche la thologie platonicienne79 : Ainsi le vraiment divin Aristote haussa lenseignement sur les principes naturels jusqu la thologie transcendante et montra que la constitution naturelle et corporelle tout entire est accroche la bont intellective surnaturelle, qui est incorporelle et nentretient aucun rapport
La Physique accomplit ainsi son r le de voie ascendante vers la thologie et vers le Dmiurge (en cela prcisment consiste, rappelons-le, sa plus grande « utilit »), la manire dont laccomplissait – des poques moins viles et dans un niveau ultrieur du cursus noplatonicien – le Time. Mais les deux philosophes, prcise Simplicius, ont suivi une mthode quelque peu diffrente. Platon a t amen la dcouverte du dieu intellectif, dmiurge de lunivers, en considrant lessence mÞme du corps cosmique, lequel est vou au devenir : ntant pas capable de se constituer de lui-mÞme, il lui a fallu une cause qui 77 Il est suivi dun excursus exgtique (1360.24 – 1363.24) donnant une rponse Alexandre dAphrodise, qui voyait dans le premier moteur aristotlicien la cause finale seulement et non pas la cause productrice de lunivers, ainsi que de la synopsis traditionnelle (1363.25 – 1366.22). 78 Cf. In Phys., 7.27 – 34. 79 In Phys., 1359.5 – 8 : Ovtyr b dailºmior emtyr )qistot´kgr tμm peq· t_m vusij_m !qw_m didasjak¸am eQr tμm rpeqvu÷ heokoc¸am !pejoq¼vyse ja· tμm fkgm vusijμm ja· sylatijμm s¼stasim 1ngqtgl´mgm 5deine t/r rp³q v¼sim !syl²tou ja· !sw´tou moeq÷r !cahºtgtor t` Pk²tymi j !mtaOha sumajokouh_m.
5.1 Les digressions « concordistes » de Simplicius
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pouvait assurer sa subsistence, savoir ltre rel.80 Aristote sest concentr, pour sa part, sur lun des aspects du corps, savoir le mouvement, quil sest mis prcisment tudier « comme si lunivers nexistait pas ».81 Il a pu dmontrer par la suite que, pour que ce mouvement existe, il doit ncessairement Þtre attach une cause motrice qui est elle-mÞme immobile.82 Mais sur le fond, tant Platon quAristote adoptrent la mÞme dmarche : ils se sont tous les levs, pour ainsi dire, de ce qui change ce qui ne change pas.83 Il nen reste pourtant pas moins que Platon a employ le nom de « c]mesir » pour parler de la constitution dun univers affirm ternel par Aristote. Les ignorants, savoir les chrtiens, ont beau affirmer le contraire,84 Platon a employ ce nom non pas pour dire que lunivers cosmique a un commencement temporel mais pour faire entendre quil est d une cause85 : Platon pose que toute la constitution corporelle, puisquelle est tendue quant son essence et quelle se temporalise selon lextension de lÞtre et quelle change, est engendre ; elle a donc son Þtre dans le devenir. Cest pourquoi elle est accroche une cause, ntant pas capable de subsister delle-mÞme : « il est pour toute chose impossible », dit-il, « quelle vienne lÞtre sans une cause ».
Lou plusieurs reprises pour le caractre « providentiel » de son langage, Aristote se voit au contraire « avoir pralablement cart les interprtations faciles des auditeurs superficiels ». Cest pourquoi il a renonc employer le nom de « c]mesir » pour dire en effet la mÞme chose que Platon86 : 80 81 82 83
Cf. In Phys., 1359.8 – 23. Cf. In Phys., 7.33 Cf. In Phys., 1359.23 – 30. Cf. In Phys., 1360.17 – 18 : B l³m owm !qwμ t/r !pode¸neyr ovtyr !lvot´qoir B aqtμ !p¹ toO letabakkol´mou 1p· t¹ !let²bkgtom !m²cousa. 84 Philopon, par exemple, voquait plusieurs reprises le Time dans ses crits polmiques afin de soutenir la cration de lunivers. Par le moyen dune longue digression dans le Commentaire sur le De caelo (92.33 – 107.24), Simplicius stait dj appliqu clairer le sens de « cemgt|m » chez Platon et montrer son accord avec Aristote. 85 In Phys., 1359.14 – 18 : tμm sylatijμm s¼stasim p÷sam ûte diest_sam t0 oqs¸ô ja· jat± tμm toO eWmai paq²tasim wqomifol´mgm ja· letabakkol´mgm cemgtμm eWmai t¸hetai (scil. b Pk\tym) ja· 1m t` c¸meshai t¹ eWmai 5weim ja· di± toOto !p¹ aQt¸ar 1ngqtgl´mgm ¢r aqhupºstatom eWmai lμ dumal´mgm. «pamt· c±q !d¼matom, vgs¸, wyq·r toO aQt¸ou c´mesim swe ?m.» 86 In Phys., 1359.38 – 1360.13 : Doje ? d´ loi b haulast¹r oxtor !mμq t¹ emola t/r cem´seyr paqait¶sashai sav_r 1p· t_m !id¸ym k´ceim di± t¹ Nôd¸yr tμm vamtas¸am !qwμm wqomijμm rpob²kkeim to ?r c¸meshai kecol´moir. fpeq ja· pokko· pepºmhasim oq dum²lemoi to?r !id¸oir dgliouqc¶lasi ta ?r 1mmo¸air sulpaqate¸meshai, !kk± t` !pû aQt¸ar rvistal´m\ ja· c¸meshai kecol´m\ wqomijμm !qwμm pqostih´mter ja· Nøom dojoOmter lamh²meim, eU tir !qwμm ja· l´sa ja· t´kor wqomij_r rpoho ?to t/r dgliouqc¸ar. ja· dμ ja· oR pke ?stoi t_m sov_m eQr t¹ eqlah³r t_m !jouºmtym !pobk´xamter ovtyr joslopoioOsi, pq_ta ja· de¼teqa ja· tq¸ta paqacem´shai k´comter. ja· succm¾lgm Usyr mol¸fousim 5weim, eQ ja· oR heokºcoi lμ paqaitoOmtai t±r t_m he_m cem´seir ovtyr 1jva¸meim di± tμm t_m !jouºmtym
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Chapitre 5. Analyse des digressions
Il me semble que cet homme admirable a renonc appliquer nettement le nom dengendrement propos des ralits perptuelles, parce que notre imagination suppose facilement un commencement temporel pour les ralits dont nous disons quelles sont engendres. Cest ce qui est arriv prcisment plusieurs, qui taient incapables de stendre, par le moyen de leurs conceptions, le long des crations perptuelles : ils ont ajout un commencement temporel ce qui subsiste du fait dune cause et qui est dit <pour cette raison> engendr, et ils ont cru quils pourraient apprendre plus facilement, si quelquun supposait <pour eux> un commencement, des milieux et une fin de la cration sous un mode temporel. Et en effet, cest en pensant la comprhension facile de leurs auditeurs que la plupart des sages ont livr des cosmopes, en disant que des choses premires, secondes et troisimes ont t engendres les unes aprs les autres. Peut-Þtre ont-ils cru quils seraient excuss, puisque les thologiens eux-mÞmes ne renoncent pas faire appara tre les engendrements des dieux de cette manire, au profit de la comprhension facile des auditeurs. Aristote pourtant, en voyant, para t-il, que certains faisaient dj de faux sens sur ce qui tait dit et quils simaginaient un commencement temporel, na pas accept de livrer une cosmope et a renonc employer de manire vidente le nom dengendr propos des ralits perptuelles. Il a alors employ le nom de mouvement, qui signifie la mÞme chose mais qui nimplique pas ncessairement un commencement temporel.
Ds la digression liminaire, Simplicius tenait exalter la prcision du langage philosophique du Stagirite. La mÞme prcision lui permet la fin de son exgse de rejoindre Platon et Aristote dans une dmarche minemment thologique qui veut magnifier lternit de lunivers, lencontre de toute prtention des auteurs chrtiens. Gr ce une lecture « profonde » des discours des philosophes, qui met prcisment en valeur leur caractre complmentaire, Simplicius en vient affirmer lignorance qui cerne la lecture « superficielle » des chrtiens. Mais une telle lecture est impute par Philopon un auteur paen.
5.2 Une digression « polmique » de Philopon propos de lternit du temps (In Phys., 456.17 – 459.1) Contrairement Simplicius, qui sadonne plusieurs reprises des dmarches concordistes, Philopon ne manifeste point un souci pareil.87 Outre ses Corollaires sur le lieu et le vide qui contredisent ouvertement Aristote, la seule autre partie de son Commentaire qui puisse Þtre qualifie de digression prsente, elle aussi, un caractre polmique. eql²heiam. b d³ )qistot´kgr aQshºlemor ¢r 5oijem Edg paqamoo¼mtym !e· t± kecºlema, ja· wqomijμm !qwμm sumepimoo¼mtym, oute joslopoie?m Am´sweto ja· cemgt¹m 1p· t_m !id¸ym pqovam_r k´ceim paq,t¶sato, !kk± ja· t` t/r jim¶seyr amºlati taqt¹m l³m dgkoOmti, lμ !paitoOmti d³ wqomijμm !qw¶m, sumewq¶sato. 87 On voit cela de faÅon caractristique en In Phys., 225.4 – 226.11 (commentaire sur Phys., II 2, 193b 35 : kamh²mousi d³ toOto poioOmter ja· oR t±r Qd´ar k´comter), o Philopon souscrit de plein cœur la critique aristotlicienne.
5.2 Une digression « polmique » de Philopon propos de lternit du temps 125
La digression intervient dans la th ria de Phys., III 5 – 6, 205b 24 – 206a 25, et trouve prcisment son point de dpart dans le dbut du chapitre 6, o Aristote prcise que « sil nexiste pas dinfini au sens absolu, il en rsulte nombre dimpossibilits ».88 Lune de ces impossibilits est que le temps aura un commencement et une fin. Philopon commente ce propos, dans un premier temps, de la manire suivante89 : Ayant montr lappui de tous ces arguments quil est impossible quil y ait un corps infini en acte, il (scil. Aristote) entreprend dans la suite une argumentation inverse. Si en effet, dit-il, linfini nexiste absolument pas, il en rsultera nombre dimpossibilits, ainsi quil la dj dit. Le temps, dit-il, ne sera pas infini, mais il y aura un commencement et une fin du temps, ce qui est impossible. En effet, dire que le temps a commenc une fois de se produire nest rien dautre que de dire que le temps tait lorsque le temps ntait pas. Car tout ce qui se produit se produit dans le temps, et le une fois est prdiqu du temps. De la sorte se montre galement que le mouvement est ternel, dont le temps est un concomitant.
En se proposant la digression, Philopon se donne comme but de rfuter la ncessit dmonstrative de la position dAristote. Toutefois, largument reproduit (« dire que le temps a commenc une fois de se produire nest rien dautre que de dire que le temps tait lorsque le temps ntait pas… ») na pas t formul par le Stagirite. On le retrouve en effet tel quel dans la Paraphrase de Thmistius.90 La digression consiste pour lessentiel en une analyse grammaticale et smantique de la phrase en question (456.17 – 458.16),91 laquelle est annexe (458.17 – 30) une rfutation de la deuxime branche de largument (« car tout ce qui se produit se produit dans le temps »). Philopon entame sa rfutation par un renversement dialectique92 : 88 Phys., III 6, 206a 9 – 10 (Trad. P. Pellegrin). 89 In Phys., 456.1 – 8 : Ja· di± p²mtym to¼tym de¸nar fti !d¼matom s_l² ti 1meqce¸ô %peiqom eWmai, 1ven/r eQr t¹ 1mamt¸om 1piweiqe ?. eQ c²q, vgs¸, lgdal0 lgdal_r eUg t¹ %peiqom, luq¸a !d¼mata 6xetai, ¦speq ja· pqºteqom eWpem. oute c±q b wqºmor, vgs¸m, !¸dior 5stai, !kkû 5stai tir aqtoO !qwμ ja· tekeut¶, pq÷cla !d¼matom· t¹ c±q k´ceim ¢r Eqnatº pote cem´shai b wqºmor, oqd³m %kko k´ceim 1st¸m, C fti wqºmor Gm fte wqºmor oqj Gm· p÷m c±q t¹ cimºlemom 1m wqºm\ c¸metai, ja· t¹ «pot´» wqºmou jatgcoqe?tai, de¸jmutai d³ ja· j¸mgsir owsa !¸dior, Ø paqajoko¼hgla b wqºmor. 90 Cf. Thmistius, In Phys., 91.10 – 16 : fti d³ ja· "pk_r !maiqoOsi t¹ %peiqom pokk± !d¼mata sulba¸mei, eUqgtai l³m ja· pqºteqom Edg, kec´shy d³ ja· mOm. toO te c±q wqºmou 5stai tir !qwμ ja· tekeut¶, pq÷cla t_m p²mtym !lgwam¾tatom· t¹ c±q k´ceim, ¢r Eqnatº pote c¸meshai wqºmor, oqd³m %kko 1st·m C fti wqºmor Gm, fte wqºmor oqj Gm. p÷m c±q t¹ cimºlemom 1m wqºm\ c¸metai, ja· t¹ «pot´» wqºmou jatgcoqe?tai, de¸jmutai d³ ja· B j¸mgsir owsa !¸dior, Hr paqajoko¼hgla b wqºmor. 91 On reconna tra en effet derrire ce dveloppement Jean le « Grammairien ». 92 In Phys., 456.17 – 23 : EQ t` k´ceim fti Gm pote fte oqj Gm wqºmor %topºm ti !jokouhe ?, t¹ eWmai wqºmom fte oqj Gm wqºmor, ja· di± toOto xeudμr B !pºvasir avtg, diºti ja· t¹ «Gm» ja· t¹ «pot´» wqomij± pqosq¶lata, $ k´colem rp²qweim pq¹ toO wqºmou, !m²cjg d¶pou
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Chapitre 5. Analyse des digressions
Si le fait de dire quil tait une fois o le temps ntait pas est suivi dune absurdit, savoir que le temps tait lorsque le temps ntait pas – voil pourquoi cette ngation est fausse : parce quaussi bien le tait que le une fois sont des types temporels dont nous affirmons quils existent avant le temps –, il est certes ncessaire que laffirmation soit vraie et quaucune absurdit ne ressorte delle (je parle de celle qui affirme quil tait une fois o le temps tait), car propos de toute chose soit laffirmation soit la ngation est vraie.
Or, prcise Philopon, affirmer quil tait une fois o le temps tait, cest aussi affirmer que le temps tait lorsque le temps tait (Gm wqºmor fte Gm wqºmor), ce qui implique de manire absurde lexistence de deux temps diffrents. Et il conclut sur un ton moqueur et ddaigneux93 : Pour ce qui est donc de ces syllogismes vnrables, la contradiction est fausse, puisque aussi bien de la ngation que de laffirmation ressort une absurdit.
Il sadresse par la suite Aristote de la manire suivante94 : La cause de ton aberration, je crois, est le fait que tu ne te sois pas aperÅu quil est impossible de prdiquer quelque chose de quelque chose sans lui donner une connotation temporelle […], ni mÞme propos des ralits divines. Comment nest-il pas ridicule de considrer que le tait et le est sont toujours prdiqus avec une valeur temporelle et non pas avec une valeur existentielle aussi, comme quand je dis : « Socrate tait », « le Lyce tait », mÞme si le temps appara t galement dans ces phrases ? Nous disons certes : « Dieu est », et de lui nous ne prdiquons certes pas de temps.
En faisant valoir la valeur existentielle de « eWmai », Philopon rsout labsurdit voque propos du commencement du temps. Outre lexistence dans le temps, il y a lexistence hors temps (cest bien une thse admise aussi par Aristote). Or, les deux existences ne se recouvrent pas forcment. Cest ce qui est prcisment entendu dans la phrase « Gm fte oqj Gm wqºmor », dans laquelle les deux « Gm » sont comprendre avec une valeur existentielle. On pourrait, par ailleurs, viter la difficult par un simple dtour95 : tμm jat²vasim ta¼tgm !kgh/ rp²qweim, ja· lgd³m aqt0 6peshai %topom, k´cy dμ tμm k´cousam fti Gm pote fte [oqj] Gm wqºmor· 1p· pamt¹r c±q C B jat²vasir C B !pºvasir !kgh¶r. 93 In Phys., 457.18 – 20 : nsom owm 1p· to ?r selmo ?r to¼toir sukkocislo ?r, xeudμr 5stai B !mt¸vasir, 1peidμ ja· t0 !pov²sei ja· t0 jatav²sei %topºm ti Ajoko¼hgsem. 94 In Phys., 457.20 – 27 : AUtiom d´ soi t/r pk²mgr c´come t¹ lμ sumide?m, fti !d¼matºm 1sti jatgcoq/sa¸ t¸ timor 1jt¹r wqomij/r timor 1lv²seyr […], !kkû oqd³ 1p· aqt_m t_m he¸ym. p_r d³ ja· oq jatac´kastom t¹ mol¸feim fti t¹ «Gm» ja· tº «5sti» p²mtyr 1p· wqºmou jatgcoqe ?tai, oqw· d³ ja· 1p· rp²qneyr, ¢r ftam k´cy fti «Gm Syjq²tgr», «Gm t¹ K¼jeiom», eQ ja· sumelva¸meta¸ pyr ja· b wqºmor. k´colem d¶pou ja· he¹m eWmai, ja· oq d¶pou wqºmom aqtoO jatgcoqoOlem. 95 In Phys., 458.13 – 16 : Dumat¹m d³ ja· t±r jatacek²stour ta¼tar jajopqaclos¼mar 1jve¼ceim k´comtar «oqj Gm !e· wqºmor». dumat¹m l³m owm Gm 1p· pke ?om t¹ !mºgtom t_m toio¼tym kºcym 1k´cnai, !kkû ¢r 1m paqejb²sei Rjam± ja· taOta.
5.3 Les digressions « scientifiques » des deux commentateurs
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Il nous est dailleurs possible de nous pargner ces inepties ridicules en disant simplement : « le temps ntait pas toujours ». Nous pourrions contr ler davantage la bÞtise de ces arguments, mais en guise de digression ce que nous venons de dire est suffisant.
La Paraphrase de Thmistius donne Philopon loccasion de toucher aux thses aristotliciennes qui ne sont pas conformes sa pense chrtienne (comme lternit du temps), et sur lesquelles il reviendra amplement plus tard, dans ses crits contre Proclus et contre Aristote.96 On comprend alors mieux pour quelle raison il passe sous silence le nom de Thmistius : son attaque veut dlibrment se diriger non pas contre le Paraphraste mais contre le Philosophe luimÞme. La brve digression que Philopon met en place pour rfuter la ncessit admise de lternit du temps permet de saisir la diffrence non seulement de sa pense mais aussi de son style et de sa mthode, vis--vis de Simplicius. Nous allons en effet retrouver ce ton mprisant et cette sret de soi dans ses deux Corollaires sur le lieu et le vide.
5.3 Les digressions « scientifiques » des deux commentateurs Les dmarches concordistes et polmiques mises part, Simplicius et Philopon se rejoignent dans ce que nous avons appel leur dmarche « scientifique », consigne dans un bon nombre de digressions. Par de telles digressions, Simplicius tente dclaircir davantage les conceptions de la matire, de la nature, du lieu et du temps, et Philopon celles du lieu et du vide. Mais l encore, les deux exgtes divergent. Les Corollaires que tous les deux consacrent ltude du lieu (dont les Corollaires sur le temps et le vide ne sont chacun que la suite) nous permettront de saisir assez facilement lcart intellectuel qui les spare. CommenÅons pourtant par la premire digression « scientifique » du Commentaire de Simplicius. Nous verrons aussit t quelle nest pas sans rapport avec Philopon. 5.3.1 Simplicius, Sur la matire (In Phys., 227.23 – 233.3) La conception que Simplicius se fait de la matire nest pas sans une nouveaut philosophique, ce qui a dj attir lattention des savants.97 lappui de considrations pythagoriciennes et platoniciennes, Simplicius conÅoit la matire 96 De mÞme en In Phys., 54.8 – 55.26 et 191.9 – 192.2, Philopon met en cause la thse paenne qui affirme lternit de la matire. 97 Voir N. Tsouyopoulos, « Die Entstehung physikalischer Terminologie aus der neuplatonischen Metaphysik », Archiv fr Begriffsgeschichte 13 (1969), p. 7 – 33, en particulier
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Chapitre 5. Analyse des digressions
comme une distanciation ou quantit indtermine (!ºqistor di²stasir, !ºqistom posºm), ncessaire lapparition des formes sensibles, qui permet prcisment de rendre compte de leur statut ontologique particulier. Ses rflexions sont consignes dans la digression quil consacre la matire aprs avoir examin lessentiel des propos relatifs dAristote.98 5.3.1.1 La raison dÞtre de la digression La digression intervient dans lexgse de Phys., I 7, 191a 7 – 18 (inc. « La nature qui est sous-jacente [cest--dire la matire] est connaissable par analogie ») : elle suit lexplication du sens du passage (In Phys., 225.22 – 227.22) et prcde celle de la lexis (In Phys., 233.3 – 10). Toute cette partie du Commentaire se trouve donc dispose selon un schma ternaire : « Thorie + Digression + Lexis », ce qui nest pas sans importance pour la comprhension de la digression. Il permet en effet de rendre compte de son caractre relativement autonome, conditionn par une certaine finalit que Simplicius lui-mÞme rend claire la fin de la digression99 : Mais je me suis rsolu prolonger tout cela cause de la conception dominante au sujet de la matire qui ne mest pas chre.
Dans lintroduction de la digression, Simplicius prcise que la « conception dominante au sujet de la matire » est celle professe par les Stociens et aussi, en des temps plus rcents, par Pricls de Lydie, qui fut lve de Proclus. Ces
p. 10 – 20, qui examine la doctrine de la matire chez Simplicius, notamment comme antcdent de la quantitas materiae pr ne au Moyen ffge par Gilles de Rome. R. Sorabji, Matter, Space and Motion, London/Ithaca N.Y., 1983, p. 3 – 43, a aussi consacr une tude pntrante la doctrine de la matire chez Simplicius, qui gravite pourtant autour de la conception aristotlicienne de la matire et mconna t de la sorte le caractre proprement noplatonicien de la doctrine. 98 Une analyse dune partie de la digression sur la matire est donne par H. D. Saffrey et L. G. Westerink, Proclus. Thologie platonicienne, t. II, p. XXVI-XXXV, en raison notamment de la notice sur Modratus de Gads (voir infra). F. A. J. de Haas, John Philoponus New Definition of Prime Matter. Aspects of its Background in Neoplatonism and the Ancient Commentary Tradition, Leiden/New York/Kçln, 1997, p. 102 – 131, fournit galement une analyse pointue de lIn Phys. 225.22 – 233.3. Son interprtation part pourtant de lide, notre avis errone, que la doctrine de la matire chez Simplicius prsente une similitude conceptuelle avec celle que dveloppe Philopon dans le contra Proclum. Comme nous verrons, ce point de dpart, que de Haas emprunte en effet Sorabji (Matter, Space and Motion, p. 25 – 26), ne permet pas de voir que la digression de Simplicius est mÞme conÅue, du moins partiellement, loppos de la doctrine de Philopon. 99 In Phys., 233.2 – 3 : )kk± taOta l³m di± tμm jqatoOsam peq· t/r vkgr 5mmoiam oqj !qestμm 1lo· 1p· pk´om lgjOmai pqo¶whgm.
5.3 Les digressions « scientifiques » des deux commentateurs
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philosophes, dit-il, considraient que la matire toute premire est le corps sans qualit100 : Mais puisque certains, qui ne sont pas des ignorants en matire de philosophie, affirment que la matire toute premire est, aussi bien selon Platon que selon Aristote, le corps sans qualit, comme le font, parmi les anciens, les Stociens et, parmi les nouveaux, Pricls de Lydie, il serait bon dexaminer de prs cette opinion.
En se proposant de fournir des prcisions supplmentaires sur le statut ontologique de la matire, Simplicius ne vise pas clairer davantage la pense dAristote ou rendre ses paroles plus claires. Aristote, en effet, na pas dit ce quest la matire, il a seulement dit comment on peut la conna tre, savoir par analogie. Si Simplicius se met crire davantage, cest prcisment parce quil veut rejeter la doctrine dominante – et aussi courante (on soulignera le prsent auquel est form le participe « jqatoOsa ») – au sujet de la matire. Or, une telle entreprise implique que, une fois la doctrine courante rfute, il faudra la remplacer par une autre qui soit la vraie. De la pure exgse de textes faisant autorit, Simplicius passe la vive discussion philosophique qui lui permet dexprimer une opinion personnelle. Ceci mis en vidence, la question que se pose Simplicius dans la digression nest pas « comment conna t-on la matire, et corrlativement quest-ce que la matire ? », comme Saffrey et Westerink lont pens, mais « la matire est-elle le corps sans qualit, comme on laffirme couramment, et si elle ne lest pas, quest-ce quelle est ? » La digression se donne donc comme but de rfuter au dpart la thse selon laquelle la matire est le corps sans qualit, que Simplicius attribue prcisment aux Stociens et Pricls de Lydie. Mais sont-ils bien les seuls philosophes laffirmer ? Quune thse stocienne soit dominante lpoque de Simplicius, cela para t du moins bizarre. Puis, Pricls de Lydie est un philosophe peu connu, dont lœuvre ne semble pas avoir eu une postrit remarquable.101 De lautre c t, on aura remarqu que dans lintroduction de la digression Simplicius ne qualifie pas la doctrine stocienne de la matire, admise plus tard par Pricls, de « dominante ». Au premier abord, il semble la prendre en considration, parce quelle est historiquement importante, dans la mesure o elle a t soutenue par des philosophes « qui ne sont pas des ignorants en matire de philosophie ». Ce nest quen concluant son propos quil avoue avoir rfut l« opinion dominante », dune manire qui fait penser ses contempo100 In Phys., 227.23 – 26 : )kkû 1peid¶ timer ja· oqd³ oR tuwºmter 1m vikosov¸ô t¹ %poiom s_la tμm pqyt¸stgm vkgm eWma¸ vasi ja· jat± )qistot´kgm ja· jat± Pk²tyma, ¦speq t_m l³m pakai_m oR Styijo¸, t_m d³ m´ym Peqijk/r b Kudºr, jak_r #m 5woi ta¼tgm 1pisj´xashai tμm dºnam. 101 En effet, sa seule apparition dans le discours philosophique est celle que nous fait conna tre ici Simplicius.
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Chapitre 5. Analyse des digressions
rains. Or, cest prcisment Philopon qui affirmait dans son crit contre Proclus que la matire premire est le corps sans qualit.102 Et pour renforcer son argument, il reprenait en effet des considrations stociennes.103 Simplicius dit clairement dans lIn De caelo quil na pas lu le contra Proclum et quil en a pris connaissance travers le contra Aristotelem. Il se rfre pourtant explicitement la thse « arrogante » de Philopon, qui nie lexistence de la matire sans forme pour la rduire une matire sans qualit104 :
102 Cf., titre indicatif, la description du troisime chapitre de la « rsolution du 11e argument de Proclus », consacr au statut de la matire ; De aet. mundi contra Proclum, 405.8 – 12 : nti, diû ¨m de¸jmutai kºcym, fti 5stim tir l¸a joimμ p²mtym vkg, diû aqt_m to¼tym !pode¸jmutai, fti oqj 5stim B hqukoul´mg !s¾lator ja· !me¸deor vkg, !kk± t¹ %poiom s_la toOtº 1stim t¹ 5swatom rpoje¸lemom ja· B pq¾tg vkg. « Que par les arguments laide desquels il est montr quil existe une matire commune toutes choses, par les mÞmes arguments il est dmontr que la soi-disant matire incorporelle et sans forme nexiste pas, mais cest le corps sans qualit qui est le dernier substrat et la matire premire ». Le dveloppement de la thse de Philopon a principalement lieu en 412.15 – 415.10. Sur la conception philoponienne de la matire, lire les remarques de C. Wildberg, John Philoponus criticism of Aristotles theory of aether, Berlin, 1988, p. 204 – 221. 103 Cf. De aet. mundi contra Proclum, 410.1 – 3 : t_m d³ !p¹ t/r Sto÷r oR pke ?stoi pq¹r t0 vk, t¹ tqiw0 diastat¹m eWmai rp´hemto. « La plupart des philosophes du Portique ont suppos quil faut attribuer le tridimensionnel la matire ». Le « tridimensionnel » (ou le ce-en-trois-dimensions) est le corps sans qualit. En rsumant la doctrine traditionnelle, autrement dit aristotlicienne, de la matire, Philopon distingue en effet entre trois niveaux : 1) la matire sans forme ; 2) la matire tridimensionnelle et sans qualit ; 3) les quatre lments. En suivant les Stociens, il considre que la matire du premier niveau na aucune raison dÞtre, si bien que cest le corps sans qualit, autrement dit le pur tridimensionnel, qui se voit accorder le statut de matire premire ; cf. De aet. Mundi contra Proclum, 413.24 – 414.5 : toO owm tqiw0 diastatoO, tout´stim toO !po¸ou s¾lator, Ø s_l² 1stim, lμ letab²kkomtor, !kkû C jah¹ pepo¸ytai C jat± l´cehor C slijqºtgta p²sgr syl²tym letabok/r cimol´mgr, t¸r 5ti ke¸petai !m²cjg, diû Hr %m tir sukkoc¸saito t¹ ja· t` tqiw0 diastat` 6teqºm ti rpoje ?shai !s¾latom ja· lμ aqt¹ eWmai t¹ pq_tom p²mtym rpoje¸lemom ja· tμm "pk_r vkgm, ¢r ja· to ?r Styijo ?r jak_r 5donem. « Si donc le tridimensionnel, cest--dire le corps sans qualit, en tant quil est corps, ne change pas, et que tout changement des corps se produit soit selon les qualits quil reÅoit soit selon la grandeur et la petitesse, quelle ncessit y a-t-il, au demeurant, pour infrer quune autre ralit, incorporelle, est sous-jacente au
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Puisque le Grammairien semble Þtre mal laise avec la matire incorporelle, il affirme avoir dmontr dans le onzime discours des rfutations adresses Proclus quil est impossible que cette matire, dont on simagine quelle est incorporelle et informe, existe, mais que les corps se rsolvent dernirement dans les trois dimensions. Je nai pas lu les vantardises de cet ouvrage, et ce nest pas avec plaisir que je lirais ce long bavardage de lui. Et je ne sais comment, alors que mon intention tait dclaircir le trait dAristote Sur le ciel, je suis maintenant tomb dans les curies dAugias. Mais je peux dire propos de cette arrogante ngation concernant la matire…
Dans la suite du commentaire (136.2 – 12), Simplicius dveloppe brivement contre la thse de Philopon lun des arguments qui figurent sous une forme plus tendue dans la digression sur la matire. Il appara t donc que cest la doctrine de Philopon que Simplicius sefforce de rfuter en dernire analyse, et cela pour cause : un corps sans substrat ouvre logiquement la voie pour un corps cr. Cependant, Simplicius nattaque pas de front son adversaire. Outre le fait vraisemblable quil na pas lu louvrage de Philopon concern, la raison peut Þtre aussi que son adversaire sempare cette fois dune thse « hellnique », soutenue par les Stociens et aussi – ce qui est sans doute pire et un certain degr ironique – par un lve de Proclus, savoir Pricls de Lydie. 5.3.1.2 La structure et le contenu de la digression Voici une brve analyse de la structure et du contenu de la digression, ainsi que du commentaire proprement dit qui lentoure : A. 225.22 – 227.22 (th ria) : Explication du sens de la pricope aristotlicienne « La matire sous-jacente est connaissable par analogie ». Les mots « par analogie » doivent se lire en parallle avec les mots « par raisonnement b tard » de Platon, diffrents quant leur formulation mais identiques quant leur sens. B. 227.23 – 233.3 (digressio) : La matire est-elle le corps sans qualit, comme laffirment les Stociens et Pricls de Lydie ? 1. 227.26 – 228.17 : Dveloppement de la thse selon laquelle la matire est le corps sans qualit aussi bien selon Platon que selon Aristote. 2. 228.17 – 230.14 : Rfutation de la thse. i) partir des propos de Platon (228.17 – 28). ii) partir des propos dAristote (228.28 – 229.10). iii) Examen du problme en soi la manire de Plotin (229.11 – 230.14). 3. 230.15 – 33 : Rsolution dialectique du problme : le corps a deux significations : i) il est corps en tant quil est formellement dtermin par les trois dimensions ; ii) il est corps en tant quil se spare indfiniment de la nature toO )qistot´kour savgm¸sai pqoh´lemor eQr tμm Aqc´ou jºpqom 1lp´ptyja. k´cy d³ flyr ja· pq¹r tμm aqh²dg peq· t/r vkgr !pºvasim…
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Chapitre 5. Analyse des digressions
incorporelle et intelligible. La matire comme corps est comprendre selon la deuxime signification. 4. 230.34 – 231.24 : Justification historico-philosophique de la doctrine nonce : Platon et les Pythagoriciens. 5. 231.24 – 232.6 : Rcapitulation de la doctrine. 6. 232.7 – 30 : tablissement de laccord entre la doctrine nonce et les propos de Platon et dAristote. 7. 232.30 – 233.2 : Corollaire : mise en cause des thses selon lesquelles la matire est : i) la pire des Formes ; ii) le reflet de lUn tout premier. C. 233.3 – 10 (lexis) : Explication de lexpression dAristote. 5.3.1.3 La doctrine de Simplicius La disputatio in utramque partem par laquelle Simplicius aborde la digression (227.26 – 230.14) lui permet de dgager quelques attributs ncessaires de la matire. Ainsi que la montr Aristote en Phys., I 7 – 9 (et comme le laisse supposer Platon dans Time, 52d et 53a-b), la matire est le substrat commun toute chose, qui persiste dans tout changement et en particulier dans la transmutation mutuelle des qualits des quatre lments. Cest pourquoi certains ont pens que la matire est un corps : les qualits se manifestent dans un corps et, qui plus est, dans un corps dpourvu de toute qualit, qui se qualifie prcisment en les recevant. Il nen reste pourtant pas moins quun corps, mÞme sans qualit, est dj form en ce sens quil est quantifi par les trois dimensions (il possde donc la forme de la quantit). Si donc la matire premire est un corps, elle perd ncessairement sa simplicit passive au dtriment de lconomie de la cration (ou, mieux, de la « formation »), puisque le Dmiurge se voit du coup contraint de travailler avec quelque chose qui est dj form et, par consquent, difficilement maniable. Pourtant, la matire est cense Þtre apte recevoir toute forme, cest pourquoi il faut quelle soit radicalement informe : ni la figure ni la grandeur ni le nombre ne peuvent Þtre inhrents sa nature. La plupart des arguments de Simplicius contre la conception de la matire comme corps sans qualit sont en effet puiss chez Plotin.105 Mais la diffrence de Plotin qui se porte contre les Stociens, Simplicius ne se livre pas une polmique. Aprs avoir expos les arguments pro et les arguments contra, il poursuit de la manire suivante106 : 105 Cf. Ennades, II 4 (12), ch. 8 et 9. Ceci dit, il nest gure vident que Simplicius consulte directement louvrage de Plotin ; il est tout aussi possible quil puise ces arguments dans le trait Sur la matire de Porphyre. 106 In Phys., 230.15 – 33 : To¼tym owm ovtyr 2jat´qyhem t_m kºcym veqol´mym, fti l³m eWdor eWmai t¹ to?r eUdesim rpoje¸lemom oq wq¶, pqºdgkom. diºpeq eQ t¹ s_la eWdºr 1stim, oqj #m eUg s_la. fti d³ t¹ joim0 p÷si to ?r vusijo ?r ja· aQshgto?r rp²qwom ¢r toio¼toir toOto
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Les arguments tant donc dvelopps, de lun comme de lautre c t, de cette manire, il est vident que le substrat des formes ne doit pas Þtre lui-mÞme une forme. Cest pourquoi, si le corps est une forme, le substrat nest pas un corps. Dautre part, que la matire doive Þtre ce qui existe en commun dans toutes les ralits naturelles et sensibles en tant que telles, cela aussi, je crois, est trs vident. Or, ce qui leur est commun, cest le fait de stendre en volume et en distanciation. Cest pourquoi « la science de la nature », comme le dit Aristote, « traite des corps et des grandeurs, ainsi que de leurs affections ». Peut-Þtre donc faut-il poser que le corps se dit en deux sens : dune part, en tant quil subsiste comme forme et dfinition rationnelle et quil est dtermin par les trois dimensions, dautre part, en tant quil est rel chement, extension et indtermination hors de la nature incorporelle, indivisible et intelligible ; ce corps nest pas dtermin formellement par les trois dimensions, mais il est totalement rel ch et dissout, et il scoule compltement de lÞtre en direction du non-Þtre. Peut-Þtre faut-il poser que la matire est une distanciation telle que nous venons de la dcrire, et non la forme corporelle qui a dj mesur et dtermin lillimitation et lindtermination de cette distanciation, et qui a arrÞt sa fuite loin de lÞtre. Car il faut observer que cest ce en quoi diffrent les ralits matrielles des ralits immatrielles que doit Þtre la matire. Or, les ralits matrielles diffrent <des ralits immatrielles> par leur volume, leur distanciation, leur morcellement et les autres caractres de ce type, non pas ceux qui sont dtermins selon les mesures, mais ceux qui sont sans mesure, indtermins et qui sont virtuellement dtermins par les mesures formelles.
Simplicius sapplique en effet dpasser la confrontation des deux thses opposes – celle des Stociens, peut-on dire, et celle de Plotin : dune part, Plotin a bien montr quil est impossible que la matire soit un corps, car dans ce cas elle sera dj une forme ; dautre part, les Stociens ont bien vu que ce qui est commun toutes les ralits engages dans la matire, cest le volume, la distanciation et le morcellement, autrement dit les proprits qui appartiennent essentiellement au corps.107 On arrive ainsi une antinomie (la matire est la eWmai wqμ tμm vkgm, ja· toOto oWlai t_m pqodgkot²tym 1st¸. joim¹m d³ p÷si t¹ eQr ecjom 1jte¸meshai ja· di²stasim. di¹ «B peq· v¼seyr 1pist¶lg, ¦r vgsim )qistot´kgr, peq¸ te s¾lata ja· lec´hg ja· t± to¼tym 1st· p²hg». l¶pote owm ditt¹m het´om t¹ s_la t¹ l³m ¢r jat± eWdor ja· jat± kºcom rvest½r ja· tqis·m ¢qisl´mom diast²sesi, t¹ d³ ¢r p²qesim ja· 5jtasim ja· !oqist¸am t/r !syl²tou ja· !leq¸stou ja· mogt/r v¼seyr, oq tqis· toOto diast²sesim eQdgtij_r ¢qisl´mom, !kk± p²mt, paqeil´mom te ja· 1jkekul´mom ja· pamtawºhem !p¹ toO emtor !poqq´om eQr t¹ lμ em. ja· tμm toia¼tgm Usyr di²stasim tμm vkgm het´om. !kkû oqw· t¹ sylatij¹m eWdor t¹ letq/sam Edg ja· bq¸sam t¹ %peiqom ja· !ºqistom t/r toia¼tgr diast²seyr ja· st/sam !pove¼cousam aqtμm !p¹ toO emtor. 1pist/sai c±q %niom, fti è diav´qei t± 5muka t_m !¼kym, toOto eWmai pqos¶jei tμm vkgm. diav´qei d³ ecj\ ja· diast²sei ja· leqisl` ja· to ?r toio¼toir, oq to ?r jat± l´tqa ¢qisl´moir, !kk± to ?r !l´tqoir ja· !oq¸stoir ja· bq¸feshai dumal´moir rp¹ t_m eQdgtij_m l´tqym. 107 Le vocabulaire, de mÞme que le raisonnement, fait en effet cho Proclus ; cf. In Euclidem, 49.27 – 50.2 : 5jtasir c±q ja· ecjor ja· fkyr di²stasir to ?r kºcoir di± tμm rkijμm rpodowμm paqac¸metai, t± l³m !l´qista leqist_r, t± d³ !di²stata diastat_r, t± d³ !j¸mgta jimoul´myr dewol´mgm. « En effet lextension, le volume et, en gnral, la distanciation adviennent aux raisons cause du rceptacle matriel, qui reÅoit les
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Chapitre 5. Analyse des digressions
fois corps et non-corps) que Simplicius dpasse en distinguant entre deux significations du corps, dont lune sera accorde la matire : non celle du corps qui, participant, est dj quelque chose, cest--dire forme corporelle, mais celle du corps encore indtermin et informe qui « scoule compltement de lÞtre en direction du non-Þtre ». La matire est corps, mais corps avant toute participation et, de ce fait, non-Þtre. La notion physique de la matire comme corps sans qualit, autrement dit le ce-en-trois-dimensions dont parle Philopon dans le contra Proclum, est remplace dans lexpos de Simplicius par une notion mtaphysique qui se situe en deÅ mÞme du langage ontologique.108 Alors que le ce-en-trois-dimensions, en vertu de sa participation des Formes de la grandeur et du nombre, est (dtermin), la matire tout premire, en vertu de sa non-participation originaire, nest pas (dtermine), jusqu ce quelle revÞte la forme du corps sans qualit, en se cachant de la sorte derrire un Þtre ombreux. La matire se trouve ainsi avoir une nature paradoxale qui explique son statut particulier du point de vue pistmologique : tout en ntant pas, elle est travers les formes sensibles sans quelle soit elle-mÞme une forme. De ce fait, elle ne peut se concevoir que par voie de ngation, comme lont suggr aussi bien Platon quAristote. En commentant plus haut Phys., I 7, 191a 7 : « la matire est connaissable par analogie », Simplicius explique en sappuyant sur Plotin que la connaissance de la vritable nature de la matire est plut t « ignorance » que connaissance proprement dite109 : ralits indivises sous mode de division, les ralits intendues sous mode dextension et les ralits immobiles sous mode de mouvement. » 108 En affirmant que les doctrines de la matire chez Simplicius et Philopon sont au bout du compte identiques, R. Sorabji et F. A. J. de Haas (cits supra, n. 97 et 98) mconnaissent en effet ce point de la doctrine de Simplicius. 109 In Phys., 226.25 – 227.7 : Tμm d³ jat± !makoc¸am ta¼tgm cm_sim mºhom kocisl¹m 1j²kesem b Pk²tym, diºti oq jat 1p´qeisim eUdour !kk± jat± !mac¼lmysim ja· !pºvasim c¸metai t_m eQd_m ja· oXom l¼ym b kocisl¹r bqø tμm vkgm. ja· B peq· aqt/r mºgsir oq mºgsir, !kk %moia l÷kkom. di¹ mºhom #m eUg t¹ v²mtasla aqt/r ja· oq cm¶siom. ¢r c±q t± rp³q t¹ pq_tom eWdor oq jat 1p´qeisim eQdgtijμm cim¾sjolem, !kk fti oqj 5sti pq_ta t± eUdg lahºmter !p aqt/r t/r t_m eQd_m v¼seyr diajejqil´mgr ousgr ja· aveiko¼sgr pq¹ 2aut/r 5weim t¹ Bmyl´mom ja· t¹ 6m, jat± tμm t_m eQd_m !pºvasim cim¾sjolem t± rp³q eWdor oqj eQr t¹ !ºqistom "pk_r 1je¸mgr t/r !pov²seyr Nipto¼sgr Bl÷r, !kk eQr t¹ toO eUdour aUtiom, ja· eQr t¹ rp³q t¹m fqom t¹m eQdgtij¹m Rdqul´mom, ovtyr ja· t± tekeuta ?a eUdg heas²lemoi eQjomij± emta ja· letab²kkomta eQr %kkgka, ja· di± toOto deºlema rpojeil´mou pevujºtor d´weshai paq± l´qor t_m !mtijeil´mym 2j²teqom, 1p· tμm 5mmoiam 1qwºleha t/r vkgr jat± !pºvasim t_m eQd_m tμm eQr t¹ rpodejtij¹m !p²cousam. ¢r eU ce fgtoOmter tμm vkgm tºde ti aqtμm !vyqisl´myr di²voqom t_m %kkym emtym rpoh¾leha, %kk\ tim· peqipept¾jalem ja· oq t0 vk,. 1je¸mg c±q oqdel¸am 5wei pqºr ti diavoq²m, eUpeq poiºtgr eQdgtijμ p÷sa diavoq² 1stim. ¦ste !cmys¸a l÷kkºm 1stim B t/r vkgr cm_sir, eUpeq t± peq· aqtμm letab²kkomta 5swata emta t_m eQd_m tμm 1sw²tgm 1pid´wetai cm_sim tμm aQshgtij¶m. Cf. Plotin, Ennades II 4 (12), 10, 5 – 11 : eQ d 6jastom kºc\ ja· mo¶sei cim¾sjetai, 1mtaOha d³ b l³m kºcor k´cei, $ dμ k´cei peq· aqt/r, B d³ boukol´mg eWmai mºgsir oq mºgsir, !kk oXom %moia, l÷kkom mºhom #m eUg t¹ v²mtasla aqt/r ja· oq cm¶siom,
5.3 Les digressions « scientifiques » des deux commentateurs
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Cette connaissance de la matire par analogie, <dont parle Aristote>, Platon la appele « raisonnement b tard », parce quelle se produit non pas par lappui dune forme mais par un dnuement et une ngation des formes, et cest comme en clignant les yeux que la raison voit la matire. Lintellection sur la matire nest pas une intellection mais plut t une absence dintellection. Cest pourquoi sa reprsentation
Ntant pas un « quelque chose », la matire se voit situe la fois en deÅ de toute existence et de toute connaissance formelles. En finissant la digression, Simplicius soppose ceux qui voient dans la matire la « pire des formes » ou, encore, l « cho de lUn tout premier »110 : Quant ceux qui veulent comprendre la matire, du point de vue de lÞtre, comme la pire des formes ou, du point de vue de lun, comme lcho de lUn tout premier, je ne sais comment ils y russissent. En effet, lorsque lUn et ltre sont envisags comme ntant rien dautre quun et Þtre, ils sont au sens propre et titre premier ce quils se disent prcisment Þtre. Or, la matire est la chose ultime, et ayant dchu de ltre et, bien plus, de lUn, elle a subsist dans sa diffrenciation et sa dviation par rapport ltre, parce quen raison de la puissance fertile de ltre, il fallait que subsiste encore ce en quoi ltre se reflte.
Si en effet la matire est le « reflet » qui subsiste en vertu de « la puissance fertile » de ltre, elle ne relve pas immdiatement de lUn et, de ce fait, elle 1j hat´qou oqj !kghoOr ja· let± toO 2t´qou kºcou sucje¸lemom. Ja· t²wa eQr toOto bk´pym b Pk²tym «mºh\ kocisl`» eWpe kgptμm eWmai. 110 In Phys., 232.30 – 233.2 : nsoi d³ jat± t¹ cm t¹ we ?qom t_m eQd_m C jat± t¹ 4m t¹ toO pqyt¸stou 2m¹r !p¶wgla tμm vkgm moe ?m !nioOsim, oqj oWda fpyr jatoqhoOsi. t¹ l³m c±q 4m ja· t¹ cm ftam lgd³m %kko C 4m ja· cm heyq_mtai, juq¸yr 1st·m fpeq k´comtai ja· pq¾tyr· B d³ vkg t¹ 5swatºm 1sti ja· toO emtor 1jba ?mom ja· pokk` l÷kkom toO 2m¹r ja· 1m t0 paqakk²nei ja· paqejtqop0 t0 pq¹r t¹ cm rv´stgjem, 1peidμ di± tμm cºmilom toO emtor d¼malim 5dei ja· tμm 5lvasim toO emtor rpost/mai.
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Chapitre 5. Analyse des digressions
nen est pas l « cho ».111 Elle se trouve tout de mÞme en relation avec ltre, puisquelle subsiste sous un mode de « diffrenciation » (paq²kkanir) ou de « dviation » (paqejtqop¶) par rapport lui. Que faut-il comprendre par ces deux termes composs partir de la prposition « paq² » ( c t de) ? Pour le dire la manire de Proclus,112 la matire nappartient pas la srie numrique dont la monade souveraine est ltre premier et dont elle-mÞme, suite une « 1jtqop^ » processionnelle, serait le dernier degr, autrement dit la « pire des formes ». En effet, elle est « c t de la srie » ou « hors srie » (paq-²kkanir, paq-ejtqop¶), et toute tentative pour la dcrire et la conna tre doit partir de ce statut particulier.113 5.3.1.4 Lappui de la tradition : Porphyre et Modratus Simplicius fait remonter la doctrine de la matire comme distanciation indtermine aux Pythagoriciens et Platon, en raisonnant partir dune assimilation de la notion (no)pythagoricienne du « posºm » la « w~qa » platonicienne, traditionnellement conÅue comme identique la matire. Pour ce faire, il sappuie sur Porphyre, qui dans son trait Sur la matire voquait ce propos le tmoignage du (no)pythagoricien Modratus114 : 111 Comme son ma tre Damascius semble lavoir pens ; cf. In Parm., I, 72.4 – 6 (Trad. J. Combs) : « La matire nest rien, mais non pas comme le nant absolu, ni comme indicible, mais comme tout dernier cho de labsolument premier (5swatom !p¶wgla toO pqyt¸stou) » ; Des premiers principes, I, 38.12 – 14 (Trad. J. Combs) : « …de mÞme qu loppos la matire est le dernier cho du sans besoin (toO !memdeoOr 5swatom !p¶wgla), en vertu de cela mÞme quelle est, savoir lun le plus affaibli (4m !ludqºtatom) ». On remarquera la prudence avec laquelle Simplicius avance son objection (« …je ne sais comment ils y russissent »), pensant vraisemblablement son ma tre. 112 Cf. la proposition 21 des lments de Thologie : P÷sa t²nir !p¹ lom²dor !qwol´mg pqºeisim eQr pk/hor t0 lom²di s¼stoiwom, ja· p²sgr t²neyr t¹ pk/hor eQr l¸am !m²cetai lom²da. « Toute classe qui commence par une monade procde vers une pluralit coordonne la monade, et la pluralit de toute classe remonte une monade. » 113 En tudiant un autre mot ayant la prposition « paq² » comme premier composant, A. C. Lloyd, « Parhypostasis in Proclus », dans G. Boss-G. Seel (ds), Proclus et son influence, Zrich, 1987, p. 156, prcise que parhypostasis, qui est employ par Proclus notamment propos des maux, signifie « existence which is dependent on the existence of that to which it is opposed ». De ce point de vue, on peut galement dire que la matire est une parhypostasis en ce sens que son existence dpend de (la puissance fertile de) ltre, auquel elle soppose par sa nature « distancie ». 114 In Phys., 230.34 – 231.20 : Ta¼tgm d³ peq· t/r vkgr tμm rpºmoiam 1o¸jasim 1swgj´mai pq_toi l³m t_m :kk¶mym oR Puhacºqeioi, let± d 1je¸mour b Pk²tym, ¢r ja· Lod´qator Rstoqe ?· oxtor c±q jat± to»r Puhacoqe¸our t¹ l³m pq_tom 4m rp³q t¹ eWmai ja· p÷sam oqs¸am !pova¸metai, t¹ d³ de¼teqom 6m, fpeq 1st· t¹ emtyr cm ja· mogt|m, t± eUdg vgs·m eWmai, t¹ d³ tq¸tom, fpeq 1st· t¹ xuwijºm, let´weim toO 2m¹r ja· t_m eQd_m, tμm d³ !p¹ to¼tou tekeuta¸am v¼sim tμm t_m aQshgt_m owsam lgd³ let´weim, !kk± jat 5lvasim 1je¸mym jejosl/shai, t/r 1m aqto ?r vkgr toO lμ emtor pq¾tyr 1m t` pos` emtor ousgr
5.3 Les digressions « scientifiques » des deux commentateurs
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Une telle conception propos de la matire, il semble bien que les premiers la professer, parmi les Grecs, ce furent les Pythagoriciens, et aprs eux Platon, ainsi que le raconte Modratus lui aussi : « En effet, cest en se conformant la doctrine des Pythagoriciens que
invisible, pouvant trs difficilement participer de lintelligible, Þtre peine saisie par un raisonnement b tard et toute autre qualification semblable cellesci. Cette quantit-l, poursuit-il, cest--dire cette forme qui est conÅue selon la privation de la Raison unitaire qui enveloppe en elle-mÞme tous les principes rationnels des Þtres, est le modle de la matire des corps, dont <Modratus> disait quelle est appele, elle aussi, quantifi tant par les Pythagoriciens que par sj¸asla ja· 5ti l÷kkom rpobebgju¸ar ja· !p¹ to¼tou. ja· taOta d³ b Poqv¼qior 1m t` deut´q\ Peq· vkgr t± toO Lodeq²tou paqatih´lemor, c´cqavem fti «boukghe·r b 2mia ?or kºcor, ¦r po¼ vgsim b Pk²tym, tμm c´mesim !v 2autoO t_m emtym sust¶sashai, jat± st´qgsim artoO 1w¾qgse tμm posºtgta p²mtym aqtμm steq¶sar t_m artoO kºcym ja· eQd_m. toOto d³ posºtgta 1j²kesem %loqvom ja· !dia¸qetom ja· !swgl²tistom, 1pidewol´mgm l´mtoi loqvμm sw/la dia¸qesim poiºtgta p÷m t¹ toioOtom. 1p· ta¼tgr 5oije», vgs¸, «t/r posºtgtor b Pk²tym t± pke¸y amºlata jatgcoq/sai, pamdew/ ja· !me¸deom k´cym ja· !ºqatom ja· !poq¾tata toO mogtoO leteikgv´mai aqtμm ja· kocisl` mºh\ lºkir kgpt¶m ja· p÷m t¹ to¼toir 1lveq´r. avtg d³ B posºtgr», vgs¸, «ja· toOto t¹ eWdor t¹ jat± st´qgsim toO 2mia¸ou kºcou moo¼lemom toO p²mtar to»r kºcour t_m emtym 1m 2aut` peqieikgvºtor paqade¸clat² 1sti t/r t_m syl²tym vkgr, Dm ja· aqtμm pos¹m ja· to»r Puhacoqe¸our ja· t¹m Pk²tyma jake ?m 5kecem», oq t¹ ¢r eWdor posºm, !kk± t¹ jat± st´qgsim ja· paq²kusim ja· 5jtasim ja· diaspasl¹m ja· di± tμm !p¹ toO emtor paq²kkanim, di $ ja· jaj¹m doje ? B vkg ¢r t¹ !cah¹m !pove¼cousa ja· jatakalb²metai rpû aqtoO ja· 1nekhe ?m t_m fqym oq sucwyqe ?tai, t/r l³m 1jt²seyr t¹m toO eQdgtijoO lec´hour kºcom 1pidewol´mgr ja· to¼t\ bqifol´mgr, toO d³ diaspasloO t0 !qihlgtij0 diajq¸sei eQdopoioul´mou. Depuis que E. R. Dodds, « The Parmenides of Plato and the Origin of the Neoplatonic One », The Classical Quarterly 22 (1928), p. 129 – 142, y a attir lattention, linterprtation de ce texte de Simplicius, qui dpend pour lessentiel du dcoupage que lon en fait, est vivement discute par les savants. Nous proposons de notre part un nouveau dcoupage du texte (et, par consquent, une nouvelle interprtation) dont les fondements sont exposs dans une publication para tre, organise de manire zttique avec Philippe Hoffmann.
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Chapitre 5. Analyse des digressions
Platon », quantifi entendu non pas comme forme mais comme privation, dissolution, extension et dispersion, qui sont produites cause de la diffrenciation par rapport lÞtre.
Parlant de la « raison unitaire qui a voulu, comme le dit Platon quelque part, produire partir delle-mÞme la gnration des Þtres », Porphyre pense au « sumist±r he|r » du Time, 29d 7 – 30a 6, comme lont fait remarquer Saffrey et Westerink.115 Mais l o Platon ne parle que de la cration du monde par le Dmiurge, Porphyre explique au surplus la manire dont la cration a t faite : par une privation de lui-mÞme, dit-il, qui donna ainsi lieu la quantit. Ce faisant, Porphyre ne prtendait pas la nouveaut : bien avant lui, Modratus disait prcisment que la matire est « posºm ». Simplicius trouve ainsi un tmoignage faisant autorit pour la doctrine sur la matire quil propose. travers Porphyre et Modratus, la matire comme distanciation indtermine est assimile la « quantit », dont faisaient tat Platon et les Pythagoriciens. Cest en vertu de cette distanciation ou quantit indtermine que les ralits matrielles prsentent de manire indiffrencie (cest--dire toutes leurs proprits formelles mises part) ce qui les diffrencie des ralits intelligibles : extension et dispersion. La tradition ancienne lavait dj bien vu, avant que toute opposition se produise. Si les ralits matrielles sont tendues et disperses, cest aussi quelles apparaissent. Or, ce en quoi elles apparaissent cest la matire, dans laquelle se refltent les formes qui leur confrent la dtermination de la grandeur et du nombre. Lanalyse de Simplicius rejoint ainsi la « w¾qa » platonicienne, autrement dit le fond de lapparition des ralits sensibles116 : La matire est comme lemplacement des ralits engendres et sensibles, non pas en tant que forme dtermine mais en tant que condition de leur subsistence, la manire dont ltre rel, indivis, intendu, immatriel etc. est la condition de la subsistence de la nature intelligible. Et toutes les formes sont la fois l-bas et icibas, mais l-bas elles sont de manire immatrielle, alors quici-bas elles sont de manire matrielle, ce qui revient dire : l-bas de manire indivise et vraie, ici-bas de manire divise et ombreuse. Cest pourquoi toute forme dici-bas est tendue selon la distanciation matrielle.
La « distanciation matrielle » nest pas une tendue corporelle dtermine, comme lont pens les Stociens, Pricls de Lydie et, surtout, Philopon. Pour lexgte noplatonicien, une telle tendue ne peut rendre compte de lappa115 Proclus. Thologie platonicienne, t. II, p. XXXI. 116 In Phys., 231.37 – 232.6 : Ja· 5stim oXom w¾qa avtg t_m cemgt_m te ja· aQshgt_m oqj eWdºr ti !vyqisl´mom rp²qwom, !kk rpost²seyr jat²stgla, ¦speq t¹ !leq³r ja· !di²statom ja· %ukom ja· emtyr cm ja· t± toiaOta jat²stgl² 1sti t/r mogt/r v¼seyr, p²mtym l³m emtym t_m eQd_m ja· 1je ? ja· 1mtaOha, !kk 1je ? l³m !¼kyr, 1mtaOha d³ rkij_r, taqt¹m d³ eQpe ?m, 1je ? l³m !leq¸styr ja· !kgh_r, 1mtaOha d³ leqist_r ja· sjioeid_r. di¹ ja· 6jastom eWdor 1mtaOha di´stg jat± tμm rkijμm di²stasim.
5.3 Les digressions « scientifiques » des deux commentateurs
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rition des ralits sensibles de manire prserver lconomie autarcique de lunivers. Si en effet il y a du sensible, cest parce que ltre, de par sa puissance fertile, se reflte, faisant ainsi place la « quantit » ou la « distanciation » quest prcisment la matire. Ltendue tridimensionnelle, ne ft-ce que par ses trois dimensions dtermines du moins en nombre, est dj un reflet de ltre et non ce en quoi ltre se reflte. Si lunivers sensible est tridimensionnel, cest en vertu de ltre et non pas de la matire. Mais une telle conomie autarcique ntait videmment pas ncessaire dans une explication crationniste de lunivers, comme celle laquelle aspirait Philopon.
5.3.2 Simplicius, Sur la nature (In Phys., 282.31 – 289.35) Ayant consacr le premier chapitre du livre II de la Physique lexamen de la nature, Aristote aborde la suite par cette phrase117 : Mais puisquon a distingu en combien de sens se dit la nature, il faut aprs cela examiner en quoi le mathmaticien diffre du physicien.
Simplicius coupe cette phrase en deux et fait de sa premire partie un lemme dont il se sert pour reprendre lexamen de la nature118 : Que le but entier du discours vise ceci, savoir la division des significations de la nature – car la nature se dit en plusieurs sens, et chacun adopte son sujet tel ou tel sens –, ceci a t rendu clair par Aristote lui-mÞme, qui a termin son expos ainsi: « Puisquon a distingu en combien de sens se dit la nature » […]. Mais puisquil nous a transmis de faÅon claire les autres significations et quil nous a cach la signification capitale, il serait bon que je passe brivement en revue toutes les significations de la nature.
Une nouvelle digression est ainsi lance, se proposant dclaircir dabord les diffrentes significations que le nom (emola) de nature admet, puis de livrer sa signification capitale, savoir celle qui correspond le mieux son concept (5mmoia). Mais ce nest pas tout. Lanalyse smantique (282.31 – 285.29) est suivie dune recherche ontologique (285.30 – 289.35), et lon se rend vite compte que ltude du nom (et du concept) ne fait que dblayer le terrain pour ltude de lessence (oqs_a) de la nature119,120 :
117 Phys., II 2, 193b 22 – 23 118 In Phys., 282.31 – 283.2 : nti pq¹r toOto t´tatai p÷r b toO kºcou sjop¹r pq¹r t¹ diek´shai t± t/r v¼seyr sglaimºlema, diºti pokkaw_r kecol´mgr aqt/r %kkor jat %kko ti t_m sglaimol´mym 1ned´weto tμm v¼sim, sav³r pepo¸gjem aqt¹r ovtyr t¹m kºcom sulpeqam²lemor «1pe· d³ di¾qistai posaw_r B v¼sir k´cetai». […] !kk 1peidμ t± l³m %kka sglaimºlema sav_r paqad´dyje, t¹ d³ juq¸yr sum´jquxe, jak_r #m 5woi sumtºlyr p÷sim 1pekhe ?m.
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Chapitre 5. Analyse des digressions
Mais puisquil para t que ce qui a t dit sur la nature arrive sa fin, il serait bon de reprendre le discours et de rechercher quelle est la nature selon Aristote et quelle puissance prcisment elle a parmi les Þtres.
Une pareille tude de la nature deux volets (nom et essence) se retrouve en effet chez Proclus. Avant de conclure le prologue de son Commentaire sur le Time, Proclus se livre une digression relative la nature (I, 9.31 – 12.25), dont voici le prome121 : Mais puisque le nom de « Nature » est pris diversement chez tel ou tel, et que cette diversit cause de la confusion chez ceux qui aiment scruter la pense de Platon, car ils se demandent en quel sens enfin il entend le mot et ce quil veut que soit lessence de la Nature, eh bien allons, traitons dabord de ce point. En effet, comme le dialogue se donne pour programme la considration de la Nature, il doit y avoir convenance savoir ce quelle est, do elle sort, jusquo elle fait stendre ses productions.
Dans le cadre de lexplication du dialogue le plus « physique » de Platon, savoir le Time, Proclus entreprend de clarifier pralablement la notion de nature par une tude de son nom et de son essence. En se proposant la mÞme chose dans le cadre de lexgse dun trait par excellence physique, Simplicius sinspire nouveau de lui.122
119 Bien que Simplicius nemploie pas directement la terminologie consacre, il articule sa digression selon la squence « dfinition du nom et du concept correspondant (amolat~dgr, 1mmoglatij¹r k|cor) ! dfinition de lessence (oqsi~dgr k|cor) », la premire ouvrant la voie pour une meilleure saisie de la deuxime. La mthode se fonde sur un raisonnement dordre pdagogique. Lire sur ce sujet P. Kotzia-Panteli, « EMMOGLATIJOS und O£SIYDGS KOCOS als exegetisches Begriffspaar », Philologus 144 (2000), p. 45 – 61. Dans le cas de la « nature », ltude la fois du nom et du concept est dautant plus indispensable que le nom admet plusieurs significations. 120 In Phys., 285.30 – 32 : )kk 1peidμ t± peq· t/r v¼seyr eQqgl´ma t´kor 5weim doje ?, jak_r #m 5woi t¹m kºcom !makabe ?m ja· fgt/sai, t¸r B jat± t¹m )qistot´kgm v¼sir ja· t¸ma 5wousa d¼malim 1m to ?r owsi. 121 In Tim., I, 9.31 – 10.5 (Trad. A.–J. Festugire) : !kk 1pe· t¹ t/r v¼seyr emola paq %kkoir %kkyr veqºlemom taq²ttei to»r t/r Pk²tymor diamo¸ar vikohe²lomar p0 pote aqt` doje ?, ja· t¸ma bo¼ketai tμm oqs¸am eWmai t/r v¼seyr, v´qe peq· to¼tou pq_tom di´khylem· pq´poi c±q %m pou ja· t` diakºc\ t¹ sj´lla vusijμm 5womti tμm heyq¸am eQd´mai, t¸r B v¼sir ja· pºhem pqºeisi ja· l´wqi t¸mor diate¸mei t±r 2aut/r poi¶seir. 122 Simplicius sadonne pourtant une dmarche plus tendue et plus labore que Proclus. Ltude du nom de nature ne stale dans le Commentaire sur le Time que sur une dizaine de lignes (I, 10.6 – 13) et, comme le fait remarquer A.–J. Festugire, elle a un caractre plut t doxographique qui veut simplement introduire la doctrine de Platon.
5.3 Les digressions « scientifiques » des deux commentateurs
141
5.3.2.1 Les cinq significations de la « nature » et sa signification capitale Simplicius prcise aussit t le nombre de significations que le nom de nature peut admettre123 : Je dis dj pralablement que, puisque le corps naturel possde (1) une matire et (2) une forme, ainsi que (3) lunit de celles-ci, et quil est engendr et, pour cette raison, pourvu dun (4) mouvement qui mne son engendrement, et quil a surtout (5) la cause de son mouvement (car dans tous les cas o il y a du mouvement, il y a un moteur), la nature se dit en cinq sens.
Les cinq significations sont dveloppes une par une dans la suite de la digression. Elles sont cependant prcontenues dans ce passage, qui analyse le corps naturel en ses quatre proprits essentielles (matire, forme, unit de matire et de forme, mouvement) et son antcdent causal (le principe de mouvement). On obtient ainsi cinq significations dont les quatre premires se retrouvent dans le texte dAristote, alors que la cinquime est la signification « cache » : 1) Premire signification (283.6 – 20) : La matire, autrement dit le premier constituant, par soi dpourvu de structure, qui est intrinsque une ralit naturelle.124 2) Deuxime signification (283.21 – 27) : La forme lie la matire susdite.125 3) Troisime signification (283.27 – 284.4) : Lunit de matire et de forme susdites (t¹ sumalv|teqom), autrement dit la ralit naturelle considre intgralement. En suivant Aristote, Simplicius prcise que lunit de matire et de forme nest pas une « nature » proprement parler mais « par nature » (v¼sei).126 4) Quatrime signification (284.5 – 11) : La pousse (5jvusir) ou le mouvement dune ralit naturelle en direction de sa forme.127 5) Cinquime signification (284.12 – 24) : La cause du fait que les ralits naturelles se meuvent, autrement dit la nature productrice.128 123 In Phys., 283.2 – 6 : …tosoOtom pqoeipºmta, fti toO vusijoO s¾lator 5womtor ja· vkgm ja· eWdor ja· t¹ sumalvºteqom ja· cemgtoO emtor ja· di± toOto j¸mgs¸m te 5womtor tμm 1p· c´mesim ja· pq¹ p²mtym t¹ t/r jim¶seyr aUtiom (jim¶seyr c±q ousgr 5sti ti p²mtyr t¹ jimoOm) pemtaw_r k´cetai B v¼sir. 124 Cf. Phys., II, 1, 193a 9 – 11 : doje ? d B v¼sir ja· B oqs¸a t_m v¼sei emtym 1m¸oir eWmai t¹ pq_tom 1mup²qwom 2j²st\, !qq¼hlistom
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Chapitre 5. Analyse des digressions
La multitude daspects qui caractrise une ralit naturelle rend en effet lgitimes toutes les cinq significations, dans la mesure o chacune delles prend en compte lun de ses aspects. Une phrase de Simplicius illustre merveille cette lgitimit smantique129 : La nature, tant inhrente ce qui pousse, aboutit travers cette sorte de pousse la nature de ce qui sachve, <tant> une nature qui conduit une nature travers une nature.
On retrouve dans cette phrase, construite dessein par Simplicius, toutes les cinq significations de la nature. Reprenons-la en lanalysant davantage : la nature, au sens propre, cest--dire lorigine et cause (immdiate) de la constitution dune ralit naturelle (5me signification), tant inhrente, cest-dire matriellement, autrement dit en tant que matire (1re signification), ce qui pousse, aboutit travers cette sorte de pousse (4me signification) la nature, cest--dire la forme (2me signification), de ce qui sachve, cest--dire de lunit de matire et de forme (3me signification). Cest pourquoi elle est « nature qui conduit une nature travers une nature ». Mais quen est-il, sil faut trancher entre les significations ? Voici la rponse130 : Les significations de la nature tant plusieurs, le nom correspond notamment la nature en tant que mouvement et pousse (en effet, il est analogue aux noms iatreusis, huphan-sis et, en gnral, kinÞ-sis), tandis que le concept du nom correspond plut t la nature au sens propre, cest--dire en tant que productrice des ralits naturelles.
Pour ce qui est du nom, Simplicius suit un raisonnement linguistique. En vertu de sa morphologie lexicale, le nom de nature sadapte mieux la quatrime signification, savoir la « nature » dsignant le processus de pousse ou de croissance dune ralit naturelle, qui sachve avec la ralisation de sa forme : tout nom terminant en « -sir » exprime lide du processus, du droulement de laction qui est dsigne par son premier composant ; or, « v¼- » signifiant « pousser », « cro tre », « v¼-sir » signifie « processus de pousse, de croissance ». Nanmoins, la signification grammaticale dun nom ne recouvre pas forcment son concept. Phu-sis peut bien vouloir dire, entre autres, « processus de pousse ou de croissance », mais ce quoi nous pensons en employant ou en entendant ce nom, selon le concept ou la notion qui est dans notre me, cest la cause de ce
129 In Phys., 284.19 – 21 : B l´mtoi v¼sir 1mup²qwousa t` vuol´m\ di± t/r oXom 1jv¼seyr 1p· tμm toO !potekoul´mou v¼sim tekeutø v¼sir eQr v¼sim di± v¼seyr. 130 In Phys., 284.25 – 28 : Pokk_m d³ emtym t_m sglaimol´mym t/r v¼seyr t¹ l³m emola juqi¾teqom t0 v¼sei t0 ¢r jim¶sei ja· 1jv¼sei pqos¶jei (t0 c±q Qatqe¼sei ja· rv²msei ja· fkyr jim¶sei !makoce ? ), B d³ 5mmoia toO amºlator t0 juq¸yr v¼sei l÷kkom pqos¶jei t0 ¢r poigtij0 t_m vusij_m.
5.3 Les digressions « scientifiques » des deux commentateurs
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processus.131 Ayant reconnu cela, on est maintenant mieux dispos pour conna tre l « essence » de la nature. 5.3.2.2 Lessence et la puissance de la nature Lclaircissement du concept dun nom employ pour signifier une ralit ne dit pas forcment grand-chose sur lessence de cette ralit. Savoir en effet que la nature est la cause productrice des ralits naturelles en ce sens quelle est la cause de leur mouvement ne dit rien sur ce quest la nature elle-mÞme. Le prciser est lobjectif que se donne Simplicius dans la deuxime partie de la digression. Le point de dpart de la nouvelle zÞtÞsis est fourni par la dfinition aristotlicienne de la nature comme principe et cause de mouvement et de repos. La dfinition est effectivement juste, prcise Simplicius, puisquelle rend compte de la position mdiane des ralits naturelles entre les ralits surnaturelles et les ralits postnaturelles 132 : Les ralits naturelles donc, qui sont mdianes par rapport ces deux ordres de ralits, puisquelles sont descendues au-dessous de toute la substance immatrielle et incorporelle, sont engages dans la matire et corporelles ; puisquelles ne sont pas faites par lart humain mais quelles semblent pousser et spanouir par ellesmÞmes, leur cause cratrice tant invisible la perception, on les appelle naturelles. Or, vu leur diffrence par rapport aux deux autres ordres de ralits, elles possdent en elles-mÞmes un principe de mouvement et de changement. Cest donc bon droit quAristote nous a livr ce caractre de la nature et de son essence, en disant quelle est principe de mouvement et de changement, ainsi que du repos qui dtermine ce changement.
Mais la dfinition ne rend pas compte, du moins premire vue, de la diffrence entre la nature et l me. L me, qui nest pas identique la nature, est dite, comme la nature, principe et cause de mouvement.133 En quoi donc me et 131 L« 5mmoia » et, par consquent, l« 1mmoglatij¹r k|cor » se rapportent en effet lusage commun dun nom (cf. P. Kotzia-Panteli, art. cit., o sont cits plusieurs passages affrents, tirs de Galien et des commentateurs dAristote). Le raisonnement de Simplicius suggre donc que, par phusis, la plupart des hommes nentendent pas la « pousse » (pour laquelle il y a en effet un autre mot : 5jvusir) mais la cause productrice des ralits naturelles. 132 In Phys., 286.12 – 19 : T± owm vusij± l´sa !lvo ?m emta di± l³m t¹ p÷sam tμm %ukom ja· !s¾latom oqs¸am rpobebgj´mai 5muka t´ 1sti ja· sylatij², di± d³ t¹ lμ rpû !mhqyp¸mgr c¸meshai t´wmgr, !kkû ¦speq !vû 2aut_m v¼eshai ja· !mabkast²meim !vamoOr ousgr aQsh¶sei t/r dgliouqcij/r aqt_m aQt¸ar vusij± k´cetai, di± d³ tμm pq¹r %lvy diavoq±m !qwμm 1m 2auto ?r jim¶seyr 5wei ja· letabok/r· eQjºtyr owm toOtom waqajt/qa t/r v¼seyr ja· t/r oqs¸ar aqt/r !pod´dyjem b )qistot´kgr t` !qwμm v²mai jim¶seyr ja· letabok/r eWmai ja· t/r bqifo¼sgr tμm toia¼tgm letabokμm Aqel¸ar. 133 Simplicius voque ce propos le tmoignage du Phdre, 245e (« Tout corps qui reÅoit son mouvement de lextrieur est inanim ; mais celui qui le reÅoit du dedans, de lui-
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Chapitre 5. Analyse des digressions
nature diffrent-elles ? Une vue plus prcise sur la dfinition aristotlicienne permet par la suite Simplicius den dgager deux spcificits : 1) Aristote parle dun principe et cause de mouvement qui est dans ce dont il est le principe. Or, l me transcende le corps dont elle est principe de mouvement.134 2) L me est principe actif de mouvement, cest--dire quelle meut le corps, alors que la nature est principe et cause du fait que le corps est m. 135 « Cest pourquoi », poursuit Simplicius,136 « on ne dit pas que les ralits naturelles se meuvent par elles-mÞmes ». Si en effet une ralit naturelle (autrement dit un corps) ne se meut pas par elle-mÞme, cest que le principe de son mouvement ne lui pas est inhrent. Et sil est m, cest parce quun principe qui le transcende, savoir l me, le met prcisment en mouvement.137 Se pose alors la question de savoir quel r le joue au demeurant la nature comme principe immanent de mouvement. Pour expliquer cela, Simplicius introduit dans son discours la notion de « 1pitgdeiºtgr » (disposition, aptitude)138 : La nature semble donc Þtre une certaine disposition lÞtre m et ordonn, comme
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mÞme, est anim, puisque cest en cela mÞme que consiste la nature de l me » [Trad. L. Brisson]), et du De anima, II 2, 413a 20 – 21 (« Nous disons donc, en prenant un point de dpart pour notre examen, que lanim se distingue de linanim par le fait dÞtre vivant »). Cf. In Phys., 287.1 – 4. Cf. In Phys., 287.9 – 11. In Phys., 287.12 : di¹ t± vusij± oq k]cetai rv 2aut_m jime ?shai. Simplicius se rfre ici au mouvement confr au corps par l me de manire gnrale, cest--dire sans distinguer entre le mouvement de l me vgtative, le mouvement de l me irrationnelle animale et le mouvement de l me rationnelle humaine. proprement parler, l me qui se meut « par elle-mÞme » est l me rationnelle. Sur ces questions, lire I. Hadot, Le problme du noplatonisme alexandrin, p. 174 – 181. In Phys., 287.13 – 23 : )kkû 1pitgdeiºtgr tir 5oijem eWmai pq¹r t¹ jime ?shai ja· diajosle ?shai oXom j²tyhem %my vuol´mg ja· t0 2aut/r eqvuýô pqojakoul´mg t± diajoslgtij± aUtia. eQ c±q jim¶seyr Gm !qwμ ¢r jimoOs² ti, jat± toOto oq di´veqe t/r xuw/r ja· toO pq¾tyr jimoOmtor aQt¸ou. !kkû 1peidμ t± s¾lata pºqqy diast²mta t/r !leq¸stou ja· !diast²tou oqs¸ar ja·
5.3 Les digressions « scientifiques » des deux commentateurs
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nature, gr ce laquelle les cadavres aussi peuvent se mouvoir et se transformer, et mÞme « pousser », et encore agir passivement lun sur lautre.
Le terme « 1pitgdeiºtgr » provient en effet du vocabulaire philosophique de Proclus et sert dsigner, comme lexplique C. Steel,139 la puissance passive dune chose recevoir leffet dun agent extrieur. Employ par Simplicius propos de lessence de la nature, il permet de comprendre que la nature est la capacit inhrente au corps de recevoir, selon le degr de dignit qui lui est harmonieusement distribu, la vie que l me (vgtative, irrationnelle animale ou rationnelle humaine) lui procure. ffme et nature se trouvent ainsi dans une relation causale complmentaire, dont tous les deux termes sont ncessaires : la ralisation dun Þtre naturel et anim dpend, titre gal, la fois de la puissance motrice active de l me et de la puissance motrice passive de la nature. Nanmoins, tout Þtre naturel nest pas un Þtre anim. Et pourtant, prcise Simplicius, mÞme les corps morts, tels une pierre, gardent une dernire trace de vie que leur procure non pas l me mais prcisment la nature. Dans un tout dernier acte de providence lgard de ce qui est le plus loign de ltre, le corps lui-mÞme se trouve, gr ce la nature, pourvu dun mouvement qui lui assure une « vie », si infime soit-elle. Ce quest ce mouvement et cette vie, cela nous sera dit dici peu, sur lappui de la tradition. 5.3.2.3 Le tmoignage de la tradition Ayant ainsi expliqu lessence et la puissance de la nature, Simplicius reprend lensemble de ses rflexions dans un esprit de concordisme140 : Les plus anciens ont manifestement eu, eux aussi, une telle conception de la nature, cest--dire considre selon la disposition de chaque chose au mouvement, par lequel se caractrisent les ralits naturelles.
Les uns, explique-t-il, ont attribu au dpart cette disposition la matire, les autres la forme. Ce fut finalement Aristote – on conna t dsormais bien la prcision avec laquelle il dploya les doctrines de ses devanciers – qui a vu dans la « disposition » lessence mÞme de la nature, qui unit la matire la forme141 : 139 C. Steel, « Puissance active et puissance rceptive chez Proclus », dans F. Romano et R. Loredana-Cardullo (ds), Dunamis nel Neoplatonismo, Florence, 1996, p. 121 – 137. 140 In Phys., 288.33 – 35 : OR d³ pakaiºteqoi va¸momtai l³m ja· aqto· toia¼tgm tim± t/r v¼seyr 5mmoiam 1swgjºter ¢r jat± tμm 1pitgdeiºtgta tμm pq¹r j¸mgsim 2j²stym heyqoul´mgr, jahû Dm waqajtgq¸fetai t± vusij± pq²clata. 141 In Phys., 289.9 – 25 : )kkû b )qistot´kgr oute tμm vkgm jahû 2autμm An¸yse k´ceim v¼sim (rpoje¸lemom c±q !dqam³r jahû art¶m 1stim B vkg) oute t¹ eWdor (vusij¹m c±q toOtº 1sti ja· oq v¼sir), !kk± tμm 1pitgdeiºtgta tμm pq¹r tμm oQje¸am j¸mgsim ja· letabokμm t/r vkgr, ftam 1j toOde toO eUdour eQr tºde letab²kk,, v¼sim eWpe. ja· c±q ja· B !pobokμ ja· B let²kgxir toO eUdour jat± tμm vusijμm 1pitgdeiºtgta c¸metai t0 vk,. […] 1pitgdeiºtgr d³ owsa pq¹r tμm toO eUdour rpºstasim B v¼sir pqo{p²qwei l´m pyr toO eUdour eQjºtyr
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Chapitre 5. Analyse des digressions
Nanmoins, Aristote na pas jug bon dappeler « nature » ni la matire en soi (en effet, la matire en elle-mÞme est un substrat inerte) ni la forme (en effet, celle-ci est naturelle et non pas nature), mais il a appel « nature » la disposition de la matire se mouvoir et changer de la manire qui lui est propre, chaque fois quelle change de telle forme telle autre. Car aussi bien le rejet que la rception de la forme adviennent la matire selon la disposition naturelle. […] tant la disposition <de la matire> la subsistence de la forme, la nature prexiste en quelque sorte la forme en tant en puissance dans la matire, et elle reprsente pralablement en elle-mÞme la forme en tant sa nature et sa pousse et son panouissement partir de la matire.
On retrouve dans ce passage toutes les cinq significations de la « nature », rattaches maintenant lune lautre travers la notion de disposition : la nature, cause productrice des ralits naturelles (5me signification), est la disposition de la matire (1re signification) la rception de la forme (2me signification), au long de lpanouissement (4me signification) de lunit de matire et de forme (3me signification). Lensemble de la rflexion philosophique sur la nature se voit ainsi ordonne la reconnaissance du mÞme concept, savoir celui qui identifie la nature avec ce qui procure la matire la puissance de recevoir la forme. la fin de la digression, Simplicius en sait encore tacitement gr ses prdcesseurs immdiats142 : Cest pourquoi ceux qui disent que la nature est la vie ultime, disent bien. En effet, de la mÞme faÅon que cette sorte dbullition qui procde de lÞtre premier pour aboutir la distinction de lhypostase eidtique, et la sortie depuis lÞtre en direction de lagir sont la puissance premire et la vie premire qui subsiste selon le premier mouvement de lÞtre, de la mÞme faÅon la pousse de la forme engage dans la matire partir de la matire et le mouvement vers elle, considr selon len puissance de la forme, sont la puissance ultime et la vie ultime. Pour cette raison, lÞtre, qui est en haut, est au-dessus de la vie, et la matire, qui est en bas, est aprs la nature, puisque les causes suprieures ont davantage dextension que les causes infrieures. Et tant la vie de la forme, la nature nest pas seulement la pousse delle mais aussi, une fois que la forme est engendre, la cohsion et la surrection de la forme pour faire et subir tout ce quoi elle est naturellement apte.
dum²lei owsa 1m t0 vk,, pqo{pova¸mei d³ 1m 2aut0 t¹ eWdor v¼sir owsa aqtoO ja· oXom 5jvusir ja· !mabk²stgsir !p¹ t/r vkgr. 142 In Phys., 289.25 – 35 : Di¹ ja· oR fyμm 1sw²tgm k´comter tμm v¼sim jak_r k´cousim. ¢r c±q B !p¹ toO pq¾tou emtor oXom !m²fesir eQr di²jqisim t/r eQdgtij/r rpost²seyr ja· B !p¹ toO eWmai eQr t¹ 1meqce ?m 5jstasir B pq¾tg 1st· d¼malir ja· B pq¾tg fyμ jat± tμm pq¾tgm toO emtor j¸mgsim rpost÷sa, ovtyr B !p¹ t/r vkgr toO 1m¼kou eUdour 5jvusir ja· B 1pû aqt¹ j¸mgsir jat± t¹ dum²lei toO eUdour heyqoul´mg B 1sw²tg d¼mal¸r 1sti ja· B 1sw²tg fy¶. ja· di± toOto %my l³m t¹ cm rp³q tμm fy¶m 1sti, j²ty d³ B vkg let± tμm v¼sim, fti t± rp´qteqa aUtia 1p· pk´om vh²mei t_m jatadeest´qym. fyμ d³ owsa toO eUdour B v¼sir oq lºmom 5jvus¸r 1stim aqtoO, !kk± ja· cemol´mou Edg sumowμ ja· diam²stasir pq¹r t¹ poie ?m ja· p²sweim $ p´vuje.
5.3 Les digressions « scientifiques » des deux commentateurs
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Ceux qui disent que la nature est la vie ultime sont en effet Proclus et Damascius.143 Partant deux, Simplicius parvient expliciter ce quest la « vie ultime », en lattachant clairement la matire et la providence de ltre. Dans cet immense processus de la manifestation intelligible aussi bien que sensible, auquel aspire la philosophie noplatonicienne de lUn et de ltre,144 la nature se voit assigner par Simplicius le r le du dernier ressort de la Vie, dans un ultime niveau de constitution, auquel l me ne peut pas intervenir. La nature est la « vie » de la forme matrielle, qui non seulement la fait appara tre mais aussi la maintient, de sorte quelle puisse faire et subir tout ce qui lui appartient par nature. Elle assure ainsi aux corps, mÞme ceux qui ont entirement sombr dans la matire, une forme eux et, par l, une existence qui leur soit propre. 5.3.2.4 Corollaire : Philopon, In Phys., 197.30 – 198.8 en juger par la digression de Simplicius, lanalyse et la dfinition de la nature par Aristote laissaient dsirer. Le mÞme point de vue est partag par Philopon, qui dans la th ria de Phys., II 1, 192b 8 – 193a 9, fait la remarque suivante145 : Telle est donc la dfinition de la nature. Il faut pourtant savoir que cette dfinition nest pas significative de ce quest la nature, mais de lactivit de la nature ; car nous navons pas appris ce quest la nature en apprenant quelle est principe de mouvement et de repos, mais ce quelle fait. Afin donc de donner la dfinition de 143 Cf. Proclus, In Remp., II, 311.10 – 13 (Trad. A.–J. Festugire lgrement modifie) : « Que la nature est la vie ultime du corps (s¾lator 1sw²tg fy¶), cest manifeste ; cest en elle donc, issue du Tout, que l me pntre, et elle nentre pas dans un vivant – car cest elle-mÞme qui en fait un vivant – mais dans un corps naturel » ; Damascius, In Parm., III, 50.23 – 25 : « Le corps est donc la forme ultime, et la nature la vie ultime qui est attache au corps (ja· 1sw²tg fyμ B v¼sir B sumoOsa t` s¾lati), et lÞtre ultime cest celui qui est cach dans le corps » ; III, 52.10 – 16 (Trad. J. Combs lgrement modifie) : « Que lon ne stonne donc pas que la nature soit la vie ultime (eQ B v¼sir 1sw²tg 1st· fy¶), et cela en tant suspendue la vivification intellective, et que lon ne cherche pas non plus une trace de vie en deÅ de la nature, procdant partir de laudel de la totalit de la vie intellective ». Simplicius dveloppe la mÞme ide, en simplifiant un peu et en utilisant un vocabulaire moins mtaphysique. 144 Lire P. Hadot, « Lapport du noplatonisme la philosophie de la nature en occident », Eranos 37 (1968), p. 91 – 132, en particulier p. 118 – 128. 145 In Phys, 197.30 – 198.8 : j l³m owm fqor t/r v¼seyr oxtor. 1pist²seyr d³ %niom, fti oxtor b bqisl¹r oqj 5sti toO t¸ 1stim B v¼sir sglamtijºr, !kk± t/r 1meqce¸ar t/r v¼seyr7 oq c±q t¸ 1stim B v¼sir 1l²holem di± toO lahe ?m fti !qw¶ 1sti jim¶seyr ja· Aqel¸ar, !kk± t¸ poie ?. Vma owm ja· t/r oqs¸ar aqt/r t¹m bqisl¹m !pod_lem, kejt´om ovtyr, fti 1st·m B v¼sir fyμ Etoi d¼malir jatadeduju ?a di± t_m syl²tym, diapkastijμ aqt_m ja· dioijgtij¶, !qwμ jim¶seyr owsa ja· Aqel¸ar 1m è rp²qwei pq¾tyr jah4 art¹ ja· oq jat± sulbebgjºr. fti d³ oq lºmom t_m 1lx¼wym 1st· dioijgtijμ B v¼sir, !kk± ja· t_m !x¼wym, d/kom (5wei c±q 6jastom d¼malim vusijμm sumejtijμm toO eWmai7 5vhaqto c±q #m ja· eQr t¹ lμ cm let´stg lgdem¹r emtor toO sum´womtor), !kk± d/kom fti ¦speq t¹ eWdor 1m to ?r 1lx¼woir tqam´steqom, ovty ja· B t/r v¼seyr pqºmoia.
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Chapitre 5. Analyse des digressions
son essence, il faut dire de la manire suivante : la nature est une vie ou une puissance qui plonge dans les corps, les faÅonne et les gouverne, principe de mouvement et de repos pour ce dans quoi elle existe immdiatement par soi et non par accident. Que la nature ne gouverne pas seulement les ralits animes mais aussi les ralits inanimes, cest vident (en effet, chaque ralit inanime possde une puissance naturelle qui maintient son Þtre ; sil ny avait rien qui puisse la maintenir, elle prirait et passerait au non-Þtre). Mais il est aussi clair que, de mÞme que la forme est plus manifeste dans les ralits animes, de mÞme la providence de la nature est plus manifeste sur elles.
Ce passage du Commentaire sur la Physique de Philopon a fait lobjet de deux tudes qui ont essay de tirer au clair, entre autres, son caractre stocien.146 Ce faisant, les auteurs ont omis de remarquer la parent quil y a entre ce bref dveloppement de Philopon et lanalyse fournie par Simplicius dans sa digression, tous les deux identifiant la nature une sorte de vie et de puissance. Nous t cherons donc, pour notre part, dexpliquer cette parent en reprant la source commune des deux commentateurs. Celle-ci est en effet la digression sur la nature annexe par Proclus aux prolgomnes de son Commentaire sur le Time. 147 En prcisant que la dfinition aristotlicienne de la nature nous apprend ce que la nature fait et non ce que la nature est, et cherchant par la suite dfinir lessence de la nature, Philopon se livre en effet une dmarche pareille celles de Simplicius et de Proclus. Simplicius, on la vu tout lheure, consacre la deuxime partie de sa digression la dcouverte de lessence de la nature selon Aristote, et Proclus se propose de faire une digression pour expliciter « ce que Platon veut que soit lessence de la Nature ». La dfinition de lessence de la nature par Philopon (celle de lacte ayant t dj formule par Aristote) provient en effet de Proclus, ainsi que cela appara t gr ce au tableau suivant : Philopon, In Phys., 197.34 – 198.4 : 1st·m B v¼sir fyμ Etoi d¼malir jatadeduju?a di± t_m syl²tym, diapkastijμ aqt_m ja· dioijgtij¶, !qwμ jim¶seyr owsa ja· Aqel¸ar 1m è rp²qwei pq¾tyr jah4 art¹ ja· oq jat± sulbebgjºr. fti d³ oq lºmom t_m 1lx¼wym 1st· dioijgtijμ B v¼sir, !kk± ja· t_m !x¼wym, d/kom (5wei c±q 6jastom
Proclus, In Tim., I, 10.25 – 11.23 : B l³m c±q v¼sir t_m syl²tym 1st¸, d¼mousa jatû aqt_m ja· owsa !w¾qistor !pû aqt_m. […] B to¸mum v¼sir 1sw²tg l´m 1sti t_m t¹ sylatoeid³r toOto ja· aQshgt¹m dgliouqco¼mtym aQt¸ym […], podgcetoOsa d³ t¹m fkom jºslom ta?r 2aut/r dum²lesi ja· t¹m l³m oqqam¹m t0 2aut/r !jqºtgti
146 Cf. J. E. McGuire, « Philoponus on Physics ii 1 : v¼sir, d¼malir, and the Motion of the Simple Bodies », Ancient Philosophy 5 (1985), p. 241 – 267 ; E. M. Macierowski-R. F. Hassing, « John Philoponus on Aristotles Definition of Nature », Ancient Philosophy 8 (1988), p. 73 – 100. 147 E. M. Macierowski-R. F. Hassing, art. cit., p. 83, citent quelques passages du Commentaire sur le Time, quils considrent prcisment comme relatifs la dfinition philoponienne de la nature ; mais tonnamment, ils passent sous silence la digression de Proclus sur la nature.
5.3 Les digressions « scientifiques » des deux commentateurs
d¼malim vusijμm sumejtijμm toO eWmai7 5vhaqto c±q #m ja· eQr t¹ lμ cm let´stg lgdem¹r emtor toO sum´womtor), !kk± d/kom fti ¦speq t¹ eWdor 1m to ?r 1lx¼woir tqam´steqom, ovty ja· B t/r v¼seyr pqºmoia.
149
sum´wousa, tμm d³ c´mesim di± toO oqqamoO jubeqm_sa, pamtawoO d³ t± leqij± sumuva¸mousa to ?r fkoir. toia¼tg d³ owsa pqoek¶kuhem !p¹ t/r f\ocºmou he÷r […], !vû Hr p÷sa fyμ pqºeisim, F te moeq± ja· B !w¾qistor t_m dioijoul´mym.
La formulation de Philopon est certes dnue de lallure thologique du dveloppement de Proclus, qui fait mÞme intervenir dans son texte trois vers des Oracles chalda ques. Il nen reste pourtant pas moins que lide de nature comme vie ou puissance qui plonge dans les corps et, ensuite, les gouverne et les maintient (sum´wousa), est emprunte la digression de Proclus. Simplicius exprime en effet la mÞme ide, lorsquil dit que « tant la vie de la forme, la nature nest pas seulement la pousse delle mais aussi, une fois que la forme est engendre, la cohsion (sumow^) et la surrection de la forme pour faire et subir tout ce quoi elle est naturellement apte ». Dune manire qui, premire vue, para t paradoxale, Philopon et Simplicius saccordent quant la dtermination de lessence de la nature, bien que le second soit plus analytique et, peut-on dire, plus mtaphysique que le premier.148 La dfinition « enrichie » de Philopon prsente ainsi une influence plus proclienne que stocienne. Cependant, on nen dduira pas que Philopon a directement puis chez Proclus. Tout dabord, le Commentaire sur le Time de Proclus nappara t que tardivement dans les ouvrages de Philopon,149 puis chercher combiner la dfinition aristotlicienne de la nature avec les spculations de Proclus aurait certes peu dintrÞt pour lui. Lexpression « dioije ?tai rp¹ v¼seyr » se retrouve en effet dans un passage du Corollaire de Philopon sur le lieu, qui se rapporte explicitement lenseignement dAmmonius.150 On pensera donc plus vraisemblablement quen reformulant la dfinition de la nature, Philopon reprenait des notes issues de lenseignement dAmmonius, qui fut lve de Proclus. La strate proclienne de ce passage du Commentaire de Philopon explique par ailleurs sa parent avec la digression de Simplicius.
148 Philopon parle simplement de « vie » et non pas de « vie ultime », et lide de laccrochage de cette vie la vie tout premire de ltre nappara t pas dans son texte. 149 Cf. De aet. mundi contra Proclum, 364.5. 150 Philopon,
150
Chapitre 5. Analyse des digressions
5.3.3 Simplicius, Sur le lieu (
151 La doctrine de Damascius tait expose dans le trait, aujourdhui perdu, Du nombre, du lieu et du temps (Peq· !qihloO t|pou ja· wq|mou). Simplicius se fonde ouvertement sur ce trait, dont il cite des passages entiers. Sur la doctrine des « mesures rassemblantes », lire les tudes de Ph. Hoffmann, « Simplicius : Corollarium de loco », dans G. Aujac et J. Soubiran (ds), LAstronomie dans lAntiquit classique, Paris 1979, p. 143 – 161 ; « Le temps comme mesure et la mesure du temps selon Simplicius », dans F. Briquet-Chatonnet et H. Lozachmeur (ds), Proche-Orient Ancien : temps vcu, temps pens, Paris, 1998, p. 223 – 234. 152 Cf.
5.3 Les digressions « scientifiques » des deux commentateurs
151
du paralogisme que lon observe propos de sa doctrine du lieu. Mais la discussion, me semble-t-il, ne prendra pas fin ainsi : car aprs Aristote il y a eu dautres doctrines sur le lieu, dont lexamen, si elles taient apparues avant lui, ce serait luimÞme qui nous laurait transmis. Il lui plairait donc quelles soient examines, et notamment la thse qui affirme que le lieu est un intervalle. Aristote la mise lpreuve brivement, et comme elle a agr aux plus clbres qui ont philosoph aprs lui, il est juste, mon avis, de la juger digne dune plus grande considration. Si moi-mÞme, je pouvais aussi en quelque manire contribuer faire un expos articul des notions relatives au lieu, Aristote, jimagine, admettrait mon audace, puisque cest lui qui a fourni les principes dune telle enquÞte. Si donc je parais mavancer en dehors des limites du commentaire exgtique, que les lecteurs en accusent la difficult et la diversit daspects du problme.
Le prologue du Corollaire nest pas sans un habillage rhtorique qui voile lembarras dans lequel se trouve Simplicius ayant, au bout du compte, rfuter la doctrine aristotlicienne du lieu dans le cadre mÞme de lexgse de la Physique. Ds lors, il faudra que les incompltudes, voire les tromperies, de lanalyse dAristote soient mises en relief, de sorte que la ncessit dune doctrine « nouvelle » comme celle de Damascius soit tablie.154 De ce point de vue, le Corollaire sur le lieu se diffrencie sensiblement de toute autre digression du Commentaire : alors que les autres digressions sont censes prciser davantage ou mÞme dfendre la vraie porte de la doctrine dAristote – il va de soi, identique celle de Platon – le Corollaire, en dernire analyse, sy oppose. Ayant cela en vue, Simplicius se justifie pralablement en voquant « la difficult et la diversit daspects du problme du lieu ». Lanalyse dAristote laissant dsirer, maints penseurs, explique-t-il, se sont depuis mis tudier le lieu nouveaux frais. En bon exgte, donc, et quitte saffranchir des limites imposes par la pratique du commentaire, il se propose dexaminer toutes les doctrines relatives professes aprs Aristote. Au demeurant, une telle entreprise est conforme la mthode dialectique dAristote, qui consiste interroger toute thse existante sur un sujet donn. Mais en ralit, la dmarche dialectique et aportique de Simplicius ouvre la voie pour les solutions apportes par Damascius. 5.3.3.2 La structure du Corollaire Suivant ce qui est annonc dans le prologue, le Corollaire se droule de la manire suivante :
)qistot´kgr t±r !qw±r aqt¹r paqasw¾m. ¦ste j#m 5ny toO rpolmglatisloO pqoz´mai dºny, t¹ wakep¹m ja· pokueid³r toO pqobk¶lator oR 1mtucw²momter aQti²shysam. 154 Simplicius cherchera pourtant allger la gravit de la kainoprepeia de Damascius la fin du corollaire, en faisant remonter sa doctrine Thophraste et Platon.
152
Chapitre 5. Analyse des digressions
A. 601.1 – 24 : Prologue : plan du corollaire suivi dun aperÅu prliminaire sur les diffrentes doctrines du lieu prsentes par mthode de division. B. 601.25 – 611.7 : Examen de la doctrine dAristote. 1. 601.25 – 607.24 : Les objections la doctrine dAristote. i) Contre laffirmation dAristote que le ciel nest pas en un lieu (601.25 – 604.11). ii) Le dsaccord entre la dfinition aristotlicienne du lieu et les axiomes pralablement poss (604.12 – 607.24). 2. 607.25 – 611.7 : La cause du paralogisme observ au sujet du lieu : le concept erron de la limite enveloppante. C. 611.8 – 645.19 : Examen des doctrines aprs Aristote. 1. 611.8 – 618.7 : La doctrine de Proclus : le lieu comme corps luminaire. 2. 618.-7-624.36 : Une doctrine rpandue : le lieu comme intervalle. 3. 624.37 – 645.19 : La doctrine de Damascius : le lieu comme mesure de lextension spatiale. 5.3.3.3 Les insuffisances de la doctrine aristotlicienne du lieu et lhistoire du problme La dfinition aristotlicienne du lieu comme premire limite immobile de lenveloppant155 a t trs t t mise en cause. Ainsi que le rapporte Simplicius, Thophraste a aussit t formul les apories suivantes156 : Il faut savoir que Thophraste, dans sa Physique, adresse au discours dAristote sur le lieu les apories suivantes : (1) le corps sera dans une surface ; (2) le lieu sera en mouvement ; (3) tout corps ne sera pas en un lieu (car la sphre des fixes ne sera pas en un lieu) ; (4) si les sphres sont rassembles, le ciel tout entier ne sera pas en un lieu ; (5) mÞme si les choses qui sont en un lieu ne se dplacent pas, elles ne seront plus dans
Bien que brivement rapportes, les apories de Thophraste font le point sur la faiblesse et les antinomies contenues dans lanalyse aristotlicienne du lieu, et doivent avoir nourri par la suite toutes les discussions relatives aux problmes de la nature du lieu.157 Simplicius, en tout cas, les dveloppe presque toutes :
155 Phys., IV 4, 212a 20 – 21 : ¦ste t¹ toO peqi´womtor p´qar !j¸mgtom pq_tom, toOtû 5stim b tºpor. 156
5.3 Les digressions « scientifiques » des deux commentateurs
153
1. Le corps sera dans une surface (604.12 – 605.5) : Aristote pose pralablement au sujet du lieu une srie daxiomes, dont les deux premiers sont les suivants : i) le lieu contient ce dont il est le lieu sans en Þtre une partie ; ii) le lieu est gal ce qui est en lui.158 Le lieu entendu comme limite de lenveloppant et non pas de lenvelopp nest videmment pas une partie du corps quil contient.159 Mais comment peut-il contenir ce dont il est le lieu, tout en lui tant gal ? Le lieu contient effectivement un corps. Or, tout corps est tridimensionnel, alors que le lieu comme limite est une surface et, de ce fait, pourvu de deux dimensions. Comment donc est-il possible quune surface soit gale un solide ? Est-ce vrai que le vÞtement qui mentoure est gal mon corps ? Sil est vrai que le lieu est une surface et quil est gal au corps quil contient, il est vrai aussi que le corps est dans une surface, ce qui est absurde. 2. Le lieu sera en mouvement (603.28 – 604.5, 605.26 – 32, 606.36 – 607.9) : Aristote veut que le lieu soit immobile ; sinon, il sera comme un vase.160 Or, dans lunivers, il ny a rien dimmobile qui enveloppe quelque chose. Les corps clestes sont envelopps par le ciel qui se meut circulairement, et les corps du monde sublunaire sont tous envelopps par quelque chose de mobile : si la terre et peut-Þtre leau, en tant que touts, ne se meuvent pas, lair qui les enveloppe se meut. Il en est de mÞme de la masse igne, situe lextrmit du monde sublunaire, qui enveloppe lair : elle aussi, entra ne par la rotation de la sphre de la lune, se meut circulairement. Si donc le lieu est une limite enveloppante, il nest pas immobile. 3 et 4. La sphre des fixes ne sera pas en un lieu ni le ciel tout entier (601.26 – 603.22) : Aristote affirme que le ciel (tant dans sa plus haute zone, savoir les fixes, que tout entier, si on le considre comme un) nest pas en un lieu : si le lieu est la limite du corps enveloppant et quil ny ait rien lextrieur du ciel qui puisse lenvelopper, il sensuit que le ciel nest pas en un lieu.161 Mais Aristote affirme encore, en explicitant davantage sa dfinition, que tout ce qui est
158
159 160
161
celle de Sorabji) de K. Algra, Concepts of Space in Greek Thought, Leiden/New York/ Kçln, 1995, p. 234 – 237. Phys., IV 4, 210b 32 – 211a 2 : T¸ d´ potû 1st·m b tºpor, ¨dû #m c´moito vameqºm. k²bylem d³ peq· aqtoO fsa doje ? !kgh_r jahû art¹ rp²qweim aqt`. !nioOlem dμ t¹m tºpom eWmai pq_tom l³m peqi´wom 1je ?mo ox tºpor 1st¸, ja· lgd³m toO pq²clator, 5ti t¹m pq_tom l¶tû 1k²tty l¶te le¸fy. Partant de l, Aristote exclut par la suite la forme et la matire comme lieux possibles des corps. Cf. Phys., IV 4, 212a 14 – 16 : 5sti dû ¦speq t¹ !cce ?om tºpor letavoqgtºr, ovtyr ja· b tºpor !cce ?om !letaj¸mgtom. Bien que cette phrase ne figure pas parmi les axiomes pralablement poss par Aristote, elle a t considre comme un axiome par Thophraste et Eudme ; cf. Simplicius,
154
Chapitre 5. Analyse des digressions
envelopp par un lieu est prcisment ce qui est mobile selon le lieu.162 Or, le mouvement circulaire, dont le ciel est anim, nest-il pas un mouvement selon le lieu ? Sil en est bien ainsi, le ciel est en un lieu, et Aristote se contredit luimÞme. Ou faut-il entendre que daprs Aristote seul le mouvement rectiligne est un mouvement local ? Mais Aristote dit le contraire dans le trait Du ciel et dans le livre VIII de la Physique, o il divise le mouvement local en trois espces prcisment : le mouvement circulaire, le mouvement en ligne droite et le mouvement mixte. Si donc Aristote ne se contredit pas, comment est-il possible que le ciel se meuve selon le lieu sans Þtre en un lieu ? 5. MÞme si les choses qui sont en un lieu ne se dplacent pas, elles ne seront plus dans le mÞme lieu, si ce qui les enveloppe leur est supprim : Cette aporie ntant pas dveloppe par Simplicius, nous tenterons de le faire sa place.163 Au dbut de son expos sur le lieu, Aristote prcise que lune des observations qui nous amnent la saisie de lexistence du lieu est le remplacement des corps (!mtilet\stasir)164 : l o se trouve, dans un moment t1, un corps quelconque, par exemple de leau dans un vase, lorsque, dans un moment t2, leau est verse, lair prend sa place. Ou, plus simplement, le mÞme vase peut contenir de leau dans t1 et du vin dans t2. Le remplacement des corps ainsi conÅu prsuppose en effet lide dun lieu statique, dans lequel des corps, on dirait dynamiques, se dplacent. Laporie de Thophraste semble vouloir dire que le lieu entendu comme limite de lenveloppant implique en ralit le contraire. MÞme quand un corps ne se meut pas, ce qui lenveloppe, par exemple lair, se meut, vu quil ny a rien denveloppant qui soit immobile (voir laporie no 2). Si donc le lieu dun corps est la limite de ce qui lenveloppe, il arrivera que le mÞme corps se trouve en des lieux diffrents sans sÞtre dplac. En concluant cette premire partie du Corollaire, Simplicius prcise que les paralogismes observs dans la doctrine aristotlicienne du lieu sont fondamentalement dus deux points de dpart errons : i) la conception aristotlicienne de lenveloppement (peqiow^) ; et ii) la considration que les corps qui se meuvent selon le lieu sont uniquement ceux qui changent de place.165 Partant de
162 Phys., IV 4, 212a 6 – 7 : k´cy d³ t¹ peqiewºlemom s_la t¹ jimgt¹m jat± voq²m. 163 Notre analyse est proche de celle de R. Sorabji, op. cit. K. Algra, Concepts of Space in Greek Thought, p. 236 et n. 105, considre que cette aporie de Thophraste consiste en un pur « thought experiment » qui pose une suppression totale des limites de lenveloppant. 164 Cf. Phys., IV 1, 208b 1 – 2 : fti l³m owm 5stim b tºpor, doje ? d/kom eWmai 1j t/r !mtiletast²seyr. 165 Cf.
5.3 Les digressions « scientifiques » des deux commentateurs
155
la thse communment admise que le lieu enveloppe (ou contient) ce dont il est le lieu, Aristote sest tromp en ce quil a pens lenveloppement comme une sorte dentourage extrieur (peqij\kuxir), la manire dont par exemple le vÞtement enveloppe le corps. Il a t ainsi amen affirmer quune limite, celle du corps enveloppant, peut contenir un corps en sa totalit. Mais en ralit, pour que cela soit vrai, il faut que le lieu ne soit pas lentourage mais lemplacement ou le rceptacle de cette totalit.166 Qui plus est, Aristote a restreint le champ de sa recherche aux corps qui changent de place, autrement dit aux corps qui se meuvent en ligne droite. Ce faisant, il sest trouv soutenir la thse absurde que le ciel, qui se meut circulairement et qui, de ce fait, ne change pas de place, nest pas en un lieu. Partant ainsi de fausses prmisses ou, mieux, de prmisses partiellement vraies, lenquÞte aristotlicienne ne prtendait pas une validit absolue, ni elle ne voulait rendre compte du lieu de tous les corps167 : Mais Aristote semble vouloir dire que seules ont besoin dun lieu les choses qui, en leur totalit, changent de place et viennent occuper un lieu quelles navaient pas auparavant […]. Si donc ce quoi le lieu semble Þtre utile, cest aux dplacements des ralits qui ne peuvent ni demeurer ni se mouvoir dans le mÞme, on aura raison de dire que seules ces ralits sont en un lieu. Mais remarque comment la discussion dAristote ne sest pas lance vers la nature entire de lobjet de lenquÞte, mais seulement vers ce qui nous est immdiatement connu.168 Toutefois, en quel sens les ralits qui peuvent effectivement demeurer et se mouvoir dans le mÞme, comme le ciel, sont-elles dites « dans le mÞme » ? Est-ce au sens o une telle ralit est en elle-mÞme ? Mais, dit Aristote, aucun corps nest en lui-mÞme, parce quil y a une distinction entre ce qui est en quelque chose et ce en quoi il est. Pourtant, mÞme si lon dit que le ciel ne se meut pas, parce quil ne passe pas dun lieu un autre, il demeure du moins dans le mÞme, et on dit quil est immuable, ce discours ; mais ce qui contribue surtout dresser un expos articul des doctrines du lieu, cest, je crois, de dcouvrir les principes les plus fondamentaux partir desquels on a conclu cette dfinition du lieu qui admet tant dobjections. Je crois donc que la cause en est, tout dabord, la conception du lieu comme enveloppement et, ensuite, la prise en compte de ce qui se meut selon le lieu par soi. » 166 Cf.
156
Chapitre 5. Analyse des digressions
non pas quant son essence, mais au sens o il possde toujours le mÞme lieu. Ainsi donc, le fait quAristote ne sest pas pralablement pos lutilit du lieu en sa totalit comme point de dpart pour ses analyses, cest bien cela la cause des objections
La dernire remarque de Simplicius justifie les faiblesses de la doctrine aristotlicienne, consciemment dirige vers une tude partielle du lieu. Mais elle anticipe aussi sur la justesse de la mthode suivie par Damascius dans ses propres recherches sur le lieu. En introduisant plus bas la doctrine de son ma tre, Simplicius mettra en relief le point de dpart de la dmarche damascienne qui consiste sinterroger sur l « utilit » du lieu pour dcouvrir son essence. On saperÅoit ainsi de lintention qui conditionne la dmarche de Simplicius : la voie dialectique que le lecteur emprunte dans la premire moiti du Corollaire dbouche, dans la deuxime moiti du Corollaire, sur l « utilit » du lieu dont rend prcisment compte la doctrine des quatre mesures de Damascius. Mais entre Aristote et Damascius il y a eu dautres philosophes qui se sont consacrs ltude du lieu. Eux non plus ne se sont pas pos la question quil fallait se poser : quoi sert le lieu ? 5.3.3.4 Le lieu comme intervalle, corporel ou incorporel, et pourtant sans « utilit » Avant de finir par dfinir le lieu comme premire limite immobile de lenveloppant, Aristote avance quatre possibilits quant ce que le lieu peut Þtre : matire, forme, limite de lenveloppant ou intervalle compris entre les limites de lenveloppant.169 Simplicius explique que cela ne constitue gure une division dmonstrative mais une numration non-exhaustive de diverses opinions sur le lieu, vu quil y a dautres manires encore de rendre compte du lieu.170 Cependant, tous les philosophes qui ont song la nature du lieu aprs Aristote se sont limits ces quatre possibilits, en optant tous pour lintervalle (ou extension171) bien quils laient conÅu diffremment. 169 Cf. Phys., IV 4, 211b 6 – 9 : swed¹m c±q t´ttaq² 1stim ¨m !m²cjg t¹m tºpom 6m ti eWmai· C c±q loqvμ C vkg C di²stgl² ti t¹ letan» t_m 1sw²tym, C t± 5swata eQ lμ 5sti lgd³m di²stgla paq± t¹ toO 1ccicmol´mou s¾lator l´cehor. 170 Cf.
5.3 Les digressions « scientifiques » des deux commentateurs
157
Tel fut le cas de Proclus. Se limitant ces quatre possibilits, le philosophe de Lycie a considr que le lieu est un intervalle, mais ce faisant, il proposa une doctrine radicalement « nouvelle » : il fut le seul soutenir que le lieu est un corps.172 Pour montrer cela, Proclus faisait valoir laxiome aristotlicien qui pose que le lieu doit Þtre gal ce dont il est le lieu : comment est-il en effet possible quun corps et une ralit incorporelle soient « gaux » lun lautre, tant donn que lgalit sapplique des quantits qui relvent du mÞme genre ? Un corps doit Þtre gal un autre corps, la manire dont une ligne est gale une autre ligne et une surface une autre surface. Par consquent, le lieu qui contient un corps en lui tant gal est lui-mÞme un corps. En se conformant davantage aux axiomes aristotliciens, Proclus posait ensuite que ce lieu-corps est ncessairement immobile – sinon il aurait besoin dun autre lieu pour quil se meuve – et quil nest pas divis par les corps qui entrent en lui, puisque, dans le cas contraire, un second intervalle serait ncessaire, pour quil puisse recevoir le corps juste aprs la division du premier intervalle.173 Or, pour Þtre indivisible, le lieu-corps doit Þtre immatriel. Proclus arrivait ainsi affirmer que le lieu est un corps immobile, indivisible et immatriel quil faut assimiler au plus pur et au plus immatriel des corps, savoir la lumire. Et tant un intervalle gal, en dernire analyse, au corps entier du monde, le lieu se voyait identifi une sphre de lumire pure qui compntre la sphre du monde sans excder ses limites et qui, tant corporelle et immuable, exerce une fonction mdiatrice entre lffme et le Monde.174 Simplicius reproche Proclus davoir admis tout dabord comme exhaustive lnumration des quatre lieux « possibles » dAristote, et davoir ensuite faussement appliqu laxiome qui pose lgalit entre le lieu contenant et le corps contenu. Deux choses, objecte-t-il, sont gales par lgalit de leurs mesures et non pas par lhomognit de leurs quantits. Par consquent, le lieu et le corps sont gaux en vertu de leurs dimensions et non pas en vertu de leurs plnitudes corporelles.175 Mais ce qui est le plus important, cest que la doctrine 172 Cf. Simplicius,
158
Chapitre 5. Analyse des digressions
de Proclus ne parvient pas, elle non plus, claircir la raison pour laquelle tous les corps, et pas seulement le corps du monde, ont besoin dun lieu. Autrement dit, Proclus a chou rendre manifeste l« utilit » du lieu176 : Mais prsent, la pense me vient de demander ceux qui ont pos que le lieu est un corps immatriel : est-ce le lieu des corps parce quil est corps ou parce quil est immatriel ? Mais ils nauraient pas rpondre « parce que cest un corps » mais plut t « parce que cest un corps immatriel ». Pourtant, bien quils disent que les firmaments situs au-dessus du monde matriel sont, eux aussi, immatriels, ils ne disent pas que ce sont des lieux, mais quils ont besoin dun lieu. Si donc ce nest ni en tant que corps ni en tant que corps immatriel quil na pas besoin de lieu, en devenant lui-mÞme lieu pour les autres ralits, quelle autre raison donneront-ils ? Deuximement : si cest parce quil est immatriel quil na pas besoin de lieu, il semble que ce soit la matire qui, au sens propre, a besoin dun lieu. Pourtant, qui dirait que la matire est en un lieu de par sa dfinition ? Et si lon dit que
Le mÞme reproche mthodologique vaut galement pour les philosophes qui ont soutenu que le lieu est un intervalle incorporel.177 Simplicius saccorde pourtant avec eux contre les deux arguments suivants, lappui desquels Aristote a ni la possibilit dexistence dun lieu-intervalle : 1) Si le lieu est un intervalle qui existe en soi, cest--dire indpendamment du corps qui est en lui, il y aura un nombre infini de lieux. Car de mÞme que le corps tout entier est 176
5.3 Les digressions « scientifiques » des deux commentateurs
159
dans son propre intervalle, de mÞme les parties du corps sont dans leurs propres intervalles. Or, comme un corps est infiniment divisible, il sensuit quil y a aura un nombre infini dintervalles. 2) Il arrivera encore quil y ait un lieu du lieu et que le lieu se meuve selon le lieu. Car, lorsquun corps se dplace et se produit ainsi dans un autre lieu-intervalle, se dplace aussi lintervalle que le corps occupe.178 Simplicius fait remarquer que cette double reductio aristotlicienne, ad infinitum et ad absurdum, prend appui sur la considration que lintervalle, de par sa continuit, pntre la totalit du corps qui est en lui.179 Sil en est ainsi, le corps et toutes ses parties se trouvent de fait en un lieu, dune manire qui conduit des absurdits : le lieu se rpartit linfini, et un lieu du lieu appara t ncessairement.180 Le raisonnement se fonde pourtant sur une fausse prmisse. Car ni le corps ni lintervalle, explique Simplicius, ne sont divisibles linfini, si ce nest en puissance, et, qui plus est, ils ne sont mÞme pas actuellement diviss lun par lautre. De mÞme que le corps subsiste la fois en tant que tout et en tant que parties, de mÞme lintervalle qui le pntre subsiste, lui aussi, la fois en tant que tout et en tant que parties181 : En effet, de mÞme que le corps est continu, de mÞme aussi les tenants de cette thse posent que lintervalle est continu et immobile. Donc, de mÞme que les parties du corps ne sont pas dans un tat de distinction acheve (car ce ne seraient plus des parties mais plut t des fragments et des units), et quelles ne sont pas non plus dans un tat de rassemblement parfait (car cest l la nature des lments), mais que toute leur subsistence rside dans la distinction en train de se faire, il en est de mÞme des parties du lieu. Et comme Aristote a coutume de le dire, les parties du corps comme celles du lieu sont en puissance et non en acte.
Bien que les parties dun corps soient en un lieu, il nest pas ncessaire quelles soient dans ce lieu sous un mode actuellement divis, ce qui conduirait admettre les absurdits auxquelles mne largumentation aristotlicienne.182 Un 178 Cf. Phys., IV 4, 211b 14 – 29. 179 Cf.
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Chapitre 5. Analyse des digressions
passage du commentaire sur le passage relatif de la Physique, auquel Simplicius renvoie son lecteur, permet de mieux comprendre sa pense sur ce point183 : En effet, comme les corps sont, ainsi ils sont galement en un lieu ; et ils sont indivisibles, si ce nest du point de vue de leur forme quils sont diviss, comme la tÞte, les paules et les mains
Le lieu comme intervalle peut donc recevoir – la diffrence du lieu comme limite – aussi bien le tout que les parties dun corps, quil sagisse du corps du monde entier ou dun autre. Nanmoins, il ne peut pas rendre raison de lorganisation spatiale du monde et des corps qui se trouvent en lui. Pour quelle raison, se demande Simplicius, la terre se range-t-elle au milieu de lintervalle coextensif au monde, et la sphre des fixes son extrmit ? La sphre des fixes elle-mÞme, pour quelle raison se rpartit-elle en deux rgions, lune se rangeant au nord, lautre au sud ? Pourquoi, dans le corps humain, la tÞte est-elle situe en haut et les pieds en bas, cette main-ci et le foie droite, cette main-l et la rate gauche ? MÞme si lintervalle, parce quil pntre le corps du monde, peut rendre compte du fait quun corps se trouve tant t ici tant t l, il ne peut expliquer pour autant le fait quun corps soit continuellement organis de la mÞme manire. Si donc le lieu est un intervalle, il est forcment dnu de toute puissance, au dtriment de lorganisation spatiale de lunivers. Mais cette organisation existe, et pour cela il faut y avoir une cause. Or, prciser la cause de lorganisation spatiale, cest prciser lutilit du lieu. 5.3.3.5 La doctrine des mesures rassemblantes : de la manifestation de l « utilit » du lieu lunification salvatrice des corps Ayant ainsi parcouru les diffrentes doctrines du lieu, Simplicius adresse en commun leurs tenants le propos suivant184 : 183 In Phys., 577.37 – 578.5 : ªr c±q 5stim, ovty ja· 1m tºp\ 1st¸m· 5sti d³ !dia¸qeta ja· C jatû eWdor lºmom di,qgl´ma ¢r jevakμ ja· §loi ja· bqaw¸omer, C lºmom dum²lei ¢r t± bloioleq/. sumewoOr owm emtor toO tºpou ja· 5womtor ja· aqtoO l´qg, t¹ sumew³r 5stai 1m aqt` s_la jahû fkom te ja· jat± lºqia. !kkû oqd³ tºpom 1m tºp\ c¸meshai !m²cjg oqd³ pokko»r ûla tºpour, oqd³ letab²kkeim t¹m tºpom jat± tμm toia¼tgm rpºhesim, eUpeq 6m 1sti t¹ di± p²mtym wyqoOm di²stgla %kkote 1m %kkoir 2autoO loq¸oir %kko ti ja· %kko t_m syl²tym dewºlemom. 184
5.3 Les digressions « scientifiques » des deux commentateurs
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Il faut dire tous ceci : si lon ne dtermine pas bien lutilit du lieu, on ne peut apprendre si le lieu est un corps, ni sil est incorporel, sil a une nature tendue ou une nature intendue.
Telle fut, comme nous lavons dit, la mthode de Damascius, qui sest mis dcouvrir lessence du lieu en raisonnant partir de son « utilit ». Ce faisant, Damascius sest diamtralement oppos, du point de vue pistmologique, toutes les doctrines du lieu qui ont t proposes avant lui ( lexception peutÞtre de la doctrine de Proclus). Dans une perspective fondamentalement aristotlicienne, on recherchait jusqualors la nature du lieu en songeant pralablement aux aspects « locaux » des corps, cest--dire au fait que les corps sont dits Þtre quelque part, se meuvent ou se remplacent lun lautre. Le lieu existe, parce que les corps existent. Partant de ce principe, toute doctrine cherchait dsormais adapter la nature du lieu une « localisation » des corps pralablement affirme. Tel fut, par exemple, le cas de ceux qui optaient pour le lieu comme intervalle : leur souci principal tait de concevoir un lieu qui puisse saccorder au mouvement du ciel. Dans un tout autre sens, Damascius songe l « utilit » du lieu en ce sens quil sinterroge sur ce que le lieu confre aux ralits « localises ». Le lieu se voit ainsi assigner une antriorit pistmologique qui provoque un bouleversement au niveau ontologique : si les corps sont pourvus dune « localisation » dans lespace ou, mieux, dune organisation spatiale, cest parce que le lieu existe avant eux et que, de la sorte, il est capable de la leur assurer. Pour voir comment cela est possible, reproduisons un extrait du trait Du nombre, du lieu et du temps que Simplicius cite la lettre185 : Toutes les choses en devenir, ayant dchu de la nature indivise et intendue, et ce du double point de vue de leur substance et de leur activit, ont eu une double distanciation, lune selon la substance, lautre selon lactivit ou la passion ; et celle quelles ont eue selon lactivit a t double aussi : lune est connaturelle la substance, et cest selon elle que la substance est dans un flux continu, lautre 185 Damascius apud Simplicium,
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Chapitre 5. Analyse des digressions
procde de la substance, et selon elle les choses en devenir effectuent en des moments distincts des actes distincts […] La distanciation de la substance fut double elle aussi : dune part elle est descendue dans le dchirement de la pluralit, dautre part elle est descendue dans le volume […]. En effet, toutes les choses qui ont subi une distanciation ont perdu ltat de leur contraction unie et ont chang lÞtre-en-soi-mÞme pour le devenir-en-un-autre, dans lequel elles sont dites aussi Þtre situes, en ce sens quelles ont t, pour ainsi dire, insres l-dedans, ayant perdu leur pouvoir sur soi ; de mÞme quelles sont dites se mouvoir et changer, quand elles sortent delles-mÞmes en effectuant leurs activits. Pour toutes ces distanciations, donc, et afin quelles ne descendent pas compltement dans lindtermin, des mesures rassemblantes sont apparues : le temps qui rassemble la distanciation selon lactivit dploye dans le mouvement ; pour les distanciations substantielles, <sont apparues> la pluralit dtermine, cest--dire le nombre, qui rassemble la distanciation selon la distinction, et la grandeur dtermine, comme la coude ou les mesures de ce type, qui rassemble la distanciation selon la continuit ; et le lieu qui rassemble la distanciation considre du point de vue de la dispersion des positions.
Lors dune grave dchance partir de ltre, on voit appara tre le devenir selon une quadruple « distanciation », laquelle quatre « mesures », savoir le nombre, le lieu, la grandeur et le temps, confrent un terme ou, pour le dire selon Damascius, un « rassemblement ». De fait, toute ralit sensible comporte une quadruple dtermination : 1) elle est « une » substance, cest--dire distingue numriquement dune autre substance ; 2) elle est une substance dune certaine extension (spatiale) continue ; 3) elle est substance en tant que tout comprenant des parties qui sont distingues lune de lautre ; et 4) elle a une activit dÞtre et, de ce fait, dautres activits secondaires. En labsence des « mesures », suggre Damascius, rien de cela nexiste plus : 1) dfaut de nombre, la pluralit cesse dÞtre discrte et toute chose fusionne en la pluralit originaire ; 2) dfaut de grandeur, toute extension stale linfini et toute chose y sombre ; 3) dfaut de lieu, toute organisation spatiale seffondre et chaque tout se confond avec ses parties ; 4) dfaut de temps, toutes les activits dune chose se mÞlent lune avec lautre et son activit dÞtre scroule. Gr ce aux quatre « mesures », les ralits sensibles se voient donc « mesures » en ce sens quelles acquirent les dterminations dont elles ont besoin pour ne pas sanantir dans lindtermination originaire, dans la distanciation illimite quest la matire. Elles sont alors « unifies » et, de ce fait, « sauves ». Plus loin, Simplicius reprend la doctrine de son ma tre dune manire qui permet de suivre de plus prs les articulations de cette opration salvatrice186 : 186
5.3 Les digressions « scientifiques » des deux commentateurs
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Les choses qui ont t distingues ont subi la distinction de plusieurs manires : dun c t, elles se sont tendues du point de vue de la grandeur ou de la puissance de la substance, comme les quantits que lon appelle continues ; dun autre, elles se sont distingues selon la pluralit, comme les choses que lon appelle proprement discontinues ; et dun autre c t, elles se sont tales selon lextension de lÞtre, et ce sont les choses dont on dit quelles sont ternelles ou que leur existence a une telle ou telle dure. tant, donc, sorties hors de la limite unitaire et stant lances vers lillimitation et lindtermination, elles ont eu besoin de mesures et de dterminations qui les conservent dans un tat de dtermination et les protgent de la confusion ; et elles ont eu besoin dautres mesures pour <viter> leffusion linfini et dautres pour <viter> la confusion mutuelle qui risque datteindre les parties qui sont dj distancies. Ce qui arrÞta donc le dchirement linfini de la pluralit discontinue, ce fut le nombre, qui, par des formes dtermines, a enserr la distinction ; ce qui donna une dtermination leffusion indtermine de la quantit en train de stendre, ce fut la mesure de la grandeur, comme, pour donner une illustration, la coude ou le doigt ; quant lextension de lÞtre, ce qui en mesura et ressembla dans lunit la grandeur, pour ainsi dire, immobile, ce fut lternit, et ce qui en mesura et ressembla dans le nombre la grandeur mobile, ce fut le temps. Telles sont les mesures qui ont empÞch la quantit – une fois advenue la distinction – de se perdre dans une indtermination illimite, et ce aussi bien au niveau des modles que des images. Mais il y a encore quelque chose [=le lieu] qui est la cause qui, en toutes ces ralits, enlve toute confusion entre les choses qui se sont distingues : elle empÞche que les parties se confondent les unes avec les autres dans la totalit qui leur est propre, et fait que chaque partie reÅoit la place et la position qui lui conviennent.
linstar de lUn tout premier, « mesure » de toutes choses, les quatre « mesures » unifient les ralits sensibles, faisant ainsi preuve de la providence qui rgit lensemble de lunivers. Sil y a au niveau du sensible des formes dtermines dans lespace et dans le temps, cest que des mesures leur sont coordonnes.187 On peut maintenant mieux comprendre l« utilit » que le lieu procure aux corps. Lorsque la corporit, autrement dit la matire, sort de lunit originaire et que, au tout dernier niveau ontologique, la premire « formation » des corps jat± tμm eQr %peiqom 5jwusim, %kkym d³ jat± tμm 1m !kk¶koir t_m Edg diest¾tym loq¸ym (scripsi : lºmym codd. : leq_m coni. Diels) jimdume¼ousam 1picem´shai s¼cwusim. ja· toO l³m diyqisl´mou pk¶hour t¹m eQr %peiqom diaspasl¹m 5stgsem !qihl¹r ¢qisl´moir eUdesi peqikab½m tμm di²jqisim, toO d³ diistal´mou posoO tμm !ºqistom 5jwusim ¦qise t¹ lecehij¹m l´tqom, oXom ¢r eQjºma v²mai t¹ pgwua ?om C dajtukia ?om. t/r d³ jat± t¹ eWmai paqat²seyr t¹ oXom l´cehor t¹ l³m !j¸mgtom 1l´tqgse ja· sum¶cacem eQr 4m b aQ¾m, t¹ d³ jimo¼lemom eQr !qihl¹m b wqºmor. ja· toiaOta l³m t± l´tqa t± lμ sucwyq¶samta t¹ pos¹m eQr %peiqom !oqist¸am 1nemewh/mai diajqih³m l¶te 1m to ?r paqade¸clasi l¶te 1m ta ?r eQjºsim. %kko d´ t¸ 1sti t/r 1m p÷si to¼toir t_m diajqih´mtym sucw¼seyr !maiqetij¹m aUtiom toO lμ 1pisucwe ?shai !kk¶koir t± l´qg jat± tμm oQje¸am bkºtgta, !kkû 6jastom t²nim te ja· h´sim tμm pqos¶jousam !pokalb²meim. 187 Les « mesures » cordonnes tirent leur existence sous mode de participation partir des « mesures » transcendantes ; cf.
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appara t, il ny a ni touts ni parties, mais tout est originairement confondu. Le lieu, qui est la « mesure » des choses localises, met en ordre cette confusion en assurant pour toute ralit sensible sa bonne (dis)position, autrement dit en ordonnant ses parties, comme cela est manifeste, par exemple, dans le corps humain188 : Cest gr ce au lieu qui donne la bonne disposition chacune des parties que dans mon corps la tÞte est en haut et les pieds en bas, que le foie est droite et le cœur au milieu, les yeux, qui nous permettent de voir quand nous marchons, sur le devant, et le haut du dos, sur lequel nous portons des charges, larrire.
Mais chaque tout compos de parties, comme le corps humain, est son tour partie dun autre tout plus englobant (le corps humain, par exemple, fait partie de la zone haute de la terre et de la zone basse de lair). L « utilit » du lieu stend ainsi jusqu la totalit de lUnivers189 : Cest gr ce au lieu que les parties du monde ont, elles aussi, leur propre bonne disposition dans la totalit <de lUnivers>. Pour le dire en rsum, de ce point de vue, le lieu, considr de manire gnrale, est la dtermination de la position des corps ; mais si lon veut le considrer conformment la nature, le lieu est la dtermination de la position qui convient naturellement aux parties des corps, tant de la position des unes par rapport aux autres et par rapport au tout que de la position du tout par rapport aux parties. De mÞme en effet que, gr ce au lieu, les parties de la terre et du ciel sont ranges les unes ici les autres ailleurs, et que les unes sont, par exemple, au nord, les autres au sud, de mÞme aussi le ciel en sa totalit, et la terre en sa totalit, qui sont des parties du monde, possdent gr ce au lieu la bonne mesure de position et lordonnance qui leur conviennent : le ciel occupe la priphrie de lUnivers, et la terre occupe le milieu. Le lieu est ce qui procure aux parties leur concours, cest--dire leur coexistence locale.
Daprs Simplicius, une telle conception du lieu apporte des solutions toutes les apories auxquelles se heurtaient les doctrines prcdemment prsentes. Lexgte traitant de toutes longuement,190 nous nous contenterons ici dun bref 188
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rsum concernant le problme cosmologique. Le lieu comme mesure « mesurant » la bonne (dis)position des corps permet, tout dabord, daffirmer contre Aristote que le ciel et le monde tout entier sont en un lieu : ils sont en ce lieu qui assure prcisment la bonne disposition de leurs parties, tant mutuellement que par rapport au tout auquel elles appartiennent. En mÞme temps, on est en mesure de rendre raison des diffrences locales que le lieu pens comme intervalle ne pouvait pas expliquer : toutes les zones de lunivers se rangent dans les places qui leur conviennent et prennent les positions qui assurent la bonne disposition de lunivers, confre par le lieu le plus vaste. Enfin, on ne tombe plus sur le « paradoxe » aristotlicien du mouvement local du ciel (le ciel nest pas en un lieu et pourtant se meut en cercle, cest--dire selon le lieu). 5.3.3.6 Une doctrine de kainoprepeia limite Pour finir le Corollaire, Simplicius revient sur la question de la kainoprepeia de la doctrine damascienne191 : Mais puisque jai expos mticuleusement, autant que je lai pu, cette conception du lieu aussi, et que jai encore prsent les apories que lon pourrait y adresser et que jai fourni les solutions de ces apories, je veux montrer prsent que cette conception nest pas absolument nouvelle et quelle na pas t ignore des plus illustres entre les philosophes.
Les philosophes illustres sont en effet Thophraste et Jamblique. Thophraste a t le premier songer lide dun lieu « relationnel »,192 qui se dcrit dans le rapport des parties avec le tout193 : …dans toutes les ralits qui ont une nature de forme, il y a un certain ordre et une certaine position par rapport la totalit de la substance. Cest pourquoi lon dit que chaque ralit de ce type est dans sa place, en ce sens quelle a lordre qui lui est propre, puisque chacune des parties du corps dsire et rclame la place et la position qui lui sont propres.
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Chapitre 5. Analyse des digressions
Simplicius cite aussi le Commentaire de Jamblique sur le Time, o le lieu est dfini comme une « puissance » qui « rassemble » les corps194,195 : Tout corps en tant que corps est en un lieu ; donc le lieu, tant connaturel aux corps, subsiste avec eux et nest en aucune faÅon dtach de la premire apparition des corps parmi les Þtres et de lessence qui leur est la plus propre […]. Tous ceux, donc, qui ne font pas du lieu une ralit apparente la cause, et le tirent du c t des limites des surfaces ou des vides interstitiels ou encore de toutes sortes dintervalles, ils introduisent des doctrines tranges et, en mÞme temps, ils se mprennent sur lintention gnrale du Time, qui est de toujours conjoindre la nature et lopration dmiurgique. […] Quelle est donc la doctrine qui donne du lieu une dfinition parfaite et conforme son essence ? Cest celle qui pose que le lieu est une puissance corporelle qui soutient et comprime les corps, qui les relve quand ils tombent et les rassemble quand ils se dispersent et qui, la fois, les complte et les entoure de tous c ts.
Dj bauche par Thophraste, puis nonce par Jamblique, la doctrine de Damascius se voit aisment dbarrasse du « pch » exgtique de la nouveaut. Il nen reste pourtant pas moins que Damascius a soutenu, de concert avec Jamblique et Thophraste, une doctrine diffrente des autres. Sagit-il pourtant dune vritable divergence ?196 Quoi donc, dirons-nous que tant dhommes considrables se sont tromps dans leur doctrine du lieu, en faisant de nos apories une nourriture mchante pour ceux qui saccoutument faire leurs dlices des contradictions supposes des auteurs anciens ? Au contraire, en suivant chacun de ceux qui ont crit quelque chose sur le lieu, nous montrerons quaucun ne sest tromp quant la vrit relative au lieu, 194 Les rflexions de Jamblique sur le lieu taient aussi dveloppes dans son Commentaire sur les Catgories, dans le cadre de la « thorie intellective » sur la catgorie de pou. Simplicius reproduit la thorie jambliquenne dans son propre commentaire aux Catgories (361.7 – 364.6) et la fait suivre dune prsentation succincte de la doctrine plus « mesure » (sulletq|teqom) de Damascius (364.7 – 36). 195 Jamblique apud Simplicium,
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mais que chacun, comme le lieu prsente une pluralit daspects, a contempl un de ces aspects diffrents et sest prononc conformment celui-ci.
En voquant la fin du Corollaire la « pluralit daspects » du lieu, Simplicius renoue avec le prome, dans lequel la mÞme pluralit lui sert dexcuse pour laffranchissement des limites du commentaire. Mais la pluralit daspects du lieu est ici mise au service de laffirmation pralable de laccord des philosophes, lencontre de toute prtention contraire : cause delle, les philosophes ont abord le lieu de points de vue diffrents, sans pour autant quils sopposent vritablement les uns aux autres.197 Car ils ont tous conÅu le lieu comme une sorte de « dtermination » de la position distincte des Þtres198 : Ajoutons maintenant tout ce que nous avons dit quil y aurait un concept commun propos du lieu : celui qui dit que le lieu est la dtermination de la position de chacun des Þtres qui sont dans un tat de distinction acheve. Or la dtermination peut sentendre (1) soit du point de vue du rceptacle (2) soit du point de vue de lenveloppement (3) soit du point de vue de lordre de la position de chaque chose relativement aux autres.
Les trois catgories embrassent presque toute la tradition philosophique. la premire catgorie appartiennent assurment Platon, qui dans le Time assimile le lieu la matire qui reÅoit la position tendue des formes et dtermine ainsi leur distanciation,199 puis les philosophes qui ont soutenu que le lieu est un intervalle, ceci tant une sorte de moule dans laquelle la position des corps est pralablement dtermine.200 la deuxime catgorie appartient Aristote qui, en dernire analyse, a envisag le corps comme un tout dont la position est dtermine par le tout qui lenveloppe.201 Enfin, la troisime catgorie appartiennent Thophraste, Jamblique et Damascius. Chacun de ces philosophes se voit ainsi avoir reconnu la proprit essentielle du lieu, savoir le fait de dterminer ce qui est en lui, puis lavoir dcrite de points de vue diffrents202 : 197 On reconna tra bien entendu le topos concordiste de la « diffrence de perspectives ». 198
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Chapitre 5. Analyse des digressions
Ce que jai dit, donc, depuis le dbut, je le rpterai maintenant : chacun de ceux qui ont parl propos du lieu a envisag une conception vritable et na pas manqu le caractre commun du lieu. Et sils nont pas tous abord toutes les varits du lieu, il ny a rien dtonnant. Car il nest gure invraisemblable quil y ait encore dautres varits qui ne sont pas encore devenues videntes.
Stant propos dexaminer les diffrentes doctrines du lieu dune manire plus scientifique quAristote ne lavait fait – en mettant en relief la doctrine de son ma tre Damascius –, Simplicius ne sabstient pas de fournir finalement, cette fois gr ce au concept de « dtermination », la preuve de lharmonie qui parcourt la tradition philosophique des Hellnes.
5.3.4 Simplicius, Sur le temps (
5.3 Les digressions « scientifiques » des deux commentateurs
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quil na pas rsolu ces arguments, il serait bon de finir par les rsoudre dans la mesure du possible. En effet, ltude du temps ne saurait prendre fin autrement.
Le Corollaire sur le temps va donc comprendre trois parties : A. 773.19 – 785.11 : Lessence du temps. B. 785.12 – 795.26 : Les autres doctrines du temps. C. 795.27 – 800.25 : Les apories dAristote sur lexistence du temps. La premire de ces parties se prsente comme la plus importante : elle va se dtacher de la doctrine aristotlicienne du temps pour donner apprendre ce quest le temps en lui-mÞme.204 La dmarche rappelle en effet le Corollaire sur le lieu. Il y a pourtant une diffrence capitale : alors que, dans le premier Corollaire, la dfinition aristotlicienne du lieu comme limite de lenveloppant est amplement mise en cause, afin quune tude de lessence du lieu nouveaux frais puisse se justifier, aucune ncessit pareille ne ressort de lanalyse aristotlicienne du temps. Aristote dfinit le temps comme « le nombre dun mouvement selon lantrieur et le postrieur » ou « la mesure du mouvement et du fait de se mouvoir »,205 et Simplicius nprouve aucune difficult pour adapter cette dfinition la doctrine damascienne des « mesures rassemblantes ». Citons ce propos le commentaire quil propose de Phys., IV 12, 221a 4 – 5 (ja· 5stim t0 jim¶sei t¹ 1m wqºm\ eWmai, t¹ letqe ?shai t` wqºm\ ja· aqtμm ja· t¹ eWmai aqt/r)206 : 204 Mais cela ne veut assurment pas dire quAristote ignorait lessence du temps. On doit prÞter attention la parenthse explicative de Simplicius (« cest encore de cette manire, je pense, que nous serons plus proches des conceptions dAristote sur le temps ») 205 Phys., IV 11, 219b 1 – 2 : toOto c²q 1stim b wqºmor, !qihl¹r jim¶seyr jat± t¹ pqºteqom ja· vsteqom. IV 12, 220b 32 : 1pe· dû 1st·m b wqºmor l´tqom jim¶seyr ja· toO jime ?shai… 206 In Phys., 735.17 – 736.1 : De¸jmusi d³ fpyr B j¸mgsir 1m wqºm\ ovtyr· b wqºmor letqe ? tμm j¸mgsim, t¹ d³ letqe ?m tμm j¸mgsim tμm lμ ûla owsam, !kkû 1m t` c¸meshai t¹ eWmai 5wousam juq¸yr taqtºm 1sti t` letqe ?m t¹ eWmai aqt/r, tout´stim 1vû fsom 1st·m B j¸mgsir. letqe ?tai l³m c±q B j¸mgsir ja· jat± t¹ di²stgla t¹ 1vû ox B j¸mgsir, ftam k´cylem stad¸ou tμm j¸mgsim eWmai. !kk± toOto jat± sulbebgj¹r 5wei t¹ l´tqom ja· oqw Ø j¸mgsir. ¢r c±q rpol´momtor toO pqot´qou ovtyr 5wei t¹ toioOtom l´tqom, ¢r d³ j¸mgsir ja· ¢r 1m t` c¸meshai t¹ eWmai 5wousa l´tqom 5wei t¹m 1vû fsom c¸metai wqºmom. toOto c±q aqt/r toO eWmai l´tqom 1m t` c¸meshai t¹ eWmai 1wo¼sgr. ja· Qdo» mOm ¢r oWlai b )qistot´kgr sav_r paqad´dyje, p_r l´tqom jim¶seyr b wqºmor, fti jat± tμm toO eWmai paq²tasim aqt/r, jahû Dm l²kista ja· rv´stgjem· «1p· c±q t/r jim¶seyr, ¦r vgsim )k´namdqor, taqt¹m t¹ eWmai ja· t¹ jim¶sei eWmai ¦speq ja· 1p· t_m %kkym t_m 1m t` c¸meshai t¹ eWmai 1wºmtym. ja· di± toOto taqtºm 1sti t¹ letqe ?m tμm j¸mgsim ja· t¹ eWmai t/r jim¶seyr.» d/kom d³ fti %kko toOtº 1sti t¹ eWmai paqû 1je ?mo t¹ sum¶hyr rp¹ toO Peqip²tou kecºlemom ja· t¹ eWdor sgla ?mom· toOto c±q tμm paq²tasim t/r rp²qneyr ja· oXom tμm 1m´qceiam toO emtor dgko ?. 1pe· owm B t/r jim¶seyr oqs¸a 1m´qcei² 1sti paqatetal´mg (1mtek´weia c±q Gm toO jimgtoO), eQjºtyr taqtºm 1sti j¸mgsir ja· t¹ eWmai t/r jim¶seyr. di¹ ja· aqt¹r l´tqom
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Chapitre 5. Analyse des digressions
Aristote montre la manire dont le mouvement est dans le temps comme suit : le temps mesure le mouvement, mais le fait de mesurer le mouvement, qui nest pas tout entier la fois mais a son Þtre principalement dans le devenir, cest la mÞme chose que de mesurer lÞtre du mouvement, autrement dit la dure pendant laquelle le mouvement est. En effet, le mouvement peut galement Þtre mesur daprs ltendue sur laquelle il se produit, lorsque nous disons par exemple quun mouvement est dun stade. Mais le mouvement possde cette mesure par accident et non pas en tant quil est mouvement ; car cest en tant que lantrieur perdure quil possde cette mesure, alors quen tant que mouvement, qui a prcisment son Þtre dans le devenir, il a comme mesure le temps pendant lequel il se produit. Cest bien cela la mesure de lÞtre du mouvement qui a son Þtre dans le devenir. Voil donc : comme je le crois, Aristote a livr maintenant avec clart la manire dont le temps est la mesure du mouvement, savoir selon lextension de lÞtre le long de laquelle le mouvement subsiste. Et comme le dit Alexandre : « Dans le cas du mouvement, Þtre et Þtre mouvement, cest la mÞme chose, comme cest le cas de toutes les autres choses qui ont leur Þtre dans le devenir. Cest pourquoi mesurer le mouvement et mesurer lÞtre du mouvement, cest la mÞme chose ». Il est clair que cet Þtre est diffrent de celui dont les Pripatticiens parlent habituellement, lequel signifie la forme. En effet, ceci signifie lextension de lexistence et, pour ainsi dire, lactivit de lÞtre. Puis donc que lessence du mouvement est lactivit tale (car le mouvement est lentlchie du mobile), le mouvement et lÞtre du mouvement sont bon droit la mÞme chose. Cest pourquoi Aristote, ayant dit que le temps est « mesure du mouvement », poursuit « et du fait de se mouvoir » ; par cela, il ne veut pas rajouter quelque chose, mais il veut montrer que le mouvement est activit, et que le temps est la mesure de cette activit.
Tant le vocabulaire que le contenu du passage rappellent la doctrine des quatre mesures de Damascius. Il avait t dit dans le Corollaire sur le lieu que lune des modalits de la distanciation qui fonde la pluralit du devenir est la distanciation selon lactivit, laquelle coexiste le mouvement tout premier207 et que le temps « mesure ».208 Le temps rassemble lextension de lÞtre, cest--dire lactivit dÞtre (eWmai), diffrente du fait dÞtre, qui caractrise la substance (em, oqs_a).209 Quant l« utilit » du temps, elle aussi a t rendue claire : le temps
jim¶seyr eQp½m t¹m wqºmom 1p¶cace ja· toO jime ?shai, oqw ¢r %kko toOto pqostihe¸r, !kkû fti 1m´qcei² 1stim B j¸mgsir 1mdeijm¼lemor, ja· ¢r 1meqce¸ar l´tqom 1st·m b wqºmor. 207 Cf.
5.3 Les digressions « scientifiques » des deux commentateurs
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tablit et assure le bon ordre de toute activit produite dans le monde sensible210 : …gr ce au temps, les parties de lembryon se crent lune avant lautre, et les ges de la vie procdent lun avant lautre en un ordre dtermin, et la guerre de Troie ne se confond pas avec la guerre du Ploponnse.
Sil y a une temporalit immanente qui retire le devenir de la confusion, cest gr ce au temps transcendant qui le « mesure ». La doctrine de Damascius a videmment peu de commun avec la doctrine dAristote. Pour le Stagirite le temps est toujours immanent au mouvement, et le concept aristotlicien du temps comme « mesure du mouvement » se rapporte l me humaine, qui reconna t le temps toujours en liaison avec la grandeur dtermine dun mouvement ou dun changement.211 Cependant, la lettre de la doctrine dAristote se prÞtait aisment une transposition mtaphysique de type damascien, et Simplicius pouvait harmoniser sans peine les deux doctrines. Dans le nouveau Corollaire, Simplicius ne reprend pas les analyses dj dveloppes. Il se contente de prsenter nouveau (773.19 – 774.35) lapparition de la pluralit selon les quatre modalits de distanciation partir de lunit fondatrice – modalits auxquelles correspondent terme terme, nous lavons vu, des « mesures rassemblantes » qui confrent la distanciation lachvement qui lui manque originairement. La plus grande partie de la discussion sur lessence du temps va porter sur une objection de Simplicius son ma tre que nous allons prsenter dans la suite. Quant aux deux autres parties du Corollaire, consacres aux autres doctrines professes au sujet du temps (notamment celle de Jamblique) et aux apories relatives lexistence du temps non rsolues par Aristote (Phys., IV 10, 217b 32 – 218a 31), elles sont toujours mises en place dans la perspective de la doctrine de Damascius. De ce point de vue, le Corollaire sur le temps doit Þtre considr comme un prolongement du Corollaire sur le lieu. Bien quil traite un autre thme majeur de la Physique, savoir le temps, il reprend la mÞme doctrine pour lanalyser et lappliquer davantage. 5.3.4.2 Une objection de Simplicius Damascius Damascius affirmait que le temps existe en quelque sorte tout entier la fois, ce qui provoquait ltonnement de son lve212 : 210
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Ce ne sont pas tant ces considrations de Damascius qui me provoquent, que ce quil ma dit maintes reprises, quand il tait encore vivant, sans me convaincre, savoir que le temps total est tout la fois dans la subsistence. Je veux donc examiner cela, quil expose aussi dans son crit sur le temps.
Pour Simplicius cela constituait une antinomie. Dire que le temps est tout entier la fois, cest cesser de parler du temps cosmique qui se manifeste dans le devenir, qui subsiste prcisment en devenant. Car le temps tout entier la fois ne peut se concevoir que comme raison ou principe formel prsent dans la Nature ou dans lffme213 : Si le temps qui, ici-bas, scoule et mesure le mouvement corporel, selon la substance aussi bien que selon les autres changements, est produit par la raison sempiternelle du temps qui est dans la Nature et qui est substantialise dans la Nature, et que cest cette raison qui, comme le dit Damascius, est le temps qui est toujours prsent intgralement et tout entier la fois, et si pareillement la raison du temps dans lffme, qui prexiste en tant toujours numriquement la mÞme, cest elle le temps total, dont Damascius dit quil subsiste tout entier la fois, alors sa doctrine ne me semble plus difficile comprendre. En effet, que la raison du temps, comme celle du mouvement, soit tout entire la fois, aussi bien dans lffme que dans la Nature, en ce sens que le « la fois » est dans les raisons, il ny a l rien dtonnant. En effet, la raison du corps prexiste
Nanmoins, poursuit Simplicius, le physicien ne traite pas du temps transcendant.214 Ses recherches portent sur le temps particip des ralits qui sont dans le temps, savoir le temps cosmique. Or, se manifestant dans la participation, le temps cosmique ne peut pas subsister tout entier la fois215 : ûla t¹m fkom wqºmom 1m rpost²sei. toOto owm ja· 1m to?r Peq· wqºmou cecqall´moir 1jh´lemor 1pisj´xashai bo¼kolai. 213
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Pour le dire en deux mots, je pense quil est impossible de voir le temps tout entier la fois dans la participation. Par analogie avec lternit, je suis moi aussi arriv concevoir le premier temps, qui est au-dessus de toutes les choses situes dans le temps, et qui en les faisant participer de lui-mÞme, les temporalise, cest--dire donne une bonne disposition lextension de leur Þtre, la mesure et fait que les parties de cette extension aient un ordre.
De cette manire Simplicius pense avoir rgl sa divergence par rapport son ma tre. Le temps tout entier la fois, cest la « mesure » transcendante qui fait que les ralits cosmiques soient « mesures », cest--dire temporalises. Mais Damascius avait en tÞte une conception diffrente.216 5.3.4.3 Le « temps intgral » selon Damascius et la rsolution des apories sur lexistence du temps Pour saisir la conception de son ma tre, Simplicius se rabattait en effet sur la « moeq± heyq_a » de Jamblique, projete sur les Catgories et le trait Des notions universelles du pseudo-Archytas.217 Le temps qui subsiste tout entier la fois se voyait ainsi assimil au temps intellectif, auquel sordonne lautomotion de lffme en produisant le mouvement temporel de lunivers. Mais cela ayant t montr par Jamblique, Damascius navait pas le reprendre. Ce quil a fait de plus, cest quil a appliqu lide du temps subsistant tout entier la fois directement sur le temps cosmique. Il est parvenu de la sorte rsoudre les apories poses par Aristote en Phys., IV 10. Le temps, disait Aristote, semble nÞtre absolument pas ou Þtre peine et confusment.218 La raison en est quil est compos de non-tants : quelque chose de lui est pass et quelque chose de lui est venir. Les parties du temps nexistant donc pas, le temps non plus ne peut exister. Ce qui semble exister, cest le maintenant (t¹ mOm) qui distingue le pass de lavenir. Toutefois, le
maintenant nest pas une partie du temps mais une limite du temps ; il ne peut donc constituer le temps. La solution apporte par Damascius consiste 1c½ toO pq¾tou wqºmou toO rp³q p²mta t± 5cwqoma emtor ja· ta ?r 2autoO leh´nesim 1je ?ma wqom¸fomtor, tout´sti tμm toO eWmai paq²tasim aqt_m eqhet¸fomtor ja· letqoOmtor, ja· t²nim 5weim poioOmtor t± t/r toia¼tgr paqat²seyr lºqia. 216 Sur Damascius et sa doctrine du temps, voir M.–C. Galprine, « Le temps intgral selon Damascius », Les tudes philosophiques 3 (1980), p. 325 – 341. Pour une analyse moins « intellective », lire S. Sambursky, « The Concept of Time in Late Neoplatonism », Proceedings of the Israel Academy of Sciences and Humanities 2 (1968), p. 153 – 167, en particulier p. 164 – 166. 217 Cf. Simplicius,
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prcisment dans le fait de penser le « mOm » non pas comme limite du temps mais comme temps prsent (1mest½r wq|mor).219 Le mOm-limite, qui est indivis (!leq]r) et, de ce fait, hors du devenir temporel, est un maintenant ponctuel que l me particulire projette sur la continuit du temps lorsquelle essaie de le penser. Or, tout ce que l me pense, elle le pense formellement, cest--dire en le circonscrivant et en limmobilisant ; elle arrÞte ainsi en elle-mÞme le flux perptuel du temps, et pour cette raison elle se voit dans laporie.220 Mais le « mOm » est aussi temps. Parce que le temps subsiste au niveau intellectif tout entier la fois, le temps cosmique qui subsiste en devenant nest pas compos de non-tants mais dun « mOm » toujours scoulant,221 qui est la fois temps et partie du temps. Il y a de la sorte non pas une succession discontinue de « passs » et d « avenirs » distingus dans l me par un mOm-limite, mais une concrtion des parties du temps dans le temps prsent, autrement dit un « temps intgral » qui fonde la continuit et, par l, lexistence du temps.
5.3.5 Philopon, Sur le lieu (
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raison sa doctrine parmi celles qui soutiennent que le lieu est un intervalle. Daprs Philopon le lieu est un espace vide (w~qa jem^) qui, considr pour luimÞme, nest rien dautre que trois pures dimensions (t¹ tqiw0 diastat|m, diast\seir l|mai jema· s~lator).222 Il ne se trouve pourtant jamais dpourvu de corps, puisquil est rempli du corps du Monde auquel il est gal en tendue. 5.3.5.1 La structure du Corollaire sur le lieu Le Corollaire est dvelopp selon une stratgie bien rflchie. Philopon commence par rfuter les deux arguments dAristote contre le lieu conÅu comme intervalle, puis il met en vidence les paradoxes auxquels amne la dfinition aristotlicienne du lieu comme limite de lenveloppant. Ayant ainsi ni la validit de lanalyse dAristote, il passe ltablissement positif de sa thse, en sappuyant sur plusieurs arguments. Philopon achve sa dmarche par une attaque contre la dfense que son ma tre Ammonius avait propose en faveur dAristote : A. 557.8 – 563.24 : Rfutation des arguments dAristote contre le lieu conÅu comme intervalle : 1. 557.10 – 560.15 : Premier argument dAristote (ad infinitum) : si le lieu est intervalle, il y aura un nombre infini de lieux. 2. 560.16 – 563.25 : Deuxime argument dAristote (ad absurdum) : si le lieu est intervalle, il y aura un lieu du lieu et le lieu se mouvra selon le lieu. B. 563.26 – 567.28 : Rfutation de la dfinition aristotlicienne du lieu comme premire limite de lenveloppant. C. 567.29 – 583.12 : La vritable dfinition du lieu : le lieu comme intervalle trois dimensions. D. 583.13 – 585.4 : Corollaire : sur linvalidit de la dfense propose par Ammonius en faveur dAristote. 5.3.5.2 Contre Aristote En Phys., IV 4, 211b 14 – 29, Aristote exclut lintervalle des quatre « lieux possibles » (les trois autres tant la matire, la forme et la limite de lenveloppant) par une reductio ad infinitum et ad absurdum. 223 Philopon traite en
222 Une tude de la conception du lieu chez Philopon a t propose par D. Sedley, « Philoponus Conception of Space », dans R. Sorabji (d.), Philoponus and the Rejection of Aristotelian Science, p. 140 – 153. 223 Voir supra, p. 159.
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longueur de chacune des deux reductiones. Voici comment il prsente la premire224 : Croire donc que, si le lieu tait un intervalle, il pntrerait la totalit du corps qui se produit en lui, et quensuite il diviserait le corps de sorte rendre ses particules infinies en acte, en mÞme temps que le lieu lui-mÞme serait en acte divis linfini, cela me semble totalement sot et nayant aucune vraisemblance.
Le vocabulaire employ (« totalement sot ») donne ds le commencement du Corollaire la marque de lesprit librement critique de Philopon. On est bien loin de lattitude, critique mais conformiste, de Simplicius face la doctrine aristotlicienne du lieu. la diffrence de Simplicius qui parle dun paralogisme d la mauvaise conception de lenveloppement comme entourage, Philopon attaque de front Aristote et sacharne dmontrer la fausset de ses arguments. Nous avons vu que Simplicius dfend lui aussi la doctrine du lieu conÅu comme intervalle. En passant au crible largumentation dAristote, les deux commentateurs font en effet au Stagirite le mÞme reproche : davoir men sa conclusion en prenant la division du lieu par le corps comme tant actuelle, alors quelle nexiste quen puissance. Ils se donnent pourtant des objectifs totalement diffrents. Lorsque Simplicius affirme la possibilit dexistence dun tel intervalle, il veut montrer que les parties dun corps qui est en un lieu sont aussi en un lieu, et cela de manire essentielle.225 Et sil veut montrer cela, cest pour dire ensuite que toute ralit qui se trouve en un lieu, et qui peut se concevoir la fois comme un tout englobant des parties et comme une partie appartenant un tout, est en ce lieu gr ce au lieu « mesurant » qui assure tous les niveaux la bonne disposition des touts et des parties. En revanche, Philopon ne sintresse gure la « mrologie », pour ainsi dire, du corps localis. Pour lui, le corps – quil soit partie ou tout, cest indiffrent – ne divise gure lintervalle ; il ne fait que remplir quelque chose qui est totalement incorporel et qui, de ce fait, ne peut ni agir ni p tir226 : 224
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Puisque
En dissociant toute proprit corporelle de lintervalle local, Philopon enlve le fondement des absurdits auxquelles conduit le raisonnement dAristote. Le lieu est identique au vide, et le vide ne peut exercer aucune puissance sur les corps. Sa nature consiste uniquement dans le fait de recevoir les corps, et les corps ne font pour leur part que remplir le lieu. Pour expliquer sous quel mode se produit cette relation univoque entre lieu et corps, Philopon a recours un modle gomtrique227 : De mÞme en effet quune surface qui se rattache une autre surface ne lui provoque aucune division, mais que, au contraire, mÞme si dinnombrables surfaces se rattachent les unes aux autres, elles ne provoquent aucune augmentation ni elles sim, oqw fti poiºtgt´r eQsim, !kkû fti !s¾latoi· oq c±q p´vujem rp¹ toO !syl²tou t¹ s_la diaiqe ?shai. eQ d³ k´coiem «!kk± di²stgla t¹ jemºm 1sti, ja· di± toOto diaiq¶sei», oqd³ ovtyr oqdel¸am bq_ tμm !m²cjgm· eQ c±q ja· diastatºm 1sti tqiw0, !kkû owm pamt²pasim !pah³r ja· !s¾latom ja· aqt¹ toOto oqd³m %kko C w¾qa jem¶. p_r owm t¹ p²mt, !pah³r ja· lgdeliø poiºtgti sylatij0 pepoiyl´mom (scripsi : pepoiyl]mym Vitelli), sjkgqºtgti C lakajºtgti C fkyr !mtitup¸ô eUte %kk, tim· toia¼t, dum²lei, dia¸qesim 1lpoi¶sei 1m to ?r s¾lasim. 227
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ne se divisent les unes par les autres, et que, pareillement, mÞme si dinnombrables lignes se rattachent les unes aux autres, elles ne provoquent aucune division les unes aux autres et aucune augmentation, mais que, au contraire, elles peuvent se rattacher les unes aux autres dans le mÞme endroit par milliards (et il ny en a pas dautre raison que le fait quelles sont incorporelles), de mÞme il est vident que, mÞme si quelque chose de tridimensionnel se rattache un autre tridimensionnel en tant incorporel, il ne lui provoquera aucune division et aucune affection, mÞme pas une.
Accentuant davantage la faiblesse du raisonnement, Philopon renverse par la suite le sens de largument dAristote et lapplique contre la conception du lieu comme limite de lenveloppant. Si le lieu est gal au corps qui est en lui – cest bien lun des axiomes pralablement poss par Aristote –, il faut ncessairement que les deux limites, celle de lenveloppant et celle de lenvelopp, qui sont en effet des surfaces, se rattachent lune lautre. Rien nempÞche alors que dans ce cas aussi lune divise lautre linfini, vu que les surfaces sont galement des grandeurs, et que toute grandeur est infiniment divisible228 : En effet, tant donn quil y a trois intervalles, la longueur, la largeur et la profondeur, il nest pas possible dadmettre la fois,
Aristote se voit ainsi accus de ne pas avoir distingu entre lintervalle du corps et lintervalle incorporel quest prcisment le lieu. Le mÞme principe danalyse 228
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est aussi appliqu propos du deuxime argument aristotlicien qui veut que, lorsquun corps se dplace, lintervalle occup par le corps se dplace aussi, ce qui fait admettre la thse doublement absurde selon laquelle le lieu est en un lieu et le lieu se meut selon le lieu. Une fois de plus, explique Philopon, labsurdit tient au fait de confondre lintervalle corporel avec lintervalle local. Sil nest pas vrai que deux corps peuvent Þtre dans le mÞme endroit, il est cependant vrai quune ralit incorporelle peut Þtre dans le mÞme endroit avec une ralit corporelle. Tel est le rapport existant entre le lieu et les corps qui sont en lui : tant incorporel, lintervalle local reÅoit les tendues corporelles qui se dplacent en lui. Ce nest donc pas le lieu du corps mais ltendue du corps qui se meut avec le corps et, de ce fait, selon le lieu, ce dernier demeurant toujours immobile. Dans la suite du Corollaire (563.26 – 565.9) Philopon se met tirer au clair les paradoxes quentra ne la dfinition aristotlicienne du lieu comme premire limite du corps enveloppant. Vu lhistoire du problme, il est premire vue tonnant quil nvoque ce propos aucun philosophe antrieur. Nanmoins, une comparaison de ses arguments avec les cinq apories de Thophraste rapportes par Simplicius229 suffit pour tablir avec beaucoup de vraisemblance quil puisait tacitement dans la Physique du successeur dAristote. On retrouve en effet dans le dveloppement de Philopon quatre des cinq apories (comme chez Simplicius, la cinquime aporie est contourne) prsentes sous forme dobjections.230 Comme attendu, lobjection la plus importante est celle qui concerne le mouvement local du ciel, et particulirement le mouvement de la sphre des fixes231 : Ainsi, du fait quAristote na pas dlivr un discours correct sur le lieu, bien que tout corps soit videmment en un lieu, ses explications ne sappliquent pas facilement tous les corps. Cest pourquoi <ses exgtes>, voulant expliquer comment la sphre des fixes se meut selon le lieu, bien que <selon Aristote> elle ne soit pas en un lieu, mÞlent tout plut t quils ne disent quelque chose de clair et de convaincant. Car ils ne peuvent pas nier que la sphre des fixes se meut selon le lieu (ils ne peuvent mÞme pas simaginer le mouvement selon lequel elle pourrait 229 Voir supra, p. 152 – 154. 230 Cf.
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autrement se mouvoir), mais quel est ce lieu dans lequel elle se meut, ils ne savent pas lexpliquer. Comme les gens qui jouent aux ds, ils forment leurs propos chaque fois diffremment et contredisent totalement leurs positions et leurs accords originels. Car Aristote a dissimul sous lobscurit la faiblesse de son discours, et il a permis ainsi ceux qui le dsirent, de tourner ses propos comme ils veulent.
On remarquera comment la clbre obscurit dAristote, conÅue pour exercer la sagacit (!cw_moia) de ses lecteurs,232 se transforme ici en un moyen de dissimulation de la faiblesse de la doctrine. Emports par lautorit dAristote, les exgtes ont en vain essay de rendre compte du mouvement local du ciel en se conformant la conception du lieu comme limite. Il aurait suffi quils aient opt pour lintervalle, lieu rempli du corps du Monde. 5.3.5.3 Le lieu comme intervalle trois dimensions La conception de Philopon au sujet du lieu devient claire ds la premire partie du Corollaire233 : Que le lieu nest donc pas la limite de lenveloppant, il est possible de le voir de manire modre partir de ce que nous venons de dire. Quil est, en revanche, une sorte dintervalle trois dimensions autre que les corps qui entrent en lui et incorporel par sa propre dfinition, autrement dit de pures dimensions vides de corps (en effet, du point de vue du sujet, le vide et le lieu sont en ralit la mÞme chose), cela peut tout dabord se montrer par la rfutation des autres possibilits
On saisira facilement lcart qui spare la conception philoponienne de celle que dveloppe Simplicius dans son propre Corollaire. Selon Philopon, le lieu est un intervalle trois dimensions, diffrent des tendues corporelles qui se trouvent et se dplacent en lui. Il est un rceptacle incorporel partout rempli de corps.234 Or, tant incorporel et tendu, il est identique au vide, et de ce fait il ne 232 Lire, dans les prolgomnes la philosophie dAristote, le kephalaion se rapportant lobscurit du style aristotlicien. 233
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peut rien sur les corps. On est bien loin de la puissance salvatrice du lieu qui assure la bonne organisation spatiale du monde et des corps qui se trouvent en lui. Dans un raisonnement (et dans un univers) philosophique diamtralement oppos celui de Damascius et de Simplicius, lontologie du corps fonde en dernire analyse, chez Philopon, lontologie du lieu. En poursuivant son enquÞte sur la vritable nature du lieu en dehors du contexte aristotlicien (567.29 – 583.12), Philopon fournit quatre arguments supplmentaires, qui se partagent entre lobservation et la spculation : 1. Le remplacement des corps (568.3 – 569.17) : Quentendons-nous quand nous disons que deux corps se remplacent lun lautre ? Prenons par exemple lair et moi-mÞme : quand je me dplace et occupe un lieu occup premirement par lair, lair me cde une place qui est de volume gal au volume de mon corps. Si donc le lieu est ce en quoi se produit le remplacement des corps et que les corps soient tous tridimensionnels, il sensuit que le lieu aussi est tridimensionnel, cest--dire intervalle. 2. La violence ou la suppression du vide (B toO jemoO b_a) (569.18 – 573.21) : Philopon qualifie la « suppression du vide »235 de clbre (pokuhq¼kgtor), ce qui suggre quelle ait t largement employe dans la description de certains phnomnes naturels. Il sagit dune ide bien atteste dans la littrature scientifique grecque (notamment celle qui se rapporte la dynamique),236 qui sapplique clairer le comportement non naturel des corps (par exemple, le mouvement de leau vers le haut) que lon observe sous certaines conditions. Philopon voque ce propos deux expriences, celle de la clepsydre et celle du tube : a) si lon remplit deau une clepsydre, cest--dire un vase dont la bouche de prouver lexistence dun intervalle qui se trouve, pour ainsi dire, « au-dessous » de ltendue corporelle en ayant aussi recours lexprience (voir dans la suite les arguments relatifs la « suppression du vide »). Il exige, par ailleurs, que la raison sadapte la « nature » mÞme des choses. 235 Il nous semble plus probant de traduire « b_a » par « suppression » et non pas par « force » (« force of the void » est la traduction anglaise propose par D. Furley, Philoponus. Corollaries on place and void, Londres, 1991) qui, notre avis, rend mal lide qui veut Þtre exprime ici : cest le plein qui exerce sa force sur le vide et non pas linverse. « Violence du vide » serait une autre traduction plausible. 236 Elle est, par exemple, abondamment employe dans les Pneumatica de Hron. Lide est pourtant bien plus ancienne, puisquon la rencontre comme « B pq¹r t¹ jemo¼lemom !jokouh_a » dans des fragments du mdecin rasistrate (IIIe sicle av. J.–C.) conservs par Galien. Elle a dj t employe dans un contexte philosophique par Straton de Lampsaque. Sur tout cela, voir en dernier lieu D. Lehoux, « All voids large and small, being a discussion of place and void in Strato of Lampsacuss matter theory », Apeiron 32 (1999), p. 1 – 36, qui corrige en bien des points lanalyse prcdemment fournie par D. J. Furley, « Stratos Theory of the Void », dans J. Wiesner (d.), Aristoteles Werk und Wirkung. Paul Moraux gewidmet, t. II, Berlin/New York, 1987, p. 594 – 609 [repris dans D. J. Furley, Cosmic Problems. Essays on Greek and Roman Philosophy of Nature, Cambridge, 1989, p. 149 – 160].
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est troite et le fond lgrement trou, et que lon bloque sa bouche avec le doigt, leau ne coule pas des trous, ce qui est contraire son mouvement naturel (leau devrait se porter naturellement vers le bas en sortant du vase) ; b) si lon met une paille ou un petit tube dans un vase, comme le font les gens qui veulent vider une amphore remplie de vin, et que lon suce ensuite le tube pour quelques instants, le vin continue de scouler en dehors de lamphore jusqu terme. Ces phnomnes, prcise Philopon, sexpliquent par la « suppression du vide » qui fait prcisment que les corps se meuvent ou se reposent contrairement leur nature afin dempÞcher quun vide se produise. Ainsi, dans la premire exprience, leau ne sort pas du vase, parce que lair qui devrait immdiatement remplacer leau sortante ne peut pas entrer dans le vase, puisque la bouche est bloque par le doigt et que les trous sont trop petits pour que leau et lair puissent y passer simultanment. Afin donc quil ny ait pas de vide dans le vase, leau reste immobile. Lexplication de la deuxime exprience va dans le mÞme sens : une fois que le tube est rempli de vin, lair ne peut pas y entrer. Afin donc que le tube ne soit pas laiss vide, le vin continue de le remplir, jusquau moment o lair arrive y entrer. Pour Philopon, la « suppression du vide », qui est bien un phnomne naturel en ce sens quil est empiriquement observ, prsuppose quil y a un intervalle diffrent de ltendue des corps, que les corps se prcipitent prcisment de remplir. Elle montre galement que, dans la ralit, le vide nest jamais dpourvu de corps. 3. Le besoin des corps dÞtre dans un intervalle qui leur soit gal (573.22 – 574.12) : Philopon fait encore appel lobservation. Pourquoi, demande-t-il, les outres et les tonneaux se rompent-ils, lorsque le mot subit le mutage lalcool ? Cest parce que lalcool est un deuxime corps, autre que le jus de raisin, qui cherche se produire dans un intervalle qui puisse recevoir sa propre tendue. Cest pourquoi loutre, dont ltendue est prdispose recevoir ltendue du jus de raisin mais non pas ltendue de lalcool, se rompt. Or, cela implique lexistence dune tendue « fondatrice », qui permet prcisment que lalcool puisse stendre. Cette tendue est le lieu. 4. La suppression par hypothse des corps de lunivers (574.13 – 575.20) : Le raisonnement consiste en un « thought experiment » ; si lon supprime par la pense les corps de lunivers, cest--dire la terre, leau, lair et le feu, que subsistera-t-il ? Rien que le vide. On pourra, tout de mÞme, encore tracer des lignes droites partir du centre de cet univers « vacu » vers chaque point de sa priphrie. Or, cela indique quil y a un intervalle autre que lintervalle des corps. lappui de ces arguments, surtout du deuxime et du troisime, Philopon veut montrer que lexistence dun intervalle local incorporel, diffrent de ltendue corporelle, est ncessaire, si lon veut rendre compte de certains phnomnes. Lintervalle local nest, cependant, « !s~latom » que par sa propre dfinition, autrement dit considr pour lui-mÞme. Philopon souligne particu-
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lirement le fait que lintervalle (ou le vide) est toujours rempli de corps, comme le montre dailleurs le phnomne de la « suppression du vide » : ds quun vide risque de se produire, un corps se prcipite pour le supprimer. De mÞme en effet que lon distingue la matire de la forme, bien que la matire nexiste jamais sans forme, de mÞme il faudra distinguer entre lintervalle incorporel et ltendue corporelle, bien que lun nexiste jamais sans lautre237 : Je ne dis assurment pas que cet intervalle existe ou puisse jamais exister en tant vide de tout corps ; non, en aucun cas. Jaffirme pourtant quil est autre que les corps qui entrent en lui et quil est vide par sa propre dfinition, bien quil ne soit jamais sans corps, de la mÞme manire que nous affirmons sans hsiter que la matire est autre que les formes, bien quelle ne puisse jamais exister sans forme. De manire analogue, donc, nous pensons lintervalle comme autre que tout corps et comme vide par sa propre dfinition. Il nen reste pourtant pas moins que des corps diffrents entrent chaque instant en lui, alors que lui-mÞme reste immobile tant en son tout quen ses parties : en son tout, parce que lintervalle cosmique, qui a reÅu la totalit du corps de lunivers, ne pourrait jamais se mouvoir ; en ses parties, parce quil est impossible que lintervalle incorporel, qui est vide par sa propre dfinition, se meuve.
La mention de « lintervalle cosmique qui reÅoit la totalit du corps de lunivers », en ce sens quil est rempli de lui, fait penser la doctrine de Straton de Lampsaque, en juger du moins par ce que dit Simplicius238 : Il y a des philosophes qui posent que lintervalle est de mesure gale au corps du monde, cest pourquoi ils disent que, du point de vue de sa nature, il est vide, mais quil est toujours rempli de corps, et que lon ne lenvisage comme existant en soi que par la seule pense. Cest la thse adopte par la plupart des philosophes platoniciens. Straton de Lampsaque lui aussi a t, je crois, de cet avis.
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Chapitre 5. Analyse des digressions
Philopon aussi affirme que les limites de lintervalle local concident avec les limites des corps cosmiques239 : En effet, lorsque le lieu des corps a pris subsistence, il a subsist autant quil lui a fallu pour pouvoir recevoir les corps cosmiques. Et il sachve avec les limites des corps.
La totalit de lintervalle local se prsente comme tant coextensive au corps de lunivers, comme le voulait prcisment Straton. Il y a l une concidence doctrinale remarquable. Qui plus est, un lment essentiel de la dmonstration de Philopon est la mise en valeur de la « suppression du vide », dont la conception remonte effectivement Straton.240 Il est donc vraisemblable de dire que Philopon puisait tacitement dans le trait Sur le vide de Straton.241 Mais il a pu sans doute enrichir de son propre cru la doctrine du lieu comme intervalle, comme on peut le constater par son attitude lgard des autorits. 5.3.5.4 Un esprit libre dautorits En introduisant son argument qui prend appui sur la suppression du vide, Philopon sadresse celui qui dirige son regard vers la vrit242 : La suppression du vide fera encore voir clairement, du moins celui qui dirige son regard vers la vrit, les deux choses la fois : quil existe un intervalle autre que les corps qui entrent en lui, et quil nest jamais dpourvu de corps.
Chercher la vrit et chercher le sens de ce que dit Aristote sont pour Philopon deux choses dissocies. Philopon met en cause lanalyse dAristote dune 239 Philopon,
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manire qui laisse entrevoir quil ne lui reconna t aucune autorit. Il nhsite mÞme pas slever au mÞme niveau que le Philosophe, comme cela appara t de faÅon caractristique dans le passage suivant, o le balancement de la construction (1c½ l]m/b d³ )qistot´kgr) est rvlateur243 : Les lments tant donc quatre, dont deux sont lgers et deux lourds, moi, pour ma part, je peux dire, sil faut dterminer cela dune manire gnrale, que le lieu haut est la partie de lintervalle qui reÅoit les corps lgers et que le lieu bas est celui qui reÅoit les corps lourds. Aristote, par contre, ne saurait dire quel est le lieu haut au sens propre et quel est le lieu bas.
La dmarche exgtique de Philopon est profondment marque par cet esprit rformateur, qui se rvle amplement dans un excursus du Corollaire relatif la doctrine des catgories. Si en effet le lieu nest que pures dimensions nayant aucun substrat, et que les dimensions relvent de la catgorie de la quantit, certains penseront avec raison que Philopon spare, de manire inadmissible, la quantit de la substance244 : Mais peut-Þtre que lon soulve propos de notre discours laporie que nous nous sommes dj h ts dnoncer : si le lieu est un intervalle sans aucune substance et sans matire, ayant prcisment son Þtre dans de pures dimensions, et que les dimensions appartiennent la quantit, il arrivera que la quantit soit spare, 243
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Chapitre 5. Analyse des digressions
cest--dire quelle sera sans substance. Mais cela est impossible ! En effet, toutes les autres catgories ont leur Þtre dans la substance. Si donc il est impossible que la quantit subsiste par soi-mÞme, cest--dire spare de la substance, il est aussi impossible quun tel intervalle existe. Moi, donc, je dis quil ny aucune ncessit que la nature des choses suive nos positions, mais quen revanche nos paroles saccordent avec les choses. Ce nest pas parce que nous avons dtermin quil est impossible quune quantit subsiste sans substance, quil est maintenant ncessaire que la nature des choses soit telle en ralit. Si en effet, parce que nous voyons toujours dans les corps la quantit avec la substance, nous dclarons que la quantit ne peut pas subsister en elle-mÞme, il est temps de dire aussi que les substances non plus ne subsistent en elles-mÞmes. En effet, toute substance naturelle a besoin dune certaine quantit dtermine afin quelle puisse exister. Il est impossible, par exemple, que nimporte quelle forme subsiste dans nimporte quelle grandeur, comme il a t montr dans le premier livre de ce trait, mais tant la chair que lhomme, los et toutes les autres formes naturelles ne peuvent pas subsister sinon dans une certaine quantit dtermine ; et lorsque la quantit, dans laquelle la chair peut naturellement subsister, prit, la forme aussi prit avec elle. De ce point de vue, je peux donc dire que les formes naturelles ont leur Þtre dans la quantit en tant que celle-ci leur sert de substrat. Mais quoi bon ne parler que de la quantit ? En effet, aucune des formes naturelles ne peut subsister sans la matire ; elles seraient donc toutes des accidents de la matire. Mais pour savoir ce quil en est de ces choses-l, il nous faudrait de longs propos et du temps. Je me contenterai donc de rpter ce que jai dit depuis le dbut : ou bien quils nous montrent quun tel intervalle nexiste pas et quils rsolvent tout ce que nous avons montr ou bien, aussi longtemps que ce que nous avons montr maintient sa validit, nous ne bouleverserons pas la nature des choses, parce quil a sembl bon certains dnoncer quil est impossible que la quantit subsiste en elle-mÞme.
En anticipant en quelque sorte sur la philosophie moderne, Philopon nonce un principe pistmologique qui postule la ncessit dune vrit empiriquement vrifiable. Or, cela implique que dsormais la doctrine de lautorit devra Þtre mise en cause. la fin du Corollaire, mÞme le ma tre Ammonius nest pas pargn par la critique quentra ne la « nouvelle mthode »245 : 245
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Tout cela ayant t object par nous au discours dAristote sur le lieu, le philosophe [=Ammonius] disait en plaidant pour Aristote quAristote est un physicien, cest pourquoi il parle uniquement des choses qui sont subordonnes la nature et sont gouvernes par elle. Or, la nature est un principe de mouvement et de repos. Si donc cest cela la nature, toutes les ralits qui sont naturelles ont en elles-mÞmes un principe de mouvement et de repos. En revanche, les ralits qui nont pas en elles-mÞmes un principe de mouvement et de repos ne sont pas naturelles. Par consquent, le physicien ne discourra pas delles. Or, un tel intervalle, qui na en lui-mÞme aucun principe de mouvement et de repos (car il ne grandit pas, il ne saltre pas et il ne se meut pas selon le lieu ; en plus, il ne vient pas lÞtre et ne prit pas), ne saurait Þtre naturel. Par consquent, du fait que son discours porte sur les ralits naturelles, Aristote recherche prsent ce quest le lieu des ralits naturelles, qui est videmment lui-mÞme naturel. Cest donc bon droit quil affirme quun tel intervalle nest pas le lieu des ralits naturelles, quil existe ou non, car il nest pas naturel. Le seul lieu naturel quil trouve pour les corps dans le domaine de la nature, cest la limite de lenveloppant par laquelle le lieu enveloppe le corps envelopp. Moi, je dis propos de cela que, si Aristote navait vraiment pas parl de lexistence ou non dun tel intervalle, et quil avait seulement tent de montrer quun tel intervalle – jentends lintervalle trois dimensions – nest pas le lieu des corps naturels, la tentative du philosophe de montrer quAristote ne rfute pas lexistence de lintervalle, mais la possibilit que lintervalle soit le lieu des corps naturels tant lui-mÞme naturel, aurait pu avoir une possibilit
Lors dune discussion en classe, relative aux insuffisances de la doctrine aristotlicienne du lieu, Ammonius tentait de dfendre Aristote en ayant recours au principe traditionnel de la diversit des objets de la science qui provoque un changement de perspective. Simplicius laurait certes admis, mais pour Philopon un tel principe dexplication tait a priori invalid par la lecture mÞme du texte dAristote.
1peiq÷to fti b tºpor t_m vusij_m syl²tym oqj 5sti toioOtºm ti di²stgla, k´cy dμ t¹ tqiw0 diastatºm, j#m t¹ piham¹m eWwem Usyr B 1piwe¸qgsir toO vikosºvou, oq t¹ eWmai toioOtom di²stgla !maiqoOmta deijm¼ousa t¹m )qistot´kgm, !kk± t¹ eWmai aqt¹ tºpom t_m vusij_m syl²tym vusij¹m emta ja· aqtºm, 1peidμ d³ b )qistot´kgr %mtijqur di± p²mtym deijm¼eim peiq÷tai ja· 1mtaOha ja· 1m to ?r peq· toO jemoO kºcoir, fti oqd³ 5sti di²stgla %kko paq± t± sylatij± diast¶lata, pkaslat¾dgr de¸jmutai B toO vikosºvou rp³q )qistot´kour !pokoc¸a.
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Chapitre 5. Analyse des digressions
5.3.6 Philopon, Sur le mouvement contre nature (In Phys., 639.3 – 642.26) Lexcursus, dans lequel Philopon dveloppe sa clbre thorie connue sous le nom de limpetus,246 trouve son point de dpart dans les deux explications, lgrement diffrentes, quAristote propose pour le mouvement contre nature des projectiles dans le but daffirmer que ce type de mouvement nest pas possible travers le vide247 : De plus, les projectiles se meuvent encore, alors que ce qui les a mis en branle ne les touche plus, soit du fait dun change rciproque (diû !mtipeq¸stasim) comme le disent certains, soit du fait que lair qui a t mis en branle produit un mouvement plus rapide que le transport de lobjet mis en branle qui porte cet objet dans son lieu propre. Mais dans le vide rien de cela ne peut Þtre, et il ny aura pas de transport, moins que le projectile ne soit vhicul par quelque chose.
Le projectile est vhicul par lair, qui se voit ainsi jouer un r le efficient dans la ralisation du mouvement contre nature : le projectile continue se mouvoir sous leffet de la pression de lair, qui pousse le projectile jusqu ce que sa capacit motrice soit puise.248 En revanche, le vide ne peut pas Þtre mis en mouvement ni devenir son tour force motrice. Il constitue ainsi un mdium travers lequel le mouvement contre nature ne saurait se raliser et, de ce fait, son existence est discrdite. Sauver lexistence du vide, cest lobjectif que se donne en dernire analyse Philopon, en rfutant les deux explications admises par Aristote. De ce point de vue, lexcursus consacr au mouvement contre nature des projectiles corrobore ce qui a t dit dans le Corollaire sur le lieu et anticipe sur ce qui sera dit dans le Corollaire sur le vide. Lexcursus se divise pour lessentiel en deux parties qui examinent respectivement les deux explications proposes par Aristote propos du mouvement des projectiles. Dans la deuxime partie est expose la thorie de limpetus : A. 639.12 – 641.6 : Contre la thorie de lantiperistasis (interversion ou change rciproque). B. 641.7 – 642.26 : Contre lexplication par le mouvement plus rapide de lair qui empÞche le mouvement naturel du projectile vers le bas.
246 Voir R. Sorabji, Matter, Space and Motion, p. 227 – 239 ; M. Wolff, « Philoponus and the Rise of Preclassical Dynamics », dans R. Sorabji (d.), Philoponus and the Rejection of Aristotelian Science, p. 84 – 120, avec la critique de C. Wildberg, « Impetus theory and the hermeneutics of science in Simplicius and Philoponus ». 247 Phys., IV 8, 215a 14 – 19 (Trad. P. Pellegrin). 248 La doctrine veut sauver, au bout du compte, la thse selon laquelle tout mouvement se ralise du fait dun contact continu et immdiat entre la ralit motrice et la ralit mue.
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Philopon commence par expliciter la manire dont le concept dantiperistasis essaie de rendre compte du mouvement des projectiles. Il prcise aussit t quil y a deux modalits : a) soit lair qui est lavant du projectile, tant dans un premier temps pouss par lui, se dplace ensuite larrire du projectile et de cette manire le pousse ; b) soit cest lair latral qui change sa place avec le projectile, tant initialement pouss par le premier mouvement de lair, dclench en mÞme temps que le mouvement du projectile. celui qui opte pour la premire modalit, Philopon adresse la question suivante249 : Comment donc se fait-il que lair pouss par la flche ne se meuve pas selon le principe qui lui a t imprim, mais au contraire fasse demi-tour, comme sur ordre, et rebrousse chemin, et que, faisant demi-tour, il ne se disperse pas dans lespace mais vise avec prcision lextrmit chancre de la flche, se retourne vers elle et se tienne elle ? Toutes ces choses sont totalement impossibles et ressemblent plut t des fictions.
Quant la deuxime modalit, Philopon fait remarquer que, l encore, on na pas dire pour quelle raison cest lair latral qui meut le projectile et non pas lair initialement pouss.250 Manquant de fondements raisonns, la thorie de lantiperistasis ne peut pas rsister la critique. Il en est de mÞme de la deuxime explication propose, qui accorde une force motrice provisoire lair pouss en mÞme temps que le projectile. Philopon adresse aux tenants de cette thse la question suivante251 : Il faut tout dabord poser ceux qui affirment cela la question suivante : lorsquon lance une pierre selon un mouvement forc, est-ce en poussant lair larrire de la pierre que lon contraint celle-ci se mouvoir contre sa nature ? Ou bien le lanceur imprime-t-il une force motrice la pierre ? Si en effet il nimprime aucune force 249 In Phys., 639.30 – 640.5 : P_r owm b ¡she·r rp¹ toO b´kour !μq oq jime ?tai jat± tμm 1mdohe ?sam !qw¶m, !kk± pakimdqol¶sar ¦speq 1n 1pit²clator tμm aqtμm !maj²lptei p²kim, ja· pakimdqol¶sar oq diasjed²mmutai eQr t¹ !wam´r, !kkû !jqib_r t/r ckuv¸dor toO b´kour jatastowas²lemor awhir pakimdqole ? pq¹r aqtμm ja· aqt/r 5wetai. taOta l³m owm pamtek_r !p¸hama ja· pk²slasim 1oijºta l÷kkom. 250 Cf. In Phys., 640.26 – 641.6. 251 In Phys., 641.13 – 28 : 9qytgt´om d³ pqºteqom to»r taOta k´comtar· üqa ftam tir Nipt0 b¸ô k¸hom, t` ¡he ?m t¹m jatºpim toO k¸hou !´qa, ovtyr bi²fetai t¹m k¸hom 1p· tμm paq± v¼sim j¸mgsim. C 1md¸dys¸ tima ja· t` k¸h\ d¼malim jimgtijμm b ¡h_m. eQ l³m owm lgdel¸am 1md¸dysi t` k¸h\ d¼malim, !kk± lºmom t` ¡he ?m t¹m !´qa ovty jime ? t¹m k¸hom C t¹ b´kor B meuq², t¸r Gm wqe¸a C ûpteshai t/r weiq¹r t¹m k¸hom C t/r ckuv¸dor toO b´kour tμm meuq²m. dumat¹m c±q Gm ja· lμ "x²lemom to¼tym, !kkû oXom st¶samta t¹ b´kor 1pû %jqou n¼kou, oXom 1p¸ timor kept/r cqall/r, blo¸yr d³ ja· t¹m k¸hom, luq¸air lgwama ?r pok¼m tima jime ?m epishem !´qa. ja· d/kom fti fs\ pke¸ym ja· pke¸omi b¸ô b !μq 1jime ?to, l÷kkom ¡he ?m ¥veike ja· 1p· pke ?om 1najomt¸feim. mOm d³ oqdû #m ¢r 1p· !pkatoOr t` emti cqall/r C sgle¸ou st¶s,r t¹ b´kor C t¹m k¸hom, ja· t¹m p²mta p²s, N¼l, jim¶s,r epishem !´qa, oqdû #m pgwua ?om di²stgla jimghe¸g t¹ b´kor. eQ to¸mum pke¸omi N¼l, jimghe·r b !μq oqj 1j¸mgsem, eudgkom fti oqd³ 1p· t_m Nipto¼mtym C toneuºmtym b ¡ho¼lemor rp¹ t/r weiq¹r C t/r meuq÷r !μq oxtºr 1stim b jim_m.
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Chapitre 5. Analyse des digressions
la pierre, mais que cest seulement en poussant lair que le lanceur meut la pierre ou la corde de larc la flche, quelle ncessit y a-t-il pour que la pierre soit en contact avec la main ou que la corde darc soit en contact avec lextrmit chancre de la flche ? Il serait possible de les mouvoir sans Þtre en contact avec elles ; on pourrait, par exemple, placer la flche ou la pierre sur le bout dun bois, comme sur une ligne trs mince, et mettre en mouvement laide dinnombrables machines tout lair qui se trouve larrire. Il faudrait videmment que, plus lair serait forc, plus il pousse et plus il lance
Le raisonnement de Philopon, qui prend appui sur lobservation et lvidence, le conduit donner dans la suite sa propre explication, que lon a assimile au concept de limpetus 252 : partir de ces choses et dautres encore, on peut comprendre quil est impossible que les ralits mues par force se meuvent de cette manire. Par contre, il est ncessaire quune certaine force motrice incorporelle soit imprime par le lanceur au projectile, et que lair ne contribue en rien au mouvement du projectile ou y contribue trs peu. Si donc cest de cette manire que se meuvent les ralits mues par force, il est clair que, mÞme si on lance par force et contre nature une flche ou une pierre travers le vide, cest la mÞme chose qui se produira, voire plus, et quil ny aura aucun besoin dun agent qui pousse de lextrieur.
Le mouvement contre nature tant expliqu de cette manire, la causalit efficiente quAristote accordait au mdium travers lequel se ralise le mouvement perd toute sa validit, et le vide se voit sauv de linexistence. La question de la possibilit du mouvement naturel travers le vide est traite par Philopon quelques pages plus loin, dans le Corollaire sur le vide.
5.3.7 Philopon, Sur le vide (
5.3 Les digressions « scientifiques » des deux commentateurs
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nexistait pas. Par une mthode analogue celle suivie dans le Corollaire sur le lieu, Philopon commence par rfuter la doctrine aristotlicienne, puis tablit par des arguments supplmentaires la doctrine quil tient pour vritable. Voici plus exactement la structure du Corollaire : A. 675.12 – 676.3 : Lobjet dtude : la possibilit du mouvement travers le vide. B. 676.4 – 689.25 : Rfutation des arguments dAristote contre la possibilit du mouvement travers le vide. C. 689.26 – 695.8 : Examen du problme en soi. 1. 689.32 – 693.27 : Que rien nempÞche que le mouvement local se ralise travers le vide. 2. 693.28 – 695.8 : Que si le vide nexistait pas, le mouvement local serait mÞme impossible. Ds le prologue, il devient manifeste que le nouveau Corollaire est conÅu dans la mÞme perspective que le Corollaire sur le lieu253 : Ici sachve le discours dAristote sur le vide. Il nous faut donc reprendre son discours et examiner chacun de ses arguments. Nous ne commencerons pas par l o Aristote entame son discours sur le vide (nous avons en effet dj rpondu certains de ses arguments dans les lieux appropris), mais par l o il sest mis montrer que, si le vide existe, il nest pas possible que le mouvement se ralise travers lui, comme cest possible travers lair ou leau.
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Chapitre 5. Analyse des digressions
montrer que le vide existe en soi-mÞme, tant spar et dpourvu de corps, et que le mouvement se fait <par consquent> travers lui. En aucun cas. Je dclare moimÞme quil ny a aucun vide qui soit totalement spar du corps, et jen suis persuad par ce quon appelle la suppression du vide et par dautres <arguments>. Mon objection porte prcisment sur les arguments dAristote qui essaient de montrer que, si le vide existe, rien ne pourra se mouvoir travers lui. <Et je veux montrer> que, mÞme sil ny a pas de vide qui soit totalement spar du corps, le vide existe cependant en tant quil est rempli, lequel vide est prcisment le lieu des corps, comme nous lavons dmontr plus haut. Et nous montrerons ici aussi que les arguments qui veulent rfuter lexistence du vide nont aucune ncessit
Les arguments dAristote contre la possibilit du mouvement travers le vide, qui prennent appui sur la diffrence de vitesse des mobiles, sont trois ; les deux premiers font valoir la diffrence des milieux, alors que le troisime fait valoir la diffrence des corps : 1) Puisquil y a un rapport entre les temps des mouvements et les milieux travers lesquels les mouvements se ralisent, il y a aussi un rapport entre le temps dun mouvement travers le plein et le temps dun mouvement travers le vide. Or, le plein est un corps, alors que le vide est un non-corps, il est donc impossible quil y ait un rapport entre les deux ; par extension, il ny a pas de rapport entre les temps des mouvements travers le plein et travers le vide, ce qui est absurde254 ; 2) Un milieu plein dun corps, dont le rapport avec lair est le mÞme que le rapport du vide avec lair, se traverse en temps gal au temps de traverse du vide, ce qui est absurde255 ; 3) La raison pour laquelle deux corps se transportent vitesse ingale travers le mÞme milieu, cest quil y a une proportion inverse entre le poids du corps et le temps pendant lequel le corps traverse le milieu ; or, puisque le vide ne peut pas Þtre travers (cest--dire divis, tant donn quil ne procure pas de rsistance), tous les corps se mouvront travers lui vitesse gale, ce qui est absurde.256 CommenÅant par le troisime argument, Philopon explique, sur la base des propos dAristote, que les mouvements vitesse ingale sont galement dus la lourdeur des corps mus257 : 254 255 256 257
Cf. Phys., IV 8, 215a 24-b 22, et Philopon,
5.3 Les digressions « scientifiques » des deux commentateurs
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Cest Aristote lui-mÞme qui a dit quil y a deux causes pour le mouvement vitesse ingale : la diffrence des milieux et la diffrence des corps qui se transportent. Et il ajoute mÞme la manire dont le milieu est la cause de la diffrence des mouvements : « Le milieu », dit-il,258 « travers lequel une ralit se transporte en est cause parce quil fait obstacle, aussi bien quand il est anim dun transport contraire que quand il demeure ». Si donc il y a deux causes du fait que toutes les ralits mues ne se meuvent pas vitesse gale, savoir la diffrence des milieux et la diffrence des corps qui se transportent, et que la diffrence du milieu est cause en tant que cause faisant obstacle, la diffrence des corps qui se transportent est donc cause en tant que cause productrice. En effet, on ne saurait simaginer une troisime cause. Si donc la cause qui fait obstacle est supprime, il ne reste pas moins la cause productrice du mouvement ingal, qui est prcisment dans les ralits mues. Car la lourdeur na certes pas son Þtre dans son rapport avec une autre chose, mais elle est une qualit qui appartient par elle-mÞme aux corps. Puis donc que la lourdeur est la cause efficiente du mouvement vers le bas, comme Aristote le pense aussi, et quil existe la fois lintervalle travers par le corps m – je parle du vide – et la cause productrice du mouvement ingal, mÞme quand il ny a rien qui fait obstacle, il est ncessaire que le mouvement ingal se produise aussi travers le vide.
Aristote se voit se contredire plusieurs reprises259 : Le mÞme intervalle ne sera jamais parcouru en temps gal, lorsquil est plein et lorsquil est vide. Aristote a dduit le contraire en contredisant ses propres hypothses, je parle de celle qui affirme que la diffrence des mouvements se produit indpendamment de la diffrence des corps mus.260 Si en effet un temps diffrent se produit indpendamment de la diffrence de poids <des corps mus>, et quun autre temps sajoute cause de la division du corps travers lequel le mouvement se ralise, le mÞme intervalle ne sera jamais travers en temps gal, en tant plein et en tant vide.
Suit la clbre observation de Philopon, relative la loi des corps en chute,261 qui contredit la thse aristotlicienne selon laquelle le temps de chute dun corps est en proportion inverse avec son poids262 :
258 259
260 261
aQt¸a poigtijμ owsa. oq c±q dμ B baq¼tgr 1m sw´sei %kkou t¹ eWmai 5wei· poiºtgr c²q 1stim aqtμ jahû artμm rp²qwousa to ?r s¾lasim. 1pe· owm B baq¼tgr t¹ poigtijºm 1stim aUtiom t/r 1p· t¹ j²ty jim¶seyr, ¢r ja· aqt` doje ?, emtor ja· diast¶lator diû ox 1mewhe¸g t¹ jimo¼lemom, k´cy dμ toO jemoO, ousgr ja· t/r poigtij/r aQt¸ar t/r jim¶seyr diavºqou, ja· lgdem¹r emtor toO 1lpod¸fomtor, !m²cjg p÷sa %misom cem´shai ja· tμm di± toO jemoO j¸mgsim· ¦ste ja· eQ jem¹m Gm, oqj !m-qgto B %misor j¸mgsir. Phys., IV 8, 215a 29 – 30.
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Chapitre 5. Analyse des digressions
Cela est compltement faux, et il est mieux de le rendre crdible partir de lvidence elle-mÞme que par nimporte quelle dmonstration argumente. En effet, si tu laisses tomber au mÞme moment, de la mÞme hauteur, deux masses qui diffrent de beaucoup quant leurs mesures, tu verras que le rapport des temps des mouvements ne correspond pas au rapport des masses, mais que la diffrence entre les temps est minimale, comme si les masses ne diffraient pas lune de lautre. Par exemple, si lune est la double de lautre, les temps de leurs mouvements nauront pas de diffrence ou, sil arrive quils en aient une, cette diffrence ne sera pas sensible, bien que les masses naient pas une telle diffrence mais que lune soit le double de lautre.
Lvidence lemporte sur le raisonnement dAristote, fond sur des rapports qui ne sont pas confirms par lexprience. Plus bas, Philopon en vient la question de la ncessit de lexistence du vide (il va de soi, identique au lieu). On y retrouve en effet le principe pistmologique premirement nonc dans le Corollaire sur le lieu263 : 262
5.3 Les digressions « scientifiques » des deux commentateurs
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Si le vide existait, dit Aristote, il serait ncessaire que le corps qui est mis dans le vide, occupe en lui une tendue gale sa propre tendue. Par consquent, poursuit-il, tant donn que le corps nest en un lieu quen tant quil est lui-mÞme une tendue, si nous lui supprimons tout ce selon quoi il nest pas en un lieu, par exemple sa couleur, sa lourdeur et tous les autres caractres de ce type, il ne restera rien que son tendue. Par consquent, le vide ne diffrera gure de ltendue. Mais si ltendue du corps et ltendue du vide ne diffrent en rien, quoi bon revÞtir les corps dune autre tendue qui leur soit extrieure, vu que tout corps a de lui-mÞme sa propre tendue ? Les corps nont donc aucun besoin du vide. Et si deux tendues semblables peuvent se traverser lune lautre, deux corps se traverseront aussi
Philopon poursuit son discours et sapplique montrer dans la suite du Corollaire que le vide est non seulement un milieu possible du mouvement, mais quil en est aussi la condition ncessaire. Mais nous ne nous y attarderons pas davantage ici. Il suffit pour notre propos davoir constat que Philopon contredit ouvertement Aristote, en voquant la vrit de la « nature des choses », vrifie parfois par lexprience, qui est nettement dissocie de la vrit contenue dans un texte faisant autorit. Rien de plus tranger la manire philosophique de Simplicius.
Chapitre 6. Les fondements et la finalit des digressions : divergences dorientation dans lantiquit finissante Lexamen des digressions nous a permis de tirer au clair la spcificit exgtique de Simplicius et de Philopon. Faisons maintenant une rcapitulation : 1. Partant du commentaire de certains passages critiques du trait aristotlicien, Simplicius met en œuvre par une srie de digressions « concordistes » ltablissement de lharmonie des philosophes. Celle-ci est principalement opre par deux moyens : i) une lecture spcifique des critiques anciennes, qui fait prcisment appara tre leur valeur pdagogique intentionnelle. Si, par exemple, Platon et Aristote critiquent Parmnide, ils le font intentionnellement au profit de leurs auditeurs « superficiels », dont l me philosophante dbutante nest pas encore en mesure de saisir la profondeur de la doctrine de llate et risque ainsi de la comprendre contresens ; ii) une mise en valeur du « souci langagier » dAristote, qui revÞt le discours philosophique dune prcision scientifique qui manquait lorigine. Si, par exemple, Aristote appara t contredire Platon au sujet du mouvement, cest parce quil sabstient demployer propos dune thorie « intellective » le langage commun tous les gens, qui est orient vers le sensible. Si, encore, il critique les philosophes prplatoniciens, cest quil rend plus prcis leur discours nigmatique sans mettre vritablement en cause la vrit quils noncent. Faisant ainsi valoir le caractre la fois spcifique et complmentaire du discours de chaque philosophe, annonc depuis la toute premire digression consacre lhistoire des recherches physiques, Simplicius parvient rcapituler dans un univers harmonieux toute la tradition philosophique des Hellnes. Mais il ne sen tient pas cela. La digression quil consacre Tuch la desse montre de faÅon caractristique comment la tradition philosophique et la tradition religieuse se rejoignent dans son exgse, selon une mthode qui est typique du noplatonisme athnien. De telles approches font totalement dfaut dans le Commentaire de Philopon. Celui-ci non seulement renonce rendre raison des critiques quAristote adresse ses prdcesseurs mais, rebours, critique lui-mÞme Aristote ouvertement. Et la religion nentre pas dans son exgse. Bien quun arrire-fond chrtien, au sens du crationnisme, soit prsent dans sa pense – ses doctrines du lieu et de limpetus laissent effectivement supposer lactivit dun Dieu qui cre les corps (et avec eux lespace originellement vide quils remplissent) et leur imprime leur principe de
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mouvement –, son interprtation revendique une vrit purement philosophique, fonde sur lexprience des choses elles-mÞmes. 2. Une autre srie de digressions, que nous avons nommes « scientifiques », sinspirent plut t des thmes majeurs de la Physique, tels la matire, la nature, le lieu, le temps et le vide. L encore, la dmarche de Simplicius, malgr la nouveaut quelle prsente parfois, se veut, en fin de compte, consciemment rcapitulative de la tradition (sur le fond, unanime)1 : la doctrine de la matire quil expose trouve ses origines, travers Porphyre et Modratus, chez Platon et les Pythagoriciens ; celle de la nature se voit bauche par les anciens philosophes (tels Antiphon), acheve par Aristote, puis reformule par Proclus et Damascius ; celles du lieu et du temps, qui reprennent lenseignement « novateur » de Damascius, se voient tout de mÞme attribues Jamblique et Thophraste. En revanche, Philopon ne fait valoir dans son discours scientifique au sujet du lieu et du vide aucune autorit, bien quil ait vraisemblablement puis certains lments de sa doctrine chez Straton de Lampsaque. Tout au contraire, il dvalorise Aristote et, aussi, son ma tre Ammonius. On voit ds lors bien que la Physique, une fois livre aux mains des deux exgtes, devient le moyen de dveloppement de deux discours philosophiques diamtralement opposs : alors que Simplicius poursuit lexploration de divers lments reÅus dans une dmarche exgtique qui se dfinit positivement par rapport la tradition, Philopon rompt avec eux pour faire valoir les acquis dune dmarche qui, pour lessentiel, conÅoit la tradition de manire ngative. Ce que doit Þtre lexgse dun texte faisant traditionnellement autorit, les deux commentateurs lont consign, dune manire qui peut maintenant nous clairer merveille, dans le kephalaion des prolgomnes la philosophie dAristote, qui dtermine quelles sont les qualits requises de lexgte. Une comparaison avec les considrations respectives de leur ma tre commun Ammonius permet de dgager sans peine la spcificit exgtique « intentionnelle » des deux commentateurs : Ammonius, In Cat., 8.11 – 19 : « Le dixime et dernier point quil faut chercher dterminer, cest de quelle sorte doit Þtre lexgte des traits dAristote. Nous affirmons donc quil doit savoir parfaitement ce quil va expliquer, et Þtre un homme raisonnable, afin quil puisse, dun c t, rendre claire la pense du philosophe et, dautre c t, examiner la part de la vrit quil y a dans ses paroles. Car il ne faut pas quil agisse comme sil tait embauch, et quil accepte de la sorte tout ce qui y est dit ou quil cherche tablir tout prix comme vrai ce quil explique, alors que ceci ne lest pas. Au contraire, il faut quil juge et contr le
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Certaines phrases dj sont rvlatrices ; cf. In Phys., 230.34 – 35 : Ta¼tgm d³ peq· t/r vkgr tμm rpºmoiam 1o¸jasim 1swgj´mai pq_toi l³m t_m :kk¶mym… In Phys., 288.33 – 34 : OR d³ pakaiºteqoi va¸momtai l³m ja· aqto· toia¼tgm tim± t/r v¼seyr 5mmoiam 1swgjºter.
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Chapitre 6. Les fondements et la finalit des digressions
chaque chose, en mettant la vrit avant Aristote, si une telle chose arrive. Cest de cette manire que lexgte doit expliquer
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Simplicius, In Cat., 7.23 – 32 (Trad. Ph. Hoffmann lgrement modifie) : « Le digne exgte des traits dAristote ne doit pas Þtre totalement en reste par rapport la grandeur intellectuelle de ce philosophe. Il doit aussi Þtre familier avec les crits du philosophe en tous leurs passages, et avoir une bonne connaissance des habitudes de langage aristotliciennes. Il doit aussi possder un jugement intgre qui lui vite de comprendre paresseusement les affirmations correctes et de les faire para tre comme inacceptables ; qui lui vite galement, si un point a besoin dÞtre examin, de sacharner dmontrer quil est en tout absolument infaillible, comme si lexgte stait enr l dans la secte du philosophe. Il faut aussi, mon avis, quil ne regarde pas seulement la lettre de ce que dit Aristote contre Platon, et quil condamne les deux philosophes pour dsaccord, mais, au contraire, il faut quil en vise le sens et quil dcouvre ainsi laccord qui, sur la plupart des points, existe entre eux. »4
D´jatom 1p· p÷si de ? fgte ?m bpo ?om de ? eWmai t¹m 1ngco¼lemom t± )qistot´kour succq²llata. ja· k´colem fti de ? ja· %qista eQd´mai aqt¹m $ l´kkei 1ngce ?shai, eWmai l´mtoi ja· %mdqa 5lvqoma, ¢r t¹ l³m paqist÷m tμm toO vikosºvou di²moiam t¹ d³ tμm 1m to?r kecol´moir !k¶heiam 1net²feim· oqd³ c±q de ? ¦speq 1jlelishyj´mai p²mtyr 2aut¹m ja· !m´weshai f ti #m k´cgtai ja· spoud²feim p²mtyr 1je ?ma jqatOmai $ 1ngce ?tai ¢r !kgh/ p²mta, j#m lμ ovtyr 5w,, !kk± de ? 6jastom jq¸momta basam¸feim 1p¸pqoshem )qistot´kour h´lemom, eQ t¼woi, tμm !k¶heiam. ovtyr owm 1ngce ?shai wqμ t¹m 1ngco¼lemom. j d³ toOtom 1ngco¼lemor ave¸kei l¶te jatû eumoiam 1piweiqe ?m t± jaj_r kecºlema sumist÷m ja· ¢r !p¹ tq¸podor taOta d´weshai l¶te t± jak± jajotqºpyr d´weshai jat± !p´wheiam, !kk± jqitμr !pahμr t_m kecol´mym rp²qweim, ja· pq_ta l³m tμm di²moiam toO !qwa¸ou savgm¸feim ja· 2qlgme¼eim t± aqt` dojoOmta, 5peita tμm paqû 2autoO 1piv´qeim jq¸sim. T¹m d³ %niom t_m )qistotekij_m succqall²tym 1ngcgtμm de ? lμ p²mt, t/r 1je¸mou lecakomo¸ar !poke¸peshai. de ? d³ ja· t_m pamtawoO t` vikosºv\ cecqall´mym 5lpeiqom eWmai ja· t/r )qistotekij/r sumghe¸ar 1pist¶loma. de ? d³ ja· jq¸sim !d´jastom 5weim, ¢r lgd³ t± jak_r kecºlema jajoswºkyr 1jdewºlemom !dºjila deijm¼mai lgd³ eU ti d´oito 1pist²seyr, p²mt, p²mtyr %ptaistom vikomeije ?m !pode ?nai, ¢r eQr tμm aVqesim 2aut¹m 1ccq²xamta toO vikosºvou. de ? d³ oWlai ja· t_m pq¹r Pk²tyma kecol´mym aqt` lμ pq¹r tμm k´nim !pobk´pomta lºmom diavym¸am t_m vikosºvym jataxgv¸feshai, !kkû eQr t¹m moOm !voq_mta tμm 1m to?r pke¸stoir sulvym¸am aqt_m !miwme¼eim.
Chapitre 6. Les fondements et la finalit des digressions
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Il ressort clairement de tous les trois dveloppements que le bon exgte ne doit pas faire preuve de sectarisme dans son travail. La vrit et la pense du philosophe ne sont pas toujours identiques, il faut donc trancher entre les deux.5 Ammonius laisse pourtant entendre que la vrit ne se dissocie pas habituellement de la pense dAristote (eQ t¼woi), et, en gnral, le postulat ne saurait Þtre cause de difficults pour un exgte noplatonicien. Daprs Simplicius, lexgte doit galement chercher tablir laccord (sulvym¸a) entre Platon et Aristote, qui, malgr les apparences verbales, se manifeste clairement au niveau de leur pense. Si donc il faut que lexgte mette au clair la fois la vrit et laccord des deux philosophes, cest que les deux choses ne peuvent pas se dissocier. La bonne exgse conduit la vrit, et dans cette vrit Aristote et Platon ont des parts gales. On na pas tellement insist sur le fait que le postulat exgtique de laccord entre Platon et Aristote est un ajout de Simplicius. La sumph nia est certes la rgle dor de lexgse noplatonicienne, pratique bien avant Simplicius,6 mais elle nappara t parmi les qualits requises de lexgte que dans le Commentaire sur les Catgories de Simplicius. On comprend maintenant mieux pour quelle raison. Ayant expliqu un trait dans lequel Platon est critiqu plusieurs fois par Aristote (on se rappellera que le Commentaire sur la Physique prcde chronologiquement celui sur les Catgories), Simplicius a conduit la pratique exgtique de la sumph nia son apoge, dune manire que nont pratique ni Ammonius ni aucun autre de ses successeurs. Lexgse du trait devient souvent chez lui une explicitation de la sumph nia prsuppose, au cours dune dmarche dialectique qui condamne, sur ce point prcis, tous ceux qui ne lont pas vue : Alexandre dAphrodise, par exemple, ou encore Proclus. Mais cest l pour Simplicius la premire tape dune sumph nia encore plus gnrale : celle qui parcourt toute la philosophie des Hellnes et laquelle il a consacr un bon nombre de ses digressions. Chez Philopon, en revanche, la sumph nia ne constitue gure un prsuppos de lexgse. Selon lui, le bon exgte est un juge indiffrent (jqitμr !pah^r) qui doit dabord clairer ce qui est dit dans le texte, puis exprimer son opinion personnelle (5peita tμm paqû 2autoO 1piv´qeim jq¸sim). Lexgte a donc distinguer entre deux choses, on pourrait dire entre deux « vrits » : la vrit du 5 6
Sur ce sujet, lire L. Tarn, « Amicus Plato sed magis amica veritas. From Plato and Aristotle to Cervantes », Antike und Abendland 30 (1984), p. 93 – 124. On pensera tout dabord aux deux traits (perdus) de Porphyre, « Peq· toO l_am eWmai tμm Pk\tymor ja· )qistot]kour aVqesim » et « Peq· diast\seyr Pk\tymor ja· )qistot]kour », sur lequels voir maintenant G. Karamanolis, Plato and Aristotle in Agreement ? Platonists on Aristotle from Antiochus to Porprhyry, Oxford/New York, 2006, p. 245 – 266. Ammonius lui-mÞme tait un partisan fervent de laccord des deux philosophes (on trouve dans ses commentaires plusieurs dveloppements consacrs la sumph nia), comme lont t, aprs lui, Simplicius, Olympiodore et lias.
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texte, que rvle lexgse objective, et la vrit des choses, que lexgte sapplique atteindre en exprimant sa propre opinion. Comme le postulat de l« accord » chez Simplicius, le postulat du « jugement personnel » est un ajout de Philopon, qui permet de saisir le point le plus essentiel de sa manire exgtique. En posant pralablement une vrit en dehors du texte et diffrente de celle du texte, Philopon nonce en effet un principe pistmologique qui lui a permis de contredire ouvertement Aristote et de formuler dans ses digressions « scientifiques » des doctrines personnelles qui sont conformes, comme il le veut, la « nature des choses ». Sil faut attribuer la spcificit de la dmarche philoponienne lorigine ou la culture chrtienne de son auteur, qui lui a prcisment permis de se librer dune tradition philosophique paenne, depuis longtemps fonde sur des autorits,7 il faut aussi penser pour quelle raison Simplicius revint la mÞme tradition de la manire dont il la fait. On voquera certainement le climat intellectuel polmique de son poque. « Les commentaires de Simplicius », crit Ph. Hoffmann, « sont […] le fruit dun travail personnel de composition et dcriture : il sagit dune vritable œuvre, parfois polmique, anime par le souci de rcapituler la tradition philosophique, et de dfendre la religion ancestrale des Hellnes ».8 Lallure polmique des digressions elles-mÞmes est souvent vidente : « Il ne faut pas estimer que les discours des philosophes se contredisent les uns les autres, comme prcisment entreprennent de le soutenir, en affectant le mpris, des gens qui ne lisent que des recueils dopinions classes par ordre chronologique et qui ne comprennent rien ce quils lisent, et cela alors quils sont eux-mÞmes scinds en dinnombrables sectes » ; « mais jai t contraint de mtendre davantage l-dessus cause de ceux qui ont vite fait daccuser les anciens de discorde », qui ne sont nuls autres que les chrtiens ; « mais je me suis rsolu prolonger tout cela cause de la conception dominante au sujet de la matire, qui ne mest pas chre », celle en ralit du chrtien Philopon. La dmarche concordiste de Simplicius rejoint ainsi sa dmarche polmique contre Philopon, amplement dploye dans le livre VIII du Commentaire la Physique et aussi dans le Commentaire au De caelo. On fera remarquer dans cette perspective que le choix des traits et lordre dans lequel Simplicius les a comments nest gure arbitraire. Si en effet il a voulu emprunter la voie ascendante du « cursus spirituel », se faisant de la sorte lve de lui-mÞme, il a cependant fait intervenir entre le commentaire thique du Manuel dEpictte et le commentaire logique des Catgories deux commentaires sur des traits physiques. Ctait lpoque o il a pris connaissance quun 7 8
Cf. C. Wildberg, « Impetus theory and the hermeneutics of science in Simplicius and Philoponus », p. 118 – 119. Ph. Hoffmann, « Bibliothques et formes du livre la fin de lantiquit. Le tmoignage de la littrature noplatonicienne des Ve et VIe sicles », p. 608.
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« novice » en philosophie se portait avec dmesure contre Aristote dans le but impie de « dgrader la transcendance divine ». Le Ciel tant le plus concern, ctait prcisment par le De caelo quil fallait commencer. Mais cest l lun des deux aspects. Les Commentaires de Simplicius sur le Manuel dEpictte, le De caelo et les Catgories sachvent, on le sait, avec des prires adresses au Dmiurge, et lcriture mÞme du commentaire se transforme en un exercice spirituel qui aide l me du philosophe se retourner vers son origine.9 ConÅues dans le mÞme horizon, les digressions sordonnent, elles aussi, cette fin ultime de la philosophie : « Si tout ceci a ncessit une digression assez longue, quil me soit pardonn cause de lamour que jprouve lgard de ces choses », dit Simplicius propos du Pome de Parmnide ; or, lAmour est lune des puissances de l me qui, de concert avec la Vrit et la Foi, fraient le chemin vers lunion la plus heureuse avec le Dmiurge ; « il ma t cher (v_kom) de comprendre de cette manire ces choses-l, au sujet dhommes chers tant lun envers lautre quenvers la sagesse », dit-il plus loin propos de Platon et dAristote, faisant ainsi preuve de philomatheia, lment ncessaire toute vritable comprhension. La philomatheia appara t aussi comme la force motrice de lcriture des Corollaires sur le lieu et le temps : « Aprs avoir accord aux lecteurs amis de la science (to ?r vikolah´si) ces considrations sur le lieu, je passerai dsormais la suite du texte dAristote » ; « mais puisque lexercice que nous pratiquons en amis de la science na pas pour seul but (t´kor Bl ?m t/r vikolahoOr culmas¸ar) dapprendre ce que peut bien Þtre sur le temps lopinion dAristote, mais plut t de comprendre ce quest le temps […], consacrons ce sujet un examen concis ». La digression est une rponse aux ignorants et, par l, une ascse qui mne la Vrit.
9
Voir I. Hadot, Le problme du noplatonisme alexandrin : Hirocls et Simplicius, p. 164 – 165 ; Ph. Hoffmann, art. cit., p. 608 – 609.
En guise de conclusion : une divergence convergente Contemporains lun de lautre, Simplicius et Philopon ont entrepris la mÞme dmarche : expliquer la Physique. Ce faisant, ils ne prtendaient videmment pas la nouveaut ; la Physique fut un trait traditionnellement tudi et enseign dans les coles philosophiques de lantiquit. Les deux exgtes ont propos nanmoins – et cela notamment dans les digressions – non seulement des doctrines diffrentes mais aussi une conception diffrente de lexgse ellemÞme. Cest raffirmer que lexgse laisse place la divergence et, par l, au droit dinnover. La manire dont la tradition elle-mÞme a t reÅue fut llment dterminant vis--vis de cette « transformation » de lexgse. Vue par Simplicius comme porteuse dune seule vrit, reformule selon des plans et des intentions varis, mais jamais contradictoire, la tradition fut lobjet dune rvaluation intgralement positive qui, outre son caractre « apologtique » contre le christianisme, transforma lexgse de la Physique en un exercice spirituel par excellence. Dans une perspective toute diffrente, Philopon se garda de chercher la vrit dans un texte faisant autorit ou, en gnral, dans la tradition philosophique. Lexgse se vit ainsi attribuer dans sa dmarche un r le constamment propdeutique : elle ne fournissait que le point de dpart pour une rflexion par essence indpendante, qui, elle seule, pouvait rvler la vritable nature des choses. Pour autant quils divergent, Simplicius et Philopon se rejoignent malgr tout du point de vue de la considration des formes littraires et des contraintes des genres. Ils ont voulu tous les deux se librer de la pratique du commentaire continu en ayant recours la digression. On sinterrogera lgitimement, pour finir, sur la raison dÞtre de cette dilatation du discours exgtique, commune chez lun et lautre philosophe. Il semble que le commentaire antique soit arriv avec Philopon et Simplicius un moment crucial qui invitait en quelque sorte son dpassement ou, du moins, sa transformation. La fermentation intellectuelle et les enjeux socioculturels dune poque mi-chemin entre un paganisme finissant et un christianisme de plus en plus robuste ont fait surgir des demandes philosophiques auxquelles le commentaire traditionnel ne pouvait plus rpondre. Lexemple philoponien illustre parfaitement ce moment de transition : instruit par lexgse traditionnelle du paen Ammonius, Philopon passe par elle pour annuler enfin sa fonction vridique, au profit dune vision « nouvelle » inspire du christianisme. Le « traditionaliste » Simplicius nen fournit cependant pas moins un exemple clairant : si le commentaire continu tait de service
En guise de conclusion : une divergence convergente
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pour Alexandre dAphrodise, voulant rhabiliter le sens du texte dAristote contre linterprtation dAndronicos de Rhodes et de Bothos de Sidon,1 et sil continuait lÞtre pour Porphyre, qui entreprenait de relire le texte dAristote dans une perspective platonicienne,2 Simplicius avait parfois le dpasser pour faire face aux problmes philosophiques poss non pas par le texte comment (rendu clair par Alexandre, puis, au platonisme manquant, par Porphyre) mais par les interprtations nouvelles venues du dehors, existantes ou ventuelles, auxquelles sadonnaient les auteurs chrtiens. Les derniers exgtes de la Physique dans lantiquit sont rests cependant la priphrie, pour ainsi dire, de lintersection philosophique. Isol peut-Þtre en Syrie, Simplicius a fait plut t de son œuvre un refuge spirituel qui na vraisemblablement pas atteint Alexandrie.3 De 517, anne de composition de son Commentaire la Physique, 529, Philopon aurait cess pour sa part denseigner la philosophie. Lenseignement traditionnel dOlympiodore qui a suivi, a donn naissance aux commentaires « scolastiques » dun David et dun lias, qui marquent en ralit le crpuscule de lexgse grecque tardo-antique. Une reprise de lactivit commentariste sous forme de synopses trouva lieu Constantinople au IXe sicle avec Photius, puis sous forme de paraphrases ( lgard de lOrganon) au XIe sicle avec Michel Psellos. Un commentaire continu a t consacr la Physique la fin du XIIIe sicle seulement, par Georges Pachymre.4 Mais, en ce temps distanci de lantiquit, lexgse avait retrouver aussi bien sa porte spirituelle vridique que sa valeur critique.
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Voir M. Rashed, Essentialisme. Alexandre dAphrodise entre logique, physique et cosmologie, Berlin/New York, 2007. Voir G. Karamanolis, Plato and Aristotle in Agreement ? Platonists on Aristotle from Antiochus to Porprhyry. Il est noter quaucun trace des commentaires de Simplicius nest reprable dans les derniers commentaires de lcole dAlexandrie. De mÞme, Philopon na pas rpondu aux attaques de Simplicius, possiblement parce quil nen a pas pris connaissance. Voir P. Golitsis, « Un commentaire perptuel de Georges Pachymre la Physique dAristote, faussement attribu Michel Psellos », Byzantinische Zeitschrift 100/2 (2007), p. 637 – 676.
Appendice
Les digressions traduites et annotes 1) Simplicius, Histoire des recherches naturelles (In Phys., 6.31 – 8.15) [Introduction] Mais jajouterai quelques mots davantage, avant de me mettre au texte
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ûte j²tyhem !qwºlemoi : lvolution de la recherche philosophique en Grce a suivi un ordre, pour ainsi dire, ontologiquement ascendant. Partant de recherches sur la nature et de dcouvertes de causes et de principes immanents comme la matire et les quatre lments, la philosophie sest progressivement leve lapprhension des causes transcendantes et, finalement, avec Platon, la juste contemplation de la bont divine. Platon, Phdon, 98b-c. ja· Usyr oqd³m %topom toOto : Simplicius veut rectifier ici, dans un pur esprit de concordisme, ce que Proclus reproche Anaxagore dans lIn Tim., I, 2.11 – 15, savoir davoir considr comme cause de la constitution naturelle lair (ou lther) et non pas lIntellect. Pour ce faire, il met en valeur la pluralit des plans de la ralit et des approches correspondantes : un philosophe peut se rfrer lun dentre eux, sans que cela signifie quil tait ignorant des autres.
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Appendice. Les digressions traduites et annotes
[Platon] Mais assurment Platon, en rendant plus claires les doctrines des Pythagoriciens et des lates, clbra dune part dignement les ralits surnaturelles, et dautre part, en se rapportant aux ralits naturelles et engendres, il distingua les principes lmentaires des autres principes et donna ces principes, lui pour la premire fois, le nom dlments, comme le raconte Eudme.4 Et cest lui encore qui vit et distingua entre la cause productrice, la cause finale et, {7.15} en plus, la cause paradigmatique, cest--dire les Ides (en effet, cest en usant des mÞmes concepts quAristote dcouvrit plus tard la matire et aussi la forme). Il pose comme cause productrice lIntellect divin et comme cause finale la bont par laquelle lIntellect divin a assimil toute image sensible au paradigme intelligible. [Aristote] Quant Aristote, il se diffrencia des physiciens prplatoniciens {7.20} non seulement en ce quil prÞta attention la cause productrice mais aussi en ce quil considra mÞme les causes matrielles de faÅon plus principielle : alors que les physiciens supposaient
7 8
Fr. 31 Wehrli. Anaxagore et Archlaos dAthnes ; cf. In Phys., 27.2 – 28.3. Ainsi quil appara tra au cours du commentaire au livre I, Simplicius pense ici Thals et Hippon (posant comme premier principe leau), Anaximne et Diogne dApollonie (posant comme tel lair), Hippasos et Hraclite (posant le feu) et Empdocle (posant tous les quatre lments). Les atomistes, en particulier Leucippe et Dmocrite. Le Time de Platon reprsente par excellence un discours de ce type.
1) Simplicius, Histoire des recherches naturelles
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est autre que la matire, la diffrence de Platon {8.1} qui la comprise dans la matire. Et alors que les uns laissaient de cot la cause productrice et quAnaxagore et Platon (il en est de mÞme des Pythagoriciens) posaient comme telle lIntellect divin, Aristote chercha la cause productrice immdiate des productions naturelles, savoir la nature, {8.5} que Platon a place dans la cause instrumentale, dans la mesure o elle est mue par une autre chose et meut dautres choses. Nanmoins, Aristote nen resta pas la nature, comme si ctait elle la cause premire ou productrice au sens propre, mais il remonta lui-mÞme la cause immobile et motrice de toute chose, et dans la fin du prsent trait il attacha elle toutes les choses mues.9 Quant au caractre de la physique de cet homme {8.10}, il diffre dune part de celle des anciens en ce quil rendit plus clair leur style nigmatique et quil ajouta aux dmonstrations la prcision qui leur manquait, et dautre part de celle de Platon en ce quil met plus en vidence le caractre valide des dmonstrations et quil prend soin de poser leurs principes partir de la sensation et des opinions communes. Enfin, il diffre de tous les philosophes la fois en ce quil labora toutes {8.15} les parties de la physique, y compris les plus partielles.
9
Il a donc retrouv lIntellect divin dAnaxagore et de Platon. Simplicius prdispose ici son lecteur une lecture « thologique » (autrement dit, de perspective platonicienne) de la Physique. Il rectifie en cela Proclus, qui voyait de la « thologie » seulement dans le Time de Platon (cf. In Tim., I, 2.29 – 3.16).
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Appendice. Les digressions traduites et annotes
2) Simplicius, Sur lharmonie des philosophes (In Phys., 28.32 – 37.9) [Introduction] En entendant parler dun aussi grand nombre de diffrences, il ne faut pas estimer que les discours des philosophes se contredisent les uns les autres, comme prcisment entreprennent de le soutenir, en affectant le mpris, des gens qui ne lisent que des recueils dopinions classes par ordre chronologique et qui ne comprennent rien ce quils lisent {29.1}, et cela alors quils sont euxmÞmes scinds en dinnombrables sectes, non pas sur la question des principes naturels (ils nont en effet pas la moindre ide sur la question) mais sur la faÅon de dgrader la transcendance divine.1 Peut-Þtre ne serait-ce pas une mauvaise ide que je fasse une brve digression pour montrer aux plus studieux de quelle faÅon, mÞme sils semblent avoir des positions diffrentes concernant {29.5} les principes, les anciens se trouvent tout de mÞme en accord. [Les philosophes traitant des principes de lintelligible : Xnophane, Parmnide, Mlissos] En effet, les uns ont discouru sur le principe premier et intelligible, comme lont fait Xnophane, Parmnide et Mlissos. Xnophane et Parmnide parlent prcisment de lun qui est fini, <et ce bon droit> puisquil est ncessaire que lun existe avant le multiple, et que la cause de la dtermination et de la limitation de toute chose soit dfinie selon la limite plut t que selon lillimitation, {29.10} de mÞme quil est ncessaire que ce qui est totalement parfait et a reÅu sa propre fin soit limit, et quil soit encore la fin et le principe de toutes choses ; car ce qui est imparfait est besogneux et na pas encore reÅu de limite. Nanmoins, Xnophane, <en envisageant> ce principe unique comme cause de toutes choses qui slve au-dessus de toutes choses, le pose au-del du mouvement et du repos2 et, en gnral, au-del de toute concordance de termes 1
2
peq· tμm jaha¸qesim t/r he¸ar rpeqow/r : allusion aux chrtiens qui considrent que le Monde fut engendr et vnrent des reliques de martyrs. On remarquera le ton ironique et mprisant de ce passage, qui peut se lire en parallle avec lIn De caelo, 370.29 – 371.4 (Trad. Ph. Hoffmann) : « Quil soit inn dans les mes des hommes de considrer les ralits clestes comme divines, on le voit surtout par lexemple des gens qui, sous leffet de leurs prjugs athes, calomnient le Ciel. Eux aussi en effet affirment que le Ciel est la demeure du divin et son tr ne, et quil est seul apte dvoiler ceux qui en sont dignes la gloire et la transcendance de Dieu. Peut-on trouver conceptions plus vnrables ? Et pourtant, comme sils les oubliaient, ils considrent que les rebuts pires que des immondices ont plus de prix que le Ciel, et ils sacharnent outrager celui-ci, en considrant quil nest n que pour susciter leur dmesure. » Pour affirmer cela, Simplicius a voqu plus haut lautorit de Thophraste ; cf. In Phys., 22.26 – 30 : « Que le principe est un, autrement dit que lÞtre est la fois un et tout, et quil nest ni fini ni infini, ni en mouvement ni en repos, cest Xnophane de Colophon, le ma tre de Parmnide, qui la suppos, ainsi que le dit Thophraste, en
2) Simplicius, Sur lharmonie des philosophes
211
contraires, comme le fait prcisment Platon dans la premire hypothse du Parmnide. 3 {29.15} Par contre, Parmnide envisage son aspect dÞtre toujours identique et dans le mÞme tat, cest--dire le fait dÞtre au-del de tout changement et, vraisemblablement, au-del de lacte et de la puissance ; cest pourquoi il le clbre comme immobile et seul (lºmom) en ce sens quil transcende toute chose : Seul (oWom) il est, immobile, cest de quoi tout nom est dit.4
Mlissos, dautre part, a vu lui aussi le caractre inchangeable <de lUn-quiest>. Mais en envisageant {29.20} son essence qui ne dispara t jamais, ainsi que linfinit de sa puissance, il la dclar infini et inengendr. Ceci devient clair par sa dmonstration au sujet de linfinit, qui est prcisment faite selon cette conception ; il dit en effet5 : Puisquil nest pas engendr, il tait, il est et il sera toujours. Il na donc pas de commencement ni de fin, mais il est infini ; car sil tait engendr, il aurait un commencement (car il aurait commenc une fois de sengendrer) et {29.25} une fin (car il se serait termin). Puis donc quil na ni commenc ni termin et quil tait toujours, il na pas de commencement ni de fin [mais il est illimit].
Ainsi donc, Mlissos a considr lÞtre qui na ni commencement ni fin dans le temps, mais qui est toujours ; cest pourquoi il a dclar quil est infini. La mÞme chose est en effet attribue lUn par Parmnide, lorsquil dit avec des mots presque identiques < ceux de Mlissos>6 : {30.1} que ltre est inengendr et imprissable complet et dun seul genre, inbranlable et sans fin7 et jamais ntait ni ne sera, puisquil est maintenant la fois tout entier.
3 4
5 6 7
avouant lui-mÞme que la mmoire de la doctrine de Xnophane nappartient pas lhistoire des recherches sur la nature mais une autre. » Parm., 138b-139b. oWom, !j¸mgtom tek´hei, t` p²mt emolû eWmai : Simplicius fournit ici ce qui semble Þtre une variante de lIn Phys., 146.11 (28 B 8,38 DK) : owkom !j¸mgtºm t 5lemai· t` p²mt ¡mºlastai (emol 5stai In Phys., 87.1). A. Stevens, Postrit de ltre. Simplicius interprte de Parmnide, Bruxelles, 1990, p. 84, traduit le vers de la manire suivante : « Tel il est immobile, et pour cette raison ce ne sont que des noms… ». Il ne sagit pourtant pas du pronom « oXor » (avec esprit rude) mais, ainsi que Diels la dj signal (voir note ad locum), de ladjectif homrique « oWor » (avec esprit doux), qui signifie « seul ». Cela est dailleurs clairement tabli par la prcision de Simplicius qui prcde le vers (!j¸mgtom aqt¹ !mulme ? ja· lºmom), comme la dj fait remarquer L. Tarn, Parmenides, Princeton, 1965, p. 133. 30 B 2 DK. 28 B 8,3 – 5 DK. Ad !t´kestom : corrig parfois en « Ad³ t]keiom » ou « Ad³ tekest|m » (achev). Simplicius accorde au mot le sens de « !m~kehqom » (imprissable) du vers prcdent, en y voyant une rptition voulue par Parmnide : en saccordant avec Mlissos, llate met en relief le caractre imprissable de ltre.
212
Appendice. Les digressions traduites et annotes
Ainsi donc, Parmnide affirme lui aussi que ltre est infini en ce sens quil ne dispara t jamais et quil est inengendr. {30.5} Quant la conception quil sest faite de la limite, il la manifeste avec les vers suivants8 : le mÞme, demeurant dans le mÞme, repose sur lui-mÞme, et il demeurera encore immuable ; car une ferme ncessit le tient dans des liens de limite, lenferme tout autour, parce quil nest pas juste que ltre soit imparfait, {30.10} car il nest pas besogneux. Sil ntait pas,9 il aurait besoin de tout.
Si en effet il est Þtre et non pas non-Þtre, il na besoin de rien, et nayant besoin de rien il est parfait, et tant parfait il a une fin et nest pas imparfait, et ayant une fin il a un terme et une limite. Il ny a donc aucune contradiction entre les conceptions de ces hommes, dans les passages o ils parlent de la mÞme chose.10 [Les philosophes traitant la fois des principes de lintelligible et des principes du sensible : Parmnide, Anaxagore, Empdocle] Passant ensuite {30.15} des ralits intelligibles aux ralits sensibles, autrement dit de la vrit lopinion, comme laffirme lui-mÞme, Parmnide dit11 : Ici jarrÞte mon discours et ma pense fiables autour de la vrit. partir dici apprends les opinions des mortels en coutant lordre trompeur de mes vers.12
{30.20} Il pose ainsi, lui aussi, comme principes lmentaires des ralits engendres lopposition premire, quil appelle lumire et tnbres ou feu et terre ou dense et rare ou mÞme et autre, en disant prcisment la suite des vers cits plus haut13 :
8 28 B 8,29 – 33 DK (Trad. A. Stevens modifie). 9 lμ 1¹m : au sens de Simplicius, il faut accorder une valeur absolue la phrase et comprendre : « sil ntait pas <tre> » (voir la suite immdiate du texte). En voyant le prdicat de « 1¹m » dans « 1pideu]r » (besogneux), Diels et dautres interprtes suppriment le particule « lμ ». 10 1m oXr peq· toO aqtoO k´cousi : ces mots forment la rgle dor de linterprtation concordiste : avant de se prononcer sur la discorde des philosophes, il faut examiner si les philosophes se rfrent la mÞme chose. 11 28 B 8,50 – 52 DK. 12 jºslom 1l_m 1p´ym !patgk¹m !jo¼ym : daprs Simplicius, les vers qui suivent sont trompeurs en ce sens quils se rapportent au monde sensible considr du point de vue platonicien ; cf. In Phys., 39.10 – 12 : « Parmnide appelle son discours opin et trompeur non pas en tant quil est absolument faux, mais en tant quil a dchu de la vrit intelligible la ralit apparente et contingente, cest--dire au sensible. » 13 28 B 8,53 – 59 DK (Trad. A. Stevens modifie).
2) Simplicius, Sur lharmonie des philosophes
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Ils ont dcid de nommer les apparences selon deux points de vue dont il ne faut pas faire un seul, ce en quoi
Dailleurs, un petit passage en prose est interpol parmi les vers, comme tant de Parmnide lui-mÞme, qui dit : Dans celui-ci se trouvent le rare, le chaud, la {31.5} lumire, le mou et le lger, tandis que dans le dense sont nomms le froid, les tnbres, le dur et le lourd. Car tous ceux-ci ont t dissocis les uns des autres de lun et de lautre c t.
Cest dune manire aussi claire que Parmnide a pris deux lments contraires. Cest pourquoi il a reconnu plus haut ltre comme un,15 et il dit <maintenant> que ceux qui nont pas apprhend lopposition des lments constitutifs du devenir, ou qui ne lont pas clairement rvle, se sont tromps. Cest prcisment en le {31.10} suivant quAristote a pos comme principes les contraires. En outre, Parmnide a clairement livr une cause productrice non seulement des corps qui sont en devenir mais aussi des ralits incorporelles qui compltent le devenir, en disant16 :
14 t_m l¸am oq wqe¾m 1stim, 1m è pepkamgl´moi eQs¸m : laberration consiste dans le fait de ne pas avoir saisi (ou, mieux, de ne pas avoir clairement exprim) le r le ncessaire des contraires dans la constitution du devenir. Tel est prcisment le cas des « physiciens », qui ont opt pour lun quelconque des lments. Nous ne pouvons pas souscrire au jugement dA. Stevens (op. cit., p. 56), qui considre que, selon linterprtation de Simplicius, Parmnide bl me ceux qui nont pas pu « unifier lopposition des lments premiers ». Les prcisions de Simplicius en ce point portent exclusivement sur le devenir (cf. infra, 31.8 – 9 : « Parmnide dit que ceux qui nont pas apprhend lopposition des lments constitutifs du devenir, ou quils ne lont pas clairement rvle, se sont tromps »), dans lequel une telle unification na pas de place. 15 di¹ pqºteqom 4m t¹ cm di´cmy : Diels corrige la leÅon unanime des manuscrits en « d¼ 5cmy » (scil. stoiwe ?a). Comme le remarque B. M. Perry, Simplicius as a source for and an interpreter of Parmenides, Washington, 1983, p. 111, la correction est superflue, tant donn que Simplicius veut ici distinguer entre lunit du monde intelligible, savoir lUn-qui-est auquel Parmnide sest rfr dans laltheia, et la dualit du devenir, dont il est question dans la doxa. 16 28 B 12,2 – 6 DK (Trad. A. Stevens lgrement modifie).
214
Appendice. Les digressions traduites et annotes
Mais Empdocle aussi, qui enseigne la fois sur le monde intelligible et sur le monde sensible et considre lun comme modle archtypique de lautre, pose comme principes et lments pour {31.20} chacun des deux mondes les quatre que voici : le feu, lair, leau et la terre, et comme causes productrices lamour et la haine. Nanmoins, il affirme que dans le monde intelligible les lments sont davantage assembls gr ce lamour, puisque
Et avant ces vers, il nous livre dans dautres passages laction de lamour et de la haine18 : Quand la discorde atteignit tout en bas le fond du tournoiement, lamour perÅa au centre du tourbillon. {32.15} L tous, ils sassemblent pour nÞtre plus quun seulement, sans brusquerie, de bonne gr ce, ils sunissent venus chacun dun autre c t. Et comme ils se rencontraient, se rpandaient les myriades de tribus mortelles. Beaucoup, parmi les autres qui se mÞlaient, restaient purs, que la discorde retenait en haut. Car ce nest pas sans dfaut, {32.20} ce nest pas tout entire encore quelle sest retire aux frontires du cercle. Ici, elle rsistait, l, elle tait sortie des membres, mesure quelle schappait, partout la suivait, toute douceur, de lirrprochable amour limmortel lan. 17 31 B 98 DK (Trad. J. Bollack). 18 31 B 35,3 – 17 DK (Trad. J. Bollack adapte).
2) Simplicius, Sur lharmonie des philosophes
215
Aussit t surgissait, mortel, ce qui dabord avait appris limmortalit, mÞl, ce qui dabord tait pur, changeant leurs chemins. {33.1} Et comme ils se mlangeaient, se rpandaient les myriades de tribus mortelles, ajustes toute forme, merveille voir.
Dans ces vers, il dit clairement que les ralits mortelles ont t aussi composes par lamour, et que l o lamour domine la haine nest pas encore totalement carte. Dans les vers suivants aussi {33.5}, o il livre les caractristiques de chacun des quatre lments, ainsi que de lamour et de la haine, Empdocle a clairement nonc le mlange de tous les deux, la fois de lamour et de la haine, dans toutes les ralits. Les voici19 : Regarde le soleil, chaud voir, sa clart qui rayonne en tout lieu, les immortels † baigns de brillante lumire, {33.10} la pluie partout noire et glaciale, et du sol dbordent gr ce et solidit. Dans la colre, tout est distinct et se divise, ensemble, dans lamour, et tous sont pleins du dsir de lautre. Deux sort tout ce qui fut, ce qui est et ce qui sera, {33.15} par eux germent les arbres, les hommes et les femmes, les bÞtes et les oiseaux et les poissons que nourrit leau, et les dieux longvifs, les premiers par le rang.
Et peu aprs il dit20 : Ils dominent tour tour dans la course du cercle, {33.20} ils se perdent lun dans lautre, ils croisent leur tour, suivant la part reÅue. Car ils sont toujours mÞmes, mais en courant au travers lun de lautre ils deviennent les hommes et les bÞtes21 des autres tribus, tant t, par lamour, se rencontrant tous pour faire le monde un, tant t emports chacun au loin par la haine de la discorde, {33.25} jusquau jour o, mÞls en un, ils sab ment dans le tout. Dun c t, ils savent na tre un, quand ils taient plusieurs, et, en retour, lun se sparant, ils en sortent en nombre. {34.1} De cette manire, ils deviennent, et la vie ne leur est pas donne pour toujours. Mais pour autant que jamais ils ne cessent dchanger leurs chemins, ils sont toujours, immobiles dans le cercle.
De sorte qu la fois lun partir du multiple, qui se produit cause de lamour, et le {34.5} multiple partir de lun, qui arrive lorsque la haine domine, Empdocle les admet dans le monde sublunaire galement, o se trouvent les ralits mortelles, tant t lamour dominant tant t la haine, videmment selon des priodes chaque fois diffrentes. Peut-Þtre livre-t-il aussi une sorte 19 31 B 21,3 – 12 DK (Trad. J. Bollack adapte). 20 31 B 26 DK (Trad. J. Bollack adapte). 21 En lisant, avec la plupart des interprtes, « hgq_m » au lieu de « jgq_m ».
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Appendice. Les digressions traduites et annotes
danticipation de lunion et de la distinction des Þtres, lorsquil laisse entendre que selon la domination plus ou moins grande de lamour, il y a, au-dessus du monde {34.10} sensible, plusieurs diffrences du monde intelligible. Et dans le monde sensible, il montre que les diffrences de la domination de la haine sont spares par des limites, comme jai tent de le prouver ailleurs.22 Quoi quil en soit, il ne prononce, lui non plus, rien de contraire ce que disent Parmnide et Mlissos, mais il a vu assurment comme Parmnide lopposition lmentaire, ainsi que la cause productrice {34.15}, que lun pose comme tant une et commune – cest la divinit cause de tout devenir qui est installe au milieu de toutes choses23 –, tandis que lautre a envisag lopposition aussi dans les causes productrices. Anaxagore de Clazomnes semble avoir considr pour lensemble des formes une diffrenciation trois plans. Tout dabord, il y a le plan de leur contraction dans lunion intelligible, lorsquil dit {34.20} que24 : Toutes choses taient ensemble, tant infinies en multitude et en petitesse.
Et il dit ensuite25 : Avant quelles soient spares, toutes choses taient ensemble et nulle couleur ntait perceptible. Car linterdisait le mlange confus de toutes les choses, de lhumide et du sec, du chaud et du froid, du brillant et de lobscur, la terre sy trouvant en grande quantit, ainsi que des semences en nombre illimit qui ne se ressemblaient en rien.
{34.25} Cet univers est en effet lUn-qui-est de Parmnide. Il a considr lautre selon la distinction qui sopre au niveau intellectif, auquel sassimile le plan dici-bas. Car il dit peu aprs le dbut du premier livre de son trait Sur la nature 26 : Puisquil en est ainsi, {35.1} il faut croire quil y a dans toutes les ralits contractes plusieurs choses de toutes les sortes, et quelles possdent les germes de toutes choses, les diffrentes formes, les couleurs, les sens, et que les hommes et les autres vivants pourvus dune me y sont encore fusionns, et qu ces hommes appartiennent encore des villes habites et des {35.5} constructions comme chez nous, et quil y a chez eux un soleil, une lune et les autres comme chez nous, et que leur terre fait pousser pour eux plusieurs choses diverses, dont ils cueillent les meilleures et les utilisent ensuite dans leurs maisons. Voil ce que jai dire propos de la sparation ; ce nest pas seulement chez nous que la sparation a eu lieu, mais ailleurs aussi.
22 23 24 25 26
In De caelo, 528.3 – 530.26. Voir supra, 31.14. 59 B 1 DK. 59 B 4 DK (Trad. J.–P. Dumont modifie). 59 B 4 DK.
2) Simplicius, Sur lharmonie des philosophes
217
Peut-Þtre semblera-t-il certains {35.10} quil ne confronte pas la distinction du devenir la distinction intellective, mais quil compare lhabitation qui est la n tre dautres lieux de la terre. Mais il naurait pas dit propos dautres lieux « qu il y a chez eux un soleil, une lune et les autres comme chez nous »,27 et il a <prcisment> appel les ralits de l-bas « germes de toutes les choses et formes ».28 coute encore ce quil dit peu aprs, en faisant la comparaison des deux mondes29 : Ainsi {35.15} les choses entra nes dans leur giration sont dissocies sous leffet de la force et de la vitesse. Cest la vitesse qui produit la force. Quant leur vitesse, elle nest comparable celle daucune des choses existant actuellement dans le monde des hommes, mais elle est considrablement multiplie.
Si donc il a eu cette conception, il affirme que cest sous un autre mode que toutes choses sont en toutes choses selon lunion intelligible, sous un autre mode quelles le sont selon la {35.20} consubstantialit (sumous¸ysim) intellective, et sous un autre mode quelles le sont selon la coanimation (s¼lpmoiam) sensible et lengendrement partir des mÞmes choses et la dissolution dans les mÞmes choses. [Les philosophes traitant des principes du sensible : les Atomistes, Time le Pythagoricien, les Physiciens] Quant Leucippe, Dmocrite et Time le Pythagoricien, ils ne sopposent en effet pas ce que les quatre lments soient des principes des corps composs. Eux aussi, de mÞme que les Pythagoriciens, Platon {35.25} et Aristote, en voyant le feu, lair, leau et peut-Þtre la terre se transformer mutuellement, ils se mirent rechercher des ralits qui soient plus principielles queux, et des causes plus simples, afin quils pussent rendre raison de la diffrence qui caractrise les lments du point de vue de leurs qualits. Ainsi, Time et Platon qui la suivi de prs ont pos comme lments premiers par rapport aux quatre lments les surfaces, qui sont pourvues de quelque profondeur et ont diverses figures, en considrant que la nature corporelle qui consiste dans les figures corporelles est plus principielle et, de ce fait, cause de la {36.1} diffrence qualitative <des lments>. Dautre part, Leucippe et Dmocrite
218
Appendice. Les digressions traduites et annotes
diffrence de leurs figures, de leur position et de leur ordre, deviennent des corps chauds et ardents – ce sont ceux qui sont constitus de corps premiers plus aigus, plus subtiles et {36.5} arrangs selon la mÞme position –, et les autres froids et humides – ce sont ceux qui sont constitus de corps premiers qui ont les caractristiques contraires –, les premiers tant brillants et lumineux, les seconds obscurs et tnbreux. Quant ceux qui ont pos
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Xnophane, Mlissos, Parmnide, Anaxagore (principalement). Empdocle, Time le Pythagoricien, les Atomistes, les Physiciens (principalement). Empdocle, les Physiciens. Time le Pythagoricien, les Atomistes. Les Physiciens. Time le Pythagoricien, les Atomistes. Empdocle, les Physiciens. Platon et Aristote. Phys., I 5, 188b 30 – 33. Phys., I 5, 188b 36 – 37.
2) Simplicius, Sur lharmonie des philosophes
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Mais nous avons t contraints de nous tendre davantage l-dessus cause de ceux {36.25} qui ont vite fait daccuser les anciens de discorde. Et puisque nous entendrons Aristote critiquer les doctrines de ses devanciers, et que, avant Aristote, Platon para t le faire aussi, et de mÞme, avant tous les deux, Parmnide et Xnophane, il faut savoir que cest en prenant soin de leurs auditeurs superficiels que tous ces philosophes critiquent ce qui semble absurde dans les discours de leurs devanciers, {36.30} dautant plus que les anciens avaient coutume dexprimer leurs opinions de manire nigmatique. En tmoigne Platon, qui admirait Parmnide tel point – bien quil paraisse le critiquer – quil dit que sa pense exige un plongeur de fond <pour Þtre atteinte>.40 {37.1} De mÞme, Aristote fait manifestement allusion la profondeur de la sagesse de cet homme, lorsquil dit41 : Parmnide semble parler en observant davantage.
Ces philosophes donc, tant t en compltant ce qui a t omis, tant t en claircissant ce qui a t dit de faÅon obscure, tant t en sparant ce qui a t dit propos des ralits intelligibles, parce que cela ne peut pas sappliquer aux {37.5} ralits naturelles (comme cela sest pass avec les philosophes qui affirment que lÞtre est un et immobile), tant t en cartant pralablement les interprtations faciles des auditeurs superficiels, cest de tous ces points de vue quils semblent faire des critiques. Quant nous, nous essaierons de prÞter attention tous ces points dans notre commentaire des objections quAristote adresse chacun de ses devanciers. Mais il faut prsent reprendre le texte dAristote et parcourir minutieusement tout ce qui y est dit.
ja· bah´or jokulbgtoO de ?shai k´cym tμm di²moiam aqtou : cf. Thtte, 184a 1 : ja¸ loi 1v²mg b²hor ti 5weim pamt²pasi cemma ?om. Simplicius combine (ou confond) ce propos de Platon avec un dicton prononc par Socrate propos dHraclite (cf. Diogne Larce, II, 22, 6 – 8 : $ l³m sum/ja, cemma ?a· oWlai d³ ja· $ lμ sum/ja· pkμm Dgk¸ou c´ timor de ?tai jokulbgtoO). 41 Metaph., A 5, 986b 27. 40
220
Appendice. Les digressions traduites et annotes
3) Simplicius, Sur les significations de lun chez Parmnide (In Phys., 86.19 – 90.22) [Introduction] Je mtonne assurment du fait quAristote {86.20} soppose ces significations de lun1 dont Parmnide dit prcisment quelles appartiennent lUn-qui-est (t` 2m· emti). Et en effet, il clbre lUn comme continu2 : Il est tout entier continu ; car lÞtre sapproche de lÞtre,
et il dit quil est encore indivisible3 : Car il est tout entier semblable.
{86.25} Mais quil y ait aussi pour toutes les choses une seule et mÞme dfinition, celle de ltre, Parmnide laffirme dans les vers suivants4 : Il faut que ce qui se dit et se pense soit ltre, car lÞtre est, alors que le nant nest pas.
Si donc, quoi quon dise ou pense, cest lÞtre, il y aura une dfinition unique pour toutes les choses, celle de lÞtre5 : Car rien dautre nest ni ne sera sauf ltre, car le destin la contraint {87.1} Þtre entier et immobile, ce de quoi tout nom sera dit.
Si lon veut les couter avec bienveillance,
[LUn parmnidien en tant quindivisible] Lindivisible aura donc une limite
1 2 3 4 5 6
savoir la continuit, lindivisibilit et lunit en vertu dune dfinition commune. 28 B 8,25 DK. 28 B 8,22 DK. 28 B 6,1 – 2 DK. 28 B 8,36 – 38 DK. 30 B 9 DK.
3) Simplicius, Sur les significations de lun chez Parmnide
221
« le gouvernement de plusieurs nest pas bon »7 ou lorsquil montre quil est indivis, immobile et fin de toutes choses, la fois intellect, intelligible et intellection. Et il a reÅu cette doctrine non seulement de Platon mais aussi de Parmnide qui dit prcisment8 : Cest la mÞme chose que dintelliger et ce en vertu de quoi il y a intellection, {87.15} car sans ltre, dans ce qui est profr, tu ne trouveras pas lintelliger.
Cest en vertu de lintelligible, autrement dit de lÞtre, quexiste en effet lintelliger, dont la fin est lintelligible. [LUn parmnidien en tant que continu] Mais pour ce qui est aussi du tout et des parties et du continu, Aristote les a pris comme se rfrant un corps, cest pourquoi il a dduit les absurdits. Si pourtant on les prend selon la {87.20} conception prcise de Parmnide et de Mlissos, on admettra aussi le fait que lÞtre ait des parties dans un certain niveau, puisque Parmnide affirme quil est entier9 : entier et dun seul genre,
et quil est encore divisible linfini en raison de sa continuit10 : Il est tout entier continu ; car lÞtre sapproche de lÞtre.
Cette absurdit au sujet de {87.25} lUn-qui-est,11 le Parmnide de Platon la accepte de manire plus claire lors de la deuxime des hypothses, en disant prcisment12 : – Eh bien, lune et lautre de ces parties de lUn-qui-est, cest--dire lun et lÞtre, manque-t-elle, lune, cette partie quest lÞtre, et lautre, cette partie quest lun ? – Elle ne le saurait. – Par voie de consquence, chacune de ces deux parties possde son tour et lun et lÞtre, et cette partie en vient nouveau se composer dau moins deux parties. Et pour la mÞme raison, {88.1} il en va toujours ainsi : tout ce qui prcisment est n comme partie possde toujours ces deux parties. En effet, et lÞtre possde toujours lun, et lun possde toujours lÞtre. De sorte que ncessairement, comme il devient toujours deux, il nest jamais un. – Cest absolument sr. – Il sensuit que ce qui est un sera ainsi une pluralit illimite. – Cest croire.
7 8 9 10 11
Metaph., K 10, 1076a 4. 28 B 8, 34 – 36 DK. 28 B 8, 4 DK. 28 B 8, 25 DK. savoir le fait dÞtre la fois tout et parties, autrement dit un et multiple, et cela linfini. 12 Parmnide, 142d 9 – 143a 3 (Trad. L. Brisson adapte).
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Appendice. Les digressions traduites et annotes
[LUn parmnidien en tant quun en vertu de son unit dfinitionnelle] Mais aussi le fait que tout admette l-bas une seule et mÞme dfinition {88.5}, celle de lÞtre, et que toutes les choses soient l-bas identiques les unes aux autres, ce nest point absurde. Si en effet lUn est cause de toutes choses et quil est tout avant tout, il est clair que toutes les choses sont pralablement reÅues en lui, tant contenues selon une union unique, celle de lUn-qui-est, en vertu de laquelle chaque chose, tant distingue de manire indivise, est toute chose. Tel est, je crois, lavis dAristote lui-mÞme, qui dit que ce quil appelle « Intellect premier » est la cause de toutes choses, {88.10} et qui affirme encore quil y a deux ordres
3) Simplicius, Sur les significations de lun chez Parmnide
223
sensible nadmet pas lunion intelligible. Et nous ne pouvons pas voir dans les ralits sensibles lunion acheve de lUn, la manire dont il nous est rebours possible de contempler dans les ralits intelligibles la distinction multiplie que lexistence unifie contient sous un mode causal. Ce qui est donc,
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Appendice. Les digressions traduites et annotes
le tout est diffrent de la seule chose qui soit ou quil lui est identique ? {89.20} – Comment ne le diront pas ? Ils le disent maintenant. – Si donc il est tout, comme le dit Parmnide19 : Il est partout semblable la masse dune sphre bien arrondie, absolument quidistant partir du centre, car il ne faut pas quil soit ici et l plus grand ou plus petit. {89.25} Tel tant, lÞtre a un milieu et des extrmits, et ayant ceux-ci, il est tout fait ncessaire quil ait des parties, nest-ce pas ? – En effet. – Mais rien nempÞche ce qui est ainsi partag de possder dans toutes ses parties lunit comme proprit et qutant de la sorte un tout et une totalit, il soit aussi un. – Comment en serait-il autrement ? – Mais nest-il pas impossible que ce qui subit ces choses soit lun luimÞme ? – Comment ? – Je suppose que ce qui, selon un raisonnement correct, est proclam comme vritablement {90.1} un, doit Þtre totalement dpourvu de parties. – Cela doit Þtre. – Toutefois, ce qui est tel, tant constitu de plusieurs parties, ne correspondra pas cette dfinition. – Je comprends. – Quoi donc, est-ce que le tout, qui possde lunit comme proprit, sera un et tout, ou bien contesterons-nous que lÞtre est tout ? – Le choix que tu proposes est difficile. – Certes, tu dis bien vrai. {90.5} Car mÞme si lÞtre possde dune certaine manire lunit comme proprit, il ne se montrera pas identique lun, et, par consquent, la totalit sera plus nombreuse que lun. – Oui. – Et, dailleurs, si lÞtre, parce quil possde lunit comme proprit, nest pas le tout, et si, toutefois, le tout existe, il sensuit que lÞtre est priv de lui-mÞme. – Absolument. – Et selon le mÞme raisonnement, lÞtre, priv de lui-mÞme, ne sera pas lÞtre. – Tout fait. – Et la {90.10} totalit ne sera-t-elle pas plus nombreuse que lun, puisque lÞtre et le tout ont acquis sparment une nature propre ? – Oui. – Mais encore, si le tout nexistait daucune manire, il en serait de mÞme de lÞtre, qui, en plus de ne pas Þtre, ne pourrait pas non plus devenir lÞtre. – Pourquoi donc ? – Ce qui sest produit sest toujours produit en tant que tout, de sorte que, si lun ou le tout ne trouvent pas une place parmi les Þtres, il faut proclamer que la ralit ni nest ni ne devient. {90.15} – Il semble bien quil en soit toujours ainsi. – Et il est galement ncessaire que ce qui nest pas un tout ne possde aucune quantit que ce soit, car une chose, si elle en possde une, quelle quelle soit, est imprativement un tout de mÞme quantit. – Parfaitement. – Ainsi donc, celui qui affirme que lÞtre est soit un couple soit seulement une unit, se trouve achemin vers des milliers dautres impasses infranchissables. – Celles que nous venons de trouver mettent cela en vidence. Mais chaque difficult entra nant une autre, elle provoque une dviation de plus en plus grande et {90.20} prilleuse par rapport ce que nous avons toujours dit prcdemment.
Mais si tout ceci a ncessit une digression assez longue, quil me soit pardonn cause de lamour que jprouve pour ces choses.20 Passons maintenant la suite. 19 28 B 8, 43 – 45 DK. 20 t` peq· aqt± 5qyti : savoir pour la ralit intelligible. Dans le vocabulaire noplatonicien, ler s quivaut une puissance de l me, qui facilite sa remonte vers le Dmiurge.
4) Simplicius, Sur lUn-qui-est parmnidien
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4) Simplicius, Sur lUn-qui-est parmnidien (In Phys., 142.28 – 148.24) [Introduction] Mais puisque nous avons atteint la fin des discours qui sopposent Parmnide, il serait bon de dpister quel degr {142.30} la doctrine de lUn-qui-est de Parmnide rpond ce dont il est question ici, et dexaminer galement sur quoi portent prcisment les objections. [Considration des cas possibles] Que Parmnide ne pose pas lUn-qui-est parmi les ralits engendres et corruptibles, cela est vident par le signe qui dit que lun est inengendr et incorruptible. Voici les vers correspondants1 : Il ne reste plus quun chemin, {142.35} celui de lÞtre. Sur celui-ci se trouvent des signes trs nombreux quil est inengendr et incorruptible.
{143.1} Et il ne veut assurment pas que lUn-qui-est soit corporel, puisquil affirme quil est indivisible2 : Il nest pas divisible, car il est tout entier semblable.
Par consquent, ses paroles ne sappliquent pas au ciel, comme certains {143.5} lont pens daprs Eudme3 en coutant le vers suivant4 : Il est partout semblable la masse dune sphre bien arrondie.
Car le ciel nest pas indivisible ni semblable une sphre, mais la sphre la plus parfaite parmi les ralits naturelles. Quil nest pas psychique non plus, cela est vident du fait que Parmnide affirme quil est immobile5 : {143.10} Seul il est, immobile, cest de quoi tout nom est dit,
lessence psychique ayant, selon les lates aussi, le mouvement. Il dit encore que ltre est tout entier la fois6 : Puisquil est maintenant la fois tout entier,
et quil est toujours identique et dans le mÞme tat7 : {143.15} tant le mÞme et demeurant dans le mÞme, il repose sur lui-mÞme. 1 2 3 4 5 6 7
28 B 8,1 – 3 DK. 28 B 8,22 DK. Fr. 45 Wehrli. 28 B 8,43 DK. 28 B 8,38 DK. 28 B 8,5 DK. 28 B 8,29 DK.
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Appendice. Les digressions traduites et annotes
Il est clair que ltre possde le « la fois tout entier » et le « mÞme » aussi bien selon la substance que selon la puissance et lacte, ce qui est assurment au-del de lhypostase psychique. Mais peut-Þtre quil ne dit pas non plus quil est intellectif. En effet lintellectif a subsist selon sa distinction partir de lintelligible et sa conversion vers lintelligible. {143.20} Or, Parmnide affirme clairement que lUn-qui-est est la fois intelliger, intelligible et intellect, en crivant prcisment ceci8 : Cest la mÞme chose que dintelliger et ce en vertu de quoi il y a intellection, car sans lÞtre (cest--dire lintelligible), dans ce qui est profr, {143.25} tu ne trouveras pas lintelliger.
Qui plus est, lintellectif est distingu en formes, comme rebours lintelligible a pralablement reÅu en lui la distinction des formes sous un mode unifi. Et l o il y a de la distinction, il y a aussi de laltrit ; et celle-ci tant, appara t c t le non-Þtre aussi, car lautre nest pas ce que lautre est. Or Parmnide bannit compltement le non-Þtre de lUn-qui-est9 : Car jamais tu nimposeras cela, quil y a les non-Þtres. {144.1} Mais toi, carte ta pense de ce chemin de recherche.
Il ne veut pas non plus que lUn-qui-est soit une sorte de communaut, ni celle qui subsiste postrieurement et par abstraction dans notre pense (en effet celle-ci nest ni inengendre ni incorruptible) ni la {144.5} communaut qui est dans les choses. Car celle-l est sensible et appartient aux ralits opines et trompeuses, dont Parmnide parle plus tard,10 et
4) Simplicius, Sur lUn-qui-est parmnidien
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fois de lun et de lÞtre. Cest pourquoi {144.15} Znon disait que, si quelquun lui montrait lun, lui, il lui donnerait lÞtre, non parce quil niait lun mais parce que lun subsiste la fois avec lÞtre. cet Un-qui-est saccordent toutes les conclusions que nous avons nonces : le fait dÞtre inengendr et incorruptible, ainsi que « complet et dun seul genre », car, de fait, ce qui est avant toute distinction ne peut pas Þtre second avec une autre chose.11 Il lui convient aussi dÞtre {144.20} tout entier la fois et de ne point laisser de place au non-Þtre, et encore dÞtre indivisible et immobile selon toute sorte de division ou de mouvement, identique et dans le mÞme tat, et de constituer aussi la limite de toutes les choses. Si, enfin, il est ce en vertu de quoi il y a lintelliger, il est vident quil est lIntelligible ; car lintelliger et lintellect existent en vertu de lintelligible. Et si lintelliger {144.25} et lintelligible sont la mÞme chose dans la mÞme chose, lexcs de leur union serait de fait indicible. Si je ne parais pas importun, je citerai avec plaisir les vers de Parmnide sur lUn-qui-est, qui dailleurs ne sont pas nombreux, tant pour le bien-fond de mes paroles que parce que lcrit parmnidien est rare. Il va donc ainsi, aprs la rfutation du non-Þtre12 : {145.1} Il ne reste plus quun chemin dire, celui de lÞtre. Sur celui-ci se trouvent de trs nombreux signes quil est inengendr et incorruptible, complet et dun seul genre, inbranlable et sans fin, {145.5} et jamais il ntait ni ne sera, puisquil est maintenant la fois tout entier un et continu. Quelle naissance en effet chercherais-tu pour lui ? Comment et do a-t-il surgi ? Du non-Þtre, je ne te laisserai ni le dire ni le penser. Car il nest ni dicible ni pensable quil ne soit pas. Quelle ncessit alors la fait pousser {145.10} plus tard ou plus t t, sil a commenc du nant ? Ainsi il faut quil soit entirement ou pas du tout. Jamais la force de la conviction ne laissera que du non-Þtre naisse quelque chose c t de lui. Cest pourquoi la justice ne permet ni quil naisse ni quil meure, en rel chant ses liens, {145.15} mais le maintient. Et la dcision sur ces choses se trouve ici : Il est ou il nest pas. Mais il a t jug que ncessairement lun des chemins, impensable et innommable, est laisser. Car ce nest pas un vrai chemin, cest lautre qui existe et est vritable. {145.20} Comment ltre pourrait-il exister aprs, comment pourrait-il na tre ? Car sil est n, il nest pas, et il ne va jamais Þtre. Ainsi la naissance est teinte et la mort inconnaissable. 11 t` c±q emti lehû 2t´qou de¼teqom oqj #m eUg t¹ pq¹ p²sgr cm diajq¸seyr : ltre nest pas de deuxime rang, cest--dire avec une autre chose, parce quil est prcisment d « un seul genre » (lomocem]r), cest--dire dune seule origine ou dune seule « race » nonmlange (« c]mor » est pris ici dans son sens premier et littral). Plus bas (147.14 – 16), Simplicius sappuiera sur cette qualification de lUn-qui-est pour suggrer que Parmnide a aussi conÅu, au-dessus de lUn-qui-est, lUn radical. 12 28 B 8,1 – 52 DK (Trad. A. Stevens modifie).
228
Appendice. Les digressions traduites et annotes
Il nest pas divisible, car il est tout entier semblable, ni plus grand ici, ce qui lempÞcherait dÞtre continu, {145.25} ni plus petit ailleurs, mais il est tout plein dÞtre, puisquil est tout entier continu ; car lÞtre sapproche de lÞtre. Mais il est immobile dans des limites de liens puissants, sans origine et sans fin, puisque la naissance et la mort {146.1} ont t cartes loin, cest la vraie conviction qui les a repousses. Le mÞme, demeurant dans le mÞme, repose sur lui-mÞme, et il demeurera encore immuable ; car une ferme ncessit le tient dans des liens de limite, lenferme tout autour, {146.5} parce quil nest pas juste que ltre soit imparfait, car il nest pas besogneux. Sil ntait pas, il aurait besoin de tout. Cest la mÞme chose que dintelliger et ce en vertu de quoi il y a intellection, car sans ltre, dans ce qui est profr, tu ne trouveras pas lintelliger. Car rien dautre nest13 ni ne sera {146.10} sauf ltre, car le destin la contraint Þtre entier et immobile, ce de quoi tout nom est dit, tout ce que les mortels ont pos croyant que cest vrai, na tre et mourir, Þtre et ne pas Þtre, changer de lieu et altrer sa couleur lumineuse. {146.15} Mais puisquil a une limite extrÞme, il est achev, partout semblable la masse dune sphre bien arrondie, absolument quidistant partir du centre, car il ne faut pas quil soit ici et l plus grand ou plus petit. Car il nest ni non-Þtre, ce qui lempÞcherait datteindre {146.20} le semblable, ni Þtre tel qui soit plus ici et moins l, puisquil est tout entier inviolable. Car lgalit lui est partout, et il reste semblable dans ses limites. Ici jarrÞte mon discours et ma pense fiables autour de la vrit. partir dici apprends les opinions des mortels {146.25} en coutant lordre trompeur de mes vers.
Voil donc les vers de Parmnide au sujet de lUn-qui-est. Aprs quoi il discourt sur les choses opines, en supposant leur sujet dautres principes, quAristote lui-mÞme mentionne dans le passage suivant14 : Parmnide, en effet, fait du chaud et du froid des principes, et il les appelle feu et terre.
[Rsolution des apories possibles] Sil dit que lUn-qui-est est {146.30} « semblable la masse dune sphre bien arrondie », ne ttonne pas ! Il fabrique pour la posie {147.1} une cration mythique. Quelle diffrence y a-t-il en effet entre cette parole et ce quOrphe appelle prcisment « œuf clatant de blancheur » ? Qui plus est, il est clair que certaines des qualifications nommes se disent de faÅon plus gnrale et 13 En corrigeant « oqdû eQ wqºmor 1st·m » en « oqd³m c±q 5stim », daprs la leÅon fournie en In Phys., 86.31. 14 Phys., I 5, 188a 20 – 22.
4) Simplicius, Sur lUn-qui-est parmnidien
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sappliquent aussi aux ralits qui viennent aprs lUn-qui-est. Le fait dÞtre « inengendr et imprissable », par exemple, convient aussi bien l me qu lintellect, et le fait dÞtre « immobile et de {147.5} demeurer en lui-mÞme » convient lintellect
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Appendice. Les digressions traduites et annotes
ce nest pas seulement Parmnide qui le rfute, mais Platon aussi, qui contourne mÞme la recherche du non-Þtre en disant15 : Alors, quon ne dise pas que lorsque nous avons eu le courage daffirmer que le non-Þtre existe, nous pensions mettre en vidence le contraire de lÞtre. En ce qui nous concerne, il y a dj longtemps {148.1} que nous avons envoy promener nimporte quel contraire de lÞtre, soit quil existe soit quil nexiste pas, quil possde un certain sens ou quil soit compltement irrationnel. propos de ce que nous venons de dire sur lexistence du non-Þtre, ou bien il faut que quelquun nous rfute en nous convainquant que nous navons pas parl comme il fallait, ou bien, pour autant quil en est incapable, quil dise aussi les mÞmes choses que nous disons.
Et il ny a rien dtonnant ce que lon montre que dans un tel Þtre, dtermin selon lune de ses proprits, il y a {148.5} un non-Þtre analogue, alors que dans lÞtre qui est entier, intelligible et tout avant tout sous un mode unifi, mÞme ce non-Þtre na pas de place. Quant Aristote, en procdant dans ses objections par manire de division, ou bien, dit-il, lÞtre se dit de plusieurs faÅons, et dans ce cas il sera multiple, ou bien il se dit dune seule faÅon, et dans ce cas il sera soit une substance soit un accident. Or il est clair que rien de cela ne convient lIntelligible, {148.10} puisque cette division appara t dans le devenir et que, par consquent, elle est pralablement reÅue sous un mode causal <non pas dans lIntelligible mais> dans la distinction intellective. Que personne ne bl me pour autant Platon et Aristote davoir contredit Parmnide selon des conceptions autres
15 Sophiste, 258e 6 – 259a 4 (Trad. N.–L. Cordero lgrement modifie). 16 vikamhq¾pyr c±q t±r cemgsol´mar paqajo±r pqoamast´kkousim : lun des topoi pour ltablissement de la concorde des philosophes; cf. In Phys., 37.6 – 8 : pot³ d³ t±r eqjºkour 1jdow±r t_m 1pipokaiot´qym pqoamast´kkomter, ovtyr 1k]cweim dojoOsi. 17 Thtte, 184a 1 (cf. aussi In Phys., 36.32). 18 Metaph., A 5, 986b 27 (cf. aussi In Phys., 37.2). 19 Metaph., K 10, 1076a 4 (cf. aussi In Phys., 87.10).
4) Simplicius, Sur lUn-qui-est parmnidien
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Mais cen est assez, car nous risquons de para tre « avoir pass les bornes »,20 comme cest le dicton, en introduisant les choses les plus extrÞmes de la thologie dans un trait de physique.
20 rp³q t± 1sjall]ma pgd÷m : littralement « avoir saut par-dessus les creuss » ; cf. Platon, Cratyle, 413a 7-b 1.
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Appendice. Les digressions traduites et annotes
5) Simplicius, Sur la matire (In Phys., 227.23 – 233.3) [Introduction] Mais puisque certains, qui ne sont pas des ignorants en matire de philosophie, affirment que la matire toute premire est, aussi bien selon Platon que selon Aristote, le corps sans qualit, {227.25} comme le font, parmi les anciens, les Stociens et, parmi les nouveaux, Pricls de Lydie, il serait bon dexaminer de prs cette opinion. [Dveloppement de la thse selon laquelle la matire est le corps sans qualit aussi bien selon Platon que selon Aristote1] En effet, aussi bien Aristote que Platon, en introduisant la matire partir du changement, veulent que les premires choses changer soient les qualits des lments, savoir le chaud, le froid, le sec et lhumide. Or, les qualits ont comme substrat commun le corps et changent autour de {227.30} lui. Par consquent, le corps serait la matire premire. Qui plus est, si le corps avait un autre substrat, il faudrait – puisque les engendrements seffectuent partir des contraires – quil y ait quelque chose doppos au corps, de sorte que les deux opposs puissent changer autour de leur substrat commun.2 Qui plus est, nous affirmons que la matire est ce qui persiste dans tout changement. {228.1} Or, ce qui persiste cest le corps sans qualit ; car ce en quoi le corps peut se dissoudre nexiste pas. Que Platon affirme que la matire est le substrat immdiat des quatre lments, cest--dire le corps sans qualit, cest clair partir des passages suivants3 : La nourrice du devenir, qui tait mouille, qui tait embrase et qui recevait les formes, aussi bien celle de la terre que {228.5} celle de lair.
Et encore4 : Lorsque fut entrepris larrangement de lunivers, mÞme si le feu dabord, puis leau et la terre et lair possdaient bien quelques traces de leurs proprits, ils se trouvaient nanmoins dans ltat dans lequel on peut sattendre trouver absolument toute chose quand dieu en est absent. Voil quelle tait leur condition naturelle au moment o ils commencrent de recevoir leur configuration laide des formes et des nombres.
1 2 3 4
On peut vraisemblablement penser que Simplicius reprend dans cette partie de la digression des arguments dvelopps par Pricls de Lydie. Or, il ny a pas dopposition entre deux corps mais entre deux qualits du corps. Time, 52d 4 – 6 (Trad. L. Brisson). Time, 53b 1 – 5 (Trad. L. Brisson adapte).
5) Simplicius, Sur la matire
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Si donc ce sont les formes des lments que le dmiurge a premirement mises dans la matire, et que {228.10} le substrat commun de ces formes soit le corps sans qualit, voil quil serait la matire. Daprs Aristote aussi, il peut sembler que le corps sans qualit soit le premier substrat et la matire. Si en effet le corps, comme nimporte quelle autre forme, advient la matire et sen va de la matire, il est clair que, avant quil advienne et aprs quil sen soit all, cest la privation du corps qui est autour de la matire, autrement dit {228.15} lincorporel. Il y aura, par consquent, une substance naturelle incorporelle, ce quAristote ne peut pas avoir admis, puisquil dit plusieurs endroits que les ralits naturelles sont des corps ou autour des corps. [Rfutation de la thse selon laquelle la matire est le corps sans qualit] Nanmoins, que Platon ne veuille pas que le premier substrat – ce que nous appelons matire – soit le corps, cela peut devenir clair par le fait quil prend comme lments avant le corps les plans, qui sont {228.20} videmment plus principiels
Dailleurs, le corps est selon lui tridimensionnel : cest ce que signifie en effet « possder la profondeur ». Or, ce qui est tel {228.25} a dans sa substance un nombre et une figure – surtout si le corps entier est limit, comme cest lavis aussi bien de Platon que dAristote. Pourtant, la matire, dit-il, ne possde ni le nombre ni la figure, mais lorsquelle participe des formes, elle se transforme alors selon des formes et des nombres. QuAristote ne veuille pas non plus que le premier substrat soit le corps, il la clairement manifest {228.30} en disant6 : La matire dun grand corps et dun petit est la mÞme.
En effet, la matire du corps ne peut pas Þtre elle-mÞme un corps, et le substrat commun du grand et du petit ne peut Þtre ni grand ni petit. Or, le corps, surtout celui qui est limit,7 est dune certaine quantit, et {229.1} le mÞme corps ne peut pas Þtre la fois grand et petit en soi. En gnral, le corps est comprhensible par une dfinition et connaissable lappui
Time, 53c 4 – 7 (Trad. L. Brisson adapte). Phys., IV 9, 217a 26 – 27. ja· l\kista t¹ pepeqasl]mom : en insistant sur le fait que le corps est « limit », Simplicius prpare en effet la rsolution du problme quil va proposer plus bas, savoir que la matire est corps mais, nanmoins, corps « illimit ».
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Appendice. Les digressions traduites et annotes
la matire est « saisissable par un raisonnement b tard »,8 alors quAristote et, avant lui, Time le Pythagoricien
Ayant dit « la grandeur », et dans la mesure o il y a aussi la grandeur formelle, {229.10} il complta « cest--dire la matire de la grandeur » en expliquant la mÞme chose.11 Qui plus est, si lon envisage la question pour elle-mÞme, on comprendra quil est impossible que la matire premire soit le corps sans qualit, comme la dmontr Plotin.12 (1) Si en effet aucune forme naturelle nappartient essentiellement la matire qui est sous-jacente toutes les ralits naturelles, il est vident que ni la figure ni la grandeur nappartiendront elle {229.15} (car celles-ci sont des formes). Et pourtant elle sera configure et pourvue dune grandeur, si elle est un corps, et elle ne sera pas simple mais compose de matire et de corps. Or, la matire est simple. Tu peux donc raisonner de la manire suivante : – la matire en elle-mÞme ne possde ni grandeur ni figure ni nombre ; le corps en lui-mÞme possde une grandeur, une figure et un nombre ; par voie de consquence, la matire nest pas un corps ; – la matire {229.20} nest pas compose de matire et de forme ; le corps est compos de matire et de forme ; <par voie de consquence, la matire nest pas un corps>. (2) Qui plus est, si la matire est un corps, elle aura sa propre grandeur. Le dmiurge ne pourra donc plus produire toutes les formes partir de lui-mÞme selon son propre vouloir, ni la nature selon les raisons formelles qui sont en elle, mais ils seront tous les deux contraints de sassujettir la grandeur de la matire. (3) Qui plus est, si la matire a une grandeur, elle aura {229.25} par sa propre dfinition une figure. Or, cela est absurde non seulement parce que la figure est une forme et une qualit, mais aussi parce que la matire, tant domine par une certaine figure dtermine, ne sera plus approprie recevoir toute figure. (4) Qui plus est, la forme qui advient la matire comporte avec elle toutes ses proprits et, par consquent, la grandeur aussi (en effet, autre est la 8 9 10 11
Time, 52b 2. Cf. Aristote, Phys., I 7, 191a 7 ; [Time], De natura mundi et animae, 206.9. Phys., IV 2 209b 2 – 4. 1p¶cace «ja· B vkg B toO lec´hour» t¹ aqt¹ 1ngco¼lemor : Simplicius assigne au « ja· » de la phrase aristotlicienne une valeur explicative. 12 La plupart des arguments qui suivent sont tirs des Ennades, II 4 (12), ch. 8 et 9.
5) Simplicius, Sur la matire
235
grandeur de lhomme et autre la grandeur de tel ou tel oiseau). Par consquent, {229.30} ni la grandeur ni la qualit ne sont propres la matire. Par consquent, la matire nest pas un corps. (5) Qui plus est, si la matire est un corps, elle sera quantifie et grandie. Or, une chose est le quantifi (pos|m), et une autre la quantit (pos|tgr), et une chose est le grandi (lelecehusl]mom), et une autre la grandeur (l]cehor) : les unes sont des formes incorporelles et simples, alors que les autres, qui participent delles, sont composs. Si donc la matire est un corps, elle sera compose et non pas simple {230.1}, mÞme pas comme lment. Si donc cela est absurde, il faut dire que la quantit, en tant participe par la matire, fournit la matire la grandeur quelle navait pas auparavant, de mÞme que la qualit participe rend qualifi ce qui tait auparavant sans qualit. (6) Qui plus est,13 il est possible de dire encore ceci, savoir que la matire est soit len puissance de toutes les formes soit quelque chose {230.5} en-deÅ mÞme de l<Þtre> en puissance, cest--dire len puissance lui-mÞme. Or, comment le corps peut-il Þtre incorporel en puissance ? Il doit lÞtre, vu que la matire reÅoit aussi les formes incorporelles. Et si elle se dit en puissance en tant incorporelle, il faut pour autant savoir que lincorporel ne se dit pas comme une nature dtermine mais comme une ngation du corps. Il est possible de dire peut-Þtre que la matire ne reÅoit pas immdiatement {230.10} la forme incorporelle mais par le moyen du corps. (7) Qui plus est, le corps est constitu de genres et de diffrences, car il est une substance tridimensionnelle. Or, une ralit de ce type est forme et non pas matire. (8) Qui plus est, le corps est contredistingu des qualits incorporelles, alors que la matire est dispose de la mÞme manire par rapport toute chose. (9) Qui plus est, le corps est dtermin par les trois dimensions, alors que la matire est totalement indtermine. [Rsolution dialectique du problme : les deux significations du corps] {230.15} Les arguments tant donc dvelopps, de lun comme de lautre c t, de cette manire, il est vident que le substrat des formes ne doit pas Þtre lui-mÞme une forme. Cest pourquoi, si le corps est une forme, le substrat nest pas un corps. Dautre part, que la matire doive Þtre ce qui existe en commun dans toutes les ralits naturelles et sensibles en tant que telles, cela aussi, je crois, est trs vident. Or, ce qui leur est commun, cest le fait de stendre en volume et {230.20} en distanciation. Cest pourquoi « la science de la nature », comme le dit Aristote, « traite des corps et des grandeurs, ainsi que de leurs affections ».14 13 Les quatre arguments qui suivent ne proviennent pas de Plotin ; soit que Simplicius les ajoute de son propre cru, soit quil les puise dans le trait Sur la matire de Porphyre. 14 De caelo, I 1, 268a 1 – 2.
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Appendice. Les digressions traduites et annotes
Peut-Þtre donc faut-il poser que le corps se dit en deux sens : dune part, en tant quil subsiste comme forme et dfinition rationnelle et quil est dtermin par les trois dimensions, dautre part, en tant quil est rel chement, extension et indtermination hors de la nature incorporelle, indivisible et intelligible ; ce corps nest pas dtermin {230.25} formellement par les trois dimensions, mais il est totalement rel ch et dissout, et il scoule compltement de lÞtre en direction du non-Þtre. Peut-Þtre faut-il poser que la matire est une distanciation telle que nous venons de la dcrire, et non la forme corporelle qui a dj mesur et dtermin lillimitation et lindtermination de cette distanciation, et qui a arrÞt sa fuite loin de lÞtre. Car il faut observer que cest ce en quoi diffrent {230.30} les ralits matrielles des ralits immatrielles que doit Þtre la matire. Or, les ralits matrielles diffrent <des ralits immatrielles> par leur volume, leur distanciation, leur morcellement et les autres caractres de ce type, non pas ceux qui sont dtermins selon les mesures, mais ceux qui sont sans mesure, indtermins et qui sont virtuellement dtermins par les mesures formelles. [Justification historico-philosophique de la doctrine : Platon et les Pythagoriciens] Une telle conception propos de la matire, il semble bien que les premiers la professer, {230.35} parmi les Grecs, ce furent les Pythagoriciens, et aprs eux Platon, ainsi que le raconte Modratus lui aussi15 : En effet,
Et citant ces paroles de Modratus dans le deuxime livre de son trait Sur la matire, Porphyre poursuit : La Raison unitaire ayant voulu, comme le dit Platon quelque part,16 produire partir delle-mÞme la gnration des Þtres, fit une place la quantit par une privation delle-mÞme, en la privant de tous ses principes rationnels et de toutes ses formes. {231.10} Et elle a appel cela quantit sans forme, indivisible et sans figure, mais qui reÅoit forme, figure, division, qualit et toute dtermination de ce type. Il semble que ce soit propos de cette quantit-l, poursuit
5) Simplicius, Sur la matire
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universel qui est sans forme », « invisible », « pouvant trs difficilement participer de lintelligible », « Þtre peine saisie par un raisonnement b tard » {231.15} et toute autre qualification semblable celles-ci.17 Cette quantit-l, poursuit-il, cest-dire cette forme qui est conÅue selon la privation de la Raison unitaire qui enveloppe en elle-mÞme tous les principes rationnels des Þtres, est le modle de la matire des corps, dont <Modratus> disait quelle est appele, elle aussi, « quantifi » tant par les Pythagoriciens que par Platon,
« quantifi » entendu non pas comme forme mais comme privation, dissolution, {231.20} extension et dispersion, qui sont produites cause de la diffrenciation par rapport lÞtre.18 Cest pourquoi la matire semble Þtre le mal, au sens o elle essaie dchapper au Bien, mais elle est saisie par lui et ne peut pas saffranchir des limites, puisque son extension reÅoit la dfinition de la grandeur formelle et, de la sorte, est dfinie par elle, et que sa dispersion est forme par la distinction numrique. [Rcapitulation de la doctrine] {231.25} Selon ce raisonnement, donc, la matire nest rien dautre que la diffrenciation des formes sensibles par rapport aux formes intelligibles, les sensibles ayant dvis de l-bas et tant emports par leur chute vers le nonÞtre. Quil faille distinguer entre le volume qui appartient en propre aux formes sensibles et la grandeur formelle, et quil faille aussi distinguer entre la dispersion des formes sensibles et la distinction numrique, cela est clair par le fait que les unes {231.30} sont des raisons et des formes intendues et indivisibles (en effet, tant la raison de la grandeur de trois coudes que la raison de la triade sont intendues, indivisibles et incorporelles), tandis que les autres, qui appartiennent en propre aux formes sensibles, sont irrationnels, corporels et morcels, ayant dchu vers le volume et la dispersion en raison de leur procession en direction du devenir et du niveau ultime, ce qui revient dire : en direction de la matire. Car en effet le niveau ultime est toujours sdiment {231.35} et matire. Cest pourquoi les gyptiens affirmaient que la matire est le « sdiment » de la vie premire – quils appelaient symboliquement eau – comme une sorte de boue.19 La matire est comme lemplacement des ralits engendres et sensibles {232.1}, non pas en tant que forme dtermine mais en tant que condition de leur subsistence,20 la manire dont ltre rel, indivis,
17 Cf. Time, 51a 7 sqq. 18 oq t¹ ¢r eWdor posºm, !kka t¹ jat± st´qgsim ja· paq²kusim ja· 5jtasim ja· diaspasl¹m ja· di± tμm !p¹ toO emtor paq²kkanim : ainsi quil appara t par le vocabulaire utilis, cette phrase est une glose de Simplicius au texte de Porphyre. Elle fait cho, par ailleurs, avec ce que Simplicius a dit en In Phys., 229.31 – 34. 19 Qk¼m : on remarquera le jeu (par)tymologique entre ce mot et « vkgm ». 20 Contrairement Plotin et Porphyre, Simplicius ne sintresse pas ici au substrat des formes intelligibles, autrement dit la matire intelligible. Sa prsente analyse concerne la
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Appendice. Les digressions traduites et annotes
intendu, immatriel etc. est la condition de la subsistence de la nature intelligible. Et toutes les formes sont la fois l-bas et ici-bas, mais l-bas elles sont de manire immatrielle, alors quici-bas elles sont de manire matrielle, ce qui revient dire : {232.5} l-bas de manire indivise et vraie, ici-bas de manire divise et ombreuse. Cest pourquoi toute forme dici-bas est tendue selon la distanciation matrielle. [tablissement de laccord entre la doctrine nonce et les propos de Platon et dAristote] Mais comment tout cela peut-il Þtre en accord avec Aristote et Platon, qui veulent prcisment que la matire soit le substrat de la contrarit ? Il est vrai que ce que les autres disent propos de la matire dbouche sur le corps ultime, {232.10} auquel il ny a effectivement rien doppos. Mais de cette faÅon ce ne sera pas seulement le corps cleste qui sera inengendr et incorruptible mais aussi le corps sublunaire.21 En revanche, la conception que nous venons dnoncer permet de prserver lengendrement et la corruptibilit de lextension corporelle des ralits sublunaires, de concert avec la forme tendue (de lhomme par exemple ou du cheval). Il est vrai que lorsque ce qui est engendr est une substance, le changement se produit autour de la diffrenciation matrielle {232.15} qui perdure toujours. Car les accidents changent autour des substances, alors que les substances changent autour de la quantit dont parlaient les Pythagoriciens, autrement dit autour de la privation ou de la diffrenciation partir de lÞtre, cest--dire autour de la distanciation et du volume matriel. En effet, lair se produit partir de leau pour autant que non seulement ses qualits changent mais aussi sa grandeur formelle. {232.20} Car dun terme du changement lautre, il y a une grandeur diffrente, et la grandeur qui est plus petite nest pas une partie de celle qui est plus grande, mais chacune des deux grandeurs constitue une forme dtermine <en soi>. ***Mais la distanciation matrielle demeure
5) Simplicius, Sur la matire
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QuAristote se soit fait la mÞme conception de la matire que {232.25} les Pythagoriciens, savoir selon la distanciation et la quantit indtermine, il est possible de lapprendre partir de ce quil dit dans le quatrime livre du prsent trait. Il dit en effet23 : Dans la mesure o lon est davis que le lieu est lextension de la grandeur, il est la matire. Car ceci est autre chose que la grandeur ; cest ce qui est envelopp, cest-dire ce qui est dtermin par la forme, par exemple par une surface, cest--dire une limite. Or telle est la matire au sens de lindtermin.
[Corollaire : mise en doute des thses selon lesquelles la matire est la pire des Formes ou le reflet de lUn tout premier] Quant ceux qui veulent comprendre la matire, du point de vue de lÞtre, comme la pire des formes ou, du point de vue de lun, comme lcho de lUn tout premier,24 je ne sais comment ils y russissent. En effet, lorsque lUn et ltre sont envisags comme ntant rien dautre quun et Þtre, ils sont au sens propre et titre premier ce quils se disent prcisment Þtre. Or, la matire est la chose ultime, et ayant dchu de ltre et, bien plus, de lUn, elle a subsist dans sa diffrenciation et sa dviation par rapport ltre, parce quen raison de la puissance fertile de ltre, il fallait que subsiste encore ce en quoi ltre se reflte. Mais je me suis rsolu prolonger tout cela cause de la conception dominante au sujet de la matire, qui ne mest pas chre.25
sublunaires prsupposent un changement (formel) non seulement qualitatif mais aussi quantitatif. Le corps sans qualit est videmment apte rendre compte du premier type de changement mais non pas du second, vu quil possde dj une grandeur dtermine. Par contre, la distanciation matrielle, qui est radicalement indtermine, sadapte au besoin des grandeurs (formelles) diffrentes, en prservant de la sorte lconomie perptuelle de lengendrement et de la corruption. 23 Phys., IV 2, 209b 6 – 9 (Trad. P. Pellegrin). 24 Cf. Damascius, In Parm., IV, 72.5 – 6 ; Des premiers principes, I, 38.12 – 14. 25 di± tμm jqatoOsam peq· t/r vkgr 5mmoiam : cf. Philopon, De aet. mundi contra Proclum, 412.15 sqq.
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Appendice. Les digressions traduites et annotes
6) Simplicius, Sur la nature (In Phys., 282.31 – 289.35) [[Premier volet : les cinq significations de la nature]] Que le but entier du discours1 vise ceci, savoir la division des significations de la nature – car la nature se dit en plusieurs sens, et chacun adopte son sujet tel ou tel sens –, ceci a t rendu clair par Aristote lui-mÞme, qui a termin son expos ainsi2 : Puisquon a distingu en combien de sens se dit la nature.
2 3 4
p÷r b toO kºcou sjop¹r : ce qui est ici dsign comme logos correspond Phys. II, 1, 193a 9-b 21. En effet, le premier chapitre du livre II de la Physique est envisag par Simplicius comme comportant deux parties qui se sparent prcisment en 193a 9 : la premire partie contient la propre doctrine dAristote sur la nature, tandis que la deuxime constitue une numration des diffrentes significations de la nature (donc, une sorte de doxographie). Phys., II, 2, 193b 22. proprement parler, la digression commence par cette phrase, le passage prcdent fournissant une explication de la lexis. Cf. Phys., II, 1, 193a 9 – 11.
6) Simplicius, Sur la nature
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subisse quelque modification que ce soit. Ainsi {283.15} donc, pour tout corps naturel, la nature serait ce qui demeure le mÞme dans toutes les sortes de changement quil subit. Or, ce qui demeure cest la matire. Antiphon, pour sa part, a tent de montrer la persistance de la matire partir du bourgeonnement du semblable,5 bien que le bourgeonnement fasse voir que cest une forme qui est engendre par une forme plut t quune matire par une matire. Car lhomme est engendr par lhomme et le bois par le bois. {283.20} Le bois aussi est une forme, mÞme sil a un rapport de matire lgard du lit. [Deuxime signification : la forme lie la matire] Selon une deuxime signification, « nature » se dit de la forme qui est lie la matire.6 En effet, de mÞme que la statue ne peut pas se dire selon le nom dart, si elle na pas encore reÅu la forme selon lart, de mÞme la matire ne peut pas se dire selon le nom de nature, si elle na pas encore reÅu la forme. En effet, la matire est seulement en puissance ce {283.25} dont elle est la matire, par exemple le sperme est un animal en puissance. Or, chaque ralit
Cf. Phys., II, 1, 193a 13 – 18. Cf. Phys., II, 1, 193a 30 – 31. Cf. Phys., II, 1, 193b 5 – 6. Phys., II, 1, 193b 6. Cf. In Phys., 277.24 – 27 : « Porphyre comprend la phrase : » cest celle-ci qui est nature plus que la matire «, comme portant sur le compos qui, bien quil ne soit pas une
nature au sens propre mais plut t par nature, est nature plus que la matire, parce quil possde en lui la forme, qui est nature plus que la matire. »
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Appendice. Les digressions traduites et annotes
(puisquun homme est engendr dun homme, un compos est engendr dun compos), le compos serait galement une nature. Voil donc les trois significations de la nature, savoir le compos et les lments du compos. [Quatrime signification : la pousse ou le mouvement vers la forme] {284.5} Selon une quatrime signification, est dite « nature » cette sorte de pousse (5jvusir), dengendrement et de mouvement,10 selon laquelle ce qui pousse pousse par ce qui le fait pousser. En effet, de mÞme que dans le cas du vÞtement il y a ce qui tisse, cest--dire le tisseur, ce qui est tiss, cest--dire le vÞtement, et aussi une troisime chose, cest--dire le tissage, qui est une sorte de mouvement partir du sujet producteur vers lobjet produit, de mÞme dans le cas de la ralit naturelle il y a ce qui pousse et ce qui fait pousser, et entre {284.10} les deux une autre nature qui est comme le mouvement de la nature productrice, la manire dont la mdication est le mouvement de la mdecine. [Cinquime signification : la cause du mouvement des ralits naturelles]11 Selon une cinquime signification, qui est la signification capitale, la nature est la cause du fait que les ralits naturelles se meuvent. En effet, de mÞme qu « art » se dit < la fois> de la cause productrice des artefacts et du mouvement de lart,12 <de la mÞme faÅon> se dit la nature13 : elle commence par la {284.15} « nature » selon la matire et aboutit la « nature » selon la forme, en produisant ainsi la « nature » selon lunit des deux. De ce point de vue, la nature productrice communique avec lart ; elle diffre pourtant en ce que lart, tant en dehors, commence par ses propres rgles thoriques et aboutit un rsultat qui est diffrent de lui : la mdecine, par exemple, aboutit la sant. La nature, pour sa part, {284.20} tant inhrente ce qui pousse, aboutit travers la pousse la nature de ce qui sachve, <tant> une nature qui conduit une nature travers une nature. moins que lart, en aboutissant travers le mouvement technique un artefact homogne, ne conserve de ce point de vue sa similitude avec la nature. Quoi quil en soit, la nature diffre assurment de lart en ce que son activit est immanente < la ralit naturelle> et vient du dedans. [Les significations et la dfinition de la nature] {284.25} Les significations de la nature tant plusieurs, le nom (phu-sis) correspond notamment la nature en tant que mouvement et pousse (en effet, il 10 Cf. Phys., II, 1, 193b 12 – 13. 11 Cette signification de la nature ne se trouve pas, du moins pas de manire explicite, dans le texte dAristote ; do laporie souleve plus bas (285.13 – 29). 12 ja· B ta}tgr j_mgsir : cest--dire le « mouvement » le long duquel se produit lartefact. 13 v¼sir kecol´mg codd. Diels :
6) Simplicius, Sur la nature
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est analogue aux noms iatreu-sis, huphan-sis et, en gnral, kin-sis), tandis que le concept du nom correspond plut t la nature au sens propre, cest--dire la nature en tant que productrice des ralits naturelles. Nanmoins, la dfinition de la nature sapplique toutes les significations,14 condition quelle soit proprement prise lgard de chaque signification.15 {284.30} En fait, la nature au sens propre est effectivement principe et cause de mouvement et de repos, mais la nature comme mouvement lest aussi en tant que principe instrumental. En effet, cest par le moyen de la nature comme mouvement que la nature productrice accomplit le mouvement et le repos des ralits naturelles, la manire dont le mdecin parvient la sant par le moyen de la mdication. Quant la matire et la forme, elles sont principes de lactivit attribue la nature en tant que principes lmentaires. Eudme affirme quelles admettent, elles aussi, la dfinition de la nature16 : Il semble que la matire et le en vue de quoi {285.1} soient, eux aussi, principes de mouvement. En effet cest la matire sous-jacente que nous considrons comme cause du fait que le plomb tombe en bas, puisque cest parce quil est fait dune telle matire quil se porte vers le bas. Dautre part, il a un principe de mouvement en soi-mÞme et par soi-mÞme, cest--dire en tant quil est plomb.
La forme peut Þtre principe de mouvement en tant que fin aussi, puisque cest en visant la forme {285.5} que la nature œuvre sur les ralits naturelles. Mais 14 Ce point exgtique est emprunt Syrianus ; cf. In Phys., 269.10 – 17 : « Le grand Syrianus attire lattention sur le fait que la dfinition attribue <par Aristote> la nature peut sappliquer plus ou moins toutes les significations de la nature, condition quelle soit proprement prise lgard de chaque signification (oQje¸yr 1vû 2j²st\ kalbamºlemor). En effet, de mÞme que le nom de nature est prdiqu de manire homonyme la matire, la forme et la pousse, bien quil sapplique au sens propre la cause des corps naturels, de mÞme la dfinition, qui sentend videmment en relation avec la nature dite au sens propre, peut aussi sentendre en relation avec les autres principes. Car les autres » natures « sont galement des principes de mouvement, quoique non pas de la mÞme faÅon ». 15 En corrigeant le « 2j\stym » fourni par les mss. D et E en « 2j²st\ », daprs le passage cit dans la note prcdente. Diels adopte la variante du ms. F, savoir « 2j²teqa ». 16 Diels, en suivant Spengel, hsite quant la dmarcation de la citation dEudme (« Sp[engel]… non distinxit neque ego distinguo »). Wehrli marque, pour sa part, la phrase suivante (fr. 51) : !qwμ c±q doje ? jim¶seyr eWmai ja· B vkg ja· t¹ ox 6meja. Il faudrait pourtant inclure galement dans la citation dEudme la suite immdiate du texte (toO c±q Veshai j²ty t¹m lºkubdom tμm rpojeil´mgm vkgm aQti¾leha· fti c±q 1j toia¼tgr 1st· j²ty v´qetai. 5wei d³ [scripsi : dμ codd. Diels] jim¶seyr !qwμm 1m 2aut` ja· jahû 2autºm, Ø c±q lºkubdºr 1sti), tant donn quelle contient deux exemples qui clairent la thse bipartite dEudme (do la correction du « dμ » en « d³ »). Simplicius fournit ensuite de son propre cru une prcision supplmentaire qui concerne uniquement la forme (t¹ d³ eWdor !qwμ #m eUg ja· ¢r t´kor). Enfin, on peut ajouter un argument stylistique : lemploi de la combinaison rare « Ø c±q », qui nest gure atteste chez Simplicius.
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Appendice. Les digressions traduites et annotes
comment le compos pourrait-il Þtre principe et cause de mouvement, vu quil existe seulement comme rsultat ? La rponse est quil peut lui aussi Þtre principe en tant que fin. En effet, que le compos soit forme engage dans la matire ou quil soit
17 Selon Simplicius, le discours dAristote sur la nature comporte deux parties, la premire contenant la doctrine propre Aristote, la seconde fournissant un expos smantique (voir supra, p. 240, n. 1). Les adverbes « l » et « ici » qui apparaissent dans la suite renvoient en fait ces deux parties. 18 Cf. Phys., II, 1, 192b 23 – 32. 19 Cf. Phys., II, 1, 193b 12 – 17. 20 Phys. II, 3.
6) Simplicius, Sur la nature
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[[Deuxime volet : lessence et la puissance de la nature]] {285.30} Mais puisquil para t que ce qui a t dit sur la nature arrive sa fin, il serait bon de reprendre le discours et de rechercher quelle est la nature selon Aristote et quelle puissance prcisment elle a parmi les Þtres. [La porte de la dfinition aristotlicienne de la nature] Aristote a bien fait la dcouverte de la nature partir des diffrences entre les ralits qui sont par nature et les ralits qui ne sont pas par nature.21 En effet, aussi bien lui que Platon ont dcouvert l<essence> de l me de cette manire, cest--dire partir des diffrences entre les ralits animes et les ralits inanimes. Platon dit dans le Phdre 22 : Tout {286.1} corps qui reÅoit son mouvement de lextrieur est inanim ; mais celui qui le reÅoit du dedans, de lui-mÞme, est anim, puisque cest en cela mÞme que consiste la nature de l me.
De mÞme, dans les Lois, il affirme que nous disons que quelque chose est vivant, lorsquil se meut du dedans.23 Cest en cela que lanim diffre prcisment de linanim, comme laffirme Aristote aussi dans le second livre du trait De lme, {286.5} en employant presque les mÞmes mots24 : Nous disons donc, en prenant un point de dpart pour notre examen, que lanim se distingue de linanim par le fait dÞtre vivant.
Or, les ralits qui ne sont pas par nature sont de deux ordres : les unes sont audessus de la nature, comme les ralits immatrielles, incorporelles, spares des corps et fondes dans des formes pures, les autres sont infrieures aux ralits naturelles, comme le sont les choses produites par lart humain, telles le lit, le vÞtement et les autres choses corporelles et engages dans la matire. {286.10} Le trait qui est commun aux ralits surnaturelles (to ?r rp³q v¼sim) et aux ralits postnaturelles (to ?r let± tμm v¼sim), cest quelles sont immobiles et inchangeables par elles-mÞmes, bien que ce trait vaille pour les unes pour le meilleur, pour les autres pour le pire. Les ralits naturelles donc, qui sont mdianes par rapport ces deux ordres de ralits, puisquelles sont descendues au-dessous de toute la substance immatrielle et incorporelle, sont engages dans la matire et corporelles ; puisquelles ne sont pas faites par lart humain mais quelles semblent pousser {286.15} et spanouir par elles-mÞmes, leur cause cratrice tant invisible la perception, on les appelle naturelles. Or, vu leur diffrence par rapport aux deux autres ordres de ralits, elles possdent en elles-mÞmes un principe de mouvement et de changement. Cest donc bon 21 22 23 24
Cf. Phys., II, 1, 192b 8 – 22. Phdre, 245e 4 – 6 (Trad. L. Brisson). Cf. Lois, X, 895c 7 – 8. De lme, II, 2, 413a 20 – 21.
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Appendice. Les digressions traduites et annotes
droit quAristote nous a livr ce caractre de la nature et de son essence, en disant quelle est principe de mouvement et de changement, ainsi que du repos qui dtermine ce changement. [La diffrence entre la nature et l me] {286.20} Mais l me aussi est principe de mouvement et de changement pour les corps anims, aussi bien selon Platon que selon Aristote lui-mÞme. Quelle est donc la diffrence entre elles ? Le fait que mÞme l me ultime, que lon appelle vgtative, est, daprs Aristote aussi, autre que la nature, je lai expliqu dans une certaine mesure dj auparavant,25 et je vais lexpliquer encore maintenant, mÞme si certains appellent souvent l me vgtative « nature » en ce sens quelle {286.25} est proche de la nature.26 Chaque me, mÞme l me ultime, est appele chez Aristote « entlchie dun corps naturel pourvu dorganes »,27 de sorte que l me vgtative appartient un corps qui possde une nature, en tant videmment autre chose que la nature. Or, ce ne sont pas seulement les corps organiques qui possdent une nature mais aussi les homomres et les quatre lments. Qui plus est, nous appelons animes les ralits qui ont en elles-mÞmes la cause du fait de se nourrir, {286.30} de grandir et dengendrer des ralits semblables, alors que nous appelons naturelles les ralits qui ne sont pas comme celles-l, par exemple les pierres et les autres minraux et, en gnral, les corps morts et les corps simples. Qui plus est, tout corps possde une nature (mÞme les corps des artefacts, par exemple celui de la statue, <possdent une nature>) et est naturel, comme le bois du lit ; par contre, tout corps nest pas anim ; par voie de consquence, la nature nest pas une me. Il est dailleurs vident que la nature {286.35} est infrieure l me vgtative, puisquune telle me advient au corps naturel comme la forme advient la matire. Comment donc Aristote a-t-il exprim {287.1} la diffrence de la nature par rapport l me? Pour ma part, je crois que seule l<expression> « ce dans quoi 25 In Phys., 268.18 – 269.4 (rfutation de la thse dAlexandre dAphrodise, selon laquelle la dfinition aristotlicienne de la nature concerne galement l me). 26 Lorigine de la thse selon laquelle la nature est identique l me vgtative remonte aux stociens (cf. SVF, II, fr. 708 – 712 et 714 – 715). Dans leur doctrine des diffrents niveaux de structures unifies par le pneuma (lire l-dessus les remarques, brves mais claires, de G. E. R. Lloyd, Une histoire de la science grecque, Paris, 1990, p. 208), les Stociens distinguaient entre hexis (ltat de ce qui se maintient dun seul tenant, comme la pierre, le bois ou le mtal), phusis (le niveau des ralits caractrises par la croissance et la reproduction, cest--dire les vgtaux) et psuch (le niveau des ralits qui, en plus, sont capables de mouvement et de sensation, cest--dire les animaux). Cf. aussi Damascius, Des premiers principes, I, 51.2 – 4 (Trad. J. Combs) : « Quant l me vgtative, elle se tient en quelque sorte dans lentre-deux (scil. entre l me irrationnelle et la nature) : cest pourquoi aux uns elle para t Þtre une certaine me, aux autres une nature. » 27 De lme, II, 1, 412b 4 – 6.
6) Simplicius, Sur la nature
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elle est »28 suffit pour rpondre cela, et aussi ce qui est dit de faÅon plus claire dans la suite, cest--dire que la nature est « dans un sujet ».29 En effet, chaque me possde une puissance motrice au sens propre et transcende le corps m. Si pourtant cette explication ne suffit pas ceux qui considrent que {287.5} l me vgtative et l me irrationnelle se trouvent galement dans des corps-sujets, cest la remarque suivante qui va leur suffire, laquelle est tout fait capitale aussi bien pour la saisie de lessence naturelle que pour la distinction de la nature davec l me. En effet, Aristote ne dit pas que la nature est pour les corps principe de mouvement la manire dont aussi bien lui que Platon disent que l me lest. En effet, {287.10} daprs tous les deux, l me est motrice des corps, tandis que la nature est principe de mouvement non pas selon le mouvoir mais selon lÞtre m, et principe de repos non pas selon le fait de mettre en repos mais selon lÞtre en repos. Cest pourquoi on ne dit pas que les ralits naturelles se meuvent par elles-mÞmes. Elles devraient en effet Þtre capables de sarrÞter elles-mÞmes, dit Aristote,30 si elles pouvaient se mouvoir par elles-mÞmes. [La nature en tant que disposition] La nature semble donc Þtre une certaine disposition lÞtre m et ordonn, comme
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Appendice. Les digressions traduites et annotes
peuvent se mouvoir et se transformer, et mÞme « pousser », et encore agir passivement lun sur lautre. Car les activits quils exercent ne sont pas pures mais passives. Cest pourquoi toutes les ralits naturelles meuvent en tant mues, alors que ltre au sens propre {287.25} meut en tant immobile, comme laffirme Aristote. QuAristote dfinisse la nature comme principe de mouvement non pas selon le mouvoir mais selon lÞtre m, il le rend manifeste ici aussi, en disant prcisment que « la nature est un certain principe et cause du fait dÞtre m et dÞtre en repos » et que « la nature est dans un sujet » ; or, ce qui est dans un sujet ne peut pas Þtre un principe {287.30} moteur de ce sujet au sens propre. Par ailleurs, dans le dernier livre de ce trait, il dit propos des quatre lments34 : Quaucun deux ne se meuve pas de lui-mÞme, cest vident, mais chacun deux possde un principe de mouvement, non pas pour mettre en mouvement ni pour agir, mais pour Þtre m.
Cest pourquoi il recherche par quoi se meuvent les lments, tant donn quils ne se meuvent pas par eux-mÞmes. En effet, il veut que cela soit la proprit des vivants qui possdent une me, quil dfinit comme principe moteur. {288.1} Et avant ce passage, il dit35 : De la mÞme faÅon est mobile par nature ce qui est en puissance dune certaine qualit ou dune certaine quantit ou en un certain lieu, quand il possde un tel principe en lui-mÞme,
parlant videmment de la nature. Dans le deuxime livre du trait Du ciel il a aussi crit ceci36 : En effet, dans aucun des Þtres anims nous ne voyons de point de dpart du {288.5} mouvement : certains ne se meuvent pas du tout, alors que dautres se meuvent mais pas de la mÞme manire ni partir de nimporte quel point, par exemple le feu va seulement vers le haut et la terre seulement vers le centre.
Si donc les quatre lments sont naturels et nont pas en eux-mÞmes le point de dpart de leur mouvement, autrement dit leur cause motrice, il est clair que la
« En effet, les corps plus parfaits, qui ont des vies plus parfaites, possdent galement les vies infrieures. Lhomme, par exemple, possde la vie rationnelle, la vie apptitive, la vie vgtative et, aussi, la nature dont il est question ici. Lanimal irrationnel possde toutes ces vies sauf la vie rationnelle, et la plante la vie vgtative et la nature. Quant aux corps simples et aux corps composs de corps simples, en tant quils sont des corps composs seulement – comme le sont les pierres, les bois et les os et, en gnral, les corps morts –, ils possdent seulement la nature, quelle quelle puisse Þtre ». La pierre et le bois sont galement qualifis de « morts » par Plotin, Ennades, IV 7 (2), 9, 23 – 24. 34 Phys., VIII, 4, 255b 29 – 31 (Trad. Pierre Pellegrin). 35 Phys., VIII, 4, 255a 24 – 26 (Trad. Pierre Pellegrin). 36 Du ciel, II, 2, 284b 33 – 36 (Trad. C. Dalimier-P. Pellegrin).
6) Simplicius, Sur la nature
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nature se dit principe de mouvement non pas en tant que moteur mais en tant que principe de lÞtre m. Si pourtant {288.10} la nature est de telle sorte, savoir de lordre de len puissance et une disposition lÞtre m, en quel sens avons-nous dit plusieurs reprises que la nature est productrice ? Aristote lui-mÞme dit dans ce livre que la nature est analogue lart, et vers la fin du livre il dmontre que la nature produit en vue de quelque chose.37 Et en concluant son discours, il dit encore38 : Il est donc manifeste que la nature est cause, et
{288.15} Et dans le premier livre du trait Du ciel, il rattache clairement la production de la nature la production divine : Le Dieu et la nature, dit-il,39 ne font rien en vain.
ceci, je crois, il faut rpondre que toute ralit engendre est engendre la fois partir dun certain sujet, qui est en puissance ce quelle va devenir, et par ce qui le produit, qui est
Tu te rends videmment compte que par « naturellement apte », il entend la ralit naturelle. Si donc il dit que « le Dieu et la nature ne font rien en vain », il le dit en ce sens que la nature procure den bas la disposition qui vise la fin qui est son bien, {288.30} alors que Dieu illumine partir du haut ce qui est tel en acte. [La doctrine de la nature en tant que disposition dans son volution historique] Mais cest ainsi quAristote a dcouvert lessence de la nature, cest--dire partir de la diffrence entre les ralits naturelles et les ralits non naturelles. 37 38 39 40
Phys., II, 8. Phys., II, 8, 199b 32 (Trad. P. Pellegrin). Du ciel, I, 4, 271a 33. Phys., II, 8, 199a 8 – 11.
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Appendice. Les digressions traduites et annotes
Les plus anciens ont manifestement eu, eux aussi, une telle conception de la nature, cest--dire considre selon la disposition de chaque chose au mouvement, par lequel se caractrisent les ralits naturelles. {289.1} Toutes les ralits naturelles possdant la fois une matire et une forme, les uns ont attribu cette puissance la matire, dune part en disant que la nature est ce selon quoi les ralits naturelles sont naturellement aptes se mouvoir, et dautre part en voyant que les ralits naturelles changent principalement selon leur matire, comme le lit change par exemple selon le bois. Les autres, en disant que la nature est ce selon quoi les ralits naturelles ont leur Þtre, {289.5} et puisque la forme est le caractre de chaque chose selon lequel chaque chose subsiste et est dite Þtre ce quelle est, pour cette raison ils ont affirm que la nature est la forme (en effet, cest en raison de cette conception de la « nature », savoir comme le caractre propre une chose, que nous employons le nom de « nature » partout, en ne cessant de parler de la « nature » de l me ou de lintellect et, plus encore, de la « nature » de dieu). Toutefois, Aristote {289.10} na pas jug bon dappeler « nature » ni la matire en soi (en effet, la matire en elle-mÞme est un substrat inerte) ni la forme (en effet, celle-ci est naturelle et non pas nature), mais il a appel « nature » la disposition de la matire se mouvoir et changer la manire qui lui est propre, chaque fois quelle change de telle forme telle autre. Car aussi bien le rejet que la rception de la forme {289.15} adviennent la matire selon la disposition naturelle. La forme aussi, cest selon la nature qui lui est propre quelle sengendre partir de son contraire et que, une fois engendre, elle se conserve et se meut en p tissant et en agissant ou, mieux, en agissant de manire passive. Par consquent, aussi bien la matire que la forme sont naturelles, mais ni lune ni lautre ne sont une nature, et de mÞme le compos ne lest pas non plus (en effet, la forme serait une nature plus que la matire, gr ce son caractre et sa puissance, {289.20} et le compos serait une nature plus que la matire gr ce la forme, puisque, de manire gnrale, telle ou telle chose devient naturelle lorsquelle a reÅu sa forme ; car la matire en elle-mÞme est indtermine). tant la disposition <de la matire> la subsistence de la forme, la nature prexiste en quelque sorte la forme en tant en puissance dans la matire, et elle reprsente pralablement en elle-mÞme la forme en tant sa nature et sa pousse {289.25} et son panouissement partir de la matire. Cest pourquoi ceux qui disent que la nature est la vie ultime,41 disent bien. En effet, de la mÞme faÅon que cette sorte dbullition qui procde de lÞtre premier pour aboutir la distinction de lhypostase eidtique,42 et la sortie depuis lÞtre en direction de
41 Cf. Proclus, In Remp., II, 311.10 – 13 ; Damascius, In Parm., III, 50.23 – 25 et 52.10 – 16. 42 B !p¹ toO pq¾tou emtor oXom !m²fesir eQr di²jqisim t/r eQdgtij/r rpost²seyr : le vocabulaire est en fait emprunt Damascius ; cf. Des premiers principes, II, 199.4 – 5 :
6) Simplicius, Sur la nature
251
lagir sont la puissance premire et la vie premire qui subsiste selon le premier mouvement de lÞtre, de la mÞme faÅon la pousse de la forme engage dans la matire partir de la matire {289.30} et le mouvement vers elle, considr selon len puissance de la forme, sont la puissance ultime et la vie ultime. Pour cette raison, lÞtre, qui est en haut, est au-dessus de la vie, et la matire, qui est en bas, est aprs la nature, puisque les causes suprieures ont davantage dextension que les causes infrieures.43 Et tant la vie de la forme, la nature nest pas seulement la pousse delle mais aussi, une fois que la forme est engendre, la cohsion et la surrection {289.35} pour faire et subir tout ce quoi elle est naturellement apte.
ja· B fyμ to¸mum (¡mºlastai) !p¹ toO fe ?m te ja· !mafe?m eQr di²jqisim. III, 123.16 – 17 : 1c´meto to¸mum No¶ tir ja· f´sir, Dm jakoOlem fy¶m. 43 fti t± rp´qteqa aUtia 1p· pk´om vh²mei t_m jatadeest´qym : ltre stend sur la matire du corps avant que la Nature lui confre une vie.
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Appendice. Les digressions traduites et annotes
7) Simplicius, Sur le hasard (In Phys., 356.31 – 361.11) [Introduction] Mais puisque jai suivi jusquici de prs ce quAristote dit propos du hasard et de la spontanit, et que jen ai donn, autant quil ma t possible, un expos articul, il serait bon que je prsente brivement la doctrine dAristote sur ces sujets, et {357.1} que jajoute ensuite les doctrines professes par les philosophes plus rcents, en montrant quelles ne diffrent en rien de la tradition ancienne. [La doctrine aristotlicienne du hasard et de la spontanit] Aristote recherche en effet les causes des vnements qui se produisent dans les ralits naturelles, et puisquil dcouvre quil y a des vnements dont on dit quils se produisent spontanment ou par hasard, il se donne comme but dexpliciter leurs significations en les considrant du point de vue de leur notion superficielle.1 {357.5} Puis donc il est ncessaire que, pour toute chose qui se produit, il y ait une cause productrice et que, avant tout effet, il y ait des antcdents la suite desquels se produit ce qui se produit, tant t lantcdent agit en vue de ce qui se produit, et ce qui se produit suit naturellement lantcdent (lorsque, par exemple, quelquun sort pour rencontrer un ami et le rencontre effectivement, ou lorsquune pierre {357.10} tombe pour occuper son lieu naturel et loccupe effectivement), tant t ni ce qui se produit ne suit lantcdent ni lantcdent naboutit la fin en vue de laquelle il a agi, mais il aboutit une fin diffrente, qui advient de surcro t et non pas selon le but qui a prcd laction (lorsque, par exemple, quelquun sort pour saluer un ami et que ce nest pas cela qui se produit, mais un
jat± tμm 1pipok²fousam 5mmoiam : la notion « superficielle » est celle qui est prsente dans lesprit de la multitude (oR pokko_). Ainsi que Simplicius le prcise dans la digression liminaire (cf. In Phys., 8.13 – 14 ), ce type de notions fournit souvent Aristote le point de dpart de ses analyses.
7) Simplicius, Sur le hasard
253
consquent
Platon aussi, en racontant les doctrines des premiers physiciens au sujet des vnements produits par hasard, affirme que ceux-ci voquaient le hasard 2
3 4 5 6
Il y a donc une « vanit » tant du point de vue de lantcdent que du point de vue du consquent, de sorte que, en dernire analyse, cest la relation causale qui doit Þtre qualifie de spontane. On remarquera bien videmment le raisonnement (par)tymologique de Simplicius (aqt¹ l\tgm> aqt|latom), qui est en fait emprunt Aristote, Phys., II 6, 197b 29 – 30. In Phys., 327.13 sqq. 31 B 53, 10 DK ; Phys., 196a 22 – 23 (Trad. P. Pellegrin). Simplicius suggre que par « de cette manire » il faut comprendre « par hasard » ; cf. In Phys., 327.15 – 18 et, supra, 358.25 – 26.
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Appendice. Les digressions traduites et annotes
comme cause dans la description des lments et des mlanges des lments ; il dit prcisment7 : Le feu, leau, la terre et lair, {358.15} tout cela, disent-ils, est d la nature et au hasard,
et aussi dans ce qui suit, que jai cit tout lheure.8 Pour ce qui est aussi des vnements qui adviennent de surcro t la suite de choix rflchis, les anciens les appellent dans plusieurs endroits « spontans » et spontanment produits. Tel est par exemple ce quon lit chez Homre9 : Mnlas au puissant cri de guerre arrive sans quon lappelle (aqtºlator).
En effet, larrive de Mnlas est advenue de surcro t linvitation des autres nobles, faite par Agamemnon {358.20} selon un choix rflchi. Si donc les anciens emploient de manire indiffrencie le hasard et le spontan propos des mÞmes choses, en prenant le hasard non pas dans le sens dobtenir
Lois, 889b 1 – 2 (Trad. L. Brisson-J.–F. Pradeau). In Phys., 355.22 – 356.3. Iliade, B 408 (Trad. P. Mazon). 1m to ?r 1pû 5kattom : ainsi que le prcise Aristote en Phys., II 5, 196b 10 – 13, le hasard est naturellement voqu comme cause dvnements qui narrivent ni ncessairement et toujours ni le plus souvent. 11 Il est difficile de rendre en franÅais tout ce vocabulaire construit partir de la racine « tuw- », auquel a recours Simplicius pour soutenir son argument. Pour remdier cela, nous mettons entre parenthses, lorsque cest ncessaire, tous les mots grecs appartenant ce registre. Pour la mÞme raison, nous prfrerons ne pas traduire dans certains cas le mot « t¼wg » mais le translittrer.
7) Simplicius, Sur le hasard
255
alors que le mauvais choue (!potucw\meim), tuch nest pas dans le moins souvent mais dans le plus souvent. Par ailleurs, Eudme dit que12 : Si
Mais propos aussi de celui qui envisage de faire quelque chose, lorsquil fait ce quil a envisag de faire, nous disons quil a atteint la fin quil a envisage (tucw²meim toO oQje¸ou t´kour), de mÞme que nous disons quil a chou (!potucw\meim), lorsquil ny est pas arriv. Par consquent, chaque fois que quelquun atteint
Si donc nous disons que le hasard est cause surtout des vnements dont nous ne voyons pas de cause par soi qui soit connue par nous, il ne faut pas croire pour cette raison que la cause par soi dune chose, lorsquelle devient cause accidentelle dune autre chose, sappelle alors hasard {359.15}, et son effet « par hasard ». Au contraire, il faut considrer que la cause par soi est la cause de ce qui se produit prcisment. Le fait, par exemple, que nous sommes alls jusquau march pour rencontrer notre ami est la cause du fait que nous nous trouvons dans le march ; si donc nous avons rencontr notre dbiteur, et que nous sommes alls jusque l en vue de cela aussi, notre choix rflchi et notre marche sont en effet des causes accessoires, la cause primordiale tant le hasard, qui a prcisment fait {359.20} que nous rencontrions (tuwe?m) notre dbiteur, notre choix rflchi tant lui aussi de concert. Si, dautre part, nous ne sommes pas alls jusque l pour le rencontrer, le hasard semble en Þtre la seule cause, 12 Fr. 57 Wehrli. 13 Phys., II 4, 196b 6 – 7 (Trad. P. Pellegrin). Au sens de Simplicius, par certains (tis_m) il faut comprendre non seulement les anciens mais aussi les Stociens.
256
Appendice. Les digressions traduites et annotes
mais notre choix rflchi a t de concert aussi dans la mesure o il nous a fait aller jusque l ; mais dans la mesure o il ne nous a pas fait aller jusque l pour rencontrer notre dbiteur, notre choix rflchi a eu manifestement besoin dune cause qui puisse le diriger.14 Aristote assurment, comme je lai dit plusieurs reprises, en faisant une distinction sur le plan naturel, laisse {359.25} aux thologiens le soin de nous livrer cette cause invisible. Quant la cause dont nous sommes conscients, lorsquelle atteint une fin autre que celle quelle a envisage, il lappelle alors hasard, et son effet « par hasard ». [Le pouvoir de Tuch] Si nous cherchons savoir sur quels domaines stend la domination de Tuch, nous trouverons quelle est dans toutes les ralits qui ont besoin dobtenir. Et ont besoin dobtenir les ralits qui ont besoin de participer, {359.30} et les ralits qui participent sont celles qui sont distingues les unes des autres. Il y a donc besoin de Tuch dans la distinction des formes intellectives aussi, afin quelles puissent participer lune de lautre. Toutefois, cette distinction est indistincte, et la participation nest pas tellement une participation mais plut t une cosubsistence, si bien que la proprit de Tuch nest pas manifeste dans ces formes-l. En revanche, dans lunivers corporel, o la distinction acheve {359.35} et le morcellement se sont dj produits, et dans lequel la participation et lobtention sont videntes, Tuch expose sa puissance de manire plus vidente aussi. {360.1} Et en effet, cest gr ce Tuch que le soleil et chacun des astres errants atteignent leur habitation dans chacun des signes du zodiaque, et cest encore gr ce elle quils atteignent leurs constellations et que la lune atteint la lumire solaire, et les autres toiles les irradiations des autres. {360.5} Toutefois, la puissance de Tuch nest pas si manifeste dans le Ciel, cause de lordre ncessaire
7) Simplicius, Sur le hasard
257
Elle se manifeste encore plus, lorsque ni lintelligence {360.15} ni une autre cause vidente ne sont aperÅues. En effet, Tuch est la cause du fait dobtenir mÞme dans les cas o dautres causes agissent aussi, mais elle devient le plus manifeste lorsquil ny a aucune autre cause dont nous sommes conscients. Une chose produite est donc due, dune part, au hasard dans la mesure o elle a t produite par la desse et, dautre part, au spontan, parce quelle na pas une cause particulire qui soit visible. Le hasard nest donc ni seulement dans le moins souvent {360.20} (cest en effet le plus souvent que les enfants des gens riches deviennent eux-mÞmes riches et heureux [eqtuwe?r]) ni une cause par accident. En effet, il est la cause primordiale des obtentions quil faut chaque chose, et il est ncessaire aux Þtres mortels, qui sont soumis toute sorte de causes, tant des causes en soi qu des causes par accident. Si donc certains disent que le hasard est dans les ralits qui sont en dsordre et qui arrivent le moins souvent {360.25}, en partie nous ne les approuverons pas (car les ralits dici-bas ne sont pas en dsordre total mais reÅoivent, elles aussi, un certain ordre, et le hasard nest pas seulement dans le moins souvent, comme il a t dit), et en partie nous dirons quils disent bien. En effet, la domination de Tuch met en ordre plus que toute autre chose la part de lunivers qui est au-dessous de la lune, dans laquelle appara t prcisment la nature du contingent, qui en elle-mÞme est en dsordre, et que Tuch, de concert avec les autres {360.30} causes gouvernantes, dirige, ordonne et gouverne. Cest pourquoi on lui fait tenir en main un gouvernail, pour montrer quelle gouverne les choses qui naviguent dans le pont du devenir ; et lon installe ce gouvernail sur une sphre pour montrer quelle dirige linstabilit du devenir. Et dans lautre main, on lui met la corne dAmalthe pleine de fruits pour montrer quelle est la cause du fait dobtenir tous les fruits divins. Cest pourquoi {360.35} nous honorons encore les Tuchai de nos cits et de nos maisons, et aussi la Tuch de chacun de nous, puisque nous sommes carts loin de lunion divine et que nous risquons ainsi dchouer la participation quil nous faut. Nous avons donc besoin de Tuch la desse pour y russir (pq¹r t¹ tuwe ?m), et aussi des {361.1} desses qui ont la mÞme proprit
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Appendice. Les digressions traduites et annotes
{361.5} nous parlons dune tuch heureuse lorsquelle est la cause qui nous fait obtenir les biens titre principal, et dune tuch malheureuse lorsquelle nous dispose pour obtenir un ch timent ou une punition. Cette tuch tout entire, Platon nous la livre coordonne au dmiurge dans les Lois, en disant prcisment17 : Que cest un Dieu, et de concert avec ce dieu le Hasard et lOccasion qui gouvernent toutes les affaires humaines sans exception.
{360.10} Mais revenons maintenant la suite de ce que dit Aristote.
17 Lois, 709b 7 – 8 (Trad. L. Brisson-J.–F. Pradeau).
8) Simplicius, Sur la notion de mouvement chez Platon et Aristote
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8) Simplicius, Sur la notion de mouvement chez Platon et Aristote (In Phys., 404.16 – 406.16) [Introduction] Puisque le philosophe de Lycie1 dit quil y a un seul dsaccord entre Aristote et Platon, savoir leur doctrine du mouvement, puisque lun dit « il ny a pas de mouvement part des choses »,2 et rfute ainsi le mouvement en tant que genre, et que lautre {404.20} dit que le mouvement est un genre de ltant,3 comme le sont la substance, le mÞme et lautre, nous ferions mieux pour notre part dessayer de montrer laccord quil y a dans ce qui a lapparence du dsaccord. [Premier argument : le diacosme intellectif et la nature] Il est porte de main de dire que Platon, en envisageant ce quil appelle les « genres de ltant » dans le diacosme intellectif en tant que premires causes distinctes des Þtres, prsente bon droit le mouvement, le repos, le mÞme, lautre et le reste {404.25} comme tant en eux-mÞmes.4 Car de mÞme quil y a chez eux une unification ineffable, de mÞme il y a encore une puret non confondue. Aristote, pour sa part, en recherchant le mouvement naturel qui se manifeste dans la matire, envisage bon droit ce mouvement prcis dans les ralits mues, puisque, ici-bas, il ny a pas de mouvement en soi. Cest pourquoi il conclut5 : En effet, ce qui change change toujours soit selon la substance, soit selon la quantit, {404.30} soit selon la qualit, soit selon le lieu.
Que <selon Aristote> les changements et les catgories sont attests titre principal dans les ralits engendres, cela a t nettement montr par ceux qui ont pris ce soin.6 Mais cela est clair partir dici aussi, puisquil accorde le mouvement <seulement> aux ralits qui possdent len puissance.
1
2 3 4 5 6
savoir Proclus. Une telle remarque sur le mouvement nest pas dtectable dans lœuvre conserve de Proclus. P. Lautner, Simplicius. On Aristotles Physics 3, Londres, 2002, p. 148 n. 43, pense quelle peut provenir de son Commentaire (perdu) sur le Sophiste. On pourrait galement penser une scholie ou un « lom|bibkom », comme celui que le philosophe de Lycie avait consacr ltude du lieu. Phys., III 1, 200b 32. Cf. Sophiste, 254d 4 – 5. ¢r aqt± 1v 2aut_m emta : cest--dire « part des choses ». Phys, III 1, 200b 33 – 34. savoir les exgtes des Catgories.
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Appendice. Les digressions traduites et annotes
[Deuxime argument : le mouvement en tant quaction ou passion dune ralit mue] Il est possible de dire encore, dune faÅon qui est, je crois, plus proche et plus convenable ce dont il est question ici {404.35}, quAristote a trs merveilleusement considr de ce point de vue prcis7 le caractre du mouvement. En effet, en posant le mouvement dans laction et la passion,8 il a dit bon droit que le mouvement nexiste pas « part des choses », cest--dire part des genres {405.1} de ltant.9 Cest pourquoi il a conclu : « En effet, ce qui change change toujours soit selon la substance, soit selon la quantit etc. » Car comment pourrait-on considrer laction et la passion en elles-mÞmes, cest--dire sans la ralit qui agit ou p tit ? Platon aussi conna t cette diffrence parmi les Þtres, selon laquelle les uns sont en eux-mÞmes {405.5} et les autres sont considrs avec dautres choses et dans dautres choses. [Troisime argument : les deux significations du « genre »] Quil soit dit en troisime lieu que le but
8) Simplicius, Sur la notion de mouvement chez Platon et Aristote
261
traverse toutes les ralits qui viennent aprs lui, bien quil ne soit prsent dans ces ralits ni de manire gale {405.15} ni selon la mÞme proprit.11 Il nest donc gure tonnant que Platon appelle le mouvement « genre » selon cette signification prcise du genre. En revanche, Aristote, en niant que le mouvement puisse Þtre un genre, veut quil ne soit pas un genre selon la premire signification. Par ailleurs, il veut que ce quil appelle « genre » nexiste pas en soi-mÞme ni quil subsiste sans les espces {405.20} ni que les espces subsistent sans les individus, chaque fois quil les considre comme des genres et des espces, cest--dire comme des lments des individus, et non pas comme des causes transcendantes. Car dans ce dernier cas, il exige que les causes prexistent aux ralits qui reÅoivent delles la mÞme proprit. [Quatrime argument : les deux significations du « mouvement »] En quatrime lieu, je demande ceux qui philosophent quils prÞtent attention ce quune chose est {405.25} le mouvement que Platon pose comme un genre de ltant en le considrant selon une autre signification, et autre chose – et appartenant une autre considration – le mouvement sur lequel nous enseigne maintenant Aristote. En effet, le mouvement selon Platon signifie la premire sortie depuis lÞtre vers des puissances et des actes vitaux et intellectifs, et il est compltement inchangeable, ainsi que le montre ce qui est dit dans le Sophiste {405.30}, do le mouvement semble avoir t dcouvert12 : – Mais alors, par Zeus ! nous laisserons-nous si facilement convaincre que le mouvement, la vie, l me et la pense ne sont pas vritablement prsents chez lÞtre total, que celui-ci ne vit ni ne pense et que, en revanche, solennel et sacr, dnu dintellect, il se dresse immobile ? – Dans ce cas, Etranger, nous accepterions certainement une doctrine terrible ! – Admettrons-nous alors quil possde un intellect mais pas la vie ? – Comment serait-ce possible ? {405.35} – Mais tout en disant que ces deux choses se trouvent en lui, ne dirons-nous pas alors quil les possde dans une me ? – De quelle autre faÅon pourrait-il les avoir ? – Mais certes, ayant un intellect, une vie et une me, comment ce qui est anim pourrait-il {406.1} se dresser totalement immobile ? – Tout cela me semble ridicule. – Il faut donc admettre que ce qui est m, ainsi que le mouvement, sont des Þtres. Et assurment, il arrive, Thtte, que si les Þtres sont immobiles,13 il ny a nullement dintellect, ni dans un sujet ni par rapport un objet.
Remarque
11 j#m lμ 1pû Usgr lgd³ jat± tμm aqtμm Qdiºtgta p÷sim rp²qw, to ?r 2n/r : voir la note prcdente. 12 Sophiste, 248e 6 – 249b 6 (Trad. N.–L. Cordero adapte). 13 En corrigeant « jimgt_m » en « !jim^tym » conformment au texte de Platon.
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Appendice. Les digressions traduites et annotes
comme je lai dit plus haut,14 toutes les choses ont, de concert avec lunion non confondue, une distinction autonome et non morcele, il a t possible de contempler le mouvement pour lui-mÞme et de le considrer comme un genre de ltant. En revanche, le mouvement qui nous est ici enseign <par Aristote> est un changement en {406.10} flux perptuel et un acte de ltant en puissance en tant quil demeure en puissance. Cest pourquoi ce mouvement est mesur par le temps, alors que lautre est mesur par lternit. Et il na pas de subsistence par lui-mÞme, cest pourquoi il est absorb dans les ralits mues. Je crois que la cause de cette saisie diffrente est le fait que Platon exige que les causes paradigmatiques des ralits dici-bas soient dsignes avec les mÞmes noms
14 In Phys., 404.25 – 26.
9) Simplicius, Sur les notions de mouvement et de changement
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9) Simplicius, Sur les notions de mouvement et de changement (In Phys., 821.12 – 823.4) [Introduction] Ainsi donc, Aristote dit que le mouvement est une sorte de changement, le changement tant plus englobant que le mouvement, puisquil affirme que la gnration et la corruption sont des changements mais non pas des mouvements. Platon, dautre part, semble dire le contraire, {821.15} savoir que le mouvement est plus englobant que le changement. En effet, il nomme les mÞmes changements quAristote, et il veut quils soient tous des mouvements (dans le dixime livre des Lois, il numre en effet la gnration et la corruption parmi les mouvements naturels),1 et en plus il appelle « mouvement » lactivit de lintellect, lorsquil compare lactivit pistrophique de lintellect avec le mouvement dune « sphre forge sur un tour ».2 {821.20} Je mtonne quune si grande diffrence apparaisse entre eux sur ce sujet, moins que leur dsaccord ne stende que jusquaux noms. [La notion de mouvement] Chacun deux emploie en effet
3
Cf. Lois, 894b 9-c 1. Lois, 898b 2. Ce passage des Lois a t premirement cit dans la mÞme perspective en In Phys., 420.28 – 421.1 : « Lorsque Platon affirme dans les Lois » que lintellect et le mouvement qui seffectue en un seul lieu se meuvent tous deux rgulirement, uniformment, une mÞme distance des autres choses et dans une mÞme direction, selon un plan et un ordre unique, tant semblables une sphre forge sur un tour «, il nassigne lintellect aucun mouvement transitif, ni en son tout ni en ses parties, mais un mouvement actif, le mouvement tant dit chez lui de manire gnrale, et signifiant lextension vitale depuis lÞtre en direction de lagir ». sulletq|teqa vikosov_m to ?r pokko ?r !mhq~poir ja· t±r paqajo±r aqt_m vukatt|lemor : la prise en compte dventuels contresens de la part des auditeurs, comme topos de ltablissement de la concorde, est aussi attribue Platon (voir supra, p. 230, n. 16). Cest donc le langage adapt au discours de polloi, assign de surplus Aristote, qui instaure ici lharmonie des deux philosophes.
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Appendice. Les digressions traduites et annotes
plus vnrable, qui est « essence »,4 mouvement. Car celui qui entend le nom « mouvement » comprend demble « changement », et il croit quil sagit de quelque chose qui se meut passivement, en ramenant demble dans son esprit, avec le mouvement, le temps. En voyant par la suite une certaine diffrence parmi les changements, dans la mesure o les uns seffectuent en tant que ce qui change est dj en acte et demeure, comme cela se produit avec {822.1} laltration, laccroissement, le dcroissement et le changement selon le lieu (dans tous ces changements ce qui change, par exemple lhomme qui se blanchit ou cro t ou marche, change selon ces points de vue en tant homme en acte et en demeurant homme), tandis que dautres changements5 seffectuent non pas partir de lÞtre en acte {822.5} mais partir de lÞtre en puissance, qui ne demeure pas mais qui devient toujours autre (comme lengendrement de lhomme partir du sperme : le sperme a son essence dans le fait dÞtre homme en puissance, mais en acte il nest rien ; cela est clair par le fait quil ne demeure pas dans la forme du sperme, ce qui appartient aux Þtres achevs qui sont dj en acte, mais il devient toujours autre {822.10} jusqu ce quil aboutisse lÞtre en acte) ; en voyant donc cette diffrence parmi les changements, et aussi parce que les changements partir de len puissance vers len acte et partir de ce qui nest pas tel vers ce qui est tel sont plut t passifs, mÞme sil y a en eux quelque chose de trs peu actif (en effet, ce qui est en puissance est par excellence passif ; quant aux changements partir des Þtres qui sont dj en acte et sont capables dagir, bien quils soient eux aussi {822.15} passifs, ils ont une activit qui est plus manifeste), et puisque le mouvement, bien quil soit un changement et une passion de la ralit mue, semble nanmoins Þtre une activit aussi, imparfaite
5 6
Cf. De anima, III 5, 430a 17 – 18 : ja· oxtor b moOr wyqist¹r ja· !pahμr ja· !licμr t0 oqs¸ô £m 1m´qceia. Voir aussi infra, 823.1. P. Lautner, Simplicius. On Aristotles Physics 5, Londres, 1997, p. 129, n. 49, renvoie Metaph., K 7, 1072b 21 – 22 et 1073a 3, et K 9, 1074b 20. savoir la gnration et la corruption. Simplicius pense lemploi intransitif du verbe « letab²kkeim », amplement attest dans le grec.
9) Simplicius, Sur les notions de mouvement et de changement
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pralablement admises, appelle mouvement lactivit de changement et non pas le mouvement totalement inchangeable de lintellect, ni le changement qui, ayant trs peu ou rien dactif, est seulement daprs la passion (ou presque), la diffrence, je crois, ne porte pas sur la chose mais sur le nom. Car Platon aussi dirait que le {822.30} mouvement de lintellect est immobile en ce sens quil est inchangeable, et il accepterait la diffrence des changements
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De lme, III 5, 430a 18.
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Appendice. Les digressions traduites et annotes
10) Simplicius, Sur la notion dautomoteur (In Phys., 1247.27 – 1250.31) [Introduction] Puisque Aristote, avec ses discours sur lautomoteur, semble se diffrencier de Platon, il serait bon dexaminer cette diffrence aussi. [Le point commun : lautomoteur comme principe de mouvement] Que lautomoteur soit un principe de mouvement ainsi que de toutes les ralits mues, {1247.30} tous les deux philosophes laffirment clairement. Aristote
Quant Platon, il dit clairement dans le Phdre que lautomoteur est « source et principe de mouvement »,2 et aussi dans le dixime livre des Lois, dans ce que ltranger dAthnes dit en concluant3 : {1248.1} Ainsi, principe et premier de tous les mouvements, soit pour ce qui est au repos soit pour ce qui est en mouvement, nous affirmerons que cest ncessairement le mouvement qui se meut lui-mÞme, tant le plus ancien et le plus puissant de tous les changements.
[Le point divergent : lautomoteur titre premier, l me ou le vivant ?] Qui plus est, tous les deux affirment que le vivant est automoteur. Nanmoins, Aristote dit que lautomoteur titre premier {1248.5} et au sens propre, cest le vivant qui est constitu d me et de corps, tandis que Platon veut que lautomoteur titre premier et au sens propre soit l me tout entire ou, ainsi quil semble aux plus savants des exgtes, l me rationnelle ; cest gr ce elle que le vivant devient automoteur, en recevant sous mode de participation une trace dautomotricit. {1248.10} Quil veuille que l me soit automotrice au sens propre, Platon le rend manifeste en donnant la dfinition de l me dans le Phdre 4 et, de manire encore plus claire, dans le dixime livre des Lois, lorsquil dit5 : – Ds lors, de ce qui porte le nom d me quelle est la dfinition ? En avons-nous une autre fournir que celle de tout lheure : le mouvement capable de se mouvoir lui-mÞme ? – Se mouvoir soi-mÞme, telle est, affirmes-tu, la dfinition de
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Phys., VIII 5, 257a 28 – 30. Phdre, 245c 9. Lois, 895b 3 – 6 (Trad. L. Brisson-J.–F. Pradeau adapte). Cf. Phdre, 245e-246a. Lois, 895e 10 – 896a 4 (Trad. L. Brisson-J.–F. Pradeau).
10) Simplicius, Sur la notion dautomoteur
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cette ralit mÞme {1248.15} que nous dsignons tous en utilisant prcisment le nom me.
Quil veuille, dautre part, que le vivant soit automoteur parce que l me est automotrice, il la dclar dans le Phdre en disant6 : Tout corps qui reÅoit son mouvement de lextrieur est inanim ; mais celui qui le reÅoit du dedans, de lui-mÞme, est anim, puisque cest en cela mÞme que consiste la nature de l me,
cest--dire en ce que l me se meut elle-mÞme et quelle {1248.20} fait appara tre ce qui participe delle comme automoteur. Platon a donc fait de lautomotricit du vivant la preuve de lautomotricit de l me, et de lautomotricit de l me la cause de lautomotricit du vivant. [La cause de la divergence] La diffrence sest produite assurment dans la mesure o Platon appelle toute sorte de changement, quil soit actif ou passif, « mouvement ». Il dit <par exemple> dans le Time que l me « dit en tant mue delle-mÞme tout entire »,7 et dans le dixime livre {1248.25} des Lois 8 : Ainsi tout ce quil y a dans le ciel, sur la terre et dans la mer, l me le dirige par ses mouvements elle, dont les noms sont : souhaiter, examiner, prendre soin, examiner, dlibrer, avoir une opinion vraie ou fausse, prouver du plaisir ou de la douleur, de la confiance ou de la crainte, de laversion ou de lamour et tous les mouvements apparents ceux-l qui sont les premiers intervenir.
En revanche, Aristote exige que seuls {1248.30} les changements naturels soient dits mouvements, et il considre que l me ne se meut pas mais quelle sactive (1meqce ?m). [Le vritable accord des deux philosophes] Aristote nie manifestement les mouvements naturels de l me dans le premier livre du trait De lme, lorsquil dit9 : Puisque le fait dÞtre en mouvement se dit de deux manires (cest--dire ou bien en soi ou bien par accident), examinons maintenant au sujet de l me si cest en elle-mÞme quelle se meut et participe au mouvement. Or, les mouvements tant quatre : le transport, laltration, le dcroissement et laccroissement, elle pourrait se mouvoir soit {1249.1} selon lun dentre eux soit selon plusieurs soit selon tous.
Platon aussi nie ces mouvements de l me, puisque dans le dixime livre des Lois il les numre parmi les neuf mouvements qui prcdent
Phdre, 245e 4 – 6 (Trad. L. Brisson). Time, 37a 6 – 7. Lois, 896e 8 – 897a 4 (Trad. L. Brisson-J.–F. Pradeau). De lme, I 3, 406a 10 – 14.
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Appendice. Les digressions traduites et annotes
des mouvements de> l me,10 et il livre comme mouvements de l me ceux que nous avons mentionns plus haut.11 Dautre part, il est clair quAristote aussi attribue ces mouvements {1249.5} l me et quil sait bien quils se produisent partir delle-mÞme <et reviennent> elle-mÞme. Il ne les appelle pourtant pas « mouvements » mais « activits » et « passions ». En effet, le fait que l me se conna t et sachve elle-mÞme,12 Aristote le sait assurment bien, lui qui a tant philosoph sur elle. Nanmoins, en attribuant le caractre extensif (t¹ 1jstatij|m) du mouvement exclusivement aux corps, et tant fidle lui-mÞme, il exige que ce ne soit pas l me qui soit dite automotrice mais le {1249.10} vivant, dans la mesure o le mouvement selon le fait dÞtre m – quAristote considre comme le seul mouvement, cest pourquoi il pose le mouvement dans la ralit mue – se manifeste comme vident uniquement dans le corps. Par consquent, la diffrence des philosophes sur ce point ne porte pas sur la chose mais sur le nom13, comme cest le cas de la plupart de leurs diffrences. La raison en est souvent, je crois, le fait quAristote {1249.15} veuille conserver lusage habituel des noms et quil constitue son argumentation partir des choses videntes la sensation, alors que Platon mprise plusieurs fois les noms et recourt sans peine aux thories intelligibles. Voulant montrer selon quel mouvement il considre ici lautomoteur, savoir le mouvement corporel selon lequel l me est immobile non seulement daprs lui mais aussi daprs Platon, {1249.20} Aristote a prcisment pris le principe de sa dmonstration dans le fait que toute ralit mue est ncessairement continue et divisible en <parties> toujours divisibles.14 Or, tel est titre premier le corps. Quest-ce qui serait donc automoteur au sens propre selon ce mouvement, sinon le vivant ? En effet, selon ce mouvement, ni le corps ne peut mouvoir ni l me ne peut se mouvoir. Au contraire, le corps est m et l me, qui nest pas mue, le meut {1249.25} en tant immobile. Cest pourquoi Aristote ne veut pas quil constitue un automoteur tout entier, puisque selon ce mouvement ni la partie mue ne peut mouvoir titre premier ni la partie mouvante ne peut se mouvoir. Et il a dduit ce qui est une absurdit vidente en disant15 : En effet, tant un et spcifiquement indivisible, il serait transport et transporterait selon le mÞme transport, et il serait altr et altrerait, de sorte quil enseignerait et 10 Cf. Lois, 894b 8-c 8. 11 Cf. In Phys., 1248.25 – 29. 12 fti cim¾sjei 2autμm B xuwμ ja· tekeio ? : sachevant et se connaissant elle-mÞme, l me se retourne vers lintellect. Or, cest l une « activit » que Platon appelle « mouvement ». 13 ¦ste oq peq· pq÷cla mOm, !kk± peq· emola to ?r vikos|voir 1st·m B diavoq\ : lhabitude langagire des philosophes, conforme leur mthode dialectique, constitue encore un topos de ltablissement de la concorde. 14 Cf. Phys., VIII 5, 257a 33-b 1. 15 Phys., VIII 5, 257b 3 – 6 (Trad. P. Pellegrin adapte).
10) Simplicius, Sur la notion dautomoteur
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apprendrait en mÞme temps, et il soignerait et serait soign {1249.30} relativement la mÞme sant.
Par consquent, il sera la fois en puissance et en acte, et la fois ce quil nest pas encore et dj ce selon quoi il est dit. De fait, quelque chose qui est absolument un ne peut pas Þtre automoteur. L me aussi, qui possde toutes les raisons, a les unes dj sa porte et actives, alors que les autres sont en elle inactives et en puissance, et cest par les raisons qui sont en acte quelle meut celles qui sont en puissance ; {1249.35} alors, celles-ci se meuvent, et de la sorte l me tout entire se dit automotrice. Aristote saccorde avec ces conceptions, qui sont en ralit platoniciennes. En effet, chez lui aussi, lintelligence dans l me est en partie en puissance, en partie en acte : celle {1250.1} qui est en puissance devient en acte par celle qui est en acte, lorsque, <par exemple>, l me enseigne elle-mÞme et apprend par elle-mÞme, ou lorsque, <en gnral>, elle cherche et dcouvre. Car tout apprentissage est discursif, comme Aristote lui-mÞme lenseigne,16 et il est vident que la recherche et la dcouverte se ralisent partir dune connaissance qui prexiste dans lintellect et qui, ce moment-l, sactive. {1250.5} Cest pourquoi peut-Þtre, bien quil dfinisse lautomotricit selon les mouvements naturels, il a rajout dans les exemples
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Appendice. Les digressions traduites et annotes
[Rsolution dune ventuelle aporie] Or, du point de vue de la dfinition {1250.20} tablie par Aristote lui-mÞme, qui affirme que le mouvement est lentlchie du potentiel en tant quil est potentiel,19 comment est-il possible que l me ne se meuve pas et quelle ne soit pas automotrice, vu quelle procde par elle-mÞme de len puissance len acte ? Peut-Þtre donc que cette dfinition, qui dit que le mouvement est lentlchie du potentiel en tant quil est potentiel, est la dfinition commune de tout changement, psychique aussi bien que naturel, et, en gnral, du changement qui savance de len puissance vers {1250.25} len acte. La dfinition propre du mouvement en tant que mouvement est la suivante : lentlchie du mobile en tant quil est mobile.20 Aristote ne veut donc pas que tout changement soit dit de manire absolue mouvement, mais <seulement> le changement habituel,21 savoir celui qui se manifeste dans les corps, mais non pas tout changement habituel. Car il a distingu la gnration et la corruption du mouvement, vu que personne ne dit que ce qui nest pas encore se meut au sens propre. Au contraire, {1250.30} il faut que la ralit mue soit quelque chose en acte et quelle possde <en mÞme temps> quelque chose en puissance, selon lequel elle sactive et se dit prcisment « se mouvoir ».
19 Phys., III 1, 201a 10 – 11. 20 Phys., III 1, 201a 27 – 29. 21 tμm sum¶hg : savoir le changement auquel se rfre le langage commun.
11) Simplicius, La physique thologique et la constitution de lunivers
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11) Simplicius, La physique thologique et la constitution de lunivers (In Phys., 1359.5 – 1360.23) [Introduction] Ainsi, le vraiment divin Aristote haussa lenseignement sur les principes naturels jusqu la thologie transcendante1 et montra que la constitution naturelle et corporelle tout entire est accroche la bont intellective surnaturelle, qui est incorporelle et nentretient aucun rapport
La cause de lÞtre en devenir est lÞtre rel – car, en posant un Þtre en devenir avant un autre Þtre en devenir <et ainsi de suite>, on aboutira linfini –, {1359.20} et pour la mÞme raison la cause de lÞtre en changement est lÞtre qui ne change pas. Platon dcouvrit donc le dmiurge de lunivers, dieu intellectif et Þtre rel qui est toujours le mÞme et dans le mÞme tat et qui est fond dans lternit, en slanÅant de lessence changeante de lunivers vers la cause qui ne change pas. [La direction thologique dAristote] Quant Aristote, cest en partant du mouvement, du changement et de la subsistence tendue et limite {1359.25} des corps quil remonta la cause immobile, inchangeable et intendue. Il montra en effet quil y a ncessairement 1
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tμm peq· t_m vusij_m !qw_m didasjak_am eQr tμm rpeqvu÷ heokoc_am !pejoq}vyse : la vise thologique de la Physique est mise en relief ds les prolgomnes au trait (cf. In Phys., 8.7 – 9). Simplicius cl t donc avec le prsent excursus cette lecture « thologique » du trait aristotlicien. Time, 28a 5 – 6.
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Appendice. Les digressions traduites et annotes
un mouvement ternel dans les Þtres, et que pour cette raison le m est lui aussi ternel, puisque le mouvement est dans le m. Il montra encore que toute ralit mue se meut par quelque chose, et que le premier moteur est ncessairement immobile, et quil est pour les ralits qui sont mues par lui de manire immdiate3 la cause inchangeable de leur mouvement ternel. [Laccord profond des deux philosophes] {1359.30} Que lengendrement chez Platon et le mouvement chez Aristote signifient tous les deux le changement, il est facile de lapprendre partir du fait que Platon oppose ce qui est le mÞme et dans le mÞme tat, ce qui est en devenir en ce sens quil change, et quAristote, lorsquil affirme que toute ralit mue se meut par quelque chose, affirme cela non seulement pour les {1359.35} ralits qui sont mues au sens propre4 mais aussi pour les ralits engendres et corruptibles, et en gnral pour toutes les ralits qui changent. Qui plus est, il appelle dans plusieurs endroits limmobile « inchangeable ». Car limmobile transcende non seulement le mouvement au sens propre mais aussi lengendrement et la corruption. Il me semble que cet homme admirable a renonc appliquer nettement le nom dengendrement propos des ralits perptuelles, parce que notre imagination suppose facilement un commencement temporel pour les ralits dont nous disons quelles sont engendres. Cest {1360.1} ce qui est arriv prcisment plusieurs, qui taient incapables de stendre, par le moyen de leurs conceptions, le long des crations perptuelles : ils ont ajout un commencement temporel ce qui subsiste du fait dune cause et qui est dit <pour cette raison> engendr, et ils ont cru quils pourraient apprendre plus facilement, si quelquun supposait <pour eux> un commencement, des milieux et une fin de la cration sous un mode temporel.5 Et en effet, {1360.5} cest en pensant la comprhension facile de leurs auditeurs que la plupart des sages ont livr des cosmopes, en disant que des choses premires, secondes et troisimes ont t engendres les unes aprs les autres. Peut-Þtre ont-ils cru quils seraient excuss, puisque les thologiens eux-mÞmes ne renonÅaient pas faire appara tre les engendrements des dieux de cette manire, au profit de la comprhension facile des auditeurs. Aristote pourtant, en voyant, para t-il, que certains faisaient dj de faux sens sur ce qui tait dit {1360.10} et quils simaginaient un commencement temporel, na pas accept de livrer une
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savoir les corps clestes, dont le mouvement est ternel et uniforme. Cest--dire celles qui saltrent, saccroissent, dcroissent ou se transportent. Bien que Simplicius se rfre ici une priode de la pense grecque avant Aristote (cf. les thogonies orphique et hsiodique), on peut tout de mÞme penser quil y a aussi dans son propos une allusion lesprit vulgaire des chrtiens.
11) Simplicius, La physique thologique et la constitution de lunivers
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cosmope et a renonc employer de manire vidente6 le nom dengendr propos des ralits perptuelles. Il a alors employ le nom de mouvement, qui signifie la mÞme chose mais qui nimplique pas ncessairement un commencement temporel. Cependant, quil ne renonce pas
Le principe de la dmonstration est donc le mÞme chez tous les deux : celui qui fait monter de ce qui change ce qui ne change pas. Quant la suite, lun dit que la ralit mue se meut par quelque chose, lautre que toute ralit engendre a {1360.20} son engendrement du fait dune cause. Et lun montre que le premier moteur est immobile, inchangeable et indivis, lautre que la cause de lÞtre en devenir est lÞtre rel. Or, tel est lindivis qui subsiste tout entier la fois et qui est toujours le mÞme et dans le mÞme tat, autrement dit ce qui est compltement inchangeable.
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pqovam_r : cest--dire ainsi quil est entendu par la multitude des gens. Cest--dire quil saccorde, en dernire analyse, avec Platon. Phys., III 6, 206a 21 – 23 (Trad. P. Pellegrin).
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Appendice. Les digressions traduites et annotes
12) Philopon, Sur le commencement du temps (In Phys., 456.17 – 459.1) Mais examinons dabord ce qu
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Cf. Thmistius, In Phys., 91.13 – 14 : t¹ c±q k´ceim, ¢r Eqnatº pote c¸meshai wqºmor, oqd³m %kko 1st·m C fti wqºmor Gm, fte wqºmor oqj Gm. M. J. Edwards, Philoponus. On Aristotle Physics 3, Londres, 1994, p. 171, n. 206, considre que Philopon pense ici lenseignement de lhrtique Arius.
12) Philopon, Sur le commencement du temps
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impossible !2 Pour ce qui est donc de ces syllogismes vnrables, la contradiction est fausse, puisque aussi bien de la ngation que de laffirmation {457.20} ressort une absurdit. La cause de ton aberration,3 je crois, est le fait que tu ne te sois pas aperÅu quil est impossible de prdiquer quelque chose de quelque chose sans lui donner une connotation temporelle, cause de notre faiblesse ***, ni mÞme propos des ralits divines. Comment nest-il pas ridicule de considrer que le
tait et le est sont toujours prdiqus avec une valeur temporelle et non pas avec une valeur existentielle aussi, comme quand je dis {457.25} : « Socrate tait », « le Lyce tait », mÞme si le temps appara t galement dans ces phrases4 ? Nous disons certes : « Dieu est », et de lui nous ne prdiquons certes pas de temps. Et bien quils disent que le est que lon emploie propos de Dieu nest pas contredistingu des autres parties du temps, la voix se prononce toutefois en contradistinction avec le tait et le sera. Notre intelligence corrige pourtant la faiblesse de la voix. Ainsi donc, lorsque je dis : « il tait quand le temps ntait pas » (Gm fte oqj Gm wqºmor), {458.1} (je passe sous silence le une fois (pot´), car il est davantage susceptible de faire un faux sens), jemploie le tait valeur existentielle et non pas valeur temporelle,
tait dune certaine existence et non pas du temps. Il nous est dailleurs possible de nous pargner ces inepties ridicules en disant simplement : {458.15} « le temps ntait pas toujours » (oqj Gm !e· wqºmor). Nous pourrions contr ler davantage la bÞtise de ces propos, mais en guise de digression ce que nous venons de dire est suffisant.
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3 4
!kkû !d¼matom : la phrase fait cho ironique avec ce qui est dit en In Phys., 456.4 – 5 : oute c±q b wqºmor, vgs¸m (scil. b )qistot]kgr), !¸dior 5stai, !kkû 5stai tir aqtoO !qwμ ja· tekeut¶, pq÷cla !d¼matom. aUtiom d´ soi t/r pk²mgr : il faut complter, « § )qist|teker ». Largument fait valoir la diffrence entre eWmai-copule et eWmai-existentiel.
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Appendice. Les digressions traduites et annotes
(2) Dire que tout ce qui se produit se produit dans le temps,5 cela aussi est faux. Jappelle ce qui se produit de manire absolue tout ce qui est antrieurement non-tant et postrieurement tant. Quil y ait maintes ralits de ce type,6 Aristote lui-mÞme le montre dans les derniers livres {458.20} de ce trait ; telles sont les points, les contacts et pas seulement ; telles sont aussi toutes les formes. En effet, cest sous un mode intemporel quelles adviennent aux substrats et quelles prissent. Dailleurs, bien quils disent que le temps ne se produit pas au sens absolu, ils ne peuvent pas nier pour autant quun certain temps se produit, par exemple cette anne-ci, dans la mesure o ils disent galement que lhomme ne se produit pas au sens absolu, mais quun certain homme {458.25} se produit ; cela est clair du fait que toutes les ralits particulires prissent. Puis donc que ce jour-ci ou cette anne-ci se produisent, il est ncessaire quils se produisent dans le temps, tant donn que « tout ce qui se produit au sens absolu se produit dans le temps ». Il faudra donc quil y ait un autre temps dans lequel le jour se produira. Il y aura donc deux temps la fois, par exemple deux jours. Quelle est donc la diffrence de lune des propositions par rapport lautre ?7 Mais dire ces choses-l, cest vraiment {458.30} digne de rire. (3) Le fait quil na pas t montr que le mouvement est ncessairement ternel,8 nous lavons montr de manire satisfaisante dans notre commentaire au huitime livre de ce trait. {459.1} Mais revenons au point do nous avons dvi.
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Cf. Thmistius, In Phys., 91.14 : p÷m c±q t¹ cimºlemom 1m wqºm\ c¸metai. savoir des ralits qui se produisent, mais non pas dans le temps. ja· t¸r B pq¹r %kkgka aqt_m diavoqa : il ne sagit pas de la diffrence entre les deux temps dont il est question immdiatement plus haut (comme le pense M. J. Edwards [voir note ad locum]), mais de la diffrence entre la proposition qui vient dÞtre nonce (tout ce qui se produit se produit dans le temps) et la proposition qui a dclench la digression (il tait une fois o le temps ntait pas). Cf. Thmistius, In Phys., 91.15 – 16 : de¸jmutai d³ ja· B j¸mgsir owsa !¸dior, Hr paqajoko¼hgla b wqºmor.
13) Philopon, Sur le mouvement contre nature
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13) Philopon, Sur le mouvement contre nature (In Phys., 639.3 – 642.26) [Introduction] Voil donc ce quAristote montre pour sa part, savoir que le mouvement forc et contre nature ne pourrait pas se produire, si le vide existait. Mais mon avis {639.5} son argumentation na aucune ncessit
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Il sagit de la thorie de lantiperistasis (change rciproque dynamique entre la place du projectile et la place de lair qui se trouve lavant ou c t de lui) et de lexplication par le mouvement plus rapide de lair pouss en mÞme temps que le projectile, qui empÞche provisoirement son mouvement naturel vers le bas. Le mouvement des projectiles est plus amplement trait dans Phys., VIII 10. En corrigeant « ovtyr » (639.19) en « oxtor », cest--dire lair qui est chaque instant c t de la flche. Dans le premier cas dantiperistasis, le dplacement de lair qui meut le projectile est provoqu par le mouvement mÞme du projectile, alors que dans le deuxime cas il est provoqu par le mouvement de lair, dclench en mÞme temps que le mouvement du projectile.
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Appendice. Les digressions traduites et annotes
qui lui fait obstacle, et une fois arriv larrire de la flche, rebrousser chemin et pousser
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Le r le de lair, qui par son agilit supprime instantanment le vide, est aussi voqu dans le Corollaire sur le vide (694.25 – 27) : rcq¹r c±q £m b !μq ja· eqj¸mgtor oq sucwyqe ? pote jemμm jatakeivh/mai w¾qam, !kk± h÷ttom !mtileh¸statai to ?r s¾lasi, pq·m rpokeivh/mai t¹ jemºm. « En effet lair, qui est humide et agile, ne permet jamais quun espace soit laiss vide, mais il prend plus rapidement la place des corps, avant que le vide ne puisse subsister. » En corrigeant « ovtyr » (640.14) en « oxtor ». Cest un argument que lon pourrait objecter Philopon qui vient de faire appel la suppression du vide : lair qui pousse la flche nest pas lair qui se produit de lavant larrire de la flche, mais lair c t de la flche, lequel est pouss par lair lavant, initialement pouss par la flche. Il y a donc une succession des mouvements qui ne laisse pas de place au vide et discrdite de la sorte la ncessit de sa « suppression ».
13) Philopon, Sur le mouvement contre nature
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lair qui tombe sur lui, mais au contraire fait-il de doubles et de triples courses indpendamment de sa cause motrice ? Il nous est possible de dire et de contr ler davantage le caractre fictif de cette hypothse, mais pour notre propos ce que nous venons de dire est suffisant. {640.25} (2) Quant lautre hypothse, qui affirme que cest lair latral qui change sa place
Cf. Phys., IV 8, 215a 15. Cf. Phys., IV 8, 215a 15 – 17.
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Appendice. Les digressions traduites et annotes
coude. Si donc lair, tant m avec le plus dlan, ne peut pas mouvoir, il est vident que lair qui est pouss par la main ou la corde de larc nest pas celui qui meut les projectiles. Quoi donc, cela devrait plut t se produire lorsque le lanceur est en contact avec le projectile ? Mais sil y a un contact continu entre la flche et la corde de larc, et entre la main et la pierre, et {642.1} quil ny ait rien dintermdiaire, quel sera lair m larrire ? Et si cest lair latral, en quoi cela concerne-t-il le <mouvement du> projectile ? Lair latral est en effet cart par le projectile. partir de ces choses et dautres encore, on peut comprendre quil est impossible que les ralits mues par force se meuvent de cette manire. Par contre, il est ncessaire quune certaine force motrice {642.5} incorporelle soit imprime par le lanceur au projectile, et que lair ne contribue en rien au mouvement du projectile ou y contribue trs peu. Si donc cest de cette manire que se meuvent les ralits mues par force, il est clair que, mÞme si on lance par force et contre nature une flche ou une pierre travers le vide, cest la mÞme chose qui se produira, voire plus, et quil ny aura aucun besoin dun agent qui pousse de lextrieur. [Arguments supplmentaires] Assurment {642.10} cette thse, qui est confirme par lvidence (je mexplique nouveau : un acte moteur incorporel est imprim par le lanceur au projectile, cest pourquoi le lanceur doit Þtre en contact avec le projectile), ne peut pas Þtre mise en cause plus que celle qui affirme que des actes des ralits visibles atteignent notre vision, comme Aristote le pense.10 Nous voyons en effet certains actes procder aussi des couleurs sous un mode incorporel {642.15} et colorer les corps solides, lorsquun rayon de soleil atteint
10 Cf. De anima, II 7.
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II. tudes
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Indices Index des notions Activit (1m]qceia) 119, 162, 260, 268 – A. dÞtre 170-171 ffme 143-145, 157, 172, 246 – automotricit de lff. 16, 120-121 – puissances de lff. 108, 201, 224 – voir aussi « Mouvement de l me » antiperistasis (interversion, change rciproque) 188, 189, 277 Aptitude voir « Disposition » Autorit 1, 14, 26, 30, 37, 48-49, 58, 66, 70-72, 83, 99, 104, 129, 138, 180, 184186, 195, 197, 200, 202, 210 Catgories – aristotliciennes 260 – doctrine des C. 29, 185 Cause (aUtiom), Causes, Causalit 45, 52, 89-91, 94, 97, 102, 105-106, 108-112, 115-116, 122-123, 141-146, 190, 207, 253, 254, 256, 257 Changement (letabok^) 86, 116-118, 121, 132, 171, 239 Chrtien, Chrtiens 26, 27-28, 88, 95-96, 99, 102, 123-124, 127, 196, 200, 203, 210, 272 Codex, Codices 66-67, 69 Commentaire – comme recomposition 2, 58, 65, 84 – « sens » et « lettre » du C. 23, 55-61 – C. continu 71, 203 – C. noplatonicien 12, 15, 21 Concept (5mmoia) 140, 143 Concomitants (paqajokouhoOmta) 4445, 50 Concorde, Concordisme, Concordiste (sumph nia) 55, 87, 89, 92, 106, 114, 122, 124, 127, 145, 167, 196, 199, 207, 230, 263, 268 – C. vs Discorde 88, 94-99, 102, 109, 112, 118-120, 200, 212
Continu (sumew]r), Continuiste, Continuit 46, 52, 100, 102-103, 159, 162, 174, 188, 220, 222 Contresens 1, 98, 103, 107, 121, 202, 263 Corps, Corporel, Corporit 102, 105, 112, 121, 132, 134, 144, 156-158, 164, 179, 256 – constitution C. 97 – tendue C. 138, 175, 180-183 ; voir aussi « Volume » – proprits du C. 134, 177 – C. sans qualit 32, 129-130 ; voir aussi « Matire comme corps » Critique 30, 100-101, 103-107, 109, 114, 119, 120, 124, 176, 186, 189, 196, 203, 222 Cursus (dtudes) 2, 9-18, 22, 24, 29, 38, 55, 83, 122, 200, 223 – C. « spirituel » 15, 200 Dmiurge 54, 94, 108, 122, 132, 138, 201, 224 Dtermination (!voqisl|r), Dtermin 134, 138-139, 163-164, 167-168, 171, 239 Dviation (paqejtqop^) 136 Diffrenciation (paq\kkanir) 136 Dignit 12, 113, 145 Disposition – comme principe de mouvement passif (1pitgdei|tgr) 144-146 – bonne D. des parties dans un tout (eqhetisl|r) 164-165, 176 Distanciation (di\stasir) 128, 134, 136, 138-139, 162-163, 167, 170-171, 239 Division 10, 12, 13, 38-43, 49-52, 74, 85, 93, 152, 156 cole – dAlexandrie 8-15, 203
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Indices
– dAthnes 8-15, 20, 79-80 – « . dOlympiodore » 18, 22, 56 – coles noplatoniciennes 12, 15, 20, 83 – coles philosophiques 202 lments (stoiwe ?a) 94, 97, 130, 207, 208, 213 Espace 119, 157, 161, 164, 175, 198 – voir aussi « Intervalle » Essence (oqs_a) – de la nature 140, 143, 145-146, 148149 – du lieu 156, 169 – du temps 169, 171 Exgse, Exgte, Exgtique 2-3, 8-10, 15-16, 22, 25, 28-29, 32-33, 37-38, 42, 46, 55-64, 65-66, 70, 83-87, 93, 95, 108, 114, 124, 129, 141, 185, 196-200, 202-203 – « technique de la double exgse » 23, 56, 57 Exercice spirituel 201, 202 Extension – de ltre, de lessence (5jstasir) 116-118, 262 – spatiale (5jtasir) 138, 152, 156, 162 – temporelle (paq\tasir) 170 Forme (eWdor) 13, 51, 60-61, 89, 91, 94, 132-135, 138, 141-142, 146-147, 149, 164, 167 – comme lieu 153, 156, 176 – F. intelligible 102, 238 – F. sensible 128, 134, 238 – voir aussi « Matire et forme » Genre (c]mor) 40, 60-61, 116, 157, 257 – G. ab uno (!v 2m|r) 116 – G. de ltant (toO emtor) 115, 260 – G. de la substance (t/r oqs_ar) 60 – G. et diffrences 65 – G. suprÞme 114 Genre (littraire) 21, 38, 202 Grandeur (l]cehor) 132, 134, 138, 162, 171, 178, 239 Hasard voir « tuch »
Impetus 88, 188, 190, 202 Indtermination (!oqist_a), Indtermin 128, 134, 136, 138, 163, 239 Infini (%peiqom) 51, 52, 94, 96, 101, 157, 159, 162, 175, 176, 178, 221 Innovation (nouveaut, kainoprepeia) 1, 3, 37, 38, 43, 46, 83, 128, 138, 150151, 165-166, 197, 202 Intervalle (di\stgla) 30-31, 152, 156161, 165, 167, 175-184 kephalaia 12-13, 36, 38-39, 47, 50-51, 53, 56, 89, 180, 197 Langage 90, 92, 106, 111, 115-119, 123124, 134, 196, 263, 270 Lieu 13, 44, 51, 52, 53, 86, 87, 88, 110, 127 – comme corps 157 – comme intervalle ; voir « Intervalle » – comme premire limite de lenveloppant 30, 88, 152-156, 159, 169, 175, 176, 178-179, 180 – identique au vide 36, 177, 181 Matire (vkg) 13, 26, 47, 51, 53, 87, 88, 197 – comme corps 129-134, 164, 238 – comme distanciation 128, 163 – comme lieu 153, 156, 167, 176 – comme pos|m 128, 136-139 – comme premier constituant 141142, 146 – connaissance de la M. 128, 129, 131, 134-135 – doctrine platonicienne de la M. 77 – doctrine stocienne de la M. 129 – M. intelligible 238 – M. et forme 44, 53, 61, 89, 141, 142, 145, 183 – M. premire 32, 129-130, 132, 134 – w~qa 136, 138 Mesure, Mesures (l]tqom, l]tqa) 113, 150, 152, 156, 158, 161-165, 169-173 Mtaphysique 9, 116, 134, 147, 149, 171 Mouvement 13, 44, 50, 51, 52, 53, 71, 86, 87, 88, 114-121, 123, 141, 143, 144, 145, 153, 161, 165, 170-171, 173, 197, 246, 259, 260, 268, 272, 277
Indices
– M. travers le vide 188, 190-192, 195 – M. circulaire/rectiligne 154 – M. contre nature 88, 188-190 – M. de l me 114, 120, 144 – M. du ciel 161, 165, 179-180 – M. selon lantrieur et le postrieur 169 Nature 45, 46, 47, 52, 69, 80, 86, 87, 88, 90, 91, 92, 110, 127, 139-149, 172, 197, 213, 240, 246, 251 Noplatonicien, Noplatoniciens, Noplatonisme 7-18, 28-29, 38, 41-45, 55, 60, 67, 78, 83, 88, 96-98, 100, 103, 105-107, 108, 114, 128, 139, 147, 199, 223, 224 – N. athnien 196 Nopythagoricien, Nopythagoriciens 77, 136, 137 Nombre (!qihl|r) 132, 134, 138, 139, 162, 169 Paganisme 202 Paradigmes 45, 238 paq]jbasir (digression) 3, 84 Participation 112, 116, 134, 164, 173 Pripatticien, Pripatticiens 11, 41, 42, 45, 48, 50, 52, 53, 61, 65, 72-74, 80 philomatheia 95-96, 100, 201 Physiciens 90, 96, 213, 218 Platonicien, Platoniciens, Platonisme 14-16, 45, 77, 79, 90, 104, 114, 119121, 128, 159, 136, 203, 209, 212, 217, 260, 269 – « diadoque (successeur) platonicien » 8, 21 Polmique 7, 19, 25, 27, 37, 87, 88, 96, 104, 123, 125, 127, 133, 200 Prplatonicien, Prplatoniciens 55, 75, 85, 87, 89-90, 98, 107, 196 Principes (!qwa_) 13, 39, 44-45, 50, 52, 53, 60, 77, 85, 86, 87, 90, 93-94, 9697, 119, 208 Privation (st]qgsir) 52, 60-61, 94, 114, 138 Providence, Providentiel 99, 113, 119, 123, 145, 147, 164
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Puissance 96, 108, 136, 139, 143, 145146, 148, 149, 161, 166, 177 – P. bnfique 112-113, 257 – P. salvatrice 181 – voir aussi « puissances de lffme » Pythagoricien, Pythagoriciens 12, 66, 7778, 89, 90, 94, 128, 132, 136-138, 197 Qualit (poi|m, poi|tgr), Qualitatif 117, 132, 232, 239, 260 – voir aussi « Corps sans qualit » Quantit (pos|m, pos|tgr), Quantitatif 101, 117, 128, 132, 138-139, 157-158, 185, 239, 260 – quantitas materiae 128 Remplacement (!mtilet\stasir) 154, 181 skopos 12, 13, 36, 38-47, 51, 52, 67, 89 Spontan, Spontanit (aqt|latom) 46, 52, 85, 108-110, 253 Stocien, Stociens 94, 109, 111, 128-133, 138, 217, 246, 255 Substance (oqs_a) 60, 162, 170, 185, 260 Substrat, Sujet (rpoje_lemom) 61, 117118, 131, 132, 185, 238 – second substrat 32 Temps 13, 44, 47, 51, 52, 53, 86, 87, 88, 118, 119, 127, 162, 164, 168-173, 197, 275, 276 – ternit du T. 26, 30, 86, 87, 88, 124, 127 – T. intgral (s}lpar wq|mor) 173-174 – voir aussi « Extension temporelle » Thologie 16-17, 25, 27, 122, 209 Tout-parties 153, 162, 164, 168, 176, 221, 263 Tradition – T. ancienne 11, 109, 111, 138 – T. commentariste 2, 3, 38 – T. exgtique 1, 58 – T. livresque 2, 3, 65 – T. manuscrite 1, 23, 28 – T. philosophique 167-168, 175, 196, 200, 202 – T. scolaire 1, 3, 7, 8, 38
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Indices
tuch (hasard) 46, 52, 85, 86, 87, 108-113, 196, 254, 256, 257
– U. du lieu 156, 158, 160, 163-164 – U. du temps 170-171
Un, Unification 96, 132, 135, 147, 161, 163-164, 171, 213 Unit – U. et dignit 113 – U. dfinitionnelle 102-103, 222 – U. textuelle 2-3, 23, 57, 58, 83-85 Univers (Monde) 13, 54, 113, 122-124, 139, 153, 157, 161, 164-165, 173, 182184 Universalit 12 Utilit 16, 38-39, 42 – U. de la physique 53-54, 122 – U. du langage philosophique 116
Vrit, Vridique, Vritable 54, 134, 167, 175, 181, 184-185, 195, 196-201, 202-203 Vide 30, 46, 47, 51, 52, 87, 88, 127, 159, 177, 197 – existence du V. 36, 88, 188, 190, 191, 194 – suppression du V. (B toO jemoO b_a) 181-184, 278 – voir aussi « Lieu identique au vide » ; « Mouvement travers le vide » Vie 116, 145, 147-148, 149, 251 Volume (ecjor) 133, 181
Index des auteurs modernes Algra, K. 152, 154 Baltussen, H. 95 Barnes, J. 70 Beaucamp, J. 10 Blumenthal, H. J. 2, 9, 16, 20 Bollack, J. 214, 215 Bossier, F. 1 Brisson, L. 144, 221, 232, 233, 245, 254, 258, 264 Cameron, A. 20 Chadwick, H. 25 Charlton, W. 2 Combs, J. 136, 147, 246 Cordero, N. L. 102, 222, 230, 260 Crubellier, M. 171 Dalimier, C. 248 DAncona Costa, C. 60 De Haas, F. A. J. 27, 128, 134 Delfim Santos, F. 70 Diels, H. 3, 17, 65, 69, 70, 73, 84, 85, 108, 150, 211, 212, 213, 243, 247 Dodds, E. R. 137 Duhem, P. 157 Dumont, J.-P. 216, 217 Dring, I. 10
Edwards, M. J. 271, 273 vrard, E. 22, 23, 25, 27, 56 Festugire, A. J. 14, 56, 140, 141, 147 Fleet, B. 247, 257 Foulkes, P. 19, 21 Frantz, A. 20 Furley, D. J. 181, 182 Galprine, M.-C. 173 Glucker, J. 8 Golitsis, P. 203 Goulet-Caz, M.-O. 10 Gurard, C. 107 Hadot, I. 2, 3, 7-10, 12, 18-21, 102, 144, 201 Hadot, P. 11, 15, 98, 147 Hassing, R. F. 148 Hoffmann, Ph., 4, 7, 15, 16, 18, 22, 29, 39, 53, 54, 60, 66, 88, 108, 137, 150, 157, 170, 173, 198, 200, 201, 219 Hugonnard-Roche, H. 44 Karamanolis, G. 199, 203 Kotzia-Panteli, P. 140, 143 Lamberz, E. 55 Lautner, P. 258, 262
Indices
Lehoux, D. 181 Lernould, A. 89, 92 Lloyd, A. C. 136 Lloyd, G. E. R. 246 Luna, C. 20, 21 Lynch, J. P. 8 Macierowski, E. M. 148 Mansfeld, J. 10, 14, 74 Mansion, A. 49 McGuire, J. E. 148 Moraux, P. 3, 11, 48, 70, 71, 73, 74 Osborne, C. 57 Pellegrin, P. 53, 93, 114, 118, 125, 188, 239, 247, 248, 249, 253, 255, 266, 270 Perry, B. M. 213 Pines, S. 25 Pradeau, J.-Fr. 254, 258, 264, 265 Praechter, K. 3, 9 Rashed, M. 27, 54, 93, 203 Reis, B. 14 Richard, M. 18 Romano, F. 65, 68 Saffrey, H. D. 7, 9, 10, 23, 80, 128, 129, 138
297
Sambursky, S. 165, 173 Schrenk, L. P. 157 Sedley, D. 175, 180 Segonds, A.-Ph. 9-10, 14 Sonderegger, E. 84, 85, 98 Sorabji, R. 29, 128, 134, 152, 154, 188 Spengel, L. 243 Steel, C. 1-2, 145 Stevens, A. 211, 212, 213, 226, 227 Tannery, P. 19, 20 Tarn, L. 211 Tardieu, M. 19-21 Thiel, R. 20, 21, 27 Tsouyopoulos, N. 127 Verrycken, K. 20, 24, 27-37 Vitelli, H. 59, 84 Watts, E. 8, 18, 21 Wehrli, F. 243 Westerink, L. G. 9, 10, 14, 21, 24, 27, 80, 128, 129, 138 Wiesner, J. 73 Wildberg, C. 9, 21, 25, 27, 37, 88, 130, 188, 200 Wolff, M. 188, 193 Wolska-Connus, W. 25
Index des noms anciens Adraste 43, 48-50, 51, 66, 71, 74 Agathias 18, 19 Aidsios 79 Alexandre dAphrodise 1, 42, 43, 44, 49, 50, 54, 56, 58-64, 65, 66-68, 70, 71, 72, 74, 75, 93, 109, 114, 120, 122, 199, 203, 246 Ammonius, fils dHermias 2, 7, 8, 12, 16, 17, 18, 22-30, 40, 43, 44, 49, 56, 57, 60-64, 65, 66, 69, 78, 79, 80, 96, 149, 175-176, 186-187, 197, 199, 202 Anaxagore 33, 76, 94, 96-98, 207, 208, 209, 217, 218 Anaximandre 74, 77, 90, 94, 97 Anaximne 65, 94, 97, 208 Andronicos de Rhodes 49, 66, 71, 74, 203
Archlaos 77, 94, 208 Asclpius de Tralles 61 Aspasius 43, 50, 56, 60, 66, 70 Bothos 66, 70-71, 203 Chosros 18, 19, 21 Damas 49, 74 Damascius 8, 16, 18, 19, 21, 78, 79, 136, 147, 150, 151, 152, 156, 161-162, 166, 168, 170-174, 181, 197 David 23, 57, 203 Dmocrite 77, 94, 97, 159, 208 Dercyllide 77 Diogne dApollonie 75, 80, 94, 208 Diogne Larce 11
298
Indices
lias 23, 57, 199, 203 Empdocle 76, 94, 96-98, 208, 218 Eudme 48, 49, 72-74, 153 Eudore 77 Eutocius 27 Hraclite 77, 94, 97, 208, 219 Hermias 9 Hermodore 77 Hirocls 9, 12 Hippasos 94, 208 Hippon 94, 208 Isocrate 12 Jamblique 14, 42, 44, 50, 57, 66, 78, 79, 80, 165-167, 168, 171, 173, 197 Justinien 8, 19, 20, 21 Leucippe 77, 94, 97, 208 Maxime dphse 66, 70, 79 Mlissos 76, 94, 96, 98, 100, 101, 211, 218 Mtrodore 94 Modratus 77, 128, 136-138, 197
100, 102, 104, 106, 107, 109, 114-124, 131, 132, 134, 135, 136, 138, 140, 141, 148, 151, 167, 196, 197, 199, 201, 207, 208, 209, 218, 219, 223, 261, 262, 268, 273 Plthon 95 Plotin 50, 78, 107, 132-134, 235, 238 Plutarque dAthnes 8, 9, 80 Porphyre 9, 10, 49-50, 58, 65, 66-69, 70, 71, 72, 74, 75, 77, 78, 79, 132, 136138, 197, 199, 203, 235, 236, 237, 238 Psellos, Michel 203 Priscien de Lydie 1, 18, 21 Priscus 79 Proclus 8, 10, 14, 15, 27, 37, 38, 42, 57, 58, 60, 78, 79, 80, 89-90, 92, 107, 115, 127, 128, 130, 131, 134, 136, 140, 141, 145, 147, 148-149, 152, 157-158, 161, 197, 199, 207, 209, 258 Pseudo-Archytas 66, 78, 173 Socrate 219 Stphanos dAlexandrie 2, 12, 23, 24, 57 Straton 72, 74, 159, 181, 183, 184, 197 Syrianus 8, 15, 42, 44, 57, 60, 66, 69, 79, 80, 243
Nicolas de Damas 49, 74 Olympiodore 12, 23, 24, 27, 40, 49, 56, 57, 199, 203 Orphe 109 Pachymre, Georges 203 Parmnide 75, 76, 80, 86, 87, 90, 94, 9698, 100-108, 196, 201, 211, 213, 218 Pricls de Lydie 128, 129, 131, 138, 232 Photius 9, 203 Platon 9, 10, 14-15, 17, 37, 42, 43, 44, 45, 55, 86, 87, 88, 89, 90, 92, 94, 96, 97,
Thals 77, 90, 94, 97 Thophraste 48, 49, 65, 72-74, 77, 93, 95, 151, 152-154, 165-167, 168, 169, 174, 179, 184, 197, 209 Thmistius 59-60, 61, 65, 66-67, 69, 70, 71, 75 Time (le Pythagoricien) 96, 97, 218 Xnophane 65, 73, 74, 77, 90, 94, 96, 218 Znon dle 75, 76
Index des passages cits Agathias Historiae 80.5-82.16 : 18, n. 37 81.15-19 : 19, n. 43
Alexandre dAphrodise De fato 174.1-3 : 109, n. 43 In Anal. pr. 31.4 : 72, n .26
Indices
In De sensu 113.5-6 : 50, n. 46 In Metaph. 1.3-2.2 : 62-64 9.19-10.13 : 64, n. 86 239.34-240.29 : 64, n. 86 276.9-10 : 56, n. 63 276.27-28 : 56, n. 63 331.9-10 : 56, n. 63 Ammonius In Cat. 8.13-15 : 56, n. 66 8.11-19 : 197 et n. 2 79.25-80.1 : 29 et n. 91 Anonyme Prolegomena 26.13-44 : 14, n. 23 Aristote Anal. post. I 22, 83a 32 : 29, n. 86 De anima II 2, 413a 20-21 : 144, n. 133 II 7 : 280, n. 10 Metaph. A 3, 983b 6 : 89, n. 1 Meteor. I 1, 338a 20-339a 10 : 13, n. 22 Phys. I 1, 184a 12-14 : 53, n. 53 I 2, 184b 15-25 : 85 ; 93 I 2, 185b 5-25 : 100 I 5, 188a 27 : 60 I 6, 189a 13-14 : 60 I 7, 189b 31-32 : 13, n. 21 I 7, 191a 7 : 134 ; 234, n. 9 I 7, 191a 7-18 : 128 II 1, 192b 8-193a 9 : 147 II 1, 192b 8-22 : 245, n. 21 II 1, 192b 20-23 : 141, n. 128 II 1, 192b 22 : 247, n. 28 II 1, 192b 34 : 247, n. 29 II 1, 193a 9-11 : 141, n. 124 ; 240, n. 4
299
II 1, 193a 9-b 21 : 240, n. 1 II 1, 193a 13-18 : 241, n. 5 II 1, 193a 30-31 : 141, n. 125 ; 241, n. 6 II 1, 193b 5-6 : 141, n. 126 ; 241, n. 7 II 1, 193b 12-13 : 141, n. 127 ; 242, n. 10 II 2, 193b 22-23 : 139 et n. 117 II 2, 193b 35 : 124, n. 87 II 2, 193b 35-194a 1 : 114, n. 53 II 5, 196b 10-13 : 254, n. 10 II 6, 197b 29-30 : 253, n. 3 III 1, 200b 32-201a 3 : 114, n. 53 III 1, 201a 10-11 : 115, n. 57 ; 121 III 1, 201a 25-26 : 120 III 1, 201a 27-29 : 121 III 5-6, 205b 24-206a 25 : 125 III 5, 205b 35-206a 2 : 33 III 6, 206a 9-10 : 125 et n. 88 IV 1, 208b 1-2 : 154, n. 164 IV 3, 210b 22-27 : 34 IV 4, 210b 32-211a 2 : 153, n. 158 IV 4, 211a 29-31 : 35 IV 4, 211a 36-b 1 : 36 IV 4, 211b 5-212a 7 : 31 IV 4, 211b 6-9 : 156, n. 169 IV 4, 211b 14-29 : 159, n. 178 ; 176 IV 4, 211b 19-23 : 157, n. 173 IV 4, 212a 6-7 : 154, n. 162 IV 4, 212a 14-16 : 153, n. 160 IV 4, 212a 20-21 : 152, n. 155 IV 5, 212b 8-10 : 153, n. 161 IV 6, 213a 27 : 31 IV 8, 215a 14-19 : 188 et n. 247 IV 8, 215a 15 : 279, n. 8 IV 8, 215a 15-17 : 279, n. 9 IV 8, 215a 24-b 22 : 192, n. 254 IV 8, 215b 22-216a 11 : 192, n. 255 IV 8, 216a 11-21 : 192, n. 256 IV 9-10, 217b 32-218a 31 : 171 IV 10, 217b 32-33 : 173 et n. 218 IV 10, 218a 11-14 : 23, n. 59 IV 11, 219a 23-b 2 : 171, n. 211 IV 11, 219b 1-2 : 169, n. 205 IV 12, 220b 5-10 : 171, n. 211 IV 12, 220b 32 : 169, n. 205 IV 12, 221a 4-5 : 169 V 1, 225a 6-7 : 117, n. 60 V 1, 225a 14 : 118, n. 62 V 1, 225b 1-5 : 117, n. 61 V 6, 231a 5-17 : 67 VIII 4, 255a 5-7 : 247, n. 30
300
Indices
VIII 5, 257a 33-258b 10 : 120 VIII 5, 257a 33-b 1 : 268, n. 14 VIII 5, 258a 18-20 : 120 et n. 70 Asclpius In Metaph. 5.33-7.18 : 62-64 15.17-16.16 : 64, n. 86 77.27-28 : 57, n. 70 155.27 : 64, n. 87 212.30 : 64, n. 87 227.38-228.33 : 64, n. 86 311.27 : 64, n. 87 Aspasius In Ethica 150.9-10 : 56 Damascius De principiis I, 38.12-14 : 136, n. 111 ; 239, n. 24 I, 51.2-4 : 246, n. 26 II, 199.4-5 : 250, n. 42 III, 123.16-17 : 251, n. 42 Hist. philos. § 102 : 8, n. 6 In Parm. I, 72.4-6 : 136, n. 111 III, 50.23-25 : 147, n. 143 ; 250, n. 41 III, 52-10-16 : 147, n. 143 ; 250, n. 41 IV, 72.5-6 : 239, n. 24 Diogne Larce Vitae philos. II, 22, 6-8 : 219, n. 40 lias (David) In Cat. 107.24-26 : 10, n. 11 115.20-116.4 : 40, n. 8 118.25-31 : 12, n. 16 Hermias In Phaedrum 202.25 : 57, n. 70 Jean Malalas Chronographia XVIII 47 : 8, n. 7
Olympiodore In Gorgiam 199.8-10 : 24, n. 65 In Meteor. 1.18-2.19 : 13, n. 20 3.34 : 13, n. 22 3.34-4.15 : 13, n. 20 4.5 : 12, n. 18 7.12-14 : 49, n. 42 Philopon De aet. contra Proclum 364.5 : 149, n. 149 405.8-12 : 32, n. 99 ; 130, n. 102 410.1-3 : 130, n. 103 412.15 : 239, n. 25 413.24-414.5 : 130, n. 103 579.14-15 : 18, n. 39 In Anal. post. 179.10-12 : 26, n. 79 242.142-243.25 : 28 243.13 : 29, n .86 265.7 : 26, n. 79 In Cat. 6.30-35 : 32 et n. 100 ; 198 et n. 3 7.1-3 : 38, n. 1 8.7-11 : 39, n. 2 133.1-4 : 29 et n. 90 In De gen. et corr. 1.5-2.20 : 13, n. 20 ; 40, n. 8 1.5-8 : 45 et n. 23 1.13-23 : 43 et n. 17 1.19-20 : 17, n. 32 2.9-18 : 40, n. 7 2.14-17 : 42, n. 11 2.19-20 : 41, n. 10 276.13-14 : 57, n. 70 277.5 : 56, n. 66 In Meteor. 2.12-20 : 13, n. 20 3.26-4.18 : 13, n. 22 3.28-30 : 48, n. 35 4.30-31 : 49, n. 42 35.18-19 : 25, n. 72 78.31 : 56, n. 67
Indices
In Phys. 1.3-2.16 : 13, n. 20 1.10-15 : 40, n. 7 1.16-2.13 : 40, n. 6 1.22-23 : 39 et n. 3 2.7-12 : 42, n. 11 2.13-16 : 44, n. 22 2.16-21 : 48, n. 38 2.21-22 : 36, n. 106 2.21-29 : 47 et n. 31 2.25-27 : 36, n. 106 3.1-9 : 51, n. 47 4.8 : 65, n. 1 5.22 : 17, n. 30 49.23 : 17, n. 30 54.8-55.26 : 37, n. 109 ; 127, n. 96 55.24-26 : 26, n. 79 62.6 : 65, n. 1 62.30 : 17, n. 30 81.25 : 61, n. 83 81.26 : 17, n. 30 111.31 : 17, n. 30 117.24-118.1 : 61, n. 80 125.27-30 : 65, n. 1 129.14-18 : 61, n. 80 130.5-12 : 65, n. 1 132.11-14 : 61, n. 80 156.16-17 : 24, n. 69 ; 26, n. 79 175.26 : 56, n. 67 182.18-20 : 17, n. 30 191.9-192.2 : 37, n. 109 ; 127, n. 96 194.16-195.13 : 52, n. 50 197.30-198.8 : 147 et n. 145 197.34-198.4 : 148 225.4-226.11 : 124, n. 87 225.29-226.11 : 29 229.10 : 17, n. 30 250.28 : 24, n. 67 287.4 : 17, n. 30 339.10-340.13 : 52, n. 50 349.5 : 61, n. 83 356.8 : 61, n. 83 454.23-25 : 33 456.1-8 : 125 et n. 89 456.4-5 : 275, n. 2 456.17-458.31 : 37, n. 109 456.17-23 : 126 et n. 92 457.18-20 : 126 et n. 93 457.20-27 : 126 et n. 94 458.13-16 : 127 et n. 95
458.15-16 : 86 et n. 8 458.30-31 : 24, n. 70 459.1 : 86, n. 9 463.3-5 : 34 492.3 : 61, n. 83 515.25 : 17, n. 30 516.20 : 17, n. 30 520.29 : 17, n. 30 526.18-23 : 34 528.12 : 61, n. 83 536.3-8 : 34 539.5-6 : 35 542.16-20 : 35 542.34-543.4 : 35-36 546.14-17 : 36 552.10-13 : 31 et n. 93 555.25-27 : 31, n. 94 ; 33 557.10-14 : 176 et n. 224 557.17-558.3 : 177 et n. 226 558.3-10 : 177 et n. 227 559.7-18 : 178 et n. 228 563.27-567.7 : 179, n. 230 565.10-21 : 179 et n. 231 567.29-568.1 : 180 et n. 233 569.7-17 : 183 et n. 237 569.18-20 : 184 et n. 242 578.5-32 : 185 et n. 244 581.32-582.2 : 185 et n. 243 582.33-34 : 184 et n. 239 583.13-584.4 : 24, n. 64 ; 187 et n. 245 612.15-19 : 32 et n. 96 639.30-640.5 : 189 et n. 249 640.26-641.6 : 189, n. 250 641.13-28 : 189 et n. 251 642.3-9 : 190 et n. 252 650.27-651.4 : 36 et n. 107 675.12-676.3 : 191 et n. 253 676.5-22 : 192, n. 254 676.22-30 : 192, n. 255 676.30-677.8 : 192, n. 256 678.13-29 : 193 et n. 257 682.18-24 : 193 et n. 259 683.16-25 : 194 et n. 262 686.33-687.29 : 195 et n. 263 694.25-27 : 278, n. 5 703.16-19 : 23, n. 60 738.24 : 61, n. 83 745.20 : 61, n. 83 756.9 : 61, n. 83
301
302 854.14 : 61, n. 83 891.1 : 61, n. 83 Photius Bibliotheca 173a 37-39 : 9, n. 9 Platon Crat. 413a 7-b 1 : 231, n. 20 Parm. 142e-143a : 102 Phdre 245e : 143, n. 133 Soph. 244b-245e : 104 254d 4-5 : 259, n. 3 Tim. 29d 7-30a 6 : 138 ; 236, n. 16 51a 7 : 237, n. 17 52d : 132 53a-b : 132 Plthon Contra Scholarii 1.20-2.4 : 95, n. 15 Plotin Enn. II 4, 10, 5-11 : 134, n. 109 IV 7, 9, 23-24 : 248, n. 33 Porphyre Fragmenta 141bF : 65, n. 1 143F : 65, n. 1 In Harmonica 4.22-5.16 : 58, n. 72 96.1 : 50, n. 45 Vita Plotini 14.12-13 : 50, n. 45
Indices
Proclus In Alc. 11.14-21 : 14, n. 23 207.19-208.1 : 56, n. 65 In Euclidem 49.27-50.2 : 133, n. 107 In Tim. I, 1.24-4.5 : 89, n. 2 I, 2.11-15 : 207, n. 3 I, 2.29-3.7 : 92, n. 7 I, 2.29-3.16 : 209, n. 9 I, 9.31-10.5 : 140, n. 121 I, 10.6-13 : 140, n. 122 I, 10.25-11.23 : 148 I, 186.7 : 56, n. 65 I, 299.19-21 : 57, n. 70 In Remp. II, 311.10-13 : 147, n. 143 ; 250, n. 41 Inst. theol. § 21 : 136, n. 112 § 144 : 113, n. 50 Simplicius In Cat. 2.15-25 : 78, n. 50 2.18-19 : 50, n. 45 3.2 : 66, n. 2 3.14 : 18, n. 36 5.3-6.5 : 12, n. 16 7.23-32 : 198 et n. 4 7.29-32 : 114, n. 52 8.1 : 96, n. 17 8.9-13 : 38, n. 1 8.31-9.3 : 39, n. 2 10.8-10 : 67, n. 4 295.4-16 : 22, n. 57 350.10-352.21 : 173, n. 217 435.21 : 18, n. 38 In De caelo 1.24-2.10 : 42, n. 13 2.16-3.8 : 40, n. 8 2.16-3.12 : 13, n. 20 2.18-24 : 45, n. 26 2.22-23 : 47, n. 32 3.4-8 : 41, n. 11
Indices
3.8-10 : 52, n. 51 3.10-27 : 44, n. 20 4.27-5.4 : 44, n. 20 5.4-6 : 44, n. 20 5.35-6.4 : 13, n. 20 25.23-27 : 7, n. 4 26.17-19 : 7, n. 1 48.23 : 18, n. 36 84.11-13 : 17, n. 31 92.33-107.24 : 123, n. 84 102.16 : 18, n. 36 107.19-21 : 85, n. 4 119.7 : 26, n. 78 135.26-136.2 : 131, n. 104 159.3 : 7, n. 3 226.19-21 : 49, n. 39 271.18-21 : 78, n. 51 298.21 : 18, n. 36 336.29-337.1 : 59, n. 73 370.29-371.4 : 210, n. 1 462.20-24 : 8, n. 5 698.10 : 56, n. 68 In Ench. XXXV.394 : 18, n. 36 In Phys. 1.3-3.16 : 13, n. 20 1.3-5 : 40, n. 4 1.5-2.7 : 40, n. 5 2.8-3.12 : 40, n. 5 2.11-30 : 44, n. 20 3.6-3.10 : 41, n. 11 3.10-12 : 41, n. 9 3.13-19 : 45 et n. 24 3.25-32 : 46 et n. 29 3.32-4.5 : 47 et n. 31 4.5-7 : 47 et n. 33 4.8-11 : 47 et n. 34 4.11-16 : 48, n. 37 ; 74, n. 35 4.23-5.10 : 54, n. 58 5.10-21 : 54 et n. 59 5.27-29 : 53, n. 53 5.29-31 : 12, n. 16 5.32-6.3 : 53, n. 55 6.4-10 : 48, n. 37 ; 74, n. 35 6.10-30 : 52 et n. 48 6.36 : 90, n. 3 7.3 : 90, n. 4 7.10-15 : 90 et n. 5
303
7.19-8.9 : 91 et n. 6 7.27-34 : 122, n. 78 7.33 : 123, n. 81 8.7-9 : 271, n. 1 8.9-15 : 92 et n. 8 8.13-14 : 119, n. 68 ; 121, n. 74 ; 155, n. 168 ; 252, n. 1 9.7 : 73, n. 30 9.7-10 : 65, n. 1 20.19 : 73, n. 30 22.13-19 : 93, n. 10 22.20-21 : 93, n. 11 22.22-28.31 : 93 22.26-30 : 210, n. 2 22.30-23.14 : 73, n. 33 23.14 : 74, n. 38 27.2-28.3 : 208, n. 5 28.30-31 : 94, n. 13 28.32-29.5 : 95 et n. 14 29.3-5 : 85, n. 5 29.6-37.8 : 85 30.13-14 : 97, n. 18 30.14-16 : 226, n. 10 32.1-12 : 76, n. 45 34.28-29 : 76, n. 45 36.15-20 : 98 et n. 20 36.20-24 : 98 et n. 21 36.24-37.9 : 99 et n. 22 36.32 : 230, n. 17 37.2 : 230, n. 18 37.3-4 : 119, n. 69 37.6-8 : 230, n. 16 37.8-9 : 85, n. 6 39.10-12 : 212, n. 12 60.7 : 78, n. 54 60.27-31 : 73 et n. 29 61.1-68.32 : 73 73.2-5 : 68 et n. 6 80.15-17 : 67, n. 4 86.19-30 : 101 et n. 24 86.31 : 228, n. 13 87.1 : 211, n. 4 87.2-7 : 101 et n. 25 87.10 : 230, n. 19 88.8-11 : 102, n. 27 88.11 : 18, n. 36 88.11-20 : 103 et n. 28 88.22-29 : 104 et n. 29 88.30-33 : 104, n. 30 90.20-22 : 85, n. 7 ; 108 et n. 38
304 103.13-15 : 76, n. 45 107.12 : 73, n. 31 107.29-30 : 100, n. 23 111.17 : 18, n. 36 115.11-16 : 72, n. 28 122.33-123.1 : 71, n. 23 129.16 : 56, n. 68 131.12-16 : 70, n. 17 133.21-25 : 72 et n. 27 140.27-29 : 76, n. 44 142.28-31 : 104 et n . 31 144.11-24 : 105 et n. 32 144.25-28 : 76, n. 43 ; 108, n. 37 146.11 : 211, n. 4 147.12-16 : 106 et n. 33 147.17-148.11 : 106 et n. 34 148.11-13 : 107 et n. 35 148.22-24 : 16 et n. 29 149.11-18 : 74, n. 38 149.32 : 73, n. 32 151.20-30 : 74, n. 38 ; 76 et n. 42 154.14 : 73, n. 32 157.22-23 : 217, n. 27 181.10-19 : 77, n. 49 183.18-35 : 60, n. 77 188.32-189.1 : 65, n. 1 192.15-16 : 60, n. 78 192.22-23 : 61, n. 82 192.29-193.1 : 69, n. 14 193.1-7 : 61, n. 79 211.13-18 : 71, n. 21 222.29-225.20 : 114, n. 53 225.22-227.22 : 128 226.25-227.7 : 135 et n. 109 227.23-26 : 129 et n. 100 229.31-34 : 237, n. 18 230.15-33 : 133 et n. 106 230.34-231.20 : 137 et n. 114 230.34-35 : 197, n. 1 231.5-7 : 77, n. 48 231.37-232.6 : 138 et n. 116 232.30-233.2 : 135 et n. 110 233.2-3 : 128 et n. 99 233.3-10 : 128 234.1 : 78, n. 50 247.30-248.1 : 77, n. 47 256.31-34 : 77 et n. 46 262.31-263.4 : 247, n. 33 269.10-17 : 69, n. 14 277.24-27 : 241, n. 9
Indices
282.31-283.2 : 139 et n. 118 283.2-6 : 141 et n. 123 284.19-21 : 142 et n. 129 284.25-28 : 142 et n. 130 285.30-32 : 140 et n. 120 286.12-19 : 143 et n. 132 287.1-4 : 144, n. 134 287.9-11 : 144, n. 135 287.12 : 144 et n. 136 287.13-23 : 144 et n. 138 288.33-35 : 145 et n. 140 288.33-34 : 197, n. 1 289.9-25 : 146 et n. 141 289.25-35 : 146 et n. 142 295.12-299.12 : 114, n. 53 327.15-18 : 253, n. 6 329.14-20 : 67, n. 4 332.20-22 : 68 333.2-5 : 109, n. 43 333.7-17 : 109, n. 43 356.31-357.1 : 109 et n. 42 357.1-4 : 110 et n. 45 358.25-26 : 253, n. 6 359.4-11 : 111 et n. 47 359.11-16 : 111 et n. 46 359.11-359.27 : 112 et n. 48 359.30-360.14 : 112 et n. 49 360.27-37 : 113 et n. 51 377.25-26 : 79, n. 57 398.32 : 78, n. 52 404.16-21 : 115 et n. 55 406.12-16 : 116 et n. 58 412.31-413.11 : 73, n. 31 420.28-421.1 : 263, n. 2 421.3-422.9 : 114, n. 53 ; 120, n. 71 422.4-9 : 260, n. 10 426.22-29 : 115, n. 57 426.23-24 : 260, n. 8 428.5-12 : 117, n. 59 440.12-15 : 71, n. 24 453.30-454.19 : 78, n. 53 461.10-11 : 100, n. 23 487.18-19 : 100, n. 23 489.20-22 : 75, n. 41 530.9-16 : 75, n. 40 540.3-542.14 : 114, n. 53 566.18-20 : 72, n. 26 577.37-578.5 : 160 et n. 183 592.6-10 : 70, n. 15 601.12-13 : 84, n. 2
Indices
601.13 : 18, n. 36 601.20-24 : 158, n. 177 604.5-11 : 152 et n. 156 606.32-34 : 153, n. 160 607.25-30 : 154, n. 165 611.10-13 : 157, n. 172 614.12-13 : 156, n. 170 614.20-615.4 : 157, n. 175 617.33-618.5 : 158 et n. 176 618.16-25 : 158, n. 177 618.20-25 : 183 et n. 238 618.26-28 : 15, n. 24 621.1-3 : 159, n. 179 621.9-16 : 159 et n. 181 624.17-20 : 161 et n. 184 625.4-32 : 161 et n. 185 625.9-10 : 170, n. 207 625.27-29 : 170, n. 208 626.8-12 : 164 et n. 188 626.13-15 : 171 et n. 210 626.17-28 : 164 et n. 189 629.13-639.9 : 164, n. 190 634.13-24 : 163, n. 187 636.34-637.21 : 163, n. 187 639.10-13 : 165 et n. 191 639.13 : 73, n. 30 639.18-22 : 165 et n. 193 639.22-24 : 78, n. 55 640.12-18 : 166 et n. 196 640.26-641.10 : 163 et n. 186 641.5-7 : 238, n. 20 641.23-27 : 167 et n. 198 642.31-34 : 167, n. 201 643.5-7 : 167, n. 199 643.12-13 : 167, n. 200 644.4-9 : 168 et n. 202 693.11-13 : 74, n. 34 700.20 : 78, n. 50 702.19-21 : 78, n. 55 706.25 : 78, n. 52 717.21-718.12 : 114, n. 53 735.17-736.1 : 170 et n. 206 759.18-21 : 71, n. 22 762.29 : 18, n. 36 766.16-19 : 71, n. 20 773.8-15 : 108, n. 42 773.8-19 : 168 et n. 203 775.31-35 : 172 et n. 212 775.32-33 : 19, n. 41 784.2-14 : 172 et n. 213
784.17-22 : 173 et n. 215 785.9-10 : 172, n. 214 785.14 : 78, n. 50 786.11 : 78, n. 50 ; 78, n. 54 786.11-788.32 : 173, n. 217 787.4 : 78, n. 54 790.30 : 78, n. 52 792.20 : 78, n. 54 793.23-24 : 78, n. 55 796.27-28 : 174, n. 219 798.20-26 : 174, n. 221 798.26-799.8 : 174, n. 220 801.13-16 : 48, n. 37 802.7-13 : 50 et n. 44 ; 68, n. 8 802.10 : 48, n. 37 821.12-23 : 118 et n. 63 821.21-22 : 118, n. 64 821.22-23 : 118, n. 65 821.27-32 : 119 et n. 66 860.19 : 73, n. 30 860.27 : 73, n. 30 916.11-14 : 74, n. 34 918.11-15 : 66 918.12-14 : 68, n. 9 923.7-924.23 : 48, n. 37 ; 74, n. 35 923.7-16 : 49, n. 41 924.12-14 : 49, n. 41 924.17-18 : 73, n. 30 964.29-30 : 72, n. 25 964.30 : 73, n. 31 986.5 : 73, n. 31 991.27-29 : 72, n. 25 1040.16 : 18, n. 36 1051.9-13 : 69 et n. 11 1072.8 : 78, n. 52 1079.12 : 78, n. 52 1118.3 : 18, n. 38 1129.29-1152.19 : 86 1133.9 : 7, n. 3 1146.27 : 18, n. 38 1154.3-1156.3 : 114, n. 53 1156.28-1169.9 : 86 1169.7 : 18, n. 38 1171.30-1182.39 : 86 1175.32 : 18, n. 38 1178.36 : 18, n. 38 1206.27-28 : 73, n. 30 1219.2-7 : 75, n. 39 1236.1 : 73, n. 30 1248.21-31 : 120 et n. 72
305
306
Indices
1249.12-17 : 120 et n. 73 1249.17-35 : 121, n. 75 1250.22-26 : 121 et n. 76 1292.11-16 : 67, n. 5 1317.6-7 : 79, n. 57 1326.38-1340.8 : 86 1330.2 : 18, n. 38 1333.34 : 18, n. 36 1335.1 : 18, n. 38 1355.32-36 : 72, n. 28 1359.5-8 : 122 et n. 79 1359.8-23 : 123, n. 80 1359.14-18 : 123 et n. 85 1359.23-30 : 123, n. 82 1359.38-1360.13 : 124 et n. 86 1360.17-18 : 123, n. 83 1360.24-1363.24 : 122, n. 77
1363.8-12 : 78, n. 51 1363.25-1366.22 : 122, n. 77 1363.28 : 18, n. 36 [Time] De nat. mundi et an. 206.9 : 234, n. 9 Thmistius In Phys. 26.12-24 : 71, n. 21 91.10-16 : 125, n. 90 91.13-14 : 274, n. 1 91.14 : 276, n. 5 91.15-16 : 276, n. 8 104.14-22 : 75, n. 40 163.5-7 : 71, n. 20
Proposition de correction des textes grecs Alexandre dAphrodise In Metaph. 4.3 : 63, n. 84 Philopon In Phys. 558.1 : 177, n. 226 639.19 : 277, n. 3 640.14 : 278, n. 6
Simplicius In Phys. 88.12 : 103, n. 28 ; 222, n. 14 269.13 : 69, n. 14 284.14 : 242, n. 13 284.29 : 243, n. 15 285.3 : 243, n. 16 287.18 : 247, n. 32 406.2 : 261, n. 13 640.34 : 163, n. 186