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, sa premiere nasale n'est point, comme Test celle de Uloy%a, la nasale radicale de leyx- do Xty% on forme regulierement *\h%vo> lequel devient d'abord *Xu%v(o, puts of et naofiGL diminuent la valeur de dga-fia et 7icc-[ia. Dans Tt6-\xa, nous assistons a un empietement de la forme faible, mais en menie temps 7tco~[iu subsiste. Latin gra-men (moy. h'-all. griie-jen «virescere»), std-men, effa-men, la-min-a. Sanskrit da-man, sa-m,an, stha-man. THEMES MASCULINS EN -man (v. p. 131). Gr. 0ra-[iwv, \%lafiav]. Gotb. sto-ma -ins, blo-ma -ins. Skr. da-man. THEMES EN -tar (v. p. 132). Skr. dd-tdr, pd-tar «buveur», pa-tdr «protecteur»;, stha-tar etc. La langue hellenique n'a pas su maintenir cette formation dans toute sa purete. La perturbation a ete causee par les adjectifs verbaux en -to qui de plus en plus communiquent la forme faible aux noins d'agent. Homere emploie encore parallelement do-ri]Q, SarwQ et (Jo-r^'p; / (ICO-TCOQ et Gv-^co-trjs (dans Sophocle jica-tr^Q). A cote de* (dor. cp&aiQca) etc.
registre.
par
epenthese *Xay%v
V. le mot au
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o change en a.
Puis le lat. doceo place en regard de dldalat, (v. p. 107), et le greco-ital. onlcos (pyxog, umus) de la rac. cmk (ayxav, ancus): Voila les pieces du proces, et les seules donnees en realite qui nous restent pour elucider cette question capitale: y a-t-il un ablaut de A semblable a Vablaut aL : a2? — Un examen quelque pen attentif des cas enumeres convaincra, je crois, chacun que ces elements sont insuffisants pour faire admettre un tel ablaut, lequel s'accorderait mal avec les faits exposes au paragr. 11. II y a principaleinent trois choses a considerer: 1° la plupart des etymologies en question sont sujettes a caution; 2° l'o peut n'etre qu'une alteration toute mecanique de l'a; 3° il n'est pas inconcevable que sur le rnodele de l'ancien ablaut e: o, le grec, posterieurernent, ait admis parfois l'o lors meme que la voyelle radicale etait a. 4. o ( = p) change en a. C'est la une alteration peu commune en grec, meme dans les dialectes. On connait la glose apiem' dfiOTtldtai, singuliere variante du theme greco-italique omso-. Pour TtaQavu en regard de ovg v. page 114. Les Cretois disent avttQ pour OVUQ, Herodote aQQadelv pour oggaSsiv. On trouve chez Hesychius: acpelficc' to XCCXXVVXQOV ( = ocpshjiu), xuyxvlag" xrjxidag. Alolslg = y.oyyv'ku.i' xrjxiSsg. Cf. Ahrens II 119 seq.
Un exeniple beaucoup plus important, en tant qu appartenant a tous les dialectes, serait le mot cdrtohog, si Ion apjirouve M. Gr. Meyer qui identifie la syllabe ai avec le theme 6ft, lat. ovi (Stud. VIII 120 seq.1). Cette conjecture qui a des cotes seduisants laisse cependant prise a bien des doutes. Le meme mot ovis est accompagne en latin de avilla, conserve chez Festus. M. Frohde croit que cette forme se rattache a agnus: mais apres les travaux de M. Ascoli, la reduction de^t; a v en latin, a l'interieur du mot, est a peine admissible. Du reste le Prodromus C. Gl. Lat. de M. Lowe a revele un mot aububulcus (ovium pastor) — ou aiibulcus suivant la correction de M. Bahrens, Jen. Literature. 1877 p. lf>6 — qui decidement atteste Ya. Cela ne corrobore point l'opinion de M. G. Meyer relativement a aicar l'o latin devant v a une tendance marquee vers l'a, 1. M. Meyer propose une etymologie semblable pour uiyviuog (cf. p. 7). Auparavant deja, Pictet avait explique l'un et l'autre mot par avi «mouton». Origines Indo-europeennes I 1 460 seq.
o2 change en a.
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speciale a cette langue. En dehors du groupe ov, on peut dire que a sorti de o est en latin chose moins insolite qu'en grec, et cependant extreraenient rare. L'exemple le plus sur est igndrus, narrare (en regard de nosco, ignorare, gr. yvco) ou Yo transfornie est une voyelle longue. Eatumena porta, suivant M. Curtius, est parent de rota. Pour ce qui concerne Garden, rapproche de cor (Curtius Grdz. 143), il faut se souvenir que Yo de ce dernier mot est anaptyctique. Le cas de l'ombr. k u m a l t u (lat. molo) n'est pas tres-different. C'est une question difficile que de savoir si dans datus, catus, nates, en regard de donum, cos, vcorov, Ya est ancien ou sorti secondairement de o. Mais ce point-la trouvera au chapitre V une place plus appropriee. 5. Si, dans le grec, il n'y a pas de raison positive de croire que le phoneme ©2 soit jamais devenu a par transformation secondaire l , il est presque indubitable en revanche que certains a italiques remontent a cette origine 2 . L'a de canis en particulier ne peut representer que a2; dire en effet que Yo de xvav est un o n'aurait aucune vraisemblance; ce phoneme parait etre etranger aux suffixes. On peut citer ensuite l'osq. tanginom, parent du lat. tongeo. A ce dernier repond le verbe faible goth. fiaghjan. Si nous avions en nieme temps un verbe fort «]iig7ean», tous les doutes seraient leves: Ya de ]>aghjan serait necessairement ai} Yo de tongeo serait done aussi a2) et il serait prouve que Ya de tanginom sort d'un o qui e'tait a2. Ce verbe «]>ig]can» n'existe pas, mais le un du verbe parent JiugTcjan permet d'affirrner avec une certitude a peine moindre que la racine est bien teng. Peut-etre Ya de caveo est-il egalement pour o = a 2 ; la question, vu exo[iev, est difficile. Dans Parca meme phenomene, si Ton ramene ce mot a la racine de plecto et du gr. 7tOQ%og (nasse). On compare palleo au gr. nofaog: or Yo de ce dernier mot est o2, vu Tishog. Cf. putttis. — Dans ces exemples, Ya, nous le repetons, n'est pas la continuation directe de a2) mais une alteration hysterogene de Yo. Jusqu'ici il a ete question des voyelles o et a alternant dans 1. M. Mor. Schmidt met un point de doute a la glose d'Hesychius yoQog- eaacpoQog, qui serait sans cela un exemple tres-remarquable. 2. On devaifc s'y attendre, car depuis bien longtemps sans doute le son des deux o s'etait confondu.
Italique a, greo a o, et autres combinaisons.
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une nieme langue. II reste .a voir comment elles se correspondent, lorsqu'on compare le grec et l'italique. Pour cela il est bon de se premunir plus encore qu'ailleurs contre les pieges deja plusieurs fois mentionnes que tendent certains phenomenes lies aux liquides et, dans une inesure moindre, aux nasales. Nous avons eliniiiie conipletement ce qui tient aux liquides sonantes du § 1 — ainsi xagdia: cor, skr. hrd —; mais il y a une seconde serie d'exemples — ainsi oQ&og: arduus, skr. urdhvd; v, chap. VI — que nous n ; avons pas ose passer de meme sous silence et que nous nous somnies borne a mettre entre crochets. Ces exemples doivent etre comptes pour uuls, et ce qui reste est si peu de chose, que la non-concordance des deux langues sceurs dans la voyelle o prend indubitablement le caractere dun fait anormal. — Pour les recueils d'exemples ci-dessous, la grammaire de M. Leo Meyer offrait les materiaux les plus importants. 6. Coexistence d'o et d'& dans une des deux langues ou dans les deux langues a la fois. Lorsqu'une des deux formes est de beaucoup la plus commune comme dans le cas de ucis: avilla (p. 104), nous ne mettons pas l'exemple dans cette liste. ofiQIOV
I
, .
, \ aver (?) y xol-upQog I xojia^og 6aogs Goo, Ooog [XQOTCL mig
[fpolxog
)
hoyycc^ca
cavilla.
f.iovwg {icivvog
sanus.
aq>evog
trabs.]
7la(f)ig no(Pjia
falx. C ]
XOOl
\
longus. C. monile. opes(?). papdver pdnmm, pover (inscr.). cons cavite dans le joug
cavus.
1. Curtins Stud. la. 260, Grdz. 373. — 2. nava£- nctvovgyog (Suidas). — 3. La racine, bien que le be'ot. ZavnQattios ne decide rien, parait eke sau. he latin montrerait o dans sospes, si la parente du mot avec notre racine etait mieux assuree, mais il a toutes les apparences d'un compose contenant la particule se-, cf. seispes; par un hasard singulier il existe un mot vedique vispitd «danger». — Sur ank- onk et autres cas v. p. 114.
a grec et o italique.
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7. a grec et o italique. a. La ratine ne contient ni liquide ni nasale non initiate. (?)
upupa2.)
|
SaQog
doc, doc-eo, doc-tus1. loqu, loqu-or, locutus. duruss(?).
1. II n'y a pas d'autre raison de ramener SISCCGTUO, SiSd^ai, a une rac. Sa% que l'existence du lat. doceo. Autrement on les rapporterait sans un instant d'hesitation a la racine qui se trouve dans Ss-Sa(a)-s, fia(a)-yfi(DV. Mais rien n'empeche, dira-t-on, de reunir tout de meme Sao etdoc, comme ayant tous deux pour base la racine da «savoir». A cela il faut repondre que Sao n'est une racine qu'en apparence: c'est Ssvo qui est la forme pleine, ainsi que l'indiquent l'indien dams et le gr. Sijvog pour *Stveog (= skr. ddwisas). SsSa(o)s (aoriste), Ss8a(af)dg, iSd(o)riv, ont, r^gulierement, la nasale sonante (pages 20 ou SsScts a ete oublie, 22 et 46); dans SLSae-Hco, si on le joint a cette racine, elle n'est pas moins reguliere (v. p. 22). II faut repondre en second lieu que la racine da qu'on a cru trouver dans le zend n'a, suivant M. le prof. Hubschmann, aucun fondement reel. Cette question difficile se complique du latin disco, du Sanskrit diks et du zend da%sh. — 2. iTtoip sera ne par etymologie populaire: k'noip lnonvr\g xmv avrov KUHaiv, dit Bschyle. Ainsi s'explique son s. D'autre part M. Curtius partant du theme epop explique le premier o (u) de upupa par assimilation. C'est pourquoi l'exemple est place entre crochets. — 3. Sagog (diuturnus) est pour *SaJ:Q6g — skr. du-rd «eloigne». La glose Suov nolvXQOVWV Hes. {Sdovi) est bien probablement un comparatif neutre sorti de *SdJ-yov, skr. ddviyas. drfv et Sodv sont autre chose. Si durus est egal au grec daqog, il est pour *dourus, mais ce dernier rapprochement est boiteux: on peut dire seulement que durare (edurare, perdurare) signifie parfois durer •— cf. Sdgog —• et qu'il rappelle dura dans des expressions comme durant colles «les collines s'etendent» Tacite Germ. 30. b. La racine contient une liquide on une nasale non initiate.
On ne pourrait, je crois, dernontrer pour aucun exemple de cette sorte que la voyelle variable (a o) a ete de tout temps une voyelle pleine: tous ces mots au contraire paraissent lies aux phenonienes speciaux auxquels nous faisions allusions ci-dessus. Ce sont principalement (idcMa: volare; ddllco, dalBo^iat: doleo; Sa(icc£(o: domare; SaQ&ava: dormio; xaX: tollo; (pccQom: forare. Puis xdAccfiog: culmus; xgdvog «cornouiller» (aussi xvgvog) et cornus; tcc(>(}ear:forows(?);itaQu:por- (p. 111). M.Pick rapproche yvalov de vola. nQccv^g et 7tQccv6g (Hes.) different peut-etre du latin jwonus, et, dans l'hypothese contraire, les contractions qui ont pu
o grec et a italique.
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avoir lieu, si par exemple le theme est le meme que dans le skr. pravand, auront trouble le veritable rapport des voyelles. c. Les phonemes sont places a la fin de la ratine. Dans cette position on ne trouve pas d'o latin oppose a un a grec. 8. o grec et a italique. a. La ratine ne contient ni liquide ni nasale non initiale. ofiolog
6£,vg ovog
agolum. F . (?). arista. F.(?). Iament/um1(y). acti-piter^(?). asinusi?).
x6(i[ios castus (§ 11 fin). calix. {io%X6g malus. ro^ov taxuss(?). TQcoyXrj tragula(^f).Z.Schmidt. KVXI\
1. Cf. p. 60. — 2. Si Ton peut douter de 1'identite d'acei- avec d|ti-, il serait en revanche bien plus incertain de le comparer directement a conv-, qui esfc dejii tout attele avec odor, aqiii- dans aquifolius ne s'eloigne pas trop A'6£vg. — 3. Pictet comparait cos deux mots a cause du grand emploi du bois d'if pour la fabrication des arcs (Origines I 1 229). Mais ro^ov peut se ramener, et avec plus de vraisemblance, soit a la racine TSH soit a la racine TE|; son o est alors a2.
Devant v K0{f)i(O xo(J-)ot,
caveo. C.
b'ySoog
cavus. C.cf.p. 106. lavo. navare.
TtTOECO
Xova v6(f)os d-yvo(J-)ia (jncivus.
X^o'rj ip<6i£og
octavus(?). paveo (V). flavus^). paedor de *pav-id. F.
Dans la (liphthongue: old(ice oixtQog
aemidus. aeger.
aun's. ov, ovds h-au-d(?). ovata
b. La racine contient une liquide ou une nasale non initiate. xolloty callus. \y.oXoxdvog cracentes.] xovig canicae1 (?). XQOMxkrj calculus. Xoy%y\ lancea.
oAoo'g [TCOQSLV
QcoSiog [%olug fpOQi
salvus. C. arduus.] parades.] ardea. haru-spcx.] far, g. farrisC?).
1. Canicae furfures de farre a cibo canum vocatae. Paul. Ep. 46. M. Si le mot est parent de HOVIS, il Test aussi de cinis (p. 100).
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o grec et italique.
c. Les phonemes sont places a la fin de la ratine. Ici se rangeraient datus, dare (cf. donum) en regard du gr. do do, catus (cf. cos) en regard de xcovog, nates en regard de vcorov. Sur ces mots v. plus haut p. 105. Le cas de stravi, stratus, auxquels le grec oppose 6rQca rentre dans la classe arduus: 6Q&6S (p. 106).
Voici maintenant la correspondance reguliere qui exige Yo dans les deux langues. Ce tableau,, nous le repetons, n'est pas exclusivement un catalogue des g greco-italiques; il doit servir surtout a s'orienter, a evaluer approximativement l'extension de Yo autre que o2 en greco-italique; aussi y a-t-il encore beaucoup a trier, en dehors des exemples designes comme suspects. Par le signe f} nous posons la question de savoir si Yo n'est pas o2. a. La ratine ne contient ni liquide ni nasals non initiate, od: olc2: (fybhodh1:
ogra, oScaS-a onait-a, OO6E, ox-x-aklog (16&-QOS, (l6&-vvog
ocris, ombr. okar. f OXTO)
odzs'ov
octo. occa. OS, OS
ovis. \6%6g
sucus.
ol-eo, od-or. oc-ulus. fod-io, fossa.
coxa, euculus. cocetum. [10XQC3V mucros. vvi, nox. jcoGig, itotvia potis, potiri etc. itQo pro-. oztdcav sotius* xoxxv% xvxeav
1. V. Curtius, Gfrdz. 467. — 2. Pour le sens, 6b va bien avec eitt, mais comment accorder leur voyelles? Si oiti- est vraiment une particule et non simplement un rejeton de la rac. In «suivre», on peut a peine douter de son identite avec ob. Le p est conserve dans op-aeus; -acus est parent de aquilus, gr. a%lvg etc. — 3. ftoMpcoro;' xbv o^vv 'EQV&QIXIOI. Hes. V. Fick II 3 198. — 4. socius et ondav se placent a c6te de l'indien sdkhi (v. Eick II 3 259). L'a bref du mot indien montre que Yo n'est pas o 2 , que par consequent il faut separer ces mots de seki «suivre». On pourra les comparer a om.g «secours, justice, vengeance des dieux» et a doaarjtriq, oaarjrriq (Hes.) «defenseur». Ceci rappelle le skr. fak(gagdhi, gaMdm etc.) «aider)) que Bohtlingk-Roth separent de gaJcnoti «pouvoir». Q serait pour s, comme dans gdkrt; et peut-etre le zd. ]ia%ma «ami» est-il identique au skr. (agmd (== * Qakrnd) «secourable )>. II y aurait identite entre gdci « se-
o grec et italique.
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cours divin» et onig. L'italique reflfete, semble-t-il, la meme racine dans sancio, sanctus, Sancus, Sanqualis porta, sacer (ef. gakrd). II y a encore bos: (tovg et bovare: (iodco ou la valeur de Yo latin est annulee par le v qui suit (pour ovis le cas est un peu different); itoaQ-rj qu'on a identifie apubes; Ttvfiarog qu'on a compare a l'osq. posmos ainsi que nvvog' 6 itQcoxtog en regard de pone. En outre il faut mentionner l'opinion qui reunit foveo a cpcayca (Corssen I P 1004) } bien qu'elle suppose la reduction de gv a v \ Dans la diphthongue: fotvi] oinvorsei. xlo(J-)vig clunis.' b. La racine contient une liquide 'ou une nasale non initiale. [ol: [or: [g2or: [mor: [mol: [stor:
okcak-a, ok-sG&ai ab-ol-eo.] oQOQ-a, OQ-6O or-ior, or-tus.] e-ftgco-v [(log-fiog, j3op-a] vor-are, -vor-us, vorri edaces1.] jiop-ro'g, j3po-Tog mor-ior, mor-tuus, mors.] jAvA-Ara, (ivX-rj mol-o,mol-a. cf.ombr.kunialtu.j 6toQ-vv(u, GtQa-fia stor-ea, tor-us1 (sterno).]
uncare (si. j§wc«). uncus, v. p. 104,114. £Of*Og(*Oft()()<;) umerus. umbilicus. 6[iq>akog nomen. OVOflCC ovorog nota. unguis. '6vv% f OpqDKVOg orbus (armen. orb). hulbus (emprunte?). /3oA/3o'S yQO[i(pag scrofa. 66va% juncus. (£)QO§OV (v)rosa. congius. fxoyxn COma (emprunte?). Kopcovo'g corona. foyJCKOfMU
oj'^os«croc»
xoga^ et xoQwvr) r
jtoAtg fto^ftvpra oAog jrdAfog
(Tipdyyog [(pvklov [%OQl,OV
corvus et f molestus. \ moles. formido. murmur. formica. sollus. puls. com-. porcus. porro2.] fungus. folium.] corium.]
1. Le skr. ddhati «bruler» vient d'unerac. dlia^gh^ (Hubschmanii K. Z. XXIII 391) qui donne aussi le lith. degu et le goth. dags «jour». C'est pent-etre a cette racine qu'appartient foveo. On devrait alors le ramener
o grec et italique.
Ill
1. (IOQU et fioqpog (avoine, Hes.) ont ici peu ou point de valeur, parce que leurs themes sont de ceux qui re"clament o2 (p. 74 et 79). En principe il y aurait les memes precautions a prendre vis-a-vis des mots latins; mais o2 n'est pas si frequent dans l'italique qu'on ne puisse regarder Vo de vorare comme l'equivalent de Vo de flqcovai, ^prafta (sur vorri v. Corssen Beitr. z. It. Spr. 237). Nous ferons la mSme remarque relativement a stored, torus en regard du aroq hellenique. — 2. M. Pick (II3 145) place porro et IIOQGCO sous un primitif porsot (mieux: porsod), et separe nqoaaa ( = *ngo•tyco) de itoqoa; itoQQta. Bien que la distinction que veut e"tablir Passow entre l'usage des deux formes ne paraisse pas se justifier, on peut dire en faveur de cette combinaison: 1° que la metathese d'un nqoaco en n6qo
N'ont pas ete ruentionn.es: fiovkopai — volo dont la parente est douteuse (v. chap. VI), et nQorC auquel Corssen compare le lat. por- dans por-rigo, por-tendo etc. La position de la liquide deconseille cette etymologie, malgre le cretois itogri, et rien n'empeche de placer por- a cote du goth. faur, grec nagcc. Mots se rapportant aux tableaux a et b, mais qui contiennent un o long: f wxvg f mov
odor. ovum. ulna.] glomus1]. glodo.
xkco^co
f
I ftcopog [IOQ0V 1
fvrar
crodo. crocito. morosus WlOTlAWl*
nos.
1
1. /Wcofids ipcopog Hes. Le mot se trouve dans un fragment de Calliinaque. glomus in sacris crustulum, cymbi figura, ex oleo coctum appellatur. Paul. Diac. 98. M. Si l'on tient compte de glomerare et de globus, on a *fo7weo ou *fehveo; cf. nivem = *nihvem. Mais le sens de foveo laisse place a quelques doutes, qui seraient leves, il estvraipar forms «bois sec, matieres inflammables» si la parente de ce mot avec le premier etait assured. II est singulier toutefois que defomitatus signifie ebranche (Paul. Diac. 75 M. Cf. germ, bauma- «arbre»?). La rac. dha^jh^ se retrouve en grec dans tecp-qa «cendre» et dans le mot tuf, tofus (souvent forme de matieres volcaniques) dont le xocpicav des tables d'Heraclee rend l'origine grecque probable, rotpog est identique au goth. dag(a)s, au skr. -dagha.
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Racines et themes ou Ton doit supposer p.
sera porte a comparer le skr. gulma «bouquet de bois; troupe de soldats; tumeur ,>. — Mentionnons aussi la desinence de l'imperatif, lat. legi-to, gr. Xsys-za. c. O termine la ratine. ho: xci-vos co-(t)s, cii-neus (cf. ca-tus). gno: s-yva-v, yi-yvd-Guco, gno-sco, gno-tus, i-gno-ro yva-gipoq (cf. gna-rus, narrare). do: e-da-xa, d<xj-QOv, do-num, do-(t)s (cf. da-tits, da-re). i-do-[irjv, do-rog po: 6o\. 7t(6-v
Entre autres exemples limites au grec7 il faut citer les racines des verbes od^Ofiai, oto^iai, akad-m, cpaya, xortTa, d&sa, £<6vvv(ii, ojAWfu, 6vLvrj[ii. Nous trouvons o finissant la racine dans /3a) «nourrir»,
Age du phoneme o.
113
p. 120 i. n.), mais ramene a GKU (cf. GMQOV) il contient o2 et peut alors s'identifier au skr. chayd. Inutile de multiplier ces exemples douteux. — Le mot xoirjg' Legevg KafieiQav, O'XCC&CCIQCJV
(povsa (of Ss xo'^g; cf. noLaraf itQaxui) peut se comparer au skr. kavi, a moins qu'on ne le tienne pour etranger. Prepositions: itQOTi = skr. prati, nozi = zend paiti. Quel est l'age et l'origine du phoneme p? Nous nous sommes precedemment convaincus que le second o greco-italique («3), que e (cij), que a (A), ont leur existence distincte depuis les periodes les plus reculees. Mais quelles donnees avons-nous sur l'histoire du phoneme p? On peut dire qu'il n'en existe absolument aucune. Ce qui perraet d'affirmer que Vo2 du sud a eu son equivalent dans le nord; c'est que l'a qui lui correspond en slavo-germanique a des fonctions speciales et des rapports reguliers avec e qui le separent nettement de A. AU contraire le role grammatical de p ne differe pas essentielleinent de celui de A, et si, dans de telles conditions, nous trouvons que les langues du nord repondent a p absolument coinme elles font a A, nous sommes naturellement prives de tout moyen de controle relativement a l'anciennete du phoneme en question. Si Ton admet que p est ancien, Va des-langues du nord contient, nonplus deux voyelles seulement (a2 -J- ^i), mais trois: a2 -(- A -f- p. Si au contraire on y voit un produit secondaire du greco-itali.que, le seul phoneme dont il puisse etre issu, c'est A. — J'ai hesite bien longtemps, je l'avoue, entre les deux possibilites; de la vient qu'au commencement de ce memoire (p. 5) p n'est pas compte au norubre des a primitifs. Le fait qui me semblait militer en faveur de la seconde hypothese c'est que l'armenien, qui distingue de A le phoneme at, ne parait point en distinguer le phoneme g (p. 97). Mais nous ne savons pas s'il en a ete ainsi de tout temps, et d'autre part la supposition d'un scindement est toujours entouree de grosses difficultes. Ce qui parait decisif, c'est le fait frappant que presque tous les themes nominaux detaches qui contiennent la voyelle p se trouvent etre de tres-vieux mots, connus dans les langues les plus diverses, et de plus des themes en -i, voire meme des themes en -i deflexiontoute particuliere. Cette coincidence ne peut pas etre due au hasard; elle nous indique que le phoneme p s'etait fixe la de vieille date, et des lors il sera difficile de lui refuser ses lettres de noblesse indo-europeenne.
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Le phoneme o dans les langues du nord.
Les cas qui pourraient servir de base a l'hypothese ou p serait une simple alteration greco-italique de A , sont onko venant de ank, deja mentionne p. 104, oi-no «un» a cote de ai-ko aequus, la rac. ok, d'ou le theme okri, a cote de ok, socius-oicacov compare a sak dans sacer, et le lat. scobs de scabo. On pourrait attacher une certaine importance au fait que okri et soki (socius), a cote de dk et sak, se trouvent etre deux themes en -i (v. ci-dessus). Mais cela est trop probleinatique, et l'etymologie donnee de soki n'est qu'une conjecture. Pour itQoflatov de /Jo v. le registre. Beaucoup plus remarquable est le cas de ovg «oreille». L'homerique naQiqiov nous apprend que, en dehors de toutes les questions de dialecte qu'on pourrait elever au sujet de leol. na^ava ou de aav&a' ddog ivcotCov, l'o de ovg a comme equivalent, dans certaines formes, un a. Ce qui donne a la chose un certain poids, c'est que ovg appartient a cette categorie de themes de flexion singuliere qui est le siege le plus habituel du phoneme o et dont nous aurons a reparler. On aurait done un o, assure comme tel, accompagne de A. Malheureusement le lat. auris est embarassant: son au peut a la rigueur venir de ou, mais il pourrait aussi etre la diphthongue primordiale. Les exemples reunis ci-dessous permettent de constater d'un coup d'ceil que les phonemes par lesquels les langues du nord rendent o sont exactement les memes que pour A (p. 63) et pour a2 (p. 70). Dans les trois cas nous trouvons ce que nous avons designe, pour abreger, par a du nord (p. 51). Latin et Grec oculus, 0(J<>£: (?) odo,
6XT(6 :
mis, ol'g: hostis, —: nox (vvt,) '• potis, —
TioGig: itQoxC:
monile, fiovvog: rota —:
Lithuanien Paleoslave
Germanique
akls asztimi avis — naktfis vess-pati-
— — rdtas
oko germ, augen- = *agvenosnii goth. nJitau ovica vieux h*-all. awi gosti goth. gastinosfi goth. nalit— goth. -fadiproti — Vmonisto1 germ, manja— vieux h'-all. rad
1. Miklosich (Vergl. Gravnm. II 161) penae que ce mot est d'origine etrangere.
Le phoneme o dans les langues du nord.
115
Racines: gr. ox, on, lith. (at-)a-n-ku; gr. (pcoy, anglo-saxon hacan, boc; lat. fod, si. boda (le lithuanien a la forme incomprehensible bedu). Dans les mots qui suivent, on peut douter si Yo greco-italique n'est pas o2, ou meme, dans un ou deux cas, une voyelle anaptyctique: o£oj, goth. asts; OQQOS, V. h'-all. ars (Grdz. 350); ojcog, v. h'-all. saf, si. soM; ogvig, v. h'-all. ami-, si. o n K ; grecoit. orphos, goth. ar&»; greco-it. omsos, goth. amsa; collum, goth. &afe; co:ra, v. h'-all. hahsa; XOQCC%, lith. ssdrka «pie»(?); yoficpog, si. ^a&M; greco-it. porJcos, v. h'-all. fardh, si. firase pour *porse, lith. pdrssas; osq. posmos, lat. jpostf, lith. pdskui; longus, goth. 7a<7#s. L'o de ^oA?j (v. h'-all. ^a?/a) doit etre o2, a cause de l'e du lat. / R — Dans la diphthongue: greco-it. oiwos, germ, et boruss.
aina-; greco-it. Mouni, norr. Mmm (lith. sdaunis). J'ai fait plus haut la remarque que les idiomes du nord, en opposant au phoneme g les memes voyelles qu'au phoneme A, nous frustraient de la preuve positive, que ce dernier phoneme est aussi ancien que les autres especes dVf. II existe cependant deux series de faits qui changeraient du tout au tout l'etat de nos connaissances sur ce point, selon qu'on leur attribuera ou non une connexion avec l'apparition de g dans le greco-italique. 1. Trois des plus importantes racines qui contiennent o en grec: 68 ou cad «olere», ^cod «ceindre», 8a «donner», presentent en lithuanien la voyelle u: udiu, jusmi, diimi. De plus, le lat. jocus, dont l'o pourrait fort bien etre g, est en lithuanien jiilcas; uga repond au lat. uva, nugas a nudus1 ( = noguidus?). Au grec jicoJ1,fiof,dont l'o selon nous est o, repond le lette guws. En revanche hulas, par exemple, est en grec %alov (bois). Le slave ne possede rien qui corresponde a u (Jas-, da- = lith. jus-, du-); bien plus, le borussien meme ne connait point cette voyelle (datwei = duti), et le passage de o a u est une modification familiere aux dialectes lithuaniens. II faut done convenir que si reellement le phoneme o se cache dans I'M lithuano-lette, e'est par un accident presque invraisemblable. 2. Je n'ai parle qu'occasionnellement du vocalisme celtique, 1. II faut aussi tenir compte de Ivfivog' yvpvog (Hes.). Cette forme semble 6tre sortie de *vv[ivog par dissimilation. *vvpvos est pour *vv{lv6s *voyfv6g = skr. nagnd. 8*
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Le phoneme p dans les langues du nord.
et je ne le fais encore ici que par necessite, nies connaissances sur ce terrain etant tres-insuffisantes. Le vocalisme irlandais concorde avec celui du slavo-germanique dans le traitement de A et «2; les deux phonemes sont confondus. Exemple de A: atom-aig de la rac. ag agere; agathar, cf. a%Etai\ asil, cf. axilla; athir, cf. pater; altram, no-t-ail, cf. alo; aile, cf. alius. Voy. Windiscli
clans les Grundziige de Curtius aux numeros correspondants. D'autre part a,, devient aussi a. Nous l'avons constate plus haut dans les formes du parfait singulier et dans le mot daur = 86QV. En outre, d'apres le vocalisme des syllabes radicales, la voyelle sufiixale disparue qui correspondait a l'o2 greco-italique etait a. Mais voici que dans nocht «nuit», roth «roue», oi1 «mouton», ocht «huit», ore «porc», ro = gr. ngo etc., e'est o et non plus a qui repond a Yo des langues du sud. Precisement dans ces mots, la presence de o est assuree ou probable. — Comment se fait-il que dans le vieux gaulois l'«2 suffixal soit o: tarvos trigaranos, xov etc.?
Oliapitre IV. § 9. Indices de la plurality des a dans la langue mere indo-europeenne. Dans le systeme d'Amelung, Vo greco-italique et Ya grecoitalique (notre A) remontent a une meme voyelle primordiale; tous deux sont la gradation de Ye. S'il etait constate que dans les langues ariennes la voyelle qui correspond a Ya greco-italique en syllabe ouvcrte est un a long, cornine pour o, cette opinion aurait trouve un point d'appui assez solide. A la verite, le nombre des exemples qui se pretent a cette epreuve est extraordinairement faible. Je ne trouve parmi les mots detaches que uito — ab, skr. apa; axcov2, skr. cican (au cas faibles, comme dgna, syllabe fermee); alt,, skr. dgd; ad-fa, ve'd. atharii?). Mais du rnoiiis les themes verbaux de aga-ii, europ. Ag; bhaga-ti, europ. bliAg; nmda-ti, gre'eo-it. niAd; yaga-ti, gr. ccy; vata-ti, europ. nut (irland. faith, lat. 1. L'o est allonge par le w qui suivait. 2. Le T de uxovz- est ajoute posterieurement; cf. Isov t, fem. liaiva.
Correspondants ariens du phoneme A.
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vates) nous donnent une securite suffisante. Si Ton recherche au contraire les cas possibles d'un a arien correspondant, en syllabe ouverte, a un a (A) greco-italique, on en trouvera un exemple, en effet assez important: skr. agas, en regard du gr. ayog qu'on s'accorde a separer de ayog, ayiog etc.1 Le cas est entierenient isole, et dans notre propre systeme il n'est point inexplicable (v. le registre). Faire de ce cas unique la clef de voute d'une theorie sur l'ensemble du vocalisme serait s'affranchir de toute espece de methode2. On pourra done sans crainte etablir la regie, que, lorsque les langues europeennes ont A, en syllabe ouverte comme en syllabe fermee l'arien montre a iref. Mais ceci veut dire simpleinent que Va n'est pas un a long: il arrive en effet que dans certaines positions, par exemple a la fin des racines, ce n'est plus du tout un a, niais bien I ou i, au moins en sanskrit; qui se trouve place en regard du phoneme A des langues d'Europe. Voy. cidessous. Comment l'arien se comporte-t-il vis-a-vis de Ye europeen? II lui oppose aussi I'a href. Ce fait est si connu qu'il est inutile de l'appuyer d'une liste d'exemples. Le seul point a faire ressortir, celui qu'avait releve d'abord Amelung, celui sur lequel M. Brugman a assis en grande partie l'hypothese de a2, e'est le fait negatif que, lorsqu'pn trouve e en Europe, janiais l'arien ne presente d'a long. Si maintenant l'.on posait cette question-ci: Y a-t-il dans l'indo-iranien l'indice certain d'une espece d'« qui ne pent etre ni ax ni aa? nous repondrions: Oui, cet indice existe. L'-i ou i pour a n'apparait que dans un genre de racines sanskrites tout particulier et ne peut avoir ni la valeur ax ni la valeur a2 (§ 11 fin). 1. Pour des raisons exposees plus loin, nous serons amene a la conclusion que, si une racine contient At le present a normalement a long et que les themes comme aya-, bhaga- etc. n'ont pu appartenir primitivement qu'a l'aoriste. Mais comme, en meme temps, e'est precisement Faoriste, selon nous, qui laisse apparaitre A a l'etat pur, il ne saurait y avoir d'inconsequence a faire ici de ces themes un argument. 2. Le skr. vyala (aussi vyada) «serpent» est bien probablement proche parent du gr. vccXt] • cxcoiljjl, mais il serait illusoire de chercher a etablir entre les deux mots l'identite absolue: cf. ETJATJ, i'ovlog.
Les langues ariennes distinguent-elles i de a, ?
Mais si, precisant davantage la question, on demandait s'il y a dans l'arien des traces incontestables du dualisme ax : A tel qu'il existe en Europe, la reponse, je crois, ne pourrait etre que negative. Le role de l'l dans ce problerne est assez complique, et nous ne pourrons aborder la question de plus pres qu'au chapitre V. Deux autres points meritent particulierement d'etre examines a ce point de vue: 1° Les a longs tels que celui de svadate = gr. dSerai. Voy. § 11 fin. 2° Le traitement de kA, g2 et g\ dans les langues ariennes. Dans l'article cite des Memoires de la Societe de Linguistique, j'ai cherche a etablir que la palatalisation des gutturales velaires est due a l'influence d'un ax venant apres la gutturale. Je confrontais la serie indienne vakd, vdcas, c66a-t avec la serie grecque yovo-, ysv$0-, yave-(G&ai) et concluais que la diversite des consonnes dans la premiere avait le rapport le plus intime avec la diversite des voyelles suffixales observable dans la seconde. Je crois encore a l'heure qu'il est que cela est juste. Seulement il etait faux, comrne j'en ai fait plus haut la remarque (p. 90), de donner a To du suffixe, dans yovo, la valeur g ou A (O etant considere comme nne variete de A): cet o, nous l'avons vu, est a2. Voila done la signification du fait notablement changee. II prouve bien encore que rindo-iranieii distingue entre c^ et a2, mais non plus, comme j'avais pense, qu'il distingue entre at et A. La these, concue sous cette forme, devant etre soutenue, a ce que nous apprenons, par une plume beaucoup plus autorisee que la notre, nous laisserons ce sujet intact: aussi bieii l'existence de l'a2 arien est deja suffisamment assuree par l'allongenient regulier constate au § 7'. 1. Pour bien preoiser ce que nous entendions a la page 90, il faut dire quelques mots sur les formes zendes cahya et cahmcii. Justi les met sous un pionom indefmi ca, tandis que Spiegel rattache caltmai directement a ka (Gramm. 193). En tous cas le fait que, d'une fa^on ou d'une autre, ces formes appartiennent au pronom ka ne peut faire Fobjet d'un doute. La palatale du genitif s'explique par 1'^ que nous avons suppose Pour le datif, il ne serait pas impossible que l'analogue grec nous fut conserve. Hesychius a une glose rs'/ifiar tsivu. M. Mor. Schmidt corrige tsCv£i en rivsi. Mais qu'est-ce alors que ti^aii Si nous lisons TIVI, nous
Les langues ariennes distinguent-elles A de at1
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Le traitement des gutturales velaires an commencement des mots porte la trace tres-claire de la permutation a± : a2 dans la syllabe radicale. Mais laisse-t-il apercevoir une difference entre a1 et A? C'est la le fait qui serait important pour nous. II serait difficile de repondre par oui et non. A tout prendre, les phenomenes n'excluent pas cette possibilite, et semblent plutot parler en sa faveur. Mais rien de net et d'evident; point de resultat qui s'impose et auquel on puisse se fier definitivement. Nous supprimons done comme inutile le volumineux dossier de ce debat, qui roule la plupart du temps sur des exemples d'ordre tout a fait subalterne, et nous resumons: Quand l'europeen a k2e, g%e, gh2e, l'arien montre presque regulierement ca, ga, glut. Exemples: gr. ts66aQsg, skr. catvaras; lith. gesti, skr. gdsati; gr. d-sgog, skr. lidras. Ceci rentre dans ce que nous disions precedemment. La regie souffre des exceptions: ainsi kalayati en regard de xeXrjg, celer (Curtius Grdz. 146), gdmati en regard du goth. qiman1. Au groupe europeen JC2A l'arien repond assez generalement par ka. Seulement, bien souvent, on se demande si Ya europeen qui suit la gutturale est veritablement A, ou bien un phoneme hysterogene. D'autre fois le rapprochement est douteux. Exemples: gr. jc«Aog, skr. Jcalya; lat. cacuinen, skr. JcaMbh; lat. calix, skr. Jcaldca; lat. cadaver, skr. halevara? (Bopp); KccvSakor noild^uta, jidd-Qcc, skr. Icandard; gr. xccpaQa, zd. Jcamara; gr. xd^Ttri, skr. hampana; gr. xcuvog, skr. Tcanya (Pick); dans la diphtliongue, lat. caesaries, skr. ke'sara; lat. caelebs, skr. ke'vala; gr. Kaiqdag, umaxa.' OQvy^iata, skr. ke'vata, etc. 2 Pour g avons dans zsfipui le pendant de calvmai (cf. oret. ziCos pour noiog). Cependant les deux formes ne sont pas identiques; la forme greoque provient d'un theme consonantique Tcasm- (of. skr. Jcasm-in), ai etant desinence (v. p. 92); au contraire cahmai vient de liasma-. 1. Peut-etre que le g du dernier exemple a ete restitue posterieurement a la place de g, sur le modele dea formes telles que ga-gmtis ou la gutturale n'avait point ete attaquee. L'etat de ehoses ancien serait done ceiui que presente le zend ou nous trouvons gamyat a cote de ga-ymaf. 2. II est remarquable que les langues classiques evitent, devant a, de labialiser la gutturale velaire, au moins la tenue. Dans (c)vapor, le groupe hiv est priinitif, ainsi que l'indique le lithuanien, et dans nag il en est probablement de meme; Ttuopai est discute. II ne semble pas non plus qu'on trouve de Iw germanique devant A ; toutefois ce dernier fait ne a'ac-
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Ne'cessite d'admettre que l'indo-eur. distinguait A de %.
et gh, les cas sont rares. — Nous trouvons la palatale dans candrd, -gcandra (groupe primitif slc2) en regard du lat. candeo. A la page 85 nous comparions goth. skadus au skr. cat «se cacher». Or l'irlandais scdth prouve que la racine est skAt, non sleet1, et nous aurions ainsi un exemple bien clair de ca repondant a JCA; il est vrai que la gutturale fait partie du groupe primitif sk. Un cas semblable; ou c'est la sonore qui est en jeu ; est le zd. gad «dernander», irland. gad, gr. /Jagra (malgre jid^ay); ici le Sanskrit a g: gddati. Bref, il n'y a rien de decisif a tirer de ce genre de phenonienes, et nous devrons, pour etablir la primordialite du dualisme a^.A, recourir a une demonstration a priori, basee essentiellement sur la certitude que nous avons de la primordialite de a.,. En linguistique, ce genre de demonstration nest jamais qu'un pis aller; on aurait tort toutefois de vouloir l'exclure completement. 1. Pour sirnplifier, nous ecarterons du debat le phoneme p; son caractere presque exceptionnel, son role tres-voisin de celui de A, lui assignent une espece de position neutre et perinettent de le negliger sans crainte d'erreur. En outre Ye long des langues d'Europe, phoneme que nous rencontrerons plus loin et qni nest -peut-etre qu'une variete d'a, pourra rester egalement en dehors de-la discussion. Voy. au sujet d'c le § 11. 2. Nous posons comme iui point demontre dans les chapitres precedents et comme la base d'ou il faut partir le fait que le vocalisine des a de toutes les langues europeennes plus l'armenien repose sur les quatre a suivants: at ou e; a2 ou o; A OU a; 1 ou a. En outre il est etabli que o alterne re'gulierement avec e, jamais avec a; et semblablement que a alterne exclusivement avec a. Ce dernier point n'a pu etre encore bien mis en lumiere, mais au chapitre V nous le constatons d'une maniere positive. 3. L'apparition reguliere, dans certaines conditions, d'un a cuse pas d'nne maniere assez saillante pour pouvoir servir a demontrer la difference originaire de A et a2 au nord de FEurope. 1. Grrassmann decompose le vdd. matngcatu en mas ou mams «lune» et catu «faisant disparaitre ». Cette derniere forme repond au goth. slcadus. — Si Ton place dans la meme famille le gr. oxorog, on obtient une racine shot et non plus sMt. Comparez cjtoroft?j'j'tos et mamgcatu.
Necessite d'admettre que l'indo-eur. distinguait A de at.
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long arien en regard de Vo europeen (§ 7), phenomene qui ne se presente jamais lorsque la voyelle est en Europe e ou a, s'oppose absolument a ce qu'on fasse remonter a un meme phoneme de la langue mere Ye (ou Va) et Yo europeens. 4. D'autre part il est impossible de faire remonter Yo europeen au meme phoneme primordial qui a donne a. En effet, les langues ariennes n'abregent point a devant les groupes de deux consonnes (gasmi etc.). On ne comprendrait done pas comment Vo europeen suivi de deux consonnes est represente en arien par a bref (OQ-^ITJ = sarma, non «sarma», cpsgovri = hJiaranti, non «bharanti»). 5. Eelativement a o et a, trois points sont acquis: a) Ce qui est en Europe o ne peut pas avoir ete dans la langue mere le meme phoneme que ce qui est en Europe e ou a (v. ci-dessus, n° 3). j3) Ce qui est en Europe o ne peut pas avoir ete dans la langue mere le meme phoneme que ce qui est en Europe a (v. ci-dessus, n° 4). y) De tout temps il a ete reconnu que ce qui est en Europe a ne peut pas avoir ete dans la langue mere le meme phoneme que ce qui est en Europe e ou a. Ceci etablit que I'o et l'& europeens ont ete dans la langue mere distinds Vun de I'autre et distinds de tous autres phonemes. — Que savons-nous sur la portion du vocalisme de la langue mere qui repond a la somme e -f- a dans les langues d'Occident? Deux choses: cette portion du vocalisme differait de o et de «; et en second lieu elle ne contenait pas de voyelle longue. Reduites a une forme 'schematique; nos donnees sont done les suivantes: Indo-europeen Europeen x, bref. a a a Essayons a present de donner a x la valeur dun a unique. Voici les hypotheses qu'entraine necessairement avec elle cette premiere supposition: 1° Scindement de Va en e-a, a son entree en Europe. La question de la possibilite de cette sorte de scindements est une question a part qui, tranchee negativement, rendrait la presente discussion superflue. Nous ne fondons done point d'objection sur ce point-la. 2° Merveilleuse repartition des richesses vocaliques obtenues par le scindement. Nul desordre au milieu de cette multiplication des a. II se trouve que e est
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Necessite d'admettre que l'indo-eur. distinguait A de a,.
toujours avec o, et a toujours avec a. Un tel fait est inimaginable. 3° Les trois especes d'a supposees pour la langue mere (a o a) n'etaient pas, evidemment, sans une certaine relation entre elles: mais cette relation ne peut avoir rien de commun avec celle que nous leur trouvons en Europe, puisque dans la langue mere e et a, par hypothese, etaient encore un seul phoneme. Ainsi les langues europeennes ne se seraient pas contentees de creer un ablaut qui leur est propre: elles en auraient encore aboli un plus ancien. Et pour organiser le nouvel ablaut, il leur fallait disloquer les elements du precedent, bouleverser les fonctions respectives des differents phonemes. Nous croyons que cet ecliafaudage fantastique a la valeur d'une demonstration par absurde. La quantite inconnue designe'e par x ne peut pas avoir ete une et hotnogcne.
Cette possibility ecartee, il n'y a plus qu'une solution plausible an probleme: transporter tel quel dans la langue mere k schema dbtenu pour Veurope'en, sauf, bien entendu, ce qui est de la determination exacte du son que devaient avoir les differents phonemes. Quand on considere le proces de reduction des a deux fois repete dans le domaine indo-europeen: dans le celto-slavo-gerinanique a un moindre degre, puis sur une plus grande echellex dans les langues ariennes, et cela en tenant compte de la position geographique des peuples, il semble a premiere vue tres-naturel de croire que e'est la un seul grand mouvement qui aurait couru de l'ouest a Test, atteignant dans les langues orientales sa plus grande intensite. Cette supposition serait erronee: les deux evenements, il est aise de le reconnaitre, ne sauraient etre lies historiquement. Le vocalisme des a, tel que l'offre le slavo-germanique, ne peut en aucune facon former le substratum des pnenomenes ariens. L'arien distingue a2 de A et confond A avec av L'Europe septentrionale confond a2 avec A. II est un cas sans doute ou l'a2 arien est confondu lui aussi avec A (et a j , e'est lorsqu'il se trouve dans la syllabe fermee. 1. Sur une plus grande echelle, en ce sens qu'outre la confusion de et ^, il y a eu aussi plus tard coloration de a2 en a. Voyez la suite.
Groupement des diff. idiomes d'apres le traitement dea a.
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Mais, a l'epoque ou, dans d'autres conditions, se produisit l'allongement de a2, il est a peine douteux que, devant deux consonnes, ce phoneme conservat comine ailleurs son individualite. On peut done dire que 1'arien posterieur confond n1} A et a2 en syllabe fermee, mais que le plus ancien arien que nous puissions atteindre confond seulement ax et A. La figure suivante represente la division du territoire indoeuropeen qu'on obtient, en prenant pour base le traitement des trois a brefs dont nous venons de parler. II est fort possible qu'elle traduise fidelement le veritable groupement des differentes langues, mais, pour le moment, nous ne voulons pas attacher a cette repartition d'autre valeur que celle qu'elle peut avoir dans la question de Va. Les Celtes, par exemple, s'ils appartiennent au groupe du nord pour le traitement des voyelles (p. 116), sont unis par d'autres attaches a leurs voisins du sud. \ Celtes - \ Germains Region ou A, a, et a, . ,. , se mamtiennent tous trois distincts.
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AF \ ., o 7 sont oonfondus. \ # A X TLetto-blaves ^vjy1 ^-^ , jp \ ^> J^/JranienS Region ou A et «, HindoUS sont confondus.
Gh.apitre V. Role grammatical des differentes especes d'«. § 10. La racine a l'etat normal. Si le sujet de cet opuscule avait pu etre circonscrit au theme du present chapitre, le plan general y aurait gagne sans doute. Mais nous avions a nous assurer de l'existence de plusieurs phonemes avant de definir leur role dans l'organisme grammatical, et dans ces conditions il etait bien difficile de ne pas sacrifier quelque chose de l'ordonnance rationnelle des niatieres. C'est ainsi que le chapitre sur les liquides et nasales sonantes devra tenir lieu plus ou moins d'une etude de la racine a l'etat reduit, et que nous nous refererons au paragraphe 7 pour ce qui concerne cet autre etat de la racine ou at se change en a2.
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Le gouna.
Les racines se presentent a nous sous deux formes principales: la forme pleine et la forme affaiblie. A son tour la forme pleine comporte deux etats differents, celui oil Va radical est a2 et celui oii il est av C'est ce dernier etat de la racine qu'il reste a envisager; c'est celui qu'on peut appeler, pour les raisons esposees plus loin, l'etat normal de la racine. Voici d'abord les motifs que nous avions de dire, au commencement de ce travail, qu'une racine contenant i ou u ne possede sa forme pleine et inalteree que lorsqu'elle montre la diplithongue. Cette idee a ete emise deja a plusieurs reprises1. Ceux de qui elle emanait ont paru dire parfois que c'est apres tout affaire de convention de partir de la forme forte ou de la forme faible. On 'reconnaitra, je crois, l'inexactitude de cette opinion en pesant les trois faits suivants. 1. Des qu'on admet 1'existence de liquides et de nasales sonantes indo-europeennes, on voit aussi le parallelisme de i, u, avec r, n, m. Mais ceci, dira-t-on, ne prouve rien; je puis admettre avec les grammairiens hindous que ar est gouna de r, et semblablement an, am, gouna de n, in. En effet; aussi ce n'est point ladessus que nous nous fondons, mais bien sur les racines terminees par une consonne (par opposition a sonante). Pour pouvoir parler d'une racine bhudh il faudrait dire aussi qu'il y a line racine j)t. Car partout ou blmdh aprjaraitra, on verra aussi apparaitre pt, a condition seulement que la forme se puisse prononcer: bubmlh-ils, 2>a-pt-iis; i-jivd'-o^rjv, i-%x-6\iY]v. Sitot qu'on trouve bhaudh, on trouve aussi pat: bodhati, Ttsv&ezcu,; pdtati, ntterai.
Dira-t-on que at est gouna de t? 1. Sans poser de regie absolue, M. Leo Meyer dans sa Gntmmaire Comparee (I 341, 343) fait expressoment ses reserves sur la veritable fovme des racines finissant par i et u, disant qu'il est plus rationnel de poser pour racine srav que sru. Dans un article du Journal de Kuhn cite precedemment (XXI 343) il s'exprime dans le menie sens. On sait que M. Ascoli admet une double serie, l'une ascendante (i ai, u an), l'autre descendante (at i, au u); cela est en relation avec d'autrea theories de l'auteur. M. Paul, dans une note de son travail sur les voyelles des syllabes de flexion (Beitr. IV 439), dit, en ayant plus particulierement en vue les phenomenes da Sanskrit: «lorsqu'on trouve parallelement i, u (y, v) et e, o {ai, ay, ay;
Le gouna.
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2. Si7 pour la production de la diphthongue, il etait besoin d'une operation prealable de renforcement, on concevrait difficilement comment Va± du «gouna» devient a.2x absolument comme tous les autres av Au paragraphe 7 nous sommes constamment partis du degre a diphthongue, et nous n'avons pas eprouve une seule fois qu'en procedant de la sorte on se heurtat a quelque difficulte. 3. L'absence de racines en in, un; im, um; ir, ur (les dernieres, quand elles existent, sont toujours d'anciennes racines en ar faciles a reconnaitre) est un fait si frappant qu'avant de connaitre la nasale sonante de M. Brugman il nous semblait deja qu'il creat entre les roles de i, u, et de n, m, r, une remarquable similitude. En effet cela suffirait a etablir que la fonction de a et la fonction de i ou u sont totalement differentes. Si i, u, etaient, au nieme titre que a; voyelles fondamentales de leurs racines, on pe comprendrait pas pourquoi celles-ci ne finissent jamais par des phonemes qui, a la suite de a, sont fort communs. Dans notre conception, cela s'explique simplement par le fait que a ne prend qu'un seul coefficient sonantique apres lui. En vertu du meme principe, il n'existe point de racine contenant le groupe: i, u -f- nasale (ou liquide) -\- consonne. Quand on parle par exemple d'une racine sanskrite sine, e'est par abus: il est facile de s'assurer, en formant le parfait ou le futur, que la nasale n'est point radicale. Au contraire dans bandit la nasale est radicale, et elle persistera au parfait. Dans l'echange de la diphthongue et de la voyelle, il n'y a done pas a chercher avec Schleicher de renforcement dynamique ou avec Benfey et Grein de renforcement meeanique; il n'y a qu'un affaiblissement, et e'est lorsque la diphthongue cesse d'exister qu'un phenomene se produit. Quant a la vriddhi qui, d'apres ce qui precede, ne peut plus etre mise, meme de loin, en parallele avec le «gouna», nous n'en avons trouve aucune explication satisfaisante. II y en a evidemment deux especes: celle qui sert a la derivation secondaire, — vriddhi dynamique ou psychologique, si on vent lui dormer ce 1. Nous ne voulons point dire par la que a.z soit une gradation.
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La vriddhi. — Formations qui contiennent a,.
nom — et celle qu'on trouve dans quelques formes primaires coinnie yaii-mi,- d-gai-sam ou on ne peut lui supposer qu'une cause mecanique (v. plus bas). La vriddhi de la premiere espece est indo-iraiiienne; on en a signal e des traces douteuses dans l'indoeuropeen. La vriddhi de la seconde espece parait etre nee plus tard. Partout ou il y a permutation de ai, au, avec i, u, Ya de la diphthongue est dans les langues europeennes un e (ax) ou son reruplacant o (a.2), niais jamais A. NOUS verrons au § 11 que les combinaisons Ai, AH sont d'un ordre different et ne peuvent pas perdre leur A. 'Ce fait doit etre range parmi les preuves de la primordialite du vocalisme europeen. Passons maintenant en revue les formations ou la racine presente at, soit que ce phoneme fasse partie d'une diphthongue, soit qu'il se trouve dans toute autre position. La categorie de racines que nous considerons embrasse toutes celles qui ne renferment point A OU g} a l'exception des racines terminees par au et de quelques autres qui leur sont semblables. La question est toujours comprise entre ces limites-ci: est-ce a2, absence de a, ou bien \ qui apparait? a. TORMATIONS VEBBALES.
PRESENTS THEMATIQUES DE LA l re CLASSE VERBALE. Ils
ont invariablement av Grec: ley a;
tsCca, Q£(/)ca,
[IEVCO, (psQco; 6TS£%D),
ysvyta,
(jTtivdco, syncs etc. Curtius, Verb. I 2 210 seq. 223 seq. Latin: lego; tero, tremo; fldo pour *feido\ {ducopour*denco), -fendo, serpo etc. Gothique: giba; sniva, nima, baira; steiga, biuda, binda,
filha etc. Paleoslave: nesa;"sena,bera; meta, vlelca pour *veTkq etc. L'«
s'est frequemment affaibli en t, sous des influences speciales au slave. Les formes conime siva sont les equivalents des formes grecques comme Qe'fco. Sur la diphthongue en en letto-slave, cf. p. 66 seq. Lithuanien: degu; vejii, genii; le'ku, senku, Icertu etc. 1. mejo est peut-etre pour *meiho.
Formations qui contiennent al.
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L'irlandais montre regulierernent e. Langues ariennes. Ua, sauf quelques cas speciaux, est bref; par consequent c'est bien ax et non a2 que prend la syllabe radicale. Sanskrit vdhati; gdyati, srdvati, stdnati, blidrati; ce'tati, rohati, vdndate, sdrpati etc. SUBJONCTIP DU PRESENT NON-THEMATIQTJE ET DU PARFAIT.
Pour former le subjonctif, les presents de la 2e et de la 3 e classe ajoutent un ax thematique a la racine non affaiblie, c'est-a-dire telle qu'elle se trouve au singulier de 1'actif. Si le verbe n'est pas redouble, on obtient de la sorte un theme absolument semblable aux presents de la l re classe. Sanskrit hana-t, aya-t, yuyava-t, de hdn-ti, e'-ti, yuyd-ti. II nous a ete conserve en grec: si'co subjonctif de eijii (Ahrens II 340). Le pluriel eut ete sans doute *ELO^,SV (cf. hom. lofisv)1. II est extremement curieux que le parfait, qui prend a2 dans les formes non affaiblies, sauf peut-etre a la premiere personne (p. 72), restitue ax au subjonctif. Voyez les exemples chez Delbriick, Altind. Verb. 194. De gabhdr-a, gabhdra-t; de tatan-a, tatana-t, etc. Ici le grec offre un magnifique parallele dans si'do(isv, SL'SE-TS, subjonctif courant chez Honiere du parf. old-a. Une autre forme, 7t£7toi&o[i£v, s'est soumise a l'analogie de l'indicatif. e PRESENTS NON-THEMATIQUES (2 et 3" classe verbale). Nous recherchons si c'est at ou a2 qui apparait aux trois personnes de l'indicatif singulier (present et imparfait). Aux autres personnes, Va radical est expulse. La syllabe etant toujours fermee, nous ne pouvons nous renseigner qu'aupres des langues de l'Occident. L'exemple le plus important est celui de a^s «etre». Aux trois personnes en question, les langues europeennes ont unanimement e. Puis vient la racine axi «aller»: grec sipi, lith. eiml. Si arsv est le skr. sto «laudare», il est probable que Gxevzav appartient bien a la 2e classe, comme stauti (cf. Curtius Verb. I2 154). Naturellement, il faudrait regulierement *6zvrcu, la diphthongue est empruntee a 1'actif disparu2. 1. On a voulu voir dans les futurs ^Etofiai, niofiat,, i'Sofiai, v.tCa> etc. d'anciens subjonctifs. Les deux derniers, appartenant a des verbes de la 2e classe, s'y pretent tres-bien. 2. Tree-obscur est aovrai, a cote de G&VTCU. V. Curtius 1. c.
128
Formations qui contiennent at.
Ces exemples niontrent a1} et c'est at que nous retrouvons dans les aoristes eomnie e%eva, edGevcc qui ne sont en derniere analyse que des imparfaits de la 2 e classe. V. plus haut p. 21. La diphthongue au du skr. stauti, yauti, etc., est tout a fait enigmatique. Rien, en tous cas7 n'autoriserait a y voir l'indice de la presence de a2. Les diphthongues de a2) suivies d'un consonne, ne se comportent pas autrenient que les diphthongues de av II semble tout au contraire que ce soit de preference ati- et atu qui subissent en Sanskrit des perturbations de ce genre. L'aoriste sigmatique nous en offrira tout a l'heure un nouvel exenrple. Le present de la 3 e classe se derobe davantage a l'investigation. On a identifie, non sans vraisernblance, le lat. fert au skr. bibharti. Le grec n'a plus d'autres presents redoubles que ceux dont le theme finit en rj ou a. Sans doute on peut se deinander si %i\x%'k'Y\\j<,i n'est pas la metathese de Jttprf/I/M (v. p. 13 et le chap. VI). Cependant la certitude que nous avons que la voyelle est ax ne depend pas, heureusement, de cette hypothese. Meme si 7iitniA.rj[ii vient d'une racine nXrj, cet t\, comme aussi ceux de Ttoh7fu, lujfii etc., prouve que la formation ne prend pas a2; autrement on aurait «Ti&ca^ii, ica^,i». C'est ce que nous reconnaitrons au § 11. AORISTB SIGMATIQUE NON-THEMATIQUE. L'identite de l!aoriste grec en -aa avec l'aoriste sigmatique non-thematique comiu dans le Sanskrit et le slave est un fait que M. Brugman a definitivement acquis a la science (v. Stud. IX 313). La racine est au degre al} au moyen comme a l'actif. Exemples: e'erQEipa, eSsi,6a, ETIKBVGK, ezsv^a etc. Le slave a egalement e: nesil etc. 1 En Sanskrit cet aoriste allonge l'rt radical dans les formes de l'actif, mais nous avons vu plus haut que cette sorte de plie'nonienes, en syllabe fermee, ne se peut ramener jusqu'a present a aucun principe ancien, et qu'il est impossible d'en tenir compte. L'allongenient disparait au moyen. Le vocalisme de ce temps souleve neanmoins differents problomes que nous toucherons au § 1:2. — Sur certaines traces de a., a l'aoriste v. p. 73. Le subjonctif parsa-t, gesa-t etc. se reflete en grec dans les 1. Tout autre est le vocalisme de l'aoriste en -sa (d-diksa-t).
Formations qui contiennent a1.
129
formes honaeriques comme itaQcc-h£%o-[itti, apsiips-tai etc. V. Curtius Verb. II 259 seq. L'a radical est % comme a 1'indicatif, FUTUR EN -SYA. Par l'addition de -yax au theme de l'aoriste se forme le theme du futur. Le vocalisine ne subit pas de changement. E x e m p l e s grecs: GrgExpco, El'Goficu, itlEvGov^au,
iXEvGofica.
La necessite de l'e se voit bien par la forme xXevGofie&a, futur de KXVCO rapporte par Hesychius. Le futur lithuanien ne contredit pas a la regie. Le futur indien a ; lui aussi ; la forme pleine de la racine: vaksyd-ti, gesyd-ti, bliotsyd-ti. b. FORMATIONS NOMINALES.
T H E M E S E N - a s . N e u t r e s grecs: /Se'Aog, (iE'v&og1, /JyU'jrog, g, ye'vog, i'y%og, slgog, sXsyxog, shxog, slog, iitog, £Qs(los, , itog, d-EQog, %EQdog, hE%og, pilog, [isvog, (ligog, vs'fiog, VE(pog, nexog, rtEV&og1, rts'og, QE&og, 0%-ivog, GKEhog, (StEipog, tiyog, tixog, tikog, cpiyyog; — 8£(y)og, sldog, t£i%og; yXEvxog, EQEv&og, t,svyog, xsv&og, xXs'^og, QE^og, Gxsvog, tsv%og, %>EV-
Sog etc. D'autres encore chez Ludwig Entstehmg der a-Decl. 10. Souvent le theme en -EG n'est conserve que dans un compose: dficpi-QQEit^g, cf. QOJITJ; io-SvEq>rjg, cf. dvotpo-g; a-^,EQ(pEg' aiGiQov Hes. cf. fioQcprj. '^i-d-EQGTjg2 dans H o m e r e n'est point
eolique: &EQGog, en eifet conserve chez les Eoliens ; est le theme en -EG regulier de la rac. &EQG, et Q-uQGog, d-gccGog, sont formes posterieurement sur &gaGvg, &aQGvg (dans Q-UQGVVOJ). Pour les adjectifs (oxytons) en -EG, sur l'anciennete desquels differentes opinions sont possibles, ipsvdrjg atteste le meme degre av L'o du neutre o%og est du a ce que E%a «veho», en grec ; a abdique en faveur de 6%ia. Du reste Hesychius donne E%sGq>LV UQpaGtv. GKot-og vient d'une racine shot et non sket. Si Homere a dit 8vGitovr\g (au gen. dvGnoviog), c'est que novog, dans sa signification s'etait emancipe de la racine TCEV. Exemples latins: decus, genus, nemus, pedus, scelus, tempus, 1. pd&og et nd&og sont des formes post&'ieures faites sur {la&vg (p. 24) et sur na&siv (p. 20). 2. Ce nom a passe dans la declinaison des themes en -a. 9
130
Formations qui contiennent ai.
Venus, vetus (sur ces deux mots v. Brugman K. Z. XXIV 38, 43). Le neut. virus (gen. vlri) indique un primitif wa^is-as. Sur foedus, pondus, liolus, v. p. 80. En composition: de-gener. Le gothique donne riqiz-a- = £(>e(5og, rimis-a-, sigis-a-} Jieik-s-a-, veihs-a- (v. Paul Beitr. IV 413 sq.); ga-digis viole la regie. Paleoslave nebo, slovo pour *slevo (v. p. 67) tego «courroie», cf. vus-tqga; lithuanien debes-i-s, deges-i-s1; irlandais nem «ciel», tech tdyog] armenien erelc egejiog (K. Z. XXIII 22). Les langues ariennes sont en harmonie avec celles d'Europe, car elles ont: 1° la racine pleine; 2° a href en syllabe ouverte, c'est-a-dire «x. Skr. vdcas, rdgas, niunas, grdyas, grdvas; vdrcas, teg as, rohas. Les adjectifs se comportent de meme: yacds, tavds, togas2. THEMES EN -yas. En ajoutant -yas (dans certains cas ias) a la racine normale, on obtient le comparatif de cette racine fonctionnant comme adjectif. Le theme du superlatif est derive du premier an moyen dun suff. ta, dont l'addition a necessite l'affaiblissement du suffixe precedent, mais non pas celui de la racine. II convient done de reunir les deux classes de themes. Sanskrit sdhyas, sdhisflia; Vsepiyas, Jcsepistlia, cf. Fsiprd; rdgiyas, rdgistha, cf. rgil. Zend darezista, cf. derezra. Les cas ou le grec a conserve cette formation ancienne, uidependante de l'adjectif, sont precieux pour la determination de la qualite de IV. La rac. cpep donne (psQiGtog, Kepb xd^diorog; fir vv-s a pour comparatif ^ev-{y)av, XQccrvg ( = *xrtvg) XQSI6G
Formations qui contiennent dl.
131
Comparez ces deux series-ci: %£Q(ia, 6rik^a (Hes.); — nog^og, itXo%(iog, To'pftog, cpXoynog, GtoXfiog (page 74), en outre SQJIK «boucles d'oreilles» a OQfiog «collier»; «appui pour les vaisseaux» a OQfiog «rade» ; £'pft' odvvaav a ij; cpEQ{iiov, diminutif de *(p£Q[ia, a cpoQpog, %ev^a a %v[iog ' p o u r *%u[iog, *%ov[i6g (cf. £v{irj pour *£ov(irj, lacon. guj^og).
L'homerique oifta de ft «aller» a du etre forme sur l'analogie de oifiog. L'o de doy^ia parait etre un p. On n'est pas au clair sur dafia; en tous cas rien ne justifierait un primitif *66(i(ia. o%\ku ( = E%iia), que donne Hesychius, ne peut qu'etre moderne. En latin: germen, segmen, tegmen, termen (Varron). L'M de culmen est du a la consonne qui suit. Paleoslave breme «fardeau» pour *berme, sleme «culmen tecti» pour *selme, «reme«tenips» pour *verme. Miklosich, Vergl. Gramm. II 236. Sanskrit dhdrman, vdrtman, eman, homan, ve'gman etc. (Lindner 91 seq.). Zend saeman, frao&man etc.; mais aussipishman. /3) Les masculins et les adjectifs: Grec X£v&[i(6v -avog, hsificov -covog, xsha^av -covog, %ei^,(6v -covog; nXsvficov -ovog, TS'Q(ICOV -ovog; l'adjectif tsQa^cov -ovog. Derives: GrslfiovLui, (plEy^iovri, (HheyLv-o-v. Mots en -pjv: avr(irjv, Atfujv, itvd-jirjv et vprjv1. Ce dernier, d apres une etymologie reprise recemnient, — il a echappe a l'auteur qu'elle avait ete faite par Pott Wurzelworterb. I 612 — coincide avec l'ind. syutnan (neut.); il y a la un u long qui nous engage a suspendre notre jugement. Mais dans avturjv, Kfirjv et itv%\i-qv l'affaiblissement de la racine est rnanifeste 2 . Dans ces trois mots precisement le suffixe n'admet point a2. Parmi les masculins ce ne sont done que les themes en -ma^n qui offrent la racine au degre 1; cf. § 13. 1. 7toijiijv, qui parait contenir o, ne nous interesse pas ici. 2. La racine dCdvt-firiv se trouve sous sa forme pleine dans a(J-)st-jict. Fonde" sur les formes celtiques, M. Fick etablit que le x de ces mots n'est point suffixal (Beitr. de Bezzenb. I 66). — II n'y a pas de motif pour mettre vofiivri parmi les themes en -man. Le mot peut venir d'un ancien fern, vafil, a peu pres comme Scorivrj de Smtig. 9*
132
Formations qui contiennent a1.
— Les infinitifs en -fisv, -^.svcct n'offrent pas les garanties necessaires relativement au vocalisme de la syllabe radicale. Le latin a sermo, termo (Ennius) 7 temo = * tecmo. Le gothique a Miuma -ins, hiuhma -ins, milhma -ins, skeima -ins. Anglo-sax, filrnen = . g r . TCBA^K (Pick III 3 181). Quelques-uns des mots lithuaniens seront sans doute d'anciens neutres, mais cela est indifferent. Schleicher donne zelmu « verdure »; tesznui «mamelle» 7 ssmncns (plur. tant.) <
NSGXCOQ. ZIXB'VXCOQ; —
(Hesiode), %£i6%-r\Q «cable» (Tbeocrite) et jtsi6trjQ de (Suidas), vevxiqQ' %o^v^rjri]s (Hes.), ^SVXX^Q, TSVXTIJQ (id.).II y a de nombreux derives comme aAeiittriQLOv, &QSJttriQi,og, %Ev6xriQiOQ, &£(ixriQbec SOQXTJ xig. N o u s constatons dans ao un o irregulier, emprunte sans doute a aoprif. Cf. p. 76 i. n. Latin emptor, rector, vector, textor etc. 1. Un seul exemple vedique enfreint la regie: vidmdn «savoir, habilete». Eemarquons bien que le grec de son cote a l'adj. i'djacov. Cet adjectif n'apparait pas avant les Alexandrins. II peut etre plus ancien; pourquoi en tous cas n'a-t-on pas fait «siiJfiau'»? La chose est tres-elaire: parce que c'est presque exclusivement IS et olS, et presque jamais eli, qui contiennent l'idee de savoir (slScog = fsfiScog). Meme explication pour le mot IGXB>Q qui devrait faire nornialement «£i'oicoQ». On pourrait, sur cette analogie, songer a tirer de la forme vidiiidn une preuve de l'o, arien en syllabe fermee. L'arien, en effet, ne devait guere posseder wajA que dans le subjonctif du parfait. Le Rig-Ve'da n'a que dvedam oii Ton puisse supposer al (car vedas parait appa/tenir partout a ved «obtenir»); mais dvedam n'est pas necessairement ancien. On conyoit done qu'a l'epoque ou l'a2 de wa2ida subsistait comme tel wa^dman ait pu paraitre etrange et impropre a rendre l'idee de savoir. Le choix restait entre ivajdman et Kidman; ce dernier prevalut. 2. Par etymologie populaire: nvivfiav. Le lat. pulmo est emprunW au grec. itXsvQu parait etre le vieux sax. hlior «joue >> (primit. «cote»?).
Formations qui contiennent a1.
133
Pale'oslave bljustelfi, zetelji. Sanskrit vdktdr, yantdr, cetdr, sotdr, bhettdr, gostdr; bhdrtar, he'tar etc. — Zend gantar, mantar, graotar etc. Quelques exceptions comme beretar a cote de frdbaretar. Cf. § 13. Le sufiixe -tr-a demande aussi la racine non affaiblie. Elle a en general alt comnie dans le gr. SEQTQOV, XSVTQOV, (ptQtQov, mais on pent citer pour a 2 : QOTCTQOV de peTT et le norr. lattra- = *lalitra- «couche», gr. XS'KTQOV. THEMES EN -au. La flexion des themes qui suivent devait etre distincte de celles des autres themes finissant par u. La plupart sont feininins. Gr. vexvg masc., zend varu fern. Gr. yivvg, goth. kinnus, skr. lidnu, tous trois feminins. Goth, hairus masc.,, skr. gdru fem. Skr. dhanu fein., gr. *&evvg masc. (gen. &Tv6g pour *&svfog; cf. &st,vaV alyia.'kmv Hes.). Ici se placent encore skr. pdrgu fem.7 gr. %e'lvg (russ. helvi venant de *siluvi. J. Schmidt Voc. II 23), goth. qijjus, germ, lemu- «branche» (Fick III 3 267), lat. penus. Puis avec une accentuation differente, gr. deXcpvg, skr.
paragii = gr. ns'Xaxvg. — Cf. § 12.
Neutres: indo-europeen mdxdhu etpdjc^u.
Des trois formes que chaque racine (voy. p. 135) est susceptible de prendre; nous avons vu que celle qui est depourvue d'a ne peut pas pretendre a la priorite. Le litige n'est plus qu'entre les deux formes caracterisees par les deux varietes de Va, ax et a2. Ce qui nous semble decider sans conteste en faveur de ax, c'est la frequence de ce phoneme, et cela dans les paradigmes les plus importants. Par exemple dans toute la flexion verbale, ai ne fait son apparition qu'a deux ou trois personnes du parfait. Quelle raison avons-nous de croire que des gisements entiers de a1} tels que nous les apercevons dans les differents presents naient pu naitre que par l'alteration du phoneme a2? Au contraire, dans un cas du moins; nous prenons sur le fait le developpement de a2: c'est lorsqu'il sort de Yax thematique devant les consonnes sonores des desinences verbales (p. 87). Si ailleurs sa genese se derobe encore a notre regard, on entrevoit cependant la possibilite d'une explication; le phoneme n'apparait en effet qu'a certaines places tres-determinees.
134
Relation des phonemes al et a2.
Un phenoinene digne de remarque, mais qui, dans cette question, peut s'interpreter de deux fat^ons opposees, c'est l'apparition de «,, a l'exclusion de a2, dans les cas ou le rejet de Ya est prescrit mais en meme temps empeche par une cause exterieure (p. 48). Ainsi, au temps ou le pluriel de StSogxa faisait SsSrx^a)[isv, le pluriel de thoxa, avons-nous conclu p. 71 i. n., faisait zeT£x(a)[isv. M. Brugman montre comment le theme pad, accusatif pa2dm (jcoSa), empeche qu'il est de faire au genitif: pdds, s'arrete a, la forme pandas (pedis). Voila, pourrait-on dire, qui prouve que at est une degradation de a». Mais celui qui part d'un theme pa^d aura une reponse tout aussi plausible: pa2d est une modification extraordinaire qu'il n'y a aucune raison d'attendre dans les formes exposees aux affaiblissements; si l'affaiblissement est paralyse, c'est forcement le theme pur paxd qui apparait. Seconde question. Sans •vouloir se prononcer sur la priorite' de l'un ou de l'autre phoneme, M. Brugman tient que &,, par rapport a al} est un renforcement; que alf par rapport a a.2, est un affaiblissement (Stud. 371, 384). Nous-nieme, a la page 5, appelions a2 une voyelle renforcee. Ces designations prennent un corps si on admet que l'echange de «j et a2 est en rapport avec les deplacements du ton; c'est la l'opinion de M. Brugman. Si on pense, et c'est notre cas, que l'echange des deux phonemes est independant de l'accent, il vaut mieux s'abstenir dattribuer a l'un d'eux une superiorite qui ne se justifie guere. Si a2 est une transformation mecanique de a1} cette transformation en tous cas etait consommee a la fin de la periode proethnique, et les langues filles n'ont plus le pouvoir de la produire. II est fort possible par exemple que 7ilo%(iog n'ait ete tire de TCXEXCO qu'a une epoque qu'on peut ajipeler moderne. Mais il va bien sans dire que l'o de JtXo%{i6s n'est pas sor'ti de I's de %lka. La langue a simplement moule cette forme sur les substantifs en -/io-g qu'elle possedait auparavant.
§ 11. Role grammatical des phonemes A. et g. Systeme complet des voyelles primordiales. Quand on considere les cas suivants de la permutation a1 a2: goth. hlifa hlaf, gr. xXinxn xexlotpa, gr. imtog %-ifjtE, et qu'on leur compare les cas suivants de la permutation A A: goth. salca sol,
135
Le vocalisme des racines gravite autour de nx et a2.
gr. /1«(JXCO XiXaxa, gr. vv\x
(p. S). Dans de certaines conditions qui ne sont pas connues, aL est remplacepar a2; dans d'autres, mieux connues, il est expulse. &l e'tant expidse, la racine demeurera sans voyelle dans le cas oil elle ne contient point de coefficient sonantique. Dans le cas contra ire, le coefficient sonantique se montre a nu, soit a I'e'tat autophthongue (p. 8), et fournit une voyelle a la racine. Les phonemes A et o sont des coefficients sonantiques. Us ne pourront apparaitre a nu que dans I'e'tat reduit de la racine. A Vetat normal de la racine, il faut qu'ils soient precedes de a l7 et e'est des combinaisons a : -\- A, ^ + o? que naissent les longues A , Q. La permutation ax : a2 s'effectue devant A et o comme ailleurs.
a,
-
a, A
ajii
—i
—u
- »
a2m
a2r
CS2A
—m
—r
— A
z - Q
1
Racine Racine reduite pleine
Vocalisme des racines dans l'indo-europeen.
Designations utiles Pour «]/ etffljOapres la contraction: I t et ov » a2yi » a2p » » » : 22 et p2. La tlieorie resurn.ee dans ce tableau a ete appliquee plus haut a toutes les especes de racines excepte celles qui contiennent A et p. Ce sont elles que nous allons etudier maintenant. Pour distinguer l'une d'avec l'autre les deux formes que peut prendre la racine pleine selon que la radical est ax ou a2? il n'y a pas d'inconvenient a appeler la premiere le degre 1 (etat
136
Les formes radicales telles que era- et Sa-.
normal), la seconde le degre 2. Nous ne voulons pas dire par la qu'une des deux formes soit le renforcement de l'autre (v. p. 134). I. Racines flnissant par a. a. RACINE PLEINE AU DEGRE 1.
Ce qui parle bien haut pour que 2 et o soient autre chose que des voyelles simples, c'est que partout ou d'autres racines sont au degre 1, les racines en a ont une longue. Pourquoi, du fait qu'il finit la racine, Ya se serait-il allonge? Si au contraire 3 est assimilable a une diphthongue, Gta^icav en regard de Gratos s'explique exactement de meme que l'indien geman (S = axi rnonophthongue) en regard de gitd \ Toute racine en a est identique dans son organisme avec les racines comme Mi, nan3, et aussi tan, lliar (type A, p. <S). Nous avons ;i faire la revue des principales formations du degre 1 enumerees au § 10. II faut pour que la theorie se verifie que nous trouvions dans ces formations J X et ov Le nombre des exemples est restreint. Us n'ont de valeur que si Ve'change entre la racine pleine et la racine faible subsiste2. 1. Pour le grec, la soudure de l'augment avec uu .1 ou un o initial, soudure qui s'est accomplie a une epoqne prehistorique, est un parallele tres-remarquable aux contractions radicales que nous supposons. Dans ayov, oacpslov, Ya vient de at -\- A et Yd de a1 -{- g absolument comme dans ax5- et Sa-. On sait que M. Curtius (Verb. P 130 seq.) se sert, pour expliquer la soudure en question, de l'hypothrse de l'unite origiDaire de Ya. Nous ne pouvons done ni partager ni combattre sa theorie. 2. Pour plus de clartt5, qnand il est constate que 1'TJ d'une racine n'est pas Yrj panhellene, nous e'erivons toutes les formes par a. 3. Cette conception ne differe pas essentiellement de eelle qui a assez ge"neralement cours depuis Schleicher. Senlement comme hit en regard de hi est pour nous non une gradation, mais la forme normale, nous devons aussi pavtir du degre std et non de da. Voici, en dehors de cette difference de principe, ce qui est modifie: 1° Modification lie'e d'un cote a la pluralite des a, constituant de l'autre une nypothese a part: differents a peuvent former le second terme de la combinaison a + a, mais le premier a est toujours av 2" Modification decoulant de celle qui precede jointe a la theorie de a 2 : il s'effectue, au sein de la combinaison, un ablaut («, : o2). Par la meme la reconstruction a -\- a cesse d'etre theorie pure. — La difference de principe mentionnee, combinee toutefois avec la modification 1, s'accuse le plus nettement dans ce point-ci, c'est que Ya long se
Les formes radicales telles que <sx&- et Sco-.
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Sur les PRESENTS DE LA 2 e ET DE LA 3 e CLASSE, V. p. 146. La racine, dans les formes pleines, est du degre 1. AORISTE SIGMATIQUE (v. p. 128). Le grec fait e-6ta-6a, £-(ia-0a, Sva-Ga. Une forme comme s-Gta-Gcc, c'est-a-dire e-stea-sa de stea (sta^A) est le parallele parfait de e-Sei-Oa. Sanskrit d-lidsam, drdd-sam; zd. rtao-nh-a-f (subj.). FUTUE (v. p. 129). Grec (id-Gofiai, ara-ffa, cpcc-sco,
on peut citer i^iJCVQL-firj-rrjg, car il est bien probable que la formation en -%a s'est dirigee sur les anciens themes en -tar. Pour expliquer le mot obscur ayrjtcoQ (Iliade IX 404) ? le scholiaste se sert de %oXv-cpi\-x(aQ. On a aussi 6vd-xaQ, mais l'adj. verbal fait lui-meme ovcctog. Dans Gta-xr[Q et TCO-T^QLOV la forme faible est installee. Hesychius ^^la-tiqQ' £Q£vvrjTi]g, (larrjgsveiv [ia6T£V£iv, de (iccLopca. Latin ma-ter-ies (cf. skr. ma-tra) et ma-tums auquel on compare le si. ma-toru «senex», po-tor, po-culum == skr. pa-tram (il faut dire que po- n'existe pas). Les formations irregulieres ne manquent pas ; ainsi da-tor, Sta-tor. place au mime rang que I'a bref (quand cet a est aL), ainsi fiij-nog = mcaJcos n'est plus considere comnie renfprce en comparaison de
] 38
Les formes radicales telles que ct
Le Sanskrit, dont le temoignage est le premier en importance, ne connait que la forme pleine; le grec a plus generalernent la forme reduite, mais aussi la forme pleine; le latin ne decide rien. On peut done affirnier sans temerite que la formation reguliere demande les longues A, O} e'est-a-dire le double son O1A, axo, soit l'etat normal, comme pour toutes les racines. Cf. du reste le § 13. b. KACINE PLEINE AU DEGKE 2.
Voici ou se manifeste la realite de la reconstruction ea comme forme premiere de a. Dans les formations ou Ye radical est remplace par o (a2), le grec laisse apparaitre a la place de Yu long final, un m '. Ces cas, disons-le tout de suite, ne sont pas fort nombreux; mais ils se rerjetent dans les racines ou A est medial (fay: nv^ax-coyri), et nous croyons ne pas etre trop hardi en mettant Yew des parfaits Sanskrits comme dadliau en rapport direct avec eux. Pour eviter de separer les differentes formes du parfait, nous ferons la justification de ce dernier point sous la lettre c. Racine §a: jicc-[icc mais (5a-[i6g; cf. xsg-^ia,
xoQ-[i6g (p. 131
et 74). Racine ipa (tyaa, 4>r)-Q6g): ipa-fiog. i^aa est un verbe forge'. Le mot 0T
129
et 77). Neanmoins on a q>d-(ia et non *cpco-(iu. La racine yQa «ronger» donne yQ(6-vrj «excavation*. Ici encore: 6p,m-vr\ «tumeur», si le mot vient de o^aco; cf. ^CJ#I£. Devant le suff. -ra, yja fait ya: %a-Qa. Comme exemple servant a etablir que cette formation prend a2, je n'ai point d'autre mot a citer que GtpoS-Qo-g en regard de Gcpsd-uvog. De nierne ipua fait ipd-Qu3. Si a, co, ne sont pas des combinaisons de l e , ces faits nous apparaissent comme ime enigme. L'ablaut qui s'effectue au moyen 1. Cf. le dat. innm = l'nno-ui (p. 92). 2. Le dor. nolvrpcivos est tres-douteux. Ahrens II 182. 3. Voici des oas plus problematiques. A cote de Gnuzil-q et de ol67ta%7]\ al-aitatrj. L'homerique fisrKfiooi'tog vient peut-etre de ^.aiofun, mais le pres. parai, lui-meme tres-obscur, compromet la valeur de IV A l'to de coxulri et de §a>ta^iv fiuXleLv est oppose" un a dans yatdXai, mais OVTUW embrouille tout.
Les formes radicales telles que arro- en regard de ara-.
139
de Yo est par son essence meme lie a l'existence d'un ei. Sans a1} point de a2. D'oii un a aurait-il recu le pouvoir de pernmter avec le son o? II me semble que tout s'eclaircit au contraire si, a etant pour ea et comparable a la diphthongue ei, on ramene o a oa en l'assimilant a oi. II faut supposer de meme l'existence dune ancienne combinaison o2o; seulement elle n'est plus observable pour nous. Par exemple dans Sa-Qov, si nous jugeons d'apres %CO-QU de %a, la syllabe do se decompose en do2o^ tandis que le do de di-dco-fii represente deo. — Ces differentes combinaisons sont incorporees au schema donne plus haut. V- aussi page 145. Ce n'est que le plus grand hasard qui nous permet de surprendre encore les vestiges si significatifs de la permutation a : 5. La langue des Hellenes est a cet egard presque l'unique lumiere qui nous guide. Et meme pour elle, ces precieux monuments appartiennent au passe. L'echange vivant entre les deux voyelles a evidemment cesse depuis longtemps. Le latin n'a point d'exemple assure de Yablaut 21: A2. II n'y a pas lieu de s'en etonner: c'est tout juste si cette langue a garde quelques debris du grand echange ax: a2. Mais on peut dire sans crainte de se tromper que 22 en Italie serait distinct de AX aussi bien qu'en Grece. En germanique au contraire la difference n'est plus possible: Alt comme nous savons, devient o; 32 de meme. L'anglo-saxon grove, parf. greov, serait, restitue sous une forme plus ancienne, gro-ja, ge-gro. Des deux o de ce verbe, le premier repond a Yd du lat. grd-men (lt), l'autre est de meme nature que Yea de /Jco-ftqg (A2). Tout ce qui est vrai de Yd germanique Test aussi de Ya slave et de Yo lithuanien. Ces phonemes — qu'on peut reunir sous le nom d'a du nord, par opposition a Ye de la meme region — contiennent encore ox et o2) lesquels, etant confondus meme en grec, ne sont done distingues nulle part l'un de l'autre. Exemple: si. da-ja, da-ru, cf. gr. dt'-dra-ju, SW-QOV (ox et o2, v. ci-dessus). Avant de passer au. degre affaibli des racines en a nous ouvrons une parenthese, afin d'envisager sans plus tarder la question des racines qui en Europe finissent par e. Ces racines, 1. Sur les cas comme ayco oyfiog v. page 102.
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Parenthese: racines finissant par e.
en grec, font alterner la breve et la longue exactement cornme les racines en a et en o (o). Laissant de cote prealablement le probleine de l'origine et de la composition de Ye long, nous citons quelques exemples des formations du degre 1. Singulier actif du present de la 3 e classe (v. p. 147): ri-d-fj-^i, I-TJ-^II, di-drj-^u. Pour le singulier de l'aoriste actif, la formation en-xa de s&rjxa, , nous enleve des exemples; il y a s-6jitj-v si la racine est Aoriste en -6a: s-dy-Ga, e-vrj-6a(?). Futur:frrj-Gco,%-6co, dri-Qm. Mots en -(ia: avd-d-rj-^a, r]-fia, did-St]-(ia, vij-fiu, 0pj-ft« (rac. <5%-rj). Mots en -[icov: O-^-ftcov, ^-fxcav. Les mots en -Tijp, nous l'avons vu, out suivi l'analogie des adjectifs verbaux en -TO. Dans les formations du degre 2, on trouve a. Le veritable parfait de i'tjfu est a-co-na; cup-iana est rapporte par Herodien et par d'autres grammairiens. II y a eu addition de -xa sans modification de la syllabe radicale, v. p. 149. Les tables d'Heraclee ont avaaGd-ai1. Le verbe %i-%x-a forme son parfait sur une racine apparentee itrr] dont nous nous n'avons pas a rechercher ici la formation; nrr] donne regulierement ni-nxaxa~. Le participe %E-nxri-(J-)as n'a pas et ne doit pas avoir a. Le pros, dicoxeo permet de conclure presque a coup sur a un ancien parfait * ds-Sia-xa de bin (dis-fiai,) duquel il est ne lui-meme a peu pres comme avcoyco de avayce. Le parf. dsdico%a (Curtius Verb. II 191) est refait sur Sidxco. La racine ihy fait d-rj-^icov mais d-co-^iog; cf. rfQfiav, xoQfiog.
aca-rov vient probablement de arj-jit,; cf. vo0rog de v£6 (p. 76). L'accord des langues europeennes pour-l'c long est un fa au;i. Dans les idiomes germaniques, a l'excejition dugothiqu 1. Aumoyen Vco n'est pas primitif. II n'existait d'abord qu'au siugulier de l'actif. Mais la valeur de oette forme comme temoiu de Vco n'en est pas amoindrio. 2. Sur le Jtro) ainsi obtemi se developpent des formes fautives, grammaticalement parlant, comme irrcofttx et nrcoaig. 3. Durant l'impression de ce memoire, M. Fict a publie dans les Beitrcige de Bez:cnberger (II 204 seq.) d'importantes collections d'exemples relatives a Ye europeen. II est un-point sur lequel peu dc linguistes sans doute seront disposes a suivre l'auteur: c'est lorsqu'il place Ve du preterit pluriel germaniquf gebum (pour gegpum) sur le meme pied relativement a e que Yd de for relativement a a. — Le savant qui le premier attira Vat-
Parenthese: racinea finissant par e.
141
ce phoneme prend la forme de «, mais la priorite de 1'? a ete reconnue de plus en plus depuis Jacobi (Beitr. zur deutschen Gramm.). A la fin des racines, e se montre principalement dans gli^e «aller», dhe «allaiter», we«coudre», me «mesurer» ; we dfjvai, se «jeter ? seiner». Exemples du degre normal; gr. %L-%TJ-[IL, Y. h*-all. ga-m (cf. skr. gihite, lat. flo pour *fiho); gr. rj-^cc, lat. semen, v. h*-all. sa-mo, si. se-mt:, lith. se-men-s. A Y ablaut grec y\: a (Jrj(ii: i'caxa) repond exactement Vablaut du nord e:a (germ. lith. o). C'est celui qu'on observe dans les preterits gothiques sai-so, vai-vo, lai-lo, venant de racines se, ve, le. Le germ, do-ma-, employe comme suffixe, ne differe pas du gr. &co-[io; e apparaitdans de-di- « action». En lithuanien on z,pa-dona-s «sujet», lequel vient tres-probablement de la meme racine dhc. Le latin ici ne reste pas absolumentmuet: de la racine nv-dlt (vYi-ft-a), amplification de ne, il forme nodus. L'e long, dans notre theorie, ne doit pas etre un phoneme simple. II faut qu'il se decompose en deux elements. Lesquels? Le premier ne peut etre que ax (e). Le second, le coefficient sonantique, doit apparaitre a nu dans la forme reduite (p. 135). La forme reduite de %-n], c'est &s. En consequence on dira que e est fait de e -\- e. L'o de Q-co^iog alors representerait a, - j - e. Cette combinaison o2e, nous la connaissons depuis longtemps. C'est celle qui se trouvait dans le norn. pi. goth. vulfos, osq. Abellands, et a laquelle nous avons donne le norn de a2 (p. 91). Cependant — et ici nous abordons la partie la plus difficile et la plus obscure peut-etre de notre sujet — on s'apercoit en y regardant de plus pres que le temoignage du grec est sujet a caution et que 1'origine de l'e long est un probleme extraordinairement cornplexe. 1° Une combinaison axax parallele aux combinaisons a^A, a^i, axn etc. fait l'effet d'un de contre-sens. S'il y a une raison pour que a1} avec son substitut a2, possede des attributions qu'aucune autre sonante ne possede, pour que toutes n'apparaissent que comme les satellites de ce phoneme, comment admettre que ce meme at puisse a son tour se transformer en coefficient? tention sur l'e long europ^en est, si nous ne nous trompons, M. J. Schmidt Vocalismus I 14.
142
Parenthese: racines finissant par e.
2° Le grec parait etre le seul idiome ou les formes faibles des racines en e presentent e. Les principaux cas sont: &e-z6g, ti&s-(iEv; E-rog/is-^isv; ds-tog; Sis-fiat;[IS'-TQOV; i-Q^i-&r\v,a.-6y^rog, a-nlE-tog. En Italie que trouve-t-on? La racine europeenne se fait au participe sa-tus. A cote de re-ri on a rd-tus, a cote de fe-lix et fe-tus, af-fa-tim suivant l'etymologie de M. Fick. De la racine dhe «faire» vient fa-c-io1 (Curtius), de la rac. we (dans ve-lum, e-ve-lare) va-nnus. Les langues du nord ont renonce le plus souvent aux formes faibles des racines en a et en e. II y a done peu de renseignenients a esperer de ce cote-la, mais ce qui reste confinne le tenioignage du latin. M. Fick rapporte en effet a Me «souffler» (anglo-s. Navan) le germ. l)l&-da- «feuille» et a me «metere» (anglo-s. mavan) ma,-]>a- «ver». Suivant quelques-uns le goth. gatvo «rue» appartient a ge «aller». En lithuanien me donne matuti «mesurer». Peut-etre est-il permis aussi de nommer si. doja = goth. da[dd]ja de dhe «allaiter/>. Quant au goth. vinds, lat. ventiis, e'est une forme qui peut s'interpreter de plusieurs manieres et qui n'etablit nullement que we fasse au degre reduit we. Dans le grec nieme on peut citer a la rigueur xrao^iai et %Qdo{iai de Kir) et XP1 (Ahrens II 131), Ti-&a-0og de ©r) (Grdz. 253), [icctiov qui aurait signifie petite mesurc (v. le Thesaurus d'Etienne) et qui dans ce cas ne peut venir que de me «mesurer», 6na-vtg en regard du lat. pe-nuria. On pourrait invoquer, pour etablir que les formes faibles ont eu e des 1'origine, les racines secondaires, ou passant pour telles, comme med de me. Mais il s'agirait alors de demontrer dans chaque cas que la racine est bien reellement secondaire. Si elle remonte a la langue mere, nous considerons le type me-d et le type me ( = me -f- a) comme deux rejetons egalement anciens du tronc *me-. La racine germanique stel «derober» est censee sortir de sta (p. 65). Or cette derniere racine n'apparait nulle part sous la forme ste. On voit par la quel fond Ton peut faire sur ces racines secondaires, pour determiner le vocalisme de nos racines en e. II ressort de ce qui precede que la voyelle des formes re1. Con-di-tus de la meme racine peut se ramener a * con-da-tus.
Parenthese: racines finissant par e.
143
chutes de nos racines differe en tous cas de ce qu'on appelle Ye europeen. D'autre part nous ne voudrions pas identifier Ya de satus directeinent au phoneme A. Ce n'en est 7 croyons-nous, qu'une modification (v. p. 178 seq.). 3° On observe entre IV et Yd longs des langues d'Europo des variations surprenantes, incomiues pour les voyelles breves correspondantes. « en grec et en germanique: e en latin et en letto-slave. Gr. £-
lat. spes, si. spe-ja
a en greco-italique et en letto-slave: e en germanique. Lat. sta-men; gr. i-Gxcc-^u; si. sta-ti: v. b^-all. ste-m, sta-m (mais aussi sto-ma, -ins, en gothique). Lat. td-b-es; si. ta-ja: anglo-saxon ]>a-van ( = *J>e-jan). A I'inte'rieur du mot: gr. puxoav, si. maku: v. h'-all. mago. e en grec et en letto-slave: a en gernianique, etc. Gr. Ti-&rj-[ii, si. deti: v. h'-all. tuo-m (mais aussi ta-t). Gr. [lij-tis • goth. mo-da-. Lat. cera; gr. ntjQog: lith. koris (F. I 3 523). II faut mentionner encore le v. li*-all. int-chnaan en regard du greco-it. grid et du si. gna- (connaitre). Entre le grec et le latin la rneme instabilite de l'a long s'observe dans plusieurs cas: Gr. &Qa-vog, lat. fre-tus, fre-num. Gr. (icc-pav, lat. be-t-ere. Dans l'interieur de la racine: gr. ^fu, lat. ajo; gr. ijftcu, lat. anus (Grdz. 381). A l'tj panhellene des noms de nombre nEvtrjuovtu, s%rj%ovTU (Schrader Stud. X 292), est oppose en latin un a: quinquaginta, sexaginta. Les cas que nous venons de voir amenent a cette conclusion, qu'il est quasi impossible de tirer une liinite fixe entre Ya et Ye europeens. Des une epoque reculee la repartition des deux voyelles etait accomplie tres-certainement pour un noinbre de cas determine, et ce sont ces cas qu'on a en vue quand on parle de l e , de l'a europeen. Mais, je le repete, rien n'indique entre e et a une difference fonciere et primordiale. — Qu'on se rappelle maintenant les faits relatifs a la forme reduite des racines en e, le
144
Contractions de la combinaison ea.
participe latin sa-tus de se etc., qu'on pese aussi les considerations theoriques developpees en comnienc.ant, et Tonne sera pas eloigne peut-etre d'admettre la supposition suivante: les elements de I'e seraient les mimes que ceux de I'E, leur for mule commune e'tant at -j- A. Nous ne sommes pas en etat de donner les regies suivant lesquelles la soudure des deux phonemes a engendre tantot e tantot a. Nous faisons seulement remarquer qu'une telle hypothese ne lese point le principe de plionetique en vertu duquel le meme son, place dans les memes conditions, ne peut donner dans mi meme dialecte deux produits differents. II s'agit en effet de voyelles consecutives (at -\- A) qui ont subi une contraction. Qui voudrait nier que bien des facteurs dont nous ne savons rien, telle nuance d'accent dont la plus imperceptible suffisait pour modifier le phenomene l , ont pu etre en jeu dans cette contraction? II decoule de l'hypothese que l'co de /3«fto's et l'ra de •9-rafto'g sont identiques. Quant a L'EPOQUE DE LA CONTRACTION, c'est une question que nous avons deja rencontree a propos du nom. pi. vulfos et autres cas de ce genre p. 91. Toutes les fois qu'on observe une variation entre Ye et I'd comme pour le si. spe- en regard du germ. spo-, ce sera pour nous l'indice que la contraction est relativement recente 2 . Mais l'histoire du phenomeiie se decompose tres1. La prononciation des diphthongues lithuaniennes ai et an differe . du tout au tout, d'apres la description qu en fait Schleicher, selon que le premier element est accentue ou non. Et cependant ai et ai, du et au, sont entitlement identiques par Tetymologie. 2. L'echange assez frequent de Va et de I'e dans la inerne langue s'explique si Ton admet que les deux produits divergents de la contraction ea continuerent de vivre l'un a cote de l'autre. Ainsi le v. h'-all. ta-t a cote de tuo-m, le grec v.i~%t\-^i et v.i-%a-va, nr\-\t,u et na-%1 (p. 152), pjj'-ia)?
et si(i«-va; le lat. me-t-ior et ma-teries. — Un phenomene plus inattendu est celui de la variation e-a dans le meme mot entre dialectes tres-voisins. 11 va sans dire que ce f'ait-la ne saurait avoir de rapport direct avec l'existence du groupe originaire ea. Ainsi les mots rj^a, r\(ii-, yov%og, rj/iiQOS, prennent a dans certains dialectes eoliques et doriques, rj dans d'autres. V. Schrader Stud. X 313 seq. La racine §a donne en plein dialecte d'HeraelfSe §ov-§fjrig. En Italie on a 1'incomprehensible divergence de l'optatif ombr. porta-ia avec s-ie-m (== gr. sitjv). Le pale'oslave arepa en regard du lith. rope lequel Concorde avec L> lat. rapa etc. M. Fick compare ii ce cas celui du si. r'ekn «fieuve» oppose au lith. roke «pluie fiae»
145
Contractions de la combmaison ea.
probablement en une serie d'epoques successives dont la perspective nous echappe. Bien n'empecherait d'admettre par exemple que la rac. we «souffler» ou le mot bhrater «frere» aient opere la contraction avant la fin de la periode proethnique. Pour ce qui concerne Ve des formes grecques comme &£-tog, il sera plus facile de nous faire une opinion a son sujet, lorsque nous en viendrons a Yt indien comme representant d'un a bref. 11 suffit pour ce qui suit de remarquer que cet % est la voyelle qu'il faut attendre en Sanskrit dans toute forme reduite d'une racine en a. Abordons maintenant, en y faisant rentrer les formes des racines en e; l'etude du degre reduit. G. ETAT K^DUIT.
Dans les deux premieres formations verbales que nous aurons a considerer il y a alternance de la racine reduite et de la (II3 640). Ici l'hypothese d'une metaphonie produite par Vi suffixal qui se trouve dans IV lithuanien aurait un certain degre de vraisemblanee. — Enfln un troisieme genre de phenomenes, c'est la coloration germanique et eleenne de 1'e en a qui est un souvenir de l'ancien groupe ea, en ce sens qu'elle indique que Ve europeen etait en realite un a fort peu different de Va. En latin meme on a vu dans Yae de saeclum, Saeturnus (cf. Sdturnus) l'essai orthographique d'exprimer un e tres-ouvert. 1. II sera bon peut-etre de resumer dans un tableau les differentea especes d'a brefs et d'a longs (c.-a-d. doubles) que nous avons reconnues. Voici les a du greco-italique et du' germanique groupes d'abord uniquement d'apres les caracteres exterieurs: Greco-italique
Germanique
En marquant la relation des differents ,a entre eux on obtient: Etat primordial a
Greco-italique
9
e
ea (I,)
eg (o\)
e
o2
o2a (A2)
o2o (o2)
0
a
0
e a
0 0
Germanique a e
e
a
o 0
Cf. le tableau de la page 135. 10
146
Etat reduit des raeines en a.
racine pleine. La forme pleine (qui n'apparait qu'au singulier de l'actif) est au degre 1 pour le present (2e et 3 e classe), au degre2 pour le parfait. PRESENT DE LA 2 e CLASSE. Comparez
skr. as-mi ds-(s)i ds-ti s-mds
Ei-(u d-g EI-0I
I'-peg
cpa-ut cpa-c ~ qpa-xi qpd-uec
= phea-mi = p he a-si =phea-ti = pha-mes
On le voit, la racine pitea on pliatA ne se comporte pasautrement que la racine axi, la racine ats ou n'importe quelle autre racine. iitl<5%a-\xvii, verbe deponent, presente Va bref regulier. Curtius Verb. I ' 148. Le Sanskrit a presque completement perdu la forme faible; voy. plus bas. Pour 1'aoriste non-thematique, qiii est un imparfait de la 2 e classe, M. J. Schmidt (K. Z. XXIII 2*2) nous semble avoir prouve surabondamment ceci: toutes les formes grecques qui n'appartiennent pas au singulier de l'actif et qui ont une longue, ainsi s-ata-[i£v, sont des formes secondaires faites sur le rnodele de ce singulier, a moins qu'il ne s'agisse d'un genre de raeines special, les raeines a, metathese comme itXr]. L'a bref est conserve entre autres dans jia-trjv de £-§a-v, cpd-a-psvog de e-y&a-v, dans E-So-^iev, e-d-£-[iev, sl-pev1. En meme temps M. Schmidt afiirme le parallelisme si important de I'm, long du smr/ulicr avee la «gradation» telle quelle se trouve dans ei[u en regard de i'fisv. Dans 1'aoriste meme, nous connaissons mainteuant des formes grecques a gradation; ce sont celles qu'a decouvertes M. Brugman (v. Beitrdge de Bezsenberger II 245 seq. et ci-dessus p. 21), ainsi i-%nv-a en regard de s-yv-to. Schleicher, dans son Compendium, reconnait la quantite variable de Va. M. Curtius, tout en l'admettant pour le pre'sent et l'imparfait, est d'avis que 1'aoriste ne connaissait .originairement que la voyelle longue. Mais pouvons-nous mettre en doute l'identite formelle de 1'aoriste avec l'imparfait? Pour ce qui est de Va long persistant des formes ariennes, l'aor. d-patum n'est, 1. II semblerait, si i'otcizo chez Hesychius n'est pas coiTOmpu de j que ZGTUV ait on uu moyen ia
Etat re"duit des racines en a.
147
bien entendu, un argument a faire valoir contre la primordialite de (ta-rrjv qua la condition de regarder aussi le present ya^C cpafiev comme une innovation par rapport a panii pamas. II existe du reste en Sanskrit des restes de la forme faible restreints, il est vrai, au moyen: de dha a-dhl-mahi et peut-etre dhi-mahi (Delbriick p. 30), de sa (sa-t, sa-M) sl-mahi, de ma, au present, ml-mahe (v. Bohtl.Roth). Puis les formes incorporees dans le paradigme de l'aoriste en s comme dsthita et ddhita que cite M. Curtius1. PRESENT DE LA 3° CLASSE. La flexion grecque de 'i-Gxa-yu, l-6a-\Lt (cf. 6«-fta), Si-Sco-fii, tc-Qf7]-^i, L-rj-pu, est toute pareille a
celle de qpoi-fu. Le lat. dd-mus, da-te etc. refiete la forme faible. La 2e pers. das parait avoir suivi la l e conjugaison. L'equivalent detftdragserait *dos. Ici le paradigme indien n'a point perdu les formes reduites: gd-ha-mi, gd-ha-si, gd-ha-ti; pluriel ga-M-mas etc.; duel ga-M-vds. Au moyen on a, de l'autre racine ha (s'en aller), gi-M-'se, gi-M-te, gi-M-mahe etc. Ainsi se flechissent encore ma «mesurer» et dans le Veda les racines cd «aiguiser», ra «donner», ra (rinhi) id. La rac. ga «aller» conserve partout la forme pleine, uniformite qui, d'apres tout ce que nous pouvons observer, doit etre hysterogene. C'est ainsi que dans le dialecte vedique M «abandonner» a perdu lui-meme la forme faible. — Sur dadmds et dadhmds, v. p. 179. e PAEFAIT. L ' « du Sanskrit dadhaii (3 pers. sing.) nous semble fournir un nouvel indice de la variete primitive des a ariens. Si l'on met en regard dadhaii et £'ca[-3«], dgvau et lima (dvaii et 8vco, nau et vm), aslaii et oxrco, on se persuadera qu'il y a une espece da qui en Sanskrit se change en au a la fin du mot, et que cette espece d'd resulte d'une combinaison ou se trouvait a2. Les formes vediques qui sont ecrites par a comme paprd, drvU, indiquent simplement une prononciation moins marquee dans le sens de Vau (peut-etre a0). Partout ailleurs qua la fin du mot la voyelle en question est devenue a: dvadaca en regard de dvaii, dadhdiha en regard de dadhau. Dans uhsa, hota, sdJchd (v. § 12) la 1. Pour ecarter les doutes qui pourraient encore surgir relativement a l'extension de la forme forte telle qu'on la doit sapposer ici pour le Sanskrit, il faut mentionner qu'a Foptatif en -ya, le pluriel et le duel de l'actif {dvisyama, dvisydva etc.) sont manifestement crees posterieurement sur le inodele du singulier. V. § 12. 10*
148
Etat rSduit des racines en a. — Parfait.
non apparition d'au peut s'expliquer 1° par le fait que n, r, i, out persiste, tres-probablement, a la suite de Va jusqu'a une epoque relativenient peu reculee — on a meme pretendu trouver dans le Veda des traces de I'M et de IV —, 2° par la consideration que Va de ces formes est im a., allonge et non une conibinaison de a2. —
Pour les premieres personnes du subjonctif telles que dy-u ( = gr. £t-03, v. p. 127), la seconde des deux raisons precitees serait peutetre valable. Du reste ces formes ne sont connues que dans un nombre restreint d'exemples vediques et il se pourrait que Yd j fut de meme nature que dans papra, drrii. Determiner les formes primitives est du reste une tache malaisee. L'hypothese que la desinence de la l e personne du parfait actif est -in (v. p. 72, 42) repose sur une invraisemblance: il faut admettre, nous l'avons vu, que deux personnes distinguees l'une de l'autre par leur forme, le germ. *vaifitn et rait, se sont reum'es par analogie dans une seule. Si incomprehensible que soit ce plienomene; la nasale est indispensable pour expliquer les formes vaivo, saiso, dont nous nous occupons. Sans elle le gothique ferait *vaiva, *saisa, et ce sont en effet ces formes qu'il faut retablir pour la oe personne. L'identite de la l e et de la 3e pers. consacree dans les autres preterits amena une reaction qui cette fois fit triompher la premiere. En Sanskrit *dad]tam a cede au contraire a dadhaii: dadliad lui-meme renionte a dliadlia.,i-av — Les Grecs ont du dire d'abord *ecov et *f'ra. Nous soupcomions dans %iq>Y\' icpavr] (Hes.), de la rac. cpa qui se retrouve dans %scpr[6et(u, apcpadov, un dernier reste de ces formes antiques l . II est visible que le sing. *jis(i7]v (*^eji7jd-a) *^i^yj,
*ecav (*e
doit sa perte a la trop grande ressemblance de sa flexion avec celles des aoristes et des imparfaits, et c'est la aussi ce qui a produit le premier germe des innombrables formations en -%a. Jusqu'au temps d'Homere (Curtius Verb. II 203, 210) on peut dire que les formes en -xa n'ont pas 'd'autre emploi que d'eluder la flexion *jib(ir]v */fe'/fy-fra *^£/3ij: elles n'apparaissent que si la racine est vocalique, et, dans le verbe fmi, presque uniquemeiit 1. Les excmples de parfaits glosos dans Hesychius par des aoristes ne sont point rares, ainsi que l'a fait voir M. Curtius Stud. IX 465. — 11 faut considerer avant tout que le grcc ne connalt de l'aoiiste non-thematique redouble' que quelqncs formes d'impera! if (itinXvtt etc.).
Etat rdduit des raoines en a. — Parfait.
149
au singulier. A aucune epoque le moyen ne les adinet. — Dans les 3 e s personnes comn;e (ie'fia-xe, £W-XE on obtient en retranchant l'appendice -xe le type pur du grec tres-ancien. — Pour les conjectures qu'on peut faire sur la substitution d'rj et d'a a o dans Ts&rjxa, pE^auci etc. nous pouvons renvoyer a la page 154. Le moyen grec e-Gta-tai, de-do-tai, %k-%o-tui etc. conserve la forme faible pure. A l'actif (pluriel, duel, participe) on a un certain nombre de formes conime E-6t&-^EV etc., jis-jia-^,sv (inf.), te-tla-pev. Curtius Verb. II 1G9 seq. Comparez det-di-jisv dsidoL-xcc et £-<jza-[iev e-Gtrj-xa (pour *
s-atm-za).
Les formes faibles du Sanskrit presentent un etat de choses singulier. h'i qui precede les desinences et qui apparait aussi devant le v du suffixe participial (tasfhimd, dadhise, yayivan) est constamment un i bref. On a par exeniple papimd, paplvdn en regard de pi-fa, pl-ti, pipl-sati1. L'i serait-il la meme voyelle de liaison que dans pa-pt-imd etc., et Ya radical a-t-il ete elide devant elle? Tant qu'on ne connaitra pas la cause d'ou depend la quantite de Yi final de nos racines, il sera difficile de trancher cette question. PRESENT EN -ska (v. p. 22). Grec (lo-Gna, q>a-6nm. THEMES NOMINAUX EN -ta (cf. p. 14, 23). Formes indiennes offrant un i bref: clii-td «fendu» (aussi chata), di-td «attache* de da dans daman etc., di-td «coupe» de da dati (on trouve aussi dind, data et en composition -tta), mi-td «mesure» de ma mati, girtd (aussi gata) «aiguise» de ga rjigati (f. fble gigl-'), sthi-td de stha «se tenir debout». Le part, si-td «attache* vient de se (d'ou entre autres sisei) plutot que de sd (dans salii). — Formes offrant un I long: gi-td «chante» de ga gdyati, dlil-td de dlia dlidyati (inf. dhdtave), pl-td «bu» de pa pdti, sphi-td de spha spliayate «croitre». La formation en -tvd etant parallele aux themes en -td, nous mentionnons M-tvd (aussi hi-tvd) de lid gdhdti «abandonner» dont le participe fait lu-nd; cf. galiita et ugghita. — L'a s'est introduit dans quelques exemples comme ra-td de rd rdti, malgre rifHii et autres formes contenant Yi. Sur dhmdtd, frdtd etc., v. le chap. VI. Formes grecques: GtK-tog, (pa-tog, Ev-jio-rog, do-rog, no-tog, Ovv-Se-tog, aw-s-tog, frs-tog. J. Schmidt loc. cit. 280. 1. On a, il est vrai, l'optatif du parfait vedique papiyat, mais, outre que cette forme n'est pas conoluante pour la flexion du theme de l'indicatif, Vi peut y resulter d'un allongement produit par y. Cf. gaksiyat.
250
Etat reduit des racines en a.
Formes latines: ca-tus = skr. gitd, std-tus, dd-tus, rd-tus, sdtus. Cf. fdteor de *f"d-to-, ndtare de *na-to. En gothique sta-da- «lieu». THEMES NOMINAUX EN -ti (cf. p. 15, 23).
Sanskrit sihi-ti,
pl-ti «action de boire», pl-ti «protection» dans nr-pUi, sphl-ti a cote de spha-U, etc. — Grec 6ta-<] Lg, fpa-xig, %cc-xig (Hes.) d'ou %axCt,m, (io-Gig, do-6ig, ao-Gig, mais aussi Sa-xig (inscr.) et a^-jtoxig, 8i-<5ig, &(p-e<3ig, &t-Gi,g. — L a t i n std-tio, rd-tio, af-fd-tim
(p. 142). -ra (cf. p. 157). Sanskrit sthi-ra (compar. stheyas) de stha, sphi-rd de spha, nl-rd «eau»7 T. p. 101. THEMES NOMINAUX EN
L'l est comme on voit le seul representant indien de l'& bref finissant une ratine, sauf, a ce qu'il semble, devant les semivoyelles y et v, ou Ya peut persister comme dans ddyate qu'on compare a, Saiopou, dans yd-v-am = (io^-cHv (v. § 12). L'a de ddd&mana n'est pas le continuateur d'un a indo-europeen: il indique simplement que la forme a passe dans la flexion thematique. Sur Ya de madhu-pd-s v. p. 177. — Le z e n d a telleinent favorise les formes fortes des racines en a (ex.: data, -tfaiti, en regard du skr. hitd, sthiti) que c'est a peiiie si Ton peut encore constater que Yi dont nous parlous est indo-iranien. On a cependant vl-mita, zarto-miti de ma «mesurer» et pitar «pere» 1 . L'i existe aussi dans l'anc. perse pita. 11 est a croire que les formes comme fraoreiv&ta et pairibaren&nulia que M. Justi place dans la 9 e classe verbale sont en roalite thematiques. Leur a ne correspond done pas a 1'* Sanskrit. II. Eacines contenant u n a medial. Les phonemes A et o, suivis d'une consomie, ne se comportent pas autrement que lorsqu'ils terminent laracine. Le rapport de Xa6 a cid est a cet egard celui de TieuG a TrXeu ou de i>€pK a qpep. G'etait done une inconsequence de notre part que de dire, an chap. IV: h:s racines dltAbh, lup, tout en disant: la ratine sti; 1. Patar est, parait-il, une fausse leijon. V. Habscbmanii dans le diet, de Fick I P 799.
Forme veritable de oertainea racines greeques.
151
c'est dhlbh, Ii2p ( = dha^bh, Jca^p) qui sont les vraies racines. Mais cette notation, avant" d'etre motivee, n'aurait pu que nuire a la clarte. C'est en grec que le vocalisme des racines contenant un A medial s'est conserve le plus fidelernent. Celles de ces racines qui finissent par une sonante, ainsi &ul, dav, ne seront pas comprises dans 1'etude qui suit. Elles trouveront une mention a la fin du paragraphs — Tout d'abord nous devrons determiner la forme exacte des principales racines a considerer. II est frequent que des phenomenes secondaires la rendent a peu pres lneconcaissable. Nous posons en principe que dans tout present du type {lav&uvco on a le droit de tenir la nasale de la syllabe radicale pour un element etranger a la racine, introduit probablement par epenthese. Bien que la chose ne soit point contestee, il est bon de faire remarqner que les presents cornme lifimivco, itvv&dvofiai, dans lesquels la nasale, d'apres ce qui est dit p. 125, ne peut pas etre radicale, rendent a cet egard le doute impossible. I. 1. Bac. cFab. La nasale n'apparait que dans avSdvca pour *cc9va>. II n'est done pas question d'une racine aJ-avS. 2. Rac. Xa6, pres. Xav&dva. Meine remarque. Cf. p. 61. 3. Rac. Aacp. Le pres. lafi(Savvco1. La these de M. J. Schmidt (Toe. I 118) est: 1° que la nasale de lapfiuvto est radicale; 2° que irji/iofiat, lr\ic%6g, sont sortis des formes nasalisees que possede le dialecte ionien: ld(iipo^ai, XajiTtzog etc. On pourrait demander, pour ce qui est du second point, pourquoi la meme transformation ne s'est pas accomplie dans idptpa) (de ld(ina>), dans MKJM/XB, y^KfiJTrog, nldy^co, itXayntog etc. Mais ce serait peut-etre trancher, a propos d'un cas particulier, une question extremement vaste. Nous devons done nous contenter ici d'avancer que toutes les formes du verbe en question peuvent se rapporter a Xaq), que plusieurs en revanche ne peuvent pas etre sorties de Xanqp. De Tavis de M. Curtius, les formes ioniennes tirent leur nasale du present par voie d'analogie. 4. Racine 6acp. De quelque facon qu'on doive expliquer &dp(log ( = *d-acpvog?), l'aor. tzacpov et le parf. re&cimx indiquent que la nasale n'est pas radicale. Le rapprochement du skr. stambh est douteux, vu les phenomenes d'aspiration des mots grecs. II. Marines qu'il faut e'earter. 1. A la page 103 nous avons ramene Xay%dvco a une racine \exX- O n s'explique facilement la formation de sl'Xrjxa a cote de l'ancien XiXoy%u par le parallelisme de Xay%dvco, £Xa%ov (= Xh%v(o, iln%ov) avec Xa[i(Sdva>, t'Xuflov ( = XAfivco, sXAfiov).
2. %av8dvtn
pour %a8v(o ( = %nSvco) vient de xev&) oomme le prouve le fut. 1. Devant n, ph devient f, v, b; puis HXaflov prend & par analogie. Cf. , z&iyov en regard de xni%og.
152
Forme veritable de certaines racines grecques.
Le parfait n'est pas si bien 'conserve que pour \exx: il s ' e s t dirige sur le present et fait ne%oivda au lieu de *ins%ovSa. — Les formes grecques se rattachant a Sdnvco conduiraient a une racine ban; mais les formes indiennes sont nasalisees. Or nous ne pouvons pas admettre de racine dAnk (v. p. 182). II faut done supposer que la racine est da^nlc. Alors Sdnvco, tduiiov, sont pour Snnvm, sSnnov, et toutes les autres formes grecques, comme STI^OJIUL, dqyiia, sont engendrees par voie d'analogie. Mais par la meme on est autorise a s'en servir, en les faisant deriver d'une racine fictive 6SK. Va du v. h*-all. zanga, d'apres ce qui precede, est un a2, non no A. III. II y a des couples de racines dont l'une a n ou m, l'autre A pour coefficient sonantique, ex.: g.fl^n et (j./^A «venir». Les seules qui nous interessent ici sont celles du type B (p. 8). 1. Le grec possede a la fois |uevO, prouve par ^Bv&r^qai, et (tiaG, prouvt- par (Tci-fiad-fa. Les formes faibles comme fia&eiv, fiav&dva (*(icc9vw) peuvent, vu le vocalisme grec, se rapporter aux deux racines. 2. PevO ((Sev&og) et (3d6 (§fjaaa); fia&is peut appartenir a @sv& aussi bien qu'a (Sad- (v. p. 24). 3. irev9 et iraG (cf. p. 61). Quoique les formes nrioofiai = wstcoftat et Ttiqaag = nu&wv ne reposentque sur de fausses lemons, l'existence de iraS est probable pour deux raisons; 1° TT€V-6 suivant 1'opinion tres-vraisemblable de M. Curtius, est une amplification de TTEV. Or, a cote de TTEV, nous avons irv) ou ira dans Ttij-jxa1. 2° Si les a de 7tda%m, mx&ziv etc. peuvent s'expliquer par tine rao. •nev-G, en revanche Va du lat. pa-t-ior suppose necessairement une base pa et non pena. IV. Parmi les racines mal determinees dont nous parlions a la p. 59, celle de nr]yvv[ii n'est peut-etre pas un cas desespere. II n'est pas trop hardi de s'affranchir de la nasale du parfait gothique *fefanh (faifah) et de la rapporter comme celle du lat. panxi (cf. pepigi) a la formation du present que presente le grec itrjywfii. Ainsi nous posons la racine pig (ou PAIC). En outre, pour ce qui regarde le grec, nous disons qu'il n'y a pas eu infection de la racine par la nasale du suffixe, que nfj^cti par exemple n'est pas pour «7ray!c«». Ceci revient a contester que Ttrjyvv^i soit pour 1. Pour le fait de l'amplification cf. fiE^-fr et fia-ft qui viennent de men et via (fifj«s), ^sv& et (Sad qui viennent de g.2em et g^a etc. Curtius Grdz. 65 seq. Dans plusieurs cas l'addition du determinatif date de la langue mere; ainsi fiav-fr, (Ja-fl-, §d-
Les racines contenant un A medial, en grec.
153
*nayvviit, *7tuyyvvpi., comme le veut M. J. Schmidt (Voc. I 145). Voici les raisons a faire valoir: 1° Bienque la regie doive faire en effet attendre i, les cas comme Ssi-xvvfit, ^tvyvvfii, montrent de la maniere la plus e'vidente qu'il y a eu devant -vv, introduction secondaire de la forme forte. M. Schmidt, il est vrai, tient que ei, sv, sont eux-rne*mes pour iv, vv, mais sur ce point Fadhesion de la plupart des linguistes lui a toujours fait defaut. 2° D'apres la meme theorie, .qiflvvy.i serait pour *qayvv[t,i (cf. sQQayriv)- Done les Doriens devraient dire gayvvfii., mais ils disent, au present (Abrens II 132), Qr'iyvvfii. Cela etablit 1'introduction pure et simple de la forme forte.
La loi qui preside a l'apparition de Va long ne se verifiera pas pour toutes les racines. Certains verbes, comme &dma ou Idntco, ont completement renonce a Yd long. Nous reviendrons sur ces cas anormaux (v. p. 157 seq.). Nous passons a l'examen des principales formations verbales. Sauf une legere inegalite au parfait actif, le Terbe Xu&a conserve le paradigme dans sa regularity ideale. Comparez (psvyco l(pvyov nitpevya neq)vy[ievog (psv^o^iai, cpvxrog 1 kud-a ala&ov Xsla&a Xska0fisvog la0O[iai -XatStog (leatho elathon leleatha lelasmenos lea(tti)somai lastos) e PRESENT DE LA l CLASSE (cf. p: 126). Outre haftco, on a fraya, xada, raxm, ddo^iai, puis 6rptm et x^ym dont YTJ, VU i<sd%y\v et r^idyev, represente d, et sans doute aussi drja. Avec Q: %lco&<3, TQeoym, cpmya; de plus (5eo'((j)of«M, %m{a)oiiai (p. 173).
Curtius Verb. I 2 228 seq. Sur le pres. Srpuo v. ibid. AORISTE THEMATIQUE (cf. p. 9, 20). En regard des presents kad-co, ddo^iat,, *riidya (t^riycci) on a: s-la&o-v, s-vdSo-v, di-ex^idyo-v. II est permis de restituer a mdxwv un present *mdxa. La longue de TtrrfaGca est incompatible en proincipe avec la formation en -yea. L'origine recente de ce present est done aussi transparente que pour cpa£a a cote de qxoya. La longue des presents fait defaut pour e-Xd^o-v, i'-Xdxo-v, simplement parce que ces presents ne suivent point la l e classe; au parfait Va long 1. La rac. \S9 est sortie de Id (p. 61) comme it\r|-6 de it\r\, mais le paradigme qui lui a ete impose etait ancien. — II va sans dire que leatho est une transcription sche'matique, destinee seulement a mettre en evidence la composition de Yd long; a l'epoque ou les elements de cet d etaient encore distincta, l'aspire"e eut ete' probablement dh.
154
Les racines contenant un A medial, en grec.
reparaitra. De £wc vient t,ov0dco pour goto'-fffrra (Grdz. 611). Sur les aoristes isoles tels que Etpuyov v. p. 161. L'AORISTE THEMATIQUE REDOUBLE (cf. p. 10, 20) a le nieme vocalisme radical que l'aoriste simple: XE'-XCCQ-O-V, hE-kafle'-a&cci, Xs-Xaxo-vto, •XE-%ayo-ir\v (Curtius Verb. II 29). Au contraire i'HE-(ir]Ko-v est un plus-que-parfait (ibid. 23). Meme affaiblissernent a L'AOKISTE DU PASSIF EN -r) (cf. p. 46 i. ii.): de com E-6cmy\-v, de JOCK i-taxtj-v, de TuqiY tfiays-v. De Fay, Homere emploie a la fois ayr\ et £-ayr\. A L'AORISTE NON-THEMATIQUE (cf. p. 2 1 , 146) ccG-fievog est a cFab ce que %V-ILEVOS est a \z\). PARFAIT. AUX principaux presents a voyelle longue cites ci-dessus correspondent les parfaits Xs'-Aafr-a, xi-xaS-a, TEX«K-K, E-aS-a (lie par le sens a avdavea), 6£-<5rpt-a, soit *oi-6a%-a. — Repondant a des presents de diverses formations qui contie,nnent une voyelle longue: {LE-firjx-ag (^irjxdofiaL), i-nrrji-a (jiTiqoaa), E-ay-a (^dyvvfit,), ne'-Jtrjy-a {%v\yvv\ii) etc. — Repondant a des presents de diverses formations qui contiennent uue voyelle breve:
Ki-Xrpi-a (IK<5KCO\
£l'-Xr}(p-a (Aftft/Javra), xexijcpE Hes.
(xcmvco) et d'autres, comme Ttscprjva, qui se trouvent appartemr au genre de racines dont nous faisons abstraction provisoirement (v. p. 151). Le parf. zE-d-rjTC-a n'a point de present propreraent dit. Soit a l'aoriste, soit ailleurs ; les racines de tous les parfaits precites j>resentent quelque part un « bref. La longue au parfait singulier est normale, puisque cette formation veut la racine pleine. Mais nous avons \ , et la regie demande II,: on devrait trouver «Xe'Xad-cc» etc. de meme que pour les racines finissant par 1 on attendrait «/3£/3co%«, fOro%«» etc. (p. 149). C'est la un des cas assez frequents ou le phoneme A., manque a l'appel et ou il est difficile de decider comment au juste il a du disparaitre. Est-ce que, avant la contraction, ca s'est substitue a oa? Nous voyons de meme la diphthongue ov, sur le point de perir, se faire reinplacer par EV. Y a-t-il eu au contraire une reaction du present sur le parfait posterieure y, la contraction? On pourrait recourir a une troisieme conjecture: la presence de a.2 a la premiere personne n'etant garantie par aucun fait decisif (p. 72), la flexion primitive a peut-etre ete: 1° p. UXa^a, 3 e p. */U'/tra#£; plus tard Va se serait generalise, Quoi qu'il en soit, nous possedons encore
Les racines contenant un A me'dial, en grec.
155
ties vestiges de Yco du parfait qui ne semblent point douteux: ce sont les formes doriques ts&ay^Evof fis^is&vG^isvoi, xiftaxxui' %s%v\i,taxai (Hes.) de dayco.1 L'co s'est communique a l'aoriste dans Oxol-at et &a%&Eig (Ahrens II 182). Du reste ; rnerne dans tE&axxai et tEd-coyjie'voi, il ne peut etre qu'eniprunte au singulier de l'actif qui, par hasard, ne nous est pas conserve. De plus, a cote de favat,, on a le parf. uvcoya. Cette forme sans doute pourrait etre plus probante si Ton en connaissait mieux la racine. Au pluriel, au duel, au participe, et dans tout le moyen l a long ne peut pas etre ancien. La flexion primitive etait: xi&aya outE&coya,
re'd-ayccg, xs'&coys, *xs'Q-ayfiEv,*XE&ayc6g;
moy.*xs-
d-ay^iai. Les temoins de la forme faible sont les participes feminins horneriques kelaxvia, ^sfiaxvtm; on peut citer aussi tt&ulvlu, GstjUQvZa et aQaQvia (Curtius Verb. II 193). Le masculin a toujours r\, peut-etre en raison des exigences du vers. En tous cas cette difference n'est pas originaire. — A cote de on a X£xa
— d«§o-
fia^, sdfj^diifjv (dansHippocrate d'apres Veitch) de ddxvco; lutyofuu de Xanficcva. Parmi les FORMATIONS NOMINALES, nous considerons d'abord celles ou se montre A2. Cf. p. 181. Themes en -o et en -y\. De Fay «briser», nv^iar-ayrf. Malheureusement on pourrait supposer une contraction de xvjiato^ayij; mais la meme racine donne encore Layrj (Grdz. 531). La racine qui est dans le lat. capio forme xmnrj. AC3$Y\ en regard de lobes (les deux mots ne peuvent guere etre identiques). De uoiK, dans [iccxoda (et non fiaxxodco, v. Pauli K. Z. XVIII 14, 24), vient pcjxog;
de TTTSK, %xm%6g. De ftauOGco, ftoaxog. Sous le
rapport du vocalisme radical, le gr. a5/xog est au lat. dmarus ce que -Xoi%6g par exemple est a liyuvog. A i>ri%a appartient ipm%og' yrj tpa(i[icodr]g; Ya se trouve dans ipaxxrjQ etc. 2
Si Ton
1. Pour la signification v. Ahrens II 343. 2. II est vrai qu'il y a aussi un verbe ip
156
Les racines contenant un A medial, en grec.
rattache caxvg a la rac. ax, il a A2. L'ra de dyayog et dxcoxrj aurait line plus grande valeur sans la reduplication. Themes sans suffixe. De meme que qpXey donne (plot,, de meme TTTOIK donne %%<££,. De OSTT OU Oaqp «admirer» vient &m^ «le flatteur» comme cela ressort de ftijitav ilanaxmv, xoXaxsvmv, et d'autre part de cette definition de &(6i>: o ^exa syxcofiiaGtrjg (Hes.). Le verbe ftcanta ne peut etre qu'un derive de &aip comme 7ttc6<30ca Test de meat,. Themes de diverses formations. A cote de a^Aug: cf. %mQ(z (p. 138). A cote de Idyvog: Xaydg' jropvjj; cf. voting, GitOQag, toxdg etc. M. Bugge (Stud. IV 337) rapporte vayalov «friandise» a un verbe qui a du etre en germanique *snaln) *snoh. On a reuni xvadalov (et xvcodaov) a xvadcdtetuv xvri&txai; toutefois xvcoip, xvanavg, en sont bien voisins. 77pat£vg vient peut-etre de la rac. pr7d qui est dans le goth. frafjan. Les exemples de « pour « ne manquent pas: Oay donne dido's, Oan xfrptov Q-avjiuGTOv; ia\ xayog (cf. irayyv); Fay forme, en meme temps que xvfiaT-coyij, vav-ayog et rjyov xarsayog. De meme, qpep donnant cpoQ&ca, XCCK devrait donner
(Eschyle). Themes en -as (cf. p. 129): ddog, xadog, fiaxog, a-ka&% EV-(/)ayrig (cf. iccjrj). Les suivants, jilus isole's, ne sont pas accompagne's de formes ayant Ya bref: ftft^0?? <*3r°S (fatigue, dans Euripide); d-t,Tq%>]g, d-Gxrjd-^g, xijxog, r ^ o g . Exemple contenanto: vcoQ">]g en regard de vo&og.
La meilleurc preuve de la posteriorite de formations comme &dkog, [id&og (Eschyle), ce sont les composes vso&rjlfjs, ^ rjg, ou subsiste la longue. C'est ainsi encore que rhoinerique est remplace plus tarcl jiar svnuytfg. Peut-etre la breve de ayog = skr. agas (p. 117) comporte-t-elle une explication analogue malgre l'isolement de ce mot. Themes en -yas (cf. p. 130). On a le superl. [laxiGtog qui est a fiaxQog, ce que le skr. li'sepistha est a Ysipra. Quant a Ya long
Lea racines contenant un A medial, en grec.
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qui se manifeste dans l'accentuation des cornparatifs neutres [iccGGov, &cc60ov, [icMov, il est prudent de ne rien decider a son egard, d'autant plus que le dialecte homerique n'admet pas Yij dans ces formes. M. Ascoli ; d'accord en cela avec d'autres savants, les explique par la merne infection qu'on observe dans ^isCt,av (Kritische Studien p. 129). M. Harder (Be alpha vocali apud Horn, produda, p. 104) eite des tenioignages pour l'aceentuation fidaeov et fiaAAov. Les THEMES QITI EEJETTENT at auront A autoplithongue: Themes en -nt. Certains d'entre eux comme ecpodgog, CO%Q6S (p. 156) prennent «2. Une seconde serie affaiblit la racine, par exemple /U/3pog, itixgog, Gtitpgog, de XeiP, TTEIK, cxeicp; Xvygog, ipvdgog, de Xeuy, ipeub; iXacpgog de *XeYX5 Sanskrit Jcsiprd, chidrd de ksepj ched, nikrd, riibhrd de goc, cobh; grdhrd, srprd de gardh, sarp; germanique digra- «epais» de deig; indo-europeen rudhrd «rouge» dera^udh. Dememe, COITT, soit sa^Ap, fait (Tajrpo'g; |uo(K XdG donne IU&QK. On peut placer ici taneQog de TSK et 'de TTSY, si YE J est anaptyctique; axgog de &K est regulier aussi, sauf l'accentuation. Theme en -n (cf. p. 157 23): xayyg. Themes en -ta (cf. p. 14, 23, 149). La forme faible est devenue tres-rare, mais a-laetog de Xd6 et le verbe TCCMTOCI a cote de nantog en sont de surs temoins. II n'y a pas a s'etonner des formes comme zaxtog, Xaittog, nuxtog, plus que de celles comme (psvKTog qui, elles aussi, remplacent peu a peu le type cpvxTog. Revenant aux formations verbales, nous examinons le vOcalisme des racines dont le present se fait en -yco ou en -tea. En Sanskrit la 4 e classe verbale affaiblit la racine. En grec les formes comme vi£a, OtC^co, %lvt,a, flalla de fisk, navvat de xev (p. 103) et beaucoup d'autres attestent la merne regie. 1 Rien de plus normal par consequent que Yd bref de a£o(iai, jicc^a, edttco,
6q)d£
1. II est naturel que cette formation, une fois qu'elle eut pris l'immense extension qu'on sait, ne se soit pas maintenue dans toute sa rigueur. Evidemment un grand nombre de verbes de la l r e classe ont, sans rien changer a leur vocalisme, passe dans la quatrieme. Ainsi TIIQW, cf. lat. tero, 8SLQO> a cote de SSQCO (quelques manuscrits d'Aristophane portent SaiQco qui serait regulier),
158
Les racines contenant un A medial, en grec.
(pcoya) sont aussi peu primitives que XELQCO (V. p. 157 i.n.). parait ne s'etre forme qu'en pleine epoque liistorique (Curtius Verb. I 2 166). Les presents en -TOO sont analogues: ditxa, (Santa, &d7ttu>, Xdnxa, Gxditxca etc. montrent Va bref. Seul enfreint la regie, car pour ftanxco (p. 156) et GXCOJCXCO, on peut sans crainte y voir des denominatifs; cf. itai^co, naly^a, nacyviov venant de %aiq. Dans les temps autr.es que le present, les verbes en -ya et en -to restent en general sans gradation (nous adoptons pour un instant cette designation des formes pleines de la racine). C'est la solidarite qui existe entre les difFerentes formes du verbe a cet egard que fait ressortir M. Uhle dans son travail sur le parfait grec (Spracliwissenschaftl.Abhandlungen liervorgegg.aus G.Curtius' Gramm. Ges. p. 61 seq.). Mais, au lieu d'attribuer a certaines racines et de refuser a d'autres une faciilte inherente de gradation, ainsi que le fait l'auteur, il faut dire au contraire que lbrsquela gradation fait defaut, c'est qu'elle s'est perdue. Qu'est-ce qui a occasionne sa perte? C'est precisement, si nous ne nous trompons, Vexistence d'un present sans gradation, coname ceux en -yco et en -to. Ainsi l'analogie de 6(pdt,03,fidiixa,^KTCZCO, Idnta, CxditTa etc. a peu a peu etonffe les formes fortes cornme *Xax ou *6m%. Les parfaits font Itlucpa, eGxuqxx, les futurs X&ipca, Gxailia etc. Les verbes contenant t et v, comme GxC^ca, 7tri0Gco, VLTITG), xvma, tVTCtca, se comportent de meine, e'est-a-dire qu'ils n'admettent nulle part la diphthongue x . Ces anomalies ne font done pas pericliter la theorie du phoneme i. D'ailleurs il y a des exceptions: xdntca (Hes.): xsxijgia; xa66co (rixaia): xuy6$\ anxa: rjTtdofim (Curtius); Ka.%ldt,
Les raoines contenant un A medial, en dehors du grec.
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entre les deux formes. Pareillement le pres. Iddxco laisse subsister le parf. Nous passons a l'examen des principales formations verbales dans les langues europeennes autres que le grec. PARFAIT. Le germanique nous presente o: goth. sok, hof. L'o doit etre du degre 2 et correspondre a l'ra regulier de te-Q-cay-, non a l'a hysterogene de re-tax-e. Par la meme unification que nous avons vue en grec, Yd du singulier s'est repandu sur le pluriel et le duel, et Ton a solium, sohu, au lieu de *sakum, *saku. De meme l'optatif devrait faire *sahjau. Le participe passif, dont le vbcalisrne est en general celui du parfait pluriel, fait encore saJcans. II y a une proportion rigoureuse entre sok: sakans et bait: bitans. Un autre reste de la forme faible, c'est inagum dont nous avons parle a la page 64. Le latin a scubi, odi, fodi; l'irlandais ro-gdd (pres. guidiu). e PRESENT DE LA l CLASSE (v. p. 153). Latin labor (cf. labare), rado, vado (cf. vadutn), rodo1. Goth, biota et hvopa. Ici o est du degre 1. — Le parf. hvaihvop (*baiblot ne nous a pas ete conserve) a garde la reduplication, aim de se distinguer du present. Si le germanique faisait encore la difference entre 22 et lt, cela n'eut pas ete necessaire. Paleoslave pada, pasa. — Lithuanien mo'Jcu, szo'ku, et aussi sans doute plusieurs verbes qui suivent a present d'autres formations, comme Jedsiu «tousser» (cf. skr. Itasate), ossiu, Icdssiu, droziv, globiu, vdJciu; bdstu, stokstu. Schleicher Lit. Gr. 235 seq. PRESENT EN -ya. Goth, frafija, haf'ja, hldhja, skafcja etc.; lat. capio, facio, gradior, jacio, lacio, quaiio, patior, rapio, sapio, fodio. Ces formes sont regulieres (v. p. 157). II faut mentionner en lithuanien vagiu «derober» et smagih «lancer*, dont les infinitifs sont vogti, smogti. PRESENTS DU TYPE
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I*es presents du type «y
draga, hlafta, slcaba, §vaha etc. — Le latin la prefere aux presents a voyelle longue comrne vado, mais l'emploie moins volontiers que la forme en -io. II a ago, cado, scdbo, loquor; puis des exeinples ou la consonne finale est une sonante, alo, cano; enfin les presents rares tago,pago; oh, scato (Neue Pormenl. I P 423). Les deux derniers, bien qu'ils appartiennent a la langue archa'ique, sont probabiement secondaires 1 . — Le grec n'a que ayco, yl&tpco, ygdrpm, ^d%o[iai,, o-frojua, et les formes tres-rares a%ofiai, j3Aa'/3oJX<M2. — On trouve dans les verbes lithuaniens enumerees dans la grammaire de Schleicher: hadii, leash, lalai,3, plaku. Enfin le paleoslave, si nous ne nous trornpons, a seulement boda et moga. Nous n'hesitons pas a dire que ces presents ont subi un affaiblissement dans leur racine. II n'y a aucun motif pour s'effrayer de cette consequence forcee des observations precedences. II est indubitable que xlvco, /U'rojttu, et d'autres presents grecs sont des formes faibles. D'ailleurs si, plutot que d'adniettre cet affaiblissement, on renoncait au parallelisms de lr\&co avec 7tsto[icci, XBITKO, on arriverait, contre toute vraisemblauce, a faire ou de Xr\Q-a ou de jiia^ofKu un type a part ne rentrant dans aiwune cate'gorie connne. A cela s'ajoutent les considerations suivantes. L'indo-europeen a eu evidemment deux especes de themes verbaux en -a: les premiers possedant la racine pleine et paroxytons., les seconds reduisant la racine et oxytons. Rien ne permet de supposer que l'un des deux caracteres put exister dans un meme theme sans Tautre. En Sanskrit et en zend, les oxytons de la langue mere donnent des aoristes et des presents (6 e classe). En grec il n'y a point de presents oxytons, et un theme ne peut etre oxyton qu'a la condition d'etre aoriste. Nous devons done nous attendre, sans decider d'ailleurs si la Ge classe est primitive ou 11011, a ce que les themes faibles, lors meme qu'ils ne seraient pas attaches a un second theme servant de present, aient une certaine tendance a se flechir a l'aoriste. Et les themes du type Xnte-, ou nous pouvons con1. On ne connait pas le present de rabere; celui de apere parait avoir ete apio. 2. II est douteux que ygKco et Xdco soient pour yqaa a> et Xua-co. 3. Dans son glossaire Schleicher donne lakiu.
Les presents du type ayoj.
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troler l'affaiblissenient de ]a racine, verifient entierement cette prevision. A cote des presents yXvysiv, TVXELV (Hes.), ils donnent les 6xvy£lv, $Qa%ELv ( = ^r%etv).
XXVEIV,
h'ts6&ai,
GTC%EIV
l
,
aoristes SMELV, iUy^siv, {IVXEIV,
De ce qui precede il ressort que les differents presents grecs pour etre vus sous leur vrai jour, doivent etre juges conjointement aux aoristes isoles de meme forme radicale, lorsque ces aoristes existent. Or pour le type [ia%s ils existent. A cote des presents uysiv, cc%e0&at,, fikttfiE6&aL, yldysiv, ygdcpeiv, [id%e<S&ai, O&EG&CCI,, on a les aoristes isoles fiaxsiv, xa
(se declarer).- Et si cette propension a se flechir a l'aoriste etait chez le type XLXE un signe de l'affaiblissement radical, n'avonsnous pas le droit de tirer la meme conclusion pour le 1. a%i%ovoi donne par Hesyckius a ete r-estitud dans le texte de Soe, Antigone v. 1129. — Le nombre des presents de cette espeoe est difficile a d^te-rminer, certains d'entre eux e"tant tres-rares, comme lipsi, Mfiav pour Isifisi, d'autres, comme yli%o(Lcti,, que plusieurs ramenent a *yitajtofi«t, etant de structure peu claire, d'autres encore comme Xva devant etre ecartes a cause de I'M long du Sanskrit. 2. Pour saisir dans son principe le fait employe ici comme argument, il faut en realite une analyse un peu plus minutieuse. Tout d'abord, ilsemble qu'on doive'faire une contre-epreuve, voir si les themes contenant £ ne se trouvent pas dans le meme cas que ceux contenant a. Cette contre-epreuve est impossible a priori, vu qu'un theme contenant £ est fort, et qu'un aoriste fort ne peut qu'etre hysterogene. L'aoriste rdgulier des racines contenant s a toujours la forme JTT-E. En revanche le soupcon d'une origine recente ne saurait atteindre les aoristes tels que cpccysiv, vu leur ressemblance avec le type Xa&siv de Xri&m. Le fait se resume done a ceci: au temps ou l'aoriste etait pur de formes fortes, ou il ne contenait que des formes faibles ou des formes dont on ne sait rien, les differentes especes de themes dont il s'agit se repartissaient de la maniere suivante entre l'aoriste et le present: Present nets Wti ^X8 Aoriste — Smi cpayi Pour que les themes du type iia%£- pussent comme ceux du type lirs- et a I'encontre de ceux du type nets- se flechir comme oxytons (soit a l'aoriste), ils devaient etre des themes faibles. Du reste nous ne demanderions pas mieux que de donner pour un instant droit decite aux aoristes isoles contenant s, et de faire le simulacre de la contre-epreuve. On n'en trouverait qu'un seul: llstv (tvQflv = J-V 11
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Les presents du type aya>.
Tout parle done pour que [id%o[icu soit un present exactement semblable a XUoyuat. Depuis quelle epoque ces themes faibles se trouvent-ils au present? C'est la en definitive une question secondaire. Si Ton admet dans la langue mere une 6e classe des presents, XITOJICCI, [id%oncci, pourraient etre fort anciens et n'avoir fait qu'abandonner leur accentuation premiere. Nous croyons cependant, coinme nous y faisions allusion plus haut, que clans la premiere phase du grec, tous les anciens oxytons, quel qu'ait etc I'etat de clioses primitif, ont du passer d'abord par l'aoriste, que par consequent les presents du type Htopui sont en tous cas de seconde generation. Les cas comnie celui de ah(v)&£Lv qui a inieux aime rester depourvu de present que de changer d'accentuation recommandent cette maniere de voir. Mais en meme temps il est probable que des une epoque plus ancienne que la langue grecque certains themes du type [ia%e- (age- par exeniple), cessant d'etre oxytons, -s'etaient rallies aux presents comme bhe're-. Passons aux verbes latins. Pour deux d'entre eux, tago et pago, M. Curtius a victorieusement etabli qu'ils ne sont rien autre chose que d'anciens aoristes. Voy. notamment Stud. Y page 434. II est vrai que 6e sont les seuls exemples qui soient accompagne's d'une seconde formation (tango, pango). Mais sur ce precedent nous pouvons avec quelque securite juger cado, scato, cano, loqiior; ce dernier du reste est en grec Aaxetv, non «ACC%£LV». II reste seulement ago, scabo et alo qui, ayant leur pendant dans les idiomes congeneres, paraissent appartenir au present depuis plus longtemps. En abordant le germanique, la question de savoir si l'indoeuropeen a eu des presents de la 6e formation prend plus d'importance que pour le grec et le latin. Si Ton repond afnrmativement, il n'est besoin de longs commentaires: saka est un present de la 6e classe, et la seule chose a faire admettre c'est que le ton, cedant a 1'attraction des autres presents, s'est porte de bonne heure sur la racine (Mafia, sMjja etc.). Dans tous les cas le germanique a recu des periodes antecedentes quelques presents de VQ-SIV), en revanche le present est peupl^ litteralernent de ces formes. Mais cette confrontation, qui a Tair tres-concluante, n'aurait a notre point de vue qu'une valeur relative.
La permutation a: a.
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cette espece, ainsi que le font conclure goth. skaba = lat. scabo, grata = gr. yQaqxa, norr. aka = greco-it. ago. Mais il n'en est pas moins vraisemblable que la majorite soit issue de l'aoriste. C'est meme la seule hypothese possible pour goth. fvaha, cf. ra%03 (p. 63); norr. vafia, cf. lat. vado; anglo-s. lace, cf. yayco. Les formes comme Jjvaha nous reportent done a une epoque ou l'ao-, riste germanique existait encore, et il n'est pas difficile de comprendre pourquoi, tandis que le theme beuge- (biuga) se conservait a l'exclusion de huge-, l'inverse avait lieu pour Jivahe-. Depuis la confusion des phonemes 21 et 22, Yd du pres. *Jivdha (taxcoi) ne differait plus de I'd du parf. J>wh (ou Jivejivoh). Au contraire le theme Jivahe- offrait un excellent ablaut, qui devait s'etablir d'autant plus facilement que les verbes en -ya comme hafja Jiof en donnaient deja l'exemple. Je ne pense pas que les formes, peu nombreuses du reste, du letto-slave fassent quelque difficulte serieuse. Tout cela pourra paraitre suggere par les besoins du systeme. Quelle necessite y a-t-il apres tout de soutenir que saha, aym, doivent appartenir a une autre formation que cpsQa ? C'est cette necessite, urgente a nos yeux, que nous voudrions accentuer d'une maniere bien precise. Le present n'est qu'un cas particulier. Qu'on considere l'ensemble des formations, et Ton verra apparaitre un trait caracteristique des racines contenant A, trait inconnu a la grande classe des racines dont la voyelle est e, la faculte d'allonger la voyelle1. On peut avoir sur saka et ccya telle opinion qu'il plaira. Seulement quand leurs racines font soJo et ayEopcci dans le meme temps que bJier fait bar et
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La permutation a: a en germanique.
ment est inherente aux racines contenaiit A OU g au travail deja cite de M. Fick qui traite de Va long europeen (Beitr. de Bezzenb. IT 193 seq.). Du reste nous ne nous sentons point en etat de dire dans chaque cas pourquoi Ton trouve une breve ou une longue, coinme nous avons cru en eifet pouvoir le faire pour les formations relativement tres-transparentes qui ont ete analysees plus liaut. Les remarques qu'il nous reste a faire ne porteront done point sur le detail. Les materiaux relatifs a la permutation a : a et o>: o dans le latin se trouvent reunis chez Corsseii Ausspr. I 2 391 seq. En voici quelques exemples: coin-pages : pago; deer : acies, ind-dgare: ago; sdgio : sagax; con-tagio : tagax; labor : labare. L'o de prde-co venant de cano serait-il un exemple de 12? En grec on peut ajouter a la liste de M. Fick et aux exemples donnes plus h a u t : a%og: i<xyy\; md'sco : siv-opi-cpvkXog; xwcpog: %6itxco; §c6&G)v : (jo&og; tpayco : <po£6g (Curtius).
Pour les idiomes du nord l'echange a : a est devenu une sorte d'ablaut quantitatif qui a succede a I'ablaut qualitatif \ : 22. \Jablaut qualitatif etait detr'uit par la confusion phonique des deux ~A (p. 139) comme aussi par la perte partielle des formations contenant ~iL, dont la plus importante est le present de la l e classe. En germanique particulierement l'elimination de ce dernier au profit des formes comme saha a fait naitre entre la serie a : o et la serie e : a («2) un parallelisme absolurnent hysterogene. La langue sent la meme relation entre sok, solcjan; groba, et les presents correspondants salia; graba, qu'entre vral;, vrakjan, vraka et vrikan. Mais le vrai rapport serait rendu assez exactement par la fiction suivante: se representer les racines comme bevg ayant perdu le degre de l'e et ne possedant plus que les formes hug et baug1. — Coinme le present n'etait pas le seul theme du degre' 1, on s'attendrait cependant a trouver la voyelle longue ailleurs que dans les formations qui demandent a.i} par exemple dans les neutres en -as et les comparatifs en -yas. II n'en est rien: hatis, 1. A la page 122 nous nous sommes montre incredule vis-a-vis des transformations d''ablaut d'une certaine espece et avec raison, croyonsnous. Mais ici de quoi s'agit-il? Simplement de la suppression d'un des trois termes de Vablaut, suppression provoquee principalement par la perte du present.
La permutation a : a dans le letto-slave.
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slia]>is, batiza, montrent Va bref. Ces formes paraissent s'etre dirigees sur le nouveau present. Nous n'avons pu decouvrir qu'un seul exemple qui, sur ce point, repondit a la theorie: c'est le feminin goth. sohii-. Les themes en -ni demandent en effet le degre 1, ainsi que le prouve siuni- de la rac. sehv (cf. skr. ha-ni, gya-ni, en regard de Ju-nd, gl-nd). Done «salmi-» eut ete irregulier au meme chef que liatis. Le norr. doegr pour *dogis serait un second cas de ce genre si Ye du lith. degu ne rendait tout fort incertain. Cf. la note. La permutation en question est fort commune en letto-slave. Lithuanien pra-n-tn : protas, zadii : zodis etc. — En slave on a les verbes comme po-magaja, badaja, en regard de moga, boda etc. De meme qu'en germanique, Va, dans les cas ou Yd bref est conserve parallelement, devient pour la langue une espece de gradation. Ici nous devons faire mention dune innovation tres-etendue qui donne au vocalisme letto-slave une physionomie a part. Tandis qu'en germanique la confusion de A avec a% n'a amene presque aucun trouble dans le systeme des voyelles, le letto-slave au contraire a melange deux series vocaliques, et nous voyons Ya (ou a, p. 68) issu de a2 permuter avec a (a) comme s'il etait A. De la Fechelle slave e : o : a dans les nombreux exemples comme teka, tociti, talcati, l'echelle lithuanienne-e : a : o, comme dans keliii, zalias, bole1. V. Schleicher Lit. Gr. 35 seq. — II faut avouer que d'autres allongements de ce genre restent inexpliques, je veux dire particulierement l'e des frequentatifs slaves comme pletaja de pleta. II serait a souhaiter aussi qu'on sut a quoi s'en tenir sur l'e long germanique des formes comme nemja- (rac. nem). Amelung, remarquant que l'e est suivi le plus souvent dune syl1. Le germanique n'est pas sans offrir un ou deux exemples analogues. Ainsi le goth. dags (dont la racine est cleg si Ton peut se fier au lith. degu) est accompagne de fidur-dogs, ahtau-dogs. Sans dcegr (cf. ci-dessus), on pourrait songer a voir dans -dogs le meme allongement singulier que presente le second terme des composes mdiens gatd-Q&rada, prthu-g'&ghana, dvi-g&ni, et qui, en grec, se reflete peut-etre dans les composes comme SV-Y]VCOQ, (f>i,X-r\Qsi:jios, ou l'allongement n'etait pas commande par une succession de syllabes breves. — L'allongement du lat. sedare (v. p. 168) et du gr. TQwmxw (v. ce mot au registre) n'a rien de commun, croyons-nous, avec les phenomenes slaves dont nous parlons.
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Racines contenant an e medial.
labe contenant i ou y, supposait une epenthese et ramenait nemja- a *namja-, *naimja-. II reste a considerer les racines qui ont un e medial, type absolument parallele a XaO, Xenr, bepK. On a la proportion: Fpryr: 0r| = Xct9 : era. Pour ne point eparpiller cette famille de racines, nous citerons aussi les exemples conrnie krem ou l'e est suivi d'une sonante, quoique ce caractere constitue un cas particulier traite a la fin du paragraphe. Le degre 2 apparaitra naturelleinent sous la meme forme que pour les racines fmissant par e: il aura o dans le greco-italique', a (germ. lith. o) dans les langues du nord. V. p. 140 seq. II sera interessant d'observer le vocalisme du degre reduit, parce qu'il pourra apporter de nouvelles donnees dans la question de la composition de l'e qui nous a occupes plus haut p. 141 seq. Premiere se'rie: le degre reduit presente a. 1. Rac. ked. Au lat. cedo on a souvent joint, et a bon droit, ce nous semble, les formes homeriques xexecdav, xexttdrjGei. On a la proportion: xexuddv : cedo = satus : semen. 2. Rac. reg «teindre». Gr. Qijyog; les quatre synonymes Qtyyevg, geyevg, Qoyevg, Qayevg, sont irreguliers: il faudrait «j5cayevg». Neanmoins l'« contenu dans gayevg, ainsi que dans %$vGoQayig (Curt. Grdz. 185), est pour nous tres-remarquable. Ici en effet p« ne saurait representer la liquide sonante: Q etant initial, elle n'aurait pu donner que ay. Done, a moins que cette racine n'ait suivi l'analogie de quelque autre, Va de Qay doit etre assimile a Va de satus. Dans (5ego toutefois la forme faible a e. 3. Rac. fern. Gr. IpijjiOff, litb. vomits. Formes faibles: gr. rjQ£(ia, lith. nmti, mais aussi gr. aQU[i£v [isveiv, ri6v%dt,aiv (infinitif dorique en -sv). — Cette racine n'est pas identique avec rem d'ou EQafiai, (p. 22). 4. Rac. Xtrf (Vrj est panhellene, Schrader Stud. X 316). M. Curtius indique que Iaya66ca • acpsivca pourrait donner la forme a voyelle breve. Verb. I 2 229. 1. M. Brugman Stud. IX 386 dit quelques mots sur qriyvvpi: f'peooyff. 11 considere l'a> de sQQcoyu comme une imitation posterieure du vocalisme de yisv.Xo(pa.
Ratines contenant un e medial.
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5. Rac. led. Au goth. leta, lailot1, on joint Zafe et le lat. l&ssus. Le lithuanien a Midmi {== *ledmi). 6. Rac. bhreg. Gr. ^yvv^ii,, Q^CO etc. Degre 2: Qca%^iog, tt7to-Q(>co%, eQQwycc2. Le parfait moyen i'QQijypai et le partic. EQ-
QfjysiKg des tables d'Heraclee sont reguliers en ce sens qu'ils n'ont pas a, mais on attendrait -pay-'plutot que -Qrjy-. C'est ce que presente l'aor. pass. EQQuyrjv, ou le groupe gcc represente Q + a, non pas r. {gay: fQiqy = sd: se. En latin le degre reduit s'est propage: fractus, frango pour * frag-no. Le goth. brikan est un verbe de l'espece ordinaire. Sur le rapport de -ru- dans brukcms au -ra- greco-italique v. p. 180. Le slave a bregu «rive». 7. Rac. seJc. Paleosl. seka «caedere»? litH. sykis «une fois, mi coup», lat. slca povir *seca. Degre 2: v. h*-all. suoha «herse». Degre reduit: lat. saxum = germ, sahsa- «pomte, couteau etc.» (Fick IIP 314); mais aussi secare3. Deuxieme serie: le degre reduit n'est pas connu. 1. Gr. ccyriyw, agrjymv. Degre 2: agayog, 2. Rac. dhren. Gr. Q-Q^VO-S, av-&Qrjvr) (= tev-&Q^vrj; •9ipo3va|" xrj
lat. procax de prec, podex de perd). 3. Rac. rep. .Lat. repo, lith. reploti. Troisieme serie: le degre reduit presente e. 1. Rac. ed. Lith. id-u, esti; si. enii oujanii = *j-enii (Leskien, 1. Nous ne saurions adopter la theorie qui ramene Ve des verbes gothiques de cette classe a a -\- nasale, theorie que defend en particulier M. J. Schmidt Voc. I 44 seq. M. J. Schmidt accorde lui-meme que pour leta et greta les arguments manquent et que dans hlesa rien ne peut faire supposer une nasale. En outre l'auteur part du point de vue que Va germanique est ante"rieur a Ve. Des qu'on cesse de considerer e comme une modification de Fa, a -f- nasale ne doit faire attendre que a comme dans hahan. L'o du parfait, dans la meme hypothese , s'explique encore bien moins: cf. liaihah. Enfin celui qui soutient que redan est pour * randan ne doit pas oublier que par la il s'engage a approuver toute la theorie des a longs Sanskrits sortis de an, vu qu'a reda correspond radhati. 2. Dans gwycdiog Vco est irregulier, si Ton compare iswyccXeog, slSdXifiog, nsv%aXLfiog; mais Hesychius a vqsiyaXeov, v. Curtius Grdz. 551. 3. A la p. 84, le germ, saga est range" parmi les formations qui ont at. Cela est admissible si on prend soin de declarer saga hysterogene. Mais peut-etre Fa de ce mot repondil a Fa de saxum.
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Ratines contenant un e medial.
Handb. d. altb. Spr. § 26), 3 e p. "esd oujasti; medv-edi. Lat. esurio, estts(?). En grec, la longue de idrjdoxa, aSrjdcog, xtttrjdcc xmufisfiQcaiLEVK, idrjdcov (payidaivu, ne prouve pas grand chose; mais celle de cjft-tjtfir^s, et av-y\Gxig parait garantir 1'ij radical. On trouve le degre 2 dans idadrj] malheureusement cet o est equivoque comme Yrj de idrjdoxa. Ce ne serait pas le cas pour I'M de adig, si, en se fondant sur l'eol. idvvr) = odvvrj, on voulait le rattacher a notre racine. Peut-etre n'est-il point indifferent de trouver en gothique ug-eta (creche). — Le degre reduit a engendre le gr. sSfievui,, eda>, lo&ico, le lat. edo, edax, le goth. ita. 2. Rac. krem. Elle donne en grec xQr](iv6g, xgrjuvrjiii,, et ; au degre 2, xQci^iai, (aussi xXco^ia^). Le goth. hramjan pour lequel on attendrait *hromjan s'est dirige sur les racines a e href. Le gr. xgefiafiai donne la forme faible. 3. Eac. tern. Lat. temetum, temulenhis. Miklosich (Lexicon palaeosl.) compare a ces mots le si. tiniica «boue» dont le premier i represente done un e long. La forme faible se trouve dans teneIrae et le si. (ima. La comparaison des mots Sanskrits (p. 172) rnontre que le rac. tern ou stem reunissait en elle les idees d'humidite, d'obscurite'j de silence, d'immobility. Au figure elle rend aussi celle de tristesse. 4. Rac. dhen. Lat. fenus; gr. Bv-%"t]via a cote d'tv-ftivia (skr. dhdna). 5. Rac. sed. Lat. sedes (ancien neutre en -as), sedulus, sedan. Lith. sedzu, se'deti. Je ne sais comment on explique le present slave seda; l'infmitif fait sesti. Au degre 2 sed donne sdstas «siege» et non «sastes». Semblablement on a en slave scditi «planter» et non
Racines contenant un e medial.
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suesco et probablement sodes (pour *svedes) qu'on a rattache a rj&siog (* rj&ea-io). La forme faible se trouve dans le goth. sidus, le lat. sodalis (*svedalis), le gr. Eved-axa. e&av, a&ercu (Hes.)
doivent etre sortis de l'aoriste, et efrog est fait sur i&a. Le parfait grec fte'fMjAe indique une racine niel dont la forme faible a^donne ^leXm etc. Si le [i£[iuhozKg de Pindare est authentique, Ya de cette forme se place a cote des cas coinine r\$u &j3a dont nous avons parle p. 144 i. n. On constate parfois une variation de la qualite de Ya telle qu'elle apparaissait dans le v. h*-all. stem, tuom, en regard du gr. fota^t, ri&r)(ii (p. 143). Gr. Qcoo^iai «danser» comparable au norr. ras «danse etc.», gr: xi%hccda (et xa%katfi)) en regard du goth. greta (v. Fritzsche Sprachw. Abh. 51). On pourra citer aussi Je lat. robur si, tout en adoptant le rapprochement de Kuhii avec skr. radkas, on maintient celui de radhati avec goth. reda, rairoj). Cette ineme racine donne, au degre 2, le si. radii «soin», au degre faible le gr. i7ti-QQod'og. En regard du greco-it. pldg le gothique a fleka. Toutefois M. Bezzenberger pretend que le present fleka n'est conserve nulle part et que rien n'empeche de retablir floka (A-Reihe, p. 56 i. n.). La troisieme serie ainsi que plusieurs exemples de la premiere nous montrent Ye repandu dans la forme faible meme dans d'autres idiomes que le grec. C'est la, comme on se le rapelle, un fait qui parait ne jamais se presenter a la fin des racines (p. 142), et un fait qui, peu important en apparence, jette en realite citer pour une modification de ce genre, c'etaient les participes comme Ti&vrjcora. Cet exemple tombe, si Von admet que I'm est emprunte au nominatif -ci&vrjms, ce qui est a present l'opinion de M. Brugman lui-meme (K. Z. XXIV 80). A ce propos nous ne pouvons nous empecher de manifester quelque scepticisme a l'egard des" innombrables allongements tant regressifs que progressifs qu'on attribue au digamma. Peut-etre ne trouverait-on pas un cas sur dix qui soutmt l'examen. Ici la voyelle est longue des l'origine, par exemple dans nXatg, vrjog, fiog, I'JWJK, &rjiofi,ai, tpasa etc.; la il s'agit de l'allongement des composes comme dans fiitriogog; ailleurs c'est une diphthongue qui se resout comme dans rjdg pour *ausosJ, *auos, *auwos, *awos (cf. dor. i^co^aSia, nXricov venant de *i£ov
170
La degradation a a dans l'arien.
quelque trouble dans la reconstruction du vocalisme des a. II laisse planer un certain doute sur l'unite de composition des differents a longs europeens, et nous s.omrnes obliges d'entrer dans la terre inconnue des langues ariennes sans que l'europeen ou nous puisons nos lumieres ait entierement confirme l'hypothese dcmt nous avons besoin. N'etaient les racines comme sed sed, tout a long Sanskrit repondant a un a long europeen serait une preuve directe du phoneme A. NOUS reviendrons sur ce point a la p. 175, Langues ariennes. I. Existence, a l'iuterieur de certaines racines, de la degradation a a constatee plus haut dans les langues d'Europe. Pendant longtemps toutes les racines ariennes ou peu s'en faut paraissaient posseder l'eebelle a a. Grace aux travaux de M. Brugman la complete disparite de Yd de tana (== gr. rovog) avec Yd europeen est desormais mise en evidence. Comment peut-on s'assurer que Yd des exemples relatifs a notre question est bien un a long et non pas a2 ? Dans certains cas, il faut le reconnaitre, les criteres font defaut purement et simplement. Qui decidera par exemple de la valeur de Yd de gdli ou de rdhuf D'autre fois, et particulierement dans les trois cas suivants, on peut prouver que la longue est originaire. 1. Jj'd se trouve devant un groupe de deux consonnes comme dans (easmi qui ferait zgasmn, si Ya etait a2. 2. L'« se trouve dans une formation ou le temoignage des langues europeennes joint a celui d'une grande inajorite d'a brefs ariens interdit d'admettre a2. Ex.: karate au present de la l e classe; radhas, theme en -as (p. 126 et 129). 3. II y a identite avec une forme europeenne ou apparait la long. Ex.: skr. nasd = lat. nasus. En jugeant d'apres ces indices on se trouve du reste d'accord avec les grammairiens hindous qui posent les racines fas, Mr, rddh, et non cas, Jcac, radh. a) Le degre reduit presente' a. 1. Nous ne comptons pas les formes redoubles comme cakagiti de lag, asisadhat de sadh, badbadhand de badh. Les a brefs de oette espece
sont dus a la recherche duVhythme plutot qu'a autre chose.
La degradation a a dans l'arien.
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dmd ( = gr. coftog): amla. agu: dgri; cf. gr. convg, o%Qig.
hramati «marcher»: hramati est apparemment l'ancien aoriste. Du reste hrdmana etc. montre que la forme faible s'est generalised. gahate «se plonger»: gdhvard «profond». ndsa «nez» parallelement a nds, ndsta (id.). pagas ne signifiant pas seulement lumiere, mais aussi force, impetuosite (B. R.), il est probable que le mot est identique, malgre tout, avec le gr. * nay og dans sv-rtiiyrjg: pdgrd qu'on traduit par dm, compacte, offre la 'forme faible de la racine. madyati «s'eiiivrer»; madati, comme plus haut hramati, s'annonce comme un ancien aoriste. L'a de madyati ne s'accorde guere avec le present en -ya et parait etre emprunte a une forme perdue * madati. _ vdgati «mugir»: vdga «vache». Dans vavagre, vavagand Va bref est sans valeur, cf. la note de la p. 170. svadate «gouter», svadman, svdttd pour *svatta: svadati represente l'ancien aoriste. hradate «resonner»: Jiradd «lac» (cf. gr. %a%lat,a qui se dit du bruit des vagues). j3) Le degre reduit presente i. pla-g-i nom d'un viscere: pli-h-dn «foie». Pour h et gh alternant de la sorte a la fin d'une racine cf. mak et magh p. 64. gas «gouverner». Le vocalisme de cette racine est presque intact. Nous allons confronter gas avec dves comme plus haut A«0" avec (pevy: gasti gismds gisdt gagdsa gistd gastdr a-gis dvesti dvismds dvisdti didvesa dvisfd dves far pati-dvis Cependant l'analogie a deja commence son ceuvre: le pluriel du parfait fait gagasus au lieu de *gagisus et le passif gasydte pour *gisydte. Bohtlingk-Roth citent le participe epique casta, et on a dans le Rig-Veda des formes comme gaste, gdsmdhe. sadh «reussir». Les formes sidhyati, siddhd, sidhmd, sidhrd, nih-sidh, ont du etre primitivement a sddhati, sadhisfha etc. ce que gis est a gas. Par analogie on crea se'dhati, sise'dha, ce qui amena une scission entre les deux moities de la racine.
172
La degradation a a dans l'arien.
y) Le degre reduit presente a la fois a et I. tumyati «etre afflige» (cf. madyati p. 171), tamrd «de couleur sonibre»: timird «obscur» ; timyati «etre humide, silencieux, immobile*. La forme stimyati fait supposer que la racine est en realite stani. On trouve Yd par exemple dans tdmisrd. vdsas «yetement» : vaste «se vetir» — non pas ««s/e» comme on aurait si la racine etait vas —, mais aussi a-vis-t-ita «revetu» "R. V. X 51,1|; vesa et vestayati dans le Sanskrit classique paraissent etre nes cornme sedliati de quelque phenomene d'analogie. qakta «maitre» ; gakman <'force» anctt, EIQ^EVOV vedique ; cfihwti «pouvoir»:, mais en. meme temps gikvd, qikvan, ^ikvas
Jj'a long arien compart? a I'a long europeen.
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gasti: lat. castus, castigare1, Casmenae; gr. %6a(iog; goth. hasjan. — Skr. svddate : gr. afad. — Skr. h&sate «jouter a la course* (B. R.) : gr. %60(iai (?) 2. L'europeen presente e. Skr. hrdmati: gr. Kprnu (p. 168). — Skr. tamyati, tdmrd : europ. tern (p. 168). — Skr. dasati «poursuivre» : gr. d^m. — Skr. rddiiati «faire reussir» ; rddhas «richesse» : goth. redan «deliberer», peut-etre aussi lat. robur (cf. p. 169). — Skr. ray ragati «briller»: grec pr)T «teindre» (p. 166). — Zend ram dans ramoiSwem «vous reposeriez» europ. rem (p. 166). — Skr. vdsas (p. 172) : l'absence assez singuliere du degre /06 dans les formes grecques fait soupConner que la racine est J^tf. — Skr. sddana etc. (p. 172) : europ. sed (p. 168). — Skr. hradate : europ. ghred, ghrad (p. 169). A cette liste il faut ajouter skr-. balm = gr. itayvq, skr. sam'i = europ. semi, skr. rag = lat. rex, goth. reiks, irland. ri. Isoles et depourvus de formes faibles, ces mots sont difficiles a classer. La valeur des coincidences enumerees est rehaussee par ce fait que la degradation indienne « « , ou plus generalement Vd long, ne se presente jainais, que nous sachions, quand l'europeen offre un type comme pet2. La reciproque, comme on va le voir, serait moins vraie. Nous rappelons que toute racine europeenne montrant quelque part .i doit etre consideree comme possedant la degradation a a. agati cf. gr. aya, aydoiiat,; gadati cf. gr. fidfa, irland. guidiu ro-gdd; bhagati cf. gr. cpayeiv; yagati cf. gr. a^ofi«t; radati cf. lat. rddo\ labhati cf. gr. Xacp Aajietv, vatati cf. lat. vates; sthagati cf. 1. Frohde K. Z. XXIII 310. Ajoutons pro-ceres pour * pro-cases = skr. pra-gisas «les ordres», de meme qu'en Crete nos/iot signifie les magistrats. 2. Le rapprochement du goth. nipan avec le skr. nathitd «inops» n'est rien moins que satisfaisant. Quant a bhrdgati en regard du gr. q>l£ya>, le lat flagrare $ vertit par son a que la raoine est bhleg et que l's de cplsyco est de meme nature que dans egojtai de sed. Pour le lat. decus en regard du skr. dagati, Vo des mots grecs Soy pa, SISOHTCU (cf. p. 131) nous rend le meme service. La racine est deole: dsSonrai est a * decus (converti en decus) ee que ini-QQodog est au goth. reda (p. 169). — On trouve dans le Rig-Veda un mot bhdrman de la racine qui est en Europe bher. L'allongement aura e'te' provoque par le groupe consonantique qui suit comme il faut l'admettre, je pense, pour lidrdi «coeur.>, pdrsni cLitT^Qva, mamsd = goth. mimza-.
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L'a long arien compare a Va long europe'en.
europ. steg (p. 168). Rien, ni dans la formation des temps ni dans celle des mots, ne trahit une difference quelconque entre ces verbes et les exemples comme pdtati = lat. peto. Ce fait, s'il n'est pas precisement des plus favorables a l'hypothese du phoneme A , est cependant bien loin de la menacer serieusement. Reprenons le present svadate cite precedemment. Ce present est accompagne d'une seconde forme, svadati. Si Ton compare le grec adopui, aoriste s-vaSo-v, on eonviendra qu'il y a neuf probability sur dix pour que svadati represente sinon l'ancien aoriste, du moms un present originairement oxyton swadd-ti. L'accent, en Sanskrit, a ete attire sur la racine parl'a qui s'y trouvait, phenoinene que nous constaterons encore plus d'une fois. Aucun present indien en a n'a le ton sur le suffke quand il y a un a dans la racine. V. Delbriick Altind. Verb. 138 et 145 seq. S'appuyer ici sur l'accentuation serait done recuser d'avance tous les autres arguments et supprimer la discussion.1 Qu'on se figure le present svadate torube en desuetude, svadati survivant seul, et l'on aura a peu pres l'etat de choses qu'offrent actuellement dgati, gddati etc. Les formes comme svadman n'auraient pas tarde en effet a suivre le present dans sa ruine. Cette explication est la meme que celle que nous avons tentee (p. 160 seq.) pour les presents comme goth. saka, gr. ft«%ofiai. Seulement l'arien n'etant plus comme les langues europeennes retenu et guide par la difference des sons e et a pousse plus loin qu'elles l'assimilation de nos verbes arceux du type pa^. Au parfait par exemple la l e pers. babhaga (a cote de bdbhaga) et la 2 e babMMha (a cote de bhegitlia) ne sauraient se ramener a bliig. Ces formes ont subi le metaplasme. La 3 e pers. babhaga peut passer pour originaire et se comparer directeinent au grec xiftayE, au goth. sdk. Les coincidences que nous avons vues entre les a longs ariens et europeens permettent-elles de tirer quelque consequence touchant les a proethniques? Si les malencontreuses racines europeennes comme sed sed ne venaient a la traverse, nous 1. Les presents ou nous restituons A ne sont pas les seuls ou l'acoent doit avoir subi ce deplacement: ddgati de la rac. damg est force"ment pour *dagdti, *dngdti (cf.
L'a long arien. — L'i de pitar.
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aurions dans les cas comme svddate = Mopai compares a pdtati = peto la preuve pure et simple que la degradation indoeuropeenne a a est liee au phoneme A, et que ce phoneme a de tout temps differe de av Dans l'etat reel des choses, nous devons renoncer a cet argument. Cependant c'est ici le lieu de faire remarquer que la coincidence a lieu en grand pour toute la classe des racines finissant par h. La ne'cessite de I'a long aux formes- non affaiblies de ces
racines (dont nous avons parle p. 136 seq.) est la meme pour Varien que pour I'europe'en. II n'y a point de racine en a. Ce fait, si on le compare a tout ce que nous savons de l'organisme des racines, demontre que Yd indo-europeen est une combinaison de a1 avec un second phoneme. II ne eontient cependant pas la preuve que ce second phoneme fut telle et telle voyelle (A, O). III. Le vocalisme des formes faibles, dans les exemples de la degradation a «, et les donnees qu'il fournit sur les a indo-europeens. M. Brugman a consacre quelques lignes auxquelles nous faisions allusion a la p. 5, a la question des a proethniques autres que ax et a2. II cite comme exemple d'un de ces a la voyelle radicale de pitar — itavqQ — pater et de sihita — (Statog — status.
Car autrement, dit-il; ces formes comparees apadds — *itsdog — pedis seraient absolument incomprehensibles. II va sans dire, d'apres tout ce qui precede, que nous nous joignons sans reserves, pour le fond de la question, a cette opinion du savant linguiste. Seulement nous ne comprenons pas bien le role que joue dans son raisonnement Mi' indien de pitar, sihita. Il n'a pu entrer dans la pensee de l'auteur de dire que parce que Vi indien de pitar, sihita, differe de la indien de padas ces phonemes ont du. differer de tout temps. Ce qui est sous-entendu, c'est done que Vi en question repond toujours a un a europeen. On aurait attendu alors une explication, si courte et de quelque nature qu'elle fut; relatrvement aux cas comme ftetog — hitd1. La veritable signification de Yi arien dont il s'agit ne se revele, croyons-nous, que dans les formes enumerees plus haut (p. 171 sq.) ou Yi se trouve a I'inte'rieur de la racine. On peut joindre 1. M. Brugman la donne peut-etre indirectement en emettant la presomption que les phonemes at et a2 ne terminent jamais la racine.
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Signification de VI arien pour a.
aux exemples donnes cikate «tomber par gouttes», dont la forme forte est dans le grec xrjMO), et khiddti «presser», khidrd, khidvas, qui, ainsi que l'a reconnu Grassmann, sont parents du gr. %u8m. L'e de l;hrdu «marteau» et de cikMda n'est point originaire7 puisqu'on a en meme temps calthada} parfait vedique donne par Panini. Tous ces exemples de l'l ont ceci de commun et de caracteristique quils correspondent a un a long des formes fortes. Les racines sans degradation, comme tap tapati ou par' pacati, placees dans les memes conditions d'accent, ne convertiront jamais leur a e n i 1 . Si elles ne peuvent l'expulser, elles le garderont toujours tel quel: taptd, pakti etc. Si Ton considere de plus que tout * place a la fin d'une racine est accompagne d'un a dans la forme forte, qu'il en est de meme, en dehors de la racine, dans les formes de la 9e classe verbale comme prmmds en regard de prnkti, on arriTera a cette notion, q u e L'l AB1EN POUR a SUPPOSE UN a LONG DANS LES FORMES NON AFFAIBLIES AUSSI NECESSAIREMENT QUE LE VEEITABLE %
SUPPOSE ai ou QUE r SUPPOSE ar.
Or ,1a reduction de l'« long, pour designer ainsi le phenomene en faisant abstraction de toute reconstruction theorique, ce fait qui est la condition meme de l'l arien, ce fait appartient a l'histoire de la langue mere, non a l'histoire de la periode indoiranienne; la comparaison des langues d'Occident l'a suffisamment etabli. II est clair par consequent que le germe de l'l est indoeuropeen. Le vocalisme arien accuse une difference de qualite entre les a proethniques sortis de a, ou du moins certains d'entre eux, et les a proethniques non sortis de a.
Cette definition a sorti d'un a long convient admirablement aux phonemes A et o des langues europeennes. L ! arien serait-il done purement et simplement le representant de ces phonemes? Nullement. Cette these serait insoutenable. Dans la majorite des cas A et p sont rendus par a, comme nous l'avons vu au chapitre IV et tout a l'heure encore ou il etait question des formes. 1. Ni les aoristes comme Tujigat ni les desideratifs tels que pits de pat ne sauraient infirmer cette regie. La valeur de Vi des aoristes est nulle puisqu'il apparait meme a la place d'un u (aubgigat), et les de'sid(§ratifs doivent peut-etre le leur a, un ancien redoublement.
a indien = i de pitdr accentue.
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Vhdgati, rddati etc. opposees a, cpayatv, mdo etc. Bntre les cas meme ou le Sanskrit conserve la degradation, il en est bon nombre ; nous l'avons constate, dont la voyelle est a aux formes faibles, p. ex. svadate, svMati. Ce n'est pas qu'on ne doive presuiner que le meme phoneme d'ou, avec le concours de certains facteurs, resulte un i n'ait pu prendre, sous d'autres influences, une route divergente. Nous ne doutons meme pas que dans les formes ou ce phoneme a ete place des l'origine sous la tomque il n'ait produit a au lieu de I. Voici les exemples qui paraissent le prouver. A cote des cas obliques comme nigas «noctis» il existe une forme vedique ndk ( = *naks, cf. draksydti de darg etc.) qui7 ainsi que le fait remarquer M. Brugman (Stud. IX 395), est le propre nominatif de nigds. Le phoneme destine a devenir i dans la syllabe non accentuee a donne a sous l'accent1. -— Tout porte a croire que la seconde partie de catdsras est ideutique avec tisrds, zd. tisaro2. Le prototype de Yi de tisrds s'est done epanoui en a sous l'accent. — Peut-etre enfin que Ya de madhu-pd (le type soma-pa est le plus commun, il est vrai, dans la langue vedique) n'est du ni a l'analogie de la declinaison thematique ni a un suffixe -a, mais qu'il est tout simplement l'equivalent accentue de Yi de pi-td. La formation non vedique gala-pl, faisant a Tinstrumental gala-py-a, est en tous cas hysterogene. L'influence de l'accent qu'on remarque dans les cas precites ne doit cependant point faire esperer de resoudre le probleme en disant que Ya radical de svddati resulte de l'innovation qui a amene la tomque sur la racine (p. 174) et qu'autrement on aurait sviddti»z comme on a khiddti, gisdt. On ne comprend en effet ce «s 1. M. Brugman cite ndk ni^ds pour corroborer son opinion relative a la deolinaison de re, pix etc. ou il pense qu'il y a eu autrefois des formes fortes. Mais tact qu'on n'en aura pas l'indice positif nous nous autoriserons au contraire des nominatifs rk,prh etc. pour dire que ndk est forme faible a l'e'gal de nig-ds. La forme non affaiblie de ce theme ne pourrait etre que nag-. 2. Les nominatifs anciens etaient *tisdras (zd. tisard) et *catdsaras (forme que Grassmann croit pouvoir retablir dans un passage du RigVeda), mais cela ne change rien a l'accentuation. — Pour l'identit^ de la fin de * catdsaras avec tisdras on peut remarquer que le premier element de * catdsaras se retrouve a son tour dans la 2e moitie de pdrica. 3. Cette forme est doublement fictive, car le son qui a donne I se 12
178
L'l arien provient d'une ancienne alteration de A.
retrait de l'accent qu'en admettant que la racine possedait deja un a bien caracterise. Mais voulut-on meme recourir a une hypothese de ce genre, il resterait a rendr'e compte d'une infinite de formes accentuees sur le suffixe. En expliquant bhdgati, mddati, dgati, on n'aurait point encore explique bhaktd, madird, agd, ni d'autres formes plus ' isolees montrant egalement A dans les langues d'Europe, comme pag'rd, bhadrd (cf. goth. batists, botjan etc.), gaphd (cf. norr. hofr), maghd (v. p. 64), gagadmahe = xexd.G^isd'u etc.
On est done amene a conclure a la diversite sinon tout a fait originaire du moins proethnique du phoneme A et de.la voyelle qui a donne VI indo-iranien. Nous croyons que cette Toyelle etait une espece d'e muet, provenant de I'alteration des
phonemes A et g. L'alteration, a en juger par le Sanskrit (p. 150), avait ete generale a, la fin des racines, partielle dans les racines finissant par une consonne. Ceci peut tenir a la maniere dont les> syllabes etaient separees dans la prononciation. Que cette voyelle indeterminee soit une degenerescence des voyelles A et o — nous ajoutons par hypotKese: seulement de ces voyelles — et non pas, comme on pourrait croire, un phoneme distinct de tout autre des l'origine, e'est ce qui ressort des considerations suivantes. 1° S'il y a une raison quelconque d'admettre a l'interieur des racines un phoneme A parallele a i, u, r} etc o il serait invraisemblable et absolument arbitraire de pretendre que le meme phoneme n'ait jamais pu terminer la racine. Or le Sanskrit montre que la voyelle degradee existait dans toutes les formes faibles des racines en a. II devient done evident que dans certains cas, si ce n'est dans tous, elle est la transformation secondaire d'uiii (ou d'un o). 2° Dire que la voyelle faible proethnique d'ou derive l'» de sfhitd, gistd, n'a point ete d'abord une voyelle pleine serait renoncer a expliquer Va de sthaman, gasti, dont elle forme la seconde partie. Cette voyelle, disons-nous, devait etre tres-faible. On aurait peine a comprendre autrement comment dans plusieurs fond avec les sonantes qui precedent en une voyelle longue (v. chap. VI) Nous devrions done e"crire, pour etre exact, €suddti».
Diff. produits de la voyelle inde'terminee.
179
langues differentes elle tend a etre supprimee. On a en Sanskrit les formes comnie da-d-mds, da-dh-mds, d-ita, vdsu-tti, ava-tta (de da partager). Le paleosl. damu, da-s-te etc. s'explique de meme (pour le redoublement v. § 13 fin). Le pluriel et le duel du preterit gothique faible -de-d-um etc., ou la rac. dhe est flechie, croyons-nous, i\ l'iniparfait, rendent le meine temoignage. En latin pestis est suivant Corssen pour *per-d-tis. Nous rappelons aussi l'ombr. te dtu. Tout indique encore que Yi de sthitd, pitdr, est identique avec Yi de duhitur et d'autres formes du meme genre (cf. le chap. VI). Or en slave et en germanique dusti, dauhtar, montrent que la voyelle en question a disparu, absolument comme dans da-s-te, de-d-um. — Enfin la prononciation indeterminee de cette voyelle se manifeste encore par le fait qu'elle s'absorbe dans les sonantes qui la precedent. Nous aurons l'occasion de revenir sur cette particularite. Le participe de era par exemple, donne, au lieu de «gritd» (cf. sthitd de stha), clrtd == *grtd. Nous designerons la voyelle indeterminee par un A place audessus de la ligne. En Europe cette voyelle incolore, quand elle n'a pas disparu, s'est confondue le plus souvent avec les phonemes A et g dont elle etait sortie. Nous sommes oblige de prendre plusieurs de nos exemples dans les cas mentionnes ci-dessus ou une voyelle apparait a la suite de la racine comme dans duhitdr. La valeur de cette voyelle ne differe point de celle qui est dans sthitd. La continuation latine est en general: a dans la premiere syllabe des mots, e ou i dans la seconde. Exemples: c&stus ( = skr. cistd), pater, status, satus, catus, d&tus1; — genitor, gemtrix, janitrices, umbilicus. Le mot lien = skr. plihan offre i dans la l e syllabe. En revanche anat- «canard» montre a dans la seconde. En germanique on trouve a (parfois u) dans la l e syllabe, et suppression de la voyelle dans la 2e syllabe. Exemples: fadar, dauhtar. Le v. h'-all. anud «canard» retient la voyelle dans la 2e syllabe et lui donne la couleur u. 1. II nous semble, d'apres tout ce qui precede, qu'il faut expliquer datus, catus en regard de dos, cos (comme satus en regard de semen) au moyen de la voyelle inddtermine'e. Le mot nates comporte la me"me supposition, si Ton juge To de vooepi, de la meme maniere que Vo de Soros (v. plus bas). 12*
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Diff. produits de la voyelle indeterminee.
Le letto-slave offre un e dans le paleosl. slesena = skr. plihdn, et le merne e se retrouve dans la desinence du genitif: matere, gr. [irjtQog. Voy. ci-dessous ce qui est relatif a pdtyus. Dans la seconde syllabe nous trouvons la voyelle supprimee: si. dusti, lith. dulote; si. aty, lith. antis, cf. lat. anat-; lith. arlclas «charrue» compare a KQOTQOV, trklas «rame», cf. skr. aritra. En grec les formes comme £Q£-T[I6V, XEQa-pog, ago-TQov, aQi-ftpog indiquent que la voyelle muette peut prendre quatre couleurs differentes, sans qu'on voie du reste ce qui determine l'une d'elles plutot que l'autre. II devient done possible d'identifier Vs de stog avec Ya du lat. satus. Dans hog de r\, dorog de buu et 6tarog de CTd nous admettrions que le souvenir des formes fortes imposa dans chaque cas la direction que devait prendre la voyelle indeterminee. Ainsi l'« et l'o de la fin des racines ne seraient point comme ailleurs les representants directs de A et g. Us seraient issus du son A, affaiblissement proetnnique de ces phonemes. Libre de toute influence la voyelle A semble avoir incline vers I'a. C'est ce qu'indiquent nazrjQ, &vyarrjQ, o^icpalog = nabhild, Git'Layyv-o-v cf. pUhdn, H£QVCC[ISV en regard de prrfimds, puis quelques formes isolees' coiume nQofiatov, itQo(la6ig, (iaGilEvg parallelement a (ioGxco,fiorriQde fSu>. Ui se trouve dans 7ti-vca, Jti7ii-6xc3. Plusieurs exemples, a l'interieur des racines, rappellent les doublets de formes faibles indiennes comme (ik et c-ak de $a~k, vis et vas de vas. En grec on a de XCQJC (xcocpog) xancsv et xonta. L'K de xccnoov parait representer la voyelle faible; l'o de xoma est o. En gothique on a de slak (parf. sloh) le partic. slauhans et le present slaha. On peut citer encore comme exemples de la voyelle faible mediale grec hgayov de tQcoy, goth. hntkans ou le groupe ru repond au ra de fractus et de Qayrjvai (rac. bhreg). V. p. 167. L'» represente la meme voyelle dans idQva (cf. skr. sid), dans mxvg «force» que M. Fick rapproche du skr. gSk, cik. Dans deux exemples seulenient \'i indien semble etre rendu directement par l'o grec: do%^6g qui correspond agihmdet zo<jft,oj en regard du skr. gis. Est-il perinis de comparer kitavd «joueur» et %6rza(log? Cf. ion. otTafiog. II serait possible aussi que la voyelle de wax-, nod- repondit exactement a celle de nir-.
Anomalies. — Racines du type AT.
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Dans quelques cas le Sanskrit offre un u a la place de l'i; giida «intestin», cf. yoda' evtsgcc. Mansdovsg; uddra «ventre», cf. oSsQog' yaGt^Q; su-tuka «rapide» de talc (cf. ta%vg); vdru-zia, cf.
ovga-vog. Le cas le plus important est celui de la desinence du genitif. Nous croyons qaepdtyus est identique avec TtoGiog; voy. page 196. Avant de finir, nous ne voulons pas omettre de mentionner differentes formes indo-europe'ennes qui sont en disaccord avec la theorie proposee. Peut-etre sont-ce des fruits de l'analogie proethnique. Indo-eur. swadu en regard de prihu etc. (p. 15, 23). Indo-eur. astai' (skr. dste, gr. rfitai) au lieu de AStai. Indo-eur. A\man «rocher» a, la place de Ikman, Ayas «ses» et non 2yas (p. 156). II est fort singulier aussi de trouver de la rac. sad skr. sadas = gr. eSog, de la rac. tarn skr. tdmas = lat. *temus dans temere, de la rac. da\ lat. decus = skr. *ddgas dans dagasydti, toutes formations qu'il nous est impossible de regarder comme legitimes. Voici un cas bien frappant: en regard du v. h'-all. uoba on a, tres-regulierement, en Sanskrit apas «acte religieux», en zend hq-apanh (Pick I3 16), mais en meme temps skr. dpas, lat. opus, inexplicables l'un et l'autre. Pour que le phoneme A remplit un role morphologique parfaitement identique avec celui de i ou«, il faudrait, en vertu du meme principe qui ne permet point de racines finissant par in, ir etc. (p. 125), qu'aucune racine ne montrat A suivi d'une sonante. Mais ici semble cesser le parallelisme de A avec les autres coefficients sonantiques, parallelisme qui du reste, considere au point de vue pliysiologique, est assez enigmatique. Voici quelques-unes des racmes ou nous devons admettre, provisoirement du moins, le groupe A -f- sonante. Rac. Ir (soit atAr) «labourer», AR CCQCCQL0XCO, A! «nourrir» (goth. ala ol), In
«souffler» (goth. ana on), tin «gagner» (aito-kava, Xrjig, si. lovif). Le grec oifre entre autres: 0a\ &aM.eo, rs&aka, ftukeco; — Sctv |atVco, iiti-$r}vov; — nap navgog, itaQog, TtTjQog et avec i 2 (rahccL-)7COQX)g, cf. p. 60; — cap GCZCQCD, eieaga, GsGugvla et 6agog; — CKa\ 6Kcclka, GxdlrjZ; — jav yu{f)lco, yavgog, ydyrjiu^K;
— boiu dcc^ia, dESrji^a, dsdavta (dans Nonnus d'apres Veitch);
182
Racines du type Ar et fausses racines du type sArp.
— Kau %a(£)Cco, exjjffiu1] — KXCOI wlcdq et avec A2 xXajiog (Grdz. 572); — cpau (rac. seoondaire) %iq>av6%(a, (pa(P)Ea; — xpau %Qava, t«-%9VVS- A la p. 57 sont reunis plusieurs exemples greco-italiques de.ce genre. Une partie de ces racines sont indubitablement hysterogenes. Ainsi \iaivo^iai vient vraisernblableraent de uev comme naiva de KEV (p. 103); plus tard Va donna lieu a une meprise, et l'on forma yt,£\iv\va, {irjvig, {idvng. • L'o du lat. doleo indique egalement que Va de daXXer xccxovQyel n'est point originaire (cf. p. 1"7), et cependant l'on a SaXbo^aL. A cette famille de racines se joignent les exemples comme Jcrem, mel (p. 166 seq.). C'est une consequence directe de la theorie et une consequence pleinement confirmee par l'observation que l'a (A) des diphthongues .d et AU ne puisse etre expulse. On pourrait objecter le lat. miser a, cote de maereo, mais maereo est appareminent pour moereo de meme qne paenitet (Corssen I 2 327) est pour poenitet. Les racmes qu'on abstrait de formes comme le lat. sarpo ou taedet sont incompatibles avec notre theorie. La voyelle des racines etant toujours e, jamais a, il faudrait poser pour .racines searp teaid, soit sarp taid. Or on ne trouve pas da long dans les groupes radicaux de cette espece. Mais quelles garanties a-t-on de l'anciennete de ces radicaux? Les racines telles que derk ou weid peuvent le plus souvent se suivre facilement jusque dans la periode indo-europeenne. Des qu'il s'agit des types sarp et taid, c'est a peine si l'on recueille une ou deux coincidences entre le grec et le latin, entre le slave et le germanique. Des 22 verbes gothiques qui suivent Valiant faljia faifalji, ou haita haihait, et dont la partie radicale-finit par une consonne, 6 se retrouvent dans une des langues congeneres, mais sur ce nombre salta = lat. sallo est notoirement hysterogene; fnha si on le compare apango ne doit sa nasale qu'au suffixe; haha de meme; il est compare a la p. 59 avec le lat. cancelli et le skr. Icancate, mais xuxaXov et le skr. Mcana «attache» ne connaissent 1. Deja a la p. 169 nous avons eu roccasion de contester que Fi) de f«7ja vint du digamma: i-ntf-a est a Jceau ce que s-aasv-a est a sen. La flexion ideale serait tnrja, *syiav^sv, *£K«VTO, cf. saasva, *soav^v, hevzo (p. 21, 146).
Fausses racines du type sArp.
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point de nasale; mika enfin rentre dans un cas particulier dont il sera question ci-dessous. En realite il n'existe done que deux cas, valda = si. vlada, skaida = lat. caedo. On remarque bien que la coincidence, dans ces deux cas, ne depasse pas les idiornes les plus rapproches*. Ces fausses racines pouvaient prendre naissance de manieres tres-diverses: 1° Par l'addition de determinatifs a la forme faible des racines comme al et gau. Ainsi le goth. aljja est une continuation de ala, le lat. gaudeo est du consentement de tous une greffe tardive de gau. 2° Par infection nasale venant du suffixe du present. 3° Par propagation de la forme faible dans les racines contenant r, I, n, m. Ainsi nait le grec &UQ6 (p. 129), ainsi le greco-it. phark (farcio — cpQa66m, cf. frequens), car meme
en latin ar est dans plusieurs cas un affaiblissement, v. le chap. VI. 4° Par la combinaison des proces 1 et 3; ex.: spar-g-o de sper ((jjcctpco). 5° Par la propagation de formes contenant a2. S'il est vrai par exemple que le goth. blanda soit parent de blinda«aveugle», il faut qu'une confusion ait ete occasionnee, a l'epoque ou la reduplication subsistait partout, par le parf. bebland du present perdu *blinda. Cette forme s'associant a fefalji etc., etait capable de produire blanda. Les remarques qui precedent ne s'appliquent pas aux racines ou Ya est initial comme aidh, aug, angh, arg, dont on ne saurait contester la haute antiquite. Mais ces racines n'en sont pas moins dues a des modifications secondaires. Comme nous essayons de l'etablir au chap. VI, elles sont issues de racines contenant Ye. Par exemple le theme aus-os «aurore» et toute la racine axis procedent de la racine wes, angh procede de negh etc. 1. Nous ne trouvons que 3 exemples qui puissent a la rigueur pr^tendre a un age plus respectable: 1° Lat. laedo, cf. skr. sredhati. Comme toutes les formes parentes montrent e (v. p. 75), ce rapprochement ne peut otre. maintenu qu'a condition d'admettre une perturbation du vocalisme dans la forme latine. 2° Gr. aavaaQog, cf. skr. quiyati. Nous n'attaquons pas ce parallele; nous ne nous chargeons pas non plus d'expliquer Ya du grec, mais il faut tenir compte de l'e du T.'h*-all. siurra «gale», v. Fick III 3 327. L'cis du lith. sdusas (cf. p. 69) peut se ramener a volonte" a e, a2 ou A. 3° Lat. candeo, gr. KavSaqog, cf. skr. cdndrd. Ce dernier cas est un peu plus redoutable que les deux premiers. Cependant le groupe an peut, ici encore, provenir d'un affaiblissement tel que ceux dont nous parlerons au chap. VI.
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Types principaux des racines indo-europeennes.
On ne trouve pas de racines terminees vocaliquement et dont le vocalisme consisterait uniquement dans a1? comme serait «sfas1» ou
«l>a1». A la rigueur les presents Sanskrits comme ti-slha-ti, pioa-ti, pourraient passer pour contenir de telles racines. II faudrait attribuer a ces formes une antiquite enorrne, car ce serait y voir la base, insaisissable partout ailleurs, de racines comme stat-A, Pai~9 (gr- ^ r ^j %(a'i s ^ r - stha-tdr, pa-tar). Mais il est bien plus admissible.de dire tout simplement que ces formes sont dues a l'analogie des verbes thematiques, et que v-6xa-xt, est plus vieux que ti-slha-ti. Appelons Z tout phoneme autre que a1 et a2. On pourra poser cette loi1: chaque racine contient le groupe a1 -)- Z. Seconde loi: sauf des cas isoles, si at est suivi de deux elements, le premier est toujours une sonante, le second toujours une consonne.
Exception. Les sonantes i et o peuvent etre suivies d'une seconde sonante. Pour donner des formules aux differents types de racines que permettent ces deux lois; appelons S les sonantes i, u, n, m, r (1), A, o, et designons par C les consonncs par opposition a sonantes. Comme ce qui vient apres ay forme la partie la plus caracteristique de la racine, il est permis de negliger les differentes combinaisons auxquelles les phonemes qui precedent ax donneraient lieu. Ainsi axi, Iza^i, sl'a^i, rentreront pour nous dans le meme type, et il suffira d'indiquer par x Z place entre crochets qu'il peut y avoir differents elements avant av Ces formules ne comprennent que le premier grand embranchement de racines, mais conservent leur raison d'etre dans le second, dont nous parlerons au § 14. l er type: [x Z + ] ax + Z.
2e type: [x Z + ] a, + S + C. Type resultant de l'exception a la seconde loi:
[x Z +] a, + A (o) + S. 1. II faut avertir le lecteur que nous restituons at par hypo these a certaines racines telles que pu «pourrir» qui ne le montrent plus nulle part et que nous considerons de plus pres au chap. VI.
Forme des suffixes, etc.
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§ 12. Aper^u synoptique des variations du vocalisme amenees par la flexion. EBMAEQXTES PK^LIMINAIKES.
1. Forme des suffixes.
Nous ne considerons que les suffixes primaires. La loi fondamentale des racines etait de renfermer le groupe a1 -\- Z. Une loi analogue, mais plus large, regit les syllabes suffixales: tout suffixe contient aL. Exception. Le suffixe du participe present actif -nt ne possede pas al. Les formes dont l'analyse est douteuse cacheDt peut-etre d'autres exceptions, dont on ne peut tenir compte.
Les suffixes se divisent en deux grandes classes, selon que a1 est suivi ou non d'un phoneme. Dans le premier cas la formule coincide avec celles des syllabes radicales. Les principaux suffixes de cette classe sont -axn, -maxn, -waxn, -axm, -axr, -taxr, -axs, -yaxs, -waxs, -axi, -taxi, -naxi, -axu, -taxu, -naxu, -yaxA etc. Un theme tel que saxr-maxn ou ma^A-
taxr est une combinaison de deux cellules parfaitement sembables l'une a 1'autre. — Toutefois le parallelisme de ces suffixes avec les racines n'est pas absolu. II est restreint par une loi qui exclut des suffixes presque tout autre phoneme que t, s, et les sonantes. La deuxieme classe de suffixes est celle qui finit par ax (lequel alterne comme ailleurs avec a2). Ce sont entre autres les suffixes -av -taL, -nav -mav -yav -wav -rav 2. Qu'est-ce qu'on peut appeler les variations vocaliques amene'es par la flexion?
Les deux seules modifications que puisse subir la racine, 1'expulsion de ax et son changement en a2, sont aussi les deux seules modifications dont les suffixes soient susceptibles. Les variations proethniques du vocalisme, si Ton en fait le total, se composent done: 1° des cas d'expulsion et de transformation de Vat radical; 2° des cas d'expulsion et de transformation de l'ax suffixal. Mais pour saisir les phenomenes dans leur lien interieur, la classification des syllabes en syllabes radicales et syllabes suffixales ne convient pas. II y faut substituer la division en syllabes ou cellules presuffixales et pre'de'sinentielles.
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Definition du sujet du § 12.
Les syllabes presuffixales sont celles qui precedent immediatement un suffixe. II s'entend de soi-meme que; dans le mot primaire, ce ne peuvent jamais etre que des racines. Les syllabes predesinentielles comprennent: 1° les racines sans suffixe; 2° les suffixes. Si le terme de sylldbe n'etait ici plus ou moins consacre par l'usage, nous lui prefererions beaucoup celui de cellule ou d! unite morphologique, car un grand nombre de racines et de suffixes — p. ex. sta^A-, paxrA- (§ 14), -yatA, peut-etre aussi Jca^i-, -natu etc.—
sont disyllabiques. Definissons done bien ce que nous entendons par «syllabe» ou cellule: groupe de phonemes ayant, a I'e'tat non affaibli, le meme &t pour centre naturel.
Nous nous proposons d'etudier les variations vocaliques du mot primaire (expulsions et transformations de Yd) qui sont en rapport avec la flexion. Ce sujet ne touche, sauf une exception douteuse (p. 221), a aucune des modifications que subissent les syllabes presuffixales; il embrasse en revanche lapresque totalite de celles qui s'accomplissent dans les syllabes
predesinentielles.
Nous ne disons pas la totalite, parce que dans certains themes-racines tels que skr. mrdh ou (agva-Jytig on constate un affaiblissement persistant a tous les cas de la declinaison. Apparemment cet affaiblissement ne depend pas de la flexion. Le principe du changement de Ya1 en a2 etant presque aussi mal connu pour les syllabes predesinentielles que pour d'autres on ne saurait affirmer que ce changement depend de la flexion avec une securite aussi grande que pour le second genre de modifications, 1'expulsion de la. Neanmoinsl'alternancequ'onobserve entre les deux a, alternance qui se dirige sur celle des desinences nous a determine a ranger l'apparition de Ya2 predesinentiel parmi les phenomenes de flexion. Flexion verbale. 1. EXPULSION DE L'a.
De la conformation des racines et des suffixes (v. ci-dessus) il resulte, soit pour les nonis soit pour les verbes, deux types principaux de themes. Dans le premier type a± finit le theme, dans le second at est suivi d'un ou de deux phonemes.
Flexion forte et flexion faible. Accent du verbe.
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Themes verbaux du premier type: rd1iJca1- (Xefas-), (fone-), ra^ksya^ (hsiipe), spakyax- (^pagya-), gmskdx- ((l Themes verbaux du second type: a. Racine simple ou redoublee. Ex.: d1s- (£<>-), d±i- (si-), bhd1A- (
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Lois de laflexionforte. Leur application au verbe.
les degradations de la flexion, c'est un fait proclaim? d'abord par M. Benfey, mis en lumiere dans ces derniers temps par les travaux de M. Osthoff et de M. Brugman et sur lequel la plupart des linguistes tombent d'accord des a present. Nous allons essayer de reduire a des principes aussi simples que possible: 1° les resultats des deplaceruents d'accent, 2° les displacements d'accent eux-memes. II n'y a d'autres themes verbaux paroxytons que les formes comme rd^Jca^1, ou l'accent est indifferent, ainsi que cela ressort de la loi I (v. ci-dessous). On peut done poser la regie comme si tous les themes etaient oxytons. Ces regies sont celles de la flexion forte en general sans distinction du nom et du verbe. I. L'ffij QUI F1NIT UN THEME ET QUI PORTE LE TON NE PEUT S'EN DEPARTIR EN AUCUN CAS. II. Si LA LOI I N'Y MET OBSTACLE, TOUTE DESINENCE SUSCEPTIBLE D'ACCENT (C'EST-A-DIRE FORMANT UNE SYLLABE) S'EMPARE DU TON DE LA CELLULE PREDESINENTIELLE. I I I . AUSSITOT PRIVE D'ACCENT, L'ffij DE LA CELLULE PEEDESINENTIELLE SE I>ERD.
L'enonce de la loi II renferme implicitement l'hypothese a laquelle nous recourons pour expliquer la variation de l'accent: c'est de poser les desinences dites secondaires comme etant en realite les plus primitives. La forme indo-europeenne de ces desinences n'est pas encore determinee pour chaque personne avec la meme surete; mais du moins il n'y a pas de doute possible touchant celles du singulier de l'actif, et c'est la le point principal pour ce que nous avons en vue. Actif: -m -s -t; -ma! -tat -nt; -wa -tarn -taam. Moyen2: -mi? -SA -tA; -maxdha -dhwax -ntA; -wadha — — La combinaison de ces desinences avec les themes rd^il-, prnaxA-, rilc^ ces exemples suffiront — donnera d'apres ce qui est stipule plus haut: 1. Sur le skr. piparti etc. v. p. 191. 2. SurJe greo -co, -zo etc. v. p. 101 seq.
Les formes a desinence elite primaire. Aotif ra^k-m' ra,ik-s ra,ik-t rik-ma, rik-ta, rik-nt rik-wa rik-tam rik-taam
Moyen rik-mX
Aotif •
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Moyen
Actif Moyen rika^-m rika^-mA rik&j-SA rik-sA prna,A-s prn A -si rikaj-s rik-tl rika,j-t rikaj -tA prn^nA-t prnA-tA rik-ma, dha2 prn A -maj 3 prn A -ma,dha rikai-mai rik^-maidh rik-dhwa. prn A -ta, prnA-dhwa, rikaj-ta. rikardhwa rik-ntl prn-nti rikaj-nt rikaj-ntA P£ n ?* rik-wadha 2 prnA-wa prnA-wadha rika,-wa rikaj-wadha — — prn A -tam — rika^-tam —. — — rika.-taam prn A -taam prn&jA-m prn A -inA
A l'imperatif; la 2e et la 3 e pers. sing. moy. (skr. dviksvd, d; dvistam, prnltam etc.) repondent a la regie. La 3 e pers. de l'actif7 forme forte (skr. dvestu, prnatu), parait etre en contradiction avec le principe des «desinences qui font une syllabe». Mais ici nous touchons a la question des desinences «primaires». La plupart des formes «primaires» peuvent se tirer des formes «secondaires» au moyen de l'element i que suppose M. Fr. Miiller: -m-i -»u-i(?), -s-i -SA-1, -t-i -tA-i, -nt-i -ntA-i, -mas-i -madha-i, -was-i -wadha-i (peut-etre Ys de -mas-i et -was-i vient-il del'ancien dh transforme en -s a la fin du mot, conserve au moyen par Ya quf suivait?). M. Bergaigne fait remarquer (Mem. Soc. Ling. I l l 105) que deux couples de desinences sanskrites du moyen, -dhvam -dhve et -ram -re presentent un rapport different et il suppose que la nasale de -dhvam et -ram a ete ajoutee apres coup. Comme le grec -6&e indique de son cote une forme -dhwal} cette hypothese est extremement vraisemblable. La serie s'augmente done encore de 2 cas. Nous ne pouvons savoir si le -hi de dvestu, prnatu, n'a point ete forme par l'addition d'un -u, comme -ti par Faddition.d'un -i. Maintenant pourquoi, l'&' ou I'M une fois ajoutes dans rdikm-i et les formes du rnenie genre, le ton n'a-t-il pas passe selon la regie sur la desinence? A cela on peut trouver deux reponses principales. A l'epoque ou Yi (u) fut ajoute, l'attraction que la desinence exercait sur l'accent, pouvait avoir cesse. En second 1. Comme nous l'avona dit p. 40 seq. nous supposons que raiJcm devant la voyelle initiale d'un mot venant apres lui dans la phrase aurait eta" monosyllabe; qu'en general I'm de la l e personne ne faisait syllabe que dans les cas de necessity absolue. 2. Ou rikma^hd, rikwadhd? 3. Par alteration secondaire -nA- est devenu -nA-, v. p. 178 seq.
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Imp<5ratif en -dhi.
lieu, il est tres-digne de remarque que la voyelle desinentielle soit dans les quatres formes en question (dvesmi, dvehsi, dv&li, dvestu) un i ou un u, qui n'est suivi d'aucun autre phoneme. Certains indices font croire que Yi et Yu, dans ces conditions, avaient une prononciation tres-faible qui les rendait incapables de porter l'accent1. C'est ce qui se verifie dans la flezion nominale pour le locatif ulisani, datdri etc., peut-etre aussi pour les nominatifs neutres comme pdgu (gen. pagvds), v. p. 222. On nous fera remarquer qu'une autre forme de l'imperatif, la 2e personne dviddhi,prrvihi etc., s'oppose a une hypothese de ce genre. A cela on peut repondre premierement que le theme fort fait de frequentes apparitions dans ces imperatifs. On a en Sanskrit radhi, Qarudhi, bodhi (de hodh), gahahi que cite M. Benfey Or, u. Occ. I 303, grbhnald, pr.lnrdd (Ludwig Wiener Sitzungsber. LV 149); en grec (irj&i, rkrjfri, Gv^i-itaxn, dbda&i,, Urjfti (Curt. Verb.
II 35). En second lieu, quand on considere le caractere presque 1. Si Ton admet cette explication, l'hypothese de la priorite des desinences secondaires n'est plus absolument necessaire. Au reste certains faits ne seraient pas loin de nous faire croire que les sonantes i, u, r,n, Siuivies ou non d'vra phoneme, (itaient incapables de prendre l'acceiit, et que la desinence pour attirer le ton devait contenir un a {alr ait A). C'est la 3 e personue du pluriel qui est en question. En Sanskrit le present de la rac. gas fait suivant Panini gasmi, gassi, gdsti, risvds, gismds, gasati (cf. marganti). Les presents redoubles, sans montrer, il est vrai, la racine pleine, eVitent cependant d'accentuer -nti et retirent le ton sur la reduplication: piparmi, piprmds, piprati. Enfin devant la desinence -MS ou -ur, bien qu'elle n'ait rien de commun avec la premiere (J. Darmesteter Mem. Soc. Ling. Ill 95 seq.), on trouve reellement la racine pleine, vivyacus, avivyacus en regard de vivildds, vivegus, dguhavus, agigrayus etc. V. Delbriick Altind. Verb. 65. Tout cela semble temoigner d'une epoque ou la 3 e personne du pluriel a Vactif ^tait une forme forte. Et cependant d'autres indices y contredisent. Ne retrouvons-nous pas dans les langues les plus diverses le pendant du skr. s-dnti «ils sont» ou l'a, radical est perdu? Oui, mais ici se presente une nouvelle complication. Ni le gr. ivzi ni le lat. sunt ni le si. sqti ni le goth. sind ne s'accordent avec un primitif snti a nasale sonante, et Ton se demande si l'affaiblissement radical incontestable pour cette forme ne tiendrait pas pre'cisement a la nature particuliere de sa desinence. Nous ne voulons pas nous perdre dans ce probleme tres-complique deja effleure p. 39 i. n. II nous semble qu'en somme la premiere the"orie, base^e sur les desin mcos secondaires, satisfait davantage que celle-ci.
Aoriste sigmatique. Parfait. Optatif en -ya.
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facultatif de la desinence -dhi, on se demande si elle n'est pas dans l'origine une particule fibre agglutinee plus tard au theme. II reste a considerer differents paradigmes offrant une anonialie apparente ou reelle. 1. Les formes fortes de la 3 e classe avaient, croyons-nous, deux accents dans la langue mere, l'un frappant la racine et l'autre le redoublement (v. § 13 fin). Le saut de l'accent dans skr. piprmds en regard de piparti n'est done qu'apparent. 2. Les aoristes sigmatiques comme dgaisam ont un vocalisme assez trouble. Les racines finissant par une consonne s'affaiblissent au moyen1; ex. dviksmahi, en regard de acesmahi. Cela nous donne le droit de supposer que ce temps a possede primitivement dans toute son extension l'alternance de formes fortes et de formes faibles que la structure du theme doit y faire attendre. Le pluriel et le duel de l'actif ainsi que le moyen pour certaines racines, ont done subi un metaplasme. L'accentuation n'est pas moins corrompue que le vocalisme (Benfey Vollst. Gramm. p. 389). En grec les formes fortes ont prevalu comme en Sanskrit (p. 128). 3. La 2" et la 3 e pers. sing, du parfait semblent se preter assez mal a notre theorie, puisque -ta (skr. -thd) et -a pouvaient prendre l'accent. Mais aussi Ya radical n'est point a1} il est av C'est la, je crois, une circonstance importante, bien qu'il soit difficile d'en determiner au juste la portee. Le fait est que les regies qu'on peut etablir pour les deplacements de l'accent et la chute de Va sont souvent eludees quand cet a apparait sous la forme deffl2.Of. § 13 fin. 4. Optatif en -ydxA. Flechi comme prndxA- ce temps devait faire au pluriel (*riktfA-md) rikyA-md, au .moyen (*rikyA-tA1), rikyA-tl. Mais le groupe yA ne peut subsister. II se change- en % des la periode proethnique tout de merae que rA se change en r (v. p. 179 et le chap. VI). Toutes les formes qui n'apartiennent pas au singulier de l'actif avaient done * dans la langue mere. Pour le moyen M. Benfey a etabli ce fait dans son ecrit Ueber die Entstehung etc. des indog. Optat.2 (Memoires de l'Acad. de Goettingue 1. Bopp Kr. Gramm. derSanskr.-Spr. % 349. Delbruok Altind. Verb, p. 178 seq. 2. Bopp oonsidere que l'accentuation de StSoho, SLSOLO&S, doit faire admettre que la contraction s'est accomplie dans le grec meme. Mais qui
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Optatif en -ya.
XVI135 seq.). Au pluriel et au duel de Tactif le merne I apparait dans toutes les langues europeennes: lat. s-i-mus (sing, s-ie-m), gr. E-l-pEv (sing, s-ttj-v), si. jad-i-mu (sing. jazcli = *jadji), goth ber-ei-ma (le singul. bereif s'est dirige sur le pluriel). Nous renvoyons au travail deja cite de M. Paul Beitr. IV 381 seq.7 sans pouvoir toutefois nous associer a la conception de l'auteur qui voit dans Yl «une contraction de -ya». En Sanskrit nous trouvons au pluriel et au duel de l'actif lihydma, lihydva etc. Ces formes sont dues a l'extension analogique du singulier. Qu'on considere: 1° que les langues d'Europe sont unaninies dans Yl] 2° que la theorie generale de laflexionveut I, non ya] 3° que les cas comme pami pamds en regard du gr. cpcc^i cpafiev etablissent un precedent pour la propagation de Ya long (p. 147); 4° qu'en Sanskrit meme le rnoyen offre Yl et que toute divergence entre le moyen et le pluriel-duel de l'actif a un caractere anormal; 5° enfin que le zend montre Yl dans quelques formes actives: Justi donne daiSUem (3e p. du.), puis rfthit, fra-zahlt, daidlf, formes du singulier qui ont re^u 1'* par analogie1. Le precatif vedique (Delbr. 1. c. 196) suit exacternent dans sa flexion l'exemple de l'optatif. Actif: bhu-yas-am, Jcri-yas-ma; moyen: muc-is-fa etc. sait si cette accentuation existait ailleurs que dans l'ecriture ou la theorie grammaticale ne pouvait manquer de l'amener. C'est ainsi que ti&sioi n'est properispomene que grace aux fausses conclusions tirees de n&saei, v. Brugman Stud. IX 296. — On sait que M. Benfey pose la comme caracteristique. Les arguments objeetifs pour Vi long se bornent a ceci: 1° On trouve une fois dans le Mahabharata bhungiyam; 2° Rig-Veda X 148, 2, le metre, dit l'auteur, demande sahias (dasir vic/ah suriena sahias). II serait plaisant que nous nous melions d'attaquer M. Benfey sur des points de metrique vedique. Nous avouons seulement, comme impression toute pei'sonnelle, etre peu satisfait d'une pareille chute de tristubh et l'etre bien davantage de surijena sahyas (_ u ), quand meme on devrait faire deux syllabes de Ya de dasir, parce que du moins la 8 me syllabe du pada se trouve ainei etre une longue, selon l'habitude. Quant a duhlyat, M. Benfey y voit une forme thematique. Nous sorames done en droit d'y supposer le theme faible dulii-. — Parmi les optatifs que donne Delbrvick (1. c. 196) on trouve gaksiyat. Outre que dans le texte cette forme est placee tout pres de papiyat, Vi peut s'expliquer comme voyelle de liaison (allongee par 1'effet de y). 1. En Sanskrit l'optatif de la 3 e classe accentue au moyen la syllabe de reduplication. Rien n'indique que cette particularity soit primitive.
Optatif des vcrbes thematiques. — II.J dana le verbe.
103
5. Optatif de la conjugaison thematique. La caracteristique, ainsi que l'admet M. Benfey, est un -I long1 que nous croyons sorti de -yavi a peu pres comme dans les formes faibles dont il vient d'etre question. Mais il est fort difficile de dire d'apres quel principe la reduction de -ya^A en -i = *?/' a pu se faire ici, la tonique preeedant la caracteristique. La flexion est unique en son genre. On attendrait que le'theme skr. tude ( = *tuda-t) fit au pluriel <s:titdhmi», puisque Va est suivi d'un phoneme. Mais
on remarque que cet a est a2 (p. 87), ce qui? nous l'avons vu, change beaucoup la question. L'a se maintient done, et il en resulte ce phenomene inconnu d'ailleurs d'une flexion sans degradation se faisant sur un theme qui ne finit point par av — Par une coincidence curieuse mais fortuite sans doute l'alternance des anciennes diphthpngues slaves e et i dans l'imper. nesi, nesi, nesemu, nes'ete, ncs'eve, neseta semble se refleter dans le zend barois, baroil, baraema, baraetem (moy. baraesa, baraeta; au pluriel oi
reparait). Nous avons cherche en vain ce qui pourrait justifier une difference originaire entre la drphthongue du singulier et celle du pluriel ou du moy en2. Subjonctif des verbes thematiques. Nous ne sommes pas arrive a nous faire une opinion sur la forme primitive d'un subjonctif comme le gr. (pagco (ptQrjs etc. L'« du lat. ferat serait compose de «i -(- ai> e ~f~ e ' -^e sera it-ce pas plutot ferani feres le vrai subjonctif? Et a-t-on le droit de separer moneat, audiat, de l'optatif ombrienportaia? 2. APPARITION DU PHONEME a2.
La flexion verbale ne connait la transformation de YaL en a2 que dans deux cas: 1. On sait que Vov de la 3 e pers. sing, de l'optatif grec {naiSsvoi) ne compte jamais pour breve, et en consequence l'accent reste sur la pe"nultieme. 11 y a peut-etre la, comme on l'a suppose, un indice de l'S long. 2. On pourrait supposer que primitivement le ton passait sur les desinences et qu'en meme temps Ya2 du singulier etait remplace par a,: 3 e sg. tudd2U, plur. tuda^md. Ceci permettrait a la verite' d'etablir entre nesi et nesemu la meme proportiou qu'entre vluci (IVKOI) et vluce (*lmst, v. p. 91). Mais, outre qu'en general Voi et Vae du zend paraissent varier sans regie fixe, on ne voit pas en vertu de quelle loi l'a, au lieu de tomber au pluriel, se serait contents' de devenir a,. 13
194
Declinaiaon. Principe des cas forts et des cas faibles.
1° Dans la conjugaison thematique, ou le phenomene paraitpouvoir s'expliquer par la nature de la consonne qui suit Ya. Voy. p. 87. 2° Au singulier du parfait, ou Ya transforme est un a radical. e La l personne conservait peut-etre av Voy. p. 71 seq. Flexion nominale. 1. EXPULSION DE iJa. A. L'expulsion se produit en vertu des lois de la flexion forte. THAMES OXYTONS.
Les themes fmissant par a1 se comporteni; comme dans la flexion verbale. L'accent ne passe point sur les desinences, et Ya persiste par consequent a toutes les formes1. La premiere remarque a faire relativement aux themes ou VaL est suivi d'un ou de deux phonemes, c'est qn'ils n appartiennent a la flexion forte qii'au sinyulier.
Le pluriel et le duel devront
done etre traites sous la lettre B. On sait que l'anciennete del'accentuationsanskriteestprouvee ici par son accord avec celle des monosyllabes grecs. Les cas faibles, e'est-a-dire accentues sur la desinence et depourvus d'a dans la syllabe predesinentielle, sont: 1 instrumental, le datif, le genitif. Les desinences sont -a, -AI (p. 92), -As. Les cas forts ou pourvus d'a sont: le nominatif, l'accusatif, le locatif, le vocatif. Les desinences sont -s, -m, -i, e*j ee'ro. On le voit, le principe pose plus haut se verifie. Ce qui fait qu'il y a des cas forts, c'est uniquement l'incapacite de certaines desinences a recevoir le ton'-'. Au vocatif d'ailleurs l'accent fuit vers le commencement du mot. 1. L'accentuation du pronom skr. a dans les formes comme asya (a cute de dsya) sera nee secondairement, quand le besoin de distinguer certaines nuances se sera fait sentir (voy. le dictionnaire de Grassmann, col. 207). Celle qu'accuse le goth. fize, pisos, parait etre simplement proclitique: le Sanskrit a tdsya, tesam, tdsyas. 2. Nous devons nous contenter de citer la the'orie differente et trescomplete que M. Bergaigne a presentee sur ce sujet Mem. Soc. Ling. II 371 seq. Comme cette the'orie est liee intimement a la question de l'origine des desinences et de la flexion en general, la discussion qu'elle demanderait ne manquerait. pas de nous entrainer fort loin.
Expulsion de Va dans les themes en -tvas et en -ar, -tar.
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Nous venons de ranger le locatif parmi les cas forts. Effectivement on sait qu'en Sanskrit la forme forte y est permise, sinon obligatoire comme dans pitdri, datdri1. Deux exemples particulierement interessants sont dydvi (cf. dive etc.) et lisdmi en regard de l'instr. Mama. Sur l'aversion qu'a le ton pour Yi final v. p. 190. Les phenomenes speciaux du nominatif, qui parfois se forinait sans s, demandent a n'etre pas separes de la question de Ya2. II nous faut done renvoyer le lecteur a la page 213. Dans l'application de la theorie qui vient d'etre formulee, nous nous bornerons, le sujet etant immense, a relever les points saillants de la declinaison de chaque espece de themes. Nous adoptons completenient les principaux resultats de 1'etude de M. Brugman sur les themes a liquide (Stud. IX 363 seq.). Ce travail avait ete precede de la theorie de M. Osthoff sur la declinaison des themes a nasale (Beitr. de P. et B. Ill 1 seq.), qui s'en approchait beaucoup pour le fond de la conception, raais sans proclamer encore l'expulsion totale de Ya aux cas faibles et sans operer avec le phoneme av M. Osthoff admettait une echelle d'a de forces differentes. — Nous inettrons encore a profit l'article de M. Brugman sur les suffixes -as, -yas, -was (K. Z. XXIV 1 seq.). Les restes de la degradation des suffixes en letto-slave sont recueillis par M. Leskien Archiv fur slav. Philol. Ill 108 seq. Comme type de la forme faible nous choisirons le datif. Themes en -was. L'accent, en Sanskrit, s'est retire aux cas faibles sur le suffixe: vidiise, gagrbhuse pour *vidu.se, gagrbhnse. La
forme proethnique -us- des cas faibles, telle que l'admet M. Brugman K. Z. XXIV 97, est assuree indirectement par le grec -via, et ISVLOI (ibid. 81), par le goth. berusjos et le si. -us-je-. Themes a liquide. L'expulsion proethnique de Via aux cas faibles a ete mise en pleine lumiere par M. Brugman. Le phenomene le plus singulier est celui du genitif indien en -ur. Nous essayons de l'expliquer de la maniere suivante. 1. Les themes qui ne finissent pas par une sonante font exception; le locatif y a &>6 mSld aux cas faibles: tudati, vidusi etc. — De quelque maniere qn'on doire expliquer les locatifs vediques sans % comme murdhdn, ils ne peuvent infirmer en rien la theorie. 13*
196
Expulsion de Va dans les themes a nasale.
La desinence du genitif est -As et non -as. Accentuee, comme dans padds, elle a du en Sanskrit se developper en -as (p. 177). Non accentuee, on la voit donner -us dans pdtyus, sakhyus, gdnyus (ici par consequent il faut poser -us, non -ur). Peu a peu cependant la forme -as parvient a eliminer sa rivale. L'hypothese de cette desinence -As est confirmee: 1° par le vocalisme du grec -og et du slave -e; 2° par les genitifs cornme yuktes, mrdds, dont il sera question plus bas. Enfin elle eclaircit, jusqu'a un certain point, le genitif Sanskrit matur. Le prototype de matur est matr-As. Le groupe rA doit donner r, puis ur (§ 14). La qualite de la voyelle est done expliquee, mais non sa quantite. En zend on a les genitifs nars, gaftars, qui viennent de *nfs, *(agtrs, l'r-voyelle s'etant developpe mar devant s comme dans arslian et autres cas. Dans iiksnds le son A ne s'est point fondu avec la nasale qui precede, ce qui s'explique fort bien, croyons-nous, par des raisons physiologiques. Nousreviendrons sur ce point au chap. VI. D'ordinaire la contraction de rA en r est proethnique. Dans le cas qui nous occupe, le gr. natQog1, le goth. fadrs, paraissent indiquer qu'elle n'est qu'indo-iranienne. Les conditions, aussi, sont assez particulieres, l'accent reposant sur le phoneme A, ce qui ailleurs n'est pas le cas. Le paradigme indien des themes en -an est parfaitement regulier. Les langues europeennes n'en out conserve que des debris. On a en latin euro carnis, en grec nvav xvvog^, ainsi que uQvog. M. Osthoff (1. c. 76 seq.) pose comme theme de ce dernier mot varan- (waran-). II nous semble que le skr. lirana ne s'accorde bien qu'avec icr-dn. Ceci donne la flexion grecque tresancienne: *fQ-^v, gen. *JLr-v-6g. Le nominatif subsiste dans ; le genitif est devenu regulierement *£a$v6g, IXQ 1. Est-ce que VVKZCOQ serait pour *vvKzoQg, vvntrgf Cf. rjfisgctg « «K* VVHTIDQ = ripiqag zs v-ocl vvyizog. 2. L'acoent, dans KVCOV, a et^ recule; of. skr. pvd. 3. Hdsychius donne: §uva- agvec. 'Pcopuioi Ss pdzqa%ov. M. Mor.
Schmidt eorit QCCVCC, ce qui est necessaire pour la seconde partie de la
glose, mais peu probable pour la premiere. On ne pourrait attendre que Qtjva. Nous pensons que les gloses QUVU et §uva se sont confondues et que <jav- et &QV- remontent tous deux a frv, comme SQCIZOS et Sagrog a Snoq.
Expulsion de Va dans les themes en -a-nt et en -ai, -au.
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L'armenien gar°n dont parle M. Osthoff peut se ramener a la forme faible wr-n-. La declinaison
generalisation de l'accusatif et aussi du locatif, car q>()ivi, jrot(isvi, ont ete de tout temps des formes fortes. L'explication du goth. auhsin resulte du fait auquel nous venons de faire allusion: auhsin est identique avec le skr. uJcsdniAu genitif on attendrait *auhsns. II parait evident que auhsins est une imitation du datif auhsin. J'ai deja cite l'article de M. Leskien, ou il est inontre entre autres que le si. dine «diei» vient d'un theme diwan- ou dian-. Pour les formes indiennes comme brahmd^e, il sera difficile de decider si Va s'est maintenu des l'origine pour empecher le conflit des consonnes ou si brahmdne. represente un primitif *brahmnne. La position de l'accent conseille peut-etre la premiere solution. Le theme en -am ghi-dm se decline comme les precedents. V. Brugman Stud. TX 307 seq. Le zend a au nominatif zy-ao, au gen. si-m-o.
Le suffixe participal -nt, lui-meme depourvu d'a, peut emprunter celui du theme quand ce dernier finit par a. Tout se passe alors comme si le suffixe etait -ant. L'accent qui restait immobile tant que Vat (a2) qui le supportait finissait le theme passe aux desinences aussitot que cet a^ est revetu du groupe -nt (lois I et II, p. 188). La flexion est done en Sanskrit tudun, tudate ( = tudnte) etc. V. Brugman Stud. IX 329 seq. Le grec Xafiav lafiovtog a generalise la forme forte. En latin au contraire -ent continue la forme faible a nasale sonante7 que M. Sievers a reconnue en germanique dans hulundi, Jmsundi et autres feminins. Une petite minorite seulement parmi les themes qui finissent par i et u appartient a la flexion forte. L'exemple le plus important est di-djU-J «ciel». 1. M. L. Havet (Mem. Soc. Ling. II 177) a montre que ce theme vient d'une racine di (dai) et point de diw (dyau).
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Mots en i et en u de flexion forte.
nom. voc. ace. loc. dat.
di-dxu-s di-UjU di-djii-m di-d{W-i di-w-ii
Cf. (ma-to^r) ma-ta^r ma-ta^r-m ma-tdjT-i tna-tr-li
(uks-a^n) uks-a^n uks-a^n-m ults-d^n-i uhs-n-li
Nominatif: plutot que de voir dans le skr. dyaus l'allongement du nominatif il faut je crois, a cause du gr. ZE^S, assimiler Vau de cette forme a celui de yaumi etc. (p. 128). — Vocatif: gr. Zsv. — Acousatif: did^m et la forme la plus ancienne, mais la coincidence du gr. Zijv avec skr. dyam parait etablir que des une epoque tres-reculee la dipbthongue avait cesse d'exister. Cf. p. 41. L'a de la forme Jdv que rapporte un grammairien est assurement singulier, mais la forme eolo-dorique ordinaire montre rj, v. Schrader Stud. X 319. — Locatif: ved. dydvi.
Nous allons etudier quelques autres mots du type di-au. Pour ne point les disperser a plusieurs endroits nous citerons les paroxytons cornine les oxytons; nous aurons aussi a faire la distinction de at et a2 aux formes fortes. Parmi les themes en -i, nous reconnaissons pour avoir appartenu a la declinaison de di-au: Au-dxi «oiseau» qui dans le Veda fait ve's au nominatif. Le reste de la flexion est degenere et meme au nominatif, vis commence a prendre pied. En latin on a encore les mots comme vates, ace. vatem. C'est un echantillon analogue qui se cache dans le skr. kavi, car en zend ce mot fait a l'acc. Jcavaem. Seulement nous trouvons pour nominatif zd. Icava = *]cava. Etant donne pita(r) de pitar-, le nom. *kava(i) de Jcavai- n'a rien de surprenant. Mais il faut proyisoirement nous resigner a ignorer pourquoi les themes en -M n'ont jamais de nominatif sans s et pourquoi les themes en i eux-memes ont la double formation ves et *laru. Cf. p. 213. Flexion de gau «bceuf». Quelle est la forme exacte de ce theme? C'est, croyons-nous, ga-^u et non g^u: 1° parce que dans l'hypothese gatu on devrait trouver aux cas faibles gu-; 2° parce que le v. h'-all. chuo suppose un a long'. Les composes indiens comme su-gu ne sont dus oertainement qu'a un changement de declinaison. La langue, partant de formes comme le ge"n. sugos ou le dat. sugdve et se laissant guider par les adjectifs en -u (prthu etc.), devait aboutir a sugiis. Du reste ga-a^ se 1. On pourrait dire qu'il y a ici le meme allongement du nominatif que pour fot- (p. 213). Mais Ztvg (v. ci-dessus) montre qu'un theme comme gatu n'eiit point allonge le nominatif. — J'ai ete rendu attentif a la forme chuo par M. le D r Kogel qui du reste l'expliquait differemment.
Mots en i et en u de flexion forte.
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decline regulierement soit en Sanskrit soit en zend. Cf. skr. gaus (ga-a^-s) et dy-au-s, gd-v-e et di-v-e. Aux cas faibles, le ton s'est fixe sur l'a de ga-v-. Cet a n'y avait evidemment aucun droit, mais en Sanskrit l'attraction qu'exercent sur Taccent les a radicaux de toute provenance parait avoir ete presque irresistible. Le locatif gavi au lieu de *gavi est comme divi a c6te de dyavi. Le gr. §o-f-, §ov = skr. ga-v-, go- indique que l'a radical est un p. La forme forte s'est perdue: §ovg a remplace *(lca(v)g. Homere a bien encore l'acc. §
Themes en n qui prennent a2. Le zend a les formes suivantes: ace. nagaum (cadavre) = *nagavam (n. pi. nagavo); ace. peregawm (cote), garemaum (chaleur). La flexion est complete pour Tancien perse dahyau-Sj ace. dahyau-m (nom. et ace. pi. dahyav-a, gen. pi. dahyunam, loc. dahyiisiwa). Le meme mot en zend donne l'acc. danhaom — on attendrait danhaum — (et le nom. pi. danhavo). On a en outre le nom. sg. bagaus (bras) dont l'a s'explique, comme pour le perse dahyaus, par l'influence de l'accusatif2 (*bazauni) lequel ne nous est point parvenu. II regne du reste, comme le montre dahyaom en regard de dahyavo, une certaine confusion entre les themes qui prennent a2 et ceux qui ne le prennent pas. Justement en regard de *Mmum le Veda nous offre bahava, duel du meme theme3. Cette flexion est d'autant moins suspecte d'origine recente qu'elle apparait de preference au sein d'une petite famille de themes en u avec laquelle nous avons fait connaissance p. 1;S3: ce sont des feminins4, qui ont a t dans la racine. II est possible, comme l'a conjecture M. G. Meyer (Stammbildung p. 74), que les noms grecs en -sv-g aient quelque rapport avec cette de-^ clinaison, seulement rapprocher Ya arien de Vrj de toxfjog est, croyons-nous, inadmissible. Tl ne faut pas oublier d'ailleurs l'absence de Ysv dans vexvg, 7trj%vg, ou on serait le plus en droit de l'attendre. — M. Meyer rappelle les norninatifs gothiques comme sunaus. On pourrait penser en effet que e'est la un dernier souvenir de la double flexion primitive des themes en u. 1. Le dor. §mg,fici>v,n'est que la transformation de (Sovg, fiovv. 2. A moins d'admettre un allongement du nominatif coexistant avec Vs. 3. II est inutile de forger un mot bahava tout expres pour expliquer cette forme. 4. Au masculin peregaum est oppose en Sanskrit le feminin pdrgu.
200
Mots en i et en u de flexion forte.
Themes en i qui prennent a2. Le plus important est le theme skr. sakhe-, ace. sdhhay-am (zd. hu-sha%aim), voc. sahhe, dat. sdkhy-e (nom. pi. sdlchayas). L'a long du nominatif s«/J«T est tout autre que l'a (== a.,) de sdkhdyam: il suffit de rappeler *kava en regard de *lcavayam (Jcavaeni). C'est ici peut-etre que se place le nom. pi. qiaomayo (Spiegel Gramm. 133). Depuis le travail de M. Ahrens sur les feminins grecs en o K. Z. Ill 81 seq. il est constant que le theme de ces mots finit par i. Nous soupconnons que ce sont la les correspondants du type sfer. scikhe. Si Ton a le droit de mettre en parallele data et dnxcoQ
dataram SdxoQa
datar 8C5ZOQ
datra [daxoQOg pour *da)XQOs]
on a aussi celui de comparer saklia et Ar\%m
sakhayam sdkhe Af]xco(*Arjt6a) Ay\xol
sdkhya [*Arjx6os pour *Arjxiog]
A l'accusatif nous avons ecrit AY\XK>\ c'est l'accentuation que prescrit Dionysius Thrax (Ahrens 1. c. 93). Du reste il n'y aurait aucim temoignage en faveur du circonflexe que cela ne devrait pas arreter, etant donnes les procedes des grammairiens, de voir dans co la contraction de oa1, cf. Brugman Stud. IV 163. Sans doute il y a les accusatifs ioniens comme 'Iovv, et l'on sait que M. Curtius en a infere que le theme finissait par -ofi. Mais les observations que fait a ce sujet M. Windisch Stud. II 229 montrent bien que cette explication n'a pas satisfait tout le monde. De *'Io£iv a 'Iovv le chemin n'est guere facile. De toute maniere cette forme en -ovv est enigmatique et a l'air d'un emprunt fait a d'autres declinaisons, peut-etre a celle de (iovg. L'hypothese des themes en -ofi, ne permet pas du reste, ainsi que le reconnait M. Curtius2, d'expliquer l'o du nom. Arjxa. — On pourrait s'etonner 1. Parmi les nombreuses formes que cite M. Ahrens, il ne se trouve aueun accusatif qui ait l't souscrit ou adscrit, preuve que I'm n'y eft point primitif comme au nominatif, et qu'il est bien sorti de -o(y)a. La terminaison -oya a, son tour ne saurait etre tres-ancienne. La forme pure serait -oiv. On a era en effet avoir conserve" dea accusatifs comme Aatovv, mais, M. Ahrens montre qu'ils proviennent d'une fausse lecon. Us avaient done peri des avant l'epoque historique. On peut comparer plus ou moins *Ar\xoya pour *Ar\zoiv a rjSifa pour rjSvv. 2. Le savant professeur conjecture seulement que l'analogie des formes
Expulsion do Ya dans les themes en -as.
201
que les themes grecs en -u./i soient employes si exclusivement a former des feminins-. Toutefois il y a des traces dumasculindans les noms propres IlarQco, MrjzQco, 'HQCO (Curt. Erl. 54). II est probable que bon nombre de mots analogues sont a tout jamais caches pour nous pafce qu'ils ont revetu la flexion courante des themes finissant par i et u. En voyant par exemple que dans le Rig-Veda dvi «mouton» fait au gen. dvyas et jamais dvcs, absolument comme on a en grec oioq (pour *o£iog) et non «o£cog», il est naturel de croire que laflexionpremiere a ete: nom. awa^-s ou awu{i, dat. awy-Ai, ace. awaxi-m etc. Peut-etre que le gen. goth. balgis des masculins en i, au lieu d'etre ainsi que le dat. balga einprunte aux themes en -a, offre un vestige de la flexion dont nous parlons: balgis serait pour *balgiAs. L'immobilite de l'accent dans le paradigme Sanskrit apds apdse, usas usase, n'a pas grande importance. II est possible, il est meme fort probable que le ton y subissait primitivement les rnemes deplacements que partout ailleurs. C'est la persistance anormale de Ya suffixal qui est remarquable. Jusqu'ici les syllabes predesinentielles ne nous offraient rien de semblable. M. Brugman (K. Z. XXIV 14 seq.) donne pour ce fait de tres-bonnes raisons: le desir d'eviter des formes trop disparates dans la meme declinaison, puis l'influence analogique des cas faibles du pluriel ou YaL ne pouvait tomber (ainsi apa^s-bhis). Cependant a quoi se reduit apres tout la classe des oxytons en -as? Au nom de l'aurore, skr. usas, aux mots indiens bhiy-ds «peur»,pii-mas pour *pmnds (p. 219); et aux mots comme tavds, yagds, ipevdtfg. Or ces derniers; M. Brugman la etabli, ne sont que des neutres revetus de la declinaison du masculin. II serait possible meme qu'ils fussent nes separement dans les differentes langues qui les possedent, la flexion s'etant dirigee sur celle des composes (paroxytons) comme su-mdnas. La forme pleine de leur syllabe radicale est tres-suspecte pour des oxytons. Quant a bhiy-ds etpu-mds, ils font regulierement bhl-s-a (instr. ved.), pu-ms-e. Le seul exemple dont on ait a commenter la declinaison, c'est done l'indo-eur. Ausds, et Ton peut croire en effet comme daificov 2aurait, dans de certaines limites, agi sur les mots en -co. V. Erlauterungen 55 i. n.
202
Expulsion de Ya dans les themes-racines.
que les formes faibles comme Auss2i parurent trop inintelligibles'. h'a fut done reteixu: AustisJi, skr. usdse. Pour Ya± de usdse en regard de Va2 de usasam v. p. 215. Les themes-racines, simples ou formant le second terme d'un compose, se presentent sous deux formes tout a fait diff'erentes. Dans le premier cas la racine est privee de son a± par une cause inconnue, mais evidemment independante de laflexion.Ces themes, auxquels nous faisions allusion a la page 186, ne rentrent done point dans le sujet de ce paragraphe. Ayant perdu leur a avant la flexion, ils sont desormais a l'abri de toute modification2. Quand ils finissent par i, u, r, n, m, ils s'adjoignent un t dont les longues I, u, r, n, m (chap. VI) se passent. Exemples: skr. dvis, inrdh, nic (p. 177), arva-ytig, nu'-t, hrti-t, su-lcr-t, aranyaga-t ( = -gm-i); bhi, bhu, gir ( = gr), -<ja (= gn); zend drug; gr. «/>.%-(.', "A-(P)i8-, Gv-t,vy-, dvt-rjQiS-, eit-r]A.vg> -vSog (nietaplasrne
pour -v&og); lat. ju-dic-, etc.3 Dans le second groupe de themes-racines raffaiblissement resulte de la flexion et n'embrasse done que les cas faibles. Les noms dont il s.'agit font pendant aux verbes de la 2° classe. Toutes les racines n'affectionnent pas ce genre de declinaison. A peine si celles qui finissent par r fournissent un ou deux exemples indiens comme abhi-svdr. Le vocalisme des differentes formes fortes ne peut-etre traite ici oil il ne s'agit que de l'expulsion de l'«; voy. p. 217 seq. Parmi les composes Sanskrits on remarque ceux de lian: 1. Le Big-Veda a un genitif sing, (et accusatif pi.) uscis. On le tire, avec raison probablement, d'un theme ».s. Y supposer la continuation de la forme faible us-s- serait invraisemblable a cause du double s qui serait represents par s. 2. Les deplacements d'accent restent naturellement les memes, du moins dans le mot simple. En composition, ou ils sont censes avoir lieu egalement (Benf. Gramm. p. 319), l'usage vedique contredit a, la regie. Toutefois vi-mrdh-ds R. V. X 152, 2, temoigne bien que la regie n'a pas tort. 3. Tout renforcement nasal et toute perte de nasale etant choses etrangeres a I'indo-europf5en, il est evident que la flexion du skr. yug qui fait yiing aux cas forts ne peut pas ctre ancienne. Du reste, dans le RigVeda, la forme yung- est extremement rare.
Expulsion de Ya dans les themes-racines.
203
accus. vrtra-Mn-am, dat. vrtra-ghn-e. De vah se forme anadvdh, accus. anad-vah-am, dat. anad-uh-e. On entrevoit encore la declinaison grecque primitive de BekXsQO-cpcov (dont l'accentuation est incomprehensible): le nom Il£Q<Si-(patxa, ou -<pavta repond au -ghni Sanskrit, indique que le genitif eut fait * BsllsQo-cpatog (cf. p. 27 seq.). En zend le theme vac «voix» fait a l'acc. vacim, vacem (== gr. fona), au dat. vace, a l'instr. vdca etc. Cette flexion ne peut pas etre primitive. Aucune loi a nous connue n'autoriserait dans les cas faibles d'autre forme que *uc- (a moins que Ya de vacem ne fut un veritable a long indo-europeen, ce qu'il n'est pas). La forme vac- est due evidemment a des influences d'analogie. En Sanskrit vac- a envahi, comme on sait, toute la declinaison. Posant pour theme rblvw-Vse'-, nous ramenons le nom. skr. rbhu-ksd-s a *rbhu-k~sai-s (cf. ras = *rais). L'allongement de Ya est comme pour dyaus. L'instr. pi. rbhu-lcsi-bhis s'explique de luimeme. Quant a l'accus. rbhu-ksdtt-am (au lieu de * rbhu-Ysay-am), il est du. a quelque phenomene d'analogie. Cf. divd-Ysd-s lequel fait a l'accus. divd-lcsas-am. On a dans le Rig-Veda, mais seulement au pluriel, uru-grdy-as, pdri-gray-as, de gre. Le nom. sing, eut ete, je pense, -gras. Citons encore dhl-gdv-as R. V- IX 86, 1. Quand la racine finit par a, le A des cas faibles s'elide devant la desinence: soma-pa, ace. soma-pa-m (-pd^-m), dat. soma-p-e (-pA-e). C'est ainsi qu'on a, dans le verbe, gd-h-ati = *gd-h-nti venant de gahA -\- nti. V. p. 36 et le § 14. Sur la signification qu'on attribuera a l'echange de at et a2 dans les mots comme pad ou Ya ne peut tomber, v. p. 215. THAMES PAEOXYTOHS.
Les themes paroxytons du Sanskrit gardent, comme on sait, l'accent sur la syllabe radicale a tous les cas de la flexion1. Admettrons-nous ce que M. Osthoff (1. c. 46 i. n.) indique comme un resultat probable des recherches ulterieures, que l'indoeuropeen n'ait point connu cette loi de l'accentuation indienne et que le comparatif wdsyas par exemple ait fait au datif wa1. II y a de rares exceptions qui ne sont qu'apparentes. Ainsi puman (dat. pwmse) aura ete d'abord oxyton, ainsi que le suppose le vooalisme de la racine. On peut en dire autant de svar (suar) qui donne un dat. yedique sure. Sur sanu, gen. snos, v. p. 221 seq.
204
Expulsion de Va dans les paroxytons.
syasJi1? Tout au contraire, nous disons que la loi des paroxytons a toujours existe: 1° II ressort de tout ce qui precede que l'accent, aux cas «forts»; ne tend pas moins a gagner la desinence qu'au datif ou aux autres cas «faibles». Que signifieraient done des deplacements d'accent tels que wdsyas wasyasJi? 2° Une pareille naobilite d'accent est difficilement conciliable avec la fixite du vocalisme radical, qui est tres-grande pour les paroxytons. 3° II y a un contraste frappant entre les «cas faibles» des oxytons en -was et ceux des paroxytons en -yas. Toutes les conditions etant egales d'ailleurs, nous trouvons, la viduse ( = *vidu'se), ici rasyase. La non expulsion se verifie aussi dans les infinitifs en -man-e, -{lev-ai, de themes paroxytons. Done dans les paroxytons normaux tous les cas seront forts. Autre chose est de savoir si la degradation du suffixe n'avait pas des l'epoque proethnique penetre d'une maniere ou d'line autre dans certains groupes de paroxytons. Ce qui le fait supposer tout d'abord, e'est que la majorite des paradigmes du Sanskrit, ne distingue point a cet egard entre oxytons et paroxytons: bhrdtre, ragne, Widrate, niontrent le ineme afPaiblissernent que matre, uhsm, tudate. On ne saurait attendre des langues europeennes de donnees decisives pour cette question. Voici cependant un cas remarquable et qui confirmerait le temoignage du Sanskrit: le t du germ, svester «sceur» n'a pu prendre naissance que sur une forme faible svesr- d'ou il a gagne ensuite les cas forts (Brugman Stud. IX 394); preuve que la degradation, clans ce mot, est bien ancienne. Or e'est un paroxyton: skr. svdsar. D'autre part le feminin bhdranti (cf. kidati) des participes indiens paroxytons semble indiquer positivement que la flexion grecque tpsQav (pigovtog est plus primitive que le skr. blidran bhdmtas. C'est l'avis de M. Brugman 1. c. 3292. 1. C'est ce qui parait etre l'opinion de M. Brugman (Stud. IX 383). 2. La langue vedique semble faire quelque difference entre les themes en -man selon qu'ils sont oxytons ou paroxytons. De ces derniers on a par exemple gemana, bhumana, bhumanas, ydmanas. Au contraire premdn, prathimdn, mahimdn, donnent les instrumentaux^)«?ia ; prathind, mahina,
Loi de laflexionfaible.
205
La portee de la question diininue du reste considerablernent, si Ton songe qu'au pluriel et au duel, ou regne la flexion faible, oxytons et paroxytons etaient soumis a une meme loi. B. L'expulsion se produit en vertu des lois de laflexionfaible. M. Paul a consacre une partie du travail precedernment cite a une etude sur la declinaison primitive des themes en i et en u, ou plus exactement sur l'espece la plus commune de cette declinaison. L'auteur montre que la degradation du suffixe, atous les nombres, depend du phoneme initial de la desinence: selon que ce phoneme est une voyelle ou une consonne, Ya suffixal apparait ou disparait1. Au vocatif, ou la desinence est nulle, l'arien, le lettoslave, le germanique et le celtique prouvent que Ya existait (Beitr. IV 436). C'est la ce que nous avons appele plus haut laflexionfaible (p. 187). Le principe de l'expulsion se resume pour elle dans cette loi unique: L'ADJONCTION D'UNE DESINENCE COMMENQANT PAR UNE CONSONNE ENTRAINE LA PERTE DE L'a t PREDESINENTIEL.
— Themes finissant par i et u. — Dans les cas ou le suffixe a sa forme pleine, le ton, en sanskrit et en grec, se trouve sur Ya. II y a tout lieu de croire que c'est la l'accentuation primitive. Celle des cas faibles du pluriel sera traitee plus bas, p. 209. Nous pouvons parler tout de suite de la qualite de Ya. Les themes en i et en u de declinaison faible semblent n'admettre que Yav Le grec presente s, le Sanskrit un a bref. L'o du si. synove, Ya du lith. sunaus sont des modifications secondaires de Ye (p. 67). ou le rejet de I'm atteste la grande pression que subissait le suffixe. Mais bhumanas, ydmanas, peuvent etre une imitation de kdrman'is, vdrtmanas, et d'autre part le paroxyton dgman fait en zend ashno au genitif (Spiegel Gramm. 156). — Les themes faibles yun- et maghon- de yuvan et maghdvan ne prouvent pas grande chose en faveur de la degradation des paroxytons; nous avons trop peu de garanties relativement a l'anciennete de leur accentuation. La meme remarque s'applique aux mots comme sdkhai- sdkhi-. Cf. sakhibhyas, Benfey Vollst. Gramm. p. 320. 1. On s'e"tonne que dans le meme travail l'auteur s'efforce de tirer un parallele entre les themes dont nous parlons et les themes a liquide et a nasale, parallele que l'enonce meme de sa regie rend a notre sens chimerique.
206
La flexion faible dans les themes en i et en u.
En gothique Va de anstais, anstai; sunaus, swnau, est encore inexplique, il ne parait point se retrouver dans les autres dialectes gerrnaniques — au contraire le v. h*-all. a encore suniu — et de plus le plur. sunjus offre Ye. Les themes y u k t ^ i et mrda x u donneront conformement a la loi posee ci-dessus1. Singulier
Nom. yukti-s Voc. yuktaxi Ace. yuktf-in Dat. yukta^y-Ai Loc. yuktaxy-i
Pluriel
yukta1y-a1s yukti-ns yukti-bhyas yukti-swa
Singulier
Pluriel
Nom. mrdii-s Voc. mrdaxu Ace. mrdu-m mrdu-ns j Dat. mrd^w-Ai mrdu-bhyas j Loc. mrda-jW-i mrdii-swa
Differentes formes donnent lieu a des remarques particulieres. 1. Genitif du singulier. La forme indo - europeenne parait avoir ete yuldd{is, mrddjus, vu l'accord du si. Jcosti, synu, avec le skr. yuktes, mrdos (Leskien Decl. 27). h'i est I'M devaient etre longs, puisqu'ils provenaient de la contraction de yA et wA, la desinence etant -As (p. 196). Cette contraction du reste nest pas absolument reguliere: elle n'a lieu ordinairement, pour I'M du moins, que si la semivoyelle est precedee d'une consonne comine dans dhiitd = *dhwAtd (§ 14). 2. Les ablatifs du zend comine garoil, tanaot, n'innrment point la regie: ils sont probablement de creation recente (Leskien Decl. 35 seq.) et d'ailleurs la de'sinence est -ad, non -d. Si garoit etait ancien, il serait done pour €garayad». 3. L'mstrumental sing, et le genitif plur. sont malheureusement difficiles a etudier, a cause de la formation nouvelle yukU1. Dans un article sin- la gradation des voyelles (Academie de Vienne LXVI 217) M. Fr. Miiller attirait Tattention sur l'antithese des declinaisons de yukti, mrdu, et des themes consonantiques. II faisait remarquer que le premier genre de themes affaiblit le suffixe precis(5ment dans les formes qui pour les seconds sont fortes. Mais — outre que la «deelinaison consonantique» contient atissi, comme nous l'avons vu, des themes en i et en w — l'antithese est pour ainsi dire fortuite: elle n'existe que dans la limite donnee par le principe des deux flexions et la nature des desinences. Au locatif et au vocatif les paradigmes se rencontrent ne~cessairement: mrdo cf. Zsv, datar; suniivi (ved.) cf. dydvi, datdri.
Laflexionfaible dans les themes en i et en u.
207
nam, mrdunum. II reste pourtant des instrumentaux vediques cornme pavya, urmia, et en zend les genitifs plur. raQwam, %ra&wam, vanhvam (Spiegel Gramrn. p. 142). Les langues congeneres ne sont pas d'accord entre elles. Les types pavya, vanhvam, sont evidemment en contradiction complete avec la flexion faible; nous devons les accepter tels qu'ils sont, comme un essai de declinaison forte. L'anomalie parait tenir a la nature des desinences. 4. Duel. Le dat.-abl. skr. yulttibhyam, mrdubhyam, si. IwsUma, synuma, ne presente rien de particulier. Pour le genitif-locatif, nous prions de voir a la page 209. La forme du nom.-acc. yukti, mrdu, si. Icosti, syny, n'est point encore bien eclaircie, et nous ne saTons quoi en penser. Les themes en i et u subissent dans la derivation le meme traitement que dans la flexion. Us maintiennent leur a tant que l'element ajoute ne commence pas par une consonne; y oompte comme voyelle. C'est ainsi qu'on a en Sanskrit vdstavya de vastu1, en grec dezsiog de aatv ', SSV-SQSOV de SQV, en gothique triva-, kniva- de *tru, *lcnu. Que les adjectifs verbaux grecs en -TE'O soient apparentes aux formes indiennes en -tavya c'est ce que les observations de M. Curtius (Verb. II 355 seq.) rendent douteux. Qu'ils soient sortis comme les adjectifs inditns de themes en -tu, c'est l'opinion commune qu'il n'y a pas lieu, croyons-nous, d'abandonner. Le mot JTEOS dont le digamma apparalt dans 'EteJ-avSqa "(inscr. cyjiriote, Revue archeologique 1877 p. 4)'est accompagne encore de £zv-[iog. Devant les consonnes nous trouvons i, n: skr. Queitva, bandhuta, gr. raxvrrig etc. — Au feminin, le gr. nlazita est probablement plus primitif que le skr. prthvi; cf. toutefois 0Qyvia,r'Jqnvi,a etc.
La flexion faible ne parait avoir ete en usage, au singulier, que pour les themes finissant par i et u. Toutefois on en peut soupconner la presence dans les mots comme skr. yantilr, aptur, vandhur. Un theme a liquide eut fait au nomin. yamtr-s, au dat. yamta{r-,\i, a l'acc. yamtr-m. Or yamtrs a pu a la rigueur donner en Sanskrit yanhir et par extension yanturam etc. En grec JICCQTV(> serait pour *fiaQtrg. — Pluriel et duel des themes de flexion forte. — Mieux que toute autre forme, l'accusatif du pluriel montre comme quoi le principe qui regit au singulier la declinaison de 1. Nous devrions dire vdsto, aatev etc. Malheureusement en nommant les themes sous cette forme, on s'expose a plus d'un malentendu.
208
Laflexionfaible regne seule au pluriel et au duel.
themes comme pitdr, uksdn etc., ne se verifie plus aux autres nonibres. La place de l'accent a ce cas est donnee, comme nous l'avons vu (p. 39 seq.), par la desinence arienne -as pour -ns qui serait devenue -ans, -an, si elle avait porte le ton. L'accentuation primitive s'est conservee du reste dans le grec (3rddag, cf. JIOOGL) et, dans l'indien meme, pour les themes sans degradation qui, dans les Vedas, accentuent rarement la desinence -as l . Ayant reconnu que l'accent frappait originairement le theine, M. Brugman crut etre force d'allerplus loin et d'admettre — par hypothese pure, car le temoignage du zend et de l'europeen est ici tout a fait equivoque — que l'accusatif pluriel etait anciemiement un cas fort. A la page 40 nous avons adopte cette maniere de voir, parce que nous ne comprenions pas encore que le pluriel des themes dont il s'agit dut etre juge autrement que le singulier. Mais a quelles invraisernblances ne conduit-elle pas? Comment cet affaiblissement systematique de toutes les especes de themes Sanskrits a l'accusatif plur. serait-il du au hasard d'un remaniement secondaire? Comment, en particulier, expliquer la forme des.themes a liquides, pitrn? Cette forme renverse toute l'hypothese: elle ne se concoit qu'en partant de l'indo-eur. pAtr-ns (cf. goth. fadrmis). Dans la supposition de M. Brugman on ne pourrait attendre en Sanskrit que «2ntrds» (pour <s.*pihiras>, <<*pitdrns~)>). Ainsi les deux choses coexistaient. La syllabe predesinentielle etait affaiblie malgre l'accent. Or cela est la negation merne de toute flexion forte. En revanche la simple confrontation de *pitr-ns, *S(tlihi-ns! *dyii-ns avec *mrdu-ns nous apprend que ces formes entrentsans la moindre difficulte dans le canon de la declinaison faible. La nasale de la desinence -ns a eu l'effet dune consonne: de la mrdu-ns et pAtr-ns, non mrddw-ns, pAtdr-ns. On ne doit done pas s'etonner de trouver aussi bhdmt-ns, tudnt-ns, widiis-ns, lp-ns (bhdratas, tudatds, vidiisas, apds). Les themes a nasale ont du faire ultsns ou bien ukshnns. On 1. Exemples: isas, k'sdpas, giras, tugas, di^as, drulias, dvisas, dhiyas, dhuras, puras, prksas, psuras, bhidas, hhug'as, bhiivas, tnihas, mrdhas, yudhas, ripas, vipas, vigas, vrtas, vrigas, griyas, stxiblias, spdgas, spNJias, srdgas, sridhas, srucas, hrutas. V le dictionnaire de Grassmann.
Laflexionfaible regne seule au pluriel et au duel.
209
pourrait, sans improbabilite trop grande, retrouver cette derniere forme dans le ved. uksdt.ias, v'rsanas. En tous cas uk'snds n'est pas un type pur. Au nominatif, le parallelisme de pitdras, ulsanas, sakhayas, dyavas, avec yuktdyas, mrddvas, saute aux yeux. Nous arrivons aux cas dont la desinence commence par bh et s, p. ex. l'instr. pHr-bhis, uksn-bhis, sdki-bhis, dyu-bhis. Coinine dans yulcti-bhis, mrdu-bhis, l'affaiblisseinent est cause par la consonne initiale de la desinence et point par raccentuation. Etudions cependant cette accentuation. Ni en Sanskrit ni en grec la desinence n'a le ton {pitrbhis, natqadi etc.). M. Osthoff (Beitr. de P. et B. I l l 49) retablit *pitrbhis, *itatQuGL Des qu'on admet la flexion faible, cette correction est inutile 1 . Mais il y a les mots-racines. Ici l'accent frappe les desinences -bhis, -bliyas, -swa: gr. jrotfOf.', skr. adbhis, adbhyds, apsii. Nous devons croire que c'est la une imitation, proethnique mais hysterogene, de l'accentuation du singulier. En tous cas, lors meme que cette supposition serait fausse, et que les desinences en question auraient eu partout le ton, comme le pense M. Osthoff, le fait que 1'affaiblissement n'est du qu'au contact de la consonne desinentielle ne nous en semblerait pas moins certain. Cependant, en presence de l'accord des formes fortes (mrddve, pitdras) avec les formes comme pitrbhis d'une part et l'accusatif pluriel de tous les themes de l'autre (v. ci-dessus)7 il nous seroble qu'on a le droit de poser la non attraction du ton vers les desinences comme un des caracteres distinctifs de la flexion faible. Le genitif plur. skr. uk'snam (goth. auhsne), zd. bra&ram (gr. xccTQav) etc. se place a cote de yukty-am, mrdiv-qm (zd. vanhvdni), v. p. 207. Duel. Le nom.-acc. pitdrau, liksanau, suhhuyau, bahdva, est conforme aux regies de la declinaison faible, plus conforme meme que la forme etrange yiiktl et mrdu des themes qui sont si fideles a cette flexion (p. 207). Au gen.-loc. yulzti et inrdu font en Sanskrit yuldyos, mrdvos. II faudrait *yuhtdyos, *mrddvos, 1. En faveur de Faccentuation pitrbhis, on peut remarquer qu'elle est de regie pour les monosyllabes composes de ratine -\- suffixe, comme vi-bhis, dyu-bhis, snii-bhis, stf-bhis. Si -bhis avait originairement possede toujours le ton, on attendrait certes «.vibMs, dyubhis eto.». 14
210
Autres exemples de flexion faible.
et pareillement pitaros etc. Or cette derniere forme preciseinent, d'apres les recherches de Grassmann, est exigee par le metre dans les 20 passages du Kig-Veda ou le texte porte pitros1; mafaros apparait dans trois passages sur quatre. Nous ignorons s'il y a un grand nombre de cas analogues. Ceux-la nous semblent deja tres-significatifs. En zend on a le gen. duel gpentdyratavao. En slave kostiju, synovu, sans etre de nature a confirmer grandement notre conjecture, ne lui donnent pas de dementi. Les formes comme yuktyos, pitro's, se seront formees en analogie avec les genitifs du pluriel. La degradation des themes paroxytons au pluriel et au duel (bhdrantas, bhdradbhis etc., bhdradbhydm) doit etre ancienne, puisqu'ici il n'est plus question d'accent. Les themes en -yas ont l'anomalie de maintenir leur a, peut-etre sous l'influence du singulier, dont nous avons parle p. 203 seq. — Le nom de nombre quatre. — Le goth. fidvor montre que Ya du skr. catvaras n'est point av mais un veritable a long ( = a -f- oi)- On devra diviser ou: Tc^aytiVA-d^r-a^s, ou: h^a^wa^Ar-a^s. La premiere hypothese est la plus naturelle, car ou trouve-t-on des themes en-ciAr? Dans l'un et l'autre cas les formes faibles comme l'instrumental devaient faire *lc2altwAr-, d'ou le gr. *T£tJ1a(>-. Le si. rdyr-ije, le goth. fidur-dogs supposent une autre forme faible *l;.A{ttvAr-, Jqajurqui s'accorde parfaitement avec la donnee du goth. fidvor. En Sanskrit on attendrait *catilr- et non catur-. II est remarquable cependant que l'accusatif fasse caturas, non €catvrn:>>. — Nominatif-accusatif sing, du neutre. — Tous les themes fiuissant par a1 -\- sonante prennent au nom.-ace. sing, du neutre leur forme reduite, quelle que soit d'ailleurs leur flexion. Pour les themes a nasale2 v. p. 26 seq. Les themes a liquide ont en Sanskrit r: datr •' • cf. gr. vimag 1. Notons bien que l'instr. sg. pitrd, le dat. pitre, ne donnent lieu a aucune remarque semblable. — Pitaros avait a coup stir le ton sur la 2 e syllabe. 2. Les formes greoqnes eomme reqsv, svSaifiov etc. sont hysterogenes. 3. II y a un neutre sthatur (Toppose" de gagat) dont je ne m'expliqne pas la syllabe finale.
Nomin.-accus. neutre. — Repartition de at et a2. (theme
*VS%TEQ-).
211
Puis on a guci, mrdu, et, des themes' de flexion
forte comme dyu, su-dyu. II est impossible que ce phenomena depende de l'accentuation: elle varie en effet, et d'ailleurs les expulsions d'« ne sont jamais amenees par le ton que quand il vient apres la syllabe attaquee. L'affaiblissement tient done ou a une cause purement dynamique ou a une influence pareille a celle qui cree la flexion faible, le conflit avec des pho,nemes resistants. Nous preferons cette derniere explication. Le theme nu etant suppose la forme premiere du noin.-acc. neutre, il se confondait primitivement avec le vocatif du masculin. Ainsi mrda^u, remplissait deux fonctions. Mais, tandis que le vocatif, ensa qualite d'interjection, etait place en dehors de la phrase, le nom.-acc. neutre subissait un frottement qui eut l'effet d'une desinence commen^ant par une consonne. II rejeta son at. II parait certain que le meme phenomene s'est produit sur la particule nu, pour *naiu conserve dans naxw-a (p. 82). Les neutres heteroclites, comme hard (p. 224), et les neutres • en -as, -yas, -was {manas, vdsyas, eidog) ne subissent point cette reduction. Citons comme exception rentrant dans la regie precedente le skr. ayus en regard du grec (masc.) cclfoG- qui a donne 1'acc. cda; en outre yds = lat. jus. La forme stha, neutre vedique de stha-s, doit etre comptee parmi les anomalies. 2. APPARITION DU PHONEME ar
Nous etudierons d'abord la repartition de ax et a2 dans les suffixes comme -an, -ar, -tar, -was etc. qui peuvent expulser Va des qu'il est sollicite de tomber et qui ne presentent point d'autre a que Va legitime des cas forts. II faut remarquer premierement que le meme suffixe peut prendre ou ne pas prendre a.2. Le suff. -tar des noms d'agents prend a2; le suff. -tar des noms de parente conserve partout av Le premier cas seul nous interesse ici; l'histoire du second rentre toute entiere dans le chapitre de l'expulsion de Va. Les formes ou Ton constate tout d'abord qu'un suffixe prend a2 sont l'accusatif sing, et le nominatif du pluriel et du duel. 14*
212
Repartition des phonemes at et a.2 entre les diff. cas.
Quand l'une de ces formes presente le phoneme a2, on est sur qu'il existe aussi dans les deux autres 1 . II reste a savoir, et c'est la la question que nous examinerons, si l'apparition de a2 dans les formes precitees entraine aussi sa presence aux trois autres cas forts ; le nominatif, le locatif et le vocatif du singulier. 1. Nominatif. Pour ce qui concerne la quantite de Ya, v. cidessous p. 213. Considerons d'abord sa qualite. M. Brugman a etabli que le skr. dataram est rendu en grec par SmtOQa, nullement par dtotiJQa. Apres cela il n'y a point de motif pour croire que l'equivalent grec du skr. data soit Scat^Q plutot que daSvcoQ. Le lat. dator nous parait meme trancher la question. Bien que M. Brugman ne dise rien d'explicite a ce sujet, ce savant est loin de mettre en doute la prirnordialite de dator, puisqu'il s'en sert pour expliquer la longue de l'acc. datorem (primit. * datorem). Cela etant, la flexion de dcotife n'apparait plus que comme une variete de la flexion de yaGtrjQ et naxriQ, variete ou l'jj du nominatif s'est communique a plusieurs autres cas 2 . On devra adrnettre une classe de noms d'agent sans a2 qui en Sanskrit n'existe plus que dans gdmstar (ace. gdmstaram). — Dans les themes a nasale on trouve, en regard du gr. %L-C!>V, le lat. hi-em-s. Ne serait-ce pas l'indice d'une flexion qui, traduite en grec, donnerait au nom. «£(/JJI>», a l'acc.iiovai C'est peuprobable. Quisait si le de hiems ne provient point d'une assimilation semblable a celle qu'on observe dans bene de bonus? Elle pouvait se produire par exemple a l'acc. *hiomem, au plur. *hiomes. Telle est aussi la raison de Ye de juvenis, cf. skr. yiivsinam. A cote de flamen, flamdnium3 pourrait faire conclure a Face. *jlmndncm, *fla)iwncm; mais cette forme s'explique sufiisamment par l'analogie de matrimonmm etc.* — Pour les themes en -was, M. Brugman admet avec raison 1. Le pluriel indien dydvas en regard de Zyv = *Zsw doit surement son a long au voisinage de dyaus et de dyam (snr lesquels v. p. 197) ou a l'analogie de gavas. 2. L'ancien accusatif en -rsQCC a laisse une trace dans les feminins en -t£iQa. Ceux-ci en effet n'ont pu etre cre^s que sur ce modele, le type -TQIU etant le seul qui rdponde au skr. -tri. 3. Dsener, Fleckeisen's Jahrb. 1878 p. 51. 4. Rien n'est plus incertain que les etymologies qui tirent le lat. mulier et le gr. vyi-qg des themes du comparatif en -yu.,s.
Allongement du nominatif.
213
que le gr. etdag (accus. ancien *eld6
214
Repartition des phonemes at et a., entre les diff. cas.
permet la meme conclusion: cf. gr. oip et vocare lequel est apparemment de"nominatif de *voc-. — Enfln tous les mots comme lat. fur, gr. qocop, •xXwip, Qaf, a-Ataip, TtuQci-filaip venant de racines contenant e ne s'expliquent qu'a l'aide de l'allongement 'du nominatif. Plus tard la longue pfoetra dans toutes la flexion et meme dans des denominatifs comme furari, <pa>Qaa>, vXatncta, lesquels se propagerent de leur cote (cf. pQcafiaco, SQcojida, da/fidco, vcofidco, mardoiiai, TQBMCCG), iQ(o%u
on trouve olvmip, a cote d'lnoi[> tnama (Hes.). Cette variation de la quantite paralt remonter a la meme source.
2. Locatif. Ici la permutation est manifeste. En Sanskrit on a datdram et datari, uksanam et uVaani, Jcsami et k'samas ( = gr. X&ovtg). Le meme echange se-traduit en gothique par auhsin = uksdni (p. 197) en regard de auhsan et auhsans = uk'saiiam, ulcsd?.ias. M. J. Schmidt a compare a ce paradignie germanique le lat. homo liominis homonem (vieux lat.), parallele qui s'est confirme de plus en plus pour ce qui est du nominatif et de l'accusatif. Aux cas obliques il est difficile d'admettre que Vi (== e) de homin- reponde a Vi (== e) de auhsin. La voyelle latine parait plutot etre purement anaptyctique, hominis se ramenant a *homnis (cf. p. 47 en bas ; et l'ombr. nomne etc.). En grec aifeC pourrait bien appartenir au theme u&oo- (ace. aicoi) plutot qu'a *ul£o = lat. aevum. 3. Vocatif. M. Brugman Stud. IX 370 pose data^r comme prototype du skr. ddtar. Mais cette forme peut tout aussi bien sortir de ddta2r, et une fois qu'en grec le norn. dcozrJQ est separe de datoQa (p. 212), le voc. OCOXEQ que fait valoir M. Brugman n'a plus rien de commun avec les mots en -rcop. M. Brugman lui-meme a reconnu plus tard (K. Z. XXIV 92) que la qualite de Ya n'est pas determinable —tfraTroppouvant de son cote etre hysterogene pour *ddteQ —, et en consequence il ecrit pour les themes en -was: widwa2s ou ividwa^s. L'incertitude est la meme soit pour les themes a nasale soit pour les themes en i et u deflexionforte (sdlihe, Jfjtoi, p. 200). Nous parlerons plus loin (p. 216) de la circonstance qui fait pencher les chances vers av II n'en est pas moins vrai que l'apparition de a1 dans les themes dont nous parIons n'est demontrable que pour une seule forme, le locatif. Voila pour la permutation a2 : a1 dans les syllabes predesinentielles qui ne gardent Ya qu'aux cas forts. Mais on comprend
Repartition des phonemes at et a% entre les diff. cas.
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que celles de ces syllabes ou la chute de Ya est impossible presentent encore une permutation d'un tout autre caractere, la permutation forcee si on peut l'appeler ainsi. La declinaison du nom de l'aurore dans un grec tres-primitif serait (cf. Brugman K. Z. XXIV 21 seq.): nom. *av6ag (skr. mas), ace. *av<s6<>a (skr. usdsam), YOC. *av0og ou *av6sg (skr. lisas), loc. *av0i&i (skr. usasi); gen. *avG£0og (skr. usasas pour %sasas), v. p. 201 seq. Dans ce paradigme l'apparition de Ye au locatif—et au vocatif si *av6e$ est juste — resulte de la permutation libre etudiee ci-dessus. Au contraire Ye de *avas<}6g = skr. usasas n'existe absolument que parce qu'une cause exterieure empeche l'expulsion de Ya suffixal, et dans ce cas nous avons vu que e'est toujours ax qui apparait (p. 134). Dans les thenies-racines, la permutation forcee est frequente. Ainsi 1'% du lat. pedis, gr. nsdos, skr. padds en regard de compodem, n6Sa, pddam (Brugman Stud. IX 369) est tout a fait comparable a Yax de *av0e<5og. Le locatif en revanche faisait a coup stir pdydi, avec permutation libre. Considerons a present la permutation a2: <% dans les themes ou tous les cas sont forts, e'est-a-dire les paroxytons (p. 204). Les comparatifs en -yas, qui ont a2 au nominatif (lat. suavior) et a l'accusatif (skr. vasydmsam refletant un ancien *vdsydsam, gr. r]dia> = *
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Repartition des phonemes at et a.z entre les diff. cas.
mana2sm, au dat. mdna^ji, c.-a-d. la meine flexion que pour les comparatifs. Le datif serait done tout explique. L'a2 du nom.acc. se justifie directement par le fait que le neutre de wdsya2s est wdsya2s (lat. suavius), et le neutre de widwa^s, widwd^s (gr. stSos). Ces trois types font exception a la regie qui demande l'expulsion de Va au nom.-acc. neutre (p. 211). Au pluriel et au duel (flexion faible) les themes, oxytons et paroxytons, qui ne peuvent rejeter Va devant les consonnes initiales des desinences prenaient, selon la regie, ax: les formes grecques yi.ive<5-6L, OQ£<3-(pi, en temoignent, aussi bien que les accusatifs indienspadas, n'sdsas ( = padns, nsasns), cf. padas, usasas. En anticipant ce qui est dit plus bas sur le vocatif, le resultat de l'etude qui precede peut se formuler ainsi: Dans la flexion nominate les syllabes prc'de'sinentielles oil al est suivi d'ttn phoneme et qui admettent la modification en a2, pre'sentent toujours cette modification 1° au nominatif des trois nombres, 2° a Vaccusatif du singulier, 3° au nom.-acc. sing, du neutre lorsqu'il conserve Va. Partout ailleurs l'&, s'il n'est exptdse, ne peut avoir qtie la valeur a2. L'echange des deux a dans les themes finissant par a est traite plus haut p. 90 seq. Dans les cas qui, pour les themes tels que ulisdn, sont les cas forts on observe un parallelisme frappant entre les deux classes de suffixes: Sing, nom, ace. loc. Plur, nom.
uks-a2n uks-d^n-m uks-a-^n-% \d;s-d.>n-axs
Cf. yult-td^-s yiik-td^-m yul:-tdx-i yul--td2-als
Reste le vocatif sing. On a vu que la voyelle de ce cas ne peut pas se determiner directement pour les themes comme uksan (p. 214). Seulement M. Brugman tire du. voc. yvMix une pre'sonrption en faveur de Thypothese data^r (ulsa^n) et nous adoptons son opinion, non point toutefois pour les raisons qu'il donne et dont nous parlerons tout a l'heure, mais uniquement parce que le locatif atteste la symetrie des deux paradigmes. M. Brugman est convaincu que l'echange de at et a2 s'explique par l'accentuation, et en particulier que lVq du voc. yi\~ktav qu'il regarde comme un affaiblissement, tient au recul du ton a
L'eohange at-a2 est independant de l'accent.
217
ce cas. Or le locatif qui n'a point cette particularite d'accent montre exactement le meme vocalisme. Ensuite ou est-il prouve que l'accentuation en question ait une influence quelconque sur l'a2? On compte autant de a2 apres le ton que sous le ton, et d'ailleurs les deux a se trouvent places cent fois dans les memes conditions d'accent, montrant par la qu'ils sont independants de ce facteur pour autant que nous le connaissons. C'est ce qui apparait clairement, quand on parcourt par exemple la liste de suffixes donnee plus bas, le meme suffixe pouvant avec la meme accentuation prendre a.2 dans certains mots et garder ax dans d'autres. — Ainsi que nous l'avons dit p. 133 seq., nous considerons at comme une voyelle primitive et nullement affaiblie, et a2 comme une modification de cette voyelle. Autant il est vrai qu'on retrouve partout les trois termes a.i} au a-ee'ro, autant, a notre avis, il serait errone, de croire qu'ils forment une echelle a trois degres et que at est une etape entre ai et zero. M. Brugman dit (Stud. IX 371): «tous les doutes qui pour«raient surgir relativeinent au droit que nous avons de tenir Ye «du vocatif pour un affaiblissement sont leves par les themes «en -«,» et il cite alors le vocat. vvpcpa, seno, amba. C'est la cet incomprehensible parallelisme des themes en -5 avec les themes en -% (a2) qui se verifie encore au locatif et dont nous avons deja parle p. 93. On ne pourra j attacher grande valeur, tant que l'enigme ne sera pas resolue. Nous avons vu de quelle maniere, etant donne qu'un theme prend a2, ce phoneme alternera avec ax aux differents cas de la de'clinaison. II reste a etablir ou plutot a enregistrer, car on n'apercoit aucune loi dans cette repartition, quels sont ces themes, quels sont au contraire ceux qui maintiennent at partout. Pour abreger nous ecrivons, par exemple, suffixe -a2n, ce qui signifie: variete du suff. -axn admettant l'a2. I. La syllabe predesinentielle prend a.2: Thfcmes-racines. Les plus importants sont pa^d «pied»: skr. pidam, gr. %6da (Brugman Stud. IX 368); ivai2k «voix»: skr. vicam (cf. p. 203), gr. foitu. Sur le lat. vocem v. p. 214. En grec %ov$ (gen. %oos), 66Q%,
218
Enumeration des themes qui prennent a2.
etant ip^qy, v. p. 173 i. n.), mat,, #ra^. On pourrait douter si Ya du skr. dp «eau» represente axA ou ar Nous nous decidons dans le premier sens pour 3 raisons: 1° si Ya de ap-am etait a2 on devrait, rigoureusement, avoir ai; datif p-c, 2° la parente du gr. 'J4JCI- (p. 56) est probable, 3° dans les composes comme dvipa, antipa, Ya initial de ap s'est fondu avec Yi et I'M qui precedent, ce que n'eut pas fait av — En composition on a p. ex. gr. BEIIEQOqxav, 'Io-cp<x>v, dont l'accusatif a du faire primitivement -cpova. Une partie des composes indiens de vah, sah etc. ont a 1'acc. -vdh-am, -sah-ani. La forme faible existe p. .ex. pour anad-vah-am qui fait anaij-uli- (p. 202; sur le nominatif v. p. 43 i. n.). Pour sah- ( = sa2h) la forme faible devait etre *sah-y le groupe sgh n etant pas admissible. Or clans le Rig-Veda on ne trouve presque jamais que les cas forts, sauf pour anarlcali. L'alternance de -vah- et -uh-, de -sah- et -sah- s'etait done perdue, sans qu'on osat cependant transporter dans les cas faibles la forme a voyelle longue. II n'existe qu'un ou deux exemples tels. que satra-sali-e. — Les nominatifs ont Ya long (Jiavya-va/ etc.). Comme la syllabe est fermee, la longue est due ou a une extension analogique ou a l'allongement du nominatif (p. 213). Suffixes. 1. -a2n. Ce suffixe abonde dans toutes les langues de lafamille. 2. -a 2 m. On trouve le suff. -a2m dans ghi-am, gr. %i-div (zd. zyao, lat. hiems, cf. p. 197) et ghs-dm: gr. %Q--wv, skr. nom. pi. JesAm-as. Brugman Stud. IX 308. 3. -a 2 r. Skr. dv-Ar-as1 (nom. pi.). La forme forte reparait dans le si. dvaru, le lith. dmras, le lat. fores. Brugman 1. c. 395. — On peut mettre ici swasa^r, skr. ace. svds&ram, lat. soror, lith. sesu, irl. siur (cf. athir), gr. soQ-sg2. 1. L'aspiree dh a subsiste, pensons-nous, dans ce mot jusqu'au jour ou naquit la forme dhur «timon, avant-train» venant de dhr. L'equivoque porpetuelle qui s'e'tablit alors entre dhur et les cas faibles de *dhvar (comme dhuram) poussa a differeatier ces formes. 2. M. Leo Meyer a vu dans oaq le repre'sentant grec de swatsar, opinion a laquelle personne n'a adhere. En revanche il n'y a aucune difficulte phonique a identifier avec skr. svdsaras eoqsg- nqoaij-novTSs, avyyevns; cf. toQ- dvyarriQ, KrEi/itds (probablement un vocatif), svqsocpt,- yvvai^iv. TJn grand nombre d'autres formes voisines quoique assez hete'rogenes ont e"te
Themes qtii n'admettent point a2.
219
4. -ma2n. Suffixe connu en grec, en latin, en germanique et dans l'arien. II serait interessant de savoir pourquoi, en grec, l'accusatif ancien en -pova et l'accusatif hysterogene en-fuova se repartissent exactement entre paroxytons et oxytons. 5. -wa,n. Ce suffixe, frequent en Sanskrit, se retrouve avec plus ou moins de certitude dans le gr. niav, nsTtcov, afiqiMtioveg, et l&vTCtiav bien qu'on ne puisse peut-etre identifier purement et simplement -jmeov avec skr. patvan ainsi que le fait M. Fick. 6. -ta2r. Noms d'agent. 7. -a2s,. Skr. nom. pi. usas-as, zd. ushaohh-em, gr. rjwg, lat. aurora; gr. Kt'^cog. — Puis tous les neutres en -as. V. p. 215 seq. 8. -ma 2 s, parait exister dans l'ind. pumas, ace. ptimamsam pour *pumasam. Cf. p. 43 i. n. 203 i. n. 201. 9. -ya 2 s, suff. du comparatif. Brugman K. Z. XXIV 54 seq. et 98. 10. -wa2S, suff. du participe passe. Brugman 1. c. 69 seq. A cette premiere serie se rattachent, comme nous l'avons vu, les suffixes finissant par a (-a, -ta, -ma etc.), qui tous prennent a2. 11. La syllabe predesinentielle n'admet pas a2: Tlifemes-racines. HTM'S XXEVOS (primitivement le gen. devait etre *xrnvos, *%rav6g), vines' VZHQOL, XTEQES (id-), lat. nex etc. En composition: skr. vrtra-har.c(-am), rtl-sah(-am) a cote de rti-
i Quand un theme-racine se trouve en meme temps ne pas prendre a2 et etre hors d'etat de rejeter Va — ex.: skr. spag, spagam, spage, gr. ini-re^ — il est naturellement impossible de dire a coup sur s'il n'appartient pas au type dvis (p. 202). Suffixes. 1. -axii. Plusieurs themes Sanskrits comme vr'san, ace. vrsanam. En grec on a CCQ6EV- (peut-etre identique avec vr'san), TE'QEV-, KV%SV-, (pQEv-. Parfois ces mots generalised Vy du nominatif, ainsi ISL%I]P -ijvog, Tcev&rjv -^ii/os. Le suff. -avn sans a2 manque au germanique. 2. -aji1. Skr. n-dr, ace. naram = gr. aviqa. Cf. sabin. nerd. rdunies par M. Ahrena Philologus XXVII 264. La deviation du sens n'a pas ete plus grande que pour
220
narriQ: evxritcoQ, n?ifia:
On a en outre a£&-eQ-, ft-F-fp-, <SIUV&-EQ-, la-nxv-qQ- 6tpodQ
: gdnma = k-%y\\LOv-a : jr?J/
1. La quantite de Ya varie en zend, comme dans tant d'autres cas. On ne saurait y attacher grande importance. En Sanskrit aryamdn fait aryamanam, rnais c'est un compose de la rac. man. 2. Sur l'anomalie de ces noms en gothique ou ils presentent a dans le suffixe (fad&r etc.), anomalie que ne partagent point les autres dialectes germaniques, v. Paul Beitr. IV 418 seq. 3. Apres que Vn se fut evanoui on forma des composes comme aexojiog au lieu de *aat6\n,tav. 4. Le rapport de yiiqag et %QVO6-KIQBIS n'a e"vidernnient rien de comniun avec celui de nrjfia et dnrnicov, -XSQOIS dtant une simple contraction
De"clinaison de daru, ganu, sanu.
221
II n'est pas besoin de faire ressortir la confirmation eclatante de la theorie du phoneme a2 que M. Brugman a pu tirer de ees differents suffixes. Parmi les themes indiens en -ar ceux qui allongent Va sont 1° des noms d'agent, 2° les mots dvdr et svdsar: dans le greco-italique les themes en -ar qui prennent o sont: 1° des noms d'agent; 2° les themes correspondant a dvdr et svdsar. L'arien offre usasam en regard de sumdndsam: nous trouvons en greco-italique ausos- et ev^ievea-, degener-.
Nous nous abstiendrons de toute hypothese relativement aux feminins en -a, a la nature de leur suffixe et de leur flexion1. Pour terminer nous considerons deux genres de declinaison ou, contre la regie ordinaire, les phenomenes de laflexions'entrecroisent avec ceux de la formation des mots. 1. Declinaison de quelquSs themes en u.
En Sanskrit gnu (qui n'existe qu'en composition) et le neutre dru sont evidemment ayec ganu et daru dans le meme rapport que snu avec sanu. L'a des formes fortes est a2, v. p. 86. En fait de formes faibles on trouve en grec yvv%, ng6-%vv, tyvvg, dgv-; en gothique Jcnussjan, Jcn-iv-a-, tr-iv-a-.
Or la regie de la grammaire hindoue relativement a snu est que cette forme se substitue a sanu — lequel peut aussi se decliner en entier — aux cas obliques des trois nombres (plus l'acc. plur.). Benfey Vollst. Gramm. p. 315. La declinaison primitive, d'apres cet indice, a pu etre: nom.-acc. dd2r-u, dat. dr-dxw-A% etc. Ce n'est guere plus qu'une possibilite mais, a supposer que le fait se confirmat, il introduirait dans laflexionindo-europeenne un paradigme tellement extraordinaire qu'il est necessaire d'examiner le cas et de voir s'il' est explicable. Etant donnee la declinaison dd2r-u, dr-d^-Ai, on ne pourrait sans invraisemblance supposer deux themes differents de fondation, hypothese qui resoudrait la question de la maniere la plus de -nigaog. Au contraire celui de IHIQCCQ (-arog) et d-nsiQcov serait interesaant a e"tudier. 1. Cf. p. 93, 217.
222
Declinaison de daru, ganu,
simple, mais qui n'expliquerait pas l'alternance fixe des deux formes. II s'agit de trouver le moyen de reunir da^ru- et dra^a- dans un seul type primitif sans avoir recours a d'autres modifications que celles qu'entraine la flexion du mot. En partant d'un theme paroxyton e/«r aLu cela est impossible: le ton qui frappe la racine ne passe jamais sur le suffixe (p. 204). Supposons au contraire un theme premier *dnr-d1u: dr-dtw-Ai est pour * dar-d{w-Ai (voy. p. 236). Au n om.-acc. dd.f-u nous constatons que le ton s'est retire sur la racine, ou il a protege Va. Toute la question est de savoir si Ton peut expliquer ce mouvement retrograde de I'accent. II nous semble que oui. En vertu de la regie que nous avons vue p. 210, le nom.-acc. du neutre *dar-dn devait faire: *dar-u. Mais T\ et VM. finissant mi mot refusent de porter I'accent (v. p. 190). Le ton etait done force de se rejeter sur la syllabe radicale. Si l'on admet la declinaison indo-europeenne dd2ru dr^wii et l'explication de dd2ru qui precede, il s'ensuit une rectification touchant la forme primitive du neutre d'un adjectif comme inrdd-s qui a du etre mrddu. Cette forme etait trop exposee aux effets d'analogie pour pouvoir se maintenir. Dans la meme hypothese on posera pour la declinaison du neut. paku (peats): nom.-acc. pdje^u, dat. pa-Ji^-w-li. Nous mettons pdkwAVet non pakdwAi, parce qu'il y a des indices que ce mot suivait la declinaison forte. En regard de l'adj. skr. drdv-ya on a pagv-ya, et le genitif vedique du masc. partis est invariablenient paevds (cf. dros, snds). Du reste la flexion forte ne change rien a la question de I'accent. Voici les raisons qui pourraient faire admettre la meme variation du ton que pour les trois neutres precedents. L'acc. neutre skr. pa-c-u se rencontre deux fois dans les textes (v. B. R.): la premiere fois il est paroxyton, en concordance ayee le goth. faihn, la seconde oxyton. Puis vient unfait que releve M. Brugman Stud. IX 383, le parallelisme du masculin oxyton pacii-s avec dni-s, SQV-S, et le masc. zd. zhnu. Cette circonstance resserre le lien du neutre pdgu avec la famille daru, ganu, sanu. — Le nom.-acc. pdj^u est paroxyton pour la meme raison que dd2ru1. Dans le dat. pajiwli et le masc. pajcu-s l'fl 1. La, coloration divergente de Ya dans pdjcu et dd.^ru, g^nu, sd^nu, depend de facteuvs que nous ne connaissons pas. Suppoaer la meme in-
De~clinaison de pal^w.
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radical subsiste seulement, comme le dit M. Brugman, parce que phi- eut ete imprononcable (le zd. fsliu resulte d'alterations secondaires); cf. p. 48. Le ge"rondif skr. gatvd, Qrutva, en regard de l'inf. gdntum, grdtum rentre, a premiere vue, dans la categorie que nous venons de voir. En rdalite il n'en est rien. L'explioation propose'e pour daru, basee sur I'M final de cette forme, ne s'appliquerait plus a gdntum. D'ailleurs il faudrait que les infinitifs vediques en -tave eussent la racine reduite et l'accent sur le suffixe, mais on sait que c'est le contraire qui a lieu (gdntave). II convient d'en rester a la conclusion de M. Barth (Mem. Soc. Ling. II 238) que le g&ondif en -tva ne sort pas du theme de 1'inflnitif. On trouveraitmeme le moyen de reunir ces deux formes qu'il resterait a expliquer les ge"rondifs vediques comme krtvi. 2. Mots heteroclites. a. LES NEUTKES.
II y a longtemps que M. Scherer a suppose que le paradigme indien des neutres comme dJcsi, ou alternent les suffixes -i et -an, devait dater de la langue mere. Dans les idiomes congeneres en effet on retrouve ces mots tantot comme themes en -i tantot comme themes en -an. M. Osthoff (1. c. 7) s'est joint a l'opinion de M. Scherer. Mais les mots en -i, -an, ne sont qu'une branche d'une famille plus grande7 dont l'etroite union est manifeste. La declinaison de ce qu'on peut appeler les neutr-es heteroclites se fait sur deux themes differents'. Le premier est forme a l'aide du suff. -an; il est oxyton; la racine y est affaiblie. Ce premier theme donne tous les cas dont la desinence commence par une voyelle. II suit la flexion forte. fluence des sonantes que plus haut p. 87 serait une conjecture assez frele. Peut-etre le masculin parlM et les cas obliques oxytons ou l'oj etait force ont-ils influe par analogie sur le nomin. *pdjcu. — Je ne sais comment il faut expliquer le datif vedique (masculin) pdgve si ce n'est par l'attraction qu'exerce Ya radical (p. 174). — M. Brugman (1. c.) montre qu'il a existe une forme ga^iu a cote de gnu et ga2nu; de meme l'irland. derucc «gland» joint au lith. derva, au si. drevo (J. Schmidt Voc. II 75) remonte a da^ru. En tous cas il parait inadmissible que cette troisieme forme ait alterne dans la declinaison avec les deux premieres. Sur lo lat. genu et le ve"d sanubhis cf. p. 47, 46. 1. Les nominatifs-accusatifs du pluriel et du duel devront rester en dehors de notre recherche, vu l'incertitude qui regne sur leur forme primitive.
224
Declinaison he'teroclite.
Le second theme a le ton sur la racine, laquelle offre sa forme pleine. Normalement ce theme semble devoir etre depourvu de suffixe. Quand il en possede un, c'est ou bien i ou bien un element contenant r, jamais u ni n. Oe suffixe du reste n'en est probablement pas un; il est permis d'y voir une addition euphonique necessitee a l'origine par la rencontre de plusieurs consonnes aux cas du pluriel (asth-i-bhis, etc.). Les cas fournis par ce second theme sont ceux dont la desinence commence par une consonne, plus le nom.-acc. sing, lequel leur est assimilable (p. 210). En d'autres termes ce sont les cas moyens de la grammaire sanskrite ou encore les cas faibles de la flexion faible. Les variations du vocalisme radical dont nous venons de parler rentrent dans le chapitre de la formation des mots, puisqu'elles correspondent a l'alternance de deux suffixes. A ce titre la declinaison heteroclite aurait pu etre placee au § 13. Mais l'alternance des suffixes etant liee a son tour a celle des cas, il nous a paru naturel de joindre cette declinaison aux faits relatifs a la flexion. Les neutres designent presque tous des parties du corps. I6 serie: le theme du nom.-acc. est depourvu de suffixe. 1. Gr. oiis = lat. aus dans aus-culto. Le theme des cas obliques est ovaz-, c.-it-d. *ova-v- (p. 28). II a donne le goth. auso ausins. La double accentuation primitive explique le traiteinent divergent de Vs dans auso et le v. n*-all. ord. — Le nom.-acc. parait hesiter entre deux formations, car, u cote de gus, le lat. amis, le lith. ausis et le duel si. usi font supposer g'usi. D'autre part le si. ucho remonterait a ousas. 2. Lat. os = skr. as (et asya), dat. as-n-e (peut-etre primit. usne?). 'A. Le skr. Qirs-n-i se ramene a *krAs-n-A'i, leqnel suppose un nom.acc. lrulAs que le grec conserve peut-etre dans KUT<X%Q<XS et indubitablement dans nQu(a)-c>T;-(og): la syllabe %qaa- est empruntee au nom.-acc, le correspondant exact de $ir~s-n-ds ne pouvant guere etre que *KOQaatog. 4. Le mot pour coeur a du etre kaLrd, dat. krd-n-A'i, ce qui rend assez bien compte du gr. %rjq ou plutot v.r',Q, v. Brugman Stud. IX 296, du goth. hairto hairtins, du lat. cor etc. Cf. skr. hrdi et hdrdi. o
5. Skr. do's, dat. dos-%-e «bras». 6. Lat. jus «jus, brouet». Le Sanskrit oifre le theme yus-dn, employe seulement aux cas obliques. 7. Skr. vdr «eau» a cote de vari; le theme en -an parait etre perdu.
De'clinaison hetero elite.
225
2e serie: le nom.-acc. se forme a l'aide d'un element contenant r. Quand r est a l'etat de voyelle, il se fait suivre de g., on plus ordinairement d'une dentale qui parait etre t (cf. p. 28). Ces additions sont vraisemblablement les memes que dans -Mi-t, -kr-t (p. 202) et -dhr-k (au nominatif des composes de dhar). Les derives asra (skr.) et udra (indo-eur.) indiquent bien que ce qui suit IV n'est pas essentiel. 1. Skr. ds-r-g, dat. as-n-e. Gr. IC>Q, daq (G-rdz. 400). Va du lat. s-angu-i-s, san-ies (cf. p. 28) parait etre anaptyctique (cf. chap. VI). Nous devons poser pour l'indo-europeen, nom.-acc. d^-r-g^, dat. s-n-A'i. En sanskrit Va des cas obliques a ete restitue en analogie avec le nom.-acc. L'a du lette assins est sans doute hysterogene, cf. p. 93 i. n. — D'apres ce qui precede nous regardons lat. assir, assaratum, comme etrangers a cette famille de mots. Otfr. Muller (ad. Fest. s. v. assaratum) les croit d'ailleurs d'origine phenicienne. 2. Ved. dh-ar, dat. dh-n-e (pour *ahne probablement). 3. Ve"d. udh-ar (plus tard udhas), dat. udh-n-e (primit. udhne?)- gr. ov&-aQ, ov&-ax-os; lat. ub-er et Oufens; v. h'-all. ut-er (neut.). 4. Lat. fem-ur fem-in-is. M. Vanicek dans son dictionnaire e'tymologique grec-latin cite ce passage important de Priscien (VI 52): dicitur tamen et hoc famen feminis, cujus nominativus raro in usu est. — Peutetre y a-t-il communaute de racine avec le skr. bhdmsas, bhasdd. 5. Gr. rjn-afi r/w-ar-og; zd. y&kare (gloss, zd.-pehlvi); skr. ydk-r-t yalc-n-e; lat. jec-ur jec-in-or-is, jocinoris; lith. jekna. On peut conjecturer que les formes primitives sont: ya1A]c-r-t, dat. yAk-n-Ai, ce qui rend compte de Va long du zend et du grec. Mais il est vrai que l'e du lithuanien et du latin s'y prete mal: on attendrait a. 6. Gr. vS-a(i £ij-o:r-os (v); v. sax. ivatar, goth. vato vatins; lat. u-n-da; lith. va-n-du; si. voda; skr. uddn usite seulement aux cas obliques (nom. ace. udaka). Conclusion: indo-eur. ivd.2d-r(-t), dafe ud-n-Ai. La nasale du latin et du lithuanien est evidemment epenthetique. 7. Gr.ffjt-coQffH-ar-ds;skr. gdlc-rt Qak-n-e (lat. stercus). Ces formes ne s'expliquent que par une flexion primitive: sd±k-r-t, dat. sk-n-Ai.
3e serie: le theme du nom.-acc. se forme au moyen d'une finale i. — D'apres ce que nous avons vu plus haut (p. 112, 113 en bas; 114) Yo des mots O<J£, oareov, ovg, doit etre o. Au point de vue de la degradation du vocalisme radical, ces exemples ne sont pas des plus satisfaisants. La racine apparait invariable. 1. Skr. dks-i, dat. akh-rt-e1. Le theme nu apparait dans an-dks «aveugle», 1. Par une extension du theme nasal, le dialecte ve"dique forme ajcsdbhis. Le duel aJcsibhyam est encore plus singulier. 15
226
Declinaison he'te'roclite.
nomin. andk. La forme en -i donne le gr. oaas, le lith. akls et le duel si. obi, l'autre le goth. augo augins ou l'accentuation du theme en -an est encore visible. 2. Skr. dsth-i, dat. asth-n-e1. Gr. oau-vog, 6ax-s(y)o-v (cf. hrd-aya), lat. os ossis (vieux lat. ossu). Les formes comme oatqsov (huitre) font supposer une finale r a c6te de la finale -i, V. Curtius Grdz. 209. 3. Skr. dddh- i, dat. dadh-n-e. Le boruss. dadan est sans grande valeur ici: c'est un neutre en -a (Leskien Decl. 64). 4. Skr. sdkth-i, dat. sakth-n-e. Galien rapporte un mot I'HTKQ (TO TJJS yvvuitiog alSoiov) employe", dit-il, par Hippocrate mais que la critique des textes parait avoir eu des raisons d'extirper («jam diu evanuit» Lobeck Paralip. 206). Cette forme s'accorderait cependant tres-bien a\eo sdkth-i. Doit-on comparer t£vg, le%iov, ia%i (Hes.)? 5. M. Benfey (Skr.-engl. Diet.) compare le skr. angi et le lat. inguen. Mais le mot latin, outre les autres explications proposees (v. J. Schmidt Voc. I 81), se rapproche aussi du skr. gaghdna. b . MASOULINS ET F^MININS.
Nous retrouvons ici le theme en -an et le theme sans sitffixe. Ce dernier peut prendre la finale i. Seulement c'est le theme en -an qui est paroxyton et qui montre la racine pleine, et c'est le theme court qui est affaibli. Ces deux themes se repartissent de telle maniere que les cas «forts» du masculin correspondent aux cas «tres-faibles» (plus le locatif sing.) du neutre et que les cas «moyens» et «tres-faibles» du masculin font pendant aux cas «moyens» du neutre. Decline au neutre, pdnthan, pathi, ferait certainement: nom. pdnthi, dat. pathne (instr. pi. pdntJiibhis). — De plus les formes equivalentes path et path -f- i, contrairement a ce qui a lieu pour, les neutres, coexistent d'habitude dans le meme mot; la premiere etant employee devant les voyelles, la seconde devant les consonnes. Le paradigme est complet pour le skx. pantlian: pdnthan-as, paih-e, path-i-bhis. La forme pathin est une fiction des granimairiens2, voy. Bohtl.-Roth; path, pathi sont pour pnth, pnthi, cf. p. 24. Le lat. ponti-, le si. pad, reproduisent au sein de la forme en i le vocalisme du theme en -an et nous apprennent que Ya radical de 1. Le genitif consonantique zend atfaQca pourrait sugg^rer que le nominatif-accusatif a e t e primitivement ast, et que asti- ^tait reserve aux cas du pluriel. Cf. plus bas les 3 themes du masculin. 2. paripanthin contient le suffixe secondaire -in.
De'clinaison he'teroclite.
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pdnthan est a2. La nieine racine donne le goth.finfa, fanj>. Sur pdnthan se decline mdnthan. Les cas «tres-faibles» du skr. pus-dn (ici le theme en -an est oxyton) peuvent se former sur un theme pus. Vopadeva n'admet la forme pus que pour le locatif sing. Benfey Vollst. Grainm. p. 316. Les autres exemples ne peuvent plus que se deviner. C'est entre autres le gr. a^-av qui est oppose au lat. ax-i-s, au si. osi; le skr. naktdn et ndkti (on attendrait au contraire *naktan et *nakti, cf. lith. naktis) avec le gr. vvxx- et le goth. naht-. La triple forme se manifeste aussi dans le gr. %BQ-, %EI>Q- (pour *%£QL-) et *%EQOV (dans dva%BQaivm de *dv0%s'QG>v). E n zend
ysliapan
«nuit» donne au nom. %sliapa, a l'acc. %shapan-em, mais au gen. %shap-o (Spiegel Gramm. 155); le Sanskrit a elimine *~k~sapan en generalisant hsap. Peut-etre pati «maitre» n'est-il pas etranger a cette famille de mots ; ce qui expliquerait patni, %6%via. Le \itln. pats offre une forme sans i, et le disaccord qui existe entre 1'accent du skr. pdti et celui du goth. -fadi- cache bien aussi quelque anguille sous roche. La de'clinaison de ce mot est remplie de choses singulieres. En zend il y a un nomin. paiti. Cf. aussi IIoGEiducov. C'est a titre de conjecture seulement que nous attribuerons la naissance du theme indien ndptar (qui dans le Rig-Veda n'apparait point aux cas forts) a l'insertion d'un -r-, semblable a celui de ydk-r-t etc., dans les cas faibles du pluriel de ndpat1, wasindpt-r-bhis au lieu de naptbhis. II faut etre prudent devant ce grand entrecroisement des suffixes. Nous sommes sur le terrain de predilection d'une ecole qui s'est exercee a les faire rentrer tous les uns dans les autres. Nous croyons neanmoins que le choix d'exemples qui est donne 1. Le fern, napli prouve que Ya de ndpatam est a2, autrement il devrait rester une voyelle entre p et t. Le lat. nepotem a pris, ainsi que datorem, son o au nominatif (v. p. 213). L'irl. niae, gen. nialh ne decide rien quant a la quantite de Ya (cf. bethdd = fSioTrjTog, Windisch Beitr. de P. et B. IV 218), mais il s'accommode fort bien de ar Cf. enfin viito8s§($). — La substitution de ndpt-r-bhis a «naptbhis» aurait une certaine analogie avec une particularite de la declinaison vedique de ksip et de lesap: ces mots font a l'instrumental plur. Icsip-a-bhis, ksap-d-bhis. 15*
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Accentuation et vocalisme radical des diff. themes.
plus haut ne laisse pas de doute sur le fait qu'un ordre parfaitement fixe presidait a l'echange des differents themes, et sur l'equipollence de certains d'entre eux comme p. ex. aWs et dks -f- i, en opposition a aks -j- an. § 13. Aper^u synoptique des variations du vocalisme amenees par la formation des mots. Au § 12 nous avons dresse l'etat des modifications qui s'observent dans les syllabes predesinentielles. Ce qui suit aurait a en donner le complement naturel, l'histoire des modifications qui atteignent les syllabes presuffixales. Nous devons dire d'emblee que cet apercu sera necessairement beaucoup plus incomplet encore que le precedent. Ni les phenomenes de vocalisme ni ceux de l'accentuation n'ont ete serieusement etudies pour ce qui concerne la formation des mots. En dehors de eette circonstance facheuse, il est probable qu'on n'arrivera jamais sur cette matiere a des resultats aussi precis que pour ce qui touche a la flexion. Les exceptions aux regies reconnues sont trop considerables. Nous commen^ons par une revue tres-succincte des principales formations. A chaque suffixe nomme, nous enregistrons quelle accentuation et quel vocalisme radical il admet. I. Themes nominaux. Themes finissant par ax-av Themes en -a2. — l e serie: Oxytons (autant qu'on en peut juger, v. p. 82 seq.); racine au degre 2; v. p. 79 seq. 155. — 2e serie: Oxytons; racine faible1. Themes en -ta2. — l e serie: Paroxytons(?); racine au degre 2; v. p. 7C>. — 2° serie: Oxytons; racine faible (participes); cf. p. 14, 23, 149, 157. 1. Voici quelques exemples: indo-enr. yugd, skr. lisa, I'rgd, pigd, blirga, vrdhi, vrri, etc., zd. gereSa ihurlant» de gared, berega <>desir» de bang; gr dyog, ocploi' ocpulErai, otpa(3ds de ctQicp, rageog de TSQB, et avec deplacement du ton, o-clos, c-rt(3os, orCxos, tVKog; germ, tuga- «trait» (F. Ill 3 123), fluga- «vol» (F. 195), buda «commandement» (F. 214), gotk drusa «chute», quma «arrivee». En composition ces themes ne sont pas rares: skr. tuvi-grd, d-hra; gr. vso yvo-g, d-tQcmo-g, ga-§g6-v nolvcpuyov, eXa-figa- iv slaCm scp&d, Si-cpQO-g, irci-nXa, *yvv-m6 dans yvvmtiv (Hes.); lat. privi-gnu-s, pro-bru-m (quoi qu'en dise Corssen Sprachk. 145).
Accentuation et vocalisme radical des diff. themes.
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Themes en -na2. — l e serie: Paroxytons(?); racine au degre 2; v. p. 77 seq. — 2e serie: Oxytons; racine faible1 (participes). Quelques traces du degre 1; v. p. 77. Themes en -ma2. — l e serie: Accentuation douteuse; racine au degre 2; v. p. 74 seq. en ajoutant /3rajio'j, &a>{i6g, polo's (p. 138, 140, 167). — 2e serie: Oxytons; racine faible2. Themes en -v&2. — l e serie (peu nonibreuse): Racine au degre 2; v. p. 138, 156. — 2e serie: Oxytons; racine faible; T. Lindner p. 100 et ci-dessus p. 157. II est difficile d'apercevoir la regie des themes en -ya2 et -wa2. L'exemple ajcwa2 (cheval) ne permet point a lui seul de dire que les themes en wa2 ont al dans la racine; ce peut etre une formation secondaire, comme l'est par exeruple le skr. him-d, gr. -%i(i-o-s> qu'on dirait contenir le suff. -ma, mais qui derive du theme ghi-am. II semble qu'on puisse conclure ainsi: les differents suffixes finissant par a2 admettent egalement la racine reduite et la racine au degre 2, mais n'admettent pas la racine au degre 1. Quant a l'accent, il repose toujours sur le suffixe lorsque la racine est reduite. La plus grande partie de la serie qui est au degre 2 parait avoir ete composee aussi de themes oxytons; cependant la regie n'apparait pas d'une maniere nette. Themes finissant par ax -f- sonante ou s. I. Le suffixe n'admet pas a2. Themes en -ajU. Oxytons; racine reduite: gr. (pQ-t]v, ^g-rjv (p. 195); skr. uksdn (ace. uksanam et uksanam), plihdn (les langues europeennes font supposer que le suff. est a^n). Dans le skr. vHan (ace. vrsar/ani) et le gr. agGriv il faut admettre que l'accentuation est hysterogene. Quelques exemples ont la racine au degre 1: gr. TSQYJV, Xsi%riv -ijvog, TtEv&rjv -rjvog.
Themes en -majii. Oxytons; racine faible. Gr. avz^v, Xt[irjv, nv&{ii]v. V. p. 131. Si Ton range ici les themes neutres en -man, nous obtenons une seconde serie composee de paroxytons 1. Goth, fulls = *fulnds, gr. iliij^os, enaQvog, ragvov noXoflov et tous les participes indiens en -nd. 2. Skr. tigmd, yugmd, yudhmd, rukmd, sidhmd (p. 171) etc.; gr.
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Accentuation et vocalisme radical des diff. themes.
ou la racine est au degre 1. L'accentuation est assuree par l'accord du grec et du Sanskrit, le degre 1 par les exemples minis p. 130 seq., cf. p. 137 et 156. Themes en -a x r. Oxytons; racine faible. Skr. n-dr, us-dr. Themes en -ta^r. l e serie: Oxytons; racine faible. Gr. (a)o*T^Q, zend g-tdr-o, lat. s-tella (Brugman Stud. 388 seq.). Des noms de parente comme duhitdr,pitarl, yatdr (yMdr). — 2 e serie: Paroxytons; racine au degre 1. Skr. Ihratar, gr. tpQaxriQ; skr. rmnstar. Le mot matdr et les noms d'agent grecs en -rrJQ soulevent une question difficile que nous examinerons plus bas a propos du suff. -ta2r. Pour les themes en - a ^ , il serait important de savoir si la flexion primitive de chaque exemple etait forte ou faible, ce que nous ignorons bien souvent. Ce qu'on peut affirmer c'est qu'il y a des themes en -ati qui prennent a2 dans la racine (v. p. 85), que d'autres, comme lmdo-eur. nsdj, (p. 24), et les infinitifs vediques tels que drgdye, yudhdye, affaiblissent la racine. Dans toutes les langues cette classe de mots est fortement melangee de formes qui lui etaient etrangeres a l'origine. Themes en -ta,i (flexion faible). La racine est reduite, v. p. 15, 23, 150; Lindner p. 76 seq.,-Amelung Ztschr. f. deutsches Alterth. XVIII 206. On attend done que le suffixe ait l'accent, mais les faits qui le prouvent n'abondent pas. En grec le ton repose au contraire sur la racine (jciGrig,
Accentuation et vocalisme radical des diff. themes.
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Themes en - a ^ deflexionfaible. — l e serie (fort nombreuse): Oxytons (Bezzenberger JBeitrdge II 123 seq.1); racine faible; v. p. 15, 23, 157; Lindner p. 61. — 2° serie: Oxytons; racine au degre 2, comme skr. ganh't, si. saku; v. p. 85 seq. Themes en -a1u deflexionforte. Oxytons; racine faible. Ex.: di-ajU, go-djU (p. 198).
Themes en -tajU. — l e serie: Oxytons; racine faible. Skr. rtu, dktu ( = goth. uhtvo p. 24); zd. peretu = lat. portus; goth. Icustus. — 2" serie: Paroxytons; racine. au degre 2. Germ. dau]>us (Verner K. Z. XXIII 123), gr. oi-6v-a de la rac. waj (v. Fick IP 782), skr. tantu, mdntu, sdtu etc. C'est probableinent a cette formation qu'appartiennent les infinitifs en -tu-m (cf. p. 223). Themes en -axs. Oxytons; racine faible. Skr. bhiy-ds (v. p. 219). Sur les mots comme iievSijg v. p. 201. II. Le suffixe admet a3. Themes en -a3n. Oxytons; racine faible. Skr. gv-dn «chien» (ace. gvanani). Le gr. xvav a retire le ton sur la racine, tandis qu'aux cas obliques on a inversement: gr. (two's, skr. gunas. La loi generale des themes germaniques en -a2n est d'affaiblir la racine, v. Amelung loc. cit. 208; sur 1'accentuation de ces themes qui primitivement ont ete tous oxytons, Osthoff Beitr. de P. etB. Ill 15. — Quelques themes du degre 1: gr. eixcav, dyjSciv, apijyriv; [laxav, GKKTMOV; skr. snehan (gramm.), ragan, et plusieurs neutres tels que gdnibhan, mamhdn. Themes en -ma2n. La racine est toujours au degre 1, v. p. 131, 137, 140, 156. On trouve en grec des paroxytons comme TEQJICOV; le Sanskrit en possede un petit nornbre, ainsi geman, bhdsman, Moman. Le goth. hiuhma, milhma, accuse la meme accentuation. Mais les deux premiers idiomes offrent en outre des themes en -ma2n oxytons ou la racine n'est point affaiblie, ainsi Xeipoiv, premdn, varsmdn, Jiemdn etc. M. Brugman parait dispose a l'admettre sur la foi du goth. ga-qumpi-, du skr. gdti, et du gr. §daig (Stud. IX 326). Au reste il est juste de dire qu'on a des formes iadiennes comme tdnti, hanti. 1. II est regrettable que dans ce travail le point de vue du vocalisme radical soit neglige1, et que des formations tres-diverses se trouvent ainsi confondues.
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Accentuation et vocalisme radical dea diff. themes.
Themes en -a 2 m. Oxytons; racine faible (p. 217). Themes en -a 2 r. — l e serie: Oxytons; racine faible (dhu-ar). — 2 e serie: Paroxytons; racine au degre 1 (swu^s-ar). V. p. 218. Themes en -ta 2 r. L'accentuation et la conformation primitive des themes en -tar sont difficilement determinables. A la p. 212 nous soinines arrives a la conclusion que les noms d'agent grecs en -xr\Q et -trap formaient des l'origine deux categories distinctes. La flexion des premiers devait se confondre primitivement avec celle des noms de parente. Or les noms d'agent en -XYJQ sont oxytons. On attend done d'apres les regies generales et d'apres l'analogie des noms de parente (v. p. 230), que la syllabe radicale y soit affaiblie. Elle Test dans les mots comme doTtjp, 6tuxr\Q etc. L'anciennete de ces formes sernble ineme evidente quand on compare doxrjQ ddxaQ,
jioxqQ (5C6X<X>Q, a nv&prjv
itlsvyiav. Mais voici que l'affaiblissement en question ne s'etend pas au-dela des racines en -«, car on a %Bi<3%y\q, aXemxriQiov etc. (p. 132). Voici de plus que le Sanskrit ne possede aucun nom d'agent dont la racine soit affaiblie. On dira que les noms d'agent indiens ont pour suffixe -ta2r, non -ta^r. Mais il en existe un de cette derniere espece: rdinstar (ace. rdmstarani), et cet unique echantillon non-seulement n'affaiblit pas la racine, mais encore lui donne le ton. Du reste en admettant menie que les deux types doxriQ Saxcag nous representent Fetat de choses primitif, on ne comprendra pas comment un grand nombre de noms d'agent indiens — lesquels, ay ant tous a2, ne peuvent correspondre qu'au type daxcoQ — mettent le ton sur -tar. Deux circonstances compliquent encore cette question que nous renoncons completement a resoudre: l'accentuation variable des noms d'agent Sanskrits selon leur fonction syntactique (delta maglumam, data maglicmi), et le vieux mot ww/«r«mere» qui a la racine forte malgre le ton. — II faut ajouter que le zend fournit quelques noms d'agent a racine reduite: Jceretar, dtretar, beretar etc. Themes en -a 2 s. — I1- serie: Paroxytons; raciue au degre 1. Oe sont les neutres comme pevog, v. p. 129. — 2 e serie: Oxytons; racine faible. Skr. usds. Les mots comme foa'is (duel tont»a) sont probablement hysterogenes, cf. p. 201. Themes en -ya 2 s. Paroxytons (Verner K. Z. XX111126 seq.); racine au degre 1; v. p. 130, 156 seq.
Accentuation et vocalisme radical des diff. themes.
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Themes en -wa2s. Oxytons; racine (redoublee) faible. Of. p. 35, 71 i. n., 155. Skr. gagrbhvan, gr. Idvtcc, goth. berusjos ( = bebr-usjos). Les participes de la 2e classe en -nt forment une categorie particuliere, vu l'absence de tout a suffixal (p. 185). Us ont le ton sur le suffixe, et la racine reduite. L'exemple typique est l'indo-eur. s-nt de axs (Osthoff K. Z. XXIII 579 seq.). En Sanskrit: ugdnt-, dvisdnt- etc. Cf. p. 38 et § 15. II faut nommer encore les formes comme mfdh et (agva-)yug dont nous avons parle p. 202, et ou l'affaiblissement, quoique portant sur une syllabe predesinentielle, n'est point cause par les desinences. Nous notons sans pouvoir l'expliquer un phenomene curieux qui est en rapport avec ces themes. Apres i, u, r, n, m, un t est insere. Or les racines en a, on ne sait pourquoi, ne connaissent pas cette formation: «pari-sthi-t» de stha serait impossible; pari-s?Jia seul existe1. Ainsi pari-stha, type coordonne a vrtra-han, se trouve enrole par l'usage dans un groupe de formes avec qui il n'a rien de commxm: pari-stha, go-gi-t, su-kr-t etc. sont places sur le meme pied. Jusqu'ici rien de bien surprenant: mais comment se fait-il que ce parallelisme artificiel reparaisse devant ceux des suffixes commencant par y et w qui demandent l'insertion du t? A cote de a-gi-t-ya, a-hr-t-ya nous avons a-sfha-ya; a cote de gi-t-van, hr-t-van, on trouvera-van. Les menies formations ont encore ceci d'enigmatique que la racine y est accentuee malgre son affaiblissement. Themes feminins en a (cf. p. 82). l e serie: Oxytons; racine faible. Skr. druha, muda, ruga etc.; gr. patprj, yftcupri, %07trj, Qcupri, taq>ri, tQvcprj, cpvyri, 6[io-xl^, em-(5A.ai2. 2 e serie: Paroxytons;
racine au degre 1. Goth, gairda, giba, hairda, v. h*-all. speha; gr. eZlr\, el'QT], SQSrj, SQEMf), kevwq, (leftt), nsdrj, nevnrj, exsTtf], Gteyr],
%lsvt]. En Sanskrit varsd, identique avec son accentuation.
SQ6T\,
est anormal par
1. Disons toutefois que le type madhu-pd (v. p. 177) est peut-etre ce qui correspond a go-gi-t, su-Jcr-t. Mais a quoi attribuer l'absence du t? 2. L'accent est deplac6 dans ^Id^r], dixrj, Ivnrj, pu%ri, vdm/j, o&rj, edyrj, ju,f<jo'-dfijj. — Dans certains cas l'expulsion de Va est empechee: indo-eur. sa-fihd pour sbha (skr. sabha, goth. sibja, gr. i
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Accentuation et vocalisme radical des diff. themes. II. Thames verbaux.
Plusieurs ont ete derives d'autres themes verbaux. Ces formations ne rentrent pas dans le sujet que nous considerons, et il suffira de lea indiquer sommairement: 1° Aoriste en -sat (akr. dik-sd-t, gr. 110*) derive de l'aoriste en -s (dajlc-s-). 2° Themes oxytons en -a tels que Hmpd-, muncd-, krntd-, derive's, ainsi que l'admettait Bopp, de themes de la 76 classe: exemple trmhd[ti] = trii.ah- (dans trn.iAht) -\- ti. 3° Le futur en •s-yd est probablement une continuation de 1'aor. en -s. 4° Les subjonctifs (p. 127). — Les optatifs tels que syd- (v. ci-dessous) sont a vrai dire de'rives, aussi bien que bharai- (p. 193) et que les formes qui viennent d'etre citees.
Themes en -a^ — l e serie: Paroxytons; racine au degre 1; v. p. 126, 153, 159. — 26 serie: Oxytons; racine (simple ou redoublee) faible; v. p. 9 seq., 20, 153 seq., 160 seq. Themes en -J&r Racine faible, soit en Sanskrit soit dans les langues congeneres (p. 157, 159). Contre l'opinion commune qui regarde l'accentuation indienne de la 4e classe comme hysterogene, M. Verner (1. c. 120) se fonde sur cette accentuation pour expliquer le traitement de la spirante dans le germ. Mahjan etc. Dans ce cas le vocalisme des themes en -ya ne peut guere se concevoir que si l'on en fait des denominatifs: ainsi yudh-ya-ti serait proprement un derive de yiidh «le combat», pdg-yarti se ramenerait a spdg (pxortog). La langue se serait habituee plus tard a former ces presents sans 1'intermediaire de themes nominaux1. Themes en -ska r Oxytons; racine faible; v. p. 13, 22,149. Dans le skr. gacchati, yacchati, Ya radical (sorti de m) s'est empare du ton (cf. p. 174). [Themes en-na^u et -nax-A. Oxytons; racine faible; v.p.22 et 187.] Themes en -J^A. Oxytons; racine (simple ou redoubled) faible. Indo-eur. s-yd^-, optatif de a^. Skr. dvisya- de dm, 1. L'accentuation primitive de la caracteristique n'est pas malgre tout tres-improbable, car, outre le passif en -yd, on a les formes comme d-yd-ti, s-yd-ti etc., qui paraissent venir de ad, as etc. De plus sidhyati, timyati (p. 171 seq.) ne se comprendraient pas davantage que sthiti (p. 230) si le ton n'avait frappe primitivement le suffixe. II faut ajouter que ine'me dans l'hypothese ou yudhyati serait denominatif, on attendrait l'accentuation *yudhydti: cf. devaydti. — On trouve vraiment le ton sur -ya dans le ved. ran-ydti (Delbr. 163). Pour harydnt cf. Grassmann s. v. hary.
Regies ge"nerales qui s'en degagent.
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vavrtyd- de vart, cacchadya- de chand; goth. berjau ( = be-br-jan), bitjau ( = *bibitjaii). La formation est secondaire (cf. plus haut). Mentionnons le theme de l'aoriste sigmatique comme dd{ik-s(p. 128, 191) qui ne rentre ni dans la formule racine simple ni dans la formule racine -f- suffixe. Resumons brievement ce qui ressort de cette enumeration. 1. Les phenomenes qu'on constate dans la formation des mots ne peuvent etre mis en relation qu'avec l'accent. On n'observe pas d'effets comparables a ceux qui se produisent dans les declinaisons faibles (perte de Ya1 du premier element causee par une consonne initiale dans le second). 2. Qu'est-ce qui determine la place de l'accent? Voila le point qui nous echappe completeinent. Le ton opte pour le suffixe ou pour la racine, nous devons nous borner a constater pour chaque formation le choix qu'il a fait1. Comme le meme suffixe peut prendre et ne pas prendre 1; accent {rikax-, rd^ka^), on prevoit que la regie sera extraordinairement difficile a trouver. 3. Eelation du vocalisme avec 1'accentuation. Le ton repose-t-il sur la syllabe radicale, celle-ci apparait sous sa forme pleine, au degre 1 ou au degre 2. Nous avons cherche a ecarter les exceptions, dont la plus considerable est le cas des themes verbaux en -ya. — L'affaiblissement des mots sans suffixe comme mrdh (v. ci-dessus p. 233) est d'un caractere tout a fait singulier: on ne sait meme a quoi le rattacher. Le ton repose-t-il sur le suffixe, la racine est au degre reduit ou (plus rarement) au degre 2, jamais au degre 1. Exceptions principales. Certains themes en -man tels que xsificov, varsmdn (v. plus haut), et probablement une partie des themes en -tar, puis des exemples isole"s assez nombreux. Comme I. Sans cette alternative, le principe du dernier determinant de M. Benfey et de M. Benlcew pourrait presque passer pour la loi generate de l'accent indo-europe"en. — M. Lindner (Nominalbild. 17 seq.) propose pour les themes nominaux du Sanskrit les deux lois suivantes (la seconde pouvant annuler l'effet de la premiere): 1. L'accent frappe la racine dans le nom abstrait (Verbalabstractnm), et le suffixe dans le nom d'agent. 2. L'accentuation du nom re"pond a celle du verbe au present. La latitude que laisseraient ces deux lois est singulierement grande.
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Somme des a expulse's dans chaque forme fle"chie. nous l'avons dit, les oxytons en -as tels que rpevSrii ne constituent pas d'exception formelle.
Les oxytons du degre 2 auxquels la regie fait allusion ici sont presque uniquement des themes finissant par a (v. ci-dessus p. 229) ou des themes en u de flexion faible (p. 231), ainsi Xomog, nko%{i6g, Jcetu. C'est une chose curieuse que de voir les deux a se comporter differemment vis-a-vis de l'aceent. Elle donnerait a penser que la naissance du phoneme a2 est anterieure a la periode d'expulsion. De fait, dans les syllabes predesinentielles, il n'est jamais besoin de supposer l'expulsion d'un a2 (par l'aceent), puisque, d'apres ce qu'on a vu p. 215, les cas faibles des oxytons montrent % dans les paroxytons, et que ces derniers nous represented l'etat de choses qui a precede les phenomenes d'expulsion. Pourvu qu'on admette rimmobilite de l'aceent dans les themes paroxytons (p. 203 seq.), les phenomenes d'accentuation et d'expulsion peuvent sans inconvenient pratique s'etudier separement dans les deux spheres de la flexion et de la formation des mots. C'est ainsi que nous avons procede. Seulement ce que nous avons devant nous, ce sont des mots et non des themes. Quand on dit que l'affaiblisseruent de la racine, dans le theme uks-dn, est du a l'accentuation du suffixe, il reste a chercher ce que represente cette phrase dans la realite, et si vraiment les faits de ce genre nous introduisent de plain-pied dans l'epoque paleontologique anterieure a la flexion, telle que M. Curtius la reconstruit par la pensee dans sa Clironologie des Jangues indo-europeennes. Doit-on penser au contraire que tous les phenomenes se sont accomplis dans le mot flechix ? Nous ne savons, et nous nous garderons d'aborder ce probleme. Nous voudrions seulement, en combinant la loi des expulsions predesinentielles avec celle des expulsions presuffixales, exprimer le plus simplement possible la somme des affaiblissements dus a l'aceent, telle qu'ellenous apparait dans son resultat final: 1° TOUS LES at PLACES DANS LA PAKT1E DU MOT QUI PRECEDE LA SYLLABE
1. Les cas dont nous ayons parle ou Ton entrevoit une rencontre des phenomenes de flexion avec ceux de la formation (dar-u, dr-mv-Ai, p. 221 seq.) seraient un argument a l'appui de cette seconde hypothese.
Somroe des a expulses dans chaque forme flechie. ACCENTUEE
TOMBENT,
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a moins d'impossibilite materielle (p. 48);
2° AUCUNE AUTRE EXPULSION T>'a1 NEST CAUSEE PAR L'ACCENT.
t ^ i g -f- y ^ s + A i produit td^gia^Ai (skr. te'giyase). ya x ug -f- ta t i -f- a^ » yukta^a^s (skr. yuhtdyas). wajid + wa,s -f- Ai » widus/i (skr. viduse). II resterait a obtenir une regie unique d'ou decoulerait la place de l'accent dans ehaque forme. Quand la question se pose entre syllabe predesinentielle et desinence, on est fixe pourvu qu'on connaisse le genre de flexion (forte ou faible). On a vu en revanche que le parti que prend l'accent devant la bifurcation entre racine et suffixe peut se constater pour des groupes considerables de themes, mais non se prevoir. Nous nous contentons done de dresser un tableau recapitulatif. Ce tableau devra justifier les a1 qui existent et qui mauquent dans n'importe quelle forme primaire repondant aux conditions norinales. I. Racine -|- suffixe1. er
II. Marine sans suffixe.
e
2 cas. Le ton quitte l cas. Le ton reste la racine. sur la racine. Aucune expulsion n'est a,. Le tonne passe point b. Le ton est attire possible du fait de l'aocent. Cf. ci-dessous. aux desinences (flexion vers les desinences (flefaible). xion forte)2. L'expulsionpar le fait II y aura expulsion: del'aocentatteindratous 1° de tout at presuffixal, lesffltpresuffixaux et au- 2° si Ya1 ne finit le theme, cun autre. Cf. ci-des- de tout al predesinentiel sous. place devant une desinence susceptible d'acDans la flexion faible les desinences commen- cent, cant par une consonne produisent l'expulsion de l'oj predesinentiel.
Nous ne nous sommes pas preoccupes jusqu'ici des syllabes de redoublement. Le peu de chose qu'on sait de leur forme primitive rend leur analyse tout a fait conjecturale. Us s'agirait 1. II faudrait, rigoureusement, ajouter une troisieme case: racine -\infixe, a cause du type yu-na-g de la 7e classe (§ 14). En faisant de -nag un suffixe fictif, les phenomenes sont ceux de racine et suffixe. 2. Nous considerons la flexion thematique comme un cas special de laflexionforte (p. 188).
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Syllabes de reduplication.
avant tout de determiner si le redoublement doit etre regarde comme une espece d'onomatopee, ou s'il constitue une unite morphologique reguliere, le caractere de l'unite morphologique etant de contenir, a l'etat normal, av Au parfait, rien n'empeche d'admettre cette derniere hypothese, Comme le ton repose au singulier de l'actif sur la racine' et partout ailleurs sur les desinences, la reduplication perd forcement son au mais elle ne le possede pas moins virtuellement. Ainsi Ton a: indo-eur. uwd.Jca, ukmd (skr. uvaca, ucimd) pour *wa 1 wa 2 ka, *wa l wa 1 kma. Dans les formes comme pa.pa.ta, Ya est force de rester. Quand 1'^ radical est suivi d'une voyelle, on constate que celle-ci se repercute dans le redoublement: ihibhd^da pour *bha 1 ibha 2 ida, etc.2 A l'aoriste en -a, il faut, pour expliquer a la fois l'affaiblissement radical et l'etat normal du redoublement dans vocat, supposer un double ton primitif (wdyuk-d^-t), tel que le possedent les infinitifs en -tavai et d'autres formes indiennes (Bohtlingk Accent im Sanskrit p. 3). II concilie du reste l'accentuation du gr. eintiv avec celle de vocat. Les aoristes Sanskrits comme atitvi'santa ou inodifie leur reduplication: il faudrait *atetvisanta. Au present, la plus grande incertitude regne. h'i de iGtrjfii et de piparti pose une enigme que nous n'abordons point. Toutefois la variabilite de l'accent dans la oe classe sanskrite semble indiquer un double ton dans les formes fortes, ce qui permettrait de comprendre nenekti, vevekti, vevesii (qui peuvent passer, il est vrai, pour des intensifs), zd. gaosaoml, daedoist, et en grec SSLSO). Au pluriel le ton, passant sur la desinence redevenait un, et en consequence le redoublement perdait son a. De la les presents comme dide'sti. La flexion originaire serait: de'desfi, didigmds3.
1. Le goth. saizlep permet de contrdler l'aocent indien. 2. Le ved. vavaca est a coup sur une innovation, car, en le supposani primitif, on ne pourrait plus expliquer uvdca. En grec SsiSomu et eloiY-viai aont, en consequence, hysterogenes. 3. Dans cette hypothese le redoublement da- du slave dann, damu, vient du singulier, et le da- du skr. dddami, du pluriel. Formes premieres: da^o-da^o-mi, plur. dg-dg-mds.
Les verbes de la 7e classe.
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Cliapitre VI. De differeiits phenomenes relatifs aux sonantes I, ti. r, n, m. § 14. Liquides et nasales sonantes longues. Dans le 21 e volume du Journal de Kuhn, pour la premiere fois peut-etre depuis la fondation de la grarnniaire coinparee, une voix autorisee a plaide la primordialite des presents Sanskrits de la 7e formation. Tout a ete imagine, on le sait, sous l'einpire de l'idee theorique que l'indo-europeen a horreur de l'infixe, pour expliquer comment ce groupe de presents avait pu sortir de la 5e et de la 9e classe. M. Windisch declare qu'aucune hypothese ne le satisfait, constate qu'aucune ne rend veritablement compte de 1'organisme delicat des formes alternantes yunag- yung-, et trouve que ces presents offrent au contraire tous les caracteres d'une formation primitive. La 9e classe dont personne ne met en doute l'origine proethnique a peri dans toutes les langues europeennes, hors le grec. Quoi d'etonnant si la septieme, flexion bizarre et insolite, ne s'est conservee qu'en Sanskrit et en zend? Le spectre de l'innxe se trouve d'ailleurs conjure, si l'on admet avec le ineme savant que la 7e classe soit une manifestation du travail d'elargissement des racines: dans yunag- par exemple, la racine serait proprement yu (yau) et g ne representerait que le determinatif. Pour peu cependant qu'on repousse cette theorie, qui n'a pas pour elle d'argument vraiment decisif, nous nous declarons pret a admettre l'infixe. Surtout M. Windiscli accompagne sa supposition d'un corollaire dont nous ne saurions faire notre profit a aucune condition. II conjecture dans la 7e classe une sorte de continuation de la 9°, et nous serons amene a voir dans la 9e un cas particulier de la 7e. Formulons la regie au moyen de laquelle on passe de la racine, telle qu'elle apparait dans les temps generaux, au theme de la 7e classe: Z/'aj radical tombe, et la syllabe -na^- est insere'e entre les deux derniers elements de la racine reduite. bhajid: bhi-nd^d yajUg: yu-ndt-g waxd: u-na^-d t a ^ g h : tr-na^-gh bha 1 ng: bhn-nd^g
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La 9e classe, cas particulier de la septifeme. La flexion est donnee par les lois de la page 188. Elle arne-
nera les formes faibles bhi-n-d, yu-n-g, tr-n-gh, bhii-n-g1, n-n-d. Maintenant placons en regard de cette formation le present de la 9e classe analyse conformement a notre theorie de Ya long: 2m-nd1-A, forme faible JJM-M-.I. Uneparente difficile a meconnaitre se manifeste, et nous posons: | = puna,! A : x bhina^d: bhajid I = prnaxA : x I = grbhnciiA : x Les valeurs des x. c'est-a-dire les racines veritables de nos presents en -nd,- seront evidemment: pa,wA, pajTA, ga1rbhA (ou gr ai bliA). C'est la rigoureuse exactitude de cette regie de trois que nous allons tacher de demontrer. A part d'insignifiantes exceptions, toutes les racines sanskrites non terminees par -I qui appartiennent a la 9e classe prennenl a l'infinitif en -turn, dans les themes en -tavya et en -tar, et au futur en -sya, Vi (long ou bref) dit de liaison. De plus elles n'admettent a l'aoriste sigmatique que la formation en -i-sam. punati: pavi-tar, pavi-tra 2 , pavi-ayati, a-pavi-sus. lunati: lavi-tum, lavi-syati, a-lavi-sam. grnati: gari-tar 3 . grnati «devorer» (v. B. R.): gari-tum, gari-syati, a-gari-sam prnati: pari-tum, pan-syati (cf. pari-iaan, pari-nas). mrngti: a-mari-tar. 9rnSti: 9ari-tos, §ari-syati (cf. (jarl-ra, a-9arl-ka). strnati: starf-tum, starf-syati (cf. stari-man). gr. Sdiivrjfii: dami-tar. yamnati': 9ami-tar. grathnati: granthi-tum, granthi-syati. mattmati: manthi-tum, manthi-syati. ilti: a-^rthi-ta 5 . 1. Le akr. bhanagmi sort regulierement de bhnndgmi, mais dans les formes faibles comme bhariginds la nasale parait avoir ete restituee par analogie: bhnng devait en effet donnerft/iM^r, qui en Sanskrit ent fait bhag-2. Le dialecte ve"dique offre aussi potdr et pdtra. 3. Tel est la l'etat de choses primitif; plus tard on forme le futur garita. *4. Voy. Delbruck Altind. Verb. p. 216. 5. Voy. Grassmann s. v. Le r de ce participe indique que les formes
L'j des raoines comme grabhi, pavi.
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mrdnati: mardi-tum, mardi-syati. grbhnati: grabhi-tar, grabhl-tum, a-grabhi-sma, etc. skabhnSti: skambhi-tum, skabki-ta. stabhnati: stambhi-tuin, stabhi-ta, a-stambhi-sam. acnsti: pra-a9i-tar. isnati: ^Si-turn, esi-ayati. kusnati: kosi-tum, kosi-syati. musnSti: mosi-tum, mosi-syati (cf. musl-van).
Les exceptions sont, autant que j'ai pu m'en rendre compte: badhnati qui n'offre Yi qu'au futur bandhisydti; pusnati qui fait postum ou positum, mais pusta, jainais *pusitd; et klignati on Yi est partout facultatif. De quelque inaniere qu'on ait a expliquer ces trois cas, ils sont tout a fait impuissants comparativement aux vingt et un precedents, et il est legitime de conclure: si Ton tient que la racine de pindsti est pes, celle de grbhti&ti ne doit point etre nomniee sous une autre forme que grabhi (soit grafihA). hi de grbh-n-t-mds a un rapport tout aussi intime avec Yl de grabhi-tar que le s de pi-m-s-mds avec le s de pes-tar.
Pour juger completement du role et de la valeur de Yl dont nous parlons, on aura a observer trois points principaux: 1. Des qu'on admet le lien qui unit le present en -na avec Yi final, on reconnait que cetl, loin d'etre une insertion naecanique vide de sens, fait partie integrante de la racinel. 2. Quant a sa nature: il n'y a point de motif pour ne pas l'identifier avec l'l de sthiid, pita. Nous avons reconnu dans ce dernier le descendant d'une voyelle faible proethnique designee par A (p. 178 seq.), voyelle qui n'est elle-meme qu'une modification de l'espece d'a, ou des especes d'a autres que a1 et a2 (A, O). — Plus liaut Yd long de stha-,pa-, dont la moitie est forniee par la voyelle mise a nu dans silii-, pi-, nous a prouve que celle-ci avait ete une voyelle pleine dans la periode proethnique tresancienne. Ici Yd de puna-, grbhnd-, donne la menie indication relativement a l'l de pavi-, grabhi-. a nasale g-rdnthi-tum, grantld-sydti, ne sont pas primitives. Le present meme devrait faire *grihnati. 1. A la juger meme dans sa valeur intrinseque, l'idee qu'on se fait par habitude de l'l de pavitdr efc de grdblvitar n'est pas moms arbitraire que si Ton comptait par exemple pour des quantites negligeables Yi de siliitd ou Vi de pita. 16
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ttacines udattas et racines anudattas.
3. D'autre part il y a entre 1'* ou A de sthitd, pita, et l'l ou de pavi-, grdbhi-, cette importante difference morpliologique, que le premier resulte de la reduction d'un a (atA), tandis que le second parait exister de fondation a l'etat autophtliongue. S'il se combine avec ttt dans le present en -na, il n'en preexistait pas nioins a ce present. En resume nous avons devant nous coname types radicaux: pa1wA, paxrA, grajth'1 etc. Sous leur forme inalteree — qui est la base du present en ~naxA —, ces types sont paxWA, A
D'un cote, on vient de le voir, le role du phoneme A dans? pav-i puna- est absolument parallele acelui que remplissent d ou s dans bhe-d- bhinad-, pe-s- pinas-. D'un autre cote, si Ion prend les racines grdblii, mardi, mo'si, il devient evident que notre phoneme possede cependant des proprietes morphologiques toutes sjieciales: aucune sonante, si ce nest peut-etre u (v. p. 244), et aucune consonne ne pourrait etre mise a la place de l'l dans les trois exemples cites. Si done on sen tient purernent a la base de classification, plus ou nioins exterieure, que nous avons adoptee a la page 184, il convient d'etablir deux grandes categories de racines. Premierement les differents types distingues a la page citee. Deuxiemement les memes types a chacun desquels serait venu s'ajouter A. On est ramene en un mot, sauf ce qui regarde la conception de l'l, a la division qu'etablit la grammaire hindoue entre les racines udattas, ou demandant 17 «de liaison», et les racines anudattas qui en sont depourvues. Revenons un instant u la !>' classe pour eonsiderer un point laisse de cote jusqu'ici. Aux presents Fsir/afi, linati, repondent les infinitifs Fsctuw, letum. On attendait dimyitum, Ji'iyihtm etc.» II faut supposer que le groupe -mjA- subit un autre traitement que -awA-, -arA-, etc. Comme l'optatif indo-eur. bliaratt = *bharayAt (p. 193) fournit un parallele a cette contraction, il y a lieu de la croire proethnique 1 . Que le phoneme A, en tous cas ; existe reellement dans 1. Les exemples cayitum, ^vuyitum, seraient alors des formations d'analogie. — Nous uo savons par quel moyen rosoudro le problerae que
Les racines de 1a 7° classe sont anudattas a priori.
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les racines precitees, c'est sur quoi Vi long des participes Fsi-jid, li-na (v. plus bas), lie laisse aucune espece cle doute. Ajoutons a ces deux exemples rinati: ri-ti. — Dans les presents hinati, pnnati, bhrlndti, rriuatl, Vi long n'a certainement penetre que sous l'innuence analogique des formes comme'krtta,prita. C'est ainsi que le vedique minati s'est change plus tard en minati. Les in-. finitifs lirctwm, pn'tum. ^return, sont tout pareils a Icsvtum, letum. On peut evaluer certainement le noinbre des udattas a la inoitie environ du chiffre total des racines. Plus bas nous augmenterons de quelques exemples la liste commencee p. 240. Mais auparavant on remarquera que la theorie de la 9e classe nous permet de prevoir, au moins pour un groupe considerable de racines, la propriete d'etre anudattas. Ce groupe, ce sont les racines de la 7° classe. Car autrement, d'apres la loi {^V insertion de -nase fait entre les deux derniers elements de la racine») elles eussent
donne evidemment des presents en -nil1. chinatti : chettum, chetsyati. rinakti : rektum, reksyati. bhinatti : bhettuni, bhetsyati. bhanakti : bhaiikturn, bhaiiksyati. runaddhi : roddhum, rotsyati. bhunakti : bhoktum, bhoksyati. pinasti : pestum, peksyati. yunakti : yoktum, yoksyati. finasti : 9esturn, vinacmi : vektum, veksyati. zend 6ina9ti : red. cettar. Pour andkti, tandkti, et trnc'dlii, Yi <<de liaisons est facultatif. Les verbes tnyxtti et ehrrtdtti forment le futur avec ou sans i, l'infinitiv avec i. Les autres verbes contenant le groupe ar -j- consonne (ardh, pare, rarg, Jcart), ainsi que vindgmi, ont toujours Yi dans les formes indiquees.2 Dans tous ces exemples la voyelle de liaison, quand elle apparait, a ete introduite par analogie. La plupart du temps on en avait besoin pour eviter le groupe incommode ar -f- consonne double (cf. drakhjdti, de dare etc.). Ce qui prouve cette origine posterieure, ce sont les formes faibles en -ta et en -na : dktd, takta, trrfhd, tr/tua, chrt.nia, rddhd, prkld, vrktd, vigna. Composent les formes telles que lasydti de Knati (parallelement a lesydti), masynti de minati etc. M. Curtius (Grdz. 337) regarde ma comrne la racine de ce dernier verbe. Dans ce cas IV de minati ne pourrait etre qu'une voyelle de soutien: m-i-ndti pour mnali serait a malA ce que undtti est a waLd. 1. La racine vabh, contre toute regie, suit a la fois la 7° et [)° classe: ved. unap et ubhncts. II y a la un fait d'analogie, a moins qu' a cote de vabh il n'existat une racine vablii. 2. Voy. Benfey Vollst. Gramm. g 150. 1G*
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I j a cinquieme classe.
parez les participes dcs verbes de la 9e olasse agita (agnati), isitd (isjfdti), kusita (Icuhiati), grliitd (grlinclti), musiid (musudti), mrditd (mrdndti), skabJiitri (skabhnati), stabhitd1 {stablmdti). Nous ne citons pas grathitd, mathitd, d-grthita (de grathndti, mathndti, grathnati); l'aspiree th y rendait peut-etre Vi necessaire d'ailleurs. Dans Fexeniple kligita ou klista de kligndti, la forme contenant i tend a etre remplacee, mais enfin elle existe, ce qui n'est jamaia le cas pour les racines de la 7e classe. Le prinoipe de la formation en -naxu (5e classe) ne saurait etre regarde comme different de celui des autres presents a nasale. Les formes en -na^-u-ti supposent done, a Torigine, des racines finissant par u. Dans plusieurs cas, la chose so verifier vano-ti, sanc-ti(—ivn-'>v'ti-u-ti,sn-nd1-u-ti) sont accompagnes de vanutar, sdnutar ( = waxnu-tar, sa^u-tar"); vr/fd-ti, outre varutdr, vdrutha, a pour parents gr. siXv-a, lat. volv-o, goth. valo-jan; krnd-ti se base sur une racine karu d'ou karoti3. Meme type radical dans taru-te (pres.) taru-tdr, taru-tra, tdru-'sas, tdru-santa, non accompagne toutefois d'un present *trnoti (cf. rqavvvco). La place de Va1 dans la racine ne change rien aux conditions d'existence de notre present: gr^u «ecouter;>> pourra done former gr-niiru-ti, grnoti*. Mais des l'epoque proethniqne, on ne le peut nier, la syllabe -na^i a ete employee a la maniere d'une simple caracteristique verbale: ainsi li.ji-ndyUti (skr. cinoti, gr. rivvzui), tn-nd^iti (skr. tanoti, gr. ravvca), ne seraient point explicables comme formations organiques. — Toute cette question demanderait du reste nn examen des plus delicats: il y a lieu en eifet de se demander si I'M des exemples comme tarutdi; sanutdr (et comme sanoti par consequent) est bien I'M ordinaire indo-europeen. Sa contraction avec r dans les formes comme turti et ciirna de carvati (equivalent a taruti moms a, caruna moins a) rend ce point plus que douteux. Cf. aussi, en grec, le rapport de ofio-aaai oj 1. Les formes skabdha et stcibdha ne sont pas ve'diques. — Comme pus/idti et badhndti se distinguent d'une maaiiere generale par I1 absence de Vi (p. 241), les participes pustd, baddhd, n'entrent pas en ligne de coinpte. 2. Cf. gr. cevvco et 'Evvdliog. 3. Quelles que soient les difficultes que presentent a l'analyse les differentes formes de ce verbe, l'existence du groupe radical karu, a cote de kar, parait absolument certaine. — Le present karoti est fortement remanie par l'analogie. Uu groupe comme karo- ne saurait etre morphologiquement pur, car, si Ton en veut faire une racine, Ta double ne se eoncoit pas, et si e'est un theme a deux cellules, la premiere devait encore perdre son a. On arrive done a supposer *kdru-mi, * kdni-ii etc., c.-il-d. un present de la 2° classe pareil a, taru-te et a rodi-nd. L'influence de krtjiomi amena ensuite la diphthongue et re'agit sans doute aussi sur le pluriel et le duel, sur lesquels on nous pcrmettra de ne rien decider de plus precis. 4. En zend, r s'etant imbibe de I'M qui suivait, on trouve r.urunu- au lieu de *cerenu-.
Enumeration de racines udattas.
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Aux racines udattas enumerees plus haut ajoutons quelques liouveaux exemples qui ne possedent point de present de la 9e classe. Nous avons principalement en vue les cas ou A est precede d'une sonante1. avi «• assister»: avi-ta (2e pi.), avi-tave, avi-tar, Svi-sam. dhavi «agiter»: dhavi-tum, dhavi-syati, a-dhavi-sam. savi €mcttre eii mouvement»: savi-tar, savl-man, a-savi-sam. havi €invoqucr»: havi-tave, havi-man (mais aussi hotra). Tcarl
Comme on voit, les differents suffixes commencant par t et s sont favorables a la conservation de 17. II n'en est pas toujours de meme quand c'est un m qui suit ce phoneme. Devant le suffixe ma 1% n'apparait jamais. Parmi les formations en -man, ganiman, dariman, pdnman, savlman, stdrlman, hdviman, sont reguliers, mais on a en meme temps ganman, dartndn, Jwman, et d'autres formes de ce genre2. II est permis de supposer que I'm a exerce sur la voyelle faible une absorption toute semblable a celle qui a donne cinmds, gidimds, pour cinumds, gulmmds. Un autre groupe de formes ou l'extirpation de l'l peut se 1. On trouve une partie des formes vediques reunies par M. Delbriick Altind. Yerh. 186 seq. 2. Inversement une minorite de themes en -i-man sont tir.es, analogiqnement, de racines anudattas. Ce sont, dans les Samhitas, dhdrlman, bhdnman, sdriman.
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Dispaiitions et extensions de Yi.
suivre claireinent, ce sont les presents de la 2e et de la 3e classe. Certains verbes ont maintenu integralement le paradigme: larac. rodi (rddi-tnui••, .rodi-sydti, rudi-tvd, d-rodi-sam) possede encore le
present rudi-ti, plur. rudi-mds. On connait les autres exemples: ani-ti, cf. dni-la, ani-syati; gvdsi-ti, cf. cvdsi-tum, gvasi-sydti; vdmi-ti
(Paiiini), cf. vdmi-tum, vami-sydti. Comment douter apres cela, quand nous trouvons d'une part g'ani-tdr, ydni-trl, gdni-man,ganitvt etc., de l'autre l'imperatif gdni-sva et la 2epersonne ga-gdni-si (Bopp Kr. gramm. § 337) — Westergaard ajoute pour le dialecte vedique ganidlive, ganidhvam, {/anise —, comment douter que gag'am-si, ga-gan-ti, ne soient hysterogenes? Chaque f'ois qu'un t ajiparait dans quelque debris clu present tel que ami-si, raml-sca, on constate que la racine montre 1*2 a l'infinitif et au futur.1 Aussi nous n'hesitons pas un instant a dire que dans piparti de pan, dans calcarti de Icarl, l't final de la racine a existe une fois, et que son absence n'est due qua une perturbation dont nous ne pouvons encore nous rendre compte. Peiit-etre la ressemblance cle *pipariti, *6alianti, avec les intensifs est-elle ce qui a determine la modification. Un autre fait qui ne doit point induire en erreur, c'est l'npparition frequente de Yi en dehors de son domaine primitif. Le nombre considerable des racines ndattas, l'oubli de la signification de Yi, expliquent amplement cette extension nysterogene. D'ailleurs elle est le plus souvent toute sporadique. La propagation systematique de l't ne se constate, entre les formations importantes, que pour le futur en -sya, qui a etendu cette voyelle a toutes les racines en -ar, et de plus aux racines han etgam. Devant les suffixes -tar, -hi et -taiya, — les trois formations obeis: sent a cet egard aux memes regies (Benfey Vollst. gramm. § 917) — Yi, sauf des cas isoles, est en general primitif.2 L'usage de l'aoriste en i-sam, malgro des empietements partiels considerables, coincide dans les lignes principales avec celui de rinfinitiv en i-ti<m (Benfey § 855 seq.). Parmi 1CM exemples vediques 1. 11 y a une exception, c'est svdpiti sviiptum. 2. Parmi les cas irreguliers on remarque les formes vediques srdvitave, srewitavai, yamitavai. Inversement tar'i-tum est accompagne de tar-tum ptivitdr de potdr. La liste de ces variations ne serait jamais finie.
Les mutations du groupe sonante -f- A-
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(Delbriick 179 seq.) on en trouve pen qui ne viennent pas d'une racine en %1. Une statistique speciale qne nous ne nous sentons pas en etat d'entreprendre pourrait seule determiner au juste, dans quelle mesure la theorie proposee necessite d'admettre l'extension et aussi la disparition de 11. La conservation de 17 dans les mots-racines merite d'etre notee: vdni et sdni donnent les composes vrsli-vuid-s, upamdtivdni-s, vasu-vdni-s; urga-sani-s, go-sdi},i-s, pitu-sdni-s, vUga-sdni-s, hrdam-sdni-s. Ces formes -vani- et -sani-, evidemmenttres-usuelles, ne sont pas de veritables themes en -i: l'accent, les racines dont elles derivent, enfin le fait qu'on evite visiblement de former les cas a diph^hongue — le Rig-Veda, sauf urgasane (voc), n'offre jamais que le nominatif et l'accusatif sing. —, tout y fait reconnaitre le type vrtra-lidn. Le genitif de -sani n'a pu etre primitivement que -san-as = -smi-as (cf. plus bas). Devant les suffixes commencant par une voyeile, qu'observe-t-on? Les racines mardi, pavi, tan, gani, donnent mrd'ii, pdv'ate, tur'ati, gdn'as. On pouvait le prevoir: le cas est le nierne que pour somap'6= somapA-c, datif de soma-pa (p. 203), et la voyeile elidee dans pdv'a- n'est autre, coinrue on a vu; que celle qui a du subir le meme sort dans la 3e pers. pi. pun'ate = pun'-ijte (p. 36). Si maintenant nous prenons pour objet special de notre utude le groupe sonante -j- A, il ressort premierement de ce qui precede cette regle-ci: Le groupe sonante -f- A precede d'une voyeile rejette A s'il est suivi d'une seconde voyeile et demeure tel quel devant les consonnes. N o u s passons k la demonstration de la regie complement a i r e , qui forme le sujet p r o p r e m e n t dit du present p a r a g r a p l i e : 1. La forme agrabhisma offre un interet particulier. Dans son I long, evidemment le inerne que celui de grabln-tar, grbhl-td, est ecrite toute l'histoire du soi-disant aoriste en -isam. L'existence distinote de cet aoriste a cote de l'aoriste en -s repose principalement sur l'innovation qui a fait diverger les deux paradigmes en transformant la 26 et la 3 e personne du dernier, cig'ais, (ved.) en dy'aisis et dgaisit. Ajoutons que cette innovation, comme le suppose M. Brugmau Stud. IX 312, venait elle-meme, par analogie, de l'aoriste en -isam, ou -is et -It etaient ne's de -is-s et -h-t.
248 Proportion tres-exacte entre putd : pdvitum et musitd : mositum.
Le groupe sonante -f- A, precede dune consonne ou place au commencement du mot, se change en sonante longue, quel que soit le phoneme qui suit. Ici plus qu'ailleurs il est indispensable de ne pas perdre de vue le principe que nous nous sommes efforce d'illustrer dans les chapitres precedents. A part certains cas speciaux, du reste douteux, tout affaiblissenient proethnique, toute degradation, toute alternance de formes fortes et faibles consiste invariablement, quelle que soit l'apparence qu'elle revete, dans 1'expulsion d'a r C'est ce principe qui exigeait que nous prissions pour unite morphologique non la syllabe, inais le groupe ou la cellule dependant d'un meme ax (p. 18(3). Quand il y a deplacement d'accent, le ton passe non d'une syllabe a l'autre, mais dune cellule a l'autre, plus exactement d'un a1 a l'autre. L'flx est le procureur et le moderateur de toute la circonscription dont il forme le centre. Celle-ci apparait comme le cadre immuable des phenonienes; ils n'ont de prise que sur av D'apres la definition, ce qui est cellule predesinentielle dans une forme comme l'ind. roditi, c'est rodi; dans bodhati au contraire ce serait a. Aussi le pluriel de rudi-ti est-il necessairement rudi-mus, parce que rodi- tonibe sous le coup des lois 31 et III (p. 188). II en est de meme dans la formation des mots. Ainsi grabhi-tar, skdnibhi-him, mdsi-tum, themes a racine normale, sont accompagnes de grbhl-td, skablri-ta ( = *shnbltita), musi-td. Quel son a ete sacrifie dans le type reduit? Est-ce la voyelle faibleA qui precede immediatement la syllabe accentuee? Nullement, c'est forcement \'a plein, place deux syllabes avant le ton. Cela pose, lorsqu'a cote depavi-tdr nous trouverons pu-td, le plienomene ne peut pas se concevoir de deux manieres differentes: pu- lie sera pas «uue contraction», «une forme conde'nsee'» de pavi-. Non: puid sera eg id a pavitd moms «; I'M As putd contient le -vi- de pavi-, rien de moins, rien de plus. Themes en -tit, -ti, etc.
1. Serie de Yu. avi-tar: (indra-uld), u-ti; dhavi-tmn: dhu-td, dhti-ti; pavi-tum: pu-td; savi-tar: su-td; havi-tave: hu-td, devahu-ti. Comparez: cyo-tum: cyu-td, -'yu-ti; plo-tum: pin-td, plu-ti;
putd-pdvitum, purtd-pdrltum, g'atd-g'dnitum, e.antd-Qamitum. 249
9ro-tum: $ni-ta, rrii-ti; so-tum (presser): su-td, soma-su-ti; srotum: sru-td, sru-ti; ho-tum: hu-td, a-hu-ti1. 2. Serie de IV. cari-tum: clr-tvd2, cur-ti; gari-tar: gur-td, gur-ti; tari-tum: Ur-thd, a-tur-ta, su-prd-tur-ti; pari-tum: pur-td, pur-tl; (3ari-tos: cur-td (Grassmann s. v. gur). Comparez: dhar-tum: dhr-td,dhr-ti; bhar-tum: bhr-td, bhr-ti; sar-tum: sr-td, sr-ti; smar-tum: smr-td, smr-ti; har-tum: hr-td, etc. 3. Serie de I'M. khani-tum: ldiu-td, lcha-ti; gani-tum: ga-td, ga-ti; vani-tar: va-td; sani-tum: sa-td, sa-ti3. Comparez: tan-turn: ta-td; man-turn: ma-td; han-tum: ha-td, -ha-ti. 4. Serie de Yin. dami-tar: dan-td; bhrami-tum: bhran-td, bhran-ti; vami-tum: van-td; e&mi-tvLm: £an-td, %an-ti; crami-tum: grdn-td, etc. Comparez: gan-tum: ga-td, gd-ti; nan-turn: na-td, a-na-ti; yan-tum; ya-td, yd-ti; ran-tum: ra-td, rd-ti. Avant de passer a d'autres formations, arretons-nous pour fixer les donnees qu'on peut recueillir de ce qui precede. 1. Serie de I'M. Les modifications secondaires etant nulles, cette serie doit servir de point de depart et de norme pour l'etude des series suivantes. Nous constatons que *pivAta, ou *]MAta, qui est apa i w A ce qaepluta est 'kplaiuy s'est transform.*} enputa. 2. Serie de IV. II devient evident que Ir et ur ne sont que l'exjoression.indienne d'un ancien r-voyelle long 4 . Dans les cas 1. Les racines des participes ruta et stutd ont des formes tros-entremelees, dont plusieurs prennent Vt, i^robablement par contagion analogique. Sur yuta v. plus bas. 2. Cette forme se rencontre Mahfibh. XIII 495, d'apres l'indication de M. J. Schmidt (Voc. II 214). 3. La forme sdniti est evideniment une creation nouvelle imitee des formes fortes; san admettrait aussi, a ce qu'il parait, sati pour sati; inversement on indique tdti de tan, Benfey Vollst. Gramm. p. 161 seq. 4. Ici par consequent la formule de la graminaire hindoue se trouve etre juste, abstraction faite de Terreur fondamentale qui consiste a partir des formes faibles des racines comme de leur etat normal. II est aussi vrai et aussi faux de poser g~r- comme racine de gur-td que de dire que pu est la racine de pu-td. Le lien necessaire des formes fortes en i aveo les phonemes M et ir, Ur, est constate dans cette regie: «les racines en u et en r prennent Yi de liaison».
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«'", wr = r; a et am Tenant de nasales sonantes longues.
ou il existe encore, comme pitfn et mrddti pour *mrMdti1, ce phoneme ne s'est forme que tres-tard par le proces dit allongement compensatif. — Nous ajoutons tout de suite que Ir et ur ne sont en aucune faqon des allongements secondaires de ir et ur. Par-
tout ou il existait un veritable r (c'est-a-dire devant les consonnes), nous trouvons tout naturellement ir, ur, et c'est seulement quand r s'etait dedouble en rr (c'est-a-dire devant les voyelles), qu'on voit apparaitre 'ir, ur: Ir, ur : ir, ur = u : uv. C'est ce qui explique le fern, urvt de uni (rac. ivar) en regard de purvi = *pfivi dejjwm2. La raison qui, dans chaque cas, determine la teinte i ou la teinte u est la plupart du temps cacliee. Voy. sur ce sujet Joh. Schmidt Voc. II 233 seq. Parfois le groupe ur cache un iv qui s'est fondu dans I'M: ainsi urt.ia pour *ivur>/ii = si. vluna. L'existence du r long n'en est pas moins reconnaissable: r bref eiit donne «vr>.M->, ou tout au moins «urt/,u». II serait a examiner pourquoi dans certains exemples comme hotr-vurya, v persiste devant ur. Peut-etre le groupe ul -\- consonne est-il quelquefois l'equivalent, dans sa serie, des groupes Ir et ur -f- consonne; ul pourrait aussi etre une modification du I bref determinee, dans phulld par exemple, par une durative qui suit la liquide. 3. Series de I'M et de I'm. L'entier parallelisme de I'd de gala avec I, u et Ir = r, parle assez haut pour qu'on ne puisse sans invraisemblance donner a cet a aucune autre valeur prehistorique que celle d'une nasale sonante longue. Et cependant la mutation de nA en n n'est pas peut-etre sans offrir quelque difficulte. Je comprends celle de rA en r: c'est, a l'origine, une prolongation de IV durant l'emission du A. Pareil phenomene semble impossible quand c'est une nasale qui precede A, l'occlusion de la cavite buccale, et par consequent la nasale, cessant necessaire1. M. Benfey a montre que le verbe mrldti, dans les Vedas, a un r long, et M. Hiibschmann en a donne l'explication par la comparaison du zd. mareshd. 2. Nous admettons que dans sagurbhis de sagus, artrda de aifls, la longue est due a un effet d'analogio dont le point de depart e"tait fourm par les nominatifs du singulier sag'uh, aifih, cf. puh, gih, de pur, cfir.
Presents en -uyd-ti.
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ment au moment ou le son A commence. De fait nous avons vu, a cote du ge'n. matur = *matrAs, le groupe nA subsister dans UVSHUS. Le teinoignage des langues congeneres n'est pas decisif, car la voyelle qui suit \'n dans lat. anat-, v. h'-all. anud = skr. ati, ainsi que dans janitrices, skr. y&tdr (sur ces mots cf. plus bas)7 pourrait etre ernanee de la nasale sonante longue, et n'avoir rien de commun avec le A proethnique qui determine cette derniere. II est concevable aussi, et c'est la solution qui nous parait le plus plausible, que nA se soit change en nA: il s'agirait done, exaetement, d'une nasale sonante longue suivie d'une voyelle tres-faiblc. Nous ne faisons pas d'hypothese sur la suite de phenomenes qui a transfornie un tel groupe en « long. L'idee qu'une voyelle nasale aurait forme la transition est ce qui se presente le plus naturellement a l'esprit, mais je ne sais si la serie de I'm, ou c'est evidemment am (dautd = *damtd) qui fait pendant a Ya, est de nature a confirmer une telle supposition. Remarque conoernant certaines formes de la 9e classe. Le fait que le groupe n -(- A doit dans des cas donnes apparaitre ea Sanskrit sous la forme d'un a long interesse directement la flexion de la 9e classe, ou ce groupe regne a travers toutes les formes faibles. Dans pimitlid,.pri)tthd, rien que de regulier: ainsi que dans ganitdr, w-4 se trouve precede d'une voyelle. An contraire grbJafithd, muhathd, offraientle groupe dans les conditions voulues pour qu'il produisit d. De fait, nous sommes persuade que sans le frein puissant de l'analogie, on serait arrive a conjnguer grbhrtdti, *grbliatlid. Je ne sais s'il est permis d'invoquer le zd. friydnmalii = pnniwdsi; en tous cas le Sanskrit lui-meme fournit ici des arguments. Le verbe liriiltt (iratum esse) possede un theme derive hr>_d-yddans le partic. hrni-yd-mana. Essayons de construire la meme formation sur un present du type grbliv-a-; nous obtenons, en observant la loi phonetique, grbha-yd-. Chacun sait que non-seulement grbhdydti existe, mais encore que tous les verbes en -aya qui ne sont point denominatifs, montrent le rapport le plus etroit avec la 9e cla,sse 1. M-. Delbriick a cherche a expliquer cette parente en conjecturant des formes premieres telles que
1. Si Ton admet l'existence d'un y de liaison, les verbes comme hrrny-d-te et grbha-y-d-ti peuvent se comparer directement aux derives de la 7e classe tels que trmhd-ti (p. 234): hrna.A, trna.h-. hrni-u-a: °', = trmh-a-: °'J °" rac. naji'A °• rac. ta^h.
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Les sonnntes u, r, n, w, dans differentes formations.
*grbhanyd-, mais an no se change jamais en 5, et le theme de grbhndti n'est point grbhan1. Comme on le suppose d'aprcs ce qui precede, -dyd- devra toujours etre precede d'une consonne et jamais d'une sonante, mais m fait exception, on a p. ex. damdydti. Cela tient apparemment a la nature du groupe -mnqui se prononce en realite comme -mmn-. En consequence *dm{m)nAyddevint daniayd- ct non {' damniyd-). Themes en -na. Serie de I'M. dhavi: dhu-nd; lavi: lu-nd. Serie de Yr. kari: lur-nd; gari: glr-nd; cari: clr-ud; gari: gi-r-nd; tarl: tlr-iid; pari: pur-nd; man": mur-yd,; carl: rlr-)i,d. Themes verbaux en -ya. On pent minir la 4 e classe et le passif. Ces formations different pour 1'accentuation, mais non pour le vocalisme. Les series de Vi et de Yu n'offrent rien d'interessant, car on constate un allongement general de ces voyelles devant y. Ainsi ge, cro, donnent glyute, gruydte pour *giydte, *rrvydtc. Serie de Yr: gari: gir-yati; kari (verser): llr-ydtc; gari (clevorer): glr-yatc; pari: pur-yatc; carl: rlr-ydtc, etc. Comparez: kar: hr-hjdte; dhar: dhr-iydic; bhar: •bhr-iydte; mar: mr-hjdte2. Meme divergence des racines en -ari et des racines en -ar devant le -ya de l'optatif et du precatif: lar-yut, tlr-yUt, ptipur-yas etc.; cf. Ir-iyama, sr-iyat, hr-iyat etc. 1. M. Kuhn a mis en parallele avec les vcrbes en -aydti le present stabhuydti qui accompagne stabhnoti de meme, en apparence, quo stabhaydti accompagne stabhnati. Cette remarque est certes bien digne d'attcntion; cependant nous avons cru devoir passer outre, vu Timpossibilite absolue qu'il y aurait a expliquer stahJi'ayd- par stabh't -\- yd. 2. Apparemment kriydte cquivaut u lr-ydte: r et, i ont echange lenrs roles. M. J. Schmidt qui traite de ces formes Vocal. II 244 seq. ramone Iriyate a *kiryate (pour *karyate) et ne reconnait pas de difference fonciere entre ce type et rlnjdtc. Tout ce que nous avons cru pouvoir etablir plus haut nous defend d'accopter cette opinion. Dans les formes iraniennes que cite l'auteur, Jdryete et miryeite ( = kriydte, mriydte), tr n'est probablement qu'un ere ( = r) colore par y. Ce qui correspond en zend au groupe indien ir, c'est generalement arc. Nous regrettons de ne pas etre en etat d'apprecier les arguments que M. Schmidt tire des dialectes populaires de l'lnde.
Les sonantes w, r, n, in, dans differentes formations.
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Serie de Yn. Une confusion partielle s'est glissee entre les racines en -an et les racines en -ani: khani, sani, donnent Tchaydte ou Man-ydte, sa-ydte ou san-ydte; a son tour tan fait tan-ydte et td-ydte. II ne saurait regner de doute sur ce qui est primitif dans chaque cas, des qu'on considere que gani forme invariablement ga-yate et que man, nan, n'admettent que mdn-yate, hanydte. Le groupe an, dans hanydte etc., est le representant regulier de n devant y (p. 35). — A l'optatif, gani fait gaga-yat ou gagan^"(Benfey Vollst. Gr. § 801). Serie de I'm: dami: dam-yati; bhrami: bJiram-yati; eami: qam-yati; erami: grdm-yati etc. Comparez: nam: nam-ydte; ram: ram-ydte. Formes faibles des presents de la 2e et de la 3 e classe.
Serie de Yu: harvi: hu-mdhe, gu-hu-musi; bravi: hru-mds, brii-te (3° sg. act. brdvi-ti). Serie de IV: gari «louer»: gur-ta (3 e sg. rnoy.); pan: pipurmas, pipur-thd etc.; ved. pur-dhi. La forme vedique pipr-tdm pourrait, vu le gr. Tininla-, etre sortie d'une racine plus courte qui expliquerait du meme coup le theme fort pipar-1. Serie de Yn: gani: cjaga-ilid, gaga-tds. II n'est pas facile, faute d'exemples decisifs, de dire si n, place devant iv et m devient a comme devant les consonnes ou an comme devant les voyelles. Le traitement qu'il subit devant y parlerait pour la premiere alternative, et dans ce cas gaganvds, gaganmus devront passer pour des metaplasmes. Nous avons obtenu cette proportion: qaqa-thds : qagdni-si ] ,. ,, , ,,. .. -,--,, , .• == rudi-thas: rodi-si. bru-thas : 7bravl-s i ) Formes faibles de l'aoriste sigmatique. Le Rig-Veda offre l'aor. du moyen a-dhus-ata (3 e p. pi.), de la racine dhavi. Cette forme passe pour un «aoriste en -s-am»] en 1. L'hypothese de. M. Kuhn qui fait de irte le moyen de iyarti paraifc si vraisemblable qu'on ose a peine la mettre en question. Et cependant, si Ton compare irmd «rapide», irya «violent» et le gr. 6Q- (oqao: irsva = •HOQOT]: fir Ha) ce present fait tout l'effet d'etre a ari ce que purdhi est a pari. L'accent aurait subi un recul.
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Les sonantes u, "r, n, in, dans differentes formations.
revanche a-dhavis-am est classe dans les «aoristes en -is-amx Nous avons vu que ces deux formations n'en forment qu'une dans le principe, et qu'en general la difference apparente reside uniquement dans le phoneme final des racines (p. 246 seq. 247 i. n.). Ici elle a une autre cause: c'est bien la meme racine qui donne dliilvis- et dhus-, seulement dims- contient Yi de dhavis- a l'etat latent; l'un est la forme f'aible de l'autre. Voila qui explique une regie que consigne le § 355 de la grammaire sanskrite de Bopp: au parasmaipadam, les racines en r suivent la formation en -ii-am; a l'atmanepadana elles adniettent aussi la formation en -sain et changent alors r en ir} ur. La chose est transparente: on a conjugue d'abord d-sturis-ain, d-stlrs-i, comme d-hsalps-am, d-Jcsips-i (cf. p. 191); le rnoyen u-starls-i n'est
qu'une imitation analogique de l'actif. Themes nominaux du type (his. Nous n'envisageons ici que les formes ou la desinence commence par une consonne, representees par le noniinatif du singulier. Serie de Yu: pavi: ghrta-pu-s; havi: deva-hu-s. Serie de Yr: gari«louer»: gfr(-s)] gari«vieillir»: ama-ga)\-s)] tar!:pra-fur(-s); par!:pur(-s); marl: a-mur(-s)\ star!: i(j)a-sftr{-s). — Dans le premier membre d'un compose: pur-hlnd etc. Serie de I'M: khani: bisa-lclia-s; gani: rte-ga-s; sani: go-sa-s. Serie de Yin: cami: pra-ran(-s), instr. pi. pr((-<jim-bliis. Remarque sur quelques desideratifs. On ne doit point etre surpris de trouver gilnvkiti de liar, bubhxxvhtti de bhar etc., puisquo Ton a aussi giglsati, (up\xi.ati etc. de racines amidattas comme (je et rro.
Avant d'entamer la seconde partie de ce sujet, il est bon de se mettre en garde contre une idee tres-naturelle et plus vraisemblable en apparence que la theorie proposee ci-dessus. Elle consisterait a dire: au lieu d'admettre que u, f etc., dans Juno, *prta etc., sont des modifications de u -\- -', r -\- A, pourquoi ne pas poser des racines telles que la^ii^paj-? Les formes fortes skr. lari-, par]-, en peuvent fort bien doriver, et l'explicatiou des
Les sonantes %, u, r, n, mt ne pcuvent Stre priinordiales.
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formes faibles serait siinplifiee. C'est a quoi nous opposons les remarques suivantes: 1. L'hypothese a laquelle il vient d'etre fait allusion est inadmissible: a) Supposons pour un instant que les racines de lavitdr lund et de parltdr purtd soient reellernent lau, par. Quel avantage en resulte? Aucun, car on nesaurait sanspousser l'invraiseniblance au dernier degre, pretendre que l'l de grdbhlfar et de mositum n'a pas existe apres les sonantes comme ailleurs au nioins dans mi nombre limite de cas. Or toutcs les racines fmissant par sonante -f-1 donnent sonante longue dans les formes faibles. On en reviendrait done a reconnaitre pour un nonibre d'exemples grand ou petit la regie qu'on aurait voulu supprinier, et au lieu de simplifier on aurait complique. b) En partant des racines lau, par etc., on renonce a expliquer la 9e classe comme un cas particulier de la septieme. Des lors on ne comprend ni la predilection des racines «a sonante longue»; ni l'aversion des racines «a sonante breve» pour le present en -na. c) Accordons, s'il le faut, qu'il n'y a aucun lien necessaire entre la sonante longue et le present en -na; assimilons la syllabe -na aux suffixes tels que -ya ou -ska. Comment expliquera-t-on, au moyen de racines lau, pa/r, les presents lundti et prnati1? Comment7 en regie generale, est-il concevable que lau puisse donner lit et que par puisse donner^? — Ce point ne refute pas seulement Thypotliese de racines a sonante longue, c'est en meme temps celui sur lequel nous croyons pouvoir ancrer en toute confiance la theorie de la 9e classe et partant la tlieorie des racines comme laiVA, parA. Car ceci est evident a priori: toute theorie fondee sur l'idee que -na est un simple suffixe se trouvera dans l'impossibilite d'expliquer la difference typique et radicale du vocalisme de la formation lundti, pniati, et de la formation lund, piirt.id. 2. L'autre hypothese, bien loin d'offrir des difficultes, est dictee par l'observation des cas analogues: Dans les racines qui presentent successivernent sonante -f- at -f- A, par exemple gya, vd, era, nous sommes bien surs que A fait partie integrante de la racine. Si done notre hypothese est juste
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Les sonantes i, u,'i\ n, m, lie peuvent etre primordiales.
et si Val->): gyu-sydti, gl-nd. Ijyd {g^ya^A') «triompher de »: gya-yas, gl-td. pya « s'engraisser»: pya-yati, pl-nd. gya «faire congeler,>: gya-yati, gl-nd et gl-td. La serie de Vu offre u-ti «tissii/> de vd, vdsyati. Serie de IV: la-a «blesser, tuer» dans hra-tha, d'ou krdthayati2] forme faible: Mr-nd. rru «cuire ; nielanger»: pres. gra-tl, gra-tum, rir-tu, a-fir3. La serie de Vn offre gdndti de gnd: c'est la une formation qui perrnet de retablir *gdtd = *zMd (cf. gatdcedasl) conime participe perdu de gnu. Le present gdnati ne saurait etre absolument primitif. La forme organique serait gdnati pour snnati: cf. fjinati de gya. L'introduction secondaire de I'M long est comparable a celle de Yi long dans prli.iati (p. 243). Ces exemples forment la minorite: la plupart des racines sanskriUs qni finissent par -ra, -la, -na, -ma, apparaissent depourvues de formes faibles 4 : tratd, pranii, gland, mlatd, giiatd, mnatd, sniitii, dhmatd etc. 1. Cette derniere racine, comme l'a montre M. Hiibschmann, se retrouve dans le zd. zintlt et l'anc. perse adinli. (skr. aginat): ellc a done g1 et n'esfc apparentee ni au gr. §ia ni au skr. g'dyati, g'igaya. 2. Icrathana est apparemment une formation savante tiree de la soidiaant racine krath. 3. Cf. aussi pur-va en regard de pra-tdr. 4. M. J. Schmidt qui, dans un article du Journal de Kuhn, a attire l'attention sur cette particularity en presente une explication purement phon(5tique, fondee essentiellement sur la supposition d'une me'tathese. Mais notre principe mume nous empOche de diseuter son ingenieuse th6oric, car elle repond en definitive a, la question que voici: powquoi est-ce qu'en Sanskrit dhmfi ne fait point *dhmita quand stha, fait sthita? Si Ton admet ce que nous avons cru pouvoir etablir plus haut, cette question cesse d'en etre une, et Ton ne peut plus demander que ceci: pourqiwi dhma ne fait-il pas dhanta quand stha fait sthita? — En outre l'hypothese *
Leur origine secondaire est confirmee.
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La raison n'en est pas difficile a trouver. Entre tralum ct *Mrt&, entre gndtum et *cjatd, dhmdtum et *dhantd, la disparate etait excessive, et l'unification inevitable. Ne voyons-nous pas le merne phenomene en train de s'accomplir sur les racines en -ya, ou Qina, gita, pina, sont accompagnes de gyana, $yata, pyana, et ou *khita de khya a deja fait place a
kliyatai
A ces exemples empruntes a des syllabes radicales s'ajoute le cas reniarquableinent limpide de Yi de l'optatif forme egalement de i -\~ A (p. 191 seq.). Ce qui acheve de marquer l'identite de composition des racines qui ont produit pitta, purr?& etc., avec les types gyaxA, kratA, ce sont les presents gindti, zd. ginat de gxy'd; ginati, zd. ginaiti (gloss.) de g2ya; Izrnati de km «blesser»; *ganati (v. ci-dessus) de gna. On retrouve la ces presents de la 9e classe; qui constituent un caractere si remarquable de notre groupe de racines. Tl n'est pas besoin d'en faire encore une fois l'anatomie: Type A: Type B: (Type A: (Type B:
rac. gya^-A: gi-nd^A-ti; *gi-A-td (gi-td). rac. pa^w-^-: pu-na^-A-ti; *pu-A-td (pit-to). rac. gra^u: gr-ndy-u-ti; gr-u-td.) rac. pa^-Jc: pr-ndy-li-ti; pr-Tt-td.)
Nous avons vu (p. 247) la regie en vertu de laquelle la racine ta±rA elidera le phoneme final dans un theme comme tar'ati. Les conditions sont tout autres s'il s'agit d'une formation telle que celle de la 6e classe: ici Ya^ radical toinbe, et l'on obtient le primitif trA -f- dti. Se trouvant appuye d'une consonne, IV ne laisse point echapper le son A: selon la regie il se l'assimile. II en resulte tf -j- dti, et enfin; par dedoublement de r, trr-dti. Si la racine etait tar, la meme operation etit produit tr-dti (cf. gr. itl-iGbai etc.; p. 9). Ce proces donne naissance, dans les differentes series, aux groupes Ay-, -uw-, -nn-, -mm-, -rr-. Le Sanskrit garde les deux premiers intacts et change les trois autres en -an-, -am-, -ir-1 ("«»•-)•
1. La theorie de M. J. Schmidt (Voc. II 217) tend a faire de ir, ur, des modifications de ar. L'auteur dit, incontestablement avec raison, que Mr dti ne saurait eqnivaloir a kr -\- dti: cela eut donne «krdti». Mais la formule kar -\- dti sur laquelle se rabat M. Schmidt se heurte, elle, au 17
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Forme scinde'e des sonantes longues % u r n w. Themes verbaux en -a.
Serie de Yu. dhavi: dhuv-dti; savi (exciter): suv-dti. Serie de IV. kari (verser): hir-dti; gari (devorer): gir-dti, gildtl; gari (approuver): a-gur-dte; tari: tir-dti, lur-dti; sphari (aor. ved. spliarls): sphur-dti. Serie de I'M. vani: ved. van-cma, van-dti; sani: ved. san-eyam, san-ema. La place de l'accent ne laisse aucmie espece de derate sur la valeur du groupe -an qui est pour -mi. C'est une accentuation tres-rernarquable, car d habitude les a radicaux hysterogenes se sont hates de prendre le ton et de se confondre avec les anciens. Dans nos verbes menie, il est probable que vdnati, sdnati n'ont de la l e classe que l'apparence: ce sont les egaux de vandti, sandti, apres le retrait de l'accent. Serie de I'm. On ne peut decider si un present tel que bhrdmati vient de *bhrdlmati ou de *blirnimdti1. Parfait. On trouve, en conformite avec dudlmvus, dudlmve de dhavi, des formes coinme taturusas, titinis de tari, tistirc, tistirarid de stari (Delbriick p. 125), gugunisas de gari 2 . En dehors de ces cas, on sait que les racines «en r» ne sont pas traitees, dans les formes faibles du parfait, de la meme maniere que les racines «en r». Le maintien de Ya j est facultatif et pour certains verbes obligatoire: ainsi stari fait tastariva (Benfey p. 375). La raison de cette particularite nous echappe: on attendrait «tastirva». La serie nasale offre de nonibreuses modifications analogiques. Les formes telles que gagauns (ved.) pour *gagnmis de gani, vavaimts = *vavmmus de vami sont les seules regulieres. Elles sont accompagnees de g'ag'nus, remus:) etc. principe de l'expulsion des a, principe qui ne permet pas d'admettre, qn'a aucmie epoque l'indien ait possede des presents comme «*fcarati». 1. II est ii croire que bhrdmati a suivi l'analogie de bhramyati, car on ne concevrait point que le groupe -inm- produisit -am-. 2. La breve de gug-iirriin parait etre due a la reaction du theme faible gug'urus-. II faudrait *gitgiiiran. La racine tart, outre iitirv&n, offre l'optatif turyU- pour *titryn-: I'M bref peut avoir ete" communique par le theme du moyen turl-. 3. Notons cependant cette remarque d'un grammairien cite" par Westergaard: vemuli, tadbhasyudisu cirantanarjranthesu leutrapi na drstctni.
Forme scindee des sonantes longues i u r n in.
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Themes nominaux du type dvi's.
On a, devant les desinences coinrnencant par une voyelle: De mano-gu-: mano-guv-. De gir- (*g?): gir- (*grr-). De go-sa (*go-sn-): go-sdn-as (*go-snn~as). R. V- IV 32, 22. D'ordinaire le type go-sa a cede a l'attraction de la declinaison de soma-pa.
Dans la serie de I'm, pra-rum-, grace sans doute a une unification posterieure, conserve Ya long devant les voyelles. Les racines en -axA presentent des exemples reniarquables: pra (comparatif pra-yas, zd. frd-yanh) donne pur-u soit *prr-ii (fern, purvt soit *pr-in)\ era donne a-gir-as. Dans la serie nasale, il est fort possible que mdnati et dhdmati viennent vraiment de mna et dhma, conanie l'enseigne la grainmaire hindoue. Ces formes se ranieneraient alors a *mnnuti, *dhmmdti. En terminant mentionnons deux faits que nous sommes oblige de tenir pour des perturbations de l'ordre primitif: 1. Certaines formes nominales a racine faible offrent la sonante breve. 1° Devant les voyelles: tuvi-grd (a cote de sam-gird qui est normal) de gart; pdpri (a cote de pdpuri) de part; sdsni, sisriu de sani. 2° Devant les consonnes: earkrti de Jcari «louer»; sdtvan, satvand de sani, etc. 2. L'« resultant de la nasale sonante longue donne lieu a des meprises: ainsi sd forme faible de sani est traite comme racine, et on en tire p. ex. gata-seya. D'un autre cote les racines annddttds hem et man presentent gliata et matavai. La creation de ces formes ne parait explicable qu'en admettant une idee confuse de la langue de la legitimite de l'echange -an- : -a- puisee dans les couples sdnitum : sdtd, et appliquee parfois a faux.
Un petit nombre d'exemples offrent u et r d Vinterieur d'une racine finissant par une consonne. II est rare malheureusement que la forme forte nous ait ete conservee: ainsi murdhdn, sphurgati, hurdati, et beaucoup d'autres en sont prives. Nous avons cru retrouver celle de rlrsdn dans le gr. %QCC6- (p. 22-4). L'exemple capital est: dirghd «long» compare a drighlyas, dr&ghmdn, zd. dr&ganh. dirgha ( = d?gha, *drAgba) : draghlyas = prthu : prathiyas = 9lr-ta : crS-ti = piir-ta : pan-tar, etc. 17*
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Remarques diverses sur les racines udattas.
Plusieurs racines paraissent etre 11 la fois udattas et anudattas. Dans la serie de I'M, on trouve, a cote du participe yu-td, les mots yu-ti et yu-tlid dont I'M long s'accorde bien avec le fut. yavi-ta, l'aor. a-yilvi-scmi, et le pres. yundti (gramm.). On pent suivre distinctement les deux racines var et vari, signifiant toutes deux Hire: la premiere donne vd.rati, vavrns, vriyat (prec), dvrta, vrtd; la seconde vri.ute, vavarus, vuryat, vurita (opt.), rurnd, Jiotrvdrya,rarltui)L A cote de dari (driidti, darlhtm, dlrydte, dlrnd, gr. dsga-g), une forme dar se manifeste dans drti, zd. dereta, gr. Sqatog. An double infmitif star turn et stdntum correspond le double participe stria et stlrnd, et le grec continue ce dualisme dans (Trpatog : GtQ
6-tum, vy-uwan (Grassm.); — Iw-tra, ho-man;
vy-iita, it-ma. ri-cc-a-t. d-hv-a-t,
(udatta) pdvi-ra havi-tave, navi-man ! _, ' 3. -wa,A. va-tum, va-vail, gr. TJ-XQIOV " _ M tli (va4rd(?) hva-twn etc., zd. zba-Utr 4. -wa^i. vdy-ati, uvdya. (rdy-ati, rtdyitum. hrdy-ati.
etc
-'
h rd te
" - -
Les racines citees generalenient sous la forme bhu et su (gignere) offrent deux caracteres singuliers: 1° Aux formes fortes, apparition anormale de -fiv- et -u- au lieu de -ay'- et -av~i-, lesquels toutefois sont maintenus dans une partie des cas; ainsi la premiere des racines mentionnees donne babhuva, bhuvana, dbhut (l e p. dbhuvam), bhuman, et en nieme temps bh-dvati, bhavitra, bhdvltva, bhdvlyns1; la seconde fait sasiiva (ved.), su-suma, et en 1. bhuyas est fait probablement a l'imitation du positif bhu-ri. Le zd. baevare parait avoir pour base le comparatif qui est en Sanskrit bhdviyas.
Date de la mutation qui produisit les sonantes longues.
261
ineme temps sdvati. 2° Plusieurs formes faibles out un u bref: gam-bhu, mayo-Nm, dd-bhuta; sti-td.
Ces anomalies se reproduisent plus ou moins fidelement en grec pour (pv = bhu et pour dv. On sait qiie dans ces racines la quantite de Vv ne varie pas autrement que celle de Yet dans (3a ou Gtct, ce qu'on peut exprimer en disant que Vv long y tient la place de la diphthongue sv. L'obscurite des phenomenes indiens eux-memes nous prive des donnees qui pourraient eclaircir cette singularite. On classera parmi ces racines pit. «pourrir» qui ne possede d'a dans aucun idiome et qui, en revanche, offre un u bref dans le lat. pu-tris. II serait bien incertain de poser sur de tels indices une serie ii: u, parallele par exemple a a^tt : u. Qu'on ne perde pas de vue Ya du skr. bhdvati, bhdvMva. Ce n'est point notre intention de poursuivre dans le grec ou dans d'autres langues d'Europe l'liistoire fort vaste et souvent extremement troublee des racines udattas. Nous bornerons notre taclie a demontrer, si possible, que les phenomenes phoniques etudies plus haut sur le Sanskrit et d'ou sont resultees les longues i, u, ?, n, m, ont dii s'accomplir des la periode indo-europeenne. Pour la serie de Yi, cette certitude resulte de Yi paneuropeen des formes faibles de 1'optatif (p. 191 seq.). Dans la serie de I'M, on peut citer l'indo-eur. dliii-md de la racine qui est en Sanskrit dhavi, le si. ty-ti «s'engraisser» en regard du skr. tdvi-ti, tavi-sd, tuv-i, tu-ya; le lat. pu-rus en regard de pavi-tdr, pu-td. Ce qui est a rernarquer clans les verbes grecs d-vta et Ivca (skr. dhavi dhil, lavi lu1), ce n'est pas taut peut-etre la frequence de Yv long que l'absence du degre a diphthongue. Qu'on compare %lsv xlv = skr. pv rrii, Ttlav %Xv = skr. plo plu, QBV QV == skr. sro srii, %sv jv = skr. ho hit2. Cette
perte marque nettement la divergence qui existait entre les organismes des deux series de racines. Passons a la serie des liquides. 1. 7cofi,§o-Xvtr]g' @alavTio-z6pt.os Hes. est interessant au point de vue de l'etymologie de lva>. 2. Dans le latin, ou rutus et inclutus sont les seuls participes du passif eu -ii-to, la longue ne prouve pas grande chose. Bile se montre meme dans secutus et Jocutus. Les esemples qui, sans cela, nous interesseraint sont so-lutus et peut-etre arguttis, si Ton divise arguo en ar -\- guo = liuvdti.
262
'" dans le lithuanien, le paleoslave, le germanique. A. Devant les consonnes.
Qniconque reconnait pour le Sanskrit l'identite purnd = *prAnd devra forcernent, en tenant compte de la position de la liquide dans le lithuanien pilnas, placer du meme coup Vepoque de la mutation dans la periode proethnique. Et quant a la valeur exacte du produit de cette mutation, nous avons vu que, sans sortir du Sanskrit, on est conduit a y voir un rvoyelle (long), non point par exemple un groupe tel qne-ar ou Ar. Entre les idiomes europeens, le germanique apporte une confirmation positive de ce resultat: le son qui, chez lui, apparait devant la liquide est ordinairement u comme pour l'r-voyelle bref. En LITHUANIEN r est rendu par ir, il, plus rarernent par ar, al. (fnias «laudatus» = gilrtd; ftrnis, cf. glnid; tlltas = tlrfha; )Jgas = dirghd(2); pilnas = puri.td; ihlna = urna; — sarna «boyau», cf. plus bas gr. %OQSTJ] ssdltas = zd. gareta lequel serait certainernent en Sanskrit *cirta, vu le mot parent gigird; spragu = sphurg'ati. Le PALEOSLAVE presente n, rii, lit.
Iriinu = lurr/d «mutile»; znno = g'lrnd; pvivii = pttrva; dlugu = dirghd; plunu = purnd; vluna = urna. Nous trouvons lo dans slota = lith. ssdltas. Exception: lith. berias, si. breza «bouleau» = skr. bliurga. Le GERMANIQUE liesite entre ur, id et ar, al. Gothique Icaurn = glr>)d; fulls = purr/a; vulla = urna; — arms = Irmd; (tmtila-)malsks = milrUid; lials = glrsd^f), cf. j' t()d%rjkog Hes. L'a suit la liquide dans frauja = purmja. Le GREC repond tres-re'gulierement par OQ, ol1, ou QO, la. 1. Nous ne decidons pas si dans certains oas 09 et ol ne represented point les breves r et 7. Les principaux exemples a examiner seraient: i, zd. erezi; op^sojicM, skr. rgliayatc; 'Oqcpivg, skr. rblm; 6900- (dans VQct, OQOOTQiai'vrjg, oqainsziqg), skr. rsvu; fioQvog, skr. mrtd (cf. toutefois ved. murtya): %oiqog (of. %lovvrj<$), skr. ghrsvi; roQyog, germ, storka-
(Fick I 3 825). L'omicron suit la liquide dans: TQOVOS, skr. tri.ui; §Xoavq6g, goth. vulpus
(Fick); THJL$QOXOV = ruiuQTOv; uloh, = ailal
(p. 17); JIJOHOS
(Hes.), cf. skr. krlMVltku, lat. corcus. On pourrait meme citer pour 90 etXa: yqa&vXog, skr. grhd (J. Schmidt Voc. II 318), (HcodQos a cote de plcusTog. On ne doit pas comparer nQcoxtog et prs/lui, vu le zd. parqta. — De merne eu latin r parait pouvoir donner ar et ra: fa{r)stigium, skr. bhrsti (gr. ayXuaxov); classis est surement le skr. hrsti (cf. quinque classes et pdnca
Equivalents grecs et latins du son r. urgn. urdhvd. glrsd.
dirghd. purti. uriia.
263 purvya. turvati(?). cf.
cf. stm;td.' Au lieu de goo on aurait go dans (igoxog «sang coagule», si M. Bugge a raison d'en rapprocher le skr. murtd «coagule» ; K. Z. XIX 446. Cf. a^Qo^og (Hes.) = ufigcoiiog. 1) D'apres ce qui est dit p. 250, il est indifferent que la racine commence ou non par w. — 2) La remarque pre'ce'dente s'appliquerait a OQ&og — urdhvd; seulement le zd. ereSwa montre que la racine de urdhvd n'a point de w initial. Si done, en se fondant sur ^cog&ia' og&ia et contre l'opinion d'Ahrens (II 48), on attribue a 6q&6g le digamma, le parallele op^o'g — urdhvd tombe. — 3) L't de SoH%6g n'est pas organique. A une epoque ou le second e de la forme forte *8iXs%og (evdeXsxtfg) etait encore la voyelle indeterminee A, cette voyelle a pu etre adoptee analogiquement par *Sol%6g\ le traitement divergea ensuite dans les deux formes. — 4) Cf. p. 265, note 4. — 5) ovXog «crepu» est egal a *J-oXvog. Cf. ovX-q Xsv-nr]En LATIN ctr, al, et ra, lei, equivalent aux groupes grecs op, oA, QOi, A o .
arduus urdhvd. gratus gurtd. armus irmd. granum girr.id. largus1) dirghd. (?)plamts pur?}d2). jiars purti. stratus cardo cf. Jcurdati. 1) Pour *dargus, malgre le I de SoXixog, l'eehange entre I et r etant assez frequent precisement dans les racines dont nous parlons '. On pourrait aussi partir de *dalgus, admettre une assimilation; *lalgus, puis une dissimilation. — 2) Cf. complcmare lacum «combler unlac», dans Suetone; plenus est tire par analogie de la forme forte. — Sans Xayyr\, Idna pourrait se ramener a *vlana = tirna. Au groupe al est oppose id en Sanskrit (p. 250) dans Calais = ladca et alvus = idva, lilba. On trouve -ra- dans fraxlnus, cf. skr. bhiirga. D'autre part M. Budenz, approuve par M. J. Schmidt (Voc. I 107), reunit prokr'stdyas?); fastus, comme M. Breal l'a montre, contient dans sa premiere syllabe l'e'quivalent du gr. &UQO (p. 129).
• 1. Bxemples: x°Q^V e^ %ol<xg (p. 264); Siqag et dolare; noXoKccvog et cracentes; xuXuga et grando; gr. cro^, si. stelja; gr. %qva6g, goth. gulp (p. 265); gr. *og<»?j, goth. hols; lat. mar ceo, goth. -malsks; lith. gir'eti, si. glagolati, etc.
264
Traitement du groupe rr en grec.
v'tncia au skr. [nirva. Ce mot se retrouve aussi dans prwi-gnus qui sera pour *provi-gnus (cf. convlcium) 1. Exemples qui se presentent entre differentes langues europe*ennes: Lat. crates, goth. haurdi-. — Lat. ardea, gr. QaSiog (par prothese, iQcodios). — Lat. cracentes et gracilis, gr. %oA-o-3c«i'og, xoX-s-xavog, %oX-o-66og. — (?)Lat. radius, gr. oQ-6-dafivog. — Gr. %opdr;, norr. garnir, lith. j ' B. Devant les voyelles. Nous venons de voir les representents europeens du r proprement dit. II reste a le considerer sous sa forme scindee qui donne le groupe rr (skr. ir, ur), et ici les phenomenes du GEEC preiment une signification particuliere. II semblerait naturel que cette langue ou r et I deviennent <XQ et aX rendit egalement par <XQ et aX les groupes rr et II. L'observation montre cependant que OQ et oX sont au moins aussi frequents et peut-etre plus uormaux que ap, aX, en sorte par exemple que noXtg repond au .skr. intri tout de meme que XOQCTJ repond a rlrsd. De ce fait on doit inferer que le plioneme A, en se fondant dans la liquide, lui avait communique, des la periode proethnique, une couleur vocalique particuliere dont le r bref est naturellement exempt. Bogs'ag itoktg •jtolvg
(?)7ton-cpoXvy-
I . , \giri. purl, punt, pithi.
(?) <&0QC3VEvg hJmramjit (Kuhn).
(cf. %OQLOV
bJuirdgatc (Joli. Sclimidt Voc. II 4).
1. Doit-on admettre lat. cr = 7 dans hernia (cf. hain^icv) en regard du lith. :arua et verbum = goth. vaiird (lith. varda$)1 On se rapellera a ce propos cerebrum oppose au skr. ciras, termes variant avec tmines (racine udatta tere), ainsi que Yer de terra qui equivaut a or dans extorris. 2. %Qc6g est apparemment un nom tel que glr, par en Sanskrit, e'esta-dire qu'il remonte a p-g. Les genitifs XQ°°S et xQcor°S sont hysterogenes pour *%OQOS. Le verbe x^aiva parait Otre un souvenir du present *%qavrjfu, *%rvr]iii, qui est a XQ®$ c e 1 u e Or'.'iit>, pr>idti sont a gir, pur. — XQ®lla
n'est pas absolument identique a carman: !e groupe QGJ y a penetre apres coup comme dans fiQwfia. 3. Dans un petit nombre de formes indiennes, ir, Tu; par un phenomene surprenant, apparaissent meme devant les voyelles; eu d'autres termes 7 nc s'est pas de'double.
Traitement du groupe rr en grec.
265
En regard du skr. liirayya et hiri- on a l'eol. ^qoioog (forme ancienne de %QvG6g), lequel parait egal a *y/oty6, cf. goth.^M^a- 1 . Formes verbales: floleraL skr. -gurd-te2 «approuver». TOQSIV skr. tira-ti, turd-ti. fioleiv skr. mild-ti3 «convenire». Meme coincidence dans les racines suivantes pour lesquelles le theme en -a fait defaut dans l'une des deux langues: 6Q-E<3&CU, [op-co] cf. skr. ir-te, lr-sva (p. 25o i. n.). (3OQ-U, [^Qca-rog] cf. skr. gir-dtl, (fir-na. itoQ-eZv, [-7iQw-tog] cf. skv.piirayati etc. 4 6TOQ-, [GzQco-Tog] cf. skr. stir-ati, sttr-na. ccL{icc-xovQiai, cf. skr. Jcir-dti. Les formes qui viennent d'etre nominees ne representent janiais qu'un des degres yocaliques de leur raoine, bien qu'en fait ce degre ait presque toujours usurpe la plus large place. La restitution du vocalisme primitif des differentes formes appartiendrait a l'histoire generale de notre classe de racines dans la lacgue grecque, histoire que nous ne faisons point. Voici tres - brievement les differentes evolutions normales d'une racine comme cglle qui donne atoQWfii: 1. CTgpa. 2. crop, cxpuu. 3. CTap-. 1. cxepa, ou crepe. C'estla racine pleine et normale, repondant au skr. starl,. Dans le cas particulier choisi, le grec n'a conserve" qu'une forme de ce 1. On a compare ciyoQci et agird «cour» (Savelsberg K. Z. XXI 148). M. Osthoff (Forsch. I 177) combat cette etymologie en se fondant: 1° stir To du grec, 2° sur la solidarite de ayoQce avec uysiQco. La seconde raison seule est bonne, mais elle suffit. 2. Je tiens de M. Brugman ce rapprochement que le sens de (Sovlrj, (Sovlivco, rend plausible et qui ferait de fSovloficu un parent da Int. grains. Toutefois son auteur n'y avait songe que parce que le § panhellene rend, a premiere vue, inadmissible pour le linguiste rigoureux la liaison avec le lat. volo, le si. velja etc. Comme nous venons de reconnaitre que fiolstai sort de pUerai, il devient possible d'expliquer (3 pour £ par le voisinage de la liquide (cf. filuaxog = vrddhd). Si, en consequence, on retourne a 1'etymologie ancienne, il faut comparer le -ol- de fiolttai, au -ur- du skr. cw-ita (cf. vrt.iite, vuri}d, hotr-vurya etc.). 3. Le parfait mimela est naturellement hysterogene. 4. Ainsi que l'admet M. Fick, la racine sanskrite pari semble correspondre a la fois au gr. itsls (dans TIHS&QOV?) et au gr. TIOQSIV, ninqo^xai etc. Les mots indiens signifient en effet non-seulement ranplir, mais aussi dormer, accorder, combler de biens (cf. Curtius Grdz. 283).
266
Differentes manifestations des racines greoques en -rA.
degre: T£QCC-JJ,VOV OU rsqe-fivov1 pour *axsga-fivov (Grdz. 215). C'est la continuation d'un theme en -man, ou la racine pleine est de regie (p. 131), cf. skr. stdri-man. — Autres exemples: niga-ccu, 7tiQa-aco; — tsqu-pcov, ziQS-tQov, tsQs-oesv (itQcoaev, Hes.); —tsla-ficov, xila-aaai (Hes.). Comme le font "voir dejii ces quelques formes, le degre en question estreste confine' tres-regnlierement dans les themes qui •veulent la racine non affaiblie. 2. crop, crpw, degre rednit dont nous nous sommes occupes speeialement ci-dessus, et qui repond au skr. stir. En regard de rsqa-fivov on a OTQCO-TOS, en regard de its^u-cui, TIOQ-VT], en regard de zcqd-^oiv: ZOQ-SIV, ZOQ-OS, Ti-tQcS-oHB), etc.
3. crap-, ou erpa- = str. Cette forme, dans le principe, appartient uniquement au present en -vriyn ou aux autres formations nasales que le grec lui a souvent substitutes. La theorie de ce present a ete suffisarnment developpee plus haut, p 240 seq. — Exemples: y,aqva\x,ai, corcyr. §<XQVCCjiai2, = skr. mrnati de la rac. man; ZS-ZQC.LVCO de zeqa. Les trois formes precitees se melangent continuellement par extension analogique. La troisieme est de ce fait presque completement supprimee. Exemples. Parallelement a ^-dgva^iai,, Hesychius rapporte fioQvajiai dont To est sans doute emprunte a une forme perdue, da meme genre que hoQOV. Parallelement a Ttsqvr^ii, — qui est lui-meme pour *nciQvrjwi, grace a 1'influence de nsqdaco —, le meme lexicographe offre TtoQvdfisv (cf. •jtogvif). L'aoriste i&oqov fait soupconner dans S'OQvvfj.ai, le rempla9ant d'un present en -vrjfii, -vaiicei; en tous cas To, dans ce present a nasale, est hysterogene, et en effet Hesychius donne %-dqvvTai et S-aqravm (9agvvrav : e&oQOV = strnati : stiidti). L'omicron est illegitime aussi dans OQVV[U, ozogvvfii, §ovXoj.iai, = *§olvQ(iui etc. — Le degre qui contient 09, 903, empiete d'autre part surle degre non affaibli: de lap. ex. orQcouvr], (Jpraftor, tftt>aiv[i- — On peut croire en revanche que tfialov de la rac. f>€\€ ne doit son a qu'au pres. fldllta = *(SaXvco. Regulierement il faudrait *sfiokov.
L'o resultant des groupes phoniques dont uous parlous a une certaine propension a se colorer en v (cf. p. 99). Ainsi nvlrj est e'gal a -pura dans le ski-, gopuru (Benfey), uvki] a une parente avec munia «ecrase'»', cpvQa et noQtpvQco rendent bhurdti et garbhurlti", {ivQxoq est l'ind. iiiarMd. II serait facile de multi1. La variabilite de la voyelle sortie de -' est fort rernarquable. II y a d'autres exemples pareils, ainsi rsqs-tQov et TSQU-IMOV, rsfis-vo? et zsfia-xos2. Le (3 de cette forme me parait une preuve directe, entre beaucoup d'autres, de lV-voyolle grec. 3. La flexion pure d'un aoriste de cette espece serait: *s-(l£Qci-v, plur. i'-f}Q(l)-lJ,£V.
4. La meme souche a prodnit fiaqvafiui qui repond directement a mrnati. 5. La racine de ces formes sanskrites est, autant qu'on peut le prfi-
Traitement du groupe rr en grec et en latin.
267
plier les exemples en se servant de la liste que donne M. J. Schmidt Voc. I I 3 3 3 seq. — Le groupe VQ (vk) parait meme sortir quelquefois du r bref. Voici les exemples peu nombreux ou le grec a developpe a devant la liquide: guru. pur as. giri «souris». g sphulinga. •Hugo, pura. (?)
nenti, 9 e classe). A propos des cas enumerds ci-dessus, il faut remarquer qu'entre autres formes plus ou moins oertaines que prend en greo le phoneme r, outre 09, ol, il semble represents parfois par ala, CCQO:. Exemples: xala- (forme forte dans -tela-); naXafi?] = germ, folma, lat. palma (forme forte dans Ttslsfii^co?); %dla&og qui serait a nlai&a ce que clirghd est kdraghiyas; acpagaysco = skr. sphurgdyati; (tcxQa&QOv a cote de §oq-, faco-.
Le LATIN presente tantot ar, al7 tantot or, ol:
1. ar, al (ra, la, lorsqu'une sonante-voyelle qui suivait s'est changee en consonne): trans tirds2 (?). grams guru, parentes gr. TioQovteg (Curtius). haru-spex him. caries goth. hauri. mare nnra. 2. or, ol: orior gr. 6Q- (p. 265). I molo, mola gr. [ivkr] (p. 266). torus, storea skr. stir- (cf. p. 110 corium skr. cira. et 111). vorare skr. gir-. Quand le grec montre a au lieu d'o ; le latin semble eviter les groupes ar, al, et dormer decidement la preference a or, ol; sumer, *b7mri ou *bhra. Elle parait etre la mOme qui se cache dans le present bhniati «rotir» (gramm.). 1. Le rapport de giras aveo KUQ-T] est obscurci par Yrj final de la derniere forme. 2. L'identite en est douteuse: trans et tirds se coneilieraient tous deux avec un primitif trrns, si le mot Sanskrit n'avait le ton sur la derniere. En consequence -as n'y pent facilement repre'senter -ns. Peut-etre trans est-il le neutre d'un adjectif qui repondrait au gr. rqavr]q (lequel n'a qu'un rapport indirect avec tirds comme Ttqavijg avec purds).
Traitement du groupe rr dans diverses langues d'Europe.
gravis = ficcQvg fait exception. Les exemples sont consigned a la p. 107: volare, gr. fiaX-1; tolerare2, gr. taX-] dolere, dolabra, gr. SaX-^por-, gr. jrapa; forare, gr. tpaqoa. II est douteux que le latin puisse reduire le groupe rr ou II a un simple r ou I, quoique plusieurs formes offrent l'apparence de ce phenomene. Ce sont en particulier glos, (g)lac, grando, prae,
compares a yccXocog, ydXa, %dXut,a, jiaQcci. Les paralleles
indiens font malheureusement defaut precisement a ces exemples. Mais pour glos, le paleosl. duva appuie le latin et donne a Ya du grec yuXocog une date peu ancienne; yaXaxr- est accompagne de yXaxto-cpdyoi, yXdyog etc. Quant k %dla^a — grando, c'est un mot en tous cas difficile, mais ou le grec -ala-, vu le skr. hraduni, doit evidemment compter pour un tout indivisible 3 , et adequat au lat. -ra-. Le rapprochement de prae et ita^ai est fort incertain. II reste^glaits en regard du paleosl. "zelqdi et du gr. jidXavog. En lithuanien on a gile, et M. Fick en rapproche, non sans vraiseniblance, skr. gula «glans penis»4'. Mais cet exemple meme prouve peu de chose: le groupe initial du mot italique, slave et grec a pu etre gl-. LITHUANIEN. gire «foret», sks.glri; gile «gland», skx.gula (v. ci-dessus); piTis, skr. purl; shtrd, skr. i'ira; — marcs, skr. •mira; nutlii- — lat. molo (v. plus haut). PALEOSLAVE. gora, skr. girt (la divergence du vocalisme de ce mot dans le lithuanien et le slave coincidant avec le groupe ir du Sanskrit est des plus remarquables); slcora, skr. cira; morje, skr. mira. GOTHIQUE. laurs ou Iriitnis, skr. guni; faiira, skr. purd (Kuhn);- germ, gora, skr. Jiird (Fick I I P 102); gotk. Jiulqn, gr. taX-; v. li'-all. ponm, gr. cpaQoa] — goth. marci, skr. mira; mala — lat. molo.
1. 11 est vrai de dire que Ya de (SalsCv semble plutot emprunte au present @dlla>, v. ci-dessus. 2. Copendant le son a apparalt dans latus. 3. On le peut ramener peut-etre a *-Xa-; ou bieu, si c'est une forme faible liee au skr. lirad de la meme facon que lUrrjhd Tost a drugh, on tirera -ala- de T, cf. p. LJ67, 1. 13 seq. •I. Si Ton n'avait que les formes du latin et du slave,, on penserail au skr. granthi.
Remarques siir la metathese.
flu = skr. puni est une exception des plus extraordinaires, qui rappelle norr. hjassi ( = hcrsan-) en regard du skr. gwsdn. Abordons la serie des nasales. Elle demande a, etre eclairee par la precedente, plutot qu'elle ne repand elle-meme beaucoup de lumiere autour d'elle. A. Devant les consonnes. Les phenomenes grecs paraissent lies a la question si compliquee de la metathese. C'est assez dire sur quel terrain scabreux et incertain nos hypotheses auront a se niouvoir. Remarques sur les phenomenes grecs compris generalement sous le nom de metathese. Nous ecartons tout d'abord le groupe QCO {lea) permutant avec OQ {ol): Tun et l'autre ne sont que des produits de r (p. 263). I. La transformation d'rm groupe comme nsl- en itlrj- est inadmissible, ainsi qu'on en convient generalement. II. La theorie represented en particulier par M. J. Schmidt suppose que Ttal- s'est change par svarabhakti en nils-; c'est ce dernier qui a produit TiXrj-. — Nous y opposerons les trois theses suivantes: 1. Dans la regie, le groupe nsle- sera originaire, et on n'a point a remonter de JTEZE- a met-. nsXs est une racine udatta. 2. Si vraiment nsls- a produit parfois TIIT]-, c'est a coup stir la nioins fre'quente de toutes les causes qni out pu amener les groupes radicaux de la derniere espece. 3. Toujours en admettant le passage de itsXe- a nXfj-, on devra placer le pbenomene dans une epoque ou le second £ ( = A) de nsls etait fort different et beancoup moins plein que le premier, qui est at. III. Avant tout rappelons-nous que chaque racine possede une forme pleine et une forme privee d'o^. II faut toujours specifier avec laquelle des deux on entend operer. La difference des voyelles qui existe par exemple entre ysv (plus exactement ysve) et %a(i n'a rien de necessaire ni de caracteristique pour les deux racines. Elle est au contraire purement accidentelle, la premiere racine ayant fait prevaloir les formes non affaiblies, tandis que laseconde les perdait. Si les deux degres subsistent dans xa(iiiv : %ifia%oq,fiaXeiv: §slos, c'est encore, a vrai dire, un accident. Done il est arbitraire, quand on explique y»ij-, xfii)~i x\*-r\--> §^V'j de partir, ici de ysv, la de xafi, et ainsi de suite, au hasard de la forme la plus repandue. II y a plus. Quand on aura acquis la conviction que le type «a metathese » a regulierement pour base la meme forme radicale, la forme faible par exemple, encore faudra-t-il se reporter a l'ordre de cheses prehistorique, ou Va des formes telles que tapeiv n'existait point encore; en sorte que tfititog peut fort bien — le fait est meme probable — n'etre venu ni de Tcjiro'g ni de TEftrdg ni de rsficczog.
270
Kemarques sur la rnetathese. Theorie de Brugman.
IV. Le type ou la voyelle suit la consonne mobile ne procede pas necessairement de l'autre en toute occasion. Au contraire, il est admissible par exemple que la racine de &avziv ( = ftnvciv) soit 9va. On aurait alors: duv-Eiv:
&va — skr. dJirim-ati (*dhmm-dti): = skr. pur-it: pra-yas, etc.
dhma
Un exemple tres-sur, en-dehors du grec, nous est offert dans le lith. zin-mi, pa-Hn-tis, goth. kun-ps (p. 273 seq.). Ces rejetons de gna < connaitre» ont pour base la forme faible f/u- (devant les voyelles: gnn), qui est pour gnA-. Dans le cas dont nous parlons, le type fravitv est forcement faible, et la voyelle y est done toujours anaptyctique. V. Enfin les deux types peuvent etre differents de fondation. 11 y aura a distinguer deux cas: a] Racine uddtta et racine en -« (ne differant que par la position de l ' a j , cf. p. 260). En grec on peut citer peut-etre reXa (zeXajiav) et xXa
(xldficov), ireXe (ittli&Qov) et n\r\ (nlqqrjq etc.), cf. skr. parl et pro". b) Racine anudattd et racine en -«. La seconde est un elargissement (proetlmique) de la premiere. Exemple: ucv, ptvog, fit'/iova, fiijuxjisv et )uv-a, [ivrijiri, imivr)oKco (skr. man et mua).
C'est proprement a ce dernier schema que M. Brugman, dans un travail recemment publie, voudrait ramener la presque totalite des cas de «metathese». II admet un element -« s'ajoutant a la forme la plus faible — nous dirions la forme faible — des racines, et qui e'ehapperait it toute degradation. Le fait de l'elargissement p.u moyen de -a {-o.^) est certainement fort commun; nous le mettons exactement sur la meme ligne que l'elargissement par -%«' ou par -ri.M, qu'on observe entre autres dans kyr-d^i (skr. (re) «incliner», cf. h\a1r (skr. rdniian); tn--a1u (skr. sro) «couler», cf. sa1r. Mais gre et sro ont leurs formes faibles gri et sni. Aus^i ne pouvons-nous croire a cette propriete extraordinaire de l'element a, que M. Brugman dit exempt d'affaiblissement. Cette hypothese liardie repose, si nous ne nous trompons, sur le concours de plusieurs faits accidentels qui, en effet, font illusion, mais, consideres de pres, se reduisent a peu de chose. Premierement certains presents grecs comme ar^nt, gardent partout la longue, ce qui s'expliqne facilement par l'extension analogique. En sanskrit tous les presents en
Traitement des nasales sonantes longues en grec.
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1. Les formes helleniques demandent a etre soigneusement distinguees, dans leur analyse, des formes indiennes telles que tratd, snatd. Pour ces dernieres la the"orie de la metathese peut etre considered oomme refutee. Elles sont accompagnees dans la regie de toute une famille de mots qui met en evidence la veritable forme de leur racine: ainsi tratd se joint it trdti, trdyati, tratdr etc.; nulle part on ne voit tar1. Au contraire, en grec, les groupes comme rgrj-, rfirj-, sont inseparables des groupes TE?-, rsfi- («?£-, TEfiK-), et c'est visiblement dans les formes faibles qu'ils s'y substituent. 2. On n'attribuera pas au hasard le fait que les groupes comme TQI]-, rfirj-, yvr\-, lorsqu'ih ne ferment pas des racines independantes du genre de fiv?j-, viennent regulierement de racines appartenant a la classe que nous nommons udattiis. 3. Que Ton passe meme sur cette coincidence, je dis que, etant donnee par exemple la racine ndatta galnA et l'element a, leur somme pourrait produire gnn-a (gr. lyccvrj^), mais jamais gn-a (gr. yvrj)'2. II suffit de renvoyer aux pages 257 seq.
Nous recoxmaissons aux groupes «metathetiques» trois caracteres principaux: 1° Us rnontrent une preference tres-marquee pour les formations qui veulent la racine faible. 2° Us n'apparaissent que dans les racines uddttas. 3° La couleur de leur voyelle est donnee par celle que choisit le A final de la racine udatta: -yvx\-toq : ysve-ri^Q -xXr\-rog : xaU-6co
xfid-rog : aa^a-tog t^a-rog : te^a-%og
/3/tn-To'g : -(is^e-TTjg rpn-rog : teQe-TQov
1 d{ia-Tog : dcc[ia-raQ 2 dpa-tog :
Ttka-tiov :
Dans la serie nasale, ces trois faits se pretent a merveille a une comparaisoii directe avec les groupes faibles indiens tels que gd- de gani, dam- de dami. En effet leurs primitifs sont7 selon ce que nous avons cru etablir plus haut (p. 251): gnA-, dmA-. Le son A etant suppose subir le meme traitement dans les deux degres de la racine7 on obtient la filiere suivante: 1. Sur manati et dhamati a cote de mna et dhma v. p. 259. 2. Grassmann commet la meme erreur, quand il voit dans les racines pra et era des «amplifications de pur et cir». On aurait alors, non pro,
Qfcl, inais pura, gira.
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Traitement des nasales sonantes longues en grec. [Forme Forme [Forme Forme
forte: faible: forte: faible:
* yEvs-t^g, ysvsr^Q.] *yn'-tog, -yvrjtog. *xe[ia-%og, x£[ia%og.] *xm"-xog, tfiatog.
La variabilite de la voyelle etant ainsi expliquee et la regie d'equivalence generale confirmee par l'exemple vrJGGu (dor. vaaea) = skr. ati1, nous identifions -yvrjtog, xfiaxog, dpaxog, avec skr. gata, gantd, daiitd2. Tout le monde accorde que yvr\(5i,og correspond au skr. gdtya. Nous ne pouvons, il est vrai, rendre compte de ce qui se passe dans la serie des liquides. La, toute forme faible primitive devait avoir un r pur et simple — et non point 7A —; ce ~r, nous l'avons retrouve en effet dans les groupes OQ, OA, et QCO, Xa. Oil classer maintenant les formes comme TtQaxog, (iXrjxog? Par quel plienomene le degre faible correspondant a 7teQa-aai nous offret-il parallelement a TIOQ-VTJ, type normal, cette formation singuliere: TCQtxxog? C'est a quoi nous n'entrevoyons jusqu'a present aucune solution satisfaisante. Observations. I. Le grec, si l'hypothese proposee eat juste, confond necessairement le degre normal et le degre faible des racines en -x<7 et en -ma. Qu'on prenne par exemple la racine yvco «connaitre»: la forme reduite est *gn°, lequel produit yvco. II est done fort possible que la syllabe yvco-, dans yvioficov et yvciiais, reponde la premiere fois au v. h*-all. dnia- (skr. g'na-), la seconde au goth. l;un- (skr. g'u-), cf. plus bas. — Une consequence de 1. M. Fick met en regard de lu/'tcana, %vrjv.6g, qui serait alors pour *«fDj7tds; autrement il faudrait
Les formes telles que yzydtTjv de jeve sont imitees de la premiere serie, et inte'ressantes comme telles, mais aussi peu primitives que yC-yv-o^ai,, ou que le skr. sd-sn-i (p. 259); yfyvojiai est tres-certainement une modification analogique de l'ancien pre'sent de la 3° classe qui vit dans le skr. gag'dnti.
Traitement des nasales sonantes longues en latin.
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cette observation, o'estque Va bref de Tt&va(ifv doit s'expliquerpar l'analogie: la loi phonetique ne perrnet point de formes radicales faibles en -va (-VE, -vo) ou en -pa (-(is, -fio). M. J. Schmidt, partant d'un autre point de vue, arrive a la meme proposition. II. On connalt le parallelisme des groupes -ava- et -vr\-, -afia- et -f"j-, p. ex. dans d&dvaxog : &vrjr6g; — dddfias '• a$jir/s; — a%d(iaxos : jtfujTOs,'.
Deux hypotheses se presentent: ou bien -ava-, -afia- sont des variantes de -vr\-% -fiij-, qui ont leur raison d'etre dans quelque circonstance cachee; ou bien ils proviennent de -eva-, -ffia formes fortes — grace au meme melange du vocalisme qui a produit tdlaaaai a la place de xslaaaai1. Ainsi nav-dajid-tcoQ serait pour *iiav-S£(idt-Ta>Q et n'aurait pris Va que sous l'irjfluence de Sdfiv^fii et de eSafiov.
Les exemples LATINS sont: anta skr. ata2. gna-tus \ skr. ga-td. natio ) ga-ti. anaiati. cf. geni-tor = gani-tdr. janitrices yatdr. C'est encore -an- que presente man-sio, qui est au gr. ueve (JIEVEtog) ce que gnatus est a geni-: puis sta(n)g-num, contenant la racine reduite de tdvay-og. II est possible que gna- dans gnarus soit la forme faible de grid-. II repondrait alors au second des deux yvm- helleniques dont nous parlions plus taut. Quant a co-gnitus il appelle le rneme jugement que tsd-va^sv. Ainsi -an-} -ani- ou -na-, voila les equivalents italiques du phoneme nasal que nous etudions. Qu'on ne s'etonne pas de l'a de gnatus en regard de Vrj de -yvrjrog. Rien nest au contraire plus normal. On a vu qu'a Ye grec sorti de A, le latin repond regulierement par a, au moins vers le commencement des mots: gnatus (*gnatos) : yi^Tog (*yTftog) = sdtus : stog. Dans les idiomes du nord nous trouvons en general les memes sons que pour la nasale sonante breve. Le phoneme A dont n, selon nous, etait suivi, n'a pas laisse de trace. II a ete supprime pour la meme raison que dans du'sti, goth. dauhtar = %-vyaxr\Q, etc. (p. 179 seq.). LITHUANIEN: gimfis, cf. skr. gati; pa-iin-tis «connaissance» de gna. Cette derniere forme est des plus interessantes. Elle nous montre ce degre faible gnA que les langues ariennes n'ont con1. Cette forme se trouve dans Hesychius. 2. Osthoff K. Z. XXIII 84. 18
274
Traitement des groupes nn et mm en Europe.
serve que dans le pres. ga-nati1 et qui est a gna ce que skr. gtrest a rrii, v. p. 256 et 259. — Au skr. att repond dntis. — PALEOSLAVE : jetry, cf. skr. yatdr. a GERMANIQUE: goth. (qina-)hmda- = skr. ycdd; hm]ija- , cf. lith. -dintis «connaissance»; anglo-s. Humor «tonnerre» = skr. tar a «retentissant» (evidemment de stani ou tani «retentir; tonner»); anglo-s. sundea «peche», compare par M. Tick au skr. sati; v. h*-all. wunskan, cf. skr. vanchati3, — v. h'-all. anut = skr. ati. B. Devant les voyelles (groupes -nn- et -mm-). Le GEEC change, comme on s'y attend, nn et mm en av et ct[i. Les aoristes era^iov, eda^iov, exa[iov, iQ-avov, font pendant aux formes sanskrites vandti, sandti pour *vnndti, *snndti (p. 258), et supposent comme elles des racines udattas. On a en effet en regard de sraji,ov: Ts^is-vog, td[icc-%og, r^fj-rog. : skr. dami-tdr, izav-da^id-raQ, Aao-dd—
e%a{iov:
skr.
gami-tar,
—
i&avov*: %ava-Tog, &vrj-rog.
TOg.
Dans extavov en regard de urarog (p. 46) le groupe uv ne se justifie que par la consonne double %T. Comme on aurait grand peine a retrouver les formations de ce genre dans d'autres langues d'Occident que le grec, nous nous bornerons a consigner quelques exemples paneuropeens remarquables dont l'analyse morphologique est du reste douteuse. II 1. Le zend a les formes tres-curieuses paiti-zauta, a-zaiiiti. II nous seinble impossible d'y reoonnaitre des formations organiques, car celles-ei seraient *paiti-£cita, *a-zaiti. Mais, devant les voyelles, zan- ( = znn-) est effeotivement le degr^ faible regulier de zna; en sorte que -zanta, -zainti ont pu etre formes sur l'analogie de mots perdus, ou la condition indiquee se trouvait realisee. 2. C'est un autre nn qui est dans Icunnum = skr. gammas, car nous avons vu que cette derniere forme est un me'taplasme de * gammas, *gnnimds (p. 256). 3. La racine ne peut etre que vami; elle parait se retrouver dans vam-a. 4. La racine est peut-etre non freva mais frva (v. p. 270). Pour la theorie du -av-, cela est indifferent.
Traitement des groupes nn et mm en Europe.
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s'en trouve nienie un, tnn-ii, qui vient certainenient d'une racine anuddtta (tan). A la rigueur on pourrait ecarter cette anonialie en divisant le raot ainsi: in -\- mi. Cependant il est plus naturel de penser que le suffixe est -u, que la forme organique devait effectivement produire tn-ii, seulement que le groupe -nn- naquit du desir d'eviter un groupe initial aussi dur que tn-. Skr. tanii, gr. raw-, lat. tenuis, v. h*-all. dunni. Skr. sama «quelqu'un», gr. apog, goth. suma- (cf. p. 95 i. n.). Goth, guma, lat. homo, hemonem (humanus est enigrnatique), lith. gnii'i. Gr. xdticcQog, norr. humara- (Fick).
[II est probable que si. sena = goth. qino est un autre theme que le gr. (lava, yvvrj (p. 99). Ce dernier etant egal au skr. gna (et non «gand»), parait n'avoir change n en nn que dans la periode grecque. — Le mot significant terre: gr. yapai, lat. humus, si. semja, lith. seme, skr. hsama, a contenu evidemment le groupe mm, mais il etait rendu necessaire par la double consonne qui precedait.] Les syllabes suffixales offrent: le skr. -tana (aussi -tna) = gr. -tavo dans sTC-rjE-tavo-g, lat. -tino; skr. -tama = goth. -tuma dans aftuma etc., lat. -tumo. A la page 30 nous avons parle des adjectifs numeraux comme skr. dagamd = lat. decumus. Dans la langue mere on disait a coup sur daj^mmd, et point daje^amd. Le goth. -uma, l'accentuation, la formation elle-meme (da-Jem -)- a) concourent a le faire supposer. Le grec a conserve un seul des adjectifs en question: £(ido[ios- M. Curtius a deja conjecture, afin d'expliquer l'adoucissement de %% en (5d, que To qui suit ce groupe est anaptyctique. Sans doute on attendrait plutot: «£(ida[iog», mais l'anomalie est la rnenie que pour EIXOGI, duxxoGioi, et d'autres noms de nombre (§ 15). A Heraclee on a tji
§ 15. Phenomenes speciaux. I. Le groupe indien ra comme representant d'un groupe faible, dont la composition est du reste difficile a determiner. 1. Dans l'identite: skr. ragatd = lat. argentum, deux circonstances font supposer que le groupe initial etait de nature 18*
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Type ragatd — argentum et type usds — avcog.
particuliere: la position divergente dans les deux langues de la liquide, et le fait que la voyelle latine est a (cf. largus — dlrghd etc.). Ces indices sont confirmes par le zend, qui a eresata et non «razata». 2. Le rapport de eregata avec ragatd se retrouve dans teregaiti — appuye par l'anc. perse targatiy, et non «&racatiy>> — en regard du skr. trdsati. On ne peut done guere douter que la syllabe tras- dans trasati n'offre, en depit des apparences, le degre faible de la racine. II serait naturel de chercher le degre fort correspondant dans le ved. tards-antl, si le merne echange de ra et ara ne nous apparaissait dans l'exetnple 3, ou on aurait quelque peine a l'interpreter de la sorte. 3. Le troisienie exemple est un cas moins limpide, a cause de la forme excessivement changeante du mot dans les differents idiomes. Skr. aratni et ratm, zd. ar-e-&nao nom. pi. (gloss, zend-p.) et rdd-na; gr. mlevr}, mXs-KQavov et 6ks-zQccvov, lat. ulna; goth. aleina. Peut-etre le litli. aUcmie est-il pour *altne et identique avec le skr. ratm. Le groupe initial est probablement le meme dans une formation parente: gr. ulat,' itrjxvg. ^A%-a^avcav, lat. lacertus, lith. olektis, si. lakutt. V. Curtius Grdz. 377. II. Dans une serie de cas ou elles se trouvent placees au commencement du mot ; on observe que les sonantes ariennes i, u, r, n, m, sont rendues dans l'europeen d'une maniere particuliere et inattendue: une voyelle qui est en general a j apparait accolee a la sonante, qu'elle precede. Nous enfernions entre parentheses les formes dont le temoignage est indecis. Serie de Vi: 1. Skr. id-e pour *izd-e: goth. aistan (cf. alleni. nest = skr. nlrld). 2. Skr. ind «puissant»: gr. <xivog(?). Serie de I'M: 3. Skr. u et uta: gr. av et CCVTE, goth. au-lc. 4. Skr. vi: lat. avis, gr. aisros. 5. Skr. uksdti: gr. avijeo (ydksati etant de^co). 6. Skr. urns: lat. aurora, eol. avcog.
Type usds — avcog.
277
7. Skr. usrd: lith. auszrd. 8. Skr. Mv-e'«appeler»: gr. awra1(?). Serie de IV: 9. Skr. rga: lat. afces (gr. aAwj, v. h'-all. elaho). Serie des nasales: 10. Skr. a- (negat.): osq. ombr. an- (lat. in-, gr. a-, germ. un-). 11. Skr. dgra: lat. angulus, si. a<jr?w. 12. Skr. a/w, zd. azhi: lat. anguis, lith. angis, si. t m , gr. ogotg2 (v. h'-all. MWC). 13. Skr. aAafo' (pour *ahdti): lat. aw^o, gr. KJ^CO (si. i>-£sa).
14. Skr. ahu, parallelement a amhii, dans paro'livl (v. B. R.): goth. aggvus, si. azukii, cf. gr. £Vyt's15. Skr. a&M.- lat. «»$-, gr. «fig5t, si. obu (v. h'-all. unibi). 16. (Skr. ubhau: lat. am&o, gr. a^cpm, si. ok?, lith. a&w, goth.
17. Skr. abhrd: osq. anafriss (lat. imber), gr. of La derniere serie presente une grande variete de traitements. II n'est evidemment pas un seul des exemples cites, auquel on soit en droit d'attribuer, en retablissant la forme proethnique, la nasale sonante breve ou la nasale sonante longue ou le groupe plein an. Mais cela n'empeche pas les differents idiomes d'effaeer parfois les differences. En germanique, le son que nous avons devant nous se confond d'ordinaire avec la nasale sonante (un); cependant aggvus montre an. Le letto-slave offre tantot an, tantot a, et une fois, dans v-esa, le groupe qui equivaut a Win germaniqne. En latin, meme incertitude: a cote de an qui est la forme normale, nous trouvons in, representant habituel de n, et il est curieux surtout de constater dans deux cas un in latin oppose a un an de l'osque ou de l'ombrien.*. Le grec a presque toujours av, 1. L'hiatus, dans avcctg, rend ce rapprochement douteux. Cf. cependant afvxov (Corp. Inscr. 10) = avtov. 2. La.parente de oqp'S avec ahi a ete defendue avecbeaucoup deforce par M. Ascoli (Vorlesungen p. 168). Le vocalisme est examine plua bas. Quant au
drhati (Frohde Bezz. Beitr. Ill 12). Sur t>xtg v. p. 279, note 2. 3. Faut-il ajouter: skr. agni, si. ogm, lat. i(n)gnis1 4. Ce fait se presente encore pour inter, ombr. anter; aussi est-il sur-
278
Varietes de nasale sonante.
afi, une fois seulement a. Dans '6[ij5(>og la voyelle a pris une teinte plus obscure, eniin ocpig a change om en o par l'intermediaire de la voyelle nasale longue o. Homere, Hipponax et Antimaque emploient encore ocpig (ophis) comme trochee; pour les references v. Roscher Stud. P 124. II n'est pas absoluinent impossible qu'une variante de ocpu- se cache dans a^cpCs^taiva et (Etyni. Mag.), formation qu'on pourrait assimiler a (Hes.), eQiSfiai'vm, dkvG^^iaCvco. — dficpi6(3cava (Eschyle) serait
ne' par etymologie populaire. En raison des difficultes morphologiques que presente le type usds — avag, abhl — a^icpt, etc. (v. p. 280 seq.), il nest guere possible de determiner la nature du son que pouvaient avoir dans la langue mere les phonemes initiaux de ces formes. On peut supposer a tout liasard que la voyelle faible A (p. 178 seq.) preeedait la sonante, et qu'il faut recoii.struire Ausas, Anibhi, etc. Les formes comme djicpi, onfioog et ocpig nous amenent a des cas analogues qu'on observe sur certains groupes a nasale mt'diaux. Avant tout: gr. ELXOGL et ixdvrtv (Hes.) = skr. vimgdti. Of. ocpig et angnis — skr. alii. Le second element de el'xoGi prend la forme -xov- dans TQICCXOVTUX (skr. trimmt) — cf. oiiflgog:
abhra —; il n'accuse dans ixatov qu'une nasale sonante ordinaire, et reprend la couleur o dans dtaaoGwi. Si dune part certains dialectes ont des formes comme fixun, en revanche dsxotav et ixoroiijloia (p. 102) renforcent le contingent des o2. Enfin le slave n'a point «seto» (cf. lith. sz)mtas), mais si'ito. — Un second cas relativement sur est celui du prefixe 6- alternant avec a-3 (cf. ixazov : diaxoGioi), dans 07tatQ0g, ot,v£, etc., en regard de addcpBiog etc. En lithuanieii on trouve sa-. en pale'oslave s
Varietes de nasale sonante.
279
Ces faits engagent pour le nioins a, juger prudeminent certains participes qu'on s'est peut-etre trop presse de classer parmi les formes d'analogie, en particulier ovtr-, LOVT- et oSovr-. La singularite de ces formes se traduit encore dans d'autres idiomes que le grec, comme on le voit par le v. h'-all. sa/nd, parallelement au goth tunfcus, le lat. euntem et sons a cote de -iens et -sens. Ces trois exemples sont des participes de themes consonantiques. II est facile de recourir, pour les expliquer, a l'hypothese de reactions d'analogie. Mais quelle probabilite ont-elles pour un mot qui signifie «"dent», et dont l'anomalie se manifeste dans deux regions linguistiques differentes? Elles sont encore moins admissibles pour le lat. euntem et sons, les participes thematiques (tels que ferens) etant depourvus de Vo (p. 197). Remarquons de plus que oc?tog est tres-probablement identique avec skr. satyd (Kern K. Z. VIII 400). Le groupe grec -sv-, dans certains mots tout analogues, meriterait aussi un serieux examen. Ainsi dans ivti, SVT<X66I, si ces formes sont pour *G-EVTL, *0-svta66i. C'est comme groupe initial surtout qu'il peut prendre de l'importance. Nous avons cite deja iyyvg, en regard du goth. aggvus1, du skr. aim. On a ensuite sy%skvg2 = lat. anguilla(lith. imgurys); enfin epmg, l'equivruggo; oz6%og compare" par M. Fick au goth. staggan; -/.oxcovr), cf. skr. gagJidna de g'amh (d'ou ganglia «gamba»); noQ-og a cote de na&siv (of. p. 103); apfio'fco de ccQ[ia, etc. 1. Cf. 'iyxovaa, variante de ay%ovoa. 2. De meme qu'il y a echange entre ov et o (tQiaxovta : si'iioai), de meme s equivaut a sv dans i%ig compare a zyx^v?- Le parallelisme de ce dernier mot avec anguilla semble corflpromettre le rapprochement de ocpig avec anguis et alii (p. 277), et on se resoudra difficilement en effet a separer E^tgde ces formes. Mais peut-etre une difference deton, destinee a marquer celle des significations et plus tard effacee, est-elle la seule cause qui ait fait diverger i'^ts et ocpis; ils seraient identiques dans le fond. Peut-etre aussi doit-on partir d'un double prototype, Tun contenant gh2 (ocpig) et l'antre g\ (I'XI-S)- La trace s'en est conservee dans l'armenien (Hubschmann K. Z. XXIII 36). Quoi qu'il en soit, le fait que l's de s%ig rentre dans la classe de voyelles qui nous occupe est evident par le grec meme, puisque la nasale existe dans iy%e\vg. — L'E de etsQog, en regard de arsQog (dor.) et de &UTIQOV, n'est dti qu'a 1'assimilation analogique telle qu'elle a agi dans les feminins en -J-saaa (p. 35).
280 Le type usds-avcog considgre au point de vue morphologique.
valent du latin apis1 dont la forme germanique, v. h'-all. lia-} rappelle viveinent aficpco = goth. bai2 (p. 277). Dans la serie des formes enumerees p. 276 seq. le propre des langues ariennes est de ne refleter le plioneme initial en question que comme une sonante de l'espece commune. Mais, ce qui est plus etrange, la meme famille de langues nous montre encore ce phoneme encastre dans un systeme morpliologique pareil a celui de toutes les autres racines et. obeissant, au moins en apparence, au mecanisme habituel. Premier cas. Dans la forme forte Ya precede la sonante. — A cote de ahati (pour *ahdti) = lat. ango, on a le theme en -as arahas, et a cote de abhrd, dnibhas. L'identite de uVsati et avh,m
fait supposer que I'M de ugrd, dont la racine est peu differente, serait au dans les langues d'Europe, et qu'on doit lui comparer lat. augeo, goth. auka; or il est accompagne des formes fortes ogas, oglyas. Semblablement ttsds ( = avcog) est lie au verbe dsati. Deuxieme cas. Dans la forme forte Ya suit la sonante. — Au present de la 6e classe uksdti ( = av%,d) correspond dans la l e classe vdksati. Au skr. ud- (p. ex. dans uditd «dit, prononce») repond le gr. avd- dans avthf3; mais le Sanskrit a en outre la f6rmation non affaiblie vddati. (Test la question de la representation des deux series de formes fortes dans les langues europeennes qui fait apparaitre les difficultes. 1. Cette forme a probablement passe par le degre intemiediaire apis, ce qai ferait pendant aux evolutions qu'a parcourues en greo ocpig. 2. Cf. aussi tv&a = skr. ddh(i(?). 3. aixJjj ne se dit que de la voix humaine et renferme toujours accessoirement l'idee du sens qu'expriment les paroles. Cela est vrai aussi dans une oertaine mesure du skr. rad, et cette coincidence des significations donne une garantie de plus de la justesse du rapprochement. — Remarquons ici que Ya prothetique ne s'etend pas toujours a la totalite des formes congeneres. Ainsi Ton a vSco parallelement a avS-q; ^yujg en regard de augeo; vz&ov (Curtius, Stud. IV 20-2) a c6te de avm, avotriQog. Sans doute ano-vqaq et dn-avQaco offrent un specimen du meme genre. A la p. 276 nous avons oniis a dessein le v. h*-all. eiscon en regard du skr. icchdti, parce que le lith. j-esMti accuse la prothese d'un e et non d'un a. Si Ton passe sur cette anomalie, le gr. t-ovrjg compare a eiscon (skr. is-) reproduit le rapport de vdco avec uvSrj (skr. ud-).
Le type usds-avaq consider^ au point de vue morphologique. 281
Reprenons le premier cas et considerons cet ecliange qui a lieu entre lis-as et os-ati, ug-rd et og-as, abh-rd et dmbh-as, dh-ati et dmh-as. II est difficile d'imaginer que Ya des formes fortes puisse representer autre chose que av Mais, cela etant, nous devrions trouver en Europe, parallelement a une forme faible telle que angh par exemple, une forme forte contenant e: engh. De fait nous avons en grec svco (lat. uro) = osati a cote de avco «allumer», avaliog, avGryjQo; (mots ou av{6) equivaut au skr. us, comme l'enseigne avcag — usds). D'autre part la valeur de cet indice isole" est diminuee par certains faits, entre lesquels Fidentite du skr. dndhas avec le gr. civ&og nous parait particulierement digne d'attention. II est remarquable que Ya de cette forme soit un a initial et suivi d'une sonante, precisement comme dans dmbhas, dmhas. L'analogie s'etend plus loin encore, et ce sera ici l'occasion d'enregistrer une particularite interessante des types radicaux d'ou derivent les formes comme Ausas. Us sont regulierement accompagne's d'une ratine
seeur oil la place de I'-a, est
change'e1, et dans cette seconde racine Ya accuse toujours nettement sa qualite d'a r l e RACINE
Forme faible
2e E A C I N E
I
Forme forte, observable dans l'arien seulement, et ou la qualite de Ya est a determiner
(Forme forte)
usds — avmg
osati
ugrd — augeo
ogas
skr. vasara, vasanta, gr. (f)i{p)a9. watg: lat. vegeo, zd. va-
ahati — ango
dmhas
na^gh: lat. necto, gr.
abhrd — anafriss
dmbhas
na-fih: skr. ndbhas, gr. vi(pog, etc. nal: skr. na, lat. tie.
skr. a-, osq. an(neg.)
wat
1. Nous ne parlons, bien entendu, que des exemples qui rentraient dans le premier cas. Le type radical du second cas est precisement (au moins en ce qui touche la place de Va) celui de la racine soeur en question. 2. Le zend prouve que la gutturale est p t , tandis que la premiere ra-
282 Le type usds-avoos considere au point de vue morphologique. Bevenons au mot dndhas. Pour nous il n'est pas douteux que la nasale qui s'y trouve n'ait ete primitivement m et que la souche de ce mot ne soit la meme que dans mddhu «le miel». Nous ecrivons done: — I dndhas | maxdh: skr. mddhu, gr.fiE&v. Mais comme dndhas est en grec civ-frog, il s'en suivrait que dnibhas represente *a^i(pog, non «ejicpog», et que le lat. *angos dans angustus doit se comparer directement a dmhas. En un mot les a radicaux de la seconde colonne ne seraient pas des a r Ceresultat, qui parait s'imposer, nous met en presence d'une enigme morphologique qu'il est sans doute impossible de resoudre a present. Nous passons a l'examen du deuxibne cas. Ici les langues occidentales permettent encore de distinguer la forme forte. Si \iksati est rendu en grec par av^a, vdVsati Test par a ^ ^ r a . Autre exemple analogue: la rac. skr. vas «demeurer» se retrouve dans le gr. (i(£)e(p)-0a, cc(Jz)e6-(6)xovto, dont la forme faible (en sanskrit us) apparait dans avlyj, i-avco1. A premiere vue la clef de toutes les perturbations que nous observons semble enfin trouvee dans la nature de la sonante initiale (pour les cas precites, n, »'). On n'aurait a admettre qu'une prononciation plus epaisse de cette sonante, effacee secondairement dans l'arien, traduite dans l'europeen par la prothese d'un a, et s'etendant uussl bien a la forme forte qu'a la forme faible. Eien de plus clair des lors que notre diagramme: cine montre g2. Nous pensons neanmoins, vu d'autres cas analogues, qu'il n'y a pas lieu d'abandomier le rapprochement. 1. Sous l'influence de I'M (cf. p. 101), Va de ce groupe radical ava- se colore en o dans diffe'rentes formes rassemblees par M. Curtius, Grdz. 273. Ainsi ovaC' cpvlul, et cofia traduction stricte de ovr\ en dialecte laconien (p. 169 i. n.). Puis vnsQ-co'Cov, formation de tout point comparable au skr. antar-usya «cachette». L'o n'est dans ce mot qu'un allongement d'o exige par les lois de la composition grecque. On remonte done a VTCSQ-O'COV (cf. ol'rj = n(o[iri), vnsQ-ov'iov, vnsQ-ixv(a)-iov. — Le verbe d^eidco serait-il a avSiq ce que a(J-)e£a> est a av^co? De toute maniere la diphthongue en est inexpliquee. Cf. drjScav. — a/U'|a> repond a rdknati comme dj-s^co a vdksati, mais la forme reduite manque aux deux idiomes. II est vrai que celle-ci peut se suppleer en recourant a la racine plus courte qui donne r\\-alvi.-ov et lat. arc-eo.
Le type usds-avcog considere au point de vue morphologique.
283
a.-v% = uks a-fet, = vaks. Cet espoir d'explication tombe devant une nouvelle et fort etrange particularite des memes groupes radicaux. On observe en efFet parallelement aux types tels que ctFeg ou dFec une sorte de type equivalent Fag, Fac. Ce dernier apparaitra soit dans les langues congeneres soit dans le grec rneme. afs%-ca: goth. va,hs-ja (parf. vohs, peut-etre secondaire). (X£E<}-(<})XOVTO:
J-aG-tv.
Voici d'autres exemples fournis par des racines qui se trouvent etre restreintes aux idiomes occidentaux: : lat. v&s, v&d-is; goth. wd-i. ! : lat. ra/p-io. 1 (et aA.ey-ca?): Xay-uva' Suva (Hes.). Cette inconstance de la voyelle revelerait, dans d'autres circonstances, la presence du phoneme A\ mais si telle est la valeur de YE dans afi^ea, la relation de cette forme avec vdksati, uksati, av%co, aussi bien que sa structure considered en elle-meme cessent d'etre comprehensibles pour nous. 1. apTr- est a dpeir- ce que a<j£ est a dFeS. C'est la forme reduite. II en est de meme de &\j dans son rapport avec &\ef. dXsysivog prouve qu'on a dit d'abord *aXsyog; alyog est du a l'influence des formes faibles.
Additions et Corrections. P. 7. La presence de lY-voyelle en ancien perse parait se trahir dans le fait suivant. An ved. nidrtia correspond martiya (ou plus simplement peut-etre martya); au ved. mrtyu est oppose {iiva-)marshiyu, soit (uva-) marshyu. Indubitablement la difference des traitements qu'a subis le t tient a ce que IV, dans martia, etait voyelle et dans mrtyu consonne. Mais cette difference n'est de'terminee a son tour que par la quantite de la syllabe radicale, et il faut, d'apres la regie de M. Sievers, que la syllabe radicale de -marshyu ait eti breve, en d'autres termes que I't y ait fonetionne comme voyelle. Peut-etre le r existait-il encore a l'epoque ou l'inscription fut gravee, en sorte qu'on devrait lire uvamrsliyu. P. 9, note. M. Curtius admet une deviation semblable d'imparfaits devenant aoristes pour les formes enumerees Verb. I 2 196 seq. P. 10, lignes 11 seq. On peut citer en zend gc-a-iitu de gac et en sanskrit r-a-nte, r-a-nta de ar. P. 11, note. Biffer sidati (cf. p. 172, ligne 14). P. 15. L'bypothese propose'e (en note) pour laXXco est comme je m'en apei^ois, fort ancienne. V. Aufrecht K. Z. XIV 273 et contre son opinion A. Kuhn ibid. 319. P. 16. L'etymologie presentee pour goth. haurn e»t insoutenable. La forme runique horna (ace.) suffit a la refuter. P. 20. A TiaQ-ilv de niv& se joignent lu%£iv de Ityx, %etSttv de xiv$' Sav-tiv de *Scyx; v. le registre. — Pour l'aoriste redouble, cf. p. 107, 1. 13. P. 21, lignes 11 seq. Depuis l'irnpression de ces lignes M. Brugman a public sa theorie dans les Beitrage de Bez-euberger II 245 seq. Signalons une forme inte"ressante omise dans ce travail: an-tya-co' unifravev (Hes.) de
Additions et corrections.
2oO
ou l'absence d'a suffixal est manifeste, ne permet pas d'h&iter sur la valeur du groupe an dans pundnti. P. 42, ligne 1. «L'e ne termine le mot que dans ce cas-la.» Cela est errone. Nous aurions du prendre garde a Jcore et aux pronoms me, te, se, formes ou e final est notoirement sorti de e long -\- nasale. Ne"anmoins l'opinion mise en avant relativement a ime ne nous parait pas de ce fait improbable. P. 42, note. Comme, dans le travail cite, M. Osthoff ne vise qu'un cas particulier de lV-voyelle, il est juste de rappeler que l'existence de ce phoneme n'a ete affirme' d'une maniere generale que dans l'e'crit de M. Brugman sur les nasales sonantes. Ce qui revient exclusivemeot au premier savant, c'est d'avoir pos6 or comme representant latin de lV-voyelle. Cette derniere regie, dont nous devions la connaissance a une communication verbale de M. le prof. Osthoff, avait ete' publiee avec son autorisation dans les Memoires de la Soc. de Linguistique (III 282), et il ne pouvait y avoir indiscretion a la reproduire ici. — On sait que l'existence de lY-voyelle dans la langue mere a toujours ete defendue en principe soit par M. Hovelacque soit par M. Miklosich. Seulement ces savants n'indiquaient pas quels etaient les groupes speciaux qui correspondaient dans les langues d'Europe au r indien. P. 44, note 2. Le skr. amd ne saurait representer nmd, car cette forme eut produit «anma». P. 46, ligne 10. Une forme semblable a fi-ia se cache peut-etre dans fi-a>vv&, si on le ramene' a * u^-avv^.
En outre fiovog est pour *afj,-6vog et
identique sans doute au skr. samand, equivalent de eka (pour *sm-and par svarabhakti). Toutefois la forme povvog ne s'explique pas. P. 52. Pendant l'impression du present memoire a paru le premier cahier des Morphologische Untersuchungen de MM. Osthoff et Brugman. Dans une note a la p. 238 (cf. p. 267), M. Osthoff reconnait, a ce que nous voyons, l'existence de la voyelle que nous avons appelee A et pour laquelle il adopte du reste la meme designation que nous. L'idee que M. Osthoff se fait du r61e morphologique de cette voyelle ainsi que de sa relation avec l'o long n'est autre que celle contre laquelle nous avons cru devoir mettre le lecteur en garde, p. 134 seq. Nous ne pouvons que renvoyer au § 11 pour faire apprecier les raisons, a nos yeux peremptoires, quimilitent contre cette maniere de voir. P. 53, ligne 12. L'etymologie proposee a present par M. Fick et qui reunit %£q>ulri au goth. gibla (Beitr. de Bezzenb. II 265) contribuera a faire se'parer ddfinitivement caput de KfcpodTj. — Ligne 14. Sur quattuor cf. L. Havet, Mem. Soc. Ling. Ill 370. P. 56. On joindra peut-etre a la liste ptah (ptak): gr. muxeLV, lat. taeeo (cf. goth. pdhan). P. 58, ligne 2. Le mot QOfiqievs «alene» est fait pour inspirer des doutes sur la justesse du rapprochement de M. Bugge. II indiquerait que la racine de gunta est fjeuqp et que Va y represente la nasale sonante.
286
Additions et corrections.
P. 60. Le nom latin fitator est place parmi les formes de la rac. sta qui ont un a long. C'est une erreur; Va est bref. — Le suff. lat. -tat = dor. -tar (Ahrens II 135) aurait pu etre mentionne._ P. 70, lignes 13 seq. Cf. plus bas la note relative a la p. 121. P. 78, ligne 11. Ajouter goth. hlai-na- «colline», de A,Za,i «incliner». P. 81, ligne 13. Ajouter: lipcpo-g «morve», cpsiSo-g «parcimonieux». P. 84, note 1. II nous semble probable d'admettre pour des cas sporadiques une seconde espece A's indo-europeen, d'un son plus rude que celui de l'espece ordinaire. En effet l'apparition de c pour s en Sanskrit coincide dans plusieurs cas avec des exceptions aux lois phonetiques qui frappent cette sifflante en grec, en latin ou en slave. Skr. qusJca, (jusyati: gr. oav«o's, ouvsaQos. Skr. tfevala «matiere visqueuse»: gr. oialov «salive». Skr. Mqara: lat. caesaries. L'ancienne identification de laog avec skr. vigva, bien que de"sapprouvee par M. Curtius, nous parait des plus convaincantes 1 ; or le slave a de son cote visi (et non visi). Le cas de fjfii-ov ne differe point, comme on va le voir, du cas de loos. M. Ascoli a reconnu dans -av 1'element formatif du zd. &ri-slwa «le tiers » 2 . Or n'est-il pas evident que la seconde moitie de wi-s.^u (skr. visit), et de wi-s2wa (teog) qui n'en est qu'une continuation, offre cette meme syllabe -S2M composee avec wipour dwi-3 «deux»? — Notons delph. ruiiaaov = fjfit-ej-o-v. P. 102, lignes 16 et 17 Ajouter frustra, lustrum, en regard de fraus, lavare. — Ligne 20. Ce qui est dit sur le rapport de incolumis a calamitas est faux, le vieux latin possedant un mot columis synonyme de incolumis. P. 103, ligne 10 d'en bas. Apres la correction, apportee plus haut a la page 58, l'exemple qdma — QOfupevg doit disparaitre. P. 108, liste b. Ajouter: [Sohxog — largus], v. p. 263. P. 119, ligne 23. La forme KccvSalog n'est evidemment qu'une variante de oxdvdalov et ne doit point etre comparee a Jcandard. P. 121, lignes 5 seq. II convient de remarquer que la separation de a2 et a1 est consacree a peu pres partout dans le systeme de Schleicher. Son tort consistait seulement a confondre a., avec a. On a peine a concevoir a present comment les yeux du grand linguiste ne se dessillerent point sur une pareille erreur, qui, en elle-meme, a quelque chose de choquant, 1. Sans doute visu, base de vi<;va, n'a pas le f. Mais c'est la une oscillation fort explicable. 2. Signalons cependant ce qui pourrait venir troubler cette analyse. M. Justi propose de voir dans ftrislwa, eafrrushva, des derives de &ris «ter», caxfnts«quater». Cette opinion prendrait de la consistanee, si 1'existence de Mement -va, employe" de la sorte, se confirmait d'ailleurs. Or le Sanskrit offre en effet edtur-va-ya {-ya comme dans dva-yd, ubhd-ya). D'autre part M. Ascoli mentionne comme inseparables de ftrishva: haptarihu, ashtanhu, ce qui changerait la question. Studj Crit. II 412. 3. On sait que la chute proethnique du d est constate"e dans le nom de nombre vingt.
Additions et corrections.
28 t
puisqu'elle conduit a identifier Vo et Va grecs. Les faits propres a la reveler ne faisaient cependant pas defaut. Ainsi Sohleicher affirme tres-bien, contrairement a l'opinion d'autres autorites, que Va the"matique de ysQofiss — bhdrdmas differe de celui de qps'^srs — bhdratha; en revanche il le confond aussitSt avec la voyelle longue de ddfivajii — pundmi. Or, considerons l'imparfait, qui offre une syllabe fermee. Le Sanskrit lui-meme prend soin d'y marquer et d'y souligner la divergence, puisqu'a To l' QOV respond Va d'dbharam, tandis que dpunam, en regard de sd maintient la longueur de Va. P. 124 seq. Les vues que nous exposions sur le gouna paraissent avoir surgi simultane'ment dans l'esprit de plusieurs linguistes. Tout demierement M. Fick a propose dans les Beitrage de Beezenberger (IV 167 seq.) la the"orie deTendue ci-dessus. P. 140, ligne 4 d'en bas. Le mot iftorj «punition» va, semble-t-il, avec diofiog, rac. 9n. Cf. &aitfv ini-ftrjOOfisv, Odys. II 192.
P. 147. M. Brugman indique dans les Morphologische Untersuchungen qu'il publie en collaboration de M. Osthoff et dont le premier cahier a paru pendant I'impression du present m^moire une autre explication de Vau de dadhau, dgvau etc. Ce savant croit y voir le signe distinctif des a longs finaux du Sanskrit qui contenaient a1 dans leur seconde moitie (loc. cit. 161). — A la page 226, M. Osthoff l'approuve et presente en outre sur le type dadhau des observations qui s'accordent en partie avec les notres. P. 148. Nous sommes heureux de voir exprimer sur xscptj par M. G. Mablow une opinion toute semblable a la notre. V. K. Z. XXIV 295. P. 150, lignes 12 seq. Nous aurions du mentionner l'exception que font les causatifs tels que snapayati de sna, exception du reste sans porte"e, vu le cai-actere moderne de ces formes. P. 160 seq. Le mot ygoftqoa's que M. Curtius (Grdz. 57) ne peut se decider a separer de yqucpa prouverait que cette derniere forme est pour *yqmrfd> (rac. fPE|-up); yqucpco n'a done rien a faire dans la question du phoneme A et ne doit pas etre identifie au goth. graba. P. 167. Sdqov «largeur d'une main, e'eartement^ pourrait se ramener, avec SfiQig «division, discorde», a une rac. der. P. 171, ligne 6. Ajouter dur-gaha. — Ligne 21. Ajouter hladate : prahlatti (Benf. Vollst. Gramm. p. 161). P. 172, ligne 10. Ajouter gakvard «puiseant». P. 174, ligne 13. Nous citons ailleurs (p. 258) deux exceptions des plus interessantes, vandti et sandti. Trop isole"es pour infirmer la regie, elles viennent a point pour temoigner de son caractere tout a fait hysterogene dans la teneur absolue qu'elle a prise dans la suite. P. 179, ligne 7 d'en bas. Ajouter: na,clus et r&tis, de racines OjW^ 1 et axrAX. D'apres les lois expose'es au § 14, le phoneme ^ aurait du, dans 1. Skr. anag dans anagamahai, gr. ^v€K (pour EVK, bien que plus tard ce soit le second £ qui alterne avec o 2 : ivrjvoxu); — skr. art, gr. epe. Les formes germaniques noh et ro ont accompli, comme d'autres racines de
288
Additions et corrections.
ces formes, donner naissance a des sonantes longues, et on attendrait *anctus ou *anactus et *artis. II serait trop long de rechercher ici pourquoi le phenomene n'a point eu lieu. Mentionnons le goth. -nauhts, qui coincide entierement avec nactus. P. 183, note. Ajouter fiavSga «etable» en regard dn skr. mandird. Ce rapprochement est douteux. P. 191 seq. Dans le moment ou nous corrigions l'epreuve de ce feuillet, le Journal de Kuhn (XXIV 295 seq.) nous apportait une savante dissertation de M. Johannes Schmidt traitant des optatifs. II y a entre les resultats auxquels il arrive et les notres une conformite flatteuse pour nous. — Ce que nous cherchons vainement dans le travail de Imminent linguiste, c'est une explication du fait que les formes faibles ont converti ia en i. P. 197, ligne 1. LY-voyelle devient en effet ar dans l'armenien: artsiv = skr. rg'ipyd; arg = skr. rksa; gail = skr. vrka, etc. P. 198, ligne 4 d'en bas. L'adjectif ind. gau-rd apporte quelque confirmation a l'hypothese gaau, car autrement la diphthongue au n'aurait pas de raison d'etre dans ce derive. P. 204, note. Ajouter ddnd de daman. P. 220, lignes 20 seq. Nous aurions du prendre en consideration les composes de cpqriv, tels que acpQcov. Nos conclusions en auraient ete modifiees. P. 259 en bas. La racine du mot urdh-vd pourrait etre rddh, rddhati. En ce cas, ce serait un exemple a joindre a dirghd: draghiyas. P. 263, ligne 3. Noter le dor. v.dqQcc = Koqar]. II semble indiquer que le son qui precedait Q ne s'est fixe que fort tard. cette espeee (ainsi lend = skr. gani, hro «glorifier» = skr. hari) une evolution metathetique.
Registre des mots grecs. N. E. — Les mots dont se composent differentes listes enumeratiyes compactes ne sont pas portes sur ce registre.
d- (cop.) 278 a- (ne'g.) 276 d- 278 i. n. aav&a 114 16 i. n. 100 263 dy- 103, 116
dJ-vzov 277 i. n. "Svzvs 1 5 6 afrficti 157, 173 drjScov 231, 282 i. n. cojfu 141, 270 aw 220 d&rfo 116
ayaQQig 15 uySQjiog 75
aiyvniog 99 i. n. 104 "MS- 202 aiScog 219
ayrj (aor.) 154 dyiof 45 i. n. 117 dy%dv 104 dyoQa 265 i. n. dyog 228 i. n. dyog 117, 156 dyog 117 dyoarog 53 98 76 i. n. ayxco 96, 277 dyco 96, 159 seq. 173 dycoyog 156 dddpag 273 101 273 54, 283 282 i. n. > 282, 283 282 54, 282, 283 astfia 131 i. n.
aXeysirog 283 aify® 2 8 3 aisicpa 29 dXs^ca 282 i. n.
dXziofiai 84 i. n aijj^Tjs 156 'AXi&SQarjg 129
OTTO'S 101, 276
dXivnv 74 aitS 101 i. 11. dlixziv 75 ci«?) 277 dilxi 202
alfsC 214 at^'e 220
a'Uos 96
ai'yXrj 99 i. n.
alv.Xov 55, 99 cci^iccnovQicci 265
a&o's 276 « / | 116 alnoXog 104 aira 214 «Kfi^ 229 i. n. KKfUBK 64, 181 anoXov&og 81 Kxpos 157 dv-zig 24
dXXavrjg 61 oiiAorf^^off 46 dXXv 98 alotfto'g 74
dXoitog 75 ailo^ 262 i. n. dXvxzsiv 60 «it)CKa'Jco 84 i. n dXrprj 277 i. n.
a[ia 46 cifiaxsi 91 afhitysxai 129
aAai'Sg 61
ccpSQcpsg 129 afiEffflj 104 afitiai 101 aju,fts 25 Kfii'o's 56
alaarog 157 alyoj 283 i. n.
dfio's 95, 275 ufiitcotig 150
«K£O)t»J 1 5 6
oiiw 116 dXaXtiiiv 282 i. n. aXal 276
19
Registre.
290 ov 148 99 afitpi 277 d[i
fi
KTTTtt)
CCQ<X[IEV
109 34 Q 280 i. n. dnsiQcov 221 i. n. dnicptxxo 284 dmrjfiav 220 'Auia (y?i) 56 yteuJcwdg 56, 218 anXezog 142 awidog 34 a?rd 116 54, 57, 181 167 dnog 156 ajrotSpag 280 i. n.
dnoytlv 100
39 i. n. 166
181 155 283 167 167, 231 180 16 i 279 i. n.
278
277, 279, 280 rig 220 104 avSdvta 151, J58, 173 dvscoo&cci 140 46 220 219, 230 dvrjazig 168 281 167 dvrrjQi'g 202 dvvzai 22 ar-uro 244 i. n. artpoTapog 55 dvmya 140, 155 avfoyo 140 dvcovvpog 99 a£a>j> 227 aofog 103 doling 101 i. n. 132 76 i. n.
(accendere) 281
158
ditvdoug
d(>v6g 196 aQOzqov 180 ctQOVQa 103
"
207, 282 104 rji' 219, 229 167 156 154 101 207 230 aorofiog 220 i. n.
avcog 169i.n. 276,280 seq.
uyBlpa 104 dcpeama 140, 147 atpXaarov 262 i. n. acpqiav 288 'A%uioi 69 a^TjK 5 3
63, 160, 161 78 dasxov 140 |5df<» 120, 157, 173 129 i. n. g 24, 152 s 268 107, 266, 268
fiavd 99, 275 158 267, 268 266 g 267 )'g 180 231 i. n. @dcY.a> 23, 234
j 100 54, 207, 283 ^Kco 103 iog 142 jrdg 228 i. u. 279 i. n. 63 av 276 atiaisog 281 ctvdri 280, '282 i. n. ctvl<x% 17, '262 i. u. avXr] 282 «i>'|co 276, 280 seq. uvqa 101 ttiJcag 277 i. n. avOTriQog 280 i. n. 281 avzs 276
^aCTaJo) 53
rli' 131, 229 99 99, 219 avco (vocare) 277
(3>jCGa 152, 172
pdvrjv 146, 147 ^aT>)9 137 fiazog 23, 272 i. n.
pdzQaxog 61, 100 j 233 149 149, 154 127 i. n. - 103, 269 88, 103, 267 -fSslezrjg 103, 267, 271 203, 218 24, 129, 152 Prjd-L 190
p^fia 137, 138 firjeoyiui 137 (3('or 2 5 6 i. n. (3*1*07) 2 3 3 i. n . pXd@o(icu 160, 161
291
Registre. fiXuexog 14, 265 i. n. fiXriTOS 2 7 1 , 2 7 2
yfrtig 133
filcouog
yiyvopai
111
yfpyfpog 55
Saavg 24 Sccvviiov 99 l. n .
10, 1 1 , 272 i. n . §av%va 99 i. n. ddyvrj 99 i. n.
PoXsjiBvvg 88 i. n.
y l a y o g 268
poXsTdi 265
yXdcpco 160, 161
fioXri 103
y\i%o\Lai
pop- 9 8 , 1 1 1 , 265
ylvcpsiv
161 i. n . 161
SsiJaE 107 SsSaqfisvog
12
ds'drja 181
Boqeag 264
yva-S'og 100 i. n .
^Edttojja 140
(3datg 150
yvTjaiog 272
pd
-yvjjTOg 2 7 1 , 272, 2 7 3
SsdouTca 173 i. n. SsSorai 149
PoTijg 137, 180, 232
yvv&og
SSISLJISV
149
-@ozog 149
yi"u| 221
SsiSoLxa
149, 238 i. n .
(3ou(3/jrfcg 1 4 4 l. n .
ywntrftV 228 i. n .
SsiSca 238
f3ouisu'a) 265 i. n.
yvco- 105, 272, 273
SsLtivvpi
100 i. n.
PovXofi,cii 1 1 1 , 2 6 5 , 266 yd^a (maced.) 181 §ovg 110, 115, 150, 199, ydfiqoog 1 0 1 , 115 200, 213 yovv 29, 86, 2 2 1 s e q . (SqaSvg 16 youUKI- 29 $qct%slv 161 (3{JOTO'S 97
QooTog 2 6 3
22 i. n . 153,
187 i. n. Sti(i6g
75
Ssinvov 55 Ssiqdg 17
5st(>eo 157 i. n . yqatftj 2 3 3 ygKqjra 160, 1 6 1 , 1 6 3 , 2 8 7 ($£«« 29 seq. 102 ^SMOITOg 32 yqda> 160 i. n. dEMo'tar 102, 278
P^d^og 278 i. n. (jpcoun: 266
ygdqooj 100 yqcavrj 138
ds\<poC 81
PgcoTo'g 263
ypoi'S'v'iog 262 i. n . yvaXov 107
dfiyy'g 133
f?v&og 100 i. n. PudcodofisiSco 100 i. n.
fo'fjas
271
Si/ico 95
yvpvog 115 i. n. ^co/idg 100, 138, 144, 229 y w i j 99, 275 §<Sv 41, 199 Sarjficov 107
SsvSqsov 207
(tcaq&ia 263
5«TJ9 220
-^spxros 14
^rarajEii' 138 i. n .
Saiofiai
dieig 150
(SCOTCOQ 137, 232
SaiQa
yaim 181
5ai'ai (inflammare) 181
-dwdg 142, 149
yate 268
Srjyfia -152, 156
ya^£?j 267
Sunilv 152, 174 i. n. daxrra 152, 158
yoadfflg 2 6 8
SdXXco 107, 182, 268
SrjXsofiai 107, 182 #rj/iog 9 5
yaftqjjj 1 0 1
daji,d£a> 107 -Sctfidtcoq 2 7 1
djjgig 287
ydqov 267
150 157 i. n .
Se'gag 260, 263 i. n.
Stonotix. (voc.) 93
drj'goftcM 152, 155
yardXrj 101, 138 i. n.
dafi£t> 2 7 3 , 274
djjpdg 107
yaipog 57, 181
Sdjivri[ii
57jora 140
ysydaoi 21 yBydtrjv 2 1 , 272 i. n .
^ar 198 ^adr 107
SidSrjfia
yiyrfou 181
SwitdvT] 56
$to!ttoffto& 2 7 8
ysxK'&a 39
Sdntco 56, 158 did"affx(» 104, 107 daefl-aVca 107, 152 i. n. dldrjiu 140 Saqzog 14, 196 i. n . di8u>&i 1 9 0
yslos 81 i. n. yiverrjg 272
240, 273
Sija 153, 173 140
1 C J*
292
Registre.
;139, 147, 238 i. n. SmxriQ 137, 212, 214 140, 142 ScoTi'vrj 131 i. n . ov 153 5WTIS 131 i. n. 150 dcoxoQ- 200, 212, 214 92 i. n. S , 212, 214, 232 161 154 233 i. n. 154 Siaaog 286 idSa 154 dicpqog 228 i. n. salrjv 47 8ia>v.co 140 -S^rizog (aedificatus) 271 f'ap 68, 281 Siirjzog (domitus) 271, f«p (sanguis) 225 £aai 38 seq. 272, 274 caaaa 39 Sodeeaxo 73 Soyfia 131, 173 i. n.
suocpoQog 105 i. n. & 54 SoXixog 263 266, 267 SoXog 80 30, 275 146 >dg 81, 83 137 100 266 Sopog 95 SOQI- 217 277, 279 SOQV 29, 86, 96, 221 seq. eygsro 9 Soaig 150 ty^E^vg 279 Soxr'ig 137, 232 iy%ovaa 279 i. n. KOTO'S 149, 180 £Jy» 93 SOVQCCZ- 29 iS- 168 Soxpog 180 £<J- 168 Sqcifia 137 v 47 i. n. 46, 101 128, 137 :dg 14, 196 i. n. 260 168 SQSTZCCVOV 79 168 101 155 85 140 Sgig 207, 221 seq. g8o[iai 127 i. n. Sv- 261 s-Sofitv 146 Jt'ij 54 tdog 181 129 ISgatiov 10 as 227 168 ^v(o (num.) 147 77 Sa>- 1 1 5 140 *r, 95 i. n. 169 i. n. dafia 131 i 146 Siigov 139 f&txai 169 ' = itaXaiazTq 287 169 140 137 SOLOL 94
56 (sanguis) 225 £l»£T£ 127 stSojisv 127 elSoig 132 i. n. f-£'?p 144 i. n. 192 elnlov 54 E&otri 102, 275, 278 71 i. n. 12 MJ' 231 -st/lf^o's 71 i. n. ill-q 233 sl%rj%a 151 si'Xrjcpcc 154 244 ai 12 ££>£* 192 ErftEv 146 Etfw 127, 146 dzr^ 230, 272 i. n. DDiUog 164 ca 238 i. n. 23S i 34 233 144 i. n. EiS 46
li'aoficu 129 £i"co 1 2 7 , 148 si'cod-a 168
102, 278 11 169 i. n. 182 i. n. £«oft£r 105, 112 £KOrdf(,(3oia 102, 278 21 228 i. n. 34 ds 157 24 81 81 161 i. n. sXeog 81 i. n. O'V
Registre.
293
etQciyov 180 stQanov 10, 13, 46, 50 ETDflOff 207 iXXog 34 f i W o i ' 153, 174 i'Xfiig 18 evs&ama 169 e[i§Qarai 12 5 165 i. n. iifi.riv.ov 154 156 u'g 279 sv&evicc 168 ijS 137 168 evarog 32 17 263 117 i. n. SQKtXVT] 7 9 « 140 220, 221 280 i. n. 81 i. n. 78 . tjv 167 78 j 156 142 :6g 84 i. n. 220 g 167 156, 171 iviaitsg 10 i, 167 161 i. n. ivvcu 29 seq. 166 i. n. 167 Jvg 169 i. n. tj/os 82 233 sura 281 Ivtaaai 279 55, 34 stpetai 233 i. n. EVTI 190 i. n. 279 g 229 i. n. EvvdXiog 244 i. n. 12 157 t^r'inovTa 143 143, 146 264 £|(o(Ja^o: 169 i. n. 102 E c(3?jv 140 218 129 12 76 21, 128, 146 Q 68 fdg 68 45 Saitsa&ai 11 i%ivog 97 10 eoTtov 9 f'^S 279 i. n. 98 12 100 ov 11, 277 i. n. 149 155 275 149 snrjlvg 202 ds 196, 229 SOTKTO 146 i. n. £jti 93, 109 .feG- (vestire) 173 lazTqv.a 149, 154 em@Xa£ 233 J-saxdqiog 55 savrjfi.sv 146 [Era 166 flnaii 278 sotrjv 146 i. n. 156 > 196, 229 iCTTjca 137 IS 152, 156 228 i. n. saxia 54 181 182 ffffff^c; 21, 128, 182 i. n. 228 i. n. Jf« 68, 81 saavavzai 38 i B. Z£{i 198 169, 173 i. n. E'CJJOV 9 ^Bvyvvjii 22 i. n. 153, 146 'EzsfuvdQm 207 u'zet; 219 187 i. D. £T£OS 207 £%X6\ir\v 9 Zfu^ 198, 213 279 i. n. S7t()u&ov 10 Z^v 41, 198 11 STCzd 29 seq. 41 142, 149, 180, 273 goctoov 73 154 S 154 -stoaas 73 161, 162
SXLKT} 53
v 9 214 22, 166 23 81 130 233 180 67 166
294
Registre.
gvyaiva 45
S-Kysfv 270, 274
fcZr; 59, 156, 164
fufMJ 1 3 1
&CC7CTCO 1 5 8
lyvvg 221
•S'api'vrai 266 Jfflftog 131 £<£vi>vni 112, 115, 154, •9-KJJGOS 1 2 9 , 2 6 3 172 &aaaov 157 •fj§t} 144 i. n. S-so's 81 i. n. 7iyeo(iui 156, 163, 173 &eQjj,6g 76 riyov 156 S'E'pog 119
rjdefa 200 i. n. T]8ofiai. 153, 173, 174 •fjdog 156 TjSvg 181 ^ftpE 169 i. n. Tjofetog 169 jjfl'og 168 •^Y-navog 58
^taJ'fog 75 rifia 140, 141 rj(i«t 143, 181
t'lj^at 71 i. n.
I'Spsv 71 i. n. iS[iasv 132 i. n. ISgvco 168, 180 Wuia 233 I'tfisv 142 &£Q6<sg 129 JJm 45 fijftt 140, 147 ftioig 150 •9-fzog 142, 145, 149, 175 l&vnxlosv 219 i.
n.
&T}yog 156
IKUVTIV
^(Jyco 1 5 3 , 1 5 5
&t]£otiai 169 i. n.
t'xTKg 226 Kl7?*t 190
©•^EW
iudziov 81
156,
181
-&rjna 140 %-rnidv 140
278
•O'fjjroj' 156
fftEV 146 t'^fpog 81 l£ov 234
fl'?J7E(B»' 1 5 6
/|i;s 226
TjflClQ 28
&11GC0 1 4 0
rjji^QOTOv 262 i. n. qfiSQog 144 i. li. rjfiSQTOv 81 i. n. ?3fu' 143 r;(u- 144 i. n. 173 t]fiiovg 286 ^'(ira* 140 -riv£%viciv 71 770s 169 i. 11. rjndo^iai 158 jjwap 18, 28, 225 ^ f f t a 166 'HgiSavog 56 \H9c0 200
fl'tyyai'O) 151 i. n. &iys£v 151 i. n. &fg 133 •&»rjT0g 273, 274
loSvzcpris 129 I'ojisv 1"27 ^O»T- 279 lotrjg 280 i. n. t'oriiog (vermis) 117 i. n. Iovv 200 'Iocp&v "218
rjOaTO 1 5 5
&vydtrjQ 180, 230 •&uga| 99 i. n. d-vto (furere) 261
7]Gv%og 1 4 4 i. n. TJCCO
140
rjZQtov 260
&0LVTI 77
#og£tV 266 ^opro;| 77 &GQWfi,(u 266 -S'ocoKOg 1 5 5
&Q&vog 143 •9"9c;(7ijg 1 2 9 •S'p^j'Og 167 &QOvog 77, 1 0 1 S'gcoi'OfS 167
&asrj 2 8 7
i'ffKfii 147
("ffr/j.ut 143, 147, 184, 238 forcop 132 i. n. io%i 226 lo%lov 226 ftoyjj 155 May«uiKg 104
KaidSag 119 xat'aro; 119 «aii'dg 119 %a(vas 103, 157
»)j;os 164 dasfiog 140, 141, 144, 229 r;<»s 169i.n.215,219,276 &oo%cci 1 5 5 xctita^oi' 59, 182 T^ojaffffo) 155 ftccXXos 181 oJ'ttXog 1 5 6
dapflog 151 oJ'Kj'aTog 273, 274
&cama> 156, 158 ^coiifia 100 ftcoxfrsig 155 S'rai/) 156, 218 lavas 282
jtK^.K'S-og 267 KuXufiog 107 KaAia 267 v-aXov 115 KftAo's 119
Registre. Httiidga 119 •xdfiaQOg 275 nufiuzog 271, 273, 274 •nafisiv 274 Ma'furrj 119
XEpdlOTOg 130
wai'6'agog 58, 183 i. n.
KE'exog 81 xsqpa/lrj 53, 285 y,£%av8a 152 jtE^ado; 158, 169 KrjSog 156 K^'iJto 153, 176
JtCOTTOO 1 5 8
wr\v.io> 176
Kanva 103
« ^ 16, 224 Jtrjpdg 143
w.avd£
HCC1t(OV 1 8 0
HapSia 16 ttagr; 267 i. n. ««ppa 288
M^TOg 156
295 99, 108 %6VTOS 76 MOJTTJ 233
103 112, 164, 180 110, 115 100 g 86 111, 253 i.n. 262, 263, 288 KOQGO- 78
xdfffiog 108, 1 7 3 , 180 xfxt>g 180 MotTctfiog 180 *ivia> 187 i. n. 101 HttQQCaV 1 1 1 "Aivvxai 187 i. n. 279 i. n. jttt^fftg 15 v.i%dv(a 144 i. n. 224, 259 MagTK/los 101 Kt'CTfH 141, 144 i. n. XQUIVCO 1 0 1 MCprdg 14 X/lfDcdfiE'9-a 129 107 •xaQxaQOg 17 xXtjts 1 0 1 , 169 i. n. 182 271 KarapMorg 224 -xJ.7JT0g 2 7 1 130 v,UT7]Sa 168 x^oidg 1 0 1 130 Ma™ 102 •uXovig 1 1 0 , 1 1 2 , 1 1 5 53 xaj^aSeo 158, 169, 171 v.lva> 160, 161 130 xa%i?ji i o i «id£/?
296
Registre.
KCOTlTj 1 5 5
Xt\Ti%6g 1 5 1 , 157
v-coyog 164, 180 Xafeiv 151, 153, 173 Xaydsocu 166 Xayeivd. 283 Xay%dvco 103, 151 Xa&siv 153 Xa&pa 157 Aanaiva 45 Xafifldvco 1 5 1 , 158
lijpos 60 i?joofi«i 153, 155 ^jjrco 200, 213 At\xoi~ 200 JjjTOt" 200, 214 Xijifioiiai, 1 5 1 , 155 li'^st 161 Xifigog 157 ^iftrjV 131, 220, 229 Xifiiv&eg 18
Aaft7TTOS 151
At-fil ij OO
Xd[iipo[Lcu 151
lifindvu 151, 158 Xizoiiai 160, 161 Xoy%r] 103 /lotydff 83 Ao^udg 75 iloirds 7 5 , 76 Xo^og 78 lo'i'ffoj' 84 i. n.
HKXEtV 1 5 3 , 162
AavS-apa) 6 1 , 1 5 1 , 158 XaTtZVrjQ 2 2 0
^Kjrro) 158 Xdoxco 159
iat>- 78 Xavnocvirj 17, 2 5 , 99 Xcivftuvrj 25, 99 ia^Etr 151 Xd%vj] 263 iaco 160 i. n. JU'tftro: 116 i. n. Xei%T\v 219, 229 Xe'nzQov 133 XeXctfSeG&cti 154
XvyQog 157
X«xos 99 Xvfiaivofiai 75 iv^.»j 75 ^tJfti'ds 115 i. n. Xvmrj 233 i. n. ivffjtajft 84 i. n.
XsXa&ov 154 /if^KHOl'TO 154 AsXaxwa 155
Xvm 1 6 1 , 2 6 1
XeXcco&cci 155
Xcoydg 156
ta^acfifVos 153, 155 XeXeya 7 1 , 73 if'XftjrrDfi 71 Xe'Xrj&a 153, 154, 155 Xs'Xrjv.a 135, 154, 159 Xe'loyKs 73
fiGiJca) 56, 172 fia&etv 152 ftK'&os 156 [laivofiai, 182 fiai'ofiaj 137, 138 i. n. fiaitsiV 161
Xe'Xoy%a 1 0 3 , 151
flttKOJVCO 1 5 5
Xe'ficpog 2 8 6
fitrapds 6 3 , 156, 157 fiKi^oj» 157 jiavSga 287 fiai'fl'aj'w 1 5 1 , 152 (idvxig 182 (t«9KV(j.«t 266 itttpTtiD 207
Xevy.6g 8 1 X7]y(a 166 ^•froo 6 1 , 1 5 3 , 158 ilrjifs 1 8 1 Xrinixa 1 5 6
Xv%vog 229 i. n. /lco(3»j 1 5 5
Haocco[iat- 61 fiaaeov 157 fidaaa) 56 fidara^ 99 fiacjjaAij 101 ^Krrje 137 jiatiov 142 -ftarog 23, 272 i. n. fiarvcti 99 (LIK'CT 233 i. n.
ud%Xog 100 fidxopai 160, 161 fie'yag 5 3 , 54 fie'Sifivog 80 ftf^Tj 233 ji£>t) 282 fieicov 130 jXE^E (to) 8 1
iieuayiviat 155 tLetiapev 270 fiijiciTOv 21 jispaviu 21 pili§XiTai 11 ^tffl^KCrlb 154 jjbe'[irjXa 169 fi£aj]va 182 -fifvai (inf.) 92, 204 fi£K£rds 273 fiEvd-^Ofl 152 -fifvo (suff.) 88 jieaoS^rj 233 fietafiiovtog 138 i. n. [lEzeQQog 46 fi£T>jopog 169 i. n. [IS'ZQOV 142
(ijjxtOTOg 156 fti^xog 137 i. n. 156 fHJxrov 143, 231 (iipis 182 ftrj-rvjp 6 1 , 65, 230, 23 [irjztg 143 Mt]ZQC0 200 f<%os 60, 156 fiiK 46 Hiavriayiw 270
297
Registre. 10, 11 i. n. 130 84 270 poixog 76 fiOMgrai' 109
poleiv 265 85 85 106, 114 285 266 78 jiogtrj 76 101 76 100 266, 267 266 j 99 155 v- (suff.) 131, 219 285 54 233 i. n. 101 vavayog 156 yatfoj 54 vavco 54 varo 64 83, 277 i. n. 219 210 133, 199 vsvorcu 112 i. n. viiuq 281 228 i. n. 156 54 68, 82, 211 227 t. n. 67, 129, 281 vsai 54 »>^©(o 141 vrjia 140
169 i. n. vrjeog 101 vrjffoa 5 8 , 272 fdtt 103 vo&os 156 vofidg 156 ro'os 54, 108, 112 i. n. v'oaog 78 vdnqpt 179 i. n. Norog 101 vvxxtnp 196 i. n. vti/iqpa (voo.) 93, 135,217 vvi, 9 9 , 100, 114,' 180, 227 vrn 111, 147 j'eoyaioi' 156 j'oaJ'rjs 156 J'COTOf* 1 0 5
181 81 78, 79 « 93 d- 278 oap 218 i. n. oyxos 104 oyfiog 102, 103, 139 i. n. oSuico 101 oSsqoe 181 ddou's 279 ojog 115 ojos '^Qijog 103 ojm 96, 115 6'S-»j 233 i. n. 6>ofiKt 112, 160, 161 olSa 71 OI'JJ 28-2 i.
n.
o&oi 91 otxos 83 oljia 131 or^os 77 otvooip 214 otojiai 112 otds 201 oi's 114, 201 138 i. n.
olancoxri 138 i. n. OHTTpOg 1 0 1
olava 231 olcovog 101 oxvos 77 OK- 115 dxra- 30 i, n. 6-K.ra 109, 114, 147 oXfiog 103 olsifav 130 d/lEx^avov 276 6^K«S 156
oftaids 100 Ofippog 97, 277, 27S d u p V 101 11*2, 244 233 95 idg 180 104 137 137 97, 99 ovx- 279 6Vt)| 97, 99 ova> 100
o|u's 108 djracoj' 109, 114 O71L&SV 1 0 9
onris 109 dirds 115 6Q- 110, 265 ooyccvov 79 opyij 263 oqyvia 207 216 263 79 115 266 i'og 264 83 rfe 167 73 115
298
Registre.
itavdrjfiei 91 opffo 253 i. n. 265 •Jidoybtti 119 i. n. dpoo- 262 i. n. jrapa 107, 111, 267, 268 ogcpccvog 115 7l&QCcR\(dib 2 1 4 'Ogcpevg 262 i. n. naqai 268 jrapaiEljojjcu 129 oqyvrj 77 7rapa'ua 114 op^afiog 103 dp^f'oftat 262 i. n. JTKpjji'OJ' 1 1 4 0Q%ig 262 i. n. Ttaq&ivog 101 ndqog 267 oaiog 279 ooos 97, 114, 225, 226 TIuQQctoia 34 dcffijrjjp 109 nrag 119 i. n. oaracpig 101 jraff^oi 6 1 , 152 oaxsov 225, 226 TTarapo: 55 oaxivog 226 jtar/jp 175, 180, 230 i. n. OGXQBOV 226 nd-vog 24 6'tiog 228 i. n. mxrgdoi 18, 209 drra^og 180 naxgoyixovog 85 ovS'ap 18, 225 rcaTedxTovog 85 ovXafiog 75 TlaxQco 2 0 0 ov^og 263 7taxQ0)V 209 wfifupog 60, 181 ovgavog 181 wKjiug 23 oiipog (ventus) 101 ovg 114, 224, 225 WE'^TJ 2 3 3 ovaia 45 nsSov 81 ovraro 101, 138 i. n. jiEipap 221 i. n. oqjtg 277, 278, 279 i. n. itsXaaaai 271 otpXoi 228 i. n. TTEXE^Og 8 1 ]. 11. o%avov 79 7TE'iEKDg 1 3 3 OJ;ECO 7 3 , 129 nslsfii^co 267 OQQWSSLV 104
6x&£
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nsXfia 132 JtE^dg 81 nifinxog 32 ns'vd'og 129, 152
o%og 129
6> 97, 203, 214, 217 TtuysQOg 157
TTff&Ew 2 0 , 2 4 , 6 1 , 1 0 3 , TtBVXB 3 1
152, 279 i. n. nd&og 129 i. n. Ttaig 101 iraKidco 157 TiaXdfirj 267
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7taJ.t'j'opffog 78 TCccXi'vxovog sr>
jrafta 137 navSaiidTtoo
TTEVT^KOrTK 1 4 3
273, 274
12
it£noG%u 103 nsnoxai 149 JI£7tT7)(Bg 140 JtE'jfTroxa 140 JTEITCO^
219
Tciqacai 266, 271 JZEpttKOg 1 7 , 8 1 7tSQY.og 8 1 TtSQV^flL 2 6 6
ile'ppofjxog 46 IIsQaeqiaxxcc 203 SIEWT^ 219,
229
»£«'910fiG!l 67 JIEUXTJ
233
TtBcpavzat {cptvj 21 i. n XBCpaxai 21 nscpsvya 71 i. n. jrfqpj7 1 4 8
itBcpijva 154 nscprjosxai 148 jrijy/ia 156 Tir/yvvfii 59, 152 jrrjHTOg 157
jrij^o! 144 i. n. 152 jr?j|at 152, 155 7C7]£(O 1 5 5
jrqpdg 60, 181 n^'crag 152 7T7]GO[lCCl 1 5 2 3T(JTT(B 1 5 S
TTJ^ug 9 6 , 173, 199 jrtxedg 157 itifiTtXajiBV 13, 253 jrtVio 180 mmVjxco ISO ninxa 11, 140 Ttiaxig 230 irtqpavoxa) 182 nicpqdvai 13 Jttcoj' 219 JT/laitoi' 271
ni%sia(iai 71 •ninr\ya 154
JT^Efl'pOl' 16
7tt:7T0QCt(>[lEV0g 1 0 1
5T)IEIS^(MJ'
7l£7tO6&£ 22
^ E u p c J 132 i. n .
3rJ,aTug 16 132
nhr\cov 169 1. n. nXrjOiov 271 7cXov.a(iog 75 xXovzog 76 nXcam 67 TOHJ-97, 134,213,215,217 no&og 103, 279 i. n. jroiftcai'co 45 jroijtrj* 131 i. n. 220 itoifivrj 33 noi/iviov 45 i. n. flotvjj
74, 7 7 , " 7 8 , 138
Registre.
299
wpanvog 17 Ttqdaov 17 Jigardg 271, 272 nqeiyevzavg 40
7TQ066G) 1 1 1
166 (tingere) 166 81 QTjysvg 166 153,166 i.n. 167 166, 173 144 i. n. 166
wpoffcoTraTo: 29
QOSOV 97
TCQTivrig 1 0 7 , 2 6 7 i. u .
Ttgofiaaig 180 ^d^aTov 114, 180
jcpoTt 1 1 1 , 1 1 3 , 114 zcQocpQaeau 29 7CQOVVV 2 2 1
noXiog 105 jrdiig 264 17diu|3og 213 noXvvxQU 100 i. n.
IlQcozsvg 156 nzuiQca 103
itoXvQ(>j\v 196
7TT0iH(uv 1 5 3 , 2 8 5
jroiUig 264 jnUiJcpaj'Og 138 i. B.
JtT^Kl. 155 nz-qeaa 153, 157 nzoicc 101
nd(i« 137 nopcpoXvt- 264 jrdiraroi; 79 IIOQSLV
265
jc^ro'i'og 2 6 3 TT^rox'irog 262 l. n .
TtToit'jtop'9'Og 85 i. n . TTTO^^Og 1 0 1
TiTOqjiog 103
rodpxog 110, 115
xzafia 140 i. n.
jiopva^fj'
OTTOOI 156, 218
266
•noqvri 78, 266, 272 noQovxsg 267 noqna^ 167
164 18 103, 285 po'og 80 QOitaXov 101 QOTtXQOV 1 3 3
QOcpem 74 99 167 i. n. 264 Eg 99 i. n. 164 153, 169 167, 229 214 233 i. n.
OCU'QCO 1 8 1 nzaang 140 i. n. oo>7tf[Vtti 1 5 3 , 1 5 4 arra^dg 155 aanqog 56, 157 nvyfiri 229 i. n. 7ZOQQG} 1 1 1 nv&iinv 131, 220, 229, Gazzco 157 itOQTl 1 1 1 aavKog 286 232 jropTtg 263 eccvGccQog 69, 84, 183 i. n. nvXr) 99 7lO{i(pVQCQ 2 6 6 286 JIVfiOITOg 1 1 0 IloasiSdcov 227 TfW'S'CVOWKt 1 5 1 aegcpog 81 •noe&rj 110 Ttvvog 110 GEGagvia 155, 181 jro'otg (conjux) 96, 97, 98, TMO^CC 1 3 7 ocarina 154 114, 227
300
Registre.
-TKT: (suff.) 285 czl%eiv 161 xaxog 23, 272 i. n. Gzliog 228 i. n. GtiXrjQog 2 7 1 crop- 111, 263 i n. 26.rxucpziv 151, 161 zacpr] 233 G-Aoiog 1 0 1 , 112 crdpj'^fif. 266 xu%vg 157, 181 GxoXiog 101 Gzo%og 279 i. n. 168 ationsco 73 Grpa(3o's 228 i. n. a 155 120 i. n. 101 149 260 BS 101, 112, 120 i. D. 181 101 129 151, 154 GZQO7ZCC 1 0 0 GxcoXrj^ 167, 1 8 1 ev 273 GHCO71XCO 1 5 8 Grpdros 100 169 i. n. oxojp 225 85 50 GHCQIp 2 1 4 i] 266 y- 155, 159 G^imSii, 138 o's 260, 263, 266 ^ J 91 GfAWVT] 138 Gzvytiv (aor.) 101 crotJrca 127 i. n. 138 oo^dg 103 (suflf.) 286 tog (cret.) 119 i. n. Gizdvtg 142 -Mtpc; (suff.) 212 i. n. 137 103
GHIQOV 1 1 3
136, 137 137 <m'/?og 228 i. n. 229 i. n. 157
di' 229 i. n. rctQGog 228 i. n. 17 0 zdaaca 158
-ZSQO (suff.) 89
53, 119, 210 21
*xsxsKd(iiv
71 i. n. 134
301
Registre. T£TSV%U 71 i.
n.
OS 14
154, 159 TQOtpig 85 v 12, 149 85 74 233, 277 i. n. cn 266 TQioyco 153, 180 71 i. n. TQOJVVVO) 244 77 165 i. n. 214 111 i. n. 277 i. n. Q 263 %V%ELV 1 6 1 156 TJJXTOg 1 5 7
63, 153, 163 155 og 142 v 142 140, 143, 147 xivvxui 244 45 266 190 tlij(iia* 137, 270 d 153, 154 153 up)rds 269—272, 274 TO 92 TOI' 93 TOtjjo? 80 TOKKg 156 TOVOS 80
ro'gov 78, 108 tdpyoj 262 i. n. TOQEIV 265, d
266
74
91 zocpitov 111 i. n. TQdvrjs 267 i. n. zqdnslog 17 50 55 55 271 278 278 i. n. 213 69 xqovog 262 i. n.
cprjfia 137 138 146, 147 137 -ip7]T(DQ 137 qi&dfjiEvog
146
-qsO'agroff 14 epfl'sieco 157 i. n. T^HOJ 228 i. n. cp&qeoficu 137, 143 vulrj 117 i, n. d 112 •uyt?7S 212 i. n. 280 i. n. 112 vSco 280 i. n. 165 i. n. vdcoQ 225 tj' 161 vXdat 60 vfirtv 131 cplsyco 173 i. n. Vfivog 34 9^d| 217 rail 102 yofieco 73 •irasj} 89 qpotv^xavg 40 ' 264 cpoivog 78 qoo^ds 164 Q 282 i. n. cpogfiv 86 vnvog 77 sm 73 •UJTO 102 16 85 s'oi' 167 i. n. u's 264 131 i. n. rpgaai 26 •wrS-oV 280 i. n. 230 (pay- 8 3 , 96, 116, 154, J)V 26, 219, 229, 288 161, 173, 177, 85 cpuyetv 154, 161 cpQovtig 76 i. n. qpcifo: 169 i. n. 182 (j)u- 261 sv 146, 147 qpvyij 233 107, 268 9 « | t S 230 i, 267 (JPtiQa) 266 55 cpaym 110, 115, 153, 163, 149 164 qpartff 150
302
Registre. 60 150
%axig 150 %avvaq 54
7j 102 i. n. 227 151 133 14, 81 101, 218 81 229 212, 218 233 jjiUfgdj 55 %lovvr]g 262 i. n. %6uvog 79 ? 79 263 i. n. 264 262 i. n.
115 ipnxa 155 1} 262, 263 i. n. 264 ipvdgog 157 138 264 TpCOQU 1 3 8 • 76, 77 ipa>xog 1 5 5 Xovg 217 ipci>xto 1 5 5 i. n . 264 i. n. co/3a? 2 8 2 i. n . 142 toSCg 1 6 8 182 oo^fco 112, 164 85 convq 108, 156, 172 220 i. n. 166 276 XQvoog 263 i. n. 265 276 264 i. n. 168 264 i. n. 155, 172 131 104, 115 X(£o[iat, 153, 173 covrjaa 137 138, 156 78 I 267 138 i. n. 129, 2 0 1 , 220 156. 157.
RENVOIS. Lat. sanguis 28 i. n. 225. Skr. sasavan 22, 35.
Errata. P. 17, 1. 5 d'en haut, P. 20, note 3, P. 22, 1. 16 d'en haut, P. 28, 11. 2 et 4 d'en bas, P. 61, 1. 6 — P. 65, 1. 7 d'en haut, P. 70, 1. 4 — P. 79, 1. 1 d'en bas, P. 86, 1. 12 — P. 92, note 2, P. 107,1. 7 d'en bas, P. 113, 1. 2 d'en haut, P. 125, 1. 1 d'en bas, P. 166, 1. 3 — P. 207, 1. 5 — P. 228, note, P. 229, 1. 8 d'en bas, P. 254, 1. 8 — P. 256,1. 10 d'en haut, P. 272, 1. 4 d'en bas,
lire fornus
— la «vriddhi»
au heu de * fornus. — le «vriddhi»
— (Jwjfiat — rjiiccQ
— — — —
vieux latin svotjaintimement la regie
— difference — allusion
— —
vieux-latin. svotya-.
— —
intimement. le regie.
— — — —
differeneie. allusions. chaya. vent.
— chayd — veut — rac. XtiY, gr. I riyca —
r a c . Xv)Y.
— yantur
—
yantur.
— — — —
—
195.
— — —
fro. uti. *gw>.
196 gro uti *gn°
NECROLOGIE. FERDINAND DE SAUSSCRE.
Parmi les savants qui, de 1875 a 1880, ont renouvete la grammaire compare'e des langues mdo-europe"ennes, il n'en est pas qui ait apporte plus d'idees neuves que Ferdinand de Saussure, ni dont 1'influence ait e'le' plus profonde sur tout le developpement ulle'rieur. Apres plus de trente ans ^coules, les id£es qu'exprimait F. de Saussure dans son travail de de"but n'ont pas e'puise' leur fecondite\ Et pourtant ses disciples ont le sentiment qu'il n'a pas, a beaucoup pres, tcnu dans la linguistique de son temps la place que devaient lui valoir ses dons ge"niaux, et il leur semble que sa mort, premature'e certes, mais survenue cependant apres de longues anneesd'activit^, a priv6 les linguistesdun grand nombre de vues capitales. Ferdinand de Saussure est n6" le 26 novembre 1857, dans une de ces maisons de gentilshommes franc,ais refuges a Geneve ou la plus haute culture intellectuelle est depuis longtemps une tradition : le celebre naturaliste de Saussure e"tait son grand-pere. Apres avoir fait a Geneve ses etudes secondaires et y avoir commence en 1875-1876 ses etudes universitaires, il a ete, par une heureuse inspiration, conduit a 1'Universit^ de Leipzig ou il est rest£ durant quatre semestres : 1876-1877 et 1877-1878; aupres de G. Gurtius, qu'etonnaient les id^es nouvelles, se groupaient alors de jeuncs maitres qui transformaient la grammaire comparee : M. Leskien, qui veuait de recevoir une chaire de slave, M. Brugmann, privat-docent et qui devait un jour succeder a Gurtius, Osthoff, Hubschmann, M. Braune. C'est dans ce groupe jeune et actif que s'echangeaient les idees et que se preparaient les travaux qui devaient, en peu d'annees, donner a la grammaire comparee des langues indo-europe'ennes uu aspect tout nouveau. L'dtudiant de vingt ans qu'^tait alors F. de Saussure pouvait se meier en e"gal aux ^changes de vues qui se produisaient. Je tiens de lui qu'il avait deja reconnu, en apprenant le grec au gymnase, que 1'a, dans les cas tels que grec ronos, ne pouvait repre'senler an I re chose qu'une nasale : 8.
116
NECROLOGIE.
il avait ainsi devine la de"couverte des nasales voyelles, qui est un des premiers beaux titres scientifiques de M. Brugmann. Des le 13 mai 1876, il e'tait entr£ a la Soci^te de linguistique; des le i 3 Janvier 1877, on commencait a donner a la Socie'te' lecture d'une longue communication du nouveau membre; et les fascicules du volume III des Memoires de la Sociele", imprimes en 1877, renferment plusieurs articles du jeune auteur. Les premiers de ces articles, celui sur le suffixe indo-europe'en -t-, celui sur les verbes latins en -eo, sont encore en partie engage's dans des theories de I'e'poque anterieure, et ce sont des ceuvres de jeunesse, maintenant caduques en grande parLie. Mais deja 1'article sur le traitement du groupe -tt- en latin est d'une fermete" singuliere. Et le grand memoire sur les diflerents a indo-europe'ens, qui a cite" lu dans la stance du 21 juiilet 1877 et public dans les pages 359-370 du tome III des Memoires, apportait une ddcouverte decisive : la preuve de 1'antiquite' indo-europeenne de 1'opposition e et a, 0, par le fait que les gutturales sont repre'sentees en Sanskrit par des palatales telles que c devant un ancien e, par des gutturales telles que k devant un ancien a on 0; F. de Saussure ne devait pas etre le seul a attacber son nom a cette trouvaille qui trancnait de maniere definitive une longue contestation et qui donnait une base solide aux nouvelles theories; M. Gollitz la publiait de son c6te" vers le meme temps; d'autres encore la faisaient ind^pendamment. Mais ce que seul pouvait un esprit capable d'ordonner toutes les trouvailles de detail et d'en faire un systeme, c'etait de poser dans son ensemble la theorie du vocalisme indo-europe'en. Un an plus tard, en decembre 1878, au moment oil il venait d'avoir 21 ans, 1'e^udiant de six semestres publiait le Memoire sur le systeme primilifdes voyelles dans les lungues indo-europeennes, dont le titre porte la date de 1879. F. de Saussure suivait alors, a Berlin, les cours de Zimmer et de M. Oldenberg. Mais 1'eleve avait toute la maturity d'un maitre. Voici le principe de la doctrine. Toules les alternances vocaliques qu'offrent les anciennes langues indo-europeennes sont ramene'es a celles d'une seule et meme voyelle qui, tantfit a la forme e, tant6t la forme 0, et tantot manque tout a fait. Ge que Ton appelle les voyelles i et u, ce ne sont pas des voyelles proprement dites: ce sont les formes vocaliques de sonantes qui apparaissent ailleurs sous la forme soit de seconds elements de diphtongues, soit de consonnes y et w; les voyelles i et u ne sont que des y et w voyelles, paralleles a r, I, n, m, en regard des consonnes r, /, n, 7)i. Mdme les voyelles a, e, 6 des types tels que iald^i, ld S/S du grec se ramenent au type general: tout se passe
NECROLOGIE.
117
comme si elles e'taient composes de e (alternant avec o, ze'ro) et d'ua e'le'ment special, qui apparait a 1'dtat isolc, eu Sanskrit comme i, en latin comme it, en grec comme a, e, ou o, a savoir le type dc skr. jnldr-, gr. -matep-, lat. pater-. Le vocalisme indo-europe'en e'tait ainsi reduit a un systeme rigoureux ou toules les aiternances rdgulieres employees dans les formes grammaticales trouvaient leur place naturelle, et qui s'impose par la m^me a I'esprit avec la clarle de I'evidence. La the'orie de 1'ele'ment qui est repre'sente en Sanskrit par i, en latin par a, etc., conduisait a poser des racines dissyliabiques dont cet element constitue la seconde tranche; toute une serie de formes des sonantes, les sonantes crlonguesn, e'taient expliquees par la. Les verbes Sanskrits du type punciti et grecs du type hdjxvaixt etaieut tout e'claire's par cetle doctrine : ils entraient dans la seYie du type skr. yundkti, qui, du coup, se ddnoncait comme ayant une antiquite' mdo-europe"enne, bien qu'il soit atteste dans le seul groupe indo-iranien. La de"couverte du systeme des voyeiles indoeurope'ennes trouvait sa ve'rification par ceci, qu'elle permettait pour la premiere fois d'interpreler correctement de nombreux faits et de phone'tique et de morpliologie. Rien ne trahit la jeunesse ou 1'inexpe'rience : les faits utilises sont nombreux, et ils sont cites avec une admirable surete; 1'auteur avait des lors une erudition immense, mais deja il savait aussi n'en montrer que juste ce qui dtait nfeessaire pour le sujet etudie. Jamais, ni avant ni apres le Memoire, il n'a para sur la grammaire compar6e un livre si sur, si neuf et si plein. Le Memoire a suffi pour classer du coup F. de Saussure parmi les mattres de la linguistique de son temps. Mais il n'a pas produit aussitot tous ses effets. Des linguisles, qui avaient avant lui Etudie le vocalisme et qui n'y avaient vu que desordre, reprochaient au systeme de F. de Saussure d'etre fait a la regie et au compas, comme s'il n'existait pas dans chaque langue un ordre rigoureux. D'autres empruntaient au systeme telle ou telle de ses parties, sans s'apercevoir que tout s'y tient et que les fragments, de'tache's les uns des autres, perdent leur signification. Le premier livre de grammaire compare'e, publie en Allemagne, ou il soit completement tenu compte du Memoire et oil les r&ultats en soient estime's a leur prix est ¥ Ablaut de M. Hirt, en 1900. La dissertation de doctoral, apporte'e a Leipzig, en fevrier 1880, fait un singulier contraste avec le Memoire. Autant est vaste le sujet du Memoire, et autant les theories qui y sont soutenues ont de portee pour toute ia grammaire compare'e et, par le caractere de regularite7 reconnu aux faits de laugue, pour toule la linguistique, aulant la dissertation,
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De I'emploi du genitif absolu en Sanskrit, parue a Geneve avec ia date de 1881, est un simple article technique. F. de Saussure s'attache a y determiner un emploi particulier, assez peu frequent, d'un cas en Sanskrit classique. Le travail montre quelle e"tait la solidite des connaissances dc 1'auteur ct quelle £tait en Sanskrit 1'dtendue de ses lectures. Ge devait etre le dernier ouvrage public par 1'auteur. A la rentree de 1880, F. de Saussure se fixe a Paris, oil il trouvait des linguistes qui deVeloppaient aussi les id6es nouvelles : M. L. Havet, James Darmesteter, Bergaigne, d'autres encore. Des le h d^cembre 1880, il prend part activement aux discussions de la SocieHe de linguislique. A la rentree de 1881, M. Bre"al, toujours empresse" a ouvrir la voie aux jeuues talents, abandonnait sa conference de grammaire comparee a I'Ecole des Hautes Etudes pour lui faire place: et le 5 novembre 1881, F. de Saussure etait charge" d'enseigner a I'Ecole la grammaire compared des langues germaniques; son titre a e"te 61argi ensuile, et le titre de grammaire comparee purement et simplement restitue". Le 16 decembre 1882, F. de Saussure devenait secretaire adjoint de la Societe" de linguistique, en remplacement de M. L. Havet, qui abandonnait ses fonctions. Jusqu'a son depart de Paris, les proces-verbaux des seances ont e"te re'dige's par lui, avec la ferme elegance qui lui e"tait propre; mais ces proces-verbaux ne rappellent que trop rarement les observations par lesquelles, avec une discretion et une courtoisie exquises, ou se devinait souvent une douce ironie, F. de Saussure indiquait les points faibles des communications qu'il venait d'entendre ou en marquait I'inte'ret. F. de Saussure n'a donne a 1'Ecole des Hautes Etudes que neuf annees d'enseignement, d'abord de 1881 a 1889, puis, apres un an d'interruption, une nouvelle annee en 1890-1891. Mais, durant ce peu de temps, son influence a e"te immense : pour ne parler que des purs linguistes, L. Duvau, G. Mohl, morts avant le temps, MM. M. Grammont, G. Dottin, P. Boyer et le signataire de ces lignes ont forlement subi son action. F. de Saussure e"tait, en effet, un vrai maitre : pour 3tre un maitre, il ne suffit pas de reciter devant des auditeurs un manuel correct et au courant; il faut avoir une doctrine et des mdthodes et presenter la science avec un accent personnel. Les enseignements particuliers que I'^tudiant recevait de F. de Saussure avaient une valeur ge"ne>ale, ils pr^paraient a travailler et formaient 1'esprit; ses formules et ses definitions se fixaient dans la m^moire comme des guides et des modeles. Et il faisait aimer et sentir la science qu'il enseignait; sa pense"e de
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poete donnait souvent a son expose" une forme image'e qu'on ne pouvait plus onblier. Derriere le ddtail qu'il indiquait, on devinaittoutimmonde d'idfe geneVales et d'impressions; d'ailleurs, il semblait n'apporter jamais a son cours une verite" toute faite; il avait soigneusement prepare" tout ce qu'il avait a dire, mais il ne donnait a ses ide"es un aspect de'finitif qu'en parlant; et il arre'tait sa forme au moment me'me oil il s'exprimait; 1'auditeur e"tait suspendu a cette pense'e en formation qui se ereait encore devant lui et qui, au moment me'me ou elle se formulait de la maniere la plus rigoureuse et la plus saisissante, laissait atlendre une formule plus precise et plus saisissante encore. Sa persoune faisait aimer sa science; on s'etonnait de voir cet oeil bleu plein de mystere apercevoir la rdalite avec une si rigoureuse exactitude; sa voix harmonieuse et voilde 6tait aux faits grammaticaux leur se'cheresse et leur aprete"; devant sa gr^ce aristocratique et jeune, on ne pouvait imaginer que personne reproehe a la linguistique de manquer de vie. A partir de 1891, c'est a 1'Universite' de Geneve, sa patrie. que F. de Saussure enseigne le Sanskrit et la grammaire compared; dans les dernieres ann^es de sa vie, il avait de plus accepte" d'y enseigner la linguistique gene'rale. Get enseignement a produit de nouveaux disciples, dont deux se sont deja fait un nom : MM. Bally et Sechehaye. Quand, en juillet 1908, quelques-uns des anciens eleves de F. de Saussure, auxquels s'etaient joints d'autres savants, lui out offert un recueil de Melanges public par la Societe de linguistique, ils n'ont pu indiquer assez par la leur dette vis-a-vis de leur maitre. Pour ma part, il n'est guere de page que j'aie publiee sans avoir un remords de m'en altribuer seul le merite : la pense'e de F. de Saussure etait si riche, que j'en suis reste tout pendlrd. Je n'oserais, dans ce que j'ai ecrit, faire le de'part de ce que je lui dois; mais je suis siir que Fenseignement de F. de Saussure est pour beaucoup dans ce que des juges bienveillanls ont parfois pu trouver a y louer. Apres le Memoire, qui n'a du sans doute sa publication qua la belle hardiesse de la premiere jeunesse, F. de Saussure n'a plus estime avoir pousse assez avant la theorie d'aucun fait linguistique pour 1'exposer au public. 11 n'etait pas de ceux qui se balent de publier leurs idees avant de les avoir muries, avant d'en avoir fait un systeme complet et coherent et d'avoir rendu compte de toutes les difficulles. Trop soucieux de faire ceuvre definitive, il n'a plus rompu le silence que pour publier des notes assez breves, souvent de simples bas de pages des Memoires de la Societe de linguistique. Ses derniers articles n'ont sans doute paru que par suite
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de I'obligation ou il se croyait tenu de donner quelques pages a ceiiains recueils; le scrupule avec iequel il tenait sa parole, le zele avec lequel il s'associait a des manifestations collectives e"taient touchants pour qui savait avec quelie repugnance il se de'cidait a toute publication. Ses principaux articles figurent desormais dans des recueils de melanges: Melanges Graux, Melanges Renter, Melanges Leskien, Melanges Nicole, Melanges L. Ravel, Melanges Thomsen; et il est permis de se demander si les belles recherches sur les de'placements de 1'accent lituanien auraient jamais e'te' m e W indiqudes au public, sans le Congres des orientalistes de Geneve ou F- de Saussure, 1'un des organisateurs, se jugeait obliged de faire une communication. Ce n'est parfois qu'une question pose^e par hasard qui laisse entrevoir avec quelle connaissance des choses et avec quelie fermete" de pense"e F. de Saussure envisageait certains sujets; ainsi les noms de parente, sur lesquels on peut lire une note de lui dans A. Giraud-Teulon : Les origines du manage et de la famille (Geneve, i 8 8 4 , p. 4o,4-5o2). Ces trop rares publications, arrachees a la conscience scientifique de 1'auteur par le sentiment de certains devoirs, ont e"te" riches de re'sultats nouveaux et capitaux. En i 8 8 4 , dans les Melanges Graux, F. de Saussure met en evidence le principe du rythme des mots grecs : les successions de trois breves tendent a e* tre eVitees par la langue. L'originalite de la remarque consiste en ceci, qu'il ne s'agit pas d'une formule phone'tique rigide, mais de la constatation d'une tendance qui se fait jour par des moyens varies. II a sufii d'etendre cette constatation au Sanskrit, et sans doule aussi au latin, pour determiner le principe fondamental du rythme indo-europeen, qui
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et delicate, de la syllabe. De la constitution meme de groupes tels que -etro- en indo-europeen, il requite que -elro- et -eltro- e"taient indiscernables, et par suite que, devant un mot tel que *bhitro-, on ne saurait dire s'il faut couper "bhi-tro- ou *bhit-ro-, c'est-a-dire si la racine est bin- ou *bhid-. La derniere seYie de petiles notes que F. de Saussure ait donnee aux Memoires est celle du volume VII, pages 72-93, en 1889; elle est toute pleine d'observations ingenieuses sur les faits les plus varies. Au volume IV des Indogermanische Forschungen, de'die' a M. Leskien, a et6 donne'e unc etude Sur le nominatif pluriel et le genitif singulier de la declinaison consonanlique liiuanienne (p. 456-/170). G'est un modele de critique des textes lituaniens du xvie siecle : ccLa valeur d'une forme est tout entiere dans le tcxte oil on la puise, c'est-a-dire dans 1'ensemble des circonstances morphologiques, phonetiques, orthographiques, qui 1'entourent et I'e'clairentn. Des ce moment, F. de Saussure travaiilaita la question de 1'intonation et de 1'accent en litnanien, dont il projetait de faire un expose complet. Le 8 juin 1889, il fait a ce sujet une premiere communication a la Society de linguistique, sur les relations enlre 1'intonation et la quantity. Une seconde communication, faile en septembre 189/i, au Congres des orientalisles de Geneve, apportait la regie relative au deplacement de 1'accent en lituanien en fonction de 1'intonation. Le livre annonce n'a pas paru, et Ton n'aun aperc,u du systeme que F. de Saussure avait constilue", el qu'il n'a pas trouve assez achev6 a son gre, que par deux articles : un article developpd, commence au volume VIII des Memoires (en 189 4 ) , ou il est e"tabli en quelles conditions apparaissent a 1'inlerieur des mots lituaniens les deux intonations, douce et rude (cet article n'a jamais ete termine', et il est le dernier que F. de Saussure ait donne aux Memoires); puis un resume", tres condense\ de loutes les regies relatives aux de'placements de 1'acceut lituanien, dans YAnzeiger annex^ aux Indogermanische Forschungen, VI, 157-166. L'article et le resume ont servi de base a tout ce qui s'esl fait depuis sur raccentualion liluanienne, et ils ont illumine" du meW coup 1'intonation lette et 1'accentuation slave. Mais rien ne remplacera I'expose' que F. de Saussure aurait pu faire lui-meme et qui aurait mis un ordre definitif dans un sujet particulierement embrouilie\ F. de Saussure redoutait par-dessus tout de voir gacher les questions de ce genre par des indications partielles qui, ne portant que sur des details du sujet, presentent tout sous un jour faux. II n'y a pas de verite' scientifique hors d'un systeme complet ou tons les faits sont mis a leur place
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juste. Faute de 1'expose" de F. de Saussure, l'accentuation iituanienne et 1'accenluation slave demeurent dans une penombre. A parlir de celte dale, les publications s'espacent de plus en plus. F. de Saussure aborde des sujets nouveaux, en partie elrangers a la linguistique, comme le poeme des Nibelungen; il y applique son esprit puissant, perspicace et syste'matique; mais il ne se resoud a lien livrer de ses longues reflexions. Ayant accepte" de publier deux inscriptions phrygiennes provenant de la mission Chantre en Cappadoce, il dechiffre avec nn soin et une pe'ne"tration admirables ces monuments mutiles et inexplicables, et les publie dans la Mission en Cappadoce de Chantre (Paris, 1898). Perdu dans un volume qui n'a aucun caractere linguistiquc, cet article a ete peu remarque*. Les observations quil contient sur le suffixe -rjvos (dor. -avos) de noms de peuples ont toute la rigueur et la pre'cision qui caraclerisent F. de Saussure : il y reconnait uu suffixe emprunte" a une langue asiatique, sans doute auphrygien. Et il tire incidemment de cette remarque des conclusions frappantes : rrAbsolument le seul ethnique ancien qui, ne se rapportant pas a l'Asie,fmit pourlesGrecsen-v^s, est Tvponvds, dorien Tvpaavds. Du fait qu'on ait Tvpor/vds en grec, le nom est une extraordinaire confirmation, pour ce qui concerne les Etrusques, de leur origine orientale (e'Lant dans la double impossibilite d'avoir ete' invente' par les Grecs qui ne connaissaient pas -rtvds, ou par les Latins qui disaient Eirusci, Tusci). Pour ce qui est de 1'origine de -rjvds lui-meme, un nom comme tvpcrrjvoi, clairement asiatique et cependant ante'rieur a 1'influence perse, est la meilleure preuve que le nom n'avait rapport qu'a l'Asie Mineure seule. 1 Les trois derniers articles se rattachent directement aux theories du Memoire. G'est la note e"tymologique : D'Ofx^Awcr/s a Tpnr16\e{ios (Melanges Nicole, i 8 8 5 , p. 5 o 3 - 5 i 4 ) , oil se trouve une observation neuve et imprevue sur un fait de vocalisme grec; la note Sur les composes latins du type nagricolan {Melanges L. Ravel, p. kbg-k'] 1), et la note de Ja Festschrift V. Thomsen ( 1 9 1 2 ) , p. 202-206, sur Les adjectifs indoeurnpeens du type caecus traveuglen, oil le vocalisme radical a de nombreux adjectifs indiquant des infirmites est attribue" a une sorte d'action analogique portant sur le vocalisme. Des reflexions sur la linguistique ge"ne'rale qui ont occupe une grande partie des dernieres anne"es, rien n'a et^ publid. F. de Saussure voulait surlout bien marquor le contraste entre deux manieres de considerer les fails linguistiques: l'etude de la Jangue a un moment donne", et I'^tude
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du deVeloppement linguistique a travers le temps. Seuls les eleves qui ont suivi k Geneve les cours de F. de Saussure sur la linguistique gene"rale ont pu profiter de ces idees; seuls, ils connaissent les formules pre'cises et les belles images par lesquelles a 616 illumine un sujet neuf. Deja la sante" de F. de Saussure s'alterait; dans Y6t6 de 1912, il devait suspendre son enseignement, et le 22 fevrier 1913 il mourait. II avait prodait le plus beau livre de graminaire comparee qu'on ait ecrit, seme' des idees et pose de fermes theories, mis sa marque sur de nombreux eleves, et pourtant il n'avait pas rempli toule sa deslinee. A. MEILLET.