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SOCIETE DE
PUBLICA TIONS ROMANES ET FRANCAISES
seus 10 direction de MARIO ROaUES
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- ~~Ji b
SOCIETE DE
PUBLICA TIONS ROMANES ET FRANCAISES
seus 10 direction de MARIO ROaUES
- - - - - - - - - LXV - - - - - - - -
G~RARD Professeur
a
MOIGNET
10 Faculte des Lattres et Sciences humaines d'Alger
~
I ~ ,~
11
~I
!
lES SIGNES DE l'EXCEPTION
DANS l'HISTOIRE DU FRANCAIS
UUJlIIIIIIIIUIIIIII U III lUll 1,
Ouvrage publie avec Ie concours du
CENTRE NATIONAL DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE
, GENEVE LIBRAIRIE
a.
RUE
CROZ
VERDAINE
1959
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Avant -propos
A t-on Ie droit d'ecrire : « " n'y a pas que lui» ? Tel est Ie probleme qui se trouve - tres loin - a I'origine de la pre sente etude. Mon pere, professeur honoraire et excellent grammairien, me faisait lire jadis, dans Ie Temps, les articles vehements par lesquels Lancelot, alias Abel Hermant, condamnait cette tour nure, coupable a ses yeux de dire exactement Ie contraire de ce qu'exprimaient les classiques avec les memes termes, en ecrivant, par exemple : C'est dont je ne veux point de temoin que Valere. Je crois bien que c'est I'irritant probleme des deux ne ... pas (point} ... que qui a decide de ma vocation de grammairien. II m'est vite apparu que pour Ie penetrer, il fallait elud der les origines et I'histoire du tour ne... que; et bientot, j'ai du me persuader que cette etude ne pouvait etre separee de celie des autres tours restrictifs et exceptifs, si nombreux et varies dans notre langue. De la "idee d'un travail sur les signes de I'exception dans "histoire du franc;:ais. J'y ai ete chaleureusement encourage par M. Ie Profes seur R.-L. Wagner, dont "amitie attentive me dirigeait avec surete dans une autre recherche, et par M. Ie Professeur J. Boutiere, qui avait bien voulu patronner ce travail en I'accep tant comme these complementaire : qu'ils trouvent ici I'expres sion de ma gratitude. Je dois aussi remercier M. Ie Professeur G. Antoine, qui, au pied leve, a assume 10 charge de rappor teur et m'a donne sur plusieurs points de precieuses indica tions; - MM. les Professeurs J. Frappier, P. Le Gentil, et J. Collart, qui ont examine m~n ouvrage avec une extreme bien veillance; - la commission competente du Centre National de la Recherche Scientifique, qui par une subvention, en a permis 10 publication.
-8
Les problemes qui se sont poses (] moi, (] mesure que j'approfondissais la question des signes exceptifs, etaient de ceux qui ne pouvaient trouver de reponse que dons une theo de generale du langage. Une theorie s'est imposee 0 mon esprit comme constituant 10 seule saisie vraie des realites profondes de la longue: c'est celie que son auteur, Gustave Guillaume, a appelee 10 Psycho-mecanique du langage. Dons Ie cadre de cette puissante conception, et, plus precisement, en partant des diagrammes que I'on trouve dons l'Esquisse d'une theorie des degn?s de comparaison du linguiste canadien R. Volin, je propose ici quelques solutions, provisoires sons doute et bien imparfaites, etant donne la nouveaute et 10 fecondite des voies dans lesquelles 10 linguistique se trouve engagee par Gustave Guillaume. II serait vain d'essayer d'exprimer tout ce que je dois a 10 pensee si rigoureuse et si penetrante de mon maitre, ainsi qu'a son indulgence et a son devouement incomparables. Ma pensee reconnaissante se porte encore vers tous ceux qui ont Ie plus fait pour ma formation et se sont interesses a mes travaux: Madame M.-J. Durry, MM. les Professeurs J. Bayet, M. Durry, E. Lambert, ainsi que les regrettes P. Villey, C. Sourdille, E. Carcassonne. Grace aces maitres, 10 futile question de purisme intriguait !'apprenti grammairien a fait surgir de proche en proche des problemes ardus, et il n'a pas paru inutile de par courir toute I'histoire du franc;ais pour y chercher des repon ses. D'ailleurs, en passant, j'ai pu me convaincre de 10 legiti mite d'« il n'y a pas que lui ». Mais d'ol! vient que je me sois jamais resolu
a "ecrire?
Alger, 19 fevrier 1958.
Introduction
Est-il de bonne methode linguistique d'etudier les moyens d'expression d'une categorie de pensce, comme I'idee d'excep tion, determinee independamment des donnees de 10 langue, sur un plan purement logique? Nous avons dit ailleurs (1) qu'une telle methode, illustn§e notamment par La Pen see et la Langue de F. Brunot, presente des dangers evidents, dont Ie principal est de masquer bien souvent la realite linguistique profonde, sacrifiee a une logique avec laquelle elle ne co'incide presque jamais. Etudier I'expres sion du commandement, c'est constater que 10 plupart des mo des du verbe y sont aptes, et c'est se condamner a perdre de vue ce qu'est essentiellement un mode verbal dans la langue. A mettre en regard des idees et des moyens d'expression, on risque fort d'oublier Ie plus important, qui est la langue elle meme. Aussi avons-nous repudie cette demarche de 10 « pen see » a la « longue » (ou a ce que F. Brunot designe impro prement de ce mot, et qui n'est que Ie discours) dans notre etude sur Ie mode subjonctif, et avons-nous considere comme meilleur de partir du donne linguistique que constitue 10 serie de formes denommee traditionnellement « mode subjonctif », pour atteindre Ie domaine de I'exprimc, en adoptant ainsi une demarche des « mots » a 10 « pensee », pour reprendre 10 formule de l'Essai de Grammaire de J. Damourette et E. Pichon. Mais une vue plus profonde du probleme de la langue, fournie par les decouvertes de M. G. Guillaume, nous ayant (1) Cf. !lotre E88ai sur Ie mode 81Lbjoncti" Ch. I.
-11
-10
ces signes et de remonter aux realites de longue qui se dissi mulent derriere eux. Notre point de depart sera donc I'idee d'exception. Nous 10 considerons, non pas en tant que notion traduite lexica le ment par diverses « parties du discours », substantifs, adjec tifs ou verbes, mais d'un point de vue a la fois psychique et syntaxique, en tant que mouvement par lequel I'esprit sous trait un concept, - notion au prOcE!S - , a la portee d'un juge ment qu'il emet d'autre part. L'exception apparait donc com me I'opposition d'un element particulier a un element plus general, et se distingue ainsi de la simple adversation, qui oppo se des notions ou des jugements sons consideration de leur de gre de generalite. Nous verrons que cette distinction de I'ex ception et de I'adversation, qui parait bien claire et evidente, doit cependant etre soulignee, parce que precisement, a date ancienne, beaucoup de locutions se revelent egalement aptes a vehiculer les deux mouvements de pensee.
permis de definir Ie signe linguistique Comme un mediateur entre un signifie de puissance et un signifie d'effet (1), soit, figurativement : Signifiant (Langue) Signifie de puissance
Signe
Signifie d'effet
----------- (Discours)
il no us est apparu que 10 formule « des mots a la pensee » n'etait pas assez precise, et qu'une methode rigoureuse devait consister en une navette incessante entre les trois elements que sont Ie signifie de puissance, Ie signe, et Ie signifie d'effet. Ce n'est qu'en parcourant de fa<;on permanente Ie chemin qui relie ces trois domaines, soit dans I'ordre OU procede naturelle ment I'esprit humain : Signifie de puissance - + Signe-.... Signifie d'effet - ce qui est de beaucoup Ie plus difficife, Ie signifie de puissance etant tres secret - , soit a rebours: Signifje d'effet - Ie discours) --.. Signe - + Signifie de puissance 10 langue construite en pensee) - , que I'on peut parvenir aux nealites profondes.
. L'exception sera differenciee encore de la simple « mise bien que la distinction soit malaisee, tant les deux no tions sont voisines. On parlera de mise a part, par exemple, a propos de la phrase de Rabelais ou il est dit (Gargantua, ch. XVII) que Gargantua « en noya deux cens soixante mille qua tre cens diz et huit, sans les femmes et les petiz enfanz ». (II n'est pas dit que les femmes et les petits enfants sont exceptes de 10 noyade, mais qu'ils n'entrent pas dans Ie compte des noyes). Si toute exception est une mise a port, toute mise a a part n'est pas une exception.
a part»
Sit par « pensee », on ne veut entendre que Ie signifie d'effet, il n'est pas beaucoup plus instructif de proceder com me J. Damourette et E. Pichon, qui boment leur parcours a celui du signe au signifie d'effet (d' ou I'infinitesimale subdivi sion de la « pensee » - au vrai, du discours - a laquelle les conduit une analyse d'ailleurs extremement penetrante), que d'aller, comme F. Brunot, du signifie d'effet au signe. Si au contraire on est resolu a tenter de penetrer Ie domaine si bien defendu de la « pen see » authentique, et si I'on admet que pour cela la navette definie ci-dessus est indispensable, la question du point de depart de celle-ci ne revet plus qu'une importance secondaire.
On fera Ie depart enfin entre I'exception et la restriction, selon Ie critiere de 10 presence ou de I'absence d'une expres sion de la categorie generale dont un element est isole. Nous proposons de parler d'exception a propos de 10 phrase: II n'a pas d'arme, sauf une epee.
Aussi I'experience nous a-t-elle paru digne d'etre tentee, de partir d'une categorie extra-linguistique, telle I'exception, pour chercher d'abord quels signes divers I'ont traduite au cours de I'histoire du frant;;ais, et tenter ensuite de transcender Cf. G. Guill8ume, Psycho-sysfemntique et psycho-semiologie du langage, Ie fran<;ais moderne. t. XXI, 1952, p. 131.
(L'epee est isolee de 10 categorie plus generale : arme) , et de restriction a propos de : II n'a qu'une epee. (sc. " seulement une epee
(1)
't"t:
:0).
(La notion genera Ie d'arme, plus ou moins implicite, n'est pas exprimee; 10 notion isolee pourrait etre accompagnee de I'ad
~
"I
'~ r"
~ ,~I
-12
verbe « seulement »). La distinction, 10 encore, est importante, comme nous verrons. Elle n'est pas toujours aisee non plus. L'exception etant ainsi situee par rapport aux notions voisines, notre etude portera sur les moyens dont dispose la langue a differentes epoques pour exprimer ou suggerer dans la phrase Ie mouvement de pensee qu'elle constitue quand elle survient dans la chaine parlee. Disons tout de suite que, I'ex pression de I'exception etant au centre de notre etude, nous serons oblige, par la non-corcondance des categories de la pen see et de celles de la langue, de parler abondamment des cate gories de pensee voisines, adversation, mise a part et restric tion; c'est 10 I'inevitable ran~on du propos adopte, comme nous I'avons deja laisse entendre. Nous avons d'ailleurs choisi ce theme d'etude, pour une part, en raison de la richesse et de la variete des moyens d'ex pression des idees definies plus haut, surtout a date ancienne. On releve en effet les procedes suivants : 1. - Emploi de prepositions et de locutions pre positives : excepte, sauf, hors, hormis, a 10 reserve de, a I'exception de, a part, etc. anciennement: estre, outre, fors, fors que, sanz, etc. Ces termes sont sentis tantot comme specifiquement ex ceptifs : excepte, sauf, a I'exception de, a 10 reserve de, tan tot comme d'origine locale et devenus exceptifs par image ou par transposition d'un plan concret (exteriorite, seposition) sur un plan plus abstrait (exception): fors, hors, hormis, estre, outre, a part, etc., tantot comme exclusifs : sanzo Le probleme de la promotion de la plupart de ces termes a la fonction pre positionnelle ne manque pas de se poser.
~
~';
{
">1 ~1
t
~.
2. - Emploi d'un tour hypothetique : afro ne... se ... non, fro mod. ne... sinon, si ce n'est. Nous aurons a nous demander comment la phrase hypothetique peut servir a suggerer I'ex ception. 3. - Emploi de tours comparatifs : afro ne... mais que et autres utilisant Ie terme mais,. fro mod. ne... autre ... que et tours analogues utilisant des mots representant I'idee d'hete rogeneite ; ne... rien moins que, etc. 4. - Emploi du tour ne... que, mysterieux aussi bien par son origine que par I'evolution de ses emplois.
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On voit par cette enumeration succincte qu'il peut etre fait appel pour I'expression de I'exception et des idees voisi nes a des moyens lexicaux, comme les prepositions specifi ques, ou a des moyens de suggestion par divers tours syntaxi ques. Le probleme general des rapports du lexique et de la syntaxe se trouve ainsi pose, tandis que surgissent beaucoup de problemes particuliers, fort importants : celui de la rection, celui de la negation, celui de I'indice que, celui de I'hypothese, celui de la comparaison, celui de I'adversation, celui de la su bordination. II apparaitra souvent que dans les problemes de I'exception, I'esprit procede par des pesees affectant les idees qu'iI apprecie d'un signe positif ou negatif : on soup~onne tout un jeu subtil de signes et - , une sorte d'algebre linguis tique.
+
C'est a propos de tels problemes que nous tenterons d'aller au dela des questions de simple expression et de I'etude des tournures utilisees, pour atteindre les faits de langue.
Chapitre Premier
Origine des tours exceptifs en usage dans Ie premier etat du fran<;ais ecrit On est oblige de considerer une periode etendue si I'on veut tenter d'etablir I'usage des tours exceptifs dans Ie pre mier etat du franc;ais ecrit, de foc;on a elucider Ie probleme des origines. La periode dite des premiers textes, - des Ser ments a Alexis - est tres pouvre en expressions de I'excep tion (1). La premiere moitie du XII" siikle en fournit davan tage, trop peu cependant. II faut oller jusqu'a 10 fin du XII" siecle pour faire moisson ossez ample de tours. I. -
INVENTAIRE DES TOURS EN USAGE
Des origines
a 10
fin du XII" siecle, les tours en usage sont
Ies suivants : I. - Tours
ou
entre MAIS.
A) L'exception est de caractere nominal.
.
~
....
... "
(ne...
1. Mais que, apres assertion g6nerale de signe negatjf mais que... ).
(
AI. 36 Quant veit Ii pedre que mais n'avrat arnfont mois que eel sui que il par arnot tant...
apres assertion de signe positif : Poss. 98 Tot sos fidels i socict mois que ludes Escharioh cui una sopo cnflct 10 cor.
l< (1) Aucun exemple dans les Serments, Eulalie, Ie Sf'l'mon 81tr 0tIae, ]a Vie de Saint lAger. Deux exemples dans la Passion dn Ghrist. 6ga]ement dans Alexis.
16
-
II. - NE ... QUE.
2. Ne mais que.
- apres assertion que.. .J :
de signe negatif (ne...
ne
(L'assertion est necessairement de signe negatif).
mais
Gorm. 271 Jeo n'oi trenche ke I'alqeton
e un petit del peli<;on.
Ro/. 1934 Ne n'unt de blanc ne mais que sui les denz.
-
17
Phil. Th., Duze demies hures
Camp. 2073 <;:0 ne sunt que sis hures.
apres assertion de signe positif :
Ro/. 217 Franceis se teisent, ne mais que Guenelun.
III. - Tours hypothetiques.
3. Mais.
A) Ne ... se... non.
apres assertion de signe negatif (ne ... mais.. .J : Ch. Guill. 3264 Tut en travers Ii trench ad sis escuz : Des set qu'iI porte ne Ii lait mais un.
-
apres assertion de signe positif :
Ch. Saisn., CL Et ant tuit I carage, mes Ii sire ques guie (1).
(L'assertion est de signe nElgatif, sauf cas particulier; I'exception est nominale) : Gorm. 259 5i me servis de man poun que n'en mui unkes Ie gernun Si pur folie dire nun.
B) Ne ...
4. Ne mais.
L'exception est une proposition.
apres assertion de signe negatif (ne ... ne mais. Ro/. 381 Guenes respunt: Jo ne sai vcirs nul hume, Ne mes Rollant, ki uncore en avrat honte.
apres assertion de signe positif : Rol. 1688 Tuz sunt ocis cist franceis chcvalers, Ne mes seisante, que Deus i ad esparniez.
B) L' exception est une proposition. apres assertion de signe negatif (ne ... mais que .. J :
Lois Guill. 5 Ja tant n'i ait, mes qu'il oust cent almaille, ne durrad que VIII deniers.
-
apres assertion de signe positif :
Gorm. 573 De ceo fist il pechie e mol que sun pore deschevacha, mois qu'il nel reconoist pas.
2. Mais.
-
apres assertion negative (ne ... mais...) :
Ch. Guill. 78 Respunt Tedbald: Unques pur e! nel dist,
mois 0 10 botaille n'ose il pas venir.
(1) Cite par J. Melam'l€ r ,
Wace, Rou 3736 Ja n'istreit de prison se par Ii n'en isseit.
IV. - Tours
Etude sur MAGIS, p. 152..
ou
entre FORS.
A) Exception de caractere nominal. 1. Fors.
•-
apres assertion de signe negatif (Ne ... fors) :
Ro/. 5 Mur ne citet n'i est remes a froindre
Fors 5arraguce, ki est en une montaigne.
-
1. Mais que. -
se ... ne...
apres assertion de signe positif :
Brend. 213 T utes perdent les veuthes
Fors de 10 mer e des nius.
2. Fors que.
-
apres assertion de signe negatif (ne ... fors que) :
Beroul 879 N'i a celui ne face duel,
Fors que Ii nains de Tintojol.
B) L'exception est une proposition.
1. Fors.
-
apres assertion negative (ne ... fors) :
Beroul 3080 li rois les a 51 effreez
Qu'iI n'i
-
0
el fors prengent fuie.
apres assertion positive:
Cor. La. 182 Le fruit des arbres lor mes.s 0 bandon,
Fors d'un pomier lor veastes Ie don.
. "Ii
-18
-19
2. Fors que. - apres assertion negative (ne ... fors que) :
Beroul 109 Cor i'oi tel duel c'onques Ie roi
Out mol pense de vos vers moi
Qu'il n'i a el fors que je muere.
II. -
A. TOURS
au
ORIGINE DES TOURS EXCEPTIFS
ENTRE MAIS.
apres assertion positive:
Escanor 14800 Vit Ie tons bel et der et net,
dont mult forment s'esjolssoit,
fors qu'a Gifflet sovent pensoit (1).
3. Fors tant que.
-
apres assertion negative (ne ... fors tant que) :
Eneas 1320 b Onc nel vi mes ne nel conui, fors tant qu'en ai 01 parler.
-
apres assertion positive:
Beroul 762 Seus en 10 chambre fu remes, fors tant que a ses pies gesoit Pirinis, qui ne s'esmovoit.
V. - Tours prepositionne/s de la mise A)
a part.
Exception de caractere nominal. Estre.
Ps. Cambro XVII, 31 Kar liquels est Deus estre Ie Seigneur, et liquel$ forz estre notre Deu ?
Senz. Pel. Chari. 50 Ne fut itels barnez com Ie soen senz Ie vostre.
Outre. Renart J302 Or sui devant lui, si me praigne
et si me face ardoir au pendre,
qu'autre outre lui ne me doit prandre.
B) L'exception est une proposition: Estre <;0 que. Q.L.R., L. IV, XXI, 16. Estre tuz ces mals, fist Ii reis Manossis ocire les prudummes d'ici que tute Jerusalem out replenie de so malice, e estre r;c que il fist pecchier cez de Judo.
a) MAIS QUE. Mais que exceptif a ete parfois considere comme une for mation secondaire. Telle est I' opinion de Meyer-LUbke (1), qui allegue comme raison I'emploi « moins frequent » de cette locution, par rapport a ne mais et ne ... mais. De meme, A. Tobler (2) emet I'hypothese que ne... mais que resulterait d'une contamination de ne ... mais et de ne... que, en disant que I'addition d'un que one ... mais est plus vraisemblable que la soustraction d'un que a ne... mais que donnant naissance a ne ... mais. E. Lerch (3) enfin tient aussi mais que pour se condaire par rapport a mais exceptif, qu'il estime derive de mais adversatif. II ecrit: « Nachdem mais in der obigen Ver wendung die Bedeutung « ausser » erhalten hatte, konnte man auch sagen : Franceis ne parolent, mais que Ganelon « sie sprechen nicht, ausser dass G. [spricht] ». Du fait que I'italien, I'espagnol et Ie provenc;al ne possedent pas de terme issu phontHiquement de quam, que de mais que serait donc une conjonction introductrice de subordonnee a verbe sous entendu (d. all. dass).
Plusieurs faits paraissent bien infirmer les theses prece dentes: d'abord mais que est, de beaucoup, Ie plus ancien nement atteste des tours exceptifs du franc;ais, puisqu'il y en a deux exemples dans la Passion de Clermont, et un dans Alexis. " est difficile de considerer comme secondaire un tour qui, historiquement, precede tous les autres. D'autre part, il a son equivalent dans plusieurs langues rom ones : catalan,
Sauf <;ou que (?) (2). Guill. Angl. J 507 Et neporquant de tont bien fist
Sauf r;ou que garde ne s'en prist.
(1) Cite par J. Melander, (2) V. L, p. 67.
01).
ciL, p. 131.
(1) W. Meyer-Liibke, Grammaire des langues romanes (Trad. Dou trepont) t. III, Syntaxe, 702, p. 783.
(2.) A. Tobler, Ne ... se .. , non, mais, lars que, Vermischte Bei trage III, (2' edit., Leipzig, 1908), ( pp. 78-111), p. 89. (3) E. Lerch, Historisehe Iramzosische Syntax, I, p. 99 sqq.
20
21
espagnol, portugais, italien (1). Dire, comme Tobler, qu'il est inconcevable qu'un que puisse disparaltre de ne. mais que pour danner ne... mais, ne prouve pas I'anteriorite de ne... mais: les deux tours peuvent etre aussi anciens I'un que I'au tre. Quant a l'argument diE. Lerch (absence de descendance de quam dans les langues romanes), il n'est pas probant, du fait que dans Ie latin tardif quod remplace aisement quam apres les expressions comparatives et qu'on note de frequen tes confusions de quam et de quia (2). II n'est donc pas oppor tun de donner a que Ie sens de « Ie fait que» (all. dass), Ie que introducteur de completive n'etant pas habituellement SUIVI, en ancien fran<;ais, d/une subordonnee reduite au seul subs tantif sujet. II no us semble qu'en realite l I'explication 10 plus simple de mais que est 10 bonne: mais represente etymologiquement magis, dans son sens premier de « plus», que continue synta xiquement Ie latin quam (3), introducteur d'un deuxieme ter me de comparaison. C'est a cette solution que se sont rallies notamment K. Ebeling (4), E. Richter (5)1 J. Melander (6), H. Sten (7).
Quand l dons Roland, 2758 Marsile dit : 1
[Karles] jut anuit sur eel' ewe de Sebre : Jo ai cunte n'i ad mais que VII !iwes,
il entend que pas plus de sept lieues ne separent les rives de l'Ebre de Saragosse ou il se trouve, ce qui revient a dire qu/il y a sept lieues seulement, pas d/autres lieues que sept. D'une appreciation quantitative negative on passe aisement a ridee d/exception. Ne ... mais que est bien atteste dans les premiers textes dans Ie cas ou I/exception com porte une indication nu merique. Cf. : Cor. Lo. 2101 0 lui n'en meine mais que dous chevaliers. Pel. CharI. 726 Li quens ne Ii fist la nuit mes que XXX feiz (1).
Aiol 9975
On peut douter qu'au debut du XII" sitkle on ait pu voir une difference de ces phrases a celle-cil d'une part l qui utili sent Ie comparatif plus:
Comment a-t-on pu passer du tour comparatif au tour exceptif? On pourra peut-etre s'en faire une idee d'apres I'exemple suivant. Cf. A. Wallensk51d, La construction d1.l,
compl(~ment
des com paratifs ot des expressions compm'atives daniS les langues romanes, (1)
Des pors de Tornebrie dont II furent tome Dessi a Salenike, la u devoient aler, N'avoit ma's que VII lieues a un mul sejorne.
Brend. 181
Richeut 88
-
La guarison i mist odvoec
QU'il aveient portet iloec,
Ne plus que a quarante dis
De vionde n'i out enz mis (2).
Au feu n'orent plus que I pot,
a celle-ci d'autre
part, qui utilise mais de:
Ph. Thaun, Que la lune en sun curs.
Memoires de la Societe neo-philologique de Helsingfors, t. V, 1909, Compo 3326 N'a nient mais de dis jurs (3).
(Pp. 375-478), pp. 403-404 et 416-417. II nous semble que Ie glissement d/un tour comparatif (2) Cf. ante quod, post q'uod pour antequam, postquam. On trouve aliud quod dans Chrodegangus (Chrestomathy Muller-Taylor, p. 244) I'expression de Ilidee d'exception est quelque-chose negatif Et si aliquid exinde fuerit, aliud quod cis necesse est comparent aut d'assez nature!' in eorum camera recondant. Cf. J. Jeanjaquet, Recherches Sur l'origine de la conjOllctioH que ct des formes romanes equivalentes, Neuchatel, 1894, p. 67 sqq. ; A. Wullenskold, op. cit., p. 382, n. 2 ; II. Sten, Naegtel· serne i Fransk, Coper.hague, 1938, pp. 214-215, etc. (1) Text.e du ms., qu'it notre avis Koschwitz a tort de corriger, pour les besoins de la metrique, en : (3) Sur l'etymologie de que « comparatif », voir A. Wallensk51d, op. cit., pp. 392.-393. Li coens ne Ii fist mais la nuit que XXX [eiz, car ce serait Iii. l'unique cxemple ou mais et que fussent separes. Cf. (4) K. Eheling, Kritischer Jahl'esbenicht d. rom. Phil., V, I, (p. a ce suj'et Ebeling, cp. cit., p. 218 ; A. Wallensk51d, up. cit., p. 401, n. 2 ; 213 sqq.), p. 218. E. LerCh, Hist. fro Synt., I, p. 110, n. 1. (5) E. Richter, Zur Geschichte der Indeklinabilien, I, Die Ge (2) Le texte de Saint Bmndan ne compte aucun exemple des schichte von magis im FmnzosiJchen, Zeitschrift f. rom. Phil. XXXII, tours ou entre rnais. (p. 656 sqq.), p. 659. (3) Tobler cite cette phrase. mais se refuse it IlJi trouver un (6) J. Melander, op. cit., p. 148. rapport avec Ie sens restrictif de ne... mais (pp. 87-88). A. Wal (7) H. Sten, op. cit., p. 211 et 215. lenskold, op. cit., p. 401, n. 2, signule la du tour.
a
-
23
22
B'
La comparaison d'inegalite et I'expression de ('idee d'ex ception ont ceci de commun qu'ils comportent ce que nous appellerons un renversement de signe algebrique. Precisons ce point qui est, non de discours, mais de longue. Le principe du mecanisme de la comparaison a ete bien etudie par M. R. Valin (1), a 10 lumiere de la theorie psycho mecanique du langage de M. G. Guillaume. La comparaison comporte un mouvement en deux sens: 1) de A a B, 2) de B a A, soit: A
2
Historiquement, on n'a d'abord exprime que la premiere partie du rapport: Paulus est doctior Petro, en utilisant la va leur d'eloignement du cas ablatif. Mais bient6t « I'emploi de quam, en latin, devant Ie second terme de la comparaison (Paulus est doctior quam Petrus) repond a la possibilite, pos terieurement decouverte, d'exprimer 10 seconde moitie du rapport» (2). Mais, la marche du temps etant irreversible, on a da se representer I'entier du rapport en deux temps successifs : -
~
~
Al
Bl
un temps I, menant de A 1 oBI : temps I ~ B 1
A 1
un temps II, menant de B 2
aA
2:
temps II B2
B2
A2
B 1 et B 2 se superposent ; ils representent les deux faces d'un moment critique, d'un seuil apres Ie franchissement du quel Ie mouvement s'inverse; d'ou Ie schema: B'
--.,... B .....:
B'
~ Al
B
A2
L'inversion, ou « negativation » du mouvement, trouve un signe adequat dans la negation ne: c'est ainsi que les su bordonnees comparatives com portent souvent 10 negation ne, parfois ne... pas, non pas. L'indice que, qui intervient au passage du seui!, est Ie signe du changement de rnouvement: c'est un inverseur. On peut Ie dire aussi separateur, ou « exterioriseur », en ce sens qu'il detache ce qui Ie suit de ce qui Ie precede. C'est par son ext6liorisation que Ie second element de la comparaison est oppose au premier. Dans Ie cas du comparatif d'inferiorite, ou du comparatif de superiorite nie, Ie schema est inverse, soit : A'
A' ~
A2
Les deux versants du rapport ont ete referes a des mou vements tensifs inverses, soit, pour Ie comparatif de superio rite : Rocll Valin, Esquisse d'une theorie des degre8 de comparaison, de linguistique structurale, p.p. la Faculte des lettres de l'Uni versite La1:al, n. 2, Quebec, 1954. (2.) Op. oit., p. 9.
• ~ Al
+
+
>J B
;J. A2.
Le premier mouvement allant au r.cJotif, I'inversion ope ree par que amene un mouvement vers Ie positif; I'indice ne n'apparait jamais dans Ie second element.
-
-
24
C' est exactement Ie meme schema qui represente ce qui se passe dans I'expression de I'exception a une assertion nega tive. Un premier mouvement va de a - , et trouve un signe caracteristique dans I'indice ne; Ie mouvement est alors in verse et I'on va de - a ce second element ne com porte pas I'indice ne.
+;
probleme central est celui du signe inverseur. II n'est pas resolu si I'on se contente de dire que ne... mais que vient de non ... magis ... quam, car il y a une difference essentielle entre Ie tour comparatif: ne... mais... que, - celui-ci conti nuateur direct du tour comparatif latin, - et Ie tour exceptif ne... mais que: dans Ie premier cas, I'inverseur est que, et mais figure dans I'element negatif ; dans Ie second, c'est mais que I'inverseur, I'introducteur du second element. II est heu reux, pour une fois, que 10 plupart des premiers documents du fran<;;ais soient en vers, et que Ie vers ancien soit un cadre tres rigide: les premiers exemples de ne... mais que ne ]aissent place a aucun doute : cf. : Pass. 385
Argent ne our non i donet. mas que son sang et sao cam.
AI. 36
Quant veit Ii pedre que mais n'avrat amfant mais que eel sui que il par amat tant...
Cor. Lo. 2101
0 lui n'en meine
Ibid. 2198
Avuec mei doi / mais que dous chevaliers.
mais que dous chevaliers.
La coupe syntaxique, correspondant en langue au seuil separant les deux elements, est avant mais que. II y a eu, his toriquement, passage de ne... mais... / que a ne... / mais que. Les auteurs qui ont etudie ]es tours exceptifs glissent ge neralement sur ce point capital. Une raison de discours peut etre alleguee : I'existence de mais adversatif a pu avoir une action ana]ogique. Mais ayant pris en roman la fonction d'introducteur d'un element en oppo sition avec ce qui precede a pu influer sur 10 formation d'un tour exceptif comportant deja mais, pour transporter ce mais du premier element dans Ie second. Nous I'avons dit : I'excep tion et I'adversation constituent deux notions voisines ; on peut meme considerer I'exception comme un cas particulier de I'ad versation. Aussi bien, - c'est un fait hien connu, que ]'exem
25
pie de fa Pass. 385 cite ci-dessus met en valeur, - a date ancien ne t mais que est apte a traduire I'adversation. Une ac tion an(Jlogique de mais adversatif sur ne... mais... / que (com paratif), amenant la creation dtun tour exceptif ne... mais que est chose tout a fait vraisemblable. Cependant i1 y a plus, croyons-nous. La languet qui choi sit d'instinct des signes adequats au psychisme qutelle se re pnssente, a cree dans Ie syntagme mais que un signe dtinversion reproduisant dans sa structure binaire Ie schema meme de l'in version t quto n peut representer par Ie signe : V. Amon:;ant la ressource apres un mouvement negatif (descendant), Ie signe inverseur reproduit donc dans sa structure intime Ie dessin meme du double mouvement. La seconde moitie du syntagme est, hereditairement, I'in verseur ancien, c'est-a-dire I'indice que; la premiere moitie en est obtenue par emprunt au premier element - negatif - de la phrase: c'est ainsi que mais a pu passer du premier mem bre de phrase dans Ie second. Nous verrons d'autres exem pies, tout a fait analogues, de I'aptitude de la langue a inven ter les signes qui lui sont utiles. Des les origines du fran~ais ecrit, mais que apparait comme pleinement independant des tours comparatifs. Non seulement il peut assumer, outre son role exceptif, un role ad versatif (d. Pass. 385-386) mais encore il est apte a traduire suppose une ex I'exception apres proposition positive, ce tension fonctionnelle. Cf. : Pass. 97 De pan et vin sanctifieat Tot ses fidels i saciet, Mais que ludes Escharioh Cui una sapo enflet 10 cor.
L'exemple unique d' Alexis: 36 Quant veit Ii pedre que mais n'avrat amfant, Mais que eel sui que il par amat tant... , nOUS paroh instructif. Faut-il interpreter, comme on fait cou ramment, Ie premier mais comme temporel : « qu'jl n'aura pas dtenfont desormais » (1 t « qu'il n'aura plus d'enfant » ? Nous
(1)
Cf. A. Tobler, art. cit., p. 88.
26
27
croyons preferable de I'entendre au sens quantitatif: « en plus », « en outre ». Nous y sommes invite par les vers 41 sqq. :
L'ancien proven~al ne semble pas avoir connu no ... mas (maO que, mais no ... mas (maiJ quan, ct.
-
Fud la pulcela nethe de halt parentet, Fille ad un com pta de Rome la ciptet; N'at mais amfant,
ou Ie sens n'est pas douteux : « il n'a pas d'enfant en outre », « pas d'autre enfant» (1). Nous aurions donc, dans AI. 36-37, a 10 fois Ie mais ancien dans I'element negatif et I'inverseur mais que = « excepte, hormis », dont Ie mais du premier ele ment a fourni Ie premier terme. Telles sont les donnees des premiers textes fran<;ais. Elles sont confirmees par quelques faits du latin postciassique. C'est a juste raison qu'on rapproche du tour exceptif fran
II est difficile de dire si de telles phrases etaient senties comme phrases comparatives ou si nihil magis quam etait com pris comme synonyme de nihil nisi. Mais on est sur 10 voie du tour roman. D'ailleurs d'autres langues romanes que Ie fran ~ais possedent des tours qui continuent cette expression: non ho mai che un fratello ; esp. no tengo mas que un herma no (4). L'ancien catalan a non ... mas que, d. : Gen. de script. p. 113 un hom era rich a hauia moltes ouelles, e apres de eli hauia un hom qui era pobre qui non hauia mas que una (5),
(1)
Les ms A, P, L ont. la
le~on N'a plWi!'
amfant. Cr. Chr. Storey,
op. cit., p. 85, note. (2,)
Bertr. Born, 14, 23 del tot lo.n tenh per enguanat mo; quon de Johan ses terra (1).
Un autre probleme important se pose a propos de mais que. Non seulement it introduit I'exception nominale, mais plus souvent on Ie voit amener toute une proposition. Cf. : Gormond 573 De ceo fist il pechie et mal
Que son pere deschevacho,
Mais qu'il nel reconoist pas.
(<< excepte que, mis
a part
ne Ie reconnut pas »).
Le que qui entre dans so composition est-il Ie meme que celui qui continue syntaxiquement quam ou est-ce 10 « con jonction » que introductrice de proposition dependante ? (2). II y a lieu de remarquer que 10 conjonction que introduc trice de dependante s/omet volontiers dans un grand nombre de ses emplois; or mais seul, introducteur d'exception carac terisee en forme de proposition complete est quelque chose de tres rare (3). On sait d'autre part que mais que est souvent suivi verbe au subjonctif et se traduit par « pourvu que ». Cf. : Rol. 234 Savcir i ad, mais qu'il seit entendud.
Doit-on estimer avec E. Lerch (4) que mais que doive la se decomposer en mais adversatif que, indice qui accom pagne habituellement Ie subjonctif? Cela parait impossible, si I'on considere qu'a date ancienne 10 presence de 10 « be quille » que (pour parler com me M. L. Foulet) aupres du sub jonctif independant est chose tout a fait exceptionnelle, alors que mais que est la forme habitue lie de 10 locution avec Ie sub jonctif, comme aussi avec I'indicatif, qui n'a jamais eu besoin de bequille.
+
Cite par J. Melander, op. cit., p. 148.
(3) Cite par E. Bourciez, El6ments de linguistique ramane, § 128 d, 4' € d it., p. 120; par J, Melander, op. cit., p. 148; par W. Meyer Lu'bke, lntroduccion a la lingilistica r01'fbanica (trad. A. Castro), Ma drid, 1926, p. 324, § 224; par E. Lerch, Rist. fr. Synt., I, p. 111, etc. Exemples d'E. Bourciez, Elements de linguistique romane, p. 272. (5) Cite par A. WallenskOld, op. c'it., p.. 403.
(1) Cf. W. Meyer-Lubke, Gr. Lang. rom., III, § 702, p. 784, ('t A. Wallenskold, op. cit., pp. 412 et 457. (2) cr. A. Tobler, Melanges de Grammaire franl}aise, PrepoSiitions ayant une fonction dottble, p. 284, et Verm. Beitr.) III, pp. 95-96. (3) V. i., p. 41. (4) Rist. fro Synt., II, p. 305.
-
-
28
C'est bien la meme expression, en effet, que nous avons avec I'un et I'autre mode. Mais que, « sauf que », « mis part que », suivi d'un subjonctif denom;ant Ie proces comme I'objet d'une visee (1), s'approfondit semantiquement en « avec cette
a
reserve que », d'ou «
a condition
que », « pourvu que ».
II faut donc considerer mais que introducteur de subor donnee comme 10 meme locution que mais que introducteur d'exception nominale; I'unite semantique de la locution est bien etablie dans Ie premier etat du fran<;ais.
NE ... NE MAIS QUE. On s'accorde generalement a tenir ne... ne mais que (2) pour une formation secondaire. Seul, semble-t-il, J. Melander suggere que Ie tour pourrait bien remonter au latin; il allegue des phrases comme : Cic. de Diu. I, III diuinos nullo modo possumus (dicere), non plus quam Milesium Thalem. Sen., Ep. 67, 21 non noscitur ex malo bonum, non magis quam ficus ex oleo. Toe., Or. II, 15 nee comitatus istos L..J concupisco, non magis quam aero et imagines.
II est evident que non magis quam a existe en latin, ser vant introduire une comparaison confirmant une allegation negative. Mais on ne voit pas comment ce tour aurait pu don ner une expression d'exception. De fait, ce qu'exprime en an cien fran<;ais ne... ne mais que n'est jamais I'equivalent de ce qu'exprime Ie non ... non magis quam latin: ce qui correspond ce dernier, ce sont les tours: ne... ne plus que, ne... , nient plus que, ne... , ne que. D'autre part, de l'aveu meme de J. Melander, no... no mas que ne se rencontre pas en ancien pro ven<:;al ; iI est temeraire des lors d'en postuler I'existence pour expliquer des tournures du proven<;al mod erne (3). Le fait sem ble indiquer plutot que I'afr. ne... , ne mais que est assez recent et de formation purement fran<;aise.
a
a
Cf. A. Tobler, op. cit., pp. 95-96. et notre Essai sur Ie sub janeti!, ell. III, pp. 480 et 484 ; v. L, pp. 83-84. (2) Gp. cit., pp. 149-150. (3) J. Melander, op. cit., p. 150. (1)
29
On estime generalement que ne... ne mais que a ete for me partir de ne... mais que, avec reprise, dans Ie second ele ment, du ne figurant dans Ie premier. II n'y a aucune objec tion faire a cette vue, bien qu'il soit surprenant au premier aOOrd qu'un terme introduisant un element positif s'opposant a un element negatif anterieur pour Ie detruire, au moins par tiellement, com porte un signe de negativite. Le fait s'explique ra aisement, croyons-nous, si I'on se refere a ce que nous avons dit plus haut de la structure intime des inverseurs: pour re produire en eux Ie schema de I'inversion VI ils empruntent des elements au premier membre negatif de la phrase, et eet emprunt peut aller jusqu'a celui de I'indice ne. C'est d'ail leurs sans doute parce qu'i1 s'agit d'un simple rappel de nega tivite que c'est ne, et non pas non, que nous avons. II faut pro bablement imputer a un soud d'expressivite la creation d'un syntagme trois elements: ... ne mais que va plus loin que mais que dans I'exploitation du procede consistant corser Ie signe inverseur par emprunt d'elements au membre negatif de
a
a
a
a
la phrase. Nous ne pouvons souscrire a I'affirmation de J. Melan der: « II va sans dire que la seconde negation est entree dans ne... ne mais que pendant que mais avait encore Ie sens com paratif: plus ». II nous semble au contra ire que I'apparition de ne devant mais n'a pu se faire qu'apres Ie passage de mais dans Ie second element, c'est-a-dire apres sa promotion au role d'inverseur exceptif.
Ne ... ne mais que est bien atteste a date andenne. 0 tons: Ro/. 1932
Quon Rollant veit 10 contredite gent Ki plus sunt neirs que nen cst arrcment, Ne n'unt de blanc ne mais que sui les denz, Co dist Ii quens... Phil. Th., E veez par raisun Camp. 2647 Quant prime I'acuntum Pur quei el n'a luur Ne mais qu'un poi en I/ur.
On trouve aussi tres tot ne mais que apres proposition Positive: Ra/. 3332 De 10 contree unt porprises les parz Ne mes que tant cume I'empereres en ad.
30
-
~
Cette extension est secondaire et parallele que dans Ie meme sens.
a celie de mais
On peut avoir ne mais que non plus exceptif, mais intro ducteur d'adversation restrictive: Aiol 9076
(= «
Onques nen at o'ie de nule feme oidoble Ne mois que de Jesu Ie pere esperitable Et son signor Aiol Ie fil Elie 01 sage.
mais » au « mais seulement »).
Le tour ne mais que peut aller plus loin dans son exten sion semantique et en arriver, accompagnant un verbe non nie, a signifier « seulement ». Cf. : Chans Guill. 2385 E are sui <;a enz ne mes ke sui mei rlerz. Eneas 3874
an sa chambre s'an est antrez,
ne mes que sol itant lor dist.
J. Melander (1) en cite deux autres exemples Poeme moral 420 b Ne mais que quinze jars al siecle demora. Mort Aym. 2754 A XX mil homes a armes conreez;
Ne mes que C as dames sont remes.
L'espagnol possede I'equivalent (2) : Cerv., Obras, p. 214 a : acompanada no mas que de mis criadas.
Si I'on compare nos exemples d'ancien franc;ais
a celui
31
c) NE... MAIS.
Dans: Chans. Guill. 3264 Tut en travers Ii trenchad sis escuz ;
Des set qu'il porte ne Ii lait mais un,
L'exception apres proposition negative est amenee par Ie terme mais. Ce tour, qui est rare, est celui qui a suscite Ie plus de controverses. Son origine a re<;u quatre explications principales. Nous les passerons en revue. 1. Selon I'interpretation de Diez (1), reprise par R.-L. Graeme Ritchie (2), on aurait, dans la construction de mais suivi immediatement de la chose exceptee, une survivance de la parataxe ancienne : plus decem milia ou plus annos decem. La critique que J. Melander (3) a faite de cette explication est tres pertinente: if serait etrange que, quand en latin magis n'est jamais construit parataxiquement comme plus, minus et amplius, et quand les derives romans de ces derniers ne sont jamais construits parotaxiquement, mais eut herite une construction que les autres avaient perdue (4). 2. A. Tobler (5) cherche I'origine de ne... mais exceptif dans la phrase latine qui a pu donner naissance a 10 phrase fran~aise si souvent citee en 10 matiere: Q.L.R., L. II, I. 26 Jo duil sur tei L.. l que
ci: Rol. 1309
Des XII pers Ii X en sunt ocis; Ne mes que dous n'en i ad remes vifs,
ou la locution, bien que precedant Ie premier element negatif, est encore un inverseur de negation, on constate qu'une evolu tion s'est faite, qui a amene ne mais que du role d'inverseur a celui d'une simple restriction: la negativite a disparu de la phrase, qui ne compte plus qu'un seul element. Cette meta morphose, nous Ie verrons, n'est pas un cas isole dans I'histoire du fran<;ais (3). (1) 01). cit., p. 144, n. 1. (2) Cite par A. Wallenskold, op. oit., p. 429. (3) V. i., pp. 108-109 (lars en anglo-normand) et pp. 195-197 (ne ... que, rien que en fram;ais mod!erne). De meme, en espagnol, sino en vient a signifier solo en phrase positive: cf. ha sido el parto tan secreto, que Ie sabe sino Preciosa y yo y otra persona (Nov. ej. 18 cite par Meyer-Lubke, Gr. lang. rom., III, § 703, p. 785).
jo amoue >i cume 10 mere
sun fiz qui n'od mois un.
II suppose : Non habet filium magis, (habet) unum, et pense que magis, primitivement dans Ie premier membre, pas se dans Ie second, d'ou : non habet filium, magis unum, dans les memes conditions ou « ich weiss das : mein Erloser lebt » est devenu « ich weiss, dass mein Erloser !ebt »J - ou car < quare est devenu, d'interrogatif causal, introducteur d'une ex· (1) Fr. Diez, Grammaire des Lang'ltE:iS romanes, trad. A. MorelFaUo et G. Paris, III, pp. 368-369. (2) R.-L. Graeme Ritchie, Syntaxe de la conjonction qne, p. 156. (3) Op. cit., p. 2.39, n. 1. (4) Le tour puus ann08 decem n'cst pas inconnu du latin tardif. Cf: Examen testium (Chrest. Muller-Taylor, p. 212) : Iste Adeodatus eplSCOpus L.. l fecit ibi presbitero uno infantulo abentc annos non
plus duodecem L..l.
(5) Art. cit.. , Yermo Beitr., III, p. 86 sqq.
-
-
32
plication, - ou I'esp. pues, dans « no 10 hare, pues no me parece a proposito », passe du premier enonce au second, etc. J. Melander refute les allegations de Tobler concernant les deux exemples allemands (1) et I'exemple espagnol (pues) que celui-ci propose en analogie du cas de ne ... mais; il ne se prononce pas sur car. II considere qu'il suffit de refuter (ce qu'il fait de fa<;on fondee d'ailleurs) trois des quatre exem· pies analogiques de Tobler pour ebranler fortement son expli cation. Mais il n'apporte aucun argument decisif contre Ie point de depart: Non habet filium magis, (habet) unum, se bornant, avec E. Richter, a tenir cette phrase pour « la phrase raffinee d'un rheteur plut6t que I'expression simple du lan gage populaire » (2). 3. Elise Richter (3), suivie par Meyer-Lubke (4), propose que Ie dialogue suivant a pu donner naissance one... mais in troduisant une exception: Quantos habes? - Duos. - Non magis ?, la derniere replique pouvant etre : Non magis? duos? et pouvant amener la reponse : non magis, duos, qui, avec Ie temps, serait devenue : non magis duos. Dans toutes ces phra ses, non magis: « pas plus» serait passe au sens de « seule ment », et de 10 a celui d'« excepte » : « Da non magis nun das Objekt negativ einschrankt, ist es naturlich, dass ein hin zutretendes Verb ebenfalls die Negation hat: non habeo non magis duos» (5). Enfin, « par une contamination de ce ne ... ne mais et de ne... mais que herite du latin, se seraient formes, d'une part, ne... ne mais que, et de I'autre, ne... mais » (6),
J. Melander trouve cette explication « attrayante » et « ingenieuse » au moins dans sa premiere partie, mais il ob (1) L'autre exemple: « er ist kli.iger dcnn du » < « er ist kli.iger, denn du » (= « dann », « hernach, erst nach ihm »), dont J. Melander donne une interpretation diffcrente, ne prouve d'ailleurs rien quallt au passage d'un terme d'un premier membre dans un second. Tobler, d'ailleurs, ne Ie cite que comme exemple d'un changement d'accen tuation survenu. (2) Op. cit., p. 143. (3) E. Richter, art. cit., p. 656 sqq. (4) Gramm. Lang. rom., III, § 702, p. 784, et Introdnccion a Za Zinguistica romanica (trad. A. Castro), § 324, p. 325. (5) E. Richter, art. cit., p. 660. (6) J. Melander, op. cit., p. 144, Cf. E. Lerch, Hist. fr. Synt., I, p. 103.
. cte
a juste
33
raison que si non magis signifie « seulement »,
Je . d uos ne peut slgnl . 'f'ler que: I phrase non habeo non magis cO Je n'ai pas seulement deux» ; or « je n'ai ne mais deus» si nifie exactement I'inverse: « Je n'ai que deux ». Une se 9 , conde objection, tout aussl.pertlnente, es t que I" ancien provenc;al ne connait pas no... no mas, mais seulement no... mas.
Ajoutons que nous ne croyons meme pas aux prem isses diE. Richter, c'est-a-dire a la valeur d'une explication fondee sur un enonce dialogue. II nous parait que la syntaxe des phra ses en dialogue procede de celie des phrases a locuteur unique, bien plut6t que I'inverse. Nous ne voyons pas d'exemple pro bont de I'action syntaxique des phrases du style dialogue sur 10 syntaxe courante. Que n'arriverait-on pas a expliquer avec d'ingenieux scenarios comme celui qui nous est propose! Nous croyons qu'E. Richter est dans I'erreur quand elle considere ne... ne mais comme a I'origine du simple ne... mais. Nous pensons avec J. Melander que ne... ne mais ne peut s'ex pliquer quia partir de ne... mais, comme ne... ne mais que a partir de ne... mais que. 4. J. Melander (1) suggere que mais a valeur exceptive constitue une extension de mais adversatif. « ... On a vu que les expressions signifiant « excepte » etaient frequemment employees comme conjonctions adversatives. Elles co'incidaient donc dans cette fonction avec la conjonction adversative ordi naire mais. Ne serait-on pas autorise, dans ces circonstances, a supposer que par suite de cette co'incidence mais en est venu a s'employer comme preposition au sens de « excepte ? ». On aurait donc un phenomene d'analogie s'exercant en sens inverse: si les locutions signifient « excepte » peu;ent a I'occa (1) Op. cit., p. 146 sqq. E. Lerch, Rist. fr. Synt., I, p. 99 sqq. se rallie it l'explication de J. Melander, main il no us paraH solliciter Ie texte quand il commente : Leg. 58 Ne vol reciwre Chielperiu
Mais Ii seu fredre Theoiri
de la fa~on suivante: « Er will nicht den Chilperich als Konig an nehmen, 80ndern sein Bruder Th. » = « Er will, dass niemand Konig sei, ausser sein Bruder Th. » (dass dem Dichter dieser Gedanke vorges chwebt hat, wird dadurch bewiesen, dass er den Nominativ U seu statt des Akk. lo son gesetzt hat) ». Il faut fausser Ie sens du second vers pour en tirer une exception, et l'emploi du cas-sujet ne prouve absolument pas ce que Lerch veut lui fr.ire prouver.
34
-
sion signifier « mais », mais, 0 I'occasion peut valoir « ex cepte ». Evidemment, J. Melander ne peut alleguer, dans Ie latin tardif, aucun exemple de magis ainsi exceptif. Mais il cite une phrase ou sed joue ce role: Tertuliien, Adv. More. III, 24 Non est aliud sed aedes Dei.
Que penser des quatre theories du tour ne... mais? Deux d' entre elles nous semblent 0 rejeter, celie de Diez et celie d'E. Richter; nous avons dit pourquoi. Mais on peut hesiter longuement entre celie d'A Tobler et celie de J. Me lander. En faveur de celie de Tobler, on peut faire valoir plu sieurs arguments. La premiere partie de la phrase qu'iI suppose: non habet filium magis: « il n'a pas d'autre fils» est legitimee 0 la fois par des exemples du latin postclassique : Lamprid., Heliog. 18, 4, Nee quisquam ei magis poculum cum bibisset dabot: « Quand il buvait, persanne d'autre ne lui tendant 10 coupe »,
et par un des premiers textes du fran<;ais : AI. 43 N'at mais amfant: {( II n'a pas d'autre enfant
».
L'ensemble meme peut paraitre justifie par un exemple de I'ancien proven<;al comme : Gir. Rouss. 6343 E no sunt mais
0
lui trei compoinon (1),
ou la place de mais, avant 0 lui et avant la cesure, Ie situe net tement dans I'element negatif de la phrase et semble inter dire sa traduction par « excepte », pour inviter 0 rendre toute la phrase, en mot 0 mot, par: « ils ne sont pas plus avec lui: trois compagnons ». L'existence en roumain d'un numai au sens de « seule ment », en espagnol, de no mas, de meme sens, d. : roum. am numai un frate (2) esp. un poquito no mas (3)
(1) Cite par Ebeling, op. cit., p. 2l9, avec Ie commentaire: « es sind nicht mehr bei ihm, nur dl'ei Begleiter » «ausser drei BegIei tesn ». Cite egalement pas A. Wallensk51d, op. cit., p. 389. (2) Exemple cite par E. Bourciez, El. Ling. rom., § 248, c, p. 2.72. (3) Cf. H. Sten, op. cit., p. 214.
35
peut sembler postu ler a I' orig ine des phrases tout a fait com parables a celie de Tobler: non habeo magis, unum fratrem; habeo, non magis, unum fratrem, ou habeo unum fratrem, nan magis (1). Le passage de magis du premier membre dans Ie second, et, simultanement, son glissement du sens de « en outre» a celui d'« excepte » n'est pas chose invraisemblable. Ce n'est pas refuter de fa<;on decisive I'argument de Tobler: « ich weiss das : mein Erl6ser lebt » - -... « ich weiss, dass mein Erloser lebt », que de dire, avec J. Melander: « par Ie fait que les deux propositions ont subsiste, il ne peut pas fournir de preuve 0 la theorie de Tobler, laquelle suppose 10 reduc tion de deux propositions en une » (2). 5'i] n'y a plus qu'une proposition dans: (si cume la mere sun fiz) qui n'a mais un, elle n'en com porte pas mains deux membres opposes de signe, deux versants. De fait, Ie passage d'un terme d'un premier membre a un second s'abserve en latin, par exemple dans ante... / quam> ... / .. .antequam, post... / quam > .. ./ post quam; nous I'avons reconnu dans magis ... / quam > ... / mais que exceptif. On sait aussi que utrum, introducteur du pre mier terme de I'interrogation alternative est etymologiquement en dehors de I'alternative proprement dite, qu'iI ne fait qu'an noncer. Malgre ces arguments favorables a Tobler, nous ne nous rallions pas a sa theorie, car on peut y faire une objection grave: Ie type d'opposition qu'il propose, ou un element posi tif s'oppose en asyndihe a un element negatif : non habet ii lium magis, - unum, nous parait tout a fait etranger a la syntaxe latine, meme tardive. Ce n'est pas assez dire, avec E. Richter et 1. Melander, que c'est 10 10 phrase elegante d'un rheteur. En realite, nous ne croyons pas que cela puisse etre du tout du latin. Nous ne voyons pas d'exemple clair compa rable a 10 phrase en question, ou interviendrait brusquement un changement de signe algebrique du - ou sans que ce Changement soit marque par un terme inverseur.
(I)
(2)
Id., ibid. cit., p. 142.
Gpo.
36
37
La theorie de J. Melander a Ie gros avantage de resoudre d'emblee cette difficulte puisqu'elle pose un magis dans Ie second terme des I'origine; autrement dit, I'inverseur neces saire; ce qui de surcroit evite de supposer un passage dudit magis d/un element dans I/autre car sans etre invraisembla bre, ce passage ne laisse pas de faire quelque difficulte: au tant il est plausible quand Ie terme est en quelque sorte appeIe dans Ie second element par un terme qui trouve autant il I/est peu auand il rien de tel.
me absolument necessaire dans un premier element negatif; nous en verrons la preuve plus loin (1).
l
l
En ancien
proven~al,
mas est assez courant apres autre;
l
l
ct. : 8ertr. 80m. J 4, 22 (Appel, Pray. Chrest. 37, I) Folheta, ges autres yergiers No fai folhar martz ni fevriers Mas vas.
Ibid., 35, 23: S'i(;U autra donna deman ni enquier
a J.
Melander de n'avancer, pour seul exemple du latin postclassique et ne concerne pas magis mais l
un
l
Tert., Adv. Marc. III, 24 Non est aliud sed aedes Dei.
pouvons en citer un second, tres tardif : Laus Hispaniae (IX" siecle), ap. M. Dioz y Diaz, Anthologia del latin vulgar (1), p. 253 L .. l et de omnia que nocevit, non habet in Spania, non serpens neque aspidem neque draconem neque leonem neque leopardum neque ranas venaticas neque olanta neque griba neque situgo neque pantaro set semper secura permanet in pace. Alioquin set non habet set usitatem.
5i sed peut introduire 10 contrepartie d'un alius, il est legitime d'admettre que magis, qui en latin parle a supplante sed au point de I'eliminer, ait pu jouer Ie meme role. Au reste, il est interessant de noter que quand I'element n6gatif d' une phrase comporte un terme signifiant « autre », la contrepartie positive constitue aussi bien une adversation qu'une exception: nous sommes 10 0 10 frontiere commune des deux ordres d'idees. II en resulte notamment, en latin, Ie grand nombre des constructions possibles apres les mots de la famille de alius: ac, atque, et, quam, nisi praeter, quam, citro, extra, absque, ab, exceptis ... (2).
Mas vos (2),
la liste des 36 exemples de En ancien fram;ais, mais exceptif dressee par J. Melander, if y en a 9 qui compor tent autre ou el. Dirons-nous donc avec J. Melander que « mais [excep tif] s'explique par analogie avec I'adversation », ce qui sup pose la filiation semantique: « plutot » --.... « mais » --...;)o~ « excepte » ? Nous ne croyons pas que la formule corresponde exacte ment 0 la realite. Nous mettrions volontiers Ie sens exceptif et Ie sens adversatif sur Ie meme plan, comme deux conse quences paralleles obtenues en discours a partir d'un seul et unique signifie de puissance, qui est inversion de signe alge brique. II nous paraH vain de rechercher si I'une des valeurs decoule de I'autre. D'ailleurs I'aisance, amplement montree par A. Tobler et J. Melander, avec laquelle les tours dits ex ceptifs de I'ancien fran~ais sont utilises pour I'adversation semble bien indiquer la meme indistinction originelle. D'au tres faits vont dans Ie meme sens. E. Lofstedt a mis en relief, dans Ie latin tardif. les emplois adversatifs de I'exceptif nisi (3).
l
II est possible que magis ait d'abord eu valeur a 10 adversative et exceptive apres phrase negative se soit de la etendu a celles qUi ne com n'est pas un ter
(1) Madrid, 1950. (2)
Cf. Ie TheSaurus linguae wtinae, sous albu,;J.
(1) V. i., p. 49 sqq. Exemples cit.es Illier l'est aussi par J. p. 213, signale une correction de M. Kjellmann a la these de J. der; trouvant trop « mecanique » Ie processus d'ana)ogie propose par celui-ci, il souliglle l'identite profonde qu'il y a entre adversation et eXception, 'et la facilite du passage de l'une it l'autre. Les exemples alIegues comportent taus. dans leur premier element, l'idee de « au tre :1>, Us sont done tout it fait eomparables aUK exemples d!aneien pro V'encal que nous citons iei. (3) Vermwchte Studien, p. 28 sqq. (2)
-
38
On sait que, de meme, en espagnol, sino est adversatif aussi bien qu'exceptif et restrictif. II n'est pas jusqu'a I'adversatif si de I'ancien franc;:ais qui ne puisse occasionnellement se faire exceptif. Cf. : Cor. Lo. 240 Par tel covent i ala Ii guerriers
Puis ne revint si ot grant encombrier.
E. Langlois (1) traduit « qu'il ne revint qu'apres avoir sur monte de grandes difficultes ». Nous avons bien 10 une idee exceptive, puisque la negation de revint n'est que provisoire : Guillaume est effectivement revenu (2).
Mais est donc a I'origine un inverseur, apte aussi bien a la fonction exceptive qu'a la fonction adversative. C'est Ie rapport qui s'etablit dans I'esprit entre ce qui Ie suit et ce qui Ie precede qui decide en discours de I'une ou de I'autre valeur. Si ce qui suit a un caractere particulier par rapport 0 un con cept general dans Ie premier element, on obtient un effet d'ex ception; si les deux ont Ie meme degre de particularitc, on obtient un effet d'adversation. Evidemment, par la suite, I'une des deux fonctions prend Ie pas sur I'autre: mais, se pn2ci sant semantiquement au cours de I'evolution du franc;:ais, tend a se specialiser dans la fonction adversative, tandis que les autres tours, ambivalents a I'origine eux aussi, se confirment comme exceptifs. A voir les choses sous cet angle, on evite I'in convenient qu'iI y a, croyons-nous, 0 parler, comme A. Tobler, d'emplois « illogiques » des tours exceptifs. L'illogisme n'existe que selon I'optique moderne. Ainsi corrigee, la these de J. Melander nous paralt la plus plausible. Mais iI y a quelque chose a retenir de I'explication d'A. Tobler. En realite, les deux theories, loin de s'opposer, apparaissent complementaires, si I'on veut poser Ie probleme sur Ie plan de la langue.
Ed. C.F.M.A. du Coltmnnement de Louis, p. 153. a son sujet, v. P. Imbs, Les propositiions tem1Jorelles en ancien /ranQais, pp. 426-438. Ainz semble n'iHre jamais employe avec valeur exceptive. C'est peut-etrc qu'it la difference de mais il est senti comme clairement et purement adversatif ; c'est un inverseur integral. paree que c'est un inverseur innove. Mais a un semantisme plus flou. (1)
39-~
Le latin postclassique met un fait en lumiere : I'aptitude de magis a figurer dans I'un ou I'autre element, - Ie negatif ou Ie positif - , d'une phrase a inversion de signe algebrique. O'ou la difficulte de son interpretation. On Ie rend par « plus» (apres negation) dans Ie premier (Cf. I'exemple de Lampride cite p. 28, ou encore Ie tour: non ... magis.", sed, ou magis est a peu pres intraduisible: Cypr. Demetr. 9 non de se magis, sed de altero iudicare. Arnob. Nat. 1, p. 3, 23 non impH magis nos, sed illi (1) ), par « mais » dans Ie second (Cf. lulian. Dig. 47, 12, 16 non ad rem familiarem eiusdem, magis ad ultionem pertinet) (2). Mais n'y a-t-il pas au fond une unite semantique sous ces deux emplois si differents? Et n'est-ce pas que magis est devenu simplement, en langue, un signe d'inversion, ni plus ni moins? Nous avons deja indique que, dans une phrase a inversion de signe algebrique, iI existe, au point meme ou I'on passe du premier element au second, ce que 10 linguistique psychomecanique de M. G. Guillaume appelle fort justement un seuil, soit :
.,
f
•• de
~l
...... ,... de
;1~-
Or, un des traits caracteristiques du seuil linguistique est de constituer une position intenable par un signe ; Ie signe du seuil est soit avant, soit apres, mais, par definition, jamais sur Ie seuil lui-meme. N'avons-nous pas 10 I'explication de la dou ble place possible du signe d'inversion magis? Dans Ie pre
(2) Ce tour est. assez rare en ancien fram;ais;
(1)
Thesaurus Linguae latilute, art. magis, f. VIII, p. 60.
(2)
Thesaurus, Magis, t. VIII, p. 60.
-
41
40
mier element, avant Ie seuil, iI en annonce 10 survenue, et Ie signe du passage est alers, Ie plus souvent, un quam:
les 36 exemples de mais exceptif cites par J. Melander deuX seulement sont dans ce cas:
s
$aisnes CL Et ant tuit I carage, mes Ii sire qu'es guie. M. Aym. 449 Tote esteit neirc mes un bras qu'ele at blanc.
~I
(quam)
non magis
Dans Ie second element, magis signifie que I'inversion a eu lieu, soit :
s
----------~·~I
. magis
non
II n'est peut-etre pas impossible que Ie latin parli~ ait connu un type de phrase avec un magis dans chaque element, soit, pour reprendre la phrase imaginee par Tobler: non habet filium magis, magis unum, puisqu'on lit dans Ie ms P d'Alexis : 36 ...que mois n'ora enfant mois eelui sal
II s'agit d'une tentative d'extension qui n'a pas eu de suite, du fait que mais est surtout senti comme inverseur du
ou
+.
Mais exceptif peut-il etre introducteur de proposition? La question peut poraltre sons objet, car Ie resultat n'est ni plus ni moins qu'une adversation (2). On peut voir a la rigueur, du fait de la presence de el, une exception plutot qu'une ad versation dans : Cham. Guill. 78 Respunt Tedbald: Unques pur e/ nel dist, Mais a la bataille n'ose iI pas venir.
(encore Ie texte est-il evidemment altere). Toutefois mais suivi du subjonctif peut avoir Ie sens de c pourvu que », comme mais que, valeur que nous croyons derivee du sens exceptif : Pel. Chari. 485 Volentiers, dist Ii quens, mais Carles me I'otreit.
Cependant ce type ne peut etre que tres exceptionnel. En roman, on aura, correspondant au premier emploi de ma gis : Afr. AI. 43 N'at mois amfant aprav. Gir. Rouss. 6343 E no sunt mois a lui trei eompainon esp. no mas: un poquito na mas raum. numoi: am numoi un frate
et, correspondant au second: afro Q.L.R., II, I, 26... Si eume la mere sun fiz qui n'ad mois un aprov. Flamenco (Appel, 5,
(1),
V.
180) EI cars non ae mais II enfans
ane. eatal. En Buc, ap. Catal. Streitgedicht, ed. W. Forster 72, Que ab mi no pots res guaynar, Mas bastonades, si les vols (1),
En ancien fran<;ais, mais, exceptant une expression no minale apres assertion affirmative est quelque chose de tout a fait exceptionnel. Nous n'en avons rencontre aucun exem pie dans nos textes allant jusqu'a la fin du Xlle siecle. Parmi (1) Cf. A. Wallenskold, op. cit., pp. 389"390.
Aial 3530 Les chevaus prendrai jo, mais ne vous poist.
Mais if est difficile de dire dans quelle mesure la propo sition introduite par mais est sentie comme subordonnee et non coordonnee. On obtient une subordonnee exceptive en faisant porter mais sur un tant developpe par que + proposition: mais tant que est atteste dons les Quatre Livres des Rois a cote de mais que: I, XVIII, 25 Li reis n'ad que faire ne el ne quert endreit vus, mafs tant que de ses enemis Ie vengiez e de lur chiefs cent Ii presentez. III, XX, 31 E Josaphath regnad en Juda e fist <;0 que Deu plaut, rnois tont que if suffrid que I'um sacrefiad as munz.
l'existence de fors tant que (3) est peut-etre pour quel que chose dons I'invention de mais tant que. (1) Op. cit., pp. 152-154. (2) Cf. H. Sten, op. cit., p. 216. (3) V. i., p. 62 sqq.
-42
d)
NE ... NE MAIS.
L. Cledat (1) considere ne mais comme une abreviation de ne mais que: « Ne mais que a pris deja fLe., des I'epoque du Roland] 10 valeur d'une locution prepositive gouvernant I'accusatif, et, des cette epoque, elle s'est abn§gee en ne mais.
-43 -
Le tour est bien atteste Rot. 381 ;
Cor. La 600
Ne fu puis am quil peUst empirier Ne mois itant I'espes de dous deniers.
ibid. 647
D'une grant teise n'i puet on aprochier Ne mois ieil qui en fu costumiers.
Cette interpretation ne paraH guere soutenable. Elle n' ex Mon. Guill. 1 541 plique pas pourquoi une telle abreviation se serait produite dans les tours exceptifs, alors qu'elle est inconnue des tours comparatifs. Elle ne tient aucun compte de I'existence du tour Gorm. 175 ne ... mais, que L. Cledat ne cite pas.
Rol. 38 J Jo ne sai veirs nul hume
Ne mes Rollant, ki uncore en avrat hunte.
Cette explication pikhe par Ie fait que ne mais ne peut en aucun cas etre traduit par « seulement ». Aprcs phrase negative comme apres phrase positive, il est exclusivement re gissant et signifie « excepte ».
A. Tobler (3) considere que ne mais a d'abord suivi une proposition negative, la particule ne constituant une reprise de la negation qui accompagne Ie verbe precedent. II nous semble qu'il est dans Ie vrai, et que ne ... mais donne nais sance a ne ... ne moist par expressivite, comme ne... mois que engendre ne ... ne mois que. La encore est invente un signe a deux termes reproduisant en lui-meme Ie schema V de I'in version qu'il signifie. (1) L. C16dat, ies vieil/es locutiolls « mais que, ?Ie ma,is que », Rev. Phil. Fran<;., 1906, pp. 11-16. (2) K. von Ettmayer, Ana/yliscTte Synt(lx der fro Sprache, § 43, t. I. p. 93 sqq. (3) Art. cit., pp. 91-92.
dote ancienne. Citons, outre
Phil. Thaon, Compo Unc nen out valente
1697 Ne mofs de servir Dc.
Rol., v. 1688 Tuit sunt oeis cis Fronceis chevalier, Ne mois seissante, que Deus at espargniezl ».
K. von Ettmayer (2) propose une outre explication. II pen se que ne mais a eu d'abord valeur d'un « nein ! » ou celie de « nicht mehr ! nicht weiter ! genug ! », qui amene au sens de « im Gegenteil, umgekehrt » (<< au contraire, inversement ») ; il se serait employe en premier lieu apres phrase positive. Puis, apres phrase negative, ne mais prendrait Ie sens d'une disjonc comme dans: tion renforcee: « einzig und allein
a
Sor Ie ceval fu dans Guillaume encore, Tos nus et povres, qu'il n'avoit point de robe, Ne mois ses boies, 5es couces et ses bates. MEie ert 10 terre e Ie pa'is
que n'en suleie home servir
ne mes sui Deu, qui ne menti
e I'emperere Lowis,
(ou il ne faut pas voir une adversation restrictive cor il est habituel Cr dote ancienne que Dieu soit compte, pour ainsi dire, dons 10 categorie des hommes. Cf. Robert de Clari, XVIII, 15. " ne sont que deus hommes qui doivent donner : Dame diex et jou.l.
Ses homologues se retrouvent dans d'autres langues ro manes. Cf. les exemples suivants, cites par A. Wallenskold (1) : one. ita!. In chi de mete 10 savio 10 sao speranza? noma in quello chi he somo savio (Prose gen., ed. Ive, Arch. glatt. it. VIII, pp. 10, I, 6-7) (21. Che nessun a dogno, noma do 5i mecsmo (Ant. par. lomb., ed. W. Forster, Arch. glatt. it. VII, pp. 1, 1, 15),
E no rengno no mo per onni XII (Ree. d' ex. en rich, Rom. XIII, 39J.
O.
it., 1.391, ed. Ul
rheta-roman: (istrie, Muggia) govon vu dies figuoi, e dio, no me n'a losa nome doi lReliquie Iodine, ed. J. Cavalli, Arch. glott. it. XII, p. 287,
1, 21.
onc. roumain : si niminc nu stie fiiul numoi tath!b (Tetraev. de 1574, Math. XI, 27, ed. M. Gaster, Arch. glatt. it. XII, 1890-2, 218).
Mais les langues romanes de 10 partie occidentale du domaine I'jgnorent (3).
(1) Gp. cit., pp. 390-391. (2) Vinterrogative equivaut lei a une negative. (3) Cf. J. Melander, ap. cit., p. 150.
-
44
45
L'ancien fran~ais semble avoir ete seul 0 etendre ne mais I'exception apres phrase positive; c'est 10 une indication sur Ie caractere secondaire du tour.
o
Cependant Ie roumain moderne n'emploie numa; que dans Ie sens de « seulement », en phrase positive, cf. am nu mai un frate (1). Le rheto-roman utilise noma dans Ie meme sens: (eng.) Ch'cll sto aquo noma ad urcr, chia ell nun po ne baiver ne mangier (Hiob. fin obcreng. Drama aus dem : XVII th., ed. Kofmel 1889 v. 183-4),
II ne nous appartient pas de dire si ces emplois provien nent des emplois cites plus haut, ou les termes en question sont exceptifs (par une evolution comparable 0 celie de cien fran<;ais ne mais que) (2), ou s'ils remontent directement au latin non magis: « pas plus» » « seulement ». Les deux exemples d'ancien roumain cites par W. Meyer-Lubke (3) ne renseignent pas sur ce point; numai, apres proposition ne gative, semble y avoir Ie sens adversatif-restrictif de « mais seulement » plutot que Ie sens exceptif.
II est exact qu'on ne trouve pas ne... que dans Alexis, ni d'ailleurs dans 10 Passion du Christ. Cela ne suffit pas 0 eta ne soit pas ancien. La Passion, Alexis, Ie Pelerinage de Charlemagne comptent, en tout et pour tout, deux expres sions de I'exception chacun. La Vie de Saint Leger n'en compte aucune. On ne peut done tirer argument du silence de ces textes. Ceux-ci mis 0 part, il faut reconnaitre que ne ... que apparalt tot. II y en a un dans Gormond et Isembart, que cer tains situent au Xle siecle. 271 Jeo n'ai trenche ke I'alqeton e un petit del peli~on.
1/ y en a un aussi dans Ie Roland d'Oxford, quoi qu'en disent K. Ebeling et E. Lerch (1) : 1352 So hanste est fraite, n'en ad que un
trun~un.
Un encore dans Ie Com put de Philippe de Thaon : 2073 Duze demies hures
<;0 ne sunt
que sis hures.
II semble que Ie roumain numa; n'ait pas de rapport di rect avec I'afr. ne mais exceptif.
Nous en comptons quatre dans Ie Couronnement de Louis, quatre dans Ie Charroi de Nimes, et pas moins de dix dans la Chanson de Guif{aume (dont, il est vrai, I'anciennete est contestee).
B. NE... QUE.
o date
On a souvent dit que Ie tour ne... que etait tardit et se condaire en fran~ais. K. Ebeling (4) affirme qu'il fait defaut dans Alexis, dans Roland et dans Ie Pelerinage de Charlema gne. L. Ciedat (5) pense que « dans une proposition negative, ne mais que s'est abrege en ne... que », et E. Bourciez (6), qu'il y a eu « ellipse» de mais. Ces allegations meritent exa men. (1) Cf. E. Bourciez, El. Ling. rom., § 248 c, p. 272. (2) V. s.. p. 30. (3) Gramm. Lang. /'Om., III, §
..M",· les faits au roumain et du
~t..A+" ~~."
(4) Art. cit., p. 213 sqq. J. Melander, Hist, fro flynt., I, p. 112 reprennent cette (5) Les vieilles l.oclttions ..., p. 15. (3) El. Ling. rom., § 320 b, pp.. 382-383.
p. 141 et E. Lerch, a leur compte.
Ainsi repn3sente, ne... que ne fait pas mauvaise figure, ancienne, aupres des autres tours d'exception. II est aussi ancien, par exemple, que ne... se ... non.
On ne peut done retenir I'argument de I'apparition tar
dive. Mais surtout, I'hypothese de la chute du mot mais de
ne... mais que paralt difficile 0 soutenir. On voit mal comment
un tour fonde sur la negation d'un comparatif de superiorite
pounait se passer du terme essentiel que constitue ce compa
ratif. Aussi bien, ni L. Cledat ni E. Bourciez ne tente d'expli
quer cette chute. E. Lerch t lui, n'esquive pas la difficulte; il propose I'hypothese suivante (2) : il part de mais que exceptif (qu'il considere d'ailleurs comme secondaire) utilise dans une phrase comme: Nuls n'i remest mais que la re'ine = « nie
mand blied, ausser dass die Konigin [bliebJ», et il explique :
caber es lag nahe, das mais solcher Satze zu verwechseln mit
(1)
(2)
Cf. H. Sten, op. cit., p. 195. Hist. fro Synt., I, p. 108 sqq.
47
46
mois = « mehr », also zu verstehen : Niemand blieb mehr (noch longed, ausser der Konigin. Dementsprechend liess man das mais fort, wenn man den Begriff « mehr » (<< furder ») nicht ausdrucken wollte: Nuls n'j remest, que 10 re'ine, und erhielt so ein que - « ausser », « ausgenommen », « als ». Pour soutenir cette interpretation, E. Lerch pose en fait que ne... que est apparu d'abord dans des phrases comme : Gout. d' Arr., life, 1819 Ne cuide qu'il j ait nului Que seulement son clerc et lui,
contenant un terme signifiant « niemand » ou « nichts », et que Ie type:
mange que des legumes »est un « zeugme » pour « Louis ne mange qu'il ne mange des legumes, Non edit Ludovicus quin a/us edot ». lis s'appuient sur une phrase de Rabelais, II, 28 : ...car elle ne pissoit foys qu' elle ne fist une riviere plus grande que n'est Ie Rosne ou Ie Danoubbe,
phrase tres proche de : « Elle ne pissait qu'elle ne pissot une ri viere », qui aurait donne « Elle ne pissait qu'une riviere ». Cette interpretation, seduisante rait insoutenable.
u premiere
vue, nous pa
D'abord, il faudrait alleguer des exemples beaucoup plus anciens que celui de Rabelais (dont la phrase est d'ailleurs est secondaire. Pour lui, passablement sollicitee pour les besoins de la couse), et des Lance/ot, 1240 li chevaliers n'a cucr que un exemples ou Ie verbe de la principale fut formellement repris serait I'un des plus anciens exemples du tour. dans 10 consecutive negative : dans 10 phrase de Rabelais, fist ne peut guere passer pour un emploi de faire comme verbe II est aise de refuter ces dernieres allegations. Les exem suppleant. Nous en avons cherche sans succes, alors que les pies anciens que nous avons cites, - bien anterieurs au Lan outres tours exceptifs pouvant passer pour des « zeugmes » ce/ot de Chrestien, - demontrent que Ie tour apparalt d'abord possedent leur equivalent developpe. Cf. : dans res phrases qui n'ont d'autre predicat que ce qui suit re Jus Adams, 240 N'a que nos dous en ceste rate
mot que. C'est Ie type que Lerch tient pour primitif qui est secondaire. D'autre part, n'est-il pas bien invraisemblable que mois que, qui des les origines apparait comme une locution synthe tisee, que precede toujours 10 coupe syntaxique, se soit ensuite dissocie en mais I que, au point que Ie premier element mois n'ait plus ete compris, soit revenu au sens premier de « plus» et ait pu ainsi disparaitre? On observe frequemment Ie pro cessus qui, de ne... mais I que mene a ne... I mais que, mais on ne voit pas d'exemple du processus inverse. D'autre part surtout, iI nous parait tout a fait inexact de poser que - « ex cepte », comme nous verrons par 10 suite. Nous pensons que 10 tentative de Lerch d'expliquer 10 chute d'un mais constitue un echec. II ne faut pas partir de ne ... mois que pour expliquer ne... que. J. Damourette et E. Pichon ont cherche dans une tout autre direction (1). lis considerent que 10 phrase: « Louis ne
Og. Dan. 9805 II ne cremoit en France nule gent,
Nc mais Ogier cremoit sur tote gent.
Wace, Rou 3736 Ja n'istrcit de prison se par Ii n'cn isseit.
Mer. 2837 Font elios, si ne client plus,
Fors en allant dient: « mar fus ».
Mais surtout, ce qui est impossible a admettre, c'est que 10 negation de la proposition consecutive ait pu tomber. Dans les consecutives du type invoque ici, 10 presence ou I'absence de ne donne deux sens absolument contradictoires. Or c'est seulement la consecutive comportant une negation qui aurait pu donner Ie tour exceptif. On attendrait donc ne... que.. non, comme on obtient ne... se ... non, zeugme de ne... se ... ne verbe: au reste, que subjonctif produit Ie meme effet de sens que se indicatif. A notre connaissance, ne... que... non n'est que tres rarement atteste. On peut citer :
+
+
Thebes 576 car il ne mena home
0
sei
ne escuier ne compoignon
(1)
Esswi de Grammaire, VII, 3062, pp. 320-321.
que solement son cheval non.
-
48
(Texte d'un seul manuscrit; les autres ont se... non). Mer. de Portl., 1656 Je ne demant que guerre non (
(Texte d'un seul manuscrit). Auberi 1117 Ci n'a tor que eel non (2).
II s'agit vraisemblablement, soit de fa utes de copistes, soit de tentatives isolees de contamination de ne... que et de ne... se... non. Remarquons aussi que, pour Thebes 578, une proposition developpee, au lieu du pretendu « zeugme », soit : que solement son cheval ne menast se comprendrait difficile ment. S'it est vrai que la proposition consecutive negative intro duite par que produit souvent en ancien fran~ais un effet de sens d'exclusion proche de I'idee d'exception, nous ne croyons pas pour autant qu'on puisse retenir I'hypothese de l'Essai de Grammaire quant a I'origine de ne... que.
-
Malheureusement E. Lofstedt ne cite aucun exemple OU 10 premiere partie de la phrase com porte une negation. II n'en fout pas moins retenir qu'en latin tardif, quam peut a lui seul SUgg erer I'idee de comparaison. II est donc inutile de supposer 10 disparition du magis de non magis quam. Si quam - tam ... quam, on peut inferer que non ... quam a pu exister au sens de « non autant... que ». Mais if y a plus. On sait qu'en latin classique meme on « autre » (alter, trouve des exemples des termes alius, aliter, etc.) construits avec quam: Cie. de inuent. I, 26 Aliud confieere quam causae genus postulat.
On trouve meme, une seule fois chez Ciceron, nihil aliud quam dans Ie sens de « rien d'autre que» : Acad. fro 20 hominem natum ad nihil aliud quam honestatem (1l.
Le fait est plus frequent apres Ciceron : Liv. XXVII, 18, 11 nihil aliud quam ui impediti iere.
Comment des lors expliquer la genese de cette locution? Nous pensons avec A. Wallenskold (3) que Ie tour est primitif et qu'il faut remonter, pour en rendre compte, jus qu'au latin tardif. E. Lofstedt (4) a signa Ie d'importantes particularites de la syntaxe de quam dans Ie latin postclassique. Quam a lui seul peut signifier sicut, tanquam : Luc. Calar., p. 260 Aduersarius uester diabolus quam leo rugiens circuit.
II s'emploie sans un tam correlatif dans I'expression de I'egalite : CIL VI 28138 educatus litteris graecis quam et latinis.
Peregr. Aether. 40, 2 Benedictis cathecumenis quam fidelibus iuxta consuetudinem reuertuntur. Iren., 4, 10, 2 Candidi dentes eius quam lac (5).
Cite par A. Wallenskold, op. cit., p. 472. Cite par H. Sten, op. cit., p. 221. (3) Gp. cit., p. 465. (4) Einar Lofstedt., Studien Z'ur lat€'linischen
kunde und Syntax, Lund, et.c., pp. 23-28.
(5) Cite par A. Blaise, Manuel du latin chretJien, Strasbourg, 1955, p. 97. (1) (2)
49
Or, en latin tardif, du fait de I'interference de nihil quam avec nihil nisi (2), Ie terme signifiant « autre » n'etre pas exprime. Sit malheureusement, nihil ... quam pas un tour attestc, que nous sachions, on rencontre son valent semantique interrogatif quid ... quam? Cf. :
aliud peut n'est equi
Faust., Trin. 1, 14 p. 49 C Quid cst dei uoluntas quam dei sapien
tic? Tert. adv. Prax. 29 Quid est compati quam cum alio pati ? (3)
On reconnaitra que ces interrogations valent des asser tions negatives; il n'est done pas interdit d'admettre I'exis tence de phrases comme • non est dei uoluntas quam dei sapien tia, • non est compati quam cum alio pati ; ou tout au moins • nihil est... C'est la I'idee que nous trouvons traduite en fran~ais par Ie tour ne... que, dans: Phil. Thaon, Compo 2075 Duze demies hurcs <;;:0 ne sunt que sis hures.
(1) Cite par Stolz - Schmaltz - Leumann - Hofmann, Lateinische
Grammatik, Munich, 1928, p. 732. (2) Cf. E. LOfstedt, Vermischte Stud-ien,
qui, apres l'ou \'rage cite ci-dessus, p. 732, donne la phrase de trin. en n. 1. F (3) Cite par A. Wallenskold, op. cit., p. ·et par A. Ernout et . ~homas, Syntaxe /atine, § 202, p. 149, avec remarque: « Quam deVlent a lui seul l'equivalent de aZiud quam ».
-
51
50
C'est pourquoi on doit considerer ne, .. que comme ancien et comme remontant au latin tardif non ... quam, representant non aliud quam influence par non ... nisi (1),
dire six heures seulement)1 mais qu'elles ne sont autre chose
que six heures, qu1elles font six heures exactement.
De meme l dans 10 formule du type:
L1ancien provem;:al connait no (non) ... que des ses pre miers textes. Cf. : Bocce, 90 ni noit ni clio no faz que mal pensar. Jaufre, 389 ma donna non vas fora
Que plazer (2l.
En ancien fran<;:ais l un mot de peu de consistance et pho netique et semantique comme e/, dans Ie tour ne ... cl ... que (bien atteste) a beaucoup plus de chances de paraitre inutile au focultotif en phrase negative qu1un mot de sens plus plein comme mais. Les trois premiers exemples de ne... que en fran<;:ais Rol. 1352 So hanste est fraite, n'cn ad que un trun<;un Gorm. 271 Jeo do; trenche ke I'alqeton Phil. Th" Camp. 2075 Duze demies hures
Co ne sunt que sis hures
slaccordent bien avec I'origine que nous indiquons. On ne chon geroit rien en suppleant un el dons 10 premiere partie de cha cune de ces phrases. Pour la troisieme, soulignons meme com bien 10 chute d'un mot signifiant « autre» est une hypothese preferable a celie de 10 chute de mais, II n'est pas dit que douze demi-heures ne sont pas plus que six heures (c'est-a (1) CL H. Sten, op. cit., p. 195 : « En optaaet i scnere Latin ved at quam i Sted; F. Eks. har klassisk kun nihil nih,11 alil~d '1'U(lln ... ; og da vi hal' :B'ormlen non nisi (artem non odit nisi ignr.rus) kan vi ogsaa non-quam. (og nul/us-quam for ?!nllns-1lisi o. s. v.), (2) Exemples cit>\s par Meyer-Lubke, Gramm. Lally. rom., III, § 702, p. 784, et par A. Wallenskold, op. cit., p. 468. Cc dernier cite egalement des phrases d'italien moderne. - mais non d'anden ita lien - , et rapproche ne .., que du portugais 11(iO ... nega ou nego, et du rOllmain nu... deed. l~emarqllons que Ie rheto-roman possede un ex ceptif (lute!' che et citons, apres Meyer-LUbkE', III, § 447. p. 508: par ler de I'Obwald: Bal'/cwm 266, 2.4 els possien magliar de t.utts fregs del Paradis, autcT che d'in pumir; 283,34 figei che ei seigi nagina au tra persuna con el en il Pallaz, auter che questas Giufnas. Auter ehe est un bon exemple d'inverseur complexe forme par l'attraction d'un element du premier membre dans Ie second.
Cor. Lo. 376 En eels de Rome n'en ot que esmaier
Char. Nim. 699 Molt fu dolant, n'i ot que corrocier,
"interpretation: « il n'y eut pas autre chose qu'effroi, que
courroux » se comprend bien mieux que: « pas plus qu1effroi,
que courroux ».
On peut conclure de cela que Ie tour ne... que n' est pas specifiquement exceptif a I'origine, car il ne fait pas allusion a un tout dont une port est soustroite. II exprime seulement un rapport de non-heterogeneite, c'est-a-dire d'jdentite. Cela dit, iI importe de preciser comment Ie tour fonction ne en langue. Apres un premier element nie, c'est-a-dire exprimant un mouvement a 10 negativite dont ne est Ie signe, que joue Ie role d'inverseur et introduit un element positif, comme il appa roit d'apres Ie signe de coordination qui est toujours et dons Ie second element. Cf. : Gorm. 271 Jeo n'oi trenchc ke I'alqeton E un petit del peli.;on
On retrouve donc Ie schema deja indique pour d'autres tours:
~
,I
7'
+
ne
~
q lIf'
-! ~
Mais I'inverseur est ici un terme dont les fonctions sont multiples dans 10 langue. Nous !'avons vu jouer Ie role d'« ex h!rioriseur » dans les comparatives, et il I'assume encore ici, pUisqu'il soustrait ce qui Ie suit a 10 negativite de ce qui Ie precede. Nous I'avons defini ail/curs comme indice introduc teur du regarde (0. Cela signifie entre autres chases qu'il sert
-
(1) Cf. notre Essai S~tT Ie sl~b1onctif, CIl. II!.
53
52
a nominaliser (1). II en resulte que I'inversion qu'jI produit n'est pas celie d'une adversation banale, mais est celie qui oppose Ie signe + d'un nom au signe - d'un verbe, Ie signe d'un concept a celui d'un proces. Le nom devant etre neces sairement refere au verbe nie qui precede, avec fonction de sujet, d'objet, de complement circonstanciel, etc., il constitue un element particulier qui est ains; mis hors de I'action du proces. C'est pourquoi la phrase a ne... que com porte un pre mier element negatif exclusivement verbal, c'est-a-dire un ver be, tres souvent de semantisme tres general, comme avoir, loire, Ie tour i a, etc., et apres que un nom qui constitue I'essentiel de I'enonce, Ie predicat de la phrase. L'inversion du mouvement est rapide et amene I'idee essentielie, qui est posee com me existant exclusivement. Cette quasi-necessite de la proximite de ne et de que, qui caracterise Ie tour a date an cienne, est une consequence du fait que I'inverseur est de structure simple, un monoreme, a la difference de 10 plupart de ceux que nous avons vus precedemment. Que ne tradui sant pas en lui-.meme Ie mouvement double que d'autres sym bolisent, ne peut agir comme inverseur qu'a condition de sur venir dans la chaine parlee immediatement apres Ie verbe ne gative. Le tour subit la une servitude qui est peut-etre couse de sa rarete dans les plus anciens textes. Toutefois, - secondairement, et a date relativement tar dive (seconde moitie du XII" siecle), - on trouve un premier element negatif un peu plus etoffe, comportant notomment un nom. Cf. : Thebes 7648
Car il n'aveient fil que lui.
Ibid. 7201
Car il n'aveicnt heir que cl2stui.
GuernC's, Bl2ckct 213 Vindrent a un grant duit; n'i ot punt ne charricrc K'une planche, u passa c(de gent paUnierc.
Cf. aussi les phrases alieguees par E. Lerch (2). On voit opparaitre, sous 10 forme d'un nom dans I'ele ment negatif, I'expression de la categorie dont I'element posi
tif e)(cepte un individu. Ce type de phrase reste rare en an cien fran<;:ais. II n'autorise pas a penser avec Lerch que, la, que signifie « ausser », c' est-a-dire « excepte ». On ne peut proposer cette valeur que pour des expressions qui peuvent survenir aussi bien apres un element positif qu'apres un cle ment negatif. lei. il n'existe qu'un syntagmc indissociable no ...
que.
En depit de ce que nous venons d'exposer, Ie tour ne... que est-il apte a I'expression de la simple adversation, c'est-a dire a I'opposition de deux termes situes au memc degre de generalite ? La question est posee par J. MclClnder (]), a pro pos de phrases comme :
Traie 7746
Et ont ormes que no sont tdnte,
DE: vert, de joune ne d'Clzur,
Que de fin or vermeil ct pur.
ibid 9505
Cist nc, chevouehent pas (()ncin~;, Qui chevaus buans d'outr~ Elifrotr:,
(en effet, qui alterne avec que dans cet emploi) au encore (que / qui introduisant toute une proposition) Cliges 5665 Mois n'l ot jo;" ne dcrluit, Que tristc at mat cstoicnt tuit
" y a 10 un probleme embarrassant. Le plus vraisemblable nous perait eIre que 112'; tours in diques iei n'ont aucun rapport avec ne ... que exceptif. Si notre analyse de ne ... que et de ses emplois est exacte, il en resulte que 1) que dans sa fonction exceptive n'alterne pas avec qui; 2) il ne peut amener une proposition complete; 3) il introduit un element nominal necessaire a la completude de la partie verbale negative qui precede; 4) la negation qui accompagnc Ie verbe n'est pas renforcee par pas, point, mie, etc. Ces qua tre traits semblent decouler des origines qlle nous avons recon nues au tour. Or les emplois qui nouS occupent maintenant sont en contradiction avec ces caracteres. Pour les expliquer, il faut sans doute recourir pour une part aux vues de M. Geijer (2). Selon ce linguiste, que scrait (1)
(1) CL « iI est malade », lade » quand elIe doit devcnir (2) V. s., PI>. 45-46, ct i., p. 85.
nominalisee en « qu'il est ma : « il (lit qu'n est malade ».
Op.
cit., p. 133 sqq. Cf. aussi E. Lerch,
0Ii'· cit., I, pp. 111-113.
(2) Stud,ier i Modern Spraln;ctcnskap, V, p. 101 sqq. Cf. J. Me
lander, op. cit., pp. 135-138.
-
55
-54
a
la conjonction introductrice d'une explicative et equivalant car. Apres proposition negative, que, introduisant une propo sition positive, glisserait du sens de « car» a celui de « mais ». Ce changement se serait opere d'abord dans les propositions completes (comme iei dans Cliges 5665). De la, il aurait ete utilise en proposition incomplete, ou il est inutile de n§peter un verbe deja exprime. On obtiendrait ainsi Ie type de T roie 7746.
La ou I'explication de M. Geijer cesse de paraitre vala ble, c'est quand iI considere qui comme une forme tonique de que, amenee par analogie de I'alternance qui / que du pro nom relatif. " y a lieu de voir dans qui un veritable pronom, alliant la fonction de ligature de que a la representation d'un concept. II est a remarquer en eHet qu'il n'intervient que dans des phrases ou il y a dans Ie premier membre un substantif ou un pronom susceptible d'ctre represente dans Ie second. Au reste, iI n'est meme pas necessaire, pour justifier la valeur adversative de que ou de qui, de partir d'une valeur proprement causale du terme conjonctif. La valeur dite « cau sale» de que est un eHet de sens, une valeur de discours. En fait, en proposition explicative, que assume Ie role « consecu tionnel » qui est constamment Ie sien, et qui consiste a mettre un proces sous Ie regard d'un autre. L'effet de causalite re suite de la nature des idees mises en presence, et plus pn§ci sement, du fait que Ie second proces se situe logiquement dans I'anteriorite du premier. Un eHet d'adversation est pareille ment obtenu avec que si par lui un proces positif est mis dans 10 consecution d'un proces negatif. De meme, si une relative a valeur causa Ie ou adversative, ce n'est nuJlement que de tclles valeurs s'attachent au pronorn qui I'introduit: l'eHet resulte uniquement de la confrontation des deux proces. L'adversation signifiee par que ou par qui est une con sequence de discours; elle n'a pas de rapport avec I'effet d'exception obtenu par que fonctionnant comme inverseur dans Ie syntagme ne ... que. II parait legitime de rattacher a I'etude de nc ... que celie d'un autre tour ne laisse pas non plus d'etre mysterieux:
Ie tour comparatif ne ... , ne que. Un des premiers exemples otteStes semble etre : Totes voz messes ne toz voz sacremenz
Cor. Lo. 841 Voz mariages ne voz esposemenz
Ne pris je mie nc qu'un trespas de vent.
Les interpretations
qu' on en a donnees sont assez
diver
ses (1). Nous pen sons que I'hypothese que nous adoptons con cernant ne... que peut rendre compte du tour com me d'une
voria du precedent, avec reprise de ne, comparable a ne...
nte ne mais que aupres de ne... mais quo, one ... ne mais aupres
de ne ... mais.
Le sens de Cor. Lo. 841 est: « Je ne les prise pas une
miette, pas autremcnt que Lie prisel un coup de vent ». II
n'est pas dit quelque chose de bien different de ce que dirait :
Ne pris je qu'un trespas de vent. En eHet, si nous sommes autorises a traduire Duze demies hures C;:o ne sunt que sis hurcs
par « Douze demi-heures font exactement six heures » (m. a m. « ne sont pas autre chose que six heures »), on pourra traduire
Ne pris je mie ne qu'un trcspas de vent
par « je ne les prise une miette, je les prise exactement un coup de vent» _ je ne les prise pas autrement qu' un coup
«(
(1) H. Sten, op. !'it., p. 223. n. 1 cite celles de 'Tobler (Venn. neitr., III, p. 92, reprenant DubisJav at repris par A. WaJlenski:ild, op. cit., p. 465, r:. 2) et d'E. Lerch. Paul' Tohler, qHC iei n'est pas comparatif ; c'est Ie pronom interrogaUf-relatif; il traduit: « nicht was » :;:c « nicht (einmal) so viel wie » ; ailleurs (1\11'1. Gramm. fr., p. 4, n. 5) : « non (ee) qtW, c'est-i\-dire non antont que ». Nous ne s)urions nous rallier a cette vue. car dans la plupart ctes cas, on est inc':1pable de trouver une fonction pronon1inale possible pour qne. E. Lerch fait deriver ce 'lie q!W de ne 1I1ni8 que, par une explication analogue it celie de ne... que par 11e... j)1(1is... que. Com me nous n'avons pas pu accepter cette derniere t.hese, celle-HI ne nous pUL'ait pas plus admissible. Mais une idee est it en retenir. celie de ).a parente de ne... rette ne que et de )te ... qHe. Une autre hypothese est emise par J. Damou et E. Pichon (Essai de OW1nmai1'e, VII. p. 321), qui voient dans Ie ne rait de ne que I'equivalent. du fro mod. 'llii. On aper<;oit mal ce qui pour
appuyer cet.te vue.
-57 -56
de vent »), « aussi peu qu'un coup de vent » c'est-a-dire, en fin de compte, pas du tout. De
me me,
Troie
3619 N" fcreit por vos nulc rien, <;;:0 dist, ne que par un vii chien.
« II ne ferait rien pour vous, pas autrcment qu'il fcrait pour un vii
chien ».
Guill. Ang/. 1431 Et dient: « Par voir cist enfant Ne resamblent nc tant nc quant Dant Foukier ne dant Gosselin Ne que Ii vesprcs Ie matin ». « pas autrement que Ie soir (resscmblcl au matin » - " ; . « pas plus que ... ", « aussi peu que ... ".
Ciiges 916 Et sui je done par cc s'amic ? Ncnil, ne qu'a un autre sui. « Non, pas autrcment que je suis celie d'un autre » -")0- " allssi peu que jc slIis celie d'un autre ".
Quand un de ne, ce qui comme dans Ie un « adynaton
C. NE..· Sf... NON. L'origine du tour ne ... sc ... non ne pose pas de problemes particulicrement ardus. Nous croyons qu'on peut cntierement souscrire a ce que dit A. Tobler a ce sujet (1). En latin, nisi servait a introduire I'exception aprcs propo
sition negative. Cest de loin Ie plus repandu des mots excep
tifs et on Ie rencontre jusqu'au terme de 10 lotinite. On ne
tro pas si non dans cette fonction. \1 a pu mcme Nre 6ten
du Uve a ('expression de I'exception a un enoncc positif, puisqu'on lit au Ville siecle : Form. Solicoe MerKelianoe, 63 Et olii homines hoc faciunt, nisi seni
verbe est exprimc, il n'est jamais accompagne prouve que 10 proposition est sentie positive, cas de ne... que. Elle enonce une idee absurde, ». Cf. Ie dernier exemple de Cliges, ou encore:
Erec 831 del desrcsnier tres bien me vant
NouS verrons que dans les aut res couples aussi 10 syno nym originelle tend a etre abandonnee et que chaque etour evoluie vers une specialisation scmantique ou fonctionnell . e
L..',
que a vas ne s'an pmnt nes line,
ne que au solei I ret la lune.
Ce qui suit ne quc constitue un « adynaton ») positif qui cquivaut, dans son absurditc, a ce qui est dit negativement dans 10 premiere partie de la phrase: aucune ne rivalise avec vous » :-= « chacune rivalise avec vous comme 10 lune avec Ie soleil» "y a donc bien inversion de signe, ce que tra duit en lui-meme Ie direme nc que, selon un principe que nous avons indique. Nous pouvons dire que nc ... no que est a ne. que ce que ne... ne mais que est a ne... mais que, ce que ne.. ne mais est a ne .. mais. 5i la fonction de ne... ne quc, qui est d'introduire une comparaison apres enonce negatif, parait bien differente de celie de ne ... quc, qui est d'amener une res triction ou une exception, c'est que I'usage a oriente vers des utilisations differentes deux expressions de meme origine. Ne ... nc que se rattache a un stade de developpement de ne... que anterieur a son evolution en tour signifiant I'exception : il en est reste a 10 valeur originelle de nc ... que, qui est, sous une forme negative, la position d'une identite.
et parvuli, qui hoc implere non possunt (21.
Nisi, qui en est done venu a signifier « excepte )}, n'a ci pas laisse trace dans les langues romanes, mais ce\les- ont conserve Ie procede d'expression qui consiste a opposer une hypothese negative a un enonce negatif. En eHet, une hypo ere these negative dont 10 consequence est negative sugg com me corollaire une assertion positive qui s'entend oisement comme une restriction. « S'il ne mange pas, il ne dort pas» sugg « il dort s'il mange » et, mieuX « il ne dort que s'iI ere mange ». De meme : « 5'il ne mange pas de pain, it ne mange pas» suggere: « II ne mange que du pain». Ainsi, nier une hypothese peut constituer un moyen de poser un fait (3). 5i, de surcrolt, on place regulierement Ie tour hypothetique apres I'assertion negative, il n'est plus senti com me expression d'hy pothese, ni I'assertion com me consequence d'hypothese Le (1) (2.)
Art. cit., p. 78 sqq.
E. Li:ifstec1t, Vermiscl!1c Sllldiell. p. 35, n. 1.
(3) Que le ~C'cond elt:?ment, comport"nt 80,,11011, solt positif, malgre les apparences. c'est ce qu'indique eh1ircment 111. coordination. qui se fait toujours par et, jamais pal')1(l : Eneas 6321 unques n'ol d'aus 8(: mal non et felonie et traison Q.L.R., IV, IX, 35 Clime ces vinrlrent Jil. 11 Ii COl'S fud jclcd. n'en truverent si Ie chachevel nH,n e poi des picz {] des mains.
-59 -
58
tour obtenu quitte Ie domaine des systemes hypothetiques (1) pour entrer dans celui des systemes exceptifs. Le procede, si on I'etudie en langue, apparaitra comme fort ingenieux. Se, indice hypothetique, est senti comme appa rente semantiquement 0 I'indice de negativation ne, en ce sens qu'ils s'opposent I'un et I'autre au thetique. II en n§sulte qu'apres un mouvement a la negativite exprime par Ie pre mier element de la phrase, par exemple ne mange, se ne peut constituer un inverseur: son role est meme de pro longer un temps ce premier mouvement, jusqu'au moment ou il est nic, de fa<;on a inverser et a obtenir du positif, du thetique; ce qu'on fait par la negation non, p. ex. se pain non. " est obtenu une inversion quelque peu plus tardive que par les procedes anterieurement decrits, mais Ie resultat est Ie meme. Se ... non constitue encore un direme comportant en soi les deux ver sants que nous avons dessines : V, Ie schema meme de l'in version, mais sous une forme un peu differente, qui est: \ ., ./. L'hypothetique se annonce ce qui est concerne par Ie mouvement restrictif traduit dans la regissante negative; il Ie presente comme etant en debat. La negation non, interve nant ensuite, detruit I'hypothese qui pese sur lui et par 10 Ie declare thetique, c'est-o-dire positif. En discours, Ie tour ne ... se... non se revele un outil com mode, d'une part, parce que I'excepte s'intercale entre les deux elements de f'inverseur, ce qui I'isole et Ie met en relief, d'autre part, parce que 10 semioiogie bien individualisee et claire que constitue se ... non permet d'eloigner sans inconve nient I'exp~ession de l'except6 de celie du proces nie: il n'en est pas oinsi, on Ie sait, pour ne ... mais ou neo.. que. Comme iI est naturel, c'est ici la negation des noms, 0 savoir non, intervient: il s'agit en eHet de suggerer I'adversation partielle I'exception, I'adversation du substantif par rapport 0 10 phrase. Cependant, on peut trouver toute une proposition com me second element. Cf. : (1) On peut arlmettre que, dflns les phrases dre hypothese est plus logiqup que l'ordre inverse; sans eLre eourilnL Dans l"expressiOIl rle (ion, I"ordl'e: s(,... lion e,t a peu regIe. et l'ordre inverse est imputable surtout a des triques
Wace, Rou 3736 Ja n'istreit de prison se par Ii n'en isseit.
ne qui apparait, et I'on retrouve Ie systeme hypo rs thetique originel. La plupart des langues romanes ont utilise Ie procede re l11arquabl de suggestion du thetique par Ie choc d'elements e exc!usivement non thetiques (1). Mais peu d 'entre el1es ont in vente d'enclaver Ie terme a excepter entre les deux elements de \'inverseur. ('est 10 une regie quasi generale en plus ancien fran~ais. Nous n'avons trouve, pour y l11anquer, que:
C'est alO
WoeC!, Rou 2686 Co n'crt se non fcintise, vos diroi ki m'oez,
ou des raisons metriques ont du intervenir.
Signa Ions enfin que ne... se ... non peut fournir I'expres sion de I' adversation restrictive: Eneas 239 Ne voient borde nc moison
ne bore ne vile, se bois non.
A. Tobler a longuement 6tudie cette phrase, qu'il trouve illogique (2). Mais c'est 10 une vue de moderne. Le franc;ais se... non peut se faire a I'occasion adversatif, comme Ie latin nisi (3), sans dementir Ie mecanisme qui I'a engendre. L'ex cepte qu'j\ signifie peut etre mis en paralle!e, par juxtaposition, avec des elements anterieurement exprimes, non exceptcs de la negativite affectant Ie verbe. II se degage de cette cons truction un eHet de sens d'adversation pure et simple. D. NE FORS, NE FORS QUE.
L'origine des tours ou entre fors ne fait pas grande diffi culte a)
FORS.
Bien qu'li n'y ait pas d'exemple attestc de foris a valeur exceptive en latin, me me tardif (5), on no peut douter que tel soit \'etymon de fors. Foris, adverbe de lieu signifiant « de
- -(1) - -Cf.- les
exemples cites par A. Wallens],old, op. cit., p. 1GO, n. 3.
(2) Art. cit., p. 81 sqq. (3) Cf. E. LOistedt, llermisehte Stndien. p. 29 sqfJ· V. s., p. 36. (4) Cf. E. Bra]], Latin FORIS, FORAS 1m n"unrnm.an besonders im Franzi5sischen, Berlin, 1918. (5) Cf. E. Brall, op. cit., p. 20.
-
-60
hors », a da iHre employe par image au sens de «( a part» (1), et, com me procter en latin pn§Classiquc, passer de remploi ad verbial a remploi prepositionnel. Proeter n'a pas laisse de trace en franc;ais. Extra, qui ctait deja exceptif en latin, d. PI. Amph. 833 mi extra unum te mortalis nema corpus corpore con
61
cos suCependant, on trouve assez souvent fors suivi du I'essen jet, non seulernent dans Ie cas ou I'exception constitue tiel de I'enonce et Ie seul sujet exprime, d. : Cor. La. 714 N'en eschapo fors solement Noe et si trei fill, ot chascuns at so per. De meme, Beroul 24
mais aussi quand un sujet figure deja dans Ie premic! t'Mment
tigit,
est conserve en ancien franc;ais, sous la forme cstrc, pour ex primer fa mise a part, mais il est tres peu employe et sans doute litteraire. Foris a da constituer un equivalent populaire de extra. " a eu une extension considerable. Ccst un emploi prCllositionnel que nous presente Ie pre mier exemple atteste de fors : AI. 272
Ncl reconut nuls :,on5 opartcnanz
Nc neuls hom no sou! 1<::$ sons ahonz
Fars sui Ie lit u iI a jeu tont,
et, mieux, avec valeur adversative-restrictive: deux faits qui tcmoignent d'anciennete. Cet emploi prepositionnel est bien Ctabfi. Fors est tres souvent suivi du cas regime quand Ie torme d6signant 10 categorie dont fors excepte un individu est au cas sujet. Cf. : Chans. Guill. 81 Cor il n'm cst ncz ne de so mere vis r .. J 84 Mielz de me; ose gront batai/le tenir, Fars sui Wi/lome 01 curt ncs, Ie marchis. De meme: Brend. 711; 1341 ; 1516; Mon. Guill. I, 832; Eneas 5417. (1) II ne nous semhle pas indispensable de rcchercher Oil d'ima giner des excmples nt! l'excepte cnmpnrte une inrlic
de 10 phrase: Brend. 91
Quer puis devint en itcl liu U nuls n'entrat {ars sui Ii piu
De meme, Ibid. 442; 700.
On remarque meme les deux cas coordonnes dans 10 meme phrase:
Beraul 4205
".qu/entre mes cuises n1cntra horne
tors Ie ladre qui fist soi some,
qui me porto outre les guez,
et Ii rois MarC', mes esposez.
La meme incertitude regnera tout Ie tempS qu'il subsis tera une apparence de flexion en franc;ais (1). A 10 question que pose A Tobler (2), de savoir si fors est « adverbe predicatif » ou preposition, il n'y a donc pas lieu de repondre, croyons-nous. Deux tendances entrent en jeu, celie de faire suivre fors du cas regime, qui est ancienne, et celie de faire suivre fors de 10 tournure (meme cas, meme preposi tion, etc.) qui figure dans I'autre membre de 10 phrase. Quand I'exception porte sur une idee exprimee dans Ie premier mem bre par un complement prepositionnel, elle est toujours occom pagnee de 10 meme preposition. Cf. : Cor. La. 700 li fruiz des arb res lor fu abandonez,
Fors d' un pamier, ieil lor fu vcez.
Quand les deux tendances sont en conflit, - ce qui ne se produit que si I'exception porte sur I'idee du sujet du pre mier membre, _ les auteurs choisissent librement. Si Ie seul Cf. A. Tobler, Mel. Gramm. fr., XL, Nominati/, pp, 341-342, qui cite des exemples
notres.
(2) Venn. Beitr., III, p, 97. (1)
dM les
62
63 -
exprime figure dans la partie exceptive, on a reguliere ment Ie cas sujet. Tout ce qu'on peut dire, c'est qu'on ne trouve jamais d/exemple injustifie du cas sujet. b)
FORS
Fors que introduisant unc exception de caractere nominal est un tour secondaire et recent. Les premiers exemples ne semblent pas anterieurs a la seconde moitic du XII" si(kle (1). Cf. : Philomena 1354 Jo plus compaingnie n'i quiert
Fors que lui et Ii et son
Guill. Angl. 574 .. ,qui si estoit povres ot nus
qu'il ne sombloit fors que truant.
Beroul 879
N'i a celui ne face duel
Fors que Ii noins de Tintajol.
(seul exemple de Beroul). Renart 19
Onques n'i at bosle si ose
Qui se tordast por nule chose
fors que Renart tant solement,
(selll exemple de la premiere branche de Renort) , II y a lieu de considerer I'intrusion de que comme de ca ractere analogique, d'apn3s les autres tours exceptifs qUi com portent cette particule : ne .. , quc, ne, .. mois que, etc. (2), Mais Ie fait determinant est sans doute I'avantage qu'il y a a ce que I'exceptif soit assez etoffe : la tendance est a creer des excep tifs ' , Le cas est different il s/agit de fors que introdui sant toute une proposition exceptive, C'est Ie tour fors tont que
Cf.
rencontre tout d' abord,
Trod, Lap, Marbode, Ruge est, e n'o verlut mult gront
293 Fors tant ke toilt songlutement,
devient courant dans la seconde moitie du XII" siecle,
Nous ne croyons pas, avec A. Tobler (l), que tont, dans cette expression, signifie « seulement » comme Ie latin ton tum, Tont n'aurait ce sens que dans cette locution, ce qui est peu vraisemblable, Le mot usuel pour dire « seulement » est sol, parfois solement, Nous pensons que, primitivement, tont est un pronom neutre ou un adverbe signifiant « autant », sur lequel porte Ie mot forst et qui a pour role d'annoncer 10 su bordonnbe qui suit, ~"ous avons un exemple uncien de itont com me seul mot regi par fors : Brend, 541
Mal nen avum fors sol itont,
ou itont annonce ['idee suivante introduite en parataxe, (Re marquons la juxtaposition de sol et de itont, qui semble bien exclure leur synonymie). En voici un autre ou tont est antco2dent de quP pronom relatif : Guill. Angl, 159 N'on portes vaillant un festu Fors tont que vas arcs vostu, (" excepte ce que vous ourcz rcvetu »1.
Enfin
VOICI
tont regi par une preposition, ce qui interdit
de ['entendre « seulement » ct etablit so quulirc de pronOni : Q.L.R" L III, XV, 5 ... pur <;0 que David servid nmtrc Seignur a gred e ne trespassad pas sun cumandement fors en tont cume i! mesprist vcrs Uric,
II apparalt donc normal que tont puisse annoncer Ie con jonctif que introduisant une subordonnee, C'est ce qui se pas se evidemment dans I'emploi de ne .. , que sol itont quo, cf. : Renort 932
Ja ne vivo il que sol itont qu'if ait estc moigncs renduz.
Sons doute ce tont a-t-il cesse assez vite d'etre senti Comme jouant ce role d' antecedent de que, et fors tont que est devenu synonyme de fors que ou de fors ce qui explique qu'on Ie trouve excepteur de locution nominale : l
Cloriz 6178
Cor il n'atent fors tont que I'cure Que Ii Romain soient venuz,
et qu'il puisse passer apres que: Fo!. T rist, B 312 Je n' an oi autre porpans
Fors que tont en amor servir (2), CUI' 1.0. 648 cite par Gmeme Ritchie, op, cit., p. 104 est la du ms C consideree comme inferieure par E. Langlois, ed, CFMA, adopte la le~on ne... 1)lais, (l)
(2) CL A. Tobler, art, cit" p, 9.8, E. Brall, op, cit., p. 2£,
une fois fors que compris comme synonyme de fors, 0 p, cit" p, 98, ct, aassi E. BmIl, op, cit,., p, 32, n, 2. (2) Lf's deux exemples sont cites par Tobler, art. cit., p. 9a.
(l)
-
-
ESTRE.
Nous avons un exemple de ce dernier cas dans: Renart 19
Chans. Guill.
Onqucs n'i ot beste si ose qui se tardast par nule chose fors que Renart tant solement.
T ant a du passer assez vite pour un mot vide de sens dans les tours exceptifs ou entre fors : il a fourni une cheville commode. Fors que introduisant une subordonnee exceptive appa
rait aussi dans 10 seconde moitie du Xli" siecle. Cf. : Philomena 250 ... qu'il n'est orer que Prognc face
fors qu'cle vas puissc tcnir.
Ibid. 940; Beroul, 11 1.
Pour 10 periode anterieure, il est fort difficile de se faire une opinion} etant donne 10 rarete des exemples. Nous avons releve un exemple ancien de fors : Cor. La. 82
65
64
Le fruit des orbres lor mcsis a bOt1rlon
Fors d'un pomier lor veastes Ie don.
2798 Vint mil homes en amein ben, 12 mais Que I'emperere en France me chargeat, Estre la force de mi parent leal. Cil amena mil chevaliers cstre la jaude et les archiers.
Eneas 3921
\I n'est pas proprement exceptif dans ces phrases, ou iI sig nifie « outre, mis a part, sans compter ». Mais it est beaucoup plus proche du sens exceptif dans
ces exemples tires de traductions : Psaut. Cambro XVII, 31 kar liquels est Deus estre Ie Seignu r, e liquels forz estre nostre Deu ?
OU estre traduit proeter (. .. praeter Dom;num/ . .proeter Deum
nostrum).
Ibid., Cant. Moysi, 58 Veicz que je sui suls, e nen est oltre deus
estre meL (Videte quod ... non sit alius deus proeter mel.
Ibid., Cant. Anne, 3 Nen est sainz sicumc est Ii Sire, kar ncn est altre
estre tei, e nen est fort sicume nostre Deus. C.. ncque enim cst alius extra
tel.
Q.L.R., L. II, II, 30 Joab s'en turnad e sun pople osemblad, mois dis
On en trouve d'autres apres Ie milieu du siecle :
e nuef i defurcnt estre Asael. L..excepto Asaelel.
Eneas 1401
Estre fournit donc une ressource pour la traduction de praeter, extra, absque, cxcepto, etc., quand il s'a9 it de suivre
EJ ne queroit, fors achaison
ELlst de lui mettrc a raison
Cf. Beroul, 1848; 3081.
Quant a savair si que de fors que est Ie que des compara· tives lat. quam) ou celui des complctives (= lat. quod), bien que nous penchions pour ce dernier, il parait difficile d'en decider. Au reste, fa question n'a d}interet que d'un point de vue etymologique, et encore; car, du point de vue du psychis· me fro n<;;a is, il n'existe qu'un indice que conjonctif, charge partout de 10 continuation d'un mouvement de pensee sus pen· duo II est, comme on sait, facultatif a date ancienne dans Ie langage ecrit et versifie.
de tres pres un texte latin. II parait etre savant. Pourtant i1 continue extra aui a conserve so valeur exceptive en latin tardif; cf. : Peregr. Aether., 25, 8 Vbi extra aurum et gem mas aut sideo nichil oliud uides.
Nous avons rencontre une fois estre introduire une subordonnee exceptive:
On releve I'existence de certains tours prepositionnels ex· primant une idee voisine de celie de I'exception, celie de la mise a part. lis sont assez rares. Signalons :
que utilise pour
Q.L.R., L. IV, XXI, 16 Estre tuz ees mals fist Ii reis Manosses ocire les prudummes d'ici que tute Jerusalem out replenie de sa malice e estre <;0 que il fist pecchi6r cez de Juda. (Lat. : Insuper ... absque peccatis suis, quibus peccare fecit Judam).
Estiers
E. TOURS PREPOSITIONNELS.
C;O
<
exterius est signa Ie au XIII" siecle (1). Cf. :
Serm. poit. 53 Seignors, mot a de ccus en sainte iglese, esters les paiens et esters les jues, qui sunt essorbe par mavaise vie. Livre d'Enanchet, 24, 6 il n'i doit onques parler, estier en respondant. (1)
Tobler-Lommatzsch, A.F.W., III, p. 1394.
a
-- 66
67 -
etc. II peut convenir a la mise a part (<< sans compter et a I'exception (<< sauf »). II semble appartenir a la langue sa vante; nous ne I'avons pas rencontre dans les textes que nous avons depouilles. OUTRE.
Renart, 1302 Or sui devant lui, si me praigne
et si me face ardoir ou pendre,
qu'autre ouire lui ne me doit prendre.
< ultra
signifie « au dela de » et glisse au sens de « en plus de », d/ou « a part ».
Senz peut avoir Ie sens de « mis a
»
Pel. CharI. 50 Ne fut itels barnez com Ie soen senz Ie vostrc. De meme : Guernes, Beck., 4870; Renart, 80.
II
parfois
a « excepte
».
Paraphr. du Cantique des Cantiques, verset 1 1, 3 I.
En nastrc tcrrcd n'osct cuscl canter
Sainz 10 tortcrelct chi amat castecd
Por man ami.
F. SAUF. II semble que I'adjectif saus, sauf n/ait jamais que son sens propre jusqu'a la fin du XII" siecle. Cependant, on Ie trouve parfois dans des constructions nominales absolues qui laissent pressentir son emploi comme terme exceptif. Ces ex pressions sont encore rares. On peut citer : Guerncs, Beck. Saint Thomas dist qu'en France mult produmes aveit, 4125 E <;0 que il ferunt volt il bien graanter : Sauf son ardre, voldra les custumes guarder.
Ibid. 4131
que des mises a part. Le roi les prend comme telles, puisqu'iI refuse de les admettre : Ibid. 4127
Mais Ii sainz arcevesques idunc Ii graanta Que, salve 10 fei Deu, les custumes tendra.
Li reis jure eel mot en estovra oster:
Par eel mot Ie voldreit, <;0 dist, ensoffimer.
Li reis jure les oilz ja Gil moz n'j sera;
Car sofisme, <;0 dit, e grant engin i a.
Sauve m1onor est une formule courante dans 10 litterature
romanesque. Cf. : Eree, 308
Biax nics Gauvains, eanselliez m'an, sauve m'annor et rna droiture
II n'y a la, bien entendu rien d'exceptif. C est pourquoi iI est assez surprenant de rencontrer deux fois la locution sauf ~ou que proposition dans Guillaume d Angleterre : 1
l
1087
SENZ.
l
l
4133
Outre se rencontre LIne fois dans nos textes avec valeur exceptive, ou peu s'en faut :
Outre
Sauf son ordre salve /0 fei Deu sont des restrictions pres
Et lone tans pense i avoit
Sauf <;ou que dit ne Ii avoit.
et v. 1508.
Ces exemples ou sauf <;ou que apparait com me une locu tion exceptive deja grammaticalisee, nous semblent isoles au XII- siecle. ('est pourquoi nous prefererions suivre la lec;on de W. Forster, qui adopte Ie texte : sonz <;ou que dans les deux passages (v. 1100 et 1524 de son edition). l
Avant de conclure sur la question des origines des divers tours exceptifs, nous croyons bon d/ajouter quelques remar ques sur la structure de I'element de phrase negatif qui est suivi d/un excepte Nous avons dit que Ie signe de la negativation qui affecte Ie premier element du systeme exceptif a inversion de signe olgebrique est la particule ne. On sait qu'en ancien franc;ais ne suffit a nier en toute circonstance. II n'est pas fait la diffe rence que connalt Ie franc;ais moderne entre une negation im monente, non transgressive, dont Ie signe est ne et Ie schema: ne
.1
-
-
68
et une negation transcendante ou transgressive, dont Ie signe est ne ... pas et Ie schema ne
.1
pas
~
En ancien fran<;ais, les termes dits « auxiliaires de nega tion », sans etre des mots pleins, conservent encore une cer taine teneur lexicale et designent plus ou moins pn2cisement un objet signifiant une petite quantite : ils ne sont pas encore signes de. transcendance de negation. Ces termes apparaissent parfois dans la premiere partie des systemes exceptifs. Le fait est 0 peu pres inexistant quand il s'agit de ne... que. Nous n'en avons rencontre qu'un exemple, et il est dou teux, etant donne I'etat du texte : Chans. Guill. 2383 Un core n'en ad mie que douz jurz enters Que ja avei ben pres de quinze miller.
Pas et point sont un peu moins rares devant les autres locutions exceptives; d. :
69
quelque sorte la part egale entre ce qui est nie et ce qui est excepte de la negativite. Remarquons d'ailleurs que I'auxi liaire de negation se montre surtout dans deux cas particu liers: quand iI y a lieu d'exprimer une idee partitive (d. point de ... dans nos trois premiers exemples) et quand une propo sition completive s'interpose entre la negation et I'excepte (d. Eneas 6503, 6803, Q.L.R., II, XXI, 4). Les termes rien, noient, nul se rencontrent en bien plus grand nombre que mie, pas ou point dans les systemes excep tifs, devant se ... non et fors, fors que tout au moins, car, de vant que, notamment, ils sont presque aussi rares. Le premier element d'un systeme exceptif 0 inversion de signe algebrique n'est pas toujours negatif au sens strict. II suffit qu'il accuse une simple tendance 0 la negativite ou qu'il ne soit pas pleinement thetique. C'est ainsi que, meme assez anciennement, on trouve que ou se ... non apres un enonce in terrogatif : Chans. Guill. 2997 Ferum nus jamais el Que Sarrazins ocire c afrontcr 00 presence de 01, d'oilleurs, rend Ie tour trcs natureil.
Chans. Guill. 1442 N'aut paint de barbe ne sur Ii peil vif, Fars icel de son chef dunt il nasqui.
Q.LR., L. IV, V, 21-22 ... si Ii dist: « Ai si bien nun? » Cil respundi que nun. [Lat. Rectene sunt omnia ;J Et ille ait: recte.l Cia reponse non ma
Man Guill. 1 541 Sor Ie ceval fu dans Guillaume encore Tos nus et povres, qu'il n'avoit point de robe, Ne mais ses braies, ses cauces et ses bGtes.
terialise 10 negotivite impliquee par I'interrogation) (1).
Eneas 6477
... que de I'odor n'alast point fors, se par les fistres non el cors;
Ibid., 6503; 6803 ; 7076.
On trouve que apres une comparative affectee de ncgati vite, c'est-o-dire venant aprcs un comparatif de superiorite positif : Beroul 35
Q.L.R., L. I, XXII, 15 Ne quider pas vers mei nule chose si bien non ... Ibid., L. II, XXI, 4 ... ne volum pas que huem de Israel i murged fors :es qui sunt del lignage Saul. Ibid., L. III, XV, 5; Beroul, 1413.
Par 10 est soulignee la difference qui existe entre ne... que et les autres tours: ne... que porte I'accent sur ce qui suit que, et la partie negative est aussi reduite que possible: la pre sence d'un terme renfor<;ant la negation y est inopportune, car Ie mecanisme mis en jeu vise 0 la suggestion d'un positif ex clusif de tout autre. Les autres tours, au contraire, sont tres compatibles avec une negatibn appuyee, puisqu'ils font en
Mcx voudroie que je fuse arse, Aval Ie vent 10 poudre esparse, Jar que je vive, que amor Aie a home qu'o mon seignor.
On trouve encore se... non apres une subordonnce hypo thetique amenee par se : B6roul 4175
Ja n'i avra mais si hardiz, Se il apres los escondiz En disoit rien se anor non.
(1) On trouvera d'autres ex em pIes des XII' et XIII' siecles dans A. Tobler, art. cit., pp. 79-80.
-
70 -
Les inverseurs que et se ... non peuvent donc jouer apres toute espece de proposition qui n'est pas pleinement thetique : negative, interrogative, hypothetique, comparative refusee, etc. On sait quIa d'autres points de vue ces propositions pro voquent les memes consequences syntaxiques: emploi de la particule de coordination net de certains « indefinis » comme rien, nul, etc., emploi du subjonctif dans leur completive (1), etc. II suffit que Ie premier element se situe dans une sphere de negativite pour qu'on puisse amener du positif par que ou se ... non.
71
mo que, ne mais, ne mois que. Ceux-ci ont d'abord Me, his is toriquement, des moyens syntaxiques. Dans la prehistoire du fronc;ais, mais que, ne mais, ne mais que ont d'abord servi a inverser apres enonce negatif, tout comme que a date histori que. Du fait que tous sauf un sont de structure complexe, ossez etoffes phonetiquement et d'utilisation spccifique, ils ont ete sentis par 10 suite comme signifiant « excepte » et ont pu etre employes pour I'exception a un enonce positif. L'un d'en tre eux, Ie plus complexc puisqu'il a trois elements, nc mais que, est meme aile plus loin dans !'evolution scmantique et a pu signifier « seulement ».
Nous avons deja indiqu6 (2) qu'cn premiere analyse Ie franc;ais dispose de deux sortes de moyens pour troduire I'idee d'exception: moyens lexicaux ou d'expression, moyens syn taxiques ou de suggestion. II importe de revenir sur ce point en ce qui concerne I'etat de langue que nous venons d'essayer de definir. On a, a date ancienne, des moyens d'expression consti tues par des termes lexicalement clairs, traduisant I'idee d'ad versation exceptive. Ce sont d'abord les prepositions de la mise a part: estre, outre, senz, puis les mots signifiant proprement « excepte » : fors, fors que, aptes a introduire I'excepte de caractere nominal apres un enonce aussi bien positif que ne gatif. II existe d'autre part des procedes syntaxiques de sugges tion de I'excepte : ne ... que et ne ... se ... non. Ceux-ci ne fonc tionnent qu'a condition d'opposer un element positif a un ele ment negatif, c'est-a-dire qu'jls mettent en jeu des mecanis mes d'inversion detruisant la negativite: negation de I'hypo these, utilisation de I'inverseur que. Entre ces deux types, nous constatons que certains ter mes fonctionnent tant6t comme des inverseurs syntaxiques, tant6t comme des termes fixes lexicalement: ce sont moist
Cf. notre Essui sw' Ie mode su'/:)jonctit, ch. III. (2) V. s., p. 13. (l)
Que ces tours se soient fixes avec un sens lexical a date historique ne les empeche pas de fonctionner encore comme inverseurs apres proposition ncgativl? A ce titre, s'ils sent Ie plus souvent un edement particulier a excepter categorie gcnerale, ils restent aptes a opposer un element sltue au meme degre de particularite, done a exprimer une odversation pure et simple, sans manquer aucuncment pour cela a la logique de leur signification linguistique. Le cas de mais est un peu a port. II constituc encore un inverseur, lui aussi ambivalent en discours, mais c'est la valeur adversative qui est de beaucoup la plus repanduc, et I'excep tive 10 plus rare. Cest un inverseur a dominante adversative, tondis que les autres sont a dominante exceptive. Nous assis tons a ['evolution d'une tendance a Ie fixer lexicalement com me signifiant « exceptc », puisqu'il lui arrive, tres rarement d'oilleurs, d'excepter apres enonce positif. Cette tendance n'a pas abouti, en raison de 10 forte position que mais a orise dans I'expression de I'adversation pure et simple, ou il aussi bien apres du positif (d. all. aber) qu'apres du negatif
(d. sondern).
Mais, en tant qu'inverseur exceptif de structure subissait 10 meme loi de la proximite necessaire de I'indice ne que I'inverseur que. Cela, joint a 10 predominance de la valeur adversative, a pu constituer un facteur de debilite. S'il fallait donc etablir un classement methodique de nos tours exceptifs anciens, nous proposerions celui-ci :
-72
Moyens purement syntaxiques:
o inverseur
de structure simple: nc... que.
o inverseur de structure
double: ne... se ... non.
Chapitre II
Moyens 0 la fois syntaxiques et lexicaux : tive,
(0 10 fois syntoxiques et lexicoux opres proposition nega seulement lexicoux opres proposition positive).
a inverseur a inverseur mais.
de structure simple: ne... mais.
Emploi des Tours Exceptifs en Ancien Fran<;ais
de structure double: ne... mais que, ne... nc
a inverseur de structure triple: ne... nc mais que. (d'outont plus lexicoux que plus complexes). Moyens lexicaux: Fors, fors que, outre, estre, senz.
I. -
DES ORIGINES A LA FIN DU XII" SIECLE
A I'occasion des problemes que nous venons d'evoquer, problemes des origines, problemes des psycho-mecanismes, - il est apparu que SOLIS I'idee generale d'exception se cache une realite de discours multiple: exception par rapport a una assertion positive ou negative, exception sous forme nominale ou sous forme de proposition, exception constituant ou non Ie predicat, exception se confondant avec I'adversation simple, expression de 10 mise a part, etc. II faut maintenant tenter de definir comment les divers tours exceptifs dont dispose Ie fran ~ois dans Ie premier etat syntoxique qui nous soit occessible ont ete utilises pour I'expression de ces differentes modalites de I'exception, dans quelle mesure ils s'adaptent aces diffe rents roles, dans quelle mesure ils sont interchangeables ou se specialisent, dans quelle mesure ils entrent en concurrence. Nous tenterons de repondre aces diverses questions en dres sant des tableaux complets des emplois des tours exceptifs dons un certain nombre de textes.
A. DES ORIGINES AU MILIEU DU XII" SIEeLE. Autont qu'on en peut juger d'opnh Ie nombre restreint de textes dont nous disposons, it semble qu'on puisse distin guer deux etots successifs : 0) D'abord, or. a I'impression que to us les tours sont a peu pres sur Ie meme plan, dans les emplois les plus varies.
74
-
Ainsi, 10 Passion du Christ compte deux phrases excepti ves, toutes deux introduites par mais que, dont I'une vient
apres proposition positive:
Dons Ie Couronnement de Louis (17 phrases) :
1. Tours ou entre mais :
fidels i socict, mais que ludcs Eschorioh cui uno sopo enflct 10 cor. 50S
prop. pos"
j
4. ne ... fors + lac. nom. : 4. prop. pOS., fors lac. nom.: 1. prop. pas., fors -1- prop. (indic.)
+
Dons Alexis, deux tours exceptifs I. nc ... mais... , mais que:
5. nc ... 5i
36 Quant vcil Ii pedre que mais n'ovrot omfont,
Mais que eel sui que il par amat ton!...
Dons Gormond et Isembart, cinq exemples d'exception, cinq tours differents :
4, ne ... si
+
mais que
2. nc ... ne mcs sui
+
3, ne ... que
+
prop.
a
l'indic. :
lac. nom, : 1 ( 1),
lac, nom,; 1.
-I- lac, nom.
non: 1,
+
5, nul autre ... no .. fors
loc. nom.: 1.
Dons Roland (17 phrases) 1. Tours au entre mais :
+
lac. nom,: 1 exemple. prop. au subj.: 1. prop. pas., mais quo
ne .. , mais que
+
+
lac. nom. : 2.
nG mais que lac. nom. : 2.
ne ... ne mais que
prop. pas"
ne ... ne mois
+
1.
prop. (indie:.): 1 (
Dons Ie Comput de Philippe de Thaon (9 phrases) (2)
lac. nom. :
Tours au entre mois :
272 Ncl reconnut nuls sons arartcnonz
Ne neuls hom nc sout les sons ahonz
Fors sui Ie lit u il a jeu tonto
1, Prop, pas"
+
3. ne ... se... non' 1.
constitue une adversation restrictive.
+
+
2. ne ... que: 4.
ne ... altre... que: 1.
donet
mas que son song et 500 corn,
2. Nc ... fors
+
lac. nom.; 2. prop, pas., ne mais loc. nom.: 1.
ne... ne mais
L'autre :
385 Argent ne our non
+
lac. nom.: 2. mais quo rrop. Undid: I.
nc ... mais que
98 Tot
75
-I- lac. nom. :
prop. pas., ne mais
lac. nom.: 2.
cxemple.
ne ... nc mois que no... ne mais
+
+
loe. nom.: 3.
lac. nom. 1.
2. ne ... que: 3. no ... se... nun: 1.
4. ne... fors -I lac, nom. : 2
+
1 probable (texte conjecturaD.
Ces textes ne dessinent pas une tendoncc bien nette. Signolons I'absence de no ... mai, loc. nom., tour rare. Nous ne croyons pas cependant que cette absence constitue un (Ir gument pour soutenir que Ie tour soit secondaire par rapport a ne... ne mais, atteste anterieurement. Mais seul est peu clair, Cor iI est multivalent: adversatif, adverbe de quontite, adver be de temps, iI n'est exceptif que bien rorement. Mnis, quand iI est appuye sur ne, il constitue un tour sDecifiol!c ct devient parfaitement clair. b) D'autres textes, a peu pres contemporains des der niers cites, autant qu'on en peut juger, semblent indiquer des tendances nouvelles.
2. ne ... que:
+
3. ne .. , se lac. nom. non: 3. nf' ... se... ne prop. Undic.): ne ... fors (1)
v.
S.,
+
p. 43.
lac. nom.; 3.
(1)
V.
S.,
p. 38.
(2) Nous ne comptons pas Jes 3 cas de ne... mais de (v. 3325, 3384, 3444), ni Ie cas de ne... f)lw; de (3438). Ce sont des tours comparatifs.
Mais ils font comprendre Je passage de la. comparaison negative l'exception. V. S., p. 21.
a
-76 -
-77
Charmi de Nimes (6 phrases) :
2. ne... que: 2.
3. ne... se... non: neant. 4. ne... fors lac. nom.: 3 (11.
I. ne ... que: 4.
+
2. ne... fors: 2.
Ce deuxieme groupe de textes semble indiquer les points
PeJerinage de Saint Brendan (18 phrases) : I. n/.? .. el ... se... nun: 1. 2. nc... fors +- lac. nom. 13.
prop pas., fors +- lac. nom.; 4.
Lois de Guillaume Ie Conqueront
phrases) :
suivants: 1. [ne] mais que et [ne] ... ne mais perdent du terrain. Cepen dant mais que reste Ie tour usuel pour introduire une su bordonnee exceptive. Un emploi particulier est a signaler dans: Lois Guillaume, 5 Cil kis claimed durrad al provost pur I'escussi'un
1. Ne ... mafS que -t. prop. (subj.): 1.
VIII den., ja tant n'i ait, meis qu'il oust cent almaille, ne durred que VIII
2. ne... que: 3.
den.
3. ne... se ... non: 2.
ja tant n'i ait, meis que subj. «n'y aurait-il que Ie fait qu'il aurait »... « aurait-il meme ... i). Ce taur parait a I'origine d'un emploi de mais que: « meme si », « s'il est vrai que» en usage surtout en dialecte anglo-normand (2).
4. prop. pas., fors -f- lac. nom.: I.
Chanson de Guillaume (33 phrases) : 1. Tours au entre mais:
prop. pas.
a ne
ne... mais
+-
el ... ne... mois
mes ke
+-
lac. nom.
1 (1).
loc. nom.: 1.
prop. Ondic.l: I.
+
2. ne... que: 10.
ne... e/ (altre) ... que: 3.
3. ne... se... non: neant. 4. ne... fors
+
lac. nom.: 11 (dont 3 de val. advers.).
prop. pas., fors
5. estre
+
+
prop. (subj.) : 4 (] de val. advcrs.l.
lac. nom.: 2.
Moniage Guillaume I (8 phrases exceptives) : 1. Tours au entre: mais : ne... mais que
+
prop. : 1.
prop. pas., mais que prop. (imper.): 1.
+
2. ne ... se ... non parait rester sur ses positions, qui sont mo destes; il n'est present ni dons Ie Charroi de Nimes, ni dons 10 Chanson de Guillaume, ni dons Ie Moniage Guillaume I. 3. Ne ... que et [neJ... fors ont 10 preference des auteurs. II nous faut essayer de comprendre pourquoi. 0:)
Ne ... que s'emploie dans deux types de phrases seu
lement:
10 formule du type: n'i ot que corrocicr, ou Ie predicat est constitue par un infinitif;
Ie cas ou Ie predicat com porte une indication numerique,
type:
Cor. La. 103 Mes sire est jovenes, n'a que quinze ens entiers.
(ainsi, les dix exemples de 10 Chanson de Guillaume sont de ce modele).
ne... ne mais -f- loc. nom.: 1.
642 Car el capistre dist Ii abes cortois
Que n'eusse armes le char et les os,
De che me
est encore un exemple qui montre bien Ie mecanisme du passage de l'exception a. l'adversation. On peut 5e defendre par ses propres moyens phYsiques, bien qu'i1s ne constituent pas proprement des armes: « ar mes » represente J'idee plus generale de « moyens de defense ». Ce n'eS!, pas une adversation absolue, mais plutot une restriction. (2) V. i., pp. 84 et 103. n)
(l) V. 2385 E are sui c;a enz 110 mes ke 8111 mei tierz: « nous ne sommes iei que trois ». (m. it m. je suis main tenant iei troisicme seulement ». Bien que Ie vers soit altere (deux pieds de trap. proba bJement. are est it suppl'imer), on peut considerer la fin du vers comme correcte. Ne mcs ke, ici en phrase positive, equivau1. a. "seulement V. s., p. 30.
79 78
On peut mcme dire que ne ... que est specialise dans ce dernier genre de formule. II apparait donc qu'il a gagne tout ce que ne... mais que a perdu, car c'est surtout ne ... mois que etait utilise a cela dans Ie premier groupe de textes. Cf. : RoJ. 2759 Jo ai cunte n'j ad mais que VII liwes.
8. SECONDE MOtTlE DU Xlle SIt:CLE.
no
US
Les textes de ta periode aHant de
fourniss ent les chiffres suivants :
a
1200 environ
Eneas (74 phrases) :
Cor. La. 2101 0 lui n'en meine mais que dous chevaliers.
('est meme cet emploi qui a dO faire croire que ne... que etait une abreviation de ne... mais que.
1. Tours au entre mais. "seulement»: 1 (1).
prop. (sub j.l: I.
mais que -\- prop. (subj.)· 3.
ne ... ne mois que lac. nom. : 2.
ne... mais -\- lac. nom.: 1. (1),
ne ... mais -\- lac. nom. : 1 (2).
ne... ne mais lac. nom. : 9.
ne ... a/tre plus ... ne mais -\- lac. nom.: I.
prop. pas., ne mois lac. nom.; 1.
ne mes que
Ne... que constitue, de par son origine, un excellent moyen stylistique de mise en relief. ('est pourquoi, pour tra duire la plenitude d'un sentiment, son caractt~re exclusif de tout autre, iI est en telle faveur dans les formules epiques bien connues: n'j ot que csmaier, n'j ot que corrocier, n'j ot qu'cs leecier ... et ne... fors.
+
ne... el... mais que
Cependant, comme nc... que est inapte a introduire une subordonnee exceptive, mais que se maintient bien dans ce dernier r61e, et meme s'y
~ Fors
1150
+
+
+
2.
ne ... que:
3.
nc... c/ ... que:
de val. advers.).
prop. pas. dependant de prop. neg., se ... non; 2. prop. hypothetique, se ... non: 1.
3. nc... se... non: 28
+
f
Ce qui a fait Ie succes de fors est quelque chose d assez different. ('est d'abord, sans doute, sa c1arte: de tous les mots capables d'introduire I'exception, c'est celui dont Ie sens prete Ie moins a equivoque, parce qu'il fait image. ('est I'expres sion la plus directe de l'exclusion : Ie premier element de la phrase peut etre loin, il peut etre long, fors n'en indique pas moins nettement que ce qui suit echappe a ce qui vient d'etre enonce. Mais c'est surtout son ambivalence, Ie fait qu'il intro duit aussi bien I'exception une assertion affirmee que I'ex ception a une assertion niee, qui a dO lui valoir la faveur. Que, nous I'avons vu, ne se con<;:oit pas du positif. 5e... non, pas davantage a date ancienne. Ne mais, ne mais que et se... non ont peut-etre pati de la bizarrerie apparente qui est qu'ils contiennent un terme negatif tout en servant a in troduire un element positif. Seul fors, lexicalement tres clair, est rigoureusement neutre et ne presume rien du signe alge brique de la chose exceptee.
a
4. ne... fors lac. nom.: I I.
prop. pas., fors -\- lac. nom.: 2.
ne ... fors -\- prop. (subj.): I.
nc... fors tant que prop. (indic.): 4.
+
5. cstre: 2.
Philomena (18 phrases) : 1. Tours au entre mais :
+ +
mcs que prop. (subj.l: 2.
mes que prop. (indic,): 1.
nc... ne mes que prop. (sub j.l: I.
+
2. ne ... que: 4. 3. nc... se ... non: 4.
4. nc ... fors
+
lac. nom. : 2.
ne ... fors que -\- lac. nom.: I.
ne ... fors que prop. Undic.l: 1.
nc... fors que
+ +
prop. (subj.): 2.
(1) 3875 Ne mes que sol itant lor dist. V. 5., p. 30. (2) C'est par erreur qu'un second est cite par H. Sten, p. 209; 5018 n'i ot l'an me8 noise ne cris: iei, mes n·e~.t pus
81
- 80
Rieheut (9 phrases) :
Marie de France, Lai d'Elidue (12 phrases) :
1. Tours au entrc mais:
1. ne... mois que
prop. pas., ne mais + loc. nom.: 1. nc ... mois que +- prop. (indic.) :
ne... mois que prop. (subj.): 1.
2. ne ... que:
3. ne ... se ...
non:
4. ne... fars
+
3. ne ... se ... non:
+
ne... mais loc. nom. : 6 (dont 1 de val. advers.l.
ne... el... mois tont que prop. (subj.): 1.
mois que prop.: 3 (indic. et subj.).
mois tant que prop. Undid: 1.
+
+
2. ne ... que: 1. ne ... outre ... que: 1.
fors
+
fors fors fors fors
quc loe. nom. ; 1. quc prop. Undid: 1. tont que prop. (indie.): que tont solemcnt -I- loc. nom.: 2.
nun; 11 (dont 1 de vol. odvers.>. ne... altre ... si ... nun; 1 (vol. odvers.). prop. interr., si... nun; 1.
loe. nom.; 7.
fors tont con
prop. pos., si pur 4. ne ... fors
prop. (in die.) :
ne... fors si cume: 1. fors tont que prop. Gndic.): 1.
1. Tours ou entre mois: nc ... mois que loc. nom. (del infin.l: 1 (1). mois que prop. Undic.l: 1. mois que prop. (subj. II hypoth.): 1. mois que prop. {subj.l, 8.
+
+
+
5. estre: 9. estre <;'0 que
2. ne ... que: 9. prop. comparative, que: 1
prop. hypoth., se ... non: 1. prop. com par. , se ne: 1.
+
4. nc ... fors loc. nom. : 4 (dont 1, V. 159, nc ... fors tont pron. reI., or 1, V. 31 18, ne ... fors del infin.). ne... fors que loc. nom.: 3. prop. pOS., fors + loe. nom. : ne ... fors que tont + prop. (indie.J: 1.
+
+
(1) V. t, p. 82 (2) V. S., p. 67.
prop. (indic.>: 1.
1. Tours au entre mois: neon!.
3. ne ... se ... non: 3.
que, ou sonz <;ou que (2)
+
Beroul, Tristan (33 phrases)
2. ne ... que: 1.
<;'OU
nun que... ; 1.
+
Guillaume d' Ang/eterre (28
+ + +
<;'0
+
loc. nom.: 12. ne ... oltre ... fors; 2. ne ... el... fors que lac. nom.: 1. prop. interr., fors + lac. nom.: 1. prop. pas., fors: 2. ne... fors en tont cume; 1.
+
+
+
3. ne ... si ...
ne ... sc ... ne: 2.
+ +
+
2. ne ... que; n;?ant.
3. ne ... se ... non: 11 (dont 3 de vel. edvers.).
5. souf
+
I. Tours au entre mais :
1. ne ... mais que + loc. nom. ; 2 (dont 1 de vol. oavers.). mois que prop. (subj.) : 5. mois prop. (subj.); 1.
4. ne... nc... nc... nc ... ne ... ne...
lac. nom. : 2 (2). prop. Ondic.l : 4.
Quatre Livres des Reis (68 phrases)
loc. nom. : 4.
Chrestien de T royes, Eree et Enide (36 phrases)
+
3.
ne ... fors tont que
+
1 (l).
loe. nom.
2. ne ... que: 2.
+
4. ne ... fors
+
+
prop. (inclle) ; 2.
+
quc,
3. ne ...
se ... non:
(3)
2.
prop. hypothetique, se ... non : 1 (4).
(1) V. 794, text.e douteux. Ms: Ne furent mais il duL II manque un pied que E. Hoeppfner retablit par: mais que il duL (2) A mains qu'il ne s'.agisse de ne... lars... que + prop.: 973 Oncques 1a color ne perdi Fors un petit qu'ele empali. (3) V. s. p. 69. (4) V. s. p. 69. G
82
+ lac. nom.: 13.
prop. hypoth., fors lac. nom.: J.
prop. pas., fors lac. nom. : 2.
ne ... autre... fors prop. (indie.): l.
ne ... el... fors prop. (subj.): 1.
ne... fors que lac. nom. :
ne ... el... fors que prop. (subj.): 1.
prop. pas., fors tont que prop. (indie.): 1.
4. ne ... fors
+
+ +
+ +
+
+
Roman de Renart, Ie branche (20 phrases) : 1. Tours au entre mois:
ne ... mois que + lac. nom. : 3.
ne ... mois que + prop. (indie.): 1.
prop. pas., mois que + prop. (subj.l;
2. ne ... que: 2.
loc. nom . . 6 (dont I de vol. odvers.>.
lac. nom. :
ne... fors que
5. sonz: l. autre ... outre: I.
Quelles indications peut-on tirer des chiffres qu'on vient de lire? Les traits suivants semblent se degager :
J. Le declin des tours ou entre mais se precise. lis sont encore assez nombreux et varies dans Eneas, et c'est de tous ne ... ne mais introducteur d'exception nominale qui montre Ie plus de vitalite ; c'est lui, en effet, qui prete Ie moins a equivo que. Nous pensons que c'est Ie risque d'equivoque qui tend a eliminer ne... mais que locution nominale. La plupart des exemples que nous en citons doivent probablement s'entendre en donnant a mais une valeur temporelle de « desormais, plus », ce qui fait qu'ils seraient plutot a closser sous 10 rubri que de ne ... que. Cf. :
+
Guill. Angl., 975 Au motin, quant fu ajorne
Et il furent tot otorne,
Qu'il n'i at mais que del movoir,
li rois, par amor Dieu Ie voir
Lor ciet as pies ...
De meme, Elidue, 794; Renart, 928; 2836; 2906.
tout
plus » ; II, XIX, 35 ne me asavure ne delite mais ne bcivre ne mangier, ne III, XII, 29 Ne vos estut mais a Jerusalem venir lLat. Nolite ultra
3. ne ... se ... non: 2.
+
tion nominale. Leurs six exemples du tour (dont un a valeur adversative) constituent 10 proportion 10 plus importante qu'on puisse trouver. En revanche, ils ne comptent aucun exemple de ne... que, dont ne... mais remplit exactement 10 fonction habituelle. " s'agit, soit d'un archa'isme, so it d'un trait dialec tal anglo-normand. C'est peut-etre d'apres ce texte qu'on com prend Ie mieux 10 raison de la rarete du tour et de sa prom pte disparition : il n'est pas clair et fait aisement equivoque avec les phrases negatives ou mais, temporel, signifie « desormais,
quer mais air ehanteresse ne chantur,
ne ... e/... que: 1.
4. ne ... fors
83
II est a remarquer que les Quatre Livres des Rois se situent a fait a part par la place <=lu'ils font a ne... mais locu
ascendere in Jerusalem!.
Mais que tend a n'etre plus que locution conjonctive in troduisant une subordonnee. Avec I'indicatif, il signifie « ex cepte que ». Suivi du subjonctif, il donne plusieurs effets de sens differents, dont certains meme sont opposes entre eux. Le subjonctif etant Ie plus souvent celui de 10 subordination critique (on peut mettre a part Ie cas ou il est appele par une idee volitive de la principale), comme dans: Eneas
6689 Mais qu'il eiist 10 terre on pais
et 10 fame, ne querroit mais,
qui d'ailleurs peut s'interpreter autrement), on I'expliquera en general par une pesee hypothetique,
Ne ... mais que s; », d. : Richeut,
+
subjonctif peut signifier: « ne... que
884 Ses espose, c'une den prent
Mais qu'il gaaint.
(e car iI n'en prend une que s'il y gagne »l.
Apres proposition positive, ou apn3s proposition negative, sans qu'il y ait une relation etroite entre 10 negation et mais que, on peut obtenir deux nuances bien differentes de res trictive hypothetique.
-
84
Dans ses sens de « excepte que, mis a part que», mois que subit la concurrence de fors que, fors tont que et meme
1) Dans: fneas 139
et promist Ii car Ii donroit
plus que ses perc ne avoit,
et molt par 10 feroit riche home,
mais qu'il Ii otroiast la pome.
Ibid., 8833 ; frec, 3287 ; Guill. Angl., 626, etc.
mois que se traduirait en franGais moderne par« pourvu que », c'est-a-dire « si seulement ». C'est la visee hypotheti que elle-meme qui subit une restriction, qui est reduite a un seul point: on exprime ainsi I'idee d'une condition suffisante.
2) Au contraire, dans: Q.L.R., L. III, XIII, 8 Mais que tu me dunasses la melted dc quanque ad en ta maisum, od tei no irreie, no pain ne mangcreie ne ewe ne bevereie.
et dans la formule frequente mois que bien poist (l), d. frec 4682
La sera anfo'iz Ii cors, puis voldrai la dame esposer, mes que bien Ii doie peser.
Guill. Angl. 681 5i seres gardee a grant aise
Mais que bien poist et bien desplaise.
la restriction porte sur Ie resultat de I'operation de supposi tion, qui est menee a son terme; on obtient alors une hypo these extreme, un cas-limite qui ne saurait etre transgresse, et par 10 I'idee d'une opposition avec I'idee exprimee dans la proposition principale. Mois que correspond au moderne meme si (2).
Le simple mois peut se rencontrer dans I'un et I'autre des deux derniers emplois. Cf. : 1)
Guernes, Beck. 2892 Quels que seit Ii cvesques que Deus fait establir, Mais religion voille e sun ordre tcnir ... , Nc deit par poeste terr'iene perir.
2) frec 5585
85
poez ausi de 'lOS atandrc, se 10 Joie volez anprandre, quc vos I'avroiz, mes bien vos poist.
(1) Cf. Fr. Bischoff, Der Coniunktiv bai Chrestien, Halle, s. d., p. 2l. C'est toujours, accompagne au non de bien, un verbe signifiant: « i1 pese, il deplait qu'on trouve dans cet emploi de rnais que. (2) En dehors de la formule : mC!Jis que bien poist, ce sens parait part1culier a l'anglo-normand. V. s. p. 77 et i. p. 103.
du simple fors.
2. Ne ... que se trouve dans Ie meme type d'emploi que celui que no us avons deja signale. II est surtout utilise dans I'expression de la restriction numerique. En revanche, la for mule: n'i ot que corrocier est absente des textes indiques ci dess , alors qu'elle apparait encore dans les chansons de us geste de la meme epoque : ct. Aiol (partie tardive en alexan drins), v. 6202, 7687, 7984. L'abandon de ce type de phrase est peut-etre imputable a l'existence d'un tour avec lequel i1 pouvait etre confondu : d. : Beroul 2121 « Fuion, n'avon que demorer ».
N'avet en eus que sejorner.
Oll que est pronom neutre. La locution i 0 employee avec ne ... que donne lieu a une tournure nouvelle quand que est suivi de del (dOll) -\- infinitif : Guill. Angl. 977 ... Qu'il n'j ot mais que del movoir.
Renart 2836 Ja n'i avra mes que dou pandre.
Le sens est: « il n'y a plus qu'0 ... ». Dans I'emploi de ne ... que, la loi de proximite des deux elements continue a etre respectee : ce n'est qu'a ce prix que Ie tour est clair. Cependant il faut noter, dans la periode que nous considerons, une certaine tendance a donner plus de con sistance a I'element negatif en y exprimant, notamment, un substantif de sens general ou un pronom dit « indefini » ; on traduit ainsi Ie concept general dont ce qui suit que constitue Ie particulier excepte de la negation. Ne... que devient alors proprement exceptif. Cf. : Thebes 7201 Car il n'aveit heir que cestui. Beroul 4226 Ele a jure et mis en vo
Qu'entre 5es cuises nus n'entro
que Ii meseaus qui 10 porta ...
(0 cote de : ibid., 1308 Ne sot que il).
C'est 10 une extension d'emploi importante.
87 -
-
86
II arrive, - rarement il est vrai, - que les poiHes pren nent la liberte d'intervertir I'ordre des deux termes ne et que. Cf. : Eneas 278
de lor vint nes que set nen orent.
Beroul 688
o
Huon Bard. 250
Et que quatorze ne furent Ii marcis (1).
lui c'un jar ne sejornez.
Citons enfin I'apparition de I'expression fa ire se bien non, dons:
Troie 16938 En I'ueil me fiere de son dei Seit rei, seit prince, seit baron Cui raie fait rien se bien non.
lei I'emplo; de se ... non est assez justifie apres une rela tive a antecedent indetermine, c/est-a-dire sentie equivalente d'une proposition hypothetique et I'on doit comprendre encore « a qui raie fait outre chose que du bien ». Mais Ie temps n'es pas loin ou fa ire se bien non signifiera simplement « faire t
du mal» (I).
4. Fors jouit d'une grande faveur. C'est lui qui, au total, est Ie mieux represente car c'est lui qui offre la plus riche ga de possibilites d' expression. II 0 notamment, sur tous mme les autres I'avantage d'etre trE3S clair apn3s un enonce positif. II est capable, aussi bien, d/introduire une proposition excep tive, soit sous sa forme simple, soit en portant sur un tont an non<;ant un que: fors tont que est devenu un tour tout a fait courant. Enfin fors que apparait, encore assez peu represente ; il est utilise aussi bien pour I/exception substantive que pour l
Nous avons signale I'inaptitude de ne ... que a amener une proposition exceptive. La difficulte peut etre levee en introdui sant Ie mot el dans I'element negatif. Cf. : Aiol9108
Quant I'entent Ii tra'itre, n'en fait el qu'll s'cnrage.
3. Le tour ne ... se ... non marque un grand progreso II est represente de fac;on massive dans Eneas et fait bonne fi gure dans les autres textes. Cependant il n'y en a qu'un exem pie dans Aio/, et iI se trouve dans la partie ancienne en deca syllabes (v. 1982). Les preferences stylistiques des auteurs se portent soit sur ne ... se... non, soit sur ne ... fors, qui off rent a peu pres les memes possibilites d' expression. Nous avons deja signale I'extension de se ... non hors du cas de la principale niee, et notamment apres proposition in terrogative et proposition hypothetique introduite par se (2). II faut encore citer se... non dans la formule se por ce non que apres principale au subjonctif II hypothetique. Cf. : Eneas 1304
5e par ce non qu'a man espos
pramis m'amor a man vivant,
de lui feTsse man amant.
Q.L.R., L. IV, II, 19 Mult par fust bans Ii surjurs a ceste cited, si cume bien les veis, Sl pur <;a nun que pesmcs sunt les eves e baraignes les terres. [Lat. sedL
Se por ce non que signifie « sinon quant au fait que, sauf quant a ce que» et sert a f'expression d'un fait en opposition avec une idee sous hypothese. C'est que I'idee sous hypothese est sentie plus ou moins equivalente d'une idee niee. (Elle ne fait pas d'Enee son amant, Ie sejour de fa cite n'est pas bon).
l
1
10 subordonm§e exceptive. II est un fait qu'il ne faut pas perdre de vue quand on etudie la concurrence des tours exceptifs, c'est que 10 tres grande majorite de nos textes anciens est en vers, et que les necessites metriques n'ont pas manque d'intervenir. On a bien souvent use d'un tour ou de I'autre selon qu'j\ fallait une sylla be de plus ou de moins. Les ressources des tours exceptifs a cet egard sont remarquables : avec les rallong es de soil sole ment, itont, etc., on a toute une serie de formules occupant de une a six syllabes. II est ainsi des octosyllabes presque en tierement remplis de termes exceptifs : Renort 21
fors que Rcnart tont solement.
Eneas 3875 Ne mes que sol itont lor dist.
Le v. 1203 du Comput de Philippe de Thaon : Ne mais que sulement sutils entendement
ne contient que 10 formule exceptive. (1) Cite parmi d'autres exemples par A. Tobler, art. cit., p. 101. (2) V. s. p. 69.
(1) V. L, pp. 107-108.
89
88
1/ ne faut donc pas tlrer des chlffres des conclusions trop rigoureuses. II suffit de souligner les tendances qu'ils semblent indiquer.
A 10 fin du XII· siecle. les tendances sont a 10 simplifica tion par elimination des tours peu dairs, peu normalises, pou vant creer des equivoques. Des tours ou entre mais, seuls ne... ne mais locution nominale et mais que proposition temoi gnent de vitalite. Ne ... que s'est impose et s'etend, mais ses conditions d'emploi sont bien determinees. Cette simplification resulte en rea lite d'une specialisation dont les grandes lignes peuvent se resumer dans Ie tableau suivant :
+
[ne1... mais [ne1 ... ne mais [neJ... mais que
[ne] ... ne mais que
adversatif exceptif introducteur de proposition ex ceptive, surtout hypothetique (<< pourvu que », « meme si »). exceptif de locution nom ina Ie.
La fonction exceptive de locution nom inale appartient surtout aux tours a reprise de ne : ne ma;s et ne mois que. La repartition fonctionnelle des tours ou entre mois accuse une specialisation comparable a celie que nous avons signa lee com me s'etant produite anterieurement entre:
ne... que et ne... ne que
restrict if.
comparati f (1).
Cependant, ne... se ... non et ne... fors beneficient du de din des tours a mais, et c'est fors, accompagne de fors que et de fors tont que, qui offre les possibilites les plus etendues. Un travail de decantation s'est fait au cours du XII· sie cle.
11. _
Xllie SIECLE ET DEBUT DU XIV·
A partir du debut du XIII" siede, les ceuvres en prose se font plus nombreuses, et certaines d'entre elles emanent d'au teurs depourvus de pretentions litteraires. Ce sont les ceuvres en prose que noUS interrogerons dorenavant pour tenter de nous faire une idee de I'evolution de I'usage. Les ceuvres en vers nous offriront surtout des particularites. A. PREMIERE MOITIE DU XIII" SIECLE.
Villehardouin, Conqueste de Constantinople. 1. Tours au entre rna is ; Seul mais que est usite, et seulement pour introduire une su bordonnee au subjonctif, avec 10 valeur de « pourvu que 2. ne ... que; 13.
3. ne ... se ... non: 21.
mult poi ... se ... non; 1.
ne... se ... ne; 1.
+
4. Ne ... fors lac. nom.: 1.
prop. pas., fors + lac. nom. : 3.
ne ... fors que + lac. nom. : 2.
prOp. pas., fors que + lac. nom. : 2.
defors + lac. nom. (mise 0 port): 2.
5. sal1z (mise 0 part) : 3.
.
Robert de Clari, Conquete de Constantinople 1. Tours au entre rna is :
mais que
+
prop. (indic.): 1 (vol. advcrsJ.
2. ne ... que: 8.
3. ne... se ... non: 2.
ne ... sen... ne:
* **
4. ne ... fors
lac. nom.: 12.
prop. pas., fors ne... fors que
+
+
5. hors (1) V. s., p. 56.
+
+
lac. nom.: 2.
prop.: 2.
lac. nom.: 1.
estre... hors; 2.
:t.
-
90
Queste del Saint Graal.
1. Mais que
ne... ne mes + lac. nom.: 1.
sanz... ne mes + lac. nom.: 1.
prop. pas., ne mes lac. nom.: 4.
ne... ne mes que + prop.
+
no... outre chose... que: 1.
ne... autre chose que + prop. : 2.
3. ne... se... non: 36 (dont 1 de val. advers.).
sanz... se... non: 1.
ne... se (ce) n'est (estoit, fu, etc.): 13.
poi ... se ce dert; 1.
4. ne... fors + lac. nom. : 46 (dont 2 de val. advers.l.
sanz ... fors + lac. nom. : 2.
prop. pas., fors loe. nom.: 12.
ne... fors tant que + prop. Ondic.l : 2.
+
La Mort Ie Roi Artu. 1. Tours au entre mais .
+
mes que prop. (subj.) « excepte que»: 1.
ne mes que prop. (subj.): 1.
pas., ne mes que prop. (subj.): 1.
pas., ne mes + lac. nom.: ].
+
+
2. ne... que: 16. ne... autre ... que: 1. Se... non: 30 (dont se non: 1.
se ... ne... : 1.
se n'est: 2.
3. ne... se ... non: 3 (dont 1 de val. adversJ. 4. ne... fors + lac. nom.: 2.
ne... fors tant que + prop. (indie,): 1.
a
part): 1.
La Fil/e du Comte de Ponthieu, 1re version. 1. Mais ke
+
prop. (subj.J « pourvu que»
1.
2. ne ... que: neant.
3. ne... se... non: neant. 4. sans outre... fors:
sains ... fors que lac. nom.: 1.
loc. nom. : 2.
prop. pas., fors ke
+
+
Le fait Ie plus saillant revele par ces chiffres est Ie deciin des tours OU entre mais. Si I'on ne tient pas compte de mais sub jonctif: « pourvu que », qui ne doit plus guere etre que senti comme un tour exceptif, ils ne sont representes que de fa~on bien modeste: 7 exemples dans la Queste, 4 dans la Mort Artu. Ne mes figure 7 fois, tant apres proposition nega tive que positive. Ne mes que introduit 3 fois une proposition exceptive; avec l'indicatif, il signifie « excepte que» (Queste, p. 271, I. 29) ; avec Ie subjonctif, il traduit I'idee d'un vise ex clusif dans:
+
ne... fors que + loe. nom.: 3.
lac. nom.: 1.
prop. pOS., fors que ne... fors que + prop.: 6 (3 indic., 3 subj.).
ne... fors tant que + prop. : 8 (6 indie., 1 subj., 1 subj. II hypoth').
+
Mort Artu, p. 155, I. 22 Sire, font ii, il n'i a ne mes que 10 tour soit ossaillie de toutes parz souvent et menu.
II signifie « pourvu que » dans: de val. advers.).
lac. nom. : 42 (dont 2 de val. advers.l. prop. pas., fors: 19.
5. sanz: 3.
prop. (subj.) « pourvu que »: 1.
+
5. sanz: 1.
4. ne... fors
+
2. ne... que: 1.
5. sanz (mise
2. ne... que: 5.
3. ne... ne... ne ... ne...
91
Aucassin et Nicolette.
1. Tours ou entre mais:
Ne ... ne... prop. prop.
-
Ibid., p. 195, n. 39 du § 172 et orendroit vudroie jo estrc mort no mes que jo fusse avant venge de Mordret.
Ne ... mes que, suivi du subjonctif, est exceptif dans: Ibid.,
] 52,21
... commc eele qui ne quiert mes qu'ele soit delivre
a moins de comprendre
mes comme signifiant « plus ».
A signaler encore un emploi de mais que avec I'indicatif, dans Robert de Clari : LXXIV, 48 Quant il fu laiens a genoullons, ct chil Ii keurent il sus a haehes, as espees, si Ie ferirent durement;. mais qu'il estoit ormes, 10
-
grace Dieu, si ne Ie navrerent mie, si comme Diex Ie wardoit qui ne voloit mie consentir Qu'il duroissent plus, ne que chil i morust mis.
Mais que para It ici explicatif, avec Ie sens, probablement dialectal, de «comme, du fait que ». Les tours exceptifs ser vant a indiquer que quelque chose existe a I'exclusion de tout Ie reste, on s'explique qu'ils puissent servir a poser fortement un fait. Les textes en vers contemporains indiquent 10 meme de saffection des tours exceptifs comportant mais ; cependant ils y apparaissent encore. Cf. : Guill. Lorr., Rose 112 Si estoit poi mendre la Seine
mais qu'ele estoit plus espandue.
4366 Si 10 sai je bien par cueur rendre Qu'onc mes cueurs rien n'en oubHa Veire entendre quanqu'il i a Pour lire en tout comunement Ne mais a me; tant seulement.
Chev. Cygne 204
93
92
N'en remaine avec lui ne ma;s que trente ct sis
Les tours OU entre mais tendent a sortir de I'usage du debut du XIII" siecle. Les ecrivains qui ne cherchent qu'a por ter temoignage de ce qu'ils ont vu les ignorent; i1s ne subsis tent guere que chez les poetes ou chez les prosateurs qui, tels I'auteur de 10 Oueste et celui de 10 Mort Artu, conservent quelque chose du style de 10 poesie. Toutefois, iI serait faux de croire qu'ils soient entierement sortis de I'usage: on les trouvera encore a date bien plus tardive. Le tour ne... que est bien represente. II sert presque uni quement a "expression d'une restriction, I'element negatif etant reduit au verbe et ne comportant aucun element nomi nal dont I'element positif puisse constituer I'excepte. C'est tout au plus s'jI apparait parfois un mot comme nul dans 10 pre miere partie de I'expression. Le cas sujet nu/s est d'ailleurs presque necessaire quand c'est sur Ie sujet que porte 10 restric tion: "habitude, qui tend a s'imposer, de faire preceder Ie verbe de son sujet amene dans Ie premier element un indefini laissant prevoir un sujet excepte apres que. Cf. : ViI/., § 403 et nuls des Grieus ne se tenoit a als que cil.
Lo presence du mot autre se note encore assez souvent dons I'element negatif : Queste, p. 104, 1.10 autre chose que ce que len te promet n'i avras.
Cette presence est necessaire si que equivaut
que;
Qu
este
a que
ce
, p. 168, 1.30 je ne menjeroi hui mes autre chose que vas
veez.
" arrive pourtant que Ie premier element soit assez etoffe : Mort Artu, p. 64, 1.1 ... ne ne porto avec Ii nules ormes que seule ment s'espee.
Comme anterieurement, ne... que est surtout employe quo nd une restriction d'ordre numerique est en cause.
Ne ... se... non jouit d'une grande faveur : il a la premiere place chez Villehardouin et 10 seconde dans 10 Queste et la Mort Artu. II est opte a tous les usages et est aussi bien excep tif que restrictif. " est plus souvent restrictif que 10rs, et a ce titre iI concurrence ne... que (notamment dans la Queste), sauf toutefois quand il s'agit d'indications numeriques, pour lesquelles il ne sert guere. II constitue un excellent moyen de mise en relief d'un sujet, d'un attribut, d'un objet, d'un com plement circonstanciel, d'un adverbe de quantite, etc. Cf. : Queste, p. 47, 1.10 cor d'aler avant ne vas porroit \cnir se honte
non. Ibid., p. 121,1. 22; p. 167, I. 13; p. 204, I. 26.
En particulier, c'est Ie seu' tour exceptif qui serve a met tre en relief I'adjectif attribut : Jeu S. Nicolas 419 N'aics les cuers se seUrs non.
Chast. Vergi 828 ne ma mort n'est se douce non.
II est volontiers associe a I'expression de sentiments em phatiques, et 10 phrase: ce n'estoit se merveilles non se ren c~ntre a un grand nombre d'exemplaires. Se et non ne sont s ouvent separes que par un seul mot, et la tendance est assez forte pour que non disjoigne Ie substan tif de son complement determinatif et meme de son epithilte. Cf. : ViiI., § 120 que, tont que am pooit veoir a oil, ne pooit on veoir se voilles non de ncs et de voissiaus. Queste, p. 251, I. 25 10 au il ne reperoit se bestes non sauvages.
-
-
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Non oeut separer aussi Ie relatif de son antecedent : Ibid., p. 5, I. 23 Ja nus ne m'ostera de ci, 5e cil non a cui coste je doi pendre.
separe deux substantifs coordonnes : Mort Artu, p. 86, I. 1 car en ce que il dit n'a 5e fable non et men r;onge la plus desloial del monde.
95
Evidemment, Ie verbe estre vade en temps, et, quand Ie verbe regissant est au passe, on a se n'estoit, se n'ert, se ne
d. : p. 134, I. 29 ... Ia ou Nostre Sires Ii lessa veoir les gram: secrez et les granz repostailies del Saint Graal, dont onques chevaliers n'avoit gueres veU a celui tens, se Joseph n'estoit, ne puis ne fu chevaliers qui gueres en ve'ist, se ce ne fu aussi come en sonjant.
On a aussi se ce n' estoit pour correspondre Ie verbe et son objet:
a la
forme en
-roie :
Ibid., p. 175, I. 9 ... Lancelos n'ot gueres fet se soufrir non I'esfort monseigneur Gauvain et couvrir soi.
p. 263, I. 15 car en si aesie lieu ne en si avenant, 5e en cestui me'is mes n'estoit, ne porroie je mie trespasser.
('est Ie besoin de clarte qui rapproche ainsi se de non. Mais il n'est pas sans inconvenient de disloquer Ie groupe de mots. Est-ce la raison pour laquelle, malgre I'abondant emploi de se... non, des innovations sont a signaler dans Ie type d'in version qui utilise se hypothetique ?
Mois n'est-ce pas une certaine tendance qui se manifeste par Ie present dans:
On note d'abord un essai timide de rapprochement inte gral des deux termes, ce qui donne se non. Les exemples en sont encore tres rares. Citons : Mort Artu, § 172 (p. 195, n. 39) Mais je sai bien que tu ne Ie fesis se non por moi faire de duel morir.
(mais iI s'agit d'une addition peut-EHre posterieure, car les mss 0 et V com portent cette phrase). Roman de Troie en prose, 105, 19 Tant et tant en gisoient par mi les chans que par poi lor chevaus ne metoient piet a terre 5e non sus mors. Ibid., 140, 26 Vas n'i
avn~s
se non honor.
Se ... non est beaucoup plus frequent dans ce texte. Plus importante est I'invention, qui semble dater du de but du XIII" siecle (1), du tour ne ... se Ice] n'est. II est assez frequent dans 10 Queste del Saint Graal (14 exemples). Cf. : p. 9, I. 2 car il voient celui si jone home qu'il ne sevent dont tel grace lui puist estre venue, 5e ce n'est de la volente Nostre Seignor.
(1) J. Melander, qui n'a guere depouille les textes en prose, ne (op'. cit., p. 121) que deux exemples de « proposition com », Cov. Vliv. 84 et Escanor 9379. Ce sont deux exemples de ce Cf. aussi A. Tobler, art. cit., p. 86; H. Sten, op. cit., p. 204.
a
I'invariabilite
Ibid., p. 3, I. 28 Et certes, fet ii, je ne creroie ja mes riens se ce n'est Galaad l...1?
Le premier element de 10 phrase a se ... non ou se ce n'est n'est pas toujours proprement negatif ; il peut comporter sim plement I'idee d'un petit nombre ou d'une petite quantite. II y a encore mouvement a la negativite. Cf. : ViiI., § 165 Ne n'avoient pooir que il porca<;assent viande III arba lestees loing de I'ost; et it en avoient mult poi, se de farine non et de bacons. Queste, p. 265, I. 16 Et dedenz celui terme orent il si achevees les aventures dou roiaume de Logres, que poi en i veoit len mes avenir, se ce n'ert demostrance de Nostre Seignor merveilleuse.
Se ... non se rencontre apres proposition positive au futur hypothetique dons : Auc. XIV, 6 Et puis que vos ariies jut en lit a home, s'el mien non, or ne quidies mie que j'atendisse tant que je trovasse coutel dont je me peusse ferir el cuer et ocirre,
et au subjonctif II
a valeur
hypothetique dans:
ibid. XIV, 12 encor ameroie je mix a morir de si faite mort que je seusce que vas eusdes jut en lit a home, 5'el mien non.
Ces phrases sont a rapprocher de celles que nous citons p. 86. ('est la valeur hypothetique des regissantes qui justifie I'emploi de se ... non. Fors est amplement utilise par les prosateurs, car, nous I'avons dit, il est apte a toute espece d'expression exceptive ou
-
97 -
96
restrictive. Dans I'exception a une assertion pleinement posi tive, il beneiicie - et lui seul - du declin des tours ou entre mais. Dans I'exception a une assertion negative, il semble marquer plus nettement I'exception que se... non, en ce sens que, dans les phrases ou il figure, Ie premier element (nega tif) est generalement plus etoffe, au point qu'il ne laisse pas toujours prevoir la venue d'un element exceptif: I'operation de negativation est bien pres d'etre menee a son terme quand it intervient; iI ne I'interrompt qu'in extremis. D'olJ la frequen ce assez grande des auxiliaires de negation: VilL, § 42 J Sachiez que dedenz V jornees de Costantinoble ne re mest nulle riens a essillier, fors solement 10 cite de Visoi et cete de Salem brie, qui estoient varnies de Fran<;ois. Rob. Clari, XIII, 14 mes tout chil de I'ost ne seurent mie chest con sci, fors Ii plus haut homme. Id. XXI, 54 Or n'i avoit iI nul cater u siecie, fors une mule et un vaslet. Queste, p. 69, I. 25 ne nos ne devons pas cuidier qu'il i remaigne riens fors amertume.
Devant Ie probleme qui consiste a exprimer la mise a part de I'exception, Villehardouin, en utilisant I'adverbe de fors, a retrouve Ie principe qui en latin tordif avait fait passer foris du sens local de « dehors » au sens exceptif de « hor mis ». Robert de Clari a une innovation non moins interessante et vouee a plus d'avenir. II est Ie premier, semble-t-il, a exclure completement fors du sens local et a utiliser systematiquement I'adverbe hors dans cet emploi (bien que quelques textes an terieurs aient paru s'engager, mais sans rigueur, dons cette voie). Cependant il se sert une fois de hors pour exprimer I'ex ception:
a cote
LXVIII, 16 Quant if eurcnt tout chou atire, apres si fist on jurer seur sains a tous chiaus de I'ost que les waains d'or et d'argent Rt de nuef drap, e Ie vaillenche de chine sols et de plus, aporteroient tout a I' ost a draite partie hors euxtius et viande,
et deux fois de estre ... hors pour 10 mise
a part:
Rob. Clari XCVIII, 3 Si n'en departi on fors Ie gros argent qui i estoit.
XCII, 28 ne je ne quit mie, par Ie mien ensient, que nus hons conterres peust nombrer mie toutes les abe'ies de Ie chite, tant i en avoit ii, que de moines que de nonnains, estre los autres moustiers de Ie vile h~rs. CVII, 1 Quant Ii cmpereres fu revenus et Ii baron qui avec lui ale rent et il eurent conquis grant portie de Ie tere et bien soisantc chites, estre les castiaus et les viles hors ... ,
Queste, p. J 21, I. 5 et si n'avoit vestu fors so robe.
Estre et hors encadrent I'idee exclue; il s'agit du pleonasme
Auc. It 8 II n'avoit nul oir, ne fil ne fille, fors un seul vallet.
Mais on Ie trouve aussi souvent pour exprimer une sim ple restriction, Ie premier element etant reduit au minimum:
et meme, avec indication numerique : Queste, p. 88, I. 10 ... qu'il den puet mes nul veoir fors trois.
Fors que introduit I'exception nom ina Ie chez Villehardouin, dans la Mort Artu et dans la FiJle du Comte de Ponthieu, mais non chez Robert de Clari, qui Ie reserve a I'exception en pro position verba Ie. L'auteur de la Queste utilise fors pour I'excep tion nominale, fors tant que pour la proposition exceptive. Ce lui de la Mort Artu se sert aussi bien, pour fa proposition ex ceptive, de fors que et de fors tant que.
On note chez Villehardouin deux exemples de mise a port exprimee par I'adverbe defors, dans des phrases, d'ailleurs sy nonymes, qui com portent une outre expression exceptive: § 387 et n'ere mie de mervoille que il avoient 10 terre si tote perdue
que il ne tenoient, defors Costantinople, fors que Rodestoch et Salembrie. § 421 Et sachiez que mult erent al desoz, que defors Ie cors de Costantinoble n'avoient retenu que c~s deus citez.
d'un auteur peu cultive, Ie mot rare et plus ou moins litteraire estre etant repris par I'adverbe de lieu faisant image hors. Ces trois phrases temoignent de I'invention d'un nouvel exceptif, I'adverbe hors, qui ainsi renouvelle au XIII" siecle I'histoire de I'evolution bien anterieure de fors (l). Mettre hors sera au XIII" siecle I'expression usuelle de I'idee excepter ». La preposition sanz sert toujours a I'expression de 10 mise (] port, surtout avec Ie sens de « sons compter » : Villehardouin, 319 et Ii nostre n'avoient mie plus de VII chevaliers, Sonz les serjanz a cheval. De meme, Queste, p. J26, I. 31 i Auc., XXII, 15. (1) E. Brall, op. cit., p. 45, cite un exemple anterieur Robert. de Clari: Thebes 9737, var. Que Adrastus est deconfis Et hOTS lui tierc sont tot ochis.
Cet emploi est tout a fait isole au XII· siecle.
a
celui de
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Sauf n'a jamais valeur strictement exceptive. On Ie trou ve dans les expressions sols lor corsI salves lor vies (ViiI., § § 80, 82, 86, 249, 250), sauve vostre grace (Queste, p. 6, I. 9 ; etc. ; Mort Artu, p. 27, I. 21). Toutefois une phrase de Villehardouin semble montrer la voie par laquelle il deviendro exceptif : § 496 et cil en fu 5es hom liges, sauve 10 fealte I'impereor de Cos
tantinople.
Comme dans les vers de Guernes cites plus haut (1), on a 10 une restriction: Ie principe de 10 suzerainete de I'empe reur de Constantinople est reserve. Les tours exceptifs sont utilises aisement dans 10 prose pour exprimer I'adversation. Cf. :
Ne ... se... non: Queste, p. 213, I. 7 a ee respont il que Ii porters dou rainsel n'apar tenoit pas a I'ome se a 10 fame non. Aue. II, J 4 Et si e5toit entccies de bones teees qu'en lui den avoit nule mauvaise se bone non.
Ne ... fors:
SECONDE MOITIE DU XIII" ET DEBUT DU XIV" SltCLE. Recits d' un Menestrel de Reims : 1. Tours au entre mais (1) :
mais que prop. (indie.): 1.
+
2. Ne... que: 16.
ne... outre ... que: 1.
M ... outre... que prop. (subj.): 1.
+
6.
3. ne... se... non; 4. ne... fors: 8.
+
ne ... fors que lac. nom.: 2.
ne ... fors tant eomme prop. (indie.): 1.
+
prop. pas., fors; 3.
prop. pas., fors que lac. nom.: 1.
pou ... , fors que tant que prop. (indie.): 1.
+
5. sans: 1. sauf ee que
+
+
prop. (indie.): 2.
a reis de; 5.
Mohieu Ie Viloin, Les Metheores d'Aristote: 1. Tours au entre mais: neant.
2. ne... que; 5.
Queste, p. 69, I. 27 Done tu cs semblables au fust mort ct porri au nule dout;ors n'est remese, fors amertume. Mort Artu, p. J 27, I. J 4 il ne s'apareille pas de lui deffendre, fors
de soi eouvrir. Ibid., p. 133, I. 14.
On remarquera que chacune de ces phrases contient un auxilioire de negation. La valeur pleinement adversative est soulignee par une negation fortement marquee. Ces tours sont assez rares au XIII" siecle; Villehardouin et Robert de Clari les ignorent. Nous n'ovons pas rencontre d'exemple d'emploi adversatif de ne... que, comme il semble en exister dans la poe sie du XII" siecle (2), selon une syntaxe un peu forcee, sons doute.
(1) V. s., p. 66. (2) V. s., p. 53 sqq.
Ne... autre ... que: 4.
3. Ne ... se... non: 3. 4. ne... fors: 74.
prop. pas., fors: 6.
ne... fors que prop. (subj.l: 5; (indie.): 1.
prop. pas., fors que + prop. (indie.>: 1.
+
Brunet Latin, Tresors, L. I
I
a CO:
1. Tours au entre mais :
ne... mes ke lac. nom. :
+
2. ne... que: 20.
ne... outre (aiJleurs) ... que: 3.
3. ne... se ... non: 38 (dont 1 de val. advers.>.
sans... 5e ee non que prop. (indie.): 1.
ne... se n'est: 1.
prop. pas., 5e ce n' est (fu) : 3.
+
(1) Nous ne tiendrons plus compte janctif signifiant « pourvu que ».
a
l'avenir de rna'is que
+
sub
100
-101
4. ne... fors: 2.
Joinville, Histoire de Saint Louis; Credo.
prop. pas., fors: 1.
+
lac. nOm., prop. pas. : ne ... fors que lac. nom.: 4. prop. pas., fors que lac. nom. : 2. ne... fors que prop. Undid: 2 {dont fors de
+
1. Tours au entre mais
+
+
ne... ne mais lac. nom.: 1
de val. odversJ.
ne... ne rna is que lac. nom.' 7 (dont prop. pas., ne mals que lac. nom.: 1.
de val. advers.l.
S. sans: 2.
+
+
2. ne... que; 38.
hors de: 1. sauf ce que
lac. nom.: 10 (dont 1 de val. adversJ.
ne... mals que
+
ne... pas... que: 1.
no ... autre ... quo; 2.
prop. Undic.J: 1.
de Beaumanoir, Coustumes du Beauvoisis, § 1 50S, (14 premiers chapitres, pp. 1 a 243).
a
3. ne... se... non; neant.
ne... autre... que: 1.
4. ne ... fors: 1. ne... fors que lac. nom.: 7. ne ... autre ... fors que; 1. lac. nom. : 6. prop. pas., fors que ne ... fors que tant que prop. (indic.): 1.
prop. (indic.) prop. pas., fors que tant que
sans... que: 1.
5. sanz: 2.
1. Tours au entre mais : ncant.
2. ne ... que: 33.
sans... d'autre chose que: 1.
3. ne ... se... non: J. ne ... se n'est (se ce n'est, one sont): J 3. prop. pas., se ce n'est: J.
+
+
+
+
1.
Traduction de 10 Chirurgie de Henri de Mondeville, L. I (Anotomie). 1. Tours au entre mais; neant (1). 2. ne ... que: 14.
(Nous ne tenons pas compte du tour assez frequent, tant aprcs pro position negative que positive: se ce n'est que, s'ainsi n'est (n'estoit) que, qui exprime I'idee d'une hypothese negative et nOn celie d'une exception).
4. ne... fors: 32. non, fors: J.
prop. pas., fors: 1. ne... fors tant que
+
prop. (indic.): 1. prop. Undic.l ne... fors en tant que prop. (jndic.l : 2. ne... fors tant comme prop. Cindic.): 2. ne... fors que lac. nom.: 14.
prop. pas., fors que lac. nom.: 1. non fors que lac. nom.: 1.
+
4. no... fars: 6. prop. pas., fors: 5. ne ... fors que + prop. Undic.); 1 prop. pas., fors que + prop. Ondic.l : non ... , fors tant comme prop. {indic.l: 1.
prop. Cindie.l: 1. prop. pas., fors en tant que
+
ne... fors pour tant que
+
3. ne ... so ... non: neant (21.
+ +
+
S. essieute accorde au substantif au au pronom qui suit, figurant au cas regime: 26.
essieute (sans accord): 4.
ce essieute que prop. Undic.): 2. excepte (avec accord): 2.
S. excepte (occordc avec un substantif): 3.
Fouke Fitz Warin. 1. Tours au entre mais:
mes ke prop. (subj.l « s'il est vrai que », en opposition avec 10 principale qui suit: 1.
2. ne... que: 6. 3. ne (nuli ... 51... noun: 13.
si (hypoth.l ... 51... noun: 1
ne ... sl noun; 9.
+
sauf (avec accord): 4. souf ce que prop. (jndic): 2.
+
(1)
11 Y a un exemple de mais qne exceptif dans Ie L.U, § 102.0.
V. L, p. 103.
(2) Nous ne tenons pas compte de !'exemple du § 523, qui est une conjecture de l'editeur pour corriger un contre-sens du traducteur.
103
-102 4. ne... fors: 1 (vol. advers.).
5, estre
(1);
10.
On peut tirer de ces chiffres les indications suivantes : 1. II faut d'abord faire la part preferences person nelles des auteurs. C'est en vertu d'un choix stylistique, sans doute, que se ... non est bien represente chez Ie Menestrel de Reims et chez Brunet Latin, alors qu'il est totalement absent du texte de Joinville et du premier livre de la Chirurgie (2) et tres peu en faveur chez Philippe de Beaumanoir et Mahieu Ie De meme, les proportions d'emploi de ne... que et de ne... fors sont inverses chez Mahieu Ie Vilain et chez Joinville. Le gout de I'auteur de Fouke Fitz Warin pour la preposition estre n'a d'equivalent nulle part. Ce n'est que chez Ie Menes trel de Reims que nous avons rencontre I'expression a reis de au sens exceptif : 253 ne n'estoit qui les destourbast a reis des forteresses, qui estoient bien gornies de pa'isanz qui i avoient fui bues et vaches et brebiz et quan qu'iI avoient.
L'expression est peut-etre plut6t un trait de parler local qu'un trait du style de I'auteur,
2. C'est, croyons-nous, par I'effet d'un gout personnel pour I'archa'isme que Joinville use encore assez souvent des tours ou entre mais. Nous en avons compte 19 exemples dans son reuvre. Citons :
ne... ne mais: 53 mais Ii hom lays, quont il ot mesdire de 10 loy crestienne, ne doit pas desfendre la loy crestienne, ne mais de I'espee.
ne... mais que: 45 II disoit que foys et creance estoit une chose ou nous deviens bien croire fermement, encore n'en fussj'ens nous certein mais que par o'ir dire.
ne... ne mais que : 284 Ne Ii menestrier ne fussent ja si hardi que il sonnassent lour estrumens de jour, ne mais que par Ie maistre de Haulequa.
(1) Compte non tenu de deux exemples de l'expression non excep tive estre 1;ostre gree. (2) Comme aussi des Memoires de Philippe de Novare, du Jeu de la Feuillee et de Robin et Marion d'Adam de la Halle, etc.
prop. positive, ne mais que: 649 Seneschaus, je vous comment que vous ne vous couchiez des or en avant, tant que vous aies touz les feus de ceans estains, ne mais que Ie grant feu qui est en la soute de la nef.
Cependant ces tours ne sont pas totalement absents des textes contemporains (ni non plus de textes plus tardifs) : Brunet Latin, Tresar, I, CXI, 5 ... fu il establi par les anciens sages que Ii I des mois eussent XXX jors et Ii autre en eussent XXXI, ja sait ce ke fevriers n'en ames ke XXVIII quant il n'a bisscxte. (qu'll faut peut.etre entendre; « n' en a pas plus de 28 »). Chirurgie, 1023 Enviran la maniere d'ouvrer es froisseures qui ne
sont pas ouvertes et es fixures, 2 choses sant a entendre; la 1 est que l'en
ne doit pas proceder par choses ne par estrumens mes que veuz.
L'editeur, Ie Dr A. Bos, commente: « C'est-a-dire, moins qu'ils ne soient vus, connus ».
a
Les tours a mais se rencontrent en poesie : J. de Meung, Rose 10463 Chascuns d'aus ot mout Ie cueur gent Ne mais Astenance, Contrainte E Faus Samblanz a chi ere feinte.
Bien entendu, mais que subjonctif reste bien vivant au sens de « pourvu que ». Nous n'en tenons plus compte. Signa Ions l'emploi du meme tour et du meme mode avec une valeur differente, la valeur adversative, dans: Fouke, p. 22, I. 14 Mes ke vous, sire, e vostre esquier fussez par may herbyges, 1es autres, qe seyntz par vous sunt, ne furent meso (<< S'il est vrai que vous, sire, et votre ecuyer, vous ayez ete intro duits par moi, les autres, qui sont ici grace 0 vous ne I'ont pas ete ,,).
Nous retrouvons 10 un sens assez rare, probablement par a I'anglo-normand, deja signale a propos des Lois de Guillaume et des Quatre Livre., des Rois (1).
Mais que
core:
indicatif: « excepte que}) se rencontre en-
Men. Reims, 161 Et
paroit entour un pie.
(1) V. S., pp. 77 et 84.
vaissiaus estoit touz ou flun, mais qu'il en
-
-104
On Ie trouve aussi, du moins en poesie, suivi du sens de « a condition que » :
au
Jehan Maillart, Comte d'Anjou, 3721
Tu avras, dit la desloiaus,
Cent gros tournois d'argent royaus,
De quoi ta fame vestiras,
Mez qu'au chastelain bien diras
Que tost face ce que Ii mande
Li quens par lectres et commandc.
3. La fn§quence de ne... que s'est accrue de fac;on con siderable par rapport a la peri ode precedente : iI prend la pre miere place des exceptifs apres proposition negative, devant ne... fors et ne... se... non, avec 132 exemples contre 124 et 97. Ses conditions d'emploi n'ont guere change. Le plus sou vent, iI exprime une restriction precisee numeriquement. L'in tervalle des deux termes est rempJi par un simple verbe. Quand Ie premier element doit comporter I'idee de la categorie gene role dont un objet particulier est excepte, Ie mot autre y appa roit presque necessairement. Chez Philippe de Beaumanoir, on a souvent autre chose qu'une precision numerique aprt3S que. Cf. : § 184 si convicnt if que Ii bail/is ou Ii jugez qui les a a recevoir prengne seulement les paroles qui ont mestier a la querele, et les autres ne sont contees que pour oiscuses.
De meme, § 376; § 420; etc.
Une nouveaute consiste dans I' apparition tres discrete auxiliaire negation apres ne, ce qui donne ne... pas ... que. Parmi les premiers exemples (l), on peut citer : Mahieu, Meth. Arist. p. 60, I. 3 Et pour ce, ceulz qui voudrent sagement soutiver leur oppinion distrent que tous les yens ne sont pas que un vent. Phil. Beaum., Coust. § 1216 En tel cas, ne seroient pas les lettres de man seigneur creues contre moi que pour 1 seul tesmoing. JOinville, § 241 Car je ne fu pas bleciez de lour piles que en cinc lieus, et mes roncins en quinze lieus.
Dans les deux derniers exemples, Ie role de pas semble etre de donner a la negation ne une consistance rendue m§Ces saire par I'eloignement de I'expression exceptee.
4. Nous avons signale la desaffection de ne... se ... non. La raison en est dans I'inconvenient qu'il y a parfois a intro duire non immediatement apres Ie mot qui suit se (1). Mais c'est auss i peut-etre que la langue a opte pour un ordre pro gre des termes et qu'un mot comme non portant sur ce qui ssif Ie precede fait figure d'anomalie. Nous avons deja indique que deux solutions nouvelles sont trouvees au XIII" Philippe de Beaumanoir utilise largement celie qui con siste dans !'invention de se [cel n' est. C' est au point que dans les 243 premieres pages des Coustumes, il n'emp!oie ne... se ... non qu'une fois, et dans une locution figee : § 19 ...Car tout soit il ainsi que Ii baillis, de moi, ne face ne ne
vueille se bien non...
II presente en revanche 14 exemples de se n'est. L'expression se trouve surtout apres une negativation pousse e , traduite par un terme comme pas: § 42 Car
ment de parties.
homme ne sont pas tenu, s'd ne leur plcst, a fcre juge qui n'ait cste nicdoiee devant aus, se n'est par I'acort des
Mais if peut excepter apres une negativation moins avan
cee:
§ 219 ... iI doit faire seurte, se je Ie requier, qu'il prenra droit en 10 court de mon seigneur et qu'en autre court ne me trera de ceste chose, se n'est par apel de defaute de droit ou de faus jugement.
II se trouve meme apres une assertion pleinement posi tive:
§ 63 ... il doit estre tournes en pure defoute, se ce n'est puis qu';1
I'avra fet savoir qu'il soit hors de son essoine.
locution nouvelle possede done un avantage sur se ... non, qu'on ne trouve pas dans ce cas. Brunet Latin et Ie traducteur de la Chirurgie connaissent auss; Ie tour. Cf. : Tresors, L. I. CLXXXV, 2 (De Camelion) Et sa coulour cst si mua ble que tot maintenont k'il atouche a aucune chose, prent sa coulor et devient d'autretel taint, se ce n'est rouge au blanc, cor ce sont II coulours k'il ne puet faindre. Et sachies que son cors est sans char et sans sanc, se ce n'est ou cucr ou il en a I petit. Chir. 574; 2026.
Compte nOll tenu de l'exemple douteux de la Chanson de Guillaume. v. 2383, v. s.. p. 68.
105
(1) V. s., pp. 93-94.
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Une seconde solution qui avait ete tentee sporadique ment dans la periode anterieure se confirme au XIVe siEkle; elle consiste a rapprocher les deux elements se et non en un mot unique autrement dit, a renoncer a I'enclave de I'excepte. Dans Fouke Fitz Worin, on peut parler d/une concurrence de si... noun et de si noun: 14 exemples de I/etat ancien, 9 nouvel ordre des termes. " semble d/ailleurs quia cet egard comme a bien d/autres Ie fran;ais insulaire soit plus novateur que Ie fran<;ais continental. l
l
l
l
l
1/ faut noter que I/auteur de Fouke n/emploie pas indiffe remment I'un et I'autre tour. " prefere generalement Ie tour ancien quand rexcepte constitue un element court et de fonc tion directe (Ie plus souvent I/objet)1 Ie tour innove quand I'ex cepte est assez long et introduit par preposition:
II I E pero che II Tesoro chi e qui non dee esser dato 5e non a per· sonO sufficiente 0 si olto ricchezzo, 10 dora a te, bel dolce omico ...
$e ... non survivra encore assez longtemps. Mais de plus l
en pius on Ie rencontrera surtout en expressions figees. A cet eg ard , iI faut consacrer une remarque particuliere a trois locu tions comportant rancien se.. non: ovoir se bien non i 0 se bien non et foire se bien non. Cf' apres se hypothetique : l
l
l
Rustebuef, du secrestain et de fa femme au chevalier, 746 Et Rustebuef en un conte 0 Mise la chose et la rimo. Or dist iI que s'en 10 rime a Chose ou il ait 5e bien non, Que vous regardez a son non. Fouke, p.
et p. 18 1 I. 20 ele ne se poeit mover si noun a grant peyne.
C'est donc une raison de clarte qui a rapproche si de noun. On a si noun des que rexcepte est prevu comme devant avoir une certaine etendue et comme constituant un groupe a ne pas disjoindre. Le rapprochement de se non consacre un fait important du point de vue psychique : I/expression n/est plus sentie com me etant un tour hypothetique: elle est sentie particule une signifiant « excepte ». Elle occupe integralement 10 place nor male du n§gissant c'est-a-dire 10 place initiale dans rordre des mots qui se fixe en moyen franc;ais. Avec se non, il est re trouve un type d'inverseur connu de schema: V. l
l
Cependant, se non est encore bien loin de s/imposer. L/usage pratique par I'auteur de Fouke Fitz Worin est tout a exceptionnel a cette epoque. II est assez interessant de remarquer qu'un peu anterieurement Brunet Latini qui tient se ... non en grande faveur n/est nullement influence par so langue maternelle et ne rapproche jamais se non alors quill ecrit en toscan : l
17 5i Fouke nulle chose si bien noun vous fist ce
et meme apres phrase thetique De Guillaume au faucon (Montaiglon et Raynaud, II, p. 108), 471 : Moi poise qu'il a 5e bien non (1 l.
Nli 0 se bien non: « il n/y a que du bien» - .... «iI n/y a pas de mal» ne foire se bien non: « ne faire que du bien )} _ .... « ne pas faire de mal »1 n/avoir se bien non: « n'avoir que du bien » ~ « ne pas avoir de mal » donnent nais sance a des locutions positives de sens oppose: i 0 se bien non: « il y a du mal » I faire se bien non: « faire du mal »1 avoir se bien non: « avoir du mal » : on entendra dons les tex tes precedents: « s'il y 0 en la rime quelque chose ou il y ait du mal »1 « Si Fouques vous a fait du mal »1 « Je suis fache qu/il ait du mal ». On voit aboutir I'evolution amorcee au temps du Roman de Troie (2). Cf. aussi les exemples cites par A. Tobler (3) : sauf un, tous ceux de se ... non apres phrase non negative concernent 10 locution avoir se bien non : « avoir du mol ». Dans ces conditions 10 phrase:
I
l
l
l
Tesoretto, cop. IV
30,
fust par vostre desert demeyne.
p. 17, 1. 8 rien ne vist si bien noun.
l
et Son traducteur et contemporain Bono Giamboni :
Esso e onnipotente
Ma i' non posso neente l
Se non quonto concede ...
Mo io non son soccente
5e non .di quel ch' e l vuole,
Fouke, p. 65, I. 19 qe fet Ie dragoun de vous ? Ne vous fet il si bien
noun? (1) Cite par A. Tobler, art. cit.. SO. (2) V. s., p. S7. Cf aussi H. Sten. oJ). cU., pp. 203-20-1. (3)
Art. cit., p. SO.
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doit etre comprise, non pas « ne vous fait-il que du bien? », mais « ne vous fait-il pas de mal? ». A. Tobler cite une curieuse phrase de Cleomades, a pro pos de I'expression de I'exception par un tour hypothetique : 11903
T restous seus M'en iroi, Se Pinchonnet n'oi Nului fors que lui n'en memoi.
II faut entendre: « Tout seul, a part Pinchonnet ». Se Pinchonnet n'ai equivaut se Pinchonnet non, dont I'emploi
a
serait d'ailleurs assez inhabituel apres une proposition positi ve. C'est fors qui sert constamment a cette epoque dans ce genre d'expression. L'exemple de Cleomades est isole : Ie tour ne pouvait guere avoir de succes etant donne Ilequivoque a 10 quelle il prete. 5. Sur Ilemploi des tours utilisant fors il y a peu a dire a propos du groupe de textes commente ici. La repartition: fors locution nomina Ie / fors que proposition est observee ri goureusement par certains (Mahieu Ie Vilain, Ie traducteur de la Chirurgie) , tandis que d'autres usent volontiers de fors que pour excepter ce qui est nominal. (Philippe de Beaumanoir, Brunet Latin). On ne trouve pas en prose, a notre connaissan ce, fors exceptif de proposition. On ne Ie voit guere en vers non plus, vers la fin du XIII" siecle l a en juger par les reuvres que nous avons interrogees (Rustebuef l Fabliaux du recueil de Mon taiglon et Raynaud, CEuvres dramatiques du Xllle), et par les exemples cites par A. Tobler et E. Brall (1). l
Comme introducteurs de proposition, on trouve, comme anterieurement, une certaine variete de tours ou entre fors : fors tant que, fors tant comme, fors que tant que, fors de tant que, fors en tant que, fors en tant comme, etc. E. Brall en
donne quelques exemples (2). Le fait Ie plus inh~ressant concernant fors est son utilisa tion au sens de « seulement », sans qu'il y ait ne auparavant.
Ce developpement est particulier aux textes anglo-normands. E. Broil (1),
(2)
A. Tobler, art. cit., p. 99; E. Brall, op. cit., pp. 33-34. Op. cit., p. 35 sqq.
suite d'Ebeling, cite ainsi
Ipomedon 891 II sunt unze e iI fors quotre. Ibid. 2440 K'ele demonde fors reisun. Langtoft 11, 80 Le roy Richard fors corbuns i troyoit.
L'hypothese d'E. Brall, qui voit 10 une influence de I'an glais but, para7t plausible. Mais c'est peut-etre une tendance naturell e que de faire passer les tours exceptifs apres negation a 10 valeur positive restrictive. Cette evolution a existe au XII" sh~cle pour ne mais que (2) ; elle se retrouve en franc;:ais mo derne pour que et rien que, compris com me quasi synonymes de « seulement » (3). On signa Ie au Xille siecie Ilapparition de tours hybrides contaminant ne... fors que et ne ... se... non; ne ... fors ... non, ne ... fors que... non. Citons, apres Tobler et E. Brall : Faits des Romains, in P. Meyer, les premieres compilations franc;ai ses, Romania, XIV (1885) p. 9 Et Labienus ne Ii sien n'entendirent fors a Inditiomorus chader non. Jongl. et Trouv., 117 (ap. Tobler, art. cit. et Altfr. Wort., art. fors) Ne Ie clerc qui les escriro Ne sache jo que cera Fors qu'en ceste maniere non. Jehan de Conde, II, 35, 1130 (ap. Tobler, ibid.! Con n'oime fors que I'ayoir non.
On peut citer aussi des cas d'accumulation : Miracles [Paris-Robert1 II, 16, Rom. Review, IV, 195 (ap. Brom.
Ho ! Dame, tont belle yous yoy Et tant sent vostrc oignemcnt bon Que je n'ay fors que se bien non. God. Bouill. 263 (op. Tobler, art. cit.!
Et si n' en ai custel, serre ne ptaisse'is Ne mais fors une cove.
Ces anomalies ne se trouvent guere qu'en vers, et la me trique doit y etre pour beaucoup. Cependant elles ne sont pas inconnues de la prose, temoin cette phrase, - d'un auteur etranger, iI est vrai : (1)
(1)
a la
Op. cit., p. 32. Cf. aussi II. Sten, op. cit., p. 219.
(2) V. s., p. 30. (3) V. L, pp. 195 et 197.
-
-111
110
Marco Polo, Livre des Merveilles du Monde (ap. A. Henry, Chresto mathie de la Litterature en ancien iranr;ais, 175, p. 323) : Car il ne i
o~oit
cstre nulz masles mes for que celles pucelles,
OU, apres un mes adversatif, for que assume la valeur restric tive de « seulement ». Hors, mis hors restent peu usites. Nous n'en avons ren que peu d'exemples jusqu'au debut du XIV" siecie. C'est o peine si I' on peut parler d'exception pour ces emplois de hors de, tant I'image est presente : c~ntre
Brunet Latin; I, CIII, 1 Mais Aristotles, Ii grans philosophes, dit k'il est un outre eliment hors de ces III!. Id., II, V 2 Beatitude est chose complie, 5i k'ele n'a nule besoigne d' outre chose hors de lui.
Voici un exemple ou mis hors suit la preposition estre : Ernoul, ch. XVIII, p. 315 Et si trouva on escript el castiel que les II galies qui escaperent de Sur ot vinrent a Barut avoient fait damage de plus de XIII mil homes, qu'il avoicnt pris en Ie mer et envoiies en Espaigne et en Paienie, estre mis hors ceus qu'll avoient oeis.
Cette phrase est 0 rapprocher des deux de Robert de Clari que nous citons plus haut ; elle comporte Ie meme pleonasme. Mais il ne nous paraft pas absolument certain que estre soit senti 10 com me preposition: 0 cote du participe mis, iI est peut etre compris comme un infinitif, I'ensemble estre mis hors cons tituant une sorte d'expression absolue.
6. Metre h~rs constitue, fin XIII" siecie, I'expression ver bale courante de I'idee d'« exciure, excepter ». Cf. : Rom. Rose 5668 Je n'en met hors reis ne prelaz. Chir. 16 Toutevoies je ne met pas hors du tout en tout ccux qui ne sont pas letres.
Cependant Ie lang age juridique use de termes nouveaux, empruntes au latin. Ainsi exceper, « alleguer une exception », francisation de excipere signale par Godefroy en mai 1279 (1) : Lett. d'Ed. I, Bretigny LVI, B.N. Dc defendre nostre terre countre tutes personnes, de exceper, de repliker, de poser, de respondre.
Ainsi encore excepter, qui pour la forme parait etre la francisation de exceptare, mais ne correspond pas 0 ce verbe (1) Dictionnaire de l'ancienne
t.ang1~e
franr;aise, t. IX, p. 579.
pour Ie sens (1) : il apparait simplement com me Ie verbe cor respondant au substantif exception, qui signifie d'abord « moyen d'ajournement ou de rejet qu'on oppose 0 une de ma nde sans entrer dans la discussion de I'affaire » (2). Cepen da nt excepter semble prendre tn3s tot Ie sens que nous lui con naisso ns , et son participe, la fonction preposition nelle, puisque Godefroy signale des 1219: Cart. de Cysoing, p. 104 En toutes les pecqueries et fosses et tour bries depuis ma moison jusques a I'Escarp avons communes piscations et usages, except~ es fosses qui sont autour de ma maison (3).
Etant donne les origines juridiques du mot, iI est assez naturel que nouS Ie trouvions bien represente chez Philippe de Beaumanoir ; celui-ci I'emploie soit sous sa forme savante ex cepter, soit sous une forme dialectale essieuter. Com me ex ceptif, au participe, il precede Ie substantif exprimant la no tion exclue; il 5' accorde avec lui et tous deux sont au cas re gime: Coust., § 484 et apn2s ce qu'il 1'0 tcnu grant tans sans seigneur, Ii sires i veut jeter 10 main, il Ie puet, s'il Ii plest, tenir autont de tans sans homme comme eil qui en dut estre ses hons Ie tint sans seigneur, essieutes ceus qui tiennent en bail. Chir. 474 Chascun spondille, exceptes 2, est joint ment
0
0
I'autre continuel
fors liemens.
Cependant on peut trouver des exemples qui font douter que I'accord ait ete toujours fait: Coust. 36 ... car se Ii homme fesoient aucun jugement qui semblost mauves au seigneur, il convenrait, so Ii sires Ie vouloit fauser, que ce fust par opel en lu court souveraine, et seroit Ii apeaus demenes par gages de bataille, essieute ceus qui sont fil de roi. IbU., 503 ... et essieute 10 partie que 10 fame au Iii en cloit porter.
Toutefois on n'est pas sur du texte exact des Coustumes : il a da etre dicte 0 un secretaire ; il n'est pas exempt de lapsus calami, et il a Me plus ou moins arrange par son editeur A. Salmon. Mais iI semble bien qu'en un cas au moins I'accord ne soit pas fait: c'est quand I'exception com porte deux substan (1) A. Tobler, Altfr. lV., cite excepter comme donne par Ie GW8 saire de Paris 7692 comme la traduction fran<;;aise de exc'ipere. (2) A. Salmon, mossaire de l'edition des Cous:tumes, II, p. 515. (3) Dictionnaire, IX, p. 578.
112
113
tifs coordonnes de genre different. Cf. les formules: essieute mort d'homme et mehoing (§ § 18, 26) excepte mort ou me hoing (§ 1631). Y aurait-il accord avec Ie seul mot mehaing, Ie masculin I'emportant sur Ie feminin ? Dans:
tra ou un marche, on rend une place forte, etc., clest-o-dire ite 10 clause par laquelle on souvegarde quelque chose a cote de ce qu'on accorde. De la, on glisse aisement a I'idee voisine de I'exception ou de la mise a part. Cf. :
Chir. § 550 Le 2 puet savoir Ie cyrurgien qui n'est pas Icttre, escieute J'art et 10 science pour quoi il soit sutil et avable et souffisanmcnt gami de toutes bonncs conditions de souffisant cyrurgien,
Coust. § 62 Ii sires doit saisir toutes les choses esquels cil qui firent sernonre demandent partie, et les doit o'ir en leur demande et leur doit fere partie et deviser, sauve 10 partie au defaillont quont II la vourra acquerre.
on peut croire qu'il y a accord avec Ie plus proche, art; mais ce mot est souvent feminin en ancien franc;ais. Nous avons vu d'autre part qu'excepte vient alsement devant preposition: d. I'exemple du Cart. de Cysoing (] 219) cite par F. Godefroy : excepte es fosses. II semble donc qu'on s'engage des Ie XIII" siecie dans la voie de I'invariabilite et de I'emploi prepositionnel. Le terme nouveau fournit vite des formules d'introduction de proposition exceptive: ce essieute que: Coust. § 490 Car il loit au pere ou a la mere a partir c~ntre leur en· fans ou as enfons I'uns vers I'autre, s'il n'ont ne pere ne mere, si pourfita blement comme iI leur plest, sans leur fief depecier ne departir; ce essieute que se Ii mainsne ne porte par Ie gre de I'ainsne nus des fies entiers ou plus du tiers d' aucun des fies, I'ainsnes des enfans en pert les homages de ses mainsnes.
excepte que : Chir. § 920 Eles [10 cure Thederic et la nouvelle curel s'acordent pour ce que 5i comme la cure Thederic devant suppose toutcs les 8 choses dessus dites ou chapistre general, et la nostre cu re autresi, exceptc seulement que ceste ne devee nule fois la pocion.
A I'exception de est signale depuis la fin du Xille siikle, comme locution prepositive, par F. Godefroy (1), avec les n~ ferences suivantes : A I'eyception de (] 294, AN. 5 5063, piece 10, SuppU. A reception de (1316 AN. JJ 33 fo. 44 Vo.).
Nous ne I'avons pas rencontre dans nos textes. Souf s'emploie souvent au XIII" siikle pour exprimer la condition sous laquelle on conclut un pacte, on accepte un (1) Dictiormwire, t. XI, p. 579.,
Ibid., § 295. Godefroy (1) signole salve
a
«a
10 reserve de » : salve as par<;o-
Miers desus ditz (1285, Lieu Dieu, H 769 A Indrel.
Mais c'est sourtout souf ce que introducteur de propo sition, que lion rencontre au XIII" siecle. Cf. : l
r..
Henri de Valenciennes, 585 ... 11 ne m'est pas avis .l ke vous tel chose deussiez mic requerre a bregiers que vous oiies les cites et les castiaus, et toute 10 segnorie de 10 tierre, sauf chou que nous n'i partons.
(<< sans que nous y ayons part », « pourvu que nous n'y ayons subjonctif prend ici Ie sens de oucune part» : souf chou ke mois que subjonctif, dont nous avons indique l'origine ex
+
ceptive). M(m. Reims, § 368 Car il s'acorda au respit de trois ans que Ii che valier qui sent au legat pour avoir respit des detcs qu'il devoicnt aus bourjois, souf ce que Ii legaz ne pourprenoit pas leur foiz.
Brunet Latin, Tresors, I, CXVIII, 13 MClis du premier en avant dois tu joindre les epactes de celui on concurrent de celi mois que tu voldras, et tant aura 10 lune Ie premiers jour de celui mois, sauf ce que, se Ii nombres monte plus de XXX, tu les osteras et retenros Ie remanont. Ibid., III, X, 1 ; Phil. Beoum., Coust., § 386, etc.
* ** Si I'on tentait d'etablir un inventoire des tours exceptifs la fin de la periode de I'ancien franc;ais, on soulignerait d'obord Ie declin evident des tours ou entre mois, si varies et riches de possibilites d' expression dans les debuts. On consta teroit les progres de ne.. que qui passe de 10 derniere place a 10 premiere et developpe ses emplois, tres limites au depart.
a
U) Dictionnwire..., t. X, p. 615. 8
114
On noterait que fors et fors que sont d'un usage courant et maintiennent, en gros, leurs positions, mais que ne... se ... non est en nette regression. On enregistrerait enfin les innovations dE!cisives du siecle: I'invention de se ce n'est, Ie rapproche_ ment de se et de non en se non, I'av€mement de plusieurs tours a base d'une construction participe ou adjective: hors mis, excepte, souf. L'evolution s'est faite dans Ie sens de la simpli_ fication, de la specialisation et de 10 clarte semantique.
Chapitre III
Emploi des Tours Exceptifs en Moyen Franc;:ais I. -
XIV· SIECLE
Chronique de Moree (entre 1341 et 1346) : I. Tours ou entre mois : neont.
2. ne... que: 13.
ne ... outre (outre chose, outrementJ ... que; 8.
3. ne ... se... non; 4 (dont 1 de val. advers.l.
ne... sen on ; 9 (dont 6 de val. advers.l.
ne ... sinon que + prop. (jndid: 1.
+
4. ne... fors que sans ... fors que
lac. nom. :
lac. nom.: 1.
+
5. sauve; 8 (1).
toutesfois salvant; 1 (2l.
souve que de infinitif : sans: 1 (3).
+
+
+
prop. (subj.): 1.
Grandes chroniques de France, t. IX (Charles IV Ie Bel, Philippe VI de Valois) (env. 1349). 1. Tours ou entre mais;
ne ... mais que lac. nom. : 2.
ne... autre chose mes que prop. (indic.l: 1.
prop. pas., mes que loc. nom.: 1.
+
+
+
2. ne... que: 19.
ne... autre (autre chose} ... que; 2.
(1) Exemples ciairement exceptifs, et compte non tenu de 3 ex. du type : sauve sa grace. (2) Un autre exemple, § 275, donne a sauvant Ie sens premier de saul: car il seroient tout lie de rendre les fortresses sU!uvant leurs personnels et leurs chases. (3) § 406; tcxte du ms a conserver au lieu de Ia correction 8U'iil de l'editeur.
-116
-117
3. ne... se... non: neant.
Froissart, Chronique, L. II,
ne... se ce n'estoit: 1.
ne... se ne fust: 1.
ne ... autre (ail/eurs, autre porO ... que;
prop. pas., fors: 1.
+
ne ... autre chose ... que
lac. nom.:
2.
+
ne ... se ce n'est (n'estoltJ :
prop. Undic.); 1.
Jean Ie Bel, Chronique, t. I (ch. 1370).
a LX)
{entre 1352 et
2. ne ... que; 18. ne... au/tre (au/tre chose, ou/trement) ... que: 5.
ne... aultre... que prop. Ondic.J: J.
3. ne... se... non: 2.
ne... se ce n'estoit: 2.
+
4. ne ... fors: 7.
prop. pas., fors: 4.
+
Berinus, § 1
prop. (indic.); I.
a 208
(pp. 1-19 J) (entre 1350 et 1370).
I. Tours au entre mais: neant. 2. ne... que: 5. ne... autre... que: 3.
3. ne... se ... non: 1.
+
4.
ne subi. II, se ne fust: I. ne... fors; 8.
sanz... fors: 1.
prop. pas., fors : 2.
ne ... fors que lac. nOm.: 12.
prop. pas., fors que lac. nom.. 5.
ne... fors que prop. : 3 (2 subj., 1 indic.J.
ne... fors que tont + prop. Undic.J. I.
ne... fors tont que + prop. (in die.) : 2.
sanz ... fors tant que prop. (jndicJ: 1.
prop. pas., fors que tant que prop. (indic.J: I.
+
+
+
+
5. sanz: 1.
+
prop. pas. contenant envis, fars tont que
5. horsmis: 4.
excepte: 1O.
reserve: 3.
reserve ce que
souf tont que
6. ne ... , si
+
+ loc.
nom.: 1.
+ prop. (indic.): 1.
+ prop. (subj.): 1.
verbe Undic.! : 8.
1. Tours au entre mois: neant. 2. ne... que: 1. 4. ne ... fors : 2.
ne ... fors que
5.
+
4. ne ... fors : 20 (dont 2 de val. advers.l.
ne... fors que lac. nom.: 15 (dont 1 de val. advers.>.
3. ne... se... non: neant.
5. hors mis: 3.
excepte: 6.
reserve que
5.
Philippe de Mezieres, Grise/dis (entre 1384 et 1389).
ne... fors que lac. nom.: 14 (dont 1 de val. odversJ.
prop. pas., fors que lac. nom. : 2.
fors que prop. (indic.J: 1
fors mis ; 4.
+
3.
prop. (subj.): 2.
prop. pos., se ce n'est: 1.
I. Tours ou entre mois : neont.
+
+
3. ne ... se... non; neant.
5. excepte: 15.
sans:
IX) (1387>.
2. ne... que: 25.
sanz... fors : 1.
ce excepte que sanz: 2.
(t.
1. Tours au entre mois : neant.
4. ne ... fars: 8.
ne... fors que
a 168
+
+
lac. nom. : 3.
5. excepte: 2.
sauve que
+
prop. (indic., f. en -role): 1.
Jean d'Arras, Me/usine (1392). 1. Tours au entre mais :
+
n!: ... mois que lac. nom.: 1 (vol. advcrs.l (1).
n!: ... mois que tant que prop. !indic.l: 1.
+
2. ne... que: 68 (dont 2 ne ... pas... que).
ne... pas... plus ... que: 8.
ne... mais ... que: 2.
ne ... pas... autre ... que: 8.
prop. interr., mais ... que:
prop. interr., autre ... que:
(1) Deux autres ex., pp. 157 et 200 com portent un mais temporel : nous les comptons sous Ie n° 2.: ne... que.
-118
-119
3. ne... se ... non: 4. sans ... se ... nOn: 1.
se (interr. indir.), se ... nan: 2.
proposition positive, mais que
J.
ne ... sinon:
+ prop. Cindie.); J.
prop. pas. a v. se gorder, sinon que
ne ... se ce n'est: l. ne... sinon que
+ prop.
Cindic.l: J.
sans ce que
+
prop.. 2 (1 indic., 1 subj.).
+
prop. (subj.): 2.
J. Les tours ou entre mais sont de plus en plus delaisses. lis ne figurent, - et encore, petitcment, _ que dans deux textes. Citons:
nc... mais que
locution nomina/e.
17270) p. 72, n. 2 et leur fu dit que 10 pro chainete que Ie: roy d'Englcterre se disoit avoir ou royaume de France ne lui Venoi! mais que de par so mere. Ibid., p. 252 e! ne povoi! avenir mais que en
du moins (2), Melusine, p. 166 Et ne vous doubtez, car du vostre ne voulons nous vaillant un petit denier, mais que vostre bonne amour sons villenie.
(emploi plutot adversatif qu'exceptif).
+ proposition
Gr. ehron, IX (ms 10 103) p. 332 Mcs sus ces erismes que l'en Ii
:>Pposoit, iI ne disoit autre chose mes que ce que foit avoit il avoit fait du gre
du roy.
ne... mais que tant que
+
proposition:
Melusine, p. 300 Gieffroy, n'en enquier plus avant, cor plus n'en pues savoir, mais que tant que je suiz de par Dieu. (1)
(2)
V. L, p. 123. Un blanc dans Ie texte du manuscrit..
p. 200... et voit que iI n'en y avoit mais que deux devant lui.
Faut-il traduire mais par « plUS» ? et I'entendre au sens temporel ou au sens quantitatif? line nous semble pas, en tout cas, que la, mais que soit purement et simplement I'equi valent de I'inverseur que. On a plutot ne... mais / que que ne ... / mais que. Nous n'avons pas trouve ne ... ne moiSt ni ne ... ne mais que. Ce sont la, semble-t-il, des tours completement sortis de I'usage (1). 2. Ne ... que est, de loin, Ie mieux repn§sente des tours exceptifs: il n'y en a pas moins de 149 exemples dans I'en semble des sept textes.
Le renforcement de ne par pas reste exceptionnel. Nous en avons trouve deux exemples seulement : ils sont dans Me lusine: p. 57 et n'a pas hom me vivant de ceulx qui savoient Ie cos que lui,
Gr. ehron. IX (ms fro
ne... mais que
II y a doute, iI est vrai, pour deux passages de Melusine : p. 157 Messeigneurs, il n'a mais que XII licues jusques au siege.
4. ne ... fors: 8 (dont J de nc... pas et 1 de vol. advers.'. ne ... fors sans plus fors : 1 (1l. prop. pas., fors: 2. prop. interr., fars: J. ne... fors que + loc. nom. : 4. ne... fors que + prop. (subj.): 2. ne ... fars tant que + prop. (indic.l : 4. prop. pOS., fars tant que + prop. Cindie.): J. 5. hors: I. excepte: 1 1. excepte que sans: 6.
locution nominale :
Gr. ehron. IX (ms 10132) p. 333 Et tout ce et Ii rays nouviaus, mes que ce qui en fu retenus privecment d'aucuns collecteurs.
p. 118 car je n'ay pas voulente que de faire en mon devoir.
Dans /0 premiere des deux phrases, 10 presence de pas est justifiee par I'eloignement de ne et de que.
Nul apparait quelquefois : Ibid., p. 296 ... 112 bon conte Aimery de Poictiers Ie donna a mon perc si franchement que il n'en devoit rien a nul homme que aDieu.
D'ordinaire, quand I'element negatif de 10 phrase est assez important et exige I'expression de 10 substance dont quel que chose est excepte, apparaissent les mots autre, ail/eurs, autrement, les locutions autre chose, autre part, etc. Nous les avons fait entrer dans nos denombrements, bien qu'on ne soit plus la, a proprement parler, dans Ie domaine des tours ex (1) Ne... ne que, tour comparatif, est encore vivant, du moins dans la prose influel1cee par Ie style poE~tique. NOlls en avons compte Six exemples dans Melt.sine: pp. 23, 107, 226, 228, 243, 265.
-120 -121
ceptifs. /I est interessant de noter I'alternance : ne element bref... que (./) ne... autre element long, que. Quand autre, etc. est dans Ie premier element, les auxiliaires de negation POSt mie, nul sont plus frequents que dans Ie cas de ne... que:
+
Chron. Moree § 182 car if ne pooit mie pranre fame d'autre gent qUe de sa nacion. Berinus § 200 r...] et apper.;ut que so lille ne vouloit avoir en mAle maniere outre qUe Ganor.
C'est cette derniere formule que nous avons encore, apres proposition interrogative, dans deux exemples de Me/usine : p. 178 Monseigneur, dist I'escuier, c'est bon de envoier savoir quclz gens ce sont, ne se ilz VOU5 veullent se bien non. p. 179 ".sovoir mon que vous querez en son pays et 5e vous lui vou lez se bien non. (c~ «
Mcilusine, p. 49 Et pOur ce que nous ne vouldrions pas avoir outre seigneur que VOus... p. 277 Et Gieffroy prent COngie du prieur, qui ne cuidoit pas qu'il y alast POur outre chose que pOur veoir I'estat des hermitaiges.
Nous avOns trouve des phrases ou ne... autre chose que introduit une proposition:
si vous lui voulez du mal »J.
Nous pensons que les quelques exemples qui subsistent
du tour ancien s'expliquent par un parti-pris de style archa'i sant et poetique dans la M{;lusine de Jean d' Arras, dont Ie ton, _ mutatis mutandis, - n'est pas sans rappeler celui de la Queste del Saint Graa!.
II est tout a fait remarquable que Ie tour nouveau ne." se non, dont nous avons signale I'emploi, au debut du siecle, Ibid., I. 16 Ossi Ii Espaignol n'atendoient outre COSe que Ii rois Henris fust venus. dans Fouke Fitz Worin, ne beneficie nullement de I'abandon de ne." se ... non. II n'y en a pas un exemple dans les deux 3. Ne ... se ... non, etc. L'expression de I'exception par hy tomes des Grandes Chroniques (VII et IX) que nous avons de pothese niee subit une eclipse au XIV" siecle. Comme a la fin
pouilles, ni dans Jean Ie Bel I, ni dans Berinus, pp. 1 191, ni du XI"" siecle, ne.. se ... non se fait rare. " ne figure pas dans
dans Froissart, t. IX, ni dans Grise/dis. II n'apparait que dans les Grandes Chroniques, t. IX (341 pages), ni dans Ie tome VII
10 Chronique de Moree (ou, avec 9 ex., il est bien repn3sentc) (282 pages), ni dans Froissart, II, 1-168 (t. IX, 289 pages), ni
et dans MeIusine (un seul ex,). Sa frequence dans la Chroni dans Grise/dis (30 pages). /I n'apparait que deux fois dans
que de Moree est tres probablement imputable au modele ita Jean Ie Bel, t. I (342 pages), une fois dans les 191 premieres
lien: Jean Longnon (1) signale de nombreux italianismes dans pages de Berinus. " n 'est guere plus frequent dans la Chro
cette Chronique ; il aurait pu ajouter celui-ci a sa liste. Aucun nique de Moree, 4 ex. en 405 pages, et dans Melusine, 5 ex.
des deux textes qui presentent ne... se non en plusieurs exem en 312 pages: en tout 12 ex. pour 2192 pages in-8". Encore,
plaires au XIV" siecle - Fouke et la Chronique de Moree Sur ces 12 exemples, faut-il noter que 5 contiennent des for
n'est purement fran~ais: I'un est anglo-normand et I'autre mules qui semblent bien figees: fortement teinte d'italianisme. On peut se demander si ne... Chron. Moree § 57) ct vous no buvcres so poy non. se non est un tour fran~ais au XIV" siecle. Froissart, II, § 81, p. 1 16, I. Espaignol chevauchassent.
J5
ct n'atendoient outre Cose que Ii
Jean Ie Bel, I, p. J45 ... que ilz no pcusscnt venir par dc<;a 10 mer se petit non pour Ie guerryer.
non.
Id. I, p. 269 et no voulut puis aprez venir au conseil du conte Se petit
Berinus § 7 car nulz no bee a honneur n", a franchise so petit non. Melusine p. 203 Et c",ulx s'en venoient tout I", b",au pas, sons faire semblant que ilz leur voulzissent Se bien non (I).
(1)
II est a noter que I'auteur de la Chronique de Moree em ploie surtout ce tour avec la valeur adversative (6 ex. sur 9). Cf. : § 442 Done puis que Dieu ne lui donna 10 grace de ovoir hoir mosie, se non femellcs ...
Sur ne... Be bien non. v. s., pp. 107-108. (1)
Cf. Introduction de son edition, (S.H.F.), p. LXXIX sqq.
-123
-122
II y a quelques exemples de ne ... sinon dans Froissart. H. Sten (1) en cite deux : XIII, J 27 ce que il tenoit si longuement Ie chevalier empres luy, n'estoit sinon pour ce que Ics nouvelles fussent ~candalisees partout. XIII, 260 ne ousoicnt aler sinon en grans routes fouragicr.
Se non que apparait pour 10 premiere fois au XIV' siecle ; il est introducteur de proposition. Le premier exemple, a notre connaissance, est dans 10 Chronique de Moree: 940 Et quant Ie Maure vit les fanos, si ne pot panser pour quoy c'estoit, se non que iI cuiderent que Ii Grec malicieux donnoient assaut de nuit
Mais il est isole au milieu du siecle. Vers 10 fin, nous Ie relevons dans Melusine : p. 70 Nous nc savons que penser qu'ilz tendcnt a faire, sinon qu'ilz 5e veulent vcngier de Remondin.
Plut6t que ne... senon, c'est ne ... se Ice] n'est (n'estoit, ne fust .. J qui recueille I'heritage de ne ... se ... non. II est peu atteste sans doute, mais on Ie trouve dans presque taus les textes, - a I'exception, bien significative, de 10 Chronique de Moree. Cf.. Gr. Chron. IX p. 116 Et si ne vouloit rccevoir chose ouellc que elle
fust de personne vivant, et meismemcnt ne de son frere ne de n'estoit en regart de pitie et par titre d'aumosne.
~(J
suer, sc ce
4. Les tours a base de fors ant encore une grande fo yeur: I'ensemble de nos textes en donne 156 exemples. lis n'appelle nt pas beaucoup de remarques particulieres: c'est l'uSag ancien qui se perpetue dans so variete. Ne ... fors et e ne ... fors que, exceptifs de locution nominale, sont toujours en concurrence: 66 emplois pour Ie premier, 52 pour Ie se cond. La proportion est comparable apres proposition positive: fors: 10 ex., fors que: 7. Fors tant que locution nominale est exceptionnel: un seul exemple, interessant d'ailleurs en ce que Ie premier element de 10 phrase contient un terme a
+
orientation negative: I'adjectif envis:
en
vis
Froissart, 11 § 54, p. 77, I. 8 Or parlons de sa fin, dont jc parole
, fors tont que pour s<;avoir ou temps odvcnir que it dcvint.
Fors tont que equivaut ici a « seulement ».
Le tour fors sans plus fors, dans MEdusine : p. 187 Damoiselle, nouS n'avons fait fors ! sans plus fors cc que nous devons
ne s'explique que par une etourderie de copiste, un change ment de folio survenant apres Ie premier fors. Comme introducteur de proposition exceptive, fors que est un peu moins usite que fors tont que. Nous avons trouve un exemple de fors que tant :
nul si soge ne mieulx Cf'seigne, Berinus § 132... ne on n'en savoit en lui il s'enorguilli. .. lars que tont pour 10 beaute qu'il scntoit
Ibid. IX p. 214 Picazo ton filz, qui si nobles estoit qu'il ne pcust avoir csto mart en bataille, se ce ne fust par Ics fraudes que les crestiens scevent...
et un de fors que tont que:
Jean Ie Bel I, p. 138 ct leur dist que jamaiz ne retourneroit en An gleterre jusques a tant qu'il s<;avroit leur entention plainement, ou se par Ie deffault de ceulx n'estoit.
bon fu pour faire ses dcspens.
Froissart " § 52 p. 73, I. 3 Et vous di que Chierebourcq n'est point a conqucrre, 5e n'est pas famine.
ilz sont taus a cheval, ungs et oultres, fors Jean Ie Bel, I, p. 5
mis 10 ribaudoille qui Ies sieut a pye.
leurs Ibid., p. 276 et puis rctourncrent en Escoce et rcconquirent fortresses, fors mise la cite de Berwic et III aultres fors chastelz.
Se ce n'est peut venir apres proposition positive, comme nous avons deja vu (2). Cf. Froissart II § 167, p. 286, I. 28 car Ia riviera est grosse et parfonde et trop malle a passer, se ce n'est sus les certains pas 16 ou on Ie passe sans pons.
(1)
Gp. cil., p. 207.
(2)
V.
S.,
p. 105.
Ibid., § 206 Mais Giefftoy n'ot nul talent de
departi tout a 10 povre gent, fors que tont qu'il en
I'avoir rctenir, ains Ie rctint ce qu'il sot que
Une locution innovee: fors mis, coexiste avec hors mis chez:
On voit que I'usage est flottant quant a I'accord du por-
tkipe mis. E. Broil signale formis chez Froissart, II, 133, 182, et, sans reference, forpris (<< ausser, ausgenommen ») ( 1). (1) E. Brall, op. cit., pp. 70 et 12..
-125 -
-124
5. Plusieurs tours, nes au siecle precedent, fournissent des carrieres diverses. Hors est peu utilise: un seul exemple dans nos sept tex tes : Melusine, p. 281 Gieffroy estoit monte sur un hault coursier liort, et ses III freres opres lui, choscun monte sur un groz coursier, et Ie boston ou poing, armez de toutes pieces, hors Ie bacinet.
Horsmis est plus frequent: 3 exemples dans Jean Ie Bel, t. I, 4 dans Froissart, t. IX. L'accord du participe n'est pas fait dans Ie seu! exemple ou Ie substantif qui suit est feminin : Froissort, II, § 151, p. 254, I. 28 Si fu, 10 nuit, 10 ville de Vcrtus toute arsc, horsmis l'abbeYe qui n'eut garde.
Excepte jouit d'une ferveur croissante, puisqu'on en frou ve 44 exemples, plus 3 d'excepte que. La tendance au XIV siecle est a accorder de moins en moins ce terme cvec Ie subs tantif qui suit. L'accord est respecte chez Jean Ie Bel, mais dans les Grandes Chroniques, IX, nous pouvons citer des exem pies ou il n'est pas fait: p. 37 ainsi fu romenee toute Goscoigm: en la seignourie du roy sanz moyen, exeepte Bordioux, Boionne et Saint Sever. Ibid., pp. 47; 163.
On remarque la forme exceptez devant preposition: pp. 232-233 Et que les ordcnonces foitcs dcvant Tournay, des tri ves seront exprimecs dedcnz et des II roys confermees, £xccptez des em prisonnez.
Froissart (dans Ie t. IX tel qu'il est edite par la S.H.FJ ne connait qu'une forme exccpte, utilisee mcme quand Ie substan tif masculin qui suit est au cas sujet. 1\ n'y a pas d'accord dans les deux exemples de Grise/dis: III, I. 117 (p. 167) exccpte 10 contesse de Poniche.
V, titre (p. 171) excepte une scule chemise;
Ni dans Me/usine (Cf. pp. 7; 83; 139; 150).
On peut considerer qu'a 10 fin du XIV' siecle, excepte est
invariable. II existe quelque exemples ou excepte vient en fin de groupe:
Nous avons releve 3 exemples de [cel excepte que proposition:
me Gr. Chron. IX p. 247 et furent jugiez par telle maniere com les devclI'It diz de Bretogne et executez 10 ditte velile de Pasques, ce excepte ue les trois chiefs desdiz trois chevaliers normens, du commondement du qroy, furent tanstost portez 0• S· L C . alnt eu en onstantln. Me/us ine , p. 47 et p. 131.
Sauf est moins avance dans I'emploi exceptif. II est uti lise Ie plus souvent dans les formules du type: sauve vostre grace ou sauves leurs vies. Ainsi dans les Grandes Chroniques, chez Jean Ie Bel, chez Froissart et dans Berinus. 1\ est franche ment exceptif, en revanche, dans 10 Chronique de Moree, (qui ignore excepte). Sous les formes salve et sauve, et sans qu'il y ait accord avec Ie substantif qui suit, il est utilise huit fois : Cf. : § 122 Et quont Ie Champenois vit que tout estoit assene, sauve monseigneur Goffroy de Villorduin ...
" peut etre suivi de preposition: § 384 En nom Dieu, dist Ii princes, je Ie vous pardons cy devant celie bonne gent, sauve de: ce que vous dites que j'oy froint mon serement. § 909 si dirent Ii aucun car il n'avoit plus prochoine terre pour guerroyer que celie de I'empereur de Constantinople, sauve pour co que
Ii dux avoit pays et trieves a lui.
1\ est possible que sauve soit encore un italianismc, salvo, salvo che etant usuels en italien du XIV" sickle (l). Sauve que figure deux fois dans 10 Chronique de Moree; une fois il introduit de § 540 ... et estaient apporeillie de obe'ir au Roux et de foire pour lui autant comme pour Ie propre corps dau roy lor seignor en loules choses a
leur pooir, sauve que de foire ligie cu bail du roy.
L'autre fOist il est suivi du subjonctif : § 873 et ordine et commondo [ .. .l que Ii boron et so gent Ie deUssent obe'ir en toutes choses comme seignor, et sauve que les chastioLix ne lois sassent entrer ne garder a autre gent que so gent propre.
11 y a un exemple de sauf tant que
+ subjonctif dans:
Froissort, II, § 62, p. 87, I. 14: car un petit endevont Ii soudis de I'Estude avoit volu rendre Ie fort, sauf tant que yaux et Ie leur s'cn peus sent yestre aile
a
Bourdioux souvement.
Gr. Chron. IX p. 92 Ie roy de France exceptc. Ibid., p. 246 desquielx les nons sont ci apres nommes 1 exccpte, duquel je ne sea; Ie nom.
(1)
G. Rohlfs, FH8tor'ische OrmnmfItlk der itnlienischen Spruche.
§ 877, Ill, pp. 120-121.
-127 -126
La particule si introduit une assertion positive qui marque Ie term d'un etot negotif precedemment enonce; Ie second e prOC , _ souvent exprime par un temps compose, donc avec Sauve que est suivi de 10 forme en -roie dans: ideeesd'achevement, d'ocquis, - onnule la negation du pre mier proces ; sl est donc bien un inverseur de negativite. Nous Grise/dis V, 95 Taute nue de 10 maisan man pere je yssis, et taute nUl? je y retaurneray, sauve que ce me semblerait chose indigne et non avons donc 10 un effet de sens voisin de I'idee d'exception : affreoble qlJc? cestuy ventre 1. ..1 dcust apparair tout nuz. c'e une exception dans I'ordre de 10 duree. Ne ... si equivout La Chronique de Moree emploie une fois avec valeur ex a «stne ... que quond », et traduit ce que l'ancien franc;ais rend ceptive I'expression toutes fois sarvant: encore sons doute un Ie plus souvent par ne ... que... ne subionctif. Si n'est pas itolionisme (1) : temporel pour outant: c'est simplement 10 juxtaposition des deuX proces qui suggere que Ie proces positif met fin a 10 nega § 252 Et pour ce, je vous dy que vaus Ie
je la vaus danray 'IOU len tiers, tmites fais salvant ma coronne et man han nor. 01 s'agit d'une grace).
tivite du proces negatif.
On voit opporoltre au XIV" siecle reserve, reserve [ce] que comme introducteurs du mis 6 port. Ces tours sont rares. Reserve semble invoriClble : Froissart II, 36, p. 49, I. 28 et leur donna Ii popes plaine poissance de faire ce que il poait faire, reserve aucuns cos popaulx que il ne puet donner a nul hamme ne haster de sa main.
XV· SIECLE
Ct. Ibid., § 132, p. 223, I. 12
Reserve Ice 7 que:
DEUX TEXTES DU DEBUT DU SIEeLE:
Ibid., 168, p. 288, L 20 car iI se mist tantost en pasession et en resgne par dessus tout, reserve ce que il voloit que Charles, ses biaux nep veux, fu caurannes a roi. Jean Ie Bel, I, p. 339 Et
Sanz continue 6 etre employe dons Ie sens de « sons compter » et portols de « mis a port ».
Christine de Pisan, Livre des Faits et bonnes Meurs du sage Roy Charles V, t. I (1404). 1. Tours au entre mais . Prap. interr., mais que
+
loc. nam.: 1.
2. ne... que: 6.
3. ne... se... non: 1. ains que ... 5e... non : 1.
ne ... se n'est: 1.
6. II reste, pour en terminer avec cette periode, a dire un mot d'un tour porticulier qu'on ne trouve guere en prose que chez Froissart (2).
4. ne ... fors: 18.
prop. pos., fors: 1.
ne ... fors que prop. Undid: 1.
II, § 18, p. 24, I. 7 Yai dit et juret que jamais de chi ne partiray si arai Ie castel a ma valente.
S. excepte: 3.
excepte que + prop. Undid: 1.
II, § 131, p. 221, L 1 Si ne cessa SI eut fait abatre deus partes.
+
sauve: 1.
reserve: 2.
Alain Chartier, Quadri/ogue invectif (1422). (1) G. Rohlfs,
0]).
cit.,
~
877 signale l'emploi de salamdo en itaJien
eerit. (2) V. s. p. 38, un eXf'mple analogue du Gouronnernent de
v. 241.
LOl~i8.
1. Tours ou entre mais: neanf.
2. ne... que: 3.
129 -128
3. ne sinon: 9.
prop. interr., sinon: 2.
ne ... sinon que + prop.: 4 (3 indic., 1 sUbj.l.
prop. interr., senon que + prop. (subj.l: 1.
prop. interr., sinon que + infinitif: 1.
4. ne ... ne ... ne... prop. prop.
fors: 1.
+ +
fors que loc. nom.: 1
fors que prop. Undic.): 2.
pOS., fors que + prop. (indic.): 1.
pos., fors tant que prop. Undic.): 1.
+
La comparaison des deux textes parait indiquer que Chris tine de Pisan use de la syntaxe du XIV" siecle, tandis qu'Alain Chartier manifeste des tendances nouvelles.
thetique est partout se dans ce texte. Le meme fait se constate chez 10 plupart des auteurs de ce siede. Au XIVc, la forme etoit se non dans la Chronique de Moree; si elle etait si noun dans Fouke, c'est pour des raisons dialectales. Cette question de 10 forme du premier element a son importance. 5i \'on con sidere d'outre part que ne... se ... non ne survit plus guere qu'en formules consacrees, on sera amene a penser que Ie terme si non du XVc n'est nullement Ie continuateur de se... non, mais est purement et simplement un calque de I'exceptif latin nisi, dont i1 reproduit Ie vocalisme quant a la syllabe si. On estimera de meme que sinon que introducteur de proposition exceptive, qui devient courant au XV· siikle, est un calque du latin nisi
" y a encore un mais que introducteur de locution nomi nale chez Christine:
quod. A Chartier utilise de fac;on variee les termes nouveaux
sinon et sinon que. Sinon intervient, comme il est naturel, apres
p. 153 De cestui bon due quel Ie dirois mais que vaisscl de toute bonte, clemence, benignete et doulceur?
proposition negative:
Elle utilise encore se... non, en locutions assez courantes iI est vrai :
en Ie ploignant comme chose perdue.
p. 56 ..,n'estoit se merveilles non.
Se petit non n'est plus dans cette phrase une expression d'exception, mais une simple restriction: « ne fut-ce qu'un peu », « au moins un peu » ; c'est une locution figee. On trouve un exemple de ne... se n'est, si courant au XIV" :
Mais il Charles V.
Celle-ci peut contenir Ie mot autre, et en cela sinon peut concurrencer que:
p. 23 . .,ains que Ics vertus de I' ame puissent, se petit non, mous trer I'oeuvre de so subtillete.
p. 16 .,.de quoy ne pevent avoir introduction des loys, estranges expositeurs.
p. 26, I. 19 ... ne n'en debourseroient un denier, sinon a regret et
5e
n'est par
a aucun exemple de sinon dans Ie t. I de
C'est ce tour seul, au contraire, que connait Alain Char tier dans son Quadrilogue, et c'est chez lui un tour privilegie. Cette faveur ne se dement pas tout au long du XVe siecle. II nous faut donc revenir sur ce terme dont no us avons signale la presence sporadique au XIVe siecle, notamment dans Fouke Fitz Warin et la Chronique de Moree. Au XV", A. Chartier utilise partout sinon, sauf une fois ou la forme est senon (p. 50, I. 1~), alors que la particule hypo
p. 20, I. 9 ie ne voy autre dcmouront ou exploit des longues guerres de ce royaume, si non terres en fresche et pays inhobite.
" existe aussi apres proposition interrogative: p. 33, I. 22 (Cartage 10 batoilleresse) OU a elle tourne so grant Qloire sinon en 10 ccndre du feu dont elle fut orse et embrosee ?
Sinon introduit en tant que suivi du subjonctif : p. 58, 1 ... ne en voz discors et deschorges I'un vers I'autre ne gist pas 10 ressource de mon infortune, si non en tant que choscun 10 doye plus appliquer a son chastiement que a vitupere de son prouchoin.
Sinon que vient apres proposition negative ou interroga tive. " peut meme introduire une proposition complement du comparatif : p. 21, I. 22 ne je ne voy meilleur similitude a ce propos sinon que nostre police franc;oise est comme l'omme furieux qui de scs dens mort et dessire ses autres membres.
Avec Ie subjoncfif, I'effet de sens obtenu est celui que nous rendons par « a moins que» : p. 48, I. 10 si ne se povoit combler L .. l sinon que 10 plus digne et noble chose romaine y feust descendue. 9
-
-131
130
Les tours ou entre fors ont la preference tres nette de Christine de Pisan (20 exemples dans Ie t. I de Charles V) ; ils sont au contraire bien loin derriere les tours ou entre sinon dans Ie Quadrilogue invectif (6 exemples en face de 17): les tours utilisant fors amorcent une certaine tendance au declin au XV" silkle. II est instructif de comparer A. Chartier a IUi meme a ce propos : dans ses vers, il fait la place beaucoup plus large a fors que dans sa prose. Dans la Belle Dame sans mercy et les Poesies Iyriques (1424), les proportions de fors et de sinon sont inverses de celles du Quadrilogue invectif : 19 exemples du premier en face de 4 du second. La longue poeti que est conservatrice.
3. ne... sinon: 15. ne ... sinon que
Anthoine de la Sale: Hystoire et plaisante cronique du Petit lehan de Saintre et de 10 jeune dame des Belles Cousines (ed. de la Renaissance du Livre, reproduisant l'ed. G. Helleny, du debut au chapitre XLVII (pp. 1 1-118). 1. Tours ou entre mais: neant. 2. ne ... que: 16.
ne ... au/tre... que: 2.
3. ne ... sinon: 2.
prop. interr., sinon: 1.
ne + subj. II, se ne feust: 1.
4. ne ... fors: 5 (dont 3 de vol. advers.).
prop. pos., fors: 5.
ne ... fors que + loc. nom.: 3.
prop. interr., fors que + loc. nom.: 1.
prop. pOS., fors que + loc. nom.: 5.
ne ... fors que + prop.: 5 (4 indic., 1 subj.).
prop. pOS., fors que prop. (indic.): 2.
prop. pOS., fors de tont que + prop. (jndic.l: 1.
+
5. excepte: 4.
ne ... pas mains que: 2.
prop.: 2.
si (hypothetique) ... , si n'est: 1. 4. ne ... fors: 11 (dont 1 de val. advers.). ne... fars que + prop.: 2 (l subj., 1 indic.).
5. sanS: 1.
Cent nouvelles nouvelles (ed. D. Jouaust, 1874). Premiere dizaine. 1. Tours ou entre mois :
mes que
TROIS TEXTES DU MILIEU DU SIECLE:
+
ne... si ce n'est: 1.
+
loc. nom.: 1.
2. ne ... que: 17.
se (interr.)... que: 1.
ne... ou/tre ... que: 6.
3. ne ... sinon: 1.
1. Tours ou entre mois: neant. 2. ne ... que: 42.
ne ... outre... que: 2.
prop. (indic.): 1.
4. Fors: neant.
Quafrieme dizaine : 1. Tours au entre mais: neont. 2. ne... que: 9.
ne ... au/tre ... que: 5 (dont 1
+
prop. subj.).
3. ne... sinon: 10.
prop. interr., sinon: 2.
ne ... sinon que + prop.. 2 (1 indic., 1 subj."
4. fors: neont.
5. excepte: 1.
Sixieme dizaine : 1. Tours au entre mois : neont.
2. ne ... que: 7.
ne ... ou/tre ... que:
Quinze joyes de Mariage (ed. Tulou, CI. Garnier).
+
prop. pas., sinon que
3.
3. ne ... sinon: neont. 4. ne... fors: 2.
ne... fors que + prop. (subj.): 1.
5. sons: 1.
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-133
TROIS TEXTES DE LA FIN DU SIECLE :
Des tours ou entre mais, seul surv;t mais que. S'il est en core courant, suivi du subjonctif, dans Ie sens de « pourvu
Commynes, Memoires , L. I, ", III (ed. J. Calmette , t. I). 2. ne... que: 68.
ne... outre (etc.)... que: 10.
que », il ne subsiste qu'a I'Mat de traces dans les emplois pro prement exceptifs. Signalons-Ie une fois com me introducteur de nominal:
3. no ... sinon: 6.
prop. interr., sinon: 2.
no ... sinon que + prop. (subj.) « a moins que " : 3.
prop. pos., sinon que + prop. (subj.): 1.
ne... si ee n'estoit: I.
C.N.N., 2 nouv. (/, pp. 44-45) Mais tout rien n'y vault, car il n'est tour ne engin que les dietz medieins saichent pour allegicr quelque peu de ce destresseux mal, ne en leurs Iivres n'ont veu ne aeeoustume que riens si tresfort que /0 povre fille empire, mes que I'ennuy qu'elle s'en donne, cor outant semble estre morte que vive (1).
1. Tours ou entre mois: neant.
C
Dans une phrase assez embrouillee qui contient deja deux
4. prop. interr., fors: 1.
5. hors: 1.
sauf (invariable): 21.
sauf que + prop. (indie.) : 4.
exeepte (invariable): 3.
au moins de: I.
oultre :
oultre ot par dessus: I.
sons: 2.
Ystoire des sept sages. I. Tours OU entre mois: neant.
2. ne... quo: 14. no... aultro que: I. 3. ne... senon: 26. prop. interr., senon: 2. ne... senan que + prop. : 6 (5 subj., 1 indie.l. no ... sen on tont que + prop. Ondie.l: l. prop. interr., senon que + prop. (jndie.l: 1. 4. Fors: neant.
5. exeepte: 1.
Jehan de Paris. 1. Tours au entre mais:
que, un troisieme que aurait Me a peu pres incomprehensible,
et c'est ce qui explique sans doute I'emploi de I'archa'ique mais que (qui d'ailleurs aurait pu etre rem place par sinon ou, a la rigueur, par fors, fors que). A la fin du siecle, mais que apparait une fois pour intro duire une exceptive a I'indicatif dans: ,
l I
II
Jehon, p. 36, I. 26 Si ne s<;avoit que dire, mais que point ne Ie laisse rait tant que leur chemin il vouldroit tenir.
Les 6 derniers textes s'accordent sur I'importance du tour ne... que, qui I'emporte de loin en frequence sur tous les outres (]91 ex.). " reste de regie pour I'exception a indication numerique, mais sert aussi tres aisement en dehors de ce cas: en cela, il empiete sur Ie domaine des autres tours. Le terme qu'il introduit peut avoir toutes les fonctions possibles. Pour la fonction sujet, une difficulte surgit, celie de la postposition necessaire. Le tour peut fort bien s'en accommo der. Cf. : C.N.N., Ie nouv. (I, p. 31) Ne restoit plus que temps et lieu.
prop. (jndie.); 1.
ne... mais que + 2. ne... que: 18. ne... aultre ... que: 7.
3. ne... sinon: 6. ne... sinon que + prop. (indie.); 2. prop. pos., sinon que + prop. (indie.): 1.
+
4. prop. pos., fors que /oe. nom.; 3. ne... fors que prop. (jndie.>: 2.
+
5. ors mis : 2.
Comm., L. I, ch. VI (I, p. 46) Tout ee jour ne peurent passer que scs
gens.
Mais il est plus usuel d'annoncer a I'avance Ie sujet par un representant: Q. Joyes, p. 40 je vous en feray ou if ne touchera que moy.
(1) L'edition P. Champion (Paris, 1928) donne un texte plus sim~ pIe et plus clair, sans mel! que: En leurs livres n'ont. veu ne accaus tume que si tresfart la pauvre fille empire avecques l'ennuy qu'elle s'en donne que autant semble marte que vive.
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134 Q. Joyes p. 193 Combien que oncques homme ne toucha a mo bou. che que cclul que je espousoL
C.N.N., 3' nouv. (I, p. 60) Ame n'est ceons entre que nous qui y sommes et Ie musnier. Comm. L. I, ch. VIII (I, p. 58) Riens ne encherlst que Ie pain.
L'adjectif attribut peut etre amene par que: CN.N., 37' nouv. OV, p. 73) ... et plusieurs autres choses dont j'es poire que vous ne serez que contente. Comm. L. III, ch. VIII (I, p. 219) cela n'cst que honneste.
Quand c'est I'idee verbale qui doit etre isolee par ne... que, I'usage du verbe suppJeant foire est de regie, avec 10 ne gation, dans Ie premier membre : Q. Joyes. p. 136... et les oultres cyscoux, qui nc font que voller de rivierc en riviere.
Au reste, il en est de meme, depuis les origines, avec tous les autres tours exceptifs. Le membre negatif contient parfois I'indication de 10 ca tegorie generale dont est excepte ce qui suit que: Q. Joyes, p. 143 et n'ont enfant que luy. Comm. L. II, ch. XI 0, p. 150) ny n'estolt mort homme de nom que ung chevolier de Flondres.
Mais Ie plus souvent, dans ce cas, on a Ie mot outre dons Ie premier membre : Saintdi ch. V (p. 24) s'Hz n'estoient feruz d'autre mal que d'omours.
A cet egard, I'usage de I'expression ou/tre chose semble se developper au XV· siecie : Q. Joyes, p. 17 je sovoye bien que vous ne me souriez aultre chose retroire que mo terre.
Signalons un cas de ne... ou/tre chose que introducteur de proposition : CN.N., 31 C nouv. (IV p. 5) Vecy so mullette qui n'ottent aultre chose que je soye en voye pour oller ou en ne veult pos que je soye,
Cf. aussi dans un texte en vers : Condamnation de Bancquet (P.-L. Jacob, Recueil de farces, p. 302) Est-il estat que vivre plaisamment?
II se trouve ausSi apres un premier membre hypoth8tique : Nouveau Pathelin (P.-L. Jacob, p. 170)
Et Ie diable, sire, m'emport
Si jamais Ie vis qu'a ceste heure!
Ainsi s'amorce une extension d'emploi qui s'affirmera par 10 suite. Ne... se ... non est un tour a peu pres inusite dans 10 se 1 conde moitie du XV" siec\e. Citons toutefois, avec H. Sten ( ) : C.N.N., 83" nouv : iI ne disoit mot, si pou non. Ibid. I dont on ne ropporta si petit non.
oU I'on reconnait une locution deja signalee comme une sur vivance. En revanche, sinon confirme les progres que nouS notions a propos du Quodrilogue invectif: dons les 6 textes, avec 73 exemples, sinon vient au second rang, apres ne... que, comme exceptif de nominal, et sinon que, avec 20 exemples prend la tete des introducteurs de proposition exceptive. \! faut noter particulierement I'emploi de sinon apres pro position interrogative; iI est bien plus usuel que Ie terme que et que fors, fors que. Cf. : CN.N., 33" nouv. (IV, p. 40) ... que je ne scauroye penser que ce peut estre, se vous n'en dictes plus avant, si non ung peu de jalousie qui vous tourmente.
Ibid., 33" nouv. (IV, p. 48), Saintrc, p. 18; Comm., LI, ch. I (1, p. 7) i
id., L. III, ch. V (I, p. 204) ; Sept Sages, p. 122; p. 179.
Tres rarement, il arrive que sinon introduise une propo sition exceptive. H. Sten (2) cite: C.N.N., 31. nOuv. de prinsoult ne sceut que rcspondre sinon a chef de piece elle luy demanda qu'iI queroit leans.
phrase a rapprocher de celles de Froissart que nous citons p. 120.
Sinon que introduit toujours une proposition exceptive. Nous ne I'ovons pos rencontre comme exceptif de nominal au
L'usage de que exceptif existe en dehors du cas du pre mier membre negatif. " s'etend a celui du premier membre in terrogatif :
XV- siec\e.
CN.N., 4" nouv. (I, p. 68) II demonde y avoit ame qu'elle.
0
so dome s'en so chombre
Op. cit., p. 203. (2) Op. cit., p. 209, C'est ce texte que donne l'edition P. Champion. Le text.e de Jouaust est different. 0)
-136 -137 -
Suivi de I'indicatif, if peut venir, comme il est naturel, apres une proposition negative: Q. Joyes, p. 164 et n'osera faire dire une messe et ne fait testament si non qu'il met Son ame entre les mains de so femme.
Mars il peut suivre aussi bien une proposition positive: Ibid., p. 112 ...et Ie bon homme I'apaise et lui promet et jure qu'il ticndra tout quanque el lui a dit, sinon qu'il ne deffendra pas so maiso au jeune compagnon. n
On Ie trouve aussi apres une regissante interrogative: Sept sages, p. 138 que dais je devenir, se non que je me feray mOril ot moy occirray moy meisme ... ?
Le subjonctif apres sinon que peut etre appele par une idee regardante exprimee ou suggeree par Ie verbe de la pro position precedente : CN.N., 39" nouv. (IV, p. 96) Je n'en scay que dire , sinon, puis que dame a de coustume de servir Dicu, qu'ellc parlace.
rna
Sept Sages, p. 10 J mars y Ie refusa et ne demande so non que ho mme priast pOur luy.
Mais la proposition regissante peut ne rien Com porter de tel' Ie subjonctif est alors provoque par une pesee hypotheti que qui amene sinon que a signifier « excepte si , a moins que ».
Et notons se ne feust apres principale negative au sub jonctif II : $aintre , p. 26 car oncques dame d'honneur ne peust aymer hom me envyeulxl se ne feust les bonnes vertus pour en estre Ie meilleur.
Le dec/in des tours utilisant fors, deja signale dons la prose d'Alain Chartier, est confirme par les textes posterieurs. Ne... fors n'a plus nulle part Ie premier r61e qu'il a encore chez Christine de Pisano Cest sinon son rival heureux; si fors et sinon sont a peu pres a egalite vers Ie milieu du siikle, Ie succes du dernier s'affirme a 10 fin. Fors que se maintient un peu mieux, au milieu du siecfe au moins, comme introducteur de proposition; c'est que sinon que est encore un tour recent. Celui-ci I'emporte dccidement a 10 fin du siec/e. 1/ y a encore quelques exemples de fors que introducteur de locution nominale; 10 plupart sont dans Ie Petit Jehan de Saintre, mais il y en a encore trois dans Jehan de Paris. Fors parait etre, au XVe siecle, Ie seul tour exceptif pou vant assumer encore 10 valeur adversative. Cf. :
I
(omm. L I, ch. XVI (I, p. 9 J) Et si est presque impossible que beau coup grans personnaiges ensemble et de 5cmblable cstat se puissent longue ment entretenir, sinon qU'if y ait chef par dessus taus.
Sept Sages, p. 139 Y me semble qu'i soit impossible a moy que je ne t'ayme toujour, se non que par experience je soie enforme de chose par
laqueUe mon amour soit revoque.
On voit d'apres ces textes que I'emploi de sinon que
s'etend largement au XVe siecle , surtout aux depens de mais
que et de fors que; if permet une grande variete d'expression
dans la proposition exceptive.
Si [ce] n'est (n'estoit, etc.) n'est pas largement utilise. If parait en recul par rapport au XIV. siec/e. Signa/ons-Ie apres proposition hypothetique dans: Q. Joyes, p. J09 mais j'en donne au deable tout quant que if en a dessoulz mes deux mains, si oncques bouche d'omme toucha a 10 moye, si n'est /0 vostre et a voz cousins et aux. miens par vostre commandement.
Saintre, ch. VIII (p. 38) Lc petit Saintrc qui en service de telle dame d'amours oncques n'avoit eu pensee, ne scout que dirc, fors soy agenouiller. Q. Joyes, p. 162 Bricfment, Ie pauvre corps de lui n'aura james rc poux, fors seullement paine et tribulation.
Les notions d'exception et d'adversation, qui etaient mol distinguees a dote ancienne et se laissaient traduire par les memes termes, sont maintenant bien distinctes; seul Ie tour ne ... fors, en nette regression, est encore capable de les rendre I'une et I'autre, la valeur adversative etant d'ailleurs de plus en plus rare. La longue a evolue dons Ie sens de 10 precision semantique. Hors, hors mis sont d'un emploi restreint. Citons : (omm. L. I, ch. VII (I, p. 52) pourveu L.l qu'jI rendist ce qu'il tenoit au royaulme hors les dictz duchez. (peut aussi bien s'entendre au sens local). Jehan de Paris, p. 87, J 9 Le jour venu que les napces ce devoient faire, si esposa Ie roy Jehan 10 fille au roy d'Espaigne en 10 ville de Burgues, et en I'abit du pa'is, ors mis 10 cora nne que Ie roy Jehan luy donna.
On notera I'absence d'accord du ·porticipe mis.
-139
-138 -
Excepte n'est pas represente, bien qu'iI ne figure ni dans les Quinze joyes ni dans lehan de Paris. II ne s'accorde
pas. Cf. : Saintre, ch. XLIII (p. 111) aux roys d'armes et heraulx d'Arragon et estrangers, excepte les siEms, cent escuz.
II peut etre suivi de preposition'
Ed. Buchon, L. VIII, ch. XIV n'y a aucunes places fortes entre deux ou moins que deux ou trois (1).
Au moins de au sens d'« excepte », cite aussi, ibid., par
A. Wallenskold, se trouve aussi dans Commynes : L. 11, ch. IX (ed. Colmette, p. 142) mais peu ou nulz de eeulx du due olloient parler a luy en so chambre, au moins de ceulx qui avoient aucune
oucto rite ovecques luy.
Saintre, ch. XL (p. 103) Et apres eulx venoit Saintre, tout desorme, excepte de ses avans bras.
\I n'y a pas de changement notable au XV· siede dans I'emploi des mots auxiliaires de negation dans Ie premier ele
Sauf exceptif n'apparalt dans nos textes que chez Com 4 de mynes, qui en fait un emploi abondant (21 exemples sauf que). II est toujours invariable.
ment des phrases exceptives. II y a lieu de distinguer a ce sujet entre ceuX qui posse dent encore une certaine valeur substantive, comme ame, riens, etc. et les mots pas et point qui deja semblent etre devenus des morphemes. Les premiers s'emploient assez aisement dans Ie premier element des tours exceptifs, et, faisant allusion Ie plus souvent a la categorie generale dont quelque chose est excepte, ils mettent en valeur par leur presence Ie caractere exceptionnel de ce qui suit I'inverseur. Cf. :
+
L. I, ch. II (I, p. 13) Et a mon advis qu'ilz avoyent este en repoz plus de trente et six ans, sauf quelques petites guerres c~ntre ceulx de Gand qui n'avoient gueres dune.
II est 10 devenu preposition. Mais il peut aussi etre suivi de preposition : Ibid., L. I, ch. X (I, p. 68) II estoit leger a parier de gens, et aussi tost en leur presence que en leur absence, sauf de ceulx qu'iI craignoit.
Commynes use de sauf que suivi de I'indicatif : L. II, ch. XIII (I, p. 161) C'est peu de chose que du peuple, s'il n'esl conduyt par quelque chef qu'ilz ayent en reverence et en craincte, sauf qu'il est des heures et des temps que, en leur fureur, ils sont bien a craindre.
Hors mis, excepte, sauf sont devenus des outils exceptifs ; leur place est fixee en tete de groupe et ils ant perdu la varia bilite. Des exceptifs nouveaux utilisant Ie mot comparatif mains avec 10 negation apparaissent au XV- siecie. On a ne ... pas... mains... que dans:
ch. VI (I, p. 129) et, qui pis vault, sont Ie plus souvcnt Comm. I. environnez de gens qui n'ont l'oeil a nulfe chose que a complaire a leurs maistres et a leur louer toutes leurs oeuvres, soient bonnes ou mouvaises. Id. L. II, ch. XV (I, p. 169) et n'y avoit Ie roy rfens que I'hommaige et ressort.
Pas et point, au contraire, sont tres rares apres ne. On peut citer quelques exemples de ne ... pas (point) ... sinon: A. Chartier, Q. I., p. 57, 30 Je ne vueil voz excusodons et deffences plus longuement escouter, ne en voz discors et descharges I'un vcrs I'autre ne gist pas la ressource de mon infortune, sinon en tant que choscun 10 doVe plus appliquer a son chastiement que 0 vitupere de son prouchain. Q. loves, p. 136; Comm., L. III, ch. XIII (I, p. 250) ; lehan de Paris,
p.25.
Saintre, ch. III (p. 18) Mais de ce si tres crueux congie Ie povre Saintre qui ne pensoit pas moins que estre deshonnoure 5e print merveilleusement a plourer.
Mais dans taus les textes du XV· siecle que nous avons indiques, nous ne pouvons alleguer qu'un seul exemple de
Ibid. (p. 29) Aces dures et cruelles parolles ne pensa moins que d' estre mort.
Comm. l. I, ch. VII (I, p. 54) Mois mon odvis, c'est qu'iI ne se fa1ct
Ne ... au mains que est signale par A. Wallenskold (1),
apres A. Stimming, dans Commynes : (1) 011. cit., p. 400 note. Cf. A. Stimming, Zs. f. rom. PhiL, I, p. 502.
ne... pas... que: pas que por disposition divine.
On estimera peut-etre que, cette rarete ayont Me deja constatee durant les siec1es anterieurs, iI n'y a rien de change. (1) Nous n'avons pas trouve cette phrase dans i'edition de .T. Caimette.
140 -
-141
Ce serait une erreur, car quelque chose a change, c'est I'em ploi de pas et point dans les phrases negatives non suivies d'exception: il s'est grandement developpe (n. Le systeme moderne est deja en place, qui comporte deux negations, 10 negation simple ne, correspondant a un proces de negativation immanente:
., S
ne
S
-'1
a
Comment faut-il interpreter seulement ainsi place? C'est Ie propre des termes qui traduisent I'idee d'unicite de donner, sous negation, deux effets de sens opposes, 10 negation de I'unite pouvant signifier zero ou pluralite (1). On pourrait penser que seulement, apres la negativation amorcee avec net marque que Ie repere de I'unite est depasse dans Ie mouvement de a - et que ce mouvement est bien pres d'atteindre so limite, Ie zero de la negation achevee, quand intervient Ie mouvement inverse signale par que. Ne ... seule ment signifierait alors: « ne... pas meme d'une seule ma niere ». Cependant, on ne peut retenir cette interpretation, car on ne trouve jamais a date ancienne I'adjectif seul asso cie a un substantif dans I'element negatif du tour ne... que (Type: « il ne craint un seul homme que lui )).
+
et une negation double correspondant a une negativation ayant franchi un certain seuil, transcendante :
ne
Camm. L. I, ch. X (I, p. 69) car ils ne les nourrissent scullcment que foire les folz en habillemens et en parallcs.
pas
~
L'introduction d'une exception s'accommode tres natu rellement d'une negativation peu poussee, d'ou I'usage quasi constant de ne... que. Toutefois I'exemple de Commynes de ne... pas ... que, isole en face de 60 du simple ne... que, prouve que I'introduction d'une exception n'est pas absolument in compatible avec une negativation ayant franchi Ie seuil de 10 transcendance. II en resulte en discours une expression plus nette et plus frappante de I'exception. Si rare soit-il, Ie tour montre que I'auxiliaire pas traduit I'idee d'une etape franchie et non, comme on croit parfois, celie d'un terme atteint. II n'est pas signifie que Ie mouvement de negativation soit acheve, mais bien qu'il a franchi un seuil. Un autre fait notable, bien qu'assez rare, concernant ne... que consiste dans 10 presence de f'adverbe seulement apres Ie mot net dans la partie negative de 10 phrase, a/ors qu'avec les autres tours, seulement figure dans 10 partie positive, apres I'inverseur. Citons, au XVe siec/e (bien qu'jI y ait des exemples anterieurs) (2) :
Comme on ne peut penser non plus que 10 negation de seulement signifie pluralite, (d. « il ne boit pas seulement de /'eau »), on est oblige de condure que seulement n'est pm. sous la negation net mais constitue, ainsi place, une anticipa tion du sens final obtenu apres que, apres I'inversion de signe. Comme seulement peut venir, par insistance, dans Ie second element, d. : C.N.N., 32" nouv. (IV, p. 17) et de celuy n'apparticnt a nul recpvoir la disme que nous seulement.
il peut aussi etre enOnCe prematun§ment des la partie negative de I'expression ne... que, et sans que la negation I'affecte. Cela suppose donc une attenuation de la negativite du pre du mier element et la prevision du fait que finalement positif qui est obtenu. menu detail de I'anticipation possi ble de seu/ement, des Ie XV" sitkle, apparalt plein de sens pour expliquer la destinee future du tour ne... que.
Q. loves, pp. J 7-) 8 Car vous savez bien que j'estaye parlee de marier au a tel, ct en plus de vingt aultres lieux, qui ne demandoycnt seulle ment que mon corps.
a tel
(1) Cf. F. Brunot, lIiStoire de la Langue franr;aise, I, p. 178. (2) Ainsi, dans Melusine, p. 190 et p. 240.
(1) Cf. la phrase: Il n'y en a pas seulement un qu'on peut inter preter: « il n'y en a aucun » OU « il y en a plusieurs ».
143
XVle SIECLE
Marguerite de Navarre, Heptameron, Premiere et deu a 156) (1542-1549) .
xiem e journeeS (ed. M. Fran<;;ois, class. Garnier, pp. 1 CEUVRES DE LA PREMIERE MOITIE: DU SH~CLE
Rabelais, Pantagrue/ (1532) (ed. J. Plattard, Belles Lettres, 1946),
2. ne ... sinon: 20.
prop. pos., sinon: 2.
prop. pos. a idee negative; sinon: 2.
sinon que + prop.: 11 (7 indie., 4 subj.).
prop. interr., sinon que prop. Ondie.): I.
1. Ne... que: 65 . ne ... aultre... que: 3.
sanz ... que: I.
2. ne ... sinon: 18. prop. pos., sinon quand... : 1. sinon que 3. Fors: 1.
+
3. ne... fors: 1.
prop.: J4 (6 indic., 7 subj., 1 sons verbe).
4. excepte: 6.
+
except6 que saulve: I.
hors mis: I.
sans: 2.
:;>
ne... aultre ... que:
3.
3. ne... fors: 3.
prop. pos., fors: 1.
2. ne ... sinon: 10.
peu ... sinon; 1.
+ prop.:
prop. pas. comportant inutile, fors que 1 I (7 indic., 4 subj.).
prop. pos., fors que
+
loc. nOm. : I.
4. excepte (exceptez): 16.
excepte que: 3.
sans: 2.
Bonaventure des Periers, Cymba/um mundi (1537) (ed. P.-L Jacob, class. Garnier, S. d., pp. 303-353). J. Ne". que: 26.
si hypothetique... que: 1.
ne (sans) ... aultre ... que: 2.
2. ne... sinon: 3.
prop. pos., sinon (quand): J.
prop. (indie.): 1.
+
lac. nom.: 1.
4. excepte que Cindie.); 1.
+
loc. nom.
1.
4. excepte (exceptez) : 8.
exceptez que prop. Ondic.): 1.
saulve: 1.
sans; 1.
+
3. ne... fors: 2.
+
1. Ne... que: 42.
2. ne ... sinon: 10.
ne... aultre... que: 3.
3. ne ... fors que
hors:
sauf: 1.
Rabelais, Tiers Livre (1546) (ed. J. Plattard, 1948).
I. Ne... que; 48.
ne... sinon que
+
ne ... fors que prop. Cindie.}: 1.
prop. pas., fors que -I- loc. nom.: 1.
4. horsmis: 6.
prop. indic.
Rabelais, Gargantua (1534) (ed. J. Plattard, 1946).
sinon que
1. Ne... que: 83.
ne ... autre... que: 22.
sanz ... (den) ... que: 3.
Noel du Fail, Propos rustiques (1547) (ed. L-R. Lefevre, Crass. Garnier, 1928). 1. ne ... que: 33. 2. Ne... sinon: 2. ne... sinon que loe. nOm.: 1.
prop. pos., sinon: 1.
+ prop. : 2
sinon que
(1 sub j., 1 indic.).
3. ne ... fors : 5.
prop. interr., fors: 1.
prop. pas., fors : 2.
fors que prop. (indie.): 1.
ne ... fors que loc. nom. : 1.
+
4. sauf
a+
+
infinitif: 2.
-144 -145
Noel du Foil, Bo/iverneries (1548) (ibid.).
Satire menippee, Horangue de M. d'Aubroy (J 594) ed.
i. Nc ... que; Ii.
sons ... que: 1.
en.
2. sinon que + prop. : 2 (1 indic., i sUbj.). 3. fors que + prop. (indic.): I. 4. Sons; l.
1. Ne ... que: 67.
prop. interr., que: I.
ne... outre... que: I.
CEUVRES DE LA SECONDE MOITIE DU SIEcLE
Ambroise Pare, Textes choisis (ed. L. Deloruelle et M. Sendroil, Belles Lettres, 1953).
+
subj.l: 1.
4. excepte: 1.
Les tours exceptifs comportant Ie mot mois ont disparu. Mois que subj. encore en usage, surtout au debut du siecle l est en regression et cede devant pourvu que (1), Mois que / indic. possede encore 10 valeur temporelle adversative d « alors que» dans:
+
Pierre de Lorivey, Les Esprits (1579) (Ancien fron~ojs, t. V, pp. 199-291).
Theatre
Ne ... que: 34. ne... autre... que: 10. 2. ne... sinon; i. prop. pos. comportant un mot negotif, sinon: 2.
prop. interr., si ce n'estoit: 1.
ne... sinon que prop. : 3 (] indic., 2 subj.l.
3. fors que lac. nom.: J.
+
Montaigne, Essois, L. III, Ch. VI III, pp. 151-451).
2. ne... sinon: 6. prop. pas. a nuance neg., sinon: 3. prop. interr., sinon: 3. sinon que + prop. (ne ... riEn mains sinon que 3. fors: neant.
I. Ne ... que: 38.
ne... autre... que: 2.
prop. interr. autre ... que:
2. ne... sinon: 6. ne... sinon que + prop. (indic.): I.
nc... si ce dest: 3.
3. ne... fors: I. 4. hormis: I.
outre: 1.
Sons: l.
+
Read, Jouaust, s. d' l pp. 174-285).
a XIII
1. Ne ... que: i 96.
non que: I.
ne... autre ... que: 16.
sonz... au/tre ... que: i.
2. ne... sinon: I.
prop. pas., sinon d'autant que + indic.: 1.
ne... sinon que + prop. (jndic.l: 2.
si ce n"est : 3.
prop. pas., sinon d'autont que + indic. 1. 3. fors: neont. 4. hors: 2.
sauf: 7.
sauf que + prop. Ondic.l: 1:
(ed. P. Villey, t.
Pont., ch. XXXIV (p. 169) ct 10 vous verrez L..l comment il visita les regions de 10 tune pour s<;avoir si, a 10 verite, 10 lune n'cstoit entiere, mais que les femmes en avoient troys quartiers en 10 teste.
Ne.. que est en proportion encore beaucoup plus forte qu/au XV" siecle, par rapport aux autres locutions: avec 648 exemples contre 77 de ne... sinon et seulement 12 de ne... fors il s'impose comme expression norma Ie de I'exception apres enonce negatif.
L'utilisation du tour est 10 me me qu/au XV· siecle. Toutes les fonctions grammaticales peuvent etre assumees par l'ex cepte. S'il s'agit de 10 fonction verbale, c/est, comme aupara vontl Ie verbe suppleant foire qui vient apres nel et que est suivi de I/infinitif. Mais une nouveaute est a signaler: on note au XVle sifk/e I'apparition de 10 construction ne auxiliaire, que participe passe: (1) Poun.:eu que se d6veloppe surtout ,\ partir du XVI' siecle, mais il est atteste anterieurement. M. R.-L. Wagner, Not7tles pour Ie lexique du Moyen fmn<:ais, Romania, t. 63 (1937), pp. 241-244, en a rencontre un exemple au XIV' siecle (1396) et trois au XV', dans des textes de la langue administrative ou memoriale. Ajoutons qu'il se trouve dans Commynes, cf. I, VII (ed. J, Calmette, I, p. 521: ... ct pour ces raisons fut offert au roy d' Angleterre, pour luy et les siens, les duchez de Normandie et de Guyenne, llo:urveu qu'il en feist l'hom maige au roy... 10
-
146 Rabelais, Quart livre, ch. XXIII (p. 103) Je me donne au diable, dist frere Jan L .. l si Ie clous de Seuille ne fust tout vendonge et destruict, si je ne eusse que chante Contra hostium insidios. Montaignc, Essais, I, XXV II y en a mille qu'il n'a que touches simple ment
(l
l-
147
II est peut-etre un peu plus frequent en poesie, OU il peut repondre
a un
besoin d'expressivite. Citons:
Jodelte, Eugene, Prol.
pource qu'aucuns, de face sourcilleuse,
Ne cherchent point que chose sericuse (1).
Id., ibid., III, V (Ed. P. Vii ley, p. 96) Camme les Romains tindrent pOur violee Clodia Laeta, v('stale, que Caligtlla avoit approcht:e, encores qu'il fut avere qu'il ne I'ayoit qu'aprochee.
Ronsard, Sonnet s pour Helene, I, LVI
Les pendant ie leur dy, nc perdes paint vas fleurs
Que jusques a demoin que la crucHe sorte.
Le tour se retrouvera aux siecles suivants, et jusqu'en franc;ais contemporain, bien qu' on lui prefcre la periphrase que t( je n'ai que avec (aire : « je n'ai fait que vieillir /) vieilli » (2).
D'Aubigne, Miseres,
967 ... car nous ne voulans point
Que conseillcrs subtils.
Une autre innovation consiste dans I'emplor de ne {aire que de + infinitif pour signifier I'idee d'un passe lout recent:
Une fois chez Montaigne, rien est renforee par du tout:
Marg., Heptam., 1"" nouv. (p. 12) Et luy compta comme I'evesque de Sees ne faisait que d'y arriver ...
Le premier element de la phrase a ne ... que est gEmerale ment reduit au verbe, mais il est assez souvent renforce par des auxiliaires de negation, dont les plus frequents sont rien, jamais et plus. Le mot point est a peine plus frequent qu'au XV" siecle; nous n'en ovans rencontre dans nos textes que 4 exemples en tout, sur 649 ernplois de ne ... que; ee sont: N. du Fail, Bal., I, p. 120 car au paravant je nc suis point souvenant d'avoir parle a luy, qu'unc fois qu'il entail un poirier. Lariyey, Esprits, IV, 4 (p. 271) Ne parle point d'Apolim' qu'en toute reverence. Montaigne, Ess. III, ch. IX (p. 255) Je n'ay point de faim qu'a table. Id., ibid., III, XI (p. 338) Afin qu'on ne puisse nier que I'homme ne soit immodere par tout, et qu'il n'a (Joint d'arrcst que celuy de la neces'dte, et impuissance d'otlcr outre.
1343 Nos doigts ne sont point doigts que pour trouver tes SOlllll>, Nos voix ne sont (Joint voix qu'a fes sainctcs chansons.
III, XIII (p. 400) Je n'y odjouste du tout rien, que la moderation du plus au du mains, selon ma force c-t oppetit.
On note aussi rarement qu'au XV" siikle I'anti.pation de seu/ement (2 ex.) : Rabelais, Pant.
f
XVII (p. 91) liz ne feircnt seulement que changer
moistre. Marg., Heptam, 9" nouY. (p. 51) congnoissant bien [ ... 1 que Ics bans propos quelle tenoit n'estoient seullement que pour essaier a 18 faire ung peu revenir ...
Ce qui paroit nouveau au XVI" siecle, c'est I'apparition du mot seul aeeompagnant un substantif dans I'element nega tif du tour ne ... que; il y joue Ie role d'un adjuvant de la nega tion (done quelque chose de tout different de I'emploi de seu lement cite ei-dessus). Nous n'en avons trouve que 2 exem pies: Marg., Heptam., 19' nouv. (p. 144) Ce que son compaignon ne povoit croire, ne yoyont ung seul signe de la religion, que la devotion qu'il avoit en Poline.
(1) Cite pm H. Stf'n, up. cit., p. 198. (2) On troUV0ra un certain nombre d'exemples du tour chez J. Damourette et E. Pichon, Ess"i (/e Gmmmail'e, § 2286, 1. VI, p. 222, et chez M. Grevisse, /e bon 'Usage, ~ 875 b. Citons, au XVIl" si6cle : La Fontaine, Fables, I, VII, 12 Mais paUl' man frere raUl'S, on lIC I'll q7i'ebanche, et, en 1955 : R. Peyrefitte, les eMs de Saint can n'etait pas mort: nous ne ravia)!!?
Sot. Men., d' Aubray (p. 237) La presse des charettes et des caches seroit sur nos ponts, au lieu qu'en huict jours on n'en veoit passer une seule, que celie du Legat.
Sans, au lieu de net se trouve quelquefois. Cf. Pontagruel, p. 53, Heptameron, pp. 45, 56, 109. (1)
Cite par G. Gougenheim, Gmrnmair e (/e In /rmguc
siecle. p. 2.21.
(lit
XVl'
149
~
-- 148
que peut prendre Ie tour ne ... que, p. ex. dans des phrases
L'emploi de que comme exceptif apres proposition inter_ rogative est aussi rare qu'au XV" siecie. Nous n' en avons trouve qu'un exemple : Sat. Men., d' Aubray (p. 212) Depuis ce temps la, qu'avons nous eu que malheur et pauvrete, qu'angoisses, peurs, tremeurs, alarmes, deffiances, et toutes sortes de mise res ?
T res rare aussi, que exceptif apres si hypoth6tique. Nous ne pouvons citer que: Bon. Per., Cymb., dial. II (p. 313) Jc puisse maurir, Mercure, si tu es qu'ung abuseur.
Le tour ne... autre ... que, - plus comparatif qu'excep tift - est assez bien represente et intervient 10 ou ne... que ne serait pas suffisamment clair, et notamment, quand il y a lieu d'exprimer !'idee de la chose dont un element est excepte. II faut signaler la presence de non que dans Montaigne : III, XII (p. 354) C'estoit sontc, mais non qu'o 10 comparaison de 10 maladie qui 1'0 suyvie.
L'Essai de Grammaire de J. Damourette et E. Pichon cite encore une phrase (dont Ie texte est different dans 1'6dition P. Villey) : III, XII II est eomme nature me Ie forgea, et sc torgue pour Ie con flict, non que d'une morchc naturelle et commune.
Non que doit s'interpreter ici comme signifiant « seule ment ».
II semble etre issu naturellement de ne ... que, en I'absen ce d'un verbe pour accompagner la negation. Mais on Ie trouve dans un tout autre sens : III, VI (p. 171) car quelle pitie toucha jamois des ames qui, pour 10 doubteuse information de quclque vase d'or a piller, fissent griller devant leurs yeux un homme, /lon qu'un Roy si grand et en fortune et en merite?
L'effet de sens est ici de gradation, de rench6rissement : ,~ bien plus », « a plus forte raison '), et non de restriction. semble que Montaigne en fasse ici un calque du latin nedum, ou que non que introduise une proposition elliptique a verbe : fissent griller non repete. Cependant Ie sens obtenu peut etre rattache a la valeur de: « exclusivement », « par excellence» (1) T. VI, p. 213, n. L
. co : « Je ne Ie sais que trop », « vous ne serez que con tenmme», etC. Non que, qui amene ce qui est positif a l' exclu sionte de tout Ie reste, suggererait que dire
un homme », ce
n'es t pas dire assez. Ne ... sinon est, par rapport a ne... que, en bien moins forte proportion qu' au siecle precedent, et de moins en moins forte a mesure qu'on avance dans Ie temps. Mais il reste bien vivant. II s'accommode plus souvent que ne ... que de la pre sence des auxiliaires de negation. Alors que ce dernier traduit un double mouvement rapide, OU l'inversion est peu marquee, ce qui produit un eHet de sens de simple restriction, ne... sinon nous livre un double mouvement plus marque, ou 10 negativa tion est poussee plus avant, ce qui produit finalement I'effet d'exception proprement dite. C'est ainsi que Ie mot point occompagne ne plus souvent devant sinon que devant que. Dons noS textes, nous en ayons 5 exemples, pour 77 emplois de ne... sinon: Marg. Heptom., 10" nouv., p. 58; A. Pare, Extrait VII, p. 86; XXVIII, p. 136; XXIX, p. 139; Harangue de M. d' Aubray, p. 203. Ajoutons cette phrase de J. du Bellay : ou point est encore appuye par du tout: Deffense II, 3, p. l04 Toutesfois d'autant que I'amplification de nostre longue [ ... J ne se peut fairc sans doctrine et sons erudition, je vcux bien rcCl : d overtir ceux qui aspi rent a cctte gloire d'immitcr les bons oucteurs <J romains, vayre bien italicns, hespagnols et auf res : ou du tout n'6crirc point, si non
a soy
(com me on ditl et
a ses
Muses.
Sinon peut venir apres une proposition negative contenant
un mot comparatif ; d. : Morg., Heptam. loe nouv., p. 78 ne sceut quel meilleur rcmcdc trouver, sinon chercher s'iI n'y ovoit poi net encores en luy quclque racine de 10 premiere amour. Id., ibid., 18' noUV., p. 130 ". pcr ainsy qu'il no luy dr:mandast riens dovantoige, sinon 10 paralic et Ie boiser.
Sinon possede cet avantage sur que qu'il peut amener I'exception apres une proposition de forme positive, mais com portant une idee plus ou moins sentie comme negative ou allant
a Ie
negativite :
Garg. AUX LECTEURS, p. 1
Vray est qu'icy peu de perbction
Vaus apprendrcz, si non en cos de rire.
-
151
-150 Marg., Heptam., 10" nouv., p. 75 car clle n'est scullement impossible a cscripre, mais a penser, sinon a eeulx qui ant experimente 10 pareilJe. Larivey, Esprits, II, 2 (p. 225) Cc pendant gardez vous bien de faire tant soit peu de bruict, ny mesme que Ie liet craquette, sinon quand VOus m'entendrez cracher.
Har. d'Aubray, p. 186 A peine s~avoit on queUe estolt 10 doctrine de Calvin et de Luther, sinon au supplice de ceux qu'on voyoit brusler opi. niastres. Ibid., p. 218 VOU5 deffendistes de parler de luy sinon en qualite de tyran.
Cf. aussi apres une proposition comparative, orientee vers 10 negativite, comme on sait : Ibid., p. J 86 eux, plus pour se que pour attenter 10 suscitation de Crecy.
ot peu a peu S8 jOignirent de faction et d'intelligence avec deffendre ct garantir dc vostrc perc ct de vostre oncle Qucun remucment de nouveaute, sinon lorsque Ie Roy, a vostre oncie, [".1 prit luy·mesme monsieur d' Andclot a
se: 6arg., XV (p.
57) car oultre don pour Ie present no rcqucroit des cieul , sinon qu'il iuy foust faiet grace de luy complairc en GUe\que service x agreable.
Avec Ie meme mode, au sens exceptif hypothetique d'«
Har. d' Aubray, p. 232 Que fistes-vous de cette grande armoc, grossie de tous vas secours estrangers, d'ltaJie, d'Espogne et d' Allemagne, sinon faire connoistre vostre {oiblesse imprudente et mouvaise conduite L ..J? Ibid" pp, 248, 249, etc,
a
mo ins que ... ne." » «< excepte si »). 60rg, , V, (p. 23) je no boy sinon qu'on me flalte.
Sinon que se rencontre au XVlc siccle comme introduc
teur de locution nominale. Les exemples en sont tres rares en
prose. NallS n'avons trouvC dans nos textes qu' un seul exem pIe :
N, du Fail, Prop. rust., Xl (p, 85) Guillot no dist mot, sinon que:
" Bien »,
Sinon semble venir plus aisement que que apres propo sition interrogative
cas purticlltier, I'introduction du style di-
encore s'agit-il
recto Uttre cite: Amyot,
Rom. 30 [xcmptcs de toute outre besoignc, sinon que de
filer de 10 laine,
Mais on en trouve d'assez nombrcux exemples en poesie:
Sinon excepte aussi apres proposition pleinement positive Bon. Per" Cymb, M" Dial. II (pp. 314-315) Tu dirois proprement que ce sont peti, enfons qui s'esbottent a 10 pouldrette, sinon quand ils vien nent a se batlre, Marg. Heptom" Prol., p, 9 Et, Q I'heure, j'oy los deux dames c!e5sus nornmees, ovccq plusieurs autres d0 Jo court, qUi se deliberent el' en faire autant, sinon en une chose differcntc de BocclCe. N. du Foil, Prop, rust. III, p, 22; ,\c',ont.,
Avec Ie sub jonctif, au sens d'« excepte que », si Ie sub jonctif est amene par une idee du premier element de 10 phra
ESS0!5,
VI!1 (p. 210).
Sinon que est Ie plus lIsite des exceptifs de La, 10 concurrence de ne... que ne joue plus, car ce tour n'cst pas aptc a introduire un verbe a lin mode personnel. Sinon que Itemporte, de fa<;on decisive au XV", sur fors que, et sa posi tion n'est pas serieusement affectee par I'existence d'exceptc que et de sauf que. On Ie trouve dans trois types de phrases: Avec I'indicotif, au sens d'« excepte », apres proposition negative, interrogative ou positive. Cf. : 60rg" XXVI Esquelles remonstrances rien plus ne respondoient, sinon qu'ilz leurs vouloient aprendre a manger de fa fouace. Cf. Marg., Heptam, 10' nouv. (p. 81); Rob" Pant., Prot. (p. 5); etc.
Ronsorci, Sonnets pour HCiene, I, XXXIX Que te puis-jc donner sinon que Ie soleil? Id"
Ibid"
I, L
Tel dire n'est sinon
Le Dictionnairc de 10 Plciade de Morty-Laveaux (1) cite Ronsard, V, 437 '" ne restoit sinon Des vicux Gaulois que I'ombre ct qU0. Ie nom.
La place de sinoll et so separation de que semblent indi quer que Ronsard considere l'expressio n ne". sinon ... que com
me une variante de ne... que, Sinon semble reserve, au XV\c siecle, a I'introduction de propositions temporelles exceptive~, On ne trouve pas ne ... qu quond, ne." que !orsque, etc., mais : ne... sinon quond, ne.
sinon lorsque. Cf. : (1) T. II, p. 369.
-153
-152 Garg. XU, (p. 142) Je ne dors jamais bien 0 man oise, sinon qucmd je suis au sermon au quand je prie Dieu. Cf. aussi les exemples cites plus haut 314-315); Har. d' Aubrey, p. 186, etc.
Bon Per., Cymb. M. II (pp.
a excepte par
Montaigne. Notons chez lui un exemple de sauf
que amenant une proposition: III, IX (p. 241) Man livre cst tousjaurs un. Sou! qu'a mesure qu/0n se met a Ie renauyellcr afin que I'acheteur ne s'en aille I'?s mains du tout vuides, je me danne loy d'y attacher quc!que emblcme supernumeroire.
On trouve aussi aisement sinon par ce que, sinon d'au Excepte jouit de plus de faveur surtout chez Rabelais.
tant que, etc., ou sinon est senti comme preferable a que. Contrairement a l'usage du siecle precedent, Rabelais parait
Si ce n'est se revEde comme d'un emploi ossez rare au faire assez frequemment I'accord, en nombre du moins, car
XVI" siecle, sauf a la fin, La ou nous Ie trouvons, sinon n'est on trouve souvent exceptez avec Ie substantif suivant au plu
pas en forte proportion. Signalons si ce n'est que + proposition riel. Mais iI n'y a pas 16 beaucoup de rigueur. Com me exceptez
chez Montaigne : se rencontre aussi devant un substantif au singulier (mascu l
III, XIII (p, 382) Pourquoy cst-ce que nostre longage commun, si aise a tout outre usage, dcyient obscur et non intelligible en contract et testament, et que celuy qui s'exprime si clairement, quoy qu'il die et escriyc, nc trouyc en cclo oucune maniere Je se declarer qui ne tombe en doubte et contradiction? Si ce n'cst que les princes de eet art l..,l ont tant poise cheque siHobe l ... ,1.
lin ou feminin)1 d, : je YOUS dietz que: par Gorg., I (p. lOJ Rctournant a naz moutons, et gcneallog ie de don souyerain des cieulx nous oeste reseryee du Mcssi05, dant jc Gorgantuo plus entiere que nulle autre, exceptez celie ne
il n'est pas impossjble que Rabelais Ie considere comme un Nous avons deja constate Ie declin de fors et fors que imperatif, 2" personne du pluriel. au XVe siecle. II ne fait que s'accuser au XVI". Fors, fors que M. Grevisse (1) cite un exemple ou excepte s'accorde sont rares chez Rabelais; ils sont absents des chapitres VI a avec un feminin place apres lui: XIII du L. III des Essais ainsi que de la harangue de M. d'Au Amyot, Romul. I Execptcc 10 nacelle OU cstoicnt ees deux pctis enfans. bray. lis ne sont en proportion appreciable que chez Noel du Fail, ce qui correspond sans doute a un certain caractere pro Par soud de logique, on resiste, au XVI" siecle a la ten vincial et un peu vieillot du style de cet ecrivain. Sur les trois dance a I'invariabilite qui se manifestait nettement aupara exemples trouves chez Marguerite de Navarre, il y en a deux vant. dans un passage en vers : ces tours doivent &tre sentis plus Excepte que proposition, bien rare au XV" siecle, sem ou moins comme du langage poCtique, et, de fait, ils sont en ble un peu plus frequent au XVI". Nous en avons relevc 6 core assez courants dans les vers, Fors que se rencontre en exemples dans les trois premieres ccuvres de Rabelais et un core comme introducteur de locution nominale : nous en avons dans Ie Cymba/um Mundi; ils sont tous avec I'indicatif. deux exemples apres proposition negative et quatre apres posi tive. L'un d/eux est dans un proverbe - arrange a la mode de Rabelais : l
Garg" ch. XXXIX (p, 136) de tous poissons, fors que 10 10nehc pre· ncz I'ocsle de 10 perdrys, ou 10 cui sse d'une nonnoin,
que nous retrouvons chez Noel du Fail sous la forme: Prop. rust" XII, p. 91 De tous poissons fors de 10 Tcnche, prencz les oesles d'un chappon, neontmoins que aueuns Doeteurs dient dune gorse.
Hors et horsmis restent d'usage assez restreint; sauf (sau/ve chez Rabelais) est a peine plus frequent. II est prefere
(1) Lc bOl! usage, § 781, Ilislol·ique.
Chapitre IV
Le FranQais Moderne I. -
XVlle SIECLE
L\~tat de langue que nous revele la prose de Montaigne est tout proche de I'etat contemporain. En particulier, 10 ques tion de 10 concurrence des tours exceptifs ne se pose plus: ne... que a triomphe de ses concurrents: ne". fors a presque completement disparu; ne." sinon se rencontre encore, com me aujourd'hui d'ailleurs, mais seulement 10 ou ne ... que ne saurait guere €!fre employe. Parmi les exceptifs qui peuvent venir apres une proposition positive, excepte, hors, hormis, sauf coexistent, et Ie choix de I'un ou de I'autre est d'ordre pure ment stylistique.
Dans ces conditions, des tableaux d' emploi exhaustifs ne nous paraissent plus utiles. Pour deFinir les grandes lignes do I'usage du XVW si(kle, nous puiserons dans les materiaux abondants que nous fOLirnissent les nombreux lexiques de la langue des grands ecrivains qui ont ete etablis, dans los ob servations des Grammairiens du temps, dans I'Histoirc de /0 Langue franc;ajse et dans plusieurs autres ouvrages de Ferdi nand Brunot, dans la Syntaxe de Haase, etc. 1. Mais que se faisait rare au XVI" siecie, memo, cons truit avec Ie subjonctif, dans Ie sens de « pourvu que ». On Ie rencontre encore cependant au XVII" siecie, dans la premiere moitie du moins, mais sa valeur hypothetique s'efface et iI signifie simplement « des que ». Cf. : Malhcrbc, III, 263 Vous aurez Ie grand Roman des chevaliers de 10 gloirc, mois qu'il soit achv'e d'imprimcr. Id., IV, 145 L'affection avec laquclle j'embrasscrai votre affair!), mois
que jc 5achc co que c'est, vous temoignera...
-157
156 -
Le sens ancien est encore dans Vaugelas : Quinte-Curce, VI, 2 II promit qu'iI Ie feroit, mais qu'ils tachossent aussi de leur cote a disposer Ics esprits (1 l.
Maupas signale qu'il peut se construire « avec tous temps indicatifs et conjonctifs ; Oudin Ie cite encore comme adver be d'excepter » et Ie tient pour vulgaire (2). Vaugelas portage cet avis, au moins en ce qui concerne 10 valeur temporeile que nous indiquons : Remarqucs, p. 162 Mais que, pour quane!, cst un mot dant on usc fort en pariant, mais qui cst bas, et qui ne s'escrit point dans Ie beau stile. Par exemple, on dit a toute heure, et mcsme a 10 Cour, vcnez-moy querir, mais qu'il soit venu, pOur dire, quand il sera venu. Un de nos plus fameux Escrivains a dit, I'affection avec laquelle Fcmbrasseray votre affaire, mais que jc sache ce que c'es!, vous fera voir, etc. II affectoit toutes C8S fac;ons de parler populaires, en quelque stile que ce fust, lesqucllcs neantmains ne se peuvent souffrir qu'au plus bas et au derni2r de tnus les stiles.
Vaugelas condamne plutot 10 deviation de sens « pour vu que » ~ « quand » que la locution elle-meme, qu'il emploie d'ailleurs. Thomas Corneille et l'Academie repetent sa condamnation, en I'aggravant ( il faut la fcette fac;on de parler! bannir entierement de la langue ») (3). Littre (Diet., art. Mais) cite Ie tour comme survivant en patois normand, et nous pouvons confirmer Ie fait, car des personnes qui nous tiennent de tres pres nous affirment avoir entendu dans leur enfCJnce rassee en Basse-Normandie Ie:; phrases suivantes : Mais que t'auros fini, fires joucr. se passero du temps mais que tu revicnncs.
ou mais que, quId soit suivi du futur antcricur ou du subjonc tif, assume des valeurs temporelles. Nous ne croyons pas qu'il s'agisse de I'oncien mais que subjonctif signifiant pourvu que mais bien de mais ad versatjf suivi d'un subjonctif independant accompogne de que dans les exemples suivants, OU des impcratifs precedent: (1) Les trois exemples sont ciles par A. Haase. op. cit., § 137. 4°. p. 376 F. Brunot, Ii,L.F. III, p. 391, n. 1, cite des exemples de Racan et de Sorel. (2) Cf. E. Winkler, 7a doctrine grammatlicale fm)!9ai~e d'aprcs Mmtpas et Oudin, p. 284, F. Brunot, Ii.L.F'. III, p. 391 et n. l. (3) J. Streicher. COimncntni.rns, I, p. 313.
Mol., Femmes savantes, I, IV, 281
Aimez- moi , soupirez, brulez pour mes appas,
Mais qu'il me soit permis de no Ie savoir pas. La Fontaine, Fables, IX, 14, v. 33
Le trop d'expediens peut gater une affaire.
On perd du temps au choix, on tente, on veut tout foire, N'en oyons qu'un, mais qu'il soit bon.
2. Ne ... sinon est d'usage courant au XVII' siecle. Cf. Cyrano, Ie Pedant joue, II, IV Mon moistre ne m'o autre chose, sinon: « va-t-en trouver mon pere et lui dis... ».
pu dire
Corneille, C/itandre, 1793 II est tout manifeste Que ce fer n'est sinon un miserable reste Du malheureux duel ou Ie pauvre Arimont Laissa son corps sans ome et Daphne sons amant.
Sinon semble prCfere pour amener Ie style direct; cela se
justifie sans doute pm Ie fait qu'il est tonique, au contraire
de que, qui serait possible cependant. Ce sont les nEkessites
metriques qui I'expliquent sans doute dans les vers de Cor neille cites ici. Apres 10 negation simple ne, c'est que qui est attendu pour I'expression d'une restriction. On nc trouvera plus guere au XVII" ne ... sinon dans I'emploi ordinaire de ne ... que. Sinon ne viendra dorenavant quIapres negation pleine (1). L'infinitif est souvent introduit par de apres sinon: Sevigne, IX, 538 Je n'oi rien
(J
dire encore
sur ee sujet, sinon de
ne pas comprendre (2). Bossuet, $erm. Em. Dign., 3" point: Apres quai iI ne me reste plus autre chose 0 faire, sinon de m' ecrier avec Ie prophete...
Sinon se rencontre surtout apres proposition interrogati ve : c'est 10 son principal emploi. Cf. : Pasco Prov., 3" lettre [ ... 1 comment pourrions-nous I'avoir sinon en une sainte veneration?
Sinon que reste assez usuel. II est suivi de I'indicatif ou du sub jonctif. Avec I'indicatif, iI signifie, comme anterieurement, « si ce n'est que », « exc~Dte que » : (1)
De meme si ce n'est; cf. la remarque de Menage citee p. 175
(2) Cite par A. Haase, op. cit., 112.10, Rem. II, p. 285.
-158
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Pascal, Provo 1" Lettre. SOixante et onze docteurs entreprennent sa defense et soutiennent qu'il n'o pu r"pondre autre chose 0 ceux qui par tont d'ecrits lui demandoient s'il tenait que ces Propositions fussent dans ce livre, sinon qu'jl ne les y a pas vues et que neanmoins il les y condamne 5i elles y sont. H&rac/ius, v. 1 159 l..'un et I'autre enfin ne sont que meme chose, Sinon qu'ctant trohi je mOllrrois malhcureux Et que, m'ofhant pour toi, jc mourrai genereux.
Avec Ie subjonctif! on obtient encore deux eHets de sens : ou bien d'exception de ce qui est vise: M. de Scudery, Cyrus, 55-56 Cor Cf'S gens 10 n'y vrulent autre chose sinon qu'il sache bien s'acquitter des affaires dont iI se mele.
ou bien une exception hypothetique et Ie sens de « que » :
a moins
Malherbe, IV, 416 II y a de 10 cacophanie sl non que vous prOnon ciez en gascon (1J.
Sinon est defini par Maupas Comme « une forme d'ex ception qui n'appelle point de verbe apres soy! mais quelque nom, pronom J participe ou autre partie d'oraison ». En phrase affirmative! il lui donne comme substitul's sauf forst hormis j'ay veu toute la France! sinon, sauf, fors la Bretagne );'), et, en phrase negative, que je ne con nay sinon [que] vous en ceste ville»). J
«(
«(
Sinon ni sinon que n'ont I'heur de pia ire
ecrit :
a
Oudin, qui
Sinon ne m'agree point en signification exceptive: je n'ay veu per
SOnne en France sinon vous, etc. ; je ne cognois pOint d'hommc icy sinon
vous; j'ay veu toute l'Allemaigne sinon Auguste au Augsbourg. Nelus
ovons assez d'autrcs mots pour evit;:r ce sinon L .J dont Ie vroy s~n5 [. .. I
se ropporte a autrement.
Sinon que est « encore plus mauvais que sinon » (2),
On s!explique mal les raisons de la prevention d'Oudin. F. Brunot (3) pense qu/elle vient peuH~tre de I/abus qu'on (1) Cite pal' A. Haase, op. cit., § 137, 50, Rem. II, p. 377. (2) E. Winkler, 0]). cit., pp. 287-288.
n. 1. (3) H.L.F'.. III, p. 735 (Errata et Addenda). addendUm it la p. 395,
faiSO it de sinon que employe a I!espagnole : Voyez Ricardo qui ne semble sinon qu'un solei! : mirad a Ricardo, que no parece sino que el sol (D' Audiguier, Six nouvelles de Michel Cervan tes, 25) ». Vaugelas ne portage pas Ie sentiment d'Oudin : s'il Ie faisait, il ne gloserait pas ne ... que par sinon ... que: Remorques, p. 406 Je ne fcray que ce qu'il luy plairo, on vOit bien que ce que se resout par nisi, et par sinon que, comme 5i je diso;s ie ne leroy sinon ce qu'iI luy plaira. / ... 1 On voit qu'en tous ces exemples que vout autont 0 dire que sinon que.
(En disant sinon que au lieu de sinon, il com met une erreur que Thomas Corneille et l'Academie ont relevee. Cf. : Commentaires (Corncillel ne mette jomois pas ou point sinon que en fran<;ais, devo;t c'est tout ce qu'il sign;fic, et qu'il opportel.
p. 706 M. de Vougelos qui veut dire qu'on devont que, lorsqu'il signifie nisi en latin et dire s('ukmcnt lor';qu'il signif;e sinon, cor non pas sinon que dans tous les exemp1es
II n'apparait pas que Corneille ait jamais corrige un sinon ou un sinon que dans ses CBuvres. En fait, sinon est tout a fait courant! sur:out dans 10 premiere moitie du siecie (1). \I reste en usage en franc;ais contemporain avec la valeur exceptive, d.: Personne de ses amis n'est entre! sinon vous (2). Mais sinon que, suivi de I'indicatif ou du subjonctif au sens « ex cepte que» est sorti de I'usage ; on emploie a 10 place si ce nJest que, ou excepfe que, sauf que, etJ en franc;ais familier, () part que. On ne I'utilise pas davantage avec Ie subjonctif au sens d' « a moins que ». Si ce n'est et sl co n'est que se rencontrent aisement au XVII" siecie. Cf. : Moliere, ComL Escarb., sc. VI C'est qLle ie n'ai point de bougies. Comment, vous n'en oyez point? Non, madame, si ce n'est des bougies de suif. Pasco Prov., 10" Lettre. Voila tout ce qui se peut dire, si ce n'est qu'on veuille ajouter une consequence, qui se tire oisement de ces prin cipes.
3. Fors, fors que ont disparu progressivement au cours du XVII" siecie. lis semblent encore admis au debut du siikle, en poesie du mains. M. Regnier emploie fors : F. Brunot, H.L.F' .. t. III, p. 395. (2) F. Brunot, Lu Pcnsee et la Langue, p. 128.
(1)
-160 -
May, qui rangeois au joug 10 terre universelle L.J A qui rien, fors l'Amour, ne put estre contraire... (1)
c Je ne puis dire sinon que» (IV, 333), Fors que est done con darn egalement comme introducteur de proposition. ne II n'est pas impossible de rencontrer fors dans la prose:
Allont, on m' entretient de Jeanne et de Macette ; Par Ie vray Dieu, que Jeanne estoit et claire et nette, Claire comme un bassin, nette comme un denier; Au reste, fors Monsieur, que j'estois Ie premier.
pOurvu qu'il vienne de vous, fors votre mepris (1). Raca , I, 320 Je Ie veux irniter en toute chose, fors a rnettre Ie n
Elegie (ed. J. Plattard, p. 217)
Sot IX
De meme, Montchrestien (2). Et Racon, dans ses Bergeries (3) /I me passoit en tout fors en fidelite.
Malherbe ne I'a employe, semble-t-il, que dans ses vers de jeunesse. Cf. : Larmes du siel.1r h1alherbc (Vcrs de jeuncssc, II, ed. Ph. Martinon,
p. 241 l, v. 75.
Et, bref, plus entre nous ne reste aucune trace, Fors un bruit gloricux de to premiere grace.
Mais, dans son Commentaire de Desportes, il n'en desap prouve pas I'emploi. F. Brunot (4) ecrit: « Fors. Malherbe ad met implicitement trois constructions de cette preposition par I'observation suivante : Fors du mal qui t'afflige, et I'ennuy de n'avoir ... « Puis qu'il avoit dit fors du mal, il devoit dire: et de I' ennuy ; mais ce fut mal aile. II devoit done dire: fors Ie mal qui t'afflige, ou que Ie mal », etc.
Je ne comprends done guere pourquoi iI a barre dans son exemplaire :
Balzac, Lettres, III, 19 11 n'y a rien qui ne rne soit supportable,
titre (2).
Fors et fors que « sont antiques et vulgaires » pour Ou din (3), Vaugelas condamne fors en prose et I'approuve en vers:
p. 254 Fors se disoit autrefois en prose et en vcrs, pour dire hors mis, mais aujourd'hui iI est tout a fait banni de la prose, et il n'y a plus
Que les Poetes qui en usent, parmi lesquels non seulement il n'est pas
mau , mois il passe pour noble, et est beoucoup meilleur que hors, dont uais la prose se sert. Les exemples en sont frequcns dans M. de Malherbe et
dans taus les autres Poetes (4).
Malg re ce caractere « noble », c'est, en fait, dans les
petits genres qu'on les trouvera par 10 suite; Scarron en use
dans Ie VirgOe travesti :
IV
Ibid.
(1) Cite par Littre, art. Furs. (2) Trois exempJes en sont cites par F. Brunot, Il.L.F'. III, p. 381. (3) Cite par Littre, art. ]i'ors. (4) La doctrine de MaZherbe, p. 480.
Ce ne fut quasi que tout un,
Fors quelques preneurs de petun (5),
et La Fontaine dans ses Contes :
III, 2, 120 Et sachez que Nature
A mis remede a tout, fors a 10 mart.
II, 1, 34
Chacun, fors que moy seulement ». II y a la, croyons-nous, un lapsus de F. Brunot : Malherbc admet seulement deux constructions de fors : seul, ou accom pagne de de. II ad met aussi, bien entendu, que (seul) intro ducteur de I'exception. Mais il refuse fors que exceptif de lo cution nominale, a juste raison, car Ie tour etait deja bien rare au XVI" siecle. F. Brunot omet aussi de signaler que Malherbe blame chez Desportes « Je ne puis dire fors que » et prefere :
De ces galeres enflam mees
Fors quotre deja consom mees .
Le mal d'autrui ne me tourmente en ricn Fors excepte ce qui touche ou compere.
(On admirera Ie pleonasme 1) II use meme de fors que devant I'infinitif : 1, 3, 15
$omme qu'enfin iI ne lui manquoit rien Fors que d'avoir un ami digne d'elle.
(1) CW; par A. Haase, op. ait., § 135 A., p. 360. (2) Cite par F. Brunot, H.L.Ii'. III, p. 381. (3) E. Winkler, op. cit., p. 275. (4) En ce qui concer!!e Mulherbe, la remarque de Vaugelas est inexacte.
(5) Cite par A. Haase, op. cit., § 133 A., p. 360. 11
163
-162
et Ie construit avec Ie subjonctif : II, 4, 63
Nul cas n'etoit Q craindre en I'aventure
Fors que Ie ro; ne vint pareiliement,
C'est vers la fin du sieele que fors est condamne. Le Pere Bouhours (Remorques nouvelles, 590) Ie considere com me banni des vers comme de la prose. Thomas Corneille por tage ce sentiment et dit que, loin d'etre noble en vers, il est « bas et mechant ». Pour l'Academie, il est vieilli et hors d'usa ge : on ne dit plus que h~rs et hormis. II garde I'epithete de « vieux » dans les editions successives du Dictionnoire jusqu'a la sixieme (1835) et trouve place dans Ie bric-a-brac moyena geux du Romantisme : A. de Musset, Venise
Tout se foit, fors les gardes
Aux longues hallebardes
Qui veillent aUx creneaux
Des arsenoux.
Un contemporain peut encore s'amuser 0 I'employer : A. Gide, Nouv. Nourr. terr., p. 247 Ricn qui ne soit inhumain, fors l'homme meme.
D'apres E. Brall (1), lorsque survit dialectalement dans Ie Nord de la France: foque, fouque, y signifie « si ce n'est ». 4. Hors, admis par Maupas, est refuse par Oudin, qui, n'acceptant que hors de (<< necessairement la preposition hors regit Ie genitif ») semble par 10 meme exelure son emploi ex ceptif. Vaugelas au contraire admet aussi bien hors 10 ville et hors de 10 ville, « car tous deux sont bons » (2), mais iI ne semble faire allusion qu'au sens local. Le P. Bouhours, quant a lui, oppose hors de, local a hors, exceptif : Rem. nouv. 201 On dit hors de fa ville; hors 10 ville signifie excepts la ville (3),
L'usage des Classiques ne confirme guere les vues des rorTlrTlairiens et lexicographes, car, d'une part, on trouve hors
:aur hors de au sens local :
L.a Fontaine, Contes, II, 16, 1 14.
Nulle des seeurs ne faisoit long sejour
Hors Ie !ogis. Racine, Remarques sur J'Odyssee Elle alloit puiser de !'eau
a
une
fontaine hors la ville (1),
et hors de au sens exceptif :
Sevigne, II, 112 Je ne connois que vous, et hors de vous tout est
loin de moL
D/autre part, hors exceptif est assez courant en vers :
Corn. Horace, II, 1, II. 353. Nou~ croirons Q la voir tout entiere en vas mains Que hors les fils d'Horace it n'est point de Romains. Ct. Moliere, Ecole des Femmes, 236; Femmes savantes, 924; La Fontoine, Contes, III, 13, 74; III, 13, 127.
" n'est pas inconnu dans 10 prose: Pascal, Pensees, sect. II, 65 Ce qu'iI (Montaigne) a de mauvais, j'entends hors les mc:curs, put etre corrige en un moment, si on l'eOt Ollerti qu'i! faisoit trap d'histoires ct qu'il parloit trap de soi.
+
Hors que proposition est une nouveaute. II est d'un emploi assez restreint. Cf. avec I'indicatif :
a
Sev. V, 87 L.anglade a pense mourir Fresncs de la meme maladie que Madame de Coulanges, hors qu'il fut plus mal encore.
et avec Ie subjonctif (= « excepte si », «
a moins
que ») :
Moliere, Misanthrope, II, 6, 760. Hors qu'un commandement expres du Roi me vienne De trouver bons les vers dont on se met en peine ... Je soutiendrai toujours, morbleu ! qu'ils sont mauvais (2)
Hormis se rencontre dans les memes conditions que hors.
Richelet ecrit
Corneille, Don Sanche, 1314 On connott, hormis vous, quiconque en seroit digne.
"
Ct. id., Andromede, 1429; Pascal, Prov., 5" lettre' Boileau, Sati
Cette preposition Signifiant hormis ne se dit d'ordinaire qu'en
vcrs ».
res, X, 187, etc.
(1) Gp. cit., p. 87, n. 2. (2.) Remarques, I, p, 218. (3) Cf. Th. Rosset, Entretien, Dontes, Critiques et Remarq'ues du Pere Bouhours Ilur la langue tmn('aise (1871-1692), Grenoble, 1908, p. 139. F. Brunot, [{,L.F. IV, p. 756.
(1) Cite par Marty-L,weaux, Lexique de la· langue de Raaine, p. 259. Andry de Boisregard considere comme correcte l'expression hors Za ville. (Suit. 420-421). Cf. F. Brunot, H.L.F. IV, p. 756. (2) Les deux derniers exemples sont cites par Littre, Diet., art. HOTS, et par A. Haase, op. cit" § 137, 50, Rem. ·II.
-164 -165
Hormis de est employe par Madame de Sevigne : VII, 189 /I y a des fetes continuelles chement de Madame 10 Dauphine (I).
Hormis que II, 198 fran<;ais.
+
a Versailles,
hormis de I'accou.
proposition se trouve aussi chez el/e :
ressembloit Q M. de Beaufort, hormis qu'il parioit mieu)(
ainsi que hormis quand : III, 407 Hormis quand on vous hait, on vous aime cxtremement (2).
Reserve est d'un usage assez restreint. II n'est pas cite « d'excepter ». Mais if fait I'objet de l'une des Nouvelles Remarques de Vaugelas :
par Maupas ni Oudin com me terme
II, p. 386 Reserve est indeclinable, comme excepti:o Ce mot en cetto tencontre est regarde comme s'iI etoit adverbe ou preposition, et ne se dit paint au feminin ny au plurier. Par exemple il faut dire, reserve une fem me, non reservee i reserve deux hommes, non reservez.
A 10 reserve de et
a 10
dus. D'excepte, if Y a peu a dire. Son invariabifite en position Scarron, Roman Comique, initiafe du groupe est alJeguee par Vaugelas a propos de re troupe etoit arrive, a /a reserve serve: Nouvelles Remarques (3), II, p. 386 Reserve est indeclinable comme exceptl?
reserve que sont aussi peu n§pan
VII, II apprit de lui que Ie restc de 10 de Mile de r Etoile.
Sevigne, IV, 349 Je suis hors d'affaire, les mains, les jarrcts, les pieds gros et enflcs.
a /a
Vaugelas condamne avec vigueur
Excepte que est usuef avec /'indicatif : Racine, Port-Royal, 2" partie (ed. G. True. p. 163) Le Pape envoya fort viste un Bref ou estoit attache Ie Formulaire qu'an luy demandoit, et il Ie fit tout conforme a ceJuy du Clerge eXcept6 que pour en ncndre Iq souscription plus il y ajauta un sermcnt...
Madame de Sevigne Ie construit avec Ie subjonctif, ce qui produit I'effet de sens deja signale a propos d'autres locu tions: I'exception hypothetique, rendue en fran<;ais moderne par « a moins que... ne ... » + Subjonctif. Cf. : V 3 J 7 Je compte r...J que vous viendrez dons I'appartemcnt de rna maison, excepte que vous ayez vous seule une autre maison toute trou vee (4).
reserve que i'ai les bros,
a 10
reservation de :
P. 222, par exemple, lis sont presque tous morts de maladie, a la reservation de ceux qui se sont noyez. Je dis que cette phrase cst barbarc, quoy qu'usitee par certains Autheurs J. II y a pcu de gens qui ne s~a chent qu'iI faut dire a 10 reserve de, etc.
r. ..
II soup<;onne I'expression d'etre d' une certaine province; it ne dit pas laquelle. L'Academie con teste cela (]) : « On ne connoist aucunc Province en France OU 6 10 reservation soit usite. C'est une fa<;on de parler barbarc et qui n'a aucun usage, mcsme parmi ceux qui n'aspirent point a bien parler ».
Cependant Scipion Dupleix avait defendu reservation comme signifiant I'action de reserver; Th. Corneille, apres Chapelain, signale Ie mot comme terme de pratique.
A I'exclusion de est utilise au XVlle siecle. Cf. : A I'exception de figure dans fa premiere edition du Dic
tionnaire de I'Academie franr;aise (] 694) :
Descartes, Pass. 29 On ne peut pas dire qu'elle soit en quclqu'une
de
Adverbe, excepte, horsmis. A I'exception de cela.
ses parties 6 I'exciusion des outres (2).
1/ est tres rare dans les textes.
Pascal, Prov., 9" Lettre Car 10 fille est en possession de so virginitc aussi bien que de son corps; elle en peut foire co que bon lui semble, a I'cxciusion de la mort ou du retranchement de 5es membre5.
(1) Cite par Littre, iblid., et A. Haase, op. cit., ~ 133 C, Rem. d'apres E. Sommer, Lexiqlle de la langue de Madame de Seviglle, I, 490.49L (2) E. Sommer, ibid., I, 491.
Au temoignage de Mademoiselle de Gournay, sauf etait condamne, au debut du siecle, par la nouvelle ecole. II est donne cependant par tous les lexicographes (3), mais n'appa
(3) Les Nouvelles Remarques de Vaugelas, pubW;es en 1690 par AIemand, sont editees par A. Chassang ii. Ia suite des Remarques, 2 vol., Versailles, Paris, 1880. § 82 (4) B,
E. Sommer, Lexique, 1, p. 391. Cite aussi par A. Haase, op. Glit., Rem. II.
(1)
J. St.reicher, Cornrnentai1'es..., pp. 437-438.
(2)
Cite par Littre, art. Exclu.sion.
(3) Cf. F. Brunat, II.L.F'., III, p. 383.
-166 -167
rait que tres rarement dans les textes. L'Academie (Diction_ noire, 1694) donne en exemp/e :
La Fontaine, Fables, IV, I, 1. Sevigne, de qui les attraits Servent aux Graces de modele Et qui naquites toute belle, A votre indifference pres... (1)
II luy a cede son bien, sauf ses rentes, sauf une telle terre, sauf ses pretentions Sur telle chose.
Nous ovans signa/e a plusieurs reprises que 10 locution a mains que suivie du subjonctif servait a I'expression de I'ex ception hypothetique. C'est a partir du XVlle siecle qu'on la rencontre. Cf. : Pascal, Prov., 8' Lettre. II a pris Ie soin de faire Ie denombrement de tous les cas ou ils en peuvcnt recevoir en conscience, a moins qu'il y eut quelque loi particuliere qui Ie leur defendit. La Fontaine, Fables, 1/, ) 4, 2 Car que faire en un gite
a moins
que I'on ne songe ?
A moins que peut aussi etre suivi de I'infinitif : Balzac, Lettres, 11/, 20 A moins que changer de sexc, clle ne sauroit empecher qu'on ne la hai'sse. Moliere, Amphitryon, II, 1, 777
a moins qu'etre insense (ll ? A mains de se rencontre avec Ie meme mode; au temoi gnage de Vauge/as, qui condamne les deux tours: Le mOyen d'en rien croire
Remarques, p. 360 A moins de faire cela. Plusieurs manquent en cette phrase, les uns disant moins de faire cela, et les outres moins que faire cela, car ny I'un ny I'autre n'est bon, quoy que Ie premier soit moins mauvais, if faut dire a moins que de faire cela.
a
a
II est suivi Sur ce point par Thomas Corneille et l'Aca demie. A moins que est meme employe par P. Corneille devant une locution nominale, en proposition elliptique; if peut alors equiva/oir a sinon: Othon, v. 1253 Ah ! Seigneur, plus d'empire,
a
moins ql/avec PIau tine.
La formule traduisant o cela pres sert aisement au ception; en effet, 10 marge allusion peut correspondre a tee d'une affirmation. Cf. :
"approximation: 0 ... pres, type: XVII· siecle a I'expression de "ex d'jnexactitude a laquelle elle fait ce qu'on peut soustraire a /a por
La Rochefoucould, Moximes, 24 A une grande vonite pres, les heros sont faits comme les outres hom mes . (1) EXemples cites par A. Haase, op. cit., § 88, p. ,2.04.
Richelet cite I'expression 0 ce/a pres et definit: « Hoc si excipias, c'est-a-dire excepte cela, hormis », et l'Academie: A cela pres. FQ(;on de parler dont on se sert pour dire Excepte cela. un peu fantasque, mais a cela pres c'est un honneste homme. II m'a fait payer a cent escus pres, on lui a rendu tout son bien a peu de chose pres, iI avoit so compagnie complette a deux hommcs pres.
n est
Cette fa<;on d'exprimer I'exception ou la mise a part est restee usuelle. La 8" edition du Dictionnaire de l'Academic (1935) reproduit presque exactement Ie texte de 1694. 5. Ainsi passes en revue les moyens lexicaux ou semi lexicaux dont on dispose au XVII" siecle pour I'expression de I'exception, il reste a etudier Ie plus important, qui est la question du tour syntaxique ne... que. Celui-ci s'etend encore, et de fa<;on considerable, par rapport aux epoques preceden tes. Non seulement il a elimine tous ses rivaux anciens, n'ad mettant plus guere aupres de lui que ne... sinon, mais il de borde Ie domaine qui etait Ie sien, des les origines, par une sorte de necessite organique, pourrait-on dire, - celui de I'ex ception apres proposition negative, - pour etendre son ele ment que aux domaines de I'exception apres interrogation, apres hypothese, apres negativite seulement implicite. Ce n'est pas que les etats anterieurs de 10 langue aient completement ignore I'usage de que introduisant I'exception apres proposi tion autre que franchement negative (2) ; mais jusqu'alors ces emplois etaient extremement reduits, les exemples en etaient tres peu nombreux et constituaient presque des curiosites d'ex pression. La OU anterieurement I'exception etait amenee par Sinon, ou par un que appuye sur autre, autre chose, ailleurs, etc., on a, au XVlle siecie, Ie simple que, et cera, en un nom bre d'exemples si considerable qu'on ne peut douter qu'il s'agisse de tournures usue11es. (1)
Cite par Littre, art. Pres.
(2) V. s., pp. 69-70, 134-135 et 148.
-168 a)
-
Que apres proposition interrogative.
Apres une interrogation du type dit « oratoire », qui sug. gere une assertion negative, que vient frequemment au XVII siecle, au lieu de sinon qui se trouvait generalement aupara_ vant. Cf. : Molherbe, II, 12 J Qui boillo Ie consulot au fils de Ciceron, qUe 10 memoire de son pere? Moliere, Pnk. rid., 1 Ont-elles r
a tout
ce qUe
On trouve des exemples en quantite dons les lexiques de touS les auteurs du siEkle. Mais il faut signaler aussi plusieurs constructions assez nouvelles qui h~moignent de I'extension d'emploi de que. apres un adjectif de sens negatif : Madame de La Fayette, Princ. de Cleves, p. 18 Mais ello !uy faisoit voir oussi combien if estoit difficile de conserver cette vertu, que par une extreme defiance de soy-mesme ... Corneille, Galerie de Palais, 474 Dieux! Qu'iI est malaise qu'une ame bien atteintc Con~oive de I'espoir qu'avoc un peu de crainte ?
Id., AVare, IV, I Puis-Ie former que des souhoits? Id., Bourg. gent. Ill, 12 Descendons-nous tous deux que de bonne bourgeoisie? Cf. H. d'Urfe, Astn';e, p. 109; Corn., Ex. d'Andromede ; Epitre dedic. d'Horoce (If I, 259); lIIus. com., 615; Attila, 1481; PaSCal, Pensees, 433; VII, 450; MoL, Second placet Sur Tartuffe; Etourdi, Ill, I; Mal. imog., II, 7 ; III, 3; Sevigne, Antogr., X, 124; Bossuet, Paneg. S. Bernard, I '" point; Rae. [p. d'Alexandre; Britann., 329; Beren., 13 J 8; La Fon taine, Fables, VIII, J, 47; X, IX, 50; etc., etc.
b)
Que apres proposition hypothetique:
Cet emploi est beaucoup plus rare. Nous POuvons citer :
Pascal, Pensees, Sect. III, J 94 Toutes nos actions et nos pcnsees doivent prendre des routes si differentes L.. J qu'il cst impossible de faire une demarche avec sens et jugement qu'en la reglant par 10 vue de ce point, qui doit etre notre dernier objet. Saint-Simon, Mem., II, XXXV, p. 439... fin, del ie, profondemcnt cache, incapable d'amitie que relative a soi (J l.
-
-
Theaphile de Viau, [lCgie (1623l. Dieu nous a tant donne de divertissements, Nos sens trauvent en eux tant de ravissements, Que c'cst une fureur de chercher qu'en nous-memes Quelqu'un que nous aimons et quelqu'un qui nous aime. Corneille, imitation, I, 102 ...Combien se meprend qui songe a quelque chose Qu'a ce qui peut conduire au chemin du salut.
Je veux etre pendu si i'ai bu que de I'eau.
Que aprf::s proposition de forme positive, mais de va leur negative: Nous ne faisons que citer pOur memoire Ie tour sans ... que, deja connu des siecles precedents, et tres repandu au
Arnauld, Fniiq. comm., 2' p. ch. ISLa pratique generate et univer selle defendait de communier les pecheurs qu'apres t'accomplissement de leur penitence. Flechier, Grands jours d' Auvergne, p. J 5 Apres qu'il cut perdu toute eSPerance d'en pouvoir obtenir que de I'amitie (2).
XVllc:
Corneille, Pertharite, Au lecteur Mois Comme iI Ie fait chasser de son royaume etant encore enfant, sans nom mer Rodelinde qu'a la fin de sa vie ...
apres verbe ou locution de semantisme negatif:
Malherbe, II, 436 Toute esperance d'avoir secours que de vous es! perdue pour cux.
J'accepte votre hymen, mais pour vivre sans maitre,
Et ne quitterais point I'epoux que favois pris,
Si Rome se pouvoit eviter qu'O cc prix.
Moliere, Amphitryon, II, J, 82 J
c)
apres locution adverbiale negative :
Sevigne, III, 342 II fatigue notre armee et la met hors d'etat de sortir et d'etre en campagne qu'a la fin du printemps.
CorneiIJe, Suite du Menteur, 1770 Puisse avos yeux M'ecraser a I'instant la colere des Cieux Si j'adore autre objet que cerui de Melisse, Sj ;e conr;ois des vc;eux que pOur votrc service. Id., Sophonisbe, 698
169
Sevigne, IV, 393 Je doute que je puisse vous ecrire qu'a Paris.
§
(1) Cite par J. Damourette et E. Pichon, Essai de GrammaJire, 2276, VI, p. 208. (2) Cite par Littre, art. Que, 100.
-171
170
Moliere, Mal. imag., II, 7 ... et son respect et la presence de son pere I'empechent de lui rien dire que des yeux (1).
- apres la locution trop ... pour une idee ref usee :
+
infinitif, qui omene
Moliere, Avare, IV, 1 Je m'en remets 0 vous et je 'vous crois trop :aisonnable pour vouloir exiger de moi que ce qui peut m'etre permis par I'honneur et la bienseance. Id., Misanthrope, II, 4, 909 Madame, ie vous crois I'ome trop raisonnable Pour ne pas prendre bien cet avis profitable, Et pour I'attribuer qu'aux mouvements secrets D'un zEde qui m'attache 0 tous vos interets.
Une curieux resultat est obtenu par I'introduction de la negation ne aupres de I'infinitif : a savoir, I'idee opposee a la precedente : Racine, Andromaque, I, IV, 365 Qui, mes voeux ont trap loin pousse leur violence Pour ne plus s'arreter que dans I'indifference.
Subligny au XVII" siecie (Preface de /a Folie Querelle), J. Damourette et E. Pichon au XXe (2) ont tort de critiquer ces vers parfaitement conformes a la logique du tour ne... que au XVII" siecle. Trop ... pour equivaut a une negation; celle-ci que; la restriction est donc niee, porte sur ne + infinitif detruite, et I'effet de sens obtenu est celui d'un au-dela : « mes vreux s'arreteront au dela de I'indifference, ailleurs », c'est-a dire qu'ils iront jusqu'a la haine. Damourette et Pichon se me prennent quand ils croient que, la, plus « contrarie I'unicep tion », c'est-a-dire, joue Ie meme role que pas dans Ie moder ne ne ... pas ... que: c'est la negation trop ... pour qui joue ce role et produit I'effet de non-restriction, d'au-dela. apres la completive d'un verbe nie : Malherbe, III, 406 Je ne crois point que ces tumultes aboutissent qu'o la paix. Sevigne, Autogr. VIII, 42 Je ne crois pas qu'il aille les Etats.
a Nantes
qu'apres
Ce type de phrase etalt pratique anterieurement. (1) Cite par J. Damourette et E. Pichon, Essai, § 2276, VI, p. 208. (2) Ibid., § 22.84, VI, p. 218.
-
apres relative a antecedent nie :
, Remarques, p. 555 Ce n'est pas un mot dont I'usage soit
e1as l"lt que parmi les gens de gue rre dans I'infanterie. VOUg
ft8cI
ue
On voit d'apres ces exemples que Ie mot que peut ame ne I'excepte en toute circonstance ayant un caractere quel r peu negatif. Le moindre mouvement a la negativite, tout que ce qui n'est pas pleinement thetique est susceptible d'etre corrig par que. \I y a 10 une extension considerable des possi e bilites d'exprimer l'excepte par nnversion de mouvement que signaIe ce terme. Des virtualites que comportait Ie tour ne ... que sont ainsi largement exploitees au XVlle siecle. Une autre extension d'emploi consiste en ce Que Ie terme
que peut etre suivi de quand ou de toute locution conjonctive
contenant que, ce qui etoit evite ouparavant. Cf. :
Pascal, Pro v ., 10" Icttre Mais que nos Peres Hurtado ot Vasquez ant
refute excellem ment toutes cos opinions 10, et etabli qu'on n'y etait oblige
que quo on ne pouvait etre absous par une autre voie, ou a I'article de
nd 10 mort. S6vigne, Autogr. VIII, 43 II ne faut point parler do changer d'officicrs
que quand vous aurez mon fils. Corneille, Illusion, 1640 ... Ce grand equipage Est bien a votre fils, mais non pour s'en parer Qu'olors que sur la scene iI se fait admirer. Id., Rodogune, 1291 e Nous avez-vOUS man des qu'ofin qu'un droit d'alness e Donnat 6 I'un de nouS Ie trane et 10 princess ? Id., Toison, 1456 Je sais qu'on n'entend point de telles propheties Qu'apres que par \'effet elles sont eclaircies. Sevigne Gr., X, 544 Dieu dest point oblige de nouS tirer de nvtre misere qu'autont qu'iI lui plait. Id., B. VIII, 31 A minuit on assemblera les deux maries pour les mener 10 paroisse, sans que les peres et meres s'y trouvent, qu'en cos
a
qu'ils soient alors 6 Versailles. La Bruyere, Des Femmes ... un esprit eblouissant qui impose, et que I'on n'estime que parce qu'il n'est pas approfondi.
Nous avons indique l'incapacite de que a introduire une proposition exceptive: il fout, ou bien I'appuye r sur autre, ou utiliser sinon que, si ce n'est que, etc. Pourtant, des tentatives sont faites pour rendre ne ... que opte a cette fonction: c'est
-173 172
ainsi que Malherbe risque ne... que ce que l dans une phrase plutot comparative qu'exceptive d/ailleurs; Ie n§sultat n/est pas tres heureux :
Id., Remarques, p. 346 \I y en a qui se disent aU partidpe passif, dO"t Ie verbe n'est point usite que parmi ceux qui n'ont aUcun soin de la pUrete du lang age. Id' ibid., p. 537 II n'est pas permis de dire pas, pour passage, que l
II, 38 Rien ne mit si bien F. aupres d'Auguste que ce qu'apres qUe L..J il cut pardonne a son pere L . .l il lui dit (1 l-
Ce type de phrase n/a pas eu de succes. Mais apres ne... l que il n est pas impossible de trouver une proposition excepti vel pourvu qu'elle soit en coordination avec un excepte nomi nal: La Bruyere, I, 155 II ne manque cependant a I'oisivete du sage qu'un meilleur nom, et que mediter, parler, lire et etre tranquille s'appelot travailler.
Nous en venons maintenant 0 I'un des traits les plus marquants de la syntaxe de ne... que au XVllc siecle: nous voulons dire I'extension considerable que prend ('usage de la negation pleine ne ... pas l ne ... point dans son premier element. Nous avons signale que Ie tour existait precedemment l mais de fac;on sporadique (4 exemples dans nos textes de prose du XVI" siecle) (2). Les exemples en sont tres nombreux au con traire, au XVllc siecle. Les lexiques des divers auteurs en four nissent en abondance. Citons : i
Malherbe, II, 31 II n'est point de grands bien faits, que ceux qui sont hors de revanche. Id., II, 419; III, 121; III, 406 (3l. Cyrano de Bergerac, Pedant joue, Ii, IV Et quay que I'on ne les ayt point veus en France que 16, que s~ait-on s'ils ne sont point venus de Constantinople jusques icy entre deux Eaux? Corneille: Arg. de Clitandre Pymante, tenant Dorine d'une main, Ie combat de I'autre, ne croyant pas de surete pour soi, apres avoir Me vU en eet equipage, que par so mort. Cf. Horace 1015; Polyeucte, 1167, etc. (4). Vaugelas, Quinte-Curce, X, 2 lis protestoient L.. J qu'ils ne parti. rolent point de 16 que pour retourner chez eux.
(1) Cite par A. Haase, op. cit., § 136 A, p. 369. (2) V. s., p. 146. (3) Exemples tires du Lexique de Ia langue de Malherbe, par Ad. Regnier fils, t. V des Oeuvres de Malherbe, ed. L. Lalanne. (4) Le LexiqUe de Ia langlte de Corneille, de Ch. Marty-Laveaux, cite, pp. 195-196, dix-huit exemples du tour et donne, p. 248, Ia refe rence de cinq autres.
pOUr exprimer quelque des trait de montagne. Pascal, Pensees, II, 123 Le des;r d'engendrer des enfans (] Dieu ,,'est point veritable que dans Ie mariage (1 l. Id., ibid., sect. VII, 552 Jesus Christ n'a point eu 6 se reposer sur 10 terre qu'aU sepulchre. 5es ennemis n'ont cesse de Ie travailler qu'au sepulchre. Cf. Moliere, Misanthrope, 1409; La Fontaine, Eunuque, 1727; Ma dame de 5evigne, Gr., IV, 230; V, 46; Gr., VI, 509; VIII, 267 ; etc. (2). Bossuet, Hist., II, 10 Nous n'avons point de roi que Cesar. Racine, VI, 109; IV, 424; V, 485; VI, 21 ; etc. (3). Regnard, Men., I, 2. lis ne repondent point que par monosyllabes.
Le tour est n§pandu chez tous les ecrivains du siecle. Dit-il exactement 10 meme chose que Ie simple ne... que? Du fait que I/element negatif est renforce par pas ou pointl \/exception survientl pour ainsi dire l in extremis; elle
pourrait etre supprimee sans que 10 phrase soit mutilee d'un element indispensable. On ne trouve pas les mots pas et point dans les phrases du type: Pascal, Prov., 3' lettre Ce n'cst que dans M. Arnauld que la Sor bonne I'a condamnee,
ni avec Ie verbe suppleant faire l nil en general l 10 ou ce qui suit que ne peut etre supprime sans que 10 phrase cesse d' etre intelligible: en un motl 10 ou if y a simple restriction. La negativation du premier element appara"lt poussee plus loin, et, consequemmentl Ie seuil qui debouche sur du positif parait plus etroit que dans I/emploi du simple ne... que. Cela n/impose nullement d/ailleurs qu/il faille toujours mar quer une pause entre les deux elementsl ni mettre une virgule dans r ecrit. Ces t.rois exemples, ,;,p. A. Haase, op. cit., § 102 B, pp. 256·257. (2) Dans Ie lexique d'E. Sommer, II, pp. 273-274, on compte 10 exemples de ne ... pas (poinO ... que. (3) Lexique de Ch. Marty-Laveaux, p. 425. (1)
175 174
II y a souvent des raisons particulieres qui justifient Iq presence de ces mots. II est frequent certain eloignement tance materielle de porte sur un verbe
que pas et point apparaissent quand un de ne et de que est impose par I'impor_ I'element negatif. Ainsi quand 10 negation regissant amenant une completive, type:
Malherbe, III, 406 Je ne crois paint que ces tumultes aboutissenl qu' 0 la paix.
Point est utile egalement dans I'expression du partitif, type: Bossuet, Hist., II, 10 Nous n'avons point roi que Ce sar. Au XVII" siecle, point est considere comme I'appui du par
titif en phrase negative: d. la remarque de Vaugelas, p. 409, contre ceux « qui disent il n'y a point moyen pour dire iI n'y a point de moyen ou i/ n'y a pas moyen ». Pas s'explique par Ie fait qu'il fait locution negative avec « aucun ») dans: I'article indefini Sevigne,
v,
46 II ne me dit pas une parole qu'en italien.
L'element negatif peut meme etre reduit regime, comme dans deux de nos exemples :
a
point et son
Sevigne, VIII, 267 Point de fievre qu'interieurc et imperceptible. Racine, IV, 424 (Port-Roya/) Point d'ambition que pour les emplois les plus viis.
Oudin (1), en addition au paragraphe dans !eque! Maupas ,nLunere les cas ou ne s'emploie seul, cite ce!ui ou iI est suivi de que, « adverbe qui signifie quam » ou « se rapporte a nisi », cornme dans / / ne voit que d' un rei/, ne luy dites que ce que vous vou/ez qu'on s<,:;ache. Vaug condamne ne ... pas (point) ... que de fac:;on plus
elas
Gah~gorique : p. 405 On ne les met jamais [pas et point1 aussi devant Ie que qui s'exprim par nisi en latin et par sinon que en fran<;ais. Exemples, je ne e feray que ce qu'il luy p/aira. £. ..1 je n'ay este qu'une fois Q Rome, je ne
joue qu'aveC des gens de bien, je ne mange qu'une fois Ie jour.
p. 407 Les raisons qu'an pourroit rendre de cela L.. l seraient ce me semble, que Ie que, qui signifie sinon que estant un mot de restriction, on
ne rlie pas absolument, et ainsi on ne se sert ny de I'un ny de I'autre de
c:es negati fs.
Vaugelas se prononce done contre un usage assez ferme ment etabli. II est generalement approuve par les autres gram mairiens. Menage (2) fait l'jnteressante remarque suivante : Obs. I, p. 367 Les dames ne sortent point du logi5, que pour al/er en visite. Cette expression, qui est de M. d'Ablancourt, tome 2, page 62, de son Marmol, n'est pas Fron<;oise. point, fait 10 un barbarisme. Pour parler regulierement, iI faut dire, les Dames ne sortent jamais du logis, que pour oller en visite. Que si on vouloit y mettre Ie point, iI faudroit dire, les Da mes ne sortent point du logis, si ce n'est pour al/er en visite. Et Q ce propos il est Q remarquer, que de ces deux restrictions, I'une rejeHe Ie point, el
Mais il est bien des phrases ou pas et point n'apportent qu'une nuance infime, et ou on Ie supprimerait aisement sans changer Ie sens. Ainsi dans:
I'autre Ie demande absolument.
Vaugelas, Quinte-Curce, X, 2 lis protestoient L.. l qu'ils ne parti roient point de 10 que pour retourner chez eux.
... Je ne diray pas un mot que devont mes jug es , if ne voulut pas dire un mot sur cette affaire que du consentement des Interessez. L .. l La raison est que pas un signifie aucun, je ne diray aucun mot que devant mes juges. 1/ ne vou/ut dire aucun mot sur cette affaire que du consente
Pascal, Pensees, II, 123 Le desir d'engendrer des enfans 0 Dieu n'est point veritable que dans Ie mariage. Racine, V, 485 (Trod.! Qu'une chose n'arrive point apres I'autre que par necessite. Regnard, Men., I, 2 lis ne repandent point que par monosyllabes.
La nuance est sensiblement 10 meme dans ces deux phra ses de Pascal Sect. VII, 552 Jesus Christ do paint eu 0 se reposer sur la terre qu'au sepulchre. Ses ennemis n'ont cesse de Ie travailler qu'au sepulchre.
II est inh.~ressant de savoir ce que les Grammairiens du XVllc siecle ont pense du tour' en question.
Thomas Corneille admet
pas
dans
!'expression
pas
un (3) :
ment des InMressez.
Les Grammairiens sont done en opposition avec I'usage des grands Classiques. Corneille, d' ordinaire si scrupuleux a (1) E. Winkler, op. cit., p. 253. F. Brunot, H.L.F. Ill, p. 617, signale la nouveaute de la ri':gle d'Oudin. (2) Ap. J. Streicher, Cornmentaires... , p. 705. Cf. aussi F. Brunot, H.L.F., IV, pp. 1034-1035. Mt;flage accepte pas et point quand que est suivi du subjonctif, type: je ne vous 'Uerro.y point que le Carewne ne soit passe, ce qui n'a rien Ii voir avec not.re 12e... q~.e. (3) Ap. J. Streicher, Commentaires ... , p. 706.
-177
176
tenir compte des avis des arbitres du beau langage, n'a jamQis corrige dans les editions de ses reuvres les ne... pas ... que et ne... point ... que qui y abondent. Ce n'est guere qu'a la fin du XVII" siecle que les tours en question sont abandonnes. Comment y a-t-il lieu d'interpreter I'usage du XVII" siecle et Ie sentiment des Grammairiens ? nous faut jeter un coup d'reil retrospectif sur I'histoire de ne... que pour apprecier les faits. En ancien fran~ais, ne... que represente, avons-nous dit, un mouvement a 10 negativite suivi d'un mouvement inverse au positif. Quand, en moyen fran~ais, la negation, de simple, est devenue composee, c'est-a-dire, quand Ie franc;ais s'est repre sente une negation en deux temps, - au mieux, en deux ten sions, - soit d'abord en immanence: ne
~I
ne
+1--+
puis en transcendance:
pas
I'usage de la negation transcendante ne s'est pas introduit dans Ie cas qui nous interesse, alors qu'iI s'impose peu a peu avant les autres inverseurs: fors, sinon, si ce n' est. Devont que, il a semble adequat de ne pousser 10 negativite qu'en de~a du seuil de la transcendance, puisqu' aussi bien elle etait destinee a etre detruite par I'inverseur que. II en est resulte une tendance a penser ne... que comme signifiant Ie red res sement d'une negativation a peine amorcee, autrement ditl comme un tour quasi positif; sur ce point, un menu fait nouS renseignait, I'anticipation de seulement (1). Au siecle classique, ou !'on reflechit sur les faits de lan gage, et au, ainsi, on perfectionne 10 langue en finesse, ne..• que est bien senti pour ce qu'il est des I'origine, Ie signe d'un double mouvement de a - et de - a (negation ex ception), mais en meme temps, on pen;oit so tendance a evo
+
(1) V. s., pp. 140-141.
vers un simple positif-restrictif, du fait que ne ne suffit du tout a negativer dans les cos ordinaires. Ainsi, c'est reog ir contre cette tendance qu'on introduit dans Ie preelement la negation transcendante, qui represente claire un mouvement a la negativation. D'ou les tours ne... ., que, ne... point ... que, par lesquels est retrouve un signe double mouvement que ne... que suffisait a signifier aux origines, au temps de la negation unique ne. On retablit un fquilibre compromis par la primaute de I'element positif. \I significatif que ce soient au debut des ecrivains scrupu leux, _ Malherbe, Corneille, - qui aient surtout utilise et ,epondu ces tours, qui ne sont nullement vulgaires. On tend oinsi a operer au XVII" siecle une distinction qui n'etait pas foite auparavant entre ne... que, signe de simple restriction (d. les cas OU ne ... point ... que est impossible (1), et ne... pas (point) ... que, signe de negativation exception. Cette ten donce, qui a ete assez forte, n'a pas triomphe. Elle s'est heur tee a I'opposition des Grammairiens qui semblent avoir rai sonne en logiciens, en considerant comme illogique de pousser loin une negativation destinee a etre annulee : tel est Ie sens des raisons de Vaugelas, - qui pourtant, no us rovons vu, a use du tour qu'il reprouve. II voit juste en disant qu'« on ne nie pas absolument » quand on use d'un mot de restriction» comme que « signifiant » sinon que. Ce qui ne veut pas dire que pas et point eux, nient « absolument », - opinion assez couramment repandue, a tort selon nous, cor ils sont signes d'un seuil franchi par un mouvement de pensee, et non d'un terme atteint, d'un mouvement acheve: tout est mouvement en langue, et rien ne signifie iamais terme de mouvement, poSition statique. Ainsi peut-on expliquer qu' apres une nega tivation poussee, transcendante, signalee par ne... pas (point), un redressement vers Ie positif, signale par que, soit encore Possible: ce qui ne saurait etre si I'on tenait pas ou point pour une negation obsolue.
est
+
Vaugelas possede un sentiment fin de la longue quand il pense que ne suffit en I'occurrence; it devance son temps en prevoyant plus ou moins obscurement I'evolution de ne... que (1)
V. s., p. 173. 12
-179 -
-178
vers Ie positif, c~ntre quoi reagit I'invention de ne... pas (point) ... que. L'avenir lui donnera raison. L'apparition de 10 tournure ne... rien que com me substi. tut de ne... que nous parait aller dans Ie meme sens de reno forcement. A 10 difference du cas precedent, ou c'est 10 partie negative qui est corsee, ici, c'est I'inverseur, et Ie procede mis en application nous est bien connu d'apres I'ancien fronc;ais: il consiste a transporter un element de 10 partie negative dans 10 partie positive, de fm;on a creer un inverseur schematisant I'inversion; V (1). De ne... rien .. ./ que, on passe a ne.. ./ den que. Prenant appui sur du negatif, que marque plus nettement 10 survenue du positif. II semble que Ie tour soit d'abord fami Iier. Corneille, qui avait ecrit en 1633 ; Melite, II, VII, 641 Tu n'es rien qu'un conteur
corrige en 1660 : Va, tu n'es qu'un conteur. La Fontaine et Moliere usent souvent de ce tour. La Font., Fables, IV, 7, 41 " s'oper<;oit qu'il n'o tire Du fond des coux den qu'une betc.
(si rien etait senti comme objet de a tire, il serait sans doute intercale entre auxiliaire et participe) : Cf. Id., Eun., I, 1, 93 ; Songe de Vaux, II, (VIII, p. 254); etc. Moliere, Etourdi, I, 2 1\ se met en courroux! Tout ce que j'en 01 dit N'etoit rien que pour rire et vous sonder I'esprit. Cf. Ecole des Femmes, IV, 4, J 128; Amphitryon, II, J, 72 J ; Mol. imag., II, 9; etc.
Dans 10 plupart de ces phrases, rien ne represente au cune substance; son role est uniquement d'appuyer que. Le tour n'est pas blame des puristes. 5i Vaugelas critique rien que ce que, d. : Nouvelles Remarques (ed. A. Chassang) ; II, 386 Rien ne se doit jomais mettre devont que ce que. Par exem pie: vous ne faites rien que ce que vous devez n'est pos bon. II fout dire:
vous ne faites que ce que vous devez,
ce sont des raisons d'elegance, plus que de correction qui I'ani
ment; son exemple prouve d'ailleurs qu'il ne s'en prend pas a 10 locution ne... / rien que dont nous porions. (1)
v.
s., Pl'. 25, 29, 42, 50,
~.
2, etc.
Un troisieme fait indique que Ie tour ne... que continue a ttr pense comme signifiant deux mouvements successifs de e
tens oppose. ne... que figure en interrogation vraie (et non du Quo nd type precedem ment defini, sans ne) 10 reponse est non si elle confirme ce que 10 question sugg ere : I
Corneille, Suite du Menteur, 1 J 06 Vous n'ovez seulement qu'a dire une parole. Qu'une ? _ Non. Cette nuit i'ai promis de 10 voir Moliere,
(1).
Bourg. Gent., II, 5. 11 n' y a que 10 prose au les vcrs? _ Non, Monsieur' tout ce qui n'est point prose est
vers, et tout ce qui n' est point vcrs est prose, Tallement des Reaux, Historiettes, Scudery, t. IX, p. 136 Mois ne veut-il que trois stances? dit Scudery. . . Non, den que trois (2).
('est de me me un non qui sert
a appuyer
nc ... que;
La Fontaine, Contes (V, 365, v. 83) y crayait la semence attachee, Et que I'cpi, non plus que Ie tuyau, N'ctait qu'une herbe inutile et sechee. Regnard, Ie Joueur, II, 1 S'iI venait a I'instant, Avec cet air tlatteur, soumis, insinuant Que vous lui connaissez:; que, d'un ton II vous dlt a vas pieds: « Non, charmante Angelique, Je ne veux opposer a tout votre courroux Qu'un seul mot: je vous aime et je n'oime que vous.....
II semble qu'il en ait toujours ete ainsi en franc;ais. Voici quelques exemples anterieurs au XVllc siecle : Cent nouvelles nouvelles, 4" nouv. Uauaust, I, p. 68) Et quant il s'est trouve leans, il demande a sa dome s'en sa chambre y avoit ome qu'elle. A quay clle respondit assez: legieremcnt et estrangement, ct com me non trop asseuree, que non
a
dire " qu'il n'y ovoit 6me qu'ellc ,,),
(1) Cite par F. Brunot, H.L.F'. IV, p. 103l. (2) Cite par J. Damourette et E. Pichon, Essai, § 2132, VI, p. 36. « 11 semble que de nos jaurs pareille fonction ressortirait plutot a oui, l'interrogation ne veut-il qt~e trois stances ne faisant pas a un Fran<;ais d'aujourd'hui l'effet d'une interrogation negative ». Nous dirons plu tot; Ie tour ne... qW:l ne faisant pas a un Fran<;ais d'aujourd'hui l'effet d'un tour negatif.
181
-180 Ibid., 44' nouvelle (V, p. 28) Ha dca, dit Ie cure, je vous entend, bien, il ne vous fault que de "argent. Par ma fay, non, dit il. 5e j'e.,. eusse comme autrefois ray CU, je lui querroye tantost femme. Larivey, Esprits, 1,5 (p. 216) (<<
Ne t'a-t-elle dit que cela ? -
Non.
Elle ne m'a dit que cela »).
Amyot, Cfu'ues morc/es et meslees de Plutarque; du trop parler t. I fa. 233 Va (ap. Hatzfeld et Darmestcter, Ie seizieme siecle en France: p. 153) Comment 1...J ne faitcs-yoUS que d'arriver de vostre maison? Non, respondit-il. - Vous n'avez doncques rien ouy de nouveau? (1)
je
Une phrase a ne ... que est liee a la suivante, par non fais dans:
Quinze Joyes, p. 72 Par Dieu, man amy, voire mcs; mes je ne sem. ble que a une chamberiere empres elle; non fais je empres de ma sceur, et si sui-je oisnee d'elle, qui est laide chouse.
Comme il est d'usage apres les questions negatives, la reponse est si quand elle contredit la question. Cf. : Froissart (ed. Kervyn de Lettenhove, XVI, 53) Or me pourroit 01'1 demonder ains; se I'isle de Chifoloigne n'est habitee que de femmes. Si est, 'l1ais les femmes en sont ainsi comme les souveraines (2).
(5i est signifie qu/il y a aussi des hommes. Nous dirions au contraire : mois non!) I n'y a pas de difference entre ne... que et ne ... outre... que, du point de vue qui nous interesse iei, jusqu'au XVII" sie cle (et, comme nous verrons, au dela). La reponse non inter vient de fa.:;on tout a fait semblable au cas pnkedent dans les textes suivants : Marguerite de Navarre, Heptam., 4' nouv. (p. 31) Vous m'asseurez qu'il n'a eu aultre chose de vous que les esgratinures et coups de poing? Je vous asseure, dist la dame, que non. Racan, Bergeries, I' joumee, 1, 2 (Bib!. eizev p. 31) Man fils, vostre rival, n'en ayme-t-il point d'aultre Que celie au son amour a traverse Ie yostre? Nenny (3l.
Ces dernieres reponses nous semblent normales, alors que les precedentes semblent etranges. Cela signifie que ne... (1) Cite par H. Sten, Naegtelserne i Fransk, p. 195. (2) Cite par H. St.en, op. cit., p. 195. (3) Cite par Ch. L. Livet, Lexique de la langue de MOliere, III, p.
146.
encore au XVI i e siecle, est senti comme equivalent de Qutre ... que, tandis qu'oujourd'hui il est pense tout diffe . Malg les apparences, ne ... que ne represente pas re du tout la meme chose, a I/age classique et de noS jours. L'extensio du mot que a 10 suggestion de I'excepte opres n proposition interrogative, hypothetique ou de simple tonalite negative et la reponse non reprenant ne ... que interrogatif constituent deux traits syntaxiques qui temoignent d'un l1"Ieme fait: du role d'inverseur de mouvement devolu au mot . que a I'epoque classique, c'est-a-dire de la persistance de I'etat de choses ancien. La tentative de renforcement de I/ele _l1"Ie negatif par pas au point qui vise a maintenir cet etat faitntentrevoir cependant qu'il est menace. C'est ou XVIII" sie
,Ie que se fera revolution decisive.
Chapitre V
Le Fran<;!ais Moderne II. -
DU XVIII" SIECLE A NOS JOURS
1. Avant d'examiner 10 suite de I'evolution de ne ... que, il convient de dire quelques mots des expressions qui sont ex ceptives par semantisme propre. II y a peu de changement a leur sujet depuis Ie XVII" siecle. Excepte est sans doute Ie terme Ie plus courant, et iI n'y a den a en dire. Son invariabilite, quand il precede, est definitivement acquise. L'accord se fait quand il suit Ie subs tantif qu'il determine, mais cette construction est moins usuel Ie que I'autre. Excepte est devenu une preposition. Hors et hormis ne s'emploient plus guere. lis sont plus ou moins sentis comme litteraires. Sauf, rare au XVIII" siecle comme au XV,,", est signale par Ie Dictionnaire des Synonymes de 8. Lafaye comme em ploye principalement en style de pratique. II semble qu'iI pro gresse de fac;on appreciable en franc;ais contemporain et qu'il concurrence excepte. II lui est prefere, semble-t·il, quand Ie mis o part est precise numeriquement : On Jes a tous ecartes, sauf deux (1).
Sinon s'emploie assez facilement apres proposition nega tive ou interrogative, pour introduire I'excepte nominal. Quand il suit une proposition negative, celle-ci com porte normalement une negation pleine. Cf. ; Marivaux, Fausses conf., III, III Mais ClOt animol·le ne merite pas que je lui parie, sinon pOur I'injurier.
On a Ie cas particulier de I'expression je ne sais dans: Diderot, Jacques, p. 93 ;" ne sais ce que c'est que des principes. sinon des regles qu'on prescrit aux autres pour soi. (1)
Exemple tire de F. Brunot, la Pensee e.t la 7angue, p. 128.
-185
184
A. .. pres traduit encore I'exception par un effet de sens possible 6 partir de son sens fondamental d'approximation. Cf. : Lesage, Diable boiteux, 12 115 etaient un peu ivrognes, fort honnetes gens.
a
cela pres,
Voltaire, L'homme aux quarante ecus Le cafe, Ie the, Ie chocolot, 10 cochenille, "indigo, Ics epicerics nous coutent plus de: s0ixante millions par an. Tout ccla etait inconnu du temps de Henri IV, aux epicenes pres, dont la consommation etait bien moins grande.
La locution prepositive a la reservation de n'a pas Sur vecu 6 la condamnation de Vaugelas. Nous usons encore de a i'exception de et de a 10 reserve de, ce dernier etant un peu plus recherche. Les locutions conjonctives hors que et hormis que sont completement sorties de I'usage. Excepte que, sauf que sont usuels, avec I'indicatif, pour amener une proposition soustraite 6 une assertion. Maupassant, Une vie, p. 13 Les deux autres panneaux ressemblaient beaucoup au premier, sauf qu'on voyait sortir des maisons quatre petits bonshommes ...
lis peuvent aussi introduire des completives exceptives, et etre ainsi suivis de I'indicatif ou du subjonctif, selon la qua lite de I'idee regardante exprimee par Ie verbe principal. 1/ ne dit rien, cxcepte qu'il n'a rlen vu. II ne veut rien, sauf qu'on Ie laisse tranquil/e. Sinon que peut se rencontrer encore dans cet emploi : Th. Gautier, Cap. Fracasse, IV II n'ottendait pas pour lui donner son emur autre chose, sinon qu'ellc Ie lui demand6t (1).
Si ce n' est que peut se trouver dans les memes circons tances. Mais sinon que, si ce n'est que, excepte que et sauf que ne se font plus suivre du subjonctif resultant d'une pesee hypothetique et produisant I'effet de sens qui est traduit main tenant par « 6 moins que . En revanche, excepte si et sauf sit suivis de I'indicatif, sont possibles aujourd'hui pour rendre la meme idee. A I'opposition ancienne: excepte que indi catif= exception thetique / excepte que subjonctif = ex ception hypothetique, a succede une opposition: excepte que (1) Cite par G. et R. Le Bidois, SyntaJ:e du, franr;:ais moderne, 1652, t. II, p. 569. .
+- indicatif I
+
except€: si indicatif. Le fait s'inscrit dans une evolution generale qui fait reculer la subordination critique, en franct moderne, et tend a substituer les moyens lexicaux ais d'expression aux mecanismes grammaticaux de Suggestion. Signalons, au XVIII" siikle, une tentative faite pour in proposition: troduire dans 10 langue a I'exception que Marivoux, Paysan, IV A I'egord de votre style, ie ne Ie trouve ees
(1).
paint rnouvais, 0 I' exception qu'll y a quelqucfois des phrases allong
L'expression est inconnue des lexiques, et Littre ne 10
mentionne pas.
L'innovation la piuS importante dans Ie domaine des lo cutions de semantisme exceptif est sans doute, depuis Ie XVI I"
siecie, I'introduction des locutions a part et a part que.
Au XVII< siEkle, on avait d'un cote la locution adverbiale
a port: separement» / et 10 locution verbale mettre a part,
signifiant « cacher, serrer/ mettre a couvert» (2) ; de rautre/
nt la locution Q part soi (dire, penser 0 part soi) signifia « en soi-meme » (tour juge « un peu antique et vulgaire » par Oudin (3), « fort bon », au contraire, par Vaugelas (4). II avait 16 rien d'exceptif. Toutefois, Ie Dictionnaire de /'Acade mie donne en 1694 rindication : « On dit Raillerie a part pour dire serieusement, sans raillerie ». Au XVIII" siecle, Ie Diction noire de Tn§voux (5), reprenant Ie meme exemple/ Ie com mente: « semoto joco, remoto » et ajoute: « On dit aussi, C'est un fait a part, pour dire, Cela est exceptc ou C' est autre chose». On voit par 16 que a part a evolue vers Ie sens et I'em pia; exceptifs. On Ie trouve avec Ie participe mis : Beournarchais, Mar" V, 19 Mo femme ct mon bien mis 0 part, tau:; me feront honneur ef p\aisir.
Au XIX" siecie,
a part
devient locution prepositive, Littre
donne dans son Dictionnaire : A part, lac, prep" Excepte (0 part en co sons sc met en tete de phrose), A part so vivacite, on no pout qu'etre sotisfait de son caracterc,
Cite par F. Brunot, H.L,F" VI, 2" partir. p. 15:\1. Cf. Ie DictionlWil'c d" Riehclct. Ill. p. ·1S. (3) E. Winkler, op. cit., p. 219. (4) No!t1'. RClIwrq'aes. Chl:\ss~Lng. II, p. 410. "t p((I'r soi, atteste des Ie XV, sH~cle, est considere comme line alteration de par soi, (1)
(2)
(5) T. IV, p. 567.
-187
186
L'evolution rappelle celie de hors et de hormis. Aujourd'hui, a part est courant. « A part <;0, tout va tres bien », fut naguere une rengaine. A part <;0 est meme devenu en fran<;:ais familier une formule de transition. A part que sert aujourd'hui d'introducteur de proposition exceptive. 2. C'est surtout I'evolution du tour ne... que depuis la fin du XVllc siecle qui merite de retenir notre attention. Le pro bleme peut se resumer sommairement de la fa<;:on suivante: a la fin du XVlle siecle, ne... pas ... que signifie, en gros 10 meme chose que ne... que; a la fin du XVIII" siecle, Ie meme groupement de termes signifie exactement Ie contraire; COm ment s'expliquer cette revolution? a) Nous passerons d'abord en revue un certain nombre de faits qui nous montrent la persistance de I'etat de langue que no us avons tente de definir dans Ie chapitre precedent. On rencontre encore quelquefois une proposition interro excepte nominal, constituant un equi gative suivie de que valent stylistique du tour ne... que: Voltaire, Echange, I, IV Cela peut servir. plait, qu'a me rcndre encore plus malheureux? (1) Beaumarchais, Eugenie, IV, VliEt si vous main, (] qui aurais-je fait tort qu'a moi?
Et a quai, s'il vous daignez
accepter ma
ses inego lites ?
Que n/est en aucune fa<.:;on reductible
a seulement.
On peut encore trouver, apres une question, des exem pies de non correspondant 0 une phrase 0 ne... que: Morivaux, la Mere confidente, II, VIII _ Ne vous pressez point; quand on a des commissions,
II fout y mettre tout Ie temps mkessaire. N'avcz-vous que celle-Ia?
_
Non, c'est I'unique.
Id., Double inconstance, II, VII N'avez-vouS ricn dit que cela? _ Non; j'ai ajoute seulement que vous donniez la comedie a ceux qui vous parlaient.
Collin d'Harieville, Chateaux en Espogne, II, IX
_ Ne demandez-vous que moi?
-
Non.
La syntaxe est la mcme dans: Id., ibid., 11, VII _ Comment! etre exile, cc n'est point vous faire d'outre mal que de vous envoyer manger votre bien chez vous? _
Vraiment non; voila cc que c'est.
Qu'on ait simplement ne... que, la forme plus marquee negativement ne ... rien ... que ou I'expression a negativite for tement traduite ne ... point d'autre ... que c'est toujours non qui est utilise pour reprendre 10 phrase sous forme non-inter l
Rcstif de la Bretonne, Sora, p. 116 Qu'etait-ce, en dfet, qu'une appareilfeuse inf6me, qui vendait sa fille?
On peut meme citer, au debut du XIX' siecle : Chateaubriand, Genie du Christ, I, 1, 2 que different? (2)
Id., Joueur, II, IV Et qu'est-ce qui la rend si charmante, si ce n/est
ai- ie dit que d'in
rogative. De meme, non sert
a annoncer
une phrase du type ne."
que: S. Mercier, Jenneval, IV, V Non, ce n'est qu'a tes gcnoux que je
Mais cette construction est rare, alors que les exemples en abondent au XVllc siecle. Nous ne I'avons pas trouvee, par exemple, dans Ie theatre de Marivaux.
rencontrc encore quelque ombre de bonheur. que Restif, Sara, p. 56 Non, non, je n'ai desire Ie bonheur supreme
Que joue ici, comme apres negation, Ie role d'inverseur de mouvement. II est reductible, pour 10 fonction, a sinon ou si ce n'est, qui semblent bien plus courants dans cet emploi :
b) Mais, malgre ces temoignages du sentiment de la ne gotivite fonciere du tour, etl consequem ment , de I'operation de redressement de negativite, d'inversion de signe algebrique realisee par que, nous trouvons au XVIW siecle des indices d'une conception toute differente du tour ne... que.
Diderot, Neveu de Rameou, p. 95. Et qu'est-ce qu'une bonne educa tion, sinon celie qui conduit a !outes sortes de jouissances sans npril et sans inconvenient? (1) Cite par E. Lerch, HiM. fl'. Syntax, I, p. 115. (2) Cite par E. Lerch, ibid., I; p. 115.
pour t'aimer davantage; que pour etre plus a tal.
D'abord, si que est encore - bien rorement - inverseur opres proposition interrogative (0 valeur de negative), iI ne I'est plus jamais apres si hypothetique .ni avec adjectif ou l
189 -188
verbe de scmantisme negatif, ni dans aucun des autres cas que nous avons pu distinguer au XVII" siecle (1). Ensuite, on peut trouver, apres une phrase a ne... que, des exemples de la reponse non signifiant tout autre chose que ce aui a ete defini plus haut. Ainsi : Marivaux, Double inconstonce, I, II n'y a qu' a reduire ce dr6Ie-la, s'il ne veut pas. Non; 10 loi qui veut que j'epouse une de mcs suo jettes me defend d'user de violence c~ntre qui que ce soit. Id., Ie Legs, VI Je n'ai qu'a donner cette lettre a un laquais. Non, Lisette: c'est une lettre de consequence.
On trouve, au XVIII" siecle, Ie mot oui utilise pour appuyer la phrase a ne... que. Cf. : Diderot, Neveu de Romeau, p. 7. VOU5
ne
Lui. Qui, (lUX cchecs, (lUX domes, en poesie, en eloquence, en musique, et autres fadaises comme ccla. rd., ibid., p. 12. II n'y a que vous autres qui vous entendez. Qui, Monsieur Ie philosophe.
Qui signifie que la phrase qui Ie precede est comprise comme une enonciation de signe positif. Si I'on trouve encore des phrases du type suivant, ou la partie negative comportc des expressions qui n'ont cours qu'en phrase negotive : Marivaux, Double inconstonce, I, III Tu n'cs, non plus que moi, que 10 fille d'un domestique du prince,
on en rencontre aussi qui comportent dans Ie premier element des mots reputes positifs : Vauvenargues, Caroct. I, 214 tant il est manifeste [.. .1 que nous ne cherchons taus ensemble que 10 verite et la nature,
ce qui est juge « expression impropre » par Suard, run des annotateurs du moraliste, qui voudrait: « ni les uns ni les au (1) V. s., pp. 168-171.
."ern e rnot tous dans:
Marivaux, Double inconstonce, II, Vii, Et nous ne pouvo taUS quia condition que YOU> demandiez notre groce.
ra
ns
repo
ltre
Desormais figure au lieu de plus dans :
Restif, Mes inscriptions, p. 100 Car desormois, je ne feroi mon his toire que par Ie journal de ma vie.
De meme, on peut trouver dans Ie premier element de la
phrase Ie partitif avec article (du de 10) au lieu du simple
I
Bien loin d'allcr dans Ie meme sens que la phrase a ne... que, comme dans les excmples analyses plus haut, Ie non, iei sert a en refuser I'idee. II en est 10 negation. Cela implique que 10 phrase a ne... que est sentie comme positive.
Moi. Vous etes difficile; ct jc vois Clue faitcs grace qu'aux hommes sublimes.
tre » (1). Si Ie scrupule de Suard est excessif, il n'en faut pas S ."oin retenir I'indication qu'il donne: Suard tient pour la va
s
leur negative ancienne cI'un tour qui vire au positif. On a Ie
de (2) :
Diderot, Jocques, p. 79, ClOst qu'il n'y a du donger que pour ceux
qui parlent. situation que celie d'un mol
Id., Ie Joueur, IV, VIII Q Jorvis, de 10 mort au n'en re.;oit que du heureux qui n'attend du soulagemcnt que diilire.
II y a plus. C'est au XVIII" siecle qu'on trouve en tete de phrase que OU rien que introduisant un nominal sans que rien de ce qui precede ait quoi que ce soit de negatif ou de semi negatif. L/61<§ment ncgatif de 10 phrase est reduit a zero. Sedoine, Phi!., II, X Vanderk fils _ N'ai-je pos ma n"nc\ulc) ct tu me 10 rendros? Victorine V. f. Vict. V. f. Vict. V. f. Viet.
Sans doute. Qu'o moL
A qui donc?
Qu'o moL
Eh! mai, sans doute.
Bonsoir, Victorine. Adieu. Bonsoir. Qu'o moi .. , QUia moL Qu'a moi! Qu'o moi! Que veut-i1 dire?
Falbaire, Ie Fobricant de Londres, II, XI Un scheling, Monsieur Dovid, rien qu'un scheling. Diderot Est-il bon, est-il mechont? II, 1 Voila ce que je me \aisse ,
Jrdonner , den que cela.
(1) Cite par F. Brunot, H.L.F., VI, 2' partie, p. 1855. Vauvenargues est cite d'apres I'ed. des Oeuvres compLCtes [ .. J ItCcon,·nn"nees des no tes de Voltaire, MoreZlet, Farha, SuaI'd, Paris, 1825, 2 (2) Cependant Ie fait est atteste anterieurement : cf. Mol., Dand'in, III, III. .. et n'aurait de l'attachement que pour. vous.
-191 -190 Beaumarchais, la Mere coupable, V, III Mon Dieu, Moman, qu'avez-vous done? Rien que d'agreable a t' apprendre, et ton parrain va t'en ins. truire.
Dans 10 premiere moitie du siecie, Marivaux parait met tre I'expression rien que dans la bouche des seuls valets et !;oubrettes. Cf. : Jeu de I'amour et du hasord, I, VII Silvia Non, Bourguignon; laissons 10 I'amour et soyons bons amis. Dorante R;en que ccla? Ton petit traite n'est compose que de deux clauses impossibles. De meme, Legs, VI; Fousses coni., III, IV; etc. Cf. aussi: Mere confidente, III, Lubin Je vous entends, rien que queuqu'un sans nommer per· sonne.
II r(est pas douteux que Ie tour soit familier. Le dernier exemple de Marivaux est instructif: il montre que rien que s'employait meme quand il s'agissait de personnes: c'est de venu une locution figee, un outil restrictif (1). L'expression que trop commence aussi a s'employer abso lument, sans qu'un element negatif precede: Marivaux, Fausses confidences, II, XI Je ne vois pas Ie suiet de me dCfain:: d'un homme qui m'est donne de bonne main, qui est un homme de quelque chose, qui me sert bien, et que trap bien peut-etre. Beaumarchais, Mariage, III, XVI
Elle a raison I
Que trop raison!
Des Ie XVII" siecie, il est vrai, il n'est pas impossible de trouver ainsi que trop en phrase pleinement positive: Vaugelas, Quinte-Curce, VIII, 7 II n'est pOint besoin d'autres tour ments; notre infortune leur est un supplice que trop rigoureux.
Que trop n'est pas necessairement tire de ne... que trop par amputation de I'element negatif. On trouve en ancien fran~ais si... que trop a cote de ne... que trop (2). Que peut (1) Cf. de nombreux ex. du fran;:;ais moc1erne chez J. Damouret.lc et E. Pichon, Ess(ti, § 2279, VI, p. 213. (2) Cf. Robert de Clad, XLVI, 15 et assaJirent si durement q'Ue tmp. Ibid., XXI, 15 ... et qu'il fu orguellex que trop de la balliie qu'il avoit.
senti, aU XVIII- sieele, comme correspondant plus ou i ,..,in aU sens de « camblen ». Mals Ii peut auss eire campd, S celui qu'on a dans Ie « qu'a moi » de 5edaine.
"'c;ornrrt e
TouS les faits que nous venons d'alh~guer p\aident en fa "e de \'interpretation positive du tour ne... que. Ce carac ur n'o fait que s'affirmer par la suite: c'est bien com me tere d'u expression positive que nous usons aujourd'hui de ne... que.ne La ,epon>< Non faite a M. Jou,dain demandant: /I n'y a que 10 prose ou les vers? nous paraH insolite; nous repon drions oui, com me dans:
Noe, Teddy and Partner, I, 14 Votre numero complet, vous n'etes
arrive a Ie realiser que peu
a
peu ? -
Qui {ll.
C'est oui qui reprend une phrase
a ne...
que dans:
Courteline, Un client serieux, 1\1 (p. 32)
L'avOCo t . _ Renvoyons opres vacations.
Le substitut. II n'y a que cela a faire.
Le president. Mon Dieu, oui.
et qui annonce Ie mcme type de phrase dans:
Courtelinc, Pantheon-Courccllcs (p. 281l Qui, iI n'y a qu'un Dieu
Qui regne dans les deuX.
En lisant dans une dissertation d' etudiant : (Propedeutiquc, Alger,
1952) L'influence de Balzac ne s'est fail
sentir elle ouss; que plusieurs anneeS apres sa mort,
nous ne sommes pas tente de corriger auss; en non plus. L'affirmation de J. Damourette et E. Pichon, disant que « I'uniception part toujours d'une atmosphere forc\usive » (2), c'est-a-dire d'une negativation poussee, noUS paralt bien con testable. 5i cela fut vrai a date ancienne, il n'en est plus ainsi depuis Ie XVIII" siec\e. Notamment, la genese du moderne ne ... pas ... que ne peut s'expliquer qu'a partir de ce que ces e auteurs appelleraient une atmosphere {( discordanciell ». c) C'est en effet 10 question du tour moderne ne ... pas ... que, negation de ne... que, qui constitue Ie probleme Ie plus marquant de 10 periode qui nous occupe. Le XVllle siecie a vu passer Ie syntag me ne ... pas... que, de la valeur de ne... que, Cite par H. Sten, Naegtels erne ... , p. 195. (2) Essai de Grammaire, § 2276, t. VI, p. 207.
(1)
-192
dont
193
seulement, q
il note: « Ce point est un solecisme: il faut : et ne I'auront vue obeir qu'a » : Cf. Pol., IV, III; Pamp&!, I, I; Rod., IV, I; Nic., IV, II, 76, etc. i point « n'est pas fran\;ais » dans ees phrases.
passionncs. II convient
d'un point de vue strictement linguistique,
foudres d'un purisme etroit.
Ne ... pas ... que, et plus souvent ne ... point ... que, d,usage courant au XVII" siecie chez les meilleurs ecrivains, en depit des condamnations des grammairiens (1), ont un emploi res treint aux phrases ou ce qui suit que est nettement excepte de ce qui est cnonce negativement dans Ie debut de la phrase. lis ne s'emploient pas 10 OLI ce qui suit que constitue I'essen tiel de I'enonce. II est curieux de noter qu'un des derniers exemples de ne... point... que, a savoir : Lesage, Turearet, V, XIII Je n'ai point pour objet que la reunion de vas cccurs (2)
ne repond pas 0 ce pnnclpe, puisque l'inverseur que est suivi de I'objet du verbe, indispensable 0 I'intellection de la se. On a 10 I'expression d'une restriction et non celie d'une exception 0 une assertion negative.
De fait, pendant soixante ou soixante-dix ans au il est 0 peu impossible de trouver des exemples de ne ... point (pas) ... que. On ne Ie rencontre plus, no!amment, 10 au une expression partitive est requise, comme dans : Marivaux, Legs, III ... et n'ai de rcmede que votre cccur. Diderot, Lettre sur los aveugli2s Notre aveugle n'a de eonnaissance des objets que par Ie toucher.
Cependant I'usage de ne ... pas reste possible dans cer tains cas. Ainsi dans une proposition regissante, quand I'ex ception appartient 0 la completive. Cf. : Voltaire, Candide, ch, XIV Un sergent leur dit qu'il faut attendre, que Ie commandont ne peut leur parler, que Ie reverend pere provincial ne permet pas qu'aueun Espagnol ouvre la bouchc qu'en so presence et de meure plus de trois heures dans Ic pays (1).
un
dans
Ie Vade, Lettrcs de la Grenouiflere (ed. G. Lccoq, Paris, 1879), p, 112 Via done huit jours qu'ie n'vous voiroi pas qu' dans ma pensee.
Le tour se fait tres rare au XVIII" siecie. F. Brunot cite d'apres Godefroy (3) :
Au XIX" siecie, il est signale par A Tobler (2) chez E. Zola:
Girard, Vrais prineipes, 8' disc. La regie ne varie point que dans l'jd8e de coux...
Lettres de jeuncssc, 12 Je me suis done contente de dire les faits tels qu'ils sc sont passes [. .. J, n'alterant pas la verite que pour les cvene ments tout a fait insignifiants.
Bachaumont, Memoires, 1>'1' oct, 1763 Garrick L .. l (J fait connois sanCi2 avec nos aetours, sur lesquels iI me s'8xplique point que vaguement.
Au XX", H. Sten (3) 1'0 releve chez Henri Barbusse:
On sait que Voltaire a condamne les passages de Cor neille ou figure ce ne ... point... que Horace, III, VI
Et ne I'auront point vue obcir qu'a son prince, tIl V.
~..
Le feu, I, 45 La pluie n'a pas decesse que c'matin.
exemples oraux assez nombreux en sont cites par I'Essai de Grammaire (4) : Mme A. 8 sept. 1925, Jusqu'a trente-neuf ans, je ne me souviens pas d'avoir eu que du bonheur.
pp. 172-178.
(2) Texie de l'edition originale d(' 1709 et de l'edition de 1735. Les editions posterieures supprimcni }Joint. (3) IlL.F'. IV, 2- partie. p. 1859, n. 2. citant F. LrxiquC de /0 l((JI[Jlw de COl'llcille et lie /(1 lllnglle da
sif'c1e en
Paris, 1862. (2 vol.), II. p. 218. (4l Commelltaire sur Corneille, Oe/lvres comp-letes, t. 31, Garnier, 1880, pp. 301, 402, 428, 585, etc.
(1) Cite par J. Damouretie 0t E. Pichon, ES8ai. § 2276. VI, p. 207. (2) Art. cit., p. 109. Repris par E. Lerch, llist. /1'. Synt., pp. UG 117. (3) Op. cit., p. 202. (4) T. VI, § 2276, pp. 207-208, § 2277, p. 212. t:l
195
.- 194
qu' a
Mme H. U., 8 mai ) 930, En ce moment je ne peux pas recevoir dejeUner.
Une femme a Courseulles, )., aout ) 930, C'est une toute petite rue, on n'y passa pas, qu'a pied.
Nous avons entendu, pour notre part: Mme O. M., 12 janv. 1956, A quinze ans, je ne supportais pas Ie. oeufs, que durs.
et releve dans 10 relation d'un fait divers: Echo d'Alger, 28 fey. 1956, Nous r,ous sommes perdus de vue pen dant longtemps et je ne I'ai pas revu a nouveau qu'd y a une dizaine de jours.
On voit que dons 10 plupart de ces phrases, I'exception vient in extremis apres une negation categorique, com me une sorte de repentir ou de scrupule d'exactitude du locuteur, qui ajoute une rollonge. II existe souvent dons Ie langage oral ce que J. Damourette et E. Pichon appellent une « pausette », que I'on traduit par une virgule dans I'ecrit. Remarquons ce pendant qu'il n'y a rien de tel dons I'exemple oral de Mme A, 8 sept. 1925, qui est donc a rapprocher de 10 replique de Turcaret citee plus haut. Quai qu'il en soit, Ie tour est encore vivant. La virgule dons I'ecrit, la « pausette » ou I'intonation dons Ie parle permettent aisement de Ie distinguer de I'autre emploi de ne... pas ... que (n. L'usage des mots negatifs autres que pas et point, c'est a-dire jamais, aucun, personne, rien, etc., reste tout a fait com patible avec ne... que; Morivaux, Jeu de I'amour, II, VII et dans Ie peu qu'il m'a dit, il ne m'a jamais rien dit que de tres sage. Voltaire, Comm. Corn., t. 3), p. 428 Jamais on ne I'emploie que dans Ie sens absolu. B. Constant, Adolphe, ch. VII Personne que moi, je Ie repete, ne peut juger Ellenore. Marivaux, Fausses confidences, I, II Mais je n'attends den de notre entretien, que la honte d'etre renvoye demain. Collin d'Harieville, Le vieux cc/ibotoire, V, IV Helas! Je ne veux rien, rien que votre bonheur.
(1) Cf. J. Damourette, note sur un article de Lancelot (Abel Her mant) , (Ie Temps, 24 mars 1938), lef ran,ais moderne, VI (1938), pp. 285-287.
Dons cette derniere phrase on voit rien figurer dons cha
,un des deux elements du tour (1). Que signifie cette syntaxe?
II est clair que depuis Ie XVIII" siecle jusqu'a nos jours,
on a, d'une port: Ne... que, senti comme etant semantiquement un, de tonalite positive, et equivalent en gros a ce qui est rendu lexi calement par I'adverbe seulement. D'autre port, les tours: ne ... pas ... autre ... que,
ne.. jamais ... que,
ne... personne ... que,
ne ... rien ... que,
ne ... aucun ... que, etc.,
sentis doubles comme anterieurement, c'est-a-dire opposant deux mouvements successifs diriges en sens inverse, equili brant Ie negatif et Ie positif, et irn?ductibles au sens lexical de seu/ement, que 6tant compris au contraire, comme equivalant
a sinon,
si ce n'est. Dons I'etat de longue du XVII" siecle, I'existence de ne ... point... que comme variante de ne ... que rendait manifeste l'identite fonciere de ne... que et de ne ... pas ... autre ... que, ne ... jamais (personne, rien, aucun, etc.) ... que. So quasi dis parition dons 10 premiere moitie du XVI lie siecle consacre 10 divergence des deux types d'expression. D'autre part, un outre fait capitol apparait, qui n'est qu'un aspect du precedent: 10 foible teneur negative de 10 negation immanente ne. Ne ... que est compris un et positif parce que 10 restriction intervient apres une negativation a peine engagee; 10 negativite est detruite aussitot nee, si bien que Ie double mouvement que suppose theoriquement. - et initialement, _ ne.. que n'est plus sensible. Le passage pres que immediat au positif fait negliger 10 tres courte phose ne gative. II y a rupture d'equilibre en faveur du positif.
(1)
C'est, mutatis mutandis, ce que nous croyons reconnaitre dans
Alexis, v. s" pp. 25-26.
-196
Au contraire, Ie mouvement est pleinement intelligible quand 10 negativation est poussee et que Ie signe en est lin mot comme personne, rien, aucun, jamais ou un groupe com. me pas ... autre, auquel est devolu I'essentiel de "expression negative. Dons Ie double mouvement que nous avons dMini, I'esprit peut se Com porter de deux manieres : il peut n'operer qu'une saisie unique et tardive, dans 10 phrase positive; if obtient alors une expression de restriction, dont Ie signe est Ie syntagme ne... que; il peut aussi operer deux saisies successives, une dans chaque phase, et des signes negatifs de transcendance vien_ nent temoigner de 10 realite de 10 saisie premiere. On obtient alors I'expression d'une negation suivie de celie d'une excep. tion. La debilite du signe ne, ou, mieux, /0 tenuite de 10 pesce signifie fait qu'on s'en passe aisement dans Ie parler el/iptique des reponses : on obtient Ie positif-restrictif du type: qu'a moi! (Cf. I'exemple de Sedaine cite plus haut) ; on s'en passe de meme dans les reponses negatives reduites a jamais, personne, rien, etc. Ainsi Se laisse pressentir I'abandon de ne dans Ie parler vulgaire, peu soucieux des finesses auxquelles correspond f'em ploi de 10 negation immanente. Vade, a 10 fin du XVIII" siecle, omet SOuvent ne dans les phrases negatives du langage « pois sard » qu'il reproduit. Ne est omis de meme dans des phrases
restrictives ecrites sous 10 Revolution par des gens sans cul
ture. F. Brunot cite (1) : L'on nous donne du sel qu'a six heures du soir.
Sapicourt, p. 926.
des montagncs tooJ qui donne [sic] de 10 pente aux eaux qui Orr/vent que trop souvent par des nuees. Bil.-Ie-G., pp. 317-318. les vues qu'on se propose pOur Ie bien public en seront toujours qu'impar foitcment remplis [sic].
-
197
TMrive (1) cite: La meilleure [sic] marche des petites edi tions de luxe: que des chefs d'ceuvre. On connait Ie slogan: , '11 , Que X ... qUI.mOle.
J. Damourette et E. Pichon ont rei eve dans une lettre (2) : Mme E., lettre Q M. P., 15 mars 1925 D'ici: que de banncs nou a te donner.
velles ouss;
Ce n'est plus Ie syntagme ne... que mais Ie simple que ou son equivalent appuye rien que qui est senti comme syno nyme de « seulement ». Cela ne signifie pas que ne, 10 ou Ie langage non vulgaire I'emploie, ne represente absolument plus rien. Au contraire, il reste partie integrante de I'expression restrictive. II y signifie ce qu'il signifie partout : une negativation amorcee, non trans gressive. La negotivation est si peu avancee en elle-meme que l'ensemble de la locution peut etre apprecie positif. II en n? suite, entre autres consequences, qu'aujourd'hui 10 reponse est oui, comme nous ovons vu, quand la question com porte la restriction ne ... que. Le positif, retabli aussitot que detruit, est a peine quitte; c'est lui qui domine dans 10 pensee, c'est lui seul qui est saisi. La consequence de ce caractere positif est I'invention d'une phrase negative de sens oppose: 10 phrase moderne a ne ... pas ... que, type: V. Hugo, Quatre vingt treize, III, I, 3 II n'y avait pas que les forets, il y avoit les bois.
Ce tour est apparu dans Ie dernier quart du XVII Ie siec!e. E. Deschanel (3), dans un article que reproduit Littre, consi dere comme Ie plus ancien exemple atteste celui qu'il a trouve dans une lettre de Maurice Dupin de 1798. Mais il en est d'an terieurs; I'Histoire de fa Langue fram;ai~e de F. Brunot cite (4) : Turgot, M6moires sur les Mun., (1775) (Sch. <Euvres, t. IV, p. 507) Les villes n'cnvoyant pas, comme lcs villages qu'un scul depute chacune.
Hautv., p. 642.
1/ n'est pas rare aujourd'hui de trouver des formules pu blicitaires comme : Que du beau! OU Rien que du beau! A. (1) H.L.F., t. X, Ie partie, pp, 514-515.
(1) De FmnQais, lallguclnortc? Paris, 1923, p. 99, cite par H. Frei, lao gr((1nmaire des ja.utes, p. 201. (2) Essni de Grammail'e, § 22.81, t. VI, p. 215. (3) Jou1'ltal des deba!Q, 23 aout 1860. Littre, Dictionnaire de la langue jranQaise, art. Que, Rem. 1, p. 1413. (4) T. VI, 2' partie, p. 1859.
_199 -198 -
fran<,:;ais, on avait aussi la locution ne ... (pas). .. Nous avons trouve dans une comedie de la fin du XVIII. sieele : Desforges, Ie Sourd, II, IV Je suis genereux aussi, moi; il n'y a pas que Monsieur.
Nous lisons dans une lettre de Mme de Stael a Adolphe Ribbing, 16 mars 1796 (Figaro Litteraire, 14 mars 1959) : Dicu, Ie hasard, que sois-je, veut que des femmes qui ne me voloienl pas ont repose leur tete dons des bros protecteurs et, pouvont rcunir les souvenirs de 10 jeuncssc a 10 confiancc de I'age mur, n'ont pas vu comme mois dons 10 duree de 10 vie que I'isolement et I'abandon.
Au XIX" siikle, Ie tour est atteste chez les meilleurs au teurs. On trouvera des listes d'exemples chez A. Tobler (1). H. Sten (2), M. Grevisse (3), J. Damourette et E. Pichon (4), etc. II devient absolument usuel dans la seconde moitie du sieele et au XX" sieele. F. Brunot s'est donne Ie malin plaisir d'en decouvrir un dans un roman du plus farouche adversaire de ce tour, Abel Hermant : Confession d'un enfant, I je m, regardc pas qu'cn moi-meme (5).
L'effet de sens obtenu est celui que traduiscnt lexicale ment les expressions non scu/cmcnt, pas scu/cmcnt. Anterieurement, I'expression de cette idee a ete, de tout temps, la negation de I'adverbe seu/ement ou de I'adjectif seu/.
Cf. : Ch, Sorci, Francion (cd. A. Thcrivc, p. 254) Nous n'attoquions pas seulement Ie vice a coups de longue: Ie plus souvent nous mettions nos epees en usoge. Beoumarchois, Mcmoircs sur Goezman. p. 317 Je n'ovois done pas demande une soule audience, mais des audiences.
En ancien sans plus: Mahieu Ie Vilain, Metheores, 62, II Item, coste raison desus dite n'es pas sans plus eneontre euls. mais ecste qui s'ensicut. (<< \I n'y a pas i t seulerTlent cette raison eontre CUX, mais auss la suivante ,,).
et aU xv"e siecle, I'expression ne... (pas) ... pour un, d. Sear , ROrTlO carTlique, ch, V .. , Ie eomedien La Raneune, un des n principOUX ron heros de notre roman; car il n'y en a pas pour un dans ce livre ,i.
Moliere, Femmes sav., II. 3, 376. caJur soumis a son empire. .. , Qu'on n'a pas pour un pas pour une fois CEuvrcs oratoires, II, p. 157 Ce n'est Bossuet, 10 grandeur ct 10 piete so sant iointes.
seule ment que
et encore au XVIII" siecle : Diet. phil., Prophetics. 2 On n'avait pas alo
rs pour un seul
Voltaire, prophete (Il.
Jusqu'au XVllle siecle, on avait donc recours exclusive ment a des moyens lexicaux. On invente au XVllle siecle un moyen syntaxique, c'est-a-dire qu'on fait appel a des meco nismes psycho_systematiques. Avant de tenter de definir ceux-ci, il faut noter une supe riorite qu'ils ont sur les moyens lexicaux : ne ... pas ... seu/, ne... pas... seu/ement qu'on veut leur substituer au nom du puris me. La negation de seuf ou de seulement est ambigue, car elle peut donner aussi bien I'idee de « nul » que celie de « plu sieurs ». La phrase de Beaumarchais, Memoires sur Goezman, e que nous citons plus haut serait equivoque sans la rallong : « mais des audiences ». Je n'avais pas demande unc seufe au dience pourrait s'entendre « je n'avais demande aucune au dience ». De meme, ne... pas ... seulement peut signifier ne... pas... meme. Cf. : Pascal, ProV., 9' lettre \I m'en donna de quoi remplir plusieurs let tres; mais je ne veux pas seu/ement en marquer les citations.
Moliere, Malade im., II, XII Je n'ai pas seulement la force de pou (1)
Art. cit., p. 109 sqq.
(2) OPt cit .• p. 203. (3) OPt cit., § 889, texte et n. 1, pp. 708-70!). (4) Essai de Gmllll1!airc, ~ 2282, t. VI, pp. 216-2.18. (5) Cf. la Pcns6c et la Lungue, p. 498; M. Grevisse, all'. cit.. § 889,
etc.
voir parler. (1)
Les trois oorniers exemples sont cites par M. GrQvisse, Opt cit.,
889, Hist.
"'. _
201
-200 -
Cet effet de sens n'est pas possible avec ne... pas ... que, et cette simple raison suffirait a justifier Ie tour innove (1). Nous avons dit que la persistance du ne ... pas ... , que classique, en style parle principalement (avec « pausette »), ne saurait creer une equivoque. II n'en est pas de meme, en revanche, de certains ern. plois de jamais et de plus niant ne... que, com me fait pas, que cite l'Essai de Grammaire (2). Cf. : A. Thooris van Borre, Reflexes courts (Le lien medical, 14" annee, no 8, aout 1938, p. 20) Les choses ne sont iamais qu'elles memes, elles sont des images venues de nous et dont on les pare. M. HR, 19 janv. 1950 Dans ces formes myocloniques, iI n'y a jamOis que des myoclonies, il y a aussi des secousses fibrilloires. Reine Hortense, Mem., Rev. des deux M., 1" aout 1926, p. 493. Dans les premiers jours de mon orrivce a Soint Cloud, rovais acquis la certitude que j'etois grosse et l. .. ] je pensai que mo vie n'oppartenait plus qu'a moi seule et qu'un devoir socre m'obligeoit Q la conserver. Max Bihon, Le tresor lapidaire du Museum, Ie Journal, 20 nov. 1928 II n'est plus dorenovont que chez Ie beou premier lopidoire ou I'on puisse trouver les grondes collections de picrrl's precieuses ...
II est evident que ces phrases sont obscures et equivo ques, du fait que jamais et plus restent tout a fait compatibles avec ne ... que dans I'acception traditionnelle. Mais elles sont instructives en ce sens qu'elles demontrent que Ie terme que ne saurait en tout etat de cause etre assimile a seulement. d) II convient maintenant d'etudier comment fonctionne Ie moderne ne... pas ... que. L'argument essentiel de ses dCtracteurs est que pas peut seulement confirmer ne, comme iI faisait et comme faisait point au grand siecle (Cf. Corneille, Horace, 1015 et ne I'au ront point vue obeir, quia son prince), et non Ie nier. ('est I'argumentation diE. Deschanel, reprise par littre, ainsi que celie d'Abel Hermant, reprise par l'Academie (3). C'est l'avis d'A. Therive, Questions de lungHge. III. p. 162. (2) § 2284. t. VI, p. 217. C'cst a tort qu'un exemple de Racine, AI! ilromaqlte, I. 4. v. 365 est cite comme de ce type, V. s., p. 170. (3) Cf. Abel Hermant, Xal;ier. p. 241 En d'au(res termes, man cher Xavier, touie la negation est eontenue dans Ie ne ; vous n'en retranchez rien quand vous supprimez Ie pus. et. quand va us l'ajoutez, vous n'y ajoutez rien. Cf. aussi la Grammaire de l' Acudemie /rant;aise, 1r. edi tion, 1932, pp. 197-198. (1)
Contre ceta, it faut d'abord faire observer que ce n'est pas ne, mais ne ... que, syntagme positif, qui est nie par pas. De fa<;on analogue, bien qu'il s'agisse d'un tour negatif, ne ... rien est nie par pas: ce n'est pas rien signifie « c'est quelque chose », c'est-a-dire Ie contraire de ce n'est rien. La phrase est parfaitement claire, et nous n'avons garde de comprendre I'expres sion com me celie de Martine: Et touS vOS biaux dictons ne servent pas de den.
\! y a un certain parallelisme entre la syntaxe de ne ...
que et celie de nc ... rien, du XVII( siecle a nos jours (I).
D'autre part, il est un autre cas, bien connu, au ne ... pas
exprime Ie contraire de ce qu'exprime Ie simple ne accompa
gnont Ie verbe; c'est celui de la completive des verbes de
crainte: je crains qu'iI ne pleuve pas je crains qu'll ne
pieuve (2). Ne... pas ... que moderne n'est donc pas un cas
isole, et F. Brunot a parfaitement raison d'y voir « la plus re cente conquete de pas» et d'estimer qu'« on la lui disputera voinement » (3). L'erreur consiste essentiellement a poser que ne seul et ne... pas signifient exactement la meme chose. II Y a bien, en fran<;ais moderne, quelques cas ou la presence ou I'obsence de pas ne donne qu'une difference de sens infime (d. je ne sais if) je ne sais pas), mais ces cas sont tres limit6s. En realite, Ie systeme fran<;ais de 10 negation repose precise ment sur I'opposition de la negation simple ne, signe de n6ga ne tivite immanente, et de la negation composee ne... pas, sig de negativite transcendante. (1) Le panl11ell snue n'est pas nbsoJu, car on peut ecrire: « .1e Ie compte pour rien » (et Racine, Rcn'nicc, IV. V, 1147 Vous nc comptez pour 'fiel! les pleurs de Berenice. -~ ,le lcs compte 'pour rien ? ). alors qu'oll ne pcut (:crire: .Te ie compte quo '{JOltr [airc nombre . .l. Damourette et E. pichon, Essai, § 2282, considcrent nO ... pas ... que com me un cas part.iculier de la « contreforc!usion », dont ne... 1)a8... rien est un autre exemple (~ 2271).
(2) On est alle jusqu'a soutenir, malgre l'evidenee, que « je cruins qu'il ne pJeuve pas» signine exactement la meme chose que « je cruins qu'i! ne pleuve »! Cf. 1'Interme£lioire £les cherchellrs ct des curieu.,', t. 48, 1903, p. 371, note d' Alfred Duquct, On ne peut qU'evo(juer Mon taigne (lII, V) : Ceux (jui veulent combatt.re l'usage par la grammaire
se moquenL (3) Obsen;ations Su,r la GrammUlire (ie l' Aca£lemie franr;aise, 1932,
p.92.
-
202
La question a etE~ debattue de savoir si, dans ne ... pas ... que, c'est ne... pas qui a ete reduit 0 pas, ou si c'est ne... qUe qui a o€ te reduit 0 que. F. Brunot semble tenir pour la premiere hypothese, puisque, dans /a Pensee et 10 Longue (]), il com. mente ne... pas ... que apres avoir souligne que ne... pas est reduit 0 pas en franc;:ais populaire. A cela L. Cledat (2) repli. que: « Non, c'est ne... que qui est reduit a que. Dans « il n'y a pas que lui», on a la negation integrale ne... pas s'appli quant a I'idee de seulement, laquelle est exprimee par que reduction de ne... que ». A vrai dire, il nous semble dangereux de trancher ce debat, et meme, if nous semble que c'est 10 un faux probleme. En realitc, Ie tour resulte de la contamination du positif-restrictif : ne
verbe
que
nom
par Ie negatif : ne
+
verbe
+
pas.
Etant donne que I'ordre des termes est rigoureusement impose par la langue dans I'une et I'autre formule, on ne pou voit obtenir que: ne
+ verbe
pas
+ que +
nom.
Pas ne pouvait trouver place ail/eurs, puisqu'il doit suivre immediatement Ie verbe, et ne, necessairement, represente 0 lui seul Ie ne de chacune des deux formules initiales. De meme, dans: Je crains qu'il ne vienne pas. II n'est pas rare qu'un ter me n'apparaisse qu'une fois au lieu de deux successives ; ainsi que reprcsente un impossible que que dans Ie type: Je ne demande pas mieux qu'il vienne. Cf. Sevigne, VII, p. 499 Yaimcrais micux maum qu'un autre que moi vous cut mande. Diderat, Jacques, p. 268 Ricn n'cst plus sur que tu ('s inspire. Afr. : Ral. 2336 Mie!z voei!! murir qu'entrc paicns remaigne.
Nous croyons que Cledat ne voit pas juste quand il pos tule ne ... que reduit 0 que: cette reduction n'est nullement necessaire; au moment ou ne... pas ... que apparait dans la langue, que (sans ne) est d'un usage extremement restreint et ---(1) La Pensee et 1(( Langue, p. 498. (2) Revue de Philologie fran!;aise, 1928, p. 149.
203
peut se comparer a den, deja pleinement negatif sans Ie seCours de ne; de plus, son emploi a un caractere de vulga rite que ne ... pas ... que n'a jamais eu. On peut d'ailleurs en dire autant de I'emploi de pas pour ne ... pas. En rea lite, la difficulte reside dans I'appreciation du role que la langue reserve au mot ne en franc;:ais moderne, tout different de celui qu'elle lui donnait anterieurement. A date ancienne, if ne boit den equivalait a : nul boire,
quant 0 quelque chose. Le boire 6tait pleinement nie, et I'objet
:€ tait positif. /I ne boit que de I'eau signifiait: nul boire, ex
cepte quant 0 I'eau. Le boire etait encore pleinement nie, sauf
(apres que inverseur de sign e) quant 0 I'objet de I'eau.
Aujourd'hui, il en va tout differemment. /I ne boit rien signifie : boire reduit 0 un objet nul. Ne est Ie signe d'une sim ple restriction de I'operation de boire ; iI ne I'annule pas. C'est seulement dans son objet, declan2 nul par Ie mot negatif rien, que I'operation de boire trouve son annulation. /I ne boit que de I'eau signifie : iI boit restrictivement, son boire est reduit a I'objet exclusif : de I'eau. Le mot que est Ie signe de I'arret du mouvement de negativation amorce par nc ; il introduit Ie posi tif subsistant apres I'operation de restriction du boire significe par ne. On retrouve lola fonction thetique qui est habituelle ment devolue a I'indice que en fran<;ais. La phrase: if ne boit pas rien signifie : nul boirc Quant a nulle chose. L'operation de boire est ici, non pas rc:;treinte, mais annul6e, et Ie signe en est la negation transcendante ne .. pas. Mais cette operation est annulee quant a un objet declare nul par Ie mot rien. 1\ en resulte un eHet de sens equivalent en gros a du positif : il boit quelque chose t ou : que ne boit-il pas! (meme effet de sens obtenu par interrogation negation). La phrase: if ne boit pas que de I'eau signifie . nul boire restreint o I'objet exclusif : de I'eau. L'operation de boire, d'abord res treinte par net est menee jusqu'a I'annulation par pas, et elle est annulee a I'exclusivite de I'objet: de I'eau. II s'agit donc de I'annulation d'une restriction. \cit comme partout, ne signi fie une operation de restriction portant sur une operation, en I'espece, celie de boire. 1\ est mkessaire aussi bien a la de claration de ce qui echappe a la restriction: que de I' eau qu' a I'amorce de I'annulation de cette restriction, annulation ope
fle
-
205
204
s ree par Ie terme pas; iI cumule deux fonctions restrictives. L'effet de sens obtenu est I'idee d'une pluralite, d'une non. limitation; ce qui peut etre rendu aussi, lexicalement, par ne... pas ... seulement. La traduction lexicale de notre phrase est: if ne boit pas seulement de I'eau. II est permis de la preterer d'un point de vue puriste. II n'empeche que I'autre phrase, qui met en jeu des mecanismes bien etablis dans la langue, est parfaitement legitime.
,...
-
que
oe
Ie seuil s'est elargi, du fait que ne traduit maintenant une negativation beaucoup moins avancee qu'autrefois; c'est cet elorgissement du seuil qui a permis que 10 locution puisse etre sentle positive comme nous ravons note: que est alors pense pluto com un introducteur de I'exclusif soustrait a la res me t triction que comme un inverseur de signe algebrique. Un retour au seuil etroit d' autrefois est obtenu, au XVII" siecle particu liere , mais encore{ comme nous 11avons vu, de nos jours, ment par une utilisation differente de ne... pas ... que! ou 10 successi vite des termes du discours correspond! cette fois, a une suC cessivite de langue. L'ancien ne... point (pas) ... que est donc : j
Si I'on veut bien admettre que Ie schema de ne... que est:
:::
ne
.,..
que
)1\
que celui de la negation bi-tensive, ou transgressive ne... pas est:
-> pas
nE'
on pourra proposer, pour Ie moderne ne ... pas ... que:
--
'Jut'
que
p;.lS
~
Iii'
Au seuil, correspond 10 « pausette » dont nous avons par le, apres J. Damourette et E. pichon. On a encore un schema a seuil etroit dons la representation des formules : ne ... rien ... , que, ne... personne, que, ne... jamais ... , que, etc. e) II faut faire une place a part a la question du tour ne... pas.. que en phrase interrogative. A. Tobler (1) cite:
ne
pa~
L'impossibilite materielle ou se trouve Ie discours, essen tiellement monodique, de superposer deux signes lui impose de les juxtaposer. L10rdre de juxtaposition ne peut etre que pas que etant donne qu'en fran<;ais moderne Ie rapproche· ment de ne et de pas a un caractere plus imperatif que celui de ne et de que. j
Remarquons encore que, de I'ancien ne ... que! au nouveau, qui est:
Zola, Le ventre de Paris, 375, Ne trouverait-il pas 10 que blessures
ces etres de nature, de liberte et de sante?
et que souffrances,
H. Sten (2) : R. Fauchois, PreneZ garde
a la
peinture, 36 Et vous n'avez pas que
celle-Io? Zola, I' Argent, 536 C'etait fou, mais les grands hommes de guerre et de finance ne sont-ils pas souvent que des fous qui reussissent? Courteline, Boubouroche. 25 Ne Ie savans-nouS pas que trop? (1)
(2)
Art. cit., p. 110. Op. cit., p. 203.
I'"
207 -
206
et J. Damourette et E. Pichon (3) : Courteline, les Linottes, V, p. 129 Martha! Est-ce que tout cela n'est pas qu'un abominable couchemor'
II apparait immediatement que ces phrases se repartis_ sent en deux groupes, d'une part, celie de R. Fauchois: Et vous n'avez pas que celle-Io ?, d'autre part, les quatre autres. Celie de R. Fauchois interroge sur I'existence d' autres que celie-la, et, par 10 meme, 10 suppose. Les autres ne transcendent pas 10 restriction; II n'y a pas I'idee de quelque chose d'autre que blessures et souffran ces, qu'un abominable cauchemar, - de quelque espEke au tre que celie des fous qui reussissent, d'une connaissance autre qu'excessive. Autrement dit, pas n'est pas senti comme niant 10 restriction traduite par ne... que. On a Ie me me type d'in terrogation que dans 10 phrase: N'est-i/ pas ma/ade? que nous n'entendons pas « est-il non malade, bien portant », mais « n'est-il pas vrai qu'il est malade ? », « est-ce que so maladie n'existe pas? ». On peut dire que dans les quatre phrases en question, Ie tour ne... pas ... que produit un effet de sens tout autre qu'en phrase thetique. Pour se representer clairement les choses, il faut en reve nir a un principe que nous avons deja pose a propos de I'an cienne langue: celui de 10 parente qui existe entre I'attitude negative et I'attitude interrogative prise par I'esprit : bien sou vent, une pesee interrogative equivaut 0 une pesee negative. II en n?sulte qu'une pesee interrogative s'ajoutant 0 une pesee negative I'annule, et que l'eHet de sens obtenu est thetique. Dans ces conditions, ne boit-i/ que de I'eau? correspond 0: if ne boit pas que de I'eau, et, inversement, ne boit-i! pas que de I'eau ? correspond 0 : i/ ne boit que de I'eau. Ne boit-if pas ql1e de l'eal1? suggene donc Ie contraire de ce que suggere: if ne boit pas que de /'eau; iI com porte une pesee de plus, interrogative, qui annule 10 pesee negative traduite par pas, laquelle annule 10 restriction. La restriction est donc pleine ment retablie. Ce que la langue contemporaine exprime par l'interrogation du type: ne boit-if pas que de I'eau? se serait (3)
Op.
cit.,
§
2282, t. VI, p. 215.
dit outrefois, et jusqu'au XVllle siecle: boit-il que de I'eau? ()LI que boit-il que de l'eau? Cf. 10 question de Madame Jour do : Descendons-nous tous deux que de bonne bourgeoisie?, quein nous pourrions rendre auiourd'hui: Ne descendons-nous
pas
touS deux que de bonne bourgeoisie? aire Toutefois une phrase interrogative n'est pas necess rnent I'equivalent d'une phrase negative; en realite, tradui
sont une attitude percontative du locuteu r, elle se borne a
rne \'idee en debat; elte est a mi-chemin entre I'affirma et 10 negation. Elle peut donc etre appreciee comme equi
tionttre vo approximativement a une phrase affirmative. ('est ce
quilont
se produit par exemple quand on reprend sous forme in
terrogative ce qui vient d'etre eno nce sous forme affirmative.
Cf. :
Moliere, Mal. imag., III, XVIl
_ Vatre mari est mort.
_ Man mari est mort?
( «Tu dis que man mar! est mort» ?)
L'idee regardante percontative est susceptible de deux soisies: I'une preco ce , immanente, en de<:;a d'un seuil, qui donne approximativement du positif; c'est celie que nouS avons ici; I'autre tardive, transgressive, au dela d'un seuil, qui donne approximativement du negatif ; c'est celie que nous ovons vue dans ses effets sur I' expression de 10 restriction a propos du cos precedent. Quand 10 saisie est precoce et qu'elle s'applique a une phrase negative, 10 phrase interrogative est l' equivalent de 10 phrase negative en question. Si quelqu'un me dit : je ne suis pas malade, ie peu x lui repondre par 10 question: tu n' es pas ma lade? L'interrogation n'entra'ine pas d'inversion de signe a\g8 brique. Si 10 phrase negative nie une restriction, 10 phrase in terrogative correspondante est du meme signe algebrique et nie aussi 10 restriction. ('est ce que nous avons dons la phrase de R. Fauchois citee plus haut : Et vous n' oyez pas que celie-Ie?
qui equivaut pour I'effet de sens de ne... pas ... que a 10 phra se thetique : je n' 0; pas que celle-Ia. La forme de la phrase interrogative denonce d'ailleurs so quasi equivalence a une phrase thetique : eUe ne com porte pas
-
208
la postposition du morpheme de la personne, Ie « pronorn ~
vous. De meme, 10 phrase de Moliere: Mon mari n'est PQs
mort? ne com porte pas d'autre signe de I'attitude percanto_ tive que Ie point d/interrogation dans I'ecrit, une certaine in. flexion de 10 voix dans Ie parle.
209
J. Maleg , Augustin ou Ie maitre est la, VII, p. 668 II Y a aussi ue ,'outre M. I'Abbe, celui de Paris. II ne vous refuscra pas. Attendez que,
pauvre .(sc.
« Ne faites qu'attendre », « attendez
seulement »).
H. Frei cite apres A. Therive ( 1) : Je I'ai vu que.
On voit donc comment, en phrase interrogative, deux effets de sens sont possibles 0 partir du syntagme ne ... pas... que. Le rem placement de 10 phrase classique: boit-il que de I'eau? par 10 phrase moderne : ne boit-il pas que de I'eau?
nous para it riche d'enseignement. La phrase classique sup
pose que faisant pleinement fonction d'inverseur de signe 01 gebrique et produisant I/effet de sens rendu lexicalement par
sinon: « boit-il, sinon de I'eau? » ; il suppose deux mouve
ments successifs opposes: negativation (ou mise en debat)
exception. La phrase moderne fait de que moins un inverseur
qu'un introducteur de I'exclusif soustrait 0 la restriction et Ie
suppose approximativement synonyme de seulement: « ne
boit-il pas seulement de I'eau? ». Nous avons 10 un nouveau temoignage concernant Ie changement intervenu au XVIII"
siecle dans la valeur du tour ne... que, passe, par elargisse
ment du seuil et attenuation de la negativite initiale de I'ex
pression d'un double mouvement de 0 - et de - a a I'expression d'un simple positif exclusif. l
Le franc;:ais normal, nouS I'avons vu, n'en est pas arrive
a lexicaliser
que avec Ie sens de « seulement ». La meme preoccupation de tonicite a joue, plus nette-
ment encore en faveur de rien que. Fait, comme nous avons vu, par passage de rien du pre
mier element, negatif, d'un tour exceptif au second element,
positif, il se revele d'emblee comme traduisant en lui-meme
un mouvement de _ a +, transportant dons Ie second ele
ment une part de 10 negativite du premier. \I joue ainsi Ie role
d'inverseur et nous I'avons releve au xvne siecle comme subs titut familier de ne ... que. Mais bien vite, graCe a ce qu'il signi
fie par lui-meme, il tend a ne pas s'employer dans la perspec
tive d'une proposition negative, mais a exprimer absolument
la restriction. Parce que plus etoffe, il a evolue bien plus vite que Ie simple que vers Ie sens lexical de « seulement» C'est
surtout avec cette valeur qu'il est utilise en franc;ais contem
l
f) Une autre indication sur Ie mcme fait nous est fournie par la tendance du langage parle 0 prononcer que tonique ou a articuler nettement sa consonne initiale. Cette tendance est aisee a observer, et J. Damourette et E. Pichon I'ont soigneu sement enregistree (1). Comme que n/est tonique que dons ce
seul emploi, ou peu s'en faut, cela semble signifier une evo lution vers Ie role de mot plein 0 contenu lexical de « seule
ment ». A la limite on obtient les phrases de franc;:ais regional que citent encore les auteurs de l'Essai de grammaire (2) : l
M. AAZ, 1'" sept. 1935 J'arrive que. (sc. « Je ne fais que d'arriver ») (1) A propos d'une phrase orale non conforme a l'usage normal: Mme EJ, 8 aoilt 1930 On n'y que boit. § 2288, t. VI, p. 225. (2) § 22.81, t. VI, p. 214.
porain. Cf. :
r Maupassant, Pierre et Jean, 213 5i je dcvais devine den que par
un mot ou par un regard que je te suis odieuse, comme a lui, l. .. l je serais partie pour toujours. Bourget, Cosmop., 181 fragile paix et qui s'en est aliee den qu'a voir so mere (2). M. Barres, les Deracines, III, p. 76 Ces molles creatures que I'admi nistration s'est prcparee com me elle los aime attendcnt au cote, dons un vii desreuvrement, den que leur nomination.
(1) La grarnrnah'e des faute&, p. 201, d'apres A. Therive, le fran {(ais, langue morte ?, p. 99.
Nous devons a l'obligcance de M. Ie Professeur G. Antoine l'inte ressante precision suivante: Ie tour J'arrive qne « j'arrive tout juste, a l'instant » est extremement courant it Clermont-Ferrand et dans sa region; c'est. me me Ie trait du parler regional qui frappe Ie plus. La phrase, prono ncee avec l'intonation chantonnante en usage, se tcrminc sur une inflexion ascendante. La lcxicalisation de qMe est allee de pair avec son accentuation tonique. (2) Exemples cites par A. Tobler, art. cit., .p. 107. 14
1'"
-
211
210
M. Proust, Chroniques, p. 209 M. Thiboudet [.. .] cite une phrase du moins beau Chateaubriand, du Chateaubriand den qu'eloquent (1).
Mais I'expression peut meme se rencontrer SOUs 10 plume d'un ecrivain ch6tie, comme dans 10 phrase suivante, en proposi
Communique publicitaire, Ie Figaro, 4 oct. 1955 Depuis des annees X ... a realise den qu' a Paris et so region (sic) des milliers d'instaliotions d~ photocopie.
tion hypothetique :
Rien que s'applique aussi bien aux personnes qu'aux cha ses, comme nous avons vu, des Ie XVIII· siecle, par un exem pie de Marivaux. On chantait jadis: « Vous, vous, rien que vous ! ».
qu'une fois.
Rien que peut figurer en tete de phrase, bien plus facile ment que Ie simple que. Cf. : Beranger, Billet d' enterrement Rien que d'y penser, je gage Qu'il meurt presque en ce moment (2),
On Ie signale auss; en fin absolue de phrase, entierement assimile a seulement, en fran~ais regional (region de Vi chy) (3) Mme PI, 29 janv. 1934 Ii se leve rien que?
Nous I'avons entendu employe comme introducteur de proposition: II est gentil, rien qu'i tape (<< si ce n'est qu'il tape»; gar<;on de 7 ans, pariant de son frere olne).
un jeune
II est si bien affranchi de 10 negativite de laquelle il est issu qu'il peut figurer dans une phrase negative exactement comme ferait I'adverbe seu/ement ou I'adjectif seul : Zola, Lourdes, 594 Rien que 10 science ne sembloit pouvoir suffire, et on aliait etre force de laisser une porte ouverte sur Ie mystere (4l.
A cote du type: II n'y a pas que moi, on entend aussi bien dans un parler plus vulgaire: « II n'y a pas rien que moi ». (1) Ces deux exemples cites par J. Damourette et E. Pichon, Essai de grammaire, § 2279, t. VI, p. 213. (2) Cite par Littre, Dictionnaire, art. rien. (3) J. Damourette et E. Pichon, Essai, § 2279, t. VI, p. 214. (4) Cite par E. Lerch, (apres K. Ebeling, (lrt. cit.), Hist. fr. Sy~lt .• I. p. 119. On mesurera l'evolution de rien que en comparant la phrase de Zola a celle-d. de sens oppose: La Font., Fables, VII, I, 61 Rien que la mort n'etait capable D'expier son forfait.
terr., I. IV, p. 291 Et ce ne serait pcut-etre A. Gide, Nouv. Nourr. prendre, si seulement on ne mourait pas rien apres tout qu'une hobitude a
CONCLUSION Nous en avons termine avec cette esquisse de I'histoire des signifiants de I'exception, - esquisse limitee d'ailleurs aux tours qui peuvent passer pour specifiques, ou peu s'en faut, de I'expression de ce signifie. Quelles conelusions peuvent se degager du tableau des synchronies successives que no us avons tente d'etablir ?
Des moyens lexicaux utilises, il y a peu a dire. lis subis sent Ie sort des autres elements du vocabulaire : ils ont un em ploi plus ou moins etendu selon les epoques, et les denombre ments que nous avons faits peuvent donner une idee appro ximative de cette extension. Les causes de leur apparition et celles de leur disparition sont evidemment mysterieuses. On comprend bien qu'on puisse parvenir a I'idee d'exception par glissement de sens, a partir d'idees voisines, par exemple celie d'exteriorite : c'est Ie cas, a des epoques differentes, d'extra (glissement atteste en latin), de foris (glissement non atteste en latin, mais postule par les tangues romanes), de hors (XI lie sieele) ; ou encore, celie de seposition : c'est Ie cas de reserw2, D la reserve de, D part; ou celie toute proche de sauvegarde : clest Ie cas de sauf; ou encore, celie d'approximation : c'est Ie cas du tour D... pres. Ce qu'on ne peut expliquer, c'est pour quoit a un moment donne, tel terme, et non tel autre syno nyme, subit cette mutation qui en fait un mot exceptif. II est difficile de pn§ciser aussi pourquoi un mot appartenant a un langage technique l com me Ie juridique excepte, passe dans I/usage courant. On voit bien i'image qui est a I'origine de a reis de employe au XIII" sieele par Ie Menestrel de Reims, mais on ne peut dire s/il a opere lui-meme Ie glissement de sens, ni pourquoi il n/a pas ete suivi. Pourquoi fors, qui avait eu tant de succes en ancien et moyen fran<;ais, a-t-il subitement vieilli au XVlo sieele pour disparaltre au XVII" siecie ? Qu'est-ce qui explique la faveur du mot estre dans Fouke Fitz Warin, apn2s une existence bien modeste anterieurement, et juste avant sa quasi disparition? Comment se fait-il que beaucoup de gens emploient couramment aujourd'hui la preposition excepte,
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alors que Ie verbe excepter n'appartient pas a leur vocabu laire usuel ? Si sauf est plus courant de nos jours que jamais depuis ses origines, qui pourrait en dire la raison exacte? Le choix individuel et la mode interviennent pour des parts diffi ciles a determiner. On se heurte la aux problemes bien connus de la lexicologie. On est donc contraint de se borner a enre gistrer les etapes de la « vie » des mots lexicalement excep tifs, a fixer approximativement la date de leur apparition, celie de leur plus large extension, celie de leur declin et de leur dis parition des textes. Aces difficultcs d'interpretation qui s'attachent a I'his toire de tout element du lexique, s'ajoute une difficulte supple mentaire a propos des termes qui nous interessent. Nous les avons appeles lexicaux, et nous croyons Ie terme exact, du fait que la notion d'exception s'attache clairement a eux. Mais ils appartiennent aussi a la grammaire en ce sens que tous fonc tionnent comme des prepositions: ce s~nt, pour une part, des elements syntaxiques. C'est ainsi que certains d'entre eux ont perdu la variabilite en genre et en nombre qu'ifs possedaient au depart: cf. : excepte, sauf, et adopte une place initiale dans Ie groupe de mots, qui en fait des regissants. Pourquoi Ie participe exclu n'est-il pas devenu preposition, comme excepte, alors que post pose et accorde, comme peut l'iHre excepte, if traduit la meme idee? Pourquoi sauf ne peut-il pas etre post pose et accorde? On apen;oit bien que sauf n'est exceptif qu'en fonction de preposition tandis qu'excepte I'est aussi com me participe rapporte a un substantif. II est plus grammati calise qu'excepte; exclu ne I'est pas du tout. Les lois vouent a 10 grammaticolisation tel terme lexical plutot que tel autre sont malaisees a definir, - si tont est qu'il y ait des en ce domaine. Les moyens syntaxiques posent d'autres problemes. Le principal est d'elucider comment ils fonctionnent, quels psy cho-mecanismes ils mettent en jeu. Nous ne nous flattons pas d'y etre parvenu, car ces mecanismes sont tres secrets et ne se laissent pas facilement percevoir ni decrire. Cependant, I/histoire du tour ne... que, present des les origines du fran~ais et aujourd'hui en pleine vitalite, montre que ces psycho-mecanismes sont la realite profonde de 10 lan
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gue, qu'ils en constituent res constantes. Nous avons vu la progression continue de ce tour depuis Ie temps ou if etait tres modestement represente jusqu'au fran~ais contemporain, ou il est 10 seule expression usuelle du restrictif. Des origines a I'etat de langue actuel, Ie mecanisme sous-jacent a ne... que est inchange: il est constitue d'une marche au negatif suivie d'une marche au positif, soit : --iJoo- - , --iJoo +, ou mieux : A (+) --iJoo- B (-), B' (-) --iJoo- A' (+), Ie resultat de I'operation A' etant necessairement different du point initial, car il n'y a en longue nulle recurrence; Ie positif obtenu secondairement est ne au sein d'une negation et ne la detruit pas integralement; il vaut pour Ie particulier et elle pour Ie general. On parvient ainsi a la traduction d'une demar che bien connue de I'esprit, du general au particulier.
+
Le mecanisme n'a pas ete revoque au moment critique que nouS avons reconnu dans I'histoire de ne... que, et qui est Ie XVIII" siec1e. A cette epoque, la longue a seulement attenue, sans Ie supprimer, Ie mouvement initial de negativation. Cela, certes, n'a pas ete sons deranger I'economie du systeme : n'a plus equilibre Ie negatif et Ie positif, mais a porte I'accent sur ce dernier seul. Cela lui a permis de tirer de nouvelles con sequences du mecanisme mis en ceuvre, comme I'invention d'un negatif de valeur opposee, signifie par Ie tour ne... pas... que (dit iei « moderne »). La, I'originalite du fran<;:ais est com plete (1), L'equilibre du positif et du negatif est conserve, au con traire, si 1'element positif, cui. du fait qu'j\ est terminal, a ten (1) Seul, parmi les langues romanes, l'italien possede un tour assez semblable it ne... que: non ... eke. Cf. ces phrases tirees du Dietionnaire Itabien-franr;;ais d'Art-uro Angeli (Garnier, 1921) art. eke, p. 173: non avea l'oste ehe una cambretta assai piccola; non regno eke ventun mese, ou encore citce par J. Damourette et E. pichon (Essai, § 3065, t. VII, p. 324) de Michelis, L'origine degli lndo-Europei, p. 61 [. . .] sicche vera proprietit individuale non esisteva eke per gli oggetti del uso personale. Ce tour parait assez recent dans la langue et peu admis des puds tes ; il semble issu du plus ancien non altro... eke, (encore bien vivant), par ellipse de aUra. 11 represente la meme chose que Ie n,e... que ancien du fran<;ais, ou ne, comme l'italien moderne non, signifiait une negati vation marquee. Il n'equivaut pas it la valeur nouvelle de ne... que, it negativatio n a. peine engagee. 11 est incapable, notamment, die fournir un tour negatif comparable au ne... pas.. , que du frang ais moderne.
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dance a prevaloir dans I'esprit, est balance par un contrepoids negatif, signifie, par exemple, au XVII" siecle, par Ie point du tour classique ne... point... que (prolonge jusqu'au fran<;ais contemporain par Ie ne... pas.. , que etudie pp. 193- J 94, ou en core aujourd'hui par personnel rien, jamais, etc., ou encore par un mot comme outre, qui, avec la negation pleine, exprime se mantiquement la notion d'equilibre, la negation de I'heteroge neite equivalant a I'identite. Dans ces cas, aucune negation du type ne... pas ... que n'est evidemment possible. L'equilibre des deux elements est sauvegarde de nos jours dans I'utilisation qui est faite des inverseurs d'origine hypo thetique sinon et si ce n'est. Quand ils suivent des propositions negatives, celles-ci com portent une negation transcendante; ils n'expriment done pas la restriction comme fait ne... que. ont cesse de s'employer apres la negation simple ne ou celle-ci s'est revelee decidement insuffisante en phrase negative du type ordinaire, c'est-a-dire du jour ou Ie fran<;ais a inscrit dans la langue Ie systeme de la negation transcen dante ne... pas; c'est au XVII" que s'est faite I'evolution decisive. Si res mecanismes syntaxiques sont ce qu';1 y a de plus stable et de plus constant dans la langue, les signes qui les traduisent n'ont pas necessairement 10 meme permanence. lis sont sujets notamment, entre autres aCCidents, a se lexicaliser. ce que nous avons ete amene a Constater a plusieurs re prises au Cours de notre etude. Les premiers a se lexicaliser ont ete les tours ou entre mais. Nous avons tente d'etablir une theorie de la formation de ceux d'entre eux qui comptent deux ou trois mots: mais que, ne mais, ne mais que. II a pu paraitre avantageux que 10 semiologie des inverseurs reproduisit en elle-meme Ie schema meme de I'inversion : V. On a ainsi etoffe inverseurs simples mais et que par un element specifique du premier membre, qui passe dans Ie second : d'ou ne mais et mais que "
ne... I mais ~ ne... I ne mais, ne... mai$... I que - + ne... I mais que,
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ce dernier ayant ete troite aussi comme un inverseur simple et ayant fourni secondairement ne mais que par Ie meme pro cede:
ne... I mais que - + ne... I ne mais que. Nous assistons a une mise en ceuvre du meme principe en fran<;ais moderne, ou I'on a : ne ... rien ... I que - + ne... I rien que. Les inverseurs consistants ainsi crees ont tendance a se lexicaliser plus facilement que les inverseurs simples. Nous avons vu mais que, ne mais, ne mais que fonctionner d'abord comme Ie simple que ou Ie simple mais, apres proposition ne gative, puis s'employer apres proposition pleinement positive et devenir ainsi des equivalents semantiques du moderne ex cepte (1), L'un d'eux, ne mais que, a meme pris parfois un sens lexical tout different, celui de « seulement » (2), La lexicalisation, en effet, peut se faire de deux fa<;ons. Ou bien Ie tour exceptif, issu d'une inversion de signe algebri que apres une proposition negative, est etendu a I'expression de I'exception apres proposition positive; on obtient alors une phrase a deux elements positifs successifs et Ie syntagme, pri mitivement inverseur, prend 10 valeur semantique d'« excep te ». Ou bien la phrase a deux elements, I'un negatif, I'autre positif, - devient une phrase simple, par effacement de la negativite initiale. Le terme qui etait primitivement un inverseur devient un veritable adverbe restrictif et equivaut a « seulement ». Cette seconde evolution s'est sons doute produite pour fors, au XIII" siecle, dons I'aire dialectale anglo-normande (3), Elle a eu lieu egalement a dote recente (XVII Ie_XIX" sie cle) pour Ie syntagme rien que (4).
(1) (2) (3)
(4)
V. s., pp. 25, 29-30, 40-41, 44. V. s., pp. 30, 76, n. 1, 79, n. 1. V. S., p. 109. V. s., p. 209.
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On ne peut pas dire qu'une telle metamorphose ait affec te Ie simple que, IJ est clair que Ie langage familier et vulgaire utilise padois que comme un synonyme de « seulement » et que fneJ pas que est senti comme volant « ne", pas seule ment », Mais plusieurs faits empfkhent que cette lexicalisa_ tion soit complete, ni meme, autant qu'on puisse Ie prevoir, qu/elle puisse I'eire un jour, D'abord 10 multivalence de I'in dice que en fran~ais est de nature, semble-t-il, a s'opposer a ce que I'un de ses emplois puisse Ie fixer dans un sens lexica'i plein : il est et restera Ie type meme de 10 forme chargee un i quement de cette « matiere subtile » dont parle quelque part M. G. Guillaume. Ensuite, Ie langage courant, meme non cha tie, continue a Ie situer dans la perspective du restrictif ne, meme dans les cas ou ce ne n'est pas exprime. Enfin, comme nous avons dit, il subsiste encore, tres vivants, des emplois ou iI est proprement exceptif apres un enonce pleinement nega tif. Donc, meme dans Ie seul domaine qui nous interesse iCi, celui ou que introduit du nominal en Ie posant Comme exclu sif, iI conserve une souplesse et une variete d'emploi qui sem blent exclure qu'il puisse se figer dans une valeur lexica Ie de terminee; celie de « seulement » qu'il semble assumer par fois n'est qu'un effet de sens parmi d'autres, possibles a partir du mouvement inverse qu'iI signifie en langue. Nous nous refusons a admettre que I'invention de ne...
pas ... que soit la consequence d'une fixation lexica Ie : nous
voulons y voir au contraire Ie developpement de I'une des vir
tualites du mecanisme mis en ceuvre.
Quoique plus avancee, semble-t-il, la lexicalisation n'est pas complete pour sinon. Mot plus plein que que, utilise pour I'expression de I'exception (apres proposition negative ou in terrogative) et non dans celie de la restriction, sinon peut etre facilement paraphrase par « excepte », « sauf », dont il est senti comme proche. II est cependant loin d'etre un synonyme de ces mots, car, d'une part, iI ne vient pas, en principe, apres du pur positif, et d'autre part, il a d'autres emplois, purement hypothetiques, ou il signifie « s'jI n'en est pas ainsi » ou equi vaut a « si... ne + verbe pas », types: iI travaillera, sinon, il sera puni; il est, sinon intelligent, du moins consciencieux ; il a gagne un million, sinon davantage. Les attaches ne sont
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pas rompues, dans I'emploi exceptif, avec 10 valeur etymologi que, qui reste claire. A cet egard, on peut affirmer qu'il est beaucoup moins avance dans la voie de la lexicalisation que I'ancien se ... non, dont nous avons vu les developpements ulti mes au XII Ie siecle: cela confirme notre sentiment selon le quel Ie moderne sinon ne doit rien a I'ancien se ... non, meme si !'on assiste, aux Xille et XIV" sieeles, a des tentatives spora diques de rapprochement des elements se et non (l). Pour les memes raisons, nous ne croyons pas la lexica lisation tres avancee en ce qui concerne si ce n'est; Ie fait que la forme du verbe soit toujours est en franc;ais contemporain signifie autre chose qu'une fixation semantique: comme Ie syntagme c'est, il devient un outil grammatical, sans que son contenu semantique se modifie sensiblement. Les signifiants utilises dans la mise en ceuvre de ce que nous avons appele moyens syntaxiques nous fournissent donc I'image de divers degres de lexicalisation, comme ce que nous avons appele moyens lexicaux nous presentait certains degres de grammaticalisation, Rien n'est stable dans Ie domaine des signes, dont 10 forme et Ie contenu varient au cours des 6ges. II n'y a pas de termes purement lexicaux, sinon dans les mu sees que sont les dictionnaires; it n'y a que des termes a con tenu semantique notionnel engages dans des mouvements de pensee qui constituent la syntaxe. II n'y a pas de signes abso lument vides de substance: iI y a toujours un peu de matiere sous toute forme, meme si cette matiere est rebelle a une defi nition notionnelle. II n'en reste pas moins que la distinction entre moyens lexicaux et moyens syntaxiques est justifiee : il faut seulement souligner que Ie passage d'une categorie a I'autre est possible, et, plus particulierement, dans Ie cas qui nous occupe, Ie passage des termes signifiant des mouvements de pensee a la categorie des moyens lexicaux. Un autre point est a remarquer dans I'histoire des sign i fjants de I'exception : une tendance manifeste a 10 speCialisa tion des termes et des tours. Nous I'avons notee a la fin du Xlle sifkle dans Ia repartition qui se fait des tours ou entre Ie (1) V.
S.,
pp. 94 et 106-107.
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mot mais. Notamment, au cours du moyen-age, nous voyons que I'expression de deux idees voisines: celie d'exception et celie d'adversation restrictive est d'abord devolue indistincte ment aux divers moyens que nous ovons etudies, puis que cha cune d'elles trouve des signes particuliers: les tours exceptifs ne servent plus guere a I'adversation restrictive aux XIY" et Xyc silkles, et plus du tout a partir du XYle. A partir du XYlic siecle, du fait que Ie fronc;:ais dispose de deux types de negation, I'immanente et la transcendante, une distinction s'opere avec nettete entre I'expression de 10 res triction, a laquelle est reserve Ie tour ne... que, et celie de I'ex ception, a laquelle servent divers syntagmes comme ne ... point .. . que, ne ... jamais (personne, rien, aucun, etc.) que, ne ... pas ... , sinon etc. Cette distinction qui n'etoit pas faite avec rigueur au paravant, a ete determinante dons I'evolution de ne ... que et I'invention de ne... pas ... que. En franc;:ais moderne, dans I'expression de la seule excep tion, il semble qu'une specialisation fonctionnelle se fasse ou tende a se faire, les termes lexicaux com me excepte, sauf, a part etant employes plutot apres un enonce positif, tandis que sinon, si ce n'est, qui signifient encore une inversion de signe algebrique, sont reserves a I'exception apres un enonce nega tif ou interrogatif. Nous assistons encore a un processus de specialisation dans I'utilisation qui est faite des exceptifs de proposition au cours de I'histoire du franc;:ais. lis se voient depouilles de cer taines de leurs attributions anciennes dans la periode moder ne. Nous avons vu mais que, tour exceptif, survivre principa lement dans un emploi, celui d'introducteur de condition res trictive, avec un verbe au subjonctif; avant de disparaitre, mais que semble avoir ete exclu de cette fonction ou profit de pourvu que, qui n'est pas d'origine exceptive. Excepte que, sauf que, sinon que, hors que, hormis que, suivis du subjonctif traduisent aisement au XYlle siEkle I'idee de I'exception hypothetique; ils ont cede sur ce point devant Ie syntagme a moins que. Toutefois, excepte et sauf peuvent porter sur Ie si hypothetique, suivi de I'indicatif, ce qui donne les locutions specialisees excepfe si, sauf si qui s'opposent a
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excepte que, sauf que, desormais reserves
a
I'expression du thetique. Cette repartition nouvelle s'inscrit d'ailleurs dans une tendance du franc;:ais moderne a faire reculer Ie subjonc tif de 10 subordination critique: ce recul a pour corollaire I'in vention de signifiants specialises semantiquement et fonction nellement. Telles sont les principales r€flexions auxquelles no us in vite I'histoire des signifiants de I'exception en franc;ais; elles touchent a tous les principaux problemes de la linguistique.
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INDEX DES MOTS ET DES NOTIONS
A Ia reservation de : 165 ; 184. ft Ia reserve de : 12 ; 165 ; 184 ; 213. 11 Ia reserve que : 165. 11 l'exception de : 12 ; 112. ; 164 ; 184. a l'exception que : 185. ft l'exclusion de : 165. a moins de : 166. a moins que : 166 ; 220. a part : 12 ; 185 ; 213 ; 220. it part que : 159 ; 185 ; 186. a part soi : 185. ~t ... pres : 166 ; 167 ; 184 ; 213.
a reis de : 99 ; 102 ; 213.
absence d'accord des adjectifs et participcs except.ifs : 100 ; 111
123 ; 124 ; 125 ; 126 ; 137 ; 138 ; 153 164 : 165 ; 183 ; 214. ; 203.
absence de nc en phrase negative : 196 ; accord des adjectifs et participes exceptifs : 100 ; 101 ; 111 ; 112 124 ; 153 ; 183.
adversation : 11 ; 13 ; 24 ; 25 ; 27 ; 30 ; 33 ; 36 ; 37 ; 38 ; 41
43 ; 44 ; 53 ; 54 ; 59 ; 60 ; 71 ; 73 ; 75 ; 76 ; 98 ; 103 ; 118
121 ; 137 ; 220.
ainz : 38, n. 2.
n/i1t8, construction : 36 ; 49.
arne: 139.
anglo-normand : 77 ; 103 ; 106 109.
au moins de : 132 ; 139.
aucun : 194 ; 195 ; 196.
(mter che (rheto-roman) : 50, n. 2.
autre : 37 ; 49 ; 82 ; 93 ; 104 ; 117 ; 119 ; 120 ; 129 ; 134 ; 143
167 ; 171 ; 196 ; 206 ; 216. V. aussi ne... mttre... que.
autre chose que : 100 ; 115 ; 116 ; 117 ; 119 ; 120 ; 134 ; 167.
autre... mas (prov.) : 37.
auxiliaires de negation : 53 ; 68 ; 69 ; 96 ; 98 ; 104 ; 119 ; 120 139 ; 140 ; 146 ; 149. Ce essieute que : 100 ; 112.
ce excepte que : 116 ; 125.
comparaison ; propositions comparatives, tours comparatifs : 21-23 ; . 24 ; 25 ; 28 ; 31 ; 42 ; 45 ; 48 ; 49 ; 55-56 ; 88 ; 129 ; 149 ; 150. Defors : 89 ; 97.
El : 37 ; 41 ; 50 ; 76
79 81 envis : 123.
essieute : 100 ; 111.
essieuter : 111.
estiers : 65-66.
estre : 12 ; 18 ; 60 ; 65 ; 70 72 estre ce (<;0) que : 65 ; 81.
estre... hors : 89 ; 97.
eslre mis hors : 110.
excepter : 110.
exceptare : 110-111.
86.
76
79
81
102
213.
-
236
except.€~ : 12 ; 100 ; 101 ; 111-112 ; 114 ; 116 ; 117 ; 118 ; 124 125 ; 127 ; 130 ; 131 ; 132 ; 138 ; 139 ; 142 ; 143 ; 145 ; 153 155 ; 164 ; 165 ; 167 ; 183 ; 213 ; 214 ; 217 ; 220. excepte que : 112 ; 118 ; 125 ; 127 ; 142 ; 143 ; 151 ; 153 ; 159 164 ; 184 ; 220-221.
excepte si : 184 ; 220.
excepter : 110-111 ; 214.
exception : 111.
exception hypotheUque 158 163 164 184-185 220-221. cxcipere : 110 ; 167.
exclu : 214.
extra : 60 ; 65 ; 213.
Faire (verbe suppleant) : 134 ; 145 146 173.
faire se bien non : 87 ; 107-108.
foque, fauque : 162.
fori.~ : 59 ; 60 ; 97 ; 213.
fors, ne... fors : 12 ; 17 ; 30, n. 3 ; 59-62 ; 63-64 ; 68 ; 69 ; 70 72 . 74-75 . 76 . 77 . 78 . 79 . 80 . 81 . 82 . 85 . 87 . 88 89 : 90 ; 91 ; 95-96'; 97'; 98; 99 ; 100'; lOi ; 102 ; 104 108-109 ; 114 ; 117 ; 118 ; 123 ; 127 ; 128 ; 130 ; 131 ; 132 133 ; 137 ; 142 ; 143 ; 144 ; 145 ; 152 ; 155 ; 159 ; 160-162 176 ; 213 ; 217.
fors de : 101 ; 152 ; 160.
fors de tant que : 108 ; 130.
fors en tant comme : 81 ; 108.
fors en tant que : 100 ; 101 ; 108.
fors excepte : 161,
fors mis : 116 ; 123.
fors pour tant que : 100.
fors pris : 123.
fors que, ne... fors qUe : 12 ; 17 ; 18 ; 62-64 ; 69 ; 70 ; 72 ; 79 80 ; 81 ; 82 ; 85 ; 87 ; 88 ; 89 ; 90 ; 91 ; 96 ; 99 ; 100 ; 101 108 ; 109 ; 114 ; 115 ; 116 ; 117 ; 123 ; 127 ; 128 ; 130 ; 131 132 ; 133 ; 136 ; 137 ; 142 ; 143 ; 144 ; 150 ; 152 ; 160-162. fors que tant : 63 ; 64 ; 80 ; 116 ; 123. furs que tant que : 99 ; 101 ; 108 ; 116 ; 123. fors sans plus fors ; 118 ; 123.
fors si cume : 81.
fors tant com (e) : 80 ; 99 ; 100 ; 101 ; 108.
fors tant que, ne ... fors tant que : 18 ; 41 ; 62-63 ; 79 ; 80 ; 81 ;
82 ; 85 ; 87 ; 88 ; 90 ; 91 ; 96 ; 100 ; 108 ; 116 ; 118 ; 123 ; 128. lIormis, horsmis, mis hors : 12 ; 110 ; 114 ; 116 117 123; 137 138 ; 142 ; 143 ; 144 ; 152 ; 155 ; 158 ; 161 ; 162 ; 163 ; 164 ; 167 ; 183. hormis de : 164. hormis quand : 164. hormis que : 164 ; 184 ; 220. hors : 12 ; 89 ; 97 ; 110 ; 118 124 132 137 143 152 155 161 ; 162-163 ; 183 ; 213. hors de : 100 ; 110 ; 162-163. hors que : 163 ; 184 ; 220. hypothese et exception : 57-58. hypothetiques suivies d'exception 69-70 95 135 137 142 148 ; 167 ; 168 ; 181 ; 187. It.ant : 63 ; 87. interrogation suivie d'exception : 49 ; 69 ; 129 ; 131-132 ; 134-135 136 ; 142-145 148; 150 ; 157 ; 167 ; 168 ; 181 ; 186 ; 187 205-208 ; 218 ; 220.
237
interrogative a ne... pas... qtte : 205-208. invariabilite : v. absence d'accord. inverseur, inversion : 23-26 ; 29-30 ; 35-36 ; 38-40 ; 42 ; 50, n. 2 51 ; 52 ; 54 ; 56 ; 58 ; 69-72 ; 127 ; 139 ; 140 ; 171 ; 176 ; 178 181 ; 186-187 ; 192 ; 205 ; 207-208 ; 216-218 ; 2.20. Jamais : 146 ; 194 ; 195 ; 196 ; 200 ; 216. Lexicalisation : 216-219.
Magi.s : 20 ; 31 ; 32 ; 33-36 ; 39-40.
mais : 12 ; 15-16 ; 19 ; 24-27 ; 30-34 ; 37-38 ; 40-41 ; 44-46 ; 50
70-71 ; 74-75 ; 76 ; 79 ; 83 ; 84 ; 88 ; 89-92 ; 99-102 ; 113
115-119 ; 127 ; 130-133 ; 145 ; 156 ; 216-217 ; 220.
mais de : 21 ; 75, n. 2.
mals que: 15 ; 16 ; 19-28 ; 41 ; 45-46 ; 71 ; 74 ; 75 ; 76 ; 77 ; 79-85
88 ; 89 ; 91-92 ; 99 ; 101 ; 103-104 ; 113 ; 115 ; 119 ; 126 ; 128
131 ; 133 ; 136 ; 145 ; 155-157 ; 216-217 ; 220.
mais tant que : 41 ; 81.
ma.s (anc. catal,) : 40.
metre hors : 110.
mettre a part : 185.
mie : 55 ; 69 ; 120.
mis : 137 ; 185.
m is a part : 185.
mis hors : 110.
mise a part : 11-12 ; 18 ; 89.
moins : 138.
Ne (coordination de l'afr.) : 70. ne : 23 ; 29 ; 56 ; 58 ; 67 ; 71 ; 75 ; 88 ; 104 ; 119 ; 140 ; 140-141 145 ; 157 ; 174 ; 175 ; 176 ; 177 ; 179 ; 195 -197 ; 200-204 216 ; 218. ne... aucun... que : 195-196 ; 220. ne... autre (altre, el, etc.) ... que : 12 ; 75 ; 76 ; 79-80 ; 82 ; 86 90 ; 99-101 ; 115-117 ; 130-132 ; 134 ; 142-145 ; 148 ; 180. ne... au moins que : 138-139.
ne auxiliaire + que + participe passe : 145-146.
ne... el ... mais tant que : 81 ne faire que de + lnfin. : 146. ne... fors... non, ne fors que... non : 109.
ne... fors que se .. ' non : 109.
ne... jamais... que : 195 ; 205 ; 220.
ne mais : 16 ; 19 ; 42-44 ; 71 ; 74 ; 77 ; 78 ; 79 ; 88 ; 90-91 ; 103 216; 217. ne... mais : 16 ; 19 ; 20 ; 31-41 ; 42 ; 55-56 ; 71 ; 72 ; 75 ; 79 81 83 ; 88 ; 216. ne mais que : 16 ; 29 ; 30 ; 42 ; 44 , 55, n. 1 ; 71 ; 74 ; 76 78 88 ; 90 ; 91 . 101 ; 103 ; 109 ; 216 ; 2.17. ne ... mais que: ; 15 ; 16 ; 19-21 ; 24-25 ; 32 ; 33 ; 42 ; 45 55 et n. 1 ; 56 ; 62 ; 71 ; 72 ; 74-78 ; 80-83 ; 88 ; 90 ; 91 ; 99 101 ; 102 ; 115 ; 117 ; 118-119 ; 132 ; 216-217. ne... mais que tant que : 118. ne... mes for que : 110. ne... (pas) moins que : 130 ; 138. ne... ne mais : 16 ; 32 ; 33 ; 42-44 ; 55 ; 56 ; 72 ; 74-76 ; 79 82 88 ; 90 ; 101 ; 102 ; 119 ; 216. ne... ne mais fors : 109. ne... ne mais que : 16 ; 28-30 ; 32 ; 33 ; 42 55 ;56 72. 74 79 88 ; 90 ; 91 ; 101 ; 102 ; 119 ; 217.
-
-
238
ne... ne... ne... ne... ne... ne... ne...
au mains que : l38-13n. ne plus que : 28.
ne qUe : 28 ; 54-56 ; 88 ; 119. n. L
nient plus que : 28.
pas (point) ; 68 ; 140 ; 172 ; 176 ; 177 ; 1()3 : 201-204 ; 216.
pas (point) ...autre '.' que ; 117 ; 187 ; la5-196.
pas (point) ...que (tour ancien) : 101 ; 104 ; 117 lIn; 1:)9-140
146-147 ; 172-178 ; 186 ; 191-194 200; 205 220. ne... pas... que (tour moderne) : 170 ; 186 ; 191 ; In4 ; 197-208 215-2~6 ; 218 ; 220.
ne... pas rien : 201 ; 203.
ne... pas... seulemen\. : 199 ; 204
ne... pas... seul : 199.
ne... pas (point) ... sinon : 13n ; 14'1 ; 183 ; 220.
ne... personne." que : 195-196 ; 205 ; 220.
ne... (pas) ... pour un : 199.
ne... aue : 12 ; 17 ; 19 ; 30. n. 3 ; 44-57 ; 62 ; 63 ; 68 ; 69 ; 70 ; 72 ; 79-83 ; 85-86 ; 88 ; 89-91 ; 92-93 ; 99-101 ; 104 ; 113 140-111; 142-14!J 115-118 ; 119-120 ; 127 ; 130-132 ; 133-135 151 ; 155 ; 157 ; 159 ; 167 . 171-173 . ; 186-189 ; 191 194-197 ; 200-204 ; 206 ; ; 209 ; ; 220. nc ... que ce que : 172.
ne... que... nel subj. : 46-47 ; 127 ; 175. n. 2.
ne... non : 47-48.
ne... : 201 ; 203.
ne... rien mains qUf'! : 12.
ne... rlen que : 178 ; 2.17.
ne... rien... que: 178 ; 187 ; 195 205; 217 ; 220.
ne... se... ne : 17 ; 58-59 ; 71; ; 89-90 ; 108.
ne... se (ee) n'est : 90 ; 94-95 . 99-100 ; 105 ; 116-118 ; 122 127
128 ; 130-132 ; 136-137 ; ; 159.
ne... se... non : 12 ; 17 ; 45 ; 47 ; 57-59 ; 70 ; 74-77 79-82 86-87 ; 88 ; 89-91 ; 93-94 ; 98 ; 9\)-102 ; 104 ; ; 109 114 ; 115-118 ; 120-122 ; 127 ; 128 ; 129 ; 135 ; 219.
ne... senon tant que : 132.
ne... sl : 38 ; 74 ; 117 ; 126-127.
ne... sinon (se non, SI noun) : 12 ; 59 ; 94 ; 101 ; 106 ; 114 ; 115 118 121-122; 128-129 ; 130-132 ; 135 ; 137 ; 142-145 ; 149-150 155 ; 157-159 ; 167 ; 183 ; 2.19. ne... sinon quand (lorsque) : 1tll-152.
ne... sinon que 115; 118 ; 128 ; 131-132 135-136 142-144
150-151. ne... sinon ... qUe : 151. negatifs (mots) ou semi-negatifs 149-150 ; 167-170 181 ; 188-189. negation pleinf'! avec les tours 68-69 ; ; 98 ; 104 ; 139-140 ; 157 ; 172-178 , 183 216. negativite dcs comparatives : 23 ; 69 150. nihil aliwi quam : 49.
n'ihil magis quam : 26.
nihil ni-~i ; 26 ; 49.
nisi : 37 ; 57 ; 59 ; 129 ; 175.
nisi quod : 129.
110... mais (ane. prov.) : 34 ; 40.
no... nUlS (esp.) : 34 ; 40.
no... mas (anc. prov.) : 33.
no... mas (mai) q'uan (ane. prov.) 27.
no ... mas que (esp.) : 26.
no (non) ...qlle (ane. prov.) : 50.
239
noicnt : 69.
noma (ane. ital.) : 43. noma, nome (rhet. rom.) : 43.
non, reponse a une interrogation que: 179-180 ; 187-188 ; 191. non ... a.ltro che (ita!.) : 215. n. 1. non magis : 32 ; 44. non... rlwgis... qWXrl1 : 24 ; 49. non ... rnai che (ital.) : 26.
non ... mas q'Ue (ane. eata1.) : 26.
non... nisi : 50.
non... non rna9lis qwnn : 28.
non ... qllam : 50.
non que : 144 ; 148.
non seulement : 198.
nul : 69 ; 70 ; 92 ; 119-12.0.
a
ne... que ou reprenant un ne...
Ors mis : 132 ; 137. ouUre et. par dessus : 132. outre : 12 ; 18 ; 66 ; 70 ; 72 ; 82 ; 132 ; 144.
oui, reponse a intcrrogation a nc... que ou confirmation de phrase
a ne... que: 179, n. 1 ; 188 ; 191 ; 197. Pas: 68-69 ; 104 ; 119-120 : 139-140 ; 170 ; 172-177 ; 194 ; 196 ; 200 ; 201-202 ; 204-205 pas... autre : 196. pas seulement : 198-199. pas un : 174-175. d'un terme d'un membre de phrase a l'autre 24 31-32 ; 46 ; 50, n. 2 ; 178 ; 209 ; 216-217.
personne : 194 ; 195-196 ; 216 ; 220.
plus : 2~ ; 75, n. 2 ; 146 ; 170 ; 200.
plus (lat.) : 31.
poi (peu) : 89-90 ; 95 ; 142 ; 149. point: 68-69 ; 139-140 ; 146 ; 149 : 172-177 194 200 216.
point de : 69 ; 174.
pourvu que : 145 et n. 1 ; 220.
praetcr : 60 ; 65. Qnam : 20 ; 22 ; 27 ; 40 ; 48-49 ; 64 ; 175 quand : 171. que: 20 ; 23 ; 24 ; 25 ; 27 ; 46 ; 47 ; 52 . 53 . 54 ; 62-64 ; 69-71 ; 78 ; 92-93 ; 104 ; 109 ; 119 ; 129 ; ; 141 ; 145 ; 148 ; 149 ; 150 ; 152 ; 157 ; 158 ; 160 ; 167-171 ; 173-178 ; 181 ; 186-187 ; 189 ; 192 ; 195.197 ; 200 ; 202 ; 203 ; 208·209 ; 217-218. que trap : 190-191. qui adversat.if : 53-54.
qnia : 20.
quid... quam... ? : 49.
q!wd " 20 ; 64.
reserve: 117 ; 126 ; 127 ; 165 ; 213. reserve (ee) que: 116-117 126. restriction : 11-12 ; 30; ; 76, n. 1 ; 77. n. 1 ; 84 ; 88 ; 92 96 ; 104 ; 149 ; 173 ; 175 ; 190 ; 192 ; 195 ; 196 ; 197 ; 203-205 206-208 ; 209 ; 215 ; 216 ; 217 ; 218 ; 220. rien(s) :69 ; 70 ; 139 ; 146 ; 147 ; 178 ; 195-196 ; 201 ; 203 ; 216. rien que : 30, n. 3 ; 109 ; 178 ; 189-190 ; 197 ; 209-211 ; 217. rien que ce que : 178. Salvant : 115 ; 126. 125. salvo, salvo che (itaL)
240
sans... que : 100 ; 117 ; 168-169.
sans... se ce non que : 99.
sanz, senz, sans : 12 ; 18 ; 66 ; 70 ; 72 ; 82 ; 89-91 ; 97 ; 99-101 115-116 ; 118 ; 126 ; 131-132 ; 142-144.
INDEX DES TEXTES CITES
sanz Ce (<;OU) que: 67 ; 80 ; 118. sauf (saus, sauve, salve, etc.) : 12 ; 66-67 ; 98 ; 100 ; 112-114 115 ; 125 ; 127 ; 132 ; 138 ; 143 ; 144 ; 152 ; 155 ; 158 ; 165-166 183 ; 213-214 ; 220.
sauf (sauve) <;ou (ce) que: 67 ; 80 ; 99-100 ; 113.
sauf a : 143.
sauf si : 184 ; 220.
sauf tant que : 117 ; 125.
sauve (sauf) que : 117 ; 125 132 138; 144 150 184 ; 220
sauve que de Be (afr.) : 58 se bien non: se... ne : 80 ; se (ce) n'est,
153
159
: 115 ; 125.
; 69 ; 101 ; 107 ; 129 131.
87 ; 106 ; 107-108 ; 120-121.
108. si ee n'est : 12 ; 100 ; 105 ; 111 ; 117 ; 122 131 ; 136-137 ; 144 ; 152 ; 157, n. 1 ; 159 ; 176 ; 186-187 195 ; 216 ; 219 ; 220. se non, sinon ; 106 ; 114 ; 128 ; 129 ; 130-132 ; 135-136 ; 142-145 149-152 ; 157-159 ; 166 ; 167 ; 176 ; 183 ; 186 ; 195 ; 208 ; 216 218 ; 220. 86 non (tosean) : 106-107. se (si) ... non: 58 ; 69-70 ; 78 , 80 ; 81 ; 86-87 ; 93-06 ; 101 ; 106-108 114 ; 128-129 ; 219.
se poi (petit) non : 120 ; 128 ; 135.
SP POl' ce non que : 86.
licd : 34 ; 36.
seuil lingu is! ique : 23-24 ; 39-40 ; 110 173 205 207.
soul: 141 ; 147 ; 198 ; 190 ; 210.
si (afr.) : 38 ; 75 ; 117 ; 126-127.
si (positif, fl'. mod.) : 180.
si (hypothetique, fl'. mod.) ; 131 142; 220.
si ce n'est que : 152 ; 159 ; 171 ; 184.
sino (esp.) : 30, n. 3 ; 38.
sinon d'autant que : 152.
sinon de : 157.
sinon en tant que : 129.
sinon par ce que : 152.
sinon que : 118 ; 122 ; 128-129 ; 131-132 ; 135-136 ; 142-145 ; 150 151 ; 157-159 ; 171 ; 175 ; 177 ; 184 ; 220. sol (adverbe), solement, seulement : 63 ; 87 ; 140-141 ; 147 ; 176 ; 187 ; 195 ; 198-199 ; 200 ; 208-210. specialisation des signes : 219-221.
Tant : 63-64 ; 87.
tan tum : 63.
trap... pour... que : 170.
trop... pour... no.. que ; 170.
Vltra : 66.
verbes de crainte : 20l.
Zeugme : 47-48.
Aiol, 3530 : 41 ; 9076 : 30 ; 9108 : 86.
Alexis, 36 : 24, 25-26, 40, 74. 195, n. 2 ; ~3 : 26, 34, 40 ; 272 : 60, 74.
Amyot, Rom., 30 : 151 ; Rom. 1 : 153 ; CEU7,;r. mor. Plut., 1, F'o 233,
VO : 180. d'Aubigne, Miscres, 967 : 147 ; 1347 : 147. Aucassin et Nicolette, II, 8 ; 98 ; II, 14 : 38 ; XIV, 6 : 95 ; XIV., 12 : 95.
Balzac (Guez de), Lettres ; Ill, 19 : 161 ; Ill, 20 : 166.
Barbusse, Le Feu, I, ~5 : 193.
Barres, Les Deracines, III, 76 : 209.
Beaumarchais, Mar. Fig., Ill, XVI : 190 ; V, XIX : 185 ; Eugenic, IV, VII : 186 ; Mem. Goi.izman ; p'. 317 : 198, 199 ; Mure cOU pable ; V, III : 190.. du Bellay, Detfence ; II, 3, 104 : 149.
Beranger, Billet d'enterrement : 210.
Berinus, § 7 : 120 ; § 132 : 123 ; § 200 : 120 ; § 206 : 123.
Beroul. Tristan, 35 : 69 ; 688 : 86 ; 879 : 62 ; 1308 : 85 ; 2121 85
~175 : 69 ; 4205 : 61 ; 4226 : 85.
Bodel, St Nicolas, 419 : 93 ; Saisncs : CL : 41.
Boileau, Sat. X, 187 : 163.
Bonaventure des Periers, Cymbalum Mundi, II, p. 313 : 148 p. 314 : 150.
Bono Giamboni, Tesoro, I. 1 : 107.
Bossuet, Eminente dignite, 3" p. : 157 : Hit. : II. 10 : 173, 174
II, 157 : 199.
Bouhours, Rem. n01.V., 201 : 162.
Bourget, P .. Cosmop., 181 : 209.
Brendan, 92 : 61 ; 541 : 63.
Brunet Latin. Tresor, I, CIlI, 1, : 110 ; I, CXI, 5 : 103 ; I, CLXXXV, 2 : 105 ; I, CXVIII, 13 : 113 ; II, V, 2 : 110 ; Tesoretto, cap. IV : 106.
Cartulaire de Cysoing, p. 104 : 111, 112.
Cent Nou1Jelles nouvelles, I, 1/. 31 : 133 ; p. 44-45 : 133 ; p. 60 : 134
p. 68 : 134, 179 ; IV, p. 5 : 134 ; p. 17 : 141 ; p. 40 : 135 p. 73 : 134 ; p. 96 : 136 ;V, p. 28 : 180. Chanson de Guillaume, 78 : 41 ; 1442 : 68 ; 2388 : 68, 104, n. 1 2385 : 30. 76. n. 1 ; 2798 : 65 ; 2997 : 69 ; 3264 : 31.
Charroi de Nimes, 699 : 5l.
Chartier, Alain, QuadriZogue invecti/, p. 20, 9 : 129 ; 21. 22 : 129 26, 19 : 129 ;3S, 22 : 129 ; 48, 10 : 129 ; 50, 15 : 128 ; 57, 30 139 ; 58, 1 : 129.
Chastelaine de Vergi, 828 : 93.
Chateaubriand, Genie, I, 1, 2 : 186.
Chevalier au cygne, 204 : 92.
Chrestien de Troyes, Cliges, 916 : 56 ; 5665 : 53-54 ; Erec, 308 : 67 831 : 56 ; 4682 : 84 ; 5585 : 84 ; Guill. d'Angl., 159 : 63 ; 574 62 ; 681 : 84 ; 975 : 82 ; 977 : 85 ; 1088 : 67 ; 1."31 : 56 ; 1507 67 ; Lancelot, 1240 : 46 ; Philomena, 250 : 64 ; 1354 : 62.
242 Christine de Pisano Charles V. I, p. 16 : 128 ; 1). 2.'1 : 128 ; p . .56 128 ; 1). 158 : 128. ",;mw de Moree, §§ 122 : 125 ; 182 : 120 ; 252 : 126 384 ; 442 : 121 ; 540 : 125 , 571 : 120 ; 873 : 125 ; 909 : Cleomades, 11903 : 108. COllin d'Harleville, Chdteaux en Espagne, II, VII : 187 ; II, IX 187 ; Vieux celibataire, VJ IV : 194. Commynes. L. I. II, 13 : 138 ; VI. 46 : 133 ; VII, .52 : 137. 145, n. 1 VII, 54 : 139 ; VIII, 58 : 134 ; X, 68 : 138 ; X. 69 : 141 XVI, 91 : 136 ; L. II, VI, 129 : 139 ; IX. 142 : 139 ; XIII, 161 : 138 ; XV, 16.9 : 139 ; L. III, VIII, 219 : 134 ; L. VIII, XIV: 139. Con'damnation de Bancquet (Jacob. Farces), 'P. 302 : 135.
Constant, B., Adolphe, VII : 194.
Corneille, P., Andr.• 1428 : 163 ; alit, Arg. : 172 ; n93 : 157.
Don Sanche, 1.~14 : 163 Gal. Pal.. 474 : 169 ; Heracl., 11.59 158 ; Hor., ,~,5.~ : 163 ; : 192-193, 200 ;Ill. com., 1640 : 171 Imit., I, 102 : 169 Othon, 1253 : 166 ; Perth.. au lect. : 168 Rod., 1291 : 171 698 : 168 ; Suite d1L Ment., 1106 : 179 1770 : 168 ; : 171. Cornejlle, Thom(b.'1 Commentaires sur VaugeZas, p. 706) 175. Coronemenz LOOIS, 82 : 64 ; 103 : 77 ; 240 : 38 ; 376 51; 700 61 ; 841 : 55-56 ; 2101 : 78. Courteline, Boubouroche, 25 : 205 ; Client serieux, III, 32: 191 Linottes. V, 129 : 206 ; Pantheon-Courcelles, p. : 191.
Cyrano de Bergernc, Pedant joue, II, IV : 157.
Descartes, Pass., 29 : 165.
Desforges. Le Sourd, II. IV : HJ8.
Diderot, Jacques, r). 93 : 183 ; p. 79 : 189 ; Joueur, II. IV : 187
IV, VIII : 189 ; p. 7 : 188 ; p. 12 : 188 ; p. 95 : 186.
Eneas, 139 : 84 ; 239 : 59 ; 278 : 86 ; 1304 : 86 ; 1401 64; 387.5 30. 87 ; 3921 : 65 ; 5018 : 79, n. 2 ; 6321 : 56, n. 3 ; 6477 : 68
6669 : 83.
Ernoul,
Examen ~f5""'WIn \lVlUller-Taylor. Chrest., p. 212) : 31, n. 4.
Faits des Romains, 9: 109.
Falbaire, Fabricant Londres, II, XI : 189.
Fauohois, R. Prenez garde it Za peinture, 36 : 205-207.
Faustinus, Trin., I" 14 : 49.
Folie Tristan B, 812 : 63.
Fouke Fitz Warin, 17, 8 : 106 ; 22, 14 : 103 ; 18, 20 : 106 ; 30, 17 :
107 ; 65, 19 : 107.
Froissart, Chroniques, II, 24, 7 : 126 ; 49, 28 : 126 ; 73, 3 : 122 ;
77, 8 : 123 ; 87, .14 : 125 ; 116, 15 : 120 ; 116. 16: 120; 221,
1 : 126 ; 254. 28, : 124 ; 286, 28 : 122 ; 288, 20 : 126 ; XIII, 127 : 122 ; XIII, 260 : 122 ; XVI, 53 : 180. Gide, A., Nouv. Nourr. terr., p. 247 : 162 ; p. 291 : 211. Girart de RowssilZon, (Appel, Provo Chrest., I, 127) 34. Godefroi de BouilZon, : 109. Gormond et 175 : 43 ; 271 : 45, 50, 51 ; 578 : 27. Grandes IX, 37 : 124 ; 72, n. 2 : 118 ; 92
124 ; 116 : ; ~ 124 : 2k6 : 124 ; 247 : 125 252 : 118 ; 332 : ; 338 : 119. Griseldm, III, 117 : 124 . V, titre : 124 95 : 126. Guernes, Becket, 213: ; 2892 : 84 ; : 66 ; 4181 66. Guillaume au faucon, 471 : 197.
Henri de 920 : Henri de Hermant,
243
Mondeville, Chin~rgie, §§ 16 : 110 ; 474 112 ; 1023 : 103. Valenciennes, Chronique. § 585 : 113. A.. Confession d'un enfant, I : 198
n. 3.
Ipomedon, 891
III, 1, S 109
111
550
112
Xavier, p. 241
197.
2HO : 109.
138: 122 ; p. 145 : 120 J can Ie Bel, Chronique, I, 1). 51 : 123; p. 269 : 120 ; p. 276 : 123 ; p. 33.9 : Jehan d'Arras, Melnsine, p. 49 : 120 ; p. 57 : 119 ; p. 70 : 122 1). 118 : 119 ; 1). 157 : 119 ; p. 166 : 118 ; p. 178 : 121 p. 179 : 121 ; p. 187 : 123 ; p. 200 : 119 ; p, 208 : 120 ; p'. 277
120 ; 1). 281 : 124 ; p. 296 : 119 ; p. SOO : 118.
Jehan de Conde, II, 35, 1130 : 109.
Jehan de Paris, p. 36, 26 : 133 ; p. 87, 19 : 137.
prol. : 147.
§ 45: 102 ; 53 : 102 ; 241 : 104 ; 281 : 102 649: 103.
.Jongleurs et trouvcres, 117 : 109.
La La La
1, 155 : 172.
Mm" de, Princesse de CWves, 18: 169.
Fables, I, VII, 12 : 146, n. ; II, XIV, 2 : 166 ;
I, 1 : ; IV, VII, 41 : 178 ; VII, I, 61 : 210, n. 4 ; IX, 83 : 157 ; COntes, I, III, 15 : 161 ; II, I, 811 : 161 ; II, IV, 63 : 162 ; III, II, 120 : 161 ; V, 88 : 179. Larivey. Esprits, I, 5, p. 216 : 180; 2, p. 225 : 150 ; IV, 4. p. 271 : 146. La Salle, Anthoine de, ,Jehan de Saintre, I), 18 : 138 ; 1)· 24 : 134 ; p. 26 : 137 ; p. 29 : 138 ; p. 38 : 137 ; p. 103 : 138 p. 111 : 138. Lampride, Heliogabale, 18, 4 : 34, 39. Diable boiteux.. 12 : 184 ; Turcaret, V, XIII : 192, 194. Gumamne, 5 : 77.
Mahieu Ie Vilain, Metheores d'Aristote, 60, 3 : 104 ; 62, 11 : 199.
Maillart, Jehan, Roman du Comte d'Anjou ..n21 : 104.
Malherbe, CEuvres, II, 31 : 172 ; 38 : 172 ; 121 : 168 ; 436 : 169
III, 26,' : 155 ; 406 ; 170. 174 ; IV, 145 155; 33.1 161 416 : 158 ; Larmes, 75
Marco Polo, Merveilles (A. ---'''J,
Marguerite de Navarre, IIeptameron, 9 : 150 ; I, p. 12 146 ; IV. p. 31 : 180 ; IX, p. 51 : 147 . p. 75 : 150 ; X, p. 78 149 ; XVIII, p. 138 : 149 ; XIX, p. 141 : 147. Marie de France, EUdnc, 794 : 81, n. 1 ; 978 : 81, n. 2. Marivaux, DOI~ble inconstarlce, I, II : 188 ; III : 188 ; II, VII : 187. 189 ; Ji'ausses confidences, I, II : 194 ; II, Xl : 190 ; Ill, III : 183 ; Jeu de l'amour et du hasard, I, VII : 190, 194 Legs, III : 193 ; VI : 188 ; Mere contidente, II, VIII : 187 ; III, I : 190 ; p(lysan 1Jurvenu., IV : 185.
Maupassant, Pierre et Jean, 213 : 209 ; Une vie, p. 13 : 184.
Menage, ObserV(Ltions, I, 11. 367 : 175.
Menestrel de Reims, § § 161 : 103 ; 253 : 102 ; 368 : 113.
Mercier, S., Jenneval, IV, V : 187.
Miracles de Notre-Dame, II. 16 : 109.
168 ; Amphitryon, II, I, 777 : 166
Ill, XII 170 ; Bourg. gent., II, V :
: 178 ; FCrmnes sav.,
Comtesse d'Esc., imag., II, VII, : 170 I, IV, 281 : 157 ;
245
244
XII : 199 ; III, XVII : 207-208 ; Misanthr., II, IV, 909 : 170 VI, 760 : 163 ; PrecieWles, I : 16B. Moniage Gl~illaume, I, 542 : 68, 77, n. 1. Montaigne, ES8ais, I, XXV: 146 ; III, V, p. 96 : 146 : VI, 171 148 IX, 241 : 153 ; 2.55 : 146 ; 338 : 146 ; XII, 354. : 148 XiII, 382 : 152 ; 400 : 147.
Mort Artu, pp. 64, 1 : 93 ; 86, 1 : 94 ; 127,
98
21 : 91 ; 155, 22 : 91 ; 175, 9 : 94 ; 195, n. 39 du § 172
MUsset, Venise : 162.
l52
94:
Noe, J.-A.. Teddy and partner, I, 19 : 91. Noel du Fail, Baliverneries, I, 120 : 146 ; Propos rustiqnes, XI, 85 151 ; XII, 91 : 152. Nou1;cau Pathelin (Jacob, Farces, p. 170) : 135. Ogier Ie Danois, 9805
47.
Pa.mphrase du Cantique des Cantiques, verset 11, 31 66.
Pascal, Pensees, ed. G.E.F., II, 123 : 173. 174 ;
1911 ; 169 ; ed. Bnmschvicg, sect. II, 65 : 163 ; VII, 552 : 173, ; Pr01;incial es,
l' I. : 158 ; 3' I. : 157, 173 ; 8' 1. : 166 ; 9' I. 165, 199 ; 10' l. 159, 171.
Po..ssion du Christ, 97 : 25. 74 ; 38.', : 24, 74.
Pclerinage de Charlemagne, 50 : 66 ; 485 : 41 ; 726 : 21 et n. 1.
Peyrefitte. R., Cles de Saint Pierre, p, 419 : 146, n. 2.
Philippe de Beaumanoir, Coustumes du BeantlOisis, §§ 19 : 105
36 : 111 ; 42 : 105 ; 62 : 113 ; 63 : 105 ; 184 : 104 ; 2.£9 : 105 484 : 111 ; 490 : 112 ; 503 : 111 ; 1216 ; 104.
Philippe de Thaon, Comput, 1203 : 87 ;2073 : 45, 49, 50, 55 ; 26;,7
29 ; 3326 : 21 et n. 3.
Proust, M" Chroniques, p. 209 : 210.
Psautier de Cambridge, XVII, 31 ; 65.
Quatre Livres des ROis, I, XVIII, 25 : 41 ; XXIl, 15 : 68 ; II, I, 26 : 31-32, 34, 40 ; II, 30 : 65 ; XIX, 35 : 83 ; XXI, 4 : 68 ; ill, XII, 29 : 83 ; XIII, 8 : 84 ; XV, 5 : 63; XX, 31 : 41 ; IV, II, 19 : 86 ; V, 21-22 : 69 ; IX, 85 : 57, n. 3 . XXI, 16 : 65. QU,f'ste del Saint GraaZ, p. 3, 1. 28 : 95 ; 5, : 94 ; 9, 2 : 94 ; 47, 10 : 93 ; 69, 25 : 96 ; 69, 27 : 98 ; 88, 10 ; 96 ; 104, 10 : 93 ; 121, 5 : 96 ; 134, 29 : 95 ; 168, 30 : 93 ; 213, 7 : 98; 251 : 25 : 93 ; 263, 15 : 95 ; 265, 16 : 95. Qninze joyes de Mariage, p. 17 : 140 ; 10 133; 72 : 180 ; 10.9
136 ; 112 ; 136 ; 136 : 134 ; 143 : 134 ; 162 : 137 ; 164 : 136
193 : 134.
Rabelais, I, anx loct. : 149 ;1, p. 10 : 153 ; V, 23 : 151 ; XV, 57 151 ; XXVI, 96 : 150 ; XXXIX, 136 : 152 ; XLI, 142 : 152 ; II, XVII, 91 : 147 ; XXVIII, 141 : 47; XXXIV, 169 : 145 ; IV, XXIII, 103 : 146. Racan, I, 31 : 180 ; 320 : 161. Racine, Andromaque, I, IV, 365 : 170, 200 n. 2 ; Port Royal (lV, : 174 ; ed. G. Truc, p. 163 : 164 ; Rem. sur l'Odyssee (VI, : 163 ; TrarZ, (V, 485) : 174. Regnard, Joueur, II, 1 : 179 ; Menechrncs, I, 2 : 173, 174, Regnier, E16gie, p. 217 : 160 ; Satire IX : 160. Restif de la Bretonne, Inscriptions, p. 100 : 189 ; Sara, p. 56 : 187 p. 116 : 186.
Richeut, 884 : 83. Robert de Clarl, XIII. 14 : 96 ; XVIII, 15 : 43 ; XXI, 15 : 190, n. 2 XXI, 54 : 96 ; XLVI, 15 : 190, n. 2 ; LXVIII, 16: 97; LXXIV, 48: 91 ; XCII, 28 : 97 ; XCVIII, 3 : 96 ; OVIl, 1 : 97.
Roland, 6 : 60, n. 1 ; 284 : 27 ; S81 : 42 ; 1309 : 30 ; 1352 : 45, 50 ; 1688 : 42 ; 1932 : 29 ; 2336 : 202 ; 2759 : 21, 78 ; 3332 : 29. de Renart, 19 : 62, 64, 87 ; 932 : 63 ; 1302 : 66 ; 2836 : 85. de la Rose, 112 : 92 ; 4366 : 92 ; 5668 : 110 ; 10,,63 : 103. des sept sages, p. 101 : 136 138 : 136 ; p. 139 : 136. de Thebes, 576 : 47 ; 7201: 85; 761,8 : 52 ; 9737, ?;ar. 97, n, 1. Roman de Troie, 3619 : 56 ; 7746 : 53 ; 9505 : 53 : 16938 : 87. Roman de Troie en prose, 105, 19 : 94 ; 140, 26 : 9
Roman Ronum Roman Roman
Ronsard, Sonnets HeUme, I, XXXIX : 151 ; L : 151 147 ; (Euvres, 437: 151. Rutebeuf, 8egrestain, 746 : 107.
LVi
Saint-Simon, Memoil'es, II, XXXV, 4,'19 : 169.
Satire Menippee, I{ctrangue d'Aubray, p. 186 : 150 ; p. ,'W? : 148 ;
p. 218 : 150 ; p. 2,'12 : 150 ; p. 237 : 147.
Scarron, Roman comiq!be, V : 199 ; VII : 165 ; Virgo tnLv., IV : 161.
Sedaine, Philosophe, II, X : 189, 196.
Sevigne, Mm. de, Lettres, II, 1.12 : 163 ; 198 : 164 ; III, 342 : 169 ;
: 164 ; IV, 349 : 165 ; 393 : 169 ; V, 46 : 174 ; 87 : 163 ; : 164 ; VII, 189 : 164 ; B. VIII, 31 : 171 ; Autogr., VIII. 42 : 170 ; VIII, 43 : 171 ; VIII, 267 : 174 ; IX, 538 : 157 ; Gr. X, 5411 : 171.
198.
Sorel, Ch., Francion, Ribbing, 16 mars 1796 198. StaeJ, M"'" de, Lettre it 'furgot,
Adv. Prax., 29 : 49. s. mun., Seh. (lV. 507)
197.
Vade, Grenouillere, p. 112 : 193. Vaugelas, .Quinte-Curee, VI, 2 : 156 ; VIII. 7 : 190 ; X, 2 : 172, 174 ; Remarques, p. 162 : 156 ; p. 222 : 165 ; 254 : 161 ; p. 346 173 ; p. ,'160 : 166 ; p. 405 : 175, 177 ; p. 406 : 159 ; p. 407 : 175. 177 ; p. 409 : 174 ; p. 537 : 173 ; p. 555 : 171 ; Nouv. Rem. (Chassang) : II, p. 386 ; 164, 165, 178. Vauvenargues, CaractDres, I, 214 : 188.
Villehardouin, §§ 120 : 93 ; 165 : 95 ; 319 : 97 ; 387 : 96 ; 403 : 92 ;
421 : 96, 97 ; 496 : 98.
Voltaire, Oandide, XIV: 193 ; Oornm. Corn., pp. 301. 402. 428, 585, etc. 192-194; met. phil., Pr01)heties, 2 : 199 ; Echange, I, IV : 186 ; Homme a1lX quar. ecus : 184. Wace, Ro!/., 2686
59
3736
17, 47, 59.
536 : 205 ; Lettres de jeuncsse, 12 ; Ventre de Paris, 375 : 205.
193
LourrJe8,
TABLE DES MATIERES
AVANT.PROPOS
7
INTRODUCTION
Problemes de methode ........................
CHAPITRE PREMIER : ORIGINE DES TOURS EXCEPTIFS EN USAGE DANS LE PREMIER ETAT DU FRANCAIS ECRIT "
9
15
1. • Inventaire des tours en usage (15). - II. • Origine des tours exceptifs. - A.• Tours ou entre mais, a) mais que (19). - b) Ne... ne mais que (28). c) Ne... rnais (31). - d) Ne... ne mais (42). - B. - Ne... que (44). - Ne.. , ne que (55), - C. - Ne... se... non (57). - D, - Ne... fors. ne... for8 que. a) Fors (59). - b) Fors que (62). - E. - Tours preposition nels (64). - F. - Sauf (66). Structure de l'element negatlf suivi d'une exception (67). - Moyens lexicaux et. moyens syn taxiq ues (70).
CHAPITRE DEUX : EMPLOI DES TOURS EXCEPTIFS ANCIEN FRANCAIS ................... .................
EN 73
a la fin du XII' siecle (73). - A. - Des origines au milieu du XII' siecle. a) Premier groupe de textes (73). b) Second groupe (75). - B. - Seconde moitie du XII- siecle (79). - II. - XIII' siecle et debut du XIV- siecle. A. - Pre miere moine du XIII< siecle (89). B. - Seconde moitie du XIII' et debut du XIV' siecle (99). -- Bilan (113).
1. - Des origines
CHAPITRE TROIS : EMPLOI DES TOURS EXCEPTIFS MOYEN FRANCAIS .................................. ..' I. - XIV- siecle (115). cle (142).
II. - XV, siec1e (127). -
EN
XVI' sie
CHAPITRE QUATRE LE FRANCAIS MOD ERNE. 1. - I1E XVII' SIECLE ..•....... ........... . ................•. 1. Mai8 que (155). - 2. Ne... sinon, sinon que, si ce n'est (157). -' 3. Fors, fors q'ue (159) 4. Rors, hors de, hors que, hormis, hormis que, excepte, excepte que, d l'exceptlion de, reserve, d la resene de, l'exclusion de, d mains que, d ... pres (162). Ne... que (167). - Son extension : a) Que apres proposit.ion in terrogative (168). b) Que apres proposition hypothetique (168). - c) Que apres proposition de forme Pisitive, mais de valeur negative (168). .Que suivi de quand et de diverses locutions conjonctives (171). - N e... que suivi de proposition (171). - Ne... pas (point) ... q'ue (172). - Ne... rien que (178), La reponse non apres ne... que en propositiin interrogative (179),
a
115
155
-
248
CHAPITRE CINQ LE FRANCAIS MODERNE. II. - Du XVIII' SIl1:CLE A NOS JOURS .............•.•. .........
183
1. Les expressions exceptJves autres 2. Ne... qlte (186). a) Persistance
b)
Indices d'une conception nouvelle de ne...
Que et rien que non precedes d'un element
Ne... q'ue est senti positif (223). - c) Le Oe ne... pa,~
(point) que (191). - La valeur ancienne Ne
(aucun, personne, rien etc.) que (194). Faible teneur
de ne (195). Le tour moqerne ne... pas... que
d) Comment fonctionne ne ... 1)as... q?le (200). el Ne... p~""
que en proposition interrogative (105). f) Que seul ; Riel!
CjUO
(208).
CONCLUSION .................
. .. "
... .
213
Les moyens lexicaux (21). - Les moyens syntaxiques - Perma nence du mecanisme sous-jacent au tour ne-q'ue (215). Lexi calisation des signes de mecanismes (266). Tendances a Ia specialisation des signes (219). BIBLIOGRAPHIE ..................................................
223
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I. - Textes depouilles ou consultes (223). II. - Dictionnaires et lexiques (228). III. - Ouvrages de linguistique (230). IV. - Etudes particulicres (231). Etudes sur les grammai riens (233).
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INDEX DES MOTS ET DES NOTIONS
235
INDEX DES TEXTES CITES
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TABLE DES MATIERES
247
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Acheve d'imprimer en Juin 1959 sur les presses de l'Imprimerie IMBERT, 26, rue Hoche - Alger DepM legal no 199 2 m • Trimestre 1959
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