ETUDES DE NUMISMATIQUE CELTIQUE publiées sous la direction de Jean-Claude RICHARD
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ETUDES DE NUMISMATIQUE CELTIQUE publiées sous la direction de Jean-Claude RICHARD
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LES MONNAIES GAULOISES D'ARGENT DE LA VALLÉE DU RHÔNE PAR
Antonin DEROe Président honoraire du Groupe numismatique du Comtat et de Provence
Publié avec le concours du Centre National de la Recherche Scientifique
PARIS LES BELLES LETTRES 95. Boulevard Raspail
1983
VII
PRÉFACE A l'Ouest de la France, au milieu de notre siècle, le problème majeur relatif à la numismatique de l'indépendance gauloise demeurait celui du numéraire des Veneti, auxquels n'en était reconnu aucun. A l'Est du pays, un mystère entourait les monnaies au nom celtique de Caletedu joint au nom romain de Sulla, dites "incertaines de l'Est' dans les classements traditionnels. Au Nord, les émissions belges étaient attribuées avec un évident arbitraire aux cités mentionnées par César dans les Commentaires. Pour le Sud, les hypothèses concernant les divers groupes des monnaies dites "à la croix" manquaient trop souvent de bases solides. Dans une partie des terres méridionales, qui porte encore son appellation antique, la Provence, les difficultés n'étaient pas moindres. Privilégiée par sa situation géographique, au contact des dépositaires de la civilisation classique, Marseille et Rome, et le long du cours du Rhône sur plus de cinq cents kilomètres, cette terre demeura longtemps pour les numismates comme un tissu d'ignorance. Des savants ont dressé la carte des territoires du sud-est de la Gaule dans leurs limites traditionnelles. Néanmoins, les obscurités étaient telles chez les numismates qu'ils furent très souvent incapables de proposer le classement de numéraires bien connus au peuple émetteur. Tel était encore le cas naguère pour l'appartenance de la série des émissions de monnaies d'argent décrites sous l'appellation de "types au cavalier de la vallée du Rhône", la plus considérable cependant de tout notre Sud-Est par sa répartition et par son épigraphie. Un foyer d'études approfondies, le Groupe numismatique du Comtat fut fondé avant la dernière guerre sous l'impulsion de Pierre-Carlo Vian, l'un des plus érudits parmi les collectionneurs de monnaies gauloises. Avec l'aide des informations recueillies par ce pionnier, Antonin Deroc a oeuvré pendant des années à l'établissement du monnayage, toujours anonyme, au type dit du cavalier de la Vallée du Rhône ou au cavalier, par un souci d'abréviation. Sa clairvoyance lui permit de bonne heure de postuler toute sa valeur, à la période protohistorique de la Gaule rhodanienne, pour la Provincia Romana et pour les origines lointaines de la France. Avec perspicacité, il était animé par la conviction que cette masse de monnaies, "imitées des derniers consulaires au type des Dioscures", n'était pas un agglomérat "en déshérence", inconsistant et inexploitable, mais un des plus précieux ensembles monétaires de la période post-indépendante de la partie de la Gaule sujette à Rome, une source vive pour l'historien. En 1937, Pierre-Carlo Vian avait recruté Antonin Deroc, comme membre du Groupe numismatique du Comtat, qui devint, en 1970, le Groupe numismatique du Comtat et de Provence et dont Antonin Deroc assura la présidence de 1974 à 1977. A partir de 1976, après son départ à la retraite de fonctionnaire de haut rang dans l'administration du Trésor Public, il se voua tout entier, à plein temps, à ses recherches. Dès 1971, avec la co-signature de Pierre-Carlo Vian, Antonin Deroc publiait, sous le titre de Les monnaies gauloises d'argent de la vallée du Rhône, un exposé liminaire, avec les tableaux des trente-quatre trouvailles isolées et des trente-deux trésors, alors connus pour l'ensemble des monnaies et pas seulement pour les monnaies au cavalier. On y trouvait un essai de chronologie, avec les principaux jalons historiques, deux planches d'illustrations, une annexe métrologique et une annexe épigraphique (Cahier.
VIII numismatiques, 29, septembre 1971, p.69-93). Tout le livre de 1982 était en promesses dans l'article de 1971. Pendant plus de dix ans, Antonin Deroc a pioché d'arrache-pied pour s'informer de la manière la plus exhaustive. Le développement de son travail de chercheur nous a valu de beaucoup correspondre, car Antonin Deroc a toujours tenu à nous honorer de la primeur de ses constatations et de ses conclusions. Il les livre aujourd'hui au numismate pour ce qui regarde l'établissement des faits, à l'historien pour suggérer leur signification et leur portée. En présence de la carte de répartition des monnaies isolées et des dépôts ou trésors, on se demande quel peuple, au nord ou au sud du pays, a émis ces monnaies d'argent, qui circulèrent dans tous le domaine juxta-rhodanien de la Provincia Romana. L'hypothèse est peu probable d'une confédération entre la cité des Allobroges, celle des Cavares et les ethnies intermédiaires, Segovellauni, Tricastim~ entre autres. Il n'était pas de la politique de Rome de bénir des unions entre nations "barbares", des simpolities ou rapports organisés de clientèle, quelles que pussent être, au sein de son domaine colonial, les apparences de liberté dont elle affectait de leur octroyer les privilèges. Cependant, la monnaie n'est qu'un auxiliaire ordonné à l'économie. Elle n'obéit pas aux mêmes lois que la distribution des marchandises, car elle n'est pas objet de consommation. Par lui-même le flan de métal précieux est chose dépourvue d'utilité, si ce n'est pour la parure; mais il faut avoir à l'esprit que le phénomène monétaire échappe souvent aux ordonnances officielles, parce que le double cadre de l'économie et de la géographie s'impose à tous. Si, pour déterminer l'origine des monnaies au cavalier, l'organisation confédérale ne peut être envisagée, on sait d'autre part, que l'usage commun d'une monnaie est naturel, lorsque les flans sont d'une richesse et d'une valeur constante par l'alliage et par le poids. On sait encore que tel était le système en vigueur chez les participants de "la zone du denier" , qui groupait les Haedui, les Sequani, les Lingones et les Leuci. Leur monnaie respective était alignée sur l'étalon du denier romain, sous les espèces d'un denier de façon gauloise, parfois empreint au chiffre du denarius, correspondant sensiblement à la moitié de la masse théorique du modèle choisi pour prototype. L'initiative paraît remonter aux environs de l'année - 80. Le phénomène de l'union monétaire de fait contrastait avec la stagnation à l'intérieur des limites de chacune des cités voisines, lorsque le transfert des capitaux métalliques ne pouvait plus reposer sur l'identité de la valeur, soit en raison de l'instabilité métrologique, soit en raison des divergences de l'aloi. L'opération du change quotidien entre les porteurs perd de sa commodité lorsqu'il faut recourir à la balance et risquer les aléas d'un titre de fin aux variations difficiles à estimer. En ce cas, le gel de la circulation à l'intérieur des limites du peuple émetteur était la règle sans exception. Par corollaire, un marché commun antique n'avait aucune chance de s'établir ou de durer entre des nations aux monnaies disparates. Il n'est pas chimérique de défendre un schéma identique, pour les monnaies de la vallée du Rhône, entre - 75 et - 50, chez deux peuples d'inégale importance, les Allobroges et les Cavares. Les premiers étaient les plus forts, les plus entreprenants, les plus farouches aussi, mais comme sous l'aile de Rome, il était difficile de vivre en guerre et que le Rhône était la voie de tout commerce lourd ou de masse, il fallait collaborer pacifiquement dans les activités du négoce et du transport ou végéter dans l'asphyxie économique venant de la paralysie de la navigation.
IX Quant au payement des marchandises embarquées, il serait peu vraisemblable de supposer un recours au numéraire pour le commerce entre les cités, à la manière moderne, selon laquelle le règlement scriptural précède, accompagne ou suit de peu la livraison. Dès lors que les transports se pratiquaient par la voie fluviale, la monnaie intervenait modestement dans le trafic, qui n'était jamais à sens unique. L'exportation postule une importation équivalente en volume, sinon en valeur. Pour accessoire qu'elle fût, la monnaie était néanmoins nécessaire aux personnes appelées à se déplacer de plusieurs centaines de kilomètres sur une voie d'eau, à relâcher par conséquent en des ports appartenant à différentes cités. L'armement des chalands, l'entretien à quai, l'avitaillement, la paye des équipages, le règlement du service du fret proprement dit exigeaient des espèces monnayées, acceptées dans toutes les escales. On est donc obligé de conclure à la généralisation nécessaire de la circulation des numéraires existants et créés entre - 75 et - 50 et sans doute plus tard encore, sur les territoires contigus à la rive gauche du Rhône, depuis Genève jusqu'à l'espace contrôlé par Marseille. Les faits observés par Antonin Deroc nous en offrent la pleine confirmation. En évitant de confondre les enseignements objectifs du passé avec tout culte idolâtre de la "patrie", qu'il nous soit permis de considérer l'extraordinaire faveur du numéraire au cavalier de la Provincia Romana distribué à travers les pays juxta-rhodaniens sur la rive gauche et la discrète "traînée" vers le nord, chez les Sequani, les Aedui, les Lingones et même chez les Helvetii, vers l'est. Et nous nous demandons si cette communauté de fait d'une grande monnaie, juxtaposée à l'union monétaire de fait de la zone transrhodanienne, ne constitue pas le plus lointain prodrome du royaume de Lothaire, dont les chroniques de l'Occident européen devaient pendant des siècles relater les implications. Que cette idée ne soit qu'un rêve, il n'en revient pas moins à Antonin Deroc d'avoir apporté la pierre angulaire de l'établissement d'un des monnayages gaulois les plus chargés d'histoire, avec la solution d'une énigme séculaire. J.-B. COLBERT DE BEAULIEU
XI
AVANT-PROPOS Après la parution de notre première étude sur les monnaies gauloises d'argent de la vallée du Rhône (1), suivie de la disparition si rapide de notre vieil ami P.-C. Vian, qui avait mis libéralement à notre disposition son riche médaillier et diverses notes, nous avons continué à rassembler toute une documentation nouvelle sur ces monnayages. La renaissance, en 1970, du Groupe numismatique du Comtat et de Provence nous a permis de connaître de savants numismates, parfois doublés d'archéologues avertis, qui nous ont apporté une aide précieuse. En outre, de jeunes chercheurs, pleins de persévérence et de bonne volonté, nous ont signalé beaucoup de trouvailles nouvelles: nous avons pu ainsi noter les lieux des découvertes, examiner les pièces à loisir, les peser et parfois les photographier. Enfin, nous avons pris connaissance de plusieurs publications qui nous ont apporté des éléments de connaissance essentiels: - d'abord, une oeuvre maîtresse, qui était attendue avec une grande impatience, le Traité de Numismatique Celtique, Tome 1, de J.-B. Colbert de Beaulieu (2), qui traite de la méthodologie des ensembles et qui a été la clé de voûte de tous nos raisonnements; - ensuite, les études parallèles de Simone Scheers (3) de Jean-Claude Richard (4) sur les monnaies au cavalier, études précieuses auxquelles nous avons fait de larges emprunts; - enfin, un travail d'Andréa Pautasso dont une partie est consacrée aux monnaies du sud-est portant des légendes en caractères lépontiques (5). Les encouragements n'ont cessé de nous être prodigués. Nous avons d'abord une immense dette de reconnaissance envers J.-B. Colbert de Beaulieu qui nous a appris l'essentiel de ce que nous savons et qui a toujours suivi et guidé nos recherches avec une grande bienveillance. Sans lui, ce livre ne verrait pas le jour. Nous remercions vivement Jean-Claude Richard, Chargé de Recherche au Centre National de la Recherche Scientifique, qui a suivi de près nos travaux, pour son aide constante et si efficace, ainsi que Louis Chabot et Jean Charra pour leur aide particulièrement appréciée. Ensuite tous les chercheurs, que nous avons sollicités si souvent sur les points les plus divers et qui ont apporté chacun leur pierre à l'édifice: l'abbé P. Arnaud, R. Belin, CI. Boisse, P. Broise, F. Casado, G. Chapotat, R. Chareyre, C. Couderc, H. Desaye, tA. Dumoulin, Dr. Dupoux, L. Gauthier, G. Gentric, Y. Hugouvieux, J.-P. Joly, Ch. Kurtz, A. Leprince, Léon Michel, J. Prieur, Riquier, J. Rougier, t P.-C. Vian, Y. van der Wielen. Nos remerciements vont aussi à Georges de Loye, Conservateur du Musée Calvet et de la Bibliothèque d'Avignon, qui nous a permis de consulter le médaillier du Musée Calvet et qui nous a fourni, avec une bonne volonté inlassable, toute la documentation qui nous était nécessaire. Nous remercions au même titre M. Dubled, Conservateur de la Bibliothèque Inguimbertine de Carpentras. Nous ne saurions oublier enfin tous ceux à qui nous devons notre importante documentation photographique, d'abord et surtout Jean-Claude Richard, qui a été notre providence, ainsi que L. Chabot, G. Gentric, G. Chapotat, J. Charra, Clavaud, J.-P. Joly, G. de Loye, G.E. Reynaud, les numismates professionnels E. Bourgey de Paris et la Société Monnaies et Médailles de Bâle, sans oublier les Musées qui nous ont permis de publier les monnaies de leurs médailliers, d'abord le Cabinet des Médailles de Paris, ensuite le Musée Calvet d'Avignon, le Musée des Beaux-Arts de Lyon, le Musée Puig de Perpignan, le Musée de Bollène.
1NTRODUCTION
Les peuples celtes et celto-ligures du sud-est de la Gaule ont frappé des monnaies diverses qui se sont trouvées généralement mêlées dans les nombreux trésors disséminés le long du Rhône et de ses affluents de la rive gauche. Les monnaies au cheval, au bouquetin, à l'hippocampe et au cavalier ont de surcroît essaimé dans tout le sud-est et on les retrouve, plus ou moins nombreuses pratiquement sur tous les oppida importants de la région. D'autre part, si la rive gauche du Rhône est riche en trouvailles, la rive droite par contre en est dépourvue. Ces constatations ont dérouté les numismates du siècle passé qui ont étudié ces divers monnayages et proposé souvent des attributions changeantes, parfois aventureuses. A. Blanchet lui-même, dans son Traité des monnaies gauloises, est demeuré dans une prudente expectative: il a proposé d'attribuer aux Allobroges les pièces à l'hippocampe, seule attribution sur laquelle tous les numismates ont toujours été d'accord, et les pièces au bouquetin, avec quelques réserves toutefois. Tous les autres numéraires ont été classés par lui sous la rubrique générale "monnaies de la vallée du Rhône". Il nous a paru possible aujourd'hui d'ordonner ces diverses émissions, d'en faire une étude générale plus poussée et de proposer des attributions sérieuses. Ce sera l'objet de cette publications qui comprendra les chapitres suivants:
1. Classement typologique et description. Il. Fabrication des monnaies de la vallée du Rhône. III. Prototypes et homotypies de contiguïté. IV. Peuplement et événements historiques dans le sud-est de la Gaule. V. Dépôts monétaires et trouvailles. VI. Attributions. VII. Chronologie des monnaies de la vallée du Rhône. VIII. Autres monnayages d'argent de Provence.
3
CHAPITRE 1 CLASSEMENT TYPOLOGIQUE ET DESCRIPTION Les peuples de la vallée du Rhône ont frappé des monnaies de cinq types différents très caractérisés (6) : - les monnaies au buste de cheval; - les monnaies au cheval galopant; - les monnaies au bouquetin ; - les monnaies à l'hippocampe; - et les monnaies au cavalier. Nous allons créer, pour chaque tYpe monétaire, des classes pour les diverses variations observées, en donner la description détaillée, ranger ces classes dans l'ordre chronologique probable de leur apparition avec l'indication des modules moyens et des poids moyens des monnaies.
A. MONNAIES AU BUSTE DE CHEVAL Ces monnaies, qui sont rares, ont toujours suscité un grand intérêt en raison de leur sytle celtique très caractéristique et de la présence au revers de légendes en caractères qui ne se rencontrent habituellement que dans l'Italie du nord.
CLASSE 1 Droit: tête masculine (?) laurée à droite de style rude; le nez est long et triangulaire; l'aile du nez est représentée par un globule qui est parfois démesuré: l'oeil est globuleux; la pomme d'Adam, très marquée, arrive parfois à une dimension anormale de même que le menton (voir PLI, 15). D'autres fois, la bouche et le menton sont écrasés; l'oreille est ovale; la couronne est représentée par de petits v emboîtés les uns dans les autres; un collier (7) est figuré par un grènetis sur la tranche du cou en forme d'arc de cercle. Grènetis au pourtour. Rever. : un buste de cheval à droite, représenté le plus souvent en simple tracé linéaire sans relief et d'une façon très maladroite; le cheval n'est pas bridé; sa crinière, très schématisée, est rendue par de petits v accolés et bouletés (7) ; sur la joue du cheval, deux excroissances en forme d'olives parallèles; le muscle sterno-maxillaire, sur la partie antérieure du cou, est représenté par deux traits parallèles assez écartés; sous le buste de cheval, une légende, de gauche à droite, en caractères lépontiques dérivés des formes étrusques, qui se lit IAILKOVESI, IALKOVESI ou IALIKOVESI (8). M. Lejeune a supposé que les deux 1 initiaux pouvaient être des marques de ponctuation de la voyelle initiale (9), mais A. Pautasso a fait justement remarquer que ces deux 1 ayant la même hauteur que les autres lettres de la légende ne paraissent pas avoir été des signes de ponctuation (1 0). On signalera enfin que, sur un superbe exemplaire de la collection Danicourt è Péronne, la légende présente deux singularités: la quatrième lettre à un A grec et la lettre e comporte un point au centre (11). Un cercle plein au pourtour. Argent. Module: 14/16 mm. En ce qui concerne les poids moyens, on a constaté deux groupements :de 2,35 à 2,40 g. et de 2,50 à 2,60 g. BN. 2537-2543 (PLI et Il, 12 à 24).
4 Classe Il Monnaie analogue à la précédente. Droit: tête laurée à droite d'un style celtique trés schématisé; grandes mèches de cheveux dans le cou; sur certaines (PLII, 26), une boucle ondulée part de l'oreille en direction de l'oeil; pomme d'Adam marquée; maxillaire puissant; grènetis au pourtour. Revers: buste de cheval semblable à celui de la Classe 1; de l'exergue vers la droite légende KASIOS en caractères lépontiques. Sur de nombreux exemplaires, le dernier S est inversé et se trouve symétrique par rapport au premier. Sur quelques monnaies de cette classe, le buste de cheval a été gravé en relief par des artisans habiles (PLII, 33). Cercle plein au pourtour. Argent. Module: 14/15 mm. Poids moyen: 2,30 à 2,40 g. BN. 2524, 2528 2532, 2535 (PLII, 25 à 371. Les droits des exemplaires BN.2534 A et 2529, traités dans un style plus figuratif, assurent la liaison avec les pièces de la classe III (PI.II, 34 et 35). Classe III Autre monnaie à légende KASIOS, mais, au droit, la tête est d'un beau style figuratif et n'est pas laurée; la chevelure est bouclée, chaque boucle étant représentée par trois ou quatre tirets parallèles; sur les exemplaires usés, ces boucles ressemblent à des globules posés les uns à côté des autres; nous avons déjà signalé qu'au droit des statères de Lapte et de Saint-Uze, la chevelure bouclée est rendue de la même manière réaliste (12). Certains exemplaires sont de très belle facture et Allotte de la Fuye les qualifiait de "travail grec assez bon". BN. 2525 à 2527 (PLII et 111,38 à 471. Quelques exemplaires portent le buste de cheval à gauche et la légende KASIOS rétrograde: BN. 2533, 2534, et 2536 (13) (PI.I Il , 48 à 52); Modules et poids identiques à ceux de la classe précédente.
B. MONNAIES AU BOUQUETIN L'animal représenté au revers de ces espèces est indiscutablement un cervidé : il a en effet de longues cornes de forme souvent irrégulière avec deux renflements à peu de distance du front, une touffe de poils sous le menton et des sabots fourchus. Mais son identification est d'autant plus difficile qu'il n'est pas toujours représenté de la même manière. Cet animal a été appelé cerf par Ed. Lambert, bouc ou chèvre par Lagoy et de La Saussaye, chamois par Muret. Allotte de la Fuye voyait sur certaines pièces un bouquetin, sur d'autres une antilope et sur les divisions un daim (14). A. Blanchet pensait qu'il s'agissait d'un "animal cornu, probablement un bouquetin (15). Il s'agit bien d'un bouquetin femelle "CAPRA hircus" (16). Nous avons pu reconnaître trois classes de monnaies avec le bouquetin au revers:
Classe 1 Droit: tête laurée à droite de beau style, parfois un peu sévère; trois longues mèches de cheveux dans le cou. Grènetis au pourtour. Revers: bouquetin bondissant à droite rendu souvent d'une manière charmante; sous l'animal, une roue perlée à quatre rayons; devant le poitrail du bouquetin deux tiges (?) (17).
5 Cercle plein au pourtour. Argent. Module: 15 mm. Poids moyen: 2,35 à 2,45 g. BN. 2878 à 2883 (PI.III, 53 à 64). Certains exemplaires tardifs sont l'oeuvre de graveurs médiocres; quelques-uns sont fourrés. On connaît de rares divisions de cette classe; certaines sont l'oeuvre de graveurs de talent: Droit: tête laurée à droite très schématisée; les volutes de la chevelure rappellent le droit de certaines oboles de Massalia. Grènetis au pourtour. Revers: l'animal bondissant à droite est une biche ou un faon car il ne porte pas de cornes ; au dessus de la biche, une roue perlée à quatre rayons, au-dessous, une croix. Cercle plein au pourtour. Argent. Module: 10/11 mm. Poids moyen: 1,00 à 1,10 g. BN. 2884 (PI.V, 104 à 106).
Classe Il Ces monnaies, plus communes que celles de la classe l, et encore de beau style, portent au droit: une tête laurée à gauche dérivant nettement du type de la classe 1 et tout-à-fait semblable également à celle qui est figurée sur la drachme d'Avennio au sanglier (manière identique de rendre la chevelure en mèches courtes, l'oreille, les boucles de cheveux dans le cou). Bordure en grènetis. Rever. : bouquetin courant à gauche; au-dessous un rameau; devant le poitrail deux tiges l?l. Cercle plein au pourtour. Argent. Module: 14/15 mm. Poids moyen: 2,20 à 2,40 g. BN. 2888 à 2892 et 2896 à 2898 (PI. III et IV, 65 à 88). Ces monnaies sont plus légères que celles de la classe l, donc plus tardives. On en connaît un certain nombre qui sont fourrées. Le marquis de Lagoy avait publié une monnaie au bouquetin de la classe Il portant au dessous de l'animal au revers les lettres A V à l'emplacement où se trouve habituellement un rameau (18). Il avait attribué cette monnaie à Avennio, capitale des Cavares, en raison de la présence des deux lettres AV sur cette monnaie rencontrée souvent dans le Comtat. Mais de La Saussaye, après un examen attentif de la pièce, a reconnu que c'était une disposition particulière des feuilles de ce rameau qui produisait l'apparence des deux lettres(19).
Classe III Il s'agit des dernières émissions de ce type; leur style est beaucoup plus relâché. Si la tête laurée à droite est encore parfois bien représentée, l'animal du revers devient rapidement informe et ne ressemble plus guère à un bouquetin; il porte parfois une longue queue recourbée au dessus du dos et les cornes ont pratiquement disparu; sous l'animal. une croix plus ou moins grande, réduite parfois à une simple étoile. Ces monnaies ont des poids échelonnés de 1,65 à 2,44 g. avec un fort groupement de 2,25 à 2,30 g. L'ajustage des flans est très lâche. Argent. Module: 13/15 mm. Poids moyen: 2,20 à 2,40 g. BN. 2884 A à 2887 et 2899, 2900. (PI.IV et V, 89 à 103).
6 C. MONNAIES AU CHEVAL GALOPANT Ces monnaies peuvent être rangées en cinq classes.
Classe 1 Droit: tête laurée à gauche très proche de celle qui figure sur la drachme d'Avennio et en tout point identique à celle des monnaies au bouquetin de la classe Il : l'homotypie est complète (comparer PI.IV, 69 et PI.V, 113). Revers: cheval galopant à gauche très stylisé; la crinière est représentée par un grènetis ; bien que s'agissant d'animaux différents, ce cheval présente de nombreux points communs avec le bouquetin des pièces de la classe Il ; sous le cheval, une roue perlée à quatre rayons ;au-dessus, légende IAZUS en caractères lépontiques ; sur certains exemplaires, les caractères de cette légende sont dégénérés et difficilement lisibles. C'est probablement la raison pour laquelle cette légende a été interprétée de différentes façons dans le passé: IULlAS, IALlOS, SENAS, IENAS ; A. Blanchet optait pour la lecture IANOS (20) ; J.-B. Colbert de Beaulieu pense que la troisième lettre est "un dzéta en forme attestée dans nombre d'alphabets du nord de l'Italie, notamment dans les écritures d'Este et du groupe vénète" (21). M. Lejeune n'est pas certain de cette transcription et pense qu'il pourrait s'agir de la lettre d. D'autres lettres de la légende ont été interprétées de façons différentes (22). Argent. Module: 14 mm. Poids moyen. 2,25 à 2,35 g. BN. 2901 à 2111. (PI. V et VI, 107 à 124). Classe Il Droit: tête laurée à gauche d'un style souvent rude, imitée de celle figurant sur les pièces à légende IAILKOVESI ; grènetis au pourtour. Revers: cheval libre galopant à gauche; style celtique caractéristique; crinière représentée par un grènetis; au-dessus du cheval, un rameau ou une épée (?) ; les pièces de la classe Il sont nettement apparentées à celles de la classe 1. Cercle plein au pourtour. Les premières pièces de cette classe sont d'un style superbe, mais la dégénérescence est rapide et totale. Argent. Module: 13/15 mm. Poids moyen: 2,30 à 2,40 g. BN. 2637 à 2644 et 2893 à 2895. (PI.VI et VII, 125 à 1327. On connaît de rares divisions reproduisant exactement les mêmes types; Argent. Module: 9 mm. Poids: 100 g. (PI.VIII, 179). Classe III Droit: tête laurée à gauche imitée de fa précédente mais schématisation celtique très accusée; grénetis au pourtour. Revers: cheval galopant à gauche comme sur la monnaie de la classe Il ; au-dessus du cheval un rameau; au-dessous légende VOL. Cercle plein au pourtour. Argent. Module: 13/15 mm. Poids moyen: 2,30 à 240 g. BM. 2628 à 2635. (PI.VII, 153 à 164). Classe IV Mêmes types que ceux de la monnaie de la classe III, mais la tête laurée est plus schématisée encore.
7 Au revers, la légende VOL est portée au-dessus du cheval; au-dessous, une roue à quatre rayons. On connaît une monnaie de ce type portant la légende VOL rétrograde par suite d'une erreur dans la gravure du coin (23). Argent. Module: 13/15 mm. Poids moyen: 2,30 à 2,40 g. BN. 2620 à 2627 (PI. VIII, 165 à 1771. Classe V C'est de Lagoy qui, le premier, a fait connaître une pièce de cette classe (24). Droit: tête laurée à gauche, semblable à celle des classes précédentes. Revers: même revers, mais un rameau au-dessus du cheval et une roue à quatre rayons au-dessous. Argent. Module: 13 mm. Poids: l'unique exemplaire du Cabinet des Médailles (BN.2636) pèse 2,24 g et provient de la collection de Lagoy. (PI.VIII, 178). On connaît des divisions de monnaies de cette classe dont le droit est tout-à-fait semblable à la tête laurée des monnaies à légende IAZUS avec, au revers, le rameau et la rouelle (il y avait cinq de ces divisions dans le trésor de Tourdan). Argent. Module: 9/10 mm. Poids: 1,20 à 1,25 g. (PI.VIII, 180).
*** On ne saurait clore la classification des monnaies au cheval galopant sans examiner deux monnaies publiées par de Lagoy et attribuées par lui, la première aux Cavares et la seconde aux Vocontii (25). Ces monnaies ont été également publiées par de La Saussaye (26).
Droit: Cheval au galop à droite dont on ne voit que l'arrière-train; dessous CAV ; Revers: même type et même légende incus et en sens contraire. Monnaie fourrée et incuse. Poids: 1,75 g. La légende de cette monnaie, trouvée à Glanum, avait été lue CAV par de Lagoy qui aboutissait à une attribution aux Cavares et de La Saussaye partageait cette manière de voir. De Lagoy avait bien envisagé l'hypothèse, dans une publication ultérieure (27), qu'on pouvait se trouver en présence d'une monnaie au cavalier portant au revers la légende CAL (PI.X, 21 7) mais il revenait rapidement sur cette idée, pourtant exacte. En effet, il s'agit probablement de la monnaie BN. 5923 fort justement classée par E. Muret parmi les monnaies au cavalier. On signalera que, sur les monnaies au cavalier de la série BN. 5916 à 5926, la troisième lettre de la légende CAL est parfois penchée vers la gauche ce qui peut expliquer l'erreur de lecture de de Lagoy. 10
)
2 0 ) Droit: tête nue d'Apollon (7) à gauche, fortement décentrée à gauche. Revers: cheval galopant à gauche; au-dessus un symbole indéterminé; au-dessous VOOC. Argent. Poids signalé: 2,33 g (28). C'est probablement par erreur que de Lagoy situait cette monnaie au Musée Calvet d'Avignon, car sa trace n'a pu être retrouvée dans les inventaires. De Lagoy avait attribué cette pièce aux Vocontii en raison de la légende VOOC, attribution reprise et confirmée par
de La Saussaye (29). Bien que nous n'ayons pu
examiner cette monnaie, nous pensons,
d'après la gravure, que cette pièce est arverne (30).
8 D. MONNAIES A L'HIPPOCAMPE Classe 1 Droit: tête casquée à droite; le casque à cimier avec panache, souvent double, est stylisé; le guerrier porte parfois un torque autour du cou ;sur quelques exemplaires, le guerrier est en buste et cuirassé. A. Changarnier a publié un exemplaire de sa collection sur lequel le buste du guerrier a l'épaule nue avec derrière un carquois: ce type est imité de certaines drachmes légères de Massalia (317. Revers: hippocampe stylisé à droite (32). Cercle de grènetis au droit et au revers. Argent. Module: 13/14 mm. Poids moyen: 2,30 à 2,40 g. SN. 2913 à 2922 (PI. VIII et IX, 181 à 191). Le trésor d'Hostun comprenait trois très rares monnaies de cette classe portant la légende MIACO ou MUACO au droit et ADII au revers (33). Sur un de ces trois exemplaires le guerrier casqué porte une barbe (34). La SN. compte deux exemplaires de ce type (SN. 2918 et 2918 A). Poids: 2,39 et 2,40 g. (PLV"I, 186 et 187). Classe Il Mêmes types mais la tête casquée ainsi que l'hippocampe sont tournés à gauche. Les poids des monnaies de la classe 1\ sont légèrement inférieurs à ceux des espèces de la classe 1qui ont probablement été émises les premières (Poids moyen: 2,30 à 2,40 g.). SN. 2923 à 2930, 2932 et 2933 (PLIX, 192 à 205). Classe III Mêmes types mais la tête casquée est tournée à droite et l'hippocampe à gauche. SN. 2934 (PLIX, 206). Argent. Poids de cet exemplaire: 1,89 g. (monnaie fourrée). Classe IV Mêmes types mais la tête casquée est tournée à gauche et l'hippocampe à droite. SN. 2931 (PLIX, 207). Monnaie fourrée d'un poids de 1,70 g. Le trésor d'Hostun comprenait deux monnaies de cette classe (35). Les variétés des classes III et IV, fort rares, ont été probablement frappées au moment du passage de la classe 1à la classe Il, les ateliers étant encore pourvus à ce moment-là de coins des deux modèles. La rareté même des monnaies des classes III et IV prouve que la frappe des espèces des classes 1et 1\ n'a pas été concomitante, car s'il en avait été ainsi, les erreurs de couplage des coins auraient été forcément beaucoup plus nombreuses. Les monnaies à l'hippocampe sont l'oeuvre de graveurs médiocres et l'ensemble dégage une certaine monotonie.
E. MONNAIES AU CAVALIER Ces monnaies, qui ont fait l'objet de plusieurs études (36), sont maintenant mieux connues. Droit: tête casquée à droite, représentation formelle de la tête de la déesse ROMA figurant sur de nombreux deniers de la République romaine; casque ailé à visière recouvrant en partie la nuque; longues boucles de cheveux dans le cou; le cou est souvent paré d'un
9 collier (37) ; aucune marque de valeur derrière la tête; devant ou derrière, légende en caractères latins. Sur certaines pièces portant la légende AMBILLI EBUAO, le casque est arrondi sans ornement avec un panache très mince derrière; le personnage porte une longue tresse dans le cou (BN. 2715 à 2717). Grènetis au pourtour. Revers: cavalier galopant à droite la lance en arrêt; le plus souvent, la lance passe derrière le cou du cheval; le cavalier est coiffé d'un casque et porte une tunique flottant derrière lui. Dessous, une légende en caractères latins. Sur certains exemplaires, entre la légende COMA et le ventre du cheval une rouelle à quatre rayons. Grènetis au pourtour. Argent. Module: 14/15 mm. On constate deux groupements de poids principaux: - de 2,10 à 2,20 g pour les premières émissions; (BAI-COMA ..... ) - de 1,90 à 2,00 g pour les dernières (DUANACUS ..... ). Il est plus difficile de cerner la métrologie d'un ou deux groupes intermédiaires dont l'un, avec la légende EBUAO et DUANAC au droit, assure la liaison entre les deux groupes principaux. B.N. 5715 à 5779 et 5786 à 5944 (PLIX et X, 208 à 232). On connaît de rares divisions, imitées des oboles à la roue de Massalia, qui portent: Droit: tête nue à gauche; devant, légende DUAN ou DUANAC. Revers: AUSC dans les cantons d'une roue. Argent. Module: 7/9 mm. Poids très variables: de 0,15 à 0,43 g. BN. 5780 à 5785 (PLX, 233).
***
Le simple examen des monnaies qui viennent d'être décrites appelle quelques observations préliminaires. Les quatre premiers types de monnaies sont de facture et d'inspiration celtiques et, à côté de coins d'une qualité artistique remarquable, on en trouve d'autres qui sont l'oeuvre de graveurs très médiocres. Le cinquième type (les monnaies au cavalier) est d'inspiration nettement romaine. Une seconde remarque est que les Celtoligures ont frappé très peu de monnaies divisionnaires : les quelques-unes recensées sont d'une grande rareté. On peut donc penser que, dans le sud-est, l'économie était en cours d'évolution, du troc vers l'économie monétaire et que la vie urbaine, avec spécialisation des activités, était encore peu prononcée. On ne doit cependant pas négliger la présence dans la même région de nombreuses oboles de Massalia qui devaient suffire aux petites transactions. Enfin, les poids des monnaies dont il s'agit démontrent que ces espèces n'ont pas échappé à la dévaluation permanente constatée en Gaule. L'éventail des poids est plus ouvert pour les émissions anciennes ce qui est normal dans les ateliers où le personnel débutant n'avait pas encore acquis la technicité nécessaire. Sans aborder la chronologie exacte des émissions, on constate quatre groupements principaux de poids : - 2,40 à 2,50 g. : monnaies au buste de cheval et au bouquetin cL\ - 2,30 à 2,40 g : monnaies au cheval galopant, au bouquetin (cl.ll et III) et à l'hippocampe - 2,10 à 2,20 g : premières monnaies au cavalier 1,90 à 2,00 9 : dernières monnaies au cavalier. C'est certainement dans cet ordre que les monnaies ont été émises.
11
CHAPITRE Il FABRICATION DES MONNAIES DE LA VALLÉE DU RHONE A. TECHNIQUE DE FABRICATION Les monnaies de la vallée du Rhône ont été fabriquées d'après les procédés en usage à l'époque: la frappe au marteau à l'aide de coins de fer ou de bronze, probablement trempés, le coin de droit étant fixé à un socle, et le coin de revers, cylindrique ou conique, étant tenu à la main. Ce système entraînait une rotation plus rapide des coins de revers qui, recevant directement les coups de marteau, étaient sujets à des accidents plus fréquents (fentes et écrasements notamment). La technique de fabrication présentait cependant une particularité assez rare: les coins de droit portaient parfois deux gravures du type, et peut-être quatre, car on connaît bon nombre de monnaies au cheval galopant, et surtout au cavalier, avec l'empreinte de deux droits contigus (voir PI.V!, 128). Cette particularité technologique a été relevée sur d'autres monnaies gauloises (38). Tout permet de penser que les coins de droit portant plusieurs empreintes étaient beaucoup plus solides que les autres et avaient une durée prolongée. Le seul coin de monnaie gauloise d'argent de la vallée du Rhône parvenu jusqu'à nous est un coin de revers en bronze de la monnaie au cheval galopant sans légende. Sa provenance est malheureusement inconnue (39). Le métal utilisé pour la fabrication était d'excellent aloi et les dernières analyses effectuées le confirment (40). On trouve cependant quelques pièces fourrées dès les premières émissions de monnaies au buste de cheval. Les flans étaient fabriqués par fusion et étaient régulièrement arrondis (41). Les flans de forme carrée ou rectangulaire paraissant avoir été découpés à l'aide de ciseaux avant la frappe sont extrêmement rares: encore peut-il s'agir de quelques pièces des VolcBe refrappées par un des peuples de la rive gauche du Rhône. On peut donc admettre une taille des flans "al pezzo" et non "al marco" (42) : le tableau des poids, qui fait ressortir des ajustages assez précis, confirme cette technique. Les écarts les plus importants sont relevés pour les monnaies les plus anciennes et paraissent dus au manque de technicité des premiers ouvriers des ateliers gaulois au moment de leur création (43). Les ajustages les piUS précis sont ceux des monnaies à l'hippocampe, au cheval galopant et des monnaies au cavalier. Les flans étaient le plus souvent épais et courts: comme par ailleurs beaucoup de frappes étaient décentrées, il faut dans bien des cas plusieurs exemplaires se complétant pour reconstituer un type. Les' directions des coins de droit et de revers étant toujours irrégulières, on en déduira que les coins n'étaient pas reliés par un procédé mécanique. On signalera enfin que certaines monnaies portent sur une face l'image incuse de l'autre face (voir pl. Il, 32). Cet accident, qui affecte également un certain nombre de drachmes de Massalia, survenait lorsque, par inadvertance, un ouvrier laissait une monnaie fixée au coin mobile: à la frappe suivante, la pièce dont il s'agit jouait le rôle de coin de revers. Dans la fabrication des monnaies de la vallée du Rhône, l'influence des techniques massaliètes est très apparente: forme et épaisseur des flans, module, grènetis au droit, filet plein en léger relief au revers (44). Suivant la nature des métaux, la qualité des coins et de leur trempe, on pense que chaque coin pouvait servir à frapper de 5.000 à 10.000 monnaies (45).
12 En raison du nombre important de coins reconnus dans certaines émissions (monnaies au cavalier en particulier). on peut avoir une idée de l'importance de ces émissions sans pour autant avoir la prétention d'en apprécier le volume avec précision (46). L'élaboration de monographies très complètes permettra seule d'évaluer convenablement les émissions de monnaies de la vallée du Rhône.
B. POIDS ET ETALONS MONÉTAIRES Les problèmes métrologiques, qui sont à la base de la chronologie des émissions, sont extrêmement complexes, notamment pour les pays de Méditerranée occidentale, en raison de facteurs multiples bien mis en évidence par J.-C. Richard et L. Villaronga qui ont effectué une étude sérieuse sur les étalons monétaires en Espagne et en Gaule du sud antérieurement à l'époque d'Auguste (47). En ce qui concerne les monnaies gauloises d'argent de la vallée du Rhône, les difficultés proviennent principalement des dévaluations successives, souvent minimes et difficles à expliquer. Nous avons pu réunir les poids de 837 monnaies. Nous avons déterminé nousmême un grand nombre de poids et J.-C. Richard et L. Chabot nous ont apporté également un matériel important. Par suite d'incertitudes diverses, nous avons dû nous priver d'éléments métrologiques qui nous auraient été pourtant d'une grande utilité (48). D'autre part, nous avons éliminé volontairement les poids des monnaies fourrées qui risquent de fausser anormalement les statistiques: nous avons constaté en effet que l'âme d'alliage pauvre des monnaies fourrées est presque toujours très altérée, ce qui entraîne une perte de poids importante (49). Depuis la communication de notre documentation à J.-C. Richard et L. Villaronga, nous avons pu obtenir un certain nombre de nouveaux poids de monnaies si bien que nos conclusions peuvent être considérées comme mieux étayées que les précédentes. Nous n'avons apporté aucune correction aux données recueillies car nous pensons qu'il est impossible d'apprécier objectivement le frai (50). Les résultats seront donc approximatifs, surtout pour les séries comportant un nombre de poids assez faible (51).
*** Les étalons monétaires sur lesquels les monnayages du sud-est ont pu être alignés sont: - la drachme légère de Massalia, dont le poids moyen au début du Ile siècle variait de 2,60 à 2,70 g. ; - le denier romain réduit d'un poids moyen de 3,85 à 3,90 g. et le quinaire de 1,90 à 1,95 g. ; - enfin, le victoriat dont le poids à l'époque considérée varie de 2,40 à 2,80 g. (52) ; au Ile siècle av.J.-C., de nombreuses monnaies grecques d'argent en circulation avaient des poids voisins de celui du victoriat (Corcyre, Samos, Cnide, Rhodes, Corinthe... ).
*** Les résultats de nos travaux métrologiques sont résumés dans les tableaux et graphiques suivants: 1 0) Un tableau général des poids (Tableau 1) donnant, pour toutes les monnaies du sud-est de la Gaule, les poids rangés par échelon de 0,05 g., intervalle calculé, pour l'ensemble des monnaies de la vallée du Rhône, d'après la formule: Poids rn.x.-Poids min. divisé par la racine carrée du nombre d'ex. -1. J. Charra nous
13 ayant permis d'utiliser son exceptionnelle documentation métrologique, nous avons prévu, dans le tableau, une colonne pour les drachmes de Massalia de la série BN. 1180 à 1296, émises à la fin du Ile et au début du 1er siècle avant J.-C. Nous avons prévu égaIement une colonne pour les monnaies des cités alliées de Massalia (A venn;o, Glanon, Caeniea). Nous avons scindé les monnaies au cavalier en quatre groupes et nous donnerons in fine les explications relatives à la constitution de ces groupes classés dans l'ordre de leur apparition ; 2°) Des courbes de poids établies suivant des intervalles calculés d'après la formule susvisée (Figures 1 à 3) ; 3°) Enfin, un tableau donnant pour chaque type ou classe retenu (Tableau 2) : n : le nombre d'exemplaires de la série x : le poids moyen (53) M : le poids le plus fréquent n : l'écart-type qui rend compte de la fluctuation des poids par rapport à la moyenne x ; la courbe des poids étant supposée symétrique autour d'une médiane, l'écart-type est la moitié horizontale tirée de part et d'autre à partir du point où la courbe, ascendante ou descendante, change de sens. Statistiquement, on trouve au-dessous de la ligne des écarts-types, 16% des individus qui commencent et terminent une série: ils doivent être écartés. Les 68% restant forment le paramètre à utiliser pour les calculs entre les poids x-s et x+s (54). % six: pourcentage de l'écart-type par rapport au poids moyen. Plus l'écart-type sera faible, plus l'ajustage des flans aura été précis. La comparaison des données de ce tableau permettra de repérer des groupes d'ajustage pouvant correspondre à des ateliers différents.
TABLEAU 1 Tableau général des poids des monnaies gauloises d'argent de la vallée du Rhône
Poidl
plus de 2.79 g de 2.75 il 2.79 g de 2,70 il 2.74 g de 2,65 à 2.69 g de 2,60 à 2.64 g de 2,55 à 2,59 g de 2.50 il 2.54 g de 2,45 à 2,49 g de 2,40 à 2,44 g de 2.35 à 2.39 g de 2.30 il 2,34 g de 2,25 à 2,29 g de 2,20 il 2,24 g de 2,15 il 2,19 g de 2,10 à 2,14 g de 2.05 il 2,09 g de 2,00 à 2.04 g de 1,95 à 1.99 g de 1,90 à 1,94 g de 1.80 à 1.84 g de 1.75 à 1,79 g de 1.70 à 1.74 g de 1.65 à 1.69 g de 1,60 à 1,64 g de 1.55 à 1,59 g de 1.50 à 1,54 g o • 25 unités - - 5 unités 1 - 1 unité
DrlCh_ Monnai. Annnia Mlnnli. lU chivii dlM_1i1 bultl dl CheVI. Gllnon 1II1apint BI.118D Cuna , 1296 I6gendl 6gnnd Iéglnde In6pi- 16glndn IAIL- ~ASID! IAZUS grlph.. VOL. KOVESI
Monnlil' lU bouquetin CU
CUI
Mlnnlil' , l'hippoclmpl
CUII
CU
Monnli.. lU chevllilr
CUI
11r group!
4àm. grlupi
36ml groipi
2'ml groupl
"1111
---
....1111
-"III DI -III -III Il III Il
1 1 1 f
III
1111 III 1 1
1111 Il 1
III
1 1
-1111
Il -II
-"III
-III
-III 1111 1111 1111 Il 1
-1 III
-
--,
-II III 1111
1
III 1 1 -1 III III Il 1
1
1
--
-1111
Il III
1111
-1
Il
1 1
-II 1111 III
1
-1 -1 III
- -, 1 1
-
1 1
Il
1 1
1111 1 III III Il
-III III III 1111
Il
1
1
1 III -1111 -II Il 1
----
III
1
1
Il
1111
1
Il
1
1
1
Il
1 1 011 000""11 0"-11 --1111 "-1111 -1111 1111 1111 -II 1 III
Il Dol
III Il
1
1
Il
1
1 1
1 Il
1 ---1
---III
1 1111 Il
1 1 1 1
1 Il
1
1 Il Il 0 nll -1111 --II -II Il Il III
15
2
1 10 15 10
5
5
2,00
2,50
2,00
4
3
10
10
5
5
2,00
2,50
2,00
2,50
e
5 10
10
5
2,50
p2,00
2,50
Figure 1 : Courbes de poids: nO 1 :;:: Monnaies au nO 2 :;:: Monnaies au nO 3 :;:: Monnaies au nO 4 :;:: Monnaies au
n° 5
5
2,00
2,50
buste de cheval - Légende IAILKOVESI buste de cheval - Légende KASIOS cheval galopant - Légende IAZUS bouquetin - Classe 1
Monnaies au bouquetin - Classe JI
nO 6 = Monnaies au bouquetin - Classe III
16
7
B
20 10 10
2,00
2,50
2,50
2,00
9
10
10 5 5
1,00
1,50
11
2,00
2,50
2,00
2,50
15
10
10
5
5
2,00
~
2,50
Figure 2 : Courbes de poids : nO 7 Monnaies nO 8 Monnaies nO 9 Monnaies nO 10 Monnaies nO 11 = Monnaies nO 12 Monnaies
au cheval galopant anépigraphes au cheval galopant avec légende VOL. au bouquetin et au cheval galopant (Divisions). des cités alliées de Massalia (Avennio, Glanon, Caénica) à l'hippocampe - Classe 1 à l'hippocampe - Classe Il
17
100
13
14
50
150
25
2,00
1,50
2,00
1,50
15
1B 40
20 20 10
1,50
2,00
Figure 3 : Courbes de poids : nO 13 Monnaies nO 14 = Monnaies nO 15 Monnaies nO 16 = Monnaies
1,150
au au au au
cavalier cavalier cavalier cavalier
2,00
-
Groupe Groupe Groupe Groupe
1
Il III IV
18 TABLEAU 2 Tableau des poids moyens (x) et des écarts-types (s)
Types et classes
Massalia (drachmes)
n
x
Poids les plus fréquents M
s
% sIx
124
2,66
2,62
0,11
4,1 %
90
2,58
2,68
0,135
5,2 %
Buste de cheval IAILKOVESI KASIOS
21 43
2,435 2,35
2,56 2,38
0,125 0,10
5,1 % 4,2 %
Cheval galopant IAZUS anépigraphes VOL
39 51 30
2,20 2,30 2,32
2,30 2,37 2,38
0,13 0,10 0,08
5,9 % 4,3 % 3,4 %
Bouquetin CI. 1 CI. Il CI. III
37 40 22
2,305 2,175 2,155
2,47 2,33 2,35
0,165 0,165 0,195
7,15 % 7,6 % 9,00 %
Hippocampe CI. 1 CI. Il
24 36
2,33 2,30
2,38 2,30
0,05 0,06
2,1 % 2,6 %
Avennio, Glanon, CaenIca
20
2,21
2,25
0,14
6,3 %
Divisions (cheval et bouquetin)
16
1,10
1,25
0,15
13,6 %
2,15 2,15 2,045 1,855
2,20 2,20 2,15 1,95
BN. 1180-1296 Massalia (drachmes)
BN.1297-1461
Cavalier Gr. Gr. Gr. Gr.
1 Il III IV
183 105 57 101
0,05 0,045 0,115 0,105
2,3 2,1 5,6 5,6
% % % %
19 RÉSULTATS ET ENSEIGNEMENTS DE CHRONOLOGIE RELATIVE Première émission La monnaie du sud-est de la Gaule, la plus lourde, et partant, la plus ancienne, est la monnaie au buste de cheval à légende IAILKOVESI : 50 % environ des exemplaires recensés pèsent de 2,50 à 2,70 g. A l'origine, cette pièce était alignée sur la drachme légère de Massalia dont le poids était très voisin (2,60 à 2,70 g.). Deuxième émission Peu de temps après, cette monnaie paraît avoir fait l'objet d'une dévaluation (55) qui a ramené son poids à 2,35/2,40 g., en même temps qu'apparaissaient deux monnaies nouvelles du même poids: les monnaies au buste de cheval à légende KASIOS et les monnaies au bouquetin de la classe 1. Troisième émission Ensuite sont apparues, sans doute dans un délai assez court, et pratiquement sur les mêmes échelons de poids, (2,30 à 2,40 g.) les monnaies au cheval galopant, les monnaies au bouquetin des classes Il et III et les monnaies à l'hippocampe, qui ont constitué des monnayages importants. On constate donc que, dès la deuxième émission, l'étalon massaliète a été abandonné ;et toutes les espèces émises ont eu un poids comparable à celui du victoriat tardif (56). L'abandon de l'alignement sur la drachme légère de Massalia s'explique aisément: les deux groupes de monnaies étaient destinés à circuler dans des régions différentes et à jouer des rôles économiques différents. La drachme de Massalia n'a circulé que sur le domaine de Massalia où elle a servi de monnaie lourde, alors que l'obole, en raison de son faible poids, qui en faisait un diviseur quelconque, a essaimé largement vers le nord et l'ouest notamment (57). Les espèces indigènes n'ont circulé que dans la Provincia, au nord de la Durance. Les peuples du sud-est ne connaissaient qu'un début d'économie monétaire, ce qui explique la rareté des émissions de pièces divisionnaires (58) : nous connaissons cependant quelques rares monnaies au bouquetin et au cheval galopant dont les poids (de 1 ,00 à 1,20 g.) correspondent à la moitié du poids moyen des unités. Le tableau des poids moyens et des écarts-types fait ressortir que les monnaies à l'hippocampe ont eu les ajustages les plus précis (% six: 2,1, et 2,6 %). Ces pourcentages sont comparables à ceux qu'on relève dans les monnayages d'or. Les pièces au cheval galopant des classes Il à Vont encore un ajustage d'une très bonne précision: 3,9 %. Par contre, les espèces à légende IAZUS, les monnaies au bouquetin des trois classes et les divisions correspondantes ont un ajustage très lâche: de 6,2 à 15,2 %. Nous verrons par la suite que cet ajustage lâche paraît caractériser les produits de l'atelier d'Avignon alors que les ajustages les plus précis sont ceux des ateliers du nord de la Provincia. \1 est possible que la précision constatée dans les ateliers du nord soit le résultat de l'emploi d'ouvriers arvernes habitués au monnayage de l'or, par conséquent à une préparation très soignée des flans. Il est bien établi en effet que la précision dans la préparation des flans suit la valeur du métal monnayé (59).
Quatrième émission Les monnayages importants et divers dont il vient d'être question ont été remplacés brusquement par un monnayage unique, les monnaies au cavalier, qui, outre leur typologie nouvelle, ont un poids inférieur à celui des espèces précédentes; les premières monnaies au cavalier (BRI-COMA ... ) ont un poids moyen de 2,15 à 2,20 g.
20 Nous ne voyons qu'une seule explication à cette nouvelle dévaluation, les difficultés considérables de Rome en pleine guerre civile et la nécessité de tirer le meilleur parti possible d'une masse donnée d'argent (60).
Dernières émissions Nous classserons, le moment venu, les monnaies au cavalier en quatre groupes principaux. Si les monnaies des deux premiers groupes ont un poids moyen de 2,15 à 2,20 g., les pièces du troisième groupe (VIRODU-TUROCA, AMBILLI-EBURO, RICANT-EBURO, DURNAC-EBURO) sont un peu plus légères (Poids moyen de 2,04 g.) et les monnaies du dernier groupe (DURNACUS ... ) ont un poids moyen de 1,85 à 1,95 g. qui est très voisin de celui du quinaire romain. Les divisions de ces dernières pièces, inspirées des oboles massaliètes, ont des poids si différents qu'il est difficile de se prononcer à leur sujet. Ainsi, il apparaît que, de part et d'autre du Rhône, les peuples du sud-est d'une part et les Volcae de l'autre, ont commencé leurs émissions monétaires en alignant le poids de leurs espèces sur celui des drachmes des cités grecques avec lesquelles ils avaient des liens commerciaux étroits: Massalia pour les premiers, Rhodé et Emporion pour les seconds (61 ). Dans une Provincia unifiée sous le pouvoir romain, les différences de poids constatées, après plusieurs dévaluations successives (2,30/2,40 contre 3,20/3,40 g.), ne pouvaient que devenir très gênantes, et c'est pourquoi nous pensons que l'échelon de poids de 2,20 g, réduit peu après à 1,90 g., que nous trouvons de part et d'autre du Rhône, a dû être adopté dans l'ensemble de la Provincia vers 75 avant J.-C. ainsi que nous le verrons. Nous nous trouvons donc en présence de monnayages locaux particuliers qui ont suivi leur évolution propre pendant près de trois-quarts de siècle. Il est rationnel de donner aux monnaies antiques le nom qu'elles portaient à leur époque: denier, aureus, drachme ... Nous ne pouvons suivre cette règle en l'espèce car nous ignorons le nom qui était donné autrefois aux monnaies de la vallée du Rhône. Tout au plus peut-on, avec J.-B. Colbert de Beaulieu, appeler les monnaies au cavalier des deniers gaulois de poids faible en raison de leur typologie calquée exactement sur celle du denier romain (62).
C. QUALITÉS ARTISTIQUES DES MONNAIES Ce titre est en réalité ambigu car nous ne devons pas rechercher ces qualités artistiques au travers de notre jugement moderne mais bien dans le contexte antique. D'autre part, une question préalable se pose: les artistes qui ont gravé les coins des monnaies de la vallée du Rhône étaient-ils des Gaulois ou des Grecs? Certes, dans la grande majorité des cas, un simple examen des pièces lève le doute: ce sont bien des artistes indigènes qui ont produit les coins. Divers numismates du siècle dernier pensaient que les monnaies au buste de cheval de classe III étaient "d'un travail grec assez bon" : si l'examen du zroit de ces pièces peut prêter à doute, les revers, par contre, apparaissent comme des productions celtiques indicutables, oeuvres d'un artisan local habile, probablement formé à l'école grecque ou arverne (63). Par contre, nous pensons que les coins des premières monnaies au bouquetin de la classe 1 sont l'oeuvre d'un artiste grec: la pureté du profil, le modelé du visage, l'avancée du menton permettent même de penser que ces pièces sont l'oeuvre du graveur qui a produit les coins de la monnaie d'argent d'Avennio. La comparaison des monnaies PI. III, 93
21 et PL. XI, 239, plaide en ce sens. Mais la collaboration de ce graveur fut de courte durée car, rapidement, on reconnaît des coins de facture indigène (PUll, 64). certains même de qualité très médiocre, tel celui de la Bibliothèque Inguimbertine de Carpentras, fourré de surcroît. En ce qui concerne les monnaies proprement celtiques, on remarque, d'une manière générale, à côté de quelques pièces qui peuvent être placées aux premiers rangs des monuments de l'art celtique par la vigueur et la qualité de leur style (par exemple PI.I, 13, PI.VI, 126). beaucoup de monnaies qui sont l'oeuvre de graveurs très médiocres. Allotte de la Fuye pensait que ces différences de style caractérisaient des ateliers différents. Or, on peut faire des constatations analogues dans les émissions de monnaies de Massalia et nous pensons, avec H. Rolland, que "dans la plupart des émissions successives, les premières pièces d'un même type sont seules d'un style et d'une exécution soignés. Peu à peu, le renouvellement des coins, confié à des copistes inexpérimentés, amène une dégénérescence qui n'a de terme que le jour où un véritable artiste grave des poinçons nouveaux ..... (64) A. Furtwangler, dans son dernier ouvrage sur les monnaies du type d'Auriol. a, parmi d'autres mérites, celui d'avoir établi par la charactéroscopie, les capacités hétérogènes de l'artisanat local (65). Cette remarque concerne notamment les monnaies au buste de cheval, les monnaies au cheval galopant, les monnaies au bouquetin et les premières monnaies au cavalier à légende BRI-COMA, encore que, pour ces dernières, d'autres facteurs soient venus encore contribuer à la médiocrité des émissions ainsi que nous en traiterons plus avant. En ce qui concerne les monnaies à l'hippocampe, elles sont d'une qualité moyenne et uniforme. En pays cavare, le droit des monnaies est fortement influencé par la belle drachme d'Avennio et par certaines pièces arvernes. En ce qui concerne les monnaies au cavalier, l'influence romaine est très apparente. A ce stade des constatations, on peut penser que les ateliers gaulois de la vallée du Rhône, installés après 121, ont reçu des aides multiples en graveurs et ouvriers qualifiés au moins de Massalia et des Arvernes.
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CHAPITRE III PROTOTYPES ET HOMOTYPIES DE CONTIGUYT~ Les Celtes ont commencé leurs monnayages par des imitations de monnaies grecques : statères de Philippe, statères de Tarente, drachmes de Massalia, de Rhodé, d'Emporion ... Il est donc tentant de rechercher, pour toutes les monnaies gauloises, les pièces grecques qui ont pu en être les prototypes. On est même allé fort loin dans cette voie, oubliant que les artistes celtiques étaient capables de créations artistiques originales, remarquables, oubliant également que les graveurs de l'antiquité disposaient d'un "fonds commun" de motifs dans lequel ils puisaient à leur convenance (66). Enfin, sur les types retenus, se sont greffés souvent des emprunts homotypiques partiels et J.-B. Colbert de Beaulieu a fort bien résumé la situation après 1 21 av. J.-C. : "Lorsque, après 121, les ateliers régionaux succédèrent aux officines arvernes, le personnel artistique provenait nécessairement des structures en exercice en Gaule" ; "La nécessité était impérieuse de se distinguer pour s'identifier à soi-même dans tous les domaines, et par conséquent, dans celui de la monnaie" (67). Dans la vallée du Rhône, les emprunts furent plus complexes encore que dans la Gaule continentale car, aux influences arvernes, s'ajoutèrent celles de deux autres voisins: Massalia et les peuples de la vallée du Pô. C'est la raison pour laquelle, dans bien des cas, les emprunts homotypiques sont multiples et complexes. Trois séries monétaires de la vallée du Rhône portent, au droit, un tête laurée, différenciée, d'ailleurs, suivant les types et les classes: les monnaies au buste de cheval, les monnaies au cheval galopant et les monnaies au bouquetin. Peut-on identifier la monnaie qui a servi de prototype aux premières émissions, ou se trouve-t-on en présence d'une création celtique ordinaire? La réponse sera très nuancée. La plus ancienne monnaie de la vallée du Rhône portant une tête laurée au droit est la monnaie au buste de cheval avec la légende IAILKOVESI. Beaucoup de numismates ont retenu comme prototype la tête laurée d'Apollon de la belle drachme romanocampanienne (68) qui était sûrement connue des Gaulois du sud-est mais l'homotypie est seulement partielle: en effet, le personnage représenté sur la monnaie gauloise ne porte pas une longue chevelure bouclée tombant sur les épaules; par contre, le grènetis sur la tranche du cou ne peut être qu'un collier de perles, attribut d'un personnage féminin 7 Allotte de la Fuye, qui avait fait ses constatations, croyait y retrouver, très défiguré, le type de Diane des belles drachmes de Massalia (69). Cette observation est très judicieuse et la monnaie au buste de cheval rappelle sur certains points les premières imitations de beau style de la drachme lourde de Marseille: la comparaison des monnaies PI.I, 13 et PI.II, 25 en témoigne (70). Nous avons fait nous-même une observation de détail qui le confirme: sur certaines monnaies à légende IAILKOVESI, l'aile du nez est représentée par un globule qui tend parfois à une dimension excessive: or, cette anomalie se retrouve sur certaines des premières drachmes habituellement attribuées à la vallée du Pô (71). Ce détail suggérerait même la présence de graveurs de cette région dans certains ateliers gaulois du sud-est (72). Si ces premières imitations lourdes ont été émises en Provence, comme il est possible de l'envisager avec vraisemblance dès maintenant, l'emprunt homotypique n'en apparaÎtrait que plus naturel en raison des liens multiples ayant existé entre les Sal/uvii et les Cavares. D'un autre côté, les peuples de la vallée du Rhône connaissaient très bien les statères
d'or arvernes portant au droit la tête laurée d'Apollon et ont pu également s'en inspirer (73). A partir de là, les emprunts homotypiques se multiplient et se chevauchent.
24 Parmi les dernières monnaies au buste de cheval de la classe Il, nous avons découvert récemment un exemplaire du Musée de Lyon dont le droit est la réplique exacte de la tête laurée figurée sur un statère d'électrum de la vente E. Bourgey du 11 mars 1 981, nO 231 (PU, 10 et PLII, 36). Ce statère ne pouvant appartenir qu'à la première moitié du 1er siècle av.J.-C., un nouveau jalon chronologique apparaît, confirmé d'ailleurs par les constatations suivantes. Sur les monnaies au buste de cheval de la classe III, émises peu après, la chevelure bouclée du personnage au droit est rendue de la même manière réaliste que sur les statères d'or arvernes des trésors de Lapte et de Saint-Uze: les boucles, bien séparées, sont représentées chacune par trois ou quatre tirets parallèles et deviennent semblables à des globules sur les exemplaires usés (74). Cette manière de représenter la chevelure est typiquement arverne et on la retrouve sur des monnaies d'argent un peu plus tardives (comparer la monnaie PUll, 50 et LT.3794l. Ces constatations établissent donc que la tête laurée des monnaies au buste de cheval est une création celtique inspirée par plusieurs monnaies d'or et d'argent qui circulaient au même moment dans la vallée du Rhône. En suivant l'ordre chronologique des émissions, nous trouvons que la tête laurée des premières monnaies au bouquetin de la classe 1, tout en étant très proche par sa compositon d'ensemble de la tête laurée d'Apollon de la drachme romano-campanienne, est égaiement liée de très près à la monnaie d'argent d' Avennio au point que nous pensons que ces deux séries de pièces ont été l'oeuvre d'un même graveur et qu'elles ont été émises par un même atelier, celui d'Avennio. Ensuite, le droit des monnaies d'Avennio a été reproduit fidèlement sur les premières monnaies au bouquetin de la classe Il et sur les monnaies au cheval galopant avec la légende IAZUS (voir PLXI, 245 et PLlII, 67). Ces faits permettront d'envisager une datation sérieuse pour les monnaies d'Avennio. Les étapes de la dégénérescence se suivent ensuite aisément jusqu'aux dernières représentations qui ont parfois un aspect caricatural (PLV, 96 à 103). Parallèlement à cette évolution déjà complexe, des liens homotypiques particuliers relient les monnaies d'argent susvisées aux deux statères d'or bas trouvés à Anonnay (Ardèche), reproduits par LT.6066 et 6067 et par A. Blanchet (p.221, fig.64). Un de ces statères porte au droit une tête laurée qui est la réplique exacte du droit de certaines monnaies au bouquetin de la classe Il (PLI, 8 et PI.IV, 69 et 75). Un autre statère de même type de la collection P.-C. Vian porte, derrière la nuque, une boucle de cheveux en forme de crochet dirigé vers l'extérieur tel qu'il est figuré sur les monnaies au cheval galopant (PLI, 9). Les poids et la qualité très basse de l'alliage placent les statères d'Anonnay dans le premier quart du 1er siècle av.J.-C. : tout permet donc de penser que ces deux groupes de monnaies circulaient au même moment dans la vallée du Rhône. Cette diversité dans la manière de représenter une tête laurée montre la liberté avec laquelle travaillaient les artistes gaulois en même temps qu'elle reflète la circulation monétaire dans la vallée du Rhône au début du 1er siècle av.J.-C. (75). En ce qui concerne les revers des monnaies au buste de cheval, la situation est heureusement plus simple. Pour la plupart des auteurs, le buste de cheval figuré au revers des premières espèces est un emprunt aux didrachmes romano-campaniens. Rares sont ceux qui ont envisagé des emprunts aux tétradrachmes puniques (76) : et cependant, ces emprunts sont indéniables. Ainsi, nous avons signalé que, sur la plupat des monnaies au buste de cheval, on remarque sur la joue du cheval deux excroissances en forme d'olives parallèles: or, une telle particularité ne se rencontre nettement que sur certains tétradrachmes puniques (PLI, 2). En outre, par la composition d'ensemble, aussi bien que par l'attitude, le buste de cheval de la vallée du Rhône est très proche de certaines représentations puniques (PLI, 3).
25 Les graveurs du sud-est connaissaient donc les deux prototypes dont il s'agit et se sont inspirés des deux. Quant au revers des monnaies au cheval galopant, il parait bien copié sur la drachme romano-campanienne, l'attitude du cheval est en effet identique. Mais les graveurs ont pu s'inspirer également du cheval qui figure sur les statères arvernes du 1er siècle av.J.-C. (77). En ce qui concerne le bouquetin représenté sur les monnaies du troisième groupe, il a été créé dans un style remarquable par l'artiste grec qui a fourni les tout premiers coins de ces monnaies. Ensuite, une dégénérescence apparaît et, sur la plupart des espèces de la classe III, le souvenir du modèle étant perdu, l'animal devient informe avec parfois une longue queue relevée au dessus du dos, détail qui a été sûrement copié sur des bronzes de Massalia. Pour les monnaies à l'hippocampe, dont la qualité artistique reste très modeste, nous pensons qu'elles sont l'oeuvre de graveurs locaux, et la tête casquée du droit est à rapprocher de certains types monétaires des Sequani, voisins directs des Allobroges au nord. En ce qui concerne les monnaies au cavalier, le prototype est maintenant bien connu. Beaucoup de numismates du siècle dernier pensaient que le revers de ces pièces était une imitation des Dioscures figurant sur de nombreux deniers romains mais l'homotypie n'était pas fidèle. C'est A. de Barthélémy qui identifia le véritable prototype: il s'agit du denier de Q. Marcius Philippus, monétaire vers 119 av.J.-C. Ce denier porte au droit la tête casquée de Rome, et au revers, le roi Philippe de Macédoine au galop à droite, armé de la lance en arrêt; sous le cheval, on lit Q. PILlPUS et au dessous ROMA (78). La copie du modèle a voulu être si fidèle qu'un des premiers chefs gaulois associé à l'émission, du nom de COMANOS, a fait porter à l'exergue la première partie de son nom COMA, le C plus petit que les autres lettres étant relégué sous la queue du cheval pour simuler le nom de ROMA (79). A côté de cette homotypie complète, on note deux emprunts partiels aux monnaies au bouquetin et au cheval libre: sur certaines monnaies au cavalier à légende BRI-COMA, on relève un petit rameau avant la légende du droit et une petite roue à quatre rayons audessus de la légende COMA. Quant à la parure ornant le cou de la déesse ROMA, sur les mêmes monnaies, parure qu'on a considéré comme un collier à longues pendeloques, il s'agit probablement d'un emprunt au denier de L. MANLIUS, proquesteur en 82 av.J.-C. (80). Il est cependant difficile de reconnaître sur ces monnaies un collier ou les plis d'un vêtement féminin froncé audessus des épaules. Enfin, on terminera l'étude des prototypes, en constatant que les oboles il légende DURN-AUSC sont inspirées des oboles à la roue de Massalia qui étaient bien connues dans toute la vallée du Rhône.
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CHAPITRE IV PEUPLEMENT ET ~VÉNEMENTS HISTORIQUES DANS LE SUD-EST DE LA GAULE Avant de poursuivre l'examen et la discussion des problèmes numismatiques, il est nécessaire de traiter sommairement du peuplement de cette région et de rappeler les grands événements historiques qui se sont déroulés dans ce cadre et qui, de toute évidence, ont marqué profondément les données politiques et économiques des peuples qui l'habitaient. Ces questions ont fait l'objet d'une importante étude de Guy Barruol, étude qui nous a apporté une aide très précieuse (81). Durant plusieurs siècles, les vagues successives de Celtes ont recouvert les populations ligures du sud-est et se sont mêlées à elles pour former une population celto-Iigure. Cette invasion se fit les armes à la main et les couches d'incendies de plusieurs oppida (Le Pègue et Soyons, par exemple) montrent que les figures se défendirent opiniâtrement. Cependant, au bout de quelques générations, les deux peuples fusionnèrent si bien que, dès le troisième siècle av.J.-C., les historiens et les géographes antiques ne parlent plus que de "celto-ligures". L'influence celtique fut sûrement prédominante en ce qui touche la formation des peuples indigènes, et au sud, l'hellénisation n'eut pas une grande influence sur le peuplement. Il est probable que la dernière vague de Celtes traversa la vallée du Rhône à la fin du Ve ou au début du IVe siècle et le siège de Massalia par Catumandus contient probablement une part de légende, mais probablement aussi une part de vérité (82). La vaste région s'étendant du Rhône aux Alpes et à la mer Méditerranée était habitée par soixante-dix peuples différents: certains étaient très puissants, d'autres n'occupaient que de petits territoires qui correspondent encore à certaines de nos régions naturelles (83). Il semble qu'à l'origine ces peuples étaient autonomes. D'après les auteurs anciens, certains étaient gouvernés par des rois (reges, regulli, d'autres par des principes, qui formaient une oligarchie provenant de l'aristocratie locale, et qui étaient sûrement placés à la tête de divisions territoriales (84). Mais, assez rapidement, le sud-est de la Gaule est au pouvoir de quatre grands peuples qui ont fédéré autour d'eux les peuplades secondaires. Certes, il aurait été capital, au point de vue numismatique, de connaître la nature exacte de ces liens fédératifs qui paraissent d'ailleurs avoir évolué dans le temps et suivant les circonstances politiques: malheureusement, nos connaissances en la matière sont encore incertaines. D'autre part, la conquête de la Provincia dut entraîner des changements politiques nombreux et la fuite des principes salyens chez les Allobroges, après les campagnes de 124, en est un des rares exemples connus. On peut supposer seulement que les chefs prenaient en commun, au sein de leurs alliances, les décisions importantes relatives à la guerre et à l'économie. Il est probable aussi, au point de vue numismatique, que les peuples fédérés les plus puissants avaient chacun leur atelier monétaire. Les Allobroges, au nord, puissants et belliqueux, avaient approximativement pour frontières: le Rhône, la basse Isère, la Bourne, le bassin de la moyenne Isère au sud, et à l'est, les hauts massifs alpins peuplés par les Ceutrone8 et les Medulli ; à l'ouest, ils possédaient un territoire sur la rive droite du Rhône limité par les chaînes du Mont Pilat au Grand Felletin (85). Le pays des Cavares couvrait la plaine rhodanienne de la basse Durance à l'Isère; la confédération cavare groupait les Memini (arrondissement de Carpentras, Vaucluse), les Tric88tini (Saint-Paul-Trois-Châteaux, Drôme) (86) et les Segovell8unl (87) qui habitaient le plaine de Valence (Drôme) jusqu'aux monts de Diois et du Vercors et qui avaient également des possessions sur la rive droite du Rhône (88).
28 Les Voconces habitaient les moyennes vallées alpines à l'est du pays cavare et groupaient les Vocontii (Vaison, Die, Sisteron), les Avantici (Gap) et les Vertamocorii (Vercors) ; ils touchaient à l'est les peuplades occupant les hautes vallées de la Durance et de ses affluents. Au sud, les Salyens ou Salluvii groupaient en grand nombre de petites tribus dont les auteurs anciens nous ont conservé les noms: Liblcii, Nearchi, Avatici, Anatilii, Dexivates, Salyes... Leur territoire était compris entre la mer au sud, le Rhône à l'ouest, la chaîne du Luberon et les gorges du Verdon au nord, et le cours du Loup à l'est. Les Albicl, qui étaient établis à l'est du département de Vaucluse, paraissent avoir réussi à conserver leur indépendance au milieu de leurs puissants voisins. Deux questions sont pour nous essentielles: quels étaient les liens qui unissaient les peuples du sud-est à l'empire arverne 7 Jusqu'où s'étendait le domaine de Massalia, sa "chôra" ? Sur le premier point, le principe de l'existence de l'empire arverne n'est plus discuté. Plusieurs auteurs anciens en ont fait état (89) et divers événements le corroborent, en particulier, l'envoi de l'armée arverne au secours des Allobroges au cours de l'été 121. Les Arvernes perdirent malheureusement, en une journée de très durs combats, leur puissance et leur liberté. Les Arvernes pouvaient mettre sur pied une armée considérable (90) et sûrement redoutable. C'est grâce à cette force qu'ils purent organiser leur économie et protéger l'extension de leur négoce ainsi que l'a exposé J.-B. Colbert de Beaulieu (91). Nous pensons que les Arverni absorbèrent pratiquement leurs voisins les plus faibles (Vellavi, Gabali, Cadurci, Ruteni) et qu'ils réussirent à imposer des sortes de protectorats aux plus forts. C'est ainsi que nous concevons l'emprise arverne sur les peuples du sud-est de la Gaule. Le territoire arverne s'étendait jusqu'aux frontières de la "Massaliotide", c'est-à-dire, jusqu'aux limites du domaine terrestre de Massalia. Cette délimitation fait l'objet d'avis partagés et souvent éloignés. Guy Barruol pour sa part estime que les Massaliètes commencèrent dès le Vie siècle à créer manu militari des établissement fortifiés qui jalonnaient le littoral méditerranéen, de l'Espagne à l'Italie, et qu'ils attendirent probablement le IVe ou le Ille siècle pour s'emparer des terres du delta du Rhône jusque vers Avennio. Mais il pense que la plus grande partie du domaine de Massalia fut octroyée à la cité amie par les Romains en récompense des services et de l'aide militaire et navale qu'elle leur apporta sans cesse (92). Guy Barruol estime en conclusion que, peu après 77, Massalia, qui avait reçu des terres des Volcae Arecomici et des Helvii, avait un domaine territorial assez considérable 193) mais que les grandes cités, qui battaient monnaie sous l'impulsion de Massalia (Glanikoi, Kainiketai, Avennio, Cabellio, Nemausus, Sammagetai...) avaient gardé leur autonomie et leur vie propre au sein de leurs peuplades (94). Nous verrons que, sur ce point, la numismatique apporte une confirmation sans appel. Pour Louis Chabot, le domaine terrestre de Massalia a toujours été restreint et n'a guère dépassé l'étang de Berre et le delta du Rhône (95). Il estime par ailleurs que Massalia a toujours entretenu de bonnes relations avec les Salluvii, plusieurs textes antiques étant très explicites sur ce point (96). Massalia ne semble pas en effet avoir disposé d'une armée de terre suffisante pour s'opposer à ses puissants voisins (97). Elle n'a pu s'implanter et s'épanouir que grâce à une bonne entente avec les indigènes qui devaient être plus ou moins associés à son commerce (péages, portages, location d'animaux de bât, surveillance des convois ... ). Il en était forcément de même au nord avec les Cavares qui tenaient les deux voies - terrestre et fluviale - le long du Rhône. D'ailleurs les Massaliètes paraissent avoir pratiqué la même politique de l'Italie à l'Espagne (98).
29 Sur le problème des "villes de Marseille" selon Etienne de Byzance, nous pensons, avec Guy Barruol et Louis Chabot, que ces cités étaient des alliées de Massalia et non ses sujettes. La numismatique nous apporte, sur ce point, un argument de grand poids: en effet, les monnaies de prestige des cités de Glanon, Avennio et Caeniea ont emprunté plus ou moins aux espèces massaliètes, mais elles en diffèrent par leur métrologie nettement alignée sur le numéraire indigène: les tableaux des poids le font ressortir sans le moindre doute. Si ces villes avaient fait partie de la "chôra" massaliète, on voit mal comment elles auraient pu éviter d'aligner leur monnaie sur la drachme de Massalia. Ainsi, avant la conquête de la Provincia, les peuples du sud-est étaient de fidèles alliés des Arvernes, avec cependant une dépendance moins accentuée pour les Cavares et les Salluvii qui entretenaient, dans le même temps, des liens économiques et de bon voisinage avec Massalia. Il reste à résumer les grands événements historiques qui se sont déroulés dans le sud· est de la Gaule au cours des deux siècles qui ont précédé notre ère. Les rapports étroits entre les Celtes de Cisalpine et de Transalpine sont bien établis et, dès le III siècle av.J.-C., des contingents de gaulois alpins se joignirent aux peuoles de l'Italie du Nord en guerre contre Rome (284-283 et 225-221 avant J.-C.). Pendant que les Romains se rendaient maîtres de l'Italie du nord, Carthage fondait en dix ans un solide empire en Espagne et, dès 220, Hannibal préparait son armée pour lutter contre Rome. On connaît la suite des événements: en 218, Hannibal franchissait les Pyrénées, traversait le sud de la Gaule, livrant parfois des combats sporadiques, franchissait le Rhône en plein pays cavare (probablement entre Sorgues et Orange) après avoir acheté de nombreuses barques aux nautonniers riverains, remontait rapidement la vallée du Rhône et la plaine des Allobroges, avant de se heurter durement à certains contingents allobroges et ceutrons qui lui disputèrent ardemment le passage des cols vers l'Italie. Les peuples du sud-est connurent ensuite une longue paix sous la tutelle probable de l'empire arverne. Mais, en 125 av.J.-C., une terrible guerre - qui devait durer trois-quarts de siècle - s'allumait au sud. A la demande de Massalia, irritée par des incursions de plus en plus audacieuses des Salluvii (99), les Romains engageaient la lutte en Provence, battaient les Salluvll et les Voconces en trois campagnes, vendant une partie des populations à l'encan. En 121, les Romains obtenaient la soumission sans combat des Cavares et infligeaient une dure défaite aux Allobroges venus arrêter la progression des Romains en plein pays cavare, à Vindalium (100). Face à ce désastre, el au danger que Rome faisait courir à leur empire, les Arverni décidaient alors d'intervenir directement et l'on sait la défaite que subit leur immense armée commandée par leur roi Bituit, près du confluent du Rhône et de l'Isère, en 121. Les Arvernes connurent un écroulement politique total à la suite d'une journée de durs combats et d'événements militaires au sud de leur pays, sans compter l'incidence qu'eut sur la Gaule entière l'enlèvement du roi Bituit et de son fils par suite de la perfidie des Romains (101). La conquête du midi de la Gaule fut ensuite rapidement achevée: les Arvernes cédèrent aux Romains tous les territoires bordant la Méditerranée et la date de 118 av.J.-C. - fondation de Narbonne - est généralement considérée comme marquant la réduction en "provincia" de la région s'étendant des Alpes aux Pyrénées; cependant aucune mention n'a été conservée avant la guerre des Gaules de la loi qui a dû précéder et organiser la création de cette province. D'autre part, il est bien établi aujourd'hui qu'il faut abandonner l'idée d'une Provlnela fortement organisée avec une administration importante et bien structurée. Pendant longtemps, la situation de la Narbonnaise restera incertaine: "rattachée tantôt à la Cisalpine,
30 tantôt à l'Espagne citérieure, rarement et tardivement considérée comme une province à part entière" (102). Les institutions pré-romaines demeurèrent en place longtemps avec la collaboration de chefs dévoués à Rome: leurs titres: dux, princeps, strategos, praetor... ont donné lieu à des interprétations différentes. Cette situation politique explique, à elle seule, les émissions de monnaies autonomes par les peuples du Midi. Après la conquête, les peuples du sud-est furent livrés au despotisme des proconsuls, à l'exception peut-être des Cavares qui ne semblent pas avoir participé aux combats. A peine les Romains avaient-ils assis leur domination et fondé la Narbonnaise qu'un immensf;) péril se précisait en Helvétie. En 108 av.J.-C., les Cimbres et les Teutons, grossis d'Helvètes, entamaient une invasion de la Gaule. Le déferlement des barbares commença par une victoire en pays allobroge ; suivit l'invasion de l'Aquitaine où l'armée romaine fut écrasée. Les Romains se cantonnèrent dans une pénible défensive pendant une longue période mais, en 105, les Cimbres revinrent sur leurs pas à travers la Narbonnaise et remportèrent à Arausio (Orange, Vaucluse) une victoire totale sur les armées romaines. Après de nombreux saccages en pays arverne, et une incursion en Espagne, les Cimbres reparurent en Gaule, dévastèrent les régions atlantiques, se heurtèrent aux Belges, et enfin décidèrent une expédition en Italie. Ils trouvèrent alors en face d'eux un nouveau général romain, Marius, compétent et tenace, qui, après avoir confirmé la fidélité chancelante des cantons gaulois et liguriens, les attendait en pays allobroge. Marius avait établi son camp au confluent du Rhône et de l'Isère, et malgré trois jours d'attaques coûteuses, les Cimbres ne purent le déloger. Les Cimbres décidèrent alors le départ vers l'Italie en descendant la rive gauche du Rhône. Marius réussit à les intercepter et les écrasa entièrement près d' Aixen-Provence en 102 av.J.-C. Le sud-est connut ensuite une période de calme précaire, entrecoupée de rebellions: en 90, par exemple, les Salluvii se révoltèrent et furent vaincus par le proconsul C. Caecilius. La révolte de Sertorius déclencha par contre une révolte générale contre Rome et Marseille: l'embrasement couvrit toute la Provincia des Allobroges aux Tectosages (77-75). Dès 77, Pompée parut en Gaule et la région. évacuée par les lieutenants de Sertorius, fut livrée à une réaction impitoyable: beaucoup de Gaulois périrent dans les supplices, des villes entières furent expropriées et les basses rives du Rhône furent adjugées à Massalia. Lorsque Pompée passa en Espagne, une insurrection désespérée recommença et tous les Celtes de la province se jetèrent sur Marseille et Narbonne (103). Le proconsul Fontéius sauva à grand peine ces deux cités assiégées. Le retour de Pompée mit fin à cette insurrection (76-75 av.J.-C.) et la province reconquise fut accablée de nouvelles calamités: confiscations, taxes, enrôlements de force dans l'armée romaine, exactions de Fontéius jointes à deux années de disette extrême. Les Gaulois demandèrent justice mais Cicéron obtint l'absolution de Fontéius. Les successeurs de Fontéius renchérirent encore et les Allobroges, près de voir leurs terres confisquées, prirent une nouvelle fois les armes, descendirent au sud de l'Isère et appelèrent les Vocontii à la révolte. Après deux victoires successives, les troupes gauloises commandées par Catugnatos furent vaincues en 61 par le prêteur Pomptinus. C'est propablement à ce moment-là, plutôt qu'immédiatement après le Be//um Vocontiorum, que les Vocontii firent acte de soumission complète et obtinrent le foedus qui permettait aux Romains de s'assurer le contrôle de la voie essentielle de l'Italie à l'Espagne par le Mont-Genèvre, et d'isoler d'avantage encore les Allobroges qui étaient toujours redoutés (1 04). Il semble qu'alors, épuisés par ces guerres incessantes, les Celtes de la rive gauche du Rhône aient assisté impuissants à la conquête de la Gaule par César. Après la mort de César, de nombreux mouvements de troupes et quelques combats eurent lieu dans le sud-
31 est de la Gaule, en particulier en pays allobroge, et expliquent certains des derniers enfouissements de monnaies au cavalier. Quelques temps après ces événements, divers peuples alpins se soulevèrent à nouveau contre les Romains et il fallut vingt années de campagnes pour dompter les derniers rebelles des Alpes (25 à 7 avant J.-C.). Ainsi donc, pendant près d'un siècle, les peuples du sud-est de la Gaule, ont vécu en état de guerre ou de rébellion quasi permanente et n'ont été, en définitive, soumis qu'après des combats très longs et impitoyables. Ces faits, expliquent, en grande partie, la plupart des trouvailles de monnaies et parfois les lieux d'enfouissement des trésors.
,
'.
33
CHAPITRE V DÉ POTS MONÉTAIRES ET TROUVAILLES Nous avons recensé, dans le sud-est de la Gaule et pour les seules monnaies que nous étudions, 37 trésors enfouis principalement pendant les nombreuses périodes de guerre que cette région a traversées en moins d'un siècle. Nous avons également pu noter un très grand nombre de trouvailles de monnaies isolées perdues autrefois sur les sites antiques au cours de travaux ou de déplacements (Figure 4, carte nO 1). Les trouvailles de trésors et les découvertes de monnaies isolées n'ont pas la même signification et doivent être interprétées (105). Le plus souvent, les trésors ont été confiés à la terre pendant une période troublée par des habitants de l'endroit, par des commerçants de passage (106), ou par des réfugiés fuyant la zone des combats (107). Dans le sud-est en effet, comme nous l'avons vu, pratiquement de 125 à 61 avant J.-C., les armées romaines sont venues sans cesse, du sud et de l'est, apportant la mort et la destruction, et certains habitants ont fui vers le nord avec leurs biens les plus précieux: c'est bien au nord, en basse Isère, que nous allons rencontrer la plus grande concentration de dépôts monétaires. . Les trouvailles isolées reflètent généralement les monnaies circulant à l'intérieur d'une cité à une époque déterminée. Dans la Provincia, cette règle devra être interprétée car, à partir de 121 , cette région ne comporte plus de cités indépendantes mais des cités soumises à Rome: dès lors, les frontières entre les peuples du sud-est ont été beaucoup plus perméables et les monnaies ont circulé plus facilement qu'ailleurs d'une cité à l'autre et c'est certainement une des raisons qui ont conduit les peuples du sud-est à adopter les mêmes étalons monétaires ainsi que nous l'avons vu. A partir de 75, Rome ayant imposé à la Provincia une monnaie uniforme, la monnaie au cavalier, celle-ci a circulé plus facilement encore d'un bout à l'autre de cette région: les trouvailles isolées reflètent bien en effet une dispersion considérable. Enfin, après la guerre des Gaules, lorsque les monnaies de bon argent se sont trouvées rassemblées dans les mains de quelques privilégiés, et que n'ont plus circulé parmi les habitants que quelques pauvres monnaies fourrées ou de bronze, on peut dire qu'alors les anciennes frontières avaient totalement disparu: à ce moment-là, la trouvaille par exemple d'une monnaie à l'hippocampe fourrée sur un site cavare n'aura plus une grande signification (108). C'est dire que, si les trouvailles monétaires doivent nous apporter une aide essentielle pour l'attribution de nos divers monnayages, nous devrons sans cesse interpréter et comprendre. Depuis l'achèvement de nos travaux en '1970, une seule découverte de trésor est parvenue à notre connaissance: il s'agit du trésor découvert par Louis Chabot dans une case de l'oppidum de la Cloche, commune des Pennes-Mirabeau, Bouches-du-Rhône. Il s'agit d'un pécule hétérogène, fruit probable de nombreuses années d'économies, renfermant en particulier une monnaie au cavalier avec la légende BRI-COMA (109). Ce trésor n'apporte pas d'enseignement particulier à notre étude. D'autre part, nous avons relevé, dans l'étude du trésor de Sainte-Blandine par Allottede la Fuye, une phrase - curieusement passée inaperçue jusqu'ici - qui fait état d'un trésor: "Une trouvaille récente encore inédite faite aux portes de Vienne a montré les pièces au chamois réunies en grand nombre à des oboles imitées de Marseille et à des pièces aux légendes KASIOS, IAILKOVESI et IENAS" (110). Il est regrettable Que ce trésor n'ait jamais été publié.
34 Par contre, de nombreuses monnaies ont été découvertes isolément sur des sites et nous avons relevé ces trouvailles avec grand soin. Les tableaux suivants donnent en résumé la composition des nombeux trésors monétaires découverts dans le sud-est ainsi que les lieux des trouvailles isolées. L'établissement de ces tableaux a été précédé de nombreux recoupements afin d'éviter des double-emplois multiples: pour le Vaculuse et les Bouches-du-Rfione notamment, des trouvailles isolées ont été signalées par de Lagoy, reprises par de La Saussaye, puis par Sagnier, par A. Blanchet et parfois par P.-C. Vian. Il a donc été nécessaire d'avancer avec la plus grande prudence et nous avons même plus d'une fois négligé certaines sources lorsque le doute n'a pu être levé entièrement. Nous n'avons pas pu tenir compte des renseignements donnant une indication trop vague du lieu de la trouvaille. Pour les numismates du siècle dernier, de Lagoy et Lenormand en particulier, les lieux exacts des trouvailles ne leur paraissaient pas très importants. Malgré tout, les renseignements généraux qu'ils ont fournis ne doivent pas être négligés (111 ). Enfin deux médailliers importants, le Musée Calvet d'Avignon et la Bibliothèque Inguimbertine de Carpentras, qui nous ont été ouverts par leurs conservateurs, MM. de Loye et Dubled, ont été constitués, en ce qui concerne les monnaies gauloises, par des trouvailles locales, ainsi que le Marquis de Lagoy et de La Saussaye le signalaient déjà au siècle dernier (112). C'est la raison pour laquelle nous avons porté, à titre documentaire, la composition de ces deux médaillers en tête de notre tableau des trouvailles. La composition de certains trésors, telle qu'elle a été donnée par A. Blanchet, a été rectifiée parfois à la suite de renseignements obtenus ultérieurement (11 3). Enfin, lorsque le nombre exact de pièces de certains trésors n'a pas été fourni, nous avons porté une ou plusieurs croix dans les colonnes appropriées suivant l'abondance des dites espèces dans le trésor.
35
Liaux des trouveilles
Monnaias Monnaies Monnaies au chevel galopant Monnaies Monnain Monnaias eu eu de au bUlte Maslalia de chevel evec enépigre" evec bouquetin l'hippo- cavelier légende phes légende campe VOL IAZUS
•
TROUVAILLES ISOL~ES Médailliers constitués avec des trouvailles locales: Musée Calvet, Avignon Bibliothèque Inguimbertine, Carpentras
X
1
2
X
4
3
5
8
27
3
3
22
Veucluse : Provenances : (1141 Avignon Barri (Bollènel La Bastidonne Beaumes-de-Venise Cadenet Cavaillon Caumont l'isie-sur-Sorgues Lagnes Modène Orange Pertuis Piolenc Robion Ste-Cécile-Ies-Vignes Saint-Didier Vaison-la-Romaine Velleron
X X X X X X X X
7 9
5 1 1 1
7
4 4
6
3 3
1 1
3 3
1 1
2
3
3
3
2 2
1 1
1
1
X
1
9
2
2 X
6
1 1
1 1 1 1 1 X 1
1
Gard: Provenances : (1141 Alès Brignon Laudun (Camp de César) Nimes Pont-Saint-Esprit Saze
1 1
X
1 1 1 1
Bouchel-du-RhOne : Provenances : (11 41 Aix-en-Provence Basse vallée de la Durance Boulbon
2 1 1
36
Lieux das trouveilles
Monnaies Monnaies Monnaias au cheval galopant Monnaies Monnaies Monnaies au è au busta au de Massalia de cheval avac anépigra· avac bouqueti~ l'hippo· cavalier léganda phes légende campa IAZUS VOL
Bouchas·du·Rh6ne (suite) : Entremont Glanum Mouriès Le Paradou Rognac Saint·Blaise Vitrolles, le Castellas
X X X
1 1
1
2
2 2
1 1
1 X X
1 1 1
Ardèche: Provenances d'après: Abbé P, Arnaud Alba A.Leprince Aubenas,St.Didier Dr.Dupoux Vallon·le Pont d'Arc R.Chareyre Viviers
1 1
X
5 1
Droma: Provenances d'après: H.Desaye Die S.Scheers Laborel CI.Boisse Menglon Nyons A.Blanchet H.Desaye Saulce A.Blanchet Valence
1 1 1 1
3 1
Isère: Provenances d'après: J.Rougier Faverges et Aoste Grenoble S.Scheers Vienne G.Chapotat Y.Van der Wielen Sermérieu
1
5
1
1 1
2
1
1
1 2
Alpes de Haute Provence Provenances d'après: Lardiers G.Barruol
1
Hautes Alpas : Provenances d'après: Briancon A.Blanchet A.Blanchet Gap A.Blanchet Lagrand
1 X 1
37
Lieux des trouvlilles
1M0nnaies Monnaies Monnaies au chevii ploplnt Monnli. Monnliel Monnlies de eu buste lU lU Mlssllie de chevii Ivec Inépigrl· IVIC bouquetin l'hippo- clvllier légende légende phil clmpe VOL IAZUS
•
Savoie: Provenances d'après: J.Prieur Musée savoisien de Chambéry Y.Van der Wielen le Chatelard
1
3 1
Heut.Savoie : Provenances d'après: P.Broise Annecy (11 5) P.Broise Bonneville G.Valiier Foix P.Broise Marcellaz·en·Faucigny P.Broise Passy P.Broise St.Jean-de-Tholome P.Broise Talloires S.Valiier Thonon P.Broise Vens,Seyssel Y.Van der Wielen Sciez
2
2
4 1
2 1 1 1
2 1
2 1
Sa6ne et Loire: Provenances d'après: Autun A.Blanchet A.Blanchet Chalon·sur·Saône A.Blanchet Macon A.Blanchet Mont·Beuvray
1 1 X 1
Loire: Provenances d'après : A.Blanchet Chambles (oppi· dum d'Essaloisl A.Blanchet Charlieu A.Blanchet Saint·Etienne
1
1
1 4
Doubs: Provenances d'après: A.Blanchet Besançon Colbert de Beaulieu Mandeure (116)
1 X
1
Suisse: Divers Divers
Genève Nyon
1 1
1
X X
38
lieux des trouveilles
"'onnaies Monnaies Monnaies au chaval galopant Monnaies Monnaies Monnaies è au de au busta au Massalia da cheval avec enépigra- avec bouquetin l'hippo· cavalier légande phes légende campe IAZUS VOL
TR~SORS Vaucluse: Provenances d'après: A.Blanchet Beauregard, Jon· quièras P·C.Vian Cabrières d'Avignon
2
111
78 100 env.
Bouches-du-Rh6ne : Provenances d'après: P.·C. Vian étang de Berre L.Chabot La Cloche Les Pennes Mirabeau De Lagoy entre Martigues et Saint·Rémy
15
XX
1
XXX
X
10
Ardèche: d'après A.Blanchet
Andance (117)
563
1
Dr6me: Provenances d'après: Andancette 1 A.Blanchet L.B.Morel Andancette Il (11 8l A.Blanchet Beauvoisin A.Blanchet Crest (119) A.Blanchet Hostun A.Blanchet Jaillans A.Blanchet Laveyron F.Valientin Luc·en·Diois A.Blanchet St.Gervais (120) A.Blanchet Valence 111211 Valence 11(119) A.Blanchet
XX XX
XXX XXX XXX
X? 1 trouvaille 2
1
96
98 28 Il elle de Moi ans, Isère 18 43 11
269
438
62
424
~nalogue
XX 6.000 400
15 300
Hautes-Alpes: d'après A.Blanchet
2
Embrun
Isère: Provenances d'après: A.Blanchet Sainte·Blandine A.Blanchet Moirans A.Blanchet St.·Romans (près de St·Marcellinl (120)
3
XXX
29 60
6 24
1 8
59 135
1.359 186
39
Lieux des trouvlilles
Isère (suite) : Provenances d'après: A.Blanchet La Tour du Pin (Saint·Clair) A.Blanchet La Tour du Pin (La Chapelle) A.Blanchet La Tour du Pin (Dolomieu) A.Blanchet Tourdan A.Blanchet La Tronche Vienne Allotte de la Fuye A.Blanchet Villette
.onnlies Monnlils Monnlies lU chevII glloplnt Monnli" Monnli" Monnli" lU buste lU il lU de Mlssllil de chevII IVIC Inépigrl- IVec bouquetin l'hippo· clvllilr léglnde phu léglndl clmpl IAZUS VOL
500 il 00 pièces omparables il celles de f,toirans et 'Hostun
162
7 36
5
X
X
XX
XX
XX
XX
5
66 2
X 976
Rh6ne: Provenances d'après: A.Blanchet Lyon (5 trésors) Larajasse (arr. A.Blanchet de Lyon)
XX XXX
XX
XXX XXX
Slvoie: Provenances d'après: Col de Crusille, A.Blanchet Gerbaix S.Scheers Ste· Marie d'Alvey
9B
X
Heute-Slvoie : Provenances d'après : A.Blanchet Talloires Veyrier A.Blanchet
XX 3
1
Eure: Provenances d'après: Paix (1221 A.Blanchet
3
1
X
1
XX
XX
15
6
40 Un premier examen attentif du tableau des trouvailles permet de tirer quelques enseignements importants bien que beaucoup de découvertes anciennes n'aient été étudiées que très superficiellement: - avant d'émettre leurs propres monnaies, les peuples de la vallée du Rhône ont connu de nombreuses monnaies étrangères, en particulier celles de Massalia dont on a trouvé des quantités considérables dans la région, en trésors et trouvailles isolées sur tous les oppida de la vallée du Rhône (123) ; - en dehors des monnaies de Massalia, les monnaies gauloises, étrangères aux peuples de la rive gauche du Rhône, sont extrêmement rares, situation qui ne doit pas surprendre puisque la Provincia, devenue romaine, était séparée du reste de la Gaule; - la plupart des trésors jalonnent les grandes voies de communication, surtout les vallées du Rhône et de l'Isère: il s'agissait là, en temps de paix, des grandes voies commerciales empruntées non seulement par les Gaulois mais aussi par les Massaliètes et leurs transitaires locaux pour acheminer leurs marchandises (124) ; - divers trésors présentant un faciès analogue ont certainement été enfouis à la même époque à la suite de graves événements et leur groupement dans des zones où eurent lieu de nombreux combats le confirme : Comtat et surtout basse Isère ; - on fera d'autre part une constatation d'une grande importance en ce qui concerne les monnaies au buste de cheval, au cheval galopant et au bouquetin: les trouvailles isolées sont concentrées dans le pays cavare alors que les trésors se rencontrent presque tous en basse Isère, dans le sud du pays allobroge. Les trouvailles isolées, reflet de la circulation locale, nous permettront d'attribuer ces pièces aux Cavares. En ce qui concerne la concentration des trésors en basse Isère, l'état de guerre ou de rébellion quasi permanente dans lequel ont vécu les peuples du Dauphiné pendant près d'un siècle explique l'abondance des dépôts monétaires dans cette région et leur dispersion générale vers le nord et l'ouest, direction de fuite évidente devant les armées romaines venant des Alpes et du sud (125). Le trésor de Tourdan en est un exemple caractéristique. Divers numismates se sont appuyés sur la composition de ce trésor pour attribuer aux Allobroges les monnaies au bouquetin et celles au cheval galopant. Or, après une longue réflexion, nous avons abouti à la conclusion qu'il ne pouvait s'agir que du pécule d'un Cavare du sud venu en pays allobroge et contraint de cacher ses biens précieux rapidement (126), car le trésor de Tourdan est le seul de tous les trésors enfouis en pays allobroge qui ne renferme aucune monnaie à l'hippocampe et, à nos yeux, cet argument est déterminant. En effet, jusqu'à l'élimination des numéraires indigènes par les quinaires au cavalier, tous les trésors du pays allobroge comprennent des monnaies à l'hippocampe, même les trésors du nord du pays cavare (Hostun et Jaillans notamment) ; les monnaies à l'hippocampe se retrouvent aussi dans de nombreux dépôts postérieurs aux premières émissions de monnaies au cavalier (Moirans, Laveyron, Lyon ... ). D'autres arguments étayent notre thèse. D'abord, il n'y a pas dans le trésor de Tourdan de monnaies au buste de cheval avec la légende IAILKOVESI, ni de monnaies au cheval galopant avec la légende VOL, toutes monnaies que nous pensons avoir été émises dans le nord du pays cavare. Par contre, c'est à Tourdan qu'on a trouvé le plus grand nombre de monnaies à légende IAZUS (5, contre 3 à Moirans, 2 à Laveyron et 1 à Hostun) ainsi qu'une suite importante de pièces au bouquetin des trois classes qui, ainsi qu'on le verra, ne peuvent appartenir qu'aux Cavares. Enfin, c'est à Tourdan, qu'on a
41 découvert. avec un bon nombre d'oboles de Massalia et des imitations indigènes l127), le plus grand nombre de monnaies divisionnaires cavares, témoignage d'une économie monétaire assez évoluée qu'on situerait mal chez les Voconces ou les Allobroges (128). Le trésor de Vienne a été probablement enfoui dans les mêmes conditions. Dés lors, la concentration de dépôts monétaires en basse Isère ne doit pas étonner. La chronologie résultant de l'affaiblissement des poids est confirmée: apparition première avec du numéraire de Massalia des monnaies au buste de cheval et des monnaies au bouquetin ; ensuite émission simultanée des monnaies au cheval galopant. au bouquetin et à l'hippocampe; puis, élimination progressive de ces trois espèces au profit des monnaies au cavalier.
43
CHAPITRE VI ATTRIBUTIONS DES MONNAYAGES A. ATTRIBUTIONS La distribution géographique des monnaies sera l'élément déterminant de nos attributions. Cependant, en raison des difficultés rencontrées, nous devrons parfois recourir à des constatations supplémentaires pour atteindre la certitude, ou au moins la plus grande probabilité: la spécificité typologique, l'identité d'étalon, les emprunts homotYpiques et les faits historiques qui peuvent expliquer certaines diffusions complexes.
1. Monnaies au buste de cheval Un ensemble de constatations et de présomptions concordantes permet d'attribuer ce premier numéraire local aux Cavares. F. de Saulcy et E. Muret étaient de cet avis; E. Lambert donnait ces pièces à la Gaule cisalpine et Allotte de la Fuye aux Salluvll. Certes, Allotte de la Fuye avait pensé aux Cavares mais l'argument qui l'avait incité à refuser cette attribution est résumé par la phrase suivante: "Je n'ose parler des Cavares parce qu'aucun texte ne mentionne leur nom à cette époque. Quand Hannibal arrive aux bords du Rhône, qui trouve-t-il devant lui à peu de distance d'Avignon 7 Des Volques Arécomiques. Il n'est pas d'avantage question des Cavares pendant le siècle suivant" (129). Nous pensons au contraire que les Cavares étaient - de par leur position géographique même - liés très étroitement à Massalia par des intérêts économiques puissants. Détenant les deux grandes voies commerciales vers le nord - fluviale et terrestre - ils pouvaient, à tout moment et facilement, fermer la porte du nord aux négociants marseillais. Massalia a dO obligatoirement rechercher l'alliance cavare sans laquelle l'épanouissement de son économie aurait été impossibile (130). La numismatique confirme entièrement cette thèse: - les trésors de monnaies massaliètes sont nombreux en pays cavare ; - ensuite, dès les premières émissions monétaires cavares, nous trouvons quelques trésors anciens où monnaies massaliètes (drachmes et oboles) et cavares sont réunies (Valence 1 et Beauregard) ; - les premières monnaies cavares sont exactement alignées sur le poids de la drachme légère de Massalia ainsi que nous l'avons vu ; - enfin, l'alliance massaliète pouvait permettre aux Cavares de desserrer la tutelle arverne et d'avoir une politique moins alignée (131). Le type du revers de ces espèces ne nous surprend pas; les Cavares connaissaient certainement les monnaies romano-campaniennes ainsi que les tétradrachmes puniques qu'Hannibal avait répandus pour acheter le passage du Rhône. La présence de caractères nord-italiques sur ces monnaies s'explique également par les rapports étroits qu'entretenaient les peuples de la vallée du Rhône avec les Gaulois cisalpins depuis très longtemps: les nombreux cols alpins étaient connus et pratiqués depuis l'époque préhistorique (132) et, si les Romains ne s'y hasardaient qu'avec crainte, les Celto-ligures en avaient la pratique courante. D'autre part, quelques trouvailles numismatiques récentes confirmeraient, s'il en était besoin, que la vallée du Rhône était l'aboutissement des grandes voies commerciales venant d'Italie par les cols alpins (133). Mais, l'argument déterminant pour l'attribution de ces monnaies aux Cavares est la carte des trouvailles (Figure 5, carte n° 2) ; 72 % des monnaies de ce type, dont l'origine est sûre, ont été trouvées dans le pays cavare et la majeure partie des autres à peu de
44 distance de ses frontières. En outre, de nouvelles trouvailles de monnaies isolées sont venues s'ajouter, depuis notre dernière publication, aux trois que nous connaissions et nous pouvons désormais faire état des trouvailles suivantes: - Barri, commune de Bollène, Vaucluse: 5 (KASIOS 3 et IAILKOVESI2) ; - Orange, Vaucluse: 1 (KASIOS) ; Pont-Saint-Esprit, Gard, à quelques kilomètres de Bollène: 1 (KASIOS) ; nord des Bouches-du-Rhône: 1 (IAILKOVESI) ; - Musée Calvet (Avignon) : 1 (KASIOS), très probablement de provenance locale. On ajoutera que la collection du Marquis de Lagoy, constituée en Provence et dans le Comtat, comprenait plusieurs monnaies de ce type et F. Lenormant écrivait, dans la Revue numismatique de 1869, que ces espèces se rencontrent habituellement dans les parties de la Provence voisines des Alpes et dans le Comtat. Nous pensons, pour tous ces motifs, que les monnaies au buste de cheval ont été frappées par les Cavares vers la fin du Ile siècle avant J.-C.
*** Ensuite, et dans peu de temps, apparaissent dans la région trois types de monnaies différenciées, mais toutes de poids identique et qui, assez rapidement, se trouvent mêlées dans tous les trésors. L'examen de ces trésors permet de penser qu'ont été frappées successivement : - les monnaies au bouquetin de la classe 1 ; - les monnaies au cheval galopant avec la légende IAZUS ; - ensuite, les monnaies au bouquetin des classes Il et III, les monnaies au cheval galopant anépigraphes ou avec la légende VOL et les monnaies à l'hippocampe. Il est pratiquement impossible de dissocier les diverses classes de monnaies au cheval galopant tant il existe de liens entre elles (typologie identique, mêmes poids et mêmes répartitions géographiques). On se trouve donc en présence de trois monnayages distincts, ayant circulé en même temps dans une vaste région habitée par trois grands peuples: il est d'une logique élémentaire d'envisager l'attribution d'un de ces monnayages à chacun des trois grands peuples en cause (134).
2. Monneles è l'Hippocempe L'attribution de ce monnayage aux Allobroges a toujours été admise sans discussion, notamment par F. de Saulcy, E. Hucher, Ch. Robert, E. Muret, A. de Barthélémy, A. Changarnier ... A. Blanchet a relevé diverses provenances (trésors aussi bien que trouvailles isolées) qui confirment cette attribution. Se référant en particulier à l'opinion du savant vaudois M. Morel-Fatio, il écrivait: "Les pièces à l'hippocampe sont communes aux environs des ~acs d'Annecy et du Bourget; on les a trouvées près de ceux de Neufchâtel et de Morat, et Jusqu'à Avenches (135) ; au Grand Saint-Bernard, à Liddes (Valais), à Nyon, à Genève, à Gap (Hautes-ALpes) ... " (136). G. Vallier, qui fit personnellement un long voyage en pays allobroge et jusqu'en Suisse afin de découvrir des lieux de trouvailles de monnaies à l'hippocampe, signale que des monnaies de ce type furent recueillies isolément dans les localités suivantes: - au Mont-Beuvray (Saône-et-Loire) : un bronze à l'hippocampe (137) ; - en 1877, à Foix (Haute-Savoie) : un quinaire et un bronze au même type (138) ; - à Thonon (Haute-Savoie) : un bronze; - à Saint-Etienne (Loire) : quatre qUinaires;
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un à Essalois (Loire) ; un à Charlieu (Loire) ; un à Roanne (Loire) ; un ou deux à Autun (Saône-et-Loire) ; un à Aoste, etc ... Si nous traçons, sur la carte des trouvailles (Figure 9, carte nO 6), un cercle de 100 km de diamètre centré sur le pays allobroge, et un autre cercle de même diamètre centré sur le pays cavare, l'attribution aux Allobroges devient évidente: c'est en effet sur le territoire de ce peuple que la concentration des trouvailles est la plus forte avec une dispersion marginale de voisinage qui confirme l'identification du peuple émetteur (139). Le classement géographique rationnel d'un monnayage doit faire ressortir en effet une forte concentration de trouvailles sur le territoire d'une cité, une dispersion marginale de voisinage, qui est le résultat de rapports économiques normaux avec les proches voisins, et, le cas échéant, la trouvaille de rares éléments isolés au-delà de la limite de couronne des cités limitrophes. C'est bien le cas en l'espèce: quelques trouvailles recensées chez les voisins immédiats des Allobroges (Cavares et Segusiavi notamment), au delà. quelques rares individus isolés (dans le Vaucluse, on a trouvé seulement 9 monnaies à l'hippocampe la plupart fourrées. au sud de la Durance 3, toutes fourrées). L'attribution de ce monnayge aux Allobroges doit donc être considérée comme certaine.
*** Par contre, la situation est beaucoup moins nette en ce qui concerne les monnaies au cheval galopant et au bouquetin qui ont connu une dispersion plus large et qui se trouvent mêlées dans presque tous les trésors enfouis en basse Isère, c'est-à-dire, à proximité du point de jonction des frontières des trois peuples concernés (140).
3. Monnaies au cheval galopant Ces espèces, diverses par de petits détails, forment en fait une seule unité monétaire car elles ont une seule typologie, un même poids et une distribution géographique identique. Malgré cela, les diverses classes de monnaies au cheval galopant ont toujours été attribuées à des peuples différents. F. Lenormant, E. Lambert, E. Muret avaient attribué aux Cavares les pièces portant la légende IAZUS en raison des trouvailles nombreuses signalées dans le Comtat. Mais, pour les autres classes de ce monnayage, tous les grands numismates du passé - après Mionnet - avaient attribué ces pièces aux Volcae Arecomici, en raison de la présence de la légende VOL sur certaines d'entre elles. Cette attribution est encore souvent acceptée bien que Blanchet ait fait remarquer dès le début du siècle que "ces monnaies sont représentées fréquemment dans les cachettes de la rive gauche du Rhône et ont été recueillies exceptionnellement sur le territoire des Volcae Arecomici" (141 J. J.-C. Richard, qui suit avec une attention particulière les trouvailles monétaires en Languedoc, nous le confirmait, dans une lettre du 15 avril 1980 : "En ce qui concerne les monnaies à légende VOL, il n'existe aucune découverte enregistrée sur le LanguedocRoussillon à l'exception de ce qui est connu sur la frange tout-à-fait orientale et qui s'explique, bien entendu, par les contacts d'un côté à l'autre du Rhône. L'attribution avancée par certains auteurs aux Volques du Languedoc ne peut être prise en considération". La légende VOL n'a pas davantage de rapport avec la tribu Voltlnla dont relevaient les
46 37 cités de Narbonnaise auxquelles César avait accordé le droit latin, la décision de César étant intervenue longtemps après l'émission des monaies au cheval galopant.. Cette manière de voir définitivement écartée, plusieurs raisons nous conduisent à donner l'ensemble de ce monnayage aux Cavares. D'abord la monnaie de la classe 1 porte la légende IAZUS en caractères lépontiques comme les pièces au buste de cheval qui sont cavares. De plus, comme nous l'avons signalé, cette monnaie a des liens de parenté étroits avec les monnaies au bouquetin et avec la monnaie d'argent d'Avennlo qui, d'après nous,sortent de l'atelier d'Avennio. Pour les classes suivantes, le droit est parfois apparenté de près au droit des pièces à légende IAZUS (142) et d'autres fois, il dérive de certaines monnaies à légende IAILKOVESI, tant par la fidélité de la reproduction que par une parenté stylistique qui a frappé certains numismates. Mais, une fois encore, l'argument déterminant pour l'attribution aux Cavares des monnaies au cheval libre est la carte des trouvailles. En ce qui concerne les monnaies à légende IAZUS, la carte nO 3 (Figure 6) fait ressortir nettement que les trouvailles isolées essaiment autour du Comtat qui est, sans conteste, le centre d'émission avec une dispersion de contiguïté normale dans le Gard et les Bouches-du-Rhône. Le petit nombre d'exemplaires rencontrés dans les trésors démontre qu'il s'agissait d'une monnaie ancienne dont la distribution était déjà large et qui n'était plus émise lors de l'enfouissement des trésors: c'est d'ailleurs le trésor de Tourdan, le plus ancien du groupe, qui en comprenait le plus grand nombre comme on vient de le voir. Les autres monnaies au cheval galopant font partie de la même unité monétaire en raison de la spécificité typologique, de l'identité d'étalon et de la distribution géographique identique. En effet, la carte nO 4 (Figure 7) fait ressortir une nette concentration de trouvailles isolées dans le pays cavare (51 exemplaires), avec une dispersion de contiguïté chez les Salluvii (5 exemplaires), les Vocontii (2 exemplaires) et les Allobroges (10 exemplaires). La concentration en Isère de trésors renfermant des monnaies au cheval galopant est le résultat des graves événements de 77-75 av.J.-C. qui poussèrent un certain nombre de Cavares à fuir chez leurs voisins Allobroges avec leur fortune: or, les monnaies au cheval galopant formaient une large part du numéraire en cours dans le pays cavare à cette époque. Il est donc normal d'en retrouver dans les trésors de basse Isère. Toutes ces constatations et ces raisons nous conduisent à attribuer aux Cavares les monnaies au cheval galopant.
4. Monnaies au bouquetin A ce stade du raisonnement, on ne peut qu'envisager de donner au troisième grand peuple du sud-est, les Vocontii, le troisième monnayage au type du bouquetin. F. de Saulcy attribuait ces monnaies aux Allobroges "montagnards" pour la raison essentielle que le bouquetin est un animal des massifs alpins. Après lui, P.-Ch. Robert, E. Muret et A. Blanchet maintenaient cette attribution, alors que de Lagoy, et Ed. Lambert donnaient ce numéraire aux Cavares en raison des lieux habituels des trouvailles. Par contre, personne n'a envisagé l'attribution de ces espèces aux Vocontli. Aucune trouvaille de monnaie au bouquetin n'ayant été faite - à notre connaissance - sur le territoire de ce peuple, il convient donc d'abandonner cette hypothèse et d'envisager l'attribution de ce monnayage important aux Cavares ou aux Allobroges. Si, sur ce point, nous avions marqué quelque hésitation en 1970, aujourd'hui, nos conclusions sont nettes: les monnaies au bouquetin ont été émises par les Cavares et tout permet de penser qu'elles proviennent de l'atelier d'Avennio. Nous avons déjà relaté les liens qui unissent les monnaies au bouquetin de la classe 1
47 aux pièces d'argent d'Avennio. Il faut insister également sur l'homotypie complète qu'on constate entre certaines monnaies cavares à légende IAZUS et certaines monnaies au bouquetin de la classe Il : il est apparent que les pièces nos 65 et 107 sont l'oeuvre d'un même graveur et qu'elles proviennent toutes deux de l'atelier d'Avennlo. D'autre part, de Lagoy écrivait déjà en 1837 : "On les découvre (les monnaies au bouquetinl en assez grande quantité dans les pays que je viens d'indiquer (Comtat et environs) pour ne pouvoir douter qu'elles étaient anciennement une monnaie locale. On remarquera que le type de la tête laurée d'Apollon qui figure sur ces médailles a été conservé sur les monnaies d'Avignon'" (143). Enfin, la carte nO 5 (Figure 8) montre pour les trouvailles isolées, une forte concentration de découvertes dans le pays cavare avec une dispersion de contiguïté normale chez les Salluvli, les Allogroges et les Helvii. En ce qui concerne les trésors, les raisons qui expliquent la dispersion des monnaies au cheval galopant dans les trésors de basse Isère expliquent également la dispersion des'monnaies au bouquetin, ces deux groupes d'espèces constituant l'essentiel de la masse monétaire cavare vers 77-75 av.J.-C. On constate ainsi, qu'avant l'apparition des monnaies au cavalier, les Vocontll n'ont pas eu de monnayage propre. Malgré toutes nos investigations, nous n'avons pu relever sur le territoire voconce que la trouvaille de deux monnaies au cheval galopant et de quelques pièces à l'hippocampe. Cette situation n'a pas lieu d'étonner. En effet, un certain nombre de textes antiques établissent que les peuplades alpines étaient farouches et hostiles, qu'elles vivaient souvent de rapines et il fallut aux Romains un grand nombre de campagnes militaires très dures pour arriver à dominer et à pacifier les "montani" alpins (144). Il est bien établi en outre qu'il faut attendre le début du 1er siècle pour constater l'abandon des oppida indigènes au profit des nouveaux habitats de plaine. Nous pensons donc, qu'au début du 1er siècle av.J.-C., les Vocontil - à l'écart des grandes voies de communication - ne connaissaient qu'une ébauche d'économie monétaire (145). D'ailleurs, à la même époque, aucun des peuples du massif alpin n'avait l'usage de la monnaie (146) et les mêmes constatations ont été faites sur le versant orientai des Alpes (147).
5. Monnaies au cavalier Les monnaies au cavalier portant des légendes, ont excité pendant le siècle dernier la sagacité des numismates qui ont proposé des attributions aventureuses. De Lagoy donnait à Tournay les pièces portant la légende DURNACUS, à Verdun celles portant VIRODU et aux Eburones celles portant la légende E8URO (148). Eugène Hucher, plus prudent, pensait que certaines légendes pouvaient correspondre à des noms de cités "mais qu'il règne encore à ce sujet une grande incertitude" ; il admettait cependant "qu'on a bien de la peine à refuser aux Pétrocoriens... la médaille avec la légende PETRUCORI" (149). De Saulcy estimait que les monnaies au cavalier avaient été frappées par une ligue formée, à l'instigation du Sénat romain, contre Arioviste, en 63-58 avant J.-C. (150). A. de 8arthélémy, le plus averti, y voyait déjà le numéraire de divers chefs du sud-est après la soumission des Allobroges par le consul CN. Domitius Ahenobarbus (122 av.J.-C.) (151). A. Changarnier-Moissenet attribuait les pièces de la série COMA aux Vocontll (152) et C.A. Serrure donnait l'ensemble des pièces au cavalier aux Vocontil (153). A. 81anchet enfin, au début du siècle, rectifiant de nombreuses erreurs, avait procédé à une sérieuse étude d'ensemble de ces séries qu'il donnait aux peuples de la vallée du Rhône (154). Mais des questions essentielles restaient en suspens. C'est J.-8. Colbert de 8eaulieu qui a éclairé ces monnayages d'un jour nouveau nous permettant de comprendre l'origine de ces espèces, leur métrologie et leur chronologie (155). Les monnaies au cavalier, si romaines par leur aspect, n'ont plus rien
48 de commun avec les numéraires autonomes des indigènes qui leur sont antérieurs. Ces monnaies ont été frappées en quantités considérables et abondent dans les nombreux trésors découverts le long des vallées du Rhône et de ses affluents de la rive gauche. S'étant agrégées à la circulation secondaire après la conquête, elles ont connu de ce fait, une très large diffusion: Simone Scheers et J.-C. Richard ont dressé des inventaires très détaillés des trouvailles faisant ressortir qu'on a découvert des monnaies au cavalier dans trenteneuf départements français et même jusqu'en Suisse, au Luxembourg, en Allemagne, en Tchécoslovaquie, à Jersey et à Carthage (156). Il ne fait aucun doute aujourd'hui, que les légendes portées sur ces monnaies étaient les noms des chefs qui patronaient ces émissions. Les formes latinisées CN.VOLUNT, DURNACUS, DONNUS ... ne laissent aucun doute sur ce point. On peut même penser que le chef CN.VOLUNT, avait reçu de Pompée en 72 la civitas et avait été chargé en même temps d'une émission de monnaies au cavalier (157) : Y. van der Wielen, dans une thèse en cours de rédaction, pense localiser cette émission dans une zone de la cité allobroge. On trouvera ci-après la liste des légendes relevées sur les monnaies au cavalier (droit et revers) dans l'ordre probable de succession des émissions avec les références aux exemplaires de la B. N. et l'indication par groupe des poids moyens (1 58). La composition des trésors découverts dans le sud-est, les études d'Allotte de la Fuye, de J.-B. Colbert de Beaulieu, de S. Scheers et de J.-C. Richard nous ont été d'un grand secours. Il serait vain de nier que quelques légendes sont encore rangées de manière arbitraire, mais la chronologie d'ensemble des principaux groupes ne peut guère être contestée.
• GROUPE 1 1. COMA - COMA. BN.5867.5878 2. COOV - COMA. BN. 5886.5890 3. VIID - COMA. BN. 5879.5885 4. VIID - CAND. BN. 5893.5894 5. OBGIRU - COMA. BN. 5937. 6. - - - - - - BRI. BN. 5927.5928 (159) 7. BRI - COMA. BN. 5816.5857. 8. BRICO - COMA. BN.5815. 9. BRI - BRI. BN. 5803.5806 Poids moyen des monnaies de ce groupe: 2,15 g. Les trois trésors de monnaies au cavalier les plus anciens sont ceux de Moirans, Hostun et Laveyron: en effet, ils comprenaient encore un important pourcentage d'espèces antérieures en cours de refonte (monnaies au cheval, au bouquetin et à l'hippocampe) et l'excellent état de conservation des quinaires au cavalier permet de penser que l'enfouissement avait eu lieu peu de temps après leur frappe. Comme ces trésors comprenaient uniquement des pièces du groupe 1, il faut bien admettre qu'il s'agit là des premières séries de quinaires frappés dans le sud-est. Mais, à l'intérieur de ce groupe, l'ordre des types est quelque peu arbitraire.
• GROUPE Il 10. 11. 12. 13. 14.
BRIG - COMAN COSII - COMAN - - - - - COMAN COSII - CALITIX ROW ou MOR - CAL
BN.5807.5814 BN. 5860.5866 BN.5929. BN.5858.5859 BN. 5916.5926
49 15. ROW - VOLUNT BN. 5906.5915 16. ROW - CN. VOL. BN. 5895.5905 Poids moyen des monnaies de ce groupe: 2,15 g. Les pièces du groupe Il qui apparaissent pour la première fois dans le trésor de SainteBlandine mêlées à des pièces du groupe l, étaient à "fleur de coin" ; elles ne se trouvaient pas dans les trésors de Moirans, Hostun et Laveyron. Les types nO 10, 11 et 12 présentent en outre des particularités propres: le javelot passe devant le cou du cheval et non derrière. les deux pieds du cavalier sont visibles, la tête de Rome est coiffée d'un casque particulier qu'Aliote de la Fuye avaÎt comparé à un casque macédonien. Il s'agit donc de pièces émises postérieurement à celles du groupe 1. Les pièces des séries 1 5 et 16 avec ROW-VOLUNT et ROW-CN. VOL ne se trouvant pas dans le trésor de Sainte-Blandine doivent donc logiquement trouver leur place à la suite des monnaies des séries 10 à 14.
• GROUPE III 17. VIRODU - TU ROCA BN. 18. AMBIL, AMBILO ou AMBILLI - EBURO BN. 19. RICANT - EBURO BN. 20. DURNAC - EBURO ou EBUROU BN. Poids moyen des monnaies de ce groupe: 2,04 g.
5930.5934 (160) 5715.5732 5733.5742 5743.5745
Ensuite apparaissent, avec des monnaies des deux premiers groupes, des pièces portant la légende EBURO au revers (Trésor trouvé à Lyon en 1854, nO 204 de Blanchet), puis un trésor semblable où apparaissent les premiers quinaires au nom de DURNACUS (trésor trouvé aux Brotteaux à Lyon en 1847, nO 202 de Blanchet), enfin le trésor du col de Crusille (Savoie) d'où les monnaies des deux premiers groupes ont disparu et où ne figurent plus que les pièces des deux derniers groupes. Compte tenu de ces groupements, des combinaÎsons des noms et de l'évolution des poids des espèces, la place des monnaies du groupe III, avant les derniers quinaires du poids le plus faible, est apparente.
• GROUPE IV 21. - - - - DURNAC. (161) BN. 5780.5785 (Monnaies divisionnaires) 22. DURN - AVSC BN. 5749.5773 23. DURNACOS - AUSCRO BN. 5774.5778 24. DURNACOS - AUSCROCOS 25. DURNACUS - AUSCROCUS BN. 5779 (162) 26. DURNACUS - DON NUS BN. 5786.5800 27. DURNAC - AVIli (163) 28. ESIANNI - DONNUS BN. 5801.5802 29. PETRUCORI ou PIRRUCORI - SCINCOVEPUS. Musées de Lyon et de Nimes (164). Poids moyen des monnaies de ce groupe: 1,85 g. On ajoutera aux pièces qui précèdent un certain nombre d'exemplaires anépigraphes (BN.5938.5944l, d'autres portant des légendes plus ou moins altérées (BN.5891.5892), enfin ceux qui portent une légende seulement au revers (BN.5867, 5877, 5720, 5721, 5747, 5748). La postériorité des quinaires à légende DURNACUS est établie non seulement par leur poids, le plus léger de l'ensemble des séries, mais également par de nombreuses trouvailles: - les deux monnaies au cavalier recueillies à Grésigny portent la légende DURNACOSAUSCRO;
50 - les grands trésors de monnaies au cavalier d'Hostun, de Moirans, de Laveyron, de Sainte-Blandine ne comprenaient aucun quinaire de DURNACUS ; par contre, les trésors plus tardifs enfouis après la guerre des Gaules et datés par les deniers romains qui les accompagnaient, en comprenaient tous (Villette, Beauvoisin ... ) ; - enfin, les monnaies isolées recueillies en Provincia sont en majorité des pièces de DURNACUS. Si l'on tient compte que ces dernières monnaies, les plus légères, circulaient déjà depuis un certain temps au moment de la guerre des Gaules et qu'on en a rencontrées, usées, dans des trésors enfouis peu de temps avant notre ère, on peut penser que les premières frappes de monnaies au cavalier se situent vers 75 avant J.-C. et que ce numéraire important a couru pendant trois-quarts de siècle environ. Enfin, une constatation parfois négligée est que ces pièces ont éliminé progressivement et assez rapidement toutes les monnaies indigènes antérieures plus lourdes et se sont pratiquement substituées li elles dès avant la guerre des Gaules. Le faciès de quelques trouvailles connues illustre parfaitement ce processus: Trésors de Veyrier % de monnaies au cavalier 10 % Moirans 44% Hostun 47 % Laveyron 75 % Ste Blandine : 93 % (165) Villette 100 % Tout permet donc de penser que ce monnayage "pseudo-romain", ainsi que l'avait fort bien défini P.-Ch. Robert, constitue un monnayage régional et marque le rétablissement par Pompée et Fonteius de l'autorité de Rome sur cette partie de la Provincia si turbulente qui, dès 75, avait, une nouvelle fois, pris les armes pour recouvrer sa liberté (166). La rapidité fébrile des premières émissions a frappé tous les numismates et prouve bien que l'objectif des Romains était de remplacer - très vite - tout le numéraire locale existant. Allote de la Fuye et E. Guibourg ont relevé le nombre et la nature des anomalies constatées dans la frappe de ces espèces: images décentrées, surfrappes, images incuses sur certaines faces ... (167). En raison de leur grand nombre, ces anomalies ne présentent pas le caractère d'accidents exceptionnels: elles sont le témoignage d'une fabrication hâtive et désordonnée. Une seconde constatation, non moins remarquable, est que ce numéraire considérable fut refondu peut de temps après son émission (10 à 1 5 ans) et entièrement remplacé par des espèces semblables, d'un poids plus léger, correspondant à celui du quinaire romain: il fallut certainement une raison très impérative pour entrainer une refonte de cette importance. Cette raison a échappé pendant longtemps aux numismates jusqu'au jour où J.-B. Colbert de Beaulieu a exposé avec une clarté remarquable, que Rome ne pouvait faire autrement que d'imposer à la Provincia l'étalon du denier pour faciliter toutes les transactions et assurer une liaison monétaire et économique avec les peuples habitant la région des sources de la Seine au Rhône, peuples qui avaient déjà adopté cet étalon monétaire (1 68!. On peut penser en outre que ce numéraire pseudo-romain a servi au paiement des légions qui en ont été le véhicule idéal, raison supplémentaire pour expliquer la dispersion considérable de ces monnaies (169). L'objection de A. Blanchet à l'alignement sur le quinaire, en raison de l'irrégularité des émissions de quinaires à Rome, ne nous parait pas fondée: en effet, ces monnaies n'étaient pas destinées à l'Italie, le poids de la nouvelle monnaie - qui n'était guère inférieur à celui des espèces antérieures - ne perturbait pas les habitudes locales; enfin le
51 change de deux pour un avec le denier romain ne pouvait être plus facile. Ces divers actes d'autorité furent accomplis avec le concours de chefs locaux qui avaient accepté de collaborer avec Rome - et il s'en est trouvé beaucoup avant la conquête - le premier étant Comanos et les derniers Durnac08, Donn08, AU8croc08. Qui étaient ces chefs? Quels étaient leurs peuples? Les noms de tous ces personnages nous sont inconnus à l'exception d'un seul, DonnU8 : en effet, au 1er siècle avant J.-C., un roi DONNUS. contemporain et probablement ami de César, régnait sur un royaume alpin composé de quatorze tribus dont les noms nous ont été conservés par la dédicace de l'arc de Suze, et son fils, COTTIUS, fut un contemporain et un ami d'Auguste (1 70). Mais s'agit-il bien du personnage dont le nom est inscrit sur nos monnaies? Historiquement, et bien que les monnaies ayant couru dans le royaume alpin nous soient inconnues, la chose est possible mais aucun argument déterminant ne permet de l'affirmer. D'autre part, Y. van der Wielen, comme nous l'avons signalé, pense localiser dans la cité allobroge le monnayage patronné par le chef désigné VOLUNT. ou CN. VOL. Quant aux autres chefs dont les noms sont inscrits sur ces monnaies, nous ignorons encore pratiquement tout d'eux. Il est probable que certains étaient des Voconces car le foedus permettait à la civitas Vocontiorum de battre monnaie: mais, dans quelles conditions pratiques? Comme, de surcroît, les monnaies dont il s'agit ont subi des brassages considérables, et que les trouvailles numismatiques n'ont pu faire ressortir à ce jour des groupements géographiques homogènes (1 71 ), il serait vain de vouloir attribuer ce numéraire à un peuple plutôt qu'à un autre (172). Nous pensons d'ailleurs qu'à l'époque considérée, le pouvoir émetteur avait échappé aux Celtes et était tenu par les représentants de Rome qui l'exerçaient par collaborateurs interposés, précisément les chefs dont nous lisons aujourd'hui les noms. Beaucoup de numismates, d'archéologues et d'historiens ont pensé que certaines des inscriptions portées sur les monnaies au cavalier pouvaient se rapporter au nom des peuples émetteurs ou donner la "nationalité" de certains de ces chefs. Cette question, très controversée, mérite d'être examinée avec attention car les rapprochements effectués sont parfois assez surprenants : - la légende EBURO ou EBUROU serait-elle l'abréviation d'Eburodunum (Embrun), cheflieu de la peuplade des Caturiges ? - BRI, BRIG, BRICO, rappelle Brigantio, Briançon, capitale des Brigianil, cités sur le trophée de la Turbie, et situés au centre du Regnum Cottii, ou Brigomagu8, Briançonnet, chef-lieu d'une petite tribu montagnarde? - VIID est à rapprocher des Vediantii, peuplade localisée entre le Var et la baie de Monaco; alliés des Massaliètes et des Romains, les Vediantii avaient pour capitale Cemenelum (Cimiez). - MOR a été rapproché de Morginnum, localité du pays allobroge et SCINCOVEPUS de Scingomagus, Exilles, "point extrême de la terre de Cottius". Ces rapprochements peuvent-ils nous aider à identifier certains des peuples qui ont émis des monnaies au cavalier? Toute conclusion en ce sens nous paraît prématurée car de sérieuses objections apparaissent : - les légendes susvisées désigneraient principalement de petites agglomérations indigènes de montagne: les noms des peuples n'ayant été portés que très rarement sur les monnaies gauloises, on verrait mal le nom de petites localités indigènes figurer - pour la première fois - sur des espèces "pseudo-romaines" ? - ces légendes se rapporteraient presque uniquement à de petites peuplades localisées au coeur des massifs alpins: par contre, aucune légende ne rappellerait les Cavares, alliés
52 fidèles de Massalia, les Vocontii, seul peuple du sud-est ayant obtenu de Rome un foedus qui l'autorisait à battre monnaie? Cette situation serait paradoxale; - de plus, on n'a pratiquement pas trouvé de monnaies au cavalier sur le haut territoire alpin qui, ainsi que l'a écrit J.-C. Richard, reste "une terra incognita sur le plan des recensements numismatiques". Enfin, d'autres constatations augmentent la confusion: - que le nom de certains chefs (COMA-COMA) soit répété au droit et au revers ne paraît pas impossible ;mais que le nom d'une petite localité soit également mentionné au droit et au revers de certaines pièces (BRI-BRI) demeure improbable; - BRI, BRIG, BRICO, paraissent les abréviations d'un même nom: mais lequel exactement? - la légende ROW et MOR, souvent mal gravée, paraît inversée dans un des deux cas: la lecture certaine est-elle ROW (ou ROM) ou MOR? Ne s'agirait-il pas d'une mauvaise copie du mot ROMA? Nous serions alors bien loin de Morginnum ; - d'autres légendes paraissent déformées: COVI(?) BN 5891 ; BI-VV (BN 5892). La prudence s'impose donc et nous pensons qu'il faudra encore de longues recherches avant de localiser les peuples émetteurs. D'ailleurs, faut-il parler de peuples émetteurs? Les monnaies n'étaient-elles pas la production d'ateliers régionaux chargés de pourvoir toute la Provincia en numéraire? Alors, on comprendrait mieux, ainsi que l'a écrit J.-B. Colbert de Beaulieu "qu'il n'est pas impossible de trouver dans certaines légendes, l'équivalent de ce que nous constatons en Galfia comata pour les légendes TURONOS TRICCOS (Triccos le Turon}, TURONOS CANTORIX (Cantorix le Turon), SUTICOS VELIOCAI (Suticos des Véliocasses), ATISIOS REM OS (Atisios le Rème)." Pour l'instant, et en l'état actuel des recherches, on peut seulement conclure que les monnaies au cavalier ont constitué un monnayage régional, émis de 7 5 à 51 avant J.-C. sous la surveillance des pouvoirs romains, et que le cours de ces espèces a continué jusqu'à notre ère avec les autres monnaies gauloises d'argent alignées sur le quinaire.
B. MONNAYAGE D'IMITATION D'UN PEUPLE DES ALPES P.-C. Vian possédait dans sa riche collection un lot de vingt-neuf monnaies de la vallée du Rhône, très homogènes par leur fabrication et leur style, mais tout-à-fait inhabituelles et nous n'en avons jamais vu, ailleurs, de semblables: Monnaies au bouquetin: - tête laurée et bouquetin à droite - tête laurée à gauche et bouquetin à droite: - tête laurée et bouquetin à gauche
5 exemplaires (PI.X., 234) 1 exemplaire (PI.X, 235) 2 exemplaires
Monnaies à l'hippocampe: - tête casquée et l'hippocampe à gauche
11 exemplaires (PI.XI, 237)
Monnaies au cavalier: - légende BRI-COMA - légende O-COMA - légende VIID-COM
8 exemplaires (PI.XI, 238) 1 exemplaire 1 exemplaire
53 P.-C. Vian avait acheté ces monnaies, en juillet 1937, à M. Couturier de Marseille. Celui-ci qui revenait d'un voyage dans les Hautes-Alpes, avait refusé d'indiquer le lieu de la découverte. Ces pièces proviennent certainement d'un même trésor: en effet, ces monnaies sont noirâtres et paraissent avoir traversé un incendie, elles ne semblent pas de haut aloi et quelques-unes sont fourrées. Elles diffèrent nettement, par leur fabrication et leur style, des monnaies habituellement rencontrées dans le sud-est: souvent les flans sont très épais, parfois en forme de globules à peine aplatis; cette forme globuleuse des flans caractérise beaucoup de pièces d'argent d'une suite traditionnellement attribuée aux Arvernes (BN.3784 à 3802) ; d'autre part, les poids accusent des différences anormalement élevées (pour les huit monnaies au bouquetin, les poids varient de 2,15 à 3,30 g. avec un éventail de poids intermédiaire). Le droit est dégénéré et très barbare avec souvent un simple tracé linéaire de la tête. Le type du revers est caractérisé au contraire par une finesse extrême, les pattes des animaux étant grêles. Ces monnaies paraissent provenir d'un même atelier, peut-être même sont-elles l'oeuvre d'un même graveur tant leur facture est semblable. Leur émission de courte durée se situe probablement autour de la charnière de 75 av.J.-C. Pendant longtemps, ce monnayage nous a dérouté: d'une part, pour provenir d'un même atelier, il se compose d'espèces hétérogènes (monnaies cavares, allobroges et au cavalier) ; d'autre part, les constatations faites caractérisent un atelier débutant manquant de technicité. Il ne peut s'agir d'un faux monnayage, le nombre de coins utilisés étant trop élevé. Nous pensons donc qu'il s'agit d'un monnayage homotypique de contiguïté émis probablement par un peuplade des Vocontii ou par les Tricorll, et arrêté peu après 75, au moment du rétablissement par Rome de son autorité sur l'ensemble de la Provlncla.
C. ATELIERS MONÉTAIRES Il est encore trop tôt pour déceler avec certitude les produits des divers ateliers monétaires de la vallée du Rhône. Seules des monographies, basées sur des études charactéroscopiques complètes, permettront d'arriver à ce résultat. Cependant, nous avons fait diverses observations qui permettent une certaine approche de ce problème. Nous avons remarqué, en effet, parmi les monnaies de la vallée du Rhône, des groupes de pièces caractérisées par une unité stylistique qui se suit aisément au travers des dégénérescences. De plus, dans chaque groupe, les monnaies ont des provenances identiques, les mêmes poids et des écarts-types très voisins: tout concourt donc à établir qu'elles proviennent d'un même atelier. Le premier groupe de ces monnaies est le plus caractéristique. Ainsi que nous l'avons vu, il est probable qu'un même artiste a gravé les coins des monnaies d'argent d'Avennlo et des premières pièces au bouquetin de la classe 1 : il est bien évident que ces monnaies ne peuvent provenir que de l'atelier d'Avennio. Ces espèces étant reliées de très près aux monnaies au bouquetin des classes Il et III et aux monnaies au cheval libre à légende IAZUS, on se trouve en présence des divers produits de l'atelier d'Avennlo. Une unité de style et des écarts-types lâches (0,13 à 0,20 g.) confirment cette manière de voir. Par ailleurs, on constate un autre groupe de pièces caractérisées par un style celtique rude, des écarts-types plus serrés (0,08 à 0,12 g.) et une forte concentration de trouvailles en basse Isère: il s'agit de monnaies au buste de cheval à légende IAILKOVESI et des monnaies au cheval galopant anépigraphes ou avec la légende VOL. S'agit-il là des émisions de l'atelier des Segovellauni qui paraissent avoir constitué une puissante cité (1 73) ?Nous le pensons mais il faudra attendre de nouvelles trouvailles et de nouvelles études pour en avoir la certitude.
54 Les monnaies à l'hippocampe, qui forment une suite aussi homogène que monotone, sont le produit de l'atelier des Allobroges dont la situation est inconnue. En ce qui concerne les monnaies au cavalier, qui constituent un ensemble considérable, seules les études de nouvelles trouvailles et l'élaboration de monographies permettront d'avancer dans la connaissance de ces monnayages. Nous pouvons seulement constater que les monnaies au cavalier des deux premiers groupes ont exactement les mêmes poids et des écarts-types presque identiques alors que les pièces des deux derniers groupes ont des poids inférieurs et des écarts-types beaucoup plus lâches: il est donc probable que nous nous trouvons en présence de produits d'ateliers différents qu'il est impossible pour l'instant de situer (1 74). On ne saurait clore le chapitre des ateliers monétaires sans évoquer le problème des "ateliers mobiles". Pour l'instant, il faut admettre que les armées gauloises pouvaient emporter avec elles le matériel nécessaire à la frappe des monnaies: un atelier monétaire représentait en effet la charge de quelques bêtes de somme et le transfert d'un atelier avec son personnel était sûrement très facile. J.-B. Colbert de Beaulieu nous précisait à ce sujet, dans une lettre du 15 janvier 1981 : "Nous avons un cas (d'atelier mobile) qui peut servir de modèle, celui de l'atelier des Arvernes à Alésia. Vercingétorix avait avec lui, non seulement les coins qui étaient à son nom, mais les coins arvernes anépigraphes antérieurs ... La présence de coins anépigraphes, donc antérieurs au siège, est bien la preuve que l'atelier arverne était itinérant". Ces conclusions sont le résultat indiscutable des travaux consacrés par J.-B. Colbert de Beaulieu à l'étude des statères de Vercingétorix (175). J.-B. Colbert de Beaulieu ajoutait: "La présence à distance des lieux d'habitat normaux, des coins eux-mêmes, confirme la mobilité de certains ateliers" (176). On peut juger par là de l'intérêt exceptionnel qu'aurait présenté pour nous la connaissance du lieu où a été découvert le coin de revers en bronze de la monnaie au cheval galopant anépigraphe conservé au Musée de Grenoble: malheureusement, l'origine de ce coin reste toujours inconnue, malgré les récentes recherches menées par J.-C. Richard. Certains ateliers monétaires du sud-est ont-ils été itinérants? Il est très vraisemblable de l'envisager, surtout chez les Segovellauni et les Allobroges qui ont dû fuir, à diverses reprises, avec tous leurs biens, devant les armées romaines venant du sud. De futures trouvailles permettront peut-être de l'établir un jour avec toute la certitude désirable.
D. CHARACT~ROSCOPIE J.-B. Colbert de Beaulieu a donné le nom de charactéroscopie "à la méthode consistant principalement à rechercher les marques, distinctives de chaque coin monétaire, présentées par les pièces qui en sont venues, afin de reconnaître ces marques et de grouper ces pièces pour leur étude" (177). Il est à peine besoin d'insister sur l'intérêt considérable de cette méthode qui a permis à J.-B. Colbert de Beaulieu de résoudre bien des problèmes difficiles et d'apporter des éclaircissements sur les questions des ateliers monétaires, de la chronologie, et sur l'économie monétaire proprement dite. Pour atteindre la certitude, les examens charactéroscopiques doivent porter sur les monnaies elles-mêmes; cependant, l'expérience démontre qu'il est très rare que les coins ne présentent pas, entre eux, des différences de détail minimes qui permettent de les identifier et il est possible alors d'obtenir des résultats satisfaisants en procédant à des examens sur de simples photographies. Le temps et les moyens dont nous avons disposé ne nous ont pas permis d'élaborer des monographies des monnaies de la vallée du Rhône. Il s'agit là d'un travail considérable qui exigera de nos successeurs de longues années de patientes recherches. Cependant, en
55 ce qui concerne les séries les moins nombreuses, nous avons procédé, avec nos moyens limités, à de nombreux sondages qui permettent de faire les observations suivantes:
• Monnaies au buste de cheval Classe 1- légende IAllKOVESI Nombre de monnaies examinées : 12 : 12 Nombre de coins utilisés pour la frappe de ces monnaies: droit revers : 1 1 (1 78) Nous avons reconnu deux monnaies frappées avec le même coin de revers, reconnaissable d'ailleurs à une fente en arc de cercle au niveau du cou du cheval. Ce monnayage a donc revêtu une certaine importance malgré l'unité de style qui plaiderait pour une émission d'assez courte durée. La rareté de ces pièces est une conséquence de la loi de Gresham (179). Les coins paraissent avoir servi jusqu'à usure complète et l'exemplaire BN.2542 en est l'illustration: le coin de droit a fait un long usage car il a été regravé en partie, et le coin de revers a continué à être utilisé après une rupture très partielle très apparente (P.II, 22).
• Monnaies au buste de cheval Classe Il - légende KASIOS Nombre de monnaies examinées : 11 Nombre de coins utilisés pour la frappe de ces monnaies: droit : 10 revers : 10 Ce monnayage a également revêtu une certaine importance et la variété des styles, qui permet de reconnaître la main de plusieurs graveurs, prouve que cette émission a duré un certain temps. Les coins paraissent avoir été utilisés jusqu'à usure totale. Classe III - légende KASIOS Nombre de monnaies examinées :9 :9 Nombre de coins utlisés pour la frappe de ces monnaies: droit revers :8 Ces monnaies, d'un beau style figuratif, font ressortir une unité de style. La durée de cette émission a dû être courte. Classe III - Légende KASIOS régrograde Nombre de monnaies examinées :6 :4 Nombre de coins utilisés pour la frappe de ces monnaies: droit revers :3 De toutes les émissions de la vallée du Rhône, celle-ci a eu la plus courte durée et a été la moins abondante. Bien que le nombre de monnaies examinées soit insuffisant pour dégager des indices charactéroscopiques significatifs (180), l'indice du dernier groupe: 1,5, par rapport aux indices des trois premiers groupes voisins de l'unité, est un argument supplémentaire en faveur de la chronologie que nous proposons.
• Monnaies au bouquetin Classe 1 Nombre de monnaies examinées : 14 Nombre de coins utilisés pour la frappe de ces monnaies: droit : 12 revers : 10 Cette émission importante a eu une certaine durée car on constate une dégradation
56 progressive du style avec la participation de plusieurs graveurs. Les coins ont été utlisés jusqu'à usure complète. Comme pour les monnaies au buste de cheval, la rareté des pièces de cette classe est une conséquence de la loi de Gresham.
• Monnaies au cheval galopant Classe 1- Légende IAZUS Nombre de monnaies examinées : 16 Nombre de coins utilisés pour la frappe de ces monnaies: droit : 16 revers : 16 Il s'agit d'une émission ancienne importante qui a connu une grande dispersion et à laquelle ont collaboré plusieurs graveurs de valeur moyenne. Certains coins ont été utilisés jusqu'à usure complète.
• Monnaies au cheval galopant Classe Il - Anépigraphes Nombre de monnaies examinées : 26 Nombre de coins utilisés pour la frappe de ces monnaies: droit : 25 revers : 25 Il s'agit d'une des émissions de la vallée du Rhône les plus abondantes et pour laquelle le nombre de coins reconnu est le plus élevé. Le style évolue des premières émissions - fort rare - oeuvres d'un artiste celtique de talent, aux dernières émissions de style barbare, réalisées à la hâte et très négligées. La dégénérescence des types est longue et totale.
Toutes ces constatations établissent que ces monnaies ont été émises pendant une assez longue période (une quinzaine d'années d'après nous); En ce qui concerne les autres émissions importantes de la vallée du Rhône (monnaies au bouquetin de la classe Il, monnaies au cheval galopant avec la légende VOL, monnaies à l'hippocampe et monnaies au cavalier, nos nombreux sondages nous permettent d'aboutir à une conclusion, qui n'est pas nouvelle, puisque c'est celle que formulait le Comte de La Sizeranne il y a un siècle: "En examinant les monnaies de Laveyron, nous avons observé des différences presque dans chaque pièce, et ces différences accusent assurément l'emploi d'un grand nombre de coins" (181). Nous avons conscience de la modicité des résultats obtenus en matière de charactéroscopie et nous formulons le souhait que nos successeurs entreprennent avec courage la mise au point de monographies qui éclaireront ces monnayages d'un jour nouveau.
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CHAPITRE VII CHRONOLOGIE DES MONNAIES DE LA VALL~E DU RHONE
Les numismates du 1Sème siècle pensaient que les premières émissions de monnaies de la vallée du Rhône remontaient à la fin du Ille siècle, tout-au-moins au début du Ile siècle avànt J.-C., en raison de la date d'émission des prototypes des monnaies au buste de cheval: les didrachmes romano-campaniens de la première moitié du Ille siècle et les tétradrachmes puniques de la fin du IVe siècle. A. Blanchet partageait cette manière de voir (182). Aujourd'hui, divers numismates ont réexaminé les problèmes de longévité des monnaies (183) et abouti à la conclusion que diverses espèces ont connu une circulation prolongée et qu'il est très difficile de se prononcer avec certitude sur les dates d'introduction en Gaule de certaines monnaies étrangères (184). Deux exemples illustrent bien cette manière de voir: - le trésor de Villette comprenait des deniers qui circulaient depuis plus d'un siècle au moment de l'enfouissement du trésor; - le trésor de Tourdan, enfoui certainement vers 75 avant J.-C., comprenait un tétrobole d'Histiae d'Eubée frappé au début du Ile siècle avant J.-C. De plus, les terminus ante quem, tels que ceux qui nous sont fournis par les fouilles d'Alésia (185), sont extrêmement rares. C'est dire que nous allons examiner la chronologie des émissions de monnaies de la vallée du Rhône avec une grande circonspection et en tenant compte des deux impératifs suivants: - l'hégémonie arverne, au nord, qui devait normalement interdire aux peuples de la vallée du Rhône d'avoir un monnayage propre avant 121 avant J.-C. ; - la conquête de la Provincia par les Romains: à partir de la date de 1 21 , les faits monétaires en Narbonnaise n'ont pu intervenir qu'avec l'assentiment ou sur l'ordre de Rome. Ces principes posés, nous devons reconnaître que nous disposons d'un seul jalon chronologique sûr; la date très voisine de 75 av. J.-C., qui marque, ainsi que nous l'avons longuement exposé, le début des émissions de monnaies au cavalier destinées à remplacer tous les monnayages indigènes antérieurs. Nous avions pensé pendant longtemps que l'année 123 avant J.-C., date de la destruction de l'oppidum salyen d'Entremont par les troupes romaines, nous fournirait un terminus ante quem intermédiaire de grande valeur. En effet, Fernand Benoit, à qui l'archéologie provençale doit tant, et R. Ambard, Directeur des fouilles d'Entremont, nous ont précisé qu'on avait découvert sur le sol de cet oppidum au cours des fouilles, des drachmes de Massalia, des deniers de la République romaine de la première moitié du Ile siècle avant J.C. et "deux monnaies au bouquetin du type A. Blanchet, p.26S". Mais un article d'Henri Rolland nous apprenait qu'au cours de la même campagne de fouilles avait été trouvée une monnaie d'argent attribuée aux Allobroges avec tête casquée et hippocampe, d'un poids de 1,SO g. Le poids anormalement bas de cette monnaie dans la série allobroge nous avait fait penser qu'elle était fourrée (186) et d'émission tardive. Un fait nouveau le confirme entièrement: J.-B. Colbert de Beaulieu nous a autorisé à faire état de sa visite à Aix-en-Provence, au cours de laquelle il a pu examiner à loisir ces monnaies d'Entremont et constater qu'elles étaient éprouvées au burin et souvent déformées. Il ne s'agit donc pas de monnaies qui circulaient en 123, mais bien d'un dépôt ou d'une perte sensiblement postérieur à l'époque présumée par H. Rolland.
58 Il est donc certain que l'oppidum d'Entremont a été réoccupé après la conquête, au moins pendant vingt ou trente ans, temps nécessaire à la construction de la ville d'Aquae Sextiae et au regroupement des populations dans la plaine (1 87). A défaut de terminus ante quem sûr, les emprunts homotypiques et l'étude des trésors font ressortir une chronologie qui repose sur un faisceau de présomptions solides et concordantes. En premier lieu, nous avons pu établir que des emprunts homotypiques relient les pièces au buste de cheval des classes Il et III à certaines monnaies d'or et d'argent du début du 1er siècle avant J.-C : il est probable que toutes ces monnaies ont circulé au même moment. Nous pensons que les monnaies à légende IAILKOVESI sont plus anciennes que celles à légende KASIOS d'abord parce qu'elles sont plus lourdes, ensuite parce qu'on les a trouvées - seules - mêlées à des oboles de Massalia de beau style dans le trésor de Valence 1 (188). Enfin, dans le trésor de la Tronche, les pièces à légende IAILKOVESI étaient les plus usées (189). Cependant, l'antériorité des premières nous paraît avoir été de courte durée: en effet, ces deux classes de monnaies se trouvent rapidement mêlées, notamment dans les trésors de Beauregard et de la Tronche (190). C'est pourquoi, si l'on peut considérer que les pièces à légende KASIOS ont été émises de 105 à 90 avant J.-C., les premières monnaies à légende IAILKOVESI ont dû apparaître à une date voisine de 115-110 avant J.-C. A. Pautasso a confirmé la chronologie d'ensemble que nous proposons: il estime en effet que la graphie des monnaies de la vallée du Rhône place chronologiquement ces monnaies avant les pièces nord-italiques à légende RIKOI qui ont été émises dans les premières décennies du 1er siècle avant J.-C. ; il propose donc, comme période d'émission des espèces de la vallée du Rhône à légendes en caractères lépontiques, la deuxième moitié du Ile siècle, et peut-être le commencement du 1er siècle avant J.-C. (191). Cependant, il estime que les monnaies de la classe III ont été émises les premières en raison de la présence sur certaines de la légende KASIOS rétrograde et également pour des motifs stylistiques (192). Nous avons vu que le sens d'écriture de la légende ne paraît pas très significatif, surtout à l'époque considérée, non plus que certains motifs stylistiques. Par contre, deux arguments importants ne permettent pas de suivre cette manière de voir: - d'abord, la tête à chevelure bouclée des pièces de la classe III est la plus éloignée de la tête laurée du prototype initial; - enfin et surtout, 'la métrologie est contraignante et ne laisse à nos yeux aucun doute: les monnaies à légende IAILKOVESI, les plus lourdes, ont été les premières monnaies émises par les Cavares à une date voisine de 1 15-11 0 avant J. -C. Ensuite, et dans un laps de temps assez court, tout à la fin du Ile siècle, sont apparues les monnaies à légende KASIOS et les monnaies au bouquetin de la classe 1 : ces trois groupes de monnaies apparaissent en effet réunis dans les trésors de la Tronche et de Beauregard (193). Peu de temps après, vers 90 avant J.-C., sont émises en grand nombre, et sur les mêmes échelons de poids que ceux des pièces précédentes: - les monnaies au bouquetin des classes Il et III ; - les monnaies au cheval galopant; - et les monnaies à l'hippocampe. On trouve, en effet, dans le trésor de Tourdan, certaines monnaies de ces nouvelles séries mêlées à des pièces à légende KASIOS déjà très usées. La période d'émission de ces nouvelles séries est confirmée par les liens
59 homotypiques qui relient le droit de certaines monnaies au cheval galopant et au bouquetin de la classe Il au droit de certains statères d'Annonay: le poids et le bas alliage de ces statères les placent bien dans le premier quart du 1er siècle avant J.-C. Les monnaies à légende IAZUS, en raison de leur petit nombre et de leur dispersion considérable, ont sûrement inauguré ces premières émissions de poids réduit: celles au cheval galopant anépigraphes et celles à légende VOL ont dû suivre. En ce qui concerne les monnaies à l'hippocampe, celles de la classe 1, avec la tête casquée et l'hippocampe à droite, ont dû précéder celles de la classe Il, avec la tête et l'hippocampe à gauche, car elles sont un peu plus lourdes. Le trésor de Tourdan, certainement enfoui peu avant 75, ne renfermait pas encore de monnaies au cavalier. Par contre, les trésors de Moirans, Hostun et Laveyron, qui renfermaient un grand nombre de monnaies au cavalier, les plus anciennes, dans un excellent état de conservation, ont dû être enfouis peu après 75, au moment de la répression consécutive aux troubles de 77-75. Nous avions pensé jusqu'ici que cette chronologie était confirmée par la présence d'un denier de Q.DOCI.SAM.F. - déjà usé - dans le trésor de Laveyron. Mais, J.-B. Colbert de Beaulieu, au terme d'une longue étude, et pour de multiples raisons touchant à l'onomastique, l'épigraphie, l'histoire et le droit romain, estime que le chef Q.DOCI.SAM.F. n'a pu recevoir la cité romaine qu'après 58 et que, dès lors, le denier dont il s'agit ne pouvait faire partie du trésor de Laveyron. La relation de la découverte par le Comte de La Sizeranne, imprécise et entachée de certaines inexactitudes, est loin d'apporter la preuve contraire (194). Le trésor de Sainte-Blandine, dans lequel apparaissent pour la première fois des monnaies au cavalier du groupe Il, est un peu plus tardif. Viennent ensuite les trésors de Lyon qui assurent la liaison avec le trésor du col de Crusille où apparaissent les premiers quinaires à légende DURNACUS dont l'émission a dû commencer à une date voisine de 65/60 avant J.-C. : on a trouvé en effet des quinaires de ce type dans les fossés d'Alésia. Enfin, nous connaissons divers trésors postérieurs à la guerre des Gaules, bien datés par des monnaies romaines, qui ne comprenaient plus que des quinaires au cavalier du 4ème groupe: ~ trésor de Vernon (Vienne) daté de 45 av.J.-C. ; - trésor de Saint-Laurent-du-Pont (Isère) de 45 av.J.-C. ; - trésor de Beauvoisin (Drôme) daté de 27 aV.J.-C. Le tableau suivant, qui porte, en ordonnée, les trésors rangés par ordre chronologique, et, en abcisse, les divers types monétaires dans l'ordre probable de leur apparition, est très homogène et permet d'envisager des dates d'enfouissement très approchées. Les constatations faites établissent que les fortes concentrations de trésors correspondent aux enfouissements effectués pendant les périodes de guerres et de rébellions: - les trésors comprenant uniquement des oboles de Massalia de beau style ont probablement été enfouis pendant la guerre de conquête de 125 à 121 (Trésors d'Ansouis, Cadenet, Bougé-Chambalud ... ) ; - les trésors de Valence 1, de Beauregard et de La Tronche marquent sûrement le passage des Cimbres et des Teutons qui dévastèrent la vallée du Rhône; - les révoltes de 75-70, et la dure répression qui suivit, ont certainement entraîné un nombre considérable d'enfouissements parmi lesquels on peut citer: Tourdan, le plus ancien, puis Saint-Clair-de-Ja-Tour-du-Pin, Laveyron, Moirans, Hostun, Jaillans... ; - de même, on peut considérer que les trésors de Lacombe, Roc-de-Chère, et plusieurs
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TABLEAU 4 Tableau des principaux trésors rangés par ordre chronologique
Désignation des trésors
Cadenet. Ansouis Bougé·Chambalud St Gervais...
Buste de cheval Oboles Bouque· Avennio Cheval Bouque· Cheval Hippo· de IAILKO· KASIOS tin Glanon avec tin galopant campe Massalia VESI CI. 1 Caenica légende CI. Il et (anépi· IAZUS III gra. et VOl)
Monnaies au cavalier Date probable Groupe Groupe Groupe Groupe d'enfouissement IV 1 Il III des trésors
X
125·121
Valence 1
15
Beauregard
36
75
78
102
La Tronche
12
10
2
102
108·102
Saint·Rémy Tourdan
2 7
25
5
10
X
90
31
13
75
Moirans
3
6
86
135
186
75·70
Hostun
1
28
194
269
438
75·70
Laveyron
2
11
61
62
424
1
35
59
1.330
X
X
X
X
62·61
X
X
X
62·61
X
X
Sainte·Blandine Lyon Brotteaux Lyon Col de Crusille
75·70 29
70·65
43·42
Villette
X
43·42
Beauvoisin
X
25·15
OBSERVATIONS
Allote de la Fuye pensait que les oboles de Bougé·Chambalud, de beau style et d'un poids de 0,50 à 0.70 g., étaient sensiblement plus anciennes que celles de Tourdan. Pour la clarté du tableau, nous n'avons pas reporté col.2 les monnaies massaliètes que ren· fermaient les autres trésors.
61 trésors de Lyon jalonnent les durs combats livrés en pays allobroge pendant la révolte de Catugnatos ; - enfin, il est possible que plusieurs trésors de Lyon, ainsi que ceux de Cabrières-d'Avignon, Valence, Villette ... aient été cachés pendant les événements militaires qui suivirent la mort de César. La chronologie ainsi proposée, fondée sur les liens homotypiques, sur la métrologie et sur l'étude des trouvailles, est mal acceptée par certains archéologues qui plaident pour une chronologie plus haute et qui, par exemple, admettent difficilement que le denier de O.MARCIUS PHILIPPUS, émis en 119 avant J.-C., ait été imité par les peuples de la vallée du Rhône près d'un demi-siècle plus tard. Pourtant, la survie, parfois pluriséculaire, de beaucoup de monnaies antiques est une réalité qui peut être illustrée par d'innombrables exemples: - comme nous l'avons déjà signalé, le trésor de Villette comprenait des deniers qui circulaient depuis plus d'un siècle au moment de l'enfouissement du trésor; - le trésor de Tourdan, enfoui vers 75 avant J.-C., comprenait un tétrobole d'Histiae d'Eubée frappé au début du Ile siècle avant J.-C. ; - au Camp de la Bure, près de Saint-Dié, on a trouvé sur un pavage tardif bien daté, deux deniers de Caletedu et deux monnaies de Philippe l'Arabe (195) ; - sur le site de Vieille-Toulouse, daté de la fin du 1er siècle avant J.-C., on a trouvé des monnaies à la croix dont certaines émises près d'un siècle plus tôt (196) ; - dans la récolte de Verneuil-sur-Arve (Eure), voisinaient des bronzes gaulois à légende PIXTILOS postérieurs à la guerre des Gaules, et une monnaie au buste de cheval à légende KASIOS ainsi qu'un tétradrachme macédonien (197) ... etc ... En ce qui concerne les pièces de bronze, la durée des survies est plus étonnante encore: c'est ainsi qu'on a trouvé dans les fouilles de l'abbaye Saint-Victor à Marseille, à côté de petits bronzes mérovingiens du Vile siècle, des petits bronzes au taureau de Massalia du Ile siècle avant J.-C. ; parmi les "petits sous" du début du siècle, on trouvait encore quelques bronzes romains, sans parler des sols de Louis XV, Louis XVI ... En comparaison, le délai de 44 ans qui sépare l'émission du denier de O.MARCIUS PHILIPPUS de la frappe des premiers quinaires au cavalier apparaît bien minime. Encore ce délai doit-il être ramené à sept ans, comme tout permet de le penser, le collier à longues pendeloques que porte le personnage des premiers quinaires à légende BRI-COMA est un emprunt au denier de L.MANLlUS, proquesteur en 82 avant J.-C. Nous ajouterons, que par l'histoire et l'épigraphie, M.Y. Van der Wielen est arrivé à la même datation des monnaies au cavalier: cette concordance est très encourageante. D'autre part, une chronologie forme un tout: reporter à la fin du Ile siècle l'apparition des monnaies au cavalier - et l'hypothèse est tentante à l'origine - reporterait au milieu du Ile siècle l'émission de pièces d'argent liées homotypiquement à des statères de bas or et d'électrum: là, l'impossibilité est évidente. A cette époque en effet, l'empire arverne se trouvait encore à son apogée et ne monnayait que de l'or de haut titre. Pour tous ces motifs, nous avons la conviction que la chronologie que nous proposons repose sur des constatations sérieuses que de simples affirmations ne sauraient ébranler.
63
CHAPITRE VIII AUTRES MONNAYAGES D'ARGENT DE PROVENCE
A. MONNAIES D'ARGENT DES CITÉS ALLIÉES DE MASSALIA Afin de trouver en terre gauloise des bases de départ vers l'intérieur du pays, des entrepôts sûrs et des ports fluviaux aménagés, Massalia dut conclure de bonne heure des alliances étroites avec plusieurs cités salyennes et cavares. Mais nous ne pensons pas que ces villes étaient, comme l'indique Etienne de Byzance d'après Artémidore, des "villes de Marseille", c'est-à-dire des agglomérations incorporées à l'Etat marseillais. Sur la rive gauche du Rhône, trois cités ont émis des monnaies d'argent à leur nom: Avennio (Avignon, Vaucluse). Glenon (Saint-Rémy, Bouches-du-Rhône) et Ceenlce (ville des Bouches-du-Rhône dont la situation est douteuse). La demi-monnaie de Cebellio (Cavaillon, Vaucluse) du Musée de Saint-Germain-enLaye, publiée sur l'atlas de la Tour, pl. VI, comme étant d'argent, est en réalité une monnaie de bronze qui sort, dés lors, du cadre de la présente étude (198). On ne saurait clore l'étude des monnaies d'argent du sud-est de la Gaule sans examiner les monnayages de ces cités et rechercher les liens politiques et économiques qui peuvent les expliquer.
AVENNIO (Avignon, Veucluse) Une position exceptionnelle au confluent du Rhône et de la Durance, un site facile à fortifier sur la colline du Rocher des Doms, et un port fluvial important ont fait d'Avennlo la capitale des Cavares. Les Massaliètes ont certainement toujours entretenu des relations privilégiées avec les Cavares, et avec Avennio en particulier (199). Avennio a émis de belles monnaies d'argent dont voici la description: - Droit: tête laurée d'Apollon à gauche de beau style; deux longues mèches de cheveux (ou deux lemnisques ?) aux extrémités recourbées dans le cou; grènetis au pourtour. - Revers: sanglier sexué courant à gauche; sous le sanglier un croissant; au-dessus AOYE : cercle plein au pourtour. Module: 13-15 mm. Poids: 2,20 à 2,30 g. (PI.XI, 239 à 247) BN.2509 à 2514 - LT.2513 ; Blanchet 1905, p.440, fig.155 (200). La monnaie d'Avennio a été frappée certainement dans l'atelier d'Avignon. Elle est l'oeuvre d'un bon artiste de Messelie, qui a probablement gravé au même moment les coins des premières monnaies au bouquetin de la classe l, qui sont également très belles: les droits de ces deux pièces présentent en effet de grandes similitudes et les revers sont remarquables. Nous avons examiné neuf exemplaires de cette monnaie et nous avons reconnu neuf coins de droit et huit coins de revers différents. Dés lors, et bien que cette monnaie soit rare, sa frappe a duré pendant une certaine période. Le déclin progressif de la qualité artistique de ces monnaies le confirme: sur les pièces des dernières émissions, le visage d'Apollon est empâté et le sanglier est représenté à la manière celtique avec une ligne pleine reliant les soles hérissées au-dessus du dos de l'animaI. Cette schématisation nous amène à penser que ces dernières émissions sont peutêtre l'oeuvre d'un graveur indigène.
64 Les poids relevés placent la pièce d'Avennio à la même époque que les monnaies au bouquetin des classes 1et Il et les monnaies au cheval galopant avec la légende IAZUS ; d'autre part, les divers liens homotypiques que nous avons constatés nous permettent de placer la date d'émission de cette monnaie vers 100 avant J.-C. La composition du seul trésor connu comprenant une monnaie d'Avennio et une des Caenicences confirme cette date: ce trésor découvert entre Martigues et Saint-Rémy, et signalé par le Marquis de Lagoy (voir le tableau des trésors), comprenait en effet une dizaine de monnaies au bouquetin et quelques monnaies au cheval galopant émises peu de temps après la pièce d'Avennio. E. Duprat, qui publia en 1910 une bonne étude des espèces d'Avennio (201), estimait que ces pièces n'avaient guère pu être émises avant 80 avant J.-C., étant donné que le sanglier du revers était imité du porc représenté sur le denier de M.VOLTEIUS.M.F. (202). Nous ne partageons pas cette manière de voir, le sanglier représenté sur les monnaies d'Avennio étant beaucoup plus proche de celui qui figure au revers des belles hémidrachmes de la ligue étolienne émises vers le milieu du Ile siècle avant J.-C. Il est possible d'ailleurs que le premier artiste ait gravé ses coins sans l'aide d'un modèle étranger. Les constatations faites établissent que la monnaie d'Avennio n'était pas alignée sur la drachme de Massalia, dont le poids moyen au début du 1er siècle variait de 2,60 à 2,70 g., mais bien sur les espèces indigènes qui circulaient au même moment: il faut en déduire qu'Avennio ne faisait pas partie de la "chora" massaliète et manifestait ainsi son indépendance. On connait par ailleurs une obole à la roue d'Avennio, jusqu'ici unique, qui a fait partie de la collection Changarnier: - Droit: tête nue à gauche de beau style; la chevelure est formée de rouleaux et de bouc1es; - Revers: dans les cantons d'une roue AOYE. Argent. Module: 9mm. Poids: 0,42 g. (203). (PI.XI, 248). Cette obole, qui est la réplique exacte de l'obole à la roue de Massalia, a un poids assez faible qui fait difficulté. Nous verrions l'émission de cette pièce quelques temps après celle de la monnaie au sanglier. En tout état de cause, on ne peut tirer un enseignement quelconque du poids d'une seule monnaie. GLANON (Saint-Rémy, Bouches-du-Rhône) Il est étonnant que cette importante cité n'ait été mentionnée que par Ptolémée (2,10,8) et par Pline dans sa liste des oppida latina. Elle n'a pas été citée par Etienne de Byzance. Glanon, qui fut à l'origine un sanctuaire ligure autour d'une source sacrée, était une ville frontière des Salluvii détenant un des accès au territoire cavare. Les découvertes archéologiques faites sur le site, en particulier les trouvailles de monnaies, démontrent que Glanon fut hellénisée très tôt et devint une alliée de Massalia (204). En 1824, au cours de fouilles dirigées par le Marquis de Lagoy à Saint-Rémy, fut découverte une drachme remarquable dont voici la description: - droit: tête de Déméter à gauche couronnée d'épis; chevelure en larges boucles; à l'oreille un pendant à trois pendeloques et un collier autour du cou; grènetis au pourtour. - revers: taureau bondissant à gauche; derrière un roseau ployé; au-dessus mono· gramme: pi-nu; au-dessous, en lettres grecques aussi: Glanikôn. Cercle plein au pourtour. Argent. Module: 14-15 mm. Poids: 1,85 g. (PI. XI, 249).
65 Parmi les nombreuses publications qui ont traité de cette drachme, nous citerons seulement: BN. et LT.2247; Blanchet 1905, p.239 et Rolland 1932, p.5 à 7, PI. nO 15. Un deuxième exemplaire de cette pièce, d'un poids de 2,18 g., de mêmes coins de droit et de revers que la première, a été découvert depuis peu (205) (PI.XIII, 285). Cette nouvelle monnaie complète bien la première (206). D'après G.E. Reynaud, cette seconde drachme aurait fait partie d'un trésor d'oboles massaliètes à la roue découvert par un paysan varois au cours de travaux agricoles (207) ; ces oboles, souvent décentrées et frustes, sont tardives et appartiennent à la première moitié du 1er siècle av.J.-C. ; quatre de ces oboles portent au droit la tête d'Apollon avec la légende pi-alpha-rhô à l'emplacement des favoris. La publication prochaine de ce trésor par G.E. Reynaud apportera une documentation d'un grand intérêt. La drachme de Glanon d'un style superbe est l'oeuvre d'un bon graveur de Massalia, La forme de la chevelure, avec des boucles relevées sur les côtés de la tête, a été probablement empruntée à la drachme de Massalia LT .942 et se retrouvera d'ailleurs peu après la série de drachmes massaliètes BN.1297 à 1375. H. Rolland pensait que le monogramme était la signature du graveur et que cette drachme avait été frappée dans l'atelier même de Massalia pour le compte des Glaniques. Il précisait: "Une drachme massaliote de notre collection présentant dans sa facture une analogie curieuse avec la pièce des Glaniques tend à confirmer notre thèse" (208). Que ces monnaies aient été frappées à Marseille ou à Glanon, elles demeurent les rares témoins d'une "émission de complaisance' sans lendemain, suivant la définition si appropriée de Louis Chabot (209). Il est possible que cette monnaie ait été émise plus spécialement pour les besoins du sanctuaire celto-ligure, comme l'a soutenu H. Rolland, mais aucune constatation n'a établi le fait avec certitude. La datation de cette émission, longtemps incertaine, peut aujourd'hui être serrée de plus près: les emprunts homotypiques, la métrologie, la présence d'une de ces pièces dans un trésor tardif d'oboles de Massalia, tout permet d'envisager comme époque d'émission le début du 1er siècle avant J,-C. (210)., H. Rolland retrouvait le monogramme pi-nu sur certaines oboles à la roue également trouvées à Saint-Rémy : - droit: tête nue d'Apollon à droite; derrière le monogramme: pi-nu; - revers: MA dans les rayons d'une roue. Argent. Poids des cinq exemplaires de la BN.370 à 374 : 0,43 - 0,47 - 0,50 - 0,66 et 0,67 g. D'après G,E. Reynaud, aucune obole de ce type ne se trouvait dans le trésor ayant donné la second drachme de Glanon. Il est bien difficile pour l'instant de savoir si ce monogramme, commun aux drachmes de Glanon et à ces oboles, est une signature de graveur ou une simple marque d'émission. CAENICA (Localité encore indéterminée des Bouches-du-Rhône) Dans la liste des oppida latina de Gaule narbonnaise, Pline cite les Caenlcences dont la cité pouvait se nommer Caenica ou Caenicum. F. Benoit et H. Rolland ont essayé de localiser cette cité non loin de Marseille, soit à Martigues, soit à Saint-Blaise. Caenlca se trouvait probablement sur un petit cours d'eau, qui peut être le Kainos de Ptolémée, difficile à situer. Tout-au-plus, peut-on penser avec Guy Barruol que Caenlca se trouvait à l'ouest de l'étang de Berre et devait avoir une importance suffisante pour justifier la frappe à son nom d'une belle monnaie d'argent dont voici la description (211) : - droit: tête cornue du fleuve Kainos à droite; grènetis au pourtour; - revers: lion très dégénéré à droite (21 2) ; légende en deux parties comme celle de Massalia, en lettres grecques: Kainikêtôn ; entre les pattes du lion un monogramme paraissant formé des lettres M, pi, V, et P ; cercle plein au pourtour.
66 Argent. Module: 14-16 mm. Pods: 2,07 - 2,07 - 2,01 g. BN.2245-2246 ; Blanchet, 1905, p.239, fig.97 (PI.XI, 250, 251). G. Barruol a signalé un quatrième exemplaire de cette rare monnaie qui aurait été trouvé sur l'oppidum de Teste Nègre (Les Pennes-Mirabeau, Bouches-du-Rhône) : la destruction de cet oppidum étant maintenant bien datée, autour de 150 avant J.-C., cette trouvaille aurait pu constituer un terminus de grande valeur. Malheureusement, L. Chabot, qui a étudié cette question d'une manière très approfondie, est arrivé à la conclusion que cette pièce, examinée de près en son temps par l'abbé Chaillan et par E. Babelon, était une monnaie de bronze imitée des petits bronzes au taureau de Massalia (213). Toute déduction tirée de cette trouvaille doit donc être abandonnée. Les deux exemplaires que nous avons pu examiner sont de coins de droit et de revers différents. Malgré tout, cette monnaie est extrêmement rare et sa frappe a dû être de très courte durée. Comme la monnaie de Glanon, les monnaies des Casnicsncss ont constitué une émission de prestige. Une pièce de ce type se trouvait dans le trésor de SaintRémy/Martigues avec une monnaie d'Avsnnio : la date d'émission est certainement identique, aux environs de 100 avant J.-C.
*** Plus ou moins éloignées de la typologie des drachmes massaliètes, les monnaies de ces trois cités ont plusieurs points communs pleins d'intérêt: - leurs poids, irréguliers et faibles dans l'ensemble, ne sont pas alignés sur le poids de la drachme de Massalia mais sur celui des espèces indigènes du sud-est, ce qui dénote une indépendance réelle vis-à-vis de Massalia ; - en contrepartie, signe de fidélité à la cité phocéenne, ces villes ont eu recours à des artistes grecs pour graver les coins de leurs monnaies; - enfin, une date commune d'émission: la fin du Ile ou le début du 1er siècle avant J.-C. En plus d'un acte de vanité, ces émissions ne constituaient-elles pas une sorte d'actions de grâces après la victoire de Marius sur les Cimbres et les Teutons qui venaient de faire régner la terreur sur toute cette région (214) ?
B. SITUATION MONÈTAIRE DES SALLUVII Enserrant Marseille de toutes parts, voisins directs des Cavares et des Volcas, destinés géographiquement à assurer le passage sur leur territoire de tout le commerce terrestre de Massalia, les Salluvii ont connu très tôt l'usage de la monnaie. On a en effet découvert à Marseille même, lors des fouilles de "la Tourette", à Auriol, à Saint-Rémy, à Cavaillon, de petites monnaies archaïques d'Asie Mineure du Vie siècle avant J.-C. qui prouvent, d'une part, les rapports commerciaux très suivis des cités d'Ionie avec leurs colonies d'Occident, et d'autre part, la politique monétaire phocéenne basée sur une diffusion de petites monnaies d'argent (215). On a également découvert en Provence, à Gignac et à Saint-Gabriel, trois oboles étrusques de la fin du Vie siècle avant notre ère, probablement issues de Populonia, qui témoignent des liens économiques qui ont existé entre les cités étrusques et la Provence (216). En ce qui concerne les monnayages des siècles suivants, on a récolté sur tous les sites et oppida du pays salyen un nombre considérable de drachmes, d'oboles et de bronzes de Massalia, aussi bien dans des trésors, qu'en trouvailles isolées (217). Par contre, on n'a
67 découvert sur les mêmes sites que quelques rares monnaies au cheval, au bouquetin, è l'hippocampe et au cavalier dans le cadre de la dispersion de contiguïté et généralement è proximité des frontières du territoire cavare. Il est surprenant de constater la grande rareté des quinaires au cavalier qui abondent partout ailleurs: cette constatation confirme les donations de territoires faites par Rome à Massalia après la fin des guerres civiles. Dès lors et jusqu'ici, tout permettait de penser que les S811uvll n'avaient pas eu de monnayages propres et avaient utilisé pour leurs besoins, d'accord avec l'occupant romain, le numéraire de Massalia qui circulait en abondance dans leur pays. Cependant, depuis quelques années, on a découvert des monnaies nouvelles en Provence et, dans le cadre du Groupe Numismatique du Comtat et de Provence, des études, des communications, suivies souvent de publications, viennent de jeter un jour nouveau sur le problème des monnayages des S8l1uvii. Certes, les monnaies d'argent qu'on peut attribuer aujourd'hui è ce peuple sont peu nombreuses et encore mal connues, mais la voie est désormais tracée aux chercheurs. Nous examinerons ces problèmes difficiles en commençant par les oboles et en suivant l'ordre probable d'apparition des monnayages.
OBOLES A LA T~TE CASQU~E On a admis longtemps que certaines oboles du type d'Auriol pouvaient être des imitations celto-Iigures des espèces massaliètes en raison d'une schématisation des représentations tout à fait caractéristique de "art celtique. Mais, ainsi que nous l'avons indiqué, Andreas Furtwangler a démontré, par la charactéroscopie, que ces oboles, d'un style très relâché, étaient l'oeuvre d'artisans locaux maladroits, mais qu'elles sortaient de l'atelier de Massalia (218). En ce qui concerne les oboles au crabe (BN.509 à 515) et les oboles à la tête casquée (BN.516 à 527). leur attribution à Massalia a toujours été admises sans discussion (219). Notre opinion sur ce point était cependant réservée car le style de certaines de ces pièces était tellement barbare (220) qu'on pouvait douter que les magistrats marseillais aient pu accepter la mise en circulation de telles oboles à une époque où, précisément, l'art monétaire grec était à son apogée et où l'atelier de Massalia se préparait à l'émission de ses premières drachmes d'une qualité artistique remarquable. Notre doute a persisté jusqu'au jour où François Casado nous a présenté les deux oboles suivantes: 1 0 ) Droit: tête à droite coiffée d'un casque hémisphérique; sur le casque, une rouelle à quatre rayons; style celtique d'une rare vigueur; Revers: roue à trois rayons ; dans les cantons de la roue légende en caractères grecs : delta-epsilonn-gamma. Trouvée à Mouriès (Bouches-du-Rhône). Argent. Module: 9/10 mm. Poids: 0,77 g. (PI.XIII, 288). 2 0 ) Sur une obole similaire, la légende du revers se lit: delta-epsilonn-sigma. Trouvée à Orgon (Bouches-du-Rhône). Argent. Module: 9,1/9,5 mm. Poids: 0,77 g. (PI.XIII, 289). Nous pensons que ces deux oboles sont de fabrication indigène pour plusieurs raisons: - leur style celtique remarquable; - le choix au revers d'une roue à trois rayons, choix qui paraît dicté uniquement par un souci de différenciation ; - enfin, la présence d'une légende qui nous a conduit, dans une première étude, à attribuer ces rares oboles aux Dexivates (221). Cette publication nous a permis de connaître en peu de temps trois exemplaires nouveaux de ces pièces : - celle du Musée de Milan, qui nous a été signalée par Andreas Furtwangler ;
68 - et deux autres, trouvées sur un site de la basse vallée de la Durance, dont le nom ne nous a pas été révélé. Une de ces trois oboles porte la légende MAT ou TAM suivant le sens de la lecture, et les deux autres la légende MAT ou TAM (la lettre ayant l'apparence d'un T a les trois branches de longueurs inégales). Andreas Furtwangler nous a fait connaître qu'il pensait que toutes les légendes figurant sur ces oboles étaient des déformations de la légende Mass qui est portée sur les oboles de Massalia. Nous pensons, quant à nous, que, dans un premier temps, une peuplade des Salluvii de la vallée de la Durance a frappé des imitations de l'obole massaliète avec des légendes déformées mais que, par la suite, cette peuplade a porté les premières lettres de son nom sur les pièces qu'elle a émises au cours de la première moitié du IVe siècle avant J.-C. (222). Dès lors, les légendes aussi bien que les lieux des trouvailles (Glanon. Mouriès et Orgon notamment) nous conduisent tout naturellement à envisager l'attribution des oboles en cause aux Dexivates, peuplade salyenne que Pline localise au nord de la Crau et du pays des Anatllli : " Ultra fossae ex Rhodano... , superque Campi lapidei, Herculis proeliorum memoria, regio Anatiliorum, et intus Dexivatium Cavarumque... " (223). Le pagus des Dexivates a pu s'étendre sur les deux rives de la Durance au sud du Luberon, peut-être même jusqu'à la plaine de Saint-Rémy vers l'ouest (224). En outre, on peut envisager que d'autres oboles à la tête casquée anépigraphes, dont le droit est traité dans un style très barbare (par exemple LT. 516 et 514), sont également de fabrication indigène.
OBOLES A LA ROUE Les oboles à la roue de Massalia ont circulé abondamment dans toute la vallée du Rhône pendant près de quatre siècles, c'est dire que tous les peuples du sud-est les ont très bien connues. En raison de leur faible poids, elles ont dû servir de monnaies divisionnaires et on en a rencontrées dans plusieurs trésors mêlées parfois, comme à Tourdan, à des divisions indigènes dont les poids en faisaient des dioboles (225). On connaît depuis longtemps diverses contrefaçons indigènes des oboles à la roue de Massalia et la première question qui se pose est de savoir si ces pièces ont été émises par les Salluvii et par d'autres peuples de la vallée du Rhône. Les numismates du passé ayant souvent négligé l'étude de ces petites oboles barbares, peu de trouvailles ont été recensées et nous avons eu beaucoup de peine pour dresser le petit relevé suivant de découvertes individuelles: Bouches-du-Rhône: Le Grand-Saint-Paul, Aix, oppidum de Constantine, Entremont, Glanon, Mouriès, Pélissane, oppidum de la Cloche, Les Pennes-Mirabeau, Sénas. Vaucluse: Péréal, Apt, Cavaillon. Toutes ces découvertes ont donc été faites en pays salyen à l'exception de deux, une à Cavaillon, et l'autre à Apt-Péréal, c'est-à-dire pratiquement sur la frontière des Salluvii. Aucune trouvaille ne nous a été signalée plus au nord, en pays cavare, voconce ou allobroge. D'autre part, à notre connaissance, cinq trésors renfermaient des imitations d'oboles à la roue de Massalia : - celui trouvé "aux portes de Vienne" est connu par une simple phrase d'Allotte de la Fuye, ainsi que nous l'avons déjà mentionné; - une obole de fabrication indigène provenant du trésor de Tourdan se trouvait dans la collection P.-C. Vian et nous ne saurons probablement jamais si ce trésor en renfermait d'autres. Nous avons longuement expliqué les raisons pour lesquelles nous pensons que ces deux trésors appartenaient à des celto-Iigures de Provence réfugiés en pays allobroge au moment des troubles graves de 75.
69 Les trois derniers trésors renfermant des imitations d'oboles à la roue de Massalia ont été découverts en pays salyen : - oppidum de la Cloche, commune des Pennes-Mirabeau (B.-du-RhÔne) : 3 imitations - oppidum du Castelet de Fontvieille (B.-du-Rhône) : 4 imitations - le Paradou (B.-du-RhÔne) ; 15 imitations On peut donc considérer que les imitations d'oboles à la roue de Massalia ont été émises par diverses peuplades des Salluvii. Il est difficile de savoir si ces pièces faisaient partie de monnayages réguliers ou s'il s'agissait de fausses monnaies fabriquées localement. On ne saurait considérer comme des imitations toutes les oboles à la roue de style médiocre, les produits de l'atelier de Massalia ayant été de valeur très inégale. Nous pensons que deux critères doivent guider les recherches en vue de découvrir les produits des ateliers celto-ligures : - d'abord le style celtique caractéristique des monnaies indigènes; - ensuite, l'examen approfondi des légendes. Les monnaies de facture celtique portant des légendes inexactes ou constituées de lettres déformées ont de grandes chances d'avoir été émises par des peuplades de Provence (226). Certes, il ne s'agit pas là d'une méthodologie infaillible mais seulement d'une bonne direction de recherches. C'est ainsi qu'il nous paraît possible d'attribuer aux Salluvii les oboles suivantes de la collection Jean Charra: - PI. XI, 253 : nous placerons en tête de cette série une obole énigmatique sur laquelle il est très difficile de se prononcer: droit: tête à gauche de beau style: cependant. le maxillaire est puissant et le menton en galoche; la chevelure est formée de grands S accolés; les favoris sont représentés par quatre points en ligne; l'oreille est fine et on trouve deux petits V emboités sur la nuque; revers: MA dans les cantons d'une roue. Argent. Module: 8,5/9,5. Poids: 0,54 g. Plusieurs constatations font penser que cette pièce est l'oeuvre d'un graveur celtoligure formé à l'école grecque: la forme du menton et de la chevelure, les deux V sur la nuque, la représentation des favoris par quatre points, forme qui va se retrouver sur plusieurs oboles indiscutablement de fabrication indigène. Cette pièce, qui sort peut-être de l'atelier de Massalia, a probablement servi de prototype aux trois oboles suivantes: - PI. XI, 254 à 256 : art celtique de qualité exceptionnelle; légende AM, le A ressemblant parfois à un lambda ou à unj elta ; les nO 254 et 255 paraissent provenir d'un même coin de revers; il s'agit donc d'une émission sûrement assez ancienne en raison des poids élevés de ces oboles (0,70 - 0,61 et 0,57 g.). - PI. XI et XII, 247 à 261 : nous nous trouvons en présence d'émissions plus tardives; les poids sont irréguliers (0,64 - 0,62 - 0,58 - 0,53 - 0,36 g.) ; les coins sont l'oeuvre d'un graveur peut-être formé à l'école grecque (en particulier nO 259 et 260) ; les lettres, bien que gravées maladroitement, sont très fines; -
PI. XII, 262 : art celtique caractéristique; lettres mal formées (0,56 g.) ;
- PI. XII. 263 : art celtique très net; graphie inexacte MA (0,37 g.). L'obole BN.2173 fait également partie des produits d'un atelier indigène; au droit, le visage est caricatural avec un nez démesuré; légende AM au revers (PI.XII, 264). Nous avons pu examiner une obole du même type, mais plus dégénérée encore, trouvée à Cavaillon (Vauclusel.sur laquelle, au droit, la tête n'a plus d'apparence humaine. Il faut également donner à une peuplade celto-Iigure plusieurs oboles d'un type très particulier :
70 droit: tête à gauche dont la chevelure est représentée par de grands S ; revers: roue et légende: M, delta et S couché; dans le quatrième canton, un annelet et deux ou trois points. BN.2172, 2176 et probablement 2175 - Poids: 0,50 - 0,51 et 0,50 g. (PI.XII, 265 à 267). Ad. Carpentin avait publié un exemplaire de ce type (227), de même que plus tard, La Tour et A. Blanchet (228). Ces monnaies, toutes de coins différents, ont donc constitué une véritable émission qu'il est encore impossible de localiser. Par contre, on peut situer sur le territoire d'une peuplade au nord de Massalia, une émission d'oboles scyphates qui, à notre connaissance, n'ont été trouvées nulle part ailleurs. L. Chabot a en effet découvert au cours des fouilles qu'il dirige sur l'oppidum de la Cloche treize oboles scyphates d'un poids moyen de 0,4 7 g. Trois de ces oboles faisaient partie d'un petit pécule (229), les autres ont été découvertes isolément. Ces pièces présentent encore au droit les traces d'une tête très déformée, et au revers des signes ou des globules dans les cantons d'une roue (PI.XII, 269 à 273). Le style très relâché de ces oboles et leur forme inhabituelle permettent de penser qu'on se trouve en présence d'une production indigène. Le sujet, on le voit, est très vaste et nous venons à peine de l'effleurer. Il faudra attendre la publication de nouvelles trouvailles isolées et de trésors pour avancer dans la connaissance de ces petites monnaies d'argent. En conclusion, on peut tenir pour probable que diverses tribus des Salluvii ont émis, au cours du Ile et 1er siècle av.J.-C., des monnaies d'argent imitées des oboles de Massalia. Les différences de poids constatées (de 0,35 à 0,70 g.) permettent en effet de supposer que ces émissions, sûrement sporadiques, se sont échelonnées sur une longue période. -
LES OBOLES SCYPHATES Parmi ces émissions tardives, nous citerons ensuite de curieuses et rares oboles, connues en Provence depuis longtemps, et dont la facture tout à fait exceptionnelle permet de penser qu'il s'agit d'une émission locale de courte durée: - droit: reliefs informes et globuleux, parfois presque lisses; - revers: croix bouletée en son centre avec une boule supplémentaire sur une branche de la croix. La particularité qui retient le plus l'attention est que ces petites divisions d'argent ont été frappées à l'aide d'un coin à extrémité presque hémisphérique, si bien que ces pièces ressemblent à des cupules fortement scyphates. Par suite du refoulement du métal, ces monnaies sont très minces et nous en avons vu plusieurs cassées et fragmentées. Nous en connaissons quatre portant dans les cantons de la croix au revers les lettres MA assez maladroitement gravées (trois provenant du Paradou, Bouches-du-Rhône, et une de Mouriès, Bouches-du-Rhône). Argent. Module: 10/11 mm. Epaisseur: 1 à 2 mm. Poids moyen: 0,35 à 0,40 g. (PI.XII, 274 à 276). Ces monnaies sont connues depuis longtemps et un des derniers exemplaires découverts vient d'être publié par J.-C. Richard (230).
Métrologie Depuis une dizaine d'années, nous avons suivi et recensé un certain nombre de découvertes nouvelles si bien que nous avons pu faire une étude plus complète de ces petites divisions. Les travaux métrologiques, portant sur 34 poids, donnent pour ces espèces un
71 poids moyen de 0,40 g et un écart-type de 0,07 g. La métrologie confirme donc pleinement l'impression première d'émissions tardives. En effet, après H. Rolland (231), L. Chabot (232). et nous-même (233), il faut bien admettre qu'à une époque voisine de la guerre des Gaules, Massalia a procédé à une dévaluation qui a ramené le poids de l'obole à environ 0,40 g. et les monnayages d'imitation n'ont pu que s'aligner sur ce nouveau poids.
Trouvailles Trésors: Le Castelet de Fontvieille, Bouches-du-Rhône Le Paradou, Bouches-du-Rhône
: 4 exemplaires : 15 exemplaires (234)
Trouvailles isolées: Bouches-du Rhône: Oppidum de Constantine Pélissane Sénas Mouriès Entremont Vaucluse: Péréal, à Apt
: : : : : :
1 2 2 4 1 1
On constate donc une très forte concentration de trouvailles en pays salyen, au nord de l'étang de Berre et de la Crau, dans une région qui correspond au pays des Anatilii (235) avec une dispersion de contiguïté normale chez les Dexivates, les Nearchl et les Salyens.
LES OBOLES AU CROISSANT Le hasard nous a fait connaître, en peu de temps, quatre exemplaires d'une petite monnaies d'argent jusque-là inconnue qui paraît originaire du pays salyen : - droit: tête nue à droite; les lèvres épaisses et le nez épaté font penser à un profil négroïde; sur un des exemplaires, la divinité (7) parait dotée d'une corne sur la tempe; - revers: un croissant de lune occupe tout le champ; entre les pointes du croissant, deux globules. Argent. Module: 8/9 mm. Poids: 0,23 (exemplaire fourré) ; 0.35 ; 0,30 et 0,34 g (PI.XIV, 291, 292). Une de ces oboles a été trouvée en surface sur l'oppidum du Castellas de Vitrolles, Bouches-du-Rhône (236). la seconde dans un verger d'oliviers de la même commune, et les deux dernières sur un site - non précisé - du nord-ouest du département des Bouchesdu-Rhône, site qui a donné également deux hémioboles de Massalia (0,37 à 0,22 g.) et cinq fragments d'oboles paraissant avoir été intentionellement partagées (0,21-0,21-0.17-0,16-0,15 g.). La tête qui figure au droit de ces oboles n'est pas sans rappeler celle du statère arverne de Pionsat BN.3751. Quant au type de revers, on remarquera que la lune a été souvent représentée sur les monnaies antiques de la Narbonnaise: Massalia (drachmes LT.790, 791, 836, bronzes BN.1499 à 1506), Avennio (argent BN.2509 à 2514) ainsi que sur diverses monnaies romaines (237). Les poids des oboles au croissant, les poids des oboles et d~s fragments d'oboles de Massalia trouvés non loin des deux derniers exemplaires, le style assez négligé, tout concourt à établir que ces pièces ont été frappées très tardivement par une peuplade salyenne au nord de Marseille (238).
***
72 Enfin, H. Rolland, dans son étude du dépôt du Castelet de Fontvieille (239), a publié trois monnaies jusque-là inconnues, et qui paraissent également originaires de Provence: 1 0 ) droit: tête à droite dont le front est garni d'une corne de bélier revers: oiseau de profil, une aile éployée, la tête ronde à bec pointu retournée; dans le champ à gauche, un croissant Argent. Module: 8 mm. Poids: 0,215 g. H. Roland a justement effectué un rapprochement entre cette monnaie et diverses pièces carnutes de bronze dont un exemplaire a déjà été trouvé sur le site voisin de Glanon (voir LT.6117, 6074, 6088 ... ). 2 0 ) droit: un coléoptère (hanneton ou scarabée 7) avec les élytres repliées; revers: légèrement concave; le fond est occupé par un poisson (dauphin 7) nageant, la queue relevée. Argent. Module: 6mm. Poids: 0,15 g. 3 0 ) un autre exemplaire identique au précédent, volontairement sectionné, dont la partie conservée pèse 0,09 g.
m.
IMITATIONS DE LA DRACHME DE MASSALIA Bien qu'on n'ait guère trouvé de trésor de drachmes de Massalia qu'en Provence (240), cette monnaie a dû pourtant circuler fort loin, à la faveur de divers courants commerciaux, étant donné qu'elle a donné naissance à plusieurs monnayages d'imitation, dont certains considérables en Italie du nord (241), et un autre plus limité dans le sud-ouest, connu surtout par les drachmes du trésor de Bridiers (242). Dans un premier temps, les auteurs, en particulier A.Blanchet et H.Rolland, avaient pensé que les belles imitations de la drachme lourde de Massalia, très proches du modèle, avaient été frappées dans la vallée du PÔ (243). Cependant A.Blanchet, dans une publication ultérieure, revenait sur cette manière de voir et estimait que ces premières imitations pouvaient être originaires du midi de la Gaule (244), A.Pautasso a réexaminé la question avec une grande objectivité (245) mais incline à l'attribution de ces rares pièces à l'Italie du nord en se fondant principalement sur le fait qu'on n'a trouvé aucune de ces monnaies dans le midi de la Gaule alors qu'un exemplaire de la collection de Saulcy avait peut-être été trouvé à Bergame (nO 782 de la collection de Saulcy). Deux publications de Ad. Carpentin assez méconnues, apportent un jour particulier sur ce difficile problème. Dans la Revue numismatique de 1861, Ad. Carpentin avait publié la seule drachme de poids lourd du trésor de Cadenet (2461 : - droit: tête féminine à droite couronnée de feuillage; profil un peu figé; pendants d'oreilles "d'une longueur inusitée" ; collier autour du cou; - revers: lion marchant à droite, la croupe très relevée; les pattes écrasées sont rendues de manière barbare. Poids: 3,80 g. Ad. Carpentin n'hésitait pas à attribuer cette pièce à Massalia. Sur ce point, l'examen de la gravure (nous n'avons pu malheureusement examiner l'original) n'entraîne pas notre entière conviction. Nous sommes persuadé au contraire qu'il ne s'agit pas d'une drachme lourde ancienne car on ne retrouve pas sur cette monnaie la qualité artistique remarquable des premières émissions. S'agit-il alors d'une drachme lourde tardive (247) ou d'une des toutes premières imitations de belle venue 7 Il nous paraît impossible pour l'instant de répondre avec certitude à cette question. Deux ans plus tard, Ad. Carpentin signalait "Ia découverte de sept grandes drachmes qui se trouvaient ensemble et dont nous avons fait l'acquisition" (248). L'absence d'autres précisions et l'attribution de ces sept monnaies à Massalia prouve bien que la
73 trouvaille avait été faite en Provence sinon Ad. Carpentin n'aurait pas manqué de commenter le lieu de la découverte. Or, en tenant compte des divers éléments numériques donnés par l'auteur, l'illustration de son article permet de conclure qu'une au moins, sinon plusieurs des pièces publiées, sont des imitations qui proviennent de cette seconde trouvaille. Ainsi, on peut envisager avec vraisemblance que au moins deux très belles imitations de la drachme lourde de Massalia auraient été trouvées en Provence. Cependant, à défaut de certitude, il faudra attendre de nouvelles trouvailles pour savoir si les Salluvii ont émis très tôt des espèces imitées des drachmes lourdes de Massalia. A une époque plus tardive, ont été émises trois drachmes tout à fait exceptionnelles qu'Henri Rolland attribuait aux Celto-ligures (249) : 1 0 ) Droit: tête d'Artémis à droite couronnée d'olivier; derrière le cou, arc et carquois; collier de perles et boucle à trois pendeloques à l'oreille; Revers: lion passant à droite; au-dessus du lion, en lettres grecques: Segobi ; entre les pattes du lion 1. Argent. Poids: 2,73 à 2,75 g. BN. et LT.2244; de la Saussaye 1842, pl.XIV (PI.XII, 277). Par sa typologie (attitude du lion, double ligne de sol notamment), cette drachme peut avoir été émise vers le milieu du Ile siècle av.J.-C. H. Rolland pensait que l'attribution de cette drachme aux Segovii pouvait être envisagée. Or, les Segovll, connus seulement par l'inscription de l'arc de Suze, habitaient probablement le versant italien du royaume de CottiU8 et l'émission d'une pareille monnaie par cette lointaine peuplade se conçoit mal. Il n'est également guère possible de l'attribuer aux Segobrigll, qui occupaient les environs immédiats de Marseille, et qui avaient dû être incorporés les premiers dans la "chora" massaliète. 2 0 ) Droit: tête d'Artémis à droite; coiffure très stylisée; arc et carquois derrière le cou; sur le cou d'Artémis MA ; Revers: lion passant à droite; au-dessus, en lettres grecques: Massa. Argent. Poids: 2,65 g. Musée de Marseille. LT.PI.III. H. Rolland estimait que cette drachme avait pu être frappée par une population voisine de Marseille. Cette pièce, d'assez beau style, et qui porte une légende correcte, peut aussi bien provenir de l'atelier de Massalia. 3 0 ) Enfin, H. Rolland a émis à juste titre des doutes sur l'attribution aux Trlcorll de la drachme suivante : Droit: tête d'Artémis à droite couronnée d'olivier; arc et carquois derrière le cou; Revers: lion passant à droite; au-dessus, en lettres grecques: Oki,t ; entre les pattes du lion K. Argent. Poids: 3,03 g. BN. et LT.2248 (PI. XII, 278). Le Marquis de Lagoy et de La Saussaye ont attribué cette monnaie aux Trlcorll de la vallée du Drac en supposant la légende rétrograde; il parait difficile de l'admettre, les lettres K et P étant bien écrites de gauche à droite. On n'admet guère mieux l'attribution de cette pièce aux Tricores, localisés à quelques kilomètres à l'ouest de Marseille, cette peuplade, seulement citée par Pline, ayant dû être incorporée très vite à la cité phocéenne. Dès lors, il faudra attendre de nouvelles trouvailles pour se prononcer sur l'attribution de ces trois drachmes d'une grande rareté. H. Rolland pensait "qu'aux trois drachmes qui viennent d'être décrites, se limitait la série des imitations de la drachme légère de Marseille" (250). Nous pensons que les Salluvll ont émis d'autres imitations de la drachme massaliète plus difficiles à déceler.
74 D'abord se pose la question de l'attribution des drachmes de type massaliète des séries BN.829 à 866 et 867 à 943, pièces d'une qualité artistique généralement médiocre et dont l'émission peut se placer dans la première moitié du Ile siècle av.J .-C. Beaucoup de numismates estiment que la plupart de ces pièces sont des imitations celto-ligures et L. Chabot et F. Salviat se sont prononcés, tout récemment, en ce sens (251). H. Rolland au contraire donnait l'ensemble de ces séries à Massalia "car, vouloir admettre pour Marseille les seules pièces de beau style, c'est priver un atelier de monnaies régulières dont la carence fausserait la chronologie du monnayage, et encombrer le groupe déjà si confus des véritables imitations indigènes" (252). Nous constaterons seulement que certaines de ces drachmes sont d'un très beau style alors que d'autres sont, indiscutablement, l'oeuvre de graveurs indigènes, et on a trouvé des monnaies des deux catégories mêlées à d'autres drachmes de Massalia dans plusieurs trésors. Les drachmes de style celtique sont-elles des imitations celto-Iigures ou sont-elles simplement l'oeuvre de graveurs indigènes attachés à l'atelier phocéen? La seconde hypothèse n'est pas moins vraisemblable que la première pour plusieurs raisons: - les légendes de toutes ces drachmes sont écrites correctement; - si ces monnaies, qui portent un grand nombre de marques d'émission (objets ou lettres différentes), étaient des contrefaçons indigènes, il faudrait admettre que les Salluvii ont pratiquement imité chaque année toutes les drachmes sortant de l'atelier de Massalia pendant une longue période. Pour des imitations, cette hypothèse n'est pas vraisemblable (253) ; - par contre, le fait que Massalia ait fait appel pour les émissions qui ont immédiatement suivi (BN.939 à 949 en particulier) à de très bons artistes grecs apparaitrait comme une réaction normale des magistrats marseillais après une longue période de stagnation artistique des monnayages. De toute manière, des études monographiques complètes seront nécessaires pour répondre avec certitude à cette question. Ce que nous considérons comme certain, par contre, c'est qu'à la fin du lIème ou au début du 1er siècle av.J.-C., les Salluvii ont émis, de manière sporadique, de véritables imitations de la drachme massaliète. Bien que ces pièces soient rares, nous avons pu en examiner un certain nombre et nous sommes autorisé à publier, à titre d'exemples, les six drachmes suivantes qui, en raison de leur style et de l'incorrection des légendes (254), nous paraissent être de véritables contrefaçons indigènes. 1 0) BN .947 - Droit: tête d'Artémis à droite; le nez est long et pointu; chevelure bouclée; arc et carquois derrière l'épaule; trois mèches de cheveux dans le cou rappellent certaines drachmes de la vallée du Pô ; Revers: lion en arrêt à droite; devant le lion A ; en lettres grecques: Massa/liêtôn. Poids: 2,67 g (PL.XII, 279). Cette belle drachme est l'oeuvre d'un graveur celtique: la tête et le lion sont très schématisés ; plusieurs lettres de la légende sont déformées; E. Muret a porté sur le Catalogue des monnaies gauloises de la B.N. en regard de cette pièce: "Travail grossier". Cette pièce est une copie des drachmes de Massalia BN.944 et suivantes. 2 0 ) BN.1 081 - Droit: buste d'Artémis à gauche de bonne facture; le nez est allongé; le diadème a presque disparu; Revers: lion bondissant à gauche; le mufle du lion ressemble au museau d'un chien; Massa (les sigmas inversés) ; sous le lion: lambda; à l'exergue: alpha-lambda. Poid : 2,72 g. (PI.XII, 280).
75 Cette drachme, qui est l'oeuvre d'un artiste indigène assez habile, reproduit la drachme massaliète BN. 1 1 21 à 11 27. Si la drachme BN.947 paraît être une imitation assez ancienne isolée, la seconde pourrait se rattacher à la série suivante qui fait partie d'une véritable émission que nous avons pu reconnaitre par l'étude des coins et dont nous connaissons les quatre exemplaires suivants: 3°) BN.1 083 - Droit: buste d'Artémis à gauche de bon style; on reconnaît cependant la main d'un artiste celtique à certains détails (chignon d'Artémis en forme d'arête de poisson, en particulier) ; Revers: lion bondissant à gauche; légende: Mssa ; entre les pattes du lions: deux lambdas; à l'exergue: gamma (?) Poids: 2,24 g. (PI.XII, 281). 4°) BN.1 082 - Droit: provient du même coin de droit que la monnaie précédente; Revers: lion bondissant à gauche; légende: Massa/liétôn (alpha et nu sont des lambdas et il manque le iota) ; entre les pattes de derrière du lion A. Poids: 2,33 g. (PI.XII, 282) 5 0) Droit: comparable au précédent mais travail grossier ; Revers: provient du même coin que BN.1 082. Poids: 2,67 g. (PI.XII, 283) 6°) Droit: tête d'Artémis assez caricaturale; Revers: très proche du revers précédent; entre les pattes du lion +.t.A. Poids: 2,37 g. (PI.XII, 284). Les monnaies 3,4 et 5 sont inspirées des drachmes de Massalia des séries BN.1 059 à 11 58 et la dernière est une copie de la drachme massaliète publiée par Laugier sous le numéro 118/1 (255). L'examen de ces monnaies, dont le poids est faible (poids moyen: 2,40 g.), établit que les drachmes 3 et 4 proviennent d'un même coin de droit et les drachmes 4 et 5 sont d'un même coin de revers: ces pièces sortent donc d'un même atelier. Cette émission a présenté une certaine importance. Les deux premières monnaies viennent de la collection de Lagoy et les deux dernières faisaient partie d'un trésor de drachmes massaliètes découvert dans la basse vallée de la Durance il y a quelques années. L'identification de cette émission met en évidence l'intérêt des publications nombreuses: le seul examen des droits des pièces 3 et 4 n'aurait pas permis de déceler un monnayage d'imitation; par contre, la liaison des revers des monnaies 4 et 5 permet de mieux mesurer l'étendue de ce petit monnayage d'imitation, de suivre la rotation des coins ainsi que la dégénérescence des types. Comme pour les oboles, ces quelques pages ne sont qu'une introduction à l'étude des imitations salyennes mais nous espérons qu'elles inciteront ceux qui possèdent ou connaissent d'autres pièces de cette nature à les publier. Alors, seulement, la charactéroscopie permettra d'arriver à des conclusions définitives.
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CONCLUSION
Les peuples du sud-est de la Gaule, Celtes et Ligures le plus souvent mêlés, se groupèrent assez rapidement en quatre grandes fédérations dont l'organisation politique est encore assez mal connue. De par leur position privilégiée sur un axe de communication d'importance exceptionnelle, ces populations connurent, dès leur implantation, l'usage de la monnaie en même temps que l'influence bienfaisante de Massalia qui leur permit probablement d'adoucir la tutelle arverne et qui contribua à leur évolution économique par un accroissement et une diversification des échanges. Les peuples du sud-est utilisèrent certainement, à l'origine, les statères de Philippe de Macédoine et leurs imitations arvernes. Il est possible en outre que certains d'entre eux aient émis des monnaies d'or à la fin du Ile et au début du 1er siècle av.J.-C., mais il faudra attendre de nouvelles trouvailles pour qu'une réponse satisfaisante puisse être apportée à cette question. Par contre, il ressort de nos travaux, qu'après la conquête de la Provincia, les peuples du sud-est, qui conservèrent encore pendant une longue période leurs institutions et un semblant d'autonomie interne, sous la férule de chefs inféodés aux Romains, émirent essentiellement des monnaies d'argent d'abord alignées sur la drachme de Massalia, ensuite sur le victoriat, enfin sur le quinaire. Nous pensons que, jusqu'à la guerre des Gaules au moins, ces peuples pratiquèrent une économie fondée principalement sur le troc, l'usage de la monnaie étant réservé aux chefs et aux négociants, ainsi qu'au paiement des impôts, taxes et contributions qui accablèrent à maintes reprises ces populations. L'usage de la monnaie ne se répandit d'ailleurs pas d'une manière uniforme dans le sud-est de la Gaule. Ainsi que nous l'avons signalé, les Cavares, dont la position géographique était très forte, collaborèrent les premiers avec les Grecs de Massalia et adoptèrent une économie fondée sur la monnaie: ils furent les seuls à émettre de petites divisions d'argent et ils utilisèrent largement les oboles à la roue de Massalia. Jusqu'à la reprise en mains de la Provincia par Pompée, en 77-75 av.J.-C., et à l'émission des quinaires au cavalier, les Allobroges n'émirent qu'un seul type de pièces d'argent à l'hippocampe, et les Vocontii, de même que les autres peuples alpins, n'eurent pas de monnayage propre. Les troubles de 77-75 furent sûrement très graves et la répression féroce, car c'est cette période qui a donné le plus grand nombre de trouvailles monétaires. Ensuite, tout permet de penser que les quinaires au cavalier, émis en abondance et qui connurent une dispersion considérable, concoururent au financement des armées romaines et à la guerre des Gaules. Après la conquête, l'impression dominante est que la monnaie fut accaparée par quelques rares privilégiés, le surplus de la population connaissant une extrême pénurie: les sites archéologiques fournissent alors des monnaies fourrées et un pauvre numéraire de bronze et de potin. Il faudra attendre le début de notre ère pour constater les signes d'un véritable renouveau économique.
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NOTES
(1) Deroc 1971. (2) Colbert de Beaulieu 1973 (3) Scheers 1969. (4) Richard 1979. (5) Pautasso 1976. (61 Les droits étant communs à plusieurs types, les cinq types de monnaies de la vallée du RhÔne seront désignés par la représentation des revers. (7) Allotte de la Fuye pensait que la crinière était tressée: "Pour les pièces de Tourdan, la crinière est tressée avec une recherche toute particulière, et nous avons là très certainement une représentation scrupuleusement fidèle se rapportant à un usage local". (Allotte de la Fuye 1894, p.38). (8) Les travaux de savants italiens, et en France, ceux de Michel Lejeune permettent des lectures certaines (Lejeune 1957, p.174-181 l. J.-B. Colbert de Beaulieu a consacré plusieurs études à cette question délicate: Colbert de Beaulieu 1961, Colbert de Beaulieu 1965 a, Colbert de Beaulieu 1965 b, Colbert de Beaulieu 1969. Voir également Deroc 1971, et Pautasso 1976. (9) Lejeune 1971, p.22. (10) Pautasso 1976, p.491. (11) Scheers 1975, pl.lI, nO 26. (12) Deroc 1975, p.67-68. (13) Cette légende écrite parfois de droite à gauche est un des arguments permettant à A. Pautasso de classer les monnaies à légende KASIOS en tête des émissions de la vallée du Rhône. J.-B. Colbert de Beaulieu pense que cette inversion n'a pas une grande importance: "Le sens de l'écriture et même celui des lettres sont relativement variables sur les inscriptions des divers alphabets nord-italiques; d'autre part, c'est une erreur bien connue qu'un graveur burine son texte à l'endroit sur le coin ce qui produit une empreinte frappée à lire dans l'autre sens, ou qu'il retourne à la fois de cette manière et le sens de la lecture et le sens des lettres" (Colbert de Beaulieu 1965 a, p.63, renvoi 1). (14) On ne peut manquer de faire un rapprochement avec une description de Polybe rapportée par Strabon (IV,6) : "Polybe rapporte qu'il y existe aussi (dans les Alpes) un animal d'une constitution singulière, il a l'apparence générale d'un cerf, sauf l'encolure et le pelage qui ressemblent à ceux d'un sanglier, et présente sous le menton une protubérance garnie de poils à son extrémité, longue environ d'un empan et de l'épaisseur de la queue d'un poulain". (15) Blanchet 1905, p.269. (16) R. Perrayon, professeur agrégé de sciences naturelles, consulté sur ce point, nous l'a confirmé: "Les cornes des bouquetins femelles sont longues, de forme très variable, et recourbées ou tordues selon les races". Durant l'Antiquité, les bouquetins étaient nombreux dans les massifs alpins et devaient même se rencontrer dans de nombreuses vallées alpines.
BO (17) Sur quelques rares monnaies de cette classe, certains numismates avaient cru distinguer un animai au dessus du bouquetin: Allotte de la Fuye y voyait un sanglier renversé (Allotte de la Fuye 1894, p.11). Changarnier voyait "un oiseau (7) lequel pourrait bien n'être que le résultat d'une surfrappe" (Changarnier 1882, pl.lI, nO 16). Changarnier entrevoyait la vérité. L'examen de l'exemplaire BN.2882, qui est en parfait état, lève toute équivoque: un affaissement du coin de revers, au niveau des cornes du bouquetin, a produit à la frappe sur la monnaie une boursouflure irrégulière qui a été prise pour un petit animal, l'extrémité des cornes du bouquetin simulant alors assez bien les pattes de ce petit animal. Il s'agit donc en fait du résultat d'un défaut du coin de revers. Sur une autre monnaie de cette classe, Changarnier croyait lire les lettres lA devant le poitrail du bouquetin (Changarnier 1882, pl. Il, nO 22) : on peut douter de cette lecture. (18) Lagoy 1837, pl. nO 5. (19) La Saussaye, 1842, p.140. (20) Blanchet 1905, p.258. (21) Colbert de Beaulieu 1961, p.181 . (22) Voir sur ce point, l'analyse complète de A. Pautasso (Pautasso 1976, p.492 et suiv.) (23) Vallier 1882, pl.IV, nO 70. (24) Lagoy 1837, pl. nO 21. (25) Lagoy 1837, pl. nO 11 et 17. (26) La Saussaye 1842, p.135 et pl.XVI. (27) Lagoy 1847, p.9. (28) Lagoy 1837, pl. nO 17. (29) La Saussaye 1842, p.132-134, pl. XVI, nO 1. (30) Changarnier a publié une monnaie d'argent arverne qui est très semblable à celle portant la légende vaac (Changarnier 1884 a, pLI, nO 4). (31) Changarnier 1885, p.244, pl. nO 7. (32) Cet animal ne ressemble guère à un hippocampe et on peut se demander si le graveur n'aurait pas voulu représenter en réalité un protomé de cheval ailé tel qu'on le rencontre sur de nombreuses monnaies grecques, et sans aller très loin, sur un groupe d'oboles du trésor d'Auriol (Furtwangler 1978, pl.l, Ac.1, par exemple). (33) Vallier 1882, La Sizeranne 1882, p.24-25, Blanchet 1905, p.129. Une de ces monnaies ayant appartenu à la collection Changarnier est passée en vente publique le 1-12-1972 (Monnaies et Médailles, Bêle, nO 204). Un deuxième exemplaire de cette rare variété a été vendu à Paris le 17-5-1973 (E.Bourgey, nO 257). Poids de ces deux exemplaires: 2,38 et 2,30 g. (34) Vallier 1882, pl.IV, 60. (35) Vallier 1882, pl.IV, nO 58. (36) Blanchet 1905, p.261-269, Colbert de Beaulieu 1973, p.296, Deroc 1971, Scheers 1969, p.2-9 et 79-86, Richard 1979.
81 (371 Certains ont vu le cou de la déesse Roma paré d'un collier à longues pendeloques (Vallier 1882, pl.lI, nO 25 à 28) ; d'autres y ont vu les plis d'un vêtement froncé au-dessus des épaules (La Sizeranne 1882). (38) Colbert de Beaulieu 1957. (39) Ce coin est conservé au Musée de Grenoble (Vallier 1879). (40) Le métal employé devait provenir en grande partie des nombreuses mines d'argent et de plomb argentifère qu'on rencontre depuis la côte des Maures jusqu'en haute Isère (Barruol 1969, p.98), mais peut-être aussi d'Espagne par l'intermédiaire de Massalia (Salviat 1978, p.8-91. Pour la plus récente analyse du métal d'une monnaie au cheval galopant avec la légende VOL, consulter Barrandon 1978. Cependant, ainsi que nous le verrons ultérieurement, cette pièce ne saurait être attribuée aux Volques. (41) H. Müller a réussi à fabriquer lui-même des monnaies imitées des quinaires au cavalier depuis la gravure des coins jusqu'à la frappe. Ses constatations sont pleines d'intérêt (Müller 1924). (42) Naster 1975, p.67. (43) Colbert de Beaulieu 1970, p.66. (44) On connait des drachmes de Massalia du Ile siècle aV.J.-C. portant un grènetis au revers mais les espèces présentant cette particularité sont rares. (45) Il s'agit seulement d'un ordre de grandeur, ces rendements étant très contreversés. Voir sur cette question une récente analyse de T. Hackens (Hackens 1975, p.1 94). (46) Hackens 1975, p.1 95. (47) Richard 1973, p.81-131. (48) Dans son étude sur le trésor de Laveyron, F. de La Sizeranne donne parfois les poids moyens de plusieurs monnaies, d'autres fois des poids paraissent arrondis au décigramme (La Sizeranne 1880) : nous n'avons donc pas retenu les données métrologiques de son étude comme trop imprécises; d'autre part, nous avons relevé les poids d'un grand nombre de monnaies de la collection P.-C. Vian: beaucoup de ces pièces provenant du trésor de Tourdan n'étant plus identifiables, nous avons dO négliger les poids donnés par Allotte de la FuYe. (49) Nous avons additionné, pour les séries étudiées, les poids de 80 monnaies fourrées et nous avons comparé la somme obtenue au total des poids moyens déterminés statistiquement pour les monnaies en cause: il apparait une perte moyenne de poids de 1 7,1 %. Sur les pertes de poids au nettoyage et la transformation du cuivre en oxyde cuivreux, voir Carcassonne 1975. p.143-146. (50) Dans une de ses études, J.-B. Colbert de Beaulieu a abordé avec rigueur le problème du frai et les moyens - difficiles - d'en mesurer l'importance (Colbert de Beaulieu 1954). Nous avons, quant à nous, tenté de tirer des déductions de l'étude sérieuse du trésor de Villette par H. Müller (Müller 1922), en particulier de l'état de conservation des 364 deniers consulaires que ce trésor renfermait. Mais les résultats obtenus demeurent beaucoup trop incertains pour qu'on puisse en faire état. (51) Statistiquement, pour être représentatif d'un monnayage, le nombre de poids dont on dispose doit être supérieur à 25, même à 40 en cas de forte dispersion. Cependant, lorsqu'un monnayage est homogène, de bons résultats peuvent être obtenus avec une douzaine de données.
82 (52) Dans un de ses derniers travaux, L. Chabot rappelait que Cicéron, dans le Pro Fontelo, signalait que "la taxe instituée sur le vin par l'accusé pouvait varier de 4 deniers, ou 3 deniers et 1 victoriat, à 6 deniers, selon que cette marchandise était destinée à une région amie ou ennemie". Et L. Chabot en déduisait justement: "Cela nous vaut au passage une confirmation de l'usage courant du victoriat en Narbonnaise vers - 70" (Chabot 1980, p. 18-19). (53) Le poids moyen est sujet à des variations non négligeables suivant l'échantillon choisi: c'est la raison pour laquelle nous avons d'abord dressé un tableau général des poids par échelon de 0,05 g. et donné le poids le plus fréquent, tous éléments qui peuvent permettre des corrections. (54) Voir sur ce point: Cochran 1953, p.21. (55) C'est en effet dans l'échelon de 2,50 à 2,70 g. que sont rangés presque tous les poids des plus beaux exemplaires de style celtique vigoureux. La plupart des exemplaires de style relâché ont des poids inférieurs. (56) J.-C. Richard et L. Vilaronga pensent que certaines émissions de la Gaule du sud peuvent être placées sous l'influence du victoriat (Richard 1973, p.1 05, n.3). (57) Outre les trésors de Lattes, Hérault (Majurel 1966 et 1967), de nombreux exemplaires isolés d'oboles ont été recueillis sur de nombreux sites archéologiques du sud-ouest et jusqu'en Espagne (Richard 1972, p.79-811. (58) Nous sommes persuadé qu'au Ile siècle avant J.-C., la plupart des transactions commerciales s'opéraient encore par la voie du troc, l'usage de la monnaie ayant pu, au bout d'un certain temps, conférer une valeur monétaire théorique aux biens de consommation courante, ce qui facilitait grandement les échanges (Will 1975, 234). (591 Naster 1975, p.67. (601 Après les destructions causées par les Cimbres et les Teutons, la Provincia ne pouvait que subir les effets des guerres civiles qui avaient appauvri Rome et entraTné des convulsions monétaires considérables avec un accroissement anormal des pièces fourrées. Voir sur ce point la très bonne analyse de L. Chabot (Chabot 1973). (611 Richard 1973, p.99-1 03. (62) Nous pensons avec J.-B. Colbert de Beaulieu que les monnaies au cavalier n'étaient pas des divisions du denier romain mais des unités monétaires gauloises qu'on peut appeler des "deniers gaulois de poids faible" : en effet, sur certaines pièces de la zone du denier, le graveur a reproduit la lettre X, qui en est la marque, au droit, et de plus, les pièces au cavalier avaient leurs propres divisions (Colbert de Beaulieu 1973, p.272-2761. Cependant, dans la pratique, surtout à partir des dernières émissions, le denier romain valait deux pièces au cavalier. (631 Les artistes gaulois ont pu en outre être influencés par des monnaies grecques, romaines ou puniques qu'ils connaissaient. Les Gaulois ont en effet servi comme mercennaires dans tout le monde méditerranéen et ont ramené chez eux de nombreuses monnaies d'or et d'argent. De plus, les simples échanges commerciaux ont amené en Gaule beaucoup de monnaies étrangères. S. Scheers a fait une très bonne synthèse de ces problèmes (Scheers 1978). (64) Rolland 1935, p.242-243. (65) Furtwangler 1978, p.56 et suiv. (66) D'autres avant nous, et plus qualifiés, l'ont soutenu (Hill 1933, p.22-23, et Colbert de Beaulieu
83 1970, p. 148). Une constatation récente illustre particulièrement cette idée: sur deux oboles de Massalia de la collection J. Charra, les boucles de la chevelure d'Apollon sont rendues par de petits motifs exactement identiques à ceux qui ont été employés par les graveurs celtiques pour représenter la crinière du buste de cheval à légende KASIOS de la classe III. (67) Colbert de Beaulieu 1973, p.148. (68) Babelon 1886, T.I, p.28, nO 38. (69) Alloue de la Fuye 1894, p.37-38. (70) Pautasso 1966, pI.LXXXIX, nO 453, 454, 458. (71) Pautasso 1966, pLLXVlI1 et suiv. nO 10.
nO 361, 362, 368, 369, 374 ... et Scheers 1975, pLI,
(72) A. Pautasso pense que les coins des monnaies de la vallée du Rhône n'ont pas été gravés par des artistes de Cisalpine car ceux-ci n'auraient pas commis les erreurs alphabétiques relevées sur les espèces gauloises (Pautasso 1975, p.497) : J.-B. Colbert de Beaulieu au contraire pose la question de savoir s'il ne faudrait pas envisager "la probabilité d'émigrations lentes (de Celtes de la vallée du Pô) dans les vallées de montagne d'est en ouest et leur descente dans la basse vallée du Rhône jusqu'aux approches de Marseille sous la pression de plus en plus organisée de Rome en Gaule cisalpine" (Colbert de Beaulieu 1961, p. 181). Certains faits numismatiques plaident en ce sens. (73) Voir par exemple le droit des statères B.N. 3432, 5315 ... (74) Deroc 1975, p.67-68. Changarnier avait fort bien remarqué sur un autre statère d'or provenant de Pionsat le chevelure formée de "touffes séparées" (Changarnier 1884 a, pL 1, nO 3). Un statère d'or de la collection Danicourt de Péronne illustre également très bien cette homotypie (Scheers 1975, pLVI, nO 95). (75) Ces liaisons homotypiques ne suggèrent-elles pas l'existence, dans les ateliers gaulois les plus importants, d'un "stock" de monnaies - aussi bien gauloises que grecques, puniques ou romaines - choisies suivant des critères que nous ignorons et mises à la disposition des graveurs pour y puiser leur inspiration 7 (76) A. Blanchet pensait que les prototypes pouvaient être les tétradrachmes carthaginois frappés en Sicile donnés par Hannibal aux riverains du Rhône pour passer ce fleuve (Blanchet 1905, p.195196). H. Rolland de son côté a écrit: "Nous hésitons à reconnaître dans les pièces d'argent au buste de cheval ... l'imitation d'un prototype romano-campanien du début du Ille siècle avant notre ère" (Rolland 1956 b, p.2). (77) Dans son étude sur le monnayage des Cavares, A. Sagnier écrivait: "C'est chez les Arvernes, le peuple monnayeur de ce temps-là, que le type (au cheval galopant) a pris naissance et c'est de là qu'il s'est répandu chez les peuples voisins" (Sagnier 1894, p.6)' Le statère d'or arverne LT.3758 n'est-il pas très proche des monnaies anépigraphes au cheval galopant 7 Les emprunts sont d'autant plus vraisemblables qu'on sait maintenant que ces deux types monétaires circulaient au même moment dans la vallée du Rhône. (78) Babelon 1886, Il, p.186. (79) Blanchet 1905, p.266.
84 (80) Crawford 1974, p.386, nO 367/5. (81) Barruol 1969. (82) H. Rolland avait envisagé la possibilité de la prise de Massalia par Catumandus (Rolland 1935, p.245) pour expliquer notamment l'arrêt de la frappe des drachmes lourdes: outre qu'un événement aussi considérable n'aurait guère pu échapper à tous les historiens de l'Antiquité, nous pensons nous-même que la frappe des drachmes de Massalia - bien que sporadique - n'a pas connu une interruption longue de plus d'un siècle (Deroc 1978). (83) Les peuplades gauloises étaient extrêmement nombreuses et certaines devaient être de minime importance: Plutarque écrit que César conquit en Gaule environ 300 nations, Flavius Josèphe parle de 305 peuplades et Appien en compte 400. (841 A l'époque d'Auguste, on emploie souvent le mot "gens" dans le sens de peuplade. Tite Live fait souvent usage de ce terme: il parle, par exemple, des "Salassi, gens alpina". (85) Rémy 1970. (86) Boisse 1968. (87) La forme Segallauni, employée pour désigner les Segovellauni, est une forme contractée plus tardive. On connait des formes contractées similaires: Catalauni pour Catuvellauni... (88) Blanc 1964. (891 Strabon, d'après Posidonios d'Apamée, est très précis: "Le territoire des Arvernes s'étendait à l'origine jusqu'à Narbonne et jusqu'aux frontières de la Massaliotide et les peuples leur étaient soumis jusqu'aux monts Pyrénées, jusqu'à l'océan et jusqu'au Rhin" (Strabon, Géographie, IV, 2,31. Tite-Live, de son côté, précise que, si Hannibal eut affaire en 218 aux Volques, lors de son passage des Pyrénées, son frère Hasdrubal, en 207, fut accueilli par les Arvernes qui lui prêtèrent main forte (Tite-Live, Histoire de Rome, XXI, 26 et XXVII, 39). (901 Au cours de cette bataille, les Arvernes auraient perdu de 120.000 à 200.000 hommes suivant les auteurs. Malgré leur exagération probable, ces chiffres témoignent malgré tout de l'importance de l'armée arverne. (91) Colbert de 8eaulieu 1973, p.202. (92) Strabon, IV, 1, 5. (93) Barruol 1969, p.225. M. Clavel-Lévêque estime également que le territoire marseillais était étendu (Clavel-Lévêque 1977, p.861. (941 Barruol 1969, p.229. (95) Chabot 1977. (961 Strabon ne laisse guère de place au doute: "A partir de Massalia, si l'on avance dans le pays compris entre les Alpes et le Rhône jusqu'au fleuve Druentias (Durance), on trouve les Salyens qui occupent un territoire de 500 stades. Le bac vous passe à Cabellio et tout le pays qui suit est cavare" (IV,5, 11 et IV,6,31. Pour sa part, Ptolémée range parmi les cités salyennes "Tarusco, Glano, Arelate, Aquae Sextiae et Ernaginum" (11,10,8).
85 (97) Il fallut quatre-vingts années de guerre aux puissantes armées romaines pour obtenir un étroit passage le long de la côte (Strabon, IV,6,3) : on voit mal comment Massalia aurait pu réussir pareille entreprise. (98) Strabon précise, parlant du peuplement de la côte ligure: "D'Antipolis jusqu'à Massalia, et un plus loin encore, est installé le peuple des Salyens, qui habitent les Alpes en arrière du littoral, et, mêlés aux Grecs, certaines parties du littoral lui-même" . (IV,6,2). Parlant de la colonie phocéenne d'Emporion, Strabon est encore plus explicite: "La ville (Emporion) jouxtait autrefois un habitat de tribus Indicètes qui, tout en formant une communauté politique distincte, voulaient avoir une enceinte commune avec les Grecs pour assurer leur sécurité. Celle-ci fut alors construite en deux compartiments séparés par un mur mitoyen. Mais, avec le temps, les deux populations se réunirent en une seule entité politique dont la constitution fut un mélange de lois empruntées aux barbares et aux Grecs, comme en beaucoup d'autres endroits" (111.4,8). (99) Nombreux sont ceux, en particulier l. Chabot, qui pensent que les prétendues incursions salyennes ont été d'avantage un prétexte à intervenir qu'une réalité, Rome désirant obtenir - à tout prix - la maîtrise de la voie d'Espagne. (100) Vindalium était située au nord-est d'Avignon, au Mourre-de-Sève, entre Vedène et Sorgues. Cette ville devait être très célèbre puisque Florus (1,37,4) et Isidore (9,2,96) nomment la Sorgue, qui coulait près de cette cité, Vindelicus amnis. C'est non loin de Vindalium que Domitius Ahenobarbus aurait élevé le premier trophée monumental de "Empire romain. (101) Colbert de Beaulieu 1973, p.184. Valère Maxime en a fait l'un des quatre exemples historiques de la perfidie des Romains (IX,6,3). (102) Badian 1968 et Goudineau 1979, p.255. (103) Ce fut une véritable guerre conduite non seulement contre les Allobroges mais aussi contre les Voconces: on connait en effet une citation dans un titre de la partie perdue du "Pro Fonteio" de Cicéron intitulée : "de belle Vocontiorum" . (104) Le foedus, véritable traité d'alliance avec Rome, était très recherché et accordé rarement; en Narbonnaise, deux cités seulement l'avaient obtenu, Masalia et les Voconces. Le foedus permettait notamment à ces cités de se gouverner elles-mêmes, de battre monnaie, d'être exemptées de tribut et d'avoir une certaine indépendance - au moins théorique - vis-à-vis des gouverneurs envoyés par Rome. Voir sur cette question la dernière analyse très complète de Goudineau 1979, p.263-264. (105) J.-B. Colbert de Beaulieu a consacré un important chapitre de son traité au classement géographique et aux règles à suivre en vue d'obtenir des résultats sûrs (Colbert de Beaulieu 1973, p.177 et suiv.). (106) La composition du trésor découvert à Paix, Eure, en 1837, fait penser à la caisse d'un commerçant ayant parcouru plusieurs régions de la Gaule (Blanchet 1905, p.555). (107) Nous examinerons plus loin les raisons pour lesquelles nous pensons que le trésor de Tourdan était le pécule d'un Cavare venu en pays allobroge. (108) De Lagoya écrit au sujet d'un trésor de monnaies au cavalier découvert près de Lyon: "J'ai été surpris de n'apercevoir aucune pièce fourrée comme le sont au contraire presque tous les exemplaires découverts isolément dans le midi de la France". Et il ajoutait au renvoi: "Ce fait pourrait s'expliquer en supposant que les dépôts monétaires sont composés de bonnes monnaies... pour rejeter hors de la circulation les médailles fourrées et voilà précisément pourquoi on découvrirait maintenant ces dernières éparses et isolées". (Lagoy 1847). De Lagoy avait déjà aperçu la solution. Les importantes trouvailles de l. Chabot confirment ce point de vue.
86 (109) Chabot 1979. Ce petit trésor comprenait, avec quelques bijoux d'argent, un statère d'or des "Vindelici", un quinaire des Lingones à légende KMEÂOY, un quinaire de la vallée du Rhône au cavalier avec la légende BRI-COMA, trois oboles des "Salluvii" imitées des oboles à la roue de Massalia, trente-huit drachmes de Massalia et quatre dioboles à l'aigle de Massalia. L. Chabot a fait de ce trésor une étude pleine d'enseignements. (1 10) Allotte de la Fuye 1890, p.49. (1 111 Ces numismates avertis et très sérieux ont signalé par exemple à plusieurs reprises que les monnaies au buste de cheval, au cheval galopant, et au bouquetin se rencontraient souvent dans le Vaucluse. Mais le lieu exact des trouvailles a été rarement indiqué. Ainsi, de Lagoy signale neuf pièces au cavalier acquises par lui (ROVV-CN.VOL, ROVV.CAL, ROVV.VOLUNT et AUSCROCOS) avec la simple mention: "Ces pièces ont été découvertes dans le Vaucluse; je les dois à l'obligeance de M. Nogent-Saint-Laurent". (Lagoy 1847). (112) Voir également La Saussaye 1842, p.1 33. (113) Par exemple, le trésor nO 26 de A. Blanchet (Blanchet 1905, p.545) ne comportait pas de monnaies au cavalier mais des monnaies au cheval galopant: les publications du Marquis de Lagoy l'établissent sans le moindre doute. (1 14) P.-C. Vian avait dépouillé avec soin toutes les découvertes faites dans la région jusqu'en 1966 et en avait publié la liste (Vian 1966). Nous devons de nouvelles provenances à MM. R. Belin, F. Benoit, F. Casado, L. Chabot, J. Charra, C. Coud air, A. Dumoulin, L. Gauthier, G. Gentric, Y. Hugouvieux, J.-P. Joly, Ch. Kurtz, M. Léon, Riquier. (115) Deroc 1978 b. (116) Colbert de Beaulieu 1960, p.20-21, pl. 1 ,7. (117) Il peut fort bien s'agir du trésor de Laveyron (Blanchet 1905, p.542). (1181 L.B. Morel a signalé que ce trésor et celui de Laveyron "contenaient des monnaies de même type" (Morel 1928, p.400). (119) D'après Vallentin, deux trésors "analogues à celui de Laveyron" auraient été découverts à Crest et à Valence: s'agit-il des mêmes trouvailles 7 (Bulletin de la Société d'archéologie et de statistique de la Drôme, 1879, p.207). (120) D'après A. Blanc, ces deux trésors comprenaient des oboles de Massalia associées à des monnaies au buste de cheval et au bouquetin: malgré de longues recherches, nous n'avons pu retrouver les relations originales sur ces deux trésors. (121) D'après Marius Villard, qui s'était transporté sur les lieux, ce trésor comprenait 360 monnaies environ, dont le quart était représenté par des monnaies au buste de cheval avec la légende IAILKOVESI (Villard 1913, p. 195-197). (122) La présence de ces monnaies dans une région aussi éloignée est fortuite ainsi que le constatait A. Blanchet. (123) On peut citer le remarquable tétradrachme d'Athènes du Ve siècle av.J.-C. trouvé sur l'oppidum de Malpas à Soyons, publié par A. Blanc, des tétroboles d'Histiae d'Eubée découverts au port d'Ouroux sur les bords de la Saône, au Grand-Saint-Bernard, à Nice; une pièce semblable faisait partie du trésor de Tourdan ... Parmi les trésors de monnaies de Massalia, on citera ceux de : Avignon, Ansouis, Apt, Beaumes-de-Venise dans le Vaucluse, ceux de Valence, SaintGervais, Pizançon dans la Drôme, ceux de Bougé-Chambalud et Tourdan dans l'Isère.
87 (124) Par exemple, trois des trésors les plus connus jalonnent la route conduisant de Vienne au Mont· Genèvre par Tourdan (Turedonuml. Moirans (Morginnuml. et la Tronche (Cu/sro). (125) Pour l'étude de ces causes de dispersion, voir Colbert de Beaulieu 1953, p.32-33. (126) Les monnaies se trouvaient dans un vase de terre placé dans une caisse de fer qui renfermait également des bagues et des anneaux en verre colorés (Allotte de la Fuye 1894, pl.lV). (127) P.-C. Vian possédait une obole provenant du trésor de Tourdan qui était sans conteste une con· trefaçon indigène de l'obole de Massalia : ce trésor en renfermait-il d'autres 7 (128) A la fin du 1er siècle av.J.-C., Strabon (lV,1,11) était encore étonné de voir les Allobroges devenus agriculteurs: "Les Allobroges, qui entreprirent naguère tant d'expéditions avec des armées de plusieurs dizaines de milliers d'hommes, en sont réduits aujourd'hui à cultiver cette plaine et les vallées des Alpes". Cette phrase est lourde de signification. (129) Allotte de la Fuye 1894, p.55. (130) Guy Barruol développe cette manière de voir: dès 218, les Cavares tentèrent de s'opposer au passage du Rhône par Hannibal: ensuite, leur nom ne figure ni dans les actes triomphaux, ni dans les nombreux textes des historiens de l'époque; les Cavares ne furent donc pas soumis par les armes. Nous pensons avec Guy Barruol que Massalia devait utiliser toute une chaîne d'oppida égrenés le long de la route vers le pays allobroge (Barruol 1969, p.233). (131) D'ailleurs, après la défaite des "Salluvii", leurs chefs n'allèrent pas se réfugier chez leurs voisins mais bien chez les Allobroges: le fait est symptomatique et Guy Barruol se demande même si les possessions cavares n'auraient pas étendu leur hégémonie vers le sud après 121 . (132) Barruol 1969, p.56 et suiv., et M. Clavel-Lévêque 1977, p.55. (133) Ainsi que nous l'avons signalé, on a trouvé à Lugrin (arrondissement de Thonon, canton d'Evian) un statère d'or anépigraphe des "Salassi" ; à Sillengy (arrondissement et canton d'Annecy), on a trouvé un statère d'or "à l'oiseau" ; G. de Loye, conservateur du Musée Calvet, nous a avisé de la trouvaille récente à Cavaillon d'un statère fourré des Salassi (Deroc 1975, p. 71). Enfin, le trésor de la Cloche comprenait un statère d'or des "Vindelici" (Castelin 1980). (134) C'est le principe à partir duquel J.-B. Colbert de Beaulieu a enchaîné ses claires démonstrations relatives aux monnayages des Vénètes et des Lingons. (135) M. Morel-Fatio, dans une lettre à G. Vallier du 4 janvier 1880, avait signalé la présence à Avenches de frises d'un temple romain ornées d'hippocampes adossés et enlacés par la queue et se posait la question: "Est-ce une tradition locale ou bien seulement une rencontre fortuite 7". (136) Blanchet 1905, p.270. (137) Plusieurs des monnaies trouvées sont signalées comme étant de bronze: il s'agit certainement d'exemplaires fourrés ayant perdu leur fine pellicule d'argent. (138) Malgré de longues recherches, nous n'avons pu situer "Foix" qui est probablement un simple lieu-dit. (139) Méthode employée par J.-B. Colbert de Beaulieu pour l'attribution du monnayage au nom de Caletedu (Colbert de Beaulieu 1973, p.139). (140) Ce point étant situé, selon toute vraisemblance, au confluent de l'Isère et de la Boume, près de Saint-Nazaire-en-Royans.
88 (141) Blanchet 1905, p.259. (142) Dans son étude du trésor de Tourdan, Allotte de la Fuye signalait cinq divisions au cheval galopant avec rameau et rouelle dont le droit aussi bien que le revers étaient la reproduction exacte des monnaies à légende IAZUS, au module et à la légende près (Allotte de la Fuye 1894, p.28, pl. Il, nos. 43 et 44). (143) Lagoy 1837. (144) Un texte de Polybe (3-581 résume le mode de vie des ces montagnards: "II n'est pas commode de visiter è fond ces contrées, dont les unes sont plongées dans la barbarie et les autres inhabitées" . (145) M. Clavel-Lévêque pense que, pour de nombreuses peuplades montagnardes, les échanges devaient rester "élémentaires et marginaux par rapport aux activités pastorales dominantes" (Clavel-Lévêque 1975, p.59-60). (146) Les monnaies recueillies sur les cols alpins appartenaient à des voyageurs venus souvent de fort loin; pour le Grand-Saint-Bernard, voir; Blanchet 1905, p.514. (147) Pautasso 1966, p.46 et suiv. (148) Avec la plus grande bonne foi, de Lagoy traitait des monnaies portant la légende" AMBIORIXEBURO" : or, aucune monnaie au cavalier ne porte la légende" AMBIORIX" et les seules légendes approchantes sont AMBIL, AMBILO ou AMBILLI. (149) Hucher 1868. (150) Saulcy 1860, p.409-424. (151) Barthélémy 1884. (152) Changarnier 1884 a, p.65-71. (153) Serrure 1896. (154) Blanchet 1905, p.261-269. (155) Colbert de Beaulieu 1973, p.296. (156) Richard 1979, p.212-219. (157) Pompée reçut en 72 de la part du peuple romain et conformément à l'avis du Sénat l'habilitation de décerner la "civitas" à des personnes physiques probablement pour services exceptionnels rendus en temps de guerre. (158) Souvent mal frappés et décentrés, les quinaires portent parfois des légendes tronquées ou illisibles qui rendent leur classement exact dans les groupes pratiquement impossible. En outre, pour certaines légendes, le nombre de poids connus est minime. Nous avons donc estimé plus significatifs, des poids moyens déterminés par groupe plutôt que par légende. (159) Allotte de la Fuye avait remarqué sur certaines monnaies du trésor de Sainte-Blandine que la légende BRI était parfois coupée en deux par le grènetis et semblait avoir été gravée après coup sur un coin de droit anépigraphe : faut-il en inférer que les pièces avec droit anépigraphe sont antérieures ?
89 (160) Ce type est placé de manière arbitraire. (1 61) Exemplaire de la collection P. -C. Vian (Vian 1954, p. 29 6, PI. XIII, nO 6). (162) Les monnaies portant des noms avec une terminaison en US sont évidemment les plus récentes. (163) Exemplaire ayant appartenu à la collection Changarnier-Moissenet (Poids: 1,93 g.). (164) J.-B. Colbert de Beaulieu a lu PIRUCORRI-SCINCOUEPUS en particulier sur un bel exemplaire du Musée Saint-Pierre de Lyon (Etudes celtiques, IX, 1961, 2,488-490). Un nouvel exem· plaire conservé au Musée de Nimes permet de lire de façon certaine PETRUCORI (Colbert de Beaulieu 1971, p.124 et PU,B). Ainsi que l'a relevé J.-C. Richard, la légende du revers permet de faire un rapprochement avec SCINGOMAGUS, Exilles, le point extrême de la terre de Cottius, d'après Strabon, vers l'Italie (Barruol 1969, p.317-331). (165) Dans le trésor de Sainte-Blandine par exemple, l'état d'usure des quelques monnaies au cheval galopant, au bouquetin et à l'hippocampe échappées aux premières refontes, prouve bien que ces espèces se trouvaient à la veille de leur disparition. (166) Colbert de Beaulieu 1978. (167) Guibourg 1953. (16B) Colbert de Beaulieu 1965 c. (169) Colbert de Beaulieu 1973, p.277, n.527. Voir également sur ce point: Richard 1979, p.221. (170) Sur le royaume alpin de DONNUS et de COTTIUS, voir: Barruol 1969, p.29, 30, 43, 173 et 331. L'histoire de cette dynastie est mal connue et, pour la période pré-augustéenne, les frontières de ce petit royaume prêtent à discussion. (1 71) Le rencensement sérieux des trouvailles ne fait que commencer et il faudra de longues années pour entreprendre le classement géographique de ces espèces. Deux exemples illustrent ces difficultés: en peu de temps, P. Broise nous signalait la trouvaille d'une pièce à légende BRICOMA à Seyssel (Haute-Savoie) pendant que L. Chabot nous annonçait la trouvaille d'une pièce identique sur l'oppidum de la Cloche, près de Marseille. De Lagoy avait acheté diverses monnaies au cavalier provenant d'une trouvaille faite dans le Vaucluse et portant les légendes ROW-CN.VOL, ROW-VOLUNT,AUSCROCOS: or, on a trouvé de très nombreuses monnaies identiques dans le Rhône, en Savoie... (172) L'attribution des monnaies au cavalier aux "Vocontii" a été souvent avancée: elle avait l'avantage de combler le vide numismatique de leur territoire. Mais, la chronologie de ces monnaies étant maintenant bien connue, et ces espèces ayant chassé toutes les monnaies indigènes antérieures, il faut bien admettre que les monnaies au cavalier ont appartenu à tous les peuples du sud-est: d'ailleurs, on n'a pas trouvé davantage de ces pièces chez les "Vocontii" que chez les Cavares ou les Allobroges. C. Goudineau, dans une récente thèse, a soutenu au contraire que "les Voconces n'ont jamais battu monnaie" (Goudineau 1979, p.274-275) : la vérité est qu'il faudra de longues années de patientes recherches pour déceler et localiser les divers ateliers monétaires de la Provincia qui ont émis des monnaies au cavalier. (173) Sur l'importance de la peuplade des "Segovellauni", voir l'exposé très documenté de Guy Barruol (Barruol 1969, p.296-297). (174) Nous pensons, avec J.-B. Colbert de Beaulieu, que les monnayages d'une cité étaient émis
90 dans un seul atelier (Colbert de Beaulieu 1973, p.92). Il est probable également que, dans une fédération, les peuples les plus puissants avaient le droit de battre monnaie. (175) Colbert de Beaulieu 1963, p.60-65 et Colbert de Beaulieu 1966, p.341, notamment. (176) Un coin de revers d'une monnaie d'argent BN.4105 attribuée aux "Bituriges Cubi" a été trouvé dans le Puy-de-Dôme et un coin de revers de la monnaie d'argent à légende TOGIRIX a été trouvé à Bar-sur-Aube. c'est-à-dire à l'ouest du pays lingon (Blanchet 1905, p.52). (177) Colbert de Beaulieu 1973, p.40. (178) Pratiquement dans tous les monnayages, le nombre de coins de revers est supérieur au nombre de coins de droit utilisés. La situation inverse en l'espèce est due au hasard en raison du petit nombre d'exemplaires examinés. (179) Colbert de Beaulieu 1973, p.262-263. (180) Colbert de Beaulieu 1973, p. 108. L'indice charactéroscopique est le quotient du nombre de pièces par le nombre de coins. (181) La Sizeranne 1880, p.191. (182) Blanchet 1905, p.257-258. (183) Colbert de Beaulieu 1976 et Castelin 1978 notamment. (184) Scheers 1978. (185) Colbert de Beaulieu 1955. (186) C.Coudair nous signalait récemment la trouvaille sur un site gallo-romain, bien daté du 1er au IVe siècle, d'une monnaie fourrée allobroge : c'est dire avec quelle prudence doivent être interprétées de telles trouvailles. (187) Cette manière de voir est d'autant plus vraisemblable que, d'après Strabon (IV, 1,5), Aix n'était à l'origine qu'un poste militaire et non une colonie comme l'indiquait Tite-Live. (188) Les oboles provenant de ce trésor, examinées par le docteur E. Ponce!, étaient de beau style avec un poids moyen de 0,60 à 0,65 g.; une d'entre elles portait la légende: nAP à l'emplacement des favoris (0,68 g.). (189) Müller 1913, p.148. (190) Il semble en outre que, peu de temps après l'émission des premières, un même artiste ait été appelé à graver les coins des monnaies des deux classes (comparer par exemple BN.2528 et 2532 à BN.2537 et 2538). (191) Pautasso 1976, p.495. (192) J.-B. Colbert de Beaulieu a démontré que, dans bien des cas, l'évolution stylistique - a priori logique - du réalisme vers la déformation n'est qu'un préjugé: le classement chronologique des statères d'argent allié coriosolites en est un exemple typique (Colbert de Beaulieu 1973, p.112). (193) Le Marquis de Fortia d'Urban a précisé que, dans le trésor de Beauregard, les monnaies au bouquetin étaient les mieux conservées de toutes et de très beau style (Fortia d'Urban 1808, p.285) : elles étaient donc apparues les dernières.
91 (1 94) En effet, le trésor n'a pas été découvert intact dans une urne par un cultivateur bêchant son jardin : tout permet de penser que les monnaies ont été découvertes, plus ou moins dispersées, avec des fragments de poterie brisée, au fond d'une fosse ronde, ayant à peu près deux mètres de profondeur, mêlées à des fragments d'ossements d'hommes et d'animaux domestiques, dans une couche de cendres d'environ trente centimètres d'épaisseur. Il est donc impossible d'affirmer que le denier de O.DOCI.SAM.F. faisait partie du trésor. La situation est identique à celle du trésor de Moirans exhumé en même temps qu'un "grand bronze" de Marc-Aurèle qui ne faisait pas partie pour autant du trésor de Moirans. (195) Colbert de Beaulieu 1976, p.32. (196) Colbert de Beaulieu 1976, p.33. (197) Colbert de Beaulieu 1973, p.362, n.727. (198) H. Rolland a publié deux nouveaux exemplaires en bronze de cette monnaie provenant tous deux de Cavaillon (Rolland 1931 l. Nous avons pu examiner, grâce à A. Dumoulin, le très bel exemplaire conservé au Musée de Cavaillon. (199) Barruol 1969, p.224. (200) Cette monnaie est connue depuis Pellerin qui publia les premiers exemplaires en 1763. (201) Duprat 1910, p.167-168. (202) Babelon 1886, Il, p.565. (203) Cette pièce a servi de vignette de couverture aux Annales du Groupe numismatique du Comtat et de Provence, Avignon, 1976-1977. Elle avait déjà été publiée par A. Blanchet (Blanchet 1905, p.440), P.-C. Vian (Vian 1955, p.325l et par O. et J. Taffanel et J.-C. Richard (laffanel 1979, p.12, fig.19). (204) Les nombreuses trouvailles - tant archéologiques que monétaires - faites à Glanon prouvent que cette cité fut un comptoir important de Massalia en territoire salyen. H. Rolland pensait cependant que Glanon avait été hellénisée assez tard (Rolland 1932, pA). (205) Nous devons à MM. Palombo et Zouvi, numismates professionels à Marseille, la connaissance de cette découverte et à M. G.E. Reynaud la photographie qu'il a prise de cette monnaie. (206) Richard 1980 et Reynaud 1980, p. 7. (207) Pour dérouter de nouveaux prospecteurs éventuels, ou par simple méconnaissance de la législation sur les découvertes de trésors, certains inventeurs donnent des lieux de trouvailles sciemment inexacts: faut-il marquer une certaine réserve devant l'indication très vague du lieu de la trouvaille: le département du Var? (208) Rolland 1932, p. 7. (209) Chabot 1977, p.33. (210) H. Rolland estimait que "l'émission de cette drachme peut se placer au milieu du Ile siècle avant J.-C., ou peut-être même dans les dernières années de cette période". (Rolland 1932, p.8)'
(211) Guy Barruol a procédé à un examen très complet du problème des Caenlcence. (Barruol 1969, p.199).
92 (212) Le Marquis de Lagoy voyait un loup au revers de cette pièce: en fait, il s'agit bien du lion massaliète. (213) Chabot 1977 a, p.20. (214) Glanon aurait été détruite - au moins en partie - par ces hordes barbares qui séjournaient à proximité de la cité: les fouilles stratigraphiques révèlent en effet d'importantes destructions à la fin du Ile siècle avant J.-C. (Rolland 1960 et Salviat 1976, p.691. (2151 A. Furtwangler 1973. (216) L. Chabot a publié les deux premières oboles découvertes à Gignac (Chabot 1 97B) et Léon Michel nous a présenté la troisième obole de même type trouvée à Saint-Gabriel. l217} Les dernières découvertes recensées par L. Chabot le confirment entièrement (Chabot 1975). (21 B) Ces monnaies ayant toute l'apparence de contrefaçons indigènes se retrouvent également dans les émissions de Gela, Cydonia, ainsi que dans les émissions de Rhodé et d'Emporion (Furtwangler 1978, p.56-57). (219) J. Pellerin, le Marquis de Lagoy, de la Saussaye, Muret et Chabouillet, H. de la Tour, A. Blanchet et H. Rolland en particulier. (220) La tête représentée au droit d'une obole au crabe découverte récemment est pourvue d'un nez d'une telle grosseur que le profil est caricatural. Que penser des deux oboles LT. 516 et 524 sur lesquelles la tête humaine n'est pratiquement pas reconnaissable? (221) Deroc 1978 a, p. 114-11 5. F. Salviat, Directeur des Antiquités historiques de Provence, nous a fait connaître, dans une lettre du 17 mars 1979, qu'il partageait notre manière de voir. (222) L. Chabot estime que la fédération des Salluvll n'était pas encore formée à cette époque. C'est probable mais les diverses tribus salyennes étaient déjà en place (BarruoI1969, p.187) et certaines étaient connues des auteurs anciens. On citera par exemple le fameux passage de Justin se référant au Rex Segobrigiorum qui eut affaire aux Phocéens lors de leur débarquement vers 600 avant J.-C. (Justin,43,4,3). (2231 Pline, NH,III,4. Dans les manuscrits, la troisième lettre du nom de cette peuplade est un X ou un S. {224} G. Barruol situe les Dexivates dans le pays d'Aigues entre Durance et Lubéron avec un oppidum principal au Castellar de Cadenet et ses arguments sont déterminants (Barruol 1969, p.204-205). E. Desjardins place cette peuplade au nord-ouest de la Crau. Ces deux opinions sont très conciliables, les Dexivates ayant pu occuper les deux rives de la Durance au sud du "Louérion" : seuls les fleuves et cours d'eau importants étaient de véritables frontières dans l'Antiquité. (225) Par rapport à l'obole de Massalia, les pièces au cheval, au bouquetin et à l'hippocampe étaient des tétroboles, les quinaires à légende DURNACUS des trioboles ; un de ces quinaires plus une obole valaient une drachme légère de Massalia. Sur le rôle de complément de l'obole, voir: Hackens 1975, p.190, renvoi 6. (226) La graphie AM au lieu de MA ne saurait être considérée comme déterminante à elle seule car elle peut résulter d'une simple étourderie du graveur: ainsi, l'obole PI.XI, nO 252, qui est de beau style, avec des lettres petites et bien formées, appartient sans nul doute à Massalia. (227) Carpentin 1863, PI.XX, nO 1. Poids de cet exemplaire: 0,50 g. Comme il était courant à l'époque, le lieu de trouvaille n'était pas indiqué.
93 (228) LT.2172 et Blanchet 1905, p.241-242, fig.99. (229) Chabot 1979, fig.8, nO 051,052 et 053. Poids: 0,53-0,42-0,62 g. (230) Lagoy 1837, p.25, nO 1 et 2 - La Saussaye 1842, p.13-14, pLI, nO 51,52,53 - BN.775 à 779 - H. Rolland 1970, p.113, pl.XIX G - Brémond 1979, p.314, pl. nO 22. (231) Rolland 1970. (232) Chabot 1980, p.27. (233) Deroc 1981. (234) Ces quinze pièces, découvertes sur un espace très réduit, proviennent d'un petit dépôt mis au jour et dispersé au cours de travaux agricoles. (235) Barruol 1969, p.187. (236) Cet oppidum parait avoir été occupé à une époque tardive d'après les trouvailles qui ont été faites (Chabot 1977 b, p.l 01). (237) Babelon 1886, p.20 et 356 notamment. (238) Deroc 1981. (239) Rolland 1970, p.113-114, pI.XIX, H,J. (240) En dehors du trésor d'Agde (Hérault), quelques drachmes seulement ont été trouvées à Apt, à Cavaillon et à Beauregard dans le cadre de la dispersion de contiguïté. Cadenet, qui a donné des trésors de drachmes massaliètes, se trouvait à l'intérieur du pays salyen. (241) Pautasso 1966. (242) Deroc 1979. (243) Blanchet 1905, p.242 et Rolland 1949, p.140. (244) Blanchet 1913. (245) Pautasso 1966, p.16-18, 108-109. (246) Carpentin 1861, pI.XVII, nO 4. (247) La forme fermée des lettres sigmas ne permet pas de situer cette émission au IVe siècle av.J.-C. (248) Carpentin 1863. (249) Rolland 1949, p.146-147. (250) Rolland 1949, p.147. (251) Chabot 1979, p.184, fig.6, nO 012 et Salviat 1978, p.16-22.
(252) Rolland 1949, p.147. (253) H.Rolland avait fait la même remarque: "L'étude de la séquence des coins et des différents
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Pour les périodiques, les abréviations utilisées sont les suivantes:
BSFN : Bulletin de la Société Française de Numismatique CH : Cahiers d'Histoire Cah.Num. : Cahiers Numismatiques EC : Etudes Celtiques MCV : Mélanges de la Case de Velazquez MEFRA : Mélanges de "Ecole Française de Rome, Antiquité RAN : Revue archéologique de Narbonnaise RBN : Revue Belge de Numismatique RN : Revue Numismatique
101
LISTE DES TABLEAUX Tableau 1 : tableau général des poids des monnaies gauloises d'argent de la vallée du 14 Rhône Tableau 2 : tableau des poids moyens et des écarts-types
18
Tableau 3 : tableau des trouvailles monétaires
35
Tableau 4 : tableau des principaux trésors rangés par ordre chronologique
60
LISTE DES FIGURES Figure 1 : Courbes de poids des monnaies au buste de cheval, des monnaies au cheval 15 galopant de la classe 1et des monnaies au bouquetin Figure 2 : Courbes de poids des monnaies au cheval galopant des classes Il, III et IV, des divisions de monnaies au cheval galopant et au bouquetin, des monnaies des Cités alliées de Massalia et des monnaies à l'hippocampe des classes 1 et Il 16 Figure 3 : Courbes de poids des monnaies au cavalier
17
Figure 4 : Carte (1) des peuples du sud-est et des principales trouvailles monétaires. 109 Figure 5 : Carte (2) des trouvailles de monnaies au buste de cheval
110
Figure 6 : Carte (3) des trouvailles de monnaies au cheval galopant de la classe 1..• 111 Figure 7 : Carte (4) des trouvailles de monnaies au cheval galopant des autres classes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 12 Figure 8 : Carte (5) des trouvailles de monnaies au bouquetin
113
Figure 9 : Carte (6) des trouvailles de monnaies à l'hippocampe
114
Figure 10 : Carte (7) des trouvailles de monnaies au cavalier
115
103
LISTE DES PLANCHES Le classement des monnaies sur les planches, par type et par classe, a posé un problème très complexe. Le classement des pièces par ordre chronologique rigoureux était impossible à défaut d'études charactéroscopiques complètes. Le classement des monnaies dans l'ordre des collections, publiques ou privées, aurait abouti à des confusions. C'est ainsi qu'on aurait pu trouver des monnaies de même coin sur des planches différentes alors qu'il est rationnel qu'elles soient placées côte à côte. Nous avons donc été amené à choisir un moyen terme: classement général par groupe en suivant les dégénérescences et en respectant, lorsque cela était possible, la chronologie. Cependant nous n'avons pas pu arriver à appliquer cette méthode pour plusieurs séries si bien que le classement que nous proposons reste imparfait. Les monnaies reproduites appartiennent aux collections suivantes: Cabinet des Médailles de la Bibliothèque Nationale de Paris (= BN), Musée des Beaux-Arts de Lyon, Musée Calvet d'Avignon, Musée Puig de Perpignan, Musée de Bollène ainsi qu'à diverses collections privées (= CP). Lorsque nous connaissons le poids, nous l'indiquons, à la suite, entre parenthèses. Planche 1 : - Prototypes. 1. Didrachme romano-campanien ; 2. Tétradrachme de Carthage ; 3. Tétradrachme de Carthage; 4. Didrachme romano-campanien (clichés de la S.A. Monnaies et Médailles de Bâle) ; 5. Droit d'une imitation de la drachme lourde de Massalia, Pautasso 1966, pI.LXIX, 361 (CP) ; 6. Droit d'un statère d'or de la trouvaille de Saint-Uze (collection P.-C. Vian) ; 7. Droit d'une monnaie à légende Kasios (collection P.-C. Vian) ; 8. Droit d'un statère de la trouvaille d'.Annonay (BN 6067) ; 9. Droit d'un statère de la trouvaille d'Annonay (collection P.-C. Vian) ; 10. Droit d'un statère de bas-or d'attribution incertaine (cliché E.Bourgey de Paris) ; 11. Denier de a. Marcius Philippus. - Monnaies au buste de cheval, classe 1. 12. Musée de Lyon (2.56) ; 12. CP (2.56) ; 14. CP (2.60) ; 15. CP (2.63) ; 16. BN 2537 (2.50) ; 17. BN 2543 (2.40); 18. BN 2538 (2.39); 19. Musée de Bollène (1.75); 20. BN 2540 (2.38). Planche Il : - Monnaies au buste de cheval, classe 1 (suite). 21. BN2541 (1.85) ; 22. BN 2542 (2.56) ; 23. BN 2539 (2.63) ; 24. Musée de Bollène (2.01). - Monnaies au buste de cheval, classe Il. 25. BN 2535 (2.42) ; 26. BN 2531 (2.52) ; 27. BN 2528 (2.42); 28. BN 2532 (2.41); 29. BN 2530 (2.40) ; 30. CP ; 31. Musée Puig; 32. CP (2.36) ; 33. CP (2.22) ; 34. BN 2524 A (2.46) ; 35. Musée de Lyon (2.30) ; 36. Musée de Lyon (2.41) ; 37. BN 2529 (2.35). - Monnaies au buste de cheval, classe III. 38. BN 2524 (2.43); 39. Musée Puig; 40. BN 2526 A (2.39) ; 41. BN 2525 (2.35) ; 42. BN 2527 (2.52) ; 43. Musée Puig: 44. CP (2.38). Planche III : - Monnaies au buste de cheval, classe III (suite). 45. BN 2526 (2.45) ; 46. Musée Calvet (2.39); 47. Musée de Bollène (1.84); 48. CP; 49. BN 2534 (2.35) ; 50. CP (2.35) ; 51. BN 2533 (2.38) ; 52. BN 2536 (2.36). - Monnaies au bouquetin, classe 1. 53. BN 2883 (2.40) ; 54. BN 2881 (2.53); 55. BN 2878 (2.40); 56. BN 2879 (2.47); 57. BN 2880 (2.47); 58. Musée Calvet (2,42) ; 59. BN 2882 (2.44) ; 60. Musée de Lyon (1.98) ;
104 Planche III (suite) : 61. Musée Calvet (2.44) ; 62. Musée Puig (2.05) ; 63 : CP; 64. Musée de Lyon (2.45) ; - Monnaies au bouquetin, classe Il. 65. CP (1.94) ; 66. CP (2.12) ; 67. Musée de Lyon (2.31) ; 68. Musée de Lyon (2.27). Planche IV : - Monnaies au bouquetin, classe Il (suite). 69. Musée de Lyon (2.05) ; 70. Musée de Lyon (2.36) ; 71. Musée de Lyon (1.87) ; 72. Musée de Lyon (2.17) ; 73 : Musée de Lyon (2.04) ; 74. SN 2889 (1.98) ; 75. CP (2.34) ; 76. CP (2.14) ; 77. Musée de Lyon (2.34) ; 78. SN 2890 (2.21) ; 79. SN 2891 (1.90); 80. SN 2888 (2.19) ; 81. Musée Calvet (2.23) ; 82. CP; 83. Musée Puig (2.34) ; 84. Musée Calvet (2.15) ; 85. SN 2898 (2.40) ; 86. SN 2892 (2.21) ; 87. SN 2896 (2.10) ; 88. SN 2897 (2.30). - Monnaies au bouquetin, classe III. 89. CP (1.99) ; 90. CP (2.01) ; 91. CP; 92. CP. Planche V : - Monnaies au bouquetin, classe III (suite). 93. CP ; 94. SN 2884 A (2.20) ; 95. SN 2886 (2.07) ; 96. Musée de Lyon (2.13) ; 97. SN 2887 (2.32); 98. SN 2885 (2.35); 99. SN 2900 (2.32); 100. CP (2.21) ; 101. Musée de Lyon (2.07) ; 102. Musée de Lyon (2.09) ; 103. SN 2899 (2.30). - Monnaies au bouquetin, divisions. 104. SN 2884 (1.25) ; 105. Musée Puig (1.05) ; 106. Collection P.-C. Vian (0.95). - Monnaies au cheval galopant, classe 1. 107. SN 2911 (2.33) ; 108. SN 2909 (2.07) ; 109. SN 2905 (2.30) ; 110. CP; 111. CP (2,20) ; 112. SN 2907 (2.22) ; 113. Musée de Lyon (2.16) ; 114. Musée de Lyon (2.15) ; 115. Musée de Lyon (2.10) ; 116. Musée de Lyon (2.34). Planche VI: - Monnaies au cheval galopant, classe 1 (suite). 117. SN 2903 (2.30) ; 118. SN 2901 (2.17); 119. SN 2908 (2.20); 120. SN 2904 (1.97) ; 121. SN 2910 (2.35) ; 122. Musée de Lyon (2.31) ; 124. SN 2902 (2.06). - Monnaies au cheval galopant, classe Il.125. SN 2895 (2.37) ; 126. CP (2.36) ; 127. CP (2.33) ; 128. CP (2.37) ; 129. CP (2.24) ; 130. SN 2637 (2.50); 131. SN 2638 (2.10); 132. SN 2639 (2.37); 133. SN 2640 (2.35); 134. SN 2641 (2.34); 135. SN 2642 (2.34); 136. SN 2643 (2.40); 137. SN 2644 (2.27); 138. SN 2893 (2.37); 139. SN 2894 (2.43) ; 140. Musée Puig. Planche VII : - Monnaies au cheval galopant, classe Il (suite). 141. Musée Puig; 142. Musée Puig; 143. Musée Puig; 144. Musée Puig; 145. Musée Puig; 146. Musée Puig; 147. Musée de Lyon (2.38); 148. Musée de Lyon; 149. Musée de Lyon; 1 50. Musée de Lyon; 151. Musée de Lyon; 152. Musée de Lyon. - Monnaies au cheval galopant, classe III. 153. SN 2628 (2.38); 154. SN 2629 (2.02); 155. SN 2630 (2.38); 156. SN 2631 (1.83); 157. SN 2632 (2.35): 158. SN 2633 (2.40); 159. SN 2634 (2.26) ; 160. SN 2635 (2.33): 161. Musée de Lyon; 162. Musée de Lyon; 163. Musée de Lyon; 164. CP (2.31).
105 Planche VIII: - Monnaies au cheval galopant, classe IV. 165. BN 2620 (2.32) ; 166. BN 2621 (2.33); 167. BN 2622 (2.05); 168. BN 2623 (2.13) ; 169. BN 2624 (2.40); 170. BN 2625 (2.18); 171. BN 2626 (2.35); 172. BN 2627 (2.38); 173. Musée de Lyon; 174. Musée Puig; 175. Musée Puig; 176. Musée Puig; 177. CP (2.25) - Monnaie au cheval galopant, classe V. 178. BN 2636 (2.24) - Monnaies au cheval galopant, divisions. 179. CP (0.92); 180. CP (0,80) - Monnaies à l'hippocampe, classe 1. 181. BN 2913 (2.32) ; 182. BN 2914 (2.38) ; 183. BN 291 5 (2.43) ; 184. BN 2916 (2.35) ; 185. BN 2917 (2.48) ; 186. BN 2918 (2.39) ; 187. BN 2918 A (2.40) ; 188. BN 2919 (2.33), Planche IX : - Monnaies à l'hippocampe, classe 1 (suite). 189. BN 2920 (2.38) ; 190. BN 2921 (2.34) ; 191. BN 2922 (1.99). - Monnaies è l'hippocampe, classe Il. 192. BN 2923 (2.39) ; 193. BN 2924 (2.36) ; 194. BN 2925 (2.28) ; 195. BN 2926 (2.37) ; 196. BN 2927 (2.31); 197. BN 2928 (2.32); 198. BN 2929 (2.36); 199. BN 2930 (1.47) ; 200. BN 2932 (2.33) ; 201. BN 2933 (2.34) ; 202. BN 2934 A (2.39) ; 203. BN 2934 B (2.14) ; 204. Musée Puig (2.33) ; 205. CP - Monnaie à l'hippocampe, classe III. 206. BN 2934 (1.89). - Monnaie à l'hippocampe, classe IV. 207. BN 2931 (1.70)) - Monnaies au cavalier, groupe 1. 208. Musée Puig; 209. Musée Puig; 210. Musée Puig; 211. Musée Puig; 212. CP (2.14). Planche X: - Monnaies au cavalier, groupe 1 (suite). 213. CP (2.21); 214. CP (2.14); 215. CP (2.20); 216. CP (2.18) - Monnaies au cavalier, groupe Il.217. CP (2.18); 218. CP (2.05); 219.CP(2.17) - Monnaies au cavalier, groupe 111.220. CP (2.10); 221. CP (2.12); 222. CP (2.12) ; 223. CP (2.20) ; 224. CP (2.10) - Monnaies au cavalier, groupe IV. 225. Musée de Lyon; 226. Musée de Lyon; 227. Musée de Lyon; 228. Musée Puig (1.84) ; 229. CP (1.88) ; 230. CP (1.89) ; 231. CP (1.95) ; 232. CP (1.93) - Monnaie au cavalier, division. 233. CP - Monnayage d'imitation. 234. CP; 235. CP (2.43) ; 236. CP Planche XI : - Monnayage d'imitation. 237. CP ; 238. CP - Avennio. 239. BN 2511 (2.25) ; 240. BN 2513 (2.42) : 241. BN 2514 (2.25) ; 242. BN 2509 (2.27) ; 243. BN 2512 (2.22) ; 244. Musée de Lyon (2.40); 245. CP; 246. BN 2510 (2.21); 247. Musée Calvet (2.41); 248. CP, division. - Glanon. 249. BN 2247 (2.22) - Caenica. 250. BN 2245 (2.07) ; 251. BN 2246 (2.01) - Massalia, oboles è la roue. 252. Collection Charra; 253. Collection Charra (0.54). - Imitations des oboles de Massalia. 254. (0.70); 255. (0.61); 256. (0.57); 257. (0.64); 258. (0.62); 259. (0.58); 260.10.53); collection Charra.
106 Planche XII : - Imitations das obolas de Massalia. 261. collection Charra (0,36) ; 262. collection Charra (0.56); 263. collection Charra (0.37); 264. BN 2173(0.65) ;265. BN2172(0.50) ;266. BN2176(0.51) ;267. BN2174 (0.53); 268. BN 2175 (0.50); 269. Oppidum de la Cloche (0.47); 270. Oppidum de la Cloche (0.53) ; 271. Oppidum de la Cloche (0.48) ; 272. Oppidum de la Cloche (0.62) ; 273. Oppidum de la Cloche (0.53) ; 274. CP (0.42) ; 275. collection Dr.Dupoux (0.40) ; 276. collection Casado (0.40) - Imitations de drachmes de Massalia. 277. BN 2244 (2.73) ; 278. BN 2248 (3.03) ; 279. BN 947 (2.67) ; 280. BN 1081 (2.72) ; 281. BN 1083 (2.24); 282. BN 1082 (2.33); 283. CP (2.67) : 284. collection Charra (2.37). Planche XIII : - Agrandissements. 285. Deuxième exemplaire connu de la monnaie d'argent de Glanon (2.18) ; 286. Monnaie au cavalier, oppidum de la Cloche (2.11) ; 287. Monnaie au cheval galopant, classe IV, découverte par G.Chapotat à Sainte-Blandine; 288. Imitation de l'obole à la tête casquée, collection Casado (0.77) ; 289. idem (0.77) ; 290. idem, CP. Planche XIV: - Agrandis8ements, divisions au croissant. 291. CP (0.34) ; 292. CP (0.23).
107
TABLE DES MATIÈRES
Préface par J.-B. Colbert de Beaulieu Avant-propos Introduction CHAPITRE 1 - CLASSEMENT TYPOLOGIQUE ET DESCRIPTION A. Monnaies au buste de cheval B. Monnaies au bouquetin C. Monnaies au cheval galopant D. Monnaies à l'hippocampe E. Monnaies au cavalier
VII XI 1 3 3 4 6 8 8
CHAPITRE Il - FABRICATION DES MONNAIES DE LA VALL~E DU RHONE .. 11 A. Technique de fabrication 11 B. Poids et étalons monétaires: 12 - Tableau général des poids de monnaies gauloises d'argent de la vallée du Rhône 14 - Courbes des poids. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 5 18 - Tableau des poids moyens et des écarts-types - Résultats et enseignement sde chronologie relative 19 20 C. Qualité artistique des monnaies CHAPITRE III - PROTOTYPES ET HOMOTYPIES DE CONTIGUïT~
23
CHAPITRE IV - PEUPLEMENT ET ÉVÉNEMENTS HISTORIQUES DANS LE SUDEST DE LA GAULE 27 CHAPITRE V - DÉPOTS MONÉTAIRES ET TROUVAILLES
33
CHAPITRE VI - ATTRIBUTIONS DES MONNAYAGES A. Attributions 1. Monnaies au buste de cheval 2. Monnaies à l'hippocampe 3. Monnaies au cheval galopant 4. Monnaies au bouquetin 5. Monnaies au cavalier B. Monnayage d'imitation d'un peuple des Alpes C. Ateliers monétaires D. Charactéroscopie
43 43 43 44 45 46 47 52 53 54
108 CHAPITRE VII - CHRONOLOGIE DES MONNAIES DE LA VALLÉE DU RHONE. 57 CHAPITRE VIII - AUTRES MONNAYAGES D'ARGENT DE A. Monnaies d'argent des Cités alliées de Massalia - Avennio , - Glanon - Caenica. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B. Situation monétaire des Salluvli - Oboles à la tête casquée. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . - Oboles à la roue. . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . - Oboles scyphates. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . - Oboles au croissant - Imitations de la drachme de Massalia, CONCLUSION
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63 63 , 63 , 64 65 66 . . . . . . . . . . . . . . . 67 . . . . . . . . . . . . . . . 68 . . . . . . . . . . . . . . . 7a 71 72 77
NOTES
79
BIBLIOGRAPHIE
95
LISTE DES TABLEAUX ET LISTE DES FIGURES LISTE DES PLANCHES TABLE DES MATIÈRES
~
101 103 107
109 Carte nO 1
Monnaies Gauloises d'Argent du Sud-Est Carte des peuples
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Figure 4
Carte des peuples du sud-est et des principales trouvailles monétaires.
110 Carte nO 2 trouvailles isolées . • trésors.
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Carte des trouvailles de monnaies au buste de cheval.
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Figure 10 Carte des trouvailles de monnaies au cavalier.
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PLANCHE XI
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