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). Battisdana = *palislâna « appui >). Bat t i t be il s a = * pati-tbaisa « qui combat contre )}, cf. l'adjectif féminin av. paili-bisi-, de la même racine. Bat t i u rad a = * pali-writda- cf. Bakurada. Bawuksamira (var. Buksira) = *buxsa-vïra- cf. v. p. Bagabuxsa. Bazikka (var. -zaka) = hypocor. d'un nom en bâfi-? Da d a k a = dâlaka. Da dam i il il a (1) = * diila-mi~a-, ou -misa avec le second membre, encore inexpliqué, de v. p. Va(h)umisa. Daddama = diilama, cf. par exemple, av. hai8ga-dâbma-. Daddapirna = diila-farnah- ct alors identique à Dafapparna et comparable dans l'ordre inverse à
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Damidadda (?) = av. dümi-düla-, si la lecture est admise. Dan tupi rd a na = *danlu-prlana-. Da' u p i l' tan n a = * dahyu-prlana-. Ces deux noms sont pareillement formés: « qui combat pour le danlu- (av. zanlu « clan Il) ; qui combat pour le pays Il. Ils évoquent pour la forme le nom propre av. P'Jsana (= prtana), abrégé d'un composé, et pour la notion, le développement du Yt XIII, 65 où dieux et hommes combattent pour chaque division du territoire. Dariparna (1) = *diiraya-farnah-. Dariya (1) = *düraya, nom abrégé peut-être de Dariyawis = dürayava(h)us, Darius. Dar i z z a = * dürayaca cf. ci-dessous p. 89. Da t a pp a l' na (+ var.) cf. ci-dessus Daddapirna. Da t e na = * dülaina-, pourle suffixe cf. av. hama- niifaëna-. Da t e z z a (var. -tt-) : dülaica. Cf. Bakezza. Da' uri s a (+vars.) paraît correspondre exactement à ~1)(\)p[O"1)C;, gendre de Darius Hdt. V 116 sq. Da u Il a k a (var. Tams-) : pourrait représenter un composé dau!w+x : cf. Bagadausa. Dus k a m t a (1) = * dus-kam-la « mal aimé l)? on n'imagine guère un * duzganda- « puant Il. Dusmurda (1) = *dus-mrla-? -urla? Ha par a = apara « second Il; en avestique, apara avec un nom propre = « junior 1) ; cf. lat. Secundus. Ha k i il t i par ra: * iixSti-bara-, av. üxsti- « paix 1). Hakilitipirna (1) : * iixSi i-farn ah. Ha k u m a (1) = * haxma-, abrégé d'un composé; av. haxman- « communauté Il. Hal' and a d a (1) = aram-dâla-, av. aram « correctement; rituellement Il. Harbakka (?) (1) = cf. Apo&X1JC;l. Hal' b ami il s a = cf. ci-dessus Dadamissa. H a rd a d d a (1) = * ari-düla- ? Harima = av. Aryama(n)- ou Aryiiva. Hariya = drya. Harisnuya = *arsnya-?
(1) Cf. JA. 1958, p. 54.
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Harmi8da (var. Harra-) = *ara-miida-? (cf. av. aso. miida-); en tout cas il faut exclure toute référence à Ahuramazda. Harrimana (1) = Arya (ou ari-) mana(h)- (p. 102). Harripirta(n) (1) = *arya-brdana, ·Apwoocp~OC\l1)c;. Harriyauzaka (1) = *arya (ou ari-) yauzaka. Harrizandu8 = *arya-zanlu-. Harzakka = *arJa-ka- cf. av. Ar<JJat-(aspa-). Hasina (var. -8S-) = v. p. A~ina. Hassidadda (var. -8-) = 'AcrtMTIlç, v. p. *hasyadâla-, cf. av. haiOya. dâlama-. Hatarbadda (1) = av. Alar<J.pâla-, 'A't'po7td.TIlc;. Hat a r ban u s (var. -lur-): * âlr-bânu- cf. lrdabanus CIdessous. Hatarrama = *âlar-râman (uepos d'Atan)? Hat ur d a d a = av. Afa ra. dâla-, 'A't'pocMTIlc;. Hat ur ka = hypocor. * âlr-ka-. Hat u r ma (var. Att-) = peut-être à rattacher au suivant. Haturma8a = *âlr-vl1zah? cf. le nom d'instrument av. âlr<J. vazana- et av. (a.'ia)vazah- « qui stimule Arta )}. Haturparna (1) = *dtr-farnah-, cf. av. Al<Jr<J.xvaranah-. Haturrad(d)a = *â1r-râda(h)- «qui prend soin du feu» ou peut-être * â1r-rdta- « accordé par Atar )}. Hi d u k ka, Hi dus (1) = probablement identiques au suivant. Hindukka (+var.) = ne peut être que l'ethnique, devenu nom ou sobriquet. His li m a u w i s = pourrait être restitué en * isli-vahvï- cf. av. vahislâ istis « la meilleure possession )}, mais la forme du composé conviendrait plutôt à un nom de femme. 1 r d a b a d a = *r1a-pâla-, 'Ap't'oc7td.TIlÇ; et aussi, à le prendre tel quel, l'adjectif av. a/fa.pâla-. 1 rd a b a d II S = * rla-bâdu-, cf. Ap't'ocooc~oç et ci-dessous p. 116. Irdabama (var. -tabb-) nom féminin =rla-bâma-, mais Irdubama est masculin : él. bama peut représenter aussi -pâva-. Irdabana (1) = *r1a-pâna-, 'Ap't'oc7td.v1)ç. Irdabanus (+var.) = *rla-bânu-; noter que le nom est masculin, au contraire de -bâma « éclat )}, et des noms ultérieurs en -bânü qui sont féminins, mais cf. ' Ap't'ocoa.:voç.
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Ir d a b a y a (1) = * rfa-piiya- ? cf. véd. -piiyya- ({ protection )}. Irdadadda = *rta-diila-. Irdakkaya = cf. Ap-rocx.ocl1Jç, aram. 'rll;y n. pr.l. Irdaksara (var. -tuk-) = cf. 'Ap-rol;cip1Jç. Irdakkurraddus (1) = *rla-xralu-. 1 rd a man a = cf. Ap-rcifJ-V"1)Ç, Arlamenes. 1 rd a mas san a (1) = * r1a-va{}ana-? (dérivé de * va{}a({ qui désire )}, av. vas- ?). Irdamissa (+var.) = *['la-misa? Cf. Vahumisa et cidessus, p. 81. l rd ami ya s d a = * r1a-myazda- avec av. myazda- ({ banquet rituel )}. Ir da par ma = * rla-barma-? cf. av. bar;)miiuaona- peu clair, mais aussi véd. bhdr-man- « maintien )}. Irdaparrada (1) = * r1a-[riida , cf. v. p. Friida (él. Pirra-da, bab. pa-ra-da-'). Irdapirna = *r1a-[arnah-, 'Ap-rwpép'/1)c;. Il'dapirrumara (1) = *rla-frauara- ({ qui confesse Arta )}; *frauara- de [ra-var- « déclarer sa croyance)}; cf. le nom v. p. Frau (a )rli- qui est transcrit par él. Pir-ru-mar-ti-is. 1 rd api l' zan a = cf. ' Ap-rooa~civ1JC; chez Hérodote (pour -~ap~a'/1JC; ?). lrdapuka (1) = rta-bug(a)-? (de baug- cf. ci-dessous, p. 113). Ir da sus d a (1) = rla-zusia- « aimé d'Arta )}, av. asô. zuslaqui est le nom religieux de la chouette (p. 118). 1 rd li sa probablement abrégé du suivant. Ird a il i Y a ti s,Ir d a sa t iS = *r1a-syiili- (-siili-) « bonheUl' d'Arta )} Irdasura = *ria-sara. 1 rd a ta km a = *rla-laxma-. Ird a (u) w iB = *rla- vahu- ?- cf. av. Asii. varJhu-. Ir d a y a (1), Irteya = d. av. a.~aya- et véd. rlaydn participe. Irdazana (var. -zi-) = *ria-canah- « qui désire Arta )}, av. asa. cinah-. Irdumartiya = v. p. Arlavardiya-. 1 r d u mas d a = *rla-vazdah-, av. Asavazdah-, Ap-rao\lacrll1)C;, etc. r rd u mat i Ya = probablement identique à -martiya cidessus. (1) Cf. JA. 1954 p. 306.
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1 rd u mat r a = * rla-manBra? -marBra? sans compter les restitutions possible avec v-. Irmatis, nom féminin, ressemble fort à Aramali, sous l'aspect du trisyllabe av . .ArmaU. 1 r su k d a = av. ars-ux!5a, tJrtJz-ux!5a- « bien prononcé, dit rituellement Il; pour le second terme -uxla-, cf. le nom propre. Ap'l"<Xüx't"Y)<;; (Hdt. 7, 78). IrSama = v. p. Arsama (él. ir-sa-llm-ma), 'ApO'&!L'Y)ç, aram. 'rsm. 1 rS e n a = * arsaina- ; pour la finale cf. ci-dessus Datena et plus bas Irtena. Irtabbawuksa (var. Irdapuksa) = *(la-bllXsa (-ballxsa), cf. v. p. Bagabuxsa. 1 r t am, Irtambama représente un premier terme complément (lam comme dans AP'l"E!L6&P'IJ<;;, de riam-plira-; ici le second terme, -bama-, transcrit vp. -pava « qui garde l'ordre 1) ; lrtamukbama, avec un syllabe -uk- supplémentaire, n'en est qu'une variante graphique. Irtammannuwis = *rlam-manllvi-? le second terme rappelle v. p. manauvi- qui est encore incertain de sens et d'analyse. 1 r tas b a d a = * rla-zbiïla- cf. plus haut Bakasbada. 1 r tas d u na, nom masculin et féminin; en cette dernière qualité il est identique à Ap'l"uO''l"WV'Y), nom de la femme de Darius. Irtuppiya = v. p. *rdufya « aigle )1, Ap'l"uqnoçl. ISbaramanya (1) = ·spara-manya « qui médite le succès (?) )1, cf. av. spara-dasla- « par qui le succès (?) est obtenu Il. Mais -vanya est possible. ISbaramistima = ·spiira-+un superlatif en -lama-? IS t i bar a = * iSii-bara- « qui apporte la prospérité 1) (?). IS t i man ka, lristimanka = transcription du nom iranien d'Astyage 2 • Kab a uda (1), Kabaudana (1) = v. p. kapalila « bleu l). Kambarma = v. p. Gaubaruva, rw6pu'Y)<;;. Kammada = peut-être av. Kavala-. Kamnakka = cf. hypocoristique d'un composé avec kamna « peu, en petit nombre ». (1) Cf. Trans. Phil. Soc. 1945, p. 67 ;·JA. 1954, p. 307. (2) Cf. Cameron, Persep. Trea.ury Tablels, p. 66, n. 31.
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Ka m p i y a = peut-être comparatif du précédent, * kambiyah- ? Kanbuziya = v. p. Kambufiya, Cambyse. Karakka = hypocor. d'un composé avec kiira-. Karayauda (var. karr-) = *kiira-yauda-. Ka r a y a uza (1) = variante dialectale yauza- du précédent: « qui agite le peuple 1). Karbattiya (1) ressemble de près au nom de mois v. p. « Karbasiya 1)1. Ka r kas s a = av. kahrkiisa « vautour 1). Karpuna = av. kahrpuna probablement « lézard 1). Ka r fi a ka, hypocor. d'un nom en karsa- de kars- « traîner 1) ou « labourer 1). Kaudama = cf. av. Gaofama-? Ku r a k k a = hypocor. du suivant. Ku r a fi i y a t i s (1) et Kurassara doivent être présumés identiques à Kara-, c'es~-à-dire à v. p. kiira-. On ne voit pas d'autre possibilité. Ils représentent alors * kiira-siyiiti« bonheur du peuple 1) et * kiira-sara- « tête du peuple 1). On a la même transcription élamite kura pour le nom d'agent-kara« qui fait 1) en composition. Ku rra t u man y a = • xrafu-manya- « qui a l'autorité par son intelligence (ou par son conseil) 1); pour -manya cf. av. mainya(Bartholomae 1896); la traduction du terme xratu- admet plusümrs équivalents. Madaparna = *viiia-farnah- avec le nom divin Viila? M adasba = *viiliispa- « aux chevaux de venb, cf. pers. biidpii « (coursier) aux pieds de vent 1). Man d a ra s b a (?) = *vandariispa- « aux chevaux vantés 1) (av. vandara-« digne d'éloges 1) cf. as.vandara-). Mantarra (var. -sara) : le premier nom en tout cas reproduit av. vandara-. Man taSt u ra = -?-+slura ? Avec siura « grand, massif 1), ni man- ni van- ni xvan- ne fournissent de dérivé approprié pour le premier terme. Manus = av. manu-. Man y a b a dus (1) = *manya-biidu- « au bras dominateuf» (av. mainya- Eth!. 1896). (1) Voir l'énumération des formes de ce nom, toutes données en élamite, chez Cameron, PTT. Index.
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Manyaparra = *manya-biira? (-ptira-?); sens incertain pour le second terme; cf. Mauparra. Man yak k a = * manyaka, hypocoristique d'un corn posé de la série précédente. Man y a s k u rra (1) = * manyas-kara-, restitution théorique; avec él. -kurra qui rend régulièrement ir. -kara-, le premier terme sera un substantif, peut-être un neutre * manyah- ou *vanyah-. Mapramatiya (var. -pirra-) : on est tenté de poserun dérivé de *xva-framali- ou -fravali-, sans pouvoir décider ni interpréter. Mar a z a = va,.liza « sanglier 1) ; connu comme nom propre par av. Varliza-, skr. VarliM-. Mar a zan a = * variizana-, dérivé de variiza comme les noms propres av. K ahrkana- de kahrka; Fryana- de frya-, etc. Mardunuya = v. p. Marduniya. Mar i y y a est certainement un terme prégnant, formant plusieurs composés; le dérivé Marriyaka (var. -ikka) correspond vraisemblablement à v. p. marïka (pour maryaka-) « homme du peuple ,), ce qui suggère que Marriya est le v. p. *mariya-, av. mairya- « jeune gaillard ,). Il faudrait envisager le même terme dans Marriyadad( d)a (avec -data) et Marriyakarsa, mais la forme iranienne de ce -karsa n'est pas daire ; on a aussi Marriyakassa (1). Masdayasna (var. -teasna) = av. Mazdayasna-. Mau d a d (d) a = *vahu-dlila-, cf. av. Vayhuoiila-, Vohu. diila-. Mau man n a (1) = * vahu-manah. Maumissa (var. -assa) = v. p. Va(h)umisa. Mauparna (var. -pirna) = *vahu-farnah-. Mauparra (var. -pira) = *vahu-ptira- « qui favorise (?) le bien ,). Maupirrada = *vahu-frlid(a)- « qui fait progresser le bien ,). Mau rad a = * vahu-riida- « qui s'emploie au bien ,). Mau ra sm a = *vahu-razma(n) ? av. rasman- « phalange ,) entre dans le nom personnel Kaviirasman-. Mau il u d d a = *vahu-süla- « qui est mû pour le bien 1), cf. av. arna. süla- « qui est mû pour le combat l). Mauyauna (1) = *vahu-yauna- «qui séjourne dans le bien ,) (litt. « dont le séjour, yaona-, est le bien '»), cf. av. hviiyaona- « au bon séjour ,).
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Mau zis sa = v. p. ·vahu-éi~a-« dont le bien est l'origine 1), à comparer avec le suivant. Mauzittarra (var. -itra) = ·vahu-éiOra-, avec la forme dialectale non-perse; cf. av. A.t;}r;}. éiOra-, HvariJ. éiOra-, etc. Mawukka (var. Mauka) = v. p. Vahauka. Mid u s = av. vïdus- « qui sait 1). Mikrasba (var. mikurra-) = ·vigriispa- «aux chevaux vigoureux 1) (véd. vigra-). Mimana (var. Mihim-) = v. p. Viviina-. Mi pus d a = peut-être • vi-busta- de baud-, cf. av. hupo . busta (= hu-upabusta-) «parfumé 1). Miradadda (1) = ·vïra-diila-. Miradana (1) = ·vïra-diina-. Mira k( k) ama = ·vira-kiima.Mir a man ( n) a = • vira-manah-, pour le sens cf. av. N airemanah-. Mirayauda (var. -rauda) = ·vïra-yauda- 1 «qui combat les guerriers 1). Mis a pus s a peut contenir v. p. pU&ia « fils 1), mais le premier élément n'est ni av. vis- (on écartera donc la locution av. viso puOra-), ni v. p. visa- «tout 1) qui n'aurait pas de sens ici et qui d'ailleurs est écrit missa-. Mir u d a = probablement variante de Mirauda. Mis ban d a (var. -bamanda) = ·vispa-vanla- «désiré de tous 1) ; la forme perse est donnée par Missumanda = ·visa-vanla-. Mis bat u r ma (1) = •vispa-larva- «qui triomphe de tous 1), cf. av. vispa-laurvii- (-laurvairi-) féminin de ce composé; l'avestique a aussi le nom propre Vispa- Oaurva-. Misdada, Misidadda = v. p. Vahyazdiila-. Misdasba = v. p. VWiispa-. Misparra = v. p. Viiyaspiira-. Mi sb es a (var. beasa) peut-être haplographie de v. p. ·visapaiOa- « qui a tous les ornements », cf. av. vispo.paësa(h)-; mais une série de noms ont l'initiale Mis- (à interpréter peutêtre comme dans Misparra ou dans Misdada), avec un second terme iranien: Mispana (av. piina-) , Misparna ((arnah-) , Misparma (barma? barva?). Mis Sa b a d ( d ) a = • mi!!§.apiita- « protégé par Mi6ra », va avec la forme non perse qui suit. (1) Sur ces noms élamites en Mi,.a- cf. aussi Cameron, PTT. p. 208.
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Mitrabada (var. -furra-) = *miOra-ptila-. Mis s a b a dus = v. p. * M if!!!.a-badu- « bras de Mi6ra >). Missiyanna = v. p. *Mif!!!.a-yiina- «faveur de Mi6ra ». Missumanya = v. p. *visa-vanya- « qui vainc tout >), cf. av. vispa-vanya-, vano. vispa-, et ÛL(]7t'OOtVO à Surkh-Kotal. Mit r a n k a = on voit reparaître ici le nom où nous avons retrouvé un terme de relation sociale, *vi-dranga-, attesté en araméen d'Égypte comme wydrng; cf Appitranka. Mit ra par z a ( na) (1) = ML6p060tp~cf.v1Jç. Mitras = cf. la forme mirs écrite sur un sceau araméen (Justi 216 b), gr. M16p1Jçl. Mit riz i n a = *miOra-éanah- « qui désire MiSra >) ; transcription qui reflète à la fois la forme fréquente miOri- (cf. ML6pLM'I'1)ç, etc.) et la palatalisation de -a- intérieur dans -éanah-, attestée par av. -Cinah-. Mit ur rab an u S (?) (1) si la lecture est confirmée, représente évidemment *miOra-biinu-. Miturna (var. -tar-) = v. p. Vidarna. Mi z api r z a k a nom féminin, semble avoir comme second élément -brzaka ou -brJaka (av. bariJg-), mais miza ne sc laisse pas identifier. Mu z ri y a (+var.) pourrait être l'ethnique « Égyptien >); à Bisutun la transcription èlamite de v. p. Mudriiya est mll-i~ ~a-ri-ya.
Nabbakka (1), Napakka (1) pourraient être soit pareillement * na ba-ka, soit différemment * naba/ra ct * nara1ra. Na p a part a nna = *nafa-Pflana- «dontle combat est pour sa lignée >); cf. les autres noms en -parlanna ci-dessus s. v. Daniupirdanna. Toutefois, si l'on doit considèrer la transcription -parlanna comme distincte de -pirdanna, l'original pourrait être v. p. * bardana- = -~lXp~cf.V1JC;. Na r e z z a = à rattacher peut-être au toponyme iranien transcrit par èl. Na-ri-e-f}i-is sur lequel d. Cameron, PTT. p. 166. N a ri li a n ka ôvoque immédiatement av. NaiT'!!o. sU'()ha-; la correspondance serait de grand intérêt pour l'extension du nom mythologique eL pour la forme, qui représenterait à peu
(1) Exemples de MWp'Y)ç et références à l'onomastique perse en Asie-Mineure chez L. Robert, Hellenica, XIII, 1965, p. 94.
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près * narya-sanga, avec la nasale qui est absente de mp. Narsah, arm. Nerseh. Na r i y a m a peut représenter ou *narya-ama- « à la force virile ), ou une forme abrégée du suivant. Na r i y a m art i il semble bien un écho de la personnification avestique nairya hqm. varti- « Vaillance virile ); la transcription élamite représenterait soit une réduction phonétique de la séquence ]-ya ham va-] en [*-yamva-], soit une locution parallèle *narya varli- (cf. pers. gurd « héros ) de *urfa-) ; dans les deux cas, on aurait une survivance mythologique de grande importance; malgré le genre féminin du substantif, le composé convient à un nom masculin. Na ri yan p i k n a laisse reconnaître aisément les deux éléments narya- et -bigna qui l'un et l'autre se retrouvent dans d'autres noms; la finale de Mariyan- semble indiquer une forme naryiim, cf. Irtam (on ne peut guère comparer le dérivé av. nairyqm. hqm uaraliuanl- dont le premier membre nairyqm est extrait de la locution initiale à l'accusatif), à moins qu'il s'agisse d'une nasale paragogique anticipant celle de la syllabe suivante. Na s u k k a = cf. le nom propre phI. ni'izuk (pers. id.) « tendre, délicat ). Nu yak k a = probablement v. p. niyi'ika « grand-père ). Par a d a d a, Pardadda = av. Paraoala-. Pa rn a d a d d a (var. Parin-) = *farnah-di'ita-, OI:pOl:vM'r"Yjc;,
Parnakka (+var.) = *farnah-ka-,
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Pirratamka (+vars.) = *fralama-ka- d'un composé en fralama- « premier )}. Pi rri y a bat t i il = *frga-pali-, composé de deux termes bien attestés l'un et l'autre, mais dont la jonction peut surprendre; sens probable « qui est en tête des êtres chers )}. Pirriyana = av. Frgo'na-. Pirriyasba (var. -iasba) = *friyiispa- « à qui les chevaux sont chers )}, très voisin du nom propre av. Friniispa- où le premier terme est le participe frina- de la même racine. Pu k dam ira (var. -ii-) = • buxia-vira- «par qui les guerriers sont sauvés )}. Pu k sa = v. p. Buxsa, tiré d'un composé tel que Bagabuxsa (ci-dessous p. 113). Rad a mes a pourrait représenter * ra()a-vaisa-, à peu près « desservant de char)} (av. vaësa-) , mais él. -s- ne rend pas normalement ir. -s- ; peut-être maiOa-. Rad u s n a m u y a (1) = • ralu-( x )sniivga- « qui satisfait le ralu )}, équivalent du terme av. ralu-frî-. Ra k u s (var. Rakkus) = ragu- « léger, rapide )} ? Ra m a k a ra = • riimakara- « qui crée la paix)} cf. gath. riima-dah, av. ramO. dati-. Ramaniil, Ramannuya = *riima-nî-, *riima-naga- de nag- « conduire )} (cf. av. ralu-naya-). Ra m i il u d d a paraît contenir -süla « mû, lancé)} mais le premier terme n'est pas plus clair ici que dans Ramiyauka. Ramnakka probablement tiré d'un composé tel que v. p. Arigii-riimna-, •ApL<xpOC[L\I'Y)c;. Rapitbena doit être l'adjectif av. rapi()wina- :« de midi )}, qui a pu devenir ethnique ou nom propre au sens de « du Midi, méridional )}. Ras a m a d a = *raOa-vada-, cf. av. vazo. ra()aRas u r a correspondrait matériellement à av. razurli-, mais le sens de razurii « bois, forêt)} conviendrait seulement à un toponyme. Ras d a = * riista « droit)} connu comme nom propre dans les documents araméens d'Arsama. Rasdama, Rasdakma pourrait être ou un composé *riiSlaama- ou un superlatif *riiStalama- simplifié. Rasnudadda (var. -teda) = *rasnu-dâla- révèle le nom du dieu Railnu en milieu achéménide. Rasnuk(k)a = *rasnu-ka-.
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Rat e fi d a (1) = *raOai-silÏ-, av. raOaë-silÏ- « combattant en char », terme indo-iranien (ved. ralhe~!ha-) devenu ici nom propre. Ratikka (1) = *raOika = skr. raihika- « conducteur de char » dérivé de raOa- comme *padika-, skr. padika- «piéton» (pers. paig). Ri m a d a d d a = *raiva-data-, av. raëva- «riche, splendide)}; cf. le nom Ra-a-ma-~i-is-ra *raiva-ciOra- « de lignée splendide )}, av. raëvas-ciOra-, dans une tablette élamite du Trésor (Cameron PTT. p. 100). Sad a k u fi (var. -adda-, Sa-) = v. p. 0aiagu-, ~oc't"'t"tXy\)~OU, ethnique et toponyme. S li d a = v. p. siyata- (sata-) « bienheureux)} ; forme élamite déjà connue dans le texte de Xerxès. Sad ( d ) a fi b a *Siitas pa- (avec le même Siiia- que le précédent) ou plutôt *sailÏspa- «aux cent chevaux» véd. saldsva-. Sadamifia (var. $addamissa) rappelle curieusement av. Salavaësa-, mais ce nom d'astre n'est jamais devenu, que l'on sache, nom personnel. Sa k k a = v. p. Saka, ethnique. Sa k s a ban u il est un composé avec -hlÏnu «éclat» ; pour le premier membre, plusieurs possibilités formelles (av. caxs-, sax.s-) s<mt à écarter pour le sens (< enseigner; remarquer li), inconciliable avec blÏnu- ; inversement, une forme répondant à véd. cak~- « briller; être visible )}, qui irait bien, serait en iranien ca.~- et ne s'accorderait plus avec la transcription élamite ; de même Saksaka et Saksiya ; noter le nom propre av. Caxsni- (ou Caxsnu-). Sandupirzana (var. Tan-) = *zantu (?) avec *-brzana-. S a ri s d a pourrait être un superlatif *sari.lJta-. S a il t u r d api rd a (1) se laisserait reconstruire comme *calurlabria- « obtenu quatrième» si l'on pouvait admettre à la fois un redoublement fautif de -s-, el une forme d'ordinal * caluria (skr. caiuriha-) en sus des deux ordinaux attestés, lurïya- et * caOruma-. Il faut noter pour él. s- qui rendrait ici un 13iranien, le nom Zasturzadda qu'il paraît difficile de séparer de Sasturdapirda et qui peut représenter *cars )iur-ziïla- avec le thème répondant à véd. calur- en face d'av. caOru-. Le prototype iranien reste donc conjectural. Cf. encore Sliturma ? Sedurtiya?
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S a t i par tan n a (1) donne la forme iranienne de ~ot't'~6IXp~rXv'Ylç c'est-à-dire siiti-bardana- (cf. ci-dessus p. 89). Il est curieux que siili- semble aussi se composer avec des noms qui ne sont sûrement pas iraniens: Sati-Dudu, Sati-Kitin, Sati-Simut, etc. Sa t rab an us = * xsaOra-biinu- «éclat du royaume»; il faut y ajouter S a k s a ban u s qui en est la forme perse * xsalJ.!a-biinu ; la transcription élamite de v. p. X§a~a- par saksa- se retrouve dans sakllabamana- = v. p. xsa~apiivan- (Bisutun). Sakllaka = *xsa~aka, hypocoristique du précédent. Saksiya (1) = ·X§a~iya- «souverain», av. X§aOrya-, véd. k~alriya-.
Sa trabama (1) = xsaOra-piiva «satrape », à rapprocher de saksabama(name) = v. p. xsa~apiivan- ci-dessus. Saturrina (1) = *X§aOrina- avec la formation du nom .iI~ina (si ce dernier, porté par un Élamite, est bien perse). Si ku rri y a rappelle l'adjectif av. sïyürya- qui est peut-être un ethnique, dans le composé sïyüire.éiOra- «( (pierre) d'origine sïy. ». Siradamma (1) : peut-être, avec simplification du groupe initial, *srïralama- «le plus beau» répondant au comparatif av. sl'ïro. tara- ; cf. le nom féminin Sirakka. Siyama (1) = syiima- «(noir», av. Siima-, Syiimaka-. Si y a t i pardatanna doit être, avec redoublement fautif de l'avant-dernière syllabe, identique à Satipartanna (ci-dessus). SI y a ti p a rn a = * siyiili-farnah- «( gloire de félicité ». Si y a t i Il est le terme simple, Slyatizza l'hypocoristique de noms en syiili-. Suddayauda = *s(y)üla-yauda-, signifiant à peu près «dont (ou: par qui) l'agitation (ou le combat) est mis en mouvement »; cf. aussi Sudda, Suda(k)ka; pour yauda on peut choisir entre yaud- «combattre» ou yauz- «s'agiter» (sous forme perse) cf. JA. 1958, p. 52. Sugda = v. p. suguda, av. suyt5a- «( sogdien ». Su k a k a r a pourrait être un composé en -kara; pour le premier élément on penserait à av. siika- «( éclat, lumière» qui n'est pas rare comme second terme, cf. düraë-süka-, xsaOro. suka-. Su k u rn a = av. sukur<Jna- «hérisson »; sobriquet, ou nom réel, on n'en décidera pas; un nom pareil n'étonnera pas, si l'on remarque que le roi légendaire Taxma Urupi s'appelle comme l'animal urupi petit carnassier (( belette » 7).
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Su Hu rrakka (1) paraît identique à Uksusturra si l'aphérèse de la première syllabe est accidentelle; en ce cas on restituerait .. uxs (ya)- ustra- j cf. le nom Uksiya qui correspond au premier membre des noms propres av. Uxsyal-arata, Uxsyatnamah-. Ta k m a bar a (1) = *taxma-bara- « au b. vaillant» avec un substantif bara- non identifié. Ta k m a ras m a = * taxma-razma- «à la phalange vaillante ». Takmasbada = v. p. Taxmaspàda «à l'armée vaillante». Takmaziya = *taxma-fya- «à l'arc vaillantl). Taksena = *taxsaina- dérivé d'un nom en taxsa-. Tammasba = probablement av. Tumàspa (attesté par le dérivé Tumàspana-). Tanduka = s'il représente v. p. *Oandu-ka-, se comparera à I:ocv86>x'1jç qui lui-même s'apparente à 8anda-ksalru, nom d'un roi cimmérien dans les sources assyriennes. Cf. Sandu- ? Tan n u k a = hypocoristique d'un nom tel que Tavuo~!Xp)('1jç (à lire -~ocpx'1jç) = ·tanu-vazraka. Ta r kas a wi s (?) (1), Tarkasuma (1), Tarkawis (+var.) sont des composés avec Darga- « long I) et un second élément indéterminable ; il ne serait pas facile de retrouver dans Tarkawis l'épithète av. daragàyu- « de longue durée» si tentant que soit le rapprochement (cf. PTT. nO 10). Turmakesa = *druva-gaiOa-, av. drvo.gaë(Ja- « au bétail sain ». Turmasbada = *drva-spàda- « à l'armée saine». Tanzakka (1) = peut-être hypocoristique d'un nom en (Janfa-, de (Janf- « tirer (l'épée, l'arc) ». Teriyadada (1), Tiridad(d)a = TtptMTIJç cf. aussi Tiriya. Ti k r a k k a = hypocoristique d'un nom composé en ligra-, cf. av. tiiyarSli-. Tissa, Tissantamma (1) = v. p. éi~anlaxma, cf. ei-dessous Zissa-. Ubabana = *upa.pàna-? Ubakama (1), ukbakama = *upa-kâma-? Ubarda (1) fém. = • hu-brUi « bien traitée ». U dana (var. Wuddana) pourrait être identique à Huddana (Bis.) = v. p. UUina, 'O",!Xv'1jt;. U dandus (1) = *hudanlu-« au bon clan» (av. zanlu-). Ukbatikra (1) = *upa-tigra?
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Ukrakka (1) fém. = *ugra-lfii; l'adjectif ugra- « fort» convient aussi aux personnifications féminines dans l'Avesta (Fravartis notamment). U ksi y a (1) = uxsya- « qui fait croître », abrégé d'un composé tel que av. Uxsyal-;mJia-, -niJmah-. Ukilumaturra (1) semble se ramener à *(h)us-(h)vàfJra« à la bonne félicité » avec la forme hus- du préfixe qui est normale en avestique devant h-. U k s u il t u rra semble bien contenir uStra- « chameau », mais l'initiale us- uxS- n'est pas claire; on ne voit pas non plus comment joindre ce nom au précédent dont il ne ditTère que par une syllabe intérieure. U kt i = abrégé d'un composé avec uxli- « promesse ». Umadadda = av. XvaMta- n. pro U ma rd a d ( d ) a = * hvar-diila- de hvar- « soleil » ? cf. aussi U rdadda (l) qui doit être le même nom. U m a rt a n na (-tamna) = * hu-vartana- « au bon tour (de char) »? ou -vardana- « accroissement » ? Umartiya pourrait être v. p. (h)umarliya «aux bons hommes », mais c'est là une qualification de pays, non d'homme; la transcription élamite permet d'autres restitutions, telles que -vardiya, -vartiya. U m a y a (var. Hu-) = av. humaya, « fortuné, chanceux » qui est bien connu aussi comme nom propre, av. Humayaka et fém. Humayii-, m. p. Humiii, etc. et 'l[L<xbJ<; chez Hérodote. U mey a, U mey aparna doit être le même nom, composé avec -farnah. Umisa (var. Humissa) doit être la forme perse répondant à Umitra (1). U par m i y a, nom féminin, peut-être à restituer * hu-barmiyii-, d'après le composé av. bar<Jmayaona- qualification élogieuse, mais de sens obscur. Upirradda (+vars.) doit être *hu-frada-d'après la transcription élamite pir-ra-da de v. p. Frada. Usdakka (1) = hypocoristique d'un composé avec usla« souhaité », tel que av. USta-zanla-. Us ta m a kan a = dérivé en -na- de * uSta-maga- « aux dons souhaités »; cf. véd. ùula-magha- et ci-dessous Zissamakka. Urdadda (1) = ahuradata-; cf. él. ur-(mas-da) = v. p. ahura (mazda-). Urakama (?), Urikama = *ahura-kàma-. 7
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UStana (var. Hu~-, Mis), cf. av. usttfna dorce vitale»? Uyara, cf. av. huyâirya « de bonne année 1). Yamakka, Yamaksedda (var. Ammak-) sont des noms dont on n'a pas besoin de souligner l'intérêt : Yamakka suppose un nom composé avec Yama, qui ne peut être autre que le nom mythologique indo-iranien, et Yamaksedda sera précisément le Yama xsaila (av. yima-xsaëla-) de la légende. Nous avons ici les plus anciens «Jamsid 1) de l'histoire iranienne, et cette équation va soulever toutes sortes de questions : provenance des porteurs de ce nom, diffusion des anciens mythes à travers les provinces iraniennes, etc. Ya s d a (var. Yasudda, HiaSda) = av. yaSia- « consacré 1) (plutôt que yastar- « consacreur 1»). Yasnakka, hypocor. d'un composé en yasna- cf. Yasnamanka, avec une finale peu claire; cf. I(ri)stimanka. Ya uda, Yaudakka = v. p. yaud- répondant à av. yao~a «combat 1) ou à yaoza- « agitation 1). y a u man i z z a rappelle de près l'adjectif v. p. yaumainide Darius NR b. Ya u n a doit être l'ethnique vp. yauna «Grec &, ce qui ne surprend pas; des artisans grecs ont dû travailler à Persépolis; Ya unap arza (1) contient en premier élément ou l'ethnique yauna ou le correspondant d'av. yaona- «séjour 1); -parza ne laisse pas décider entre barz- ou barJ- (av. baraJ-). Zamasba = av. Jiimiispa-, Zoc(.tIicr7t1j<;. Za ri as b a = "zaryaspa-, original iranien du nom Zariaspes chez Quinte-Curce (cf. Justi 381 b) ; cf. véd. Mryasva- «aux chevaux fauves ». Z a r n a s (1), Zarnamanuya (1) = zarna- zarnu- «or 1), et av. zaranu-mani- «au collier d'or 1) ? Zispis = v. p. tispis, TetO'7C7j<;. Zissabanus = v. p. "éil!!f.a-biinu- «éclat de la lignée 1) ou comme véd. cilrd-bhiinu- « à l'éclat brillant 1). Z i ssu barn a (1) = "éil!!f.a-biima- à peu près synonyme du précédent, ou "éil!!f.a-piiva « qui protège la lignée 1). Z i s sam a k k a = "éil!!f.a-maga- « aux dons brillants 1), cf. véd. cilrd- magha-. Zisna, Zisnuka (1) = "Jisnu-, véd. ji$TJu- « victorieux 1). Zi trames ana = "éiOra- maiOana- «à la demeure brillante 1). Zitrina cf. peut-être véd. cilrin- «brillamment orné 1) ou " éiOraina-.
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Z i li li a w i li (+vars. inc!. Zisramas) est aussi un composé en tifJra- avec la même finale que dans Tarkawis (ci-dessus) ; il faut en séparer Zisramas qui est probablement une haplographie de *ti§!!a-sravah- « à la réputation brillante» = véd. citra-sravas.
• *• Dans nos restitutions, nous avons eu le souci de ne pas excéder les vraisemblances et de présenter avec réserve des hypothèses pourtant nécessaires, dans les cas où plusieurs possibilités d'interprétation s'offraient. Au total, peuvent être tenus pour certains ou probables, au moins pour possibles, plus de 400 noms que nous restituons comme iraniens, sur un ensemble d'environ 1500 noms propres recueillis dans les tablettes élamites des Fortifications. La portion non-iranienne, surtout élamite et babylonienne, de cette onomastique devra être à son tour analysée et recensée avant qu'on puisse en tirer des inductions sur la répartition des langues et des populations dans la région de Persépolis au v e siècle. Nous ne nous occuperons ici que de la formation des noms iraniens et des enseignements qu'ils apportent. La première observation est que, dans l'onomastique personnelle achéménide, certains noms divins sont préférés et constituent des séries abondantes : particulièrement les trois noms MifJra (Mi~a), Baga, Aria. Cette prédilection est d'autant plus notable que, rappelons-le, nous n'avons aucun nom propre avestique qui soit composé avec M ifJra ou Baga, mais seulement avec Arta (av. A.';a-). On sait d'ailleurs que la dénomination baya est faiblement attestée, quasi inexistante en avestique, alors que baga est en vieux-perse le nom unique du « dieu ». Le fait que Aria soit commun aux séries onomastiques perses et avestiques, cf. 'Ap't"6vTY)t; nom perse chez Hérodote 3. 128 = av. asavant-, tient évidemment à l'antiquité de la notion, et aussi à une représentation moins personnalisée que ne l'était celle de MifJra. Notons que le dieu Rasnu fait son apparition dans le monde perse, probablement entraîné par MifJra. Il est également important d'observer, à l'inverse, que l'onomastique de Persépolis ne comporte aucun nom d'inspiration zoroastrienne. Sous ce rapport elle diffère complètement
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de celle des communautés zoroastriennes, à en juger par les listes de canonisation conservées dans le Yast XI II (§ § 96145). Le terme spanla n'apparaît pas à Persépolis; et un nom avestique comme Spêinlo. dala- est absent de nos listes. Un autre fait notable est la fréquence, dans l'onomastique persépolitaine, du terme siyati. La raison en est claire. C'était dans les croyances perses une notion prégnante : les rois achéménides louent Ahuramazda d'avoir accordé à l'homme la s iyaZi, cette « félicité » terrestre qui prépare le 'bonheur' de l'au-delà pour les fidèles. Or il n'y a pas dans l'Avesta un seul nom propre composé avec syati (.~ati) ; le terme même y est d'emploi rare et tardif. Cf. p. 119. Fréquente est à Persépolis la composition des noms avec duSla-, dausa-, du type de BagaduSia (cf. véd. deua-ju~!a-), établissant entre l'homme et la divinité éponyme un rapport d'« agrément », d'« amitié ». Cette composition manque complètement dans l'Avesta, qui fournit seulement le nom Zaosa. Nous avons à Persépolis bien des composés avec bazu(badu-) « bras» et un nom de divinité, c'est encore une formation ignorée ck l'Avesta. Sont aussi propres à l'onomastique perse les noms (étudiés en détail ci-dessous, p. 113) en buxsa- baufana- ; ainsi que ceux en -banu « éclat » dont on a relevé ei-dessus plusieurs exemples. Une série fort intéressante est celle des noms en -parLanna qui recouvrent v. p. *brdana; ce v. p. *brdana ou * bardana correspond à la forme d'un autre dialecte que le grec a reproduite par -~tXp~&v'YJç. Ainsi sati-partanna doit être l'équivalent de ~tX'nOtXp~&v'YJç; et Harri-pirtan, celui de 'Apwo<xp~&v'YJç. Une preuve en est donnée par Mitra-parza(na) qui répond à M~6pootXp~&v'YJç. Dès lors Dandu pirtanna et Da'u-pirtanna sont à restituer en * danlll-brdana et * dahYll-brdana ct na p a -p a rta nna en * nababrdana. On peut ainsi expliquer le mystérieux N<xo<xp~&v'YJç comme une haplologie de * Naba-brzana-. Peut-être le titre de N abarze décerné à Mithra dans les inscriptions latines mithriaques est-il de même originel. Il y a néanmoins un fonds important de noms qui sont communs aux deux traditions, perse et avestique. C'est le (1) L'étymologie que Cumont, Mystères de Mithra, 3 e éd., p. 154, n. 3 donne de ce titre est fausse: le mot persan" nabarza» qu'il cite est à corriger en nabarde « vaillant, et vient de • ni-part- "combattre ».
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répertoire des noms héroïques, venus du lointain des âges : ceux en aspa-, vïra-, spada-, xsa(}ra-, -yauda ainsi que les qualifications taxma-, vahu-, èi(}ra- (ci~a-) ; les composés avec farnah- (av. xUar;mah-), et avec eertains noms divins du panthéon mazdéen, tels iïtar- et arta-. Cet héritage comprend aussi des noms mythologiques, qui ont dû être connus de l'Iran entier. On ne peut s'expliquer autrement l'apparition, inattendue à Persépolis, de noms tels que N ariSanka et Yama ksedda.
CHAPITRE
II
NOMS IRANIENS EN ASIE-MINEURE
Les inscriptions lyciennes (Ve-IV e siècles av. J .-C.)1 gardent de la domination perse quelques noms propres qui méritent un nouvel examen : ils sont anciens et certains n'ont pas d'autre exemple. Pour la plupart, ils ont déjà été reconnus 2 • Dans la portion de la stèle de Xanthos qui est rédigée en un lycien archaïque ou dans un dialecte particulier, on rencontre (Il. 48-9) wiztlasppa(zii) et à deux mots d'intervalle, umrgga(zii), cf. a 55 humrkkii. Pour le nom de Visliispa, on retiendra que le il iranien est transcrit par lyc. -z-, faute sans doute d'un équivalent phonétique exact. L'autre nom, humrkka-, umrgga- est en grec' A[L6P'Y1Je;, et comme d'autres personnages appelés 'A[L6p'Y'Y)e;, celui doit être Iranien (cf. Justi s. v.) ; la restitution * hu- marga- « qui a de bonnes prairies » (av. marôyii-, pers. mary, sogd. mry) est admissible; on connaît en effet un 'A[L6p'Y1Je; général perse (Hdt. V 121) et un A[L6p'Y'Y)ç prince sace (Ctés.). Plusieurs fois Arllumpara (inscr. nOS 11,29, 104 et monnaie nO 180) = 'Ap't'é:[L6OCp'Y)ç, c'est-à-dire *[lam-para- « qui encourage l'Ordre », cf. véd. [Mm piparli (RV. 1 152,3)3. Le personnage paraît qualifié ici de Mède, medese (no 29, 1. 7). Plusieurs fois aussi zisapriina (Xanthos CI), cizzap riina (ibid. 11, 14, 15) = v. p. éi~afarnah-, TLO'crOCtpÉpv'Y)e;. La varia-
(1) Citées d'après l'édition de J. Friedrich, Kleinasial. Sprachdenkma/er, p. 54 sqq. (2) Bibliographie des principales études historiques chez Ten Kate, The Luwian Populalion Groups of Lycia, 1961, p. 8 sq. (3) Interprétation établie par Erman, KZ. 48, p. 159; confirmée par J. Wackernagel, Fes!gabe H. Jacobi, 1926, p. 12.
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tion double ZN C pour v. p. c-1, et -s- N ZZ- pour la siffiante complexe v. p. -~- souligne la différence de phonétique entre les deux langues; on notera que d'après la transcription wizltasppa, le -z- lycien était une continue, ce que confirme Iyc. parzza, parza = v. p. pârsa «perse )}; la variation entre -s- et -zz- indique que v. p. -~- était une continue, non une affriquée ou un groupe consonantique; cf. encore lydien Arlaksassa comme gr. 'Ap't"a;écrtn)c;. Trois noms perses sont cités ensemble Xanth. c Il : cizzaprfma widrfinah sewerijamâna «( Tissapherne, Hydarnes et Aryamenes )}. Les formes grecques et iraniennes sont connues pour les deux derniers noms aussi : lyc. widrfina- = v. p. vidarna-, gr. 'YMpv'Yjc;, et lyc. arijamâna = 'ApLaf.Lév'YjC;, élam. Ilarrimana ci-dessus (p. 83). Tout aussi clair est le nom MiOrapala (Xanth. b 16) = Mi(}rapüla-, gr. MLllpooll't"'Yjc; (cf. Justi 209 a sur le personnage). Deux noms importants sont coordonnés dans Xanth. b 59 ntarijeusehe sejerlakssirazahe, d'où on tire d'abord filarijeus-, forme du nom de Darius qui coïncide avec une des graphies araméennes d'Éléphantine, dryws, aram. bibl. düryüves, cf. bab. dariyamus, et aussi gr. ~ape:Lar;OC; (etes. Xen.). Le second nom est arlakssira- qu'on doit bien soustraire à une explication trop facile; à la date du v e siècle, il est irréductible à 'Ap'ta;ép;'YjC; ou à Arlaxsa~a. Cet arlakssira est l'ancêtre du nom m. p. ArlaxSir, pers. Ardasïr, qui à son tour est à séparer de la forme arménienne Arlasës. Le tableau des noms que donnent Justi s. v. et Hübschmann Arm. Gramm. p. 28-29 sera à reviser complètement. Du second terme de lyc. arlakssira- on ne voit à rapprocher, dans l'onomastique ancienne, que le nom de pays, d'ailleurs obscur, av. apaxSïrâ. Une locution perse est passée entièrement en lycien : wal[aprd]ala kssadrapa pa[rz]a (inscr. nO 40) donnant les nom et qualité de «( Vatafradata, satrape perse )} : si le premier et le troisième mots sont partiellement restitués ici, ils sont complètement lisibles ailleurs. Le nom * V üla-fradüla-, transcrit en grec AÙ'to
TITRES ET NOMS PROPRES EN IRANIEN ANCIEN
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perse, le nom Aù't"o~otcrax'1)ç, à restituer *viila-vaisaka- «( serviteur de Vâta »1. Le même dieu reparaîtra plus tard, aux confins orientaux de l'Iran, sur les monnaies des rois Kusân, comme OA~02. - Pour le titre «( satrape », la transcription lycienne kssadrapa indique une forme non-perse; en face de v. p. xsa~a-piïvan (qui est reproduit en élamite), plusieurs témoignages, étrangers postulent * x.~a()ra-pii( na-) : gr. croc't"pa1t1Jç EçoctBpoc1t- EÇOCt't"pOC1t-, hébr. 'xSdrpn, égypt. (tsdrpn. Pour une forme de composition -pii, cf. véd. -pii dans gopar1apa- etc. On ne saurait conclure du verbe dénominatif grec lçoctBpoc1tEOEtV, O"OC'rpOC1tEOEtV à une finale en labiale du terme nominal: il suffit de lire les formules épigraphiques (inscr. de Mylasa, IVe siècle) : ~'t"Et 't"pt'1)xoO"'t"ij> xoà lva't"<J> Ap't"OCÇ~pÇEUÇ ~OCO"tÀEUOV't"OÇ, MocuO"O"c1ÀÀou lçoctBpoc1tE;uov't"oç 3 pour voir que lçoctBpOC1tEUEtV est fait sur ~OCO"tÀEUEtv et ne prouve pas d'autre finale que celle de O"oc't"pa1t'1)ç, è:çoct't"pa1t'1)ç4. Un titre connu est reproduit par lycien gasabala, où Imbert a reconnu gazabara «( trésorier »5 mais la forme est unique en lycien et n'autorise aucune conclusion, notamment sur le rapport phonétique de r et de 1 dans la langue. Pour la même raison, on ne décidera pas si lyc. sppfila(zah) (no 3 et monnaie 175) représente ou non l'iranien spanla-. On peut douter cependant qu'une qualification pareille, hors de la composition où nous trouvons par exemple L'flEV3ocM't"'1)ç, ait servi de nom propre.
En lydien 6 la récolte est mince: quatre noms propres iraniens en tout, dont deux déjà bien connus : arlaldassa- et arlabàna dans le dérivé neutre arlabànalid (nO 8, 1. 5). Mais les deux autres sont propres au lydien et présentent des (1) Cf. Tran.~. Phil. Soc. 1945, p. 68. Il est impossible de voir ici la notion d'« intelligence» que Justi a supposée (av. vat-Jo (2) Whitehead, Catalogue of Coins in the Panjab Mllseum, 1914, pp. 189 sq., 200,205. (3) Schwyzer, Dial. Graee. exempla, no 746 a, b, c. (4) Cette seconde [orme chez Dittenberger, Sylloge l, n° 134, 1. 30 (début du IV· s.). (5) MSL. XIX, p. 34l. (6) Je n'ai pu voir l'article de L. Zgusta, Iranian Names in Lydian Inscriptions, publié dans les Charisteria OrientaUa J. Rypka, Prague 1956.
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particularités notables. Liés fonctionnellement l'un à l'autre, ils apparaissent ensemble : Mitridastas Mitratalis kaues « M., fils de M., prêtre» (nOS 23, 1. 5; 24, 1. 1)1. Comme M itridaslas figure plusieurs fois au nominatif (23, 5 ; 24, 1, 22, 23) ou au génitif (milridaslaÂs 24, 17), il ne peut être question d'une erreur du lapicide pour -data. C'est bien un composé authentique *miOri-dasla-, où dasla- « main » remplace Mzu- « bras» (gr. -~<x<;o<;). Le nom lydien est deux fois intéressant, comme nouveau terme de l'onomastique mithriaque et comme spécimen, unique jusqu'ici, d'un nom personnel composé de dasta- et un nom divin. Il a existé en iranien ancien des composés de dasta- (av. zasla-), mais ce sont des termes descriptifs, tel av. barasmo. zasla- « (qui tient) le barsman dans sa main» ou, avec dasla- en premier, *dasladâra-, arm. dastiarak « précepteur », pers. dastyar « qui aide, secoureur ». Le dérivé patronymique lydien Milralalis suppose un *Milralas qui n'a pas non plus d'autre exemple. Si ce Milralane relève pas d'une formation proprement asianique, il doit reproduire un *mi6rala- que l'on comparera, plutôt pour le parallélisme que pour une explication, au nom av. Kavâla(pers. -KoMd). Le rapport de Kauâla- à kaui- n'est pas encore éclairci. On pourrait, dans l'un et l'autre cas, penser à une haplologie : Bartholomae avait proposé pour kauâla- un hypothétique * kavâ-uâla- « favori des Kavis»; de même *miOrâla- se ramènerait à *mi6ra-râla- « accordé par Mi6ra ». Ce n'est là qu'une conjecture 2 • On voit combien de variétés nouvelles les langues d'Asie-Mineure apportent à l'onomastique iranienne.
Entreprise récemment, l'analyse méthodique de l'épigraphie grecque de Cappadoce au point de vue onomastique fait apparaître un important peuplement iranien, comme l'a montré M. Louis RobertS, ct notamment dans la haute société (1) Textes cités d'après le recueil de J. Friedrich, Kleinas. Sprachdenkm. (2) En tout cas on ne peut accorder aucun crédit au «Mt6paTI}ç' de Dittenberger (OGI. 431). M. Louis Robert a bien voulu me confirmer que la forme est très douteuse. (3) Dans son ouvrage capital, Noms indigènes dans l'Asie-Mineure grécoromaine, 1963, p. 614 sq.
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du royaume cappadocien qui, observe-t-il, «( devait être une classe iranienne ou iranisée »1. De fait les noms iraniens abondent : pour la plupart ils ajoutent de nouveaux exemples à des noms connus MlOplM't7lç, BayaM't"'Yjç, ApU)a?;oç, Aplap,xO'Yjç, 'Apw(5ap?;,xv'Yjç, etc. Sont particulièrement à relever des noms plus rares, tels MlOp6a~oç bactrien, avec vaxsa- «( accroissement », cf. av. Frasa-va.xSa-; MlOpCù1t,xcr't7lç, Ml'l"pCùMO"'t7lç qui comportent v. p. upasla- « appui, secours »2 ; et une série de noms en Mal- : MalM't7lç, Mal<pocpv'YjÇ (-oç) MaI(5ou?;,x"'Yjç Maï
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Op't"OV07tOt't"1) ç l. Il n'a pas encore été expliqué 2 • Le premier membre du nom Op6ovo-, Op't"ovo- ressemble de près à 'Op6av1)C; Oùp6av1)C;, nom du fils aîné de Grégoire l'Illuminateur, en arménien Vrl'anës chez Agathange et chez Fauste de Byzance. Cependant la composition avec -
(2) Une conjecture douteuse est avancée par R. N. Frye, op. cil. p.185, n. 3. (3) Diakonov-Livshits, Dolmmenty iz Nisy, 1960, pp. 24, 33 et no, 780, 867 (1 er siècle av. J.-C.). (4) Op. cil. p. 414. (5) Fauste de Byzance (éd. Venise) p. 27.
CHAPITRE
III
TERMES SPÉCIFIQUES DE L'ONOMASTIQUE PERSE
1 ,Ap-rocolXvoç' Le nom royal 'Ap-rocolXvoc; porté par le frère de Darius (chez Hérodote), repris par plusieurs souverains parthes et par d'autres personnages, lat. Arlabanus, arm. Arlawan, est considéré depuis Justi 1 et MarkwarP comme formé de -piinaau second terme. Cette interprétation est réfutée par le témoignage décisif du lydien arlablÏna- (cf. p. 103) et de l'araméen achéménide : nous avons dans deux papyri du v e siècle 3 la graphie 'rlbnw qui indique clairement que le nom perse était * Arla-biinu- « qui a l'éclat d'Arta )4. Il était déjà invraisemblable qu'un -p- intervocalique perse eût été sonorisé à l'époque d'Hérodote. Une preuve que -p- iranien s'était conservé bien plus tard encore avec son articulation sourde est apportée par l'arménien qui a de nombreux emprunts en -pan comme pahapan parlapan, etc. La forme arménienne du nom d'Artaban qui est Arlawan atteste, au contraire, que l'original iranien était en -bân(u)- avec -b- 5 • Tous les témoignages, grec, lydien, araméen et arménien, concordent donc et postulent Arla-biinu. A titre de confirmation ultime nous y ajouterons maintenant les transcriptions élamites qui, dans les tablettes des Fortifications encore inédites, donnent Irlabanus (avec des (1) (2) (3) (4)
Iran. Namenb. p. 32. Marquart, Philologus 54, p. 510. Cowley, Aram. Pap. no r 6, 3 et 51, 6'; peut-être 45, 2. Ainsi déjà Schaeder, Iran. Beitriige 1, p. 265. (5) C'est ce qu'a discerné Hübschmann qui restitue correctement arm. Ardawan en • ap. Arlabànu-» (Arm. Gramm., p. 30).
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variantes)1. En soi la notation élamite ne permet pas toujours de décider entre -p- et -b-, mais à la lumière des autres transcriptions elle s'interprète de manière certaine.
2 Bagabuxsa Quand on lit chez Thucydide (1 109) que le Roi envoie à Sparte le Perse Me:yoc6oc~oç, puis qu'il le remplace par le Perse Me:yocou~oç, si le lecteur n'est pas informé de l'onomastique iranienne, il pensera que les noms perses étaient parfois étrangement pareils et qu'ils risquaient de se confondre, si Me:yocooc~oç ne différait de Me:yocoul:oc; que par une voyelle au milieu de quatre syllabes identiques. Mais comparons-y les formes originales : • Bagabâzu- d'une part, Bagabuxsa- de l'autre. Ils n'ont plus rien de commun; seul le premier membre baga- (gr. Méyoc-) est le même. Mais alors que bâzuest reproduit fidèlement par -~oc~oç, on voit mal pourquoi buûa- devient -~u~oç avec -~-, et prend ainsi une telle ressemblance avec l'autre nom. C'est là simplement l'effet d'une tradition routinière qui maintient la graphie erronée «Me;yoc6u~oç >} dans nos éditions et 9-ictionnaires classiques. Il y a quarante déjà que J. Wackernagel 2 a montré par des preuves péremptoires que la seule forme correcte était Me:yocouçoç, répondant à v. p. -buxsa. La graphie avec ç est garantie par deux inscriptions de Priène (vers 333). Les mss d'Hérodote (famille florentine) donnent aussi -~uçoç pour la majorité des exemples, tandis que, à l'inverse, Me:yoc6ocC;oç et ' Ap't"oc6oc<::oç où le -l:- est authentique (iran. biizu-) n'ont aucune variante en -ç-. La forme Me:yoc6uçoc; trouve appui aussi dans la tradition latine : Megabuxum (mss de Quintilien), Megabyxi (Pline). Pour toutes ces raisons, il faudra écrire désormais Me:yoc6u;Oç3. La graphie « -~ul:oÇ)} doit disparaître des éditions'. Un autre (1) Index de Hallock, ntilisé ci-dessus. (2) Hermes, 58, 1923, p. 462 sq. Article reproduit dans les Kleine Schri(ten du même auteur, II, p. 1212 sq. (3) Ainsi fait, heureusement, le dictionnaire de Liddell-ScoU-Jones. (4) Celle-ci est encore reproduite dans les éditions Budé d'Hérodote et de Thucydide. Pour Hérodote, Legrand a tenté de justifier -~u~oç par rapport à -~uçoç (Index analytique de son édition, p. 50-51), mais avec des arguments peu convaincants. Il n'a évidemment pas connu l'article de Wackernagel.
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exemple de -l:- pour 1; est le nom
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nous pouvons supposer - et c'est là une condition nécessaire - que le sens même du nom propre préparait cette évolution. Que signifie donc le nom perse dans sa forme originale Bagabllxsa? Une explication en est donnée partout, déjà chez J usti : « Befreiung, Erl6sung durch Gott habend »1. Bartholomae l'a appuyée de son autorité: « Bagabuxsa- eig. , von Gott befreit, erlüst ' »2; elle est reproduite par KrolP et consacrée auprès des hellénistes par le dictionnaire de Liddell-Scott-Jones, qui, sous ME:ycf.~u~oç', enseigne: « Bagabukh!;a, lit. ' set free by God ' ». Mais baga-bl1xSa- peut-il réellement signifier « affranchi par le dieu»? Dans les termes de la morphologie verbale, -bl1x/~a- peut-il être un participe passif? La réponse ne fait pas de doute : le participe passif de bal1g- « affranchir, libérer» est toujours et seulement * buxta- ou * bau.rta(cf. av. baoxtar-) selon qu'il se forme sur le thème réduit ou sur le thème plein: de là m. perse bwxt bwwxt, parthe bwxU, et les noms de composition chrétienne Se-bo.Tl, Yiso-boxt. En aucun cas * bu:da- ne pourrait être un participe passif. Que sera alors * bux!;a- par rapport à bug-? Ce doit être une forme nominale, que nous interprétons par un présent * buxsa- dérivé de bug-. Il est en cJiet bien établi que des racines iraniennes en -gfournissent des présents en 'xSa- et que ces présents sont susceptibles de servir de thèmes nominaux. De bag- « attribuer )i, on tire un présent baxSa-, amplement attesté, et aussi une forme nominale ba.ûa-, arm. basx, pers. bax.~.
ne aug- « augmenter » (cf. av. aogar- aogah-, etc.), on tire, d'après les thèmes 1 eL II de la racine, les présents uxsa-,
(1) Justi, Namenbuc", p. 56-7. (2) Barlholomae Wb. 922, appuyant celte traduction d'un renvoi à yt 14, 46. Mais dans ce lexle il est quesl.ion des paroles (magiques) qui" sauvent» (bun/ainli) même un condamné. On ne voit pas en quoi cela peul confirmer l'étymologie du nom propre. (3) l'W. XV, 1, p. 122. Les données étymologiques colligées chez Ch. Picard, Éphèse el Claros, 1922, p. 162 sq. élaient déjà périmées à la date du livre. (1) Exemples et références chez Henning, ZIf. IX (1933), p. 183; Ghilain, Langue pari he, p. 63-4.
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vaxsa- (cf. skr. uk!}a-, vak!}a) et un dérivé nominal vaxsa« croissance ». De dag- « brûler », on tire un présent * daxsa- et un dérivé nominal av. daxsa- « brûlure ».
C'est un type de formation qui a dû être productif. Certains de ces présents, tels baxsa-, vaxSa-, se sont détachés de leur souche et fonctionnent à leur tour comme racines verbales. Dès lors notre buxsa- est intégré dans une série régulière et retrouve sa filiation morphologique: buxsa- doit s'expliquer comme un thème de bug-, avec lequel il est dans le même rapport que baxsa- avec bag-. Cette relation formelle nous conduit à poser un présent buxsa- qui, comme bug-, doit être transitif, et dont la forme nominale bUxSa- sera le nom d'agent. En conséquence, dans le composé baga-buxsa-, il faut prendre buxsa- comme le terme régissant et baga- comme le terme régi. Il s'agit à présent de savoir comment entendre le présent bux.5a-. Si nous le prenons comme synonyme de bug- « libérer », nous aboutissons à rendre baga-buxsa- par « qui libère le dieu ». C'est évidemment impossible. Mais bug- « libérer » n'est pas la seule possibilité étymologique. Il y a une autre racine bug- non encore reconnue en iranien et qu'il faut légitimer : c'est celle qui répond à skr. bhug-, bhundkti « jouir » (lat. (ungor, etc.). Cette seconde racine bug- a été pressentie, mais non explicitement admise, à propos du dérivé bauxsna- dans le composé av. pouru. baoxsna-. Darmesteter avait justement traduit pouru. baox.5na- par « riche en jouissances »1 et Bartholomae tout en donnant « vielen Rettung, Erl6sung bringend », reconnaissait lui-même qu'on penserait plutôt à skr. bhunakli et que « reich an Genüssen » serait préférable si l'on pouvait établir en iranien ce sens 2 • En fait le sens de baox.~na- « jouissance » était déjà assuré par l'emprunt arménien Jmbosxnem « jouir », dérivé de * bosxn < bauxSna- 3 • (1) Comme souvent chez DarmesteLer, l'intuition du sens est plus juste que l'étymologie: tout en traduisant baox!ina- par «jouissance., il le relie à bug- «délivrer >. (2) Air. Wb. 901 : «Es liegt nahe, vielmehr an ai. bhunaldi zu denken und das Adj. ' reich an Genüssen' zu deuten, wenn nur auch son st im Iran. eine 80lche Bedeutung für b o zu erweisen wiire. » (3) Bartholomae n'a pas connu cette forme arménienne. Elle était pourtant enregistrée et l'origine iranienne envisagée, quoique avec grande réserve, 8
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A lui seul l'arménien suffirait à prouver l'existence de deux racines bug- en iranien: elles sont l'une et l'autre représentées en arménien, et par des formes distinctes : Ibug- « délivrer » par arm. buzem « sauver », et 2bug- « jouir» par ambosxnem de *and-bosxnem. Dans son contexte avestique, l'adjectif pouru. baoxsna- admet et même suggère cette traduction : Orimiii yal pouru. baoxsnahe « pour la nourriture (litt. le confortement) riche en jouissances ».1 Un argument supplémentaire l'appuie: av. pouru. baoxsna- rappelle de près véd. puru-bhuj- puru-bhojas- « procurant beaucoup de jouissances (ou de nourriture) ». A cette racine 2bug- « jouir» nous rattachons, outre av. baoxsna-, le dérivé nominal bUxSa- du nom perse Baga-buxsa-. Il entre bien dans le cadre de la dérivation: buxsa- est à av. baoxsna- comme véd. ruk$a- « brillant» est à av. raoxsna-. La chaîne est maintenant complète : bug-: bllxsa-: baoxsna- comme ruk-: (skr.) ruk$a-: raoxsna-. Il reste à déterminer le sens de bllxsa-. Ici l'indien nous met sur la voie. Véd. bhuj- a en réalité deux sens distincts selon sa diathèse et sa construction: au moyen et avec l'instrumental, bhuj- signifie bien « jouir»; mais à l'actif et avec l'accusatif, le sens de bhuj- est « être au service de, être profitable à »2. On le trouve dès les textes anciens et il est confirmé par un dérivé tel que bhuji§yu- « qui est utile », d'où au masculin « serviteur », au féminin « prostituée »3. Or la rection transitive que nous attribuons à v.p. bllxsadans Baga-bux.~a- s'accorde exactement avec celle de bhllj-, et ce sens de bhllj- « satisfaire, servir» convient bien à v. p. buxsa-. En définitive Baga-bllx.~a- est à traduire « qui est au service du dieu, qui sert (ou satisfait) le dieu ». On eonçoit par Hübschmann, Arm. Gramm. no 240 : « ambosxnem 'geniessen, sich erfreuen' .... = zd. baoxsna- ' Genuss ' in pouru. baox!ma- ys. 9,27 ' reich an Genüssen ' ? Sehr unsicher ». Que ce soit à cause de ce jugement assez sceptique ou pour toute autre raison, ni arm. ~mbosxnem ni av. baoxlina- n'ont plus jamais été étudiés, ensemble ou séparément. Les deux formes sont correctement rapprocbées dans Je Dictionnaire d'Adjarian, s.v. • bolixnem, l, p. 1163. Le présent bo!ixnem figure dans le Dictionnaire de Venise comme attesté. (1) Avec accord génitif/datif (exemples Reichelt 495). Autrement construit par Lommel Ya't's, p. 191 : ,zur Sattigung des vielverzehrenden (?) >. (2) Cf. Minard, Trois énigmes, II, n. 596 a. (3) Cf. Mayrhofer, Etym. Wb. des Altind. II, p. 504 sq. ; Renou, 111. vM. II, p. 61, n. 2.
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que l'anthroponyme ME:y&~u~oç' ait pu, en vertu de son sens même, devenir nom de fonction pour le \lE:wx6poi;' du temple d'Éphèse; c'était un nom parlant. Devenu titre, il proclamait la dévotion totale du desservant à la divinité. L'influence iranienne a dû être profonde chez les fidèles d'Artémis à Éphèse pour qu'un nom personnel y ait acquis une valeur cultuelle dont il n'y a pas trace en Iran même. Ce sera peutêtre une donnée à retenir pour l'histoire complexe des syncrétismes religieux que la domination perse a produits en Asie-Mineure. Nous avons maintenant un nouveau nom propre à ranger dans la même classe: Irtabawuksa var. Irdapuksa, dans l'onomastique de Persépolis (ci-dessus, p. 85), à restituer *rla-buxSa- ou bauxsa, donc parallèle à Baga-buxsa-. Dans le même répertoire élamite on relève Puksa Bl1xsa, nom autonome ou abrégé d'un composé; et Bawuksamira (var. Buksira) = B(a)uxsa-vira- où le premier élément est régissant (type av. frâdai-vira-). En outre Irdapuka vaut très probablement *rla-bl1gaavec degré réduit; cf. véd. bhuj-. On en rapprochera un nom fourni par le document grécoparthe d'Awraman : 'Ycr't"o~wyou (gén.), probablement de * uSla-bauga- (! dont la jouissance a été désirée >), cf. le toponyme av. Il.Ha.farnah-; la forme nominale *bal1ga- répond à skr. bhoga- (! jouissance, satisfaction 1). On peut aller plus loin et ramener à cette racine iranienne 2bl1j- d'autres formes encore. Il y a d'abord le nom-racine bl1f- dans les Gathas, qu'on traduit approximativement (! amende, pénitence ». Bartholomae le rendait par (! Busse )}, et le tirait de buj- « délivrer >). Mais selon la juste remarque de B. Geiger, l'expression gàthique aënar;hi5 büf- doit être rapprochée de véd. énafl, bhuj_l d'où résulte non seulement l'étymologie correcte de buj- par véd. bhuj-, mais aussi l'appréciation plus exacte du sens: pour nous l( jouir >} est nécessairement associé à la notion de plaisir; mais l'indo-iranien bhuj- peut aussi bien dénoter (1) B. Geiger, Die Am.sa Spantas, 1916, p. 175. Il ajoute cependant:« Gegen dlese AutTassung liisst 81ch allerdings gelten machend, dass lm Iranlsche eine Wurzel buj mit der Bedeutung , genlassen ' nicht nachgewiesen werden kann. Aber ausschlaggebende Bedeutung wird man diesem Einwand nicht zubilIigen >. En réalité la preuve de l'existence de bul 'jouir' était donnée par baoxSna-, etc., ce qui a échappé à 13. Geiger aussi.
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une expérience pénible, et alors il nous faut le traduire «subir, expier». C'est le cas dans gath.aénU'rlhO büj- «jouissance (= expiation) de la faute» comme dans véd. ma va éno anyakrlam bhujema « puissions-nous ne pas jouir de (= expier) la faute commise par d'autres » (RV. VI 51, 7)1. Nous retrouvons un autre dérivé nominal dans les noms propres MocL~ou~OC\l1Jç', MLepoc~oU~OC1l1Jç, ~ocepoc~OU~OC\l'Ylc;!. Ils ont été traduits « Erlôsung durch Mithra (den Mond) habend» et « Erhaltung des Reiches bewirkend ». Mais on n'explique ainsi ni la formation de l'original de -~OU~OC\lYjC;, ni comment, en admettant que -~ou~OC1l1Jc;' signifie « délivrance », il produirait un sens passif dans « délivrance de Mithra» (( qui obtient sa délivrance de Mithra») mais actif dans « qui délivre l'empire ». On interprétera bien plus naturellement -~ou~OC1l1Jc;' par • bauJana- = véd. bhOjana- « (objet de) jouissance, possession », terme souvent employé dans le RV. avec des noms de divinités comme déterminants. Nous traduirons donc ces noms par « jouissance de Mithra, de la Lune, du royaume ». Nous ne nous prononcerons pas sur av. BuJa-sravahou BuJi-sravah-, que Darmesteter rend avec doute « celui qui a la gloire de la délivrance (?) », et Bartholomae « der im Rufe des Retters steht» (complètement invraisemblable). Dans l'incertitude de la forme du premier membre, on ne peut assurer la traduction du composé : büJi- (ou büJa-) semble être plutôt un adjectif. V oilà en tout cas quatre formes certaines ou très probables, pour établir en iranien ancien la réalité et les emplois de buJ- « jouir» : giith. büJ- « satisfaction, paiement (d'une faute) » ; av. baoxsna- « jouissance » ; v.p. -buxsa- « qui satisfait, qui sert », bauJana- « jouissance ou possession »3. Av. buJi-(buJa-) reste incertain, ainsi que le nom féminin BuJi d'une créature maléfique (Yt 4). (1) Même ambivalence dans le correspondant étymologique lat. (ungor; Lucrèce peut dire: mala multa (ungitur (III 734). (2) Sur ce dernier nom, attesté seulement avec des variantes dans les LXX, on doit garder quelque réserve; les exégètes ont conjecturé que en grec comme en araméen saflra- aurait été confondu avec lu'iti- et -bouzanes avec -barzanes ; voir la bibliographie chez Koehler-Baumgartner, Lexicon, p. 1135; et cf. L. Robert, Noms indigènes, p. 516, n. 4, pour l'échange -~O\)~&v'ljç/-~ocpÇ&VlJç. (3) De la même racine aussi khot. Mjsana «feasting» (Baifey, Kholanese Tex/s, IV, 1961, p. 116).
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Ces interprétations restreignent sensiblement le champ de la notion de «( libération» dans les noms théophores de l'onomastique iranienne, au profit de celle de «jouissance, plaisir », sûrement plus ancienne et qui répond mieux à la représentation indo-iranienne des sentiments des dieux à l'égard de leurs fidèles. Ce qui reste au compte de Ibug« délivrer », outre les formes verbales, est assez peu de chose: le nom d'agent baoxtar- «( sauveur », et le composé qzo. büg«( qui délivre de l'angoisse» (cf. véd. arhho-muc-); moins certainement le nom propre v.p. AOiyii-bausna-. On ne décidera pas si, dans les tablettes élamites de Persépolis, les noms Puktamira, Puktena, Puktukka = Buxtavira-, Buxtaina-, Buxtaka- représentent * buxta- de Ibug- (cf. véd. bhukta-) ou buxta- « délivré ». Les deux séries de noms propres sont attestées en moyeniranien. Celle des noms en -~ou~&VYjç' (iran. -baujana) : Moc~6ou~&v71Ç et surtout M~6po-~ou~&v71Ç (Diodore), par arm. Mehruian, dont le dérivé m. iranien en -akiin apparaît dans l'inscription de Bapur sous les trois formes, m. parthe Mtrbwznkn, m. perse Milwénk'n, gr. Meep(ù~tv71yocvl. L'autre série comprend les noms en -bOUt comme Yazdbozet, arm. Yiztbuzit, composés à forme verbale de type sémitiqueS, et ceux en -buxt comme gr. ~e66Xa71ç, arm. Sebuxt développés surtout chez les chrétiens.
•*• Nous considérons maintenant les noms en -~oc~oç, reproduisant des composés iraniens avec -biizu «bras ». On en compte un nombre appréciable et ils sont en majorité anciens: 'Ap(6oc~oç (ou 'Ap~66ocÇoç), Ap't"cX6oc~oç, MeYcX6ocl;;oç, Mov66ocl;;oç, 0l66oc~oç, 'Op66oc~oç, T~p(6oc~oç, lI>ocpv&6ocl;;oç. Dans un ou deux cas la restitution du premier terme est incertaine. Mov6-~oc~oç, probablement parthe, ne retrouve sa forme originale que par le rapprochement de la forme arménienne Manawaz. Pour la transcription de b iranien entre voyelles par arm. -w-, cf. * MiOra-bandaka-: arm. Mehewandak (cf. ci-dessus Mehruian). Le même Mana- figure dans le nom de personne arm. Mana-éirh et sans doute dans le toponyme (1) Cf. Maricq, Syria, 1958, p. 322, n. 6. (2) Hübschmann, Arm. Gramm., p. 55-6.
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Mana-kerl, mais ne se laisse pas identifier en iranien 1 ; pers. maniiCihr (une fois chez Firdousi) qu'on traduit « au visage clair, ouvert »2 est-il identique au nom propre? 'Opo- dans 'OpoM~Yjç et aussi dans 'OpoljlépvYjç pourrait évoquer Ahura-, mais c'est peu vraisemblable; le nom du dieu suprême est écrit 'QpO(fLQ(~YjÇ), à date ancienne avec (ù-, et seulement plus tard 'OpfL[cr8Yjç. En outre il n'est jamais réduit à ahura- dans l'onomastique; cf. Ohrmizdiil, arm. Ormzdal, Ormzduxl, et en sogdien, sous la forme ancienne du composé, le nom d'homme 'xwrmzlkk (Lettres). Dans tous les autres noms, le premier terme du composé se reconnaît aisément. Il appartient à une classe définie. C'est un nom eollectif dans Ap~( 0 )-~Q(~oç (iirya- ethnique), un nom divin dans ' ApTcH)Q(~oç, MEy,xOQ(~Oç,
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'Ap't'cX6ot~OC;
est donc propre à l'onomastique médo-achéménide. Nous tenons cette différence pour significative.
3 zausLa racine iranienne zaus- (v. p. daus-) « trouver plaisir ) qui est indo-iranienne (véd. j6~ati, ju~dte) et dont les correspondants indo-européens, gr. ye:60fl-oc.L, lat. guslO, got. kiusan « éprouver, 80)(Lfl-cX~e:LV) attestent l'antiquité de la forme et du sens, a constitué plusieurs noms propres composés en avestique et en vieux-perse: Zaosa- (Yt XIII 124 si la tradition est sûre), peut être tiré d'un composé; Ba-ga-'-zu-us-lu dans des documents akkadiens de l'époque de Darius Ill, c'est-à-dire Baga-zuMa- « aimé du dieu». Ce nom s'est retrouvé en araméen dans des papyri d'Éléphantine de la même époque, écrit bgzwst, bgzst 2 • On ne l'a pas encore identifié sous sa forme perse; celle-ci nous a été transmise sous le déguisement grec de Me:yoc.86O"t'1jc; (chez Hérodote VII, 105), à restituer en v. p. * Baga-du.~la-. Nous avons donc le même nom composé sous deux formes dialectales complémentaires, Baga-zusla et Baga-dusta-, preuve d'antiquité (cf. p. 79). Un dérivé de forme et d'intérêt exceptionnels apparaît dans le nom féminin 'Ap't'Il(~6!(f't'P1j. Ainsi se nommait une fille de Darius : ~Il(O"LÀéoc; L\oc.pe:LOU 6uyot't'époc. 'Ap't'Il(~6!O"'t'p1jV (Hdt. VI 43). Dans -~(.tlO"'t'p1j on reconnaît un féminin de nom d'agent en -Ir, soit * zauStrï-, et le nom * arla-zauUrï- signifiera « celle qui témoigne faveur à Arta ). On en rapprochera le seul autre nom féminin en -lrï- de l'onomastique iranienne: "Afl-1jO"'t'PLC; (femme de Xerxès, Hdt. VII 61, etc.) = av. hamoislri« triomphatrice) dont la forme iranienne ancienne est hamaislri- (de * ham-maid-lrï-). Ces noms laissent apercevoir une relation particulière, indi(1) Autres formes dans les recueils de Hilprecht et Clay (1898), de Clay (1904) intitulés Business Documents of Murasha sons of Nippur, respectivement p. 51, et 41 ; G. Cardascia, Les archives des Murasu, 1951, p. 96 (doc. TMHC. 190, 4° ligne en partant de la fin). (2) Kraeling. Brooklyn Aramaic Papyri, p. 158.
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quée par zaus-, entre l'homme et la divinité : soit que le porteur du nom éprouve la faveur du dieu (ainsi Baga-zuSla), soit qu'il témoigne au dieu sa faveur (ainsi *arta-zau.5trï-). C'est là le sens même de zaus- et cette valeur se vérifie dans tous les emplois ainsi que dans tous les dérivés. Il énoncent un sentiment d'amitié ou de faveur émanant de la divinité à l'égard des humains, parfois manifesté par les hommes envers la divinité; zaus- pose une relation dont un des termes au moins est un dieu. Il suffit de parcourir les principales données pour en voir les preuves. Dans l'Avesta, les formes personnelles de zaos- sont rares et peu sûres. Mais les dérivés et composés y suppléent : zao,i!a- « faveur » est surtout employé pour les dieux dans des expressions telles que giith. ahurahyii zaosë mazdii (Y. 33, 2) = av. zaosiii ahurahe mazd& (Yt 8, 35) ; zaosiii amJsanqm spJntanqm (ibid.), etc. ; - giith. hazaosa- « d'accord » se dit d'Ahura Mazdii asii hazaosa « d'accord avec Asa » ainsi que des autres dieux; - hvarJ. hazaosa- « d'accord avec le Soleil » est une qualifieation des AmJsa Spmla (Yt X 51 ; XIII 92) ; on célèbre les Fravartis comme llyra. zaoStÎ lbi.ijyanbya « de faveur puissante contre leurs ennemis» (= ceux qui combattent les Fravartis éprouvent combien leur faveur est puissante). A côté du nom BagazuSla et pour le confirmer, nous mettrons les deux composés avestiqucs en -zuMa. C'est d'abord daëva. zusta- dans les G5thiis, correspondant exact de véd. deV(Iju~ta- « aimé des dieux », avec la valeur inverse de daëva- ; puis av. asa. zusla- « aimé d'Arta » qui est le nom donné au « hibou» par les théologiens (cf. *arta-zaustrÏ- ci-dessus). Ici encore -zusta est conjoint à une dénomination divine. Nous avons enfin dallstar- en vieux-perse dans une phraséologie typique: A (h)uramazdii (}uviim dauSlii biyü «qu'Ahuramazdii te soit ami » (Bis. IV 56, 69) avec le nom du dieu suprême pour sujet, ou avec celui du souverain investi par Ahuramazdii : martiyam draufanam naiy dauslii a(h)miy « je ne suis pas ami de l'homme menteur », proclame Darius (NR b 12, cf. 7-8). De ces emplois se dégage clairement la notion de « faveur divine » qu'exprime zalls- et qui est présente dans tous les dérivés. C'est ce qui explique que les noms propres en -zuMa
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ou -zauStrï aient en premier membre un terme - substantif ou nom propre - afférant au monde &vin 1 • Il vaudrait la peine de revoir et de classer dans leur contexte syntaxique les formes, bien plus nombreuses, de ju~- en védique, pour vérifier si la valeur que nous signalons en iranien vaut aussi pour l'indien. C'est probable a priori. Mais rien n'en subsiste plus dans les représentants de cette racine en iranien moyen et moderne. Le sens s'est élargi. Nous avons d'une part khot. ysü~- «apprécier, aimer », participe ysü~/-, et ysojsa- « savoureux »2, de l'autre l'adjectif phI. et pers. di5s1 « ami; cher », dépourvu de toute attache verbale et désormais inanalysable.
4 siyiiliUn des termes prégnants de l'onomastique achéménide doit être mis en lumière; il s'agit de siyiili- (c'est-à-dire Isyiili-I) «félicité l). Nous en trouvons une série d'exemples dans les tablettes élamites de Persépolis 3 , dont plusieurs sont datées: Ap-pi-si-ia-li-is (sous Darius) = api-syiiti-'. Si-ia-li-is, Si-ia-li-i~-~a (Fort.)5, cf. ci-dessous. Ba-ru-si-ia-li-is, Bar-ru-si-ia-li-is (Fort.) = IIotpoO"ot't"Lc;8. Ir-da-si-ia-li-is (Fort.) = arla-syiiti-. Mi-is-pa-si-ia-li-is, nom de lieu dans des tablettes de l'année 466 = vispa-syali- 7 • Si-ia-li-bar-na (Fort.) = I:ot't"Lcpépv"Yjc;. Nous le trouvons en outre dans l'onomastique des papyri araméens d'Égypte : (1) Nous laissons de côté zus- ainsi que frazus- et baro.zus-, dont le sens est mal assuré (<< joyau. 1) et le rapport avec zaus- très incertain. (2) E. Leumann, Lehrgedichl Ill, p. 491. (3) Cameron, PTT. no 6, p. 93. (4) Cf. av. Aipi-va'lhu- n. pro et JA. 1958, p. 52. (5) Cette abréviation renvoie aux tablettes élamites dites des Fortifications, encore inédites pour la plupart, citées par Cameron, 1. c. (6) Les noms grecs donnés sans référence se retrouvent aisément dans les dictionnaires et dans le Namenbuch de Justi. (7) Ce nom a été étudié JA. 1958, p. 57 sq.
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slbrzn (en 471) = ~oc·noocp~&.'I'Y)<;l; connu comme Salabarzanu dans des documents akkadiens de l'époque de Darius IJ2. Dans un des papyri du Musée de Brooklyn apparaît le nom Slbr qui a été pris à tort comme une « abréviation ~) du précédents. En réalité slbr représente *silli-bara- « qui apporte le bonheur ~); c'est l'original du nom transcrit en grec par ~OC'rLMpoc<; (Nic. Damase.). La liste des noms perses de l'Ancien Testament peut s'accroître d'une unité. Il s'agit du nom HlrlH' (Ezra II 63 = Neh. 7, 65) pour lequel on a déjà proposé diverses restitutions perses. Les uns ont pensé à un titre ({ * anlarekshalra ~) (P. de Lagarde), qui n'a jamais existé, d'autres à un dérivé de lars- ({ craindre ~) invraisemblable a priori et qui d'ailleurs laisserait sans explication la première syllabe. D'après les transcriptions grecques du nom (LXX A6Epaococ, A6Epaoc6oc, Anocpoc't''Y)<;), on peut imaginer un nom tel que * Air-silla. La transcription avec l,t- initial, sans autre exemple en araméen, rappelle celle de l'élamiLe, qui rend régulièrement ill( a )r- par Haltar- Hatlur-. Dans un contexte où il est voisin du nom sûrement perse Bgwy, celui-ci a toutes chances d'être iranien '4 aUSSI.
On remarquera que ces noms reproduisent la forme iranienne tantôt comme .Syilli-, tantôt comme silli-. Les transcriptions élamites ont syil-, celles de l'araméen et du grec sil-. En vieux-perse, siyil-, c'est-à-dire Isyil-I est constant, tandis que dans l'A vestagàth. syil- contraste avec sil- des autres textes 5 • Or la version élamite des inscriptions achéménides donne, pour v. p. siyr1li- de Darius, la transcription .~i-ia-li (-um), .~i-ia-li(-is), mais pour v. p . .~iyilla- ({ heureux ,) de Xerxès, la transcription sa-da, .~a-ud-da. Il semble donc que la réduction de syil- à .:fil- ait été réalisée entre Darius 1er et (1) Cowley, Aram. Pap. 5, 16 ; restitué 13, 18 d'après le précédent. La date - 471 - est donnée comme certaine par Cowley p. 10 : «The date is quite certain: 471 B. C. When found it was still roUed up, lied and sealed. " Schaeder Iran. Beitr. p. 73 [271) donne 465 comme date de ce document, sans autre justillcation. (2) Clay, Business Documents, l, p. 37. (3) Kraeling, The Brooklyn M118el1m Aramaic Papyri, 1953, p. 159. (4) Cf. maintenant S. Mowinckel, 81udien zu dem Bl1che Ezra-Nehemia (Acad. Oslo 1964), 1, p. 107-8 qui pense aussi à un nom composé avec Atar, mais il propose Alar-éiGra, qui est plus loin des transcriptions araméennes et grecques. (5) La répartition est la même pour syav- et sav-, cf. JA. 1958, p. 52-3.
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Xerxès, ce que la graphie traditionnelle du vieux-perse ne laisse pas voir. Les transcriptions Sl- de l'araméen d'Égypte (sous Darius II) ct ~iX'n- du grec répondraient ainsi à la prononciation réelle, mieux que la notation du vieux-perse, qui chez Xerxès reproduit les graphies fixées sous Darius. Il faut aussi prêter attention à la répartition de ces noms, qui révèle une particularité. Nous avons environ une dizaine de noms en syati- (Sati-) , proportion considérable dans une onomastique encore si imparfaitement connue, et dans ce nombre plusieurs ont été révélés par les documents élamites, dont une faible partie seulement a été éditée. On peut donc s'attendre à voir s'accroître cette liste. Or ces noms en syiili- sont tous perses, en tout cas iraniens de l'Ouest. Ils sont propres au monde achéménide. Nous n'en connaissons pas un seul dans l'onomastique de l'Avesta. Ce contraste ne peut être l'effet du hasard. L'onomastique personnelle doit refléter ici la différence des conceptions religieuses. Nous savons, depuis la découverte du texte de Xerxès contre les daivas, l'importance de cette notion de syiiti-; apanage de l'homme dans sa vie terrestre sous la loi d'Ahuramazda, la syiili- nous apparaît comme une des représentations les plus caractéristiques de la religion perse achéménide. On n'a pas assez remarqué, par contre, que cette notion est absente de l'Avesta où les formes de .~yii- (sii-) {< se réjouir» d'ailleurs peu nombreuses, n'entrent pas dans la terminologie rcligieuse et n'ont aucun emploi que l'on puisse comparer à ceux du perse. On ne trouve pas dans l'Avesta l'adjectif syiila- (ifata-) comme dénotant l'état idéal de la vie terrestre. C'est là une différence profonde entre les deux formes de croyances, et cet indice lexical en témoigne clairement. Il faudra donc compter l'abondance relative des noms propres en .{yiili- comme un des traits marquants de l'onomastique du vieux-perse, illustrant un aspect spécifique de la religion achéménide.
5 gaunaNous avons un groupe très ancien de noms féminins perses qui, dans la transcription grecque, sont en -youv1J; noms royaux et sûrement de formation «noble », décrivant en
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qualifications flatteuses la « couleur» ou le « teint» de la personne: , AÀoyouv1) « au teint rouge (vermeil) »1. 'PoaoyOUV1) « au teint de rose »2. <1>plX't"ocyouv1) probablement « au teint supérieur, excellent »3. Cela paraît être une formation onomastique propre au vieuxperse. L'Avesta ne fournit aucun parallèle: il n'y a pas de nom propre féminin qui soit composé avec gaona-, et cependant les noms de femmes ne sont pas rares en avestique, et les auteurs des hymnes ne s'interdisent pas la louange de la beauté féminine. Ce contraste n'est pas dû au hasard. Il tient à une raison lexicale. Le sens propre de gauna- est « poil (d'animal) »; le dérivé * gaunaka- probablement vieux-perse, désignait un manteau fourré, fait d'une peau avec sa toison; il est connu par les emprunts anciens akk. gunakku, gr. yIXUVcX.X1)C;, XIXUVcX.X1)C; (déjà chez Aristophane)4. Le sens de « poil» s'est conservé dans plusieurs dialectes, comme sogd. ywn"!/, osso yun, pasto yüna. Mais très tôt, en fait dès l'époque ancienne, on passe de « poil, pelage» à « couleur du pelage », puis à « couleur » en général. Là est le point dc divergence entre les dialectes. Cet élargissement du sens s'est accompli en vieux-perse; il a rendu possible la création de noms propres où garlna- désignait le « teint » de la personne. Mais non en avestique. Les composés avestiques en -gaona s'appliquent seulement aux animaux, parfois aux plantes ou au terrain : hama. gaona- « de même eouleur », vïspü. gaona- « de toute couleur» (bétail); vohu. gaona- « de bonne couleur » (bétail et plantes) ; zairi. gaona« de couleur verte » (plantes, cf. sogd. zrywnc « légume », pers. zar!/ün, etc.) ; spila.gaona gairi- « Montagne Blanche» (nom d'une chaîne, cf. pasto Spïnyar, pers. Safïd Kiih). Ni en simple ni en eomposé av. gaona- ne sc dit de la couleur de la peau humaine. Il ne pouvait donc entrer dans un eomposé laudatif (1) Sur le sens etleg formes de ce mot 'iïla- en iranien, cf. JA. 1960, p. 70-71. En pehlevi iilgiinalc, on persan iilgilne désigne un fard rouge. (2) Sogd. wrÏ$ywn, pers. gulgiin, même sens. (3) Cf. aussi
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du type de 'Po8o-yoùv"fj, ni même dans un nom personnel. C'est pourquoi l'onomastique de l'Avesta l'ignore. Les noms féminins en -youv"fj sont donc une formation caractéristique de l'onomastique perse. A la différence de l'avest.ique, où gaona-, gardant son sens premier, ne pouvait décrire l'apparence humaine, c'est une condition lexicale propre au perse, l'élargissement de la sphère d'emploi de gauna-, qui a permis la création de ces noms propres féminins.
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llLO"O"ou6v"fjc;' Dans le vocabulaire religieux de l'Avesta, un des termes les plus importants est syaoOna- 4 action », mais il a une situation singulière et des particularités qu'on ne retrouve pas associées de la même manière. Alors que syaoOna- fait partie de la triade «pensée-paroleaction», il y figure dans des conditions lexicales qui le séparent des deux autres. Pour « pensée » et« parole », on a, sous forme nominale, des dérivés réguliers de «penser» et 4 parler » : ainsi man- « penser » et manah-, -mala-, -mali- ; vak- « parler» et vaéah-, -uxla- -uxli- (avec supplétisme occasionnel vak- : mrav-). Mais « agir » et 4 action » sont pris à des familles lexicales distinctes: varaz- « agir » en face du corrélat nominal syaoOna- « action ». Comment expliquer cette singularité? Nous avons décrit précédemment! le jeu de variJZ- et de .~yaoOna- dans l'Avesta, pour mettre en lumière ce fait essentiel que syao(Jna- esL un terme gathique, dont le sens et la forme ne peuvent se comprendre que dans la langue des GaLhas. Il signifie proprement «entreprise» (cf. véd. cyaulna- «id. ») et se rattache à gath. syav- «entreprendre, accomplir» (cf. véd. cyav- 4 id. Il), avec construction transitive. Dans l'Avesta dit récent, la forme verbale ancienne s!Jav- est réduite à sav-, et le sens n'est plus «entreprendre », mais « se mettre en mouvement », puis « aller». Or syaoOna- « action » continue d'être employé avec le même sens. Il esL donc clair que syaoOna- en avestique est un héritage des Gathas, un « mot savant» consacré par (1) Donum nalalicium H. S. Nyberg, 1954, p. 23-26; cf. aussi OLZ. 1960, p. 9.
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le formulaire traditionnel, mais qui n'a plus d'attache verbale ni pour la forme, puisque syao(Jna- aurait dû devenir *sao(Jna-, ni pour le sens, puisque syao(Jna- suppose syau- au sens d'« entreprendre ~>, attesté dans les Gathas, inconnu ensuite. Cela même rend compte du supplétisme syao(Jna-lvarz-. Si uarz- fait couple avec syao(Jna- pour énoncer le rapport « agir: action ~>, ce n'est pas parce que le verbe uarz- n'avait pas de dérivé nominal, mais parce que le dérivé nominal syao(Jnane se rattachait plus à un verbe. L'ancienne relation, perceptible en gathique, de syau- « entreprendre ~> à syao(Jna« entreprise ~> avait été brisée par la disparition de syau« entreprendre ~>1, remplacé en avestique par sau- « (se) mettre en mouvement ~>, alors que syao(Jna- « entreprise; accomplissement ~> était conservé dans la terminologie dogmatique. Il a donc fallu recréer, à partir du membre nominal syaoOna-, un nouveau binôme. C'est la condition typique du supplétisme. On a pris uarz- « réaliser ~> comme membre verbal, et la relation a été ainsi reconstituée. De là le binôme nouveau uarz- : syao(Jna-, qui complète la série man- : manah- et uak- : uacah-. Un second trait propre à syao(Jna- doit être maintenant souligné et se lie aussi aux considérations précédentes : c'est un terme qu'aucun autre dialecte iranien ne connaît. Restreint à l'avestique, où en fait il vient du gathique, syao()na- ne semble avoir ni correspondant ancien ni forme moderne. Il n'a pas survécu à l'avestique ; même en tant que terme technique il est inconnu du pehlevi mazdéen, où il aurait donné * sosn. Il n'yen a pas trace en vieux-perse. En revanche, dans les communautés de l'Iran du Nord-Est où la prédication zoroastrienne a été accueillie en premier et a fait ses plus anciens adeptes, syao(Jna- a dû être une de ces notions de prestige et de révérence dont se prévalaient les fidèles. Nous le voyons à leur onomastique. Dans les listes de noms propres révérés qui occupent la fin du Yt XIII et perpétuent le souvenir de ceux qui se sont les premiers ralliés à la foi zoroastrienne, on relève trois noms composés avec syao(Jna, et trois seulement: A.';a ..~yao()na-, Pisi. syao(}na-, Husyao(}na- (Yt XIII 103, 104, 114). Rien n'est dit de leur appartenance ethnique ou tribale. Ce sont des noms qui (1) Déjà dans les Gâthâs nous n'avons plus qu'un exemple certain de iiyaven face de 51 exemples de iiyaoOna- (cf. l'article cité, p. 25). Ce procès donc commencé à date très ancienne, de sorte que iiyaoOna- s'est trouvé isolé très tôt.
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témoignent d'une croyance: « dont les actes sont conformes à Arta (asa.s o), sont bons (hu.s O ) , sont -?- (pisi.s O )>>. Or l'unique nom propre en syao(Jna- que l'on connaisse hors de la tradition avestique est ITtaaou6V1jç; le personnage ainsi nommé, fils d'Hystaspe, était satrape de Lydie vers 427 av. J.-C. selon Thucydide (1 115 ; III 31). On a rapproché depuis longtemps ITtaaou6v1jç et av. Pisi.syao(Jna- (var. PiSyao(Jna-)1. Que nous ne connaissions pas le sens de Pisi- est regrettable, mais n'atteint pas l'essentiel, qui est la concordance entre la forme grecque et la forme avestique de ce nom iranien. La conclusion qu'on en peut tirer apparaît maintenant. Etant donné que ITtaaou6v1jç est l'unique représentant de syao(Jna- dans l'onomastique de l'époque achéménide, et que av. Pisi .syao(Jna- est une formation typique de l'onomastique zoroastrienne, il est vraisemblable que ce nom a été véhiculé en Iran occidental, où il devait rester sans analogue, par un Iranien zoroastrien (qui peut être, mais non nécessair·ement, le Pissouthnès historique de Thucydide). Par son unicité même, ITtaaou6v1j1:; se révèle comme un précieux témoin d'une croyance et d'une terminologie qui devaient être étrangères à la religion officielle des Achéménides 2 • (1) Darmesteter, Z.A. II, p. 534, n. 196 attribue ce rapprochement à Justi, qui le donne dans son Namenbuch p. 253-4. (2) Ma suggestion chez G. Posener, La première domination perse en Egypte, 1936, p. 131 relative à la lecture d'un nom de fonctionnaire qui ressemble à II~0"0"o66""I)ç en transcription égyptienne, reste conjecturale tant que la lecture n'est pas mieux assurée.
INDEX Cet index contient les mots et noms étudiés ou cités dans l'ouvrage, à l'exception des noms propres ~lamites, pour lesquels on se reportera à la liste ci-dessus, p. 77-97, qui les donne tous dans l'ordre alphabétique.
Indien arhho-muc-, 115. k~aila-, 21. grïva-, 62. calur-, 92. cyaulna-, 123. nad-, 81. piparli, 101. purubhuj-, 112. bhuj-, 112 sq. ralhe~tha-, 92. varaha-, 87. vigra-, 88.
Avestique et vieux-perse axsaéna-, 77. atar. éiOra-, 88. al;JriJ. xVaT'mah-, 82. aOi-, 79. iiOiyabausna-, 79. apaxsfra, 102. aipi-, aiwi-, 77. afrafwôavala-, 78. anlariJ. mah-, 77. ayo. asli-, 78. aramali-, 85. aT'yaman-, 82. arsama-, 85.
ars. uxda-, 85. asabana-, 78. asla-, asli-, 78. assina, 83. a'i"paéanah-, 78. aspayaoôa-, 78. asaya-, 84. asa. éinah-, 84. a.5a. va'f)hl1-, 84. asa. vazdah-, 84. a.{a ..~yaoOna-, 124. aso. Zl1sia-, 84, 118. as. vandaT'a-, 86. ahuraôiifa-, 95. QZo. bug-, 115. oiymala. siura-, 78. ugra-, 95. uyra. zao.~a-, 118. uxsyal-, 95. l1xli-, 95. urupi-, 93. usia. farnah-, 113. uslana, 96. uSlii. zanla-, 95. uslra-, 95. kapaula-, 85. kambufiya-, 86. !camna-, 85. !cavala, 85, 104.
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kavarasman-, 87. kahrkasa, 86. kahrpuna, 86. gaol<Jma-, 86. gaubaruva-, 85. gaona-, 122. gazabara-, 103. grïva-, 61 sq. xralu-, 86. xsaOrya-, 93. ûa~apuvan-, 93, 103. ûusla-, 77. caxsni-, 92. caOru-, 92. (;i~anla.TTna-, èi.~pis,
94.
96.
[amaspa-, 96. laxma-, 81. laxmaspuda, 94. lanû-, 64. listrya(ëinï)-, 29. tiiyar.~ii-,
94.
fumas par na )-, 94. daëvo. zlûla-, 118. darû-, 117. dauSlar-, 118. dag-, daxsa-, 111. daovah-, 14. daluvahya-, 81. dar<Jya-, 94. dami- oula-, 82. d<Jmano' paOnï-, 29. darayavahu-, 82. drvo' gaëOa-, 94. Oafagu-, 92. paoirya( ëinï), 29. paraoala-, 90. parsa, 102. pouru. baoxsna-, 111. pisi. syaoOna-, 124 sq. baësalaslura-, 78. baoxlar-, 110.
bagabigna-, 79. bagabuûa-, 81, 108 sqq. baxsa-, 110. bar<Jma. yaona-, 95. buxsa-, 91. bu[-, 113. bu[isravah-, 114. frada-, 81, 84, 90, 95. fruoat. xvarmah-, 122. fravarli-, 84. fryana-, 91. nairemanah-, 88. nairya. hqmvarali-, 90. nairyo. savha-, 89. niyaka-, 90. manu-, 86. mainya-, 77,86. marduniya, 87. mairya-, 87. mazdayasna-, 87. mJrnu-, 63. mudraya-, 89. yaona-, 96. yaumaini-, 96. yama ûaëla-, 96, 99. yasla-, 96. vala-, 86. vano. vïspa-, 89. vandara-, 86. vayaspara-, 88. varaza-, 87. varn-, 123 sq. vazo. raOa-, 91. vU'vhuoala-, 87. vahumisa-, 81, 87. vahyazdala-, 88. vohvasli, 78. vidarna-, 89. vidu.~-, 88. vivana-, 88. vïspa. laurvu-, 88. vïspa. lIanya-, 89.
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visliïspa-, 88. raévas-èi()ra-, 92. ragu-, 91. ralufri-, 105. ra()aésliï-, 92. riïma-, 91. ra.~nu-, 91. raZl1ra-, 91. saka-, 92. salavaésa-, 92. sïyüirya-, 93. süka-, 93. sulwr;ma-, 93. wguda-, 93. slura-, 86. spiïradiiMa-, 85. syiïma-, 93. syao()na-, 123 sqq. syiïta-, 92. han!amana-, 77. hamoislrï-, 117. hindl1-, 83. lzumarliya, 95. humiïyalw, 95. huyiiirya-, 96. huàyao()na-, 124. xvab(ïla-, 95.
Moyen-Iranien -akiïn, 13 sq. arlaxSïr, 102. biïnbi,~n, 27. biinzïfr, 28. èé, 1:3. dadfJakiin, 14. dux.~, 35 sqq., 42 sqq. gry-, 64. gryw, 60. hslrdr, 20. humiii, 95. l}wlwypy, 18.
nnysln, 15. niizl1k, 90. ohrmizd, 37, 116. piïpakiin, 17. prnw./î,80. ps' gryw, 58 sq. rwddwxl, 35 sq. ruviinagiïn, 16. sâsiinakiïn, 14. snysrkn, 106. siiburagiin, 17. shpwhrdwhlk, 37. sél, 21. wr'zdw.rcl, 37. viispl1hr, 25. vispuhr, 23 sq. wrlrgnpl, 106.
Persan dosl, 118. do/~ïze,
48.
girïbiin, 63. gl11gün, 122. maniièihr, 116. paimiin, 81. safïdküh, 122. zaryün, 122.
Sogdien 'y.fyb, 20 sq. 'xwrmzlkk, 116. bfJ'mbn, 29. bfJlyk, 57. y'y'n, 33. y'llwnh, 31. yr'yw, 60 sq. ywt'yn, 29 sqq. qysrk' n, 17. nm' èk'n, 17. p'mpwU, 27. p.fyryw, 58 sq.
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INDEX
plrk'n, 17. wrbywn, 122. wyspsy, 24. wysbywlh, 34 sq. zrywné, 122.
Khotanais bisïviiriï§:$ai, 24. bujsana-, 114. baltuna, 31. khahani, 33. ysüh 119.
Bactrien oUJ:Jwavo, 89.
Ossète œxsid, 21. œxsin, 46. izœr, 22. sœu-, 22.
Baluci duskïé,49. gis, 25.
Paraéi yus, 25.
Burusaski guspür, 24.
Grec 'AÀoyouv1J, 12i. 'A[J.~(J'"rp~c;, 117. 'A[J.6py'Y)c;, 10i. 'ApO&.x'Y)c;, 82.
'Ap~oco(J(~OC;, 'Ap~(J([J.év'Y)c;,
105. 102.
'Ap~(J(poc[J.v1JC;,
9i.
'Ap~oo(J(pl;:ocv1JC;,
83. 'Apcroc[J.'Y)c;, 85. 'Ap-roco(J(l;:oc;, 83, 117. Ap-roco(J(voc;, 107 sq. , Ap-r(J(~Ôlcr-rP1J, 117. 'Ap-roc[J.v'Y)C;, 84. 'Ap-r(J(l;épI;'Y)C;, 102. 'Ap-r(J(l;écrG1JC;, 102. 'Ap-r(J(ouoccr31JC;, 84. 'Ap-r(J(7toc't"'Y)C;, 83. 'Ap-ra
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8100'1C6TIj';, 19. 8IOU't'lOpO';, 52 sqq.
~OC't'LÔ!XpOC<;, 120. ~OC't'LÔOCp~!XV"I)';, 93,
120.
croc't'p!X1t"I)<;, 103. ~
ZOCtL!XO'1tTJ.;, 96. Zariaspes, 98. KoctL6U
105.
MlOy!Xôoc~o,;, MlOyocô6~o.;,
108. 108 sqq. MlOy!X1tocvo.;, 79. MlOyoctptpv"I)';, 79. MWp"l).;,89 M~ep~MTIj';, 89. M~ep6oc~o.;, 105. M~epoôocp~!Xv"I)<;, 89. M~epoô&TIj';, 102. M~epoôou~!XV"I)';, 105. M~epeùô>Ij';, 105. Nocôocp~!XV"I)';,
98. Nabarze, 98.
'ope!XV"I)';, 106. 'OpeOV01t!XTIj';, 106. 'Opo- 116. 'O't'!Xv"I)<;, 94. nocpucroc't'~<;, 80, 119. n oc't'~p!XtLtp"l)';, 8i. n ~crcro6ev"I)';, 123
'Poc't'01t!XTIj<;, 105. 'Po8oyouv"I), 12i. 'Peù88oux't'(ocx), 35 sqq. ~ocôoup8oux't'ocx,
37.
Armênien Arsam, 85. Arlasës, 102. Arlawan, 107. aspnJakan, 16. asxët, 21. Atrpalakan, 14. f1mbosxnem, 111. bahuand, 116. banule, 28. bdeasx, 65. dastiarak, 104. dsxoy, 44 sqq. erkrord( akan ) 1 54 sq. grivpan, 63. hazarapel, 69 sq. Manawaz, 115. Mehewandak, 115.
132
INDEX
Mehruian, 115. Ormzdai, 116. Ormzduœl, 116. Sanesan, 106. Sebuœl, 115. likin, 27, 46. l'aguhi,45. Vrl'anës, 106. Viam, 106. y izibuzil, 115. Élamite Liste alphabétique p. 77-97 dukSis, 43, 50.
Asianique Lycien arlakssira, 102. artlumpara, 101. gasabala, 103. humrgga, 101. mede, 101. mi6rapala, 102. filarijeus-, 102. parzza, 102. spfinlazah-, 103. walaprdala, 102. widrfina, 102. wizllaspa, 101. zisaprfina, 101. Lydien arlabiina, 103. ariaksassa, 102, 103. milralalis, 104. mitridasla-, 104.
Araméen 'd, 26. 'rsm, 85. 'rlbnw, 107. 'rift y, 84. bgwy, 120. dryws, 102. wdrng, 77. zndnkn'-, 16. "(tlrsl', 120. nœsyrkn', 16. swnkn, 15. pylœs, 65. prnws, 80. psgrb', 58 sq. p~gryb', 58 sq. frdfrn, 122. frifrn, 122. $wrh, 62. slbr, 120. slbrzn, 120. lwskn, 15.
Mandéen Baidukt, 35. Dukta, 35. Turc qaran, qan, 32 sqq. qaiun, 30 sqq. mongol tüman, 71.
Tibétain kha-gan, 33. khri-dpon, 70.
Chinois k'o-(ho-Jlun, 33 sq.
TABLE DES MATIÈRES
PRÉFACE......................................
5
PREMIÈRE PARTIE Avant-Propos ................................ . GRAP. 1. Rois et princes ...................... . GRAP. II. Reines et princesses ................. . GRAP. III. Le second après le roi ................ . GRAP. IV. Ghiliarque ............. " ........... .
9 11-26 27-50 51-65 67-71
DEUXIÈME PARTIE GRAP.
1. Onomastique perse dans les tablettes élamites ........ " ................ . GRAP. II. Noms iraniens en Asie-Mineure ........ . GRAP. III. Termes spécifiques de l'onomastique perse ........................... , . INDEX . . . . . . . • . • . . • . . . . . • . • . • . . . . . . . . . . • • . . . . .
75-99 101-106 107-125 127-132