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Maurice Baudoux 1902-1988 �
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Denise Robillard
Maurice Baudoux 1902-1988 �
Une grande figure de l’Église et de la société dans l’Ouest canadien
Les Presses de l’Université Laval
Les Presses de l’Université Laval reçoivent chaque année du Conseil des Arts du Canada et de la Société d’aide au développement des entreprises culturelles du Québec une aide financière pour l’ensemble de leur programme de publication. Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise de son Programme d’aide au développement de l’industrie de l’édition (PADIÉ) pour nos activités d’édition.
Photographies : Sauf indication contraire, les photos sont tirées du Fonds Maurice-Baudoux, Centre du patrimoine de Saint-Boniface, Manitoba.
Maquette de couverture et mise en pages : Mariette Montambault ISBN 978-2-7637-8873-9 © Les Presses de l’Université Laval 2009 Tous droits réservés. Imprimé au Canada Dépôt légal 4e trimestre 2009 Les Presses de l’Université Laval Pavillon Pollack, bureau 3103 2305, rue de l’Université Université Laval, Québec Canada, G1V 0A6 www.pulaval.com
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Préface �
on prédécesseur immédiat sur le siège de Saint-Boniface, monseigneur Antoine Hacault, a eu l’heureuse idée de demander une biographie du regretté monseigneur Maurice Baudoux. Le geste est significatif, car il connaissait bien l’homme et l’archevêque. Avec lui, il avait travaillé à la préparation du concile œcuménique Vatican II annoncé par le bienheureux pape Jean XXIII en janvier 1959. De plus, il avait collaboré avec monseigneur Baudoux au concile même, d’abord comme expert, ensuite comme évêque. Il avait travaillé à ses côtés comme évêque auxiliaire et coadjuteur, avant de lui succéder. On comprend que monseigneur Antoine Hacault avait une véritable vénération pour son prédécesseur. Il l’a accompagné et soutenu durant la majeure partie de son ministère épiscopal. J’ai connu les deux hommes : le premier m’a ordonné prêtre ; le second a été mon professeur et formateur au Grand Séminaire de Saint-Boniface. C’est donc une grande joie pour moi de présenter cette œuvre de première valeur. L’auteure s’est bien documentée à même les archives du Centre du patrimoine de Saint-Boniface et a pu rencontrer beaucoup de personnes qui ont vécu et travaillé avec monseigneur Baudoux. Elle nous livre un ouvrage où l’on voit revivre l’homme, le prêtre et l’évêque. Bien plus, elle nous donne l’impression d’avoir vécu aux côtés de ce grand homme, tout comme l’a fait sa sœur, mademoiselle Mariette, toute sa vie durant. Merci à l’auteure pour son travail minutieux. Celui-ci révèle la richesse d’un homme dynamique qui, grâce à sa personnalité attachante et à sa détermination, a su mener à bien non seulement un ministère pastoral remarquable dans l’Église, mais aussi une activité sociale dont profitent encore les francophones des provinces de l’Ouest canadien dans les domaines de l’éducation et de la radio française.
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Puisse cet ouvrage nous aider à recueillir les fruits du labeur de nos devanciers comme un héritage sacré et nous inspirer dans notre mission de renouveler l’Église dans l’esprit du concile Vatican II !
† † Emilius Goulet, p.s.s. Archevêque de Saint-Boniface Saint Boniface, Manitoba, En la fête des saints Simon et Jude, apôtres Le 28 octobre 2008 Jour anniversaire de l’ordination épiscopale de monseigneur Maurice Baudoux
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Présentation �
a richesse des documents conservés dans les archives du Centre du patrimoine de Saint-Boniface, au Manitoba, a permis de retracer l’itinéraire de Maurice Baudoux, ce petit immigrant belge de neuf ans, arrivé en Saskatchewan avec sa famille, en septembre 1911, et qui allait devenir archevêque de Saint-Boniface. La correspondance a permis d’esquisser les aléas du parcours d’une famille immigrante attirée par le rêve américain au début du XXe siècle. La publicité faite en Belgique par le gouvernement du Canada visait à recruter des colons pour défricher et peupler les provinces de l’Ouest du pays. La famille Baudoux a cru pouvoir améliorer en quelques années sa situation financière, avant de retourner au pays couler une retraite confortable. Le contact avec la réalité et la difficulté de s’adapter à une situation imprévisible auront des conséquences sur le parcours scolaire du jeune Baudoux. Le souci de confier son éducation à un milieu à la fois français et catholique va le conduire à des premières leçons de grec et de latin du curé de la paroisse de Howell (Prud’homme), au collège de Saint-Boniface (Manitoba), puis au Grand Séminaire d’Edmonton (Alberta). C’est là qu’un professeur discerne en lui le futur leader dont les Canadiens français de l’Ouest ont grand besoin, et le jeune séminariste termine ses études de théologie au Grand Séminaire de Québec. L’activité pastorale du jeune abbé Baudoux est marquée par le souci de recourir aux méthodes les plus dynamiques pour l’enseignement de la religion et la formation des jeunes. Cette activité se double d’un engagement social poursuivi avec ténacité dans les luttes que doivent mener les francophones pour obtenir l’enseignement du français à l’école. Sa persévérance pour l’obtention de postes de radio français pour la population canadienne-française des quatre provinces de l’Ouest du pays lui a valu le titre de « père de la radio française dans l’Ouest ». En 1948, il est appelé à poursuivre sa carrière comme évêque du nouveau diocèse de Saint-Paul (Alberta) et, en 1952, il succédera à un évêque malade sur le siège de Saint-Boniface (Manitoba). Il crée un grand séminaire pour la formation des prêtres de l’Ouest, met en œuvre la réforme liturgique
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amorcée par le pape Pie XII, et s’emploie à promouvoir auprès des jeunes les méthodes d’enseignement et d’apostolat les plus novatrices. L’annonce faite en 1959 par le pape Jean XXIII de la tenue d’un concile trouve en lui un fervent adepte. Tout au long de ces années laborieuses, il animera dans son diocèse une équipe de spécialistes qui étudieront les questions proposées par Rome et il sera l’un des premiers et des plus ardents à mettre en application les décisions du concile. La correspondance assidue qu’il entretient avec sa sœur aînée Mariette, aussi éprise que lui d’art et de spiritualité, nous permet de découvrir l’homme attaché à sa famille, et de mieux cerner sa personnalité humaine et spirituelle.
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Remerciements �
e tiens d’abord à rappeler le souvenir de Mgr Antoine Hacault qui m’a confié le soin de retracer la vie et la carrière de son prédécesseur. Je tiens aussi à remercier Mgr Émilius Goulet pour la suite du projet.
Tout au long de plusieurs mois de recherche, j’ai pu profiter de la compétence archivistique et de la disponibilité de Gilles Lesage, du Centre du patrimoine de Saint-Boniface, ainsi que de sa connaissance du milieu des archives de l’Ouest pour avoir accès à des sources dont l’emplacement n’était pas évident, comme on le constatera à la lecture des premiers chapitres. Grâce à lui, j’ai pu avoir la collaboration de Margaret Sanche, archiviste aux archives diocésaines et aux archives des Oblats de Saskatoon, de Tim Novak des Archives de la Saskatchewan à Regina pour la consultation à Saskatoon du fonds d’archives de l’Association catholique franco-canadienne (ACF), de Diane Lamoureux, archiviste des Oblats de la province Grandin à Edmonton, Alberta, et de Mgr Luc Bouchard, évêque de Saint-Paul, Alberta. Je remercie aussi les archivistes des communautés religieuses de Saint-Boniface, les Sœurs grises de Montréal, les sœurs des Saints-Noms-de-Jésus-et-de-Marie, les missionnaires oblates du Sacré-Cœur-de-Marie-Immaculée. J’ai aussi tiré profit de nombreuses conversations avec ceux et celles qui ont connu Mgr Baudoux. À Ottawa, j’ai pu compter sur la collaboration du regretté père Romuald Boucher, o.m.i., et de Nathalie Parant aux archives Deschâtelets, et sur celle de Michel Lalonde au Centre de recherches en civilisation canadienne- française de l’Université d’Ottawa pour la recherche dans le fonds de l’Ordre de Jacques-Cartier. À Saint-Jérôme, Isabelle Contant m’a accueillie aux archives des Jésuites de la province du Canada français. À Fayt-lez-Manage, en Belgique, j’ai pu compter, à titre gracieux, sur la collaboration du notaire Hubert L’Olivier – « C’est pour la gloire de l’histoire, c’est sans frais ! » – et sur celle de Joseph Strale. Je remercie aussi l’archiviste Thierry Delplancq de la ville de La Louvière. Je veux également remercier les amis et collègues historiens qui ont accepté de lire mon manuscrit et m’ont permis de l’enrichir de leurs
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s uggestions, en particulier Gilles Routhier, de l’Université Laval de Québec, et Mgr Henri Perron, de Saint-Boniface, un des membres du comité de lecture formé par Mgr Goulet. Je remercie M. Cornelius Jaenen, de l’Université d’Ottawa, qui s’est intéressé à mon travail et m’a invité à participer au col loque organisé en octobre 1999 sur « la présence belge au Canada ». Je n’oublie pas non plus le professeur Serge Jaumain qui, au Centre d’études canadiennes, de l’Université libre de Bruxelles, travaille sur l’immigration belge au Canada et qui s’est intéressé au présent travail.
Sigles et abréviations �
ACEFC ACELF ACFC (ACF) ACFEO ACJC ACPSB ADO ADSP AECFM AMO ASGM ASJCF ASNJM BAC CCC CCM CCR Codex COJC CRCCF DB DBC FDLP LIN MAEE MOGA OJC PAA ROF SAB SCEP SCER SDA SSJB
Association des commissaires d’écoles franco-canadiens de la Saskatchewan Association canadienne des éducateurs de langue française Association catholique franco-canadienne de la Saskatchewan Association canadienne-française d’éducation de l’Ontario Association canadienne de la jeunesse catholique Archives du Centre du patrimoine de Saint-Boniface, Manitoba Archives Deschâtelets, Ottawa, Ontario Archives du diocèse de Saint-Paul, Alberta Association d’éducation des Canadiens français du Manitoba Archives des missionnaires oblates Archives des Sœurs grises de Montréal Archives des jésuites du Canada français Archives des sœurs des Saints-Noms-de-Jésus-et-de-Marie Bibliothèque et Archives Canada Conférence catholique canadienne (évêques du Canada) Conférence catholique du Manitoba (évêques du Manitoba) Commission canadienne de la radio Codex ecclesiasticus des oblats de Marie-Immaculée, Saint-Paul, Alberta Commandeurs de l’Ordre de Jacques-Cartier Centre de recherche en civilisation canadienne-française Dictionnaire biographique des oblats de Marie-Immaculée Dictionnaire biographique du Canada Filles de la Providence Ligue des intérêts nationaux Manitoba Association for Equality in Education Missionary Oblates, Grandin Archives Ordre de Jacques-Cartier Provincial Archives of Alberta Radio-Ouest française Saskatchewan Archives Board Société canadienne d’enseignement postscolaire Société canadienne d’établissement rural Saskatoon Diocese Archives Société Saint-Jean-Baptiste
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I Quitter la belgique �
Plan de la ville de la louvière
Chapitre 1
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De La Louvière À Hague �
’incendie de la brasserie de Norbert Baudoux, en 1908 ou 1909, est le premier d’une série d’incidents qui vont modifier profondément la vie de sa famille. Né à Saint-Vaast, dans la province du Hainaut, en Belgique, le 19 mars 1857, Norbert Baudoux est le fils d’Eugène Baudoux et d’Adolphine Jussiant. Il avait d’abord épousé Félicité Lebeau, décédée sans lui avoir donné d’enfant1. Le 5 janvier 1892, devant le notaire Edmond Ribaucourt à La Louvière, il signe un contrat de mariage avec Marie Moreau, fille de Léopold Moreau et d’Amélie Fontaine, née à Silly le 16 juin 18672.
Saint-Vaast, dans le Hainaut, une localité septentrionale du bassin houiller du Centre, comprenait plusieurs seigneuries foncières parmi lesquelles se trouvait le fief de La Louvière3, une ferme appartenant à l’abbaye d’Aulne. L’abbaye possédait sur les rives du Thiriau des propriétés désignées dans les chartes du XIIe siècle, d’après une légende aux loups, du nom roman de Menaulu – meigne au leu, repaire du loup – qui devient en latin Luparia et Lovaria. Retraduit en 1284, le nom devient Le Lovière, et enfin La Louvière. On y extrait de la houille depuis 1390, comme l’établit un acte conservé aux archives de l’État à Mons, mais ce n’est qu’au XVIIIe siècle que l’industrie du charbon y est exploitée. On construit alors des routes, des canaux, puis des lignes de chemin de fer. Le hameau étant devenu plus important et plus actif que le village de Saint-Vaast dont il dépend, La Louvière est érigée en commune distincte le 27 février 1869. Depuis 1954, la commune de La Louvière est autorisée à adopter les armoiries de l’abbaye4. Après avoir été boucher, Norbert Baudoux devient brasseur en 1899 et s’intéresse aussi au commerce des chevaux de race5. Le couple a quatre enfants : Mariette, née le 8 décembre 1892, Edgard, né le 27 avril 1896, Maurice, né le 10 juillet 1902 et Nelly, née le 18 mai 1905. Mariette fait ses études chez les Dames de la Croix à La Louvière et Edgard fréquente l’Institut SaintAntoine, le pensionnat des sœurs Franciscaines, logé dans l’ancien château de Scailmont (Manage). Le pensionnat disposait aussi de dix « lits-cages » pour accueillir des enfants de deux à trois ans. Exceptionnellement, en raison
4 I. Quitter la Belgique de la nature du commerce du père et du mauvais état de santé de la mère, le petit Maurice est placé au pensionnat à dix-huit mois. En 1930, sœur Antonia, l’une des deux religieuses qui ont eu à s’occuper du bébé, écrit à l’abbé Baudoux : « Je me rappelle encore le premier jour de votre entrée au pensionnat ; quand nous deux, sœur Julie et moi, nous devions vous mettre coucher pour la première fois au pensionnat. Nous n’avions jamais eu dans nos mains un si gentil petit bébé, nous ne savions comment nous y prendre pour vous mettre au petit lit. » La religieuse se souvient que le dimanche Mariette venait visiter son petit frère pensionnaire, le plus souvent avec Nelly dans ses bras, la petite sœur née en mai 19056. Maurice Baudoux, bébé
L’Institut Saint-Antoine de Manage où Maurice a été mis en pension.
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À l’été 1909, la famille quitte la maison de la rue de La Croyère à La Louvière pour Fayt-lez-Seneffe (aujourd’hui Fayt-lez-Manage). Les Baudoux jouissent d’une certaine aisance. En 1905, Norbert Baudoux avait consenti un prêt de 500 francs à son beau-frère Oscar Moreau, et Gratien Moreau lui doit aussi de l’argent7. Plutôt que de recommencer à la brasserie, Norbert songe à l’élevage et au commerce des chevaux de race. En septembre 1909, il fait l’acquisition d’une maison « avec appendices, dépendances et terrain, le tout d’un ensemble grand cinquante-un ares quatre vingt quatre centiares », située dans la commune de Fayt-lez-Seneffe, tenant à la rue de la Paix et la rue de la Place. La propriété appartenait alors aux industriels Charles et Emile Bougard de Manage. La maison est occupée « par bail verbal », jusqu’au 31 décembre 1909, par le banquier Léon de Burbure de Wezembeek pour un loyer annuel de mille francs. La vente publique a lieu le 7 décembre 1909. La propriété est « adjugée à monsieur Norbert Baudoux, sans profession, demeurant à La Louvière » pour la somme de 25 000 francs. Séance tenante, l’acquéreur remet aux vendeurs la somme de 9 000 francs et s’engage à payer le solde le 15 décembre suivant8.
La maison du 59, rue de la Croyère à La Louvière habitée par la famille jusqu’en 1909.
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i. Quitter la BelgiQue
Le 29 septembre 1909, la famille Baudoux s’installe avec Émile Bovy, valet de ferme et domestique, dans la maison qu’elle vient d’acquérir. Il s’agit d’une belle demeure située au centre du village, en retrait de la chaussée, que l’on appelle « Les Fougères » ou le château de Burbure, du nom de son ancien locataire. Elle avait été construite en 1862 par la fille et le gendre de l’industriel Dupont, propriétaire d’une usine sidérurgique importante à Fayt, qui fit faillite en 1880. Les Baudoux l’occuperont jusqu’à leur départ pour le Canada en 1911. Elle sera à ce moment mise en vente par l’intermédiaire de Louis Simon, à qui Norbert Baudoux avait donné procuration à cet effet le 4 mars 1911, peu de temps avant son départ pour l’Amérique. Elle sera acquise le 15 mars 1913 au prix de 25 000 francs par Léonce Turion, un ingénieur résidant à Espinois. L’achat sera réglé en deux versements, 15 000 francs au moment du contrat et 10 000 le 1er septembre suivant9.
ll’arrière du château de Burbure, les Fougères, tel qu’il apparaissait en 1904.
La quête d’un avenir meiLLeur La visite de l’exposition universelle de Bruxelles en 1910 incite les Baudoux à tenter leur chance en Amérique. Le Canada a présenté dans son pavillon les paysages les plus spectaculaires de l’Ouest canadien et fait une importante propagande en faveur de l’immigration. L’opinion publique veut qu’on y fasse de l’argent en peu de temps. L’avenir des enfants y serait mieux assuré, à cette époque où la situation économique de la Belgique n’inspire pas confiance et où circulent des rumeurs de guerre. De plus, le médecin avait
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recommandé un changement de climat à Marie dont la santé est précaire. Fort impressionnés, Norbert et Marie décident d’émigrer. Mariette se souviendra encore, quarante ans plus tard, de l’impression que fit sur elle la confidence de ses parents lorsqu’ils firent part de leur décision aux deux aînés. À quatorze ans, Edgard pourra travailler sur la ferme et le couple espère disposer, après une dizaine d’années de travail ardu, du capital qui leur permettra de revenir finir paisiblement leurs jours en Belgique10. En septembre 1910, Norbert Baudoux consulte O. Deshief, un Belge installé à Deloraine, au Manitoba, qui lui apprend que le meilleur moment pour arriver est le printemps, à la fin de mars. Quant au commerce, « il ne faut pas y penser à moins que ce ne soit commercer avec la Belgique et le Canada, ce qui demande un gros capital ». Il lui conseille d’opter pour la culture du blé ou la culture mixte, jusqu’à ce qu’il ait acquis de l’expérience et appris l’anglais, la langue généralement parlée. Il le décourage de songer à la province de Québec qui ne semble pas offrir de grands avantages, « la preuve est qu’un grand nombre viennent chaque année de Québec s’établir dans le Manitoba, Saskatchewan et l’Alberta ». La province de Saskatchewan lui semblerait la plus intéressante pour lui, en raison de la présence de villes et d’établissements français comme Forget, Wolseley, Montmartre, « où la terre est excellente et se vend à prix raisonnable variant de 10 à 25 dollars l’acre (soit 125 à 312 francs l’hectare) ». Il l’invite enfin à s’adresser à Anvers à l’agent d’émigration canadienne, M. Treau de Coelis, ou au ministre de l’Intérieur à Ottawa11. Le départ pour le Canada Une fois la décision prise, Norbert Baudoux se prépare à partir seul au printemps de 1911. Le 27 février, le notaire Auguste L’Olivier de Fayt-lez-Manage lui fait parvenir l’état du compte tenu à son nom en son étude. Après avoir payé divers comptes et les frais sur les 20 000 francs déposés à la banque, il lui reste en dépôt un solde de 5 000 francs placé à intérêts et le notaire lui remet 702,60 francs en espèces12. Norbert prend le bateau à Anvers le 8 mars pour une traversée de treize jours. Pendant qu’il cherchera une terre pour y établir sa famille, Marie reste à Fayt jusqu’en septembre avec Norbert Baudoux, avant les enfants, afin de liquider le patrimoine. son départ pour le Canada.
8 I. Quitter la Belgique Au début d’avril, Norbert fait à Marie le récit de son voyage et de ses premières démarches13. La traversée a été mauvaise. Comme il s’était embarqué sur un bateau transportant 400 passagers de plus que sa capacité, le premier soir, il a dû étendre ses couvertures sur les tables de la salle à manger pour y dormir. Il obtiendra un matelas de plume le lendemain, après avoir donné un pourboire de 125 francs belges (vingt-cinq cents). Pris du mal de mer le troisième jour, il reste trois jours sans manger, car il lui est impossible d’avaler la nourriture servie : « On en donne de la meilleure que ça au cochon chez nous » ! Le cinquième jour, il a pu coucher, avec un couple et ses deux enfants venus de Bruxelles, ainsi qu’un compatriote des Ardennes, dans l’un des lits superposés de la cabine servant d’infirmerie. Le sixième jour, une préposée leur apporte ce qui reste du service des officiers, en particulier des pommes et des oranges. Nouveau changement de cabine le neuvième jour, et le 21 mars les passagers font un arrêt pour le contrôle des bagages. L’expérience est éprouvante. On ne peut se faire une idée, écrit Norbert, de ce que c’est que de n’appartenir, pendant treize jours « qu’à Dieu et à la mer ». En songeant à sa famille laissée si loin, il pleure et récite ses prières pour se donner du courage : « je pense toujour que je rencontreraie quelque chosse pour faire l’avenire de mes cher enfant ». Il reste deux jours à Montréal, le temps de se reposer avant de prendre le train pour Winnipeg. Là, il trouve une maison d’accueil pour les immigrants où il peut avoir un lit. Il peut se faire à manger « à [sa] mode » dans une salle à manger bien équipée. Il achète de la viande, des pommes, du beurre et du pain et peut se régaler. Il y avait dix-huit jours qu’il n’avait pas mangé à son goût. Pendant les trois jours passés à Winnipeg, il s’informe des fermes à louer et apprend qu’elles sont plutôt à vendre. Il découvre le système en vigueur, constate les avantages de payer comptant, ainsi que les taux d’intérêt élevés, de 7 % à 12 %. On lui offre des terres de 128 ou 64 hectares, déjà cultivées, avec maison, écurie et remise. L’agent qu’il consulte en connaît plus de deux cents à vendre. Au Manitoba, les fermes situées à dix lieues de Winnipeg sont chères, et les Américains s’y livrent à la spéculation. Norbert constate que les chevaux sont aussi fort chers, mais il continue à penser qu’il y aurait de l’argent à faire avec les chevaux belges. Après avoir consulté Alphonse Remy résidant à Deloraine, à l’ouest du Manitoba, Norbert s’y rend le 29 mars. Il y fait la connaissance d’autres compatriotes avec qui il devient familier. Après une poignée de main, il est invité à passer la journée chez Remy où il logera tout l’été. Il est engagé pour le temps des semailles, après quoi il ira faire une tournée avec l’un des fils de son hôte à la recherche de terres. Il apprécie l’accueil chez les Remy où l’on sert trois repas copieux par jour avec œufs, pain et beurre, viande, pommes de terre, biscuits et tartes. Il dispose aussi d’une chambre privée. C’est cette
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adresse à Deloraine, Manitoba, qu’il donne à Marie pour sa correspondance. Il rencontrera un autre compatriote nommé Decheve pour obtenir de bons renseignements, « car ici il y a beaucout de malhonnete gent ». Sur le bateau, Norbert avait fait la connaissance d’anciens voisins de monsieur Semaille, originaires de la région de Liège, qui avaient vendu leur propriété l’année précédente et revenaient au Canada pour en acheter une autre. Comme l’une de ces personnes parle anglais, il décide de les accompagner jusqu’en Saskatchewan où le gouvernement donne encore des concessions. De Winnipeg, le groupe prend le train pour Estevan et Macoun, et arrive le surlendemain à Weyburn, des municipalités éloignées l’une de l’autre de quinze à vingt lieues. Il n’y a qu’un train par jour, et l’on doit coucher à l’hôtel à chaque étape. Norbert apprend sur place qu’il est trop tard pour louer une terre. Il demande à Marie d’apporter le fusil de son frère Gratien, qui doit venir lui aussi s’installer au Canada, car on en a besoin pour tuer le gibier. Il lui apprend aussi la venue prochaine, en provenance de l’Angleterre, de 5 000 femmes en âge de se marier qui auront le choix entre les 50 000 jeunes hommes dont certains sont déjà propriétaires de grosses et riches terres. Elles sont invitées lors des réunions qui se font chez ces riches fermiers et la demoiselle n’est jamais longtemps sans avoir trouvé l’élu de son cœur. Comment ne pas songer à Mariette ! Norbert a tôt fait de constater qu’il ne pourra pas facilement trouver, à des conditions raisonnables, une terre déjà défrichée, dans une localité à proximité du train, de l’église et des écoles pour Maurice et Nelly. Il fait un voyage de huit jours de Weyburn, à Star et à Sloot, où se trouveraient de bonnes terres. La voiture qui devait les attendre à Star n’est pas là, et les voyageurs doivent marcher pendant quatre heures dans la neige par-dessus le pied, à travers champs et prairies, et franchir des cours d’eau de dix mètres de large. À leur arrivée, le soir, il faut ramasser du bois pour faire un feu et se sécher avant d’aller souper et trouver un lieu pour coucher. À Sloot, à défaut de train, les voyageurs franchissent en six heures les neuf lieues qui les séparent de la gare et obtiennent asile pour 2,50 FB chez un particulier qui les installe dans la salle des machines d’un élévateur où ils trouvent un bon feu. Le voyage de retour à Deloraine se fait dans des conditions semblables. Norbert prie Marie d’écrire à monsieur Remy, chez qui il est si bien traité, pour le remercier de l’avoir accueilli14. Pendant ce temps, Marie cherche à récupérer certaines créances et à vendre les quatre maisons et les meubles de la famille. Dès qu’elle a reçu la lettre de Norbert, le 24 avril, elle lui fait part du résultat de ses démarches15. Elle a réussi à vendre quelques objets, mais doit chercher de nouveaux acheteurs et baisser les prix. Elle a obtenu de son frère Gratien remise de son bail
10 I. Quitter la Belgique et n’attend plus qu’un acheteur. Elle a planté toutes les pommes de terre, les pois et les petits légumes sont en terre et il reste à semer les haricots. Edgard l’aide à faire des fagots avec le bois ramassé dans le parc : « Cela est curieux de le voir faire un fagot, cela fera un colon de premier ordre. » La chèvre qu’elle a achetée lui a donné deux petits. Mariette les soigne avec un tel goût qu’elle souhaite en avoir une au Canada ! Le peintre doit commencer bientôt les travaux à la façade de la maison que Marie louera si elle n’arrive pas à la vendre. Elle met ensuite Norbert au courant des derniers événements. Son frère Gratien Moreau, qui compte partir pour le Canada, n’a pas réussi à recouvrer tout l’argent qu’on lui devait. Hélène, sa fille, se mariera le 17 mai et partira pour l’Amérique avec son mari. Gratien et son fils Marcel prendront le bateau avec Edgard le 22 ou le 31 mai pour aller le rejoindre. Marie aimerait que son frère et son fils s’engagent sur une ferme et qu’Edgard trouve une place près de son père chez les Remy. « De cette façon tu ne seras plus seul, tu auras ton fils près de toi. Il se mettra aussi au courant de la culture et il sera bien apte pour l’année prochaine ce sera donc une année de gagnée. » Le rêve américain Peu au courant des conditions d’acquisition des concessions, Marie se met à rêver qu’avec Gratien et Edgard la famille pourrait en acquérir quatre et que les quatre hommes pourraient construire une maison primitive pour les accueillir : De cette façon, nous serons tous réunis l’hiver et prêts à nous mettre à l’œuvre pour la saison prochaine. Cela nous fera un an de gagné. O bien aimé, comme nous allons travailler avec courage encore une dizaine d’année afin de pouvoir nous reposer dans nos vieux jours, soignés par notre Nelly et notre petit Maurice qui veut absolument être curé canadien ou autre. Ne sera-t-il pas là le vrai bonheur ?
Gratien a appris à ferrer les chevaux, ce qui devrait servir, pense Marie, et il apporte avec lui tout un attirail d’outils. Leur fils Edgard partira avec un bon matelas, des couvertures et des draps. Mariette, qui voudrait bien partir à sa place, lui écrira pour lui raconter le voyage qu’elle fait actuellement avec Nelly, la tante et le cousin Louis chez les Letellier à Bonne Espérance. Mariette suit des cours d’anglais deux fois par semaine à un prix plus modique qu’Edgard. Marie joint à sa lettre la carte rose que Maurice vient de remporter pour son succès scolaire : « Ils travaillent tous au mieux pour faire plaisir à leur papa16. »
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Norbert s’empresse d’écrire à Marie que Gratien et Marcel devraient tenter de se placer à Montréal ou à Winnipeg, car il n’y a pas de travail pour eux dans les fermes et on ne ferre pas les chevaux. Quant à son fils, il tentera de le placer dans la ferme d’un Anglais près de celle de Remy17. Depuis son arrivée, il fait toutes sortes de travaux avec un des fils de la maison. Rémy, qui a construit sa ferme il y a une quinzaine d’années, estime aujourd’hui qu’elle vaut 250 000 francs. Mais depuis le prix des terrains a augmenté, les concessions sont à vingt-cinq ou trente minutes du village et du chemin de fer et il faut compter trois ans avant de pouvoir en tirer de l’argent. Or Norbert ne veut pas passer sa vie, lui et sa famille, « comme dans un désert ». Il est tenté de suivre l’avis de Remy qui lui conseille de reprendre une ferme en exploitation, afin de faire de l’argent dès la première année. Plusieurs Anglais sont alors disposés à vendre ou à louer leur terre après avoir fait un peu de bénéfices. Mais pour cela il faut « assez bien d’argent » ! Aussi Norbert songet-il à retourner en Belgique et à revenir au printemps avec des chevaux et les meubles non vendus. Resté sans nouvelles depuis quinze jours, Norbert se plaint, dans sa lettre du 21 mai18, de ne jamais voir personne et de n’avoir « aucun amusement », car le dimanche tout est fermé. La seule activité, ajoute-t-il, nostalgique, consiste à atteler des chevaux à une wagine pour aller à la messe à la ville, à près de deux lieues de la ferme. La situation religieuse lui réserve bien des surprises. Cinq confessions chrétiennes sont présentes dans la région de Deloraine. Le prêtre catholique ne célèbre qu’une basse messe avec un enfant de chœur dans une église en bois dont le haut lui sert de résidence. Les catholiques doivent le payer et il lui faut un cheval et une voiture pour visiter ses paroissiens, et célébrer parfois la messe dans leurs fermes. « Les curés ne sont pas comme chez nous », écrit-il ; l’église catholique est la moins fréquentée, l’ancien prêtre étant parti avec la femme d’un fermier belge. Durant la semaine, Norbert doit se lever à cinq heures et voir à l’entretien de vingt chevaux. Après le déjeuner, c’est la traite des vaches avec un fils de la maison, puis il va écrémer le lait et soigner les veaux. Il n’aurait jamais cru il y a vingt ans, écrit-il à Marie en la priant de n’en rien dire en Belgique, qu’il serait un jour obligé de partir « faire le vacher » en Amérique ! Puis il se résigne à son sort, dans l’espoir d’avoir une vie meilleure quand la famille sera réunie. L’exemple de Remy le prouve ; il est arrivé il y a quinze ans et ses fils sont aujourd’hui établis et dotés, et quelques-uns sont mariés. Cinq jours plus tard, le mauvais temps, pluie, grêle et froid, laisse à Norbert le loisir d’écrire de nouveau à Marie19. La veille, on n’a pas fêté l’Ascension comme en Belgique. Nostalgique, il rappelle à sa femme le temps où il avait ouvert une boucherie à La Louvière. Quel changement, lui écrit-il, il était jeune alors et déjà commerçant et pouvait espérer « un grand avenir »,
12 I. Quitter la Belgique mais la destinée lui a apporté des revers. Il espère encore, à cinquante-trois ans, connaître un meilleur sort, même si c’est bien loin de son pays natal. Dans ce pays, on répète qu’on est roi chez soi, précise-t-il, car on ne s’occupe pas des affaires des autres ! Le curé lui suggère de ne pas aller trop vite. Il lui déconseille d’aller à Forget et lui recommande plutôt Deloraine où les récoltes sont meilleures et où les Anglais sont affables. Norbert a bientôt l’occasion de s’en rendre compte. Un jour qu’il se rend à pied au bureau de poste, une automobile s’arrête près de lui et, à défaut de pouvoir lui parler en français, le chauffeur lui fait signe de monter, puis il l’invite chez lui, comme s’ils s’étaient toujours connus ! Il apprendra que cet anglais est le vétérinaire. Le 26 mai 1911, au moment où Marie reçoit la lettre de Norbert, Maurice est confirmé par l’évêque de Tournai, Mgr Walravens, dans la chapelle de l’Institut Saint-Antoine à Scailmont-Manage. Marie tente de stimuler le courage de son mari. « Dans trois ans, lui écrit-elle, il n’y aura plus de désert au Canada. Tout sera rempli, vous ne voyez donc pas le nombre de passagers à chaque bateau20 ! » Elle ne regrette pas d’avoir pensé à lui envoyer Edgard.
Photo prise avant le départ pour le Canada, de gauche à droite : Edgard, Nelly, Marie Moreau, Mariette et Maurice.
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Quant à revenir passer l’hiver en Belgique, « il n’y faut pas compter parce que moi je ne passe plus l’hiver ici !! J’arriverai à la fin de la saison avec mes enfants. » Elle invite son mari à être prudent et à évaluer les risques avant de songer à faire transporter des chevaux belges au Canada. Elle met en doute le désintéressement de monsieur Remy qui veut quitter sa ferme pour prendre une concession et déconseille à Norbert de l’imiter. Elle lui recommande de ne pas trop attendre pour se fixer, plus il attendra, plus il faudra aller loin. « Voilà donc ce que je vous conseille et pensez bien que vous n’avez nulle part une plus grande amie que moi et que moi ce que je vous conseillerai je dois le partager avec vous ! »
Les lieux visités par Norbert en Saskatchewan, à partir de Deloraine au Manitoba.
14 I. Quitter la Belgique Marie ira conduire Edgard au bateau, comme elle l’avait fait pour son mari. Elle est d’autant plus pressée de partir, écrit-elle, que la situation empire en Belgique. Les chevaux et les bestiaux sont chers et trois boucheries de La Louvière ont dû fermer leurs portes. Lorsque tu recevras cette lettre, écrit Marie le 6 juin21, Gratien, Edgard et Marcel seront arrivés à Montréal. Après s’être occupé de ses affaires, Gratien ira reconduire Edgard et discutera avec Norbert des décisions qu’il tarde à prendre. Ce que Marie écrit à son mari permet d’entrevoir les problèmes du couple en raison des difficultés qu’éprouve Norbert à refaire sa vie professionnelle : Réfléchis bien à tout et ne faites rien à la légère. Quand tu auras causé avec Gratien tu sauras encore mieux ce que tu dois faire, je ne veux rien te commander, car je ne veux pas avoir tes reproches, car pour avoir une vie insupportable là-bas, je préfère me mettre dans un service ici en France ou en Belgique et placer mes enfants, car j’ai été trop malheureuse avec tous tes reproches et je ne veux plus recommencer cette vie-là. Nous devons penser un peu à l’avenir et ne pas nous faire mourir de chagrin. N’aurais-je pas déjà assez souffert !!! Je suis triste de te savoir si découragé mais mon cher époux, il faut réagir. Tu sais bien que ce n’est plus pour longtemps, aussitôt que je serai arrivée, ta vie va changer tu ne seras plus vacher, tu seras ton maître.
Comme Marie n’a pas encore réussi à vendre maisons et lots, elle devra les offrir en vente publique. « Nous ne cessons de prier chaque jour pour que tu réussisses à trouver quelque chose de bon et aussi maintenant nous prions bien chaque jour pour le bon voyage de notre cher petit Edgard, ne seras-tu pas content de l’avoir près de toi, ainsi que Gratien. » Nous serons deux familles, nous ne serons pas si seules dans ce grand pays. Nous nous procurerons des amusements pour le dimanche, pour nous distraire et nous reposer l’esprit de tous nos travaux de la semaine. Mariette a eu la mandoline d’Hélène et elle prend des leçons, connaissant la musique, elle saura vite. Elle nous jouera de jolis morceaux et nos autres enfants chanteront les jolies choses qu’ils ont appris ici, tout cela mon bien aimé te fera vite oublier le moment d’exil que tu auras passé. Prends donc bon courage.
Norbert annonce à Marie qu’il logera avec Edgard et que ce dernier ira travailler chez les Decheve22. Le 30 juin23, Marie s’empresse de donner à Norbert tous les détails concernant les maisons qu’elle a eu du mal à vendre. Elle n’a donc pas hésité à louer la maison de Fayt à des « gens convenables » de leurs connaissances.
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Comme elle doit la libérer pour le 20 septembre, elle compte partir à ce moment-là. Norbert devra donc avoir une maison prête, « même une cabane », pour la recevoir avec les enfants. Si elle parvenait à vendre la maison et une partie de la prairie, elle pourrait partir avec 15 000 à 20 000 francs. Aux premiers jours de juillet24, Norbert revient d’une tournée à Forget où il a rencontré un jeune homme de vingt-cinq ans, fils d’une famille de six enfants dont la mère espère le voir rencontrer « une bonne personne pour se marier ». Le dimanche, Norbert rend visite à cette famille. Quand il a montré la photo de la famille, la mère s’est longuement informée de Mariette. Le fils paraît sérieux, car pour entreprendre une ferme, seul à son âge, écrit Norbert, il faut être sérieux. Il est de taille moyenne, bien instruit et bien élevé. Après être passé par Deloraine avec Edgard, Gratien est parti avec son fils jusqu’à Calgary, en Alberta, où il y aurait des concessions. Les deux hommes finiront par s’établir en Californie. Au mois d’août25, Norbert finit par trouver une terre toute équipée à Hague, à quelque soixante milles au nord de Saskatoon, grâce à l’intermédiaire d’un Belge, monsieur Tombu, originaire de la province de Namur. Il est venu avec sept fils qu’il espère voir s’établir autour de lui, et constituer une colonie belge. À cette fin, il a acquis, à onze milles du village, une grande ferme parmi les Mennonites, dont la terre est très fertile. Norbert, qui s’est toujours refusé à acheter à crédit, presse Marie de lui envoyer au moins 10 000 francs pour la fin du mois d’août, pour ne pas perdre l’acompte versé et le travail déjà accompli. La coutume veut en effet que le propriétaire ne quitte pas la maison vendue tant que le paiement n’a pas été effectué. Il incite Marie à déposer au moins 6 000 francs à la Banque nationale, et à faire télégraphier à la Banque Impériale du Canada à Hague. Si elle n’a pas encore touché l’argent, écrit-il, il faudra emprunter car s’il ne saisit pas cette occasion, acquise sur promesse de payer à la fin d’août, il est inutile de songer à passer l’hiver car il fait trop froid. Avec Edgard, Norbert se met aussitôt à l’œuvre pour casser ce qui restait de terre propre à la culture, afin de pouvoir semer le printemps suivant. Dans sa dernière lettre, Norbert dresse la liste des articles à apporter et demande à Marie d’en vendre le plus possible car il lui faut 15 000 francs pour débuter. Il a commencé à faire des chambres à coucher attenantes à la maison et une écurie. Il a aussi coupé assez de bois pour chauffer pendant une année. Monsieur Tombu est surpris de le voir travailler aussi fort à son âge. Son ardeur tranche avec les habitudes des Mennonites d’origine allemande et russe établis dans la région, écrit-il. Ces derniers ne cultivent que pour leurs besoins et vivent à l’écart des autres. Il ajoute que, s’il retourne en Belgique avec monsieur Tombu pour acheter des chevaux, ce sera pour une
16 I. Quitter la Belgique quinzaine de jours seulement, et il espère pouvoir loger chez des parents. Norbert retournera en Belgique en 1913 et reviendra avec une douzaine de chevaux enregistrés26. Le 18 août27, Marie écrit à Norbert qu’elle a pu obtenir, sur la maison de Fayt, 5 000 francs qu’elle lui envoie par la Banque Impériale du Canada à Hague. Elle lui fera aussi parvenir les 5 000 francs qu’elle espère toucher pour les propriétés de Trivières. Elle a fait de nouveaux prix pour les maisons, mais la chaleur et la sécheresse qui touchent le pays ne favorisent pas les ventes : Tout est rôti, la viande se paye un franc cinquante la livre, le lait 15 centimes la pinte, le beurre 2f la livre, une salade 25 centimes, une scarole 25 centimes, un petit céleri 25 centimes un poireau, 15 centimes. Heureusement nous aurons assez de légumes en les économisant pour le temps que nous resterons ici. Les haricots sont à 35 et 50 c. la livre ; tout est d’une cherté inconcevable. Tout est cuit. Le manque d’eau se fait sentir partout, les poissons meurent dans les étangs, les feuilles tombent comme si nous étions au mois de novembre. Je suis contente de partir pour ne pas passer l’hiver ici, car avec des petits revenus on peut avoir faim. Le prix du beurre et de la viande augmente encore tous les jours. Les œufs sont à 15 c pièce comme en plein hiver, on dit que le beurre sera à 4 fr la livre, c’est une vraie désolation.
C’est donc sans regret que Marie quittera la maison de Fayt le 20 septembre. Elle demande à Norbert de lui adresser désormais son courrier chez Émile DePooter, d’où elle le tiendra régulièrement au courant de ses démarches28. Elle compte s’embarquer le 28 septembre et arriver à Montréal vers le 10 octobre. Après quelques jours de repos, elle prendra le train pour Hague d’où elle lui téléphonera. Six jours plus tard29, Marie confirme à Norbert la réception des effets requis qu’elle est allée porter chez le notaire L’Olivier et l’envoi de l’argent par voie expresse. Le notaire a eu la gentillesse de garantir lui-même l’emprunt sur les maisons de Trivières pour aller plus vite. Elle a vendu tout le mobilier, sauf les matelas, et n’a conservé que la petite table ronde et la petite chaise de fumeur qui est un souvenir. Elle prend avec elles chaudrons, harnais, chaînes, ustensiles de ménage, et conseille à Norbert d’acheter une machine à coudre. Sa tante et le cousin Louis qui résidaient avec elle ont fini par se rendre chez monsieur Letellier à Bonne Espérance et son frère Henri Moreau, artiste peintre demeurant à Bruxelles, est venu l’aider à finir de tout emballer. Le 6 septembre30, Marie fait un nouvel emprunt pour son voyage et pour le paiement à compléter à son arrivée. « Nous n’avons tout de même pas eu de chance de n’avoir pu rien vendre mais la crise est si forte qu’il ne
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faut pas s’en étonner. » Les ménagères font alors la grève pour faire baisser le prix des denrées alimentaires, alors que le beurre est à 2,10 francs la livre et le lait à 15 centimes. Elles ont fait le tour des marchés et la bagarre a éclaté avec les fermières qui refusaient de baisser le prix du beurre et des œufs qu’on a jetés et piétinés, et celui du lait qu’on a répandu. On s’en prend maintenant au prix de la viande. Il ne reste plus qu’une boucherie d’ouverte et un congrès réunit tous les bouchers à Bruxelles. On est au désespoir de voir chaque jour mourir les bêtes dans les prairies : Il n’y a plus un brin d’herbe on doit nourrir les bestiaux avec des tourteaux et toutes les réserves d’hiver, les betteraves ne sont pas plus grosses que des carottes, il va bien faire pauvre l’hiver ici. Je suis bien contente que nous partions, là au moins nous aurons notre pain quotidien assuré ! Ici il n’y a pas moyen de vivre sans manger ce qu’on a et quand on a tout mangé on n’a plus rien.
Marie prendra le bateau à Anvers le 30 septembre. Elle apporte avec elle les pommes de terre et toutes sortes de semence. Elle s’est aussi procuré à prix réduit un appareil pour faire les conserves et sa cousine est venue initier Mariette à s’en servir. Elle fera ce travail pendant qu’elle et Norbert s’occuperont des travaux de la ferme, « car je suis maintenant plus forte que jamais et vous serez bien étonné de me voir si bien portante ». Une semaine plus tard31, Marie promet à Norbert une dernière lettre avant de prendre le bateau et un télégramme à son arrivée à Winnipeg, pour lui donner l’heure du train qu’elle prendra jusqu’à Warman. Mariette ajoute quelques autres nouvelles ; Nelly a été malade la semaine dernière et elle-même souffre d’un mal de gorge causé par la chaleur qui persiste après quatre mois sans pluie. « Tout le monde nous dit que tu as très bien fait de t’en aller qu’on ne sait vraiment pas comment on va vivre l’hiver. » Le 26 septembre32, Marie met à la poste de Bruxelles un dernier message à son mari. Elle réside chez son frère Oscar et prendra le train pour Anvers l’après-midi. Elle voyagera avec la belle-fille des Denis de la rue du Hoquet qui va rejoindre son mari, maçon à Montréal. De l’imaginaire à la réalité La grande liberté dont jouissent les colons au Canada et la possibilité de créer une situation intéressante pour leur fils Edgard ont été, selon Mariette33, les facteurs déterminants de la décision de partir de ses parents. Pour la jeune femme de dix-huit ans, c’est « la perspective d’un long et aventureux voyage » et l’attrait d’un pays neuf qui l’enchantent et atténuent le regret de quitter son pays et ses amis. Les réminiscences de lecture du Dernier des Mohicans, du romancier américain James Fenimore Cooper, stimulent son imagination et son désir de rencontrer des Indiens. Elle en rencontrera
18 I. Quitter la Belgique quelques années plus tard, lors d’un pèlerinage à Saint-Laurent de Saskatchewan. La traversée inspire à Mariette des descriptions enthousiastes des beautés de la nature qu’elle fait parvenir à ses amis restés au pays. Plus prosaïque, la mère trouve le voyage bien long, et bien déprimante la traversée de l’Ontario en train ! Le jeune Maurice, qui a été malade depuis le départ, se souvient de l’interminable voyage entre Québec et Winnipeg et de l’arrêt qu’il a fallu faire pour consulter un médecin. « J’ai poussé comme une mauvaise herbe, et ma santé n’était pas bonne », rappellera-t-il en 1973. Aussitôt descendue à Winnipeg, Marie adresse un télégramme à Norbert. Mais la dépêche ne lui parvient pas à temps et il n’est pas à la gare de Warman. Désemparée, Marie cherche quelqu’un parlant français, grâce à Mariette qui parle anglais. Un voyageur leur apprend qu’à Hague elles trouveront une métisse mariée à un Mennonite qui parle français. C’est chez elle que les voyageurs passeront la nuit. Le lendemain, ils partent en démocrate – une voiture à quatre roues et deux sièges tirée par deux chevaux – pour se rendre à la ferme de monsieur Tombu située à onze milles du village. Un autre interminable voyage à travers la Prairie en octobre, alors qu’il y avait une petite gelée, se rappelle Maurice. Là, ils attendent le retour de Norbert, parti à leur rencontre. Tard dans la soirée, la famille sera enfin réunie. Le premier hiver a été pénible et plein d’imprévus, dans une maison au plancher de cuisine en terre battue. Tout est neuf, l’éclairage, le chauffage, le vêtement, le froid, l’immensité de la Prairie, l’éloignement aussi, puisque le plus proche voisin réside à deux milles. Pendant deux ans, le jeune Maurice travaillera sur la ferme avec des bœufs, avant que son père ne puisse acheter des chevaux. Plus grand que son âge, il est de toutes les corvées. La gelée précoce ayant détruit les récoltes, la famille vit de la chasse au petit gibier, poules de prairie, lièvres et canards. Mais, surtout, lui et sa sœur seront privés d’école. Quant à l’église, il faut faire plus de vingt milles pour s’y rendre. Le prêtre ne vient que quelques fois par année célébrer l’eucharistie dans l’une ou l’autre ferme où se rassemblent quatre ou cinq familles. Parmi les bagages des Baudoux se trouve un phonographe avec des rouleaux en cire, ce qui permet à la famille d’écouter de la musique aux heures de détente. Mariette joue du piano. Nelly prendra des leçons au pensionnat. Les parents désirent envoyer les deux plus jeunes dans une école française et catholique. Monsieur Tombu leur apprend qu’il existe à Howell, à soixante milles de Hague, un pensionnat pour filles et garçons que ses plus jeunes enfants ont fréquenté. Il est tenu par des religieuses enseignantes, les Filles de la Providence, membres d’un institut fondé en 1818 à Saint-Brieuc, en Bretagne, par Jean-Marie de Lamennais, fondateur aussi des frères de
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l’Instruction chrétienne. En septembre 1913, Marie y conduit Maurice qui vient d’avoir onze ans. En le voyant, la supérieure dit à la mère qu’on n’accepte les garçons que jusqu’à douze ans. Elle a du mal à croire la mère qui lui dit : « Prenez-le donc à l’essai et vous allez voir ! » Les sœurs ont tôt fait de constater qu’il était bien jeune de caractère. Le jeune garçon y fait ses études en français et s’initie à l’histoire du Canada. L’année suivante, il est accueilli au presbytère par le curé et fréquente l’école dirigée par les sœurs et l’école publique anglaise où l’on enseigne beaucoup de français.
Le couvent de Howell en 1905, fréquenté par Maurice en 1913.
Le curé de Howell, l’abbé Constant Jean-Baptiste Bourdel, sait que, depuis son enfance, Maurice veut devenir prêtre. Il héberge le jeune homme et lui donne des leçons de latin et de grec. La rencontre avec ce prêtre sera déterminante pour l’avenir de Maurice. Soucieux de l’éducation chrétienne des enfants, le curé Bourdel entretient deux passions : le souci des vocations et le chant grégorien. C’est au cours de ses années d’études au Grand Séminaire de Nantes que Constant Bourdel s’était initié au chant grégorien. Il se serait procuré le premier graduel sorti des presses de l’abbaye de Solesmes avant même la publication en 1904, par le pape Pie X, du Motu proprio pour la restauration du chant grégorien34.
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Le curé Bourdel derrière la charrue à Howell en 1906.
Lorsque la guerre éclate en Europe en 1914, Edgard doit aller faire son service militaire en Belgique et Maurice restera sur la ferme. Nelly fréquentera le pensionnat de Howell de 1915 à 1919. C’est elle qui tient son frère Edgard au courant des travaux à la ferme. En mai 1918, on a fini de semer le blé et on est en train de semer l’avoine. Mais il neige encore à Howell. Nelly demande à son frère, en convalescence en France, des nouvelles d’Armand et d’Albert Tombu partis avec lui pour le front35. Même s’il a souffert et n’est pas complètement remis, Edgard se console : « Si je n’avais pas été malade je partirais déjà pour le front le 15 juillet ; aller au front ce n’est rien mais être à l’infanterie, c’est le bout. » À l’infirmerie, il a fait la connaissance de Paul Houtain qui va tenter de le faire reconnaître inapte à l’infanterie36. Après avoir fait sa part pour préparer les reposoirs pour la Fête-Dieu à Howell, Nelly aspire aux vacances pour se reposer, après avoir profité d’un jour de congé pour aller à Vonda en voiture avec mademoiselle Hélène Dejoie et sa sœur Mariette37. Edgard revient en 1918 terminer sa convalescence au Canada. Le projet de colonie belge à Hague ayant échoué, les Baudoux font l’acquisition d’une terre à Rosthern, quelques milles plus au nord, sur la ligne du chemin de fer entre Saskatoon et Prince-Albert. La famille y déménage en 1919. Au début de 1919, à la demande du curé Bourdel, resté seul au presbytère après le récent décès d’Hélène Dejoie, la bienfaitrice de la paroisse,
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Mariette va enseigner au pensionnat de Howell que fréquente Nelly, en attendant l’arrivée des religieuses de France. Elle réside au presbytère et, en l’absence du curé, elle voit à sa bonne marche. Maurice lui envoie en février des nouvelles de leur mère, rétablie après quelques jours de maladie. Il s’inquiète qu’on n’ait pas encore trouvé d’homme pour aider au prochain déménagement de Hague à Rosthern. Il demande à sa sœur de lui envoyer ses livres de latin et de grec pour réviser ses leçons, ainsi que sa caméra et la correspondance qu’il attend de la Canadian Kodak de Toronto. Il compte bien prendre quelques photos des activités de Rosthern quand la famille y aura aménagé. Mariette reviendra à Rosthern à la fin des classes38. Deux mois plus tard, Marie touche les 20 000 francs que lui lègue Louis Simon dans son testament du 30 octobre 1914. Cette ressource est bien nécessaire alors que Maurice doit commencer ses études au séminaire. Elle autorise son frère Henri, résidant à Bruxelles, à toucher cette somme pour elle39.
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II L’ÉMERGENCE D’UN LEADER �
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Chapitre 2
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À Saint-Boniface (1919-1923) �
’automne 1919 amène plus d’un bouleversement dans la famille Baudoux. Nelly est pensionnaire à Howell, Mariette fait la navette entre Howell, Rosthern et Saskatoon pendant que le reste de la famille réside à Rosthern. Maurice a dix-sept ans lorsqu’en septembre il quitte Rosthern pour Saint-Boniface, au Manitoba, avec Alexandre Grimard. Les deux protégés du curé Bourdel, qui leur a donné leurs premières leçons de latin, de grec et de français, entrent au petit séminaire. En dix ans, Maurice fréquentera trois maisons de formation où les occasions ne lui manqueront pas de se frotter à des mentalités différentes de la sienne, d’exercer ses talents oratoires et de s’imposer par d’in déniables qualités de leader. Après quatre années à Saint-Boniface, il en fera quatre autres à Edmonton, en Alberta, et les deux dernières à Québec. La maison de Rosthern en 1919. La famille Baudoux la quittera à l’automne 1922.
Le départ de Maurice affecte tout particulièrement Nelly qui doit sacrifier deux mois de classe pour remplacer son frère sur la ferme et aider à la récolte. « Nous comptions battre le grain environ une semaine après ton départ, lui écrit-elle. Seulement il a plu énormément entretemps. Deux grosses pluies entre lesquelles une forte chaleur. Nous devons donc remettre
26 II. L’émergence d’un leader à plus tard les battages. Pour comble de malheur, le blé en stock a germé, nous espérons quand même récolter la semence1. » Cette situation ne favorisera pas la vente des chevaux, une déception pour le père. Mais les potirons sont beaux, et Mariette et sa mère ont terminé les conserves de pois et de rhubarbe. Les travaux de l’écurie progressent eux aussi grâce à un ouvrier compétent qui complétera également l’aménagement de la maison. Les livres ont été rangés dans des caisses à la cave en attendant que la bibliothèque soit finie2. En passant de Rosthern à Howell pour aller enseigner au couvent, Mariette fait un arrêt à Saskatoon et salue les prêtres de la paroisse Saint-Paul, les pères oblats Alphonse Jan et Schmidt. Elle ira leur prêter main-forte pendant le séjour à l’hôpital de leur aide ménagère. À son arrivée à Howell, elle y trouve le curé Bourdel enrhumé et la maison « sens dessus dessous », alors que des visiteurs se sont annoncés ! Nelly revient au couvent en novembre, heureuse d’y retrouver sa sœur Mariette et d’anciennes compagnes. Elle reprend ses études et y ajoute des leçons de piano. Le 24 novembre, les deux sœurs se joignent aux prières des paroissiens marquant le premier anniversaire du décès de mademoiselle Dejoie3. Au cours de cette première année de séparation, Nelly et Maurice se confient leurs projets d’avenir. Nelly désire se faire religieuse. Pour ses quinze ans en mai 1920, elle demande à ses parents l’autorisation d’entrer au couvent, mais le père se fâche et refuse catégoriquement. La jeune fille espère que Mariette saura plaider sa cause auprès de sa mère, mais celle-ci trouve sa fille bien ingrate de vouloir partir sans rien rendre à ses parents des grands sacrifices qu’ils ont faits pour elle. Elle consentirait à donner son accord dans un an4. Quant à Maurice, il confie ses hésitations à Nelly qui lui répond : Tu me dis « une vocation branlante » que veux-tu dire ? Sentirais-tu l’appel de Dieu se détourner de ton âme ? Je pense que c’est plutôt un délaissement de la grâce pendant quelque temps. [...] Pense au bien que tu pourras faire étant prêtre. Si tu entrais dans le monde, peut-être y souffrirais-tu beaucoup en regardant d’autres jeunes gens qui ont eu les mêmes idées que toi et qui sont entrés. Tu envieras alors leur bonheur peut-être5.
Souvent première, Nelly a passé ses examens avec succès. Elle est impatiente d’entendre le monologue humoristique que vient de composer son frère et s’informe du succès de sa première expérience en public : « Mr. L’Orateur a-t-il réussi ? » Elle regrette qu’il ait cessé ses cours de violon et souhaite qu’il se mette au piano. Sur la ferme, les déboires continuent, avec la mort de six vaches par manque de paille et de foin. Elle incite son frère à
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prier pour une bonne récolte afin que son père consente plus facilement à son entrée au couvent6. des infLuenCes marquantes À Saint-Boniface, le nouveau venu fréquente deux institutions. Il réside au Petit Séminaire de Saint-Boniface, dirigé par le clergé diocésain, avec quelque soixante-dix autres aspirants au sacerdoce. Il est aussi inscrit au cours classique du collège de Saint-Boniface dirigé par les Jésuites. L’abbé J. Adonias Sabourin est directeur du petit séminaire et, parmi les professeurs, on compte l’abbé Rosario Brodeur, qui est aussi vicaire à la cathédrale7, et le chancelier Joseph Henri Prud’homme8. L’évêque, Mgr Arthur Béliveau9 avait succédé en 1915 à Mgr Adélard Langevin.
le Petit Séminaire de Saint-Boniface construit en 1911.
Le collège des Jésuites a pour recteur le père Henri Bourque. Les séminaristes y suivent les cours avec plus de deux cents autres candidats au baccalauréat. Grâce aux études faites sous la direction du curé Bourdel, Maurice est admis, avec deux ans de retard, dans la classe de méthode dont le titulaire est le père Henri Schelpe. Parmi les professeurs, se trouve le père Gaston Hacault, d’origine belge comme lui, directeur du Cercle Provencher et de
28 II. L’émergence d’un leader l’Académie, dont le nouvel arrivé fera partie. Le collégien apprécie particulièrement les cours des pères Guillaume Longpré et Alfred Bernier10.
Les 5 séminaristes de la classe de méthode en 1919.
Dans ce nouveau milieu, Maurice est soumis à des influences qui vont façonner sa mentalité et sa pensée. Il adopte avec ferveur la pensée nationaliste de l’époque dont le grand nom est alors Henri Bourassa11. Cet homme politique qui avait pris fait et cause en faveur des Canadiens français lors des crises scolaires au Manitoba en 1890, en Saskatchewan et en Alberta en 1905, puis en Ontario en 1912, est fort populaire dans l’Ouest. Maurice se familiarise avec le nationalisme, les institutions et les luttes du milieu canadienfrançais. La lecture des Cloches de Saint-Boniface et du journal La Liberté de Saint-Boniface alimente cette ferveur et le tient informé des événements marquants de son pays d’adoption et de l’Europe catholique. La visite en 1919, au Canada et aux États-Unis, du cardinal Mercier, archevêque de Malines en Belgique, celle du prince de Galles qui, le 28 octobre, prononce un discours en français à Montréal sur l’entente entre les deux races, la mort de Philippe Landry, sénateur de l’Ontario, y trouvent écho12. Ces publications annoncent en 1920 le projet de création au Canada d’une ligue contre la franc-maçonnerie dont le Manuel des Francs-catholiques, écrit par Louis Hacault, porte l’imprimatur du cardinal Bégin de Québec13. L’initiative est encouragée par le cardinal Mercier, les évêques Mathieu de
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Regina, Larocque de Sherbrooke, Charlebois de Le Pas, Chiasson du golfe du Saint-Laurent. On y annonce la première Semaine sociale du Canada en janvier 1920, à l’initiative du jésuite Joseph-Papin Archambault, on salue les dix ans du Devoir et de la lettre pastorale écrite à cette occasion par Mgr Béliveau, ainsi que les dix ans du Patriote de l’Ouest. Maurice apprend dans les Cloches de Saint-Boniface les détails de la carrière de l’évêque de Prince-Albert, Mgr Pascal, décédé le 14 juin 1920. Il peut aussi lire les souvenirs de Mgr Grouard, publiés en plusieurs épisodes dans La Liberté14. Le curé Bourdel suit de près les études de Maurice et réclame des nouvelles détaillées de ses compositions. Il se soucie également de la qualité de la liturgie à laquelle il est exposé depuis qu’au retour d’un voyage à Rochester il s’était arrêté à la cathédrale de Saint-Boniface pour assister aux vêpres. Il avait « constaté avec peine qu’ils en étaient encore aux vieilleries d’autrefois ». Il ne peut s’empêcher de faire la comparaison avec son petit village de Howell où il a réussi à faire disparaître l’opposition au chant grégorien. « Mais que font-ils à la cathédrale ? », écrit-il à Maurice. Lui qui vient de faire apprendre à ses chanteuses le délicieux cantique Salve mira creatura, il a pu constater que personne ne voudrait revenir au vieux chant ! Le curé se réjouit aussi des succès remportés au théâtre par son protégé. Il lui apprend qu’à Howell le directeur de la troupe, le Dr Turcotte, a connu comme toujours un triomphe, et que la troupe a obtenu un succès fou en se produisant au village voisin de Vonda15. Un départ difficile Maurice apporte avec lui sa caméra, et enverra bientôt aux siens des photos des lieux qu’il habite et de ses nouveaux amis, mais il a oublié ses patins à glace. Nelly les lui fera parvenir à son retour à Rosthern pour la période des fêtes16. Dans ses premières lettres, Maurice annonce ses succès scolaires – il est premier en version latine en octobre – mais il parle aussi des activités théâtrales, des jeux et des tournois auxquels il participe17. Le curé Bourdel ne s’étonne pas de son retard dans certaines matières et l’encourage à compter avec le temps et le travail pour reprendre le dessus : « Avec tes études préliminaires si imparfaites, cette année scolaire doit être nécessairement pénible. Mais l’an prochain, tout marchera tout seul, j’en ai la conviction18. » En février et en mars, il confesse à ses parents « un relâchement pour l’étude comme pour la conduite », mais il prend de bonnes résolutions lors de la retraite du mois pour reprendre le temps perdu. Le temps commence à lui sembler bien long loin des siens. Eux aussi ont hâte de le voir revenir. Il ne reste plus que quatre mois, écrit-il à ses parents en février, mais il est un peu fatigué : « Quand j’aurai pris l’habitude du travail et détesté la paresse,
30 II. L’émergence d’un leader cela ira mieux. » Un mois plus tard, il les assure qu’il veut leur prouver sa reconnaissance et son amour « en travaillant ardemment pour mériter ces durs sacrifices que vous faites pour moi19 ».
Vue de l’arrière du petit séminaire prise en septembre 1919.
On déblaie la patinoire.
Le manque d’argent lui fait craindre un moment de devoir laisser ses études. Avec soulagement, il apprend à sa sœur que ses parents ne lui demandent pas de revenir : « Tu penses si j’étais content ! » Mais, faute d’argent, il n’a pu aller à la Trappe. Grâce à Arthur Leclerc qui lui a prêté une paire de
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raquettes, il peut faire des promenades les après-midi de congé et se rendre à Saint-Charles, à Saint-Norbert ou au Collège d’agriculture, situé à moins de dix milles de Saint-Boniface. Il assure Mariette et ses parents qu’il ne dépense plus quand il n’a plus d’argent : « Je me passe de toutes ces petites choses dont je puis me passer sans mourir ! » Il fait parfois exception pour une sortie, l’occasion de griller quelques cigarettes – « c’est toujours si bon !!! » – ou d’assister à un concert, comme celui des Sept Paroles du Christ de Gounod, offert à la cathédrale le dimanche des Rameaux : « C’était splendide ! J’aurais voulu que tu sois là... Après ce concert, on se sent comme enlevé de la terre, transporté autre part pour quelque temps. » Il s’attriste à la pensée que Mariette, occupée à se dévouer pour lui, soit privée d’amusements à Saskatoon20.
Excursion en raquettes.
Après Pâques, Maurice pourrait obtenir une bonne moyenne, « si ce n’étaient les mathématiques » ! Mais ses notes de conduite ne sont pas non plus très bonnes. « Je suis toujours malheureusement l’enfant prompt et irréfléchi que vous connaissez. J’ai de qui tenir, écrit-il à ses parents. Mon caractère, violent, me fait souvent faire des choses que je ne voudrais faire. Et alors... il faut en subir les conséquences. » Comme il a été soigné à temps pour la gratelle, il s’en est vite remis, mais « le printemps vient et il est bien difficile de ne pas nous éveiller nous aussi, écrit-il encore. C’est toujours ce
32 II. L’émergence d’un leader diable de caractère. Je n’ai pu m’empêcher de répondre à des coups reçus et crac... Je me suis fâché. Comme c’était déjà la deuxième fois que je me battais ce moisci, j’ai eu une mauvaise note la première fois, une plus mauvaise encore la deuxième fois. Maintenant, j’espère que c’est tout, l’énervement est passé. Je m’efforce et j’arrive un peu à être moins prompt21. » En mai, Maurice a atteint sa taille définitive, six pieds et quatre pouces (1,93 m). Si Mariette ne peut lui envoyer l’argent nécessaire à son voyage de retour, il s’adressera au curé Bourdel qui lui a offert de recourir à lui au besoin. Comme la santé de ce dernier est chancelante, il a demandé un vicaire. Il n’a plus le courage de conduire son auto, mais il n’a pas pour autant cessé de faire des projets. Profitant du moment où les fermiers ont moins de travail, il fait creuser les caves pour le couvent qu’il voudrait bâtir en 1921 : « Nous désirons que la paroisse fasse au moins ce cadeau aux religieuses22. » « Mutt & Jeff ». Le grand Maurice avec un confrère.
En lui envoyant vingt dollars pour ses frais de voyage, Mariette écrit à Maurice que leur mère n’est pas satisfaite de son bulletin : « Tu sais combien elle désire que tu améliores ton caractère j’espère cependant que tu tiendras les bonnes résolutions que tu as prises et que les dernières semaines que tu passeras au Séminaire seront aussi satisfaisantes pour la conduite que pour le travail. » Elle le prie de ne pas passer plus de deux jours à Howell à son retour car on a besoin de lui sur la ferme et on a bien hâte de le revoir. Le père vient de semer trois cents acres d’avoine avec l’aide d’un employé, et travaille au jardin avec sa mère, assure la traite des vaches et fait les courses en ville23. À la distribution des prix, au terme de cette première année, Maurice, qui s’était classé en mars premier en anglais et septième en catéchisme avec 87 %, obtient le deuxième accessit du prix d’excellence et le premier prix en narration française, en anglais et en histoire24.
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En classe de versification Une retraite de trois jours ouvre l’année 1920-1921 et Maurice entre en classe de versification. Il médite sur l’interrogation de saint Bernard à son entrée au monastère : « Pourquoi sommes-nous ici, si ce n’est pour étudier et nous former ? » Cette année-là, le séminaire inaugure l’Académie Taché qui tient sa première réunion le dimanche 26 septembre. Maurice en est élu secrétaire. Lorsqu’il y a chanté Le distrait, ses confrères n’ont pas manqué de lui faire remarquer que la chanson lui allait très bien ! En plus des efforts exigés par les études, le jeune homme n’hésite pas à s’adonner à des activités conformes à ses goûts artistiques et à ses talents oratoires. Il s’intéresse aussi aux sports et avec des confrères, il va solliciter des prix pour un tournoi athlétique. Une belle occasion pour fumer à son aise ! Il s’est bien classé en composition et se promet de piocher pour arriver premier de temps en temps25.
La classe de versification 1920-1921
Mariette retourne travailler au presbytère Saint-Paul de Saskatoon en septembre 1920, après avoir aidé Nelly à mettre de l’ordre dans les affaires oubliées par Maurice, son cahier de solfège, ses poudres pour développer les photos et les chansons qu’il a demandé à Nelly de lui copier. Restée à Rosthern pour aider à la ferme, elle peut continuer l’étude de la musique grâce au
34 II. L’émergence d’un leader programme que lui a préparé une religieuse. Elle pourra ainsi, écrit-elle à Maurice, « distraire papa, maman et Edgard qui sont un peu beaucoup sérieux comme tu dis ». Elle aide à faire les semailles, une besogne qu’elle apprécie surtout pour la grande liberté qu’elle lui procure, alors que tout se renouvelle dans la nature. Elle s’est habituée à traire ses trois vaches, ce qui était loin de lui plaire au début, et la ferme s’est enrichie de trois poulains et de quatorze veaux. Au début de juin 1921, le blé est beau et l’avoine commence à pousser26.
Mariette Baudoux
À deux reprises, en décembre 1920, puis en novembre 1921, alors qu’elle est sur la ferme à Rosthern, Nelly assiste à un mariage canadien où elle est été invitée comme fille d’honneur. Au début de janvier 1920, Mariette passera quelques jours auprès de ses parents, le temps de célébrer leur anniversaire de mariage, en l’absence de Maurice. Marie Baudoux envoie des galettes à son fils pour les fêtes et ajoute un mot aux lettres que ses filles lui envoient : « Que Dieu fasse de toi un homme fort travaillant toujours pour sa plus grande gloire. » Edgard lui fait don de sa montre et n’oublie pas d’y ajouter du tabac27. Maurice a du mal à s’adapter à des études régulières et ardues, ce qui affecte sa santé et sa conduite. Au premier semestre, il s’est laissé aller. Il confie à Mariette qu’il reste « le garçon léger et distrait » qu’elle connaît. Il lui promet de devenir de plus en plus sérieux, avec la grâce de Dieu qu’il remercie de lui avoir donné une si bonne sœur. Pour se reposer, il lit quelques pages de Louis Veuillot, l’auteur favori dont il ne se lasse pas : « Quel homme profondément chrétien était cet écrivain tout de même. » À la fin de mai, alors que commence la période des examens, il envoie aux siens une photo de son groupe prise devant le séminaire28. En septembre 1920, deux ans après la fin de la guerre, le curé Bourdel était parti pour refaire sa santé en France et visiter sa famille. Il décrit à Maurice les paysages de dévastation qu’il y a trouvés, mais surtout la pénurie de trains, la cherté de la vie, l’absence de travailleurs, l’inflation. Un
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cheval qui vaudrait deux cents dollars au Canada en vaut là-bas au moins mille. Il se proposait d’aller voir Maurice à son retour en janvier en passant à Winnipeg, mais il sera trop fatigué pour le faire. Il lui écrit : « Inutile de te dire combien je suis content de voir que tu es heureux au collège et que tu t’y plais très bien. Je reçois assez souvent des lettres de Mariette dont j’admire le grand dévouement. La pauvre enfant ! Le bon Dieu n’a pas permis qu’elle fonde une famille, lui réservant la tâche plus méritoire de se dévouer pour les siens29. » Maurice se plaît en effet de plus en plus au séminaire. « Il me semble, écrit-il à Mariette, qu’il ne peut y avoir ici-bas une vie plus heureuse. Il y a bien ici et là quelques découragements, mais ça passe vite. Et dire que tout cela, tout ce bonheur, c’est à toi que je le dois chère Mariette ! Va ! Sois sûre que ton frère n’est pas ingrat et qu’il te revaudra cela un jour s’il plaît à Dieu. » Comme l’année précédente, il a été reçu le jour des Rois dans la famille de son confrère Arthur Leclerc. Il connaît des périodes de surexcitation à cause d’un problème d’algèbre et de géométrie, « deux vrais fléaux pis que les sept plaies d’Égypte pour ma pauvre tête qui n’y comprend rien », quand le nouveau professeur lui fait voir les deux matières de front ! L’approche du carême lui réserve plus de satisfaction ; il prépare la messe du mercredi des Cendres en grégorien, une première pour les paroissiens de la cathédrale, en réponse au désir de Mgr Béliveau : « C’est à nous, futurs prêtres, que sera donnée la mission de répondre au désir du Saint-Père. Aussi combien nous devons nous y préparer ! Nous avons un excellent maître de chant. Sa voix est à peu près ce qu’était celle de Mr le curé auparavant30. » En avril 1921, Maurice ne se tient plus de joie lorsqu’il se classe enfin premier : « Comme Archimède, je me suis écrié : EUREKA », écrit-il au curé Bourdel. Son goût pour la musique et le chant s’affirme de plus en plus. Il a assisté au concert des Sept Paroles du Christ de Théodore Dubois donné par la chorale et l’orchestre de la cathédrale : « Après l’avoir entendu, on était comme transporté dans un paradis terrestre pour quelque temps... Quant au chant grégorien, cela avance bien lentement. Dieu que c’est dur de se déshabituer du vieux chant ! [...] Si vous saviez, Monsieur le curé, combien je suis content d’être ici ! Il me semble qu’il ne peut y avoir d’autre place où je puisse être également bien. Chaque mois, chaque semaine, chaque jour, je désire davantage arriver au saint sacerdoce. Pourtant je n’en suis pas encore digne. Dieu sait quel pas énorme, gigantesque j’ai encore à faire avant d’être un bon Séminariste. Ô mon Père, priez je vous en prie pour que j’entre dans la bonne, dans la vraie voie, dans l’unique ; celle que Jésus nous a tracée31 ! »
36 II. L’émergence d’un leader En juin 1921, le chancelier JosephHenri Prud’homme est nommé évêque de Prince-Albert, le diocèse où se trouve Howell. Maurice aurait préféré que ce soit le directeur Sabourin, comme il l’écrit à Mariette, « mais puisque Dieu en a ainsi décidé, il doit avoir ses raisons ». Il pense être à la maison le 26 ou le 27 et passer l’été sur la ferme. Une blessure qu’il s’inflige le force à un séjour d’une dizaine de jours à l’hôpital de Saskatoon, l’occasion de fumer, lire, penser à ses parents, recevoir la visite de Mariette. Il est de retour à Rosthern le 10 juillet. Nelly pourra rejoindre Mariette à Saskatoon pendant l’absence d’Edgard, parti pour vendre un étalon32.
Mgr J.-H. Prud’homme
La récolte
En classe de belles-lettres Ce n’est pas sans nostalgie que Maurice retourne à Saint-Boniface en septembre 1921. Rompu, « mais le cœur rempli de joie » de pouvoir commencer cette troisième année, il vole quelques minutes d’une période d’étude pour écrire au curé Bourdel. Il a cent trente lignes de latin et cent vingt lignes de grec à traduire avant le sacre de Mgr Prud’homme. L’événement donne lieu
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Le curé Bourdel et Maurice Baudoux en pause pendant la récolte.
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38 II. L’émergence d’un leader à des activités supplémentaires qui plaisent à Maurice : chant, répétition de pièce de théâtre et d’autres charges qu’il ne semble pas avoir de mal à substituer à l’étude ! Les maux de tête qui l’avaient repris ont disparu depuis qu’il porte des lorgnons et l’étude l’attire toujours davantage. Il peut heureusement compter sur de très bons professeurs, comme le père Hacault pour le grec, le français et le latin. Il apprécie sa méthode, le trouve « amusant, quelquefois ironique ». Le père Dubé, professeur de mathématiques, a offert de lui expliquer les théorèmes déjà vus. Pour lui enseigner l’anglais, il a le « très savant » père Déchène, « à ce qu’il paraît, très bon mais assez têtu ». À sa fonction de secrétaire de l’Académie Taché, Maurice ajoute la rédaction de la chronique du petit séminaire pour le journal La Liberté33. De Saskatoon, Mariette l’informe des préparatifs en cours pour l’arrivée de Mgr Prud’homme : « Cette nostalgie du chez nous a cessé j’espère. Va, mon petit ce n’est guère que sept mois de séparation et cela passera vite surtout si tu te donnes entièrement à l’accomplissement de tes devoirs. » Elle tentera de lui obtenir un tonique pour venir à bout de sa fatigue. En faisant route de Howell à Saskatoon, elle va conduire Edgard à Rosthern par le train du soir et constate que sa mère et Nelly se portent bien. Le père songe à vendre la ferme et elle espère qu’un arrangement se fera avec les Caffet, pour que ses parents et Nelly viennent s’installer à Howell34.
Maurice au volant de l’auto, juillet 1921.
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Passage en voiture sur le pont flottant au-dessus de la rivière Saskatchewan, août 1921
De retour d’un voyage d’affaires, le père a repris ses bonnes couleurs et sa gaieté. Nelly écrit à son frère : « Papa est très bien et il est tellement changé que j’en suis émerveillée ! Peut-être aurons-nous encore de beaux jours ? Sa figure est sereine et ses yeux sont vraiment bons. Oh quelle rénovation ! J’en bénis le Divin Maître et le remercierai tous les jours de ma vie. » La mère ajoute : « Prends bien courage, ce moment de nostalgie ne sera que passager, une fois que tu auras rattrapé les autres, il cessera. » On fait alors les battages chez les Malfair et, s’il ne pleut pas, on les fera la semaine prochaine sur la ferme de Rosthern. Marie Baudoux a eu la visite des fils Malfair et de la famille Caffet. Elle espère faire des arrangements avec ces derniers, pour l’achat de la ferme35. Après deux années de mauvaises récoltes, le blé produit enfin trente minots à l’acre et la récolte d’avoine est bonne. Le travail s’est fait avec une vingtaine d’hommes, ce qui tient Nelly et sa mère fort occupées. Elles sont bien aises de les voir partir, car il leur reste à rentrer les pommes de terre et à ranger la maison. Dans la paroisse, c’est l’effervescence des préparatifs pour
40 II. L’émergence d’un leader l’arrivée de Mgr Prud’homme, en particulier des répétitions deux fois par semaine pour apprendre une messe polyphonique. En novembre, le père Jan vient à Rosthern, privé de prêtre résident, et fait la lecture de la première lettre du nouvel évêque36. En raison de sa haute taille, Maurice n’est pas choisi pour servir au sacre de Mgr Prud’homme le 28 octobre 1921. Il espère voir le curé Bourdel et le père Jan à Saint-Boniface et avoir des nouvelles de ses parents et de Mariette. Lui et Alexandre Grimard se promettent bien de faire quelques sorties en ville avec eux. Les deux prêtres assisteront à la pièce de théâtre présentée en l’honneur du nouvel évêque, et le 2 novembre Mgr Prud’homme quitte SaintBoniface pour Prince-Albert37. Mariette décrit à son frère et à ses parents l’accueil chaleureux réservé par la population de Saskatoon au nouvel évêque. Lorsqu’elle lui est présentée au presbytère de la paroisse Saint-Paul, ce dernier lui a demandé si elle était la sœur de Maurice. Aux prêtres présents qui lui demandent de qui il s’agit, il répond : « Vous savez bien, le géant du séminaire » ! Sur sa réponse affirmative, il lui dit qu’il le connaissait bien et qu’on fondait de grands espoirs sur lui : « Il faudra donc travailler d’arrache-pied pour les réaliser ces espoirs », écrit-elle à son frère. À ses parents, elle confie que l’évêque lui a dit aussi que, si tout allait comme il l’espérait, il l’enverrait étudier à Rome : « Naturellement je n’ai rien dit de ceci à Maurice. Il vaut mieux ne pas lui mettre l’imagination en mouvement38. » Lorsque Nelly parle à Maurice des amusements qui ont eu lieu à Rosthern pendant les répétitions pour la messe polyphonique, celui-ci s’inquiète et écrit à Mariette : « On danse beaucoup à Rosthern à ce qu’il paraît. J’ai grondé un peu, ou plutôt j’ai averti Nelly. Fais-en de même. Puisqu’elle veut devenir religieuse, il faut qu’elle fasse attention [de] ne pas trop se mêler au monde, n’est-ce pas ? » Deux jours plus tard, il remercie sa sœur du gâteau qu’elle lui a fait parvenir, mais l’informe que le supérieur n’aime pas que les élèves reçoivent de la nourriture. En décembre, il a besoin d’argent pour acheter des raquettes : « C’est presque mon seul exercice. » Il espère aussi recevoir à la mi-décembre, le pardessus dont elle lui a parlé, car son vieux est en loques et n’est plus convenable pour sortir. Des bas, il en avait besoin, « des mouchoirs idem, je me mouchais dans des trous déjà depuis quinze jours ». Mais sa mère ne pourra lui tricoter son gilet de laine cette année à cause de ses rhumatismes et du retard dans son travail. Elle s’y prendra à temps pour l’hiver prochain. Elle espère bien que la ferme de Rosthern sera liquidée au printemps et qu’elle sera alors « rentière à Howell39 ». Maurice confesse à Mariette qu’il a fait une folie. « Par amour de la musique », il a acheté un billet de 1,65 $ pour aller entendre Bonnet, le grand
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organiste de Paris, de passage au Manitoba, en compagnie du professeur de chant, de l’organiste et de son co-batteur de mesure : « C’était magnifique, suave, céleste... mais pas pour ma bourse ! Me le pardonneras-tu ? » Bonnet reviendra en mars 1922 et touchera les orgues de la cathédrale de SaintBoniface. Invité alors à la table de l’archevêché, le célèbre organiste ne se gênera pas pour critiquer certaines messes et louanger le chant de Solesmes. Trois semaines auparavant, on avait chanté la messe des anges à la cathédrale. « Dis à M. le curé, écrit-il à sa sœur, que je deviens de plus en plus fou de la musique et de la littérature40. » Comme l’avait espéré Nelly, le succès de la dernière récolte a une heureuse influence sur le caractère de son père qui l’autorise à entrer au couvent en janvier 1922. Lorsqu’il apprend la nouvelle, Maurice écrit au curé Bourdel : « Vous devez comprendre combien a été grande ma joie à la nouvelle que Nelly entrait bientôt au couvent... Je suis aussi content de voir combien papa est entièrement changé... Je suis heureux pour vous comme pour Mariette de voir qu’elle reviendra prendre la place que vous vouliez toujours lui voir occuper. Je comprends que c’est une consolation pour vous ; elle est si bonne et peut un peu remplacer cette bonne demoiselle [Hélène Dejoie] qui avait toujours su si bien partager votre vie de missionnaire. » Mariette quitte Saskatoon le 28 décembre et accompagne Nelly pour une visite à Howell avant son entrée au noviciat de Végreville le 3 janvier 192241. À la mi-décembre 1921, un incendie détruit la grange de la ferme des Baudoux à Rosthern et des animaux périssent. Lorsqu’il l’apprend, Maurice écrit à ses parents : « Quelle épreuve encore Dieu nous envoie là ! Mais aussi comme sa Bonté est grande de ne détruire que nos biens temporels et de nous laisser là, vivants au milieu de tant de dangers ! Reprenez courage bien chers parents. Je sais qu’il est dur, après avoir tant peiné, de voir réduire ainsi à rien presque tout le fruit de votre travail, mais Dieu vous a déjà fait passer par de multiples épreuves. Il vous a permis de toujours vous retrouver, vous et vos enfants, intacts. Il continuera à nous préserver encore42. » Pour s’être classé premier de sa classe et de tout le collège, Maurice a reçu comme prix une biographie de Thérèse de l’Enfant-Jésus et deux dollars cinquante en or. Mais il a du mal avec la géométrie analytique. Premier en composition française avec la note de 80 %, il aime faire des vers, ce qui enrichit son vocabulaire. Il est passé l’un des premiers à l’épreuve d’improvisation sur un sujet dévoilé cinq minutes avant l’exercice portant sur les dangers qui menacent la jeunesse canadienne-française actuelle. Il a eu chaud, mais il s’en est assez bien tiré. En janvier 1922, l’abbé Sylvio Caron, le nouveau chancelier de Prince-Albert, invite les séminaristes au fumoir. Maurice apprécie l’occasion de fumer la cigarette qu’il leur offre gracieusement.
42 II. L’émergence d’un leader Souffrant de neurasthénie, Mgr Prud’homme est revenu à l’archevêché ; « il n’a pas mauvais air, il n’a pas pu lui parler, mais il a manifesté le désir de voir ses séminaristes43 ». Maurice qui se trouve « dans une pénurie extrême » en janvier 1922 s’adresse au curé Bourdel pour payer ses trois mois de pension et les frais de lavage. Mais cette gêne ne l’empêche pas d’entretenir ses projets. Il se « représente toujours plus tard, dans quelque sept ans vous aidant, car c’est mon plus grand désir, à pousser ainsi de jeunes enfants vers l’état ecclésiastique. C’est là mon idéal. » Il ajoute : « Si plus tard, j’avais le bonheur de recevoir les saints ordres, prendre place à côté de vous et continuer votre saint œuvre ! Plus j’y pense, plus j’y pense. Quel bonheur s’il y avait un jour moyen d’établir dans la paroisse que vous avez fondée une sorte d’école apostolique qui prépare au petit séminaire ! Mon Dieu acceptez-moi dans votre légion sacerdotale pour que ce rêve puisse se réaliser44 ! » Le jeune homme découvre en lui une grande soif de connaître et le goût pour la littérature, les débats et les discours. Il se réjouit de la tenue au petit séminaire des conférences bimensuelles de l’Union canadienne45. En classe, on leur fait alors goûter les chefs-d’œuvre de Victor Hugo qu’il n’apprécie pas toujours : « C’est beau ou c’est bête », selon le texte choisi. On étudie aussi Musset. Il participe à un débat sur l’avance ou le recul de la civilisation où il défend le premier point. Lors de la dernière séance de l’Académie Taché, il a défendu la thèse qu’il est préférable de se donner aux besoins religieux du pays plutôt qu’aux missions étrangères46. En janvier 1922, Mariette quitte définitivement le presbytère Saint-Paul de Saskatoon pour celui de Howell. Elle tient Maurice au courant des transformations faites au presbytère et des progrès de Wilfrid et de Josaphat, deux élèves à qui le curé Bourdel donne des leçons de grammaire et d’arithmétique, et elle, des leçons de français47. Maurice n’est pas peu fier d’envoyer une coupure du journal La Liberté qui publie un article qu’il signe Juvenis. Quelques jours plus tard, il fait parvenir à Mariette le sonnet satirique qui lui a valu la note de 85 % et qu’il lui dédie. Il se passionne pour les vers. Aux gens des villes Cesserez-vous bientôt d’ainsi nous mépriser Muscadins arrogants, troupeau que je déteste ? Du vrai homme de bien, vous n’avez que le zeste Encore est-il bien fin, souvent vous le percez. Quand vous venez chez nous, – dit sans vous offenser, – Vous vous pincez le nez, en un fort joli geste Mais j’aime mieux l’odeur qui vous semble la peste Que ces multiples muscs dont vous vous arrosez.
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Allez donc citadins, restez dans votre ville, Fréquentez le théâtre, hantez le vaudeville ; Vivotez maladif, soignez-vous bien le teint ! Moi, je reste à mes champs, j’aime trop la nature ; J’y sens le Créateur qui fait germer mon grain, Dieu, je crois, se voit mieux quand l’atmosphère est pure...48
À la fin de février 1922, Marie informe son fils que la famille songe à quitter Rosthern. On a fait des réparations d’urgence pour remplacer l’écurie incendiée et mettre à l’abri les sept chevaux et les quatre vaches laitières. On attend encore le remboursement des assurances pour les chevaux. « Les affaires marchent de plus en plus mal. Le prix du grain est tombé si bas que nous n’avons pas pu arriver à lier les deux bouts. Nous sommes maintenant décidés à tout vendre ce qui reste, à payer les dettes avec le produit, et nous retirer à Howell dans l’ancienne maison Siogier. » Le père n’étant plus capable de travailler, le couple ne conservera que deux vaches laitières et les poules. Marie serait bien heureuse d’être ainsi tout près de sa fille. Mais comme le père n’arrive pas à se décider à quitter la ferme, elle demande à son fils de prier pour que son père se résigne, et pour que les affaires s’arrangent au mieux. De son côté, Edgard attend que tout soit conclu pour aller s’installer sur sa concession de Spruce Lake49. Dès le mois de mars, Mariette propose à Maurice un programme d’activités pour l’été. Elle compte sur lui pour la remplacer auprès des élèves du curé Bourdel, car elle a trop à faire. Le curé, nommé administrateur du diocèse, va passer quelques jours à Prince-Albert. Mgr Prud’homme qui avait confié au père Josaphat Magnan, o.m.i., qu’il souffrait « de neurasthénie aiguë », est au repos. Il quittera bientôt pour la Floride et reviendra au début de juillet50. Mariette profite de l’absence du curé pour faire le ménage dans son bureau. Maurice lui écrit : Ta lettre m’émeut tellement que je n’attends pas une seconde de plus pour venir t’embrasser sur les deux joues et tâcher de dissiper un peu de fatigue physique puisque j’ai déjà eu le bonheur de dissiper, dis-tu ta fatigue morale. Quoique en disent certains savants, il existe certainement un fluide entre personnes qui s’aiment. En effet lorsque je t’ai écrit ma dernière lettre, à vrai dire, je n’en avais aucun réel besoin matériel. Je sentais seulement au fond du cœur que tu devais être déprimée par quelque préoccupation et je voulais, autant que possible te remonter par mon bavardage joyeux. Ta lettre d’aujourd’hui respire encore de la triste mélancolie. Allons ma sœur, sursum corda ! Tâche de secouer tous ces noirs pensers, que je comprends très bien, mais qui ne sont d’aucune utilité. Je te dis cela, c’est parce que, tu le sais d’ailleurs, je ne puis rester longtemps morose et que je voudrais faire tout ce que je peux pour que les autres soient de même51.
44 II. L’émergence d’un leader Dix jours plus tard, Mariette lui envoie le « superbe costume bleu », dont il rêvait : « Oui, in petto, je pensais : Si au moins elle pouvait m’en envoyer un bleu ou un noir ! » Le nouveau costume « emmaillote très bien ma grande carcasse ». Le jeune homme voudrait bien que ses parents se décident à déménager à Howell. Dégagé du travail à la ferme, il pourrait trouver une école sans instituteur et y enseigner entre le 15 mai et le 1er septembre. Il pourrait ainsi contribuer à payer sa pension, comme le font des confrères qui gagnent ainsi quatre cents dollars. Maurice, qui doit être opéré pour les amygdales, pourrait le faire à meilleur marché à Saint-Boniface comme séminariste après les examens, mais il est impatient de retourner à Howell ou à Rosthern : « Si j’étais anglais je dirais avec un soupir Home – Sweet Home, mais parce que Louis Veuillot a dit que la terre serait belle s’il n’y avait pas d’anglais et que je suis de son avis, je m’écrie avec Virgile O uni campi ! » Mariette partage son avis et lui conseille d’attendre après les semences et de se faire opérer à Saskatoon52. En envoyant à Maurice l’argent pour son billet de retour au début de mai, Mariette lui apprend que leur père se trouve à Howell. Mais il a encore changé d’avis quand Maurice revient à Rosthern à la fin du mois : Tu vois ce que papa dit ? Il ne veut pas te donner d’autres raisons parce que, dit-il, cela te mettrait dans de nouvelles transes. Pourtant il faut que je te dise. Papa n’est plus du tout décidé à aller à Howell parce qu’il veut tout surveiller et tout gouverner. Depuis que je suis ici, il n’a pas encore parlé directement à Edgard mais je crois que la tempête va se déchaîner s’il ne se remet pas de bonne humeur. Que vas-tu faire ? Écris-lui, presse-le, demande à Mr le Curé d’écrire car Edgard est aussi très contre lui, il ne lui dit jamais rien de bon. Cependant il est très bien avec moi. Hier, j’ai essayé de le raisonner, il a répondu non catégoriquement. Ca m’ennuie de te dire cela car cela te fait faire du mauvais sang, mais j’en vois la nécessité. Remets tout entre les mains de Dieu et fais ce que tu penses devoir faire53.
Avant de quitter Rosthern, Maurice envoie à sa sœur les manuels pour la classe de méthode et les « Fables de La Fontaine » au bénéfice des protégés du curé Bourdel. À Saskatoon, il a dû emprunter cinquante cents au père Lacoste pour payer son billet vers Rosthern, car il s’était acheté des cigarettes sans songer au prix de ce billet. Puis, en écrivant au père pour lui remettre l’argent prêté, il a oublié de l’insérer dans l’enveloppe ! L’été terminé, il passe par Howell et se rend à Prince-Albert avec des amis avec qui il prend le train pour retourner au collège54.
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Le bonheur des exercices de rhétorique En entrant en classe de rhétorique en septembre 1922, Maurice se voit confier les responsabilités de bibliothécaire des élèves, de premier maître de chapelle et de secrétaire du comité des jeux. Ces fonctions lui « plaisent infiniment car leur exercice fait du bien pour plus tard55 ». Comme il songe à faire sa philosophie à Saint-Boniface, il ira passer ses examens à Edmonton afin de gagner une année pour obtenir son baccalauréat, ce qu’il explique au curé Bourdel : Vous savez que je prends ma rhétorique cette année et que j’aurai à prendre ma Belles-Lettres ou seconde l’an prochain. Eh bien, je voudrais ne pas prendre cette seconde et sauter de suite en philosophie. Cela me ferait gagner une année et ce serait peut-être mieux pour moi. Je devrais renoncer au degré de bachelier ès arts de l’Université du Manitoba, mais j’ai ouï dire que je pourrais concourir à celui de l’Université Laval. Le collège de Saint-Boniface est affilié à l’Université du Manitoba. Celui d’Edmonton l’est à celle de Laval. Le baccalauréat de l’Université Laval est préférable à celui de l’Université du Manitoba. Or voici : pour avoir le degré de baccalauréat ès arts du Manitoba, il faut passer un examen au bout de chaque année universitaire (4 ans). Pour celui de Laval au contraire on ne doit passer un examen qu’au bout de la rhétorique et à la fin de la philosophie56.
Classe de belles-lettres, 1921-1922 ; à l’arrière, les pères Hacault et Dubé, s.j.
46 II. L’émergence d’un leader Le jeune homme est à l’aise dans les exercices de rhétorique : « Elles m’intéressent ces discussions vives où il faut, ou bien acculer la partie adverse ou se laisser acculer par elle. On s’y échauffe, c’est là mon élément. » Le curé Bourdel songe à l’envoyer au Grand Séminaire d’Edmonton en septembre prochain et en parlera à Mgr Prud’homme. Il lui envoie aussi des livres pour qu’il s’initie au hongrois, et l’incite à l’apprendre comme il faut, car « il se pourrait que dans sept ans, tu aies à t’en servir à Howell même57 ». Pendant ce temps, à Végreville où elle a revêtu l’habit religieux le 15 août, Nelly s’inquiète de n’avoir reçu depuis qu’« une toute petite lettre » de sa mère58. En octobre 1922, les Baudoux ont enfin pris la décision de quitter Rosthern, une fois la récolte finie et de s’installer à Howell. Mariette laissera le curé seul pendant quelques jours, pour aider ses parents à préparer le déménagement. Un créancier, monsieur Brown, a racheté les chevaux pour se payer de ce que la famille lui devait, et il s’est engagé à rembourser complètement la banque avec le surplus : « Pauvres parents, c’est tout ce qui leur reste, mais je m’arrangerai pour pourvoir à ce qui leur manquera. Papa a amené quatre vaches dont une à tuer et un veau, environ quatre-vingts poules dont plusieurs à tuer. » Avec le lait et le beurre, ils pourront vivre « puisque je leur fournis la maison et le chauffage ». Elle a fini par trouver pour ses parents une maison qui n’est pas encore terminée. En attendant, ils seront hébergés au presbytère. Quant à Edgard, il est parti pour Spruce Lake avec un ensemble de machines, quatre chevaux, une vache et un mobilier de cuisine. Il viendra au printemps récupérer le reste, remisé chez un voisin. « Il n’est donc pas trop à plaindre. » Mariette trouve le temps de préparer le bazar de la paroisse et d’exercer une pièce pour les Enfants de Marie dont les bénéfices serviront à finir de payer la cloche de l’église59. L’incendie du collège Le matin du 25 novembre 1922, sous le choc de l’incendie qui a détruit le collège durant la nuit, Maurice écrit à Mariette : « C’est épouvantable, indescriptible ! Alexandre [Grimard] l’a échappé belle, il est ici (au Séminaire) à se reposer en ce moment. Beaucoup d’élèves sont ici aussi. Il ne reste rien, absolument rien. Nous attendons une décision des autorités ecclésiastiques ; je te la communiquerai aussitôt. J’ai l’âme en désarroi60. » Cinq jours plus tard, il commence par évoquer la séance des philosophes à la sainte Catherine à laquelle il avait assisté. Tous ont bien ri, « jamais soirée intime n’avait eu un tel succès ». Il lui raconte ensuite en détail son réveil brutal dans la nuit du 24 : J’ai sursauté, refusé de croire à semblable chose, mais l’évidence était là ; je n’avais qu’à me dresser sur mon séant : je voyais les flammes qui sortaient de
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trois ou quatre fenêtres et léchaient un pan de mur dans le côté sud du collège. En un instant, j’avais bondi près de la croisée ; le temps de le dire, l’on voyait la fumée, une fumée noire, opaque sortir par toutes les ouvertures. Mais le feu avait déjà fait beaucoup de chemin ; il avait grimpé sur la toiture, enlacé le clocher... une formidable explosion, dans le cabinet de chimie, et la moitié du collège s’effondrait. J’ai tout de suite pensé à Grimard. Il était seul, dans une chambre, infirme [...]. Justement voici que quelqu’un l’amenait au Séminaire... il avait sauté du 3e étage après bien des hésitations et de multiples difficultés. Il était tombé évanoui dans un matelas, la figure contusionnée, le poignet démis, une veine coupée au talon, sans autre vêtement que son corps [camisole] et son caleçon. Heureusement ! Peu après il venait au dortoir y chercher pantalon et paletot, ce n’était donc que peu de chose. [...] Nous en avons vu de ces prêtres désolés, pleurant ceux qui leur avaient été confiés, de ces professeurs qui depuis 20, 30, 40 ans amassaient notes sur notes, sermons sur sermons, conférences, travail ardu qui en 5 heures a complètement disparu. Et ces richesses innombrables des bibliothèques ! Ces instruments de physique, de chimie, d’astronomie ! Et ces élèves dont les parents pouvaient à peine payer la pension et qui étaient maintenant dépouillés de tout vêtement, sans un seul livre. Oh, il m’a frappé le spectacle de cette mère éplorée qui venait samedi soir au petit séminaire à la recherche d’un enfant âgé de 15 ans. Elle était partie de chez elle le matin, sans se douter du déplorable accident, apportait des bonbons, du sucre, des fruits, des vêtements. Je n’ai pas pu m’empêcher de pleurer à voir cette dame demander une foule d’explications à l’un et à l’autre et puis tout à coup s’écrier alors que des flots de larmes coulaient à ses yeux : Mon fils, mon fils est resté dans le désastre. Et c’était vrai, on l’avait déjà recherché, le frère jésuite consolait, mais tous (nous étions environ une dizaine là) nous nous tournions pour essuyer furtivement nos pleurs car nous savions ce qu’il en était ! [...] Lundi encore, j’ai vu un père qui fou de douleur recherchait son fils âgé d’environ 17 ans. Il faisait son possible pour refouler ses larmes ; celles-ci coulaient malgré tout sous ses lunettes aux branches d’or sur sa figure ridée. C’était pitoyable Mariette, affreux de voir cette douleur, cette énergie meurtrie, cet homme qui se redressait contre l’affreuse vérité61 !
Une autre épreuve frappe les séminaristes, la disparition du petit séminaire. On avait cru qu’en se serrant davantage, dans cette vaste maison et au juniorat des pères oblats, on aurait pu reprendre la vie habituelle. Mais l’édifice hébergera désormais tous les collégiens, y compris les séminaristes et les Jésuites. Quant au personnel du petit séminaire, il sera affecté à d’autres tâches. Lundi soir, à 5 h 30, les membres de notre personnel se sont assemblés. Je les ai vus rentrer sans se douter de rien sauf M. le Directeur qui avait vieilli. Au bout de 20 minutes, ils sortaient de la chambre en pleurant, puis à la file sortirent du petit séminaire pour aller à l’archevêché. C’était la décision que Mgr Béliveau avait prise, c’était sans doute la seule possible. Je ne les ai point
48 II. L’émergence d’un leader vu sortir mais, m’a-t-on dit, c’était une scène qui brisait le cœur. Le soir les cœurs étaient bien gros à déménager M. le Directeur, ce qui s’est fait cependant en 2 h en dépit du grand nombre de livres etc. [...] Oh ! Combien nous avons alors vu qu’ils nous aimaient, cette bénédiction de notre directeur, ces poignées de mains des autres, ces paroles de consolations que, les yeux rougis, ils nous ont adressé !! [...] On n’apprécie une chose que lorsqu’elle manque. Cette vie de famille, ce règlement sévère, ces dévotions nombreuses, comme nous regrettons tout cela maintenant62 !
La discipline du petit séminaire ne pouvant être celle d’un collège, on a dû l’adoucir. Mais les séminaristes tiennent à l’ancienne. Prosaïque, Maurice écrit à Mariette : « Il est très probable que dans deux ou trois semaines ton grand chameau de frère aura pris goût à ce qui est plus facile, je tâcherai pourtant de réagir. » Il lui faut racheter les livres qu’il avait laissés au collège ; et ses chaussures, gants, mocassins et culottes « sont près de voir finir leur jour, leur ultime journée ! » Les sœurs ne sont désormais plus là pour raccommoder le linge et Maurice doute que les frères puissent réussir à les remplacer : « Des femmes c’est ni plus ni moins le nec plus ultra pour repriser mes pauvres pantalons, témoins de bien des accrocs, sujets, à cause de leur faiblesse même, de multiples risées. » Mariette s’inquiète. À fréquenter de plus près les membres de la Compagnie de Jésus dont il apprécie les professeurs, en viendra-t-il à désirer entrer dans cette illustre société ? Maurice la rassure : « N’aie pas peur, ce n’est pas encore là mon intention. C’est Howell que je désire, voilà tout63. » Les parents s’installent enfin à Howell Marie et Norbert Baudoux sont entrés dans leur maison à Howell au début de décembre, après l’avoir isolée avec de la terre contre le froid. On a dû mettre le bœuf, les vaches et les poules dans l’écurie du curé. Norbert invite maintenant son fils Edgard à songer à se marier, car il aimerait être grand-père de son vivant ! En janvier 1923, on célèbre le trente et unième anniversaire de leur mariage, un mariage, écrit Marie, qui « ne fut pas toujours bien gai ». Elle espère maintenant « le cauchemar enfoui à jamais », compte revoir ses deux fils au printemps et visiter Nelly à l’été64. À son retour d’Edmonton, après un séjour à Lamoureux avec monsieur Garnier, et trois jours passés auprès de Nelly à Végreville, Maurice accepte l’invitation du chauffeur des fournaises au collège, monsieur Ferland. Il passe le jour de l’An dans sa famille où il découvre et apprécie les coutumes canadiennes avant de reprendre les classes en janvier 1923. Élu secrétaire du conventum, il est membre de l’Association canadienne de la jeunesse catholique (ACJC) depuis décembre et espère réveiller le cercle local. Il remplace
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Le conventum 1923-1933
le maître de chapelle en repos, auprès d’environ cent cinquante pensionnaires : « Je suis bien un peu fier, cela me fait un petit velours comme on dit communément, mais aussi, cela me tracasse. J’ai toujours peur de ne pas faire comme je devrais, aussi bien que je devrais. Je suis sur les nerfs chaque fois qu’il va se présenter quelque chose un peu hors de l’ordinaire. » Il est aussi responsable de la musique chez les petits. Sensible à la jalousie de certains que suscite cette marque de confiance, Maurice s’en irrite : « Je suis encore prompt, malgré que je ne le parais pas65. » À compter du 1er février 1923, le village de Howell prend le nom de Prud’homme en l’honneur de l’évêque de Prince-Albert. Comme ce dernier n’a pas encore commandé la quête pour les séminaristes, Maurice devra encore enseigner aux jeunes au presbytère l’été prochain, lui apprend le curé Bourdel. Il a hâte aux vacances, compte sur lui pour cultiver en grand les cassis et lui garde quelques bonnes bouteilles à déguster. Mariette lui apprend qu’il y aura aussi du vin à mettre en bouteilles66. En février, lors du Cercle Provencher, Maurice prononce une causerie sur « le devoir de conserver notre tradition et notre essence nationale ». À la suite d’une recherche minutieuse il cite Edmond de Nevers, Athanase David et l’économiste LePlay, admirateur du développement des Canadiens français qu’il attribue à leur fidélité à leurs traditions religieuses. Après avoir cité
50 II. L’émergence d’un leader Mgr Latulippe, il s’enthousiasme : « Camarades ! Debout ! Et du cœur ! L’heure est critique ! Vous au moins vous avez du patriotisme et vous saurez conserver votre mentalité telle qu’était celle des aïeux ! Ce n’est pas du chauvinisme cela ! Nous accordons aux Anglais le mérite qui leur revient ; c’est un peuple à mentalité commerciale, politique, financière, ce en quoi ils excellent et devons les admirer [...]. Nous, Canadiens français, notre âme ne peut être subordonnée à un tel mercantilisme... à moins qu’elle ne dégénère67 ! » Maurice est enchanté par la venue d’un nouveau professeur, le père Alexandre Dugré, farceur, mais exigeant, qui oblige les collégiens à faire des vers. Bon en anglais et en composition française, comme d’habitude, il en a par-dessus la tête avec la révision en trigonométrie. Il écrit à son curé : « Demandez au bon Dieu qu’il me rende moins cruche là-dedans, car il paraît que je le suis plus que le plus fou des fous ! » Mais il se délecte dans le chant, au moment où le père Beaupré vient reprendre la direction de la chorale qu’on lui avait confiée. Il sollicite l’avis de son curé sur son sonnet sur le gouret que vient de publier La Liberté du 13 février68 : Hardi les gars, hardi ! Harcelez la rondelle, Pourfendez, cognez dur en combinant ainsi ! Mais l’entêté Charland ne l’entend pas ainsi, Il la fait ricocher en garde-but fidèle. Le rond de caoutchouc en glisse de plus belle, Comme un lièvre traqué ne cherchant que merci, Louvoyant les patins, rebondissant ici, Il s’en va se heurter à la « bande » cruelle. Puis il brusque l’équerre, et l’habile joueur Suant, soufflant, retourne en place avec fureur, Comme un aigle déçu, qui regagne son aire. Don Quichottes Nouveaux, déployez votre ardeur, Poursuivez en vrais preux, ce joujou de notre ère, Maniez bien le gouret, cela donne du cœur !
Une souscription est en cours pour relever le collège, mais Maurice est sans illusion sur l’avenir de l’œuvre du Séminaire : « C’est tout à recommencer, elle a disparu pour notre génération j’ai peur ! » La vie sera désormais commune avec des confrères anglophones : Ah ma chère Mariette c’est ici qu’on voit combien ceux-là n’ont pas la même mentalité que nous. Certes, celle des canadiens est un peu différente, mais la leur et la nôtre s’arrangent bien... tandis que celle de race saxonne... mon Dieu... mon Dieu ! Quelle indélicatesse, quel manque de tact ! Au Séminaire, où tout était choisi, où les Anglais ou Irlandais ne venaient pas à cause d’une discipline sévère, nous ne sentions pas cela autant. Mais au collège où ils sont
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actuellement en minorité, dans ce collège qui est de toute vérité canadienfrançais, où il n’y a qu’un professeur irlandais, où ils sont traités avec autant de bienveillance, autant de dévouement que nous, il ne leur répugne pas de traiter d’étrangers ces Canadiens français qui ont été les premiers dans ce pays, qui seuls ont eu l’honneur de découvrir l’Ouest, qui seuls ont versé leur sang pour la christianisation de l’Amérique du Nord. Ils vont même jusqu’à nous insulter ouvertement dans ce que nous avons de plus cher, notre langue ! Ah ! On dit quelque fois que Veuillot a été chauvin dans sa fameuse phrase [« Que la terre serait belle s’il n’y avait pas d’Anglais ! »] Et je dis avec d’autres : Que la vie de collège serait d’un paradis s’il n’y avait pas d’Anglais69 !
Le curé Bourdel tient Maurice au courant des débats de la convention des francophones de Saskatchewan à laquelle il prend part. Il a reçu à cette occasion l’ancien directeur du petit séminaire, l’abbé Sabourin, maintenant inspecteur des écoles, et lui a confié une somme d’argent à son intention. Maurice a conservé de la vénération pour cet homme que plusieurs jugent fanatique ou extrémiste. Lui le considère plutôt comme un homme d’action qui a fait du bien au séminaire qu’il a dirigé et lui garde sa confiance70. Comme Mariette est à court de fonds, Maurice doit emprunter pour payer les frais du photographe et les vêtements dont il a besoin. La photo qu’il envoie à sa famille lui vaut des commentaires flatteurs : « Jamais on ne m’a admiré au physique ! Mon Dieu, il faut que vous m’aimiez bien pour ainsi rester en extase devant mon portrait ! » Il veut convaincre Mariette de se mettre sérieusement à l’étude de l’histoire du Canada durant ses loisirs. Peut-être aura-t-elle un jour l’idée « de faire quelque chose d’intéressant », l’ouvrage ne manque pas, « mais il y a tant de scrupuleux, d’inactifs, qui ne veulent jamais prendre aucune responsabilité ». – « Si j’ai déjà rempli d’augustes charges c’est parce que je suis plein de bonne volonté et que du moment qu’on me demande de faire quelque chose, je prends cette chose à cœur et m’approprie les talents des autres. Cependant, il faut avouer que cela me réussit toujours. Oh j’ai du mal, bien du mal mais qu’est-ce cela quand on arrive au succès ? » Il ne s’explique pas qu’on puisse « s’ennuyer quand il y a tant à faire ici-bas pour le bien commun ! D’ailleurs tu verras que mon bonheur ne m’a pas fait maigrir. Pourquoi donc n’aurions-nous pas une grande fête 1923, la photo de finissant
52 II. L’émergence d’un leader à la St Jean Baptiste ? Une belle manifestation ? C’était à Vonda l’an passé... pourquoi pas ici cette année ? Oh... voilà bien longtemps que je forme des tas de projets ! Je te les confierai à mon retour n’est-ce pas71 ? » À la fin de mars, Mariette va se reposer à Saskatoon où elle s’est fait des amis durant son séjour au presbytère Saint-Paul. Sa mère la remplace pour la cuisine au presbytère. Elle n’a pas hésité à retarder son voyage de retour de quinze jours, pour entendre l’organiste Bonnet. Quant au curé Bourdel, il attend avec impatience le retour de Maurice sur qui il compte pour aider ses jeunes protégés et pour égayer Mariette et la promener à l’été. Il ne peut acheter une auto, mais il tentera de faire un arrangement avec le père Normand. Se sachant attendu, et aussi en raison de ses besoins – un imperméable et des bas – et il a des comptes en souffrance, Maurice songe à renoncer à la retraite qui a lieu à la Trappe du 7 au 10 mai, mais le curé lui conseille de ne pas se priver de cet avantage : « Une fois libre avec tes examens, fais tes comptes et écris ce qu’il te faut. » La proposition de Maurice à sa sœur n’est pas tombée dans l’oreille d’une sourde. Mariette multiplie les démarches chez Beauchemin et chez Granger pour trouver des pièces de théâtre pour les filles en prévision de la fête de la Saint-Jean72. Une situation financière précaire Pendant les quatre années passées par Maurice à Saint-Boniface, la famille s’est débattue pour réussir à payer ses études. Chaque mois, Mariette lui a transmis le chèque de quelque quatre-vingts dollars du curé pour sa pension et ses dépenses personnelles en l’assortissant du conseil de confier cette somme au directeur s’il ne se sent pas capable d’en disposer sagement : Il est temps que tu apprennes à ne dépenser que ce qui t’est nécessaire et à garder ta bourse toi-même il me semble, enfin fais pour le mieux et comme il te semblera plus convenable de faire. J’ai eu de la peine de voir que tu t’es laissé aller à désobéir comme tu l’as fait, après tout l’action de fumer en elle-même n’est pas répréhensible, mais cette désobéissance suivant de si près la défense expresse de ton supérieur. Enfin tu me promets bien de ne plus jamais recommencer. Vois-tu mon petit c’est en se renonçant sur les petites choses qu’on apprend à se renoncer dans les grandes, c’est une sorte d’entraînement, croismoi dans la vie tu devras certainement te refuser bien des choses qui te paraîtront bien plus désirables que ne l’est en ce moment pour toi, une cigarette. Cependant, je comprends très bien que ce soit comme un besoin pour toi, il y a si longtemps déjà que tu fumes73 !
Les frais de pension de Maurice seront réglés par petites sommes, avec l’argent gagné par Mariette, les dons du curé Bourdel, du père Jan, de l’abbé
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Louison ou de monsieur Drapeau. Ce bienfaiteur qui s’était engagé à régler son compte éprouve alors des difficultés financières. Les parents avaient pourtant prévu cette dépense avant même que Maurice n’entre au collège. Le 14 avril 1919, madame Baudoux avait signé un acte de procuration pour autoriser son frère, Henri Moreau, artiste peintre à Bruxelles, à toucher en son nom une somme de 20 000 francs dont elle venait d’hériter. Six mois plus tard, Mariette signe elle aussi l’assurance et la procuration pour l’oncle Henri. Mais à la fin de janvier 1920, Norbert Baudoux reçoit un état de compte de près de cent cinquante dollars74. Mariette apprend bientôt à Maurice que la banque refuse d’avancer de l’argent sur les mille francs déposés en Belgique au nom de leur mère, et qu’il est impossible de toucher la somme sans perdre plus du double au change. À Rosthern, la récolte a été perdue. Mariette est donc dans l’obligation de prier le directeur du séminaire de bien vouloir attendre jusqu’au printemps. Elle espère régler ce compte après la vente des bêtes à cornes. Comme l’argent est rare, il sera impossible de vendre des chevaux. L’argent qu’elle a gagné en enseignant a servi à payer la pension de Nelly au couvent75. Pendant tout son séjour à Saint-Boniface, rares sont les lettres où Maurice ne réclame pas de nouveaux vêtements : un paletot, une paire de bottines quand celles qu’il a ne sont plus portables le dimanche, des pantalons, des caoutchoucs, des mocassins. Puis c’est d’un imperméable qu’il a besoin : « Je ne suis pas difficile et pourtant j’ai honte d’aller tout troué comme je le suis. » Mariette pourra lui commander un paletot chez Burns, avec qui la famille fait du troc en lui fournissant des produits de la ferme. Quand manque l’argent pour acheter du neuf, Mariette finit par conseiller à son frère de continuer à faire raccommoder76. Maurice suit avec inquiétude l’évolution du franc, pendant que sa famille cherche de l’aide en Belgique, auprès de Louis Letellier, le frère d’une amie de Mariette, résidant à Bonne-Espérance. En mars, il reçoit de ce compatriote, professeur au collège de Binche, une première lettre, courte, mais qui lui fait plaisir. En mai, il transmet à ses parents la proposition du directeur – « toujours plein de bonté » pour lui – d’endosser une reconnaissance de dette en attendant l’argent de Belgique. Puis Louis Letellier, prêtre belge, ami de la c’est au tour du diocèse de Prince-Albert, sans famille et bienfaiteur de Maurice
54 II. L’émergence d’un leader titulaire depuis la mort de Mgr Pascal, d’agir. À la fin d’août, le procureur envoie à Mariette un chèque de cinquante dollars, une avance de fonds qui lui est accordée par l’abbé Th. Schmid qui l’encourage, elle et Edgard, dans leur dessein d’aider Maurice : « Je vous demanderai de vouloir bien me faire parvenir l’engagement par écrit de votre frère Edgard qui se propose de rembourser après les battages le montant qui sera avancé77. » Maurice supporte mal les réclamations de l’économe qui revient aussi à plusieurs reprises auprès de Mariette à qui il ne cache pas son inquiétude : « L’évêché de Prince-Albert n’a pas l’air d’être au courant de l’affaire. Auriezvous la bonté de l’en informer ? » En octobre 1920, le directeur suggère à Maurice de faire voir à l’économe la lettre que Mariette vient de lui écrire78. Maurice est peiné lorsqu’il apprend que ses parents songent à vendre la ferme et comprend l’embarras d’Edgard. « Quel chagrin cela sera pour nous tous et surtout pour maman de devoir encore vendre là et acheter ailleurs. » À la fin de décembre, Edgard n’a pu vendre et devra ensemencer la terre au printemps : « Sera-ce encore pour aller dans le trou comme depuis deux ans ? Dieu veuille que non. » Lui aussi a la tête bien fatiguée par ces tracas, écrit-il à Maurice : « Je ne saurais trop te recommander de bien prier pour moi, je t’assure que j’en ai bien besoin. Aie confiance que j’arrangerai les affaires avec le temps79. » « Je suis désolé, chère grande, écrit Maurice à Mariette, de tout le mauvais sang que tu fais à propos de moi, désolé aussi de ce que tu doives travailler pour moi comme d’ailleurs tu l’as déjà fait par le passé. » Il remercie Dieu de lui avoir donné une sœur comme elle et lui envoie un bouquet spirituel pour son anniversaire, le 8 décembre, « en gage de reconnaissance et d’amour fraternel ». En accusant réception des 5 $ que sa sœur lui envoie à la midécembre, Maurice avoue qu’il lui répugne de réclamer et l’assure qu’il se prive de bien des choses. Le directeur du séminaire lui offre de réduire la pension d’un mois s’il retourne à Rosthern pendant les vacances des fêtes, mais Maurice préfère rester à Saint-Boniface : « Tu sais comme il y a de la misère à la maison à cause de papa lorsque je retourne », et « cela épargnera encore à maman des misères inutiles80 ». La nomination d’un nouvel évêque à Prince-Albert avait suscité un peu d’espoir, mais au printemps 1922 Mgr Prud’homme n’a pas encore pris les dispositions voulues pour aider financièrement son séminariste. Un relevé de compte a aussi été transmis au curé Bourdel. Les sommes versées par Mariette n’ont pas suffi puisqu’un nouvel état de compte de 90,28 $ arrive un mois plus tard avec la note suivante : « S’il ne vous est pas possible de faire remise de ce montant dès maintenant, veuillez donc s.v.p. signer ce billet et nous le retourner. » Une somme de 92,91 $ est due depuis septembre81.
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Lorsqu’il est mis au courant des difficultés financières de la famille Baudoux, l’abbé Louis Letellier, de Bonne-Espérance, s’engage à trouver des prêtres pour célébrer des messes dont il offre les honoraires pour aider Maurice. La situation financière du séminariste s’améliorera en mai 1923, quand l’administrateur du diocèse de Prince-Albert acceptera l’offre de l’abbé Letellier de verser à son crédit les honoraires de cinquante messes. Le bienfaiteur en informe le séminariste en accusant réception de sa photo de finissant et du texte de l’un de ses articles82. Des amitiés durables Au cours de ces quatre années, Maurice Baudoux s’est révélé un fer- 1923, les séminaristes finissants vent leader de la cause du français. Il en rhétorique. À l’arrière, Alexandre Grimard s’est lié avec certains confrères d’une et Maurice Baudoux. amitié durable fondée sur des affinités À l’avant, Émilien Lévêque. intellectuelles, artistiques et spirituelles que l’on découvre dans sa correspondance avec les Aimé Decosse, Gustave Couture, Émilien Lévêque et Arthur Leclerc, ainsi qu’avec quelques professeurs. Du Grand Séminaire de Québec, Aimé Decosse partage avec lui son bonheur d’entendre tous les dimanches Henri Gagnon, l’organiste de la cathédrale, et d’assister aux concerts donnés par des organistes comme Bonnet, Dupré ou l’Orchestre symphonique de Québec. Après l’incendie du collège, il s’informe des anciens confrères. Il félicite Maurice lorsqu’il devient professeur de grégorien et l’encourage à en faire la promotion. Au printemps 1923, il lui apprend la construction prochaine de la nouvelle basilique de SainteAnne-de-Beaupré et lui transmet les nouvelles alarmantes concernant la question scolaire en Saskatchewan83. Gustave Couture écrit à Maurice, de passage à Edmonton, que le père Guillaume Longpré a donné une belle conférence le 24 mai pour la fête de Dollard84. Émilien Levêque est à Norwood où il « travaille parfois à la crémerie, enveloppe du beurre et mange de la crème glacée », lorsqu’il apprend que Maurice ne retournera pas à Saint-Boniface en septembre :
56 II. L’émergence d’un leader C’est bien regrettable. La cause française du collège perd un bon défenseur (ce n’est pas une flatterie) d’autant plus que la lutte sera dure cette année. Mais nous fermerons les rangs et nous combattrons quand même et Dieu veuille que nous ayons la haute main, la victoire. Me voilà donc seul de séminariste en classe85 !
Arthur Leclerc lui transmet les salutations de quelques amis, et quelques regrets personnels : « On ne pourra plus se chicaner... ni fumer et boire du vin de prune86. » Maurice reste aussi en relation épistolaire avec des professeurs comme Gabriel Poitras, maintenant à Somerset, qui, comme lui, s’intéresse à la musique, déplore que le chœur de chant n’ait pas de directeur et que seul l’organiste connaisse la musique87. Il consulte le père Gaston Hacault, retourné à Montréal, qui lui signale que son aversion pour l’abstraction ne le prédispose pas à aimer la philosophie qui lui paraît rébarbative : « Cependant, il le faut ; la philosophie est la reine des sciences humaines ; bien plus : sans elle, c’est en vain que vous prétendriez faire une solide théologie. » Des jeunes de sa classe, l’ancien professeur conserve le souvenir d’une grande curiosité intellectuelle, ce qui lui fait espérer que tous « feront un jour dans la vie quelque bon travail pour Dieu et la patrie88 ». Maurice lui demande son avis sur la qualité de la formation donnée par les pères oblats à Edmonton et lui envoie un article qu’il a écrit sur la mode pour obtenir son avis critique. Le jésuite lui répond : Vous êtes la perle des correspondants. Mais vous êtes autre chose qu’une perle ; vous êtes aussi une plume. J’ai lu avec attention – l’attention brillante et soupçonneuse du pédagogue invétéré – votre article sur la mode. Rien ne m’y a déplu ; et tout m’y a énormément plu. C’est original, renseigné, plein de verve, d’un caustique (au début) qui ne fait pas craindre que vous tombiez amoureux – oh non ! – C’est presque de la misogynie (rappelez le souvenir de vos racines grecques !), mais pas déplacée dans le cadre. Votre résolution de finir votre cours ici n’a rien qui me déplaise. Contrairement à ce que vous dites, les PP Oblats ont ici de très bons professeurs – la plupart élèves de notre Grégorienne (vous allez croire ma louange intéressée !). Le milieu tout à fait ecclésiastique ne pourra que vous faire beaucoup de bien et vous donner une longue formation, ce qui n’est pas à dédaigner89.
Même avis de la part du père Longpré qui lui écrit qu’il n’a jamais prétendu que les Jésuites étaient les seuls à détenir le monopole de la sagesse : « Je suis donc bien convaincu que vous ferez une aussi bonne philosophie à Edmonton qu’à Saint-Boniface. Mais il y a ceci, qu’il vous arrive un accident, que vous changiez d’idée, que vous vouliez plus tard étudier une profession, vous n’aurez pas vos degrés. » Le jésuite se plaît aussi à commenter les lettres
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ouvertes sur la politique européenne publiées dans Le Devoir par M. Guiraud contre les arguments du directeur du journal, Henri Bourassa90. Lorsqu’il apprend que Maurice prendra la soutane à Edmonton, l’abbé Sabourin lui écrit : « Continue comme tu as commencé à Saint-Boniface et... je ne sais où tu t’arrêteras. [...] En vérité, je suis sûr qu’au grand séminaire tu trouveras ce qu’il y a de bon un peu partout. » Le prêtre, qui vient de terminer ses visites d’écoles, ajoute : « Nous prenons beaucoup de libertés et tout autour de nous, chez les anglo-protestants, on se tait. Notre politique, c’est aussi peu de publicité que possible, et autant d’action que l’on peut en faire91. »
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Chapitre 3
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À Edmonton (1923-1927) �
uand Maurice Baudoux se présente au Grand Séminaire d’Edmonton1 en septembre 1923, les structures du territoire des provinces d’Alberta et de Saskatchewan, qui avait été confié aux missionnaires oblats au XIXe siècle, sont en pleine mutation. Le vicariat des missions de Saint-Albert, érigé en diocèse en 1871, est confié à Mgr Vital Grandin (18711902), puis à Mgr Émile Legal (1902-1920). Après la mort de ce dernier, le siège est transféré à Edmonton où se trouvent le juniorat des oblats, le collège des Jésuites (1913-1943) et, depuis 1917, le scolasticat des oblats. On y accueille maintenant, avec les scolastiques, des séminaristes qui, comme Maurice, se destinent au clergé séculier. Devenu archevêché, Edmonton est confié en 1920 à un Irlandais, Mgr Henry J. O’Leary. Bien décidé à y faire dominer l’anglais, celui-ci avait renvoyé deux communautés de missionnaires français2, fait remplacer les supérieures de langue française par des sœurs de langue anglaise et recruté des prêtres en Irlande. Dans le sud de l’Alberta, le nouveau diocèse de Calgary est dirigé depuis 1913 par Mgr John Thomas McNally. Quant à l’ancien vicariat, il était devenu la province oblate d’Alberta-Saskatchewan.
Maurice arrive à Edmonton avec un compatriote et ami, Antoine Blain, avec qui il partage une chambre, égayée avec les narcisses, les étoiles de Bethléem et les géraniums que Mariette lui a donnés à son départ. Pour sa première sortie, Maurice passe deux jours à Végreville avec sa sœur Nelly qui enseignera bientôt au couvent de Saint-Louis. Lui qui disait ne plus verser de larmes, il pleure « comme un veau » en tombant dans les bras de sa sœur ! Le curé Bourdel est parti lui aussi pour passer quelques jours aux grains avec les sœurs, et Mariette reste seule à Prud’homme. Le silence de son frère qui tarde à lui donner des nouvelles la rend « archifurieuse », écrit le curé à Maurice3.
60 II. L’émergence d’un leader Dès qu’il l’apprend, Maurice écrit à sa sœur. Après la retraite prêchée par le père Lacoste4, lors d’une séance en l’honneur d’un nouvel ordonné, il a chanté une prière qui a eu « un succès bœuf » et lui a valu « l’honneur d’un rappel ». Il aurait besoin d’un camail, « car il fait froid dans la maison lorsqu’il descend pour la méditation à 5 h 15 ». Il lui faut aussi une barrette, dont le port sera obligatoire le dimanche au retour du provincial, le père François Blanchin5. On attendra le nouveau supérieur, le père Bernard McKenna, jusqu’à la fin d’octobre : « Être supérieur d’une maison comme la nôtre, écrit Maurice à Mariette, n’est pas chose facile. Outre qu’il faut diriger les professeurs (et ils sont humains eux aussi) il y a tant de différentes nationalités parmi les frères et les séminaristes qu’il est difficile pour lui, très délicat aussi, de conduire la communauté afin d’éviter tout froissement6. » « Peu à peu, nous avançons en philosophie, écrit Maurice au curé Bourdel. Oh, cela ne va pas vite car il faut que le professeur répète en anglais tout ce qu’il dit en latin », à cause des commençants. Il voudrait acheter des ouvrages de théologie, la nouvelle édition de Le Vavasseur, Cérémoniaire et liturgie, et une Bible en texte latin avec traduction et notes. Les confrères de Maurice lui prédisent qu’il va perdre du poids en raison de la somme de travail qu’il aura à fournir. Mais il n’en croit rien, « car il y a nourriture en abondance et des exercices convenables ». Il prend la soutane le 21 novembre, et demande à Mariette de le recommander aux prières des sœurs, pour qu’il
Les séminaristes de 1923-1924
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devienne « un saint comme le Prêtre par excellence : Jésus Christ ». Ce sera fête pour les séminaristes qui présentent à cette occasion une comédie en deux actes. Maurice se désole de la pauvreté du chant : « Pour parler franchement, on ne chante pas le grégorien ici. Ce sont les notes grégoriennes avec leur durée grégorienne, mais rien de cette vie, de cette âme qui caractérise le grégorien [...]. On ne semble pas comprendre ce que l’on chante. On ne s’occupe pas des nuances. Et avec cela, les motets que l’on chante en grégorien sont pris dans un recueil où le grégorien est tronqué. » Maurice constate que la musique moderne est plus appréciée comme chant religieux mais considère que le choix des pièces est assez bien dans l’esprit de l’Église7. En octobre, le curé Bourdel envoie à Maurice la Bible et la Somme contre les Gentils et lui demande d’acheter pour lui un exemplaire des autres livres dont il a besoin. Il lui raconte ensuite avec amusement la « soirée de tartes » qui vient de rapporter 113 $ à la paroisse : « On pèse la dame donatrice de la tarte et l’acheteur paie en raison d’un sou par livre. Résultat : aucune dame de moins de 150 livres, le record, Joséphine Normand, 245 livres. » Mariette lui écrit que les battages en cours vont lentement, pendant que leur père débite trois gros animaux pour son compte personnel. Tous les jours, celui-ci fait du commerce, des achats et des échanges d’animaux. Il prépare deux voyages à Winnipeg, en octobre et en novembre, pour y vendre des animaux. En son absence, sa mère viendra l’aider à vernir la cuisine, à peindre le plancher et à tapisser la maison8. Pendant les battages à Markam, Edgard s’est pris la jambe dans une roue alors que les chevaux étaient en marche et a subi plusieurs fractures. Le Dr McRay lui met la jambe dans le plâtre et il est conduit à Prud’homme. Une dure épreuve, écrit-il à Maurice : « Si ce n’était la bibliothèque de Mr le Curé je m’ennuierais à mourir, six semaines dans un lit sans bouger quand, après tout, on est bien portant, c’est dur et c’est surtout long. Les nuits sans sommeil comme je ne puis lire je passe mon temps à fumer en pensant à toi. Souvent ma pensée fuyait vers toi quand j’étais seul au milieu d’étrangers. » Car il lui répugne de devoir vivre avec des hommes sans principes religieux et dépourvus de respect d’eux-mêmes et des autres. Il en vient à se demander s’ils ont une âme, « on dirait plus tôt [sic] des animaux sauvages ». À la minovembre, il pourra quitter le lit et aller à la messe avec des béquilles9. Nelly considère l’accident d’Edgard comme providentiel. « Tu m’as appris comme ça à regarder les peines », écrit-elle à Mariette, qu’elle considère comme sa « petite maman tout à fait quant à la formation du cœur ». Elle se réjouit des initiatives de son père : « Il reprend donc sa vie active d’autrefois ? Que le bon Dieu le conduise et lui donne le succès qui nous semble nécessaire. » Edgard est plus réaliste : « Papa a déjà shippé [expédié] deux chars
62 II. L’émergence d’un leader d’animaux à Winnipeg, le premier char, il a gagné 40 $, le deuxième, il a perdu 4 $. Cette petite perte est aussi bonne que mauvaise, il prendra beaucoup plus de précautions à l’avenir. » Mariette accompagne le curé Bourdel à Saskatoon chez le dentiste, une intervention, écrira-t-il à Maurice quelques mois plus tard, qui lui a donné dix ans de vie de plus. À cette occasion, ils rencontreront Mgr Prud’homme au concert d’orgue de Marcel Dupré10. La prise de soutane La prise de soutane de Maurice est fixée au 21 novembre 1923. Les soutanes que Mariette lui envoie lui vont bien, mais les barrettes : « Impossible de m’affubler de ces machins carrés. Ils me font mal à la tête énormément et il faudrait que j’en arrondisse les coins pour m’en servir. » Mariette en fait venir d’autres de France qui ne valent pas mieux : « Ces bonnets carrés de France ne peuvent être employés que pour aller de la sacristie à l’autel, vraiment ! Je les ai essayés, c’est un vrai carcan de fer11 ! » En décembre, Mariette reçoit la visite du père Jan12, revenu d’Europe, qui lui apporte des bonnes nouvelles de l’oncle Henri et de la famille. Quant à elle, il lui faut prendre deux mois de repos : « Écoute mon grand, ton imbécile de vieille fille de sœur s’est encore arrangée pour être assez déraisonnable pour être malade de nouveau. » Elle ira au Rosary Hall à Saskatoon et, comme elle ne peut rester sans rien faire, elle apporte avec elle des ouvrages de couture et de broderie pour l’église, qu’elle n’a pas eu le temps de faire à Prud’homme. Les sœurs qui l’accueillent ont accepté de la viande en paiement de son séjour. Le curé avait déjà informé Maurice : « Tu sais sans doute que le 7 janvier je perds la petite pour deux mois. C’est bien ennuyeux, mais puisque ce repos est nécessaire, je souscris volontiers à cette absence. Pour deux mois je saurai bien m’arranger. » Maurice a obtenu du supérieur la permission d’aller aider M. Garnier à Lamoureux. Invité pour les vacances de Noël, il ira visiter Nelly13. La reprise des activités parascolaires en janvier ravit Maurice, mais la période d’études préparatoires aux examens l’angoisse : « Voilà deux fois qu’on me pose des thèses à prouver ; voilà deux fois qu’on renverse mes arguments ! Et j’ai la tête vide, douloureuse. Et les examens sont à la porte, qui me guettent. Je commence seulement à comprendre. Je ne sais encore rien, et dans une semaine, les questions vont pleuvoir !!! » En janvier, il a vu Mariette et lui a suggéré de revenir après les examens. Il a reçu les livres demandés aux sœurs de Prud’homme et le livre de Belgique qu’elle lui a envoyé, Mes cloîtres dans la tempête, fait le tour du scolasticat et est très apprécié. « Vive la Belgique !!!! », lui écrit-il14 !
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Maurice à l’étude
Un dimanche après la messe, lorsqu’il revient à sa chambre pour y faire son lit, Maurice constate que toutes ses fleurs ont disparu, sauf l’étoile de Bethléem accrochée au-dessus de la fenêtre ! Il découvre une flaque d’eau sous le radiateur : le pot de fer du grand géranium a coulé ! Il entend alors la voix du père Lacoste qui tempête et l’envoie chercher. « À la porte de sa chambre, mes pots de fleurs étaient alignés. À côté, un seau à eau sale avec des loques. » Comme c’est la deuxième fois qu’un tel incident se produit, le professeur menace Maurice de renvoi en exhibant des liasses de feuilles de notes toutes trempées et en lui montrant l’eau partout sur son bureau ! Maurice ne reverra plus ses fleurs pour lesquelles il avait « tant d’affection ». « Blanc comme un drap », il remercie le père en quittant la chambre et admet qu’il a bien fait15 ! Aux examens, Maurice a obtenu 23 sur 25 en Écriture sainte, et 24 en philosophie. Il écrit à son curé : « J’ai un peu moins peur d’affronter votre présence que l’année passée. Je suis beaucoup moins fatigué [...]. J’ai mieux compris aussi. » Il a reçu les trois volumes du cours d’histoire de la philosophie de Mgr Blanc et son Dictionnaire de la philosophie, ainsi que les quatorze volumes reliés de L’Ami du clergé. L’an prochain, il aura besoin des six volumes de Tancqueray. Il est question que le père Salles16 revienne l’an prochain pour la théologie morale, ce qui serait à son avis une bien bonne chose. En jouant au hockey, le séminariste reçoit une rondelle qui lui a fendu le menton. Il y
64 II. L’émergence d’un leader voit une occasion de progrès moral : « Mon directeur de conscience m’a fait voir combien j’étais orgueilleux. C’est là la source de toutes mes misères. Je me suis mis à l’œuvre. C’est un travail dont je n’avais jamais soupçonné la nécessité. Qu’il est difficile17 ! » Maurice n’a pas de mal à s’intégrer à ses nouveaux collègues. Il prend part « à plusieurs petites choses » lors de la séance de la Sainte-Catherine et à un débat contradictoire à l’Académie Saint-Jean-Baptiste le 4 décembre. Le curé Bourdel est fier d’apprendre qu’il a donné, « avec un aplomb imperturbable », un sermon dont Mariette a rapporté une copie et qu’elle a lu lorsqu’elle a passé quinze jours à Prud’homme, avant de retourner à Saskatoon. Le curé peut enfin écrire à la fin de mars : « La petite est mieux, elle éprouve encore ses fatigues, mais le sommeil est bien revenu, et ses nuits sont très bonnes. » Le curé compte se procurer les œuvres complètes de Louis Veuillot dont on annonce la parution, et il a reçu de monsieur Tombu les Souvenirs de Mgr Grouard. Il s’est de nouveau abonné à La Croix de Paris et au Correspondant et reçoit les Études de M. Loyer, curé de Vonda, que Mariette conserve religieusement pour son frère. Edgard quitte Prud’homme avec l’assurance de recevoir 500 $ du Soldier’s Settlement, et une concession au printemps18. Maurice ne trouve pas le professeur de liturgie très bon. Il se plaint de devoir assister à des « cérémonies tronquées quand il y a moyen de les faire comme il faut ». – « Dites, Monsieur le Curé, plus tard, si Dieu le permet, nous travaillerons à la formation première de plusieurs futurs prêtres, n’est-ce pas ? Dans les circonstances actuelles, c’est bien le moyen de pourvoir au besoin sans cesse plus étendu des fidèles... Hier soir j’ai fait mon examen de conscience. Je me suis aperçu que je perdais du temps en des futilités et j’ai pris de bonnes résolutions. Priez s’il vous plaît pour que je les tienne. » Lorsqu’il apprend qu’Armand Tombu a reçu les deux premiers ordres mineurs, le curé souhaite qu’il soit ordonné chez lui aux ordres majeurs. « Pour ne pas froisser son confrère, le père Loyer », il suggère qu’il soit ordonné sous-diacre à Vonda et diacre à Prud’homme. Le curé aime les cérémonies bien faites mais, comme il n’a aucun goût pour étudier la liturgie, il compte sur Maurice pour combler cette lacune19. À l’approche de la fin de l’année, Maurice propose au curé Bourdel d’entamer avec lui, durant les vacances, « quelques discussions métaphysiques » d’ordre pratique sur l’eucharistie, un sujet qui lui semble « le parvis de l’édifice théologique ». Pour la liturgie, il suggère de se procurer l’abrégé du Cérémonial de Le Vavasseur édité à Montréal à l’usage des enfants de chœur, pour les choristes du village et pour que les religieuses puissent préparer les enfants. Ce cérémonial fait pour la France n’avait été imposé par le Concile plénier de Québec que pour faire les cérémonies de manière uniforme.
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Avec les vingt dollars qu’il vient de recevoir, Maurice a payé ses dettes et la générosité de l’abbé Letellier lui a déjà permis de réduire de cinquante dollars sa dette à la corporation épiscopale20. Dans sa correspondance avec Maurice, l’abbé Letellier l’informe de la situation de son pays après la guerre. Les Belges commencent à recevoir du charbon. Ils espèrent qu’à la suite de leur victoire dans la Ruhr « le gouvernement allemand sera forcé de réparer une partie des dégâts ». Des prêtres belges aident des prêtres allemands dans le besoin ; cette initiative est bénie par le pape. Mais le désir de revanche et le souci nationaliste dominent les esprits. Par la suite, le franc dévalué reprend de la valeur, et une partie des richesses et des ressources perdues pendant la guerre sont retrouvées. Le prêtre y voit « une victoire belge et française, sinon nous aurions été expropriés par les grosses banques juives ». « Les 1 500 maisons brûlées de Louvain, les milliers de maisons détruites ailleurs sont maintenant presque toutes restaurées », sans que l’Allemagne ait encore eu à payer. Aussi les gouvernements belge et français semblent décidés à ne quitter la région industrielle de la Ruhr qu’après avoir « reçu de justes indemnités ». À la veille des élections, écrit-il encore, les fourberies des socialistes « ont amené une condamnation retentissante du socialisme par le Cardinal [Mercier], qui a traité publiquement les membres de pharisiens hypocrites, sépulcres blanchis ». Cela n’a pas empêché les catholiques de perdre deux sièges à la Chambre21. Pour l’ordination du 30 avril à la cathédrale, Maurice a été désigné comme premier cérémoniaire, mais ses activités ne se limitent pas au séminaire. À la demande de l’abbé Sabourin, il écrit un article dans L’Union pour recommander sa brochure sur l’apostolat à l’école primaire. En mai, une bien triste nouvelle parvient à madame Baudoux : le suicide de son frère Henri, un frère qu’elle avait pour ainsi dire élevé, et qui souffrait de neurasthénie. Mais l’investiture de Mgr Bourdel comme prélat domestique augure de belles célébrations à Prud’homme. Mariette tiendra l’œil ouvert lors de l’investiture de Mgr Brodeur à Prince-Albert, afin de ne pas faire de gaffe lors des fêtes qui auront lieu ensuite à Prud’homme. Maurice transmet à sa sœur les informations nécessaires à la préparation de ces célébrations. Il promet de lui écrire au sujet de la confection des armoiries du nouveau prélat. À la même époque, il reçoit d’une religieuse de La Louvière les trois volumes de la vie de la stigmatisée locale, Louise Lateau, avec la demande d’en faire la propagande22. Des amitiés sérieuses et durables Les amis que Maurice a laissés à Saint-Boniface le tiennent au courant de la vie du collège et de l’évolution de leurs projets d’avenir. La lecture de cette correspondance permet d’entrer dans l’intimité des uns et des autres,
66 II. L’émergence d’un leader de connaître leurs préoccupations, tout en révélant l’estime qu’ils portent à ce séminariste attachant et les espoirs qu’ils mettent en lui. Gustave Couture hésite, pour la poursuite de ses études, entre Québec et Edmonton. Il demande à Maurice si l’usage de la pipe est autorisé à Edmonton. Il lui envoie le programme du récent concert de l’organiste Dorval et le menu du banquet qui a marqué les fêtes du centenaire Taché. Les cercles LaVérendrye et Provencher et l’Association catholique de la jeunesse canadienne (ACJC) y ont présenté une séance. Comme il compte aller à Lamoureux, il veut savoir si la paroisse Saint-Joachim possède un orgue sur lequel il pourra pratiquer23. Alexandre Grimard lui transmet des nouvelles de ses confrères et des études qu’il poursuit à Saint-Boniface. Secrétaire du conventum, Maurice reste en lien avec d’anciens professeurs. Le jésuite Guillaume Longpré lui écrit : « Décidément nous avons un secrétaire modèle ! Chacun des confrères vient me dire : père, le grand Maurice m’a écrit comme secrétaire de notre conventum ! Mes félicitations, mon cher Maurice, c’est bien cela. Vous ne me dites que du bien d’Edmonton24. » Le père Alfred Bernier se félicite des occasions qui sont données à son ancien dirigé de pratiquer la « grande vertu d’humilité », et de la loyauté avec laquelle il sait concilier l’affection due à ses nouveaux éducateurs « avec un souvenir reconnaissant aux anciens ». – « Le bon Dieu vous a donné beaucoup ; à vous de le faire fructifier25. » Après lui avoir envoyé ses patins et sa collection du Semeur qu’il avait oubliés à Saint-Boniface, Émilien Levêque lui apprendra les décisions prises concernant l’avenir de l’œuvre du séminaire, et l’intention de Mgr Béliveau d’agrandir l’édifice : Il paraît que le préfet du collège a reçu des instructions de Rome (c’est lui qui me l’a dit) et ces instructions portaient qu’il lui fallait faire tout son possible pour faire continuer l’œuvre du séminaire. À cet effet, le R. P. Préfet a fait demander aux séminaristes s’ils seraient consentants à reprendre certains exercices de piété d’autrefois. Tous (à part malheureusement une couple qui n’ont pas encore donné de réponse définitive – des externes) ont consenti volontiers et maintenant (4 soirs par semaine) nous nous réunissons dans la sacristie pour la lecture spirituelle faite par le R. P. Gariépy. Aurons-nous encore quelqu’autre exercice ? Je ne sais, mais celui-là fera du bien certainement en même temps qu’il conservera l’esprit du Séminaire en nous ! Mais si je tiens au séminaire il ne te faut pas croire que je suis chauviniste ; non pas. Aussi (à part quelques ombres légères) il faut dire que l’esprit des élèves est bon et que la fusion des deux communautés s’est bien effectuée, heureusement. [...] Nous nous sommes aperçu qu’il fallait nous grouper si nous voulions mettre une barrière devant l’anglicisme et l’anglicisateur. Tu comprends26 ?
À la fin des travaux d’agrandissement du collège de Saint-Boniface, l’absence de Maurice se fait sentir : « Quelle peine de ne pas t’avoir pour ces
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fêtes. Quel entrain tu y mettrais », lui écrit Gustave Couture. « Tu ne reconnaîtrais plus ton Alma Mater. Nous sommes bien dans la nouvelle aile », écrit Alexandre Grimard. Émilien Levêque s’interroge sur son avenir : « Cheminerons-nous côte à côte vers le But ? Je le voudrais aussi, mais... l’avenir, l’avenir, mystère ! [...] J’aurais voulu te voir pendant les vacances pour te parler sérieusement. » Il finira par aller au Grand Séminaire de Québec en septembre 1925, après avoir travaillé durant l’été au parlement de Winnipeg et à l’archevêché comme portier27. L’abbé Sabourin écrit à Maurice qu’il aurait bien aimé les conférences données à Saint-Boniface par Henri Bourassa. Il aurait surtout apprécié les propos qu’il a tenus dans l’intimité : « Il a pris ses quartiers généraux à l’archevêché et nous l’avons fait causer. » En mai, il fait part à Maurice de ses convictions sur la neutralité scolaire : « C’est parce que l’on hésite à proclamer la vérité à la suite de Léon XIII et de nos plus grands évêques du Canada et des États-Unis que notre population s’accommode si facilement à la neutralité scolaire. De l’école, la neutralité passe dans la vie. On veut être neutre partout. » En lui adressant ses vœux pour la Noël 1925, il prévient Maurice que « plus on avance dans sa carrière de prêtre, plus on trouve que l’idéal est chose difficile à atteindre ». Le père Bernier lui tient un discours semblable : « Il vous faudra de l’esprit de sacrifice, d’abnégation, de dévouement surnaturel », pour le bien du grand Ouest canadien28. C’est avec une conférence sur l’éducation classique que le père Longpré a inauguré la nouvelle salle du collège. Il ne s’étonne pas que Maurice trouve l’étude de la sagesse « un peu sèche ». Il reste cependant convaincu qu’il finira par l’aimer, quand il sera « sevré des gâteries que votre autre maîtresse vous avait prodiguées. Et vous serez alors un littérateur doublé d’un philosophe. Que peut-on désirer de mieux ! Vous êtes vous aussi sur le chemin de la prélature, comme votre excellent curé, Mgr Bourdel ! » Le père Hacault le félicite « de sa fidélité rare, et aussi peut-être de l’heureuse concision de son style – style dont j’eus autrefois à surveiller les premières envolées. Je vois avec plaisir que vous avez laissé tomber les ornements inutiles et que vous allez vite et droit au but... Continuez à dresser votre plume. Vous en aurez plus tard besoin29. » À mesure qu’approche l’échéance du sacerdoce, les amis de Maurice multiplient leurs encouragements. « Te voilà dans la science des sciences, la théologie, lui écrit Armand Tombu. Étudie-la, médite-la, goûte-la et tu seras un bon prêtre selon l’esprit du père Salles. » Le jésuite Alfred Bernier le rassure : « C’est moins long qu’il ne vous semble. Et lorsque vous y serez parvenu, j’ai confiance que Dieu fera de grandes choses par vous, à la condition absolument nécessaire que vous fassiez passer les moyens surnaturels avant les
68 II. L’émergence d’un leader naturels, donc votre propre sanctification. » – « Que de consolations tu as apporté à mon cœur de prêtre et que de belles espérances je me suis toujours plu à fonder sur toi, lui écrit de son côté L. A. Fortier. Le bon Dieu t’a donné des talents ; fais-les fructifier pour sa gloire » et rejette « toute chose qui n’entre pas dans ta préparation au saint sacerdoce30 ». Des vœux semblables lui parviennent du père Jan et de l’abbé Letellier. Un ancien confrère le félicite d’avoir conservé le poste d’estime et de confiance que lui avait confié l’Académie. C’est une autre activité que Maurice accomplit avec un tel cœur, qu’il n’arrive pas à mettre sa correspondance à jour. « Je suis franchement heureux de vous voir au conseil [de l’Académie], lui écrit le père Jubinville. Elle n’a qu’à y gagner. Cher ami, conservez aux nôtres et à leurs œuvres la largeur de vue, le tact, l’estime et le dévouement qui vous font honneur ! » Émilien Levêque le stimule : « Il faut à tout prix rester unis et cela se fera par le secrétaire [de l’Académie]. Tu es le point de mire ! » L’Université Laval vient de recevoir les délégués de la Survivance francocanadienne de l’Ouest, « un très beau mouvement certainement31 ! » Émilien Levêque informe Maurice de la mentalité et des institutions du Grand Séminaire de Québec. On y trouve deux cercles littéraires, le Cercle Saint-Thomas pour les questions sociales et le Cercle Laflèche dont il est le président, pour la prédication. « La mentalité très libérale du Séminaire de Québec n’en est pas moins pour cela la plus conservatrice que j’ai connue jusqu’à présent. Quand on est nouveau venu, il faut laisser à César ce qui est à César, ne fût-ce que la consolation de lui laisser dire : C’est moi qui ai ouvert la première réunion ! » Il a entendu parler des deux conférences qu’il a faites : « Tes talents, cher Maurice, trouveront de quoi s’exercer bien à profit dans quelques années, surtout. Mon cher, le travail est à nous, il nous faut une réserve immense, ne l’oublions pas et préparons-nous-y. » Il est alors attiré par la vie religieuse qu’il croit plus parfaite et plus méritoire, et s’intéresse aussi à la situation scolaire et française en Saskatchewan. Quant à cette question du Foyer de vie française j’ai rencontré ici sur son efficacité des opinions bien diverses [...]. Qu’en est-il ? Mon humble opinion changerait peu de chose. Mais quoiqu’il en soit de l’opportunité du mouvement « grouien » la marche des événements ne semble-t-elle pas devoir le précipiter ou du moins le favoriser ? Pour nous qui vivons loin et qui par conséquent cherchons si légitimement l’appui – moral au moins – de tous nos compatriotes, quoiqu’il advienne (dans 15 ou 20 ans ?) de notre forme de gouvernement, n’oublions pas qu’un peuple n’est pas mort tant qu’il ne consent pas à mourir... Mais me voilà à faire du patriotisme32 !
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Les joutes oratoires de l’Académie33 Pendant les quatre années passées à Saint-Boniface, Maurice a affermi sa personnalité et forgé ses convictions nationales. Il s’affirmera davantage encore à Edmonton où il exerce bientôt son ascendant sur ses camarades. Son goût pour l’élocution et la discussion s’exercera au sein de l’Académie Saint-Jean-Baptiste dont il est un membre actif et apprécié. L’orateur en herbe se documente consciencieusement pour rédiger ses travaux. C’est à cette fin qu’il demande à Mariette les deux brochures de l’abbé Sabourin, Les parents, l’Église et l’État dans leurs rapports avec l’école et l’autre sur la question des Ruthènes, dont il fera aussi une recension pour le journal L’Union d’Edmonton34. À l’Académie, c’est le 23 octobre que « M. Baudoux occupe la scène pour la première fois. Dans une récitation que son talent a su rendre parfaite, il fait revivre la scène du marseillais auquel son sang bouillant apprend à faire du beurre sans appareil35. » Dans une improvisation, le 13 novembre, Maurice, le Belge, fait l’éloge du peuple canadien-français, ce qui confirme « la bonne opinion que nous avions déjà de lui » : M. Baudoux n’a jamais été notre ennemi, mais il est né sous un autre ciel que le nôtre. Il est originaire de la noble et vaillante Belgique. Il a étudié notre histoire et il l’a aimée. Non, les amis, le patriotisme n’est pas hors de mise chez un prêtre et c’est Mgr Paquet qui le disait naguère : « Le prêtre plus que tout autre doit être patriote, doit aimer son pays. » Par conséquent donc il faut comme le disait si bien notre orateur, rester fidèle à nos traditions et travailler à la conservation de notre entité distincte même et surtout dans cette vaste partie du Canada tant convoitée par nos voisins ; pour féliciter M. Baudoux de la délicatesse qu’il a su mettre dans ses corrections36.
En décembre, Maurice participe à un débat : « L’influence de l’éloquence l’emporte-t-elle sur celle de la presse ? » Émilien Coulombe dit de son exposé : « Parlant vraiment avec éloquence, il donne une liste d’orateurs influents. Tant que simple [sic] dans la phrase et le débit, il charma, mais bientôt, était-ce la surabondance des faits à apporter, était-ce l’indignation d’avoir senti sa thèse attaquée, je ne sais, toujours est-il que sa marche devint plus pénible, l’attaque se ralentit et l’argument faiblit. » Emporté par le feu de l’éloquence dont il se découvre capable, Maurice veut établir que la révolution apportée par le christianisme a été l’œuvre de la prédication. Il évoque Papineau « qui plaide en français à notre Chambre et rétablit une liberté que la presse avait en vain réclamée », Lafontaine, Montalembert et Napoléon, O’Connell « qui contraint la Chambre anglaise d’accorder à l’Irlande ses libertés religieuses et politiques », Pierre L’Ermite, Cicéron, Démosthène, Jean Chrysostome et Jésus-Christ37 ! Quand vient son tour de rédiger un procès-verbal, il le fait sans complaisance : « Le F. Tétrault nous débite une charmante homélie sur la Nativité.
70 II. L’émergence d’un leader N’était l’énervant froncement des sourcils chez l’orateur, la tenue est impeccable. À l’instar des prédicateurs contemporains, un geste sobre vient souligner une phrase. Il est unique et il est bien. Mais le bon frère est à la fois de notre époque et du mi-XVIIe siècle. Il flotte sur son travail [...] un parfum fade de la Chambre Bleue [...]. Et ces ramassis sont furieusement nauséabonds de nos jours38. » Le talent de Maurice se confirme d’une séance à l’autre. Pour l’un, son rapport est un « modèle par sa brièveté et par sa précision, deux qualités dont tous devraient tirer profit ». Pour un autre, il charme par une « improvisation qui va droit au cœur de tout canadien-français », sur la conservation de notre identité. Il « prêche d’exemple, car il représente parmi nous ce petit peuple aux grandes âmes, délicat, patriotique et courageux que s’est montré le peuple belge pendant ces dernières années ». Pour d’autres enfin, il « se révèle ce remède de vie qu’est l’ami fidèle. Il nous reproche doucement, pour mieux nous en corriger, quelques défauts communs chez les nôtres : la négligence des petites choses, le laisser aller, l’apathie. Il fait valoir les avantages de la lutte, célèbre nos traditions, et nous invite à les chanter39. » L’homélie que prononce Maurice le troisième dimanche du carême, à partir du texte « Tout royaume divisé contre lui-même sera détruit et toute maison divisée tombera », est jugée d’actualité. Mais on lui reproche de se montrer « offensé dans sa nationalité par le Ut unum sint » : « Cette légère nuance patriotique, pour ne pas dire politique, tacha quelque peu son caractère d’apôtre de tout à tous, que ne rétablit que partiellement son commentaire du verset : Heureux ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui la pratiquent. » Très exigeant pour ses confrères, Maurice reconnaît que le style du frère Jalbert « va droit au but, méprise les alliages de mots à effet », mais il trouve que « l’orateur a l’air d’un homme condamné à plaider en faveur d’une cause injuste. Sa diction se fait raboteuse, monotone. On est en quelque sorte forcé de ne pas remarquer le fond solide du plaidoyer, tant l’expression de la pensée manque de clarté. » Quant au frère Dussault : « On peut admirer la cadence de la phrase, l’harmonie des périodes, la diction bien mordue qui ne laisse pas perdre un seul mot, une seule idée », mais la harangue « sent mauvais le théâtre, le déclamé, le clinquant ». Monsieur Blain devrait prendre en mains ses feuilles quand il n’a pas eu le temps d’apprendre son discours par cœur, car rien n’est plus désagréable « que ce sempiternel hochement d’une tête qui se baisse pour lire une phrase et se relève pour la débiter ». Il félicite l’orateur, mais relève la malencontreuse prononciation de certains mots comme « parroquet », « poupa » et « frére »40. Pour Joseph Valois, Maurice « se distingue au premier plan par l’originalité, la hardiesse, la franchise. Qui bene amat bene castigat. » Un autre,
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captivé par ses rappels historiques, souligne que « son grasseyement choque l’ouïe des auditeurs ; chaque fois qu’il prononce les r, on croit qu’il veut cracher la luette, comme dirait Mgr Grouard ». De son côté, Maurice note des images mal choisies : « Ajouter que le corps du Seigneur jonche le sol me paraît une image tirée par les cheveux à grands renforts de rêves féconds. Je ne crois pas, non plus, qu’on se blottisse dans une roche, n’est-ce pas ? Et à vous entendre parler des Apôtres dans l’ivresse du sommeil, la rougeur nous monte au front, car sans la foi, nous pourrions très bien déduire de là que les Onze avaient fait au Cénacle trop ample connaissance avec le fruit de la vigne. » Le frère Jalbert souligne la forme concise et soignée du rapport de Maurice et son « grand talent d’observateur ». Alexis Tétreault signale la note patriotique de son interprétation : « Le poème d’Albert Lozeau sur la langue française a trouvé en lui un patriote qui a su le chanter avec âme et conviction. » Lorsque quelqu’un interprète un texte sur la Belgique, il sait sacrifier « l’éclat d’une improvisation bien mâchée pour remercier et laisser parler son cœur bien canadianisé41 ».
Le groupe de 1924
Le sermon que prononce Maurice en octobre 1924 sur l’évangile du 17 dimanche après la Pentecôte est jugé un peu long : « Un peu plus des énergies combatives de M. Baudoux auraient certainement donné plus de relief au début. » Dans une improvisation, « sa haute stature impose, car il e
72 II. L’émergence d’un leader se fait un silence de mort dans la salle dès que l’orateur se lève. Il réfute en vrai philosophe cette phrase d’un penseur : La race canadienne-française est à son agonie dans l’Ouest. » Dithyrambique, Antonio Coursol ajoute : « Henri III aurait dit de lui comme il disait du duc de Guise : Je ne pensais pas que cet homme fut si grand42. » En décembre, un débat est annoncé : « Est-il préférable de faire oui ou non des sermons au scolasticat ? » Maurice Baudoux et Isaïe Désautels défendent l’affirmative : Au simple déploiement de sa [Maurice Baudoux] raisonnable stature, le plus parfait silence régna dans la salle : Alors semblable à Abner qui arrive dans le temple adorer l’Éternel, on eut l’impression du grandiose. La majesté de l’introduction nous faisait augurer de terribles pièces d’artilleries dans sa poudrière ; malheureusement, l’orateur oublia les six précieuses minutes qui seules lui étaient allouées sans merci. Il n’eut que le temps d’appareiller ses machines meurtrières, de déblayer vaille que vaille le terrain et de se replier piteusement dans ses quartiers, ce qui mit sur les épines son collègue et laissa l’eau à la bouche l’auditoire qui lui était déjà presque sympathique. Dans la réplique l’esprit pratique lui revint et il cogna plusieurs bons clous avec sa verve ordinaire. On est toujours certain avec M. Baudoux d’avoir l’oreille charmée par un style aussi coulant que riche de couleur et de ne pas succomber à la faiblesse qui neutralise les cinq sens43.
Aux élections de février 1925, Maurice Baudoux est élu conseiller de l’Académie. Mois après mois, il précise ses convictions religieuses et nationales et développe sa méthode pour convaincre. Au sujet de la survivance, il déclare : « N’attendons-nous pas trop notre secours de nos compatriotes de l’Est ; ils sont trop loin et ne peuvent pas entendre nos appels. » Puis paraît le grand représentant du fier petit pays belge, M. l’abbé Baudoux. Volontairement, pour attirer l’attention, c’est une de ses originalités, il parle d’un sujet voisin de celui qu’il veut aborder en réalité. Avant de traiter des belles pages de l’histoire des luttes des nôtres au Manitoba, il fait un touchant acte de foi à la protection de la Vierge immaculée sur notre nationalité dans l’Ouest. Son improvisation [...] est la description d’une statue érigée à SaintNorbert Man. par Mgr Ritchot, statue représentant la Vierge faisant pencher la balance du côté où elle aurait dû lever, et cela pour prédire le triomphe des nôtres dans ce pays44.
En mars, Maurice fait une déclamation « trouvée trop courte » et improvise sur les Territoires du Nord-Ouest45. Dans le sermon qu’il prononce le dimanche des Rameaux en s’inspirant du premier verset du psaume 83, il témoigne d’une compréhension profonde de la liturgie : Pourquoi demeurons-nous froids devant l’épanouissement somptueux du sacerdoce du Christ dans nos temples bénis ? Comment ? Pourquoi ? Ah ! mes frères, ne serait-ce point parce que, fermant notre cœur à son action sanctifi-
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catrice, nous n’y voyons que des questions de misérable cérémonial ? [...] Que pouvons-nous faire de mieux alors, pour nous préparer à la sainte semaine, que de tenter de comprendre une fois pour toutes la signification réelle de ce mot, tant de foi discrédité : la liturgie46 ?
Ce travail présenté au début de la semaine sainte est bien indiqué pour faire apprécier les cérémonies et « dévoiler l’âme de la liturgie. On remarque cependant dans le débit l’absence de gestes ». Une nouvelle improvisation sur l’histoire de l’Ouest n’aurait valu à Maurice « que des louanges, s’il eut évité de trop siffler ses “s” et s’il eut raccourci ses “e” un peu prolongés, qui donnent le temps de rassembler ses esprits, mais qui agacent et fatiguent ceux qui écoutent47 ». En avril 1925, Maurice est invité à prononcer le sermon pour le Service royal, une nouvelle occasion d’affirmer la conviction qu’il se fait de la liturgie. « La liturgie seraitelle, demande malicieusement Dom Lefebvre dans son ouvrage Liturgia, quelque chose de très accessoire à la vie chrétienne, des ornements à forme gothique, du latin, des cérémonies longues ou surannées ? » La liturgie a une âme. « Cette âme, c’est Le groupe, en 1925. la vertu, que ces objets, ces formules et ces rites extérieurs possèdent de glorifier Dieu. » Et cette vertu elle ne procède d’aucune créature, elle ne procède que du Dieu incarné. Voilà donc ce qu’est la liturgie48 ! Quand débute l’année scolaire 1925-1926, Isaïe Désautels et Maurice sont élus président et vice-président de l’Académie. L’homélie que prononce ce dernier en octobre est jugée éloquente, mais trop sombre. Le rappel des fautes de Judas, Pierre, Augustin, La Mennais ou Chiniquy suscite « un sentiment qui frise le désespoir » alors que la considération de notre misère devrait nous inciter à compter sur la prière. Cette prestation truffée de textes
74 II. L’émergence d’un leader scripturaires est bien accueillie, mais le débit n’est pas apprécié. « L’action est entravée par une mémoire capricieuse, parce qu’indomptée. La diction est bonne, quoiqu’un tantinet laborieuse. Les gestes n’ont leur existence que dans l’ordre des futuribles. » Lors de cette rencontre, les membres de l’Académie adoptent un vote de félicitations à l’adresse des jeunes gens du collège des Jésuites qui, en créant le premier cercle d’ACJC en Alberta, « écrivent une des plus belles pages de l’histoire » de la province49. À la séance du 1er novembre, Maurice professe de nouveau son attachement à la cause canadienne. « Inutile de dire que son improvisation a été fort goûtée. Ses gestes un peu pauvres, sa poitrine penchée en avant, son accent parfois trop belliqueux sont les ombres au tableau. Il aurait avantage à rendre sa voix moins catégorique. De plus, il emploie souvent le mot maintenance : d’après le dictionnaire, il semble que maintien serait mieux approprié pour signifier la conservation de la langue nationale. » Le frère Gaudette, venu présenter les remerciements de l’Académie-sœur du juniorat, en profite pour annoncer la visite prochaine du père Alexandre Dugré. Tous trépignent d’aise à la pensée d’entendre ce jésuite fameux qui leur déclare avec fougue : « Vous n’allez pas mourir, mais fleurir ; la lutte française vous la gagnerez, [...] votre mot d’ordre est celui des âmes bien nées. Battus, combattus, jamais abattus. Votre gloire ce fut d’avoir assuré la foi de l’avenir et d’avoir gardé le moral bon50. » La semaine suivante, Maurice continue sa série d’improvisations sur la fierté canadienne-française. Il « aime à se dire Canadien français » et traite avec conviction de la grandeur du prêtre séculier : Les religieux ont coutume de célébrer l’excellence transcendante de leur vocation, le caractère parfait et perfectif de leurs règles, la sainteté de leur fondateur, voire même l’ancienneté de leur ordre ou congrégation. Je ne veux en aucune manière leur chercher noise là-dessus. La fierté, cette vertu qui s’édifie sur les gloires réelles de la collectivité plutôt que sur les qualités personnelles est de mise même chez les hommes de Dieu. Et j’avoue que je n’aurais point des religieux une si forte admiration s’il leur manquait une si haute vertu. Ce serait, ma foi, un fameux défaut de cuirasse après les services incalculables qu’ils ont rendus à la sainte Église !
Ses modèles, il les trouve non seulement dans le passé, mais près de lui. Après avoir évoqué la vie de Mgr de Mazenod, il fait discrètement l’éloge du curé Bourdel. La culture des vocations, c’est la tâche du prêtre séculier, dit-il. Il doit favoriser, comme le recommande Léon XIII, les études élémentaires des enfants qui ont des dispositions sérieuses à la piété et des aptitudes au travail intellectuel. « Et je m’imagine le prêtre qui m’a amené jusqu’ici, qui en a amené d’autres avant moi, qui en amène et en amènera encore, je m’ima-
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gine, dis-je, ce prêtre, présentant au souverain juge la liste de ceux qui lui doivent entièrement ou partiellement leur vocation ! [...] Tel est, Messieurs, le prêtre séculier51 ! » C’est encore lui qui est appelé à formuler les vœux à l’Académie le 1er janvier 1926. Dix jours plus tard, Alexandre Grimard fait son éloge. « M. Baudoux, l’abeille de notre Académie, débite toujours en des occasions semblables des sentiments mielleux très mielleux. Cependant ce second Chrysostome montre qu’il est par sa verve le digne vice-président de la corporation. Il est l’homme d’action aujourd’hui et le sera demain. » L’Académie ne pouvait passer sous silence le centenaire de l’approbation des Règles des missionnaires oblats : « Un silence plus parfait permet à M. Baudoux de décrire l’état d’âme de Mgr de Mazenod, agenouillé sur le tombeau des apôtres, pendant qu’au Vatican le souverain pontife Léon XII, de pieuse mémoire approuvait solennellement ses Constitutions et Règles. » Maurice prendra aussi la parole lors de la béatification des premiers martyrs canadiens : « M. Baudoux a une facilité de parole remarquable ce qui compense parfois pour son manque de préparation52. » Certaines de ses interventions paraissent intempestives : « Invité à faire office de critique, M. Baudoux résolument s’arme du scalpel et tel un jeune carabin dans l’amphithéâtre c’est un peu gauchement qu’il dissèque son premier cadavre. » Il distribue de bons conseils sur un ton qui n’admet pas la réplique et paraît sûr de lui-même. « Cependant à notre grand regret nous devons dire que s’il a touché quelques points nécessaires et justes, il aurait dû s’ingénier à dorer un peu les pilules amères qu’il a distribuées sans compter. Vraiment, M. Baudoux ne peut se targuer d’être devenu le critique modèle que requiert une tâche si délicate. » Il tente de s’amender à la séance suivante : « Un ton de voix plus humble que de coutume semble vouloir cacher son grand souci du mot rare et l’accumulation des figures cinglantes qui n’en restent pas moins assez apparents dans ce travail, par ailleurs remarquable. » Toutefois, « la vigueur et la variété de ses phrases présagent à ce jeune ecclésiastique un avenir fructueux, à condition, toutefois, que les vérités qu’il dira soient toujours assaisonnées de charité. L’esprit humain est ainsi fait, nous dit saint François de Sales, qu’il se cabre contre la rigueur ; par la suavité il se rend pliable à tout53. » La séance d’avril 1926 a lieu en l’absence de Maurice. « Toujours empressé, dit le président, à offrir ses services lorsqu’il s’agit de la cause française, M. Baudoux a bien voulu se charger de donner une conférence au jeune cercle de l’ACJC au collège des Jésuites. Connaissant les qualités de cet excellent orateur, nous pouvons être assurés qu’il est allé nous faire honneur. Pareil fait ne s’est jamais vu dans notre petit cercle ; c’est donc là une preuve évidente
76 II. L’émergence d’un leader du progrès de notre Académie. » La rumeur de la division du séminaire et du scolasticat qui circule depuis mars 1925 a fait place à une décision ferme des autorités. Dix-huit membres de l’Académie sont présents à l’ultime séance du 12 juin 1926. Il s’agit d’approuver avant le départ la rédaction nouvelle et méthodique de ses règles et constitutions. Le travail est mené par les membres du conseil, Valois, Chevalier, Baudoux et Forcade, sous la direction du président, Maurice Dussault. On y affirme que la fin de l’Académie est de « former des chefs militants au service de l’Église et de notre cause, par la pratique de l’éloquence sacrée, la culture soignée de Sa Majesté la langue française et l’étude de notre belle histoire54 ». Pendant que Maurice trouve sa voie dans l’exercice de la parole publique, son frère Edgard a du mal à s’installer. À l’automne 1924, il se trouve bien seul sur sa concession à Brightsand où il n’arrive pas à trouver un partenaire fiable et honnête comme l’étaient Armand Tombu à Hague ou Élie Malfair à Rosthern. « Les vrais amis sont aussi rares qu’il ne s’en trouve quasiment plus », écrit-il à Maurice. Pendant deux ans, il doit se livrer à diverses activités pour pallier les carences de la ferme. Il a passé une partie de l’hiver 1924 à Prud’homme où il est arrivé pour Noël et y reviendra pour les Rois. Prévoyant que la semence sera chère au printemps, il fait du commerce saisonnier pour recueillir un peu d’argent. Pas toujours avec succès. Il vend du poisson acheté à Jackfish, des arbres de Noël ou des planches de bois. Il réussit à gagner plus de cent dollars en vendant du poisson, et soixante-quinze dollars en transportant « un char de planches » dans le nord. Avec d’autres petits marchés il a fait plus de deux cent cinquante dollars, mais trois chevaux ont été malades et il est revenu chez lui « cassé comme clou55 ». Edgard s’est ensuite mis en quête d’animaux crevés qu’il a écorchés et dont il a vendu les peaux, ce qui lui a rapporté trente-huit dollars en huit jours. Au printemps 1925, il loue ses terres avec la machinerie mise en ordre, et va faire casser un peu de terre et ensemencer. En quête d’un peu plus de stabilité, il a accepté l’agence pour le district, de la Compagnie d’assurance La Sauvegarde. Pendant ce temps, leur père a réussi avec ses marchés d’animaux et sa dette à la banque a été ramenée de sept à deux cents dollars, un encouragement pour l’année qui vient. Edgard veut se bâtir une étable et faire du foin. Si son père revient l’automne prochain pour acheter des animaux, il compte aller avec lui à Meadow Lake. « Les temps sont durs mon cher petit frère mais j’ai confiance en l’avenir. Priez toujours bien pour moi afin que mes affaires réussissent et que je puisse songer à me fonder une famille, la vie est si dure dans la solitude56. »
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Une année d’incertitudes À Edmonton, le père Jan remercie Maurice du texte sur Mgr Grandin qu’il a fait à sa demande et lui dévoile les menaces qui planent sur le sort des étudiants de langue française. Les oblats devraient abandonner la paroisse Saint-Joachim et en accepter une autre, alors qu’ils n’ont pas encore l’autorisation de bâtir leur maison provinciale. Le diocèse voudrait acheter leur juniorat pour en faire un collège anglais et ils ne pourraient recevoir que quarante junioristes ! « Prie pour que tout se règle sans ennui et sans scandale. » Certains parlent même de la venue prochaine du délégué apostolique à ce sujet. Le père Monge57 « ayant des répugnances à rester au séminaire a été envoyé au juniorat58 ». Le nouveau supérieur, le père Patton59, est austère. Il a recommandé aux séminaristes de restreindre leur correspondance le plus possible, écrit Maurice à son curé, en le remerciant du chèque de 20 $ qu’il a reçu. Comme il a brisé ses patins et n’a plus un sou, il devra en acheter de plus solides, car il ne peut se résoudre « à ne point prendre cet exercice de dehors60 ». Cette année-là, à Prud’homme, Mariette s’est employée à organiser, avec l’aide de madame Dugan d’Edmonton, la Ligue des femmes catholiques dont elle est l’âme, une association essentiellement française. Elle en refuse la présidence qui sera confiée à madame Dessert, la femme du chef de gare, mais accepte la fonction de secrétaire. Elle est de l’organisation du souper et de la vente des objets confectionnés par les femmes. Elle est aussi de toutes les organisations au profit de la paroisse, partie de cartes, activités récréatives ou théâtrales, dont l’une au profit du journal Le Patriote le 9 décembre, à laquelle participeront Mgr Prud’homme et le père Jan61. Comme l’année précédente, après avoir passé les vacances des fêtes avec le curé Garnier à Lamoureux, visité Nelly à Végreville où doivent les rejoindre Edgard et Mariette, Maurice revient le 1er janvier pour préparer les examens. En février, il reçoit la visite d’une amie de Mariette, mademoiselle McKinnon, avec un monsieur Tournier qui ne parle pas français. Il est troublé : « Te dire si j’ai eu chaud ! Moi qu’intimide le beau sexe !... Moi qui me trouve de moins en moins à l’aise, en compagnie de dames !... Quand il faut avec cela converser en une langue qui est loin de m’être familière... je me sens fondre. J’ai dû avoir l’air bien stupide62 ! » En janvier, puis en mars, Maurice reçoit du curé Bourdel 35 $ dont 5 sont de Mariette, qui s’active à lui confectionner des soutanes et à lui procurer divers vêtements. Il apprend au curé que dix-huit séminaristes sur vingt sont à la charge de la Corporation épiscopale d’Edmonton. Il est vrai, écrit-il, que l’archevêque d’Edmonton a « des relations très avantageuses »
78 II. L’émergence d’un leader avec la Catholic Church Extension et les Chevaliers de Colomb », et qu’il est à Edmonton depuis plus longtemps que Mgr Prud’homme à Prince-Albert. Par ailleurs, « il pousse des ailes à la rumeur disant que l’année prochaine le Séminaire sera une maison à part du scolasticat. Mais rien de certain encore si ce n’est que nous ne serons plus comme cette année, si nombreux dans cette maison. » Les supérieurs provinciaux oblats du Manitoba et de la Colombie Britannique qui viennent d’arriver se joindront sans doute au père Blanchin et à ses assistants pour en discuter. « Il va y avoir de la business !!! », écrit Maurice. Mais les supérieurs de l’Ouest repartiront sans que rien ne transpire de leurs décisions. En mai, ils prendront part à Saint-Boniface à la commission chargée par le supérieur général d’étudier les possibilités d’un nouveau regroupement des Oblats de l’Ouest63. Ces nouvelles émeuvent le curé Bourdel qui apprend à Maurice que Josaphat Baril ira au scolasticat, une affaire qu’il vient de régler avec Mgr Prud’homme. Il prévient aussi son évêque des projets annoncés, « afin qu’il prenne ses précautions, car à aucun prix je ne voudrais vous voir finir vos études en milieu irlandais ». Le curé vient de participer à Regina à la convention franco- canadienne qui a été un vrai succès. La figure dominante en a été Raymond Denis qui a « fait figure d’homme d’État ». On lui a confié deux présidences, celle de l’Association franco-canadienne et celle de l’Association des commissaires d’écoles. Mariette rappelle à Maurice la fête de leur père – « tu as encore oublié d’écrire » – et l’avise qu’il recevra sous peu l’imperméable commandé, et un billet de 10 $ pour le payer64.
Maurice Baudoux, mai 1925
L’inauguration de la nouvelle cathédrale d’Edmonton le 22 mars 1925 a été radiotélégraphiée par l’Edmonton Journal Radio Station. Maurice trouve le lieu « très beau
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pour un sous-sol ». Nommé deuxième sacristain, il lui a fallu déballer et quêter ici et là. Le premier sacristain a aussi la charge des enfants de chœur et des cérémonies, mais lui laisse presque tout à faire. Il s’était offert, écrit-il à son curé, « sachant que c’est un bon moyen d’acquérir une expérience qui peut devenir précieuse alors qu’on s’y attend le moins ». Antonio Coursol, son compagnon de chambre cette année-là, a quitté Montréal parce qu’il souffre d’asthme ; il est presque décidé à demander son entrée dans le diocèse de Prince-Albert–Saskatoon. Comme sa santé s’améliore, il voudrait passer ses vacances en Saskatchewan pour s’assurer que le climat lui convient. Maurice est bien aise d’apprendre que Raymond Denis est président de l’ACFC. « C’est ce qu’il nous faut. Des chefs laïcs capables de mener à bonne fin les intérêts des Canadiens français. » Mais il s’inquiète du mauvais état de santé de Mariette : « Pauvre sœur ! Elle s’est déjà trop donnée. Il faut qu’elle prenne beaucoup de précautions ! Dites-lui, s’il vous plaît, que je prie pour elle tous les jours65. » En envoyant à sa sœur les tubercules de dahlias qui lui ont été offerts, Maurice lui apprend qu’il doit préparer la semaine sainte avec monsieur Coulombe. Il lui faut aussi mémoriser le sermon qu’il prépare pour le 30 avril : « Je l’ai fait sur la liturgie, rattaché au Sacré-Cœur puisque c’était pour un premier vendredi. J’y ai mis tout ce que je savais de philosophie. » Passablement fatigué, il a passé une partie de l’après-midi chez les McKinnon et aimerait y retourner, mais le supérieur l’a prévenu que ce serait la seule fois. Trois séminaristes sont arrivés d’Irlande. Les Canadiens d’Edmonton, écrit-il, dont l’ardeur est stimulée par l’influence des jésuites Alexandre et Adélard Dugré, sont confiants de réussir dans leurs démarches pour obtenir des écoles françaises dans la ville. Alexandre, qui a été son professeur à Saint-Boniface, est maintenant au collège des Jésuites : « Comme il est grand patriote, il fait beaucoup de bien aux Canadiens français d’Edmonton en Alberta. Il les réveille et quelquefois, pour y arriver, les assomme, ce qui ne peut faire que du bien. » Maurice le rencontre « presque chaque semaine66 ». Dès le mois de mai, la perspective des vacances suscite l’impatience, à Edmonton comme à Prud’homme. Maurice retourne au curé Bourdel les livres de Vigouroux dont il existe une édition plus récente, reprenant les nouvelles déclarations de la Commission biblique de Rome sur l’authenticité et l’intégrité de certaines parties des Évangiles. Il vient de rédiger un article sur la dernière retraite de monsieur Sabourin qu’il portera à L’Union si le supérieur le lui permet. Une façon pour lui de remercier le prêtre pour toutes ses bontés67.
80 II. L’émergence d’un leader
1925 Le curé Bourdel, Maurice Baudoux et le père Jan, o.m.i., à la pêche à Brightside.
Le curé Bourdel et Mariette à la chasse à Brightsand.
Baignade et canotage au lac
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En Saskatchewan, l’Association catholique des franco-canadiens (ACFC) vient d’être divisée en régions dont l’une est confiée au curé Bourdel, celle qui comprend Prud’homme, Vonda, Saint-Denis et Viscount. Pour la première convention régionale qui aura lieu à Vonda le 21 juin, on pourra organiser une fête avec messe, sermon, jeux et discours. Le curé voudrait bien que Maurice y prenne la parole, « un petit discours court mais bien senti », mais le séminariste ne sera pas encore de retour. Mariette qui aurait aussi aimé le voir à la fête lui demande le texte de « la prière sur Dollard », qu’elle veut y réciter. Elle se réjouit de la désignation du père Jan à la direction des œuvres du diocèse de Prince-Albert : « Nous avions besoin d’un homme de sa trempe pour mettre de la vie un peu partout. Avec sa large conception des choses il ne peut manquer de faire beaucoup de bien. Je suis sûre que tu vas t’en réjouir avec nous. » En juin, madame Baudoux ira suivre un traitement d’un mois à Humbolt pour les rhumatismes68.
82 II. L’émergence d’un leader La fatigue a raison de son moral et Maurice broie du noir. Le curé Bourdel l’encourage : « Tout cela, mon cher Maurice, est tentation de découragement qui vient du grappin. Et il faut te servir de cette tentation même pour affermir ta vocation pour une plus grande défiance de toi-même et une plus grande confiance en Dieu. [...] Le manque de confiance vient toujours d’un fond d’orgueil qui fait que nous voulons nous appuyer sur nous-mêmes alors que tout notre appui doit être en Dieu. » Mariette a passé trois semaines difficiles avec les Dames de la Ligue. Après avoir démissionné en décembre, la présidente a voulu reprendre le pouvoir aux élections d’avril et monté une cabale. Le curé a menacé de les renvoyer. Elles ne se sont pas présentées et la paix est revenue. Pour la première fois, il a assisté à leur réunion et leur a dit que Notre-Seigneur avait pris le fouet deux fois, ce qu’il a fait ce jour-là69 ! En juillet, le nouvel évêque de Calgary, Mgr John Thomas Kidd, rend visite aux séminaristes avec Mgr O’Leary. Le visiteur fait une vive impression sur Maurice : « Nous lui avons fait une belle réception. C’est un bon évêque, très posé. Il nous a parlé – et c’était captivant quoique simple au plus haut degré – des devoirs des séminaristes dans une lecture spirituelle. Contrairement à son métropolitain, on voit qu’il est pénétré de ce qu’il dit si bien. Au soir, il nous a parlé longuement en français – Mgr O’Leary aussi. D’aucuns disent qu’il le fallait bien70. » Responsabilités et humiliations De retour à Edmonton en septembre 1925, Maurice partage sa chambre avec l’Irlandais Ahearne. Il fait partie de la trentaine de séminaristes dont huit sont des Canadiens français et sept se destinent au diocèse de Prince-Albert et Saskatoon. Maurice Baudoux avec un ami de la Liaison Pendant que le curé Bourdel est allé française rencontré à Saskatoon en juillet 1925 à Battleford et à Delmas, Mariette, que le prêtre appelle affectueusement
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« la petite », a passé dix-huit jours à Saskatoon avec mademoiselle Garnier, pour se distraire et se reposer. Les deux femmes sont aussi allées à Vicomte et à Mackam. Le curé apprécie les bonnes dispositions de Maurice : « Oui profite de ce temps de formation que tu ne retrouveras plus. Le séminaire c’est le temps des semailles... Au séminaire la vertu est relativement facile pour un jeune homme sérieux. Mais que je plains le pauvre jeune homme qui n’en profite pas pour faire des provisions en vue de l’avenir. » Le curé aime bien le voir au séminaire, « pourvu toutefois qu’on ne vous y anglicise pas71 ». Avant le début des cours, Maurice s’était foulé quelques doigts en jouant à la balle au mur, ce qui ne l’empêche pas d’écrire à Mariette, mais d’une écriture malhabile. Il avait l’intention d’aller voir les McKinnon, mais comme il a droit à une seule visite avant Noël, il a préféré attendre au dimanche suivant afin de voir tout le monde. Il porte depuis un an le col romain qui est maintenant de rigueur pour les sorties. Le supérieur a aussi interdit la visite des chambres, ce qu’approuve Maurice : « Espérons que ce sera sérieux cette fois72. » À la fin de septembre, le vicaire général, Mgr James Charles McGuigan73, confie à Maurice la fonction de grand maître de cérémonies à la cathédrale. Même s’il avait bien réussi l’an dernier, il s’est d’abord récusé, car on s’est plaint de ce qu’un séminariste d’un diocèse étranger occupe cette fonction : « Ce sera bien pire si je dois tout conduire. » À quoi le supérieur a répondu : « Eh bien, si on se plaint encore vous leur direz que c’est Mgr McGuigan qui est venu vous demander, vous. Il vient de sortir à l’instant. » Maurice promet aux siens de leur envoyer les photos prises lors du premier pique-nique annuel à Saint-Albert au cours duquel les séminaristes ont arraché des patates, fait des promenades en canot et pris le souper. Il mène de pair ses études et ses
Septembre 1925, les séminaristes font la récolte des pommes de terre.
84 II. L’émergence d’un leader activités liturgiques et parascolaires. Il prend part à la clôture très solennelle de la neuvaine à sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus à la cathédrale pour laquelle il avait exercé les enfants de chœur avec Mgr McGuigan. « Tout a bien marché. C’était beau, voir ces cinquante soutanes rouges et violettes faire des T ; précéder la statue de la Petite Thérèse et Mgr l’Archevêque. » Les cours d’Écriture sainte ont débuté avec le père Lacoste comme professeur pour les évangiles, et le dogme commence à l’intéresser : « Je respire un peu. Car je vous l’avoue, je n’ai presque vu que du feu dans l’union hypostatique elle-même. Qu’elle n’a pu se faire dans la nature mais bien dans la personne est encore passablement nuageux dans mon intellect74. » Pendant ce temps à Prud’homme, monsieur Baudoux revient de Winnipeg « où il a expédié un char d’animaux ». Il est resté une journée, écrit Mariette à Maurice, et est reparti plein de courage, après avoir gagné deux cents dollars. « Malgré ses courses par monts et par vaux », sa santé est bonne et il a beaucoup grossi. « Il lui est bon d’être très occupé. » Il retournera à l’automne 1926 à Winnipeg d’où il reviendra sans avoir fait d’affaires. « C’est un peu d’argent de perdu, écrira Mariette, mais il est de nouveau satisfait d’Edgard et c’est beaucoup comme compensation, surtout pour maman. » Edgard réussit bien dans sa boucherie, et il lui est même arrivé de gagner près de trente dollars en trois jours. « Après tout il a peut-être trouvé enfin ce qui lui convient. » Quant à elle, elle a participé à la préparation d’un souper de deux cent cinquante repas et à une activité qui a rapporté 130,45 $ à la paroisse. « Mais ce qu’ils ont mangé !!! trente-cinq poulets, quinze canards, plusieurs rôtis (et pour le soir il a fallu racheter quatre livres de viande) six gros choux en salade, deux sacs de pommes de terre et des cornichons, des tartes, des gâteaux, des salades de fruits, des gelées, etc. et vendu trois gallons de crème glacée. » Le village a finalement réussi à recruter un médecin, le Dr Ayotte, qui ouvrira un bureau le 8 octobre75. Enfin tonsuré ! Maurice espère être tonsuré à Noël : « Tonsuré, je serais plus à l’aise à la cathédrale pour les cérémonies. Hier soir, il y a eu à la cathédrale un service commémoratif pour les soldats, en présence de l’évêque. La cathédrale était bondée. » Le scolasticat-séminaire s’occupait du chant. Tous ont été pleinement satisfaits. Magnificent ! Magnificent ! ont dit l’évêque et son vicaire général. « Ça fait du bien. Surtout parce qu’il y avait un bon nombre de protestants. » Mariette est impatiente d’avoir confirmation de sa tonsure, et prie Maurice de lui envoyer sa conférence dont elle a entendu parler par Antoine (Blain) qui le proclame « champion orateur du séminaire », ce qu’elle aimerait bien juger par elle-même76 !
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Mais sa fonction de grand cérémoniaire lui prend tellement de temps, confie Maurice à Mariette, qu’il craint de ne pouvoir se préparer dignement à recevoir la tonsure. Je commence à m’apercevoir que l’opus est mille fois plus lourd à porter que l’honor ! Ce n’est pas drôle de n’avoir que vingt-trois ans, de n’être qu’en première année de théologie et de devoir commander à des Mgrs et à d’autres. Malgré toute la patience et tout le tact et toute la délicatesse que je mets en œuvre, il y a des contradictions, des susceptibilités froissées et que sais-je ! Et à certains moments, j’en arrache. Une chose me console : on est très content de moi et les autorités supérieures font tout pour me rendre la tâche la plus facile. Mgr O’Leary est d’une condescendance admirable, le curé, les vicaires, le P. supérieur également. Mais il en est d’autres pour lesquels la liturgie ne vaut qu’en autant qu’elle est commode et qu’elle ne gêne pas ! Et alors, forcé de faire observer strictement les règles, soutenu par ceux qui m’ont établi, je me trouve entre deux feux ! [...] Le P. supérieur, auquel je rends compte de ma conduite, s’est mis à rire ce matin et m’a dit : Oh ! Vous commencez à vous apercevoir que commander n’est pas toujours chose facile ! Cela vous fera du bien ! Acceptez ces contradictions avec philosophie et esprit d’obéissance77 !
La retraite mensuelle de décembre sera l’occasion d’une rude harangue du supérieur sur la discipline. Impressionné, et sans doute un peu fautif, Maurice note ces reproches par écrit. Le visage sévère et les larmes aux yeux, le supérieur leur a dit : Nous avons essayé de vous traiter en hommes de principes. Nous avons cru pouvoir avoir confiance en vous. Nous avons voulu essayer de vous laisser à vous-mêmes pour que plus tard vous puissiez mieux vous conduire. Nous avons conseillé, averti. Inutile ! Nous nous voyons forcés de vous considérer comme des esclaves. À partir d’aujourd’hui, quiconque entrera dans une chambre autre que la sienne, sous n’importe quel prétexte, sera expulsé sans merci. J’en prends l’engagement formel. Je le jure au nom de Dieu tout puissant (il s’est levé pour prononcer ce serment), je ne ferai aucune exception à cette règle, dussé-je y perdre la vie ! Et cela, nonobstant toute supplication, malgré toute intervention. Tous ceux qui ont reçu l’appel aux ordres sont ajournés. Et il en sera ainsi jusqu’au jour où nous aurons la paix78.
L’interdiction touche également les sorties en ville et la promenade. « J’ai été trop bon ; poursuit le supérieur, je serai trop sévère. L’échec dans ma tentative de discipline que je croyais apte à former de bons prêtres selon l’esprit de Dieu, des prêtres qui sachent se conduire, marque l’échec de mon plus cher espoir, de mon idéal le plus caressé. Je croyais arriver à faire aussi bien que d’autres par ces méthodes d’honneur ; je m’aperçois que l’honneur ne gouverne plus le monde mais bien la crainte. J’emploierai la crainte. Et pourtant, quand je considère votre conduite actuelle, votre peu d’assiduité au travail, votre peu de sérieux, je me demande ce que vous pourrez faire plus
86 II. L’émergence d’un leader tard dans le ministère. Tous les professeurs se plaignent. Vous faites du tapage les jours de congé au point d’entraver tout travail. » Le supérieur finit par affirmer que beaucoup doivent commettre au moins un péché mortel par mois puisqu’ils détournent ainsi des sommes versées pour acquérir du savoir et que leur « exemple est funeste aux scolastiques : s’ils étaient seuls, ils seraient cent fois mieux ! » Maurice est tonsuré le 13 décembre 1925 : « J’appartiens donc à ce corps si noble du clergé », écrit-il à sa sœur, en la remerciant du surplis offert. Il prépare l’ordination du 19 : « C’est une ordination générale, la plus belle qui ait encore eu lieu ici. Aussi je voudrais qu’elle se fît avec toute la pompe et la majesté possibles. » Même si Mgr McGuigan l’a encouragé à prendre ses vacances, il préfère rester à son poste pour la période des fêtes. « Ce n’est peut-être pas uniquement que je ne veuille point manquer à mon devoir [...] ; j’aime tant les cérémonies ! » Mgr Prud’homme lui écrit : « De tout l’élan de votre cœur, répondant aux vues de Dieu qui de toute éternité vous prédestine au sacerdoce, et qui depuis votre naissance vous prépare à ce sublime honneur, vous avez dit : Ad sum ! » À son curé, Maurice écrit : « J’ai hâte d’être près de vous pour vous aider dans votre ministère. » Heureux de la confiance que l’on fait à son protégé, il le félicite pour le poste d’honneur qu’on lui a confié à la cathédrale. « Cela nous promet de belles cérémonies à Prud’homme à ton retour définitif79. » Les cérémonies des fêtes ont tenu Maurice occupé. Satisfait, Mgr McGuigan l’a invité à souper et lui a offert un billet de dix dollars : « L’argent gagné par des cérémonies me fournira d’une bibliothèque liturgique. La science liturgique n’est encore qu’en puissance dans ma cervelle, mais enfin je pourrai consulter. Car depuis septembre, je vous assure que je me suis buté à bien des controverses ! L’autorité que je ne puis avoir, il faut que je la trouve dans les auteurs. Autrement, ça ne marchera pas80. » Une disposition qui ravit le curé : On a dit que les deux yeux du prêtre sont la science et la vertu. Tu le comprends : Dieu en soit béni ! Or c’est au Séminaire qu’on acquiert l’une et l’autre ou du moins des habitudes qui nous conduiront à l’une et à l’autre. [...] Quant au passé, il faut nous en servir pour nous sanctifier. Et comment ? En nous rappelant le sentiment de notre faiblesse. Car il ne faut pas oublier que l’orgueil est notre plus mortel ennemi. Sachons donc utiliser nos faiblesses pour développer dans notre âme une grande défiance de nous-mêmes et plus encore une entière confiance en Dieu. Remercie Dieu de ces saints désirs de sainteté qu’il met dans ton âme et demande-lui qu’il t’aide à les réaliser81.
L’affection du frère et de la sœur s’approfondit. Mariette écrit à Maurice : « Oui, je sais bien que tu m’aimes, mais tu sais aussi que cette affection je te
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la rends bien, ou plutôt c’est le contraire, car je t’aimais avant même que tu aies connaissance de quoi que ce soit, dès le moment où notre bonne maman te déposa entre mes bras. Et c’est une bénédiction qu’une affection comme celle-là, car si elle a été la cause de bien des souffrances elle me vaut aussi bien des consolations. Eh ! oui, je prie pour toi, je sais bien va, mieux que bien d’autres peut-être tout ce dont tu as besoin, et je remercie le bon Dieu de ce qu’Il me permette d’espérer qu’un jour je pourrai t’aider à faire du bien autour de toi. De ton côté, ne m’oublie pas auprès du bon Dieu, vois-tu, tu es tout l’avenir pour moi82. » En février 1926, Maurice a honte de communiquer le résultat de ses examens au curé. « Je n’ai point suffisamment travaillé pendant le semestre. Aussi quand janvier est venu il m’a fallu bûcher très dur. Et bûcher, pour moi, c’est souvent comme résultante, une fatigue cérébrale assez prononcée pour enlever toute facilité au travail intense. » Il promet de consacrer seulement les jours de congé et d’études libres à ses travaux parascolaires. À l’examen oral, on l’a questionné sur la seule thèse qu’il n’avait pas regardée : « Ah ! Ce qu’ils ont ri de moi ! Ce que cela m’a humilié !! Le P. Lacoste en était tout peiné et le P. Supérieur aussi. Je me suis imaginé que vous étiez là, vous aussi, et que dans vos yeux il y avait des reproches. » La leçon porte fruit et Maurice s’engage « devant Dieu à travailler désormais sérieusement ». Il a échangé avec un Irlandais six volumes de Carrière et six dollars, contre les huit volumes reliés des commentaires en français sur La Sainte Bible de Fillion. Il doit préparer les cérémonies du carême et de la Semaine sainte, une conférence pour l’ACJC du collège des Jésuites, son sermon annuel, des travaux d’Académie et la fête pour le centenaire de l’approbation des règles des Oblats. Mgr Brodeur vient rencontrer les sept séminaristes du diocèse de Prince-Albert afin d’organiser un train spécial pour le congrès eucharistique de Chicago, sous les auspices du Patriote83. Maurice refuse les médicaments que lui propose Mariette, convaincu qu’en réglant bien ses heures d’études et de récréation il aura raison de sa fatigue. Quant à ses notes médiocres, en plus de l’humiliation d’avoir été questionné sur la seule thèse qu’il n’avait pas étudiée, cela lui apprendra à ne plus papillonner, « ce qui fût toujours un de tes grands défauts », lui écrit sa sœur. Mgr Bourdel n’est pas fâché non plus de ce qui vient de lui arriver. Maurice soupçonne le professeur d’histoire ecclésiastique, le très érudit père Smit, de n’être pas étranger à ce qui lui arrive, car il ne lui plaît pas de suivre les programmes que trace Maurice pour les cérémonies à la cathédrale. Il aurait déclaré « qu’il n’avait pas d’ordres à recevoir d’un blanc-bec », qu’il ne reconnaissait que l’autorité de Mgr McGuigan – alors même que c’est ce dernier qui a demandé à Maurice de tracer le programme de liturgie. « Mon Dieu qu’il est difficile de plaire à tous84 ! »
88 II. L’émergence d’un leader
Un séjour à l’hôpital, c’est l’occasion de fumer une bonne pipe.
Une bursite vaut à Maurice cinq jours à l’hôpital, au moment où se déroulent « les fêtes de nos amis les oblats ». Le temps ne lui a pas paru trop long en raison des bons soins reçus, des livres et des visites : « Mais j’étais séparé des autres, cloué au lit, et cela est suffisant pour que je m’ennuie moi qui chéris tant le bruit, les amis, la vie en communauté et l’action. » Il ne s’est pas fait prier quand le médecin lui a donné son congé en lui conseillant de ne faire ni exercices violents, ni déplacements, ni « agenouillage » pendant une semaine. « D’autre part, c’est ma vie, avoir beaucoup à faire. C’est le meilleur moyen d’occuper mon esprit à quelque chose toujours, pour qu’il n’aille pas errer en terrain défendu. » Mariette ne manque pas de l’inciter à mettre « une bride à ses besoins de mouvement85 ».
Le genou serré dans un bandage élastique, Maurice est obligé de ralentir ses activités physiques au profit de la rédaction des conférences qu’il doit prononcer. Il retourne à l’hôpital le 2 mai pour une intervention au genou : « Ce qu’on m’a fait au genou ? Une grande coupure, en couronne, afin que la cicatrice ne me gêne pas plus tard. On en a retiré une grande peau, mêlée de cartilages peut-être, ou de tendons durs. Ça ne reviendra plus. Ça ne touche pas à la rotule ni à la synovie. Donc rien de grave ! C’est une bosse d’oraison, compliquée d’une nouvelle chute, il y a trois semaines86. » Maurice est satisfait de sa prestation sur la vocation religieuse de la race irlandaise. « Belle fête, écrit-il à Mariette. J’avais travaillé pour montrer à nos frères irlandais que nous ne voulions aucunement retirer ce qui leur est dû. C’est mon principe à moi. Chaque race a son histoire, et dans son histoire des faits glorieux. La race irlandaise tient une bonne place. Et ce n’est pas à cause de malheureuses mésententes qu’il faut ne pas reconnaître le bien où il est. » Il s’est inspiré du Bréviaire du Patriote canadien-français de Mgr Pâquet dont il endosse la vision providentialiste. Si tous les peuples ont une vocation, affirme ce dernier, il en est quelques-uns pour qui il s’agit d’une « sorte de sacerdoce », un sacerdoce qui s’exerce pour le peuple irlandais par sa participation « à l’éclosion du catholicisme sur la terre d’Amérique87 ».
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Mariette est reconnaissante aux sœurs du Précieux-Sang, elles qui réparent avec soin les vêtements de Maurice, de prier pour que son frère puisse aller au congrès eucharistique de Chicago, mais, lui écrit-elle, à condition « que tu n’aies pas besoin de plus de 50 dollars. C’est tout ce dont tu disposeras ». Elle et Mgr Bourdel lui prêteront chacun vingt-cinq dollars. Elle aurait bien voulu lui payer ce voyage, mais elle vient de placer une commande de soutanes et d’autres articles pour une cinquantaine de dollars. « Vois donc Mgr McGuigan et dis-lui que tu disposes seulement de cinquante, pas plus, s’il pense que ce sera suffisant, c’est pour le mieux. De plus, Mgr Bourdel désire qu’à ton retour tu nous donnes une conférence sur le congrès, préparetoi donc et prends des notes pendant le voyage. » Le père Jan rassemble les fonds pour y aller lui aussi88. Le bel optimisme de Maurice subit une éclipse. « Je n’en suis plus à ma constante belle humeur de jadis, à ma quiétude insouciante des années passées, écrit-il au curé Bourdel. C’est peut-être la période de transition. À mes courts moments de ferveur, de foi espérante, je supplie ce bon Dieu que j’ai choisi en décembre dernier comme mon unique part d’héritage. Ce que je demande, ce n’est pas la cessation de tout obstacle dans la marche vers Lui. [...] Ce que je demande, c’est la force d’acquérir de l’énergie, de la volonté pour triompher avec Dieu, de tous ces obstacles89. » Mgr McGuigan offre de payer le billet de train de Maurice pour aller à Chicago et voudrait trouver un bienfaiteur pour recueillir les cinquante dollars que le curé Bourdel et Mariette ont offert de lui prêter : « Mgr Bourdel a déjà trop fait pour moi pour que j’ose lui demander cette somme, même à prêter et à rendre après ma prêtrise. En connais-tu, toi ? J’attends. J’ai déjà depuis longtemps fait ce sacrifice de ne pas assister à de si belles fêtes et à de si splendides cérémonies. » Quand lui arrive la réponse du curé, il exulte : « Je savais bien que Mgr Bourdel et toi vous arrangeriez pour me procurer cette somme. Il y a longtemps que votre bonté a dépassé les bornes ! » Mais comme il préférerait recevoir de l’aide d’ailleurs ! M gr McGuigan et Mgr O’Leary apprécient à ce point le dévouement de Maurice qu’ils l’ont invité à se donner à leurs diocèses, ce à quoi il leur a catégoriquement répondu qu’il appartenait « d’esprit et de corps à Mgr Prud’homme, et que rien au monde ne [l]’en séparerait90 ». Pendant ce temps, Mariette informe son frère des activités en cours à Prud’homme en avril et du programme de l’été. La troupe locale a joué Le voyage de M. Berrichon qui a rapporté plus de soixante dollars, et répété sa prestation à Vonda et à Domrémy. Monsieur Baudoux a planté une centaine de plants de fraisiers. Mgr Bourdel fait des améliorations au presbytère, dont une bibliothèque et une citerne d’une capacité de cent barriques d’eau dans
90 II. L’émergence d’un leader la cave. Il a aussi planté une douzaine de petites épinettes entre le lavoir des sœurs et le presbytère. Aux élections de la Ligue féminine, madame de Margerie et madame Baudoux ont été élues conseillères. Mariette conseille à son frère de ne pas trop se fatiguer afin d’être « frais pour les examens de fin d’année ». L’été sera fort occupé avec la retraite des sœurs prêchée par le père Lacoste le 4 juillet, la visite de Mgr Prud’homme le 14 pour la cérémonie au couvent, et un triduum animé par le père Couture, o.p.91 À l’approche de juin, Maurice est pris d’angoisse : « Ce voyage à Chicago n’est pas encore fait. Je ne pourrai y croire qu’une fois dans le train. Tant de choses peuvent arriver en un mois ! » La joie revient quand Mgr McGuigan lui remet « en beaux chèques » les 73 $ pour payer son billet ! Son genou va très bien et il évite encore de s’agenouiller. Le curé Bourdel aimerait qu’il passe à Prud’homme avant de se rendre à Chicago pour adresser la parole aux paroissiens lors de la convention de l’ACFC qui aura probablement lieu le 21 juin. Il a fait une bonne provision de vin pour le restaurer pendant les vacances. En rendant visite à Mariette, le père Jan lui remet dix dollars pour le voyage de Maurice. Elle ira à Edmonton le 11 juin, pour assister aux ordinations et visitera son frère avec monsieur Garnier92. Le père Hétu a payé les douze dollars de frais pour le séjour de Maurice à l’hôpital. Quand ce dernier a demandé au médecin ce qu’il lui devait, celui-ci n’a pas répondu : « J’ai bon espoir de n’avoir qu’à remercier. Tu vois combien Dieu est bon, écrit-il à Mariette ! Il me gâte. Comme tout le monde d’ailleurs. » Lorsqu’il apprend que le scolasticat sera transporté à Lebret l’année suivante, il écrit à Mariette : « Cela me fait bien de la peine de me séparer d’eux. Le Père Supérieur nous a bien dit que la vie ne changerait pas etc., ça me fait de la peine quand même. Il est vrai qu’ils resteront à Saint-Albert jusqu’à ce que Lebret soit bâti, c’est-à-dire jusqu’à novembre environ93. » Après le congrès de Chicago, le père Allard94, assistant directeur du Patriote de l’Ouest, invite Maurice à faire parvenir au journal un compte rendu qui sera apprécié par ses confrères et ses amis. « Mes félicitations pour ce précoce journalisme. L’Académie s’enorgueillit ! » D’anciens confrères qui ont pris une autre voie lui font part de leurs expériences et lui demandent conseil95. Une année douloureuse En septembre 1926, 92 étudiants, dont 52 séminaristes et 40 scolastiques se présentent en même temps que Maurice au Séminaire d’Edmonton. L’année s’annonce sous de sombres présages avec l’arrivée du successeur du père Patton, décédé au cours de l’été d’un accident de la route. Le père
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Bartholomew Kennedy96 donne l’impression d’être « excessivement sec et tranchant » : « J’ai eu affaire avec lui deux fois et je me suis bien promis de ne m’y point trop frotter avant qu’il se radoucisse. Et je ne suis pas le seul. Tout le monde en a peur ! Bel homme, taille moyenne, voilà pour le physique. Il parle très bien et le français et l’anglais. » Quand l’archevêque leur accorde un congé, les séminaristes pensent pouvoir le prendre le lendemain, mais le supérieur leur déclare qu’il le leur donnera « quand il le jugera à propos. Nous, cela ne nous regarde pas. » Maurice se heurtera aussi à sa raideur dans l’exercice de ses responsabilités. Il perd son ami et confident, l’abbé Coulombe, qui meurt à vingt-cinq ans, après dix jours de maladie. Plus inquiétant, « les prêtres de langue française disparaissent et ne sont pas remplacés ». Une énigme « impénétrable » pour Maurice qui tente d’y voir l’effet de la Providence97. À Prud’homme, Mgr Bourdel range la cinquantaine de bouteilles que Maurice et Antonio Coursol ont aidé à emplir à l’été. Mariette lui écrit : « Tu as bien fait cela, car malgré toutes les précautions je craignais un peu de casse. » – « Je t’embrasse, et je t’assure que je t’aime autant qu’une sœur peut aimer un frère plus jeune et qu’elle considère un peu comme son enfant98. » Elle organise alors un concert au profit du bazar qui aura lieu quatre dimanches de suite, du 24 octobre au 14 novembre, pour permettre au curé de finir de payer les dettes de la paroisse. Le père Allard doit prêcher une retraite aux enfants et Mgr Prud’homme sera présent pour la clôture. Quand tout sera fini, elle compte aller passer quelques jours auprès de Maurice99. Le père Allard, rédacteur du Patriote de l’Ouest, aimerait bien pouvoir compter sur Maurice comme collaborateur occasionnel du journal. Il a apprécié sa réponse à monsieur Mahé publiée en septembre, mais il ne pourra pas lui envoyer les numéros du journal où son texte a paru : « C’est contre le règlement ! On m’a averti. » Il en apporte donc quelques exemplaires au curé Bourdel en revenant du congrès de la presse hebdomadaire à Regina. « C’était la note juste », écrit le curé à Maurice. Mariette ajoute quelques articles parus et des numéros d’un cours de chant grégorien, aux cantiques de l’abbé Brun que lui a demandés son frère : « Non vraiment je ne crois pas qu’il ait jamais été défendu à des séminaristes de recevoir des découpures de journaux tels que Le Patriote, surtout quand ces découpures sont l’imprimé du fruit de leurs peines, quand aussi ce sont des articles de leur évêque et de leur bienfaiteur. » Elle se demande s’il aura la permission de l’accompagner jusqu’à la cathédrale, quand elle ira à Edmonton à la fin de novembre. Il est aussi question qu’elle aille à San Francisco à l’invitation de sa cousine Hélène. Mgr Bourdel pense que cela lui ferait du bien. Madame Baudoux s’est offerte pour la remplacer au presbytère. « Ceci me décidera peut-être », écrit Mariette
92 II. L’émergence d’un leader à son frère en lui conseillant d’écrire à Edgard : « Papa craint un peu pour lui la fréquentation d’une famille protestante où il y a des jeunes filles100 ! » Quand Maurice demande à Mgr Bourdel son avis sur ses articles, celui-ci n’hésite pas à le ramener à la réalité : Mais pour qui l’as-tu écrit ? Pour les lecteurs du Patriote dont l’immense majorité se compose d’illettrés. Combien parmi ces illettrés ont lu jusqu’au bout ta belle prose ? Je ne serais pas surpris que beaucoup après avoir lu le premier alinéa de ton article ne se soient arrêtés là. C’est très bien pour nous autres cette définition du P. Antoine. Mais pour [le] populo, à ta place j’aurais dit tout de suite en quoi consiste la question sociale pour les Canadiens du Nord-Ouest. N’oublions jamais à qui nous parlons et cherchons à atteindre notre auditoire ou nos lecteurs. C’est un point de vue qu’il faut prendre l’habitude de considérer. Certaines tournures de phrases, certains mots dans ton article ne sont pas à la portée du populo. [...] En voilà assez : en résumé, très bel article mais écrit pour des intellectuels. Voilà ma critique101.
À la fin d’octobre, le supérieur retire à Maurice ses fonctions de grand cérémoniaire : « J’étais tellement attaché à la liturgie, aux cérémonies et à tout ce qui s’y rapporte que je ne puis chasser cette idée. Il a apporté pour raison qu’il voulait que chacun apprit à diriger les fonctions pontificales et autres d’une cathédrale. » Ce ne serait qu’un essai, mais il semble « que c’est bien fini ». À compter du 1er novembre, il ne sera donc que conseiller auprès de son successeur, « une bûche ! », à qui il doit transmettre le fruit de ses recherches et de ses travaux depuis trois ans, et s’incliner devant tous ses désirs. « Mgr McGuigan n’en avait pas été averti à ce qu’il semble. Mais il a tant de mal déjà à ce sujet que je crois que cela lui est égal. » Maurice, qui avait d’abord résolu de refuser tout concours, se ravise, « cela n’est pas charitable ». Son successeur finit par constater qu’on ne s’improvise pas cérémoniaire et se dit incapable d’y arriver seul. Maurice est surtout déçu de n’avoir pu maîtriser tous les détails de cette charge avant de l’abandonner102. Mariette en éprouve « un pincement au cœur. Je sais combien tu aimes tout ce qui tient de près ou de loin à la liturgie. Je sais aussi que tu t’étais donné de tout cœur à tes fonctions de cérémoniaire à la cathédrale d’Edmonton. Et je souffre pour toi du renoncement qui t’a été imposé. J’espérais, aux ordinations de décembre te voir dans toute la splendeur de ta gloire, comme disait le père Jan pour me taquiner, et ce beau rêve s’en est allé en fumée, comme bien d’autres rêves que j’avais fait. » Elle encourage son frère à secouer le dégoût qui l’envahit : « Haut le cœur, montre-toi un homme. Vois, là comme ailleurs, la main du bon Dieu ! » Elle sera à Edmonton au début de décembre et le verra à Lamoureux103.
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Maurice remercie sa sœur. S’il ressent encore des « revirements de l’orgueil, des sursauts de la nature », c’est qu’il n’a pas assez appris à se maîtriser. Comme il n’est plus cérémoniaire, il est possible qu’il reçoive les premiers ordres mineurs le 18 décembre, mais « impossible de rien savoir du P. Supérieur avant le jour venu ». « J’ai compris ta peine, lui écrit le curé Bourdel, et j’admire ta résignation. Tu es dans le vrai : tout nous vient du bon Dieu et pour notre plus grand bien. Donc fiat, fiat, quelque dur que soit le coup qui nous frappe. En toutes choses laissons de côté les causes secondes et remontons à la cause première. » Il a reçu les volumes commandés et a fait venir de Paris une machine à relier car il veut se mettre à ce travail quand il sera seul. Il a donné sept mois de vacances à Mariette qui ira à San Francisco. Grâce aux honoraires de 160 messes offerts par l’abbé Letellier et aux cent autres qu’il vient d’accepter, il reste à Maurice un dollar de crédit à l’évêché de PrinceAlbert104. L’épreuve sert de leçon à Maurice : « Je sais bien que je me fais des montagnes avec des riens. Mais que voulez-vous ? Les peines que provoque l’imagination sont des peines quand même. Et on a beau prendre de bonnes résolutions, on n’est guère fort si on n’est pas encouragé à bien les tenir. » Je m’étais adonné à la liturgie ; j’y trouvais mes délices ; je mettais à son service tout l’enthousiasme de ma jeunesse. Et jusque-là, c’était très bien. Mais mon moteur était purement humain. Je m’en suis aperçu quand on m’a « coupé les ailes » ! Si le surnaturel avait toujours présidé comme il convient, au lieu de me rebiffer, j’aurais baisé la main qui me brisait. Je ne l’ai qu’acceptée et... après combien de récriminations ! Par tempérament, je serai toujours tout entier à ce qui m’intéresse. Je ne peux pas me concevoir autrement. Si, parce que Dieu est bon, le ministère dont mes supérieurs me chargeront plus tard correspond à mes goûts, ce sera bien. Mais si, parce que Dieu veut me témoigner une plus grande bonté encore en m’envoyant des épreuves, mes supérieurs agissent autrement, oh ! Combien j’ai besoin maintenant de me former à répondre à leur attente ! Pour être prêtre dans le vrai sens du mot, je ne devrai pas moins faire tout mon possible pour m’acquitter d’un devoir moins en rapport avec mes aspirations105.
Mariette quitte Prud’homme au début de décembre avec madame de Margerie dont le mari avait été proposé à un poste au gouvernement provincial. Circonvenu par deux orangistes, le ministre Latta lui a préféré miss Boyd, une Irlandaise catholique. Les deux femmes iront jusqu’à Saskatoon visiter madame Van Campenhout, puis voir Maurice à Edmonton. « Viens ! Viens vite ! », lui écrit Maurice qui espère encore être appelé aux premiers ordres mineurs. Le père Monge, obligé d’assister comme chapelain à l’ordination, lui a demandé de le remplacer comme premier cérémoniaire, ce qu’il a accepté avec plaisir ! Elle pourra donc le « contempler dans toute la splendeur de sa
94 II. L’émergence d’un leader gloire ». De plus, le curé de la cathédrale vient de lui demander de « ressusciter » la petite maîtrise des enfants de chœur, une quarantaine d’enfants, ce qu’il a aussi accepté : « C’est de l’expérience mise en réserve pour plus tard. » Il y mettra tout son cœur, mais comme il est bien peu préparé à une telle tâche, il compte sur les conseils de Mgr Bourdel pour se tirer d’affaire. Il appréhende « qu’on va encore hurler ici quand on va apprendre cela » ; on dira, comme quand on a appris qu’il serait premier cérémoniaire pour l’ordination, qu’il avait « arrangé toute l’affaire en dessous ! Heureusement que ces mécontents ne sont pas nombreux106 ». À Saskatoon, Mariette consulte le docteur Lynch qui lui prescrit du repos et un bon tonique. À la gare d’Edmonton, elle attend en vain Maurice qui a mal lu sa lettre et l’attend à l’autre gare. Elle finit par se rendre au scolasticat et tous deux vont dîner chez les McKinnon qui ne les attendaient plus107. Elle a été bien reçue par l’abbé Garnier et sa sœur Claire à Lamoureux, écrit-elle au curé. Elle a tâché de voir Maurice le plus possible et l’a trouvé bien déprimé. « Tu ne pourrais croire, me disait-il, combien il est dur de voir chacune de nos actions mal interprétée par ceux qui devraient nous inspirer de la confiance. C’est le règne de la terreur. Tout effort personnel, toute initiative ont disparu. Pour conséquence de ce régime l’apathie règne. Tout semble mort, tout élan est étouffé. Les congés habituels ont été supprimés. Et malgré les classes beaucoup plus nombreuses (ils auront eu environ trente jours de plus de classe à la fin de l’année) jamais les résultats m’ont été si pauvres. On les traite en petits garçons et quand ils demandent la raison de telle ou telle mesure on leur répond un peu comme à vous au petit séminaire : Cela ne vous regarde pas. Mêlez-vous de vos affaires108 ! » Le supérieur fait à Mariette l’effet d’un homme à qui on aurait imposé une tâche, qui la fait à contrecœur et de manière à ce qu’on l’en débarrasse le plus tôt possible. Le père Lacoste conseille à Maurice une extrême prudence dans ses propos car tout est répété en haut lieu. Le père Monge a l’intention de demander son changement pour Lebret, car les pères eux-mêmes n’ont plus aucune latitude et ne voient le supérieur que dans le cas d’absolue nécessité. Pour pouvoir sortir avec elle le dimanche après-midi, Maurice a dû aller voir le supérieur et est sorti de l’entrevue les larmes aux yeux. Lui si gai – insouciant même – a perdu son exubérance. Le père Salles l’aide beaucoup et elle croit qu’un séjour à Lamoureux lors du congé du 21 décembre au 3 janvier lui fera du bien. Mariette décrit la situation des séminaristes de Prince-Albert pour que le curé puisse en informer Mgr Prud’homme. Par exemple, Maurice n’a pu aller voir Josaphat pendant son séjour à l’hôpital, car il est interdit d’aller dans les hôpitaux, au juniorat, chez les jésuites ou dans les communautés religieuses.
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Le 21 décembre, Mariette est à Lamoureux avec Maurice et se propose d’aller avec lui à Saint-Albert à l’invitation du père Jan. Un dimanche qu’elle avait assisté à la messe à la cathédrale, elle avait demandé à Maurice de la rejoindre chez les McKinnon pour aller ensemble à Calder. Il était convenu qu’il lui téléphonerait s’il ne pouvait obtenir la permission. Or, « à deux heures et demie, pas de Maurice. Je pars donc pour le séminaire, il me rejoint au parloir et me dit que lorsqu’il a demandé la permission de sortir on lui a répondu un non catégorique » et à sa demande de téléphoner, « un non plus catégorique encore ! J’ai braillé comme un bébé », dit-il. Mariette informe ses parents de l’état de fatigue de Maurice. Mais à Lamoureux « il mange comme quatre et s’amuse et chante et rit !! Si vous saviez comme Mr et Mlle Garnier sont bons pour nous ! Ils nous traitent comme un jeune frère et une petite sœur109. » Bouleversé des nouvelles que lui transmet Mariette, le curé Bourdel écrit une longue lettre à Mgr Prud’homme dont il transmet l’essentiel à Mariette : Je suis arrivé à la conclusion que Maurice est l’objet d’une persécution toute spéciale de la part de son fanatique supérieur. (Savez-vous que ce monsieur Kennedy a été autrefois renvoyé de l’Université d’Ottawa où il cabalait avec Fallon ?) Ce fanatique inflige ces traitements à Maurice parce qu’il considère celui-ci comme le porte-drapeau au scolasticat des idées franco-canadiennes. Convient-il de le laisser plus longuement sous la férule de ce vengeur de prétendus droits irlandais ? Pour les six mois qui restent ne vaudrait-il pas mieux lui chercher une place dans un de nos collèges ? S’il n’y a pas de place dans ces collèges, ne pourrait-il pas prendre des leçons de Mgr ou de M. Desmarais à l’évêché110.
Il sera sans doute difficile de laisser les séminaristes français à Edmonton quand les scolastiques seront partis et il faudrait dès maintenant obtenir des Oblats l’admission des jeunes gens à Lebret. « Des épreuves, il en faut, écrit le curé à Maurice. Je devine maintenant que tu en as eu ta grande part et la réserve que tu as apportée pour ne les point divulguer montre que tu as su en tirer parti pour ta sanctification. Tant mieux : tu retrouveras cela dans ta vie comme toute la bonne volonté que tu apportes à faire un bon séminaire. Les trésors acquis durant ces années précieuses, on les retrouve plus tard au milieu des difficultés des dangers du ministère paroissial111. » La lettre du curé Bourdel rend l’évêque de Prince-Albert perplexe. Il craint d’exposer les autres séminaristes à des tracasseries sans nombre s’il retirait Maurice du Séminaire : « Tout bien considéré, je crois qu’il vaut mieux laisser Maurice au Séminaire, en lui conseillant une grande réserve, puis demander, en sa faveur, l’intervention discrète du père Lacoste112. » Maurice ne partage pas l’inquiétude du curé et lui demande d’attendre, mais la lettre du curé est déjà partie :
96 II. L’émergence d’un leader Il me semble que vous faites fausse route. On a pu dire que ma qualité de canadien français de cœur me valait les avalanches du P. Supérieur. Je n’ai jamais voulu le penser et ne veux pas le penser du tout. Rien ne le prouve. Pour quelqu’un qui est sur les lieux, la manière d’agir du P. Kennedy est la même pour tous. Sans doute, il y a du plus et du moins. Il paraît que je suis dans le plus. Mais encore là, ce n’est peut-être que point de vue tout à fait subjectif. [...] Le P. Kennedy m’a versé une copieuse ration. Soit ! Mais notre doyen, qui était Irlandais, n’a pas été moins généreusement servi. Et en général la ration qu’on nous jette est en rapport avec le degré d’autorité dont on est investi par des charges quelconques. Quand on nous donnait quelque chose à faire, les années passées, nous étions censés être doués de raison et de quelque bon sens et comme résultante nous devions travailler comme tels, et y aller de l’avant. Les temps sont changés. Nous nous en sommes aperçus, non sans quelques accrocs113.
Maurice ne nie pas que le découragement l’ait parfois « touché du bout de l’aile. Mais une fois ce moment passé et offert à Dieu, quelle force acquise ! Pourquoi vouloir me retirer d’ici, mon bon père ? Je veux être quelqu’un : ne faut-il pas que Dieu m’y prépare ? C’est là une grâce qui ne se présentera peut-être plus jamais ! » Certes, au fond de lui-même, Maurice rêve d’aller à Lebret avec les Oblats, mais il s’efforce « de ne point le désirer pour ne demander à Dieu que l’accomplissement de sa volonté ». Mariette aussi s’étonne de la réaction du curé Bourdel. Elle croit n’avoir rien dit qui puisse laisser entendre que le supérieur agissait par pur fanatisme. « Je connais assez Maurice pour savoir que de cette situation il pourra tirer quelque profit – le mal est donc moindre pour lui que pour bien d’autres. » Elle croit que cette souffrance contribuera à en faire un homme et un prêtre selon le cœur de Dieu. « Je le voyais bien peu préparé aux tribulations que la vie lui ménage inévitablement. Il travaille son caractère sous la direction d’un bon père qui a pour lui beaucoup d’affection et qui le console et le relève au besoin114. » Une fois ces malentendus dissipés, Mariette quitte le Canada le 3 janvier 1927 et arrive à San Francisco le 8 où elle logera chez sa tante Irma. Elle pressent avoir du mal à s’adapter au climat, mais elle a déjà pris quelques kilos après une dizaine de jours. À son retour de Lamoureux, Maurice a obtenu de bonnes notes aux examens. Le sentiment de solitude qu’il éprouve est accentué par le départ prochain des scolastiques chez qui il compte tant d’amis. Avant leur départ, c’est lui qui évoque les dix années du scolasticat à Edmonton. Il confie au curé Bourdel qu’il doit éviter que le cœur ne domine ses actes : Jusqu’ici, je n’ai guère vécu que par des impulsions. Il faut qu’il en soit tout autrement. Je m’en aperçois bien. [...] Pour une personne que j’aime, pour une
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chose, une œuvre, qui naturellement a toutes mes affections, oh ! je me sens fort, prêt à tous les sacrifices. Mais cela n’est point l’abnégation que nous a enseignée le Maître.
Maurice prend aussi conscience de la place essentielle qu’occupe sa sœur dans sa vie : « Je le sais, j’aurai toujours besoin d’un soutien. Avec un tempérament comme le mien, mes rêves sont beaux et je crois bien que je pourrai faire fructifier ma vie, mais seulement si j’ai à côté de moi des yeux qui voient les choses sous un aspect moins spontané, moins “attrape !”, un cœur plus raisonnable pour restreindre à de justes limites l’affection que j’ai pour mes semblables. Or, je ne veux pas te flatter, mais je dis ce que je pense. Et ce que je pense, c’est que tu as assez de bon sens pour deux vis-à-vis de bien des choses115. » De la lointaine Californie, Mariette apprend ce qui se passe à Prud’homme par le curé qui lui adresse « quatorze grandes pages ». Elle ne sort pas beaucoup, mais profite de la belle température pour faire de longues promenades avec l’une ou l’autre fille de sa cousine. Par temps pluvieux et humide, elle souffre de névralgie. Maurice en saura davantage sur la cause du pessimisme de Mariette après avoir rencontré le père Salles qui a reçu une lettre d’elle. Elle trouve la vie de ses parents très factice et n’a plus guère de choses en commun avec eux. Maurice comprend maintenant pourquoi elle s’est trouvée désorientée. « En regardant les choses sous un jour plus surnaturel, il me semble que si Dieu t’a envoyée là-bas, c’est dans un but déterminé. [...] Tout acte humain a quelque répercussion, soit sur l’agent lui-même, soit sur son entourage. Tâche de bien te convaincre de cela, et je ne dis pas : sois bonne, je dis : sois excellente, ma grande116. » Le curé Bourdel se demande si Mariette pourra rester là-bas jusqu’en juin. Mal à l’aise, elle n’a personne avec qui causer. Elle est cependant allée à une représentation de La Bohème et, à la suggestion du curé, elle ira visiter une ancienne de Prud’homme qui réside à Riverside. Elle va à Menlo Park visiter le père Reedon, frère de la mère vicaire des Filles de la Providence, et ira avec elles jusqu’à Mountain View. Elle a aussi visité les Petites Sœurs de la Sainte-Famille, d’origine canadienne, dont l’une a connu Maurice à SaintBoniface. Sur l’avis du père Salles, Maurice lui conseille un long séjour à Los Angeles où le climat est meilleur qu’à San Francisco. Pour le reste, écrit-il dans une allusion à Balzac et à Psichari, il ne faut pas s’en préoccuper et « laisser vivre [s]a bête117 ». On est très bon pour elle, mais on la traite « comme une enfant sans expérience », ce qui lui est parfaitement égal. Elle reviendra au Canada au début de mai et partagera le reste de son congé entre Lamoureux, Saint-Albert et Saskatoon118.
98 II. L’émergence d’un leader Préoccupé du bien-être de sa sœur à son retour, Maurice en parle à monsieur Garnier qui l’accueillera jusqu’à la mi-juin. Mais, écrit-il au curé Bourdel, le niveau de la conversation de sa sœur ne monte jamais au-dessus du bien-être matériel : « On s’amuse. Mais on se fatigue de s’amuser. On travaille des mains. Mais on se fatigue de ce travail lorsque l’intelligence, habituée à se nourrir de conversations sérieuses n’a d’horizon que chansons, cuisine, étoffes ou vins. » Lors de leur voyage à Saint-Albert l’hiver précédent, Mariette lui avait dit qu’elle ne pourrait pas vivre longtemps dans ce milieu presque vide. « Prédisposée naturellement et par ses études à un continuel travail intellectuel, le niveau normal des gens du monde n’est plus le sien. Il est devenu très parent du nôtre. » Il ne faudrait donc pas que son séjour à Lamoureux se prolonge plus d’un mois. De l’Académie aux Chevaliers de Colomb Le supérieur Kennedy n’avait pas autorisé la tenue des réunions de l’Académie Saint-Jean-Baptiste qui ne reprendra ses activités qu’une fois les scolastiques rendus à Lebret, comme l’indique le procès-verbal du 27 février 1926. Ce retard « vient de ce que l’Académie est soumise à l’obéissance et qu’elle ne travaille pas sans autorisation. Mais les autorités ne sont pas toujours les mêmes. Un supérieur ne voudra pas une chose, un autre l’approuvera volontiers. Ainsi le R.P. Bartholomew Kennedy omi pour ses bonnes raisons, n’a pas voulu d’Académie. Le R.P. Blanchin [le supérieur du scolasticat de Lebret] l’autorise et la recommande avec instance. C’est pourquoi la nôtre s’immobilise et s’affermit librement. » Le président, Maurice Dussault, réunit les membres, anciens et nouveaux, en séance académique pour leur souhaiter une fraternelle bienvenue. Les membres restés au Grand Séminaire ne seront pas oubliés. Le secrétaire correspondant fait parvenir un rapport bimensuel à tous les anciens et inaugure en juin une correspondance officielle avec ceux avec qui on veut garder le contact. On fait un album des membres anciens et actuels. En reconnaissance de la contribution exceptionnelle de Maurice, le président lui adresse la lettre destinée aux seuls membres oblats119. Après avoir contesté l’utilité pour les Canadiens français de faire partie des Chevaliers de Colomb, Maurice juge maintenant opportun de s’y inscrire ! Après tout, écrit-il au curé Bourdel en janvier 1927, l’œuvre de cette société en faveur du catholicisme n’est pas à dédaigner. Sa très puissante organisation ne peut manquer son but et il ne sert à rien de vouloir la combattre. Il sait que « la Chevalerie compte maintenant, au Canada, de nombreux cercles français qui, au lieu de se désagréger, deviennent chaque année plus puissants. D’autre part, quand on se voit devant une force, une organisation bien établie, je trouve qu’il est plus sage de s’en servir pour le bien commun que de se
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l’aliéner. » Et s’il est vrai – ce que nient certains Canadiens français – qu’en certaines occasions « la Chevalerie ne s’est pas montrée très amie de nos luttes », « comment s’en assurer autrement que par soi-même ? » Comment répondre aux objections, si l’on est « étranger au motif intérieur, au rouage de la Société. Puisque vous accusez, pourquoi ne pas aider à faire contrepoids ? Voilà où j’en suis arrivé120. » Un autre point qui intéresse Maurice, c’est qu’on offre l’entrée gratuite aux séminaristes et qu’on est prêt à l’exempter de l’obligation de prendre une assurance vie. Le curé Bourdel se range au jugement de son protégé et lui suggère de profiter des avantages qui lui sont offerts. Le dimanche 6 février, Maurice est donc initié chez les Chevaliers de Colomb avec ses amis Marchand, Houle et Matthieu, une vingtaine d’autres séminaristes et une centaine de laïcs. Maurice n’a pas été déçu par le rituel d’initiation des Chevaliers de Colomb comme il l’écrit à son curé : « Il est impossible d’imaginer le cérémonial de l’initiation. Celui du 3e degré est véritablement une œuvre de génie. Et c’est catholique au superlatif ! D’un côté les discours qui sont de véritables sermons sur la foi, la charité, l’espérance. De l’autre la mise en scène qui illustre merveilleusement l’acte que produisent ces vertus. » Quand Antonio de Margerie apprend cette démarche, il est impatient de voir arriver les vacances pour connaître les raisons qui ont motivé sa décision121. Les vacances des fêtes ont fait grand bien à Maurice, et, ce qui n’est pas à dédaigner, le supérieur vient de lui dire « qu’il croyait bien que nous avions réussi à mieux nous connaître ». Depuis janvier, il n’a reçu aucun mot dur, et n’a essuyé aucun orage. Quant à la maîtrise qui doit chanter à l’office du soir le deuxième dimanche de chaque mois, elle lui donne tellement de fil à retordre qu’il a été tenté plus d’une fois d’abandonner la partie. De plus, il s’est offert au père Jan pour écrire une brochure sur Mgr Grandin, ce qui « ne va pas tout seul car le père Jan, d’après ce que j’ai vu, est difficile. Il veut une brochure attrayante qui se lise », à l’encontre de la plupart de celles qui existent122. Maurice ne peut étudier très longtemps, mais s’il le fait avec modération et régularité, il peut fournir un effort presque adéquat à ce qu’il considère l’idéal. « L’étude m’attire toujours très fortement. La difficulté pour moi est de canaliser tous les sujets aptes à me faire un bon prêtre et de ne point m’occuper des autres. Car, comme jadis, mon grand plaisir est de toucher à tout, d’effleurer un peu toutes les sciences. Je sais que cela ne mène à rien qui vaille et que chaque chose viendra en son temps. » Depuis le départ des scolastiques, les séminaristes sont moins entassés et tout marche bien, mais la vie commune ne lui apparaît pas une vie de famille. « Les Canadiens sont bien traités par le P. Kennedy, très bien même. Il y a lectures et prières en
100 II. L’émergence d’un leader français tout comme par le passé. À tour de rôle, par ordre d’âge, nous avons à faire un petit sermon de dix minutes chaque lundi. Et chacun peut le faire dans sa langue. » Une bienveillance qui ne se démentira pas. Mais les pères Lacoste et Monge ont l’air de ne guère se plaire ici et il se pourrait qu’ils aillent à Lebret l’an prochain123. La collaboration au Patriote L’abbé Letellier avait continué d’aider financièrement Maurice. Il s’intéresse à ses articles dans Le Patriote, et l’encourage à continuer son « apostolat de la prière et de la plume ». En Belgique, on a suivi le congrès de Chicago et on se préoccupe de l’Église du Mexique où sévissent les francsmaçons. Certains articles des publications américaines sont reproduits dans les revues catholiques, comme celui de Mgr F. Kelley, évêque de Tulson, en Oklahoma. En septembre, alors qu’il est en retraite, le père Allard124 appelle Maurice à la rescousse : « Venez donc m’aider. Je suis encore seul. » Le mois suivant, il écrit un article qui sera bien accueilli, sur l’importance de la question sociale pour Le Patriote et sur l’influence du journal à ce sujet. « Vous avez fait quelque chose de superbe et qui sera sûrement apprécié de nos lecteurs », lui écrit monsieur Morrier. Le père Ubald Langlois125 le remercie lui aussi de son article sur l’œuvre du Patriote126. D’anciens confrères restent en lien avec Maurice et plus d’un lui confie ses misères et son désarroi. C’est le cas de René Mager qui, après un séjour chez les jésuites et un stage auprès des petits Sauteux et Cris du Nord manitobain, s’est lancé dans les études de droit, a côtoyé la vie religieuse, l’enseignement et le Barreau, avant d’être « réduit à devenir un petit commis de banque ». Maurice aussi a besoin de se confier. En avril, Laurent Bussière lui écrit de Lebret pour le remercier de la lettre « bien piteuse » qu’il lui a envoyée pour son anniversaire. Il l’assure de sa prière pour l’aider à traverser avec courage ses épreuves et lui conseille de recourir au père Routhier pour requinquer son énergie et ses convictions127. Le curé Bourdel confie à Maurice que « Prud’homme n’est plus une sinécure pour le pauvre vieux » qu’il est. Il a bien hâte « d’avoir un second » et espère pouvoir compter sur le père Lacoste pour les confessions de Pâques. La convention de l’ACFC en mars 1927 à Regina a été un succès et s’est déroulée dans l’harmonie la plus parfaite : « Quand tu seras sorti du Séminaire, comme tu jouiras de ces assises. » Monsieur de Margerie y a fait un splendide exposé sur les devoirs des commissaires qui a suscité l’enthousiasme de l’auditoire et qui sera publié. L’orateur a été élu vice-président de l’ACFC et de l’Association des commissaires128.
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Le congé de Mariette tire à sa fin. Elle dort « comme une souche », écrit-elle à ses parents, aussitôt qu’elle met la tête sur l’oreiller. « Je ne m’irrite plus pour des riens maintenant. Je suis calme et je prend tout ce qui m’arrive en tâchant d’y voir toujours le meilleur côté des choses. » Elle quitte San Francisco pour Victoria le 26 avril, séjourne à Lamoureux en mai et rentre à Prud’homme le 13 juin. Le père Henri Lacoste convaincra le curé Bourdel d’envoyer Maurice au Grand Séminaire de Québec pour y faire deux années de théologie129.
Le père Henri Lacoste, o.m.i.
Maurice reste à Prince-Albert pour y faire sa retraite préparatoire à la réception des premiers ordres mineurs le 29 juillet. Il compte être à Prud’homme le lendemain. Quand Gustave Couture apprend par un ami commun que Maurice continuera ses études à Québec, il lui écrit : « J’espère que tu auras d’assez bonnes impressions sur les vieilleries antiques de Québec et de son Séminaire. Et j’ose espérer que l’absence du tabac ne te rendra pas trop maussade. » Quant à lui, il retourne à Edmonton où il espère s’arranger encore assez bien, mais peut-être ira-t-il finir avec lui, « surtout s’il y a un séminaire neuf pour septembre 1928130 ».
Page laissée blanche intentionnellement
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e sens-tu bien étranger là-bas1 ? » C’est la première question que Mariette pose à son frère parti pour le Grand Séminaire de Québec afin d’y poursuivre ses études en théologie. Ce premier grand voyage dans l’Est lui réserve un véritable choc culturel. Maurice passe d’abord quelques jours à Montréal, à Pointe-Saint-Charles, chez les parents de son confrère Antonio Coursol. Des gens qui seront pour lui comme une deuxième famille. Antonio le promène partout dans la ville : « C’est joliment intéressant à visiter. Il y a tant d’églises ! Et puis il y a des anciens professeurs ou confrères dans chacune des trois maisons des pères jésuites. » Maurice prend le train pour Québec le 6 septembre 1927 et Antonio retourne au Grand Séminaire d’Edmonton2.
Habitué aux plaines de l’Ouest, Maurice est d’abord frappé par les chemins en pente, mais aussi par la réserve des Québécois et le formalisme du séminaire. « De Québec, écrit-il au curé Bourdel, je n’ai encore vu que le chemin tortueux qui monte ici, et le fleuve qui nous sépare de Lévis et de l’île d’Orléans. Ce sera pour plus tard sans doute. J’ai le cœur passablement chaviré. Plus que jamais peut-être. Et à quoi cela tient-il ? Je le saurai sans doute dans quelques jours. Tout le monde est bien aimable. M. le Directeur l’est comme et dans la température des pères [sic]. La généralité des séminaristes m’a l’air distante. On ne semble pas rompre la glace aussi tôt ici que dans l’Ouest. Et je crois bien faire en me laissant approcher sans m’approcher le premier3. » La veille, c’était la visite officielle des séminaristes au supérieur du grand séminaire, Mgr A. Gosselin, et à l’archevêque, Mgr Raymond-Marie Rouleau. La haute stature de Maurice inspire à ce dernier des remarques qui l’ont gêné. On vient de lire le règlement aux nouveaux venus et, après un jour de congé, ce sera la retraite. Maurice n’est guère en état d’écrire : « Ça me fait pleurer. Moi qui me croyais si fort ! » Il écrit à Mariette, après avoir vu passer le premier
104 II. L’émergence d’un leader transatlantique, qu’il n’y a que « la rue des Remparts, hérissée d’une douzaine et demi de canons » et quelques rues qui les séparent du fleuve. « En face, c’est Lévis. En biais, vers l’embouchure, l’île d’Orléans. » Dans sa chambre située au troisième étage de ce vaste bâtiment perché sur la haute-ville, le soleil ne pénètre jamais. C’est sans doute « pourquoi il n’entre que très très difficilement au figuré », chaque fois qu’il s’y trouve4. Après avoir suivi quelques cours, Maurice constate que le contact avec le personnel n’est pas facile, mais il dispose d’un atout : La glace se brise un tout petit peu. La nécessité où se trouvent ces gens d’avoir un professeur d’anglais y contribue pour beaucoup. Le « westerner » étant utile à ces messieurs, ils l’approchent. On dirait qu’ils ne tendent et serrent la main qu’à la dernière extrémité. En tout cas, rien de cet entier abandon qui met à l’aise.
Une remarque qu’il regrette, sitôt écrite, puisque, en post-scriptum, il demande à Mariette de la mettre au compte du « manque de tabac » et de la fatigue. Le choc est rude. Tout est à une échelle différente de celle qui lui est familière. Trop dépaysé, il n’a vraiment pas le moral. Il a dû aller en ville pour faire réparer sa montre, s’acheter un chapeau romain et un réveille-matin car il n’entend pas le signal du lever. Toute une expédition pour l’habitué des plaines : « Et aller en ville, c’est descendre pour remonter, remonter ! Les grands magasins sont tous en bas. » Même manège pour se rendre à la chapelle, sous les combles et « pas belle du tout. Pour y monter en communauté on monte un immense escalier en rectangle adouci. » Il n’avait jamais vu autant de marches, et il les compte : 28 du sous-sol au premier, 32 du premier au second, 29 du deuxième au troisième, 25 du troisième au quatrième, 29 du quatrième au cinquième, 24 du cinquième au sixième, et il en oublie ! « Je te dis que je suis essoufflé quand j’arrive pour la prière du soir à la chapelle, après la récréation ! » Et il a mal aux jambes ! Certes tout le monde est aimable, et il tâche de l’être lui aussi. Non sans humour, il décrit ses professeurs. Ils sont soixante-cinq en tout et ont « l’air bien bons ». Parmi eux se trouvent cinq ou six monseigneurs et chanoines qui ne portent le violet que pour les grandes circonstances. Le cours de dogme est confié à monsieur Lemieux, un finissant de l’an dernier : « Ce sera peutêtre pour le mieux quand il se sera un peu dégourdi ! » Le cours de droit canon est donné par le vieux chanoine Gignac, dont l’enseignement est vivant, et en morale, il suivra le cours sur la justice de Mgr Gariépy. Le préfet des études est plutôt froid. Quand Maurice lui a parlé des degrés à acquérir, il lui a répondu qu’il fallait voir ses notes qui ne sont pas encore arrivées. Il l’a aussi averti qu’il ne pourrait passer la licence que l’an prochain, car il n’a pas de baccalauréat5.
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Le curé Bourdel ne s’alarme pas. Les impressions pénibles du début se dissiperont bientôt pour faire place à la gaieté naturelle de son caractère, écrit-il à Maurice. Il lui apprend qu’il vient de faire l’achat d’un appareil radio, aussi bien pour l’utilité que pour le plaisir, car il veut faire son oreille à l’anglais et prévoit de belles soirées musicales à l’hiver. Mariette est plus troublée, même si elle s’explique la dépression de son frère : changement de climat, d’altitude et de milieu, absence de sa « chère pipe » pour le consoler. Et puis : « On ne s’épanouit pas aisément dans une atmosphère glaciale. » Elle espère qu’Émilien Levêque, l’ami de Saint-Boniface qu’il retrouve à Québec après quatre ans, est resté celui qu’il était. Le père Jan, ajoute-t-elle, a fait lire son travail sur Mgr Grandin au père Lacoste qui le trouve bien, mais comme toujours, le curé Bourdel le juge « au-dessus de la masse6 ». L’enthousiasme n’y est pas encore quand Maurice écrit à son curé : « Oui, ça va mieux, quoique je n’ai pas une once d’insensibilité de trop. Mes impressions s’améliorent. J’ai un très bon directeur spirituel. Et je pense que je vais pouvoir faire du chemin enfin. [...] Tout est lent et pesé ici. Le règlement n’a rien d’effarouchant mais il serre. Au mauvais endroit parfois. » Ainsi, pas de jeux pendant la retraite, avec comme résultat une constipation sévère et des maux d’estomac. Quand les cours sont commencés pour de bon, Maurice fait de nouvelles connaissances et ça va beaucoup mieux, écrit-il à Mariette, qui veut s’assurer qu’il a reçu ses notes du père Lacoste. Elle lui envoie « une boîte de pilules divines pour la constipation », dès qu’elle apprend que les Jubol ne le soulagent pas7. D’importants changements à Edmonton Pendant que Maurice tente d’apprivoiser le style du séminaire de Québec, ses anciens confrères d’Edmonton sont intarissables sur les changements survenus chez eux. On peut parler d’un nouveau séminaire, lui écrit Joseph Burke, en raison des améliorations faites au sein du corps professoral qui ne compte plus que deux oblats, les pères Lacoste et Salles. Surtout on ne tarit pas d’éloges au sujet du nouveau recteur, Mgr James McGuigan. Il est la gentillesse même et, déjà, un nouvel esprit règne parmi les étudiants. Le séminaire est plein et il lui semble que les nouveaux sont plus nombreux que les anciens. Parmi eux, six étudiants du juniorat et du collège des Jésuites, « and many other dam Frenchmen too », seize en tout, « and really they seem to fit in real well ». Alexandre Grimard écrit à Maurice que s’il venait vivre ne fût-ce que quelques heures sous le nouveau régime, avec un directeur qui « parle très bien le français et est en faveur », il ne voudrait plus les quitter pour aller s’exiler si loin8 !
106 II. L’émergence d’un leader Gustave Couture a attendu le passage d’Antonio Coursol à SaintBoniface et s’est rendu avec lui à Edmonton, après être allé saluer les amis oblats à Lebret. C’est lui qui est directeur de chant. Il écrit à Maurice que sa présence manque aux anciens qui « sont en quête d’une colombe blonde qui a quitté son nid pour un pays éloigné ! » Il lui faudra donc chercher ailleurs le bras droit, le soutien et l’appui dont il a besoin. Il ajoute : « Tu ne reconnaîtrais plus notre séminaire car la main d’une fée y est passée. Mgr McGuigan est très bon, très sympathique. » Le 28 septembre, ce dernier écrit à Maurice qu’il vient d’envoyer le résultat de ses examens à Québec, et y joint une lettre personnelle du père Lacoste. « J’espère que tout va bien à Québec, lui écrit-il, et que vous êtes heureux dans ce sanctuaire de piété et de paix », dans cet Alma Mater qu’il a lui-même tant aimé lorsqu’il y a étudié. Il prie Dieu de le bénir, lui, ce « cher bon ami d’autrefois », et l’invite à prier pour lui et les jeunes lévites placés sous sa direction9. Octobre est fébrile à Edmonton. Le recteur est nommé protonotaire apostolique le 13 septembre et la cérémonie d’investiture doit avoir lieu avant la visite du nouveau délégué apostolique, Mgr Andrea Cassulo, attendu le 5 novembre, non sans une certaine appréhension. Paul O’Reilly apprend à Maurice que le délégué parle le français mieux que l’anglais ! La réception exige de nombreuses pratiques de chant pour la messe à la cathédrale ; le chant a été confié aux séminaristes, avec les garçons du collège des Jésuites et quelques hommes de la chorale. Gustave Couture ira ensuite se reposer chez l’abbé Garnier à Lamoureux10. Ce dernier garde une excellente impression de la réception du délégué à Saint-Joachim, en présence de Mgr O’Leary. Il adresse au curé Bourdel le récit suivant de la cérémonie : Adresse en français au Délégué par le Père [Ubald] Langlois. Adresse touchant les points principaux, évoquant le souvenir des Grandin, Taché, Legal, les circonstances de la séparation des anglais et des français. Le tout dit d’une voix forte et bien assurée. Son Exc. approuvait de temps en temps par des signes de tête. Puis quand le P. Langlois vint s’agenouiller devant lui et baiser son anneau, le Délégué l’embrassa avec effusion et le tint un instant en le secouant amicalement... L’impression ici est excellente, on reste convaincu que le Délégué s’est rendu compte de la situation, a vu que le diocèse n’a pas commencé en 1920, seulement, comme d’ailleurs en font foi toutes les vieilles institutions, hôpitaux, collège, juniorat et même le séminaire fondé par des Français11.
Maurice ne cache pas à ses amis anglophones, Burke et O’Reilly, qu’il a été déstabilisé par sa transplantation en milieu étranger. Compréhensif, J. Burke l’encourage, ce ne sont que deux petites années avant son ordination. S’il avait ses capacités intellectuelles, ajoute-t-il, il profiterait de l’occasion. Quant à sa sensibilité mise à rude épreuve, il ne doute pas qu’il saura prendre le dessus, où qu’il se trouve, dès qu’il se sera familiarisé avec ses nouveaux
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confrères. Certes les études sont différentes, mais il est là pour travailler et il finira bien par les battre tous. Nul autre que lui ne saurait mieux représenter le petit séminaire de l’Ouest ! Paul O’Reilly lui avoue, quant à lui, que le séminaire lui semble mort sans lui12. Bien des règlements doivent être maintenant semblables d’un séminaire à l’autre, croit J. Burke, comme l’interdiction de parler ailleurs que dans la salle de récréation et celle de parler dans le dortoir. Le règlement d’Edmonton est plus sévère ; par exemple, il n’est plus question de sorties pour aller visiter un confrère hospitalisé. On donne quatre cours par jour et même cinq le lundi, ce qui laisse peu de temps pour l’étude. Quatre nouveaux viennent d’Angleterre, et parmi eux se trouve un excellent chanteur qui rendra bien service. Quant à ses enfants de chœur, le frère des Écoles chrétiennes à qui on voulait les confier n’est pas venu et c’est Antoine Blain qui s’en occupe encore. Mgr McGuigan vient d’annoncer que les prières se feraient en français et en anglais. Un comptoir a été ouvert où l’on vend bonbons et cigarettes. Un francophone est troisième cérémoniaire, ce qui devrait rassurer Maurice : « so rest easy, the pea soups are fine13 ! » Selon Paul O’Reilly, Mgr McGuigan est le recteur idéal ; il a déjà implanté un véritable esprit religieux, après avoir fait faire des rénovations pour rendre la maison plus habitable. On a raccourci la soutane violette de cérémoniaire que Maurice a portée et il en a hérité avec la fonction de premier cérémoniaire à la cathédrale. Toutefois, il se sent plus à l’aise dans le vêtement que dans la fonction. Il ne résiste pas à la tentation de taquiner Maurice : il a sûrement déjà vu et admiré les plaines d’Abraham où les Anglais ont battu les Français14 ! Une semaine plus tard, P. O’Reilly présume que son ami doit être habitué à la « Grande Université des Coups Durs » et à vivre avec des gens qui ne le connaissent pas. Le père Patton, lui rappelle-t-il, disait qu’il n’était pas nécessaire d’annoncer ses qualités, que si on les possédait réellement, les gens s’en apercevraient bien ! Et Mgr Kelly disait quant à lui que nous sommes engagés dans une course où dans toutes les voies on peut gagner un prix. S’il regrette ses amis d’Edmonton, c’est vrai aussi pour eux, en particulier lui et J. Burke. Un jour qu’il était à court d’argent, ce dernier lui dit que, si Maurice était là, il n’aurait pas hésité à lui donner jusqu’à son dernier cent. S’il lui est difficile de vivre dans une atmosphère différente, c’est aussi le cas à Edmonton sous le nouveau régime, plus sévère. Cela représente pour lui un nouveau départ et il lui demande de prier pour lui. Son travail de cérémoniaire va bien. Il n’a eu que deux cérémonies d’ordination à préparer en septembre, et il n’est pas peu fier d’entendre dire : « That is just as good as ever M. Baudoux did. » Voilà donc Maurice promu « critère de vérité liturgique15 » !
108 II. L’émergence d’un leader Antonio Coursol a reçu le sous-diaconat le 21 septembre et recevra le diaconat le 21 décembre avec Albert Houle, un autre de Prud’homme. Il écrit à Maurice en octobre que la question du séminaire n’est pas encore réglée, Mgr O’Leary voulant aussi acheter le juniorat des oblats. Le père Lacoste lui a annoncé que les oblats garderaient la paroisse Saint-Joachim, mais que le projet de construire une maison provinciale ne pouvait se faire selon les plans prévus. Parmi les déplacements dont on parle, le père Tavernier irait remplacer le père Langlois au Patriote et celui-ci prendrait son poste à la paroisse16. Les amis de Lebret Du scolasticat de Lebret, les amis de Maurice ne l’ont pas oublié. Laurent Bussière, à qui il a écrit son désarroi, lui répond : « Je voudrais tant vous voir heureux cette année. Prenez-en tous les moyens vous-même en vous confiant bien à la bonne Sainte Vierge, notre Mère du Ciel. » Il le remercie de ses conseils : « Vous dites bien vrai en parlant de ma conduite envers les supérieurs, je ne suis pas assez surnaturel dans mon obéissance et pas assez humble. » Son amitié lui manque. « Est-ce vous qui avez déjà parlé d’amitié à trois ? Bien je vois que l’amitié du fr. Paul avec fr. G. et moi revêt bien ce caractère. Fr. Paul est bien agréable, prévenant et observateur dans l’amitié : il est pas mal comme vous, vous savez. Pour moi, si vous étiez ici ce serait une amitié carrée – à quatre : cela pour vous montrer combien je suis disposé. Il me semble que j’ai le cœur large. Maintenant que vous êtes loin je vous aime encore plus. Et quand je considère tout le passé, et les occasions que la Providence a mises dans notre chemin de nous entr’aider, de s’encourager, je dis que c’est bien la volonté de Dieu qu’on s’aime17. » L. Bussière a été reçu portier et lecteur lors de la visite du supérieur général des oblats et il s’est mis à l’étude de l’Histoire d’une âme18. Il est conseiller de l’Académie remise en marche à Lebret, et compte y être actif. Gérard Forcade est à ce point impressionné par la lettre reçue de Maurice le 16 octobre qu’il en « a appris par cœur » les quatre dernières pages et l’assure qu’il est « resté ami et dans toute la force du mot ». Ces précautions cachent un malaise. Maurice s’est en effet senti blessé parce que l’Académie n’avait pas jugé bon de lui faire parvenir son bulletin : Maintenant, mon bien cher ami, j’ai des choses sérieuses à vous expliquer. Vous portez quelques blessures causées par la manière d’agir de l’Académie à votre égard. Me rappelant des paroles que je vous ai écrites à ce propos, je comprends que ça put vous faire mal. Or je voudrais ici disculper l’Académie. Non pas la disculper puisqu’elle n’est pas coupable, mais plutôt la réintégrer
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dans vos meilleurs sentiments d’affection et m’accuser moi-même d’une bévue qui vous a paru venir de l’Académie. Que le projet de vous expédier un bulletin ne fut pas immédiatement reçu au conseil, s’explique bien. On avait d’abord passé la résolution d’organiser cette correspondance entre les anciens Oblats seulement. Vous devez me concéder que la majorité des séminaristes n’ont pas affectionné l’Académie. La preuve en est que vous avez dû ouvrir quelques démêlés chez eux pour les garder du nombre des Académiciens. Mais là dessus, quelques-uns sont revenus à la charge, (j’étais du nombre) et se souvenant de votre affection pour l’Académie et du dévouement que vous lui aviez prodigué, et vous ont proposé comme ancien qui devait être des abonnés [...]. Ce que vous avez ressenti de mal en apprenant ses hésitations, jetez-le sur mes épaules. Je vous demande donc de lui renouveler toutes vos affections passées, et de me pardonner en m’accusant du malentendu de ma dernière lettre19.
En janvier, tout malentendu semble écarté et Maurice Dussault assure Maurice que son nom est inscrit sur la liste des créditeurs de l’Académie : « Sachez que, si le fait accompli oblige à ne pas vous considérer comme membre actif de l’Académie, ce qui vaut mieux parce que plus profond et plus fructueux, demeure, je parle de votre souvenir. Depuis notre arrivée à Lebret, l’Académie a enchéri dans la ligne de la prière. Parmi nos bienfaiteurs, ne doit-on pas compter celui qui après s’être imbibé de son esprit a mis tout son cœur et son talent à la rédaction de nos constitutions ? » Le conseil de l’Académie le choisira en mars pour remplacer un confrère décédé, l’abbé Coulombe, au titre de vice-président honoraire. « Par là l’Académie Saint-Jean-Baptiste veut prouver qu’elle se souvient20 ! » À Québec, les restrictions ne sont pas aussi sévères qu’à Edmonton. Ainsi, le directeur donne assez facilement aux gens de l’Ouest des permissions de sortie et de visite, écrit Maurice à Mariette, en lui donnant des nouvelles en vrac : « La tuque ne pourra me servir. » Il faut porter « chapeau ou bonnet de poil ! pas d’autre chose ». Il a « traversé le pont de Québec sur le sommet en allant » et est revenu en empruntant le tablier réservé aux piétons ; tout va assez bien, « sauf le ventre, qui est très capricieux ». Mariette lui donne des nouvelles des parents et lui envoie de l’argent. Le père est très occupé à nourrir ses bêtes. À près de soixante-dix ans, il veut tenter de nouveau sa chance en allant vendre des animaux à Winnipeg : « Il désire tant un peu d’indépendance ! » Quant à leur mère, elle a fini de rentrer les légumes du jardin et de faire ses conserves pour l’hiver. Et le curé voudrait savoir si Maurice pourra préparer la licence en théologie cette année21.
110 II. L’émergence d’un leader Le marasme se dissipe Dans une longue lettre rassurante, Maurice apprend à son curé qu’il vient de participer à une semaine diocésaine dont il lui envoie le programme. Y figurent, entre autres, une conférence de Mgr Pâquet sur le journalisme catholique et une de Mgr Hallé sur l’œuvre accomplie par l’Action sociale catholique dont on célèbre le 20e anniversaire. Son marasme s’est dissipé et il jubile, mais sans perdre son sens critique : Je suis content d’être ici. On a beau dire, ce qui est vieux de près de 3 siècles a bien des chances d’être supérieur. Chacun est en quelque sorte spécialiste. Toutes les branches du savoir sont offertes. Le niveau intellectuel y gagne. Cependant cela a parfois des inconvénients. Tous ici ont passé par le même moule. Formation uniforme, traditions séculaires, d’autres choses encore et bien peu de place reste réservée à l’initiative personnelle. Il y a beaucoup de discipline. Et cela est beau ! Cela fait du bien à l’esprit et au cœur. Le troupeau de moutons suit la trace... Mais c’est un troupeau de moutons et chacun marche dans l’empreinte laissée par son prédécesseur. Je ne critique rien ! Je suis fier d’appartenir au troupeau ! Je jette souvent un œil à côté du chemin et je ne comprends pas [que] tel ou tel esprit bien équilibré n’élargisse pas le champ visuel pour y faire une trouée là où il y a du bien à faire. (Je parle du Grand Séminaire. J’ai dans l’idée qu’ailleurs c’est la même chose.) Ainsi, il y a ici un cercle d’études sociales que le Directeur approuve chaudement. Il n’est pas encore reformé. Il le sera peut-être dans un mois pour disparaître deux mois après. On se fie sur son voisin. On n’ose pas faire le pas soi-même. Il y a aussi un cercle de prédication qui devrait se réunir tous les dimanches. Il est facultatif d’y appartenir mais il est fortement recommandé. Il devrait se reformer le 2e ou 3e dimanche de septembre. Cela n’est arrivé que dimanche dernier. Et cela, grâce à E. Lévêque revenu de l’enterrement de sa mère. Sans faire de bruit, celui-ci le fait marcher depuis qu’il est ici. Et avec quelle peine ! Il n’y avait pas 30 membres à la première réunion ! 30 sur 165 ! J’en bouillonne à certains moments22 !
Une autre raison le stimule : ses notes d’Edmonton ont finalement été envoyées à Québec et leur arrivée « a eu un effet magique ! Ce qui répugnait le matin même ne répugnait plus au soir ! Mon cas est exceptionnel voilà tout. Et je crois bien que si mes examens de janvier sont bons tout ira sur des roulettes si j’y parviens, moi. Car je vous assure que le travail ne me manque pas ! » Parmi ses professeurs, Mgr A. Gosselin enseigne l’histoire religieuse du Canada, et lui fait découvrir Mgr de Laval « que l’on devrait prier davantage ». M. Gagnon enseigne la pastorale et F. Vandry le dogme. M. Lemieux, est « très intelligent mais peu habitué » ; Mgr Gariépy enseigne la morale depuis 1897 ; le chanoine Gignac, le droit canon depuis 1888. M. Grandbois est professeur d’hébreu et d’Écriture sainte depuis 1898 ; A. Robert, directeur spirituel, enseigne l’ascétique et la mystique. Il a été le confrère à Rome de
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Mgr Prud’homme et de monsieur Sabourin. Un peu plus tard, Mgr Camille Roy donnera des cours de diction. S’il trouve maintenant tout le monde aimable, il a cependant peu d’occasions de causer avec ses confrères. Il joue à la balle au mur aux récréations du jour. À celle du soir, il fait de l’anglais avec ceux qui n’en savent « guère ou rien » : « C’est là le lot commun de tous les Irlandais », ils sont une vingtaine, et de la vingtaine de ceux qui, comme lui, « savent bien ou passablement l’anglais. » Il est allé visiter un confrère de Saint-Boniface, étudiant en médecine, et pense pouvoir aller saluer au bateau monsieur Garnier qui revient d’Europe. Il a pu fumer trois fois depuis la rentrée, une fois avec Mgr Prud’homme, une autre fois chez un prêtre à Lévis, et chez son confrère étudiant. « La digestion n’est pas mauvaise. De l’eau (une pomme au matin) et des pilules tous les jours » ; en suivant un certain régime, « c’est beaucoup mieux qu’au commencement23 ». Après le passage du délégué apostolique à Prince-Albert, le curé Bourdel écrit à Maurice qu’il a eu avec lui un entretien de cinq minutes : « La bonté semble être la caractéristique de ce représentant du pape. Il prêche la paix et l’union à tour de bras. » Le curé a fait arrêter le train à Prud’homme, et le délégué en est descendu pour causer avec les gens. Une brève réception l’attendait, avec arc de triomphe, drapeaux agités par les enfants et offrande d’un bouquet de fleurs naturelles. Il lui a remis une bouteille de 1923 de son vin de fruit dont il lui avait parlé au banquet du clergé où il était placé à côté de son secrétaire. De quoi rassurer Maurice qui craignait que les Irlandais n’accaparent le visiteur. Mais le curé s’interroge sur les motifs de cette tournée : a-t-il reçu de Rome l’ordre de faire ce voyage ? Est-ce pour se rendre compte des difficultés d’Edmonton ? Est-ce en vue de la succession de Mgr Mathieu à Regina ? En terminant sa lettre, il s’informe de la qualité du chant à Québec : « J’espère qu’on y fait du beau grégorien et que tu pourras te perfectionner24. » D’autres étonnements attendent Maurice lorsqu’il pourra observer le décorum des cérémonies présidées par l’archevêque, Mgr Raymond-Marie Rouleau, o.p. : Ce sont de belles cérémonies que celles qu’on fait ici ! L’archevêque a l’air monacal (ses mitres sont basses, son calice est de forme très ancienne, sa crosse aussi) les chanoines sont parés d’hermine les ornements sont riches et anciens. Bref j’y trouve de la joie. Sais-tu que le jeune clergé ici a des processions sans l’ornement ample ? Mais le jeune clergé n’est pas encore curé. Et il n’y a guère que Mgr à en avoir dans son oratoire (il est dominicain !) et deux ou trois chapelles.
112 II. L’émergence d’un leader En classe, il retrouve des auteurs connus, car à Québec « on aime bien Dom Lefebvre et son BPL [Bulletin paroissial liturgique] ». Il demande à Mariette de lui envoyer son volume de Maurice Castellari, l’auteur suivi par Mgr C. Roy dans son cours de diction. Bref, en novembre, il est « tout à fait habitué ici et [se] considère comme de la maison », ce qui n’exclut pas « maints retours de la pensée et du cœur vers Prud’homme », car ce n’est « pas tout à fait la même chose ici que dans l’Ouest. En quoi ? Je l’ignore encore. En tout cas, mes impressions plutôt défavorables du début se sont atténuées25. » Décembre donne à Maurice l’occasion de correspondre avec ses anciens confrères et professeurs, à titre de secrétaire du conventum. Taquineries et encouragements font bon ménage. « Est-ce que ta chambre est aussi en désordre que ton pupitre l’était au temps de Saint-Boniface », lui demande Arthur Leclerc, qui lui transmet les meilleurs souhaits de sa mère. Elle a parlé de lui le jour de Noël et rappelé les vacances passées chez eux avec les confrères Tremblay et Lepage. Il se demande si « ces incendies qui ravagent les communautés dans la province » sont des accidents ou l’œuvre d’incendiaires comme on le croit pour le collège ? De Lebret, Gérard Fourcade prie pour son ami. Il est convaincu que Dieu le conduit sûrement vers le sacerdoce en le faisant passer par tant d’épreuves et de souffrance morale. « En priant je dis au bon Jésus : mon ami, mon tout, prenez toutes les épreuves et les souffrances de Mons. Baudoux et faites-les converger à son plus grand profit. Ne l’abandonnez pas26. » Nelly et Edgard espèrent aussi de ses nouvelles. « Es-tu fait à l’atmosphère de Québec », s’inquiète Nelly, qui encourage son frère à poursuivre « la perfection de chaque jour » : « Pourquoi nous faut-il faire tant d’efforts pour aller à Lui ? » Elle se réjouit de voir bientôt Edgard, qui vit seul à Spruce Lake. Incapable de se rendre à Prud’homme pour Noël à cause de ses affaires, il assure Maurice qu’il a prié pour lui à la messe de minuit afin que Dieu lui accorde la grâce d’être un bon prêtre, de toujours faire son devoir et de trouver les voies pour réconforter les âmes. « Sois toujours indulgent mais juste. Un peu de réconfort peut sauver un homme lassé de la vie. Tu as un bon fonds et tu pourras comprendre les âmes27. » Mariette annonce avec tristesse que leur père a échoué dans ses spéculations de l’été. « Tout son travail a été perdu ou presque. Mais il se montre très courageux et de belle humeur quand même. » Elle s’active à fournir de livres la bibliothèque paroissiale. Elle écrit avec peine, car elle souffre de nouveau de rhumatismes dans l’épaule et le bras droit. Toujours aussi aimante, elle lui confie avant Noël : « Tu sais si je t’aime, tu sais aussi combien je voudrais te voir approcher le plus possible de ton Idéal, de ton divin Modèle la perfection même28. »
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Dans de longues lettres, Maurice apprend à Mariette et au curé Bourdel que Mgr Rouleau sera nommé cardinal au consistoire de décembre et s’informe du nouveau directeur du Patriote de l’Ouest, le père Tavernier. « Comment Mgr Bourdel l’a-t-il trouvé ? C’est dommage pour nous que le P. Langlois soit parti. » Le curé a-t-il lu la récente lettre pastorale des évêques du Québec sur le respect du dimanche ? « C’est raide ! Mais aux grands maux les grands remèdes. Cette lettre, par la vigueur de sa tenue fait penser à celles des premiers siècles de l’Église, aux épîtres de saint Paul même. » Le climat de Québec le rebute, avec ses alternances de pluie et de neige, mais il est aussi souvent impatienté par la piètre qualité du chant à la basilique. Il vient de faire un « travail littéraire sur la crèche intime » qu’on lui a demandé pour une séance extraordinaire du Cercle dans la soirée du 25. S’il l’a « fignolé avec amour – c’est que j’en suis privé de ce plaisir d’écrire ! » En guise de vœux, il confie à sa sœur : Il nous faut comprendre qu’en dehors de Dieu il n’y a rien. Car rien ne satisfait notre soif d’affection ou du beau ou du vrai, à nous précisément qui sommes si impressionnables, qui souffrons tant sous le poids de la douleur et jouissons tant aux heures de joie. C’est peut-être un peu intéressé ce moyen de te souhaiter le nouvel an, car j’ai besoin de cela aussi. Et parce que je me sens faible, je cherche ceux qui peuvent m’aider à faire ce chemin. Mais il y a aussi autre chose que l’intérêt, va29 !
Le recteur Gosselin accompagne Mgr Rouleau à Rome, pendant que l’on prépare une soirée littéraire pour commémorer le tricentenaire de Bossuet, avec conférences, allocutions et musique. « Ça vaudra la peine », écrit Maurice à son curé, en lui racontant la récente et solennelle activité de l’Institut du petit séminaire. C’est la septième de ces réunions qui ont lieu une fois tous les dix ans. « C’est l’Institut de France en miniature. Il réunit les diverses sociétés littéraires, scientifiques et musicales auxquelles appartiennent les mille élèves et plus du petit séminaire. Les études sont courtes, mais pour qui n’arrête pas, il y a moyen d’arriver. Point faible à certains angles de vue, il devient un magnifique moyen de discipline. On s’habitue à ne point perdre une minute et à ne s’occuper que de ce à quoi on est. Et là encore il y a grand avantage pour moi30. » Maurice a trouvé à satisfaire sa faim et sa curiosité intellectuelles tout en s’intéressant à des activités qui prendront de plus en plus de place dans sa vie. Sans négliger la préparation aux examens, une occasion habituelle de violents maux de tête, il s’intéresse à la musique et prend le chemin de chez Brunet ou Livernois pour se procurer des livres ou des partitions musicales polyphoniques. Si l’on peut qualifier d’assez bien, dans l’ensemble, le chant qui se fait dans quatre classes, en dépit des efforts des professeurs, le fini manque en raison de l’indifférence des élèves ou parce que leur oreille n’est
114 II. L’émergence d’un leader pas encore faite. Trois prêtres du diocèse enseignent le grégorien dans les paroisses, sans que la mélodie grégorienne n’entre « dans le sang des populations. Je suis peut-être très difficile, mais il y en a encore à faire. » Il se félicite de la visite prochaine du groupe de La Survivance, une occasion de voir Raymond Denis, écrit-il au curé Bourdel : C’est drôle ! Depuis le temps que je passe des années toutes rondes loin de chez-nous, je n’y suis pas encore habitué ! Et de voir quelqu’un qui en est – de près ou de loin – j’en ressens toujours une grande joie ! J’ai beau lutter contre l’excès de ma sensibilité, je n’arrive pas encore à la maîtriser. Car, c’est bien permis d’être joyeux à la pensée d’une visite agréable et de la désirer. Mais il faut que cette joie et ce désir restent sous l’emprise de la raison. Le débordement lui-même doit être raisonnable31.
À Prud’homme, lui écrit le curé Bourdel, l’hiver est bien installé à la mi-décembre. On a subi de très grands froids, et l’appareil radio prouve son utilité. Avec un invité de passage, l’abbé Le Sann, la soirée trouve le curé Bourdel et Mariette « le nez plongé dans un livre » après avoir repéré un bon poste. Trois membres de la paroisse ont participé la semaine précédente à une initiation de Chevaliers de Colomb à Saskatoon et les anciens s’y sont rendus en auto, malgré la neige, car il n’était pas question pour eux de manquer une si belle fête ! L’un d’eux « n’aurait pas donné sa journée pour 100 dollars !!! » Mgr Prud’homme a promis de venir prêcher la retraite aux jeunes filles du couvent en janvier, avant son départ, le 8 février, pour un pèlerinage en Terre sainte32. Lors de son voyage à San Francisco, au printemps 1927, Mariette avait renoué avec sa tante et les cousins Moreau. Un douloureux choc l’attendait lorsqu’elle a constaté qu’ils avaient perdu la foi. Marcel Moreau va tenter de convaincre Mariette et Maurice de la futilité de leurs croyances religieuses. La vie dans une ville cosmopolite comme San Francisco, écrit-il à Maurice, a eu raison de ses convictions passées. Sa solitude est telle qu’il n’a que trois amis à qui il peut se confier, et Mariette est du nombre : Ce n’est pas la religion qui me rend meilleur, c’est la tolérance apprise par les misères de la vie. [...] Le bonheur que la majorité des hommes recherche doit arriver ici-bas. Ceux qui te diront que le bonheur qu’ils envisagent est d’arriver un jour au paradis, sont rares. [...] Dans les grandes villes cosmopolites où la vie est une lutte pour l’existence (pour la majorité), où on est engagé dans des occupations diverses et où les sentiments sont à moitié étouffés par la course au dollar, l’idée du bonheur reçoit autant d’interprétations qu’il y a de personnes. [...] La vie et les circonstances en plus de tes aptitudes t’ont dirigés vers le service de la religion catholique et quoique j’aurais souhaité une vie plus utile pour toi, j’essaie de te comprendre et je crois que tu pourras aider beaucoup de tes paroissiens à supporter leurs misères et à devenir de meilleurs
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hommes et femmes. Si tu le désires je serai toujours prêt à discuter avec toi de notre philosophie respective, mais sincèrement je crois que le sujet est dangereux, nous pourrions aller trop loin et notre amitié pourrait en souffrir33.
De Los Angeles où il a dû s’installer en raison du chômage, Marcel reproche à Maurice d’être indifférent au travail qu’on lui confiera : « Dois-tu sacrifier ton individualité à la volonté des autres ? Tu avoues que tes études te lassent parfois et que tu serais incliné à étudier tout autre chose. Ce besoin de diversion mentale est tout naturel, c’est ce que tu as besoin. Seulement l’ignorance fait qu’il y a encore de l’esclavage dans le monde, mon cher Maurice, et le souhait que je forme est qu’un jour tous les hommes seront assez instruits et assez intelligents pour être aussi libres que je le suis. La religion, en dépit de ce que tu peux croire, n’a rien fait pour assurer cet idéal34. » Si le doute effleure parfois l’esprit de Maurice au sujet de sa vocation, comme le prouve une lettre de l’abbé Sabourin – « Le sous-diaconat te fait peur ? C’est bon signe. Tu vas penser à tout et te préparer en conséquence » –, plus nombreuses sont les raisons d’aller de l’avant. Les lettres des pères Lacoste et Salles lui prédisent un bel avenir. La perspective de son ordination fait partie du projet du curé Bourdel qui a obtenu de Mgr Prud’homme les services provisoires d’Antonio Coursol. Ordonné prêtre le 5 février 1928, il sera à Prud’homme pour le dimanche des Rameaux. D’Edmonton où il enseigne, le père Salles assure Maurice qu’il n’a pas été remplacé pour les cérémonies où ne manquent pas les improvisations : « Je manque les anciens, surtout mon bon Maurice, mais je sais qu’il est mieux là où le Bon Dieu l’a placé afin de se préparer à sa mission35. » Le père Lacoste se fait plus explicite : Je suis très heureux que vous vous plaisiez à Québec ; je ne puis que me réjouir également d’avoir eu quelque chose à faire dans ce changement. Il est certain que vous trouvez à Québec des avantages que vous ne pouvez trouver nulle part ailleurs au Canada. Vous êtes au centre intellectuel du Dominion, au foyer d’où rayonne toujours la vie française. Vous pouvez là faire des observations, vous créer des relations qui vous seront plus tard très utiles, et dont vous saurez vous servir j’en suis sûr. C’est après avoir considéré tout cela que je me suis décidé à faire les premières démarches auprès de Mgr Bourdel, démarches qui ont eu pour résultat de me priver de mon meilleur élève, mais en même temps de vous procurer des avantages que, vu votre mentalité, nous n’aurions pas pu vous donner ici. Car, vous le savez, nous comptons, et moi surtout je compte sur vous pour la cause du français dans l’Ouest. Mais vous connaissez déjà tout cela, inutile d’y revenir36.
116 II. L’émergence d’un leader En janvier, le curé Bourdel apprend du consul français Suzor qu’il est nommé officier d’Académie. Il profite du passage de Mgr Prud’homme venu prêcher la retraite aux jeunes filles du couvent de Prud’homme pour discuter avec lui et les marguilliers du traitement et de la pension du futur vicaire. Il vient d’apprendre, à son grand étonnement, qu’Antonio Coursol serait ordonné avant d’avoir fini ses études de théologie. Sans en avoir soufflé mot au principal intéressé, Mgr Prud’homme avait obtenu du délégué apostolique qu’il termine ses études à la fin de mars. Pour son traitement, il devra chercher des intentions de messes à Montréal, car ni la paroisse ni le diocèse ne pourront suffire. Le curé n’a pas encore parlé à l’évêque du projet de Maurice de préparer la licence et le doctorat, mais il estime son supérieur « trop intelligent pour ne pas approuver et encourager. Donc, duc in altum », écrit-il à Maurice. « Que n’es-tu là ! », lui écrit-il, en lui apprenant que les Chevaliers de Colomb de la paroisse ont rencontré l’évêque à l’initiative d’Aimé Masson. Loin d’être inactif à bientôt soixante-sept ans, le curé a transformé son bureau en atelier de reliure, et a déjà relié une vingtaine de volumes37. Les exercices et la préparation des examens n’empêchent pas Maurice de s’adonner à la lecture et aux débats d’idées. Avec ses confrères Émilien Levêque, A. Pelletier et Paul Bernier, il a fondé la congrégation de Auxiliis où l’on discute molinisme, thomisme et barzémianisme, et où il se réserve le rôle d’avocat du diable, pour la défense et la critique des trois systèmes. « Un seul des quatre est fougueux, écrit-il à Mariette : c’est... l’avocat du diable. » En remerciant sa sœur des deux volumes sur Louis Veuillot, il l’assure qu’il ne papillonne que dans les allées et venues, qu’il ne lit plus qu’une ou deux pages de temps à autre : « Ne va pas croire que je suis tout confit de sainteté. Dès que j’en ai l’occasion, le bout de la corde se détache et... dévide bobine !!! Ma langue ne se fatigue jamais elle ! Dieu ! Que je voudrais avoir la tête aussi solide, aussi endurante38. » Retardé par une tempête en mer à son retour de Rome, le cardinal Rouleau arrive à Québec le 7 février et surprend les séminaristes qui, le croyant absent, étaient allés visiter le salon. Il a eu un bon mot pour chacun et, comme en septembre, Maurice a eu droit au surnom de Saül. Il aura le privilège, avec trois autres séminaristes, de servir sa messe : « Il la dit si bien ! Et figure-toi que ses ornements (amples et de même couleur violette que les nôtres) viennent également de chez Grossé39. » Pendant que madame Baudoux se soumet à un traitement pour soulager ses rhumatismes, Edgard songe à fonder une famille, fréquente des jeunes filles et prend des risques financiers face à la concurrence. Nelly, qui sera admise à prononcer ses vœux perpétuels à l’été, traverse une période d’épreuves après avoir abusé de ses forces. Maurice approuve l’attitude de Mariette
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qui a conseillé à sa sœur « de ne point s’irriter de ne pouvoir faire mieux mais bien de remercier paisiblement le Bon Dieu de n’être rien que cela ». C’est le sermon qu’il se fait souvent à lui-même et qu’il lui adresse ; « Son bien, c’est l’abandon total de son être au Maître ; c’est le nôtre à tous, le nôtre plus spécialement encore à nous, Baudoux, qui souffrirons toute notre vie de ne pouvoir mieux faire, de ne pouvoir atteindre l’union qui résulte de cet abandon total. » De son côté, le curé Bourdel suit de près le cheminement spirituel de son protégé : Il ne faut pas oublier que dans cette recherche de la perfection, le grand obstacle vient de notre amour-propre et dans les défaillances que constate et regrette une âme de bonne volonté, il faut voir une grâce de Dieu. Dieu les permet pour nous rappeler sans cesse au sentiment de notre impuissance qui est la base de toute sainteté. Au lieu donc de nous irriter contre nous-mêmes, sachons nous dire, tout en déplorant ces défaillances et en cherchant à y remédier : ça, c’est moi, ma faiblesse, mon impuissance. Et ainsi traitées, nos faiblesses contribueront à nous affermir dans la connaissance exacte et pratique de nous-mêmes40.
Maurice est de plus en plus conscient des progrès qui lui restent à faire. À Pâques, il est en pleine préparation pour l’examen et « la fameuse licence » ! En mai, il fait de la théologie « autant que cela veut rentrer » et se prépare à
Groupe, juin 1928.
118 II. L’émergence d’un leader faire une dernière lecture des cent thèses sur lesquelles il sera interrogé. S’il réussit à passer le concours Thomas d’Aquin, il sera accepté aux examens de licence en juin. Le décorum de l’examen oral du 11 juin l’impressionne : On entre dans une grande salle – celle des prêtres. Quatre docteurs nous y attendent revêtus de la toge aux parement et doublure violets, à l’hermine. L’un d’eux vous présente aux autres (ils nous connaissent déjà, ce sont nos professeurs), et nous aide à revêtir une petite toge à la doublure bleue qui est là. La table du candidat est à dix pieds de la leur. On nous invite à lire notre thèse, ce que nous faisons assis après l’énoncé qui se donne debout : Cette thèse, c’est celle de dogme de l’écrit. À un moment donné : sufficit. Et un des docteurs questionne sur une autre thèse pendant un quart d’heure. Ce que chacun fera, à son tour. Parfois ce sera sur les deux thèses écrites. À chaque quart d’heure chacun met son vote dans l’urne. Le président en choisit un (celui qui a la moyenne) et la jette dans une autre urne. Au bout de l’heure il choisira entre ces quatre et déclarera ce qu’il en est. Si admittitur, le mode : pour moi cum laude. Puis ils viennent vous serrer la main et vous rassurer. [...] Ils m’ont grondé de ma nervosité41.
À Prud’homme, on prépare déjà la fête en vue de l’ordination de Maurice qui coïncide avec le jubilé d’argent de la paroisse. Les Enfants de Marie font des démarches pour se procurer le bréviaire qu’elles veulent offrir à cette occasion au curé Bourdel, et Mariette prépare la dentelle pour l’aube qu’elle confectionnera pour son frère. Le prix du voyage de Québec à Prud’homme est onéreux et Maurice a déjà été invité par des confrères à aller chez eux durant l’été. Le curé Bourdel invoque une autre raison pour que Maurice reste à Québec : « Tu vas te trouver en relation avec beaucoup de monde : tu feras connaître l’Ouest et tu pourras travailler à dissiper bien des préjugés. Tu y noueras des relations qui pourront te servir plus tard et qui certainement serviront la cause de l’Ouest42. »
L’hiver, sur la patinoire
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Les vacances d’été au Québec Avec « un petit froid au cœur », et beaucoup d’appréhension Maurice accepte de rester à Québec durant l’été. Il craint de manquer de réserve avec ses hôtes : « Je suis trop impulsif. Ce défaut me suit partout. Et pourtant Dieu sait si je pense me bien préparer à faire du bien plus tard. » Il doute aussi de réussir à expliquer la situation : « Allez faire comprendre à un Québécois ce qu’est un Ouest où tout est vaste, nouveau, où nous ne sommes que 5/100 de la population et par-dessus le marché disséminés dans un espace
L’été, excursion au Petit-Cap
Excursion au Petit-Cap
120 II. L’émergence d’un leader
À la cime du Petit-Cap
de 300 sur 1 500 milles ! Pour nous, c’est bien ! Nous nous sommes faits à cela – c’est notre chez-nous – on ferme les yeux sur bien des petites imperfections ; on l’aime tant ! Mais ceux d’ici, pour qui le Canada, c’est le Québec – et cela sans mauvaise foi, sans mauvais cœur, ou pour qui l’Ouest est sûrement la même chose que l’Est, mais en plus grand, demandez à Coursol ce qu’il en est43. » Quand Maurice se retrouve au cap Tourmente à la fin de juin, il ne sait pas encore s’il sera appelé au sous-diaconat. Il se repose « amys le plus beau pays qui soit au monde » et se propose de faire des photos. Il passe une semaine hors du Petit-Cap, allant à Lévis pour le sous-diaconat d’un confrère, puis à Sainte-Maxime, à Saint-Bernard et à Saint-Isidore où il s’intéresse aux fermes de l’Est, fort différentes de celles de l’Ouest. Les gens y sont très accueillants : « On est chez soi partout, d’où qu’on vienne. » Les bonnes commères du village, lui écrit Alphonse-Marie Parent, « ont maintenant une gigantesque conception de l’Ouest canadien » ! De Kamouraska où il est invité chez l’abbé Pelletier à la fin de juillet, Maurice écrit à Mariette qu’il ira à Cap-de-laMadeleine et à La Pérade dans la famille Saint-Arnaud, avant la mi-août44. Sans enthousiasme, Nelly prononce ses vœux perpétuels à la mi-août et ira étudier à l’École normale de Saskatoon en septembre. Mariette pourra ainsi la voir plus souvent, tout en prenant quelques jours de repos au Rosary Hall45.
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Pendant cette première année à Québec, Maurice a reçu des nouvelles des confrères de Lebret, Léon Jalbert, Maurice Dussault et Laurent Bussière, mais aussi de Joseph Valois, Gustave Couture, Paul L’Heureux, Joseph Burke, Frank Gerein, Paul O’Reilly, Maurice Fortier et Émilien Lévêque, qui sont maintenant à Edmonton, à Prince-Albert, à Saint-Boniface et à Terre-Neuve. Certains viennent d’être ordonnés diacres ou prêtres, d’autres le seront bientôt. Joseph Valois lui confie qu’il a du mal à entrer dans la peau du journaliste au Patriote ; Antonio Coursol lui fait part de ses premières expériences de prédicateur à Prud’homme et lui transmet l’invitation de ses parents qui l’accueilleront avec plaisir à l’été à Montréal46. Gérard Forcade l’assure que les membres de l’Académie de Lebret n’ont pas d’affection que pour leurs confrères oblats, puisque Maurice vient d’en être fait membre honoraire : J’en suis fier, j’en suis heureux surtout, car j’ai toujours eu cette intime conviction que vous étiez des nôtres de cœur autant que cela pouvait se faire et que d’esprit vous saviez passer par-dessus beaucoup de nos mesquineries pour frapper le roc des cœurs et de la vérité. Je voudrais surtout que vous compreniez par ce geste de l’Académie, qu’on n’exclut pas de nos affections et de notre intimité, tous ceux qui ne sont pas religieux comme nous. D’habitude, les religieux entre eux et dans leurs relations avec les séculiers ne sont pas toujours en guerre, c’est vrai, mais se voient souvent comme de grands étrangers, destinés à [ne] se comprendre jamais les uns les autres parce qu’ils ne veulent pas regarder par-dessus la muraille de leur propre secte47.
Appelé au sous-diaconat et au diaconat En septembre, le curé Bourdel reçoit du directeur du Grand Séminaire de Québec48 le texte d’une annonce à publier au prône dans sa paroisse : Maurice se présente pour recevoir les ordres du sous-diaconat et du diaconat. Les ordinations auront lieu les 16 et 22 septembre, en même temps qu’Émilien Lévêque. Sans s’être vraiment ennuyé durant l’été, écrit-il au curé Bourdel après avoir fait écho aux rumeurs concernant le diocèse de Regina, il a « bien souvent pensé et rêvé à Prud’homme ». Il s’encourage – il ne reste que dix mois avant son retour dans l’Ouest et l’ordination sacerdotale – mais il prévoit que l’année sera rude avec les examens pour le doctorat. Il veut se bien préparer au sacerdoce : « J’ai fait du progrès, grâce à Dieu, sur un point que vous connaissez. Mais il y a encore bien des choses à ramener sous le joug de Dieu. » La rentrée amène au grand séminaire 174 jeunes gens, dont 69 nouveaux. Le petit séminaire accueille plus d’un millier d’élèves, confiés à 80 professeurs prêtres. Tous sont à l’étroit, mais on ne prévoit pas de nouvelle construction avant deux ans. L’esprit de famille qu’il a connu au Petit-Cap est maintenant derrière lui. Pour lutter contre la nostalgie du chez lui, il s’adonne au travail : « C’est le meilleur moyen d’oublier. Que le bon Dieu
122 II. L’émergence d’un leader est bon de nous avoir imposé la loi du travail, de nous en avoir donné le goût, au moins dans une certaine mesure ! C’est le refugium. » Après l’ordination au sous-diaconat, il envoie une image souvenir à Mariette, sa « seconde mère ici-bas » et écrit à son curé : Là, je me suis laissé faire, conduire. C’était un peu comme dans un rêve. J’étais bien content de me donner absolument au bon Dieu. Je me savais faible. Mais je connaissais déjà toute la puissance de la grâce. Et depuis, je suis comme ce jour là. Pas de ferveur extraordinaire. Rien de sensible. Quand je veux réfléchir à ce que je suis, je regarde mon bréviaire. Je suis content de le réciter, de le bien réciter. J’ai pris la résolution d’y être toujours fidèle, de toujours le bien dire. Mais je ne ressens aucun enthousiasme. Ça me semble un peu drôle, à moi si facilement impressionnable. Et je n’aurais pas été fâché qu’il en ait été autrement dès le début. Quand j’y pense toutefois, je trouve cela mieux. À quoi me servirait une joie sensible ? Et l’ai-je mérité. Je suis sûr d’être dans ma voie. Elle me sera peut-être dure, j’aurai sans doute à accomplir laborieusement, péniblement mon devoir. La grandeur de ma vocation vaut bien cela49.
Le curé Bourdel est heureux d’apprendre à Maurice que ses paroissiens ont accepté de recueillir des fonds pour finir l’église pour le jubilé de la paroisse l’an prochain. Il a été si ému à la lecture de cette lettre, écrit Mariette à Maurice, qu’il en a pleuré. Au soir de son ordination au diaconat, Maurice écrit à sa sœur qu’il a bien besoin du don de force pour accomplir son devoir, « car je suis encore papillon », mais c’est sans arrière-pensée qu’il songe à la prêtrise, « quoi qu’il ait pu [lui] en coûter à certains moments50 ». Les études de Nelly à Saskatoon la mettent en contact avec des hommes de caractère, comme le principal, le docteur Swell, mais aussi avec les théories sur l’évolution et la critique des philosophies de l’éducation. Troublée par les conceptions naturalistes contraires à ses propres convictions, elle prend conscience des déficiences de l’éducation actuelle, ce qui alimente ses scrupules et trouble sa quête de perfection. Elle en fait la confidence à son frère qui demande conseil au curé Bourdel. Celui-ci répond : « Au fond c’est l’orgueil qui est notre principal ennemi, et c’est pour nous aider à le combattre que le bon Dieu permet la tentation et même les chutes. Et précisément cet orgueil qui est si enraciné en nous fait qu’on se décourage dans l’épreuve. Plus je vis et plus je vois qu’en spiritualité, les deux points principaux sont l’humilité et la confiance51. » En novembre, le curé annonce à Maurice qu’il a accepté d’accompagner le voyage de La Survivance dans l’Est, destiné à resserrer les liens entre les Canadiens français de l’Est et ceux de l’Ouest. Il ira le voir à Québec, après avoir pris la parole à la cathédrale de Montréal et à l’archevêché de Québec. Il s’en tire en rappelant les humbles origines de Montréal : « Mes frères du Nord-Ouest, c’est Dieu qui conduisit Maisonneuve et ses compagnons pour
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implanter son règne sur cette terre déserte. C’est Dieu aussi qui vous a conduits, vous, Canadiens, vers les plaines du Nord-Ouest, pour y faire la même œuvre52. » Les exigences de ses études n’empêchent pas Maurice de se livrer à des activités dont l’urgence lui est révélée par les lectures qu’il fait régulièrement dans les publications auxquelles il a accès. Ainsi, il organise avec des collègues un cercle d’études sociales qui inspirent à Jacques Tremblay, novice chez les Jésuites, un commentaire fort révélateur de l’état d’esprit de l’époque : « Comme vous contribuerez bien ainsi à préparer des soldats bien armés contre l’ennemi principal de la religion et de l’Église en nos jours : le socialisme. » L’autoritarisme régnant se retrouve, adouci d’une touche de spiritualité, dans un sermon que Maurice prononce alors devant ses confrères futurs prêtres : Pasteurs et père des foules soumis à ce Roi, nous aurons pour mission de faire le bien. Plus que les rois terrestres, nous verrons auréoler notre front d’un rayon de royauté. Mais messieurs, pour cela, il nous faut avancer en perfection ! Le ministre d’un roi n’est le porte-parole efficace de son prince qu’à la condition qu’il incarne sa personne. Son autorité ne lui est que transmise : elle sera bien caduque si ses actes ne sont point modelés sur ceux de son chef. Vous me comprenez n’est-ce pas messieurs ? À l’œuvre donc et ainsi soit-il53 !
Alors qu’il touche au but, Maurice prend davantage conscience de ce qu’il doit à Mariette. Avec ses vœux de bon anniversaire, il lui écrit : « L’occasion est belle de te dire que je t’aime, sinon combien je t’aime. Je t’aime d’une grande affection fraternelle et reconnaissante. Combien tu as fait pour moi ! Combien peu je t’en ai témoigné de gratitude ! C’est que, vois-tu, le sentiment de tendresse que j’ai pour toi est devenu une habitude presqu’inconsciente. Je ne me vois pas moins avec ce sentiment qu’avec mes six pieds quatre pouces ! » Si nous faisons toutes choses aussi bien que possible, lui écrit Mariette, « c’est souvent hélas, tout simplement parce que nous aimons les choses bien faites ». Maurice invite sa sœur à surnaturaliser ses actions et la joie que va lui apporter son ordination : « En vivant pour ceux que tu aimes, ma grande, tâche de monter plus haut : que ce soit en fin de compte explicitement par amour pour le bon Dieu. » Maurice verra le curé Bourdel qui séjourne à Québec où il fait bonne impression à l’université. Le curé profitera de l’occasion pour faire voir à Maurice des modèles de calice. Lorsqu’il va reconduire son curé au train, Maurice lui demande de ne pas faire de folies ; il n’aimerait pas avoir d’imitation d’argent battu et Mariette suggère d’incruster sur son calice les pierres héritées de l’oncle Gratien qui ont une certaine valeur54.
124 II. L’émergence d’un leader Mariette a entendu avec bonheur le prédicateur de la retraite conseiller aux gens de s’en tenir aux prières de l’Église pendant la messe, et déclarer que « la plupart des livres dits de piété sont tout au plus bons à faire du feu ». Elle « buvait ses paroles », mais elle s’attend bien à ce que, « pendant la cérémonie de prise d’habit, les cantiques vont encore nous achaler ». Leur oncle Eugène qui a repris le chemin de l’église a prié leur père de se réconcilier avec lui, mais ce sont les préparatifs à l’ordination qui vont être de plus en plus le sujet de la correspondance entre la sœur et le frère : liste des volumes qu’il voudrait recevoir en cadeau, choix du motif pour son calice, embellissement de l’église, confection d’une brochure sur l’histoire de la paroisse, achat d’un chapeau melon que portera leur père avec sa redingote. Maurice insiste pour que l’on donne une conférence avec vues sur les cérémonies de l’ordination « afin que les gens comprennent bien ». Il voudrait que cette messe soit chantée et que tout le monde y prenne une part active55. Le curé Bourdel a aussi ses exigences qui contrecarrent quelquefois les attentes de Maurice. Habitué à la tradition française qui considère la première messe comme une affaire privée, « comme sa fête à lui », il a du mal à comprendre qu’on veuille en faire une affaire de paroisse. Il tient à chanter luimême la grand-messe en grégorien, avec les deux nouveaux prêtres, Maurice et Alexandre Grimard, comme diacre et sous-diacre, et la participation de tout le peuple. Maurice s’incline devant la décision irrévocable de son curé et demande à Mariette de ne plus lui en parler, car cela le fatigue : « Arrangez tout pour le mieux et ce sera très bien. » Il prépare le sermon qu’il fera et s’occupe des invitations et des images souvenir. Le curé met la dernière main à la brochure sur la paroisse et demande à Maurice de rédiger avec sobriété la section concernant sa prélature. Dès qu’il aura les photos des pionniers, il les lui enverra. Le programme sera prêt en avril. Antonio Coursol ne sera déjà plus à Prud’homme au retour de Maurice. Comme il va regretter ce séjour au cours duquel il a été traité non pas comme un vicaire, mais comme un grand ami par le curé Bourdel56. En juin, Maurice reçoit son calice. Il le trouve « bien beau ! Mais original ! Ce qui fait qu’on en discute. » Il passe l’examen oral pour le doctorat : « L’énervement n’a pas manqué, mais la bonté des examinateurs non plus, de sorte que j’ai mon doctorat. C’est à Dieu que je le dois, mais à vous aussi », écrit-il au curé Bourdel. Le curé lui confirme que l’abbé Coursol partira dans la semaine du 23 juin et devrait remplacer à Rosthern l’abbé Houle, nommé à Jack Fish. Nelly est revenue de l’École normale et Mariette est à monter une pièce pour le soir de l’ordination intitulée Vers la lumière. On y raconte la conversion de Marie-Madeleine dont elle joue le principal personnage. C’est l’abbé Sabourin qui prononcera le sermon à l’ordination et portera un toast au banquet qui suivra. Il envoie à Maurice 125 $ pour ses dépenses et
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Chapitre 4 À Québec (1927-1929)
commente la récente élection en Saskatchewan de 26 libéraux et autant de conservateurs, quatre progressistes et cinq indépendants : « Ces résultats sont le fruit d’une campagne menée depuis deux ans par les conservateurs et dans laquelle ils ont soulevé le fanatisme57. » Maurice Baudoux et Alexandre Grimard sont ordonnés prêtres à Prud’homme le 17 juillet 1929 par l’évêque de Saskatoon–Prince-Albert, Mgr Joseph-Henri Prud’homme. L’abbé Grimard est nommé curé à Léoville et l’abbé Baudoux vicaire à Prud’homme. Le lendemain matin, les deux nouveaux prêtres disent leur
Maurice Baudoux, Photo Livernois
Le groupe des finissants 1929 à Laval. M. Baudoux est au centre du premier rang. Parmi ses confrères, Alphonse-Marie Parent.
La paroisse le jour de l’ordination de Maurice Baudoux et Alexandre Grimard en juillet 1929
126 II. L’émergence d’un leader
Août 1929, visite à Prud’homme d’Antonio Coursol et de ses sœurs Béatrice et Jeannette, en compagnie du curé Bourdel, de Maurice et de Mariette.
première messe à tour de rôle au couvent, et à dix heures le curé Bourdel préside la messe chantée avec les nouveaux prêtres comme diacre et sousdiacre. Un banquet réunit parents et amis à midi. Le dimanche suivant, Maurice prononce son premier sermon : Dans quelques instants, je commenterai quelques passages de l’Évangile. Et voilà que du coup, je prêche la parole divine avec la même autorité que Jésus Christ lui-même. Car notre Mère la Sainte Église, qui a charge de nourrir ses enfants du corps sacré du Christ et de sa doctrine, nous a envoyés, par la bouche de l’Évêque, la représenter auprès de vous et vous commande de croire à la présence réelle de Notre-Seigneur sur l’autel et aux vérités que je vous présenterai. [...] Et pourtant, qui sommes-nous en réalité ? Tous deux enfants de cette paroisse ! Nous avons grandi avec ceux de notre âge auxquels je m’adresse en ce moment. Ensemble nous avons été à l’école, ensemble nous avons joué. Pendant longtemps nous avons mené une vie commune. Nous sommes des leurs. Mais si nous sommes encore leurs frères par la nature et par le Baptême, nous sommes devenus des vieillards, vos pères à tous par le caractère de l’ordre. [...] D’où vient donc cet immense changement ? [...] Nos familles étaient des familles
Chapitre 3 À Edmonton (1923-1927)
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pauvres et donc, ce n’est pas dans la richesse que se trouve la raison du sacerdoce. La mère d’Alexandre a lavé l’école voisine de la ferme durant toutes les années des études de celui-ci. Ma sœur Mariette s’est engagée au presbytère de Saskatoon... Qu’est-ce alors qui nous a fait prêtres ? La piété, la sainteté, le talent, la science ? En vérité, et la grandeur et la fonction du sacerdoce prérequièrent, si je puis ainsi m’exprimer, chez celui qui le reçoit, beaucoup de sainteté et de piété. [...] Mais combien d’âmes, dans les monastères, les couvents et même le monde dont la sainteté réjouit le cœur de Jésus et son Église, et auxquelles pourtant a été refusée la grâce du sacerdoce ! [...] Ce ne peut être non plus le talent ni la science. [...] Ouvrons quelques pages d’Écriture Sainte. [...] Sans mesurer ni son âge, ni sa parenté, ni sa science, ni sa sainteté, Dieu appela un jour Abraham et lui dit : « Voici que je te choisis aujourd’hui pour être le père des croyants. » [...] Et dans le Nouveau Testament ? Il y a la scène si touchante, « Comme Jésus s’en allait en Galilée, il vit deux frères... les appela... et ils le suivirent. » [...] Il choisit ce que le monde méprise : l’ignorance, la faiblesse et le néant, et cela, pour montrer que cet appel était une œuvre purement divine. [...] L’Église recherche continuellement dans les rangs de la jeunesse, ceux qui ont été marqués par la vocation divine. Elle les prend, leurs âmes, avec la tendresse d’une mère, et quand elle est moralement sûre que Dieu les a appelés, elle les élève par degrés jusqu’au faîte des honneurs divins. [...] Et c’est ainsi qu’un jour, Jésus passant par nos plaines canadiennes, s’arrêta dans un village, vit deux enfants et les appela. [...] Cette vocation est purement gratuite. Rien de notre part sinon la réponse reconnaissante de nos cœurs à l’immense bonté de Dieu et la volonté de travailler toujours à son service58.
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III PRÊTRE �
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u moment où Maurice Baudoux commence son ministère pastoral, la Saskatchewan entre dans une nouvelle période de crise qui va obliger les Canadiens français à reprendre la lutte pour leurs droits scolaires et leur langue. En 1869, le gouverneur général du Canada, John Young, avait assuré M Alexandre Taché que les Canadiens français auraient toujours droit à leurs écoles séparées. « Par l’autorité de Sa Majesté, avait déclaré Young à l’évêque, je vous assure qu’après votre Union avec le Canada, tous vos droits et privilèges civils et religieux seront respectés... Vous pourrez en toute confiance vous servir de l’ancienne formule : le droit prévaudra en toute circonstance1. » En 1870, l’administration des Territoires à l’ouest du Manitoba est confiée à un Conseil et l’Acte des Territoires du Nord-Ouest de 1875 prévoit que des contribuables d’un district ou d’une partie d’un district de ces territoires pourraient établir des écoles de leur choix, imposer et prélever les taxes nécessaires à cet effet. L’amendement de 1877 à cet acte garantissait les droits linguistiques de la population de langue française. Toutefois, en dépit de cette assurance, les Canadiens français ont toujours eu du mal à obtenir le respect de ces droits. gr
Selon les historiens Lapointe et Tessier2, novembre 1885 est « à la charnière de deux époques dans l’histoire de l’Ouest canadien » qui allait passer du statut de territoire de chasse à celui de terre de colonisation. Quand, le 7 novembre, le directeur de la compagnie du Canadien Pacifique « enfonce le dernier crampon du chemin de fer transcontinental canadien », il sonne « le glas du mode d’existence traditionnel » du peuple métis, et le 16 « Louis Riel expie sur l’échafaud le crime d’avoir voulu assurer à la nation métisse sa juste part de ce progrès matériel ». Le champ était ouvert à une nouvelle colonisation qui allait attirer dans l’Ouest une majorité d’anglophones et d’allophones qui vont adopter l’anglais et transformer l’équilibre linguistique de la population, jusque-là composée en parts à peu près égales de francophones et d’anglophones. Cette année-là, on comptait sur le territoire actuel de la Saskatchewan quatre écoles publiques catholiques, à Bellevue, Duck Lake, Saint-Laurent et Saint-Louis.
132 III. Prêtre Lors de la création du Conseil de l’Instruction publique dans les Territoires du Nord-Ouest en 1884, les catholiques avaient été graduellement dépouillés de leurs droits. La création de la province de la Saskatchewan en 1905 ne prévoit, à l’égard des écoles catholiques et de la langue française, que des dispositions restreintes qui vont disparaître en 1918 à la faveur d’une série de « réformes » scolaires. Par la suite, il sera de plus en plus difficile de créer et de financer des écoles séparées, et d’y enseigner la religion. Une véritable persécution se déchaîne à compter de 1926 avec l’arrivée en Saskatchewan du Ku Klux Klan3 et l’élection en 1929 du conservateur J. T. M. Anderson à la tête du gouvernement de la province. Les amendements à la loi scolaire dirigés contre les catholiques et l’enseignement français mettent cette communauté sur la défensive4. Même si les colons de langue française sont venus plus nombreux que l’ensemble des autres immigrants, la population d’origine catholique était trop peu nombreuse au moment de l’immigration en 1901 et ne représenta jamais plus de 5 % ou 6 % de la population totale de la province5. En 1931, sur une population totale de 921 785, la population d’origine française et belge est de 55 158, soit 6 %. Des évêques de langue anglaise Les destinées de l’Église dans l’Ouest avaient jusque-là été dirigées par des missionnaires et des évêques de culture française, mais Rome va désormais choisir ses dirigeants surtout parmi les prêtres de culture anglaise6. C’est en 1913 qu’est nommé le premier évêque de langue anglaise dans l’Ouest, Mgr McNally, pour le nouveau diocèse de Calgary. À la mort de Mgr Legal en 1920, Rome transfère le siège épiscopal de Saint-Albert à Edmonton et nomme un Irlandais francophobe, Mgr Henry Joseph O’Leary. Quand meurt l’évêque de Regina, Mgr Olivier-Elzéar Mathieu, en 1929, d’intenses tractations se font à Rome pour le faire remplacer par un évêque de langue anglaise7. Mgr James McGuigan lui succède en 1930. Rome divise alors le diocèse de Regina et crée le diocèse de Gravelbourg qu’elle confie à un missionnaire oblat, Mgr Jean-Marie-Rodrigue Villeneuve. Le 11 février 1930, Jean Knight, ministre de France à Ottawa, écrivait à Aristide Briand : En allant vers l’Ouest, à partir d’Ottawa, dans tous les centres importants, sur les sièges épiscopaux et archiépiscopaux, fondés tous par des prêtres français, on ne rencontre plus que des prélats irlandais. Quelques îlots écartés demeureront seuls confiés à des évêques canadiens : Saint-Boniface, pauvre faubourg de Winnipeg, Prince-Albert au nord et Gravelbourg au sud de la grande voie du Pacifique, Grouard sur les confins du cercle polaire8.
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Quand, en 1930, Mgr J.-H. Prud’homme transfère son siège de PrinceAlbert à Saskatoon, il est désavoué par Rome qui divise son diocèse pour créer le diocèse de Saskatoon en 1933 et y nomme Mgr Gerald Murray. Cette décision allait affecter la carrière pastorale de l’abbé Baudoux, puisque, à compter de cette date, le village de Prud’homme relève non plus du diocèse de Prince-Albert, mais de celui de Saskatoon. Le climat politique et social va aussi entraîner le jeune prêtre dans les combats menés depuis deux décennies par les associations mises sur pied par la communauté franco-catholique. Le décès en 1931 de l’archevêque de Québec, le cardinal Raymond-M. Rouleau, va donner lieu à d’autres remaniements de la carte ecclésiastique. La situation du français et des écoles Au début du XXe siècle, les associations regroupant des Canadiens français attirent les éléments les plus dynamiques de la population. Partout où se trouvent des Canadiens français, on tente d’organiser une Société SaintJean-Baptiste. Il en existait une à Battleford avant 1885, puisqu’il est question d’une reprise en 18909. En 1908, Mgr Langevin, évêque de Saint-Boniface, avait invité les Sociétés Saint-Jean-Baptiste du Manitoba à former une fédération provinciale pour coordonner la revendication des droits linguistiques, scolaires et religieux. Un an après, les 29 et 30 juin, l’abbé A.-P. Bérubé avait convié à Vonda les représentants de tous les cercles locaux à une réunion au cours de laquelle on avait voté la formation de la Société Saint-Jean-Baptiste de la Saskatchewan avec un comité de direction élu. Des plans sont aussi élaborés pour la création d’un journal de langue française. Le Patriote de l’Ouest est lancé à Duck Lake à l’été 1910, la même année que Le Devoir à Montréal et trois ans avant Le Droit fondé à Ottawa en 1913, par les missionnaires oblats. Des priorités sont établies : la fondation d’écoles françaises, l’élection de commissaires d’école d’expression française, l’engagement d’enseignants bilingues, le recrutement de colons franco- catholiques et l’établissement de coopératives locales inspirées de ce qui existe au Québec. On souhaite la collaboration à l’échelle provinciale de tous ces groupes qui, une fois unis, pourraient tendre la main aux catholiques des autres ethnies. L’Association canadienne-française d’éducation de l’Ontario (ACFÉO) est créée en 1910. C’est la Société du parler français au Canada qui, de Québec, donne la première impulsion à ce plan en convoquant en juin 1912 à Québec le premier congrès de la langue française. Cette société est jugée plus adaptée à la réalité de l’Ouest canadien que la Société Saint-Jean-Baptiste, dépourvue de signification pour les immigrants originaires de France et de Belgique. Plusieurs cercles locaux sont absorbés par cette nouvelle société. Dès l’annonce
134 III. Prêtre du congrès, on recueille en Saskatchewan plus de 1 500 demandes d’inscription et un congrès de fondation provinciale se tient à Duck Lake en février 1912. Les 450 délégués créent la Société du parler français de la Saskatchewan et élisent un comité permanent de direction formé de Maurice Quennelle, du père Delmas, o.m.i., et de l’abbé Maillard. Deux sections sont créées, l’une pour le Nord, l’autre pour le Sud, chacune étant présidée par un membre du comité permanent. Quatorze représentants participeront au congrès de Québec. En juin 1912, les deux sections se réunissent à Regina pour préparer les interventions de ses délégués au congrès de Québec et ébaucher un projet de constitution. Ce projet est adopté au retour du congrès de Québec : l’Association franco-canadienne (AFC) de la Saskatchewan est née. L’objectif était de promouvoir les intérêts des Franco-Canadiens, « de les protéger au besoin et de défendre leurs droits ». Pour le deuxième congrès de l’AFC, tenu à Regina le 28 juillet 1913, on invite Adjutor Rivard, secrétaire général de la Société du parler français, le père Auclair, o.m.i., rédacteur du Patriote de l’Ouest et un représentant de l’Union des catholiques allemands. L’organisme change de nom, devient l’Association catholique franco-canadienne de la Saskatchewan (ACFC) et se dote d’un organe officiel de presse dont la vie fut éphémère ; en 1915, Le Patriote de l’Ouest est adopté comme organe officiel10. En 1914, à la veille du congrès de Prince-Albert, l’ACFC compte 1 300 membres appartenant à 44 cercles locaux. La Première Guerre mondiale et les difficultés financières de l’association entraînent la mise en veilleuse ou l’abandon de plusieurs projets acceptés à ce congrès. Il existe des signes de désaccord entre les groupes du Nord et ceux du Sud ; ces derniers réclament la désignation d’un second comité exécutif pour les représenter adéquatement, étant donné que la plupart des membres de l’exécutif sont de la région du Nord. Il n’y eut pas de congrès en 1915 mais celui de Willow Bunch, en 1916, marqua un point tournant avec la création d’un secrétariat général permanent pour la coordination des activités de l’association et de ses cercles. Donatien Frémont11 en a été le premier chef de secrétariat. La pénurie d’enseignants bilingues ayant forcé la fermeture de plusieurs écoles françaises en 1917, l’ACFC s’allie aux associations des deux provinces voisines, le Manitoba et l’Alberta, pour créer une association interprovinciale qui, jusqu’à sa dissolution en 1925, a tenté de recruter des enseignants bilingues au Québec et en Ontario, d’assurer leur entretien durant le séjour obligatoire qu’ils devaient faire à l’école normale de la Saskatchewan, de garantir leur placement et
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d’accorder un prêt aux Fransaskois inscrits dans une école normale au Québec ou en Saskatchewan. Tous ces efforts allaient être compromis à la fin de la Première Guerre mondiale, en réaction contre la crise de la conscription au Québec. Depuis 1916, plusieurs organismes anglophones s’entendent pour voter contre l’usage de langues « étrangères », autres que l’anglais dans les écoles de la province. L’offensive la plus virulente a lieu lors du congrès de la Saskatchewan School Trustees Association, tenu à Saskatoon en février 1918. Les délégués se prononcent pour le principe de l’usage exclusif de l’anglais dans les écoles, en dépit des protestations de l’ACFC et de l’appel au bon sens de plusieurs intervenants. Une campagne orchestrée par les loges orangistes exige un amendement à l’article 177 de la Loi sur les écoles, pour interdire l’usage du français, sauf pour une heure par jour. Une entrevue des dirigeants de l’ACFC avec le premier ministre Martin et des membres de son cabinet n’empêcha pas l’adoption de l’amendement en janvier 1919. C’est dans ce contexte qu’en février 1919 l’Association des commissaires d’écoles franco-canadiens (ACEFC) tient son premier congrès sous la présidence d’Émile Gravel. L’organisme cherche des moyens pratiques pour encourager l’étude du français et assurer la formation d’enseignants bilingues. Raymond Denis prononce à cette occasion un discours sur les devoirs des commissaires et fait un vibrant plaidoyer en faveur de l’enseignement du français à l’école : Du maintien de nos écoles dépend l’avenir de notre race. Si nous voulons que nos enfants conservent l’idéal français, si nous voulons qu’ils parlent et qu’ils aiment la langue française, il est nécessaire qu’ils l’apprennent à l’école ; car une langue qui ne s’enseigne pas à l’école est une langue appelée à disparaître ; une langue qui ne se lit pas, qui ne s’écrit pas, est une langue appelée à s’oublier. La langue est en même temps la plus sûre gardienne de notre foi religieuse. Nos adversaires le savent ; c’est pourquoi ils s’attaquent à l’enseignement de notre langue, sapant ainsi à la base les assises fondamentales de notre race12.
L’ACFC s’emploie à tirer le meilleur parti des quatre-vingt-dix minutes d’enseignement en français – incluant la demi-heure d’enseignement religieux – et devient en quelque sorte, après moins de dix ans d’existence, l’équivalent d’un ministère de l’Éducation française de la province. C’est elle qui tente de résoudre le problème des manuels et des livres de lecture français. Les enseignants Louis Charbonneau13 et Faucoup recommandent les manuels de lecture Magnan14 déjà largement en usage dans le pays. Malgré de pressantes réclamations, le gouvernement refuse d’inclure ces manuels dans le catalogue officiel. L’Association forme alors un comité permanent pour se tenir au
136 III. Prêtre courant des progrès en pédagogie et des nouvelles méthodes d’enseignement du catéchisme et du français. Deux autres initiatives sont entreprises par l’ACFC : l’inspection des écoles et la tenue d’examens de français provinciaux. Il était urgent d’obtenir des inspecteurs bilingues, pour faire échec, par exemple, au fanatisme de l’inspecteur A. W. Keith, partisan de l’English only, interdisant les manuels français, arrachant les crucifix des murs des écoles, menaçant de terroriser les nouvelles institutrices et se vantant qu’aucun Québécois n’obtiendrait de brevet d’enseignement sur son territoire. Il faudra attendre huit ans pour obtenir sa mutation. En 1925, Raymond Denis est élu président de l’ACFC, après avoir été fort actif au sein de cet organisme et à l’ACEFC. C’est sous sa présidence qu’avec l’appui des commissaires l’ACFC tente de faire échec à l’inertie des responsables de l’éducation publique, nomme ses propres inspecteurs et met sur pied son propre système d’examens, de diplômes et de prix d’excellence pour les écoles de langue française, avec la collaboration d’un groupe de maîtres et de maîtresses. Ces initiatives allaient accaparer pendant plusieurs décennies les énergies des dirigeants de l’ACFC, en particulier le chef du secrétariat à qui revenait la responsabilité d’organiser ces activités. Pendant trente-trois ans, à compter de 1929, l’année où Maurice Baudoux devient vicaire à Prud’homme, et jusqu’en 1962, cette fonction a été exercée avec un remarquable esprit de méthode par Antonio de Margerie, résidant à Vonda. L’ACFC va aussi persuader le surintendant de l’Instruction publique du Québec d’inclure des cours d’anglais dans le programme des écoles normales au bénéfice des instituteurs qui se destinent à l’enseignement dans l’Ouest. Elle va aussi essayer de faire nommer un professeur d’expression française à l’école normale de Saskatoon, d’ajouter au programme des cours de méthodologie pour l’enseignement du français, et de soumettre une liste de livres français pour les bibliothèques scolaires. Quatre voyages de La Survivance au Québec seront organisés entre 1925 et 1928 afin de renouer les liens avec cette province et de faire voir qu’on parlait encore le français dans l’Ouest. Le curé de Prud’homme, Mgr Jean-Baptiste Bourdel, a participé à celui de 1928, alors que Maurice Baudoux était séminariste à Québec. Des plaintes au sujet des manuels Magnan approuvés en 1928 serviront de prétexte au Ku Klux Klan qui, depuis 1927, orchestrait une campagne contre l’enseignement du français, mais aussi contre le port de l’habit religieux et la présence de crucifix dans les écoles publiques. En 1928, trois commissaires d’une école de Willow Bunch sont traduits devant un juge de paix membre du KKK pour avoir permis l’usage du français après la première
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année. Des accusations semblables sont portées contre d’autres commissaires et l’ACFC fait une collecte de fonds pour assurer leur défense. Une initiative prise dans la plus grande discrétion par des catholiques d’Ottawa va s’intéresser aux luttes des catholiques de l’Ouest. Il s’agit de l’Ordre de Jacques-Cartier15, une société secrète fondée le 22 octobre 1926 par un groupe de laïcs, avec l’appui du curé de la paroisse Saint-Charles de Clarkstown (puis Vanier), en banlieue d’Ottawa, aujourd’hui intégré à la ville d’Ottawa. Plusieurs de ces hommes sont des fonctionnaires fédéraux. Constatant l’influence des francs-maçons et des orangistes en faveur de leurs membres pour l’octroi des promotions au sein de la fonction publique et pour influencer les politiques, ils décident d’utiliser les mêmes moyens pour réclamer les droits individuels et collectifs des Canadiens français, à un moment crucial de l’évolution du Canada. Cet organisme fondé en faveur des minorités francophones du pays ne tarde pas à s’intéresser aux luttes qui se livrent en Saskatchewan, y compris pour la nomination des évêques, et à recruter des membres parmi les élites laïques et religieuses de ces communautés. Louis Charbonneau fait partie de la première commanderie fondée à Ottawa. À l’été 1928, il recommande l’admission au sein de l’Ordre de Raymond Denis qu’il a bien connu lors de son séjour en Saskatchewan comme enseignant à Vonda16. L’Ordre ne tarde pas à s’assurer l’appui des évêques de la région, à commencer par Mgr Prud’homme à qui l’on demande d’user de son influence pour obtenir des inscriptions bilingues dans le futur édifice fédéral à Saskatoon17. En 1930, l’Ordre offre à neuf évêques le titre de « chapelain général honoraire » de l’Ordre. Quatre sont de l’Ouest, les évêques J.-H. Prud’homme, Ovide Charlebois, Joseph Guy et J.-M. Rodrigue Villeneuve. Quatre commanderies sont fondées, deux en juin 1930, à SaintPierre Jolys, au Manitoba et à Edmonton, en Alberta, une en 1931 à Vonda, Saskatchewan, et une autre à Saint-Boniface en 193218. Toutes les initiatives et les démarches des dirigeants de l’ACFC seront transmises par la voie des circulaires aux commanderies du pays et, par elles, à toutes les sociétés canadiennes-françaises, avec l’invitation de faire des représentations et de faire des gestes de solidarité en leur faveur. En Saskatchewan, la campagne électorale du printemps 1929 est dominée par des débats sur l’immigration sélective, le contrôle des richesses naturelles par la province, la corruption, les écoles et le principe de l’English only. Défaits sur une motion de censure, les libéraux doivent céder la place à une coalition de conservateurs et de progressistes menés par J. T. M. Anderson, partisan irréductible de l’English only. Le président de l’ACFC lance le mot d’ordre : « Franco-Canadiens, debout », qui fera la une du Patriote de l’Ouest
138 III. Prêtre le 29 mai 1929. Maurice Baudoux est vicaire à Prud’homme depuis deux mois seulement quand le gouvernement adopte, le 27 septembre, la première mesure vexatoire supprimant l’échange des brevets d’enseignement avec le Québec. La crise économique de 1929 L’avènement de nouvelles machines agricoles aura réduit en 1921 les besoins en main-d’œuvre, mais l’agriculture emploie un plus fort pourcentage de travailleurs (37 %) que le secteur de la fabrication (19 %)19. En dépit de la prospérité liée à la vente du blé canadien à l’Europe pendant la guerre de 1914-1918, à la mécanisation et au choix de grains résistants et plus productifs, la culture du blé reste une entreprise précaire et hasardeuse, largement dépendante de la qualité du sol, des températures extrêmes et de l’irrégularité des précipitations. L’exemple de la famille Baudoux illustre bien ces aléas. En Saskatchewan, les rendements oscillent entre neuf et vingt-cinq boisseaux à l’acre. À cela s’ajoute la fluctuation des prix d’un marché libre en raison de la spéculation à la Bourse des grains de Winnipeg, de l’arbitraire des prix du transport et des droits de douane protecteurs. Un premier mouvement de protestation des agriculteurs amorcé par des plaintes contre le climat et les spéculateurs éclate après la guerre de 1914-1918. On est aussi à la veille, en Occident, d’une grave crise économique qui marquera plus durement la Saskatchewan que les autres provinces du Canada. De 1928 à 1933, le revenu annuel par Canadien passe de 471 à 247 $, ce qui représente une chute de 48 %, mais en Saskatchewan cette baisse est de 72 %. Le déclin des marchés et les désastres naturels sont tels que, selon une étude faite en 1934 par l’Université de la Saskatchewan, pour payer les intérêts sur leur dette, les agriculteurs auraient dû utiliser les quatre cinquièmes de la valeur du blé mis en vente en 1933, alors que le paiement des impôts agricoles aurait exigé les deux tiers de cette somme. En 1937, plus de la moitié de la population rurale vit de l’assistance publique et plus de 95 % des municipalités sont au bord de la faillite. Une sécheresse sans précédent s’abat sur les Prairies au milieu des années 1930 et des invasions de sauterelles anéantissent les récoltes. Quand s’accroît l’insatisfaction, des syndicats d’inspiration communiste sont formés. La marche organisée en 1935 sur Ottawa est arrêtée à Regina. L’émeute qui s’ensuit se termine dans la répression. Un policier est tué et plusieurs autres sont blessés. L’arrestation des dirigeants ne contribue en rien à pacifier les esprits et le gouvernement fédéral ne parvient pas à se doter d’une politique économique et sociale pour régler ces nouveaux problèmes20.
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Ce sera le programme des nouveaux partis politiques qui se forment alors dans l’Ouest, la Cooperative Commonwealth Federation (CCF) et le Crédit social. Fondée à Calgary en 1932 par une coalition d’agriculteurs, de chefs ouvriers et d’intellectuels, la CCF se dote en 1933 d’un programme prônant la responsabilité de l’État dans la planification socioéconomique et promettant en particulier l’assurance chômage et l’assurance maladie. Elle se choisit un chef en la personne de J. S. Woodsworth, un pasteur méthodiste de Winnipeg, devenu en 1904 travailleur social auprès des immigrants et des pauvres de l’Ouest. Le Crédit social s’implante dans la province voisine de l’Alberta. Contre le nazisme et le communisme Un autre débat, idéologique celui-là, va marquer la société civile au cours des années 1920-1940, alors que se multiplient en Occident les rumeurs de préparation de guerre et de menace communiste. C’est sous l’angle de la lutte contre l’athéisme que les catholiques vont se mobiliser. Dans sa première lettre encyclique, Ubi Arcano Dei, en 1922, le pape Pie XI dénonce les déviations du patriotisme susceptible de dégénérer en un « nationalisme immodéré » et prône l’Action catholique pour instaurer une nouvelle chrétienté. Les nationalismes fascistes naissants sont perçus d’abord comme une troisième voie entre le capitalisme et le communisme. Ils sont opposés au socialisme et au communisme et prétendent restaurer l’ordre social. En Italie, un système corporatif est instauré par Mussolini en 1934. L’idée de corporatisme est conforme à l’enseignement social des papes et, si leur opposition au communisme leur attire la sympathie du monde catholique, leur évolution ultérieure va révéler un tout autre projet. Certains, en Allemagne et en Italie, vont bientôt multiplier les vexations et les persécutions contre les institutions catholiques21. Dès 1934, l’épiscopat allemand proteste contre les doctrines des nazis et, à l’automne 1938, Pie XI dénonce leur attitude envers l’Église et le clergé catholique. L’initiative du pape suscite les éloges du grand rabbin d’Égypte, Haim Nahoum. Une campagne d’apostasie sévit à Vienne, les écoles catholiques sont supprimées en Bavière et la résidence du cardinal Faulhaber de Munich est attaquée après qu’il eut dénoncé le nazisme. Les cardinaux de Lisbonne et de Malines feront de même, ainsi que les évêques de Hollande en 1941. En France, le président Édouard Daladier bannit les communistes du gouvernement et Robert d’Harcourt, de l’Institut catholique de Paris, dénonce le racisme hitlérien. Le régime de Pétain confisque les biens des francs-maçons et remet aux associations diocésaines les biens de l’Église séquestrés depuis 1905.
140 III. Prêtre Au début de la guerre, Pétain et de Gaulle ont l’un et l’autre des adeptes. Grâce au premier, Jeanne d’Arc est fêtée en France, ce qui, avec les mesures prises en leur faveur, conforte les milieux catholiques. En 1942, les États-Unis finissent par reconnaître de Gaulle en qui ils voient un symbole de la résistance militaire. Avant la fin de 1942, le Canada l’accueille aussi, mais sans rompre ses relations diplomatiques avec Vichy. À Montréal, l’Action corporatiste de Maximilien Caron qui regroupe des professionnels, préconise une doctrine qui sera diffusée sous les auspices de l’École sociale populaire et des Semaines sociales du Canada du jésuite Joseph-Papin Archambault. Le groupe tente de réunir ses forces à l’intérieur d’un projet politique qui sera sans lendemain22. Au cours des années 1930, les journaux de l’Ouest, comme l’hebdomadaire Le Patriote de l’Ouest, font de plus en plus souvent écho aux événements d’Europe, que ce soit en Russie, en Espagne, en Italie, en Allemagne ou au Mexique, où sévissent des persécutions contre les catholiques et où les régimes nationalistes fascistes s’opposent aux régimes républicains d’inspiration communiste qui tentent de prendre le pouvoir. Ils signalent, à compter de 1932 les manifestations communistes au Canada, le triomphe d’Hitler, la campagne antisémite en Allemagne, la persécution religieuse au Mexique, la dénonciation du socialisme et du communisme par Bennett au Canada. Québec entend sévir contre les communistes. Le socialisme et le fascisme font de plus en plus souvent l’objet d’articles, d’exposés, de conférences ou de mises en garde de la part des intellectuels ou des autorités religieuses, surtout après la condamnation du national-socialisme par l’épiscopat autrichien. Au Canada, on s’interroge sur l’orientation idéologique du parti CCF de Woodsworth, soupçonné de connivence avec le socialisme23. Les alliances sont hésitantes. L’Italie et l’Allemagne reconnaissent le gouvernement de Franco en 1936 et s’allient avec le Japon contre le communisme. La victoire de Franco sur les républicains en 1939 suscite des réactions diverses. La France et l’Angleterre le reconnaissent, certains s’interrogent sur ses intentions, d’autres retiennent sa préoccupation de restaurer l’ordre social, pendant que des témoins oculaires signent des articles détaillés sur les exactions commises par les républicains durant la guerre d’Espagne24. Les journaux suivent avec attention les étapes qui conduiront à la déclaration de la guerre à l’Allemagne par la France et l’Angleterre en 1939, et à l’entrée du Canada dans le conflit. Ils rapportent les initiatives prises en Europe contre le Parti communiste et contre la franc-maçonnerie : trente-six députés communistes sont emprisonnés en France en 1940 et les soixante députés communistes à Ottawa sont expulsés du Parlement. Le Parti communiste est déclaré « organisation illégale », trois communistes sont condam-
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nés, et le parti sera dissous aux États-Unis en 1943. Le communisme est aussi dénoncé par le chef conservateur Manion et par les maires de Toronto et de Montréal. En 1937, les assemblées communistes sont interdites, sous la pression des étudiants de l’Université de Montréal. Duplessis fait voter la loi du cadenas, une loi qui sera discutée à Winnipeg, alors que le fasciste Adrien Arcand est arrêté avec le Dr Noël Décarie et Hugues Clément. En avril 1930, une commission scolaire juive avait été créée à Montréal25. Le premier ministre Taschereau avait souhaité que cette nouvelle parvienne aux oreilles du premier ministre Anderson, et qu’il accorde à la minorité française en Saskatchewan ce que le Québec concède aux Juifs. On va s’opposer à toute immigration massive, celle des Juifs, mais aussi celle des Doukhobors et même des Britanniques. À compter de 1933, on fait état de la persécution dirigée par Hitler contre les Juifs qu’il tient responsables, avec la bourse, de la guerre de 1914-1918. Au Québec, les Jeune-Canada26 déplorent que les agences de nouvelles, qui selon eux sont toutes aux mains des puissances juives, ne disent rien quand les catholiques sont persécutés. L’accusation sera reprise face au silence des médias lors des persécutions des catholiques en Espagne en 1936 et en 1937 : « Pourquoi les États-Unis ne protestent-ils pas contre les atrocités des rouges ? », titre Le Patriote de l’Ouest en 1938, en reproduisant le message envoyé à Roosevelt par la duchesse de Nemours, d’origine américaine, qui se dit « profondément choquée de [le] voir exprimer de l’inquiétude au sujet des synagogues incendiées en Allemagne alors [qu’il n’a] jamais montré le même sentiment en ce qui concerne les milliers d’églises espagnoles incendiées ». – « Lorsque les Juifs sont persécutés, le monde entier s’émeut et les catholiques sont les premiers à protester contre les violences qu’ils subissent. Quand les catholiques souffrent eux-mêmes de persécution, l’ensemble de la presse et les milieux politiques, la Ligue des droits de l’homme elle-même, gardent un surprenant silence27. » L’ignorance de l’histoire complexe des nouveaux immigrants venus d’Europe de l’Est depuis la fin du XIXe siècle est à l’origine de la confusion que l’on fera entre socialisme et communisme. Pour ces travailleurs, polonais, ukrainiens, russes et juifs, qui avaient l’expérience du mouvement révolutionnaire partisan du changement social, le syndicalisme que prônait ce mouvement représentait l’espoir d’améliorer leur situation28. Ils seront aux premières lignes de l’organisation syndicale partout au Canada. Au moment où une enquête internationale se penche sur le communisme au Canada et qu’un rapport est publié sur les activités communistes au pays, l’évêque de Saskatoon confie cette lutte à la Catholic Laymen’s Council. Les Chevaliers de Colomb vont aussi y participer. Dans les milieux
142 III. Prêtre catholiques d’expression française, on commence à recevoir les publications de la Jeunesse ouvrière catholique (JOC) de l’abbé Cardjin en Belgique alors que les papes prennent position contre le communisme athée. Le Patriote de l’Ouest publie la lettre du cardinal Pacelli à Mgr Gauthier de Montréal contre le danger communiste et l’encyclique de Pie XI sur le communisme. On reproduit aussi des articles de L’Osservatore Romano sur l’Église et le communisme, on fait écho à la CTCC réclamant une lutte très énergique contre le communisme29. Quand le communisme international, soupçonné d’infiltrer les syndicats, organise un congrès mondial de la jeunesse, dans les milieux catholiques, l’Action catholique et les organisations coopératives comme celles d’Antigonish, sont proposées comme des agents de restauration sociale et des instruments de lutte contre l’athéisme. En 1938, le père Georges-Henri Lévesque fonde l’École des sciences sociales et politiques à l’Université Laval de Québec. En octobre suivant, à la demande du délégué apostolique Antoniutti, l’ACJC accepte d’organiser à Ottawa un important congrès des jeunesses du pays qui rassemble 15 000 jeunes. En France, ils sont 400 000 à se mobiliser auprès de l’ACJF. Les journaux rapportent que des Juifs américains puissants et leurs compagnies – Mortimer Schiff et Félix Wahburg – auraient largement financé la révolution russe30. Quand l’Union soviétique est attaquée par l’Allemagne en 1941, elle passe dans le camp des Alliés et noue des relations diplomatiques avec le Canada. L’événement a permis aux divers groupes d’inspiration communiste de sortir de la clandestinité et de diffuser sans entrave leur propagande. Mais pour le milieu catholique, l’allié militaire reste un ennemi idéologique et le communisme inquiète davantage. Après 1945, on fera grand état dans la presse des dénonciations d’anciens adhérents au communisme comme Tim Buck, de conversions retentissantes comme celles de Budenz, du Daily Worker de New York, de Douglas Hyde du Daily Worker de Londres, ou de la démission de Pat Sullivan de l’Union canadienne des marins31. C’est dans ce contexte social marqué par l’inquiétude que se déroulera la double carrière de l’abbé Baudoux. Une carrière pastorale dynamique et progressiste dans la paroisse rurale de Prud’homme peuplée de moins de 500 personnes. Une carrière sociale, inséparable de la première, en faveur du français, des droits des catholiques et de la radio française, qui le fera connaître jusque dans l’Est du pays.
Chapitre 5
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Vicaire et curé à Prud’homme (1929-1948) �
’été 1929 marque le 25e anniversaire de fondation de la paroisse de Prud’homme, dédiée aux saints Donatien et Rogatien. L’ordination de deux fils de la paroisse, Maurice Baudoux et Alexandre Grimard, est en quelque sorte le couronnement de l’œuvre pastorale du curé ConstantJean-Baptiste Bourdel1. Il profite de l’occasion pour restaurer l’intérieur de l’église et faire ajouter deux tours extérieures par le menuisier Charles-Albert Benoît, dont la fille Jeanne épousera Maurice Sauvé et sera plus tard gouverneur général du Canada. Des festivités sont organisées, comprenant musique, saynète, drame lyrique. Avec la collaboration de Maurice Baudoux, encore au Séminaire de Québec, le curé relate dans une brochure2 les débuts de la paroisse.
Vue d’ensemble de Prud’homme
144 III. Prêtre Le curé Bourdel et Hélène Dejoie À l’automne 1903, l’abbé C.-J.-B. Bourdel3, vicaire à Nantes, en France, incite son neveu Joseph Poilièvre à s’installer dans l’Ouest canadien. Il publie une douzaine d’articles dans un hebdomadaire local à l’intention des jeunes de son milieu et finit par se dire : « Tu envoies les autres au Canada, pourquoi n’y vas-tu pas toi-même ; il faut des prêtres à ces colons. » Trois mois plus tard, il propose ses services au vicaire apostolique de la Saskatchewan, Mgr Albert Pascal. Celui-ci accepte. Mais l’aspirant missionnaire doit faire face au refus de son évêque, une décision que regrette Mgr Pascal qui dit avoir une gr paroisse de quatre-vingts familles à lui M Albert Pascal confier. L’évêque de Nantes finit par autoriser l’abbé Bourdel à partir. Celui-ci s’embarque au Havre le 20 juillet 1904 avec la fiancée de son neveu, déjà parti avec un groupe de colons. Arrivé en train à Prince-Albert, le prêtre bénit le mariage des deux jeunes gens le jeudi 11 août. Il se fait indiquer l’endroit que lui réserve Mgr Pascal et le dimanche suivant les deux hommes s’engagent sur la route de Batoche avec une tente, dans une voiture tirée par deux chevaux. Ils se dirigent vers le ranch de Joseph Marcotte, établi depuis quelques années dans la région avec quelques autres Canadiens français, Philippe Lafrenière, ses frères Georges, Aimé et Adélard Marcotte, deux familles belges, les Henriet et les Vanderbeck. Ils étaient déjà installés sur des quarts de Le curé Constant Jean-Baptiste Bourdel section, soit des terres de 160 acres, de valeur inégale, où se pratique une culture
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mixte. D’autres colons sont arrivés depuis peu. Ils sont hongrois, ukrainiens et polonais et, à l’exception d’une trentaine de familles hongroises, ils ont leur église avec un prêtre de leur langue. Après avoir tenté sans succès d’apprendre l’anglais, le curé Bourdel se met à l’étude du hongrois. La paroisse était loin de compter 80 familles, mais on espérait que la construction de la ligne de chemin de fer de Winnipeg à Edmonton amènerait au printemps les colons qui acquerraient des terres le long de cette ligne. Le curé et son neveu choisissent chacun une terre4 et vont acheter du bois à Rosthern pour construire une maison dans ce village qui n’avait pas de nom avant l’ouverture du bureau de poste, en février 1906. Il sera nommé Howell, du nom de l’avocat d’Alcide Marcotte. Un magasin général, un garage, une quincaillerie, une forge, des résidences, des granges, des entrepôts, des ateliers, une station de chemin de fer et un hôtel vont bientôt s’ériger, comme en témoigne une photo de 1907. La Banque d’Hochelaga ouvrira une succursale en 1917. Quarante ans plus tard5, on estime le nombre des Canadiens français de la paroisse à 340 « âmes », comme on disait alors, appartenant à 61 familles. En attendant la fin des travaux, le curé loge sous la tente et la chasse au canard lui permet de se nourrir. En octobre, la maison est prête et on peut y célébrer la messe. C’est alors qu’intervient un personnage déterminant dans le développement de la paroisse, mademoiselle Hélène Dejoie, une résidente de Nantes, connue du curé Bourdel. Un mois après l’arrivée du prêtre dans l’Ouest, elle lui demande s’il a du travail pour elle, après la mort de son père alors âgé de 93 ans. Le curé l’incite à rencontrer Mgr Pascal qui est alors en France. Le père décède en février 1905 et l’évêque invite la célibataire de 43 ans à s’embarquer avec lui le 29 mai suivant. Elle emporte dans ses bagages des ornements liturgiques, des vases sacrés et un autel, de la lingerie et un ameublement pour le futur presbytère. Grâce à sa générosité, le curé Bourdel peut faire entreprendre la construction Hélène Dejoie d’un couvent de deux étages dont le rezde-chaussée servira de chapelle dès le mois de juin. On y célébra les offices
146 III. Prêtre religieux jusqu’à Noël 1907. Le curé avait invité les Filles de la Providence6 pour enseigner. Arrivées en octobre 1905, elles prennent possession du rezde-chaussée et le curé s’installe dans le petit presbytère qu’il s’est fait construire. L’abbé Bourdel est aussi à l’origine de la fondation des missions de Vonda et de Saint-Denis en 1906, et de celle de Meacham en 1907, pour desservir les colons qui s’y sont établis.
Le presbytère de Prud’homme
Les sœurs ouvrent une école privée, en 1906, le district scolaire est créé et une école publique est construite. Le curé peut faire bâtir une église en 1907, selon un plan fait par un frère oblat, inspiré de celui de la cathédrale de Prince-Albert. Adepte du chant grégorien qu’il avait étudié à Solesmes alors qu’il était jeune prêtre, le curé forme une chorale paroissiale dès 1909. En 1910, les sœurs logent dans une nouvelle construction, à laquelle une aile est ajoutée en 1914. C’est ce couvent qu’ont fréquenté Maurice et Nelly Baudoux. Un nouvel édifice sera bâti en 1920. Une nouvelle école publique avait été construite par le district scolaire en 1911. En 1918, la grippe espagnole frappe durement la paroisse. Parmi les personnes gravement touchées figurait Maurice Baudoux, 16 ans, qui se rétablit après avoir reçu le sacrement des malades7. Mais l’épidémie emporte Mlle Dejoie qui s’était dévouée auprès des malades de la paroisse. La paroisse hérite de ses biens et peut éponger sa dette. Resté seul au presbytère, le curé fera bientôt appel à Mariette Baudoux pour prendre la relève.
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Le couvent, le presbytère et l’église en 1929
Les convictions du nouveau prêtre Des notes de méditation prises par Maurice sont révélatrices des convictions qui l’inspirent comme prêtre. Comme envoyé de Dieu, il doit se « sanctifier pour les hommes » et « sauver les âmes des autres ». « Cela veut dire que j’ai reçu une mission à accomplir, qui ne détruit pas ma fin dernière mais la précise : une fin particulière qui complète ma fin dernière : Alter Christus. Donc, je dois vivre comme le Christ qui m’envoie », et « agir comme le Christ », en priant, en instruisant, en faisant le bien, en donnant l’exemple et en souffrant comme lui. Maurice a une conscience vive de cette obligation. Son plan pour l’examen de ses fautes l’amène à se poser la question : « Me suis-je efforcé de chasser toute distraction ?... d’appliquer toutes mes facultés, tous mes sens au souvenir de mon ordination : rites, paroles, pour raviver en moi les grâces que j’ai alors reçues ? » Et en guise de résolution : « Je veux désormais me pénétrer de plus en plus vivement de cette grande vérité que je suis de Dieu, à Dieu, pour Dieu. Je ne m’appartiens pas, mais que je suis tout à Lui. » Une telle ferveur n’étouffe pas en lui le sens pratique et la joie de vivre, comme en fait foi le compte rendu du Patriote d’une soirée costumée au bénéfice de la paroisse au cours de laquelle le vicaire y est allé d’un duo avec Georges Fontaine8. Sur fond de lutte scolaire, cette ferveur présidera à l’accomplissement de toutes ses tâches pastorales, l’éducation chrétienne des enfants, le travail auprès des parents, la préparation de la prédication, le souci de la belle liturgie, les mouvements pour les jeunes. Ses thèmes de prédication ne diffèrent pas de ceux de ses confrères et font écho aux directives émises par le diocèse,
148 III. Prêtre empruntées à d’autres diocèses, ou venues de Rome. L’abbé Baudoux n’échappe pas au moralisme étroit et frileux de l’époque concernant la danse ou les livres, mais il exploite consciencieusement les nouvelles encycliques. En 1926, Pie XI consacre les premiers évêques chinois et publie l’encyclique Rerum Ecclesiæ sur le développement des missions. Cinq ans plus tard, le secrétaire de la Propagation de la Foi demande aux évêques du monde entier d’organiser une journée missionnaire inspirée du programme de l’Union missionnaire du clergé qui se tient depuis 1916. L’abbé Baudoux sera membre de cette union et présidera en 1932 des prières pour les missions. Il explique, dans une conférence, pourquoi il faut s’intéresser aux missions, brosse un tableau de la situation déplorable des missions dans le monde et prône l’adhésion aux œuvres missionnaires. Il cite aussi l’encyclique Caritate Christi de mai 1932, sur la crise mondiale, où le pape condamne le nationalisme excessif, les athéismes et les sociétés secrètes, et manifeste sa confiance en l’Action catholique9. Prédication et liturgie Maurice Baudoux prépare ses sermons avec soin. Il noircit au crayon, de sa belle écriture appliquée, plusieurs cahiers d’écolier qu’il conserve afin de réutiliser ses textes. Le sermon de 1930 pour la fête de l’Assomption est repris en 1933, puis en 1950, en 1955 et en 195610. Le sujet est traité de façon traditionnelle et académique. On y trouve l’affirmation d’une Église pyramidale où les évêques et les prêtres sont la fidèle courroie de transmission des directives de Rome. « Les évêques, les prêtres mais aussi les laïcs doivent s’intéresser aux missions, c’est d’abord un devoir d’obéissance envers l’Église car les papes ont parlé, c’est ensuite un devoir de charité et de justice : la vérité qu’il possède, le confirmé n’a pas le droit de la garder pour lui seul. » Le jeune vicaire a vite fait de détromper ceux qui espèrent qu’il ne sera pas aussi sévère que le curé en matière de danse, par exemple. Il développe longuement cinq points qu’il justifie à la fois par la crainte du scandale – « la manière dont se dansent les danses modernes est un péril prochain de péché » – et selon une morale immuable et pessimiste à l’égard des activités liées au monde et au corps : « Ce que mon curé a appris au Grand Séminaire, il y a plus de quarante ans, tous les prêtres l’ont appris. Les revues ecclésiastiques qui ont été fondées pour permettre aux prêtres de revoir facilement leur théologie sont les mêmes pour tous. Tous nous étudions les mêmes livres. Tous nous sommes tenus, en conscience, de vous enseigner la même doctrine, celle de l’Église catholique. » En agissant ainsi, dit-il, il ne fait qu’« accomplir son devoir de prêtre11 ».
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Fidèle disciple du curé Bourdel en matière liturgique, Maurice veut instaurer la messe dialoguée pour assurer la participation active des paroissiens. Si l’évêque avoue préférer suivre les directions de Rome, il ne s’oppose pas à voir cet exercice s’introduire si on lui en fait la demande12. L’abbé Baudoux revient à la charge auprès de celui qui avait déjà autorisé son curé à faire usage des vêtements liturgiques amples, une innovation à l’époque : Fervent de la participation active des fidèles à la sainte liturgie, j’ai étudié de mon mieux le problème depuis mon entrée au Grand Séminaire. L’encouragement que Votre Grandeur nous a publiquement donné en ce qui concerne le chant collectif de la grand’messe m’a poussé à demander à Mgr Bourdel la permission de vous écrire au sujet de la participation collective aux prières de la messe basse [non chantée]13.
L’argumentation du jeune abbé montre qu’il est un lecteur assidu des publications les moins conservatrices et des meilleures revues liturgiques et théologiques de l’époque. Pour préparer ses sermons et entretiens, il s’inspire des fiches d’un jésuite de Toulouse pour une retraite aux prêtres. À la réprobation de L’Ami du clergé, il préfère les encouragements de La nouvelle revue théologique, de La Vie spirituelle, de la Revue des questions liturgiques, des Études, où il a lu les articles de Dom Gaspard Lefebvre et du père Doncœur, et les lettres approbatrices de 1921 des cardinaux Dubois de France et Mercier de Belgique. Il sait que l’usage de tels vêtements s’est introduit jusqu’à Rome sans encourir aucune interdiction, et voit dans cette pratique la réalisation du programme des papes Pie X et Pie XI en matière liturgique. Le vicaire Baudoux fait aussi des sermons à saveur patriotique en faveur du Patriote de l’Ouest et un remarquable sermon de protestation lorsque le retrait des crucifix des écoles publiques aura force de loi en 1930. Il multiplie les initiatives pour répondre aux besoins. On en trouve l’écho dans les lettres d’anciens confrères. Le séminariste Georges-Léon Pelletier lui écrit : « Je n’ignore pas aussi que vous avez beaucoup d’ouvrage. Ministère, articles de journaux, œuvres de jeunesse, que sais-je encore !!! » Lorsqu’il apprend dans les colonnes de L’Action catholique les activités du vicaire de Prud’homme, Alphonse-Marie Parent avertit ses amis de ne plus attendre de ses nouvelles. Une activité que, de Sherbrooke, Maurice Fortier qualifie d’admirable : « Vraiment la Providence vous a taillé un champ d’apostolat à votre taille. » Lorsque le Centre catholique de l’Université d’Ottawa commencera, dans les années 1940, à produire le feuillet-missel Prie avec l’Église, c’est à Maurice Baudoux que s’adresse l’oblat Marcel Ferragne pour la semaine de propagande intense à travers les paroisses du Canada et des États-Unis. Il lui envoie des articles à publier dans les journaux de la région et s’informe de la meilleure façon d’utiliser la radio14.
150 III. Prêtre L’éducation chrétienne des enfants Lorsqu’il s’agit de la transmission de la foi, le vicaire Baudoux se révèle soucieux de pédagogie, assoiffé de mettre ses connaissances à jour, prompt à utiliser les nouveaux médias. L’éducation chrétienne des enfants, il n’entend pas l’accomplir sans la collaboration des parents à qui il propose aussi des instructions. Dès novembre 1929, un mois avant la publication de l’ency clique Divini illius magistri sur l’éducation chrétienne de la jeunesse, il s’adresse à des confrères appelés à enseigner dans les écoles de campagne15. Il s’inspire de la méthode intuitive prônée dans le manuel de pédagogie de Mgr Ross et rappelle son affirmation récente à la journée diocésaine de Québec, selon laquelle le catéchisme « est avant tout une école de vie religieuse ». Il ne suffit pas de faire connaître Dieu : « L’homme n’est que pour agir » et la connaissance d’une chose lui est inutile « si ses actes ne correspondent [pas] aux vérités dont il a orné son intelligence ». Celui qui enseigne doit faire le lien « entre la connaissance de Dieu et l’observance de ses lois ». L’enseignant de la religion doit mettre à profit les méthodes utilisées pour les autres matières. Le bagage religieux reçu durant l’enfance ne suffit pas lorsqu’on s’adresse à des enfants « curieux parfois d’en savoir plus long ». Le catéchisme, selon le Bulletin de pastorale liturgique, est un abrégé de la théologie dont les formules abstraites doivent être bien assimilées pour nourrir et fortifier la vie spirituelle. « J’espère bien que personne ici ne passe cette petite demi-heure que la loi nous accorde pour l’instruction religieuse à faire réciter aux enfants la leçon de catéchisme », déclare-t-il. Apprend-on une langue à des bambins en leur mettant une grammaire entre les mains ? Ce qu’un instituteur ne fait pas pour les autres matières, pourquoi le ferait-il quand il s’agit d’une matière à laquelle les enfants « ne comprennent rien ou presque rien au premier abord » ? Il ne faut pas se contenter du par cœur et de la réponse abstraite. Il faut utiliser des comparaisons, des images, se servir du tableau noir, de dessins, d’images en couleurs, comme le fait le catéchisme français de la Bonne Presse. Pour faire passer les enfants de la compréhension à la pratique, ajoutet-il, il faut s’adresser à leur cœur : « Le cœur, c’est ce qu’il y a de plus puissant et par conséquent de plus capable chez nos chers enfants. » Comme chez eux, le cœur, c’est la volonté, il s’agit d’imprimer à leurs actes le mouvement vers le bien. « N’ayons donc pas peur de nous échauffer, de nous émouvoir quand nous expliquons et développons une leçon de catéchisme. » Mais « cette flamme ne brûlera point en nous si nous sommes vides de vie surnaturelle ». Il faut faire place aussi à l’Évangile et faire prier les enfants, leur apprendre à parler à Dieu « dans une prière improvisée et adaptée spécialement au but que se propose la leçon ». Il faut donner l’exemple : « Joignons bien les mains
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avec eux, ayons l’attitude du recueillement. Montrons que nous savons ce que nous faisons par la prière. » Aux parents, il rappelle l’importance de la formation du cœur de l’enfant qui est naturellement égoïste, comme il l’a découvert lorsqu’il a été témoin dans son enfance des mots de mépris et de dédain d’une jeune fille de famille aisée, et de la façon dont elle a repoussé le jeune garçon pauvre qui avait voulu toucher la fourrure de son manteau. À moins d’être dirigé, écrit-il, l’enfant dédaignera facilement le pauvre : « Il fera miroiter devant ses yeux les bonbons, les joujoux, les plaisirs que, grâce à leur fortune, ses parents peuvent lui accorder. » Le vicaire rencontre les Enfants de Marie, les candidats à la Croisade eucharistique, l’Amicale des anciennes du couvent, fonde une troupe de scouts et une association de Petits Clercs pour le service de l’autel. Il donne des instructions adaptées aux célibataires de dix-sept à trente ans, exhorte les jeunes à ratifier les promesses de leur baptême et à choisir le camp de Dieu en pleine conscience16.
Le curé Bourdel et son vicaire avec les Petits Clercs
Très tôt, l’abbé Baudoux s’intéresse à la pédagogie de l’enseignement du catéchisme. En janvier 1933, son ami Armand Tombu lui prête le livre de Fitzpatrick, The Foundation of Christian Education, qu’il s’est procuré à Fairbanks. Lors d’une retraite prêchée par le père Duprat, o.p., à un groupe d’institutrices bilingues, on lui demande des leçons sur le sujet. Le prêtre se met aussitôt à la tâche et fait parvenir à Mgr Prud’homme le programme
152 III. Prêtre général qu’il a ébauché au sein du Comité de l’enseignement du français de l’ACFC dont il assume la présidence. Ce programme rappelle les principes de pédagogie de la catéchèse, fait la critique de l’enseignement actuel et propose un essai de réforme. Les évêques Prud’homme de Prince-Albert et McGuigan de Regina lui demandent tous deux de préparer un catéchisme diocésain17. L’abbé Baudoux connaît les publications anglaises sur le catéchisme de Baltimore. Pour le français, il s’adresse à Mgr Ross, de Gaspé, puis en Belgique et en France pour obtenir des illustrations pour la série de manuels de religion qu’il est en train de préparer pour les trois années du cours primaire, en français et en anglais. Il s’inspire pour cela du Catéchisme par l’Évangile de l’abbé Charles auquel il incorpore des éléments d’histoire sainte, de liturgie et d’histoire de l’Église selon un plan original concentrique. Sa sœur Nelly qui est enseignante collabore à ce travail. Il préconise la méthode évangélique, qui présente la doctrine chrétienne dans le cadre même du donné révélé selon l’économie du salut, en se basant sur le texte biblique dans son caractère historique, authentique et doctrinal. Il voudrait utiliser les illustrations de Speybrouck et même commander de nouveaux dessins à l’artiste sur des sujets de son choix18. Tout en affirmant avec force le primat de la révélation, cette méthode respecte les lois de la psychologie de l’enfant et de son développement intellectuel et moral. La personne de Jésus est au centre de cet enseignement qui doit conduire à une connaissance vitale de la vie chrétienne. Familier de la théologie de Thomas d’Aquin, de la pensée du philosophe Jacques Maritain et de la revue Vie spirituelle, il est convaincu que le catéchisme n’est pas un simple exercice de mémoire mais un exercice de formation à la vie chrétienne. En 1936, il se procure les circulaires et les lettres pastorales sur le sujet de l’archevêque de Saint-Boniface, Mgr Yelle19. Les efforts qu’il déploie en vue de réformer l’enseignement du catéchisme trouvent écho parmi des confrères prêtres qui s’informent de ses travaux et de sa méthode. L’abbé Léo Blais, de Saint-Boniface, lui fait part de la satisfaction des professeurs qui utilisent sa méthode qui est pour eux « une révélation ». Les deux hommes échangent matériel didactique, programme et tableaux20. L’abbé Baudoux entretient aussi une correspondance avec les oblats O. Fournier, Gérard Lafaille et Jules St-Pierre. Des confrères leur avaient conseillé de s’adresser à lui pour obtenir le texte de sa méthode ou les films qu’il utilise pour le catéchisme. Au fil des ans, l’abbé Baudoux fait l’acquisition de films produits pour accompagner les nouveaux programmes d’enseignement religieux aux États-Unis et en Europe et constitue une ressource dont il veut faire profiter les autres paroisses. À cette fin, il organise un service
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de location de films fixes sous le titre de Lumen, qui dispose d’un catalogue dans les deux langues. Mariette assure la bonne marche de ce service. Les films sont loués à raison de dix cents la bobine ou par souscription annuelle de cinq dollars. C’est à titre gratuit qu’ils sont mis à la disposition des religieux du scolasticat de Lebret21. Le service pastoral des Hongrois Le soin pastoral des familles hongroises de la mission Saint-Laszlo de Prud’homme avait été confié à un prêtre hongrois qui semble bientôt peu apte à exercer ce ministère. En septembre 1929, le vicaire général demande au curé Bourdel de leur prêter le secours de son vicaire : « Votre vicaire fera donc une œuvre de charité en apprenant le hongrois et en s’occupant de ces malheureux. » Mgr Prud’homme confirmera cette décision lors de sa visite du 12 janvier suivant. Déjà, lorsqu’il était à Saint-Boniface, Maurice avait été invité à s’y préparer par le curé Bourdel qui lui avait envoyé des ouvrages pour commencer à apprendre le hongrois22. Après avoir reçu des pétitions des membres de cette communauté, l’évêque de Prince-Albert retire au prêtre hongrois la juridiction sur la paroisse. En attendant un remplaçant, il en confie l’administration et le service dominical à Maurice Baudoux, à compter du 7 mars. Une expérience pénible pour le jeune prêtre qui révèle ses difficultés et ses inquiétudes au père Santha du village de Stockholm. Ce dernier lui conseille d’éviter de donner l’impression d’être très désireux de célébrer la messe chez ces gens qui ont l’habitude de causer des difficultés même dans les paroisses les mieux organisées. Il n’y aurait aucun danger de schisme et ils finiront par aller vers lui pour les baptêmes, les mariages, les funérailles et les malades. Le 8 avril, les leaders de la communauté en viennent à une entente concernant l’entretien de l’église et le salaire à donner au vicaire qui ira célébrer la messe tous les deux dimanches avec l’aide d’un missionnaire, jusqu’à ce qu’il soit en mesure d’entendre les confessions de façon satisfaisante. Un mois plus tard, le vicaire général du diocèse apprend à l’abbé Baudoux que l’abbé Liktor accepte de donner une mission aux Hongrois23. Après un an de service pastoral auprès des Hongrois, le vicaire Baudoux déclare forfait dans une lettre jointe à son rapport annuel. Il avait envisagé un moment de passer six semaines à Stockholm pour apprendre la langue auprès du père Santha, mais il se trouve dans l’impossibilité morale de le faire. Le vicaire général l’invite à continuer d’exercer ce ministère jusqu’au retour de Mgr Prud’homme, hospitalisé à Montréal pour deux mois. En février, les paroissiens de la paroisse hongroise, dont la plupart ne comprennent pas le sermon en anglais que fait le vicaire après la lecture de l’évangile en hongrois,
154 III. Prêtre rencontrent l’abbé Liktor qui accepterait de desservir la paroisse de SaintLaszlo, en plus de celle de Plunkett. Elle lui est confiée le 24 février, mais il demandera à être relevé de cette charge quelques semaines plus tard, laissant la paroisse sans prêtre. Le curé Bourdel tient à ménager son vicaire qui a entrepris à Prud’homme beaucoup d’œuvres qui occupent ses journées. À la mi-mars, il suggère à l’évêque de vendre aux Hongrois l’acre sur lequel leur salle est construite. La situation ne sera pas encore réglée en janvier 1934 et c’est en vain qu’on réclame, pour la fête du 6 janvier, les services du prêtre qui avait été retiré en 193024. L’abbé Baudoux ne délaisse pas ces gens. En 1935, il accueille les religieuses hongroises venues pour enseigner le catéchisme aux enfants et les préparer à la première communion. Attentif aux besoins pastoraux des catholiques polonais des environs, il informera Mgr Murray quand ces familles auront été privées de la visite du missionnaire chargé des exercices de la mission et des confirmations25. Curé de Prud’homme En 1930, le vicaire de Prud’homme songe à poursuivre ses études. Alphonse Pelletier, un confrère de Québec, l’engage à ne pas trop retarder l’étude de la philosophie dont le programme doit changer dans deux ans, et à y consacrer une ou deux heures par jour : « Si vous commenciez tout de suite, votre examen serait prêt pour octobre prochain et vos amis vous applaudiraient. » Il lui apprend qu’un vent de changement souffle sur le Grand Séminaire de Québec : on a maintenant des vacances, la mentalité s’élargit, des adoucissements ont été apportés et on refait la peinture dans tout l’édifice ! De son côté, l’oblat U. Robert se réjouit de le voir enseigner la philosophie au couvent. Mais, en juin 1931, Maurice doit abandonner ses études en raison d’autres travaux. Il donne aux religieuses du couvent des cours de pédagogie fondamentale pour contrebalancer l’effet désastreux sur elles des enseignements de l’école normale et donnera des cours de latin au high school en 1932. Il se propose aussi au cours de l’été d’étudier le nouveau programme d’études de la Saskatchewan qui proposerait d’excellentes méthodes, mais dont les bases seraient déficientes. « Je ne suis pas à la hauteur, écrit-il, mais personne d’autre ne semble s’en préoccuper26. » Quand le curé et son vicaire quittent la paroisse pour suivre les exercices de la retraite annuelle à la mi-août, on s’inquiète de l’état de santé du curé Bourdel, obsédé par l’idée de sa mort prochaine. Il offre même sa démission à l’évêque et insiste pour lui léguer ses propriétés par contrat. Avec l’aide du procureur, l’abbé Lirette, il rédige son testament et désigne Maurice Baudoux comme seul exécuteur testamentaire. L’abbé Baudoux est alors parti pour
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huit jours avec ses huit enfants de chœur pour un pique-nique à Jack Fish, chez l’abbé Coursol. Nommé curé de Prud’homme le 25 août, l’abbé Baudoux entrera en fonction le 1er septembre 193127. C’est à titre de curé que Maurice Baudoux signe pour la première fois, à la fin de l’année 1931, le bilan financier et le rapport sur l’état spirituel de la paroisse. On y trouve 478 personnes dont 460 de langue française, quatorze de langue anglaise, trois Hongrois et un Polonais. Dix-huit enfants ont fait leur première communion, treize ont été baptisés, trois mariages ont été célébrés, et il a présidé trois sépultures d’adultes et trois d’enfants. Les trois écoles publiques de la paroisse sont fréquentées par environ deux cents enfants. Il s’y rend de quatre à huit fois par mois pour faire le catéchisme. Recettes et dépenses s’élèvent à un peu plus de 3 000 $. La crise économique est responsable de la baisse des revenus et des arrérages à percevoir de 2 400 $. Il a dû acheter pour près de 200 $ de bois en guise de dîmes. Ces dîmes ont rapporté 723 $ au lieu des 2 500 $ habituels. Les quêtes baissent aussi, les soirées paroissiales font à peine leurs frais et, en avril, il faudra emprunter pour payer 250 $ d’intérêts. Pour satisfaire les créanciers qui pressent le curé de rembourser, on a réduit de 300 $ les salaires des deux prêtres et de 50 $ ceux du bedeau et des sacristines. Cette situation perdure pendant plus d’une décennie, comme le révèlent, à titre d’exemple, les rapports financiers des années 1936 et 1941, où sont consignées des dépenses d’un peu plus de 3 000 $ et une dette de 5 000 $ pour une population d’environ 400 personnes28. En offrant ses vœux au jour de l’An 1932, Maurice Baudoux dévoile ses priorités et le programme pastoral de l’année. « Ce qui me semble le plus pressé, en cette paroisse, c’est le progrès dans l’éducation de vos enfants. » Il lui semble avoir jusque-là parlé dans le désert et il voudrait convaincre ceux qui laissent tout le travail aux autres que l’éducation est un « travail en commun entre les parents, le prêtre, l’école ». Il continue ses cours de latin au couvent, anime les activités d’un parlement modèle pour initier à la vie publique et s’intéresse aux émissions sur Bismarck diffusées à la radio catholique de Salt Lake City. Au cours du mois, il visite Mgr Bourdel hospitalisé à Saskatoon, dont l’état de santé inquiète de nouveau. L’affaiblissement de ses mains s’est accentué, il ne peut plus ni écrire ni manger seul et une radiographie révèle qu’il s’est fracturé la jambe en quittant Prud’homme. Maurice demande au docteur Lynch une consultation avec le docteur Baltzan, pour voir si le progrès de la maladie peut être ralenti ; il veut l’assurance d’avoir fait tout son possible. Enfin, en avril 1933, le jeune curé, qui se sent responsable de ce prêtre à qui il doit tant, peut assurer son évêque que Mgr Bourdel va mieux. Il a dit sa messe pour la première fois le Jeudi saint, puis le dimanche de Pâques, il se promène un peu, mais doit encore rester alité la majeure partie du temps29.
156 III. Prêtre Pour éloigner les méfaits de la sécheresse et d’une invasion de sauterelles, Mgr Prud’homme autorise ses prêtres, en juin 1932, à conjurer les champs contre les vers et les insectes. La dureté des temps lui inspire également de supprimer cette année-là la retraite des prêtres. En juillet, l’abbé Baudoux organise la première retraite fermée à avoir lieu à Saint-Denis. En septembre, octobre et novembre, il reprend son programme d’instructions sur l’éducation chrétienne, fait la visite paroissiale, préside les exercices du mois du Rosaire, adresse la parole à l’Amicale des anciennes élèves de Prud’homme, préside la distribution des prix de l’examen de français de l’ACFC, les réunions mensuelles des dames de l’Union paroissiale, et autorise l’organisation d’une partie de cartes et d’un concert. Des retraites pour jeunes filles sont aussi inaugurées par Mgr Prud’homme. Elles ont lieu chaque année et l’évêque en profite pour se rendre à Vonda visiter Raymond Denis, pour lui manifester son estime des causes qu’il défend30. La crise économique touche lourdement les plus pauvres. Le curé Baudoux aide selon ses moyens, et ses interventions suscitent en retour des gestes de générosité, comme le révèle la lettre de sœur Rustica, de l’hôpital de North Battleford, qui lui retourne le chèque qu’il avait envoyé pour les frais d’hospitalisation d’un enfant victime d’un accident. À l’automne 1931 et 1932, le comité paroissial de l’ACFC organise une collecte de vêtements usagés et même usés, qui seront remis à neuf pour venir au secours des gens du sud de la province plus durement éprouvés. La Noël 1932 marquant le 25e anniversaire de l’inauguration de l’église de Prud’homme, le curé Baudoux s’inspire d’un sermon de saint François de Sales. « Demain, dit-il, le poids écrasant de cette terrible crise que nous traversons s’abattra encore sur nous », mais, si nous recevons les leçons de la crèche, tout pourra paraître souffrance, mais la joie de cette nuit « demeurera sans mélange en dépit de tout ». Au printemps 1933, de sa paroisse de Léoville, Alexandre Grimard écrit à Maurice qu’il ne pourra aller au prochain Conventum des anciens à Saint-Boniface, car il n’a pas d’argent pour s’habiller31. Création du diocèse de Saskatoon Au cours des années 1930, plusieurs diocèses de l’Ouest ont changé de titulaire et certains ont été divisés pour en créer de nouveaux. Le 30 janvier 1930, Mgr James Charles McGuigan succède à Mgr Olivier-Elzéar Matthieu et devient le deuxième évêque de Regina. Le lendemain, Rome érige le diocèse de Gravelbourg et un oblat, Jean-Marie-Rodrigue Villeneuve, en sera le premier évêque. Cette division du diocèse de Regina place les francophones sur la défensive. La démission de Mgr Émile Grouard en 1930 donne lieu à la nomination de Mgr Joseph Guy comme vicaire apostolique d’Athabaska.
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Le 28 décembre 1931, Mgr Villeneuve est transféré du siège de Gravelbourg à celui de Québec, et succède au cardinal Raymond-Marie Rouleau. Mgr L.‑J.‑Arthur Melanson l’a remplacé à Gravelbourg, après avoir été sacré évêque à Chatham, Nouveau-Brunswick, le 22 février 1933. À l’été 1929, Mgr Prud’homme avait prié le supérieur provincial des oblats, le père W. Byrne Grant, de laisser ses religieux à la paroisse Saint-Paul de Saskatoon jusqu’à son retour de Milwaukee où il espère obtenir des prêtres. Quelques semaines plus tard, il l’assure qu’il sera bientôt en mesure de se passer des services d’un de ses religieux. Mais au début de 1930 l’évêque n’a pas réussi et le supérieur provincial consent un nouveau délai. En octobre, l’évêque prend une décision radicale dont il donne les raisons à ses prêtres dans une lettre circulaire. Il offre l’évêché de Prince-Albert aux oblats pour qu’ils y fondent le collège d’enseignement secondaire dont il rêve depuis le début de son épiscopat. Ce serait aussi une solution aux difficultés financières du diocèse, puisqu’il prendra lui-même en charge la paroisse Saint-Paul de Saskatoon et y résidera avec le procureur du diocèse et son secrétaire à compter du 15 novembre. Le vicaire général aura la direction de la paroisse Notre-Dame-des-Victoires et de sa filiale francophone, l’église de l’Immaculée-Conception32. En réalité, comme il l’avait confié en février 1930 à Paul Suzor, consul de France à Vancouver, lors de son passage en Saskatchewan, Mgr Prud’homme envisageait « de déjouer et de devancer les vues de l’épiscopat irlandais sur un centre dont l’importance croît tous les jours33 ». Cette initiative sera vivement contestée, et en janvier 1931, les diplomates savent que Mgr Prud’homme a reçu du Vatican l’ordre de quitter Saskatoon. En juin, l’abbé Baudoux confie l’état des esprits à Charles Charlebois, o.m.i. : Nous n’avons pas été aussi enthousiastes que vous dans l’Est, du changement de résidence épiscopale. Au moment même où nous en recevions la nouvelle, on nous mandait officieusement que ce déménagement ne serait pas vu d’un bon œil en plus haut lieu. D’ailleurs, nos frères Irlandais voyaient parfaitement ce que cachaient les prétextes. Aussi certains avaient-ils juré que Mgr Prud’homme retournerait à Prince-Albert bientôt. Et c’est ce qui arrive présentement. Si la démarche a atteint son but, c’est bien en un sens. L’a-t-elle atteint ? Précisément – ce que nous craignions – à cause de cette démarche et du mécontentement « majeur » provoqué par elle, le contraire n’en est-il pas résulté ? Est-ce que ce n’est pas plutôt la crise financière qui sévit ici, terrible, qui retarde une division voulue pour nos adversaires ? Voilà un tas de questions auxquelles il est extrêmement difficile de répondre aujourd’hui. Il en est d’autres provenant de circonstances toutes particulières, qui s’y entremêlent, mais qui ne peuvent se discuter qu’en tête-à-tête de huis clos. En tout cas, un certain
158 III. Prêtre malaise a été créé, d’où peuvent surgir des complications ultérieures, mais qui toutefois peut disparaître si Rome fait des rappels. Si les démarches faites il y a six mois ont produit quelque résultat réel, ce malaise est d’ailleurs supportable. Tout cela, c’est la part de l’élément humain, bien misérable, mais dont il faut tenir compte ici-bas. Le Bon Dieu fera luire sa justice et disposera tout pour le mieux34.
De Montréal, de Québec et de Sherbrooke, Raymond Denis, Alphonse Pelletier et Maurice Fortier font écho aux rumeurs qui circulent au sujet de la succession du cardinal Rouleau sur le siège de Québec. Le nom de Villeneuve fait l’unanimité. En moins de six mois, il a réussi à se faire aimer et estimer à Québec, écrit Paul-Émile Gosselin. Il en est de même du nouvel évêque de Gravelbourg, Mgr Melanson, « un saint prêtre ! un cœur d’or ! », écrit l’abbé J.-A. Sabourin, qui se préoccupe aussi du sort du diocèse de Saint-Boniface. L’état de santé de Mgr Béliveau se détériore et l’on espère la nomination prochaine d’un coadjuteur. Ce sera fait le 21 septembre 1933, et le sulpicien Émile Yelle, supérieur du Grand Séminaire de Montréal, sacré évêque à Montréal, devient coadjuteur de l’évêque de SaintBoniface35. Revenu à Prince-Albert, Mgr Prud’homme écrit à Mgr Bourdel qu’il croit bien écarté le danger d’une division de son diocèse. Il est convaincu que le Saint-Siège, le délégué apostolique et l’archevêque de Regina sont au courant des manœuvres d’un groupe d’intrigants. Mgr McGuigan ne lui a-t-il pas « affirmé sous la foi du serment que l’évêque de Prince-Albert était bien vu à la Consistoriale » ? La division du diocèse paraît donc remise à plus tard. Il ajoute toutefois qu’« advenant une division, les paroisses à l’est et à l’ouest de Saskatoon seraient bien exposées – du moins je le crois – à être englobées ». Il voudrait mettre Maurice à l’abri de tout ennui et lui confie, à cette fin, une responsabilité diocésaine le 22 décembre 1932 : « Comme le droit canon fait un devoir d’utiliser au service de l’Église des hommes compétents dans les sciences ecclésiastiques, j’ai décidé de vous nommer vice-official de la curie diocésaine. » Il aura à seconder Mgr Bourdel, qui avait été nommé official par le synode diocésain en 192736. À moitié rassuré, l’évêque de Prince-Albert met ordre à plusieurs affaires en souffrance, à commencer par les livres de comptes du diocèse qui n’ont pas été tenus régulièrement. Il prend soin de signaler que tous les voyages qu’il a faits de 1921 à novembre 1932 n’ont rien coûté au diocèse qui lui doit même trois cents dollars. Il a demandé conseil à un secrétaire de la Consistoriale devenu un ami, Mgr Leccisi, afin de régulariser la nomination de Maurice Baudoux comme curé deux ans après son ordination sans en avoir demandé l’autorisation à Rome. En accusant réception du document officiel de sa
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nomination à la cure de Prud’homme, l’abbé Baudoux fait remarquer à son évêque que la paroisse n’avait pas été érigée canoniquement, et que ses limites nord et sud n’avaient pas été précisées37. Il y ajoute un aperçu de sa situation financière déplorable. Le chèque de 76,05 $ qu’il vient d’envoyer à l’évêché est le produit de la quête de Noël et la paroisse termine l’année avec 80 $ en caisse. Il faudra vivre de cette somme et des maigres quêtes du dimanche jusqu’à la vente des bancs en juin. En avril, il devra payer 250 $ d’intérêts et il ne lui reste personnellement que 20 $ à la banque. Avant de procéder à leur érection canonique, il faudra clarifier les limites entre la paroisse de Prud’homme et celle de Saint-Denis. Une situation délicate puisqu’il faut tenir compte d’une famille qui tient à faire partie de Prud’homme, alors que le curé de Saint-Denis n’y est pas favorable. Sur le conseil de l’évêque, qui le félicitera de sa prudence, Maurice Baudoux retardera la lecture du décret d’érection de la paroisse et réussira à s’entendre avec le curé Marquis38. Au début de 1933, le curé Baudoux entreprend, à la demande de son évêque, la rédaction d’un mémoire sur le concours de catéchisme organisé par l’ACFC. Le 9 juin suivant, la division du diocèse de Prince-Albert et l’érection du diocèse de Saskatoon sont décidées. Prud’homme fera partie de ce nouveau diocèse. Son premier titulaire est Mgr Gerald Murray, un rédemptoriste originaire de Montréal. Évêque de Victoria (C.-B.) depuis 1930, il sera transféré à son nouveau siège le 21 décembre 1933. La lecture des bulles du nouveau diocèse est faite le 19 mars 1934 et l’évêque est intronisé le 18 avril suivant. L’abbé Baudoux agit comme maître de cérémonies de cette intronisation présidée par Mgr James McGuigan. S’il faut en croire une lettre du 27 décembre 1933, de Mgr McGuigan à Maurice Baudoux, personne ne savait encore ce qui arriverait : « You spoke of the division of your diocese. I have not received any previous notice as to the division nor do I know whether or not your parish is in the new or in the old. It was thought by many that the diocese would not be divided in these difficult years. However, Rome likes to give surprises39. » Les réactions et les craintes ne tardent pas à s’exprimer. On craint que le groupe canadien-français soit noyé au sein des autres ethnies et que leurs droits soient menacés. On compte toutefois sur l’abbé Baudoux pour présenter au nouvel évêque les vœux des Canadiens français40. Le curé de Prud’homme assure d’abord le nouvel évêque de sa plus entière soumission : J’avais reçu l’onction sacerdotale du ministère de Mgr Prud’homme qui était ainsi deux fois mon père. Sans aucune restriction, j’ouvre maintenant mon âme de prêtre diocésain à l’influx surnaturel de votre sacerdoce plénier et je
160 III. Prêtre soumets ma volonté et mes actes à votre juridiction. À Dieu ne plaise qu’il en soit jamais autrement41.
Mgr Murray ne doute pas que Maurice et lui pourront « coopérer de tout cœur pour la gloire de Dieu et le bien des âmes ». Son « ami d’autrefois », le père Birch, lui a « parlé hautement » de sa loyauté et de son dévouement. Mais le rattachement de la paroisse de Prud’homme au diocèse de Saskatoon n’altère en rien la fidélité du curé Baudoux à l’égard de Mgr Prud’homme, après que celui-ci eut fait ses adieux à ceux de ses prêtres qui passent au diocèse de Saskatoon. « Vous pratiquez la mémoire du cœur », lui écrit l’évêque en le remerciant de ses vœux à l’occasion de Noël, « je suis sensible à ce témoignage d’amitié ». Au début de l’année 1937, Mgr Prud’homme remet sa démission au pape et fait ses adieux définitifs. Un banquet lui est offert le 16 février. Il part pour Montréal et se retire au Séminaire des Missions étrangères de Pont-Viau42. L’intégration au diocèse de Saskatoon Dès le mois de juin 1934, Mgr Murray visite la paroisse de Prud’homme. C’est l’occasion de clarifier les titres de la paroisse. Mgr Bourdel lui explique le don qu’il a fait en 1931 à la corporation épiscopale de Prince-Albert d’une ferme de 680 acres, à des fins d’éducation sacerdotale, ainsi que d’une hypothèque de 4 501,90 $ qu’il détient sur les terres d’Amédée Painchaud. Une donation faite à la condition de recevoir en retour une rente viagère de 600 $. En 1941, Joseph Poilièvre demande à déménager au village la maison que Mgr Bourdel l’avait autorisé à construire sur le terrain de la paroisse, à la condition qu’elle revienne à la paroisse à sa mort. Le curé Baudoux aura la sagesse de consulter son évêque pour confirmer le refus du conseil des marguilliers d’accorder une autorisation qui aurait été au détriment de la paroisse43. Les activités pastorales de Maurice Baudoux vont se poursuivre et se diversifier sous la nouvelle direction diocésaine qui le nomme consulteur diocésain. Ces activités concernent les mouvements d’action catholique et le renouveau spirituel, des activités qui sont aussi encouragées par l’ACFC. À l’été 1934, un jésuite d’Edmonton préside une retraite pour les jeunes et, en novembre 1934, le curé voit à la formation des petits clercs pour le service de l’autel. Ces initiatives visent à favoriser la vie chrétienne, comme le constate son évêque au cours d’une de ses visites : « Il [son évêque] dit d’abord sa grande joie d’entendre toute la paroisse prendre part au chant ordinaire de la messe. Le chant collectif, voilà ce que veut l’Église, dit-il, et je ne m’étonne pas que le zèle apostolique du pasteur de cette paroisse ait trouvé, dans sa grande constance, le moyen de répondre aux désirs des souverains pontifes
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d’une manière aussi digne... Au jubé, les chantres et les religieuses entremêlent leurs voix à celle de la foule et exécutèrent le propre en grégorien et en fauxbourdons, comme aux grandes fêtes44. » Le curé Baudoux produira fidèlement les rapports annuels et les rapports des activités occasionnelles, comme l’année sainte pour le jubilé de la Rédemption, et les quêtes commandées. Lorsqu’il le fait avec un peu de retard, c’est le plus souvent parce que la paroisse est à court d’argent. Jusqu’en 1943, lui et Mgr Bourdel sollicitent l’aide financière de l’évêque, sous forme d’honoraires de messes ou demandent un délai de paiement. Le curé exprime souvent son inquiétude face aux échéances financières pour lesquelles il n’a pas d’argent, comme en 1938, alors qu’il disposera d’à peine 200 $ pour payer des comptes de 600 $. Il lui arrive même de s’offrir à son évêque comme secrétaire lors de son voyage à Québec pour un congrès où il est invité à présenter un rapport, alors qu’il n’a pas les moyens de s’y rendre45. Quand l’abbé Baudoux participe en 1936 à une importante rencontre des organismes de vie française au Canada convoquée par la Société SaintJean-Baptiste de Montréal, le souci de sa paroisse ne le quitte pas. Il adresse à ses paroissiens une lettre collective enthousiaste, inspirée de la formule du bulletin paroissial dont il découvre l’existence dans les paroisses de Montréal. Il fait part des leçons qu’il en tire : « Je tâche d’apprendre un tas de choses qui m’aideront dans mon ministère auprès de vous. J’ouvre les yeux tout grands, j’écoute, je note. Ça fait du bien de voir comme on est bien catholique ici. Des églises immenses, nombreuses, remplies à déborder chaque dimanche pour la messe. Des communions en masse, même pendant la semaine. Des œuvres de toutes sortes. Oh ! Comme vous devriez être pareils ! Que Dieu le veuille ! Qu’il vous bénisse ! » Il revient à Prud’homme à la fin de février, après voir exposé la situation existant en Saskatchewan à Sherbrooke, à Saint-Hyacinthe, à Québec et à Montréal. Il s’arrête à Toronto où Mgr McGuigan prépare la consécration du nouvel évêque de Calgary, Mgr Carroll46. Pendant deux jours, les 1er et 2 juillet 1936, la paroisse célèbre le jubilé d’or sacerdotal de Mgr Bourdel. Mgr Prud’homme y prendre la parole, de même que tous ceux qui, comme le père Ubald Langlois, ont bénéficié de son amitié et mené avec le septuagénaire les combats pour la survivance française47. Les fêtes passées, le curé Baudoux reprend ses activités auprès des jeunes. Il est maître de chant auprès des Petits Clercs et des Petits Chantres, pour lesquels il a rédigé un manuel de formation qui est destiné aussi aux parents. Il procède en 1935 à la réception de quatre nouveaux clercs et l’abbé Coursol assure la prédication. Il fonde aussi une troupe de scouts et d’éclaireurs qu’il accompagne durant l’été pour des pique-niques et des camps de
162 III. Prêtre Le curé Bourdel et son vicaire avec un groupe de scouts
Départ de Baudoux avec des scouts pour un camp
Baudoux récite son bréviaire devant sa tente de camping.
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formation48. Les rencontres de ces enfants ont lieu dans une salle de l’ancien couvent. Mais la supérieure, inquiète de voir ces jeunes gens près des jeunes filles, demande au curé de faire ses rencontres plutôt l’après-midi à la salle paroissiale pour éviter le vacarme dans la maison. Elle n’autorisera plus les pensionnaires à se joindre aux chantres, estimant que cela nuit au règlement du pensionnat et en profite pour conseiller au prêtre de demander les sœurs au parloir quand il en a besoin. La réponse du curé est dure et cinglante, bien révélatrice de son caractère et de sa façon directe d’exercer l’autorité : Hé oui, j’ai non seulement l’intention mais la volonté de continuer cette œuvre (chant) [...] tant qu’il me sera possible de le faire. Ce n’est pas là un caprice. C’est une obligation impérieuse de mon ministère, imposée par le Pape dans sa Constitution Divini Cultus et par le souci de préparer l’avenir. Et donc, à partir de la rentrée des classes jusqu’à fin juin, soit avant la classe, soit après la classe, selon qu’il me sera loisible d’après les autres exigences du ministère, je ferai ces exercices. Je regrette infiniment qu’aucune des religieuses ne puisse désormais m’aider dans ce travail. C’eut été tout profit pour la communauté. Profit moral, s’entend. [...] Je regrette aussi que vous déclariez ne plus pouvoir me prêter à cet effet une de vos salles de musique. C’était joliement [sic] commode. Et en ce qui concerne la tranquillité de vos corridors, [...] quand on veut faire le bien, il faut accepter d’être dérangé et de se déranger autant qu’on le croit nécessaire au salut des âmes dont on s’occupe. Se faire tout à tous, comme dit saint Paul. Autrement, il vaudrait mieux ne pas s’y adonner. Car ce serait vouloir rétrécir ce que Dieu a voulu grand et risquer de n’aboutir qu’à une concentration sur soi-même, très voisine de l’égoïsme. [...] On s’étonnera sans doute dans la paroisse de ces changements. Vous les expliquerez comme vous voudrez. Quant aux craintes que vous entretenez au sujet de mes grands scouts en raison de la situation du local qui leur est affecté, permettez-moi de vous dire qu’elles sont vaines. Je connais ces grands. Je sais qu’ils sont loin d’être parfaits. Et c’est précisément pour cela que je m’en occupe tant, que cela suffise pour vous tranquilliser la conscience. Il m’est arrivé à plusieurs reprises d’aller emprunter quelque chose chez vous sans passer par vous dans des moments de presse. Je serai plus circonspect à l’avenir, soyez-en sûre. Quant aux entrevues avec les sœurs en dehors du parloir, je prise comme il convient le règlement établi en général dans les communautés de femmes. Et bien que je puisse me rendre le témoignage de n’avoir jamais abusé de la tolérance en usage ici, je me ferai désormais un devoir de considérer cette tolérance comme abolie. [...] Trop de formalisme, de discipline imposée, de cadres, de routines. Pas assez de compréhension des besoins réels des autres, de souci de nous mettre à la disposition des âmes et de nous déranger dans la mesure nécessaire. Voilà le verdict des maîtres de la pensée chrétienne. Vous souhaitez, en terminant, de ne pas m’avoir peiné par vos remarques. Non, elles ne m’ont pas peiné. Irrité cependant à première lecture parce que, si elles
164 III. Prêtre n’ont jamais été exprimées aussi clairement, elles me sont souvent venues du couvent, sous une forme ou une autre, tracassières au-delà de toute expression. À force de les relire, je me suis calmé, content qu’enfin tout soit tiré au clair au point de me permettre de dire franchement ce que j’en pense. Tout est donc pour le mieux. Aussi je vous en remercie49.
Invité à participer au congrès eucharistique de Québec en juin 1938 ainsi qu’au sacre de Mgr Langlois, le curé Baudoux profite de son séjour dans l’Est pour visiter les personnes et les organismes qui ont participé, et participeront encore dans les années qui vont suivre, aux campagnes en faveur de la radio dans l’Ouest. Il tente aussi de recruter un médecin pour Prud’homme. En 1939, il anime des récollections pour les cercles d’études pour les jeunes filles selon la méthode du voir, juger et agir de la Jeunesse étudiante catholique (JEC). La Jeunesse agricole catholique (JAC) est aussi active dans sa paroisse. Ces initiatives suscitent l’admiration de confrères ou de jeunes religieux qui, comme le père Fournier, se rendent à Prud’homme pour s’initier au fonctionnement de ces mouvements. Encouragées par l’Ordre de Jacques-Cartier, la fête de Dollard le 24 mai et celle de saint Jean-Baptiste le 24 juin vont donner lieu à Prud’homme à des activités artistiques et culturelles, pièces de théâtre, chant, conférence, comme ce fut le cas en 1939 et en 1941, quand le curé Baudoux rappelle à son auditoire les exploits de Dollard50. Du mois de janvier au mois d’août 1943, le curé Baudoux trouve le temps, malgré toutes ses activités, de préparer pour ses paroissiens une série de treize exposés sur le sacrifice de la messe. Il s’intéresse à la campagne sur la messe inaugurée par le Centre catholique d’Ottawa qui publie à l’intention des paroisses un feuillet missel sous le titre Prie avec l’Église appelé à un succès de longue durée. Il donne aussi des instructions à une protestante qui veut se convertir pour épouser Laurent Préfontaine51. L’Action catholique La formation des jeunes est au cœur de l’intérêt que porte Maurice Baudoux à l’Action catholique. Le 31 décembre 1929, le pape Pie XI avait publié une encyclique sur l’éducation chrétienne de la jeunesse. Il en publiera une autre le 29 juin 1931 sur l’action catholique, Non abbiamo bisogno. Cette encyclique avait été écrite pour protester contre les dispositions de Mussolini à l’égard des organisations catholiques de jeunesse en Italie. D’autres courants cherchent à s’imposer chez nous, comme l’Action catholique de la jeunesse canadienne (ACJC), un mouvement né au début du siècle auquel Maurice a participé à Saint-Boniface, qui voudrait jouer le rôle d’action catholique au sein des diocèses. Au même moment, la formule belge de l’action catholique de milieu se répand : Jeunesse ouvrière catholique (JOC), Jeunesse étudiante
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catholique (JEC), Jeunesse agricole catholique (JAC). Sous l’impulsion des jésuites de Montréal, d’autres mouvements s’adressent aux jeunes d’âge scolaire : la Croisade eucharistique et la Ligue missionnaire des étudiants qui publie un bulletin, Rayonner, et des textes comme celui de 1935, « Missiologie et éducation ». Dès 1933, le curé Baudoux se documente sur ces divers mouvements et élabore un projet de fédération des groupes catholiques de la Saskatchewan. Il écrit au chef du secrétariat du comité central de l’ACJC à Montréal que l’ACFC n’attend que le mot d’ordre des autorités ecclésiastiques pour fonder un cercle d’ACJC dans chaque paroisse. En 1935, il fonde une troupe d’Éclaireurs et commande pour elle des insignes et des croix. La même année, quand Léo Lafrenière veut organiser un congrès d’action catholique au scolasticat de Lebret, il demande à Maurice Baudoux le texte de sa conférence sur l’organisation de l’action catholique dans l’Ouest. En 1937, à Muenster, on s’intéresse aux documents de la JOC et on invite Maurice Baudoux à rencontrer les jeunes. Le jeune prêtre s’adresse aussi au secrétariat de la SSJB de Montréal pour obtenir des disques et des chansons pour les jeunes de la JAC52. Les épreuves de la famille Maurice Baudoux entretient des relations très étroites avec son frère, ses sœurs et ses parents. Après une année d’enseignement à Saint-Brieux en 1929, Nelly (sœur Marie-Norbert) enseigne à Prud’homme de 1930 à 1933. En novembre, elle prend part au congrès des instituteurs et suit des cours à l’École normale au printemps 1934. On la retrouve par la suite à Biggar, pour des séjours de repos, en février et en mars, où elle consulte l’abbé Armand Tombu qui l’accueille et tente de l’aider à sortir de son état de dépression et de ses doutes. Elle obtient l’exclaustration le 11 juillet 1934 et poursuit pendant deux ans sa carrière d’enseignante à Prud’homme. Maurice Baudoux tient son évêque au courant de l’évolution de la santé de sa sœur qui quitte alors la vie religieuse. En septembre 1936, elle enseigne à Saint-Denis où elle fait la connaissance de Frederick Balcombe qu’elle épouse à Saskatoon le 28 décembre 1937. Le couple aura deux enfants, Maurice et Georges53. En 1929, après avoir tout perdu sur la ferme, Edgard s’engage pour un salaire de 100 $ par mois à tenir la comptabilité du magasin général de SaintBrieux, ce qui lui donne l’occasion de voir Nelly tous les jours. Son patron, monsieur Lefebvre possède aussi des fermes, une agence d’assurance, de machineries, d’automobiles dont il doit aussi tenir les livres. Ce travail ne met pas fin à ses difficultés financières, mais il peut se marier en octobre 1932 et sa femme Irène donne naissance en septembre 1933 à une fille baptisée Georgette. C’est la joie dans la famille. Le père voit se réaliser son rêve d’avoir
166 III. Prêtre des petits-enfants. Mariette, l’ange gardien de la famille, va passer quelques semaines auprès de sa belle-sœur à Jack Fish après la naissance de la petite, car le travail d’Edgard l’oblige à des absences. La petite famille se rend en visite à Prud’homme en juin 1934.
Juin 1934, visite à Prud’homme d’Edgard et d’Irène avec leur fille Georgette
Edgard a des dettes toujours en souffrance. Il n’a pas encore remboursé les 300 $ empruntés dix ans auparavant à Élie Malfair. Cet ancien employé de la famille sur la ferme de Rosthern a cinq enfants et sa femme est maintenant malade. Le créancier fera des réclamations jusqu’en 1939 auprès de Maurice pour lui demander d’intervenir auprès de son frère. Maurice lui envoie dix dollars en 193854. À Prud’homme aussi, la maladie frappe. Monsieur et madame Baudoux sont souvent malades. Le 27 mars 1937, après des années de souffrances, Marie Moreau décède. Le père demeure au presbytère, sous les soins de Mariette qui veille également sur Mgr Bourdel. En 1947, Edgard révélera à son frère qu’il a été victime de la malveillance d’un franc-maçon avec l’appui d’un catholique anglophone, membre comme lui des Chevaliers de Colomb. Marie Moreau Baudoux, décédée en 1937
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Il craint alors de tout perdre en six mois. Sa santé est affectée au point qu’il craint de souffrir de la même maladie qui a emporté sa mère55. Le nouvel évêque de Saskatoon Quand Mgr G. Murray est nommé archevêque coadjuteur de Winnipeg le 8 janvier 1944, Mgr Philip Francis Pocock est désigné pour le remplacer. Le curé Baudoux est élu administrateur et économe du diocèse par les consulteurs diocésains, une fonction qu’il exercera du 13 avril, jusqu’à l’intronisation du nouvel évêque en juillet 1944. Il demande au délégué apostolique de lui laisser l’administration de la paroisse de Prud’homme et l’informe que M gr Bourdel y assurera la messe le dimanche et les fêtes d’obligation. Ses pouvoirs sont ceux d’un vicaire capitulaire et il doit avoir fait la profession de foi et le serment contre le modernisme. Mgr Philip Francis Pocock, évêque Maurice envoie à Mgr Pocock la de Saskatoon en 1944 circulaire qu’il a adressée au clergé au lendemain de son élection. Il lui écrit qu’il sera à la chancellerie de Saskatoon tous les jeudis et offre au nouvel évêque ses plus chaleureuses félicitations. Une semaine plus tard, il profite de sa tournée de conférences au Québec, pour se documenter sur les règles liturgiques à observer pour l’intronisation du nouvel évêque, auprès de Bruno Desroches, maître de cérémonies à la basilique de Québec : « J’admire la magnifique œuvre liturgique accomplie à Québec », lui écrit-il56. Mgr Pocock fait un bref séjour à Prud’homme où l’accueille Mariette, pendant que son frère participe à d’importantes rencontres pour recueillir des fonds en faveur de la radio dans l’Ouest. Il informe Maurice que le sacre aura lieu le 29 juin à London, Ontario, et qu’il reviendra dans l’Ouest le 18 juillet. Après avoir consulté l’évêque de Regina, Maurice Baudoux propose de fixer au même jour, le 19 juillet, la cérémonie de l’intronisation et la réception57. L’administrateur du diocèse voit ensuite aux détails matériels et s’assure de la beauté du chant et de la qualité du tissu employé pour la draperie
168 III. Prêtre du trône. Il se rend à London avec le père O’Leary, où il prend la parole au nom du diocèse, à la demande de son nouvel évêque58. Pendant que se poursuivent les préparatifs pour l’arrivée du nouvel évêque, la chancellerie émet un communiqué prescrivant des prières pour le pape menacé par l’invasion de Rome. Les diocésains sont aussi invités à souscrire à la collecte demandée par les évêques canadiens en faveur des victimes de la guerre. Un incident met en lumière le souci de Maurice Baudoux de se conformer scrupuleusement à toutes les prescriptions ecclésiastiques. Lorsqu’il apprend en juin que la validité de son élection comme vicaire capitulaire est contestée, il transmet à Mgr Monahan ses inquiétudes concernant les dispenses et juridictions qu’il a accordées depuis le 13 avril. Ses craintes seront apaisées par Paul Bernier, le secrétaire de l’épiscopat canadien. Le délégué apostolique l’a assuré que « son élection a été ratifiée par le Saint-Siège ab initio, et doit être considérée comme valide à toutes fins que de droit59 ». Après un arrêt à Ottawa et à Montréal où il visite les Coursol et la famille de Raymond Denis, Maurice Baudoux est accueilli au grand séminaire où il rencontre le délégué apostolique. Dès son arrivée à London, il fait la connaissance de son nouvel évêque. Il écrit à Mgr Bourdel : « Il est charmant et d’une extrême simplicité qui met beaucoup à l’aise. Il veut vivre notre vie simple. » Il est heureux d’apprendre à Mariette que le délégué apostolique a fait une partie de son discours en français en disant qu’il le faisait « parce que le diocèse de Saskatoon est officiellement bilingue ». Mgr Pocock a aussi terminé son allocution dans un très bon français : « Tout le monde ici fait le plus bel éloge de notre évêque60. » Il sera de retour à Prud’homme le 5 juillet. Un Te Deum sera chanté le dimanche qui suit le sacre. Les cérémonies de son installation, le 19 juillet, débuteront à 9 h 30 et la prédication sera faite par Mgr Monahan. Le clergé est invité à un banquet à 12 h 30 et une réception civique a lieu à 20 h à laquelle tous les laïcs sont invités. Le 17 juillet, Maurice Baudoux avait célébré avec Mgr Bourdel et son confrère, Alexandre Grimard, le quinzième anniversaire de leur ordination sacerdotale. Quelques jours auparavant, le délégué apostolique avait annoncé à Mgr Pocock que le pape avait admis Maurice Baudoux au nombre de ses prélats domestiques. Les fêtes d’installation auront lieu le 11 octobre, en la fête de la Maternité de Marie, le temps, écrit Maurice à son évêque, de refaire la peinture de l’église. La cérémonie sera présidée par Mgr Pocock, et le curé de Saint-Pierre-Jolys, l’abbé J. A. Sabourin, prononcera un sermon sur le pape. Cet intermède festif permet à Maurice de prendre quelques jours de congé à Léoville auprès de son confrère Grimard à la fin du mois d’août, avant de reprendre ses tournées dans les paroisses pour l’ACFC61.
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La cathédrale de Saskatoon
Soucieux de faire exécuter ses armoiries selon les règles de l’art, Mgr Baudoux envoie à Victor Morin de Montréal une esquisse de ce qu’il désire en lui demandant de corriger le tout. Il fait imprimer à Winnipeg des cartes d’invitation et des programmes pour la fête qui doit souligner aussi les cinquante ans de la paroisse. Il suggère à Mariette de mettre au menu du vin de sa cave et va se faire photographier au studio Charmbury pour une photo souvenir officielle62. Les fêtes du 11 octobre sont l’occasion de mettre en évidence le rôle exercé par Maurice depuis quinze ans dans son milieu et au-delà des frontières de sa paroisse et de son diocèse, comme l’a souligné l’abbé Sabourin dans son sermon de circonstance. Lorsque Maurice prend la parole lors du banquet, il déclare, nostalgique : J’avouerai bien franchement que je ne suis guère dans mon assiette aujourd’hui. Il m’a souvent été donné de participer activement à l’organisation de cérémonies et de manifestations de tous genres depuis mon séjour au séminaire d’Edmonton et je ne livrerai un secret à personne en déclarant que j’aime beaucoup cela. Mais c’était toujours pour d’autres, tandis qu’aujourd’hui je suis le héros de la fête. Et cela est bien plus embarrassant. Mais entre les bonnes mères de Prud’homme et leur curé actuel, il y a autre chose qu’un lien juridique et spirituel. Il y a une filiation très réelle, qui remonte à 31 ans, alors que, précisément à la mi-octobre, ma chère maman m’amenait chez elles pour me confier à leurs soins. J’étais tellement grand déjà, que mère Saint-Roch ne voulait pas croire que je n’avais que 11 ans. Heureusement, mon caractère n’avait pas suivi exactement la croissance de mon corps, et la bonne Mère s’aperçut bien vite que je n’étais vraiment qu’un enfant. Je suis devenu leur
170 III. Prêtre
Mgr Maurice Baudoux. P.D., le 11 oct. 1944
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enfant durant deux ans et pour une bonne part, grâce à cela, leur prêtre, puis leur curé, et aujourd’hui leur prélat. Eh bien, leur enfant les remercie de tout ce qu’elles ont fait pour lui.
Il remercie les paroissiens de Saint-Laszlo de s’associer à la fête, ainsi que le président de l’ACFC dont l’exécutif est devenu pour lui « comme une seconde famille naturelle ». On l’a, dit-il, « en quelque sorte happé, au lendemain de son ordination », pour l’entraîner et le lancer dans toutes sortes d’entreprises « où se conciliaient fort bien [son] devoir de prêtre et [ses] aspirations canadiennes-françaises : l’union des catholiques de la province dans le domaine scolaire, la défense de l’école et du foyer contre les infiltrations néfastes, la pédagogie catéchétique et l’enseignement du français, le journal et l’éducation adulte, voire une tentative d’organisation de retraites fermées ». Il adresse un remerciement particulier à Mgr Bourdel : « C’est à lui, après Dieu et ma famille, que je dois ma vocation et ma première formation. En cette paroisse par sa volonté, si j’ai pu me livrer à tant d’activités si diverses, c’est parce qu’il m’a stimulé au travail et m’a permis de me dépenser. » Il n’oublie pas ses anciens maîtres de Saint-Boniface : « M. Sabourin était alors directeur du petit séminaire et il était un incomparable stimulateur d’énergie. Le père Bernier a été celui de mes professeurs du collège qui, sans en avoir l’air et sans s’en apercevoir, a davantage contribué à la formation classique63. » Directeur diocésain de l’enseignement religieux Mgr Pocock a tôt fait de recourir aux talents de Mgr Baudoux. C’est à lui qu’il confie le soin d’écrire les constitutions de la St. Joseph’s Mutual Aid Society pour aider les prêtres infirmes et retraités, fondée en novembre 1944, et dont il sera le secrétaire-trésorier. Une institution semblable est créée aussi dans le diocèse de Gravelbourg. Mais c’est dans le domaine de l’enseignement religieux qu’il fera surtout sa marque64. Dès novembre 1944, Mgr Pocock écrit à Mgr Baudoux que les prêtres et les religieux du diocèse sont si nombreux à demander des directives et des conseils au sujet de l’utilisation des manuels d’enseignement religieux qu’il a décidé de lui confier cette responsabilité. Il le nomme directeur diocésain de l’enseignement religieux et le prie d’élaborer un programme qui pourrait être mis en œuvre dans les écoles dès les vacances de l’été 1945, et en septembre dans toutes les écoles catholiques du diocèse. Il lui suggère de convoquer les représentants du clergé et des communautés enseignantes pour recueillir leur avis, et de tenir compte de ce qui se fait dans les autres diocèses. Une invitation est adressée le 20 décembre aux supérieures des couvents de sœurs pour une rencontre préliminaire, le 28 décembre65.
172 III. Prêtre Cette rencontre a lieu au Rosary Hall de Saskatoon, sous la présidence de Mgr Pocock. L’évêque souhaite que chaque enfant reçoive le meilleur enseignement religieux. Des sept priorités qu’il mentionne, le directeur diocésain retient d’abord l’organisation des cours d’été à l’intention des nombreux enfants de la campagne qui ne reçoivent que peu ou pas d’éducation religieuse durant l’année scolaire. Une enquête permettra de définir les besoins et de faire l’inventaire des ressources disponibles : prêtres, séminaristes, sœurs, professeurs laïques, étudiants du secondaire. Après avoir reconnu les résultats obtenus depuis quelques années grâce au travail des communautés religieuses, on discute de ce qui serait le plus avantageux : inviter dans les couvents les enfants de la campagne ou aller les rencontrer chez eux. Le programme pour cette session d’été sera créé à partir des orientations établies par Mgr O’Hara, qu’il faudra adapter aux besoins locaux. Les Sisters of Service (SOS) ont accepté d’aider les quelque trente religieuses engagées dans ce travail. Un comité composé du père H. Carr, c.s.b., du collège St. Thomas Moore, et de sœur Gertrudine, s.o.s., est chargé de préparer le congrès du 24 mai suivant. Mgr Pocock propose à ce congrès d’inviter chaque enfant catholique qui ne reçoit pas d’enseignement religieux à participer à la session d’été, de rejoindre chaque professeur catholique dans les écoles catholiques, et d’offrir un cours de pédagogie aux enseignants pour améliorer leur compétence66. En février 1945, Mgr Baudoux s’assure la collaboration de sœur Gerardine et de sœur Gertrude, des Sisters of Service, pour l’impression et l’envoi d’un questionnaire accompagné d’une lettre de l’évêque, afin de recueillir des données utiles au travail auprès des pasteurs. Il envoie aux religieuses les règlements de la Sodality qu’elles entendent former. Pendant ce temps, à Prud’homme, Mgr Bourdel n’est pas encore assez bien pour distribuer la communion au couvent, mais à la fin de mars il compte pouvoir aller à Saskatoon pour les huiles saintes. Le curé Baudoux doit de plus superviser la construction de la salle paroissiale, une dépense ne dépassant pas 300 $, grâce à du travail bénévole. Des activités sont prévues pour éteindre la dette, passée de 800 $ à 300 $67. Quatre-vingt-dix délégués des paroisses participent au congrès du 24 mai 1946. Mgr Pocock recommande l’observance d’une journée de la catéchèse, à la demande du pape Pie XII. En dispensant l’enseignement religieux aux enfants, déclare-t-il, c’est l’Église de demain qu’on prépare. Mais enseigner est un art et chacun doit se préparer à l’exercer. Des cours menant à un diplôme pour enseigner la religion ont été donnés aux élèves de l’école normale par le père Carr et sœur Marie-Gertrudine. De son côté, Mgr Baudoux insiste pour qu’on établisse dans chaque paroisse la Confraternité de la doc-
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trine chrétienne. Il rend compte des vingt-quatre cours d’été et du cours par correspondance offert à 970 enfants par les Sisters of Service68. Une équipe de onze personnes prépare le troisième congrès annuel de 1947, et l’évêque remercie la Catholic Women’s League et les Chevaliers de Colomb de leur collaboration financière à ces activités. Au cours de cette rencontre, Mgr Baudoux déclare qu’en 1946 des cours d’été ont eu lieu dans 22 des 34 paroisses du diocèse, dispensés par quatorze prêtres, quatre séminaristes, quarante-deux religieuses et neuf laïques auprès de plus de 1 400 enfants. Les orientations pour la catéchèse ont été suivies par douze paroisses en 1945-1946 et dix-huit en 1946-1947. Mgr Baudoux a déjà visité les écoles de Saskatoon et compte visiter bientôt les autres69. À l’automne 1947, un congrès de catéchèse a lieu à Tramping Lake pour approfondir les sujets déjà étudiés. Le quatrième congrès annuel a lieu en septembre 1948, après l’annonce de la nomination de Mgr Baudoux comme évêque du nouveau diocèse de Saint-Paul, en Alberta. « Nous avons aujourd’hui des raisons pour nous attrister et pour nous réjouir », déclare Mgr Pocock, en annonçant le départ prochain du directeur diocésain de l’éducation chrétienne et le thème du congrès. Dans son dernier compte rendu d’activités, Mgr Baudoux fait état des nouvelles orientations pour les cours d’été, et d’un cours d’étude adapté pour les écoles. Il souhaite l’inauguration prochaine des examens pour les étudiants des collèges et des écoles primaires. Des démarches seront faites auprès du ministre de l’Éducation pour obtenir une subvention pour la célébration de la journée de la catéchèse dans les écoles70.
Page laissée blanche intentionnellement
Chapitre 6
L �
Le combat pour le français �
e début de la carrière pastorale de Maurice Baudoux coïncide avec le moment où les francophones de la Saskatchewan doivent reprendre la lutte en faveur du français. Après avoir énuméré les gains faits par l’Association catholique franco-canadienne (ACFC) depuis 1925, sous la présidence de Raymond Denis, Raymond Huel présente ainsi la situation : En 1929, tout ce que l’ACFC avait réussi à sauvegarder semblait être une nouvelle fois compromis. Les résultats positifs obtenus par l’Association en faveur du français : inspection bilingue, examens, prix et diplômes, semblaient sur le point de s’effondrer en raison des difficultés financières et de l’apathie de ses membres. De plus, le statut du français à l’école était menacé par la réapparition de la question scolaire dans la vie politique de la Saskatchewan1.
La défaite des libéraux de J. G. Gardiner aux élections provinciales du 6 juin 1929, la coalition des membres de l’opposition sous la direction de J.T. M. Anderson et son accession en septembre aux postes de premier ministre et de ministre de l’Éducation, le décès le 26 octobre de Mgr O. E. Mathieu, le porte-parole le plus influent des Franco-catholiques, et la dépression économique vont se conjuguer pour compromettre leurs acquis dont les ressources seront sollicitées « jusqu’aux limites de l’épuisement, dans la lutte désespérée qu’ils devraient soutenir pour assurer la survivance2 ». La controverse concernant les écoles confessionnelles, qui avait accompagné la naissance de la province en 1905, avait refait surface sur la question de la langue, face à la campagne pour l’English only en 1917, et l’ACFC n’avait pas réussi alors à faire des gains importants. De 1917 à 1929, la question linguistique avait subsisté d’une certaine façon. Les prétendues intolérances sectaires qui se produisaient dans les écoles publiques, et spécialement dans celles placées sous la responsabilité de Francocatholiques, furent montées en épingle par la vague des accusations portées par les Loges orangistes, et par de nombreux pasteurs protestants et organisations. L’apparition du Ku Klux Klan, et sa tribune politique anti française et
176 III. Prêtre anti catholique, avait jeté de l’huile sur le feu après 1925. Assaillie de tous côtés, la position de la communauté francophone de la Saskatchewan était devenue précaire. À chaque nouvelle étape de leur histoire, les Francocatholiques devenaient de façon de plus en plus évidente, « les blessés », terme qui avait servi à décrire douze années auparavant, les Franco-Ontariens dans leur lutte contre le Règlement XVII3.
Une situation semblable existe aussi en Ontario et au Manitoba. Dans les milieux anglo-protestants, sur fond de peur irrationnelle et émotionnelle à l’égard de l’Église catholique, l’opposition se cristallise autour de l’usage du français et de l’enseignement de la religion à l’école. L’influence du curé Bourdel, chef de région de l’ACFC en 1930, est primordiale sur l’abbé Baudoux qui entre alors en scène et participe de plain-pied aux activités de cet organisme. Pour le laïcat comme pour le clergé, la sauvegarde de la langue et celle de la religion paraissent indissociables. Cet engagement de l’abbé Baudoux est inséparable de son ministère. Il précisera en 1944 que la sauvegarde des Canadiens français n’a pas été uniquement l’œuvre du clergé : « Depuis 1912, date de fondation de notre Association, la part prépondérante a été assumée et réalisée par celle-ci. Sans elle, les efforts des prêtres n’auraient pas eu de cohésion et par conséquent auraient été sans prestige auprès des gouvernants, sans force et sans stabilité. » Sa première implication se situe en novembre 1929. Antonio de Margerie, chef du secrétariat de l’ACFC, lui confie le soin de rédiger pour Le Patriote de l’Ouest deux articles sur l’enseignement du catéchisme qu’il n’a pas le temps de faire. « Je compte donc sur vous pour ces articles – entre deux leçons de hongrois. » Une invitation à aller veiller chez lui à Vonda, pour « parler d’un tas de choses », montre bien que les deux hommes ont déjà l’habitude d’échanger sur leurs problèmes4. En septembre 1929, le nouveau premier ministre avait annoncé la suppression des échanges de certificats d’enseignement avec la province de Québec, en alléguant qu’ils étaient inférieurs à ceux de la Saskatchewan, ce que s’empressa de réfuter le surintendant de l’Instruction publique du Québec, Cyrille-F. Delâge. Le recrutement d’enseignants bilingues est ainsi largement compromis, mais une nouvelle mesure annoncée en décembre s’avère encore plus néfaste, soit l’obligation de dispenser l’enseignement de la religion en anglais. La communauté francophone n’entend pas céder sur ce point. L’ACFC rencontre le premier ministre qui suggère lui-même le moyen de contourner le nouveau règlement, ce que Le Patriote de l’Ouest s’empresse de publier5. L’amendement de l’acte scolaire par le projet de loi 222a [1], qui entrera en vigueur le 1er juillet 1930, interdit la présence des symboles religieux et le port de l’habit religieux dans les écoles publiques. Cette mesure est appuyée
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par des éditoriaux et des articles francophobes et mensongers du Regina Daily Star et du Star Phoenix de Saskatoon. Elle suscite à Ottawa la démission d’Armand Lavergne, membre de l’exécutif du Parti conservateur, devant le refus de ce parti de censurer Anderson. Elle provoque aussi la protestation des évêques et de quelques anglophones, en particulier les Native Sons of Canada. Cet organisme, présent dans plusieurs provinces et en particulier à Ottawa, réclame la suppression des privilèges accordés aux Britanniques dès leur arrivée au pays, et la nomination d’un gouverneur général canadien. Ce groupe appuiera les revendications des Canadiens français et travaillera de concert avec l’Ordre de Jacques-Cartier6. L’ACFC et la Christian School Association protestent contre ce qui constitue une attaque ouverte et injustifiable envers les catholiques de la province. Les journaux de l’Est, Le Devoir, La Presse et Le Droit, feront de même. Le 22 décembre 1929, à son retour de l’Est, Mgr Prud’homme avait adressé au clergé une lettre de protestation contre les « menaces » proférées à l’encontre des catholiques et les « accusations fallacieuses » de la presse partisane. Quant à l’ACFC, elle invite les curés à convoquer des assemblées spéciales pour recueillir l’opposition des Franco-catholiques à cette mesure. C’est en vain que l’on demande l’aide des Chevaliers de Colomb ; ils refusent de prendre position en prétextant que la question est de nature politique et non pas religieuse. Ce qui fait craindre le pire, écrit Raymond Denis à Donatien Frémont : « Comme ils vont être unanimes nos bons Irlandais, quand Anderson va s’en prendre au français, ce qui ne saurait tarder7. » La protestation de l’évêque de Prince-Albert fait l’objet d’un article de fond dans la livraison du 12 février 1930 du journal La Liberté de SaintBoniface. D’Ottawa, de Québec, de Trois-Rivières, de Montréal, de Sherbrooke, de Saint-Boniface, parviennent des lettres d’appui et d’encouragement. De Le Pas, au Manitoba, le vicaire apostolique du Keewatin, Mgr Ovide Charlebois, donne son « entière adhésion » à la « fière attitude » de l’évêque « en face du fanatisme aveugle et de l’esprit sectaire ». D’Ottawa, son frère, le belliqueux oblat Charles Charlebois, manifeste son indignation devant les accusations du Regina Daily Star et suggère de poursuivre le journal au criminel. L’ACFC renouvellera sa protestation lors d’un congrès tenu en mars 1930 à Saskatoon qui réunit les catholiques de toutes langues et de toutes origines, et lors du congrès des commissaires catholiques tenu à Regina les 26 et 27 mars 19308. Dans sa paroisse, Maurice Baudoux se soumet à la directive de son évêque. En juillet, il avait conseillé aux prêtres de son diocèse de se soumettre à la loi et d’enlever les crucifix des écoles catholiques publiques. L’abbé Baudoux organise une cérémonie du transfert des crucifix des écoles et incite
178 III. Prêtre ses paroissiens à ne pas se soumettre « sans un acte de protestation ». Il cite d’abord le texte de Paul aux Philippiens : « Il y en a beaucoup dont je parle maintenant qui marchent en ennemis de la Croix du Christ (Ph 3, 18) ». Il ajoute : « Plus je réfléchis, plus je comprends la triste portée de la loi injuste qui chasse l’image du Christ de nos écoles comme un emblème de folie. » Il rappelle le symbolisme de la croix, cette croix, dit-il, qui « orne la couronne de notre gracieux souverain », et souligne ensuite le caractère contradictoire de la mesure prise par des gens qui font profession d’être disciples du Christ, « car le protestantisme n’a pas renié le Christ9 ». Du Québec, des amis comme Paul Bernier, Georges-Léon Pelletier, Henri-Paul Pelletier, mis au courant de ses activités par les journaux, l’assurent de leur sympathie. De Saint-Boniface, Émilien Lévêque ironise : « Que madame Anderson ne trouve pas de son goût la coiffe des Filles de la Providence, qui lui en voudra ? [...] et le département exigera-t-il un costume particulier pour toutes les classes enseignantes en Saskatchewan ? » L’envoi de la photo du premier ministre aux institutrices suscite un commentaire cinglant du Patriote de l’Ouest : « Elle remplacera le Christ, que par ses amendements à la Loi scolaire, M. Anderson met en dehors des écoles. » Maurice Fortier de Sherbrooke trouve « une allure martiale » aux lettres de Maurice. Il aime « cette atmosphère de lutte » dans laquelle vit son ami. Pour son ancien professeur, le jésuite Alexandre Dugré, Maurice est « prophète en son pays10 ». L’Ordre de Jacques-Cartier, qui en 1929 avait encouragé l’aide en faveur du français en Saskatchewan, intervient de nouveau. En novembre 1930, la chancellerie émet une circulaire pour demander à ses membres d’agir contre la décision du premier ministre Anderson de rayer des statuts de la province la clause reconnaissant la langue française comme officielle. Invité à s’adresser aux séminaristes de Rimouski, Raymond Denis avait eu deux longues conversations avec Mgr Courchesne qui lui avait fait part de rumeurs. Ce dernier était convaincu de la nomination prochaine à Québec d’Alexandre Vachon, même si cela ne plaît pas à tout le monde – ce qui n’aura pas lieu. Il sait que Mgr Villeneuve est favori auprès des jeunes professeurs et des séminaristes pour occuper ce poste. Après sa nomination en décembre 1931, le secrétaire de l’Ordre de Jacques-Cartier révélera que le nouvel archevêque est membre et chapelain honoraire de l’Ordre et qu’il sait que ce sont les nôtres qui ont déclenché la campagne en faveur des Canadiens français de la Saskatchewan11. L’abbé Baudoux applique dans sa paroisse toutes les initiatives en faveur du français proposées par l’Ordre de Jacques-Cartier, relayées par la Société Saint-Jean-Baptiste et encouragées par l’ACFC. En mai 1930, le comité paroissial de l’ACFC de Prud’homme organise la première célébration de la
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fête de Dollard au cours de laquelle le prêtre prononce un sermon patriotique. L’initiative sera reprise chaque année, en utilisant un texte de l’Ordre de Jacques-Cartier. Chaque année aussi il appuie les tournées en faveur du Patriote de l’Ouest l’Ouest, surtout après que l’exécutif eut appris de R. Denis que la Société Saint-Jean-Baptiste avait abandonné l’idée d’une souscription en faveur de ce journal et de l’ACFC. Il souhaite la création de cercles de l’Association canadienne de la jeunesse catholique (ACJC), mais commence par former un groupe d’avant-garde avec ses enfants de chœur. Il inaugure en 1931 une activité qu’il nomme « Parlement modèle » pour initier les gens de sa paroisse à la chose publique12. Au sein même de l’ACFC, l’abbé Baudoux sera un artisan de la lutte pour le maintien du français et de l’enseignement religieux dans les écoles. Pendant la guerre, il jouera un rôle actif en faveur des fermiers de l’Ouest, et consacrera de nombreuses années à l’instauration de l’enseignement postscolaire, puis à la création de la radio13 française dans l’Ouest. Il est en lien avec de nombreux organismes, la Société SaintJean-Baptiste, la Société du bon parler, le Comité permanent de la survivance française en Amérique et aussi, comme on vient de le noter, mais discrètement comme il se doit, avec l’Ordre de JacquesCartier. Au sein même de l’ACFC, il prend vite une place importante, depuis ses premières participations aux congrès où on lui confie de plus en plus de responsabilités, jusqu’à sa nomination comme président intérimaire, puis comme secrétairetrésorier. Les Congrès de L’ L aCfC
Maurice Baudoux avec Le Devoir Devoir, bourrant sa pipe.
Toutes les activités en faveur du français sont discutées et décidées lors des congrès de l’ACFC et mises en œuvre par son secrétariat permanent. Le dernier congrès général de l’ACFC s’était tenu en mars 1929 à Prince-Albert14, alors que Maurice Baudoux était encore à Québec. Si le nouvel ordonné ne
180 III. Prêtre participe pas à la convention régionale de Hoey en août 1929, son ami Antonio Coursol, curé de Jack Fish, lui fait part de ses impressions dès son retour. Le congrès de mars 1930 à Saskatoon a été pour la première fois un congrès conjoint des catholiques de toutes langues et de toutes origines. En juillet suivant, Raymond Denis, qui vient de recevoir la Légion d’honneur de la France, son pays d’origine, va représenter avec Rodolphe Laplante les associations nationales de la Saskatchewan et de l’Alberta au huitième congrès de l’Association d’éducation du Manitoba à Saint-Boniface15. À l’automne 1930, l’abbé Baudoux est invité à organiser à Prince-Albert le troisième congrès pédagogique des instituteurs de la région de Prud’homme, le 27 décembre. Le prêtre consulte son évêque qui lui répond : « Il est entendu que je vous autorise de cœur gai et de tout cœur, à organiser le congrès pédagogique de Prince-Albert, puisque Mgr Bourdel consent à se priver de vos services dans ce but et que l’Association des commissaires catholiques de langue française par la voix de son président désire vous confier ce beau travail. » Le 15 novembre, une journée pédagogique sur l’enseignement du français a lieu au couvent de Prud’homme qui vient de célébrer ses vingt-cinq ans d’existence16. Le congrès de 1931, qu’on avait d’abord songé à remettre à plus tard en raison de la dureté des temps, sera un congrès conjoint de l’ACFC et de l’Association des commissaires d’écoles (ACEFC). Il aura lieu à Regina du 7 au 9 juillet. L’Alberta prépare aussi son congrès national. À Prud’homme, on procède en février 1931 à l’élection d’un comité paroissial de l’ACFC. En mars, on recevra le comité de l’ACFC de Saint-Brieux, une initiative de Louis Demay, afin d’établir des liens plus étroits entre Canadiens français. Lorsque Maurice Baudoux demande à Antonio de Margerie comment il pourrait l’aider pour préparer le congrès, ce dernier lui suggère de rédiger la lettre circulaire à l’intention des curés : « Rédigez-moi cette circulaire ; vous savez quels arguments auront le plus de poids auprès de ces messieurs, ce qu’il faut dire, la limite qu’il ne faut pas franchir, car la circulaire sera signée d’un laïque, moi. » Comme les évêques ont approuvé le programme, on peut le présenter comme un devoir : « Devoir de catholiques d’abord », pour cimenter l’union des catholiques de toutes langues. « Devoir de Canadiens français ensuite », occasion de réveiller certains patriotismes endormis, de consolider les liens entre les membres dispersés de la famille francophone et de voir aux dispositions à prendre pour obvier aux difficultés créées par l’abolition de la première année de français17. Quelque 650 membres des deux organismes se retrouvent à Regina à l’été 1931. On y a invité le directeur des écoles anglaises de Montréal, le député fédéral, le premier ministre Anderson, le président de la Saskatchewan
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School Trustees et des catholiques de langue allemande et de langue anglaise. En mars 1930, après sa nomination comme vicaire apostolique de Grouard, l’oblat Joseph Guy avait donné sa démission comme premier vice-président de l’ACFC. Maurice Baudoux est appelé à lui succéder et on lui confie aussi le comité des résolutions lors du congrès. C’est lui qui propose de tout tenter pour reconstituer les comités régionaux dont la bonne marche lui paraît essentielle au regroupement des forces. Il appuie aussi une proposition de remerciement aux donateurs de l’extérieur de la province pour l’aide apportée à la cause du français. Le Patriote de l’Ouest qualifie de triomphe les assises de ce congrès. Il reproduira dans trois numéros consécutifs les discours et les comptes rendus présentés, dont celui de Maurice Baudoux sur la vie de l’ACFC18. Les participants retournent chez eux avec un solide programme d’activités à mettre en œuvre. Lors de la réunion de l’exécutif, le 7 août suivant, Antonio de Margerie et Maurice Baudoux font des suggestions pour l’organisation du concours de français en 1932, les règlements et sanctions, l’organisation du congrès pédagogique, les retraites fermées et l’ACJC, sans oublier le catéchisme. On confie aux trois vice-présidents le soin d’organiser les cercles paroissiaux et régionaux ; l’abbé Baudoux hérite du nord de la province. L’exécutif le charge des retraites fermées, de l’enseignement du catéchisme et de la fondation des cercles de l’ACJC. Pour ce travail, il n’hésite pas à demander de l’aide et suggère à monsieur Cadieux de Willow Bunch de former un comité d’activités : « Ce n’est pas que je refuse de travailler. Mais je dois nécessairement me borner. J’en ai déjà trop entrepris. » Il est aussi engagé dans l’organisation de trois congrès pédagogiques entre le 9 et le 25 octobre 193119. Chaque année, Le Patriote de l’Ouest organise des tournées dans les paroisses pour solliciter et renouveler les abonnements, et faire une campagne de publicité, une activité que l’abbé Baudoux prend à cœur. En 1930, il aborde la question dans la prédication en rappelant l’invitation du concile plénier du Canada de 1912 à aider l’œuvre de la presse catholique. Ce journal, qui dénonce les attaques dont sont l’objet les catholiques canadiensfrançais, a lui-même été l’objet de représailles de la part du gouvernement qui lui a retiré les contrats d’impression qu’il avait l’habitude de lui confier. L’itinéraire des tournées durant les mois de juin, juillet et août est publié dans le journal. À Prud’homme, c’est l’occasion d’organiser des activités lucratives, comme un concert ou une représentation théâtrale20. Au programme du congrès pédagogique de North Battleford, le 1 0 octobre 1931, figure un rapport sur l’enseignement religieux appuyé par Mgr Prud’homme qui applaudit « à l’idée d’une étude sur l’enseignement du
182 III. Prêtre catéchisme dans les écoles ». L’évêque prononcera le 17 octobre, à la messe, une allocution pour le personnel enseignant. C’est lui aussi qui présidera la séance du vendredi 18 décembre, consacrée à l’étude systématique de l’encyclique de Pie XI dont l’abbé Baudoux propose un plan en cinq points. Les curés sont invités à présenter ensuite ce plan dans les écoles de leur paroisse. Sous le pseudonyme Juvenis, Maurice Baudoux signe dans le Patriote un article intitulé : « Ces congrès pédagogiques ». L’idée d’action sociale catholique prônée par l’École sociale populaire du jésuite Joseph-Papin Archambault fait aussi son chemin ; on songe à organiser dans le diocèse un congrès d’action sociale catholique en 193221. En décembre 1931, la situation économique est tellement grave qu’on décide de ne pas organiser de congrès général en 1932, mais le travail à faire auprès des chefs de régions et des comités paroissiaux ne manque pas. Un congrès régional aura lieu à Lebret en juin. L’abbé Baudoux écrira des articles pour faire valoir la valeur pratique de l’ACJC : « Je ne désespère pas de voir l’œuvre de l’ACJC devenir officiellement œuvre d’action catholique. » C’est dans cette perspective qu’il compte préparer un mémoire sur l’ACJC qu’il voudrait voir implantée dans toutes les paroisses. Il a l’appui des évêques McGuigan, Prud’homme, Villeneuve, Melanson. Il se procure, auprès du secrétariat de Montréal, la dernière publication, Orientations nouvelles, ainsi que le compte rendu des dernières réunions du conseil fédéral22. Dans toutes ces activités, Maurice Baudoux se montre avant tout soucieux de la bonne entente, une tâche difficile, en raison des distances qui ne facilitent pas les rencontres, mais aussi des caractères opposés, des susceptibilités et de la rivalité latente entre le nord et le sud de la province. Par exemple, il conseille à A. de Margerie de ne pas oublier d’utiliser le titre de rédacteur en chef lorsqu’il écrit au père Tavernier : « Vous savez les frictions qui existent entre lui et M. Denis – susceptibilité des deux côtés. J’ai dit à M. Denis ce que je pensais là-dessus. Travaillons à les faire disparaître. Les pères du Patriote ont une très haute opinion de vous. Tous deux vous trouvent d’une délicatesse exquise, d’un sérieux peu ordinaire etc. Cela facilitera toujours vos relations avec eux. » Une autre occasion va lui permettre de faire preuve de patience. Un différend éclate à Debden quand le curé prétend que l’évêque n’approuvait pas la présence des femmes au sein des comités de l’ACFC, ce que dément aussitôt Mgr Prud’homme, qui ne penche cependant pas en faveur de la mixité. Maurice s’est inspiré de la pratique de l’Action catholique belge pour conseiller la formation de comités mixtes. On ne fera pas d’esclandre. Antonio de Margerie écrit au président que rien ne presse : « Je ne me fais pas à l’idée que vous écriviez aux dames de démissionner. » Elles seront invitées pour la première fois en 1938 et lors du congrès de 1939, madame Guy Gravel fera un exposé sur le rôle de la femme dans l’ACFC23.
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En mars 1933, Maurice Baudoux est à Gravelbourg pour l’exécutif de l’ACFC et l’intronisation du nouvel évêque, Mgr Melanson. Il songe déjà à l’organisation des retraites fermées en août et en septembre, pour lesquelles il s’est assuré la collaboration du dominicain Réginald Duprat, après une expérience réussie à l’été 1932. Il présidera en juillet deux journées catéchétiques au convent de Prud’homme avant de faire un pèlerinage à Saint-Brieux. Des congrès régionaux ont lieu à l’automne, dont celui de Gravelbourg. Les prix de catéchisme et de français sont décernés avec solennité à Prud’homme le 17 décembre, en présence du curé, de messieurs Adrien Doiron, vice- président de l’Association des commissaires d’école, A. de Margerie et Dumont Lepage, chef de la région24.
Retraite fermée à Gravelbourg en 1948 avec le père Duprat, o.p.
Au moment où Prud’homme passe au diocèse de Saskatoon, Le Patriote de l’Ouest célèbre ses vingt-quatre ans et l’ACFC prépare le congrès général de Moose Jaw, du 25 au 27 juillet 1934. L’abbé Baudoux soumet à l’exécutif le 18 avril un projet pour étudier les manuels scolaires en usage dans les écoles et faire les démarches requises pour retirer ceux qui laissent à désirer. On lui propose de faire l’essai, en faveur de l’ACFC, du plan de propagande par le cinéma, qu’il a soumis. Des cours catéchétiques qui se donnent depuis deux ans auront encore lieu à l’été. L’objectif est de renouveler les méthodes pédagogiques, conformément au programme que s’est donné l’ACFC en 1933,
184 III. Prêtre pour l’étude du comité d’enseignement du français présidé par Maurice Baudoux. La discussion se fait à partir des questions suivantes : « Pourquoi réviser nos méthodes ? Quelle est la méthode idéale d’enseignement catéchétique ? En quoi consiste la méthode évangélique25 ? » Après le congrès de Moose Jaw, un congrès de la presse française a lieu à Québec, et les Franco-Ontariens tiennent leur huitième congrès. Raymond Denis, Antonio de Margerie et Maurice Baudoux sont réélus à leurs postes. Ces deux derniers se voient confier la fonction de représentants de l’exécutif au Comité de l’enseignement du français. Deux ans auparavant, l’exécutif avait confié à l’abbé Baudoux le soin de présenter aux évêques les vœux à caractère religieux des congrès généraux, régionaux et pédagogiques de l’ACFC. Invité à prendre la parole devant les étudiants du collège de Gravelbourg, Maurice Baudoux leur présente l’ACFC, Le Patriote de l’Ouest et le collège Mathieu comme les trois institutions nécessaires à la survivance. En octobre on avait fait état du départ prochain de Raymond Denis pour l’Est et, lors de la réunion de l’exécutif à Regina le 14 mars 1934, il annonce son transfert à Montréal par la compagnie La Survivance dont il était jusque-là l’agent dans l’Ouest. Il remet sa lettre de démission comme président et transmet une procuration au vice-président Maurice Baudoux, en attendant l’élection du nouveau président26. Président intérimaire de l’ACFC En 1935, l’élection du nouveau président se fait par la poste. C’est à l’aumônier général de l’ACFC, le franciscain Adrien Malo, que revient cette tâche. Dans le but de combler le fossé qui s’était creusé lors du congrès général entre les gens du Nord et ceux du Sud, Maurice Baudoux croit que l’élection d’un homme du Sud à la présidence serait un pas en avant. Mais c’est lui qui recueille le plus de voix. Il s’empresse d’en informer son évêque et de lui demander conseil : « C’est la première fois que pareille chose arrive. Ça a toujours été un laïc qui a été président. La raison me semble être que le ou les candidats de choix commun ont dû refuser. Il y a de plus le précédent de l’ACFÉO (Association canadienne-française d’éducation de l’Ontario) où le président, en pareil cas était prêtre. Évidemment la charge ne nuirait aucunement à ma charge de curé. Mais dois-je accepter quand même ? » La réponse est favorable, mais dans sa lettre d’acceptation l’élu déclare qu’il ne veut être que président intérimaire. « Cette restriction corrigera peut-être, dans une certaine mesure, l’étrangeté du fait d’un président-prêtre. Puissions-nous d’ici au prochain congrès, préparer les voies à l’élection d’un laïque qui acceptera et sortir de ce pis-aller. » Il fait convoquer une réunion de l’exécutif à Regina au mois de mars27. Le Patriote de l’Ouest présente ainsi le nouveau président :
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Depuis 1929, l’abbé Baudoux a été directement mêlé à la vie de l’Association et a pris une part considérable à son action. Il en connaît à fond tous les rouages, ayant été successivement et simultanément secrétaire de comité paroissial, chef de région, membre de l’exécutif à titre de vice-président, organisateur de congrès régionaux et pédagogiques, et président de comité de l’enseignement du français. Vivant à proximité du secrétariat permanent, organe vital de l’Association, il fut à même d’en connaître intimement le travail. [...] son activité débordante, son esprit méthodique et clair, sa maturité de jugement, sa largeur de vues, et le soin extrême qu’il met toujours à remplir le moindre de ses devoirs [lui valent cette confiance]. Il n’est pas de ceux qui recherchent les honneurs. Mais il n’est pas non plus de ceux qui se dérobent aux charges28.
Le nouveau président est vite présent sur tous les fronts. Il transmet à son évêque les vœux du congrès de Moose Jaw, le projet de constitution d’un comité fédératif catholique élaboré à la suite des recommandations des évêques et des discussions entre officiers de l’association. Ces vœux seront discutés lors du prochain exécutif, mais le projet de constitution ne sera pas présenté avant que les évêques aient fait connaître leur sentiment. Monsieur Doiron succède à Maurice Baudoux au poste de vice-président pour le diocèse de Saskatoon. Tous deux rendent compte de leur entrevue avec les officiers supérieurs du Département de l’Instruction publique pour obtenir la reconnaissance des cours donnés au collège Mathieu comme équivalents à ceux du Département. On charge le père Lechevalier d’écrire, pour Le Patriote, une série d’articles pour marquer le cinquantième anniversaire du soulèvement de Riel en Saskatchewan. Antonio de Margerie propose de suggérer au journal « de reproduire des articles de nos bons journaux et de l’Ordre [de JacquesCartier] ». En juillet, le président procède à une consultation sur le rapport du comité d’étude. C’est lui qui rédige le compte rendu du congrès d’Action catholique qui s’est tenu à Gravelbourg du 10 au 12 août 193529. Le président Baudoux met la dernière main aux statuts généraux de l’ACFC qui confirment l’objectif de l’association fondée en 1912 pour la conservation, la défense et l’avancement des intérêts religieux et nationaux des Franco-Canadiens de la province en dehors et au-dessus de tout parti politique. Ils seront adoptés au congrès général à Saskatoon en 1936. L’ACFC peut compter sur Le Patriote de l’Ouest comme organe de diffusion. Le président s’attelle à un nouveau projet, l’établissement d’un office de liaison qui tiendra compte des observations faites par les membres de l’exécutif. « Nos efforts ne peuvent être en vain, écrit-il à Antonio de Margerie, si nous ne recherchons que le bon vouloir et la gloire de Dieu. » Le 11 janvier, Maurice est à Montréal pour assister, le 19, à une importante réunion des sociétés nationales de l’ensemble du pays et des États-Unis à l’invitation de la Société
186 III. Prêtre Saint-Jean-Baptiste de Montréal. Ce séjour prévu pour un mois durera plus de cinq semaines, jusqu’au 22 février30. Avant de partir, le président avait consulté les membres de l’ACFC, noté leurs suggestions et obtenu leur accord de principe pour les transmettre. Ils auraient voulu consacrer plus de temps à l’étude de la question, mais n’avaient réussi qu’à faire reporter la réunion de six semaines, pressé que l’on était d’amorcer le travail de collaboration. Maurice Baudoux fait route avec le docteur Léon-Omer Beauchemin, président de l’Association des Canadiens français de l’Alberta (ACFA). Les deux hommes retrouvent à Montréal Henri Lacerte, président de l’Association d’éducation des Canadiens français du Manitoba (AECFM). On accepte que la SSJB de Montréal soit l’organisme de liaison, mais on juge utile d’y adjoindre un comité représentatif des autres sociétés présentes. On suggère à cette fin les noms de Rodolphe Laplante, Raymond Denis et Alfred Doucet, résidant alors à Montréal, qui sont très au courant de la situation dans l’Ouest. Un intense travail de concertation s’amorce entre les représentants des Maritimes et ceux de l’Ouest pour préparer la réunion du 19 janvier31. Cette rencontre attire 71 représentants d’une vingtaine de sociétés nationales du Canada et des États-Unis32. Les termes employés pour parler de cette rencontre avec les chefs « de tous les organismes de vie française du Canada, d’Acadie et de Nouvelle-Angleterre », indiquent qu’ils font partie du réseau de l’Ordre de Jacques-Cartier. Lorsqu’il rend compte de ces assises à l’ouverture au congrès national de l’ACFC à Saskatoon le 28 juillet suivant, Maurice dira : « La discrétion, qui a été le cachet tout à fait inaccoutumé de cette réunion, me fait un devoir de ne point m’étendre sur ce sujet. L’exécutif a d’ailleurs été mis au courant. Qu’il me suffise de déclarer au Congrès qu’il s’est fait à Montréal, à cette occasion, une tentative très sérieuse de collaboration entre toutes les sociétés nationales du Canada français et d’Acadie dont nous sommes les premiers à bénéficier. » Il se trouve des commanderies de l’Ordre de Jacques-Cartier dans les villes où il a été invité à donner des conférences : Montréal, Saint-Hyacinthe, Québec, Trois-Rivières, Sherbrooke et Ottawa. Partout, dit-il, le groupe de la Saskatchewan a été l’objet d’une réconfortante sympathie, à la fois morale et pécuniaire : « On a bien voulu me dire, écrit-il à sa sœur, que j’ai fait très bonne impression aux réunions33. » Rien ne transpire dans les journaux de ces assises au cours desquelles on expose les problèmes de toutes les provinces du pays et on recense ce que chaque province minoritaire attend du Québec pour répondre à ses besoins. Au cours des échanges, Maurice Baudoux constate le prestige exceptionnel dont jouit Raymond Denis au Québec. La séance du soir est consacrée à
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l’étude des modalités et de la mise en œuvre immédiate de cette action concertée. Mais pouvait-on espérer une décision immédiate ? « D’une part, écrit Maurice Baudoux, il y avait trop à faire pour une seule journée. D’autre part, il fallait construire du neuf de toutes pièces assez disparates. » Il se rangera à l’avis que seule une expérience de quelques années permettrait la création d’une institution avec des règles précises. La réunion aura été « une franche prise de contact et mise sur table de problèmes divers peu connus de ceux qui ne les vivent pas ». Six jours plus tard, une autre réunion a lieu en vue de mettre en branle le travail commun. Maurice Baudoux et le docteur Beauchemin y sont. Deux problèmes retiennent l’attention : la situation des Canadiens français dans les diocèses à titulaires non canadiens-français et le problème de RadioCanada. Les diverses personnalités qu’il rencontre incitent Maurice Baudoux à multiplier visites et démarches, ce qu’il fait en prononçant des conférences aussi bien devant de larges auditoires que de petits groupes. Partout, il obtient sympathie et désir de venir en aide. Mais une question lancinante revient au sujet du mouvement séparatiste très en vogue dans l’Est chez les jeunes de vingt à quarante-cinq ans. « Or quand on constate, comme les trois délégués de l’Ouest l’ont fait, que le réveil national très intense qui révolutionne le Québec aujourd’hui repose en grande partie sur ces jeunes, on ne peut que fixer avec angoisse ce mouvement séparatiste. » Il se fait désigner les chefs du mouvement et discute avec eux34. Je n’ai pas manqué, non plus, si belle occasion d’étudier de près, de discuter et de juger selon notre point de vue, les aspirations des groupes séparatistes du Québec. Il m’en est resté moins d’inquiétude sur l’imminence du danger. Ce voyage dans l’Est a été enfin l’occasion d’un rapprochement d’idées et de sentiments avec les présidents des associations sœurs du Manitoba et de l’Alberta. Bref, de cette mission dans l’Est que l’Exécutif a bien voulu me confier, je suis revenu plus convaincu que jamais que tous les Canadiens français d’Amérique vibrent à l’unisson mais qu’il est nécessaire, en raison des distances énormes qui nous séparent, de continuer à alimenter cette union, en vue d’une collaboration organique, par des rapprochements semblables35.
Ce que l’Ouest attend le plus de l’Est, c’est « l’exemple fécond d’une vie nationale intense », dépouillée des chicanes de clocher et de parti : « Qu’il me soit permis de dire la douleur que ressent l’âme franco-canadienne, là-bas en Saskatchewan aux échos de luttes dont l’enjeu et la tactique n’ont rien que de très mesquin en regard de l’essentiel enjeu de notre survivance. Douleur et honte. Car nos adversaires ne manquent pas d’en farcir leurs journaux au grand détriment de votre prestige et du nôtre. » Les délégués retournent chez eux avec l’assurance d’un travail intense qui devrait porter ses fruits un an plus tard, lors d’une nouvelle rencontre. Resté à Montréal, Maurice se fait
188 III. Prêtre présenter Omer Héroux du Devoir par Raymond Denis et se rend à Québec saluer le cardinal Villeneuve. De retour à Prud’homme, il se documente auprès de Statistique Canada sur les origines raciales de la population des quatre diocèses de la Saskatchewan et de l’abbaye de Muenster afin de poursuivre le travail sur les constitutions36. L’abbé Baudoux restera en lien avec les tenants du séparatisme qui lui font parvenir les premiers numéros de La Nation37. Cet hebdomadaire, créé à Québec en février 1936, se veut « un élément indispensable au ralliement de toutes les bonnes volontés latentes » vers « un État libre et français en Amérique ». Sa lecture lui fait se demander si l’entreprise n’est pas « cassecou ». L’ACFC a le devoir, écrit-il, de participer à l’œuvre commune en renseignant « les gens de la Saskatchewan sur tous les courants de vie nationale », mais aussi « les gens du Québec sur nos aspirations de minoritaires ». Ce n’est pas la première génération qui envisage l’aventure de l’indépendance, écrit-il, mais « jamais cependant avec autant d’acuité qu’en ces toutes dernières années. Feuilles, revues, tracts, ouvrages même témoignaient de l’emprise de cette idée sur un grand nombre de jeunes. Le voyage que je viens de faire au Québec m’a permis, pour ma part, de me rendre compte qu’il n’y a point là que verbiage mais, chez beaucoup des moins de quarante [ans] une idée fixe subjuguant toutes les jeunes énergies. » Il ne met pas en cause le sérieux de la réflexion faite, après avoir rappelé l’enquête de l’Action française de Montréal en 1922, mais il ajoute : « Et pourtant... ! Pourtant, font-ils suffisamment la part des responsabilités et des causes des responsabilités dans la situation actuelle des Canadiens français ? » Des inquiétudes qui s’expriment aussi dans La Liberté qui publie un article signé « Boniface » que reproduira Le Patriote de l’Ouest38. En remerciant les participants, le chef du secrétariat de la SSJB de Montréal attire leur attention sur quelques-unes des tâches les plus urgentes : la plus importante est la question scolaire. Chaque société diocésaine du Québec est invitée à assister efficacement les organismes de l’Alberta, de la Saskatchewan et du Manitoba pour défendre l’enseignement de la religion et de la langue française. On s’inquiète de la nouvelle politique d’immigration et on compte faire pression auprès des ministres, des députés et de l’opinion publique pour que le problème du chômage canadien soit réglé en établissant d’abord des fils de cultivateurs « avant d’admettre des colons étrangers ». On prône aussi l’éducation nationale et patriotique de la jeunesse par la lecture, la chanson et des revues spécialisées comme L’Oiseau bleu, publiée par la SSJB de Montréal. Pour favoriser des relations fraternelles entre les Canadiens français de toutes les provinces, les représentants de l’Ouest ont proposé la création d’une délégation provisoire d’un représentant par province, qui soit accréditée auprès du Conseil général et du secrétariat de la SSJB de Montréal,
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afin « d’étudier et de préciser le champ d’action où peut s’exercer notre action commune et les moyens » de l’exercer. La proposition est adoptée à l’unanimité. Cette délégation devra soumettre un rapport à toutes les délégations trois mois avant l’assemblée prévue un an plus tard39. Lors de la réunion de l’exécutif à Regina en avril suivant, Maurice Baudoux rend compte de son voyage dans l’Est et de la refonte des constitutions. Mais il ne parvient pas à faire ratifier la désignation de Raymond Denis comme représentant de la Saskatchewan à Montréal, ni à en faire désigner un autre, ce qui paralyse les relations avec Montréal. À titre confidentiel, il explique au docteur Beauchemin pourquoi il n’a pu donner suite aux ententes faites par les trois délégués de l’Ouest. Lors du congrès de 1934, le docteur Laurent Roy avait été évincé de la présidence par une « fausse et très malheureuse manœuvre de M. Denis. C’est uniquement à cause des froissements dès lors, que j’ai dû prendre la succession par intérim. J’avais espéré que le temps ferait oublier. Il n’en a rien été40. » Plus de 200 personnes assistent au congrès général de l’ACFC à Saskatoon les 28-30 juillet 1936 au cours duquel le docteur Laurent Roy est élu président et Maurice Baudoux, secrétaire-trésorier. On y propose l’organisation de congrès régionaux en 1937, une méthode de conférences dialoguées et d’enquêtes pour les journées d’études, et on demande aux évêques l’autorisation d’instituer une journée de l’ACFC. À l’approche des vingt-cinq ans de l’association, on enverra aux journaux de l’Est une série de communiqués sur la minorité française de la Saskatchewan, rédigés par Maurice Baudoux. Lors de l’exécutif du 9 septembre à Regina, Mgr Monahan reproche à l’ACFC de trop insister sur le « prétendu dogme de la langue gardienne de la foi ». Il reconnaît certes les droits et privilèges des Canadiens français, mais il leur demande de ne pas faire bande à part dans les paroisses et de chercher surtout à grouper les catholiques, de quelque nationalité qu’ils soient41. Après le vote de remerciement, à la demande du président L. Roy, Maurice Baudoux répond à l’évêque : Permettez-moi de vous dire que cela, l’ACFC l’a toujours fait et l’a accompli, tout spécialement en 1930 en s’unissant à la CSTA [Catholic School Trustees Association] non en fédération mais en toute collaboration. Nous ne voulons pas fondre notre association dans un autre tout, même catholique. Nous voulons garder notre caractère distinctif, rester ce que nous sommes. Mais nous sommes persuadés que c’est pour nous la plus efficace manière de collaborer avec les catholiques d’autres langues. Cela nous le voulons. [...] Bien plus, il y a près de deux ans, à la suite d’un vœu émis au congrès de 1934, nous avons présenté à l’épiscopat de la province un projet de Statuts de collaboration plus étroite entre toutes les sociétés catholiques de la province par lesquels serait
190 III. Prêtre sauvegardée la distinction des sociétés et des nationalités et assurée la collaboration de toutes pour le plus grand bien de l’Église42.
Secrétaire-trésorier de l’ACFC Un an jour pour jour après la mémorable réunion de 1936 à Montréal, Maurice Baudoux écrit à tous les participants : « Quelles que soient les difficultés de réalisation qu’ait pu rencontrer l’organisme de collaboration que, d’un commun accord, nous avons voulu mettre sur pied le 19 janvier 1936, je crois fermement que nous devons poursuivre la tâche coûte que coûte. » Le sénateur Gustave Lessard fera remarquer à l’abbé Baudoux que cette réunion a coïncidé avec « une recrudescence du sentiment sécessionniste dans la province de Québec » : Il me semble qu’aujourd’hui le sentiment de la vieille province à l’endroit des Canadiens français de l’extérieur est moins sympathique que jamais, et je le regrette profondément. Il en découle qu’il est de plus en plus important pour nous, dispersés dans les huit autres provinces canadiennes de resserrer les liens qui nous unissent les uns aux autres, puisque, tôt ou tard, il est évident, quelque [sic] soit l’évolution politique de notre pays, que nous serons appelés à nous suffire à nous-mêmes43.
Même indépendance motivée de la part de Maurice Baudoux face à l’aide venue du Québec. En remerciant Guy Vanier de l’appel lancé en faveur de l’Ouest le 25 avril 1937 et du don reçu, il lui écrit qu’il s’oppose à la création d’un mouvement en faveur des paroisses indigentes, ce qui ne pourrait contribuer qu’à déprécier l’Ouest davantage, au détriment de la vérité, car des aides sont disponibles sur place. Les conditions actuelles, ajoute-t-il, ne dureront pas. « La véritable collaboration de nos frères de l’Est doit être plus intellectuelle et morale que financière, sauf peut-être dans les domaines où nous ne recevons pas la part qui nous revient des deniers publics. C’est le cas de l’enseignement du français44. » Un autre congrès important se prépare, le deuxième congrès de la langue française, au cours duquel sera fondé un organisme qui tiendra lieu d’organe fédératif des organismes francophones. Le congrès aura lieu à Québec du 27 juin au 1er juillet 1937. L’abbé Alexandre Vachon et le Dr Petitclerc en feront la promotion lors d’une tournée dans l’Ouest, et une excursion est organisée pour amener les délégués dans l’Est. La plus importante décision prise au cours de ces assises est la création du Comité permanent de la survivance française en Amérique45 en vue de perpétuer l’œuvre du congrès, dont la présidence est confiée à Mgr Camille Roy. Cet organisme deviendra en 1952 le Conseil de la vie française en Amérique. Un comité provisoire de dix
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ersonnes choisies par le congrès doit nommer les membres de ce comité, p dont quatre sont membres de l’Ordre de Jacques-Cartier46. Maurice fera le voyage de retour avec les abbés Painchaud et Mathieu. Les trois hommes passent par les chutes Niagara et séjournent à Flint, au Michigan, là où ont commencé les grèves dans l’industrie de l’automobile. Les échanges concernant la représentation de l’Ouest au sein du Comité permanent de la survivance française se poursuivent à l’automne. Les responsables de l’Ouest finiront par obtenir que les associations nationales aient seules l’autorité pour désigner leur représentant au sein du comité permanent, ordinairement le président de l’organisme national provincial47. Si, une fois encore, la rareté de l’argent incite à ne pas convoquer de congrès général en 1938, l’ACFC ne ralentit pas ses activités. Bien au contraire. Elle met de l’avant un programme d’éducation nationale et le secrétaire général Baudoux est invité à solliciter les curés pour mettre en œuvre des cercles d’étude. Le directeur du secrétariat est autorisé à faire des essais de bibliothèques scolaires ambulantes, et on commence à faire « de la propagande française par le cinéma français de format réduit ». Maurice Baudoux passera plus d’un mois dans l’Est, en juin et juillet 1938. Il prend la parole au congrès eucharistique de Québec du 22 au 26 juin 1938 dont le légat papal est le cardinal Villeneuve. On y présente la Messe de Henri Ghéon, sous la direction du père Émile Legault, c.s.c. Après l’ordination épiscopale de Mgr Langlois, l’abbé Baudoux se rend à La Pérade et passe quelques jours à son cher Petit Cap où se trouve en repos un confrère d’Edmonton, le père Forcade, du journal La Survivance. Il multiplie les démarches à Québec et à Montréal, afin de trouver un médecin pour Prud’homme et se documente sur l’Œuvre des terrains de jeux, sans oublier les courses et les achats à Montréal avec les demoiselles Coursol, pour Mariette et la paroisse. Il se rend aussi à TroisRivières, puis à Sherbrooke avec le docteur Petitclerc et rencontre Maurice Fortier. À Saint-Hyacinthe, l’abbé Gadbois lui remet cinquante exemplaires de La Bonne Chanson qui serviront de prix pour les examens de français48. Le 28 octobre a lieu à Gravelbourg un grand congrès régional présidé par le docteur Laurent Roy auquel les dames sont invitées pour la première fois. On se prononce entre autres contre les grandes unités scolaires que le gouvernement veut mettre en place. Le congrès national aura lieu les 18-20 juillet 1939, conjointement avec l’ACEFC et la Catholic School Trustees Association. Raymond Denis y représente la SSJB de Montréal dont il est alors le vice-président. Ce congrès marque une étape importante, puisqu’on y présentera le compte rendu du mémoire à la commission Rowell sur les droits minoritaires dans la province, ainsi que celui du mémoire à la commission Martin par les associations de commissaires sur les droits du français
192 III. Prêtre à l’école. Le secrétaire-trésorier présente son rapport financier et les nouveaux statuts de l’ACFC. Le programme d’éducation nationale est approuvé. Pour la septième année en septembre 1939, les paroisses observent une journée de l’ACFC. Un mois plus tard, les 18 et 19 octobre, l’association sœur de l’Alberta tient son dixième congrès49. Le français et la religion à l’école En mai 1930, à la requête du Ku Klux Klan, le gouvernement de la Saskatchewan avait institué une enquête sur la situation du français dans les districts scolaires. Au terme de cette enquête, on avait recommandé l’abolition du cours primaire de français sous le prétexte qu’il ferait obstacle à « une connaissance adéquate de l’anglais ». Un autre amendement à l’acte scolaire est proposé le 27 février 1931 afin d’abolir le français comme langue d’enseignement en première année. Impuissante à infléchir le gouvernement, l’ACFC prend le parti d’informer l’opinion publique dans la presse. Raymond Denis écrit dans Le Patriote de l’Ouest, pour condamner l’action du gouvernement. Ces informations sont reprises dans les médias de l’Est, Le Devoir, Le Droit, Le Canada, L’Action catholique. La Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal lance une souscription en faveur de la « minorité blessée par l’injustice », pendant que les accusations mensongères continuent de plus belle dans le Daily Star50. Antonio de Margerie informe l’Ordre de Jacques-Cartier du dénuement extrême des Canadiens français de la Saskatchewan. Plusieurs circulaires sont émises, suggérant d’organiser des projections de films pour recueillir de l’argent qui sera offert avec des livres français. Mille dollars seront ainsi recueillis. Raymond Denis se rend dans l’Est en août et en septembre, à la suite d’une nouvelle année de sécheresse et de la mévente du blé. Il correspond aussi avec des parlementaires et des conservateurs du Québec, dans l’espoir de convaincre le premier ministre R. B. Bennett d’intervenir au nom des Canadiens français, ce qui pourrait faire hésiter Anderson à ajouter d’autres restrictions à l’enseignement du français. Le recours aux politiciens s’avère infructueux, mais la nouvelle se propage dans les journaux de l’Est. Un convoi de secours est expédié d’Ottawa par l’Association canadienne-française d’éducation de l’Ontario (ACFEO). A. de Margerie apprend à l’Ordre de Jacques-Cartier que l’Église unie du Canada a envoyé des secours aux siens, et que les compagnies de chemin de fer acceptent de transporter gratuitement un wagon complet de nourriture. En décembre 1931, à Prud’homme, l’abbé Baudoux charge le comité paroissial de l’ACFC de recueillir des vêtements usagés pour les gens du sud de la province, plus touchés par la crise économique : « Cela ne fait
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rien s’ils sont usés, annonce-t-il. Les dames [les] raccommoderont. Qu’on apporte [les dons] à la banque cette semaine sans faute. Ceux qui n’ont pas de vieux habits pourront faire la charité d’un peu d’argent51. » Au Manitoba, les écoles paroissiales seront fermées à la fin de décembre 1932. Mgr Prud’homme écrit au curé Bourdel : C’est tout un passé de luttes qui finit par un désastre effroyable. Au-delà de 2 400 enfants vont passer aux écoles de l’État et vivre dans une atmosphère neutre. Plus de 70 religieuses sont mises à pied. Cette nouvelle, annoncée dans tous les journaux du pays, me crève le cœur. Que les desseins de Dieu sont mystérieux ! Nos ennemis les Orangistes doivent se réjouir, eux qui ont fait disparaître en 1890 les écoles catholiques du Manitoba et qui aujourd’hui doivent emboucher la trompette au cri de One flag, one school, one language52.
Les leaders canadiens-français de toutes les provinces sont invités par l’Ordre de Jacques-Cartier à mettre à l’ordre du jour de leurs congrès des réclamations en faveur du français. Ils sont aussi conviés à faire des pressions pour obtenir des inscriptions bilingues sur les édifices publics et dans les bureaux de poste, réclamer des billets de banque bilingues et des émissions de radio dans les deux langues. Mais le principal enjeu, c’est l’école, considérée comme « le grand problème politico-religieux » de l’heure. L’interdiction de l’enseignement en français ne fait pas baisser les bras. On décide de continuer de faire comme avant, là où c’est possible. L’abbé Baudoux analyse le nouveau programme d’études de la province en vue de repérer et de faire corriger ce que les enseignements de l’école normale comportent de non acceptable pour les catholiques. Il est aussi question de droits des parents, d’école consolidée et de grandes unités scolaires, vues comme une menace pour les écoles catholiques. À la suite de l’abbé Lionel Groulx, soucieux d’éveiller la conscience nationale des jeunes, on se préoccupe de plus en plus d’eux. Les journaux traitent d’éducation nationale et de formation sociale à l’école. En 1935, Le Patriote de l’Ouest publiera en bandes dessinées L’appel de la race de Groulx53. Lors du deuxième congrès de la langue française en 1937, l’abbé Lionel Groulx proclame, dans une conférence retentissante : « Nous sommes la génération des vivants. » Maurice Baudoux présente une communication sur le statut juridique du français en Saskatchewan que l’Almanach de l’Action sociale catholique de Québec publiera sous le titre « L’avenir des Canadiens français dans les provinces des Prairies54. » Il rédigera un autre texte en 1942 sur le régime scolaire des minorités en Saskatchewan qui sera publié dans Relations. À la lecture du bilan des activités de l’ACFC, fait en 1937, on peut imaginer la somme de travail, d’énergie et de détermination qu’exige une telle entreprise :
194 III. Prêtre Il y a 25 ans cette année que notre Association a été fondée. Ce n’est que depuis 1925 cependant qu’elle a un secrétariat permanent. Au cours de ce quart de siècle, la tâche principale de notre association est restée la même : assurer l’enseignement du français aux enfants franco-canadiens dans les écoles publiques de la province. À l’encontre de ce qui se fait dans la province de Québec à l’endroit de l’anglais, en Saskatchewan, les autorités gouvernementales ne font rien pour l’enseignement du français. C’est pourquoi l’ACFC a dû assumer cette tâche. Et ce n’est pas sans raison que l’appellation de « Ministère de l’Enseignement du français » a été donnée à notre secrétariat permanent ; car c’est lui qui arrête les programmes d’études, organise les examens annuels, délivre les diplômes, etc. Il s’acquitte de cette tâche sous la direction d’un Comité permanent dit Comité de l’enseignement du français55.
Grâce à l’ACFC, le français est organisé en marge de l’enseignement officiel. Il est enseigné dans 150 écoles publiques de la province et une vingtaine de couvents, et rejoint quelque 5 000 enfants. Des examens ont lieu chaque année, couronnés par la distribution comme prix d’un millier de livres qui, en plus de récompenser les jeunes, contribuent à la diffusion de la littérature française. Chaque année, l’ACFC s’adresse aux compatriotes du Québec, à des évêques et à des bénévoles pour recueillir soit des livres, soit de l’argent pour s’en procurer. Depuis 1929, en raison de l’interdiction du gouvernement Anderson de recourir à des professeurs qualifiés en provenance d’autres provinces, l’ACFC doit former sur place le personnel enseignant dont elle a besoin, sans pouvoir compter sur quelque subvention de la province. Le Patriote de l’Ouest joue aussi un rôle important dans ces initiatives, en annonçant chaque année la tenue des examens et en publiant les résultats. Cet examen administré par l’ACFC est « la clé de tout notre système d’enseignement du français », écrit M. Baudoux. Et parce que la plupart des autres éléments d’enseignement font défaut, le poids en retombe sur l’ACFC qui vit de la générosité de ses membres et amis. Sans cette générosité, on assisterait à « l’écroulement d’un système patiemment et coûteusement édifié et qui veut grandir ». D’importantes consultations ont lieu au cours de ces années. La création de la commission Sirois-Rowell suscite un projet de mémoire collectif des gens de l’Ouest portant sur les griefs des personnes de langue française à l’égard du pacte confédératif. Maurice Baudoux rédige les demandes qui, après avoir été approuvées par l’ACFC, seront envoyées à Québec pour être intégrées au mémoire général du Comité permanent de la survivance française en Amérique en mars 1938. Le docteur Beauchemin fera de même en Alberta. La précarité de la situation des gens de l’Ouest les fait « s’opposer à toute altération présente de l’Acte de l’Amérique britannique du Nord ». Dans une résolution votée le 31 décembre 1940, ils supplient les représentants du
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Québec à la réunion de la conférence fédérale-provinciale du 14 janvier 1941, « d’user de leur droit de refus de consentement à toute altération », et recommandent au gouvernement de reporter après la guerre toute décision relative à la modification de la constitution56. En Saskatchewan, une autre commission d’enquête, présidée par le juge Martin, est chargée d’étudier le système scolaire. L’avocat Adrien Doiron, membre de l’ACFC, en fait partie. L’ACFC et l’ACEFC présentent un mémoire conjoint dont Maurice Baudoux est le rédacteur. Une « formidable somme de griefs », titre Le Patriote de l’Ouest. Le mémoire débute par un préambule sur les titres de la représentativité du groupe canadien-français et sur les manuels. Dans les trois parties suivantes, le mémoire expose le point de vue catholique sur les écoles séparées ; il dénonce le matérialisme du système éducatif et de certains ouvrages au programme ; il explique le point de vue canadien-français sur la nécessité de la langue maternelle et d’une structure adéquate de promotion, ainsi que sur certains griefs à redresser. Dans la section suivante, on rejette le système des grandes unités scolaires et on réclame l’établissement d’un système distinct d’écoles catholiques. Le débat se poursuit sur cette question, car tous n’y sont pas opposés en raison de la sauvegarde de la foi. On y reviendra au congrès général de l’ACFC à Gravelbourg en juillet 1939, avec l’approbation d’un programme d’éducation nationale et la promotion de la brochure de Victor Barrette d’Ottawa : Pour une école nationale57 ». Le Patriote de l’Ouest publie intégralement le mémoire, et des réactions parviennent de tout le Canada français, de Montréal, de Québec et d’Ottawa, en particulier du fondateur du Droit d’Ottawa, l’oblat Charles Charlebois. L’Action nationale de mai 1939 fait écho au rapport de l’abbé Baudoux. La plupart félicitent le rédacteur, mais dans le Leader Post le principal J. A. McLeod relève comme injuste et gratuite la critique faite à la neutralité de l’enseignement dispensé à l’école normale. L’introduction dans le programme de cours de psychologie et de philosophie en inquiète plus d’un. La lettre qu’adresse une enseignante du couvent de Jésus-Marie de Gravelbourg à l’abbé Baudoux est révélatrice d’un certain désarroi : « C’est pour nous une grande satisfaction d’apprendre que nos deux Associations ont présenté à la Commission Martin un mémoire où elles réclament une École Normale catholique. Comme elles, nous constatons avec tristesse que la formation reçue dans les Écoles provinciales ne convient pas à nos élèves catholiques, encore moins à nos religieuses. » Elle cite les deux auteurs adoptés, Arthur Gates, Psychology of Education et Stephen Duggan, A Student’s Text Book in the History of Education. Le professeur qui utilise le premier ouvrage dit « ne pas partager toujours les idées de l’auteur », il ne nie pas l’existence de l’âme, « mais il n’en parle pas58 ».
196 III. Prêtre Pour répondre aux critiques, l’abbé Baudoux demande à l’éditeur de la Catholic Educational Review de Milwaukee une liste des ouvrages d’auteurs catholiques adaptés aux exigences pédagogiques, psychologiques et philosophiques de l’éducation catholique. Il s’adresse aussi au gérant de la Catholic Education Press et au Loyola Educational Digest de Chicago pour obtenir une évaluation critique de certains ouvrages utilisés auprès des étudiants maîtres, en particulier le récent ouvrage de Gates. Il soumet par la suite à son ancien maître et ami, l’abbé Sabourin, et à l’abbé Tombu le soin d’évaluer le document émis par le gouvernement, The philosophy of the Curriculum. L’enjeu du débat porte sur les buts de l’éducation et l’orientation chrétienne de l’école que veut préserver le monde catholique. L’abbé J. Adonias Sabourin Une collaboration s’établit entre A. B. Ross, directeur des programmes du gouvernement de la Saskatchewan, le directeur du secrétariat de l’ACFC et les autres organismes représentatifs des professeurs et des responsables d’écoles. L’abbé Baudoux leur soumet pour étude, critiques et suggestions, le matériel scolaire que l’on veut introduire en juillet 194159. Le souci croissant de l’ACFC à l’égard des jeunes trouve à se concrétiser quand un groupe de jeunes lui présente un mémoire sur l’orientation professionnelle de la jeunesse. Ces jeunes demandent l’appui financier de l’association pour faire une tournée de concerts en juin, afin de recueillir des fonds pour aller à l’université. La nouveauté du projet en surprend et en fait hésiter plus d’un, à commencer par le curé Coursol. Le curé de Willow Bunch, dont trois jeunes font partie du groupe, écrit à A. de Margerie : « Si c’est vrai,
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je vous crie casse-cou et fiasco. » Le secrétaire de la province se dit favorable à cette tournée et E. Doiron est d’avis qu’il faut tenter l’expérience et faire confiance aux jeunes. Le président Roy se ralliera à l’avis de Maurice Baudoux si celui-ci y est favorable, et suggère de donner un appui moral à ces jeunes, sans engager les fonds de l’ACFC60. D’autres initiatives permettent d’assurer la qualité du français dans les écoles, dont la mise en œuvre revient au secrétariat de l’ACFC. Ce sont, en plus de l’examen annuel de français, la désignation par les évêques d’inspecteurs pour ces classes, et bientôt la remise de trophées et la distribution de livres français. En 1940, l’évêque de Gravelbourg nomme l’oblat Albert Joyal inspecteur des classes de français, une décision à laquelle se rallient les autres évêques de la province. Au moment où l’on s’apprête à offrir un cours universitaire d’été, Mgr Guy informe l’abbé Baudoux que la situation financière des diocèses ne leur permet pas de se doter d’écoles privées. Les évêques estiment dès lors qu’il vaut mieux obtempérer aux ordres du gouvernement concernant la question du crucifix dans les écoles et travailler plutôt à informer l’opinion publique, étant donné la présence d’anticatholiques au sein du Parti libéral maintenant au pouvoir. L’ACFC demande à nouveau de faire disparaître de la loi les dispositions odieuses aux catholiques. Quant à l’aide financière de la France, elle lui reste acquise en dépit de la défaite, comme l’écrit le consul de France à Winnipeg à Maurice Baudoux en 194061. À compter de 1944, on décerne deux trophées, le trophée Louis-Demay, un don de L. Demay de Saint-Brieux, et le trophée Père-Barbier, offert par le père Barbier, o.m.i. Ils sont remis, l’un à l’élève du grade 8 des écoles à classe unique, l’autre à l’élève des écoles à plus d’une classe qui obtient la plus haute note en composition française. Le dessin de ces trophées est confié à un artiste de Trois-Rivières, Henri Beaulac, qui illustre deux faits de l’histoire primitive de l’Ouest canadien, l’expédition de LaVérendrye dans l’Ouest en 1731 sur le trophée Demay et, sur le trophée Barbier, Marie-Anne Gaboury, l’épouse de Jean-Baptiste Lagimonière, première femme blanche de l’Ouest. La sculpture est l’œuvre de Jean-Julien Bourgault, de Saint-Jean-Port-Joli, qui l’exécute dans des bois du Québec, cerisier rouge pour l’écusson et tilleul pour le motif central. Un troisième trophée est offert avec les deux autres à compter de 1945, le trophée Léger, un don du magistrat J.-T. Léger de Saskatoon, attribué depuis 1938 à l’élève des grades 9 à 12 qui obtient le plus haute moyenne62. Dans sa livraison de janvier 1942, la revue Relations publie un article de Maurice Baudoux : « Écoles des minorités en Saskatchewan ». Il y expose les spoliations successives dont la minorité franco-catholique a été victime entre 1892 et 1930, date de l’accession au pouvoir du premier ministre
198 III. Prêtre Anderson. À Toronto, le rév. T.T. Shields mène une campagne virulente contre les catholiques. Quand le Star Phoenix de Saskatoon refuse de publier une publicité fallacieuse sous le titre « Who rules Canada ? Pope Pius XII or King George VI ? », l’agent de Shields, le rév. H. G. Martin réplique : « Is the StarPhoenix under the thumb of the Roman Catholic Church and frightened of Rome63 ? » Des appuis vont venir de partout, comme celui du député fédéral Bourget, sous forme de dons en argent ou en volumes. André Laurendeau de la Ligue d’action nationale offre deux abonnements d’un an à L’Action nationale et Le Devoir en offre dix à autant de professeurs. Au début des années 1940, une recrudescence de dénonciations se produit, attribuée à l’influence maçonnique au sein du ministère de l’Éducation, de la part de certains inspecteurs anglais. Quand l’inspecteur T. W. H. Williams se plaint de la présence du crucifix sur le mur de l’école de Buffer’s Lake, en contravention à la section 257 de la loi des écoles, l’abbé Baudoux répond au ministre de l’Éducation Hubert Staines que cette école n’est fréquentée que par des enfants catholiques. S’il comprend sa position, il ne comprend pas qu’une telle question puisse préoccuper l’esprit d’un inspecteur, alors que tant de choses restent à faire pour améliorer l’enseignement. Il profite de l’occasion pour rappeler que le Parti libéral s’était engagé auprès des catholiques à faire disparaître, dès qu’il serait élu, cet article de la loi qui est incompatible avec les principes de la vraie démocratie et contraire aux libertés civiles64. L’année 1943 sera marquée par une étude intensive de la question des grandes unités scolaires préconisée par le rapport Martin en 1939, et dont l’Acte a été voté par la législature le 16 mars 1940. L’ACFC y voit des avantages pédagogiques indéniables, tout en hésitant à prendre position, car on prévoit qu’il sera difficile de concilier les projets actuels avec les exigences de l’éducation chrétienne. La dispersion des catholiques est telle que le droit des parents catholiques ne serait pas sauvegardé, puisqu’une majorité de noncatholiques contrôlerait l’instruction de tous les enfants, y compris les catholiques. Dès lors, aucune école de campagne ne pourrait conserver son administration propre ; « le petit district scolaire actuel est le seul moyen par lequel les parents catholiques peuvent contrôler l’instruction et l’éducation de leurs enfants ». En n’entrant pas dans les grandes unités, les écoles catholiques se trouveraient dans un état d’infériorité au point de vue de la taxation et de l’efficacité de l’enseignement. Mais, en y entrant, elles verraient leurs institutrices placées sous la tutelle d’un surintendant qui pourrait les empêcher d’enseigner le français et le catéchisme. La seule solution acceptable serait la reconnaissance d’un système dualiste d’écoles, comme on le réclame depuis toujours. Un tel système avait été établi en 1867 par l’article 93-1 de l’Acte
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de l’Amérique du Nord britannique, et reconnu en 1875 par l’Acte des Territoires du Nord-Ouest. La demande ne sera pas exaucée. Les grandes unités scolaires seront en fonction à l’automne 194465. Maurice Baudoux aura encore plus d’une fois l’occasion de poursuivre le débat sur la langue française à l’école. Le 2 février 1944, à Québec, il traite du « fait français dans l’Ouest canadien » devant la Société du parler français. Un an plus tard, le 25 avril 1945, il prend la parole devant les membres de la SSJB de Québec et le 4 mai au Cercle universitaire de Montréal à l’invitation de la section Ludger-Duvernay de la SSJB de Montréal. Ces conférences seront reproduites intégralement dans L’Action catholique et Le Devoir. La création d’un festival de la Bonne Chanson à Storthoaks à la fin de septembre 1945 est une autre initiative en faveur du français66. La colonisation, remède au chômage La Deuxième Guerre mondiale est déclarée le 2 septembre 1939. Comme membre du Commonwealth, le Canada se trouve aussi en guerre, tandis que les États-Unis ne prennent pas position. Un pacte de non-agression avait été conclu au mois d’août 1939 entre l’Allemagne et l’Union soviétique, où avait triomphé le Parti communiste. Après avoir occupé l’Autriche et s’être emparé de la Tchécoslovaquie en 1938, Hitler envahit la Pologne en 1939, pendant que Franco entre dans Madrid et que Mussolini occupe l’Albanie, avant de se ranger dans le camp d’Hitler en 1940. La France capitule et signe l’armistice en juin 1940, sans que cela n’influence ses relations diplomatiques avec les pays d’Amérique du Nord avant 1942. Le Vatican signe un concordat avec le Portugal. Au Québec, on annonce la mort de l’archevêque de Montréal, Paul Bruchési, et de nouveaux évêques sont nommés, Alexandre Vachon à Ottawa et Arthur Douville comme auxiliaire à Saint-Hyacinthe en 1939, Joseph Charbonneau à Montréal en 1940. Sur la scène politique, le libéral Adélard Godbout succède à Maurice Duplessis. Dans l’Ouest, la situation des producteurs de blé continue d’empirer67. Les questions de nationalisme et de corporatisme sont discutées au moment où l’annonce d’une éventuelle immigration massive en provenance d’Europe fait craindre le pire pour la population du pays aux prises avec la crise économique et le chômage. La colonisation est proposée par les élites aussi bien politiques que religieuses, comme le remède aux problèmes de chômage et d’économie. On craint que l’établissement des immigrants se fasse au détriment des cultivateurs sollicités pour vendre leur terre. « Ne vendez pas vos terres », titre La Liberté et le Patriote du 23 février 1945 ! Les évêques du Québec publient une lettre pastorale collective sur la colonisation le 11 octobre 1946 et ce thème est retenu pour la Semaine de la survivance
200 III. Prêtre en août 1947. Un congrès a lieu à Boucherville, au cours duquel on crée la Société canadienne d’établissement rural qui organisera en 1947 et en 1948 des voyages de Liaison rurale pour amener dans l’Ouest des cultivateurs du Québec. Plusieurs diocèses se sont aussi dotés depuis 1933 d’une société d’Aide à la colonisation dont Maurice Baudoux est membre en 1944, comme en fait foi sa correspondance avec le secrétaire C. E. Couture68. La décennie 1940-1950 est aussi marquée par plusieurs congrès eucharistiques, à Saint-Boniface en 1940 et en 1944, à Trois-Rivières en 1941, à Québec en 1943. Quand de nouvelles invitations lui sont faites, comme celle de représenter l’ACFC aux congrès des associations sœurs de l’Ouest, l’abbé Baudoux hésite : « Ça me chiffonne, écrit-il à Laurent Roy en 1940, que l’ACFC ne puisse être représentée que par un ou des prêtres », au congrès de l’Association de Saint-Boniface qui fête son 35e anniversaire. Il devra y aller et prononcera un discours. Il sera aussi présent au congrès de l’ACFA à Edmonton, les 29 et 30 octobre 1941, et traitera de la vie rurale et de la famille comme conditions de survivance dans l’Ouest. C’est lui aussi qui, à la demande du président de l’ACFC, représentera cet organisme à Québec en septembre, à la rencontre annuelle du Comité permanent de la survivance, et qui rencontrera la SSJB à Montréal69. L’exécutif de l’ACFC décide à Regina, le 27 août 1941, de n’envoyer personne à la session annuelle de septembre du Comité permanent de la survivance. Le secrétaire général Baudoux fera parvenir un bref rapport des activités de l’association ainsi qu’un ensemble de suggestions à soumettre aux délibérations des délégués présents. Après trente années de service, écrit-il, l’ACFC a été le seul organisme provincial de protection, de défense et d’expansion des besoins de la culture catholique et française dans cette province. « C’est pourquoi il n’est pas de domaine culturel catholique et français qu’elle n’ait envahi : organisation des cadres, enseignement du français dans les écoles, presse, bibliothèques, conférences, voire retraites fermées et catéchisme, revendications de nos droits religieux et nationaux, au fédéral et au provincial, collaboration avec les organismes similaires de l’extérieur, etc. etc. D’ainsi tout embrasser comporte certains avantages, mais aussi des inconvénients, dont le moindre n’est certes pas de mal étreindre. Mais ç’a été une situation de fait qu’il a fallu accepter bon gré mal gré en raison principalement de l’éparpillement inconcevable des nôtres et de l’absence de tout centre canadien-français de quelque importance70. » L’énumération qui suit témoigne que l’enseignement du français à l’école est une tâche qui se fait « sans aucun bruit actuellement, mais méthodiquement », à partir des « maigres moyens » dont dispose l’ACFC. Un seul visiteur pour les écoles, alors qu’il en faudrait deux ou trois au moins, mais une
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amélioration en matière de manuels en français car on peut utiliser les manuels en usage au Québec ; tournée de conférences entreprise en 1937 par Eveline LeBlanc, technicienne en sciences ménagères du ministère fédéral de l’Agriculture. Priorité sera donnée au facteur économique, au congrès de 1942 qui se prépare, en invitant tous les cercles paroissiaux à étudier le système des caisses populaires. C’est pour cela que Maurice Baudoux a accepté en 1940 et en 1941 de prononcer une allocution sur la Mutualité catholique et française au poste de radio de Watrous. Mais il souhaite qu’en 1942 le Comité permanent s’adresse au Manitoba, non seulement parce qu’il s’y trouve des gens qualifiés pour traiter du sujet, mais aussi parce que cela obligerait la Société Radio-Canada à relier son poste de Watrous à un poste du Manitoba, « au grand bénéfice des Manitobains qui ne peuvent capter Watrous71 ». À l’ordre du jour de l’exécutif de l’ACFC en mai 1942, figurent les questions d’un représentant canadien-français au cabinet provincial, de la colonisation et de l’enseignement religieux à l’école. On fera de l’éducation des adultes le sujet central du prochain congrès général de Saskatoon, les 1er et 2 juillet, organisé conjointement avec l’Association des commissaires d’écoles franco-catholiques (ACEFC). Le rationnement de l’essence qui vient d’entrer en vigueur pose un autre problème que les comités paroissiaux devront résoudre. Le secrétariat profitera du congrès « pour tenter de populariser les cercles d’études féminins ». Pour la première fois, une place est réservée aux initiatives de la Société canadienne d’enseignement postscolaire (SCEP) fondée en 1941, qui manifeste une grande vitalité. C’est Maurice Baudoux qui en présente le rapport. Une douzaine de cercles d’études se sont formés dans trois paroisses et des caisses populaires ont été fondées. Le gérant de la Caisse populaire de Laflèche, Edmond Bilodeau, sera disponible pour des réunions particulières et madame Gravel, directrice de la section des arts ménagers pour les cercles d’études féminins, profitera de la présence d’Eveline LeBlanc, invitée au congrès. Mariette Baudoux est du nombre des délégués de Prud’homme. On a invité Raymond Denis pour prononcer une allocution72. Les congressistes adoptent une résolution pour l’achat de films dramatiques pour la visite des paroisses et des écoles, ainsi que pour l’organisation de cours postscolaires et de cours de sociologie catholique, confiés à l’abbé Dominique Dugas. Le Comité de l’enseignement du français se compose de Maurice Baudoux, Antonio de Margerie, d’une religieuse de Prud’homme et d’une laïque de Saint-Denis. L’abbé Baudoux est aussi l’organisateur de la journée de l’ACFC du 1er septembre. Le congrès des hebdomadaires se tiendra à Saskatoon le 2 septembre et la SSJB de Montréal y enverra comme représentant officiel, le journaliste J.-Ernest Laforce73.
202 III. Prêtre En 1943 et en 1944, l’ACFC demandera aux évêques du Canada, réunis en conférence nationale, une aide financière pour l’enseignement du français. Elle s’affiliera à la Canadian Association for Adult Education qui publie Food for thought. Le président de l’ACFC remerciera le premier ministre du Québec, Adélard Godbout, des deux cents dollars donnés par la province. Pendant ce temps, en Alberta, le docteur Beauchemin tente d’intéresser le clergé de sa province en convoquant les prêtres à Calgary pour une rencontre avec les dirigeants laïques de l’association. Maurice Baudoux y constate avec satisfaction qu’un groupe de jeunes prêtres prend une part active aux mouvements, qu’on a obtenu un certain succès dans l’achat des terres et dans le renforcement des groupes. Lors de l’exécutif tenu en mai 1943 à Gravelbourg, Maurice Baudoux démissionne du poste de secrétaire général et est remplacé par Dumont Lepage, qui sera aussi président du comité de la radio de l’ACFC. « Ce qui me fatiguait, écrit-il à R. Denis, c’était de ne pas pouvoir faire convenablement ce que je croyais que je devais faire, à cause du trop grand nombre de responsabilités qui se sont venues ajouter les unes aux autres avec les années. Je me trouvais comme emprisonné et paralysé. » Il pourra désormais consacrer le temps voulu à la question de la radio et à l’éducation postscolaire74. Maurice Baudoux se rend dans l’Est en juin 1943 pour la septième session du Comité permanent de la survivance française. Il participe aussi au congrès eucharistique de Québec et reprend inlassablement ses démarches pour trouver un médecin pour l’Ouest. L’abbé Paul-Émile Gosselin, secrétaire du Comité permanent, participera en octobre suivant au congrès de l’ACF de l’Alberta et rencontrera les responsables des trois provinces de l’Ouest au sujet de la radio. Le président, Adrien Pouliot, participe au congrès de l’Association du Manitoba en juillet 1944. En juillet 1946, une délégation de l’Est assiste au 13e congrès général de l’ACF de l’Alberta à Edmonton75. L’enseignement aux adultes La Société canadienne d’enseignement postscolaire (SCEP) – Canadian Association for Adult Education – a été fondée au Canada en 1935, sur le modèle d’un organisme semblable existant aux États-Unis. Son siège social est à Ottawa. Il en existe une section française au Manitoba depuis le 17 août 1939, fondée par l’abbé Antoine d’Eschambault, qui obtient une subvention de 2 500 $ de la Carnegie Corporation de New York pour aider les mouvements culturels. On devine l’enthousiasme de Maurice Baudoux qui avait dû mettre de côté, faute de ressources, le plan d’institution de cercles d’étude que lui avait confié l’ACFC en 1936. C’est sans succès qu’en 1937 il avait rencontré Georges Bouchard, le président général de la SCEP, pour obtenir
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de l’aide. Mais il avait obtenu du ministère fédéral de l’Agriculture qu’Eveline LeBlanc fasse une tournée de conférences dans l’Ouest à l’automne 1937. Il accepte l’invitation au congrès général de la SCEP à Winnipeg du 28 au 30 mai 1941 et y présente un mémoire. Séraphin Marion est alors secrétaire général de la section française76. En mai 1941, Maurice Baudoux fait parvenir à un groupe de personnes intéressées son projet de mémoire, inspiré de celui du Manitoba. Il est traduit en anglais par Me Adrien Doiron. Si ces gens acceptent de faire leur ce projet, il le présentera au congrès de Winnipeg. La section de la SCEP de la Saskatchewan est fondée à Regina le 27 août 1941, à l’occasion de la réunion des exécutifs de l’ACFC et de l’ACEFC. Un conseil exécutif provisoire est formé. Laurent Roy est nommé président, le juge Thomas Gallant, vice- président et Maurice Baudoux secrétaire-trésorier. Sept présidents sont placés à la tête d’autant de comités : arts ménagers (madame Guy Gravel et Joséphine Longault), finances (Elphège Saint-Arnaud), bibliothèques (Louis Demay), caisses populaires (Edmond Bilodeau), conférences (Aimé Lizée, o.m.i.) enseignement visuel (Albert Joyal, o.m.i.), et enseignement rural (Gérard Verhelst). Une section semblable est fondée en octobre en Alberta. Le travail commence en décembre 1941 avec la fondation d’un cercle d’étude féminin à Gravelbourg. En janvier, on édite une brochure sur les caisses populaires et la douzaine de cercles qui sont fondés ne devraient pas tarder à créer des caisses populaires. L’ACFC avance les 500 $ dépensés à ce jour. On peut réduire le déficit grâce à un don de 100 $ de la province de Québec77. À l’automne, les membres de l’exécutif de l’ACFC acceptent le projet et Maurice Baudoux transmet à Séraphin Marion un compte rendu des activités déjà en cours. Il lui demande de faire valoir son influence en leur faveur auprès de la fondation Carnegie pour obtenir une subvention. Le programme général est tracé et des priorités sont établies au début de 1942. Au sujet des caisses populaires, un comité est formé le 11 décembre, composé de messieurs Edmond Bilodeau, T.-H. Bourassa et É. Bachelu. On a adapté pour la Saskatchewan française le cours rédigé par la Direction des mouvements coopératifs du Manitoba français qui servira aussi en Alberta. La brochure, mise en vente à vingt-cinq sous l’exemplaire, propose un cours en huit leçons sur l’établissement et le fonctionnement des caisses populaires. Le comité des bibliothèques dirigé par Louis Demay organise des bibliothèques mobiles et on fait appel à tous pour augmenter le nombre de volumes en circulation. En 1943, Saskatoon disposera de sa bibliothèque mobile, et en 1947 les chambres de commerce des jeunes de Montréal recueillent 50 000 volumes pour les Canadiens français de l’Ouest. Le secrétariat de l’ACFC joue le rôle de secrétariat pour la SCEP78.
204 III. Prêtre De nombreux échanges de documentation – films, revues, dépliants, bulletins – se font entre l’ACFC et Eveline LeBlanc. De retour d’une tournée de conférences en Saskatchewan à l’automne, elle s’informe auprès de Maurice Baudoux de l’organisation de la SCEP. Ce dernier prépare une brochure sur le tissage domestique dans laquelle il note le regain d’intérêt pour cet artisanat, à la suite d’un voyage-exposition du directeur de l’Artisanat du Québec, Oscar Bériau, parrainé par la section franco-manitobaine de la SCEP. Les conférences de monsieur Bériau dans plusieurs centres urbains et ruraux des provinces de Saskatchewan et d’Alberta ont aussi suscité l’intérêt du directeur du Service des recherches de la Searle Grain Co., le major H. G. L. Strange. Ce dernier décide de faire donner un cours d’instructrices en filage et en tissage à quatre jeunes filles qui animeront par la suite une série ininterrompue de cours dans les deux provinces. Deux de ces femmes ont donné depuis le printemps 1942 des cours gratuits sur des métiers fournis par cette compagnie. On constate, en 1944, que Searle n’aide que là où se trouvent ses élévateurs. Mais déjà, à Prud’homme, un projet semblable, d’ordre privé, est à l’étude depuis l’automne 1941 avec l’appui de monsieur Bériau et de la Saskatchewan Wheat Pool. En septembre 1942, on avait obtenu du Manitoba une institutrice qui avait déjà enseigné le tissage. La première tentative intéresse une douzaine de dames et jeunes filles. Le succès est tel qu’on peut faire une exposition locale pour présenter les pièces exécutées79. En avril 1942, Maurice Baudoux remercie Hector Perrier et Jean Bruchési, secrétaire et sous-secrétaire de la province de Québec, ainsi que Séraphin Marion pour les 200 $ reçus qui permettront d’ouvrir un compte à la banque pour la SCEP et d’aller de l’avant. De l’aide financière proviendra aussi du Wheat Pool pour l’achat de métiers à tisser alors qu’à Prud’homme Hermine Masson commence son apprentissage, avant d’aller se perfectionner à Winnipeg. Le compte rendu sur les cours de tissage domestique, rédigé en février 1943, en révèle le développement. En Saskatchewan, y lit-on, 25 cours ont été donnés à environ 350 femmes, avec la collaboration de la Searle Grain Co. Prud’homme fait figure de précurseur avec l’achat de sept métiers, installés dans autant de foyers. Un objectif d’ordre social est ainsi poursuivi aussi bien par la SCEP que par le Wheat Pool, « aider à recréer des foyers actifs et attrayants, de véritables demeures familiales où l’on aime à rester. La reconstruction de la vie sociale d’après-guerre doit se baser sur la famille ». C’est aussi pour préparer « à absorber demain au foyer, la main-d’œuvre que drainent aujourd’hui les industries et occupations de guerre80 ». L’hospitalisation de Mariette Baudoux, en mars 1943, ne compromet pas les activités du cours de tissage à Prud’homme. Son frère lui apprend que les métiers sont déjà tous montés depuis le samedi précédent : « Entre les deux trains samedi, j’avais fait transporter l’ourdissoir et la bobineuse, ainsi
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que du coton au train. Tout était donc prêt pour commencer lundi aprèsmidi. » En mai, lors de la réunion des prêtres de langue française à Edmonton, Maurice Baudoux constate que le tissage et le filage y sont plus avancés qu’en Saskatchewan et qu’on y pratique d’autres arts domestiques. Maurice demande à Mariette, lorsqu’elle ira à Jack Fish, d’aller voir comment fonctionne le cours dans ce village. Il a reçu 240 livres de coton à tisser, vient d’expédier un métier pour les sœurs à Duck Lake et revient de Prince-Albert où il a organisé un cours. Le père Valois croit pouvoir mettre à la disposition des dames, pour ces cours, deux salles assez vastes dans le haut des locaux du Patriote81. À l’automne 1943, la famille Baudoux est dans le deuil. Le 14 novembre, un tragique accident de la route survenu à Jack Fish décime la famille Balcombe. Nellie succombera à ses blessures le 21 à l’hôpital de North Battlefield ; son fils Georges, âgé de trois ans, était décédé le 16 d’une fracture du crâne. L’autre enfant, Maurice, âgé de cinq ans, n’a que des blessures
Nelly et son mari Fred Balcombe c. 1938
Norbert Baudoux et ses petits-fils, Georges et Maurice Balcombe, c. 1941
206 III. Prêtre
Edgard, Irène et leur fille Georgette à Prud’homme c. 1944-1946
Georgette à Prud’homme en 1947 avec Maurice et Mariette
légères et le père s’en tire avec un choc nerveux. Les funérailles de Nellie auront lieu à Prud’homme le 23 novembre et elle sera inhumée avec son fils auprès de sa mère, dans le cimetière de la paroisse. Mariette ira à Jack Fish pour prêter main-forte à son beau-frère, le temps de vendre son ameublement. Au début de décembre, le jeune Maurice quitte l’hôpital et s’installe avec son père à Prud’homme où ils sont hébergés dans la maison Poilièvre. Il y demeurera quelques années sous les soins maternels de Mariette, jusqu’à ce que son père le reprenne, après s’être remarié82. En février 1944, l’abbé Baudoux passe une semaine à Québec avec des responsables de plusieurs provinces à la réunion du Comité permanent de la survivance française où il sera question surtout de la radio. À travers ces activités, il fait des achats pour le service de tissage. À Québec, il place une commande de fil de lin à l’Art paysan et compte aller chez Pâquet et au Syndicat, deux magasins de grande surface. À Montréal, il réside chez les
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Coursol et fait des courses chez Dupuis, chez Greenshields et chez un marchand juif, Regal Trading. Il y a acheté plus de mille livres de coton, du fil plus fin qui pourrait servir pour la trame, et y trouve aussi, à des prix très avantageux, une très grande quantité de fils de laine et de soie. Après une visite chez le bijoutier, il va rencontrer Jeanne Sauvé à la Centrale de la JEC, se rend chez les jésuites, puis chez Raymond Denis. Il compte être de retour à Prud’homme à la fin de février83. À Ottawa, le Service des consommateurs travaille auprès des femmes de langue française, par le truchement de quatorze comités féminins régionaux, chacun chargé d’organiser sa région. La directrice adjointe du Service, Corinne de la Durantaye, regrette que les francophones ne soient pas représentées au comité régional et s’adresse au franciscain Jean de Capistran pour obtenir des noms de femmes bilingues ayant l’expérience de l’organisation, pour faire partie du conseil à Regina. Elle craint que, sans une représentante d’expression française, le travail d’organisation qu’elle a fait au printemps en Saskatchewan n’ait pas de suite. J. de Capistran pressent trois ou quatre femmes déjà surchargées qui hésitent à accepter. Le Service fera aussi parvenir à l’abbé Baudoux du coton à tisser, dont 2 000 livres de coton naturel. À Prud’homme, Mariette continue de s’occuper du contrôle des prix et organise quelques centres. Elle assistera à la réunion de Regina en avril, avec madame Blanchet de Jack Fish84. En avril 1944, lors d’un nouveau séjour dans l’Est, l’abbé Baudoux consulte Eveline LeBlanc à Québec pour l’achat de métiers à tisser. Il rencontre des groupes, fait des conférences à Québec, à La Pocatière et à Rivièredu-Loup, s’arrête à L’Islet et à Montmagny et projette d’aller à Saint-Pascal. À Montréal, il retrouve Antonio Coursol chez ses parents. Il commande divers cotons de couleurs et achète, chez Sansoucy et chez Laxer, du coton qu’il fait expédier à Mariette par fret. La Liberté et le Patriote du 30 juin 1944 présente ainsi le bilan des succès de la SCRP : « L’art du tissage naquit en Saskatchewan au début de 1943. Hermine Masson, de Prud’homme, fut la première institutrice permanente du tissage pour la Société. Dès la fin de l’année 1943, le nombre des tisserandes s’élevait à 80. » Comme il n’y avait dans la province aucun magasin capable de vendre les fournitures nécessaires, l’abbé Baudoux achète du fil à tisser de compagnies de produits textiles. Un local de l’ancien couvent des Filles de la Providence sert d’entrepôt d’où l’on vend du coton, du mercerisé, de la soie, de la laine et des cotons de fantaisie85. Des cours pour les adultes avaient été donnés à l’été 1943 par Séraphin Marion. On s’apprête à l’inviter de nouveau en juillet 1944 à Duck Lake, à Prud’homme et à Gravelbourg, pour des cours de littérature française. Le père Georges-Henri Lévesque, o.p., offrira des cours de sciences sociales. Au
208 III. Prêtre mois d’août, l’abbé Baudoux demande à la Singer Sewing Machine de Saskatoon de payer la pension d’une jeune fille qui pourrait ensuite donner, dans divers centres, des cours organisés par la SCEP et faire la promotion de ces machines à coudre. Quand la campagne en faveur de la radio ramène Maurice Baudoux dans l’Est au printemps et à l’automne 1945, il continue sa quête d’aubaines pour le tissage. Sur le conseil de la directrice du tissage, il se rend directement à la Dominion Textile pour obtenir un quota, puis chez les grossistes en lin dont l’adresse lui a été donnée par Nilus Leclerc, le facteur de métiers à tisser. La fin de la guerre permet de solder des équipements de toutes sortes et le député Walter Tucker de Rosthern lui conseille de s’adresser au vice-président de la War Assets Corporation, qui vend le surplus du matériel de guerre, pour acheter un projecteur sonore de 16 mm, et une unité de camp militaire afin d’agrandir la salle paroissiale qui sert aux activités de la SCEP. Il tentera d’acquérir l’équipement de cuisine du baraquement d’un camp militaire pour en faire un local pour les cours aux adultes86. En 1946, le succès est tel que Maurice Baudoux propose d’organiser une exposition des travaux de tissage. Ce succès attirera l’attention de Berthe Baril, employée au poste de radio de Watrous, qui offre de faire un reportage radiophonique à Radio-Canada sur les activités de tissage depuis les débuts. Le cours qui se donne alors à Saskatoon, lui répond-il, est le 43e donné par les soins de la SCEP. Il a rejoint 500 personnes et donné lieu à l’installation de 150 métiers. L’instructrice, Florence Marchildon, s’apprête à faire une tournée de perfectionnement dans toutes les paroisses87. Le mariage de Florence Marchildon en avril 1947 oblige à interrompre pendant quelque temps les cours de tissage et de couture. Le départ de Maurice Baudoux qui vient d’être nommé évêque de Saint-Paul mettra un terme au projet à l’automne 1948. « Il fut décidé cependant que la vente des fils à tisser, dont un stock assez considérable occupe une partie du vieux couvent des Filles de la Providence, continuerait à avoir lieu à Prud’homme jusqu’à nouvel ordre. » Nilus Leclerc a bien voulu leur confier l’agence pour la vente de ses métiers. Le tissage domestique se charge également de l’achat et de la vente de métiers usagés, et ce, pour rendre service aux clients. C’est Maurice Baudoux et quelques prêteurs de Prud’homme qui avaient avancé l’argent pour l’achat des fils et l’organisation des cours. Tous ont été remboursés et « le tissage domestique » est alors autosuffisant. Avec les 300 $ donnés par la Wheat Pool en 1944, on avait fait l’achat non seulement de métiers à tisser, mais aussi de machines à coudre. Avant de quitter, Mgr Baudoux souhaite confier à une communauté religieuse de la Saskatchewan la direction de cette activité de la SCEP88.
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Les fermiers à Ottawa en 1942 Au cours de la décennie 1930-1940, l’association des fermiers, le Wheat Pool, avait tenté de régler la question du blé qui va devenir cruciale après la déclaration de la guerre en 1939. En 1936, le premier ministre Patterson avait accepté d’effacer 75 millions de dettes sur taxes et, en 1937, le ministre des Finances Dunning avait effacé des comptes de près de 18 millions de dollars du trésor de la Saskatchewan. Les Fermiers unis réunis à Regina en octobre 1937 proposent l’union des coopératives en une seule organisation. Le cartel du blé qui existe en Saskatchewan depuis 1924 compte en 1939 plus de 100 000 membres et dispose d’un actif de 20 millions de dollars. Contrairement au conflit précédent qui avait favorisé la vente à bon prix du blé de l’Ouest aux pays en guerre, ceux-ci possèdent des réserves en 1939. La Grande-Bretagne ne prévoit pas acheter de blé canadien, l’année même où les fermiers prévoient une réserve de plus de 300 millions de boisseaux de blé. Les représentants des trois groupements [pools] de l’Ouest rencontrent à Ottawa le ministre fédéral de l’Agriculture, James G. Gardiner. Les coopératives des Fermiers unis de la Saskatchewan réclament une commission du blé pour que tout le blé soit vendu par une agence centrale. En novembre 1939, le ministre fédéral de l’Agriculture déclare son intention de donner une direction précise à l’agriculture89. En 1940, le chef conservateur Manion préconise une entente internationale et reproche au premier ministre King d’avoir abandonné l’Office du blé. L’éditorial du 8 mai du Patriote de l’Ouest traite de la situation des fermiers. Une deuxième bonne récolte de 500 millions de boisseaux place les fermiers devant une carence d’élévateurs pour entreposer les 400 millions de boisseaux qu’ils ne pourront vendre. Quant aux prix – le prix minimum est fixé à quatre-vingt-cinq sous –, ils sont loin des trois dollars obtenus durant la guerre de 1914-1918. De projet en projet, on finira par demander aux fermiers de réduire leur production. Ottawa leur assurera un revenu de 325 millions de dollars et les Communes voteront 35 millions pour la réduction des emblavures de blé. C’est dans ce contexte que s’organise une délégation des fermiers de l’Ouest à Ottawa et que Maurice Baudoux est invité à être l’un des porte-parole qui présenteront à Ottawa, en janvier 1942, une pétition pour obtenir une politique de l’agriculture équitable pour la Saskatchewan. Le président Robertson, du Wheat Pool qui l’invite, considère que l’événement fera date dans l’histoire de la nation90. Avant d’accepter, conscient de l’ignorance et des préjugés qui ont cours au Québec sur la situation de l’Ouest, l’abbé Baudoux se documente sur la situation des fermiers. Il suggère aussi de rencontrer les représentants du Québec pour les informer. Sur le train spécial qui amène la délégation à
210 III. Prêtre Ottawa, il n’a « jamais vu une bande d’hommes aussi corrects, polis, désireux de causer de choses sérieuses », écrit-il à sa sœur Mariette. Il a appris, au cours des réunions préparatoires, que lui et un ministre de l’Église unie auront à prononcer devant le Parlement une allocution de cinq minutes sur l’aspect religieux et social de la pétition91. Le bien-être matériel des individus intéresse l’Église, déclare l’abbé Baudoux. Une relation étroite existe entre la vie rurale et les pasteurs qui connaissent bien la dure condition des fermiers de l’Ouest depuis une douzaine d’années. Le foyer rural que les étudiants en économie politique considèrent comme la pierre angulaire de la nation ploie sous le poids des déséquilibres économiques. « Je parle de ce que je constate », dit-il, les garçons et les filles de mon âge qui auraient dû se marier sont des célibataires sans espoir. Pourquoi ? Parce que, année après année, ils ont attendu la récolte pour laquelle on leur a refusé des prix équitables qui leur auraient permis de fonder un foyer et d’avoir des enfants. Depuis 1931, a-t-il précisé, il n’a béni dans sa paroisse qu’un mariage par année et il appréhende d’avoir bientôt à présider plus de funérailles que de baptêmes. Plusieurs de ses confrères de classes, poursuit-il, sont partis pour les villes de l’Est ou du Pacifique, où des salaires décents leur ont permis de fonder un foyer. Si bien que les 575 fidèles dont il a la charge depuis douze ans ne sont plus que 400, au lieu des 800 qu’une situation normale laissait présager. Quant à ceux qui sont restés, ils se sont vu refuser le développement culturel normal que l’on attend de l’école et de l’éducation des adultes. Aujourd’hui, tous apprécient la valeur de l’éducation et rêvent d’en faire profiter leurs enfants, ce qu’ils ne peuvent faire faute de moyens. En guise de conclusion, il déclare : « Le Christ n’a pas dit : Bienheureux les pauvres, mais Bienheureux les pauvres en esprit. La pauvreté imposée est contraire à la pensée du Christ, qui apparaîtra toujours à la face du monde comme le champion de la justice et de l’équité de traitement92. » Ce discours concret en a impressionné plusieurs, comme le révèlent les lettres que reçoit l’abbé Baudoux. Le député de Yorkton, G. W. Castelden, regrette que leur brève visite à Ottawa ne lui ait pas permis d’avoir une longue conversation avec lui : « I have much to discuss with you. I realize that economic conditions have ruined the good things of Saskatchewan life. Your delegation was the final proof to Canada that the grain growers of the West have been betrayed. We must restore the flow of water to the roots of the wilting West. » De son côté, l’avocat R. H. Williken lui exprime son appréciation non seulement pour la qualité de sa présentation, mais aussi pour sa volonté d’oublier et de passer par-dessus ce qui semble si important pour certains, la promotion de leurs propres idées religieuses93.
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La Chambre provinciale instaure un prix minimal de un dollar le boisseau pour le blé, mais Ottawa tarde à réagir. Maurice Baudoux adresse alors un télégramme à Mackenzie King pour dire le désappointement de la délégation de constater que le gouvernement n’accepte pas la politique de parité des prix et d’un paiement initial raisonnable, aux termes de la pétition présentée. Il écrit au député de Rosthern, W. A. Tucker, que le voyage à Ottawa a cimenté fortement les esprits et les volontés et qu’aucun compromis ne sera accepté. En adressant copie de son message au ministre de l’Agriculture, J. G. Gardiner, il insiste sur la nécessité d’appliquer aux fermiers ce qui est jugé équitable pour l’industrie et le travail. Le ministre de l’Industrie et du Commerce lui répond que le programme sera bientôt annoncé par le ministre, qui encouragera les fermiers à produire des grains pour alimenter les troupeaux du pays, afin de remplacer les huiles végétales dont les Alliés sont privés par les attaques japonaises sur les Indes orientales. Les pressions continuent pour que le gouvernement aide les fermiers qui n’obtiendront qu’un sursis, au lieu de l’exemption réclamée. Un an plus tard, Robertson écrit aux délégués à Ottawa que leur délégation a fait une importante contribution pour le bien-être de l’agriculture canadienne dans l’Ouest. En mars, Raymond Denis recommande d’écrire une couple d’articles dans Le Devoir pour dire que la récolte de blé n’est pas vendue et ne se vendra peut-être pas, et que la situation financière ne s’est pas améliorée94. Coopération et caisses populaires Au moment où, dans les pays occidentaux, l’idée de corporatisme inspire des projets politiques, l’idée de coopération gagne du terrain au Canada. Le Patriote de l’Ouest publie en 1938 une série d’articles de l’oblat D. A. Gobeil sur le corporatisme chrétien, sur la coopération et sur le mouvement coopératif d’Antigonish. Ce mouvement lancé par l’abbé Tompkins et rattaché à l’Université Saint-François-Xavier de la Nouvelle-Écosse, existe alors depuis cinq ans. Il est appliqué avec succès à Spiritwood en 1939 et inspire une journée d’études catholiques sociales en faveur du mouvement coopératif et des caisses populaires. À Montréal, l’Action corporative présidée par Maximilien Caron regroupe des professionnels de différentes disciplines qui tentent, grâce aux brochures de l’École sociale populaire et à des causeries, de préciser les principaux points de la doctrine corporative et son application. Cette initiative est inspirée de l’encyclique de Pie XI sur le communisme, Divini Redemptoris, du 17 mars 1937, proposant la doctrine sociale de l’Église pour faire échec au libéralisme et au communisme. La revue L’Action nationale publie un numéro spécial sur « le corporatisme et les Canadiens français » et à Québec le cardinal Villeneuve expose la doctrine sociale de l’Église. C’est dans ce contexte que sera reçu le « credo social » de Franco qui se montre
212 III. Prêtre préoccupé de restauration sociale, et qui étudierait les statuts « de nos caisses populaires ». Pour certains, l’expression « civilisation démocratique » est liée à la Révolution française, mais d’autres, comme M. Caron et Donatien Frémont, n’hésitent pas à accoler les mots « corporatisme » et « démo cratie95 ». Si le nazisme est déjà démasqué – en novembre 1941, le directeur associé du Service de l’information d’Ottawa adresse une lettre personnelle et confidentielle aux curés pour démentir « la propagande hypocrite que font actuellement les nazis à l’étranger » –, on se demande encore si Franco implantera ou non un gouvernement fasciste à la fin de la guerre civile espagnole contre le régime républicain d’inspiration communiste. Des amis de Maurice Baudoux lui écrivent pour s’informer de la véracité des informations que diffuse alors le département de l’Éducation de la Saskatchewan. Dans sa réponse à Philip Roberts, l’abbé Baudoux renvoie à des articles du Catholic Register de Toronto qui aurait fourni la preuve d’une information biaisée concernant la situation espagnole. Il lui fait aussi parvenir quelques numéros du recueil The Catholic Mind et un dépliant publié par America Press. À lui seul, Le Patriote de l’Ouest publie 37 articles retraçant les « phases de la libération de l’Espagne ». On s’interroge aussi sur ce qu’il faut penser de la situation en France après la capitulation de Vichy, surtout avec la venue au Canada d’Élisabeth de Miribel, porte-parole de la France libre du général de Gaulle. En 1942, Henri Lacerte envoie à Maurice un article sur le sujet tiré du Contemporary Review96. La Semaine de la mutualité catholique et française, proposée à compter de 1940 par le Comité permanent de la survivance française, a pour but de favoriser le « relèvement économique de notre peuple », comme l’a déclaré l’abbé Baudoux dans sa première causerie à la radio de Watrous en mai 1940. Les mutualités, a-t-il déclaré, « sont des sociétés d’assurance qui revêtent la forme coopérative ». Ce sont les assurés seuls, et non pas des actionnaires comme dans les compagnies d’assurance à fonds social, qui en fournissent les capitaux. Il incite ses compatriotes à faire servir leurs épargnes au relèvement économique national canadien-français. « Car n’est-il pas vrai que ce n’est pas tant notre infériorité numérique qui nous empêche de vivre pleinement notre vie catholique et française ? N’est-ce point plutôt notre infériorité économique, notre pauvreté97 ? » Lors de la réunion du comité provisoire des caisses populaires, la somme de 402,50 $ a été souscrite. Pour préparer la leçon préliminaire des cours sur les caisses populaires, l’abbé Baudoux utilise les notes de E. Bilodeau sur l’historique de la Caisse populaire de Laflèche. En janvier 1942, un exemplaire de la brochure sur les caisses populaires est envoyé dans les paroisses pour
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que les curés en fassent la diffusion. Quand vient le temps d’organiser la caisse populaire à Prud’homme, après plusieurs réunions d’étude, on invite l’inspecteur du gouvernement, monsieur Maclean. Le nom proposé par la majorité francophone est « La Caisse populaire de Prud’homme. Credit & Savings Union Ltd. » Sans succès, l’inspecteur argumente et fait pression pour que soit supprimée la portion française du nom. Le secrétaire de l’ACFC en informe alors confidentiellement les paroisses qui sont à organiser une caisse populaire, tout en les assurant que Prud’homme tenait à créer un précédent pour empêcher que les agents du gouvernement ne continuent d’outrepasser leurs pouvoirs et d’imposer l’anglais comme ils l’ont déjà fait pour certaines caisses populaires du nord de la province98. Maurice Baudoux recommande à Alphonse Picton de Saint-Front d’exiger des formules bilingues et de choisir un nom français si la caisse ne s’adresse qu’à des francophones. Il encourage A. A. Gaudet de Saint-Isidore à fonder plusieurs caisses populaires, pendant que Dominique Dugas demande que l’ACFC fasse imprimer une cinquantaine de circulaires sur les rapports, et tente d’assurer la diffusion des cours sur les caisses popu laires. La Liberté et le Patriote fait écho à ces initiatives et annonce les cours et la fondation des nouvelles caisses populaires. On veut faire davantage. Lors de leur rencontre du 15 novembre 1945, les membres du Conseil supérieur de la coopération étudient les relations à établir entre l’Union coopérative du Canada et le mouvement coopératif québécois. Ils feront transmettre leurs conclusions par les délégués du Québec au congrès de Winnipeg du 26 au 28 novembre99. Un congrès des coopérateurs de langue française a lieu à Edmonton en avril 1946. L’abbé Couture, délégué des trois provinces de l’Ouest, écrit à Maurice Baudoux qu’il reste à mettre sur pied dans chaque province une section du Conseil canadien de la coopération (CCC)100. Le congrès des coopératives a lieu à Edmonton le 25 avril. En juillet, la Fédération des coopératives franco-albertaines est affiliée au CCC et la Fédération des coopératives franco-canadiennes de la Saskatchewan est fondée. Une demande d’aide est faite en septembre par l’abbé Dominique Dugas auprès de la SCEP pour envoyer des délégués aux conférences régionales sur la coopération. Eugène Bussière succède alors à Séraphin Marion comme secrétaire de la SCEP et assure Maurice Baudoux que les provinces de l’Ouest continueront à recevoir le petit octroi de trois cents dollars par année. Le congrès général des coopérateurs a lieu à Québec en novembre 1946. En juin 1948, il aura lieu à Winnipeg. Le président de la section Saskatchewan du CCC, É. Bachelu, invite Maurice Baudoux à prendre la parole devant les délégués au congrès de Saskatoon, les 11-12 juin101.
Page laissée blanche intentionnellement
Chapitre 7
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« Le père de la radio française de l’Ouest » �
ès que le gouvernement fédéral entreprend de réglementer la radio en 1932 en établissant la Commission canadienne de la radio (CCR), les Canadiens français de l’Ouest réclament une part équitable de français sur ce réseau et la nomination d’un commissaire de langue française au sein du bureau de la radio. Ils ne tarderont pas à se servir de ce nouveau média, comme le fera le cardinal Villeneuve, à l’exemple du pape Pie XII. Le Patriote de l’Ouest fait écho à ces aspirations. L’abbé Baudoux propose alors à la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal de lancer une campagne d’opinion dans la presse et une campagne d’action par la voie de toutes les sociétés nationales, afin de réclamer l’équité pour les provinces de l’Ouest où l’on ne diffuse pas le concert spécial du lundi des chemins de fer nationaux, destiné aux auditeurs de langue française1. La présentation en 1933 d’une série de concerts unilingues déclenche au Manitoba une campagne pour obtenir que les annonces soient faites dans les deux langues pour chacune des émissions de la radio d’État. En avril 1933, le poste CKY du Manitoba présente sa première demi-heure française avec le quatuor Alouette. L’Association des commissaires de langue française, la première à réagir, reçoit non seulement l’appui de la Société Saint-JeanBaptiste (SSJB) et de l’Association canadienne de la jeunesse catholique (ACJC) de cette province, mais aussi celui de la Ligue d’action nationale de Montréal et des associations nationales de la Saskatchewan et de l’Alberta. L’Ordre de Jacques-Cartier va aussi réagir. En décembre 1932, l’Ordre émet deux circulaires, l’une annonçant la formation de la commanderie Laflèche à Saint-Boniface, l’autre proposant une campagne, par l’intermédiaire de la Ligue des intérêts nationaux (LIN), en faveur de la radiodiffusion d’émissions bilingues par Radio-Canada. Une telle demande suscitera toujours des objections chez les anglophones de l’Ouest2.
216 III. Prêtre En dépit de ces efforts, on verra régresser, de 1934 à 1940, la proportion d’émissions en français, comme lors du reportage sur les fêtes du quatrième centenaire de la découverte du Canada en 1934. Le reportage réalisé au Québec est amputé sur les ondes des interventions faites en français ! L’abbé Baudoux invitera les comités de l’ACFC à réagir lorsqu’il sera question, en 1935, de la disparition de la Commission canadienne de la radio : À plus d’un point de vue, il y aurait lieu de l’améliorer. Mais telle qu’elle est, elle nous fournit un service infiniment supérieur à ce que nous avons jamais eu jusqu’ici. Vous savez qu’elle nous a donné de la belle musique au moins de temps en temps. Vous savez surtout qu’elle nous a donné du français. Or, c’est surtout à cause de cela qu’on cherche à la supprimer. Ce n’est pas du nouveau, cela. Que n’a-t-on fait, l’année dernière, pour qu’elle culbute ! Pourquoi ? Tout simplement parce qu’elle donnait ses programmes français ailleurs que dans Québec, Québec qu’on appelle la Réserve ! Elle a donc failli tomber l’année dernière. Mais elle n’est pas tombée parce que de partout on a écrit, télégraphié à Ottawa. Les mêmes que l’an dernier recommencent leur jeu cette année. Ils ont si bien manœuvré que la Commission n’a plus de crédit que pour deux mois. Après ? le déluge ! Que faire ? Écrire encore. Que de chaque paroisse partent autant de lettres que possible à l’adresse du Premier ministre, des ministres canadiens-français, Sauvé, Dupré, Duranleau, des députés canadiens-français d’Ottawa, des députés du comté de chaque paroisse. Faites et faites faire ces lettres tout de suite. N’oubliez pas de les signer. Ne dites pas que vous n’avez aucune influence ! En politique, tout le monde a de l’influence. Vous avez votre vote3 !
Lors de l’importante rencontre du 21 janvier 1936 à Montréal à laquelle avait participé Maurice Baudoux, on avait proposé une action concertée pour presser la Commission canadienne de la radiodiffusion de respecter le bilinguisme et d’assurer un nombre minimal de programmes français dans l’Ouest. Les représentants des trois provinces de l’Ouest s’étaient alors réunis pour en discuter. Le sujet sera aussi débattu lors du colloque du 3 au 5 octobre 1936 à Saint-Boniface. Ces rencontres vont donner lieu, en 1937, à la transformation du Comité permanent du 2e Congrès de la langue française qui deviendra le Comité de la survivance française en Amérique4. Le Ku Klux Klan et les loges orangistes faisaient alors campagne contre le français à la radio hors du Québec, comme le confirmera le président de la CCR, Hector Charlesworth, devant la commission d’enquête sur la radiodiffusion, mise sur pied par le gouvernement King à la fin de 1936. Une campagne est lancée en Alberta, à l’initiative de Paul-Émile Breton, du journal La Survivance, et l’on crée la Ligue des radiophiles qui fait le relevé critique des émissions présentées par les stations existantes. Sur un total de 60
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heures par semaine, seules trois à cinq heures sont alors diffusées dans les provinces de l’Ouest. La loi créant Radio-Canada est promulguée le 2 novembre 1936. Le président Leonard Brockington et le vice-président René Morin promettent que le réseau sera indépendant de la politique et exploité en vue du seul intérêt national. On peut aussi compter sur le directeur général, Gladstone Murray, qui dès sa nomination en 1936 déclarait vouloir tenir compte « de la dualité de race, de langue et de tempérament de la population du Canada ». Cette situation lui paraît « très heureuse » et une source de plus grande variété et originalité. Mais lorsqu’il déclare devant le Canadian Club de Montréal en 1937 qu’il s’engageait à faire disparaître l’irritation là où elle était la plus vive, et que la radio pouvait faire beaucoup pour que tout le Canada soit bilingue, son discours soulève la colère de l’opposition conservatrice qui demande sa tête et entraîne le désaveu de Mackenzie King. Il sera remplacé en septembre 1942 par James Thomson, président de l’Université de Saskatoon, qui ignore le fait français5. En 1937, le Dr L.-O. Beauchemin et le Dr Laurent Roy, présidents, l’un de l’ACFA de l’Alberta, l’autre de l’ACFC de la Saskatchewan, assistent avec le représentant du Manitoba, l’avocat Henri Lacerte, au congrès patriotique de Québec. Tous trois sont désignés pour représenter l’Ouest au sein du Comité permanent et participeront en octobre 1938 à la première session du Comité de la survivance française en Amérique6. Au cours de l’année 1937, la Ligue des radiophiles poursuit ses efforts et l’Association canadienne-française de l’Alberta demande un permis de poste émetteur pour une radio française privée dans l’Ouest. La demande est classée et oubliée, sous prétexte qu’il n’y avait « pas de longueur d’ondes disponible ». Mais en avril 1937, Radio-Canada crée un comité consultatif à Winnipeg dont fait partie le juge Lacerte. L’effet du deuxième congrès de la langue française qui a lieu à Québec en juillet 1937 aura une influence décisive sur la question de la radio française. Les journaux de partout y font écho dans des articles dont les titres sont éloquents : « Radio-Canada, le Congrès et Nous », titre La Survivance du 21 juillet 1937. Le Comité permanent de la survivance crée en octobre 1938 quatre sous-comités dont l’un porte sur les médias. Maurice Baudoux est invité à en faire partie et accepte de rédiger un mémoire sur la radio française hors du Québec7. Après avoir installé un émetteur de 50 000 watts pour desservir l’Ouest, Radio-Canada inaugure, le 27 décembre 1939, le poste CBK situé à Watrous, au sud de Vonda et de Prud’homme, un point central pour les trois provinces des Prairies. En dépit des promesses, six mois plus tard, on présente 43 minutes seulement « de syllabes françaises », dira l’historien Rossel Vien, sur un total de 6 900 minutes de radiodiffusion. « Voilà sept ans que cela dure ! »,
218 III. Prêtre déclare le manifeste du 24 avril 1940, qui porte la signature des présidents des trois associations, au nom des quelque 150 000 Canadiens français des Prairies. Une campagne méthodique est alors menée depuis le presbytère de Prud’homme avec l’appui des associations nationales de l’Ouest. Pendant deux ans, d’avril 1940 à avril 1942, l’abbé Baudoux rédige quelque 80 communiqués que publie Le Patriote de l’Ouest. Il demande aux sociétés nationales sœurs du Québec et de l’Ontario de transmettre ces communiqués et d’appuyer la campagne8. Le ton de ces communiqués-choc est direct, les faits d’injustice sont rapportés sans ménagements : « De grâce, un peu de logique ! », « Le moment mal choisi », « L’anglais dans l’Est et le français dans l’Ouest », « Si la SRC voulait... », « Mettons les points sur les “I” », « Les écouteurs ne veulent pas de français en Ontario », « Radio-Italie vs Radio-Canada », « La SRC nous a en si grande considération !... », « Ostracisme ». En juin 1940, Maurice Baudoux signe deux articles intitulés : « Radio-Canada n’a pas d’argent » et « 1937 et 1940 : deux poids et deux mesures », et une lettre ouverte à RadioCanada. L’Ordre de Jacques-Cartier servira de relais pour les transmettre à ses commanderies. À la mi-juillet 1940, Maurice Baudoux expose les buts de cette campagne au congrès de l’Association d’éducation de Saint-Boniface9. Sous la pression des délégués de l’Ouest, Adrien Pouliot avait succédé en septembre 1940 à Mgr Camille Roy à la présidence du Comité permanent de la survivance. Il avait aussi remplacé Alexandre Vachon au Bureau des gouverneurs de Radio-Canada en 193910, quand ce dernier avait été nommé archevêque d’Ottawa. Le nouveau président prendra à cœur la question de la radio et le Comité permanent deviendra « le grand imprésario de la RadioOuest » grâce au « sou de la survivance » et aux campagnes de souscription qu’il appuie. En cette période de guerre, l’aide financière de la France devient aléatoire, mais elle viendra en 1942, du Comité France libre, dont les responsables ont apprécié les articles de Raymond Denis parus dans Le Devoir11. Le 22 septembre 1940, Maurice Baudoux participe ensuite avec le D Beauchemin à d’importantes rencontres à Québec et à Montréal, avec le Comité permanent de la survivance. Les représentants des associations de l’Ouest lui ont demandé de faire une démarche officielle auprès des autorités de Radio-Canada. Il apprend que la SSJB de Montréal a déjà préparé les esprits à la collaboration pour le français à la radio dans l’Ouest en réunissant Olivier Maurault, Hector Cypihot et Antoine Bernard. Par l’intermédiaire de cet organisme, on compte relancer René Morin, le président de RadioCanada et le directeur adjoint, Augustin Frigon12. Le 12 décembre, Maurice Baudoux rend compte à l’ACFC de ses dernières démarches : r
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Au cours d’une conversation avec MM Morin et Frigon, à Montréal, le 26 septembre 1940, ceux-ci me déclarèrent qu’il était pratiquement impossible à Radio-Canada, de nous accorder une part que nous considérions équitable et que conséquemment la seule vraie solution résidait dans la construction et l’exploitation de postes privés français. Ils promirent de nous faciliter l’obtention des permis. Quelques mois plus tard, feu M. Ernest Lapointe suggérait fortement la même solution à l’un des nôtres. M. Frigon la fit encore à d’autres personnes13.
À Watrous, on finit par obtenir en novembre 1940 un annonceur de langue française, Jean-François Pelletier. Une émission passe régulièrement en ondes le dimanche soir, on offre cinq minutes de nouvelles le matin et le commentaire de l’horaire quotidien. On se plaindra encore, en février 1941, que les discours en français lors du congrès du Comité permanent de la survivance française n’aient pas été diffusés, que la voix du cardinal Villeneuve ait été couverte par la traduction anglaise de son discours, que le ministre Lapointe n’ait parlé qu’en anglais, alors que le duc de Kent avait résumé en français l’essentiel de son discours ! La part du français était passée de deux à quatre heures par semaine. C’était loin des avantages dont jouissaient les anglophones du Québec avec le poste anglais de CBM et les 26 heures d’émissions en anglais au poste français de CBF ! Les autorités de RadioCanada ayant jugé les communiqués agressifs et un peu violents, Rodolphe Laplante suggéra à Maurice Baudoux de ne pas trop insister : « Je crois que les pressions ont été suffisamment nombreuses et que nous encourons le risque d’indisposer le ministre par de trop pressantes requêtes14. » À la demande du père D’Auteuil Richard, s. j., de la revue Relations, l’abbé Baudoux rédige un article sur les Canadiens français de l’Ouest et la radio-État qui paraît en février 1941. À cause de ses relations avec RadioCanada, Émile Couture, de Saint-Boniface, s’estimait en mesure d’appuyer le projet. Il donne en exemple l’expérience du poste de New Carlisle, en fonction depuis 1933, multiplie les contacts et s’attire la coopération de plusieurs pour amorcer une expérience semblable dans l’Ouest. Il persuadera Maurice Baudoux, lors du congrès de la Canadian Association for Adult Education à Winnipeg en mai 1941, de profiter des bonnes dispositions de Radio-Canada pour convaincre les associations nationales de commencer la construction de trois postes. Le capital-actions souscrit dans l’Ouest et la subvention de Radio-Canada devraient permettre d’en payer les dépenses au début15.
220 III. Prêtre
Réunion historique de Radio-Ouest française à Prud’homme les 14-15 août 1941. De bas en haut : Mgr J.-B.-C. Bourdel, abbé Maurice Baudoux, abbés Antoine d’Eschambault et Donat McDougall, P. P.-É. Breton, o.m.i., Sauveur Marcoux et Louis-Omer Beauchemin.
Radio-Ouest française Le projet va se concrétiser après des rencontres d’étude des représentants des trois provinces des Prairies. Maurice Baudoux, que l’on appellera « le père de la radio de l’Ouest », donne rendez-vous le 14 août 1941, au presbytère de Prud’homme, à six représentants de ces provinces : L.-O. Beauchemin, président de l’ACFA, Paul-Émile Breton, o.m.i., directeur du Patriote de l’Ouest, Antonio de Margerie, du secrétariat de l’ACFC, Antoine d’Eschambault, de Saint-Boniface, Sauveur Marcoux, ministre du gouvernement Garson, le curé Donat McDougal et Mgr Bourdel : Nous nous mîmes à étudier ces projets soigneusement et les 15-16 août 1941 eut lieu à Prud’homme, Saskatchewan, [une rencontre] des représentants des 3 provinces des Prairies. Nous y décidâmes de construire au moins trois postes dès que les circonstances me permettraient et je fus chargé d’écrire à ce sujet à MM. Murray et Frigon. M. Murray était en Angleterre. M. Frigon me
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répondit que Radio-Canada était prêt à collaborer dans l’étude approfondie des projets, les recherches de location, etc., dès que nous serions prêts16.
C’est au cours de cette réunion que la décision a été prise de construire quatre postes qui seraient la propriété des Canadiens français de l’Ouest et de lancer une souscription dans chaque province, avant de faire appel au Québec par l’intermédiaire du Comité permanent de la survivance17. On remet au comité une évaluation des coûts pour la construction de quatre postes de mille watts, pour trois heures de diffusion par jour. L’abbé Baudoux fait part de cette rencontre au directeur général Murray de Radio-Canada, et demande l’aide d’un technicien et d’un conseiller commercial pour guider les associations, disposées à établir leurs propres postes avec l’aide de la société d’État. Il présentera aussi un rapport sur la radio au congrès de l’ACFC à Saskatoon, en juillet 1942. Après neuf ans d’efforts, un redressement s’est produit entre 1940 et 1942. Radio-Canada semble sur le bon chemin, mais pourrait faire mieux. « Cette bonne volonté existe, écrit Maurice Baudoux, mais ne sera efficace que dans la mesure où d’un bout du Canada à l’autre, les nôtres voudront réclamer avec persévérance18. » En mai 1942, de nouvelles consultations amènent les associations des trois provinces de l’Ouest à s’en remettre aux directives du Comité permanent. Chacune forme un comité d’honneur pour la Radio-Ouest française (ROF), met en œuvre la souscription dans sa province et détermine un objectif pour chacun. Antoine d’Eschambault fait parvenir à l’abbé Baudoux la liste des membres de ce comité d’honneur au Manitoba et Antonio de Margerie, qui assume le secrétariat de Radio-Ouest française, reçoit les sommes recueillies par Gravelbourg. La liste des cotisants sera publiée dans La Liberté et le Patriote. À l’automne, l’abbé Baudoux tente de convaincre Gilbert Lessard, directeur des programmes français au poste CBK de Watrous, d’écarter du programme français certaines interventions mal informées dont on s’est plaint à lui, « ce qui n’aide pas » la cause. Comme sa série de causeries à la radio de Watrous prendra fin le 21 février, il insiste pour qu’une autre série lui succède, en provenance du Manitoba. Il suggère à l’abbé d’Eschambault de convaincre la population du Manitoba de réclamer un radio-journal et des causeries au poste de CJRC. À la mi-janvier 1943, il en parle de nouveau à G. Lessard, qui n’a pas encore obtenu la permission d’aller en discuter avec lui à SaintBoniface19. L’abbé Baudoux reçoit des remerciements pour la qualité de ses causeries à la radio et des encouragements pour son travail, non seulement de confrères, mais aussi de religieuses, comme le révèle la lettre d’une Fille de la Croix de Willow Bunch. Raymond Denis accepte en juin la présidence du comité de souscription lancé par les Acadiens pour fonder un journal
222 III. Prêtre q uotidien. S’il réussit, écrit-il à Maurice Baudoux, « ce serait le chemin [mot illisible] pour une tentative de hâter chez vous [la création d’]un ou deux postes de radio à l’aide d’une campagne semblable organisée dans les mêmes conditions ». Fin stratège, R. Denis propose que les gens de la Saskatchewan souscrivent non pas dix, mais cent dollars pour ce journal : Une minorité si pauvre, oubliant sa propre misère pour se porter au secours d’une autre minorité plus en danger ! C’est un placement à 10 pour 1. Cette campagne me met en relation avec des gens que je reverrai pour vous à l’occasion de votre prochain concours. Si dans une couple d’années, après la guerre, un poste de radio ou deux peut constituer une solution pratique de vos difficultés, il y aura peut-être une solution. Cette campagne de l’Acadie si elle réussit sera le prélude d’autres campagnes possibles, mais il faut que vous sembliez vous intéresser à celle-ci.
Dans ses conférences au Québec, R. Denis expose les problèmes de l’Ouest, demande de l’aide matérielle, rencontre les responsables religieux. Il est « en excellents termes » avec le cardinal Villeneuve et sent d’emblée la conviction chez Mgr Langlois et l’oblat Charles Charlebois. Mgr Joseph Charbonneau a fait un « très bel éloge » de lui au cours d’une réunion d’évêques, ce qui « fit grand plaisir » au cardinal qui le lui a rapporté. Il tentera de convaincre l’archevêque de Montréal d’intervenir pour influencer messieurs Morin et Frigon de Radio-Canada. On comprend pourquoi il conseille à l’abbé Baudoux d’attendre avant de lancer une campagne trop violente contre l’administration de la société d’État20. La partie est loin d’être gagnée. De Hull, l’abbé A. Charest suggère confidentiellement à l’abbé Baudoux de transmettre les protestations au major général L. R. Laflèche plutôt qu’aux francophones de Radio-Canada sur qui il ne faudrait pas se fier. Raymond Denis compte sur Maurice Baudoux pour assurer le succès, en juillet 1943, de la tournée d’Adrien Pouliot dans l’Ouest. Il insiste, s’il ne peut l’accompagner, pour qu’il lui fasse rencontrer les personnes les plus influentes aux yeux des autorités de Radio-Canada, en particulier les évêques Murray et Lemieux, un ami de Pouliot : « Pour lui, écrit-il, Regina, Saskatoon, Prince-Albert, c’est un peu dans le même coin. » Il compte sur lui pour lui faire rencontrer l’évêque de Saskatoon, s’il peut l’intéresser à la question de la radio ainsi que quelques politiciens anglophones qui « doivent compter sur le vote français », pour contrer la difficulté que représente l’opinion anglaise défavorable des provinces intéressées. Il faut lui faire voir ce qu’il y a de mieux dans l’Ouest, afin qu’il retourne avec une bonne impression : « Entourez-le, soignez-le, dorlotez-le. Il n’est pas très influent en luimême, mais son rapport sera très important. » Le président Pouliot revient dans l’Est avec la conviction qu’il faut faire une souscription pour la radio de l’Ouest, comme on vient de le faire pour le journal acadien21.
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Lors de la réunion de septembre 1943 du Comité permanent de la survivance, A. Pouliot fait accepter l’idée de prendre à sa charge la direction d’une vaste campagne de souscription dans l’Est pour réaliser le projet d’érection de postes privés de radio dans l’Ouest. La condition posée est de recevoir un mandat d’aller de l’avant de chacune des trois provinces. Une fois le mandat accordé, il faudra soumettre une démarche conjointe de permis au président de Radio-Canada. A. de Margerie convoque les représentants de l’Alberta et du Manitoba à une réunion de l’exécutif de l’ACFC à Regina le 16 octobre. On y adopte une déclaration de principe sur la nécessité d’un organisme interprovincial représentant les associations nationales. L’organisme sera appelé Radio-Ouest française (ROF) et aura un comité dans chaque province. Antonio de Margerie en est le secrétaire et Maurice Baudoux, absent en raison de l’accident dont sa sœur Nelly a été victime, est désigné comme directeur général22. La décision est prise, le 28 janvier 1944, lors d’une réunion d’une soixantaine de délégués à Saint-Boniface, « de construire quatre postes français dans l’Ouest, construits par quatre groupes différents de personnes représentant quatre unités géographiques distinctes au sein des trois provinces ». Le Dr Beauchemin est élu président de ROF, A. d’Eschambault, viceprésident, A. de Margerie, secrétaire, et M. Baudoux, fondé de pouvoir. C’est à ce titre que ce dernier dépose les quatre demandes de permis auprès du contrôleur de la radio, le 21 février 1944. Avec l’abbé d’Eschambault, il complète le dossier de la radio et de la souscription, et remplit le calendrier de rencontres que lui a préparé Raymond Denis, à Québec, à Montréal et à Ottawa. À Québec, il rencontre le recteur Gagnon de l’Université Laval et le supérieur Ferdinand Vandry23. En février 1944, Maurice Baudoux passe une semaine à Québec avec des responsables de plusieurs provinces à la réunion du Comité permanent de la survivance française. Des rencontres importantes au sujet de la radio dans l’Ouest ont aussi lieu, mais on n’en parle qu’à mots couverts. Il est reçu par le cardinal Villeneuve, le premier ministre Godbout, le surintendant de l’Instruction publique, Victor Doré, et s’adresse aux grands élèves du petit séminaire. C’est là qu’il apprend le transfert de son évêque, Mgr Murray, de Saskatoon à Winnipeg. À Montréal, il rencontre Mgr Joseph Charbonneau et René Morin, président du Bureau des gouverneurs de Radio-Canada. Il rend visite au jésuite D’Auteuil Richard et attend le retour d’A. Frigon de Radio-Canada avant de se rendre à Ottawa rencontrer le ministre SaintLaurent et le général Laflèche. Ce dernier lui conseille de voir Mgr McGuigan et M. Morin. Il s’adresse à cinq cents jeunes de l’école Saint-Stanislas des frères de l’Instruction chrétienne et à un groupe de professionnels lors d’un souper au Cercle universitaire devant qui il expose la situation de l’Ouest, le
224 III. Prêtre problème de la radio et les projets de ROF. Tous sont prêts à collaborer à la campagne de souscription. R. Denis lui a aussi ménagé une rencontre avec le conseil de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal et d’autres organismes. À Ottawa, il apprend que le maire McLean de Saint-Boniface a demandé un permis pour un poste de radio bilingue, ce qui risque de compromettre les démarches en cours24. De retour dans l’Ouest à la fin de février, après une absence d’un mois, l’abbé Baudoux rédige un rapport sur le travail qu’il vient de faire. Un autre voyage dans l’Est s’impose bientôt. À titre de fondé de pouvoir de la ROF, il est reçu en audience à Ottawa le 27 mars par le Bureau des gouverneurs de Radio-Canada avec A. d’Eschambault, les sénateurs Lucien Beaubien du Manitoba et Arthur Marcotte de la Saskatchewan, les députés Arthur Deschênes de l’Alberta et Walter Tucker de la Saskatchewan qui appuient leur demande. Baudoux et d’Eschambault vont ensuite rencontrer à Montréal messieurs Dupont et Houlé de Radio-Canada, puis le directeur du poste de New Carlisle à Québec pour des conseils sur le matériel, l’installation et le personnel requis pour un poste25. La désignation de l’abbé Baudoux, en avril 1944, comme administrateur du diocèse de Saskatoon au départ de Mgr Murray ne l’empêche pas de poursuivre sa campagne en faveur de la radio de l’Ouest. Il parvient à faire les dernières retouches à son texte pour le souper causerie à Montréal le 5 mai et à la conférence qu’il doit prononcer ensuite à Québec. Un communiqué annonce le 4 mai que l’Assemblée législative du Québec a voté une motion en faveur de la Radio-Ouest française. Une importante étape est enfin franchie quand, lors de sa réunion à Montebello en mai 1944, le Bureau des gouverneurs recommande d’approuver la requête de Radio-Saint-Boniface pour la création d’un poste français, « à condition qu’il n’en coûte rien à RadioCanada », mais on renvoie l’étude des trois autres postes. Selon R. Vien, « le précédent établi au Canada par Radio-Saint-Boniface était double puisqu’il s’agissait du premier poste radiophonique français indépendant hors du Québec et du premier poste exclusivement de langue française hors du Québec ». C’était aussi, pour le père Breton, un compromis qui créait un précédent26 ! Il faudra attendre encore un an avant que le permis ne soit accordé. En juin 1944, Maurice Baudoux s’impatiente : « Il me semble que nous ne sommes pas plus avancés qu’il y a un mois. Combien de temps faudra-t-il encore parloter avant d’aboutir ? Misère de nous ! » C’est qu’il faut compter avec les hésitations du ministre responsable, C. D. Howe, qui craint de déplaire à l’Ouest anglais en accordant cette licence, comme avec les prétextes invoqués en cette fin de guerre, concernant la difficulté de se procurer l’équipement
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nécessaire pour la radio. Les démarches se poursuivent, y compris auprès des plus hautes autorités politiques et religieuses – le cardinal Villeneuve intervient auprès du premier ministre King – pendant que Maurice Baudoux fait distribuer le Catéchisme sur la radio française, rédigé à l’intention des percepteurs de la souscription, et entreprend des tournées dans le nord de la Saskatchewan. Il propose aussi en 1945 un texte pour préparer un sermon en faveur de la souscription27. Lors de sa nomination comme prélat domestique en juillet 1944, il avait reçu l’éloge suivant : La part prépondérante qu’il a prise à la campagne pour obtenir un poste de radio français dans l’Ouest suffirait à elle-même à lui assurer la reconnaissance de tous les canadiens de langue française des provinces des Prairies. Ce n’est un secret pour personne que si la minorité française a obtenu quelques minutes de français au poste de Radio-Canada à Watrous, Sask., il faut en attribuer tout le mérite à M. l’abbé Baudoux. Pendant plus de quatre ans, il a mené une campagne systématique par la plume et la parole pour intéresser la population du Québec au problème de la radio française dans l’Ouest et pour tenir en alerte ses compatriotes des provinces de l’Ouest. C’est dans ce but qu’il a rédigé plus de cent articles documentés, vivants, qui ont paru dans La Liberté et le Patriote, La Survivance, et même dans plusieurs journaux de la province de Québec. Le principal artisan de la campagne dont les résultats commencent à s’annoncer demeure le curé de Prud’homme, Sask. Il ne nous en voudra pas de dire la vérité28.
Les quelques jours de vacances que le curé de Prud’homme prend à Léoville à la fin d’août 1944, auprès de son confrère A. Grimard, « pour reprendre le sommeil perdu », ne sont qu’une halte avant de reprendre sa tournée jusqu’en novembre, pour visiter quelque 35 localités du nord de la province. On le réclame aussi dans le sud et il ne revient dans sa paroisse que pour en repartir. À Jack Fish, il réunit au presbytère quelques percepteurs et prononce des conférences dans les paroisses voisines avec le curé Coursol29. Il se rend en avion à Gravelbourg – un voyage qui l’enchante – dans la troisième semaine de novembre. Il prend encore la parole dans les localités de Meyronne, Ponteix, Dollard, Laflèche, Coderre et Saint-Victor. En décembre, il demande à son nouvel évêque, Mgr Pocock, une lettre de recommandation, tout en l’invitant à devenir membre d’honneur du Comité établi dans la province pour la création d’une station de radio française. La réponse de l’évêque est sans équivoque. Il donne son « entière approbation » à un projet qu’il considère comme « un puissant moyen de préserver la Foi et les admirables traditions du peuple canadien-français30 ».
226 III. Prêtre La souscription dans l’Est pour ROF Pendant que se tient au Manitoba la première assemblée des actionnaires fondateurs de Radio-Saint-Boniface en janvier 1945, et que les directeurs sont nommés, le secrétaire du Comité permanent de la survivance, l’abbé Paul-Émile Gosselin, publie Pour survivre, Radio-Ouest française, en utilisant la documentation que lui a fait parvenir Mgr Baudoux. Il peut faire état d’une lettre d’appui des évêques de l’Ouest qui, après avoir rencontré les responsables de ROF, l’ont mandaté, ainsi que le Comité permanent, pour faire une souscription dans l’Est. Le texte est un appel en faveur des 150 000 Canadiens français de l’Ouest menacés dans l’intimité même de leurs foyers par la radio anglo-protestante. La souscription déjà en cours dans l’Ouest a rapporté 150 000 $ pour la création de quatre postes de radio et on demande au Québec de recueillir un montant équivalent31. Avant de retourner dans l’Est, de la fin d’avril à la mi-mai 1945, Mgr Baudoux informe l’ACFC que la campagne de souscription dans l’Est a rapporté à ce jour 38 375,67 $. À Québec, à Trois-Rivières et à Montréal il rencontrera les membres du comité d’organisation de la souscription, les institutions nationales et les maisons d’éducation. Il visite aussi des personnalités susceptibles de collaborer, comme le frère du père Routhier, o.m.i., le docteur Petitclerc, le cardinal Villeneuve qui émet une circulaire en faveur de la ROF, le sous-ministre Filteau de l’Instruction publique, le secrétaire de la province, Eveline LeBlanc, les étudiants acadiens à l’Université Laval, ou ceux du collège des Jésuites. À cause des élections fédérales, la campagne est reportée à l’automne à Montréal. À Québec, elle aura lieu du 20 mai au 15 juin. Après un arrêt à Trois-Rivières, Mgr Baudoux arrive à Montréal au début de mai. Le 4, devant 300 convives, il expose le problème des minorités à un dîner causerie au Cercle universitaire, auquel participent des évêques de l’Ouest et l’archevêque de Montréal32. En juin, Paul-M. Paquin de la librairie Beauchemin lui demande un texte sur le fait français dans l’Ouest et sur la radio française qui sera publié sous le titre « Maître chez nous », dans l’Almanach du peuple de 1946, tiré à 100 000 exemplaires33. La campagne est lancée à Montréal en septembre devant 400 convives lors d’un banquet de la Jeune Chambre de commerce, placé sous la présidence d’honneur de Mgr Charbonneau. L’événement est radiodiffusé par CKAC. La campagne se poursuivra à un rythme accéléré du 30 septembre au 11 octobre auprès de divers auditoires. Maurice Baudoux écrit à sa sœur Mariette qu’il prévoit devoir prononcer deux ou trois causeries par jour, sans compter les réunions dans la soirée, et faire des interventions à CKAC, lors de l’émission de la Société du bon parler français. Il prononce une conférence au grand séminaire, fait la prédication dans les paroisses le
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dimanche, va dans les collèges, s’adresse aux organisateurs de la campagne, au conseil de la SSJB de Montréal, au club Kiwanis, à la clôture de la Semaine sociale, à l’Union catholique des cultivateurs. Il se rend aussi à Québec et à Saint-Jean. Derrière une telle activité, s’activent non seulement Raymond Denis, mais aussi le réseau de l’Ordre de Jacques-Cartier. Trente-cinq prédicateurs sont aussi mobilisés, des comités sont formés dans les Maritimes, la Nouvelle-Angleterre et l’Ontario. Une soirée payante est organisée à Verdun où l’on s’est assuré de la présence du comédien incarnant le personnage de « Séraphin » dans la populaire émission radiophonique Un homme et son péché. Les gens sont généreux. Dans une paroisse de 18 000 personnes, on a donné 700 $. Aux 150 000 $ souscrits dans l’Ouest, s’ajoutent les 212 000 recueillis dans l’Est34. Les journaux font écho à la campagne. La Liberté et le Patriote rend compte des initiatives en faveur de la ROF dans tout le Canada. La Survivance rapporte que le diocèse de Montréal a souscrit 74 000 $. Pendant le mois de novembre, Le Droit d’Ottawa fait état des résultats de la campagne dans la région. Hull a déjà atteint 80 % de son objectif de 3 000 $, et 75 % de l’objectif de 5 000 $ de la portion québécoise du diocèse d’Ottawa a été souscrit. La campagne se poursuivra jusqu’à ce qu’on ait atteint l’objectif fixé. En mars, Raymond Denis et Cyrille Delâge transmettent les résultats de la souscription au Comité permanent de la survivance qui s’apprête à lancer la Semaine de la fierté nationale. Paul-Émile Gosselin prononcera une causerie à RadioCanada le 6 avril, en utilisant le texte de l’agronome G. Michaud sur le chef de la famille rurale au Canada français35. Une importante délégation de l’Est sera envoyée par le Comité permanent à l’inauguration du poste de Radio-Saint-Boniface le 27 mai 1946, ainsi qu’aux congrès qui auront lieu à Saint-Boniface, à Regina et à Edmonton. Raymond Denis prend la parole et Maurice Baudoux fait parvenir un message radiophonique le jour de l’inauguration. Le jésuite Aimé Bertrand lui écrit le lendemain : Que ne vous êtes-vous trouvé parmi nous le soir mémorable de l’inauguration de notre poste radiophonique ! C’eût été une fête sans pareille pour vous qui avez été l’âme de ce mouvement de salut pour notre petit peuple. [...] C’est avec un soulagement inexprimable que j’ai entendu proclamer bien haut votre grand mérite. [...] L’Histoire dira que vous avez eu votre grande part à notre survivance dans les provinces de l’Ouest canadien. Nous avons entendu votre voix : elle était assurée, grave et sympathique en même temps. Nous sentions que vous ne faisiez qu’un cœur et qu’une âme avec nous. Des messages venus de toutes nos paroisses nous disent combien nos gens sont dans la joie. Ils sont fiers d’eux-mêmes et ils ont de quoi l’être, surtout après ce triomphe de vendredi dernier à l’Auditorium36.
228 III. Prêtre Deux postes pour la Saskatchewan En novembre 1946, Paul-Émile Gosselin convoque les membres de la ROF à Saint-Boniface pour étudier la situation financière, technique et artistique de Radio-Saint-Boniface et adopter une ligne de conduite pour la construction des autres postes. Au nom du Comité de la radio française de la Saskatchewan, M. Baudoux prépare les documents nécessaires pour une nouvelle demande de permis pour deux postes de radio, Radio-Prince-Albert au nord, Radio-Gravelbourg au sud. Chaque paroisse est invitée à convoquer une assemblée pour faire signer cette demande. Sous la plume vigilante du père Paul-Émile Breton, le journal La Survivance revient régulièrement à la charge pour faire état de l’avancement des démarches et des appuis reçus, et pour réclamer une plus grande liberté pour le système de radio. Des démarches semblables se font aussi en Alberta. Au mois de juillet, le comité de la radio peut annoncer l’approbation d’un deuxième réseau français. Une résolution est passée par l’ACFC et l’ACEFC pour que l’association devienne propriétaire des actions émises par Radio-Prince-Albert, mais sans responsabilité financière, et elle est autorisée à faire les démarches voulues pour se conformer aux lois existantes37. En janvier 1948, au moment où le Québec adopte le drapeau fleurdelisé, les représentants des associations nationales des trois provinces de l’Ouest se réunissent à Saskatoon pour mettre la dernière main à un mémoire de 70 pages à l’intention des autorités fédérales. Une commission du comité pour Radio-Edmonton se présente aussi devant le Bureau des gouverneurs. Seuls les baptistes et les orangistes ont fait opposition à la demande par des déclarations mensongères, mais cela suffira pour faire différer encore une fois la décision. Des idées favorables commencent à circuler chez les AngloCanadiens et dans certains journaux anglais comme le Western Catholic d’Edmonton et le Canadian Register de Toronto. Ce dernier n’hésite pas à affirmer que « ceux qui craignent le français sont déloyaux au Canada ». La Survivance souligne le centenaire de la reconnaissance officielle du français au Canada. Le 14 août 1848, rappelle le journal, le Parlement impérial avait abrogé la clause 41 de l’Action d’Union stipulant que tous les actes officiels du Parlement devaient être rédigés en anglais. Dès la session suivante, Lord Elgin avait prononcé le discours du Trône dans les deux langues. Une victoire constitutionnelle qui permettra aux pères de la Confédération d’insérer dans les Résolutions de Québec les fondements nécessaires à l’article 133 de la constitution canadienne38. En 1947, Howard Chase, gouverneur de Radio-Canada, dénonce le fanatisme qui s’exprime encore. Si les ministres baptistes Smalley et Crump, M. Grimwood, les loges orangistes et le politicien Fallow sont opposés au
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français, reconnaît-il en septembre à Calgary, c’est « parce que généralement les Canadiens français sont de foi catholique romaine. En vérité, en toute vérité, il nous faut regarder au-delà des questions de race et de religion. » Le rappel des faits est éloquent. On réclame la radio française sans succès depuis 1933. « Quinze années d’efforts incessants, résume le père Breton, pour nous entendre répéter qu’on prenait bonne note de nos demandes, qu’on mettait notre requête à l’étude, qu’on remettait la décision à plus tard. » Pendant que la minorité anglaise du Québec bénéficiait des largesses de Radio-Canada – 6 000 Anglo-Canadiens ont un poste à Shawinigan, alors qu’on le refuse aux 150 000 Franco-Canadiens dans l’Ouest39. Les nouvelles demandes récoltent de nouveaux appuis : Mgr Georges Cabana de Saint-Boniface demande à ses prêtres d’appuyer la demande de renouvellement du permis, le conseil du Conseil canadien de la coopération de la Saskatchewan, dans une dépêche de nuit, prie le premier ministre King d’appuyer la demande des Canadiens français de l’Alberta pour construire un poste français à Edmonton. Le Comité permanent de la survivance qui vient d’instituer l’Ordre de la fidélité française intervient aussi, de même que Maxime Raymond et d’autres parlementaires qui s’expriment sur le sujet à la Chambre. Le permis est finalement accordé en mars 1948 pour le poste CHFA d’Edmonton. Mgr Routhier fait connaître « la situation des nôtres en Alberta » dans des articles reproduits par les journaux. La campagne, qui a l’appui de l’archevêque d’Edmonton, Mgr McDonald, est relancée en juin avec un objectif de 75 000 $ et entrera dans sa phase la plus intense en juillet. La Survivance reprend le texte de Maurice Baudoux retraçant l’histoire de la ROF40. Le Devoir rappelle l’encouragement donné à Ottawa par le délégué apostolique Ildebrando Antoniutti : « Vous avez une double mission : votre héritage religieux et national ; la mission de répandre cet héritage. J’ajoute que c’est votre droit de garder votre héritage, et votre devoir de le répandre41. » On revient aussi sur la déclaration faite en 1946 par le cardinal Villeneuve, décédé en janvier 1947. Après avoir pris part au congrès de l’ACFA à Gravelbourg, Mgr Baudoux fait les exercices de la retraite annuelle avec les prêtres du 18 au 23 juillet. Au Québec, un voyage de Liaison rurale préparé par les organisations agricoles, Union catholique des cultivateurs, UCF, JAC, JACF, s’apprête à envoyer dans l’Ouest une délégation de quelque vingt-cinq personnes. C’est à son retour de retraite que Mgr Baudoux apprend sa nomination comme évêque du nouveau diocèse de Saint-Paul, en Alberta. L’importance et la qualité de son travail avaient été reconnues par deux décorations honorifiques. L’Alliance française de Paris lui avait décerné un diplôme d’honneur en 1945, et le 5 mars 1947, il était nommé sociétaire d’honneur de la Société du bon parler français42.
230 III. Prêtre Les postes d’Edmonton et de Gravelbourg Si, une fois évêque, Maurice Baudoux ne peut plus être sur la ligne de feu pour la radio française, le dossier aura tôt fait de le rattraper. Les occasions de rendre service se multiplient au moment où l’organisation du poste CHFA de Radio-Edmonton entre dans une phase cruciale. Il devient évident que ce poste sera prêt avant celui de la Saskatchewan. La souscription est en marche en Alberta. L’ingénieur en chef de CHFA, G. Sadler, entre en fonction en mars et les travaux de construction du transmetteur vont de l’avant. Une assemblée générale est convoquée le 4 mai 1949 pour élire le comité de la radio à laquelle Mgr Baudoux et Mgr Routhier sont invités. Lorsqu’ils apprennent les « chiffres effarants » – plus de 150 000 $ – du projet de RadioEdmonton, les responsables de la Saskatchewan ont « doublement à réfléchir ». L’abbé Gosselin transmet à Mgr Baudoux la date des réunions en avril et en mai, où il sera question de la radio en Alberta et en Saskatchewan43. À la réunion du 4 mai 1949, on a rendu publics les résultats détaillés de la souscription de 1944 à 1948. L’organisation du poste se poursuit laborieusement en juillet et en août. À ce moment, le diocèse de Saint-Paul a versé près de 10 000 $ pour la radio. En septembre, Antonio de Margerie incite Mgr Baudoux à intervenir. Louis Demay ne convoquera pas de réunion de Radio-Prairie-Nord (RPN) si Maurice n’y assiste pas. Sa présence est d’autant plus nécessaire que le Star-Phoenix prétend que les directeurs de RPN mettraient encore en doute les chances de viabilité des postes de Saskatchewan : « Mais j’avais l’impression que vous deviez vous rendre vous-même à la session annuelle du Comité permanent. Cela arrangerait les choses. » – « Votre présence à notre réunion, si nous avons effectivement une réunion, est donc absolument nécessaire, si le projet ne doit pas mourir. » Le secrétaire aura gain de cause et pourra écrire aux directeurs de RPN que l’objet principal de la réunion convoquée pour le 10 octobre à Saskatoon « est de présenter les vues du directorat à S. E. Mgr Baudoux qui assistera à notre réunion en se rendant à Québec où il présentera un rapport sur notre situation au Comité de la survivance44 ». On annonce finalement l’inauguration du poste CHFA pour le 20 novembre 1949, au théâtre Garneau. Adrien Pouliot, qui participera à l’étude sur le poste de Saskatoon le 17 novembre, se rendra à Edmonton. À Vonda, Antonio de Margerie, qui a suivi le reportage sur l’inauguration sur son gros poste de radio, n’a rien pu capter l’après-midi sur son petit poste, l’interférence augmentant avec la brunante. Mgr Baudoux assure Mariette que lorsque la puissance du poste sera portée à 5 000 watts, en décembre, la réception sera meilleure. Mais bien des choses restent à mettre au point, en particulier la qualité des émissions qui devrait être augmentée avec la création
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Maurice Baudoux à l’étude, 1948
Journée d’étude à Gravelbourg en 1948
Réunion pour la radio au collège de Gravelbourg en 1948
232 III. Prêtre d’un comité des programmes. Le père Valérien Gaudet est chargé de veiller à la qualité de la musique présentée alors qu’un conflit se dessine entre musique populaire et musique classique. Il aura du mal à faire reconnaître le comité de surveillance par la direction qui allègue qu’elle fait mieux financièrement en présentant de la musique plus populaire45. La création de la commission Massey en 1950 va permettre au Comité permanent de la survivance française de réclamer une augmentation du français à Radio-Canada et la création d’un réseau transcanadien afin de mettre sur un pied d’égalité les deux langues officielles du pays. Ferdinand Vandry fera valoir devant cette commission que le bien général du Canada exige la conservation des cultures française et anglaise. Comme il l’avait promis à Mgr Baudoux lors de son passage à Ottawa en avril, le publiciste Yvon Bériault lui fait part des résultats de la campagne de souscription en faveur de la Radio-Ouest française qui se poursuit dans la région d’Ottawa. À son retour dans l’Ouest à l’automne, l’évêque de Saint-Paul participe à la réunion annuelle de CHFA à Edmonton et au 25e anniversaire de l’ACFA46. C’est en décembre 1950 que sera faite la demande de permis pour un poste commercial privé de radio AM de 1 000 watts à Saskatoon, afin de donner aux Canadiens de langue française du nord de la Saskatchewan les programmes français dont ils sont privés, à l’exception d’une moyenne quotidienne de 48 minutes par jour en provenance de CBK-Watrous. On recueille 33 lettres d’appui de commerçants. Un budget est établi pour une période de trois ans et une souscription sera lancée une fois le permis obtenu. Le mémoire de la ROF est présenté au Bureau des gouverneurs de Radio-Canada le 12 janvier 1951 par Antonio de Margerie et Dumont Lepage pour le permis de Radio-Prairie-Nord et Radio-Gravelbourg, avec des représentants du Manitoba et de l’Alberta, Roland Couture, au nom de CKSB de SaintBoniface et André Dechêsne au nom de CHFA de Radio-Edmonton. Omer Héroux suit attentivement les démarches. Il écrit dans Le Devoir du 13 janvier que « les Anglais de Saskatoon ne s’objectent pas à l’établissement de postes de radio français » dans la province de Saskatchewan, et parle de « victoire pour la Radio-Ouest française47 ». Mais tant de bruit dans les journaux n’a pas l’heur de plaire au député J.-M. Déchène d’Athabasca qui s’en plaint à Mgr Baudoux : Toute cette agitation qui pourrait être faite par Le Devoir ou Le Matin sera loin de nous être un appui. Je vous en donne ma parole. Nous les députés canadiens-français ici n’avons pas besoin de ces messieurs pour nous rappeler le patriotisme dont ils sont évidemment convaincus nous ne sommes pas animés comme ils le sont. Je vous avoue franchement que je n’aime pas cette attitude de sépulcre blanc. Soyez persuadé que nous sommes
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sur la brèche et que lesdits permis seront octroyés dès qu’il y aura possibilité, comme je l’ai dit plus haut. Je n’ai pas besoin de dire à un homme de votre expérience que cette situation malheureuse qui nous est créée nous entraîne à des dépenses si formidables et à des restrictions de matériaux qui sont absolument nécessaires à la machine de guerre qu’il nous faut remettre en opération. Nous avons donné notre parole solennelle aux Nations Unies et notre honneur est au jeu quant à la part que nous devons faire avec les nations qui ont signé le Pacte de l’Atlantique Nord. C’est là toute la raison du retard fâcheux qui nous embête tous je vous l’assure... J’ai pensé de vous mettre au courant de cette situation et vous convaincre de nouveau que les députés canadiens-français de l’Ouest comme de l’Est n’ont pas besoin de professeurs pour leur donner des leçons de patriotisme48.
Mgr Baudoux s’en remet au jugement de Raymond Denis concernant la démarche qu’on lui confie : « Si je dois écrire à M. Chevrier, veuillez m’en aviser en indiquant dans quel sens. Je crois tout de même que les meilleures démarches seront faites par ceux que vous connaissez à Ottawa. Je serais heureux que vous continuiez de me tenir au courant49. » Comme les permis ne sont pas encore accordés à la fin de mars, Mgr Vachon profite du banquet de l’ACFEO pour revenir à la charge : Et si par malheur nos réclamations nuisaient à la supposée « bonne entente », nous devrions la sacrifier plutôt que de faire le sacrifice de l’héritage qui nous a été légué. La bonne entente ! Nous pensions bien qu’elle était solide après tant de pourparlers, de conférences et de visites de bienveillance. Mais que d’efforts les champions de la cause française ont dû déployer à Radio-Canada, dans les journaux sympathiques, que de démarches ont dû être faites pour obtenir la permission d’ériger dans des centres de langue française des postes d’émissions radiophoniques de langue française qui ne coûtaient pas un sou à l’État et qui étaient demandés et construits par des personnes voulant empêcher que les programmes d’inspiration et de consonance étrangère émoussent, grignotent et détruisent finalement chez les auditeurs, surtout les jeunes, même l’esprit français50.
Un mois après son retour de l’Est où il a fait de nouvelles démarches pour la radio, Mgr Baudoux reçoit de son frère Edgard une lettre l’informant des difficultés éprouvées depuis 1944 par la Corporation Radio-Prairie-Nord de la Saskatchewan avec le ministère du Revenu. Edgard juge la situation grave et avise Antonio de Margerie de l’urgence de contester la réclamation du ministère. Il offre des consultations gratuites – « c’est le moins que je puisse faire pour toi », écrit-il à Maurice – et informe de la marche à suivre selon les règlements de l’impôt sur le revenu. Les responsables avaient été faussement avisés qu’il n’y avait pas de rapport d’impôt à faire. Ils n’avaient
234 III. Prêtre pas été mis au courant des obligations de la Loi sur les compagnies, et l’on n’avait pas appliqué à la Corporation la charte d’organisme à but non lucratif selon la loi sur l’impôt. Edgard conseille de confier le travail à un comptable agréé, ou à un comptable public recommandé par le gouvernement, ce qu’il est. Il espère obtenir le remboursement des 770 $ payés en taxes et amendes, « si l’on peut prouver que la charte aurait dû être incorporée comme organisme à but non lucratif ». Il insiste pour qu’on conteste immédiatement les réclamations faites pour les années 1948-1949, qu’on présente un amendement pour les retours de la corporation pour les années 1944 à 1950, qu’on fasse une bonne audition des livres du comité avant le 30 juin 1951. Le temps presse, mais Edgard se fait rassurant : Je te prie de ne pas entrevoir la situation plus en noir qu’elle ne l’est. J’en ai eu des pires que cela, tout peut s’arranger. En s’en occupant tout de suite on peut atténuer les amendes et les intérêts et éviter d’autres graves erreurs à l’avenir. [...] Mais pour l’amour du bon Dieu occupe toi en sans tarder. Tout ceci pourrait faire un grand dommage à notre radio française de la Saskatchewan et pourrais détruire tant de travail, d’effort et de dévouement accomplis jusqu’à date et à la veille de la réussite. Tu peux compter sur mon entière discrétion professionnelle et sur mon entier dévouement51.
Mgr Baudoux ne tarde pas à intervenir. Deux jours plus tard, Edgard a déjà fait des démarches et demandé à A. de Margerie une lettre l’autorisant à agir au nom de la corporation. Il lui suggère de consulter un avocat le plus tôt possible, pour s’assurer de la bonne formulation des amendements proposés par la Corporation. « Si l’appel est bien présenté je ne doute pas du succès de la cause. » Il s’assure aussi la collaboration de monsieur Marr, l’assesseur de la corporation pour RPN, qui se dit assuré d’obtenir le complet remboursement si on le laisse s’occuper seul de l’affaire. Il demande à Edgard sa collaboration pour éviter du travail au ministère à Saskatoon et à Ottawa, et pour présenter les amendements et les rapports. Edgard s’est aussi engagé à faire une audition complète des livres et à présenter un rapport officiel. L’avis d’objection sera porté au bureau du ministère le 16 juin. Edgard recommande aussi à Antonio de Margerie de tenir une comptabilité séparée pour l’achat d’équipement et s’offre à faire les mêmes démarches pour RadioGravelbourg52. C’est à ce moment que Mgr Baudoux apprend du député Boucher de Rosthern et de Mgr Lemieux de Gravelbourg, que le ministre Lionel Chevrier vient de leur annoncer la passation d’un ordre en conseil autorisant la construction des postes de radio de Saskatoon et de Gravelbourg et l’émission immédiate des licences. En juillet, Edgard réussit à convaincre les deux corporations de la nécessité d’amender leurs chartes, pour éviter aux deux compagnies de sérieuses difficultés par rapport à la Loi sur les compagnies. En
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octobre, la situation a été clarifiée auprès du ministère du Revenu : le Comité de la radio française est reconnu comme une filiale de l’ACFC, une société bénévole recueillant des fonds pour l’établissement de stations de radio française, qui demande d’être reconnue comme organisation charitable. Les donateurs pourront ainsi « prendre avantage de la section 26 (1) (a) de l’Income Tax Act ». En novembre, il rappelle que le Comité de la radio française est distinct des compagnies Radio-Prairies-Nord et Radio-Gravelbourg. Edgard assure son frère qu’il poursuivra le travail jusqu’à ce que les compagnies de radio soient en règle avec la Loi sur les compagnies et la Loi sur l’impôt53. À la suite des recommandations du rapport Massey et de la nomination en décembre 1951 d’un nouveau gérant général à Radio-Canada, une aide financière est promise sous forme de programmes commerciaux payés aux quatre postes de radio de l’Ouest. R. Denis écrit à Mgr Baudoux : « En mai prochain, après la remise du doctorat à M. Manson, nous livrerons à Québec, dans un milieu favorable, un autre assaut qui devrait porter la contribution de Radio-Canada à 25 000 dollars par poste. C’est ce que nous voudrions obtenir. » Il l’incite à écrire au recteur de l’Université Laval pour lui demander d’accorder ce doctorat comme un service à rendre aux minorités de l’Ouest. « M. Pouliot y tient beaucoup. Il faut que M. Manson soit sous l’impression qu’il doit ce doctorat à l’influence de nos Évêques de l’Ouest. » Il fait la même demande aux évêques de Saint-Boniface, de Grouard et de Gravelbourg54. En organisant la souscription, écrit R. Denis à Mgr Lemieux, il a toujours dit à ceux qui étaient inquiets que l’aide de Radio-Canada était « rendue plus impérative encore par les conclusions du rapport Massey ». Mais il savait que cette aide serait très difficile à obtenir. On ne pouvait compter ni sur M. Frigon, gérant de Radio-Canada, ni sur M. Morin, l’un des gouverneurs. Il a eu très peur lorsqu’il a appris que c’était le directeur des programmes du réseau français, M. Ouimet, qui devait faire la tournée d’inspection des postes de l’Ouest. « C’est une créature de M. Frigon, il nous est hostile et c’est pourquoi il fut choisi pour aller là-bas. » Il conseille de ne faire aucune démarche avant le mois de mai, et d’obtenir que les quatre postes soient en fonction lorsque les représentants de l’Ouest se présenteront devant les gouverneurs de Radio-Canada. Il ajoute : Heureusement, M. Frigon dut démissionner pour cause de santé et c’est son assistant un Écossais, M. Donald Manson, qui lui succède temporairement, parce qu’il doit prendre sa retraite l’année prochaine. On espère que c’est l’autre M. Ouimet, ingénieur en chef à Radio-Canada maintenant assistant gérant général, qui lui succédera. Lui nous est sympathique. [...] Je crois que c’est une autre page d’histoire qui vient de s’écrire dans l’Ouest avec la reconnaissance à peu près officielle de nos postes de radio.
236 III. Prêtre Au début de mars 1952, on espère avoir terminé la construction du poste de Gravelbourg. Lorsque Mgr Baudoux apprend que l’on songe à mettre un B représentant son nom pour désigner le nouveau poste, il s’y oppose vivement. Le poste est nommé CFRG (Canadien, Français, Radio, Gravelbourg, et la devise : Crois, Façonne, Rayonne, Garde). L’album souvenir que l’on prépare pour l’inauguration comprend un texte de Mgr Baudoux intitulé « Des plus brillants exploits ». François Bernier, directeur des programmes à Radio-Gravelbourg, demande sa photo à Mgr Baudoux. Dans le supplément de l’Encyclopédie de la jeunesse de 1952, la Société Grolier publie un article d’Antoine d’Eschambault sur la radio française de l’Ouest. On veut s’assurer de la présence de Maurice Baudoux le jour de l’inauguration, pour faire état des démarches, études, fatigues et sacrifices consentis pour mener à terme « le rêve conçu il y a vingt ans », et celle de Raymond Denis pour faire à sa manière le récit des luttes dans l’Ouest. Comme il ne peut se passer des revenus que lui rapportent les confirmations à Montréal en avril, l’évêque de Saint-Paul propose d’enregistrer son allocution, car il ne peut être de retour dans l’Ouest avant le début de mai. L’inauguration sera fixée au 1er juin55. Victoire ! Le 16 avril 1952, Mgr Baudoux participe au congrès en l’ACFA à Edmonton et y prononce un discours. Après les confirmations à Montréal, il revient dans l’Ouest pour une réunion à Saskatoon pour Radio-Saskatchewan et retourne à Saint-Paul le lendemain. Le 16 mai, Adrien Pouliot lui téléphone de Québec pour lui apprendre l’extension à tout le Canada, 16 heures par jour, du réseau radiophonique français jusque-là « confiné » au Québec. L’évêque ne se contient pas de joie et célèbre une messe d’action de grâces pour cette victoire, après vingt ans de lutte. Il écrit le 19 mai : La réalité historique a brisé l’écorce d’un texte, que trop de Canadiens ignorent ou interprètent à leur façon ; elle éclate dans un fait d’une éblouissante présence. Aussi, la création du réseau français transcanadien est-elle un événement dont l’importance dépasse d’emblée les faits qui ont marqué le plus profondément notre Histoire depuis la Confédération. C’est l’épopée des bâtisseurs du pays qui se poursuit, glorieuse. [...] Enfin ! la culture française, foncièrement autochtone après trois siècles, n’apparaît plus comme un obstacle à la grandeur du Canada, mais elle se révèle comme une richesse indispensable. Enfin, premiers fils du sol et premiers découvreurs de l’Ouest, nous pourrons nous épanouir, dans le sens que nos pères ont voulu ! Nous avons le droit d’être fiers ! Jamais générosité de labeur et d’argent n’a été si bien récompensée56.
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Maurice Baudoux rédige un texte sur l’inclusion des postes dans le réseau de Radio-Canada qui est publié dans La Liberté et le Patriote57. Il adresse une lettre de remerciements à ses amis, prêche la retraite de ses prêtres le 26 mai et, le lendemain de l’inauguration de Radio-Gravelbourg, il quittera Saint-Paul en compagnie de sa sœur Mariette, pour aller prendre possession du siège de Saint-Boniface.
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IV ÉVÊQUE �
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Chapitre 8
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À Saint-Paul, Alberta (1948-1952) �
n juin 1948, un calendrier très chargé attend Maurice Baudoux qui convoque pour le 16 août le conventum du groupe de finissants de 1923 au collège de Saint-Boniface. Au moment où s’intensifie la campagne en faveur de Radio-Edmonton1, il doit dresser le programme pour la réception dans sa paroisse d’une délégation de Liaison rurale le 2 août. À titre de responsable diocésain, il fait parvenir aux prêtres et religieuses du diocèse de Saskatoon le résultat des travaux du comité qui a préparé un cours d’enseignement religieux durant l’été, et l’invitation à des congrès de catéchèse en septembre2.
En juillet, une lettre dont l’expéditeur n’est pas identifié arrive à Prud’homme à l’adresse du curé Baudoux. Comme ce dernier est absent, Mgr Bourdel ouvre l’enveloppe, comme il a l’habitude de le faire, mais, quand il y découvre une deuxième enveloppe en provenance de la Délégation apostolique, il devine le contenu du pli et laisse le cachet intact. Lorsqu’il fait part de ses soupçons au curé Baudoux, celui-ci craint que la confidentialité du message – sa nomination comme évêque – n’ait pas été respectée. Il demande au délégué apostolique si ces circonstances obligeront l’autorité à modifier sa décision, ce qu’il accepte d’avance en toute sérénité. Il livre en même temps les sentiments qui l’animent : J’ai vivement demandé à Notre-Seigneur, au jour de mon ordination, de ne jamais rien lui refuser de ce qu’Il me signifierait par voie d’autorité ecclésiastique sous forme d’ordre ou de conseil ou par des circonstances qui se révéleraient providentielles. Jésus a daigné accorder cette grâce au point que je n’ai jamais désiré être ailleurs que là où j’étais envoyé et ce qui me serait confié. Tellement que j’en ai toujours éprouvé une grande paix un véritable bonheur dans chacune de mes entreprises3.
Le délégué le rassure par retour du courrier : « Je ne doute pas que la personne qui vous a remis ma lettre garde le secret le plus rigoureux4. »
242 IV. Évêque L’évêque élu ne change rien au programme que lui a tracé son évêque. Celui-ci insiste pour qu’il prenne part à Saskatoon aux préparatifs d’une croisade du rosaire en famille prévue pour l’automne. Mgr Baudoux quitte Prud’homme le 9 août pour la retraite ecclésiastique et revient le 13, après avoir préparé les réunions de septembre de la Confrérie de la Doctrine chrétienne et rédigé sa dernière lettre circulaire. Bouleversée en apprenant la nouvelle à la radio le 12 août, Mariette écrit à son frère : « La radio vient de nous apprendre votre élévation à l’épiscopat. À demain donc, mon très cher grand frère, je pourrais bien dire mon enfant5. » C’est bien la première fois qu’elle le vouvoie. C’est aussi la dernière ! Comme Maurice Baudoux ne peut faire fixer à novembre la date de sa consécration, il ne pourra aller à la session du Comité permanent à laquelle il est délégué. Il rassure l’abbé Gosselin : « Il est fort probable que M. l’abbé Beaulac, curé de Marcelin, sera désigné pour assister à la session. C’est celui qui est le plus au courant maintenant que M. Dumont Lepage est forcé à l’inaction la plus complète. » Il prépare le rapport sur Radio-Saskatchewan et Radio-Prince-Albert et demande à Antonio de Margerie de rédiger le rapport d’ensemble. « Qui va s’occuper de continuer votre travail pour RadioPrince-Albert au moment même où M. Dumont est terrassé par la maladie ? », lui écrit R. Denis. Pour la première fois depuis vingt ans, Maurice Baudoux n’ira pas au congrès de l’ACFC en octobre, mais un hommage lui sera rendu le soir du premier jour du congrès, comme l’annonce Antonio de Margerie dans la lettre de convocation6. Un nouveau diocèse français L’évêque coadjuteur du vicariat de Grouard, Mgr Henri Routhier, est le premier à féliciter le nouvel élu. Il lui révèle en même temps le rôle qu’il a joué dans la création du diocèse et dans sa nomination : « À part la nomination du cardinal Villeneuve à Québec, je ne crois pas m’être tant réjoui d’une nomination épiscopale. Depuis longtemps je la souhaitais et l’attendais, mais je n’étais pas sans appréhension. Tellement il arrive parfois qu’un zèle vraiment catholique qui cherche à conserver la langue pour mieux conserver la foi est interprété comme nationaliste. » Il ajoute : « Vous n’aurez pas de peine à comprendre combien je me réjouis de ce que nous ne serons pas loin l’un de l’autre pour collaborer dans les tâches communes au point de vue éducation chrétienne et française et dans les mutuelles relations avec le Gouvernement7. » L’évêque de Grouard n’est pas le seul à réagir ainsi. En octobre, le journal La Liberté et le Patriote publie un article de l’abbé Antoine d’Eschambault qui dégage le sens de la nomination de Mgr Baudoux. Il invoque la pratique
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séculaire de l’Église qui s’est toujours adaptée au génie, aux habitudes, aux coutumes, à la langue et aux traditions des populations auxquelles elle a porté l’Évangile. Le clergé placé à la tête d’une nouvelle communauté « n’était pas importé de l’extérieur, mais élu parmi les habitants de la région », écrit-il, et il ne voit pas pourquoi le clergé indigène serait empêché de gouverner son propre peuple. Les dernières quarante années ont vu bien des changements dans l’Ouest canadien. Elles ont été témoins de modifications dans la hiérarchie catholique, soit par la création de nouveaux diocèses dont les titulaires étaient de langue anglaise, ou par la nomination d’évêques de langue anglaise aux vieux sièges français. Certains ont voulu interpréter la chose comme une marque de nonconfiance vis-à-vis de l’élément français qui avait « planté » la foi, selon une expression de Pie XI au prix de sacrifices extrêmement pénibles dans ce rude pays. D’autres y ont vu un signe des temps et l’avènement de conditions nouvelles. [...] Chose certaine, l’Église n’a jamais songé à oublier les services rendus à la religion par les pionniers et les « planteurs » de la foi en ce pays. Nous avons eu trop de témoignages à l’effet contraire pour en douter, et le choix de Mgr Baudoux à la tête du nouveau diocèse de St-Paul des Métis est un autre témoignage de la déférence de l’Église en ce sens. En effet, la nomination de Mgr Baudoux est un motif d’espérance pour tous ceux de sang français de l’Ouest canadien. Voici un prêtre de chez nous, complètement au courant de nos problèmes, connaissant parfaitement la mentalité de notre population, qui, en plus, a reçu sa formation primaire et secondaire dans nos propres institutions. [...] On a déjà dit et sans doute on redira encore, quels services Mgr Baudoux rendit à la cause de la radio française. Ses revendications et les multiples démarches qu’il s’imposa agrandirent son rayonnement et firent de lui une figure connue d’un bout à l’autre du pays. Et c’est à ce patriote intrépide, ce défenseur des positions françaises, que Rome vient de confier le diocèse français de St-Paul des Métis. [...] C’est pour nous tous de sang français, un sujet de grande allégresse et de profonde reconnaissance à la Sainte Église de Dieu, appui et protectrice des minorités8.
En 1946, Mgr Routhier avait utilisé des arguments semblables lorsqu’il avait proposé au délégué apostolique, qui lui avait demandé son avis, les limites du futur diocèse. Il avait fait valoir également les raisons en faveur de la nomination d’un évêque francophone. Lorsque le Saint Siège recommande avec instance dans les missions un clergé indigène, et même cherche à établir un Épiscopat indigène, c’est bien parce que l’indigène comprend plus profondément l’esprit, le tempérament, l’âme de son peuple, et par là est plus en mesure de le guider et de développer toutes ses ressources natives. Le désir d’un évêque de langue française dans le territoire ci haut délimité est manifeste depuis des années chez l’élément de langue
244 IV. Évêque française qui est d’emblée le groupe le plus nombreux et de beaucoup le mieux organisé. Un évêque de leur langue – sachant cependant bien l’anglais ou d’autres langues, pour ceux qui ne sont pas français – saurait soutenir leur courage, assurer et affermir leur foi dont la conservation est intimement liée à leur survie nationale9.
Carte du diocèse de Saint-Paul
Le nouveau diocèse est vaste. Il est formé de la partie nord du diocèse d’Edmonton, entre les 120e et 110e degrés de longitude, soit la frontière des provinces de la Colombie-Britannique à l’ouest, et de la Saskatchewan à l’est. Le nord du diocèse est limité par le 55e degré de latitude qui le sépare des vicariats apostoliques du MacKenzie et de Grouard. La frontière sud avec le diocèse d’Edmonton va de la rencontre du 120e degré de longitude et du 54e degré de latitude jusqu’à la rivière Saskatchewan Nord qu’elle suit vers l’est jusqu’au 110e degré de longitude. Ces limites représentent 400 milles de l’est à l’ouest, et 70, du nord au sud10. La paroisse de Saint-Paul choisie comme siège du nouvel évêché a été fondée en 1896 par les missionnaires oblats Albert Lacombe et Adéodat Thérien, responsables de la colonie de Saint-Paul-des-Métis. Dès 1838, cette région avait été visitée par les évêques François-Norbert Blanchet et Modeste Demers en route pour l’Oregon. Une croix avait été plantée à Frog Lake, Cold Lake, Lac-la-Biche et Saint-Paul-des-Cris. Ces localités vont devenir des missions indiennes et métisses relevant des missions oblates avant de faire partie du diocèse d’Edmonton. Au début du siècle, la population était à 95 % francophone. Les vagues d’immigration y ont amené par la suite une population disparate, venue du nord et de l’est de l’Europe. Selon le recensement fédéral de 1941, on y comptait 34 180 catholiques répartis comme suit : 10 599 catholiques de rite latin de langue française, 2 309 de langue anglaise, 11 887 parlant d’autres langues et 9 385 catholiques de rite ukrainien. Le reste de la population était constitué de 42 739 non-catholiques.
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Le diocèse englobe 37 missions avec église et 25 postes sans église, desservis par 25 prêtres séculiers, seize oblats et quatre rédemptoristes. Cent soixante religieuses appartenant à douze communautés de femmes y sont aussi actives. L’état des missions indiennes et des colonies métisses est particulièrement délabré, faute de subvention de la part de la Propagation de la foi. Les oblats leur ont accordé des subventions de subsistance, en plus de faire l’achat d’une automobile. Une seule de ces chapelles était assurée contre l’incendie. Le diocèse les assure au plus bas prix, soit 213,14 $. Il a fallu fonder deux nouvelles paroisses, grâce à l’aide de la Catholic Church Extension Society, et 3 000 $ sont prévus pour la construction de deux églises pour des groupes de métis à Lac-la-Biche et à Wolfe Lake. Seules une dizaine de chapelles sont en mesure de contribuer aux besoins du diocèse11. La nouvelle est accueillie avec joie et fierté par les oblats et la population de Saint-Paul12. En adressant ses remerciements au curé Guy Michaud pour ses félicitations et ses vœux, l’évêque élu lui demande s’il lui sera possible d’être consacré à Saint-Paul même, dans sa nouvelle cathédrale. Vers la fin du mois d’août, le curé Michaud se rend à Prud’homme avec le père BernetRollande pour s’entendre sur les préparatifs à faire pour la consécration. Des comités sont formés pour cet événement unique dans l’histoire de Saint-Paul. Le frère Antoine Kacl vient prêter main-forte pour construire le trône de l’évêque et des armoires de rangement. Le maître-autel construit par un frère oblat et qui faisait l’orgueil de certains paroissiens doit être transformé. Ces modifications en indisposent certains et font éprouver un serrement de cœur à ceux qui, habitués au style pastoral des oblats, s’inquiètent de leur éventuel remplacement par des prêtres séculiers, à commencer par le nouvel évêque13. Télégrammes, lettres de félicitations, vœux et articles de journaux arrivent de partout, de Montréal à Edmonton. Ils sont signés d’amis et de proches, mais aussi de notables comme Séraphin Marion de la Société royale du Canada ou l’historien Louis-Philippe Audet. Tous se réjouissent de voir reconnue la compétence de Mgr Baudoux, non sans s’interroger sur l’avenir des œuvres auxquelles il s’était consacré jusque-là. « Je m’attendais depuis 1945 à ce tour de Rome, lui écrit le curé Beaulac de Marcellin. Mon cher Mgr, je dois vous avouer que malgré ma grande joie de voir que Rome vous honore et vous charge à cause de vos qualités, je suis bien peiné de vous voir quitter la Saskatchewan. Vous étiez un grand soutien pour ceux qui voulaient de l’action et du bien. » Raymond Denis regrette son départ de la province avant la construction du poste de radio, mais Roland Couture pense que la radio française de l’Ouest continuera de progresser. Pour le consul de France à Winnipeg, les nouvelles fonctions de l’évêque élu lui permettront de « donner encore plus de poids à l’admirable campagne » qu’il devrait mener « jusqu’au
246 IV. Évêque complet triomphe ». De La Louvière, sœur Didry, religieuse de la Croix, lui transmet la joie de la communauté à l’annonce qu’un ancien élève de leur pensionnat avait été nommé évêque. Même fierté chez les membres de l’Académie Saint-Jean-Baptiste de Lebret à l’égard de leur vice-président honoraire14. Le jésuite Joseph-Papin Archambault se souvient du séminariste qui rendait visite à un ancien professeur à Québec où l’on disait déjà de lui : « Il ira loin celui-là. » Même réaction d’un maître et ami de longue date, l’abbé J. A. Sabourin : « Je désirais bien cette promotion depuis longtemps, mais je n’osais presque pas l’espérer. Des personnalités, dont une portant la pourpre cardinalice, avait dit, m’a-t-on répété, que tu ne monterais pas plus haut que la prélature, ce qui prouve que l’Esprit Saint a plus de ressources que les humains les plus haut cotés. [...] Je trouvais pénible de te voir passer ta vie sur le théâtre trop restreint de Prud’homme. Je faisais des vœux que je ne me suis pas gêné d’exprimer à plus d’un évêque. Je ne regrette pas d’avoir parlé15. » Vingt-cinq ans plus tard, avant de passer le flambeau à son successeur sur le siège de Saint-Boniface, Mgr Baudoux raconte que le cardinal Villeneuve avait dit au curé Bourdel : « Il pourrait faire un bon évêque mais il est trop nationaliste » : Nationaliste, je l’étais profondément. Je le suis resté jusqu’au plus intime de moi-même. Lorsque j’ai été nommé évêque de Saint-Paul, le délégué m’a appelé, j’y suis allé. Il m’a parlé de mes entreprises nationalistes et je ne les ai pas cachées. Il savait ce que je faisais ; et il y a pris un certain goût à ce moment-là. Mais à partir du moment où je devenais évêque, sans pour cela devenir moins canadien-français, car c’est ce que je me considère être, j’ai voulu me faire tout à tous. C’est une nécessité. Le diocèse de Saint-Paul a été constitué et établi comme un diocèse du secteur français au Canada et il est demeuré ainsi. La majorité catholique est de langue française ; cependant il y en avait d’autres, des anglophones et des néo-canadiens en quantité et c’était mon devoir de m’occuper d’eux. J’ai voulu toujours m’en occuper16.
L’archevêque d’Ottawa et l’abbé Lionel Groulx vont aussi interpréter cette nomination comme une approbation du combat nationaliste. Mgr Alexandre Vachon lui écrit sa joie, une « joie partagée par tous les vrais Canadiens français, qui ont suivi avec intérêt et admiration vos activités patriotiques depuis plusieurs années. Votre élection est une reconnaissance officielle et une approbation non équivoque de votre travail pour la survivance et l’extension de la culture française dans l’Ouest. » De Vaudreuil, L. Groulx lui écrit : « Pour vous, Excellence, c’est la récompense d’une vie de dévouement. Il serait donc établi maintenant qu’on peut se dévouer pour les siens,
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se poser en champion de la cause nationale canadienne-française, sans démériter auprès de l’Église. Vous personnifiez une grande victoire qui aura, espérons-le, ses lendemains. » Adrien Pouliot, du Comité permanent de la survivance française en Amérique, revient de Rome avec la conviction que l’on y fait désormais preuve « d’une sympathie extrêmement vive à l’égard de nos compatriotes et d’une compréhension plus grande que jamais de nos problèmes religieux et nationaux17 ». Sur le blason du nouvel évêque figure le pélican, symbole du dévouement sacerdotal dont le Christ est le modèle. Le rouge représente la charité, source du dévouement, et le bleu, l’amour de la vérité éternelle. Une étoile figure la Vierge sous l’égide de laquelle il place son épiscopat. Sa devise, Superimpendar, est tirée du chapitre 12 de la deuxième épître de Paul aux Corinthiens. C’est le mot phare du verset 15 : « Pour moi, je dépenserai très volontiers et me dépenserai moi-même tout entier pour vos âmes. » L’évêque élu fait part au délégué apostolique de son désir d’être consacré par Mgr Prud’homme qui l’a ordonné prêtre, et par l’évêque de Saskatoon, Mgr Pocock. Comme prédicateurs, il invite l’archevêque d’Edmonton, Mgr MacDonald, et Mgr Henri Routhier, un ami depuis plus de vingt ans18. Le souci du beau Mgr Baudoux voit lui-même à son trousseau épiscopal. Il demande conseil au directeur de l’École du meuble de Montréal, Jean-Marie Gauvreau, pour le choix des artistes et des artisans : « Je cherche à échapper aux platitudes commercialisées. Et cependant, je ne puis ni ne veux me permettre de dépasser une grande modestie dans les dépenses. Il me semble que cela n’est pas irréconciliable puisque le beau n’est pas le clinquant ni nécessairement le somptueux. » Avec sa réponse, J.-M. Gauvreau lui fait parvenir l’étude qu’il a présentée à la Société royale du Canada, « Pour un renouveau de l’Art sacré au Canada19 ». La crosse du nouvel évêque, offerte par les prêtres du diocèse de PrinceAlbert, sera faite d’un bois dur du Canada. S’inspirant du texte de Mathieu : « Soyez prudents comme des serpents et simples comme des colombes », il veut que figure sur toute la longueur de la crosse la couleuvre de l’Ouest, représentant les idées subversives œuvrant contre la religion catholique. Dans la volute, une colombe d’argent becquetant la tête du serpent, symbole de douceur et de paix. On confie à l’artiste Gilles Beaugrand le soin de fabriquer croix pectorale, anneaux, mitres, aiguière, bassin et bougeoir. Comme il aime les belles mitres et la croix pectorale de Mgr Duprat, l’évêque de Prince-Albert, Maurice Baudoux lui demande où il les a fait faire20.
248 IV. Évêque Une fois que Maurice a fait connaître ses exigences aux artistes, c’est Mariette qui assure le suivi et les démarches au nom de son frère, d’abord auprès de l’orfèvre Georges Delrue, de Montréal, et du sculpteur Elzéar Soucy pour la réalisation de la crosse. Comme ces derniers ne peuvent promettre le travail pour la date de la consécration, c’est à la maison J. Arsène Belleville ltée de Québec qu’on le confiera. Mariette voit aussi à l’achat des tissus pour la confection des vêtements liturgiques que Mgr Baudoux a commandés aux sœurs du Précieux-Sang de Gravelbourg à qui il écrit : « Soucieux de me conformer aux prescriptions strictement liturgiques aussi bien qu’aux exigences du beau et de ma taille, je n’ai pas voulu confier la confection de mes tunicelles aux maisons de commerce. Ma sœur s’est donc mise à l’œuvre selon mes directions et ajustant à ma taille21. » Mgr Baudoux participe à la croisade du rosaire à Saskatoon le 23 septembre, et y prend la parole avec les évêques de Saskatoon, Regina, Gravelbourg, Prince-Albert et Muenster. Il note sur le programme de la rencontre : « [J’]arrive d’un court voyage nécessaire à Saint-Paul en Alberta.
Les adieux de Mgr Bourdel et de Mariette
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J’ai hâté le retour pour être ici. Hanté tout le temps par la croisade extraordinaire du chapelet en famille qui se prépare ici. J’ai naturellement fait des rêves d’avenir. Et l’un de ces rêves est de donner mon diocèse à la Vierge, non pas de mon cœur, mais par le cœur et dans le cœur de tous mes diocésains. Famille qui prie ensemble devenue famille unie22. » Le sacre est fixé au 28 octobre. Mgr Antoniutti arrive à Edmonton le 26 et se rend le lendemain à Saint-Paul pour la cérémonie de prise de possession du diocèse. Fort de son expérience lors de la création du diocèse de Saskatoon en 1933, Mgr Baudoux demande que les facultés et indults concédés par le diocèse d’Edmonton soient étendus pour trois mois au nouveau diocèse de Saint-Paul, et il en avise les prêtres23. Parmi les représentants des organismes
La consécration
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La photo officielle
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au sein desquels il est actif, on note le Dr L.-O Beauchemin, qui représente à la fois le Comité permanent de la survivance française en Amérique et l’Ordre de Jacques-Cartier, et Lucien Beaudoin, délégué de l’épiscopat canadien et de l’ACFEO. Il avait invité personnellement le lieutenant-gouverneur J. M. Uhrich de la Saskatchewan, l’un des rares anglophones à reconnaître la justesse des réclamations des francophones de sa province24. « Ne rien faire est un mal » Dans sa première lettre pastorale, Mgr Baudoux révèle dans quel esprit il assume l’épiscopat. Il insiste en premier lieu sur l’importance de la vie surnaturelle, du salut et du développement « d’un christianisme de plus en plus resplendissant » dans la vie de ses diocésains. Cet objectif « n’est pas incompatible avec l’épanouissement de notre vie humaine bien comprise », l’une et l’autre étant « non seulement légitimes, mais nécessaires ». Quant à ses propres dispositions, écrit-il, « avec l’ardeur native que Nous tenons de Dieu, Nous Nous dépenserons sans limites pour vos âmes ». Il se veut un père, intéressé par tous les aspects de la vie de ses enfants, et attend d’eux obéissance et confiance. Par contre, « en tout ce qui ne relève pas directement du domaine de la grâce, agissez en pleine initiative par vous-mêmes et sous la direction des chefs laïques que vous vous choisissez librement », « c’est vous qui devez entreprendre et agir », « il faut faire le bien et ne rien faire est un mal25 ». Mgr Baudoux espère la collaboration des laïcs pour le relèvement de la vie de la famille chrétienne, l’enseignement du catéchisme et la christianisation de l’enseignement public. Il entend promouvoir une vie liturgique pleinement comprise et vécue, la culture des vocations, l’édification de l’Action catholique, la défense des droits naturels et religieux de la portion indienne de son troupeau, mais aussi l’attachement à la terre, l’organisation professionnelle et coopérative, grâce à laquelle les citoyens pourront diriger leurs propres affaires, être maîtres de leur destin et acquérir le sens de leur responsabilité collective. Aux prêtres, ses collaborateurs immédiats, il dit qu’il est « essentiel que nous puissions librement échanger nos vues, discuter loyalement tous les problèmes qui se présenteront et assurer ensemble nos responsabilités26 ». Un train spécial amène d’Edmonton une centaine de prêtres et une quinzaine d’évêques qui se joignent à la foule nombreuse qui emplit la cathédrale. Les visiteurs sont émerveillés, note le chroniqueur, de l’ordre dans lequel ces cérémonies se sont déroulées, dans une si petite ville ! Le journal La Survivance consacre douze pages au nouveau diocèse, il fait écho aux fêtes de la consécration et rappelle l’historique des débuts pénibles de Saint-Paul. Le
252 IV. Évêque nouvel évêque veut faire de ce journal, qui en est à sa vingtième année d’existence, l’organe officiel des catholiques de langue française de son diocèse. Son directeur, le père Paul-Émile Breton, o.m.i., assure l’évêque qu’il pourra toujours compter sur le journal et ses rédacteurs27. En novembre, le nouvel évêque poursuivra, d’est en ouest et du nord au sud, une tournée entrecoupée par la participation à la réunion régionale des instituteurs bilingues devant qui il prend la parole, et par un arrêt de cinq jours à Calgary, pour le congrès de la Catholic Women’s League et de la Catholic Hospital Conference. Ce voyage lui permet de rencontrer presque tous les évêques de l’Ouest et de visiter les jeunes de la paroisse de Prud’homme pensionnaires au juniorat des oblats. Les oblats profitent de son absence pour faire allonger son lit, avant que Mariette n’en découvre un de la longueur désirée dans le catalogue Eaton. Madame Marcoux fera de même pour les draps. Avec l’archevêque d’Edmonton, Mgr MacDonald, Mgr Baudoux discute de la souscription pour la radio qui ne rapporte pas autant qu’ailleurs dans son diocèse, parce que l’archevêque a dû en payer les dettes à même ce fonds. Il tient à respecter les habitudes du milieu, comme le révèle la fin abrupte d’une lettre à Mgr Bourdel : « Je me vois forcé de clore pour aujourd’hui. C’est la coutume que la maisonnée de Saint-Paul aille souper à l’école indienne une fois la semaine. C’est le temps de partir28. » À la mi-novembre, l’évêque de Saint-Paul a déjà visité onze paroisses. À Cold Lake, où l’accueille le père Jean Panhaleux, o.m.i., il se rappelle avec attendrissement que, 32 ans auparavant, ce religieux allait célébrer la messe à Hague, dans la maison de la famille Baudoux. À la fin du mois, il adresse au délégué apostolique un compte rendu de sa visite rapide dans chacune des 32 paroisses et missions de son diocèse. Le 1er décembre, il accompagne Mgr Pocock à Prud’homme pour y célébrer une messe pontificale, un événement attendu avec impatience par la population. Le diocèse de Saskatoon offre ensuite un banquet en son honneur. Tant d’activités ont raison de la résistance physique du nouvel évêque. Mariette s’inquiète d’une bronchite persistante dont il vient à bout grâce à la pénicilline, mais dont il souffrira chaque année. Eveline LeBlanc, en convalescence à Montréal, a de ses nouvelles par l’abbé d’Eschambault. Elle lui écrit : « Vous faites double journée de travail, alors il vous faut un tonique. Je n’aime pas ça que vous preniez le rhume si facilement. » À la fin de décembre, Mgr Baudoux rédige deux circulaires, l’une au clergé, l’autre aux religieux responsables des Indiens et des Métis, qu’il convoque à des rencontres distinctes29. Durant la première semaine de décembre, le supérieur provincial des oblats est à Saint-Paul pour la visite canonique et il peut constater combien tous sont à l’étroit dans l’ancien presbytère de 1896. Les pères ont cédé deux
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pièces au nouvel évêque jusqu’à ce qu’il ait construit son propre évêché. Le provincial lui remet la paroisse au nom des oblats et lui demande un autre poste pour les pères qu’il souhaite retirer de la paroisse. Mgr Baudoux a déjà obtenu du supérieur général de garder les religieux dans la paroisse « pour un temps indéfini », soit « jusqu’à ce qu’il ait un clergé séculier assez nombreux ». Sous le même toit, évêque et religieux vont souvent partager fêtes, conférences spirituelles et visiteurs30. Organiser un nouveau diocèse Le nouvel évêque doit d’abord organiser son diocèse, voir à la construction d’un évêché, au recrutement du personnel sacerdotal compétent pour l’administration diocésaine. Après en avoir discuté avec le provincial qui demande 10 000 $ pour le presbytère et le terrain adjacent, Mgr Baudoux lui transmet les avis du comité de construction qui proposent d’offrir 5 000 $, en raison de la vétusté de l’édifice et « de la grande modicité des ressources du diocèse ». Pour recruter des familles, il délègue dans l’Est, à l’été 1949, les abbés Paul Mailloux et Alfred Quirion pour établir les premiers contacts en
À l’Université Laval auprès des étudiants de l’Ouest et du Nouveau-Brunswick, en 1950
254 IV. Évêque vue de l’établissement de Canadiens dans son diocèse. Il s’intéresse à l’Association des étudiants de l’Ouest à l’Université Laval en qui il voit la relève des associations nationales. Il reste en lien avec l’agronome Georges Michaud, soucieux comme lui de l’avenir agricole des Canadiens français dans l’Ouest, et lui confie son espoir de créer une école d’agriculture. Les démarches sont fructueuses puisqu’en mai 1952 Le Droit d’Ottawa annoncera que le diocèse de Saint-Paul et le nord de l’Ontario attendent de nouvelles familles31. Lors de la première rencontre des prêtres les 14 et 15 janvier 1949, l’évêque transmet les décisions prises et les règlements touchant la prière pour les vocations, la récollection mensuelle et l’adoption du cérémonial des abbés Emmanuel Bourque et Bruno Desrochers de Québec. D’autres décisions concernent la répartition des charges financières de la paroisse, casuel, honoraires de messes, quêtes, mais aussi la disposition des fonds paroissiaux, l’inventaire des biens personnels et communautaires, dans le cas de religieux, et l’obligation pour tout prêtre de faire son testament et de déposer copie de ces documents à la chancellerie. La rencontre avec les missionnaires responsables des Indiens a lieu le 1er février avec le supérieur provincial. Le programme est établi à partir des questions et des problèmes proposés par les missionnaires eux-mêmes. L’évêque en appelle à une discussion franche, pour la défense et la pleine exploitation des droits naturels et religieux de cette portion de ses diocésains, une tâche relevant « de l’essence même de la mission apostolique », à laquelle il est déterminé à consacrer tous ses efforts32. En janvier 1949, Mgr Baudoux demande l’aide du recteur de l’Université Laval de Québec, Mgr Ferdinand Vandry, pour trouver des collaborateurs. En février, l’abbé Aderville Bureau, doyen de la faculté de droit canonique de l’Université Laval de Québec, arrive à Saint-Paul pour organiser la chancellerie. L’abbé Roméo Lemelin, spécialiste en droit canonique, arrivera en septembre, en pleine croisade du chapelet, pour exercer la fonction de chancelier. Le nouvel évêque se « donne de plus en plus », mais sans réussir à se mettre à jour, comme il l’écrit à sa sœur. « Notre travail avance, c’est sûr. Mais il y en a tant que je n’en verrai jamais la fin tant que tout n’aura pas été définitivement organisé. » Il reçoit en moyenne une douzaine de lettres par courrier et il n’a pas encore pu remercier ceux dont les lettres sont arrivées depuis sa consécration33 ! En mars, Mgr Baudoux demande l’avis du provincial avant de désigner des religieux à des fonctions autorisées par le code. Il annonce l’érection canonique de la Confrérie de la doctrine chrétienne et la création d’un bureau de catéchèse sous la direction de l’abbé Alcidas Ricard. Le journal La Survivance du 13 avril 1949 publie les premières nominations. Six consulteurs diocésains sont désignés, tous prêtres séculiers. Le diocèse est divisé en quatre
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vicariats, dont les titulaires, deux oblats et deux prêtres séculiers, feront la visite canonique des paroisses et des missions et étudieront la situation spirituelle et matérielle des personnes, des lieux et des choses. Quatre-vingts questions sont soumises pour préparer ce rapport. Un père oblat est délégué des missions indiennes et un autre fait partie du conseil d’administration du diocèse. Des aumôniers sont nommés pour la caisse populaire, les Chevaliers de Colomb, l’établissement rural et l’immigration, les œuvres missionnaires et eucharistiques, la presse catholique et le recrutement sacerdotal et religieux. Après les confirmations à Montréal, il commencera la visite pastorale vers le 11 mai et compte l’avoir finie avant la croisade du Rosaire en septembre34. Le collège des consulteurs diocésains se réunit le 22 mars et offre 7 500 $ pour la maison et une partie du terrain, soit 90 pieds sur 300, pour y construire un évêché attenant à la cathédrale. Le reste du terrain serait acheté par la paroisse. La transaction devrait se faire le plus tôt possible, afin de commencer les travaux « dès le dégel ». Il demande que les oblats restent en charge de la paroisse-cathédrale pour une période indéterminée, car on n’est par prêt pour le moment à faire un échange de paroisses. Le bien des âmes, précise l’évêque, « et la nécessité d’y ré-établir des organisations et cadres répondant aux besoins changeants de la paroisse semblent demander que l’on procède lentement dans tout projet de changement de charge spirituelle ». L’entente est conclue en avril et la décision est prise de construire une maison qui servira pour l’évêché et le presbytère35. L’évêque promulgue les règlements du jeûne eucharistique pour le carême et demande aux responsables des paroisses et des missions une description précise des limites de leur paroisse. Il constate ainsi que peu de paroisses ont des limites fixées par écrit ou ont été incorporées, que des curés doivent s’occuper de fidèles résidant hors de leur paroisse et que les limites de certains territoires, bien délimités à l’origine, ont été modifiées par la suite36. Quand l’abbé Sabourin lui apprend la présence en Angleterre d’un prêtre polonais qui viendrait peut-être au Canada, Mgr Baudoux songe à s’attacher son ami septuagénaire à titre de conseiller : J’y avais déjà pensé quand vous êtes venu pour la consécration, mais je n’osais pas vous écrire. Je me méfie de mon tempérament impulsif. [...] Je me suis plongé en plein dans ma tâche. Je fais de mon mieux. Je bouleverse pas mal de choses. Au vrai, il vaudrait mieux dire que j’organise. Ça va bien. Les prêtres collaborent et me font confiance. Je me demande souvent si je suis bien un évêque orthodoxe, car je suis le droit canon, je consulte beaucoup, j’accepte la plupart du temps les suggestions qui me sont faites. Mais je suis débordé. Et souvent, j’hésite à prendre une décision qui me semble s’imposer et qui est urgente parce que je n’ai personne de vraiment solide, capable de vérifier mes vues. Par ailleurs, il y a bien d’autres problèmes dont la solution urge et auxquels
256 IV. Évêque je n’ai pas le temps de penser. J’ai voulu tâter un peu l’opinion de quelques prêtres, pour me rendre compte comment votre venue et un partage des responsabilités serait vue. La réaction a été excellente. Plusieurs vous connaissent. Et puis, ils constatent bien combien je suis seul37.
En avril et en mai, Mariette fait quelques séjours à l’hôpital de Saskatoon et multiplie les lettres à son frère pour le tenir au courant des aléas de son projet de voyage à Saint-Paul avec Mgr Bourdel et le curé Pierre. Ces délais exercent sa patience : « Tout d’abord je trouve le temps affreusement long, loin de toi, et puis je voudrais pouvoir te causer de bien des petites choses. Oh ! tu sais, je fais joyeusement le sacrifice de la séparation ! Je le fais [...] pour que le bon Dieu bénisse et fasse fructifier tes efforts. » Le voyage aura lieu en juin. Mgr Bourdel n’est pas moins fébrile que Mariette. Il lui confie le 7 juin : « Tout le temps de mon oraison il me revenait à l’idée Mon Dieu, permettez que je puisse aller à Saint-Paul, et ses yeux se mouillaient en me disant cela. Il mange bien, mais il a cette faiblesse dans une jambe qui fait qu’il n’est jamais sûr de lui38. »
Ami et voisin, Mgr Henri Routhier
Après avoir prononcé une conférence sur le pape à la radio en avril et participé le 4 mai avec Mgr Routhier à la réunion générale des directeurs de la radio, Mgr Baudoux assiste à la réunion régionale de l’ACFA à Edmonton. Cette réunion sera suivie d’une réception au collège Saint-Jean d’Edmonton en l’honneur de Mgr Vandry, recteur de l’Université Laval de Québec. Charmé par le chant des collégiens, l’ancien professeur de Maurice propose une « fantastique aventure » aux jeunes qu’il invite à aller se produire au Québec. L’évêque de Saint-Paul en est bouleversé d’émotion : « Les jeunes gens de notre chorale s’en iront bientôt passer leurs vacances au pays des ancêtres. Ils éprouveront la surprise, et y goûteront la joie et l’orgueil d’entendre partout résonner leur langue, qu’il leur a fallu étudier arduement [sic] à l’école, en plus de l’autre [l’anglais], qui envahit. Ils vivront intensément quelques semaines de vie française39. »
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Des ralliements et des festivals ont lieu au mois de mai à Edmonton et à Saint-Paul. Le festival de la bonne chanson à Saint-Paul est organisé à la demande de Mgr Baudoux qui fait venir l’abbé Biron de l’Université Laval pour juger de la qualité des programmes présentés. En dépit du mauvais temps, on obtient le plus vif succès, rapporte La Survivance. Il y a eu parade vers le chemin de fer pour y accueillir le train spécial qui amenait les gens pour la messe pontificale. Le programme de chants de folklore du festival de la bonne chanson est exécuté par 1 200 enfants. L’évêque profite de l’occasion pour souligner la force grandissante du groupe français de Saint-Paul, Bonnyville, Fort Kent, La Corey, Mallaig, Sainte-Lina, Thérien et Lafond. En juin, il prononce le sermon pour marquer le 50e anniversaire de l’arrivée des sœurs de L’Assomption à Saint-Paul et procède à des ordinations sacerdotales. En juillet, c’est lui qui assure la prédication de la retraite sacerdotale des prêtres du diocèse, après quoi il s’absente pour une tournée de confirmations. Il continue au mois d’août la visite des paroisses commencée en mai. Mais la pluie rend les chemins presque impraticables, si bien qu’il manque la moitié des enfants dans certaines localités. Quant aux cours offerts durant l’été, ils attirent une centaine d’éducateurs40. L’abbé Bureau fait bonne impression sur l’abbé Sabourin qu’il visite en juin. Ce dernier écrit à Maurice : « Ce devrait être un homme précieux dans l’entourage d’un évêque. Il me dit qu’il retournera en septembre. Si tu pouvais le garder ! » Quant à lui, il songe à se rendre à Saint-Paul pour faire du service auprès des Ruthènes, et à demander une vacance à son évêque pour y prêcher la retraite des prêtres à l’été 1950. L’incorporation du diocèse est annoncée pour le 1er juillet. Comme l’évêché dispose maintenant d’une voûte, les prêtres sont invités à y déposer les titres récupérés du diocèse d’Edmonton. Quand Mariette adresse ses vœux à son frère pour son 47e anniversaire de naissance, c’est la première fois depuis vingt ans, lui écrit-elle, qu’elle ne prépare pas une petite fête pour lui à cette occasion41. Au mois d’août, les travaux d’excavation en vue de la construction de l’évêché sont terminés et les formes sont en place pour couler le ciment. En juin, il a dû héberger Mariette au couvent, Mgr Bourdel à l’hôpital et Mgr Pierre à l’école indienne. Il lui faut maintenant trouver l’argent nécessaire pour mener la construction à terme. À son retour de l’Est en septembre, l’abbé Quirion est nommé à Vilna, une mission exclusivement anglaise, pour y apprendre la langue et commencer son apostolat42. La croisade du chapelet en famille L’organisation de la croisade du chapelet en famille est le premier projet diocésain spécial. L’évêque de Saint-Paul participe aux réunions préparatoires
258 IV. Évêque à cette croisade entreprise par les évêques de l’Alberta, de la ColombieBritannique, de Saint-Boniface et de Winnipeg, les exarques apostoliques de l’Ouest du Canada et le vicariat apostolique de l’Alaska. Le 4 septembre, il signe avec les premiers pasteurs de ces régions – une première – une lettre pastorale collective en faveur de la croisade du Rosaire en famille. La présence du religieux américain Patrick Peyton, c.s.c., initiateur de cette croisade, donne lieu à d’importantes manifestations que rapportent La Survivance, et la publication de l’organisation, L’heure du Rosaire de Vancouver. Le triple but de cette croisade de onze semaines est d’établir la pratique du chapelet dans chaque famille, de ramener à la pratique religieuse et de raviver la foi. Une fois faits le recensement de la population et la visite de tous les foyers du territoire, des assemblées diocésaines sont convoquées auxquelles participe le père Peyton. À Saint-Paul, cette assemblée a lieu le 3 août et les oblats y sont étroitement associés. Chaque curé est invité à s’y présenter avec deux hommes choisis pour leurs qualités de chef dans les domaines social et religieux43. Les cérémonies qui ont lieu dans la cathédrale de Saint-Paul le 18 septembre sont présidées par Mgr Routhier. Un deuxième ralliement a lieu le lendemain à Westlock. En présentant les prédicateurs, Mgr Baudoux déclare L’évêché de Saint-Paul, Alberta
La cathédrale de Saint-Paul, Alberta
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que cette croisade est la réalisation d’« un rêve d’avant sa consécration ». Lors de la consécration de son diocèse à Marie, il avertit ses diocésains des châtiments terribles qui menacent de s’abattre sur eux. « Une vie plus chrétienne et la récitation du Rosaire en famille peuvent seules arrêter encore le bras vengeur de la justice de Dieu. » Ce geste, dit-il, ne fait que renouveler celui qu’avait posé en 1872 le premier évêque de Saint-Albert, Mgr Vital Grandin. L’évêque Baudoux sera aussi présent au ralliement du 9 octobre à Edmonton. Le journal La Survivance ne manque pas de signaler l’absence de discours en français, alors qu’on a parlé en anglais et en ukrainien44. Des ralliements régionaux ont lieu ensuite à Athabasca, Lac-la-Biche et Bonnyville. Un ou deux évêques de l’Alberta seront présents à chaque ralliement régional. De longs reportages sur ces célébrations paraissent dans les journaux locaux et dans L’heure du Rosaire. Roger Brien, directeur de la
un baptême
des confirmés
260 IV. Évêque revue Marie, demande à Mgr Baudoux un texte et des photos sur cette campagne, pour les publier dans le numéro de mars 1950. À l’automne, il rencontrera à Québec Charles de Koninck, de la Faculté de philosophie de l’Université Laval, désireux lui aussi d’entendre parler de la croisade du Rosaire dans l’Ouest45. À la veille d’un séjour prolongé dans l’Est en octobre, Mgr Baudoux confie une partie du travail du diocèse au chancelier Roméo Lemelin. Il a déjà recruté deux prêtres du diocèse de Lodz, en Pologne. Jan Warczak, qui avait été professeur au grand séminaire dans son pays avant la guerre, est arrivé à Saint-Paul le 7 mars ; Stanislas Robert arrivera en 1950. Tous deux étaient passés en France après leur libération du camp de concentration de Dachau. Deux autres viendront ensuite, les abbés Van den Bosch et Edmond Chart. En 1952, le délégué apostolique lui propose d’accueillir l’abbé H. Mecs, parlant l’italien et l’allemand, qui vient d’arriver au Canada, pour les besoins de la paroisse de Venice-Hylo46. Mgr Baudoux participe à Québec au congrès du Comité permanent de la survivance française en Amérique qui lui décerne le 16 octobre 1949 le titre d’officier de l’Ordre de la fidélité française, un honneur qu’il reçoit en même temps qu’Eveline LeBlanc. Ce séjour dans l’Est n’est pas de tout repos. À Québec, il accompagne Antonio de Margerie à Sainte-Anne-de-Beaupré et va au Petit-Cap. Avec le Dr L.-O. Beauchemin, il s’adresse à l’association des étudiants de l’Ouest. Les centres canadiens-français, leur dit-il, doivent pouvoir compter sur des professionnels « qui soient en mesure de prendre la direction de nos mouvements nationaux et de se dévouer à nos causes ». L’association a été fondée et est présidée par l’un des fils d’Antonio, Jean de Margerie. Il prend aussi la parole devant les membres du Club Richelieu, au collège de Lévis, au Séminaire de théologie, au banquet du jubilé d’or d’un de ses prêtres à la retraite. Il rencontre le premier ministre du Québec et des ministres, un missionnaire colonisateur et Rodolphe Laplante qui lui fait parvenir le résumé d’un entretien aux inspecteurs de l’Office du crédit agricole. Avec Mgr Parent, il va à l’île d’Orléans à l’invitation de M. Filteau, puis s’arrête à Trois-Rivières pour s’adresser aux membres du Club Richelieu, sous l’égide de l’abbé Saint-Arnaud47. À Montréal, Mgr Joseph Charbonneau l’accueille très chaleureusement. Chez Jos. Lafrenière, il retrouve les anciens de Prud’homme installés à Montréal. Il visite E. LeBlanc à l’Hôtel-Dieu, avant de se rendre à SaintHyacinthe et à Nicolet pour parler du tissage aux sœurs. À Ottawa, où il prend part à l’assemblée plénière des évêques du Canada, il est accueilli par Mgr Vachon qui lui remet 100 $ pour ses séminaristes. Son programme comprend aussi un dîner à la Délégation apostolique, une rencontre avec l’agro-
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nome Georges Michaud et un souper chez Séraphin Marion. De là, il va rencontrer à Toronto les responsables de la Church Extension pour obtenir de l’aide pour son diocèse. Au retour, il fait halte au presbytère de Prud’homme pour quelques jours d’un repos bien mérité. Il est à Edmonton le 20 novembre et prend la parole lors de l’inauguration du poste français CHFA. Il participe au congrès de l’ACFA les 21 et 22 novembre48.
À la mission indienne Long Lake, à Gurneyville, Alb.
En décembre, Mgr Baudoux visite les jeunes de plusieurs paroisses de son diocèse dans le but de lancer la Jeunesse agricole catholique (JAC). Il invite Jean-Guy Blouin et Angèle Patenaude, responsables du mouvement au Québec. Du 28 novembre au 8 décembre, ils animeront à Bonnyville trois journées diocésaines auxquelles participent 40 jeunes. « Il est très probable, écrit-il à sa sœur, que nous aurons une responsable diocésaine, de Bonnyville, qui va se consacrer exclusivement à l’Action catholique à partir de juillet. Nous avons aussi trouvé quelques autres bons éléments qui l’assisteront. Je suis vraiment heureux des résultats à date. » Les travaux à l’évêché « n’avancent que très lentement », lorsque l’abbé Roland Barbeau peut s’y rendre, pendant que l’évêque prépare la prédication pour chaque dimanche de l’Avent. À la mi-décembre, il se rend à Saint-Vincent, la dernière paroisse qu’il lui reste à visiter49.
262 IV. Évêque
Journée d’études de la jeunesse
Pique-nique des jeunes
Le passage de 1949 à 1950 se fait à la cathédrale lors d’une heure sainte de réparation. Une messe pontificale est célébrée à minuit et Mgr Baudoux fait la prédication. Il profite de la fête que lui font les écoliers le 29 janvier, dimanche de la conversion de saint Paul, pour instaurer la pratique des Vêpres.
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Il préside aussi, du 12 février au dimanche des Rameaux, la célébration de la messe face au peuple. Il explique les mouvements et les gestes du célébrant et le curé Michaud assure la prédication. Il fera la promotion du catéchisme lors de son allocution aux instituteurs bilingues à leur journée régionale de Bonnyville. Il se rendra aussi à la mission indienne du lac LaSalle pour faire échec à l’influence des fonctionnaires du Département des Indiens qui tentent de convaincre ces derniers d’accepter les écoles neutres. En février, il fait des arrangements pour recevoir à l’automne la statue de Notre-Dame-du-Cap en tournée au Canada. Le 20 mars, il est au collège de Saint-Boniface pour une fête en son honneur50.
Le passage à Saint-Paul de la madone du Cap, en mai 1950
Au cours de cette première année d’épiscopat, Mgr Baudoux a dénoncé ponctuellement, à la suite du pape, les persécutions contre l’Église dans les pays sous régime communiste. Effrayée par l’expansion du communisme, l’Église demande de prier pour ses victimes, et Pie XII adresse aux évêques une exhortation apostolique dénonçant l’athéisme et la haine de Dieu. L’évêque de Saint-Paul constate la présence de cet ennemi dans son milieu. Dans une circulaire confidentielle, il informe ses prêtres de l’élection, le 7 juin précédent, d’un « dangereux communiste du district » à la présidence de
264 IV. Évêque l’Union des fermiers de l’Alberta. Il demande à chaque curé de s’entendre avec quelques fermiers de leur paroisse sur qui ils peuvent compter, pour s’occuper de recrutement pour cette union : « C’est seulement par leur titre de membre dans l’Union que les catholiques et même les protestants qui sont opposés au communisme, peuvent se débarrasser, ou au moins éloigner de toute position responsable les membres qui ne sont pas prêts à suivre les principes chrétiens. » Il demande à ses prêtres de lire et d’expliquer en chaire le récent décret d’excommunication des « communistes et communisant51 ». Mgr Baudoux n’oublie pas les religieuses. En 1949, il avait désigné leurs confesseurs, et commencé la visite de leurs 24 maisons qu’il terminera en février 1950. La démarche s’imposait : il n’y avait pas eu de visite canonique régulière depuis plus de trente ans, alors que Mgr Legal était évêque de SaintAlbert-Edmonton ! Il préside aussi, chez les Sœurs grises de Saint-Albert, à la prise d’habit de trois jeunes filles originaires de Saint-Paul52. À la mi-février 1950, on compte installer le chauffage à l’évêché, les charpentiers font les cloisons et préparent le plâtrage. Les plâtriers seront à l’œuvre en avril, mais l’évêque ne s’attend pas à pouvoir s’y installer avant juin. Il éprouve aussi beaucoup de difficultés à obtenir des religieuses pour le service domestique de l’évêché. Toutes justifient leur refus en invoquant le nombre de demandes reçues et le manque de sœurs. Il finit par inviter un institut séculier de Chicoutimi pour remplacer mademoiselle Charron qui fait ce travail depuis son arrivée. Graduellement, les sœurs de L’Assomption de Saint-Paul complètent son vestiaire, ce qui réjouit Mariette : « Je suis heureuse que tu aies trouvé le velours rouge que tu désirais ; petit à petit le vestiaire de la cathédrale va se monter, à peu de frais et d’une façon artistique. Prier sur de la beauté !! Cela aide tellement. » Elle est aussi impatiente de le voir s’installer dans son nouveau logis et se propose de demander un congé pour aller l’installer : « J’aimerais tant pouvoir arranger tes petites affaires moi-même ! Et j’ai hâte de voir toutes les belles choses qui auront été faites par les sœurs. » En mars, les oblats accueillent leur nouveau provincial, le père Ozias Fournier. En juin, l’économe provincial, Clément-Marie Latour, se présente avec tous les titres et transferts de la propriété et de la maison des oblats au diocèse de Saint-Paul53. La Semaine sainte et la fête de Pâques revêtent une grande solennité. La bénédiction de l’eau est faite dans les nouveaux fonts baptismaux fabriqués par monsieur Morin d’Edmonton. L’autel est paré de fleurs naturelles et la chorale assure le chant. Mgr Baudoux quitte quelques jours plus tard pour Ottawa et le Québec. Il a accepté l’invitation de Louis Charbonneau, président de l’ACFEO, qui célèbre son 40e anniversaire de fondation. Il prendra
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la parole, les 13 et 14 avril, devant plusieurs auditoires : devant le Club Richelieu le midi, au banquet de l’Association des commissaires d’écoles le soir, à la distribution des prix de français de l’ACFEO, devant les inspecteurs bilingues le lendemain. L’agronome Georges Michaud se met à sa disposition avec son auto pour toutes ses démarches. À Montréal, il visite les Coursol et Raymond Denis, et prend le train pour Québec avec E. LeBlanc et le frère Bernard, où il a rendez-vous avec le recteur et le vice-recteur, F. Vandry et A.-M. Parent. Il ira ensuite à Thetford Mines pour Radio-Prairie-Nord et reviendra pour le souper et la réunion du conseil des étudiants d’Acadie et de l’Ouest. Après la réunion du Comité de la survivance, il repasse à Montréal et à Ottawa, puis se rend à Saskatoon. Il compte être à Prud’homme le samedi 22 avril, pour y faire un séjour prolongé qui leur fera du bien à lui et à sa sœur54.
Au train pour accueillir les délégués des autres paroisses
Une semaine après son retour, Mgr Baudoux se rend à Biggar, à l’invitation de son ami Armand Tombu, qui célèbre son 25e anniversaire de sacerdoce. C’est avec bonheur qu’il remplace Mgr Pocock pour le mot de la fin. Avant même son retour, les abbés Quirion et Lemelin sont repartis pour l’Est et il reste seul pendant un mois et demi. Seul, mais pas inactif. Pendant que se terminent les travaux à l’évêché, les Petits Chantres de Notre-Dame
266 IV. Évêque résentent un concert à Saint-Paul. L’évêque visite plusieurs villages et accomp pagne le père Bernet-Rollande à Wolfe Lake, une colonie métisse. À la fin du mois, il parraine la semaine étudiante. Le festival français du 25 mai attire un millier de personnes qui participent à une parade de la gare à la cathédrale. Le début de juin marque la période des confirmations à Sainte-Lina et dans les paroisses des environs de Cold Lake, à Vimy. Le 24 juin a lieu à Bonnyville la célébration régionale avec messe pontificale de la Saint-Jean-Baptiste. La retraite sacerdotale sera prêchée par l’abbé Sabourin, du 25 au 29 juin. La veille, l’évêque avait béni la nouvelle école de Saint-Paul. Tout sera prêt pour recevoir à l’évêché, le lendemain, sa sœur, Mgr Bourdel, Joseph Poilièvre et sa famille. Le 7 juillet, Mgr Baudoux bénit la chapelle de l’évêché et fait l’érection du chemin de la croix. Le 17, au 21e anniversaire de son ordination sacerdotale, et à la veille de son départ pour l’Europe, l’évêque bénit l’évêché et fait l’acquisition de la résidence des oblats pour la transformer en maison de retraites fermées55.
Parade des délégations des paroisses dans les rues de Saint-Paul
C’est en son absence que débutent, à la fin de septembre, les célébrations d’accueil de la statue de Notre-Dame-du-Cap dans les paroisses du diocèse, qu’il a confiées aux oblats. Pendant la retraite et la neuvaine de prières, ils animent le chapelet perpétuel, le Salut du Saint-Sacrement, procèdent à la bénédiction des familles, puis des malades, entendent les confessions, assurent
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la prédication devant de grandes foules. Mgr Baudoux est de retour d’Europe le soir du 14 octobre. Quelques jours plus tard, au cours d’une messe pontificale, il honore l’abbé Loranger du titre de protonotaire apostolique et, en novembre, l’abbé Rooney devient prélat domestique. Le 1er novembre, pour marquer la fin de la tournée du diocèse, un programme en trois tableaux est présenté en l’honneur de la Vierge Marie. C’est l’occasion pour Mgr Baudoux de remercier les organisateurs et les figurants recrutés dans tous les mouvements de la paroisse, de ce chœur parlé avec chant et orgue, en particulier les pères Plaisance et Charbonneau, pour leur dévouement tout au long de cet événement. Le 4 novembre, il est à Regina pour le congrès de l’ACFC56. L’Année sainte En juin 1949, le pape Pie XII avait annoncé la tenue d’une année sainte en 1950. Maurice est alors invité avec son secrétaire, l’abbé Barbeau, à accompagner un pèlerinage à titre de directeur spirituel. Il confie à Mgr Bourdel son désir d’y amener Mariette, mais n’en parlera à sa sœur qu’en mars 1950. Mgr Bourdel et Mgr Pierre conseillent à Mariette d’accepter, mais celle-ci hésite. La santé du premier est bonne et il a demandé au bon Dieu, dit-il, d’attendre son retour pour le reprendre ou de le faire tout de suite ! Mariette dispose d’un peu d’argent à la caisse populaire et pourrait emprunter, sans oublier le prêt qu’elle a fait au diocèse de Saint-Paul. Pour la gestion des fils de tissage et de Lumen, elle peut compter sur les sœurs du couvent. Mais autre chose la fait hésiter. Pour obtenir de Dieu le succès de l’éducation catholique de son neveu, elle multiplie les neuvaines, fait dire des messes, paie l’abonnement à la revue Marie à sa cousine Maria et aux Filles de la Croix. Comme ces sacrifices ne lui semblent pas suffisants, elle songe à sacrifier son rêve le plus cher, aller à Rome un jour et revoir la Belgique. Elle est prête à sacrifier ce voyage qu’elle avait ardemment désiré faire, car « l’âme de mon petit Maurice m’est plus chère que tout ». Ne sachant que faire, elle s’engage à suivre l’avis que lui donnera son frère57. « Je sais bien que cela te ferait plaisir, lui répond Maurice, et il y a si longtemps que j’en attendais l’occasion. De tes objections je n’en retiens qu’une, parce que celle-là seule peut compter. Je comprends bien ta perplexité. Et si j’incline à penser que le pèlerinage de l’Année sainte vaudra des mérites à notre cher Maurice, et que par conséquent, en l’absence de toute promesse de ta part, tu peux l’entreprendre, j’aimerais mieux que tu t’en remettes à Mgr Bourdel pour décider. Je comptais tant que nous ferions ensemble ce voyage un jour, que je suis intéressé. Parle donc à Mgr Bourdel. Je prie. Et je désire ardemment que tu viennes. Pour les fonds, tu as 700 dollars de prêtés au diocèse, que celui-ci peut te rembourser, car nous avons eu beaucoup plus
268 IV. Évêque d’offres que nous n’en avions besoin. D’ailleurs je puis t’aider58. » Le départ pour l’Europe est fixé au 17 juillet, et le retour à la mi-septembre. Leur demande de passeport cause quelques surprises aux futurs voyageurs. Maurice, qui était mineur quand son père a obtenu sa naturalisation le 27 mai 1914, obtient sans difficulté son certificat de citoyenneté canadienne
À Rome, 3 août 1950
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le 6 mars, mais Mariette, qui était alors majeure, apprend qu’elle est toujours sujet belge. Maurice intervient auprès du ministère à Ottawa et obtient l’aide de M. Beaudry. À la mi-mars, Mariette n’a pas encore informé ses parents belges de son prochain voyage : « C’était tellement inattendu que j’en suis encore tout ahurie ! », écrit-elle à son frère, mais la nouvelle est connue à Prud’homme. La mère vicaire des Filles de la Providence lui a remis 25 $ pour qu’elle puisse se rendre jusqu’à leur maison mère à Saint-Brieuc. Et Maurice en avise leurs amis de Montréal en avril. Ce voyage, leur dit-il, il n’aurait pu le faire sans cette invitation à accompagner un pèlerinage, car il est « plus pauvre que jamais59 ». De La Louvière, Lucie Moreau se réjouit de la visite de ses neveux. Maurice et Mariette seront en Belgique en septembre et visiteront oncles, tantes, cousins et cousines, sans oublier les religieuses avec qui Mariette a correspondu depuis son départ en 1911. Sœur Didry, des Filles de la Croix, leur prépare un itinéraire à Banneux, Bauraing et Bois d’Haine, dans la maison de la mystique Louise Lateau, où le doyen sera heureux d’accueillir Maurice. À la fin de juin, Mariette se prend les doigts dans l’essoreuse, mais elle réussit à éviter l’infection grâce à la pénicilline. Après avoir consulté le médecin et le dentiste à Saskatoon, elle prend quelques jours de repos à Saint-Paul. L’évêque désigne Sébastien Loranger comme vicaire général. Il s’embarquera avec sa sœur à New York le 28 juillet et sera de retour pendant la tournée de la statue de Notre-Dame-duCap dans le diocèse. En novembre, on apprend avec consternation la présence, parmi les victimes de l’écrasement du Pèlerin canadien sur le mont Obiou, dans les Alpes, de Mgr Bureau et de l’abbé C.-W. Poirier60. À Manage, Belgique, avec Mariette, 19 sept. 1950
270 IV. Évêque
Sur le bateau
Le 27 octobre 1950, le provincial Ozias Fournier demande à Mgr Baudoux de laisser partir le curé Guy Michaud dont il a besoin pour « un centre très important où des intérêts vitaux » sont en jeu. Il n’ignore pas qu’il place ainsi l’évêque dans une situation difficile : « Je me souviens de la promesse que je vous avais faite personnellement et en termes très clairs de vous laisser prendre la décision quant au moment où les Pères Oblats devraient laisser à d’autres mains la Paroisse de Saint-Paul. » Mais comme, par la force des choses, les oblats devront céder un jour la paroisse, cette occasion imprévue lui donne la possibilité de faire le transfert plus tôt que prévu. Malgré sa surprise et son embarras, l’évêque se rend aux arguments du provincial. Il me semble que vous ayez raison d’estimer qu’il vaudrait tout autant et même mieux, à l’occasion du départ du P. Michaud, effectuer le transfert des Pères Oblats dans une autre paroisse. Il est bien selon l’esprit de l’Église que le clergé de la Cathédrale constitue en quelque sorte le « presbyterium » de l’Évêque. Le changement est donc inéluctable tôt ou tard. Par ailleurs, je ne pourrais pas nommer, comme curé de la Cathédrale, un prêtre du clergé diocésain à moins d’un échange de paroisse avec les Oblats puisque je n’en aurais point de disponible. Enfin, il serait trop anormal, pour que cela puisse durer fort longtemps, de placer les deux Pères vicaires sous l’autorité d’un curé choisi parmi les membres du clergé diocésain61.
Le départ du père Michaud est fixé au mois de janvier. Un curé et des vicaires pour la cathédrale seront choisis parmi le clergé diocésain, et on confiera aux oblats les paroisses de Bonnyville et de Cold Lake62. Le diman-
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che 24 décembre 1950, le père Guy Michaud fait la lecture à toutes les messes d’une lettre de Mgr Baudoux annonçant le départ des oblats de Saint-Paul et leur transfert à la paroisse de Bonnyville. La messe solennelle de minuit, le 1er janvier 1951, est célébrée par le père Michaud assisté des pères Tétreault et Lassonde, en présence de Mgr Baudoux au trône. Le 7 janvier, le curé Michaud doit expliquer plus clairement aux paroissiens les raisons de leur départ, pendant que se prépare à la salle paroissiale un tribut de gratitude en guise d’adieu. Après une note de gaieté apportée par l’orchestre rythmique du grade II français, les témoignages de regret, d’affection et de gratitude se sont donné libre cours. Des chants en français et en anglais sont exécutés par la chorale des filles des grades IV à XII et par les Petits Chantres de NotreDame. Après l’évocation des mystères joyeux, douloureux et glorieux de la présence des oblats à Saint-Paul, Mgr Baudoux exprime son admiration pour l’immense travail accompli durant leurs 54 années de présence. La fête se
Chez les Coursol à Montréal, avec Mariette en 1950
272 IV. Évêque termine au chant de Ils ont gagné leurs épaulettes. Le 14 janvier, les trois partants célèbrent une messe solennelle d’action de grâces63. Le tissage et Lumen Après le départ de Maurice Baudoux, c’est sur les épaules de Mariette que reposent, à Prud’homme, la gestion des stocks de fils pour le tissage, et la location des films de Lumen64. Si le rêve de créer une école ménagère à Prud’homme n’a pas pu se concrétiser, on a réussi à offrir aux femmes de multiples activités en collaboration avec des organismes de la province. Que deviendront ces œuvres ? Mariette, qui aura bientôt 56 ans, est consciente de ne pouvoir seule s’en occuper. Pendant des mois, elle multiplie les démarches pour trouver une communauté religieuse ou un organisme à qui les confier. Il leur en coûte, à son frère et à elle, d’abandonner ces activités pour lesquelles ils ont tant peiné depuis 194265. Mariette pense d’abord aux Filles de la Providence qui ne sont pas prêtes à en prendre immédiatement la responsabilité. Elle songe ensuite aux sœurs de la Présentation et aux sœurs de L’Assomption de Battlefield dont E. LeBlanc lui a dit le plus grand bien. En mai, elle reçoit à Prud’homme la présidente du département de l’artisanat, madame Morton, et l’éditrice de la page féminine du Western Producer, madame McNaughton. Émerveillées du travail fait à Prud’homme par la famille Fontaine, elles admirent le beau stock de coton dont on dispose, commandent un couvre-lit et repartent avec plusieurs pièces pour une exposition d’artisanat à Regina en juin. La secrétaire des arts domestiques de la Saskatchewan demande aussi des pièces pour cette exposition66. Inquiet lui aussi du sort du tissage, l’abbé Marchildon, du diocèse de Prince-Albert, propose la création d’une école dispensant des cours postscolaires plusieurs mois pendant l’année, comme le fait le Wheat Pool, et suggère de confier à un comité de dames le soin de donner des cours ambulants. L’enseignement postscolaire pourrait offrir ces cours et en confier l’organisation dans les paroisses à une personne rémunérée. Mariette pense que la présence d’une communauté pourrait assurer la stabilité de l’école. Lorsque le Wheat Pool apprend le départ de Maurice, il réclame les 300 $ donnés pour le tissage. Mariette en informe son frère, qui répond qu’il n’est pas question de rembourser l’argent. Le travail qui avait été accompli justifiait la première subvention qui avait été consentie sans clause de remboursement. Mariette envoie un métier à tisser aux sœurs de Blue Quills et compte vendre les cotons très fins à une tisserande qui lui en a fait la demande. Thérèse Bandet, institutrice à Knapton, lui a aussi promis de l’aide pour le tissage et
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les films. Elle profitera d’un séjour à l’hôpital de Saskatoon pour rencontrer à Prince-Albert la supérieure provinciale des sœurs de la Présentation de Duck Lake. Le voyage est décevant. La supérieure ne fait que promettre de soumettre au conseil le projet d’école ménagère. De son côté, Mgr Baudoux va rencontrer les autorités principales de la congrégation à Saint-Hyacinthe. « Je suis allé à Saint-Hyacinthe cet après-midi par le train, écrit-il à Mariette. J’y ai vu le grand sanhédrin qui m’a reçu cérémonieusement. Pas de promesse formelle. » Il espère obtenir une religieuse, mais pas pour l’année en cours. Il rencontre ensuite les sœurs de L’Assomption à Nicolet, puis les Sœurs grises qui le reçoivent à souper à leur école ménagère. À Prince-Albert, Mgr Desmarais se fait fort d’obtenir des bourses pour les élèves ayant réussi plusieurs cours d’été et de pouvoir organiser une école ménagère. Mais comme Mariette pressent qu’il ne joue pas franc jeu avec elle, elle consultera E. LeBlanc67. Aucune de ces communautés n’accepte. La perspective de quitter pour trois mois, à l’été 1950, oblige Mariette à faire diligence. En février, elle fait un nouveau voyage à Saskatoon où elle a accepté de traduire un questionnaire d’enquête sur l’artisanat qui sera adressé dans chaque paroisse française, par la secrétaire du Saskatchewan Arts Board de Regina qui veut recenser les habiletés en art domestique dans les familles : « Il doit bien y avoir en Saskatchewan des Canadiens qui ont, autrefois, su tresser la paille pour en faire des chapeaux, et des Canadiens qui savent faire des fonds de chaise avec du cuir, par exemple, et que sais-je encore. Il faudrait qu’un grand nombre de ces questionnaires retournent à Regina afin de prouver que nous sommes là ! Et si nous voulons du français, c’est à nous d’en mettre68 ! » Mgr Baudoux se tourne alors vers Saint-Boniface et tente d’intéresser l’abbé Antoine d’Eschambault au stock de fils à tisser qui reste à Prud’homme. Il conseille à Mariette de revendre les métiers et les machines à coudre. Il ne faudrait pas songer aux sœurs de L’Assomption d’Edmonton car « ceux qui désirent la liquidation au profit du Conseil supérieur de la coopération en Saskatchewan verraient cela d’un mauvais œil », et ce ne serait pas assurer la permanence de l’œuvre en Saskatchewan. Sur le conseil d’A. de Margerie, Mariette engage son frère à attendre qu’elle ait consulté de nouveau les Filles de la Providence dont la supérieure générale est au pays. Le conseil se montre favorable à ce que sœur Roseline et ses novices se chargent des ventes durant l’absence de Mariette. Sœur Jacqueline Savard fera les ventes et sœur SainteRoseline assurera la tenue des livres69. À son retour, Mariette reprend la vente des fils jusqu’en mars 1951. Elle visite l’Exposition d’artisanat à Gravelbourg, et en profite pour parler du tissage aux sœurs de Gravelbourg. À la fin d’avril, après le refus des sœurs de Jésus-Marie et des missionnaires oblates, Mariette se résigne : « C’en est fini
274 IV. Évêque de cette œuvre en Saskatchewan, écrit-elle à Maurice, il faut en faire notre deuil. » Elle suggère d’offrir le coton qui reste à Saint-Boniface et de distribuer aux œuvres la somme rapportée. « En ce moment, ajoute-t-elle, il me semble que le plus pressé c’est l’œuvre de la radio et elle en a terriblement besoin. Je ne vois pas pourquoi on ne donnerait pas le fruit de notre travail à une œuvre à laquelle tu t’es tant dévoué et qui nous est chère à tous deux. » À la mi-mai, elle a déjà vendu du coton pour 175 $ et reçu un volumineux courrier. Les sommes reçues sont remises à A. de Margerie au bénéfice de la radio70. Maurice ne croit pas indiqué de verser à Prud’homme les sommes provenant de la vente du coton. Il conseille à sa sœur d’offrir le coton qui ne sera pas vendu à la Société canadienne d’enseignement postscolaire de SaintBoniface, et de ne garder que ce qui lui sera strictement utile. Elle écrit aux écoles indiennes tenues par des sœurs qui auraient des métiers à tisser. Les sœurs de Blue Quills ne peuvent accepter, faute d’espace pour s’adonner au tissage, et le gouvernement refuse d’agrandir l’école. Les sœurs de la Présentation de Duck Lake sont intéressées par la laine et peut-être par un métier et la cardeuse. On offrira à Saint-Boniface ce qui reste de fils de couleur, de lin et de soie, d’une valeur d’environ 1 000 $. Quand tous ces achats auront été payés, Mariette aura 2 000 $ en banque. Elle utilisera une des armoires qu’elle n’a pu vendre pour ranger les cotons qu’elle apporte à SaintPaul. « C’est bien du tintouin », avoue-t-elle à son frère, alors que les gens l’invitent à prendre le thé d’adieu ou lui rendent une dernière visite à la veille de son départ définitif de Prud’homme. En novembre 1951, A. de Margerie accuse réception des chèques pour la radio. C’est tout près de 2 300 $ que le tissage a versé à ce jour à l’œuvre de la radio. Elle lui enverra encore un chèque de près de 300 $ en août 195271. Après l’annonce de la nomination de son frère à Saint-Boniface en mars 1952, Mariette reçoit encore des commandes et accueille des dames qui lui achètent d’importantes quantités de fils. Elle donne l’ourdissoir aux sœurs de L’Assomption et partage avec elles et les sœurs de Blue Quills ce qui reste de coton. Elle est dans l’ouvrage jusqu’au cou, écrit-elle à A. de Margerie en avril, et lui demande si elle ne peut pas en donner à certaines bonnes clientes. Elle écrit ici et là et compte voir quelques tisserandes de Saint-Paul et des environs pendant les vacances de Pâques. Elle ne peut tout emporter à SaintBoniface72. Mariette s’occupe aussi de la gestion de Lumen, un service de prêt de films pour l’enseignement religieux. Elle reçoit les films, les répare et exécute les nouvelles commandes. Maurice souhaite que cette œuvre ne disparaisse pas avec son départ de Prud’homme et confie son inquiétude à A. de Margerie : « Ma sœur et moi y avons mis tout ce que nous pouvions, de notre temps et
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même de tout notre crédit au début. Cela nous peinerait beaucoup si l’entreprise disparaissait. » Mariette lui écrit : « Pour ce qui est de Lumen, il est bien entendu, M. de Margerie me le disait il y a quelques mois, que cela t’appartient entièrement et que tu es libre d’en faire ce que tu voudras. Si les sœurs de L’Assomption d’Edmonton acceptaient de s’en charger je crois que ce serait l’idéal. [...] Tu en retireras seulement bien peu de chose et si on considère tout le temps et l’argent que tu y as consacré, il me semble que c’est une œuvre qui peut continuer à faire du bien, si on trouve à la faire marcher. Quel dommage que je sois si prise. J’aurais aimé la continuer. » C’est ce qu’elle fera avec Thérèse Bandet qui tient à jour les catalogues de Lumen73. Antonio de Margerie voudrait aussi trouver un responsable pour la Société canadienne d’enseignement postscolaire, au moment où Mariette entend dire que le Comité canadien de coopération serait disposé à en assumer la responsabilité. Mariette conserve le classeur de Lumen dont les affaires tiennent dans cinq boîtes qu’elle expédie à Saint-Paul. A. de Margerie rappelle alors à Louis Demay, président de la SCEP, que depuis 1942 c’est Mgr Baudoux qui, à titre de secrétaire-trésorier, a assuré presque seul le fonctionnement des services actifs de cette société. Depuis son départ, Mariette, associée à l’œuvre depuis les débuts, en a maintenu les cadres. Ni l’un ni l’autre n’ont jamais reçu un sou de rémunération après y avoir mis de leur argent sous forme de prêts qui ont été remboursés. Mais comme la Société devra sous peu passer en d’autres mains et qu’il reste un actif d’environ 3 000 $, fruit de leurs travaux, il considère comme une question de justice de dédommager Mariette à qui on offrira la somme de 600 $74. L’héritage familial Quelques mois après son arrivée à Saint-Paul, Mgr Baudoux avait dû régler la question de l’héritage familial. De son vivant, Norbert Baudoux avait souhaité régler la question de son compte bancaire en Belgique. « Il aurait fait un chèque en ta faveur ou en la mienne », écrit Mariette à son frère, « et l’argent aurait alors été déposé en notre nom à la banque ». Comme cela n’a pas été fait avant son décès, en février 1946, Maurice, Edgard et Fred – le veuf de Nelly – devront signer l’abandon de leurs droits à cet héritage en faveur de Mariette, pour se conformer à la volonté du défunt. Maurice confie au député Beaudry le soin de rédiger l’acte requis. Mariette lui envoie copie des actes notariés à établir et des comptes envoyés par le gérant de la Banque de Bruxelles. Elle retourne ces signatures à Maurice pour que M. Beaudry les fasse légaliser par le consul de Belgique à Edmonton. Les documents légalisés sont reçus le 8 mars et envoyés par avion à la Banque de Bruxelles. La réponse de la banque est décevante. Les avoirs de la succession de leur père s’élèvent
276 IV. Évêque à 9 865,35 francs belges, dont on prélève cinq pour cent d’impôt. La somme de 9 218,40 francs belges déposée en 1941 n’a rapporté que 646,95 francs belges. Comme il est question d’augmenter l’impôt sur le capital, la cousine Bertha conseille à Mariette de disposer immédiatement de cet argent. Celle-ci s’en servira pour régler le compte chez Grossé où elle a fait des achats pour Maurice75. Edgard et Irène qui résident à Saskatoon commencent à éprouver des difficultés dans l’éducation de leur fille Georgette, âgée de quatorze ans. Edgard apprend à son frère que, lors de la graduation de Georgette, les sœurs de Sion ont exigé qu’elle achète un ticket pour la danse. Il lui a « donné la piastre sans réplique », mais il s’étonne que les adolescentes aient à se faire accompagner par un jeune homme. « Georgette est revenue de sa classe en pleurant parce qu’elle ne connaissait pas de garçon », et les sœurs lui ont dit que, si elle n’arrivait pas à en trouver un, « there is something wrong with her ». Quand les sœurs ont voulu faire le choix pour elle, Irène et lui s’y sont opposés et ont refusé d’aller à la danse. Quand Mariette visite Edgard et Irène, elle s’intéresse de près aux activités scolaires de l’adolescente. En 1950, Edgard obtient un contrat avec Toronto pour faire la comptabilité et les rapports d’impôt sur le revenu pour la Saskatchewan et l’Alberta. Il est chargé d’ouvrir un bureau à Edmonton pour le 1er janvier 195176. Mariette et Maurice sont aussi soucieux de la formation religieuse de leur neveu Maurice Balcombe, âgé de onze ans. Après avoir résidé quelques années à Prud’homme, il vit maintenant à Saskatoon avec son père qui est remarié et est retourné au protestantisme. Mariette multiplie les prières pour leur conversion, pour le retour auprès d’eux du « petit Maurice » et la préservation de Georgette. Lorsqu’elle va à Saskatoon, elle tâche de rencontrer seul le jeune Maurice. Celui-ci lui dit qu’il pense à prier Dieu le soir, qu’il a eu de la peine de n’avoir pas pu aller à Saint-Paul avec la famille pour le sacre de son oncle, et qu’il aimerait fréquenter l’école catholique. Mariette écrit à son frère que leur neveu « cause comme un homme », et qu’il est très différent, lorsqu’elle le voit seul, de ce qu’il est en présence de ses parents. À deux reprises, en juin 1949 et durant la semaine de Pâques 1951, Mgr Bourdel l’invite pour quelques jours à Prud’homme. Mariette en profite pour lui faire un peu de catéchisme et le préparer à se confesser et à communier77. Les dernières années de Mgr Bourdel La nomination de Maurice au siège de Saint-Paul avait réjoui Mgr Bourdel, mais elle bouleverse la vie de ce vieillard de bientôt 87 ans, habitué depuis des décennies à la présence de Maurice et de Mariette. Qu’adviendra-t-il de lui à la nomination du successeur de Maurice à la cure
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de Prud’homme ? Mariette suivra-t-elle son frère à Saint-Paul ? Le choix du nouveau curé sera déterminant pour l’avenir du vieux prêtre. Il en discute avec Mariette et lui demande s’il ne lui répugnerait pas de rester avec eux, si Mgr Pierre était désigné comme curé, ce qu’il suggère à son évêque : « Je tiens à vous dire que c’est le choix qui me ferait le plus plaisir. » Ce prêtre d’origine française qui assumait alors le service pastoral des paroisses de Saint-Denis et de Vonda, n’avait pas de ménagère à son service. Mgr Pocock se rend au désir de l’octogénaire78. Son état de santé n’avait pas permis à Mgr Bourdel d’aller à Saint-Paul pour les cérémonies de la consécration. Le nouvel évêque s’était empressé de lui envoyer par télégramme une première bénédiction79. Quant à Mariette, c’est « un peu triste » qu’elle a fait le voyage de retour : « Mais sois sans crainte je suis bien résolue à tout accepter joyeusement et venant de la main de notre bon Père tout ce qui m’arrivera80. » Le nouveau curé, Mgr Pierre, revenu d’Europe à la fin de septembre est attendu dans la paroisse au début de novembre. Le premier contact de Mariette avec lui est agréable. Mgr Bourdel restera au presbytère et elle veillera sur lui. Le curé Pierre l’a invitée à continuer de faire les achats comme elle le faisait auparavant : « Je continuerai donc à faire de mon mieux, tout en le priant de me faire part de ses goûts81. » Grâce aux nouvelles que lui transmet Maurice, Mgr Bourdel peut suivre ses pérégrinations dans une région qu’il ne connaît pas. Et c’est les larmes aux yeux qu’il lira les mandements que lui fait parvenir son cher Maurice. Il jouit alors d’un regain de santé qu’il attribue au vin fortifiant qu’il prend depuis quatre mois, mais aussi au fait qu’il s’entend bien avec Mgr Pierre. Il peut encore célébrer et chanter la messe, prêcher et faire des causeries de vingt-cinq minutes aux novices des Filles de la Providence. Il regrette même de n’être pas allé à Saint-Paul et commence à dresser des plans pour s’y rendre à l’été 1949. Mais, un mois plus tard, le vieux prêtre éprouve un état de dépression semblable à celui dont il avait souffert en mai précédent, avec perte d’appétit et fatigue. L’état durera jusqu’à la fin de mars. En mai, l’oculiste lui prescrit des vitamines mais il perd l’œil droit. En juin, nouvelle détérioration de son état : il ne peut élever l’hostie et le calice à l’élévation, ni distribuer l’eucharistie et ses jambes flageolent. Il prie : « Mon Dieu, permettez que je puisse aller à Saint-Paul. » Le projet se réalisera en juin82. En 1950, un douloureux incident va inciter Mgr Bourdel à se réconcilier avec l’idée de quitter Prud’homme pour se retirer à Saint-Paul. À l’arrivée du curé Pierre, on avait aménagé pour ce dernier la chambre occupée par Norbert Baudoux jusqu’à son décès. Quand, en mars 1950, le curé décide de faire modifier la cuisine et d’isoler la maison – il est éreinté de devoir transporter du charbon –, il veut convertir la chambre occupée par Mgr Bourdel en une
278 IV. Évêque vaste cuisine chauffée au gaz. Quand ce dernier l’apprend, il n’en dort pas de la nuit et confie à Mariette en pleurant qu’il demande à Dieu de le reprendre le plus tôt possible. Mariette lui fait remarquer qu’il n’est pas obligé de rester à Prud’homme. Maurice serait heureux de l’avoir avec lui à Saint-Paul. « Parles-en à Maurice quand il viendra en avril », dit-il à Mariette83. Lorsqu’il apprend l’incident, Mgr Baudoux est bouleversé. Il écrit à sa sœur : « Je m’étais bien aperçu que Mgr Pierre songeait à faire des changements. Mais je ne savais pas qu’il fût si pressé. Et surtout qu’il n’en ait pas causé avec Mgr Bourdel avant. De tous ces changements, c’est surtout celui de sa chambre qui doit l’affecter le plus. Dis bien à Mgr Bourdel que je serai très heureux de l’avoir à Saint-Paul, soit à l’évêché, soit dans une petite maison que nous pourrions louer. J’ai toujours désiré qu’il vienne. Si je n’ai pas insisté, c’est uniquement parce que je comprenais qu’il lui serait dur de quitter Prud’homme. Et c’est encore pourquoi, prévoyant qu’il pourrait y avoir friction comme celle qui s’est produite, j’avais plutôt suggéré que lui et toi vous vous retiriez dans une maison à part. » Mais la véritable raison des hésitations de Mgr Bourdel, écrit Mariette, c’est la crainte que l’on ne dise – surtout parmi le clergé – que Mgr Pierre et lui n’ont pu s’entendre. Elle ne croit pas que le départ de Prud’homme lui sera pénible84. En attendant, Mariette a fait aménager pour Mgr Bourdel une chambre avec un lit confortable et plus élevé, au cas où il aurait besoin de soins. Mais le prêtre demande au docteur Schropp de lui réserver un lit à l’hôpital pour se reposer. À son retour le 14 juin, Mariette constate qu’il semble se plaire dans sa nouvelle chambre. À l’automne 1950, Mgr Bourdel confie à Mariette ses projets pour l’été suivant : « Il me charge de te dire qu’il est tout à fait décidé », mais il demande de garder cela secret. « Maintenant que ma décision est prise, je dis que votre volonté soit faite, et je vis à Saint-Paul. » Le 12 mars, il annonce à Mgr Pocock son intention de quitter Prud’homme au mois de juillet : « La santé de mademoiselle Baudoux ne lui permet plus de tenir un presbytère. Et, elle partant, je ne puis rester à la charge de Mgr Pierre, quand je suis à la veille de mourir. N’étant plus utile au diocèse, j’espère que vous ne ferez aucune difficulté pour me laisser partir. » Le 21 mars, lorsqu’il annonce son départ au curé Pierre, celui-ci lui apprend que, lors de son voyage en France, sa sœur lui avait offert de venir au Canada et qu’elle l’aurait accompagné s’il n’avait pas quitté Vonda85. Les arrangements sont faits et le départ est prévu pour le 30 juin. Joseph Poilièvre les conduira en auto à Saint-Paul. Maurice écrit à Mariette : « Si toi et Mgr Bourdel pensez souvent à Saint-Paul, moi aussi j’ai plaisir à penser au jour où nous serons de nouveau réunis ici. Même si je prévois que je ne pourrai pas vous donner énormément de temps. » Euphorique, Mgr Bourdel
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rêve d’aider Maurice, de chanter une messe de temps en temps. Alors que Mariette est à l’hôpital à Saskatoon pour y subir des tests, Maurice regrette de n’avoir pas le temps d’écrire à Mgr Bourdel. Alors que Mariette s’inquiète de n’avoir pas de nouvelles, Maurice reçoit un appel d’urgence : Mgr Bourdel est très malade. Il part immédiatement en auto avec Eddie Keen et arrive à Cudworth au début de la nuit. Le malade baisse au cours de la journée qui suit. Mgr Pocock et Mariette sont présents et peuvent recueillir ses dernières paroles. « He was like St. John, the beloved disciple, trying to impress on us that love is the only thing that matters », écrira Mgr Pocock à Mariette. Mgr Bourdel meurt à 21 h, le soir du 23 mai, à 88 ans86. Les funérailles ont lieu à Prud’homme le 26 mai, en présence d’une soixantaine de prêtres. Elles sont coprésidées par Mgr Baudoux et les abbés Grimard et Coursol. Le père Panhaleux prononce l’oraison funèbre. À regret, Maurice doit quitter le soir même pour des confirmations, une ordination et trois semaines de visites pastorales. « Offre bien la peine que tu as pour l’âme de Mgr Bourdel. Tu sais qu’il nous a bien recommandé de prier pour lui », écrit-il à sa sœur. Mgr Pocock dira qu’il n’a jamais rencontré personne faire face à la mort avec autant de sérénité. Pendant que Mariette fait l’inventaire des biens du disparu – Maurice est son exécuteur testamentaire –, les paroissiens ouvrent une souscription pour ériger un monument au curé fondateur de leur paroisse. L’initiative réjouit Maurice, mais fait jeter les hauts cris au curé Pierre lorsqu’il apprend qu’il en coûtera 1 200 $ ! Maurice donne ses directives à Mariette pour disposer des biens du disparu. Elle lui expédiera ses livres de comptes et ses pipes et donnera aux membres de sa famille, les Poilièvre, tous les objets personnels qui pourraient leur faire plaisir. Elle choisit une photo pour la carte mortuaire, et des copies de l’oraison funèbre seront envoyées à sa famille en France87. Nouveau déracinement Mariette quitte définitivement Prud’homme à la fin de juin 1951, après un nouveau séjour à l’hôpital de Saskatoon. Elle s’installe à Saint-Paul pendant que son frère reprend la ronde de ses engagements. Le 5e congrès du Conseil canadien de la coopération a lieu à Regina, et le congrès de l’ACELF à Ottawa. Des invitations pressantes sont faites à Maurice par Mgr Lemieux, R. Denis et d’autres responsables, pour aller « donner un peu d’enthousiasme » à des auditoires représentatifs. Tous s’entendent pour voir en lui « l’homme tout désigné par la Providence » pour les aider. Comment refuser88 ? Quand la jeune fille chargée de l’entretien de l’évêché de Saint-Paul doit quitter sa fonction, Mariette prend la relève et Maurice reprend la quête de personnel lorsqu’il se rend dans l’Est pour la réunion de la Conférence des
280 IV. Évêque évêques. Ces rencontres sont aussi une occasion pour lui de se tenir au courant des nouvelles publications théologiques. C’est ainsi qu’il demande à un prêtre des Missions étrangères de lui procurer la Théologie de l’apostolat que vient de publier l’évêque auxiliaire de Malines, Mgr Léo Suenens. À la fin de février, le délégué apostolique lui annonce son élection comme archevêque titulaire de Preslave, coadjuteur avec droit de succession et administrateur apostolique sede plena de l’archidiocèse de Saint-Boniface. La réaction ne se fait pas attendre89. Mgr Baudoux craint d’abord que le délégué ait mal interprété les réflexions qu’il lui avait faites sur la pauvreté du diocèse de Saint-Paul : Lorsque j’ai parlé de la pauvreté de mon diocèse, je n’ai jamais voulu me plaindre, mais uniquement mettre Votre Excellence au courant de la situation. J’aime la pauvreté et le travail qui s’impose pour trouver les ressources nécessaires pour y obvier. J’aime mes prêtres et mes diocésains de toute mon âme, comme j’ai aimé intensément mes paroissiens de Prud’homme et souffert une blessure qui n’a pas encore pu se cicatriser. Prud’homme était aussi une petite paroisse, où j’ai vécu pauvre90.
Il lui semble « risqué » de laisser à un autre la poursuite des travaux à longue échéance qu’il ne fait que commencer à réaliser. De plus, la tâche que représente le diocèse de Saint-Boniface lui paraît redoutable, tant en raison de sa « richesse d’histoire » qu’en « raison des malaises qui existent actuellement ». Aussi désire-t-il « ardemment rester et mourir à Saint-Paul ». – « Je sais, je me rends compte que je suis exigeant auprès de mes prêtres, tant au point de vue vie intérieure et aux moyens de l’acquérir, qu’au point de vue obéissance aux saintes lois de l’Église et du travail qui doit s’accomplir. Trop nuit, parfois. » Mais la décision sera maintenue et sa réponse sera : « Fiat ! Et que Dieu me soit en aide. » Il voudrait cependant disposer de trois semaines pour régler certaines questions, « en tant qu’évêque de Saint-Paul » : l’érection canonique des paroisses – les dernières dataient de 1915 – et le travail pour déterminer le territoire des paroisses qu’il poursuit « lentement, avec prudence » depuis 1949, lors de discussions avec les curés au cours des visites pastorales, et dont le projet a été accepté par les consulteurs diocésains les 25 et 26 février. Il voudrait pouvoir signer les décrets d’érection et de mutation, que les prêtres désirent voir en vigueur le plus tôt possible. Des règlements sont prêts à être promulgués concernant la dîme, le salaire des curés, la répartition de la dette diocésaine. Il a trois sujets à ordonner, et il tient aussi à donner suite au projet de fondation d’un monastère du Précieux-Sang, prévu pour juillet 1952. Il lui paraît convenable d’être à Saint-Paul jusqu’à Pâques pour consacrer les Saintes Huiles, et jusqu’après les confirmations à Montréal, un « moyen de subvenir aux besoins des œuvres diocésaines », car il ne veut pas « embarrasser son successeur d’un déficit ». Comme l’écrira Mariette à
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A. de Margerie, « ici, c’est comme autrefois, il faudrait quatre mains et deux têtes au moins pour arriver à tout faire, et encore91 ! » En janvier 1952, les rumeurs qui circulent au sujet de plusieurs évêques dont il faut préparer la succession font renaître l’inquiétude au sein de la communauté francophone. C’est Mgr Routhier qui tire le premier la sonnette d’alarme. Il redoute que Mgr Allen, parti en France pour se perfectionner en français, ne se prépare pour le siège de Saskatoon, alors qu’un candidat d’origine allemande serait mieux indiqué. Il craint aussi que Mgr Duprat ne demande comme coadjuteur un prêtre de faible santé mais surtout de peu de patriotisme, deux nominations qui risqueraient de compromettre « notre survie française ». À Edmonton, l’incompréhension et l’inaction de Mgr McDonald qui s’entête à refuser toute collaboration font redouter le pire. On attend en vain de lui une initiative auprès du gouvernement au sujet de la radio et des écoles. Mgr Baudoux partage ces craintes et ces espoirs. Sur le conseil de Mgr P.-É. Léger, Raymond Denis a rencontré le délégué apostolique qui l’a rassuré au sujet du siège de Prince-Albert92. Redoutant d’être mal reçu par l’archevêque d’Edmonton, Mgr Baudoux écrit au délégué apostolique pour le supplier de donner « un évêque sage mais entreprenant » à PrinceAlbert et un évêque d’origine allemande aux catholiques de Saskatchewan. La lutte pour les écoles catholiques, en Saskatchewan, a été inaugurée et menée principalement par les efforts conjugués des Allemands et des Canadiens français ; elle a été souvent paralysée par l’inertie et la « largeur de vues » de l’élément catholique de langue anglaise. Je pourrais illustrer cette vérité par tant de faits vécus ! Ce que j’ai constaté en Saskatchewan, je le déplore également en Alberta. Nous sommes menacés et Mgr l’Archevêque ne bouge pas malgré nos objurgations93.
Dès qu’il est nommé au siège de Saint-Boniface, Mgr Baudoux demande que son successeur soit nommé le plus tôt possible, et qu’il soit « du calibre de Mgr Routhier » pour que tous deux puissent travailler ensemble au bien religieux et national, face à la menace scolaire de l’heure. Il explique pourquoi il ne faudrait pas que ce soit un oblat : « Je n’entretiens aucune prévention vis-à-vis de cette Congrégation si méritante, au contraire. Mais leur départ de Saint-Paul, que le Provincial a en quelque sorte exigé, a laissé un malaise – par la faute sans doute de quelques-uns de la Congrégation, qui ont manqué de tact et de vérité. Cela s’apaise peu à peu, mais il en reste quelque chose. Il se renouvellerait si un Évêque oblat venait à me remplacer94. » Le 15 avril, en présence des consulteurs, Mgr Baudoux prend possession canonique, comme « administrateur apostolique, du diocèse de Saint-Paul à l’instar d’un vicaire capitulaire », jusqu’au jour où il aura assumé l’administration de SaintBoniface.
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Chapitre 9
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À Saint-Boniface, Manitoba (1952-1959) �
a nomination de Maurice Baudoux au siège épiscopal de Saint-Boniface suscite des réactions tout aussi favorables que lors de son accession au siège de Saint-Paul. Les premières viennent des prêtres de ce diocèse où l’évêque malade, Mgr Arthur Béliveau, avait eu deux coadjuteurs depuis près de deux décennies1. L’Osservatore Romano du 13 mars apprend la nouvelle aux abbés Antoine Hacault et Remi DeRoo aux études à Rome. Les vœux lui parviennent aussi d’amis, de Paris ou de Californie, de l’évêque de Namur qu’il avait connu lors des journées de la JOC à Montréal, de journalistes, de responsables de l’ACFEO, de prêtres, d’anciens confrères de collège qu’il retrouve dans l’exercice de leurs fonctions, comme l’abbé Aimé Decosse, directeur du Grand Séminaire de Saint-Boniface2. Il confie à son ami Émilien Levêque, aumônier militaire à Saint-Hubert : Dans mon cœur j’avais juré fidélité à mon Épouse de Saint-Paul. Et quand m’est arrivée ma nomination, j’ai résisté. Je pensais et redisais ce que saint François de Sales (je crois) disait, à peu près en ces termes : Quand on est marié à une pauvre femme, on est marié quand même et on l’aime éperdûment. Je n’en veux pas d’autre, fût-elle immensément plus riche. Mais ça n’a servi de rien. [...] Prie beaucoup pour moi. Mon tempérament va subir des assauts d’impatience, je le crains fort. À travers les lettres, je lis des angoisses, des désirs de solution de problèmes que je ne pourrai pas apporter de suite3.
À la mi-avril, Maurice annonce à sa sœur Mariette le programme de son arrivée à Saint-Boniface le mardi 2 juin, et lui demande d’en transmettre les détails au vicaire général Loranger. Elle fera route avec lui de Saint-Paul à Saint-Boniface : « J’ai demandé à Mgr Robert de s’informer au sujet d’un logis ou logement pour toi. Il comprend très bien mes désirs puisqu’il a ses parents tout près de l’Archevêché et va les voir fréquemment. [...] Comme je te l’ai déjà demandé, je voudrais bien que tu me fasses savoir si tu préfères tenir ton ménage et faire ta cuisine ou autrement. » Mariette est ravie de la suggestion de son frère :
284 IV. Évêque Quand tu m’as parlé de tenir ma maison, faire ma cuisine, etc., je n’y avais jamais songé et j’ai été quelque peu surprise ! En y réfléchissant cela me sourit beaucoup. J’aurais peut-être alors le bonheur de te recevoir et d’avoir un peu d’intimité de temps en temps. Je souhaiterais bien que ce ne soit pas trop loin de l’évêché car j’aimerais assister à ta messe et si possible pouvoir m’y rendre rapidement au cas où tu aurais besoin de quelque service. Il me reste, comme je te le disais, un peu de vaisselle et des casseroles de Nelly, j’aurais besoin de peu de chose et cela ne coûterait guère d’y pourvoir. J’ai aussi suffisamment de linge de maison. J’avais l’intention de donner tout cela à Edgard mais si j’en ai besoin je garderai ce qui me sera nécessaire4.
Mgr Baudoux pourra assumer l’administration du diocèse dès qu’il aura reçu les bulles à cet effet, tout en restant administrateur du diocèse de SaintPaul jusqu’à ce que son successeur en prenne la direction. Il pourra ainsi présider une dernière fois la retraite des prêtres, rencontrer ses consulteurs et mettre en application les décisions qui viennent d’être prises au sujet des paroisses. De retour de sa tournée de confirmations à Montréal, le nouvel évêque fait halte à Saint-Boniface le 29 avril pour un premier contact avec les prêtres et les religieux, avant de se rendre à Regina pour la consécration du nouvel évêque de Saskatoon, Mgr Klein, puis à Gravelbourg, le 1er juin pour l’inauguration du poste de radio5. L’arrivée à Saint-Boniface En avril, Mgr Baudoux avise Mgr Cabana qu’il doit être à Québec le 12 juin pour ordonner l’abbé Noël. Il participera ensuite au congrès de l’ACELF, où il recevra un doctorat honorifique ès lettres de l’Université Laval le 21 juin. Il fixera à la première semaine de juin la prise de possession officielle du diocèse. Le nouvel évêque tient à ce que « la chose se fasse bien simplement ». L’abbé Decosse l’informe des préparatifs en cours et le chancelier Joseph Robert lui envoie le programme prévu. Un groupe artistique veut lui rendre hommage en présentant l’opéra folklorique La rencontre dans l’escalier de Marius Benoist, maître de chapelle à la cathédrale. Le jésuite Ludger Guy l’invite aussi à accepter la présidence d’honneur avec Mgr Pocock, du Festival de la chanson française6. À Saint-Paul, Mariette met de l’ordre dans les affaires dont elle s’occupait, en particulier la vente des fils de tissage, et répond aux invitations des personnes qui tiennent à lui faire leurs adieux. À Saint-Boniface, elle logera dans deux petites chambres au 163 de la rue Masson, non loin des missionnaires oblates, avant d’aménager dans une résidence de la rue Hamel, voisine de celle des pères blancs d’Afrique7.
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Une délégation accueillera le nouvel évêque à la gare et l’accompagnera jusqu’à la cathédrale où le curé Léo Blais l’invitera à s’adresser à la foule. Il se rendra ensuite au Playhouse de Winnipeg pour le festival. Le lendemain, après la messe pontificale, il prendra le dîner avec les prêtres. Le nouveau venu n’ignore pas les tensions qui existent au sein du clergé. Quelqu’un de l’Est lui avait laissé entendre, confie-t-il à l’abbé Decosse, que les abbés J.-A. Sabourin, Antoine d’Eschambault et Adélard Couture, ostracisés sous l’administration de Mgr Cabana, s’attendraient à ce qu’il fasse « maison nette » et les rappelle à l’archevêché. Le nouveau venu regrette de lui avoir fait cette confidence quand l’abbé Decosse lui apprend qu’il a fait « une enquête discrète » auprès des prêtres après sa visite du 29 avril : J’espère bien qu’aucun membre du clergé ne verra d’un œil méchant le fait que ni l’abbé Sabourin ni l’abbé d’Eschambault ne seront là les 2 et 3 juin. Le premier, dont j’ai reçu hier une lettre datée du 10, a ses Quarante Heures et ne pourra arriver que pour le dîner au plus tard. Le second, dont je reçois une lettre ce soir, datée du 13, m’avise qu’il doit partir pour une réunion de la Commission des sites et monuments historiques qui se tiendra à Ottawa les 27-30 mai. J’ai déjà écrit une carte à l’abbé Sabourin que je ne m’offusquerai pas du tout de son absence, alors même que je la regretterai vivement. J’écrirai une carte semblable à l’abbé d’Eschambault tantôt.
Archevêché de Saint-Boniface
286 IV. Évêque Mais les choses ne devront pas en rester là, et il se propose de discuter des moyens de réfuter les accusations dont ils sont l’objet afin de les « réhabiliter en haut lieu8 ». L’accueil est chaleureux. « Jamais nouvelle n’a été si bien accueillie : votre nom était sur les lèvres tant du clergé que des laïcs dès l’annonce du départ de S. E. Mgr Cabana », lui écrit Maurice Prud’homme, greffier à l’hôtel de ville et organiste à la cathédrale. Les journaux signalent sa haute taille et son titre d’apôtre de la radio. À Saint-Paul, son absence crée un vide profond et ranime le prosélytisme des adversaires. Ce que lui écrit le vicaire général Loranger au lendemain de son départ témoigne de la place qu’il occupait et de son autorité : « Les conversations à la table sont peu animées ; je suis obligé de fermer toutes les issues le soir... Et même M. Giddies de la station [de chemin de fer] me dit : Our Friend has gone ; he was a good man. Une armée de témoins de Jéhovah importunait les passants, quelques heures après votre départ, et M. Rierson, franc-maçon, obtenait hier 81 voix à la Convention du Crédit social, alors que MM. Beaudry et Maurice ensemble n’avaient que 82 [voix]. Et puis, l’on demande votre signature sur cette carte bleue, pour me vendre une licence auto d’Alberta9. » Son successeur à Saint-Paul Le 9 juillet, Maurice Baudoux annonce au clergé du diocèse de SaintPaul que son successeur, Mgr Louis-Philippe Lussier, cssr, sera consacré à Sainte-Anne-de-Beaupré le 17 août. En dépit de la somme de travail que représente son initiation à ses nouvelles fonctions à Saint-Boniface, l’homme méticuleux et perfectionniste qu’il est met la dernière main aux projets qu’il ne veut pas laisser en plan en quittant Saint-Paul. Il rassure le directeur de l’école de Blue Quills, l’oblat Étienne Bernier-Rollande, inquiet de savoir si le nouvel évêque s’intéressera aux Indiens et aux Métis. « Vous nous avez habitués à une sollicitude toute spéciale, qu’il sera difficile de retrouver. » D’autres collaborateurs s’affairent aux dernières tâches qu’il leur a confiées. Le chancelier Lemelin supervise la compilation par Yves Lachance des états financiers du diocèse depuis sa création, pendant que l’abbé Gérard Bouchard poursuit les démarches auprès d’un institut séculier pour le service du diocèse10. À la fin de juillet, Mgr Baudoux revient à Saint-Paul pour la bénédiction du monastère du Précieux-Sang dont il a voulu la fondation. Après avoir participé le 15 août à Rimouski à la consécration de son voisin, le nouvel évêque de Hearst, Mgr Louis Lévesque, et à celle de son successeur le 17, il assiste à la prise de possession du diocèse de Fort William par Mgr Jennings. De retour à Saint-Boniface, il s’occupe de la consécration, le 28 août, du
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nouvel évêque de Prince-Albert, Mgr Léo Blais. Incapable de se rendre luimême à Edmonton, il demande au Dr Louis-Philippe Mousseau d’accueillir ou de faire accueillir Adrien Pouliot qui s’annonce pour une brève visite à Saint-Paul. Il est à ce point occupé qu’il en vient à se demander, comme il le confie à l’abbé Franklin Pothier, si la fébrilité ne tient pas à sa personne : « Vous êtes bienheureux de pouvoir jouir d’un peu de tranquillité. Il n’en est pas de même ici. Est-ce que cela fait partie de mon “ambiance” ? C’est à se le demander11. » Un tourbillon d’activités Après le sacre et le départ de Mgr Blais, Mgr Baudoux est happé par ses nouvelles activités. Son emploi du temps à l’automne 1952 illustre bien la diversité des événements qui le réclament : convocation des consulteurs diocésains, réunion du comité des bourses pour le collège, rencontre des assistantes d’Action catholique du diocèse. Il prend ensuite l’avion pour Edmonton où réside son frère Edgard, et va présider le 8 septembre une cérémonie de profession religieuse à Prud’homme où sa sœur Mariette est déjà rendue. Il est de retour à temps pour célébrer, à la cathédrale, la messe d’ouverture de l’année scolaire devant les 355 élèves du collège. Il entreprend une tournée de confirmations, donne une conférence et tire les conclusions de la journée sacerdotale, s’adresse aux petites sœurs de Jésus. Il profite des fêtes en l’honneur du couvent, de la nouvelle école Richard, et du jardin Langevin, pour souligner l’importance de la coopération entre parents et maîtres dans l’éducation des enfants. Il accueille Ferdinand Vandry venu pour les fêtes du 75e anniversaire de l’Université du Manitoba et reçoit AlphonseMarie Parent et E. LeBlanc, venus organiser le congrès de l’Association des éducateurs de langue française (ACELF) qui aura lieu à Saint-Boniface en 1953. À cela s’ajoutent des ordinations à Saint-Léon, la réunion de la Catholic Women’s League à Brandon, la convention des infirmières catholiques, la campagne en faveur de l’Hôpital de Saint-Boniface, le congrès de l’Association d’éducation des Canadiens français du Manitoba. C’est lui qui tire les conclusions lors des fêtes du 50e anniversaire de la Société historique du Manitoba, au cours desquelles Léo Brodeur a interprété la chanson des Métis composée par Louis Riel lorsqu’ils ont barré la route à McDougall en 1869. Le 28 décembre, on célèbre le 40e anniversaire de l’arrivée au Canada du premier évêque ukrainien12. En novembre, Mgr Baudoux est invité par le réalisateur Raymond Bernier à participer à la reprise de la saison radiophonique à CKSB. Le prolongement du réseau radiophonique français vers l’ouest du pays et l’inauguration du poste de Saskatoon le 30 novembre 1952 constituent, comme l’écrit
288 IV. Évêque O. Héroux dans Le Devoir, « le couronnement d’une grande œuvre », après vingt années de persévérance tenace. Il signe un texte, « Prenez votre essor ! », dans le programme souvenir de l’inauguration du poste CFNS de Saskatoon. Dans son allocution, il n’oublie pas de remercier les souscripteurs de l’Est, ce qui touche particulièrement les responsables, comme le lui écrit P.-É. Gosselin. En lui envoyant une photo prise à cette occasion alors qu’il entonnait le Te Deum, Madeleine Plouffe lui écrit comme il fait bon de « retremper son courage chez les minorités les plus persécutées ». Elle se dit d’autant plus comblée de travailler après lui à la cause française en Saskatchewan que son souvenir reste « attaché à chaque coin français de la province ». L’évêque accepte aussi de prononcer la première causerie à la radio du Comité de la survivance en provenance de l’Ouest, enregistrée le 6 décembre13. Au micro de CKSB
À Québec en 1952, avec le Comité de la survivance
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Les anciens collaborateurs de Mgr Baudoux continuent de solliciter son intervention en faveur de leurs projets. Mais les besoins de son propre diocèse l’obligeront à plus de réserve, comme il l’explique à A. Nadeau du collège Saint-Jean d’Edmonton. Il avait auparavant tenté en vain, avec Mgr Routhier, d’obtenir une aide de 50 000 $ du premier ministre du Québec, Maurice Duplessis, pour la construction de quatre classes. Il continue de s’intéresser à l’établissement rural et à l’immigration, soit pour attirer de nouvelles familles et des prêtres dans son diocèse ou dans un diocèse voisin, soit pour répondre à des demandes venues de l’étranger, une préoccupation que partagent aussi l’ACELF, l’Union catholique des cultivateurs et les Semaines sociales du Canada. En réponse à l’appel de Pie XII aux pays d’Amérique, on a créé à Saint-Boniface un service d’immigration dirigé par l’abbé Walter Szumski. Nombre de communautés de diverses origines ethniques, ukrainiens, polonais et autres, sont concernées par cette question qui, à Saint-Paul, en 1951, avait inspiré à Mgr Baudoux la publication d’un recueil de directives sur la discipline interrituelle à observer, qui servira aussi au Manitoba14. Après quatre mois d’intense activité pastorale et sociale, le nouvel évêque publie sa première lettre pastorale. Parmi les tâches qu’exigent les besoins actuels, il note l’intensification de la vie chrétienne par le recours aux moyens traditionnels, la prière et les sacrements, mais aussi l’urgence d’accepter une responsabilité d’Église au sein de l’Action catholique. Deux problèmes doivent vite trouver une solution : l’absence chronique de vocations sacerdotales et religieuses dans ce diocèse plus que centenaire où les deux cinquièmes des prêtres, religieux et religieuses viennent d’ailleurs, et l’apostolat laïque qui a du mal à s’implanter. La lettre se termine par un appel pressant à s’unir devant les forces du mal et à « faire la cohésion ». Au cours des années qui suivent, il mettra la main à d’autres chantiers qui réclament une action urgente : la question du collège et du juniorat, le grand séminaire, le petit séminaire indien, la catéchèse, la question des écoles et de l’éducation15. Leader des évêques de l’Ouest Une fois installé à Saint-Boniface, Mgr Baudoux se révèle en quelque sorte le leader naturel des évêques des diocèses français de l’Ouest, mais aussi leur conseiller et leur confident. Chez ces évêques une prise de conscience s’amorce concernant la nécessité de coordonner certaines activités pastorales, à commencer par la formation des prêtres. Ce leadership s’exerce d’abord au sein de la Conférence catholique canadienne (CCC), où il participe à toutes les réunions plénières mais aussi aux réunions du conseil d’administration dont il est membre depuis 1953, avant de succéder à Mgr Norbert Robichaud à la vice-présidence en 1955. C’est à lui qu’Edgar Larochelle s’adresse spon-
290 IV. Évêque tanément pour appuyer le projet d’étendre à tout le Canada français la Société des Missions étrangères du Québec. C’est aussi à lui que s’adresse Mgr Lussier pour obtenir du délégué apostolique, Mgr Panico, qui vient de succéder à Mgr Antoniutti, que Saint-Albert soit inclus dans le diocèse de Saint-Paul. Dès 1953, figure à l’ordre du jour de la rencontre des évêques français de l’Ouest la question de la coordination des sections Lacordaire, puis de celles des scouts, en 1957. On le consulte, comme le fera Mgr Routhier, qui veut s’inspirer de son rapport spirituel à Rome, ou Mgr Decosse, au sujet d’un séminariste16. C’est encore Maurice Baudoux qui sera le confident de Mgr Léo Blais qui éprouve des difficultés avec certains prêtres. Le délégué apostolique Panico prête l’oreille aux rumeurs voulant qu’il ait fait des démarches à Rome pour obtenir la démission de Mgr Blais, et soupçonne l’archevêque de Saint-Boniface d’en être l’auteur. Il lui reproche de « parler un peu trop » et lui conseille de s’occuper de son diocèse sans se mêler aux affaires des autres. Mgr Baudoux reçoit cette lettre comme un véritable « coup de massue ». Sa réponse illustre sa façon habituelle de gérer ses émotions. Il tient d’abord à « réprimer le tumulte » jeté en son âme, pour éviter de l’exprimer violemment dans sa lettre. Comme le délégué le lui avait suggéré, lui écrit-il, il a conseillé à Mgr Blais d’agir avec plus de prudence. Quant aux démarches attribuées au délégué – un « potin de mauvais goût » –, il déclare « ne point en être l’inventeur » et le prie « de daigner croire au témoignage de l’indigne successeur des apôtres que je suis17 ». Une pastorale rigoureuse En ces dernières années du pontificat de Pie XII, l’activité pastorale de Mgr Baudoux se déploie selon une ligne juridique rigoureusement traditionnelle, mais aussi dans une perspective d’ouverture et d’adaptation à la modernité. Le pape avait déjà mis en route une réforme de la liturgie que Mgr Baudoux voudra appliquer avec intelligence et ferveur. Mais les prescriptions canoniques lui imposent un carcan inflexible auquel il appelle les prêtres à se conformer. En juin 1954, il invite les curés à s’acquitter de l’obligation de la visite de leur paroisse dans le but de produire des statistiques exactes du nombre des catholiques. Les comptes rendus des années 1952 et 1953 ont permis de constater une augmentation de la population catholique qui est passée de 52 078 à 54 335. Il insiste aussi sur l’obligation de remettre à temps les quêtes commandées : « Il est humiliant pour l’archevêque de se faire rappeler par la délégation apostolique et par la CCC que le produit de certaines quêtes pontificales n’a pas encore été remis18. » Il se refusera cependant à sévir contre les retardataires, comme il l’écrit à l’abbé d’Eschambault :
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Insister davantage nuirait plutôt, car je constate que la volonté de l’évêque compte pour bien peu dans ce diocèse, en une foule de choses, et bien moins encore son désir. Il me faudrait sévir. Mais il y a bien d’autres domaines, plus directement de caractère religieux où il faudrait sévir. Trop de prêtres seraient affectés, et indirectement, les âmes. Devant tant d’apathie, de ruse, de mauvaise volonté, je préfère patienter, m’en remettre à Dieu19.
Avec Pie XII en 1954
Au décès de Mgr Béliveau, le 14 septembre 1955, Mgr Baudoux devient archevêque en titre. Il fait une tournée pastorale du 17 au 29 octobre et convoque, les 30 et 31 décembre, deux rencontres qu’il renouvellera par la suite chaque année, l’une avec les prêtres et les frères, l’autre avec les religieuses20. Ce sera l’occasion de faire le bilan pastoral de l’année écoulée. La réforme de la liturgie amorcée en 1951 devient bientôt obligatoire. Après avoir fait appel à l’indulgence de ses prêtres pour ses nombreuses faiblesses, il dévoile dans quel état d’esprit il remplit sa fonction : Je sais qu’on est très exigeant vis-à-vis de ses supérieurs, je comprends, je vous demande de bien vouloir l’être moins à l’avenir. Parce qu’en définitive, sans aucun mérite de ma part, sans l’avoir aucunement recherché, vous voudrez bien le penser, je suis et je puis vous dire que j’ai de la bonne volonté. Je vous
292 IV. Évêque aime par-dessus tout après Dieu. Ce que je vous demande en plus de votre indulgence, c’est votre collaboration. Non pas une obéissance uniquement disciplinaire. [...] Il faut quelque chose de plus, il faut la volonté, l’ardeur à faire ce que l’évêque prescrit et même ce qu’il désire21.
Mgr Baudoux multipliera les efforts pour assurer la formation continue des prêtres au moyen de la récollection sacerdotale mensuelle et de la retraite pastorale annuelle dont il assure parfois la prédication, ou qu’il confie à des prêtres compétents. Le programme de prédication qu’il propose à ses prêtres s’accompagne de la liste des ouvrages les plus récents, et des sessions d’étude offertes aux prêtres, comme celles de l’École des missionnaires d’action catholique et sociale à Lille. Il conseille la lecture de revues comme La Maison-Dieu, Liturgie et Vie chrétienne, La Revue eucharistique du clergé, et rappelle les enseignements des encycliques Mediator Dei et Musicae Sacrae. Il demande d’accorder désormais une plus grande importance à l’octave de prières pour l’unité chrétienne, dans une perspective de conversion, comme le voulait la mentalité de l’époque. En 1956, il propose d’utiliser le missel Legault-Fontaine et le Cérémonial de Nicole pour la Semaine sainte. Lors de la messe chrismale, les paroissiens sont invités à recevoir les huiles saintes pour les rapporter dans leur paroisse22. À l’été 1956, après mûre réflexion et maintes consultations, Mgr Baudoux procède à de nombreuses « translations et nominations » qui sont restées dans le souvenir des contemporains comme un « grand déménagement23 » ! Il s’inquiète des réactions de quelques-uns – certains se plaindront auprès du délégué apostolique – et leur donne les raisons pastorales de ces décisions : En effectuant les changements si nombreux et inusités que vous connaissez, je n’ai eu en vue que la gloire de Dieu, le salut des âmes, l’avantage des paroisses, le bien spirituel des prêtres concernés et celui des religieuses qui sont leurs auxiliaires si précieuses ; j’ai tenu compte de l’ordre d’âge, mais aussi des forces des prêtres, en relation avec l’importance des paroisses et avec les tâches à accomplir. [...] Par ma propre expérience, je sais comme il devient difficile de sortir du sillon qu’on a tracé lorsque le séjour dans la même paroisse se prolonge au-delà d’une dizaine d’années. Au contraire, une nouvelle paroisse est comme un champ neuf, dans la culture duquel on se garde de suivre les routines qui s’avèrent déficientes ou insuffisamment adaptées. Et on se sent plus libre de recourir à des méthodes d’apostolat auquel convie instamment le pape [...], que proposent des évêques particulièrement versés dans la matière (Suenens, dans L’Église en état de mission) et qu’étudient des centaines, voire des milliers de prêtres sous l’œil stimulant du S. Siège – comme à la Semaine d’adaptation pastorale de Gênes (1955) et au congrès de l’Union catholique de Versailles, Pastorale, œuvre commune (1956). N’est-il pas vrai, d’autre part, qu’un ferment missionnaire puissant s’insérerait dans tout notre diocèse si les quelque
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25 prêtres qui prennent charge d’une nouvelle cure se lançaient dans l’apostolat paroissial avec un esprit et un cœur nouveau24 ?
Il émettra des règlements pour l’uniformisation du tarif diocésain, les emprunts, les assurances et les placements, qui entreront en vigueur le 1er septembre. Le bilan qu’il présente à la fin de l’année 1956 fait état des progrès de la construction du grand séminaire, de la nomination d’un directeur diocésain, d’une équipe de la Confrérie de la doctrine chrétienne, de la création d’un forum pour les non-catholiques, de l’inauguration d’un centre d’information, et de l’accueil des réfugiés hongrois. Sa dernière recommandation porte sur la liturgie. Il faut arriver à « mieux comprendre ce que l’Église veut faire de cette participation du peuple à la liturgie et que nous ne cessions pas de travailler dans ce sens là ». D’où la nécessité de consulter les publications sur les mouvements de la liturgie25. Pour répondre à l’invitation du pape de profiter du carême pour « préparer les fidèles à bien comprendre les nouveaux rites de la Semaine sainte » pour « qu’ils participent avec intelligence et ferveur aux cérémonies », Mgr Baudoux invite les prêtres à assurer cette prédication dans leur paroisse. Lui-même fera le sermon quotidien à la messe de 21 h à la cathédrale, du 7 mars au 14 avril 1957. Il s’agit d’une courte instruction sur le sens de la Semaine sainte et de la montée vers Pâques dans laquelle il rappelle, à l’intention des réticents, que la liturgie n’a cessé de changer au cours des siècles. Il souligne le bien-fondé d’une évolution demandée par Pie X cinquante ans auparavant, pour redonner toute sa vérité aux rites et promouvoir la participation des fidèles. Pour se tenir lui-même à jour, il demande à certains prêtres aux études en Europe de bouquiner pour lui et de lui procurer les ouvrages les plus récents26. En juin 1958, lors de la retraite pastorale, Mgr Baudoux fait le point avec ses prêtres sur l’administration des sacrements et la tenue des statistiques. Ses interventions témoignent d’un légalisme méticuleux et intransigeant qu’il assume sans réserve. À Saint-Paul, leur dit-il, « c’était impossible d’avoir un servant à 6 h. J’ai dit : Mes sœurs, vous devrez en avoir un, puis c’est tout. Elles en ont eu un, ça été réglé. Elles se sont conformées à la loi. » Il ajoute : « Je souffre énormément quand j’arrive pour la visite pastorale de devoir donner les communions [avec des hosties] qui ont été consacrées à une messe précédente, comme si je n’étais pas capable de consacrer, moi27. » Le recrutement sacerdotal Mgr Baudoux avait pris l’habitude, à Saint-Paul, de ne pas limiter à son diocèse le souci du recrutement sacerdotal. Informé par Antonio de Margerie
294 IV. Évêque de la situation à Prud’homme, il y enverra un prêtre de Saint-Boniface. Il aura aussi maintes occasions de rendre service à des confrères évêques anglophones qui réclament un prêtre francophone. Ces changements se font toujours avec le souci de trouver, pour chaque prêtre, le milieu où il sera non seulement le plus utile, mais aussi le plus heureux. Il n’hésite pas à offrir à un évêque voisin, dont les besoins sont aussi importants que les siens, les services de l’un ou l’autre de ses prêtres ou à proposer un échange de prêtres28. Il répond comme suit à A. de Margerie qui lui a rapporté des propos témoignant de certains malentendus : Je n’ai jamais promis deux prêtres à Mgr Klein, ni à Mgr O’Neil. Je me suis fait l’interprète de ce dernier, ou plutôt son avocat, auprès de Mgr Roy, auquel Mgr O’Neil avait également attribué une promesse de deux prêtres, et de plusieurs autres évêques du Québec. Mgr Roy a nié qu’il avait fait une telle promesse, mais il m’a demandé si, le cas échéant, j’accepterais de recevoir des prêtres de son diocèse et en envoyer des miens dans les autres, craignant que les siens s’acclimateraient mal dans des diocèses anglais. [...] Si je n’ai jamais promis de prêtres, c’est pour la bonne raison que je n’en ai pas. Mgr Cabana a été obligé de donner des paroisses à des religieux de plusieurs communautés et, parmi celles-ci à des communautés étrangères dont les membres parlent à peine le français ou l’ont appris depuis qu’ils sont ici. Il a de plus cherché et obtenu quelques prêtres séculiers européens, dont un italien, un hollandais, des polonais, etc. Et cela, parce que ces paroisses n’avaient pas de prêtre. Depuis que je suis ici, j’ai poursuivi la même politique. J’ai pu faire revenir un de nos prêtres qui était en Californie, j’ai emprunté un religieux pour le placer comme vicaire avec un curé séculier et, à tout bout de champ, je suis sur les dents, suppliant telle ou telle communauté d’envoyer un prêtre remplacer un des miens, malade29.
Chaque voyage de Mgr Baudoux dans l’Est, dans l’Ontario et même en Europe, est une occasion de prononcer des causeries sur les vocations sacerdotales et de recueillir des fonds pour ses séminaristes. En janvier 1953, il ira au séminaire de Saint-Victor de Beauce afin de solliciter des candidats pour l’Ouest. Il n’est pas favorable au parachutage de prêtres étrangers auprès de leurs compatriotes, comme le révèle sa réponse à une consultation du délégué apostolique Panico : « Les prêtres étrangers qui viennent au pays exercer du ministère auprès de leurs nationaux à titre de juridiction exceptionnelle me semblent chercher à se soustraire à celle des Ordinaires du lieu, au détriment religieux de leurs nationaux, de tous les autres et de l’ensemble des catholiques. » Il paie lui-même les frais de scolarité de trois étudiants de Prud’homme au collège d’Edmonton et s’intéresse aux résultats d’étudiants en médecine à l’Université Laval. Il s’occupe aussi des enfants de son ancien collaborateur de l’ACFC, A. de Margerie. Son filleul, Paul, étudiant en musique à l’Uni-
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versité Laval, il le confie à la vigilance de son ami, A.-Marie Parent. Bernard est séminariste à Montréal, Monique étudie à Saint-Boniface et Yves à Kingston30. À Montréal, il fait des démarches au Séminaire des Saints-Apôtres, au séminaire de philosophie où se trouve Jean Papen, et au grand séminaire pour y rencontrer Bernard de Margerie. En janvier 1955, il se rend à Saint-Paul pour prononcer l’oraison funèbre de l’abbé Quirion, un prêtre qu’il avait recruté et qui vient d’être assassiné. L’éloge qu’il en fait sera publié par l’Œuvre des tracts sous le titre « L’abbé Quirion, héraut de la charité ». Il accueille un clerc de Saint-Viateur qui offre ses services pour l’Ouest. Lorsqu’il se rend au Québec pour des ordinations, il ne manque pas de visiter à Montréal deux candidats pour Saint-Boniface et deux autres pour l’Ouest. En 1956, il parle de vocation sacerdotale aux élèves des collèges à Sainte-Anne et à Montmagny et à ceux de l’École apostolique de Lévis. Décembre 1956 marque la fin de la deuxième session d’études sacerdotales et d’une tournée d’entretiens sur la vocation sacerdotale dans les paroisses par les professeurs et les ecclésiastiques du grand séminaire à l’occasion de la quête pour le grand séminaire. Quand Mgr Alexander Carter lui demande des prêtres bilingues pour son diocèse, il n’hésite pas à répondre favorablement31. La place des religieuses Les communautés religieuses font partie du paysage pastoral de SaintBoniface depuis les débuts du diocèse. Elles ont œuvré dans le champ de l’enseignement et du soin des malades. Ce sont les Sœurs grises arrivées en 1844, les sœurs des Saints-Noms-de-Jésus-et-de-Marie arrivées en 1874, ou les missionnaires oblates, fondées par Mgr Langevin en 1904. Mgr Baudoux sera de toutes les fêtes. Il compte sur elles pour des tâches précises, en particulier l’enseignement religieux et l’Action catholique. À l’automne 1952, il prend part aux fêtes de l’école Richard, et du jardin d’enfants Langevin. Chaque année, il perpétue la tradition établie en 1844 par Mgr Provencher et va célébrer la messe du 1er janvier chez les Sœurs grises. Il y amène sa sœur Mariette et son neveu Maurice Balcombe quand celui-ci est à Saint-Boniface. À l’occasion, il accepte de plaider, auprès de la supérieure provinciale, la cause du curé qui souhaite obtenir leurs services pour l’Hôpital de Sainte-Anne des Chênes. Il visite aussi les missionnaires oblates, il se rend auprès des malades et profite de l’occasion pour tenter de leur confier de nouvelles écoles. « Faites bien vos œuvres, leur conseille-t-il, et qu’en vous voyant agir on se fasse l’impression que vous êtes heureuses dans votre vocation. Et alors ce sera pour votre congrégation le meilleur moyen de recrutement. » Il préside aussi souvent les cérémonies de vêture, de profession et de jubilé32.
296 IV. Évêque Lorsqu’il constate que, sur les quelque 5 000 enfants privés d’enseignement religieux à l’école, 1 500 seulement sont inscrits au cours de catéchisme par correspondance, et que de ce nombre la moitié seulement ont suivi régulièrement les leçons en 1953, il confie aux missionnaires oblates la distribution et la correction de ces cours. Il prend part, avec les abbés DeRoo et Marchildon, au 3e congrès régional de la Confrérie de la doctrine chrétienne à Regina. Soucieux d’améliorer la pédagogie de cet enseignement, après avoir visité à Montréal l’exposition « Jeunesse ton avenir », il se procure auprès de Richard Joly les Jalons proposés par l’École de pédagogie et d’orientation de l’Université Laval. Lors de la rencontre avec les religieuses pour l’échange des vœux le 31 décembre, il les invite, à la suite de Pie XII, en 1953 et en 1954, à prier et à intensifier leur vie intérieure pour obtenir la paix dans le monde33. L’archevêque a bien compris aussi l’appel à l’adaptation lancé par Pie XII à toutes les communautés religieuses et leur demande de s’adapter à la vie actuelle. « Il est absolument essentiel, leur dit-il en 1955, que sans cesse vous changiez ce qui est nécessaire dans vos méthodes d’action » pour le bien des malades et le bien des jeunes, comme de ceux qui sont hospitalisés, jeunes filles ou vieillards. Il rassure celles qui craindraient que ce souci d’adaptation ne soit un danger d’oublier l’essentiel de leur vie religieuse et la quête de la perfection : « Non ! dit-il, à une condition toujours, c’est que dans cette adaptation » on n’oublie jamais le point principal qui est la gloire de Dieu et le salut des âmes, « car sans vie intérieure, il est absolument impossible de faire un apostolat qui soit surnaturel ». À partir de 1956, ses allocutions aux religieuses, aux prêtres et aux religieux sont à peu près identiques. Cette année-là, l’Institut Regina Mundi de Rome est érigé en institut pontifical, et il est invité à y envoyer des religieuses pour parfaire leur formation34. L’archevêque adresse aussi des directives à l’Association des instituteurs et aux religieuses qui font des études catéchétiques, sur le devoir d’enseigner le catéchisme. Chaque année, il s’adresse aux professeurs lors de la journée de catéchèse. Comme il assure lui-même le cours sur l’enseignement catéchétique au grand séminaire, il s’étonne qu’on ne se soit pas adressé à lui ou au grand séminaire pour se plaindre des méthodes d’enseignement utilisées par les séminaristes dans les écoles de la ville. Il juge la chose assez sérieuse pour confier au principal de l’école Provencher, le frère J. Bruns, le soin de l’informer de la nature exacte de ces plaintes. En septembre 1957, il prend part avec Mgr Léo Blais au congrès diocésain de catéchèse auquel participent plusieurs religieuses, et demande aux missionnaires oblates de déléguer deux religieuses au congrès catéchétique de Buffalo. Il a en main, en 1958, l’ouvrage de Marc Oraison sur les aspects psychologiques de l’éducation religieuse et s’abonne aux revues Bible et Terre sainte et Prêtre et apôtre35.
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Présent aussi à la vie interne des communautés religieuses, Mgr Baudoux préside des cérémonies de prise d’habit ou de profession religieuse et tente d’intéresser les religieuses à la vie diocésaine. Il convoque les assistantes générales des congrégations pour leur faire visiter le grand séminaire en 1955. Lors de la construction de la nouvelle maison provinciale des Sœurs grises, il tient à ce qu’il y ait une salle pour les retraites fermées dans cette maison. C’est lui qui, en septembre 1955, préside et fait la prédication à la messe solennelle marquant le centenaire de naissance de Mgr Langevin, dans la maison-chapelle des missionnaires oblates. En juin 1956, il bénit le département des épileptiques à l’hospice Taché, félicite la fondatrice, madame SaintAmant, de son dévouement auprès des enfants déficients mentaux, et les Sœurs grises d’avoir répondu à ses désirs. Une dernière fois, le 24 juillet, il célèbre la messe dans la vieille chapelle de la maison historique des Sœurs grises, avant le déménagement des sœurs âgées et malades, et procède à la bénédiction de l’extérieur de la nouvelle chapelle. Il autorisera par la suite une souscription pour son ameublement. Chez les missionnaires oblates, il présidera aux funérailles de l’une des fondatrices, mère Marie-Saint-Viateur, Ida Lafricain, qui avait été la compagne de Délia Tétreault, fondatrice des missionnaires de l’Immaculée-Conception. Il présidera en juillet 1957 à l’ouverture officielle et à la bénédiction de la chapelle de leur nouvelle maison mère36. En octobre 1957, l’archevêque désigne l’abbé Maurice Deniset-Bernier comme directeur diocésain des religieuses. Le sulpicien Gaston Aubry lui succédera deux ans plus tard. Ses exigences à leur égard sont aussi rigoureuses que pour les prêtres et il doit tout contrôler. Toute invitation à un prêtre doit lui être soumise, comme le rappelle le chancelier à la supérieur provinciale des Sœurs grises : « Il désire ainsi de plus en plus travailler au plus grand avantage des religieuses de son diocèse. » Lorsqu’il visite les missionnaires oblates le 3 janvier 1958, et leur demande de prier pour l’Amérique latine, il n’oublie pas de les remercier d’avoir accepté d’organiser le catéchisme par correspondance, les cours catéchétiques d’été et d’aider à l’Action catholique. Il visite la salle de catéchisme et quelques pièces de la nouvelle maison. C’est dans leur chapelle qu’il confirmera plus tard des enfants de langue anglaise de St. John Fisher et du jardin Langevin37. L’Action catholique38 Le 3 janvier 1953, Mgr Baudoux donne à l’ensemble des éducateurs des directives précises au sujet de l’Action catholique. Mgr Yelle l’avait implantée dans le diocèse sous la forme de la JEC, de la JAC, de la JOC et de la Croisade eucharistique. Il veut ainsi venir à bout des réticences de certains milieux
298 IV. Évêque d’éducation. Les précisions qu’il donne sont telles « que jamais on ne puisse se méprendre sur sa pensée » au sujet de ces mouvements dont Pie XII souhaite un « puissant réveil », grâce au programme que tous les diocèses sont invités à adopter. L’heure n’est donc ni à la discussion ni à la recherche de nouveaux principes, mais à l’action. L’action catholique est le « moyen par excellence et particulièrement adapté aux temps modernes pour refaire le monde et le ramener au Christ ». Elle fait partie du ministère pastoral des prêtres, elle est « quelque chose de la vie chrétienne » et les curés, vicaires, professeurs et religieuses ont l’obligation « de se donner entièrement à ce ministère si précieux ». L’évêque précise que « c’est une faute, et une faute grave, d’y mettre obstacle ». On n’a « pas le droit de se servir d’autres méthodes sans un recours spécial à l’autorité diocésaine ». Ces mouvements peuvent insuffler un esprit nouveau, beaucoup plus authentique, à la vie chrétienne et à la poursuite de la perfection. L’évêque est aussi convaincu qu’il faut respecter le cheminement progressif des jeunes, et « qu’on ne révolutionne pas une âme, un être, une personnalité du jour au lendemain39 ». Ces directives vont se heurter à une forte réticence au collège de SaintBoniface. Habitués à promouvoir leurs propres associations, les jésuites répugnent à accepter ces mouvements. En novembre 1952, le provincial Pouliot avait découragé la création d’une troupe scoute au collège, mais il avait consenti à ce que le recteur s’occupe de la troupe de la cathédrale. Deux années auparavant, un groupe de jeunes Franco-Manitobains avait été formé au collège. Au lendemain du premier congrès général de l’Association catholique de la jeunesse canadienne-française qui entend « renouveler et continuer les traditions de l’ACJC », le président général avait invité les mouvements du Manitoba à s’y joindre, mais le responsable, Ludger Guy, avait conseillé d’attendre. Un an plus tard, un autre jésuite, Louis Telmosse, propagandiste des Ligues du Sacré-Cœur, vient fonder à Saint-Boniface une petite Ligue du Sacré-Cœur dans six paroisses désignées, et recrute près de 200 adeptes. Au terme de son séjour, il écrit à l’évêque que la présence d’un mouvement d’adultes lui paraît essentielle pour accueillir ces jeunes devenus adultes. D’une longue conversation avec l’évêque, le recteur D’Auteuil Richard retient qu’il « reproche au collège de s’être tenu toujours plus ou moins en marge de l’Action catholique officielle diocésaine40 ». Contrairement aux oblats à qui le supérieur général Deschâtets demande en 1955 de se mettre au service du diocèse et de ne s’occuper que des œuvres que leur confie l’évêque, les jésuites seront toujours réticents à donner suite à ses demandes, que ce soit pour assurer le service dominical à la paroisse Holy Cross ou pour confesser les religieuses, ou tout simplement pour le service du sanctuaire par les élèves externes, comme cela se fait dans toutes les paroisses de la ville. Même si elle ne se fait pas ouvertement, la lutte de
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pouvoir est vive entre les clergés séculier et régulier. En septembre 1956, le recteur se plaint auprès du vice-provincial de la « mentalité » de l’archevêque qui a nommé un jésuite comme confesseur ordinaire des religieuses. En arrivant, lui écrit-il, Mgr Baudoux, « comme pour confier aux séculiers les postes de commande », remplaça le père Sabourin par un prêtre du diocèse. Par la suite, manquant de confesseurs parmi les prêtres séculiers, il lui aurait dit au téléphone : « Les oblats font leur part, les séculiers font leur part, il faudrait bien que les jésuites assument leur part du travail à faire dans le diocèse. » Lorsqu’il lui a répondu que cette fonction était contre leurs constitutions, l’archevêque aurait répondu qu’il fallait s’adapter et changer ces constitutions. En 1958, les relations avec l’archevêque se sont améliorées. Le provincial Goulet écrit au recteur : « Nous avons permission d’être confesseurs ordinaires des sœurs, selon les demandes de Son Excellence. Je vous dis cela ad pacem conscientiae. Il faut continuer le régime actuel, comme vous le disiez si bien, sans découvrir toutes nos batteries41. » Mgr Baudoux demande aux anciens directeurs de l’Action catholique, les abbés Adélard Couture (1937 à 1947), et David Roy (1949 à 1953), un rapport sur la situation qu’ils ont connue. Le premier confirme que les efforts faits auprès des autorités et des aumôniers du collège n’ont jamais donné de résultats tangibles. Deux conceptions de l’action catholique s’affrontent. On récuse l’idée de participation et l’on parle de collaboration, comme dans les congrégations mariales. « Les RR PP Jésuites semblent avoir une vraie répugnance pour la méthode des mouvements spécialisés, i.e. du militant véritable qui travaille sur la volonté de ses équipiers ou amis. Pour eux, il faut que ce soit le professeur qui fasse tout et donne des leçons42. » Quant au deuxième, la seule fois où il a été invité à assister à une réunion organisée par la JEC au collège, c’est à la demande des élèves. L’ensemble du personnel ne s’y intéresse pas, et seuls les pères Hardy et Belcourt croient en sa valeur éducative pour former les élèves à une mentalité apostolique. « Nous avons les congrégations mariales et cela suffit », avait dit le recteur d’alors. Une entente avec le préfet de discipline a toutefois permis de faciliter l’accès au scoutisme des jeunes de la ville. « L’esprit de service qui commande l’activité d’un chef, écrit-il, ne se trouve pas facilement dans une mentalité faite d’ambition individualiste », et les conséquences s’en font sentir sur les vocations sacerdotales. Cette attitude a aussi ses répercussions à l’extérieur. Les anciens élèves ne s’intéresseront pas aux œuvres apostoliques et sociales auxquelles ils n’ont pas été formés. Certains jésuites accusent l’action catholique de ne pas faire de patriotisme et l’un d’eux n’a pas hésité à suggérer d’encourager plutôt un autre mouvement, la Jeunesse franco-manitobaine. Ces propos en troubleront plusieurs43.
300 IV. Évêque Le responsable actuel de l’Action catholique, l’abbé R. DeRoo, fait sa propre enquête auprès des dirigeants de la JEC au collège. Le mouvement n’y serait que « toléré » et on n’a pas alloué de local de réunion à la vingtaine d’élèves qui en font partie. L’attitude des pères leur impose une distance qui leur vaut d’être taxés de snobisme. La JEC vit ainsi dans une atmosphère de tension et d’hypercritique. Le système d’éducation en vigueur chez les jésuites résiste à la compréhension du mouvement. Leurs efforts de recrutement auprès des élèves les plus intelligents et les plus dociles se font au profit de leurs propres mouvements, congrégation mariale, cadets du Sacré-Cœur, JFM. Ils se méfient d’un mouvement à base d’enquête qui n’a pas fait ses preuves, et sont loin de considérer comme une marque de vraie personnalité la capacité d’assumer une responsabilité personnelle. Dans ces conditions, l’abbé DeRoo propose de s’en tenir aux institutions où le mouvement a été accueilli avec sympathie, comme l’école Provencher et la Maison Saint-Joseph d’Otterburne44. Pour convaincre les éducateurs, Mgr Baudoux invite les responsables nationaux qui viennent d’être mandatés par les évêques du Canada. Des journées d’action catholique pour la JEC ont lieu les 3 et 4 janvier pour 175 éducateurs et éducatrices. Du 2 au 18 janvier, l’évêque invite dans le diocèse l’aumônier national de la JAC, A. Poulin, c.s.v., et les présidents nationaux, Léo Vigneault et Rolande Lefebvre, pour animer une journée d’études le 14 janvier. Deux journées d’étude ont aussi lieu en avril pour 80 jeunes de la JAC, ainsi qu’une semaine de la fierté rurale. En juin, il recevra une copie de L’Appel à l’action rurale préparé par les aumôniers nationaux45. En juillet 1953, les responsables de la JEC, le père Maurice Lafond, c.s.c., de Montréal et sœur Gabriel Lallemant d’Ottawa, donnent un cours d’Action catholique à Saint-Norbert, à près de cent religieuses de douze communautés. Mgr Baudoux célèbre une messe solennelle à l’auditorium et prend la parole. Il déjeune ensuite avec les élèves et les religieuses et les incite fortement à s’engager dans l’Action catholique. Une autre journée d’étude est offerte en octobre 1953. Chaque école devrait pouvoir se doter d’une section de la Croisade eucharistique, destinée aux plus jeunes46. Des responsables nationaux comme Claude Ryan, Mgr Laurent Morin et l’abbé Demers tenteront aussi d’aider à résoudre les problèmes de l’action catholique au Manitoba. Quand Marie-Paule Arbez quitte la JEC diocésaine en 1954, elle témoigne que le mouvement a fait un progrès remarquable, « surtout depuis la fondation du comité d’assistantes diocésaines et du stage de l’an dernier à Saint-Norbert ». Toujours à l’affût des nouvelles publications pour alimenter sa pratique pastorale, Mgr Baudoux se met aussi en relation avec les secrétariats d’Action catholique des pays d’Europe. C’est ainsi qu’il
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reçoit en mars 1955 la version française des mandements des évêques hollandais publiés sous le titre Le catholique dans la vie publique actuelle. Une journée d’Action catholique est organisée pour les dirigeants et les prêtres en janvier et en février 1955 et, un an plus tard, c’est au tour des institutrices de participer à une rencontre semblable47. En prévision du stage à l’intention des religieuses à l’été 1957, l’archevêque obtient l’aide de l’aumônier national des mouvements d’Action catholique spécialisés. L’abbé Aganier, qui vient d’animer avec succès une session à Ottawa, serait disposé à se rendre à Saint-Boniface. Une offensive apostolique est livrée au mois d’août 1957 : le congrès d’Action catholique étudiante du 2 au 4 août, une session de formation pour les assistantes religieuses de JEC animée par l’archevêque, H. Aganier, L. Bouvier et sœur Gabriel Lallemant, et une journée pour les prêtres responsables du mouvement. Chaque été, des cours permettent d’étudier le programme48. Colonisation et immigration Pendant la guerre, alors que l’immigration s’intensifie au pays, la colonisation devient une question sociale cruciale. C’est le thème abordé en avril 1944 par la Semaine sociale du Canada. En août, Roger Duhamel anime « L’aide à la colonisation », un mouvement qui vient d’être fondé à Montréal. Son objectif est de préparer « les programmes de colonisation d’après-guerre par l’utilisation de toutes les ressources naturelles capables de se prêter à des établissements industriels ». Il s’agit d’un programme de « réhabilitation économique et sociale ». En 1946, les évêques du Québec vont publier une lettre pastorale sur le sujet49. À Saint-Boniface comme à Saint-Paul, les questions de colonisation, d’établissement rural, de développement et d’immigration se posent avec acuité. En raison du déficit de la population francophone provoqué par l’afflux d’une immigration multiethnique, les responsables politiques et religieux tentent, dans les années 1950, de favoriser l’établissement de familles canadiennes-françaises et catholiques dans les villages et les villes où la population risque de devenir minoritaire. L’établissement rural est un corollaire de l’immigration récente, comme l’exposent des conférenciers du CNR au poste de radio montréalais CKAC. Mgr Baudoux tente de faire partager cette préoccupation à ses prêtres lors des retraites ecclésiastiques en 1952. En 1953, il invite les abbés Gérard Bouchard, Émile Couture et Adhémar Couture à donner les premières retraites sociales dans son diocèse. Le sujet est repris lors d’une journée d’étude avec le chanoine Malouin, puis avec l’équipe de la JAC. Des retraites semblables seront suivies par 37 femmes et 52 hommes venus de seize paroisses. L’archevêque suit aussi attentivement le rapport
302 IV. Évêque d’assistance aux cours donnés dans son diocèse par la Société canadienne d’établissement rural (SCER), convaincu qu’il est du lien qui existe entre la perte de la foi et la perte de la langue. Il diffuse les textes publiés dans le bulletin d’étude L’Appel par l’Action rurale de Saint-Paul. Il accepte l’invitation de Félix-Antoine Savard, de Saint-Joseph-de-la-Rive, à prononcer en octobre des conférences aux colonisateurs50. Mgr Baudoux est membre de la SCER qui soumet un mémoire à l’épiscopat du Canada français. Cette société qui, depuis 1949, a réussi à orienter des Canadiens français vers les diocèses de Hearst, Saint-Paul et Grouard, organise une réunion régionale à Nicolet du 20 au 22 juin pour mettre au point sa technique de recrutement et d’accueil. Pour l’ouverture de ces assises, Mgr Baudoux est invité à témoigner de son expérience. Il continue à collaborer avec l’abbé Bouchard de Saint-Paul, qui lui soumet un texte pour le premier numéro du Bulletin de l’Action rurale de Saint-Paul qui publiera en septembre le premier « Cahier d’établissement rural ». Des Belges de Manage lui demandent de les aider à s’installer au Canada. Avec l’appui du cardinal Feltin de Paris, le père Poirier, du Mouvement familial rural d’Antony, Seine, annonce sa venue en octobre pour étudier sur place les conditions d’une émigration rurale en Amérique. On lui transmet une demande adressée aux évêques en 1955 par le fondateur de l’École paysanne en France, venu pour préparer à Québec le troisième congrès international de ce mouvement qui travaille déjà avec l’agronome Georges Michaud pour organiser les Foyers de la jeunesse agricole. Ce travail ressemble à celui que fait J.-C. Magnan depuis 1938 au ministère de l’Agriculture du Québec. On veut aussi libérer le monde rural de l’envahissement du communisme qui a tenu à Vienne, en décembre 1954, une rencontre internationale de la jeunesse rurale avec des représentants de cinquante pays51. En mai 1954, Mgr Baudoux ouvre à La Broquerie la semaine de la Fierté rurale que la JAC organise pour la dixième année. L’évêque prend aussi la parole à cette occasion sur les ondes de CKSB. En 1955, la SCER lui transmet les rapports des deux familles du diocèse de Saint-Boniface qui ont participé à l’enquête sociologique faite dans 51 paroisses du Canada français représentant 10 000 familles. Une étude semblable sera faite en Saskatchewan avec la collaboration de l’ACFC. Deux mois plus tard, il reçoit le rapport statistique du programme d’immigration lancé par la SCER pour les années 1952 à 1955. La conférence des évêques du Canada accorde une subvention de 1 000 $ à son diocèse à des fins d’immigration, une aide qui se répète pendant quelques années. Il devra faire rapport des services rendus en ce domaine durant l’année écoulée et des besoins pour l’année 1955-195652.
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En janvier 1956, à la demande du cardinal Léger, président de la Commission épiscopale pour l’immigration, le délégué apostolique Panico demande aux évêques catholiques du Canada de former un comité d’évêques pour recueillir les observations de ceux d’entre eux qui vivent des problèmes d’immigration. Armand Malouin, de la SCER, annonce sa venue dans l’Ouest en avril avec l’abbé Mulvihill, pour un voyage d’études et de rencontres sur la question de la défection de la foi chez les immigrants. La SCER obtient du ministère de la Citoyenneté et de l’Immigration d’Ottawa des prêts de voyage pour favoriser la réunion des familles d’immigrants et fera l’acquisition en 1960 du mensuel La Voix nationale. L’excursion Liaison rurale 1956, organisée avec la collaboration des Chemins de fer nationaux, se rend à SaintBoniface au mois d’août. Le responsable, Norbert Préfontaine, en fait l’annonce à CKAC le 16 juin, et se propose de faire visiter les institutions catholiques françaises de la ville53. En décembre 1959, le président de la Commission épiscopale pour l’immigration de la CCC demande aux organismes diocésains et paroissiaux d’accueillir les réfugiés hongrois, majoritairement catholiques, qui arriveront bientôt à Winnipeg. Le Conseil canadien du bien-être confie ces 400 réfugiés au Conseil des œuvres catholiques et le ministère de la Citoyenneté souligne la collaboration de l’Église catholique romaine. Cette collaboration ne s’est pas faite sans peine. Le prêtre salésien qui accompagne le groupe de Gênes à Montréal rapporte que des dissensions étaient survenues quand certains ont reconnu dans leur groupe un grand nombre de juifs employés par le pouvoir communiste au sein de la police politique ; ils avaient réussi à s’enregistrer comme catholiques et à obtenir des privilèges refusés aux autres. L’archevêque recevra l’énoncé des principes d’action sociale rurale élaborés par une équipe d’hommes intéressés à la vie rurale, membres de la Société d’études rurales présidée par Albert Rioux54. Le collège-séminaire de Saint-Boniface Après l’incendie du collège en 1922, Mgr Béliveau avait retiré les prêtres diocésains du séminaire et remis la propriété de l’édifice à la Corporation du collège de Saint-Boniface55. Dans l’esprit de l’évêque, le collège tenait lieu désormais de petit séminaire, ce que confirmera son coadjuteur, Mgr Yelle, le 4 mai 1940, en présentant le « collège-séminaire » comme « le seul centre de recrutement sacerdotal et de préparation au grand séminaire pour le diocèse de Saint-Boniface ». En 1943, ce sont des questions financières qui font l’objet des échanges entre le provincial Antonio Dragon et le nouveau coadjuteur Mgr Georges Cabana. À ces questions s’ajoute le problème soulevé lors
304 IV. Évêque du recrutement des élèves, en raison du « marchandage des prix » entre le collège et le juniorat des pères oblats56. La question du statut du collège va refaire surface le 4 avril 1951, après que Mgr Cabana eut remis au recteur Georges Desjardins le questionnaire reçu de Rome au sujet des séminaires. Si la réponse du recteur est claire : « Nous ne sommes pas, au sens canonique, un petit séminaire, mais bien un collège », la réplique de l’évêque ne l’est pas moins : « Et demain, je ferai la visite canonique. » Après la visite qu’il avait faite le 3 novembre 1938, Mgr Yelle avait discuté avec l’assistant général Dugré, à Rome, d’une convention à signer concernant le statut du collège. Ce dernier croit avoir convaincu l’évêque qu’il ne fallait pas chercher à faire prendre le collège pour un séminaire. « Que Mgr le présente tel qu’il est et qu’il laisse entendre que, quand les circonstances s’y prêteront, il ouvrira un petit séminaire proprement dit. Je crois que c’est la meilleure attitude. » La convention signée le 9 mai 1939 reconnaît que le but principal du collège est « de donner l’enseignement classique, en vue du recrutement sacerdotal diocésain et de la formation d’une classe dirigeante de catholiques instruits ». Ce rappel des ententes passées ne réussit pas à convaincre Mgr Cabana. Il estime qu’il est « de sa juridiction et de son devoir de conscience de faire la visite canonique de toutes les maisons religieuses de son diocèse ». Puis il déclare qu’il se renseignera avant de la faire. De son côté, le supérieur provincial Léon Pouliot consulte des canonistes qui lui confirment que l’évêque n’a le droit, comme président de la Corporation du collège, que « de faire la visite des livres de la Procure ». L’évêque estime qu’une telle interprétation rend sa situation difficile et l’obligera, pour répondre aux directives de la Congrégation des séminaires et universités, à lui envoyer tous ses documents pour savoir ce qu’il devra faire57. Les lettres échangées en mai 1951 entre le provincial et l’évêque ne parviennent pas à dissiper le malentendu ente les deux parties au sujet de la convention de 1939. Quand l’évêque décline l’invitation du recteur D’Auteuil Richard pour la Saint-Ignace, ce dernier rattache cette attitude à sa conception du « rôle quasi suprême de l’évêque dans le diocèse », un point de vue dont il entretient souvent ses séminaristes, ce qui lui rend difficile de comprendre la notion juridique de l’exemption des religieux. « Le fait que le collège, ici, appartienne au diocèse complique encore davantage l’intelligence de l’exemption. » Le père Pouliot lui répond que puisque Mgr Cabana a porté le problème de la visite canonique devant le tribunal de la Congrégation romaine dont il attend une ligne de conduite, et « puisque le T.R.P. général a reconnu que nous étions exempts, il faut nous garder de poser des gestes qui préjugeraient la décision finale ». À la mi-août, le recteur découvre que l’évêque s’était mis en tête que le supérieur provincial ne voulait pas qu’il vienne au collège. « C’est à cause de cette malheureuse interprétation qu’il a cru devoir décliner
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l’invitation de prendre le dîner de la Saint-Ignace avec nous. » Il se propose de l’inviter à célébrer la messe du Saint-Esprit, « le point technique de l’exemption étant hors de cause et sous considération en haut lieu58 ». La réponse arrive le 18 août. Le délégué apostolique Antoniutti écrit au supérieur provincial Pouliot : « Au nom de la S. C. des Séminaires j’ai fait savoir à S. E. Mgr G. Cabana qu’il doit accomplir, aussitôt que possible, la visite canonique au collège-séminaire de cette ville pour envoyer ensuite le rapport triennal au Saint-Siège. » Dès qu’il est informé de cette décision, le recteur D’Auteuil Richard invite l’évêque à choisir la date de la visite. Ce dernier lui a « donné l’impression de croire que l’affaire portée à Rome par lui était définitivement réglée en sa faveur et s’est annoncé pour le 30 août ». Quant aux rabais consentis par le collège en faveur des élèves du juniorat des oblats, les documents d’archives témoignent qu’ils l’ont toujours été par gracieuseté, charité et faveur. Ce sera du bon matériel pour l’offensive prévue pour l’an prochain afin de les amener à payer les mêmes frais que les externes59. La question semble réglée quand, le 13 septembre, Mgr Cabana fait la visite canonique du collège, soupe avec la communauté et revient le lendemain sans manifester le désir de parler à la communauté ou aux élèves. Le recteur écrit : « Nous avons naturellement ignoré la question technique de l’opportunité d’une visite canonique à notre collège, la question étant complètement en dehors de notre ressort. » L’évêque verra à faire renouveler pour cinq ans l’octroi annuel de 10 000 $ du gouvernement du Québec. Il s’est informé des vocations et a causé de l’œuvre des bourses dont il veut favoriser l’expansion. « Nous avons aussi parlé de nos relations avec le juniorat, des problèmes que pose sa présence et ses méthodes de recrutement. Je ne crois pas que Mgr intervienne comme son prédécesseur, Mgr Yelle, se proposait, dit-on, de le faire. Au moins est-il bien au fait de la question60. » Si la question semble réglée, les autorités se demandent pour combien de temps. Le supérieur provincial croit qu’elle pourrait se poser de nouveau dans trois ans. Pour éviter d’autres événements pénibles, il compte sur la prudence du recteur D’Auteuil Richard pour obtenir, « sur place et sans intervention directe » de sa part, le respect des privilèges de la Compagnie de Jésus. « En fin de janvier, écrit le rédacteur des Cloches de Saint-Boniface dans la livraison de mars-avril, nous apprenions avec surprise » que S. E. Mgr Cabana sera remplacé par Mgr Baudoux. Mgr Cabana est nommé à Sherbrooke et Mgr Baudoux accepte de prendre possession de l’administration du diocèse dans la première semaine de juin. Il fera un arrêt à Saint-Boniface le 29 avril, au retour des confirmations à Montréal61.
306 IV. Évêque En mars, le recteur du collège, Jean D’Auteuil Richard, transmet à son supérieur provincial, Léon Pouliot, les premières impressions du milieu à cette nouvelle : Généralement, on s’en réjouit partout, au collège en particulier. Il ne faudrait pas croire cependant que tout ira tout seul. C’est un homme assez autoritaire, assez rapproché des idées du cardinal Mercier sur le clergé séculier, à ce qu’on me dit. Comment considérera-t-il notre problème particulier d’exemption ? Mais notre consolation est que c’est un homme avec qui on peut discuter froidement et au mérite.
Comme c’est un ami personnel, il espère que tout ira « aussi bien que possible quant au collège ». Son entrevue d’une demi-heure avec le nouveau pasteur, le 29 avril, a été « extrêmement sympathique ». Le nouvel évêque compte donner suite au projet de Mgr Cabana de retirer les deux jeunes prêtres enseignant au collège depuis deux ans, et suggère de les remplacer par des laïcs62. En mai, le recteur et le provincial discutent stratégie. Le premier doute de la possibilité de commencer par évoquer un privilège de la Société, et le second conseille d’éviter de « violenter la rigidité canonique de Mgr Baudoux ». Il a appris à Sudbury que les oblats « ont trouvé dur le gouvernement de Mgr Baudoux à Saint-Paul » et que certains anciens élèves aujourd’hui oblats ne sont pas fâchés de le voir partir. « Quel sera son comportement envers les oblats de Saint-Boniface ? Et envers nous ? Je sais que vous saurez veiller au grain. » Sachant l’évêque retenu par une multitude de problèmes, le recteur ne veut pas précipiter son initiation à ceux du collège ! Au cours d’une longue conversation de deux heures, ils ont abordé la question du juniorat des oblats. L’archevêque leur reconnaît le droit de se recruter, mais il faudra que le juniorat soit présenté comme leur école apostolique. Il veut surtout « à tout prix dissiper l’éternelle équivoque – bien entretenue par ces bons Pères », selon le recteur – concernant le but des deux institutions63. Comme le collège est la propriété de l’archidiocèse et qu’un montant considérable est reçu par souscription publique, le nouvel archevêque souhaite créer une commission composée de prêtres et peut-être même de laïques, pour collaborer à son administration financière. La proposition ne déplaît pas au provincial, pourvu que la commission reste dans ses attributions. « Si nous nous mettons à la place des curés qui ont fait le gros travail dans la souscription », écrit le recteur, on comprend qu’ils aimeraient avoir un certain droit de regard par le truchement d’une commission, ce qu’ils avaient d’ailleurs déjà demandé à Mgr Cabana. Ils considèrent, précise-t-il, que « c’est leur collège d’une façon qui n’existe pour aucun de nos collèges dans l’Est ».
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Un nouvel épisode vient troubler les relations entre le collège et le juniorat quand les élèves rapportent que la classe de syntaxe serait ajoutée aux éléments latins. Le directeur, le père Albert Joyal, prétend que la chose est convenue avec l’évêque, mais ce dernier, « tout en précisant que sa mémoire est parfois défaillante », ne se souvient nullement d’avoir traité de cette question avec le provincial Paul Piché. Le provincial des jésuites abordera la question avec Mgr Baudoux qu’il doit rencontrer à Rimouski. De son côté, l’évêque redoute l’entêtement du père Joyal et sait « qu’il n’est pas persona grata auprès des oblats. Ne lui a-t-on pas reproché de les avoir chassés de Saint-Paul ? » Une allégation qu’il réfute, « les pères sont partis d’eux-mêmes, de leur plein gré ». Son premier sermon à Saint-Paul aurait été mal interprété, quand il a déclaré qu’il fallait susciter de plus nombreuses vocations sacerdotales pour le diocèse. À la fin d’août, Mgr Baudoux demande au provincial des oblats de préparer un mémoire justificatif et d’observer le statu quo jusqu’à ce qu’il ait pu étudier les raisons de sa demande, ce que vont accepter les responsables des deux institutions64. Le recteur du collège redoute que cette demande soit le premier pas d’un projet destiné à établir un cours complet qui conduirait à deux collèges classiques, contrairement à la volonté exprimée par Mgr Béliveau en 1926, et acceptée par les évêques Yelle et Cabana. La tradition orale veut que l’évêque aurait alors empêché les oblats de garder leurs élèves au juniorat. Pour justifier sa requête, le provincial des oblats prétend « que l’esprit qui règne actuellement au collège à l’égard des junioristes ne favorise pas l’idéal de devenir missionnaire oblat ». Dans le mémoire qu’il adresse à Mgr Baudoux, tout en reconnaissant l’entente conclue en 1926 entre le provincial Beys et Mgr Béliveau, le père Joyal, o.m.i., fait état des inconvénients de la situation présente et renouvelle sa demande de garder les junioristes des quatre premières années du cours classique65. En février 1953, le recteur D’Auteuil Richard soumet à son supérieur provincial le mémoire qu’il a préparé. Il admet que le collège est le foyer nécessaire de formation classique, et qu’il est aussi devenu le petit séminaire du diocèse de Saint-Boniface. En l’absence de document définissant clairement les relations entre le collège et le juniorat, il faut tenter de concilier les deux. Le collège a aussi besoin d’agrandissement, ce qui relève de la Corporation de l’archevêché. Pour le provincial Pouliot, les difficultés passées et actuelles s’expliquent par le fait qu’on s’est éloigné de la pensée première de Mgr Taché : « Le collège de Saint-Boniface a été fondé pour donner l’éducation classique aux enfants du pays qui voudraient ou pourraient jouir de cet avantage », ce que les jésuites interprètent comme leur droit exclusif de dispenser l’enseignement classique à Saint-Boniface. Il s’étonne donc de la recommandation d’une période d’essai faite par le comité formé par Mgr Baudoux, et y voit
308 IV. Évêque déjà « le commencement de la fin de notre apostolat d’éducateurs à SaintBoniface66 ». Le 30 mai, Mgr Baudoux crée une commission de six membres pour étudier les difficultés vécues par les prêtres dans le recrutement des candidats au sacerdoce. La requête des Oblats les oppose au collège, qui soutient qu’il a besoin de tous les élèves canadiens-français du Manitoba pour pouvoir prospérer. Or, ni le collège ni le juniorat n’ont un nombre satisfaisant de candidats au sacerdoce. Les Oblats critiquent l’orientation et la formation du collège, alors que les jésuites prétendent qu’ils ne peuvent donner au collège le caractère d’un petit séminaire sans forfaire au but assigné par Mgr Taché. D’autres plaintes concernent les méthodes de recrutement du juniorat, l’absence de recrutement pour le diocèse dans les paroisses non françaises, l’absence de contacts entre les curés et les collégiens. Autre irritant, le collège est géré par les jésuites, mais c’est aux diocésains qu’on s’adresse pour combler les déficits. « Le clergé se lamente qu’il n’est pas au courant de la gestion et qu’il se fait des dépenses injustifiées. » Il y aurait donc lieu « de chercher une formule qui, ménageant les susceptibilités, assurerait la possibilité d’un certain contrôle des dépenses ». On prévoit un manque de places au collège en septembre 1953, alors que deux classes sont libres au juniorat. Pour la commission, l’agrandissement du collège s’impose67. La commission se réunit à deux reprises en juin et en juillet 1953. Les directives données par Mgr Baudoux pour le recrutement des élèves du juniorat laissent au provincial Piché l’impression qu’on ne veut plus d’eux. Les membres de la commission constatent un manque de direction au sujet des vocations. La simple demande d’introduire une lecture spirituelle au bénéfice des séminaristes est restée sans effet, faute de s’entendre sur le titulaire et le calendrier. Des parents et des curés se plaignent aussi du trop grand nombre de sorties autorisées au collège où l’on parlerait plus de scolarité que de spiritualité. Quant au rapport financier produit par les jésuites, on l’estime insuffisant. L’évêque devra faire rectifier une publicité dans La Liberté selon laquelle le juniorat préparerait au sacerdoce68. Les curés se plaignent de la façon de procéder des oblats qui arrivent dans leur paroisse sans s’être annoncés et dont ils n’apprennent le passage qu’après leur départ. Sans compter qu’aucun prêtre diocésain n’est chargé du recrutement sacerdotal. Quant au programme des études au juniorat, on songerait à y installer un high school pour la clientèle anglaise. La situation serait à ce point intenable qu’une visite non désirée suffirait à faire partir les jésuites. Pourquoi alors ne pas créer un petit séminaire pour une quarantaine d’élèves comme solution de rechange à la construction au collège ? Mgr Baudoux va tenter d’améliorer la situation en s’appuyant sur la conven-
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tion de 1939 de Mgr Yelle, lui donnant droit de recevoir un rapport financier et un rapport disciplinaire et de faire des observations. Quant au juniorat qui est sans statut juridique, comme les oblats le considèrent comme leur meilleur moyen de préparer leurs pères, on ne peut leur imposer de l’abandonner. Consulté, le délégué apostolique se contente de souhaiter qu’on renonce à l’esprit de lutte au profit d’un esprit de collaboration au bénéfice des vocations. La commission suggère d’autoriser les oblats, à titre expérimental pour cinq ans, à offrir au juniorat les quatre premières classes du cours classique, au même tarif qu’au collège, en suivant le même programme et en limitant à vingt le nombre d’élèves. De cette façon, le collège n’aura pas à ouvrir une troisième classe de syntaxe. C’est sans enthousiasme, comme il l’avoue, que Mgr Baudoux fait connaître cette décision au recteur, ainsi que son désir d’admettre au collège quelques aspirants au sacerdoce de langue anglaise ayant terminé les grades XI ou XII pour lesquels il faudra préparer un programme. Le recteur en informe son provincial69. La situation reste tendue. À la suite de sa visite en novembre 1953, le nouveau provincial, Gérard Goulet, recommande la réserve et la discrétion à l’endroit des autorités ecclésiastiques. Il écrit au recteur : « Il faudra, je pense, procéder avec beaucoup de prudence et très pacifiquement. Un bon moyen d’éviter les conflits sera sans doute de prendre les devants, comme vous le proposiez. Je vais me hâter de lui [Baudoux] faire parvenir notre interprétation de la convention passée avec Mgr Yelle. » En 1954, après la réception d’une subvention fédérale de 7 000 $, on craint que l’archevêque ne veuille déposer cet argent dans un fonds destiné à l’agrandissement du collège et les responsables du collège s’interrogent sur l’étendue de son droit de regard sur sa gestion financière. De son côté, l’archevêque veut corriger le programme et les manuels de l’enseignement religieux. Il participe aux activités de la semaine des vocations, parle aux élèves de la vocation dans le clergé séculier, assiste à la distribution des prix. Avec l’aide de l’abbé A. d’Eschambault, il tente de clarifier la question de l’œuvre des vocations, des bourses et des oblats. La quête pour les vocations qui se fait depuis 1897 doit avoir priorité sur les autres et se fera désormais le 1er dimanche de l’Avent70. À la fin du mois d’août 1954, le père D’Auteuil Richard est appelé à la direction du séminaire des jésuites en Haïti. Son remplaçant, le père Oscar Boily, n’a pas l’envergure du précédent et n’aura pas son rayonnement, écrit le provincial à Mgr Baudoux. Il ajoute ce qui a toutes les apparences d’une offre de départ : « Votre grand zèle apostolique et vos légitimes exigences trouvent peut-être notre travail au collège de Saint-Boniface bien inférieur à votre attente. Et des éducateurs moins chargés que nous ne le sommes
310 IV. Évêque résentement et plus souples donneraient peut-être au collège de Saintp Boniface une orientation et des résultats plus souhaitables. Aussi, croyez bien, Excellence, que nous serions parfaitement disposés à entendre et à discuter une proposition dans ce sens si vous le croyiez à propos. Pour le moment, comptez sur notre bonne volonté71. » Les choses en restent là jusqu’à l’été 1955, puis les tensions reprennent. Quand le recteur Boily demande l’autorisation de commencer les travaux pour l’érection du gymnase et d’emprunter 25 000 $ pour vingt ans, l’archevêque lui transmet les exigences de ses conseillers qui posent des conditions de précaution, demandent l’ouverture d’un compte à part, sous la double signature du recteur et de l’archevêque, et le remboursement de l’emprunt au fur et à mesure de la rentrée des sommes souscrites. Le recteur refuse. Mgr Baudoux répond que la demande est conforme à la convention de 1939, et que, contrairement à ce que laisse entendre le recteur, il a tort de supposer un quelconque « manque de confiance, de restriction de liberté, de concession, de défaut d’appréciation ». L’archevêque rappelle qu’il « a toujours été entendu que le collège disposerait, pour ses besoins, de la différence entre les intérêts à recevoir et les intérêts à payer sur le capital de 25 000 $ ». Il autorise un budget de 110 000 $ pour construire le gymnase, un emprunt de 25 000 $, et demande de reconstituer ces sommes « d’ici cinq ans par un fonds intangible sous leurs deux signatures72 ». Tout en reconnaissant que les suggestions de l’archevêque n’avaient pour but que le progrès du collège et la protection de la corporation contre d’éventuelles difficultés financières, le provincial félicite le recteur d’avoir opposé son refus. « Il est clair, et nous le comprenons bien, qu’un prêt à aussi long terme est bien exposé à devenir un jour ou l’autre une dette irremboursable », surtout quand son administration change souvent de mains comme chez les jésuites. Mais il donne raison au recteur d’avoir vu dans ces conditions « une restriction dans la liberté d’administration qui lui est laissée par la convention et qu’une constante tradition semble avoir consacrée73 ». Le mémorial (compte rendu) de la visite du supérieur provincial au collège en décembre 1955 témoigne d’une résistance persistante : « On recommande d’être extrêmement circonspect dans tout ce que l’on peut dire à l’extérieur et à l’intérieur sur le collège, sur son avenir, sur les autorités diocésaines. Il semble que sur ce point l’on n’ait pas toujours donné l’exemple d’une parfaite union et concorde entre nous. » En avril 1956, les deux autorités reconnaissent la légitimité de la hausse des prix de l’enseignement décidée par le Bureau des gouverneurs de l’Université du Manitoba à laquelle le collège est affilié. À la fin de l’été, le chancelier fait parvenir au recteur la liste des renseignements requis par la Congrégation des séminaires et attend
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le rapport financier pour l’année 1955-1956. Des changements au sein du personnel du collège privent l’institution de quatre prêtres. Seul le père Rostaing pourrait assumer le cours de déontologie médicale que donnait le père Ramaekers à l’hôpital, ce qui se fera, écrit le recteur à l’archevêque, « au détriment d’autres besognes, si Votre Excellence insiste pour que nous assumions encore la responsabilité de ce cours à l’hôpital ». L’archevêque remercie sans faire de commentaire. En septembre, on demande l’autorisation de poser du macadam sur le terrain pour une somme de 22 000 $74. Les autorités du collège travaillent alors à une nouvelle formule de convention entre le diocèse et la compagnie, dans le but de mettre l’archevêché « de plus en plus à l’écart de nos affaires ». On présume que l’archevêque essaiera de faire le contraire, mais on sait qu’il ne peut actuellement se passer d’eux. « Il semble sincère quand il dit que notre départ est impensable. » – « Vous connaissez Son Excellence, tour à tour enthousiaste et, j’allais dire, polisson. Il a de l’élan pour lancer des idées mais pas la sérénité pour gouverner. » Le recteur est invité à continuer « à suivre de près la tendance qui se manifeste dans les paroles » qu’on rapporte, voulant que les jésuites devraient assumer leur part du travail diocésain75. En 1957, le collège de Saint-Boniface signe avec les collèges St. Paul’s et United de Winnipeg, une demande de contribution de l’État pour leur expansion. À Saint-Boniface, le nombre des étudiants est de 760 pour l’année 1955-1956. À l’été, Mgr Baudoux autorise le recteur à admettre les filles à suivre au collège les cours qui s’y donnent, plutôt que de les répéter pour elles à l’Académie Saint-Joseph76. Le grand séminaire À peine arrivé à Saint-Boniface, Mgr Baudoux constate une double urgence au grand séminaire : recruter un personnel compétent et agrandir l’établissement. Il invitera d’abord l’abbé Remi DeRoo à annuler sa réservation sur le bateau qui devait le ramener au pays en juin, et à s’inscrire pour une autre année d’études en théologie morale à Rome. En attendant, il lui faut trouver pour septembre un professeur de théologie morale. Le conseil du grand séminaire confirme le choix de Mgr Baudoux et nomme l’abbé Jan Warczak de Vilna, Alberta, pour l’année 1952-1953. Le supérieur du grand séminaire, l’abbé Aimé Decosse, se sent incapable de cumuler la double tâche de supérieur et de professeur d’Écriture sainte. Sa nomination comme évêque de Gravelbourg, un an plus tard, est « un coup dur pour moi », écrit Mgr Baudoux, qui perd à la fois son vicaire général et le supérieur du grand séminaire77.
312 IV. Évêque Il s’adresse alors à son ancien confrère et ami de Québec, A.-Marie Parent, afin de poursuivre les démarches entreprises par Mgr Cabana en janvier 1951, pour affilier le grand séminaire au Séminaire de Québec. Mgr Ernest Lemieux attend la réponse de Rome, mais rien ne bougera avant octobre 1954, quand les sulpiciens auront accepté la direction de l’établissement. Au nom des évêques Routhier, Lussier, Blais et Decosse, Mgr Baudoux demande alors l’affiliation à la Faculté de théologie de l’Université de Montréal. Le cardinal Léger transmettra la demande à la Congrégation des séminaires qui signera le décret le 24 avril 195578. Le grand séminaire avait été construit en 1948 pour une vingtaine de séminaristes et deux professeurs. L’urgence d’agrandir s’impose au moment où Mgr Routhier se propose d’y envoyer trois nouveaux sujets. Pour septembre, il faudra aménager en chambres le parloir du deuxième étage et l’oratoire, et transformer la salle de cours en parloir. Après avoir étudié le bilan, Mgr Baudoux expose la situation à ses collaborateurs en avril 1953 et crée une commission épiscopale présidée par le chancelier Joseph Robert, pour étudier les possibilités de construction. Le nombre des séminaristes est maintenant de 42, dont 18 pour son diocèse. Faute de place, il a fallu en diriger trois à Québec en septembre 1952. On ne dispose que de 39 lits, dont sept à l’archevêché. Pour recevoir le nombre croissant de séminaristes des diocèses de l’Ouest, il a fallu peu à peu, et non sans frais, « envahir et aménager l’archevêché au-delà de ce qui est raisonnable79 ». La commission propose de construire un presbytère pour la paroisse de la basilique, afin de décongestionner l’archevêché. Elle suggère à l’évêque de profiter de la visite pastorale pour en informer les curés et préparer l’opinion à une souscription diocésaine. Le 25 mai 1953, avec l’agrément de ses confrères évêques de l’Ouest, Mgr Baudoux demande au provincial des sulpiciens de Montréal, monsieur Maximilien Lacombe, d’accepter la direction du Grand Séminaire de Saint-Boniface qui attend 35 séminaristes en sepVisite pastorale à Saint-Jean-Baptiste en 1953 tembre :
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Le Grand Séminaire de Saint-Boniface est un Grand Séminaire diocésain en droit. En fait, il sert pour tous les diocèses de langue française de l’Ouest : Saint-Boniface, Prince-Albert, Gravelbourg, Grouard et Saint-Paul. De plus, il reçoit quelques séminaristes de langue française de diocèses de langue anglaise. Son origine remonte au cardinal Villeneuve (il était établi au début à Gravelbourg, pour se transporter ensuite à l’hôtellerie de la Trappe de SaintNorbert), qui avait insisté auprès de Mgr Cabana pour que celui-ci en assume la responsabilité, afin d’assurer, à la formation de nos clercs une formation [sic] adéquate et de mentalité française. Le Cardinal m’avait affirmé, de son vivant, qu’il avait reçu une approbation officieuse du Saint-Siège quant à son caractère de Séminaire régional pour les diocèses de langue française, mais jusqu’à présent, je n’ai pas pu mettre la main sur un document de cette nature80.
À Blood River en avril 1954
Jean-Paul Laurence, p.s.s., est disposé à se rendre à Saint-Boniface. La visite du cardinal Léger dans l’Ouest a permis à Mgr Baudoux de discuter du projet. De retour à Montréal, le cardinal a insisté auprès de M. Lacombe pour que la fondation se fasse dès cette année et qu’on envoie comme supérieur M. Laurence, alors supérieur du collège Grasset. Mais ce dernier ne se sent pas prêt et hésite à partir seul. Rencontré une deuxième fois, M. Lacombe juge prématuré le départ immédiat de sulpiciens pour Saint-Boniface, mais il promet que la fondation pourra se faire en septembre 1954, quand trois prêtres reviendront d’études81.
314 IV. Évêque
Avec le cardinal Léger en 1953
En novembre, M. Laurence écrit à Mgr Baudoux que le conseil provincial ne peut envoyer les deux prêtres demandés pour combler le départ de Mgr Decosse, nommé évêque de Gravelbourg, mais il l’assure de leur présence en septembre 1954. À la fin du mois, Mgr Baudoux aura réussi à recruter un prêtre de Prince-Albert, l’abbé Beck, pour un poste de professeur. Il presse M. Lacombe d’accepter immédiatement la direction du grand séminaire et le cours d’Écriture sainte car il doit libérer Mgr Decosse qui doit être consacré à la mi-janvier. Il lui faut par conséquent un professeur d’histoire de l’Église pour février82.
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La direction du grand séminaire est confiée provisoirement à l’abbé Warczak. Cette solution suscite de l’opposition de la part de Mgr Lussier, en raison du peu de compréhension des aspirations nationales des francophones manifesté par ce prêtre. Les attentes de Mgr Baudoux sont déçues quand il apprend en juin l’élection de M. Laurence comme provincial des sulpiciens. L’entente sera conclue le 5 juillet 1954. M. Édouard Gagnon, p.s.s., est nommé supérieur du grand séminaire et M. Georges Bulteau, p.s.s., économe. L’archevêque fait appel au clergé pour obtenir des dons, en argent ou en articles de maison, pour agrandir et meubler le séminaire. La nouvelle aile dédiée à Pie X est terminée à temps, le 7 septembre 1954, pour la rentrée des 46 séminaristes, dont une douzaine de nouveaux candidats83. On envisage de construire une annexe de 16 chambres au 2e étage et une chapelle de 60 sièges avec autels latéraux pour un prix ne dépassant pas 40 000 $. La souscription ne démarrera véritablement qu’en 1955. Mais, en avril 1954, Mgr Baudoux revient dans son diocèse avec près de 1 400 $, fruit de la quête faite après ses prédications à l’église Notre-Dame de Montréal. En 1955, le personnel enseignant du grand séminaire se compose de Mgr Baudoux qui enseigne la catéchèse, des sulpiciens É. Gagnon, G. Bulteau, R. Robidoux, Laverdière et des abbés Desorcy, Hacault et DeRoo. Le budget de l’institution s’élève à quelque 35 000 $84. Une souscription pour le grand séminaire En 1954, on décide de solliciter des dons à l’extérieur du diocèse pour financer l’agrandissement du grand séminaire et répondre aux besoins des diocèses français de l’Ouest. En mars 1955, M. Gagnon, p.s.s., entame des démarches appropriées avec l’aval des autorités de Saint-Sulpice et du cardinal Léger. Il peut surtout compter sur l’appui de Mgr G. Cabana qui joue un rôle déterminant auprès du juge Adélard Fontaine, grand chevalier des Chevaliers de Colomb, dont il est aumônier d’État. Mgr Cabana invite l’archevêque à demander aux évêques de l’Ouest de prêcher dans des paroisses du Québec, et s’engage à appuyer une demande aux Chevaliers de Colomb. Le juge Fontaine exige un mémoire détaillé signé par ces mêmes évêques, et une pétition à soumettre à son exécutif. La demande est accueillie favorablement par l’Assemblée des évêques du Québec. Cet appui inquiète l’abbé Gosselin, du Conseil de la vie française, qui redoute que cette « demande sur le plan catholique » ne serve de prétexte « pour se récuser complètement sur le plan national85 ». Les évêques É. Jetté, É. Frenette, P. Caza, G.-M. Coderre et C.-É. Parent donnent spontanément leur appui. D’autres craignent que cette campagne ne nuise à leurs œuvres. Mgr A. Martin, de Nicolet, ne l’autorise qu’auprès
316 IV. Évêque des Chevaliers de Colomb et l’évêque de Rimouski voudra plutôt y intéresser la Société Saint-Jean-Baptiste, les Chevaliers de Colomb n’étant pas très agréés dans son milieu. La contribution de l’abbé F.-X. Barrette, curé de la paroisse Saint-Charles de Eastview et chapelain de l’Ordre de Jacques-Cartier, sera assortie de la note suivante : « Ni pour, ni par les Chevaliers de Colomb, mais pour Votre grand séminaire avec les hommages respectueux de votre franc serviteur. » À Chicoutimi, une souscription est en cours en faveur du grand séminaire diocésain. Mais, avant même que les Chevaliers de Colomb n’aient accepté la responsabilité de la souscription, on a déjà recueilli 40 000 $ à la fin d’avril86. En juillet 1955, Mgr Cabana annonce à M. Gagnon, p.s.s., que la campagne sera lancée dans la semaine du 11 octobre, après que le juge Fontaine eut exposé le projet par lettre aux députés de districts et aux conseils. Une publicité sera faite dans les journaux, avec le concours de journalistes. Les sulpiciens Édouard Gagnon et Georges Bulteau sont mandatés pour solliciter des fonds. Le 17 septembre, on annonce l’ouverture de la campagne de souscription de 300 000 $ qui sera menée par les 67 000 Chevaliers de Colomb du Québec, et se terminera le 1er mai 1956. En janvier 1956, une circulaire aux 750 religieuses du diocèse et aux prêtres les invite à une croisade de prière pour le succès de la souscription. Mgr Baudoux part pour le Québec en février pour une tournée d’un mois dans les principales villes, où il prend la parole dans les paroisses et à la radio. De son exil de Victoria, Mgr Joseph Charbonneau lui fait parvenir un chèque de 1 000 $ avec ce mot : « Que vos futurs prêtres prient pour leur ami inconnu. » L’archevêque sera de nouveau au Québec en avril et en mai pour les confirmations. Il ira ensuite à Chicoutimi pour la consécration de Mgr Marius Paré87. La souscription se poursuit après la date d’échéance et, depuis avril, le directeur E. Gagnon, p.s.s., l’abbé A. Couture et M. Donat McDougall s’affairent à la construction grâce à l’emprunt de 5 000 $ fait par l’archevêque. On attend 26 nouveaux séminaristes en septembre 1956. À l’été, G. Bulteau, p.s.s., poursuit sa tournée. Il obtient un chèque de 500 $ du gérant des magasins Woolworth et veut envoyer une lettre aux maires des 1 646 municipalités du Québec. On demande à l’organisme de perception Desroches & Power d’organiser la rencontre de l’archevêque avec des personnalités du monde des affaires lors de son séjour à Montréal. La démarche sera faite à titre gratuit. Une entrevue est organisée en novembre avec Raymond Dupuis de la maison Dupuis Frères, et René Paré de la Société des artisans. Mgr Baudoux reçoit en octobre 1956 le rapport des travaux en cours et de la perception. Pessimiste, Raymond Denis croit ne pas pouvoir recueillir plus de 500 $ dans une dizaine de visites. L’archevêque poursuit ses démarches et offre 100 $ au séminaire de Saint-Victor de Beauce88.
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Après avoir autorisé des travaux de finition dans la chapelle et la salle de récréation, Mgr Baudoux instaure dans son diocèse une quête et une journée du grand séminaire : « Nous souhaiterions renouveler cette expérience dans d’autres paroisses où la chose est possible, car les paroissiens comprennent davantage que le grand séminaire est une œuvre qui est la leur. Il y va de leurs intérêts personnels. On ne manufacture pas de prêtres, mais on les mérite par la prière, les sacrifices, l’aumône, en un mot par une vie chrétienne authentique et exigeante. » À l’été, il propose aux séminaristes de 4e année un champ d’expérience de formation au ministère paroissial en aidant M. Bulteau, p.s.s., dans la chapelle Notre-Dame-du-Cap qui vient d’être confiée provisoirement au grand séminaire89. Le petit séminaire indien Mgr Baudoux se soucie également de l’établissement et du financement d’un petit séminaire pour les Indiens et les Métis à Fort-Alexandre. Le 29 janvier 1953, au presbytère de Fort-Alexandre, une mission est inaugurée pour 13 garçons fréquentant l’école résidentielle à qui l’on donne les premiers cours de latin. L’initiateur, le père Apollinaire Plamondon, o.m.i., s’est inspiré de la pensée que le pape Pie XI avait exprimée en 1935 au supérieur général des missionnaires oblats, pour que les aspirants indiens au sacerdoce puissent
Paysage de Fort-Alexandre
318 IV. Évêque vivre dans une atmosphère d’étude et de prière. Il explique à Mgr Baudoux que, pour avoir un tel séminaire, il a besoin d’une terre sur la réserve, afin que ces futurs prêtres soient formés avec l’aide des Indiens eux-mêmes, et pour subvenir aux besoins de l’œuvre qui commence dans la plus grande pauvreté. Les jeunes, inscrits aux grades 5 à 9, ont entre 12 et 24 ans. Pour la réalisation du projet, il a l’appui non seulement de son supérieur, le père Charles Ruest, et du provincial Piché, mais aussi du chef William Bruyère dont un fils est au nombre des élèves. Il pourrait aussi obtenir l’aide de son frère Armand, prêtre à Saint-Raymond de Portneuf, dans le diocèse de Québec, qui célébrera bientôt ses 25 ans de sacerdoce et qui accepterait de le seconder. Le séminaire est dédié à saint François de Sales et à l’apôtre saint Jean90. En 1954, le père Plamondon publie le 1er numéro du bulletin L’Idéal, destiné à faire connaître les missions indiennes, et va recueillir des fonds dans l’Est. Mgr Baudoux encourage le projet, mais se réserve la manière de le réaliser, après en avoir discuté avec les supérieurs. Il approuve, le 22 juin 1954, la fondation à Fort-Alexandre, sous la direction d’Apollinaire Plamondon, o.m.i., et de l’abbé Armand Plamondon, d’un petit séminaire « qui rendrait possible à nos jeunes Indiens la poursuite d’une vocation sacerdotale ». La nouvelle trouve écho dans les journaux de l’Est. En septembre, l’abbé DeRoo informe l’oblat qu’« une entente sera conclue entre l’archidiocèse et la congrégation » des oblats. Mgr Baudoux étudiera avec le provincial la mise en œuvre
À Fort-Alexandre le 1er mai 1955
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définitive du projet et son fonctionnement et décidera de la contribution du diocèse à ses frais d’entretien. L’oblat devra mener des négociations difficiles avec les agents fédéraux et le chef du conseil de bande pour la location d’un site pour le petit séminaire91. Après avoir obtenu l’autorisation de se rendre dans l’Est pour tendre la main en faveur du séminaire, le père Plamondon revient au Manitoba avec le résultat d’une quête faite lors du jubilé de son frère. Il apprend du provincial Piché que la Commission oblate des œuvres indiennes et esquimaudes, réunie à Saint-Boniface le 25 mai précédent, avait « convenu que ce futur petit séminaire devrait être interdiocésain. La direction et l’administration devraient en être confiées à l’autorité de la province oblate où il serait construit, sous l’égide de l’Ordinaire du lieu et en conformité avec les règles déterminées par la Sacrée Congrégation sous l’autorité de laquelle ce genre de séminaire doit être placé92. » Au mois d’août 1955, Mgr Baudoux est à Fort-Alexandre pour constater l’état des travaux. Il y retournera le 21 octobre, pour l’érection canonique et la bénédiction du Petit Séminaire Saint-Jean, en présence des évêques Philip Pocock et Paul Dumouchel, de Dom Fulgence, abbé de Saint-Norbert, du
À Fort-Alexandre avec les religieuses
320 IV. Évêque provincial Tourigny, du curé V. Bilodeau et des frères Plamondon. L’Ami du foyer parle de « nationalisme de bon aloi » au sujet de cette institution. À compter de l’automne 1956, l’abbé Armand Plamondon, économe procureur du petit séminaire, enverra à l’archevêque les rapports financiers, dons reçus et dépenses. Une Indienne a été engagée comme cuisinière et une transaction est faite pour le transport d’une maison, libre de toute redevance, qui sera la propriété du séminaire. On songe aussi à y installer un embryon de communauté religieuse93. La situation est complexe, en raison des instructions reçues ne prévoyant aucune construction sur le terrain loué. Mais le provincial étudie la possibilité de construire avec les 10 000 $ déjà amassés, auxquels il faudra en ajouter autant pour la main-d’œuvre et le mobilier. Il discute du projet avec le frère constructeur désigné et opte pour un bâtiment à compléter par la suite. Les frères Plamondon sont autorisés à construire, en fonction des sommes disponibles, un édifice de 60 pieds sur 30 pieds sur leur propriété de 50 acres, le lot 6. Le 23 juillet, les travaux ont commencé et le frère Lacasse est attendu le 11 août. En septembre, le père Plamondon fait parvenir à l’archevêque une ébauche de plan pour la construction et donne à son supérieur général des nouvelles du séminaire en voie de formation. En septembre, sans en informer Mgr Baudoux, le provincial décide d’envoyer les séminaristes à Lebret et ailleurs94. En octobre 1955, Mgr Baudoux demande au provincial de vendre à la Corporation épiscopale de Saint-Boniface la partie du lot 6 nécessaire à l’établissement du petit séminaire diocésain. Après avoir accepté la création d’un séminaire interdiocésain, l’archevêque s’est ravisé. Il s’en explique auprès de la commission oblate dans un mémoire en 19 points. Prévoyant que les démarches seront très longues, il veut ériger canoniquement le séminaire Saint-Jean comme séminaire diocésain. Il en assumera l’entière responsabilité financière et en confiera la direction à la province oblate du Manitoba. Pour les oblats, cette décision met fin au projet de séminaire interdiocésain et ils se consacreront désormais au recrutement des vocations indigènes. Depuis la mi-juillet, les frères Plamondon sont autorisés à solliciter par lettre les évêques, les prêtres et les communautés religieuses pour recueillir les 8 000 $ nécessaires pour finir l’intérieur de l’édifice. Après le vote des Indiens, favorable à la corporation épiscopale, et l’opposition du gouvernement à la vente d’un terrain pour le séminaire, le conseil provincial s’engage à céder les titres du terrain pour la somme nominale de un dollar et offre les services du frère Jean-Baptiste Lacasse, o.m.i., pour diriger les travaux. On réussit à finir l’extérieur du bâtiment et à y installer le chauffage. Pendant ce temps, le père Piché consulte le supérieur général qui se dit favorable à ce que la province du Manitoba accepte la direction de ce séminaire. Toutefois, il ne faudra pas
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accepter la moindre dérogation aux buts d’un petit séminaire pour obtenir des subventions, et il faudra trouver le personnel pour répondre aux exigences des deux niveaux de gouvernement95. Certains points évoqués par l’archevêque sur la nature du séminaire en voie d’établissement se rapportent au futur séminaire interdiocésain, dont la création relève de l’autorité apostolique. La question suscite la suspicion et alimente l’animosité entre prêtres religieux et séculiers. « Il est certain, écrit le provincial à son supérieur général, que S. Exc. Mgr Baudoux projette d’imposer à la Congrégation l’acceptation de prêtres diocésains sur [parmi] le personnel, comme il l’a fait pour le Grand Séminaire de Saint-Boniface, à l’égard de la Société Saint-Sulpice. J’ai averti Son Excellence que si la Congrégation acceptait l’œuvre du séminaire, je ne croyais pas qu’elle consentirait à l’engagement officiel de joindre des prêtres diocésains à ses religieux. Son Excellence m’a répondu “qu’elle voulait par là initier ses prêtres au ministère auprès des Indiens et aussi assurer sa présence” dans les œuvres du diocèse, confiées aux religieux. Cette réponse nous révèle de nouveau les sentiments de Son Exc. Mgr Baudoux à l’égard des religieux. Ce semble bien toujours son opinion que les religieux n’ont leur place dans les œuvres d’un diocèse qu’en autant que les prêtres diocésains ne peuvent remplir le ministère qui leur est dévolu96. » Au cours de l’année 1956, Mgr Baudoux multipliera les démarches auprès des autorités gouvernementales – ministère de la Citoyenneté et de l’Immigration ou département des Affaires indiennes, ministère de l’Éducation du Manitoba – pour obtenir des subventions pour le séminaire et les étudiants. Il appuie aussi les démarches du père Plamondon qui rend compte de l’état des requêtes et des dons reçus, il suit les étapes de la construction et n’hésite pas à payer des comptes en souffrance. Il confie à une firme d’avocats le soin de préparer les conventions avec les oblats. En mai, le religieux envoie à son supérieur général un compte rendu optimiste : « Les dons arrivent. Et ce qu’il y a de construit est payé. Le Département d’Éducation du Manitoba a établi le Séminaire comme centre d’examens de high school et à la demande faite par Mgr Baudoux à Pickergill, ministre de la citoyenneté et de l’immigration, le surintendant de l’Éducation d’Ottawa accorde le grant [la subvention] aux élèves indiens. » En 1957, des tensions vont apparaître au sein de la communauté oblate parce que « l’Ordinaire du lieu prend entre ses mains une œuvre établie en grande partie par les Oblats », mais dont ils n’ont pas voulu accepter la responsabilité financière. Le père Plamondon se plaint à son supérieur général que certains pères « compromettent l’œuvre », qui accueille alors six Indiens et un Métis, « parce qu’elle relève de l’évêque ». Tel qu’entendu, le supérieur
322 IV. Évêque provincial, Irénée Tourigny, qui vient de succéder au père Piché, envoie à l’archevêque une facture pour les travaux faits au petit séminaire par les frères oblats de Grandpré et Lacasse et cède une auto à un prix de faveur97. La hâte avec laquelle Mgr Baudoux a décidé de lancer l’œuvre ne contribue pas à clarifier la situation, comme le lui écrit le visiteur canonique Stanislas La Rochelle : Votre intention était de confier la responsabilité de l’œuvre aux Oblats, mais tout a été lancé sans la garantie que les Oblats se chargeraient de l’entreprise [...]. Vous vous demandez maintenant si vous avez eu tort de commencer l’œuvre, sans avoir l’assurance que quelqu’un la continuerait. [...] Je ne crois pas que l’œuvre puisse longtemps continuer sérieusement, sans vrai Directeur, prise qu’elle est, par de multiples et graves difficultés. Aussi je vous ai fait la proposition suivante : nommer un directeur séculier et responsable, qui sera aussi professeur, le Père Plamondon restant recruteur et directeur spirituel ; nous pourrions y ajouter un Frère coadjuteur qui aiderait de mille manières importantes. Vous auriez ainsi une œuvre diocésaine confiée à deux séculiers, aidés de deux Oblats. [...] Comme vous dites n’avoir personne autre pour diriger l’œuvre, vous demandez de laisser nommer le Père Plamondon comme Directeur, en attendant de vous en trouver un meilleur. Vous dites avoir confiance en ce Père. La réponse est au Très Révérend Père Général, qui recevra une copie de cette lettre98.
Des rencontres entre l’archevêque et le supérieur provincial Tourigny au mois d’août 1957, permettent une entente sur la réorganisation du personnel du petit séminaire. L’abbé Armand Plamondon est nommé directeur et procureur, le père Apollinaire Plamondon, directeur spirituel, propagandiste (recruteur) et responsable du chant, le père Laurent Alarie, professeur, et le frère Stanislas Heytens, surveillant. Les élèves bénéficient d’un cours par correspondance préparé sous la direction de monsieur Hutchings, supervisé par leur professeur. La charge est très lourde, étant donné le manque de préparation des jeunes Indiens, la nécessité de les former au travail personnel et de leur donner confiance en eux. Sans oublier l’absentéisme fréquent chez certains élèves et la difficulté d’assurer leur présence au début des classes. Ainsi, douze élèves sont arrivés à la fin de septembre, mais on en attend huit autres « qui n’ont pas pu trouver moyen de venir ». Un an plus tard, deux autres professeurs iront prêter main-forte au père Alarie, l’abbé Paul Gagné et le père Rioux. De Rome, Mgr Baudoux lui apprend qu’il a discuté du séminaire indien avec le supérieur général et qu’il tentera d’obtenir de l’aide de l’Œuvre pontificale de Saint-Pierre-Apôtre99. Le père Plamondon informe le provincial que certains Indiens sont réticents à faire confiance au personnel enseignant du séminaire pour la formation des aspirants au sacerdoce. Il regrette certains préjugés qui ont
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encore cours parmi les religieux, et insiste pour qu’on facilite aux jeunes Indiens l’accès au séminaire : « On fait retarder une vocation, on lui rend l’accès au séminaire trop difficile, psychologiquement parlant du moins, par un tas de formalités. » – « Si nous voulons avoir des prêtres indiens, usons du même égard avec lequel nous avons aimé être traités. » – « Que le jeune Indien voie qu’on veut des prêtres indiens. » Pendant ce temps, Mgr Baudoux reçoit le premier versement de la somme votée par la CCC en faveur du petit séminaire et des subventions du ministère des Affaires indiennes. L’archevêque continue de rembourser les dépenses de victuailles pendant que les frères Plamondon cherchent à recruter des Visitandines100. Les écoles et l’éducation La question des écoles et de l’éducation retient l’attention de Mgr Baudoux pendant plusieurs années. Le ministre des Affaires municipales, Edmond Préfontaine, l’informe de l’évolution de la question des écoles et de son intervention au sujet des grandes unités scolaires à l’étude en 1954. L’archevêque étudie le nouveau programme de l’Advisory Board et demande à l’abbé Henri Perron et au père Ramaekers de lui préparer une documentation précise sur la question. En 1953, le ministre lui envoie une copie du bref présenté par le Canadian Council of Churches au premier ministre et au ministre de l’Éducation. Il l’informe que « les orangistes provinciaux ont aussi fait pression sur le gouvernement ». La tenue d’une réunion s’impose pour étudier cette question101. Le 21e congrès de l’Association d’éducation des Canadiens français du Manitoba (AECFM), tenu les 7 et 8 octobre 1956, sera l’occasion de tracer un programme à l’intention de tous les acteurs en éducation, en particulier les inspecteurs des commissions scolaires. Les évêques Routhier et Decosse font des exposés sur la situation scolaire dans leurs provinces respectives. Au même moment, le ministre de l’Instruction publique, M. Miller, qui connaît depuis longtemps les positions de l’archevêque et de l’Association des Canadiens français du Manitoba, fait part de son projet d’établir en 1957 des territoires d’écoles secondaires. Le premier ministre serait prêt à accorder aux catholiques de sa province ce qu’ont obtenu ceux de la Saskatchewan et de l’Alberta, mais il refuse l’une des conditions exigées par les francophones. Lorsqu’il présente ses vœux à la population en 1957, au poste CKSB, Mgr Baudoux affirme d’abord son estime pour l’Association d’éducation et sa détermination à suivre ses directives, selon le programme tracé lors du congrès général « dans le domaine de l’école, des associations parents-maîtres et des jeunes Franco-Manitobains102 ».
324 IV. Évêque Lors de la création de la Commission royale d’étude sur l’éducation par le gouvernement de la province au printemps 1957, les évêques du Manitoba, francophones et anglophones, se regroupent au sein de la Conférence catholique du Manitoba (CCM). Les évêques Pocock, Baudoux et Hermaniuk se rencontrent pour la première fois le 25 mai 1957. Ils procèdent à la création d’un comité de recherche et de coordination composé du père Durocher, o.m.i., et des abbés Cormylo et DeRoo, et s’assurent de l’appui d’un groupe de laïcs, parmi lesquels on compte les juges Tritschler et Monnin et le sénateur Wall. Une deuxième réunion a lieu le 28 mai. Le 12 août, jour de l’ouverture à Edmonton du 10e congrès annuel de l’ACELF, les quatre évêques du Manitoba publient une lettre collective et demandent une croisade de prières en faveur des écoles. L’Association des commissaires d’écoles de langue française, l’AECFM et des groupes locaux de catholiques feront de même. Les journaux font largement écho à la déclaration de Mgr Baudoux qui dit qu’il ne saurait y avoir de paix dans le monde en l’absence de sens social, défini comme la volonté de tenir compte des besoins des autres et des droits et devoirs des groupes et des individus, sur la base des valeurs de justice et de charité. En septembre, la CCM remet un mémoire à la commission McFarlane. Le laïcat catholique et l’Association des commissaires d’écoles paroissiales en présenteront également un103. Le bilan que fait Mgr Baudoux en 1958 des acquis de la cause française dans l’Ouest est plutôt mince. Dans une allocution à l’émission Le Réveil rural diffusée de Moncton à Edmonton, il déclare qu’il a fallu attendre 20 ans l’érection d’une paroisse française à Victoria, la sixième paroisse française de la Colombie-Britannique. « C’est depuis 1891 et 1916 qu’ici nous avons été dépouillés respectivement des écoles confessionnelles et des écoles françaises. Nous avons donc profité des séances de la Commission royale pour demander [le] redressement de nos griefs. Douze mémoires catholiques ont été présentés, dont cinq abordaient des problèmes de culture et de langue française. L’accueil a été généralement bon104. » Le 8 janvier 1958, Mgr Baudoux invite les commissaires, dont le congrès aura lieu du 20 au 22 janvier, à n’épargner aucun effort pour que chaque commission scolaire soit représentée au congrès « par le nombre maximum de délégués auquel elle a droit ». Leur présence est essentielle pour assurer l’avancement des intérêts catholiques. Les protestants accusent ces derniers de violer des directives données par Rome en 1892 au sujet des écoles publiques. La CCM s’empresse de réclamer ce document au chancelier du diocèse de St. Paul, Minnesota. L’oblat Cossette, de Le Pas, reconnaît que le mémoire des protestants soulève de bonnes questions. Il déplore que les catholiques n’aient pas réussi, après cent ans, à se doter d’une école normale ou d’une université pour la formation du personnel enseignant. En avril, Mgr Baudoux
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prononce une autre causerie à la radio sur la situation des écoles au Manitoba qui sera diffusée sur tout le réseau105. Le comité d’information religieuse créé en février suivant par la CCM est présidé par un éducateur de carrière, M. Giesinger. En octobre, les évêques réagiront au rapport intérimaire de la commission McFarlane. Ils se rencontreront ensuite pour discuter de la publicité faite au rapport final du 30 novembre et de la commission sur les frontières des divisions des écoles secondaires. On s’entend sur la nécessité d’informer le public sur les subventions aux écoles. À la fin de juin 1959, on attend le rapport final de la commission. Quand le Free Press et le Tribune prêtent des intentions au gouvernement concernant les écoles paroissiales, Mgr Baudoux n’hésite pas à écrire au premier ministre : « We have been wronged for so many years now, that it would be a pity if the desired remedy would have to come last, and again delayed. » Le premier ministre Roblin lui répond qu’en dépit des graves problèmes qui se posent « it is now receiving the most earnest consideration106 ». En janvier 1960, les évêques attendent toujours l’action du gouvernement et sont prêts à répondre aux objections. Ils estiment qu’il est possible de se rencontrer sur le droit des parents et sur le rôle supplétif de l’État. Ce débat se poursuit non seulement au Manitoba, mais aussi en Ontario. En avril, on apprend que la conférence des évêques du Canada vient de fonder un Conseil catholique canadien pour l’éducation destiné à regrouper toutes les associations dans le but de promouvoir le bien de l’éducation. Après des rencontres à l’automne, les évêques demandent au premier ministre Roblin de légiférer de façon équitable en faveur des écoles privées, en dépit de l’opposition manifestée. L’homme politique répond qu’il ne peut agir sans l’approbation de son caucus. Les évêques émettent une nouvelle lettre pastorale collective le 14 décembre 1960107. La cause française La lutte pour la cause française qui a tellement marqué la vie de Maurice Baudoux depuis plus de 20 ans va de nouveau s’imposer à lui à Saint-Boniface. L’année 1952 est une année faste pour le français, avec le centenaire de l’Université Laval, le 3e congrès de la langue française, le Comité de la survivance qui devient le Conseil de la vie française, l’extension du réseau français de radio qui compte maintenant 21 postes, l’établissement des deux postes français de la Saskatchewan. Mais rien n’est définitivement acquis. Mgr Baudoux reçoit un mot de son ami, l’abbé A.-M. Parent, qui viendra avec E. LeBlanc pour fixer la date du prochain congrès de l’ACELF prévu pour 1953 à Saint-Boniface, et donner l’élan pour organiser cet événement. L’évêque a été invité à prendre la parole lors du 50e anniversaire de la Société
326 IV. Évêque historique du Manitoba et l’Association d’éducation des Canadiens français du Manitoba s’apprête à tenir son congrès. Le sermon qu’il prononce à la cathédrale le dimanche de l’Association d’éducation sera publié dans la revue Vie française108. Dès que surgit une situation de détresse, c’est à Mgr Baudoux que l’on s’adresse. C’est ainsi qu’il reçoit une copie de la lettre de 200 familles de la paroisse Saint-Pierre de New Westminster, C.-B., qui demandent du français à l’église depuis 1949, ce que refuse le prêtre. Il reçoit aussi copie de la lettre adressée au ministre des Finances C. D. Howe pour l’émission de chèques bilingues pour l’ensemble du pays. C’est aussi à lui qu’on s’adresse pour aider à la population de Maillardville qui vit une situation d’injustice que dénoncera Le Devoir. L’étudiant Jacques Lacoursière l’invitera à s’adresser aux étudiants de Lévis pour assurer le succès d’une quête pour Maillardville. Mais ses visites pastorales l’obligeront à refuser l’invitation au congrès annuel de la Fédération des Canadiens français du Nouveau-Brunswick en juin 1953109. Le 3e congrès de la langue française a voté en 1953 une souscription nationale annuelle pour les groupes aux prises avec des difficultés particulières. Léopold Allard, de l’Ordre de Jacques-Cartier, envoie à l’évêque des ouvrages sur l’orthographe pour les quatre premières années scolaires préparés par l’inspecteur d’écoles Adélard Gascon, membre de l’Ordre à Ottawa. Un an plus tard, l’abbé Félix-Antoine Savard lui fait parvenir le mémoire
Congrès des hebdos de langue française à Saint-Boniface en 1954
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soumis par les archives de folklore de l’Université Laval à la commission Tremblay, comportant un programme pour enseigner ces traditions au cours classique. À la requête du sulpicien Olivier Maurault, le directeur du journal La Patrie lui envoie des exemplaires de ce journal qui veut devenir un organe utile au Canada français. Il est invité à la table d’honneur lors du banquet présidé par le cardinal Léger en l’honneur de Lionel Groulx en 1953. En 1954, il est élevé au rang de commandeur de l’Ordre académique de la Société du bon parler. Un journaliste du journal La Frontière de Rouyn souhaite l’interviewer lors du congrès des hebdomadaires de langue française en vue de préparer un reportage sur les problèmes de l’Ouest. En 1955, son nom est inscrit dans l’édition française du Who’s who et Claude Ryan l’invite à faire partie du Comité d’honneur de la Société canadienne d’éducation des adultes « comme garantie morale des bonnes intentions et du sérieux » des dirigeants de cet organisme. Le 9 octobre 1957, le recteur de l’Université de Montréal, Irenée Lussier, lui décerne un doctorat honorifique en philosophie110. Au moment du lancement de la souscription en faveur de son grand séminaire en 1955, Maurice Baudoux s’engage à prononcer chaque année des allocutions à la radio pour la souscription nationale patriotique. Avec Norbert Robichaud, Thibaudeau Rinfret et Henri Goguen de Woonsocket, R. I., il sera l’un des patrons d’honneur de la 4e campagne de souscription de la Fraternité française d’Amérique dont l’objectif est de 75 000 $. Il est invité à la fête du 25 mai 1955 en l’honneur de Mgr P.-É. Gosselin, ce pionnier de l’action française, nommé prélat domestique. Du 20 au 27 mai de l’année suivante, la Semaine de la vie française remet en honneur la fête de Dollard, pendant qu’à Saint-Boniface se donne le dernier d’une série de huit cours sur l’histoire du Manitoba111. Parmi toutes ces activités, Mgr Baudoux recommande au ministre des Postes la candidature d’Alexandre Allaire comme maître de poste à Norwood dont l’importante clientèle d’expression française réclame un candidat bilingue pour succéder à un anglophone. En 1957, Léopold Allard, secrétaire de l’Ordre de Jacques-Cartier, l’invite à pressentir quelqu’un du collège pour appuyer le projet d’Association des universités de langue française qui tient son premier congrès à Sherbrooke les 23 et 24 février, afin d’y représenter le point de vue et la mentalité du groupe universitaire français du pays, comme cela existe dans le secteur anglais. La création en 1957 de l’hebdomadaire catholique Western Sunday Visitor fournit à l’archevêque de Saint-Boniface l’occasion de recommander qu’un journal comme La Liberté et le Patriote entre dans chaque famille catholique française. À l’automne, il est à Ottawa, au banquet de l’ACFEO112.
328 IV. Évêque L’inauguration du poste de radio CFNS de Saskatoon a lieu le 30 novembre 1952. Mgr Baudoux y prononce une allocution et Adrien Pouliot intervient au nom du Conseil de la vie française. La Liberté et le Patriote reproduira intégralement le discours de ce dernier et l’abbé Gosselin voudra obtenir celui de Mgr Baudoux. Reste l’Alberta où la victoire n’est pas encore assurée. La demande d’un poste de radio française faite en mai 1953 se heurte à l’opposition du gouvernement créditiste, alors que Radio-Prairie-Nord connaît des difficultés financières. Dumont Lepage poursuit les démarches auprès de Radio-Canada pour obtenir le rayonnement des deux postes, mais les choses vont si mal qu’Antonio de Margerie lance un appel de détresse à Mgr Baudoux. Il lui demande d’être leur mandataire au Conseil de la vie française et d’assister à la session du 12 au 15 septembre. Raymond Denis le presse de son côté d’informer lui-même le cardinal Léger que ses démarches ont l’appui non seulement des laïcs, mais aussi de l’épiscopat de l’Ouest, pour qu’il intervienne une fois de plus auprès de René Morin. Cet homme est influent auprès des gouverneurs de Radio-Canada, selon R. Denis, mais « ne s’est pas toujours montré très favorable envers nous ». À compter de 1953, Mgr Baudoux est invité à prendre la parole à l’assemblée annuelle de RadioSaint-Boniface113. On apprend en septembre 1953 que les décisions sont prises par le président Dunton à qui les nouveaux membres du Bureau des gouverneurs de Radio-Canada donnent carte blanche. L’abbé Gosselin et Adrien Pouliot s’emploient à dénouer la situation financière des deux postes menacés. L’abandon de ces postes à Radio-Canada semble la solution ayant le plus de chances de succès. Après trois voyages dans l’Est et des consultations auprès de messieurs Pouliot, Ouimet et Denis, Mgr Baudoux propose de « vendre des programmes pour tenir davantage, car aucune des autres solutions envisagées, et qui sont en définitive des pis-aller, n’est réalisable dans un avenir rapproché ». Il a rencontré Roland Couture et Joseph Degagné qui revenaient de deux semaines à Gravelbourg. Le premier accepte d’aller à Saskatoon pour le congrès de l’ACFC et le second rapporte de Gravelbourg des nouvelles confirmant sa conviction qu’avec de bons vendeurs et des efforts soutenus on peut conclure assez de contrats pour équilibrer à peu près le budget. L’archevêque partage aussi l’optimisme de Roland Couture, qui croit que les postes de l’Ouest finiront par obtenir de Radio-Canada le versement d’une subvention annuelle pour les services rendus à la population française de l’Ouest114. En décembre, Mgr Baudoux propose à l’archevêque d’Ottawa, Mgr J.-M. Lemieux, de rencontrer le premier ministre Louis Saint-Laurent avant la réunion du Bureau des gouverneurs devant qui se présenteront Roland Couture et Raymond Denis, pour appuyer la solution préconisée pour le
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Maurice Baudoux avec le premier ministre Saint-Laurent
problème financier des deux postes. En mai 1954, Radio-Canada s’engage finalement à donner 5 000 $ par année pendant deux ans à chacun des postes de Saskatoon et de Gravelbourg. En octobre, Mgr Baudoux livre un message spécial pour marquer les deux ans du poste CFNS115. En 1955, Roland Couture informe Mgr Baudoux que 15 pourcent seulement des revenus commerciaux de CKSB provenaient des maisons d’affaires de langue française. Pour maintenir le poste sur une base financière solide, il a fallu accepter d’offrir trois heures et demie en langue étrangère, pour la population manitobaine de Polonais, d’Ukrainiens, d’Italiens, de Juifs et d’Allemands qui s’élève à plus de 200 000 personnes. À la demande de Léo Brodeur, artisan de la radio pour les jeunes, il accorde chaque année des prix en guise d’encouragement pour son travail. Il appuie la création d’une conférence de presse sur les provinces de l’Ouest et prononce des conférences à CKSB qui célèbre avec éclat son 10e anniversaire en 1956. La Liberté et le Patriote rappellera la naissance du projet élaboré au presbytère de Prud’homme en 1941116. « Personne n’oublie que vous êtes le père de la radio française dans l’Ouest », écrit Mgr Decosse à son collègue de Saint-Boniface, en l’invitant à prendre la parole lors de l’inauguration du nouveau poste de radio à Gravelbourg. En 1957, Roland Couture demande à Radio-Canada de faire
330 IV. Évêque passer la puissance du poste de radio de 1 000 à 5 000 watts et réclame des programmes français à la télévision. Mgr Baudoux sera le parrain d’honneur de la souscription lancée à cette fin. Il en fera la promotion dans une causerie radiophonique et une lettre circulaire, et offrira lui-même 500 $. La souscription a rapporté 71 000 $ à la fin de décembre. En septembre 1958, invité à Prince-Albert par le gérant du poste CFSN à la réunion plénière de Radio-Prairie-Nord, il peut mesurer le chemin parcouru. Il écoute avec une évidente satisfaction le curé qui évoque le souvenir d’un débat organisé en 1943 sur la possibilité d’avoir un jour nos propres postes de radio, une éventualité qui, à l’époque, « dans la pensée de la plupart, apparaissait comme extrêmement désirable mais tout à fait irréalisable ». En 1962, Roland Couture peut écrire que 40 Canadiens français sont alors au service de Radio-Canada à Winnipeg et que la moitié des employés ont fait leur apprentissage à CKSB117. Dans son message radiophonique de janvier 1956, Mgr Baudoux avait fait écho à celui du pape en faveur de l’interdiction des armes atomiques et du contrôle des armements. S’il condamne de nouveau le communisme, il demande aussi de ne pas nier le droit à l’indépendance aux jeunes peuples qui y aspirent. Poursuivant sa campagne contre le communisme, le jésuite Joseph Ledit fait parvenir à Mgr Baudoux le texte de la conférence prononcée par Jacques Hébert à son retour d’un voyage en Union soviétique, pour dénoncer la pensée communiste qu’il y découvre. Mais l’archevêque de SaintBoniface consacre maintenant plus d’énergie à promouvoir l’engagement et l’action qu’à rappeler les condamnations et les interdits118. En vue d’assurer de meilleurs services pastoraux aux francophones de son diocèse, Mgr Baudoux procède à l’érection de la chapelle Cœur-Immaculéde-Marie en 1959, de la paroisse Saints-Martyrs canadiens en 1961, et à la transformation en paroisse française de la paroisse Notre-Dame-del’Assomption de Transcona en 1960. Événements sociaux et politiques Mgr Baudoux est aussi présent aux célébrations marquant les événements d’ordre religieux, social ou politique : anniversaires de paroisses ou d’associations, déjeuners annuels et congrès, remise de diplômes d’infirmières, érection de monuments, etc. Il donne son appui aussi bien à la clinique des donneurs de sang de la Croix-Rouge, dont il est membre de l’exécutif provincial depuis 1953, qu’à l’Association des ambulancières Saint-Jean. Presque chaque année, il accepte aussi l’invitation du recteur de l’oratoire Saint-Joseph du mont Royal pour présider une messe pontificale ou faire la prédication dans ce lieu de pèlerinage pour la fête de saint Joseph. En 1954, l’évêque de Fulda l’invite
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pour les fêtes du 12e centenaire de saint Boniface, puis le curé de Prud’homme l’invite pour le 75e anniversaire de la paroisse, qui coïncide avec le 25e anniversaire de son ordination sacerdotale. Il accepte de présider une séance de la Société canadienne d’histoire de l’Église catholique à Cap-de-la-Madeleine, à laquelle participent le père Philippot, Albert Tessier et Antoine d’Eschambault. S’il ne peut se rendre à Vancouver et à Saskatoon en 1955, c’est qu’il s’est déjà engagé à prêcher les retraites sacerdotales à Ottawa. Mais il prononce l’allocution au banquet du Cercle ouvrier, et est présent à la réception du Club belge et au jubilé de la paroisse de Saint-Pierre-Jolys et de l’abbé Sabourin119. En 1953, Mgr Baudoux est nommé membre d’honneur de la Société nationale Samuel-De Champlain de Québec, en raison de sa personnalité dans la vie collective canadienne. Il suit avec intérêt les activités à caractère social qui se multiplient alors au Québec. Lorsqu’il ne peut participer aux Semaines sociales du Canada, aux rencontres de la Société canadienne d’études sacerdotales pour la promotion de la justice sociale ou aux journées d’études sur les œuvres de charité et de bien-être social, il y délègue l’abbé Szumski, directeur diocésain des œuvres sociales. Avec les autres évêques du Manitoba, il signe en 1954 la lettre collective annonçant la création du Conseil de recrutement de foyers catholiques pour solutionner le problème des enfants orphelins ou abandonnés. Il appuie l’initiative de la Caisse de bienfaisance de Winnipeg qui cherche à fusionner les divers appels pour réduire le coût des souscriptions et mieux utiliser le temps des bénévoles. Il accepte d’accueillir les membres de l’Association des médecins de langue française du Canada en route pour un congrès à Jasper, et est invité au congrès du Bureau international catholique de l’enfance portant sur l’Église et l’enfant, qui se tient à Montréal en septembre 1957120. L’archevêque de SaintBoniface est aussi invité à des réceptions et à des rencontres à caractère plus politique. Il reçoit du ministre Douglas Campbell des Maurice Baudoux avec le premier ministre Campbell en 1957 billets pour entendre l’honorable
332 IV. Évêque Lester B. Pearson lors d’une rencontre parrainée par le gouvernement du Manitoba et la Manitoba Educational Association. Il est invité par les ambassadeurs de Belgique et de France, et rencontre le maire de Montréal Jean Drapeau au Canadian Club de Winnipeg. Le premier ministre Roblin l’invite pour discuter du remplacement d’un juge canadien-français, et il reçoit de la Société Saint-Thomas-d’Aquin de Charlottetown une demande d’appui à la nomination d’un Acadien pour pourvoir une vacance au Sénat. Il accepte en 1957 de prononcer la prière à la première séance du congrès annuel du Manitoba Urban Association et, lorsqu’il répond à l’invitation des Chevaliers de Colomb, c’est pour les encourager à s’engager, car « les relations entre l’Église et le monde exigent l’intervention des apôtres laïcs121 ». Mgr Baudoux prend aussi une part active au congrès des hôpitaux catholiques en 1956. Il sera présent à Saskatoon, en février 1957, à la bénédiction du collège St. Thomas More. En juillet, il assiste au congrès de PrinceAlbert, puis aux célébrations pour le jubilé de l’abbé de Muenster. Un programme très chargé l’attend en 1958, avec les sessions de confirmation à Montréal en avril et mai et sa participation à la session de pastorale liturgique à Sainte-Anne-de-Beaupré. Après un arrêt à Windsor et à Toronto, il revient à temps pour prononcer l’allocution de bienvenue au congrès provincial des Chevaliers de Colomb le 17 mai, et assister à la retraite au grand séminaire en juin. Après les confirmations, suivent les ordinations générales et la retraite pastorale, le retour dans l’Est pour des ordinations au Québec et dans le Maine, et une période de vacances. Des voyages reposants, écrit-il à Mariette, parce qu’ils sont faits sans hâte ni préoccupation. En 1959, Jeanne Sauvé lui écrit qu’elle se félicite d’avoir participé avec lui à une émission en provenance de Saint-Boniface qui a mérité les éloges de la presse122. Sa famille et son état de santé Dès son arrivée à Saint-Boniface en juin 1952, Mariette Baudoux est invitée par la responsable du cours ménager des missionnaires oblates à y faire à son gré du tissage ou de la couture. Mariette ne tarde pas à se faire des amies dans ce milieu, tout en se préoccupant de la famille de son frère Edgard et de son neveu Maurice Balcombe. Au mois d’août, elle se rend à Edmonton quand sa belle-sœur Irène est opérée pour un cancer. Elle retournera à l’été 1954 et 1955 y faire l’entretien de la maison pendant qu’Edgard vaque à ses affaires. Avec sa nièce Georgette, elle fait des conserves et les deux femmes vont écouter de la musique classique et des concerts sur disques à la bibliothèque de la ville. Mariette visite aussi le jeune Maurice et des amies à Saskatoon. Après avoir mis la dernière main aux comptes de la Société canadienne d’enseignement postscolaire, elle fait parvenir à Antonio de Margerie
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un dernier chèque de 273,54 $. Comme les autres sommes rapportées par le tissage domestique, elle sera partagée entre Radio-PrairieNord et Radio-Gravelbourg. Elle est à Prud’homme en septembre pendant que son frère participe à des réunions dans l’Est123. Avec ses nouvelles amies, Mariette participe aux activités artistiques ou culturelles au cercle Molière, à la Société historique de Saint-Boniface ou à l’Alliance française. Elle profite des conférenciers et des artistes de passage, comme Lois Marshall, dans le Messie de Haendel. Durant les absences de son Maurice Balcombe chez sa tante Mariette en 1957 frère, elle s’occupe de sa garde-robe, lui procure des sous-vêtements à sa taille, commande des tissus pour confectionner des vêtements liturgiques avec l’aide de Mlle Boulet. En septembre, elle obtient l’aide d’une sœur grise pour décorer le réfectoire de l’archevêché afin de souligner le cinquième anniversaire d’épiscopat de son frère. Mariette travaille à la résidence des infirmières de l’Hôpital de Saint-Boniface, et donne des leçons de français à la secrétaire du Dr L’Heureux. Elle rend aussi service à l’abbé DeRoo en traduisant en français les règlements de la Catholic Women’s League. Au printemps 1954, elle accueille son neveu Maurice dans sa résidence du 236, rue Hamel. Au cours de son séjour, l’adolescent prépare des revues pour les faire relier et se propose de prendre part aux fêtes de Prud’homme à l’été124. La correspondance de Mgr Baudoux avec Mariette et quelques amis livre des détails précieux sur son état de santé et sa spiritualité. À son ami Antonio Coursol il écrit en 1953 : « La tâche est bien au-dessus de mes forces et le travail débordant. Ce qui importe c’est de ne point perdre le fil conducteur de la vie intérieure. Demande cela pour moi au bon Dieu. » – « On me dit que vous êtes amaigri et que vous paraissez bien fatigué, lui écrit l’abbé Pothier, et cela ne manque pas de me faire de la peine. Alors, faites le chanoine pour quelques jours au moins. » Quand il lui arrive de prendre le chemin de l’hôpital pour des hémorragies nasales, c’est l’occasion d’un peu de répit. Son sommeil ne se prolonge guère au-delà de cinq ou six heures, écrit-il à sa sœur, mais il ne se sent pas fatigué outre mesure. Inquiète de le voir partir fatigué en juin 1955, Mariette lui écrit : « Tu semblais à bout samedi soir et je te
334 IV. Évêque voyais partir le cœur gros. » E. LeBlanc s’inquiète aussi de sa santé : « J’espère, mon grand ami, que vous écouterez Mariette et votre vieille amie et prendrez les médicaments nécessaires à votre système nerveux ! Vous avez beaucoup à faire et il faut que vous aidiez votre physique à tenir le coup. » Il n’a pas dormi pendant le voyage, écrit-il à sa sœur, mais il finit par se reposer s’il se couche de bonne heure : « D’ailleurs, du moment où les contrariétés et soucis ne sont pas là, à me harceler, je repose habituellement bien. » Il s’inquiète de la fébrilité de sa sœur : « Je constate que tu ne chômes pas ! Prends garde, je t’en prie ! Car la fatigue engendre chez toi une recrudescence d’arthrite. » Ce qui le fatigue, c’est de ne pas arriver à faire certaines démarches prévues125. Avec la complicité des petites sœurs de la Sainte-Famille, Mariette profite des absences de son frère pour améliorer la décoration de ses appartements à l’archevêché. En 1957, elle a 65 ans et quitte le travail rémunéré qu’elle faisait à l’hôpital. Elle fait sa demande de pension avec l’aide de Mlle Robert qui l’aide aussi à rédiger sa déclaration de revenus. Elle continue à donner bénévolement un coup de main à la résidence des infirmières jusqu’à ce qu’on ait trouvé à la remplacer. Elle écrit à Maurice : « Je m’arrange pour vivre de peu. J’ai fait de petites économies et je pourrai bien faire cela sans être trop gênée. » En 1958, Maurice intervient auprès du Old Age Assistance pour plaider l’admissibilité de sa sœur à une rente d’appoint, puisqu’elle doit payer de sa poche des médicaments qu’aucune assurance ne rembourse126. Maurice et Mariette vont aussi aider leurs neveux, Georgette Baudoux et Maurice Balcombe, qui approchent de l’âge adulte et cherchent difficilement leur voie. Georgette travaille pour l’aviation à Trenton, en Ontario, lorsqu’elle reçoit en juin 1955 l’annonce officielle de son embauche comme assistante au lycée La Fontaine de Paris, dans le 16e arrondissement. Elle a commencé à écrire des nouvelles et en a proposé une qui est présentée à CBC. Avant son départ pour Paris, elle ira saluer ses parents à Edmonton où se trouve alors Mariette, et son cousin à Saskatoon. Elle veut aussi se rendre à Saint-Boniface pour y « discuter de choses sérieuses » avec son oncle127. C’est que les relations sont difficiles entre Georgette et ses parents. En 1955, Irène et Edgard se sont rendus en Europe pour y faire la connaissance du prétendant de leur fille, Roland Antonioli, qui ne leur fait pas bonne impression. À 23 ans, Georgette n’accepte plus l’autorité de ses parents et s’apprête à prendre un mois de repos avec lui au Portugal. Mgr Baudoux s’inquiète parce que sa nièce ne s’est pas présentée aux personnes qu’on lui avait recommandées. Il lui a prêté 10 000 francs et elle ne lui a écrit que pour le remercier. Happée par le tourbillon de Paris, elle refuse de mener une vie tranquille. En octobre, Edgard apprend à son frère qu’après huit jours de cure à Spa Georgette est plus calme, mais qu’elle retournera à Paris avec son
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amoureux. Elle apprendra à ses parents que la date de son mariage a été retardée en novembre, mais un mois plus tard elle n’a pas encore confirmé la date de l’événement. Maurice et Mariette continueront pendant plusieurs années à aider financièrement cette nièce à la santé précaire. En 1958, Mgr Baudoux la visite à Paris alors qu’elle vient de donner naissance à un premier enfant128. À l’été 1958, Mariette profite de son voyage à Edmonton chez son frère pour aller visiter son beau-frère, Fred Balcombe, à Saskatoon. L’été suivant, elle y retourne à la demande d’Irène pour faire l’inventaire des fils et textiles pour le tissage qui étaient entreposés chez eux. Irène lui apprend alors la deuxième maternité de Georgette. En juillet 1960, Edgard doit entrer à l’hôpital pour une deuxième intervention à l’œil et il se présentera en août pour des examens à la clinique du cancer. Quand ils partent pour leur voyage en Europe en septembre 1962, ils apportent une valise pour leur fille qu’ils rencontrent à Paris avec son mari et leurs enfants129. À l’été 1956, Maurice Balcombe va prier sur la tombe de sa mère à Prud’homme. À l’automne 1957, le jeune homme de 18 ans s’inscrit à SaintBoniface pour y terminer sa 12e année. Il demeure alors avec sa tante qu’il quittera en mars 1958 pour se rendre à Uranium City où on lui a offert du travail. Maurice et Mariette s’inquiètent. Le jeune homme apprend finalement à son père qu’il travaille pour une compagnie de produits chimiques à Weston, Ontario. Après la mort de ce dernier, il revient à Saint-Boniface. Il s’y trouve en juillet 1960, au moment du départ de son oncle pour l’Europe. Mariette l’héberge, le temps de lui trouver une chambre, son appartement étant trop petit pour remiser tout le bagage du jeune homme. Il commence l’étude du français et se trouve un travail comme assistant chimiste pour quelques semaines avec Supercrete pour analyser les sables et les rocs sur la route Dawson. Il compte terminer ses études et passer les examens au mois d’août. Mariette constate que son neveu est alors « bien embrouillé et troublé en matière de religion », qu’il s’intéresse à la philosophie mais n’est pas doué pour les sciences exactes. Elle l’aide dans ses études et tente de lui permettre de s’épancher130. Au cours des années 1950, Antonio de Margerie consulte souvent Mgr Baudoux au sujet de ses enfants aux études à Québec, à Saint-Boniface et à Montréal. Paul de Margerie est le filleul de Mgr Baudoux. Étudiant en musique à l’Université Laval, il invite son parrain à le rencontrer à Québec pour faire la connaissance de sa fiancée Marguerite, avant leur mariage. Plus tard, il l’invite à assister au Requiem de Verdi dont il avait préparé le chœur. Mgr Baudoux profite de la situation d’étudiant de Bernard, séminariste au Grand Séminaire de Montréal, pour lui demander une référence de lecture
336 IV. Évêque ou plus prosaïquement pour lui trouver « un Jésus bébé moderne (pas de cire rose, bras tendus, yeux de verre, robe de dentelle, etc.) mais emmailloté, comme le sont tous les enfants après leur naissance, et comme l’a été Jésus – soit réaliste, soit stylisé – en quelque matériel que ce soit – environ 12 pouces s’il y a le choix ». Au lendemain de son ordination, Bernard rendra témoignage de la profonde influence de Mgr Baudoux sur tous les siens : « Merci de nous avoir tous re-grandis par ce resserrement des liens qui nous attachent à vous ; merci d’avoir exprimé ouvertement, par cette visite, votre attachement à nous, qui se manifeste d’ailleurs, et depuis longtemps, par tant d’attitudes, de démarches plus obscures, plus secrètes... mais non moins probantes131. » C’est toujours avec gentillesse que Mgr Baudoux répond aux invitations qui lui sont faites par des amis, soit pour confirmer un enfant, soit pour les visiter à Montréal ou lorsqu’ils sont en poste en Europe, et cela même si, comme il l’écrit à Mariette en 1962, il lui est de plus en plus pénible, avec les années, de se rendre à toutes ces invitations132.
Chapitre 10
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De Pie XII à Jean XXIII (1959-1965) �
Baudoux s’est embarqué à New York le 26 août 1958 pour sa visite ad limina. Arrivé à Lisbonne le 2 septembre, il visite le Portugal et l’Espagne avant de se rendre à Lourdes pour l’ouverture du congrès marial international, le 10 septembre. Il y prononce un sermon et préside l’une des sessions. Il visite ensuite sa nièce Georgette à Paris, ses parents et des religieuses à La Louvière et à Manage. Il est à Diest, en Belgique, lorsqu’il apprend la mort de Pie XII. Après avoir passé la nuit du 11 sur une banquette du train de Vérone à Rome, il se rend place Saint-Pierre prier devant le corps de Pie XII, « mal embaumé, mal conservé », écrit-il à Mariette, couché sur un lit funèbre à l’endroit même où, « en 1950, nous l’avons vu gr
À Lourdes 11 sept. 1958
338 IV. Évêque sur une grande estrade, en audience publique ». Après avoir assisté aux funérailles, le 13 octobre, il veut assister au couronnement du nouveau pape après le conclave prévu pour le 24 ou le 25. En attendant, il visite l’Angelicum, la maison des missionnaires oblats et leur scolasticat, rencontre le supérieur général, les pères du Très-Saint-Sacrement, et visite Tivoli, Castel Gandolfo et Terracina. Il se trouve place Saint-Pierre le 28 octobre, avec une douzaine d’autres évêques, à l’heure de la fumée, au moment de l’annonce de l’élection du nouveau pape. Giuseppe Roncalli prend le nom de Jean XXIII. Il est « très gros », écrit-il à Mariette, et lui rappelle Pie X1.
Mgr Baudoux avec Jean XXIII, 8 mai 1959
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Le couronnement est fixé au 4 novembre. Mgr Baudoux obtient une invitation et, selon l’usage, vénère le nouveau pape en baisant sa mule et son genou. Il raconte à Mariette qu’avec Mgr Douville, Romuald Bissonnette, p.s.s., recteur du Collège canadien, et trois autres prêtres, il est entré pour une audience dans la bibliothèque du pape à une heure et quart et ils sont présentés par le cardinal Léger. « Bon et extraordinaire », le pape les a mis à l’aise et a fait preuve d’humour. Il a tout juste le temps de faire bénir les personnes et les intentions qu’il avait inscrites sur une feuille, avant d’être reconduit à la porte, mais ce furent « dix minutes délicieuses ». De SaintBoniface, Édouard Gagnon, p.s.s., supérieur du grand séminaire, lui apprend que « les réactions par ici sont passées de la surprise à un grand contentement ». Le nouveau pontife « semble faire une magnifique impression ». Après le couronnement, Mgr Baudoux visite le Centre du Mouvement pour un monde meilleur. Il prend l’avion pour Paris le 8 novembre afin de revoir sa nièce Georgette et rentre à temps pour l’assemblée plénière des évêques à Ottawa les 13 et 14 novembre. Il reçoit le pallium le 9 décembre et profite de l’occasion pour consacrer son archidiocèse à la Vierge immaculée2. Lors de sa rencontre avec ses prêtres le 30 décembre 1958, Mgr Baudoux rappelle le souci d’adaptation de Pie XII. Son instruction du 3 septembre 1958 sur la musique sacrée et la liturgie est considérée comme son testament. Il souligne aussi l’indomptable énergie de Jean XXIII, décidé à se donner sans compter et à travailler sans relâche. Il insiste pour qu’on se soucie de ces 170 000 personnes « qui ne sont pas de ce troupeau », pour lesquelles l’Inquiry Forum a été fondé en 1952. Il invite les prêtres à étendre leurs horizons jusqu’à l’Amérique latine pour contrer « l’avance effarante » que le protestantisme y fait depuis 19163. En 1959, Mgr Sebastiano Baggio succède à Mgr Panico comme délégué apostolique. Mgr Baudoux reconnaît les services rendus à l’Église et à la société par l’abbé Antoine d’Eschambault, son proche collaborateur, qu’il fait nommer prélat d’honneur. Après avoir été missionnaire chez les Polonais et les Ukrainiens dont il a appris la langue, et visiteur des écoles, il a été membre fondateur de la Société historique de Saint-Boniface et fondateur de la section française de la Société d’enseignement postscolaire. C’est lui qui organise le bicentenaire de l’arrivée de La Vérendrye au confluent des rivières Rouge et Assiniboine et qui est responsable de l’érection du monument en son honneur sur la rue Taché. Il est, depuis 1957, président des Sites et monuments historiques du Canada. Il a été décoré de la Croix de Pologne et a été reçu à la Société royale du Canada. Depuis 1941, il se consacre à la radio française de l’Ouest et il est secrétaire, depuis les débuts, de Radio-Saint-Boniface4.
340 IV. Évêque Mgr Baudoux part pour Rome le 26 avril 1959 avec le supérieur du grand séminaire pour assister à la béatification de Marguerite D’Youville, fondatrice des Sœurs grises. À cette occasion, des fêtes et un pèlerinage sont organisés dans les diocèses de Saint-Jean–Longueuil, Montréal et SaintBoniface. À son retour, la retraite sacerdotale de juin lui fournit l’occasion de faire partager à ses prêtres son admiration croissante pour ce pape trop vite qualifié de pape de transition, en raison de son âge, qu’il a découvert lors des audiences qu’il a obtenues, et qui vient d’annoncer la tenue d’un synode et d’un concile œcuménique. Nous avons en lui ce phénomène extraordinaire d’un homme de 77 ans et qui, dans toutes ses énergies spirituelles et dans tous ses désirs d’aller de l’avant, en paraît 30 ou 35. Vous savez que ce Synode qui n’avait jamais eu lieu à Rome, depuis très, très longtemps, il l’a voulu. Et il le veut sur le modèle du Synode de Venise dont j’ai rapporté un exemplaire. Il a voulu ce Concile œcuménique et il s’en occupe d’une manière très active. Et il pense sans cesse à chacun de nous. Il m’a demandé des nouvelles et il se préoccupe plus particulièrement de nos frères séparés, les schismatiques – les orthodoxes, comme nous les appelons ici – et les protestants. Il m’a demandé ce que nous faisions pour les protestants au milieu desquels nous vivons. Je lui ai dit l’œuvre de notre Inquiry Forum. Je vous rapporte cela et nous aurons l’occasion d’y revenir encore5.
Les projets pastoraux de Mgr Baudoux au cours des années qui précèdent le concile s’inscrivent dans la politique d’ouverture amorcée par Jean XXIII et manifestent sa propre impatience de procéder aux changements qui s’imposent en matière liturgique, comme dans la confiance faite aux laïcs. En 1959, il engage le diocèse dans deux projets concrets, une souscription étalée sur trois ans, pour recueillir « la Part à Dieu » pour le financement des œuvres diocésaines, et l’envoi d’une équipe de missionnaires en Amérique latine. Pendant ce temps, le grand séminaire entre dans une période difficile. En 1960, le petit séminaire diocésain est fondé et on envisage de remettre aux oblats la direction du petit séminaire indien. Quant aux relations avec les autorités du collège, elles vont finalement se détendre. Une pastorale d’ouverture Obligé, par l’institution de la visite pastorale, de corriger les abus et de redresser ce qui n’est pas tout à fait droit, Mgr Baudoux regrette, et s’en excuse, de devoir y consacrer plus de temps qu’à dire à ses prêtres tout le bien qu’il pense d’eux. « Si donc, dans les conférences qui vont suivre, j’attire votre attention sur quelques faiblesses », c’est « pour que nous tâchions tous ensemble d’améliorer la situation actuelle et de continuer d’aller de progrès en progrès. » Il animera lui-même avec le sulpicien Édouard Gagnon et Dom Fulgence, la journée sacerdotale du 22 septembre, pour marquer le centenaire
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de la mort du curé d’Ars. Celle du 10 novembre sera consacrée à préparer la semaine de la messe dont l’objectif est de mieux traduire dans la pratique les directives des Instructions romaines sur la musique sacrée et la liturgie6.
Jeu sur l’Augustus, 1959
En 1960, une paraliturgie est prévue pour la semaine de prière pour l’unité chrétienne. Dans ses circulaires au clergé, Mgr Baudoux insiste sur le lien qui existe entre la visite pastorale du curé, son rapport spirituel, la visite pastorale de l’évêque à Rome et le rapport quinquennal qu’il doit présenter. Il annonce le Mois de la presse catholique pour la promotion des hebdomadaires catholiques, le Dimanche de la doctrine chrétienne et la poursuite de la catéchèse préparatoire à la Semaine sainte. Le sulpicien Joseph Colomb de Paris, qui donne alors des cours au grand séminaire, animera la récollection sacerdotale de février. Un cours d’été sur la musique liturgique est offert aux prêtres à Lebret du 18 au 22 juillet. Le calendrier des visites pastorales et des confirmations, étalé de mai à août, est interrompu par sa participation au congrès eucharistique international de Munich où il accompagne un pèlerinage. L’archevêque quitte Saint-Boniface le 25 juin. Après un arrêt à Montréal pour visiter des amis, il prend quelques jours de repos à Petit-Cap où Mgr A.-M. Parent l’accompagne à une partie de pêche, avant de présider des ordinations au Nouveau-Brunswick et à L’Ancienne-Lorette. Il s’envole pour Munich le 10 juillet. En Belgique, il ordonne l’abbé Peeters et est de retour à Montréal le 16 août7.
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À Munich, 3 août 1960
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Le contact de Mgr Baudoux avec les paroisses des diocèses de Montréal et de Saint-Jean, où il fait des confirmations chaque année, lui permet de suivre l’évolution de la catéchèse et de la liturgie. En 1961, Mgr Gérard-Marie Coderre, l’évêque de Saint-Jean, lui fait parvenir sa lettre programme. Mgr Baudoux en apprécie les « avis merveilleux » et demande de s’en servir : « C’est d’ailleurs dans le diocèse de Saint-Jean que j’ai goûté le plus mes confirmations, parce qu’il s’y trouve des paroisses où tout le monde participe. Cela m’a encouragé et donné de nouvelles idées pour mon diocèse. » En donnant son autorisation, Mgr Coderre lui écrit que les curés « ont hâte de [l’]avoir chez eux. Vous êtes le bienvenu partout ». Mgr Baudoux commande 250 copies de sa circulaire sur la confirmation. Il adoptera comme programme officiel de prédication dans son diocèse pour l’Avent 1961, le Service de l’homilétique conçu par le Centre catholique de l’Université Saint-Paul. À sa demande, les Marianistes de Saint-Boniface traduiront ces textes en anglais, et les copies seront diffusées par le Centre catholique. En novembre, on compte 700 abonnés à cette édition des homélies, il y en aura 900 en janvier suivant, et l’on songe à lancer une édition anglaise avec la collaboration du traducteur de Saint-Boniface, le père Richard F. Hickerson, qui sera rétribué. Le succès est tel que la série de 1962 est imprimée et diffusée en dehors du Canada8. En avril 1962, Mgr Baudoux décide d’étaler sur deux ans le programme de ses visites pastorales et des confirmations. Il est impatient de pouvoir autoriser la lecture en français pour la semaine sainte, mais le recteur du Collège canadien lui conseille de ne pas attendre de réponse à sa demande. Le Saint-Office ne veut rien faire avant le concile, et préfère ne pas répondre, plutôt que de signifier un refus. La Liberté et le Patriote de juillet 1962 souligne le 10e anniversaire de la présence de Mgr Baudoux dans le diocèse9. La Part-à-Dieu En juin 1959, Mgr Baudoux annonce une souscription diocésaine de 750 000 $ étalée sur trois ans. Le projet a été soigneusement étudié pendant un an par les consulteurs diocésains avec l’aide d’experts financiers. Le gérant de la Banque canadienne de Commerce informe le procureur Joseph Robert que la compagnie Spes, à laquelle l’on veut confier l’opération, a été fondée au cours de la dernière année par « des hommes d’affaires de bonne réputation » qui disposent d’un capital suffisant pour son bon fonctionnement. Une entente est également signée entre l’archidiocèse et les consultants de la Catholic Associates (Cathos Ltd.) pour recueillir 350 000 $ des 750 000 $ nécessaires. Les règlements relatifs à la Part-à-Dieu sont publiés en octobre avec le tableau des contributions que devront verser les paroisses entre 1959
344 IV. Évêque et 1962. En décembre, la phase préliminaire de la campagne est terminée avec succès. Seules trois des 31 paroisses françaises n’ont pas signé de formule d’entente et remis leur décision à plus tard ; 33 des 38 paroisses anglaises ont signé. Des parts pour 353 667 $ ont été vendues10. Le rapport de la Part-à-Dieu que présente Mgr Baudoux en mars 1960 fait état d’un engagement pour trois ans de plus de deux millions de dollars. L’archevêque insiste sur l’esprit de l’entreprise confiée aux laïques : J’ai délibérément convié des laïcs à vous parler des causes en jeu. Et je veux les remercier vivement, eux et les autres orateurs, d’avoir bien voulu accepter, et les féliciter d’avoir si bien réussi. Mais ce choix des laïcs a pour but de souligner la responsabilité des laïcs dans la vie de l’Église – une responsabilité fondamentale, une responsabilité répartie sur un grand nombre, les laïcs ne sont-ils pas d’ailleurs les membres les plus nombreux ? – une responsabilité qui n’est pas moins réelle du fait qu’elle ne peut s’exercer que sous la direction et la vigilance de la hiérarchie. Cette projection de l’Église diocésaine – évêque, prêtres, laïcs – permet de mieux se représenter l’Église entière. C’est là l’objet le plus foncier de la campagne de la Part-à-Dieu11.
Chaque année, les revenus et dépenses de la Corporation épiscopale sont rendus publics. De 1956 à 1960, ils sont passés de 55 103,93 $ à 84 037,04 $ ; au 31 janvier 1961, ils étaient de 1 834 659,34 $. On rend compte aussi de l’utilisation des sommes recueillies pendant la campagne de la Part-à-Dieu pour l’extension du grand séminaire, l’éducation catholique secondaire au collège, l’œuvre des retraites, la restauration de l’archevêché. En septembre 1962, un plan est élaboré pour la poursuite de la Part-à-Dieu après la fin de la campagne de Spes et de Cathos, à compter du 1er janvier 196312. L’aide à l’Amérique latine En juin 1959, Mgr Baudoux avait aussi annoncé l’ouverture prochaine d’une mission en Bolivie. L’abbé Ubald Lafond partira bientôt après avoir prêché dans un certain nombre de paroisses pour recueillir des offrandes pour cette œuvre. Un mois plus tard, le délégué apostolique Baggio presse les évêques canadiens de créer une association de prêtres séculiers pour l’Amérique du Sud afin de coordonner les efforts et d’encourager l’adhésion des diocèses au projet. La Commission pontificale pour l’Amérique latine les incite à traiter la question lors de leur prochaine assemblée générale et à l’inclure dans leur déclaration collective. En la faisant parvenir à ses prêtres, Mgr Baudoux leur demande de la faire lire par tranches dans les paroisses du 27 mars au 22 mai13.
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D’autres évêques suivent le mouvement. Mgr Decosse fait imprimer pour son diocèse quelques milliers d’exemplaires de la prière pour le mouvement d’aide à l’Amérique latine. Spontanément, la supérieure provinciale des Sœurs grises offre 500 $ pour la mission de Bolivie. La concertation avec la hiérarchie en Amérique latine entraîne la modification de certains projets. En juillet, l’archevêque annonce le transfert au Brésil de la mission ouverte en Bolivie. Il en informe aussitôt un ami de longue date, l’oblat Valérien Gaudet, missionnaire à Oruro, en Bolivie. Chaque mois, Les Cloches de SaintBoniface font écho aux activités de la nouvelle mission14. En mai 1961, l’archevêque invite Lionel Corbeil, religieux de SainteCroix et missionnaire à São Paulo, à rencontrer ses prêtres lors de la retraite pastorale. Il le remercie d’avoir accepté de former les abbés Léo Verrier et Édouard Banville qui se destinent au Brésil. Au terme d’une formation de dix mois, ces derniers désirent rencontrer leur archevêque sur place. Celui-ci part le 14 juillet en compagnie de l’abbé Antoine Hacault pour une tournée de cinq semaines qui les conduira d’abord de Mexico à Bogota où les attend M. É. Gagnon, p.s.s. Leur itinéraire les amène ensuite à São Paulo, Manizales (Colombie), Cali, Quito, Lima, La Paz, Oruro et Buenos Aires. À São Paulo, où ils logent chez les pères de Sainte-Croix, ils rencontrent le supérieur de l’équipe d’Ottawa établie à Tupu Paulista, qui entretient des liens étroits avec celle de Saint-Boniface. L’objectif de ce périple est la signature du contrat avec le diocèse et la prise de possession de la paroisse Sainte-Jeanned’Arc, le 31 juillet. À la demande de l’abbé Georges Damphousse, la cérémonie est filmée pour être présentée dans le diocèse. Après une visite à Brasilia le 1er août, l’abbé Verrier amène les visiteurs la nuit porter du café chaud et des sandwiches aux miséreux couchés le long des églises et des murs. C’est aussi l’occasion de visiter plusieurs communautés canadiennes à l’œuvre dans la région. Les voyageurs seront de retour au pays le 18 août. La relation de ce voyage, faite par l’abbé Hacault, est publiée dans les Cloches de Saint-Boniface15. La revue de l’année que fait Mgr Baudoux devant le clergé, puis devant les religieuses, comprend le bilan de ce voyage au Brésil et une invitation à se mettre « en état de concile ». En janvier 1962, il est à Montréal d’où il se rend à Ottawa pour la réunion du conseil de la CCC, mais aussi pour rencontrer Mgr Lemieux qui tente d’obtenir des bourses pour les membres de l’équipe de São Paulo. Il confie au recteur du Collège canadien qu’il ne sait pas quand il pourra envoyer un autre prêtre aux études, « car ce n’est pas sans nous saigner presqu’à blanc » que trois prêtres ont été envoyés en Amérique latine. Le 24 mars, un communiqué annonce le départ pour São Paulo de deux prêtres et de dix religieuses de cinq communautés différentes, âgées de 27 à 45 ans. Cette formule, dira l’abbé Hacault aux Sœurs grises, « nous la
346 IV. Évêque devons à l’inspiration géniale » de l’archevêque, « à sa force d’âme, à son indomptable énergie ». L’archevêque préside une rencontre des supérieures majeures pour étudier le moyen d’élire une supérieure et une assistante pour ce groupe communautaire inusité. En juillet, les missionnaires suivent un cours de langue, de culture et d’adaptation de quatre mois au Centre interculturel de formation de Pétropolis, rattaché à l’Université catholique de Fordham16. En avril 1962, Mgr Baudoux accepte une autre paroisse au Brésil, à la limite de la paroisse Notre-Dame-de-Fatima. Les dix religieuses désignées iront à l’archevêché, avec leur supérieure provinciale, discuter des conditions de leur formation. L’archevêque jette déjà des notes sur papier pour rédiger un directoire pour l’équipe. En juin, le directeur du centre de formation de Cuernavaca, Mgr Ivan Illich, apprend à Mgr Baudoux que Mgr Lemieux a réservé en décembre, des places pour son équipe à Petropolis. Les cours dureront du 13 juillet au 31 octobre. Il faut donc vite préparer le départ. Le 25 juin, à la chapelle du grand séminaire, l’archevêque préside la cérémonie de départ des missionnaires qui rejoindront l’équipe sacerdotale à l’œuvre au Brésil depuis deux ans. Il confie à Mariette qu’il avait dû préparer son homélie par écrit, « pour plus de sûreté » car il avait « bien peur de trop » s’émouvoir17. Inquiétudes au grand séminaire Si l’année 1959, avec ses onze ordinations au sacerdoce, permet d’envoyer un premier prêtre en Bolivie et d’autres poursuivre leurs études en Europe, l’avenir reste incertain. L’archevêque écrit au recteur du Collège canadien à Rome : « Hélas ! dans quatre ans, pas un seul prêtre, puisqu’il n’y a eu aucune entrée en 1re théologie. Et un autre de nos prêtres, tout jeune, 33 ans, est bien malade : sclérose en plaques. Des fois, je ne sais pas où donner de la tête. » Il est heureux que le provincial des sulpiciens ait autorisé M. Léveillé à aller à Rome dès cette année et espère le voir revenir dans trois ans avec M. Granche. Si tout va très bien, tant chez le personnel que chez les séminaristes, leur nombre fléchit depuis plusieurs années. Ils sont 64, alors qu’on en a compté jusqu’à 74. Ils seront encore 76 à la rentrée du 8 septembre 196018. D’importants changements surviennent en octobre 1960, avec le départ de M. Édouard Gagnon, p.s.s., nommé supérieur du Grand Séminaire de Manizales, en Colombie et de M. Bulteau, p.s.s., qui, après quinze années d’enseignement, entreprend un voyage de repos et d’études. Jean Piché, p.s.s., sera le nouveau directeur du grand séminaire. À l’été 1962, Gilles Fortier est désigné pour enseigner la philosophie. On a demandé à Antonio Latour
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d’accepter le poste de directeur spirituel et de confesseur au petit séminaire. À la rentrée, le 8 septembre, on accueille 33 étudiants en théologie et 35 en philosophie. Depuis 1960, M. Émilius Goulet, p.s.s., poursuit des études en Europe en vue d’une carrière au grand séminaire19. Le petit séminaire diocésain Le 20 janvier 1960, Mgr Baudoux nomme une commission de sept prêtres pour étudier la question du rétablissement du petit séminaire diocésain. Le motif qui l’a poussé à caresser ce projet depuis son arrivée en 1952, c’est le désir du pape, qui lui est apparu avec une particulière insistance quand, pour la deuxième fois en sept ans, il a dû déclarer dans son rapport quinquennal, « d’une part, que le recrutement était tout à fait insuffisant, d’autre part que Nous n’avions pas de petit séminaire ». Une anomalie qui lui paraît de plus en plus inacceptable20. Ce petit séminaire n’est destiné qu’aux garçons attirés vers le sacerdoce. Spontanément, le recteur du collège à qui Mgr Baudoux annonce le projet lui déclare qu’il le désirait « vivement, même si le collège devait en souffrir ». Reprenant la lettre circulaire du 5 juin 1909 de Mgr Langevin, l’archevêque veut renouer avec la formule qui existait au moment de l’incendie du collège en 1922, alors que les séminaristes faisaient leurs classes au collège, depuis les éléments latins jusqu’à la philosophie. Les séminaristes anglophones fréquenteront un high school catholique. Le recteur assure l’archevêque qu’il collaborera « entièrement à la réalisation et au développement » du projet. La fondation de cette institution est confiée aux prêtres de Saint-Sulpice qui enverront un prêtre sur place en septembre 196021. Construit pour une cinquantaine d’élèves, le petit séminaire sera financé par de l’argent légué par des prêtres qui constitue actuellement un fonds de 100 000 $, soit les deux tiers des déboursés nécessaires pour l’achat d’un terrain sur la rue Laflèche et les frais de construction de la présente année. La taxe requise des prêtres et des religieux pour l’Œuvre des bourses du collège au nom de l’Ordinaire, ira désormais à l’Œuvre des vocations, alors que l’Œuvre des bourses du collège continuera de percevoir la contribution des familles dans les paroisses. La situation ambiguë dont l’archevêque a hérité est maintenant clarifiée et l’écheveau qu’il tente de démêler depuis huit ans est enfin dénoué. À son retour d’Europe, il apprend de monsieur Laurence, p.s.s., que le cardinal Léger vient de retirer cinq prêtres diocésains travaillant dans les collèges et qu’il ne pourra envoyer un deuxième prêtre pour le petit séminaire qui attend ses 51 élèves le 1er septembre22.
348 IV. Évêque Le sulpicien Jean Roy est nommé supérieur du petit séminaire et les abbés Albert Fréchette et Julien Lévesque en sont les directeurs. La bénédiction officielle est faite le 19 février 1961 par le délégué apostolique Sebastiano Baggio en présence des 54 élèves et de leurs parents ; 71 élèves sont inscrits pour la rentrée de septembre 1961. La maquette du nouvel édifice sera présentée le 28 août 1962 par l’architecte Étienne Gaboury23. Le petit séminaire indien à la croisée des chemins En juin 1959, un nouveau remaniement est effectué dans le personnel du petit séminaire indien. Devenu assistant et préfet des études, l’abbé Paul Gagné devra trouver une autre personne, frère ou laïc, pour les tâches secondaires, obtenir la reconnaissance officielle de l’institution comme maison d’enseignement, et l’aide des Chevaliers de Colomb pour le financement des récréations. Le provincial Tourigny, o.m.i., propose à l’archevêque de consigner les nouvelles dispositions, de préciser le nombre de grades que les professeurs peuvent offrir avec succès et de confier le recrutement au père Leroux. Les autres jeunes chez qui l’on décèle une vocation seront dirigés à Assiniboia. En septembre, l’abbé Gagné est invité par le commandant du Pine Falls Armoury à se joindre à son personnel comme aumônier de l’unité locale, lorsqu’il accompagne les séminaristes à l’arsenal. Il offre d’agréger les moins de seize ans au corps de cadet, ce qui leur permettrait de profiter d’activités physiques et de jeux favorisant la sociabilité24. Au moment où il s’apprête à quitter sa fonction de provincial, le père Tourigny remet à Mgr Baudoux tous les documents concernant les démarches faites auprès du colonel H. M. Jones, directeur de la division des Affaires indiennes à Ottawa, pour les subventions pour les élèves indiens. Il estime que son prestige personnel et celui de sa charge pastorale « auraient du poids » et qu’il aurait la « chance d’emporter le morceau » en plaidant lui-même la cause à Ottawa. Il faut combler les lacunes du dossier présenté par le père Plamondon et démontrer « que le Séminaire est organisé sur une base administrative avec directeur, principal, doyen de discipline, professeurs, curriculum régulier et cours spéciaux adaptés à l’œuvre ». Mgr Baudoux confie au père André Renaud, o.m.i., le soin de lui obtenir une entrevue à Ottawa25. En septembre 1960, dix-sept séminaristes sont inscrits. L’archevêque poursuit la correspondance avec le représentant du Bureau régional du Manitoba pour les Affaires indiennes pour s’assurer du respect des procédures pour les inscriptions et les demandes de subventions. Le recrutement est confié au père Marc Monforton, o.m.i. Un nouveau plan d’étude est envisagé pour septembre suivant. Pour une meilleure utilisation du personnel et une intégration plus active des Indiens parmi les Blancs, on décide de les inscrire
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au high school de Powerview et de leur donner les cours de latin, de chant, etc., au petit séminaire26.
Le groupe de Fort-Alexandre, 5 sept. 1960
En novembre 1961, l’abbé Gagné songe à agrandir le petit séminaire. Il demande à Mgr Baudoux son appui auprès des Chevaliers de Colomb et l’autorisation d’organiser une rafle pour amasser des fonds pour l’achat d’équipement scolaire et sportif. L’archevêque qui avait régulièrement payé les comptes soumis par l’abbé Plamondon lui annonce en novembre, en lui faisant parvenir un chèque de plus de 1 000 $ pour éponger le déficit de septembre et d’octobre, que le diocèse ne pourra payer indéfiniment les déficits qui s’élèvent à plus de 10 000 $. Il le presse de se plier aux règlements établis pour obtenir des subventions du gouvernement, et d’être plus circonspect dans l’admission des sujets : « Je crains fort qu’il y en a actuellement pour lesquels ces possibilités, comme leurs aspirations [à la vocation], sont nulles : ils sont à Saint-Jean parce que cela ne coûte rien et comporte d’autres avantages27. » Les sœurs de l’Entraide, un embryon d’institut laïque fondé par l’abbé Plamondon qui sera relayé par les missionnaires oblates après sa dissolution, tentent elles aussi d’aider à financier l’œuvre en présentant un concert pour payer la pension d’un étudiant pauvre. Quand le père Leroux demande un salaire conforme à sa formation, Mgr Baudoux lui répond que personne, dans
350 IV. Évêque le diocèse, pas plus l’archevêque que les prêtres, « ne reçoit ce que reçoit un professeur ou principal dans une école subventionnée ». Il devra donc trouver quelqu’un d’autre pour septembre 1962, ou fermer le petit séminaire. Mais, avant d’en arriver là, l’archevêque sollicite l’aide de la Catholic Church Extension Society et demande au provincial Lizée, o.m.i., si la congrégation accepterait d’en prendre la direction et d’en faire un séminaire interdiocésain28. De concert avec le provincial et Mgr Dumouchel, on décide de maintenir le petit séminaire jusqu’à juin 1963 et d’améliorer la coordination du personnel. Le père Leroux, o.m.i., sera directeur, l’abbé Plamondon, directeur spirituel et un prêtre diocésain de la prochaine ordination, l’abbé Roger Bazin, préfet de discipline. Les séminaristes seront envoyés à l’école de Powerview. On devra passer un contrat avec les parents, comme cela se pratique dans le Keewatin, et ne recevoir que les élèves présentant un espoir de vocation. Le refus du principe d’administration financière que Mgr Baudoux avait proposé en octobre 1955 et la négligence à se soumettre aux exigences du département des Affaires indiennes ont privé l’institution des subventions auxquelles elle aurait eu droit29. Si le provincial Lizée nomme le père Leroux comme directeur, c’est pour prouver à l’archevêque « le véritable intérêt » que portent les oblats à cette œuvre, mais ils refusent d’en accepter la direction et la responsabilité financière. « Nous voulons cependant seconder entièrement Son Excellence dans cette œuvre que nous croyons importante, mais très précaire, si le problème de la direction, comme de l’état financier, ne s’améliore pas. » En faisant part de ces décisions à l’abbé Plamondon, l’archevêque le remercie de l’attachement, de l’abnégation et de l’excessive générosité dont lui et ses ouvrières de l’Entraide ont fait preuve « pour le maintien de cette œuvre impossible aux yeux des hommes ». Après huit années de service, le prêtre ne pourra revenir à Fort-Alexandre. Comme en fait preuve la correspondance entre l’archevêque et le directeur du petit séminaire, mois après mois, le diocèse avait remboursé des déficits de l’ordre de 12 000 $, alors qu’il ne compte que deux élèves inscrits. En souscrivant aux décisions prises, le supérieur général des oblats invite le provincial à suivre de près la réorganisation. Il insiste sur la nécessité de « bien étudier la possibilité de réussite » d’un séminaire régional, « avant de pouvoir l’accepter définitivement30 ». À la fin de juin 1962, le père Leroux informe l’archevêque qu’il doute de la possibilité des parents de s’engager financièrement en raison de leur grande pauvreté. Il déplore que les prêtres aient à consacrer tant de temps aux questions financières, alors qu’ils devraient s’occuper surtout de la formation et de la direction des candidats. Dans une longue analyse de la situa-
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tion, il se dit convaincu que la réalisation du projet de séminaire régional est la tâche la plus vitale et la plus importante pour toute l’Église de l’Ouest. Il l’assure de sa plus entière collaboration, une fois qu’un plan aura été établi pour réaliser l’entreprise dont il accepte la direction en septembre. Cette longue lettre est bien accueillie par l’archevêque qui fait le même jour une demande d’aide à la Catholic Church Extension Society de qui il a déjà reçu une aide de 500 $. Mais c’est de 3 000 $ qu’on a besoin pour les bourses, selon le père Leroux. Sur le plan académique, les choses se sont améliorées à la satisfaction des étudiants. L’abbé Gagné renonce à sa fonction de principal et professeur. Si l’aide domestique généreuse accordée par les missionnaires oblates a été une source d’encouragement et de consolation, on déplore le délabrement et le manque d’entretien de certaines installations31. Accalmie au collège de Saint-Boniface De nouvelles frictions se produisent en 1959 quand le curé de la cathédrale refuse de céder au collège le terrain convoité pour la construction d’une aile de trois étages entre le collège et la cathédrale. L’autorisation officielle de commencer les travaux est accordée par l’archevêché, quelques jours après la démission du curé qui s’y opposait. Cette autorisation est donnée par Mgr Baudoux à condition que les sommes requises ne dépassent pas 280 000 $ ; elle aurait été donnée depuis longtemps, précise-t-il, si l’on avait présenté « des plans et des chiffres bien définis ». Il incite « péremptoirement » les responsables à s’occuper de recueillir au moins 50 000 $ en dehors du diocèse, auprès du Conseil de la vie française ou du gouvernement du Québec. Il s’engage à les appuyer et même à en faire lui-même la demande. Le provincial des jésuites se portera garant de toute dépense entre 250 000 $ et 280 000 $32. La demande de la Sacrée Congrégation du Concile concernant les quêtes et collectes de tous genres que les religieux, instituts et autres entités ecclésiastiques font dans les diocèses du Canada depuis trois ans, donne lieu à de nouveaux soupçons. Après en avoir discuté au téléphone avec l’archevêque, le recteur Boily transmet la demande au provincial Gérard Goulet. Il voit dans cette requête une méconnaissance de l’association, à qui « tous les gens de bon jugement reconnaissent le mérite d’avoir sauvegardé dans la province un système d’écoles tant catholiques que françaises ». L’archevêque, écrit le recteur, « naturellement porté à méconnaître la procédure d’un organisme comme l’association (que Mgr Béliveau appelait la prunelle de ses yeux) », et « victime facile d’intrigants », ne lui manifesterait pas l’estime qu’elle mérite. L’archevêque lui a signalé aussi que le poste qu’y occupe le père Guy devrait l’être par un laïc. Ce qui est vrai en théorie, admet-il, mais peu réalisable en
352 IV. Évêque pratique. Retirer le père Guy, selon lui, porterait à l’association un coup dont l’archevêque n’aurait pas l’odieux. Un procédé qu’il n’aime pas. Il propose de donner un avis d’un an et, « pour en sortir avec honneur, de demander à l’association de faire appuyer leur demande par Son Excellence. Ça ne serait pas méchant ?? », ou encore de laisser le père Guy, « sans tenir compte d’une humeur, peut-être passagère de notre pontife33 ». Mgr Baudoux confie aux anciens du collège le soin de percevoir les dons pour l’Œuvre des bourses. L’exécutif des anciens choisira un groupe de laïcs pour travailler efficacement à une œuvre qui, pour lui, est « d’abord œuvre des vocations ». Composé jusque-là de prêtres, le comité compte maintenant des laïcs à titre de conseillers. Le mémorial du provincial D’Auteuil Richard fait écho à la suspicion qui perdure au collège : « La plus grande discrétion est recommandée à tous avec les gens du monde et même avec nos élèves concernant les relations du collège avec l’archevêché, les affaires du diocèse en général et plus spécialement les mouvements d’Action catholique. Soyons persuadés que nos expressions d’opinions – souvent déformées – se rendent tôt ou tard à l’archevêché. » Dans une lettre de la mi-novembre, l’abbé Lionel Bouvier, aumônier diocésain de l’Action catholique, signale à l’archevêque l’opposition des pères Ramaekers et Ludger Guy à la JEC. Lorsqu’il s’adresse aux jeunes, le père Guy ne se contente pas de faire la promotion du mouvement Jeunes franco-manitobains d’orientation patriotique, il refuse aussi de transmettre les directives diocésaines et discrédite l’engagement des jeunes au sein de la JEC comme une perte de temps et une activité nuisible34. Quand refait surface, en 1960, la demande des oblats d’instituer un cours complet au juniorat, les transformations en cours dans le domaine de l’éducation amènent les jésuites à assouplir leurs positions. Dans les notes qu’il rédige après avoir consulté les pères Guy, Rostaing, Jolicœur, Hacault et Caron, le recteur Boily propose d’accorder aux oblats, à certaines conditions, l’objet de leur demande. Et s’ils menaçaient de s’établir dans un autre diocèse, « il faudrait accepter tout de suite. Cela éclaircirait bien des malentendus et dissiperait la confusion qui sert souvent au recrutement des junioristes aux dépens du collège. » Le recteur transmet à Mgr Baudoux les suggestions du provincial D’Auteuil Richard. Pour ce dernier, il est crucial d’obtenir une entente écrite au sujet du recrutement qui devrait être limité, sans quoi, « cela pourrait être le commencement d’une ère très difficile pour le collège35 ». En septembre, Guy Fortier remplace Oscar Boily comme recteur du collège, nanti du mandat d’améliorer les relations avec l’archevêque. La lettre à son provincial, quinze jours après son arrivée, révèle que « les relations entre le nouveau recteur et Mgr Baudoux sont bien engagées ». Le statut académique du collège est alors régi par The University Act qui a été révisé en 1954,
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et tous les cours et degrés relèvent du Sénat de l’université. L’archevêque a consenti à ce que le recteur fasse cause commune avec les autres collèges affiliés à l’université pour demander des subsides au gouvernement provincial. Il annonce qu’il a « cru indispensable la réouverture du petit séminaire pour assurer le recrutement de son clergé » alors que les vocations semblent taries, et que les Anciens du collège avaient pris en main l’organisation de la collecte des argents pour l’Œuvre des bourses36. En 1961, le recteur peut parler de succès à son supérieur général : « Dès mon arrivée comme recteur, en juillet dernier, je me suis appliqué à améliorer les relations entre Mgr l’Archevêque et les membres de la Compagnie qui sont chargés de l’administration du collège. Mgr Baudoux s’est montré très affable et il semble me donner sa confiance. » Mais la fondation d’un petit séminaire a été interprétée « comme un manque de confiance envers nos pères », accusés, croit-il, de ne pas fournir de vocations au diocèse. L’analyse rationnelle de l’évolution sociale en cours finira par remplacer la recherche de boucs émissaires pour expliquer la crise des vocations, ce qui amènera plus de sérénité dans les relations37. Le 15 avril 1961, lors de la bénédiction du nouveau pavillon universitaire du collège, Mgr Baudoux prononce une allocution et, en juillet suivant, il célèbre la messe du Saint-Esprit pour les étudiants du cours d’été, en majorité des religieuses, organisé sous la responsabilité de Robert Lane, avec les jésuites L’Archevêque et D’Auteuil Richard, diplômés de l’Institut de catéchèse Lumen Vitae. « Mgr Baudoux avait l’air enchanté de toute l’affaire. Inutile de vous dire qu’il apprécie hautement votre travail », écrit le provincial au recteur. En septembre 1962, le recteur informe sa communauté de la formation de la Corporation du collège qui marque l’entrée des laïques dans l’administration de l’institution. Les jésuites feront un don de 4 000 $ pour la création d’un fonds pour des bourses38. Sous le signe de la concertation L’évolution en cours et l’approche du concile vont amener les évêques de l’Ouest à un effort de concertation dont Mgr Baudoux sera le leader. Les initiatives en faveur de l’Action catholique se déploient non seulement dans son diocèse, mais aussi dans tous les diocèses de l’Ouest. En 1961 une réunion des évêques de l’Ouest a lieu à Saskatoon et, deux mois plus tard, la session interdiocésaine d’Action catholique des diocèses français de l’Ouest s’ouvre à Saint-Boniface. Les évêques de l’Ouest profitent souvent de leur séjour à Montréal pour les confirmations pour se réunir, discuter de certains sujets et rencontrer ensemble, par exemple, les aumôniers d’Action catholique. Un avis émis en septembre 1962 recommande de donner priorité à l’Action
354 IV. Évêque catholique spécialisée. Un premier congrès national des responsables diocésains de la Croisade eucharistique avait eu lieu à Montréal en mai 1959. Personne de Saint-Boniface n’y avait pris part, mais le compte rendu en avait été envoyé à l’archevêque. Les journées d’étude pour les religieuses qui devaient avoir lieu à Prince-Albert sont remises à 1963, mais les religieuses du diocèse de Saint-Boniface sont invitées à la semaine de formation sociale de juillet 196239. Nommé en 1959 pour succéder à Mgr Blais à Prince-Albert, Mgr Laurent Morin demande conseil à Mgr Baudoux au sujet de son installation, des langues à utiliser et du cimetière catholique. L’archevêque est de toutes les réunions. Il prend part à la rencontre des évêques américains à Washington en novembre 1959 et à celle des évêques canadiens à Vancouver et à Victoria pour la messe de requiem de Mgr Joseph Charbonneau. En avril 1960, il ira à Duluth et à Crookston pour l’installation des évêques américains F. Schenk et L. Glenn et sera présent à l’installation de Mgr Lussier. Il continue sa générosité à l’égard de Mgr Alexander Carter qui souhaite garder l’abbé Laurencelle une troisième année à Sault-Sainte-Marie et qui aurait deux paroisses à confier à l’abbé Roland Roy. Après le sacre de Mgr Flahiff à Toronto et son installation à Winnipeg en juin 1961, les évêques français de l’Ouest font ensemble une retraite annuelle à Sainte-Anne-des-Chênes sous la direction de l’abbé Anselme Longpré. À l’été 1962, Mgr Baudoux est à Alexandria pour l’ordination épiscopale de Mgr Jacques Landriault40. Mgr Baudoux ne perd pas de vue l’évolution de l’enseignement religieux aussi bien au pays qu’à l’étranger. Le sulpicien Joseph Colomb l’informe en décembre 1959 qu’il ira à Saint-Boniface après les vacances de Noël, et qu’il est à rédiger un manuel d’enseignement religieux. Il lui conseille de développer avec l’aide de Robert Lane, alors aux études à l’Institut supérieur catéchétique, « la préparation de ceux qui doivent faire le catéchisme » dans son diocèse. Les cours de pédagogie religieuse au programme à l’été 1961 ont connu un franc succès et attiré plus de 250 personnes41. En 1959, on sollicite aussi les avis de Mgr Baudoux, dont on n’a pas oublié le succès lorsqu’il a accompagné la délégation sur le blé en 1942. L’organisateur d’une marche à Ottawa lui demande une lettre d’appui de l’Église catholique, et le délégué des cultivateurs de l’Ouest auprès du gouvernement fédéral lui demande conseil. Parce qu’il le sait intéressé, Claude Jodoin, président du Congrès du travail du Canada, lui envoie des documents décrivant la situation actuelle des bûcherons en grève à Terre-Neuve. C’est en raison du rôle notable joué par son diocèse qu’il sera présenté à la reine Élisabeth et au prince Philip lors de leur visite le 24 juillet 1959. Arthur Bulens, consul général de Belgique à Toronto, lui demandera son avis au sujet de deux candidats à la fonction de consul honoraire de ce pays42.
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L’archevêque accepte d’être le patron d’honneur dans le programme souvenir du Cercle de Molière et il est invité à faire la prière en français lors de la première réunion du Conseil métropolitain du Grand Winnipeg, le 1er novembre 1960. Invité le 25 avril 1962 à présider au vernissage d’une exposition d’art sacré chez Desmarais et Robitaille, organisée avec le concours de l’Office provincial de l’artisanat et du ministère de l’Industrie et du Commerce du Québec, c’est l’occasion pour lui d’affirmer que l’Église ne veut pas qu’on se fige dans des formules du passé. « Nous devons nous dépouiller de notre traditionalisme et encourager les créateurs d’aujourd’hui. » Il accueille en 1962 la conservatrice des Musées classés de Bordeaux, Gilberte Martin-Mery, qui visite les églises de bois du diocèse pour préparer une conférence pour les étudiants du grand séminaire de cette ville. Mgr Baudoux assiste à la réception donnée le 14 juillet 1962 par le consul de France, Damien Giordani. Il suggère de rédiger dans les deux langues la demande de subvention au Conseil des arts du Canada, faite par la fanfare La Vérendrye, et accepte de la parrainer. Toutes ces activités et le contact avec les grands ne lui font pas oublier les démunis. En janvier 1962, il confie à Léo Couture le soin de remettre à une famille modeste de six enfants une grosse boîte de chocolats qu’on vient de lui offrir43.
Chez Desmarais Robitaille en 1961
356 IV. Évêque Les écoles françaises La question des écoles catholiques, de l’enseignement du français et de la radio française va obliger les évêques à un effort concerté pour négocier avec les autorités politiques. Mgr Baudoux et les évêques français de l’Ouest demandent des prières pour le vote du 27 février 1959 au sujet des grandes unités scolaires, et rencontrent l’Association des commissaires d’écoles catholiques de langue française au Canada. Ils remercient ensuite le Département de l’Instruction publique du Québec pour les quatre bourses de 200 $ offertes pour des candidats qui iront faire le cours d’école normale au Québec. Les tentatives de recrutement de professeurs pour les écoles françaises pour l’année 1959-1960 s’avèrent décevantes, en raison des salaires élevés offerts par les commissions scolaires anglo-protestantes. En attendant l’action du gouvernement, les évêques se préparent à soutenir que la question des écoles privées n’est ni une question de religion ni une question d’argent, en mettant l’accent sur le droit des parents et sur le rôle supplétif de l’État. Avant que la question ne soit reprise à la conférence des maires, monsieur Forest sollicite les directives de l’archevêque44. Selon un bulletin de nouvelles transmis par Roland Couture à CKSB le 5 avril 1960, 89 pourcent des députés conservateurs se sont dits opposés à l’aide financière du gouvernement aux écoles privées et paroissiales. Mais la plupart des ministres du cabinet Roblin y seraient favorables. Le premier ministre alors en vacances aura à démêler les cartes dans les prochains mois. Les membres catholiques du personnel enseignant et les associations catholiques parents-maîtres sont informés de la fondation, par la CCC, du Conseil catholique canadien de l’Éducation pour l’organisation, la coordination et la collaboration de toutes les associations de promotion de l’éducation et de l’instruction. Dans la province voisine, une conférence sur le sujet est prononcée le 19 avril 1960 par le député Arthur Maloney, à la 17e conférence annuelle sur l’éducation de l’Ontario English Catholic Education. Une nouvelle offensive de prière et d’interventions est annoncée à l’automne. La CCM prépare une lettre sur le financement des écoles privées. Les évêques se réuniront après la rencontre avec l’abbé DeRoo et le père Durocher, o.m.i., chargés de remettre cette lettre au premier ministre. Ce dernier déclare n’avoir rien promis et ne pouvoir agir sans l’approbation du caucus45. L’opposition des Églises au financement des écoles catholiques se poursuit. Identifiant école catholique à enseignement de la religion, le pasteur anglican Nelson Mercer, de la Westminster Church de Winnipeg, s’oppose à l’octroi de fonds publics, parce que les autres confessions chrétiennes financent leur école du dimanche sans aide publique. Les évêques expriment à Roblin leur espoir qu’il légiférera en faveur des écoles privées durant la session
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en cours. Après avoir tiré les conclusions du congrès de l’Association des enseignants, en janvier 1961, Mgr Baudoux invite les citoyens à adresser le plus grand nombre possible de lettres au ministère de l’Éducation pour réclamer l’appui de leurs écoles46. Les Chevaliers de Colomb interviennent fermement auprès du premier ministre et organisent une campagne pour que le gouvernement se conforme à la recommandation unanime de la commission d’enquête d’accorder des subventions aux écoles privées. L’Association des commissaires d’écoles de langue française présente un mémoire, et Georges Forest intervient au nom de la Fédération des associations de parents et maîtres de langue française. Mgr Baudoux lance un appel pressant à la radio pour qu’avant l’ouverture de la session provinciale, le 14 février, tous fassent la même réclamation. Il encourage les citoyens à adresser le plus grand nombre de lettres d’appui au gouvernement. Des éditoriaux sur le sujet sont présentés par Allan Bready à CJOB du 18 juin au 26 août. Les pressions vont se poursuivre tout au long de l’année, sans parvenir à obtenir gain de cause. Pour marquer le deuxième anniversaire du rapport de la Commission royale, le 29 novembre 1961, M. Geisinger suggère que les Chevaliers de Colomb parrainent une campagne de publicité dans les journaux sur la démocratie en éducation, la nature des écoles paroissiales, la religion dans les écoles. La suggestion est retenue, les évêques de la CCM jugent le moment venu de faire campagne en faveur des écoles catholiques privées et des principes de base de l’éducation catholique. Ces sujets sont étudiés par des spécialistes et un comité de rédaction est à l’œuvre dès janvier 196247. En avril, le père Durocher, o.m.i., et l’abbé DeRoo vont discuter avec le premier ministre des problèmes de l’école. Ils rendent compte de cette rencontre à la CCM et transmettent la liste des candidats proposés aux divers conseils en formation. Le 21 juin, le ministre de l’Éducation Stewart McLean reconnaît l’enseignement qui se donne actuellement et autorise l’organisation des classes en français. Dans une dernière réunion, avant de partir pour l’ouverture du concile Vatican II, les évêques de la CCM font le point sur les récentes interviews accordées par le ministre de l’Éducation, le premier ministre et monsieur Molgat, et sur le rapport de M. Giesenger. Comme président du Catholic School Trustees Association, ce dernier est autorisé à aller discuter avec le premier ministre des avantages sociaux et de la nomination d’un visiteur pour les écoles privées48. En réponse au télégramme de bons vœux que le premier ministre lui adresse à son départ pour le concile, Mgr Baudoux répond : Soyez assuré que je n’ai pas cessé de penser à vous, à Mme votre épouse, à vos chers enfants. Cette pensée s’impose avec plus de force depuis que j’ai appris
358 IV. Évêque que vous aviez décidé de recourir au peuple le 14. Que Dieu vous guide : c’est ma prière. Je regrette que des gens aient voulu faire du capital électionnel [électoraliste] avec l’affaire des écoles. Ce n’est pas bien. Mais il faudra régler les choses au plus tôt, car ce ne sera qu’ainsi que tout pourra se terminer selon les exigences du bien commun49.
Au Québec aussi, une commission royale d’enquête sur l’enseignement est en place, et Gérard Filion consulte Mgr Baudoux pour identifier les personnes susceptibles de le renseigner sur la situation dans l’Ouest. En juin 1962, le ministre de l’Éducation, Stewart McLean, reconnaît l’enseignement qui se donne à tous les niveaux et autorise l’organisation des classes de français. En juillet, la CCM fait le point à la suite des interviews accordées par les responsables politiques Roblin, McLean et Molgat. À titre de président de la Catholic School Trustees Association, A. Giesinger rencontre le premier ministre pour discuter des avantages sociaux et de la désignation d’un visiteur pour les écoles privées. Quand Maurice Baudoux répond aux vœux que lui adresse le premier ministre en décembre 1962, alors qu’il participe au concile Vatican II, il se réjouit de sa décision de faire appel au peuple le 14 décembre et regrette « que des gens aient voulu faire du capital électionnel [électoraliste] avec l’affaire des écoles ». À son avis, il « faudra régler les choses au plus tôt », pour que tout se termine « selon les exigences du bien commun50 ». D’autres provinces sollicitent l’intervention de Mgr Baudoux. Le Conseil de la vie française lui demande d’appuyer la FFCF. L’archevêque accepte d’être le conférencier principal pour le 50e anniversaire de la paroisse de Lourdes de Maillardville le 27 septembre 1959. Au banquet du congrès des instituteurs à Saint-Boniface, en avril 1961, il lance un appel à la solidarité au service de la langue française et attire l’attention sur les cours de pédagogie religieuse offerts à l’été. Il insiste pour que la radio et la vidéo soient mises au service de la promotion du français. La question du séparatisme qui apparaît comme une menace aux minorités francophones, suscite des prises de position. On s’adresse au premier ministre Diefenbaker pour demander la protection des périodiques canadiens et de langue française. L’AECFM prend conscience de l’urgence d’agir pour l’enseignement du français dans les écoles. Pour marquer le 50e anniversaire de fondation de l’ACFC en juillet 1962, l’évêque de PrinceAlbert invite Mgr Baudoux à retracer l’historique de cette association à laquelle il a été tellement lié à Prud’homme pendant près de vingt ans. L’archevêque en vient à conseiller d’offrir ses services au diocèse de Prince-Albert à un prêtre, engagé depuis seize ans dans le diocèse de Regina, qui est convaincu que ce diocèse « ne veut pas de français, le méprise et désire le voir disparaître51 ».
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Après le vote sur la question des grandes unités scolaires, Mgr Baudoux convoque les religieuses à l’archevêché pour en discuter. Il continue de suivre l’évolution et de prendre part aux fêtes de chaque congrégation. Lors de la béatification de Marguerite D’Youville, il prononce son panégyrique en français. Il autorise les Sisters of Service à faire connaître leurs œuvres dans son diocèse, avant de leur demander leur collaboration en 1962. Il participe aux fêtes pour marquer l’approbation des constitutions des missionnaires oblates, et profite de la fête du saint Nom de Jésus pour dire aux sœurs des Saints-Noms-de-Jésus-et-de-Marie que, sans elles, « l’Action catholique ne serait pas possible dans le diocèse ». Après le refus du secrétaire de la province d’accorder une subvention pour restaurer la maison historique des Sœurs grises, une entrevue de l’archevêque avec le premier ministre laisse espérer une entente pour une subvention provinciale de 40 000 $. En novembre, le premier ministre Roblin annonce au maire Guay de Saint-Boniface que 20 000 $ sont remis pour transformer en musée la vieille maison des Sœurs grises, et un contrat est signé entre le fédéral et la Ville de Saint-Boniface pour la restaurer52. En mai et en juin 1959, Mgr Baudoux est invité comme orateur au 1er congrès annuel de l’Association des commissaires canadiens des écoles catholiques de langue française qui se tient au Château Laurier à Ottawa. On y attend 10 000 délégués. Eveline LeBlanc qui y participe écrit à Mgr Baudoux qu’elle n’a entendu que des éloges de son discours au banquet. Il accepte, en janvier 1960, de prononcer une causerie à la radio pour l’ouverture de la neuvaine nationale des catholiques en Pologne qui se tient depuis quatre ans. Il adresse une lettre de vœux lors du jubilé d’or de l’érection de la hiérarchie ukrainienne au Canada en 1962. Le ton de la correspondance de l’archevêque avec ses prêtres devient moins autoritaire et il n’hésite pas à manier l’humour. Ainsi, à la retraite des prêtres en 1959, il demande à ceux qui ont une lampe du sanctuaire suspendue au plafond de leur église « de bien vouloir tenir compte » qu’il mesure six pieds quatre, « sans la mitre », et les prie de relever la lampe lorsqu’il se rend chez eux ! Il conserve la lettre d’un prêtre qui s’excuse de son emportement en ces termes : « Je tâcherai de mieux contrôler mon irascibilité à l’avenir. Je m’aperçois qu’en vieillissant je perds pas mal de ce contrôle. Est-ce orgueil ? Est-ce aigreur en face des continuelles contrariétés de la vie ? Je me le demande et je demanderai au Seigneur de me rendre plus doux53. » À compter de 1960, Mgr Baudoux souffre de plus en plus de trous de mémoire. À Mariette qui s’inquiète de le voir partir fatigué pour Oberammergau à l’été, il écrit :
360 IV. Évêque Je devais bien l’avoir noté aussitôt avec intention de t’en aviser. Mais j’ai totalement oublié ! Pardon ! Cela m’inquiète d’en être rendu là. Quand j’ai reçu ta lettre avec celle d’Edgard, j’ai eu l’impression que la nouvelle ne l’était pas. J’ai essayé de chercher pourquoi et comment, mais impossible. Aussi étais-je persuadé de n’en avoir rien su auparavant, lorsque j’ai lu ta lettre et écrit à Maurice. Oui, j’étais fatigué. Je le suis encore, mais moins. Il y a toutes sortes d’oublis du genre qui me jouent de vilains tours. J’étais bien décidé à avertir chez les Pères du Très Saint-Sacrement où je me rendais. J’ai oublié54.
Il « continue à être fatigué, et à l’être bien vite », comme il l’écrit en avril 1961 à l’abbé Desjardins. Sa sœur lui conseille la prudence : « Comme tu le dis, il va falloir te résigner à te restreindre au sujet du travail. Que veux-tu ! Tu ne t’es jamais ménagé, toujours tu as travaillé à plein rendement et, malgré tout, l’âge est là... Il va falloir t’assurer de l’aide efficace. » Lorsqu’il se rend à Montréal en janvier 1962 pour prendre quelques semaines de repos, un grand mal de dos l’oblige à rester couché une partie du temps. Il consulte un chiropraticien, ce qui soulage son infection au cerveau et il soigne un rhume qui a affecté son ouïe55. La voix de Saint-Boniface au concile L’annonce de la tenue d’un concile œcuménique faite le 25 janvier 1959 par le pape Jean XXIII marque le début d’une activité fervente de la part de Mgr Baudoux. Ses premières initiatives font suite à la lettre adressée aux évêques le 18 juin 1959 par le cardinal Tardini, secrétaire de la Commission antépréparatoire pour le concile. Dans un texte de huit pages, l’archevêque de Saint-Boniface transmet à Rome ses « attentes ecclésiales, liturgiques et œcuméniques ». Sa réponse se distingue, parmi celles des autres évêques du pays, par l’enthousiasme avec lequel la demande a été reçue et le nombre de personnes – 19 prêtres – qui y ont travaillé56. Avant même que ne débute le concile, Mgr Baudoux mentionne la liturgie comme une priorité pastorale inséparable des efforts de redéfinition de l’Église. Il demande de proposer un discours moins scolastique et apologétique où s’exprimeraient les richesses positives de la Révélation et de la Tradition. L’aspect vital doit l’emporter sur la dimension juridique et la reconnaissance du pouvoir paternel de l’évêque et de la responsabilité apostolique des laïcs. La réforme de la discipline ecclésiastique doit se faire en fonction de l’activité pastorale et s’accompagner d’un effort de compréhension et d’accueil des traditions des « communautés chrétiennes séparées ». Il souhaite aussi l’adoption d’un rite par étapes pour le baptême des adultes. Afin de « constamment instruire et préparer les fidèles à participer activement à la liturgie », il requiert « l’usage exclusif de la langue des fidèles » dans la
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liturgie de la Parole et la préparation d’un directoire de liturgie pastorale portant sur les « principes essentiels qu’il faudrait observer partout dans l’Église universelle, chaque diocèse conservant le droit de se servir de son propre directoire57 ». Le désir de célébrer la liturgie en français lui avait été inspiré dès le début de sa vie sacerdotale lors de ses premiers contacts avec la liturgie ukrainienne. L’aspiration à voir proclamer la prière eucharistique vient de sa conviction que cette prière, qui est le cœur même de l’eucharistie, est essentielle pour la foi et la vie spirituelle. Il a toujours favorisé la participation active des fidèles à la célébration eucharistique. Les premiers échos des discussions qui ont déjà cours en Europe lui parviennent par M. Gagnon, p.s.s., qui est à Paris en août 1959 pour le chapitre des sulpiciens. Après avoir longuement causé du concile avec M. Géraud, p.s.s., le procureur des sulpiciens à Rome, il écrit à Mgr Baudoux : « Il s’attend à bien des déceptions. On ne parle plus d’un concile pour réunir les Églises, mais pour montrer l’Église au monde. Questions à suggérer ? Peutêtre une meilleure utilisation du matériel sacerdotal, par exemple ces centaines de prêtres espagnols, sud-américains et italiens qui s’éternisent en des poursuites de diplômes pendant que les âmes attendent... Des précisions sur la morale conjugale. Évidemment le bréviaire et le couronnement de l’élan donné en liturgie. » Fort de son expérience depuis qu’il dirige un grand séminaire en Colombie, le sulpicien souhaite que le concile condamne les excès de conservatisme et le manque de zèle dont il est témoin chez trop de prêtres et d’évêques58. À l’automne, une circulaire invite à prier pour la préparation du concile. Mgr Baudoux forme trois comités, témoignant de sa volonté de participer activement à ses travaux : un comité sur la discipline ecclésiastique et le droit canonique composé de Léo Couture, Maurice Deniset-Bernier, Armand Ferland, c.s.s.r., et Charles Desorcy ; un comité sur la doctrine composé d’Antoine Hacault, Clayton Barclay, Georges Bulteau, p.s.s., Noël Delaquis, Remi DeRoo et Gérard Jolicœur s.j. ; un comité sur la pastorale et la liturgie, avec Robert Robidoux, p.s.s., Fulgence Fortier, c.s.s.r., Gaston Aubry, p.s.s., Louis Boutin, o.m.i., David Roy, Robert Lane, Léo Beaulieu et P. Primeau. Ces premiers travaux vont engendrer chez lui une telle fatigue que, pour la première fois, il ne peut aller célébrer la messe du jour de l’An chez les Sœurs grises. Le 29 mars 1960, il envoie à Rome les propositions préparées59. À compter de novembre 1960, Les Cloches de Saint-Boniface publie de plus en plus d’articles sur le concile, ses perspectives, son but. Le 25 décembre 1961, alors que s’achèvent les travaux de près de trois années de consultations, Jean XXIII signe la constitution apostolique Humanae Salutis et
362 IV. Évêque
La préparation du concile à Castel Adolfo : Robert Robidoux, p.s.s., Mgr Baudoux, les abbés Noël Delaquis et Antoine Hacault au travail et à l’heure de la détente, 1962
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convoque le 2e concile œcuménique du Vatican auquel sont invités les cardinaux, archevêques et évêques du monde entier. Il en fixe l’ouverture au 11 octobre 1962. En décembre 1961, un mot d’ordre est lancé dans le diocèse de Saint-Boniface, « Église en état de concile », et une commission spéciale est chargée d’informer les fidèles sur l’événement. Lors de son message à CKSB en janvier 1962, Mgr Baudoux avait qualifié le concile de grand événement en raison de sa rareté, de son universalité et de son but. En février, il adresse un questionnaire aux paroisses afin de connaître ce que les laïcs pensent, savent ou ne savent pas, attendent ou n’attendent pas du concile. On distribue des prières, des affiches et un calendrier, « Dans l’attente du concile ». Le directeur de l’enseignement religieux fait distribuer dans les écoles françaises « Le Concile au catéchisme » et « What you should know about the Ecumenical Council » dans les écoles anglaises. Les prêtres sont invités à consacrer chaque dimanche une ou deux minutes au concile. Pour le faire, ils trouveront à se documenter dans La Revue eucharistique du clergé, Les Cloches de Saint-Boniface, Christ au monde60. « Castel Adolfo » À compter de juin 1962, la villa Saint-Sulpice, le chalet d’été des sulpiciens à Saint-Adolphe, va servir de lieu de retraite pour Mgr Baudoux et l’équipe de théologiens qui l’aident à préparer ses interventions, l’abbé Antoine Hacault, le sulpicien Robert Robidoux et d’autres selon les sujets étudiés. On appelle ce lieu d’études et de détente « Castel Adolfo ». L’archevêque reçoit en juillet la visite du consul de France au sujet du concile, et il a le temps de faire une retraite d’une semaine à La Trappe avant que n’arrivent les premiers schémas à étudier. Il répond à Bernard de Margerie que son évêque veut l’amener avec lui au concile, alors qu’il espérait plutôt faire une année d’études à Rome : « C’est à titre de théologien que l’abbé Hacault m’accompagne. J’ignore s’il sera admis aux sessions ou à d’autres réunions de commissions, mais j’étudierai avec son aide tout ce dont j’aurai connaissance. En conséquence, je ne m’attends pas à ce qu’il jouisse de quelques loisirs que ce soit – sinon pour se reposer – et je sais qu’il sera fort accaparé (complètement) – tout autant sinon davantage que moi. » Un frère de Saint-Gabriel de Montréal lui fait parvenir un mémoire de 39 pages sur le sacerdoce ministériel, qui lui apparaît comme un besoin vital pour le frère enseignant61. « Je suis loin d’être à flot, d’ailleurs. Je ne le suis jamais ! », écrit M Baudoux à Robert Robidoux, p.s.s. L’homme d’équipe est convaincu qu’il fait face à un dilemme : « Vaut-il mieux prendre à la lettre duos viros ecclesiasticos, et être sûr de ne pas pouvoir préparer, ni le faire à temps, mes animadvertenda, ou user d’épikie, distribuer le travail entre quelques prêtres gr
364 IV. Évêque capables de m’aider à envoyer les animadvertenda sur ce qui me paraîtra justifiable et à temps ? J’incline fort vers cette deuxième possibilité. Mgr Flahiff aussi. » L’abbé Hacault est alors à Bruxelles et l’abbé DeRoo n’est pas encore revenu. Aussi serait-il fort heureux s’il pouvait amener avec lui l’ami du Grand Séminaire de Québec dont il lui a parlé : « Cela me serait évidemment d’un immense secours, quoique je n’ose pas vous le demander. » « Je ne sais si je serai apte à vous aider dans l’étude des Schemata », lui répond M. Robidoux, p.s.s., qui se propose de quitter le 22 août pour Winnipeg. L’archevêque consulte également par lettres M. Gagnon, p.s.s., après avoir discuté avec lui du concile à son retour de Paris62. La 1re session : 11 octobre – 8 décembre 196263 Mgr Baudoux part le 11 septembre pour l’assemblée des évêques à Ottawa au cours de laquelle il est élu président de la Conférence catholique canadienne (CCC). À ce titre, il aura à jouer un rôle de coordination auprès des évêques du pays. Avant de quitter, il se recommande aux prières de ses diocésains et prescrit une neuvaine au Saint-Esprit du 3 au 11 octobre. Mgr Robert le remplacera durant ses quatre mois d’absence. Il remercie les prêtres de la bourse qu’ils lui ont offerte pour marquer le 10e anniversaire de son arrivée à SaintBoniface, et se propose d’aller en Terre sainte à la fin de la session. Le départ pour Paris se fait le 13 septembre, avec Mariette et l’abbé Hacault. 1962, Mgr Baudoux visite sa nièce Georgette, son mari et ses deux enfants
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Mariette reste à Paris avec sa nièce Georgette, pendant que son frère se rend à Lourdes pour participer au congrès du centenaire de l’Union apostolique du clergé dont il est membre, du 4 au 8 octobre64. Les conférences portant sur la charité pastorale, la spiritualité du prêtre diocésain, sa vie d’études et de réflexion pastorale retiennent son attention. Avant de quitter pour Rome, il rédige une méditation, bien révélatrice de son état d’esprit et de sa spiritualité : Faites que nous répondions à toutes les exigences de cette cohésion ! Seigneur, nous vous remercions de nous inviter, par l’Union apostolique, à réaliser dans notre vie et dans nos tâches l’unité qui existe entre vous et votre Père [modèle de l’]unité de l’évêque et de son clergé, unité des prêtres entre eux, unité des pasteurs et des fidèles. Seigneur, nous vous remercions de nous avoir révélé le secret et la substance de l’unité par-delà et dans la diversité, à savoir l’amour. Faites que nous nous aimions indissolublement ! Faites que nous rayonnions l’amour, que nous portions l’amour à tous nos frères. Seigneur faites que nous recherchions avidement dans la contemplation la source et l’aliment de notre amour pour vous et de notre zèle pour les âmes. Seigneur, nous vous remercions de vous servir de l’Union apostolique pour nous stimuler à devenir des hommes d’étude, afin que nous puissions être d’authentiques interprètes de Dieu auprès des hommes. Seigneur, faites que, grâce à l’étude quotidienne, nos lèvres de prêtres puissent s’ouvrir pour parler dignement et avec fruit de la science de Dieu65.
Arrivé tard à Rome le soir du 9 octobre avec les abbés Hacault et Goulet, Mgr Baudoux et ses compagnons de route couchent au Collège canadien. Il s’installera le lendemain chez les marianistes pour la durée du concile. Mgr Baudoux est d’abord très déçu de la prière liturgique : « On ne pouvait pas dire qu’il y avait là une véritable prière commune. C’était une prière qui n’explosait pas, qui permettait peu d’expression personnelle. Elle était balbutiée, non éclatante. » Si la communion était profonde, ajoute-t-il, « elle n’était malheureusement pas assez signifiée. Et les signes sont importants dans la vie, dans la prière liturgique ! On n’arrive pas facilement à faire parler des siècles qui étaient muets. Toute la participation dans la liturgie était intérieure, ne s’exprimait pas extérieurement ou pas pour la peine. Elle pouvait s’exprimer par une génuflexion, par une chose ou une autre, mais pas totalement. Pas par ce qu’il y a de plus vital en nous : la parole. » Il souffre aussi de ne « pas vraiment participer pleinement » particulièrement par le chant, réservé à la chorale de la basilique : « Nous autres, il fallait nous taire. Ça, c’était terrible66. »
366 IV. Évêque
À Rome avec Jean XXIII et des évêques
Au concile, octobre 1962, avec Mgr Albert Ramos, archevêque de Belém, Brésil
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Une autre déception l’attend, le peu d’aptitude et le manque de volonté du cardinal Léger à travailler avec les autres évêques. Non seulement n’avaitil pas favorisé la création d’un secrétariat de la CCC pour le concile, comme le révèle Mgr Albert Sanschagrin, mais il voulait, comme les cardinaux Liénart de France et Alfrinks de Hollande, parler au nom de tout l’épiscopat. Oubliant que ces épiscopats disposaient d’un secrétariat bien organisé, il avait demandé aux évêques canadiens « le privilège de dire, chaque fois qu’il prenait la parole, qu’il avait leur appui », sans les avoir consultés ! Les évêques refusent de lui donner carte blanche. Mgr Georges Cabana lui propose plutôt de faire circuler le texte de ses interventions parmi les évêques « qui lui donneront ou non leur adhésion ». Le père J.-M.-R. Tillard, o.p., gardera le « souvenir amer d’une rencontre avec le cardinal Léger, au sujet d’une demande d’intervention que les autres évêques du groupe francophone [l]’avaient chargé de lui présenter » et qu’il refusa. Il faudra attendre la 4e session, écrit-il, pour que la conférence des évêques commence à faire preuve d’esprit collégial. En attendant, les évêques devront se contenter d’appuyer des interventions particulières à mesure que le cardinal les fera67. La première séance du 13 octobre, qui ne dure que quinze minutes, va amener les conférences épiscopales à jouer un rôle qui n’avait pas été prévu, alors qu’elles doivent dresser rapidement des listes de candidats pour former les commissions conciliaires. Sans secrétariat, la Conférence des évêques du Canada est au désarroi et parvient en catastrophe, le 15 octobre, à préparer ses listes. Deux jours plus tard, Mgr Baudoux improvise un « bureau » comprenant son propre porte-document, une voiture compacte conduite par l’abbé Cyrille Contant, secrétaire de l’évêque d’Alexandria, et un téléphone au Collège canadien, confié à Bernard de Margerie, de Saskatoon, qui y réside à titre d’étudiant. Pour la deuxième session, ce bureau agira comme service de liaison entre les évêques et logera dans deux pièces du Collège canadien68. Le 18 octobre 1962, Mgr Baudoux remet au cardinal Léger, pour qu’il les transmette au pape, les observations faites par plusieurs évêques canadiens. Ceux-ci désirent qu’on modifie les règlements pour que les évêques qui le désirent puissent assister aux travaux des commissions avec voix consultative, pour étudier et discuter en équipe les schémas sur lesquels ils auront à voter. Un second point met en cause l’obligation de porter l’habit de chœur – un vêtement fort incommode – pour toute la durée des congrégations générales. Grâce aux cartes postales qu’il adresse presque chaque jour à sa sœur Mariette, il est possible de le suivre dans les activités qui ponctuent ses journées : contacts avec les autres épiscopats, préparation des votes, réunion des évêques, séance d’étude, visite au président de la Commission pontificale pour l’Amérique latine, visite aux évêques espagnols et aux évêques du Brésil, participation à
368 IV. Évêque des conférences sur les schémas qui seront étudiés, écoute de la radio, lecture des journaux qui rendent compte des délibérations, correspondance jusque tard dans la nuit. La possibilité qu’ont eue un grand nombre d’évêques de faire leurs observations, écrit-il à Mariette, « montre bien la liberté dont tous jouissent de discuter. Mais aussi l’impossibilité matérielle d’en faire autant pour tous les sujets à l’étude69. » Après une première intervention solo du cardinal Léger, Mgr Baudoux le remercie de cette « substantielle intervention », et ajoute qu’il aurait bien pu la « faire au nom de l’épiscopat canadien ! » Dès le début, l’archevêque sera du nombre des évêques favorables au travail en commun, et des présidents de conférences épiscopales, actifs au sein de l’Interconférence. Tous les vendredis après-midi, ces derniers se réunissent pour évaluer les événements de la semaine, élaborer des plans, établir des stratégies. Mgr Baudoux y sera fidèle durant tout le concile, à la demande expresse de ses deux successeurs à la présidence de la CCC70. Trois semaines d’intenses activités auront raison de l’endurance de Mgr Baudoux. Il écrit à Mariette, restée à Paris : Je n’ai guère de répit. Il y a des jours où je meurs de fatigue avant le soir. Je n’ai fait aucune visite autre que celles qui m’ont été imposées. J’aurais voulu aller visiter l’une ou l’autre basilique,... cela m’a été impossible... Je n’ai plus la même endurance qu’autrefois et d’ailleurs le temps me manque. Le sommeil n’est pas, non plus, toujours bon. Dès que je puis m’arrêter à temps, ça se remet71.
Il confie à l’abbé Hacault le soin de faire les démarches qu’il n’a ni le courage ni le temps de faire, que ce soit pour obtenir une audience pour l’épiscopat du Canada, au bénéfice de Remi DeRoo qui vient d’être nommé évêque, ou pour sa sœur qui doit le rejoindre à Rome. Il a déjà fixé au 7 décembre la date de son départ, afin d’arriver à temps pour les préparatifs du sacre de Mgr DeRoo, le 14 décembre. Conscient qu’il lui faut mettre à jour ses connaissances théologiques, il remplit des cahiers des notes durant les réunions de l’Interconférence et prend part à plusieurs conférences, entre autres celles de Gregory Baum et de Hans Küng. Il participe également aux rencontres des évêques de l’Ouest pour discuter de la question de l’éducation débattue aussi vivement dans l’Ouest que dans les provinces de l’Est. Il prend aussi rendez-vous avec le père Émile Legault, animateur de l’émission L’heure du concile, pour une entrevue à la télévision de Radio-Canada. Le 7 décembre, le document sur la liturgie est en bonne voie, mais c’est l’impasse au sujet du schéma sur la révélation72. L’abbé Remi DeRoo avait été nommé évêque de Victoria le 25 octobre. En l’assurant de ses prières et de son affection, Mgr Baudoux lui écrit : « Puisse
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votre appel à la succession des Apôtres et votre consécration rendre encore plus forts et enrichissants les liens qui nous unissent ! » Il pourra désormais lui dire ce qu’il pense plus librement qu’avant, « parce que je craignais d’abuser de mon autorité, alors surtout que vous vous montriez tellement déférent devant elle ». Il se souvient que Mgr Pocock lui avait dit, lors de son élection, que la plus grande croix pour les évêques était de se sentir « presque toujours seuls. Comme je l’ai souvent éprouvé et comme j’en ai souffert ! [...] Le fait que nous ne pensons pas de même en certaines choses ne fait rien, ne doit rien faire. Nous sommes unis dans le Collège apostolique ; nos buts et motifs sont identiques. Nous avons tant travaillé ensemble. » Il lui a réservé des calottes neuves et un Canon Missae Pontificalis, et lui offre l’anneau, la croix et la chaîne de Mgr Béliveau73. Mgr Baudoux doit sacrifier son voyage en Terre sainte. Il fait route jusqu’à Montréal avec Mgr Lemieux, deux autres évêques et Mgr Bélisle, qui sera le cérémoniaire de Mgr DeRoo. À l’archevêché de Saint-Boniface, il est accueilli par le « bruit d’enfer » des travaux de restauration en cours. On a réussi à remettre les choses assez en place dans son bureau, sa chambre et sa salle de bain, pour qu’il ne soit pas obligé d’aller coucher à l’hôpital, mais il ne retrouve plus rien. « On a dû couler du ciment sous la maison centenaire et introduire dans le toit huit piliers d’acier de 30 pieds de long et douze poutres d’acier transversales, au centre. » Le 8 décembre, il célèbre l’eucharistie chez les Sœurs grises et se trouve ensuite pris dans « un feu roulant de visites et autres occupations », dont une entrevue avec Rossel Vien pour CKSB et avec un journaliste anglais de CBWT. Le 18, il préside une conférence de presse de deux heures devant les séminaristes, un geste qu’il répétera des dizaines de fois dans les mois qui suivent. Mgr DeRoo est installé à Victoria le 20. Mgr Baudoux tient à ces cérémonies, écrit-il au délégué apostolique Baggio, qui lui sont apparues comme « des éléments de surcroît au geste posé par mon tout premier devancier, en 1847, lorsqu’il avait consacré le premier évêque de Victoria, à l’envoi duquel Mgr Provencher s’était employé avec acharnement ». Son passage à Vancouver lui permet de retrouver des amis et d’anciens paroissiens de Prud’homme venus le saluer à l’aéroport74. Au retour, Mgr Baudoux fait le bilan de l’année pour ses diocésains et leur livre un message sur la première session du concile. Il a été séduit par le spectacle de l’universalité et de la variété de l’Église, ainsi que par la perspective de l’unité de tous les chrétiens. Ses contacts individuels avec des évêques de cultures et de rites différents et avec les observateurs des autres confessions chrétiennes ont été « profondément bienfaisants ». Deux points lui semblent déjà acquis : la décentralisation de l’administration ecclésiastique et une plus grande autonomie de la responsabilité épiscopale. Ces rencontres se poursuivent en janvier avec les étudiants du petit séminaire et du collège et lors de
370 IV. Évêque ses visites aux communautés religieuses. Il est aussi invité par les Chevaliers de Colomb, l’Institut collégial Saint-Joseph, le collège d’Otterburne. En avril, il fait un exposé devant des pasteurs des Églises chrétiennes qu’il rencontre à l’hôtel Marion et répond à leurs questions. Le succès est tel que l’organisateur, J.C. Stangl, souhaite en organiser d’autres afin de mieux travailler dans un esprit œcuménique75. En janvier 1963, le directeur du secrétariat pastoral de l’épiscopat français, Mgr Roger Etchegaray, adresse à Mgr Baudoux une lettre circulaire annonçant qu’on lui a demandé de « servir de boîte aux lettres » pour transmettre nouvelles et documents aux évêques. Il serait très bien d’en adresser une copie au cardinal Léger, lui répond l’archevêque. Il lui confie aussi que le cardinal est revenu de Rome dans un tel état d’épuisement et de tension que son médecin l’a fait entrer en clinique. Il lui demande d’envoyer aux évêques canadiens le texte « Travaux de l’épiscopat français » dont il apprécie la précision et la clarté76. En acceptant de faire les confirmations à Montréal au printemps, Mgr Baudoux prend « la liberté, toute simple », d’écrire au cardinal Léger : « Ne conviendrait-il pas de moins vous inquiéter et angoisser, en comptant davantage sur la Providence, en vivant dans un état qui n’est pas une tension constante ? En priant que vous vous remettiez, c’est aussi cela que je demande à Dieu pour vous. » Il lui avoue qu’il a beaucoup souffert et « continue à souffrir intensément du défaut d’entente, de travail en commun, d’union et même de charité entre les évêques du Canada ». Il le supplie de « freiner son langage », un genre littéraire dont il est le seul à saisir la portée, « qu’il faut ensuite expliquer parce qu’on a mal compris ». Il le conjure enfin de faciliter le dialogue avec lui : Vos collègues dans l’épiscopat le voudraient ardemment et n’y parviennent pas. Vos interventions dans l’Aula ont été très justes, fort remarquées par l’immense majorité des Pères, très goûtées par les évêques canadiens, à très peu d’exception près. Les exceptions constituent la rançon, à la fois de la liberté de penser, de la manière d’être, de l’intelligence des choses, mais aussi partiellement à tout le moins de votre manière de faire, qui apparaît exclusive de toute acceptation d’une pensée qui n’a pas pris source dans votre intelligence et de toute collaboration dans l’action, sinon avec les inférieurs77.
Le cardinal Léger accueille les remarques de son correspondant « comme une invitation à la réflexion et à la méditation ». Il le remercie d’avoir déchiré le mur du « silence déférent » observé par les autres évêques canadiens. Mais il ne modifiera pas sa façon d’agir. Il le remercie aussi de lui avoir « tendu une main fraternelle », à la suite de deux interventions qui lui ont valu une réprimande de Rome : une indiscrétion sur la santé du pape dans une entre-
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vue avec un journaliste italien à la fin de la 1re session, et la déclaration faite, à son retour à Montréal, que tout était à refaire au concile. Il estime que « ses paroles ont été travesties78 ». La semaine de prière pour l’unité chrétienne se déroule sous le signe de cet œcuménisme ouvert que l’archevêque a découvert au concile et est le point de départ de relations chaleureuses avec les « frères séparés ». Février marque le début des travaux préparatoires à la 2e session du concile en septembre. Chaque semaine, à compter du 2 février, il participe à une rencontre d’étude avec ses théologiens qui fournissent plusieurs heures de travail. M. Robidoux a préparé un plan qui servira pour les études particulières et ces réunions hebdomadaires. Les invitations à parler du concile se multiplient, chaque semaine à la radio, et devant des auditoires diversifiés. Mariette est restée à Paris, alors que son neveu Maurice voyage au Ghana. Sur l’insistance de sa sœur qui poursuivra son voyage en Belgique, puis ira à Fatima, Mgr Baudoux a parlé de ses problèmes de santé à son médecin qui l’hospitalise du 8 au 14 février. Mais il ne parvient pas à prendre le repos qu’il faudrait : « Je le ferais bien volontiers, lui répond-il. Et de fait, je suis allé deux fois au cinéma (dont pour Henry V) et j’ai écouté des disques ; je travaille à remettre la bibliothèque en ordre (travail manuel). Je ne me plains pas même si je suis fatigué. Mais je ne puis pas tout faire, et il y en a toujours qui me reprochent de ne pas les recevoir ou de ne pas répondre à leurs lettres. » Il ne parvient pas, ajoute-t-il, à faire la dixième partie de sa correspondance79. La collaboration entre les épiscopats d’expression française trouve un fervent adepte dans le cardinal Léo Suenens, de Malines et Bruxelles, qui fait parvenir à Mgr Baudoux son dernier ouvrage, Promotion apostolique de la vie religieuse. Ce dernier s’en inspirera largement lors des cérémonies de prise d’habit et de profession religieuse. Avec ses remerciements, il lui transmet le résultat d’une consultation qu’il vient de faire et les observations préparées avec quelques-uns de ses prêtres sur le schéma De Ecclesia qui, pour le moment, ne reflètent que ses convictions personnelles. Dès qu’on aura reçu le prochain schéma, écrit-il, on tentera de travailler en équipes et de présenter des vues communes. Il ajoute : « À ce propos, il serait agréable et sûrement utile à tous que je puisse envoyer à chacun de nos évêques des Notes rédigées par des théologiens d’autres pays, car nous n’en avons point ou guère ici, qui soient préparés et reconnus comme ceux d’Allemagne, de Belgique, de France et de Hollande. » Le cardinal Suenens apprend à Mgr Baudoux que l’idée, chère à Jean XXIII, d’un secrétariat spécial pour le schéma sur l’Église face au monde « fait son chemin », que le De Ecclesia est à la refonte, et que le travail avance dans la bonne direction80.
372 IV. Évêque Les échanges de documents se poursuivent avec les épiscopats d’expression française. Mgr Baudoux accuse réception de la lettre pastorale de Mgr Guerry qu’il fait distribuer à ses prêtres et à quelques laïcs, pendant qu’un de ses théologiens prend connaissance de l’ouvrage du père Hamer : L’Église est une communion. En février, il procède à une consultation auprès des évêques dont la compilation leur sera adressée en mars. Il regrette de ne pouvoir distribuer à tous les évêques les « Études et documents » échangés sous le couvert de la confidentialité, par crainte d’interprétations fantaisistes. « La vérité est cependant que nous comptons une dizaine d’évêques qui s’en permettent. Nous en sommes très ennuyés et malencontreusement paralysés. Jusqu’ici cela nous a empêchés de tomber suffisamment d’accord en d’autres domaines [...]. Je continue de viser plus haut que cela et j’espère. Parlant de l’utilisation des “Études et documents” avec mon collègue de Winnipeg, qui est vice-président du conseil de la CCC, Mgr Flahiff, celui-ci a suggéré que nous en fassions bénéficier l’équipe de periti (experts) canadiens que nous tentons actuellement de constituer, avec le ferme espoir de réussir. » Dans la lettre qu’il adresse de Rio de Janeiro à Mgr Helder Camara, il annonce qu’il se rend à São Paulo du 3 au 17 avril, à la requête impérieuse de l’équipe qui y travaille. Il a ainsi l’occasion de le remercier de la version française de son texte intitulé « Échange d’idées entre frères évêques » qu’il a reçue, et qu’il compte transmettre à des confrères intéressés81. À compter de Pâques, Mgr Baudoux est occupé par les réunions d’études et la planification du travail des évêques canadiens pour la prochaine session du concile. Il propose à la Commission de coordination de mettre sur pied un secrétariat distinct pour étudier et proposer les solutions aux problèmes touchant le respect de la personne humaine, la justice sociale, l’évangélisation des pauvres, la paix et la guerre. Au Canada, il demande aux évêques Alexander Carter et Paul-Émile Charbonneau d’agir comme coordonnateurs pour l’étude en commun et la préparation des schémas. À la réunion du conseil de la CCC du 17 avril 1963, il obtiendra que ces deux évêques soient reconnus comme les représentants autorisés de l’épiscopat auprès de l’équipe de théologiens et d’experts qui tiendront leur première réunion à Ottawa les 8, 9 et 10 juillet82. Parmi les nombreuses conférences de presse qu’il préside à SaintBoniface, l’archevêque est particulièrement satisfait de la rencontre du 2 avril qui a rassemblé 50 personnes, autant de catholiques que d’anglicans et de protestants, autant de prêtres que de pasteurs, autant de laïcs que de clercs. Il écrit à Mariette : « De très franches et intéressantes questions et des réponses non moins franches de ma part. À l’issue de la conférence de presse et lunch où nous avons continué de causer, les Anglicans et les Protestants ont demandé qu’on se rencontre encore de même. Dieu merci83 ! »
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Avant la tenue à Montréal de la 4e Conférence mondiale de Foi et Constitution du Conseil œcuménique des Églises, du 12 au 26 juillet 1963, Mgr Baudoux avait demandé de prier pour son succès. Il prescrira aussi des prières pour le succès du Congrès mondial anglican qui aura lieu à Toronto du 13 au 23 août. En attendant l’arrivée des schémas à étudier, l’équipe de théologiens canadiens prend connaissance des « Études et documents » de l’épiscopat français. Les évêques ont aussi accepté le texte de sept vœux concernant l’Église face au monde dont le premier a été envoyé à Mgr Felici du Secrétariat du concile. Lorsqu’il apprend qu’il est inutile d’expédier ces vœux à Mgr Felici qui n’en tient aucun compte, Mgr Baudoux informe ses correspondants français et belges qu’il les a envoyés au cardinal Suenens pour qu’il les achemine à la Commission de coordination. À la fin d’août, ce dernier lui écrit que tout a été remis en question par la mort du pape, mais il s’engage à attirer l’attention sur ces points à la réunion de la Commission de coordination dont il fait partie84. Mgr Baudoux assiste à une réunion des évêques du Manitoba lorsqu’il est informé de la mort imminente de Jean XXIII. Il s’empresse de rédiger deux messages pour le Service d’information de la CCC qu’il enregistre à CBWT et à CBWFT. Il est en visite pastorale à Saint-Pierre, le 3 juin, à l’annonce de la mort du pape. Le conclave s’ouvre le 19 et Paul VI est élu deux jours plus tard. Les travaux préparatoires à la 2e session du concile ne sont pas compromis. La date d’ouverture est fixée au 29 septembre et la Commission de coordination se réunira le 3 juillet. Douze nouveaux schémas arrivent le 4 et le 11 juin dont les copies seront envoyées aux quinze théologiens qui constituent l’équipe de base dirigée par les évêques P.-É. Charbonneau et A. Carter. L’étude de ces schémas devient la tâche prioritaire de l’archevêque qui confie au vicaire général Robert le soin de continuer les visites pastorales et les confirmations. Du 16 juin au 30 août, il est le plus souvent à « Castel Adolfo », où il fait moins chaud qu’à Saint-Boniface, et surtout où il n’est pas interrompu à tout instant dans son travail. À la fin de juillet, il a ainsi réussi à lire et à annoter tous les schémas qui sont ensuite discutés en équipe, selon la procédure de travail adoptée. Il consacre toute une journée avec l’abbé Hacault et le père Antonio Gaboury, o.m.i., spécialiste en Écriture sainte, au schéma sur la Révélation. Même si elle « suinte le compromis », la nouvelle version a le mérite de laisser les portes ouvertes, écrit-il à M. Goulet, p.s.s., en l’invitant à se joindre à eux pour étudier les schémas85. M. Robidoux, p.s.s., et l’abbé Delaquis se joignent à l’équipe et le père Gaboury, o.m.i., passe deux jours avec eux. Les abbés Beaulieu et Lane travailleront sur les schémas concernant l’apostolat des laïques et la catéchétique et M. Jean Piché, p.s.s., sur les séminaires. Mgr Baudoux confie au recteur du Collège canadien à Rome combien ces sessions de travail sont stimulantes :
374 IV. Évêque « Il y a bien des choses que je réapprends ou apprends tout court avec les susnommés [Hacault, Robidoux et Delaquis], étant donné les avances ou tout au moins perspectives nouvelles des sciences sacrées depuis 34 ans et dont je n’ai pas réussi à suivre le pas. » L’abbé Hacault sera du nombre des 23 théologiens canadiens qui se réunissent à Ottawa du 8 au 10 juillet, puis du 2 au 4 septembre, pour étudier quelques-uns des schémas pour la prochaine session du concile. Ces séjours à Saint-Adolphe sont aussi une occasion de repos. Durant ses moments de loisirs il tient à faire de l’exercice et il a apporté des films sur le Louvre pour les jours où il ne fait pas beau. Durant la prochaine session, il loge encore chez les marianistes, et remercie M. Bissonnette, p.s.s., de continuer à héberger le secrétariat des évêques canadiens86. La 2e session, 29 septembre – 4 décembre 1963 Après une visite aux missionnaires du Brésil, Mgr Baudoux se rend en Belgique, où il a tenu à célébrer l’eucharistie dans la chapelle où, en 1911, il avait fait sa première communion et où il avait été confirmé avant le départ de sa famille pour le Canada. Il adresse aux prêtres la circulaire qu’il n’avait pas eu le temps d’écrire avant son départ et les informe du programme d’information mis en place pour les tenir au courant de l’évolution du concile. Chaque jour, il leur enverra « La Page du concile » du journal La Croix de Paris, et la radio diffusera deux fois par semaine des émissions enregistrées sur bande magnétique acheminées par avion. Un comité diocésain composé de Bernard Aubry, Gabrielle Forest, Roland Couture, Jean-Charles Gagnon, s.j., et sœur Eugène-Avila, s.n.j.m., est chargé de les faire connaître. Il crée une commission et un office de pastorale liturgique pour stimuler et coordonner les efforts dans la mise en application de la réforme liturgique. Elle se compose des abbés Edmond Lavoie, Walter Szumski, Joseph Pageau, Raymond Roy, Robert Robidoux, p.s.s., Léo Beaulieu, Robert Lane et Clayton Purcell87. En rapportant l’entrée du pape Paul VI dans la basilique du Vatican, l’archevêque de Saint-Boniface souligne la continuité entre les deux papes : « Il descendit de la sedia gestatoria, dès le parvis de la basilique, déterminé à faire ce que son prédécesseur avait voulu, traverser la basilique à pied, au milieu de ses frères », et être le « serviteur des serviteurs de Dieu ». Favorable à l’idée de collégialité, Mgr Baudoux appuie la proposition faite par Mgr Hermaniuk au sujet de la création d’un conseil apostolique formé du pape, de patriarches, de cardinaux et de représentants des conférences épiscopales. Ce conseil exprimerait de façon concrète le fait admis par tous que les évêques forment un collège avec le pape et qu’ils ont charge, non seulement de leur diocèse, mais également de tous les diocèses du monde. Son premier
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Avec le groupe du Brésil, 23 sept. 1963
Mgr Baudoux, Mgr DeRoo avec Paul VI, 1963
Mgr Hacault avec Paul VI
376 IV. Évêque message aux diocésains porte sur l’audience publique à laquelle il a assisté le 25 septembre dans la basilique Saint-Pierre. Il rencontre les deux évêques chargés de l’équipe canadienne de théologiens présente en permanence à Rome pour accompagner leur travail et dresser le programme de leurs réunions d’études. La réunion du conseil de la CCC est fixée au 3 octobre88. Lorsqu’il reçoit la liste des amendements proposés pour le schéma sur l’Église, il est heureux d’y trouver un bon nombre de ceux qui ont été préparés à Saint-Adolphe. Le 1er octobre, il enregistre une interview sur l’Église en général pour le Service d’information de la CCC et prépare la matière des messages à enregistrer pour Saint-Boniface. Il fait distribuer le texte de l’intervention de Mgr Hermaniuk, participe à une réunion de l’Interconférence et à la conférence de Dom Butler sur le schéma sur l’Église. Il fait trois interventions au cours de cette session : deux sur l’œcuménisme le 4 octobre et le 20 novembre, une sur la fonction de l’évêque le 5 novembre. Le journaliste George Huber les résume ainsi : « Plutôt que de se faire l’écho de conceptions juridiques trop unilatérales, le schéma en discussion devrait s’inspirer des résultats acquis dans les débats sur le schéma de l’Église. » Le 10 octobre, il est interviewé pour la première émission télévisée de L’Heure du concile et donne une conférence de presse au centre de coordination avec lequel le Canada collabore activement. Lors d’une réunion de l’Interconférence, il est invité à présenter le plan de fonctionnement de la CCC. Il travaille avec les autres évêques et l’abbé Hacault sur la 2e partie du schéma sur l’Église dont les discussions seront terminées le 16 octobre. Son intervention sur « l’espérance œcuménique au cœur du monde contemporain » lui vaut plusieurs entrevues. L’heure de la polémique est désormais dépassée, dit-il, il s’agit maintenant de se comprendre, de s’aimer, dans une rencontre de foi. Il fera aussi une analyse d’un ouvrage de Bernard Lambert, Le problème œcuménique, qui sera publiée dans L’Osservatore Romano du 13 décembre89. Le 22 octobre 1963, Mgr Baudoux insiste pour qu’ait lieu, à l’hôtel Columbus, la réunion d’une quinzaine d’évêques présidée par Mgr Charbonneau. Le soir, se tient la deuxième partie de la rencontre annuelle de la CCC. Remplacé à la présidence par son collègue de Winnipeg, Mgr Flahiff, il est élu à la Commission épiscopale pour l’Amérique latine et au comité national pour l’éducation chrétienne. Une conférence a lieu chaque mardi et un atelier de travail le jeudi. Le 24, le vote est pris sur l’ensemble du chapitre 4 sur la liturgie et on commence le vote sur chaque amendement du chapitre 5, pendant que se font les interventions sur le chapitre sur l’Église. Il écrit à Mariette : « Nous y sommes déjà depuis plus d’une semaine et plus ça se prolonge, moins il est clair où nous allons aboutir. Cela veut dire que nous avons bien besoin d’une autre intervention, celle du St-Esprit, car nous n’avançons plus. » Fatigué et débordé, il profite du congé de congrégation
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générale du 1er au 4 novembre pour mettre sa correspondance à jour et se reposer. Le 28 octobre, les gens de Saint-Boniface présents à Rome lui ménagent un souper-surprise pour souligner son 15e anniversaire d’épiscopat90. En plus de la rédaction et de l’enregistrement de ses messages pour la radio, Mgr Baudoux assiste à la conférence de presse des évêques français, va écouter Mgr Larrain, du Chili, prend part aux réunions du comité de l’éducation religieuse et de la commission de l’Amérique latine dont il fait partie. Il sera par la suite élu à la commission des Orientaux à la place de Mgr Hermaniuk qui préfère se joindre à la commission pour l’Unité. Les Cloches de Saint-Boniface publient le texte d’un message de l’archevêque faisant la genèse des cinq votes d’orientation pris le 30 octobre sur le 2e chapitre sur l’Église. Ce chapitre, il le considère comme « le pivot de tous les sujets dont va traiter et décider » le concile. Il s’agit en particulier d’établir le caractère collégial du « pouvoir des évêques agissant en union avec le pape », et de « transférer dans l’ordre pastoral ce qui a été décidé dans l’ordre de la doctrine ». Il reste donc beaucoup à faire. Pour l’archevêque, le schéma sur le gouvernement de l’Église qu’il a alors en mains « est non seulement en désaccord avec le vote d’orientation, mais il est aussi en désaccord avec le schéma actuel de l’Église ». Les schémas sur l’œcuménisme et sur la liturgie lui paraissent les mieux réussis91. La 2e session du concile se termine le 4 décembre et, le lendemain, M Baudoux prend l’avion pour Jérusalem avec l’abbé Hacault, où leur première visite sera pour les étudiants de l’École biblique. De retour de Terre sainte le 15 décembre, il passe une semaine à Paris pour célébrer Noël dans la famille de sa nièce. Roland, l’époux de cette dernière, l’accueille à Lyon le 24 décembre. Il reçoit aussi des nouvelles de son neveu Maurice qui décide de rester encore un an au Ghana, avant de faire son tour d’Europe. Revenue au pays, Mariette se rend à Edmonton, visiter Edgard et Irène et leur donner des nouvelles de leur fille Georgette. À Montréal, Mgr Baudoux rend visite aux Fils de la Charité qui s’informent du concile, et il se renseigne sur le ministère de ces prêtres « très donnés à la pastorale d’ensemble, à la liturgie vécue, au travail d’équipe92 ». gr
Comme l’année précédente, les premiers mois de l’année 1964 sont consacrés à des entrevues aux médias sur la session qui vient de se terminer. La semaine de prière pour l’unité chrétienne donne lieu à plusieurs interventions : messe et homélie au grand séminaire, prédication à toutes les messes à la cathédrale le dimanche, entretien devant les élèves des collèges sur l’unité dans la diversité. Il préside une rencontre diocésaine d’action catholique et poursuit les travaux préparatoires à la 3e session du concile. Mgr Etchegaray lui apprend qu’on est en train de traduire l’article du père Murray paru dans
378 IV. Évêque la revue America du 30 novembre, et l’invite à lui signaler les autres articles qu’il jugerait bon de faire connaître aux évêques français93.
Avec Mgr A. Hacault au Saint-Sépulcre, Jérusalem, 6 déc. 1963
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À Jérusalem, avec le consul du Liban, 1963
En janvier, Les Cloches de Saint-Boniface publie trois messages de Mgr Baudoux à CKSB dont le premier porte sur « nos frères séparés » présents au concile comme observateurs, alors qu’on discute le schéma sur l’œcuménisme. L’archevêque déclare qu’il tient à échanger avec eux « en toute ouverture et confiance mutuelle », soit au bar, soit dans la salle d’attente : « Je ne manque jamais ma chance de lier connaissance avec l’un ou l’autre. On se présente mutuellement. On se dit quelques mots sur le sujet en discussion. On se fait part de ses impressions. Lorsqu’on s’est déjà vu et parlé, on se salue et, parfois, on continue un petit peu la conversation engagée auparavant. » Il prend même rendez-vous avec certains observateurs canadiens pour poursuivre au retour les conversations amorcées. Un autre message traite du problème délicat du célibat sacerdotal et du diaconat marié. Il tient à mettre les pendules à l’heure après la publication par Paris Match d’un reportage prétendant à tort qu’il avait été question de prêtres mariés94. Mgr Baudoux obtient du prieur de Taizé, Roger Schutz, un article sur le concile que Claude Ryan publie en janvier dans Le Devoir. Le mois suivant, il assiste à Montréal à une réunion présidée par Mgr Samoré, vice-président de la Commission pontificale pour l’Amérique latine, qui fait une conférence devant une vingtaine de personnes et des supérieurs religieux. L’entrée en vigueur de la constitution sur la liturgie le 16 février ne se fait pas sans peine, en raison de certaines initiatives de la Congrégation des rites qui menaçaient
380 IV. Évêque de défigurer l’œuvre réformatrice du concile. Le pape fera acte d’autorité en mars en promulguant des décisions qui sont saluées comme « le premier acte de la réforme de la Curie romaine », avec la création d’un organisme international composé d’évêques résidentiels, chargé de tout ce qui concerne la liturgie. L’apport de l’épiscopat manitobain au travail des commissions est mis en relief avec l’élection de Mgr Flahiff à la commission des religieux, de Mgr Hermaniuk au Secrétariat pour l’unité, et de Mgr Baudoux à la Commission des Églises orientales. Pourquoi pas l’inverse ? Il répond tout simplement : parce qu’il n’y avait pas d’Ukrainiens à l’unité, « et que les Orientaux désiraient m’avoir95 ». En mars 1964, Mgr Baudoux rédige des considérations pour sa participation à une session de huit jours de la Commission des Églises orientales qui se tient à Rome, d’où il adresse aussi deux messages pour CKSB. C’est l’occasion de rencontrer le père Le Guillou au Centre Istina à Paris, de se concerter avec Mgr Flahiff et Mgr Hermaniuk à qui il transmet les derniers développements concernant le plan Roblin pour les écoles, de rencontrer Mgr de Provenchères, Mgr Duprey, Mgr Etchegaray, le cardinal Suenens et plusieurs autres. Impatient de mettre en application les nouvelles lois liturgiques, il profite d’une audience particulière avec Paul VI, le 17 mars, pour obtenir l’autorisation de concélébrer, à la prochaine messe chrismale du Jeudi saint, avec les douze prêtres qui l’assisteront pour la bénédiction des huiles96.
Concélébration à la cathédrale de Saint-Boniface, 1er mai 1964
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Après une visite éclair à São Paulo du 2 au 4 avril, Mgr Baudoux revient à Saint-Boniface. Des réunions d’études sont prévues durant tout le mois d’avril à « Castel Adolfo », ainsi qu’une session d’études à Ottawa de la Commission sur l’Amérique latine, qui précède l’assemblée plénière de la CCC. Il prépare des notes sur les missions qu’il fait parvenir à plusieurs, dont Mgr Zoa, Anselme Longpré et Gregory Baum. L’abbé Longpré le félicite de son latin écrit avec élégance et surtout une rare précision des termes. « Personne, je pense, en Amérique a fait autant que vous pour le concile. Je fais des vœux ardents que Notre Seigneur Jésus Christ vous conserve force et santé pour continuer ce rôle de premier plan que vous jouez là-bas et qui honore tant notre Église canadienne. Nous vous attendons à Montréal pour remplacer notre pauvre cardinal qui n’en peut plus... » ! L’expérience réussie de l’année précédente de convoquer catholiques et protestants à une conférence de presse sur le concile est répétée le 23 avril à Norwood. De Colombie, M. Gagnon, p.s.s., lui apprend les tensions qui existent au sein de l’épiscopat de ce pays dont l’archevêque déclare publiquement qu’il est revenu du concile « très durci dans ses positions de conservateur ». Aussi le sulpicien songe-t-il à s’orienter ailleurs, après une période de repos et de ressourcement97. En juillet, c’est chose faite. M. Gagnon est à Saint-Adolphe pour travailler sur les documents reçus et il accompagnera Mgr Baudoux au concile à titre de théologien. Au début du mois d’août, tous les fascicules n’avaient pas encore été reçus. On tient compte des textes envoyés par d’autres épiscopats, de langue française, mais aussi de langue allemande et de Scandinavie, pour mettre au point les notes sur le schéma des Églises orientales. Le patriarche d’Antioche et de tout l’Orient, Pierre Paul Méouchi, remercie l’archevêque de « cet esprit compréhensif et ouvert » qu’il a manifesté à l’égard des Églises orientales, et du « sens de l’Église » qu’il présente dans ces notes. Il apprécie en particulier l’insistance de son texte sur l’institution patriarcale, qu’il considère comme un point capital du schéma. Elle est reconnue comme la plus haute autorité, au religieux comme au civil : « Tant qu’on n’a pas résolu ce point avec les égards qui lui sont dus, toutes les questions de ce même schéma demeureront sans réponse, ou recevront des demies [sic] réponses. » Le 1er juillet, Mgr Baudoux avait participé à Ottawa à la première réunion de l’Office national de l’enseignement religieux, une initiative de Mgr G.-M. Coderre, à laquelle prend part aussi l’abbé Robert Lane. Le 30 juillet, l’abbé Antoine Hacault est nommé évêque auxiliaire de Saint-Boniface98. La consécration de Mgr Hacault a lieu le 8 septembre 1964. Le 10, M Baudoux quitte Montréal pour Rome avec M. Gagnon et les évêques DeRoo et Blais. Le cardinal McGuigan, Mgr Pocock et une vingtaine de Canadiens sont sur le même vol. Les activités des mois précédents l’ont beaucoup fatigué, comme il l’écrit à Mgr Decosse : « Je suis actuellement plus gr
382 IV. Évêque fatigué encore qu’auparavant, et bien incapable de faire ce que je devrais. Je dors très, très peu durant les nuits et je n’arrive pas à me reprendre le jour. C’est évidemment la fatigue qui s’accumule. Mais c’est aussi des tracas journaliers. Il tombe une tuile ou l’autre à peu près chaque jour. Et il y en a de toutes les couleurs. » La mort qui avait emporté le 27 juillet 1963 son ancien professeur, le père oblat Monge, et son confrère Alexandre Grimard dont il célèbre les funérailles les 30 et 31 juillet, emporte aussi, au moment où il quitte pour le concile, un ami très cher, Antonio de Margerie, longtemps directeur du secrétariat de l’ACFC en Saskatchewan99. La 3e session, 14 septembre – 20 novembre 1964 La 3e session s’ouvre le 14 septembre 1964. Dès le 11, Mgr Baudoux livre ses premiers messages en français, puis en anglais pour la radio. Il lui sera difficile par la suite de les préparer à temps en raison des autres réunions. Il aura recours à M gr DeRoo pour en préparer et en enregistrer quelques-uns. Avec le père Chenu, o.p., il est invité à la première émisAvec le père Émile Legault, c.s.c., en 1965 sion télévisée, L’Heure du concile, animée par le père Legault. Il le sera également avec le théologien du patriarche Maximos IV. À la demande de Mgr Flahiff, il continue de participer à l’Interconférence dont les réunions ont lieu tous les après-midi ; à celles de la commission des Églises orientales chaque vendredi, à celle de la CCC qui se déroule en deux sessions, à celle des évêques canadiens, et aux carrefours de mise en commun avec les théologiens pour préparer les interventions de Mgr DeRoo et de Mgr Power. Le 23 septembre, au nom des évêques canadiens, le cardinal Léger intervient sur la liberté religieuse. Les derniers votes sont ensuite pris sur la constitution sur l’Église considérée comme « le moyen principal de rénovation ». On s’attaque ensuite à la nouvelle version du schéma sur la révélation que Mgr Baudoux n’a pu étudier et qu’il a du mal à suivre en raison des progrès exégétiques importants réalisés depuis ses études100.
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L’archevêque de Saint-Boniface assiste aux conférences de Mgr Charue, des théologiens Gustave Martelet, Jean Daniélou, Bernard Häring, de Mgr McGrath, du cardinal Suenens. Il participe à une réunion de travail avec Mgr Leménager et le père Tillard sur le schéma 13, travaille jusqu’à minuit avec trois autres évêques pour préparer les interventions de Mgr DeRoo et de Mgr Hacault sur le même schéma. Il prend part le 6 octobre à une réunion avec les évêques Power, DeRoo, Hacault et les théologiens Gagnon et Tillard pour rédiger un projet de refonte du schéma sur l’apostolat des laïques. Il rencontre aussi trois experts qui tiennent à le voir au sujet de la discussion sur les Églises orientales. Le 19 octobre, il fera sur ce sujet une intervention qu’un évêque oriental a pris soin de faire endosser par 70 pères du concile, ce qui lui assure le droit de parler, même quand la discussion est close. Son argumentation pour la défense des rites recueille 90 pourcent des votes. Il rédige ensuite quelques amendements pour améliorer le texte avant de le présenter au vote de la commission et de la congrégation générale. Il recevra ensuite plus de 700 modi déposés lors du vote101. Les trois interventions canadiennes du jour, celles du cardinal Léger et des évêques DeRoo et Hacault, font l’objet de son 14e message, le 27 octobre. Si la qualité de la liturgie s’améliore, comme cette concélébration à Saint-Paul qu’il enregistre intégralement, il n’en est pas de même à la basilique, où le chœur a « encore chanté à tort et à travers ». Le 30, il participe à la première rencontre d’une sous-commission sur les Églises orientales qu’il préside et qui se réunira de nouveau le 4 novembre. Il se rend à Milan avec M. Gagnon, p.s.s., pour prendre quelques jours de repos, visiter la cathédrale et les musées. Il y trouve beaucoup de madones, mais ne peut se procurer que quinze diapositives pour sa collection. Les activités reprennent de plus belle, avec l’arrivée de Gérard Lemieux de Radio-Canada et du père Émile Legault qui font une entrevue sur le schéma 13 avec lui, M. Gagnon et Mgr DeRoo. Charles de Koninck, de l’Université Laval, arrive aussi pour l’étude sur la limitation des naissances. Les votes sont pris sur le gouvernement pastoral des diocèses, et les interventions portent sur les missions, pendant que s’intensifient les travaux de la Commission sur les Églises orientales qui se réunira jusqu’au 21 novembre. Ces activités le rendent fou, mais n’entament en rien son enthousiasme, comme il l’écrit à Mariette : « Aujourd’hui they drive us crazy. Sept votes, mais sur d’autres sujets que ceux sur lesquels portent les interventions. Grande joie cependant, tous les fascicules sur le schéma de l’Église nous ont été maintenant remis. Le secrétaire général a annoncé qu’il y aurait peutêtre des sessions la semaine prochaine. Je crois que ce sera nécessaire et heureux malgré la fatigue de tous102. » Le 16 novembre, le pape reçoit les 70 évêques canadiens qui tiendront un atelier de travail sur la charge pastorale des évêques. Mgr Baudoux s’apprête
384 IV. Évêque à prendre l’avion le 22, heureux de l’adoption « haut la main », à 2134 voix pour et 10 contre, du schéma sur l’Église. Le schéma sur la liberté religieuse rencontrera des oppositions, mais le vote ne sera pris qu’à la prochaine session. Le petit groupe qui, chaque année, « diminue en nombre », mais « non en ardeur et astuce », a continué son jeu de coulisses pour faire écarter la déclaration sur la liberté religieuse contre le désir de la majorité des évêques, au moins 85 pourcent, qui y sont favorables. Mais « le cardinal Tisserant a annoncé que le pape maintenait la décision prise hier, mais avec promesse que, si possible, ce serait le premier schéma au programme de la 4e session. Dieu le veuille. Il y a fatigue et nervosité générale. Je n’y échappe pas. Mes valises sont faites et j’ai encore bien à faire. » De Rome, il se rend à Washington pour y rencontrer Muriel McKinnon, une amie de l’époque de ses études à Edmonton. Elle le présente à deux jeunes de sa famille, Dorothy et Dennis, enchantés de faire sa connaissance : « Dennis was breathless in telling the family how wonderful you are – he said he didn’t know that an Archbishop could be so human103 ! » L’archevêque est de retour à Saint-Boniface à temps pour participer à la rencontre de la Pensée française en l’honneur de Maurice Sauvé. Il reprend ensuite la ronde des conférences de presse, des interviews et des rencontres. Il participe au festival des films français d’art au collège et s’intéresse à l’histoire, en prévision du centenaire de l’archevêché dont les fêtes sont organisées par la Société historique de Saint-Boniface. Il demande aux Sœurs grises de faire des recherches dans leurs archives au sujet de sa construction sous Mgr Taché et des réparations du toit, faites sous Mgr Langevin entre 1896 et 1905. L’édifice vient d’être restauré par l’architecte Gaboury. Mgr Baudoux annonce la mise en vigueur de l’Instruction sur la liturgie, le 7 mars 1965104. C’est un programme exigeant qu’il trace aux prêtres, le 30 décembre : Il nous faut tous nous remettre à l’école, vénérés confrères dans le sacerdoce. Je puis vous dire qu’il en est ainsi pour la plupart des évêques, puis vous dire qu’il en est ainsi pour moi. Je n’ai jamais tant étudié depuis que j’ai quitté le Séminaire, que voilà depuis cinq ans, et continuellement et continuellement. Mais il faut que chacun de nos prêtres se remette de la même manière à l’étude [...]. C’est une nécessité absolue. Cela veut dire également qu’il faudra chez nous une véritable conversion. Vous ne l’ignorez pas que peu à peu nous en sommes arrivés au concile à faire disparaître le mot convertir du vocabulaire de l’œcuménisme. [...] Il n’y est plus question de la conversion des autres, parce qu’il est question de la conversion de tous, tous nous devons nous convertir, et nous ne devrions jamais parler de conversions que dans ce sens de conversion mutuelle. [...] Nous sommes tous en état de conversion et si nous ne le sommes pas, nous ne sommes pas à la hauteur de la tâche du tout. Mais c’est extrêmement important que nous en arrivions là non seulement au point de vue intellectuel, mais au point de vue de la volonté, au point de vue de tout ce qui
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est en nous, pour pouvoir être en parfaite disponibilité vis-à-vis de la grâce qui vient de l’Esprit105.
La mise en application de la liturgie va occuper une place importante de l’activité diocésaine. Une session sur les communications a lieu le 4 janvier. Le 21, l’archevêque accueille un groupe de pasteurs anglicans. Une réunion de la Commission diocésaine de pastorale liturgique se tient avant son départ pour Ottawa où il rencontre Mgr Samore à la Délégation apostolique. L’ouverture de la récollection sacerdotale a lieu en février. Des sessions régionales de liturgie sont animées par l’abbé Pageau qui revient de la session nationale à Montréal du 19 au 22 janvier. Pour le chant en français, il autorise la messe de l’assemblée préparée par la Commission nationale de liturgie. La détente est aussi à son programme. En mars, Mgr Baudoux assiste avec Mariette à l’opéra Don Giovanni à Winnipeg et il sera invité au concert des Jeunesses musicales du Canada et à une réception au consulat de France106. En février, Mgr Baudoux est présent aux funérailles de Raymond Denis, proche collaborateur dans la lutte pour le français dans les écoles et la radio dans l’Ouest, décédé à Montréal le 19 février à l’âge de 79 ans. Lorsqu’il retourne en avril pour les confirmations, les cinq évêques de l’Ouest se rencontrent à plusieurs reprises pour étudier des suggestions faites au sujet de l’enseignement de la catéchèse. Avec Robert Lane, il rencontre les responsables de l’Office de catéchèse de Montréal et du secrétariat national de l’Action catholique. Ils ont à résoudre les problèmes de bilinguisme qui se posent dans leurs diocèses. Il est particulièrement heureux de se servir des fascicules préparés par le diocèse de Saint-Jean pour la confirmation que lui avait fait parvenir Mgr Coderre. Il reste à Montréal pour la séance d’ouverture du Rallye ouvrier canadien de la JOC réunissant quelque 500 jeunes, dont dix de SaintBoniface107. À son retour à Saint-Boniface, Mgr Baudoux reçoit, en compagnie de trois dignitaires appartenant à d’autres confessions chrétiennes, un doctorat honorifique en théologie du United College de l’Église unie de Winnipeg. Ce n’est que la première d’une série d’activités à saveur œcuménique auxquelles il sera invité, dont le banquet annuel du Conseil canadien des chrétiens et des juifs, le 11 mai, le concert public lors de la bénédiction du nouveau collège de Yorkton en Saskatchewan, le 16 mai, le festival de la Bonne Chanson au Playhouse le 25 mai, la réception de Mgr Iakovos, de l’Église orthodoxe grecque des Amériques le 27 mai. Lors de ce dernier événement, il présente des vœux au 4e congrès annuel de la Conférence du clergé et du laïcat des paroisses grecques orthodoxes du Canada, et signale le devoir qui incombe à tous les chrétiens « de marcher ensemble vers la pleine unité ». Avant l’ouverture des retraites sacerdotales, le 29 mai, il recevra le gouverneur général et
386 IV. Évêque madame Vanier. Les retraites seront prêchées par Mgr Neophytus Edelby, archevêque d’Édesse et collaborateur du patriarche Maximos IV108. Depuis 1959, les Polonais du diocèse participent à la neuvaine du millénium de la Pologne (1957-1966) pour un renouveau de la foi chrétienne. En 1965, Mgr Baudoux invite ses diocésains à s’unir aux Polonais qui se préparent à célébrer le millénaire de leur pays et une réplique de la Vierge noire de Czestochowa parcourt plusieurs paroisses du diocèse à compter du 4 juin. Il fait la prière au banquet annuel de la Guilde des médecins catholiques du Manitoba, au moment où arrive le délégué apostolique, Sergio Pignedoli. Lors d’une fête jubilaire, il témoigne de sa reconnaissance à la famille de sœur Alice Marcoux qui l’accueillait pour les vacances lorsqu’il étudiait au collège de Saint-Boniface. Il se rend ensuite à Ottawa pour participer à la réunion de CECAL. À son retour, il offre un dîner à l’ambassadeur de France au Canada en visite à Winnipeg, et assiste à la réception offerte par le consul de France à cette occasion. Il participe en juillet au cocktail offert aux sénateurs du groupe d’Amitié France-Canada. Il préside à l’ouverture officielle de la villa Youville à Sainte-Anne-des-Chênes, et s’offre un moment de détente en assistant au concert des Petits Chanteurs du Mont-Royal en tournée dans l’Ouest canadien109. À la fin de juin, la réception de cinq schémas dont ceux sur l’Église dans le monde de ce temps, l’activité missionnaire et l’apostolat des laïcs, marque le début d’une dernière session d’études intense à « Castel Adolfo » avec Mgr Hacault, M. Gagnon et un professeur du grand séminaire. Il quitte pour Montréal en laissant des notes à ses théologiens pour produire un court texte englobant ce qui a déjà été préparé sur la vocation de la personne, en tirant parti des notes du cardinal Liénart et du père Congar. Il faudrait « montrer au monde ce que l’Église représente pour le monde lui-même », promotrice de la dignité de la personne, du sens sacré de la vie, de la vraie liberté, de l’amour, de la paix, et qui doit s’ouvrir aux frères séparés et à tous les hommes de bonne volonté. Un autre engagement l’attend le mois suivant, la participation à Halifax au congrès de l’ACELF, qui attire quelque 600 participants. Non sans difficulté, il réussit à préparer sa conférence pour le 18 août. À Montréal, il rencontre des laïcs pour terminer ses observations sur le schéma de l’apostolat des laïcs et prend part à plusieurs réunions d’études110. La 4e session, 14 septembre – 8 décembre 1965 Le 22 août 1965, Mgr Baudoux prend l’avion à Halifax, pour Londres et Paris où il passe quelques jours dans la famille de sa nièce. Il va ensuite en Belgique avec Mgr Hacault afin de constater sur place les expériences de rénovation les plus prometteuses dans les grands séminaires. Tous deux visi-
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tent le monastère œcuménique de Chevetogne, le collège latino-américain de Louvain, le centre Lumen Vitae de Bruxelles, le séminaire Jean XXIII de Louvain et le monastère du Mont-César. Ils iront ensuite au Grand Séminaire de Metz qui serait, leur a-t-on dit, le mieux en état d’adaptation, puis le centre de catéchèse pour adolescents de Strasbourg. Les deux évêques célèbrent à la chapelle de Ronchamp, en rapportent des volumes et des diapositives, puis vont visiter l’abbaye de Cluny. Pour l’office du soir, ils sont à l’église de la réconciliation de Taizé. À Turin, ils visitent l’œuvre de Jean Bosco et, à Milan, ce sont surtout les vitraux de la cathédrale qui retiennent leur attention111. La routine du concile reprend avec des acquis qui enchantent l’archevêque. L’entrée du pape « remarquable de simplicité inaccoutumée et de sobriété : l’abandon de la tiare, fait au cours de la 3e session, semble être définitif ». La mise en application de la réforme liturgique : « Quel bonheur d’expérimenter ainsi l’unisson des voix et des cœurs ! Comme nous sommes loin du morne silence et que nous avons eu tant de peine à briser ! C’est désormais le Peuple de Dieu qui exprime collectivement sa prière. » Il participe à des conférences, celle de Congar à l’épiscopat africain sur la liberté religieuse dont le schéma est discuté, accepte des entrevues pour L’Heure du concile, suit les réunions de l’Interconférence. Quelque 25 messages sont adressés à CKSB entre le 20 septembre et le 7 décembre. Comme il ne réussit pas à obtenir une carte de curé auditeur pour l’abbé Deniset-Bernier, il l’amène avec lui à titre de secrétaire, puis, avec lui et les évêques Hacault et Decosse, il s’accorde une soirée de détente à l’opéra qui présente Cavalliera Rusticana. Ce seront ensuite les discussions et les votes sur des schémas refaits après avoir été rejetés, comme ceux sur la Révélation, l’Église dans le monde de ce temps, la liberté religieuse. Il fera une intervention remarquée sur le langage utilisé pour s’adresser au monde : « Appelons les choses par leur nom. Quand nous voulons parler de sports, disons le sport, et non ludica certamina », rapporte A. Wenger dans La Croix de Paris du 25 septembre112. Après son intervention, Mgr Baudoux participe à un colloque avec M Etchegaray et Mgr Veuillot qu’il remplace comme président de l’Interconférence. Le 24, ce sera le premier carrefour de l’année des évêques canadiens pour étudier les schémas et préparer les amendements. Il participe ensuite à la première conférence du secteur anglais. Les travaux de rédaction faits à « Castel Adolfo » s’avèrent utiles au moment du vote sur l’apostolat des laïques, pendant que se poursuivent les interventions sur l’Église dans le monde de ce temps. Les nombreux amendements proposés au texte sur la Révélation obligeront à un nouveau vote, mais il est assuré que le texte passera, de même que les textes sur la liberté religieuse et sur l’apostolat des laïcs. Le 1er octobre, l’archevêque prend part à la réunion du Comité international pour l’adoption de prières œcuméniques113. gr
388 IV. Évêque En octobre, après le voyage historique de Paul VI aux Nations unies, M Baudoux participe avec son auxiliaire à un atelier de travail avec les évêques français sur le schéma sur les prêtres. Un dernier vote est pris sur la charge pastorale des évêques, puis sur la rénovation de la vie religieuse. Le 7 marque la fin des interventions sur l’Église dans le monde et le début des discussions sur l’activité missionnaire. Mgr Baudoux doit faire une intervention sur le ministère et la vie des prêtres. Après la messe copte, il rassure les cardinaux Tisserant et Lercaro venus vérifier que la formulation de son intervention ne permettra pas aux journalistes de lui attribuer des propos qu’il n’aurait pas tenus. Il prend part à un atelier de travail des évêques canadiens puis à l’assemblée générale de la CCC. Il songe à ne plus participer aux réunions de l’Interconférence, « non pas que ce travail de collaboration entre pays ne me plaît pas, mais plusieurs de nos évêques ne s’y intéressent pas ». Il y retournera pourtant, à la demande du nouveau président de la CCC, Mgr Louis Lévesque. Le 11, le pape invite les évêques à transmettre par écrit leur pensée sur le célibat sacerdotal au président du concile, plutôt que d’en discuter dans l’aula114. gr
Les votes se multiplient pendant que se poursuivent les débats sur les amendements. « Nous sommes devenus des machines à voter, écrit-il à Mariette ! C’est extrêmement fatigant, énervant, déprimant. Je ne suis pas le seul à sortir de la congrégation exténué. » Des rumeurs commencent à circuler sur la date de la fin du concile. Cela tient, ajoute-t-il, non seulement de la volonté de finir le concile, mais aussi « des efforts qu’un groupe (dont je suis) a faits pour pouvoir apporter des amendements au dernier texte sur l’éducation, [et qui] n’ont pas abouti. Il y a toute une effervescence, qu’on sent, qu’on voit, relativement à ce schéma sur les relations avec les non- chrétiens. » La déception s’installe. Un seul sujet d’étude est proposé au nom du pape. La CCC ne tiendra plus de réunion et la consultation se fera par écrit. Le calendrier est esquissé jusqu’à la mi-novembre. La discussion sur les prêtres reprend le 25 octobre. Une session publique aura lieu le 28, avec la proclamation de trois décrets et d’une déclaration. Une autre session semblable pourrait avoir lieu le 18 novembre115. Un lourd programme s’impose avant le congé de la Toussaint, du 30 octobre au 8 novembre. Mgr Baudoux travaille à des amendements au schéma sur les prêtres avec les évêques Hacault et DeRoo et M. Gagnon, qui traduisent leurs textes pour Les Cloches et préparent aussi des messages pour CKSB. Il prend part à la réunion du CECAL dont il enverra le compte rendu à Ottawa en janvier 1966. Il prépare lui-même trois entretiens sur le célibat dont la première partie est prête le 21 octobre. Une consultation de la CCC auprès des évêques canadiens suit la rencontre des présidents des conférences épiscopales avec le pape, qui recevra ces derniers de nouveau, le 21, avec les
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réponses recueillies. Le 22, il participe avec le nouveau président de la CCC à la réunion de l’Interconférence et suit la session d’étude internationale de trois jours sur le diaconat qu’il juge très intéressante. Il procède à des consultations téléphoniques sur le sujet auprès de Mgr Hermaniuk et de Gregory Baum. Pendant ce temps, les évêques DeRoo et Hacault travaillent avec les théologiens du cardinal Léger sur les modi à proposer avant le vote du texte sur la liberté religieuse dont certains passages ne sont pas satisfaisants. L’archevêque prend part à un atelier chez les Français et accepte de parler des diacres permanents à une émission de L’Heure du concile. Le 28, le pape préside la session publique. Il est alors acquis que la fin du concile ne saurait avoir lieu avant le 8 décembre116. Les premiers jours du congé de la Toussaint, Mgr Baudoux les consacre à se reposer et à visiter des églises et les nécropoles de Tarquinia avec Mgr Hacault. Le 6, il donne à Bernard Daly les renseignements requis sur le premier secrétariat des évêques canadiens en 1962 et sur les réunions de l’Interconférence, et soupe avec les journalistes. Le 8, il assiste à deux conférences de Lombardi, un orateur « très fleuri, très verbeux », écrit-il à Mariette, mais qui présente « une pensée centrale extrêmement féconde, notre communauté chrétienne reflétant Dieu trine et un ». Les jours qui suivent la reprise des congrégations générales sont largement consacrés à la présentation d’amendements pour améliorer les textes avant qu’ils ne soient soumis au vote. Après la dernière réunion de l’Interconférence le 20 novembre, les évêques du Canada sont reçus en audience. Il ne reste aux commissions que quatre congrégations générales pour terminer l’examen et l’insertion des amendements117. Dans une lettre circulaire, Mgr Baudoux transmet à ses diocésains la demande de Paul VI de faire un triduum de prières entre le 28 novembre et le 8 décembre, pour obtenir le renouvellement du visage de l’Église et de la société humaine. Il s’affaire à la rédaction de ses derniers messages, et rencontre le cardinal Rossi de São Paulo avec les évêques Lussier et Morin pour discuter du ministère de leurs prêtres au Brésil, pendant que l’on commence à dresser les estrades pour les invités à la cérémonie de clôture du concile. Maurice Sauvé, l’époux de Jeanne Benoît, une ancienne de Prud’homme, y représente le Canada. Les 2 et 3 décembre, Mgr Baudoux prend part au colloque sur les séminaires du cardinal Suenens et du président du séminaire Jean XXIII de Louvain et assiste à une conférence du liturgiste Martimort sur les perspectives de la réforme liturgique. Le 4, après les votes, il se rend à la basilique Saint-Paul pour participer à la prière avec les observateurs non catholiques, présidée par le pape. Le lendemain, il assiste avec les évêques du secteur français de l’Ouest, de l’Ontario et des Maritimes, au souper réunion du comité épiscopal de l’Éducation chrétienne dont il fait partie. Le 6, il
390 IV. Évêque reçoit avec émotion l’anneau, « d’une grande simplicité » de facture, que, dans un geste symbolique, le pape remet à chaque évêque, comme signe de « cette vérité de la collégialité épiscopale et de la coresponsabilité de tous les évêques dans la pastorale du monde ». Le jour de la clôture, il écrit à sa sœur : « Tout est terminé ! Indescriptible et extrêmement émouvant ! J’ai pu tout enregistrer et prendre quelques diapos. » Son voyage de retour se fera par bateau. Dans l’état de fatigue où il se trouve, il espère arriver reposé pour affronter les tâches qui l’attendent118. M gr Baudoux fait route le 9 décembre de Rome à Naples avec R. Robidoux, p.s.s., et prend le bateau à Gênes pour une traversée de sept jours. Il profite de ce temps de répit pour rédiger trois messages, dont le dernier se veut une vue d’ensemble du concile. Il passera Noël à Montréal chez les Chabot, puis se rendra à La Pocatière pour le sacre de Mgr CharlesHenri Lévesque. Il esst de retour à Saint-Boniface avec Mgr Hacault le 29 décembre. Dans son allocution à ses collaborateurs, il revient sur les gestes d’ouverture au monde posés par le pape, en particulier son message de paix à l’ONU, l’accueil des frères séparés, orthodoxes et réformés, l’union qui doit exister entre l’évêque et les prêtres, selon l’esprit du décret sur la charge pastorale des évêques119.
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L’après-concile (1965-1974) �
u cours des premiers mois de 1966, on continue de publier dans Les Cloches de Saint-Boniface et de diffuser à CKSB les articles et les enregistrements préparés lors du concile. Pour Mgr Baudoux, le concile n’est pas derrière lui, c’est un programme à appliquer. Il continue de rencontrer les groupes les plus divers pour faire le bilan de ces quatre années d’efforts de rénovation. Il consulte les laïcs et les religieuses pour connaître leurs attentes1. Les grands débats sociaux autour de l’école, de la confessionnalité et du français continuent de mobiliser le milieu francophone. Mais le milieu ecclésial est aussi aux prises avec des problèmes aigus, dont certains sont
Mgr Baudoux préside en 1965 un baptême
392 IV. Évêque
Mgr Baudoux préside une profession religieuse chez les Sœurs grises en 1966 et assiste à une exposition d’art avec Mariette.
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nouveaux, soit en raison d’un manque chronique de ressources, soit en raison des nouvelles exigences imposées par le concile, de la conversion des mentalités qui s’impose, et peut-être surtout de l’évolution sans précédent de la société. Le concile terminé, l’archevêque de Saint-Boniface n’a pas perdu la liberté de parole acquise, comme on le constate en mars 1966, lors de sa participation avec Mgr Alexander Carter à un panel de six personnes réunies par la télévision de CBC à Toronto, pour discuter du concile devant un auditoire de 200 personnes. À une question sur un récent décret de Rome sur les mariages mixtes, Mgr Baudoux n’hésite pas à dire que ce texte n’est pas conforme à l’esprit de Vatican II. Il reste un fervent de l’œcuménisme et participe aux activités conjointes organisées lors de la semaine de prière pour l’unité chrétienne2. Les institutions laborieusement mises en place au cours des décennies précédentes vont devoir modifier profondément leurs structures et réviser leur insertion sociale. Mgr Baudoux tient le cap et s’engage à fond, lors de la conférence des évêques du pays et au sein de son diocèse, à la mise en œuvre des acquis du concile. L’heure des bilans et des hommages approche pour lui, alors que ses forces physiques l’abandonnent progressivement.
Mgr Baudoux avec Mgr Hacault à l’assemblée de la CCC
394 IV. Évêque La mémoire de l’histoire Les anniversaires qui se succèdent après le concile vont amener M Baudoux à s’intéresser de près à l’histoire, au moment où, à Ottawa, la Délégation apostolique souhaite constituer une bibliothèque spécialisée sur l’histoire de l’Église au Canada. En 1966, il accepte la présidence d’honneur de la réunion plénière de mars de la Société historique de Saint-Boniface, qui entend faire revivre l’histoire du Manitoba depuis 150 ans. Soucieux de la préservation des archives du diocèse de Saint-Boniface, il consulte l’abbé Armand Gagné, archiviste du diocèse de Québec, et rencontre à Montréal monsieur Denault pour en faire microfilmer les quelque 3 000 documents. On songe aussi à apposer une plaque sur le monument Provencher, pour souligner le 150e anniversaire de l’arrivée des premiers missionnaires en 1818, les abbés Provencher et Dumoulin. Parmi les manifestations prévues pour marquer l’événement, une concélébration a lieu sur le parvis de la cathédrale et on procède, le 16 juillet 1968, à la reconstitution historique du voyage des missionnaires, de la pointe Douglas à Winnipeg. Les évêques Baudoux et Flahiff ont revêtu pour l’occasion les habits ecclésiastiques de l’époque, en particulier le rabat gallican qui se portait avant l’adoption du col romain. Six jours plus tard, le 22 juillet, un incendie détruit de fond en comble la 4e cathédrale de Saint-Boniface, une « épreuve qui purifie et qui défie », déclare Mgr Baudoux dans son entretien du 1er janvier 1969 à CKSB3. gr
Le 16 juillet 1968, Maurice Baudoux et B. Flahiff en costume d’époque avec rabat gallican, pour le 150e anniversaire de l’arrivée à Saint-Boniface des abbés Provencher et Dumoulin en 1818.
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ll’incendie de la cathédrale de Saint-Boniface, en juillet 1968
Le 150e anniversaire de la première école à Saint-Boniface est souligné par une bénédiction spéciale le 17 octobre 1968, lors des fêtes du centenaire de fondation de l’Université du Manitoba. Le 30 juin 1971, l’archevêque préside une célébration sur le parvis de la cathédrale pour marquer le début des travaux de construction. Le 14 décembre, il prononce à la Société historique de Saint-Boniface une conférence sur l’histoire de la formation de la première province ecclésiastique dans l’Ouest canadien, le 22 septembre 1871. Les 23 et 27 décembre, il préside les fêtes de clôture marquant le 2e centenaire de la mort de Marguerite D’Youville et le centenaire de l’Hôpital de SaintBoniface. Avec un don de 250 $, Mgr Baudoux assure le directeur du nouveau Centre culturel de Saint-Boniface qu’il est très heureux de faire sa part : « J’estime nécessaire que tous, au Manitoba français, nous reprenions notre effort d’autrefois en signe de soutien à ce qui nous est cher. Mon expérience de septuagénaire est que l’homme s’attache davantage à ce pourquoi il se donne jusqu’à faire mal. » Il prendra la parole lors de l’ouverture du Centre le 25 janvier 19744. En juin 1974, l’archevêque participe à un autre important rappel historique, la reconstitution de l’arrivée des Sœurs grises. Pendant que Marius Benoit fait la narration de l’événement, il accueille quatre religieuses et deux voyageurs. En octobre suivant, il transmet au ministère de la Main-d’œuvre et de l’Immigration pour la création d’emploi une lettre de Robert Painchaud
396 IV. Évêque et le rapport de Lionel Dorge faisant état de la médiocrité du rangement et de l’absence de catalogage des riches archives de l’archidiocèse. Il y ajoute certains de ses travaux historiques publiés dans Les Cloches de Saint-Boniface : « Qu’il me soit permis, en conséquence de ces considérations, de solliciter vivement votre bienveillance pour que les travaux de rangement entrepris cette année puissent se poursuivre l’an prochain, grâce à des subsides accrus, afin qu’ils soient menés à bonne fin5. » Gilbert-Louis Comeau, des Archives provinciales du Manitoba, appuie cette demande : Conscient que sans des instruments de travail ses archives demeuraient difficiles à consulter et que cette condition nécessitait certaines normes d’accessibilité, l’archevêque de Saint-Boniface demanda et obtint à l’automne de 1973 une subvention qui permit une classification définitive des fonds Henry Fisher et A.-A. Taché. [...] L’achèvement d’un index analytique pour les fonds Fisher et Taché et un programme de réorganisation du fonds Langevin demeurent néanmoins une deuxième étape d’exécution. [...] À mon avis, ce projet proposé par l’archevêque de Saint-Boniface correspond à l’objectif qu’on entend souvent énoncer, de rendre l’histoire vivante, et pour cela, de former de jeunes historiens et archivistes, et d’ouvrir au grand jour des dépôts historiques souvent réservés à quelques rares spécialistes6.
Le don généreux que lui font les Sœurs grises, lors de sa démission, M Baudoux le versera dans un fonds « pour la réalisation de projets que je caresse, qui se rapportent à la publication éventuelle de travaux historiques liés au diocèse qui vous doit tant depuis 130 ans7 ». gr
La conviction œcuménique La conversion œcuménique de Mgr Baudoux est profonde. Dès janvier 1963, il avait fait intégrer, dans les documents déjà préparés, les suggestions de l’évêque anglican de Rupert’s Land, John G. Anderson, pour les intentions de la semaine de prières pour l’unité. Le 19 janvier 1964, il fait la prédication à toutes les messes et traite de la souffrance en face des séparations entre chrétiens. Il adresse des vœux à l’évêque anglican Clark, primat de l’Anglican Church of Canada, lors du 10e anniversaire de sa consécration épiscopale. En mai 1965, il est invité à prononcer la prière au banquet annuel du Conseil canadien des chrétiens et des juifs. Il participe aussi à la réception et au banquet en l’honneur de Mgr Iakovos, de l’Église orthodoxe grecque des Amériques, venu participer au 4e congrès annuel de la Conférence du clergé et du laïcat des paroisses grecques orthodoxes du Canada8. Il ne lui suffit pas de poser des gestes symboliques, comme la visite en 1965 du monastère œcuménique de Chevetogne et de l’église de la réconciliation de Taizé. En 1972, il célèbre l’eucharistie avec le groupe des Dombes
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et visite le pasteur Montsarat, président de la région lyonnaise de l’Église réformée de France. Lorsqu’il apprend en 1966 que le United Church Observer a publié des articles sur le concile, il s’abonne à ce journal et demande copie des numéros déjà parus. Le 7 juin, il est invité à prendre la parole devant la Conférence du Manitoba de l’Église Unie et il fait parvenir au secrétaire Hubbard le dernier numéro des Cloches de Saint-Boniface. En septembre, il accueille l’archevêque de Canterbury avec les autorités civiles et les autres évêques et participe à une rencontre à l’aréna de Winnipeg. En 1967, il prend part encore une fois à la célébration de prière pour l’unité chrétienne à l’aréna du Centre civique. Le 5 juin suivant, le centre diocésain d’œcuménisme invite les religieuses à un entretien avec le jésuite Jean Roche, collaborateur de Pierre Michalon du Centre unité chrétienne de Lyon, invité à Saint-Boniface pour animer les retraites des prêtres et des séminaristes9. En décembre 1968, Mgr Baudoux assiste à la conférence publique de Robert McClure, modérateur de l’Église Unie du Canada, et en octobre 1969 il va présenter au nouveau ministre de la Norwood United Church les vœux de la communauté catholique de Saint-Boniface. Il va plus loin que ces relations cordiales avec les représentants des autres traditions chrétiennes. Il trouve aussi à nourrir sa foi dans leurs écrits. Il reçoit la Lettre de Taizé et souligne un texte de Roger Scheutz : « En tout homme se trouve une part de solitude qu’aucune intimité humaine, même celle du couple le plus uni, ne peut remplir : c’est là que Dieu nous attend et qu’il nous rencontre. Et c’est là, dans cette profondeur, que se situe la fête intime du Christ ressuscité. » Lors de l’installation de Henri E. Duckworth comme président et vice-chancelier de l’Université de Winnipeg le 16 octobre 1971, à la demande de ce dernier, Mgr Baudoux prononce la bénédiction en français. C’est lui aussi qu’on invite pour prêcher à la cathédrale anglicane de Winnipeg pour le service interconfessionnel, lors du passage de la princesse Margaret venue inaugurer la Winnipeg Art Gallery. Il est aussi présent, le 1er novembre 1971, à la convocation annuelle du collège St. John’s de Winnipeg et au lunch avec Ted Scott, primat de l’Église épiscopale du Canada10. Lors de la bénédiction de sa nouvelle cathédrale en 1972, Mgr Baudoux invite le pasteur G. H. Hambley de l’Église Unie de Winnipeg. En le remerciant, ce dernier souhaite la poursuite de la coopération entre les deux Églises, « since we have the same gospel to proclaim, and the same God to serve ». Deux ans plus tard, il est invité à participer au 70e anniversaire de la paroisse anglicane St. Philip’s à Saint-Boniface. En juin 1974, le rabbin Gunther Plaut de Toronto l’invite à se joindre à un groupe pour une visite d’une semaine en Israël. Le groupe arrive à Tel-Aviv le 5 mai. Il comprend dix chrétiens, dont deux évêques catholiques, Mgr Hayes et lui, 300 anglicans et des chefs d’autres Églises. Pour la rencontre des évêques de la CCM avec les évêques
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Dans la nouvelle cathédrale, 1972. Photo Chris Guly
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Voyage en Terre sainte en mai 1976
Dr William Martin, Bishop Barry Valentine, Mgr Maurice Baudoux au collège St. John’s, 1er nov. 1972.
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400 IV. Évêque anglicans le 15 septembre 1977, Mgr Baudoux propose de réfléchir sur le synode anglican de Calgary et le synode des évêques à Rome. Ces échanges sur des problèmes communs se répéteront chaque année. En février 1983, lors d’une rencontre œcuménique, l’archevêque parle de l’histoire des débuts de l’Église à Saint-Boniface. Il note dans son agenda la date de la conférence de Lambeth de juillet 1978 afin de penser de prier à cette intention11. L’évolution des séminaires Quand Mgr Baudoux a pris l’avion pour participer au concile en 1962, 33 théologiens et 35 philosophes étaient inscrits au grand séminaire. Le provincial des sulpiciens avait demandé à Gilles Fortier de se mettre à la disposition du recteur Jean Piché, et avait bon espoir que M. Bulteau, p.s.s., pourra y donner des cours d’Écriture sainte quelques jours par mois. M. Goulet entreprend une troisième année d’étude à Jérusalem. Mais un an plus tard, alors que tout est mis en œuvre pour hausser le niveau des études, on songe à envoyer les trois meilleurs séminaristes étudier ailleurs. Le recteur tire la sonnette d’alarme. Un tel départ ne peut être interprété par les séminaristes « que comme un signe que tout ici demeure de qualité inférieure. C’est un grand séminaire de seconde classe qui s’installe fatalement. » Mais une nouvelle tendance se dessine au même moment, qui augure d’une volonté de concertation en matière de formation. En annonçant en 1965 le prochain transfert de leur scolasticat de Lebret à Saint-Norbert et de leur noviciat de Saint-Norbert à Lebret, le provincial des oblats demande à Mgr Baudoux l’autorisation « de poursuivre l’œuvre de formation philosophique, théologique et religieuse » des oblats qui se destinent au sacerdoce12. L’archevêque lui répond : Je souhaite que nous puissions, dès cette année 1965-1966, étudier et expérimenter des collaborations actives entre notre Grand Séminaire et votre Scolasticat, d’autres diocèses et d’autres familles religieuses. Car vous le savez, et il en a déjà été question avec le P. Rainville il y a quelque deux ans, en union intime de pensée et de dessein avec les évêques des autres diocèses de l’Ouest pour lesquels le cardinal Villeneuve avait désiré et demandé que se poursuive ici son Séminaire de Gravelbourg, un rêve me hante depuis plus de dix ans : l’établissement d’une Faculté ecclésiastique sous l’égide de l’épiscopat et des Supérieurs provinciaux de chez nous. Aussi, je compte bien qu’il sera possible, pour le nouveau supérieur du Grand Séminaire et le supérieur du Scolasticat de se réunir et d’étudier avec vous, Mgr l’Auxiliaire et moi, peu avant la fin de juillet, les possibilités et les modalités d’une collaboration étroite progressive13.
Comme M. Lagacé devait participer à Paris à une session d’études pour permettre à des délégués de 26 grands séminaires portant sur les études, la
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formation pastorale, la vie spirituelle et l’institution, la réunion prévue doit être reportée à la fin des vacances. L’archevêque rencontre avec Mgr Hacault les prêtres du diocèse qui œuvreront au grand séminaire et prend des décisions qui doivent être immédiatement réalisées : « Il résultera de tout cela, j’en suis sûr, un nouveau et bienfaisant départ », écrit l’archevêque, au moment où M. Édouard Gagnon, p.s.s., est nommé supérieur du Grand Séminaire de Saint-Boniface, et où M. Goulet, p.s.s., s’apprête à y revenir. Les personnes concernées se rencontrent du 1er au 7 septembre. Informés du transfert du scolasticat des oblats à Saint-Norbert, les évêques Routhier et Lussier se réjouissent de l’éventuelle participation des oblats et de l’archevêque de Winnipeg à l’œuvre du grand séminaire, « avec la perspective éventuelle, précise Mgr Routhier, de l’établissement d’une faculté ecclésiastique sous l’égide de l’épiscopat et des supérieurs provinciaux. Je crois qu’ainsi le clergé séculier et régulier bénéficiera mutuellement de leur contact et favorisera une meilleure compréhension et une plus profonde amitié14. » En janvier 1966, Mgr Hacault est chargé de former et de présider un comité réunissant les directeurs des sept maisons de formation concernées par le projet : le collège de Saint-Boniface, l’institut collégial Provencher, le juniorat Sainte-Famille, le grand séminaire, le collège d’Otterburne, le petit séminaire, le scolasticat des oblats. Ce comité mettra les points de vue en commun, recensera les complémentarités à mettre au service de l’éducation, fera les recherches requises en vue d’une unanimité, et formulera des recommandations à l’archevêque. Un an plus tard, Mgr Baudoux est invité à une session de pastorale donnée aux oblats à Saint-Norbert pour échanger au sujet du concile. La nomination du père Henri Légaré comme évêque à Shefferville oblige de confier à un autre le projet de centre de théologie commun dans l’Ouest. Mgr Baudoux le prie de rendre compte des démarches déjà faites, ce qu’il fait lors de son passage à Winnipeg. Le 13 décembre, lors du sacre de Mgr Mahoney, le nouvel évêque de Saskatoon, il réunit les 26 évêques et les 13 religieux concernés par le projet15. Lors de cette réunion à Saskatoon, on décide de former un comité dont les membres rencontreraient les universités de leur localité. Ce comité devrait être composé d’un nombre suffisant de représentants de chaque localité, et avoir l’approbation de l’Ordinaire local. Le 15 avril 1968, une réunion a lieu à Saint-Boniface pour faire la synthèse des démarches. Un rapport de vingt et une pages propose des recommandations dont aucune n’est envisageable pour l’automne 1968. Le 21 décembre, la Conférence catholique du Manitoba demande à Mgr Hacault, à D. P. Burke Gaffney et au père Arthur Lacerte, o.m.i., d’étudier la possibilité d’un théologal au Manitoba et de lui faire rapport. Deux réunions ont lieu le 22 janvier 1968 et le 5 février, après que Mgr Hacault eut rencontré les représentants de l’Église unie et de la Faculté
402 IV. Évêque de théologie de l’Université de Winnipeg. Pendant ce temps, le comité de formation pastorale de Saint-Boniface se réunit, des cours sont offerts pour les prêtres, et le trappiste Armand Veilleux est invité à parler de liturgie aux grands séminaristes16. En janvier 1968, Mgr Baudoux se ménage un mois de réflexion, de tranquillité et de paix en suivant les Exercices spirituels de saint Ignace, qui sont donnés à Sainte-Anne-de-Beaupré par le jésuite Joseph Ledit. L’expérience s’avère décevante. S’il fait son profit de certaines réflexions de l’animateur : « surtout quand on est en autorité, il faut être disposé à être prompt à sauver la proposition du prochain », « ne pas toujours dire non, ce à quoi on est tenté », l’homme d’action est loin d’apprécier le style du religieux et son « imagination dévergondée » : « Divagations du père ! Imaginations ! – Trois quarts d’heure de cela... Peu de choses utiles, des histoires. Et tout au long, des explications et insinuations fantaisistes – il vase ! – Un long placotage en cherchant des textes et en lisant rapidement des bouts. » De plus, les préoccupations de l’extérieur réussiront à le rejoindre et des problèmes de santé viendront troubler sa quiétude17. Le projet de grand séminaire pour les diocèses français de l’Ouest n’est pas nouveau, comme le rappelle l’archevêque en mars 1968. Il avait été lancé en 1931 à Gravelbourg par Mgr Villeneuve, qui en avait alors remis la direction aux pères oblats. À son départ pour Québec, il en avait confié le sort à Mgr Cabana, coadjuteur de Saint-Boniface. Établi provisoirement à SaintNorbert en 1946, le séminaire était installé deux ans plus tard à Saint-Boniface, dans un immeuble attenant à l’archevêché, destiné à accueillir une vingtaine de séminaristes. Un prêtre diocésain, l’abbé Aimé Decosse, en assure la direction jusqu’à la fin de 1953. Jusqu’à l’automne 1954, les professeurs ont été des prêtres diocésains, des oblats, des jésuites, des missionnaires d’Afrique. La direction en est alors confiée aux sulpiciens qui assurent aussi l’enseignement avec quelques prêtres diocésains. L’accroissement du nombre des séminaristes de 1954 à 1956 oblige à construire pour en accueillir jusqu’à 85. Depuis 1948, les évêques des cinq diocèses français de l’Ouest confient la formation de leurs futurs prêtres à cette institution. Mais, depuis une dizaine d’années, le nombre des candidats au sacerdoce a diminué à un point tel qu’on prévoit recevoir moins de 10 candidats pour l’année 1968-196918. Quelle que soit la décision prise au sujet du projet de Faculté de théologie commune, le diocèse de Saint-Boniface doit envoyer ses séminaristes là où ils pourront le mieux poursuivre et terminer leur stage d’étude et de formation. Le grand séminaire ne ferme pas ses portes. Il assumera la tâche de recyclage des prêtres selon un programme défini, et continuera de dispenser les cours de sciences religieuses aux religieuses et aux laïcs. On y donnera les
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cours de philosophie et on verra à organiser et à animer les séminaristes du diocèse au point de vue pastoral. Les évêques Decosse et Lussier se rallient à cette décision et remercient pour les services que le grand séminaire a rendus à leur diocèse « dans les circonstances difficiles des trois ou quatre dernières années ». La circulaire émise le 25 mars 1968 insiste sur la transformation qui s’impose, en accord avec le décret du concile sur la formation des prêtres, pour « la réévaluation et l’adaptation de ces institutions, en vue de leur perfectionnement ». En attendant le résultat de l’étude entreprise par les évêques de l’Ouest et les supérieurs majeurs en vue d’établir une Faculté de théologie commune, on procédera à des regroupements partiels, comme vient de le faire le Grand Séminaire de Saint-Boniface 19. Résolument optimiste, Mgr Baudoux termine ainsi son communiqué : Il y a donc lieu de louer Dieu d’avoir inspiré la fondation du Grand Séminaire, de le remercier du bien que celui-ci a accompli, par sa grâce, et d’implorer ses faveurs sur la mission, essentiellement sacerdotale et instigatrice de la Foi, que le Séminaire va poursuivre, sous une modalité différente de structure.
Le petit séminaire établi en 1960 va lui aussi être affecté par la crise des vocations et le besoin de restructuration. Une partie des dons reçus est attribuée à son financement et il peut aussi compter sur le sulpicien Antonio Latour comme directeur spirituel et confesseur. Mais en juillet 1966, les sulpiciens en remettent la direction au diocèse. L’abbé Raymond Roy en devient le supérieur, un an après la rencontre, en juin 1965, des deux évêques avec le supérieur, M. Blain, et les directeurs anciens et actuels de l’institution pour assurer un nouveau départ. On présente alors le bilan des dix ans du petit séminaire. En décembre 1969, on y avait reçu 72 élèves, dont 24 de Saint-Boniface et 18 de Winnipeg20. Le petit séminaire indien Au début de 1963, Mgr Baudoux avait confié à un comité le soin d’étudier la situation du petit séminaire de Fort-Alexandre qu’il songeait à transférer à Saint-Boniface. Pendant que des consultations et des négociations sont menées auprès de l’architecte Gaboury en vue de la location d’une ancienne maison de retraite, l’abbé Raymond Roy visite l’édifice. Le frère Joseph Bruns se rend à Fort-Alexandre pour étudier la faisabilité du transfert des séminaristes indiens à Saint-Boniface où ils pourraient fréquenter l’école Provencher. Non sans réserves, il émet un avis favorable. La dispersion de la population autochtone et la récente ordination en Alberta d’un premier prêtre indien incitent à favoriser le système des écoles résidentielles pour leur éducation. Deux écoles s’affrontent et la question de l’acculturation et de la langue est au cœur du débat. Ces avis sont transmis aux intéressés, le supérieur provincial
404 IV. Évêque des oblats, A. Lizée, Mgr Dumouchel, l’abbé Raymond Roy et Mgr Robert. Le 2 avril, pour des motifs d’ordre économique, on décide de louer l’ancienne maison de retraite et on recommande de n’admettre que des jeunes gens chez qui on reconnaît des signes de vocation et qui pourront être acceptés à l’école Provencher21. À la mi-avril, une nouvelle option est envisagée : installer le petit séminaire près de la maison Saint-Joseph d’Otterburne, dirigée par les Clercs de Saint-Viateur. Ces derniers seraient disposés à vendre un terrain et une maison d’une valeur de 5 000 $ qui pourrait servir aux religieuses. L’abbé Damphousse visite aussi le couvent en vente à Letellier, qui pourrait être transporté à Otterburne. De son côté, après une visite de l’ancienne maison de retraite avec l’abbé Roger Bazin, le père Leroux, o.m.i., fait part sans détour de son avis à Mgr Baudoux. Il s’oppose à une installation provisoire dans un édifice délabré et propose de fermer le séminaire si on ne peut lui assurer des locaux décents, un financement adéquat et l’autorité nécessaire à sa bonne gestion. Le projet sera abandonné au profit de celui d’Otterburne dont les plans, esquissés le 22 avril, sont soumis au comité de construction. Les autorités des Clercs de Saint-Viateur autorisent en juin la vente de la maison et d’un terrain de cinq acres. L’abbé Bazin prendra la direction de ce petit séminaire22. Le financement de l’œuvre installée à Otterburne en 1964 préoccupe aussi Mgr Dumouchel. Il intervient auprès de Mgr Flahiff, président de la Conférence des évêques du Canada, pour que soit augmentée la subvention octroyée pour combler le déficit prévu. Un candidat, Paul Mackenzie, demande son entrée au grand séminaire. En juin, le diocèse accorde les fonds qui étaient jusque-là consentis par la Catholic Church Extention. L’abbé Bazin fait aussi des démarches auprès du Better Business Bureau pour une campagne de souscription. La maison n’est pas fonctionnelle, dispose de trop peu d’espace pour les récréations et les élèves ne sont pas assez nombreux. Il faut aussi la présence d’un préfet de discipline pour gérer l’« esprit d’indépendance et de défiance » qui se manifeste. Il souhaite donc qu’on mette en marche dès janvier 1966 le projet d’agrandissement avec les 20 000 $ déjà amassés. C’est avec appréhension qu’il commencerait une nouvelle année dans les mêmes conditions23. Un nouvel encouragement est enregistré quand Mgr Baudoux obtient l’admission de Stanley Fontaine au Séminaire de la Propagande à Rome. L’abbé Bazin poursuit avec un certain succès sa tournée de recrutement en Alberta et en Saskatchewan et constate une attitude plus favorable à l’endroit du petit séminaire indien. Trois évêques sont prêts à l’aider financièrement et il se félicite de l’intérêt et de la persévérance du diocèse de Saint-Boniface au service de tous les diocèses de l’Ouest. En juin, l’archevêque informe la
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Délégation apostolique du déplacement du petit séminaire indien, fondé en 1953, de Fort-Alexander à Otterburne, pour permettre aux élèves d’y suivre les cours et de bénéficier d’un meilleur enseignement. La construction de la nouvelle aile sera terminée le 22 novembre 1966. En février suivant, les garçons peuvent occuper le nouvel édifice et finiront la peinture de l’intérieur. La souscription va assez bien pour qu’on ait pu tout payer sans faire d’emprunt24. En septembre 1967, Mgr Baudoux renonce à la subvention de 6 000 $ de la CCC, après avoir obtenu un don de la Canadian Catholic Extension Society dont il vient de recevoir la première tranche. Mais la fermeture du collège Saint-Joseph d’Otterburne que fréquentaient les séminaristes va porter « un coup mortel » à l’institution. Si les succès scolaires sont meilleurs à l’école Holy Cross, on ne dispose plus de l’organisation nécessaire pour la récréation et le sport. En septembre, faute d’aide, l’abbé Bazin n’a pu faire la tournée habituelle de recrutement et le séminaire n’accueille que cinq étudiants. « Cette année nous en sommes à notre dernier souffle », écrit-il à son évêque dans un appel de détresse. Il le prie de tenter d’intéresser au petit séminaire indien les évêques, les provinciaux et les missionnaires : « Présentement, ceux qui ont l’œuvre le plus à cœur sont nos bienfaiteurs laïcs (protestants et catholiques) » qui ont versé 40 000 $ depuis deux ans25. En mars 1969, l’abbé Bazin et un groupe de 15 anciens séminaristes proposent de déplacer le petit séminaire indien. On demande une autorisation officielle pour mettre en vente le petit séminaire à Otterburne et faire des plans de construction pour la rentrée de septembre 1969. L’abbé Bazin consulte trois Indiens et Raynald Lavack, responsable depuis cinq ans de la campagne de souscription, qui suggèrent de garder les enfants à Otterburne en attendant la construction en 1970. À la fin du mois d’août, il demande à Mgr Baudoux de créer un comité responsable de l’administration du Petit Séminaire Saint-Jean et de son œuvre. Cette association devrait comprendre un comité pour la campagne de perception. Il propose l’ajout de Mgr Hacault comme président d’honneur, Roger Bazin comme président, Firmin Michiels comme directeur et Raynald Lavack comme gérant. Un comité de distribution aurait la responsabilité d’informer les missions du diocèse de l’existence et du but de l’association, de recevoir les demandes, d’étudier les besoins des missions indigènes, de recevoir le compte rendu des fonds donnés, de faire rapport des distributions et de conseiller les autorités lors de décisions à prendre26. Le 1er janvier 1970, les dix missions indiennes du Manitoba et le Petit Séminaire Saint-Jean sont regroupés sous le nom de « Fonds missionnaire Saint-Jean ». Ce nom sera enregistré comme organisme à but non lucratif,
406 IV. Évêque pour faire la collecte de fonds, avec adresse postale à Otterburne. L’abbé Bazin songe dès lors à commencer le recrutement pour l’année 1970-1971. Mais, le 24 juin suivant, l’œuvre ferme officiellement ses portes. L’abbé Bazin propose de déposer l’argent perçu dans un compte, afin de créer un fonds pour aider financièrement les Indiens et les Métis du diocèse « désirant étudier pour le sacerdoce, le diaconat ou en catéchèse, afin de propager la foi parmi les leurs ». Le lendemain, l’abbé Firmin Michiels recommande qu’une bourse de 1 750 $ soit accordée à Bernard McKenzie pour faire sa 12e année au Diocesan High School27. Pessimisme au collège Après la formation de la Corporation du collège en septembre 1962, les jésuites avaient fait un don de 4 000 $ à l’Œuvre des bourses du collège. Deux articles de La Liberté et le Patriote avaient rendu publics les problèmes du collège et les avaient passés au crible. Au terme de sa visite, le délégué du provincial D’Auteuil Richard, le père Georges Van Belleghem, recommande la plus grande discrétion concernant les difficultés constatées. Le 9 décembre, l’Association des anciens et anciennes du collège discute de la création d’un secrétariat pour son usage et pour la Corporation de l’œuvre des bourses, et désigne un comité qui rédigera un mémoire sur la situation actuelle du français au Manitoba, qui sera présenté au congrès de l’AECFM28. Le débat sur l’avenir du collège s’était poursuivi pendant les années du concile. Il serait lié à la survivance éventuelle de la minorité française. Des déclarations du politicien Réal Caouette sur le sort fait aux minorités francophones de l’Ouest alimentent les discussions. Le provincial autorise alors le père Jacques Cousineau à demander une subvention pour une enquête sociologique sur les problèmes de la minorité du Manitoba, et lui suggère d’en parler d’abord avec l’archevêque : « Il serait peut-être assez marri d’en entendre parler indirectement ou de seconde source. Le problème à explorer l’intéresse à tous points de vue, à titre personnel et comme archevêque. Aussi, il me semble que ce serait de saine politique que de prendre son avis avant d’amorcer sérieusement l’affaire. » Le recteur s’attend à quelque résistance de la part de l’archevêque s’il remplace les scolastiques enseignants par des laïques. Il préfère, croit-il, que le personnel enseignant pour ses séminaristes soit surtout composé de prêtres ou de religieux. On parle même, en mai 1963, d’engager un sulpicien. Le provincial écrit : « Le Collège de Saint-Boniface réaliserait les vœux les plus ardents des œcuménistes : faire travailler ensemble les Jésuites et les Sulpiciens29 ! » Toutes ces interrogations n’empêchent pas le recteur d’envisager la construction d’un édifice sur la rue Despins, au fond de la cour de récréation.
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On pourrait y loger pendant quinze ans six classes de la commission scolaire pour les enfants des quatre premiers degrés. Son supérieur général l’encourage aussi à préparer un nouveau texte d’entente entre l’archevêque et la compagnie. La participation du directeur des études au collège, le père Ludger Guy, au colloque de l’ACELF à Québec, alimente les rumeurs de fermeture du collège et administre une douche froide concernant la survie de la minorité francophone. En décembre 1963, l’éditorialiste de La Liberté et le Patriote dénonce ceux qui sèment le pessimisme au sujet de l’avenir du français au Manitoba. Il s’étonne que « ceux qui portent le fardeau du collège ne semblent pas croire à la confiance et à la gratitude des gens à leur égard ». Certes, comme partout au pays, la question de l’adaptation des collèges classiques est à l’étude, mais le passé lui semble le meilleur gage « que la solidarité finira par triompher ». À l’été 1964, le recteur Fortier est nommé provincial à Québec et le père Alfred Ducharme lui succède. En octobre, le visiteur invite de nouveau à la discrétion : « Notre sympathie œcuménique doit couvrir tous nos frères, même les moins séparés30. » Des rencontres avec les instances provinciales font croire que l’on s’oriente vers la création d’un conseil pour l’enseignement supérieur. Les autorités du collège devront élaborer un plan de développement pour dix ans, le soumettre au personnel du collège puis au Bureau des gouverneurs. On estime qu’il faut développer l’universitaire en vue du B.A. avec concentration, mais on reste pessimiste : « Pour moi et les pères, écrit le recteur Ducharme, il est évident que la compagnie accepte ici une œuvre qu’elle ne peut pas accomplir. » Certains vont jusqu’à dire que leur place n’est pas ici, que leur travail n’est pas utile. C’est aussi sa conviction. À la réunion du bureau d’administration de janvier, il annonce que la congrégation provinciale étudiera la possibilité d’un départ, car le développement du collège, croit-il, « est une lutte avec les oblats ». « Si nous restons ce sera à certaines conditions : i.e. que le problème des relations juniorat-collège soit réglé et qu’il nous faudrait d’autres professeurs compétents. » À la réunion du 9 mars, on propose d’engager un professeur laïc. Mgr Baudoux suit le débat et prend connaissance des conclusions pessimistes de la congrégation provinciale. La tendance actuelle des Canadiens français serait de vouloir s’intégrer au milieu anglais ; les jeunes vont jusqu’à déclarer que le français se meurt et que la culture française n’a plus de place ici. Selon le professeur Vaillancourt, la plupart des jeunes estiment que le collège tel qu’il est n’a plus sa raison d’être et qu’il faudrait une espèce de collège bilingue pour hâter l’intégration31. L’année 1965-1966 commence avec une inscription de 70 élèves en rhétorique et d’une cinquantaine en éléments. Les oblats ferment Lebret et ouvrent un théologat bilingue à Saint-Norbert, ce que n’accepterait pas l’archevêque qui a son théologat français. En décembre 1965, les prêtres
408 IV. Évêque diocésains semblent gagnés à l’idée d’une rencontre au sommet pour discuter d’éducation. Ils redoutent que les oblats, qui sont peu populaires, prennent en main l’enseignement de la théologie. À la fin de décembre, le provincial Fortier rend compte au recteur Ducharme de l’entrevue de Mgr Baudoux avec le père Carrier au cours de laquelle l’absence de volonté de collaboration et l’animosité entre prêtres séculiers, oblats et jésuites sont toujours présentes. L’ampleur des problèmes qui se posent dans un climat aussi peu propice et l’éventualité d’une déconfessionnalisation du collège au moment où les problèmes du Québec sont transposés au Manitoba déconcertent Mgr Baudoux. Il aurait des projets d’institut pontifical. Il constate avec tristesse que « nous, les hommes d’Église, nous ne sommes pas tellement rompus au dialogue » et que « la collégialité a encore bien des progrès à faire32 ! » Le secrétaire du provincial, François Gendron, écrit au général Arrupe que le recteur manque un peu de diplomatie dans sa façon d’agir avec l’archevêque : « Il faudrait que le Père Recteur se souvienne toujours que le Collège appartient à Monseigneur, que l’on doit donc lui être soumis et ne penser à l’orientation du collège qu’en tenant compte de sa pensée, surtout si la Compagnie songe à lui remettre le collège. » Il a donné récemment à l’archevêque un document exposant les différents problèmes du collège, une excellente idée et un geste qui « aurait dû être posé depuis longtemps ». Les jésuites estiment, sans faire mention de l’opinion de l’archevêque, être les seuls avec quelques membres de l’association à prôner l’école française. Si l’on accepte que le cours universitaire reste français, c’est, estiment-ils, « parce que nous ne pouvons pas obtenir de l’université des cours anglais ». Le recteur doute que les rencontres organisées par Mgr Hacault aboutissent à « une forme d’unification quelconque », puisque les oblats voudraient un théologat bilingue. Reste la question financière. Le Québec ne fournit plus l’aide sans laquelle on n’aurait pu se développer. Le 28 mars 1966, le recteur décide de remettre à l’archevêque la direction et la responsabilité du collège33. La décision de partir Après une visite au collège, le directeur général des études, le père Louis Sanschagrin, s.j., transmet au recteur l’accord du provincial pour la remise officielle de la responsabilité du collège en juin. Par mesure de sécurité, un projet de lettre devra recevoir l’approbation du général avant d’être remise à l’archevêque. Le recteur Ducharme écrit le 4 avril que Mgr Hacault a accueilli la nouvelle « avec sérénité et simplicité ». Mgr Baudoux est alors hospitalisé et serait plus malade qu’il ne croit. « Mgr Hacault, estime le recteur, sera ainsi plus libre d’agir et aura plus de responsabilités. C’est heureux. Jusqu’à date, il était une espèce de Vicaire de luxe. » En juillet, Mgr Baudoux apprend que
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toute l’administration du collège lui sera remise en juin 1967. Les sulpiciens lui ont aussi remis la direction du petit séminaire34. Le 5 août, les deux évêques se voient contraints d’accepter que le père Ducharme ne poursuive sa tâche de recteur que jusqu’au 31 décembre 1966 et qu’il agisse ensuite comme conseiller du nouveau recteur. Choisi parmi le clergé diocésain, ce dernier entrera en fonction le 1er janvier 1967. Les évêques exposent au provincial Fortier la situation pénible dans laquelle ils se trouvent face à son refus de leur assurer les services du père D’Auteuil Richard : Avant l’annonce inopinée que le Père Ducharme a faite au Bureau des Aviseurs du Collège, le 27 janvier 1965, on n’envisageait point que cette tâche [celle de recteur] pourrait incomber à un prêtre diocésain. Il y avait bien eu la rumeur attribuée au père Ludger Guy et accréditée par quelques scolastiques. Mais le Recteur, interrogé là-dessus, assurait que cette rumeur était sans fondement. Nous n’avions donc pas eu à préparer une équipe de prêtres qui assumerait un jour la tâche. Nous croyons, d’autre part, que le Collège ne s’est jamais ouvert à une telle éventualité. Lorsqu’il nous a demandé de nos prêtres, et lorsque le diocèse lui en a donné ça n’a jamais été dans des perspectives d’accession à des fonctions de direction ou d’administration dans le Collège. Cependant c’eût été là le désir de l’archevêque, depuis au moins une vingtaine d’années, non certes avec l’intention que des prêtres diocésains prennent la direction du collège, mais pour qu’ils puissent y exercer une responsabilité plus spéci fique35.
À la demande de Mgr Baudoux, la nouvelle ne sera pas rendue publique avant les fêtes du cinquantenaire de l’Association d’éducation en novembre 1966. Le recteur écrit au père Plante : « Mgr préfère retarder aussi parce qu’il se brasse toutes sortes de choses actuellement à propos du français et du fameux bill 16, “consolidation” des commissions scolaires et des municipalités. Ce qui sera – à moins que nous ne réussissions à faire accepter “nos” frontières qui respectent les groupements français – la mort de notre groupe. [...] Mgr a peur que le problème du collège et de notre remise de l’administration ne soit mêlé dans l’esprit des gens au problème français si nous divulguons le secret trop tôt. » Deux communiqués seront émis, le premier, signé par le provincial Guy Fortier, annonce la remise de l’administration et de la direction du collège à la Corporation du collège, les jésuites n’ayant pas assez de pères pour assurer l’administration et l’enseignement. Le second est signé par Mgr Baudoux et le juge Alfred Monnin36. Avant que la nouvelle ne soit rendue publique, Mgr Baudoux en informe le délégué apostolique Pignedoli et le consulte pour la nomination du recteur : Ce changement de la direction de notre collège revêt une importance singulière et comporte un élément d’où l’émotivité n’est pas absente. Nous nous sommes
410 IV. Évêque efforcés de tenir compte de cela, d’un commun accord – i.e. Compagnie de Jésus, aviseurs du Collège (dont 9 sont des laïcs), archevêque et consulteurs diocésains – dans le communiqué. [...] Dans ce même domaine, il est une autre chose que j’estime de mon devoir de référer à Votre Excellence : c’est la nomination du Recteur. Car il est possible et même probable que ce soit mon Auxiliaire. En outre de celui-ci, il est deux prêtres de bon conseil auxquels je me suis confié en cette affaire. Or, ils estiment, eux aussi, que Mgr Hacault est le meilleur candidat. Il est, en effet, très bien vu de notre population – prêtres, religieux et laïcs. Il jouit de science et de prudence. Il est doué de doigté. Il s’agirait donc, pour moi, de le nommer pour une période ne dépassant pas 18 mois, soit pour un terme allant du 1er janvier 1967 au 30 juin 1968. Nous sommes persuadés qu’il réussirait, mieux que tout autre, « à développer un nouveau genre de collaboration dans la plus grande harmonie avec le clergé diocésain, les Jésuites, les autres Communautés religieuses et le laïcat franco-manitobain ». Mgr Hacault demeurerait évidemment mon Vicaire général et il est assuré qu’il lui serait possible de continuer à partager ma charge pastorale, quoique sûrement dans une mesure quantitativement moindre. D’autre part, il insufflerait à notre Collège un esprit d’Église qui aurait d’importantes répercussions dans la mise en application du Concile. [Il] ne cesserait pas d’accomplir avec moi notre commune tâche pastorale : il la compléterait dans un domaine où aucun des archevêques de Saint-Boniface n’a pu œuvrer avec satisfaction depuis de nombreuses années37.
La nouvelle est accueillie diversement selon les milieux. Le recteur Ducharme estime qu’il sera facile de faire comprendre à la population qu’il s’agit « d’un nouveau mode de collaboration » puisque seul le recteur sera changé en janvier 1967. Les « adultes avertis » voient dans le départ des jésuites « une possibilité nouvelle de repenser l’éducation et les œuvres d’éducation diocésaine à un nouveau palier d’ensemble ». Les anciens se penchent sur l’avenir du collège et on étudie la possibilité de services partagés entre le petit séminaire, le juniorat, le collège et l’Institut collégial Louis-Riel. La rentrée de septembre ne s’annonce pas bien. Mgr Antoine Hacault est nommé recteur le 7 décembre 1966, mais, en mai suivant, il n’a pas encore tout son personnel. Au moment où les jésuites se retirent, que le Québec, tenté par le séparatisme, croit de moins en moins à la survivance du français hors de ses frontières, et contribue de moins en moins à l’assurer financièrement, le doyen du collège, le père Ludger Guy, déclare que seul l’apport de professeurs du Québec pourrait assurer la survie du français au Manitoba. Il prône l’union des forces et de l’argent des groupes français du pays pour fonder des écoles normales. C’est aussi à ce moment que le premier ministre Roblin, qui ambitionne de remplacer Diefenbaker à la tête du Parti conservateur fédéral, se prépare, « pour se faire accepter du Québec », à faire voter un bill permettant l’enseignement en français38.
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En juin 1969, Mgr Hacault démissionne comme recteur du collège. Il est remplacé par le père Henri Richer, s.j., en juillet, puis par le père Stéphane Valiquette, s.j., en octobre. On prépare alors le remplacement du Bureau des aviseurs par le conseil administratif du collège qui deviendra pas la suite le Bureau des gouverneurs. Mgr Antoine Hacault, Robert Rockstael, entrepreneur en construction, et l’abbé Raymond Roy y représenteront le diocèse. Le recteur Richer a le temps de préparer un texte qu’il présente à Laurent Desjardins, assistant parlementaire du premier ministre Schreyer, « pour la création d’une école normale de langue française au Collège de SaintBoniface », inspiré du mémoire de 1966 de l’Association d’éducation des Canadiens français du Manitoba. En décembre, Roland Couture, président du comité pour le choix d’un recteur, demande au vice-provincial Louis Laurendeau l’autorisation d’entamer des pourparlers avec le père Valiquette pour qu’il puisse rester en fonction encore quelques années39. En février 1970, le juge Alfred Monnin et Laurent Desjardins supplient à leur tour le provincial Larivière de maintenir le père Valiquette en poste, jusqu’à ce que le père Michaud puisse le remplacer. En démissionnant, le doyen Guy annonce qu’il ne s’occupera pas des cours d’été. En mars, le premier ministre Schreyer tente un ultime effort auprès de l’archevêque de Montréal pour obtenir le maintien du père Valiquette, alors que son gouvernement est prêt à contribuer à l’aménagement d’un collège pédagogique français au Manitoba. Finalement, le 1er juillet 1970, Roger Saint-Denis succède au père Valiquette. C’est le premier recteur laïc du Collège de SaintBoniface. Le 25 novembre 1972, une messe présidée par Mgr Baudoux souligne le 50e anniversaire de l’incendie du collège. Il faudra attendre 1975 pour que les jésuites reconnaissent que leur « action apostolique ne peut avoir de sens qu’insérée dans la pastorale diocésaine40 ». La question des écoles L’unanimité de la communauté franco-manitobaine qui s’était forgée au creuset des luttes de 1916 avait fini par prévaloir dans les faits, à la faveur de la tolérance des responsables politiques et de l’ambiguïté de la loi au sujet de l’enseignement du français41. Mais paradoxalement, alors que la situation légale du français commence à s’améliorer au cours des années 1950, on assiste à un désintéressement progressif des acteurs sociaux, à la perte d’influence des associations traditionnelles et à l’émergence d’un nouveau leadership qui souhaite séparer langue et foi. Les études qui sont faites à l’époque signalent une assimilation accélérée qui suscite des réactions pessimistes chez plusieurs et font douter certains de la survivance du français. C’est ce contexte que retrouveront Mgr Baudoux et les évêques du Manitoba au lendemain du concile.
412 IV. Évêque En mai 1963, Adam Giesinger, président de la Catholic Parochial School Trustees Association du Manitoba, avait présenté un mémoire avec la liste des 40 écoles paroissiales et privées catholiques accueillant 8 000 enfants de l’élémentaire et du high school. Lorsqu’il présente à la CCM l’ordre du jour de leur prochaine rencontre, Mgr Baudoux fait remarquer que les commissaires francophones ont leur propre association depuis longtemps et que les deux organismes devraient travailler de concert. Lors de ses réunions des 5 et 10 février 1964, la CCM discute du contenu du discours du Trône. Mgr Baudoux s’oppose au plan proposé parce qu’il ne tient pas compte des principes de l’éducation catholique exposés dans le mémoire des évêques. Le gouvernement, estime-t-il, « pour des motifs expéditifs, utilise son pouvoir pour écraser le système d’écoles catholiques ». On est heureux de constater que le gouvernement reconnaît l’injustice de la politique du tout ou rien. Mais la proposition du gouvernement est loin des recommandations de la Commission royale dont elle viole les principes et n’est pas en accord avec ceux de l’éducation catholique42. Après avoir épuisé tous les recours, il semble évident que les catholiques n’obtiendront pas justice. Mgr Baudoux adresse alors une lettre circulaire aux prêtres, religieux, religieuses et fidèles de son diocèse. Elle est distribuée par les scouts et les Chevaliers de Colomb le samedi, par courrier de nuit pour que les curés puissent la lire en chaire le dimanche matin43. Avec sa franchise coutumière, l’archevêque déclare qu’il lui était « indispensable de prier », après avoir consulté « pratiquement chaque jour et de longues heures durant », non seulement ses collègues dans l’épiscopat mais aussi des prêtres, des laïcs, et avoir entendu les réactions « tant catholiques que non catholiques », avant de faire connaître le jugement et les directives que sa conscience lui dicte concernant le plan de règlement « qui touche concrètement au problème créé par les lois néfastes, destructrices de 1890 ». Le premier ministre, déclare-t-il, se sert d’un expédient politique et ne retient « RIEN de ce que la minorité catholique a instamment demandé depuis 1891 », sans tenir « compte du rapport unanime de la Commission royale d’enquête », dans son texte final du 30 novembre 1959, qui recommandait « une certaine mesure d’aide » aux écoles privées. Il pose plutôt comme condition préalable, pour participer aux services des écoles publiques, l’affiliation d’une école privée à une école publique, ce qui signifie que les enfants des écoles privées doivent être inscrits et doivent suivre ces cours uniquement à l’école publique44. En mars 1964, lors de la première assemblée publique de la Manitoba Association for Equality in Education (MAEE), l’AECFM, qui redoute une menace à son identité, présente un mémoire éclair suggérant la création d’associations catholiques ethniques fortes, qui seraient représentées à un praesidium, plutôt que la fusion. Une quête est commandée pour financer
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cette association. Mgr Baudoux tire les conclusions du congrès régional de l’AECFM qui a lieu le 6 juin suivant. Dans le passé, déclare-t-il, les prêtres ont joué un rôle de suppléance qui n’était pas directement le sien. « Je vous demande de bien vouloir vous affirmer fermement et de prendre cela, et d’accomplir ces tâches, afin que nous n’ayons plus, nous, à les accomplir à votre place, et que notre collaboration avec vous, tous autant que nous en sommes, soit davantage une collaboration d’animation intérieure, d’animation de bonne camaraderie, une animation qui puisse vous encourager dans le travail que vous accomplissez. » La Liberté et le Patriote crée le Fonds de défense Saint-Onge pour aider les familles de Saint-Vital, condamnées pour avoir enfreint la loi scolaire discriminatoire à l’égard des catholiques, au sujet du transport des enfants. La chronique diocésaine des Cloches de Saint-Boniface rapporte que le Conseil de la vie française veut saisir l’opinion publique canadienne de cette injustice45. En 1966, les évêques du Manitoba discutent du projet d’enquête sur l’éducation catholique au Manitoba présenté en 1963 mais qui n’avait pas été complété. Mgr Baudoux suggère d’ajouter au comité deux membres du Manitoba, bien au courant de la situation locale. Il explique à la MAEE pourquoi le titre « Les écoles catholiques » est devenu « L’éducation chrétienne ». Les principes de la constitution sur l’éducation chrétienne, écrit-il, sont applicables dans toute institution fréquentée par les catholiques. « La meilleure prise de conscience de certaines richesses spirituelles communes à tous les chrétiens qui avait abouti au décret sur l’œcuménisme, et les échanges fraternels entre frères chrétiens divers que les années du concile avaient provoqués et multipliés, ont révélé que les uns et les autres partagent des convictions essentiellement semblables en matière d’éducation, à tel point que beaucoup sont désireux de défendre et faire fructifier ensemble un patrimoine commun, l’éducation chrétienne. » Vigilantes, les associations laïques travailleront de concert avec les comités du diocèse. En décembre, la CCM se penche sur le projet de loi pour l’incorporation des écoles paroissiales et fait une demande de fonds à la Fondation Ford pour le Comité d’enquête sur les écoles paroissiales catholiques du Manitoba46. En 1967, les évêques du Manitoba nomment un laïc, Céleste Muller, au poste de directeur général des écoles paroissiales pour les quatre diocèses du Manitoba. Son salaire sera assuré par les Chevaliers de Colomb. Ils étudient aussi un projet de lettre pastorale sur l’éducation. Le dialogue œcuménique porte ses fruits. Alors que l’on se demande si les Universités de Winnipeg et du Manitoba verraient d’un bon œil un projet de Faculté de théologie œcuménique, un comité œcuménique provincial est créé, The Provincial InterFaith Council, dont font partie des représentants catholiques. La lettre pastorale des évêques catholiques du Manitoba sur l’éducation est publiée le
414 IV. Évêque 30 novembre 1970, le même jour que celle de l’épiscopat de l’Alberta sur les écoles séparées. Après l’élection du gouvernement Ed Schreyer, un projet de loi est présenté contre lequel votera l’opposition. L’Association for Equality in Education protestera auprès de son leader le 10 août 1972. Le 12 mars 1974, pour une dernière fois, Mgr Baudoux préside la réunion de seize évêques de l’Ouest réunis à Regina, en attendant l’arrivée du nouveau président élu, le cardinal Flahiff47. Au sein de la CCC L’après-concile impose à la Conférence des évêques tout un arsenal de tâches pour mettre en application ses acquis et pour adapter les structures à la situation sociale. Mgr Baudoux y sera un ouvrier aussi actif que convaincu. Lorsqu’il quitte la présidence de la CCC en 1963, Mgr Baudoux est nommé à la Commission nationale de pastorale liturgique dont les réunions ont le plus souvent lieu à Montréal. Il est membre du conseil jusqu’en 1969 et préside, à ce titre, plusieurs réunions en vue de la restructuration de la CCC, ce qui l’oblige à un voyage mensuel à Ottawa. Il assure aussi avec Mgr A. Carter, la présidence de la Commission épiscopale d’entraide apostolique missionnaire qui doit être organisée pour y intégrer l’Amérique latine. Il fait aussi partie du Comité épiscopal des nominations pour préparer les listes en vue des élections aux divers échelons de la CCC et reste président du Comité interrituel. Du 20 au 24 août 1967, il participe au congrès de théologie à Toronto. Il en profite pour organiser une rencontre de la Commission d’entraide apostolique missionnaire avec une vingtaine de représentants des mouvements missionnaires. De Toronto, il se rend à Montréal visiter l’Exposition universelle et revient à Ottawa pour l’assemblée plénière, du 4 au 8 septembre. En octobre, il est à l’Office de liturgie pour préparer l’assemblée plénière et la réunion du secteur français. En novembre, l’exécutif dont il est membre est devenu le comité des finances et doit étudier et accepter les budgets des départements de la CCC48. Les réunions de l’exécutif et du conseil de la CCC reprennent en mars 1968 et l’assemblée plénière se tient du 22 au 26 avril, après les confirmations à Montréal. En juin, Mgr Baudoux fait convoquer pour septembre la section française du Conseil national missionnaire pour une réunion qu’il présidera, afin de définir un schéma de travail. L’assemblée plénière se tient à Winnipeg, et discute de la récente encyclique Humanae Vitae de Paul VI sur la contraception. Les nombreuses réactions à ce document seront prises en considération par les évêques canadiens qui font une déclaration courageuse et sereine qui les placera d’emblée, avec d’autres épiscopats, dans le camp de l’ouverture et de la compréhension. Le théologien André Naud, expert invité à travailler
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sur ce texte, quittera Saint-Boniface épuisé, mais « avec la plus haute estime de l’épiscopat canadien49 ».
En repos à Honolulu, 2 juillet 1969
Le 1er janvier 1969, Mgr Baudoux quitte Saint-Boniface pour Hawaï afin d’y refaire sa santé. Dès son retour, le 27 mars, il remet l’épaule à la roue. Au début d’avril, il est à Montréal pour des réunions de liturgie, et à Ottawa pour l’assemblée plénière. Là, il apprend qu’on souhaite qu’il se rende à Rome pour l’investiture cardinalice de l’archevêque de Winnipeg le 1er mai. Ce qui le fatigue, écrit-il à Mariette, ce ne sont pas les confirmations, mais tous les imprévus et tous les dérangements de programme et de projets, comme cette demande d’aller à Rome. « J’ai résisté en vain. Et encore, au fond de mon cœur, ce voyage me va à rebrousse-poil. Je commence seulement à m’y faire. Mais sans plaisir. La crainte qu’on croie à une bouderie de Saint-Boniface et le désir de faire plaisir au cardinal Flahiff m’ont amené à accepter. » Son dos
416 IV. Évêque lui fait toujours mal, il doit d’urgence se faire photographier et remplir les formules pour renouveler son passeport. Il obtient une audience avec le pape le 5 mai, après quoi il ira à Paris pour la Commission épiscopale de liturgie. Il tentera de passer par Bruxelles pour aller faire un tour chez ses parents à Manage et à Bois d’Haine, et ira jusqu’à Lyon pour rencontrer sa nièce Georgette. Lorsqu’il apprend la tenue d’une autre réunion internationale pour la liturgie les 10 et 11 mai, il reste à Paris pour cette réunion50. En septembre 1969, après des réunions à Montréal et à Ottawa, Mgr Baudoux est de nouveau à Paris pour une réunion des présidents français des commissions épiscopales de liturgie. Il sera réélu président de la Commission épiscopale de liturgie lors de l’assemblée plénière d’avril 1970, et se rendra à Montréal pour les confirmations et les réunions de liturgie. Revenu à Saint-Boniface le 17 août, il apprend à Mariette qui est allée visiter leur neveu Maurice Balcombe et son épouse à Vancouver : « De plus en plus je suis fatigué, incapable de faire la somme énorme de travail qui s’accumule. J’ai hâte de partir, tout laisser en arrière, sauf les choses de ma réunion de Paris, les 14-15 septembre. Je n’arrive plus à me rendormir, quand je me réveille tôt le matin, sauf la nuit dernière, après de longues périodes d’insomnie. » Au début d’octobre, à l’invitation de l’évêque de London, Mgr Emmett Carter, il participe à la Liturgical Convention de Windsor, d’où il reviendra
À Rome, 10 novembre 1969, pour la nomination du cardinal Flahiff
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à Montréal et à Ottawa pour les réunions des secrétaires des commissions diocésaines de liturgie et la réunion du secteur français de la CCC51. En mars 1971, Mgr Baudoux prend part à Ottawa à la réunion du Département de la doctrine et de la foi, puis à celle de l’Office de liturgie à Montréal pour préparer l’assemblée plénière d’avril. Il y reviendra en août avant de s’envoler vers Paris. Il assiste à une réunion nationale de l’Union apostolique du clergé et à une session de réflexion théologique sur le baptême des enfants à Verneuil, avant de participer à la réunion du Comité international francophone pour la traduction liturgique. De retour au pays, il se rend à Edmonton en septembre pour la réunion des évêques de l’Ouest et en profite pour visiter son frère Edgard, hospitalisé. Lors de toutes ces démarches, il n’hésite pas à s’élever contre des décisions qui lui paraissent des expédients juridiques. Il s’inquiète qu’on rende ainsi plus difficile la sensibilisation de la conscience chrétienne concernant la célébration du Jour du Seigneur. Le père Évode Baucamp lui confiera qu’il a été profondément choqué par le rapport préparé par les experts de la CCC sur la Loi fondamentale et s’inquiète de leur unanimité, sur un point où les spécialistes expriment des opinions très diverses, alors que bien des personnes compétentes n’ont pas été consultées52. En 1972, le Comité international francophone pour les traductions liturgiques prépare une prière eucharistique pour les enfants. Avant les confirmations à Montréal, Mgr Baudoux revoit soigneusement la catéchèse de la confirmation présentée dans l’ouvrage Célébrons ses merveilles, le deuxième volume du catéchisme canadien. Il préside aussi, après l’assemblée plénière d’avril de la CCC à Ottawa, une session des dirigeants des commissions diocésaines de liturgie. Il est de nouveau en Europe en septembre. En octobre, après l’assemblée plénière, avec une vingtaine de confrères évêques, il participe à une retraite prêchée à leur intention à Orléans (Ontario) par le jésuite français Gustave Martelet53. Ses activités sont à ce point contraignantes qu’il ne pourra se rendre à Edmonton le 30 mars 1973, pour les funérailles de son frère Edgard, décédé le 27. Il écrit à Mariette qu’il est en service commandé et ne peut faire le voyage aller et retour de nuit : « Tu sais que, même pour des fatigues ordinaires, je suis obligé de m’arrêter, de m’étendre, à ne rien faire. » Pendant trois mois, c’est un va-et-vient entre Montréal et Ottawa pour une réunion à l’Office de liturgie, l’assemblée plénière, les confirmations, une session de révision de la prière eucharistique pour les déficients mentaux avec Mgr Albertus Martin. Mgr Coderre lui écrit, après le refus de ce texte par Rome : « Comme il serait fécond pour l’Église si l’on mettait en pratique, avec ouverture et confiance ce que Lumen Gentium décidait au no 27 », c’est-à-dire que le
418 IV. Évêque pouvoir qu’exercent personnellement les évêques dans leurs Églises particulières « est un pouvoir propre, ordinaire et immédiat » et qu’il « ne faut pas voir en eux les Vicaires des Pontifes Romains ». Il ajoute : « Prions l’EspritSaint, surtout nous les presque “anciens”, afin que la centralisation qui demeure ne tue pas l’Église. » Mgr Baudoux partage sa conviction « quant à la nécessité de pouvoir prendre des initiatives comme évêques des lieux54 ». Mgr Baudoux est de nouveau en Europe pour des réunions dans la semaine du 20 août 1973. Il y retournera à la mi-septembre avec le père Gaston Fontaine, le secrétaire général de la CCC et la responsable du Service des éditions, pour élucider la question de la publication d’un missel d’autel. Il ira à Rome en octobre pour rencontrer des amis et le cardinal Villot au sujet des Melkites du Canada. Il visite ensuite le sud de l’Italie, en compagnie du père Zabotti, un ami de longue date. Il est de retour le 17 octobre et reprend le 21 la route d’Ottawa pour l’assemblée plénière et une réunion des évêques de l’Ouest à l’Office des missions. À son retour à Saint-Boniface, on célèbre le 25e anniversaire de sa consécration épiscopale. La restructuration de la CCC aura des répercussions dans toutes les régions du pays. Mgr Hacault sera appelé à faire partie de l’équipe polyvalente mise en place55. Quant aux questions abordées par la CCM à sa réunion du 27 novembre, Mgr Baudoux les résume comme suit : Il y a une conférence dans chacune des 4 provinces [de l’Ouest] ; la restructuration de la CCC suppose l’existence de conférences régionales ; nous ne constituons pas une région. On se demande comment on pourra assumer ce que le national va laisser tomber et on fait remarquer qu’il existe déjà des groupes ecclésiaux. On constate qu’il faudra se rendre compte de notre identité, devoir se donner une structure, et on demande à Mgr Légaré de parler de ce qui s’est fait au Québec et qui pourrait guider pour l’Ouest : il suggère de faire une étude de ce que nous avons et des besoins pour avoir une vue globale de l’Ouest. Important de se connaître et de se rencontrer avant même d’avoir trouvé des réponses. Besoin d’un centre où seront envoyées les informations concernant ce que chacun fait ; les conférences provinciales doivent s’informer mutuellement de leurs activités et modes de fonctionnement56.
Mgr Baudoux préside la réunion officieuse des évêques de l’Ouest à Regina le 12 mars 1974 à l’occasion du sacre de Mgr Adam Exner. Il présente le rapport de la CCM et fait le bilan des réunions qui se tiennent presque chaque mois, depuis 1957, pour étudier des questions intéressant l’ensemble de la province, comme les écoles et les Indiens. La première réunion officielle des évêques de l’Ouest aura lieu le mois suivant, lors de l’assemblée plénière de la CCC57.
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Les diocèses de l’Ouest Quand, en 1966, le délégué apostolique Pignedoli consulte les évêques canadiens au sujet de la création de diocèses pour remplacer les vicariats apostoliques dans l’Ouest et la création de deux provinces ecclésiastiques à Grouard et à Keewatin, Mgr Baudoux insiste pour que la consultation soit institutionnalisée, selon l’esprit du document Christus Dominus. La question doit être éclairée et discutée avant de faire l’objet d’une proposition à la Délégation apostolique. Il souhaite qu’on ait recours à d’autres communautés religieuses, les missionnaires oblats ne parvenant pas à suffire aux besoins. Il s’inquiète de voir « l’Église-mère de l’Ouest » devenue le diocèse le plus petit « après avoir donné naissance à tous les diocèses », et perdre ainsi ses deux suffragants. C’est « simplement et nettement », et « sans la moindre acrimonie », qu’il dit ce qu’il croit. Il ajoute qu’il serait « impensable que Saint-Boniface devienne suffragant de Winnipeg ! » Même franchise lorsqu’on le consulte au sujet de la succession de Mgr Lemieux à Ottawa, le seul diocèse de l’Ontario à faire partie du secteur français, avec une population de plus d’un demi-million de francophones. Le futur archevêque, écrit-il, doit être Canadien français, parler également bien l’anglais et le français et être tout au plus dans la cinquantaine. « À un tournant douloureux de notre histoire, alors précisément que le mouvement séparatiste ou indépendantiste québécois se tient à l’affût de tout pour parvenir à ses fins, il pourrait être désastreux pour l’Église du Canada que cet archevêché d’outre-frontières disparaisse58. » En juillet 1967, le délégué apostolique annonce la création des provinces ecclésiastiques de Grouard-McLennan et de Keewatin-Le Pas. La première inclut les diocèses de Prince-George, MacKenzie, Fort Smith et Whitehorse, la deuxième, ceux de Churchill, Moosonee et Labrador-Shefferville. Mgr Baudoux est perplexe face au projet de création d’une province ecclésiastique pour le nord de l’Ontario et regrette une fois de plus que la consultation ne se fasse pas dans les cadres ouverts par le concile. Par contre, il trouve bénéfique la création d’une province ecclésiastique pour l’ouest de l’Ontario et le choix de SaultSainte-Marie, en raison du bilinguisme de Mgr A. Carter59. Lorsqu’il est nommé évêque de Saint-Paul (Alberta), en mars 1969, monsieur Édouard Gagnon songe à Mgr Baudoux comme évêque co-consécrateur avec le délégué apostolique Pignedoli et Mgr Jordan. L’archevêque, qui se trouve alors en repos à Honolulu, modifiera son itinéraire de retour pour être à Saint-Paul le 25 mars. Il participera aussi à la concélébration à l’église Notre-Dame de Montréal et à la réception offerte par les prêtres de Saint-Sulpice le 19 avril. Le nouvel évêque aurait préféré être sacré à Montréal, « pour relever l’aspect collégial de la fonction » que lui confie Rome, alors qu’il reste supérieur de Saint-Sulpice60.
420 IV. Évêque Dans le difficile travail d’adaptation, de concertation et de conversion exigé par la mise en œuvre du concile, Mgr Baudoux se fera l’indéfectible promoteur du dialogue et de la conciliation. Une session théologique sur la théologie du Peuple de Dieu et la situation de l’enseignement religieux en français au Canada se tient en avril 1971, lors du passage au Manitoba du cardinal Suenens, avec la participation des évêques Flahiff et Hermaniuk. Le 5 avril, Mgr Baudoux prononce à Winnipeg une conférence sur la dimension française de l’Église dans les années 197061. Lors de la rencontre à Saskatoon, en mars 1972, des évêques de l’Ouest et des membres de l’exécutif de la Conférence religieuse canadienne de l’Ouest, on avait réclamé un dialogue plus étendu entre évêques et supérieurs majeurs. « Il y a un besoin pressant de dialogue entre religieux ; un dialogue augmenté et efficace aux plans régional, interdiocésain, diocésain et paroissial », a déclaré le père A. Lacerte, o.m.i., pour répondre aux religieux, insatisfaits de leur insertion dans la pastorale diocésaine. Lorsque Mgr Baudoux est invité par le délégué apostolique à intervenir auprès de Mgr Laurent Morin dont l’attitude suscite un profond malaise parmi les prêtres de Prince-Albert, il ne croit pas avoir de chance de succès. S’il le faisait, ce serait pour suggérer de démissionner à cet évêque qui est allé jusqu’à retirer ses séminaristes du Grand Séminaire de Saint-Boniface parce qu’on n’y donnait pas les cours comme à son époque. Le témoignage que rend le père Robert Bernardin à la suite de l’une des dernières visites pastorales de l’archevêque à Berens River, en juillet 1974, témoigne bien de sa sérénité : « Votre manière de faire simple et tellement affable à l’église et à la salle n’a certainement pas manqué de rejoindre profondément ces gens : c’est la visite du bon pasteur. Nos problèmes pastoraux ne sont pas résolus pour autant, mais, personnellement, ça me donne une ardeur nouvelle62. » Les religieuses Mgr Baudoux a toujours manifesté de l’estime pour la collaboration apportée par les religieuses à la pastorale du diocèse. Il prend part très souvent aux anniversaires de chaque communauté. De leur côté, les supérieures de ces communautés le consultent volontiers au sujet des changements à apporter à leur mode de vie. C’est ce que fait la supérieure générale des ursulines de Blue Point à l’été 1965 en le remerciant de l’estime et de l’intérêt qu’il leur témoigne : « Des réunions trimestrielles du Conseil avec les directrices des écoles sont prévues afin que les problèmes et besoins apostoliques puissent être étudiés à fond par celles qui en partagent les responsabilités. Nous estimons qu’en ce point le dialogue élargira les horizons, permettra des initiatives heureuses et favorisera l’union des sœurs. » En février 1966, une religieuse
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est invitée avec trois laïques pour faire partie d’un panel sur ce qu’on attend du prêtre aujourd’hui63. Lors de son passage en Californie en février 1966, Mgr Baudoux avait confié à sa sœur un ananas pour les petites sœurs de la Sainte-Famille qui assurent le service domestique à l’archevêché, avec la note suivante : « Pour les sœurs seulement, pas pour les prêtres ! » Sœurs grises, sœurs du PrécieuxSang, missionnaires oblates, sœurs des Saints-Noms-de-Jésus-et-de-Marie, Filles de la Croix, toutes souhaitent sa présence et réclament le texte de son allocution, que ce soit pour marquer le 200e anniversaire de la mort de Marguerite D’Youville, le 100e anniversaire de l’arrivée des sœurs des SaintsNoms-de-Jésus-et-de-Marie à Winnipeg et des sœurs de Saint-Joseph de Saint-Hyacinthe, ou l’anniversaire de l’arrivée des Franciscaines Missionnaires de Marie en 1977, des petites sœurs de la Sainte-Famille en 1980, ou même le 75e anniversaire de l’arrivée des Filles de la Providence à Prince-Albert auquel Mgr Baudoux prendra part le 7 juillet 1972, et le 75e anniversaire de l’arrivée des Filles de la Croix au Canada en 1979. Encore en mai 1981, il se rendra à Chesterfield Island pour célébrer les 50 ans de présence des Sœurs grises64.
Au Brésil, en 1973
422 IV. Évêque
À Chesterfield en 1981
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Les religieuses sont encore présentes au Brésil. En janvier 1966, les Sœurs grises y envoient une quatrième sœur travailler, mais, cinq ans plus tard, ce sont des demandes d’exclaustration ou le désir de travailler dans un milieu plus pauvre que la supérieure provinciale des Sœurs grises annonce à Mgr Baudoux, à qui elle déclare n’avoir pas assez de sœurs pour former une communauté à São Paulo. En 1972, les femmes de la CWL, qui ont soutenu financièrement ces missions depuis plusieurs années, informent l’archevêque de leur désir de changer de projet. Lorsqu’il dispose d’un surplus d’argent, Mgr Baudoux envoie un chèque à un évêque du Brésil, Mgr Paulo Ponte, avec qui il correspond depuis 1975. Cette aide devrait lui permettre de former des prêtres séculiers qui persévèrent, car, ajoute-t-il, « des cinq prêtres que nous avions prêtés et entretenus au diocèse de São Paulo, trois sont revenus et ont obtenu leur laïcisation. Les deux autres sont demeurés fidèles et actifs65. » Il écrit à la supérieure provinciale des Sœurs grises : « En vérité, le peu que j’ai pu dire ou faire pour reconnaître les mérites et le dévouement des Sœurs grises, et le singulier attachement que je leur porte – pour le passé, le long passé et le présent – sont bien au-dessous de ce qu’il aurait fallu et qu’il faut. J’éprouve toujours, d’ailleurs, une bien grande joie de parler et agir en ce sens quand l’occasion s’en présente. » Il animera en août 1975 une session de ressourcement spirituel pour une centaine de Sœurs grises à l’occasion de leur chapitre provincial. Il fera de même auprès des missionnaires oblates en juillet 1977 en suivant « la démarche du discernement spirituel et de délibération communautaire », comme l’écrit la supérieure générale66. Les derniers combats pour la radio Mgr Baudoux participe activement aux activités annuelles de RadioSaint-Boniface qui présente en 1964 un mémoire à la Commission royale d’enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme. Il y rappelle les dates clefs et les étapes significatives de la longue lutte des francophones pour obtenir le bilinguisme à la radio depuis la création de la radio d’État en janvier 1933. La fondation en octobre 1936 du Comité interprovincial des associations franco-canadiennes du Manitoba, de la Saskatchewan et de l’Alberta a amorcé la coordination de leurs efforts. Toutefois, après plus de 30 ans de réclamations, le Comité de la radio française en Saskatchewan doit encore rencontrer Marcel Ouimet en 1967 pour lui rappeler que la population de cette province n’est pas encore adéquatement desservie par les postes CFRG et CFNS67. En mai 1971, des fêtes sont organisées pour célébrer le 25e anniversaire du premier poste français dans l’Ouest68. On y invite les représentants des postes de l’Ouest et les ouvriers de la première heure, les Louis-Omer Beauchemin, Adrien Pouliot, Paul-Émile Gosselin et Maurice Baudoux. Invité
424 IV. Évêque par la Société historique de Saint-Boniface le 25 mai 1971, ce dernier retrace les cinq périodes de son histoire : 1 – Avant 1933, de très rares miettes pour le français ; 2 – 1933-1940, seulement quelques chansons françaises dans des programmes anglais ; 3 – 1940-1946, suite à une campagne menée à compter de juillet 1941, programme de 15 minutes par semaine jusqu’à moins d’une heure par jour au poste de Watrous, Saskatchewan. 4 – 1946-1952, inauguration de quatre postes dans trois provinces, CKSB, CHFA, CFRG, CFSN, rattachés au réseau national 18 heures par jour ; 5 – depuis le 24 avril 1960, 9 heures de télévision française par jour à CBWFT69.
Parmi les invités d’honneur, on remarque le père Émile Legault, c.s.c., et le chansonnier Gilles Vigneault. Des réceptions ont lieu à l’hôtel de ville et à l’archevêché. Les journaux feront largement écho à ces fêtes. L’année 1971 marque aussi le centenaire du journal Le Métis, le 27 mai 1971 et de la création de la province ecclésiastique de Saint-Boniface. « À quelque chose malheur est bon, déclare l’archevêque. L’aversion de certains anglophones pour le français ; leurs protestations véhémentes et discriminatoires ont assurément freiné considérablement l’augmentation du français à la radio ainsi que l’obtention des permis d’établir nos postes, mais en même temps ces sentiments et obstructions ont eu pour effet final leur établissement70. » Une nouvelle étape est franchie, en 1973, quand CKSB passe à Radio-Canada, après 27 ans d’affiliation. À l’été 1974, Rossel Vien est chargé d’écrire l’histoire du poste. Il consultera les documents que possède Mgr Baudoux et profitera aussi de ses souvenirs pour expliquer, par exemple, l’absence de Mgr Cabana à l’ouverture du premier poste à Saint-Boniface. L’ouvrage sera publié en novembre 1977. Jusqu’en 1983, Mgr Baudoux participera aux réunions du conseil d’administration de la Fondation Radio-Saint-Boniface. Cette fondation accorde des bourses de perfectionnement en médias et étudie, en 1978, un projet de refrancisation du vieux Saint-Boniface71. Santé et famille La devise de Mgr Baudoux, Superimpendar, pourrait bien se traduire par « j’irai au-delà de mes forces ». Il lui faudrait des journées de 48 heures, écrit-il à Mariette en 1963. « Il y a des soirs où les cachets, etc. ne font pas d’effet uniquement parce que je suis préoccupé ou trop fatigué. » Il tente d’en prendre son parti : « mais j’ai beaucoup de peine à me résigner à ne pas pouvoir remplir mes tâches. D’autant plus que je suis bien de santé et que tout le monde me trouve jeune et florissant. » Il a du mal à refaire sa santé après
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le concile. En 1966, souffrant d’arthrite à l’épaule, il fait aussi une crise aiguë de prostate et doit subir une intervention chirurgicale. Le repos lui est prescrit jusqu’en juin. En février 1967, il est de nouveau à l’hôpital, « à la demande instante du médecin », écrit-il à M. Robidoux, p.s.s., pour subir des examens, prendre du repos et « recevoir les avis et conseils des spécialistes en plusieurs domaines ». Il estime pourtant que, compte tenu de son âge et de son usure, il va vraiment bien. Depuis novembre, il suit un régime alimentaire qui lui a permis de retrouver son poids normal et il souffre moins de l’arthrite aux hanches et aux genoux. Les médecins lui ont aussi conseillé de faire au moins une heure de marche par jour. Il a pu reprendre à peu près toutes ses activités dans le diocèse et à la CCC72. Le répit ne dure pas deux ans. Le repos prolongé qu’il doit prendre en janvier 1969, chez les Marianistes à Honolulu, ne freine pas son activité. Une semaine après son arrivée, il a accordé une entrevue à un journal local sur Saint-Boniface et son système scolaire. « Mais après, j’étais bien quelque peu sur les nerfs », écrit-il à Mariette ! À Mgr Hacault, il confie qu’il s’est imposé de ne pas vouloir finir quelque chose ou de ne pas s’adonner trop longtemps à une chose : « Je commence tout de même cette lettre ce soir, avec la pensée de la continuer demain. » Les journées d’ensoleillement produisent bientôt l’effet attendu ; il marche maintenant avec moins de douleurs aux jambes et fait de la photo. Mais il avait projeté d’écrire chaque jour une lettre à chaque prêtre et à chaque maison de religieuses, ce qui représente quelque 200 envois ! Il sera de retour pour le dimanche des Rameaux, après un séjour à Los Angeles chez l’abbé Gustave Couture, à qui il a promis de faire des confirmations le 2 mars. Il reviendra par Vancouver pour y visiter son neveu Maurice Balcombe qui projette d’épouser Pierrette Plourde, originaire du Québec, qu’Edgard et Irène espèrent catholique73. En octobre 1970, Mgr Baudoux doit recevoir des transfusions de sang. Il ne peut aller à Duluth pour les funérailles de Mgr Schenk. Son rétablissement est lent, comme il l’écrit à Mgr De Roo en janvier 1970 : « Je me remets lentement à mon travail. Ca va très bien et je me crois tout à fait remis – jusqu’à la prochaine fois, évidemment. La fatigue causée par un premier dîner en l’honneur de Mgr Camara, avec MM. et Mmes Monnin et Balcaen (Justice et Paix) et le deuxième, avec les évêques, puis la bénédiction du nouvel abbé, enfin le souper-conférence du professeur Stanley à la mémoire de Louis Riel, se suivant de jour en jour – ou mieux, la fatigue que cela aurait pu causer n’a pas été ressentie ni n’a eu de suite. Je vais toutefois aller d’un train plus lent. » Il constate qu’il n’a « plus ni l’allant ni les forces d’autrefois ». En avril et en juillet 1971, nouvelles interventions bénignes. Après sa démission, en septembre 1974, son médecin, le Dr R.-A. Jacques, lui écrit : « Et maintenant, vous aussi avez terminé une phase de votre vie, et je suis sûr que vous vous
426 IV. Évêque préparez pour en commencer une autre. Je souhaite qu’il y aura moins de pression et de tension. Je souhaite que vous trouverez le temps de poursuivre les projets que vous contempliez mais que vous n’osiez entreprendre. Vous allez être surpris que l’on sera encore à la recherche de votre avis, et ceci vous viendra comme un profit rafraîchissant du passé. » Sa mémoire lui joue de plus en plus de mauvais tours, comme il l’écrit à Mariette, de Jérusalem en 1976 : « J’oublie de plus en plus. Cela devient harassant pour mon bagage, par exemple. » Il a oublié son col romain et son plastron dans un hôtel et on vient de lui remettre son livret de chèques de voyageurs trouvé par le chauffeur de taxi74. Mgr Baudoux a toujours joué un rôle paternel auprès de ses neveux en difficulté. En juin 1966, il endosse un billet pour Maurice Balcombe. En janvier 1967, la caisse populaire demande son adresse à l’archevêque. En octobre suivant, le jeune homme n’a pas répondu aux lettres. À son passage à Vancouver, en 1969, l’archevêque finit par rejoindre son neveu et sa fiancée qui sont sans travail et vivent déjà ensemble. Il se propose de « démêler leur projet de mariage » qui sera célébré le 29 mars. Maurice participera le 29 août à la journée consacrée au Manitoba à l’Exposition universelle de 1967. Mariette, Edgard et Irène se joindront à lui au début de septembre. À chacun de ses voyages en France, il visite sa nièce Georgette qui trouve un grand réconfort dans sa tâche de catéchiste et lui envoie les nouveaux manuels canadiens pour la confirmation75. En juin 1968, Edgard a vendu sa pratique. À l’été 1971, Mariette se rend à Edmonton pour aider sa belle-sœur Irène quand Edgard est hospitalisé. Il souffre de cancer et d’emphysème provoqué par l’usage du tabac, sans espoir de guérison. Mgr Baudoux propose à Mariette que son frère demande l’onction des malades : « Lorsque je l’ai reçue en 1918, lui écrit-il, c’est elle qui m’a remis, alors qu’il n’y avait Dernier voyage avec Mariette, 1972
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plus d’espoir. » Georgette arrive le 2 juillet pour visiter ses parents avec son mari Roland et leurs enfants. Mgr Baudoux ira les rejoindre. Chaque fois qu’il doit passer par Edmonton, il visitera son frère hospitalisé. Edgard prend un peu de mieux et Georgette rentre à Paris avec les enfants le 30 août. Son oncle qui s’y trouve pour des réunions va l’accueillir à l’avion avec une cousine de Belgique. À 80 ans, Mariette fait un voyage en Belgique, en 1972, pour visiter une dernière fois sa famille et rencontrer le pape Jean-Paul II. Maurice lui conseille de prendre un billet de 45 jours, du 14 août au 28 septembre. Il pourrait passer quelques jours à Lyon pour visiter Georgette avant ses réunions à Paris et la rejoindra à Bruxelles pour reprendre l’avion de retour avec elle76.
Mgr Baudoux et Mariette avec Jean-Paul II, sept. 1972
428 IV. Évêque Après le décès d’Edgard en mars 1973, Mgr Baudoux fait des arrangements avec sa nièce Georgette pour le remboursement des sommes que Mariette et lui ont prêtées au couple quelques années auparavant. Il passera prendre les chèques, lors de son voyage à la fin de septembre 1973. En janvier 1974, Mariette tombe et se fracture la hanche et doit subir une intervention chirurgicale. Elle réside ensuite à Saint-Vital jusqu’au 9 avril. Après dix mois passés chez les sœurs des Saints-Noms-de-Jésus-et-de-Marie, elle entre au foyer Chez Nous le 9 février 1975. Lorsque Mgr Baudoux apprend en mai que Roland a soutenu sa thèse avec succès, il se souvient que, lorsqu’il avait reçu en 1929 les félicitations du jury, il s’était mis à pleurer toutes ses larmes, et que le président l’avait consolé en l’appelant « grand enfant » ! En 1979, il fait un dernier voyage en Europe avec Mariette pour assister au mariage en octobre de la fille de Georgette, Christiane Antonioli. À l’été 1980, Mariette est hospitalisée durant plusieurs semaines. En quittant l’hôpital, elle réside définitivement à l’hospice Taché, tenu par les Sœurs grises. Elle écrit à une amie : « Dieu merci, mon frère vient me voir chaque jour et c’est pour moi un vrai réconfort. Nous avons eu la semaine dernière la visite de notre neveu Maurice, son épouse et leur petite fille77. » L’heure des interrogations Sous le titre L’acculturation chez les Canadiens français du Manitoba, le professeur Gérard Jolicœur, de l’Université Laval, publie en 1966, le rapport d’une enquête sociologique faite à l’été 1965 par le Comité de recherche de la Commission sur le bilinguisme et le biculturalisme. En janvier 1968, après la publication du rapport Laurendeau-Dunton, Mgr Baudoux rencontre le cardinal Maurice Roy pour discuter de ses répercussions dans l’Ouest et en particulier sur le collège de Saint-Boniface. Le Devoir rapporte, en juin 1966, la déclaration de l’abbé Deniset-Bernier qui refuse de saluer le nouveau drapeau du Manitoba : « La loi qui fit du Manitoba une province de la Confédération en 1870 est violée en ce qui a trait à l’éducation parce que les groupes minoritaires doivent payer les taxes des écoles publiques et ensuite payer de nouvelles taxes pour entretenir leurs écoles. La loi manitobaine sur les écoles, adoptée au début du siècle, défend toute assistance financière aux écoles paroissiales. » L’archevêque de Saint-Boniface suivra avec attention les travaux des États généraux du Canada français qui auront lieu en novembre 1967 auxquels participent 30 délégués du Manitoba. Selon le journal La Presse, Rosaire Morin et l’Ordre de Jacques-Cartier seraient les bailleurs de fonds de ces assises. La situation intéresse le journaliste Rosario Blanchet du périodique Sept Jours de Montréal qui publie, en 1967, un article sur le fait français au Manitoba après avoir interviewé Mgr Baudoux78.
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Hommes d’Église et hommes politiques multiplient les échanges. M Louis-Albert Vachon consulte Mgr Baudoux au sujet du projet de tenir le congrès de l’ACELF à Saint-Boniface en 1971. « Tant de circonstances et conditions ont changé dans notre société, lui écrit-il. On ne sait pas très bien comment il faut procéder, et quels objectifs précis il faut poursuivre dans la présente conjoncture. Quoi qu’il en soit, l’ACELF aura son congrès au Manitoba en août prochain. » Mais « il n’est pas facile de savoir au juste quels sont les problèmes d’un milieu, la qualité des hommes, leurs options ». Keith Spicer, qui a rencontré l’archevêque dans l’avion Ottawa-Winnipeg, le remercie de ses conseils et de ses prières. « J’espère que nous aurons d’autres occasions de nous parler soit à Ottawa, soit à Winnipeg. J’attache beaucoup de prix à votre amitié. » On devine le désarroi de Mgr Baudoux lorsqu’il reçoit d’Adrien Pouliot le texte d’une déclaration de René Lévesque rapportant que « le Parti québécois n’a que faire du sort des minorités canadiennes-françaises hors du Québec », dans Le Soleil du 24 mars : « Ce qui me navre le plus hélas, ajoute A. Pouliot, c’est qu’un certain nombre de membres du Conseil de la vie française semblent très favorables au Parti québécois79. » gr
Le 27 mai 1971, Mgr Baudoux est présent aux fêtes marquant le centenaire de la fondation du journal Le Métis, premier journal français de l’Ouest, et le 22 septembre, celui de la création de la première province ecclésiastique de Saint-Boniface. Il est invité à prononcer la bénédiction en français lors de l’installation du président et vice-chancelier Duckworth à l’Université de Winnipeg. En 1974, il est l’invité d’honneur au banquet et au grand bal de l’Union nationale française qui célèbre son 65e anniversaire de fondation. La même année, l’archevêque d’Ottawa, Mgr Aurèle Plourde, invite les évêques francophones du Canada à faire des représentations pour que les francophones hors du Québec aient une part équitable des émissions à Radio-Canada, alors que les émissions et la presse écrite ne parlent plus que de l’Église du Québec : La Saint-Jean-Baptiste a pris une allure nationaliste telle que nos minorités ne se sentent plus à l’aise sous cette bannière, surtout dans nos régions limitrophes. L’an dernier, à Ottawa, on a fêté, le 24 juin, la francophonie et cette année, il n’y a eu aucune célébration. Pourtant il me semble indispensable d’avoir ces moyens d’expression si nous voulons que notre peuple s’épanouisse, se sente heureux et fier d’être ce qu’il est.
On réclame à la radio d’État une émission religieuse par semaine et un journal qui serait la voix des francophones catholiques. C’est encore une fois à Mgr Baudoux que l’on songe pour faire mettre la question du sort des minorités francophones à l’ordre du jour de la réunion des évêques en septembre 1974. S’il est heureux de cette initiative, Mgr Baudoux suggère à Mgr Plourde d’en assurer lui-même le leadership. Mais la réponse de ce dernier
430 IV. Évêque semble indiquer que le sujet n’est pas perçu avec la même urgence dans toutes les régions du pays, puisque seuls neuf évêques sur vingt ont répondu. Un an plus tard, le 4 septembre 1975, Mgr Plourde invite une vingtaine de laïcs et d’évêques francophones hors du Québec à discuter de l’avenir des minorités francophones du pays80.
Chapitre 12
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La retraite (1974-1988) �
eut-on vraiment parler de retraite au sujet d’un homme comme Mgr Baudoux ? Un mois avant la date officielle de sa démission, le 7 septembre 1974, il écrit à Bernard de Margerie : « Quant à moi, tu sais que j’ai 72 ans depuis plus d’un mois et j’ai ralenti mes activités pour tout de bon. Je paresse. Je travaille à la bibliothèque pour ranger mais je continue à faire ma part de ministère et de présence. » Une retraite bien relative. Pouvait-il s’arrêter, tant qu’il lui restait une réserve d’énergie, alors qu’on vient d’annoncer la fermeture de la seule école publique française du Manitoba, l’école Taché de SaintBoniface, et le projet d’établir un programme mi-français, mi-anglais à l’école Provencher1 !
M gr Baudoux poursuit son engagement au sein de la CCC et devra bientôt s’excuser de son retard dans sa correspondance : « L’ancien vous remercie. En s’excusant encore davantage de son retard : il ne chôme point davantage qu’auparavant ! » Il est de nouveau élu à la présidence de la Conférence catholique du Manitoba (CCM), une fonction
Mgr L’Ancien avec Mgr Hacault, 1974
432 IV. Évêque qu’il assume jusqu’en 1979 et il continue de participer aux initiatives pour la promotion du français et de la radio. Ainsi, il assiste en novembre 1974 à la réunion pour préparer la biennale de la francophonie canadienne organisée par l’ACELF en 1975. S’il ne participe pas à cet événement, c’est qu’il représente alors l’Ouest à Varennes, aux fêtes du 10 août en l’honneur de Marguerite d’Youville. En 1982, son mandat de membre de la Fondation Radio-SaintBoniface est reconduit pour trois ans2. Invité à prendre la parole devant la Société royale du Canada à Edmonton en juin 1975, Mgr Baudoux propose le canevas suivant : « Très dispersés et très peu nombreux partout, les Franco-Canadiens de l’Ouest sont et se sentent constitutifs d’une société canadienne de langue française. » Deux liens d’appartenance ont été reconnus par les premières générations d’immigrants, le partage d’une même religion et d’une même langue. Des relations d’amitié et de collaboration se sont aussi établies entre les institutions nées dans chaque province de l’Ouest pour réclamer leurs droits. La faveur dont jouit aujourd’hui l’enseignement du français devant la loi, déclare-t-il, « n’est pas un don gratuit, mais un don payé par des dévouements ! » Mais l’évolution de la société réclame aujourd’hui que la fidélité de fonds se module sur un autre registre3. Deux initiatives ont permis hier aux Canadiens français de développer une plus grande fierté et une confiance insoupçonnée : le mouvement coopératif et la Radio-Ouest française. Toutefois, un nouveau défi attend la génération d’aujourd’hui, bénéficiaire des luttes du passé. Des études sociologiques révèlent l’anglicisation et la dépersonnalisation culturelle progressive qui se répand à l’école, dans les foyers et dans les milieux de travail. Selon une étude de Richard Arès, s.j., sur les francophones au Canada en dehors du Québec, 54 % des francophones parlent l’anglais au foyer. L’éloignement géographique et psychologique du milieu d’origine, l’augmentation de la masse hétérogène au sein de laquelle les Canadiens français sont minoritaires, l’établissement des grandes unités scolaires rendent aussi plus difficile et précaire l’éducation en français. L’avenir apparaît « plus sombre que jamais », dans la mesure où « l’appartenance au groupe linguistique et culturel des Franco-Canadiens de l’Ouest s’étiole, s’affaiblit » parce qu’ils ne communiquent plus entre eux en leur propre langue4. Mgr Baudoux s’adonne activement au travail de classification plus rigoureuse de la bibliothèque de l’archevêque. À cette fin, il se procure à la Bibliothèque de Montréal la plus récente édition de la classification des livres, dont il ne possède que la version préliminaire de 1952 par Juliette Chabot et commande l’ouvrage de René Dubuc, La classification décimale universelle. Il verra aussi à compléter la documentation concernant les Sœurs grises.
Chapitre 12 La retraite (1974-1988)
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L’archiviste de ces dernières lui fait parvenir l’Histoire de l’Hôpital général de Montréal de 1877 à 1966, et les lettres circulaires de la communauté ; 23 volumes lui ont déjà été remis par l’intermédiaire de Mariette. En 1977, il obtient les 22 autres volumes et, en 1980, les volumes des années 1967-1979. L’année 1978 marque le 70e anniversaire de la découverte historique des restes du jésuite Aulneau, de La Vérendrye et de leurs 19 compagnons, lors d’une campagne voulue par Mgr Langevin5. Le 12 novembre 1975, l’archevêque reprend l’essentiel de son exposé à la Société royale devant les membres de la Société historique de SaintBoniface et est interviewé le lendemain à CBWFT. Il entend résister au pessimisme que répercutent les journaux anglophones, ce qui ne rend pas service à la communauté francophone. Il reconnaît cependant qu’il y a actuellement des pertes accélérées, auxquelles il ne pouvait pas penser quarante ans plus tôt. Une situation très douloureuse, confesse-t-il. Mais le succès de la Radio-Ouest française comme l’aide accordée par le gouvernement fédéral sont des gages d’espoir, si l’on donne priorité à la culture française. Si l’anglais devient notre langue première, « c’en est fini du français ! » En 1976, à la demande du rédacteur de L’Eau vive, Édouard Hall, il retracera l’histoire de la radio en Saskatchewan, un texte qui paraîtra dans l’édition du 20 septembre. En novembre 1977, il préside à Saskatoon la célébration du 65e anniversaire de fondation de l’ACFC et prend la parole au colloque de RadioCanada qui se tient à Peterborough, Ontario, la semaine suivante. Le 31 mars 1978, au St. John’s College de l’Université du Manitoba, il participe avec Marcel Rioux, Denis Smith et Robert Painchaud à un panel intitulé « Défi à l’unité canadienne ». Le 5 mai suivant, on le retrouve à l’Université d’Ottawa, au forum national des francophones hors Québec6. La question du français fera l’objet des derniers combats de Mgr Baudoux. En février 1980, il fait le point sur les grandes unités scolaires devant la Société historique de Saint-Boniface. Mgr Baudoux dans sa chapelle privée c. 1980
434 IV. Évêque L’année suivante, il accepte de signer, au nom des évêques du Manitoba réunis à Edmonton, une lettre à l’intention du premier ministre Sterling Lyon, pour le remercier du traitement financier plus favorable, mais encore partiel, accordé aux écoles catholiques. Il écrit à Mariette : « Tous les évêques des quatre provinces de l’Ouest sont ici et c’est très réconfortant. Il y a tant de sujets et de problèmes ! » En mars 1982, une fondation est créée pour la promotion de l’ukrainien au Manitoba. Le Winnipeg Free Press annonce le programme bilingue anglais-ukrainien que l’on veut implanter dans les écoles, mais il refuse de publier les articles de la Société d’éducation française hors Québec (SEFHQ) qui avaient été traduits en anglais à son intention7. Au moment où le gouvernement fédéral instaure son programme de bilinguisme, L’Express de Toronto rapporte qu’un peu partout au Canada et à la Chambre des communes « on commence à s’interroger de plus en plus sur le fait que les universités d’expression anglaise se soient livrées à la destitution du français dans leurs établissements, à l’époque même où le gouvernement fédéral s’engageait dans sa politique du bilinguisme ». La SEFHQ suggère de subordonner les subventions à l’enseignement du français. Aux Communes et à d’autres niveaux au Canada, une cinquantaine de députés vont appuyer la SEFHQ. Cette société avait été incorporée le 28 janvier 1981, dans le triple but de « rétablir le français à l’université, tant comme condition d’admission que comme matière requise ; d’améliorer la qualité du français dans l’enseignement supérieur ; d’encourager la création d’universités bilingues à travers le Canada ». Cette société est présidée par André de Leyssac, auteur d’un article qui avait alerté l’opinion publique : « Le scandale du français universitaire hors Québec ». Georges Forest en est le vice-président. Deux filiales ont été crées en 1982, l’une à Vancouver, l’autre à Calgary. La Société fait des démarches auprès du ministre des Finances, MacEachen, pour faire subordonner les subventions fédérales au rétablissement du français universitaire. Céline Hervieux-Payette informe le premier ministre Trudeau qu’elle prend fait et cause en faveur de « tous ces îlots de nobles francophones hors Québec qui croient en leur avenir et notre devenir ». Mgr Baudoux est nommé à la présidence d’honneur de cette société qui tient sa première réunion générale le 18 mai 19828. L’heure des hommages Quand Mgr Decosse est décoré de l’Ordre de la fidélité française à Gravelbourg en 1965, Mgr Baudoux est invité à prendre la parole. « Sous l’aspect service de Dieu et des hommes, a-t-il déclaré, l’incarnation dans les réalités terrestres constitue une exigence du témoignage du surnaturel que doit porter dans ce monde le clerc et le religieux et, pour le prêtre, sa qualité
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d’intermédiaire, de médiateur entre Dieu et les hommes. » Plus le médiateur est pleinement homme, poursuit-il, plus il participe à la perfection de l’humanité. « Clerc ou religieux canadien-français, j’agis en canadien-français. Soit dit en passant, cela ne signifie pas exclusivité, encore bien moins supériorité dédaigneuse. Car l’équilibre se trouverait pour lors rompu : il n’y aurait pas intégrité, mais péché9. » Le 6 mai 1965, Mgr Baudoux avait été l’un des quatre récipiendaires d’un doctorat d’honneur en théologie, remis par le Sénat du United College à l’église St. Stephen de Winnipeg. C’était la première fois que l’Église Unie honorait deux prélats de la hiérarchie catholique et anglicane, Mgr Baudoux et Mgr H. H. Clark, primat de l’Église épiscopale du Canada. Le 18 septembre 1967, l’Université du Manitoba lui avait décerné un doctorat d’honneur. Le 16 avril 1971, lors du banquet annuel de la Red River Valley Historical Society, il avait reçu le Hall of Frame Award pour le travail accompli dans l’histoire de la Rivière-Rouge10. Le 1er novembre 1972, le St. John’s College anglican de l’Université du Manitoba profite de sa rencontre annuelle pour décerner à Mgr Baudoux un doctorat d’honneur en droit canon. Pour préparer son allocution, l’archevêque se plonge dans la lecture de l’ouvrage de l’archiviste de la province ecclésiastique anglicane de Rupert’s Land, le Rev. T.C.B. Boon, The Anglican Church from the Bay to the Rockies. Cet ouvrage lui avait été remis en 1967 par le Dr Charles Landon, alors que tous deux se visitaient lors d’un séjour à l’Hôpital de Saint-Boniface. Grâce à lui, dit-il, « j’ai pu m’édifier sur l’apostolat multiforme de l’Église anglicane du Canada, plus particulièrement au Manitoba, et m’instruire du rôle que le Collège St. John y a joué ». Il décide « d’esquisser un parallèle entre l’histoire de l’éducation au Manitoba telle que l’ont conçue les deux Églises et telle qu’elles l’ont réalisée, en faits et gestes héroïques, dans une orientation qui s’est voulue chrétienne, dans laquelle histoire s’inscrivent les premiers linéaments et peu à peu la floraison des deux collèges, de Saint-Boniface et St. John ». Les deux institutions avaient obtenu leur existence légale le 15 mars 1871, à la requête des évêques Robert et Taché11. En 1979, des hommages sentis sont rendus à Mgr Baudoux pour marquer son 50e anniversaire de sacerdoce, par la population catholique, par les journaux et les médias qui multiplient les entrevues et les articles sur sa carrière. La Liberté publie tout un éventail de témoignages de personnes qui ont travaillé près de lui. C’est de Prud’homme, sa paroisse, dont il va présider le 75e anniversaire de fondation, qu’il remercie le pape de la lettre qu’il lui a adressée pour son jubilé sacerdotal. Il se rendra de nouveau à Prud’homme en août pour célébrer l’anniversaire des paroisses de Prud’homme et de
436 IV. Évêque Saint‑Laszlo. Le 24 octobre 1979, il reçoit l’Ordre du Canada des mains du gouverneur général Edward Schreyer, « en reconnaissance des 50 années qu’il a consacrées à la promotion du fait français dans l’Ouest canadien en œuvrant au sein de multiples organismes religieux, culturels et éducationnels ». Le 15 mai 1980, l’Université de la Saskatchewan profite de son assemblée du printemps pour lui décerner un doctorat honoris causa12. À l’occasion de la quinquennale de la francophonie canadienne, qui se tient à Winnipeg du 12 au 15 août 1980, Mgr Maurice Baudoux est fait membre de la Compagnie des Cent-Associés francophones, créée en 1979 par l’ACELF. Cette compagnie veut reconnaître les mérites des personnes qui ont consacré leurs énergies à défendre les intérêts de la francophonie en territoire canadien et qui ont assuré par leur travail la promotion de la culture et de la langue française sur le territoire canadien. Dans une entrevue à RadioCanada en septembre 1983, Mgr Baudoux avoue qu’il lui est de plus en plus difficile de répondre aux invitations qui lui sont faites et de prendre la parole. Il a du mal à se souvenir du nom des gens et il lui est parfois impossible de dire ce qu’il voudrait. Un ultime hommage lui est rendu le 3 juillet 1984, alors qu’il devient membre de l’Ordre des francophones d’Amérique. Cet ordre, créé en 1978 par le Conseil de la langue française de Québec, lui est conféré pour reconnaître en lui « l’inspirateur et le soutien de très nombreuses initiatives pour assurer la consolidation et le rayonnement de la langue française dans l’Ouest canadien13 ». La détente dans l’art À chacun de ses voyages en Europe, Mgr Baudoux avait visité les musées de différents pays et fait l’acquisition, en prévision de sa démission, de livres d’art, de cartes postales et de diapositives pour constituer une collection pour des conférences avec projections sur l’art sacré. Mariette tient à jour le fichier de sa collection et devient en quelque sorte son associée et sa complice. En mars 1975, lorsqu’il rend visite aux Sœurs grises, il leur présente, après la célébration de l’eucharistie, une séance de diapositives sur la Vierge dans les différents musées du monde14. Amateur de théâtre, d’opéra et de musique classique, il assiste avec sa sœur, tant qu’elle pourra se déplacer, à l’une ou l’autre des représentations offertes à Saint-Boniface ou à Winnipeg, de même qu’à des spectacles de théâtre et aux conférences de l’Alliance française. Il note à son agenda les émissions d’opéra présentées à Radio-Canada, comme Thaïs de Massenet et le concert Pavaroti de 1978. Il ne boude pas les nouvelles formes de musique religieuse comme le concert donné par John Littleton à la Place des Arts de Montréal en 1974, mais il avoue à sa sœur qu’il ne l’a pas aimé. En 1978, il
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donne une conférence de 45 minutes sur la Vierge et l’Enfant à une quarantaine de membres du « Rendez-vous français », et une conférence avec projection sur les trois Vierges et l’Enfant représentées à l’occasion de Noël cette année-là, à la bibliothèque de Saint-Boniface. En décembre 1979, lors de la réunion de la Société historique de Saint-Boniface, il présente au Centre de pastorale une série de diapositives rapportées de son récent voyage en Europe sur la Nativité dans le vitrail15. En octobre 1981, il participe pour la dernière fois à la rencontre annuelle de la CCC. S’il s’abstient de parler en assemblée plénière, écrit-il à Mariette, il tient cependant à exprimer ses pensées et ses idées dans les ateliers. Il se rend ensuite à Cornwall pour fêter les quatre-vingt-douze ans de Mgr Rosario Brodeur, qu’il avait connu à SaintBoniface en 1919. En décembre 1981, il participe pour la dernière fois également à la Fondation Radio-SaintBoniface. À compter de cette date, son agenda ne porte aucune mention de Mariette, et on y retrouve de plus en plus la mention : « J’ai oublié ! » Dans son testament qu’il Avec Jeanne Sauvé, le 29 juin 1985 rédige le 13 février 1986, il demande à être enseveli dans son aube d’ordination avec sa chasuble violette confectionnée par sa sœur. Il veut que son corps soit déposé dans un cercueil de pauvre et souhaite être inhumé dans la crypte de la cathédrale, près de ses prédécesseurs. À tous, il demande de lui « pardonner en le Seigneur » les peines qu’il a « sûrement pu leur causer, aussi bien que [ses] nombreux manquements à la charité et à l’édification16 ». Quelques jours plus tard, Mgr Hacault annonce que l’état général de santé de Mgr Baudoux s’est détérioré et qu’il a besoin maintenant de constant accompagnement. « Sa mémoire ne lui permet plus de s’occuper de sa correspondance, mais il reconnaît les personnes qui le visitent et se rappelle
438 IV. Évêque
Photo prise le 9 juillet 1986 devant l’évêché. À l’avant, Émilius Goulet, p.s.s., ? Mgr A. Hacault, Mgr M. Baudoux, Mgr N. Delaquis.
Chantons, photos prises à l’hospice Taché.
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plutôt les expériences majeures du passé. » Il ira bientôt rejoindre sa sœur à l’hospice Taché où il entrera dans le silence jusqu’à sa mort. Mariette décédera le 6 mars 1988. Ses funérailles auront lieu à Prud’homme le 11 mars, où elle repose au cimetière, près de ses parents. Mgr Baudoux quittera ce monde le 1er juillet 1988. Ses funérailles auront lieu à la cathédrale de Saint-Boniface le 6 juillet. Il est inhumé auprès de ses prédécesseurs17. �
« Continuez à vous battre », avait écrit à Mgr Baudoux le consul de France, Jacques Rosset, au moment où il quittait Winnipeg à l’été 1980 : « Vous avez réalisé tant de choses mais il en reste tellement encore et vous êtes un des rares à pouvoir agir dans le respect et l’amitié de tous. » En 1984, La Liberté résumait comme suit la double fidélité de l’archevêque : « Baudoux : francophone et catholique : un tout ». Il aura été fidèle à sa devise, Superimpendar, jusqu’à l’extrême limite de ses forces, et laissé à la communauté francophone de l’Ouest, qu’il a servie toute sa vie, un héritage impressionnant18.
440 IV. Évêque À plusieurs titres, au cours de sa longue carrière, Maurice Baudoux a fait figure de géant. Au premier abord, sa haute taille le signalait à l’attention de ceux qui le rencontraient. Jeune homme, il finira par rattraper le retard scolaire qui a marqué ses premières années de vie canadienne en Saskatchewan. Au collège de Saint-Boniface, il saura s’intégrer au groupe canadien-français. Il se fera remarquer par son désir de connaître l’histoire, son appui à la cause du français, son amour du chant liturgique et de la musique classique. Transplanté à Edmonton, il manifestera des qualités de leader qui inciteront l’un de ses maîtres à conseiller au curé Bourdel de lui faire terminer ses études à Québec pour y faire la connaissance des hommes qui comptent dans le combat pour le français. Une fois ordonné prêtre, il se donne tout entier à son rôle de pasteur de paroisse, multipliant les initiatives pour animer la vie des adultes et des jeunes de ce milieu : qualité du chant liturgique, des célébrations religieuses, formation au service de l’autel, à l’action catholique, accompagnement des loisirs et des activités artistiques. Quand Prud’homme est intégré dans le nouveau diocèse de Saskatoon, il est appelé à exercer diverses fonctions diocésaines, en particulier dans le domaine de l’enseignement religieux, de la gestion diocésaine et de l’action catholique. Le service sacerdotal lui laisse assez de loisirs pour la cause du français, au moment où l’enseignement du français et de la religion dans les écoles est menacé par l’activisme du Ku Klux Klan dans la province de Saskatchewan. Soucieux de laisser toute leur place aux laïcs, il leur reconnaît la première responsabilité dans la mise en œuvre des associations pour promouvoir leurs droits, en particulier la création de caisses populaires, et n’hésite pas à se joindre à des groupes de représentation auprès du gouvernement. Sa place à lui est celle du serviteur, du promoteur et de l’animateur au sein des équipes de travail. Il fait preuve également d’une inflexible détermination et multiplie les initiatives pour promouvoir le service de la radio française dans les provinces de l’ouest du Canada, un engagement qui lui vaudra le titre de « père de la radio française dans l’Ouest ». Nommé évêque dans le nouveau diocèse de Saint-Paul, en Alberta, il réussit en moins de cinq ans à doter ce territoire de missions de l’organisation et des institutions nécessaires à son développement. Lorsqu’il est transféré dans le diocèse de Saint-Boniface, il procède au renouvellement du personnel des paroisses, dote le diocèse d’un petit séminaire, favorise le développement d’un petit séminaire pour les Indiens et s’attaque à des questions urgentes : le financement des services diocésains, l’agrandissement du grand séminaire, le recrutement du personnel sacerdotal, l’aide à l’Amérique latine et aux diocèses plus démunis que le sien.
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L’annonce de la tenue d’un concile œcuménique faite par le pape Jean XXIII suscite l’enthousiasme chez Mgr Baudoux. Il met sur pied une équipe de collaborateurs avec qui il travaille de plain-pied pour étudier les documents reçus et rédiger les commentaires requis. À titre de président de la conférence des évêques du Canada, lors de la première session du concile, il tente de favoriser la concertation entre les évêques et suit les groupes des évêques les plus dynamiques. L’événement est pour lui à la fois un formidable stimulant et un tremplin dont il veut faire profiter l’ensemble de la communauté diocésaine. Il est aussi un ardent promoteur de la concertation des évêques catholiques de la province du Manitoba et des provinces de l’Ouest pour améliorer la formation du clergé. Après le concile, il se fait l’ardent promoteur de la mise en œuvre de ses décisions. Sa conversion au dialogue et à la fraternité œcuménique lui inspire des initiatives qui lui attirent l’estime et l’affection de tous. De nouveau, il se trouve face au défi de la lutte pour la reconnaissance des écoles françaises et s’y emploie avec toute l’énergie dont il est capable, en y associant les laïcs. Sa conviction reste la même qu’aux premières années de son sacerdoce : c’est à eux qu’il incombe de poursuivre la lutte. Une activité aussi fébrile n’entame pas chez lui la fibre familiale. Ses parents, son frère, sa sœur et leurs enfants auront une place importante dans sa vie. Mais surtout, tout au long de sa carrière, il pourra compter sur l’affection et la personnalité lumineuse et forte de sa sœur aînée, Mariette, âme sœur et « presque mère », complice et collaboratrice de ses projets.
Dernière photo en 1988
Une fois à la retraite, les dernières années de la vie de l’archevêque ont été particulièrement assombries par l’attitude des leaders du Québec face au sort des francophones du reste du Canada. Il ne pouvait qu’éprouver une profonde déception devant l’indifférence manifestée par ceux à qui il s’était si souvent adressé. Pouvait-il s’expliquer leur manque de solidarité à l’endroit de leurs frères et sœurs, dans la lutte sans cesse à reprendre pour la reconnaissance de leurs droits ? Lorsqu’il passe le flambeau à d’autres mains, ceux et celles qui ont été témoins de sa détermination et de sa ferveur pourront lui rendre le témoignage de s’être dépensé jusqu’à l’extrême limite de ses forces.
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Notes �
Notes du chapitre 1
1. Corr. Thierry Delplancq, Archives de la ville de La Louvière, 10 août 2001. 2. Le contrat de mariage de Norbert Baudoux avec Marie Moreau est signé sous le régime de la communauté réduite aux acquêts, excluant les dettes actuelles et futures de l’un et de l’autre. Le grand-père Léopold Moreau s’adonnait à la recherche dans les domaines artistique et scientifique. Norbert est alors boucher à La Louvière. L’avoir des futurs époux consiste en une somme de 3 500 francs, mille francs en argent comptant, trois chevaux d’une valeur de 100 francs, trois vaches valant 1 200 francs, une voiture anglaise de 500 francs, un tombereau et un harnais valant respectivement cent et cent cinquante francs. Quant à Marie, son avoir consiste en une créance au capital de 8 000 francs à charge de son père. Cahier de mariage de couleur bleue, comprenant la date du mariage religieux, célébré le 6 janvier 1892, et la date de naissance de chaque enfant. Fonds Baudoux, Archives du Centre du patrimoine de Saint-Boniface (ACPSB). 3. La Louvière, votre commune, 56 p. ACPSB. 4. Ces armoiries sont décrites comme suit : « d’azur à la fasce d’argent, accompagnée en chef de trois merlettes du même, rangées et en pointe, d’une louve romaine au naturel ». Ibid. ACPSB. 5. Le catalogue d’une exposition de l’Écomusée régional du Centre Bois-du-Luc mentionne l’existence de la brasserie Baudoux, rue de la Croyère, à La Louvière, entre 1899 et 1910. Corr. Alain Dewier, 17 juill. 2001. On trouve dans le fonds Baudoux, conservé au CPSB au Manitoba, l’inventaire de la brasserie et malterie coopérative L’Avenir pour les années 1904, 1905, 1906 et 1907, qui fait état à la fin de chaque année d’un solde actif de plus de 100 000 FB. 6. Sr Antonia, Manage, à Maurice Baudoux, 11 janv. 1930, ACPSB. Sr Fernandina confirme aussi que c’est à 18 mois que Maurice est confié au pensionnat. Corr. Sr Fernandina, Manage, s.d. [oct. 2001]. 7. Inventaire de 1905. Gratien Moreau partira lui aussi pour l’Amérique avec sa famille et passera à Montréal avant de se rendre à Deloraine, au Manitoba, « pour s’occuper de son affaire lumière ». Marie Moreau à Norbert Moreau, 6 juin 1911, ACPSB. 8. Le 14 août 1909, le notaire Auguste L’Olivier reconnaît avoir reçu de N. Baudoux cinq cents francs belges pour le compte de M. Bougard « en exécution de la convention de vente passée entre eux ». Le procès-verbal de la vente publique qui a lieu le 7 septembre suivant porte le no 1495. Il est signé par les notaires L’Olivier et Delhaye, les vendeurs Charles et Émile Bougard et l’acquéreur Norbert Baudoux qui verse au notaire les frais d’acquisition de deux mille francs. Étude du notaire Hubert L’Olivier, Fayt. Le 18 décembre 1909, un reçu du notaire atteste que N. Baudoux lui a remis le solde de 16 193 francs, montant principal et intérêt, ACPSB. 9. Corr. Joseph Strale, 1er oct. 2001, et envoi d’une photocopie de la photo du château de Burbure, Les Fougères, tel qu’il apparaissait en 1904. Procès-verbal de Me A. L’Olivier, 15 mars 1913. 10. Notes manuscrites rédigées en 1952 par Mariette Baudoux à Saint-Boniface à la demande de Mgr Antoine Deschambault, racontant la venue de la famille au Canada en 1911, 8 p. ACPSB. Mgr Baudoux a lui-même fait le récit de l’arrivée de sa famille au Canada en mars 1973, lors d’une interview avec Yves Fortier, dont la transcription a été reproduite dans Les cloches de Saint-Boniface, 72, 8, oct. 1973, p. 277-281. 11. O. Deshief, Deloraine, à Norbert Baudoux, 20 sept. 1910, ACPSB.
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Maurice Baudoux � 1902-1988
12. Compte de N. Baudoux chez le notaire A. L’Olivier, 27 févr. 1911, ACPSB. 13. Une vingtaine de lettres ont été conservées, dont dix sont de Marie. Certaines sont incomplètes, quelques lettres de Norbert ne sont ni datées ni localisées, dont celle qui semble être la première et pourrait être du début d’avril : s.d., s.l., [1911-04, Deloraine] Norbert à Marie, ses enfants, sa tante et son cousin, 6 p. S.d., (sur du papier entête de l’hôtel de Weyburn, Sask. Semble une page ajoutée à la lettre précédente), 1 p. Norbert reprend le récit de la traversée dans la lettre de Deloraine, 13 avril 1911, à Marie, ses enfants, sa tante et son cousin, 6 p. ACPSB. 14. Norbert à Marie, 13 avril 1911, op. cit. ACPSB. 15. Fayt-lez-Manage, 24 avril 1911, Marie à Norbert, 12 p. ACPSB. 16. Il manque le début de la lettre de Mariette à son père qui fait suite à la lettre de Marie le 24 avril. Après la signature de Mariette, Marie reprend la plume et écrit trois autres pages. 17. Deloraine, Norbert à Marie, 11 mai 1911, 4 p. et un feuillet ajouté. ACPSB. 18. Deloraine, Norbert à Marie, 21 mai 1911, 4 p., incomplet. ACPSB. 19. Deloraine, Norbert à Marie, 26 mai 1911, 4 p., incomplet. ACPSB. 20. Fayt-lez-Manage, Marie à Norbert, 26 mai 1911, 8 p. ACPSB. 21. Fayt-lez-Manage, Marie à Norbert, 6 juin 1911, 4 p. ACPSB. Il semble que le frère de Marie ait été tenté d’obtenir un brevet pour une lampe de son invention, « la lumière Moreau », et que Norbert se soit intéressé à cette affaire qui n’a pas réussi. On ne trouve dans les lettres que des allusions, et pas de détails précis. 22. Deloraine, Norbert à Marie, 18 juin 1911, 4 p. ACPSB. 23. Fayt-lez-Manage, Marie à Norbert, 30 juin 1911, 8 p. ACPSB. 24. Deloraine, Norbert à Marie, 2 juill. 1911, 4 p., incomplet. ACPSB. 25. Les deux dernières lettres que Norbert adresse à Marie peuvent être datées entre la mi-juillet et la mi-août ; elles ne portent ni date ni lieu de provenance. La première compte 4 pages et est incomplète ; la deuxième ne comprend que les 4 dernières pages. ACPSB. 26. Entrevue accordée par Mgr M. Baudoux à Radio-Canada en 1982. BS 00911/00912, SRCCKSB. 27. Fayt-lez-Manage, Marie à Norbert et Edgard, 18 août 1911, 4 p. ACPSB. 28. Marie écrira quatre autres lettres de Fayt le 24 août, les 6 et 13 sept., et de Bruxelles le 26 sept. ACPSB. 29. Fayt-lez-Manage, Marie à Norbert et Edgard, 24 août 1911, 4 p. ACPSB. 30. Fayt-lez-Manage, Marie à Norbert et Edgard, 6 sept. 1911, 4 p. ACPSB. 31. Fayt-lez-Manage, Marie à Norbert et Edgard, 13 sept. 1911, 8 p. ACPSB. 32. Bruxelles, Marie à Norbert et Edgard, 26 sept. 1911, 2 p. ACPSB. 33. Notes manuscrites de 1952 citées plus haut. Les détails qui suivent sont tirés de ces notes. 34. Constant-Jean-Baptiste Bourdel, né le 24 oct. 1861 à Saint-Mars-de-Jaille, dans le diocèse de Nantes en France, ordonné prêtre en 1886, a enseigné et exercé le ministère paroissial à NotreDame de Bon-Port, à Nantes. À 42 ans, en 1904, il s’embarque pour l’Ouest canadien avec un neveu, après une rencontre avec Mgr Pascal, titulaire du vicariat apostolique de Saskatchewan qui deviendra le diocèse de Prince-Albert. L’évêque lui confie alors le ministère auprès de quatre-vingts familles dans la localité de Howell, en Saskatchewan, qui deviendra la paroisse Saint-Donatien. La semaine religieuse de Nantes, 88, no 14, 1953, « Monseigneur Bourdel 1861-1951 ». 35. Seules trois lettres de 1918 ont été conservées de cette correspondance, deux de Nelly et une d’Edgard. Nelly, Howell, à Edgard, en France, 17 mai 1918. ACPSB. 36. Edgard à Nelly, s.d., il manque le début de la lettre. ACPSB. 37. Nelly, Howell, à Edgard, 14 juin 1918. ACPSB. 38. Maurice Baudoux, Rosthern, à Mariette Baudoux, [Howell], 11 févr. 1919. ACPSB. 39. « Je sous-signée, Marie Moreau, épouse Norbert Baudoux, propriétaire à Rosthern, Sask., Canada, donne pouvoir, avec autorisation maritale au sieur Henri Moreau, artiste peintre, 5 rue de Wynauts, Bruxelles, Belgique, de recevoir pour moi de Mr Louis Letellier, Bonne Espérance, Hainaut, Belgique, légataire universel de feu Mr Louis Simon la somme de 20,000 francs qu’il me doit en vertu du legs que m’a fait Louis Simon, par son testament en l’étude de Mr Vergote, notaire à Bruxelles et daté du 30 octobre 1914, et enregistré à Bruxelles est, le 8 janvier 1917. » L’acte fait à Rosthern est daté du 14 avril 1919, ACPSB.
Notes
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Notes du chapitre 2
1. Nelly Baudoux à Maurice Baudoux, 14 sept. 1919. ACPSB. 2. Nelly Baudoux à Maurice Baudoux, 23 sept. 1919. ACPSB. 3. Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, [sept. 1919]. Nelly Baudoux à Maurice Baudoux, 14 et 28 nov. 1919. ACPSB. H. Dejoie avait succombé à la grippe espagnole en 1918 et le curé Bourdel était resté sans aide ménagère depuis ce temps. 4. Nelly Baudoux à Maurice Baudoux, 16 janv. 1920 ; 19 mars 1920 ; 25 mai 1920. ACPSB. 5. Nelly Baudoux à Maurice Baudoux, 27 janv. 1920. ACPSB. 6. Nelly Baudoux à Maurice Baudoux, 13 janv. 1920 ; 20 févr. 1920 ; 5 mars 1920 ; 16, 30 avril 1920. ACPSB. L’instrument étudié par Maurice n’est pas mentionné dans la lettre, mais il existait au collège un professeur de violon, Cyrille Wynant. 7. Né au Québec, Rosario Brodeur (1889-1986) suit ses parents qui émigrent aux États-Unis en 1893. Il fait ses études classiques au Séminaire de Saint-Hyacinthe (1904-1910), ses études de philosophie au Grand Séminaire de Boston, puis à Baltimore où les Sulpiciens transfèrent leur séminaire en 1911 et y fait deux ans de théologie. Il poursuit ses études théologiques à SaintHyacinthe et est accepté dans le diocèse de Saint-Boniface en 1915. Professeur au petit séminaire, il est ordonné prêtre en 1916. Il est vicaire à la cathédrale de 1918 à 1921. Curé à Sioux Lookout, Ontario de 1921 à 1927, il revient à Saint-Boniface comme curé de la paroisse Holy Cross (19271941). En mai 1941, il est nommé évêque coadjuteur d’Alexandria et titulaire en juillet 1941. Mgr Baudoux présidera beaucoup plus tard à une fête en l’honneur du vieil évêque. 8. Né à Saint-Boniface, Joseph-Henri Prud’homme (1882-1952) fait ses études classiques au collège de Saint-Boniface et ses études théologiques au Grand Séminaire de Montréal. Ordonné prêtre en 1904, il étudie quatre ans à Rome, de 1904 à 1908 d’où il revient avec un doctorat en théologie et en droit canonique, après avoir voyagé et appris l’allemand et l’italien qu’il parle couramment avec le français et l’anglais, ce qui lui permettra de faire du ministère dans ces langues. À son retour, il est vicaire à la cathédrale (1908), secrétaire de Mgr Langevin (1910) et chancelier (1911) et donne les cours de droit canonique, d’Écriture sainte et d’histoire ecclésiastique au petit séminaire. Nommé évêque de Prince-Albert en 1921, il occupe son poste en novembre 1921 et démissionne de sa charge en janvier 1937. 9. Originaire du Québec, Arthur Béliveau (1870-1955) fait ses études classiques au collège de SaintBoniface et ses études théologiques au Grand Séminaire de Montréal. Ordonné prêtre en 1893, il étudie deux ans à Rome d’où il revient avec un doctorat en théologie. De retour à Saint-Boniface, il occupe les postes de vicaire à la cathédrale (1895-1899), secrétaire de l’évêché (1895-1903), économe (1899-1910), chancelier (1903-1911) et procureur (1905-1913). Évêque auxiliaire de Saint-Boniface en 1913, il est curé de la cathédrale, vicaire général et administrateur apostolique de 1913 à 1915, et succède à Mgr Langevin le 9 décembre 1915. 10. Pour l’année scolaire 1919-1920, on a conservé 13 lettres échangées entre Mariette et Maurice et 17 entre Nelly et son frère. De cette importante correspondance, Il n’est pas possible de déterminer le nombre de lettres écrites à l’origine. Il semble que Mariette et Maurice aient partagé le même souci de conserver les lettres reçues, mais il est probable que Mariette, qui a été jusqu’à la fin la conservatrice de ce patrimoine familial, y compris la correspondance échangée entre les parents en 1911, ait pu faire disparaître quelques lettres la concernant plus personnellement. 11. Après s’être séparé du premier ministre Wilfrid Laurier en 1899 sur la question de l’autonomie du Canada au sein de l’Empire, Bourassa avait fondé en 1910 le journal Le Devoir pour promouvoir, entre autres, les droits des francophones dans toutes les provinces du pays. 12. La Liberté, 16 sept. 1919 ; 30 déc. 1919. Les Cloches de Saint-Boniface, [Cloches] 15 nov. 1919. 13. Louis Hacault (1844-1921) était venu au Canada en 1890 comme journaliste au Courrier de Bruxelles et correspondant du Handelsblad d’Anvers d’où il a écrit des articles sur l’immigration qui ont été publiés en 1892 sous le titre Les Colonies belges et françaises du Manitoba. Il s’était auparavant signalé pour son zèle à combattre la franc-maçonnerie. Après ce voyage qui l’a conduit en train jusqu’aux Rocheuses, il émigre au Canada avec sa femme, sept enfants et le père Gustave Willems qu’il aide à fonder la paroisse de Bruxelles, Man. Magistrat et juge de paix, il sera actif
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26. 27. 28. 29. 30. 31. 32. 33. 34. 35. 36. 37. 38. 39. 40. 41. 42. 43.
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dans maintes activités pour défendre la langue et la religion. Le jésuite Gaston Hacault est l’un de ses fils, et Mgr Antoine Hacault, le fils de son fils François. Cloches, 15 déc. 1919 ; 15 févr. 1920 ; 15 mars 1920 ; 15 avril 1920 ; 15 mai 1920 ; 15 juill. 1920 ; 15 août 1920. La Liberté, 20 janv. 1920, 23 mars 1920 ; 6 avril 1920. Bourdel à Maurice Baudoux, 17 oct. 1919 ; 9 déc. 1919. Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 3 déc. 1919. ACPSB. Nelly Baudoux et la famille à Maurice Baudoux, 30 déc. 1919. ACPSB. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 14 oct. 1919. ACPSB. Bourdel à Maurice Baudoux, 27 janv. 1920. ACPSB. Maurice Baudoux à ses parents, 10 févr. 1920 ; 2 mars 1920. ACPSB. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 30 mars 1920. Le même à ses parents, 8 avril 1920, ACPSB. Maurice Baudoux à ses parents, 7 et 30 avril 1920. ACPSB. Maurice Baudoux à Nelly Baudoux, 11 mai 1920. Le même à Mariette Baudoux, 25 mai 1920. Bourdel à Maurice Baudoux, 27 mai 1920. ACPSB. Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 1er et 9 juin 1920. ACPSB. Annuaire du Collège Saint-Boniface 1919-1920. La retraite est prêchée par le père Ménard, c.s.s.r. Maurice Baudoux à ses parents, 1er oct. 1920. Le même à Mariette Baudoux, 8 oct. 1920. Il reste un cahier noir ms portant la date du 27 sept. 1920 comprenant des notes sur le De Bellico de César et des commentaires sur la guerre des Gaules. ACPSB. Nelly Baudoux à Maurice Baudoux, 3 et 16 oct. 1920 ; 2 nov. 1920 ; 23 févr. 1921 ; 5, 16 avril 1921 ; 1er mai 1921 ; 3 juin 1921. ACPSB. Nelly Baudoux à Maurice Baudoux, 7 et 23 déc. 1920. Elle sera aussi invitée comme fille d’honneur à un autre mariage en novembre 1921. La même au même, 14 nov. 1921. ACPSB. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 4 nov. 1920 ; 5 déc. 1920 ; 27 mai 1921, ACPSB. Bourdel, à Maurice Baudoux, 23 oct. 1920 ; 6 déc. 1920. ACPSB. Une allusion à la déception de Mariette dont le fiancé, Armand Tombu, revenu malade après la guerre, avait fait la promesse de se faire prêtre s’il revenait à la santé. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 12 janv. 1921 ; 12 févr. 1921. Maurice Baudoux à ses parents, 1er févr. 1921. ACPSB. Maurice Baudoux à Bourdel, 2 avril 1921. ACPSB. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 10 juin 1921. Le même, à Nelly Baudoux, 16 juin 1921. Le même à ses parents, 30 juin 1921. Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 10 juill. 1921. Maurice Baudoux à Mariette et Nelly Baudoux, 23 juill. 1921. ACPSB. Maurice Baudoux à Bourdel, 24 sept. 1921. Le même à Mariette Baudoux, 5 oct. 1921. ACPSB. Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 21 sept. 1921. ACPSB. Nelly Baudoux à Maurice Baudoux, 25 sept. 1921. La mère ajoute quelques mots à la lettre de sa fille. ACPSB. Nelly Baudoux à Maurice Baudoux, 18 oct. 1921. ACPSB. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 24 oct. 1921. Le même à ses parents, 2 nov. 1921. ACPSB. Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 15 nov. 1921 ; la même à ses parents, 17 nov. 1921. ACPSB. Nelly Baudoux à Maurice Baudoux, 14 nov. 1921. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 22, 24 nov. 1921 ; 6 et 15 déc. 1921. Marie Baudoux à Maurice Baudoux, 24 nov. 1921. ACPSB. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 15 déc. 1921 ; 13 mars 1922. ACPSB. Nelly Baudoux à Maurice Baudoux, 22 déc. 1921. Mariette Baudoux au même, 22 déc. 1921. Maurice Baudoux à Bourdel, 28 déc. 1921. Le même à Mariette Baudoux, 4 janv. 1922. ACPSB. Maurice Baudoux à ses parents, 22 déc. 1921. ACPSB. Maurice Baudoux à ses parents, 1er déc. 1921. Le même à Bourdel, 23 janv. 1922, ACPSB.
Notes
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44. Maurice Baudoux à Bourdel, 25 janv. 1922 ; 22 févr. 1922, ACPSB. Mgr Prud’homme est encore à l’archevêché, mais « ne se mêle pourtant à personne car la neurasthénie n’est pas encore entièrement disparue ». 45. L’Union canadienne a été formée en 1914 à Saint-Boniface dans le but d’unir tous les catholiques de la ville en dehors des partis politiques. Une initiative de jeunes qui est présentée comme la maturation des idées de l’ACJC. L’Union parrainera des conférences sur des sujets divers, des concerts, comme Les Sept Paroles du Christ, des séances patriotiques en l’honneur de héros comme Dollard des Ormeaux, Cloches, mai 1914, p. 116. 46. Maurice Baudoux à Bourdel, 3 et 22 févr. 1922, ACPSB. 47. Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 4 févr. 1922, ACPSB. 48. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 28 févr. 1922. ACPSB. 49. Marie Baudoux à Maurice Baudoux, 27 févr. 1922, ACPSB. 50. Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 17 mars 1922. La même à Norbert Baudoux, 18 mars 1922. ACPSB. J. H. Prud’homme à J. Magnan, 12 févr. 1922 ; 5 juill. 1922. ADO. 51. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 20 mars 1922, ACPSB. 52. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 30 mars 1922. Le même à Bourdel, 24 avril 1922, Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 5 mai 1922. ACPSB. 53. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 20 mai 1922. ACPSB. 54. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 25 août 1922. ACPSB. 55. Maurice Baudoux à Bourdel, 16 sept. 1922. ACPSB. 56. Maurice Baudoux à Bourdel, [27 sept. 1922]. ACPSB. 57. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 4 oct. 1922. Le même à Bourdel, 8 oct. 1922. Bourdel à Maurice Baudoux, 28 oct. 1922. ACPSB. 58. Nelly Baudoux [sœur Marie-Norbert] à Maurice Baudoux, 16 sept. 1922. ACPSB. 59. Bourdel, Howell, à Maurice Baudoux, 9 oct. 1922 ; 6 nov. 1922. Nelly Baudoux [sœur MarieNorbert], à Mariette Baudoux, 8 nov. 1922. La même à Maurice Baudoux, 3 nov. 1922. ACPSB. 60. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 25 nov. 1922. ACPSB. 61. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 30 nov. 1922. ACPSB. 62. Ibid. 63. Ibid. 64. Norbert et Marie Baudoux à Edgard Baudoux, [5 janv. 1923]. ACPSB. 65. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 28 déc. 1922 ; 25 janv. 1923. Le même à Bourdel, 4 et 16 janv. 1923. ACPSB. 66. Bourdel à Maurice Baudoux, 30 janv. 1923. Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 23 avril 1923. ACPSB. 67. Le Cercle Taché ayant cessé ses activités avec la disparition du petit séminaire, les séminaristes se sont joints au cercle du collège. Causerie de Maurice Baudoux au Cercle Provencher, 25 févr. 1923, ACPSB. 68. Maurice Baudoux à Bourdel, 19 mars 1923. ACPSB. La Liberté, 13 févr. 1923. 69. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 28 mars 1923. ACPSB. 70. Bourdel à Maurice Baudoux, 5 mars 1923. Maurice Baudoux à Bourdel, 6 mars 1923. ACPSB. 71. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 30 mars et 25 avril 1923. ACPSB. 72. Bourdel à Maurice Baudoux, 23 mars, 7 et 30 avril 1923. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 19 et 23 avril 1923. Maurice Baudoux à Bourdel, 27 avril 1923. ACPSB. 73. Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 28 oct. 1919. ACPSB. 74. Le 14 avril 1919, Marie Moreau avait signé une procuration à son frère Henri. Le 28 janv. 1920, le directeur à Bruxelles de la banque Lloyd (France) remet à Marie Baudoux l’extrait de son compte courant au 31 déc. 1919 présentant un solde de 18, 244 FB en sa faveur. Cf. Chap 1, note 34. Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 28 oct. 1919. Petit séminaire à J[N]. Baudoux, Rosthern, 29 janv. 1920, compte dû de 147,35 $. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 22 oct. 1920 ; 5 déc. 1920. ACPSB. 75. Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 13 janv. 1920. Au 31 déc. 1919, le compte courant de Marie Moreau Baudoux présente un solde de 18 244 francs belges, Directeur de la banque Lloyd
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(France) à M. Moreau, 28 janv. 1920. Le 13 juillet suivant, elle reçoit son état de compte au 30 juin 1920 qui présente un solde de 20 077,20 fb. Un chèque de 4 920 francs est tiré de ce compte le même jour, comme en fait foi la lettre du 9 févr. 1921, du gérant de la Banque Lloyd de Bruxelles, qui écrit à madame Baudoux : « We beg to inform you that in accordance with instructions received from Imperial Bank of Canada, we have transferred to them the balance of your account with us, with interest, being Frs 15 286,70. » ACPSB. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 19 mars 1920 ; 25 mai 1920 ; 1er déc. 1920. Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 30 mars 1920 ; 27 avril 1920 ; 9 juin 1920. Le 9 juin Mariette peut envoyer 20 $ à Maurice pour ses frais de voyage. ACPSB. Nelly Baudoux à Maurice Baudoux, 13 janv. 1920. Maurice Baudoux à ses parents, 2 mars 1920 ; 16 mai 1920 ; 5 juin 1920 ; V. Gabillon, procureur du diocèse de Prince-Allbert à Mariette Baudoux, 30 août 1920. ACPSB. H. Messier, à Mariette Baudoux, 17 oct. 1921, en réponse à sa lettre du 13 oct. 1921. La dette est alors de 217,71 $ pour 1919-1920 et de 111,90 $ pour 1920-1921. Le même à la même, 1er nov. 1921, état de compte de 1919-1920 avec intérêts pour comptes en souffrance dont il reste 90 $ à acquitter. Le même à la même, 14 déc. 1921 : l’état de compte révèle une dette de 90,28 $. Sur l’état de compte envoyé le 30 sept. 1922, la dette est de 92,91 $. ACPSB. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 22 oct. 1920. Edgard Baudoux à Maurice Baudoux, 23 déc. 1920. ACPSB. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 22 oct. 1920 ; 8, 17 et 28 déc. 1920. Le même à ses parents, 21 déc. 1920, ACPSB. Maurice Baudoux à Bourdel, 24 avril 1922 : « Le relevé de compte qui vous a été envoyé et que voici est celui comme vous le voyez du 2e semestre 1921 (que l’évêché n’a pas encore payé) tandis que celui envoyé à Mariette est celui de la note signée par Edgard en 1919-20 dont le montant n’a pas été entièrement payé par l’argent que Mariette a envoyé à différentes époques (25 $, 25 $, 75 $ je crois) et qui augmente toujours par les intérêts des intérêts. » H. Messier à Mariette Baudoux, 10 mai 1922. ACPSB. Louis Letellier à Maurice Baudoux, 30 avril 1922. Sa sœur Marie-Louise avait fréquenté l’école avec Mariette et avait entretenu une correspondance avec elle et Nelly après leur départ de Belgique. Avant de partir, Mariette et Nelly étaient allées à Bonne-Espérance visiter les Letellier. Marie Moreau à Norbert Baudoux, 24 avril 1911. Le même, Binche, au même, 1er mai 1923, ACPSB. Dans ses lettres, l’abbé Letellier fait des commentaires sur la situation de la Belgique et de la France à l’égard de l’Allemagne. Aimé Decosse à Maurice Baudoux, 7 et 26 nov. 1922 ; 2 mars 1923. ACPSB. Gustave Couture à Maurice Baudoux, 27 mai 1923. ACPSB. Émilien Levêque à Maurice Baudoux, 4 juin 1923. ACPSB. Arthur Leclerc à Maurice Baudoux, 3 juill. 1923. ACPSB. Gabriel Poitras, à Maurice Baudoux, 23 oct. 1922 ; 14 déc. 1922. ACPSB. Gaston Hacault à Maurice Baudoux, 16 janv. 1923 ; 15 juin 1923. ACPSB. Gaston Hacault à Maurice Baudoux, 20 juin 1923. ACPSB. Guillaume Longpré à Maurice Baudoux, 27 juin 1923. ACPSB. J. Ad. Sabourin à Maurice Baudoux, 20 juin 1923. ACPSB.
Notes du chapitre 3
1. De 1917 à 1927, le scolasticat des oblats de l’Ouest était à Edmonton où se trouvaient aussi la maison provinciale et le juniorat. Depuis 1918, le Grand Séminaire diocésain y était logé et accueillait les candidats pour le clergé séculier. En février 1927, le scolasticat sera transféré à Lebret. Cf. D. Levasseur, Histoire des Missionnaires Oblats de Marie Immaculée, t. 2, p. 109 ss. 2. L’un de ces religieux, le père Henri Voisin, de la Société de Marie de Tinchebray, fait une relation des événements dont les membres de sa communauté ont été victimes. Son texte a été publié par les soins d’un résident de Nouvelle-Angleterre, E. L., sous le titre « Leur Sosie, les agissements de Monseigneur Henry O’Leary, archevêque d’Edmonton, au Canada, dévoilés par le R. P. Henri Voisin, de la Société de Marie de Tinchebray, victime de la francophobie de l’imitateur fidèle des
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449 évêques irlandais des États-Unis : il tient de race. » Le présentateur E. L. compare le comportement antifrançais de Mgr O’Leary à celui de Mgr Fallon de London, Ontario, et des évêques irlandais de la Nouvelle-Angleterre. La lettre de 13 pages adressée à Mgr O’Leary est datée de Red Deer, le 14 octobre 1924. Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 1er sept. 1923. Elle demande à son frère de saluer pour elle les pères Lacoste, Murphy et Kennedy et l’informe que Joe Houle a rapporté son appareil photo ; le père Jan s’est aussi chargé de sa valise. Bourdel au même, 13 sept. 1923. ACPSB. Henri Lacoste (1863-1931), o.m.i., né en France, a été ordonné prêtre à Rome en 1888. Professeur au Grand Séminaire d’Edmonton de 1922 à 1927, il se préoccupait de l’avenir de la langue française dans l’Ouest. DB II, p. 250. François Blanchin (1874-1956), supérieur de la province oblate d’Alberta-Saskatchewan de 1923 à 1926, sera, de 1926 à 1933, le premier supérieur du scolasticat déplacé à Lebret, Saskatchewan. Il sera remplacé de 1926 à 1929, par le père Jean-Baptiste Beys (1875-1976), après avoir été supérieur de la province oblate du Manitoba de 1918 à 1926. DB I, p. 104. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 14 sept. 1923. ACPSB. Le père Louis Rhéaume, désigné comme supérieur, venait d’être nommé évêque de Haileybury. Le père Bernard McKenna (18721948), curé d’une paroisse de Seattle, sera nommé. Chaque année, on verra arriver un nouveau supérieur. Maurice Baudoux à Bourdel, 20 sept. 1923. ACPSB. Bourdel à Maurice Baudoux, 1er oct. 1923. Mariette Baudoux au même, 26 oct. 1923 ; 27 nov. 1923. ACPSB. « Le peu d’argent qu’il avait va être tout dépensé en frais de médecin etc. car il va falloir faire revenir ses chevaux de là-bas. » Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 19 oct. 1923 ; Edgard Baudoux au même, 30 oct. 1923 ; 15 nov. 1923. ACPSB. Nelly Baudoux à Mariette Baudoux, 28 oct. 1923. Edgard Baudoux à Maurice Baudoux, 15 nov. 1923. Bourdel à Maurice Baudoux, 16 déc. 1923 ; 20 mars 1924. ACPSB. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, s.d., [après le 21 nov. 1923]. Maurice s’informe des prix : « En France, on peut avoir la même chose pour 50 sous. Dans ce pays, chez les Sœurs grises, on peut voir mieux (même étoffe, mais forme plus raisonnable) pour 1,50 $. » Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 1er déc. 1923. ACPSB. Alphonse Jan (1874-1934), né en Bretagne, curé de la paroisse Saint-Paul de Saskatoon confiée aux oblats, de 1916 à 1925. C’est durant cette période qu’il a fondé le Rosary Hall pour la protection des jeunes filles seules et que Mariette a travaillé au presbytère. Écrivain et conférencier, il s’est employé à préserver la cathédrale en troncs d’arbres de Mgr Grandin. Il a fait tracer autour de l’édifice le Father Lacombe Memorial Park, a recueilli les souvenirs des anciens missionnaires et fait ériger en 1929 une statue de bronze de l’apôtre des Pieds-Noirs et des Cris. De 1931 à 1933, il sera curé de la cathédrale de Prince-Albert. DB II, p. 168. Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 14 et 21 déc. 1923. Bourdel à Maurice Baudoux, 16 déc. 1923. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 16 déc. 1923 ; 23 déc. 1923. Nelly Baudoux à Maurice Baudoux, 16 déc. 1923. ACPSB. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 21 janv. 192[4]. Sr Sainte-Adélaïde, à Maurice Baudoux, 22 janv. 1924. Nelly Baudoux à Maurice Baudoux, 1er févr. 1924. ACPSB. Notes ms du 13 janv. 1924. ACPSB. Jean-Baptiste Salles (1883-1972), né en France, est envoyé en 1908 dans les missions de la Colombie-Britannique. De 1917 à 1922, il est professeur au nouveau scolasticat d’Edmonton, Alb., puis curé de New Westminster, C.-B. (1922-1926). Il est au scolasticat (1926-1928), curé à Kamloops, C.-B. (1928) et revient au scolasticat transféré à Lebret (1929-1930). DB III, p. 159. Maurice Baudoux à Bourdel, 2 févr. 1924. ACPSB. Bourdel à Maurice Baudoux, 8 févr. 1924 ; 20 mars 1924. Mariette Baudoux au même, 13 mars 1924. ACPSB. Maurice Baudoux à Bourdel, 27 mars 1924. Bourdel à Maurice Baudoux, 2 avril 1924 ; 25 mars 1925. ACPSB. Le curé Bourdel a la délicatesse de consulter Mariette qui doit revenir dans dix jours, avant de prendre une décision concernant l’ordination d’Armand, son ancien fiancé :
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« Aujourd’hui la plaie me paraît bien fermée, mais on ne sait jamais. Attends donc pour rien dire à Armand. » Après son ordination, Armand Tombu sera vicaire du père Adam à Marcellin. Maurice Baudoux à Bourdel, 9 avril 1924. ACPSB. Louis Letellier à Maurice Baudoux, 5 janv. 1924 ; 17 mars 1924 ; 23 avril 1925. Lui et un ami, l’abbé Christiaens, offriront de célébrer chacun cent messes à son profit. J. H. Prud’homme au même, 9 avril 1924. ACPSB. Maurice Baudoux à Bourdel, 14 avril 1924. Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 10 mai 1924 ; 5 juin 1924. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 12 mai et 6 juin 1924. M. Didry au même, 17 juin 1924. Edgard est sur sa concession, et Nelly est impatiente de retourner à Prud’homme pour revoir les siens. Nelly Baudoux au même, 11 avril 1924, 18 mai 1924. ACPSB. Gustave Couture à Maurice Baudoux, oct. 1923 ; 15 nov. 1923 ; 31 déc. 1923 ; 19 et 28 mars 1924. Il lui demande le tarif pour faire laver son linge au séminaire et l’informe qu’il continue ses pratiques d’orgue à la cathédrale, qu’il a participé à trois matinées du Minneapolis Symphony Orchestra, que Mgr Béliveau a parlé d’un agrandissement au séminaire et que le provincial des jésuites a passé la semaine en conférence chez l’évêque et l’architecte en pierre, M. Bourgeault. ACPSB. Alexandre Grimard à Maurice Baudoux, 27 déc. 1923. Guillaume Longpré au même, 1er janv. 1924. ACPSB. Alfred Bernier à Maurice Baudoux, 25 déc. 1923. ACPSB. Il a été son professeur de versification et son directeur de conscience. Émilien Levêque à Maurice Baudoux, 3 et 10 janv. 1924 ; 17 févr. 1924 ; 11 avril 1924. « Déjà un an de passé et l’année prochaine nous sommes finissants ! Quand j’y pense, cher Maurice j’ai un peu peur ; c’est un manque de courage, sans doute, mais... » ACPSB. Gustave Couture à Maurice Baudoux, 16 sept. 1924 et 16 févr. 1925. Émilien Levêque au même, 26 [sept.] 1924 ; 15 mai 1925 ; 7 juill. 1925. A. Grimard au même, 12 janv. 1925. ACPSB. Dans sa lettre de février, après avoir remercié des saluts transmis par Albert Houle, Dussault, Léon Jalbert et le P. Dugré, s.j., G. Couture, qui ira continuer ses études à Edmonton, envoie son changement d’adresse pour la sixième fois à son ami distrait. Il s’informe du projet de séparation du scolasticat, de la sortie les jours de congé et du privilège de pratiquer l’orgue une heure par semaine à Saint-Joachim auquel il tient mordicus ! J. Ad. Sabourin à Maurice Baudoux, 26 déc. 1924 ; 6 mai 1925 ; 21 déc. 1925. Alfred Bernier au même, 29 déc. 1924. ACPSB. Guillaume Longpré à Maurice Baudoux, 3 janv. 1925. G. Hacault au même, 3 janv. 1925. ACPSB. Armand Tombu à Maurice Baudoux, 30 sept. 1925. Alfred Bernier à Maurice Baudoux, 30 déc. 1925. L.A. Fortier à Maurice Baudoux, 2 janv. 1926. ACPSB. A. Jan à Maurice Baudoux, 6 janv. 1926. Louis Letellier au même, 19 janv. 1926. D. Jubinville au même, 5 févr. 1926. Émilien Levêque au même, [mars 1926 ?]. ACPSB. Émilien Levêque à Maurice Baudoux, [8 mai 1926]. ACPSB. L’Académie Saint-Jean Baptiste existe depuis quatre ans à Edmonton. Elle propose chaque mois à ses membres un programme comprenant une homélie, une déclamation et une improvisation. Chacun doit se produire à tour de rôle et sa performance fait l’objet d’une évaluation critique. L’objectif était de procurer aux futurs prêtres un laboratoire d’entraînement à l’éloquence sacrée. Destinée d’abord aux scolastiques oblats, elle a été ouverte aux séminaristes quand ils se sont joints aux scolastiques. Maurice Baudoux en a fait partie et y a exercé des responsabilités. Notes Archives provinciales de l’Alberta (APA). Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 29 oct. 1923. ACPSB. Procès-verbal de l’Académie [P.-V. A.], A. Thériault, 23 oct. 1923. ADO. P.-V. A., J.-B. Cabana, 13 nov. 1923. ADO. P.-V. A., Émilien Coulombe, 4 déc. 1923. ADO. Six pages de notes ms, 4 déc. 1923. ACPSB. P.-V. A., Maurice Baudoux, 14 déc. 1923. ADO. P.-V. A., Georges Desrochers, 5 févr. 1924 ; C. Gamache, 12 févr. 1924 ; Léon Jalbert 26 févr. 1924 ; Léandre Gauthier, 4 mars 1924. ADO. P.-V. A., Émilien Coulombe, 11 mars 1924 ; Maurice Baudoux, 17 mars 1924. ADO.
Notes
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41. P.-V. A., Joseph Valois, 26 mars 1924 ; Blain, 8 avril 1924 ; Maurice Baudoux, 15 avril 1924 ; Léon Jalbert, 30 avril 1924 ; Alexis Tétreault, 6 mai 1924 ; Dussault, 13 mai 1924. ADO. 42. P.-V. A., Léandre Gauthier, 16 sept. 1924. Le nouveau conseil élu est composé de Valois, Coulombe, Gauthier, Gamache et Désautels ; Charles Gamache, 13 oct. 1924 ; A. Coursol, 23 nov. 1924. ADO. 43. P.-V. A., M. Dussault, 21 déc. 1924. ADO. 44. P.-V. A., Léandre Gauthier, 8 févr. 1925 ; Chs Gamache, 22 févr. 1925. ADO. 45. P.-V. A., J. Poulette, 15 mars 1925 ; A. Coursol, 22 mars 1925. ADO. 46. [5 avril] 1925. sermon pour le dimanche des Rameaux. ACPSB. P.-V. A., Chs Gamache, 5 avril 1925. ADO. 47. P.-V. A., Tétreault, 26 avril 1925. Lors de la session du 3 mai, l’abbé Coulombe est nommé viceprésident honoraire à perpétuité de l’Académie, en raison des services qu’il lui a toujours rendus depuis sa fondation. P.-V. A., Maurice Baudoux, 3 mai 1925. ADO. 48. 30 avril 1925. ACPSB. 49. P.-V. A., Léandre Gauthier, 20 sept. 1925 ; Valois, 18 oct. 1925. I. Desautels au collège des sj, 23 oct. 1925. ADO. 50. P.-V. A., de Bretagne, 1er nov. 1925 ; A. Coursol, 8 nov. 1925 ; Poulette, 15 nov. 1925. ADO. 51. P.-V. A., Albert J. Houle, 22 nov. 1925. ADO. « Grandeur du prêtre séculier », 20 nov. 1925. ACPSB. 52. Vœux à l’Académie Saint-Jean-Baptiste, 1er janv. 1926. P.-V. A., Alexandre Grimard, 10 janv. 1926. A. Grimard fait ses deux années de philosophie à Saint-Boniface et est à Edmonton depuis septembre 1925 pour faire sa théologie ; Léandre Gauthier, 25 févr. 1926 ; Albert J. Houle, 14 mars 1926. ADO. 53. P.-V. A., M. de Bretagne, 28 mars 1926 ; Alexis Tétreault, 11 avril 1926. ADO. 54. Maurice Baudoux à Bourdel, 9 mars 1925. ACPSB. P.-V. A., Josaphat Baril, 25 avril 1926 ; A. Tétreault, 12 juin 1926. Trois projets sont soumis à l’assentiment de l’Académie dans une séance spéciale : la rédaction par les membres du conseil des constitutions et coutumes de l’Académie et leur proposition à l’assentiment de l’Académie en vue de la séparation probable du scolasticat et du séminaire au prochain semestre ; la préparation d’un album par les séminaristes Desautels, Coursol et Forcade avec la photo du fondateur et des membres passés et actuels de l’Académie ; l’élection d’un nouveau conseiller pour remplacer celui qui se retire pour raison de santé. « L’œuvre des anciens est assise sur le roc. Tout danger de dissolution est prévenu. La bonne volonté de tous les membres de l’Académie est, pour elle, un gage d’immortalité. » ADO. 55. Edgard Baudoux à Maurice Baudoux, 13 oct. 1924. ACPSB. 56. Edgard Baudoux à Maurice Baudoux, 7 mars 1925 ; 10 mars 1925 : « Dans mon cœur simple je tâche de suivre cette belle devise : Fais ce que dois, advienne que pourra. » ACPSB. 57. Anastasio Monge (1891-1963), né en Espagne, est envoyé dans l’Ouest canadien en 1919 comme professeur au scolasticat d’Edmonton (1919-1927) et au scolasticat de Lebret (1928-1929). 58. A. Jan à Maurice Baudoux, 3 oct. 1924. ACPSB. En plus d’avoir chassé deux congrégations de missionnaires français et fait remplacer dans les couvents la supérieure de langue française par une supérieure de langue anglaise, Mgr O’Leary, dont le diocèse comptait un tiers de francophones, avait menacé de supprimer le journal La Survivance, sous prétexte qu’il défendait avec trop d’ardeur les droits du français. Cf. Prévost, La France et les nominations épiscopales au Canada de 1921 à 1940, p. 22. Le père Jan s’occupe aussi d’un comité pour élever un monument au père Albert Lacombe. 59. William Patton (1869-1926), né en Irlande, entre au noviciat de Lachine en 1887. Ordonné prêtre en 1893, il fait carrière au Canada et aux États-Unis. Il est curé de la paroisse Saint-Joseph d’Edmonton depuis trois ans lorsqu’il est nommé supérieur du scolasticat d’Edmonton en 1924. DB III p. 51. 60. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 11 nov. 1924. Maurice Baudoux à Bourdel, 29 nov. 1924. ACPSB. 61. Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 20 nov. 1924. Bourdel à Maurice Baudoux, 3 et 10 déc. 1924. ACPSB. Une partie de cartes organisée par les Enfants de Marie a rapporté 49,80 $. Le
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62. 63.
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curé est en train de fabriquer les sabots pour la pièce les Sabots du diable qui sera jouée le dimanche après Noël. Maurice Baudoux à Bourdel, 23 déc. 1924 ; 29 déc. 1924. Le même, à Mariette Baudoux, 8 févr. 1925. ACPSB. Bourdel à Maurice Baudoux, 3 janv. 1925. Maurice Baudoux à Bourdel, 9 mars 1925. Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 2 mars 1925. ACPSB. La réunion a lieu à Saint-Boniface les 28 et 29 mai. Un an plus tard, le vicariat des missions de la Colombie-Britannique devient la province de Saint-Pierre de New Westminster, on crée la province Sainte-Marie de Regina pour les oblats de langue allemande et polonaise et les provinces du Manitoba et de l’Alberta-Saskatchewan restent aux oblats de langue française. Levasseur, op. cit. Bourdel à Maurice Baudoux 17 mars 1925. Le curé Bourdel revient sur le sujet dans les lettres du 15 et du 28 mai 1925 et apprend à Maurice que le père Patton a finalement accepté Josaphat qui réussit très bien dans l’étude du latin. ACPSB. Maurice Baudoux à Bourdel, 23 mars 1925. ACPSB. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 12, 18 et 27 avril 1925. Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, [avril] 1925. ACPSB. Maurice Baudoux à Bourdel, 14 mai 1925. ACPSB. Bourdel et Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 15 mai 1925. Mariette Baudoux au même, il manque la première page [20 mai 1925 ?]. Bourdel au même, 28 mai 1925 ; 1er juin 1925. Mariette Baudoux au même, 1er juin [1925]. Maurice Baudoux à Bourdel, 23 mars 1925, ACPSB. Bourdel à Maurice Baudoux, s.d. samedi soir, [mai ou juin 1925]. ACPSB. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 17 juill. 1925. ACPSB. D’origine écossaise, Mgr JohnThomas Kidd était bien disposé envers les Canadiens français. Prévost, op. cit., p. 74. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, [sept. 1925]. Bourdel à Maurice Baudoux, [sept. 1925]. ACPSB. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 9 sept. 1925. ACPSB. Né à Hunter River, Île-du-Prince-Édouard, J.-C. McGuigan avait fait ses études classiques à Charlottetown et ses études théologiques à l’Université Laval de Québec (1914-1918). Ordonné prêtre en 1918, en 1919, il devient secrétaire de l’évêque de Charlottetown, Mgr O’Leary, qu’il suit lorsque ce dernier est nommé archevêque d’Edmonton en 1920. Il sera chancelier de l’archidiocèse de 1923 à 1925, vicaire général de 1923 à 1930 et curé de la cathédrale de 1927 à 1930. Maurice Baudoux à Bourdel, 27 sept. 1925. Ces ouvrages sont l’Histoire de l’Église en 3 vol. de Mourret, le Cérémonial des ordinations de Haegy, le Commentaire du droit canon en 3 vol. de Vermeesch et Creusen. Le même à Mariette Baudoux, 1er oct. 1925. Le même à Bourdel, 9 oct. 1925. Bourdel à Maurice Baudoux, 30 oct. 1925. ACPSB. Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, sept. 1925 ; [sept. et oct.] 1925 ; [oct. 1926]. Bourdel et Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 29 sept. 1925. ACPSB. Maurice Baudoux à Bourdel, 16 nov. 1925. Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 3 [nov.] 1925. Mariette invite aussi Maurice à écrire à sa marraine, madame Léon Baudoux, à La Croyère : « Parle de tes études, etc., et demande des nouvelles. Aie du tact. Pauvre elle, je sais qu’elle aimerait voir se renouer nos relations », [nov. 1925]. ACPSB. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 5 déc. 1925. ACPSB. Deux pages de notes manuscrites, 7 déc. 1925. ACPSB. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 15 déc. 1925. J.-H. Prud’homme à Maurice Baudoux, 18 déc. 1925. Maurice Baudoux à Bourdel, 22 déc. 1925. Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 23 déc. 1925. Bourdel au même, 31 déc. 1925. ACPSB. Maurice Baudoux à Bourdel, 1er janv. 1926. ACPSB. Bourdel à Maurice Baudoux, 16 janv. 1926. ACPSB. Mariette passe quelques jours à Saskatoon et ses parents viennent prendre leurs repas avec eux. La rencontre de « la Survivance française a été un triomphe. Raymond Denis a fait deux magnifiques discours. » Mariette continue à travailler pour l’église de Prud’homme et à recevoir parents et amis : « Mgr Bourdel consent à ce que je me procure le tissu nécessaire à la confection de deux dalmati-
Notes
83. 84. 85. 86. 87.
88. 89. 90. 91. 92.
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96. 97. 98. 99. 100. 101. 102. 103. 104. 105. 106. 107. 108. 109.
453 ques en drap d’or... Ce sera bien du travail pour moi, sans doute, mais je le ferai de si bon cœur. » Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 4 janv. [1926]. ACPSB. Maurice Baudoux à Bourdel, 2 févr. 1926. ACPSB. Il a enfin reçu trois volumes de la Somme théologique et attend les autres. Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 9 févr. 1926 et [févr. 1926]. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 10 févr. 1926. Le même à Bourdel, Prud’homme, 13 févr. 1926. ACPSB. L. Bussière à Maurice Baudoux, 16 févr. 1926. Maurice Baudoux à Bourdel, 18 févr. 1926. Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, [19 févr. 1926] ; [mai] 1926. ACPSB. Maurice Baudoux à Bourdel, 10 mars 1926 ; 18 mars [1926]. Le même à Mariette Baudoux, 18 mars 1926, ACPSB. La vocation religieuse de la race irlandaise, [17 mars 1926]. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 6 et 13 mai 1926. Nelly Baudoux à Maurice Baudoux, 13 mai 1926. ACPSB. Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 10 mars 1926. A. Jan au même, 1er mai 1926, ACPSB. Maurice Baudoux à Bourdel, 25 mars 1926. ACPSB. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 3 et 16 avril 1926. ACPSB. Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 21 et 27 avril 1926. ACPSB. Maurice Baudoux à Bourdel, 15 et 18 mai 1926. Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 19 mai [1926]. Bourdel au même, [mai 1926]. Mariette Baudoux au même, [juin 1926]. ACPSB. Mariette l’incite à prendre du Polyphorine Freyssenge qui a ont fait grand bien et lui en envoie trois flacons. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 1er juin 1926. ACPSB. J.-Hercule-Odilon Allard (1873-1946) est assistant directeur du journal Le Patriote de 1925 à 1929. De 1929 à 1930, il fut directeur des œuvres sociales du diocèse de Prince-Albert et l’ACFC lui confie la visite des écoles. Suppléant curé à Paradise Hill pendant quelques mois, il est supérieur et curé à Delmas de 1930 à 1933. « Quelques échos du congrès eucharistique de Chicago », Le Patriote de l’Ouest, 30 juin 1926, p. 4. M. Dussault à Maurice Baudoux, 2 et 25 juill. 1926. Laurent Bussière au même, 4 juill. 1926. J. René Mager au même, 31 juill. 1926. Valérien Gaudet au même, 18 août 1926. ACPSB. B. Kennedy (1883-1957) était prédicateur à Vancouver depuis 1924 lorsqu’il fut nommé supérieur du grand séminaire. Après son ordination, il avait travaillé à l’Université d’Ottawa, de 1910 à 1915, avant d’être envoyé en Colombie-Britannique. Maurice Baudoux à Bourdel, 1er sept. 1926. Le même, à Mariette Baudoux, 8 et 24 sept. 1926. ACPSB. Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 31 août 1926. ACPSB. Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 31 août 1926 ; 7 et 23 oct. 1926. Bourdel au même, 9 nov. 1926. ACPSB. Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 12 et 29 sept. 1926. J.-H.-O. Allard, o.m.i., Le Patriote de l’Ouest, 8 et 15 sept. 1926. ACPSB. Bourdel à Maurice Baudoux, 23 oct. 1926. Lors de son prochain passage à Prince-Albert, le curé ira vérifier si le nom de Maurice figure « sur le livre des débiteurs de l’évêché », et versera les cent dollars réclamés. ACPSB. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 29 oct. 1926. ACPSB. Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 4 nov. 1926. ACPSB. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 5 nov. 1926. Bourdel à Maurice Baudoux, 9 nov. 1926. ACPSB. Maurice Baudoux à Bourdel, 12 nov. 1926. ACPSB. Bourdel à Maurice Baudoux, 15 déc. 1926. Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 25 nov. 1926. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 26 nov. 1926. ACPSB. Maurice ne recevra les premiers ordres mineurs que le 29 juillet 1927, à Prince-Albert. Mariette Baudoux à Bourdel, [déc. 1926]. ACPSB. Mariette Baudoux à Bourdel, 15 [déc.] 1926. ACPSB. Mariette Baudoux à Bourdel, 22 déc. 1926. Mariette Baudoux à ses parents, 22 déc. 1926. Maurice Baudoux à Bourdel, 23 déc. 1926. ACPSB.
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Bourdel à Mariette Baudoux, 25 déc. 1926. ACPSB. Bourdel à Maurice Baudoux, 26 déc. 1926. ACPSB. J.-H. Prud’homme à Bourdel, 27 déc. 1926. ACPSB. Maurice Baudoux à Bourdel, 29 déc. 1926. ACPSB. Mariette Baudoux à Bourdel, 30 déc. 1926. ACPSB. Mariette Baudoux à Bourdel, 12 et 22 janv. 1927. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 19 janv. 1927. Huit scolastiques partiront en janvier et les autres après le 15 février : « Quand le train les a emportés, j’ai senti que c’était une partie de mon cœur qui s’en allait avec eux. » ACPSB. Mariette Baudoux à Bourdel, 4 et 11 févr. 1927. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 5 févr. 1927. ACPSB. Bourdel à Maurice Baudoux, 19 févr. 1927. Mariette Baudoux à Bourdel, 25 et 28 févr. 1927. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 25 févr. 1927. ACPSB. Bourdel, à Maurice Baudoux, 19 févr. 1927. Mariette Baudoux à Bourdel, [mars 1927] ; 10 mars 1927. ACPSB. P.-V. A., Poulette, 27 févr. 1927 ; Placide Châtelain, 18 avril 1927 ; Léon Jalbert, 24 avril 1927. Gérard Forcade, o.m.i., Lebret, aux confrères, juin 1927. « Je me rappelle trop bien les troubles que vous avez apaisés au profit de l’Académie chez les séminaristes l’an dernier, et aussi du dernier suprême effort que vous avez fait en septembre passé pour la remettre sur pied, que j’ai insisté beaucoup au comité qu’on me permette de vous envoyer une de ces lettres qui n’étaient destinées qu’aux anciens Oblats de l’Académie. » G. Forcade à Maurice Baudoux, 23 juillet 1927. ADO. Maurice Baudoux à Bourdel, 24 janv. 1927. ACPSB. Bourdel à Maurice Baudoux, 27 janv. 1927. « Que les Irlandais chevaliers soient opposés aux Canadiens français, rien de surprenant : ils l’étaient avant de se faire chevaliers. Que la société elle-même nous soit opposée, nous ne sommes pas autorisés à le dire puisqu’elle nous prouve le contraire en cherchant des recrues parmi les nôtres. » Maurice Baudoux à Bourdel, 1er et 11 févr. 1927. Antonio de Margerie à Maurice Baudoux, 26 mars 1927. ACPSB. Maurice Baudoux à Bourdel, 24 janv. 1927. Bourdel à Maurice Baudoux, [10 févr. 1927]. Le curé Bourdel l’encourage à persévérer dans la formation des enfants de sa maîtrise : « Oh ! C’est une besogne ingrate que je connais : mais les résultats sont intéressants. Et puis dans la vie il faut s’habituer à ne considérer que le devoir et non le plaisir. » ACPSB. Maurice Baudoux à Bourdel, 26 févr. 1927 ; 2 avril 1927. ACPSB. Joseph-Hercule-Odilon Allard (1873-1946) est né au Québec. Ordonné prêtre en 1900, il œuvre au Québec avant d’être prêté à la province d’Alberta-Saskatchewan où il est assistant directeur du journal Le Patriote de l’Ouest de 1925 à 1929. Ubald Langlois (1887-1953) est né en Ontario. Ordonné prêtre en 1914, il part pour l’Ouest, est professeur au juniorat d’Edmonton jusqu’en 1923, et devient assistant directeur du Patriote de l’Ouest (1923-1927). Louis Letellier à Maurice Baudoux, 1er et 4 sept. 1926. J.-H.-O. Allard, o.m.i., Le Patriote de l’Ouest, à M. Baudoux, 30 sept. 1926. J.-E. Morrier, Le Patriote de l’Ouest à Maurice Baudoux, 6 et 18 oct. 1926. U. Langlois à Maurice Baudoux, 2 déc. 1926. ACPSB. J. René Mager à Maurice Baudoux, 22 déc. 1926 ; 23 janv. 1927. Laurent Bussière à Maurice Baudoux, 4 avril 1927. ACPSB. Bourdel à Maurice Baudoux, 28 mars 1927. ACPSB. Mariette Baudoux à ses parents, 13 avril 1927. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 18 mai 1927. Mariette Baudoux à Bourdel, 26 et 30 mai 1927. ACPSB. Bourdel à Maurice Baudoux, 11 juin 1927. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 27 juill. 1927. Gustave Couture à Maurice Baudoux, 29 juill. 1927. ACPSB.
Notes du chapitre 4
1. 2. 3. 4.
Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 2 sept. 1927. ACPSB. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 5 sept. 1927. ACPSB. Maurice Baudoux à Bourdel, 7 sept. 1927. ACPSB. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 10 sept. 1927. ACPSB.
Notes
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5. Ibid. Cf. Chap. 2. Il apprend la présence, en 4e année, de trois candidats du diocèse de PrinceAlbert, MM. Paradis, Desfossés et Marquis, mais il ne connaît que le premier. « Je mâche force gomme pour remplacer Madame la pipe. C’est dur et je crois bien que cela contribue fort à ce malaise moral, toujours prêt à s’écouler en pleurs. » ACPSB. 6. Bourdel et Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 16 sept. 1927. Mariette Baudoux au même, 19 sept. 1927. ACPSB. Il n’a pas été possible de retrouver ce travail. 7. Maurice Baudoux à Bourdel, 18 sept. 1927. Le même à Mariette Baudoux, 22 sept. 1927. Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 27 sept. 1927. ACPSB. 8. « Well, I may say that we have a new seminary this year as many improvements have been made and of course you have already heard of the big change in the professors. Fr. McGuigan is just a wonderful rector, and we are all delighted to have him here. He is kindness itself, which you can easily imagine, and everyone feels real happy with him. » Joseph Burke à Maurice Baudoux, 24 sept. 1927. Alexandre Grimard au même, 1er oct. 1927. ACPSB. 9. Gustave Couture à Maurice Baudoux, 9 et 23 sept. 1927. James McGuigan à Maurice Baudoux, 28 sept. 1927. ACPSB. 10. Paul O’Reilly à Maurice Baudoux, 15 nov. 1927. Gustave Couture au même, 26 nov. 1927. ACPSB. 11. J. H. Garnier à Bourdel, 15 nov. 1927. Le délégué apostolique aurait permis aux Oblats de ressusciter le diocèse de Saint-Albert, ce qui fait espérer la division du diocèse d’Edmonton. Le père Salles a fondé une académie française au séminaire d’Edmonton, et les séminaristes iront faire le catéchisme dans la paroisse Saint-Joachim et à l’école Grandin. J.-H. Garnier à Maurice Baudoux, 26 déc. 1927. ACPSB. 12. « If I were in your place (with your intellect) I would surely take advantage of such an opportunity. » « So, use your head to beat your class-mates. » – « I wish Baudoux were here. The place seems dead without him. It seems strange not to see your white head above the others. Have you anyone there who is taller than you ? » J. Burke à Maurice Baudoux, 8 oct. 1927. ACPSB. 13. J. Burke, op. cit. 14. « I suppose you saw and admire the Plains of Abraham where the English put it over the French. The same old spirit. Eh ! » Paul O’Reilly à Maurice Baudoux, 2 oct. 1927. ACPSB. 15. « Great University of Hard Knocks ». « F. Patton used to tell us that we did not need to advertise our good qualities, but, if we really were in possession of them the world would soon become aware of the fact. » « We are running a race in which all way win a prize. » « Joe was broke the other day and said : Il Baudoux were here now, he would give me his last cent, like he often did. » Ibid., 9 oct. 1927. ACPSB. 16. Antonio Coursol à Maurice Baudoux, 17 oct. 1927 ; 26 déc. 1927. H. Lacoste au même, 2 janv. 1928. ACPSB. Après le déménagement du scolasticat à Lebret, les oblats ont vendu le séminaire et le terrain à Mgr O’Leary pour 50 000 $. L’évêque autorise les oblats à construire leur maison provinciale entre l’église Saint-Joachim et l’école, dont le terrain leur appartient. 17. Laurent Bussière à Maurice Baudoux, 14 sept. et 11 oct. 1927. ACPSB. 18. Comme on l’a vu au chap. 3, la récente canonisation de Thérèse de Lisieux a eu des échos dans tous les diocèses et marquera pour de nombreuses décennies la spiritualité des catholiques, à commencer par les prêtres et les religieux. Le récit autobiographique publié à l’initiative du carmel de Lisieux peu de temps après la mort de la religieuse a été le principal instrument de diffusion de sa spiritualité. 19. Gérard Forcade à Maurice Baudoux, 18 nov. 1927. ACPSB. 20. Maurice Dussault à Maurice Baudoux, 5 janv. 1928 ; 17 mars 1928. ACPSB. 21. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 7, 24 et 28 oct. 1927. Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 14 oct. 1927 ; 3 nov. 1927. ACPSB. 22. Maurice Baudoux à Bourdel, 20 oct. 1927. ACPSB. 23. Ibid. 24. Bourdel et Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 3 nov. 1927. Mariette s’inquiète de la constipation chronique dont souffre Maurice et lui conseille d’aller voir un médecin et de se procurer de la Polyphorine Freyssenge : « N’oublie pas que chez nous l’état de santé physique influence terriblement sur le moral. Nous sommes des impressionnables et tout en travaillant à nous cor-
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riger de cet excès, sachons faire la part des choses et comprenons que tout n’est pas perdu parce que nous avons cette impression. » ACPSB. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 3 et 24 nov. 1927. ACPSB. Arthur Leclerc à Maurice Baudoux, 27 déc. 1927. G. Fourcade au même, 31 déc. 1927. ACPSB. Nelly Baudoux à Maurice Baudoux, 13 nov. 1927 ; 27 déc. 1927. Edgard Baudoux au même, 21 et 28 déc. 1927, ACPSB. Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 15 nov. 1927 ; 22 déc. 1927. ACPSB. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 1er et 25 déc. 1927. ACPSB. Maurice Baudoux à Bourdel, 8 déc. 1927. ACPSB. Maurice Baudoux à Bourdel, 15 déc. 1927. ACPSB. Il rencontrera brièvement une vingtaine de connaissances du groupe de La Survivance, dont M. et Mme Denis, le Dr Petitclerc et son épouse. Bourdel à Maurice Baudoux, 13 déc. 1927. ACPSB. Marcel Moreau à Maurice Baudoux, 2 oct. 1927. ACPSB. Mariette Baudoux, à Maurice Baudoux, déc. 1927. Marcel Moreau au même, 4 févr. 1928. ACPSB. Cette lettre est la dernière qui a été conservée. J. Ad. Sabourin à Maurice Baudoux, 4 janv. 1928. Antonio sait qu’il sera ordonné le 5 février, mais il n’en a pas encore été avisé par Mgr Prud’homme. Famille Coursol au même, 5 janv. 1928. J.-B. Salles au même, s.d. [janv. 1928]. Mariette Baudoux au même, 4 avril 1928. ACPSB. Il termine sa lettre en le remerciant « des sentiments que vous témoignez pour les oblats ». H. Lacoste, à Maurice Baudoux, 2 janv. 1928. ACPSB. Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 6, 16 janv., 4 févr. 1928. Bourdel au même, 11, 19 janv. 1928 ; 21 févr. 1928. ACPSB. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 26 janv. 1928 ; 2 févr. 1928. ACPSB. Maurice Baudoux à Bourdel, 8 févr. 1928. Le même à Mariette Baudoux 23 févr. 1928. ACPSB. Il s’agit de la maison spécialisée où la paroisse commande ses vêtements liturgiques. Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 23 janv. et 20 févr. 1928. Nelly Baudoux au même, 15 févr. et 20 mai 1928. Nelly fera ses vœux perpétuels le 15 août 1928. Bourdel et Mariette Baudoux au même, 8 mars 1928. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 8 mars 1928. Robert Chevalier à Maurice Baudoux, 17 mars 1928. Edgard Baudoux au même, 22 mai 1928. ACPSB. Maurice Baudoux à Bourdel, 9 avril et 11 juin 1928. ACPSB. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 3 mai et 8 juin 1928. Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 22 avril [1928]. Bourdel au même, 25 mai 1928. Maurice Baudoux à Bourdel, 27 mai 1928. ACPSB. Maurice Baudoux à Bourdel, 31 mai 1928. Le même à Mariette Baudoux, 13 juin 1928. ACPSB. Maurice Baudoux à Bourdel, 24 juin 1928. Le même à Mariette Baudoux, 10 juill. 1928. A.-M. Parent à Maurice Baudoux, 10 juill. 1928. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 28 juill. 1928. ACPSB. Nelly Baudoux à Maurice Baudoux, 11 août 1928. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 14 août 1928. Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 14 août 1928. ACPSB. Léon Jalbert à Maurice Baudoux, 17 mars 1928. Paul L’Heureux au même, 27 mars 1928. Antonio Coursol au même, 16 avril et 17 mai 1928. Joseph Valois au même, 19 avril 1928. Laurent Bussière au même, 9 mai 1928 ; 1er août 1928. Joseph Burke au même, 11 mai 1928. François Frank Gerein au même, 16 juin et 25 juill. 1928. Émilien Lévêque au même, [juill. 1928]. Gustave Couture au même, 11 août 1928. Paul O’Reilly au même, 13 août 1928. ACPSB. Gérard Forcade à Maurice Baudoux, 12 avril 1928. ACPSB. C. Gagnon à Bourdel, 7 sept. 1928. ACPSB. Maurice Baudoux à Bourdel, 1er, 7 et 18 sept. 1928. ACPSB. On connaît alors la maladie grave de Mgr Mathieu et les spéculations vont bon train sur son éventuel successeur ; on craint la nomination d’un Irlandais pour lui succéder. Bourdel et Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 24 sept. 1928. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 22 sept. 1928. ACPSB.
Notes
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51. Nelly Baudoux à Maurice Baudoux, 19 oct. 1928, 8 avril 1929. Bourdel au même, 9 nov. 1928. ACPSB. 52. Bourdel à Maurice Baudoux, 25 nov. 1928. [note de son allocution à Montréal, déc.] ACPSB. 53. J. Tremblay à Maurice Baudoux, 13 janv. 1929. Sermon s.d. ACPSB. 54. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 4, 23 et 29 déc. 1928, 3 janv. 1929. Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 17 déc. 1928. ACPSB. 55. Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 14 janv. 1929 ; 5, 17 févr., 3 mars 1929. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 21 janv., 9 févr. 1929. ACPSB. 56. Bourdel et Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 12 mars 1929. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 22 févr. et 25 mars 1929. A. Coursol à Maurice Baudoux, 28 mars et 28 mai 1929. Mariette Baudoux au même, 2 et 27 mai 1929. ACPSB. 57. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 2 juin 1929. Maurice Baudoux à Bourdel, 5 juin 1929. Bourdel et Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 11 juin 1929. ACPSB. 58. « Mon premier sermon », 21 juill. 1929. ACPSB.
Notes de la présentation de la partie III
1. R. Lapointe et L. Tessier, Histoire des Franco-Canadiens de la Saskatchewan, Société historique de la Saskatchewan, 1986, p. 55. 2. Ibid., introduction, p. 1-2. 3. Laurier Gareau, « Les chevaliers du capuchon : la triste histoire du Ku Klux Klan en Saskatchewan », Revue historique [Société historique de la Saskatchewan], vol. 10, no 3, févr. 2000, p. 1-9. 4. Margaret Sanche, Heartwood. A History of St. Thomas More College and Newman Centre at the University of Saskatchewan, St. Peter’s Press, Muenster, 1986, chap. 2, « Newman Hall 1926-1936 », p. 41. 5. Lapointe et Tessier, op. cit., p. 68-81. 6. Pour comprendre l’attitude et la politique de Rome et sa vision anglo-protestante du Canada, cf. Roberto Perin, Rome et le Canada. La bureaucratie vaticane et la question nationale 1870-1903, Montréal, Boréal, 1993, 343 p. L’ouvrage a été publié d’abord en anglais en 1990 sous le titre Rome in Canada. The Vatican and Canadian affairs in the late victorian age, U of Toronto Press. 7. Cf. P. Prévost, La France et les nominations épiscopales au Canada de 1921 à 1940. Un combat pour la francophonie, chap. 2, « Vers la perte de l’Ouest », p. 78 ss. Voir aussi le chap. 3 du présent ouvrage. 8. Cité par Prévost, op. cit., p. 78. 9. Les notes qui suivent sont inspirées de Lapointe et Tessier, op. cit., p. 206 ss. 10. Pour une vue d’ensemble du réseau d’institutions nationales qui se sont mises en place dans tout le Canada depuis la Confédération, cf. Marcel Martel, Le deuil d’un pays imaginé. Rêves, luttes et déroute du Canada français, chap. 1. Le Bulletin ne connut que deux éditions, en nov. 1913 et en mars 1914. Howell et Vonda ont leur cercle. 11. En mai 1916, Frémont est engagé au Patriote de l’Ouest par le père Auclair et y restera jusqu’en 1923. À compter d’août 1916, il est aussi chef du secrétariat de l’ACFC qu’il servira pendant sept ans. Hélène Chaput, Donatien Frémont. Journaliste de l’Ouest canadien, chap. 3, p. 39 ss. 12. Extrait publié dans le journal L’Ami du foyer, cité par Lapointe et Tessier, op. cit., p. 217. 13. L. Charbonneau (1891-1984), né à Lefaivre, Ontario, est arrivé en Saskatchewan à l’été 1915, après avoir fait des études classiques et théologiques au Québec. Il fréquente l’école normale de Saskatoon (1915-1916) et obtient le brevet de 1re classe de professeur d’école secondaire. Il enseigne deux ans à Vonda et retourne à Ottawa où il est journaliste au Droit et secrétaire de l’ACFÉO. De retour en Saskatchewan en 1920, il est nommé inspecteur des écoles du district de Turtleford après quelques mois d’enseignement à Vonda. Il enseigne ensuite un an dans la nouvelle école séparée du village d’Edam, puis une autre année dans le village de Hoey. En septembre 1923, il revient définitivement dans l’Est pour enseigner à la nouvelle École de pédagogie de l’Université d’Ottawa qui deviendra quatre ans plus tard l’école normale de cette université. Pendant vingt ans, il est successivement professeur d’école normale, inspecteur d’écoles, rédacteur de manuels scolaires et président de la Commission des écoles séparées d’Ottawa. Il a fait carrière par la suite
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dans l’administration fédérale et a été directeur d’une école de formation des traducteurs du gouvernement du Canada. Tiré de L. Charbonneau, Histoire de la famille Charbonneau, juin 1982, p. 143, « Biographie de Louis Charbonneau » (pour l’histoire des Canadiens français de la Saskatchewan, par Raymond Denis). L. Charbonneau était l’oncle de Mgr Joseph Charbonneau (1892-1959). Charles-Joseph Magnan (1865-1942), gendre de Jean-Baptiste Cloutier, éducateur, auteur et directeur de revue, dont il a pris la succession en 1897 à la direction du journal pédagogique L’enseignement primaire auquel il collabore depuis 1885 et qu’il dirigera jusqu’à sa disparition en 1937 [DBC XIV, art. Jean-Baptiste Cloutier, p. 242]. La première réunion a lieu au presbytère de la paroisse Saint-Charles d’Ottawa. Les 19 membres fondateurs discutent de la possibilité de fonder une société secrète canadienne-française. Ils sont inquiets de l’avenir du groupe canadien-français en raison des « mesures extrêmes » prises alors par les hommes politiques et de la présence accrue d’immigrants d’origines les plus diverses. Le 27 janv. 1927, l’Ordre s’est doté d’un conseil supérieur appelé la Chancellerie et d’un corps recruteur, la cellule locale appelée la Commanderie. Six mois plus tard, l’Ordre dispose d’une constitution, de règlements, d’un rituel et d’un programme d’action et recrute des membres. Cf. D. Robillard, L’Ordre de Jacques-Cartier. Une société secrète pour les Canadiens français catholiques. 1926-1965, chap. 2, « La fondation », p. 31 ss. Louis Charbonneau, Ottawa, aux membres du comité d’enquête, août 1928 : « M. Raymond Denis [...] demeure au Canada depuis au moins 20 ans et il a pris une grande part aux activités canadiennes-françaises. C’est un homme influent, étant riche propriétaire de terres (environ 1 200 acres) et gérant général de La Sauvegarde pour les provinces de l’Ouest. Il a fondé, vers 1916, l’Association interprovinciale qui a amené plus d’une centaine d’institutrices canadiennes-françaises dans la Saskatchewan. Depuis 1923, il est président de l’ACFC ainsi que de l’ACEFC de la même province. C’est un des principaux actionnaires et collaborateurs du Patriote de l’Ouest. » Fonds OJC, C3/21/7, CRCCF. E. Lavoie, à J.-H. Prud’homme, 23 avril 1929. Fonds OJC, CRCCF. Mgr Prud’homme va aussi s’intéresser aux Chevaliers de Carillon, fondés à Montréal par l’abbé Arthur Paquin. L’organisme possède sa charte provinciale. L’évêque compte former le 2e chapitre dans son diocèse et présidera la première initiation en octobre 1930, La Presse, 4 juin 1930. Il s’agit des 15e, 16e, 25e et 32e commanderies à être fondées sous les noms respectifs de Mgr Langevin, 10 juin 1930, Alexandre Taché, 12 juin 1930, Vital Grandin 17 déc. 1931, et de Mgr Laflèche, 27 nov. 1932. Lors du 10e anniversaire de fondation de l’Ordre, on compte 98 commanderies, dont ces quatre-ci dans l’Ouest. Circ. 301, 18 août 1937. Fonds OJC, CRCCF. Ramsey Cook, « Triomphe et revers du matérialisme », Histoire générale du Canada, Craig Brown/ Paul-André Linteau, dir., chap. 5, p. 449 ss. Ibid., p. 535-539. J.-M. Mayeur, dir., Histoire du christianisme, Paris, Desclée-Fayard, 1990, chap. I, « Pouvoirs et orientations », p. 13 ss. Dès 1931, Mussolini veut faire fermer les clubs d’Action catholique qu’il accuse de propagande politique, Le Patriote de l’Ouest, 10 juin 1931 ; 29 juill., 5, 12 août 1931. Lors d’un congrès tenu à Québec du 6 au 8 sept., dont fait état Le Patriote de l’Ouest, 7 août 1940. Cf. G.-H. Lévesque, Souvenances, 1, chap. 5, « Expériences en tous sens », p. 213-284. Le P. Lévesque rappelle les débats qui avaient cours au sujet du parti CCF et du Crédit social et le rôle qu’il y a joué alors qu’il enseignait à Ottawa. Le Patriote de l’Ouest, 1936 à 1940. Cf. Robert Gagnon, Histoire de la Commission des écoles catholiques de Montréal, Boréal, 1996, p. 182 ss. Ce sont les dissensions au sein de la communauté juive qui seront à l’origine de l’échec de cette initiative, les plus riches favorisant une entente avec la commission scolaire protestante. Au sujet de ces dissensions, cf. Joe King, « La question des écoles juives », dans Les Juifs de Montréal, Carte blanche, 2002, p. 122 ss. Cf. Denis Monière, André Laurendeau, Montréal, Québec-Amérique, 1983, chap. 3, « De l’inquiétude à l’engagement nationaliste », p. 45-76. Donald J. Horton, André Laurendeau, Montréal, Bellarmin, 1995, chap. 2, « Nationalisme et séparatisme 1932-1934 », p. 45-75.
Notes
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27. Le Patriote de l’Ouest, 9 avril 1930 ; 11 févr. 1931 ; 12 août 1931 ; 5 avril 1933 ; 31 mai 1933 ; 30 août 1933. En 1934, on fera écho aux Protocoles des Sages de Sion, repris dans l’édition française Le Péril juif, qui dénonce un prétendu plan de conquête qui aurait été élaboré au congrès de Bâle en 1893, ce que nient les juifs. À ce congrès, répondent-ils, les sionistes s’étaient réunis afin d’établir une demeure nationale juive en Palestine. Le commentaire est révélateur de l’inquiétude du moment : « Au lieu de chercher quels sont les lunatiques qui ont produit les Protocoles de Sion, les chefs de tous les pays devraient se liguer pour en enrayer les effets désastreux en leur opposant les Protocoles de l’Évangile dont le but est l’instauration du règne du Christ. » Patriote, 7 nov. 1934 ; 20 oct. 1937 ; 30 nov. 1938 ; 28 déc. 1938. 28. Bernard Dansereau, « La place des travailleurs juifs dans le mouvement ouvrier québécois au début du XXe siècle », dans Anctil, dir., Juifs et Canadiens français dans la société québécoise, Septentrion, 2000, p. 127 ss. 29. Le Patriote de l’Ouest, 2 juin 1937 ; 8 et 29 sept. 1937 ; 6 oct. 1937 ; 10 nov. 1937 ; 1er déc. 1937 ; 5 et 26 janv. 1938 ; 16 févr. 1938. Francis Lohmer, Muenster, à Maurice Baudoux, 10 août 1937. ACPSB. 30. Le Patriote de l’Ouest, 30 août 1939. En décembre 1941, le même journal va signaler les mesures anti-japonaises prises par la Colombie-Britannique, 10 déc. 1941. 31. La Liberté et le Patriote, 11 nov. 1942. La Survivance, 26 juin 1946, 24 juill. 1946 ; 7 avril 1948.
Notes du chapitre 5
1. Né le 21 oct. 1861 à Saint-Mars-la-Jaille, Loire inférieure, C. J.-B. Bourdel fréquente le collège Châteaubriant (1874-1877), le Petit Séminaire de Nantes (1877-1881), puis le Grand Séminaire de Nantes (1881-1886). Il est ordonné prêtre à Nantes le 29 juin 1886, et a été vicaire à NotreDame-de-Bon-Port de 1899 à 1904 avant de s’embarquer pour l’Ouest canadien. 2. Souvenir du jubilé d’argent 1904-1929 de la Paroisse St-Donatien de Prud’homme, mercredi 17 et jeudi 18 juillet 1929, 36 p. Donatien et Rogatien sont de jeunes martyrs du IVe siècle à Nantes, choisis comme patrons par le curé Bourdel qui était originaire de cette ville. 3. Voir le récit qu’en a fait Mgr Bourdel en 1931, l’année où Maurice Baudoux lui succédait comme curé de la paroisse, C.-J.-B. Bourdel, « Les origines d’une vocation », Bulletin de la Société historique de Saint-Boniface, printemps 1999, p. 3-19. La version anglaise de ce récit avait été publié en 1981 dans Life at it was. Prud’homme, Saskatchewan, 1897-1981. 4. Maurice Baudoux à G. Murray, Saskatoon, 28 août 1934. Bourdel à Murray, 28 nov. 1934. Saskatoon Diocese Archives (SDA). 5. Notes dact. d’une page chacune sur les villages de Prud’homme, Vonda et Saint-Denis, 1947, s.n. ACPSB. 6. L’institut des Filles de la Providence a été fondé à Saint-Brieuc en 1818, au lendemain de la Révolution française, par Jean-Marie de Lamennais, fondateur aussi des frères de l’Instruction chrétienne. En mai 1897, six sœurs arrivent à Prince-Albert à la demande de Mgr Albert Pascal (1848-1920) pour fonder l’école de Saint-Louis. Trois d’entre elles font du service à l’évêché de Prince-Albert de 1897 à 1914. De 1901 à 1906, elles dirigent l’orphelinat de Prince-Albert. Une fondation se fait à Domrémy en 1903, une autre à Howell en 1905, pour l’enseignement. 7. Ce détail est livré dans une lettre à Mariette, au moment de la maladie grave d’Edgard Baudoux. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 21 juin 1971. 8. Maurice Baudoux, « Sermons », notes ms, s.d., 4 p. ACPSB. Le Patriote de l’Ouest, 12 mars 1930, p. 4. 9. Maurice Baudoux, texte de 24 p. d’une conférence pour la journée missionnaire en 1932. On trouve aussi des textes pour les années 1934, 1935, 1937. ACPSB. 10. Dans la section « Sermons », ACPSB. 11. Maurice Baudoux, « Sur une danse », 1er mars 1931, notes ms. 2e Instruction sur l’éducation chrétienne, 3 avril 1932. ACPSB. Dans une lettre circulaire, Mgr Prud’homme évoque la circulaire du délégué apostolique aux évêques du Canada en date du 7 juill. 1934, et rappelle trois décrets de la Congrégation consistoriale concernant « les danses organisées au profit des œuvres parois-
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siales » (31 mars 1916) et « certaines danses aux États-Unis de l’Amérique du Nord et au Canada » (31 déc. 1916 et 10 déc. 1917). J.H. Prud’homme, Prince-Albert, à Maurice Baudoux, Prud’homme, 1er mars 1930, SDA. Maurice Baudoux, brouillon ms, s.d. [1931], à Mgr Prud’homme. ACPSB. En mars 1928, après les attaques injustes du Ku Klux Klan contre les catholiques, la convention conservatrice de Saskatoon adopte une résolution afin d’interdire tout symbole religieux dans les écoles publiques et là où les élèves sont de diverses religions, de même que les habits religieux. Lettres circulaires de Mgr J.-H. Prud’homme, vol. II, no 2, 22 déc. 1929, p. 26-29. SDA. G.-L. Pelletier, Québec, à Maurice Baudoux, 3 avril 1930. A.-M. Parent, Québec, à Maurice Baudoux, 9 janv. 1931. M. Fortier, Sherbrooke, à Maurice Baudoux, 23 déc. 1931. M. Ferragne, à Maurice Baudoux, 22 sept. 1943. ACPSB. Maurice Baudoux, « Sermons » [nov. 1929, car il est prêtre depuis 4 mois], notes ms, 10 p. ACPSB. 12e instruction sur l’éducation chrétienne, 19 févr. 1933. Rénovation des promesses du baptême, 15 juin 1930. Aux candidats à la Croisade eucharistique, s.d. Allocution à la réunion de l’Amicale des anciennes à Prud’homme, 25 sept. 1932. ACPSB. Armand Tombu à Maurice Baudoux, 2 janv. 1933. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 9 nov. 1933. ACPSB. Le même à Prud’homme, 12 juill. 1933. SDA. Maurice Baudoux, à Mgr Ross, 7 sept. 1933, Fonds ACF, Saskatchewan Archives Board (SAB). Santha à Maurice Baudoux, 2 juill. 1934. Maurice Baudoux à Apostolat liturgique de l’abbaye de Saint-André, 31 oct. 1934. ACPSB. « La méthode évangélique », III, « Conclusion générale », IV, 23 sept. 1933 ; document du Comité de l’enseignement du français de l’ACFC de la Saskatchewan, dont Maurice Baudoux est président, SDA. Circ. au clergé et lettre pastorale, 12 avril 1936 et déc. 1936, SDA. Léo Blais à Maurice Baudoux, 14 avril 1937, ACPSB. O. Fournier à Maurice Baudoux, 18 et 22 nov. 1937, 1er et 27 déc. 1937 ; 26 août 1938 et 7 sept. 1938. G. Lafaille à Maurice Baudoux, 12 sept. 1938. Maurice Baudoux à Drouin, 20 sept. 1938 et 19 nov. 1938. J. St-Pierre, à Maurice Baudoux, 30 janv. 1937. ACPSB. 1941. Filmslide Rental Service, 1941, STM Saskatoon, Anglin Collection. H. Desmarais à Bourdel, 29 sept. 1929. Brouillon de lettre s.n., 7 mars 1930, sans destinataire identifié, [peut-être les marguilliers de la paroisse], écrit de la main de Maurice Baudoux mais dont le contenu semble dicté par Mgr Prud’homme. ACPSB. P. Santha à Maurice Baudoux, 13 et 18 mars 1930. Rencontre du 8 avril 1930. Hermas Desmarais à Maurice Baudoux, 9 mai 1930. ACPSB. Maurice Baudoux, Rapport pour l’année 1930 de la paroisse Saint-Ladislaus, roi des Hongrois, dont il est l’administrateur, avec lettre, 19 janv. 1931. H. Desmarais à Maurice Baudoux, 26 janv. et 2 févr. 1931. Maurice Baudoux, à H. Desmarais, 2 févr. 1931. Maurice Baudoux à Liktor, 5 févr. 1931. Bourdel à J.-H. Prud’homme, 20 févr. 1931. Prud’homme à Bourdel, 24 févr. 1931. Bourdel à Prud’homme, [1er mars 1931]. Liktor à Prud’homme, 9 mars 1931. Bourdel à Prud’homme, 14 mars 1931. Le titre de propriété cédé le 4 juill. 1931 aux trustees de la salle des Hongrois. N. Burrell à Maurice Baudoux, 13 nov. 1933. Peter Pulai à Prud’homme, s.d. [1933]. Maurice Baudoux à Prud’homme, 26 déc. 1933. P. Santha à Maurice Baudoux, 28 déc. 1933. Maurice Baudoux à Prud’homme, 3 janv. 1934. Maurice Baudoux à Solymos, 3 janv. 1934. Baudoux à Pulai, 3 janv. 1934. Prud’homme à Maurice Baudoux, 6 janv. 1934. Solymos à Maurice Baudoux, 8 janv. 1934. ACPSB. Maurice Baudoux, à Murray, 30 août et 19 sept. 1934. SDA. Sr. Rita Kulcsar à Maurice Baudoux, 10 août 1935 ; Sr. Ida Horvath au même, 21 août 1935, ACPSB. A. Pelletier à Maurice Baudoux, 15 mars 1930 ; U. Robert à Maurice Baudoux, 28 nov. 1930. Maurice Baudoux à Charles Charlebois, 19 juin 1931. Alphonse Pelletier à Maurice Baudoux, 21 déc. 1932. ACPSB. Cette question est traitée au chapitre 6. Bourdel à Prud’homme, 9 août 1931. Bourdel à Prud’homme, 24 août 1931, SDA. Le 19 sept. 1933, le curé Baudoux est invité par les avocats Lindsay et Hutcheon à signer les documents pour le transfert d’une portion de terrain cédée aux administrateurs de la paroisse, à la Corporation épiscopale de Prince-Albert. ACPSB.
Notes
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28. Maurice Baudoux. Rapport au diocèse pour 1931. Rapport financier pour les années 1931, 1936 et 1941. Maurice Baudoux à l’abbé Lirette, 15 janv. 1932. SDA. 29. Vœux du 1er janv. 1932. ACPSB. Maurice Baudoux à Prud’homme, 15 janv. 1932 ; 17 avril 1933. SDA. Maurice Baudoux à Dr AL Lynch, 26 janv. 1933. Le Patriote de l’Ouest, 3 mai 1933. 30. Autorisation donnée le 19 juin 1932. Distribution des prix de l’ACFC, 6 nov. 1932 ; réunion des Dames de l’Union paroissiale, 4 déc. 1932 ; partie de cartes et concert 11 déc. 1932. Prière pour le succès de cette retraite, Baudoux, 10 juill. 1932. ACPSB. 31. Sœur Rustica à Maurice Baudoux, 27 août 1931. Collecte de vêtements, 13 déc. 1931 et 20 nov. 1932. Notes pour Noël, 25 déc. 1932. A. Grimard à Maurice Baudoux, 22 mai 1933. ACPSB. 32. Prud’homme à W.-B. Grant, 6 et 24 août 1929. Grant à Prud’homme, 4 oct. 1929. H. Desmarais à Grant, 23 janv. 1930. ADO. A. Jan à Bourdel, 29 avril 1930 ; 26 oct. 1930. ACPSB. Prud’homme à Grant, 7 août 1930. Desmarais à Grant, 26 oct. 1930. ADO. Lettre circ. au clergé de Mgr Prud’homme, 26 oct. 1930. 33. Concernant cette question, cf. Prévost, op. cit., « L’échec de Mgr Prud’homme à Saskatoon », p. 91-93. 34. Maurice Baudoux à C. Charlebois, 19 juin 1931. ACPSB. 35. R. Denis à Maurice Baudoux, 20 oct. 1931 ; Alphonse Pelletier à Maurice Baudoux, déc. 1931. Maurice Fortier à Maurice Baudoux, 23 déc. 1931. P.-E. Gosselin à Maurice Baudoux, 10 juill. 1932. J.-A. Sabourin à Maurice Baudoux, 16 déc. 1932 et 8 mai 1933. ACPSB. Émile Yelle (1893-1847) sera relevé de ses fonctions en 1941 à cause d’une grave maladie des reins. Il se retire à l’Hôtel-Dieu de Montréal en juillet 1941 et y décède le 21 déc. 1947. APSSM. 36. Prud’homme à Bourdel, 18 déc. 1932. ACPSB. 37. Maurice Baudoux à Prud’homme, 17 avril 1933 ; il s’excuse d’avoir tardé à en payer les frais de 10 $, faute d’argent. Prud’homme à Maurice Baudoux, 18 mai 1933, ACPSB. 38. Maurice Baudoux à Prud’homme, 14 janv. 1933. Prud’homme à Maurice Baudoux, 18 janv. 1933. Maurice Baudoux 7 juin 1933 et Thomas Marquis 15 juin 1933, à Prud’homme. SDA. 39. Maurice Baudoux, à Prud’homme, 5 janv. 1933. SDA. L’archevêque de Regina dit ignorer si le diocèse sera divisé et si Prud’homme fera partie du nouveau ou de l’ancien diocèse. McGuigan à Maurice Baudoux, 27 déc. 1933. L.-J. A. Melanson à Maurice Baudoux, 19 mars 1934. ACPSB. Le Patriote de l’Ouest, 25 avril 1934. 40. Albert Ouellet à Maurice Baudoux, 10 avril 1934, ACPSB. Il lui envoie les statistiques fédérales de 1931 et manifeste sa crainte que le diocèse ne vienne au premier rang du nombre (20 %) des catholiques qui ne mettent pas les pieds à l’église, d’après ces statistiques et celles des évêques. Il ajoute : « Le clergé allemand ou au moins français aurait-il droit de présenter des vœux au nouvel évêque ? M. Pierre devrait bien accepter si on lui offre. Si non, nous espérons que vous vous dévouerez puisque vous formez là-bas le groupe le plus nombreux et le plus compact. » 41. Maurice Baudoux à [G. Murray], s.d. [1934] brouillon ms. ACPSB. 42. Le Patriote de l’Ouest, 4 et 11 avril 1934 ; 3 et 24 février 1937 ; 3 mars 1937. G. Murray à Maurice Baudoux, 7 avril 1934. Prud’homme à Maurice Baudoux, 24 déc. 1934. ACPSB. Prud’homme à ses prêtres, 9 févr. 1937. ACF. 43. Le Patriote de l’Ouest, 20 juin 1934 et 7 nov. 1934. Maurice Baudoux à Murray, 28 août 1934, SDA. Le curé précise que Mgr Bourdel n’a jamais exigé la rente viagère, mais qu’il a gardé les bénéfices de 1932 et 1933, en raison du peu de rendement de la ferme. Quant à l’hypothèque, rien n’a été payé et « il faudra compter avec une réduction de cette dette » sur la ferme de M. Painchaud, qui valait environ 25 000 $ avant la crise. G.-F. Murray à Maurice Baudoux, 3 nov. 1934, ACPSB. Maurice Baudoux, à Murray, 8 oct. 1941, SDA. 44. Retraite fermée des dames, 27 août 1933. Maurice Baudoux, à Mariette Baudoux, 9 nov. 1933. FX Bellavance à Maurice Baudoux, 15 juin 1934. Notes de Maurice Baudoux, s.d. [1934], ACPSB. Maurice Baudoux à A. de Margerie, 14 mai 1934, ACF. 45. Maurice Baudoux à Murray, 16 mai 1935, 30 oct. 1935 ; 8 et 20 mai 1936 ; 30 oct. 1936 ; 17 et 31 janv. 1937 ; 26 et 28 avril 1937 ; 27 sept. 1937 ; 2 févr. 1938 ; 29 et 30 mars 1938 ; 8 mai 1938 ; 20 juill. 1938 ; 14 et 21 sept. 1938 ; 13 mars 1939 ; 27 déc. 1939 ; 22 et 25 janv. 1940 ; 6 mai 1940 ; 20 sept. 1940 ; 21 nov. 1940 ; 22 mars 1943. Bourdel à Murray, 10 févr. 1936. A. de Margerie à Murray, 6 sept. 1938. SDA.
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46. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 20 et 24 janv. 1936 ; 4, 7, 11 et 18 févr. 1936 ; à ses parents, 15 févr. 1936. Le même aux paroissiens, 24 janv. 1936. ACPSB. 47. Prud’homme à Maurice Baudoux, 21 avril et 20 mai 1936. U. Langlois à Maurice Baudoux, 17 mai 1936, ACPSB. 48. Le Patriote de l’Ouest, 5 juin 1935, Prud’homme, 24 mai, réception de 4 nouveaux clercs. 49. Sr Jean Berchmans à Maurice Baudoux, 14 août 1936. Maurice Baudoux à Sr Jean Berchmans, 16 août 1936. ACPSB. 50. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 29 juin et 4 juill. 1938, ACPSB. Le Patriote de l’Ouest, 5 juill. 1939. Maurice Baudoux, à Drouin, 19 nov. 1938. Le Patriote de l’Ouest du 23 nov. 1938 rapporte la visite du P. Fournier à Prud’homme. À compter du 16 avril 1941, les journaux La Liberté et Le Patriote de l’Ouest fusionnent sous le nom de La Liberté et le Patriote. La Liberté et le Patriote, 23 avril 1941 et 11 juin 1941. 51. La Liberté et le Patriote, 17 janv. 1943 ; 14 févr. 1943 ; 21 févr. 1943 ; 14 mars, 21 mars 1943 ; 4 avril, 11 avril ; 9 mai 1943, 23 mai 1943 ; 1er août 1943, 8 août 1943, 22 août 1943 ; 10 oct. 1943 ; 22 sept. 1943 et 28 sept. 1943 ; 3 août 1943. 52. « Fédération des groupes catholiques de la Saskatchewan en vue de l’Action catholique », mars 1933. Maurice Baudoux au secrétaire de l’ACJC, 16 mars 1933 ; 4 et 7 avril 1933. B. Léveillé à Maurice Baudoux, 18 avril 1933. Maurice Baudoux à la Fédération catholique des éclaireurs de Montréal, 2 août 1935. L. Lafrenière à Maurice Baudoux, 3 sept. 1935. Francis Lohmer à Maurice Baudoux, 10 août 1937. Maurice Baudoux, à A. de la Rochelle, 6 nov. 1937. ACPSB. 53. Nelly est à Biggar en févr. 1934 A. Tombu à Maurice Baudoux, 5 et 24 févr., 2 mars 1934. Nelly Baudoux, à Maurice Baudoux, [6 mars et 8 avril 1934]. Certificat de mariage de N. Baudoux à F.S. Balcombe à l’église St. Mary’s de Saskatoon, 28 déc. 1937. Maurice, dont on n’a pas retrouvé la date de naissance ; Georges, né le 29 sept. 1940 et baptisé le 6 oct. 1940, a pour parrain Maurice Baudoux. ACPSB. 54. Edgard Baudoux à Maurice Baudoux, 26 sept. 1929. Élie Malfair au même, 18 avril 1932. Edgard Baudoux à É. Malfair, 26 nov. 1932. É. Malfair à Maurice Baudoux, 2 janv. 1933. Maurice Baudoux à É. Malfair, 12 janv. 1933. É. Malfair à Maurice Baudoux, 24 janv. et 13 avril 1933. É. Malfair à Edgard Baudoux, 1er juin 1933. É. Malfair à Maurice Baudoux, 7 et 24 juin 1933 ; 14 mai 1934 ; 5 août et 5 nov. 1938 ; 9 janv. 1939, ACPSB. 55. Mariette Baudoux à Norbert Baudoux, 29 sept. 1933. Maurice Baudoux, à Mariette Baudoux, 9 nov. 1933. Nelly Baudoux à Norbert Baudoux, 2 janv. 1936. Mariette Baudoux au même, 3 janv. 1936. Garnier à Mariette Baudoux, 14 avril 1937. Edgard Baudoux à la même, 8 janv. 1947. ACPSB. 56. Notes de la réunion du conseil, 13 avril 1944. ACPSB. Maurice Baudoux à I. Antoniutti, 14 avril 1944. SDA. Le même à Pocock, 14 avril 1944, ACPSB. Le même à [chancelier Kennedy ?], 14 avril 1944 ; Antoniutti à Baudoux, 18 avril 1944 ; Baudoux à Antoniutti, 20 avril 1944, SDA. La Liberté et le Patriote, 5 mai 1944. Maurice Baudoux, à Bruno Desroches, 27 avril 1944, ACPSB. 57. Pocock à Baudoux, 29 avril, 10 et 15 mai 1944. Baudoux, à Pocock, 13 mai 1944. Le même, à Monahan, 15 mai 1944. ACPSB. 58. Srs Gertrudine et Gabriellina à Baudoux, 21 mai 1944. Baudoux, à Sr Marie Ethel de Sion, 7 juin 1944. Baudoux à Pocock, 25 mai 1944. Pocock à Baudoux, 27 et 30 mai 1944. ACPSB. 59. Maurice Baudoux, administrateur, 1er juin 1944. Le même, à Monahan, 9 juin 1944. Paul Bernier à Maurice Baudoux, 13 juin 1944. Monahan, à Maurice Baudoux, 15 juin 1944. ACPSB. 60. Baudoux à Mariette Baudoux, 26 et 30 juin 1944. Le même à Bourdel, 28 juin 1944. ACPSB. 61. Antoniutti à Pocock, 15 juill. 1944, SDA. Baudoux, Prud’homme, à Pie XII, 26 juill. 1944. Baudoux, à Antoniutti, 26 juill. 1944. Baudoux, à Pocock, 27 juill. 1944. ACPSB. La Liberté et le Patriote, 21 et 28 juill. 1944. Souvenir des fêtes d’investiture, 11 oct. 1944. Une séance dramatique et musicale est présentée au cours de laquelle on représente, avec la permission de l’auteur, une comédie de Léopold Houlé, Le presbytère en fleurs, qui avait été créée au Monument national de Montréal en 1929. Maurice Baudoux, à Mariette Baudoux, 22 août 1944. ACPSB. 62. Maurice Baudoux, à V. Morin, 21 août 1944 ; 4 sept. 1944. Canadian Publishers Ltd. à Maurice Baudoux, 5 sept. 1944. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 11 sept. 1944. Le bref papal arrive
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Notes
63. 64. 65. 66.
67. 68. 69. 70.
en octobre, avec une note de frais de cent trente dollars. Pocock à Antoniutti, 2 oct. 1944, SDA. Pocock à Baudoux, 2 oct. 1944. Maurice Baudoux au studio Charmbury, 3 oct. 1944. ACPSB. La Liberté et le Patriote, 20 oct. 1944, « Fêtes impressionnantes pour l’investiture de Mgr Baudoux à Prud’homme », p. 1-9. 20 nov. 1945, ACPSB. Baudoux à Pocock, 15 sept. 1945, 4 janv. 1946, SDA. P. F. Pocock à Maurice Baudoux, 16 nov. 1944. Maurice Baudoux aux supérieures, 20 déc. 1944. First Preliminary Meeting, 28 déc. 1944. SDA. First Annual Convention, 24 mai 1945, SDA. Ces priorités sont l’enseignement religieux à l’école primaire, à l’école secondaire, aux enfants du primaire qui ne fréquentent pas l’école catholique, les cours durant les vacances d’été, des examens uniformes pour le diocèse, l’enseignement religieux pour les étudiants à l’école normale et sa reconnaissance par un diplôme à présenter aux commissions scolaires catholiques, des groupes d’étude pour les adultes et l’éducation des parents. Maurice Baudoux à Pocock, 20 et 24 févr. 1945 ; 3, 8, 26 mars 1945, le même aux pasteurs du diocèse, 13 sept. 1945. SDA. Second Annual Convention, 24 mai 1946. SDA. Third Annual Convention, 23 mai 1947, SDA. Tramping Lake Catechetical Convention, 9 oct. 1947 ; Fourth Annual Convention, 4 sept. 1948. SDA.
Notes du chapitre 6
1. R. Huel, L’Association catholique franco-canadienne de la Saskatchewan : un rempart contre l’assimilation culturelle 1912-1934, chap. VIII, « Raymond Denis : chef national », p. 53. 2. Ibid., chap. IX, « Les blessés : 1929-1934 », p. 54. 3. Ibid. 4. Maurice Baudoux, à J.-R. Pelletier, Sainte-Anne-de-la-Pocatière, 9 mai 1944. ACPSB. A. de Margerie, Vonda, à Maurice Baudoux, 13 nov. 1929. « Le Regina Daily Star contre le français », Le Patriote de l’Ouest, 25 sept. 1929 ; Baudoux, « Congrès pédagogique et régional ACFC les 9-10 novembre », 13 nov. 1929 ; Baudoux, « L’enseignement du catéchisme », 1er et 8 janv. 1930. 5. R. Huel, ibid., p. 55-56. R. Denis, « Notre système scolaire ; Instruction religieuse dans nos écoles », Le Patriote de l’Ouest, 29 janv. 1930. 6. « Le projet de loi Anderson », texte du Regina Daily Star, Le Devoir, 22 févr. 1930. « Les persécuteurs du français sont des traîtres. A. Lavergne chez les Native Sons of Canada », Le Patriote de l’Ouest, 1er avril 1931. 7. « Protestation opportune » [de Mgr Prud’homme dans une lettre circulaire du 22 déc. 1929], Le Patriote de l’Ouest, 8 janv. 1930. « Notre système scolaire. Protestation épiscopale », 22 janv. 1930. Aussi 29 janv. 1930, 5, 12, 19 et 26 févr. 1930. Denis à Frémont, 27 févr. 1930, cité par Huel, op. cit., p. 58. 8. Le Patriote de l’Ouest, 12 févr. 1930 ; 5 et 12 mars 1930. O. Charlebois, Le Pas, à J.-H. Prud’homme, Prince-Albert, 19 janv. 1930. C. Charlebois, Ottawa, à J.-H. Prud’homme, Prince-Albert, 18 févr. 1930. J.-H. Prud’homme, Prince-Albert à C. Charlebois, Ottawa, 21 févr. 1930, ADO. 9. Cérémonie du transfert des crucifix d’écoles, Prud’homme 1930, texte ms. ACPSB. 10. Paul Bernier, à Maurice Baudoux, Prud’homme, 16 mars 1930. G.-L. Pelletier, Québec, au même, 3 avril 1930. É. Levêque, Saint-Boniface, au même, 17 mai 1930. Maurice Baudoux à H.-P. Pelletier, Trois-Rivières, 16 oct. 1930 ; Maurice Fortier, Sherbrooke, à Maurice Baudoux, 11 mars et 23 déc. 1931. A.-M. Parent, Québec, au même, 9 janv. 1931 : « Lorsque je lis dans les colonnes de l’Action catholique les activités du vicaire de Prud’homme, j’avertis... de ne plus attendre de vos nouvelles. Vous voilà Orateur de la Chambre. Cela doit vous avenir. J’aimerais à être chef de l’Opposition pour vous faire accepter mes points de vue. » Alexandre Dugré, Sherbrooke, au même, 11 mars 1931. ACPSB. Le Patriote de l’Ouest, 14 mai 1930. 11. É. Lavoie à J.H. Prud’homme, 23 avril 1929, Fonds OJC, CRCCF. O. Lafrance, Ottawa, à R. Denis, Vonda, 18 juin 1929, ACF/SAB. P.-V. 121, Chancellerie de l’OJC, 22 nov. 1930, Fonds OJC, vol. 8, BAC. Circ. 39, 24 nov. 1930, vol. 19, BAC. É. Lavoie, à G. Antoine Grondin,
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Québec, 15 déc. 1931, Fonds OJC, C3A5.2, 4, CRCCF. R. Denis, Montréal, à Maurice Baudoux, Prud’homme, 20 oct. 1931, ACPSB. Maurice Baudoux, Notes, 22 et 29 nov. 1931. Texte de 18 p. s.d. dans lequel Baudoux rappelle l’exploit de Dollard au Long-Sault qu’il applique à la situation actuelle, et qui se termine ainsi : « Toi, jeune homme, et toi, et toi – vous tous qui portez un nom français – Vous appartenez à cette race. Ne l’oubliez pas ! Et si petit qu’est le nombre des nôtres en cette province, rappelez-vous que voilà bientôt 300 ans, 17 des tiens ont arrêté 800 Iroquois – exactement 1 contre 47. » ACPSB. ACFC, 21 août 1931. Fonds ACF, SAB. Le Patriote de l’Ouest, 6, 13, 20 juill. 1932. Étant donné l’importance de cette activité, elle fera l’objet du chap. 7. Le Patriote, 27 mars 1929. A. Coursol à Maurice Baudoux, s.d. [1929-09]. Le Patriote de l’Ouest, 5, 12 et 19 mars, 2, 9, 16 avril 1930 ; 16 juill. 1930. Prud’homme à Maurice Baudoux, 17 oct. 1930, Fonds ACF, SAB. Le Patriote de l’Ouest, 19 nov. 1930 ; 21 janv. 1931. Annonces paroissiales, 1er févr. 1931, ACPSB. A. de Margerie à Maurice Baudoux, 30 mai 1931, Fonds ACF, SAB. Le Patriote de l’Ouest, 4, 11, 18 févr. 1931 ; 29 avril 1931 ; 6, 13 mai, 3, 10 juin 1931. Notes ms de cette circulaire de l’écriture de Maurice Baudoux, s.d., ACPSB. J. Guy à R. Denis, 5 mars 1930. R. Denis aux membres de l’ACFC, 24 juin 1931. Résolutions 4 et 20 du Congrès des 7-9 juill. 1931, Fonds ACF, SAB. Le Patriote de l’Ouest, 15, 22, 29 juillet 1931. Exécutif ACFC, 6/7 août 1932. A. de Margerie à Laurent Roy, 14 août 1931. A. de Margerie à l’exécut. E.C. Cadieux, Willow Bunch, à Maurice Baudoux, 5 sept. 1931. Maurice Baudoux, à Cadieux, 6 août 1932. Fonds ACF, SAB. A. de Margerie à Maurice Baudoux, 13 nov. 1929. Sermon pour Le Patriote de l’Ouest [1930], ACPSB. Le Patriote de l’Ouest, 30 avril 1930 ; 7, 14, 21, 28 mai, 4 juin 1930 ; 9 juill. 1930 ; 27 mai 1931 ; 26 juill. 1931 ; 20 janv. 1932 ; 17 avril 1932 ; 4 mai 1932 ; 1er, 26 juin 1932 ; 6, 20 juill. 1932 ; 24 mai 1933 ; 14 juin 1933 ; 27 déc. 1933 ; 29 août 1934 ; 26 sept. 1934 ; 10 juill. 1935 ; 26 févr. 1936 ; 1er, 15 mai, 19 juin 1940. Il s’agit de l’encyclique Divini Illius Magistri du 31 déc. 1929 sur l’éducation chrétienne de la jeunesse. L’abbé Baudoux fera venir des États-Unis un Curriculum in Religion de 157 pages qui lui semble bien fait, comme il l’écrit à A. de Margerie, 17 févr. 1932. Prud’homme à Maurice Baudoux, 10 et 17 sept. 1931 ; Maurice Baudoux à Mollier, 12 sept. 1931 ; le même à A. Coursol, 26 sept. 1931. ACF/SAB. Maurice Baudoux à Prud’homme, 11 sept. 1931, SDA. Le Patriote de l’Ouest, 9 et 30 sept. 1931, 21 et 28 oct. 1931 ; 4 nov. 1931. Le Patriote de l’Ouest, 13 janv. 1932 ; 2, 9, 16, 23 mars 1932 ; 12, 15, 19 mars 1932. Maurice Baudoux à Antoine Poirier, 15 avril 1932, Fonds ACF, SAB. Le même au sec. de l’ACJC, Montréal, 16 mars 1933 ; 7 avril 1933. Brunelle Léveillé à Maurice Baudoux, 18 avril 1933. Maurice Baudoux à Melanson, 21 févr. 1934, ACPSB. Maurice Baudoux à A. de Margerie, 20 févr. 1932, Fonds ACF, SAB. Eugène Durette à Maurice Baudoux, 17 juill. 1935. J. Godard à Maurice Baudoux, 24 juill. 1935. Maurice Baudoux à Prud’homme, 21 août 1935. Prud’homme à Maurice Baudoux, 31 août 1935. A. de Margerie à Maurice Baudoux, 17 sept. 1935. Fonds ACF, SAB. Le Patriote de l’Ouest, 2 août 1939. Maurice Baudoux à [dominicain non identifié en l’absence du P. Duprat], 27 mars 1933, Fonds ACF, SAB. Le Patriote de l’Ouest, 29 mars 1933 ; 19 juill. 1933 ; 2 août 1933 ; 20 sept. 1933 ; 25 oct. 1933 ; 1er et 8 nov. 1933 ; 13 et 27 déc. 1933. Le Patriote de l’Ouest, 21 et 28 mars 1934 ; 27 juin 1934 ; 11 et 18 juill. 1934. Étude du Comité d’enseignement du français de l’ACFC-Saskatchewan, 1933, SDA. Le Patriote de l’Ouest, 1er, 8, 15 août 1934 ; 5, 26 sept. 1934 ; 17 oct. 1934. P.-v. de l’exécutif du 14 mars 1934, A. de Margerie à Adrien Malo, 2 nov. 1934. Fonds ACF, SAB. A. de Margerie à Laurent Roy, 14 nov. 1934 ; le même à Maurice Baudoux, 16 nov. 1934. Adrien Malo à Margerie, 18 nov. 1934. Maurice Baudoux à Margerie, 9 janv. 1935. ACF/SAB. Maurice Baudoux à Murray, 30 janv. 1935. SDA. Malo à Margerie, 7 févr. 1935. Margerie à l’ACFC, 11 févr. 1935. Le même à Malo, 18 févr. 1935. Fonds ACF, SAB. Le Patriote de l’Ouest, 13 févr. 1935.
Notes
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29. Maurice Baudoux à Prud’homme, 28 févr. 1935. ACPSB. P.-v. exéc. à Regina, 14 mars 1935. Margerie à Maurice Baudoux, 28 mars 1935. Maurice Baudoux à exéc., 4 juillet 1935, Fonds ACF, SAB. Le Patriote de l’Ouest, 21 août 1935. 30. Il s’agit d’un document de 32 pages. ACPSB. Maurice Baudoux à Margerie, 4 janv. 1936, Fonds ACF, SAB. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 11 janv. 1936. Notes de 7 p. 14 janv. 1936. ACPSB. Maurice Baudoux à Murray, 22 mars 1937, envoi de l’édition de 1936 des statuts généraux de l’ACFC, SDA. 31. Maurice Baudoux, Rapport de la réunion du 19 janv. 1936, texte ms de 12 p. qui constitue le compte rendu de son voyage dans l’Est, Fonds ACF, SAB. 32. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 20 janv. 1936. Il loge au presbytère Saint-Jacques de Montréal avec une dizaine de Sulpiciens grâce à un arrangement fait par le nouveau recteur de l’Université de Montréal, Olivier Maurault, qui est aussi aumônier de la SSJB de Montréal. Invité à prendre la parole à Trois-Rivières, Saint-Hyacinthe et Sherbrooke, M. Baudoux est d’abord tenté de refuser pour se reposer, mais il accepte, car « c’est le président de l’ACFC qui est invité par des bienfaiteurs passés, actuels et probablement futurs ». Il ira aussi à Québec. ACPSB. 33. Maurice Baudoux, « Saskatchewan », 14 janv. 1936, texte annoté dont il s’est servi en le complétant pour plusieurs rencontres, celle du 19 janvier, son discours à l’École primaire supérieure, sa conférence publique à Saint-Hyacinthe au Séminaire de Québec, sa réunion à la SSJB de Québec et ailleurs devant de petits groupes. Le texte en deux parties traite d’abord de la situation géographico-démographique et de ses conséquences sur la préservation de la langue, de la situation religieuse et de la situation juridique scolaire avec ses conséquences. La deuxième partie s’intitule : « Ce que nous attendons de l’Est », en termes de biens spirituels et de biens matériels. Fonds ACF, SAB. 34. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 24 janv. 1936. ACPSB. La crainte du mouvement séparatiste est encore présente un an plus tard, dans une lettre du père Joyal, qui apprend à Maurice Baudoux, le 4 août 1937, que le cardinal Villeneuve s’est exprimé clairement sur le sujet à Sherbrooke : « Pour l’heure, l’abbé Groulx devra s’en tenir à son terme équivoque ou se replier sur un État spirituellement français tout au plus. » ACF/SAB. 35. M. Baudoux, texte de 7 p. 19 janv. 1936, prononcé le 28 juill. 1936 à l’ouverture du congrès général de l’ACFC. Six lettres à Mariette entre le 11 janv. et le 18 févr. font état de ses déplacements et de ses activités au cours de ces semaines. ACPSB. 36. Maurice Baudoux à A. de Margerie, 8 févr. 1936, Fonds ACF, SAB. Le Patriote de l’Ouest, 19 févr. 1936. A. J. Pelletier à Maurice Baudoux, 16 et 25 mars 1936 ; Coats à A. de Margerie, 16 mars 1936, ACPSB. 37. Ce journal se présente comme un hebdomadaire politique et littéraire dont les administrateurs sont Paul Talbot et Roger Vézina, le directeur, Paul Bouchard, le rédacteur en chef, Pierre Chaloult. Les autres sont Albert Pelletier, Pierre Letarte, Jean-Louis Gagnon de la Voix de l’Est. Maurice Gauvreau signe les gravures. Le journal publie en exergue à la une du premier numéro une citation de l’oblat J.-M.-R. Villeneuve tirée d’un article de L’Action française de 1922 : « Qu’un état catholique et français puisse, au cours du siècle qui s’annonce, prendre place dans la vallée du SaintLaurent, voilà qui n’est plus, au sentiment de plusieurs, une pure utopie, mais un idéal digne d’ambition, un espoir solidement fondé. » – « Nous serons nationalistes et séparatistes », écrivent ces hommes qui sont antifédéralistes et vivement opposés à l’aide fédérale aux fermiers de l’Ouest. Ils ont le préjugé favorable à l’égard de Mussolini, de l’abbé Groulx, de la Ligue de l’Achat chez nous, dénoncent l’immigration d’un millier de Juifs qui seraient passés en contrebande au Canada (21 mars 1936), s’en prennent à Henri Bourassa en présentant un bilan ravageur (28 mars 1936) de l’école nationaliste de 1911 dont il est l’initiateur. Ce journal ne semble pas avoir paru longtemps. Les ANQ n’ont que les numéros de février et mars 1936. 38. Maurice Baudoux, texte ms s.d. [févr. 1936] ACPSB. « Séparatisme », Le Patriote de l’Ouest, 29 avril 1936, p. 5. 39. A. de la Rochelle, chef du secrétariat de la SSJB, Montréal, 21 janv. 1936, Fonds ACF, SAB. 40. Maurice Baudoux à Beauchemin, 18 juill. 1936, Fonds ACF, SAB. 41. Exéc. ACFC, 22-23 avril et 9 sept. 1936. ACF/SAB. Le Patriote de l’Ouest, 15, 22 juill. 1936 ; 5, 12, 19, 26 août 1936 ; 21 oct. 1936. Cette initiative se poursuivra jusqu’en 1945, comme en fait
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foi le compte rendu de La Liberté et le Patriote, 19 janv. 1944 ; 1er déc. 1944 ; 26 janv. 1945, 16 févr. 1945 ; 22 juin 1945 ; 26 oct. 1945. Maurice Baudoux, aux curés et comités paroissiaux, 1er sept. 1942. ACPSB. « À la réunion de l’exécutif de l’ACFC », 9 sept. 1936, notes dact., s.n., Fonds ACF, SAB. Maurice Baudoux, aux participants à la réunion du 19 janv. 1936, 19 janv. 1937. G. Lessard à Maurice Baudoux, 12 avril 1937, Fonds ACF, SAB. Maurice Baudoux à Guy Vanier, 5 mai 1937, Fonds ACF, SAB. Au sujet de cet organisme, cf. les trois premiers chapitres de M. Martel, Le deuil d’un pays imaginé. Rêves, luttes et déroute du Canada français, p. 25-106. Les membres de ce comité sont Mgr Olivier Maurault, recteur de l’Université de Montréal, Omer Héroux rédacteur au Devoir, Aegidius Fauteux et Lionel Groulx, tous de Montréal, le P. Arthur Joyal d’Ottawa, les abbés Adrien Verret de Manchester, É.-U. et Albert Tessier de Trois-Rivières, le Dr Albert Sormany d’Edmundston, N.-B., le Dr J.-M. Laframboise d’Ottawa et le juge Henri Lacerte du Manitoba. Ces quatre derniers sont membres de l’OJC. Circ. COJC, aux C. R. du Québec, 7 août 1937, ACF/SAB. Cette lettre collective aux conseils régionaux du Québec est révélatrice de la façon de procéder de l’Ordre. La chancellerie a prié ces quatre personnes « d’exercer leur influence en faveur du choix, sur le comité permanent, des candidats désignés par les organismes suivants pour leurs provinces respectives », soit l’Association de l’Assomption dans les Maritimes, l’ACFEO en Ontario, l’ACFC en Saskatchewan, l’ACFA en Alberta, l’ACFS et l’ACFA en Colombie-Britannique. Dans une première lettre à l’abbé Baudoux, le secrétaire de l’Ordre veut s’assurer de sa pensée concernant ce projet. Sur réception de sa réponse, il confirme l’objectif poursuivi : « En effet, le plan auquel ces Messieurs avaient bien voulu s’arrêter était que vous travailliez les membres du comité provisoire qui sont des nôtres et par leur entremise ou celle d’autres ff. [frères membres de l’Ordre] ceux qui ne le sont pas pour que soient nommés, comme membres du comité permanent, des représentants attitrés des sociétés nationales. » COJC à Maurice Baudoux, 19 juill. 1937 ; Baudoux à COJC, 22 juill. 1937, Fonds ACF, SAB. Le Patriote de l’Ouest, 4, 18 nov. 1936 ; 10 févr. 1937 ; 17 mars 1937 ; 21 avril 1937 ; 12, 19 mai 1937 ; 2, 30 juin 1937 ; 7, 14 et 21 juill. 1937. 4, 18, 25 août 1937. La Survivance, 14 et 21 juill. 1937. Invitation à Maurice Baudoux, 15 mars 1937, Fonds ACF, SAB. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 10 juill. 1937. ACPSB. Cf. Martel, Deuil, p. 35-42. Motion de l’ACFC au Comité permanent, 4 sept. 1937. E. Pouliot, Québec, à Maurice Baudoux, 23 oct. 1937, Fonds ACF, SAB. Le Patriote de l’Ouest, 29 sept. 1937. Note de M. Baudoux « résumant l’activité de l’Association durant l’année 1937 », 12 janv. 1938, Fonds ACF, SAB. L’Association des commissaires tiendra son congrès en mars. Le Patriote de l’Ouest, 2 et 30 mars 1938 ; 6 avril 1938 ; 4 mai 1938 ; 1er, 8, 15, 22, 29 juin 1938 ; 6 juill. 1938. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 18, 20, 22 juin 1938 ; 2, 4, 5, 9, 11 15, 17 juill. 1938. ACPSB. Maurice Baudoux à Margerie, 9 juill. 1938, Fonds ACF, SAB. Mémoire à la Commission royale des relations entre le Dominion et les provinces, Commission Rowell-Sirois et à la Commission Martin, en faveur du français, du système scolaire et de la radio. Le Patriote de l’Ouest, 4 mai, 1938 ; 12, 26 oct. 1938 ; 2, 9 nov. 1938 ; 3, 17, 24, 31 mai 1939 ; 7, 21, 28 juin 1939 ; 5, 12, 26 juill. 1939 ; 2, 30 août 1939 ; 27 sept. 1939 ; 11 oct. 1939. Huel, op. cit., p. 60-61. Le Patriote de l’Ouest, 29 janv. 1930 ; 25 févr. 1931 ; 11 mars 1931. Le Devoir, 22 févr. 1930. Circ. 49, 3 mai 1931 ; circ. 57, 10 juin 1931 ; circ. 58, 24 juin 1931 ; circ. 62, 14 oct. 1931, circ. 70, 14 déc. 1931, Fonds OJC, ANC. Prud’homme, Annonces paroissiales, 13 déc. 1931. ACPSB. D. Robillard, L’Ordre..., op. cit., p. 90-91 ; 193-194. Prud’homme à Bourdel, 16 déc. 1932. ACPSB. Maurice Baudoux à C. Charlebois 19 juin 1931. ACPSB. Le Patriote de l’Ouest, 28 févr. 1934 ; 5 déc. 1934 ; 3 avril 1935 ; 12 juin 1935 ; 31 juill. 1935 ; 9, 16 oct. 1935 ; 27 nov. 1935 ; 25 mars 1936 ; 15 avril 1936 ; 24 juin 1936 ; 28 juill. 1937. J.-A. Sabourin, « L’éducation nationale à l’école », La Liberté, 8 mai 1935. Le Patriote de l’Ouest, 7, 14, 21 juill. 1937 ; 18 août 1937 ; 19 janv. 1938. « Radio-Canada, le Congrès et nous », La Survivance, 21 juill. 1937.
Notes
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55. Maurice Baudoux, 8 févr. 1937, ACFC. « Enseignement du français ». Cf. aussi le texte du 12 janv. 1938, « ACFC. Note résumant l’activité de l’Association durant l’année 1937 », et « Rapport de la Saskatchewan au Comité permanent », sept. 1947, Fonds ACF, SAB. Chaque année, Maurice Baudoux fait une demande auprès de son évêque, Mgr G. Murray, qui accorde son appui financier, comme l’avait fait avant lui Mgr Prud’homme. 56. Laurent Roy, à Maurice Baudoux, 1er mars 1938. Maurice Baudoux à A. de Margerie, 24 mars 1938 ; ACFC, p.-v. 28 avril 1938 ; Beauchemin à Maurice Baudoux, 9 juin 1938, Maurice Baudoux à A. de Margerie, 21 nov. 1938. Fonds ACF, SAB. ACFC et ACEFC, « Résolution », 31 déc. 1940, ACF/SAB. Le Patriote de l’Ouest, 15, 22 janv. 1941. Le père C. Charlebois fera connaître ce mémoire au Québec. Lettre à Maurice Baudoux, 15 nov. 1940, ADO. 57. Le Patriote de l’Ouest, 10 août 1938 ; 7 sept. 1938 ; 30 nov. 1938. 25 janv. 1939 ; 12, 26 juill. 1939 ; 2, 30 août 1939. A. Doiron à A. de Margerie, 13 avril 1940. Communiqué 3 sept. 1940. La Grande Loge d’Orange de la Saskatchewan présente un Brief au nom de leaders en éducation qui en sont membres, conseillant de regrouper en grandes unités les écoles des milieux ruraux, s.d., ACPSB. Mémoire de l’ACFC et l’ACEFC au comité sur l’administration et l’organisation scolaire, 25 nov. 1938, SDA. 58. Leader Post, 8 nov. 1939 récuse les accusations d’athéisme contre l’École normale. Laurent Roy à A. de Margerie, 5 déc. 1938. Sr Émilienne à Maurice Baudoux, 24 janv. 1939. Adrien Doiron à Maurice Baudoux, 25 janv. 1939. Gertken à Maurice Baudoux, 25 janv. 1939. Monahan à A. de Margerie, 25 janv. 1939. Z. Garand à Maurice Baudoux, 29 janv. 1939. A. Painchaud, Québec, à Maurice Baudoux, 3 févr. 1939. P.-E. Gosselin à A. de Margerie, 8 févr. 1939. G. Forcier, o.m.i., à Maurice Baudoux, 8 févr. 1939. Sén. Marcotte, Ottawa, à Maurice Baudoux, 9 févr. 1939. Art. Maheux à A. de Margerie 10 févr. 1939. F. de Haerne, La Boussole, à A. de Margerie, 11 févr. 1939. ACPSB. C. Charlebois à Maurice Baudoux, 23 mai 1939. Maurice Baudoux à C. Charlebois, 28 mai 1939, ADO. 59. E. W. Reading, Catholic School Journal, Milwaukee, à Baudoux, 12 juin 1939. V. L. Shields, Catholic Education Press au même, 20 juill. 1939. Austin G. Schmidt au même, 7 août 1939, ACPSB. Maurice Baudoux à Gosselin, 4 janv. 1939, ACF/SAB. Circ. ACFC, mai 1939. A. de Margerie à G. Murray, 5 mai 1939, SDA. J. A. Sabourin à Maurice Baudoux, 8 avril 1940. A. B. Ross à A. de Margerie, 10 juill. 1940. A. Tombu à Maurice Baudoux, 18 et 23 janv. 1941, ACPSB. Star Phoenix, 8 mars 1940. 60. A. E. Lauzière à A. de Margerie, 15 avril 1940 ; A. Coursol au même, 25 avril 1940 ; H. Kugener au même, 19 mai 1940 ; E. St-Arnaud au même, 14 mai 1940 ; A. Doiron à Maurice Baudoux, 12 mai 1940 ; L. Roy au même, 15 mai 1940, ACPSB. 61. Anderson n’étant plus au pouvoir, on désigne un inspecteur pour l’enseignement du français et de la religion. J. Guy aux curés, 20 janv. 1940 ; A. de Margerie, circ. au personnel enseignant, 20 juin 1940. Consul de France à Winnipeg à Maurice Baudoux, 30 août 1940. ACPSB. R. Duprat au même, 28 juin 1940. J. Guy au même, 10 oct. 1940. ACFC, réunion de l’exéc. 27 août 1941, Fonds ACF, SAB. 62. La Liberté et le Patriote, 11 août 1944. ACFC, Comité de l’enseignement du français, « Examens annuels de français. Trophées », 25 mai 1945, Fonds ACF, SAB. 63. Relations, janv. 1942, p. 16-18. La revue publiera aussi un article de L.-O. Beauchemin, « Écoles catholiques et françaises d’Alberta », Relations, avril, 1942, p. 100-102. T. T. Shields, of Toronto, s.d. [1942] ACPSB. 64. Maurice Bourget à Maurice Baudoux, 30 juin 1942. A. Laurendeau à Maurice Baudoux, 3 juill. 1942. J. A. Robville à Maurice Baudoux, 11 nov. 1942, U. Beaudry, Le Devoir, à Maurice Baudoux, 15 avril 1944, ACPSB. Maurice Baudoux à Hubert Staines, 5 nov. 1942 : « I am aware of the fact that Sec. 257 of The School Act rules against this practice in this province. At the time of its introduction by the Anderson Administration in 1930 Catholics were emphatically assured by the Liberal Party that when it would regain power this section would not remain on the Statutes Books because, the Party leaders said, it was incompatible with principles of true democracy and contrary to civil liberties. [...] We are being told again and again, and rightly so, that we are at present engaged in a gigantic struggle for Christianity [...] we are also told that any sacrifice is to be considered too great to preserve Christianity for the generation to come. Why then should
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Catholic children not be permitted to realize this more fully than by mere words from their teachers. » Fonds ACF, SAB. Maurice Baudoux, « Notes sur l’Acte des divisions scolaires de 1940 », 8 sept. 1943. En conclusion, le texte affirme que l’esprit de la législation actuelle méprise les valeurs culturelles et religieuses du groupe franco-catholique, contrairement à la législation scolaire du Québec, « conforme en tout point à la saine raison et à l’enseignement de l’Église », de laquelle « nous devons nous inspirer dans nos efforts ». Frank Gerein publie 8 articles sur les grandes unités scolaires. La Liberté et Le Patriote, 17 nov. 1944 ; 1er, 8 déc. 1944 ; 9, 16 févr. 1945 ; 2 mars 1945 ; 6, 13, 20, 27 avril 1945 ; 4, 11, 25 mai 1945 ; 1er juin 1945 ; 5 oct. 1945. Maurice Baudoux à la sec. prov. des sœurs de L’Assomption, 1er févr. 1947. ACPSB. La Liberté et le Patriote, 4 mai 1945 ; 12 oct. 1945. « Le problème des minorités », Le Devoir, 19 mai 1945. « Un frère de l’Ouest vient rendre témoignage », L’Action catholique, 20 mai 1945. Le Patriote de l’Ouest, 13, 20 et 27 sept. 1939 ; 11, 18, 25 oct. 1939 ; 1er, 8, 15, 22, 29 nov. 1939 ; 13 déc. 1939 ; 12, 19, 26 juin 1940. C. E. Couture à Maurice Baudoux, 1er sept. 1944 ; 29 mai 1948 ; 8 juill. 1948. J.-R. Pelletier au même, 15 mai 1944. J.-B. Lanctôt au même, 1er et 24 avril 1947 ; 26 mai 1947. Maurice Baudoux à Lanctôt, 18 avril 1947 ; 1er mai 1947. Maurice Baudoux à Couture, 12 juill. 1948. La Liberté et le Patriote, 15 déc. 1944 ; 23 févr. 1945. La Survivance, 21 mai 1947. Prud’homme, Annonces à la paroisse, 25 juill. 1948. OJC, Mémoire 4 sur l’immigration, 5 juin 1940 ; Mémoire 5 sur les réfugiés d’outre-mer, 3 juill. 1940. J.-J. Tremblay, Patriotisme et nationalisme, s.d., éd. L’Éclair, OJC. Le Patriote de l’Ouest, 8, 15, 22 mai 1940 ; 17, 31 juill. 1940 ; 12, 19 mars 1941. La Liberté et le Patriote, 27 août 1941 ; 8, 15 oct. 1941 ; 19 nov. 1941 ; 16 juin 1944. La Survivance, 5 nov. 1941. Maurice Baudoux à L. Roy, 25 juin 1940. Le même à Murray, 27 juin 1940. Le même à J.-F. Pelletier, 30 avril 1941. A. de la Rochelle à Maurice Baudoux, 18 sept. 1940, ACF/SAB. Le même à Murray, 14 sept. 1940. SDA. Maurice Baudoux, 25 sept. 1941, « Bref aperçu des activités de l’ACFC de septembre 1940 à septembre 1941 et suggestions relatives aux relations entre le Comité permanent et l’ACFC », Fonds ACF, SAB. Message de Maurice Baudoux à Radio-Canada, mai 1940, ms de 8 p., idem pour le texte du 13 mai 1941, ACPSB. ACFC, ordre du jour de l’exécutif, 7 mai 1942, ACFC, « Avis importants au sujet du Congrès », 17 juin 1942 ; « Le travail du Congrès », 22 juin 1942. ACF/SAB. La Liberté et le Patriote, 20 mai, 10, 17, 24 juin, 8, 15 juill. 1942 ; 5 août 1942. Le Devoir, 21 août 1942. A. de la Rochelle à ACFC, 27 juin 1942, Fonds ACF, SAB. Le Devoir, 29 août 1942. Maurice Baudoux à Lucien Demers, 2 sept. 1942, ACPSB. La Liberté et le Patriote, 2, 9, 23 sept. 1942 ; 28 oct. 1942. Maurice Baudoux, ACFC, aux évêques du Canada, 1943. Accusé réception du paiement, févr. 1943. L. Roy à A. Godbout, 20 avril 1943. Maurice Baudoux à R. Denis, 24 mai 1943. ACF/ SAB. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, s.d. 15 mai [1943], ACPSB. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 11 juill. [1943]. R. Denis à Maurice Baudoux, 13 juill. [1943]. Maurice Baudoux à A. de Margerie, 19 oct. 1943. ACPSB. La Liberté et le Patriote, 30 juin 1943 ; 6 oct. 1943 ; 9 juin 1944. La Survivance, 24 avril 1946, 3, 17 juill., 28 août 1946. A. d’Eschambault à Maurice Baudoux, 17 mars 1941. Maurice Baudoux à A. d’Eschambault, 20 mars 1941, [Maurice Baudoux, s.d., pour le congrès de 1942] « Notes sur la SCEP », 4 p. Maurice Baudoux, « Aperçu des activités de l’ACFC », 25 sept. 1941. Fonds ACF, SAB. La Liberté et le Patriote, 28 mai 1941 ; 4, 11 juin 1941. Maurice Baudoux à juge Turgeon, Regina, juge Gallant, Gravelbourg, Dr Roy, Regina, Me Adrien Doiron, Humboldt, Me Samuel Bonneau, Gravelbourg, P. Lizée, Gravelbourg, Joseph Valois, Prince-Albert, A. de Margerie, Vonda, 13 mai 1941. « Notes sur la SCEP ». A. Lizée à Maurice Baudoux, 15 mai 1941, Fonds ACF, SAB.
Notes
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78. Maurice Baudoux à S. Marion, 2 déc. 1941. Maurice Baudoux, « La Société canadienne d’enseignement postscolaire – section française de la Saskatchewan », 10 janv. 1942, 2 p. Fonds ACF, SAB. La Liberté et le Patriote, 24 févr. 1943. La Survivance, 26 févr. 1947. 79. La Liberté et le Patriote, 17 sept. 1941 ; 10 déc. 1941. Maurice Baudoux à E. LeBlanc, 26 nov. 1941. E. LeBlanc à Maurice Baudoux, 27 nov. 1941. Maurice Baudoux, « Tissage domestique dans la Saskatchewan », s.d. [1942], 6 p. Dépliant du Service de l’Enseignement ménager du DIP du Québec, signé Albert Tessier et E. LeBlanc ; Louis Demay, Saint-Brieux à Maurice Baudoux, 6 avril 1944. Maurice Baudoux à René Bérubé, 5 mai 1944, ACPSB. Maurice Baudoux à A. d’Eschambault, 28 mars 1942, Fonds ACF, SAB. 80. Maurice Baudoux à Hector Perrier, 22 avril 1942. Le même à Jean Bruchési, 22 avril 1942. Le même à S. Marion, 7 août 1942 et 16 janv. 1943. A. de Margerie à S. Marion, 27 août 1942. Notes ms de Maurice Baudoux à [A. de Margerie], faisant état de la réception de 320,86 $. « Cours de tissage domestique », 6 févr. 1943, 2 p. Fonds ACF, SAB. 81. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 11 mars 1943 ; 15 mai 1943 ; 3, 18, 19 août 1943. J. Valois à Maurice Baudoux, 25 août 1943. ACPSB. 82. La Liberté et le Patriote, 24 nov. 1943 ; 8 déc. 1943. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 29 nov. 1943. ACPSB. Maurice Baudoux à E. LeBlanc, 1er août 1945 ; dans cette lettre, il écrit : « Maurice continue à grandir. » Fonds ACF, SAB. 83. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 2, 7, 8, févr. 1944, ACPSB. 84. Corinne de la Durantaye, Ottawa, à Jean de Capistran, Regina, 23 févr. 1944 ; Capistran à de la Durantaye, 21 mars 1944 ; de la Durantaye à Maurice Baudoux, 23 et 29 mars 1944 ; Maurice Baudoux à de la Durantaye, 12 avril 1944. ACPSB. 85. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 21 avril 1944 ; 2, 3, 6 mai 1944 ; 26 juin 1944 ; le même à René Bérubé, 5 mai 1944 ; 20 juin 1944. ACPSB. La Liberté et le Patriote, 30 juin 1944. 86. Maurice Baudoux à sr M. Ste-Lutgarde, Duck Lake, 12 avril 1944 ; S. Marion à Maurice Baudoux, 16 juin 1944. Fonds ACF, SAB. Maurice Baudoux à Singer Co., 1er août 1944. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 30 avril 1945 ; 2 mai 1945 ; 12 et 16 oct. 1945. Le même à Wilfrid Gagnon, 25 mai 1945, ACPSB. 87. Réunion de l’exécutif ACFC, 13 févr. 1946, Fonds ACF, SAB. B. Baril à Maurice Baudoux, 24 mars 1947. Maurice Baudoux à B. Baril, 26 mars 1947, ACPSB. 88. [Mariette Baudoux], « Le tissage domestique », ms s.d. [1952], 3 p. Fonds ACF, SAB. 89. Le Patriote de l’Ouest, 23 avril 1930 ; 27 août 1930 ; 10 sept. 1930 ; 31 déc. 1930 ; 4 janv. 1931 ; 4 mars 1931 ; 30 sept. 1936 ; 20 oct. 1937 ; 2 août 1939 ; 25 oct. 1939 ; 15, 29 nov. 1939. 90. Le Patriote de l’Ouest, 21 févr. 1940 ; 8 et 15 mai 1940 ; 28 août 1940 ; 5 févr. 1941 ; 5, 19 et 26 mars 1941 ; 7 mai 1941. G.W. Robertson à Maurice Baudoux, s.d., ACPSB. 91. Robertson à Maurice Baudoux, 9 janv. 1942. Maurice Baudoux à Robertson, 13 janv. 1942. R. L. Stutt à Maurice Baudoux, 15 janv. 1942. Baudoux à Robertson, 24 janv. 1942. Le même à Mariette Baudoux, 4 févr. 1942. ACPSB. 92. Alloc. Maurice Baudoux, 2 févr. 1942. ACPSB. ; 4 févr. 1942. La Liberté et Le Patriote, 4, 11, 25 févr. 1942. 93. G. W. Castelden à Maurice Baudoux, 10 févr. 1942. R. H. Williken au même, 26 févr. 1942. ACPSB. 94. La Liberté et le Patriote, 4, 18 mars 1942 ; 1er, 8 avril 1942. Maurice Baudoux à M. King, 5 mars. Le même à J.G. Gardiner, 6 mars 1942. J. A. McKinnon à Baudoux, 6 mars 1942. Maurice Baudoux à H. R. Fleming, 6 mars 1942. Le même à W. A. Tucker, 6 mars 1942. Le même à Robertson, 9 mars 1942. G. Willcox à Baudoux, 10 mars 1942. J. Gardiner au même, 11 mars 1942. H.R. Fleming au même, 12 mars 1942. Robertson aux délégués, 30 janv. 1943. R. Denis à Margerie, 9 mars 1943. ACPSB. 95. F. Lhomer à Maurice Baudoux, 10 août 1937 ; 2 juin 1938, ACPSB. Le Patriote de l’Ouest, 7, 14, 21, 28 sept. 1938 ; 5, 12, 19 oct. 1938 ; 9 nov. 1938 ; 7 déc. 1938 ; 7, 28 juin 1939 ; 6 sept. 1939 ; 1er nov. 1939 ; 27 déc. 1939 ; 31 janv. 1940 ; 7 févr. 1940 ; 13 mars 1940. 96. Paul O’Reilly à Maurice Baudoux, 23 mars 1939. P.C. Roberts au même, 31 mars 1939. Maurice Baudoux à Roberts, 3 avril 1939. Claude Melançon, Ottawa, aux curés, 14 nov. 1941, H. Lacerte
Maurice Baudoux � 1902-1988
470
97. 98. 99.
100. 101.
à Maurice Baudoux, 11 févr. 1942. « France as arbiter », Contemporary Review, janv. 1942. ACPSB. Patriote de l’Ouest, 3 janv. 1940 publie de 37e de ces articles. Texte ms de 8 p. Maurice Baudoux à Radio-Canada, mai 1940, idem pour le texte du 13 mai 1941, ACPSB. Maurice Baudoux à E. Bilodeau, 24 déc. 1941. Margerie à A. Thivierge, 5 janv. 1942. Envoi de Maurice Baudoux, 20 janv. 1942. ACFC. Margerie, « Caisses populaires », 12 avril 1943, Fonds ACF, SAB. Maurice Baudoux à Alphonse Picton, 4 nov. 1943 ACPSB. La Liberté et le Patriote, 14 janv. 1942. A.-A. Gaudet à Maurice Baudoux, 19 mars 1944 ; D. Dugas à Maurice Baudoux, 22 juin 1944. ACF. La Liberté et le Patriote, 3 nov. 1944 ; 5 janv. 1945 ; 2 févr. 1945. La Survivance, 27 août 1947. Actif des caisses populaires au Canada, La Survivance, 28 janv. 1948. E. Bussières à Maurice Baudoux, 22 nov. 1945, ACPSB. Ce désir de concertation est partagé par le P. Georges-Henri Lévesque, o.p., qui fait allusion à cet organisme dans Souvenances, II, Montréal, La Presse, 1988, p. 59-61. La Survivance, 17, 24 avril 1946 ; 1er mai 1946 ; 30 oct. 1946 ; 6 nov. 1946 ; 27 août 1947 ; 28 janv. 1948 ; 21 avril 1948. A.-J. Couture à Maurice Baudoux, 25 avril 1946. Maurice Baudoux à Couture, 15 mai 1946. D. Dugas à Maurice Baudoux, 11 sept. 1946. Couture à Maurice Baudoux, 21 oct. 1946. Maurice Baudoux à Dugas, 20 févr. 1947 ; 1er mars 1947. Dugas à Maurice Baudoux, 26 févr. 1947. Maurice Baudoux à E. Bachelu, 21 mai 1948. Bachelu à Maurice Baudoux, 24 mai 1948, Fonds ACF, SAB.
Notes du chapitre 7
1. La CCR est le premier organisme de régie des ondes par l’État. Elle a été créée après la présentation du rapport Aird-Frigon en 1933. Pour l’histoire de la radio française dans l’Ouest, cf. Rossel Vien, Radio française dans l’Ouest, Montréal, Hurtubise HMH, 1977, 194 p. Le Patriote de l’Ouest, 24 févr. 1932 ; 9 mars 1932 ; 4 janv. 1933 ; 22 mars 1933 ; 5 avril 1933 ; 10 mai 1933. Maurice Baudoux à La Rochelle, 28 mars 1932. Le même à A. de Margerie, 19 juill. 1932, ACF/SAB. 2. COJC, circ. 101, 10 déc. 1932. La circ. 104 (23 déc. 1932) annonce que la radio sera sous le contrôle du fédéral à compter du 24 déc. 1932 et demande de mobiliser la Ligue des intérêts nationaux (LIN) pour que le ministre responsable fasse donner des émissions françaises. Cet organe officieux de l’OJC avait été créé en 1932 (circ. 91, 1er sept. 1932) dans le but de masquer les activités de l’Ordre. Ce comité était composé de membres qui voyagent et notent les manquements au bilinguisme dans les compagnies d’utilité publique et envoient des lettres de protestation par l’intermédiaire de la LIN. La circ. 112 s.d. (10 mars 1933) reproduit un extrait d’une circulaire de l’Association d’éducation du Manitoba réclamant des émissions de radio française d’Halifax aux Rocheuses, là où se trouvent de forts groupes canadiens-français. Fonds OJC, vol. 19, BAC. À l’automne 1936, Maurice Baudoux promet à la chancellerie de fonder une commanderie à Gravelbourg, où il a rencontré l’oblat Leclerc, qui est un ami de l’Ordre. Procès-verbal du conseil d’administration de la chancellerie (PV ca CX), 17 sept. 1936, Fonds OJC, vol. 1, BAC. 3. Maurice Baudoux, aux comités paroissiaux de l’ACFC, 10 mai 1935, ACF/SAB. La Liberté et le Patriote, 17 sept. et 15 oct. 1941. 4. A. de la Rochelle, chef du secrétariat de la SSJB, Montréal, 21 janv. 1936, ACF/SAB. Vien, op. cit., p. 30. 5. G. Murray avait été détaché de la BBC pour devenir directeur général de Radio-Canada. Son discours au Canadian Club de Montréal le 22 mars suscite l’ire de C. D. Howe qui déclare que ces propos n’ont pas été autorisés par le gouvernement et qu’il ne parle pas au nom de RadioCanada. Le Patriote de l’Ouest, 31 juill. 1935 ; 15 janv. 1936 ; 27 mai 1936 ; 18 nov. 1936 ; 16 déc. 1936. Vien, op. cit., p. 29-32. 6. Vien, op. cit., p. 30-31. 7. Le Patriote de l’Ouest, 6 janv. 1937 ; 26 mai 1937 ; 21 juill. 1937 ; 4, 18, 25 août 1937 ; La Survivance, 21, 28 juill. 1937. Maurice Baudoux à Laurent Roy, 25 févr. 1938. Laurent Roy à Maurice Baudoux, 1er mars 1938. ACF/SAB.
Notes
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8. Maurice Baudoux à Aimé Arvisais, 16 et 24 avril 1940. Arvisais à Baudoux, 17 et 27 avril 1940. CRCCF. Le Patriote de l’Ouest, 3 avril 1940 ; 1er mai 1940 ; 12 juin 1940. Vien, op. cit., p. 33-35. 9. Les premiers communiqués paraissent dans Le Patriote de l’Ouest, 5, 19 juin 1940 ; 3, 10, 17, 24 juill. 1940. La Liberté, 19 juin 1940. Le Patriote de l’Ouest, 12 févr. 1941. Vien, op. cit., p. 36. Le Fonds de l’OJC déposé au BAC compte plusieurs volumes consacrés à la radio : les vol. 20, 48, 57, 113, 141, 160, 161, 169-170. 10. Ingénieur civil, A. Pouliot était professeur et secrétaire de la Faculté des sciences de l’Université Laval et gouverneur de Radio-Canada. Le Patriote de l’Ouest, 5 juill. 1939. 11. En 1942, Élisabeth de Miribel visite le Canada au nom de la France libre, adresse un message à la population de langue française et se rend à Winnipeg et à Saskatoon. Pour Washington, le général de Gaulle est un symbole de la résistance militaire. La Liberté et le Patriote, 22, 29 avril 1942 ; 6 mai 1942 ; 3 juin 1942. 12. A. de la Rochelle à Maurice Baudoux, 18 sept. 1940, ACF/SAB. Vien, op. cit., p. 36. 13. M. Baudoux avait assisté au congrès de Saint-Boniface en juillet, à la réunion du Comité permanent en sept.-oct., et remis un rapport à l’ACFC comme directeur de la campagne de radio. ACF/ SAB. Texte ms de 5 p. s.d. [1944], intitulé « Historique », ACPSB. 14. La Liberté et le Patriote, 29 oct. 1941. R. Laplante à Maurice Baudoux, 14 nov. 1941. ACPSB. Vien, op. cit., p. 37-38. 15. Relations, févr. 1941, p. 44-45. Vien, op. cit., p. 41-42. 16. « Historique », p. 4. A. d’Eschambault donne comme date les 14-15, dans Chante-clair, mai 1946, reproduit par La Liberté et Le Patriote, 19 mai 1971. 17. Cf. M. Martel, Le deuil d’un pays imaginé, chap. 2, « Le Conseil de la vie française en Amérique : un pilier du réseau institutionnel canadien-français », p. 51-56. 18. Communiqué, 29 avril 1942, ACPSB. La Liberté et le Patriote, 16 sept. 1942. Dans son rapport au congrès de 1942, l’abbé Baudoux présente un tableau des étapes franchies de 1940 à 1942 pour l’obtention de plus d’heures de français à la radio. « Le français à la radio », ACPSB. ACFC, rapport 8-10 juill. 1942. 19. A. d’Eschambault envoie la liste des membres du Comité d’honneur du Manitoba en 1942. Maurice Baudoux à G. Lessard, 13 oct. 1942. A. de Margerie à E. St-Arnaud, 23 févr. 1943. ACPSB. 20. Raymond Denis à Maurice Baudoux, 12 nov. 1942 ; 23 avril 1943 ; 18 mai 1943 ; 12 juin 1943. Sr Agnès St-Charles au même, 28 déc. 1942. A. J. F. Auclair, 21 févr. 1943. ACPSB. Maurice Baudoux à A. d’Eschambault, 4 févr. 1943, ACF/SAB. Les Acadiens avaient demandé à R. Denis de présider une campagne de 30 000 $ pour financer un journal quotidien ; il accepte de présider la section de Montréal de la campagne du Comité permanent de la survivance avec, comme présidents d’honneur, Mgr Joseph Charbonneau et le maire de Montréal, Adhémar Raynault. 21. A. Charest à Maurice Baudoux, 4 juin 1943. R. Denis à Maurice Baudoux, 13 juill. [1943]. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 3 août 1943. ACPSB. La Liberté et le Patriote du 14 juill. 1943 annonce la venue prochaine de Pouliot qui ira à Saint-Boniface, Regina, Prud’homme, Falher, Rivière-à-la-Paix. Vien, op. cit., p. 47-48. 22. A. de Margerie aux membres de l’exécutif de l’ACFC, 10 nov. 1943. ACF/SAB. Cf. chap. 6, p. 23. La Liberté et le Patriote, 24 nov. 1943. Vien, op. cit., p. 48-49. 23. « Historique », p. 4-5. Maurice Baudoux à Bourdel, 4 févr. 1944. Dans ses démarches à Montréal et à Ottawa pour présenter la demande de licences, il est piloté par M. Dupont, de Radio-Canada, qui avait pris part à la réunion de Saint-Boniface en janvier et à celle du bureau du Comité permanent de la survivance à Québec en février. ACPSB. Vien, op. cit., p. 52-53. 24. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 2, 7, 11, 15 et 23 févr. 1944. ACPSB. Sa conférence « Le fait français dans l’Ouest » sera publiée en février 1945 sous les auspices du Comité permanent dans Fait français dans l’Ouest, (p. 9-28), ainsi qu’un texte explicatif de Paul-Émile Gosselin, « Radio-Ouest française » (p. 29-48). On y trouve la présentation de la Société de radiodiffusion canadienne-française des Prairies, la liste des membres du Comité central d’organisation et une carte indiquant les points où se trouvent les groupes les plus importants dans les provinces d’Alberta, de Saskatchewan et du Manitoba, 48 p. ACPSB.
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25. Maurice Baudoux à O. Beauchemin, 3 mars 1944. Maurice Baudoux à Louis Demay, 12 avril 1944. ACPSB. Vien, op. cit., p. 60-61. 26. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 2, 3 et 6 mai 1944 ; 26 juin 1944, ACPSB. P.-v. de la 36e réunion du Bureau des gouverneurs de R.-C. à Montebello, 7 et 8 mai 1944, Vien, op. cit., p. 63-64. 27. Mgr P. Pocock, le nomme prélat domestique à la suite de son intronisation en juillet ; les fêtes d’investiture auront lieu le 11 octobre 1944. La Liberté et le Patriote, 21 juill. 1944 ; 20 et 27 oct. 1944. Vien, op. cit., p. 66-67. 28. La Liberté et le Patriote, 28 juill. 1944. 29. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 22 août 1944 ; 11 sept. 1944 ; 7 nov. 1944. Margerie à A. d’Eschambault, 23 août 1944, ACPSB. La Liberté et le Patriote, 22 sept. 1944. 30. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 11 sept. 1944 ; 7 et 21 nov. 1944. Margerie à A. d’Eschambault, 23 août 1944, ACPSB. Maurice Baudoux à Pocock, 7 déc. 1944, Pocock à Maurice Baudoux, 14 févr. 1945. SDA. 31. La Liberté et le Patriote, 26 janv. et 9 févr. 1945. Texte de 48 p. ACPSB. 32. Rapport à l’ACFC, 12 avril 1945. Villeneuve, circ. au clergé 107, mai 1945, ACF/SAB. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 20, 21, 24 et 30 avril 1945 ; 2, 5, 6 mai 1945. ACPSB. L’Action catholique, 20 mai 1945. La Liberté et le Patriote, 18 mai 1945. « Le problème des minorités », conférence de Mgr Baudoux, Le Devoir, 19 mai 1945. 33. Paul-M. Paquin à Maurice Baudoux, 20 juin 1945. 34. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 21, 26, 29 sept., 3, 5, 9, 12, 16 oct. 1945. ACPSB. La question de la radio française dans l’Ouest fait l’objet de la circ. 441 du 18 août 1945. OJC/ CRCCF. Vien, op. cit., p. 90-91. 35. Le Droit, 20 nov. et 4 déc. 1945. La Liberté et le Patriote, 28 sept. 1945 ; 5 oct. 1945 ; 21 déc. 1945, La Survivance, 16 janv., 6 mars, 10 avril, 22 et 29 mai 1946. Radio Saint-Boniface recevra à cette occasion le premier versement de 30 000 $ de la ROF. 36. A. Bertrand à Maurice Baudoux, [28 mai 1946], ACPSB. La Survivance, 26 juin 1946. Pour l’histoire du poste CKSB, cf. Bernard Bocquel, Au pays de CKSB. Grand reportage, 50 ans de radio française au Manitoba, Saint-Boniface, Éd. du Blé, 1996, 383 p. 37. Gosselin à Margerie, 14 nov. 1946. ACFC/ACEFC, 13 août 1947, ACF/SAB. Maurice Baudoux, 31 mars 1947, ACPSB. La Survivance, 11 juin, 16 juill., 1er, 15, 22 oct. 1947 ; 5, 12, 19 et 26 nov. 1947 ; 3 et 24 déc. 1947. 38. La Survivance, 14, 21 et 28 janv. 1948 ; 4 et 18 févr. 1948 ; 3 mars 1948. 39. P.-E. Breton, La Survivance, 10 mars 1948. 40. Dépêche du CCC à l’ACFC, 14 mars 1948, ACF/SAB. La Survivance, 17, 24, 31 mars 1948 ; 21, 28 avril 1948 ; 5, 12, 19 mai 1948 ; 16, 23, 30 juin 1948 ; 7, 14, 21, 28 juill. 1948 ; 11 août 1948. 41. « Allocution de Mgr Antoniutti », Le Devoir, 14 juill. 1948. 42. E. Couture à Maurice Baudoux, 8, 16, 19 juill. 1948. Maurice Baudoux à E. Couture, 12, 15 juill. 1948. ACPSB. 43. La Survivance, 26 janv. 1949 ; 2, 9, 16 févr. 1949 ; 16, 23 mars 1949 ; 13, 20, 27 avril 1949. A. de Margerie à R. Denis, 9 mars 1949. Le même à P.-É. Gosselin, 30 mars 1949 ACF/SAB. P.-É. Gosselin à Maurice Baudoux, 19 avril 1949. E. LeBlanc au même, 20 avril 1949, ACPSB. 44. La Survivance, 4, 11 mai 1949 ; 15 juin 1949 ; 3, 10, 17, 31 août 1949 ; 14 sept. 1949. A. de Margerie à Maurice Baudoux, 10 sept. 1949. Le même aux directeurs de RPN, 23 sept. 1949. ACPSB. 45. La Survivance, 5, 12, 19 oct. 1949 ; 2, 9, 16 et 23 nov. 1949 ; 7, 21 déc. 1949. Gosselin à Margerie, 2 nov. 1949. Margerie à Maurice Baudoux, 21 nov. 1949. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 6 déc. 1949, ACPSB. 46. La Survivance, 18 janv. 1950 ; 1er févr. 1950 ; 12 juill. 1950 ; 29 nov. 1950. V. Gaudet à Maurice Baudoux, 26 févr. 1950. Yvon Bériault au même, 12 avril 1950. ACPSB. 47. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 6 et 14 déc. 1950 ; 20 déc. 1950. A. de Margerie à Maurice Baudoux, 5 janv. 1951. Mémoire de ROF à SRC, 11 janv. 1951. ACPSB. Le Devoir, 8, 10, 13, 16 janv. 1951. La Survivance, 17 janv. 1951. La Liberté et le Patriote, 19 janv. 1951.
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Notes
48. 49. 50. 51.
52. 53.
54. 55. 56. 57.
J.-M. Déchène à Maurice Baudoux, 28 févr. 1951. ACPSB. Maurice Baudoux à R. Denis, 5 mars 1951, ACPSB. Discours de Mgr A. Vachon 29 mars 1951. ACPSB. Edgard est alors gérant de Tax Records, Accounting and Services à Saskatoon. Edgard Baudoux à Maurice Baudoux, 28 mai 1951, ACBSP. Dans une autre lettre écrite le même jour, il suggère de faire amender la charte de la corporation et se dit confiant d’obtenir un remboursement des amendes payées. Edgard Baudoux à Maurice Baudoux, 30 mai 1951. Le même à A. de Margerie, 30 mai 1951. Le même à Maurice Baudoux, 5, 12, 18 juin 1951. W. A. Boucher à Maurice Baudoux, 31 mai 1951. Lemieux au même, 4 juin 1951. Edgard Baudoux à Maurice Baudoux, 5, 11 juill. 1951 ; Le même à K.-S. Forsyth, Ottawa, 11 oct. 1951. Le même au ministère du Revenu, Ottawa, 2 nov. 1951. Le même à Maurice Baudoux, 3 nov. 1951. ACPSB. R. Denis à Maurice Baudoux, 18 déc. 1951. Le même à Lemieux, 19 déc. 1951, ACPSB. F. Bernier à Maurice Baudoux, 27 déc. 1951 et 5 févr. 1952. Maurice Baudoux à Margerie, 10 févr. 1952. R. Ducharme à Maurice Baudoux, 29 févr. 1952. Maurice Baudoux à F. Bernier, 29 févr. 1952. Lemieux à Maurice Baudoux, 4 mai 1952. ACPSB. Maurice Baudoux, « Le réseau français transcanadien », 19 mai 1952. Aux amis et bienfaiteurs, 20 mai 1952. ACPSB. R. Denis à Maurice Baudoux, 27 mai 1952. ACPSB.
Notes du chapitre 8
1. Cf. chap. 7. La Survivance, 12 et 19 mai, 16, 23, 30 juin, 7, 14, 21, 28 juill., 11 août 1948. 2. Rodolphe Bélanger à Maurice Baudoux, 13 mai 1948. ACPSB. Invitation aux responsables de l’enseignement religieux, 26 juin 1948, SDA. David Roy, Notes de la paroisse de Prud’homme, 12 août 1948. Convocation pour le conventum de 1922-1923 au collège de Saint-Boniface, le 16 août 1948. ACPSB. 3. Maurice Baudoux à I. Antoniutti, 24 juill. 1948, ACPSB. Le 30 juillet, il écrit au même : « Je désire ardemment être un instrument entre les mains de Dieu. » 4. Antoniutti à Maurice Baudoux, 26 juill. 1948. ACPSB. 5. Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, s.d. [12 août 1948]. ACPSB. 6. Maurice Baudoux à P.-E. Gosselin, 24 août 1948. A. de Margerie, 27 sept. 1948, ACF/SAB. R. Denis à Maurice Baudoux, 25 août 1948. ACPSB. 7. H. Routhier à Maurice Baudoux, 12 août 1948. ACPSB. 8. A. d’Eschambault, La Liberté et le Patriote, 2[7] oct. 1948. 9. H. Routhier à I. Antoniutti, 14 janv. 1946. ACPSB. 10. Le Canada ecclésiastique, 1950, p. 599-606. I. Antoniutti à Maurice Baudoux, 2 sept. 1948 : le délégué lui fait part d’une lettre reçue de Mgr MacDonald faisant état de la déception de certains membres du clergé anglais de faire partie du nouveau diocèse ; il lui demande de transmettre cette information au Dr L.-O. Beauchemin qui s’était étonné de l’étendue du diocèse vers l’Ouest et de l’inclusion de certaines paroisses. Maurice Baudoux à Beauchemin, 9 sept. 1948. ACPSB. 11. Maurice Baudoux, texte dact. s.d. Missions indiennes et colonies métisses. 1 p. ACPSB. 12. Codex ecclesiasticus de la paroisse de Saint-Paul, sept. 1948, p. 182. Archives Edmonton, Alb. Le P. Alexis Tétreault, o.m.i., est le rédacteur de ces chroniques. 13. W. Cornélie Léveillé-Pépin, Glane : Histoire de St-Paul Alberta 1869-1952, p. 160-162. Cet ouvrage publié à compte d’auteur par une paroissienne est un recueil de souvenirs, de réflexions et d’émotions qui ont le mérite de faire connaître quelque chose de la mentalité des anciens de Saint-Paul, de leur attachement aux pères oblats et de leur appréhension à la venue de prêtres séculiers. Coll. Anglin, St. Thomas More College, Saskatoon. Cette impression est confirmée par E. O. Drouin, dans l’ouvrage qu’il publie pour les 25 ans du diocèse, « Échos argentins au diocèse de Saint-Paul en Alberta, 1948-1973 », p. 13-14. 14. J. A. Beaulac à Maurice Baudoux, 12 août 1948. R. Denis au même, 14 août 1948. S. Marion au même, 18 août 1948. L.-P. Audet au même, 18 août 1948. P. Adigard des Gautries au même,
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15. 16. 17.
18. 19. 20. 21.
22.
23. 24. 25. 26. 27. 28. 29. 30. 31.
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30 août 1948. R. Couture au même, 25 sept. 1948. M. Didry au même, 1er sept. 1948, Académiciens de Lebret au même, 11 oct. 1948. ACPSB. J.-P. Archambault à Maurice Baudoux, 14 août 1948 ; J.-A. Sabourin au même, 18 août 1948. ACPSB. Entrevue de Maurice Baudoux à CKSB, 4 nov. 1973, lors du 25e anniversaire du diocèse de SaintPaul. Cf. aussi « Mgr Maurice Baudoux par lui-même », Les Cloches de Saint-Boniface, 72, 8, oct. 1973, p. 277. A. Vachon à Maurice Baudoux, 23 août 1948 ; L. Groulx au même, 24 août 1948. L’abbé Ernest Lemieux de la faculté de théologie de Québec lui écrit le 31 août que sa nomination « n’est pas un désaveu de [son] travail dans le domaine de la culture française, pour la conserver et l’étendre dans l’Ouest canadien... ! » A. Pouliot au même, 9 sept. 1948. ACPSB. Il s’agit sans doute d’une allusion à l’influence de Paul-Émile Léger, recteur du Collège canadien à Rome depuis 1947, qui avait obtenu l’appui financier de l’Ordre de Jacques-Cartier pour promouvoir la cause des Canadiens français auprès du Vatican. Maurice Baudoux à Antoniutti, 14 août 1948 ; Antoniutti à Maurice Baudoux, 26 août 1948. ACPSB. La Survivance, 29 sept. 1948. Maurice Baudoux à J.-M. Gauvreau, 14 août 1948 ; Gauvreau à Maurice Baudoux, 31 août 1948. ACPSB. Maurice Baudoux à R. Duprat, 15 août 1948. ACPSB. Mariette Baudoux à G. Delrue, 6 sept. 1948. Delrue à Mariette Baudoux, 15 sept. 1948. Maurice Baudoux aux sœurs du Précieux-Sang de Gravelbourg, 15 sept. 1948. Mariette Baudoux aux mêmes, 18 et 21 sept. 1948. Maurice Baudoux à J. A. Belleville, 18 sept. 1948. Belleville à Maurice Baudoux, 21 oct. 1948, ACPSB. Cette croisade lancée aux États-Unis par le père Patrick Peyton, c.s.c., organisateur du Théâtre familial avec la collaboration de vedettes de Hollywood, a pour but d’instaurer la récitation du chapelet en famille. Elle avait connu en 1948 un grand succès dans le diocèse de London, Ont., et dans la province de Saskatchewan. C’est à la suggestion de Mgr Baudoux que les évêques du Nord-Ouest canadien adoptent la formule et lancent la croisade à l’automne 1949. Au même moment, le pape Pie XII recommande aux Ligues du Sacré-Cœur qui comptent six millions de membres au Canada et aux États-Unis de prier en décembre 1949 pour la restauration de la récitation de la prière en famille pour réparer les ravages de la guerre. La demande coïncide avec la fin de la Croisade du père Peyton dans l’Ouest canadien. L’heure du Rosaire, 11 sept. et 9 oct. 1949. Note de Maurice Baudoux sur le programme de la rencontre du 23 sept. 1948. ACPSB. Antoniutti à Maurice Baudoux, 24 sept. et 2 oct. 1948 ; Maurice Baudoux à Antoniutti, 28 sept. 1948, ACPSB. P.-E. Gosselin à Maurice Baudoux, 13 oct. 1948 ; Edgar Tissot au même, 15 oct. 1948. Maurice Baudoux à J. M. Uhrich, 8 oct. 1948. ACPSB. R. Charbonneau à Guy Michaud, 7 oct. 1948, CRCCF. Mandement d’entrée et lettre pastorale de S. E. Mgr Maurice Baudoux, premier évêque de SaintPaul en Alberta, 28 oct. 1948, 6 p. ACPSB. Circ. au clergé, 28 oct. 1948. ACPSB. La Survivance, 27 oct. 1948 ; 3 nov. 1948. P.-É. Breton à Maurice Baudoux, 20 oct. 1948. ACPSB. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 8, 9 nov. 1948. Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 10 nov. 1948. Maurice Baudoux à Antoniutti, 13 nov. 1948. Le même à Bourdel, 14 nov. 1948, ACPSB. Maurice Baudoux à Antoniutti, 27 nov. 1948. Mariette Baudoux, à Maurice Baudoux, 24 nov. et 26 déc. 1948 ; 14 déc. 1949. E. LeBlanc au même, 11 déc. 1949. ACPSB. Circ. de Mgr Pocock aux curés, 24 nov. 1948. SDA. Circ. 2 et 3, 29 déc. 1948. ADSP. Codex, 1er déc. 1948, p. 184-185. G. Michaud à Maurice Baudoux, 12 nov. 1949 ; 28 déc. 1949. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 9 août 1949. R. Laplante à Maurice Baudoux, 23 avril 1952, ACPSB. Le Droit, 2 mai 1952, ACPSB. Maurice Baudoux à A. Boucher, 8 févr. 1949. A. Boucher à Maurice Baudoux, 22 févr. 1949, MOGA.
Notes
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32. Circ. 4, s.d. [janv. 1949]. Circ. 6, 25 janv. 1949. ADSP. 33. Codex, févr. 1949, p. 185. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 30 mars 1949 ; 28 sept. 1949, ACPSB. 34. Maurice Baudoux à A. Boucher, 13 mars 1949. A. Boucher à Maurice Baudoux, 22 mars 1949, MOGA. La Survivance, 13 avril 1949. La circ. 9 [avril 1949] manquante contenait sans doute la liste des nominations. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 8 avril 1949, ACPSB. 35. Maurice Baudoux à A. Boucher, 24 mars 1949 et 19 avril 1949. MOGA. 36. Circ. 7, 15 févr. 1949. Circ. 11, 15 mai 1949. Questionnaire, 12 mai 1949. Circ. 13, 10 juin 1949. ADSP. 37. Maurice Baudoux à J.-A. Sabourin, 25 mars 1949. Sabourin à Maurice Baudoux, 28 mars 1949, ACPSB. 38. Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 23 avril 1949, 12, 13, 16, 23 mai 1949, 7 et 19 juin 1949. Cinq autres lettres non datées [probablement en mai 1949], écrites par Mariette à son frère de l’hôpital de Saskatoon, traitent du même sujet. ACPSB. 39. Maurice Baudoux, « Fantastique aventure », Edmonton, juill. 1949. ACPSB. La Survivance du 6 juill. 1949 annonce que la chorale du collège d’Edmonton est à Montréal. 40. Codex, 24 mai 1949, p. 185-186. La Survivance, 18, 25 mai 1949 ; 1er, 8, 22 juin 1949 ; 6, 13, 20 juill. 1949. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 8 avril 1949 ; 9 août 1949. 41. Circ. 14, 25 juin 1949. ADSP. Sabourin à Maurice Baudoux, 28 juin 1949 ; 18 oct. 1949 ; 6 déc. 1949. Mariette Baudoux au même, 7 et 13 juill. 1949. ACPSB. 42. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 9 août 1949. Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 15 août 1949, ACPSB. 43. Circ. 10, 30 avril 1949. Circ. 15, 1er juill. 1949. ADSP. Codex, 3 août, 3 et 10 sept. 1949, p. 189190. 44. Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 12 août 1949. Maurice Baudoux à Mgr Pierre, 31 août 1949. ACPSB. Les évêques attendent 50 000 personnes au ralliement à Edmonton le 9 octobre. Le programme de la croisade s’étale du 11 sept. au 14 oct. La Survivance, 31 août 1949 ; 19 oct. 1949 ; L’heure du Rosaire, 11 et 18 sept. et 9 oct. 1949. Codex, 18 sept. 1949, p. 190. 45. Circ. 19, 7 sept. 1949. La Survivance, 7, 21, 28 sept. 1949 ; 5 oct. 1949. L’heure du Rosaire, 11 et 18 sept. 1949 ; 9 oct. 1949. Roger Brien à Maurice Baudoux, 16 déc. 1949. ACPSB. 46. Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 4 sept., 13 oct. 1949. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 28 sept. 1949. Le même, à Mgr J. Gawlina, 1er oct. 1949. Le même à J. Warczak, 19 févr. 1950. Le même à Antoniutti, 10 avril 1951 ; 7 févr. 1952. Antoniutti à Maurice Baudoux, 4 févr. 1952, ACPSB. Codex, 12 et 17 oct. 1950, p. 202. 12 déc. 1950, p. 204. 47. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 24 oct. 1949. R. Laplante à Maurice Baudoux, 23 avril 1952, ACPSB. La Survivance, 26 oct. 1949. Codex, 25 nov. 1949, p. 192. 48. La Survivance, 19 oct. 1949 ; 9 nov. 1949, « Après 15 ans de lutte, Radio-Edmonton voit enfin le jour » ; 16 nov. 1949 ; 23, 30 nov. 1949 ; M. Baudoux, « CHFA, œuvre de collaboration, motif de fierté, instrument de haute culture », 21 déc. 1949. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 30 oct. 1949 ; 1er, 3, 8, 10 nov. 1949. ACPSB. Codex, 20 nov. 1949, p. 192. 49. Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 1er déc. 1949. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 6 déc. 1949. ACPSB. Codex, 30 nov. 1949, p. 192. 50. Codex, 31 nov. 1949, p. 193 ; 29 janv. et 12 févr. 1950, p. 194. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 31 janv. et 20 févr. 1950. Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 16 févr. 1950. ACPSB. La Survivance des 8 mars et 5 avril 1950 fait écho aux instructions de Mgr Baudoux sur la messe qu’il célèbre face au peuple, de l’instauration du chant des Vêpres le dimanche soir et de l’avancement de la construction de l’évêché. 51. Circ. 5, 18 janv. 1949. Exhortation apostolique de Pie XII, 11 févr. 1949. Circ. 16, 10 juill. 1949. Circ. 18, 1er sept. 1949. ADSP. 52. Circ. 9 (b), 25 avril 1949. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 31 janv. 1950. ACPSB. La Survivance, 29 mars 1950. 53. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 6, 10 et 20 févr. 1950. Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 9 et 16 févr. 1950. Codex, 7 et 23 mars 1950, p. 195-196 ; 18 juin 1950, p. 197. La Survivance, 5 avril 1950.
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54. La Survivance, 12 et 26 avril 1950. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 6 avril 1950. ACPSB. 55. Armand Tombu à Maurice Baudoux, 17 avril 1950 ; Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 1er et 21 mai 1950 ; Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 18 mai 1950. ACPSB. La Survivance, 17 et 23 mai 1950. Codex, 25 mai 1950, p. 196 ; 7 et 17 juill. 1950, p. 197. 56. Codex, 30 sept. au 10 oct. 1950, p. 200-202 ; 26 oct. 1950 ; 1er et 23 nov. 1950, p. 203. La Survivance, 11 oct. 1950. 57. Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 1er mars 1950. ACPSB. 58. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 2 et 5 mars 1950 ; 16 avril 1950. ACPSB. 59. Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 10 mars et 11 avril 1950. Maurice Baudoux à M. Déchêne, 11 et 13 mars 1950. Maurice Baudoux, à Berthe Baril, 4 avril 1950. ACPSB. 60. Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 2 mai, 22 juin, 3 juill. 1950. Lucie Moreau à Mariette Baudoux, 2 juin 1950. Flore Didry à Mariette Baudoux, 10 juin 1950. Maurice Baudoux à Antoniutti, 4 juill. 1950. ACPSB. Le même à Margerie, 2 juill. 1950. ACF/SAB. La Survivance, 5 juill. 1950 ; 2 août 1950 ; 11 oct. 1950 ; 15 nov. 1950. 61. J.-O. Fournier à Maurice Baudoux, 27 oct. 1950. Maurice Baudoux à Fournier, 31 oct. 1950. MOGA. 62. Maurice Baudoux à Fournier, 13 nov. 1950. Le même à L.-C. Clément Latour, 21 déc. 1950, MOGA. 63. Codex, 24 sept. 1950 ; 1er, 7 et 14 janv. 1951, p. 204-206. La fermeture de la résidence Saint-Paul sera signifiée officiellement le 15 janv. 1952. Fournier à Maurice Baudoux, 9 janv. 1952 ; Maurice Baudoux à Fournier, 15 janv. 195[2]. MOGA. 64. Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 23 févr. 1949. ACPSB. 65. Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 11 mars 1949 ; Yvon Saint-Arnaud à Maurice Baudoux, 11 mars 1949. ACPSB. 66. Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 17 et 18 mars 1949 ; 23 mai 1949 ; 2, 19 juin 1949. ACPSB. 67. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 9 août 1949. Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 7 et 21 juill. 1949 ; 3, 15 et 31 août 1949. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 24, 30 oct. 1949 ; 1er et 3 nov. 1949. ACPSB. 68. Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 9 janv. [1950] ; 7 et 9 févr. 1950. La même, lettre circ. de la société d’enseignement postscolaire, 25 févr. 1950. ACPSB. Enquête provinciale d’inventaire sur l’artisanat, ACFC, janv. 1950, ACF/SAB. 69. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 11 mai 1950. Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 18 mai, 7 juin et 11 juin, 3 et 6 juill. 1950 ; 25 oct. 1950. ACPSB. 70. Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 26 oct. 1950 ; 21 mars ; 2 avril 1951 ; 25 et 29 avril 1951 ; 13, 22 mai 1951. ACPSB. La même à Margerie, 25 avril 1951, ACF/SAB. 71. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 27, 29, 30 mai 1951 ; 3 juin 1951. Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 29, 31 mai ; 1er, 5, 13, 17, 18, 22, 26 et 28 juin 1951. ACPSB. Margerie à Mariette Baudoux, 26 nov. 1951 ; 20 août 1952. Mariette Baudoux à Margerie, 12 août 1952. ACF/SAB. 72. Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 25 mars 1952 ; 24 avril 1952. ACPSB. Mariette Baudoux à Margerie, 3 et 14 avril 1952, ACF/SAB. 73. Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 23 févr. 1949, 17 mars 1949 ; 14 avril 1949 ; 7, 21 et 28 juill. 1949 ; 11 févr. 1950 ; 1er mars 1950 ; 30 oct. 1950 ; 26 nov. 1950. Maurice Baudoux à Margerie, 24 avril 1949. ACPSB. Margerie à Mariette Baudoux, 4 mai 1949, ACF/SAB. 74. Maurice Baudoux à Margerie, 24 avril 1949 ; 2 juill. 1950. Mariette Baudoux à Margerie, 14 avril, 1950. Margerie à Maurice Baudoux, 27 juin 1950. Margerie à Demay, 5 juill. 1950. Le même à Mariette Baudoux, 15 juill. 1950. ACF/SAB. Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 25 oct. 1950 ; 26 nov. 1950, ACPSB. 75. Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 26 déc. 1948 ; 8 janv. ; 7 et 13 févr. ; 9, 17 et 27 mars 1949. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 2 janv. ; 25 févr. 1949. ACPSB. 76. Edgard Baudoux à Maurice Baudoux, 15 oct. 1948. 12 févr. 1950. ACPSB.
Notes
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77. Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 17 nov. ; 9, 26, 30 déc. 1948 ; 16 mai 1949 ; 24 juin 1949 ; 1er déc. 1949 ; 15 mars 1951 ; 2 avril 1951. Maurice Balcombe à Bourdel, 22 juin 1949. ACPSB. 78. Bourdel à Pocock, 15 août 1948. SDA. Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 17 août 1948. ACPSB. 79. Bourdel à Maurice Baudoux, s.d., jeudi [28 oct. 1948], 8 h 30 du soir. ACPSB. 80. Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 3 nov. 1948. ACPSB. 81. Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 11, 17 nov. 1948. ACPSB. 82. Bourdel à Maurice Baudoux, 17 nov. 1948. Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 9 déc. 1948 ; 8 janv., 13 févr., 26 mars, 6 avril, 13, 16 mai ; 2, 7 juin 1949. ACPSB. 83. Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 27 mars 1950. ACPSB. 84. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 29 mars 1950. Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 31 mars 1950. ACPSB. 85. Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 29 avril 1950, 18 et 25 mai 1950 ; 16 juin 1950 ; 26 nov. 1950 ; 19 janv. 1951 ; 9 et 24 févr. 1951 ; 15 et 21 mars 1951. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 21 mai 1950. Bourdel à Mariette Baudoux, 11 juill. 1950. ACPSB. Bourdel à Pocock, 12 mars 1951. SDA. 86. Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 2, 3 et 29 avril 1951 ; 22 mai 1951. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 3 avril 1951 ; 21 mai 1951. Agenda de Baudoux, 22 et 23 mai 1951. Pocock à Mariette Baudoux, 25 août 1951. Il n’a pas de notes du sermon prononcé aux funérailles, mais il rappelle à Mariette les fortes impressions qu’il garde de ses dernières paroles : « The expression La fête de la mort was new to me, and I have used it in several sermons since. I was really like a child preparing to go to a party. You remember that the little talks he gave to all of us that evening [le soir de sa mort] concerned the love of God. » ACPSB. 87. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 27 et 30 mai 1951. Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 29 mai ; 5, 17 juin 1951. ACPSB. 88. R. Denis à Maurice Baudoux, 1er et 21 juin 1951. Lemieux au même, 4 et 15 juin 1951. P. Béchard au même, 20 juin 1951 ; 25 juill. 1951. Maurice Baudoux à Béchard, 22 juin 1951. L. Bérubé à Maurice Baudoux, 31 juill. 1951. ACPSB. 89. Mariette Baudoux à Margerie, 7 sept. 1951, ACF/SAB. E. Bérichon à Maurice Baudoux, 19 nov. 1951. Marthe Deschesnes à Françoise Fortin, 19 déc. 1951. Antoniutti à Maurice Baudoux, 26 févr. 1952 ; 1er mars 1952. ACPSB. 90. Maurice Baudoux à Antoniutti, 27 févr. 1952. ACPSB. 91. Le même au même, 3 mars 1952. Antoniutti à Maurice Baudoux, 8 mars 1952. ACPSB. Circ. 58, 12 mars 1952. Circ. 60, 13 avril 1952. Circ. 62, 28 mai 1952. ADSP. Mariette Baudoux à Margerie, 3 mars 1952 ; 14 avril 1952. ACF/SAB. 92. H. Routhier à Maurice Baudoux, 9 et 26 janv. 1952. Maurice Baudoux à H. Routhier, 10 janv. 1952. 93. Maurice Baudoux à Antoniutti, 11 janv. 1952. ACPSB. 94. Maurice Baudoux à Antoniutti, 12 mars 1952. Le même à M. Lajeunesse, 8 mai 1952, ACPSB.
Notes du chapitre 9
1. Mgr Béliveau (1870-1955) était archevêque de Saint-Boniface depuis 1915. En 1933, son état de santé oblige Rome à lui nommer un coadjuteur, Mgr Émile Yelle (1893-1947) avec le titre d’archevêque titulaire d’Arcadiopolis in Europa. Malade, ce dernier demande à être relevé de ses fonctions en 1941. Mgr Georges Cabana lui succède jusqu’à ce qu’il soit nommé archevêque de Sherbrooke en 1952. 2. A. Hacault à Maurice Baudoux, 14 mars 1952. R. DeRoo au même, 14 mars 1952. J. Sauriol au même, 15 mars 1952. V. Gaudet au même, 19 mars 1952. Roger Charbonneau au même, 20 mars 1952. G. Couture au même, 2 avril 1952. Mgr A.-M. Charrue au même, 2 avril 1952. A. Decosse au même, 2 avril 1952, 11 mai 1952. J.-B. Caron au même, 8 juin 1952. ACPSB. 3. Maurice Baudoux à É. Lévesque, 17 mars 1952. ACPSB.
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4. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 17, 22 avril 1952. Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 22 avril 1952. ACPSB. 5. Antoniutti à Maurice Baudoux, 21 et 31 mars 1952. Maurice Baudoux à Antoniutti, 27 mars 1952, 14 mai 1952. ACPSB. 6. Decosse à Maurice Baudoux, 1er avril 1952. Maurice Baudoux à Decosse, 3 avril 1952. Le même à G. Cabana, 7 avril 1952. L Guy à Maurice Baudoux, 10 mai 1952. Maurice Baudoux à Guy, 12 mai 1952. J. Robert à Maurice Baudoux, 13 mai 1952. Maurice Baudoux à J. Robert, 14 mai 1952. ACPSB. 7. Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 21, 24 avril 1952. ACPSB. 8. J. A. Sabourin, à Maurice Baudoux, 10 mai 1952. A. Decosse au même, 11 mai 1952. Maurice Baudoux à A. Decosse, 14 mai 1952. ACPSB. 9. « Catholics Welcome Archbishop Baudoux », The Winnipeg Tribune, 3 juin 1952. « L’apôtre de la radio française dans l’Ouest remplace S. E. Mgr Cabana », La Liberté et le Patriote, 6 juin 1952. M. Prud’homme, à Maurice Baudoux, 4 juin 1952. S. Loranger au même, 5 juin 1952. ACPSB. « Bienvenue à S. E. Mgr Maurice Baudoux », Les Cloches de Saint-Boniface, LI, 4, juill.-août 1952. 10. Maurice Baudoux à P. Lussier, 28 juin 1952. Circ. 62, 9 juill. 1952. ADSP. G. Bouchard à Maurice Baudoux, 18 juin 1952. R. Lemelin au même, 18 juin 1952. Y. Lachance au même, 19 juin 1952. E. Bernet-Rollande au même, 10 juill. 1952. Maurice Baudoux à Bernet-Rollande, 14 juill. 1952. ACPSB. 11. P. Lussier à Maurice Baudoux, 7 juill. 1952. Le même à sr Aurélie du Précieux-Sang, 14 juill. 1952. Sr Aurélie du P.-S. à Maurice Baudoux, 16 juill. 1952. Maurice Baudoux à L.-P. Mousseau, 5 août 1952. Le même à F. Pothier, 7 août 1952. ACPSB. Maurice Baudoux à Loranger, 9 juill. 1952. Circ. 64, 27 juill. 1952. ADSP. 12. A.-M. Parent à Maurice Baudoux, 6 et 17 oct. 1952 ; 3 nov. 1952. F. Vandry au même, 11 oct. 1952. Maurice Baudoux à Parent, 12 oct. 1952. ACPSB. D’Auteuil Richard à L. Pouliot, 14 oct. 1952, ASJCF. La Liberté et le Patriote, 10 oct. 1952. Chroniques, 2 déc. 1952, ASNJM. Chroniques, 2 déc. 1952, AMO. L’allocution faite à l’Association d’éducation du Manitoba publiée dans La Liberté et le Patriote est reprise sous le titre : « Notre peuple a grandi dans la lutte ; c’est ce qui fait sa force », La Vie française, 7, no 4, déc. 1952, p. 202-219. Cloches, janv. 1953. 13. Variétés françaises à CKSB, 2 nov. 1952. A. de Margerie à Maurice Baudoux, 5 nov. 1952. P.-E. Gosselin au même, 5 nov. 1952. Maurice Baudoux à Gosselin, 8 nov. 1952. Comité de la survivance à Maurice Baudoux, 14 nov. 1952. Madeleine Plouffe au même, 5 déc. 1952. Gosselin au même, 11 déc. 1952. ACPSB. La Survivance, 29 oct. 1952. La Liberté et le Patriote, 5 déc. 1952. O. Héroux, « Le couronnement d’une grande œuvre. L’inauguration du 4e poste français », Le Devoir, 12 déc. 1952. 14. A. Nadeau à Maurice Baudoux, 17 nov. 1952. Maurice Baudoux à A. Nadeau, 12 déc. 1952. E. Bussière à E. LeBlanc, 28 oct. 1952. Journée sacerdotale 26 nov. 1952. J.-M. Couët, UCC, à Maurice Baudoux, 5 août 1952. Service d’immigration, 27 sept. 1952. C.-E. Couture, à Maurice Baudoux, 19 oct. 1952. M. Hermaniuk à J. Robert, 24 nov. 1952. ACPSB. 15. Mandement et Lettre pastorale, 31 déc. 1952. Les Cloches de Saint-Boniface, LII, janv. 1953, p. 3-7. 16. H. Routhier à Maurice Baudoux, 27 avril 1953 ; 26 janv. 1954. Larochelle au même, 31 janv. 1954. Lussier au même, 7 juin 1954. Maurice Baudoux à Panico, 9 août 1954. Agenda, 24 janv. 1955. Le même à Mariette Baudoux, 23 avril 1957 ; 23 avril 1958. A. Decosse à Maurice Baudoux, 25 mai 1957. 17. Blais à Maurice Baudoux, 6 janv. 1956, première d’une série de lettres qui jusqu’à la fin de février font état des difficultés de Mgr Blais, qui serait accusé de ne pas s’occuper de la portion anglaise de son diocèse et de ne faire du recrutement sacerdotal que pour la portion française. Mgr Baudoux fait des démarches auprès du card. Léger pour qu’il intervienne en sa faveur auprès du délégué apostolique. Panico à Maurice Baudoux, 16 juin 1956. Maurice Baudoux à Panico ; 22 juill. 1956. 18. Circ. juin 1954. Circ. 26 déc. 1955. ACPSB. 19. Maurice Baudoux à A. d’Eschambault, 11 mai 1955. ACPSB.
Notes
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20. Le Droit, 15 sept. 1955. Agenda, 14 sept. 1955. Maurice Baudoux à F. Pothier, 26 sept. 1955. Circ. 23 déc. 1955. ACPSB. 21. Alloc. au clergé, 30 déc. 1955. ACPSB. 22. Aux curés, 26 sept. 1954. A. Denis à Baudoux, 12 févr. 1954. Circ. 6 janv. 1956 ; 10 janv. 1956 ; 21 mars 1956. Le décret du 9 févr. 1951 ramenait, à titre d’essai, la Vigile pascale au milieu de la nuit ; insérée dans la restauration de la Semaine sainte, cette pratique devenait obligatoire le 5 nov. 1955. 23. Entrevue avec l’abbé Maurice Deniset-Bernier, 29 juin 1999. 24. Circ. 1er juill. 1956. ACPSB. 25. Circ. 27 août 1956. Alloc. aux prêtres, 30 déc. 1956. ACPSB. 26. Sermons, 7 mars-14 avril 1957. R. Robidoux à Maurice Baudoux, 9 oct. 1957. ACPSB. 27. Cloches, juin et août 1958. Alloc. aux prêtres, 19 juin 1958. ACPSB. 28. Maurice Baudoux à Mgr Klein, 23 janv. 1953. Margerie à Maurice Baudoux, 26 janv. 1953. Maurice Baudoux à Margerie, 29 janv. 1953. ACPSB 29. Maurice Baudoux à A. de Margerie, 6 janv. 1953. ACPSB. 30. A.-M. Parent à Maurice Baudoux, 3 et 11 nov. 1952 ; 24 déc. 1952. Maurice Baudoux à Parent, 7 nov. 1952 ; 16 déc. 1952. Le même à Omer Labbé, 23 janv. 1953. Le même à Antoniutti, 30 oct. 1953. Le même à Panico, 30 août 1955. Le même à Margerie, 4 mars 1953. État de compte de 350 $, 8 févr. 1953. Margerie à Maurice Baudoux, 1er mars 1953. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 23 nov. 1954. ACPSB. 31. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 16 oct. 1954. Œuvre des Tracts no 412, mars-avril 1955. P.-É. Gratton, c.s.v., à Maurice Baudoux, 11 mai 1955. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 2 juill. 1955. Agenda, 25-30 nov. 1956. Cloches, janv. 1957. R. Nadeau à Maurice Baudoux, 9 nov. 1957. A. Carter au même, 28 mars 1958 ; 30 mai 1958 ; 21 juin, 1958. Maurice Baudoux à A. Carter, 19, 30 mai 1958 ; 18 juin 1958. ACPSB. 32. Chroniques, 16 oct. 1952, ASNJM. Chroniques, 2 déc. 1952, 5 janv. 1953 ; 19 févr. 1953 ; 3 janv. 1956, AMO. Chroniques, 4, 16 déc. 1952 ; 1er janv. 1953 ; 1er janv. 1955 ; 1er janv. 1956 ; 1er janv. 1958, ASGM. 33. Cloches, nov. 1953. Richard Joly à Maurice Baudoux, 2 déc. 1953. Chroniques, sept. 1954, p. 60, AMO. Alloc. aux religieuses, 31 déc. 1953 ; 31 déc. 1954 ; 2 déc. 1952, ACPSB. 34. Alloc. aux religieuses, 30 déc. 1955 ; 31 déc. 1956 ; 31 déc. 1957 ; 31 déc. 1958. Dir. de l’Institut Regina Mundi à Maurice Baudoux, 26 sept. 1956, ACPSB. 35. Agenda, 13 avril 1955. ACPSB. Chroniques, 14 avril 1955, ASGM. Maurice Baudoux à J. Bruns, 22 mai 1956. Chroniques, 15, 24 sept. 1956, AMO. Chroniques, 7 sept. 1957 ; 11 mars 1961 ; 10 avril 1961, ASNJM. Baudoux, chez Spes et à la Maison de la Bonne Presse, 27 févr. 1958. Cloches, févr. 1960. 36. Maurice Baudoux à sr Rosalie, 31 mai 1954. Chroniques, 27 mai 1955 ; 7 août 1955. 29 sept. 1955 ; 30 juin 1956 ; 24 juill. 1956 ; 9 nov. 1956, ASGM. Chroniques, 18 févr. 1956 ; 8 févr. 1957 ; juin 1957 ; 17 juill. 1957, AMO. 37. Chroniques, 19 janv. 1957, ASNJM. Chancelier à sec. prov. ASGM, 22 mai 1957 ; 11 oct. 1957 ; 10 sept. 1959. Chroniques, 3 janv. 1958 ; 28 mai 1958, AMO. 38. Cf. L. Beaulieu, « L’évolution du concept d’action catholique dans le diocèse de Saint-Boniface de 1945 à nos jours [1970] », Cloches, juill.-août 1970, p. 231 ss. L’auteur discerne trois phases, l’action catholique (1945-1960), apostolat des laïcs (1960-1968), laïcat (1968-1970). 39. Alloc. aux éducateurs, 3 janv. 1953. ACPSB. 40. L. Pouliot à D’Auteuil Richard, 7 nov. 1952. ASJCF. G. Legault à Maurice Baudoux, 9 nov. 1952. ACPSB. Maurice Baudoux à G. Legault, 16 déc. 1952. L. Telmosse à Maurice Baudoux, 3 févr. 1954. G. Belcourt au même, 21 févr. 1954. ACPSB. D’Auteuil Richard à Goulet, 4 mars 1954. ASJCF. 41. Maurice Baudoux à Boily, 1er août 1954. Notes de Maurice Baudoux, Agenda 3 avril 1955. Van Belleghem à Maurice Baudoux, 26 sept. 1956. Le même à Boily, 27 sept. 1956. G. Goulet à Boily, 22 févr. 1958. ASJCF. 42. [A. Couture] Rapport sur l’organisation de l’AC de 1937 à 1947, 18 févr. 1954. ACPSB.
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43. [D. Roy] à Maurice Baudoux, 19 févr. 1954. G. Belcourt à Maurice Baudoux, 21 févr. 1954. ACPSB. 44. R. DeRoo, « La JEC au Collège. Quelques considérations », 22 févr. 1954. ACPSB. 45. Cloches, févr. et mai 1953. Éd. Spes à Maurice Baudoux, 12 janv. 1953. R. Potvin à Maurice Baudoux, 20 juin 1953. ACPSB. 46. Chroniques, 15 juill. 1953, ASNJM. Chroniques, 24 juill. 1953, ASGM. Cloches, déc. 1953. 47. C. Ryan à Maurice Baudoux, 28 avril 1954. M.-P. Arbez à Maurice Baudoux, 5 mai 1954. Alloc. 9 janv. 1955. Secrétariat national de l’AC aux Pays-Bas au même, mars 1955. Journée d’AC pour les prêtres, 1er févr. 1955, ACPSB. Journée d’AC pour les institutrices, Chroniques, 7 janv. 1956, ASGM. 48. L. Bouvier à Maurice Baudoux, 23 nov. 1956. Chroniques, 16 août 1957, ASNJM. G. Bouchard à Maurice Baudoux, 9 juill. 1958, ACPSB. 49. R. Duhamel, « La Colonisation », Cloches, août 1944, p. 200-202. 50. Conférences sur « L’établissement rural » : Marc. R. Meunier à CKAC, 17 janv. 1953 ; 26 sept. 1953. E. Tanguay à CKAC, 24 janv. 1953. ACPSB. Maurice Baudoux à G. Bouchard, 29 janv. 1953. Le même à F.-A. Savard, 25 sept. 1953. Retraite sociale rurale 24-26 févr. 1953 ; 3-5 mars 1953. ACPSB. Cloches, avril 1953. 51. C.-E. Couture à Maurice Baudoux, 20 mars 1953 ; 27 mai 1953 ; 31 mai 1955. G. Bouchard au même, 12 juill. 1953 ; 16 oct. 1959. Correspondance, 12 févr. 1953. P. Poirier à Maurice Baudoux, 7 août 1953. P.-J. Granereau aux évêques, 30 sept. 1955. M. Allard à Maurice Baudoux, 3 févr. 1956 ; 21 mars 1958 ; 10 mars 1959 ; 3 mars 1960 ; 16 févr. 1962 ; 7 mars 1962. ACPSB. 52. Cloches, juin 1954, p. 130. M. Bonneville à Maurice Baudoux, 31 mai 1954. C.-E. Couture au même, 27 juin 1955 ; 28 févr. 1958 ; 21 mars 1959. J.-B. Lanctôt au même, 24 et 31 août 1955 ; 28 juin 1958 ; 30 sept. 1958. SCER. « Quelques aspects de la situation démographique des Canadiens français en Saskatchewan », 12 sept. 1958. 53. G. Panico aux évêques, 26 janv. 1956. A. Malouin à Maurice Baudoux, 21 mars 1956. Lanctôt au même, 23 avril 1956. N. Préfontaine au même, 21 juin 1956 ; 16 juill. 1956. R. C. Alary, SCER, 15 janv. 1960. 54. Lettre J.-Z. Robert, 1er déc. 1956. Conseil canadien du bien-être, 13 déc. 1956. Lanctôt, SCER, à Maurice Baudoux, 24 janv. 1957. A. Rioux à Maurice Baudoux, 7 déc. 1959. ACPSB. 55. Cf. chap. 2, p. 47-48. 56. Texte dact., s.n., 3 p., 4 mai 1940, ASJCF. On y reprend des étapes marquantes des relations de l’évêque avec le collège, entre 1877 et 1940. Confirmé en 1943 par le supérieur provincial A. Dragon : « Mgr Béliveau passa la propriété du petit séminaire à la Corporation du collège de Saint-Boniface et en confia l’administration aux RR. PP. Jésuites, et le collège, fusionné avec le petit séminaire, devint le collège-séminaire diocésain de Saint-Boniface. » Dragon à Cabana, 2 nov. 1943. ASJCF. 57. G. Desjardins à Léon Pouliot, 4 et 18 avril 1951. L. Pouliot à Cabana, 7 avril 1951. Pouliot à Cabana, 15 avril 1951. Cabana à Pouliot, 21 avril 1951. ASJCF. 58. Pouliot à Cabana, 2 et 13 mai 1951. Cabana à Pouliot, 6 mai 1951. Pouliot à Desjardins, 9 mai 1951. D’Auteuil Richard à Pouliot, 2 et 16 août 1951. Pouliot à D’Auteuil Richard, 12 août 1951. ASJCF. 59. I. Antoniutti à Pouliot, 18 août 1951. D’Auteuil Richard à Pouliot, 28 août 1951. ASJCF. 60. D’Auteuil Richard à Pouliot, 16 sept. 1951. ASJCF. 61. Pouliot à D’Auteuil Richard, 12 janv. 1952. D’Auteuil Richard à Pouliot, 10 févr. et 9 mars 1952. ASJCF. Cloches, mars-avril 1952, p. 1. Maurice Baudoux à Cabana, 7 avril 1952. ACPSB. 62. D’Auteuil Richard à Pouliot, 9 mars 1952 ; 16 mars 1952 ; 18, 29 avril 1952. ASJCF. La Liberté et le Patriote, 4 juin 1941. 63. D’Auteuil Richard à Pouliot, 20 mai 1952 ; 26 juill. 1952. Pouliot à D’Auteuil Richard, 22 mai 1952 ; 13 août 1952. ASJCF. 64. D’Auteuil Richard à Pouliot, 17, 21 août 1952. Pouliot à D’Auteuil Richard, 19 août 1952. ASJCF. Maurice Baudoux à Piché, 22 août 1952. ACPSB. Cf. chap. 8. 65. D’Auteuil Richard à Maurice Baudoux, 22 août 1952. Piché à Maurice Baudoux, 31 août 1952. ACPSB. D’Auteuil Richard à Pouliot 24 août 1952. Pouliot à D’Auteuil Richard, 28 août 1952.
Notes
66. 67. 68. 69. 70.
71. 72.
73. 74. 75. 76. 77.
78.
79. 80. 81. 82.
481 ASJCF. D’Auteuil Richard à Piché, 29 août 1952. A. Joyal à Maurice Baudoux, oct. 1952, ACPSB. D’Auteuil Richard à Pouliot, 16 févr. 1953 ; 1er avril 1953. Pouliot à D’Auteuil Richard, 22 févr. 1953 ; 29 mars 1953. ASJCF. D’Auteuil Richard à Maurice Baudoux, 24 févr. 1953, ACPSB. Pouliot à D’Auteuil Richard, 16, 25 et 29 mars 1953, ASJCF. Maurice Baudoux aux membres de la Commission épiscopale, 30 mai 1953. ACPSB. Cette commission se compose des abbés U. Forest, Ad. Couture, Charles Empson, Jos. Jolicœur, Léon Roy et W. Szumski. D’Auteuil Richard à Pouliot, 4 mai 1953. ASJCF. P.-v. de la réunion de la commission épiscopale, 13 juin 1953, ACPSB. Maurice Baudoux à A. Joyal, 7 juin 1953. P.-v. de la réunion de la commission épiscopale, 5 juill. 1953. ACPSB. D’Auteuil Richard à Pouliot, 11 juill. 1953. ASJCF. D’Auteuil Richard à G. Goulet, 1er sept. 1953. Notes D’Auteuil Richard, nov. 1953. Mémorial de la visite du provincial au collège, 11-17 nov. 1953. Goulet à D’Auteuil Richard, 23 nov. 1953. Goulet à D’Auteuil Richard, 9 et 13 mars 1954. Goulet à D’Auteuil Richard, 10 et 30 mars 1954. ASJCF. Maurice Baudoux à A. d’Eschambault, 19 mars 1954. D’Auteuil Richard à Maurice Baudoux, 21 juin 1954. ACPSB. Goulet à Maurice Baudoux, 28 août 1954. ASJCF. Selon la « Convention entre Mgr l’Archevêque de Saint-Boniface et les RR. PP Jésuites au sujet du collège-séminaire de Saint-Boniface » signée par Mgr É. Yelle et le provincial É. Papillon le 9 mai 1939, la Corporation du collège de Saint-Boniface se compose exclusivement de jésuites, sous la présidence de l’archevêque de Saint-Boniface ; deux fois par année, le préfet doit rendre compte de la discipline et le procureur de l’administration temporelle ; les décisions dépassant la simple administration courante devront être soumises à la ratification de l’archevêque avant d’être promulguées. O. Boily à Maurice Baudoux, 4 août 1955. Maurice Baudoux à Goulet, 5, 7 août 1955. Le même à Boily, 9 août 1955. ASJCF. Goulet à Maurice Baudoux, 11 août 1955. ASJCF. Maurice Baudoux à Goulet, 17 août 1955. ACPSB. Mémorial de la visite, 2-9 déc. 1955. Boily à Maurice Baudoux, 7 avril 1956. Boily à Desorcy, 2 août 1956. Le même à Maurice Baudoux, 4, 27 août 1956. Maurice Baudoux à Boily, 30 août 1956. Boily à Maurice Baudoux, 6 sept. 1956. ASJCF. Maurice Baudoux à Boily, 26 sept. 1955. Boily à Van Belleghem, 13 sept. 1956. Van Belleghem à Maurice Baudoux, 26 sept. 1956. Le même à Boily, 27 sept. 1956. ASJCF. « The Premier and the Government of Manitoba », 10 p., 1957. ACPSB. Boily à Maurice Baudoux, 19 août 1957. ASJCF. Maurice Baudoux à Jan Warczak, 11 et 14 avril 1952, 7 juill. 1952. ACPSB. D’Auteuil Richard à Pouliot, 18 et 29 avril 1952, ASJCF. Maurice Baudoux à Antoniutti, 23 juill. 1952. A. Decosse à Maurice Baudoux, 5 déc. 1952. Antoniutti à Maurice Baudoux, 28 oct. 1953. Maurice Baudoux à Antoniutti, 30 oct. 1953. ACPSB. Garant à Cabana, 2 janv. 1951. Maurice Baudoux à Parent, 6, 23 août 1952 ; 16 déc. 1952. Parent à Maurice Baudoux, 18 oct. 1952 ; 3 nov. 1952. P.-E. Crépault au même, 10 nov. 1952. Maurice Baudoux à Irénée Lussier, 10 oct. 1954. P.-É. Léger à Pizzardo, 15 oct. 1954. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 16 oct. 1954. ACPSB. J. Robert à Maurice Baudoux, 24 nov. 1952. H. Routhier au même, 20 févr. 1953. Maurice Baudoux à Decosse 11 mars 1953. Le même à Decosse, J. Robert, A. Boulet, A. Hébert, D. Roy, 6 avril 1953. ACPSB. Rapport de la Commission, 8 avril 1953. Maurice Baudoux à M. Lacombe, 25 mai 1953. ACPSB. Laurence à Maurice Baudoux, 22 août 1953. Notes ms de Maurice Baudoux, 24 et 25 août 1953. ACPSB. I. Antoniutti à Maurice Baudoux, 28 oct. 1953. Laurence au même, 19 nov. 1953. J. Cybart au même, 30 nov. 1953. Maurice Baudoux à Lacombe, 11 déc. 1953. Le même à Laurence, 20 déc. 1953. ACPSB.
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83. Lacombe à Maurice Baudoux, 9 janv. 1954. Maurice Baudoux à Laurence, 25 juin 1954. A. Martin, 28 janv. 1954. DeRoo, à J.-B. Vinet, 9 mai 1954. Lussier à Maurice Baudoux, 29 juin 1954. Délibérations du comité de construction, 21 juin 1954. ACPSB. 84. Cloches, oct. 1954, p. 209 ; nov. 1955, p. 212. Maurice Baudoux, à Lussier, 10 oct. 1954. Bilan au 31 déc. 1955. ACPSB. 85. Circ. au clergé, 18 août 1954. Maurice Baudoux à É. Gagnon, 27 févr. 1955. Gagnon à Maurice Baudoux, 3, 4 mars 1955. G. Cabana au même, 5 mars 1955. Lussier au même, 20 mars 1955. É. Frenette au même, 21 mars 1955. P. Caza au même, 30 mars 1955. Maurice Baudoux à P.-E. Gosselin, 13 avril 1955. Gosselin à Maurice Baudoux, 16 avril 1955. C.-E. Parent au même, 14 mai 1955. L. Maurice au même, 17 mai 1955. « Mémoire sur l’aide demandée aux Chevaliers de Colomb du Québec, en vue de l’agrandissement du Grand Séminaire de Saint-Boniface », avril 1955. Le juge Fontaine soumet la requête à son exécutif d’État le 7 mai et exige le concours entier des évêques avant le congrès provincial des Chevaliers de Colomb des 21 et 22 mai. Fontaine à Maurice Baudoux, 14 mai 1955. ACPSB. 86. C.-O. Garant à Fontaine, 30 juin 1955. Cloches, févr. 1955. É. Jetté à Maurice Baudoux, 19 mars 1955. Évêques français de l’Ouest aux évêques du Québec, 5 avril 1955. Decosse à Maurice Baudoux, 11 avril 1955. Rencontre des évêques de l’Ouest avec Gosselin, 22 avril 1955. Évêques de l’Ouest à Léger, 26 avril 1955. Coderre à Maurice Baudoux, 27 juin 1955 : don de 1 000 $ durant quelques années. C.-O. Garant à Fontaine, 30 juin 1955. F.-X. Barrette à Maurice Baudoux, 15 mars 1956. ACPSB. Il faut signaler que l’Ordre de Jacques-Cartier mène alors une campagne pour supplanter les Chevaliers de Colomb en instaurant les Chevaliers de Champlain chez les Canadiens français. Cf. L’Ordre de Jacques-Cartier. Une société secrète pour les Canadiens français catholiques. 1926-1965, p. 236-238 ; 372-387. 87. Maurice Baudoux à L. Maurice, 3 juill. 1955. Cabana à Gagnon, 9 juill. 1955. Maurice Baudoux à qui de droit, 13 juill. 1955. Le même à Cabana, 13 juill. 1955. Cabana à Maurice Baudoux, 15 juill. 1955. Communiqué PC, 17 sept. 1955. Circ. 24 janv. 1956 ; 9 févr. 1956. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 6 mars 1956 ; 6 avril 1956. Joseph Charbonneau à Maurice Baudoux, 6 mars 1956. P.-E. Gosselin au même, 28 mars 1956. Maurice Baudoux à P.-E. Gosselin, 6 avril 1956. Maurice Lafond à Maurice Baudoux, 7 avril 1956. L. Fortin au même, 16 avril 1956. ACPSB. 88. Agenda, 19 avril 1956 ; 17 nov. 1956. Bulteau à Maurice Baudoux, 4 juill. 1956. W. Power au même, 20 juill. 1956. Maurice Baudoux à Bulteau, 29 août 1956. A. Coursol à Maurice Baudoux, 31 août 1956. Cloches, sept. 1956, p. 175. Chevaliers de Colomb d’Ottawa au même, 16 oct. 1956. Maurice Baudoux à R. Nadeau, 29 déc. 1956. ACPSB. 89. Bilan au 31 janv. 1958. Gagnon à Maurice Baudoux, 17 mars 1958. Maurice Baudoux aux séminaristes, 21 août 1958. ACPSB. Cloches, avril 1958, p. 93-94. 90. A. Plamondon à Maurice Baudoux, 23 févr. 1953. ADO. Le même au même, 28 et 30 sept. 1955, ACPSB. 91. L’Idéal, no 1, 31 janv. 1954. C. Ruest à P. Piché, 10 mai 1954. L’Action catholique, 14 juill. 1954. Bulletin d’information de la CCC, 91, 15 juill. 1954. DeRoo à Plamondon, 3 sept. 1954. Plamondon à Maurice Baudoux, 9 sept. 1954. L. L. Brown à R. S. Davis, 29 sept. 1954. Davis à F. M. Hughes, 4 oct. 1954. Plamondon à Hughes, 6 oct. 1954. ACPSB. 92. Plamondon à Piché, 21 mars 1955. Le même à Maurice Baudoux, 5 mai 1955. Piché à Plamondon, 10 juin 1955. G. Laviolette, o.m.i., à Maurice Baudoux, 10 juin 1955. ADO. 93. Plamondon à Baudoux, 14 et 18 oct. 1955 ; 2 déc. 1955 ; 10 janv. 1956, 13 mars 1956. Plamondon à Deschâtelets, 2 mai 1956. Agenda, 21 oct. 1956. Baudoux à Armand Plamondon, 2 nov. 1956 ; Armand Plamondon à Maurice Baudoux, 5 nov. 1956 ; 11 oct. 1957. Les Plamondon à Maurice Baudoux, 19 nov. 1956. L’Ami du foyer, déc. 1956. ACPSB. Baudoux à Pickersgill, 13 déc. 1955. Pickersgill à Baudoux, 4 janv. 1956. Monnin à Baudoux, 24 févr. 1956. Maurice Baudoux à Plamondon, 12 août 1957. ADO. 94. Piché à Maurice Baudoux, 28 juin 1955. Maurice Baudoux à Piché, 3 juill. 1955. ADO. Monnin, Graftson, Deniset et Dowhan à Maurice Baudoux, 15 juin 1955. Plamondon au même, 7 sept. 1955. Plamondon à L. Deschâtelets, 23 sept. 1955. ACPSB.
Notes
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95. Maurice Baudoux, « Petit séminaire pour les indiens et les métis non évolués », 4 oct. 1955. Le même à Piché, 11 oct. 1955. ACPSB. Piché à Maurice Baudoux, 12 oct. 1955. Le même à Deschâtelets, 28 nov. 1955. ADO. 96. Piché à Deschâtelets, 28 nov. 1955. ADO. 97. Plamondon à Deschâtelets, 17 janv. 1957. Armand Plamondon à Maurice Baudoux, 18 juin 1957. ACPSB. Tourigny au même, 14 juin 1957 ; 7 août 1957. ADO. 98. Larochelle à Maurice Baudoux, 26 juin 1957. ADO. 99. I. Tourigny à Maurice Baudoux (deux lettres), 7 août 1957. L. Alarie au même, 3 déc. 1957. ADO. Armand Plamondon au même, 10 juin 1958. ACPSB. Apollinaire Plamondon au même, 26 sept. 1958. Maurice Baudoux à A. Plamondon, 21 oct. 1958. ADO. Maurice Baudoux à l’œuvre pontificale, 10 févr. 1959. ACPSB. Des démarches se poursuivront en 1960, Baudoux à Labrie, 8 janv. 1960. Labrie à Baudoux, 12 et 25 janv. 1960. ACPSB. 100. A. Plamondon à I. Tourigny, 5 nov. 1957. ADO. M.-J. Lemieux à Maurice Baudoux, 27 nov. 1957. Notes de Maurice Baudoux, 31 janv. 1958. Subventions du département des Affaires indiennes, 31 déc. 1958. Bilan des dépenses, 12 févr. 1959. Armand Plamondon à Maurice Baudoux, 9 mars 1959. G. Lebleu à Maurice Baudoux, 10 avril 1959. ACPSB. 101. Préfontaine à Maurice Baudoux, 30 avril 1953 ; 31 déc. 1954. « L’usage de la langue française à la législature manitobaine », Liberté et Patriote, 15 févr. 1957. Préfontaine à Liberté et Patriote, 18 févr. 1957. 102. Notes de Maurice Baudoux, 19 et 27 févr. 1957. Cette condition était l’autorisation pour les élèves d’une grande unité scolaire de fréquenter l’école secondaire d’une autre unité pour des motifs de religion. Vœux de Maurice Baudoux à CKSB, 1er janv. 1957. « Les régions d’écoles secondaires à l’étude au congrès des commissaires », Liberté et Patriote, 25 janv. 1957. Agenda, 21 janv. 1957, rencontre chez le ministre Miller avec Préfontaine et Campbell. 103. P.-v. des réunions de la CCM, 25, 28 mai 1957. Participeront à la réunion du 28 mai les évêques Baudoux, Hermaniuk, Flahiff, Lacroix et Dumouchel, des prêtres, des religieux et des laïcs : M. Deniset-Bernier, P. Kennedy, A. Monnin, R. Durocher, A. Giesenger, G. E. Tritschler. Congrès de l’ACELF, 12-16 août 1957. « Can’t be Peace without Social Sense : Baudoux », Winnipeg Free Press, 14 août 1957. G. M. Davis à la CCM, 26 sept. 1957. Cloches, oct. 1957, p. 314 ; nov. 1957, p. 359 et 367 ; janv. 1958, p. 25. 104. Maurice Baudoux, alloc. au Réveil rural, 1er janv. 1958, ACPSB. 105. Circ. 8 janv. 1958. Demande de la CCM à G. O’Keefe, 20 mars 1958, pour obtenir le Faribault Plan Minnesota, É.-U. Causerie de Maurice Baudoux à CKSB, 5 avril 1958. A.-J.-B. Cossette à R. DeRoo, 7 avril 1958. ACPSB. 106. P.-v. CCM, 10 févr. 1958 ; 11 avril 1958 ; 3, 10 déc. 1958. Cloches, oct. 1957, p. 314-346 ; nov. 1957, p. 359-371 ; déc. 1957, p. 399-412. DeRoo à D. Roblin, 18 oct. 1958. Maurice Baudoux à Roblin, 10 déc. 1959. Roblin à Maurice Baudoux, 15 déc. 1959. ACPSB. 107. P.-v. CCM, 6 janv. 1960 ; 28 janv. 1960 ; 20 oct. 1960. Nouvelle transmise par R. Couture, 5 avril 1960. Circ. 7 avril 1960 ; 13 déc. 1960. Conférence de A. Maloney à Toronto, 19 avril 1960. DeRoo à Maurice Baudoux, 29 sept. 1960. Lettre à Roblin, 18 oct. 1960. Lettre coll., 14 déc. 1960. Stangl à Forest 31 déc. 1960, ACPSB. 108. Notes de Maurice Baudoux, 2 oct. 1952. A.-M. Parent à Maurice Baudoux, 6 oct. 1952. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 9 oct. 1952. Liberté et Patriote, 10 oct. 1952. Maurice Baudoux à P.-E. Gosselin, 8 nov. 1952. « Le véritable patriotisme », Vie française, 8, no 8, p. 449. 109. J.-E. Lambert à W. Duke, 12 déc. 1952. Maurice Baudoux à I. Burnada, 7 janv. 1953. Burnada à Maurice Baudoux, 4 avril 1953. J. Lacoursière à Maurice Baudoux, 23 janv. 1953. O. Héroux, « Vers l’Ouest : une situation absurde et scandaleuse qu’il importe de rectifier », Le Devoir, 5 mai 1953. D. Savoie à Maurice Baudoux, 4 juin 1953. A. Roy au même, 20 avril 1955, ACPSB. 110. Gosselin à Maurice Baudoux, 1er avril 1953. E. Théorêt au même, 11 mai 1953. L. Allard au même, 17 juin 1953. R. Paré au même, 13 nov. 1953. M. Maître au même, 1er mars 1954. F.-A. Savard au même, 18 mai 1954. O. Mayrand au même, 30 juin 1954. Julien Morissette au même, 9 juill. 1954. G. Belley au même, 26 mai 1955. C. Ryan au même, 29 déc. 1955. O. Maurault au même, 30 juin 1954. Julien Morissette au même, 9 juill. 1954. I. Lussier au même, 27 août 1957. Maurice Baudoux à Lussier, 4 sept. 1957. ACPSB.
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111. Gosselin à Maurice Baudoux, 5 avril 1955. Decosse au même, 11 avril 1955 ; 19 sept. 1956. Maurice Baudoux à Gosselin, 13 avril 1955 ; 28 mars 1956 ; 5 mars 1957. Cyrille Delâge à Maurice Baudoux, 12 mai 1955. Gosselin au même, 5 mai 1956. Agenda, 24 mai 1956, ACPSB. 112. Maurice Baudoux à Hugues Lapointe, 12 déc. 1956. Circ. 19 févr. 1957. L. Allard à Maurice Baudoux, 12 févr. 1957. G. Vincent au même, 22 nov. 1957, ACPSB. 113. Margerie à Maurice Baudoux, 27 août 1952 ; 5 nov. 1962 ; 4 sept. 1953. Mariette Baudoux au même, 12 sept. 1952. Gosselin au même, 5 nov. 1952 ; 11 déc. 1952. La Survivance, 29 oct. 1952. Liberté et Patriote, 5 déc. 1952 ; 29 mai 1953. A. Monnin à Maurice Baudoux, 5 mars 1953 ; 3 mars 1954. R. Couture au même, 23 mars 1955 ; 16 févr. 1960. Compte rendu du voyage de D. Lepage dans l’Est, 1er juin 1953. Margerie à Maurice Baudoux, 24 juin 1953. R. Denis au même, 6 juill. 1953. R. Couture au même, 11 mars 1954. 114. R. Denis à A. Pouliot, 28 sept. 1953. Le même à Maurice Baudoux, 30 sept. 1953. A. Beaulac au même, 19 oct. 1953. Gosselin au même, 24 oct. 1953. Pouliot au même, 26 oct. 1953 ; 19 nov. 1953. Maurice Baudoux à Beaulac, 6 nov. 1953. Rapport de D. Lepage à l’ACFC, 9 nov. 1953. Rapport de R. Couture au Conseil de la vie française, 30 nov. 1953, ACPSB. 115. Maurice Baudoux à M.-J. Lemieux, 1er déc. 1953. Rapport de R. Denis et D. Lepage, 17 déc. 1953. Lemieux à Maurice Baudoux, 4 janv. 1954. Gosselin au même, 28 févr. 1954 ; 28 mars 1954. Pouliot au même, 8 mai 1954. F. Ippersiel au même, 6 oct. 1954. 116. R. Couture à Maurice Baudoux, 13 janv. 1955 ; 21 oct. 1956 ; 20 déc. 1956. Maurice Baudoux à Gosselin, 11 févr. 1955. 1er janv. 1956. Le même à Léo Brodeur, 22 janv. 1956. Brodeur à Maurice Baudoux, 2 nov. 1956 ; 7 août 1957. J. Landry au même, 7 févr. 1956. R. Couture au même, 14 févr. 1956 ; 24 avril 1956. Liberté et Patriote, 2 juin 1956. R. Couture au même, 19 déc. 1960. 117. Decosse à Maurice Baudoux, 19, 28 sept. 1956. R. Couture au même, 3, 15 janv. 1957. G. Jessop au même, 6 sept. 1957 ; 23 déc. 1957. Circ. 11 sept. 1957. Maurice Baudoux à CKSB, 4 oct. 1957. C. Papen à Maurice Baudoux, 26 mai 1958 ; 21 août 1958. Notes de Maurice Baudoux, 8 mars 1959. CKSB, « D’un océan à l’autre », 17 mars 1959. R. Couture à Maurice Baudoux, 27 juin 1962. 118. J. Ledit à Maurice Baudoux, 5 janv. 1956. 119. Cloches, janv. 1953. Red Cross à Maurice Baudoux, 28 janv. 1953. 1er févr. 1953 ; 4, 5 mai 1954. Maurice Baudoux à Léger, 10 avril 1953. É. Deguire à Maurice Baudoux, 11 avril 1953 ; 16 févr. 1954 ; 3 mars 1955. R. Gauthier au même, 10 avril 1957. M. Cossette au même, 16 févr. 1954. D. J. B. Dietz au même, 9 févr. 1954. Maurice Baudoux à D. Roy, 14 mai 1954. S. Marion à Maurice Baudoux, 7 juill. 1954. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 25, 29 oct. 1954. Maurice Baudoux à Mgr Johnson, 10 mai 1955. Agenda, 24 mai 1955 ; 9 juill. 1955 ; 4 oct. 1955. ACPSB. 120. Lorenzo Savard à Maurice Baudoux, 24 févr. 1953. J.-C. Leclaire au même, 13 avril 1953. J.-P. Archambault à Maurice Baudoux, 16 juill. 1953 ; 6 juill. 1954 ; 25 nov. 1955. Cloches, oct. 1953. Circ. 11 avril 1954. J. E. Limoges à Maurice Baudoux, 6 sept. 1954. Maurice Baudoux à Caisse de bienfaisance, 27 sept. 1954. DeRoo à Leclaire, 20 avril 1955. Szumski à Maurice Baudoux, 5 déc. 1955. R. Couture au même, 15 juin 1956. Dr H. Trudel au même, 28 sept. 1956. Maurice Baudoux à Archambault, 4 janv. 1956 ; 17 janv. 1957. Marcel Lafortune à Maurice Baudoux, 15 avril 1957. 121. D. Campbell à Maurice Baudoux, 25 mars 1953. C. S. Tupper au même, 16 juin 1954. Agenda, 9, 11 oct. 1956. 18 mars 1957. Duff Roblin au même, 19 juill. 1957. Maurice Prud’homme au même, 9 déc. 1957. B. R. Wolfe au même, 11 juin 1955. Blanchard au même, 2 nov. 1957. 14 déc. 1957, ACPSB. 122. Maurice Baudoux à Klein, 24 janv. 1957. Agenda, 29 oct. 1956 ; 7 févr. 1957 ; congrès, 5-7 juill. 1957 ; départ pour Montréal, 18 avril 1958 ; 10, 12, 17-18 mai 1958 ; 13, 15 juin 1958. Le même à Mariette Baudoux, 17 nov. 1957 ; 6 mai 1958 ; 29 juin 1958. Jeanne Sauvé à Maurice Baudoux, 20 janv. 1959, ACPSB. 123. Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 12, 16, 21 juin 1952 ; 4, 12 août 1952 ; 12, 18 sept. 1952 ; 7, 28 juill. 1954 ; 7, 8 août 1954 ; 10, 16 sept, 1954 ; 13, 20 oct. 1954 ; 5, 10, 12 août
485
Notes
124. 125.
126. 127. 128. 129. 130. 131.
132.
1955. La même à A. de Margerie, 12 août 1952. ACPSB. A. de Margerie à Mariette Baudoux, 20 août 1952. ACF. Maurice Baudoux à la même, 9 oct. 1952 ; 16 oct. 1954. Edgard Baudoux à Maurice Baudoux, 16 sept. 1954. ACPSB. Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 30 janv. 1953 ; 24 avril 1953, 16 oct. 1953 ; 27 avril 1954 ; 7 déc. 1954 ; 8 oct. 1955 ; 31 janv. 1956. 4 juill. 1958. ACPSB. Chroniques, 7 sept. 1953, ASGM. Maurice Baudoux à A. Coursol, 10 févr. 1953. E. Pothier à Maurice Baudoux, 12 avril 1953. Chroniques, 6 mars 1954, ASGM. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 16, 19 oct. 1954 ; 24 juin 1955, 11 oct. 1955 ; 30 avril 1957. Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 21 juin 1955. E. LeBlanc au même, 22 août 1956, ACPSB. Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 21 oct. 1955 ; 17 avril 1956 ; 17, 26, 29 avril 1957 ; 24 avril 1958 ; 4 juill. 1958. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 19 avril 1956. Le même à Old Age Assistance, 21 juin 1958, ACPSB. Georgette Baudoux à Mariette Baudoux, 22 juin 1955 ; 24 août 1955. Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 26 juin 1955 ; 5, 10 juill. 1955 ; 5 août 1955. 27 févr. 1956 ; 2 mai 1957 ; 6 mai 1959 ; 9 août 1960, ACPSB. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 2 juill. 1955. 13 sept. 1955 ; 24, 25 sept. 1958 ; 7 oct. 1958. Edgard Baudoux à Maurice Baudoux, 5 août 1955 ; 18 juill. 1957 ; 2 août 1957 ; 9 oct. 1957 ; 19 déc. 1957 ; 24 mai 1959, ACPSB. Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 9, 12 juin 1958 ; 22 août 1959 ; 10 sept. 1959 ; 13 oct. 1959 ; 20, 29 juill. 1960. Edgard Baudoux à Mariette Baudoux, 14 août 1960 ; 14 sept. 1962, ACPSB. Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 28 nov. 1956 ; 20 nov. 1957 ; 12 juin 1958 ; 4, 7, 11, 31 juill. 1960 ; 3, 7, 9, 12, 16, 19 août 1960. Maurice Baudoux à P. L. L’Helgouach, 4 mars 1958. Maurice Balcombe à Maurice Baudoux, 7 juill. 1960, ACPSB. A. de Margerie à Maurice Baudoux, 1er mars 1953 ; 10 août 1954. Maurice Baudoux à A. de Margerie, 4 mars 1953 ; 19 août 1954. Paul de Margerie à Maurice Baudoux, 31 août 1953. Bernard de Margerie au même, 11 nov. 1954 ; 14 mars 1958 ; 16 juin 1958 ; 15 juill. 1958. Maurice Baudoux à Bernard de Margerie, 12 déc. 1955. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 6 mai 1958, ACPSB. Bernard de Margerie sera ordonné prêtre à Vonda par Mgr Klein, le 1er juin 1958 et Mgr Baudoux accepte de prêcher à sa première messe. A. Papineau-Couture à Maurice Baudoux, 9 avril 1959 ; 4 avril 1960. Berthe Baril à Maurice Baudoux, 20 avril 1959 ; 1er mai 1959. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 1er mai 1962. André Poilièvre à Maurice Baudoux, 11 juin 1962, ACPSB.
Notes du chapitre 10
1. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 29 juin 1958. Cartes postales de Maurice à Mariette adressées de Fatima, Salamanque, Madrid, Pampelune et Lourdes entre le 3 et le 10 septembre, puis de Paris, Bruxelles, Manage, Diest, 25 sept.–8 oct. Diest, Fulda, Ruppe, Vérone, Rome, 9, 13, 17, 25, 27, 29, 30, 31 oct. 1958. ACPSB. 2. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 3, 5, 7, 8, 10 nov. 1958. É. Gagnon à Maurice Baudoux, 4 nov. 1958. ACPSB. Service d’information de la CCC, 2 déc. 1958. 3. Alloc. aux prêtres, 30 déc. 1958, ACPSB. 4. Cloches, avril 1959. Circ. 26 févr. 1959. 5. Alloc. à la retraite des prêtres, 16 juin 1959. ACPSB. 6. Circ. 17 sept. 1959 ; 2 nov. 1959. 7. Circ. au clergé, 5, 20 janv. 1960 ; 19 mars 1960 ; 4, 6 avril 1960 ; 26 mai 1960 ; 18 juin 1960 ; 18 déc. 1961. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 27 juin 1960 ; 9 juill. 1960. Autre correspondance, du 11 juill. au 15 août, de Paris, Lourdes, Toulouse, Monaco, Nice, Marseille, Rome, Assise, Venise, Oberammergau, Munich (30 juill.-6 août), Fribourg, Paris, Londres, Bruxelles. ACPSB. La Liberté et le Patriote, 30 sept. 1960, fera état de sa participation au congrès de Munich. Cloches, nov. 1960.
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Maurice Baudoux � 1902-1988
8. Maurice Baudoux à G.-M. Coderre, 2 mars 1961. Coderre à Maurice Baudoux, 4 mars 1961. Maurice Baudoux à Marcel Trudeau, 22 mars 1962. Philippe Lemay, à Maurice Baudoux, 30 juin 1961 ; 9 août 1961 ; 15 sept. 1961 ; 27 nov. 1961 ; 23 janv. 1962. Maurice Baudoux à Lemay, 8 juill. 1961 ; 13 sept. 1961. R. F. Hickerson à Lemay, 17 avril 1962. J. Moncion à Maurice Baudoux, 9 mai 1962. Maurice Baudoux à Moncion, 26 mai 1962. Circ. 4 oct. 1961. ACPSB. 9. R. Bissonnette à Maurice Baudoux, 8 avril 1962. Circ. 6, 9 avril 1962, ACPSB. La Liberté et le Patriote, 13 juill. 1962 ; 21 sept. 1962. 10. Dir. de Spes à J. Robert, 29 mai 1959. Gérant BCC au même, 3 juin 1959. Circ. 25 juin 1959. La distribution de cette somme s’établit comme suit : 250 000 $ pour le grand séminaire, 250 000 $ pour le high school des écoles paroissiales de langue anglaise, 100 000 $ pour les classes du collège et autant pour la maison de retraites de Saint-Norbert et 50 000 $ pour la réfection de l’archevêché. Entente avec Cathos Ltd., 7 juill. 1959. Circ. 24 oct. 1959. R. H. Fournier à Maurice Baudoux, 4 déc. 1959, ACPSB. 11. Rapport 16 mars 1960, ACPSB. 12. Circ. 6 févr. 1961 ; 27 oct. 1961 ; 28 févr. 1962 ; 28 sept. 1962, ACPSB. 13. Circ. 25 juin 1959. S. Baggio à P. Bernier, 31 juill. 1959. Maurice Baudoux à R. Bissonnette, 3 oct. 1959, ACPSB. Cloches, nov. 1959 ; déc. 1959. 14. A. Decosse à Maurice Baudoux, 9 mars 1960. Circ. 19 mars 1960. ASGM à Maurice Baudoux, 12 avril 1960. V. Gaudet à Maurice Baudoux, [août 1960], ACPSB. Cloches, juill.-août 1960 ; févr., mars, avril, mai, juin 1961. 15. Maurice Baudoux à L. Corbeil, 22 mai 1961. ASGM à Maurice Baudoux, 8 juill. 1961. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 15, 16, 18, 22, 24, 26, 27, 28, 30 juill. 1961 ; 1er, 2, 7, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18 août 1961, ACPSB. Cloches, oct., nov., déc. 1961 ; janv., févr. 1962. 16. Circ. alloc., 30 déc. 1961. Chroniques, 1er janv. 1962, ASGM. Chroniques, 2 janv. 1962, ASNJM, Chroniques, 3 janv. 1962, AMO. Maurice Baudoux à S. Baggio, 22 janv. 1962. Le même à R. Bissonnette, 26 févr. 1962. Circ. 24 mars 1962. J.-M. Lemieux à Maurice Baudoux, 19 avril 1962 ; 18 mai 1962, ACPSB. A. Hacault à l’Assemblée des supérieures majeures, 30 juill. 1962, Chroniques, 10 juillet 1962, ASGM. 17. Circ. 11 avril 1962. Chroniques, 13 avril 1962, ASGM. Cloches, mai 1962. I. Illich à Maurice Baudoux, 4 juin 1962. Sermon de Maurice Baudoux, 25 juin 1962. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 27 juin 1962. Notes de Maurice Baudoux, 13 juill. 1962, ACPSB. Cloches, sept. 1962. 18. Maurice Baudoux à Bissonnette, 3 oct. 1959. É. Goulet à Maurice Baudoux, 12 sept. 1960. ACPSB. Cloches, sept. 1960, p. 189. 19. Notes de Maurice Baudoux, 10 oct. 1960. Circ. 28 nov. 1960. Laurence à Maurice Baudoux, 5 oct. 1960 ; 8 août 1962. ACPSB. Cloches, janv. 1961 ; févr. 1961, oct. 1961 ; mars 1962 ; sept. 1962. Goulet à Maurice Baudoux, 15 déc. 1960 ; 17 déc. 1961 ; 18 août 1962 ; 13 nov. 1962. Maurice Baudoux à Goulet, 23 août 1962. ACPSB. 20. Notes de Maurice Baudoux, 22 mars 1960, ACPSB. 21. D’Auteuil Richard à Boily, 29 mars 1960. Boily à Maurice Baudoux, 8 avril 1960. ASJCF. Laurence à Maurice Baudoux, 24 mai 1960. Maurice Baudoux à J.-P. Laurence, 26 mai 1960. Circ., 31 mai 1960, ACPSB. 22. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 5 juill. 1960. Laurence à Maurice Baudoux, 12 août 1960, ACPSB. Cloches, sept.-oct. 1960. 23. Cloches, juill.-août 1960 ; mars 1961 ; oct. 1961. Maurice Baudoux à J.-E. Guilbault, 31 juill. 1962. ACPSB. 24. DeRoo à Maurice Baudoux, 15 juin 1959. ACPSB. Tourigny au même, 30 juin 1959. ADO. P. Gagné au même, 30 août 1959 ; 14 sept. 1959. Notes de Maurice Baudoux, 3 déc. 1959. ACPSB. 25. Tourigny à Maurice Baudoux, 15 mars 1960. Maurice Baudoux à A. Renaud, 29 avril 1960 ; 27 mai 1960. Renaud à Maurice Baudoux, 2, 30 mai 1960. Maurice Baudoux à Jones, 26 mai 1960 ; 24 juin 1960. ADO.
Notes
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26. Gagné à Maurice Baudoux, 24 sept. 1960 ; 10 oct. 1960. A. G. Leslie à Gagné, 27 sept. 1960. J. Slobodzian à Maurice Baudoux, 30 janv. 1961. Gagné au même, 2 févr. 1961 ; 22 mars 1961. Monforton au même, 31 mai 1961, ACPSB. 27. Gagné à Armand Plamondon, 30 juill. 1961. Armand Plamondon à Gagné, 6 août 1961. Lizée à Maurice Baudoux, 19 août 1961. ADO. Gagné au même, 30 août 1961. Maurice Baudoux à Armand Plamondon, 9 nov. 1961, ACPSB. 28. Armand Plamondon à Maurice Baudoux, 15 janv. 1962. Maurice Baudoux à Armand Plamondon, 24 févr. 1962. Le même à J. A. McDonagh, 7 mars 1962. Le même à Lizée, 29 mars 1962, ACPSB. 29. Maurice Baudoux à Dumouchel, 29 mars 1962. Notes de Maurice Baudoux, 30 mars 1962 ; 2 avril 1962. ACPSB. 30. Lizée à Deschâtelets, 16 avril 1962. Deschâtelets à Lizée, 2 juin 1962. ADO. Maurice Baudoux à Gagné, 22 avril 1962. ACPSB. Le même à Armand Plamondon, 23 avril 1962. ADO. Armand Plamondon à Baudoux, 5 févr. 1960 ; 8 mai 1960 ; 7 juin 1960 ; 15 juin 1961 ; 28 févr. 1962 ; 9 mars 1962 ; 19 avril 1962. Maurice Baudoux à Armand Plamondon, 16 nov. 1961. Armand Plamondon à Maurice Baudoux, 5 mai 1962 ; 1er sept. 1962. ACPSB. 31. Maurice Baudoux à Leroux, 5 juin 1962. ACPSB. Leroux à Maurice Baudoux, 16 juin 1962. Maurice Baudoux à Leroux, 3 juill. 1962. Le même à McDonagh, 3 juill. 1962. Leroux à Maurice Baudoux, 1er nov. 1962 ; 18 déc. 1962. ADO. Leroux à Maurice Baudoux, 8 août 1962. McDonagh à Maurice Baudoux, 13 août 1962. Maurice Baudoux à McDonagh, 16 août 1962. Gagné à Maurice Baudoux, 5 sept. 1962. Notes de Maurice Baudoux, 29 déc. 1962. ACPSB. 32. Notes, 22 janv. 1959 et 28 mai 1959. Maurice Baudoux à Boily, 17 sept. 1959. ASJCF. Boily à Maurice Baudoux, 31 mars 1960. ACPSB. 33. Maurice Baudoux à Boily, 26 janv. 1959. Boily à Goulet, 4 févr. 1959. ASJCF. 34. Notes, 19 sept. 1959. ASJCF. Rapport du comité de l’Œuvre des bourses, 29 sept. 1959 ; 9 oct. 1959. ACPSB. D’Auteuil Richard, Mémorial de la visite des 10-20 nov. 1959. ASJCF. L. Bouvier à Maurice Baudoux, 15 nov. 1959, ACPSB. 35. Notes de Boily, 5 févr. 1960. Boily à Baudoux, 8 avril 1960. ASJCF. 36. G. Fortier à D’Auteuil Richard, 10 oct. 1960. Fortier à Armand Tanguay, 15 mars 1961. ASJCF. 37. Fortier à J.-B. Janssens, 7 mars 1961. ASJCF. 38. D’Auteuil Richard à Fortier, 5 juill. 1961. Notes, 16, 19 sept. 1962. ASJCF. 39. B. Dubé à Maurice Baudoux, 29 avril 1959. Cloches, mars 1960. Agenda, 23-25 juin 1961 ; 28-31 août 1961. Maurice Baudoux, à Desjardins, 24 avril 1961. Le même à Mariette Baudoux, 2 mai 1961. Le même à Decosse, 16 févr. 1962. Decosse à Maurice Baudoux, 22 févr. 1962. Maurice Baudoux aux religieuses, 20 juin 1962. Circ. 8 sept. 1962, ACPSB. 40. Morin à Maurice Baudoux, 20 mars 1959 ; 15 juill. 1959. Notes de Maurice Baudoux, 12 juin 1959. R. Cushing à Maurice Baudoux, 12 sept. 1959. Agenda, 23-25 nov. 1959 ; 19 et 20 avril 1960 ; 15 mai 1960 ; 25 juill. 1962. Maurice Baudoux à A. Carter, 24 juin 1960. A. Carter à Maurice Baudoux, 5 juill. 1960. Agenda, 29 mai 1961 ; 26 juin 1961 ; 21-28 août 1961, ACPSB. 41. J. Colomb à Maurice Baudoux, 15 déc. 1959 ; 2 mars 1960. Mariette Baudoux au même, 5 sept. 1961. Circ. 13 févr. 1962, ACPSB. 42. R. Usik à Maurice Baudoux, 16 févr. 1959. F.-M. Blanchard au même, 26 févr. 1959. Jodoin au même, 23 mars 1959. Maurice Baudoux à Arthur Bulens, 10 août 1959, ACPSB. 43. L. Rémillard à Maurice Baudoux, 25 févr. 1959. A. Robitaille au même, 8 avril 1961. La Presse, 26 avril 1961. G. Martin-Mery à Maurice Baudoux, 3 janv. 1962. Fanfare La Vérendrye au Conseil des Arts, 7 mars 1962. Lettre de remerciement à Mgr Baudoux, 4 janv. 1962. ACPSB. 44. Chroniques, 20 févr. 1959, ASGM. « Au jour le jour. Le rôle du laïcat », Le Droit, 4 juin 1959. Évêques à J.-W. Caron, DIP, 31 juill. 1959. P. Raymond, AECFM, à Maurice Baudoux, 27 août 1959. P-v. CCM, 28 janv. 1960. M. Forest téléphone à Maurice Baudoux, 16 mars 1960. ACPSB. 45. Circ. 7 avril 1960 ; 23 sept. 1960. DeRoo à Maurice Baudoux, 29 sept. 1960. P.-v. CCM, 20 oct. 1960, ACPSB.
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46. Sermon de Mercer, 15 janv. 1961. CCM à Roblin, 13 avril 1961. Chroniques, 3 mai 1961, ASNJM. Liberté et Patriote, 27 janv. 1961. P.-v. CCM, 18 nov. 1961 ; 31 mars 1962. DeRoo à Giesinger, 21 nov. 1961. Statuts de la Commission scolaire paroissiale et notes, 29 nov. 1961. 47. Mémoire des commissaires, janv. 1961. Maurice Baudoux à CKSB, 1er janv. 1961. G. Forest à Maurice Baudoux, 20 janv. 1961. Congrès AECFM, 21 janv. 1961. Roblin à Forest, 24 janv. 1961. Forest à Roblin, 15 févr. 1961. P.-v. CCM, 13 mars 1961 ; 13 avril 1961 ; 5 sept. 1961 ; 18 nov. 1961. DeRoo à Giesinger, 21 nov. 1961. Circ., 29 nov. 1961, ACPSB. 48. Giesinger à DeRoo, 7 janv. 1962. CCM, 24 févr. 1962 ; 31 mars 1962 ; 5 avril 1962. Rencontre DeRoo Roblin, 4 avril 1962. DeRoo à Roblin, 12 avril 1962. McLean à Durocher, 21 juin 1962. P.-v. CCM, 12 juill. 1962. ACPSB. 49. Maurice Baudoux à Roblin, 2 déc. 1962, ACPSB. 50. Filion à Maurice Baudoux, 10 avril 1962. McLean à R. Durocher, 21 juin 1962. P.-v. CCM, 12 juill. 1962. Maurice Baudoux à Roblin, 2 déc. 1962. ACPSB. 51. A. Fréchette à Maurice Baudoux, 5 mai 1959. Chroniques, 10 avril 1961, ASNJM. Liberté et Patriote, 17 nov. 1961. J.-L. Brouillé, à Diefenbaker, 2 févr. 1962. L. Morin à Maurice Baudoux, 26 mars 1962. R. Rottiers au même, 10 nov. 1962. Maurice Baudoux à F. Marcotte, 17 août 1962. ACPSB. 52. Chroniques, 19 févr. 1959 ; 17 nov. 1961, ASGM. Supérieure provinciale à Maurice Baudoux, 2 oct. 1959. Maurice Baudoux à Sr Sheehan, 7 déc. 1959. Chroniques, 29 sept. 1960, AMO. Chroniques, 2 janv. 1961 ; 27 déc. 1961, ASNJM. Agenda, 4 févr. 1961 ; 17 juill. 1961 ; 14 sept. 1961. Circ., 4 sept. 1962. L. Deniset à Maurice Baudoux, 6 sept. 1962. ACPSB. 53. Chroniques, 23 mai 1959, ASGM. E. LeBlanc à Maurice Baudoux, 1er juin 1959. Alloc. 17 juin 1959. H. Lapointe à Maurice Baudoux, 2 sept. 1959. Warczak au même, 16 janv. 1960. Y. Rudachek au même, 18 juin 1962. ACPSB. 54. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 3 mai 1960. ACPSB. 55. Mariette Baudoux à Maurice Baudoux, 29 juin 1960 ; 9 mai 1962. Maurice Baudoux à Desjardins, 24 avril 1961. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 16, 22 janv. 1962. ACPSB. 56. Cf. Routhier, dir., L’Église canadienne et Vatican II ; G. Routhier, « Les vota des évêques des diocèses du Québec », p. 25-59 ; M. Fahey, « A Vatican Request for Agenda Items Prior to Vatican II : Responses by English-Speaking Canadian Bishops », p. 61-71. Voir aussi le témoignage de Mgr A. Hacault, dans Mémoires de Vatican II, p. 73-92. 57. La version française de ce texte a été publiée intégralement dans le Bulletin national de liturgie, mars-avril 1983, vol. 17, no 89. « 20 ans de vie des rappels... des espoirs... », p. 115-122. 58. Circ., 25 juin 1959. É. Gagnon à Maurice Baudoux, 11 août 1959 ; 20 avril 1962. ACPSB. 59. Circ., 11 sept. 1959 ; 5 oct. 1959 ; 6 oct. 1959 ; 8 oct. 1959 ; 31 oct. 1959. ACPSB. Chroniques, 1er janv. 1960, ASGM. 60. Circ. au clergé et aux frères, 30 déc. 1960. Circ. 4, 19 févr. 1962 ; 20 mars 1962. ACPSB. « Dans les perspectives du concile », Cloches, nov. 1960, p. 232-235. R. Lane, « But du Concile œcuménique », Cloches, janv. 1961, p. 21-25. Cloches, juin-juill. 1961. Humanae Salutis, 25 déc. 1961. À CKSB, 1er janv. 1962. « La préparation du prochain concile », Cloches, mars 1962, p. 94-98. « Le prochain concile œcuménique » (Mgr Veuillot), Cloches, mai 1962, p. 142-145. 61. « Nos responsabilités diocésaines », Cloches, juin 1962, p. 166. Agenda, 12-13, 17 juill. 1962 ; 1-8, 10 août 1962. Maurice Baudoux à B. de Margerie, 31 juill. 1962 ; 13 août 1962. RempertMarie à Maurice Baudoux, 15 août 1962. ACPSB. 62. Maurice Baudoux à R. Robidoux, 15 août 1962. Robidoux à Maurice Baudoux, 20 août 1962. Agenda, 7 sept. 1962. Maurice Baudoux à Gagnon, 8, 17 sept. 1962. Gagnon à Maurice Baudoux, 30 sept. 1962. ACPSB. Cloches, sept.-oct. 1962, p. 246. 63. Pour une vue d’ensemble de la contribution des évêques canadiens et de Mgr Baudoux en particulier, cf. Gilles Routhier, dir., L’Église canadienne et Vatican II, Fides, 1997. 64. Circ., 11 sept. 1962. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 8, 9, 10, 11 oct. 1962. ACPSB. Cloches, nov. et déc. 1962, R. Peeters, « Le concile en marche », p. 253-254. Message de Jean XXIII, p. 261-266. 65. Notes de Maurice Baudoux, 7 oct. 1962. ACPSB. 66. Bulletin national de liturgie, op. cit., p. 97-98.
Notes
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67. Lors de la séance plénière de septembre 1962 à Ottawa, Mgr Sanschagrin « avait persuadé un évêque anglophone d’appuyer sa proposition d’établir un secrétariat au Collège canadien à Rome. [...] Lorsque Mgr Sanschagrin fit sa proposition, le cardinal Léger a tellement secoué la tête et froncé les sourcils que l’évêque qui devait appuyer sa motion ne s’est pas levé et l’idée fut abandonnée. » A. Sanschagrin, dossiers « Concile Vatican II », archives de la CECC, cité par Daly, op. cit., p. 47-48, notes 66 et 67. Cf. aussi P. Noël, « La CECC et l’Interconférence au concile Vatican II. Les débuts d’une nouvelle dynamique », dans Routhier, op. cit., p. 306, et Tillard, « L’épiscopat canadien francophone au concile », ibid., p. 292, 297-299. 68. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 12, 13 oct. 1962. ACPSB. Noël, op. cit., p. 307. Daly, op. cit., p. 47. 69. Maurice Baudoux à Léger, 18 oct. 1962. Le même à Mariette Baudoux 18 oct. 1962. ACPSB. 70. Maurice Baudoux à Léger, 23 oct. 1962. ACPSB. Daly, op. cit., p. 45-46, note 65. Noël, op. cit., p. 303-316. 71. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 4 nov. 1962. ACPSB. 72. Le même à la même, 8 et 14 nov. 1962. Agenda, 15 nov. 1962 ; 19 nov. 1962 ; 8 déc. 1962. ACPSB. A. Naud, Un aggiornamento et son éclipse, chap. 1, p. 42-43. 73. DeRoo à Maurice Baudoux, 25 oct. 1962. Maurice Baudoux à DeRoo, 30 oct. 1962. ACPSB. 74. Agenda, 8, 10, 14, 19 déc. 1962. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 11 et 19 déc. 1962. Le même à Baggio, 15 déc. 1962. Alloc. aux religieuses, 29 déc. 1962. ACPSB. 75. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 27 déc. 1962. Réception du clergé et des frères, Agenda, 27 déc. 1962. Alloc. aux religieuses, 29 déc. 1962. ACPSB. Cloches, janv., févr., avril et mai 1963. 76. R. Etchegaray à Maurice Baudoux, 4 janv. 1963. Maurice Baudoux à Etchegaray, 8 janv. 1963. ACPSB. 77. Maurice Baudoux à Léger, 14 janv. 1963. ACPSB. 78. Léger à Maurice Baudoux, 17 janv. 1963. ACPSB. Antonio Coursol fait parvenir à Mgr Baudoux un article du Prince Albert Daily Herald du 18 déc. 1962, rapportant que « Card. Léger says everything badly done ». Le propos, repris par la presse anglophone et francophone fait mauvaise impression et met les catholiques mal à l’aise, écrit l’abbé Coursol. Marcel Adam, dans La Presse du 22 déc. 1962 tente d’atténuer cette mauvaise impression : « Ces paroles reprennent tout simplement ce que d’autres pères conciliaires ont dit avant le card. Léger, à savoir que tous les schémas qui n’ont pas encore été étudiés devront être refaits d’ici l’ouverture de la prochaine session conciliaire. » 79. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 21 janv. 1963 ; 1er et 6 févr. 1963. Le même à s.n., 4 févr. 1963. ACPSB. Cloches, mars 1963. 80. Maurice Baudoux à Suenens, 1er mars 1963. Le même aux évêques, 3 mars 1963. Suenens à Maurice Baudoux, 4 mars 1963. ACPSB. 81. Maurice Baudoux à Etchegaray, 28 févr. 1963 ; 27 mars 1963. Maurice Baudoux à Camara, 3 avril 1963. ACPSB. 82. Ces experts sont Marcel Bélanger, o.m.i., Jean-Marie-R. Tillard, o.p., Gregory Baum, McKenzie, s.j., Kutz, o.s.b., Cantius Matura, o.f.m., Gaston Fontaine, c.r.i.c. Noël, op. cit., p. 310-312. J.-M.-R. Tillard sera à Rome durant les sessions suivantes, au bénéfice des évêques. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 15 mars 1963. Le même à A. Carter et P.-E. Charbonneau, 22, 29 mars 1963. 83. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 21 mars 1963 ; 3 avril 1963. ACPSB. Cloches, mai 1963. 84. Maurice Baudoux à Suenens, 17 mai 1963. Le même à Etchegaray, 17 mai 1963. Suenens à Maurice Baudoux, 31 août 1963. Circ. 24 juin et 26 juill. 1963. ACPSB. 85. Maurice Baudoux à Baggio, 7 juin 1963. Le même à Mariette Baudoux, Paris, 10 juin 1963. Goulet à Maurice Baudoux, 20 juin 1963. Maurice Baudoux à Goulet, 27 juin 1963. ACPSB. Cloches, oct. 1963. 86. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 8 et 15 juill. 1963. Le même à E. Etchegaray, 21 juill. 1963. Piché à Maurice Baudoux, 2 août 1963. Maurice Baudoux à Bissonnette, 4 août 1963. ACPSB. Cloches, août-sept. 1963, p. 198.
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87. Circ. au clergé, 17 sept. 1963. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 28 sept. 1963. ACPSB. Cloches, oct. 1963, p. 222. 88. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 28 sept. 1963. ACPSB. Cloches, nov. 1963, p. 251. Noël, op. cit., p. 312. 89. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 29 et 30 sept. 1963 ; 1er, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 9, 10, 11, 12, 16, 17, 18 oct. 1963. ACPSB. Doc. Cath., 1411, col. 1448 ; 1414, col. 1674-1675 ; 1415, col. 46-47. 90. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 22, 24, 25, 29, 30, 31 oct. 1963. ACPSB. Cloches, déc. 1963. 91. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 2, 5, 12, 14, 19, 22 nov. 1963. ACPSB. Cloches, déc. 1963, p. 307-318. Pour une analyse théologique des enjeux concernant le schéma sur l’Église, voir Naud, op. cit., chap. 2, « La clarté cachée de Lumen Gentium 25 », p. 41-63. 92. Edgard Baudoux à Mariette Baudoux, 4 déc. 1963. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 26, 29 nov. 1963 ; 6, 14, 27 déc. 1963. Le même à Mariette et Edgard Baudoux, 24, 28, 31 déc. 1963. ACPSB. 93. Agenda, 7, 18, 19, 26 janv. 1964. Etchegaray à Maurice Baudoux, 13 janv. 1964. ACPSB. Cloches, mars 1964, p. 149. 94. Cloches, janv. 1964, p. 4-14. 95. C. Ryan à Maurice Baudoux, 16 janv. 1964. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 1er févr. 1964 ; 6, 8, 9, 10 mars 1964. ACPSB. Cloches, avril 1964, p. 157 ; mai 1964, p. 193 et 214. A.-G. Martimort, « Note confidentielle sur les difficultés du conseil exécutif de liturgie avec la Congrégation des Rites », 27 juin 1964. ACPSB. 96. Maurice Baudoux, « Quelques considérations », 3 mars 1964, 7 p. ACPSB. 97. Agenda, 7, 8, 10, 11-16, 20, 22 avril. Gagnon à Maurice Baudoux, 25 avril 1964. Longpré à Maurice Baudoux, 15 mai 1964, Zoa au même, 25 mai 1964. Baum au même, 20 juin 1964. ACPSB. Cloches, mai 1964. 98. Coderre à Maurice Baudoux, 5 juin 1964. Agenda, 1er juill. 1964. Chroniques, 18 juill. 1964, ASGM. Maurice Baudoux à Provenchères, 5 août 1964. Le même à Döpfner, 5 août 1964. Méouchi à Maurice Baudoux, 18 août 1964. ACPSB. Cloches, août-sept. 1964, p. 323. 99. Maurice Baudoux à Decosse, 2 sept. 1964. ACPSB. Chroniques, 11 sept. 1964, ASGM. Cloches, août-sept. 1963, p. 199. 100. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 11, 16, 18, 22, 27, 30 sept. 1964 ; 2 oct. 1964. ACPSB. 101. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 5, 6, 8, 9, 11, 12, 19, 20, 22, 29 oct. 1964. ACPSB. Doc. Cath., 1436, col. 1513. 102. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 26, 27, 28, 30, 31 oct. 1964 ; 4, 7, 11, 14 nov. 1964. ACPSB. 103. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 16, 17, 18, 19, 20 nov. 1964. Agenda, 1er déc. 1964. M. McKinnon à Maurice Baudoux, 5 déc. 1964. ACPSB. 104. Chroniques, 15 déc. 1964, ASGM. Circ., 17 déc. 1964. ACPSB. 105. Alloc. au clergé, 30 déc. 1964. ACPSB. 106. Agenda, 4, 21 janv. 1965 ; 16, 18, 20-22, 25-26 févr. 1965 ; 13, 15 mars 1965. Circ., 13 janv. 1965 ; 9 févr. 1965. ACPSB. 107. Edgard Baudoux à Mariette Baudoux, 21 févr. 1965. Maurice Baudoux à Coderre, 1er et 9 avril 1965. Le même à Mariette Baudoux, 25 avril 1965. ACPSB. 108. Agenda, 6, 10, 11, 15-17, 25, 29 mai 1965. Circ., 25 mai 1965. ACPSB. Le Devoir, 29 mai 1965. 109. Circ., 4 juin 1965. Agenda, 9, 14, 23, 24, 27, 28 juin 1965 ; 7 juill. 1965. ACPSB. Chroniques, 12 juin 1965, ASGM. 110. Agenda, 8, 9, 10, 12-17 juill. 1965, 15, 22 août 1965. Maurice Baudoux à Etchegaray, 15 juill. 1965. Le même à C. Rouleau, 5 août 1965. Le même à Mariette Baudoux, 18, 23, 24, 26, 27, 28, 29 août 1965. ACPSB. 111. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 30 août 1965 ; 3, 5, 7, 10, 11 sept. 1965. ACPSB.
Notes
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112. Agenda, 12 sept. 1965, Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 16, 17, 18, 19, 20, 22 sept. 1965. ACPSB. Doc. Cath., 1458, col. 1854. Cloches, nov. 1965, p. 595-597. 113. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 23, 24, 28, 29, 30 sept. 1965 ; 2 oct. 1965. ACPSB. 114. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 6, 7, 8, 9, 11, 13, oct. 1965. ACPSB. 115. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 14, 15 oct. 1965. ACPSB. 116. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 18, 19, 20, 21, 22, 24, 26, 27, 28 oct. 1965. ACPSB. 117. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 1er, 3, 4, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 17, 18, 20 nov. 1965. ACPSB. 118. Circ. 22 nov. 1965. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 23, 24, 26, 28, 29, 30 nov. 1965 ; 2, 3, 4, 5, 7, 8 déc. 1965. ACPSB. 119. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 9, 10, 11, 12, 16, 27 déc. 1965. Circ., 30 déc. 1965. Alloc., 31 déc. 1965. ACPSB.
Notes du chapitre 11
1. Cloches, janv., févr., mars, avril, mai, juin-juill. 1966. Chroniques, 10 févr. 1966, ASNJM. R. Couture à Maurice Baudoux, 5 janv. 1966. Agenda, 2, 14, 16 janv. 1966. ACPSB. 2. « TV Teach-in Popular », Synday Herald, 15 mai 1966. 1966 Ecumenical Worship Service Committee à Maurice Baudoux, 11 janv. 1966. ACPSB. 3. E. Dubuc à Maurice Baudoux, 1er mars 1966. Pignedoli aux évêques du Canada, 8 nov. 1966. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 8 janv. 1968 ; 8 févr. 1968 ; 2, 11 mai 1968. Gagné à Maurice Baudoux, 12 févr. 1968, ACPSB. Cloches, nov. 1968. Maurice Baudoux à CKSB, 1er janv. 1969. ACPSB. 4. Cloches, juin-juill. 1971 ; févr.-mars 1972. Maurice Baudoux à F. Marion, 17 déc. 1973. Agenda, 25 janv. 1974. ACPSB. 5. Chroniques, 21 juin 1974, ASGM. Maurice Baudoux au ministère de la Main-d’œuvre et de l’Immigration, projet PIL, 15 oct. 1974. ACPSB. 6. G.-L. Comeau à Maurice Baudoux, 17 oct. 1974. ACPSB. 7. Maurice Baudoux à B. Poirier, 16 oct. 1974. ACPSB. 8. Maurice Baudoux à J. G. Anderson, 7 janv. 1963. Semaine de l’unité, 17-24 janv. 1963. H. H. Clark à Maurice Baudoux, 11 févr. 1964. Agenda, 11 mai 1965. ACPSB. Cloches, mai 1963 ; juin-juill. 1965, p. 432. 9. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 30 août 1965 ; 6, 7 sept. 1965 ; 9 sept. 1972. Agenda, 13 sept. 1966 ; 25 janv. 1967. ACPSB. United Church Observer, 11 mai 1966. Cloches, juin-juill. 1966. 10. Agenda, 1er déc. 1968 ; 22 oct. 1969. Lettre de Taizé, juin 1970. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 20 sept. 1971. Lunch 1er nov. 1971. ACPSB. Cloches, nov. 1971 ; déc. 1971 ; févr.-mars 1972. 11. Hambley à Maurice Baudoux, 22 juill. 1972. F. Haywood au même, 28 mai 1974. G. Plaut au même, 26 juin 1974. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 5 mai 1976. Maurice Baudoux aux évêques de la CCM, 14 sept. 1977. Agenda, 22 juill. 1978 ; 20 sept. 1978 ; 14 févr. 1979 ; 16 oct. 1979 ; 17 janv. 1980 ; 23 janv. 1981 ; 19 mai 1981 ; 23-24 nov. 1981 ; 10 janv. 1983 ; 25 févr. 1983. ACPSB. 12. Cloches, sept. 1962, p. 251. Laurence à Baudoux, 8 août 1962. Maurice Baudoux à Goulet, 23 août 1962. Piché à Maurice Baudoux, 8 juin 1963. ACPSB. Lizée à Maurice Baudoux, 19 juin 1965. ADO. 13. Maurice Baudoux à Lizée, 23 juin 1965. ADO. 14. Lagacé à Maurice Baudoux, 24 juin 1965. Maurice Baudoux à Lagacé, 25 juin 1965. Laurence à Maurice Baudoux, 6 juill. 1965. Convocation de Maurice Baudoux et Hacault, 18 juill. 1965. Routhier à Maurice Baudoux, 21 juill. 1965. Lussier au même, 21 juill. 1965. Goulet au même, 22 juill. 1965. ACPSB. 15. Maurice Baudoux à A. Hacault, 5 janv. 1966. Lazure à Maurice Baudoux, 25 janv. 1967. Jordan au même, 20 oct. 1967. Maurice Baudoux à Jordan, 23 oct. 1967 ; 15 nov. 1967. Légaré à Maurice Baudoux, 9 nov. 1967. Maurice Baudoux aux évêques et sup. religieux, 22 nov. 1967. ACPSB.
492
Maurice Baudoux � 1902-1988
16. Compte rendu de la réunion, 13 déc. 1967. CCM, p.-v. des 21 déc. 1967 et 15 avril 1968. R. Roy, Cours offerts aux prêtres en février, 31 janv. 1968. André Léger, rapport de la 5e réunion, 27 nov. 1967. Veilleux à Maurice Baudoux, 1er déc. 1967. ACPSB. 17. Agenda, 7 janv. 1968. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 8, 15, 25 janv. 1968 ; 2 févr. 1968. Notes ms prises durant les Exercices spirituels de 1968, ACPSB. 18. Maurice Baudoux, notes, mars 1968. Le même à Routhier, Lussier, Decosse, Morin, 5 mars 1968, ACPSB. 19. Decosse à Maurice Baudoux, 8 mars 1968. Lussier au même, 8 mars 1968, ACPSB. Cloches, avril 1968, p. 165. 20. Maurice Baudoux à Guilbault, 31 juill. 1962. Laurence à Maurice Baudoux, 8 août 1962. Agenda, 24 juin 1965. Maurice Baudoux à Lagacé, 25 juin 1965. A. Ducharme, s.j., à G. Fortier, 13 juill. 1966. Bilan des élèves, déc. 1969, ACPSB. « Le Petit Séminaire après dix ans », Cloches, juin, 1970, p. 168-175. 21. P.-v. du comité, 6 févr. 1963, ACPSB. Gaboury à Maurice Baudoux, 1er mars 1963, ADO. Rapport de Bruns, 1er mars 1963. R. Roy à Maurice Baudoux, 8 mars 1963. J. Lagassé à L. G. Marcoux, 8 mars 1963. ACPSB. Lizée à Maurice Baudoux, 23 mars 1963, ADO. Leroux au même, 25 mars 1963, ACPSB. Maurice Baudoux à Leroux, 2 avril 1963, ADO. 22. Damphousse, « Visite à Otterburne », 18 avril 1963. R. Roy à Robert, 22 avril 1963. Compte rendu de Damphousse à Letellier, 22 avril 1963. Leroux à Maurice Baudoux, 29 avril 1963. Notes de Baudoux, 22 mai 1963. P.-v. du comité de construction, 5 juin 1963. P. Carrière, c.s.v., à Maurice Baudoux, 6 juin 1963, ACPSB. 23. Soucy à Baudoux, 29 avril 1964. Maurice Baudoux à Dumouchel, 11 juin 1964. Dumouchel à Maurice Baudoux, 24 juill. 1964. Le même à Flahiff, 27 août 1964. Mathieu à Maurice Baudoux, 14 déc. 1964 ; 5 janv. 1965. Circ., 30 juin 1965. Bazin à Baudoux, 3, 31 mars 1965 ; 30 mai 1965 ; 15 sept. 1965 ; 26 nov. 1965 ; 30 janv. 1966, ACPSB. 24. Maurice Baudoux à Sigismondi, 23 mars 1966. Bazin à Maurice Baudoux, 5 mai 1966 ; 29 juin 1966 ; 22 nov. 1966 ; 6 févr. 1967. Maurice Baudoux à J. Mees, 12 juin 1966, ACPSB. 25. Maurice Baudoux à F. Granger, 13 sept. 1967. Bazin à Maurice Baudoux, 19 sept. 1968 ; 10 déc. 1968, ACPSB. 26. Bazin à Maurice Baudoux, 25, 27 mars 1969 ; 10 juin 1969 ; 21 août 1969. Lavack aux consulteurs diocésains, 12 juill. 1969. Bazin à Hacault, 8, 25 sept. 1969. Hacault à Bazin, 26 sept. 1969. Szumski à Bazin, 22 oct. 1969. Szumski à Larue, 26 nov. 1969, ACPSB. 27. Bazin à Maurice Baudoux, 24 juin 1970. Hacault à Maurice Baudoux, 28 janv. 1970. Michiels à Baudoux, 25 juin 1970, ACPSB. 28. Recteur à la communauté, 16 sept. 1962. ASJCF. Don à l’œuvre des bourses, 19 sept. 1962. P. Leduc, s.j., « Faut-il lancer un autre S.O.S. ? » Liberté et Patriote, 21 sept. 1962. « Les problèmes du collège passés au crible », Id., 16 nov. 1962. Van Belleghem, Mémorial, déc. 1962. Réunion de l’Assoc. des anciens, 9 déc. 1962. Fortier à D’Auteuil Richard, 16 déc. 1962. D’Auteuil Richard à Fortier, 27 déc. 1962. ASJCF. 29. Fortier à D’Auteuil Richard, 16 déc. 1962 ; 16 janv. 1963. D’Auteuil Richard à Fortier, 27 déc. 1962. Discussion, 12 févr. 1963. D’Auteuil Richard à Fortier, 28 mai 1963. ASJCF. 30. Fortier à D’Auteuil Richard, 16 déc. 1963. Fortier à D’Auteuil Richard, 3 mars 1963. D’Auteuil Richard à Fortier, 8 mars 1963. ASJCF. Éditorial, « Les portes seront-elles fermées au Collège de Saint-Boniface ? », Liberté et Patriote, 20 déc. 1963. Mémorial, oct. 1964. ASJCF. 31. Ducharme à Fortier, 26 déc. 1964 ; 6, 29 janv. 1965 ; 25 mars 1965 ; 9 avril 1965. ASJCF. 32. Fortier à Ducharme, 20 juill. 1965 ; 31 déc. 1965. Ducharme à Fortier, 5 août 1965 ; 3 déc. 1965 ; 7 janv. 1966. ASJCF. 33. Gendron à Arrupe, 6 févr. 1966. Ducharme à Fortier, 2, 28 mars 1966. Fortier à Ducharme, 7 mars 1966, ASJCF. 34. Sanschagrin à Ducharme, 29 mars 1966 ; 23 mai 1966 ; 6 juill. 1966. Ducharme à la consulte, 3 avril 1966. Ducharme à Sanschagrin, 4 avril 1966 ; 25 mai 1966. Ducharme à Fortier, 8 mai 1966 ; 14 juin 1966 ; 13 juill. 1966. ASJCF. 35. Maurice Baudoux et A. Hacault à Fortier, 5 août 1966. ACPSB.
Notes
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36. Sanschagrin à Ducharme, 11 sept. 1966. Ducharme à Plante, 23, 25 oct. 1966 ; 1er nov. 1966. ASJCF. Communiqué G. Fortier, s.j., 8 nov. 1966. Communiqué Baudoux et Monnin, 17 nov. 1966. ACPSB. Cloches, déc. 1966, p. 742. 37. Maurice Baudoux à Pignedoli, 12 nov. 1966. ACPSB. 38. Ducharme à Plante, 23 nov. 1966. Ducharme à Fortier, 6 déc. 1966. Fortier à Ducharme, 4 janv. 1967. ASJCF. Cloches, janv. 1967. P.-v. du Bureau des aviseurs, 14 févr. 1967. Baudoux à Gagnon, 1er mai 1967. ACPSB. La Presse, 24 juill. 1967. 39. Cloches, juin-juill. 1969 ; nov. 1969 ; sept. 1970. Notes Hacault, 13 oct. 1969. Baudoux à Monnin, 14 oct. 1969. Texte Valiquette, 17 oct. 1969. ACPSB. R. Couture à L. Laurendeau, 22 déc. 1969, ASJCF. 40. Monnin à Larivière, 15 févr. 1970. L. Desjardins au même, 16 févr. 1970. Guy à Monnin, 24 févr. 1970. Schreyer à Mgr Grégoire, 16 mars 1970. Mémorial, 30 sept. 1975. ASJCF. 41. Ce paragraphe s’inspire de la thèse de maîtrise en histoire, Université d’Ottawa, P.-É. Leblanc, L’enseignement français au Manitoba, 1916-1968, Ottawa, 1968. Chap. V, « Les faits : 1945-1968 », p. 77. 42. Mémoire de Giesinger, 18 mai 1963. CCM, 1er juin 1963 ; 5 et 10 févr. 1964. ACPSB. Pour un exposé de cette question, cf. J. J. Stapleton et J. Long, « The Manitoba Independant Schools Questions, 1957-1996 », dans St. Paul’s College University of Manitoba. Memories and Histories, Winnipeg, St. Paul’s College, 1999, p. 304-324. 43. Précision apportée par Mgr H. Perron, le 14 mars 2003. 44. « Eye to eye », CBC Program, 11 févr. 1964. Lettre circ. 12-21 févr. 1964, CCM 17, 25 févr. 1964, ACPSB. Tribune, 26 févr. 1964, ACPSB. Cloches, mars 1964, p. 104-112. 45. Mémoire de AECFM, mars 1964. Rencontres de la MAEE, 15 et 21 mars 1964. Circ., 9 avril 1964, ACPSB. Cloches, avril 1964. Liberté et Patriote, 20 mars 1964. Rottiers à Maurice Baudoux, 1er mai 1964. Congrès AECFM, 6 juin 1964. Cloches, juin-juill. 1964, p. 279. 46. CCM, 12 févr. 1966 ; 12 mars 1966 ; 17 nov. 1966 ; 10 déc. 1966. Message de Maurice Baudoux à la MAEE, 27 mars 1966, ACPSB. 47. Cloches, août-sept. 1967 ; avril 1970, p. 81-90. CCM, 30 nov. 1967 ; 17-18 mai 1968 ; 10 déc. 1969 ; 12 mars 1974. Lacerte à Maurice Baudoux, 22 mars 1968. Cloches, mai 1968. Lettre de protestation, 10 août 1972. 48. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 21 avril 1963 ; 24 nov. 1966 ; 18, 20 janv. 1967 ; 4, 5, 6, 7 avril 1967 ; 9 juin 1967 ; 21 août, 1967 ; 1er oct. 1967 ; 8 déc. 1967. Robidoux à Maurice Baudoux, 20 févr. 1967. Maurice Baudoux à Robidoux, 25 févr. 1967, ACPSB. Cloches, août-sept. 1967 ; déc. 1967 ; janv. 1968. 49. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 6, 7 mars 1968 ; 21, 22 avril 1968 ; 5, 6 juin 1968, ACPSB. Cloches, avril 1968 ; mai 1968 ; nov. 1968. G. Ouellet à Maurice Baudoux, 28 juin 1968. Brief de la Catholic Physicians’ Guild of Manitoba aux évêques du Manitoba sur Humanae Vitae, 9 août 1968. Maurice Baudoux à Mathieu, 14 août 1968. Ouellet à Baudoux, 21 août 1968. Naud à Baudoux, 4 oct. 1968, ACPSB. 50. Cloches, avril 1969 ; juin-juill. 1969. Maurice à Mariette 12, 13, 14, 16, 17, 19, 20, 24, 26, 29 avril 1969 ; 2, 3 mai 1969. R. Moore à Mgr J. Martin, 26 avril 1969, ACPSB. 51. Maurice Baudoux à R. Peeters, 2 août 1969. Le même à Mariette Baudoux, 2, 3, 4, 6, 9, 19, 22 sept. 1969 ; 8, 9, 10, 16 avril 1970 ; 17 août 1970 ; 24 sept. 1970 ; 2, 4, 7, 12, 13 oct. 1970, ACPSB. Cloches, déc. 1969 ; janv.-févr. 1970 ; mars 1970 ; nov. 1970. 52. Maurice Baudoux à C. Farly, 9 mars 1971. Le même aux Chabot, 17 mars 1971. Le même à Mariette Baudoux, 6, 12, 18, 23, 27 août 1971 ; 1er, 3, 8, 9, 19, 20, 21 sept. 1971. Maurice Baudoux à Mathieu, 18 nov. 1971. É. Beaucamp à Maurice Baudoux, 24 déc. 1971, ACPSB. Cloches, oct. 1971. 53. Cellier à Maurice Baudoux, 16 mars 1972. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 12, 21, 24 avril 1972 ; 17 mai 1972 ; 13, 14 oct. 1972, ACPSB. 54. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 28, 30 mars 1973 ; 2 avril 1973 ; 9 mai 1973. Coderre à Mathieu, 18 avril 1973. Le même à Maurice Baudoux, 4 juin 1973. Maurice Baudoux à Coderre, 30 mai 1973, 4 juin 1973. ACPSB.
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Maurice Baudoux � 1902-1988
55. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 21 août 1973 ; 7, 9, 19 sept. 1973 ; 2, 22, 23 oct. 1973. Hacault à Édouard [missionnaire au Brésil], 31 oct. 1973, ACPSB. Cloches, déc. 1973. 56. Notes de Maurice Baudoux, 27 nov. 1973, ACPSB. 57. Compte rendu de la réunion du 12 mars 1974, CCM. 58. Maurice Baudoux à Pignedoli, 19 oct. 1966 ; 26 oct. 1966, ACPSB. 59. Pignedoli à Maurice Baudoux, 12 juill. 1967 ; 22 juill. 1967. Maurice Baudoux à Clarizio, 18 oct. 1967, ACPSB. 60. Gagnon à Maurice Baudoux, 6 mars 1969. Maurice Baudoux à Hacault, 8 mars 1969. Hacault à Maurice Baudoux, 11 mars 1969. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 11 mars 1969, ACPSB. Cloches, avril 1969. 61. Session théologique 1er-5 avril 1971. Agenda, conférence 5 avril 1971. ACPSB. Cloches, avril 1971. 62. Maurice Baudoux à Del Mestri, 24 déc. 1971. Circ. de Gravelbourg, 27 févr. 1973. R. Bernardin à Maurice Baudoux, 12 juill. 1974, ACPSB. 63. Sr Germaine à Maurice Baudoux, 2 juill. 1965. Panel 10 févr. 1966. ASNJM. Cette estime est aussi partagée par Mgr Decosse qui, avec la fermeture prévue de trois petites maisons d’écoles dans le processus de centralisation des grandes unités scolaires, entrevoit la menace de l’anglicisation d’une centaine de familles. Decosse à Maurice Baudoux, 28 févr. 1966, ACPSB. 64. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 26 févr. 1969. Invitation des sœurs du Précieux-Sang pour le 1er de l’an 1972, 25 nov. 1971. Agenda, 23 déc. 1971 ; 7 juill. 1972 ; 26 mai 1981, ACPSB. FDLP, 4 mars 1972. 25 août 1974, ASGM. Cloches, mai-juin 1977, p. 162 ; avril 1978, p. 156 ; avril 1979, p. 151 ; janv. 1980, p. 19. 65. Sup. prov. à Maurice Baudoux, 7 janv. 1966 ; 18 janv. 1971. CWL au même, 5 mai 1972. Maurice Baudoux à Mgr Ponte, 20 déc. 1978 ; 13 mars 1979. Goulet à Maurice Baudoux, 22 juin 1980. ACPSB. 66. Maurice Baudoux à B. Poirier, 16 oct. 1974. Session 30 août et 1er sept. 1975, ASGM. L. Boutin à Maurice Baudoux, 10 juin 1977. Agenda, 11-12 juill. 1977. ACPSB. 67. Roland Couture à Maurice Baudoux, 14 avril 1964 ; 17 déc. 1964 ; 15 déc. 1967 ; 18 déc. 1968 ; 15 déc. 1969. Mémoire, « Le premier poste français de l’Ouest canadien », 26 juin 1964. Maurice Baudoux, « Radio-Ouest française », 26 mai 1967. Lettre du Comité à Ouimet, 9 juin 1967, ACPSB. 68. R. Couture à Maurice Baudoux, 10 févr. 1971 ; 14 avril 1971 ; 8 juin 1971, ACPSB. 69. Maurice Baudoux, texte dact. de 3 p., 25 mai 1971. ACPSB. Vie française, mars-avril 1972, p. 180-181. 70. Liberté et Patriote, 19 mai 1971. Cloches, juin-juill. 1971. Le Métis, 27 mai 1971. 71. M. Desaulniers à Maurice Baudoux, 16 mai 1973. Maurice Baudoux à CKSB, 27 mai 1973. Fondation RSB, 17 déc. 1974 ; 4 janv. 1978 ; 18 sept. 1979 ; 18 janv. 1983. Maurice Baudoux à R. Couture, 28 nov. 1975. Baudoux à Vien 12 févr. 1976. R. J. Marcotte à Mariette Baudoux, 28 nov. 1977, ACPSB. 72. Maurice à Mariette, 6 févr. 1963 ; 30 avril 1963. Agenda, 8 févr. 1963. Carrier à Maurice Baudoux, 18 avril 1966. LeBlanc au même, 8 juin 1966. Maurice Baudoux à Berthe Baril et son époux, 10 juin 1966. Maurice Baudoux à Robidoux, 25 févr. 1967. ACPSB. 73. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 2, 4, 7, 18 janv. 1969 ; 1er, 8, 15 févr. 1969. Maurice Baudoux à Hacault, 12 janv. 1969. Edgard Baudoux à Mariette Baudoux, 6 mars 1969. ACPSB. 74. Edgard Baudoux à Mariette Baudoux, 19 déc. 1969 ; 18 mars 1971. Maurice Baudoux à De Roo, 23 janv. 1970. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 28 sept. 1970 ; 28, 29 juin 1971 ; 22 juill. 1971. Le même à J.-M. Gagné, 30 janv. 1974. R.-A. Jacques à Maurice Baudoux, 10 oct. 1974. Notes ms Maurice Baudoux, 23 oct. 1974. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 8 mai 1976. ACPSB. 75. Caisse pop à Maurice Baudoux, 23 janv. 1967 ; 12 oct. 1967. Edgard Baudoux à Mariette Baudoux, 5 mars 1967 ; 14 juin 1967 ; 17 mai 1969. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 11 avril 1967 ; 22 août 1967, 23, 24 mars 1969 ; 11 mai 1969. Edgard Baudoux à Maurice Baudoux, 5 mai 1967. ACPSB.
Notes
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76. Edgard Baudoux à Mariette Baudoux, 28 juin 1968 ; 4 sept. 1971. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 2 mai 1971 ; 15, 21, 24, 29 juin 1971 ; 6, 21, 23 juill. 1971 ; 27, 31 août 1971 ; 19, 20 sept. 1971. ACPSB. 77. Maurice Baudoux à Roland et Georgette Antonioli, 16 août 1973 ; 20 mai 1974. Agenda, 28 janv. 1974. Maurice Baudoux à J.-M. Gagné, 30 janv. 1974. Le même à Hacault, 29 août 1979. Le même aux Chabot, 16 sept. 1980. Mariette Baudoux à G. Bastin, 10 août 1980. ACPSB. 78. G. Jolicœur, 31 janv. 1966. ASJCF. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 25 janv. 1968. ACPSB. « Manitoba : un prêtre refuse le salut au drapeau », Le Devoir, 14 juin 1966. La Presse, 28 nov. 1966. Sept Jours, 4, 7 juill. 1967. 79. L.-A. Vachon à Maurice Baudoux, 23 févr. 1971. K. Spicer au même, 3 mars 1971. A. Pouliot au même, 26 mars. Congrès de l’ACELF, 16-18 août 1971. ACPSB. « Le PQ n’a que faire du sort des minorités canadiennes-françaises hors du Québec », Le Soleil, 24 mars 1971. 80. Cloches, juin-juill. 1971 ; déc. 1971. Agenda, 1er févr. 1974. Plourde aux évêques francophones, 28 juin 1974 ; 4 sept. 1975. Maurice Baudoux à Plourde, 9, 15 juill. 1974. Plourde à Maurice Baudoux, 12, 23 juill. 1974. ACPSB.
Notes du chapitre 12
1. « Mgr Baudoux a démissionné. Mgr Hacault devient archevêque de Saint-Boniface », La Liberté, 12 sept. 1974. 2. Maurice Baudoux à B. de Margerie, 20 août 1974. Le même à E. Goulet, 7 nov. 1974. Agenda, 19 nov. 1974. Maurice Baudoux à D. Tanguay, 23 juill. 1975. Rapport de la Fondation RSB, 29 mars 1982, ACPSB. 3. P. Garneau à Maurice Baudoux, 24 mars 1975. Maurice Baudoux à P. Garneau, 4 avril 1975. M. Baudoux, « Les Franco-Canadiens de l’Ouest : constitutifs d’une société francophone canadienne », à la Société royale, 31 mai 1975, série IV, t. XIII, p. 141. ACPSB. 4. R. Arès, « Les francophones au Canada », Le Devoir, 17 et 18 juin 1975. 5. Maurice Baudoux à Bibliothèque de Montréal, 25 oct. 1974. Archiviste s.g.m., à Maurice Baudoux 7 févr. 1978 ; 10 avril 1980, ACPSB. Cloches, janv. 1979, p. 34. 6. Conférence à la Société historique de Saint-Boniface, 12 nov. 1975. Interview à CBWFT, 13 nov. 1975. « Les Canadiens d’expression française à l’extérieur de la province de Québec. Les appréhensions sur les appuis du fédéral ont beaucoup diminué. » Hall à Maurice Baudoux, 23 août 1976. Maurice Baudoux à Hall, 9 sept. 1976. Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 17, 18 nov. 1977. Agenda, 11-13 nov. 1977 ; 17-20 nov. 1977 ; 31 mars 1978 ; 5-7 mai 1978. ACPSB. Le Droit, 12 avril 1976. « The Winds of Assimilation. It’s too late to save French in St. Boniface », Free Press, Weeekend Magazine, 22 mai 1976. 7. Agenda, 5 févr. 1980, Maurice Baudoux à Mariette Baudoux, 21 févr. 1981. ACPSB. The Winnipeg Sun, 9 mars 1982. Winnipeg Free Press, 26 mars 1982. La Liberté, 12 nov. 1981. 8. Express de Toronto, 29 mars 1982. Leyssac à Maurice Baudoux, 6 et 23 avril 1982 ; 31 mai 1982. Hervieux-Payette à Trudeau, 7 avril 1982. SEFHQ à Maurice Baudoux, 10 févr. 1983. Invité à la réunion du 24 février 1983, Mgr Baudoux avertira qu’il ne pourra y prendre part. ACPSB. 9. R. Pinsonneault à Maurice Baudoux, 18 mars 1965. Maurice Baudoux à Pinsonneault, 30 mars 1965. C. Rouleau à Maurice Baudoux, 14 juin 1965. Maurice Baudoux à C. Rouleau, 8 juill. 1965 ; 5 août 1965. Le même à Mariette Baudoux, 17, 18, 19, 21 août 1965. ACPSB. 10. Courier, 21 avril 1965. Agenda, 6 mai 1965. ACPSB. Cloches, mai 1971, p. 199. 11. Cloches, mai 1971, p. 199. J. R. Brown à Maurice Baudoux, 7 juin 1972, ACPSB. 12. « Anniversary of Ordination to be marked », Winnipeg Free Press, 14 juill. 1979. B. Bocquel, « Deux qualités : ténacité et persévérance ». André-Yves Rompré, « Cinquante ans de zèle indéfectible pour le français dans l’Ouest ». Agnès Cormier, « Mes souvenirs de Mgr Baudoux ». Alfred Monnin, « Un modèle pour nous ». Jacques Coulon, « Rencontre avec Mgr Baudoux. Les Canadiens français de l’Ouest peuvent être optimistes ». Liberté, 19 juill. 1979. Priscilla Cormier, « En hommage à Mgr Maurice Baudoux », Liberté, 26 juill. 1979. « Archbishop blazed colorful trail », The Tribune, 23 juill. 1979. Maurice Baudoux au délégué apostolique, 28 juill. 1979. R. Deslauriers
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Table des matières �
Préface . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . VII Présentation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . IX Remerciements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . XI Sigles et abréviations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . XIII I – Quitter la Belgique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
1
Chapitre 1 De La Louvière à Hague . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
3
II – L’émergence d’un leader . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23 Chapitre 2 À Saint-Boniface (1919-1923) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25 Chapitre 3 À Edmonton (1923-1927) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59 Chapitre 4 À Québec (1927-1929) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103 III – Prêtre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129 Chapitre 5 Vicaire et curé à Prud’homme (1929-1948) . . . . . . . . . . . . . . . 143 Chapitre 6 Le combat pour le français . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 175 Chapitre 7 « Le père de la radio française de l’Ouest » . . . . . . . . . . . . . . . . 215
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Maurice Baudoux � 1902-1988
IV – Évêque . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 239 Chapitre 8 À Saint-Paul, Alberta (1948-1952) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Chapitre 9 À Saint-Boniface, Manitoba (1952-1959) . . . . . . . . . . . . . . . . Chapitre 10 De Pie XII à Jean XXIII (1959-1965) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Chapitre 11 L’après-concile (1965-1974) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Chapitre 12 La retraite (1974-1988) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
241 283 337 391 431
Notes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 443 Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 497