М И Н И СТ Е РСТ В О О БРА ЗО В А Н И Я РО ССИ Й СК О Й Ф Е Д Е РА Ц И И В оронежский государственный университет
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М И Н И СТ Е РСТ В О О БРА ЗО В А Н И Я РО ССИ Й СК О Й Ф Е Д Е РА Ц И И В оронежский государственный университет
П р инципы а на лиза т е к ст а У ч ебное п особи е п осп ец и а льност и 022600-т еори я и м ет оди к а п реп ода в а ни я и ност ра нны х язы к ов и к ульт уры п оди сц и п ли не СД 03.1
В оронеж 2004
2
Утверждено
Н аучно- методическим советом факультета Протокол№ 4 от07.12.2004
Составитель Рец ензент
доц . О .Б. Поля нчук доц . Г .А .Бессарабова
Учебное п особие п одготовлено филологии
факультета
РГ Ф
на кафедре франц узской
В оронежского
государственного
университета. Рекомендуется для студентов 3 курса франц узского отделения
3
О т сост а вит е ля Н астоя щ ее учебное п особие п редназначено для студентов 3-го курсафранц узского отделения , начинаю щ их знакомиться с п ринц ип ами анализатекста. Ц елью данного п особия я вля ется развитие у студентов навыков анализа художественного п роизведения , взаимоотнош ения х
формы
умений разбираться
и содержания ,
сп особах
во
выражения
содержания текста, во всем многообразии грамматических, лексических, стилистических форм, умений оп ределя ть главную
идею
текста,
авторскую конц еп ц ию п роизведения в ц елом и анализируемого отрывка в частности, разграничивать различные уровни функц ионирования текстообразую щ их элементов и выя вля тьих взаимоотнош ения . Пособие п редусматривает три раздела: в п ервом рассматриваю тся
разделе
основные п ринц ип ы анализа текста и даю тся
рекомендац ии, касаю щ иеся каждого этап аанализа, п редлагается схема анализа, указывается на возможные ош ибки п ри работе с текстом и сп особы, п озволя ю щ ие их избежать. В о втором разделе дается образец разбораотрывкаиз п редложенного текста. В третьем разделе п редлагается образец заданий для усп еш ного анализатекста. Д анное учебное п особие может быть наиболее эффективно исп ользовано назаня тия х п о аналитическому чтению .
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Principes de l’explication
d’un texte littéraire.
I. Recommendations sur l’analyse du texte. But de l’analyse du texte (de l’explication du texte): Dégager les éléments du texte des niveaux différents (phonétique, grammatical, lexical, syntaxique, stylistique), permettant de faire voir comment l’auteur réussit à nous porter sa conception, ses idées sur les personnages, l’idée-maîtresse du texte etc. Par exemple: Pour montrer la laideur morale et physique de m-me Victurnien, V.Hugo emploie l’imparfait de description (était, avait, doublait) au niveau grammatical. Au niveau lexical nous voyons les épithètes telles que «sèche, rê che, revê che». Au niveau phonétique le mê me exemple représente l’assonance. Au niveau syntaxique cette idée est marquée par l’emploi de termes homogènes (sèche, rê che, revê che, épineuse). Au niveau stylistique on trouve la métaphore, «le masque de la laideur».1 Principes et étapes de l’analyse. 1. Prendre connaissance avec les principes littéraires de l’auteur étudié: courant littéraire, auquel il appartient, particularités idéologiques, littéraires, conceptuelles, linguistiques et stylistiques de son oeuvre (ne pas faire le point sur la biographie de l’écrivain:uniquement dans le cadre des événements ayant influencé son oeuvre). Mettre en relief les caractéristiques individuelles de l’oeuvre de l’auteur en question. Par exemple: Comme V.Hugo liait les personnages décrits et leur vie avec l’histoire (c’est-à-dire le principe de l’historisme lui était propre), on trouve dans son oeuvre beaucoup d’éléments documentaires: dates, noms des
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Voir p. 14 (l’analyse-modèle détaillée de l’extrait)
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personnages
historiques,
lieux historiquement connus (Jacobins, en
plein 93, etc)1. Plus bas, au cours de l’analyse du texte il sera nécessaire de rattacher les procédés littéraires de l’auteur aux éléments trouvés dans le texte. Lire attentivement le texte, en s’expliquant tous les éléments lexicaux du point de vue de leur sens, sans laisser incompris aucun mot, aucun fait historique, aucune allusion, signification spéciale. 2. Dégager l’idée-maîtresse de l’extrait. Ne pas confondre l’idéemaîtresse avec le sujet.Le sujet reflèle le train des événements de l’extrait, leur déroulemrnt, tandis que l’idée-maîtresse fait saillir ce que l’auteur veut dire en décrivant ces événements, ce qu’il veut nous faire comprendre sur les caractères des personnages, leur confrontation, sur les idées globales, revê tant de la conception du monde de l’auteur. Par exemple: Le sujet de l’extrait «Fantine» (p.11) – c’est la calomnie des commères, le travail de Fantine qu’elle doit abandonner à cause des commérages et des intrigues. L’idée-maî tresse de l’extrait – c’est la jalousie des gens de mauvaise foi des personnes honnê tes, la jalousie qui détruit l’avenir de ces personnes. On peut dire que les rapports existant entre le sujet et l’idée-maîtresse sont ceux de forme (sujet) et de contenu (l’idée-maîtresse). Il serait également désirable de situer l’extrait dans toute l’oeuvre, c’est-à-dire de rattacher les événements de l’extrait et ses idées à ceux de l’oeuvre toute entière (p. ex., expliquer qui était Fantine, quand se passait l’action etc.) 3. Dégager les idées secondaires de l’extrait. Les idées secondaires découlent de l’idée-maîtresse et reflètent ses facettes les plus variés. 1
Voir p. 11. V.Hugo “Fantine”
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Par exemple:En parlant des l’idées secondaires de l’extrait en question on peut nommer l’idée de la nullité de certains gens, l’accusation de la curiosité et de la calomnie, la méchanceté des gens de ce genre; d’autre part on voit nettement l’idée de la soif du travail, quant à Fantine, son envie de changer son avenir. 4. La délimitation bien fondée des idées secondaires permettra de passer au dégagement de la conception de l’extrait ou autrement dit à sa charpente (sa composition). Ce terme signifie que chaque texte (ou extrait du texte) a sa structure bien organisée, voire les éléments de son organisation reflétant les étapes de la réalisation de l’idée-maîtresse. Ces éléments ont leurs noms qui doivent ê tre mémorisés et pris en considération. L’exposition (эксп озиц ия ) est une sorte d’introduction à la situation du texte de caractère descriptif, où l’action n’a pas encore lieu, mais qui prépare au commencement de l’action tout en servant de fond, de préface etc. Par exemple: Dans l’extrait en question l’exposition représente la description de la vie de Fantine, nous permet d’avoir quelques idées sur son caractère, son bonheur, mais les événements qui vont déboucher dans l’idéemaîtresse ne sont pas encore touchés (dès le début du texte jusqu’aux mots «cela fut remarqué»). L’exposition n’est pas obligatoire: il y a des textes qui n’en ont pas. Dans certains textes (récits, nouvelles) on voit au début du texte le récit du narrateur qui permet de comprendre qu’il a été temoin des événements racontés plus bas; à la fin du texte on retrouve le personnage du narrateur. C’est le récit dans le récit, une sorte de cadre qui porte le nom de récit enchâssé. Le noeud (завя зка) est l’élément de la conception du texte qui correspond au moment où se passe quelque événement, collision, action qui va se développer en réalisant l’idée-maîtresse dans le contenu de l’extrait.
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Par exemple: Le noeud de l’extrait analysé est présenté dans l’alinéa qui commence par « elle écrivait souvent ...». La croissance de la tension dramatique (нарастаниедействия ) est un élément continu du texte. La tension dramatique dure d’événement en événement, de description en description en révélant l’idée-maîtresse avec de plus en plus de force, en créant la tension des passions et des actions de plus en plus prononcée. Par exemple: Dans l’extrait “Fantine” de V.Hugo la croissance de la tension dramatique dure à partir du noeud jusqu’aux mots « j’ai vu l’enfant » en reflétant l’évolution de la haine des gens pour Fantine et de leurs actions agressives contre la jeune femme. La culmination est le point le plus haut du texte, c’est-à-dire, que c’est là que se découvre avec le plus de plénitude l’idée-maîtresse du texte, la collision des événements atteint son apogée. Comme l’idée-maîtresse de l’extrait analysé est la destruction du bonheur de Fantine et l’accusation de la médiocrité agressive, la culmination est refletée dans la partie commençant par les mots « Fantine fut atterrée » qui reflète d’une part le résultats des actions de m-me Victurnien et d’autre part – le malheur de Fantine. La décroissance de la tension dramatique (сп ад действия ) suit toujours la culmination et représente le phénomène contraire à la croissance de la tension dramatique : la tension diminue, d’une façon brusque ou graduelle et ne dépasse plus le niveau de la culmination. On décrit les événements et les conséquences qui découlent de la culmination. Pour le texte analysé la décroissance de la tension dramatique suit directement la culmination jusqu’à la dernière phrase du texte qui décrit les problèmes que Fantine a eu après son renvoi de l’atelier. Le dénouement (развя зка) est le dernier élément de la structure conceptuelle du texte qui nous fait voir l’issue de la situation du texte, la solution du problème ou le résultat de la collision passée.
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Par exemple : La phrase « elle plia
sous
cet
arrê t »
reflète
la
résignation de Fantine, sa dernière réaction à la tempê te inévitable. Il est à remarquer que les proportions des éléments de la structure conceptuelle ne sont pas bien équilibrés dans tous les cas : il y a des extraits qui se terminent par la culmination, il y a ceux où manque la décroissance de la tension dramatique, le dénouement suivant directement la culmination. L’intensité et la netteté des éléments de la structure conceptuelle est également différente dans les extraits de différente nature : dans les textes descriptifs la courbe de la croissance de la tension est plate, la culmination est à peine délimitable. Par contre, dans les textes à caractère dynamique, tous les éléments de la charpente sont nettement prononcés. Chaque partie du texte correspondant à un élément concret de la charpente, possède ses moyens stylistiques, lexicaux, grammaticaux pour actualiser l’idée-maîtresse du texte en général et de chacune de ses parties en particulier. Par exemple : Quant à l’exposition, elle est caractérisée par l’emploi du style descriptif, les imparfaits de description etc. ; si on considère la croissance de la tension dramatique dans quelque partie du texte, sont typiques les gradations ascendantes, l’augmentation de la concentration d’épithètes, de métaphores etc., la prédominance des temps et de formes communiquant à l’extrait plus de dynamisme (passé simple, gérondif, participe présent, passé composé, présent de narration). En ce qui concerne la culmination, c’est là qu’on trouve surtout tout un éventail de procédés, reflétant la tension émotionnelle et le dynamisme de l’action. Entre les procédés qu’on remarque dans ce cas, on trouve les énumérations, les moyens lexicaux reflétant l’idée avec le plus d’exactitude et portant le plus de charge émotionnelle, les moyens syntaxiques les plus variés (ségmentation de la phrase, toute sorte de mises en relief etc.), les moyens
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stylistiques qui sont concentrés dans la partie en question, les phrases exclamatives etc. Normalement ces procédés ne sont pas les mê mes dans les textes différents et dépendent des particularités de chacun. 5. Faire le plan de l’extrait. Pour effectuer cette procédure on a à subdiviser le texte en parties en s’appuyant sur l’analyse des idées du texte. Premièrement il faut dégager les idées secondaires (ou plutô t y revenir), les lier avec les événements du texte qui d’habitude correspondent à la suite des idées secondaires. Parfois, on peut mettre à part la partie où telle ou telle idée se répète, mais change de forme. Pour le faire bien, il ne faut jamaus oublier que toutes les idées secondaires s’insèrent dans l’idée-maîtresse. Par exemple, nous divisons l’extrait « Fantine » en trois parties. La première partie (dès le début jusqu’aux mots « on observa ») est consacrée à l’accusation des gens de mauvaise foi qui s’opposent aux personnes désintéressées, telles que Fantine. La deuxième partie (« on observa » - « tout cela prit du temps ») constitue l’idée de la méchanceté des gens, mais elle se découvre sur les exemples concrets (l’écrivain public, m-me Victurnien) c’est-à-dire l’auteur nous montre une autre facette de cette méchanceté tandis que dans la première partie l’auteur nous a donné ses propres idées sur les gens curieux et méchants, des idées abstraites, différentes de celle de la deuxième partie. Tout cela nous donne le droit de séparer ces deux parties. En plus, l’action du texte nous permet de le faire également, car la dexième partie – c’est le commencement des actions nouvelles de la part des gens de l’atelier (« l’opinion publique »). La troisième partie (« tout cela prit du temps » jusqu’à la fin) est sans doute un fragment à part reflétant les conséquences tragiques de la conduite des gens. D’autre part il faut remarquer qu’on ne doit pas morceler trop l’extrait : on ne peut pas séparer les morceaux qui sont évidemment liés.
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Par exemple : Le début du texte
parlant
de
Fantine
est
indissoluble du reste de la première partie : on oppose le goût du travail revenu à Fantine à la jalousie des gens qui ne tolèrent pas le bonheur des autres. 6. Procéder à l’analyse (l’explication) du texte. On analyse chaque partie à part, bien que les mê me procédés puissent se répéter dans chacune. Pour faire une analyse détaillée et bien systémique il faut partir du crytère suivant : c’est l’idée du texte qui détermine les moyens utilisés et pas au contraire. Il existe différents niveaux de l’analyse : grammatical, lexical, syntaxique et stylistique. A chaque étape on prend en considération uniquement les particularités de chaque niveau servant les buts du style. Par exemple : On laisse de cô té les emplois normatifs des formes grammaticales, du lexique neutre, de la syntaxe traditionnelle. On ne tient compte que des formes traduisant l’idée : dans la phrase « on observa donc Fantine » le passé simple joue le rô le du temps incohatif (commencement de l’action), au début du texte le passé simple traduit la rage de travailler de Fantine, tout en mettant en relief ses actions, son activité. Au niveau grammatical on étudie les formes grammaticales (temps, articles, modes etc.) au service du style. Pour le faire bien il faut consulter un manuel de grammaire (chapitres consacrés à l’emploi stylistique des formes grammaticales). Au niveau lexical on considère le lexique reflétant les idées du texte. Par exemple : Pour décrire la beauté de Fantine l’auteur utilise le lexique caractérisant le portrait physique d’une personne (dents, cheveux, jeunesse etc.), les adjectifs tels que « blanches, blonds, beaux, belles ». En ce qui conserne l’analyse de la syntaxe, on prend en considération les particularités de la phrase qui reflètent les nuances des idées de l’état
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moral et physique d’un personnage comme,
par
exemple,
la
ségmentation, les énumérations, les inversions, toute sorte de mises en relief. Il est évident que l’analyse stylistique est basée sur l’étude des phénomènes de caractère stylistique utilisés par l’auteur. Il est très important de retenir qu’il ne faut pas faire à part l’analyse de chaque niveau : en finir avec la grammaire et passer au niveau du lexique, par exemple. Il serait correct de révéler les particularités de tous les niveau correspondant à la mê me idée (ou sous-idée). Ce n’est qu’après avoir trouvé tout ce qui confirme cette idée qu’on peut passer à la suivante. Il faut aussi remarquer que l’analyse ne se fait pas alinéa par alinéa, mais comme on a déjà noté, à travers tout l’extrait suivant l’ordre des idées.
II. Modèle de l’analyse d’un texte littéraire (1-ère partie). V.Hugo « Fantine » Quand Fantine vit qu’elle vivait, elle eut un moment de joie. Vivre honnê tement de son travail, quelle grâce du ciel ! Le goût du travail lui revint vraiment. Elle acheta un miroir, se réjouit d’y regarder sa jeunesse, ses beaux cheveux et ses belles dents, oublia beaucoup de choses, ne songa plus qu’à sa Cosette et à l’avenir possible, et fut presque heureuse. Elle loua une petite chambre et la meubla à crédit sur son travail futur ; reste de ses habitudes de désordre. Ne pouvant pas dire qu’elle était mariée elle s’était bien gardée, comme nous l’avons déja fait entrevoir, de parler de sa petite fille. En ces commencements, on l’a vu, elle payait exactement les Thénardier. Comme elle ne savait que signer, elle était obligée de leur écrire par un écrivain public. Elle écrivait souvent. Cele fut remarqué. On commença à dire tout bas dans l’atelier des femmes que Fantine « écrivait des lettres » et « qu’elle avait des allures ». Il n’y a rien de tel pour épier les actions des gens que ceux qu’elles ne regardent pas. – Pourquoi ce monsieur ne vient-il jamais qu’à la brune ? Pourquoi monsieur un tel n’accroche-t-il jamais sa clef au clou le jeudi ? Pourquoi prend-il toujours les petites rues ? Pourquoi madame descend-elle toujours de son fiacre avant d’arriver à la maison ? Pourquoi envoie-t-elle acheter un cahier de papier à lettres, quand elle en a « plein sa
12 papeterie » ? etc., etc. – Il existe des ê tres qui, pour connaî tre le mot de ces énigmes, lesquelles leur sont du reste parfaitement indifférents, dépensent plus d’argent, prodiguent plus de temps, se donnent plus de peine qu’il n’en faudrait pour dix bonnes actions et cela gratuitement, pour le plaisir, sans ê tre payés de la curiosité autrement que par la curiosité. Certaines personnes sont méchantes uniquement par besoin de parler. Leur conversation, causerie dans le salon, bavardage dans l’antichambre, est comme ces cheminées qui usent vite le bois ; il leur faut beaucoup de combustible, et le combustible, c’est le prochain. On observa donc Fantine. Avec cela, plus d’une était jalouse de ses cheveux blonds et de ses dents blanches. On constata que dans l’atelier, au milieu des autres, elle se détournait souvent pour essuyer une larme. C’étaient les moments où elle songeait à son enfant ; peut-ê tre aussi à l’homme qu’elle avait aimé. C’est un douloureux labeur que la rupture des sombres attaches du passé. On constata qu’elle écrivait, au moins deux fois par mois, toujours à la mê me adresse, et qu’elle affranchissait la lettre. On parvint à se procurer l’adresse : Thénardier, aubergiste, à Montfermeil. On fit jaser au cabaret l’écrivain public, vieux bonhomme qui ne pouvait pas emplir son estomac de vin rouge sans vider sa poche aux secrets. Bref, on sut que Fantine avait un enfant. « Ce devait ê tre une espèce de fille. » Il se trouva une commère qui fit le voyage de Montfermeil, parla aux Thénardier, et dit à son retour : Pour mes trente-cinq francs, j’en ai le coeur net. J’ai vu l’enfant ! La commère qui fit cela était une gorgone appelée madame Victurnien, gardienne et portière de la vertu de tout le monde. Madame Victurnien avait cinquante-six ans, et doublait le masque de la laideur du masque de la vieillesse. Voix chevrotante, esprit capricant. Cette vieille femme avait été jeune, chose étonnante. Dans sa jeunesse, en plein 93, elle avait épousé un moine échappé du cloî tre en bonnet rouge et passé des Bernardins aux Jacobins. Elle était sèche, rê che, revê che, pointue, épineuse, presque venimeuse ; tout en se souvenant de son moine dont elle était veuve, et qui l’avait fort domptée et pliée. Cette madame Victurnien donc alla à Montfermeil et revint en disant : J’ai vu l’enfant. Tout cela prit du temps. Fantine était depuis plus d’un an à la fabrique, lorsqu’un matin la surveillante de l’atelier lui remit, de la part de M. le maire, cinquante francs, en lui disant qu’elle ne faisait plus partie de l’atelier et en lui disant, de la part de M. le maire, à quitter le pays.
13 C’était précisément dans ce mê me mois que les Thénardier, après avoir demandé douze francs au lieu de six, venaient d’exiger quinze francs au lieu de douze. Fantine fut atterrée. Elle ne pouvait s’en aller du pays, elle devait son loyer et ses meubles. Cinquante francs ne suffisaient pas pour acqitter cette dette. Elle balbutia quelques mots suppliants. La surveillante lui signifia qu’elle eût à sortir sur-le-champ de l’atelier. Fantine n’était du reste qu’une ouvrière médiocre. Accablée de honte plus encore que de désespoir, elle quitta l’atelier et rentra dans sa chambre. Sa faute était donc maintenant connue de tous ! Elle ne se sentit plus de force de dire un mot. On lui conseilla de voir M. le maire ; elle n’osa pas. M. le maire lui donnait cinquante francs, parce qu’il était bon, et la chassait, parce qu’il était juste. Elle plia sous cet arrê t.
L’idée principale du texte consiste à montrer l’influence pernicieuse de la jalousie et de la curiosité des gens, leur mauvaise foi et agression contre les personnes honnê tes et cherchant à trouver leur bonheur dans le travail. Dans la première partie du texte nous voyons l’auteur opposer nettement le bonheur et la beauté de Fantine à la méchanceté des gens. Aussi pouvons-nous dire que la partie est basée sur l’antithèse. La première partie occupe une place importante dans la charpente de l’extrait : elle commence par l’exposition qui a une ambiance tout à fait opposée à celle du reste du texte (jusqu’aux mots « cela fût remarqué »), comprend le noeud (« cela fut remarqué ») et prépare le lecteur à la croissance de la tension dramatique en lui montrant la méchanceté des gens en général. Il faut commencer par caractériser l’idée de l’exposition : la soif de Fantine du bonheur et du travail. Pour Fantine le travail dans l’atelier était du nouveau, elle liait avec lui les espoirs de changer sa vie, d’ê tre heureuse (cela découle du contenu du roman « Les Misérables »). C’est pourquoi elle voulait agir. Cette soif d’action de Fantine est reflétée dans le rythme dynamique de l’extrait qui est créé par le passé simple (eut, revint, acheta, se réjouit, oublia, ne songea que..., fut, loua, meubla). Alors, le passé simple traduit l’idée du renouveau brusque, de l’action.
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Au niveau syntaxique cette idée
est
traduite
à
l’aide
des
énumérations : elle acheta..., se réjouit..., oublia..., ne songea plus que..., fut. Pour créer le rythme dynamique de l’exposition l’auteur utilise les phrases à termes réduits (vivre honnê tement de son travail, reste de ses habitudes de désordre). Au niveau lexical la mê me idée est évidente si on révèle le lexique reflétant l’action : travail (le mot se répète plusieurs fois), le goût du travail, regarder, acheta, vivre, fut heureuse, meubla. Il faut remarquer que mê me les verbes de sens abstrait (regarder, vivre) prennent dans le contexte le sens concret, en soulignant l’intensité de cette action. Fantine essaye de s’entourer d’objets, de choses qui portent pour elle une valeur spéciale, celle de la vie, de l’avenir : miroir, chambre. L’auteur crée une ambiance très positive dans l’exposition, celle de la jeunesse, du bonheur. Il l’obtient en utilisant le lexique créant le champs thématique du bonheur : vivre, joie, grâce du ciel, goût du travail, se réjouit, jeunesse, beaux cheveux, belles dents, l’avenir possible, heureuse. Et finalement, au niveau stylistique l’idée de « l’avenir possible » est exprimée à l’aide de l’emploi du discours indirect libre. « Vivre honnê tement de son travail, quelle grâce du ciel ! » Nous connaissons que V.Hugo possède tous les moyens pour intervenir dans l’exposé d’une façon très délicate. Le cas cité – c’est une des manifestations de l’expression du point de vue de l’écrivain. Il faut encore ajouter en ce qui concerne les idées de l’auteur que l’auteur nous décrit très brièvement la vie de Fantine et nous donne quelques informations sur elle : par exemple, V.Hugo montre que Fantine aimait beaucoup sa fille Cosette, en utilisant le tour restrictif (ne songea plus que). Pour montrer que Fantine était illitrée, l’auteur utilise aussi le tour restrictif (ne savait que signer) et la forme passive (était obligée). Ça va sans dire que
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V.Hugo utilise dans ce cas l’imparfait de
description
(payait
–
action
répétée, ne savait que, était obligée, écrivait. Comme nous avons déjà remarqué, l’exposition constitue l’antithèse avec tout le reste de l’extrait, particulièrement avec la deuxième partie du premier fragment du texte, où V.Hugo nous parle de la curiosité pernicieuse des gens. Le noeud est clairement marqué par le passé simple : cela fut remarqué, on commença. En ce qui concerne le cô té grammatical, le temps qui prédomine, c’est le présent hors temporel, à l’aide duquel V.Hugo nous fait voir les traits des gens qui sont typiques, immuables dans leurs caractères : ne regardent pas, vient, accroche, descend etc. Ce fragment du texte (commençant par les mots « il n’y a rien de tel » représente la digression de l’auteur qui nous relève tous les moyens syntaxico-stylistiques typiques pour la digression. Par exemple, ce sont les questions rhétoriques qui abondent : Pourquoi ce monsieur ne vient-il jamais qu’à la brune ? pourquoi monsieur un tel n’accroche-t-il jamais sa clou le jeudi ? etc. Les questions rhétoriques représentent le discours indirect libre inséré dans la digression de l’auteur. D’ailleurs, ces questions rhétoriques sont construites parallélement, autrement dit nous sommes en présence du parallélisme syntaxique, et d/une anaphore (pourquoi ?). Au niveau syntaxique nous pouvons également remarquer les énumérations, dont le but est de créer l’impression de la multitude des actions malpropres des gens : dépensent plus d’argent , prodiguent plus de temps, se donnent plus de peine ; leur conversation, causerie dans le salon, bavardage dans l’antichambre. Dans les énumérations nommées on voit également le parallélisme syntaxique (plus d’argent, plus de temps, plus de peine). V.Hugo, pour accentuer cette idée la renforce également au niveau stylistique : le fragment « leur conversation, causerie dans le salon, bavardage dans l’antichambre » c’est une gradation ascendante. Aussi le niveau stylistique, lexical, grammatical et stylistique sont-ils inséparables. Voilà
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d’autres preuves de ce phénomène : V.Hugo utilise des comparaisons pour caractériser les gens bavards et curieux (leur conversation ... est comme ces cheminées qui usent vite le bois). Au niveau lexical, pour actualiser cette comparaison l’auteur utilise le lexique lié au prossesus de l’utilisation du combustible (cheminées, bois, user, combustible). L’auteur compare le prochain avec le combustible, et les actions des gens – avec les cheminées qui l’usent. Dans cette comparaison pour renforcer l’idée des attaques des gens contre le prochain on emploie au niveau syntaxique l’enchaî nement : « Il leur faut beaucoup de combustible, et le combustible, c’est le prochain». V.Hugo accuse les gens méchants et curieux d’une façon évidente. L’auteur veux nous monter que ces gens sont une bande, ils sont ensemble et c’est pourquoi c’est une masse dépersonnalisée. Pour le montrer V.Hugo utilise plusieurs fois le pronom indéfini « on » (on l’a vu, on commença), le tour impersonnel (il existe). On voit l’attitude ironique et le mépris de l’auteur à l’égard de ces gens. L’auteur utilise pour cela au niveau lexical les mots tels que « épier, certaines personnes, méchante curiosité, des ê tres ». On voit l’ironie de l’auteur dans les expressions « le mot de ces énigmes, gratuitement, pour le plaisir », dans l’emploi du comparatif et du conditionnel présent (niveau grammatical) : « ... se donnent plus de peine qu’il n’en faudrait pour dix bonnes actions. » Pour terminer l’analyse de la première partie on peut remarquer que V.Hugo montre la médiocrité des gens en faisant l’accent sur leur imagination malade qui vise les choses ordinaires, quotidiennes en leur donnant la figure de leur fantaisie. C’est pourquoi nous pouvons trouver beaucoup de lexique, traduisant les notions quotidiennes : la clé, le clou, à la brune, les petites rues, le fiacre, un cahier de papier à lettres.
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III. Devoirs servant à guider dans l’analyse des textes. Attention ! Les devoirs et les questions ne reflètent pas d’une façon exhaustive l’analyse de l’extrait, ne servant que de guides, de suggestions pour développer les idées. En plus, ces questions ne sont nécessaires qu’à la première étape de l’apprentissage de l’analyse du texte, le but définitif de l’étuidant étant de s’orienter dans les principes cités plus haut sans appui du professeur. Il est également à noter que les points d’ordre général (charpente, idée-maîtresse etc) sont ommis dans les devoirs. Pour les aborder il faut se servir des pages précédentes. D’ailleurs, c’est à vous de structurer votre analyse, car les devoirs proposés ne sont pas structurés, mais ne font que révéler les éléments de la structure de l’analyse.
P. Mérimée. Carmen.
P. 5.
1.Quels sont les styles que P.Mérimée utilise dans l’extrait ? Quels sont les buts de l’emploi de ces styles ? Quels temps l’auteur utilise-t-il dans chaque type de style ? 2.Trouvez le lexique traduisant le colorit local de l’extrait (noms géographiques, mots étrangers etc.). Quel est le rô le du présent (trouvez cet emploi) utilisé dans ce but ? Comment s’appelle ce genre de présent ? 3.Trouvez le lexique qui caractérise l’exotisme de Carmen (portrait, vê tement, langue, manière, conduite, caractère, métier). Quels sont les moyens de caractère stylistique (comparaisons, épithètes, énumérations, gradations) et syntaxiques (mots intercalés, parallélisme syntaxique, anaphores). 4.Trouvez les moyens de tous les niveaux permettant à l’auteur de créer le contraste entre Carmen et les « honnê tes gens ». Trouvez l’ironie de l’auteur visant ces gens. 5.Comment peut-on voir l’attitude de l’auteur à l’égard de Carmen (ironie, admiration etc.) ? Comment peut-on traduire la différence entre les
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couches
sociales
auxquelles appartiennent l’auteur et Carmen ?
Quel est le rô le des temps verbaux et des modes dans l’expression de l’attitude de l’auteur (=narrateur) et la réflexion de sa conduite (passé simple, subjoncrif, conditionnel) ? Précisez leurs valeurs stylistiques. 6. Comment l’auteur caractérise-t-il don José (portrait, gestes, langue, vê tement) ? Quels moyens syntaxiques (rythme de la phrase, style haché, mises en apposition etc.) et lexicaux Mérimée utilise-t-il pour montrer la colère de don José ? 7. Comment l’auteur crée-t-il le dynamisme dans les fragments correspondant à la culmination (temps, rythme de la phrase, lexique) ?
Littérature 1. Kokelberg J. Les techniques du style. Vocabulaire, figures de rhétorique, syntaxe, rythme / J. Kokelberg. – P. : Nathan Université, 1993. – 256 p. 2. Багдасаря нМ .А . А налитическоечтение: учеб. фр. я з. для 5го курсаин-тов и фак. иностр. я з. / М .А . Багдасаря н.— М . : Д рофа, 2002.— 191 с.— (В ысш ееобразование). 3. Болдырева М .М . Стилистический анализ художественного текста: нафр. я з. : [По сп ец . N 2103 "И ностр. я з."] / М .М . Болдырева,
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Составитель: Поля нчук О льгаБорисовна Редактор БунинаТ .Д .