EN CADEAU
Tous les événements observables à l’œil nu
LE CALENDRIER
ASTRO 2011
L E M A G A Z I N E D E L’ A S T R O N O M I E
DES SIGNAUX EXTRATERRESTRES AURAIENT ÉTÉ CAPTÉS Interview exclusive de Frank Drake, père de SETI page 38
M 01362 - 488 S - F: 5,50 E
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ISSN 0373-9139. Dom : 6,90 € - Tom : 1500 XPF - Bel : 5,60 € - Ch : 10 FS - And : 5,60 € - Can : 7,95 $Can - Esp : 5,90 € - Gr : 5,90 € - Ital : 5,90 € Lux : 5,60 € - Aut : 6,20 € - May : 7,30 € - Port Cont : 5,60 € - Spm : 6,60 € - Mar : 40 DH - Tun : 5 000 Tnm - Zone CFA : 3 900 F.CFA
Numéro 488 / janvier 2011
Observation Balade dans le ciel d’hiver
Expérience Allo la Terre, ici Mars 500
Et si le temps s’arrêtait Une théorie prévoit cet incroyable scénario
ÉDITORIAL
E. T. : du soupçon à l’intime conviction par Alain Cirou
directeur de la rédaction de Ciel & Espace
Pour les promoteurs du programme Seti, l’enthousiasme initial a fait place au réalisme et à une organisation remarquable.
L’
ASTRONOME Frank Drake n’a rien d’un illuminé. Radioastronome, il est le père de Seti, le très populaire programme d’écoute et de recherche d’éventuels signaux d’origine extraterrestre. Interviewé par Ciel & Espace, à l’occasion d’un bilan réalisé autour du cinquantenaire de cette longue quête, il affirme que des signaux “éphémères” ont été captés et, dit-il, “je soupçonne qu’une petite fraction d’entre eux était d’origine extraterrestre”. Que les choses soient claires : Frank Drake n’affirme pas avoir entendu les conversations d’une autre civilisation que la nôtre, mais “soupçonne” que certains des signaux captés par les radiotélescopes de Seti — des signaux qui ne se sont pas répétés et qui ont été enregistrés, alors que l’antenne du radiotélescope visait plusieurs étoiles dans le “faisceau” — ont une origine extraterrestre. Ces émissions auraient été entendues par hasard dans le ciel, mais non localisées, et ce, au milieu d’un bruit de fond généré par le tintamarre électromagnétique de la Terre. Frank Drake prend-il ses désirs pour des réalités ? Sans aucun doute, répondront les détracteurs du programme Seti. Ceux-là ne croient pas que cette recherche soit pertinente et pensent qu’elle revient à chercher une aiguille dans une montagne de foin, sans savoir si celle-ci existe réellement. Pour d’autres, au contraire, la position de Drake est lucide et courageuse. Pour les promoteurs de Seti, l’enthousiasme initial a fait place au réalisme et à une organisation remarquable.
Depuis 1999, le réseau Seti@home, avec ses huit millions d’abonnés, est de fait le plus gros ordinateur virtuel du monde. Hors la prouesse d’organisation de ce réseau de calcul partagé, ces scientifiques ont su rebondir en rassemblant des fonds privés. De nouveaux instruments sont en cours de construction et la stratégie de recherche s’élargit à de nouvelles longueurs d’onde et aux transmissions lasers. Depuis quinze ans et la découverte d’un bon demi-millier d’exoplanètes, l’idée s’est imposée chez les astronomes que ces astres sont un sous-produit de la formation des étoiles. Et que, par milliards, nombre de ces planètes aient pu connaître des conditions favorables à l’émergence de la vie telle qu’elle est apparue sur Terre. Les premiers termes de la fameuse équation de Drake trouvent maintenant des valeurs… Il est logique qu’en invoquant le “soupçon” légitime, son inventeur ait hâte de conclure ! A-t-il pour autant raison ? En s’éloignant du protocole initial qui veut qu’un signal ne soit considéré que s’il est répété, Frank Drake prend le risque de franchir une ligne jaune. Celle qui sépare la preuve scientifique de la conviction intime. Mais il remobilise ainsi ses troupes sans choquer les plus sceptiques. “Le scénario le plus probable est qu’un jour, nous captions un signal par hasard, une fuite”, nous confie même l’un d’entre eux. Critiqué et populaire à souhait, le programme Seti n’a pas fini de faire débat. En livrant ici ses soupçons, Frank Drake a bien l’intention de l’agiter.
Au nom de toute l’équipe de rédaction de Ciel & Espace, ainsi que de celle des réseaux et de l’animation de l’Association française d’astronomie, je vous présente nos meilleurs vœux pour l’année 2011.
JANVIER 2011
Ciel & Espace
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SOMMAIRE 3
DOSSIER
ÉDITORIAL
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E. T. : du soupçon à l’intime conviction TÉLESCOPAGES
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À LA UNE Dans le ciel d’hiver, trois constellations racontent les étoiles Les Gémeaux, Orion et le Taureau sont trois jalons pour se repérer sans difficulté dans le ciel hivernal. Mais pas seulement : leurs astres racontent des histoires de découvertes et quelques grands moments de l’évolution stellaire. Un parcours facile à suivre à l’œil nu.
18 L’ ACTU 18 Les satellites de Mars, nés d’une collision planétaire 23 La Voie lactée coincée entre deux bulles
N° 488
38
Seti : le point sur les écoutes extraterrestres Frank Drake : “Je soupçonne qu’une fraction des signaux détectés étaient d’origine extraterrestre”
32 Véranda avec vue sur la Terre
Depuis février 2010, grâce à Cupola (“coupole”), les astronautes de la station spatiale internationale profitent d’une vue panoramique sur notre planète.
36 Mercure et Vénus
dessinent leur orbite
40
Une identification aujourd’hui difficile
Entre les 7 et 10 janvier, les deux planètes se retrouvent dans la même position par rapport au Soleil et à la Terre. Une occasion de visualiser sur la voûte céleste l’orbite qu’elles décrivent autour de l’astre du jour.
50
43
44
La quête continue
47
Le monde à l’écoute
28 J – 5 milliards d’années
avant la fin des temps ?
54
IMAGE DU MOIS
Une aurore boréale au pays des icebergs INTERVIEW
Allo la Terre, ici Mars 500 Le 8 février 2011, le voyage virtuel de l’équipage enfermé dans l’expérience russe Mars 500 touchera au but : le sol “simulé” de la planète rouge. Dans son vaisseau, hors du temps, le Français Romain Charles raconte.
58 Les Nuages de Magellan, enfants d’Andromède ?
Des cosmologistes annoncent la fin des temps dans 5,3 milliards d’années. Un paradoxe surprenant, né des limites que les théoriciens fixent à un Univers infini afin de pouvoir mieux l’étudier.
Les deux galaxies satellites de notre Voie lactée pourraient en fait venir de la galaxie d’Andromède. Une collision gigantesque les en aurait éjectés, voici 4 à 8 milliards d’années.
64 Affluence aux Rencontres À la recx
Dans le ciel d’hiver, trois constellations racontent les étoiles
10
janvier 2011
x
66
du ciel et de l’espace
Compte-rendu en images du salon du loisir astronomique, qui s’est tenu en novembre à Paris, à la Cité des sciences.
L’ABBÉ LEMAÎTRE
4/6
Éviter la nouvelle guerre des mondes La suite de notre série sur l’abbé Georges Lemaître, “l’homme qui a inventé le big bang”.
28
4
J - 5 milliards d’années avant la fin des temps ?
Ciel & Espace
JANVIER 2011
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Véranda avec vue sur la Terre
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Allo la Terre, ici Mars 500
EN CADEAU
Tous les événements observables à l’œil nu
LE CALENDRIER ASTRO 2011 L E M A G A Z I N E D E L’ A S T R O N O M I E
ISSN 0373-9139. Dom : 6,90 € - Tom : 1500 XPF - Bel : 5,60 € - Ch : 10 FS - And : 5,60 € - Can : 7,95 $Can - Esp : 5,90 € - Gr : 5,90 € - Ital : 5,90 € Lux : 5,60 € - Aut : 6,20 € - May : 7,30 € - Port Cont : 5,60 € - Spm : 6,60 € - Mar : 40 DH - Tun : 5 000 Tnm - Zone CFA : 3 900 F.CFA
Numéro 488 / janvier 2011
OBSERVER 70
OUVERT LA NUIT
ÉPHÉMÉRIDES
Les plus belles étoiles filantes L’un des plus beaux essaims d’étoiles filantes de cette année est observable dès le 4 janvier. Il s’agit des Quadrantides, qui promettent un beau spectacle à l’œil nu et en photo.
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ÉVÉNEMENT
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L’étoile Sirius NOUVEAUTÉS
Bulletin d’abonnement : pp. 6, 87 et 92 Bulletin d‘adhésion : p. 95 Observation Balade dans le ciel d’hiver
Expérience Allo la Terre, ici Mars 500
Et si le temps s’arrêtait Une théorie prévoit cet incroyable scénario
CEE488_001-def.indd 1
08/12/10 17:50
S’ÉVADER 90
VU D’ICI, VU D’AILLEURS
90 Taillez votre miroir au sommet de la Sorbonne
Éclipse de Soleil à l’horizon !
FICHE D’OBSERVATION
page 38
Crédit : Nasa/ESA/STSCI
Le matin du 4 janvier, une belle éclipse partielle de Soleil se produit au ras de l’horizon pour l’ouest de l’Europe.
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Interview exclusive de Frank Drake, père de SETI
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AURAIENT ÉTÉ CAPTÉS
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Les plus belles images de nos lecteurs.
DES SIGNAUX EXTRATERRESTRES
93 L’agenda des sorties astro
• Lisa, un spectro pour les amateurs • Skywatcher vers le haut de gamme ?
Où trouver Ciel & Espace ?
www.cieletespace.fr, rubrique “Points de vente”
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Les Nuages de Magellan, enfants d’Andromède ?
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Directeur de la rédaction : Alain Cirou, alain.cirou @ cieletespace.fr Rédacteur en chef : Philippe Henarejos, philippe.henarejos @ cieletespace.fr Chefs de rubrique : Jean-Luc Dauvergne, jl.dauvergne @cieletespace.fr David Fossé, d.fosse @ cieletespace.fr Émilie Martin, e.martin @ cieletespace.fr Ont collaboré à ce numéro : Stéphane Fay, Myriam Détruy, Véronique Étienne, Jean-François Robredo et Emmanuel Beaudoin
LIRE, VOIR…
Secrétaire de rédaction : Emmanuelle Lancel, e.lancel @ cieletespace.fr
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L’IMAGE DES INTERNAUTES
Directeur artistique : Olivier Hodasava, o.hodasava @ cieletespace.fr Assisté d’Emmanuel Delort, e.delort @ cieletespace.fr
Jupiter au plus près
Les podcasts du mag’ Retrouvez tous les podcasts liés aux articles de ce numéro sur :
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EN FÉVRIER DANS CIEL & ESPACE Le vrai destin de la Terre
Affluence aux Rencontres du ciel et de l’espace
Directeur de la publication : le président de l’AFA, Olivier Las Vergnas
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L’actualité du matériel astronomique.
• Une nouvelle caméra pour les planètes
Une revue mensuelle éditée par l’Association française d’astronomie
Service photo : Franck Séguin, f.seguin @ cieletespace.fr Responsable de la publicité, de la communication et du développement : Hélène Comlan, h.comlan @ cieletespace.fr Ciel & Espace Radio : Odile Daudet, o.daudet @ cieletespace.fr
• ISSN n° 0373-9139 — CPPAP n° 1013 G 83672 Impression : Imaye Graphic, 53000 Laval, France • Publicités : Meade (2) ; L’Astronome (16) ; Ciel & Espace Photos (8, 52 et 88) ; Unterlinden (22) ; Maison de l’astronomie (49) ; Petit Futé (57) ; Stages 1, 2, 3 étoiles (63) ; Équinoxe-Le Télescope (81) ; Orion (84) ; Exposition Songe d’une nuit étoilée ( 92) ; Universcience (99) ; Médas (100). • Sur l’ensemble du tirage : Calendrier des événements astronomiques 2011. Service des ventes en kiosque Europresse Promotion, tél. : 01.42.96.00.55 Mail : europromo @ orange.fr
Notre planète ne mourra pas dans 4,5 milliards d’années quand le Soleil gonflera démesurément. Ce sera bien plus tôt que cela ! Les causes géologiques et cosmiques ne manquent pas. Si bien que d’ici 500 millions d’années, il est probable que toute forme de vie aura déjà disparu. Le vrai scénario de la fin du monde.
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Des amateurs traquent la navette secrète
Abonnements Canada et États-Unis Canada : Express Mag, 8155 rue Larrey, Montréal (Québec) H1J 2L5 Tél. : 1(800) 363 - 1310 ou (514) 355-3333 Mail : expsmag @ expressmag.com
Le X-37B — la navette spatiale secrète de l’armée de l’air américaine, lancée en avril 2010 — est enfin revenu sur Terre après sept mois sur orbite. L’engin à la mission inconnue n’a jamais échappé à la vigilance d’un réseau mondial d’observateurs. Malgré des changements d’orbite, ces amateurs ont su en permanence où était le X-37B.
Ciel & Espace est imprimé sur papiers FSC et PEFC, certifiés écologiquement responsables.
Abonnements et vente à distance Ciel & Espace, 18-24, quai de la Marne 75164 Paris Cedex 19 - Tél. : 01.44.84.80.27 Mail : cieletespace @ dipinfo.fr
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DIS-MOI HUBERT, LES ÉTOILES, DANS LE CIEL…
OUI ?
LE MONDE COMME VOUS NE L’AVEZ JAMAIS VU
EST-CE QUE CERTAINES SONT DÉJÀ MORTES QUAND ON LES VOIT ? IL PARAÎT QU'ELLES ONT DÉJÀ DISPARU DEPUIS LONGTEMPS QUAND ON REÇOIT LEUR LUMIÈRE… C'EST VRAI ?
OUI, JE CROIS. MAIS COMMENT SAIS-TU
Nasa/JPL/C&E Photos
TOUT ÇA ?
PARTICIPEZ AU DIALOGUE : POSTEZ VOS QUESTIONS, VOS IDÉES DE SUJETS ET DE DISCUSSIONS SUR LE BLOG
http://tomveutcomprendrelastronomie.wordpress.com/
CIEL SONT BIEN "VIVANTES”. ET MÊME SI LEUR LUMIÈRE A ÉTÉ ÉMISE IL Y A DES CENTAINES D'ANNÉES, LEUR DURÉE DE VIE EST SI GRANDE QU'ELLES SONT ENCORE ACTIVES ET CONTINUENT À ÉMETTRE EN CE MOMENT MÊME DE LA LUMIÈRE. MAIS, PARCE QU'IL Y A UN MAIS, TOUTES LES ÉTOILES QUE TU VOIS DANS LE CIEL À L'OEIL NU SONT PROCHES. LA PLUS LOINTAINE DOIT ÊTRE DENEB, DE LA CONSTELLATION DU CYGNE, À 2500 ANNÉES LUMIÈRE DE LA TERRE. AUTANT DIRE LA PROCHE BANLIEUE À L'ÉCHELLE ASTRONOMIQUE. SI TU PRENDS DES JUMELLES OU UN TÉLESCOPE TU VERRAS SANS DOUTE LA LUEUR D'ÉTOILES BIEN PLUS LOINTAINES QUI ONT AUJOURD'HUI DISPARU. QUAND TU REGARDES DANS L' ESPACE, TU REGARDES AUSSI DANS LE TEMPS. ET PLUS TU REGARDES LOIN, PLUS LES ÉTOILES SONT VIEILLES. TU COMPRENDS ? AH, ÇA ! C'EST UNE LONGUE HISTOIRE...
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A011
NON THOM, CE N'EST PAS VRAI ! TOUTES LES ÉTOILES QUE TU VOIS DANS LE
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Hubble
privé d’images d’exoplanètes Dans son article sur les exoplanètes, Yaël Nazé écrit : “Le télescope spatial Hubble dispose d’un tel coronographe, et l’utilise pour chasser les exoplanètes” (C&E n° 487 p. 47). C’est juste, avec toutefois une réserve d’importance, à ma connaissance. Ce coronographe se trouve dans la caméra ACS de Hubble, mais n’est disponible qu’avec le canal haute résolution (HRC). Or, la réparation du télescope spatial en mai 2009 a permis de restaurer uniquement le canal grand angle (WAC). En clair, nous n’aurons plus de découvertes possibles d’exoplanètes par Hubble avant la fin de sa carrière… et c’est bien dommage. Félicitations pour ce dossier sur les exoplanètes, thème qui ouvre d’énormes horizons. Richard Tanguy, président du Centre astronomique vendéen, La Roche-sur-Yon
Ciel & Espace, 17, rue Émile-Deutschde-la-Meurthe 75014 Paris
Des éclaircissements sur Lemaître J’ai beaucoup apprécié la série consacrée par Jean-François Robredo au scientifique Georges Lemaître, qui a le mérite de redonner de façon précise le contexte historique. J’ai relevé plusieurs passages qui méritent des précisions. En premier lieu, il est évoqué le fait que Lemaître, dans son article de 1927, “n’anticipe rien de moins que la loi de Hubble” (C&E n° 486, p. 66) (1). Dans le passage cité, Lemaître, tout au contraire, au lieu de considérer la loi de proportionnalité entre vitesse et distance, envisage seulement une valeur “moyenne” des vitesses de toutes les nébuleuses confondues. La possible existence d’une loi de proportionnalité entre vitesse et distance des galaxies est envisagée dans une étude antérieure de Strömgren en 1925 (2), citée par Lemaître à deux reprises dans son article, où il indique bien : “utilisant les 42 nébuleuses figurant dans les listes de Hubble et de Strömgren”. Le même passage est rapporté par Jean-François Robredo, mais le nom de Strömgren a disparu. Une autre précision concerne le travail de George Gamov sur la nucléosynthèse primordiale (C&E n° 487, p. 62). Dans ses travaux, Gamov expliquait la formation de “la totalité de tous les éléments chimiques” au début du big bang, et non pas seulement comme il est écrit : “Il imagine que les éléments les plus légers […] ont été créés pendant une phase primordiale […]. Les éléments plus lourds […] sont des produits des explosions d’étoiles plus tardives.” Cette présentation laisserait à penser que Gamov avait déjà en 1945 la
Archives Georges Lemaître, Louvain-La-Neuve
Nasa/C&E Photos
T É L E S C O PA G E S
Écrivez-nous
solution de la nucléosynthèse primordiale. Or, ses calculs étaient faux. Il faudra attendre l’année 1967 pour que l’explication de la nucléosynthèse primordiale soit donnée, paradoxalement par Wagoner, Fowler et… Hoyle, un des opposants célèbres au big bang. Enfin, le Steady State Universe (bizarrement baptisé “Stady State” dans l’article), publié en 1948, ne sera évidemment discuté qu’à partir du milieu du XXe siècle, et non en début du XXe siècle comme il est indiqué (C&E n° 487, p. 62). Il est toujours passionnant de relire cette époque très riche, où des problèmes fondamentaux de la cosmologie ont été résolus par un large débat d’idées concurrentes. Jean-Marc Bonnet-Bidaud, astrophysicien au CEA (1) Cette idée est reprise par J.-F. Robredo dans sa réponse au courrier d’un lecteur (C&E n° 487, p. 9). (2) “Analysis of radial velocities of globular clusters and non-galactic nebulae.” Strömberg, G., Astrophys. J., 61, 353362 (1925).
Merci à Jean-Marc Bonnet-Bidaud pour ses précisions. Elles me paraissent toutes pertinentes et éclaircissent certains points de l’histoire de la cosmologie scientifique que j’ai voulu raconter à travers le personnage de Georges Lemaître. Le développement sur l’article de 1927, le détail des premiers travaux de Gamow et la date d’apparition du nom “Steady State” sont donc autant d’enrichissements à un récit, forcément ramassé, mais tout entier tendu vers le sens, à la fois scientifique et philosophique, de la contribution de Lemaître.
À NOS LECTEURS
Dans son édition du 13 novembre 2010, le Figaro Magazine a publié un article intitulé “Le vrai visage de Mars”. Ceux de nos lecteurs qui en ont pris connaissance ont peut-être été surpris d’y retrouver des bribes d’une interview de l’astrophysicien Jean-Pierre Bibring, avec des phrases entières déjà lues dans Ciel & Espace. C’est qu’en effet, le Figaro Magazine n’a jamais interviewé Jean-Pierre Bibring. Un rectificatif a été publié dans son édition du 11 décembre : “L’article intitulé ‘Le vrai visage de Mars’ publié le 13 novembre dans nos colonnes contient des citations extraites d’une interview accordée par M. Jean-Pierre Bibring au journaliste de Ciel & Espace, M. David Fossé. Cet article a été publié dans le numéro de septembre de cette même revue.” La rédaction
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Ciel & Espace
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À LA UNE
Dans le ciel d’hiver
Trois constellations racontent les étoiles Les Gémeaux, Orion et le Taureau brillent dans le ciel hivernal.
Ces trois constellations sont des jalons pour se repérer sans difficulté parmi les étoiles. Mais pas seulement : leurs astres racontent des histoires de découvertes et quelques grands moments de l’évolution stellaire. Un parcours facile à suivre à l’œil nu.
Philippe Henarejos
Castor GÉMEAUX Pollux
Wasat (position de Pluton en mars 1930)
Procyon
10
Ciel & Espace
JANVIER 2011
Uranus en mars 1781
Pléiades
Les Gémeaux, chargés d’histoires
Hyades TA U R E A U
Aldébaran
ASTOR : En début de nuit, en janvier, deux étoiles d’égale brillance, l’une au-dessus de l’autre, indiquent la direction de l’est. La plus basse, aux reflets rouges, est Pollux. L’autre, c’est Castor. Leur éclat similaire et leur proximité (seulement 4,5°) ont suggéré aux Grecs anciens la figure des jumeaux célestes, fils de Léda et de Zeus. Le hasard faisant parfois bien les choses, l’étoile Castor est devenue, pour les astronomes modernes, la première représentante d’une nouvelle famille d’astres : les étoiles doubles. C’est probablement Jean-Dominique Cassini qui, en 1678, découvrit que Castor était en réalité composée de deux étoiles. Mais c’est l’Anglais James Bradley qui nota qu’entre 1718 et 1759, l’un des deux astres avait légèrement tourné autour de l’autre. Le fait, confirmé en 1803 par William Herschel, fait de Castor la première étoile double physique identifiée. Et depuis 1719, les astronomes suivent la trajectoire que Castor B décrit autour de Castor A en 445 ans. De sorte que depuis la découverte, aucune révolution n’a encore été bouclée par les deux astres, séparés l’un de l’autre par 15 milliards de kilomètres (soit un peu plus de 3 fois la distance Neptune-Soleil). Mais ce n’est pas tout : Castor A et Castor B sont elles-mêmes des tandems stellaires. Le premier boucle sa révolution en 9 jours, et le second en 3 jours. Enfin, il existe aussi une étoile Castor C, plus éloignée et peu brillante, elle aussi double ! Elle tourne autour de la paire AB en 14 000 ans. En regardant Castor, distante de seulement 51 années-lumière (a.-l.), songez que vous avez donc devant les yeux un système stellaire sextuple, digne des plus beaux décors de science-fiction.
C
Bételgeuse
ORION
Sirius
Vers 21 h heure légale SUD-EST
Personnages : C.Birnbaum/C&E Photos ; carte : M2/C&E
Rigel
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Ciel & Espace
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À LA UNE
Bellatrix Alhena
Bételgeuse
Mintaka Alnilam Alnitak
Rigel
Ceinture d’Orion
M 42
Saiph
Mirzam
M2/C&E
Sirius
SUD-EST
Orion, un condensé de la vie des étoiles géantes BÉTELGEUSE : Avec 630 fois le diamètre du Soleil (soit 880 millions de kilomètres), Bételgeuse est l’une des plus grosses étoiles connues. Si elle était située à la place du Soleil, elle engloberait la Terre et Mars, et léche-
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Ciel & Espace
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rait Jupiter de ses flammes. Bételgeuse est une supergéante rouge. Autrement dit, une étoile massive (19 fois la masse du Soleil) qui, arrivée au terme de sa courte vie de 10 millions d’années, s’est mise à gonfler et à refroidir. Par comparaison, le Soleil, qui est une petite étoile, brille depuis 4,6 milliards d’années et il continuera à le faire pendant au moins aussi longtemps. Parce que Bételgeuse est assez proche
de nous (570 a.-l.), les astronomes ont vite compris qu’ils avaient une chance de la voir non pas comme un point, mais comme un petit disque. Michelson et Pease tentèrent l’observation en 1920. À l’aide d’un dispositif à plusieurs miroirs appelé interféromètre, monté sur le tube du télescope de 2,5 m du mont Wilson, en Californie, ils réussirent la première mesure du diamètre apparent d’une étoile : 0,047 seconde d’arc.
Nasa/ESA/Stsci/CFA/C&E Photos
Bételgeuse est l’une des rares étoiles dont les astronomes ont pu discerner la surface, comme sur cette photo prise avec le télescope spatial Hubble.
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RIGEL : Au bas de la nébuleuse d’Orion, l’étoile la plus brillante de la constellation présente l’aspect qu’avait Bételgeuse il y a quelques millions d’années. Cette étoile distante de 860 a.-l., appelée Rigel, diffuse un éclat blanc bleuté. C’est parce que sa surface est plus chaude que celle de Bételgeuse : 11 300 °C au lieu de 3 600 °C.
Cet astre de 14 masses solaires est en pleine force de l’âge. Rigel consomme actuellement son hydrogène et le transforme en hélium. Une fois à court d’hydrogène, elle rougira tout en commençant à brûler l’hélium situé en profondeur. Alors son enveloppe enflera, comme celle de Bételgeuse, et elle deviendra une géante rouge jusqu’à son explosion en supernova. LA CEINTURE D’ORION : Les trois étoiles de la ceinture d’Orion, Mintaka, Alnitak et Alnilam, toutes situées à une distance comparable (autour de 900 annéeslumière), sont aussi de grosses étoiles en pleine force de l’âge. De 40 fois la masse du Soleil, Alnilam fait partie des poids lourds de notre galaxie. Elle n’a pas plus de 4 millions d’années et la combustion de son hydrogène a sans doute déjà cessé. Sa métamorphose en supergéante rouge commence, signe que l’explosion en supernova n’est pas loin. Son cas nous apprend une chose : plus une étoile est massive, plus sa vie est courte. Tout cela parce que le vrai moteur du feu des étoiles, c’est la gravité induite par sa quantité de matière. Plus cette gravité est intense, plus le “feu” est fort et… moins il dure longtemps.
La grande nébuleuse d’Orion est un vaste nuage de gaz dans lequel naissent des étoiles. Sur cette image prise au télescope, on distingue, au centre, les quatre étoiles du Trapèze. R.Gendler/HST/C&E Photos
La couleur orangée de Bételgeuse et sa modeste température de surface (autour de 3 600 °C) n’indiquent pas pour autant une fin paisible. Ce soir ou dans quelques milliers d’années, l’astre va exploser de manière spectaculaire en une supernova. Compte tenu de sa proximité, l’événement lui procurera pendant quelques semaines un éclat aussi intense que celui de la Lune gibbeuse ! L’étoile sera même visible en plein jour. Puis son éclat diminuera jusqu’à la faire disparaître du ciel. À sa place, il ne restera qu’un résidu très dense de 30 km de diamètre : une étoile à neutrons. Tout autour, au fil des ans, les observateurs suivront à l’œil nu l’expansion d’une nébulosité blanchâtre, qui éclipsera en notoriété la grande nébuleuse M 42, située dans la même constellation.
la présence de la Lune, qui diffuse sa lumière dans l’atmosphère. Avec ces quelques précautions, la nébuleuse d’Orion apparaît sans ambiguïté à tout observateur, même néophyte. Étendue sur 33 a.-l., M 42 est un vaste nuage de gaz et de poussière dans lequel se forment de nombreuses étoiles. Certaines brillent déjà. D’autres sont encore cachées dans des “cocons” opaques et vont s’allumer dans quelques milliers d’années. La nébuleuse est visible parce qu’elle est rendue lumineuse par le rayonnement des jeunes étoiles qui y sont nées. Quatre de ces étoiles les plus massives sont discernables au centre de M 42 avec une petite lunette. Elles forment le Trapèze d’Orion. Et toutes sont du gabarit de Bételgeuse. Seule différence : elles viennent tout juste de naître.
Une vidéo à voir sur Internet
Découvrez un zoom sur l’étoile Bételgeuse sur le site de l’ESO : www.eso.org/public/videos/eso0927a
LA NÉBULEUSE D’ORION : M 42 ressemble précisément au nuage de gaz où est née Bételgeuse. Cette grande nébuleuse, distante de 1 500 a.-l. est visible à l’œil nu, juste en dessous d’Alnitak, la première des trois étoiles qui figurent la ceinture d’Orion. Pour la voir, il faut s’accoutumer pendant quelques minutes à l’obscurité et, surtout, observer depuis un lieu épargné par les éclairages publics. Évitez aussi
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D.De Martin/C&E Photos
À LA UNE
À 1° de l’étoile Dzêta du Taureau (en bas) se cache le vestige d’une étoile qui a explosé en supernova. Un télescope est nécessaire pour le voir.
Le Taureau, la vie sociale des étoiles
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Une vidéo à voir sur Internet
Une animation montre l’explosion de supernova qui a créé la nébuleuse du Crabe : www.spacetelescope.org/videos/heic0515a
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confortablement, un télescope d’au moins 100 mm de diamètre et un ciel bien noir sont nécessaires. Une étoile à neutrons a été retrouvée près du centre de la nébuleuse, preuve que l’explosion a été produite par une étoile massive.
L’amas des Pléiades (en haut, à droite) et celui des Hyades (en bas, à gauche) sont voisins dans le ciel. Le premier est jeune, alors que le second est assez ancien. A.Fujii/C&E Photos
LA NÉBULEUSE DU CRABE : Dans la constellation du Taureau, l’existence effrénée d’une étoile massive s’est achevée par le cataclysme d’une supernova. Tout près de l’étoile Dzêta, en juillet de l’an 1054, plusieurs observateurs, notamment en Chine et en Amérique, ont assisté au phénomène et l’ont consigné. Pendant 23 jours, le nouvel astre a été si brillant qu’il est demeuré visible en plein jour. Aujourd’hui, les astronomes étudient les vestiges de cette explosion provoquée par une étoile de gabarit comparable à Bételgeuse à une distance de plus de 6 000 a.-l. Il s’agit de la nébuleuse du Crabe (ou M 1). Ces restes gazeux sont en expansion à 1 500 km/s et occupent une sphère de 11 a.-l. de diamètre. Pour les voir
LES PLÉIADES : Le Taureau présente surtout un autre aspect important de l’évolution des étoiles : leur vie sociale. En naissant dans de vastes nébuleuses comme celle d’Orion, les étoiles ne sont jamais seules dans leur berceau. Elles naissent en groupes. À mesure qu’elles s’allument, leurs rayonnements cassent les molécules des nuages de gaz qui les entourent (et à partir desquels elles se sont constituées). Au bout de quelques centaines de milliers d’années, il ne reste plus qu’un groupe de jeunes étoiles que les astronomes appellent un amas ouvert. L’un des plus proches amas de ce type est aisément visible à l’œil nu. Il se trouve à 440 années-lumière et se nomme les Pléiades. De prime abord, il ressemble à une tache floue assez lumineuse. Mais un examen attentif permet de discerner plusieurs de ses étoiles, qui dessinent une miniGrande Ourse. Avec une bonne vue, six à sept étoiles peuvent être distinguées. Sachez que les meilleurs observateurs en ont dénombré seize ! Un coup d’œil aux jumelles offre une belle impression de fourmillement stellaire. Sur les photos à long temps de pose, les Pléiades apparaissent nimbées de fines nébulosités. Les astronomes ont longtemps pensé qu’il s’agissait des ultimes vestiges de la nébuleuse qui leur avait donné naissance, 100 millions d’années plus tôt. Mais, grâce à des mesures de vitesses réalisées avec le télescope spatial Hubble, on
Capella
Les Pléiades
TA U R E A U
Les Hyades Aldébaran
Dzêta du Taureau
Bételgeuse
M2/C&E
ORION
sait maintenant que l’amas ne fait que traverser cette nébuleuse très ténue. Les étoiles des Pléiades sont modestes. La plus massive, Alcyone, visible à l’œil nu, affiche 6 masses solaires. Elles sont donc promises à une longue vie, contrairement aux astres les plus éclatants de la constellation d’Orion. En 1995, les astronomes ont découvert au sein de cet amas la première naine brune, un astre trop petit pour briller comme une étoile et trop gros pour être aussi froid qu’une planète. Des planètes telluriques sont d’ailleurs vraisemblablement en formation autour de certaines étoiles des Pléiades. C’est ce qui ressort d’observations faites en 2007.
LES HYADES : Les amas ouverts ont pour destin de se disperser dans la Voie lactée. C’est ce que nous raconte le plus proche de tous, l’amas des Hyades, lui aussi dans le Taureau. Pour le repérer, c’est simple : il se trouve juste à côté de la plus brillante étoile de la constellation, Aldébaran, de teinte rougeâtre. Distant d’à peine 150 annéeslumière, il s’étend sur une surface apparente énorme d’au moins 4,5° de côté, qui correspond à un écart réel de 8 a.-l. Mais seules les étoiles les plus brillantes de l’amas sont visibles à l’œil nu. Les Hyades comptent en fait plus de 130 étoiles, qui occupent un espace 8 fois plus grand, d’environ 65 a.-l. de côté. Du coup, Aldébaran semble appartenir à l’amas, mais en réalité elle est à
67 a.-l., donc bien plus proche. Les principales étoiles des Hyades dessinent un signe >. Elles affichent un âge voisin de 625 millions d’années et sont débarrassées depuis longtemps de la moindre nébulosité. En fait, les Hyades sont un exemple de longévité, car la plupart des amas se disloquent au bout de quelques millions d’années seulement. Les étoiles des Hyades se séparent. Pourtant, un peu plus de la moitié d’entre elles ne vivront jamais seules. Car l’une des conséquences des naissances groupées est que de nombreuses étoiles se lient gravitationnellement à une ou plusieurs autres formées dans leur voisinage. À ce titre, le Soleil fait presque figure d’exception !
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L’ACTU
Une collision de Mars avec un planétoïde a-t-elle expédié sur orbite la matière qui a servi à fabriquer Phobos et Deimos ? S’il a bien eu lieu, cet impact (ici, une vue d’artiste) expliquerait la différence d’altitude entre l’hémisphère Nord et l’hémisphère Sud de Mars.
LES SATELLITES
Indice de sa formation autour de Mars, Phobos est très poreux. C’est d’ailleurs pourquoi il n’a pas été détruit lors du choc qui a creusé le grand cratère Stickney (visible à droite). Sa structure interne a absorbé l’impact et évité la dislocation.
Nasa/JPL/Univ. of Arizona/C&E Photos
D’UNE COLLISION
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LE MYSTÈRE SE LÈVE SUR PHOBOS, le petit satellite de Mars. Longtemps pris pour un astéroïde capturé par la planète rouge, parfois décrit comme un objet artificiel creux (!), ce corps de 22 km de long pour 15 km de large cachait le secret de ses origines. Son orbite était trop circulaire pour que le scénario de la capture soit admis sans réserve. Et sa faible densité (à l’origine des élucubrations sur son intérieur creux) cadrait assez mal avec un astéroïde comme la Ceinture principale, située entre Mars et Jupiter, en contient des millions. La solution, c’est que Phobos, tout comme son voisin Deimos, a été formé à la suite d’une collision titanesque entre Mars et un gros planétoïde. Déjà évoquée par plusieurs scientifiques (lire C&E n° 484, p. 39), cette idée sort renforcée par les études de trois chercheurs européens, Marco Giuranna, Pascal Rosenblatt et Eleni Chatzichristou. À l’aide de données recueillies par les sondes Mars Global Surveyor (aujourd’hui hors service) et Mars Express, ils ont découvert à la surface de Phobos la présence de phyllosilicates. Or, ces minéraux ne se forment qu’en présence d’eau liquide, ce qui est hautement improbable sur un corps
ESO/C&E Photos
Après la collision, la planète rouge aurait pu avoir un anneau de débris, à partir duquel les deux satellites actuels se seraient formés (vue d’artiste).
La planète HIP 13044 b tourne autour d’une étoile née dans une autre galaxie, absorbée par la Voie lactée il y a 6 à 9 milliards d’années.
Illustrations : L.Bret/C&E Photos
L’EXOPLANÈTE QUI VENAIT D’UNE AUTRE GALAXIE
DE MARS, NÉS PLANÉTAIRE
aussi petit. Au contraire, les phyllosilicates abondent sur Mars, d’où ils auraient pu être expulsés par la chute d’un gros bolide. Le matériau ainsi expédié dans l’espace se serait satellisé, puis agrégé pour constituer Phobos et Deimos. Une autre donnée acquise par les sondes vient étayer ce scénario : la masse volumique de Phobos, égale à 1,86 g/cm3. “Une valeur bien inférieure à celle des météorites issues d’astéroïdes, note Pascal Rosenblatt. Elle suggère une structure spongieuse, avec des vides représentant 25 à 45 % de l’intérieur de Phobos.” Or, un astéroïde aussi poreux n’aurait pas survécu à une capture gravitationnelle par la planète rouge. En revanche, une telle structure est en parfait accord avec une agrégation de débris suite à une collision. Ces deux indices forts ne constituent pas encore une preuve définitive. Pour obtenir celle-ci, il faut espérer que la mission russe Phobos-Grunt, qui doit décoller à la fin de 2011, parviendra à ses objectifs : se poser sur Phobos et rapporter sur Terre quelques échantillons, dont la nature pourra être déterminée sans ambiguïté en laboratoire.
LA PLANÈTE HIP 13044 B, de masse comparable à Jupiter, n’est pas comme les quelque 500 autres planètes extrasolaires découvertes en dehors du Système solaire : elle orbite autour d’une étoile provenant d’une autre galaxie. Cette étoile est située dans notre Voie lactée, mais elle appartient au “courant de Helmi”, un groupe d’étoiles originaires d’une galaxie naine, absorbée par la Voie lactée voici 6 à 9 milliards d’années. Autre singularité : l’étoile a épuisé tout l’hydrogène de son cœur et se trouve désormais en phase “géante rouge”. Elle a donc gonflé jusqu’à atteindre 100 fois son rayon initial. Ce faisant, elle a éjecté de la matière dans l’espace, mais pas assez pour former des planètes de seconde génération. HIP 13044 b est donc bel et bien née dans une autre galaxie.
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En chiffres C’EST LE NOMBRE D’ANNÉES que devra
patienter l’équipe de la sonde japonaise Akatsuki, pour tenter une nouvelle mise sur orbite de l’engin autour de Vénus, après un premier échec le 7 décembre 2010.
PREMIÈRE CAPTURE D’ANTIMATIÈRE POURQUOI L’UNIVERS EST-IL FAIT de matière et non d’antimatière, c’est-à-dire de particules identiques, mais de charge opposée ? Pour percer le mystère, les physiciens cherchent à produire et à observer de l’antimatière, mais celle-ci s’annihile au contact de la matière. Une équipe du Cern est parvenue, grâce à l’expérience Alpha (Antihydrogen Laser Physics Apparatus), à confiner 38 particules d’antihydrogène dans des champs magnétiques pendant un dixième de seconde. Même si c’est suffisamment long pour entamer une étude comparative matière/antimatière, l’équipe affirme avoir déjà rallongé le temps de capture.
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L’ACTU
EN IMAGES
Le 9 novembre 2010, le Philippin Christopher Go repérait un discret cumulonimbus blanc (flèches) dans la bande subéquatoriale sud de Jupiter. C’était le signe du retour de la bande sombre, disparue début 2010 sous des cirrus d’ammoniac. Dans les semaines qui ont suivi, de nombreux astronomes amateurs — dont Christopher Go — ont observé le cirrus se déchirer, comme le montre cette série d’images.
Jaxa
Cette photo du sol lunaire a été dévoilée au public le 8 novembre 2010, par le Premier ministre chinois en personne. Elle a été obtenue par la sonde Chang’e 2, lancée par la Chine le 1er octobre. Elle montre, avec une résolution de 7 m, la région du golfe des Iris pressentie pour l’atterrissage d’un module chinois dès 2013.
Grâce au télescope Keck 2, l’équipe de Christian Marois a repéré une quatrième planète (flèche) autour de l’étoile HR 8799. Située à 14 fois la distance Terre-Soleil (14 UA) de son étoile, la planète HR 8799e est plus proche de celle-ci que ses sœurs (24, 28 et 68 UA). Ce système pose un problème aux théoriciens : que ce soit par effondrement d’un nuage de gaz ou par accrétion de matière sur un noyau rocheux, aucun modèle n’explique la formation de ces quatre planètes !
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Lune chinoise
Planète interdite
NRC-Hia, C.Marois & Keck obs.
Christopher Go
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Éclaircie sur Jupiter
ESO/C&E Photos AFP Photo/HO/Fiarmont Hotel
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Vertigineuse coupole Jamais une coupole astronomique n’a été perchée aussi loin du sol. Installé à 475 m, un dôme doré a pris place sur la tour Abraj Al Bait de La Mecque. Cet observatoire est le fleuron du centre d’observation de la Lune qui ouvrira mi-2011. Il dispose d’un télescope RitcheyChrétien de 1,2 m, avec une optique taillée en France par Dany Cardoën. La tour elle-même, haute de 610 m, est ornée des quatre plus grandes pendules du monde (45 m).
M 107 en pointillés Cette vue splendide de l’amas globulaire M 107 est due à l’imageur à grand champ installé sur le télescope de 2,2 m de l’ESO, à l’observatoire de La Silla (Chili). Elle révèle des milliers de vieilles étoiles tassées dans un diamètre de 80 annéeslumière, certaines (en rouge) s’apprêtant à mourir en se dépouillant de leurs couches de gaz externes. M 107 est situé à 21 000 années-lumière, dans la constellation d’Ophiuchus.
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L’actu Décryptage
La Voie Lactée coincée entre deux buLLes Deux énormes bulles de 25 000 années-lumière de diamètre enserrent le centre de notre galaxie, la Voie lactée. Totalement invisibles jusque-là, elles ont été découvertes par Doug Finkbeiner, astronome au Harvard-Smithsonian Center for Astrophysics, à Cambridge (États-Unis), en examinant les données gamma du satellite Fermi. Ces bulles sont formées par le choc de particules accélérées contre le gaz interstellaire, mais leur origine demeure mal comprise. Leur sens d’expansion désigne un point situé aux abords du trou noir central de la Voie lactée. Elles pourraient donc résulter d’une explosion produite autour du trou noir ou du rayonnement cumulé de nombreuses étoiles jeunes.
Vue par la tranche sur cette illustration, la Voie lactée doit désormais avoir cet aspect : un disque d’étoiles coincé par deux énormes bulles gazeuses. Ces structures ont été découvertes par le satellite Fermi, qui a perçu leur émission gamma. Reste à préciser leur origine.
Les bulles de la Voie lactée n’ont été vues dans les données du satellite Fermi qu’au prix d’un long traitement des données. Elles ressortent au centre de l’image finale après l’augmentation du contraste des données brutes, de la suppression des sources brillantes et de l’émission gamma diffuse de la Voie lactée.
une vidéo à voir sur www.cieletespace.fr
a.Fujji/C&e Photos. À droite, en haut : nasa/GSFC ; en bas, nasa/DOe/Fermi LaT
Une animation indique la taille des deux bulles découvertes sur www.cieletespace.fr/node/6267
Limite approximative des bulles sur la voûte céleste
À l’œil nu ou à travers des télescopes classiques, ces deux bulles sont invisibles. Pourtant, leur étendue est immense. Elles vont de la constellation de la Vierge à celle de la Grue, dans le ciel austral.
À la vitesse de la lumière Galilée chez christie’s Le 2 décembre 2010, à new York, un exemplaire de la première édition du Messager des étoiles, s’est vendu à 662 500 $ (500 600 e) chez Christie’s. C’est dans cet ouvrage de 60 pages, paru en 1610, que Galilée présente ses premières observations à la lunette. • navette secrète Lancée sans équipage le 22 avril 2010, la navette spatiale de l’armée américaine X-37B s’est posée le 3 décembre 2010 sur la base militaire de vandenberg. Son vol a été suivi depuis le sol par un réseau d’observateurs amateurs.
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L’actu
moisson réussie Pour haYabusa
nasa
la sonDe Japonaise haYabusa a finalement réussi son objectif ambitieux : 1 500 grains appartenant à l’astéroïde Itokawa ont été identifiés dans la capsule d’échantillons qu’elle a larguée sur Terre le 13 juin 2010. Contre toute attente, après un atterrissage plus ou moins contrôlé sur l’astéroïde, en 2005, puis un trajet de retour chaotique, Hayabusa est donc bel et bien parvenue à rapporter sur Terre un peu de la substance d’un astre primitif. L’analyse de ces grains extraterrestres peut commencer. L’agence spatiale japonaise met actuellement en place les techniques pour étudier ces particules, qui font au plus… 10 microns !
Dans la “bataille des capsules”, avantage à Dragon, de la société Space X, qui a effectué un premier vol spatial parfait le 8 décembre, après avoir été lancée par la fusée Falcon 9.
draGon VoLe… et Passe deVant orion
Sur la toile
Le cataLoGue GaLaxY Zoo en LiGne les Données De GalaxY zoo, un projet participatif qui invite les internautes à classer des galaxies selon leur forme, sont désormais accessibles au public. Pendant trois ans, des centaines de milliers de volontaires ont classé selon leur forme (spirale ou elliptique) 900 000 galaxies photographiées lors du sondage céleste Sloan Digital Sky Survey. La version Galaxy Zoo 2, lancée début 2009, demande aux participants une étude plus détaillée sur un échantillon de 250 000 galaxies photographiées par le télescope spatial Hubble. Il s’agit notamment de repérer les galaxies spirales barrées. Résultats de Galaxy Zoo : http://data.galaxyzoo.org Pour participer à Galaxy Zoo 2 : www.galaxyzoo.org
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Artefact Artefact
Olivine
Artefact
Artefact
Pyroxène
jaxa
la bataille pour Déterminer le remplaÇant de la navette fait rage aux États-Unis. Le 8 décembre, la société privée Space X est parvenue à satelliser sa capsule Dragon, avec son lanceur Falcon 9, puis à la faire amerrir quelques heures plus tard. Dragon, qui pourrait à terme emporter dans l’espace neuf astronautes, est donc déjà en grande partie opérationnelle. L’événement coupe quelque peu l’herbe sous les pieds de la société Lockheed Martin, à laquelle la Nasa avait initialement commandé la fabrication d’une capsule Orion de six places, en vue du programme Constellation. Quelques jours plus tôt, celle-ci militait en effet pour un premier lancement de son vaisseau dès 2013 au sommet d’une fusée lourde Delta 4. Ses arguments : les trois quarts du travail sont accomplis. Il ne resterait qu’à tester en conditions réelles le système de stabilisation et de contrôle du vaisseau, ses parachutes et son bouclier de protection contre les micrométéorites.
La composition élémentaire des grains récupérés par la sonde Hayabusa (vus ci-dessus au microscope électronique) a été analysée par l’agence spatiale japonaise.
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En chiffres c’est le nombre D’exoplanètes
connues au 13 décembre 2010.
a-t-on trouVé du méthane sur mars ? Depuis 2003, les annonces successives de détection de méthane sur la planète Mars ont fait couler beaucoup d’encre, et même nourri l’espoir d’une vie extraterrestre. Toutes ou presque ont été démenties par la suite. Seule reste en lice la
découverte réalisée par Michael Mumma. Cependant, celle-ci est aujourd’hui fortement contestée. Certains considèrent que les mesures effectuées en spectroscopie (1) par le chercheur de la Nasa ont été “polluées” par le méthane terrestre.
Pour
contre
Michael Mumma,
Kevin Zahnle
, Nasa Ames Research Center
Si le méthane que nous avons mesuré était d’origine terrestre, nous l’observerions de façon homogène sur tout le disque de Mars. Or, plus nous nous approchons du limbe sud de la planète, plus la quantité de méthane augmente. Pour confirmer nos premières mesures, nous sommes en train de traiter 240 000 nouveaux spectres obtenus entre août 2009 et juin 2010, notamment lorsque Mars s’éloigne et que son spectre est décalé vers le rouge [lire le “Contre” de Kevin Zahnle]. Nous présenterons nos résultats prochainement.
eSa/DLr/FU Berlin
Nasa Goddard Space Flight Center
Du méthane a-t-il été détecté sur Mars ? Si la communauté s’accordait sur ce point il y a quelques années, aujourd’hui le doute s’installe.
Les observations menées depuis la Terre par Michael Mumma (pourtant solides) sont biaisées. Il a observé le méthane uniquement dans une configuration difficile, c’est-à-dire, quand Mars se rapproche de la Terre, et que son spectre est décalé vers le bleu. L’éventuelle mesure de méthane martien se noie alors dans celle du méthane terrestre. Une détection au moment où Mars s’éloigne, et où son spectre est décalé vers le rouge, serait bien moins discutable. Pour l’instant donc, nous n’avons aucune certitude quant à l’existence de méthane sur Mars.
(1) Spectroscopie : décomposition de la lumière d’un astre afin de déterminer les éléments chimiques qui le composent. Sur les mesures obtenues, les “spectres”, chaque élément chimique se reconnaît par une raie spécifique à une longueur d’onde donnée.
némésis et Les astres froids Le minuscule point rouge au centre de l’image est l’une des plus froides naines brunes détectées à ce jour. C’est le satellite Wise, de la Nasa, qui l’a découverte parmi treize autres, dans le Bouvier.
nasa/jPL-Caltech
une équipe américaine a découvert dans la constellation du Bouvier les quatorze étoiles les plus froides connues à ce jour. Il s’agit de naines brunes de 180 à 330 °C, qui ne brillent pas en lumière visible. Elles ont été débusquées dans l’infrarouge, à l’aide du satellite de la Nasa Spitzer. Cette moisson n’est qu’un début : le nouveau télescope spatial infrarouge Wise, maintenant à pied d’œuvre, pourrait trouver des centaines d’objets de ce type. “Wise regarde partout. Des naines brunes les plus froides vont donc être trouvées dans toutes les directions”, a déclaré Peter Eisenhardt, astronome au Jet Propulsion Laboratory. Certains se hasardent même à imaginer l’existence d’une hypothétique naine brune, compagne obscure du Soleil, surnommée Némésis. Si elle existe, Wise la verra !
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nasa/jPL
L’actu
En 2007, le robot martien Spirit a essuyé une tempête de sable globale, comme la planète rouge en connaît régulièrement. En 22 jours, les traces laissées par l’engin à la surface de Mars ont complètement disparu, recouvertes par du sable venu d’ailleurs.
sur mars, autant en emPorte Le Vent les traces laissées dans le sable de Mars s’effacent en une année martienne en moyenne (presque deux années terrestres). Paul Geissler et ses collègues américains ont étudié l’évolution des traces de roues des robots Spirit et Opportunity sur presque six ans. Pour cela, ils ont utilisé les photos prises depuis l’orbite par les sondes Mars Global Surveyor et Mars Reconnaissance Orbiter. Ce sont essentiellement les vents forts, associés aux
Carnet gris
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une vidéo à voir sur www.cieletespace.fr Observez la disparition des traces d’Opportunity sur www.cieletespace.fr/node/6422
Le budGet du JWst s’enVoLe
aLLan sandaGe est mort le cosmoloGiste allan sanDaGe, né en 1926, est décédé le 13 novembre 2010 à San Gabriel (Californie). Cet élève d’Edwin Hubble avait commencé sa carrière comme observateur assistant aux observatoires du mont Wilson et du mont Palomar. Après son doctorat (1953), il avait pris la responsabilité du programme de cosmologie de ces observatoires, à la suite de son maître. Allan Sandage était une figure incontournable de la cosmologie. Par ses travaux, il aura contribué à dater l’âge de l’Univers, l’âge des étoiles, et à mettre en place les outils indispensables à la mesure des distances cosmiques.
tempêtes de poussière saisonnières, qui effacent les traces. Quand ils soufflent, le sillage des robots disparaît en quelques jours. Les tourbillons de poussière, ou dust devils, ne sont efficaces que sur de longues périodes de temps.
le coÛt Du successeur De hubble, le télescope spatial James Webb (JWST), dépasserait de plus de 30 % le budget prévu. Estimé en 2008 à 5,1 milliards de dollars (3,9 Mde), il atteindrait plutôt 6,8 milliards de dollars (5,1 Mde). C’est ce qu’annonce un panel d’experts indépendants, dirigé par John Casani, du JPL (Californie). Ce dépassement pourrait retarder de trois ans le lancement du JWST, en le reportant à 2017. Il menace également les autres projets spatiaux de la Nasa. Par mesure d’économie, l’agence envisage déjà de fusionner sa mission d’étude de l’énergie noire, WFIRST, avec celle de l’ESA, Euclid. Ce qui ferait perdre aux États-Unis leur rôle de leader dans le domaine. Le coût du JWST (ci-contre, en construction) dépasse de plus de 30 % le budget prévu. Trois milliards d’euros ont déjà été dépensés pour le projet. Il ne sera donc pas abandonné. Mais d’autres missions spatiales en pâtiront.
LES PODCASTS
Les régions les plus denses et froides des nuages interstellaires sont opaques au rayonnement visible. Jusqu’ici, elles ne se laissaient observer qu’en ondes radio. Et encore, avec peu de détails ! Grâce au satellite Spitzer, Laurent Pagani et ses collègues viennent de découvrir que ces cœurs denses brillaient aussi dans l’infrarouge. Une découverte qui éclairerait les débuts de la formation des planètes. comment avez-vous découvert que les cœurs interstellaires denses brillaient ? Au départ, je cherchais à mesurer le rougissement des étoiles situé derrière un nuage interstellaire, baptisé L183. C’est un moyen d’évaluer la quantité de poussière contenue dans ces nuages. Je pensais qu’avec Spitzer, dans l’infrarouge moyen, cela fonctionnerait mieux que dans l’infrarouge proche, bloqué par la poussière avant d’atteindre les régions les plus denses du nuage. Or, à cette longueur d’onde, j’ai découvert avec surprise une lumière diffuse, émise par l’ensemble du cœur dense. pourquoi avez-vous été surpris ? Le cœur de L183 est très froid (7 K au-dessus du zéro absolu) et il ne possède aucune source de rayonnement. En général, la seule manière de briller pour les nuages interstellaires, c’est la diffusion par leurs poussières d’un rayonnement extérieur. Or, dans le milieu interstellaire, il n’y a pas de grains de poussière assez gros, de la taille du micron, pour diffuser l’infrarouge moyen… C’est du moins ce que l’on croyait. vous avez observé ce rayonnement sur la moitié des 110 sources pointées. quelles informations en tirez-vous ? Eh bien que, justement, les grains de 1 micron existent dans les cœurs interstellaires denses ! Cela simplifie nos modèles de formation planétaire. Celle-ci n’a pas besoin de démarrer de grains dix fois plus petits, comme on le pensait jusqu’ici. Par ailleurs, l’infrarouge moyen nous permet d’étudier la structure des cœurs denses avec une résolution jamais atteinte : 1 seconde d’arc, c’est-à-dire dix fois mieux qu’en radio. Et encore, le miroir de Spitzer ne fait que 85 cm de diamètre. À partir de 2014, le futur télescope spatial James Webb pourra refaire ces observations. Avec un miroir de 6,5 m…
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“LES CŒURS OPAQUES DES NUAGES INTERSTELLAIRES BRILLENT AUSSI”
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LES LEÇONS DE L’ASTRONOME CHAPITRE UNIVERS À l’image des deux précédentes séries des “leçons de l’astronome” consacrées aux étoiles et aux galaxies, l’astrophysicien Roland Lehoucq nous guide par la main dans le monde fascinant des cosmologistes.
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ÉCOUTEZ L’ESPACE ! Planètes, étoiles, pulsars
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Embarquer dès demain pour l’espace avec Franck Lehot
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À la vitesse de la lumière DiscoverY en Février Le dernier lancement de la navette spatiale Discovery aura lieu au plus tôt le 3 février 2011. après plusieurs reports fin 2010, la nasa a décidé de s’assurer de la fiabilité du réservoir externe par de nouveaux tests. Conséquence : le tout dernier vol d’une navette américaine, effectué par endeavour, est repoussé au 1er avril 2011. • DiamonD WorlD La planète géante qui orbite tout près de l’étoile Wasp 12 possède une atmosphère très riche en carbone, annonce la revue nature du 8 décembre 2010. Si des planètes rocheuses existent là-bas, elles sont probablement composées de diamants et de graphite, plutôt que de silicates ! • prolonGations Les missions européennes Cluster, integral, Planck, Mars express, venus express, XMMnewton et Proba 2 seront prolongées, a annoncé l’eSa le 22 novembre. De même pour les collaborations internationales Hinode, Hubble, Soho et Cassini-Huygens.
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Courtesy L. Pagani
de l’observatoire de Paris
L’info comme vous ne l’avez
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Laurent Pagani
gratuitement et sans modération !
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Interview minute
de Ciel & Espace à écouter et à télécharger
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rubrique réalisée par jean-Luc Dauvergne, David Fossé, Philippe Henarejos et Émilie Martin
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COSMOLOGIE
J – 5 milliards d’années
avant la fin des temps ?
Des cosmologistes annoncent la fin des temps dans quelques milliards d’années. Un paradoxe surprenant, né des limites que les théoriciens fixent à un Univers infini afin de pouvoir l’étudier. Stéphane Fay
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A fin du monde n’est pas pour 2012, c’est certain. Pour autant, celle-ci pourrait bien intervenir dans exactement 5,3 milliards d’années. C’est du moins la date à laquelle aboutissent le cosmologiste Raphael Bousso (université de Californie) et son équipe. Cette fois, point de calendrier maya annonciateur de prédiction funeste. La fin du monde résulterait tout simplement de la fin des temps ! Tout cela à cause d’une habitude prise par les cosmologistes : celle de fixer artificiellement des limites à l’Univers. En effet, pour eux, impossible de réaliser des mesures et donc d’établir des théories sur un Univers infini, qui plus est, en expansion éternelle. Dans les années 1990, Andreï Linde a donc inventé une méthode mathématique permettant de définir des limites spatiales et temporelles à l’Univers. Pour Raphael Bousso, ces limites, prises au pied de la lettre, reviennent à prédire la fin des temps ! Mais est-ce bien raisonnable ? “Il est provocateur d’avancer qu’une technique mathématique consistant à fixer une limite à l’espace-temps pour donner du sens à des statistiques est en fait une limite fondamentale à l’Univers, remarque Charles Lineweawer, du Planetary Science Institute (Australie). Je ne vois ainsi aucune preuve solide ou base physique venant étayer cette annonce d’une fin des temps dans 5 milliards d’années. Des arguments logiques mènent parfois à des paradoxes sans rapport avec la réalité.” Alors, info ou intox, cette nouvelle fin du monde ?
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Petite chronologie de l’Univers 10 –43 seconde : c’est le temps de Planck.
10 –36 à 10 –32 seconde : inflation. de 3 à 20 minutes : nucléosynthèse primordiale, avec création des éléments légers (hydrogène, 75 % de la masse de l’Univers ; hélium 4, 25 % ; deutérium, 0,01 % ; traces de lithium et de béryllium). 380 000 ans : la lumière se propage librement dans l’Univers. 150 millions d’années : premières étoiles massives (plusieurs centaines de masses solaires), début de la nucléosynthèse stellaire des éléments plus lourds.
500 millions d’années : formation des premières galaxies.
9 milliards d’années : naissance du Soleil et formation du Système solaire. 13,7 milliards d’années : aujourd’hui.
19 milliards d’années : la fin des temps ?
Probabilités contre éternité
nasa/eSa/Hjoranna
La difficulté de faire des statistiques dans un Univers sans frontière spatiale et temporelle peut se comprendre par analogie avec le calcul de la probabilité de gagner au loto. Si chaque jour 10 000 personnes tentent leur chance sur Terre et que, chaque jour, l’une d’entre elles gagne, vous pouvez dire qu’il y a une chance sur 10 000 de gagner au loto (on peut toujours rêver !). Maintenant supposons que vous vouliez étendre ce raisonnement à tout l’Univers, sans aucune limite d’espace et de temps. Vous considérez donc qu’une infinité de
En prenant au pied de la lettre les pratiques mathématiques dont se servent les cosmologistes, Raphael Bousso a calculé qu’il y a un maximum de chance pour que la fin des temps se produise dans 5,3 milliards d’années.
personnes dans tout l’Univers jouent au loto. Une infinité de joueurs va par conséquent gagner et une infinité va perdre. Comment mesurer alors ces infinités pour calculer la probabilité de gagner au loto dans tout l’Univers ? Cela semble impossible ! Pour cette raison, les cosmologistes, lorsqu’ils étudient l’Univers, font comme tout le monde : ils font des mesures dans une partie limitée d’espace et de temps. En quoi définir des limites pose-t-il un problème ? “En pratique, c’est ce que l’on fait lorsque l’on réalise des expériences en laboratoire ou que l’on prédit les résultats du loto, répond Raphael Bousso. Mais strictement parlant, il n’y a pas d’expérience pour laquelle nous n’ayons pas besoin de données cosmologiques [et qui peuvent donc se trouver au-delà des limites spatio-temporelles que l’on s’impose, NDLR] : des événements
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D’autres façons d’en finir
O.Hodasava/C&e Photos
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La cosmologie n’est jamais à court d’idées pour décrire notre fin. Ainsi, la théorie du big crunch prédit que, dans le futur, l’expansion devrait stopper et notre Univers entrer en contraction. Les galaxies se mettront alors à se rapprocher les unes des autres et toute la matière finira en un point unique de densité infinie, une singularité comparable à celle du big bang. Cette théorie n’est cependant plus considérée comme la plus probable depuis la découverte de l’accélération de l’expansion de l’Univers. Nous avons désormais plus de “chances” de finir congelés
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qu’écrasés. En effet, si l’expansion continue indéfiniment sans trop s’accélérer, matière et énergie vont être de plus en plus diluées dans un espace toujours plus grand, toujours plus froid dans lequel les étoiles finiront toutes par s’éteindre. Une autre possibilité consiste en une expansion donc l’accélération s’emballerait à tel point que la gravité qui maintient les étoiles des galaxies ensemble, ou même les forces de cohésions qui lient les atomes de nos corps seraient vaincues. Nous finirions alors écartelés, dispersés, à travers tout l’espace.
Aucune observation ne nous avertira que la fin du monde est proche. Pas de grande lumière, d’explosions de lointaines galaxies. On ne peut pas prouver cette prédiction, mais l’invalider en restant conscient bien au-delà de la limite fatidique de 5,3 milliards d’années…
Des limites à l’Univers
Courtesy r.Bousso
Mais quelles limites les cosmologistes choisissent-ils généralement à l’espace-temps ? “Très peu ont été proposées qui soient simples et justifiées”, indique Raphael Bousso. La plus intuitive est celle de l’horizon des événements aujourd’hui. Il s’agit de la distance maximale qu’a pu parcourir une information filant à la vitesse de la lumière depuis le début de l’Univers, voici 13,7 milliards d’années. Autrement dit, tel l’horizon sur Terre, c’est la distance maximale au-delà de laquelle on ne peut plus rien voir. Il faut alors imaginer un volume sphérique d’Univers ayant pour rayon cette distance. Notre galaxie se trouve quelque part dans ce volume. À cause de l’expansion accélérée de l’Univers, toutes les galaxies s’éloignent les unes des autres et la matière quitte ainsi ce volume d’Univers à un rythme exponentiel. “Nous avons une probabilité égale d’être n’importe quel observateur dans cette limite. Certains d’entre eux en sortent plus tôt que d’autres. C’est ainsi que la probabilité d’une fin du temps peut être calculée”, expose Raphael Bousso. En suivant ce raisonnement, le cos-
Statistiques et paradoxe Supposer l’existence de limites à l’espace-temps créé des paradoxes que seule la fin des temps peut résoudre. L’un d’eux est celui exposé par Alan Guth et Vitaly Vanchurin. Imaginez une expérience réalisée sur cent personnes. Il est 14 h. Celles-ci vont s’endormir, mais avant, vous lancez une pièce pour chacune d’entre elles. Si la pièce tombe du côté pile, la personne se réveillera avant 30 minutes. Sinon, elle le fera au bout d’un temps compris entre 30 minutes et 1 heure.
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passés sur lesquels nous n’avons aucune influence aujourd’hui peuvent influencer nos expériences de demain.” En effet, si vous mesurez des probabilités aujourd’hui dans un espace-temps avec des limites, vous ne pouvez pas être certain que quelque chose en dehors de ces limites ne vienne perturber des mesures identiques réalisées le lendemain. “Fixer ces limites équivaut à imposer une limite au temps, explique Raphael Bousso. Ces limites sont physiques et ne peuvent plus simplement être regardées comme un outil mathématique.”
Dans un Univers sans fin du monde, au bout de 1 heure, tout le monde est réveillé et, statistiquement, vous constatez qu’une personne sur deux a dormi un temps court (moins de 30 minutes), et une sur deux, un temps long. Dans un Univers avec une fin du monde se produisant à 14 h 45, si vous vous réveillez, ce sera donc nécessairement avant 14 h 45. Supposons que vous vous réveilliez à 14 h 35 et effectuiez des mesures. Vous constaterez alors que
mologiste américain trouve alors que la fin du monde a un maximum de chance de se produire dans 5,3 milliards d’années ! Finalement, ce n’est pas si grave, car d’ici là, le Soleil devrait avoir carbonisé la Terre...
Une fin indolore Mais en admettant que nous soyons encore là, la bonne nouvelle, c’est que nous ne verrions rien arriver. En effet, supposons qu’une galaxie proche connaisse la fin du monde à l’instant où vous lisez ces lignes. Le temps que la lumière de cette galaxie nous parvienne pour nous apprendre son tragique destin et nous prévenir que ce sera bientôt notre tour, notre fin sera déjà arrivée. Nous cesserons donc subitement d’exister sans aucune mise en garde. Existe-t-il un moyen de vérifier l’hypothèse d’une fin des temps ? “L’échelle de temps au-delà de laquelle le temps doit s’arrêter dépend de la limite adoptée. Si nous vivons significativement plus longtemps que cette échelle, on peut exclure cette limite avec un certain degré de confiance. En ce qui concerne la limite de 5 milliards d’années, ce n’est pas pratique puisque nous devrons attendre des dizaines de milliards d’années
Raphael Bousso est professeur de physique théorique à l’université de Californie. Il s’intéresse à la théorie des cordes et ses conséquences en cosmologie, entre autres le fait que l’Univers puisse s’étendre bien au-delà de ses limites observables.
plus de personnes se sont levées au bout d’un temps court plutôt qu’un temps long. Normal : beaucoup de celles destinées à dormir un temps long ne se sont pas encore réveillées à 14 h 35 et certaines d’entre elles ne le feront jamais, la fin du monde mettant un terme à leur vie à 14 h 45. Autrement dit, dans un Univers avec une fin du monde, les résultats statistiques peuvent être faussés. Mais ce paradoxe s’explique par la fin du monde.
pour être certain de l’exclure”, met en avant Raphael Bousso. Alan Guth, professeur au Massachusetts Institute of Technology, l’inventeur de l’inflation primordiale (1) se dit, quant à lui, sceptique : “Peut-être Raphael Bousso et ses collaborateurs me convaincront-ils. Mais, pour le moment, je pense que le problème qu’ils soulèvent peut être résolu. Comme je le vois, la limite utilisée pour contourner le problème d’un espace-temps en expansion éternelle peut être considérée comme la fin d’un échantillon de données, juste comme n’importe quelle liste de données a une limite finie dans le temps.” Autrement dit, si vous ne pouvez mesurer que des courses de 1 heure parce que votre chronomètre a des capacités limitées, les coureurs dont vous aurez mesuré les performances et qui constituent votre échantillon auront tous un temps de course maximal de 1 heure. Cela ne signifie pas que ceux qui auront dépassé ce temps seront morts ! Tout ceci est à la frontière de la spéculation en cosmologie, mais c’est bien de science dont il s’agit. L’idée de Raphael Bousso surprend, mais elle met sur le devant de la scène un problème bien réel : celui de la mesure dans un Univers infini en expansion éternelle, comme pourrait l’être le nôtre. Il n’y a plus qu’à espérer qu’une solution moins radicale que la fin des temps émergera de toutes ces cogitations…
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(1) En 1981, Alan Guth propose que certaines des caractéristiques de notre Univers soient expliquées par une période de brusque accélération de son expansion dans l’Univers primordial. Cette période est celle de l’inflation.
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Véranda avec vue sur la Terre David Fossé
Fini les photos de la Terre prises à travers de petites lucarnes ! Depuis février 2010, grâce à Cupola (“coupole”), les astronautes de la station spatiale internationale profitent d’une vue panoramique sur notre planète. Tour d’observation autant que tour de contrôle, la plus grande fenêtre jamais lancée dans l’espace est une contribution de l’Agence spatiale européenne à l’ISS.
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Photos : Nasa/C&E Photos
u UN SERPENT
DE LUMIÈRE
Lorsque la station spatiale internationale (ISS) plonge dans la nuit, toutes les 90 minutes environ, la Terre s’illumine sous l’œil de Cupola. Ici, les 85 millions d’habitants de l’Égypte tracent un serpent de lumière dans le Sahara. Il s’agit bien sûr des courbes du Nil. v CHAMBRE AVEC VUE Un jour peut-être, des hôtels orbitaux offriront cette vue époustouflante à leurs clients. Sur la station spatiale internationale, cette promesse de la science-fiction est déjà réalisée en partie grâce à Cupola. u UNE TOUR
DE CONTRÔLE
La “coupole” permet avant de surveiller toutes les opérations à l’extérieur de la station (manipulation du bras robot, sorties dans l’espace, amarrage des vaisseaux en provenance de la Terre). Elle est truffée d’informatique !
v À TRAVERS
LA FENÊTRE
De mars à juin 2010, le Russe Oleg Kotov a commandé l’expédition de longue durée n° 23 à bord de l’ISS. Il en a profité pour se faire photographier à travers l’une des fenêtres de Cupola… en plein soleil, évidemment !
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t w POSITION STRATÉGIQUE Cupola a été installée à une place stratégique : pratiquement au centre de la station, tournée vers la Terre et près du bras robot Canadarm 2. À droite, la navette Endeavour s’apprête à retourner au sol.
t LA FLORIDE AU CLAIR DE LUNE Cette vue de la Floride date du 31 octobre 2010. Le tracé orthogonal qui caractérise les villes du Nouveau Monde est bien visible, de même que la lumière de deux plateformes pétrolières dans le golfe du Mexique. Mais aussi, le reflet de la Lune sur l’océan Atlantique.
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Photos : Nasa/C&E Photos
w MISSION ACCOMPLIE ! L’Américain Nicholas Patrick a effectué une sortie dans l’espace de 5 heures et 48 minutes pour achever l’installation de Cupola. On la voit ici avec ses volets fermés, qui doivent notamment la protéger des micrométéorites et des débris spatiaux.
u VERTIGE Shannon Walker a-t-elle la tête en bas ou est-ce la Terre qui est au plafond ? L’astronaute de la Nasa semble en tout cas ravie de flotter dans l’ISS. À travers les vitres, l’océan est bien visible, mais aussi le vaisseau de ravitaillement russe Progress. Ce cliché date de novembre 2010.
v NUIT ITALIENNE Cupola a été construite en Italie par Alenia Spazio (aujourd’hui Thalès Alenia Space). En hommage, peut-être, un astronaute a immortalisé la célèbre botte le 28 octobre. Sur ce cliché, les Balkans, la Grèce, la Tunisie et même la côte française sont visibles.
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Mercure et Vénus dessinent leur orbite Entre le 7 et le 10 janvier, les deux planètes intérieures se retrouvent simultanément dans la même position par rapport au Soleil et à la Terre. Une occasion de visualiser sur la voûte céleste l’orbite qu’elles décrivent autour de l’astre du jour. Philippe Henarejos
Le matin du 9 janvier 2011, vers 8 h
Mercure
Horizon sud-est 36
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la même situation. À condition de se lever tôt (vers 7 h 30, heure légale française), il est donc possible de voir presque en même temps Mercure et Vénus à leur plus grande élongation ouest. L’intérêt ? Visualiser l’étendue de chacune des orbites de ces planètes et pouvoir ainsi les comparer à l’œil nu ! Vénus circule en moyenne à 108 millions de kilomètres du Soleil, alors que Mercure gravite à environ moitié moins : 58 millions de kilomètres. Vers 8 h 15, alors que le Soleil se trouve juste en dessous de la ligne d’horizon (peu avant son lever), cette proportion apparaît de manière évidente.
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M.Weigand/C&E Photos
U mois de décembre 1610, Galilée tourne sa lunette vers Vénus. Grâce à une optique grossissant 30 fois, il fait le constat suivant : la planète se présente sous la forme d’une demi-lune. Or, il l’avait déjà observée en septembre 1610, où elle apparaissait ronde. En janvier et février 1611, l’astronome florentin confirme son intuition par d’autres observations : Vénus affiche des phases qui indiquent clairement qu’elle tourne autour du Soleil. Quatre siècles plus tard, le ciel nous offre une occasion de visualiser l’orbite de Vénus autour du Soleil. Le 8 janvier au petit matin, celle que l’on nomme aussi l’Étoile du berger se trouve, sur le ciel, à sa plus grande distance apparente au Soleil. Mais ce n’est pas tout. Le lendemain, Mercure est dans
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Pareille occasion ne se produit que rarement. Au cours des dix prochaines années, Vénus et Mercure ne se retrouveront qu’une seule fois dans une configuration comparable : le 16 août 2012. Vénus tourne en 224 jours et Mercure en 88 jours. On peut donc s’attendre à ce qu’elles se retrouvent du même côté du Soleil tous les 100 à 160 jours (différences dues à l’ellipse très marquée de l’orbite de Mercure). Mais cela ne suffit pas. Car la Terre tourne elle aussi autour du Soleil en 365 jours. Il faut donc non seulement que Vénus et Mercure soient à peu près sur le même point de leur orbite, mais aussi qu’au même moment la Terre soit bien placée pour que nous puissions voir la scène correctement. Entre le 7 et le 10 janvier 2011, ne manquez donc pas cette belle occasion d’observer à la fois Mercure (souvent difficile à voir) et Vénus (étincelante) dans une position qui aurait sans doute plu à Galilée. Si vous avez une petite lunette, visez-les et vous constaterez que toutes deux ont une phase assez voisine : celle d’un quartier ou d’une demi-lune.
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VÉNUS
Vénus et Mercure occupent l’extrémité de leur orbite, du même côté du Soleil, entre le 7 et le 10 janvier 2011, au petit matin. Sur le dessin page de gauche, le tracé qu’elles suivent au fil des jours a été matérialisé. Ci-dessus : Mercure (en haut) et Vénus, telles qu’elles apparaissent alors dans un télescope, respectivement éclairées à 60 % et à 50 %. Ci-dessous : les positions réelles des deux planètes et de la Terre aux deux dates favorables à l’observation de cette coïncidence céleste pour les dix prochaines années.
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Antarès
M.Weigand/C&E Photos
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Un autre rendez-vous d’ici 2021
Le 8 janvier 2011 180°
Le 16 août 2012 180°
Vénus Mercure
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Terre 90°
270°
Soleil
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90°
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Terre 0°
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Dossier
50 ANS DE SETI LE POINT SUR LES ÉCOUTES EXTRATERRESTRES Un message des extraterrestres nous est-il déjà parvenu ? Frank Drake, le premier radioastronome à avoir écouté les étoiles, le soupçonne. Douglas Vakoch, l’un de ses collègues à l’Institut Seti, pense que c’est possible. Même si en 50 ans d’écoutes de la Voie lactée, aucune preuve de l’existence d’une autre civilisation n’est acquise, la quête continue. Et les espoirs des chercheurs de signaux extraterrestres, confiants dans leur méthode, demeurent intacts. Dossier réalisé par Myriam Détruy
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D.Florentz/Nasa/JPL-Caltech/C&E Photos - montage : O.Hodasava/C&E Photos
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Soupçons de signaux pour Frank Drake
p. 43
Douglas Vakoch : “Un signal pourrait nous avoir échappé”
p.44
Seti : la quête continue
p. 47
Le monde à l’écoute Les “bruits” d’éventuelles civilisations extraterrestres se dissimulent aux “oreilles” que sont les radiotélescopes. Signaux naturels, humains et pourquoi pas, extraterrestres complexes se mélangent, rendant très ardue toute identification.
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Dossier
Frank Drake, père de Seti
L’homme qui lança Seti au début des années 1960 est intimement convaincu de l’existence de civilisations extraterrestres. Mais leur recherche ne doit à aucun prix s’éloigner de la démarche scientifique.
“I
L a ça dans le sang”, dit de lui Florence Raulin-Cerceau, une astronome française qui suit Seti depuis deux décennies. À 80 ans, Frank Drake continue de se rendre tous les jours à l’Institut Seti, à Mountain View (Californie). Ce fils de chimiste, qui essayait de construire des émetteurs radio à l’âge de 12 ans, a passé cinquante ans de sa vie à traquer un signal cosmique pas comme les autres, preuve de l’existence d’une civilisation lointaine. Sa carrière de radioastronome l’a mené à diriger Arecibo de 1966 à 1980. Il a transmis l’objet de sa quête à Jill Tarter, la scientifique qui a inspiré le personnage de Jodie Foster dans le film Contact, mais voyage encore beaucoup pour participer à des colloques, visiter les nouveaux instruments et encourager une recherche de vie extraterrestre au niveau mondial. Il connaît bien Ciel & Espace, “l’un des meilleurs magazines d’astronomie au monde”, dit-il. “C’est quelqu’un de généreux”, commente Gerry Harp, l’un de ses confrères astrophysiciens. Au téléphone, le discours est limpide, affable, et sans l’ombre d’une hésitation.
Frank Drake sous la parabole immense (305 m de diamètre) du radiotélescope d’Arecibo, sur l’île de Porto Rico. Cinquante ans d’écoute des étoiles n’ont pas entamé sa foi dans le programme Seti.
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R.Ressmeyer/Corbis
“Je soupçonne qu’une petite détectés étaient d’origine
fraction des signaux extraterrestre”
C&E : Vous voulez dire que, parmi les signaux enregistrés, certains pouvaient effectivement avoir été émis par une autre civilisation ? F. D. : Tous les signaux que j’ai captés se sont révélés d’origine terrestre. Mais on m’a parlé de signaux détectés pendant d’autres recherches Seti, dont l’origine n’a pas pu être déterminée parce qu’ils n’ont pas été observés une seconde fois. Cette idée que certains signaux étaient d’origine extraterrestre est un soupçon d’ordre général.
invisibles parce qu’elles sont obscurcies par la poussière interstellaire. Donc nous sommes certains qu’il y avait des étoiles dans le faisceau du télescope, mais nous ne savons rien à leur sujet. Elles ne sont même probablement dans aucun catalogue d’étoiles. Pour moi, presque toutes les étoiles, sauf les plus massives, peuvent abriter la vie, dans quelque galaxie que ce soit. Récemment, on a découvert une planète autour d’une étoile en provenance d’une autre galaxie et qui avait été capturée par la nôtre. Bien que cela ne soit pas surprenant, cela montre que les planètes existent aussi dans d’autres galaxies. Gill Tarter, qui a inspiré le personnage incarné par Jodie Foster dans le film Contact, a repris la quête de Franck Drake.
C&E : Parmi les fausses alertes avérées, quelles ont été les plus intrigantes ? F. D. : Il y en a eu trois, en fait. La première fois, c’était quand j’étais à l’université d’Harvard, en 1960, et que je commençais mes travaux de recherche. Je regardais le spectre de l’hydrogène d’amas d’étoiles pour la centième fois. J’en ai soudain vu un nouveau qui venait des Pléiades. Il est réapparu quelques jours après et j’ai facilement pu prouver qu’il venait de la Terre. La deuxième fois s’est produite au radiotélescope d’Arecibo. J’observais Epsilon Eridani, l’étoile semblable au Soleil qui est la plus proche de nous. J’ai capté un signal que je n’avais jamais vu, à plusieurs jours d’intervalle. En fait, il s’agissait d’un avion militaire. La dernière fois, enfin, c’était il y a une quinzaine d’années. Le signal que nous
R.Levine/Time & Life/Getty
Ciel & Espace : Quel bilan tirez-vous de 50 ans de recherches Seti ? Frank Drake : Je retiens deux choses : la première, c’est que cette recherche sera très longue. Nous devrons continuer à observer beaucoup, beaucoup d’étoiles et augmenter le nombre de canaux de recherche, que ce soit en radio ou en lumière visible. Cela signifie que nous avons besoin d’encore plus de temps de télescope et d’équipements plus performants, donc d’argent pour les construire. La seconde chose, c’est qu’il y a véritablement des signaux, mais qu’ils sont éphémères. Nous les avons observés une fois, jamais deux. Nous en avons détecté sans pouvoir prouver qu’ils étaient d’origine extraterrestre. Pour les voir à nouveau, il faut regarder la même cible un grand nombre de fois, avec des instruments de plus en plus puissants. Car je soupçonne qu’une petite fraction d’entre eux était d’origine extraterrestre.
C&E : Savez-vous quelles étoiles étaient alors pointées par les radiotélescopes ? F. D. : Dans la plupart des cas, peut-être même dans tous les cas, le signal en question a été détecté alors que l’antenne n’était pas tournée vers une étoile en particulier. Très souvent, il y avait plusieurs étoiles dans le “faisceau” du radiotélescope. Certaines d’entre elles sont optiquement
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Dossier
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Le nombre de civilisations extraterrestres technologiquement avancées N, avec lesquelles nous pourrions communiquer, se trouve dans cette expression : N = R* × fp × ne × fl × fi × fc × L, où : - R* est le taux de formation d’étoiles dans notre galaxie répondant à deux critères : elles doivent avoir une durée de vie suffisamment longue pour laisser une civilisation se développer et être pourvues d’une zone habitable ; - fp est la proportion de ces étoiles possédant des planètes ; - ne est le nombre de planètes semblables à la Terre, avec de l’eau ; - fl est la proportion de ces Terre où la vie peut éclore ; - fi est la proportion de ces Terre où la vie intelligente peut se développer ; - fc est la proportion de ces Terre où la technologie permet à une civilisation de communiquer ; - L est la durée de vie d’une civilisation communicante.
S.Shostak/SPL/Cosmos
Une équation gravée dans le marbre
avions détecté changeait de telle sorte qu’on pouvait en déduire qu’il venait de loin, et non pas d’interférence terrestre. Puis nous avons compris qu’il venait du Système solaire et qu’il s’agissait en fait d’une sonde japonaise qui surveillait le Soleil. C&E : En 1959-1960, vous avez organisé le projet Ozma, baptisé ainsi en référence au Magicien d’Oz. Dans quel contexte vous a-t-on laissé mener les premières observations pour chercher des signaux envoyés par une civilisation intelligente ? F. D. : C’était l’époque où l’on avait inventé le maser [l’ancêtre du laser, NDLR] et les amplificateurs paramétriques — aujourd’hui, on ne s’en sert plus. Nous avions calculé qu’avec une antenne de 26 m, celle de Green Bank, nous serions capables de capter un signal provenant de 10 à 20 années-lumière de nous. Les deux étoiles que nous avions choisies, Epsilon Eridani et Tau Ceti, sont des étoiles proches semblables au Soleil. À ce moment-là, nous n’imaginions qu’une seule chose : elles devaient avoir des systèmes planétaires autour d’elles et des civilisations intelligentes devaient y être nombreuses ! Pendant trois mois, nous avons donc observé ces étoiles, pour un coût total de
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Pour populariser la recherche de civilisations galactiques, Frank Drake a résumé dans une équation toutes les conditions nécessaires à l’apparition de la vie intelligente dans l’Univers.
2 000 $. L’expérience n’a pas coûté cher, l’observatoire était financé par le gouvernement américain et son directeur s’enthousiasmait pour la vie extraterrestre. C&E : Trois décennies plus tard, le gouvernement américain s’est montré nettement moins enthousiaste... F. D. : Quand en 1993, les finances nous ont été coupées à la suite d’un réquisitoire d’un sénateur contre Seti, ce fut un coup dur. Nous sommes passés d’un financement de 10 millions de dollars par an à rien du tout. Mais nous avons réussi à retrouver de l’argent auprès de mécènes, notamment Paul Allen, qui nous a donné 30 millions de dollars. Aujourd’hui, la fondation Seti s’épuise, et le financement devient difficile. La Nasa accepte de nous aider dans une petite mesure, pour améliorer la qualité des récepteurs, par exemple. C&E : Aujourd’hui, en dehors des États-Unis, quels sont les autres acteurs de Seti ? F. D. : Les Chinois sont en train de construire un radiotélescope de 500 m de diamètre, Fast, et j’espère qu’ils se joindront au projet. Le directeur nous a rendu visite et nous a demandé des conseils. L’Australie s’intéresse aussi à cette recherche (elle est candidate
pour accueillir le Square Kilometer Array). En Europe, les Français sont moins actifs depuis la mort de Jean Heidmann. L’Italie et l’Espagne le sont plus, la Suisse, aussi, avec la recherche sur les exoplanètes. Et je suis surpris car, depuis deux ans, les Anglais, qui sont des gens de science, mais n’ont jamais montré un fort intérêt pour Seti, me demandent de participer à des colloques ! C&E : En 1961, vous avez formulé une équation devenue célèbre (voir ci-dessus). Un demisiècle plus tard, a-t-on une meilleure idée des valeurs des paramètres en jeu ? F. D. : Dans les années 1960, on n’avait aucune idée de ce qu’ils pouvaient être. On les théorisait seulement. Grâce à nos progrès en astronomie, nous pouvons apporter de nouvelles données. Nous savons par exemple qu’une étoile sur dix possède des planètes, quelle est la distance nécessaire par rapport à une étoile pour que l’eau soit à l’état liquide, ou encore les voies que prend la vie pour naître. Le seul facteur que nous ignorons toujours, c’est L, c’est-à-dire la durée de vie d’une civilisation communicante. Pour l’instant, nous n’avons que notre exemple. Et nous ne savons pas combien de temps encore nous serons détectables. Propos recueillis par MD
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Douglas Vakoch, spécialiste de la communication Seti
“Un signal déjà capté pourrait un jour nous sauter aux yeux” Écouter l’espace ne suffit pas. Encore faut-il déceler, parmi toutes les émissions cosmiques, celle qui serait d’origine artificielle et non terrestre. Ainsi, Douglas Vakoch, chargé de la composition des messages interstellaires à l’Institut Seti, n’exclut pas qu’un signal extraterrestre ait déjà pu être reçu par les radiotélescopes. Ciel & Espace : Pensez-vous qu’il puisse y avoir, dans tous les signaux reçus par Seti, un message extraterrestre que personne n’ait remarqué ? Douglas Vakoch : L’un des grands défis des scientifiques de Seti est de s’assurer que nous pouvons reconnaître un tel message quand il arrive. En parcourant le bruit cosmique à la recherche d’un signal qui se distingue du fond diffus comme étant artificiel, nous devons faire des hypothèses sur ce à quoi ce signal va ressembler. Il est possible qu’un signal soit déjà arrivé, mais que nous ne le cherchions pas correctement. Pour perfectionner notre recherche, l’Institut Seti a lancé Setiquest (lire p. 45), qui explore de nouvelles manières d’analyser les vastes quantités de données que nous collectons durant nos écoutes. En élaborant de nouveaux algorithmes informatiques pour extraire des signaux artificiels du bruit cosmique, nous pourrions détecter un signal qui aurait été manqué au cours des 50 ans de recherche Seti. Un signal qui aurait été perdu dans le passé pourrait nous sauter aux yeux dans le futur.
terrestres soit déjà arrivé, mais que nous ne le cherchions pas de la bonne manière. Par exemple, quand Seti a débuté, voici 50 ans, Frank Drake a commencé à chercher des signaux sur des bandes très étroites, ce qui aurait fourni une preuve claire qu’ils étaient artificiels. Et il y a de bonnes raisons de penser que ces signaux étroits sont ceux que nous pourrions découvrir en premier. Mais que se passerait-il si au lieu de cela, des extraterrestres émettent sur une large fréquence un signal très riche en information, mais plus difficile à trouver ? Par le passé, les scientifiques de Seti auraient manqué de tels messages parce que les programmes informatiques n’étaient pas capables de les détecter. Nous sommes maintenant sur le point de pouvoir les déceler. C&E : Si un message doit arriver, pensez-vous qu’il viendra d’une étoile visée par le programme ou de n’importe quelle direction de la sphère céleste ? D. V. : Par le passé, Seti s’est focalisé sur les étoiles proches, ce qui augmentait nos
chances de trouver un signal relativement faible, justement parce que notre écoute était focalisée et la distance proche. Mais récemment, nous avons commencé une plus large surveillance du plan de la Voie lactée, ce qui nous permettrait de trouver des signaux de civilisations qui ne se trouveraient pas autour de leur étoile parente, mais vivant dans l’espace interstellaire. Il semble cependant encore qu’un message proviendra plus probablement d’une planète tournant autour d’une étoile, qui représenterait un lieu stable pour des transmissions sur le long terme alimentées par une énergie immédiatement disponible. Propos recueillis par Philippe Henarejos Note : Douglas Vakoch vient de publier un livre (en anglais) sur les messages interstellaires : Communication with extraterrestrial intelligence, aux éditions State Univ of New York Pr, 500 p.
Douglas Vakoch, devant les paraboles du Allen Telescope Array, est chargé pour Seti de la composition des messages à envoyer à des extraterrestres et aussi de celle que nous pourrions avoir à décrypter. Courtesy D.Vakoch
C&E : L’une des alertes de Seti peut-elle être un signal extraterrestre ? D. V. : C’est toujours possible, mais il est beaucoup plus probable que ce sont des signaux produits par les humains. Les signaux que nous cherchons en provenance des extraterrestres sont très similaires à ceux émis par la radio et la télévision. Nous savons que plusieurs fausses alertes sont causées par de la technologie terrestre et qu’ils sont durs à identifier. C&E : Pourrions-nous reconnaître sans le moindre doute un message extraterrestre si nous en recevions un ? D. V. : Il est possible qu’un signal des extra-
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La recherche d’extraterrestres techniquement avancés se fait par des radiotélescopes (comme ici, à Green Bank), car les ondes radio ont été considérées dès le départ comme les plus aisées à émettre.
Seti : La quête continue Seti n’a pas eu la chance du débutant. En 50 ans de recherche reposant sur l’écoute de l’espace, aucun signe de vie intelligente n’a été identifié. Faut-il pour autant abandonner l’espoir de découvrir un jour une civilisation extraterrestre ?
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INGT et un centimètres. Depuis un demi-siècle, cette valeur est une référence pour les astronomes dans leur quête de signaux extraterrestres. 21 cm, c’est la longueur d’onde d’émission de l’atome d’hydrogène, donc de l’élément chimique le plus abondant dans l’Univers. En 1959, deux physiciens, Philip Morrison et Giuseppe Cocconi, en ont déduit qu’une civilisation
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intelligente ne manquerait pas de le savoir et de l’utiliser comme fréquence pour communiquer avec l’Univers. Pourtant, après cinquante ans d’écoute portés par un formidable développement technologique, aucun extraterrestre n’a encore branché sa radio sur cette fréquence. Des alertes sont bien enregistrées de temps à autre, dont la plus célèbre, baptisée Wow, a duré 72 secondes en
1977. Mais après des observations répétées de la zone d’émission, les espoirs retombent et le responsable est en général vite trouvé : il s’agit d’interférences terrestres. En dehors de ces fausses alertes, l’espace intersidéral reste profondément muet. Pour autant, les scientifiques professionnels et amateurs impliqués dans le projet Seti (Search for Extra-Terrestrial Intelligence)
Le domaine des ondes radio n’est pas le seul qui sera plus largement exploré. Déjà, certaines écoutes concernent les rayonnements visibles ou infrarouges. Dans le visible, les scientifiques ont imaginé que les extraterrestres pouvaient signaler intentionnellement leur présence en envoyant Seti@Home
NRAO
Des signaux laser à l’Univers
Comment reconnaître un message extraterrestre ? Les radiotélescopes n’écoutent pas l’espace comme nous le faisons d’une radio. Ils collectent des ondes qui se propagent dans le cosmos et essaient, parmi elles, de repérer un signal artificiel. Ces données sont analysées par des programmes informatiques. Il ne s’agit donc pas d’entendre un bruit à proprement parler, mais de trouver sur un graphique un pic d’activité lié à une activité non naturelle. Traduit en termes de bruit auditif, un signal extraterrestre serait un bip bref et intense qui serait détectable à plusieurs reprises. Mais les chercheurs pensent aujourd’hui que certaines pulsations (bip bip bip) valent la peine d’être analysées. Si E.T. a entrepris de nous parler en morse, on n’a pas fini de décoder…
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ne trouvent pas dans ce bilan négatif une raison d’arrêter. Au contraire. L’enthousiasme inconditionnel des débuts a fait place à une organisation plus mature. “Nous savons que nous cherchons une aiguille dans une botte de foin, constate Dan Werthimer, 35 ans de Seti à son actif, dont 11 à la tête de Seti@home, un programme d’analyse de données qui rassemble des millions de Terriens (voir p. 47). Mais nous n’avons exploré qu’une minuscule partie de la botte de foin. Par ailleurs, nous devons nous défaire de certains dogmes qui ont prévalu jusqu’à présent.” À commencer par la fréquence de l’hydrogène proposée par Morrison et Cocconi. “C’était un principe expérimental, commente Milan Cirkovic, de l’observatoire de Belgrade. Il faut sortir de ces modèles. Si Carl Sagan était encore vivant, il désapprouverait cette recherche orthodoxe !” Vers quelles gammes de fréquences se tourner, alors ? “Nous commençons à faire des écoutes à différentes fréquences, notamment avec les nouveaux radiotélescopes, explique Dan Werthimer. Avec l’Allen Telescope Array, nous pourrons aller jusqu’à 10 GHz [l’hydrogène émet à 1,42 GHz, NDLR]. Le Green Bank Telescope peut être dix fois plus puissant !”
des impulsions laser intenses — une transmission optique qui rappelle celle imaginée par Charles Cros au XIXe siècle (lire encadré p. 46). Dans l’infrarouge, les instruments recherchent, entre autres, des miroirs géants installés par une civilisation technologiquement plus avancée que la nôtre, capable de collecter toute l’énergie dont elle a besoin de son étoile. Une telle structure, appelée sphère de Dyson, du nom du physicien qui l’a décrite en 1959, produirait un fort rayonnement infrarouge. Ces scénarios d’écoute envisagent la plupart du temps que les extraterrestres, s’ils existent, aient envie de nous contacter. “Avec un schéma aussi directif, on a très peu de chances de détecter un signal Seti, souligne Jean-Michel Martin, responsable scientifique du radiotélescope de Nançay, dans le Cher. Si l’on imagine qu’un émetteur de la puissance d’Arecibo se trouve pile en face d’un autre du même type, situé à 500 années-lumière, ils ont
une chance sur 1015 de se rencontrer.” Dan Werthimer est encore plus sceptique : “Le scénario le plus probable est qu’un jour, nous captions un signal par hasard, une fuite [leakage]. Je ne vois pas pourquoi une civilisation avancée voudrait entrer en contact avec une société aussi primitive que la nôtre.” Pour ajouter au pessimisme, les progrès de l’astronomie ne font que renforcer le paradoxe noté par Enrico Fermi en 1950. Aujourd’hui, nous savons que la Terre a 4,5 milliards d’années et que la Voie lactée existe depuis 10 milliards d’années. D’autres planètes se sont formées bien avant la nôtre, ce qui laisse le temps à une civilisation de développer sa technologie et éventuellement, de nous contacter… Or, pas de signal. Afin de ne pas s’échiner inutilement, les astronomes ont redéfini Seti au fil des découvertes. Notre galaxie compte 200 milliards d’étoiles et seulement quelques milliers d’entre elles, les plus proches et les
Sur le web w
Mis en ligne en février 2010, le nouveau site de Seti veut rassembler des compétences dans le monde entier. Les passionnés de programmation informatique tout comme les volontaires désirant participer à l’analyse de données (un bac+ 10 n’est pas nécessaire, il suffit de savoir télécharger un logiciel) peuvent entrer dans la communauté. http://setiquest.org
Une séquence d’écoute d’une étoile par un radiotélescope ressemble à cela, une fois passée dans la “moulinette” de Seti@home. Seul un logiciel peut y reconnaître un potentiel message d’origine artificielle.
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est une science spéculative. On ne sait pas ce que l’on cherche, mais il faut pouvoir interpréter quelque chose ! Ce faisant, nous passons peutêtre à côté d’une autre forme de vie.” Alors Seti est-il à côté de la plaque ? En dépit des questionnements que suscite une recherche aussi impalpable, il reste de bonnes raisons de la poursuivre. D’abord parce qu’elle ne grève pas les fonds publics : depuis que le Congrès américain lui a coupé les vivres, en 1993, Seti fonctionne principalement grâce à une fondation privée. Elle ne phagocyte pas non plus le temps de télescope dans les observatoires, où elle représente en général une très petite fraction des objectifs de recherche. Enfin, Seti invite à une mise en perspective du devenir de l’humanité. Elle apporte une réflexion enrichissante par rapport à nos enjeux énergétiques et nos problèmes sociaux. Au-delà, la part du rêve continue d’agir comme un moteur de développement. Carl Sagan croyait en cette existence : “L’imagination nous emmènera vers des mondes qui jamais n’existèrent. Mais sans elle, nous n’allons nulle part.”
L’interprétation du rêve
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En 1974, le radiotélescope d’Arecibo a été utilisé pour expédier ce message (composé avec des 1 et des 0), en direction de l’amas globulaire M 13, à 25 000 années-lumière. Il donne quelques indications sur la Terre et l’humanité.
Le rêve de Charles Cros Le poète et inventeur français Charles Cros ne doutait pas de l’existence des Martiens. Pour lui, les lueurs blanches à la surface de la planète étaient des villes. En 1869, il imagine une série de miroirs paraboliques renvoyant des signaux lumineux afin de signaler notre présence à ses voisins extraterrestres. “La technique n’était pas novatrice pour l’époque, commente Florence Raulin-Cerceau (1). En revanche, Cros a eu une idée nouvelle pour le message. C’est le premier qui conçoit un langage binaire, à base de nombres, pour permettre une reconstruction picturale.”
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Quant aux exoplanètes, elles n’ont pas franchement changé la donne depuis que la première d’entre elles a été découverte en 1995. “L’exobiologie est une ouverture fabuleuse qui enrichit d’abord la planétologie, commente Philippe Zarka, du Laboratoire d’études spatiales et d’instrumentation en astrophysique. Avant, nous n’avions qu’un seul modèle, le Système solaire. Maintenant nous découvrons d’autres ingrédients, d’autres types de planètes. Au milieu, la recherche de la vie n’est qu’une petite partie des connaissances que nous acquérons sur les exoplanètes. Et dans la recherche d’une vie intelligente, qui est principalement basée sur le principe d’écoute, nous gardons encore une vision chauvine.” Faute de mieux, les scientifiques restent en effet accrochés au dogme anthropocentrique : ils ciblent une planète semblable à la Terre où l’eau pourrait être liquide. Florence RaulinCerceau, astronome au Muséum national d’histoire naturelle, souligne le pragmatisme de la démarche : “On part sur un terrain rationnel, alors que la recherche des extraterrestres
Seti.org
plus semblables au Soleil, ont été observées. Plus la recherche et la technologie avancent, plus elles se tournent vers des étoiles lointaines et différentes. Les naines rouges, des astres moins massifs et moins lumineux que le Soleil, ont ainsi été pris en considération — la planète Gliese 581c, pressentie comme habitable, gravite autour de l’un d’entre eux. “Récemment, nous avons même pointé une dizaine d’étoiles de type O, qui sont très chaudes et dégagent une formidable quantité d’énergie, indique Gerry Harp, physicien au Seti Institute, installé au cœur de la Silicon Valley, en Californie. Certains scientifiques pensent en effet qu’elles pourraient être utilisées comme des transmetteurs.”
S.Shostak/Seti
Jodrell Bank
La salle de contrôle du radiotélescope de Jodrell Bank, en Angleterre. Sa parabole mobile de 77 m de diamètre en fait l’un des récepteurs les plus puissants du monde.
(1) Auteur d’À l’écoute des planètes, éditions Ellipses, 2006.
Le programme Seti s’appuie désormais sur un nouvel instrument : le réseau de paraboles financées par Paul Allen, aux États-Unis. Encore en construction, il permettra d’écouter en permanence le ciel avec une grande sensibilité.
Le monde à l’écoute
Seti est parvenu à créer un formidable réseau dans le monde entier. Non seulement les observatoires commencent à coordonner leurs recherches, mais les individus voulant participer à la quête de la vie intelligente se comptent par millions.
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IN 2010, pour son 50e anniversaire, Seti a lancé un nouveau programme de recherche : Project Dorothy — en référence à l’héroïne du Magicien d’Oz et au tout premier programme organisé par Frank Drake en 1960, baptisé alors Project Ozma. Dix-neuf observatoires répartis dans treize pays ont participé à trois sessions d’observation conjointes. D’ordinaire, seuls trois sites sont régulièrement actifs dans le domaine. Pour l’occasion, sept étoiles ont été sélectionnées sur leurs critères physiques. Elles devaient ressembler au Soleil et/ou posséder des planètes. Parmi elles, figuraient deux vieilles connaissances de
Frank Drake : les étoiles Tau Ceti (constellation de la Baleine) et Epsilon Eridani (Éridan). La première semble dépourvue de planètes. La seconde possède une cousine de Jupiter et peut-être une seconde planète. Plus que des cibles intéressantes, ces candidates constituent un symbole, comme l’est aujourd’hui le projet Dorothy. De ces programmes ponctuels ne viendra sans doute pas le signal artificiel tant attendu, mais les scientifiques tiennent à démontrer les progrès que Seti a réalisés en cinquante ans. “En acquérant un grand nombre de données en même temps, nous sommes capables d’élar-
gir nos analyses, explique Gerry Harp, qui a dirigé le projet. C’est comme lorsque vous jouez de la guitare : soit vous pincez une seule corde, soit vous jouez un accord. Avec Dorothy, nous changeons nos méthodes afin de jouer un accord.” De nouveaux algorithmes de décodage ont été élaborés pour repérer un certain type de signal. Les récepteurs radio s’enrichissent de plusieurs millions de canaux. “Ces progrès techniques servent d’abord à faire de l’astronomie classique, souligne François Biraud, qui a mis en place des programmes d’observation Seti au radiotélescope de Nançay dans les années 1980. Il faut continuer dans ce sens et, un jour, par
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Photos A.Fujii/C&E Photos
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Le projet Dorothy, une série d’écoutes menées récemment, a opéré un retour aux sources : parmi les champs stellaires écoutés figuraient les constellations de la Baleine (à gauche) et de l’Éridan (à droite). Avec les deux premières étoiles visées par Frank Drake : Tau Ceti et Epsilon Eridani.
hasard, nous découvrirons quelque chose qui sort de l’ordinaire, comme cela a été le cas pour les pulsars.”(1) S’il est vrai que la recherche de la vie intelligente se fait en parallèle avec des observations plus classiques, Seti a réussi un tour de force après que le Congrès lui ait coupé les vivres en 1993. En rassemblant des fonds privés auprès de Paul Allen, l’un des fondateurs de Microsoft devenu milliardaire, l’institut est parvenu à construire son propre radiotélescope au milieu du parc volcanique de Lassen, en Californie. Le site, une fois achevé, devrait compter 350 antennes pour une sensibilité d’observation équivalant à un télescope de 100 m. À l’heure actuelle,
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42 antennes ont été installées et sont déjà opérationnelles. La suite se fait attendre, question de fonds. Seti espère aussi compter sur SKA (Square Kilometer Array), qui sera dix fois plus sensible que l’antenne d’Arecibo. La construction devrait commencer en 2016, soit en Afrique du Sud, soit en Australie.
Seti@home, l’autre réseau social L’autre développement le plus remarquable aujourd’hui est le projet Seti@home (2) . Depuis 1999, ce programme confie à des millions d’ordinateurs individuels dans le monde l’analyse d’observations faites à Arecibo. Dans chaque fraction de données distribuées, il recherche des signaux bien précis, différents du bruit cosmique. Le logiciel fonctionne automatiquement sur les postes des utilisateurs qui l’ont installé, avec la garantie qu’il ne ralentirait pas leur processeur. En plus de dix ans, 8 millions de
Terriens se sont inscrits au programme. Un million l’utilise aujourd’hui, ce qui en fait le plus gros ordinateur du monde. Au total, Seti@home comptabilise 1 200 années de temps d’utilisation d’ordinateur chaque jour soit, depuis le début, 2,3 millions d’années au compteur ! Le succès de ce réseau socioscientifique n’a pas fait la fortune de son concepteur, Dan Werthimer. “Dans les années 1970, on avait créé le Homebrew Computer Club [le club des ordinateurs faits maison] avec Steve Jobs, Steve Wozniak et d’autres futurs magnats de l’informatique, se souvient-il. Je crois bien que je suis le seul à ne pas être devenu millionnaire ! Et si un jour nous détectons un signal et que le prix Nobel nous est décerné, il faudra que je partage un million de dollars avec les millions de membres de Seti@home !”
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(1) En 1967, ces étoiles à neutrons émettant des pulsations radio qui ont un court instant fait penser à leur découvreuse, Jocelyn Bell, qu’il s’agissait de signaux extraterrestres. (2) http://setiathome.berkeley.edu
L’IMAGE DU MOIS
Le Jökulsárlón est sans doute l’un des plus beaux paysages du monde pour réaliser des photos d’aurores boréales. Ce lac glaciaire d’Islande communique avec la mer et se voit sans cesse alimenté en icebergs par le glacier Vatnajökull. Aussi vaste que la Corse, celui-ci est le plus grand d’Europe ! Tony Prower, talentueux photographe islandais, a saisi cette étonnante aurore boréale, le 10 octobre 2010. Ici, le rouge et le vert se côtoient à parts égales, alors que le plus souvent une seule couleur domine. La couleur rouge vient des atomes d’oxygène de très haute altitude (plus de 200 km) directement excités par les particules solaires. La teinte verte est due à l’oxygène situé entre 100 et 200 km, excité par des électrons émis par l’azote. Sur cette mosaïque de sept clichés de 30 s, les observateurs reconnaîtront à gauche la constellation de l’Aigle, en pleine Voie lactée.
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Tony Prower - http://icelandaurora.com/tours/
UNE AURORE BORÉALE AU PAYS DES ICEBERGS
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Le 8 février 2011, le voyage virtuel de l’équipage enfermé dans les modules
russes de l’expérience Mars 500 touchera au but : le sol “simulé” de la planète rouge. Dans son vaisseau, hors du temps, le Français Romain Charles raconte.
Allo la Terre, ici Mars 500 Propos recueillis par Alain Cirou
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ANS la banlieue de Moscou, six hommes tentent de battre un curieux record : rester isolés du monde pendant 520 jours, le temps d’un voyage allerretour vers la planète Mars. Enfermés depuis juin 2010, les astronautes virtuels “font comme si”… Tout autour, une équipe médicale les observe et multiplie les mesures sur “le maillon le plus faible” d’un voyage spatial de longue durée. Tout est simulé, sauf l’apesanteur. Le Français Romain Charles, un des six passagers de l’expérience Mars 500, nous raconte la vie à bord du “vaisseau martien”, comme Cyrille Fournier l’avait fait pour ses trois mois d’isolement sur www.cieletespaceradio.fr/janv.659.
ce que nous voulons quand nous le voulons. Heureusement pour moi, notre régime actuel est typé “européen” et j’aime tous les plats, mais ce n’est pas le cas pour tout le monde. La nourriture qui nous manque est alors un sujet de discussion privilégié autour de notre table. Il n’est pas rare qu’un membre de l’équipage décrive les meilleurs plats de son pays et tout le monde se met à saliver. C&E : Regrettez-vous ce régime alimentaire imposé, quand on sait l’importance des repas dans tout groupe autarcique ? R. C. : Ce régime alimentaire strict est le plus difficile à supporter pendant notre isolement, mais je ne le regrette pas. Cette étude qui porte sur l’absorption de sel par le corps humain peut apporter beaucoup à la recherche sur des maladies comme l’hypertension. En effet, il est rare de trouver des sujets dont l’environnement soit aussi bien contrôlé que le nôtre. Si je peux aider à faire avancer la recherche dans un domaine qui peut concerner des millions de personnes, j’en suis très heureux.
Ciel & Espace : Quel est aujourd’hui votre état d’esprit ? Comment vous sentez-vous, physiquement et moralement ? Romain Charles : Cela fait 175 jours que je suis entré dans les modules de Mars 500, et je me sens bien physiquement et mentalement. Je suis toujours aussi déterminé à faire de cette mission un succès. Il est important de prouver que l’homme est capable de voyager jusqu’à Mars malgré le confinement lié à un tel voyage. Physiquement, je suis en meilleure forme que pendant ma période d’entraînement en avril-mai dernier. En effet, nous avions peu de temps pour pratiquer une activité physique, alors que nous le faisons tous les jours maintenant.
C&E : Qu’est-ce qui vous semble le plus difficile à supporter ? R. C. : La nourriture. Nous avons un menu précis à suivre chaque jour puisque nos repas sont la base d’une expérience allemande. Cela veut dire que nous ne pouvons pas manger
Photos : ESA/Mars 500/C&E Photos
C&E : Qu’est-ce qui vous manque le plus ? R. C. : Lorsque je suis entré dans les modules, je pensais que l’éloignement avec la famille et aussi le manque d’air frais et de soleil seraient les choses qui manqueraient le plus. Grâce au canal de communication privé que nous avons mis en place avec la base de contrôle et l’Agence spatiale européenne, je peux facilement communiquer avec toute ma famille. Ce fut l’une des bonnes surprises du début de voyage. En outre, les 200 m² des modules et la serre sont suffisants pour l’instant pour mes besoins de “nature”. Ce qui me manque le plus à l’heure actuelle, ce sont quelques plats préparés au four comme un bon poulet rôti avec des châtaignes, des lasagnes ou un bon soufflé. Et, par-dessus tout, un bon fromage, du bon pain et un bon verre de vin rouge.
C&E : Percevez-vous un “éloignement” de vos proches et de ceux qui vous suivent ? Portezvous toujours attention aux nouvelles du monde ? R. C. : J’écris beaucoup à mes proches et, grâce au canal de communication privé mis en place, je reçois leurs réponses assez vite. Lors de mes études et de ma vie professionnelle, il m’est déjà arrivé de passer
Les six candidats sélectionnés par les agences spatiales russe, chinoise et européenne sont enfermés dans les modules de l’expérience Mars 500 depuis le 3 juin 2010. Installés au cœur d’un hangar de l’Institut des problèmes biomédicaux (IMBP), à Moscou, ils simulent un voyage aller-retour de la Terre à la planète Mars. Leur “retour” est prévu en novembre.
Mars 500 en chiffres Départ : 3 juin 2010 Arrivée sur Mars : 8 février 2011 Départ vers la Terre : 10 mars 2011 Fin de la mission : 5 novembre 2011
250 jours aller, 30 jours sur place, 240 jours retour. Un vaisseau composé de cinq modules : Module principal de vie : 150 m3 Module médical : 100 m3 Module de stockage : 250 m3 Module d’atterrissage : 50 m3 Simulateur de la surface martienne : 1 200 m3
Équipage : trois Russes, un Français, un Italien et un Chinois
de nombreux mois loin de la maison. J’ai donc une expérience de ce type d’organisation. De ce fait, je ne perçois pas vraiment d’éloignement avec eux. Depuis juillet 2010, notre vaisseau est trop “loin” de la Terre pour avoir des communications directes avec la base de contrôle. Nous communiquons maintenant principalement par messages écrits ou vidéo. À cause de cet “éloignement” dans les communications, j’ai l’impression que ces personnes qui nous suivent sont très loin “physiquement”.
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liers et les examens supplémentaires que nous réalisons tous les mois sont envahissants, mais aussi rassurants. Si l’un d’entre nous voit un de ses paramètres évoluer par rapport à la normale, l’équipe médicale sera tout de suite en alerte et mettra en place les actions nécessaires pour que la santé de tout le monde soit protégée. C&E : Y a-t-il déjà eu des problèmes à résoudre entre membres d’équipage ? R. C. : Il n’y a eu aucun problème entre les membres de l’équipage depuis le début de l’expérience. C&E : Que faites-vous de votre temps libre et réussissez-vous à toujours rester occupé ? R. C. : Une grande partie de mon temps libre est occupée par l’écriture et la lecture de mes messages (mails et informations générales). Je me suis aussi prévu un planning d’activités annexes au travail normal. Ces activités sont, entre autres, l’étude du russe, la pratique de la guitare, la lecture d’ouvrages techniques. Enfin, je passe le reste de mon temps libre dans la salle commune à regarder des films ou à discuter avec les autres membres de l’équipage.
Réunion conviviale par nature, le repas pris en commun est sans doute l’un des moments les plus difficiles à vivre. Une étude allemande, qui porte sur l’absorption de sel par le corps humain, contraint les participants à l’expérience à un régime strict. Romain Charles rêve d’un bon poulet rôti avec des châtaignes !
C&E : Votre perception du temps a-t-elle changé ? R. C. : Notre planning, qui nous est envoyé régulièrement par la base de contrôle, prévoit que nous travaillions tous les jours, même le week-end. De ce fait, nous n’avons plus de coupure à la fin de chaque semaine. Dans notre nouvelle organisation, nous avons remplacé le repos dominical par le bien-être que nous procure notre douche tous les dix jours. Nos “semaines” ont donc dix jours. À côté de cela, nous gardons un
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rythme jour-nuit régulier et nous avons un bon suivi des mois puisque nous les commençons toujours par une prise de sang. C&E : Rêvez-vous différemment ? R. C. : Avant de commencer cette expérience, je ne rêvais pas (ou très rarement), mais cela a changé depuis que je suis dans les modules. Le petit-déjeuner que nous prenons tous les six ensemble est souvent le moment où chacun raconte ses rêves de la nuit s’ils ont été particulièrement colorés. Ces récits déclenchent souvent des fous rires. C&E : Le groupe est-il cohérent ? Comment est perçue l’équipe médicale qui vous suit ? R. C. : Le groupe reste très soudé. Même après 175 jours d’isolation, l’ambiance est toujours bonne et nous trouvons sans problème de nouveaux sujets de discussion. Il n’y a encore jamais eu d’accrochages entre nous. Notre équipe médicale est toujours très présente. Si l’un d’entre nous oublie d’envoyer le contrôle médical que nous effectuons deux fois par jour, nous recevons aussitôt un message de leur part. Ces rappels régu-
Sept mois après le départ, le moral des astronautes virtuels est excellent. Pour le Français, les plages de temps libre sont l’occasion de lire et d’écrire, d’étudier le russe et de jouer de la guitare. Le conseil donné à Romain Charles par tous ceux qui ont vécu des expériences d’isolement est le même : être toujours occupé !
C&E : Quel est le prochain événement attendu par l’équipe dans les semaines à venir ? R. C. : Notre prochaine étape symbolique sera le 200e jour de mission, le 20 décembre 2010 [l’interview a été réalisée fin novembre, NDLR]. Suite à cela, de nombreux événePhotos : ESA/Mars 500/C&E Photos
En réalité, elles se trouvent seulement à quelques mètres de nous. Toutes les informations qui nous viennent de l’extérieur prennent une grande importance dans nos modules. Grâce à l’expérience acquise pendant la mission Mars 105, une petite partie de la bande passante que nous avons avec “la Terre” est dédiée aux actualités. Les personnes qui nous suivent y ajoutent chaque jour les informations qui nous intéressent. En ce qui me concerne, je reçois régulièrement le JT de TF1, des podcasts de France Inter (“2 000 ans d’histoire”, “La tête au carré” et la revue de presse), un résumé de tous les articles liés à l’espace préparé par la Nasa et parfois quelques articles du Figaro. Je peux aussi piocher dans les documents demandés par les autres membres de l’équipage, par exemple des podcasts de la BBC ou des reportages de RT (télévision russe).
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“Pendant que mes trois compagnons fouleront le sol de Mars dans leur scaphandre, je préparerais le vaisseau pour le retour.”
C&E : Avez-vous été choisi pour “débarquer” sur Mars et vous isoler d’une partie de vos compagnons ? R. C. : L’équipage martien sera composé d’Alexander Smoleevskiy, de Wang Yue et de Diego Urbina. Je ne descendrai donc pas sur la surface martienne. Pendant que mes trois compagnons fouleront le sol de la planète rouge dans leur scaphandre, je préparerai le vaisseau pour le voyage du retour. C&E : Comment allez-vous passer les fêtes de fin d’année ? R. C. : Pour fêter Noël et le réveillon, nous allons commencer par décorer la salle et la cuisine. Nous n’avons pas de sapin ni de guirlandes, alors nous prévoyons de construire un sapin en carton sur lequel nous placerons quelques ballons de
baudruche. Lorsque je suis entré dans les modules de Mars 500, j’avais rangé dans un coin de ma valise quelques cadeaux préparés par ma famille. Sur les différents paquets, ils avaient indiqué pour quelle occasion chaque cadeau devait être ouvert. J’attends donc avec impatience le jour de Noël pour découvrir de nouvelles surprises. Bien caché au fond de mon armoire, j’ai aussi des cadeaux que je compte offrir à mes compagnons de voyage. Ma dernière surprise pour l’équipage sera pour le jour de l’an puisque j’ai réussi à caser quelques cotillons pour faire la fête ce soir-là.
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C&E : Avez-vous pensé une seule fois quitter votre “vaisseau” et abandonner ? R. C. : Non, jamais. Ma détermination reste intacte et je veux arriver au bout des 520 jours avec mes cinq compagnons.
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ments s’enchaîneront. Nous commencerons par fêter Noël le 24 décembre au soir. Le 30 décembre 2010, nous atteindrons notre 210e jour d’isolation, ce qui correspond au double de la précédente mission, Mars 105. Le lendemain, nous enchaînerons sur la Saint-Sylvestre. Une semaine plus tard, le 7 janvier, nous fêterons le Noël orthodoxe. Je m’arrête là pour la liste des événements, mais les semaines suivantes seront elles aussi émaillées d’étapes importantes comme le nouvel an chinois ou notre arrivée sur Mars.
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C&E : Avez-vous un message pour nos lecteurs ? R. C. : Je remercie tous les lecteurs de Ciel & Espace de suivre l’aventure Mars 500. J’espère avoir l’opportunité de vous donner des nouvelles lorsque notre vaisseau sera sur orbite autour de Mars.
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Des vidéos à voir sur Internet
Le site de l’ESA permet de découvrir la vie quotidienne à bord de Mars 500 : www.esa.int/SPECIALS/Mars500
CB n° Expire fin :
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Clé : (3 derniers chiffres figurant au dos de la carte)
Date et Signature
Mes coordonnées : ❒ Mme
❒ Mlle
❒ M.
Nom : ........................................................Prénom : .................................................................... Adresse : ........................................................................................................................................ Code Postal : ..........................Ville : ........................................................................................... Tél. : ................................................................................................................................................. Email : ............................................................................................................................................. Offre France métropolitaine réservée aux nouveaux abonnés jusqu’au 31/12/2010, dans la limite des stocks disponibles. Tarif DOM et étranger, merci de nous consulter au 01 44 84 86 87. Conformément à l’article 27 de la loi «Informatique et libertés» du 6 janvier 1978, vous disposez d’un droit d’accès, de rectification et de suppression des informations vous concernant. Elles pourront être cédées à des tiers sauf refus de votre part (en cochant cette case ❒)
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Les Nuages de Magellan tournent depuis toujours autour de notre Galaxie, pensait-on. Or, il y a peu, de nouvelles mesures de leur vitesse montraient que ces prétendus satellites ne font peut-être que passer. aujourd’hui, c’est l’épisode de leur naissance qui est en passe d’être réécrit : les nuages de Magellan auraient pu être éjectés de la galaxie d’andromède, voici 4 à 8 milliards d’années.
Les Nuages de Magellan, enfants d’andromède ? véronique Étienne
Photos : aaO/royal Obs./De Martin/Gleason/C&e Photos. Montage : O.Hodasava
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ans le ciel austral, ce sont deux plutôt composés d’étoiles âgées. Et ce sont les petites formes laiteuses se détachant seules naines irrégulières dans les parages : de la traînée d’étoiles de la Voie les autres galaxies satellites sont soit sphélactée. Vu avec un recul de 200 000 années- roïdales, soit elliptiques. En fait, dans tout le lumière, le tableau formé par les nuages de Groupe local (Zoom), les galaxies irrégulières Magellan semble immuable et paisible. Rien ne se trouvent jamais au voisinage immédiat des grandes galaxies comme ne laisse présager de la naissance M 31 ou la Voie lactée… à l’excepsans doute tumultueuse de ces w Zoom tion près des nuages ! deux compagnons de notre galaxie. Le Groupe local est En 2006, de nouvelles mesures, Mais, depuis longtemps, les indices l’ensemble de galaxies dont font partie la voie par le télescope spatial Hubble, s’accumulent. s’ils se distinguent lactée, les nuages de de la vitesse des nuages de de la vingtaine d’autres galaxies Magellan et la galaxie Magellan les singularisent naines qui orbitent autour de la d’andromède (M 31). encore davantage. Les deux Voie lactée, ce n’est pas seulement en raison de leur proximité (ils sont nos plus galaxies naines se meuvent à 378 km/s, soit proches voisins après les galaxies naines du 100 km/s de plus que les précédentes estisagittaire et du Grand Chien). En effet, ils mations. C’est beaucoup trop rapide pour sont bourrés de gaz et d’étoiles jeunes, alors continuer à admettre qu’elles tournent que les autres satellites de la Voie lactée sont autour de la Voie lactée depuis leur création ! au mieux, elles en sont à leur première orbite, ayant été capturées “récemment”, Les Nuages de Magellan, deux galaxies naines il y a 1 à 3 milliards d’années, par la graentourant notre Voie lactée, seraient les vité de notre galaxie (respectivement 15 et vestiges d’une immense collision galactique 50 fois plus massive que le Grand et le Petit qui a donné naissance à notre voisine M 31, nuage). au pis, elles ne font que passer car, la galaxie d’Andromède (montage ci-contre).
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Notre galaxie, la Voie lactée est entourée d’une dizaine de galaxies naines, dont nous n’avons représenté ci-contre que les deux plus connues : le Grand et le Petit Nuage de Magellan. Ensuite, ses plus proches voisines sont deux autres “stars” du ciel : M 31, visible à l’œil nu, et M 33.
Le Système solaire
M 31, la galaxie d’Andromède à 2,5 millions d’années-lumière
Grand Nuage de Magellan à 170 000 a.-l.
Petit Nuage de Magellan à 210 000 a.-l.
Mais cette idée est contradictoire avec la richesse en matière sombre des nuages, d’après Gurtina Besla, qui travaille sur leur trajectoire actuelle. “Les Nuages de Magellan doivent être dominés par la matière sombre. C’est nécessaire pour expliquer leurs propriétés, notamment la vitesse de rotation de leurs étoiles. Ce n’est pas le cas des naines de marée, qui sont des débris formés à partir de matière classique (gaz et étoiles), lors d’un épisode de fusion de galaxies”, souligne cette chercheuse de l’université de Harvard (États-Unis). “Gurtina Besla utilise une quantité énorme de matière sombre pour des galaxies aussi petites que les Nuages de Magellan ! réplique François Hammer.
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à cette vitesse, la Voie lactée pourrait ne pas parfaitement sphérique, étiré dans un sens, être assez massive pour les retenir. ou dans l’autre. “Or, il est difficile de déterC’est grâce à cette nouvelle mesure de miner la forme de quelque chose que l’on ne vitesse que François Hammer (observa- voit pas, et dont on ne connaît même pas la toire de Paris) et Yanbin Yang (national nature !” explique François Hammer. Dans astronomical Observatories, Chinese leur simulation, les chercheurs ont donc fait academy of sciences) ont exploré le passé varier deux paramètres : la vitesse tangendes galaxies naines. “Nous avions la vitesse tielle de M 31 et la forme du halo de matière en trois dimensions des Nuages. Il sombre de la Voie lactée. Résultat ? ne nous restait plus qu’à remonter w Zoom “Dans beaucoup de situations très Matière sombre : dans le temps. Nous avons ainsi masse invisible, de réalistes, les Nuages de Magellan retracé la trajectoire des Nuages de nature inconnue, se sont retrouvés au même endroit Magellan jusqu’à 8 milliards d’an- dont seule l’influence que la galaxie d’Andromède par le nées, explique François Hammer. gravitationnelle est passé, à des dates entre 4,3 et 8 milNous voulions voir si, dans le passé, décelable. elle serait liards d’années.” Ce qui suggèrerait 5 fois plus abondante ils avaient pu rencontrer M 31, la que la matière visible qu’ils en sont issus. galaxie d’Andromède.” Mais s’il est dans l’Univers. Déjà en 1994, Gene Byrd, de l’unidésormais facile de rembobiner le versité d’alabama (États-Unis), film des nuages de Magellan, c’est beaucoup avait eu cette intuition. sur la base des donmoins évident dans le cas de M 31. De l’autre nées disponibles à l’époque, il trouve que le poids lourd du Groupe local, on connaît bien moment angulaire (le produit de la distance la vitesse radiale : la galaxie d’andromède par la vitesse tangentielle) des nuages est fonce vers nous à 120 km/s, et percutera la trop élevé pour des galaxies formées à proxiVoie lactée d’ici 2 milliards d’années (1). En mité de la Voie lactée. “Nous avions donc prorevanche, sa vitesse tangentielle (sur la voûte posé que, par le passé, les Nuages aient été à du ciel) reste mal connue. autres points d’in- proximité de M 31 ou aient fait partie de son terrogation : la masse totale de la Voie lac- système”, explique Gene Byrd. tée et sa distribution dans l’espace. Comme toutes les galaxies, la Voie lactée est entourée François Hammer (ci-contre) et Yanbin Yang ont simulé d’un halo de matière sombre (Zoom)… dans les trajectoires des Nuages de Magellan et de M 31. Résultat : “Dans beaucoup de situations réalistes, lequel se trouvent les nuages de Magellan ! ils se sont trouvés au même endroit dans le passé.” Le halo influence donc la trajectoire des Un indice qui suggère les deux galaxies naines sont nuages, mais son rôle diffère selon qu’il est issues de la grande spirale d’Andromède.
Les débris d’une collision
ot os
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M 33, la galaxie du Triangle à 2,9 millions d’années-lumière
aujourd’hui, un autre argument s’ajoute : “La plupart des astronomes pensent que M 31 résulte d’une fusion de galaxies”, indique François Hammer. Dans un autre article récent, le chercheur a modélisé cet événement, qui se serait produit… voici 5 à 6 milliards d’années, justement ! “En simulant la rencontre d’une galaxie un peu plus grosse que la nôtre, avec une autre faisant un tiers de sa masse, nous obtenons la galaxie d’Andromède avec toutes ses caractéristiques.” Or, quand deux galaxies fusionnent, une partie de leur matière est éjectée sous forme de gigantesques “bras de marée” (2), très riches en gaz. Ceux-ci peuvent se fragmenter et donner naissance à des galaxies naines. Les nuages de Magellan seraient donc des “naines de marée” !
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La Voie lactée
a.Dagan/C&e Photos
La Voie lactée, notre galaxie
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Notre voisinage
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J.-M.Lecleire/C&e Photos
M.Weigand/C&e Photos
Les protagonistes v LA GALAXIE D’ANDROMÈDE, ALIAS M 31 : plus grande que notre voie lactée, cette galaxie spirale est souvent considérée comme la plus lointaine visible à l’œil nu. elle apparaît dans la constellation d’andromède. Diamètre : 200 000 années-lumière Masse* : 110 milliards de masses solaires Distance : 2,5 millions d’années-lumière
v LA VOIE LACTÉE : notre galaxie.
M 31 et elle sont les deux “poids lourds” du Groupe local, le petit ensemble de galaxies où nous nous trouvons. Diamètre : 100 000 années-lumière Masse* : 50 milliards de masses solaires
J.Gleason/C&e Photos
* Il s’agit ici de la masse visible. La masse totale de chacune de ces galaxies, qui prend en compte également la matière noire, est bien supérieure, mais son estimation varie selon les auteurs.
v GRAND NUAGE DE MAGELLAN : situé sur le ciel dans la constellation de la Dorade, cette galaxie naine est la troisième plus proche de nous, après celles du Sagittaire et du Grand Chien.
aaO/royal Obs./C&e Photos
Diamètre : 20 000 années-lumière Masse* : 3,6 milliards de masses solaires Distance : 170 000 années-lumière
v PETIT NUAGE DE MAGELLAN : comme le Grand nuage, cette galaxie naine était considérée comme un satellite de la nôtre. elle est visible dans la constellation du Toucan. Les deux nuages sont séparés de 100 000 années-lumière. Diamètre : 10 000 années-lumière Masse* : 1,2 milliards de masses solaires Distance : 210 000 années-lumière
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Violentes rencontres
Photos : nasa/eSa/C&e Photos
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Une rencontre entre galaxies, ça laisse des traces. Quand deux galaxies de même gabarit s’approchent l’une de l’autre, elles se déforment du fait de la gravitation. en effet, les effets de celle-ci diminuant avec la distance, les différentes régions d’un objet aussi étendu qu’une galaxie subissent des forces d’intensité différente lorsqu’un astre massif passe à proximité. Selon leur vitesse et leur trajectoire, les galaxies ne feront que se croiser, ou bien fusionneront. On pense que les fusions successives (ainsi que l’engloutissement de galaxies plus petites) ont créé les galaxies les plus massives… mais aussi des galaxies naines, formées de la matière éjectée lors des collisions. Quand deux galaxies se croisent, de puissants effets gravitationnels les déforment (en haut). Et si elles fusionnent (en bas), la rencontre créera une galaxie plus grosse, mais aussi des galaxies naines, éjectées lors de la collision. Ci-contre, deux photos du télescope Hubble : NGC 4676 (en haut) et NGC 2623.
Pour vous donner une idée, cela équivaut à la masse du disque de la Voie lactée.” selon Jim Peebles, le mouvement rapide des étoiles s’expliquerait autrement : elles seraient perturbées par le passage actuel des nuages à proximité de la Voie lactée. Ce cosmologiste à l’université de Princeton (États-Unis) a lui aussi modélisé le mouvement passé des nuages de Magellan. Mais son “approche différente suggère un autre tableau avec, dans le jeune Univers, des Nuages de Magellan plus proches de la Voie lactée que de M 31”, commente Jim Peebles. En fait, certaines simulations faisant abstraction de l’influence de M 31 parviennent à reconstituer les nuages de Magellan. “Des objets du type des Nuages, se déplaçant à grande vitesse, peuvent être identifiés autour d’hôtes ressemblant à la Voie lactée dans des simulations cosmologiques à grande échelle, explique Gurtina Besla. Et ce, même si les
galaxies hôtes n’ont pas de compagne de type M 31. Autrement dit, une rencontre avec M 31 ou une naissance à partir de cette galaxie ne sont pas nécessaires pour expliquer les propriétés des Nuages de Magellan.”
origine controversée Mais alors, dans ce cas, comment les nuages sont-ils nés ? “Ils ont sans doute été créés dans le même environnement que la Voie lactée et M 31, à l’intérieur du Groupe local”, suggère Gurtina Besla. Ils auraient ensuite échappé aux épisodes de fusion qui, selon le scénario de formation hiérarchique des galaxies, ont englouti beaucoup de galaxies naines primordiales pour former les galaxies plus massives. Comment trancher ? Les nuages de Magellan sont-ils des grumeaux de matière formés par effondrement au tout début de l’Univers, ou sont-ils nés plus récemment dans
retour à l’envoyeur ? w
Après une expulsion de M 31 et un voyage jusqu’à la Voie lactée, qu’est-ce qui attend les Nuages de Magellan ? Dans l’immédiat, cela dépend de la masse réelle de notre galaxie. Si, comme selon certaines estimations, elle fait 1 000 milliards de masses solaires, la vitesse des Nuages serait suffisante pour échapper à son attraction gravitationnelle. Mais la Voie lactée pourrait être beaucoup plus massive. Auquel cas, elle serait en train de capturer les Nuages, qui resteront en orbite autour d’elle. Et lors de la collision entre Andromède et la Voie lactée, qui devrait aussi engloutir M33 ? “Je ne me hasarderais pas à faire un pronostic”, avoue Gurtina Besla. Selon Thomas Cox (Carnegie Observatories), qui a modélisé la collision entre Andromède et la Voie lactée, personne ne s’est encore penché sérieusement sur le problème. Mais la modélisation serait faisable. Avis aux amateurs…
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une violente collision galactique ? C’est que les galaxies ne contiennent pas leur acte de naissance. Les nuages de Magellan abritent certes des étoiles âgées de 10 à 12 milliards d’années, mais cela ne signifie pas qu’ils sont aussi vieux. Car les naines de marée, lors de leur formation, emportent avec elles des étoiles arrachées aux galaxies ayant fusionné. “S’il y a eu une collision majeure dans l’histoire de M 31, elle a certainement laissé des traces dans tout le Groupe local”, avance François Hammer, qui confie être en train de plancher sur le sujet. Mieux connaître le contenu en matière sombre des nuages de Magellan serait précieux. Enfin, la vitesse de la galaxie d’andromède et donc son mouvement passé seront mieux connus grâce au satellite Gaïa qui, dès 2012, déterminera de manière très précise le mouvement d’un milliard d’étoiles dans la Voie lactée et dans le Groupe local. Ces différentes pistes renforceront l’un ou l’autre des scénarios, en esquisseront peutêtre un autre… Mais, comme conclut Gene Byrd, “sans machine à remonter le temps, on ne connaîtra sans doute jamais avec certitude le passé des Nuages de Magellan !”
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(1) Voir C&E n° 474, novembre 2009. (2) Comme les excroissances qui donnent leur nom aux galaxies des Antennes.
À écouter sur www.cieletespaceradio.fr/janv.659
Crash majeur dans le Groupe local de notre galaxie, un podcast avec François Hammer Une vidéo à voir sur www.cieletespace.fr Découvrez la simulation de la formation de M 31 et des Nuages Magellan sur www.cieletespace.fr/node/6339
z e s s Pvoas étoiles ! s n o i t a m r o f s De stronomique
Observer de faço la voûte céleste
ile Deuxième Éto ✴✴✴ ement Exploiter plein son instrument
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C. Birnbaum/C&E Photos
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Affluence aux Rencontres
du ciel et de l’espace L’astronomie et l’espace tenaient leur salon mi-novembre à Paris, sous la houlette de l’Association française d’astronomie. Le public de passionnés, venus nombreux, a confirmé le succès de ce rendez-vous devenu traditionnel. 64
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OMME tous les deux ans, les passionnés d’astronomie et de conquête spatiale avaient rendezvous à la Cité des sciences, à Paris, du 12 au 14 novembre, pour les 7 es Rencontres du ciel et de l’espace (RCE). Dans le centre des conférences, c’était l’occasion de venir voir de près les nouveautés du matériel d’observation, exposées par les principaux constructeurs du marché. Au milieu de
1 : F.Seguin/C&E ; 2, 4, 5, 9, 10, 11 : P.Henarejos/C&E ; 3, 6, 7, 8 : J.-L.Dauvergne/C&E
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cette forêt de tubes blancs, les amateurs ont pu échanger leur expérience et s’entretenir des sujets qui leur tiennent à cœur. Ces Rencontres du ciel et de l’espace étaient aussi le moment privilégié pour approcher les scientifiques qui explorent l’Univers à À voir sur www.cieletespace.fr Revivez les Rencontres du ciel et de l’espace en images sur www.cieletespace.fr/node/6272
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l’aide des télescopes ou des satellites les plus performants. Après leurs conférences (128 en tout, sur les trois jours !), les chercheurs se sont prêtés volontiers au jeu des débats avec le public, dans les allées ou sur le stand de l’Association française
Lunettes et télescopes (3 et 4) n’étaient pas le seul prétexte de ces RCE 2010. Un beau plateau de conférenciers (5, 6, 7 et 11) a permis à une foule compacte (8) de se tenir au courant des nouvelles du cosmos. Sur le stand de l’AFA et de Ciel & Espace (1 et 2), tout s’est terminé par un tirage de tombola (10), dont Loïc Chuiton a gagné le premier prix : une photo sous verre de la nébuleuse d’Orion offerte par l’agence Ciel & Espace Photos (9).
d’astronomie et de Ciel & Espace. Avec une affluence égale à celle des éditions précédentes, les RCE 2010 confirment le succès de la manifestation. Rendez-vous est pris pour la 8e édition en 2012.
Philippe Henarejos
Conférences, matériel d’astronomie et débats ont fait le plein pendant trois jours JANVIER 2011
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L’a b b é L e m a î t r e , l ’ h o m m e q u i a i n v e n t é l e b i g b a n g
ÉVITER LA NOUVELLE GUERRE DES MONDES Il est difficile pour un scientifique d’expliquer l’Univers par l’intervention de Dieu et pour un religieux de couper Dieu du monde. Lemaître propose d’éviter le conflit en sauvant à la fois le commencement et la création. À quel prix ?
Archives Lemaître-Louvain-la-Neuve. Page de gauche : O.Hodasava/C&E Photos
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U début des années 1930, le débat cosmologique est d’une grande intensité. Deux idées principales sont fermement établies et acceptées de tous. D’une part, le fait que l’Univers dans son ensemble est devenu “un objet de science” science”. D’autre part, l’idée qu’il ne peut y avoir de cosmologie sans cosmogonie, c’est-à-dire d’interrogation sur la singularité initiale. Le premier fait est considéré comme une véritable révolution des mentalités. Car avec l’avènement de la théorie de la relativité générale, le Tout de l’Univers était accessible aux calculs scientifiques, à la mise en équation, et à l’observation astronomique. Le second fait s’appuie sur le développement de la physique quantique, qui a permis de travailler expérimentalement sur la possibilité “concrète”, “matérielle” du commencement de l’Univers. L’ensemble de la science cosmologique de cette époque permet donc de raconter le “récit” de l’histoire de l’Univers. En effet, à peine pouvait-on parler scientifiquement de l’Univers dans son ensemble qu’on était conduit nécessairement à discuter de son “évolution” depuis son “origine”. Mais cette nouvelle possibilité amenait aussi une nouvelle difficulté, pour les scientifiques comme pour les philosophes et… les religieux. En effet, dans son article de 1917, Donner un début à l’Univers rappelle fort le récit de la Création, soulignent les détracteurs de l’abbé Lemaître (ici, lors d’un cours de mathématiques, en 1952). Pourtant, l’auteur de L’hypothèse de l’atome primitif sépare clairement physique et métaphysique, science et religion.
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Einstein avait bien cru éviter ce problème du commencement en ajoutant artificiellement et “idéologiquement” la constante cosmologique qui rendait l’Univers théoriquement “éternel”. Mais cette tranquillité intellectuelle qui permit d’éviter les conflits ne va pas durer longtemps.
Réflexion sur le commencement Sans jamais faire référence à des conséquences idéologiques, les travaux scientifiques de Lemaître (de 1927 à 1933) vont définitivement arrimer la cosmologie et la cosmogonie et obliger les hommes de science et d’Église à affronter le problème. Car l’idée de commencement ou de “genèse” devient le pivot de tous les travaux scientifiques et de toute la réflexion sur l’Univers. Mais ce qui fait la particularité du problème à cette époque, c’est la manière radicale de poser la question de l’origine. En effet, la théorie de la relativité ayant lié la matière avec le temps et l’espace, il n’était plus possible de parler du début du monde matériel sans poser aussi la question du début temporel et spatial. La question de l’origine était donc une question absolue. C’est pourquoi ce que l’on pensait pouvoir saisir avec le concept de commencement (un point sur une ligne de temps) prenait des allures de problématique créationniste (un point qui crée la ligne de temps sur lequel il va s’inscrire a posteriori comme point d’origine). Cette manière radicale de poser le problème cosmologique est parfaitement menée à son terme par les travaux scientifiques et les écrits philosophiques de Lemaître. Après ses publications mathématiques, le physicien développe tout naturellement les implications philosophiques qu’il faut retenir de sa conception de la singularité initiale. Sa conclusion semble paradoxale : “C’est le fond philosophique de l’hypothèse de l’atome primitif. Personnellement, j’estime qu’une telle théorie reste entièrement en dehors de toute question métaphysique ou religieuse. Elle laisse le matérialiste libre de nier tout être transcendant. Il peut prendre, pour le fond de l’espace-temps, la même attitude d’esprit qu’il a pu
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Archives Lemaître-Louvain-la-Neuve
Jean-François Robredo
Georges Lemaître publie en 1946 L’hypothèse de l’atome primitif pour présenter ses thèses à un large public.
Jean-François Robredo est philosophe et historien des sciences. Dernier ouvrage paru : Le sens de l’Univers (éditions PUF).
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1948
Hoyle piégé par le “big bang”
contraire pour Lemaître, et c’est ici que s’exprime pour lui toute la force de la pensée humaine ! Car l’inaccessibilité du point d’origine permet de mieux affirmer l’accessibilité de tout le reste de l’évolution de l’Univers. Il s’oppose ainsi principalement à la conception du philosophe de “l’effroi devant l’Univers”, Blaise Pascal. En effet, Lemaître affirme d’une part que la science n’a pas à capituler devant l’Univers (sauf concernant le point d’origine) car elle peut toujours le comprendre tel qu’il se montre (ce n’est qu’une question de temps). Et d’autre part, il ajoute que la religion, la croyance et la foi ne peuvent s’appuyer sur l’Univers visible (ni sur le point d’origine) pour s’établir ou se justifier. Ainsi la notion “d’atome primitif” ne doit pas, pour Lemaître, être prise au sens moderne, mais plutôt au sens étymologique qui renvoie en dernière analyse à l’idée de “partie la plus simple possible”.
En 1948, l’astronome anglais Fred Hoyle, principal promoteur de la théorie de l’Univers stationnaire, utilise pour la première fois le mot “big bang” dans une émission radiophonique. Il cherche ainsi à se moquer des défenseurs de l’idée d’origine explosive de l’Univers et disqualifier leur sérieux scientifique. Il pense principalement à Lemaître qu’il traitera, dans une conférence donnée en 1960 de “big bang man” ! L’ironie veut que l’expression perde tout caractère péjoratif et assure la popularité de la nouvelle théorie. Les faits observationnels et les calculs théoriques viendront donner raison à une description que Hoyle combattra jusqu’à sa mort, en 2001.
DR
Fred Hoyle (ici, en 1963) est l’auteur du terme “big bang”, qui va populariser cette nouvelle théorie. Et ce, bien malgré lui : ce partisan de l’Univers stationnaire avait créé l’expression par volonté de dérision.
adopter pour des événements survenant en des endroits non singuliers de l’espace-temps. Pour le croyant, elle exclut toute tentative de familiarité avec Dieu, telle que la ‘chiquenaude’ de Laplace ou le ‘doigt’ de Jeans. Cela s’accorde avec la parole d’Isaïe parlant du ‘Dieu caché’, caché même dans le début de la Création.”(2) Autrement dit, Lemaître ne veut pas trancher, concernant l’origine de l’Univers, sur la meilleure façon de l’interpréter philosophiquement. En effet, pour Lemaître aucune interprétation des données scientifiques ne peut être absolue puisque la singularité initiale n’est pas accessible en termes de connaissance. Aussi toutes les hypothèses métaphysiques sont envisageables et acceptables… On peut juger en fonction de ses croyances ou de ses préjugés, mais sans s’appuyer sur une quelconque connaissance scientifique du point d’origine. Lemaître renvoie fermement dos à dos la vision matérialiste et la vision spiritualiste. Faut-il dès lors désespérer ou s’effrayer de l’incompréhension du cosmos présent sous nos yeux ? Au
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Ciel & Espace
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L’Univers réservé à la science Sur cette question de la singularité initiale, il faut finalement retenir trois choses importantes. La première est que Lemaître n’a aucunement une vision ultradéterministe ou finaliste de l’évolution de l’Univers, puisqu’il n’y a pas, par essence, de nécessité entre l’état de l’Univers à l’origine et l’état que nous lui connaissons maintenant. La seconde, c’est la “toute-puissance” de la science concernant la connaissance du monde : l’Univers observable est le domaine réservé, exclusif de la science. Enfin, du fait de cet indéterminisme originel fondamental et du domaine réservé de la science, Lemaître écarte toute idée de “proximité” entre l’Univers et Dieu. Il préfère la relation plus souple de “familiarité” entre la religion et la science. Les deux manières d’entrer en rapport avec le monde sont pour lui intrinsèquement inconciliables, ne se croisent jamais (même au point d’origine), et donc ne devraient pas non plus entrer en “guerre”. La question se pose néanmoins de savoir si une telle séparation radicale est justifiée ou même possible. Car les critiques et les suspicions ne vont pas manquer, du côté des hommes de religion comme des hommes de science. À commencer par Einstein lui-même. “Lorsque je lui parlais de l’atome primitif, il m’arrêtait : ‘Non, pas cela, cela suggère trop la Création’.” C’est Lemaître luimême qui rapporte cette réaction d’Einstein à sa théorie de l’atome primitif, lors d’une rencontre à Pasadena au milieu des années 1920. Il est incontestable que la problématique métaphysique entre les partisans d’un monde éternel et ceux qui défendaient l’idée d’une origine va troubler le débat cosmologique scientifique jusqu’au début des années 1960. La notion la plus controversée est bien celle de Création, que de nombreux scientifiques, dont Einstein, voyaient sous-jacente aux cosmologies comprenant un état primitif singulier. Dans ce contexte, la personnalité de Lemaître, son engagement religieux et sa position radicale quant à l’impossibilité pour la science “d’expliquer” le point d’origine, ont doublement provoqué la suspicion. Les a priori et les jugements appuyés sur l’apparence d’homme d’Église n’ont donc pas manqué. Les attaques les plus virulentes ont été portées par les tenants de la conception de l’État stationnaire, notamment de l’astronome anglais Fred Hoyle. Ce dernier ira même, à la fin des
années 1940, jusqu’à railler l’idée d’origine en lui donnant, lors d’une émission radiophonique, le nom ridicule à ses yeux de “big bang”. Et c’est Lemaître qui est particulièrement visé dans cette guerre à la fois scientifique et idéologique. Hoyle donnera même le titre “d’homme du big bang” à Lemaître pour mieux signaler que cette hypothèse est liée à des idées religieuses. “Lemaître était conscient des difficultés dues aux soupçons d’interférence entre les deux aspects de sa personnalité”, note Odon Godart, l’un de ses principaux disciples. Mais, précise-t-il, “foi religieuse et inférence scientifique ont toujours été considérées par Lemaître comme deux domaines tout à fait distincts”. Pour un autre de ses élèves, André Berger, qui a été directeur de l’Institut d’astronomie et de géophysique Georges Lemaître à l’Université catholique de Louvain, “jamais Lemaître pendant ses cours ou en conversations privées n’a parlé de religion ni évoqué un quelconque rapprochement”. Malgré ces témoignages et le peu de textes sur ce sujet laissés par Lemaître, la question des rapports entre “singularité scientifique” et “création métaphysique” semblait se poser d’elle-même. Car, si ce problème suggère une dimension générale, elle possède aussi une dimension personnelle. La dimension générale est liée au nouveau contexte dans lequel se pose la question relativiste en cette première moitié de XXe siècle. En effet, avec la théorie de la relativité générale et la découverte de l’aspect dynamique et historique de l’Univers, la cosmologie prenait une dimension cosmogonique incontestable et semble-t-il incontournable. Comme le souligne Jacques Merleau-Ponty, “le concept de Création, depuis longtemps oublié par la philosophie de la nature, surgissait à nouveau dans les pensées et les écrits des cosmologistes”. (3)
Archives Lemaître-Louvain-la-Neuve
être, de nous même. Toutes choses ont été faites par Lui. Mais ce problème serait totalement dégagé de la cosmogonie, de ce fonds étrange de l’espace-temps où s’évanouissent toutes nos notions familières dans l’absolue simplicité.” Cette phrase est-elle en contradiction avec l’idée du Dieu caché ? Y a-t-il finalement une volonté chez Lemaître de donner une supériorité, par l’idée de Création liée à la singularité, à la démarche religieuse sur la démarche scientifique ? En fait, Lemaître dans les deux cas ne se place pas au même niveau. Il opère une distinction conceptuelle entre “création continue” et “création initiale”. qui délimite les domaines de validité respectifs de la science et de la religion. Ainsi, quand les scientifiques parlent de création, ils ne font référence qu’au simple et unique commencement de l’existence de toutes choses comme de l’Univers dans son ensemble. À l’inverse, les religieux parlent de création au sens essentiel et continu comme ce qui est à chaque instant dépendant de Dieu dans son essence comme dans sa réalité. Sans Dieu, les êtres finis ne pourraient continuer à être ; après le commencement, l’Univers peut continuer à exister de manière autonome. La distinction entre ce qui est du domaine de l’être réel (Dieu) et ce qui est du domaine de l’existence évolutive (physique) peut-elle désamorcer une “nouvelle guerre des mondes” ? Lemaître le pense car elle lui permet de contourner, pour ce qui touche à Dieu, le problème de l’absolue radicalité de la singularité initiale. En effet, puisque Dieu est nécessaire à tous les instants de l’Univers, il l’est aussi Cette nouvelle vision des choses ne peut cependant pas au premier (et même avant). À l’inverse, puisque la science faire oublier la contribution et la véritable teneur des pro- ne parle que de ce qui existe, et que, avant le commencepos de Lemaître dans ce contexte. Car si Lemaître n’avance ment (apparition du monde-temps-espace), rien ne pouvait aucune certitude quant à l’interprétation (non physique) exister, elle ne sera fondamentalement jamais extensible de la singularité, il propose néanmoins une métaphore, jusqu’à la singularité initiale (ni a fortiori avant). une concordance possible avec le texte biblique, qu’il affir- Cette position — qui, en formulant deux niveaux bien dismera plusieurs fois. En effet, pour lui, “cela s’accorde avec tincts de validité, sauvegarde à la fois la science et la relila parole d’Isaïe parlant du ‘Dieu Caché’, caché même dans le gion — est aujourd’hui la position “officielle” de l’Église. début de la Création”. Explicitant encore cette idée, il va plu- Mais elle ne l’a pas toujours été. L’histoire de la cosmologie, tôt développer sa conception de la Création divine en rap- courte puisque d’à peine plus d’un siècle, mais riche en renprochant Dieu de la définition du “point singulier” et non versements et en découvertes majeures, a connu, malgré les le contraire. Ainsi, toutes les interprétations trop imagées efforts de Lemaître, des épisodes de “conflits” entre science (trop réalistes) de la première action divine lui répugnent. et religion. Parmi les plus remarquables, les déclarations du “Il ne serait plus question d’invoquer une action où Dieu pape Pie XII en 1951, qui n’a pas hésité à rapprocher le fiat perdrait son essentiel incognito, ne resterait plus, suivant le lux divin et la description scientifique de l’origine de l’Unimot du prophète, le Dieu caché, mais s’abaisserait à quelque vers (qui deviendra ensuite la théorie du big bang). L’abbé chiquenaude initiale ou, suivant l’expression désagréable de Lemaître a senti le très grand danger de ce concordisme Jeans, au ‘finger of God agitating the ether’.” Il semble donc et va intervenir personnellement dans la polémique. Il va qu’il mette la singularité initiale hors de portée des reli- aussi participer à la clarification du débat en développant, de sa position particulière d’homme de science et d’Église, gieux comme il l’avait fait pour les physiciens ! La situation est-elle véritablement équitable pour les la théorie des “deux chemins de la vérité”. deux parties ? Malgré la symétrie apparente, la réponse (1) Voir l’article “Un commencement sans cause”, C&E n° 487, décembre 2010, p. 60. de Lemaître est négative. En effet, là où la cosmologie doit (2) Essais de cosmologie, Seuil, Sources du Savoir. Toutes les citations sont tirées de cet ouvrage. irrémédiablement se taire, la métaphysique garde toute (3) Jacques Merleau-Ponty, Cosmologie du XXe siècle, éditions Gallimard. sa puissance : “Le problème de la Création garderait son sens métaphysique, dans le sens de la dépendance de tout Prochain article : V. Les deux chemins de la vérité
La singularité initiale des physiciens est-elle le “fiat lux” de la Bible ? Pie XII (ici, en compagnie de Lemaître, en 1939) sera tenté de le croire. Mais pour le physicien belge, ce n’est pas le cas.
Deux chemins de la vérité
.
1948
JANVIER 2011
Le big bang peut-il faire bon ménage avec la Genèse ?
Ciel & Espace
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OUVERT LA NUIT Christophe Baillet – Gaillac
LA LUMIÈRE ZODIACALE Objectif de 18 mm de focale – Reflex Canon EOS 400D – Temps de pose : 15 min à 1 600 ISO Lors d’un séjour à Calar Alto, en Espagne, Christophe a saisi la faible lueur de la lumière zodiacale. Il a diaphragmé à f/7,1. C’est judicieux pour améliorer le piqué de l’image, mais il aurait été préférable d’ouvrir son objectif un peu plus (f/5,6, par exemple) et de choisir une sensibilité moins élevée pour diminuer le bruit.
Olivier Sedan – Sandillon
LA COMÈTE HARTLEY 2 CROISE NGC 1528 Télescope ASA 250 mm – Caméra CCD Sbig STL 11 000 – Temps de pose : 54 min à travers un jeu de filtres RVB En déplacement à Tahiti, Olivier a piloté à distance son télescope en France pour immortaliser la rencontre entre la comète Hartley 2 et l’amas ouvert NGC 1528. La caméra CCD a été utilisée en mode binning 3 × 3 (regroupement des pixels par paquets de 9) afin de gagner en sensibilité, tout en étant moins sensible au déplacement de la comète. Pour Olivier, c’est l’un des premiers résultats obtenus avec son installation automatisée installée à l’observatoire de Sirene, sur le plateau d’Albion. Une ascension fulgurante pour un amateur qui s’est lancé dans l’astrophotographie voici seulement deux ans !
Laurent Lacote – Bordeaux
VÉNUS EN PLEIN JOUR Lunette Clavé 130 mm – Reflex Canon EOS 300D – Temps de pose 1/125 s à 100 ISO Le 11 septembre 2010, Vénus est bien observable en plein jour, et ce, d’autant mieux dans un ciel transparent comme celui du Pic du Midi. Cette photo a été réalisée à main levée derrière l’oculaire de la vieille lunette Clavé, montée en parallèle du télescope de 60 cm de l’observatoire.
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Ciel & Espace
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Rubrique réalisée par
Jean-Luc Dauvergne
Yann Le Gall – Maulette LA NÉBULEUSE DU CROISSANT Dobson de 381 mm – Caméra CCD Kaf 8300 – Temps de pose : 4 h 12 min à travers des filtres OIII et H α Une image extraordinaire, car elle a été réalisée avec un Dobson ! Cet instrument a priori dédié exclusivement à l’observation visuelle a été monté sur une table équatoriale Tom O motorisée sur deux axes. Pour compenser les imprécisions de suivi, Yann a fait de l’autoguidage avec une lunette William Optics de 66 mm, fixée sur le dos du télescope.
Sylvain Girard – Gresse-en-Vercors LA GALAXIE DU TRIANGLE Lunette Takahashi FSQ106 ED – Reflex Canon ESO 1 000D défiltré – Temps de pose : 4 h 35 min, soit 55 poses de 5 min Sous un très bon ciel, la galaxie M 33 est visible à l’œil nu. Pourtant, elle n’est pas simple à photographier, car il s’agit d’un astre étendu au contraste assez faible. Un ciel transparent et un long temps de pose sont donc requis pour la dévoiler correctement.
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OUVERT LA NUIT
Lionel Mulato – Saint-Laurent-de-Carnols
LA NÉBULEUSE DU COCON Lunette Takahashi TAS102 – Reflex Canon EOS 40D Baader – Temps de pose : 4 h 40 min Voici l’un des beaux objets du ciel d’été. Mais rares sont les photos à montrer la vaste queue de poussières sombres à sa droite. Utilisant un reflex numérique et une lunette de 102 mm, Lionel a allongé les temps de pose unitaires à 700 s. Bien vu : avec un temps de pose plus court, les nuages de poussière seraient restés noyés dans le bruit.
Bastien Foucher – Bourg-en-Bresse LA NÉBULEUSE DU CŒUR Lunette 80ED Celestron – Canon EOS 350D – 7 h 40 min Dévoiler un objet faible comme NGC 1805 avec un reflex numérique et une petite lunette est une gageure. Mais Bastien a su y faire. Il a compensé la sensibilité modeste de l’appareil photo par un long temps de pose. De plus, un filtre UHC palliait les effets de la pollution lumineuse.
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Ciel & Espace
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Nicolas Henr y
– Saint-Cirq-Lapopie
Fabrice Le Livec – Tahiti
HALO SOLAIRE
ÉCLIPSE POLYNÉSIENNE
Objectif de 18 mm – Reflex Canon EOS 400D – Temps de pose : 1/100 s à 100 ISO
Objectif 35 mm – Reflex Nikon D700 – Temps de pose : 1/15 s à f/3,5 et 1 250 ISO
Ce panorama à 180° est une mosaïque de plusieurs images prises à main levée. Le cadrage est original et judicieux pour immortaliser ce double halo solaire se formant sur les cirrus. L’image est rare puisqu’elle réunit un halo classique et un phénomène bien moins fréquent : le cercle parhélique (qui passe toujours par le Soleil).
Cette image a été prise par un photographe militaire à près de 5 000 m au-dessus de la Polynésie française, lors de l’éclipse de Soleil du 11 juillet 2010. Il était à bord d’un Falcon 200 Gardian. Une photo délicate à réaliser : le temps de pose doit être assez long pour montrer le phénomène, sans pour autant capter le bougé dû aux vibrations de l’avion.
Faites-nous parvenir vos photos à l’adresse
[email protected] Afin qu’elles soient optimisées pour l’impression sur papier, vos images doivent être envoyées à leur résolution maximale, de préférence dans un format Jpeg peu compressé.
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Ciel & Espace
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ÉPHÉMÉRIDES
LES PLUS BELLES
ÉTOILES FILANTES Nasa/Caltech/J. Vaubaillon
L’un des plus beaux essaims d’étoiles filantes de cette année est observable dès le 4 janvier. Il s’agit des Quadrantides, qui promettent un beau spectacle à l’œil nu et en photo.
OUTES les conditions semblent réunies pour que les Quadrantides 2011 soient un bon cru. Le pic d’activité de cet essaim d’étoiles filantes a lieu le 4 janvier, en période de Nouvelle Lune. Mieux, il survient en milieu de nuit, vers 1 h TU, alors que le radian (le point d’où semblent provenir les météores) est déjà sorti de l’horizon est. Les Quadrantides portent mal leur nom puisque ce radian se situe dans la constel-
T
“Je partage avec Marie Curie, un métier mais aussi un pays. Je dépoussière interstellaire, l’histoire de l’astronomie.”
74
Ciel & Espace
JANVIER 2011
Il y a deux ans, Jérémie Vaubaillon est monté à bord d’un DC8 de la Nasa pour étudier les Quadrantides. Il a surpris au passage une aurore boréale au-dessus du Canada.
lation du Bouvier. Cette appellation date de l’époque où ce coin de ciel correspondait à la constellation du Quadrant mural, aujourd’hui abandonnée. Le taux d’activité attendu est incertain, mais devrait être de 100 à 120 météores par
+ QUI SUIS-JE ?
heure. Autrement dit, l’essaim s’annonce comme le plus beau de 2011. Seules les Géminides de décembre et les Draconides en octobre (exceptionnelles cette année avec 750 météores par heure) rivaliseront. Mais ces deux essaims souffriront de la présence de la Lune. Le pic d’activité peut se révéler assez bref (quelques dizaines de minutes). Il est donc conseillé de surveiller le ciel plusieurs heures autour du maximum pour ne pas le manquer. Les plus grosses particules sont comparables à une boule de pétanque. Pénétrant dans notre atmosphère à 150 000 km/h, elles promettent quelques très beaux météores. Ceux-ci seront faciles à détecter en photo. Pour ce faire, utilisez un reflex numérique en programmant un temps de pose de 30 s. En choisissant le mode rafale de l’appareil, vous pourrez enregistrer des images en continu avec un déclencheur filaire verrouillé. Une sensibilité voisine de 1 600 ISO est conseillée, ainsi qu’un objectif très grand angle, ouvert à 2,8. Paradoxalement, l’essaim des Quadrantides est encore mal connu. “En 2008, des observations ont été effectuées en avion pour déterminer son origine et son âge, mais sans succès”, explique Jérémie Vaubaillon, de l’IMCCE (1). Certains astronomes suspectent néanmoins la comète 96P/Machholz d’être le corps à l’origine de ce nuage de poussières. (1) Institut de mécanique céleste et de calcul d’éphémérides.
sur www.cieletespaceradio.fr
Découvrez l’invité du mois tous les jeudis à 19 h dans Jusqu’à l’aurore, la nouvelle saison des éphémérides
Rubrique réalisée par
Carte du ciel visible (TU) : début janvier à 22 h ; mi-janvier à 21 h ; début février à 20 h. La position de Jupiter est indiquée pour le 15 janvier.
Jean-Luc Dauvergne
Toutes les heures sont données en temps universel (TU).
NORD
En France métropolitaine, ajoutez 1 heure pour obtenir l’heure légale d’hiver.
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Pléiades
Lune le 13
Lune le 10 JUPITER
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Ciel visible à la latitude de Paris (48° 50’ N). Si vous habitez au nord de la capitale, l’Étoile polaire sera plus haut dans le ciel et les étoiles de la partie sud de la voûte céleste seront plus proches de l’horizon (et inversement si vous habitez au sud de Paris).
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ÉCLIPTIQUE
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Castor Pollux
CANCER
Cape
Menkalinan
Régulus
Pleine Lune le 19
Sch eda
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LION
Lune le 16
ÉE RS PE
Cap
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Z
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EST
Lune le 21
ZÉNITH
Nihal
SUD
1 | Notre carte montre la position
des principales constellations aux dates et heures indiquées, mais vous pouvez l’utiliser sans grand changement pendant environ une heure autour de ces moments.
2|
Éloignez-vous de toute source lumineuse. Laissez vos yeux s’habituer à l’obscurité pendant au moins 15 minutes. Pour lire la carte sans être ébloui, utilisez de préférence une lampe rouge.
Comment utiliser la carte du ciel 3 | Si, par exemple, vous observez 4 | Le centre de la carte correspond
vers l’ouest, tenez la carte comme indiqué ci-contre, en plaçant le mot “ouest” vers le bas. Les constellations dessinées au-dessus de l’horizon ouest vous font face sur le ciel.
au zénith, le point situé au-dessus de votre tête. Une constellation représentée à mi-distance du centre et du bord de la carte est donc à égale distance de l’horizon et du zénith.
JANVIER 2011
Ciel & Espace
75
ÉPHÉMÉRIDES
nul !
mauvais
bof
pas mal
bien
LES PLANÈTES EN JANVIER VÉNUS
MERCURE Date
10
Constellation
26
10
26
MARS
JUPITER
15
15
Ophiuchus
Sagittaire
Scorpion
Scorpion
Sagittaire
Poissons
0
- 0,2
- 4,1
- 4,1
1,4
- 1,8
Diamètre apparent
6,6”
5,3”
24,6”
24,6”
3,9”
37,2”
Élongation
23° O
19° O
47° O
47° O
5° E
64° E
Distance [UA]
1,022
1,264
0,684
0,684
2,379
5,298
6 h 01 / 14 h 33
6 h 35 / 14 h 51
3 h 57 / 13 h 19
3 h 57 / 13 h 19
8 h 03 / 16 h 39
10 h 17 / 22 h 07
Magnitude
Lever / coucher Intérêt Visibilité
MERCURE fait une belle incursion matinale en début de mois et atteint son élongation maximale au Soleil le 9. Elle reste ensuite bien visible jusqu’au 25.
VÉNUS est bien visible dans le ciel du matin. Elle est à son élongation maximale le 8 janvier et se lève 4 heures avant le Soleil.
IL N’EN MANQUE QU’UNE Seule Mars, trop proche du Soleil, est inobservable ce mois-ci. Vous pouvez également faire l’impasse sur Neptune, déjà basse au crépuscule. Les autres planètes sont en revanche dignes d’intérêt, à commencer par Jupiter et Uranus de nouveau réunies
le 10 Mercure le 26 Uranus Jupiter
Vénus
le 10 O°
Neptune
Mars le 15
le 26
Positions héliocentriques
Mercure
Terre
Saturne
76
Ciel & Espace
JANVIER 2011
Saturne le 15 VIERGE
Ciel du matin SERPENTAIRE BALANCE SERPENT
270°
Vénus
Lune le 1er
Mercure Antarès SCORPION
Vénus
18O°
La taille apparente de JUPITER est en déclin, mais la planète est visible en tout début de nuit.
à seulement 0,5° le 4 janvier, en début de nuit (voir encadré p. 79). Pour voir les suivantes, vous devrez attendre la seconde partie de nuit, avec notamment Saturne qui prend de la hauteur. La taille apparente de la planète est déjà proche de 18”. Vous pouvez donc envisager de belles observations de ses bandes nuageuses et de ses anneaux au télescope.
Jupiter le 15
Mars
90°
Trop proche du Soleil, MARS est inobservable.
Les planètes sont positionnées pour le 31 janvier. Pour Mercure, Vénus, la Terre et Mars, la portion de courbe plus large indique leur déplacement au cours du mois.
SE
La carte de gauche montre le déplacement des planètes dans le ciel du matin, et celle de droite dans le ciel du soir. La voûte céleste
S
Les satellites de Jupiter
SATURNE
URANUS
NEPTUNE
15
15
15 Poissons
Capricorne
0,9
6
7,9
17,6”
3,4”
2,2”
97° O
63° E
63° E
9,412
20,519
30,442
23 h 38 / 11 h 06
10 h 12 / 23 h 59
11 h 17 / 21 h 13
l
5
j
v
s
d
1
2
7
8
9
14
15
16
6
10
11
3
17
18
20
21
22
23
24
25
27
28
29
30
Callisto
La Lune en janvier
6
Lever à Paris
Europe
Méridien
Coucher
1er
3 h 54
8 h 20
12 h 40
8 9
Io
10 11 12 13 14 15
12
31
5
Nous avons enfin la chance d’avoir les deux planètes intérieures Vénus et Mercure idéalement situées en toute fin de nuit. Autour du 9 janvier, elles apparaissent en quartier au télescope (lire aussi “Mercure et Vénus dessinent leur orbite” p. 36). Mercure étant néanmoins assez basse et de taille apparente modeste, un ciel très stable est requis.
m
3
4
Basse en début de nuit, NEPTUNE se couche rapidement.
m
2
7
URANUS est facile à repérer au télescope, juste à côté de Jupiter.
Est
1
Vierge
Bien installée dans le ciel du matin, SATURNE peut être détaillée au télescope.
1 | Janvier
en janvier
Ouest
Ganymède
5
7 h 43
12 h 01
16 h 26
10
9 h 40
15 h 45
22 h 01
15
11 h 26
19 h 23
2 h 23
20
16 h 18
—
7 h 05
25
23 h 07
3 h 38
9 h 17
30
4 h 02
8 h 07
12 h 12
4
| à
Nouvelle Lune :
le
Premier Quartier :
le 12
| à 11 h 32
9 h 05
Pleine Lune :
le 19
| à 21 h 23
Dernier Quartier :
le 26
| à 12 h 58
Apogée [404 975 km] : le 10
| à
6 h
Périgée [362 792 km] : le 22
| à
0 h
16
Le Soleil en janvier
17
Tailles apparentes relatives des planètes
Lever à Paris 18 19
Neptune le 15
21
Ciel du soir Uranus Jupiter
DAUPHIN
Lune le 9 PETIT CHEVAL VERSEAU
24
26
Lune le 7
27 CAPRICORNE Lune le 5
SO
23
25
Neptune
POISSON AUSTRAL
22
28 29
Mars
est positionnée pour le 15 janvier lorsque le Soleil est 5° sous l’horizon, et les disques des planètes pour la fin du mois.
30 31
La carte ci-dessus montre le déplacement des planètes dans le ciel du matin, et celle ci-contre dans le ciel du soir. La voûte céleste est positionnée pour le 15 novembre, lorsque le Soleil est 5° sous l’horizon. Le disque des planètes indique leur situation le 30.
7 h 44
11 h 54
16 h 04
7 h 44
11 h 56
16 h 08
10
7 h 42
11 h 58
15 h 14
15
7 h 39
11 h 59
15 h 20
20
7 h 35
12 h 01
15 h 27
25
7 h 31
12 h 03
15 h 35
30
7 h 25
12 h 04
16 h 43
5
Déplacement du Soleil en janvier
Soleil CAPRICORNE
Nunki SAGITTAIRE
Au cours du mois de janvier, le Soleil passe de la constellation du Sagittaire à celle du Capricorne. Cartes et schémas Cyr pour C&E
VIERGE
Coucher
1
20
Uranus le 15
Méridien
er
Toutes les heures sont données en temps universel (TU). Pour obtenir l’heure légale en France métropolitaine, ajoutez 1 heure.
JANVIER 2011
Ciel & Espace
77
ÉPHÉMÉRIDES Samedi
|
1 er
œil nu
Les 1er et 2
jumelles
| à 6 h 40 TU
télescope
VIERGE
RÉUNION AUTOUR DU SCORPION À l’aube, le fin croissant de Lune s’installe à 6,5° d’Antarès du Scorpion. Vénus, un peu plus haute, et Mercure plus à l’est, les accompagne.
Dimanche
|
2
UN CROISSANT ENTRE MERCURE ET ANTARÈS
30°
À l’aube, profitez de la dernière occasion de voir le croissant de Lune avant la Nouvelle Lune. Il est à 3° de hauteur lorsque le Soleil est encore 10° sous l’horizon, et s’installe entre Mercure et Antarès.
Lundi
|
Lune le 1er Mercure Antarès Lune le 2
3
DEUX OMBRES SUR JUPITER
BALANCE Vénus
SERPENTAIRE
Le 3
|
à 19 h 12 TU
De 19 h 09 à 19 h 25 TU, les satellites Io et Ganymède projettent simultanément leur ombre sur Jupiter. BALEINE
LA TERRE AU PÉRIHÉLIE La Terre est au plus près du Soleil à une distance de 147 106 000 km.
Mardi
|
4
Jupiter
Jupiter
Ombre d’Io
VERSEAU
Io
UNE ÉCLIPSE AU RÉVEIL
1’
Une belle éclipse partielle de Soleil est visible au lever de l’astre du jour. Sa grandeur varie entre 60 et 75 % selon votre lieu d’observation dans l’Hexagone (lire article p. 82).
Ombre de Ganymède Ganymède
AVIS D’ÉTOILES FILANTES Maximum d’activité des Quadrantides (lire p. 74).
JUPITER CROISE URANUS
Le 5
|
à 17 h TU
Jupiter et Uranus sont en conjonction, séparées de 0,5°.
Mercredi
|
5
UN FIN CROISSANT DU SOIR Quelque 30 heures après la Nouvelle Lune, cherchez le fin croissant de la jeune Lune dans le crépuscule, au sud-ouest.
Samedi
|
8
LE PHARE DU MATIN Vénus atteint son élongation maximale à l’ouest du Soleil. Elle est bien visible dans le ciel du matin.
Dimanche
|
9
MERCURE MATINALE Mercure atteint son élongation maximale à l’ouest du Soleil. Elle sort de l’horizon au début de l’aube (lire article p. 36).
78
Ciel & Espace
JANVIER 2011
10°
CAPRICORNE
Lune
Le 9
|
10
à 6 h 45 TU
|
Lundi
LA LUNE CROISE JUPITER VIERGE
Dans le ciel du soir, la Lune accompagne Jupiter à 6°.
15
SERPENTAIRE 30°
Samedi
LA LUNE ILLUMINE LES PLÉIADES
BALANCE Vénus
Mercure
|
En tout début de nuit, la Lune gibbeuse est à 3° de l’amas d’étoiles des Pléiades.
18
Antarès
|
Mardi
VÉNUS SEPTENTRIONALE La planète Vénus atteint sa latitude nord maximale : 3,4°. S
Le 30
|
24
à 6 h 30 TU
Lundi
IRIS AU PLUS PRÈS L’astéroïde 7 Iris passe à l’opposition dans la constellation du Cancer. Sa magnitude est de 7,9.
SERPENTAIRE 30°
|
25
SERPENT
|
Mardi
LA LUNE ACCOMPAGNE SATURNE La Lune et Saturne sont en conjonction. Les deux astres sont séparés de 8° lorsqu’ils se lèvent en milieu de nuit.
Vénus
ÉCU DE SOBIESKI
Antarès
30
Lune
|
Dimanche
UN CROISSANT POUR VÉNUS
SCORPION
Vénus surplombe de 4,5° un fin croissant de Lune.
SERPENTAIRE
Le 4
|
à 17 h 30 TU
DEUX GÉANTES RÉUNIES DANS LES POISSONS w
Autour du 4 janvier, Jupiter se retrouve dans la même configuration qu’en juin 2010 : elle passe juste sous Uranus. Exactement à 0,5°, soit un angle équivalant à la taille apparente de la Lune. Les deux astres sont alors observables dans le même champ avec un grossissement de 100 à 150 ×, qui permet de voir les principales bandes de nuages de Jupiter, ainsi que ses satellites. En revanche, Uranus reste très petite, mais son disque est suffisamment large pour la distinguer d’une étoile. On notera sa teinte bleu vert caractéristique. Avec un reflex numérique et une focale de 1 500 mm environ, essayez-vous à photographier les deux planètes ensemble en variant les temps de pose. Les images pourront ensuite être fusionnées en plage de dynamique élargie, ou HDR (voir C&E n° 486, novembre 2010, p. 76).
POISSONS
5°
Uranus Jupiter
JANVIER 2011
Ciel & Espace
79
ÉPHÉMÉRIDES
La Lune au télescope
M. Weigand/C&E Photos
LA VALLÉE DE SCHRÖTER
Aristarque
Large de 10 km, et longue de 160 km, la vallée de Schröter est le stigmate d’une des régions volcaniques les plus actives de la Lune par le passé. Avec les cratères voisins Hérodote et Aristarque, elle évoque le dessin présent sur la tête du cobra. Des chercheurs ont estimé que 10 millions à 10 milliards de kilogrammes de lave se sont échappés chaque seconde du cratère situé juste à côté d’Hérodote lors de l’éruption ! L’éclairage du Soleil est rasant sur cette zone le 16 janvier.
Platon Golfe des Iris
Monts Gruithuisen
Mer des Pluies
Vallée de Schröter
Vallée de Schröter
presque au zénith. Au fil des jours, on assiste au lever du Soleil sur l’océan des Tempêtes et la mer des Humeurs. Ne manquez pas de visiter les zones remarquables des cratères Aristarque et Gassendi, ainsi que celle du golfe des Iris.
Atlas virtuel de la Lune
Au mois de janvier, la Lune atteint sa hauteur maximale le 16, alors qu’elle se situe dans la constellation du Taureau. À cette date, elle se présente sous une phase gibbeuse prononcée. Sa hauteur généreuse donne l’impression qu’elle trône
LES ZOOMS DU MOIS
Archimède
Mer de la Sérénité
Aristarque
LES MONTS GRUITHUISEN
Copernic
S. Lammel
Mer des Crises
1 : Gruithuisen Gamma 2 : Gruithuisen Delta 3 : Gruithuisen Dzêta
Mer de la Tranquillité
Terminateur le 16 Océan des Tempêtes
Mer de la Fécondité
Ptolémée
1 2 Mer des Humeurs
3 Au sud-ouest du cap Héraclide se trouve une série de dômes dont l’origine est probablement volcanique. En particulier, Gruithuisen Gamma, avec un petit cratère à son sommet. Fait étonnant, cette zone est brillante. Il pourrait donc s’agir de roches volcaniques riches en silicates. C’est rare, dans la mesure où la plupart des roches volcaniques sur la Lune sont basaltiques, donc sombres. Cette zone s’observe sous un éclairage favorable les 15 et 16 janvier.
Terminateur le 15
Clavius
Taille angulaire : 31’
date
80
hauteur méridien
phase
14 15 16
62° 64° 65°
19 h 24 20 h 16 21 h 12
72 % 81 % 88 %
17
64°
22 h 09
94 %
Ciel & Espace
JANVIER 2011
Altitude au méridien HAUTE MOYENNE BASSE
S
D
L
M
M
J
V
S
D
1
2
3
4
5
6
7
8
9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31
L
M
M
J
V
S
D
L
M
M
J
V
S
D
L
M
M
J
V
S
D
L
observation
Éclipse de soleil à l’horizon Le 4 janvier, une belle éclipse
J.-L.Dauvergne/c&e Photos
partielle de Soleil se produit au ras de l’horizon pour l’ouest de l’europe. Un spectacle matinal qui peut être admiré à l’œil nu en chaussant des lunettes “éclipse” !
Le déroulement de l’éclipse Le début du spectacLe : Partout en France, l’éclipse aura déjà débuté lorsque le Soleil se lèvera, ce matin du 4 janvier. Cependant, la portion de Soleil déjà mordu par la Lune à ce moment précis variera beaucoup d’un
endroit à l’autre du pays, selon un axe qui va d’ouest en est. En Bretagne, l’éclipse sera alors déjà à son maximum, et ce sera un croissant de Soleil qui émergera de l’horizon, vers 9 h 10, heure légale (8 h 10 TU) : spectacle assuré ! À l’inverse, en Corse, le disque solaire sera si peu grignoté à son lever, vers 7 h 50, que la morsure lunaire passera inaperçue à l’œil nu. MaxiMuM de L’écLipse : L’heure du maximum de l’éclipse varie de 9 h à 9 h 15 du sud-ouest au nord-est. Le pourcentage de Soleil masqué évolue également, de 55 % le long des Pyrénées à plus de 67 % le long des frontières belge et allemande. Cette différence est certes assez notable, mais ne justifie guère que l’on fasse le voyage vers le haut de l’Hexagone. Notons que l’éclipse atteint 80 % dans le nord de l’Europe : ce sera alors un croissant de Soleil assez fin qui se dessinera au moment du maximum. dernier contact : Après le maximum, la Lune continuera son passage devant le Soleil pendant environ 1 heure et 20 minutes. Cette seconde moitié d’éclipse sera également intéressante, le Soleil prenant un peu de hauteur. L’instant du dernier contact peut être repéré plus précisément aux jumelles munies de filtres (lire “Observation de l’éclipse”). Notons, fait exceptionnel, que l’année 2011 compte trois autres éclipses partielles de Soleil… mais aucune visible depuis la France. Raison de plus pour profiter de celle du 4 janvier.
La préparation choisir un site dégagé : L’éclipse du 4 janvier se caractérise par une position du Soleil extrêmement basse sur l’horizon. À Paris, la hauteur du Soleil au moment du maximum ne sera que de 2,5°… soit environ l’épaisseur d’un doigt lorsque l’on tend sa main devant soi ! Il convient donc de prévoir un site d’observation parfaitement dégagé au sud-est. Un repérage avant le jour J permettra de s’assurer qu’aucun obstacle ne se trouvera dans la ligne de mire au moment de l’éclipse.
Une éclipse partielle de Soleil survenant au lever du jour donne lieu à de belles scènes, comme ici, en 2003, à Ivry, en région parisienne.
82
octobre 2010
veiLLer à La Météo : Les chances de beau temps ne sont pas optimales à cette période de l’année, mais rien n’empêche qu’un bel anticyclone d’hiver soit de la partie. La situation la plus contrariante consisterait à ce qu’un fort brouillard matinal nous prive du spectacle malgré une situation de beau temps : fuyez les vallons encaissés ou les bords de rivière.
Ce que vous verrez à L’œiL nu : La turbulence près de l’horizon brouille fortement les images, si bien qu’un télescope n’aura que de peu d’intérêt. L’observation à l’œil nu, ou éventuellement aux jumelles, est bien plus judicieuse. À l’œil nu, des lunettes éclipse constituent un moyen de protection bon marché et efficace. Elles sont à chausser avant de regarder en direction du Soleil. aux juMeLLes : Des jumelles peuvent apporter un peu de détails, notamment si de belles taches parsèment le disque solaire. Chaque objectif doit être recouvert d’un morceau de filtre de type Astrosolar, largement dimensionné et maintenu fermement à l’aide d’au moins deux élastiques (au cas où l’un rompe). Si possible, installez vos jumelles sur un trépied. Vos observations seront plus confortables, et cela vous évitera de répéter la phase toujours délicate de pointage du Soleil.
Une photo avec filtre De belles images de l’éclipse peuvent être réalisées avec un reflex muni d’un téléobjectif d’au moins 100 mm de focale. Il convient de couvrir l’objectif d’une feuille Astrosolar, solidement maintenue avec un élastique. La mise au point sera faite directement sur le Soleil, éventuellement en mode autofocus. Choisissez la sensibilité la plus basse afin de limiter le grain, et effectuez des essais de temps de pose en mode d’exposition manuel.
Un appareil numérique, équipé d’un filtre solaire spécial, et un pied photo suffisent pour réaliser de beaux clichés de l’éclipse.
Les phases de l’éclipse selon le lieu
Le dessin ci-dessous montre l’aspect qu’aura le Soleil grignoté par la Lune, à Paris, au moment du maximum de l’éclipse.
c&e
.
P.Pelletier/c&e Photos
emmanuel beaudoin
3°
Ville ajaccio auxerre biarritz besançon bordeaux bourges brest Caen Clermont Dijon Grenoble le Havre lille limoges lyon Marseille Montpellier nancy nantes nice Paris Reims Rennes Strasbourg toulouse
Début 7 h 53 8 h 34 8 h 39 8 h 22 8 h 40 8 h 36 9 h 09 8 h 56 8 h 29 8 h 27 8 h 16 8 h 55 8 h 49 8 h 36 8 h 22 8 h 11 8 h 20 8 h 28 8 h 53 8 h 05 8 h 44 8 h 39 8 h 57 8 h 21 8 h 28
% 1 36 46 21 46 40 59 59 32 27 17 58 50 41 23 15 22 25 56 8 46 39 59 17 34
MaxiMuM 9 h 05 9 h 09 8 h 58 9 h 10 9 h 00 9 h 06 9 h 09 9 h 08 9 h 05 9 h 10 9 h 07 9 h 08 9 h 13 9 h 04 9 h 07 9 h 04 9 h 03 9 h 13 9 h 03 9 h 06 9 h 09 9 h 12 9 h 05 9 h 14 9 h 00
% 59 64 54 65 57 63 59 64 61 65 62 64 68 60 62 59 58 67 60 61 65 66 61 68 57
Fin 10 h 31 10 h 31 10 h 15 10 h 34 10 h 19 10 h 28 10 h 20 10 h 27 10 h 27 10 h 32 10 h 30 10 h 28 10 h 34 10 h 24 10 h 30 10 h 27 10 h 24 10 h 36 10 h 22 10 h 21 10 h 30 10 h 34 10 h 23 10 h 39 10 h 20
8 h 46 8 h 44 8 h 42 8 h 18
45 43 41 18
9 h 15 9 h 14 9 h 14 9 h 09
69 68 68 64
10 h 37 10 h 36 10 h 36 10 h 32
CHez noS VoiSinS
Horizon sud-est vers 9 h 09 (heure d’hiver)
W
à consulter sur internet
Retrouvez la carte complète de cette éclipse sur le site de la Nasa http://eclipse.gsfc.nasa.gov/eclipse.html
anvers bruxelles Charleroi Genève
Horaires en heure légale d’hiver. Pour les convertir en temps universel (TU), retranchez 1 heure.
Janvier 2011
Ciel & Espace
83
A. Fujii/C&E Photos
FICHE D’OBSERVATION
L’astre phare des nuits d’hiver intrigue les astronomes depuis longtemps et propose un défi aux observateurs.
Nom :
Sirius (Alpha Canis Majoris)
Nature :
étoile double
Distance : 8,6 années-lumière Diamètre : 1,7 fois celui du Soleil
SIRIUS
L’ÉTOILE LA PLUS BRILLANTE Données astrophysiques Un mystère entoure l’étoile la plus brillante de la sphère céleste. De l’Antiquité au haut Moyen Âge, des astronomes chinois avant notre ère au Perse Al Sufi, en 980, sans oublier Ptolémée, Pline ou Aratus, les observateurs indiquent que l’astre était d’éclat rougeâtre. Or, aujourd’hui, Sirius scintille d’un blanc légèrement bleuté. Les astronomes modernes n’ont pas résolu l’énigme. Tout au plus, au fil des siècles, ont-ils précisé la nature du petit astre qui tourne autour de cette étoile de 2,14 masses solaires. Découverte en
Repérage Faut-il indiquer comment repérer Sirius, véritable phare céleste ? Même si l’entreprise est facile, il est bon de savoir que cet astre se trouve toujours, pour les habitants des moyennes latitudes boréales, entre le sud-est et le sud-ouest, jamais au-dessus de 30° d’altitude. Sirius est bordée à sa droite par la belle constellation d’Orion dont la plus éclatante représentante est Bételgeuse, reconnaissable à son éclat orangé. Au-dessus (au nord) de Sirius se trouve une autre étoile brillante très blanche : Procyon. Mais pour identifier Sirius, il n’y a pas à se tromper, c’est tout simplement la plus brillante.
✃
1862, cette compagne discrète, invisible à l’œil nu, est la plus proche naine blanche connue. Appelée Sirius B, il lui faut un demi-siècle pour boucler une orbite très elliptique autour de l’étoile principale, Sirius A (voir dessin page suivante). D’une masse égale à celle du Soleil, elle a été suspectée d’avoir joué un rôle dans le rougissement apparent de Sirius A, par exemple par une explosion de type nova à sa surface. En 2010, des mesures effectuées avec l’interféromètre australien Susi (1) ont permis de préciser le diamètre de Sirius : 2 384 500 km, soit moitié plus que notre Soleil. (1) Susi : Sidney University Stellar Interferometer.
Le cadre indique le champ de la carte au verso. Procyon
PETIT CHIEN
Bételgeuse ORION
LICORNE
Rigel Sirius
20°
LIÈVRE GRAND CHIEN
SE
L’étoile Sirius Co n ste lla tion : G ran d C h i en Ma g n itu d e : – 1 , 4 6
A scen s i on d roi te : 6 h 3 2 m i n
D é cl i na i s o n : 4 ° 5 1 ’
P ér i od e favorab l e d ’ ob s er va t i o n : de dé c e m br e à f é v r i e r
D i a m è t r e a ppa r e nt : 0 , 0 0 6 0 4 s e c o nde d’ a rc ! P é r i o de d’ i nv i s i bi l i t é : d’ av r i l à s e pt e m br e
Sirius
GRAND CHIEN
Orbite de l’étoile naine Sirius B autour de Sirius A 180°
M41
5°
2048
2000
2046
270°
2002
2004 2006
5”
2008 2010 Sirius B 2012
2044 Sirius A
2015 2042 2020 2040 0°
Observation À la lunette ou au télescope, Sirius est un astre éblouissant. Son halo lumineux est si intense et si étendu qu’on a l’impression de voir son diamètre apparent. Ce n’est pas le cas. En revanche, Sirius est une étoile double. Et il est possible, y compris avec une modeste lunette de 80 mm, de discerner sa compagne, Sirius B. Cette naine blanche de magnitude 6 se trouve en 2011 à 8,4 secondes d’arc
2025 2035
2030
de la brillante Sirius A. La difficulté consiste “uniquement” à distinguer la faible Sirius B dans un puissant halo lumineux. Pour cela, choisissez un fort grossissement (100 × et plus) et le moment où le couple stellaire est au plus haut dans le ciel, lors d’une nuit transparente. Jusqu’en 2025, l’écart entre les deux étoiles grandira. Ensuite, il diminuera pour se réduire à 2,2 secondes d’arc en 2043… Ce qui laisse le temps, année après année, de suivre l’évolution du système.
90°
NOUVEAUTÉS
L’ACTUALITÉ
du matériel astronomique RAPIDE ET SENSIBLE
Une pléiade de nouveautés chez Skywatcher
M42 Optic
Une nouvelle caméra pour les planètes
VERS LE HAUT DE GAMME ?
À son tour, M42 Optic se lance dans la production d’une caméra munie d’un capteur Sony ICX618 (659 × 494 pixels de 5,6 µm de côté). Baptisée PLA-MX, elle reprend le même capteur que celui de la caméra Basler ACA640-100GM, présentée le mois dernier. CAMÉRA PLA-MX Sa connectique USB2 2 la limite à 60 images/s, Prix : 399 € contre 100 images/s pour la Basler connectée en Gigabit Ethernet. Mais c’est bien suffisant pour la grande majorité des applications en imagerie planétaire. À partir de mars, elle sera complétée en option par une roue à filtres pilotée par la caméra. Le logiciel sera ainsi capable de lancer des séquences d’acquisition automatique avec un temps de pose adapté à chaque filtre. La roue aura sa propre alimentation et communiquera avec la caméra par une prise minijack stéréo. Elle sera proposée à 450 €, filtres inclus. Signalons enfin que la caméra dispose d’un port d’autoguidage. Dans la foulée, M42 Optic compte proposer une caméra semblable avec un capteur ICX445 (1 296 × 966 pixels de 3,75 µm de côté), dont le prix devrait être voisin de 500 €.
Skywatcher semble vouloir s’attaquer au marché haut de gamme. La marque a présenté quantité de nouveautés au salon international de la Photokina, à Cologne, en septembre 2010. Celles-ci apparaîtront progressivement sur le marché au cours de l’année 2011. Parmi les plus marquantes, signalons une monture EQ7 très massive. Actuellement au stade de prototype, elle devrait être capable de porter des charges de 45 kg ! Fabriquée en Chine, elle a de quoi inquiéter les constructeurs traditionnels. Néanmoins, des tests seront nécessaires pour savoir si l’EQ7 atteint le niveau de stabilité et de qualité de suivi de ses concurrentes. Il ne s’agit pour l’heure que d’une annonce. Elle ne devrait pas arriver sur le marché français avant un an. Le cercle fermé des lunettes apochromatiques aplanétiques (optimisée pour la photographie) formé par Takahashi, Pentax et Televue, risque d’être bousculé par l’arrivée d’une lunette de 100 mm ouverte à 5, et dotée d’une optique de type Petzval (constituée de deux doublets de lentilles). Son tube optique en carbone est de bon augure, mais son porte-oculaire de conception classique pour la marque risque d’être un peu léger pour supporter les caméras CCD les plus lourdes. Il sera également important d’évaluer la taille du champ de pleine lumière comparé à la concurrence. Une lunette de 150 mm fait également son apparition. D’un rapport focale/diamètre de 8, c’est un tube imposant qui nécessitera une lourde monture. Signalons enfin l’apparition de Newton de 200 et 250 mm ouverts à 4, dotés de tube en carbone. La grande inconnue sur tous ces produits reste leur prix.
Pour décomposer la lumière
C.Buil
Pour élargir les possibilités offertes aux amateurs en spectroscopie, la société française Sheliak propose un nouveau spectrographe, Lisa. Cet instrument de résolution moyenne convient à l’étude d’astres relativement peu lumineux. En effet, en spectroscopie, le but est de disperser la lumière de l’objet observé. Plus on la disperse, plus la résolution augmente, mais plus le flux baisse sur les pixels de la caméra. Il y a donc un compromis à trouver entre résolution et magnitude limite de l’astre. Alors que le Lhires III, produit phare de Sheliak, est bien adapté pour scruter la raie Hα d’étoiles brillantes (en général visibles à l’œil nu), le Lisa, avec une résolution 20 fois inférieure, permet d’étudier les astéroïdes, les nébuleuses brillantes, ou même la surface des planètes. Dans la pratique, l’ensemble du spectre visible tient dans la longueur d’un capteur de taille moyenne. Le modèle de base décompose le spectre visible (400 à 700 nm), mais le Lisa peut également fonctionner dans l’infrarouge grâce à un kit d’adaptation (499 €). En option, le fabricant fournit aussi un module de calibration automatique (295 €) et un kit de guidage (814 €). L’ensemble se révèle onéreux pour un particulier, mais peut intéresser des clubs désireux de collaborer à des projets SPECTROGRAPHE LISA scientifiques ou de mettre en place des Prix : 2 650 € animations pédagogiques pour les jeunes.
DR
LISA, UN SPECTRO POUR LES AMATEURS
Cette rubrique est réalisée d’après les données fournies par les fabricants. La responsabilité de Ciel & Espace n’est pas engagée si celles-ci se révélaient erronées.
La lunette de 150 mm sur la monture EQ7.
JANVIER 2011
Ciel & Espace
89
V u d ’ i c i , V u d ’a i l l e u r s
Rubrique réalisée par
Émilie Martin
société astronomique de France, à Paris
taillez votre miroir au sommet de la sorbonne À tous ceux qui aiment réaliser des instruments “faits maison”, la Société astronomique de France propose de fabriquer leur propre miroir de télescope. Dans l’atelier niché dans l’observatoire astronomique de la Sorbonne, les novices bénéficient du savoirfaire des habitués. 90
Ciel & Espace
JanvieR 2011
ent quatre-vingt-deux, 183, 184 ! Après un dédale de couloirs au cœur de la Sorbonne historique, il faut gravir 184 marches pour atteindre l’observatoire qui domine l’université. La coupole de bois couverte de cuivre visible depuis la rue Saint-Jacques abrite une lunette de 153 mm de diamètre, datant des années 1930. L’étroit chemin de ronde qui l’entoure offre l’une des vues les plus belles et les plus vertigineuses de la capitale. Une vingtaine de marches plus bas, sous la coupole qui abritait jadis une lunette méridienne, se niche un repaire de mordus d’astro : un atelier de polissage de miroirs. Dans la petite salle circulaire de 20 m2, documents et outils s’entassent pêle-mêle sur les étagères, une casserole remplie de goudron chauffe sur une plaque… Au milieu trônent quatre tabourets hauts, supports des miroirs à polir. en ce soir froid de novembre, deux
c
d’entre eux sont occupés. Christophe et Christian travaillent chacun leur pièce : sur un bloc de Pyrex circulaire, le premier saupoudre des petits grains noirâtres (des oxydes métalliques), ajoute un peu d’eau et, à l’aide d’un autre bloc de verre (appelé “outil”), effectue des petits mouvements de va-etvient. Le second fait de même après avoir badigeonné son outil de goudron. tous deux sont dans la phase de polissage. Auparavant, ils ont pris soin d’ébaucher leur miroir dans une salle attenante en utilisant un grain plus gros afin de gommer les plus grossières aspérités. “De l’ébauchage à l’aluminure (qui se fait ailleurs), il faut compter des dizaines d’heures de travail, explique Sylvestre taburet, un ingénieur de l’observatoire de Meudon, habitué du lieu. Cela peut paraître ennuyeux de répéter inlassablement ces mouvements, mais je vous assure que cela détend. Au
il faut le dire ! Pascal Coste, de l’association ADAES -Limoges
le télescope du Parc aux loups renaît OBSeRVAtOIRe des monts de Guéret, situé dans le Parc aux loups de la forêt de Chabrières, en Creuse, a rouvert ses portes le 15 mai 2010 grâce à un partenariat entre notre association et la communauté de communes de Guéret Saint-Vaury, qui gère le site. Forcé à l’immobilisme pendant six ans, le plus gros télescope fixe du Limousin (miroir de 456 mm de diamètre) a été entièrement rénové. Il est situé au milieu du Parc aux loups, qui reçoit 40 000 personnes par an. Pour l’instant, nous sommes en phase de rodage. Une dizaine de soirées sont programmées pour l’année 2011 avec, par exemple, la nuit des étoiles et un projet de randonnée nocturne de douze étapes, en relation avec la découverte des constellations du zodiaque qui mêlera observation et histoires mythologiques. L’observatoire est doté de nombreux instruments. nous pouvons installer une dizaine de postes d’observation, en plus du télescope de 456 mm. C’est un lieu magique, hors du temps. Admirer, en toute sécurité, le golfe des Iris sur la Lune, la galaxie M 51 avec en fond sonore les hurlements des loups, ou encore se promener sur le chemin de ronde de l’enceinte du parc en compagnie d’une splendide Voie lactée, est un moment inoubliable. À bientôt dans le Parc aux étoiles !
Photos e.Martin/C&e Photos, sauf vue extérieur : a.Frich/www.paris-26-gigapixels.com
l’
Dans la salle d’ébauchage des miroirs, à la Sorbonne (p. 90), Sylvestre Taburet travaille son bloc de Pyrex sous l’œil du responsable de l’atelier, Jean-Jacques Jourdanneau. Au polissage, Christian (à g.) et Christophe (à dr.) emploient un grain plus fin. Ensuite, les blocs de Pyrex seront polis sur un “outil” enduit d’une sorte de goudron (ci-contre).
bout d’une demi-heure, tous les soucis ont disparu ! Et à la fin, on a l’immense satisfaction de repartir avec un beau miroir fait maison.” L’atelier, fondé dans les années 1960 par Jean texereau, est aujourd’hui géré par la Société astronomique de France (SAF). Il accueille chaque année une trentaine de participants qui fabriquent une vingtaine de miroirs. “Nos membres ont entre 11 et 70 ans, précise Jean-Jacques Jourdanneau, le président de la commission des instruments de la SAF. Nous sommes ouverts à tous !” L’expérience vous tente ? Il vous suffit d’acheter le matériel de base. Pour un miroir de 200 mm, comptez environ 265 € (200 € pour le bloc de Pyrex, 30 € pour les oxydes métalliques et 35 € d’aluminure). Vous pourrez vous rendre à l’atelier chaque mardi soir et samedi après-midi, seulement si les 184 marches à gravir ne vous font pas peur…
ASSOCIATION ADAES http://astrosurf.com/adaes PARC AUX LOUPS DE CHABRIÈRES http://loups-chabrieres.com
Contacts
ATELIER D’OPTIQUE 17, rue de la Sorbonne 75005 Paris Tél. : 01 40 46 24 98 le mardi, de 19 h à 23 h, et le samedi, de 15 h à 19 h http://mygepi.obspm.fr/ saf-sorbonne
Retrouvez les principaux liens et ressources astronomiques sur
www.porteauxetoiles.org JanvieR 2011
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L’agenda
Station de nuit
Mis en place par l’AFA, ce label garantit un accueil permanent et professionnel à ceux qui désirent découvrir ou pratiquer l’astronomie. www.afanet.fr/Stations
STAGES La Couyère (35) L’astronomie pour les débutants avec, pour objectif, l’acquisition d’images 22 janvier, 14 h Centre d’astronomie de la Couyère, lieu-dit la Ville d’Abas • Gratuit pour les adhérents • Société astronomique de Rennes,
[email protected], www.astro-rennes.com Laval (53) Stage Petite Ourse Du 1er au 4 mars, de 14 h à 17 h Planétarium, rue d’Hilard • Observatoire populaire de Laval,
ÉVÉNEMENTS Baisieux (59) 5e édition des “24 heures basiliennes d’astronomie” : conférences, exposition “2012, la fin du monde ?”, tombola avec un télescope et de nombreux lots à gagner Du 15 janvier, 17 h, au 16 janvier, 17 h Centre socioculturel d’Ogimont, 700, rue de la Mairie • Entrée libre • 06 13 64 66 16, www.astropae.fr
SUD-EST CONFÉRENCES Nice (06) De la boussole aux taches solaires : le champ magnétique dans tous ses états, par Yannick Ponty, du CNRS 11 janvier, 18 h 30 Planétarium Valeri, 128, avenue Saint-Lambert • Entrée libre •
04 92 09 09 24, http://assoc. orange.fr/planetarium.valeri, www.aquila-asso.org Aix-en-Provence (13) À la découverte de Pythéas par François Herbaux 13 janvier, 19 h Planétarium d’Aix-enProvence, parc Saint-Mitre, avenue Jean-Monnet • 04 42 20 43 66, www.aix-planetarium.fr L’énergie du vide par Bruno Riera 19 janvier, 19 h 30 Ensam, cours des Arts-et-Métiers • Gratuit • 04 42 66 00 96,
[email protected], http://astrosurf.com/aaaov Marseille (13) Calendriers et astronomie, une histoire d’apports réciproques par Jacques Gispert, maître de conférences retraité de l’université de la Méditerranée 21 janvier, 20 h 30 Observatoire, entrée place Rafer, bd Cassini • 4 € • Association Andromède, 04 86 67 21 03, 04 95 04 41 26, www.andromede13.info Les Angles (30) Conférence thématique avec projection vidéo suivie d’une observation au télescope 14 janvier, 21 h. Conférence-débat sur les
comètes 28 janvier, 21 h Avenue Charles-de-Gaulle • Entrée libre • Parc du Cosmos, 04 90 25 66 82,
[email protected] Montpellier (34) Notre galaxie et les galaxies proches par Jonathan Braine, de l'observatoire de Bordeaux 20 janvier, 21 h 30 Planétarium Galilée, 100, allée Ulysse • 4 €, 3 € (Pass'Agglo) et 2 € (réduit) • 04 67 13 26 26, www.planetarium-galilee.com Isserteaux (63) Les instruments, histoire, collimation, réglage par Dominique Ameil. L’exposé sera suivi d’une observation du ciel 8 janvier, 20 h Observatoire Astrap • Entrée libre • 04 73 70 90 25, bastrap@ orange.fr, www.astrap.org Aubière (63) École d’astronomie n° 3 : estimation de la qualité de ciel 5 janvier, 20 h 30. Souvenirs d’astronomie aux Canaries par Gérard Coute 19 janvier, 20 h 30 Campus des Cézeaux, bâtiment de physique, amphi 107 • Association des astronomes amateurs d’Auvergne, 04 73 87 25 53, www.astronomes-auvergne.fr
OUEST-CENTRE CONFÉRENCES Saint-Brieuc (22) Rencontre conférence “Notre Système solaire” 4 janvier, 20 h 30 MJC du Plateau, 1, avenue Antoine-Mazier • 02 96 61 94 58,
[email protected], www.mjcduplateau.fr Rennes (35) Le Système solaire 13 janvier, 20 h 30 Maison du Parc de Beauregard • Gratuit pour les adhérents • Société d’astronomie de Rennes, 06 79 95 66 04, www.astro-rennes.com Sévérac (44) Les lanceurs : fusées et navettes par Nathanaël Rouland et Philippe Senard 7 janvier, 20 h 45 Observatoire BretagneAtlantique • Gratuit • Voyager 3 Astronomie, 02 40 15 58 86, www.voyager3.com Mayenne (53) Les météorites par Gérard Odile 13 janvier, 20 h 30 Chapelle des Calvairiennes • Plus de 18 ans : 1,60 € • 02 43 67 05 06,
[email protected], www.fal53.asso.fr/opl
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Gretz-Armainvilliers (77) Dynamique de la Lune par Nicolas Rambaud, chercheur à l’IMCCE et maître de conférences Paris 7
Buthiers (91) Stage 1re étoile 15 janvier. Stage 2e étoile, 27 janvier Base régionale de plein air et de loisirs, 73, rue des Roches • 80 € • Planète sciences, 01 69 02 76 10, www.planete-sciences.org
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Paris (75) Rêves d’étoiles : l’histoire de la conquête spatiale, film réalisé et commenté par l’astronaute Jean-Loup Chrétien, dans le cycle de conférences “Connaissance du monde” 10 janvier, 14 h 30 Gaumont Alésia, 73, av. du Général-Leclerc 14e 11 janvier, 14 h 15 Gaumont Convention, 27, rue Alain-Chartier, 15e 11 janvier, 20 h 45 Cinéma Chaplin, 6, rue Péclet 15e 12 janvier, 15 h Musée de la Poste, 34, bd de Vaugirard 15e 13 janvier, 14 h 15 Gaumont Champs-Élysées Ambassade, 50, av. des Champs-Élysées 8e 16 janvier, 11 h Majestic Passy, 18, rue de Passy 16e • 9,50 € ; tarifs réduits, 8,50 € et 5 €. Gratuit pour les moins de 12 ans. Réservation Fnac conseillée • www. connaissancedumonde.com
STAGES Paris (75) Stage 1re étoile 5 février, 10 h AFA, parc Montsouris (14e) • 80 €, et 72 € pour les adhérents de l’AFA • Association française d’astronomie, 01 45 89 81 44.
[email protected], www.afanet.fr/123Etoiles
OBSERVATIONS La Couyère (35) Observation de la Lune et de Saturne, puis séance de planétarium numérique 14 janvier, 20 h 30 Centre d’astronomie de la Couyère, lieu-dit la Ville d’Abas • Gratuit • Société astronomique de Rennes,
[email protected], www.astro-rennes.com
NORD-EST
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Climat, eau, vie : la Terre est elle une exception dans l’Univers ? par François Forget, de l’Institut Pierre Simon Laplace 10 janvier, 19 h 30 Télécom Paris Tech, amphithéâtre Émeraude, 46, rue Barrault (13e) • 01 45 65 01 80, 01 46 45 60 14
Antony (92) La propagation du signal lumineux dans l’Univers par Philippe Millon. Exposé suivi d’une observation au télescope 5 janvier, 20 h 30 Dans les locaux du club, 193, rue des Rabats • Entrée libre • Club d’astronomie d’Antony, 06 09 18 71 22, www.astrosurf. com/astroantony
L’AFA et ses partenaires proposent trois stages d’une journée pour apprendre à utiliser un instrument d’astronomie. Stage 1re étoile : Observer la voûte céleste. Stage 2e étoile : Exploiter pleinement son instrument. Stage 3e étoile : S’initier aux techniques d’acquisition d’images. Les prochains rendez-vous sont repérés par le logo ci-contre. La liste complète de ces stages est sur www.afanet.fr/123etoiles
MORDUS D’ASTRO
Courtesy Astroclub bourguignon
CONFÉRENCES Paris (75) La transmission de l’astronome antique par Denis Savoie, directeur du planétarium du Palais de la Découverte 4 janvier, 19 h 30 Entrée libre sur réservation uniquement à
[email protected], Institut d’astrophysique de Paris, 98 bis, boulevard Arago (14e) • 01 44 32 80 00, www.iap.fr
EXPOSITIONS Mayenne (53) Exposition, planétarium, animations sur le thème : “Voyage dans le Système solaire” Du 9 au 27 janvier Chapelle des Calvairiennes • 02 43 67 05 06,
[email protected], www.fal53.asso.fr/opl
Passez vos étoiles en astro
Réaumur (85) Observation et construction en cours d’un télescope Dobson 500 mm 14 janvier, 21 h Manoir des sciences • Entrée libre • Saint-Michel Village du ciel, 06 21 77 22 74,
[email protected], http://villageduciel.free.fr
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w ÎLE-DE-FRANCE
15 janvier, 21 h Uranoscope de l’Île-de-France, allée CamilleFlammarion • Gratuit • 06 84 75 47 58, http://uranoscope.free.fr
[email protected], www.fal53.asso.fr/opl
Petit nouveau en Bourgogne L’Astroclub bourguignon, nouvellement créé en Saône-et-Loire, mise sur le dessin astronomique et la photo pour vous initier à la voûte céleste. Les activités auront principalement lieu sur la commune de Guerfand, qui a reçu deux étoiles au concours national “Villes et villages étoilés 2009”, pour la qualité de son ciel nocturne. La nouvelle structure inaugure ses manifestations avec une soirée d’observation des constellations du Cocher et du Taureau, le 28 janvier. Pour faire plus ample connaissance avec l’Astroclub bourguignon, rendez-vous sur www.astro-club-bourguignon.sitew.com
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Ciel & Espace
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Écrivez-nous
Vous désirez annoncer une de vos prochaines animations : soirée publique, conférence, atelier, festival, etc. ? Envoyez-nous vos textes deux mois à l’avance à :
[email protected], ou inscrivez-vous sur www.afanet.fr, rubrique Manifestations
Saint-Genis-Laval (69) L’origine de la vie, hasard ou nécessité par André Brack, exobiologiste 8 janvier, 17 h 30 Médiathèque de Saint-GenisLaval, salle Saliste • 5 €, gratuit pour les adhérents • Société astronomique de Lyon, 04 78 56 61 38, 04 78 56 33 29, www.soaslyon.org
ÉVÉNEMENTS Cannes (06) L’Univers, les extraterrestres et moi par Philippe Stee, de l’observatoire de la Côte d’Azur 12 janvier, 17 h 30 Salle Stanislas, rue Pastour • Entrée libre • Société d’astronomie de Cannes (Saca), 04 93 39 55 74, cannes.
[email protected], http://saca06.free.fr Chazay-d’Azergues (69) Rencontres interclubs, 22 janvier, de 14 h 30 à minuit, Association Océan, Maison des associations, 1, rue de la République •
[email protected], http://astrosurf.com/clubocean
Saint-Étienne-les-Orgues (04) La Lune et Jupiter 15 janvier, Ciel profond et Jupiter, 29 janvier, 20 h Observatoire Marc Bianchi, refuge de la montagne de Lure • Entrée, 10 € ; tarif réduit, 5 € • Société astronomique de la Montagne de Lure, 04 92 73 17 98, www.astrosurf.com/saml Saint-Michell’Observatoire (04) Observation du Soleil et de son atmosphère, suivie d’une vidéoprojection commentée 8 janvier, 14 h 30. Soirée de découverte du ciel : préparation à l’observation avec projection commentée sur grand écran, découverte des constellations à l’œil nu et observation aux instruments 8 janvier, 21 h. Centre d’astronomie, plateau du Moulin-à-Vent • Réservation obligatoire au 04 92 76 69 69 • Soleil : adultes, 6,50 € ; enfant de 6 à 16 ans, 4,50 €. Soirée : adultes, 10 € ; enfant de 6 à 16 ans, 8 €.
Beaumont-lès-Valence (26) Les constellations du Cancer, du Petit et du Grand Chien 11 janvier, 20 h 30 Observation du Soleil, 16 janvier, 10 h Association Les Pléiades, Espace Jean-Paul Verrot, quartier des Perrots • 04 75 59 55 25,
[email protected] Villefontaine (38) Observation de l’éclipse partielle de Soleil 4 janvier, 9 h Observatoire du Relong de Saint-QuentinFallavier, hameau de la Fessy • Gratuit • Planétarium Léo Lagrange Centre Est, 06 70 25 81 26, raymond.
[email protected] Aubière (63) Observation de la Lune, 12 janvier. Observation du Soleil 15 janvier, 14 h 30 Observatoire des Cézeaux. Observation du ciel profond et prises de vue 7 janvier, 20 h 30 Observatoire de la Garandie • Association des astronomes amateurs d’Auvergne, 04 73 87 25 53, www.astronomes-auvergne.fr SPECTACLES Aix-en-Provence (13) Séances publiques de planétarium Le mercredi et le samedi, 15 h. Ateliers enfants Le mercredi, 10 h Planétarium, parc SaintMitre, avenue Jean-Monnet • 04 42 20 43 66, www.aix-planetarium.fr STAGES Serbannes (03) Stage 1re étoile, 5 mars. Stage 2e étoile, 12 mars, 10 h Salle polyvalente, place de
Le ciel haute couture aux Canaries Attention, événement d’exception : du 21 au 26 mars 2011 se tiendra le festival Starmus sur l’île de Tenerife, aux Canaries. Ce festival d’un genre nouveau, imaginé par Garik Israelian, de l’Insitut d’astrophysique des Canaries, est à la fois scientifique, artistique et musical. Au programme, aussi bien des conférences sur les récentes découvertes en
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Ciel & Espace
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astronomie que des ateliers d’astrophotographie, des expositions de “space art”, des “star parties”, des concerts “cosmiques”. En participant au festival, vous aurez aussi la possibilité de visiter les observatoires situés à Tenerife et à La Palma, ou encore d’assister à une discussion “au sommet” entre grandes figures de l’astronomie et de
l’Église • 80 €, repas du soir inclus • Astronomie loisirs Serbannes, 06 77 78 97 45.
[email protected], www.datociel.com Col d’Èze (06) Stage 1re étoile 13 février. Stage 2e étoile 27 mars, de 10 h à 23 h Astrorama, route de la Revère • 80 € • 04 93 85 85 58, www.astrorama.net Saint-Jean-deBournay (69) re Stage 1 étoile 19 février 37, rue Paul-Cazeneuve • 70 € • Club d’astronomie LyonAmpère (Cala), 04 78 01 29 05,
[email protected], www.cala.asso.fr
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Vaulx-en-Velin (69) Étoiles mourantes par Pierre Astier, physicien nucléaire et des hautes énergies (Paris 6 et 7), 27 janvier, 20 h Planétarium de Vaulx-en-Velin, place de la Nation • 5 € • Réservation nécessaire, 04 78 79 50 12, www.planetariumvv.com
OBSERVATIONS Marseille (13) Éclipse partielle de Soleil 4 janvier, 8 h 30 Place Rafer, bd Cassini, 4e • Entrée gratuite sur réservation • Association Andromède, 04 86 67 21 03, 04 95 04 41 26, www.andromede13.info
Aix-en-Provence (13) Matinée spéciale éclipse de Soleil 4 janvier, 8 h Planétarium, parc Saint-Mitre, avenue Jean-Monnet • 04 42 20 43 66, www.aix-planetarium.fr
SUD-OUEST ATELIERS Martignas (33) Ateliers Mercredi et samedi, 14 h 30 Jalle Astronomie, 6, avenue de la République • 05 56 78 03 79, www.jalle-astro.fr CONFÉRENCES Goutz (32) Titan, paysage d’un autre monde par François Couturier 15 janvier, 20 h 45 Mairie • Gratuit • Association Adhara, 05 62 62 53 61,
[email protected], http://adhara.astronomie.overblog.fr OBSERVATIONS Martignas (33) La constellation d’Orion, avec la nébuleuse M 42 et l’amas ouvert NGC 2169 14, 21, 28 janvier, 21 h Rendez-vous au local du club, 4, rue Paul-Claudel • Gratuit •
l’astronautique, tels Jill Tarter, George Smoot, Alexei Leonov ou Buzz Aldrin. Parmi les sujets abordés : faut-il envoyer des hommes ou des robots dans l’espace ? Y a-t-il de la vie ailleurs dans l’Univers ? Serons-nous capables de la détecter ? etc. Pour vous inscrire et connaître les tarifs de cet événement hors du commun, rendez-vous sur www.starmus.com
Jalle Astronomie, 6, avenue de la République, 06 86 99 66 70, www.jalle-astro.fr Vayres (33) Observation Chaque samedi, 21 h Observatoire du club Véga de la Lyre, lieu-dit Senau • 2 € • 05 57 74 81 00, 09 50 93 03 38, http://astrosurf.com/vega-lyre
MAYOTTE Dembéni (97) Stage 1re étoile, 29 janvier, de 10 h à 22 h 80 € • IFM Dembéni, Astronomie “Nisiona Nyora”, contact@mayotte-astronomie. fr, www.mayotte-astronomie.org
STAGES
Latrape (31) Stage 1re étoile 16 janvier. Stage 2e étoile, 13 février, 95 €. Stage 3e et 4e étoile, du 4 au 6 mars 289 € • Balcon des étoiles du pays toulousain, 05 61 97 09 62, www.les-pleiades.asso.fr Fleurance (32) Séjour à l’observatoire du Pic du Midi “À bord du vaisseau des étoiles” Du 4 au 6 février, ou du 25 au 27 mars 425 € par personne en chambre double • À ciel ouvert, 05 62 06 09 76, contact@ fermedesetoiles.com, www.fermedesetoiles.com Poitiers (80) Stage Petite Ourse 9 février 9 €. Stage 1re étoile 5 mars. Stage 2e étoile 5 février L’un : 92 €, 83 € pour les adhérents • Maison des sciences, Espace Mendès-France, 1, place de la Cathédrale, 05 49 50 33 08,
[email protected], www.maison-des-sciences.org
BELGIQUE Liège Les étoiles magnétiques par Marko Sojic, physicien 14 janvier, 20 h. Le passé et l’avenir de l’espèce Homo sapiens par Jean-Marie Bouquegneau 28 janvier, 20 h Institut d’Anatomie, 20, rue de Pitteurs • 2,50 € ; étudiants, 1,50 € • www. societeastronomiquedeliege.be Braine-l’Alleud Le climat et les volcans par Marc Vandiepenbeeck, climatologue à l’Observatoire royal de Belgique 4, rue Jules-Hans • Orion Astronomie, (00 32) 2 354 45 05 ou 2 387 16 42 Dourbes Observation des étoiles filantes des Quadrantides 3 janvier, 21 h, Observation de l’éclipse partielle de Soleil 4 janvier, 7 h 30 45, rue de Mariembourg • Gratuit • http://users.skynet. be/boninsegna
Vente de matériel Vous souhaitez vendre votre télescope ? Vous recherchez un oculaire ? Les petites annonces de vente de matériel sont sur www.cieletespace.fr. Pour les publier, connectez-vous sur notre site ou envoyez-nous votre annonce à : petitesannonces @ cieletespace.fr
Certains sacralisent les étoiles ?
24 heures tout astro
Simples curieux de l’Univers qui nous entoure ou férus d’observation et de photographie astronomique, vous êtes tous conviés aux 24BA, les 24 heures basiliennes d’astronomie. Lors de cette manifestation, les visiteurs auront le loisir de s’initier à l’astronomie au gré des stands thématiques (observation visuelle, taille de miroirs de télescope, dessin astro…) et des expositions d’instruments. Le thème “2012, la fin du monde ?” constitue le fil rouge de cette 5e édition, avec plusieurs conférences tout public et une exposition. Une tombola permettra à l’un des visiteurs de gagner un télescope Perl 114/900 sur monture équatoriale, avec ses accessoires, un guide de découverte de l’astronomie et un an d’adhésion à la Plaine aux étoiles. D’autres lots seront distribués : lunettes astronomiques, jumelles, DVD, ouvrages divers, abonnements découverte…
Nous les expliquons Parce que tout le monde doit avoir accès à l’information, à la culture, aux sciences, nous multiplions les actions de sensibilisation à l’astronomie E.Perrin
Baisieux (Nord)
Les 24 heures basiliennes d’astronomie, du 15 janvier, 17 h, au 16 janvier, 17 h Centre socioculturel d’Ogimont 700, rue de la Mairie - Gratuit. Rens. : Plaine aux étoiles, http://astropae.fr
Saint-Étienne (Loire)
Visitez les voisines de la Terre
Reconnue d’utilité publique
Avec son nouveau spectacle “Planètes”, l’Astronef, le planétarium de Saint-Étienne, vous invite à une plongée dans le Système solaire. Mixant photos des sondes spatiales et séquences en image de synthèse, il vous fera survoler les reliefs de Mars, traverser les anneaux de Saturne, croiser les astéroïdes… Le film est suivi d’une initiation du ciel nocturne, où l’animateur vous présentera les principales constellations et astres visibles à l’œil nu.
Association française d’astronomie
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Je souhaite devenir membre de l’Association française d’astronomie ou renouveler mon adhésion. Je joins un chèque de :
€
au titre de :
Tout public à partir de 7 ans. Tarifs : 6,60 € et 5,50 €. L’Astronef, Espace Fauriel, 28, rue Pierre-et-Dominique-Ponchardier. Tél. : 04 77 33 43 01. Site : www.astronef.fr
membre individuel :
15 €
membre associé :
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D.Lopez/C&E Photos
(associations, clubs, @teliers ciel et espace)
membre bienfaiteur :
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(à partir de 60 €)
N° ADHÉRENT(E) (si vous renouvelez votre adhésion) ................ ..................................................................................................................
NOM : ...................................................................................................... PRÉNOM : .............................................................................................. ADRESSE : ............................................................................................. ..................................................................................................................
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À retourner accompagné de votre règlement à l’ordre de l’AFA : 17, rue Émile-Deutsch-de-la-Meurthe / 75014 Paris
Tél. : 01 45 89 81 44 - email :
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Pour connaîtreDÉCEMBRE nos actions ou adhérer 2010 Ciel & Espace en ligne : www.afanet.fr
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LIRE, VOIR
EINSTEIN ILLUSTRÉ N ne compte plus les ouvrages consacrés au génie emblématique de la science du XXe siècle : Albert Einstein. Sortir un nouveau livre sur cet éternel sujet de fascination est donc un pari audacieux. Il est réussi avec La vie d’un génie. L’ouvrage suit un fil classique chronologique, mais se démarque par le nombre de documents relatifs à la vie du savant, ainsi qu’une iconographie très riche. On découvre ainsi un relevé de notes, la reproduction de son courrier à F. D. Roosevelt en 1939, son certificat de naturalisation américain, etc. Au passage, le livre tord le cou à quelques idées reçues. On lit souvent qu’Einstein a échoué à son examen de mathématiques lorsqu’il étudiait à Munich. Or, à l’époque, il excellait dans cette discipline. En revanche, il montrait un intérêt moindre pour les disciplines non scientifiques, telles les langues étrangères. En atteste son relevé de notes de 1896 avec un médiocre 3 sur 6 en français.
DR
O
Cette biographie originale met davantage en avant l’homme que le savant. En effet, au-delà de la science, Einstein est connu pour son rôle sur le plan politique. Celui-ci est marqué dès le plus jeune âge puisqu’il abandonne la citoyenneté allemande en 1896 pour s’extraire du militarisme allemand. Il s’est ainsi retrouvé apatride jusqu’en 1901, date à laquelle il devint suisse (il obtint la double nationalité helvético-américaine à partir de 1940). Il a exprimé publiquement ses idées socialistes, se trouvant ainsi dans le collimateur du FBI à partir de 1939. Il a néanmoins joué un grand rôle dans le développement de l’arme nucléaire en alertant Roosevelt dès le début de la Seconde Guerre mondiale sur la menace nucléaire. La lecture de ces différents épisodes permet de mieux comprendre certaines contradictions d’Albert Einstein (sur le pacifisme, par exemple), ainsi que ses erreurs et ses regrets. Il en résulte un livre passionnant, très agréable à lire. JLD
Beau-Livre J.-L.Dauvergne/C&E Photos
LA VIE D’UN GÉNIE Walter Isaacson, traduction Antonia Leibovici, éditions Guy Trédaniel, 98 p., 36 €
En bref
Science-fiction
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DICTIONNAIRE VISUEL DES MONDES EXTRATERRESTRES Farid Abdelouahab et Yves Bosson, éditions Flammarion, 290 p., 25 €
A comme Alien, C comme Cyrano de Bergerac, G comme Guerre des mondes... Ce dictionnaire propose une plongée dans l’histoire des extraterrestres agrémentée de superbes illustrations. EM
Ciel & Espace
JANVIER 2011
Jeunesse
Beau-Livre
C’EST COMMENT LA STATION SPATIALE ?
MERVEILLEUX COSMOS
Alain Doressoundiram, Olivier Latik, éditions Belin, 12 p., 6,90 €
Jean Audouze, avec Jean-Claude Carrière et Érik Orsenna, CNRS éditions, 160 p., 29 €
Comment vivent les astronautes dans l’espace ? À quoi sert la station spatiale internationale (ISS) ? Qui l’a construite ? Dans ce livre illustré enrichi de petits dépliants, les enfants à partir de 4 ans font connaissance avec l’ISS grâce à Clément et son oncle astronaute. EM
En compagnie de Jean-Claude Carrière et d’Érik Orsenna, l’astrophysicien Jean Audouze décrypte quelques splendides images de l’Univers, du Système solaire aux galaxies lointaines. DF
nul !
mauvais
bof
pas mal
bien
excellent !
FACTICE ARMAGEDDON Non, le 21/12/2012 , le monde ne va pas
O.Hodasava/C&E Photos
disparaître dans un cataclysme cosmique ou tellurique. S’il n’était pas besoin de rappeler cette évidence, il était en revanche intéressant de décortiquer les mécanismes par lesquels les prédictions apocalyptiques liées à 2012 se sont diffusées et ont connu un certain succès. Pour cela, Alain Cirou, directeur de la rédaction de Ciel & Espace, passe en revue les différentes menaces censées peser sur la planète : conjonctions planétaires exceptionnelles, surchauffe du Soleil, emballement du volcanisme, retour d’une obscure planète noire (Nibiru) qui expulserait la nôtre dans l’obscurité froide de l’espace… À l’aide d’arguments scientifiques, donc fondés, il explique
Guide
à quel point ces scénarios sont dépourvus de la moindre assise. Ce recadrage salutaire conduit à un constat étonnant sur les origines et la nature de cette ultime peur apocalyptique, très différentes de toutes celles auxquelles les religions, les mythes et la littérature nous avaient habitués. PH
Essai
2012, LA FIN DU MONDE N’AURA PAS LIEU Alain Cirou, éditions Saint-Simon, 130 p., 16 €
Autobiographie imaginaire
UN GUIDE PERFECTIBLE Découvrir l’astronomie pour les débutants a pour ambition d’offrir un guide complet pour qui veut se lancer dans l’observation du ciel. La structure est classique avec des notions générales d’astronomie, puis des conseils pratiques. Il est livré avec un CD “offrant” plusieurs logiciels libres que l’on trouve sur Internet, comme Stellarium ou l’Atlas virtuel de la Lune. Séduisant au premier abord, cet ouvrage se révèle décevant à la lecture. La mise en page en noir et blanc est austère. De plus, il comporte plusieurs erreurs grossières dans le chapitre relatif aux instruments. L’auteur explique, par exemple, que “le Cassegrain possède un miroir secondaire plan”, alors qu’il est convexe hyperbolique pour ce type de télescope.
DÉCOUVRIR L’ASTRONOMIE POUR LES DÉBUTANTS
UN ASTRONOME TIRÉ DES LIMBES Avec un talent de faussaire consommé, Mario Morisi signe ici une autobiographie parfaitement crédible de Renaud Outhier, abbé et “sçavans” des Lumières, né dans le Jura, “sur le premier plateau quand on quitte Poligny ou Voiteur”, et membre en 1736-1737 de l’expédition de Maupertuis en Laponie. Il s’agissait alors de trancher la question de la figure de la Terre : était-elle un œuf, aplatie à l’équateur comme l’avaient mesuré les Cassini, ou plutôt une mandarine, écrasée aux pôles comme le prétendait Newton ? Grâce à la langue d’Outhier (celle de Morisi), le lecteur plonge dans un siècle où, à travers l’Angleterre et la France, c’est aussi la science réformée et le cartésianisme de Rome qui sont en compétition.
JLD
Damien Devismes, éditions QI, 280 p., 19,90 € Épistémologie
FORME ET ORIGINE DE L’UNIVERS Sous la direction d’Aurélien Barrau et de Daniel Parrochia, éditions Dunod, 410 p., 29 €
Sous la direction de l’astrophysicien Aurélien Barrau et du philosophe Daniel Parrochia, dix-huit physiciens, cosmologistes et philosophes confrontent ici leurs connaissances et leurs réflexions sur la forme et l’origine de l’Univers. Une mine ! DF
Jeunesse
Y A-T-IL DE LA VIE AILLEURS QUE SUR LA TERRE ? Jean Schalit et Karim Friha, Gallimard Jeunesse, 24 p., 3,50 €
Le Pr Gamberge, un savant un peu fou, répond aux questions de Charlotte, Rita et Léo sur l’habitabilité de Mars et des exoplanètes. Cette collection pour les enfants est aussi déclinée en série d’animation à la télévision. EM
DF
LA BOUE ET LES ÉTOILES Sous-titre : “L’abbé Renaud Outhier, un prêtre sçavans au siècle des Lumières” Mario Morisi, éditions du Sekoya, 200 p., 19 € Bande dessinée
LA GUERRE SECRÈTE DE L’ESPACE Régis Hautière, Damien Cuvillier, Emmanuel Pinchon, éditions Delcourt, 64 p., 14,95 €
Le jeune ingénieur Anatoly Netchaïev arrive à Baïkonour pendant l’hiver 1957 pour travailler avec Sergueï Korolev, le concepteur des missiles soviétiques. Cette BD fera découvrir la face cachée du lancement de Spoutnik 1 aux passionnés de conquête spatiale. PH
JANVIER 2011
Ciel & Espace
97
L’IMAGE DES INTERNAUTES
Jupiter au plus près Vainqueur de janvier : Marc Patry L’OPPOSITION 2010 de Jupiter a permis à
M.Party
de nombreux amateurs de produire des images d’une qualité sans précédent qu’ils ont postées sur notre site Internet. Marc Patry arrive en tête avec de beaux clichés obtenus avec un télescope de taille moyenne (un Schmidt-Cassegrain Celestron de 280 mm). Il a mis à profit le progrès des techniques et la hauteur de Jupiter plus favorable que les années précédentes. Marc a envoyé trois images : deux vues couleurs du 28 juillet (en haut) et du 26 août (en bas), permettant de voir l’évolution des nuages en un mois, ainsi qu’une animation montrant la rotation rapide de la planète visible à l’adresse JLD suivante : http://bit.ly/fM3UIV.
Comment participer
M.Party
Pour participer aux prochains challenges, rendez-vous sur www.cieletespace.fr. Une fois enregistré et identifié, vous pouvez déposer vos images, ou simplement voter pour celles que vous préférez. Les notes sont attribuées sur une échelle de 1 à 3 points.
98
Mars 2011
Avril 2011
Mai 2011
Thème : la nébuleuse de la Rosette
Thème : les étoiles filantes
Thème : le cratère Aristarque
Début du concours : 20 novembre
Début du concours : 20 décembre
Début du concours : 20 janvier
Date de clôture : 20 janvier
Date de clôture : 20 février
Date de clôture : 20 mars
Ciel & Espace
JANVIER 2011