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L'ÉCOLE 119
FRANÇAISE
DE
Laurent DUBOIS
INSCRIPTIONS GRECQUES DIALECTALES DE SICILE
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COLLECTION
DE
L'ÉCOLE 119
FRANÇAISE
DE
Laurent DUBOIS
INSCRIPTIONS GRECQUES DIALECTALES DE SICILE
CONTRIBUTION À L'ÉTUDE DU VOCABULAIRE GREC COLONIAL
ÉCOLE FRANÇAISE DE ROME PALAIS FARNESE 1989
ROME
© - École française de Rome - 1989 ISSN 0223-5099 ISBN 2-7283-0185-9
Diffusion en France : DIFFUSION DE BOCCARD 11, RUE DEMÉDICIS 75006 PARIS
Diffusion en Italie : «L'ERMA» DI BRETSCHNEIDER VIA CASSIODORO, 19 00193 ROMA
SCUOLA TIPOGRAFICA S. PIO X - VIA ETRUSCHI, 7-9 - ROMA
AVANT-PROPOS
Dans notre pays, c'est à l'école linguistique d'Antoine Meillet et de Joseph Vendryes que l'on doit un intérêt renouvelé pour les dialectes du grec ancien et leurs monuments épigraphiques. Ces deux noms sont cités en 1927 par Emile Bourguet, au début de son étude méritoire sur le dialecte laconien. Dans la même lignée se situent Pierre Chantraine et Michel Lejeune, qui ont su nous transmettre ce souci de ne pas privi légier les textes littéraires et d'exploiter au mieux les ressources de l'épigraphie. Les découvertes des dernières décennies ont rendu plus que jamais nécessaire la constitution de recueils d'épigraphie dialectale. Certes, on souhaiterait disposer déjà d'une refonte du beau recueil d'Eduard Schwyzer (1923), ou mieux encore, d'une nouvelle édition des volumes de la série dirigée par F. Bechtel et H. Collitz, en partie plus que centenai re (1883-1915). En attendant, il semble que des entreprises limitées, moins ambitieuses, puissent être utiles aux dialectologues et aux li nguistes. C'est pourquoi j'ai commencé il y a quelques années, dans le cadre conjoint de l'Université de Paris X-Nanterre (Centre de recher ches helléniques J. Defradas) et de l'Ecole pratique des Hautes Etudes (IVe section), d'examiner une série d'inscriptions dialectales de Grande Grèce et de Sicile. Avec un petit groupe d'auditeurs, qui étaient en même temps des collaborateurs, j'ai été amené en particulier à réunir un bon nombre de documents de Sicile. Laurent Dubois, tout de suite après avoir achevé son travail sur le dialecte arcadien, couronné par un recueil dialectal complet pour cette région, s'est lui-même attaché à l'île de Kôkalos et à sa documentation très variée. Il apporte ici aux dialectologues un choix de textes, où sont rassemblées de nombreuses données éparses, dans un cadre géographique et historique commode. J'ai donc plaisir à présenter cette Syllogé de Sicile, que je crois destinée à rendre de grands services et à montrer l'exemple pour des recueils similaires. Olivier Masson
REMARQUE PRÉLIMINAIRE
L'idée de ce livre a longuement mûri au séminaire d'Olivier Masson à l'Ecole pratique des Hautes Etudes où beaucoup d'inscriptions de ce recueil ont été minutieusement examinées. Suivant depuis seize ans le cours du mardi après-midi, j'ai appris à avoir de la langue et de l'onomastique grecques une conception plus globale. En traquant les termes et les noms rares de Sélinonte à Chypre, et d'Olbia à Cyrène, aussi bien sur des timbres d'amphores ou des monnaies que dans des épigrammes tardives, Olivier Masson n'a cessé d'apprendre à ses audi teurs à ne négliger aucune source, si bref soit le renseignement fourni, pour accroître notre connaissance du grec d'une région. Ce livre, qui est entièrement inspiré par cet enseignement, se veut une contribution à l'étude du vocabulaire grec de Sicile à partir des seules sources épigraphiques. Cette syllogé dialectale n'aurait sûrement jamais vu le jour si, dans le même savant je n'avais trouvé, pour rassembler les textes, un initia teurpatient aux arcanes d'une bibliographie archéologique très éparp illée et parfois confidentielle, un maître attentif pour me signaler des erreurs et me mettre en garde contre des hypothèses insuffisamment étayées, et enfin un réviseur scrupuleux qui a su extirper du manuscrit des fautes nombreuses et des développements superflus. Il m'est enfin très agréable de remercier Monsieur Charles Pietri d'avoir accepté cet ouvrage dans la Collection de l'École française de Rome qui, depuis une génération, a joué un si grand rôle dans les pro grès de l'archéologie sicilienne.
INTRODUCTION
Grâce aux efforts constants des archéologues la masse des inscrip tionsgrecques de Sicile s'est considérablement accrue depuis la publi cation des IG XIV, n° 1-559, par G. Kaibel en 1892. Presque un siècle après ce grand corpus il était opportun de réunir à nouveau les plus importantes et les plus anciennes inscriptions qui furent rédigées par des descendants des vieux colons grecs de la grande île. Cet ouvrage n'est en aucune façon un corpus exhaustif : en sont par exemple exclues aussi bien les inscriptions hellénistiques en koinè que les longues et répétitives inscriptions financières de Tauroménion dont ne sont cités que quelques termes remarquables. Ne figurent pas non plus ici les inscriptions dont la publication n'a été que provisoire ou celles dont la lecture même est incertaine. Il s'agit donc d'une syllogé dialectale qui regroupe les vestiges épigraphiques les plus significat ifs et les plus anciens de la langue grecque de Sicile, du graffite céra mique au décret public, des légendes monétaires les plus typiques aux tablettes de malédiction. Comme l'épigraphie civique est extrêmement mal représentée en Sicile même, il était nécessaire d'inclure dans ce recueil les décrets émanant de cités siciliennes apparus dans les grands sanctuaires inte rnationaux comme Delphes, Olympie, Cos ou Magnésie du Méandre, documents de première importance puisque, du moins pour la période hellénistique, ils nous permettent de nous faire une idée des institu tions, de l'importance historique et de la langue de la cité qui rend le décret. Chaque inscription est présentée avec un bref lemme archéologi que, sa bibliographie essentielle et, pour les textes les plus anciens, un fac-similé, dans la mesure où il est possible d'en établir un. Le com mentaire qui suit la présentation du texte porte avant tout sur les pro blèmes d'écriture et les questions de vocabulaire. Je ne fais des remar quesdialectologiques que lorsqu'elles sont nécessaires à l'intelligence
XII
INSCRIPTIONS GRECQUES DIALECTALES DE SICILE
du texte, et j'ai préféré regrouper les remarques grammaticales en un appendice final (Index VIII). Chaque fois que cela était indispensable à la présentation du dos sier épigraphique, j'ai fait figurer au début de chaque section une brève notice historique qui comportent les dates essentielles du destin sou vent tragique des grandes cités de l'Occident grec. Le volume est divisé en cinq chapitres dont les quatre premiers sont consacrés à chacune des grandes souches colonisatrices, eubéenne, mégarienne, corinthienne et rhodienne. Le cinquième est moins unitaire car s'y trouvent rassemblées les inscriptions dialectales de l'i ntérieur et du Nord de la Sicile qui émanent de cités dont la fondation ou l'hellénisation, soit du fait du silence des sources, soit de l'ambiguïté de ces dernières, ne peut avec sûreté être attribuée à l'une des quatre grandes ethnies colonisatrices.
PRÉSENTATION DES INSCRIPTIONS
Signes épigraphiques Le système adopté est celui du SEG dans lequel est distinguée la correction de la faute du graveur de la résolution d'une abréviation. -
[...]: (.) : {.} : (.) :
restitution de lettres aujourd'hui perdues. correction moderne. suppression d'une lettre gravée par erreur. résolution d'une abréviation ou ajout d'une lettre qui facilite l'identification d'un mot (n implosif non noté, seconde de deux géminées).
Alphabets Les ductus remarquables sont signalés dans le lemme de chaque inscription. Quand il s'agit de caractériser l'alphabet d'un graveur sont ici sui vies les habitudes des spécialistes de l'épigraphie archaïque comme L. H. Jeffery dans ses Local Scripts of Archaic Greece (1961) ou M. Guarducci, sans son manuel, Epigrafia Greca I (1967) : toutes les deux ont, avec beaucoup d'autres, adopté les «couleurs» distinctives de la carte des alphabets dressée au siècle dernier par A. Kirchhoff dans ses Stu dien zur Geschichte des griechischen Alphabets14 (1863-1887) [1973] : - l'alphabet «rouge» ou occidental a été employé en Eubée, en Béotie, en Thëssalie, en Arcadie, en Elide, en Laconie, mais surtout en Italie du Sud et ensuite en Etrurie : X note L· et M/ note kh. - l'alphabet «bleu» est celui de Mégare et de Corinthe, mais sur tout celui que les Athéniens ont emprunté à l'Ionie, à la fin du Ve siè cle : Χ note kh et M/ note ps.
XIV
INSCRIPTIONS GRECQUES DIALECTALES DE SICILE Bibliographie des inscriptions
Pour les inscriptions dont la bibliographie ancienne est très abon dante, j'ai pris le parti de ne pas citer Y editio princeps, mais l'un des grands recuils comme les IG XIV ou les Iscrizioni greche lapidarie del Museo di Palermo de M. T. Manni Piraino, ouvrages dans lesquels figu retoute la bibliographie antérieure. Ces inscriptions sont donc citées sans l'abréviation «Pubi. :» et sans lemme génétique.
Accentuation des noms indigènes Les noms qui ne sont ni grecs, ni latins écrits en grec, ne sont pas accentués. En revanche, les noms indigènes munis d'un suffixe grec portent l'accent attendu pour ce suffixe.
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I -
LES COLONIES EUBÉENNES
Le corpus des inscriptions siciliennes en dialecte ionien est particu lièrement mince. Ceci est en rapport direct avec l'histoire des populat ions des cités chalcidiennes de la côte orientale de la Sicile. Leur pros périté et leur indépendance politique s'achèvent au début du Ve siècle quand elles sont victimes de la politique militaire expansioniste d'Hippocrate de Gela et de ses successeurs Gélon et Hiéron qui imposèrent leur autorité par de vastes déplacements de populations. A la fin du siècle enfin, Naxos, Léontinoi et Catane qui avaient pris le parti d'Athè nes pendant l'expédition de Sicile subissent la terrible vengeance de Denys l'Ancien. Zancle-Messène, quant à elle, est détruite en 396 par les Carthaginois. La vieille souche ethnique des Chalcidiens a donc été absorbée, voire supprimée, par les populations doriennes qui étaient politiquement prépondérantes1. Si les légendes monétaires de ces cités sont bien connues et nous donnent quelques indications intéressantes sur leur alphabet, seul le site d'Himère a jusqu'ici fourni quelques très brèves inscriptions. En outre, comme les nécropoles des cités ioniennes sont beaucoup plus mal connues que celles des cités doriennes nous n'avons que peu de graffites ioniens pour nous renseigner sur l'onomastique chalcidienne coloniale. Les seuls «textes» émanant d'une cité ionienne de Sicile sont appa rusà Olympie où les Grecs de l'Ouest allaient tout à fait naturellement consacrer les dépouilles de leurs victoires.
NAXOS
N'était le petit graffite publié récemment, n° 1, notre connaissance de l'écriture naxienne se réduirait à ce que nous apprennent les légen-
1 On trouvera une excellente mise au point sur l'identité et l'histoire des cités chalci diennes dans l'article de G. Vallet in, Gli Eubei in Occidente, 1979, p. 83-143.
4
LES COLONIES EUBÉENNES
des monétaires de la cité2 : l'alphabet rouge importé d'Eubée, avec un xi de forme X dans l'ethnique NAXION3, cède la place vers 430 à un alphabet de type oriental avec lequel l'ethnique est écrit ΝΑΞΙΟΝ4. 1 - Pied d'une kylix attique à vernis noir de la fin du Ve siècle découvert près de l'extrémité orientale du mur 1 près de la colline de Larenghi; inscription graffite sous le pied; Ve ex. Pubi. : M. C. Lentini, Bollettino Beni culturali e ambientali, Regione Sicilia, 3 (1982) p. 181-182, fig. 8. Cf. C. Gallavotti, Boll. d. Class. 6 (1985) p. 35-36 : autre lecture peu probable du nom.
Τιτταβό : φίλη
Outre le signe de ponctuation, on remarque que le lambda est ici de forme récente et non plus chalcidienne V . Le seul ionisme est Yêta final de φίλη. Le nom de femme Τιτταβώ doit être indigène : son radical se retrouve dans la variante Τιτταλος de Τιττελος attestée à Démétrias de Thessalie, cf. O. Masson, BCH 1972, p. 386 (Σύμμαχος Τιτταλου Σικε λός). Pour ce qui est de la désinence -ώ, et non -ώι comme partout ai lleurs dans les cités doriennes de Sicile, on ne peut décider entre un authentique ionisme et un trait indigène.
2 L'inscription publiée par M. Guarducci, MEFRA 1985, p. 7-34, est de lecture et d'in trop délicates pour être reprise ici. 3 Un fragment de coupe ionienne d'importation de la fin du VIIe siècle comporte la séquence MI "Y A : cf. P. Pelagatti, Boll. d'Arte 1964, p. 154, fig. 13-14; ceci est repris par F. Cordano, Opus 3 (1984) fase. 2, p. 299, n° 32. 4 Sur ces monnaies voir l'ouvrage fondamental de H. A. Cahn, Die Münzen der sizilischen Stadt Naxos, Bâle 1944. Pour l'alphabet, voir L. H. Jeffery, LSAG, p. 241 ; sur la dif fusion de l'alphabet eubéen, voir M. Burzachechi, in Gli Eubei in Occidente 1979, p. 209220. terprétation
ZANCLE-MESSÈNE Pour m'en tenir à l'Occident grec, je signale que l'adjectif φίλα/η apposé à un nom de femme se retrouve sur un didrachme de Métapont e du Ve siècle, cf. O. Masson, RevArch 1985, p. 38-39. Aussi bien le graffite de Naxos que celui de la monnaie de Métaponte sont des inscrip tions de caractère amoureux.
ZANCLE-MESSÈNE En dehors des monnaies, les seules inscriptions assignables à la vieille colonie chalcidienne de Zancle, qui reçut le nom de Messene vers 488, sont apparues à Olympie5. 2 - La même dédicace de butin sur une jambière et un bouclier en bronze d'Olympie; l'inscription du bouclier est intacte; V = λ; 500494. Pubi. : Kunze-Schleif, Olympiabericht II, 1938, p. 69-70, fig. 43, pi. 41-42 (Gabrici, Atti Ace. Palermo, 9 (1948) p. 253; SEG XI, 1205); pour le bouclier, Kunze-Schleif, Olympiabericht V, 1956, p. 37, fig. 18, pi. 22 (LSAG n° 6, p. 247 et 243-244, pi. 49; Lazzarini, Formule, n° 961). Cf. G. Vallet, Rhégion et Zancle, 1958, p. 335. Fac-similé de l'inscription sur la jambière.
Δανκλαΐοι 'Ρεγίνον II s'agit d'une dédicace de butin exprimée sous sa forme minimale : nom du peuple vainqueur au nominatif + nom des vaincus au génitif ablatif; voir M. L. Lazzarini, Formule n° 956-964, pour d'autres exemp les. 5 Je ne reprends pas ici l'inscription I.v.Ol. 25, qui est rédigée en alphabet et dialecte eubéens car rien n'autorise une attribution à la Sicile.
6
LES COLONIES EUBÉENNES
L'ethnique Δανκλαιοι a la même initiale que le toponyme tel qu'il apparaît sur les monnaies frappées entre 525 et 494/3 : Δάνκλε6. La di fférence entre la forme épichorique et la forme Ζάγκλη attestée dans les textes littéraires (par ex. Thucydide VI, 4, 5-6) est toujours inexpli quée7. Ces deux dédicaces s'insèrent assez mal dans ce que nous savons des relations entre les deux cités du Détroit : G. Vallet attribue ces ins criptions à l'époque où, vers 494, Anaxilas de Rhégion était l'ennemi de Skythès, ancien tyran de Cos devenu vassal d'Hippocrate de Gela, Héro dote VI, 23. Mais ces dédicaces pourraient aussi être plus anciennes et faire allusion à une victoire au sujet de laquelle nos sources sont muett es. 3 - Fragment supérieur droit d'une plaque de bronze découverte à Olympie; 15,5 χ 12,5 cm; boustrophédon; au musée d'Olympie, n°328; 500-494. Pubi.: A. Kirchhoff, Arch. Zeit. 36 (1878) p. 141, n° 182, tab. 18,5 (fac-similé de R. Weil); Dittenberger-Purgold, I.v.Ol. 24 (Hoffmann, GD III, n° 7, p. 10; Bechtel, SGDI, III/2, 5275; LSAG n° 5, p. 247, 243 et 410, pi. 49). Cf. G. Vallet, Rhégion et Zancle 1958, p. 335, en note.
286.
6 Cf. L. H. Jeffery, LSAG, n° 4, p. 247 et 243, ainsi que Kraay-Hirmer, n° 48-49, p. 285-
7 Opinion de Schwyzer, GG I p. 331; voir cependant le hypothèses de G. Vallet, o.e. p. 102, n. 1, et de Chantraine, DELG, p. 396.
ZANCLE-MESSENE ι 2 3 4 s 6 7 8 9 ιο
[
]ΙΠΕΔΟΝ Ο Ν γαν τάς [ [ δικα]ζόμενος νικεθε έ [ [ πο]λεμιος βλεθεναι [ [ Δά]νκλεν κ[α]ί τον δα[ [ — τοΐ]ς συνμά[χ][ο]ις ΗΟΣ [
] ] ] ] ]
Notes critiques - Les lettres en pointillé du fac-similé des I.v.Ol. sont en trait plein sur le fac-similé publié par Kirchhoff. - L. 1-2 : ά]πέδον[τ]ο? Ditt., ηελόντον Jeff. - L. 3 : βια]ζόμενος Jeff. - L. 4 : νικηθέη Hoffm., νικεθε(ί)ε Kirch. Jeff. - L. 5-6 : depuis Kirchhoff on estime que la dernière lettre est plutôt un lambda chalcidien qu'un upsilon. L. 7-8 : τον δα[μον Vali., τον Δα[νκλαϊον al. - L. 10 : ΗΟΣ = att. ους Kirch. Hoffm. Seule la présence quasi certaine du nom de Zancle, 1. 7, incite à classer ici ce texte : il pourrait s'agir d'une convention passée entre Zancle et une cité voisine. Les formes en apparence doriennes γαν 1. 2 et peut-être δα[μον 1. 8, sont surprenantes : seraient-ce des éléismes?
4 - Dédicaces des Messéniens de Sicile à Olympie après une victoi re sur les Locriens d'Italie; 488-485. 5180.
a) Inscription sinistroverse sur une jambière de bronze; inv. Β
Pubi. : Kunze, Olympiabericht Vili, 1967, p. 103-105, fac-sim. 34, p. 99, pi. 48, 2 (M. L. Lazzarini, Formule, n° 962b).
Διί [Όλ]υνπίο(ι) Μεσσενιοι Λοκ[ρον]
LES COLONIES EUBÉENNES b) Inscription dextroverse sur le couvre-joue d'un casque corin thien de la fin de l'époque archaïque; inv. Β 499. Pubi. : Kunze, Olympiabericht p. 104-105, fac-sim. 35, 2, pi. 40,2 (M. L. Lazzarini, Formule n° 962a).
[Διί Ό]λυνπίο(ι) Μεσσενι[οι Λοκρον] Comme la jambière sur laquelle est gravée la première dédicace ressemble étrangement à celle sur laquelle les Rhégins ont aussi gravé la dédicace Διί 'Ρεγΐνοι Λοκρον ibid. p. 102 (= Formule n° 959b), il est vraisemblable de supposer une alliance victorieuse des Rhégins et des Messéniens. Les deux dédicaces sont datées par Kunze des années comprises entre la refondation de Zancle en Messene par Anaxilas de Rhégion en 488 et le transfert du pouvoir des Deinoménides, alliés des Locriens, de Gela à Syracuse vers 485 8. On remarque que dans ces dédicaces, comme dans les suivantes, l'adoption d'un nouveau nom dû à l'arrivée de colons originaires de la Messénie, n'a pas supprimé la composante ionienne qui se manifeste aussi bien dans l'alphabet et le dialecte de ces textes que dans les légen des ME22ENION des monnaies frappées à partir de 488 9. 5 - Dédicaces faites à Olympie après une victoire sur les habitants de Mylai; 488-485.
8 Pour cette période troublée, voir G. Vallet, Rhégion et Zancle, 1958, p. 344-354. 9 Ibid. p. 356, n. 1, avec un renvoi à la publication de Robinson, «Rhégion, ZankleMessana and the Samians» JHS 66 (1946) p. 13-20. Pour les circonstances politiques du milieu du Ve siècle qui ont fait apparaître la forme dorienne Μεσσανίον de l'ethnique dans les légendes monétaires, voir G. Vallet, o.e. p. 378.
HIMÈRE
9
Deux inscriptions identiques et de la même main : a) sur un casque de la fin de l'époque archaïque, inv. Β 4165; b) sur un couvre-joue de casque corinthien, inv. Β 4882. Pubi. : Kunze, Olympiabericht Vili, 1967, p. 105-106, a) pi. 41-42, 1, b) pi. 42, 2, fac-sim. 35, 3 (M. L. Lazzarini, Formule, n° 963). a) Μεσσενιοι Μυλαίον
b) Μεσσενιοι Μυλαί[ον] Comme la bourgade de Μύλαι (act. Milazzo) est une très ancienne fondation de Zancle (de la fin du VIIIe siècle) qui faisait partie du terri toire zancléen dont c'était un avant-poste sur la côte Nord, il est très difficile de préciser les conditions politiques qui ont entraîné un conflit entre Zancle-Messène et Mylai qui ne semble pas avoir eu le statut de polis puisqu'elle n'a pas battu monnaie10. Kunze admet que Mylai a constitué pour quelques temps une position de repli pour les Samiens, maîtres de Zancle de 493 à 488, après qu'ils eurent été chassés par Anaxilas : ils auraient alors transformé cette ancienne base zancléenne en cité en s'appelant les Μυλαΐοι jusqu'à ce qu'ils soient défaits par la jeune cité nouvellement rebaptisée et repeuplée.
HIMERE
Les inscriptions d'Himère constituent un très petit corpus d'inter prétation paléographique et dialectologique assez complexe11. Quelques
10 Voir G. Vallet, ibid. p. 81-85. 11 L'ensemble des inscriptions d'Himère a été publié par M. T. Manni Piraino dans deux publications : Kokalos 20 (1974) p. 265-271, et Himera II t. 2, Rome 1976, p. 667-701 (ici 302 numéros dont la très grande majorité n'est en fait constituée que d'une seule lettre).
10
LES COLONIES EUBÉENNES
événements de son histoire - qui s'arrête en 409 avec la destruction car thaginoise12 - méritent d'être rappelés. La cité a été fondée en 648 par des oecistes venus de la colonie chalcidienne de Zancle auxquels s'étaient joints des fugitifs de Syracuse 13. En 480, après la défaite de ses alliés carthaginois, la cité passe sous la domination de Théron d'Agrigente qui, en 476, fait massacrer ses citoyens par son fils Thrasydaios et qui la repeuple d'émigrants venus de nombreuses régions14. Ces pro fondes secousses démographiques expliquent assez naturellement que les inscriptions présentent une imbrication d'éléments ioniens (alpha bet archaïque et dialecte eubéens) et d'éléments typiquement doriens comme le maintien en l'état du â. Alphabet. Malgré une chronologie incertaine on suppose avec assez de vraisemblance une mutation du type alphabétique vers 475 15 : le signe -f- semble noter ks au VIe siècle, mais kh au Ve; le signe M/ sem ble noter kh avant cette date, mais ps postérieurement 16. Le signe de l'aspiration apparaît dans la légende HIMERAION d'un didrachme frappé en 482-472 17, disparaît après cette date18, mais réap paraît sur un tétradrachme frappé en 410 19, avec la forme f- et non plus H qui note, depuis au moins l'année 472, le ê sur les didrachmes à légende IMERAION ΣΟΤΗΡ (cf. n° 13).
12 Diodore XI 49,4 et XIII 59,4-62,5; cf. G. Vallet, Rhégion et Zancle, 1958, p. 363-365. 13 Thucydide VI, 5, 1 ; cf. J. Bérard, Colonisation p. 240-244; G. Vallet, o.e. p. 85-90. 14 Diodore XI 48,6-8 et 49,3. Parmi ces imigrants se trouvait l'olympionique Έργοτέλης fils de Φιλάνωρ originaire de Cnossos, connu par Pindare, Ol. XII et Pausanias, VI 4, 11, et désormais par l'inscription sur bronze d'Olympie publiée par Kunze, OlBer 5, 1956, p. 153-156 (= LSAG n° 19, p. 248, pi. 49 = Ebert, Siegerepigramme n° 20 = Hansen, CEG 393); l'épigramme dont il ne subsiste que la partie gauche est rédigée dans un alpha bet « bleu » oriental comportant un oméga qui n'apparaît pas à Himère avant 450 : je ne reprends donc pas ici ce texte poétique dont ni la langue ni l'alphabet ne sont sûrement himéréens. 15 Cf. M. T. Manni Piraino, Himera I, Rome 1970, p. 351-356. Le digamma chalcidien de forme C apparaît notamment dans une série de marques de maçons des années 480470 : voir LSAG n° 18, p. 248 et 246 et IGLMP, n° 16, pi. X. 16 Dans la légende ΠΕΛΟΜ^ d'un tétradrachme de 460-450 ; cf. Kraay-Hirmer n° 67, p. 287, pi. 21. 17 Ibid. n° 65, pi. 20. 18 Ibid. n° 66, pi. 20 (légende citée infra). 19 Ibid. n°71, pi. 22.
HIMÈRE
11
6 - Un nom sur une lamelle de plomb; 9,5 χ 4,8 cm; h.l. 1,42,2 cm; 550-500. Pubi. : M. T. Manni Piraino, Kokalos 20 (1974) p. 270-271, tab. XLIII, fig. 4 {Himera II, Rome 1976, n° 238, p. 696, tab. CXV, 9).
Σίξας
Si l'inscription date bien du VIe siècle, la seule lecture admissible est Σίξας, forme du participe aoriste du verbe σίζω «siffler» employé ici comme anthroponyme20. On notera la rareté de cet aoriste : subj. έπισίξτ|, Aristophane, Guêpes 704; σίξα, Théocrite VI, 29, est une conjecture de Ruhnken étayée désormais par notre anthroponyme. 7 - Un nom sur un fragment d'anse de 7,8 cm; écriture sinistroverse; 550-500. Pubi. : M. T. Manni Piraino, Himera II, Rome 1976, n° 179, p. 691, tab. CXI, 3, fac-sim. fig. 35.
[Πρ]ατυίδεο II doit s'agir du génitif ionien d'un dérivé d'un nom Πράτυς, ΗΡΝ p. 38721. De la terminaison -ίδεο(*-ίδηο (*-ίδαο, on rapprochera les formes chalcidiennes Έμμενίδευ de Rhégion, Landi n°31, et Λυκκίδεο d'Olympie, I.v.Ol. 271 (= DGE 795). 8 - Dédicace. Distique d'inspiration poétique gravé après cuisson sous un pied de soutien en céramique noire attique découvert dans le temple D; diam. 13,2 cm; h.l. 5-15 mm; V = λ, -f = ξ; VIe siècle.
20 Cf. O. Masson, RPh 1982, p. 13-17. 21 II ne faudrait pas exclure *Κράτυς ou *Πλάτυς.
12
LES COLONIES EUBÉENNES
Pubi. : M. T. Manni Piraino, Kokalos 20 (1974) p. 266, n° 2, pi. XLII (Hansen, CEG n° 392).
V.
Ο
Ζενος έριγδούποιο κόρει γλαυκόπι Άθένει θρίπυλος εύξάμενος τένδ' άνέθεκε θεάι. L. 1. Le premier hémistiche se retrouve tel quel dans l'Hymne à Héra XII, 322. La forme κορει qui n'est pas homérique possède un voca lisme radical attesté en Eubée23. Chez Homère le datif de l'épiclèse est γλαυκώπιδι : ici, la forme γλαυκώπι, avec son -i abrégé en hiatus au temps faible, pourrait être influencé par le second hémistiche homéri que γλαυκώπις Άθήνη. L. 2, θρίπυλος : les lettres RI ont été ajoutées sous la ligne; il doit s'agir d'une variante sporadique du nom Τρίφυλος avec une notation inverse des aspirées24 : voir M. Lejeune, Phonétique, p. 59-60 (crét. καυχός< χαλκός)25. Τένδ': peut-être κύλικα; cf. M. Lazzarini, Formule, n° 778. 9 - Graf fite sur un fragment 3,2 x 5,8 cm; h.l. 1 cm; 500-475.
de
paroi
de
coupe
achrome;
22 Cet hémistiche est en partie restitué dans un texte attique, cf. Hansen, CEG n° 285, Addenda p. 261. 23 Cf. Bechtel, GD III, p. 74. 24 Deux hypothèses insoutenables chez Hansen. 25 Pour des exemples attiques, voir Threatte, p. 464-469.
HIMÈRE
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Pubi.: M. T. Manni Piraino, Himera II, Rome 1976, n° 15, p. 678, tab. CXV, 6, fac-sim. fig. 34. Λύκο Outre le lambda chalcidien, on remarque l'omicron anguleux doté d'une sorte de haste : ceci est surtout fréquent dans les textes sur plomb. Λύκος est un sobriquet banal : un exemple à Métaponte, Landi, n° 147 (Ve). 10 - Graffite sur un fragment de skyphos; 3,5 χ 4 cm; h.l. 4-5 mm; 500-475. Pubi: M. T. Manni Piraino, Himera II, Rome 1976, n° 40, p. 680, tab. CXI, 15.
Χαρίνο
Le chi «rouge» est remarquable à l'initiale du génitif de l'hypocoristique Χαρΐνος. 11 - Lamelle de plomb repliée dans le sens de la longueur; 8,5 χ 5 cm; h.l. 3-6 mm; alphabet «bleu» sans distinction des voyelles; 475-450. Pubi. : face a, M. T. Piraino, REA 1969, p. 301-304, et 1970, p. 385; faces a et b, 1st. di archeol. dell'Università di Palermo, Studi e Materiali, Quaderno Imerese, Rome 1972, p. 107-109; Himera II, Rome 1976, n° 45, p. 681, tab. CX VI, 1. Εύοπίδας ηιάλε Διεύχες : Λ/λοχαγος Δαΐτις.
^ . r'Ο Π Ι Δ a {>Ί I ^ ^ £ ^ V^ Ε /· Λ ο^ /χ ^ Ο { ' Τ 15
Trois mots sont sûrement des anthroponymes : Εύωπίδας, Διεύχης et Δαΐτις. Les deux premiers sont déjà connus; le troisième est soit un
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LES COLONIES EUBÉENNES
nouvel hypocoristique en -ις des noms en Δαιτο-, HPN p. 114, soit un nom d'agent fossile en -τι correspondant à δαίτης, -δαίτας, Δαίτωρ26. Le second mot de la ligne 2 est, soit le substantif λοχαγός «chef d'escadron», soit le sobriquet Λοχαγός, déjà connu, HPN p. 515. Le verbe ηιάλε = ίάλη, aoriste passif de ίάλλω «envoyer» se retrou ve dans un décret laconien de Délos, ID 87 (ca 400) : ηιάλε τα τέλε27. L'éditrice propose de voir dans cette inscription une lettre de recommandation mais on ne dispose pas de bons parallèles28. Il pourrait aussi s'agir d'un message militaire : «On a envoyé Euôpidas, Dieuchès; chef d'escadron : Daitis».
12 - Un nom sur une base de calcaire inscrite; h.l. 15 mm; ca 450. Pubi: M. T. Manni Piraino, Himera I, Rome 1970, p. 347 sq., fig. 17, tab. LXXIX; IGLMP, n° 17, p. 41-4, pi. X. Εύκλεί[δάς/δης] Ce nom est aussi celui de l'un des trois oecistes d'Himère selon Thucydide VI 5, 1 : Ευκλείδης, Σΐμος, Σάκων. 13 - Petite balle de bronze de 2 cm de diamètre; inscription dextroverse sur toute la circonférence; h.l. 4,6 mm; ca 415. Pubi. M. T. Manni Piraino, Kokalos 20 (1974) n° 4, p. 267-269. Cf. G. Martorana, Kokalos 22-23 (1976-1977) p. 299-300 : culte de Zeus.
Διός Σοτήρος La nature de l'objet n'est pas évidente : gland de fronde ou simple offrande? On se bornera à constater l'absence de distinction entre les 26 Le rapport avec le datif δαιτί imaginé par Bechtel, HPN p. 113, est peu probable. 27 Texte repris par M. Guarducci, Epigrafia Greca I, p. 284. 28 La face b me paraît beaucoup trop mutilée pour qu'il en soit fait état ici.
TEXTES EUBÉENS
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voyelles vélaires. L'épiclèse Σωτήρ, qui se retrouve sur une monnaie citée dans l'introduction de cette section, est difficile à justifier tant nos sources sont muettes sur cette période de l'histoire d'Himére. 14 - Anthroponymes sur des tessons. a) Pubi.: M. T. Manni Piraino, Himera II, Rome 1976, n° 203, p. 693, tab. CXI, 1 ; ca 450. [Η]εκαταίο ε[μί] Le nom fréquent 'Εκαταίος est bâti sur le radical du nom de la déesse Εκάτη dont le culte est attesté à Sélinonte, n° 55. b) Ibid. n° 147, p. 688, tab. CXI, 2; ca 400. Ήρακλείδα Le génitif dorien est notable : en 7, la terminaison est -ίδεο.
TEXTES EUBEENS
Sont reprises ci-après des inscriptions rédigées en dialecte ionien qui sont apparues sur des sites qui ne correspondent pas à des cités grecques identifiables. 15 - Fragments opisthographes d'une loi sur l'homicide découv ertsfors des fouilles d'une cité siculo-grecque au Monte San Mauro, près de Caltagirone, à 32 km au Nord-Est de Gela; h.l. : 7-10 mm; boustrophédon; au musée de Syracuse n° 30839; VIe siècle29. Pubi. : Orsi-Comparetti, MonAnt 20 (1910) 830-846; Arangio RuizOlivieri 1925, p. 171-185 (SEG IV, 64); F. Cordano, Decima Miscellanea greca e romana, Rome 1986, p. 33-60, avec photographies, pi. I-X.
29 Je n'ose pas attribuer cette inscription à Léontinoi, la plus proche cité chalcidienne, car la présence d'un lambda de forme Λ sur les plus anciennes monnaies de la cité constitue une réelle difficulté : voir les remarques de Miss Jeffery, LSAG p. 242 (graveur originaire de Gela).
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LES COLONIES EUBÉENNES
Cf. G. Vallet, Rhégion et Zancle, 1958, p. 319 : contenu juridique; LSAG, n°2, p. 247 et 242; F. Cordano, «Leggi e legislatori calcidesi», in Sesta Miscellanea greca e romana, Rome 1978, p. 89-98 : rapports avec les sources littéraires.
itX^iX^
fr. 1 [_ _ ] (po νε[ ] [-" ] μενφε [ ] [— ] ται τες ΕΙ [ ] ] τετροκιο [ ] 5 [-] : ίαν δε [ ] Γ τ]αυτα ho [ ] ]τε[ ]
fr. s [
]ΥΠΣ:δύ/το τάλαγ[τα [ ]ΕΡΑέναι Ιιόστις ά[ν [ Ηέρα]κλείδα [---]' [ [- —]ΙΟΣ
]
]
Sont ici repris les deux fragments les moins lacunaires. Le frag ment 5 est l'extrémité supérieure droite de la plaque de bronze. La ponctuation est notée par deux points superposés; on remarque l'emploi du qoppa et du signe de l'aspiration de forme B; le sigma est arrondi; le ductus du mu à quatre ou cinq branches est particulièr ement archaïque. Le digamma, employé en fonction de glide dans δυρο 5, 1-2, a une valeur consonantique qui se retrouve dans les fragments c et ; (SEG). Le seul intérêt dialectologique de cette inscription si mutilée est de faire clairement apparaître la conjonction hypothétique typiquement eubéenne ίάν = att. έάν : elle figure en effet dans la loi monétaire d'Erétrie Vanderpool-Wallace, Hesperia 33 (1964) p. 381-391, dans la
TEXTES EUBÉENS
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formule iàv με τείσει fr. 1, 1. 3 et fr. 3, 1. 230. Comme la contraction de -ει- en -ï- est inconnue en ionien occidental archaïque, on est obligé de considérer que le / est authentique. Or, l'examen attentif de deux autres inscriptions ioniennes d'Occident vient confirmer cette interpré tation.L'équivalent de att. εί apparaît sous la forme ί dans deux textes de Cumes du Ve siècle : Landi n° 16 ού θέμις έντοΰθα κεΐσθαι i με τον βεβαχχευμένον31, η° 22 και ϊ τις .... διαλέγετ{τ}αι32. Comme on sait que des habitants de Cumes ont participé à la fondation de Zancle33, il est très probable que nous sommes ici en présence d'une intéressante is oglosse eubéenne34. Depuis longtemps ce texte, où apparaissent le radical de φόνος ou de φονεύς, celui du verbe μέμφομαι, et des indications chiffrées en talents, a été mis en relation avec la législation pénale de Charondas de Catane : le lecteur trouvera dans l'article de F. Cordano une étude de tous les textes anciens (en particulier Aristote, Pol. 1297b) qui mention nent les législateurs d'Occident. 16 - Graf fite sur le fond d'une kylix à vernis noir découverte à Santo Onofrio au Sud de Barcellona; Ve in. Pubi.: M. T. Manni Piraino, Kokalos, 22-23 (1976-1977) p. 280, tab. XVI. Lü ΤΙ
Ηεμετέρε
30 Réorganisation du texte de IG XII 9, 1273-1274; un commentaire récent est donné par F. Cairns, ZPE 54 (1984) p. 145. 31 = DGE 792 = Duhoux n° 50. Scherer, p. 259, estime qu'il y a ici une erase de κείσθαι εί ce qui est peu probable. 32 = DGE 792a = LSAG p. 240, n° 16; voir la planche X du livre d'A. Landi. 33 Thucydide VI, 4, 5-6. 34 Formellement iav correspond au latin jam : le yod initial s'est maintenu du fait même de la présence de ί = att. εί. Sur ces particules modales en -αν (άν, καν, δαν, νάν, -ταν), voir L. Dubois, RDA I, 1986, p. 227-232.
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LES COLONIES EUBÉENNES
Ce nom de femme est la variante ionienne du nom arcadien Άμετέρα attesté à Megalopolis, IG V 2, 536 (IIe). Ce nom s'explique par un emploi de l'adjectif possessif comme anthroponyme, voir Bechtel, HPN p. 512. 17 - Deux dédicaces sur deux plats du musée de Palerme; autre foisdans la collection Campolo de Terranova-Géla; on estime que les inscriptions sont authentiques mais que la décoration médiane des plats pourrait être le fait d'un faussaire du siècle dernier; diam. a 16 cm, b 16,8 cm; inscription graffite sur le bord; h.l. 6 mm; ca 500. Pubi. : Roehl, IGA n° 619-620 {IG XIV, 595-596; Hoffmann, GD III, p. 8, n° 11-12; SGDI III/2, 5279-5280; Roehl 1907, p. 78, n° 15-16; DGE 793; B. Pace, Arte e civiltà III, 1945, p. 528-529, fig. 147; LSAG n° 20-21, p. 248 et 247); P. Orlandini, RIASA 15 (1968) p. 48-52, fig. 32-33 (M. L. Lazzarini, Formule n° 752). Cf. Fick, GGA 1883, p. 127-128 : nom du dédicataire; M. Guarducci, Kokalos 10-11 (1964-1965) p. 649 : authenticité; G. Manganaro, PdP 1965, p. 171-174 : nom du dédicataire.
ν"
a Ηιπ(π)οδρόμες τόδε δορον Πεδίοι
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b 'ApqôXèq τόδε δορον Πεδίοι
Gravées sur des objets semblables, avec des formulaires identiques, ces deux dédicaces sont rédigées dans le même dialecte ionien et écrites avec un alphabet de type chalcidien ( Ρ = λ).
TEXTES EUBÉENS
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Le nom Ίπποδρόμη est le féminin de 'Ιππόδρομος. On trouvera dans l'ouvrage de M. L. Lazzarini, Formule p. 102-103, d'autres exemples de la^désignation de l'offrande par δώρον. La lecture du nom de la dedicante de b a été contestée : mais la transcription Apq\3À£Ç, la plus ancienne, me paraît préférable aussi bien à Άρ(ι)φύλες (Jeff.) qu'à Άρφύλες (Ori.). Considérer le troisième signe comme un qoppa barré archaïque, à haste verticale abrégée (LSAG p. 33-34), permet de retrouver le féminin du diminutif Άρκύλος attesté - est-ce un hasard? - à Styra en Eubée, HPN p. 580. Le problème le plus délicat a trait à l'identification du théonyme. Je serais enclin à suivre l'opinion ancienne de Fick pour qui Πεδίοι est ici le datif d'un nom héroïque Πέδιος ou Πεδίος qui serait l'équivalent abrégé du nom du héros sicilien Πεδιακράτης. Diodore, IV, 23, nous apprend en effet que, pendant son voyage dans l'Ouest, Héraclès avait vaincu cinq chefs sicanes dont un certain Πεδιακράτης, héros qui jouis saitencore d'un culte en Sicile à l'époque de Diodore, et auquel selon l'historien Xénagoras, FGH Π, Β 240, fr. 21, les Siciliens faisaient des offrandes en cas de famine. Ces données légendaires et cultuelles ont été confirmées par la découverte à Syracuse d'une petite arula d'épo que romaine35 sur laquelle, selon la lecture de G. Manganaro, serait ins crit Πεδιακράτ[ει] ήρωι. En dépit de l'aspect quelque peu insolite du premier membre Πεδία- (pour Πεδίο- attendu et présent chez Xénagor as), cette hypothèse paraît beaucoup plus satisfaisante que celle de M. Guarducci et de G. Manganaro pour qui Πεδιοΐ serait le datif du théonyme féminin Πεδιώ «divinità della pianura ubertosa»36. Reste enfin le difficile problème de l'attribution. On déduit logique ment que l'objet provient de la région de Gela de sa présence dans une ancienne collection locale. La conjonction d'un alphabet chalcidien et du dialecte ionien a un excellent parallèle dans l'inscription judiciaire sur plomb de San Mauro, ici n° 15. Il serait donc assez tentant de consi dérer que ces plats proviennent de la région Nord-Ouest de Gela, de cette zone du centre Ouest de l'île où ont été nombreuses les influences ioniennes sur les régions rhodiennes.
35 Cf. G. V. Gentili, NotScav 1951, p. 286 {Bull 1953, n°283); de bonnes photographies dans l'article cité de G. Manganaro. 36 Pour G. Manganaro, Πεδιακράτης est un nom théophore dont le premier membre serait justement le théonyme Πεδιώ.
II -
LES COLONIES MEGARIENNES
MÉGARA HYBLAEA
Autant les fouilles de Mégara Hyblaea ont enrichi nos connaissanc es sur la céramique archaïque occidentale et sur l'urbanisme colonial, autant la moisson d'inscriptions est maigre et décevante1. Les textes dont plusieurs inédits ont été rassemblés en 1975 par M. T. Manni Piraino2 qui, en 1979, a publié la dédicace 25. Ici, j'ai délibérément laissé de côté les textes trop courts, les textes tardifs et enfin ceux dont le carac tèregrec est contesté3. L'indigence de ce matériel épigraphique surprendra d'autant moins qui est familier avec les inscriptions archaïques que la cité n'a réellement vécu que 250 ans : fondée dans le troisième quart du VIIIe siècle par des Mégariens qui ont été accueillis par le roi sicule 'Ύβλων, dont la ville se serait appelée Ύβλα4, la colonie fut florissante jusqu'à sa destruction et à l'éviction de ses habitants par Gélon en 483/2 5; refondée par Timoléon en 339/8, elle fut définitivement détruite par Marcellus en 21 16. L'alphabet de Mégara est peu typé et ne conserve plus la moindre particularité de celui de la métropole (\Λ pour b, V pour r, Β pour é) :
1 On trouve un excellent aperçu des résultats des fouilles et un résumé de l'histoire de la cité dans la brochure intitulée Mégara Hyblaea 3, Guide des fouilles, Ecole Française de Rome, 1983, rédigée par G. Vallet-F. Villard-P. Auberson. 2Kokalos 21 (1975) p. 137-153. 3 Dans la numérotation de MP, n° 2 εροισι θεοί discuté par C. Gallavotti, Helikon 1 516 (1975-1876) p. 89-90; n° 3 ερατο <-; n° 6 A M/ A; n° 10 τοι Κύβοι discuté par M. Lejeune, Kokalos 16 (1970) p. 22-24, qui serait enclin à y voir un nom sicule; n° 13 Κλεομέδεος; n° 14 Άγαθάρχο; n° 16 -ται άνέθεκε; η° 17 épitaphe d'un Athénien; n° 18 noms latins. 4 Voir Guide p. 109 : les deux sources principales sont Thucydide VI, 4, 1, et Strabon VI, 2, 2 (= C 267). 5 Hérodote VII, 156, et Thucydide VI, 4, 2; voir G. Vallet-F. Villard-P. Auberson, Mégara Hyblaea, le quartier de l'agora archaïque, 1976, p. 422. 6 Voir La Sicilia Antica 1/3, p. 601-614.
24
LES COLONIES MÉGARIENNES
le seul signe remarquable de cet alphabet «bleu» est le psi de forme en 25 7.
)K
18 - Fin d'une dédicace ou d'une signature d'artiste sur un frag ment de céramique locale d'imitation corinthienne; h.l. 8-15 mm; au musée de Syracuse; VII ex. Pubi: G. Vallet-F. Villard, Mégara Hyblaea 2, Paris 1964, p. 176, fig. 22, pi. 196; M. T. Manni Piraino, Kokalos 21 (1975) p. 136-137, n° 1, pi. XXIX, 1 (M. L. Lazzarini, Formule n°731, C. Gallavotti, Helikon 17 (1977) p. 106-107; SEG XXVI, 1098; F. Cordano, Opus 3 (1984) p. 290, n°5).
[
άγ]αλμα ho
?ορύνθιος
La restitution άγ]αλμα «objet votif» s'impose : on en connaît d'au tres exemples sur des poteries archaïques8. Parmi les différentes hypothèses discutées par Gallavotti, je crois qu'il n'y a que deux solutions possibles : a) ?ορύνθιος est le génitif d'un patronyme ?όρυνθις bâti sur le radical de l'épiclèse d'Apollon Κόρυνθος dont on connaît le sanctuaire près de Koroné en Messénie grâce à Pausanias, IV 34, 7, et aux fouilles de Bersaki qui ont mis au jour une dédicace Άπόλλωνι Κορύνθω9; dans ce cas il faut comprendre : «(Un tel a dédié) cette offrande, le fils de Korynthis»; b) ?ορύνθιος est l'ethni que Κορίνθιος, avec une graphie unique de υ pour ι10 et il faut alors comprendre : «(Un tel a dédié) cette offrande, le Corinthien»11.
7 Les trois exposés fondamentaux sur la question sont ceux de L. H. Jeffery, LSAG p. 269-270, de M. Guarducci, Epigrafia Greca I, p. 306-307, et de M. T. Manni Piraino, Kokalos 21 (1975) p. 121-137. 8 Voir M. Guarducci, Ep. Greca, II, p. 24, n. 1 ; pour l'attestation du terme sur des céramiques votives archaïques, voir les numéros 706, 710, 717, 720, 731, 821 du recueil de M. L. Lazzarini, Formule, 1976; voir également p. 95. 9 Un anthroponyme Κόρυνθος est attesté à Marseille, IG XIV 2446. 10 Dans le même environnement phonétique on pourrait rapprocher le flottement Τινδαρίδαι/Τυνδαρίδαι, voir L. Dubois, RDA III, n. 2044. 11 Du type χ έποίε]σεν ho Χίος à Athènes, Formule n° 39, ou h]o ?ορίνθιος à Corinthe, ibid. n° 57 (= Lorber n° 154).
MÉGARA HYBLAEA
25
19 - Epitaphe sur un gros bloc de calcaire réutilisé dans la muraill e hellénistique; les deux noms sont écrits l'un au-dessous de l'autre; la lecture des trois premières lettres du premier nom est, sur la photograp hie, trop malaisée pour qu'il en soit donné un fac-similé; in situ; h.l. : 9-14 cm; VIe in. Pubi. : M. T. Manni Piraino, Kokalos 21 (1975) p. 140-141, n°4, pi. XXIX, 4 (SEG XXVI, 1086). Άριστίονο[ς Νίσιος Comme me le fait remarquer O. Masson, la succession de deux génitifs est surprenante. Il n'est cependant pas possible de lire Άριστίον ό Νίσιος car, aux hautes époques, l'aspiration de l'article est cons tante aussi bien à Mégara que dans le reste de la Sicile. Le plus cohé rent serait d'admettre une faute et de lire Άριστίον {ο} Νίσιος. Si le nom du défunt Άριστίων est banal, son patronyme Νίσις est en revanche digne d'intérêt à Mégara : il doit s'agir d'un nom en -ις bâti sur le radical de l'appellation la plus ancienne de la Mégare de Grèce, Νίσα ou Νίσαια12, elle-même en rapport avec le nom d'un roi mythique de Mégare, Νίσος (ou Νΐσος) fils du roi d'Athènes Pandion II13. Pour le procédé de dérivation onomastique on comparera Δέλφις ou Κνίδις, Bechtel, HPN p. 557-558. 20 - Loi sacrée. Inscription boustrophédon de lecture très délicate négligemment gravée sur deux faces d'un grand bloc de calcaire réutili sé dans la muraille d'époque romaine après avoir été diminué en la rgeur et en profondeur; les lignes de la partie supérieure semblent cependant complètes; 108x44x39-22; h.l.: 40-75 mm; à l'Antiquarium; VIe in.
12 Νίσα chez Pausanias, I, 39, 5; Νίσαια chez Strabon, IX, 1, 10. Nisée est au Ve siècle le faubourg maritime sud-est de Mégare, Thucydide IV, 69-70. Il est désormais archéologiquement assuré que Nisée, où a été découverte de la poterie mycénienne, est le site le plus ancien de Mégare : voir la mise au point d'A. Müller, Mél. Rome (1983) p. 619-128, qui estime, p. 623, que c'est ce site qui est mentionné sous la forme Νΐσα dans le Catalo gue des vaisseaux, II. 2, 508, avec le contingent béotien; contra Hope Simpson-Lazenby, The Catalogue of Ships in Homer's Iliad, 1970, p. 32. 13 Pour ce roi mythique, voir Piccirilli, ΜΕΓΑΡΙΚΑ Pise 1975, p. 85 et 133, ainsi qu'A. Müller, Mél. Rome 95 (1983) p. 624-625.
LES COLONIES MÉGARIENNES
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Pubi: M. T. Manni Piraino, Kokalos 21 (1975) p. 141-143, n° 5, pi. XXX et XXX A (C. Gallavotti, Helikon 17 (1977) p. 107-109; SEG XXVI, 1084). Cf. M. T. Manni Piraino, Kokalos 26-27 (1980-1981) p. 284-285, pi. XXV et ibid. p. 464; nouvelle photographie, lecture 1. 4-5 14. a
Πασαράτö ηάδε : hòc κα το Άρχομάο θύε, όγδόαν άποτεισάτο : αϊ δε δέ-
b
κα λίτρας : άποτεισάτο.
-» <-> <-» <<<-»
L. 1-2 : intitulé. Πασαράτο ηαδε pourrait être une formule de titre composé du génitif d'un nom de héros local, Πασάρατος, inconnu à ce jour mais de formation claire15, suivi de l'adverbe relatif ηάδε (ancien instrumental féminin) qui est attesté à Delphes16 et à Dréros en Crète17 dans 4es intitulés de décrets. Cet adverbe correspond au masculin ώδε «de cette façon» et a le même sens que έπί τοΐσδε aux époques posté rieures. Je comprends : «(Culte) de Pasaratos; (on sacrifiera) conformé ment à ces prescriptions». L. 2-4 : Comme la forme θύε ne peut être qu'un subjonctif archaï que (sans iota), κα doit être la particule modale dorienne. Je ne crois donc, ni à la présence d'un substantif *άρχωμα précédé de la préposi tion κά( κατά (ΜΡ), ni à l'ingénieuse supposition de Gallavotti qui fait de Άρχομάο le génitif d'un nom de magistrat αρχόμαος et qui traduit : «contro [l'ordine] del pontifice» : il estime que le second membre -μαος
14 Pour une lecture très différente du début du texte on pourra éventuellement se reporter aux hypothèses de G. Manganaro, Kokalos 26-27 (1980-1981) p. 457. 15 Voir Bechtel, HPN p. 361 : type Πασαγόρας avec élision de l'i du datif pluriel Πασι-. 16 Buck n° 51 = Rougemont, CID I, n° 8, 1. 1 et p. 24-25. 17 Buck n° 116 (VIIe siècle).
MÉGARA HYBLAEA
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se retrouve dans le nom de magistrat éléen ίαρόμαος18. Les substantifs à premier membre άρχο- sont rarissimes 19, la construction préposition nelle est sans parallèle et enfin la structure sémantique du composé άρχόμαος n'est pas claire. Comme la protase relative qui précède une apodose comportant le verbe αποτεισάτω exprime souvent le manque ment à une réglementation, je proposerai de voir dans το Άρχομάο un nom de mois dorien en -(ι)ος, bâti sur un nom de héros local, Άρχό μαος dont le premier membre Άρχο- est bien attesté en onomastique20 et dont le second figure dans d'autres noms héroïques comme Εύμαιος21 ou Οινόμαος que cite d'ailleurs Gallavotti : το Άρχομάο pourr aitdonc signifier «pendant le mois d'Archomaos» au cours duquel il aurait été recommandé de ne pas sacrifier. L. 8-10. S'appuyant sur des restitutions très personnelles, Gallavotti estime qu'il faut comprendre όγδόαν (μερίδα) soit les 8/10èmes du sta tère δεκάλιτρος connu par Epicharme, jr. 9-10 Κ. Mais les époques sont très différentes! Et que savons-nous de cette période prémonétaire? 21 - Epitaphe sur un bloc parallèlipipédique; h. 15 x larg. 50 x ép. 13 cm; h.l. : 24-25 mm; à l'Antiquarium; ca 550. Pubi. : M. T. Manni Piraino, Kokalos 21 (1975) n° 8, p. 144-145, pi. XXXI, 3 (SEG XXVI, 1087).
Μαρύλο τόδε σάμα On remarque les omicron anguleux. Le ductus du tau est curieux : on a l'impression que le graveur s'est corrigé. On verra dans Μαρύλος, plutôt qu'un nom sicule (MP), un sobri quet en -ύλος que l'on classera à côté des noms courts Μάρης et
18 1.v. Ol. 1, 4, 10. '"Άρχοστασία, -στάτης, -στάσιος. 20 Voir Bechtel, HPN p. 80. 21 On rapprochera aussi le nom Εύμαίδας dérivé de Εύμαος à Sélinonte, n°42.
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Μάρων qui semblent bâtis sur le radical de μάρη «mains»22; pour le procédé onomastique on comparera κριθή à côté de Κριθύλος, ΗΡΝ p. 482. 22 - Epitaphe (?) d'un médecin. Inscription sinistroverse sur la cuisse droite d'un kouros de marbre; h.l. : 15-30 mm; au musée de Syracuse; ca 550. Pubi. : L. Bernabò Brea-G. Pugliese Carratelli, Annuario 24-26 (1946-1948) p. 59 sq., tab. 7-9, fig. 5 (Jeffery, LSAG, p. 270, n° 25, pi. 52; M. Guarducci, Ep. Greca, I, p. 314, n° 5, fig. 152; G. M. A. Richter, Kouroi3 1970, p. 112, n° 134); M. T. Manni Piraino, Kokalos 21 (1975) p. 143144, n°7, pi. XXXI, 2. Cf. P. J. Bicknell, Klearchos, 15 (1973) p. 91-100, et Gioita 53 (1975) p. 239-242 : sur le groupe -μρ- et sur l'aspiration.
:}o Σομροτίδα : το hiaxpö : το Μανδροκλέος : On estime que ce kouros faisait partie du monument funéraire de ce médecin: il faudrait donc comprendre: «(Monument) du médecin Sômrotidas, le fils de Mandroklès». Le nom Σωμροτίδας est un dérivé de Σώμβροτος23. La graphie sans épenthèse24 se retrouve dans des inscriptions archaïques : Φιλόμροτος
22 Voir Bechtel, HP Ν p. 295. On se reportera aussi à Chantraine, DELG, s.v. μάρη, pour l'authenticité de ce neutre pluriel de Pindare, jr. 310. Cette famille onomastique très restreinte, et surtout représentée par le sobriquet Εύμάρης, ne doit pas être confondue avec celle des noms sémitiques Μάρων et Μαρίων de l'époque impériale, voir L,. Robert Etudes Détiennes, BCH Suppl. I, 1973, p. 444-445. 23 HPN, p. 414. 24 Bicknell estime que le graveur a omis un bêta mégarien de forme \Λ> proche donc de celle du mu précédent : ceci est d'autant plus incompréhensible que l'auteur reconnaît lui-même qu'aucun bêta de ce type n'est attesté à Mégara. A. Heubeck, Gioita 48 (1970) p. 67-71, croit aussi à une faute du graveur en considérant que l'épenthèse est de date post-mycénienne mais de beaucoup antérieure aux inscriptions archaïques. Son article est une réponse à Me Devi«, Gioita 45 (1967) p. 161-163 et 46 (1968) p. 254-258, qui est imait que seuls le thessalien et l'achaien de Sybaris ont conservé la prononciation étymo logique : * mrtós > skr mrtah, gr. -μροτος. Ce me paraît être la meilleure solution.
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en Perrhébie25, Κλεόμροτος à Sybaris26, έ]μροτοΐσι = έ](μ) μροτοϊσι à Naxos27. L'aspiration de ηιατρο s'expliquerait selon Bicknell par l'influence de celle de ίαρεύς, tant est importante la place des prêtres dans le culte d'Asclépios (?). Il doit tout simplement s'agir d'un banal phénomène d'hypercorrection28 dans une région où l'aspiration était fortement articulée et régulièrement notée. Le patronyme connu Μανδροκλής, ici au génitif dorien à hyphérèse, possède au premier membre le radical du théonyme micrasiatique Μάνδρος que l'on rencontre fréquemment en Ionie29 d'où pourrait être originaire notre médecin. 23 - Epitaphe sur la partie supérieure d'un cippe en forme de chapiteau de 37 cm de haut; h.l. : 36-40 mm; au musée de Syracuse; VIe ex. Pubi.: A.Salinas, NotScav 1880, p. 39; P. Orsi, MonAnt 1 (18901892) 786-787, n° 1, tab. IV, 2; IG XIV 590 (SGDI 3043; LSAG, n° 26, p. 270, pi. 52); M. T. Manni Piraino, Kokalos 21 (1975) p. 145-146, n° 9, pi. XXXI, 4 (SEG XXVI, 1088).
|CA A | V^O^fl AA t
Καλ(λ)ιστέος : ειμί
«Je suis (la tombe) de Kallisteus» C'est par erreur que la seconde lettre triangulaire a été barrée. Le tau, qui semble avoir d'abord été oublié, a été ensuite partiellement inséré entre le sigma et Y epsilon™ . La non notation de la géminée est normale à cette époque.
25 26 27 28 29 30
Woodward, JHS 1913, p. 316, n° 7 (Ve). Landi n° 252. CEG 402 (VIIe siècle). Pour des exemples de ce phénomène en attique, voir Threatte, p. 495-497. Voir Bechtel, HPN p. 293-294, et L. Robert Bull. 1958, n° 85, p. 201. D'où Καλισ(τ)εος chez Miss Jeffery.
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Le nom Καλλιστεύς, vraisemblablement ici au génitif dialectal en -έος31, est un hypocoristique des noms en Κάλλιστο-32 du type de Άριστεύς33. 24 - Epitaphe sur un grand cippe brisé en haut à droite; h. 110 χ larg. 47 χ ép. 30,5; h.l. : 35 mm; à Γ Antiquarium ; ca 500. Pubi.: M. Guarducci, Kokalos 10-11 (1964-1965) p. 479, pi. XXIX, 17; Ep. Greca I, p. 317, n° 8, fig. 155; M. T. Manni Piraino, Kokalos 21 (1975) p. 147-148, n° 11, pi. XXXII, 2 (Gallavotti, Helikon, 1977, p. 1 ΠΙ 12; SEG XXVI, 1090). Cf. M. T. Manni Piraino, ibid. p. 134 : attestation du signe )K.
fT A Αν Ι θ}%
Καλ(λ)ιόψ[ιός]
«Je suis (la tombe) de Kalliopsis». La lettre à cheval sur la brisure est le psi de forme )K attesté égale ment à Himère. Malgré l'absence d'autres composés en -οψις, la proposition de Gallavotti de restituer le génitif d'un nom Καλλίοψις «Beauregard» paraît séduisante. 25 - Dédicace métrique soignée sur une base de stèle votive; larg. 66 χ h. 15 x prof. 50; h.l. : 15-20 mm; Ve in. Pubi. : M. T. Manni Piraino, Kokalos 25 (1979) p. 256-258, pi. XIV (SEG XXIX, 925). ©1/vTVA Θ 6 Φιντύλος : Ιιουγρίτο τάν στάλαν τάνδ' άνέθεκε «Phintulos, le fils d'Eugritos, a consacré cette stèle»
31 Cf. Sicca 1924, p. 93. 32 HPN p. 233. 33 Type étudié par J. L. Perpillou, Les substantifs grecs en -εύς, 1973, p. 171-187.
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Le nom du dédicant Φιντύλος est attesté sur la balle de fronde d'Assoros, IG XIV, 2407, n° 14. Le radical dialectal Φιντ- (Φιλτ- est fréquent en Sicile et en Grande Grèce dans Φίντων, Φιντίας, Φίντις34. Ιιουγρίτο est la erase attendue de ho Εύγρίτο35. La forme Εύγριτος est une variante locale du nom banal Εύκριτος attesté à Sélinonte au VIIe siècle, n°7236. On notera l'allongement métrique dans le second nom qui est un crétique. 26 - Epitaphe sur une stèle qui a été sciée à droite et réutilisée dans un mur hellénistique; h.l. : 2-3 cm; in situ; Ve in. Pubi.: M. T. Manni Piraino, Kokalos 21 (1975), n° 15, p. 150, pi. XXXIII, 2 (SEG XXVI, 1094).
fc 0 V Ι Ο
Ob £ { A/V^ AT Ο
θεσαλδ τόδε σαμα το [ hmö
« Ceci est le monument de Thessalos, le fils de
]
»
La seule lettre remarquable est le sigma fait de deux demi-cercles. La graphie θεσαλός avec un seul sigma se retrouve à Athènes à la même époque, IG F 1042. Bechtel fait de l'anthroponyme Θεσσαλός un nom de héros37, mais considère que le nom béotien Φετταλός est l'ethnique employé comme anthroponyme38 : on ne peut trancher. 27 - Epitaphe métrique soigneusement gravée sur une stèle; h. 24,5 χ larg. 27,5 x prof. 12,5 cm; h.l.: 1-3 cm; au musée de Syracuse, n°7735; Ve in.
34 Ce dernier chez Pindare, Ol. VI, 22 ; voir l'Index I. 35 Ούδάμο = ό Εύδάμό à Abou Simbel, Bernand-Masson, REG 1957, n° 1, 1. 5, p. 5 et 8; τούφυλίδα = το Εύφυλίδα à Camiros, M. Guarducci, Ep. Greca I, p. 331-332, n°4. 36 L'inverse est attesté à Sélinonte dans Άκροικόι η° 34. 37 HPN, p. 38-39. 38 HPN, p. 544.
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Pubi. : P. Orsi, MonAnt 1 (1890-1892) 787, n°2, pi. 4, 1 (SGDI 5241; DGE 164; Peek, GVI 66; LSAG, p. 270, n° 28; M. Guarducci, Ep. Greca I, p. 315, n°6, fig. 153); M. T. Manni Piraino, Kokalos 21 (1975) n° 12, p. 148 (SEG XXVI, 1091). Cf. O. Masson, Sileno 7 (1981) p. 12-14 : nom de la défunte.
$ 0 CIA© V CAT ft ° ί Ε ' ^ J
Τας Ηαγία θυγατρός είμι
fC A fi R Ο C O/V Ο
Καπρογόνο
«Je suis (la stèle) de Kaprogonon, la fille de Hagias». Comme Καπρογόνο ne peut être que le nom de la défunte, sur le même plan que θυγατρός, on doit considérer que l'on est en présence d'un nom de femme neutre Καπρόγονον dans lequel O. Masson voit un sobriquet tiré d'un nom de plante *καπρόγονον bâti comme σελινόγοvov. Le patronyme Ηαγίας correspond à l'attique Ήγίας, ΗΡΝ p. 188; l'aspiration apparaît aussi dans le nom de la même famille Ηαγις, attes té à Tarente, Landi n° 194, 1. 12. 28 - Texte sur bronze d'Olympie relatif à des bannis et concernant Mégara et Sélinonte. Huit fragments dont le dernier, h, découvert en 1894, a pu être^ ajouté dans les Nachträge des I.v.OL, col. 797. La plaque devait être assez grande : le fragment / est long de 33 cm, a haut de 19 cm et h de 17 cm; écriture boustrophédon; h.l. : 8-10 mm; au musée d'Olympie; VIe ex. Pubi. : Dittenberger, I.v.OL 22 + col. 797 (Roehl 1907, n°7; Schwyzer, DGE 165g; D. Asheri, ASNP, 1979, 2, p. 479-497). Cf. Dunbabin, The Western Greeks, 1948, p. 417; Bérard, Colonisat ion2, p. 245; LSAG n° 36, p. 277 et 271 : date basse, 483; G. Manganaro, ArchClass 17 (1965) p. 196-197: décret démocratique de Mégara; Gra ham, Colony and Mother City, 1971, p. 112-113 : ca 500; Vallet- Villard Auberson, Mégara Hyblaea, Le quartier de l'agora archaïque, 1976, p. 422-423; J. Seibert, Die politischen Flüchtlinge und Verbannten in der griechischen Geschichte, II, 1979, p. 550.
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Grâce au boustrophédon on est sûr que b est un fragment de la part iedroite et que / doit être placé dans l'angle inférieur droit. Le frag ment h semble contenir une partie du bord supérieur de la plaque. Dittenberger et Roehl placent ce fragment entre a et b : comme les lettres me paraissent plus grandes je serais enclin à y voir un fragment de la partie gauche. Je ne transcris que ce qui paraît certain. h 1 hópKia, 3 Σελινόε[ντι, 5 εστε, 6 αίσιμνά[τας, 9 έκ τας γ<χ[ς. α 1 Μηε]γαρίδος, 2 κα]ρπευέσθο, 4 κ]ομιέσθο, 5 χρέ]ματα δαμε[ύεν, 6 hiapóv, 8 κ]ρίσις εστο ha[, 9 αϊ τίς κα τον πρ]ό[σ]θα φευγόν[τον, 1 1 χρέματα, 12 -]άντο τοί ηυ[ιοί, 13 δυόδεκα τός / δυοδέκατος, 14 τ]οί παί δες, 15 τοί παΐ[δες, 16 Α]ΐσχρονα, 17 Πεΐσιν, 18 Φ]ίλυρο[ν, 19 1ι]υιοίς. b 3 κο]μιέσθο, 5-6 αίσιμνά[τ]ας, 7-8 -]λετο έκ τάς ΝΑΣΕΣ, 9-10 εν Σ]ελινόεντ| ι /τοικει, 11-12 άνίτο σύν | τοι Μ1ιεγα[ρ-.
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/ 2-3 έκάτε|ροι, ha πό[λι]ς, 4-5 [αϊ χ'ό] π[ατ]έρ αποθάνει, αϊ κα λοντι άποδόσθαι, ού q(&i)[éa]| θον · τοί δε πρόσθε εφευγον τον γραμ(μ)άτον, 6-7 }νθον, τούτοι ούκ ένόρκιοι ούτ' αυτοί ούτε τοί σύ[ν τ| ού]τοις φυγόντες · τόδε ρ έτος άρχε ηαλυνπιάς h [ Alphabet. On remarque l'emploi du qoppa 9 , du signe de l'aspira tion H, du gamma sicilien C, et du digamma de forme C ou t . Commentaire. Bien qu'aucun détail formel ou contextuel ne permette de l'affi rmer,les commentateurs de cette inscription sont enclins à considérer que la cité de Mégare qui figure dans le texte est plutôt Mégara Hyblaea que la Mégare de Grèce. Néanmoins la nature même de ce tex te nous échappe. S'agit-il d'un décret de Sélinonte ou d'un décret de Mégara? D'une convention entre Mégara et sa colonie? Le dernier com mentateur, D. Asheri, pense qu'il pourrait s'agir d'un document conte nant le texte d'un accord entre la polis de Sélinonte et un groupe d'exi lés.Cette hypothèse est intéressante mais reste indémontrable du fait de l'état du texte. Il est en tout cas certain qu'il s'agissait de disposi tions importantes puisque les contractants ont jugé bon d'exposer cette plaque de bronze à Olympie. On se reportera à l'étude d'Asheri pour des hypothèses sur les circonstances historiques qui pourraient inciter à dater ce document des dernières années du VIe siècle, ce que suggère également le style de l'inscription. Fragment h L. 5. La conjonction dorienne εστε (= att. εως) se retrouve à Camarine, n° 126, 1. 4, à Halaesa, n° 196, passim, ainsi que dans la pièce V, v. 22 de Théocrite. L. 6. Pour les αίσιμναται voir infra. Fragment a L. 1-2. La proximité de Μ1ιε]γαρίδος et de κ]αρπευέσθο semble indi quer que le passage concernait la jouissance de terrains ou de vergers situés sur le territoire de Mégara, la Μεγαρίς. Le moyen καρπεύομαι se retrouve à Halaesa, n° 196, 1.9, et dans les Tables d'Héraclée, I, 154. S'agirait-il des modalités selon lesquelles des bannis revenus à Mégara
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auraient pu de nouveau avoir la jouissance de vergers situés hors-lesmurs39? L. 3-4. κ]ομιέσθο «qu'il recouvre»; on comparera l'expression τα πατρώια κομίζεσθαι ές τοις (= att. έξ ών) εφευγον, dans le texte de Tégée, Buck 22, 1. 5-6 40. Je pense que κομιέσθο est l'impératif moyen d'un présent archaïque κομίω, antérieur à κομίζω, type dont on a un autre exemple dans le présent arcadien ίνφορβίω, Buck n° 18 passim41. L. 5-6. χρέ]ματα δαμε[ύεν; il pourrait être question de la confisca tion des biens de certains bannis au profit de la cité, procédure exécut ée par le conseil politique des αίσιμναται (?). Les plus anciens exemp lesdu verbe δάμεύω «confisquer au profit de l'état» apparaissent dans le texte argien Buck 84 (ca 500) et dans la célèbre loi locrienne IG IX l2, fase. 3, 609 (Ve) : χρέματα δάμευέσθον. L. 9-10. πρ]ό[σ]θα ou εμπρ]ο[σ]θα selon une proposition de Bechtel, GD II, p. 197 : apparaîtraient donc ici aussi bien des adverbes en -θα que des adverbes en -θε (cf. πρόσθε f, 1. 5). Le texte ferait allusion à deux vagues d'exilés qui semblent considé rés comme des colons. La première vague serait-elle celle des premiers colons mégariens de Sélinonte? L. 18. Je restitue un nom Φ]ίλυρο[ν connu en Arcadie avec une géminée, Φίλλυρος IG V 2, 293, 1. 21 (IIe). Le féminin Φιλύρα, ΗΡΝ, p. 597, est un sobriquet forgé d'après le nom de tilleul, φιλύρα. Fragment b. L. 5-6. Les αίσιμνάται forment le conseil de Mégare, Syll.3 642 42, et des colonies mégariennes comme Kalchédon43, Sélymbria44 et Kallatis45. Le vocalisme radical αίσυ- est plutôt ionien46.
39 Voir le texte sur le retour des bannis, Buck n° 22, 1. 11-16, de Tégée. 40 La même expression, dans le même contexte, chez Lysias, C. Hippoth., 1. 43. 41 Cf. L. Dubois, RDA I, p. 152-153. Le futur correspondant à ces présents en -ίω était en -ίσω comme semble le prouver l'infinit παρακομίσεν du phocéen d'Ampurias, ZPE 68 (1987) p. 121. 42 Cf. Bechtel, GD II p. 183, et K. Haneil, Megarische Studien, 1934, p. 146-153. 43 Αίσιμνάω I.v. Kalch. 6, 1. 1 ; 7, 1.6; προαισιμνάω ibid. 10, 1. 10, 12; 11, 1. 3, 5; 12, 1.13. 44 BCH 36 (1912) p. 554. 45 Cf. Hanell, o.e. p. 152-153. 46 Voir Chantraine, DELG, s.v. αίσυμνάω, pour les différentes tentatives d'explication de ce radical qui reste d'origine obscure.
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L. 9-10. έν Σ]ελινόεντι: l'absence de contraction se retrouve dans des monnaies du Ve siècle à légende ΣΕΛΙΝΟΕΣ47. L. 11-12. άνίτο (Becht.) ou έπ]ανίτο (Ditt.) «qu'il revienne au pays»; à ce verbe correspond άνχορειν dans le texte locrien sur la colonisation de Naupacte, IG IX l2, fase. 3, 718, 1. 7-14. Il devait être question ici du droit au retour et de ses modalités foncières, juridiques et fiscales par lesquelles étaient aussi concernés les enfants des bannis. σύν τοι Μηεγαρ[- : on peut proposer deux types de restitutions, a) On pourrait supposer que le retour de bannis se fait sous la conduite d'un Mégarien : dans ce cas je proposerais σύν τοι Μ1ιεγα[ρέον πρεσβευται] en pensant à l'expression τοις σύν Άντιφάται /?οικεταΐς du texte de la fondation de Naupacte, IG IX l2 fase. 3, 718, 1. 47. b) II pourrait aussi être question d'un arrangement avec un citoyen resté à Mégare qui a pris possession du bien du banni : le parallèle du texte de Tégée, Buck 22, 1. 31, inciterait alors à restituer σύν τοι Μηεγα[ροΐ (loc.) μένοντι] (?). Le radical du nom de la cité de Mégare est ici écrit Μηεγα[ρ- : cette graphie difficilement explicable est connue dans d'autres textes archaïques: dans l'île de Proté, Μηεγαρεύς DGE 152; à Délos Μηηγαρίς (sic, nom de femme) LSAG n°43a, p. 306 et 297 48. Fragment / L. 4-5. Le sujet de λδντι est très vraisemblablement hinoi ou παίδες des lignes précédentes; pour le verbe dorien λώ «vouloir» voir comm. au n° 29. Une clause inverse apparaît dans le texte d'Olympie DGE 424, 1. 8-9 (IVe) : τοίρ δε έπ' άσ(σ)ιστα μα άποδόσσαι μάτε έκπέμψαι τα χρή ματα τοϊς φυγάδεσσι «que les proches ne mettent pas en vente les biens ni n'envoient l'argent aux exilés». La négation ού devant ce qui ne peut guère autre chose qu'un impératif est très curieuse : serait-ce un éléisme? On sait en effet que c'est cette négation qui dans le dialecte éléen est usuelle avec l'optatif prescriptif accompagé de κα49. L. 6-7. Le pluriel pronominal τούτοι (= att. ούτοι) se retrouve dans d'autres régions doriennes, voir Bechtel, GD II, p. 190 et 126. Le terme ένόρκιος est très rare : il est apparu récemment à Entella dans les 47 Sur des titrai : voir Head, ΗΝ2, ρ. 169. 48 La même graphie apparaît dans μΐιεγάλο, μΐιέσοι, μΐιέτριος, ΜΙιεγακλες en attique (Threatte p. 25-26); dans gén. Μηείξιος à Corcyre, CEG n° 146; dans le radical Μηεγαλ- ) Μηειαλ- en pamphylien, Brixhe n°3, 1. 5, 9, 10. M. Lejeune, Phonétique, p. 120, voit dans la présence du signe de l'aspiration un phénomène analogique (?). 49 Cf. Bechtel, GD II p. 859, et Debrunner, GG II, p. 330.
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décrets 204, 1. 8-9, et 205, 1. 10, avec le sens de «fidèle à son serment». On le retrouve chez Pindare, OL II, 101, où il qualifie un λόγος et semb leavoir le même sens que ένορκος «appuyé par un serment»; comme il s'agit de l'ode en l'honneur de Théron d'Agrigente, on pourrait se demander si ce terme rare n'est pas typiquement sicilien. Rappelons enfin que dans le texte de la colonisation de Naupacte, IG IX l2, fase. 3, 718, 1. 11, l'expression ëvopqov τινι + prop. inf. signifie «que soit objet de serment pour quelqu'un le fait que. . . ». Ici ούκ ένόρκιοι pourrait signifier «non concernés par les dispositions qui font l'objet des se rments » ; rappelons la présence de ηόρκια en h 1. 1 . La formule de datation. Dans son commentaire Dittenberger semble donner à άρχε le sens de «être archonte», ce qui n'est guère satisfaisant. Il me paraîtrait pré férable de voir dans άρχε une forme archaïque d'impératif équivalent à att. IIIe sg άρχέτω50 dont le sujet est τόδε ^έτος «cette année-ci». Le nominatif suivant ηαλυνπιάς = ha Όλυνπιάς est en apposition à τόδε ρέτος; il se pourrait qu'il ait été suivi de l'article ha et d'un ordinal exprimant le numéro de l'olympiade. Ceci rappelle les formules de pri sed'effet des baux attiques : χρόνος άρχει Νικοκράτης άρχων51 ou enco re χρόνος άρχει Μεταγειτνιών μήν52. Je comprends donc : «Cette annéeci qui est la (nième) olympiade est le début (de la prise d'effet de ces décisions)53.
SÉLINONTE Les fouilles exécutées dans les nécropoles et sur l'acropole même ont montré que des Grecs sont arrivés à Sélinonte dans la première
50 Pour ce type d'impératif, voir Schwyzer, GG I, p. 801, et L.Dubois, RDA III, n. 1165, pour le caractère archaïque d'une telle forme. Il n'y aurait donc pas à comprend re άρχΕ commun άρχει à la suite de Bechtel, GD II, p. 167, et de Schwyzer, DGE 165g, en note. 51 Pouilloux, Nouveau Choix, n° 27, 1. 27-28 (IVe). 52 IG Ρ 377, 1. 14. 53 Si l'idée est la même, la construction n'est donc pas tout à fait identique à la for mule éléenne συνμαχία κ' εα εκατόν /τέτεα,- άρχοι δέ κα τοί «que l'alliance militaire soit de cent ans; qu'elle commence dès maintenant», DGE 413, 1. 2-3.
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moitié du VIIe siècle54. La découverte de nombreuses poteries mégariennes confirme que la majorité des colons devaient être originaires de Mégara Hyblaea qui, selon Thucydide, V, 4, 2, avait envoyé un certain Παμμίλος55 qui fut peut-être aidé dans sa tâche par des oecistes venus de leur métropole de Grèce56. Entre les deux dates de fondation four nies par les historiens anciens, 628 pour Thucydide, 650 pour Diodore, XIII, 59, 4, il est désormais d'usage de préférer la seconde qui est bien étayée par les découvertes récentes57. A ces hautes époques, il est vraisemblable que la population de la colonie était assez mêlée puisque les inscriptions 72 et 79 nous assurent de la présence d'un élément corinthien. Après une grande extension urbaine, politique et économique aux VIe et Ve siècle la cité est prise par Hannibal en 409 58. Réoccupée vers la fin du IVe siècle, la cité, devenue une agglomération gréco-punique, est à nouveau détruite par les Carthaginois en 250 et ses habitants sont évacués vers Lilybée sous la pression romaine. Constitué de textes assignables aux VIIe, VIe et Ve siècles, le dossier épigraphique de Sélinonte est de loin le plus important et le plus varié de Sicile, ce qui justifie notre présentation typologique. On regrettera néanmoins qu'il ne présente qu'un seul exemple de document officiel émanant de la cité, n° 78, qui d'ailleurs ne nous renseigne que fort peu sur les institutions de la colonie grecque la plus occidentale. On signale ra cependant que l'un de ses traits les plus remarquables est de conte nir le seul exemple sicilien sûr du bêta mégarien de forme \Λ, 1. 2, dans un texte grec.
54 Cf. A. Rallo, Annuario 1982, p. 217-218. 55 Ce nom pourrait être un hypocoristique en -ίλος d'un nom comme Παμμένης : on l'ajoutera chez Bechtel, HPN p. 358, à côté de Πάμμων. 56 Le texte de Thucydide est à cet endroit malheureusement corrompu. Sur la fondat ionvoir Vallet-Villard-Auberson, Megara Hyblaea, Le quartier de l'agora archaïque, 1976, p. 419. 57 Diodore nous dit en effet que la cité fut prise par les Carthaginois 142 ans après sa fondation. Deux bonnes synthèses sur l'histoire de la cité à la lumière des dernières découvertes : A. di Vita, Miscel. E. Manni, 1979, III, p. 803-329, R. Martin, Annuario 1982, p. 183-188. 58 Cf. Diodore XIII, 57, 4.
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Les textes sur plomb Les documents sur plomb de Sélinonte constituent un ensemble unique par leur nombre et par leur date : gravés du milieu du VIe siècle à la fin du Ve, ils sont presque tous antérieurs aux documents attiques de même nature59. Puisque le support en plomb était en soi un élément funeste, il n'est pas étonnant que certaines defixiones se présentent sous la forme minimale d'une enumeration des noms des individus exécrés (n° 20, 34, 35, 39). D'autres textes en revanche comportent une explicitation des intentions du rédacteur qui souhaite une inefficacité (ατέλεια) des actes et des paroles de ses adversaires pour lesquels la malédiction consiste en une rétractation ou une rétroversion de la langue (άπεστραμμένα γλοσσα). Certains textes peuvent sans hésitation être classés parmi les defixiones judiciaires du fait de la présence du terme σύνδικοι qui désigne les co-accusés ou les co-accusateurs (n°31, 33, 37, 41) 60 ou à cause d'une allusion précise à l'activité complice de témoins (n°40)61. Textes provenant de la localité de Buffa. 29 - Lamelle de plomb brisée en trois morceaux, mutilée à droite; 93 χ 50 cm; h.l. : 3-5 mm; écriture boustrophédon, mais certaines lettres de la ligne 2 sont écrites de façon rétrograde ; pi de forme ri ; au musée de Palerme; 550-500. Pubi. : A. Brugnone, Studi Manni, 1976, p. 68-73, pi. II (SEG XXVI, 1112; D.Jordan, GRBS 1985, n°94); R. Arena, ZPE 65 (1986) p. 205-206. [Δι]κοι ηότ[ι] κα λείει, άτέλεστα και έργα και επεα έ[μ]-
59 Voir M. Guarducci, Ep. Greca IV, ρ. 247. 60 Pour ce terme, voir E. Ziebarth, Sitz. Berlin 1934, p. 1028-1031. 61 Ces defixiones ont été récemment répertoriées par D.Jordan, GRBS 1985, p. 174177. Je ne reprends pas ici les numéros 13 et 19 de la publication de Gabrici-Olivieri, MonAnt 32 (1927) p. 388-390 et 396-397, tant sont misérables les fragments qui subsistent. Des bribes du numéro 13, je ne retiens que le nom Δάμαρχος; on pourra à ce sujet se reporter aux hypothèses d'interprétation de R. Arena ZPE 66 (1986) p. 162-164.
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[ε]γ. Και Σικανάι άτέλεστα και έργα και επε[α hó][τ]ι κα λείει. Notes critiques. L. 1 : — ]κοίνο(ι) καλεϊ εί Br.-L. 2 : Y epsilon est dans la brisure. - L. 2-3 : ε[ΐ]να]ι Br.-L. 4-5 : επε[α εϊ|να]ι καλεί εί Br. Commentaire. Malgré la bizarrerie de la construction en chiasme il semble bien que le premier anthroponyme et le datif Σικαναι soient sur le même plan. L. 1. Le quatrième signe est pris pour un nu par A. Brugnone, ce qui est satisfaisant puisque la haste intérieure est oblique; cependant cette lecture l'a obligée à corriger en un iota le sixième signe qui est un tau. La lecture d'Arena, qui restitue seulement un iota tout à fait admiss ibledans la brisure, est plus satisfaisante. La supposition d'un nom féminin terminé par -κοι est la solution la plus économique: Arena pensait à θεοκκώ; on peut aussi admettre Δικώ ou Νικώ; enfin un datif masculin en -κοι d'un nominatif en -κος est tout aussi possible. La coupe καλεΐ εί de l'éditrice est ici difficilement justifiable car le verbe καλέω ou ses composés n'apparaît dans les defixiones que pour exprimer l'appel aux dieux infernaux62. Arena propose judicieusement de retrouver ici λείει, une forme typiquement dorienne (crét., cyr., él.) de subjonctif du verbe ληίω «vouloir» (*/τληί-νω) : le radical ληι- est attesté en crétois devant une terminaison commençant par -o- (ptcp λείοντος, III pi subj. λείοντι63). Il aurait certes été plus satisfaisant de retrouver la forme contractée λήι, sans iota médian, du verbe λώ(*/τλήyco car celle-ci est attestée non seulement en sicilien littéraire64, mais surtout dans l'inscription précédente, n°28, f 1. 11 (αϊ κα λοντι άποδόσθαι); corriger deux fois λει{ει} serait peu légitime65. 62 Voir Audollent, Defixionum Tabellae, Paris 1904, n° 38, 1. 10, n°81, 1. 1 etc. « Cf. Bechtel, GD II p. 748. 64 Sur ce verbe, voir l'étude de C. Gallavotti, Helikon, 1977, p. 128-130, du même, voir également Paideia 1975, p. 292-303, à propos de l'inscription mégarienne DGE 148 (= LSAG n°3, p. 137, et 136, n. 1); voir aussi, M. Meier-Brügger, Indo-european Studies 4 (1981) p. 195-206. 65 Chantraine, DELG, s.v. λω estime qu'il n'y a qu'un seul verbe λω (* /Λή-νω sans
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L. 3. Le nom Σικανά se retrouve à Camarine, n° 120 : il s'agit du féminin de l'ethnique employé comme anthroponyme66. Le masculin Σικανός est attesté pour un Syracusain, chez Thucydide, VI, 73, 1, et à Athènes, IG Ρ 960; voir Bechtel, HPN, p. 543. Traduction : «Pour ( ) ko, que tout ce qu'elle désire, actes et paroles, n'aboutisse à rien; et pour Sikana, que n'aboutisse à rien tout ce qu'elle désire, actes et paroles». 30 - Lamelle de plomb comportant trois noms; 6,5 x 10,3 cm; h.l. : 5-10 mm; au musée de Palerme; VIe ex. Pubi. : A. Brugnone, Studi Manni, 1976, p. 80-81, n° 3, tab. VI (SEG XXVI, 1114; Jordan, GRBS 1985, n° 96). ?υλίχα Ξενοκλες Γλαυκίας Le nom ?υλίχα qui ne semble pas connu ailleurs doit être un sobriquet en -ίχα bâti sur le radical de τα κύλα «poches sous les yeux, comme Κύλων, Κύλασος etc., voir Bechtel, HPN, p. 480, et Chantraine, DELG, s.v. κύλα. 31 - Lamelle de plomb opisthographe brisée en trois morceaux; 8x3,7 cm; h.l.: 2,5-4 mm; boustrophédon ; ?, H; texte complet; au musée de Palerme ; VIe ex. Pubi. : A. Brugnone, Studi Manni, 1976, n° 2, p. 73-79, tab. III-V (SEG XXVI, 1113; D. Jordan, GRBS 1985, n°95). recto
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Ταν Ε[ύ]κλέος γλοσαν κai ταν Άριστοφάνιος καί ταν Άνγείλιος καì τ[αν] Άλκ[ί]φρονο[ς] καϊ ταν Ηαγεστράτό το-
— ■► <— ->
rendre compte de l'iota des formes Cretoises. L'iota médian pourrait être un glide entre deux voyelles de timbre opposé, glide qui aurait analogiquement été étendu devant une désinence en -e. 66 Pour le procédé onomastique, on comparera Τυρρανά η° 37b.
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verso io
ν συνδίςον τον [Ε]ύ[κ]λίος κα[ί τ]ον Άριστοφάνεος [τας γ]λό[σ]ας ·κα[ί τ]<χν [....] λ [.]ονος [γλοσαν] και ταν Ο[ί]νο[θ]έο και τàv α[. . . γ]λο[σ]αν.
<— -> <-> -> «-
Notes critiques. Le troisième et l'avant dernier signe de la ligne 1 ainsi que le quatorzième signe de la ligne 6 ont la forme ^: comme le remarque à juste titre l'éditrice, il ne peut s'agir que de la correction d'un nu gravé vers la gauche, erreur parfaitement explicable en boustrophédon. On observe un certain flottement dans la notation des voyelles : Ε[ύ]κλέος 1. 1/[Ε]ύ[κ]λίος 1. 6-7, Άριστοφάνιος 1. 2/ Άριστοφάνεος 1. 7-8. L. 3. Άνγείλιος est le génitif d'un nom "Αγγελις avec la notation d'une prononciation très fermée de la voyelle médiane : s'agit-il d'une anticipation du -i-, d'une dilation vocalique? On ajoutera le nom "Αγγε λις chez Bechtel, HPN p. 11, à côté de Άγγελίσκος et de Άγγελίδας. Traduction : «(Je maudis) la langue d'Euklès, d'Aristophanès, d'Angeilis, d'Alkiphrôn et d'Hagestratos. (Je maudis) la langue des alliés d'Euklès et d'Aristophanès et ». 32 - Lamelle de plomb; 3,7 χ 6,2 cm; h.l. : 3-9 mm; V = chi, h = pi; au musée de Palerme; Ve in. Pubi. : A. Brugnone, Studi Manni, 1976, n° 4, p. 81-83, tab. VII, 1 (SEG XXVI, 1115; D.Jordan, GRBS 1985, n° 97). Χαμ(α)ί σ'έπέχο κά(ν) έπ' άτελείαι νόσο ροπαι ho? ε [.] κα [. .] ε [. .] οντι Notes critiques. L. 1 : sur la plaque χαμι. Commentaire. En dépit de l'état désespéré de la quatrième ligne, le sens du texte est assez clair : il doit s'agir d'une imprécation contre un grabataire dont l'impotence réjouit le rédacteur de la tablette.
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L. 1. La correction χαμ(α)ί est ingénieuse, mais ne doit pas exclure de voir dans Χαμι le vocatif d'un nom indigène. L. 2. έν νόσο ροπαι : on peut rapprocher εν ροπή τοιαδε Sophocle, Tr. 82, et surtout σώμα νοσώδες μικράς ροπής έξωθεν δεΐται προσλαβέσθαι εις το κάμνειν Platon, Rép. 556 e. On retrouve à Athènes la ment ion de maladies envoyées par les dieux : εμβάλλετε πυρετούς χαλεπούς Audollent, n° 51. Traduction : «Je te maintiens dans la crise fatale de la maladie afin que tu ne puisses atteindre tes objectifs». Textes découverts au sanctuaire de la Malophoros. 33 - Plaque de plomb très mutilée; 72x44 mm; au musée de Palerme; ca 500. Pubi. : S. Ferri, NotScav 1944-1945, p. 174, fig. 3 (L. H. Jeffery, BSA 50 (1955) p. 73, n° 1 ; LSAG, n° 38b, p. 277 et 271 ; SEG XVI, 574; Jordan, GRBS 1985, n° 108).
Ne sont transcrits que les mots identifiables. 1 2 3 4 5 6
Σοπάτροι Σόπατρ]ος και ha Σοπάτρο γλο[σσα- -] Φρΰνις και ha [Φρύνιος γ]λοσα γλοσα : με κολύε συνδικε[ν 1 ΤΑΣΓ
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Alphabet. L'alpha a trois ductus différents: Λ, Λ, A. Le pi a la haste supérieure oblique comme dans les textes précédents. Il n'est pas possible d'affirmer que le signe de forme \X, 1. 3, est un bêta mégarien tant le contexte est obscur. Les deux personnages maudits sont Σώπατρος et Φρΰνις : ce second nom se retrouve à Tauromenion, IGLMP n° 115, passim. 34 - Liste de huit noms sur une plaque de plomb; 12 χ 6 cm; au musée de Palerme; Ve in. Pubi. : Gabrici-Olivieri, MonAnt 32 (1927) p. 394-395, n° 17, fig. 185 (L. H. Jeffery, BSA 50 (1955) p. 73, n° 5; D. Jordan, GRBS 1985, n° 105).
1 7
Πίθον, 2 Γοργίας, 3 Πυθόδ(ο)ρος, 4 Δετας, 5 Χίμ(α)ρος, 6 Φιλόλεος, Άκροικόι, 8 Σελινόι.
Miss Jeffery a bien reconnu le principe de cette écriture «magi que » : les lettres sont gravées dans le sens habituel vers la droite, mais les mots sont dans l'ensemble gravés vers la gauche67. 2 : iota et gamma sont intervertis. - 3 : un omicron est omis. - 4 : Δετας doit être un nom indigène. - 5 : l'insertion d'un alpha permet de retrouver le sobriquet Χίμαρος «chevreau», HPN, p. 588. - 6 : Φιλόλεος a un second membre ionien. - 7 : Άκροικόι : lecture possible si l'on admet l'interversion de l'iota et de l'omicron; il faut supposer une évo lution locale de -γρ- en -κρ- : l'inverse apparaît dans Εύγριτος < Εύκριτος à Mégara, n° 25 ; un nom de femme Άγροικώι est un sobriquet tiré du substantif άγροικος Aristophane, Nuées 47 68. - 8 : le nom de femme Σελινώι apparaît aussi au n°40, 1. 8; pour ce nom qui n'est pas unique mentsélinontin69, mais attesté dans plusieurs cités grecques, voir L. Robert, Bull. 1967, n°71570.
67 68 69 70
Type d'écriture bien connu dans les defixiones attiques, IG III, 20-37. Ce sobriquet apparaît sous la forme latine Agroecus, à Rome, Solin, GPR II, p. 973. Un exemple nouveau en Illyrie, SEG XXXI, 606. La transcription άκροίκοι Σελινοι « pour la paysanne Selinô » est peu probable.
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35 - Plaque de plomb contenant une liste de huit noms gravés négligemment; 10 χ 5 cm; au musée de Palerme (?); Ve siècle. Pubi. : Comparetti, RendLinc 27 (1918) p. 197-199 (Schwyzer, RhMus 73 (1920) p. 428; DGE 167a, 2); Gabrici, MonAnt 32 (1927) n° 16, p. 393-394, fig. 184 (Jordan, GRBS 1985, n° 101).
Πολυκλες Όνέρον ) 'Αδείμαντος Μύχα Μειχύλος
Άρειάδας Έξάκεστος
Ηιστίαρχος
Le signe ) au début de la ligne 3 est énigmatique. Schwyzer a expliqué le nom Ονήρων par Όνήσων, avec un rhotacisme dans un nom qui pourrait être d'origine érétrienne : on en rap prochera le dérivé Όνηρίδης, ΗΡΝ, p. 349. Pour Ηιστίαρχος voir n° 39, 1. 5 et 13. Μύχα ne semble pas connu ailleurs : serait-ce un sobriquet bâti sur le radical de μυχός «cachette»? Μειχύλος est également nouveau mais reste pour moi inexplicable. 36 - Plaque de bronze rectangulaire; bien conservée; 12,6 x 46 mm; au musée de Palerme; Ve siècle. Pubi. : Gabrici-Olivieri, MonAnt 32 (1927) p. 392-393, n° 15, fig. 183 (L. H. Jeffery, BSA 50 (1955) p. 73, n°3; SEG XVI, 571; D.Jordan, GRBS 1985, n° 104).
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ρ , £ Λ ^ Ε Ν * Ι, Α
E. . . έξόλειαι και αύτον και γ<ε)νεας. Νίκυλλος Καποσο, Δενδίλος Μ(ν)άμονος, Αϊνον, Ναεπονος Ξένιος, Άποντιος Ηερακλείδας, Σαΰρις, 'Άθ|ανις Ταμμαρο Ηερακλείδας, 'Ρασφαρμαυα, Δίο|ν Πιάκιος, Πιθθίας, Ίχαιον Μαμμαρειο, Ζοξ|τα, Άγάθυλλος Ξένιος Ηερακλείδας, Σύνε|τος Ξένονος. Avec le huitième signe avant la fin de la première ligne commence une liste de noms gravés vers la droite mais à rebours. Le début de la première ligne est gravé normalement vers la droite mais les deux pre miers mots sont de lecture très délicate car il semble bien que d'autres lettres aient été gravées à cet endroit dans un premier temps, d'où deux lectures : - 01. έσθίετε οίνεΐαι και αύτον και Αίνέας. - Jeff. Είεν έξόλειαι και αύτον και γενεάς71. Si le texte d'Olivieri est en tous points injustifiable, celui de Miss Jeffery est très difficile à admettre pour le début. Pour la suite, on admettra aisément que les deux traits verticaux qui entourent le lamb da ressortissent à la première gravure. Plus loin, un epsilon semble avoir été oublié dans γ(ε)νεας.
71 Pour des formules de malédiction de ce type, voir M. Guarducci, Ep. Greca IV, p. 222-239.
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La suite du texte est assez simple : la présence du patronymique n'est pas systématique; certains individus sont qualifiés du terme Ηέρακλείδας qui doit être un phylétique. Noms grecs : 1 Νίκυλλος, 2 Μνάμων, Δενδίλος, Αϊνων, 3 Ξένις, "Αθανις, Σαΰρις, 4 Δίων, 5 Πιθθίας, 6 Άγάθυλλος, Συνετός, 7 Ξένων. Parmi ceux-ci, deux sont très rares : Δενδίλος qui est aussi attesté en Thessalie, IG IX 2, 234, 39, est en rapport avec δενδίλλω «faire un clin d'œil», HPN, p. 490; Σαυρις, qui se retrouve au n°44, est un sobri quet bâti sur le radical de σαύρα «lézard» comme Σαύρων à Locres, Landi n° 77, 472. Les autres noms doivent être indigènes. Πίακις, 1. 5, pourrait être en rapport avec le toponyme Πίακος connu par Et. de Byzance et par des monnaies du Ve siècle73. Le nom Ταμμαρος, 1. 4, est apparu sur des n°615.' tuiles de Monte lato, Bull. 1977, Καποσος n° 131. Le premier membre de Ναεπονος 1. 2, rappelle apparaît celui de Ναυεροà Gela, τος η° 38 1. 4, et de Ναυεριάδας 1. 18 : s'agirait-il d'un nom hybride dont le second membre serait grec, HPN, p. 380? Semblent attestés pour la première fois les anthroponymes non helléniques Άποντιος 1. 3, 'Ρασφαρμαυα 1. 4, Ίχαιον, Μαμμαρειος, Ζοξτα 1.5. Seule mérite donc d'être traduite la première ligne: «Malédiction pour eux et pour leur descendance : Nikullos fils de Kaposos etc.». 37 - Trois defixiones gravées très confusément sur un disque de bronze opisthographe découvert par Gabrici en 1915; diam. : 4-4,5 cm; la surface est aujourd'hui considérablement érodée et il n'est plus pos sible de contrôler les lectures des premiers éditeurs; au musée de Palerme; Ve in. Pubi. : Comparetti, RendLinc 27 (1918) p. 193-197 (Schwyzer, RhMus 73 (1920) p. 426-429; DGE 167a; Arangio Ruiz-Olivieri 1925, n° 23, p. 160-162 et add. p. VIII-IX; Ribezzo, RIGI 9 (1925) p. 64; Gabrici, MonAnt 32 (1927) p. 385-388; SEG IV, 37-38). Cf. Jeffery, LSAG n° 38, p. 277 et 271; J. Heurgon, Kokalos 18-19 (1972-1973) p. 70-74 : σύνδικος; Jordan, GRBS 1985, n° 99.
72 On ajoutera ces deux sobriquets chez Bechtel, HPN p. 586, à côté de Σαυρίας, ainsi que Σαυρίσκος dans une épitaphe du British Museum, CIG IV 6868, et Σαυρέας au datif Saureae chez Plaute, As. 264 (cf. K. Schmidt, Hermes 37 (1902) p. 206). 73 Cf. G. K. Jenkins, ΑΠ Ν 20 (1975) Suppl. p. 87-82.
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Σελιν(ό)ντιος [κ]αί ha Σελινοντίο γλοσα άπεστραμέν' έπ' άτ(ε)λείαι τάι τέ|ν|ον | έν|γράφο. Kai τον ξένον συνôiqôv τας γλόσας άπεέπ' άτεστραμένας λείαι τάι τενον ένγράφό. Τιμασοι και ha Τιμασος γλοσα άπεστραμέναν έπ' άτελείαι τάι τενον έγράφο. Τυρρανα και ha [Τυρρ]ανάς γλοσα [άπε]στραμέναν έπ' άτελείαι τ[αι τ]ένον έγ[ράφο] | πάντον.
Disposition des lignes. a - Les lettres ON au-dessus de la ligne 1 doivent être la fin de τε|ν|ον dont le début est gravé à gauche; un omicron a été omis dans Σελιν(ό)ντιος. - L. 2 : le trait oblique sous le lambda doit être adventi ce; la barre du signe de l'aspiration est très mince. - L. 4 : l'epsilon de άτ(ε)λείαι est omis; la fin de ce mot est écrite le long du bord droit en remontant; la suite, τάι τενον, à gauche en remontant; le nu sous Val-
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pha et la désinence -ôv en haut du disque; le préfixe de ένγράφο est gravé en haut à droite et la suite en haut à gauche. b - L. 2 : Ribezzo a lu l'alpha de τάι τενον et estimé que l'omicron avait été inscrit par dessus un epsilon. - L. 4 : πάντον en haut, à gau che. Commentaire. Un grand progrès dans la compréhension du texte a été accompli par Ribezzo qui a identifié le génitif du démonstratif dorien τήνων = att. τούτων, bien connu en Sicile, voir Index VIII. Les premiers éditeurs ne l'avaient pas reconnu du fait de la proximité de ductus entre l'upsi lon et l'omicron anguleux dont la barre supérieure peut manquer. Dans les deux textes on observe un flottement entre l'accusatif dépendant de ένγράφω et le nominatif pendens. Le participe άπεστραμμένα est ici employé avec une valeur proleptique : «de façon que sa langue soit rétractée». Les personnages maudits Σελινόντιος et Τυρρανά sont désignés pas leur ethnique. Le nom de femme Τιμασώι est apparu à Lipari, Moretti, RivFil 1984, p. 319; on l'ajoutera à côté du masculin Τίμασος chez Bechtel, HPN ip. 431. Il est fait mention de ξένοι σύνδικοι, de «co-accusés» ou de «coaccusateurs» étrangers. Traduction. a «J'inscris le Sélinontin et la langue du Sélinontin de façon qu'elle se trouve rétractée pour qu'ils ne parviennent pas à leurs objectifs. La langue des étrangers de leur partie je l'inscris de façon qu'elle se trouve rétractée pour qu'ils n'atteignent pas leurs objectifs». b «J'inscris Timasô et la langue de Timasô de façon qu'elle se trou verétractée pour qu'ils n'atteignent pas leurs objectifs. J'inscris la Tyrrhénienne et la langue de la Tyrrhénienne de façon qu'elle se trouve rétractée pour qu'aucun d'entre eux n'atteignent ses objectifs». 38 - Tablette de plomb entière; 17,2 χ 9,9 cm; au musée de Palerme, NI 12524; 475-450. Pubi. : S. Ferri, NotScav 5-6 (1944-1945) p. 168-173 (SEG XVI, 573; W. M. Calder III, Philologus 107 (1963) p. 163-172; L. H. Jeffery, Philolo-
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gus 108 (1964) p. 211-216 : réponse au précédent; O. Masson, BCH 1972, p. 377-388; Bull. 1973, n° 568). Cf. L. H. Jeffery, BSA 50 (1955) p. 73, n° 10 : 1. 6, 8, 10; A. Landi, Klearchos, 15 (1973) p. 101-104, et 18 (1976) p. 129-134: sur le nom 'Eqoxiç (Bull. 1978, n° 581); D. Jordan, GRBS 1985, n. 107.
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SÉLINONTE 15
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αυτόν τον Φο(ί)νικος hmòv το Καιλιο καταγράφο παρ ταν ηαγνάν θεόν. - Άπελος Λυκίνο, Λυκΐνος Πύρ(ρ)ο, Ναν(ν)ελαιος, Έςοτις Μαγονος, Ηαλος ΠυκελειοΜ, 'Ρομις Καιλiö|vl, Άπελος ho Φοίνιςος, Τιτελος Φοίνιςος, Άτος Ναυεριάδα, Τιτελος Ναν(ν)ελαιοΜ, Σαρις 'Ρομιος.
Alphabet. Le ductus de l'alpha est variable : Λ, Λ, Λ, A; l'emploi du qoppa, n'est pas systématique; signe de l'aspiration de forme récent e H. Commentaire. La hayvà θεός est vraisemblablement Persephone. On rapprochera la dédicace d'Aerai aux Άγναί θεαί, IG XIV 204 (cf. n° 110) ainsi que la séquence άγνη(ν) Φε(ρ)σεφόνε(ι)αν de la lamelle d'or de Thourioi, Landi n° 55, 1. 6. La séquence καταγράφω παρ + ace. «je dévoue à tel dieu par écrit» semble unique : après καταγράφω on trouve communément, soit le datif seul, soit προς + l'accusatif du nom de la divinité; après καταδώ on trouve une fois παρά + datif, Audollent n° 52, 1. 7 (Athènes, IIIe siècle). Ces différentes constructions doivent être sémantiquement équivalent es. L'abstrait δύνασις «puissance, énergie» apparaît pour la première fois chez Pindare, Pyth. IV, 238, et IX, 30; Calder, p. 168, a voulu y voir un sicélisme introduit par Pindare chez les Tragiques. Il s'agit plutôt d'un dorisme puisque ce terme apparaît dans le texte delphique du se rment des hiéromnémons, CID n° 10, 1. 5 (380 av.). L. 14. ένκαταγράφο : on remarquera l'agglutination des suffixes de καταγράφω et de ένγράφω. Onomastique. L'étude d'O. Masson a bien mis en évidence l'aspect hétérogène de l'anthroponymie de cette tablette. a) Noms grecs : Λυκΐνος 1. 1, 2, 16; Πύρρος 1. 7, 8, 9, 16; Πυρρΐνος 1. 7 Φοίνιξ 1. 15, 18; Πλακίτας 1. 18. Ce sobriquet unique est un nom local en rapport avec l'hapax sicilien de Sophron πλακίτας «gâteau plat», fr. 28K. b) Nom sémitique : Μάγων 1. 13, 17.
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c) Noms d'aspect sicule : Άπελος 1. 1, 6, 16, 18; Τιτελος 1. 18, 19. Le même nom est attesté à Ségeste avec deux tau, n°213, 21674. d) Noms d'aspect étrusco-italique : 'Ροτυλος 1. 8; [.]οτυλος 1. 575; Καιλιος 1. 6, 15, 17; Ματυλαιος 1. 13; Πυκελειος 1. 17; 'Ρωμις 1. 6, 17, 19; pour ce dernier nom voir le commentaire du n° 114. e) Noms qui sont peut-être des hybrides à premier membre grec : Ναυεροτος 1. 4; Ναυεριάδας 1. 18. f) Noms inclassables : Έκοτις 1. 13, 'Eqoxiç 1. 1776; Καδοσις 1. 13; Σαρις 1. 5, 7, 19; Ηαλος 1. 11, 1776bis;'Axoç 1. 18; Ταμιρας 1. 5; Ναννελαιος 1. 10, 17, 19; ces deux derniers noms ont cependant un aspect asianique. 39 - Liste de treize noms abrégés sur une plaque de plomb rectan gulaire; 112 χ 50 mm; au musée de Palerme; ca 450. Pubi. : Gabrici, MonAnt 32 (1927) p. 395-396, n° 18, fig. 186 (Jordan, GRBS 1985, n° 103). .E
[Ά]μάρι(ος) Μαιε(?) ίο Δειν(-?) Διο(-?) Ηιστί(αρχος)
/ w £ F A Κ Λ Η ) ί Ι / Α ) ^ Α· ß- Ο Lh '
Ηερακλ(είδας) 5 Ηιστία(ρχος) Χάρο(ψ/-πίδας/-πΐνος) ΗυΨ(νς)
]Γ* λΛ VV^ Β Αii^/ Ι ^
DIO
Δαμ (- ?) 15 Σάσα(μος) 74 Le même nom avec un vocalisme légèrement différent à Démétrias de Thessalie : Σύμμαχος Τιτταλου Σικελός, Masson, o.e. p. 386. 75 L. Agostiniani, IAS I 1977, p. 119, n. 9, croit que l'on peut lire VA au début du nom sur le fac-similé de Ferri : il veut retrouver ici un nom élyme écrit avec une lettre de l'alphabet indigène, le radical \Αοτυλα apparaissant en effet deux fois dans ses numéros 289 et 317. 76 Une hypothèse indo-européenne chez A. Landi, o.e. 76bis Le même nom à Ségeste, IAS, n° 256.
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L. 3 et 7 : le nom Ηύψις est également attesté au n° 66, à Sélinonte. L. 5 et 12 : le même nom au n°35; dans la seconde occurrence la haste transversale du signe de l'aspiration est nettement oblique; le même phénomène graphique en 29, 1. 1. L. 8 : le nom Άμάριος pourrait être la variante attendue de Όμάριος HPN, p. 532, en rapport avec l'épiclèse du Zeus achaien Ό- ou Άμάρ ιος. L. 13 : puisque le digamma est certain selon Gabrici, je ne vois pas d'autre solution que de restituer "Απιστος, sobriquet qui n'est autre que la forme archaïque de l'adjectif άϊστος «invisible». L. 15 : Σάσαμος pourrait correspondre au sobriquet ionien Σήσαμος. 40 - Defixio judiciaire sur une plaque de plomb qui conserve la trace du gros clou qui la traversait; 9x7 cm; h.l. : 2-7 mm; au musée de Palerme; Ve ex. Pubi. : Comparetti, RendLinc 27 (1918) p. 199-202 (Schwyzer, RhMus 73 (1920) p. 428-429; DGE 167a, 3; Arangio Ruiz-Olivieri 1925, n°24, p. 164-165); Gabrici, MonAnt 32 (1927) n° 14, p. 390-391, fig. 182 (SEG IV, 39; D. Jordan, GRBS 1985, n° 106).
Άρχυλίς, Ζ?ιλιαν, Σωσίστρατος και οσστις 5 υπέρ τήνων μέλλει ή λέγειν ή πράσειν. Σελινώι [έ]νώμασαν ίο χρήσιμα.
ΡΤΗ ΜΛ it ΜΕΛΛΕΙ Η
qui distingue Alphabet. les Il s'agit voyelles. de la seule defixio sélinontine en alphabet ionien
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Commentaire. L. 1. Άρχυλίς est le féminin de Άρχύλος; apparaît chez Térence, Andr. 228 et 441, une esclave du nom d'Archylis; le même nom avec la graphie secondaire Archilis se retrouve chez Plaute, Truc. 130 et 47977. L. 2. Quel que soit le premier signe qui est de lecture très délicate, il ne s'agit pas d'un nom grec. L. 4-8. La relative généralisante οσστις πράσειν a un excel lentcorrespondant dans la defixio de Cumes, Landi n° 22 ï τις προ έκέvöv άλλος διαλέγετ{τ}αι. L. 5. Le pronom τήνων au génitif se retrouve en 37 et en 134b, 1.5. L. 6. On comparera dans la defixio attique IG III, 80 [όστις] βοηθεν έκείνοις μέλλε(ι). Ces alliés en justice s'appellent aussi les βοηθοί en attique, IG III, 94. L. 8-10. Ici figure l'explication de la malédiction. Schwyzer corri geait en [έ]νώμ(ο)σαν mais le verbe ένόμνυμι à l'actif ne semble pas attesté. Mieux vaut respecter le texte et retrouver ici l'aoriste du verbe νωμάω «s'occuper de». Le nom Σελινώι est ici au datif dorien en -ώι, voir Schwyzer, GG I, p. 478-479 78. Le plus ancien exemple de ce nom, qui figure déjà au n° 34, apparaît sur le vase corinthien Lorber n° 120, 4 : il s'agit soit d'un sobriquet («Petite ache»)79, soit, en Sicile, d'un nom en rapport avec le toponyme, lui-même bâti sur le radical du phytonyme. Le mot vertical comporte deux ligatures : êta + sigma et mu + alpha. Le rédacteur de cette defixio a donc intenté un procès à Sélinô qui a été aidée par un certain nombre de σύνδικοι qui sont ici maudits. Traduction : «(Je maudis) Archulis, (.)ilia, Sôsistratos et tous ceux qui vont parler ou agir en leur faveur; ils se sont occupés d'affaires utiles à Sélinô».
77 Ce nom avait été supposé par K. Schmidt, Hermes 37 (1902) p. 178, dans son étude sur les noms de personne chez Plaute ; il n'excluait pas, à juste titre, qu' Archilis pût être le féminin d'un Άρχίλος. 78 II ne serait cependant pas impossible d'admettre l'existence d'un masculin Σέλινος sobriquet lui aussi bâti sur σέλινον « ache ». 79 Cf. Bechtel, HPN, p. 597.
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Les dédicaces Les dédicaces à Meilichios, n° 41-50. Au sanctuaire de la Malophoros ont été découvertes en assez grand nombre des stèles votives comportant la mention de Zeus Meilichios. Selon les inscriptions, le terme Meilichios désigne soit la divinité, soit la stèle qui lui est consacrée. Cette double signification explique que par fois le dédicant n'a pas jugé indispensable de graver le mot Meilichios : le nominatif seul du nom du dédicant doit être compris comme : «Untel (a dédié cette stèle à Meilichios)»; le génitif du nom du dédicant com me: «(Je suis la stèle consacrée à Meilichios, le Meilichios appartenant) à Untel». Le signification même de ces stèle est très discutée car il n'est pas sûr qu'elles n'aient qu'un caractère strictement votif : on a en effet auss ipensé que les inscriptions avaient été rédigées par des parents qui, après la mort d'un proche, voulaient recommander le défunt à la divi nité infernale dont l'épiclèse que l'on peut traduire par «le doux» ou «le bienveillant» aurait un caractère propitiatoire80. 41 - Stèle votive; 60 χ 38,5; inscription plinthédon de lecture très délicate du fait de l'érosion de la pierre; fac-similé de l'auteur; trans cription de l'éditrice; au musée de Palerme, NI 8849; Ve in. Pubi. : M. T. Manni Piraino, IGLMP n° 66, pi. 39 (M. L. Lazzarini, Formule, n° 880 f).
Ηε[ϋ]ρις ηέσ-ατο Μειλι-χίοι
Heuris a érigé pour Meilichios:
80 Voir les excellente pages de M. L. Lazzarini, Formule, p. 149-151.
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Le nom Εύρις est bâti sur ευρύς comme le nom arcadien Εύθις est bâti sur ευθύς81. L'aspiration doit être hypercorrecte comme dans hiaτρδ à Mégara, n° 22. La forme verbale ηεσατο, que l'on retrouvera dans la dédicace 84, est l'aoriste moyen de ϊζω «installer» qui est attesté à Crotone, Landi n° 163, avec la graphie Ιιέζατο dans laquelle le zêta pourrait noter ts : 1ιέσ(σ)ατο(*έσέδσατο; à l'autre extrémité du monde grec, à Chypre, est apparu le composé katesatu = καθήσσατυ ICS2 12a. 42 - Pierre plate, non préparée; 53,5 χ 39 cm; un nom gravé boustrophédon; h.l. : 3, 5-9; au musée de Palerme, NI 8772; ca 550. M. T. Manni Piraino, IGLMP, n° 57, pi. 34 82.
Εύμαί-
<-
δας
-»
in
Le nom Εύμαίδας est dérivé de celui du célèbre porcher Εύμαιος qui est attesté au IIe siècle en Achaïe, HPN p. 527 : * Εύμαιίδας ) Εύμαίδ ας. 43 - Stèle pyramidale de calcaire poreux; 60 χ 14-22 cm; un nom au nominatif gravé de haut en bas; h.l. : 3-4 cm; au musée de Palerme, NI 8781; VIe ex. M. T. Manni Piraino, IGLMP n° 63, pi. 37.
Αίνέας
/^j /y/ E A
Le nom Αίνέας est particulièrement fréquent en Arcadie83.
81 Voir L. Dubois, RDA I, p. 196. 82 Cette publication munie d'excellentes photographies et d'une bibliographie exhaust ive dispense de reprendre systématiquement toute la bibliographie d'inscriptions très brèves. 83 Voir Dubois, RDA, II, Ly 1, p. 309.
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44 - Bloc rectangulaire de calcaire; 44 χ 69,5 cm; deux noms gra vés sur trois lignes dont la seconde est de lecture très délicate; h.l. : 12,5-14 cm; au musée de Palerme, NI 8801 ; Ve in. Pubi. : M. T. Manni Piraino, IGLMP n° 67, pi. 40.
Ηαγεσ-
[j /\
ζ
Σαΰρις
Seul est de lecture certaine l'hypocoristique Σαΰρις qui se retrouve dans la defixio 36, 1. 3. 45 - Stèle de calcaire poreux; 98 χ 16,5-18,5 cm; inscription sur deux lignes dans le sens de la longueur; h.l.: 4-5,5 cm; au musée de Palerme, NI 8754; ca 550. M. T. Manni Piraino, IGLMP n° 58, pi. 34 (C. Gallavotti, Helikon 1975-1976, p. 100; M. L. Lazzarini, Formule n° 880 d et p. 551).
Μελιάς τον Κλευλιδαν
'Ê^AIA* fO/^ fT f £ V (M 0 Γ" ^ Ν/
Les Κλευλίδαι doivent être un génos descendant d'un ancêtre nom méΚλεύλος; on comparera le féminin Κλευλλίς, η° 11584. 46 - Stèle de tuf poreux; 72 x 28 cm; inscription plinthédon sinistroverse; h.l. : 5-7 cm; au musée de Palerme, N.I. 8765; 550-500. M. T. Manni Piraino, IGLMP n°61, pi. 36 (C. Gallavotti, Helikon, 1975-1976, p. 100; M. L. Lazzarini, Formule n° 880 c).
84 Le féminin Κλέυλλα en Eubée, HPN, p. 242.
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09) ΙμίΜιλίχιος
«Je suis le Milichios de Lukiskos». Le nom Λυκίσκος se retrouve au n° 64. Pour le théonyme, voir n°47. 47 - Hermès; surface inscrite: 38,5 x 37-41 cm; h.l. : 2-5 cm; au musée de Palerme, N.I. 5675; ca450. M. T. Manni Piraino, IGLMP n° 68, pi. 41 (C. Gallavotti, Helikon 1975-1976, p. 100; M. L. Lazzarini, Formule n° 880 c).
ςHo πάτριας Μιλίχιος τανταΗ(ε)ρμιο παίδον και ταν Εύκλέα
(Π/\ J R ì\( J/\ ^ ρ ^V\\ * * q r\ Ai ï\>\ *, Ir Ί* >
παίδ(ο)ν.
«Milichios de l'association des filles d'Hermios et des filles d'Eukléas». L. 1. Le vocalisme initial du théonyme apparaît ici avec son apertu re minimale qui pourrait s'expliquer par une dilation vocalique régres sive;le même phénomène est aussi connu en attique dans le même mot85. L. 2. Le terme πάτρια doit avoir le sens d'« association religieuse» comme à Delphes, CID I, n° 9, A, 1. 26 (cippe des Labyades), et BCH 1926, p. 15 A, 1. 9 (loi de Cadys). L. 2-3. Le nom de l'éponyme de l'association présente une graphie dévocalisée de hë86 qui est attestée à Corinthe dans le même radical : 85 Voir Threatte, p. 194. 86 Voir M. Lejeune, RPh 1971, p. 213-214. Selon un procédé voisin, le signe fc à Corinthe semble avoir servi à noter he alors que e est écrit E, voir Arena ICsV, p. 128.
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Ηρμαϊος Lorber, n° 120. Le nom Έρμιος semble être un hapax: fau drait-il corriger en Η(ε)ρμ(α)ίο? 48 - Pierre grossière sans forme précise; 56 χ 26 cm; inscription boustrophédon; h.l. : 4-10 cm; au musée de Palerme, N.I. 8777; VIe ex. M. T. Manni Piraino, IGLMP n° 62, pi. 36. Σοταίρ-
/û Î
tide, Un SEG exemple XXV, 647 assez (Ve). ancien du nom Σώταιρος est connu en Thessalio49 - Grande stèle votive; 108 χ 52,5 χ 33,5 cm; un nom gravé boustrophédon; h.l. : 5-11 cm; au musée de Palerme, N.I. 8762; VIe ex. M. T. Manni Piraino, IGLMP n° 64, pi. 37.
Λυςοφρονίδα
Λυκοφρονίδας est un dérivé du nom banal Λυκόφρων. 50 - Stèle de calcaire poreux; 59 χ 31-38 cm; inscription boustro phédon; h.l. : 3,5-6 cm; au musée de Palerme, N.I. 8764; ca 550. vidi. M. T. Manni Piraino, IGLMP n° 60 pi. 35 (C. Gallavotti, Helikon 1975-1976, p. 101-102; M. L. Lazzarini, Formule n° 880 a, et p. 150-151).
Το Διός το ΜΒλιχίό Βμί · Π(υ)ρρία, Εύμενιδότο, Πεδιάρχο
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«J'appartiens à Zeus Meilichios; (je suis la stèle) de Pyrrhias, d'Euménidotos et de Pédiarchos». L. 1-2. On remarquera la notation très isolée en Sicile de e par Β : serait-ce une ligature pour E + I87? L. 3-5. La lecture et l'identification des trois anthroponymes de la fin du texte sont très délicates. Nous admettrons qu'il s'agit de trois génitifs désignant, soit les trois «pro priétaires» de la stèle, soit les trois défunts pour qui elle a été érigée. Pour le premier nom j'admets l'ingénieuse correction de M. L. Lazzarini qui permet de retrouver le nom Πυρρίας connu également en 54 ; ceci oblige à considérer comme adventice la petite barre située au-dessus de l'iota : on lisait auparavant προτα (??). La coupe traditionnelle pour le nom suivant imposait de lire Εύμενίδο et d'admettre la présence d'un génitif attique pour un nom en -ίδας/-ης ce qui est peu satisfaisant : je propose, soit de corriger en Εύμενίδ(α) το, soit de lire Εύμενιδότο en supposant que le troisième nom est sur le même plan que les deux pré cédents. Dans cette hypothèse, Εύμενίδοτος serait un nom théophore comportant au premier membre le nom d'une divinité locale appelée Εύμενίς dont l'existence est légitimement inferable du nom de mois Εύμενιδεΐος qui apparaît dans les intitulés des décrets d'Entella, n° 204, 205, 207. Πεδίαρχος est bien connu. Les autres dédicaces, n° 51-56. 51 17 x 70 M. n° 536).
- Fragment de corniche provenant de la région du temple C; cm; h.l. : 1,5-2 cm; au musée de Palerme, N.I. 8755; Ve in. T. Manni Piraino, IGLMP n° 50, pi. 30 (M. L. Lazzarini, Formule Cf. L. H. Jeffery, LSAG n° 43, p. 277 et 271 : ca 450.
Άπό]λλονος Παιάνος Άθ]αναίας Le nom d'Apollon est ici suivi de l'épiclèse Παιάν «le guérisseur» qui est aussi attestée à Syracuse; nous renvoyons à la bibliographie donnée par l'éditrice. 52 - Fragment de frise décorée découvert près du temple D; 16,3 x 15 cm; h.l. : 1,3-1,5 cm; au musée de Palerme, N.I. 8778; ca 450. 87 Pour la valeur phonologique du graphème Q_/ H 1968, p. 3-33, et M. Lejeune, RPh 1971, p. 213-214.
voir R. Arena, RendlstLomb
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M. T. Manni Piraino, IGLMP n° 51, pi. 30. τοπόλογ[ος
Τ Ο Γ Ο Λθ Ι
53 - Grand bloc parallélipipédique trouvé sur l'acropole de Sélinonte; h.l. : 9-16 cm; à Sélinonte, N.I. 8848; Ve ex. M. T. Manni Piraino, IGLMP n° 54, pi. 32. Δώς
Δ|
Ο
Formule au tique M. p. 167,1; 195-196; 120. musée H. 54Jameson, Pubi. Cf. apollinienne -Wilamowitz, LSAG n° Base : de A. 744 M.Palerme, Salinas, p.T. ά' et AJPh 271, anathema Manni p. àHermes 101 77 n°42); NotScav Delphes, N.I. ; (1956) Piraino, M.8752; àTorelli, 65 M. corniche; 1894, (1930) p. 1950, Guarducci, 475-450. IGLMP 59; Aparchai p.p. W. add. 209-210 17,6 258 M. vidi. n° àKokalos :56, Calder χ1.I,p.4; 39,8 fig. 1982, pi. 89 P.933; cm; III, Amandry, et14-15 (SGDI p. GRBS M. 357-360. àh.l.: η. L. (1968-1969) 5213; 3, Lazzarini 1,5-2 La 5 p.(1964) manDGE 287; cm;
Μαλοφόρόι, εύχάν ΕΝΠΕΛΑ [..:]
ΑΛΑ^Ο Ο fv ,
+ Δ
^
Ο R C
©Ι
Ν Ρ t
Notes critiques. L. 1. La surface de la pierre est érodée au début de la ligne, mais j'aperçois le bas d'un epsilon. - L. 4. On voit nettement la haste verticale de la troisième lettre : il ne peut s'agir de celle d'un rho, mais de celle d'un chi comme l'ont bien vu Calder et M. L. Lazzarini. L. 5. Aucune lettre n'est identifiable. Le nom du dédicant et son patronyme très banal88 ne posent aucun problème. En revanche la restitution de la ligne 5 divise les commentat eurs. L'impossibilité de lire un rho 1. 4 me fait passer sous silence les hypothèses d'ailleurs invraisemblables de Manganaro et de M. T. Manni 88 Πυρρίας est issu de Πυρ,ρίας, forme archaïque attestée à Mycènes, Buck n° 80, à Corinthe, Lorber, n° 39 et 58, et à Sicyone, AM, 1941, p. 200.
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Piraino (Ευραν = Αΰραν?) et de M. Torelli qui en comprenant ευραν comme ηύραν = ηύρον (??) pense à un heurèma merveilleux fait en mer. Méritent donc seules d'être évoquées les hypothèses qui reposent sur une lecture εύχάν. Celle de P. Amandry et de Jameson qui restituent έν πελα[νόν] «pour un pélanos» est impossible puisque έν + ace. n'existe pas en sicilien qui ne connaît que ές + ace. On ne peut finalement admettre que deux hypothèses : celle de M. Guarducci, reprise par M. L. Lazzarini, qui propose de lire έν πελάγει89 en supposant que l'on est en présence de l'exécution d'un vœu fait au cours d'une traversée périlleuse; celle de Wilamowitz qui se fonde ingénieusement sur la glo sed'Hésychius έμπέλανα · πόπανα pour restituer ένπέλα[νον] en consi dérant que l'offrande qui a suivi le vœu est un gâteau sacrificiel. 55 - Base de calcaire découverte en face du sanctuaire de la Malophoros; surface inscrite : 36 x 8,1 cm; h.l. : 1-1,5 cm; au musée de Palerme, N.L 8785; ca450. IG XIV 270; M. Guarducci, Kokalos, 12 (1966) p. 189-190; M. T. Manni Piraino, IGLMP n° 53, pi. 31 (M. L. Lazzarini, Formule n° 955 : texte de Gu.); G. Manganaro, // tempio greco, p. 148-149, pi. XLIII, 1. Cf. Jeffery, LSAG, n°41, p. 277 et 271; F. Cordano, RivFil 1985, p. 161-162 : texte de Gu. Ά[λε]ξίας ho [.]ένονος ΕΛΟΙ και Ηεκάται άνέθεκε. L'inscription est de lecture très délicate dans sa partie gauche. L. 1. Les éditeurs hésitent entre Ά[λε]ξέας (Gu., Lazz.) et Ά[λε]ξίας (alii). La première lettre du nom du père ne me semble pas identique au xi de celui du fils. Je préfère donc [Μ]ένονος à l'habituel Ξένονος. L. 2. La lecture θ[ύ]τ[α]ς Γελοΐ ται Η. de M. Guarducci, M. Lazzarin i et F. Cordano, qui suppose un locatif thématique de Γέλα, à Sélinonte, me paraît en tous points indéfendable. Le troisème signe avant le H de Ηεκάται est pris pour un tau par MP et pour un kappa par Mang. MP se fonde sur la scholie à Théocrite II, 12, qui nous apprend que 89 On comparera l'expression σωθείς έκ πελ(άγ)ους de l'inscription juive Guarducci, Ep. Greca III, p. 206.
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"Αγγελος est une épiclèse d'Hécate, pour restituer Άνγέλοι τάι Ηεκάται. Mang, invoque la glose d'Hésychius"Aγγελov · Συρακούσιοι τήν'Αρτεμιν λέγουσι pour faire de l'inscription une dédicace à deux déesses en resti tuant Ανγέλοι και Ηεκάται. Ne pouvant personnellement retrouver la trace d'un gamma sicilien de forme < devant ΕΛΟΙ, je me refuse à transcrire le début de cette ligne. L. 3. Manganaro lit ά[ν]έθεκε. 56 - Pavé de calcaire trouvé dans l'adyton du temple E; 8 χ 13 cm; h.l. : 1-1,5 cm; au musée de Palerme, N.I. 8776; IIIe ex. M. T. Manni Piraino, IGLMP n° 55, pi. 32. Άρχεσώι Αι'σχύλου Ήραι εύχάν.
U Υ Η f/XI Ε γ % /λ Κ/
On remarquera la persistance du nominatif dialectal en -ώι dans le nom Αρχεσώι qui est un hypocoristique féminin de noms en Άρχεσιvoir Bechtel, HPN p. 74. La formule de dédicace comportant l'expres sion d'un vœu rappelle celle du n° 54.
Les épitaphes Le caractère très approximatif de la datation des épitaphes sélinontines incite à choisir un ordre typologique et non chronologique : le cas auquel se trouve le nom du défunt est le principal critère de classe ment. Le nom du défunt est au nominatif. 57 - Cippe calcaire provenant de la nécropole de Bagliazzo; 117 x 49 cm; h.l. : 5-11 cm; au musée de Palerme, N.I. 8769; VIIe ex. M. T. Manni Piraino, IGLMP n° 75, pi. 46. θέογνις A Sélinonte même, dans la nécropole Galera, a été découverte en 1888 une très belle kylix attique du VIe siècle portant l'inscription pein-
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te ΟΕΟΛΛΊ* : Κ A \o<J*/§fi[A soit Θέογνις : καλός νε Δία : elle est manifes tementrédigée dans un alphabet attique archaïque90. Il doit s'agir d'un objet de luxe commandé à Athènes pour le Sélinontin Théognis qui a voulu emporter dans l'au-delà cet insigne présent d'un ancien ami. Le nom θέογνις est donc, depuis le poète élégiaque91, bien ancré dans l'onomastique mégarienne sans qu'il s'agisse pour autant d'un nom mégarien92 : l'index des IG I2 en fournit plusieurs exemples pour l'Attique jusqu'à la fin du Ve siècle. 58 - Grande stèle dont la surface est très corrodée; 73 χ 61 cm; h.l. : 8 cm; à l'antiquarium de Sélinonte; numérotation du musée de Palerme, N.L 17052; 550-500. Pubi. : M. T. Manni Piraino, IGLMP n° 82, pi. 51. Κράτις
γ |? /\
7
On ajoutera l'hypocoristique Κράτις chez Bechtel, HPN p. 260, à côté de Κράτης ou de Κρατίδας. 59 - Stèle provenant de la nécropole de Manicalunga; 57 χ 22 cm; h.l. : 1,8-2,5 cm; au musée de Palerme, N.I. 8750; 475-450. M. T. Manni Piraino, IGLMP n° 93, pi. 57. Σιλανος Εύθυμίδα
\ t V Ο V/V\ \ f^\
Le nom Εύθυμίδας est attesté à Bari, SEG XXXI, 852 (VI/Ve). Σίλανός apparaît sur des monnaies d'Agrigente, SNG, Am. Num. Soc. Ill, 997-999.
90 La coupe a été publiée par Gabrici, Atti Ace. Palermo, 15 (1928-1928) p. 5-8, fig. 1 et 10; elle est mentionnée par Beazley, JHS 52 (1932) p. 176, n° 19. Je tiens à remercier A. Brugnone de m'avoir permis de donner ici ce petit fac-similé. La coupe est exposée au musée de Palerme, n° 2929. 91 M. L. West, Studies in Greek Elegy and Iambus, 1974, p. 65-71, a démontré d'une façon très convaincante que le poète Théognis avait vécu dans la Mégare de Grèce dans la seconde moitié du VIIe siècle. 92 Un exemple du nom θέογνις est récemment apparu à Crotone dans une inscription datée vers 500, SEG XXXIII, 767.
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60 - Stèle de tuf tendre découverte aux abords du temple dit de «Messana»; 43 χ 19 cm; h.l. : 3,5-4 cm; au musée de Palerme; N.I. 8766; ca 450. M. T. Manni Piraino, IGLMP n° 98, pi. 59. A PU Τ
όδαμος'Αρίστιος
^ Ο *~\ Ι Σ Τ % '
ΙI
Le nom du père, "Αριστις, est bien connu dans différentes régions doriennes93. 61 - Petite stèle provenant de la campagne sélinontine; 38 χ 31 cm; h.l. : 3,5-5 cm; au musée de Palerme, N.I. 8784; Ve ex. M. T. Manni Piraino, IGLMP n° 99 pi. 60.
Σελίνι ς Δίωνοίς
+ , _ A /A Ι Λ A/O ^
Le nom du défunt est bien connu en Sicile : n° 65, 77, 184, 1. 5. On notera la présence de l'oméga dans une inscription du Ve siècle. 62 - Petite stèle à la surface très corrodée, de même provenance que la précédente; 38,5 χ 28 cm; h.l.: 3-5 cm; au musée de Palerme, N.I. 8783; Ve ex. M. T. Manni Piraino, IGLMP n° 100 pi. 60.
Φιλΐνος Δίωνος Cf. O. Masson, ZPE 14 (1974) p. 179-183.
4ί a|A/VO(
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La similitude de l'écriture dans cette épitaphe et la précédente non moins que la présence du même patronyme indiquent que ces deux défunts sont des frères. Le nom du défunt est au vocatif précédé de οϊμοι ώ. Sélinonte est le principal gisement d'épitaphes de ce type. En Sicile même, on en connaît un autre exemple à Hybla Héraia94. L'Attique et l'Egypte95 en offrent de très rares spécimens96.
63 - Fragment de stèle provenant de la nécropole de Manicalunga; inscription boustrophédon ; 16 χ 53 cm; h.l. : 3-7 cm; au musée de Palerme, N.I. 8774; ca 550. M. Lejeune, Kokalos, 16 (1970) p. 17, B; M. T. Manni Piraino, IGLMPn°81, pi. 50.
0\/\/\oV0 Γόργε
<-
/\ y U O>
Même si la troisième lettre de la ligne 2 possède un ductus très bizarre, il ne peut s'agir que d'un rho : on obtient ainsi le vocatif du nom bien connu Γόργος. 64 - Grande stèle de calcaire de même provenance que la précé dente; 113 χ 46-56 cm; h.l. : 8-10,5 cm; au musée de Palerme, N.I. 8747; ca 550.
94 Cf. M. Lejeune, Kokalos 16 (1970) p. 19-20, L : dans ce texte, seule l'expression οΐμοι δ est grecque. 95 Cf. M. Guarducci, Ep. Greca III, p. 150. 96 M. Lejeune, o.e. p. 20, a mis en rapport cette exclamation plaintive οΐμοι à Sélinont e avec sa présence chez le poète mégarien Théognis, v. 891. La légitimité de ce rappro chement n'est malheureusement pas certaine puisque la leçon οΐμοι des mss n'est pas admise dans l'édition West qui, pour les vers 891, 1107, 1318a, préfère la leçon ώ μοι qui semble être un emprunt à //. 8, 152, ou à Od. 5, 299.
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M. Lejeune, Kokalos 16 (1970) p. 17, C; M. T. Manni Piraino, IGLMP n° 78, pi. 48 (lecture améliorée adoptée ci-dessous). οιμοι
c/ ι Ι *
οΛυκίσ-
(Jj\\/K I/ k
Dans ce texte comme dans le précédent, on remarque le mu à has tes déconnectées. Le nom Λυκίσκος est aussi attesté en 46. 65 - Stèle très corrodée dont manque l'angle supérieur gauche; inscription de lecture très délicate à gauche; 53,5 χ 30 cm; h.l. : 4-5 cm; au musée de Palerme, N.I. 8767; VIe/Ve. M. Lejeune, Kokalos 16 (1970) p. 17-18, D; M. T. Manni Piraino, IGLMP n° 92, pi. 56. οϊ]μοι ό Σέλινι Le nom Σέλινις se retrouve en 61, 77 et 184 1. 5. 66 - Petite stèle; 30 χ 21,5 cm; inscription boustrophédon ; h.l.: 1,5-1,7 cm; au musée de Palerme, N.I. 8763; ca 450. M. Lejeune, Kokalos 16 (1970) p. 18, E ; M. T. Manni Piraino, IGLMP n° 97, pi. 59. οιμοιόΗύψι
->
Ο
Le nom Ύψις, déjà connu en 39 (2 x), est en rapport direct avec le fleuve local Ύψας bien attesté sur les monnaies, M. Guarducci, Ep. Gre caII, p. 658. 67 - A Delphes; cippe funéraire, inv. 2279; boustrophédon; VIe ex. SGDI 3044; Syll.3 11; Schwyzer, DGE 165; L. H. Jeffery, LSAG n°33, p. 271 et 275; J. Bousquet, BCH 1964, p. 380-381, fig. 1; M. Lejeu ne, Kokalos 16 (1970) p. 18, H.
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οϊμοι ορχέδαμε ho Πυθέα Σελινόντιος
Epitaphe de Άρχέδαμος, fils de Πυθέας. On remarque la erase ω + α ) ω. 68 - Stèle funéraire avec figuration d'un bouclier, provenant de la localité de Piana; 60 x 70 cm; h.l. : 3-4 cm; au musée de Palerme, N.I. 8805; ca450. M. Lejeune, Kokalos 16 (1970) p. 18, F; M. T. Manni Piraino, IGLMP n° 95, pi. 57. οϊμοι : δ Εύρυφον ηο'Αρχινίδα
ο JM G l'Of ^A>V Θ Ο λ/ ^ OA&)Ua/1
Le patronyme Άρχινίδας qui ne semble pas attesté ailleurs est un dérivé du nom banal Άρχΐνος. 69 - Bloc de calcaire parallélipipédique brisé à gauche; 41,5 x 96 cm; inscription boustrophédon; h.l. : 6 cm; au musée de Paler me,N.I. 8751; ca 500. M. Guarducci, Kokalos 12 (1966) p. 185 sq, n° 7, pi. 54, 2; M. Lejeu ne,Kokalos 16 (1970) p. 18, G; M. T. Manni Piraino, IGLMP n° 87, pi. 54.
οΐ]μοι δ φίλε Σέλ[ινι] ho Λασοί-
On restitue Σέλ[ινι] d'après 61, 65, 77, 184, 1. 5. La lecture Λασοίδά de M. Guarducci, adoptée par M. Lejeune, permet d'avancer une expli-
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cation obvie pour ce patronyme : Λασοίδας est un dérivé en -ίδας de Λασ(σ)οος ( Λα/τόσ(σ)ο^ος97 forme archaïque du nom attestée à Del phes, FD V/3, 268 (ca 550). Le nom du défunt est au génitif. 70 - Bloc parallélipipédique provenant de la nécropole de Manicalunga; 17,3x29 cm; un nom inscrit de lecture délicate du fait des incrustations calcaires; h.l. : 5,3-9 cm; au musée de Palerme, N.I. 8773; VIIe ex. M. T. Manni Piraino, IGLMP n° 77, pi. 47 (C. Gallavotti, Helikon 1975-1976, p. 92). Δικαί J
ας
Delphes98. don; IGLMP Opus 71 IIh.l. Pubi.: 3s'agit -n°: Gros (1984) 76, 5-11 M. du pi. n°38, cm; bloc Guarducci, génitif 46;au calcaire p. C. musée 301. du sobriquet Gallavotti, Ep. mutilé; de Greca, Palerme, Helikon, 49 féminin χI, 70 p. N.I. 1975-1976, cm; 318; Δικαία, 8813; inscription M. T. VIIe nom p. Manni 93. ex. bien boustrophéF. Cordano, connu Piraino,à
σαΙμά είμ-
-*
r
'
\
Μενεπτο-
:Je suis le monument de Muskos, le fils de Ménéptolémos». 97 Pour la formation comparera Λαγίδάς dérivé de Λαγός ( Λά/ταγος, forme ancienne attestée à Chypre, ICS2 74 p. 98 Voir O. Masson, Gioita 1965, p. 229, à propos d'un génitif métronymique Δικαίας.
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Personnellement je ne lis plus rien du premier mot. La diphtongue initiale de ειμί s'explique par l'analogie de la seconde personne ει" et il ne peut s'agir à cette époque de la graphie de ë qui ne sera attestée qu'au Ve siècle. Le nom Μύσκος est rapproché par les éditrices des noms Μύσκων et Μύσκελος dont le premier est syracusain, Thucydide, VIII 85, 3. Bechtel, HPN p. 492, Chantraine, DELG p. 725, et Gallavotti, rappro chentces deux derniers noms de la glose de Cyrille μύσκελος · στραβόπους «cagneux» et y voient des sobriquets. Je me demande s'il ne vau drait pas mieux séparer Μύσκελος100 de Μύσκος et Μύσκων et voir dans ces deux derniers noms des sobriquets directement bâtis sur la variante μύσκος101 de μυίσκος102 donnée par Hérodien, I, p. 148, cette seconde forme étant elle-même utilisée comme anthroponyme, HPN p. 584. 72 - Bloc de pierre remployé, incomplet à droite; 40 χ 74 cm; ins cription boustrophédon; h.l. : 6-12 cm; au musée de Palerme, N.I. 8804; 650-600. M. T. Manni Piraino, IGLMP n° 74, pi. 45 (C. Gallavotti, Helikon 1975-1976, p. 90-93; F. Cordano, Opus 3 (1984) η. 37, p. 300).
Εύκρίτου τόδ[ε σάμα ] άνδρου ηυιοΰ.
Monument d'Eukritos, le fils de (
) andros ».
On notera la présence de Yepsilon et de l'iota corinthiens. Comme l'a justement remarqué Gallavotti, la notation par le digra-
99 Le même phénomène est connu en attique avant 403, voir Threatte, p. 176. 100 Un curieux Μύσκαλλος est apparu en Epire, Cabanes ZPE 63 (1986) p. 153. 101 Cette forme pourrait être très ancienne: elle rappelle le skr. muskah «testicule», voir Mayrhofer, KEWA, s.v. 102 II est connu en particulier à Thasos, BCH 1982, p. 8 : voir les remarques de J. Taillardat, BCH 1983, p. 189-190, qui traduit ce nom par «Souriceau».
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phe ΟΥ de ö est attestée plus tôt à Corcyre103 qu'à Corinthe104 où cette graphie n'est pas encore systématique au VIe siècle105: on pourrait donc être en présence d'un trait corinthien colonial et imaginer que notre épitaphe est celle d'un marchand corcyréen et qu'elle a été rédi gée par l'un de ses compatriotes. 73 - Grande stèle acquise par le musée de Palerme en 1970; 66 χ 83; inscription boustrophédon 1. 1-2, mais serpentine 1. 3-4; h.l. : 613 mm; N.I. 8757; ca 550. M. T. manni Piraino, IGLMP n° 80, pi. 49; M. Guarducci, Ep. Greca, III, p. 171-172, fig. 66. Cf. Isserlin-Du Plat Taylor, Motya 1974, p. 3.
Άριστογείτο έμί το Άρκαδίόνος hòc ηυπο ΜοτύFai απέθανε.
«Je suis (la stèle) d'Aristogeitos, le fils d' Arkadion qui mourut au pied de Motua». Le mu de la seconde ligne est gravé perpendiculairement à la ligne comme si le graveur avait commencé une inscription plinthédon106. Comme dans δύ/το n° 5, le digamma sert à noter le glide 107 dans le topo-
103 Voir Jeffery, LSAG n° 8, p. 234 et 232-233 (650-600). Gallavotti, art. cit., p. 92, est ime qu'à Corcyre cette graphie s'explique par une influence érétrienne antérieure dans l'île à la colonisation corinthienne : ceci est improbable puisque les plus anciens textes érétriens présentent tous une graphie Ο de ô, LSAG, p. 83-86. 104 Voir R. Arena, ICsV, p. 84 et 129, et Stroud, Hesperia 1968, p. 328. los yojr ies utiles remarques de Lorber, p. 36. 106 pour Ce type d'écriture, voir M. Guarducci, Ep. Greca I, p. 417, n. 3. 107 Exactement comme dans le théonyme argien Ένυράλιος SEG XI, 327 (VIIe) et SEG XXIII, 187 (Ve) ou l'ethnique ZeqOfovuoç à Delphes, LSAG, n° 2, p. 140.
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nyme Μοτύα, actuelle Mozia dans Γ« isoletto» de Santo Pantaleo dont c'est ici la plus ancienne attestation grecque108. Aristogeitos serait donc mort dans son navire en combattant sous (ηυπό) les remparts de la citadelle phénicienne fondée au VIIIe siècle. Sur les circonstances historiques de ce combat et sur la participa tion des Sélinontins, nous renvoyons aux différents commentaires. Comme les noms thématiques en -γειτος sont surtout péloponnésiens la présence du patronyme 'Αρκαδίων n'est peut-être pas fortuite. Le père serait-il un emigrant? La famille est-elle de souche péloponnésienne? 74 - Stèle très usée provenant de la localité de Buffa; 86 χ 52 cm; inscription boustrophédon; h.l. : 4,5-12 cm; au musée de Palerme, N.I. 8800; 550-500. M. T. Manni Piraino, IGLMP n°85; O. Masson, BCH 1975, p. 219221.
Θεοξένο έμί σα-
-> <-
(^C vJ
μα το Ν[ι]φλας
-» <-
Q \
«Je suis le monument de Theoxénos, le fils de Nikola» L'intérêt le plus évident de cette épitaphe est la présence du génitif métronymique NiqoXaç d'un nominatif féminin Νικόλα, nom connu à Mélos et à Théra. Nous renvoyons à la publication d'O. Masson pour une étude des noms féminins en -λα(-λαα{-λαρα qui constituent une série parallèle aux noms masculins en -λας(-λαος(-λα//ος. 75 - Partie supérieure d'une stèle dont la surface est très corro dée;27 x 37 cm; inscription boustrophédon; h.l. : 3-6 cm; au musée de Palerme, N.I. 8802; 550-500. 108 Le toponyme Μοτύα apparaît pour la première fois chez Thucydide VI, 2, 6. Pour les légendes monétaires MOTYAION, voir G. K. Jenkins, Rev. suisse de numismatique, 50 (1971) p. 27-37.
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Ancienne lecture: M. T. Manni Piraino, Kokalos 13 (1967) p. 194 n° 1, pi. 28, 1; M. Lejeune, Kokalos 16 (1970) p. 19 K. Nouvelle lecture : M. Guarducci RendLinc 1973, p. 191-194; M. T. Manni Piraino, IGLMP n°84, pi. 53; M. Guarducci, Ep. Greca III, p. 175-177, fig. 69; G. Daux, BCH 1975, p. 148-150.
Άγασία έμì το σάμα τ ο Καριά οϊμοι
«Je suis le monument d'Agasias, le fils de Karias. Quel malheur!» On remarquera que l'article devant un attribut a ici une valeur démonstrative, phénomène bien connu dans certaines inscriptions ar chaïques 109. On classera le nom Καρίας à côté du sobriquet Καρίων bâti sur le radical de l'ethnique Κάρ «carien», chez Bechtel, HPN p. 539 n0. 76 - Stèle provenant de la nécropole de Bagliazzo; 110,5 χ 55 cm; inscription boustrophédon; h.l. : 3,4-4,5 cm; au musée de Palerme, N.I. 8806; 475-450. M. T. Manni Piraino, IGLMP n° 90, pi. 56.
'Επίχαρμο ειμί το Mνασανδρίδα
-» «-
;^
Comme le remarque l'éditrice, la présence à Sélinonte du nom assez rare Επίχαρμος pourrait venir corroborer la notice d'Aristote,
109 Cf. A. Morpurgo Davies, Gioita 46 (1968) p. 77-85. 110 Pour un rapport possible entre ce sobriquet et un débarquement de Cariens en Sicile occidentale vers les années 580-576, voir les remarques de M. Guarducci et de V. Merante, Kokalos 13 (1967) p. 88-104.
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Poét. 1448a 33, qui veut que le célèbre poète sicilien contemporain de notre inscription soit né à Mégara Hyblaea, la métropole de Sélinonte : il pourrait donc s'agir d'un nom traditionnel dans ces cités mégariennes d'occident. 77 - Stèle provenant de la région de Manicalunga ; manque l'angle inférieur droit; 34 χ 18cm; inscription boustrophédon; h.l. : 2,5-6 cm; au musée de Palerme; N.I. 8803; ca 450. M. T. manni Piraino, IGLMP n° 94, pi. 58.
Διονύσιος τόδε σαμα το : Σελίν[ιος]
Φ î >->
I
iV hO Ο . . f-Λ ^"Τ*
On remarque l'agencement confus de ce texte : le graveur semble avoir hésité entre le plinthédon et le boustrophédon. Si le nom Σέλινις est bien connu à Sélinonte n°61, 65, 69, 77, le nom du défunt Διόνυσις est plutôt rare à côté du banal Διονύσιος qui, à cette époque, ne saurait avoir une terminaison réduite à -σις.
Inscription officielle 78 - Bloc de tuf de couleur ocre dont il reste huit morceaux; découvert à l'entrée du temple G dans l'ante duquel il devait avoir sa place; dim. : 43,5 χ 139,5 cm; l'inscription est gravée entre deux marg es; h.l. : 2,5-3 cm; au musée de Palerme, N.I. 8753 (Inv. 95); ca 450. G. Ugdulena, Rivista Sicula, 6 (1871) p. 201-207; IG XIV 268 (Bechtel, SGDI 3046; Sylî.3 1122; Schwyzer, DGE 166; Solmsen-Fraenkel 1930, n° 33; Tod, GHI n° 37; Buck n° 98; W. M. Calder III «The inscrip tion from Temple G at Selinus», in GRBM 4, 1963 [Bull. 1964, n°632]; GHI, n°38); IGLMP n° 49, pi. 29 (G. Pugliese Carratelli, Aparchai, I, 1982, p. 191-193; D. Musti, RivFil 1985, p. 134-157 et 443-445).
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Cf. L. H. Jeffery, LSAG, n° 39, p. 277 et 271 ; W. M. Calder III, GRBS 5 (1964) p. 113-119 : révision de la pierre; J. de la Genière, CRAI 1977, p. 254 : les ennemis de Sélinonte; G. Manganaro, ASNP 1977, p. 1333, n. 20: poids de l'offrande; G. Martorana, Kokalos 26-27 (1980-1981) p. 371-373 : la φιλία et Apollon; C. Ampolo, PdP 1984, p. 81-89 : correc tion de φιλίας en φιάλας (?). Dessin d'après Calder
1 CWplAA^ I ΕΡΑΚΛΕΑ 0 RA E /ν\ΑΛΙ EO ΕΛ
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TOO E +R E
[Δι]α τος θεός τό[σ]δε νικοντι τοί Σελινόν[τιοι]. [Δι]α τον Δία νικδμες και τον Φόβον [και] δ[ια] Ηερακλέα και δι' Άπόλλονα και δια Π[οτ]ει[δ]ανα και δια Τυνδαρίδας και δι"ΑΘ[α]5 ναίαν και δια Μαλοφόρον και δια Πασι[κ]ρά[τ]ειαν και τος άλλος θεός, δια δε Δία μάλιστα. Φιλία[ς] δε γενομένας, έν χ[ρ]υσέο[ι] έλά[σα]ντα[ς και] όνύματα ταύτα κολάψαντ[ας, ές] το ΓΑπ]ολλονιον καθθέμειο ν, το Διο[ς προ]γρά[ψα]ντες · το δε χρυσίον έξεκ[οντα τ]αλάντον εμεν. Le texte adopté ci-dessus est dans l'ensemble celui de Calder, sauf pour la ligne 10 où je préfère la restitution courante adoptée par M. T. Manni Piraino; pour l'établissement des restitutions je me fonde sur le témoignage de Calder, sur l'excellente photographie des IGLMP et sur un examen personnel de la pierre. Ce texte, qui a été maintes fois commenté, est clairement divisé en deux parties: 1. 1-7, enumerations des dieux qui ont permis la victoire
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des Sélinontins111; 1. 7-11, décret prévoyant la gravure de cette liste de dieux et la consécration d'un objet en or de soixante talents dans l'Apollonion. L. 1. νικοντι = att. νικώσι «sont vainqueurs»; le grand mystère de ce texte réside dans le fait que les vaincus ne sont pas nommés, et que l'on ne sait en quoi consiste la φιλία de la ligne 7. J. de la Genière a repris l'hypothèse ancienne selon laquelle les ennemis non désignés seraient les Elymes de Ségeste et de Halikyai112. τοί Σελινόν[τιοι] : on ne peut se prononcer sur la quantité de Y ο médian qui peut être long, et s'expliquer par la contraction ο + e, ou bref, par hyphérèse de l'e113. L. 2. Φόβον : on remarquera ici le seul exemple de bêta mégarien de forme W14. Φόβος est ici, selon Calder, un Kriegsdämon, qui est connu depuis Y Iliade 9, 36, dans la description du bouclier d'Agamemnon, à laquelle fait allusion Pausanias V, 19, 4, à propos d'une repré sentation identique sur le célèbre coffre de Cypsélos. Aux sources litt éraires citées par Calder, p. 27-28, on ajoutera celles que constituent les vases sur lesquels un héros à légende Φόβος apparaît, soit comme l'aurige d'Ares, soit comme un démon protecteur à tête de lion et corps d'homme115. L. 5. La célèbre divinité sélinontine Μαλοφόρος (= pomifer)116 ap paraît aussi dans la dédicace 54. A Mégare, Μαλοφόρος est une épiclèse de Demeter selon Pausanias I, 44, 3; dans les deux autres colonies
111 D'aucuns ont voulu retrouver une structure métrique dans cette enumeration. Je n'aborde pas cette discussion. 112 Serait-ce contre Sélinonte qu'aurait été conclue l'alliance entre Athènes et Ségeste, IG Ρ 11? Le décret d'alliance entre Athènes et Halikyai, IG I3 12, serait plus tardif et daterait de 433 (?). 113 Pour cette hyphérèse dans les ethniques formés sur des toponymes à suffixe -οροντ-Ζ-ορεντ- voir M. Lejeune, BSL 1969, p. 48-49. 114 Sur la disparition de ce graphème dans les colonies mégariennes, voir la synthèse de M. T. Manni Piraino, Kokalos 21 (1975) p. 121-137. Sur la possibilité de l'existence de ce signe dans des graf fites de Ségeste, voir L. Agostiniani, IAS n°289, p. 77, et n°317, p. 85. 115 Voir J. de la Genière, «La famille d'Ares en Italie» in Aparchai I, 1982, p. 139-142. 116 On comparera, dans l'Hymne à Demeter de Callimaque, VI 136 φέρε μαλα, φέρε σταχύν.
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mégariennes que sont Byzance117 et Callatis118 existe un mois Μαλοφόριος. L. 5-6. Πασικράτεια est peut-être la même divinité infernale que la ηαγνα θεός de la defixio 38. Πασικράτεια doit être une forme archaïque de Πασικράτα, théonyme dont les attestations ont été étudiées par L. Robert, Coll. Froehner, p. 135. L. 7. Φιλία[ς] δέ γενομένας : il s'agit plutôt d'une amitié entre Sélinonte et des voisins alliés que de l'expression d'un retour à une concor de civile qui aurait mis un terme à une stasis (on ne comprendrait pas la présence du verbe νικάν); en outre, s'il s'agissait d'une φιλία θεών, j'ai l'impression que ceci serait exprimé plus explicitement; on pourra néanmoins consulter l'hypothèse de G. Martorana. Même si le terme φιλία au sens d'amitié entre les peuples est très banal à l'époque hellé nistique, il faut signaler combien le terme est fréquent dans les décrets de la proche cité d'Entella. L. 7-8. έν χ[ρ]υσέο[ι] «dans un (bloc) d'or». L. 8. M. T. Manni Piraino restitue έλά[με]ν, τα [δ' ετι] ονόματα ταύ τα; on pourrait aussi admettre έλά[σα]ντα[ς, τα δ'] όνύματα ταΰτα. Le verbe έλάω «forger» est connu depuis Homère, //. 7, 223; 12, 296; 18, 564 etc. L'absence de complément d'objet est suprenante, mais on sup pose avec une grande vraisemblance qu'il faut sous-entendre ασπίδα et que la cité prévoit la consécration d'un bouclier votif : ce type d'offran de aurait un excellent parallèle à Olympie où a été retrouvé un frag ment d'une copie sur pierre de l'inscription gravée sur un bouclier d'or consacré par les Spartiates en 457 après leur victoire à Tanagra, ins cription constituée de deux distiques qui ont été lus et rapportés par Pausanias, V, 10, 4; nous renvoyons aux belles pages de M. Guarducci, Ep. Greca I, p. 469-472, et II p. 132. Enfin, il semble que la tradition sélinontine de la dédicace de boucliers votifs pourrait avoir un écho dans le bouclier sculpté dans la pierre de l'épitaphe 68. Ce sont pourtant les Tables de Locres qui nous offrent le parallèle le plus intéressant puis qu'elle font état de la consécration d'un χρυσίον ποί ταν ασπίδα ταν έν 'Ολυμπιηίωι| σταθέν de μναΐ οκτώ εύβοίδες soit de 3488 gr, Landi n° 94 (= n°21). Pour revenir au texte, rappelons que le verbe έλάω et l'or se
117 Mois correspondant à septembre, voir Haneil, Megarische Studien, 1934, p. 176, 191 et 201 ; ceci est repris chez Samuel, Greek and Roman Chronology 1972, p. 87. 118 Cf. Bull. 1939, n° 232; repris dans Hellenica II, 1946, p. 52-53.
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retrouvent étroitement liés dans le composé χρυσήλατος «forgé dans l'or» qui est attesté depuis les Tragiques. όγύματα ταΰτα : il s'agit des théonymes qui précèdent. L. 8-9. κολάψαντ[ας] : le verbe κολάπτω désignait à l'origine l'activi té du pic; il a été employé pour désigner la gravure en pointillé qui est particulièrement bien représentée sur le bouclier d'or consacré à Olympie par les Athéniens après leur victoire de Pylos en 425 119. Plus tard, et en particulier dans les cités voisines d'Entella120 et d'Agrigente121, le verbe κολάπτω s'applique simplement à la gravure sur χάλκωμα122 et enfin sur pierre comme à Phintias, n° 161 1. 24. L. 9-10. καθθέμεν = att. καταθεϊναι, forme à apocope. L. 10. La restitution [προ]γρά[ψα]ντες est celle de la majorité des éditeurs, à l'exception de Calder qui préfère [έν]γρά[ψα]ντες, qui sem ble cependant un peu trop court. Le verbe προγράφω + gén. a, dans le décret d'Entella 206, 1. 14, le sens d'« inscrire publiquement son nom en face de celui d'un autre» : ce sens est ici peu adapté. On préférera celui d'« inscrire pour commencer» ou «inscrire en exergue» eu égard à la place primordiale que Zeus occupe dans la première partie du texte. Je comprends donc το Διός comme το Διός ονυμα123. Le nominatif en -ντες n'est ici qu'une erreur assez banale -ντας. Le χρυσίον est l'équivalent du χρυσέον 1. 7-8 (flottement vocalique). L. 11. έξεκ[οντα] : l'absence d'aspiration pourrait s'expliquer par une dissimilation ancienne de * sweks- en * weks-. Le poids de soixante talents a donné lieu à de nombreuses spéculations arithmétiques dont on trouvera un bon résumé dans les IGLMP et dans l'article de D. Musti, p. 150-152. Si l'on admet que le talent du Ve siècle équivaut à 208,8 gr d'argent et que le bloc d'or, χρυσίον est pesé avec des unités d'argent ou prévues pour l'argent, on obtient un bouclier votif de 12,5 kg, soit presque trois fois et demie le poids du bouclier de Locres124.
n9Hesperia 6 (1937) p. 347-348, fig. 10-11. 120 N° 209, 1. 33-34; dans les autres décrets figure l'actif έσγράψαντες· 121 N° 185, 1.22. 122 Un autre exemple dans l'Ouest grec, à Rhégion, Landi n° 36, 1. 6 (moyen). 123 Calder comprend το Διός (μέλος) (o.e. p. 42, et art. cit. p. 118), mais aucune des références alléguées n'est probante. Une hypothèse trop peu probable chez G. Pugliese Carratelli, art. cit. 124 II ne peut s'agir à cette époque que du vieux talent sicilien dont le valeur a été
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Traduction. «C'est grâce à ces dieux que les Sélinontins sont vain queurs. C'est grâce à Zeus que nous sommes vainqueurs, grâce à Phobos, grâce à Héraclès, grâce à Apollon, grâce à Poséidon, grâce aux Tyndarides, grâce à Athana, grâce à la Malophoros, grâce à Pasikrateia, et grâce aux autres dieux, mais surtout grâce à Zeus. Or, puisque l'amit ié est survenue, (les Sélinontins ont décidé), après avoir forgé un lingot d'or, et après y avoir fait graver ces noms (qui précèdent), de faire la consécration à l'Apollonion, après avoir gravé en exergue le nom de Zeus. Que le bloc d'or soit de soixante talents».
Inscriptions vasculaires 79 - Alabastron corinthien découvert sur l'acropole de Sélinonte; haut. : 26 cm; dans une collection privée en Allemagne; graffite dextroverse; h.l. : 4-12 mm; VIIe ex. Pubi. : R. Lullies, AM 71 (1956) p. 208-210 (SEG XIX, 614; M. Guarducci, Ep. Greca III, 1974, p. 335-336; Lorber, n°33; Heubeck, Schrift 1979, p. 122; F. Cordano, Opus 3 (1984) n° 34, p. 299). Cf. R. Arena, MemLincei 13 (1967-68) p. 58 : refus du caractère corinthien de l'inscription; G. Manganaro, Jahrb. f. Num. Geldg. 23 (1983) p. 11, η. 20 : restitution du nom.
FoivavOa μ' εδοκε Μ[υρ]τίχαι και ταν ταινίαν «Woinantha m'a offert à Murtikha ainsi que la bandelette». Les éditeurs admettent qu'il y a place pour deux lettres après la partie supérieure d'un mu avant le tau. La seule lettre remarquable est l'iota brisé en forme de sigma à quatre branches. On pourrait donc
divisée par deux vers 400 : voir N. F. Parise, Le Tavole di Locri, 1979, p. 200-203. G. Mang anaro, art. cit., se fonde sur la valeur du talent dévalué pour supposer un poids de 6240 gr.
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considérer que l'on est en présence d'un alphabet corinthien colonial qui aurait conservé Yiota de la métropole mais renoncé à l'epsilon de forme &. L'objet qui devait contenir un parfum nous apprend qu'il a été offert par une femme à une autre femme en même temps qu'une band elette, ταινία125. La dame qui fait le cadeau, FoivavOa, possède un nom qui est bien connu en particulier à Athènes, sous la forme Οίνάνθη126; il s'agit d'un sobriquet, «Fleur de vigne»; le substantif οίνάνθη est connu depuis Pindare, Ném. V, 6. La dame qui reçoit les présents devait s'appeler Μυρτίχα, nom connu depuis longtemps en Béotie, HPN p. 596, et depuis peu en Epire 127 L'apport le plus important de ce bref texte est l'élément corinthien dont nous avons un autre spécimen dans l'épitaphe contemporaine 72128. 80 - Graffite rédigé en boustrophédon ascendant sur un fragment de coupe mégarienne découvert dans une tombe de Manuzza; ca 600. Pubi: M. T. Manni Piraino, Kokalos 26-27 (1980-1981) p. 464-465, pi. XXVIII (SEG XXXI, 837; F. Cordano, Opus 3 (1984) n° 26, p. 297).
Έ]παμείνον|ος ha qύ
339.
125 Pour ce type d'inscription sur des vases archaïques, voir M. Guarducci, o.e., p. 335-
126 vojr Bechtel, AFN, p. 103; un autre exemple de ce nom sur une hydrie du Ve siècle citées par Lullies, o.e., p. 210, n. 7 (Οίνάνθε καλέ). 127 P. Cabanes, Les inscriptions du théâtre de Bouthrotos, in Actes du colloque sur l'e sclavage, Besançon 1974, p. 139, 145, 158. 128 Sur la présence corinthienne à Sélinonte, voir J. de la Genière, CRAI 1977, p. 257.
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On remarquera le ductus très archaïque des lettres et l'usage du qoppa. Mais la caractéristique orthographique la plus intéressante est la notation du phonème ks à la fin de l'inscription. Le fac-similé que nous présentons permet deux interprétations, a) Comme la haste lég èrement oblique qui diverge de la haste verticale du xi pourrait être celle d'un chi, il ne serait pas impossible de penser que le graveur a, dans un premier temps, noté ks par +( comme à Athènes, puis, aurait gravé un véritable xi de forme I à partir du chi : on serait donc en présence d'un repentir du graveur et l'on aurait alors un indice tendant à mont rer qu'a Sélinonte, vers 600, la graphie + ( a précédé I129. b) II pourrait aussi s'agir d'une graphie redondante : si l'on ne tenait pas compte de la petite haste oblique, on pourrait considérer que le gra veur a noté ks par li , phénomène pour lequel nous avons un bon parallèle dans le nom du héros Korax qui sur les vases corinthiens est écrit soit qopc^ç ( Σ M ) Lorber n° 126, 6, soit qópc^ ( I ) n° 91, 10. L'ordre des mots incite à sous-entendre ειμί. La présence de l'arti cle devant ce qui est alors l'attribut est un phénomène bien connu, voir le commentaire du n° 75. Le nom Έπαμείνων est connu, voir Bechtel, HP Ν p. 156.
81 - Lécythe à fond noir; haut.: 30,8cm; découvert dans une riche tombe de la partie Est de la nécropole de Manicalunga, à 1,5 km de l'acropole; graffite métrique gravé dextroverse après cuisson sur la partie inférieure du vase au dessous de la scène représentant Thésée tuant le Minotaure; la fin du texte a été gravée au-dessus du début; h.l. : 1-2 cm; au musée de Palerme; 550-525. L'inscription est signalée par M. Guarducci, Ep. Greca III, p. 340, η. 1, et C. Gallavotti, Ritmi e metri, 1979, p. 53 (SEG XXIX, 938). Le vase est publié par V. Tusa, Aparchai 1982, I, p. 171-178; l'inscription est commentée par O. Masson-J. Taillardat, ZPE 59 (1985) p. 137-139, pi. IX.
129 A Rhodes, et donc dans un alphabet « rouge », dans ce même terme, L· est noté par %> au VIIIe siècle, mais S t au Ve : pour la forme du VIIIe siècle, voir O. Masson, ArchClass 25-26 (1973-1974) p. 428-431 ; pour les deux graphies, voir M. L. Lazzarini, ibid., p. 346, n° 7 et 8, ainsi que Jeffery, LSAG p. 347 et 349.
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LES COLONIES MÉGARIENNES Cf. H. Engelmann, ZPE 66 (1986) p. 102 : second vers.
/c,
Άριστοκλείας έμί τάς καλάς καλά ■ ηαύτα δ' έμά · IliOaqoç αίτέσας έχει. «Je suis la belle (lécythe) de la belle Aristokleia. - Celle-ci est mienne. Après l'avoir demandée, Pithakos la détient» Du point de vue de l'alphabet seul est à remarquer le qoppa de niGaqoç. Le texte est constitué de deux trimètres iambiques. Si le formulaire du premier vers est clair et d'un type connu, l'interprétation du second est plus délicate. La répétition καλός καλό est bien attestée à l'époque archaïque130. Le nominatif renvoie au vase, ici une λάκυθος en dorien, terme fémi nin131; le génitif s'applique au destinataire; c'est ici l'objet qui parle. En revanche dans le second vers on a l'impression que c'est Pitha δ' kosqui s'exprime, du moins pour le début : ηαύτα έμά «celle-ci est mienne»; il s'agit sûrement de la lécythe, peut-être de la belle Aristo kleiacomme le veut Engelmann. Les attestations du sobriquet dorien IliOaqoç, ion. Πίθηκος «Lesin ge» ont été étudiées par O. Masson132.
130 Sur la fortune italo-étrusque de cette formule, voir L. Agostiniani, SE 49 (1981) p. 95-111. 131 Pour les exemples épigraphiques de ce nom de vase, voir M. L. Lazzarini, ArchClass 25-26 (1973-1974) p. 361-363 : avec des orthographes variables comme λεγυθος à Athènes (n° 28), λάχυθος à Eboli (n° 29). Une forme ionienne λήςυθος est apparue à Smyrne, S. Sahin, Alt Smyrna 1983, p. 131-132. 132 O.e.; voir aussi Bechtel, HPN p. 585, et G. Daux, REG 1972, p. 72-75 (mise en év idence du féminin Πιθήκη / dor. Πιθάκα).
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On ne sait pour quelle raison Pithakos a demandé ce vase à la belle Aristokleia qui le lui a donné. Comme la lécythe a été retrouvée à la hauteur de la tête du défunt, on peut supposer que ce vase lui était particulièrement cher. Serait-ce un ancien présent, un fétiche d'amour qu'un amant aurait, à sa dernière heure, voulu emporter avec lui dans l'au-delà?
Inscriptions diverses 82 - Base en terre cuite circulaire de 28 cm de diamètre dont il ne subsiste qu'une moitié brisée en deux morceaux; provient de la région de Sélinonte; l'inscription dextroverse a été gravée avant cuisson sur la face supérieure; au musée de Palerme; ca 500. Pubi. : Salinas, NotScav 1900, p. 112-113, fig. 1-2 (Hoffmann, SGDI 5214; Roehl 1907, p. 55, n° 13; Jeffery, LSAG, n° 34, p. 277 et 271).
Αρχεδάμο ο La finalité de l'objet est assez énigmatique : table d'offrande appar tenant à Archédamos (?). 83 - Dédicace et signature d'artiste sur une base de calcaire gris de Delphes sur laquelle se trouvait un siège de bronze; inv. 3522; h.l. 2,8 cm; Ve ex. Pubi: Pomtow, Klio 15 (1918) p. 303; Bourguet, FD III/l, 506, p. 330-331; J. Marcadé, Signatures 1953, 1/2 (Jeffery, LSAG n° 44, p. 277 et 272, pi. 51).
ί /ΓΙΟ*
Φι[ ] ος άνέθεκε [Σε]λινόντιος Άσκλαπιάδας. Άκρων Πράτωνος έποίε : Σελιν[όντιος].
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La forme έποίε montre que nous sommes en présence d'un alpha betde transition dans lequel la fausse diphtongue résultant de la contraction n'est pas encore différenciée de ë. La defixio 40 présente une phase plus avancée de l'évolution (ε / ει / η) mais on ne saurait comparer des textes si différents gravés en des endroits si éloignés. La qualité d'AaicAxxTnaôaç implique que le dédicant était un médec in : nous avons ici la plus ancienne mention de ce titre corporatif ou familial 133. Le sculpteur ou le fondeur Άκρων porte un nom attesté à Camarine chez Pindare, 01. V, 8, et à Agrigente dans la Souda, s.v. (médecin du Ve siècle). Bechtel, HPN, p. 33 et 558, y voit un sobriquet bâti sur le radical du toponyme Akrai : cependant comme ce nom est aussi connu en Messénie, SEG XI, 972, 1. 54, il doit plutôt s'agir d'un sobriquet déri véde άκρος «pointu». Son patronyme Πράτων est apparu à Entella, n° 208, 1. 25.
RÉGION DE SELINONTE
84 - Dédicace à Héraclès sur une grande stèle grossière provenant de la localité de Mandra di Mazzo, près de Salaparuta, au Sud-Ouest de Poggioreale, à 25 km au Nord-Nord-Est de Sélinonte; 150 χ 65 cm; ins cription boustrophédon gravée en angle droit; h.l. 4,5-10 cm; au musée de Palerme, NI 8759; VIe in. M. T. Manni Piraino, IGLMP n° 35, pi. 22 (C. Gallavotti, Helikon 1875-1876, p. 95-96; M. L. Lazzarini, Formule n° 209). Cf. J. de la Genière, CRAI 1977, p. 252 sq. : rayonnement de Séli nonte.
133 Pour les Asclépiades aux Ve et IVe siècles, voir J. Bousquet, BCH 1956, p. 579-593, et surtout p. 581, n. 2, à propos d'un décret delphique du koinon des Asclépiades de Cos et de Cnide. Voir aussi les remarques de G. Pugliese Carratelli, Annuario 41-42 (19631964) p. 150-151.
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gor
|
Το Η[ε]ρακλέος hi<x|póv εμι ·ηε|[σ]ατο δε μ|ε Άριστύλος ho [. . . .] ία ηυιός «Je suis consacrée à Héraclès; c'est Aristulos le fils de ( m'a installée».
) ias qui
Après révision de la pierre au musée de Palerme, je donne un texte qui pourra paraître trop prudent à certains : on ne peut, par exemple, identifier la dernière lettre de la ligne 2 à droite. La présence d'une dédicace à Héraclès ne surprend pas si l'on pen seaux nombreuses représentations du dieu dans la sculpture sélinontine134 et surtout à la séquence δ[ια] Ηερακλέα de l'inscription officielle, n° 78, 1. 3. L'aoriste moyen ηεσατο de ϊζω se retrouve au n°41.
134 Voir M. Guarducci, Annuario 37-38 (1959-1960) p. 275.
Ill -
LES COLONIES CORINTHIENNES
SYRACUSE
L'épigraphie de la vieille colonie corinthienne fondée par Archias en 734 (Thucydide VI, 3, 2) est pour toutes les époques d'une indigence extrême. En outre, à l'exception de l'épitaphe 88 dont l'écriture est sûrement épichorique, les trois autres inscriptions archaïques, des graffites et une signature d'artiste, ne peuvent pas en toute certitude être qualifiés de «textes» syracusains1. J'ai pris le parti de me borner à constater les différences orthogra phiqueset alphabétiques en me refusant à discuter les hypothèses sur l'origine de l'alphabet syracusain2. J'ai par ailleurs cru opportun de distinguer nettement dans la présentation les textes découverts à Syra cuse même de ceux qui sont apparus en Grèce, à Delphes, Olympie ou Athènes : il n'est en effet pas facile de savoir pour ces grands centres panhelléniques si le graveur de textes monumentaux a la même origine que le rédacteur de l'inscription. 85 - Fragment de céramique protocorinthienne; au musée de Sy racuse; ca 700. Pubi.: P. Orsi, MonAnt 25 (1918) 608, fig. 203; M. Guarducci, An nuario 37-38 (1959-1960) p. 249-254, fig. 1; LSAG n° 3, p. 131-125 et 264,
1 Je ne reprends pas ici l'inscription Μεγάλας de lecture très délicate découverte sur un gros bloc du VIe siècle dans la zone archéologique de la Piazza della Vittoria, Voza, Kokalos 26-27 (1980-1981) p. 683-684. Ne sont pas non plus reprises les cinq lettres, dont un qoppa, qui figurent sur un fragment de pyxide daté vers 700, provenant du sanctuaire d'Athéna, LSAG n° 1, p. 275 et 264, pi. 51 (repris par F. Cordano, Opus 3 (1984) n° 4, p. 290). 2 On se reportera aux hypothèses de Miss Jeffery, LSAG, p. 264 (Nord-Ouest du Pélo ponnèse) et de M. Guarducci, ArchClass 16 (1964) p. 148 (Locres d'Italie, par l'intermédiai re des législateurs archaïques, Zaleukos, Charondas etc.).
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LES COLONIES CORINTHIENNES
pl. 18; M. Guarducci, ArchClass 16 (1964) p. 141-143, pi. XLIII, 1; Kokalos 10-11 (1964-1965) p. 470-473, pl. XXVII, 7; Ep. Greca I, n° 1 p. 341343, fig. 172; M. Lejeune, Kokalos 16 (1970) p. 25-29, pl. 1-2; Lorber, n°4; Heubeck, Schrift, 1979, p. 124; F. Cordano, Opus 3 (1984) n° 29, p. 298.
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Δ/Ε]ανκλας έμ[ί
]
Par prudence je ne transcris que la seconde ligne. On constate la présence du san (M) et du signe Β qui doit noter ë : il doit donc s'agir d'un alphabet corinthien colonial identique à celui de Corcyre comme le croient M. Guarducci et M. Lejeune. Il est assez peu probable qu'il s'agisse d'un fragment de vase importé tout gravé de Corinthe, ce que pense Miss Jeffery, puisque, dans la métropole, c'est par le signe E qu'étaient notées la vraie et la fausse diphtongues. Ce qui précède εμ[ί n'est pas identifiable. 86 - Signature d'artiste. Inscription de huit mètres de long gravée en lettres profondes de 20 cm sur la face verticale de la plus haute marche de l'accès oriental du temple d'Apollon; VIe in. Pubi. : IG XIV 1, Addenda p. 685; Oliverio, L'iscrizione dell'Apollonion di Siracusa, Bergame 1933; M. Guarducci, ArchClass 1 (1949) p. 410 (LSAG n°3 p. 275 et 265 n. 5, pl. 51); M. Guarducci, ArchClass 16 (1964) p. 148-151; Ep. Greca I, n° 2, p. 343-344, fig. 173 (C. Gallavotti, Helikon 15-16 (1975-1976) p. 112-117); H. Engelmann, ZPE 44 (1981) p. 91-94 (Bull 1982, n° 507); M. Guarducci, RendLinc, 37 (1982) p. 13-20 {Bull 1983, n°495), et 40 (1986) p. 15-173.
3 La bibliographie de cette inscription est considérable : n'en apparaît ici que l'essent iel.
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Je n'évoquerai ici que les deux dernières interprétations qui, même si la lecture reste très délicate, renouvellent considérablement l'intérêt de cette signature d'artiste. Lecture d'Engelmann : Κλεομ[έν/δ]ές : έποίεσε τοπέλονι : ho Κνιδιείδα [:] κέπικλε στύλεια [:] κα[λα] «Cléoménès, le fils de Cni a fait pour Apollon; (il a) aussi (exécuté) ces illustres colonnes, superbes œuvres d'art». Cette lecture du texte qui repose sur une interprétation plus cohé rente de la ponctuation me paraît de loin préférable à celle qui était adoptée jusqu'ici et qui voulait que Cléomène fût l'architecte et Epiclès le responsable de la colonnade; ceci obligeait d'ailleurs à restituer un sigma, ce qui était peu satisfaisant dans un texte si monumental. Comme l'a bien remarqué M. Guarducci, cette lecture se heurte au fait que l'adjectif έπικλης n'existe pas. En alléguant les premières tenta tives de déchiffrement du texte, elle estime que le kappa de έπικλε n'ap paraît pas et qu'il subsiste au contraire sur la pierre la partie inférieure d'un epsilon : elle propose donc le lire έπίελε στύλεια κα[λα] /?έργα et considère que la phrase comporterait une réminiscence homérique : Od. 22, 49 Ούτος (Antinoos) γαρ έπίηλεν τάδε έργα «c'est lui en effet qui suscita ces actions». Pour étayer ce sens de l'aoriste épico-ionien elle invoque aussi les gloses d'Hésychius έφίαλεν · έπεχείρησεν et ήφίαλεν · έπιχείρησεν. Or, cette hypothèse ingénieuse appelle une remarque fondamental e : les έργα chez Homère sont les «forfaits» des prétendants et, par
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conséquent, pour qu'il y eût «réminiscence», il fallait absolument que le mot έργα eût dans les deux contextes le même sens favorable, ce qui tant s'en faut n'est pas le cas. Je crois donc qu'il vaut mieux préférer la lecture d'Engelmann, quitte à supposer ici la présence d'un adjectif έπικλής «très illustre» pour lequel on peut assez légitimement invoquer le sobriquet très banal Έπικλής. De toute façon, la seule transcription honnête est έπικ[λ]ε. Le terme nt. pi. στύλεια «les colonnes» est inconnu par ailleurs mais il n'y a pas de difficulté majeure à y voir un dérivé en - ειον de στύλος. Le point le plus gênant est la forme du patronyme dont la lecture n'est pas certaine. Un nominatif Κνιδιείδας est très surprenant car pour un quasi ethnique en -δας, bâti sur le radical du toponyme Kviδος, on attend Κνιδιάδας (Gall.) ou Κνιδίδας (cf. HPN p. 457-458); est aussi improbable le renouvellement Κνίδιος-»*Κνιδιεύς— »Κνιδιείδας. Je ne pense pas qu'il faille considérer cette inscription comme un témoignage sûr de l'état de l'alphabet officiel de Syracuse au début du VIe siècle : comme c'est vraisemblablement Cléomène lui-même qui a fait graver cette signature, et comme on ne connaît pas la patrie de cet architecte4 dont le patronyme cependant semble avoir un rapport avec l'Est égéen, on doit, à mon avis, considérer que ce texte a été gravé dans un alphabet assez peu typé dans lequel se trouvent vraisemblable ment exclues les particularités locales. On constatera d'ailleurs un phé nomène semblable dans l'inscription de Delphes n° 95 dans laquelle la signature de l'artiste milésien est rédigée en alphabet oriental. Il me semble qu'un fait important pour l'histoire de l'alphabet syracusain a souvent été négligé. P. Orsi, MonAnt 25 (1918) 638, a découvert des fragments de terres cuites architecturales qui devaient être des coffrages de rive d'un petit édifice des années 600 situé sous la Via Minerva tout près de l'Athénaion. Or ces coffrages comportaient chacun une lettre qui devait indiquer leur place respective sur la rive : comme apparaît aussi bien ί que ^, il ne serait pas impossible que l'on ait là la trace d'une phase transitoire de l'alphabet comportant un iota brisé à quatre branches et un sigma.
4 Dans son dernier article, M. Guarducci fait de Kléoménès un épistate des travaux qu'il aurait lui-même dirigés (?).
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87 - Inscription graffite sous le pied d'une tasse attique découvert en 1896 par Orsi dans les fouilles du Foro (Piazza d'Armi); au musée de Syracuse; VIe ex. Pubi. : P. Orsi, RivStAnt 5 (1900) p. 59-60, n° 38 (Sicca 1924, p. 188).
Fia(v)9iç καλά Μιτάλονι δοκ[ε](ΐ) έμεν.
«Fleur de violette, à Mitalôn, elle semble belle». La présence d'un lambda chalcidien dans un texte dorien est tout à fait remarquable : deux autres exemples siciliens du phénomène sont attestés en 144 g et 162. Les deux premiers éditeurs lisaient μιταλον έδοκε Μεν en consta tant la présence d'un mot obscur μιταλον. Or il est certain que la lettre qui précède δοκ ne peut pas être un epsilon : il s'agit d'un iota légère mentincurvé. Je fais donc de Μιτάλονι un datif et considère que nous sommes en présence d'une inscription amoureuse dans laquelle un amant, Mitalôn, dit que son aimée, Wianthis, lui semble belle. La pré sence de la junctura καλά. . . . δοκεΐ sur les vases grecs est bien connue ; citons trois exemples : καλέ δοκες sur un lécythe attique de Naples 5 ; Δορόθεος καλός κάμοί δοκεΐ (έ)ναι sur une oinochoé attique provenant de Vulci6; [Κλε/τίχ]α καλά έμ(ε)ν Αίνίαι δοκΐ sur une tasse béotienne archaïque7. 5 N°3135 = ARV2 I, p. 264, n° 55; pour l'inscription, voir toujours Kretschmer, Vase ninschriften 1894, p. 109. 6 Plutôt que δοκεΐ, vai selon Beazley, ABV 1956, p. 425 : vase de Munich 2247 (J 334). 7 II est absolument impossible de lire [Κλε]τίχ]α καλά εί[ν]αί μοι δοκι comme le fait M. Guarducci, Ep. Greca III, p. 342 : dans une inscription béotienne du VIe siècle seul est attendu l'infinitif dialectal έμεν. L'épigraphiste italienne a suivi la très mauvaise restitu-
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Le nom Fia(v)0iç écrit ici sans sa nasale implosive (cf. 127 et 167) est un sobriquet féminin bâti sur le radical du mot ϊανθον (au premier membre fiov)ïov «violette») qui est connu par la glose d'Hésychius ϊανθον · άνθος και χρώμα τι πορφυροειδές8. Son second membre est en -ίς comme d'autres composés anthroponymiques féminins qui corres pondent aux masculins en -άνθης, Bechtel, HPN p. 56. Le nom de l'amant Μιτάλων vient d'apparaître à Thespies, en Béotie, Horos 5 (1987) p. 80, 1. 19, IIIe av. Il s'agit d'un sobriquet en -άλων bâti sur le radical de μίτος «lisse»: on l'ajoutera chez Bechtel, HPN, p. 608. Il y a vraisemblablement une élision en hiatus à la fin de l'avant dernier mot. 88 - Petit cippe funéraire de forme pyramidale découvert à l'Est de la Via «per S. Panagia» près du mur dit de Gélon, dans la propriété Gargallo; inscription gravée de bas en haut; h. : 62 x 22 x 16; h. 1. : 35 cm; au musée de Syracuse n° 57168; daté ca 500 d'après le matériel voisin. Pubi. : G. V. Gentili, Ar eh. St. Sir ac. 7 (1961) p. 18-20, n° 1 ; NotScav 15 (1961) p. 405-407, fig. 1-3 (M. Guarducci, ArchClass 16 (1964) p. 145-146, pi. XLIII, 4; Ep. Greca I, p. 344-345, n° 3, fig. 174).
μα «Monument d'Alexis». La présence du xi «rouge» occidental de forme + est ble.
tion de P. Wolters, AM 38 (1913) p. 201-202 : le fac-similé du premier éditeur, Stavropoulos, ArchEphem 1896, p. 244, pi. V, 3, fait clairement apparaître le datif Αίνίαι précédé de trois lettres dont la première est sûrement un epsilon suivi d'une haste verticale, laquelle est suivie d'une lettre écrasée et illisible. 8 Encore une fois l'idionyme vient confirmer l'ancienneté de la glose. Je ne crois donc pas comme Chantraine, DELG, p. 466, que ϊανθον est un dérivé inverse de ίάνθινος qui est attesté chez Strabon.
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89 - Très élégant caducée de bronze du Museum für Kunst und Gewerbe de Hambourg: inv. 1978.61/St 337; 1.51,1cm; poids 440 gr; provenance inconnue; inscription dextroverse très soignée sur le manc he; 485-470. Pubi. : W. Hornbostel, Jahrbuch der hamburger Kunstsammlungen, 24 (1979) p. 46-62, fig. 18-21 et 38 (SEG XXIX, 940).
U Συρακοσίον δαμόσιον «(Caducée) officiel des Syracusains» L'absence de qoppa et la présence du delta sicilien de forme D mettent l'écriture de cette inscription à mi-chemin entre celle des dédi caces 93 et 94. Il s'agit pour cette époque d'un type plutôt moderne d'écriture officielle. L'éditeur estime que la perfection artistique de cet objet est le fait d'un bronzier de l'entourage culturel de Hiéron. 90 - Graffito votif sur le fond d'un skyphos à fond noir de facture locale mais de provenance syracusaine exacte indéterminée; diam. : 57 mm; au musée de Syracuse, n° 46167; 480-400. Pubi. : S. Calderone-S. L. Agnello, Epigraphica 10 (1948) p. 143-145 (M. Guarducci, Annuario 37-38 (1959-1960) p. 250-251, fig. 2).
Ήρακλεΐ
La présence du signe fc pour noter le e est remarquable, mais était déjà attesté en 85 (ca 700). M. Guarducci a attribué sa présence sur ce graffite à l'affluence massive à Syracuse au Ve siècle de Corinthiens et de Corcyréens dans l'alphabet desquels ce signe était en usage. Je me
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demande pourtant si, dans le cas de la vraie diphtongue ei, le graveur n'a pas utilisé, en le faisant suivre de Y iota droit, le signe qui dès l'origi ne servait à noter /ë/ (n° 85) : /ei/ aurait été noté indiféremment El et BI. Cette hypothèse serait peut-être plus économique. Quant à l'initiale H , il me semble qu'il s'agit, non pas d'une nota tion moderne sans aspiration mais, d'une graphie dévocalisée de hê dont on a des exemples en Grande Grèce au siècle précédent9. Le culte d'Héraclès à Syracuse est connu par la littérature (Thuc. VII, 73; Diodore IV 23, 4; Plutarque, Nicias 24, 6) mais aussi par les monnaies10 et par l'inscriprion hellénistique republiée par G. Manganaro11. 91 - Fragment de la lèvre d'un cratère à cloche attique à fond noir découvert près de l'Athénaion; Ve siècle. Pubi. : Orsi-Comparetti, MonAnt (25 (1918) 609-610
Φιντίας κακώς εχε[ι, σώζεται πιών?]
« Phintias se porte mal : (il est sauvé par la boisson) » La restitution des éditeurs est tout à fait conjecturale. 92 - Grand vase striglie à vernis noir découvert dans le puits dit «d' Artémis» dans la zone du Giardino Spagna; inscription graffite sous la lèvre du vase; IVe ex. Pubi.: G. Voza, Kokalos 14-15 (1968-1969) p. 362, tab. LXXIII; G. Manganaro, // tempio greco, p. 151, tab. XLIV, 3. Ίαρος Άρτάμιτος Φεραίας «Consacré à l'Artémis de Phères» 9 Par exemple à Métaponte : Βρακλες Landi, n° 137; pour la notion de graphie dévocalidée, voir M. Lejeune, RevPhil 1971, p. 214. 10 Rizzo, Monete greche di Sicilia 1946, p. 241 et 255-256. 11 [Ήρ]α[κ]λέο[ς κ]ρατε[ρό]φρονος, // tempio greco, p. 157, pi. XLVII, 1. La provenanc e exacte du minuscule canthare striglie du IVe siècle comportant la dédicace Ηρακλέος n'est pas certaine, voir G. Manganaro, SicGymn 1963, p. 64, fig. 11.
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Un lécythe avec la même inscription et provenant peut-être de Tarente était dans le commerce londonien des antiquités il y a peu : Seaby, Coins and Medals Bulletin, Oct. 1981, A 319. L'intérêt de cette dédicace sur un vase de fabrication locale est de constituer un témoignage important pour le rayonnement en Occident du culte de l'Artémis de Phères en Thessalie qui, chez elle, était appelée Έννοδία; cf. L. Robert, Hellenica XI-XII, 1960, p. 590-591, n. 4.
Documents syracusains découverts en Grèce12 93 - Dédicace de Gélon après la victoire d'Himère en 480. Delphes, inv. 1615; grande plinthe en calcaire noir; h. 55 χ 1. 189 χ prof. 190; dédicace soignée de trois lignes suivie d'une signature d'artiste; h.l. : a) 4,7 cm, b) 4 cm; peu après 480. Pubi.: Th. Homolle, BCH 18 (1894) p. 179; 21 (1897) p. 589; Mél. H. Weil, 1918, p. 207 sq (Syll.3 34; DGE 144); J. Marcadé, Signatures I, 1953, n°9, pi. III (J. Pouilloux, Choix n°43; LSAG n° 6, p. 275 et 266, pi. 51 ; GEI 28; M. Guarducci, Ep. Greca II, p. 134-136, fig. 24; M. L. Lazzarini, Formule n° 138). C £Λ Ο Ν Ο > Ê IA/O/AE hJ tVfc AÇOilOi τ ON τ R ( r ο δ/μκ ai Τ Msit Kfc/v/Ê R r a * \ Γέλον ό Δεινομέν[εος] άνέθεκε τόπόλλονι Συροκιόσιος. Τον τρίποδα · και τεν · νίκεν : έργάσατο Βίον · Διοδόρο : Μιλεσιος. «Gélon, fils de Deinoménès, de Syracuse, a fait la consécration à Apoll on. Bion, fils de Diodôros, de Milet, a fait le trépied et la victoire». 12 Je ne reprends pas ici l'énigmatique inscription ]αςούσιον de Sparte, LSAG n° 4, p. 275 (Ve in) dont la diphtongue est très surprenante dans un texte épigraphique, voir D. Musti, PdP 12 (1962) p. 469-471.
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On constate que la dédicace est rédigée dans un alphabet syracusain ( C = γ, ?, & = δ, R = ρ), mais que la signature l'est dans un alphabet de type oriental et en dialecte ionien. Cette dédicace du tyran de Syracuse après sa victoire à Himère sur les Carthaginois était déjà connue par la littérature : Diodore, XI, 26, 7, nous apprend que le trépied pesait 16 talents; Athénée, VI, 231 F, rap porte le témoignage de Théopompe, FGH, n° 115, fr. 193, selon lequel l'offrande de son frère Hiéron aurait été identique13. 94 - La même dédicace de butin sur deux casques découverts à Olympie ; 474 av. 14 a) Casque italique du British Museum. I.v.OL 249; SGDI 3228; SylL3 35b; DGE 144, 2; LSAG n° 7, p. 275, pi. 51 ; M. Guarducci, Ep. Greca I, n° 4, p. 346, fig. 175; GHI n° 29, p. 62-63; M. L. Lazzarini, Formule, n° 964a.
IcA ι toi £VR Λ Ko^io | TOi 4 l TV * A /VA Ρ Ο KVM Ηιάρον Δεινομένεος και τοί Συρακόσιοι τοι Δι Τυρ(ρ)αν(ον) άπο Κύμας. b) Casque corinthien; musée d'Olympie. Le casque n'a jamais fait l'objet d'une véritable publication et je ne connais pas de fac-similé de l'inscription qui est signalée par G. Daux, BCH 84 (1960) Chron. p. 771, fig. 12; H. Jucker, MusHelv 21 (1964) p. 186, tab. II/2; M. Guarducci, Kokalos 12 (1966) p. 195-196; E. Kunze, OlBer VIII, 1967, p. 106-107 (M. L. Lazzarini, Formule n° 964b).
13 II n'en subsiste que le nom du dédicant Βιάρον (bloc n° 1617) : cf. Syll.3 35c, LSAG n° 8, p. 275, M. L. Lazzarini, Formule, n° 139. 14 Je ne reprends pas ici la dédicace du char de Gélon après sa victoire de 488 : il n'en reste que -]ος άνέθεκε suivi de la signature de Glaukias d'Egine, /. v. Ol. 143; cette base avait été vue par Pausanias, VI, 9, 4-5.
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Ηιάρον ό Δεινομένεος και τοί Συρακόσιοι τοι Δι Τυρρανδν άπο Κύ[μας]. La forme Τυρρανον de la seconde dédicace permet de corriger Τυραν en Τυρ(ρ)αν(ον) dans la première15. On constate que le delta est de forme récente Δ et non sicilienne D. Il s'agit d'une inscription de première importance historique qui fait état d'une consécration de butin à Olympie par Hiéron à la suite de sa victoire sur les Etrusques qui s'en prenaient aux Grecs de Cumes, Diodore XI, 51. La forme à géminées Τυρρανον (Τυρσανών (Pindare, Pyth. I, 72, Formule 986, Ve siècle), est un génitif ablatif désignant le peuple vain cu,tandis que le syntagme άπο Κύμας signifie qu'il s'agit d'un butin rapporté de Cumes dans les eaux de laquelle avait eu lieu la bataille : avec une autre préposition on comparera la dédicace Formule 973 : Άθεναΐοι άπο Λακεδαιμ[ον]ίον εκ [Πύ]λο16. 95 - Dédicace de butin sur deux fragments d'un (ou deux) bouc lier; musée d'Olympie, Β 2590; Ve siècle. Pubi. : E. Kunze, OlBer V, 1956, p. 38-40, Nachträge (SEG XV, 252; LSAG n° 11, p. 275 et 267; J. A. De Waele, Acragas, 1971, n° 10, p. 40-41, Add. p. 277; M. L. Lazzarini, Formule n° 980).
[ί]αρά Συρακόσ[ιοι άνέθεν] Άκραγαντίνων λάφυρα. 15 Un troisième casque étrusque portant la même inscription a été publié par G. A. Pikoulas Horos 1 (1983) p. 59 {Bull. 1987, n° 757) : on lit clairement Τυρρανον. 16 Από dans ces dédicaces indique «à quel ennemi» a été pris le butin et introduit un syntagme prépositionnel qui se substitue à l'archaïque génitif ablatif.
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.
«Les Syracusains ont dédié ces dépouilles des Agrigentins pour qu'elles soient consacrées». On remarquera que l'écriture ne ressemble à rien de ce que l'on connaît en Sicile : Γ = γ, .f> = ρ, _Λ_= ω. Plusieurs restitutions ont été proposées et discutées par les diffé rents éditeurs de cette inscription, mais, en dépit de variantes minimes pour la partie centrale, ils adoptent celle que je reprends ici. On estime qu'il s'agit d'une dédicace faite par les Syracusains après la victoire remportée en 446/5 sur les Agrigentins, près du fleuve Himéras, Diodore XII, 8, 1-4 17. 96 - Epitaphe d'Athènes; EM 9187; ca450. IG I2 1081 = IP 10389 (LSAG, n° 10, p. 275 et 267, pi. 51). .A Αναξαγόρα t , Συρακοσία
Λ Η iV 9 AK ο it A
Dans cette modeste épitaphe le gamma et le rho ont une forme attique mais le xi ne peut être que syracusain puisqu'à Athènes, à cette époque, c'est par le digraphe X* qu'est noté ks. 97 - Transcription par un graveur magnète d'un décret de Syracus e qui reconnaît le concours et l'asylie du sanctuaire d'Artémis Leucophryéné à Magnésie du Méandre; 207/6 av. Ce décret comme les autres textes de même contenu (n° 16-84) est gravé sur le mur interne de la stoa Ouest; l'inscription gravée en lettres très minces sur une autre inscription qui a été martelée est de lecture très délicate. Pubi. : Ο. Kern, Die Inschriften von Magnesia, 1900, p. 60-61, n° 72. Cf. M. Holleaux, Etudes I, p. 327-328 (= REA 1903) : 1. 39-42 18; Wil-
17 Je pense qu'il faut exclure d'y voir une dédicace commune des Syracusains et des Agrigentins après leur victoire sur le chef sicane Doukétios, Diodore XI 91-92 (peu près 446) car on ne connaît pas d'autre exemple de dédicace de butin dans laquelle le nom des vainqueurs est au génitif. 18 Holleaux disposait d'un estampage que lui avait envoyé Wilhelm de Berlin.
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helm, Beiträge, 1909, p. 181-183 : intitulé; F. Ghinati, Kokalos, 5 (1959) p. 133-135 : la synklétos. Έπί Πολυξενί[δ]α του Φιλοξένο[υ Εύθύ]νους . .μμ.ργορα, Έπικύδης Ξεν[ ] έκτα · δόγμα τάς συγκλήτου · Άπο[λλωνίου ] ισταμένου · προστάτας Αρτεμίδ[ωρος 5 τρίτα πέμπτα · υπέρ πρεσβειών και θε[αρών έπαγ]- ] γελλόντων ταν θυσίαν και τον άγών[α Αρτέμιτι Λευκο]φρυήναι. Έδ[ο]ξε τάι συγκλήτωι καθα κ[αί τάι βουλάι εί][π]άντων των προσγραφέντων Ύπερ[ , Αρι]στογένου, Φιλοκράτεος, Σωσιπάτρ[ου ίο Δάμωνος, Σωσανδρίδα, Σιμωνίδα. [Παραγενομένων πρεσ]βευτάν και θεαρών παρά τ[ών Μαγνητών των άπό] Μαιάνδρου Διοτίμου του Μηνοφίλο[υ ] Άριστέος και τό τε ψάφισμα ά[π]οδόν[των και άπολογι]ξαμένων, τάν τε τά£ θεάς έπι[φ]άνεια[ν και τας γεγενημέ]15 νας υπό των π[ρ]ογο[ν]ων [α]ύτοί έδειξαν ε[ύχρηστίας] δίκαια δ
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. ον τίμια. . .ς κα ε παρακαλεόντω[ν άποδέ]ξασθαι τάν [θυσίαν και τον άγώ]να ον τίθεντι τάι 'Αρτέμιτι τάι Λε[υκοφρυήναι στεφανί]ταν ίσοπύθιον τ[α]ις τιμαΐς, άπολογιξ[αμένων δε ύπάρχον][τ]ας φίλους [κ]α[ί] συ[γγενέα]ς [δια προγόνων τάς πόλιος ά][μ]άς Μάγ[νητας [Σ]υρακοσίω[ν τια υπ [ δεδόχ]θ[αι τάι συγκλή][τ]ωι των Συρακοσίων και τ[ώι δάμωι επαινεί σαι μεν τον δάμον των [Μαγνητών έπί [και] εύσεβείαι ν[ άποδέ]ξασθαι δε και τον αγώνα ον συντελέοντι Αρτέμιτι] Λευκοφρυήναι στεφ[ανί]ταν ίσο[πυθιον καθότι] έπαγγέλλοντι οί πρ[ε]σβευταί [και θεαροί, νομίζειν δε και] τάν τε πόλιν και τάν χώρα[ν] ί[εράν και άσυλον κατά τον] του θεού χρησμόν, άποστέλλειν δ[έ και άνδρας εις Μαγνησί]αν τους συνθύσοντας καί^[συναύξοντας τας τιμάς τάι] θεάι, καθώς κα δυνατόν ήι τάι π[ολει, επαινέσαι δε και τους] πρεσβευτ[άς] και θεαρού[ς Δ]ιότιμο[ν έπί τώι ά]πολογίξασθαι άξίως [τ]άς τε πό[λιος αυτών και τάς άμάς] πόλιος, δόμε ν δε αύτοΐς όσον κα[ί τοις έπαγγέλλουσι]
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LES COLONIES CORINTHIENNES τον αγώνα των Ίσθμίω[ν], έξ(εΐ)με[ν δέ αύτοΐς και θυσαι ίε][ρ]εΐα τέλεα δ[ύ]ο ένίστι[α] π[ οσάκις κα παρεπιδαμέων]τι παρ άμΐν, καλέσαι δέ α[ύ]τ[ού]ς [τον προστάταν? και έπί ταν] κοιναν ίστίαν, έλέσθαι δέ και θεαρ[οδόκον · άιρέθη] [Ε]πιμενίδας Μνε? Notes critiques. La longueur des lignes est incertaine à droite. L. 2 : -αγόρα Wilh.-L. 7-8 : [προαγορη]| σάντων Hol.-L. 21-23 : rest.
Hol. L. 32 : άνδρας rest. Hol.-L. 34 : [συμπομπεύσοντας] Kern-L. 39 : ΕΞΜΕ Hol. sur l'estampage. -L. 39-40 : [ίε|ρ]εΐα τέλεα δ[έ] ό ένίστι[ος Kern. Traduction. «Poluxénidas, fils de Philoxénos étant -nous fils de agoras, Epikudès, fils de Xénsixième (tribu); décisions de la sunklétos; mois d'Apollonios; sous la présidence d'Artémidoros, troisième (phratrie), cinquième (tribu); au sujet des ambassa deurs et des théares qui annoncent le sacrifice et le concours en l'hon neur d'Artémis Leukophryéné. Il a plu à la synklétos conformément à la décision du conseil(?), après qu'ont fait des propositions ceux dont les noms suivent : Huper, Aristogénès, Philokratès, Sôsipatros, . . . Damôn, Sôsandridas, Simônidas. Attendu que sont arrivés, à titre d'ambassadeurs et de théares, de chez les Magnetes du Méandre, Diotimos fils de Mênophilos, fils d'Aristeus, qu'après avoir remis le décret et fait un exposé, ils ont eux-mêmes indiqué les bienfaits accomplis par leurs ancêtres attendu qu'ils demandent que l'on accepte le sacrifice et le concours qu'ils instaurent pour Artémis Leukophryéné, concours dans lequel sera décernée une couronne, concours égal aux concours Pythiques par ses honneurs; attendu qu'ils ont exposé que, par leurs ancêtres, les Magnetes se trouvaient être des amis et des parents de notre cité, plaise à la sunklétos des Syracusains et au de décerner l'éloge au peuple des Magnetes pour et sa piété , d'accepter le concours qu'ils organi sent pour Artémis Leukophryéné dans les termes où l'annoncent les ambassadeurs et les théares, de considérer la cité et le territoire comme sacrés et inviolables, conformément à l'oracle du dieu, d'envoyer en Magnésie des délégués pour participer aux sacrifices et pour contri buerà accroître les honneurs rendus à la déesse dans la mesure des moyens de la cité, de décerner l'éloge aux ambassadeurs et aux théares Diotimos pour avoir fait un exposé digne de leur cité et de la nôtre, de leur donner autant qu'à ceux qui annoncent le concours des
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Isthmia; qu'il leur soit rendu possible de sacrifier deux victimes parfait es pour le foyer de la cité aussi longtemps qu'ils séjourneront chez nous; que le président (?) les invitent au foyer civique; que l'on élise un théarodoque; a été élu Epiménidas Mné. ». Commentaire. Le plan du texte est clair : intitulé, 1. 17; formule de sanction, 1. 710; considérants, 1.10-25; formule de résolution, 1.25-26; décisions, 1. 26-43 19. Ce décret (δόγμα) postérieur à la prise de la cité par Marcellus en 211 nous fournit des indications importantes mais ambiguës sur la constitution syracusaine au début de la domination romaine. Les com mentateurs de ce texte divergent sur la traduction du terme σύγκλητος qui désigne l'assemblée d'où émane ce décret : δόγμα τάς συγκλήτου 1. 3. Par un fâcheux hasard, les formules de sanction et de résolution se trouvent gravées à des endroits très corrodés de la pierre de telle sorte qu'il est impossible d'identifier l'autre corps délibérant qui a pris part à l'élaboration du texte ainsi que celui qui en a approuvé les termes : - 1 .7 εδ[ο]ξε τάι συγκλήτωι καθα κ[αί. . . - 1. 25-26 [δεδόχ]θ[αι | .]ωι των Συρακοσίων και τ[. . . . Wilhelm, en complétant 1. 7 καθα κ[αί τάι βουλάι], admet que la synklétos est une assemblée extraordinaire et que le décret a été prépar é par la βουλά, institution vivante du temps de Hiéron II comme le prouve l'inscription IG XIV 7, II. 1. 7 (241 av)20. Holleaux complète 1. 6 καθα κ[αί τώι δάμωι / τάι άλίαι] et 1. 25-26 [δεδόχ]θ[αι τάι συγκλή|τ]ωι των Συρακοσίων και τ[ώι δάμωι] mais ne se prononce pas sur la nature de la σύγκλητος21.
19 J'ai moi-même donné un commentaire philologique du décret de Megalopolis /. ν. Magn. 38, RDA II, p. 273-284. 20 Cf. G. Manganaro, Athenaeum, 43 (1965) p. 312-320. 21 En dehors de la Sicile, dans l'Occident grec, le temre synklétos, se retrouve à Malte, IGUR n° 3, 1. 8 (= IG XIV 952) et à Naples, Abh. Berlin, 1952, « Asylieurkunden aus Kos», p. 21, n° 11 1. 8 : c'est vraisemblablement aux Campaniens que les Romains ont emprunté la désignation grecque de leur Sénat, voir Ghinati, o.e. p. 134-135, et H. Bengtson, Historia 3 (1954) p. 456-457. L'opinion de Wilhelm qui voulait que la synklétos fût une assemblée extraordinaire se retrouve chez Hüttl, Verfassungsgeschichte von Syrakus, 1929, p. 71, n. 30, chez Wickert, RE, IIe série, t. IV, 1931, col. 1534, et chez A. Aymard, Les assemblées de la confédération achaienne, 1938, p. 146-147, n. 2.
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Si l'on admettait que la boula de Syracuse était une institution encore en fonction sous la domination romaine, on pourrait obtenir un schéma institutionnel identique à celui qui figure dans le décret d'Agrigente, n° 185 dans lequel apparaissent une boula, une synklétos et une halia. Si l'on admettait d'autre part que, comme à Athènes, l'assemblée dont le nom suit les mots καθα καί est le lieu où sont préparés les décrets entérinés par l'assemblée dont le nom précède cette formule, et que dans la formule de résolution figure d'abord le nom de l'assemblée qui prépare les décrets, on pourrait supposer l'existence de trois instan ces : une boula qui prépare les textes de la synklétos à effectif limité, organe législatif fondamental dont les décisions peuvent être, mais sans doute à titre formel à cette époque, entérinées par le damos ou Yhalia. Il me semble que c'est la désinence -ωι du début de la ligne 26 qui oblige à supposer l'existence de ces trois assemblées : si en effet à la place de -ωι il y avait eu -ai on aurait restitué [τάι βου|λ]αι των Συρακοσίων και τ[αι συγκλήτωι] et le problème de l'existence de la troisième assemblée ne se posait pas. Cette explication rejoint donc celle de F. Ghinati qui veut que la synklétos soit une sorte de sénat de la cité; mais je n'admets pas comme lui, à cause du formulaire, que la synklét os est l'équivalent de la boula. L. 1. Si l'on en croit Diodore, XIV 70, 6, l'éponyme était Γάμφίπολος de Zeus Olympien. Cette magistrature annuelle, la plus importante de la cité, aurait été instituée par Timoléon. Selon Wilhelm, après l'éponyme figurait une désignation de magist rats: on peut légitimement supposer que sont ici nommé trois stratè ges syracusains22. L. 2-3. Sauf à admettre que έκτα représente la fin du génitif patr onymique [Πολυδ]έκτα, ce qui est peu probable puisque la coupe syllabique est dans l'ensemble bien respectée, je crois qu'il s'agit, comme à Camarine, d'une indication de tribu ou de phratrie : il en va de même à la ligne 5 où il faut à mon avis garder le texte de Kern, sans corriger en [πρό]πεμπτα comme Wilhelm qui veut retrouver là l'indication d'un laps de temps pour la prographé. L. 3. Le nom de mois 'Απολλώνιος apparaît à Taormine, IG XIV 427, II 1. 18, et 429 II 1. 13.
22 Cf. Schwahn, RE, Suppl. VI, 1935, 1128-1129, et Berve, Koenig Hieron II, 1959, p. 48-49.
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L. 5. La forme avec glide πρεσβειών est connue en attique, IG IP 653, 1. 49 (IIIe); voir Threatte p. 156, qui cite des exemples de ce phéno mènedès le IVe siècle. L. 13-14. Le verbe άπολογίζομαι est ici employé absolument au sens de «faire un exposé». L. 15. έδειξαν : le passage du génitif absolu à l'indicatif (dépendant d'un επειδή) est courant dans les longs considérants. L. 43. Μνε pourrait être une indication de démotique abrégé.
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Se trouvent regroupées dans ce chapitre les inscriptions apparues sur des sites de l'arrière-pays de Syracuse, dans la zone d'influence de la grande colonie corinthienne23. Le dénominateur commun de ces sites est qu'ils correspondent à des poleis antiques qui ne semblent pas avoir battu monnaie, même s'il s'agit de cités importantes dont les auteurs anciens attribuent clairement la fondation aux Syracusains. C'est ainsi que nous insérons ici Casmène et Acrai24 mais que nous réservons une section spéciale à Camarine.
Héloros Site hellénisé par des Syracusains dès la fin du VIIIe siècle à l'em bouchure du fleuve Έλωρος (act. Tellaro)25, à une trentaine de kilomè-
23 Je ne reprends pas ici le petit œuf de pierre trouvé dans la campagne syracusaine qui porte, en lettres de la basse époque hellénistique ( A ) l'inscription κορύδαλλα αριστε ρά άκρη έν άρούρηι έσπαρμένη. Μ. Guarducci, Annuario 1959-1960, p. 275-278, y a vu un sors, mais a considéré que son interprétation exacte restait très délicate; l'origine sicilien ne de ce petit texte ionien n'est en outre pas certaine. 24 Les seules monnaies d'Aerai datent de la fin du IIIe siècle et ne sont que de petites pièces de bronze syracusaines refrappées avec le sigle AKP, voir G. Manganare La Sicilia Antica, Π, 2, p. 420. 25 Cf. G. Voza, La Sicilia Antica, I, 2, p. 529-536 et Kokalos 26-27 (1980-1981) p. 685686 : nous ne reprenons pas ici l'inscription Δάματρος qui figure sur un autel de terre cuite du IVe siècle; voir ibid. p. 686-687.
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très au Sud de Syracuse. Il est mentionné par Pindare, Ném. IX 40, et Hérodote, VII 154, à propos de la victoire d'Hippocrate de Gela sur les Syracusains en 493. Thucydide, VI 66, 3; 70, 5 et 80, 5, évoque ΓΕλωρίνη οδός comme un point stratégique important pendant la guerre athéno-syracusaine. La cité est mentionnée par Diodore XXIII, 4, 1, dans les clauses du traité entre Rome et Hiéron de 263; elle se rendra à Marcellus en 213, Tite Live 24, 35, 1. Signalons enfin qu'elle est visitée par les théores de Delphes au début du IIe siècle, BCH 1921, p. 16, col. IV, 1.10026. D'après Elien, ΝA. XII 30, il ne se serait agi que d'un phrourion syracusain. 98 - Bloc calcaire remployé dans les fortifications, provenant vra isemblablement de la nécropole archaïque; inscription dextroverse; h. 1. : 11 cm; VIe siècle. Pubi. : G. Manganaro, ArchClass 17 (1965) p. 197, pi. LXIX, 2 {Bull. 1967, n°712). _ «v é ^ _ &
_ «».
Έξακέστου το[υ
]
On remarquera dans ce nom fréquent en Sicile la présence du xi «bleu» et celle du digraphe OY pour la notation de la fausse diphton gue. 99 - Inscription très soignée sur la corniche d'un monument funé raire découvert à 6 km de Héloros au lieu-dit Ficopala; 450-400. Pubi. : Orsi, NotScav 1933, p. 197-200, fig. 3 {LSAG n° 34, p. 276 et 267). Λισσίας Νεμηνίου
Λ < t i I * X C* £** H Ν Ι Ο ν
Le nom Λισσίας est à ajouter chez Bechtel, HPN p. 286, à côté du Λισσίδας arcadien. Le vocalisme initial du patronyme Νεμήνιος(Νεομήνιος (ce dernier étant aussi attesté à Camarine, n° 123) est fréquent en Sicile, voir Sicca 1924, p. 32. Il est surtout très remarquable de constater qu'une épitaphe d'Athènes d'époque romaine, IG IP 10292, présente exactement le même patronyme pour un habitant de la bour gade voisine : Ξένων Νεμηνίου Σικελός άπό Νεαίτου (cf. infra, n° 101). 26 Cf. G. Manganaro, Historia 13 (1964) p. 420.
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100 - Bloc rectangulaire surmonté d'une corniche, scié en bas, découvert à 300 m au Nord de l'enceinte de Héloros; 61 χ 63 χ 13 cm; acquis par Orsi en 1926; 6 lignes inscrites de la basse époque hellénisti que; Ω. = ω, Α, Σ; au musée de Syracuse, n° 44533 = 50113 : II/Ier av. Pubi.: S. Calderone, Epigraphica 10 (1948) p. 146-149 (Bull. 1951, n° 256); G. Manganare Sic. Gymn. 16 (1963) p. 56. [Έπ]ί Όνασικράτεος του Όνασικράτεος · γυμνασιαρχεόντων Ζωίλου του Νύμφωνος, Αρτέμω[ν]ος του Άρχωνίδα. [ Ο]ί [ν]εα[ν]ίσκοι οί έμ [Β]ασανώι · Άγαθα[ρχ ]βου, La lecture a été améliorée par G. Manganaro qui fournit une très bonne photo de ce texte. Il s'agit du haut d'une inscription agonistique dont on a d'autres exemples à l'époque romaine en Sicile et en particul ier dans la bourgade voisine de Νέαιτον dont une inscription, IG XIV 240, évoque des νεανίσκοι Ίερωνεΐοι. Les éditeurs mettent ce texte en rapport avec la glose d'Hésychius Έλώριος άγων · τελούμενος έπί Έλώρου ποταμού27. La fin de la ligne 5 est d'interprétation délicate; s'agirait-il de la mention d'un lieu-dit ancien nommé Βάσανος où s'entraînaient les νεα νίσκοι?
Noto (anc. Νέαιτον) Le site de l'ancienne Νέαιτον est situé à 8-10 km de l'actuelle Noto an direction du Nord-Ouest. Ses habitants, les Νεαιτΐνοι28 apparaissent chez Diodore XXIII, 4, 1, à propos du traité entre Rome et Syracuse de 263. Il s'agit d'un ancien site sicule hellénisé qui semble s'être dévelop pé en particulier à l'époque hellénistique29.
27 ca,II, 28 Iasos, 29
Pour les gymnases en Sicile à l'époque romaine, voir G. Manganaro, La Sicilia Anti 2, p. 445-446. Un Δρομέας Διόδωρου Νεαιτΐνος figure dans une liste chorégique de Iasos, /. v. n° 174, 1. 22-24. Cf. Bérard, Colonisation, p. 137. Voir aussi la fin du comm. du n° 99.
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101 - Autel de calcaire découvert à Cozzo Sisca; 105 χ 21 χ 40 cm; inscription soignée en façade; h. 1. : 35 mm; au musée de Noto; IIIe siè cle. Pubi. : G. Manganaro, ArchClass 17 (1965) p. 198, pi. LXIX, 3 {Bull 1967, n°711). Άγέμαχος Πολυάρχου Έλώρωι και Τιμασσαι. «Agémachos, fils de Poluarchos, (a dédié) à Eloros et à Timassa». Il s'agit d'une dédicace au dieu éponyme du fleuve Έλωρος qui tra verse le territoire de Noto. C'est sur le radical de cet hydronyme qu'a été bâti le nom épichorique Έλωρις bien connu dans l'Est sicilien30. Τιμασσα doit être une nymphe locale inconnue par ailleurs. L'étymon de ce théonyme est attesté dans le pamphylien Τιμά/τεσα = τιμά£εσσα «honorée», Brixhe n° 3, 1.2 et 6.
SCORNAVACCHE Village de coroplastes en activité au début de l'époque hellénistique (344-320) 31, bâti sur un site archaïque, sur la rive gauche du torrent nommé Mazzaronello près de son confluent avec le Dirillo, à 20 km au Nord-Ouest de Raguse. Il s'agit du site le plus occidental de la pénétrat ion syracusaine aux confins des territoires de Gela et de Camarine32. 102 - Petite kylix à vernis noir découverte brisée en 13 morceaux dans un minuscule sanctuaire; diam. max. 12cm: pied 4, 9 cm; h. 4, 8 cm; inscription gravée en lettres profondes après cuisson sous la
30 A Acrai, IG XIV 211-212; à Tauromenium, IG XIV 421-422; un intime de Denys l'Ancien chez Diodore, XIV 8, 5; un Syracusain à Athènes, IG II2 10391; voir Bechtel, HPN p. 557. 31 Ces dates sont fournies par le témoignage des monnaies syracusaines apparues sur le site; voir l'article d'A. Di Vita, à propos de l'inscription 102, p. 539, n. 7. 32 Cf. D. Asheri, La Sicilia Antica, I, 1, p. 122-123; l'article fondamental reste celui d'A. Di Vita «La penetrazione siracusana nella Sicilia sud-orientale alla luce delle più recenti scoperte archeologiche », Kokalos 2 (1956) p. 177-205.
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lèvre; h. 1. : 1 cm; le début de l'inscription est gravé sur un fragment perdu. Au musée de Raguse, n° 1395; 310-280. Pubi. : A. Di Vita, Aparchai, II, 1982, p. 537-545, fig. 2, tab. 154, 1-3 (SEG XXXII, 931).
[τάνδε ταν κύλικα ε]δωκαν έμοί τοί Χαυνοτρίβωνες · ίαρα · Άσ[κλ]απιοϋ. Dédicace à Asclépios précédée d'une phrase dans laquelle le rédac teuraffirme que la coupe lui a été donnée par les mystérieux Χαυνοτ ρίβωνες. L'éditeur a fait plusieurs suppositions pour expliquer ce terme nouveau et fait figurer à la fin de son article une remarque de J. Taillardat. Tous les deux estiment que figure au second membre le terme τρίβων «manteau» et que l'on est en présence d'un composé possessif dans lequel le premier membre, l'adjectif χαυνος, aurait ici le sens de «lâche» ou d'«élimé». Ce composé serait un calque procédant de la contamination de hom. χαλκοχίτων et de att. έλκετρίβων, Platon le Comique 124, p. 528 Edmonds. J. Taillardat traduit: «les compagnons du manteau élimé».
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Quelle que soit l'ingéniosité de cette traduction, je pense qu'il faut revenir à la seconde solution évoquée par A. Di Vita. Comme il s'agit d'une dédicace faite dans un village de coroplastes, il me semble qu'il vaut mieux voir dans ce terme un composé régressif dont le second membre serait une variante en -ων/-ωνος du participe τρίβων/-οντος (type Λαοκόων /-όωνος) de τρίβω « malaxer » ; le premier membre serait un qualificatif de l'argile que les potiers doivent rendre χαΰνος «sou ple» et «malléable» avant de la travailler. Cet adjectif, ainsi que l'abs trait χαυνότης, désigne en effet très souvent une terre molle, tendre et souple à travailler; citons par exemple Plutarque, Sert. 17,. 3, à propos de la terre d'Egypte : Ή δ'ύποκειμένη πάσα χώρα πηλον άργιλώδη και γην ύπο χαυνότητος εύθρυπτον άναδίδωσιν33. Je serais donc enclin à voir dans ce terme curieux une sorte de nom de confrérie ou de compa gnonnage que je propose de traduire « Les Malaxe-Molle Argile ».
Monte Casale (anc. Casmène) Vaste site archaïque grec situé à 12 km à l'Ouest de Palazzolo Acreide à une altitude de 823 m. L'identification avec l'ancienne Κασμέναι fondée par les Syracusains en 643, Thucydide VI, 5, 2, est désor mais certaine34. 103 - Grand bloc calcaire; 126 x 47 x 14 cm; inscription grossièr ement gravée boustrophédon, de lecture délicate; h. 1. : 8 cm; au musée de Syracuse; VIe siècle. Pubi. : G. Manganaro, ArchClass 17 (1965) p. 192-193, pi. LXVIII, 1 (Bull. 1967 n° 709); Kokalos 1976-1977, p. 254 : nouvelle lecture. Κρατέα είμί [σ]αμα του .... «Je suis le monument de Kratéas, le fils de. . .». Après une révision de la pierre G. Manganaro estimait satisfaisant de lire Βιονα|[ί]ου pour le patronyme (?). 33 Voir aussi Pyrrhus 28; Diodore I, 39, 4 (terre d'Egypte); III 12, 4 et 14, 2 (glaise qui entoure le minerai d'or); Aristote, Probi. 934b 11 (opposé à στερεός «dur»); Géoponiques 5, 2, 2 et 12, 2, 4 (sol meuble). 34 Cf. Sicilia Antica I, 3 p. 529-536.
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104 - Bloc calcaire comportant une inscription gravée en lettres très évanides; au musée de Syracuse; VIe siècle. Pubi. : G. Manganaro, ArchClass 17 (1965) p. 193-194, pi. LXVIII, 2 {Bull. 1967, n°709). Le texte semble comporter tant de négligences de gravure et tant de fautes d'orthographe qu'on ne peut guère considérer comme sûre ment grecs que les mots suivants : 1. 1 Καλ(λ)ικράτες καλός, 1. 2 τοκες.
Acrai (près de l'act. Palazzolo Acreide) Fondée en 664 par les Syracusains, Thucydide, VI, 5, 3, à 36 km à l'Ouest, dans l'intérieur des terres, Acrai, pour laquelle nos sources li ttéraires ne fournissent que des indications indigentes, semble être pres que toujours restée dans l'orbite syracusaine : il devait s'agir à l'origine d'un avant-poste militaire et d'une colonie frontière destinée à surveil ler une zone contestée35. Les fouilles commencées au début du siècle dernier par le Baron Gabriele Judica ont dégagé le théâtre, le bouleuterion, des fortifications ainsi que la platèa; du matériel du VIIe siècle est apparu dans les nécrop oles. Une étude d'ensemble du site a été publiée en 1956 par L. Bernabò Brea36 qui a confié la rédaction du chapitre épigraphique à G. Pugliese Carratelli37. Je ne reprends ici que les inscriptions les plus anciennes : des catalogues hellénistiques, dont certains sont perdus, je me bornerai à extraire les termes institutionnels les plus importants. 105 - Epitaphe sur une pierre que Kaibel n'a pas retrouvée; VIe siècle. Pubi. : H. I. Rose, Inscr.Graec.Vetust., 1825, p. 102, tab. 13, 11 (CIG 5453; IG XIV 228; SGDI 3228; DGE 146, 2; LSAG n° 14, p. 276 et 267, pi. 51; Pugliese Carratelli, n° 21, p. 161).
35 Cf. Sicilia Antica I, 1, p. 122-123. ì6Akrai, Catane 1956. Pour un état récent des fouilles, Sicilia Antica, I, 3, p. 496-507. 37 O.e. p. 151-181, tab. 34-40.
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Nom de femme au nominatif que l'on retrouve dans le graffite monétaire 181. Il s'agirait donc d'un sobriquet épichorique bâti sur le radical de συκον «figue». 106 - Partie supérieure d'un cippe funéraire (?) provenant de la nécropole de la Pinita; 18 χ 48 χ 9 cm; inscription boustrophédon gra vée en lettres profondes; h. 1. : 10 cm; au musée de Syracuse n°6823; VIe ex. Pubi: P. Orsi, NotScav 1889, p. 387; IG XIV 221a (add. p. 686); M. Guarducci, Annuario, 27-29 (1949-1951) p. 103; Pugliese Carratelli, n° 19, p. 160-151, tab. 36 (LSAG n° 12, p. 275 et 268, pi. 51); M. Guarducc i, Annuario 37-38 (1959-1960) p. 258-259, fig. 4; ArchClass 16 (1964) p. 146, tab. 43, 3; Ep. Greca I, n° 5, p. 347, fig. 176.
Βραχί|δα ειμί Cette lecture est celle de Orsi et de M. Guarducci, et paraît la plus vraisemblable. Pugliese Carratelli veut retrouver ici le génitif Βραχύλα d'un nom Βραχύλας très peu probable. Le sobriquet Βραχίδας est enre gistré chez Bechtel, HPN p. 484. 107 - Epitaphe perdue depuis le début du XIXe siècle; inscription en écriture serpentine; VIe ex. Pubi. : H. I. Rose, Inscr.Graec.Vetust., 1825, p. 91, tab. 12, 1 : d'après un dessin de Thorp (CIG 5458; Roehl, IGA 507; IG XIV 227; SGDI 3237; DGE 146, 1; M. Guarducci, Annuario, 27-29 (1949-1951) p. 104, fig. 2; Pugliese Carratelli n°20, p. 161; LSAG n° 13, p. 275 et 268, pi. 51). [Λ]υσις ho Τιμ|άρου Jusqu'ici deux lectures ont prévalu: Τιμάδου Franz, P. C, Guard.; Χιμάρου Roehl, Blass, Schwyzer; Miss Jeffery hésite. Comme un nom Τιμαδος ne me semble pas explicable par le grec, comme le tau initial est très net sur le dessin, je propose de retrouver ici le nom Τίμαρος38, masculin du féminin Τιμαρώ cité comme parien 38 Pour le suffixe -αρος, cf. L. Robert, Noms Indigène, p. 16, 211, 283 n. 3 et 313.
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par Bechtel, HPN, p. 426 : il faut admettre que le dessinateur n'a pas recopié la petite haste du rho qui pouvait avoir la forme D. 108 - Petit jeton en pierre de forme elliptique; diam. max. 28 mm; poids 17, 55 gr. ; au musée de Syracuse; Ve in. Pubi. : P. Orsi, Riv. di Stor. Ant. 5 (1900) p. 45, n° 5 (Willers, RhMus 60 (1905) p. 346-347, fig. 4; Pugliese Carratelli, n° 17, p. 159-160; M. Guarducci, Ep. Greca II, p. 475-476, fig. 117). Cf. Regling, art. Stater, in RE col. 2176; G. K. Jenkins, The Coinage of Gela I, 1970, p. 127 : vérification du poids.
στατερ δίκαιο(ς) «poids légal»
Le rho est de forme curieuse : la haste verticale ne semble pas avoir été gravée tandis que l'appendice oblique a ici une taille exagér ée. Il est clair que στατήρ ne désigne pas ici une unité monétaire mais signifie simplement «poids» comme dans le compte attique IG I2 314, 42 (= I3 387, 1. 42). La poids de 17,55 gr correspond parfaitement à celui du tétradrachme attique d'argent qui est l'unité la plus couram ment frappée en Sicile depuis la fin du VIe siècle39. Ce petit jeton devait être utilisé pour contrôler sur une balance l'aloi et l'appartenance des pièces au système euboïco-attique. Le terme στατήρ n'a donc pas ici le même sens que chez Epicharme, 10 K40, où le στατήρ δεκάλιτρος cor respond au statère corinthien de 8,7 gr (didrachme attique), la litre sici liens pesant 0,87 gr. d'argent. Il ne faut pas non plus se laisser abuser par le témoignage des lexicographes tardifs (Souda, Photius) qui glo sent στατήρ par τετράδραχμον car il s'agit là de la dénomination d'une unité de l'époque hellénistique et romaine41.
39 Cf. Kraay-Hirmer, Greek Coins, p. 279. 40 = Pollux, IX 80. 41 Voir Babelon, I, 438-439, et Regling, Le.
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109 - Grand cippe de calcaire brisé en trois morceaux, découvert par le Baron Judica; 119 χ 39,3 χ 34,5 cm; inscription soignée d'époque hellénistique; au musée Judica à Palazzolo Acreide, n°2236. CIG 5430; IG XIV 217 (Arangio Ruiz-Olivieri 1925, n° 3, p. 62-67); Pugliese Carratelli, n°2, ρ . 152-154, et 27-29, pi. 34. Le texte ci-dessous est celui de Pugliese Carratelli, qui a souligné d'un trait continu les lettres et les mots qu'il ne pouvait plus lire.
s
ίο
is
2ο
θεοδώρωι Σα ς θεμ. ύπο το Άφροδίσιον, Φιλωνίδαι Φιλωνίδα Μορφιανω θεμ. ύπο το Κόρειον, Δίωνι Θεοδώρου θεμ. υπέρ του Κορείου, θεοδώρωι Δίωνος θεμ. υπέρ του Κορείου, Άρτεμιδώρωι 'Ηρακλείου Α[λ]β., θεμ. οπίσω του Κορείου, Ζωπύρωι 'Αρτεμιδώρου θεμ. οπίσω του Κορείου, Άρτεμιδώρωι Πολυξένου θεμ. εν ΒΑΛΣΑ ποτί τω Άρτεμιτίω, Φιλοκλεΐ Φίλωνος θεμ. ποτί φρητίοις, Ποσείδει Φίλωνος θεμ. ποτί φρητίοις, Σιμύλωι Εύκλέος Νητ. θεμ. υπέρ του Κορείου, Άριστογείτωι Παυσ[α]νία θεμ. ύπο το Άφροδίσιον, Ήρακλείδαι Ήρακλείδα Πε. θεμ. ύπο τας θαλάμας, ποτί
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τωι οίκω, Δαμοκράτ[ει Φ]ιλίου θεμ. ποτί τώι Άρτεμιτίω, Αίσχύλωι Διονυσίου θεμ. υπέρ του Κορείου, Φίλωνι Φιλίστου θεμ. υπέρ του Κορείου, Φιλίστωι Φίλωνος θεμ. υπέρ του Κορείου, Α. . . [1[ Φιλ[οκράτ]εος θεμ. ποτί πλυνίοις, Αρχεδάμωι Φίλωνος θεμ. ΠΕΤΙΚΕΛΑ, Ίέρωνι Φίλωνος θεμ. ΠΕΤΙΚΕΛΑ, Άρχεδάμωι Β Καννεΐ θεμ. ποτ[ί] Λαμίας Μασθοΐς, Ήρακλείωι Διονυσίου Κρα. θεμ. έν δρίει? Κακκαβικοΐς?, Ζωπύρωι Έπιξένου θεμ. ύπο ταν πύλαν Σελινο(υντίαν), Άριστοδάμωι Σώσιος θεμ. ποτί Λαμίας Μασθοΐς, Άπολλωνίψ Άρχαγάθου θεμ. ύπο ταν πύλαν Σελινουν(τίαν).
Nous sommes en présence d'une liste d'individus au datif, accom pagnés de leur patronyme et d'un démotique abrégé, individus aux quels échoit un énigmatique θεμ dont la situation topographique est
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exprimée par la mention de la proximité d'édifices connus de tous, auss ibien sur l'acropole qu'hors-les-murs, ou encore par la mention de lieux-dits de la campagne environnante. Entre les deux compléments proposés, θέμα (Kaibel, Schwyzer, DGE 147g) et θεμέλιον (Franz et alii), je n'hésite pas à choisir le second : on peut en effet concevoir que la cité concède un certain nomb re de parcelles à bâtir sur lesquels les bénéficiaires auront le droit d'établir les fondations de leur maison (θεμέλιον, θεμελίωσις)42. Il pourrait donc s'agir d'une liste de bénéficiaires de permis de construire accordés par la cité à des individus des environs. L. 2. Άφροδίσιον : on estime que ce temple était situé au Sud du théâtre sur l'acropole, Sicilia Antica I, 3, p. 502. Aphrodite semble avoir été à Acrai le principal dédicataire, Akrai n° 5, 6, 7, 9, 13. La même for me ionienne se retrouve aussi en Crète dorienne (SEG XXVI, 1049, 1. 83 (IIe); à Lato, IC I, n° 5, 1. 70, p. 119 et n° 18, 1. 7, p. 135; voir Sicca 1924, p. 62). L. 3. Μορφιανω : le suffixe de démotique -ανός fait supposer un toponyme Μορφία ou Μόρφιον. L. 4. Κόρειον «temple de Koré»: dénomination assez rare dont il existe un autre exemple dans le dème attique de Theitras, AM 49 (1924) p. 4, 1. 20 et p. 5, 1. 8. On rapproche cette mention d'un Κόρειον de celle des Άγναί θεαί Akrai n° 12 et 16. Sur le culte de Persephone en Sicile, voir G. Zunst, Persephone 1971, p. 70-75. L. 5. οπίσω + gén. «derrière» : l'emploi prépositionnel de cet adver be ne semble attesté que chez Matthieu 4, 19. (δεΰτε οπίσω μου). L. 14. έν ΒΑΛΣΑ : Kaibel a supposé une abréviation pour βαλσάμοις; il s'agirait d'un lieu-dit «les Baumiers» (nt. pi. βάλσαμα). L. 14. ποτί τω'Αρτεμιτίω «près de l'artémision» : Αρτεμίτιον est un compromis entre ion. Αρτεμίσιο ν et dor. Άρταμίτιον. L. 16. ποτί φρητίοις «auprès des petits puits» : φρήτιον est un dimi nutif de φρηαρ)φρέαρ qui est aussi attesté dans les papyrus. Un diminut if tout à fait semblable figure chez Sophron, 118 Κ (= Etym. Magn 254, 52) : δελήτιον(δελεάτιον est un dérivé de δέλεαρ «appât». L. 17. Ποσείδει : datif de Πόσειδις. L. 19. Νητ : il s'agit peut-être de l'abréviation de Νητΐνος démoti que vraisemblablement différent de l'ethnique voisin Νεαιτΐνος, voir supra n° 99-100. On pourrait supposer un lieu-dit Νήτον(Νήατον «L'Ex42 Sur ces mots voir R. Martin, Manuel d'architecture grecque, 1965, p. 308, n. 4.
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LES COLONIES CORINTHIENNES
trémité»; on comparera Hésychius νήτος· έσχατος et //. 11, 712 πόλις νεάτη Πύλου. L. 24. ύπο τας θαλάμας, ποτί τω οίκω : «au-dessous des grottes, près du bâtiment (?)». L. 35. ποτί πλυνίοις «près des petits lavoirs»: première attestation du diminutif πλύνιον de πλυνός. L. 37 et 39. ΠΕΤΙΚΕΛΑ : expression énigmatique dans laquelle il serait imprudent de vouloir retrouver une forme élidée de la préposi tion *πετά = πεδά, suivie d'un toponyme nt. pi. Ίκελα «les Semblables» (ορη ; cf. Δίδυμοι dans la toponymie). L. 40. La lettre Β signifie très vraisemblablement que le père s'ap pelle également 'Αρχίδαμος : voir l'étude de Körner, Die Abkürzung der Homonymität in griechischen Inschriften, Sitz. Berlin 1961, 2, p. 16-17, et p. 110, où il semble être fait allusion à notre inscription. Καννεύς pourrait être un démotique bâti sur le radical de κάννα « roseau ». L. 41 et 47. ποτί Λαμίας Μασθοΐς «près des mamelles de Lamia». Lamia est un croquemitaine féminin attesté par les glossateurs; nous renvoyons à l'article de la RE où notre toponyme cocasse est cité : doit être ainsi désigné un élément du relief; on comparera encore l'emploi de Δίδυμοι dans la toponymie. L. 42. Κρα : on complète en général Κρασερΐνος en se fondant sur Et. de Byzance qui cite un χωρίον sicilien du nom de Κρασέριον. L. 43. Cette ligne est entièrement incompréhensible. L. 45 et 49. La πύλα Σελινουν(τία) est à l'Ouest de l'acropole; pour sa localisation sur le terrain, voir Sicilia Antica I, 3, p. 500. 110 - Dédicaces hellénistiques à Héra et à Aphrodite et Héra. III/IP siècle. IG XIV 208-212; Pugliese Carratelli, Akrai n° 5-12. Reprendre ces catalogues serait ici sans intérêt. Je me contente d'en extraire quelques termes remarquables. Outre la présence d'άpχovτες et de deux άγορανόμοι apparaissent neuf τριακάδαρχοι : il s'agit des chefs des τριακάδες, sortes de tribus comportant une trentaine de membres ou de familles. Le terme Τρια κάδες est connu en sicilien comme le titre d'une comédie d'Epicharme, n° 129 K. En attique une τριακάς est une fraction de dème cf. IG II2 1214, 18 (Hie).
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On rencontre également un γραμματεύς και φραδατήρ Akrai, n° 7 et 8 : le second terme est un hapax; ce doit être un nom d'agent du verbe rare φραδάω = βουλεύομαι; voir Sicca 1924, p. 207-208, et Chantraine, DELG, s.v. φράζω. Figurent également dans ces catalogues des ύπογραφέες, un καρυξ et un ύπηρέτας. Pour le vocabulaire religieux on notera le verbe μναμονεύω dans l'expression μναμονεύσασα Άγναΐς θεαΐς Akrai n° 12. Avec le sens de «être préposé au service de tel dieu», on rencontre aussi le verbe προσ τατεύω dans la formule προστατεύσαντες Ήραι και Άφροδίται + 5 noms, Akrai n° 9 : ceci rappelle la formule προστάτ[αι] Δάματρος d'une inscription d'époque romaine apparue sur le site d'Avola au Sud de Syracuse, Manganaro, // tempio greco, p. 159, pi. XL VIII, 1. 111 - Au lieu-dit Aguglia, entre Palazzolo Acreide et Noto, au SudEst d'Aerai, les fouilles ont mis au jour les ruines d'une exploitation agricole de l'époque hellénistique; non loin, a été découverte une citer neremplie d'un important matériel contemporain. Au milieu d'objets en bronze et de pots à usage domestique sont apparus les fragments de deux mesures à grains comportant, imprimé avant cuisson, le sceau d'un contrôleur local des poids et mesures : άκριβάζοντος {sigma lunai re) «(marque) de celui qui mesure avec exactitude». Dans sa publica tion strictement archéologique, P. Pelagatti, Not Scav 1970, p. 490-493, fig. 79-81, n° 87-88 (cf. Bull. 1971, n° 761, et G. Manganaro, Sicilia Anti ca,Π/2, p. 434) n'insiste pas sur ce verbe et se borne à le traduire par «contrôleur». Ce mot est pourtant intéressant puisqu'il s'agit de sa plus ancienne attestation. On le retrouve dans un papyrus égyptien du Ier siècle, BGU, t. 8, 1846, 9 (δικαιοδότου άκριβασαμένου) et il est qualifié d'« ungewöhnl ich» par les auteurs, p. 5. Le verbe άκριβάζω et son dérivé άκριβαστής «chef» apparaît par ailleurs surtout chez les exégètes de la Septante. La présence de ce verbe dans une désignation officielle en sicilien hellénis tique tendrait à prouver qu'il n'était pas, dans toutes les régions grec ques, aussi vulgaire, άπειρόκαλον, que ne le pensait Pollux, V, 152.
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LES COLONIES CORINTHIENNES CAMARINE
Fondée43 en 598 par les Syracusains Δάσκων44 et Μενέκωλος, Thuc. VI, 5, 3, la cité de Camarine acquit dès le début du VIe siècle son indépendance vis à vis de sa métropole qui la défit à la bataille de l'Hyrminos en 553 et en chassa les habitants. Néanmoins Camarine dut se relever assez vite car, en 528, selon Diodore I, 68, 6, un de ses citoyens nommé Parménide remporte la victoire à la course, à Olympic En 492, la cité qui devait depuis 553 vivre sous la domination syracusaine est cédée à Hippocrate de Gela en échange de prisonniers syracus ains, Hérodote VII 154. En 485, Camarine qui avait été refondée par Hippocrate sept ans plus tôt est à nouveau détruite et refondée par Gélon, Hérodote, VII 156, Diodore, XI, 76, 5. De 461 à 420, sous l'impul sion des Géléens, la cité connaît un grand développement urbain. Après avoir pris parti pour Athènes au début de la Guerre du Péloponnèse, Thuc. III 86, elle se range du côté de Syracuse après 413, Thuc. VII 33 et 58. Ravagée comme Gela, en 405, par les Carthaginois, le site restera quasiment inoccupé jusqu'en 339, date de l'arrivée de Timoléon qui redonnera vie à la cité, Diodore XIV 82, 7. Après avoir souffert sous Agathoclès, Diodore XIX 110, Camarine conclut une alliance avec Car thage en 311; c'est à cette époque qu'elle cesse de battre monnaie45. Au troisième siècle elle aura à pâtir de l'invasion des Mamertins en 275, Diodore XXIII 1, 9, et d'une destruction importante par les Romains en 259/8, Polybe, I 24, 12, Diodore XXIII 9, 4. Il est néanmoins certain que la cité possède encore une certaine importance puisqu'en 242 elle est visitée par les théores de Cos (117) et au début du IIe siècle par ceux de Delphes46. L'épigraphie de Camarine est surtout caractérisée par l'abondance de documents sur plomb qui pour, les plus anciens, sont des defixiones et pour les plus récents, de l'époque de Timoléon, des contrats. L'épi-
43 Pour un résumé commode de l'histoire de Camarine, on pourra consulter Westermark-Jenkins, The Coinage of Camarina, Londres 1980, p. 11-17. Pour un état assez récent des fouilles, on consultera avec profit La Sicilia Antica, 1/3, 1980, p. 509-527. 44 Cet oeciste possède un nom qui est aussi celui d'un quartier de Syracuse, Thucydi de VI, 66, 2. 45 Westermark-Jenkins, p. 98. 46 BCH 1921, p. 25, col. IV, 1. 103-104 : έγ Καμαρίναι Πασίων. On se reportera à l'étude de G. Manganaro, Historia 13 (1964) p. 414-418.
CAMARINE
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graphie sur pierre est indigente et la seule inscription digne d'intérêt est la stèle funéraire de Comiso, 127 47. La caractéristique principale de l'alphabet bleu de Camarine est la présence d'un delta triangulaire rarissime en Sicile aux hautes épo ques48. Si l'on en croit les légendes monétaires l'oméga apparaît à la fin du Ve siècle (KAM APIN ΑΙΩΝ49), époque où le signe de l'aspiration ne semble plus noté, en particulier dans le nom du dieu-fleuve "Ιππαρις qui figure sur les monnaies50. 112 - Inscription peinte sur une antéfixe à palmette découverte dans la tombe 659 du Rif riscolaro; ca 550. F. Cordano, Boll. d'Arte 26 (1984) p. 32, fig. 4, tab. II, 2. Cf. M.Gras, Kokalos 26-27 (1980-1981) p. 109; G. Colonna, ibid. p. 157-158 : comm. à Pline, XXXV, 152, CUF, p. 262.
Δίοπος
Cette inscription qui doit être une signature d'artiste a fortement intrigué les archéologues dans la mesure où le nom Δίοπος semble cor respondre parfaitement au nom Diopus de l'un des fictores qui suivirent au VIIe siècle le Corinthien Démarate en Etrurie, selon Pline, XXXV, 152. On estime donc, comme pour des raisons chronologiques il ne peut être question du même personnage, qu'il s'agit d'un nomen ex arte. Qu'il s'agisse là du plagiat d'une signature illustre ou d'un homonyme, ce nom doit être un sobriquet tiré du terme δίοπος (διέπω) «chef, capi taine», attesté chez Eschyle, Perses 44, ou Euripide, Rhésus 741. 47 Je ne reprends pas ici l'épitaphe Άρτεμοί Άρτεμιδότου χαίρε (voc. de Άρτεμώι), Orsi, MonAnt 9 (1899) 276 (Pace, Camarina 1927, n° 3, p. 160). 48 Aussi bien dans les inscriptions que dans la signature Έξακεστίδας des monnaies de la fin du Ve siècle, Westermark- Jenkins, p. 189-191. ^lbid. p. 188. 50 Ibid. p. 202-204.
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LES COLONIES CORINTHIENNES
113 - Un nom au génitif sur le couronnement d'une stèle funérai re découverte dans la nécropole du Rifriscolaro ; larg. 53 cm; inscrip tion très soignée; h. 1. 6,5 cm; au musée de Raguse; VIe ex. Pubi. : F. Cordano, Boll. d'Arte 26 (1984) p. 32, fig. 3.
KAEIAW
Γ
ΚλβινοΟς
comme remarquera une -öyö)-öö-)-öGénitif sous-colonie celuidu le d'une par sigma nom corinthienne le habitante féminin digraphe à quatrede Κλεινώι de Οbranches Phlionte, Y.la longue connu et FDissue laIII/5, par notation d'une exemple n° 3, contraction col. attendue I, à 1.Delphes 49.dans On de
114 - Quatre lettres sur un pied de kylix attique de 7,8 cm de dia mètre découvert sur la plage de Camarine; Ve siècle. Pubi. : M. Guarducci, Annuario, 37-38 (1959-1960) p. 262-263, fig. 3 {Bull. 1962, n° 396), M. L. Lazzarini, Formule, n° 443). Cf. A. W. Johnston, ZPE 38 (1980) p. 95-97 : 'Ρώμις à Delphes.
'Ρομΐ / 'Ρόμι Le nom 'Ρώμις apparaît à Sélinonte, 38, 1. 6, 17 et 19. Il existe peutêtre à Delphes un sculpteur de ce nom : Marcadé, Signatures I, n° 19 = LSAG n° 10, p. 369 = Lazzarini, n° 136. Enfin selon Plutarque, Romulus 2, un 'Ρώμις aurait régné sur les Latins après avoir chassé les Etrusques du Latium. S'appuyant sur ce dernier exemple M. Guarducci a proposé de voir dans cette inscription une dédicace, au datif, à un héros siculoromain. Ce doit être aussi l'avis de M. L. Lazzarini. Ceci me paraît peu probable51 et la présence de ce nom à Sélinonte m'incite à y voir un nom indigène, à l'aspect étrusco-italique selon O. Masson (comm. à 38). Comme sur les tessons inscrits de Gela on connaît un cas de vocatif 145, et un cas de datif, 150, on peut hésiter entre 'Ρώμΐ et 'Ρώμϊ. 51 D. Briquel, Les Pélasges en Italie, 1984, p. 514-515, estime que, bien qu'antérieure au IIIe siècle, cette légende ne serait pas très ancienne.
CAMARINE
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115 - Graf fite sur le fond d'une petite oinochoé de 19,5 cm de haut découverte au lieu-dit Piombo; au musée de Syracuse; 350-300. Pubi.: P. Orsi, MonAnt 9 (1899) 247 (Pace, Camarina, 1927, n° 5, p. 160; F. Cordano, Boll. d'Arte, 26 (1984) p. 126). Κλευλλίδος L'éditeur ne donne pas de dessin. Il doit s'agir du génitif du nom de la propriétaire du vase; Κλευλλίς est le féminin de Κλέυλλος connu avec un seul lambda dans le gentilice Κλευλίδαι de Sélinonte, 45. Κλέυλλος est un hypocoristique d'un nom Κλεόλαος avec géminée expressive, ou, avec un suffixe -υλλος celui de noms en Κλε(ο)-; on ajoutera ce nom chez Bechtel, HPN p. 242, qui cite une Κ]λέυλλα en Eubée. 116 - D'un bloc parallélipipédique découvert au lieu-dit Carnala, à 5 km à l'Est de Camarine, il ne reste que la partie inférieure droite où figure un nom et la signature d'un artiste gravés en lettres hellénisti ques. Pubi. : P. Pelagatti, Kokalos 26-27 (1980-1981) p. 729, pi. CLX, 2. On lit Κόρυδός με et en-dessous Γ]έλων έποίησε Le nom Κόρυδος «Lalouette» est un sobriquet déjà connu de Becht el, HPN p. 583. 117 - Décret de Camarine découvert à Cos par lequel est acceptée l'asylie du sanctuaire d'Asclépios et reconnu le concours instauré en 242 en l'honneur du dieu. Stèle de marbre blanc brisée en haut découverte en 1904 dans l'Asclépieion; 45 x 45 χ 10 cm. Pubi. : Herzog-Klaffenbach, Asylieurkunden aus Kos, in Abh. Berlin, 1952, 1, n° 12 (SEG XII, 379; R. B. Harlow, Eine Dialektanalyse der koischen Asylieurkunden, Zürich 1972, p. 62-75). Cf. L. Robert, Bull. 1941, n° 185, et 1953 n° 152 : reprise de quelques phrases; H. Bengtson, Historia 3 (1954) p. 456-457 : situation politique de Camarine; G. Manganaro, Historia, 13 (1964) p. 415-416, photograp hie; 1. 3; S. Sherwin-White, Ancient Cos 1978, p. 80-81 : parenté entre Cos et Camarine.
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LES COLONIES CORINTHIENNES C.9
ΛΟ . . . A[
μαριναίων τοις Κώιοις
c-2-1
τώγ Κα]-
-' -2-
συνοικιξάντεσσι, καθά ε' °: δεδόχθαι έπ άγαθαι τύχαι και όμο[νοίαι και σωτηρί]5 αι του δάμου τώγ Καμαριναίων και τώ[γ Κώιων · το] Ιερόν άσυλον είμεν του Άσκλαπιοΰ, χωράξα[ι δε τάν] τε άσυλίαν και τάν θυσίαν και τους αγώνας εις τους νόμους, ν ν ν ν βούλας φέρουσας εδοξε ται άλ[ίαι] · επειδή οι Κώιοι συνοικισταί έγένοντο τας πόλιος 10 άμών υπαρχόντων τε αύτοΐς παρ άμεΐν τών μεγίστων και αναγκαιοτάτων, συγγενείας τε και οίκειότατος και ίσοπολειτείας, άποστείλαντες άρχιθέωρον 'Επιδαύριον Νικάρχο[υ], θεωρόν Σωσίστρατον Καφισίου έπαγγέλλοντι τάν θυ σίαν, αν θύοντ[ι] τώι Άσκλαπιώι, και τους αγώνας, 15 ους τίθεντι μουσικό ν και γυμνικό ν κατά πενταετή ρ[ί]δα, και άξιώντι δεΐν κοινωνεΐν τάν άμάμ πόλιν έμφανίζοντες τάν οίκειότατα και εϋνοιαν ταΐς πολίεσσι, καλώς δε έχον εστί τάν τε έπαγγελίαν παρ αυτών δέχεσθαι κα[ί] φανερόν ποιήσαι αύτοΐς, διότι μνάμαν έχοντες δια20 τελουμες τας υπάρχουσας ποτ αυτούς συγγενείας [εν] τε ταΐς πατρίοις θυσίαις, ας παρελάβομες παρ αυτών, κ[αί] έν ταΐς παναγυρίεσσι κατακαλοΰντες αυτούς καθ[ά] και τους άλλους οίκιστάς, δεδόχθαι έπ άγαθάι τύχα[ι] καί ύγιείαι και σωτηρίαι και όμονοίαι του δάμου τών 25 Καμαριναίων καί τώγ Κώιων · δέξασθαι παρ αυτών τάν τε θυσίαν, άμ ποιούνται τώι Άσκλαπιώι, καί τους αγώ νας · καλεΐν δε καί έπί ξένια τους θεωρούς τούτους τε καί τους άεί παραγινομένους πάσας τας άμέρας, ας κα έπιδαμέωντι vac. Est donc perdu tout l'intitulé du décret avec les indications de date et la mention de l'arrivée des théores. Le plan de ce texte est par ai lleurs curieux dans la mesure où la formule de résolution suivie des décisions apparaît deux fois : tout se passe comme si, aux lignes 4-8 étaient exprimées sous forme abrégée les résolutions qui seront déve loppées aux lignes 23-29, au terme du décret du peuple. Il ne serait pas
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impossible que le début du texte contînt le texte même du probouleuma52. L. 2. Herzog (dans l'apparat de Klaffenbach) avait proposé de resti tuer τοις Κωίοις [τάν τε άμαμ πόλιν και Γέλαν] en alléguant le parallé lisme évident du texte de Gela, 163. Manganaro, après un examen de la pierre, estime cette restitution incompatible avec ce qui reste sur la pierre et propose τοις Κωίοις [τάν πόλιν σύγ Κορινθίοις]. De toute façon il est clairement fait allusion à la repopulation de la cité par Timoléon en 338, Diodore XVI 82, 753; celui-ci appela différentes cités grecques à se joindre à lui et en particulier Cos qui envoya un contin gent sous les ordres de Gorgos, voir comm. au n° 160. L. 3. Manganaro propose de restituer καθα έγ[γράφεται έν ίστορίαις]. L. 8. La formule βούλας φέρουσας est unique et a été opportuné ment enregistrée dans le Supplement du LSJ. Le simple φέρω corres pondvraisemblablement au composé έκφέρειν des décret attiques dans la formule την βουλήν προβουλεύσασαν έξενεγκεΐν εις τον δημον qui se retrouve chez Démosthène, Contre Néaire, 4, έξήνεγκε προβούλευμα εις τον δήμον54. L. 10. άμεΐν : iotacisme pour άμΐν comme dans ίσοπολειτείας 1. 1112. L. 16. άξιώντι = att. άξιοϋσι : cette forme évoque le présent στεφανώι de Gela, 161, 1. 31; voir comm. ibidem. L. 17-18. καλώς δε έχον εστί: la même formule hellénistique dans le décret 160, 1. 17. L. 21. ταΐς πατρίοις θυσίαις ας παρελάβομες παρ αυτών : les gens de Cos sont donc venus avec leur propres cultes et les ont perpétués à Camarine. L. 22. Le verbe κατακαλέω a ici le sens de «inviter à assister à»; il se retrouve à Syracuse en IG XIV 12 et 13.
52 Les exemples attiques de ce type de texte ne sont pas entièrement comparables car ils contiennent clairement la mention d'une «navette» entre le conseil et l'assemblée du peuple, voir Rhodes, The Athenian Boule 1972, p. 67-68, à propos de IG II2 337 et 360. 53 Sur les nouveaux quartiers créés à cette époque, voir La Sicilia Antica, 1/3, p. 515519; les émissions monétaires sont en revanche très réduites, voir Westermark-Jenkins, The Coinage of Gela 1980, p. 98. 54 Cf. Rhodes, The Athenian Boule 1972 p. 65.
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Traduction : « les gens de Cos qui ont participé à la fondat ion de la cité comme , plaise pour la bonne fortune, la concorde et le salut des peuples de Camarine et de Cos, (de considérer) le sanc tuaire d'Asclépios comme inviolable, d'insérer l'inviolabilité, le sacrifice et les concours dans les lois. vac. Sur proposition du conseil, il a plu à l'assemblée; attendu que les gens de Cos ont participé à la fondation de notre cité, qu'ils trouvent chez nous les biens les plus grands et les plus nécessaires, la parenté, d'étroites relations d'amitié et l'égalité des droits civiques, qu'ils ont envoyé comme archithéore Epidaurios, fils de Nikarchos, comme théore Sôsistratos, fils de Kaphisios, pour annoncer le sacrifice qu'ils offrent à Asclépios et les concours qu'ils instaurent tous les quatre ans, concours musical et concours gymnique, et attendu qu'ils estiment qu'il faut que notre cité y participe en mettant en év idence les étroites relations d'amitié et leur dévouement à l'égard des cités; attendu que d'autre part il est bien de répondre favorablement à leur annonce et de leur montrer clairement que nous ne cessons d'avoir en mémoire nos liens de parenté avec eux en les invitant, eux comme les autres fondateurs, dans les sacrifices ancestraux que nous avons reçus d'eux et dans les panégyries, plaise, pour la bonne fortune, la santé, le salut et la concorde des peuples de Camarine et de Cos, d'ac cepter favorablement le sacrifice qu'ils offrent à Asclépios et les concours; d'inviter les théores, ceux-ci et ceux qui se succéderont pour venir (annoncer cette fête), à un repas d'hospitalité tous les jours où ils séjourneront chez nous».
Les textes sur plomb I) Les defixiones. Les defixiones de Camarine ont été découvertes en surface dans la nécropole de Passo Marino. Connues pour certaines depuis les fouilles d'Orsi, qui a exécuté les fac-similés, elles ont été récemment énumérées par F. Cordano, Boli d'Arte 26 (1984) p. 47-48 55, à propos de la publica tion du texte 123, et par D. Jordan, GRBS 1985, p. 172-173. Quand il n'y a pas de précision particulière dans le lemme, le numéro d'inventaire est celui du musée de Syracuse. 55 Je ne reprends pas le numéro 2 de F. Cordano : aucun mot grec ne se laisse identi fier.
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118 - Ruban opisthographe allongé; 8 χ 1,3 cm; inv. 19438; ca 450. Pubi: Orsi, MonAnt 1904, 922-923, n° 1, fig. 119 (Pace, Camarina 1927, p. 160-161, n° 9, fig. 65; F. Cordano, n° 1 ; Jordan, n° 84).
Λάκαινα, Δαμαρέτα, Άναξιμένη [ Δαμ]αρέτα ΚΥΤΑΣ verso AYΑΣ Wilhelm estime que le sigma de la fin de la seconde ligne est celui de la fin de Άναξιμένης 1. 1. La forme du xi Β est très curieuse mais je ne pense pas comme Jordan qu'il s'agit d'un thêta. Tout se passe com mesi le graveur avait ajouté des hastes verticales à un xi de forme nor male z. Le nu est constamment gravé à l'envers. Le nom de femme Λάκαινα, enregistré par Bechtel, HPN p. 545, est peu courant. Pourrait-on restituer (Σ)κυτα d'après 146b et 151 (génit if)? 119 - Lamelle de plomb en forme de feuille; 8,3 χ 5 cm; inv. 22995; Ve ex. Pubi.: Orsi, MonAnt 1904, 923-924, n° 3, fig. 121 (Pace, Camarina 1927, p. 161-162, n° 11, fig. 67; F. Cordano, n°3; Jordan, n° 86). Ναιρογενες ΦΥ ET Εύκλείδα [Φ]άυλλος?? Γέλ[ων] ΣΟΝ-Ο Φάνονος Άρατίο [Ή]ρακλείδας Νικία [Σ]κύθας Λύκ[ι/ο]ς L. 1. Ναιρογενες pourrait être un nom hybride. ΦΥ = φυλά (?). L. 2. La supposition d'un hypocoristique Φάνων, qu'il faudrait ajouter chez Bechtel, HPN, p. 440, n'est pas à exclure.
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L. 5. Άρατίο pourrait être le génitif d'un Άράτιος qui ne semble pas attesté. 120 - Lamelle de plomb opisthographe en forme de pied; 16 x 8 cm; inv. 23963; ca 450. Pubi. : F. Ribezzo, RIGI 8 (1942) p. 83-84 (SEG IV, 29 : Schwyzer et Crönert; Pace, Camarina 1927, p. 161-162, n° 12; F. Cordano, n°4; Jor dan n° 87). Cf. L. H. Jeffery, BSA 1955, p. 74, n° 17 : date.
Μένον Δαμέα, Ά[ ]είδαν-Άρχεδάμο, Άριστόδαμον Χαιρίτο?, Ά[. .]εθάλες Χίρονος Βερακλίδα Άκ[. . .]αν. Σοσίας-Άρχονίδα, 5 Σοσίας-Άρχία, Συμαρια Σικανάς, Τιμοκράτειαν, Πολεμαίνετον-Προδόξο. Notes critiques. L. 1 : Έχ[εκρατ]είδαν SEG; έγ[γράφει] Jeff., Jord.L. 2 : Χαιριτόα[ν τ]ε θάλες Rib., Χαιρίτο vel Χαιρί(π)ο Ά[ρχ]εθάλες SEG.-L. 3 : Άρχύταν vel Άρκύλαν Rib. On observe la présence conjointe de noms de defied au nominatif et d'autres à l'accusatif. On constate l'existence d'un signe de ponctuat ion fait d'un petit trait horizontal. L. 2. Χαιρίτο : génitif de Χαίριτος, hypocoristique de Χαιριτέλης (?). Χίρονος: le même génitif à Paestum, Landi n° 132; c'est aussi la nom d'un potier attique, Enciclopedia dell'Arte Antica, s.v. Chiron; notre
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personnage de Camarine porte le nom du célèbre Centaure; le même vocalisme radical se retrouve sur les vases attiques (Threatte, p. 193) ainsi qu'à Théra, Ep. Greca I, p. 150 (Khipöv). L. 6. Συμαρια : nom indigène sauf s'il fallait corriger en Εύμαρία, voir Bechtel, AFN, p. 134, et HPN, p. 614. Σικανας est ici un génitif métronymique ; le même nom à Sélinonte, n°29. L. 8. Le nom Πρόδοξος réapparaît au IIe siècle, n° 126, 1. 10; je n'en connais pas d'autre exemple en dehors de Camarine. Plutôt que d'un sobriquet tiré d'un adjectif tardif, il doit s'agir d'un nom en -δοξος (δόξα) que l'on ajoutera chez Bechtel, HPN p. 139. 121 - Lamelle de plomb rectangulaire brisée dans le sens de la hauteur; 8,4 χ 3,5 cm; l'éditeur évalue la lacune à une largeur de cinq lettres à droite; écriture serpentine; inv. 24086; ca 450. Pubi. : F. Ribezzo, RIGI 8 (1924) p. 86-88 (A. Vogliano, Boll. Fil. Cl. 32 (1925-1926) p. 161; Pace, Camarina 1927, n° 13, p. 162; SEG IV, 30; Schwyzer et Crönert; F. Cordano, n° 5; Jordan n° 88). Cf. Jeffery, BSA 1955, p. 74 n° 18; LSAG n° 18, p. 276 et 268, pi. 52 (dessin du bas de la tablette).
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15
[Ηοί]δε γεγράβαται έπί δυσπραγ[ίαι] Κέρδον Έλαχ[ ]ιξ ho Τοπερκο, Πύθον, Διοκλ[ες] Τίτά, Έξάκο[ν ηυι]ος Έξάκονος, Μελάνθιο[ς [.]ατίμο, Δίον Π[αρ][μέ]νονος, Όνάσιμ[ος] [Αθ]άνιος, Δαρχον,
]-
16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29
[Τ]έλλον, Εύθυμο[ς] [Ε]ύφραίο, Γελοιος[
ffniAVtrVPA L' fri ΛοΟΝΕ\Α> o^^3joxoafi ]-
δας Γελοίο, Γήρυς, Παρ[--][ ]ρ,Άγνος, Χαΐρις Διο[ ][ ]ιβείο, Ξήνιππος Μ[ ][— ]ίο Ναραονίδα · άναίμα[τοι εστον] [hoί]δε πάντες δύσσοοι.
E-fAKO [ ΔΙ Of<J Π \ ^ΟΝ Ο Μ °/**\*£( *^ ι Λ/ανν3 \ oioyawto/ KAiRliAI ìaN > Vi/^/(
7
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Notes critiques.-L. 1 : [άραί ηαί]δε Rib.-L. 2 : δυσπραγί[αι] SEG, δύσπραγμ[α Rib.-L. 3 : Jeff., κερδον Rib., SEG; Jeff., ένασ[μένον] Rib., έλάσ[ιος] SEG-L. 4 : εξ hoxö περ κ ό Rib., SEG, -ξεο το Πέρκο Jeff .-L. 5 : Πύθον Διοκλ[έος πα|θει ά]τιτα Rib., Πύθον Διοκλ[έος το] Τίτα Jeff.L. 13-14: [Μεσ]άνιος alii.-L. 16: SEG, [Έντ]έλλον alii (Γέλων : Γέλα = Έντέλλων: Έντελλα).-ί. 18 : SEG, [Έρ]υθραίο Rib.-L. 19-20 : [Ήρακλί]δας alii.-L. 21 : Γαρυς false Rib.-L. 21-22 : Παρ[μέ|νω]ρ Αγνός Rib., Παρ ραγνος SEG.-L. 24 : [Λιλ]υβείο Rib.-L. 25-26 : Μ[ελανθ]ίο Rib.L. 27 : Rib., άναιμα[τοντες] SEG. L'anomalie dans l'écriture serpentine 1. 3 est vraisemblablement le signe d'un changement de rubrique : les deux premières lignes et les trois dernières contiennent la malédiction, les lignes 3-26 la liste des individus maudits. L. 1. La forme de III pi. du parfait passif γεγράβαται présente un radical qui se retrouve dans l'argien γεγράβανται DGE 90, 1. 12 (Ille), avec une désinence refaite par rapport à -αται ( -γται que nous avons ici. Bechtel, GD II, p. 496, considère la forme comme inexpliquée; Schwyzer, GG I, p. 772, y voit une forme récente; Ribezzo et Buck, p. 60, invoquent, à mon avis à juste titre, une explication analogique probab le : τρίβω : τέτριμμαι, * τετρίβαται = γράφω : γέγραμμαι, γεγράβαται. L. 2. Le petit trait oblique de la fin de la ligne a incité à retrouver le mot δύσπραγμα qui n'est pas attesté. En revanche δυσπραγία «échec» est connu par Antiphon, II, 4, 9. L'expression επί δυσπραγίαι rappelle έπ' άτελείαι à Sélinonte, 32, 37, et à Gela, 134b, 1. 4. L. 3. La forme έπέον de Gela, 134b, 1. 4, me semble un bon argu ment pour refuser la forme contracte κερδον. L. 4. Peut-être ho Τοπερκο «le fils de Τοπερκος», nom indigène. L. 6. A la suite de Miss Jeffery, je vois dans Τίτα le génitif de Τίτας qui apparaît en 171. L. 7-8. Un nom Έχάκων bien qu'il soit aisé à comprendre (ος έχει τον άκοντα) me laisse perplexe parce qu'il n'est pas attesté. Si l'on admettait que le signe en forme de croix était, non pas un chi, mais un xi «rouge» qui se serait introduit dans un alphabet de transition (εφτ\ mais ο passim), on pourrait alors retrouver le diminutif connu Έξάκων de Έξάκεστος, ΗΡΝ, p. 32. L. 14. [Αθ]άνιος : génitif du ηοηιΆθανις fréquent en Sicile. L. 15. Δαρχον : nom vraisemblablement indigène. Il serait trop osé d'y voir une variante à aspirée expressive et à vocalisme radical diffé rent de Δράκων en arguant de la forme γάρφω pour γράφω à Gela, n° 134.
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L. 18. Un Εύφραΐος à Locres, Landi, n° 91, 1. 4 (= n° 18). L. 22. Pour le nom "Αγνός connu par exemple à Athènes, voir L. Rob ert, Studii Clasice 16 (1974) p. 71, n. 8. L. 26. Comme le nom Ναραονίδα est précédé d'un génitif, il pourr aits'agir d'un papponyme; l'inscription suivante, 1. 3-4, présente un nom Ναρων sur le radical duquel aurait pu être bâti Ναραονίδας avec le suffixe grec -ίδας; il s'agit de toute facon d'un hybride puisque Ναραων ne semble pas grec. L. 27. L'adjectif άναίματος figure chez Eschyle, Eum. 302. La sup position du SEG est moins vraisemblable. L. 29. L'adjectif δύσσοος, dont les deux sigma sont gravés dans la direction inverse du mot, apparaît chez Théocrite, III, 24 et IV, 45, avec le sens de «malheureux» dans deux exclamations qui comportent une nuance de lamentation dans le premier exemple, de réprobation violent e dans le second. La présence de cet adjectif dans une inscription sic ilienne n'est donc pas un hasard. Traduction : «Ceux qui suivent sont inscrits (dans le plomb) pour qu'ils échouent : liste. Que tous ceux-ci soient exsangues, malheureux soient-ils ». 122 - Lamelle de plomb rectangulaire; 12 χ 7 cm; inv. 24089; IV/III siècle. Pubi. : F. Ribezzo, RIGI 11 (1927) p. 147-148 (SEG IV, 31; F. Cordano, n° 6; Jordan, n° 89).
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ΙΣΤ ΑΣΑ- [Ά]ριστομάχου, Άπολλωνίδα[ς] Φ(ρ)ύνου, Ν αρων Α(ί)σχύλο[υ], Πασίων ΤΟΝΣ--ΟΥ, Ν-
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LES COLONIES CORINTHIENNES 5 εμερατος Άριστομάχου, Άπολλόδο[τ]ος Άριστομάχου, Άριστων 'Επιγόνου και [ά]λλος οστ[ις μ]αιτυρήση Άριστομάχωι ■ ε[γ]γεγρά{βα)ντ[αι] και τήνοι και τηνος · Ά[ρ]ιστόμαχος, Άρίστω[ν] ΛΥΣΤΑ
Notes critiques. -L. 1 : ώτοι (= att. ούτοι) Rib, SEG; [θεοδω]ρίδ[ας] Άριστ[ομάχου] Rib.-L. 3 : -]φύνου Rib.-L. 4 : του Σ[ώσ]ου Rib.-L. 7 : μ]αρτυρήση Rib., SEG.-L. 8 : έ[ν]γέγραντ[αι Rib., SEG.-L. 9 : Άρίστω [ολ]λυστα[ι Rib., SEG, Jord. L'inscription paraît complète sauf en haut. Les auteurs du SEG adoptent comme date le IIe siècle, ce qui me paraît beaucoup trop bas; F. Cordano, à juste titre, propose les années 300. L. 1. Ce n'est pas une forme du pronom ούτος que l'on attend en début de texte comme le veulent les précédents éditeurs, mais une for me de οδε qui annonce ce qui est inscrit sur la tablette. Puisque c'est une habitude bien connue d'exécrer les parties du corps, on pourrait proposer ώτ[α] «les oreilles». L. 3-4. Pour le nom Ναρων, voir le texte précédent, 1. 26. L. 4-6. Νεμερατος doit être un nom indigène. Νεμερατος et Άπολλόδοτος doivent être les fils du principal defictus. L. 7. Pour la formule και [ά]λλος οστ[ις μ]αιτυρήση Άριστομάχωι «et tout autre individu qui témoigne en faveur d'A.», on se reportera au passage de la defixio 40 και όστις υπέρ τήνων μέλλει ή λέγειν ή πράσειν. Nous avons sûrement là un autre exemple du radical μαιτυρconnu jusqu'ici en crétois (Bechtel, GD II, p. 704 et 714) et à Epidaure, IG IV2 42, 1. 18 : Schwyzer, GG I, p. 212, et Buck, p. 64, estiment qu'il y a ici une dissimilation des liquides. L. 8. D'après l'inscription précédente je corrige έ[γ]γεγρά(βα)ντ[αι] en admettant la présence d'une forme récente de la désinence et l'oubli de βα par un saut du même au même. L. 9. Il s'agit du même Αρίστων qu'à la ligne 6. Je ne crois pas que l'on puisse supposer une forme du verbe ολλυμαι à la fin. 123 - Lamelle de plomb brisée à droite et en bas à gauche; 10 x 4 cm; 5 lignes inscrites; h. 1. : 3-5 mm; au musée de Raguse, n°8630; IVe ex. Pubi. : F. Cordano, Boll. d'Arte 26 (1984) p. 44-46, fig. 19.
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Διονύσιος Φιλί νου Φ[ Έργοτέλεος-Νεομήνι[ος ] [Εργο]τέλεος-Δρακόντι[ος — ] [ ]δόμιος, Γίγας, Σιμίας, [ ]Γελώιου.
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L. 3. Dérivé de Δράκων, le nom Δρακόντιος, bien connu sous sa for me latine Dracontius (GPR, II, p. 1048, et III, p. 1360), est attesté chez Xénophon, An. 4, 8, 25, et 6, 6, 30, ainsi qu'à Aigion, en Achaïe, BCH 1953, p. 619, 1. 38 (IIIe). L. 4. Pour le nom Γίγας voir Bechtel, HPN p. 564 (rare); pour sa forme latine Gigas, voir les GPR I, p. 381, et Année Epigraphique 19811982, n°482 (Sardaigne). L. 5. Un nom court au nominatif figurait devant le patronyme Γελώιος au génitif. Le seul élément certain de cette liste de noms est la présence de deux frères, fils de Έργοτέλης, Φ[ ] et Νεομήνιος. II) Les contrats de vente. 124 - Tablette de plomb brisée en cinq fragments, découverte dans la maison 17 de l'îlot 34; 13,8 χ 9 cm; inscription de 11 lignes; au musée de Raguse, n° 4470; ca 300 56. Signalée par P. Pelagatti dans Kokalos 19 (1973) p. 83, et, d'une façon plus développée dans Boll. d'Arte 1976, p. 126-127, cette inscrip-
56 Dans la même maison a été découvert un fragment de pot en plomb sur lequel on lit le nom Άγύλιος : il pourrait s'agir d'un dérivé du nom connu Άγύλος/Ήγύλος HPN p. 189; voir F. Cordano, o.e. p. 41 et fig. 14 p. 40.
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tion a été véritablement publiée par F. Cordano, Boll. d'Arte 26 (1984) p. 34-41, fig. 8-1057. Cf. C. Ampolo, Par. Pass. 1985, p. 361-366 : aspects juridiques.
°ΓΤ°ΪΗΡΑΚλΕΐ
ΛΛΙ°Υ Μ ΗΓΓΡ Γ Δ AM ONO
[
]Ήραίου εκ[ται ίστα]μένου ·συ[ν]αλλακτήρων π[ρ]οστά-
τας Δίνα[ρχος] Κλεάνδρου. Σω[σί]στρατος θέων[ο]ς νη.πρ. έπρίατο οΐκησιν και τα(ν) καττη[λ]είαν ταν Δίων[ος] πάσαν και τα θυρώματα, τοίχους κοι νούς ποτί Φιλόξενον και θράσυλλ(ο)ν, λαύρα [ύ]πέρ Γάου και Φ[ε]ρσσσο5 παρ Δίωνος του Ήρακλεί[δ]α τε.πρ. τετρώκοντα ταλάντων. Άμποχοι φάσας · 'Αρίστων Έμμενίδα νη.πρ., Φίλιππος Παυσανία νητ.πρώτα, Άρταμίδωρος Ήρακλεί[δ]α τε.πρ., Παυσανίας Σωσικράτεος νη.πρ., Ήράκλε[ι]ος Νίκωνος τρ. [π]ρω., Σάνν[ω]ν Ζωπύρου τ[ε]τρα.πρω., Σίμος Γ[ε]λώιου νητ.πρ., Μύων Εύθυμένεος έκτ.πρωτ. ίο ΔΦ θεύδω[ρ]ος Δάμονος έκ.πρ., Γέλων Καλλιστράτου έκτ.πρω.
57 Le commentaire ci-dessous doit toute sa substance au cours qu'O. Masson a consa cré à ce riche article à son séminaire des Hautes Etudes en 1985-1986.
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L. 1. Le mois Ήραΐος est attesté dans plusieurs villes grecques, voir Samuel 1972, p. 290 (index). Le terme συναλλακτήρ, avec ce suffixe, n'était jusqu'ici nulle part attesté; en revanche la forme de koinè συναλλακτής était déjà connue en Egypte au IIIe siècle de notre ère, POxy. 43, II, 23 et II, 5, chez Hésychius (συναλλακτής · φιλιαστής, mot lui-même unique) et chez les Pères de l'Eglise (Saint Basile etc.) : il est donc très intéressant de voir appar aître la forme la plus authentique cinq siècles avant ses anciennes attestations. Comme dans les Lois de Gortyne IX, 44, le verbe συναλ λάσσω signifie «conclure un contrat», il est vraisemblable que le nom d'argent en -τήρ désigne un collège, présidé par un προστάτας chargé de veiller à la légalité des actes entre particuliers et, sans doute, de rédiger ces contrats. L. 2. Σωσίστρατος est donc l'acheteur. La formule Χ έπρίατο παρά + gén. se retrouve à Amphipolis, voir M. Guarducci, Ep. Greca, III, p. 314. Chacun des contractants du texte, y compris les garants, sont désignés par leur patronyme suivi de deux indications numériques abrégées : il s'agit, dans l'ordre, du numéro de la phratrie et de celui de la tribu. Ceci se retrouve d'une façon parfaitement claire sur les balles de frondes découvertes à Troina où apparaissent les mentions φα=φατρία et φυ=φυλά; voir E. Militello, NotScav 1961, p. 349. L'abréviation νη. ou νητ. a été judicieusement expliquée par l'éditrice comme νήτα φυλά «dernière phratrie». Cette forme de l'adjectif νέατος, hom. νείατος est attestée chez Hésychius (νητος · έσχατος) et dans le nom de la corde la plus aiguë de la lyre, la νήτη; le vocalisme -η- de νήτα s'explique par une contraction de νηάτα forme bien connue en arcadien, Dubois, RDA II, p. 138. L. 3. τα θυρώματα désigne l'ensemble des pièces d'huisserie des immeubles achetés; on constate par exemple, dans l'inscription attique contemporaine LSCG 47, que le locataire d'une maison en fin de bail peut emporter ces éléments de bois, 1. 12, et que ceux-ci peuvent être confisqués s'il ne paie pas son loyer, 1. 35-36. Il n'est donc pas surpre nant que soient ici mentionnés à part, et en plus de la maison, les θυρώ ματα. τοίχους κοινούς «les murs mitoyens». Puisque les fouilles ont bien montré que chaque maison était séparée des maisons adjacentes par un corridor de 60 cm, il faut comprendre que les faces externes des murs donnant sur cette ruelle étaient considérées comme mitoyennes, c'est à dire que l'entretien et le nettoyage de ce passage étaient à la charge des deux voisins.
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L. 4. Le terme λαύρα est traduit par «quartier» par F. Cordano qui allègue tout à fait à propos le titre de λαύραρχος «chef d'îlot» apparu à Taormine, n° 186, lex. Ce quartier se trouve donc en amont du sanctuai re commun de Gaos et de Persephone. Le théonyme Γάος(Γάιος, inconnu ailleurs, doit être celui d'un parèdre local de Persephone, «le Terrien». Il n'est pas sans intérêt de constater que l'adjectif dorien assez rare γαιός apparaît non seulement chez Eschyle, Suppl. 826, mais aussi chez Epicharme, 42, 9 K, à Tarente, chez Hésychius, Landi p. 81, et dans deux glosses de YEM 223, 24 (Γαιός · ό έπιγένειος άνεμος. Γαιόν · τον εργάτη ν βοϋν). Le nom de Persephone se présente ici sous la forme étrange Φ[ε]ρσσσοφάσας avec un triple sigma intérieur. Le vocalisme ο médian est rare mais apparaît sur des vases attiques à figures rouges : Threatte, p. 451, cite les formes Φερόφαττα, Περόφατα et Περσώφατα; le premier membre attique Φερο- comporte une non notation de la géminée de Φερρο- qui a pour étymon la forme en Φερσο- de Camarine. Les vestiges du sanctuaires de Persephone et le matériel votif ont été publiés par F. Giudice, MonAnt, Mise. II, 1979, p. 281 sq. L. 5. τετρώκοντα ταλάντων : le vocalisme ω du numéral se retrouve à Héraclée, Tables I, 1. 20 et 35. Les quarante talents équivalent à 40 x 120 litres d'argent de 0,87 gr., soit à 4,18 kilogrammes d'argent. Άμποχοι : nom sicilien du garant attesté dans deux autres textes de Camarine, n° 126, 1. 6, et n. 1, à Morgantine, n° 194, et chez Hésychius : άμποχοι -τις έν Συρακούσαις αρχή. Cette glose a incité Sicca 1924, p. 165166, à voir dans les personnages de Morgantine des magistrats qui garantissaient la légalité des contrats : si l'on pouvait à la rigueur hésiter sur le sens à l'époque où n'était connue que la tablette de Morgantine, nos textes de Camarine et surtout ici la mention de la commission offi cielle des συναλλακτήρες obligent à voir dans les άμποχοι des personna ges privés choisis parmi la famille ou les amis du vendeur qui viennent se porter garants du statut juridique du bien qui fait l'objet de la transac tion : ils certifient que le bien n'est pas gagé et correspondent donc aux βεβαιωταί d'Amphipolis; ils devaient aussi avoir la même fonction que les témoins des contrats d'Amphipolis, BCH 1961, p. 431, 1. 9. Du point de vue sémantique, les άμποχοι doivent être considérés comme ceux qui «s'impliquent dans telle affaire», «ceux qui s'investis sent en embrassant la cause d'Untel» : le rapport avec le verbe άμπέχομαι est donc absolument certain. Du point de vue onomastique, la liste des noms des garants n'ap pelle que peu de remarques.
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L. 8. Σάννων est un sobriquet à géminée expressive bâti sur le radi caldu verbe σαίνω «agiter la queue»; avec un seul nu un autre exemple de ce nom à Taormine, IG XIV 421, n° 10 (έπί Σάνωνος); mais les deux nu sont attestés à Byzance, Firatli-Robert, Stèles funéraires de Byzance, 1964, p. 140. D'autres sobriquets de cette racine sont étudiés par O. Masson, Hipponax p. 165, à propos d'un Σάννος. L. 8. Le nom Μύων est rare : un autre exemple à Samothrace, Bull. 1964, n°392; le dérivé Μυωνίδης est bien attesté en Carie et à Rhodes, voir L. Robert, Hellenica VIII, p. 33-34. L. 10. D'une facon ingénieuse l'abréviation ΔΦ a été développée en δαμόσιοι φραδατήρες par F. Cordano qui se fonde sur la mention γραμ ματεύς και φραδατήρ d'Aerai, n°110. Si cette hypothèse était juste, il pourrait s'agir de secrétaires de la commission des συναλλακτήρες. L. 11. Δάμονος : erreur probable pour Δάμωνος, cf. 126, 1. 8. Traduction : « Sixième jour du mois Héraios ; président des préposés aux contrats : Dinarchos, fils de Kléandros. Sôsistratos, fils de Théon, de la dernière phratie, première tribu, a acheté sa maison et sa bouti queà Dion, le tout avec les huisseries, les murs mitoyens du côté de chez Philoxénos et du côté de chez Thrasullos; quartier situé au-dessus (des sanctuaires) de Gaos et de Persephone; (il a acheté) à Dion, le fils d'Hérakleidas, de la quatrième phratrie, première tribu, au prix de qua rante talents. Garants : Ariston, fils d'Emmenidas etc. ». 125 - Quatre morceaux, dont trois sont contigus, d'une tablette de plomb découverte en 1971 au carrefour de la platea C et de la sténopos qui passe entre les îlots 43 et 44.; manquent les parties gauche et infé rieure du texte; lettre de 3 mm; au musée de Raguse; n° 8020; ca 300. Pubi. : F. Cordano, Boll. d'Arte 26 (1984) p. 41-44, fig. 16-18.
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[ προστ]άτα[ς] [ Βα]θυκλης Εύδόξο[υ], δευτ[έρ]αι, [ ]πρω., Ίνικις [Σ]τράτωνος ένα.δευ., [— έν]α.πρω., Σωκρ[ά]της Σωσικράτεος [- -]Ήρακλείδα δεκ.πρω., Λέοντις [— ]ΕΝΑΘ[.]νος πεμ.πρ., [ ]θεότ[ι]μος Λαμίσκου ένα.πρω.
2a Κοράγου
4 φυλά
Le nom Κόραγος (avec un seul rho) est selon l'éditrice celui de l'a cquéreur. Inconnu par ailleurs, ce nom nouveau pourrait être un sobri quet bâti sur le nom des prêtres de Coré en Arcadie, à Mantinée, les Κοραγοί qui organisaient la fête des Κοράγια, IG V 2, 265 et 266; voir M. Jost, Sanctuaires et cultes d'Arcadie, 1985, p. 346-349. Il s'agirait donc d'un nom d'origine cultuelle. L. 2. L'éditrice lisait [θ]ουκλής : la contraction est peu admissible en sicilien. Le mot δευτ[έρ]αι semble devoir être dissocié des autres indications de tribus et de phratries qui sont abrégées comme dans le texte précédent : ne pourrait-on y voir une indication de date? L. 3 Le nom Ίνικις doit être indigène. Le rapport avec la glose d'Hésychius Ίν[ν]υκΐνος οίνος · άπο Ίνύκου της Σικελίας · εστί δε πολίχνιον εύοι(ν)ον n'est pas sûr. L. 6. F. Cordano lit Γνάθ[ω]νος. 126 - Tablette de plomb très vraisemblablement découverte à Camarine; 10 x 8 cm; h. 1. : 3 mm; donnée, avec un petit fragment de la même main58, par le professeur Iapichino de Vittoria au musée de Raguse, inv. 8013; sigma lunaires, petits omicron, upsilon tracés d'une seule traite; IIe siècle av. Pubi.: G. Manganaro, ASNP 1977, p. 1339-1341, fac-sim. tab. LX (SEG XXVII, 650; Bull. 1979, n° 676). Cf. G. Manganaro, La Sicilia Antica Π/2, ρ. 429 : nouvelle interpré tation;F. Cordano, Boll. d'Arte 26 (1984) p. 38, fig. 12 : photographie.
58 Je ne reprends pas ce minuscule fragment découvert en même temps que cette inscription; publié par Manganaro, ASNP 1977, p. 1344-1345, et repris avec une photogra phie par F. Cordano, o.e., p. 39, fig. 13, il ne permet la lecture que de deux mots : υδατο[ς] et άμποχ[οι].
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io
Έπί Αρκαγάθ(ο)υ· Γελωίου εκται έπ[ί] δέκα. [.] ΩΝ[ νος πεμ.πρω. έπρίατο τον γύαν τον έμ [. .] τύαις δίσχοινον το εύρος, το δε μακος άπ[ο] το[υ] ρόου του Κογχοκραναίου εστε ποτ τάς ράπα[ς] κυλλάς παρ Αθάνιος του Βασία ενός ϊκατι ταλάντων. Άμποχοι · θευδόσιος θευδώρου έκτα, θεότιμος Λαμΐσκου, Αμείνων Δαματρίου, Νυμφόδωρος Δάμωνος, Θεόδωρος Άριστογένεος, Αρταμίδωρος Θεοδοσίου, Μύσκων Άνδρωνος, Πρόδοξος Σωσ[ία], Αΐνησι[ς θ]άλλου, Όρθων -λλου.
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~
Notes critiques. L. 1 : l'omicron est omis; le troisième signe avant la fin est illisible; Γελωίου (ethnique) Mang.-L. 1-2 : Ίων[ίου μη]νός Mang.L. 2 : Πεμπρώ (?) Mang. L. 1. Άρκάγαθος est l'éponyme. Ce nom doit être la forme à aspirée dissimilée de Άρχάγαθος η° 109, 1. 48. Ce phénomène est bien connu par arc. Πυτίαρχος, IG V 2, 39, 1. 8, att. Αρκεφών et άρκεθέωρος, voir Threatte, p. 451. La seule interprétation possible est de voir dans Γελωίου un nom de mois. Les mots suivants εκται έπί δέκα précisent que la vente a eu lieu le 16 du mois. La formule έπί δέκα pour le comput des jours de la
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seconde décade se retrouve à Athènes, mais aussi à Milet, Rhodes, Symé, Délos, Céos et Oropos59. Bien que G. Manganaro n'ait pas encore publié une nouvelle édi tion du texte, le résumé qu'il en donne dans La Sicilia Antica montre qu'il a changé d'avis sur la ligne 2. En estimant que l'acquéreur pouvait s'appeler Mnamon, il laisse à penser qu'il ne lit plus de la même façon la fin de la ligne 1. Il semble également renoncer à sa lecture Πεμπρώ puisqu'il admet que le patronyme de l'acquéreur est suivi de l'indica tion de sa phratrie et de sa tribu., comme dans les textes précédents, πεμ. πρω. équivaut donc à πέμπτα φατρία, πρώτα φυλά. τον γύαν «le champ (clos?)». Le terme γύας au sens de «champ», et non d'« unité de mesure agraire», se retrouve à Héraclée, Tables II, 1. 1360; à Thespies on connaît une μίσθωσις των γυάων61; attesté chez les Tragiques, le terme apparaît en particulier chez Eschyle, Prom. 371, qui évoque les Σικε λίας λευρούς γύας. A la fin de la ligne il faut restituer un toponyme dont l'initiale est une labiale. Ne pourrait-on admettre l'existence d'un homonyme, au pluriel, de Μοτύα, puisque l'on sait que le radical Μοτυ- est une base toponymique fréquente en Sicile : Μοτύα, Μοτύαιον, Μότυον, Μοτύλαι, Μότυκα? L. 3. δίσχοινον «de deux σχοΐνοι», soit 2 x 33 m = 66 m. Pour la dimension du σχοΐνος voir Uguzzoni-Ghinatti 1968, p. 182. Les indications το εύρος, το δε μάκος se retrouvent à Héraclée Tables I, 1. 16 et 17. La largeur est donc de 66 m et la longueur est défi nie par des indications topographiques : « du ruisseau qui a pour nom «Source aux coquillages» jusqu'aux roseaux recourbés». L. 4. La présence d'un ruisseau et même d'un ru dans un document cadastral n'a rien de surprenant : dans les Tables d'Halaesa apparais sent ρόος 196, I, 32, et II, 24, 71, ροίσκος II, 26, et ροείδιον Ι, 26-27. L'hydronyme Κογχοκραναΐος est intéressant dans la mesure où le seul autre composé en κογχο- est attesté en sicilien d'Epicharme : κογχοθήρας «pêcheur de coquillages» 42, 8 K.62. 59 Voir Samuel 1972, p. 60, 115, 110, 111, 10, 104. En Béotie cette formule n'apparaît qu'à Oropos, près d'Athènes, voir P. Roesch, Et. béot. 1982, p. 72. Voir également B. Meritt, The Athenian Year, 1961, p. 45-46. 60 Aux lignes 14 et 15, il s'agit de l'unité de mesure, voir Uguzzoni-Ghinatti 1968, p. 64. 61 Correction de Feyel, BCH 1934, p. 501-505, à l'inscription DGE 485. 62 Pour ces composés, voir Rüedi 1969, p. 130.
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L. 4-5. έστε ποτ τας ράπα[ς] κυλλάς «jusqu'aux roseaux recourbés». Ce terme évoque une glose d'Hésychius qu'avec Schmidt il faut lire : ράπα · την καλάμην και τους έν αύτη αύλοΰντας ραπα(ύ)λους. On doit donc supposer un mot athématique ράψ/ραπός «roseau» dont nous aurions ici l'accusatif pluriel. Ce mot apparaît également au premier membre du composé ραπαυλος (dans l'explication de la glose) qui semb leavoir eu une variante ancienne ραπαύλας = καλαμαύλας si l'on en croit Athénée, IV 176e, qui cite le Macédonien Amérias63. L. 5. L'adjectif κυλλός «tors, déformé» s'applique surtout aux membres humains. παρ Άθάνιος του Βασία : si le nom du vendeur, "Αθανις est bien connu en Sicile, son patronyme appelle quelques commentaires. Le nom Βασίας présente ici une notation par Β de l'avatar de l'ancien w. Avec un digamma, le nom Faaiaç est attesté à Lébadée, IG VII 3068 (IIIe), et à Métaponte, PdP 1979, p. 283. La forme évoluée Βασίας est également connue puisque c'est le nom d'un Arcadien et d'un Eléen dans YAnabase 4, 1, 18, et 7, 8, 10. Dans le cas de ces deux noms péloponnésiens la graphie par Β doit être une graphie approximative de w64; en revanche dans une colonie de Syracuse, il pourrait s'agir de la trace d'une prononciation spirante de l'ancien w : un exemple de ce phénomène est bien connu par une glose syracusaine de YEM 257, 52 : δερβιστήρ · δεριστήρ dont le radical est celui de arc. δέρρα, att. δέρη65. L. 6. A la fin de la ligne έκτα doit être une indication de tribu ou de phratrie que l'on retrouve curieusement dans le décret de Syracuse n° 97, 1. 3 (= /. v. Magn. 72). L. 10. Le nom Μύσκων est aussi celui d'un Syracusain chez Thucyd ide VIII, 85, 3. Pour ce radical, voir comm. n°71. L. 12. Peut-être [ Άντά]λλου. Traduction : «Sous Arkagathos; seizième jour de Géloios. n de la cinquième phratrie, première tribu, a acheté le champ situé à . . tua, de deux schoinoi de large et, en longueur, du ruis seau le Konchokranaios jusqu'aux roseaux recourbés, à Athanis, le fils de Basias, au prix de vingt et un talents. Garants : Theudosios, fils de Theudôros de la sixième (phratrie?), etc.».
63 Voir Hoffmann, Die Makedonen 1906, p. 14. 64 Voir Dubois, RDA I, p. 56. 65 Voir Dubois, RDA I, p. 59 et III, n. 346.
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127 - Distique élégiaque sur une stèle à base qui proviendrait de Comiso, à 16 km au Nord-Est de Camarine.; h 82 χ larg. 55-45 χ ép. 338 cm; six lignes dextroverses ; h. 1. 25-30 mm; autrefois dans la collec tionPace; au musée de Raguse; VIe ex. Pubi.: Pugliese Carratelli, NotScav 1942, p. 321-324; M. NicosiaMargani, ArchStSir 3 (1940) p. 286-288 (Friedländer-Hof fleit, Epigrammata, n°79A; Peek, GVI 322); M. Guarducci, Annuario, 37-38 (19591960) p. 259-262, fig. 5; LSAG n° 17, p. 276 et 268, pi. 51; M. P. LoicqBerger, Syracuse, 1967, p. 181-183; Hansen, CEG n° 147; F. Cordano, Boll d'Arte, 26 (1984) p. 34, fig. 5-6.
Τ Ε ΙΔΕΨο
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Τεΐδε Χοροί κα[ί] Έλος κεΐ(ν)ται θα[ν]|άτοιο λαχόντε|ς· άνφοτέρος δ|έ κάλος Ιιυιος ε|θαπσε φίλος. Alphabet rouge : M/ = chi, Vi = psi comme en 170. On remarquer a que le delta, comme en 112, n'a pas sa forme sicilienne habituelle D . Nous adoptons pour le début de ce texte la transcription de Hansen même si elle fait apparaître un nom indigène Έλος qui ne semble pas attesté ailleurs. En effet, ni la restitution Κα[τ]ελός de Pugliese inspirée par le parallélisme Κατελός /Catulus = Σικελός/ Siculus, qui suppose une curieuse asyndète, ni celle de M. Guarducci, κ Ά[π]ελος qui veut retrouver le nom Άπελος connu en 38, en admettant la présence d'une élision sans erase, ne me paraissent admissibles en dépit de leur carac tèreingénieux. Pour l'adverbe locatif τεΐδε «ici», voir Dubois, RDA III, n. 1587. Le nom de la mère du rédacteur, Χορώι, est déjà connu de Bechtel, HP Ν p. 471, pour une Cretoise.
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La non notation de la nasale implosive dans κεΐ(ν)ται est un phéno mènequi se retrouve en 87 et 167; voir M. Lejeune, Phonétique, p. 146147, et pour l'attique, Threatte, p. 486. L'expression θανάτοιο λαχόντες est incontestablement poétique (gén. en -oio) mais je n'en puis citer d'autre exemple. Καλός est ici plutôt l'adverbe que l'accusatif pluriel se rapportant aux deux défunts (Guard.); φίλος se rapporte à l'anonyme ηυιός. «Ici reposent Chorô et Elos à qui la mort est avenue; l'un et l'autre, c'est de belle façon que leur fils chéri les a ensevelis».
IV
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Le rappel de quelques dates clefs est nécessaire à une présentation cohérente du dossier épigraphique de Gela. Période 1 : 689-405. Fondation de la cité par le Rhodien Antiphamos et le Cretois Entimos selon Thucydide, VI 4, 3, qui nous apprend que le nom le plus ancien de la citadelle fortifiée était Λίνδιοι, tradition repri se par Callimaque, n° 43 Pf (1. 46 άστυ Λινδόθεν) : ceci tend à prouver que la composante rhodienne était prédominante. Cette fondation a pu être précédée d'une précolonisation comme le prouve la présence sur le site et dans la nécropole de Spinasanta de tessons géométriques tardifs et proto-corinthiens qui ne sauraient être postérieurs au VIIIe siècle1. La cité florissante pendant deux siècles est détruite en 405 par les Carthaginois d'Himilcon, Diodore, XIII 108,2-111,2. Le site est quasi ment abandonné. Période II : 339-286. Refondation de la cité par Timoléon en 339/8, Plutarque, Timoléon 35. La cité est à nouveau détruite en 286 par les Mamertins, Diodore, XXIII 1, et les survivants de ses citoyens sont transplantés dans la cité de Φιντίας fondée par le tyran agrigentin Φιντ ίας, Diodore XXII 2-4, sur le site du mont Ecnomos, un ancien phrourion établi par Phalaris au VIe siècle sur la rive droite, à l'embouchure du Salso, Diodore, XIX 108 2. Le site de l'ancienne Gela est abandonné, Strabon, VI 2, 6, jusqu'à ce que la colline soit rebaptisée Terranova en 1233 par Frédéric II.
1 Sur la fondation de Gela, voir H. Wentker, «Die Ktisis von Gela bei Thukydides», RM 63 (1956) p. 129-139, et la mise au point récente de G. Fiorentini-Ε, de Miro, «Gela Protoarcaica», in Annuario 1983, p. 53-104. Sur l'histoire de Gela à l'époque archaïque, voir F. Cordano, Ottava Miscellanea Greca e Romana, Rome 1982, p. 45-56. 2 Ce que confirme la présence de corinthien moyen sur le site, voir E. de Miro, Kokal os 8 (1962) à p. 124-128.
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Période III : 280-Ier ap. Les Géléens résident à Phintias-Licata et y battent monnaie3: Cicéron, Verr. III, 103 et IV, 73, parle des Gelenses; Pline, III 91, dans la même enumeration de cités siciliennes, distingue par erreur des Gelant et des Phintienses. La grande majorité des inscriptions de Gela ressortit à la période I. Celles de la période II n'ont pour support que de menus objets : la lam pe151, la matrice d'argile 154, le manche d'arme 159. Celles de la tro isième période, 160 et 161, sont les plus étendues et, bien que tardives, demeurent les seuls documents publics de la polis des Géléens : la gran de majorité des textes trouvés sur le site de la cité archaïque sont sur tout des graffites sur tessons.
ÉPITAPHES 128 - Monument funéraire de Pasiadas, découvert dans le périmèt re de la cité ancienne; 41 χ 85 x 52; inscription boustrophédon; au musée de Palerme, N.I. 8795; VIe ex. M. T. Manni Piraino, IGLMP n° 15, tab. IX. ->
Πασιάδα£θ το σάμα. Κράτες έποίε
p fVï /^ D Ç\ Ρ ΟΤ Ο ι ri ,-% ι
«Monument de Pasiadas. Kratès l'a fait». Le début du texte est constitué d'un demi hexamètre. Le génitif Πασιάδα^ο comporte un digamma secondaire qui, com mel'a montré O. Masson, doit s'expliquer par un phénomène d'hypercorrection4. Un graphie identique se retrouve à Corcyre dans le génitif Τλασία/το de Τλασίας, Buck n° 93. Comme le génitif des thèmes mascul ins en -â est partout ailleurs en Sicile déjà contracté en -a, les édi teurs, suivis par Sicca 1924, p. 70, et Buck, p. 87, ont estimé que cette rétention d'une forme archaïque en -cto était imputable au caractère métrique de ces deux textes et s'expliquait donc par une imitation de la
3 Voir G. K. Jenkins, The coinage of Gela, 1970, I, p. 116-119 (groupe XIV). 4BSL 1983, p. 273, RPh 1984, p. 105, à la suite de Fraenkel, Philologus 97 (1948) p. 162.
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langue épique. Il n'est pas non plus impossible que l'on se trouve en présence de la désinence ancienne de génitif dont les deux voyelles auraient été «individualisées» par l'insertion d'un digamma hypercorrect, dans une intention archaïsante, au moment où la contraction -âo ) -a se généralisait. Le nom du défunt Πασιάδας est par exemple attesté en Chersonnèse de Thrace, SEG XXVI, 803 (IVe) et à Orchomène de Béotie, SEG XXX, 408 C, 1. 16 (IIP)5. 129 - Base de calcaire blanc archaïque surmontée d'un gros listel, réutilisée dans un mur de l'époque de Timoléon du flanc Nord de l'Acropole; brisée à droite; 87 χ 35 χ 55 cm; inscription boustrophédon gravée en grosses lettres profondes de 7 cm qui portent des traces de peinture rouge; Ψ = χ; VIe siècle. Pubi.: P. Orlandini, Kokalos 3 (1957) p. 94-96, fig. 22-23; M. Guarducci, Annuario 37-39 (1959-1960) p. 270, fig. 14.
[Κ]υναίθο έμι το [σα]μα το Έπόχο «Je suis le monument de Kunaithos, le fils d'Epochos». Le formulaire des inscriptions funéraires de Sélinonte 74 et 75 inci teà restituer le terme σάμα bien plutôt que ανάθεμα ou άγαλμα (on serait alors en présence d'une dédicace). P. Orlandini comprenait : «Je suis l'offrande de Kynaithos, le bien en selle»; il voyait donc dans le dernier mot une apposition à Κυναίθο; l'adjectif εποχος est en effet bien attesté avec ce sens dans différents passages équestres de Xénophon : Cyr. I 4, 4; Hipparch. I 6, 17, 18; Art Eq. VIII 10. M. Guarducci pense au contraire que Εποχος est le patronyme de Kynaithos et constate que les deux noms ont un aspect mythique en rapport avec l'Arcadie : Kynaithos est le fils de Lycaon, Apollod. III, 97; 5 D'une façon séduisante, R. Arena, Acme 34 (1981) p. 489-490, a interprété le nom laconien Παιάδης attesté en Attique, IG IP 9151, comme l'avatar dialectal de Πασιάδας.
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Έποχος est le fils du roi arcadien Lycurgue, Pausanias, VIII, 4, 10 et 45, 7. On admettra donc aisément que des Géléens dont la famille était ori ginaire d'Arcadie avait pour habitude de donner des noms en rapport avec la mythologie de la région grecque quittée par leurs ancêtres. 130 - Pierre funéraire de Philistidas, brisée en bas, découverte à Capo Soprano, dans la partie Ouest de la colline de Gela; semble aujourd'hui perdue; 10,5 x 23 x 7,5 cm; lettres profondes de 2,3 cm de haut; ^ = ξ; ca 500. Pubi. : P. Orsi, NotScav 1 (1900) p. 281-282, fig. 4 (SGDI 5216; Roehl 1907, tab. 34, n° 12; LSAG n° 54, p. 278 et 273). Cf. Sicca 1924, p. 180 : nom de métier.
Φιλιστίδας Εύξένο ho [κ]αλοποιό(ς)
«Philistidas, le cordier, fils d'Euxénos». Le sigma de la fin de la ligne 3 n'a pas été gravé. La restitution du kappa est ingénieuse et le second membre de ce composé incite à retrouver un nom de métier. Orsi, pour expliquer le premier membre, hésitait entre καλόν «bois -> bateau», et Philistidas aurait alors été charpentier de marine, et κάλως «cable, corde» et dans ce cas Philisti das aurait été un fabricant d'amarres ou de cables; Orsi rapproche le terme καλωστροφος qui est attesté dans une série de noms de métiers de l'époque de Périclès chez Plutarque, Pér. XII. Cette seconde solution me paraît la plus séduisante car j'ai l'impression que le terme ναπηγός/ναυπαγός/ναυπηγός était assez général dans le monde grec pour désigner le charpentier de marine. Remarquons enfin que la présence d'un nom de métier à cette époque est un fait peu banal. 131 - Des noms très négligemment gravés sur la facade de la cou ronne d'un cippe funèbre en forme de naîskos découvert dans une nécropole de Capo Soprano; 56 x 62 cm; h.l. : 5-14 mm; au musée de Syracuse, n° 20087; ca 500.
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Pubi. : G. V. Gentili, Epigraphica 8 (1946) p. 11-18, pi. Ili; M. Guarducci, Annuario, 27-29 (1949-1951) p. 110-111; 37-38 (1959-1960) p. 268269, fig. 11 (LSAG n° 56, p. 278, 273). Cf. A. Brugnone, Kokalos 24-25 (1978-1979) p. 70 : forme de Y alpha; M. Guarducci, Kokalos 10-11 (1964-1965) p. 467, n. 3 : lecture du pre mier nom.
2 3 4 5
ΟΙΜΤΙΣ? Καποσος Δάμον Σοσίας
1 Τιναξσίνοος
6 Νειάδας 7 Άλκίας 8 Βίοτος
9 Δεινός 10 Γελοίος
On remarque l'alpha de forme Λ qui est bien attesté en Sicile, et la variété des tracés fantaisistes du sigma. Sont clairement des noms grecs : 4 Δαμων, 5 Σωσίας, 7 Άλκίας, 8 Βίοτος, 9 Δεινός. Γελώιος peut aussi bien être l'ethnique de Δεινός qu'un anthroponyme. Καποσος est sûrement un nom indigène : il se retrouve en 36. Νειάδας pourrait être un variante avec glide de Νεάδας nom attesté à Mantinée, IG V 2, 323, n° 32 (IV/IIP), sobriquet bâti sur l'adjectif νέος, ΗΡΝ p. 329. Le point le plus délicat est l'interprétation du premier nom qui doit avoir été écrit sur deux lignes. Le xi rouge de l'inscription précédente incite à transcrire Τιναξσίνοος et à considérer que l'archiphonème /ks/
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est ici noté par le digraphe -f-$, ce dont il existe d'autres exemples, voir comm. au n° 80. M. Guarducci a expliqué ce nom d'une façon ingénieuse en all éguant le passage de Sappho 47 LP :Έρος έτίναξέ μοι φρένας «l'amour m'ébranla le cœur». On serait en présence d'un nom parfaitement bien construit, d'un composé progressif dont le premier membre régissant est un adjectif verbal actif en -i bâti sur le radical de l'aoriste sigmatique du verbe τινάσσω, τινάξαι. D'une façon étonnante nous serions en face du seul composé grec en τιναξι-. Dédicaces6 132 - Olympic Dédicace métrique gravée sur une plaque de bron ze qui devait servir de socle à une statuette dont la nature est discutée (équestre?); dim.: 3,6 χ 8,8 cm; ép. : 3 mm; au musée d'Olympie, n° 521; 550-525. I.v.Ol. 142; DGE 304; LSAG n° 48 p. 278 et 273, n. 1 pi. 53; J. Ebert, Siegerepigramme 1972, n° 5, p. 44-46; M. L. Lazzarini, Formule, n°854; Hansen, CEG n° 398.
Παντάρες μ' άνέθεκ[ε] Μενεκράτιος Διο[ς άθλα/άθλον/άθλον] [ ]το Γελοαίο. 6 Je ne reprends pas ici la dédicace à Chairesileos, LSAG n° 55, p. 278 (= Lazzarini, Formule, n° 393) car je crois que Dinu Adamesteanu, IIIe Congr. intern, d'épigr. gr. et lat., 1959, p. 432-434, a apporté des arguments définitifs en faveur d'un faux du XIXe : l'in scription datée du VIe siècle par M. Guarducci, Annuario 27-29 (1949-1951) p. 109, fig. 4, a été gravée sur un loutérion cannelé d'un type bien connu à Gela à partir de l'époque hellénistique. On ne s'explique pas non plus la présence à Gela d'une dédicace au fonda teurmythique de Tanagra (Pausanias, IX, 20, 1) rédigée en dialecte ionien (on lit Χαιρεσιλέοι).
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Notes critiques. L. 2 : [1ιίπ(π)οι νικάσας πέδο έ(κ) κλε]τδ Γελοαίο Ebert7. Si le premier vers est un hexamètre, la structure métrique du second est très délicate à appréhender du fait de notre ignorance de la taille de la lacune : Ebert et Hansen croient à la présence d'un second hexamètre; Miss Jeffery croit qu'un élément amétrique suit l'hexamèt re. L'olympionique Παντάρης est connu par Hérodote VII, 1548, com mele père des tyrans de Gela Kléandros (505-498) et Hippocrate (498491). Ce nom se retrouve peut-être dans le graffite 147. Le génitif Μενεκράτιος du patronyme Μενεκράτης présente une fermeture sporadique de -εος en -ιος dont nous avons d'autres exemp lesen 31 : il est peu sérieux de vouloir en rendre compte par une trace du dialecte crétois de certains des premiers colons de la cité9. A quelque terme que renvoie l'ethnique au génitif Γελοαίο il est vraisemblable qu'il s'agit de l'étymon de la forme habituelle Γελώιος seule attestée sur les monnaies. Une forme Γελεαίον (gén. pi.) est appa ruedans une dédicace des Rhégins à Olympie (Ve in.) : Kunze 10 estime qu'il s'agit de la forme ionienne de l'ethnique (cf. Γέλη chez Hérodote VI, 23; VII 156) mais le détail phonétique n'est pas clair. Ne faudrait-il pas corriger en Γελ(ο)αίον? 133 - Dédicace de l'Aurige de Delphes. Delphes, inv. 3517. Bloc de calcaire complet: 84 χ 80 χ 30cm; deux inscriptions gravées l'une sur l'autre; h.l. : 3-3,4 cm; a) 474, b) ca450. F. Chamoux, FD IV/5, 1955, p. 26-31 (LSAG n° 9, p. 275 et 266, pi. 51); J. Pouilloux, FD III/4, fase. 4, 1976, n° 452 (P.A.Hansen, CEG 397).
7 II supposait que la plaque comportait 2 autres encoches à gauche, dans lesquelles auraient été fixés les deux pieds arrière d'un petit cheval votif; l'inscription aurait été gravée entre les trois points d'appui de l'animal. Ceci est ingénieux mais d'autres solu tions sont possibles. 8 Cf. Moretti, Olympionikai, n° 151, p. 78. 9 Explication remontant à Dittenberger, ad I.v.Ol. 142, et reprise par Bechtel, GD II, p. 621, Sicca 1924, p. 95, et Ebert. 10 Ol. Ber. Vili, 1967, p. 99-101 (= Lazzarini, Formule n° 960).
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Toutes les restitutions envisagées par les différents commentateurs ont été énumérées par J. Pouilloux qui s'en tient à celle de F. Chamoux que nous reprenons ici. Après la victoire pythique de son quadrige en 474, Polyzalos tyran de Gela aurait gravé la dédicace suivante : [Μνάμα Πολύζαλός με Γ]έλας άνέ[θ]εκε[ν] ά[ν]άσσ[ον] [ηυιος Δεινομένεος, x/h]òv άεξ', εύΟνυμ"Απολλ[ον]. Mais, après qu'en 466 les Géléens se furent débarrassés des tyrans (Diodore XI 76, 4-6), ils transformèrent en offrande privée la dédicace de l'ancien tyran en essayant de faire disparaître la première ligne de la première dédicace dont une douzaine de lettres sont encore identifia bles sous la rasura ; ils auraient alors écrit : [Νικάσας ϊπποισι Π]ολύζαλός μ' άνέθηκ[εν]. La comparaison des deux textes montre que l'alphabet a évolué : l'epsilon à quatre branches n'en a plus que trois; le ê long ancien est noté par êta; on constate la présence du xi «bleu» dès 474, comme en 140. La prise en compte de cette inscription pour l'histoire de l'alphabet de Gela pourrait peut-être faire supposer l'évolution suivante pour la graphie de /ks/ : avant 500 + , ca 500 X* (131), ca 480 I (133, 140).
Document sur plomb 134 - Tablette de plomb opisthographe qui proviendrait de la ré gion de Gela; 17,1 χ 6,2 cm; dans la «Rare Book Room» de l'Université de Caroline du Nord, à Chapel Hill; Ve in. Comme l'inscription de la face b est quasiment complète et qu'il n'en manque que la partie inférieure gauche, et comme il est évident que nous n'avons que la partie droite de l'inscription de la face a, il est absolument sûr que la face b a été gravée après que la tablette eut été volontairement ramenée à ses actuelles dimensions. Le rédacteur de b s'est donc servi d'une tablette usagée : ceci explique que les deux textes soient si différents par leur alphabet, leur style et leur contenu. Pubi. A. P. Miller, Studies in Early Sicilian Epigraphy, An Opisthographic Lead Tablet, Diss. Chapel Hill 1973, 184 p.
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Cf. A. Brugnone, Kokalos 24-25 (1978-1979) p. 70 : ductus de l'alpha en b11. face a
e te λ/ hi k Ρ Boo
[ [ [ [ [ [ [
Μ]ύσκον : Δαμιος : του Κοβετου Άνθ]εμόκριτος : έφίετο Άπελ(λ){εί(ι)ν ένγυάσασθαι ] .Α. .ΙΟΑ εΐμειν · κατελάζετο τον Λεοντϊνον [. .] ] Μύσκονα : εν τ<χι πλατέαι θοκέοντας ] άργύριον έχον Μκε ßoöv τιμάν · ούκ έπρίατο ] ποτ' Ένπεδοκλε τον Μνασ[ι]μ[άχο]υ ποτενθε το ] γενέσθο έν[γ]υάσασθαι.
Le texte est gravé dans un alphabet bleu (+ = chi); les fausses diph tongues sont notées par ει et ου. Il est fait allusion à une transaction financière et à une vente de bœufs; il est fait mention de personnes qui se portent garants. L. 1. Μ]ύσκόν : le même nom à l'accusatif 1. 4; un Μύσκων à Camarine, 126, 1, 10, et à Syracuse, Thucydide VIII 45, 3 : il s'agit d'un nom
11 W. C. West III, professeur à Chapel Hill, m'a signalé que la tablette serait prochai nement republiée par A. P. Miller-Zartarian et D. Jordan dans un prochain numéro des Greek, Roman and Byzantine Studies. Le texte que je présente ne repose que sur les des sins fournis par l'éditrice dans sa dissertation. Le commentaire succinct que je propose doit toute sa substance au cours qu'O. Masson a consacré à ce texte au printemps 1982 à l'EPHE.
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grec de Sicile, voir comm. au n°71. Le patronyme Δα,μις est suivi du papponyme Κοβετος qui est un nom nouveau et très vraisemblable ment indigène. L. 2. Comme il est question à la ligne suivante d'un Léontin, c'est à dire d'un Ionien, on ne devra pas exclure de lire Δ]εμόκριτος. Il y a manifestement plusieurs oublis dans le nom "Απελλιν du centre de la ligne. Le verbe έγγυάσασθαι est un terme banal qui signifie «se porter garant». On comprendra donc cette ligne : «A. enjoignait à Apellis de se porter garant». L. 3. L'éditrice lisait εφα avant l'infinitif rhodien εϊμειν : ceci me paraît trop incertain pour être repris. Κατελάζετο = att. κατελάμβανε : le verbe καταλάζομαι est nouveau; le simple λάζομαι est épique et dia lectal. A la fin de la ligne l'éditrice lisait ΞΕ : faut-il comprendre : κατε λάζετο τον Λεοντίνον [ξέ|νον] «il s'emparait (brutalement) de l'hôte léontin»? S'agirait-il d'une opération de saisie? L'accusatif singulier me semble plus probable que le génitif pluriel τον Λεοντίνον (Miller). L. 4. D'après le dessin, il ne semble pas que le premier iota de πλατείαι ait été gravé. En tout cas nous avons ici la plus ancienne attesta tion du substantif πλατεία « grand rue » ; un autre exemple sicilien à Termini Imerese, 202, 1. 5 (στρώσις «pavage» de la πλατεία) : qu'il s'agisse d'un mot grec attesté à haute époque en Sicile a pu favoriser son emprunt, sous forme platea, par les Latins dès l'époque de Plaute. L'éditrice restitue un καί devant Μύσκονα et considère que Myskon et d'autres individus sont assis, θοκέοντας, dans la grand rue. Le verbe θωκέω = att. θακέω est bien connu en sicilien littéraire : Epicharme, fr. 99 K, Sophron, fr. 60 Κ et Chantraine, RPh 1935, p. 22, 1. 6. L. 5. La traduction est évidente : «X est arrivé avec la somme d'ar gent correspondant au prix des bœufs». La forme ηΐκε est l'imparfait attendu du verbe ϊκω. Les deux derniers mots de la ligne montrent que ce qui précède doit avoir une valeur concessive; «X est venu avec de l'argent, mais il n'a pas acheté». L. 6. On observe la contraction dorienne (et attique) de εα en η à la finale de Ένπεδοκλε. La fin de cette ligne est de lecture délicate ; pourr ait figurer ici la forme d'aoriste dorien ποτήνθον ( ποτήλθον = att. προσήλθον, hypothèse plus vraisemblable que la supposition d'une for me moyenne qui n'est attestée que dans la Batrachomyomachie, v. 179. L. 7. Peut-être [μεποτέ oi] γενέσθο έν[γ]υάσασθαι «qu'il ne lui soit plus jamais possible de se porter garant ».
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Face b I F' ι β Ι Λ ? Υά * Ρ I 4> · Λ ο tat «r /vi £"v Λ λ/ΤΛ ί 6 ft A T/T/NÌ^/'lfre ^ιΛ(Λρ ο/τΓ/Vt Λ'ΜΙ Τ
Εύχα Άπέλλι(ο)ς έπί φιλότατι ται Eòviqo · μεδέν' [E]ùviqo σπευδ[αι]ότερον έμεν μεδέ Φίντονα, άλλ' έπαινε (ν κ) ai éqóvxa κ' aéqοντα, και Φιλεταν · έπί φιλότατι ται Eòviqó άπογαράφο τοέπ' ς χοραγος πάντας άτελεία(ι) κ' έπέον και έργον και τ5 ος παΐδίιίας άπο τενον και τος πατέρας κ' άπρακτίαι κ' έν άγδκ' ν, οϊτινές με παρ' έμ' άπολείποιεν · Καλεδιαν νι έχθος άγονο άπ' [άπογ]αράφο Άπέλλιος και τος {σ} τενεΐ πάντας έπί μεσοτερ[....] ενταδα Σοσίαν απόγραφο από το καπελείο · Άλκιάδαν έπί τδ[ι Μελ]ανθίο φιλότατι · Πυρ(ρ)ία(μ), Μύσσκελον, Δαμόφαντον και τον 10 [. . . .] ον απόγραφο άπο τον παίδον και τομ πατέρον και τος άλλ[ός πά]ντας οϊτινες έντάδε άφικνοίατο. Μεδέν' Εύνίκο σπευδαιό[τερο]ν γενέσθαι μετ άνδρεσι μετεγυναίκεσσι. Τοσούτος βολίμος τος τε ίνει, β]ολίμο τιμαν έρύσαιντο Εύνίκοι άέ νίκαν παντε(ί) ΡΜΟΑΥ. . . έπ[ί φιλ]ότατι ται Εύνίκο γάρφο. Cette face contient le texte d'une imprécation appelée ici εύχά 1. 1. Elle est rédigé dans un alphabet rouge ( M/ = chi); la distinction des voyelles longues et brèves n'est pas faite. L'alpha a une forme bien connue en Sicile. L'emploi du qoppa est remarquable. L. 1. L'omicron semble avoir été omis; nous aurions donc ici le génitif du nom Άπελλις fréquent en Sicile et déjà vraisemblablement attesté sur l'autre face, 1. 2. L'éditrice croit que l'abstrait φιλότας dé signe l'amitié d'Apellis pour Eunikos qui feraient l'un et l'autre partie du même clan politique; je me demande cependant s'il ne pourrait pas tout simplement s'agir d'amour pédérastique : le verbe έπαινεν de la
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ligne 2 rappelle les vers 1327-1328 de Théognis : ώ παι, εως αν έχηις λείαν γένυν ούποτέ σ' αίνων | παύσομαι. Apellis pourrait être l'érastès qui maudit tous ceux qui voudraient empêcher son favori de triompher dans les concours de danse dont il est question, 1. 4 et 6. Dans un contexte tout à fait différent, l'expression έπί φιλότατι se retrouve dans le traité entre Sybaris et ses alliés GHI n° 10 = Landi n° 120. La forme σπευδαίοτερος doit être une variante locale, en tout cas unique, de σπουδαιότερος : le vocalisme radical est celui du verbe σπεύδω. Je propose de traduire cet adjectif par «appliqué» ou «accomp li ». L. 2-3. Φίντονα : ce Φίντων pourrait être un concurrent d'Eunikos. Il porte un nom bien connu en Sicile et en Grande-Grèce. Le nu final de l'infinitif έπαινεν a d'abord été omis puis ensuite regravé sur le kappa. Il faut admettre que le rédacteur amoureux appelle d'autres gens à partager son admiration louangeuse pour Eunikos, que ce dernier le veuille ou non. On pourrait considérer que Φιλετας est un autre danseur renommé, rival d'Eunikos. La formule éqovxa κ' àéqovxa est ancienne en grec puisqu'elle apparaît déjà dans l'Iliade 4,43. Le sobriquet Φιλήτας (φιλητής «amant», hapax de AP V, 270) n'est pas très courant : la forme ionienne d'Erythrées est citée par Bechtel, HPN, p. 453; un exemple à Samos, SEG I, 398; un autre très probable à Chypre, Masson-Mitford, Les inscriptions syllabiques de Kouklia-Paphos, 1986, n°40. L. 3. Le verbe απογράφω est pour la première fois ici attesté dans une defixio. Le radical du verbe γράφω est curieusement flottant dans le texte : -γαράφο 1. 3, 7, -γράφο 1. 8, 10, -γάρφο 1. 14. Ne pourrait-on estimer que la faute du graveur 1. 3, 7, procède d'une hésitation entre la forme courante γράφω et une forme locale γάρφω 1. 10? Pour l'explica tion de cette dernière on comparera στρατός/dor, σταρτός. Ce verbe, ici suivi de la préposition άπό + gén., combine deux actions : celle d'écrire dans le métal exprimée couramment par εγγράφω (par exemple à Sélinonte, n° 37) et celle de détourner à tout jamais quelqu'un d'autrui ou d'autre chose qui est exprimée par le verbe αποστρέφω dans la defixio de Némée publiée par S. G. Miller Hesperia 49 (1980) p. 196. L'auteur voue donc à la mort un certain nombre d'individus en exprimant son désir de les voir quitter chacun ce qu'ils ont de plus cher. L. 4. χοραγος : «chefs de chœur», sens attesté à l'époque archaïque chez Alcman, I, 44, et 10b, 11. Il n'est pas ici question de liturgie.
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La formule έπ' άτελείαι κ' έπέον και έργον se retrouve avec de fai bles variantes à Sélinonte, n° 29, 32, 37. L. 5. από τενον : forme dorienne du démonstratif bien connue en Sicile, voir comm. à 37 et 40. Je comprends donc de la façon suivante : le rédacteur voue à la mort les enfants des chorèges pour les séparer de leurs parents. On ne peut donc ici décider si la préposition introduit un syntagme exprimant la séparation ou la simple ascendance. έπ' Le simple datif άπρακτίαι équivaut à άπρακτίαι; l'abstrait άπρακτία «échec» est un hapax bâti sur l'adjectif négatif άπρακτος. L. 5-6. Les αγώνες dont il est ici question sont assez énigmatiques : ce n'est pas parce qu'il ne semble pas y avoir eu de théâtre à Gela qu'il faut exclure l'existence de représentations chorégiques. L. 6. έχθός : forme dorienne correspondant à att. εκτός, voir Buck p. 60. Je comprends la relative introduite par οϊτινες comme un complé ment en asyndète de άπογαράφω sur le même plan que les accusatifs précédents, παρ εμ est l'élision de παρ' έμέ : cette expression est un subst παρ' itut surtout dorien (mais aussi attique) de έμοί, voir Debrunner, GG II, p. 495. On pourrait donc traduire: «Tous ceux qui dans mon entourage pourraient me laisser tomber». L. 6-7. Le rédacteur maudit Καλεδια ou καλεδιας (masc.) pour la/e séparer d'un autre Apellis. Καλεδια(ς) n'est pas un nom grec. L. 7. τένεΐ : adverbe de lieu dorien du thème pronominal dorien τηνο- attesté au sens de att. έκεΐ chez Epicharme, fr. 35, 3, et fr. 99, 10; voir Bechtel, GD II, p. 269, et Buck p. 102 12. L. 7-8. Passage très obscur. Au début de la 1. 8, peut-être π]εντάδα «groupe de cinq individus». L. 9. Le mu final de l'accusatif du nom très banal Πυρρίας a été omis et la géminée intérieure non notée. Pour le sobriquet Μύσκελος «Leboiteux» attesté à haute époque, voir Bechtel, HP Ν p. 492. Le redou blement du s dans un groupe sC est un fait courant dans l'épigraphie archaïque, voir M. Lejeune, Phonétique, p. 286 et Index VII. L. 10. Au début de la ligne l'éditrice hésite à restituer [ίατρ]όν ou [υίον]όν «petit-fils». L. 11. έντάδε : forme bien connue en argien qui équivaut à att. ένθάδε; voir Buck p. 60. On ne saurait cependant dire quel lieu est
12 L'autre exemple épigraphique de ce pronom est delphique : CID 9, C, 1. 37 (IVe).
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désigné par cet adverbe. La désinence de IIIe pi. archaïque -οίατο est conservée dans άφικνοίατο mais apparaît renouvelée dans έρύσαιντο 1. 13. Apellis exècre ici, semble-t-il, tous les rivaux d'Eunikos qui pour raient venir concourir à Gela. L. 12. On constate encore une fois que les géminées ne sont pas régulièrement notées dans la désinence -εσι/-εσσι. Les deux datifs άνδρεσι et γυναίκεσσι pourraient être des locatifs : ce cas est en effet courant chez Homère après un adjectif exprimant l'excellence (type άριπρεπέα Τρώεσσι), cf. Chantraine, GH II, p. 80. On pourrait donc considérer qu'il est fait allusion à des concours chorégiques masculins et féminins13 au cours desquels Eunikos doit apparaître en quelque sor tecomme le «danseur étoile». Il ne doit donc pas être ici question d'ar deur amoureuse «avec les hommes et les femmes». Le terme βόλιμος «tablette de plomb» est l'équivalent sicilien de μόλυβδος; YEtymoîogicum Magnum, 104, 40, nous apprend d'ailleurs qu'il s'agit d'un terme syracusain. Il est de toute façon connu dans d'autres régions doriennes, voir Chantraine, DELG, s.v. μόλυβδος. Com meles cinq dernières lettres de cette ligne rappellent la ligne 7 (τος {σ} τένεΐ) je propose de restituer τοσούτος βολίμος τος τενεΐ en faisant de τοσούτος βολίμος un accusatif pluriel : Apellis aurait donc rédigé plu sieurs tablettes. L. 13. A. P. Miller lit ]o και Διοτίμαν; je crois pouvoir lire β]ολίμο τιμάν «le prix du plomb», en supposant la présence d'une asyndète. Se trouvent alors restituées les quatre lettres exigées par la taille de la lacune. J'admets que le graveur a hésité entre une infinitive jussive et un optatif de souhait. On ne peut décider si AE doit être lu άέ ou άή (= άεί), l'une et l'autre forme étant attestées: la première chez Pindare, Pyth. IX, 91, Pisandre de Rhodes, fr. 11 (éd. Kinkel, EGF I, 1877, p. 248) et dans les Anecdota Graeca de Paris, Cramer, t. III, p. 321, 11, la seconde en laconien dans l'inscription trouvée à Cos, SEG XII, 371, 1. 2 (IIIe). παντε(ΐ) «partout» : adverbe de lieu dorien, voir Buck p. 102. L. 13-14. La fin de la ligne 13 est incompréhensible. L'auteur répèt e la raison profonde qui l'a conduit à rédiger ce ou ces textes. Pour le vocalisme de γάρφο voir comm. 1. 3.
13 Sur ces chœurs mixtes, voir Cl. Calarne, Les chœurs de jeunes filles dans la Grèce archaïque, I, Rome 1977, p. 62-63.
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Traduction : «Malédiction d'Apellis pour l'amour d'Eunikos. Que personne ne soit plus appliqué qu'Eunikos, pas même Phintôn, mais, qu'il le veuille ou non, qu'on le loue, même Philétas; pour l'amour d'Eunikos j'inscris tous les chorèges pour que leurs paroles et leurs actes soient sans effet, ainsi que leurs enfants, et leurs parents, pour qu'ils échouent dans le concours et en dehors des concours, ainsi que tous ceux de mon entourage qui pourraient me laisser tomber. Kalédia, je l'inscris pour la séparer d'Apellis et tous ceux qui sont là. . . Sôsias, je l'inscris pour l'arracher à sa boutique; Alkiadas, pour l'amour de Mélanthios; Pyrrhias, Muskelos, Damophantos et le. . . je les inscris pour les séparer de leurs enfants et de leurs parents, et tous les autres qui arriveraient ici. Que personne ne soit plus appliqué qu'Eunikos, ni chez les hommes ni chez les femmes. Que tant de tablettes de plomb, que le prix du plomb (qui est considérable) sauvegardent à tout jamais et par tout la victoire pour Eunikos . . . C'est pour l'amour d'Eunikos que j'écris».
Inscriptions céramiques Depuis les fouilles de P. Orsi, à l'extrême fin du siècle dernier, des tessons inscrits ont été découverts en différents endroits de la colline de Gela mais la majorité d'entre eux provient des environs du temple d'Athéna Lindia sur le flan Nord de l'acropole : les graffites qu'ils comp ortent peuvent donc légitimement être considérés comme votifs. Le plan que nous adoptons tient compte et des différents lieux de trouvaill e et de la variété typologique des formules dédicatoires H. 135 - Dédicace à Antiphamos. Graf fite sur un pied de kylix attique à vernis noir découvert en profondeur près de la tour aragonaise en ruines; diam. 15 cm; VI/Ve siècle. Pubi. : P. Orsi, NotScav 1900, p. 272-275, MonAnt 17 (1906) p. 558560, fig. 380 (SGDI 5215; DGE 303; M. Guarducci, Annuario 27-29 (1949-1951) p. 107, fig. 3; D. Adamesteanu, Atti d. Ill Congr. Intern, d. Epigrafia Greca e Latina, 1959, p. 430-431, pi. XLIX; M. Guarducci,
14 Je ne reprends pas ici l'énigmatique graffite ?[.]οπετιονς qui figure sur une amphore «SOS» découverte dans une nécropole du quartier de l'Hôpital : l'inscription a de fortes chances d'être attique; voir A. W. Johnston BSA 1978, p. 119 et 129.
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Annuario, 37-38 (1959-1960) p. 264-266; LSAG n° 53, p. 278 et 273; Griffo-von Matt, Gela, 1964, p. 49; M. Guarducci, Ep.Greca I p. 254, n° 4, fig. 109 et p. 501; P. Orlandini, RIASA 1968, p. 44-46; M. L. Lazzarini, Formule n° 198). Cf. J. Bérard, Colonisation p. 230 : culte de l'œciste.
Μνάσιθάλες άνέθεκε Άντιφάμοι
«Mnasithalès a dédié à Antiphamos» L'intérêt tout particulier de cette dédicace est de nous avoir révélé l'existence d'un culte de l'œciste rhodien de Gela, Antiphamos, qui était connu par Thucydide, VI 4, 3 ; le second œciste était le crétois Entimos. On estime donc qu'il y avait à Gela un hérôon d'Antiphamos. 136 - Graf fite sur un fond de cotyle à vernis noir découvert au même endroit ; Ve in. Pubi. : P. Orsi, NotScav 1 (1900) p. 275-276. θίασος άνέθ[εκε]. Le nom θίασος est rare et n'a pas été enregistré par Bechtel : on en connaît un exemple à Epidaure, IG IV l2 688 (IIIe/IIe). Il est bien attesté à Rome, Solin, GPR II, p. 1038-1039. On pourra se reporter aux remar quesde Chr. Naour, Epigraphica Anatolica 5 (1985) p. 64, à propos d'un exemple de Lydie orientale. Notre θίασος géléen est en tout cas le plus ancien.
GELA
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137 - Graf fite sur le pied d'un lécythe samien découvert dans le déblaiement de quatre puits grecs lors de la construction de la nouvelle mairie; diam. 7 cm; VIe in. Pubi. : P. Orlandini, RendLinc 9 (1954) p. 454-457 (B. Neutsch, AA 1954, p. 655 et 663, fig. 108-109; D. Adamesteanu, NotScav 10 (1956) p. 266, fig. 5; RevArch 49 (1957) p. 28; SEG XV, 592b; LSAG n° 47, p. 278; Griff o-von Matt, Gela 1964, p. 141; M. Guarducci, Ep. Greca I p. 251-252, n°l; P. Orlandini, RIASA 1968, p. 31; M. L. Lazzarini, For mule n° 460). Cf. G. Fiorentini, Annuario 1983, p. 69-70 : antiquité du culte d'Héra. Ηέρα Dédicace à Héra qui nous assure de la présence d'un héraion sur l'acropole de Gela. Il s'agit de la plus ancienne attestation du culte de cette déesse en Sicile. On estime que ce culte remonte au début du VIIe siècle. 138 - Graffi te sur un fond de kylix découvert au même endroit; Ve ex. Pubi. : les mêmes.
Le culte a donc été vivace jusqu'à la destruction de la cité en 405. 139 - Graf fite sur l'épaule d'une oinochoé achrome d'argile verdâtre d'un type banal à Gela, h. 14 cm; ca 500. Pubi. : Β. Neutsch, AA 1954, p. 664; P. Orlandini, RM 63 (1956) n° 1, p. 140-141, tab. 59, 1 (SEG XV, 592a, XVI, 551).
II s'agit de l'offrande de Poléas.
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LES COLONIES RHODIENNES
140 - Graf fite sur le fond d'une kylix à vernis noir; diam. 6,5 cm; ca 450. Pubi. : P. Orlandini, ibid. n°2, p. 141-142, tab. 60, 1 (SEG XVI, 560); M. Guarducci, Annuario 1959-1960, p. 271, fig. 15.
Έξάκεσστος Άριομον
On remarque la présence d'un xi oriental comme dans le numéro 15, p. 148, de la publication d'Orlandini. Pour la gemination du sigma dans le nom banal Έξάκεσστος voir l'Index VIL La lecture du second nom est trop peu sûre pour qu'une explica tion soit ici tentée.
Flan Nord de l'Acropole 141 - Graffite sur la lèvre d'un pithos; ca 500. Pubi. : Orsi, NotScav 1907, p. 39 (Bernabò Brea-Carta, Kokalos 2728 (1949-1951) p. 10; P. Orlandini, RIASA 1968, p. 21, fig. 1; M. L. Lazzarini, Formule n° 535). Άθαναίας Cette petite inscription est le premier témoignage épigraphique qui corrobore ce que les sources nous enseignent sur le culte d'Athéna Lindia sur l'acropole de Gela. La plupart des graffites suivants ont été incisés sur des poteries attiques à vernis noir des VI/Ve siècles. Ils sont classés selon le cas auquel se trouve l'anthroponyme qu'ils contiennent.
GELA
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Graffites au nominatif. 142 - Graf fites de la fin du VIe siècle. a) P. Orlandini, RM 63 (1956) p. 143-144, n° 5 (SEG XVI, 555).
Αίνεσίδαμος
L'éditeur a voulu retrouver dans ce nom celui du garde du corps15 (δορυφόρος) du tyran Hippocrate (Hérodote VII, 154) qui aurait été luimême tyran de Léontinoi (Pausanias, V, 12, 30) et rival de Gélon à la mort d'Hippocrate en 491 (Aristote, Rhét. I, 12, 30). Il est plus prudent d'y voir un homonyme. b) Ibid. p. 146, n° 9, fig. 6 (SEG XVI, 550).
Κλεο[σ]θένες
c) Ibid. p. 147-148, n° 11, fig. 8 (SEG XVI, 562).
Πόλυς
15 Son père s'appelait Πατάικος, voir Bechtel, HPN p. 568.
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LES COLONIES RHODIENNES
II semble qu'il y ait eu d'autres graffiti sur le même tesson. Le même nom qui est plutôt rare est par exemple attesté à Smyrne, SGDI 5616, 1. 22. d) Ibid. p. 148-149, n° 13, fig. 10 (SEG XVI, 563).
Κοίνα
On peut hésiter entre κοινά au sens d'« offrande» ou «coupe com mune de», comme en 147, et Κοίνα, féminin de Κοινός, ce qui me semb leici préférable. 143 - Graffites des années 500. a) M. T. Manni Piraino, Miscel. E. Mannt, V, 1980, p. 1801, n° 38.
Σαΐνις
Le même nom a pu être écrit deux fois sur le même tesson. Σαΐνις déjà connu à Théra, HPN, p. 505, est à classer à côté des noms courts de la même famille comme Σαίνων, Σαίνιος, Σαίνη; voir les remarques de F. Salviat, BCH 1962, p. 278. En l'absence de composés en Σαινο-, il ne peut s'agir que de sobriquets formés sur le radical du présent σαίνω «agiter la queue». b) P. Orlandini, RM 63 (1956) p. 149, n° 14, fig. 11 (SEG XVI, 552).
[Λ]έπτος ho Σκυ[τα]
GELA
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Pour le sobriquet Λέπτος «Lemaigre» déjà connu mais à une date plus tardive, voir Bechtel, HPN, p. 587, et L. Robert, Noms indigènes, p. 255. Le patronyme Σκυτας se retrouve en 148. On pourrait se demander s'il ne faudrait pas mettre le radical de ce nom épichorique en rapport avec la glose d'Hésychius σκύτα · τον τράχηλον. Σικελοί et avec le plur iel τα σκύτα qui désigne aussi «le cou» chez Epicharme 100a et 173 Κ : voir sur ces mots Bechtel, GD II, p. 287, et Chantraine, DELG, s.v. σκύτη. 144 - Graf fites du début du Ve siècle. a) M. T. Manni Piraino, Miscel. E. Manni, V 1980, p. 1824-1825. Cf. M. Lejeune, ibid. IV, p. 1311.
Μέλισσος
L'epsilon en forme de clepsydre et le san attestent que le graveur de ce graffite était sicyonien16. b) Ibid. p. 1821-1822, n°72b.
[Ά]ντίπατρος
c) Ibid. p. 1782-1783, n°ll. Cf. M. Lejeune, ibid. IV p. 1312.
16 Cf. Jeffery, LSAG p. 138, et M. Guarducci, Ep. Greca I, p. 334.
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LES COLONIES RHODIENNES
Εύχ(α)ρίδας ν el Εύαρίδας
Puisque Εύχρίδας est un monstre, la correction des éditeurs est satisfaisante. Cependant, si l'on admettait la possibilité d'un double ductus pour Yalpha comme en 33 et 38, on obtiendrait, sans corriger, un nom Εύαρίδας attesté également à Métaponte, Landi, n° 135 (VIIe ex.).
d) Ibid. p. 1795, n°29. On hésite avec l'éditrice entre Κοινός το[ ] et (λύχνος) κοινός το[ puisque ce graffite est gravé sur la base d'une lampe à vernis noir; voir comm. à 142d. e) P. Orlandini, RM 63 (1956) p. 153, n°20, fig. 17 (SEG XVI, 554).
Άλκιμίδας
Seul le premier nom est de lecture certaine; il se retrouve au datif en 150. Pour le second nom l'éditeur proposait και Μοσχίνα (?). f) P. Orlandini, RendLinc 20 (1965) p. 454, n° 1, tab. I/I.
Καλλισθένες
Λ /\/\|
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g) P. Orlandini, RM 63 (1956) p. 152-153, n° 19, fig. 16 (SEG XVI,
553). Cf. M. Guarducci, Kokalos 10-11 (1964-1965) p. 468 : le lambda.
Εύένα καλά
La conjonction du lambda chalcidien ( V ) et de Va long se retrouve en 87 à Syracuse. La belle propriétaire du vase possède un nom qui ne semble pas attesté ailleurs : il s'agit du féminin du nom connu Εύηνος, Bechtel, HPN, p. 572 17. L'anthroponyme est au vocatif. 145 - M. T. Manni Piraino, Miscel. E. Marini, V 1980, p. 1796-1797, n°31.
Γόργε
L'autre nom est de lecture douteuse. 17 Pour être complet il faudrait ajouter le n° 69 de la publication de M. T. Manni Pirai no : Τ[ι]μοκλες.
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Le nom du dédicant est au génitif. 146 - Le même nom sur trois pieds de vases du VIe siècle. a) P. Orlandini, RM 63 (1956) p. 145-146 n° 7 et 8, fig. 4 et 5 (SEG XVI, 548-549; Bull. 1958 n°562); M. Guarducci, Annuario, 1959-1960, p. 266-267. ά Δεινία _^__
// /v^-'v-^A \ \\
Δεινία
b) P. Orlandini, RendLinc 1965, p. 454-455, fig. 1; A. Dell'Aira, Kokalos, 14-15 (1968-1969) p. 203, tab. 19, fig. 1.
ά Δεινία
'/
L'hypothèse faite par M. Guarducci pour rendre compte d'une contamination secondaire entre le nom Δεινίας et les nombreux sobri quets à préfixe négatif alpha est invraisemblable comme l'ont bien vu les auteurs du SEG et du Bulletin. Je propose de lire ά (κοτύλα/κύλιξ) Δεινία, avec une absence de notation de l'aspiration dans un mot outil. Le même type d'abréviation se rencontre en 175d et, sans doute, dans le graffite ά Ταταίας d'un petit vase de l'Agora d'Athènes cité par M. Guarducci, art. cit. p. 266 (cf. Ταταίες έμί XéquOoç à Cumes, Landi n° 7). En b, je ne pense avec Dell'Aira que le petit signe V de la fin du nom soit un upsilon et que l'on soit en présence d'un génitif de type arcado-chypriote en -αυ(-αο : il doit s'agir d'un élément adventice. 147 - Pied de kylix à vernis noir; diam. 7,3 cm; Ve in. Pubi.: P. Orlandini, RM 63 (1956) p. 144-145, n° 6, pi. 60, 4 (SEG XVI, 556; LSAG n° 50, p. 278, pi. 53; Griffo-von Matt, Gela 1964, p. 112). R. Arena, ZPE 63 (1986) p. 181-182. Cf. M. L. Lazzarini, RivFil 1984, p. 408, n. 3 : nom du propriétaire.
GELA
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Παντάρεός είμι και τον φίλον qoiva είμι. «J'appartiens à Pantarès et je suis aussi celle qu'il partage avec ses amis». Si, avec M. L. Lazzarini et R. Arena, on lit un chi «bleu» au quatriè me signe, on obtient le génitif de Πανχάρης. Si en revanche on s'en tient à la lecture traditionnelle d'un tau mal barré comme en 163, on obtient le génitif du nom Παντάρης, connu à Gela environ deux générations plus tôt comme celui du père des tyrans Cléandre et Hippocrate : voir Hérodote VII 154, et ci-dessus 132. L'absence d'exemples nets de chi «bleu» à Gela me fait préférer la seconde hypothèse selon laquelle cette coupe aurait appartenu à un homonyme du célèbre Géléen. 148 - Pied de kylix à vernis noir; diam. 6,2 cm; inscription très peu soignée; Ve in. Pubi. : M. T. Manni Piraino, Miscel. E. Manni. V p. 1784-1785, n° 13; C. Gallavotti, ibid. Ill p. 1020-1021. Cf. L. Agostiniani, Kokalos 26-27 (1980-1981) p. 523; Le «iscrizioni parlanti», 1982, p. 41; H. Rix, MSS, 46/3 (1985) p. 208 : la mise en garde.
Σκυτα έμί · με θίγες.
«J'appartiens à Skytas; ne touche pas» Cette interprétation obvie est due à Gallavotti. Pour le nom épichorique Σκυτας voir n° 143b. La formule μη θίγης se retrouve au présent dans une inscription funéraire de Théra : με θίνγανε IG XII 3, 451 (Ve). Cette mise en garde à l'adresse d'éventuels voleurs se retrouve dans l'inscription de Cumes DGE 786 = Landi n° 7 : hòc δ' αν με κλέψει, θυφλος εσται. Pour le destin étrusco-italique de cette «Diebstahlverbotformel» (type ne attigas), nous renvoyons aux remarques de Rix et d'Agostiniani.
LES COLONIES RHODIENNES
170
149 a) M. T. Manni Piraino, Miscel. E. Manni, 1980, V, p. 1781-1782, n° 10. Cf. M. Lejeune, ibid. IV, p. 1312 : correction.
Μέλισσας έ(μ)ί
Le mu de forme ΛΛ se retrouve couramment à Sélinonte. Ni la coupe Μέλισσας εει ni Μέλισσα σεει ne fournissent un syntagme cohérent : la correction s'impose. Le même nom féminin en 168c. b) Ibid. p. 1789-1790, n°21.
Ηαρμοδίο
c) P. Orlandini, RM 63 (1956) p. 146-147, n° 10, fig. 7 (SEG XVI, 561; M. L. Lazzarini, Formule n° 420d).
Μέγα
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d) Ibid. p. 148, n° 12, fig. 9 (SEG XVI, 557; Formule, n° 420e).
Άριστάρχο
e) Ibid. p. 150, n° 16, fig. 13 (SEG XVI, 558; Formule n° 420f).
Τιμάνθεος
f) Ibid., p. 150-151, n° 17, fig. 14 (SEG XVI, 559).
Λίβυο[ς]
Pour le nom Λίβυς, on se reportera aux remarques de Wilhelm, Jahreshefte 25 (1929) p. 63-64, et à celles d'O. Masson, BCH 1979, p. 76. g) Ibid. p. 151-152, fig. 115 (SEG XVI, 565; Formule n° 420g).
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LES COLONIES RHODIENNES
Σιβύλλο
Le graveur a commencé à inciser Σι au-dessus. Le nom Σίβυλλος ma semble unique : il s'agit, phénomène très rare, d'un masculin bâti sur le sobriquet féminin Σίβυλλα attesté par exemple à Thespies, BCH 1958, p. 115, n°55. M. L. Lazzarini, o.e. p. 119-120, a estimé que le génitif signifiait «offrande de»; il pourrait aussi s'agir d'une simple désignation de pro priété. Le nom est au datif (?). 150 M. T. Manni Piraino, Miscel. E. Manni 1980, V, p. 1794, n° 28. Cf. L. Agostiniani, Kokalos 26-27 (1980-1981) p. 517-519.
Άλκιμίδαι
Le même nom au nominatif en 144e. La présence d'un datif a été expliquée par Agostiniani, soit comme une influence des peuples en contact avec les Elymes dans la langue desquels, semble-t-il, la posses sionétait exprimée à ce cas, soit comme un datif d'avantage. Néan moins, eu égard à la rareté du datif18 on pourrait se demander s'il ne faudrait pas corriger Άλκιμίδαι en Άλκιμίδα(ς) ou Άλκιμίδα|ιί. On ne doit pas exclure non plus qu'il puisse s'agir d'un gentilice au nominatif pluriel. 18 C'est vraisemblablement aussi le datif qui apparaît dans l'énigmatique Φενφαι η° 37 de la même publication.
GELA
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Inscriptions sur des objets divers 19 151 - Pentamètre sur le pied d'une lampe provenant de Gela; au British Museum; reg. 1863. 7-28; ca 335-280. Kaibel, Epigrammata n° 1131; M. J. Milne-D.v.Bothmer, Hesperia 22 (1953) p. 221-222; D. M. Bailey, Catalogue of the Lamps in the British Museum I, 1975, p. 310-311, n° Q 666, pi. 2; C. Gallavotti, Metri 1979, p. 63.
Ειμί δε Παυσανία του καταπυγοτάτο(υ) La particule δέ est une cheville métrique. Le signe X semble être une ligature, phénomène très curieux pour cette époque. Καταπυγότατος est un superlatif qui ne surprend pas en Sicile : le comparatif καταπυγότερος est attesté chez Sophron 63 Κ : il correspond à l'adjectif κατάπυγος connu chez les Grammairiens à titre de variante du terme infamant très courant καταπύγων attesté d'ailleurs lui-aussi en Sicile sur un graffite du IVe siècle20. L'inscription salace de cette lampe est du même registre que celle du vase de Montagna di Marzo, 167.
19 Je ne reprends pas ici l'inscription apotropaïque Ηρακλής ένθα κατοικεί, μη σίτω μηθέν κακόν qui figure sur un oxillum d'argile car elle est rédigée en koinè du IIIe siècle ; voir P. Orlandini, Kokalos 14 (1968) p. 330-331, tab. XLVIII, 2. 20 Sur une stèle découverte à 7 km au Sud de Palazzolo Acreide : on ne lit plus que θρασύς «audacieux» et καταπύγων; voir G. Manganaro, Helikon 2 (1962) p. 493-496, fig. 12 (Bull. 1964, n° 625).
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LES COLONIES RHODIENNES
152 - Poids de bronze inscrit muni d'un anneau trouvé sur le flan Nord de l'acropole; pourrait être votif; 418 gr; Ve siècle. Pubi. : P. Orlandini RM 63 (1956) p. 143, fig. 3, pi. 60, 2 (SEG XVI, 547).
Δαμοσ(ί)α
En Sicile, la même inscription figure sur un petit poids pyramidal de bronze du musée de Syracuse (Orsi, MonAnt 17 (1906) 679, n. 1, fig. 510). Le poids de 418 gr correspond à celui de deux talents anciens d'argent (208,8 gr χ 2). 153 - Poids de bronze en forme d'osselet, surmonté d'un anneau; 930 gr; inscription soignée sur un côté; au Kunsthistorisches Museum de Vienne; Ve in. Pubi.: CIG 8521; IGA 513; IG XIV 593 = 2419.7; SGDI 4249; Kubitschek, Jahreshefte, 10 (1907) p. 127, pi. VI; DGE 305; LSAG n° 51, p. 278 et 273, pi. 53; M. Guarducci, Ep. Greca I, n° 3, p. 253-254; II p. 476. I
«J'appartiens aux Géléens»
154 - Inscription sur le bord gauche extérieur d'une matrice d'ar gile; il doit s'agir de la signature de l'artisan potier qui a écrit son nom avant la cuisson; ca 330. Pubi: P. Orlandini, RM 63 (1956) p. 142-143, n° 3, pi. 60, 2 (SEG XVI, 546).
Νικίας
ENVIRONS DE GELA
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ENVIRONS DE GELA
BlTALEMI Sur la petite colline sablonneuse située à l'Est de l'embouchure du Gelas, en face de l'Acropole, les fouilles d'Orsi, puis, beaucoup plus récemment, celles de P. Orlandini ont mis au jour un sanctuaire chtonien consacré à Demeter Thesmophoros qui a fourni des milliers d'obj etsvotifs; la céramique permet d'établir que le sanctuaire a été occupé de 650 à la destruction de la cité en 405 21. 155 - Fragment de vase attique (couvercle de pyxide?) découvert dans la chapelle G 1, comportant un graffite incisé circulairement sur deux lignes; ca 550. Pubi. P. Orlandini, Kokalos 12 (1966) p. 20-21, tab. X, 4 (Lazzarini, Formule n° 586, et p. 125). Cf. P. Orlandini, Kokalos 13 (1967) p. 178-179 : sens de σκανά; RIASA 1968, p. 40-41, pi. 25 : l'anthroponyme; Kokalos 14-15 (1968-1969) p. 338 : formule votive.
hiapà θεσμοφόρο, έκ τας Δίκαιος σκανάς.
«Consacrée à Thesmophoros, de la part de la skana de Dikaiô». On constate un repentir du graveur à la fin de l'inscription ; le thêta ne semble avoir été doté que d'une seule barre alors que le phi en a deux. 21 Pour l'évolution de l'architecture sur cette colline à l'époque archaïque, voir G. Fio rentini, Annuario, 1983, p. 70.
LES COLONIES RHODIENNES
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La première ligne a permis d'identifier la divinité honorée sur la colline : Demeter Thesmophoros dont le culte est ici attesté pour la pre mière fois en Sicile dans une inscription : c'est donc sûrement de Gela que le culte a été importé à Agrigente où, selon Polyen, Strai . V, 1, 1, on célébrait des Thesmophoria dès l'époque de Phalaris, ca 570. Orlandini estime que le terme σκανά désigne le bâtiment de bois, dont on a retrouvé le soubassement en brique crue, qui servait à abriter les femmes qui participaient aux Thesmophoria. Deux faits doivent être rappelés. Dans le règlement d'Halaesa, n° 196, le terme σκανά figure comme point de repère, I, 1. 39-46, et ce devait par conséquent être un bâtiment assez solide. Dans la loi sacrée d'Elatée, LSCG n° 82 (Ve), le verbe σκανεν a le sens de θοινάσθαι « participer à un repas cérémoniel » (Έν τοι /τανακείοι θύοντα σκανεν). Ici la σκανα doit être une désignation métonymique de l'ensemble des femmes qui banquettent sous la prés idence de Dikaiô. Le nom de femme Δικαιώ est bien attesté : en Thessalie, IG IX 2, 156; à Athènes, pour une Corinthienne, IG II2 9064; à Bouthrôtos en Epire, Actes du colloque sur l'esclavage, 1974, p. 133, n° XIII, 1. 7 (IIIe). 156 - Découverts au même endroit, une trentaine de poids d'argile votifs qui portent tous la même inscription; hauteur: 6-7 cm; Ve siè cle. Pubi. P. Orlandini, RendLinc 20 (1965) p. 455-456; Kokalos 12 (1966) p. 20, pi. X, 3. Cf. P. Mingazzini, RendLinc 1974, p. 213-214.
θεότιμος Selon Mingazzini il s'agirait du nom du potier. Pour d'autres poids inscrits, voir comm. au n° 175. 157 - Graf fi te énigmatique sur un pied de kylix attique découvert au même endroit; ca 500. Pubi.: P. Orlandini, RendLinc 20 (1965) p. 455, fig. 2; F. Cordano, RivFil 1985, p. 158-159. Γελοι
ENVIRONS DE GELA
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Le petit trait final est curieux. Pour F. Cordano ce graffite devrait être compris comme un nom féminin en -ώι, Γελώι bâti sur le radical du toponyme ou de l'hydronyme.
Localité de Peppana, au Nord-Ouest de Gela 158 - Fragment de vase à vernis noir; Ve ex. Pubi.: Pubi. P. Orlandini, RendLinc 20 (1965) p. 456-457, n° 6, pi. II, 2. [
]ειδεΓέλας[
]
C\ Δ£Γ Γ
Ε*
Λ At
Inscription énigmatique car Γέλας est, soit le nominatif de l'hydro nyme,soit le génitif du toponyme.
Localité de Cianciana à 5 km au Nord-Est de Gela 159 - Inscription sur la paroi verticale d'un petit cylindre de bronz e, ouvert d'un côté et fermé de l'autre, qui devait s'adapter à la poi gnée d'une arme, épée ou poignard; h.l. 5 mm; au musée de Gela; IV/IIP siècle. Pubi. : P. Orlandini, Kokalos 3 (1957) p. 96-97, fig. 24 (SEG XIX, 610); RIASA 1968, p. 54-55. ι? _ Βώτακος τώι Ήρακλεΐ. Le nom du dédicant Βώτακος est connu à Delphes, BCH 1958, p. 84, 1. 2; le rapport avec la racine de βόσκω/βώτωρ n'est pas certain.
Phintias-Licata C'est grâce aux deux grands décrets des Géléens déportés après l'attaque mamertine de 286 (Diodore XXII, 4) dans la cité de Phintias qu'il est possible d'avoir une idée des institutions géléennes de la pério de antérieure à la déportation.
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LES COLONIES RHODIENNES
160 - Décret des Géléens découvert à Cos par lequel est acceptée l'asylie du sanctuaire d'Asclépios et reconnu le concours instauré en 242. Quatre fragments d'un stèle opisthographe découverts dans l'Asclépieion; h.l. 10 mm. Pubi. Herzog-Klaffenbach, Asylieurkunden aus Kos, in Abh. Berlin 1952, 1, n° 13 p. 23-24 (SEG XII, 380; R. B. Harlow, Eine Dialektanalyse der koischen Asylieurkunden, Zürich 1972, p. 62-75). Cf. L. Robert, Bull 1953, n° 152; G. Manganaro, Historia 13 (1964) p. 416-418; S. M. Sherwin-White, Ancient Cos, 1978, p. 80-81 : parenté avec Cos; p. 329-330 : 1. 25.
b
[ δεδόχθαι έπ' άγαθαι τύχαι και όμο][νοίαι και σωτηρίαι του δάμου τώγ Γελώιων και των] [Κώιων · το ιερόν άσυλο ν είμεν του Άσκλαπιου, χ]ωρά[ξαι δε τάν τε άσυλίαν και τάν θυσίαν και τού]ς άγώ5 [νας εις τους νόμους]. vac. [βούλας φέρουσας εδοξε ται άλίαι · έπει]δή οί Κώι[οι συνοικισταί έγένοντο τας πόλιος ά]μών Γέλας [υπαρχόντων τε αύτοΐς παρ άμεϊν τ]ώμ μεγίστω[ν] [και αναγκαιοτάτων, συγγενείας] τε και οίκιστ[εί]10 [ας και ίσοπολειτείας, άποστεί]λαντες άρχιθ[έ][ωρον Έπιδαύριον Νικάρχου, θ]εωρόν Σωσίστρα[τον Καφισίου έπαγγέλλοντι τ]άν θυσίαν, αν θύο[ν][τι τώι Άσκλαπιώι, και τους] αγώνας, ους τίθεντι [μουσικόν και γυμνικόν κα]τά πενταετηρίδα, και 15 [άξιώντι δεϊν κοινων]εΐν ταν άμάμ πόλιν [έμφανίζοντες ταν οίκει]ότατα και εύνοιαν [ταΐς πολίεσσι, καλ]ώς δε έχον εστί τάν τε έ[παγγελίαν παρ' αύ]τών δέχεσθαι και φανερόν πο[ιήσαι αύτοΐς], διότι μνάμαν έχοντες διατε20 λουμ[ες τάς] υπάρχουσας ποτ αυτός (!) συγγενείας εν τε ταΐς πατρ[ί]οις θυσίαις, αίς παρελάβομες παρ' αυτών, και έν ταϊς παναγυρίεσσι κατακαλοΰντες αυτούς καθά και τους άλλους οίκιστάς, δε δόχθαι έπ' άγαθαι τύχαι και ύγιείαι και σωτηρίαι 25 και όμονοίαι του δάμου τώγ Γελώιων και τών Κώιων · δέξασθαι παρ' αυτών (τάν) τε θυσίαν, άμ ποιεΰν-
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ται τώ[ι Ά]σκλ[α]πιώι, και τους αγώνας · ο καλεΐν δε και έπί ξ[ένια τους θ]εωρούς τούτους τε και τους άεί παρ[αγινομέν]ους πάσσας (!) τας άμέρας, ας κα έπιδα[μέωντι · διδό]ντω δε αύτοΐς και οι πωλητήρες εις [τε ταν] θυσ[ίαν κα]ί ταμ πομπαν τώι Άσκλαπιώι, οσσο[ν κ]αί τοις [τ]α 'Ολύμπια περιαγγελλόντεσσι, άρ[γυ]ρίου δοκίμου [δέ]κα μνας · θυσάντω δε και οί θεωρο[ί μ]ετα τών ίερ[ομναμόνω]ν(?) και ίερ[α]πόλων έπί τάς εστίας τας κ[οινας ?·.!? . άρ]νας και έν τώι [Ασκ]λαπιείωι ίε[ρεΐον τέλειον υπέρ] του δάμου τώ[γ Γελώιων και τών Κώιων · οί δέ πωλη]τήρες δ[όντω αύτοΐς ]
Les amples restitutions du début du texte sont inspirées par la comparaison avec le décret de Camarine qui a le même objet : que le lecteur se reporte donc au commentaire de l'inscription 117. Il manque de toute évidence l'intitulé du décret; les lignes 1-5, dont il ne reste que la fin, devaient, si du moins on admet ces restitutions, comporter le probouleuma du décret qui va être développé dans la suite. Comme ce document est la transcription sur pierre du texte que les Géléens ont remis aux théores de Cos pendant leur voyage dans l'Ouest, l'authentic ité dialectale de toutes les formes n'est pas assurée. L. 9. L'abstrait οίκιστεία est un hapax correctement enregistré dans le Supplement du LSJ; son sens doit être légèrement différent de celui de οίκειότας qui apparaît sans doute à la ligne 16 et vraisembla blement plus précis: «sentiment d'amitié éprouvé par des descendants de colons à l'égard de la métropole». L. 17. La formule hellénistique καλώς δέ έχον εστί étudiée par Holleaux, Etudes, III, p. 236-239 (= BCH 1933), introduit la seconde partie des considérants, dont le contenu est identique à celui de la formule improprement appelée hortative qui débute par όπως dans d'autres décrets. L. 20. ποτ' αυτός : Harlow, à juste titre, a estimé que le graveur avait employé ici la forme d'accusatif de son propre dialecte, voir Bechtel, GD II p. 572. L. 23. οίκιστάς : le fait que les habitants de Cos soient ici désignés
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LES COLONIES RHODIENNES
comme des oikistai22 par les Géléens a incité Herzog, Heilige Gesetze, 1926, p. 45, à corriger chez Plutarque, Timoléon, 35, 2, Γόργος έκ Κέω en έκ Κω, dans le passage où il est dit que Timoléon en 339/8 a fait appel à différentes cités grecques pour repeuplée Gela. Admise par Klaffenbach, Manganaro et S. M. Sherwin- White23, cette correction n'est pas adoptée dans l'édition des Belles-Lettres. L. 26. L'article τάν est omis sur la pierre. L. 29. πάσσας : il ne peut guère s'agir que d'une dittographie fauti ve24. L. 30-31. oi πωλητήρες : les πωληταί sont des magistrats financiers connus dans de nombreuses régions grecques; les πωλητηρες, forme dorienne plus ancienne, ne sont attestés qu'à Delphes (πωλητηρες τάν δεκατάν FD ΠΙ/5, 20, 1. 88) dans les comptes du IVe siècle25; et curieuse ment chez Philon d'Alexandrie, De Cherubim, 5, 123. L. 33. άρ[γυ]ρίου δοκίμου : il est difficile de savoir si la mention d'apYOpiov δόκιμον «argent au cours légal» est une simple formule fr équente dans les décrets hellénistiques, ou s'il s'agit d'une allusion à un récent changement de type monétaire26; voir O. Picard, RNum 1974, p. 151-154, Chalcis et la confédération eubéenne, 1979, p. 10-1 127, et Hommages . . . L. Lerat, 1984, II, p. 683-684. L. 34-35. ίερ[α]πόλων : pour l'importance de cette fonction religieus e, voir l'intitulé du décret suivant. L. 37-38. [Ασκ]λαπιείωι : unique mention d'un culte d'Asclépios à Phintias-Licata; il pourrait s'agir d'un culte importé à Gela par les oikistai appelés par Timoléon.
22 Le terme signifie «ensemble des participants à une fondation» : voir M. Casevitz, Le vocabulaire de la colonisation, 1985, p. 106. 23 L'auteur fait allusion à un premier contingent venu de Cos vers 490. On se reporte ra à la note 273, p. 80, pour le point sur cette correction qui ne semble pas admise par Jenkins, The Coinage of Gela 1970, p. 17. 24 La même explication vaut sans doute aussi pour l'éléen άνταποδιδώσσα DGE 425, 1.17. 25 Cf. G. Roux, RevArch 1966, p. 252 sq. 26 II est curieux que Jenkins n'ait pas commenté ce passage. 27 Sur l'argent δόκιμον et sa vérification, voir la loi monétaire publiée par Stroud, Hesperia 1974, p. 158-188 (375/4) et le compte rendu de L. Robert, Bull. 1977, n° 146. On pourra aussi voir l'article de Caccamo Caltabiano-Radici Colace, ASNP 13 (1983) 1-2, p. 421-447.
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Traduction : «( plaise pour la bonne fortune, la concorde et le salut des peuples de Gela et de Cos, (de considérer) le sanctuaire d'Asclépios comme inviolable), d'insérer (cette inviolabilité, le sacrifice et les concours dans les lois). (Sur proposition du conseil, il a plu à l'a ssemblée); attendu que les gens de Cos ont participé à la fondation de notre cité, Gela, qu'ils trouvent chez nous les biens les plus grands et les plus nécessaires, la parenté, des sentiments d'amitié et l'égalité des droits civiques; attendu qu'ils ont envoyé comme archithéore Epidaurios, fils de Nikarchos, comme théore Sôsistratos, fils de Kaphisios, pour annoncer le sacrifice qu'ils offrent à Asclépios et les concours qu'ils instituent tous les quatre ans, concours musical et concours gymn ique, et attendu qu'ils estiment qu'il faut que notre cité y participe en mettant en évidence les étroites relations d'amitié et leur dévouement pour les cités; attendu d'autre part qu'il est bien de répondre favorable ment à leur annonce et de leur montrer clairement que nous ne cessons d'avoir en mémoire nos liens de parenté avec eux en les invitant, eux comme les autres fondateurs, et dans les sacrifices ancestraux que nous avons reçus d'eux et dans les panégyries, plaise, pour la bonne fortune, la santé, le salut et la concorde des peuples de Gela et de Cos, d'accept er favorablement le sacrifice qu'ils offrent à Asclépios et les concours ; d'inviter ces théores-ci et ceux qui par la suite se succéderont à un repas d'hospitalité tous les jours qu'ils séjourneront chez nous ; que les polètes leur donnent pour le sacrifice et la procession en l'honneur d'Asclépios autant qu'à ceux qui annoncent les concours olympiques, dix mines d'argent vérifié; que les théores sacrifient avec les hiéromnamons et les hiérapoloi sur le foyer de la cité (des victimes) mâles et dans l'Asclépieion une victime parfaite au nom des peuples de Gela et de Cos; que les polètes leur donnent. . . .». 161 - Décret en l'honneur d'un gymnasiarque. Stèle de marbre gris surmontée d'un fronton, découverte près de Licata en 1660; à la mairie de Licata; gravure peu soignée; A, Ω., Ξ, ί, C et Σ; h.l. : 1. 1-3,15-20 mm; ensuite, 10 mm; Ier siècle av.28.
28 Cette inscription a été considérée comme un faux par D. Adamesteanu, IIIe Congr. intern, épigr. gr. rom, 1959, p. 425-430 : sur cette hypothèse très certainement inexacte, voir L. Robert, Bull. 1960, n° 463.
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Pubi. : Franz, CIG III, 5475 (IG XIV 256; Michel 552; SGDI 4250; DGE 306); M. Feyel, REG 1935, p. 371-392 et 623-624. Cf. Wilhelm, Jahreshefte 4 (1901) Beibl 21-22 : 1. 18-19; G. Daux, REG 1935, p. 623: 1.5, 7, 42; L.Robert, REG 1936, p. 14-16: 1.27-28; M. Feyel, REG 1937, p. 42-49 : réponse à L. R.; G. Manganaro, ASNP 7 (1977) p. 1349, n° 84 : abréviation 1. 47. Έπί ίεραπόλου Άριστίωνος του Ίστ[ια]ίου, κατενιαυσίου Σώσιος του Νυμφοδώρου,
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λαν άναθέμειν είς το γυμνά σιον· είς δε τάν κατασκευάν τας στάλας έξοδιάξαι το(ύς)Τρι
βούλας άλίασματα δευτέρας έξαμή-
άκοντα μέρος καθά κα βουλά 5 νου, Καρνείου τριακάδι, προκαι άλία γράφωσιν. 30 Ό δαμος τών Γελώιων έπαινεϊ στάτας και στεφανώι τον γυμνασίΊπποκλης Ίπποκλέος · στεφά αρχον νου γυμνασιάρχωι. Έδοξε τςι άλίαι καθά κα[ί τ]αι βουλαι · επειδή ό άιρημένος γυμνασίαρχος ες τον σατες ίο ενιαυτον Ήρακλείδας Ζωπύρου έπιμέλειαν πεποίηται των τε εφήβων και νεωτέρων και των άλλων των αποδυομένων εις το γυμνάσιον, τά τε άλλα τα κατά το is γυμνάσιον καλώς διαπεπραγμέ νος εστί, άξια πράσσων αύτου τε και τας των προγόνων άρετας, καλώς ούν έχον εστί στεφανώσαι έν τα! άλίαι τον τυ20 μνασίαρχον Ήρακλείδαν Ζω πύρου ελαίου στεφάνωι επιμε λείας ένεκεν και φιλοπονίας τας κατά το γυμνάσιον · το δε δόγμα τόδε κολαφθέν είς στά-
Ήρακλείδαν Ζωπύρου ελαίου στε φάνωι
επιμελείας ένεκεν και φ
ιλοπονίας τας κατά το γυμνά35 σιον. Έφηβοι οί στεφανωθέντες · Άσκλαπιάδας Άσκλαπιάδα, Άρτέμων Εύθυμου, Άνταλλος 'Αντάλλου, 40 Πολύξενος Άγαθάρχου, Πρώταρχος Πρω(τ)02χου, Γελώιος Γοργίλου, Άριστίων Νυμφοδώρου, Σωσίπολις Ισιδώρου, 45 Νίκαρος Πυρρομμ[ϊος] 'Απολλώνιος Σατ(ύ)ρου, Ζώπυρος Ήρακλείδα ΧΑΡ.
Les lettres soulignées sont celles que Feyel ne distinguait plus.
ENVIRONS DE GELA
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L. 1. Le ίεραπόλος éponyme a donc la même fonction que le hiérothyte d'Agrigente, 185, 1. 1. Ce titre se retrouve dans le décret précédent I. 34-35, ainsi que dans l'intitulé des inscriptions IG XIV 257-258. La mention d'un ίεραπόλος éponyme est particulièrement bien attestée à Actium en Acarnanie, au IIIe siècle, IG IX l2, fase. 2, 208-209, et IG V 1 29. L. 2. Le patronyme Ίστάτιος ou Ίστάγιος lu par Feyel est impossib le à admettre. Le magistrat appelé κατενιαύσιος n'est attesté qu'à Gela, ici et en IG XIV 257 (= SGDI 4251) : il s'agit d'une hypostase du syntagme κατ' ένιαυτόν άρξαι Thucydide I, 93, que l'on rapprochera de έπιμήνιος. L. 4. Comme à Agrigente, 185, 1. 8, et à Entella, passim, le terme άλίασμα a le sens de «décret»29 et est très vraisemblablement un équi valent de δόγμα 1. 24 30. Quant au pluriel άλιάσματα, à la place du singul ier attendu, il s'agit d'un fait assez banal attesté notamment en Attique : Syll.3 540, 1. 4 ψηφίσματα, 1. 52 ψήφισμα (IIIe). L. 4-5. Le décret d'Agrigente, 185, 1. 8, ainsi que le caractère non isolé du pluriel άλιάσματα rendent superflue la correction de Feyel άλίασμα τα(ς) δευτέρας εξαμήνου. La division de l'année en deux semestres pourrait être un héritage rhodien : cf. Polybe XXVII, 7, et Walbank, Commentary in Polybius, III, p. 302-303. A Agrigente en re vanche, on observe une division en six bimestres. L. 5. En Sicile, le mois Καρνεΐος est attesté à Agrigente, 185, 1. 8, et à Taormine, IG 427, 1. 23 : il s'agit encore vraisemblablement d'une importation rhodienne, cf. Samuel 1972, p. 109. L. 6-7. στεφάνου γυμνασιάρχωι : il s'agit d'un génitif de titre qui est un emploi particulier du génitif de point de vue ou de rubrique; son emploi est surtout attesté à l'époque hellénistique, voir Debrunner GG II, p. 131, avec un renvoi à l'excellente étude de Nachmanson, Eranos 9 (1909) p. 30-81. L. 9-10. ές τον σατες ένιαυτον: de cette formule on rapprochera l'expression attique ή τήμερον ήμερα «le jour d'aujourd'hui»; l'adverbe
29 Chantraine, DELG p. 59, voit dans ce mot un déverbatif de άλιάζομαι «se réunir», attesté en composition dans le causatif συναλιάζω «faire se réunir», Aristophane, Lys. 93 : Γάλίασμα est donc la conséquence concrète du fait de se réunir, ce sur quoi débouche la réunion. 30 La traduction par « session » de Feyel est indéfendable.
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dorien σάτες attesté chez Hésychius correspond à l'attique τήτες ( * kyä-wetes. L. 13-14. των άλλων των άποδυομένων εις το γυπνάσιον : le gymnasiarque s'était donc occupé avec soin des différentes catégories de jeu nes gens mais aussi d'autres utilisateurs du gymnase définis ici concrè tement par l'expression «ceux qui se déshabillent pour aller au gymnas e»31;on comparera chez Lysias, Contre Cteisis (p. 402, éd. Albini) άπεδύσατο εις την αυτήν παλαίστραν; ce déshabillage avait normalement lieu dans Γάποδυτήριον «le vestiaire», voir J. Delorme, Gymnasion 1960, p. 296-301. L. 18. L'expression καλώς ούν έχον εστί qui se trouvait déjà dans le décret de Cos, 160, 1. 17, équivaut ici à δεδόχθαι et introduit donc les résolutions. L. 21. ελαίου et non έλαίας : il faut donc admettre l'existence en Sicile du terme ελαιος «olivier sauvage», déjà connu par Pindare et Sophocle, voir Chantraine, DELG, s.v. έλαία. L. 24. Pour le verbe κολάπτω «graver», voir comm. au n°78, 1. 8-9. L. 27. Comme le verbe έξοδιάξαι a, à Agrigente, 185, 1. 26, pour sujet le ταμίας, on admettra la correction de Wilhelm το(ύς) Τριάκοντα μέρος malgré l'avis contraire de Feyel32. Les Τριάκοντα sont un collège de trésoriers; rappelons que les logistai d'Athènes au Ve siècle s'appel lent aussi les Τριάκοντα dans l'inscription IG I3 52, 1. 8. L. 28. Pour le sens de μέρος «somme d'argent» (avec ici une absen ce surprenante de l'article) on rapprochera, avec L. Robert, l'expres sion τον ταμίαν το μέρος ύπηρετήσαι à Magnésie du Méandre, /.ν. Magri. 5, 1. 33-34. L. 28-29. Ingénieuse proposition de lecture de Wilhelm. Feyel quant à lui lisait καθά κα [ά] βουλά καταν(α)γραφήσηι, ce qui suppose un aoriste actif κατανεγράφησα qui n'existe pas33. Les lignes 30-35 contiennent le texte de la proclamation même des honneurs décernés dans l'assemblée au gymnasiarque.
31 Ce qu'avait bien vu Sicca 1924, p. 168. Une interprétation erronée chez Feyel qui a été influencé par Bechtel, GD II, p. 652. 32 Celui-ci croyait à la présence d'un collège élu pour trente jours. 33 Dans les inscriptions IG XII 1, 1953, 1. 22 de Karpathos, et IC I, p. 113, n°4, 1. 19, invoquées par Feyel, άναγραφησεΐ est, sans équivoque possible, un futur passif : voir Bechtel, GD II p. 757.
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L. 30. Le génitif Γελώιων, appliqué aux habitants de Phintias, se retrouve en particulier sur les monnaies des IIe et Ier siècles av., cf. G.K.Jenkins, The Coinage of Gela, I 1970, p. 116-119 et 285-287, II pi. 32 34. Cicéron Verr. II, 3, 103, et 4, 73, raconte les malheurs que Ver res a fait subir aux Gelenses. L. 31. στεφανώι : pour la flexion on rapprochera αξιώντι dans le décret de Camarine 117, 1. 16. Bechtel, GD II p. 84, 541, 612, et 643, est ime que l'on est en présence d'une contraction de -ω-ει; Buck, p. 124125, explique cette désinence dorienne -ώι par -οει ce qui est moins satisfaisant. Liste d'éphèbes. L. 34. Άνταλλος : nom typiquement sicilien : cf. n° 192. L. 41. Sur la pierre πρωπ. L. 42. Malgré Feyel, j'adopte la lecture Γοργίλου de G. Daux. L. 45. On ne corrigera donc pas en Νίκαρ(χ)ος avec Feyel : cet hypocoristique a le même suffixe -αρος que Λεύκαρος à Agrigente, 184, 1. 2-3. La lecture du patronyme est délicate : s'il faut lire Πυρρόμμ[ιος] avec Feyel, on verra dans Πύρρομμις un hypocoristique à géminée expressive de Πυρρόμαχος. L. 46. Sur la pierre σατρρου. L. 47. Il pourrait s'agir du fils du gymnasiarque honoré. Ce qui suit pourrait être l'abréviation d'un nom de tribu. Traduction : «Aristion, fils d'Histiaios étant hiérapolos; Sôsis, fils de Numphodôros étant magistrat de l'année; décret du second semest re, le trentième jour du mois de Karneios; sous la présidence d'Hippoklès, fils d'Hippoklès; au sujet de la couronne pour le gymnasiarque. Il a plu à l'assemblée conformément à l'avis du conseil; attendu que le gymnasiarque élu pour cette année, Héracleidas, fils de Zôpuros, s'est occupé avec soin des éphèbes, des plus jeunes et des habitués du gymn ase, et qu'il s'est acquitté d'une manière impeccable de tout ce qui concerne le gymnase, en accomplissant des actes dignes de lui et de la vertu de ses ancêtres, il est donc bien de couronner le gymnasiarque
34 A la page 119 de cet excellent ouvrage on trouvera des remarques tout à fait inté ressantes sur la forme comparée des lettres dans les légendes monétaires et dans les ins criptions.
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Héracleidas, fils de Zôpuros, dans l'assemblée, d'une couronne d'olivier pour le soin avec lequel il s'est occupé du gymnase et le mal qu'il s'est donné; que ce décret soit gravé sur une stèle qui sera érigée dans le gymnase; pour la préparation de la stèle, que les Trente débloque la somme conformément à la motion qui sera rédigée par le conseil et l'assemblée, vacat Le peuple des Géléens décerne l'éloge au gymnasiarque Héracleidas, fils de Zôpuros, et le couronne d'une couronne d'oli vier pour le soin avec lequel il s'est occupé du gymnase et pour le mal qu'il s'est donné. Ephèbes couronnés : Asclapiadas, fils d'Asclapiadas etc. ».
REGION DE GELA
Bien qu'il soit archéologiquement certain que l'expansion géléenne ait suivi les vallées du Gelas et de ses affluents, ces régions du Nord-Est de Gela n'ont malheureusement pas fourni d'inscriptions qui puissent être considérées comme rhodo-géléennes35. Ce sont en effet l'Ouest et le Nord-Ouest de Gela, et surtout les vallées supérieure et moyenne du Salso, où la pénétration géléenne a été relayée par celle de Phalaris d'Agrigente, qui ont fourni la majorité des inscriptions de l'arrière-pays de Gela. On estime en général que cette zone d'influence36 s'est exercée jusqu'au site grec de Resuttano à quelque 70 km au Nord-Nord-Ouest de Gela. Nous présentons ces inscriptions dans un ordre croissant d'éloignement par rapport à Gela.
Butera A 14 km au Nord-Ouest de Gela, Butera est l'un des premiers cen tres de l'arrière-pays hellénisé par les Géléens à partir des années 675.
35 Cette région a en revanche fourni les inscriptions ioniennes n° 15. 36 L'article fondamental sur la question reste celui de P. Orlandini, Kokalos 8 (1962) p. 69-121.
RÉGION DE GELA
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162 - Graf fite dédicatoire sur la lèvre d'un vase noir de facture peut-être ionienne, découvert dans la localité de Marchito à 6 km à l'Est de Butera, sur les pentes du mont Disueri, dans l'exploration des ruines d'un édifice grec; VIe ex. Pubi. : P. Orlandini, Kokalos 8 (1962) p. 83, tab. IX h; M. Guarducci, Kokalos 10-11 (1964-1965) p. 468, fig. XXVII, 4 (M. L. Lazzarini, Formul e n°461). Έρακλες
ζ ρ ^ tf I fy*
Le sigma final est de lecture délicate. On remarquera le lambda chalcidien, et l'absence du signe de l'aspiration. Il doit s'agir d'une dédicace faite dans un sanctuaire campagnard d'Héraclès. 163 - Graf fite sur un fond de kylix attique du Ve siècle découvert à Milingiana, à 8 km à l'Ouest de Butera; Ve siècle. Pubi. : D. Adamesteanu, NotScav 12 (1958) p. 354, fig. 4 (SEG XIX, 611); P. Orlandini, Kokalos 8 (1962) p. 83. Στράτονος
^ί *"
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LlCATA 164 - Graf fite sur un vase de type précampanien daté vers 350, découvert dans un sanctuaire rupestre près de Licata. Pubi. : E. De Miro, Kokalos 28-29 (1982-1983) p. 176-177, pi. XXVII. θεστάν μνάμων L'éditeur veut ici retrouver le théonyme θέστη, celui d'une source de Cyrène connue par Hérodote IV, 159, dont le culte serait arrivé en Sicile par l'intermédiaire des Carthaginois; il n'exclut pas que la diffu sion de ce culte ait pu être favorisée par le fait que la sœur de Denys l'Ancien portait ce nom, Plutarque, Dion, 21, 7-9.
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Tout ceci me paraît totalement invraisemblable pour une simple raison syntaxique : on ne voit pas en effet quelle pourrait être la fonc tion, dans une inscription vasculaire, de l'accusatif θέσταν. Je propose donc de voir dans θεσταν le génitif pluriel dorien d'un substantif -nom d'agent θέστας de la racine de θέσσασθαι «supplier»: ce serait le correspondant en -τας du nom d'agent en -τωρ attesté dans le nom fréquent θέστωρ37. Ce substantif θέστας était en outre déjà connu au second membre du composé anthroponymique Άγλωθέστης d'Amorgos, IG XII 7, 148 (IVe)38. Bien que l'anthroponyme Μνάμω ν/Μνήμων soit très banal, HPN, p. 319, je ne pense pas que ce soit lui qui figure ici. Plutarque, Propos de Table, I, 612 c-d, nous apprend en effet que Γέπισταθμός, c'est à dire le συμποσίαρχος s'appelait chez les Doriens de Sicile le μνάμων : oi γαρ έν Σικελία Δωριείς ώς εοικε τον έπισταθμον «μνάμονα» προσηγόρευον. Quelle que soit la raison de cette dénomination, je propose de voir dans cette brève inscription une dédicace faite par le chef d'une confrérie de banqueteurs qui s'appelaient eux-mêmes «les suppliants». On signalera pour terminer que dans le numéro précédent de la même revue, Kokalos 26-27 (1980-1981) p. 583, pi. LXI/2, G. Fiorentini avait signalé la découverte, dans la localité de Casalichio, de nombreux fragments de skyphoi du IVe siècle qui semblent comporter exactement la même inscription. Cette confrérie aurait donc existé dans la région de Licata bien avant que le tyran agrigentin Phintias n'y déportât les habitants de Gela après la destruction de la cité par les Mamertins en 286.
Monte Saraceno-Ravanusa Acropole à 1000 m d'altitude, à 20 km de la côte sur la rive droite du Salso; site hellénisé par les Géléens à la fin du VIIe siècle, puis occu-
37 Sur ce nom, sa variante thessalienne θέστουρ et son dérivé θεστορίδας voir E. Fraenkel, Nomina Agentis I, 1910, p. 14. 38 Cf. Bechtel, HPN p. 208 : on obtient donc ainsi une triade morphologique tout à fait cohérente: θέστας /-ης / θέστωρ / adj.verb. -θεστος/-φειστος, θέστη «Désirée». Signa lonsl'existence d'un Agrigentin théarodoque d'Epidaure du nom de θεστίας, IG IV I2 95, 1. 92 (IVe), et d'un θέστων à Halaesa, 196, II, 1. 80.
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pé par les Agrigentins à partir de Phalaris dans le second quart du VIe siècle39. Le site n'a fourni que deux inscriptions dont la première est, com mel'a bien indiqué C. Gallavotti40, de lecture si délicate que je n'ai pas cru bon de la reprendre ici. 165 - Bloc calcaire découvert après les fouilles de P. Orsi de 1930, scié et remployé dans la muraille d'une petite tour de la fin du IVe siè cle; 52 χ 126 χ 25; inscription archaïque boustrophédon; h.l. : 4,5-8 cm; au musée de Palerme, N.I. 8749; ca 500. Pubi.: P. Mingazzini, MonAnt 36 (1938) 663-665, fig. 23 (LSAG n°58, p. 278 et 274, pi. 53); M. T. Manni Piraino, IGLMP n° 37, pi. XXIII; C. Gallavotti, Helikon, 15-16 (1975-1976) p. 103-105. Cf. F. Cordano, PdP 1984, p. 136-139 : onomastique.
Μύλ(λ)ο εμ(ί) [τ]ο Zaqôvoç και Zaqovoç το Μύλ(λ)ο εμί.
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La nature de ce document est incertaine et on hésite légitimement entre une épitaphe et une dédicace du type de celles de Sélinonte, 71 et 77. Il me semble qu'il serait préférable d'y voir l'épitaphe d'un père et d'un fils qui porte le même nom que son grand père. La présence d'un καί est cependant inhabituelle. Le sobriquet Μύλλος est bien connu, HPN p. 504, même si l'adjectif μυλλός ou μύλλος est attesté tardivement et de traduction incertaine41. Le nom Σάκων écrit ici avec un qoppa, apparaît en Sicile : a) dans la dédicace sélinontine IGLMP n°6542; b) sur un lécythe attique qui pourrait provenir de Gela43; c) chez Thucydide, VI, 5, 1, il s'agit du 39 Pour les fouilles, voir P. Orlandini, Kokalos 8 (1962) p. 96-98; E. de Miro, Scritti. . . Pugilati, V, 1976, p. 223-231 ; A. Calderone, Kokalos, 26-27 (1980-1981) p. 601-612. 40 Helikon 15-16 (1975-1976) p. 104; il s'agit de l'inscription IGLMP n° 36, pour laquell e la transcription -δα εμί du premier éditeur P. Mingazzini, MonAnt 36 (1938) 663, est la plus prudente. 41 Pour ce nom, voir O. Masson, Gioita 1976, p. 94-95; pour un exemple crétois, du même savant, BCH 1979, p. 64. 42 On ne lit que Eaqo; voir pourtant G. Manganaro, II tempio greco, p. 149. 43 Cf. A. W. Johnston, Trademarks on the greek Vases, 1979, p. 110 et 201.
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nom de l'un des trois œcistes d'Himère. Hors de Sicile, on connaît un Mégalopolitain de ce nom à Delphes, FD III/1, 19 (237 av.); avec une géminée expressive un nom Σάκκων est attesté à Laodicée du Lycos à l'époque impériale44; enfin un peintre attique du VIe siècle s'appelle Σακονίδες45. Il ne s'agit donc pas d'un nom strictement sicilien. Plutôt que d'y voir avec Bechtel (HPN, p. 396, avec des réserves) un hypocoristique de Σακράτης (Σακ-ράτης), il vaudrait mieux avec L. Robert en rap procher le nom triphylien Σάκυλλος BCH 1921, p. 12, II, 1. 78, et y voir un sobriquet bâti sur le radical de σάκκος/σάκος «"étoffe grossière»46.
Montagna di Marzo-Erbessos A 707 m d'altitude, site grec à mi-chemin entre Piazza Armerina et Barrafranca sur un éperon rocheux au pied duquel coule des affluents du Braemi. L'occupation grecque semble remonter au VIe siècle. L'identification avec Erbessos a été inférée par G. Manganaro de la pré sence sur le site de nombreuses monnaies à légende ΕΡΒΗΣΣΟ. 166 - Hydrie à pâte jaune, ornée de motifs végétaux, de facture sicule : elle porte trois inscriptions peintes; h. : 34 cm; cire. : 88 cm; Ψ = chi; h.l. : 4 cm; au musée de Syracuse; ca 500. Pubi.: G. Manganaro, Kokalos 14-15 (1968-1969) p. 196-197, pi. XV/1, XVI/1-2, XVII/1; C. Gallavotti, Miscel. E. Manni, III, 1980, p. 1021. a) A l'intérieur de la bouche du vase, en rond, dextroverse. Γελοίος Άκ[α]ς εραται b) Sur la partie inférieure —><-;de la panse —> du vase, boustrophédon. Γελοιο| ς Άκας | εραται e) Sur l'autre partie inférieure de la panse du vase, boustrophé don.
—> <— Εΰμαχος δε | μισθοτ[αι]
44 Dans 45 46 Cf. Enciclopedia L. l'anthroponyme Robert, Laodicée dell'arte Σάκης duantica, Lycos, (gén.s.1969, Σάκεω) nom.p. 358. de l'épigramme d'Egypte, ZPE 12 (1973) p. 173-176, O. Masson a vu l'emploi comme idionyme de l'ethnique des Saces, alors que L. Robert y a vu un sobriquet comme dans Σάκων et Σάκυλλος, Bull. 1974, n° 681.
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La transcription de c est inspirée par une intéressante hypothèse de Gallavotti qui estime qu'après l'omicron est gravé un thêta et non un phi comme le voulait Manganaro dont l'interprétation était d'ailleurs invraisemblable. Le nom indigène féminin Άκα se retrouve non loin, à Terravecchia di Cuti, n° 175, avec deux kappa. La transcription μισθοτ[αι] est étayée par un passage du Contre Stephanos de Démosthène, 79 (= XLV) : Τίν',ώ Φορμίων, των πολιτών έταιρεΐν. . . . μεμίσθωμαι. Comme il est probable que Άκα était une courtisane, je me demande si le texte ne veut pas dire: «Géloios a beau être amoureux d'Aka, c'est Eumachos qui paie ses charmes». 167 - Kylix attique à vernis noir dont il manque quelques mor ceaux; diam. : 18 cm; h. : 8,5 cm; inscription en spirale sur le fond; "V = xi; h.l. : 5-7 mm; au musée de Syracuse, inv. 66529; Ve in. Pubi. : G. Manganaro, Kokalos 14-15 (1968-1969) p. 197-201, pi. XVIII; M. L. Lazzarini, RendLinc 28 (1973) p. 695-698, fig. 1-2 et ArchClass 25-26 (1973-1974) p. 355-357, n° 23, pi. LXXI; C. Gallavotti, Quad. Urbinati 20 (1975) p. 172-177; Β. Forssman, MSS 34 (1976) p. 3945; Ο. Masson- J. Taillardat, ZPE 59 (1985) p. 140, pi. Xa (nouvelle pho tographie). Cf. C. Gallavotti, Metri. . . 1979, p. 63 : structure métrique.
Τούτον τον aqó(pov nopqoç άποδίδοτι ές τον θίασον τον π[οτα]ν. Ai δε φίλε Φρύναν, ούκ άλλος κ' άγε. Ho δε γράπσας τον άννέμο(ν)τα πυγιξεΐ.
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Cette inscription vasculaire a été incisée dans une ambiance convi viale d'où l'érotisme et la lubricité ne sont pas absents. Même si, en particulier grâce à l'étude de Forssman, on comprend mieux ce texte, il reste pour nous encore assez énigmatique et les allusions qu'il contient ne devaient être compréhensibles que des seuls membres du thiase. Le texte comporte clairement trois phrases dont le rapport logique n'est pas clair. Phrase 1. Le terme aqocpoç appliqué à une kylix est ici attesté pour la première fois; si l'on en croit Hésychius et la Souda il s'agit d'un terme générique désignant un ποτήριον47. Le nom Ilopqoç n'est attesté que chez Alcman, I, 19, παΐδα Πόρκω, vers qui était connu de la source d'Hésychius : Νηρεύς · θαλάσσιος δαίμων, 'Αλκμάν και Πόρκον ονομάζει. On peut donc se demander si notre Sicilien ne posséderait pas un nom emprunté à la mythologie. On pourrait aussi estimer que le nom mythique et l'anthroponyme sont indépendants l'un de l'autre et qu'il s'agit dans les deux cas du sobri quet Πόρκος tiré du substantif πόρκος qui, chez les Comiques, désigne un piège à poissons, sobriquet par conséquent tout à fait adapté à la désignation d'un démon marin. La troisième solution, à laquelle se ral lie Forssman, consiste à voir dans Ilopqoç un sobriquet emprunté à l'italique porcus «jeune porc». Cependant, comme ce nom apparaît ici dans un texte strictement grec, je serais enclin à mettre en doute cet emprunt à l'onomastique italique. Puisque Varron, Res. Rust. II, 4, 17, nous apprend que πόρκος est pour les Grecs un nom plus ancien que χοίρος48, je pense que nous sommes en présence du vieux sobriquet grec «Lepore»; encore une fois un nom grec archaïque viendrait confirmer l'authenticité d'un terme du lexique qui ne nous est connu que par des témoignages lexicographiques tardifs ou nettement posté rieurs49. A la fin de la phrase il semble qu'il manque trois lettres entre le pi et le nu : la restitution π[οτα]ν de Forssman est la meilleure solution. Le terme πότης est attesté chez Aristophane, Nuées 57, où il qualifie une
47 Voir le second article de M. L. Lazzarini. 48 Voir le DELL, s.v. Porcus, où le chapitre de Varron est considéré comme suspect; voir aussi la note 59, p. 125-126, de l'édition de Ch. Guiraud dans la CUF. 49 On distinguera donc deux πόρκος en grec ancien.
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lampe «buveuse (d'huile)»: on aurait donc ici le sens authentique du terme qui serait alors un équivalent de συμπότης50. On traduira donc : « Porkos restitue ce skyphos au thiase des bu veurs (?)». Phrase 2. Je crois que l'on obtiendrait un sens assez satisfaisant en considérant que ai introduit une protase à valeur non tant hypothéti que que causale51. Je propose de voir dans φίλη un indicatif présent d'un type archaïque (cf. ορη «il voit», Théocrite, XXX, 22) 52 - ce qui évite de restituer φιλε(ΐ) - et dans le subjonctif accompagné de la parti cule κ(α) un substitut emphatique du futur53, ce que les éditeurs précé dents avaient admis. Pour justifier cette interprétation je pense que l'on peut alléguer le parallèle tout à fait significatif de trois vers du début de l'Iliade extraits de la tirade d'Agamemnon : 1, 181-183 ώς εμ' αφαιρείται Χρυσηίδα Φοίβος 'Απόλλων, την μεν έγώ συν νηί τ' έμη και έμοΐς έταίροις πέμψω, έγω δέ κ' άγω Βρισηίδα καλλιπάρηον. . . A la particule ai du texte sicilien correspond ώς et à κ' άγε corres κ' pond άγω + nom de femme. Le nom féminin Φρύνα est vraisemblablement ici celui d'une court isane. On traduira donc: «Comme il est amoureux de Phryna, ce n'est certes pas un autre qui l'emmènera». Phrase 3. L'expression ho γράπσας désigne le rédacteur de l'inscrip tion et est connue à Mytilène, IG XII Suppl. n° 268e, p. 23 (lesb. γράψαις) et en attique, Hesperia 22 (1953) p. 218. τον άννέμο(ν)τα = τον αναγιγνώσκοντα : interprétation ingénieuse due à Forssman et Gallavotti. Le verbe άνανέμω «lire» apparaît ici avec une apocope άν- de άνα-, une nasale implosive non notée, phénomène banal, voir Index VII; le sens «lire» est, à date ancienne, attesté à Erétrie, CEG 108, 2, mais sur tout en sicilien littéraire : chez Epicharme 224 Κ (= 200 01.) d'après la Souda, chez Théocrite XVIII, 48, et Hésychius. πυγιξεϊ : futur dorien de 50 Autres solutions chez Gallavotti : π[αρο]ν « des infirmes »(?) ou π[αο]ν « des pa rents ». 51 Valeur bien attestée chez Homère, Chantraine, GH II, p. 284 et 287. 52 Pour ces présents anciens à désinence secondaire, voir F. Bader, BSL 1976, p. 3235. 53 Cf. Chantraine, GH II, p. 211.
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πυγίζω «sodomiser», verbe bien attesté chez Aristophane, Thesm. 1120, et Théocrite V, 41. Forssman a trouvé des parallèles latins à cette for mule : dans des inscriptions de Pompéi πυγίζει est traduit par paedicabit et τον άννέμο(ν)τα par lectorem. Bien que je ne comprenne pas le rapport entre cette formule trivia le et ce qui précède, je me demande s'il ne s'agirait pas de l'expression d'une sorte de gage auquel devait se soumettre celui qui, en vidant la coupe lors d'un cottabe licencieux, découvrait gravée sur le fond cette formule comique et salace. 168 - Quelques très brèves inscriptions apparues sur le site de Montagna di Marzo n'ont été que rapidement signalées au hasard de publications strictement archéologiques; je les regroupe ici sous un même numéro avec un commentaire très réduit54. a) Peson d'argile inscrit. Signalé par A. Li Gotti, Archivio Storico Italiano, 7 (1955) p. 248; P. Orlandini, Kokalos, 14 (1968) p. 331, et RIASA 1968, p. 56. 'Ηράκλεια ληιά «peson d'Héraclès». Il doit s'agir d'un peson votif; la présence de l'adjectif à la place du théonyme est surprenante : sur la Pnyx est apparu un peson de ce type, également dédié à Héraclès, voir M. Guarducci, Ep. Greca III, p. 55-56, fig. 27 (voir aussi p. 540). La forme ληιά pourrait comporter le vocali sme ionien attendu pour un dérivé de λάος «pierre»; la forme de koinè est λεία; voir Chantraine, DELG, s.v. λάας. b) Graf fite signalé par G. Manganaro, Kokalos 25 (1979) p. 57, fig. 1.
*
ξιγας, Μύσχελος
54 Ne sont pas repris ici ni le graffite constitué du théonyme Πολυστεφανου sur un cratère sigillé hellénistique publié par G. Manganaro, // tempio greco, p. 151, ni la gemme
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Le premier nom Ξιγας est énigmatique. Selon une suggestion d'O. Masson, on pourrait considérer le second nom comme une variant e à aspirée expressive de Μύσκελος. Pour ce nom surtout connu com mecelui de l'œciste de Crotone (Strabon 387 = VIII, 7, 5), voir le com mentaire de l'inscription 71. Pour l'aspiration expressive dans l'anthro ponymie, on se reportera à l'étude de G. Vottéro, La Béotie antique, Ed. du CNRS, 1985, 1985, p. 410-417. c) Graffite sur une oinochoé hellénistique du musée de Syracuse. Pubi. : G. Manganaro, // tempio greco, p. 152, tab. XLIV, 5. Μελίσας Génitif du sobriquet Μέλισσα ici avec un seul sigma ; le même nom est attesté à Gela, au Ve siècle, n° 149. d) Dans sa prépublication des inscriptions de Montagna di Marz o,Kokalos 14-15 (1968-1969) p. 200, G. Manganaro cite quelques passa ges d'autres graffites vasculaires : un nom de femme Γέλε qui ne serait rien d'autre que la forme ionienne du toponyme utilisée dans l'onomast ique (cf. comm. à 157); le théonyme Μαίε, autre forme ionienne qui se retrouve à Acrai dans l'inscription de la basse époque hellénistique publiée par G. Manganaro, ASNP 1981, 4, p. 1069-1082; la formule άρα κακά. En a et d les vocalismes ioniens sont remarquables.
Vassallaggi Site hellénisé par les Agrigentins vers 560-550, à 6 km à l'Ouest de Caltanissetta, près de San Cataldo55. 169 - Graffite commercial sur le fond d'une petite péliké attique à figures rouges découverte dans la tombe 35 de la nécropole; h. : 19 cm; au musée de Gela n° 9240; ca 420.
comportant le curieux nom Σωχεύς publiée par le même auteur, Jahrbuch f. Num. Geldg. 33 (1983) p. 19, pi. 8, 25. 55 Pour les fouilles de Vassallaggi, voir E. de Miro, Kokalos 8 (1962) p. 143-144.
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2 στάμνια, 4 τριτάμορα
En 1 apparaît le cardinal dorien τέτορες entouré d'indications chif frées; en supposant que ) est un signe de ponctuation, J. comprend : «five stamnia, four obols for one». Le diminutif στάμνια beaucoup plus rare que στάμνοι pourrait désigner des récipients du type de la péliké qui figuraient dans la four néedont fait partie ce vase. Le diminutif λακύθιον apparaît ici pour la première fois sous sa forme dorienne. Il est suivi de ενο, équivalent très rare de ενεστι. La forme evo est connue par deux passages des Anecdota Oxoniensia I, p. 170 et 176, où il est dit que la forme était dorienne et éolienne, et par un fragment des Pseudoepicharmea, C. Austin, CGF in Pap. rep., 1973, p. 79, n° 86, 1. 5 ; elle a été rapprochée de εξο = εξεστι par Solmsen, RhMus 72 (1907) p. 320-321 56. J. considère que evo a ici le même sens que le ενεστι du cratère de Naples 116116, et se rapporte au contenu qui se dit aussi ενθημα. Le pluriel τριτάμορα est la forme dorienne de τριτήμορα. Le singul ier τριτήμορον est connu par deux fragments du poète comique attique Philemon de Syracuse, Kock II, p. 494, n° 63, et p. 498, n° 74 (IV/IIP), transmis par Pollux IX, 66 : il s'agit des trois quarts d'un obole, soit de
56 S'explique de la même façon la forme πάρο = πάρεστι d'Alcée 130, 12 LP.
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six chalques. Le pluriel est ici très curieux. S'agirait-il de vases «troisquarts » ? Tant que nous ne posséderons pas beaucoup d'autres graffites commerciaux comportant les mêmes termes que celui-ci, l'interpréta tion de ce texte restera très délicate. Son intérêt dialectologique est en revanche tout à fait remarquable.
Gibil-Gabib Site hellénisé à partir de 550; à 5 km au Sud-Est de Caltanissetta. 170 - Inscription en très petites lettres peintes sur le bord vertical d'une pyxis de fabrication sicilienne; au musée de Gela; IVe siècle. Pubi. : P. Orlandini, RendLinc 20 (1965) p. 459-460, tab. IV, 2-3 (M. L. Lazzarini, RendLinc 1970, p. 459; ArchClass 25-26 (1973-1974) p. 370, n° 35); M. Guarducci, Ep. Greca III, p. 481-482, fig. 191. Cf. J. Triantaphyllopoulos, Mél. G. Daux 1974, p. 335 :
Άγροίτης έπόει την σιπυίδα Ζωπυροΐ «Agroitès a fait la petite boîte pour Zôpurô» Le terme σιπυίς «petite boîte» n'est attesté que chez Hippocrate, Stér. 235 : il s'agit du diminutif de σιπύη «boîte». L'interprétation de M. Guarducci qui consiste à voir dans le dernier mot le datif ionien du nom féminin Ζωπυρώ, jusqu'ici non attesté, me semble judicieuse. Le nom du fabricant est déjà connu de Bechtel, HPN, p. 20. Encore une fois on constate la présence d'ionismes dans le centre de l'île. Sabucina Site hellénisé à 5 km à l'Ouest de Caltanissetta, sur la rive droite du Salso57. 57 Sur ce site, voir E. de Miro, Boll. d'Arte 1971, p. 123-126.
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171 - Graf fite sur le fond d'une tasse attique découverte dans une tombe à chambre de la nécropole méridionale; 475-450. Pubi. : P. Orlandini, Kokalos 8 (1962) p. 102, pi. XXV, 5; RendLinc 20(1965) p. 458, tab. IV, 1. Τιτα εμι
">
*
«j'appartiens à Titas» Le même nom pourrait apparaître à Terravecchia di Cuti, n° 175, et à Camarine, n° 121, 1. 6; il figure sur une hydrie archaïque d'Athènes comme nom d'un athlète, Hesperia 25 (1956) p. 63 sq, pi. 22 (SEG XVI, 38). Ce nom est un sobriquet tiré du nom de magistrat τίτας attesté à Gortyne, IC IV, n° 70, p. 32 et 70-71. 172 - Inscription sur un bassin de bronze provenant de la même tombe. Pubi. : P. Orlandini, Kokalos 8 (1962) p. 102, pi. XXV, 1-2; RendLinc 20 (1965) p. 457 sq., fig. 3. Δυσπσετας εμί
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& )- V
«J'appartiens à Duspseta» Après le sixième signe l'inscription est gravée à l'envers. Le nom vraisemblablement féminin Δυσπσετα n'est pas grec. 173 fouilles de Pubi. : p. 458, fig.
Graf fite sur un fond de cotyle attique découvert dans les l'habitat de Sabucina; 460-450. P. Orlandini, ArchClass 15 (1963) p. 95; RendLinc 20 (1965) 4. 'Αγεσαρχο
On remarque la présence du chi «bleu» 174 - Signature d'artiste sur l'épaule d'un gros vase pansu conte nant des ossements, provenant de la nécropole Ouest; h.l. : 2 cm max; Ve in. Pubi. : P. Orlandini, Kokalos 14 (1968) p. 329-330, tab. XLVIII, 1.
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Orlandini transcrivait Πυραίς έποίεσε καί Σύπας παρέβαπσε. «P. m'a fait et S. m'a verni». Mais la fin est de lecture très délicate; pour retrouver un nom grec, l'éditeur songe à une correction Πυρ (ία) ς ou Πυραΐ(ο)ς pour le nom du premier artiste.
Terravecchia di Cuti L'un des sites les plus septentrionaux de la pénétration géléenne, à 15 km au Nord de Caltanissetta, passé sous domination agrigentine vers 550. Les seuls objets inscrits découverts sur le site même sont des poids d'argile des VI/Ve siècles; au musée de Gela. 175 - Poids inscrits58. Pubi. : P. Orlandini, Kokalos 8 (1962) p. 110, pi. XXXIV, 2. Cf. M. Guarducci, Kokalos 10-11 (1964-1965) p. 469, n. 12: alphab et;G. Manganaro, PdP 20 (1965-1966) p. 165-166 : onomastique. a) Κυκυος ήμί
fc Ύ Κ V Ο Χ Η /Λ Ι
Le même radical onomastique se retrouve en 176 59; la notation par ëta de la longue récente est sans parallèle en Sicile dans le verbe.
b) Κυπρα, Κυπυρα
J'imagine mal qu'il puisse y avoir un rapport avec Chypre et les noms en Κύπρο-60. G. Manganaro croit que Κυπρα est le nom d'une
58 Sur ces pesons incrits, voir M. Guarducci, Ep. Greca III, p. 55, 350-351, 540-541. 59 Je ne crois pas à la lecture Κύκλος d'Orlandini, ni à sa justification par Manganar o. 60 Cf. O. Masson, Kupriakai Spoudai 28 (1964), p. 4-12.
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divinité indigène inscrit sur un peson de métier à tisser dans un but propitiatoire : il allègue la glose d'Hésychius Κύπαρα · ή έν Σικελία κρήνη 'Αρέθουσα et l'épiclèse d'une Héra picénienne (?) : Κύπρα, Strabon V, 4, 2 (= 241)61. La forme Κυπυρα, qui apparaît aussi en 177 doit sûrement être la plus authentique : il s'agit d'un nom indigène. c) Άκκα Le même nom avec un seul kappa à Erbessos, n° 166. Encore une fois il s'agit d'un nom de femme indigène plutôt que d'un théonyme local. d) ATITA Plusieurs hypothèses sont possibles pour interpréter ce nom. 1) II peut s'agir du féminin du sobriquet Άτιτος qui pourrait être ancien puisque άτιτος «non vengé» est homérique. 2) Comme aussi bien des noms d'hommes que des noms de femmes apparaissent sur les pesons, il pourrait s'agir du génitif du sobriquet Ατίτας attesté une seule fois comme nom (dorien!) de potier à Athènes, Beazley, Paralipomena, p. 331. U. Knigge qui a publié cet alabastron attique, AM 79 (1964) p. 113, rapproche le nom d'agent négatif eschyléen ατίτας Eum. 256 («qui n'a pas payé») et Ag. 72 («qui ne peuvent payer»)62. 3) Enfin, la rareté extrême de ce nom et le parallèle de l'inscription 146 (ά Δεινία) pourrait inciter à comprendre ά (άγνύς) Τίτα «le (peson) de Titas». 176 - Lamelle de plomb opisthographe trouvée au milieu de tes sons de la collection Virzi; aujourd'hui dans une collection privée hors d'Italie; brisée en quatre morceaux; 10,2x5 cm; h.l. : a 6-4 mm; b 3 mm; + = ξ, Λ = α; ca 500. Pubi.: G. Manganaro, ASNP 7 (1977) p. 1335-1338, pi. LVII-LVIII (SEG XXVII, 656); D. Jordan, GRBS 26 (1985) p. 179, n° 111. face a 1 Σίμε : Πρατομάκες : Λεπτίνας : Πραξίας : ΠΑΤ . . Ο ΚΥΚΥΙΕΣ 61 Το τη"ς Κύπρας ιερόν, Τυρρηνων ίδρυμα και κτίσμα* την δ"Ήραν εκείνοι Κύπραν καλοΰσιν. 62 Ces noms d'agent à préfixe négatif sont d'un type rarissime : on comparera άδώτης chez Hésiode, Tr. 355, que West, p. 245-246, considère comme un mot forgé par le poèt e.
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plan
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Face a 2, gravée après que la plaque a été retournée dans le même ΑΡΑΔΤΕΣ : πυριν : πεσ τιλλαμ : πεδαμ τε πεσα ρε
Commentaire. Face a 1. On remarquera la désinence ionienne du sobriquet fémi ninΣίμη «Lacamuse» recensé aussi bien par Bechtel, AFN p. 42, que dans le Pape-Benseler. L'éditeur a voulu voir dans Πρατομακες une adaptation indigène de Πρατομαχος en invoquant le paralléne du nom Εύρυμακες apparu dans un graffite non grec de Montagna di Marzo, Kokalos 22-23 (1976-1977) p. 255. Le plus simple, comme me le suggère O. Masson, serait de voir dans Πρατομακες et Εύρυμακες de beaux noms grecs dont le second membre avait d'ailleurs été postulé par Bechtel, HPN p. 315, pour rendre compte du nom Μάκης. Les deux noms de la ligne 2 sont des hypocoristiques fréquents. Les lettres ΚΥΚΥΙΕΣ de la ligne 3 ont été rapprochées du nom Κυκυος qui figure sur un peson de Terravecchia di Cuti, 175; cette simi litude, ainsi qu'un autre rapprochement prosopographique du même ordre dans le numéro suivant, constitue un indice non négligeable en faveur d'une attribution à Terravecchia di Cuti. Face a 2. En considérant que les lettres ont été à dessein gravées dans un ordre perturbé, ce qui est bien connu dans ce genre de texte qui semble être une defixio, on pourrait lire Άδράστε, qui serait un autre nom ionien, féminin sans autre exemple du nom bien connu "Αδραστος. Dans la suite, Manganaro, d'une façon ingénieuse, a voulu retrou ver des substantifs désignant des gênes physiques qui serait souhaitées par le rédacteur de la tablette à la personne maudite que doit être ici Adrasté. Ceci rappellerait la defixio de Sélinonte 32; ces gênes seraient exprimées à l'accusatif : πυριν, accusatif de πυρίς, mot inconnu de même sens que πυρετός « fièvre » (?) ; πεσ abréviation de πεσσόν « pessaire»; τιλλαμ pourrait être l'accusatif d'un féminin τίλλα(*τιλ-να variant e de masc. τΐλος «diarrhée»; πεδαμ «entraves aux pieds»; πεσ(σ)ά(ριον) «pessaire» (?). Sur la face b on ne lit clairement que έ]ν Πύται qui doit être une indication topographique.
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177 - Dans la même collection que le numéro précédent; lamelle de plomb brisée en trois morceaux; 11,3x6,7 cm; h. 1.3 mm; lettres anguleuses : Y = κ, X = χ, V = h; 450-400. Pubi. G. Manganaro, ASNP 7 (1977) p. 1329-1335, pi. LIV-LVI (SEG XXVII, 657). [θε]ός. Τύχα - Άρχον όφελει τάι θεοί -ΤΤ[σύ]ν τοι τόκοι κεφάλομα-ΙΔΔΔΔΗΤΙ II [το]υτο-ού βροτόν, άλλα πριάσσθο-άγάλμα[τα] και σκέα πριάσσθο τούτο το άργυρίο κα5 [ί] μ[ν]έας Κκατι όφελει τάι θεοι-καί \-α άδελφε(α) Άρχονος όφελει και τα χρεματα τα αύτ(ά)ς και τα Άρχονος τοΰτο το άργύριον και τα παιδία όφέλοντι Κυπυρα, Σαισο ελεύθεροι αύταυτά10 ν και παιδί (ον) · οτι τον χρεσταν Άρχονα, έπεί κ' άποδοι τούτο το άργύριον, τανικαϋτα ελεύθερος εσστο. Notes critiques. L. 7 : αύτος. - L. 10 : παιδιδ sur la pierre; παιδί(α) Mang. Le texte est rédigé dans un alphabet de type oriental; la forme l·du signe de l'aspiration ne se retrouve que sur des monnaies d'Himère; le signe H semble utilisé pour la notation acrophonique de ηέκατον. Le tiret comme signe de ponctuation est d'un usage fantaisiste. Ce texte est surprenant pour plusieurs raisons. Je ne pense pas qu'il existe d'autres textes gravés sur plomb qui fassent allusions à des créances officielles. En dehors des deux premières lignes et des trois dernières qui évoquent un formulaire connu, toute la partie médiane est incompréhensible du point de vue de la syntaxe, ce qui rappelle les rédactions très négligées de certaines defixiones. Tout se passe un peu comme s'il s'agissait d'un brouillon : les formules bancaires sont parfai tement claires mais le cas particulier du débiteur Archon est très confusément rédigé. Ce qui est certain c'est que nous avons là la pre mière attestation d'une opération bancaire en Sicile. Mais de la banque de quelle déesse s'agit-il? L. 1-2. Les deux premiers mots qui figurent surtout dans ce qui précède les intitulés de décrets sont ici surprenants. La formule ό δείνα όφελει τάι θεοί, dans l'Occident grec, se retrouve à Locres : τοΰτο
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όφήλει ά πόλις τώι Διί Landi n° 78 (= n° 15) 1. 12. Si le terme τόκος «in térêt» est pangrec, le mot κεφάλωμα «total» semble surtout dorien: il est attesté en Messénie, IG V 1, 1433, 1. 18, à Locres, Landi n° 112 (= n°39) 1.20, et à Delphes, ID ΠΙ/5, passim (cf. Bechtel, GD II, p. 156). Pour Mangaro le signe X est la notation de cent talents siciliens : ce dernier signe ne me semble pas attesté ailleurs et sa valeur est donc assez énigmatique. Dans un système acrophonique croissant Manganaro considérait qu'il fallait lire 301 talents, 141 onces. Pour l'éditeur, les signes TT de la ligne 1 sont des exposants et signifient que la dette va être exprimée en talents siciliens. On pourrait se demander si le redou blement du signe Τ ne veut pas dire que nous sommes à une époque postérieure à la dévaluation de moitié du talent sicilien (208 gr : 2 = 104 gr; cf n° 78, 1. 11) et que, par conséquent, la dette contractée il y a longtemps est ici exprimée en talents nouveaux, en vigueur depuis peu. A la ligne 5, la dette est exprimée en mines euboico-attiques (8720 gr) et nous avons donc la trace d'un double système monétaire. Le rapport entre ces vingt mines et le chiffre de la ligne 2 est insaisissable. L. 3-5. Le cas de [το]υτο est incertain. De quelles victuailles, βρωτόν, s'agit-il? Plutôt qu'un impératif, on attendrait un aoriste de l'indi catif. La forme σκέα pour σκεύεα «ustensiles» est peut-être un vulgarisme : on la retrouve dans un papyrus de Zenon, PSI 4, 437, 1. 2 (247 av)63. La coordination par καί de l'impératif et du présent όφέλει est bizarre. On remarquera la forme ionienne μ[ν]έας. L. 5. Le signe de l'aspiration de Μκατι procède, soit d'une hypercorrection, soit d'une faute du graveur qui n'aurait pas terminé le digamma étymologique attendu. L. 5-8. La sœur d'Archon est aussi débitrice : τα αύτ(α)ς doit signi fier«ses propres biens» ou «son propre argent»; le pronom non réflé chiest ici employé pour le réfléchi ce qui est fréquent en dorien, cf. Schwyzer, GG I, p. 607. Je ne comprends pas la mention τα'Άρχονος. L. 8-10. Les παιδία qui portent les noms indigènes Κυπυρα et Σαισο sont, soit les filles d'Archon, soit ses nièces. Mais pourquoi sont-elles, elles aussi, débitrices? En tout cas, comme le nom de la première se retrouve en 174 sur un peson de Terravecchia di Cuti et comme un
63 Une forme sans upsilon apparaît dans l'aoriste κατεσσκέωσε dans l'inscription de Noto, Εύβουλίδας Άγαθάρχου Κεντορρειπεΐνος κατεσσκέωσε κράναν έλευθ[έ]ραν IGLMP η° 29 (Ier av/ap).
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même radical indigène unique apparaît en 175 et 176, je serais enclin à attribuer les n° 176 et 177 à Terra vecchia di Cuti. Dans le syntagme ελεύθεροι αυταυταν apparaît le réfléchi sicilien bien connu par Epicharme et Sophron, Bechtel, GD II, p. 255. Ce réfléchi dépendrait-il de ελεύθεροι valant έλεύθεραι? On comprendrait alors : «indépendamment l'une de l'autre». Faudrait-il corriger en ελευθέρα (duel féminin) (τ(α)) αυταυταν «leurs propres biens»? Si ce que Manganaro lit, παιδιδ, pouv ait être lu παιδίο, ce que rendent possible les ductus voisins de delta et d'omicron, on pourrait corriger en παιδί(ον) qui donnerait un génitif sur le même plan que la réfléchi qui précède. Sans corriger la pierre Catherine Dobias suggère de lire δίδοτι, ce qui est en soi satisfaisant mais rend incompréhensible le début de la ligne et la suite. L. 10-13. L'éditeur traduit οτι τον χρεσταν Άρχονα «en ce qui concerne le débiteur A. » : ceci est parfaitement satisfaisant du point de vue de ce qui suit, mais injustifiable syntaxiquement ; on attendrait, soit περί τον χρεσταν "Αρχονα, soit οτι όφελει ό χρέστας Άρχον. Y-a-t-il contamination entre les deux tournures? Conclusion. Il s'agit d'un texte d'interprétation très délicate du fait de la négligence avec laquelle il a été rédigé dans sa partie centrale. Une nouvelle autopsie de la tablette me paraît s'imposer.
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Agrigente a été fondée par des Rhodiens65, seuls respondables de la fondation selon Timée, FGH 566, fr. 92 J66, aidés, selon Thucydide VI, 4, 4, par des Géléens qui auraient envoyé comme oecistes Aristonous et Pustilos 108 ans après la fondation de leur propre cité. La date admise est celle de 580 : elle repose sur une scholie de Pindare qui nous apprend que la cité fut fondée dans la 50e olympiade (ad Ol. II, 15 et
64 On dispose depuis 1971 d'une monographie très documentée sur l'histoire d'Agrigente : J. A. De Waele, Acragas Graeca, Die historische Topographie des griechischen Akragas auf Sizilien, Gravenhague 1971. 65 Cf. De Waele, o.e., p. 81-101. 66 Cette version de la colonisation d 'Agrigente est considérée comme un acte de pro pagande de Théron par A. M. Buongiovanni, ASNP 15 (1985) p. 493-499.
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16), 104 ans avant la victoire de Théron à Olympie lors de la 76e olymp iade, en 476. Cette date pour l'arrivée des Grecs sur le site est confir mée par la découverte de nombreux tessons imputables au corinthien moyen (600-575). La cité connut une vive expansion sous l'impulsion des tyrans Phalaris (VIe) et Théron (488-471), lequel fit grandement profiter sa cité de sa victoire à Himère sur les Carthaginois (480). Après la chute des tyrans, la cité semble avoir adopté une constitution démocratique (471406). Elle fut détruite en 406 par les Carthaginois. Ayant servi au IIIe siècle de tête de pont à ces mêmes Carthaginois lors des deux guerres puniques, elle fut victime des représailles romaines en 262 et 210, date à partir de laquelle la cité entre définitivement dans l'orbite de Rome. L'épigraphie d'Agrigente est d'une extrême pauvreté67 et le seul texte étendu, n° 185, est sûrement d'époque romaine. Les inscriptions les plus anciennes attestent la présence d'un alphabet «rouge» dans lequel le chi a la forme Ψ, avec une curieuse variante 4, n° 180. En dépit des nombreux bouleversements démographiques subis pendant les guerres puniques, le décret 185 présente encore d'importantes ca ractéristiques dialectales rhodiennes. 178 - Epitaphe sur une grosse pierre de calcaire coquille trouvée dans les environs de la nécropole, sur la rive droite du Diago; 105 χ 53 cm; h.l. 6 cm; au musée d'Agrigente, c 1867; Ve in. Pubi. : Salinas, NotScav 1985, p. 239-240 (LSAG n° 59, p. 278 et 274; M. Guarducci, Ep. Greca I, n° 6, p. 256-257; De Waele, o.e. p. 31, n° 1, pl. 3).
67 Ne sont pas reprises ici a) l'inscription hellénistique IG XIV, 262 (De Waele, o.e. n°4, p. 33) Πολυστεφανώ Σωτείρα; b) l'inscription mutilée publiée par L.Robert, Coll. Froehner, n° 84, p. 130, dont la seule particularité remarquable est l'infinitif dialectal τιμεΐν (cf. n° 185, 1. 16); c) la signature "Αλκιμος έγλυψε (IVe) sur un disque votif ovale (diam. 12-13, 5 cm) sur lequel est représentée la facade d'un temple tétrastyle, M. B. Comstock-C. C. Vermeule, Sculpture in Stone, The Greek, Roman and Etruscan Col lections of the Museum of Fine Arts, Boston 1976, p. 57, n° 89; d) la dédicace τας Έλευθίας d'un fragment de vase à vernis noir du musée d'Agrigente, signalée brièvement par G. Manganaro, // tempio greco, p. 153 : cette épiclèse est attestée à Sparte {IG V 1, 1345a; SEG XI, 682; IG V 1, 1276) avec une variante Έλευσίας (Bourguet, Le dialecte laconien 1927, p. 93) et en messénien, IG V 1, 1445. Elle est aussi connue à Paros, IG XII 5, 187 : ce vocalisme médian doit être très ancien puisqu'il figure en mycénien : ereutija, KN Gg 705, Od 714-716.
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]τδς έμι τάς | Άνχεμάχο
La lettre qui précède le tau est de lecture incertaine. Le nom de la fille d'Anchémachos doit être un hypocoristique féminin en -ώι comme [Φιν]τώι au génitif en -ος. Un autre Αγχέμαχος est recensé par Bechtel, HPN, p. 21 : c'est vraisemblablement un sobriquet (cf. αγχέμαχος //. 13, 5, ou Hésiode, Se. 25) qui forme un couple avec Τηλέμαχος68. 179 - Un nom sur une poignée de bronze qui semble perdue; Ve m.
IG XIV 263; LSAG n°62, p. 278 et 274; M. Guarducci, Ep. Greca I, p. 257, n° 7; De Waele, o.e. n° 2, p. 32. PO
Χρυσίπ(π)ο
180 - Lamelle de plomb opisthographe qui proviendrait gente; 7,3 χ 5,4 cm; h.L: 2-5 mm; à Rome dans une collection Ve in. Pubi. : M. Pandolfini, ArchClass 27 (1975) p. 46-47, pi. XXI; vatin, ibid., p. 47-49; A. Brugnone, Kokalos, 24-25 (1978-1979) p. Cf. Jordan, GRBS 1985, n°93.
68 Voir la remarque de Chantraine, DELG, p. 16.
d'Agriprivée; F. Cre63-68.
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Le texte semble contenir une liste de noms. L'ordre normal des let tres a été intentionnellement perturbé, phénomène banal dans les defixiones; le sens des lettres est en revanche régulièrement dextroverse. Certains noms sont clairement identifiables comme grecs; d'autres res tent énigmatiques en particulier du fait de l'impossibilité d'identifier la valeur phonologique de certains signes comme H en a 5 et b 4 et 9 pas sim. On remarquera l'alpha de forme A69 et le chi «rouge» de forme slt dont il ne semble pas y avoir d'autre exemple. a 1 2 3 4 5 6
Ηιπ(π)οκράτές Λυσιδάμο "Ακρος ... Σοκράτεια κ ? ?
b 1 2 3 4 5 6
Άρχέδαμος σ Φίλιπ(π)ος σεκ Ηιπ(π)ίας σεκορ σαμος? Άρέτα? ?
En a 2, peut-être -Ôiqô; en a 4, Σκυτεο, génitif ionien de Σκυτας/ης attesté en 143b en 148; en a 5, après le signe en forme de pi, peutêtre Φιλόκ(λ)εα; en b 2, le signe ΓΠ ne peut être que la ligature pi + iota. 181 - Graf fite monétaire très fin incisé au revers d'un tétradrachme d'Agrigente des années 420; dans une collection privée. Pubi. : E. S. G. Robinson, SNG II, 1933-1937, Llyod Collection, n°922; Griechische Münzen, Aus der Sammlung eines Kunstfreundes, Auktion 28 Mai 1974, Bank Leu (Zürich), Münzen und Medaillen 1974, p. 114-115, n° 78; G. Manganaro, Jahrb. f. Num. u. Geldg. 33 (1983) p. 17 et tab. 6, n° 20; O. Masson, RevArch 1985, p. 39 et 37, n° 5 (agrandisse ment très lisible).
Φίλον. Συκοι καλά. «Philon. Belle Sukô»
69 A. Brugnone, Kokalos 24-25 (1978-1979) p. 69-76, estime que cette forme de l'alpha est originaire de l'Arcadie puisque ce ductus apparaît sur les tessères de Mantinée IG V 2, 323, n°l-21(?).
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II s'agit d'une inscription amoureuse sur une pièce de qualité; l'i nterprétation a été considérablement améliorée par O. Masson. Les deux noms sont au nominatif : celui de l'amant est banal mais celui de sa belle amie l'est beaucoup moins. Le même nominatif féminin dialectal apparaît avec un qoppa à Acrai, n° 105, à l'époque archaïque. G. Manganaro cite également une flûtiste du nom de Σύκο sur un cratère d'Euphronios de la fin du VIe siècle qui se trouve à Munich, inv. 8935. 182 - Deux dédicaces des Agrigentins à Delphes. a) Base de calcaire brisée à droite; 1. 40 χ prof. 35 χ h. 31,5 cm; h.l. 18-21 mm; au musée de Delphes n°7262; Ve siècle. , Pubi: J. Bousquet, BCH 83 (1959) p. 149-150, fig. 4 {LSAG, Add. p. 372; De Waele, o.e. n°8, p. 39-40, pi. 10; M. L. Lazzarini, Formule, n° 905). (Α" T"/votT L'éditeur hésite entre ΓΑ]κραγαντΐνοι τ[οι'Απόλ]|λονι et τ[ο άγαλμα τοι'Απόλ]|λονι. De Waele, qui se fonde sur Elien, VH, II, 33, a supposé qu'il pourr aits'agir de la base sur laquelle aurait été représentée la statue d'ivoi re représentant le dieu-fleuve Akragas, statue qui aurait été offerte à Delphes par les Agrigentins en mémoire de l'avènement de la démocrat ie en 471. b) Base de calcaire; 1. 83 χ prof. 62 χ h. 28 cm; h.l. 3 cm; au musée de Delphes, n° 508 ; Ve siècle. Pubi. : G. Daux, BCH 61 (1937) p. 60-61 (LSAG n°64, p. 278 et 274; De Waele, o.e. n° 9, p. 40, pi. 10). \(,A^ Τ l ^O^
[
Άκρ]αγαντΐνος
183 - Dédicace très soignée sur une base de marbre bleu trouvée près du temple de la Concorde; 1. 63 χ prof. 30 h. 30 cm; h.l. 2-3 cm; au musée d'Agrigente, c 1869; ca 300. Pubi: E. Gabrici, NotScav 1925, p. 421 (SEG IV, 36); E. Langlotz, RM 58 (1943) p. 210-212; De Waele, o.e. p. 32-33, n° 3, pi. 4. Φ A/\AKPO£:©EY&QPOY
φαλακρός i θευδώρου ! άνέθηκε.
Phalakros, fils de Theudôros, a dédié à Hermès».
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Le ponctuation est suprenante à cette époque. De Waele exclut l'hypothèse de Langlotz, qui voulait que cette base fût celle du célèbre kouros d'Agrigente70, en estimant que ces deux pièces ont été découvert es trop loin l'une de l'autre. Il ne serait cependant pas impossible d'imputer ces signes de ponctuation à une regravure d'une inscription plus ancienne. Le sobriquet Φαλακρός «Lechauve» (Bechtel, HPN, p. 437) est fré quent en Sicile, voir n°21471. On connaît une autre dédicace à Hermès associé à Héraclès dans une inscription agrigentine d'époque romain e72. 184 - Décret de proxénie découvert à Dodone gravé en pointillé sur une plaque de bronze; à Athènes au Musée National, salle Carapanos, n°470; IV/IIIe siècle. Pubi. : C. Carapanos, Dodone et ses ruines, Paris 1878, I p. 52, n° 5, II pi. 28 (SGDI 1340 et 4256; SylL* 942; DGE 308; De Waele, o.e. n° 11, p. 41-42 et 146; P. Cabanes, Y Epire. . . 1979, n° 8 p. 543 et 158-160). Cf. Buck, ClPh 9 (1913) p. 150: dialecte. [Θεός.] Τύχα αγαθά, [επί π]ροστάτα Λευκάρου, άφικομένων Ίπποσθένεος, Τεί[σιο]ς, Έρμωνος, Σελίνιος, έδοξε τοις Μολόσσοις προξενίαν δόμειν τοις Άκραγαντίνοις. «Dieu. Bonne Fortune. Sous la présidence de Leukaros. Attendu que sont arrivés Hipposthénès, Teisis, Hermôn et Sélinis, il a plu aux Molosses d'accorder la proxénie aux Agrigentins». 70 Cf. G. Richter, Kouroi, n° 149. 71 Liste chez M. T. Manni Piraino, IGLMP p. 72, et A. Brugnone, Kokalos 20 (1974) p. 221. 72 Cf. De Waele, o.e., n° 7, p. 38-39 et 200-201.
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Cette plaque de bronze contient le texte de l'attribution par les Molosses de la proxénie collective aux Agrigentins73. Les différents auteurs qui ont traité de l'Epire ont tenté de situer ce document dans le cadre des relations diplomatiques et militaires entre les Epirotes et des Siciliens. Les tenants d'une date basse mettent ce texte en rapport avec la campagne de Pyrrhus en Sicile, 278-276 74; la plus grande partie des historiens serait en revanche favorable aux années 338-31 7 75, ce que pourrait peut-être étayer le style de l'écriture. Comme l'a bien remarqué Buck, la présence de la forme d'infinitif rhodien δόμειν 1. 8 est la preuve certaine que le graveur épirote a dû recopier un modèle préparé par les ambassadeurs agrigentins euxmêmes : la désinence normale d'infinitif athématique est en effet -μεν dans tous les textes epirotes; une forme άποδόμειν est attestée dans le texte suivant, 185, 1. 24. Je crois, avec Dittenberger, qu'il y avait quatre ambassadeurs agri gentins même s'il reste fort peu de place au début de la ligne 5 dont la première lettre ne peut être que le bas d'un sigma; qu'une lettre ait été oubliée par le graveur ou non, j'admets donc la restitution Τεί|[σιο]ς génitif de Τεΐσις, suivi deΈpμωvoς76; le dernier ambassadeur s'appelait Σέλινις, nom attesté à Sélinonte, 61, 65, 69, 77. 185 - Décret de proxénie sur table de bronze; 42 χ 30 cm; h. 1. : 410mm; ΤΓ, ù., Λ, Ζ, h au musée de Naples; basse époque hellénis tique. IG XIV 952; SGDI 4254; DGE 307; Buck n° 106; IGUR 2; De Waele, Acragas n° 5, p. 34-37 et 174-182, pi. 6. Cf. M. Feyel, REG 50 (1937), p. 46, n. 2 : άπόλογοι 1. 27; F. Ghinati, Kokalos 5 (1959) p. 136-137 : σύγκλητος 1. 10; G. Manganaro, Kokalos 9 (1963) p. 205-220, pi. LXIII : date basse; T. Ardizzone, Kokalos 13 (1967) p. 155-176 : προάγορος.
73 Sur cette institution plutôt exceptionnelle, voir A. Wilhelm, Attische Urkunden V, 1942, p. 52-53 (favorable à la date 338-317 av.); F. Gschnitzer, RE, Suppl. XIII, 1973, 674; Ph. Gauthier, Les cités grecques et leurs bienfaiteurs 1985, p. 163, à propos du texte épirot e, I.v.Magn. 32. 74 Hammond, Epirus 1967, p. 571 ; De Waele, o.e. p. 146. 75 P. Leveque, Pyrrhus, p. 209-210, met en rapport ce texte avec les aventures italien nes d'Alexandre Ier le Molosse (334-330); P. Cabanes, Le, situé le texte vers 330. 76 Carapanos restituait Τειχέρμωνος génitif d'un Τειχέρμων peu vraisemblable. Fick proposait Τει)[σία] qui est difficilement compatible avec ce qui reste sur la plaque.
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'Επί ίεροθύτα Νυμφοδώρου τοϋ Φίλωνος παραπροστά(τα) τάς βούλας, προεδρεύουσας τα,ς φυλάς 5 των Υλλέων, προαγοροΰντος Διοκλέος του Διοκλέος, γραμματεύοντος Άδρανίωνος 'Αλεξάνδρου, άλίασμα εκτας διμήνου, Καρνείου έξήκο[ντ]ος πανται, υπέρ προξενιάς Δημητρίωι Διοδότου Συρακοσίωι. Έδοξε ται άλίαι καθά και ται συγκλήτωι ρι · επειδή άνάγγελλον οί πρέσβεες οί ές 'Ρώμαν πορευθέντες, Πασίων Πασίωνος Κότητος και Θεόδωρος Θεοδώρου Ξηνιάδα, Δημήτριον Διοδότου Συρακόσιον πολλάς και μεγάλας χρείας παρεισχήσθαι τώι άμώι δάμωι και μεγάλων αγαθών παραίτιο(ν) γεγόνειν, τοΐς δε Άκραγαντίνοις πάτριόν έστι και έκ προγόνων παραδεδομένον τιμεΐν τους αγαθούς άνδρας και προϊσταμέ νους του άμοΰ δάμου ταΐς καταξίοις τιμαΐς, δεδόχθαι έπί άγαθάι τύχαι και σωτηρίαι του δάμου τών Άκραγαντίνων εϊμειν πρόξενο ν και εύεργέταν Δημήτριον Διοδότου Συρακόσιον, όπως πασι φανερόν ή οτι ό δαμος τών Άκραγαντίνων έπίσταται χάριτας άπονέμειν καταξίας τοΐς εύεργετεΐν προαιρουμένοις αυτόν · το δε δόγμα τόδε κολάψαντας ές χαλκώματα δύο, το μεν εν άναθέμειν εις το βουλευτήριον, το δε άλλο άποδόμειν Δημητρίωι Διοδότου Συρακοσίωι ύπόμ νάμα τας ποτί τον δαμον εύνοιας · τους δε ταμίας έξοδιάξαι ές τα προγεγραμμένα όσον κα χρεία ή και φέρειν τάν εξοδον δια τών άπολόγων. Όμογνώμονες του συνεδρίου πάντες.
Le personnage honoré par ce décret, Διόδωρος Διοδότου de Syra cuse, était vraisemblablement un homme important dans la vie diplo matique de son temps puisqu'il est aussi le bénéficiaire d'un décret honorifique de la cité de Malte, IG XIV 953 = IGUR 3. Malgré cette heureuse coïncidence il est très difficile de dater notre décret : sauf Manganaro qui place le texte au Ier siècle avant, et Moretti qui le date des années 100 av., les autres commentateurs admettent que le texte a dû être gravé peu après 210, c'est à dire à une époque où Agrigente, après la seconde guerre punique, est devenue une cité vassale de Rome. Quant aux motifs qui justifient ce décret honorifique, on peut supposer
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que Diodoros a pu rendre service aux ambassadeurs agrigentins, en les introduisant à Rome (1. 11) auprès de sénateurs influents. L. 1-3. Un hiérothyte éponyme est aussi connu à Solunte77, Ségeste78 et Adranon79; il devait être à la fois prêtre de Zeus et παραπροστάτας du conseil; cette dernière magistrature est inconnue dans les autres cités grecques : à Gela en revanche est attesté un προστάτας τας βούλας 161, 1. 5. Dans παραπροστά(τα) le graveur a omis le second des trois τα : cette même faute se retrouve, dans le même mot, à Dodone : προστά(τα), Cabanes n° 12. L. 3-4. La φυλά προεδρεύουσα doit être l'équivalent de la tribu prytane à Athènes : il est vraisemblable que les Hylleis, les Dymanes et les Pamphyloi constituaient à tour de rôle, deux fois par an, et pendant deux mois (cf. δίμηνος 1. 8), ce bureau du conseil. L. 5. προαγορουντος : le προάγορος dont les fonctions précises ne sont pas parfaitement claires, était en tout cas un magistrat de premièr e importance dans la Sicile romaine; il est attesté à Tyndaris et à Cata ne à l'époque de Verres80. Présidait-il Γάλία? Etait-il un porte parole de sa cité auprès de l'autorité romaine? Nous renvoyons le lecteur aux articles, de G. Manganaro et de T. Ardizzone. L. 7. Le secrétaire Άδρανίων porte incontestablement un nom épichorique formé sur le radical du théonyme sicilien Άδρανός, Plutarque, Timoléon, 16, 2, théonyme que l'on retrouve aussi dans le nom syracusain Άδρανόδωρος Polybe VII, 2, et le toponyme Άδρανόν. L. 8. άλίασμα: le sens de «session» adopté par Sicca, p. 164, et par Feyel81 serait unique. Je ne vois pas d'obstacle majeur à lui donner le même sens que δόγμα (1. 22) comme en 161, 1. 4, et à Entella passim. Καρνείου έξήκο(ντ)ος πανται : si έξήκω au sens de «expirer, s'ache ver» est bien attesté, son application à un comput mensuel, avec le sens de att. φθίνοντος, est peu banale, πανται «complètement»: le même adverbe dorien est attesté à Héraclée, Tab. I, 1. 141, avec un sens voisin. Il s'agit donc de la session du dernier jour du dernier ou de l'avant dernier mois de l'année.
77 Kokalos 9 (1963) p. 183 (195). 78 IG XIV 290. 79 Parola del Passato, 16 (1961) p. 26 sq. 80 Voir De Wade, o.e. p. 180-181. 81 REG 48 (1935) p. 375-380. 82 O.e., p. 179-180.
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L. 10. Du terme dorien άλία on rapprochera la glose d'Hésychius άλιακτήρ · τόπος έν φ αθροίζονται Σικελοί. La σύγκλητος des 110 est un corps civique énigmatique et la mention de cette assemblée après celle de la boula, 1. 3, est des plus curieuses. Après avoir passé en revue les différentes hypothèses envisagées, Ghinati et De Waele82 voient dans la synklètos une autre appellation de la boula : elle aurait comporté 36 représentants des trois tribus et deux membres permanents, le proagoros et le paraprostatas (3 χ 36 + 2 = 110). Je suis néanmoins, comme dans le cas de Syracuse (n° 97), enclin à admettre l'existence de trois assemblées : Yhalia, la boula et la sunklétos. L. 11. πρέσβεες «les ambassadeurs» : forme non contracte attendue en dorien83. L. 12. Curieusement les deux ambassadeurs envoyés à Rome sont cités avec leur papponyme : celui de Πασίων, Κότης est un nom aussi attesté à Malte dans le décret qui honore le même personnage, IGUR 3, 1. 7; sauf à y voir un nom indigène, il pourrait s'agir d'un sobriquet en -ης/-ητος de la racine de κοττίς/κοτίς «tête» (chez les Doriens)84. Le papponyme de Θεόδωρος, Ξηνιάδας présente un vocalisme radical sur prenant (Ξεν- est beaucoup plus fréquent en Sicile) qui est aussi attesté dans Ξήνιππος à Camarine, 121, 1. 25, et Ξήνις à Tauromenion, IG XIV 421 a, 1. 23. La graphie par η de la longue récente dans l'onomastique et non dans le lexique (cf. πρόξενος 1. 19) doit être un écho d'une pério de où les longues ouvertes et les longues fermées n'étaient pas encore distinguées85. L. 14. χρείας παρεισχήσθαι : «rendre des services» : dans les décrets d'Entella 204, 1. 22, et 205, 1. 25, apparaît la séquence χρείας παρισχήσθαι avec le même sens que le présent χρείας παρεχεσθαι attesté en 209, 1. 9. Comme il ne semble pas y avoir d'iotacisme dans les textes d'Entell a, force est d'admettre la présence d'un parfait παρείσχημαι de πα-
83 Cf. Bechtel, GD II, p. 625-640, et Perpillou, Substantifs en -εύς, 1973, p. 69. 84 Les deux tau sont beaucoup plus fréquents dans la série des hypocoristiques : Kotτίς, Κότταρος, Κοττας, Κοττώ, voir L. Robert, Noms indigènes, p. 283, et Chantraine, DELG, p. 572. On doit signaler qu'il existe en Pisidie, à côté de Κοττης, un nom Κοτης dont L. Robert donne la liste dans Hellenica VI, p. 12, n. 3 : l'exemple sicilien ne pourraitil pas inciter à voir dans ce nom dit pisidien un nom grec à insérer dans la série des hypocoristiques cités ci-dessus? 85 Je reprends ici l'argumentation de Sicca 1924, p. 36, qui me paraît assez convainc ante.C'est aussi sans doute ce que veut dire Bechtel, GD II, p. 630 : « Die Schreibung des gedehnten ε mit H ist eine Ungenauigkeit».
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ρέχομαι à Agrigente et d'un parfait παρίσχημαι de παρίσχομαι à Entella. La diphtongue -ει- de la forme agrigentine est expliquée par Sicca86 et Buck87 par l'analogie de εϊληφα : il s'agit vraisemblablement d'une for me de koinè dont ces auteurs citent d'autres exemples en Asie Mineur e. άμώι = att. ήμετέρωι88. παραίτιο(ν) : sur la pierre παραίτιος; erreur banale due à l'influen ce de επειδή ό δείνα παραίτιος έστι. . . L. 15. γεγόνειν : désinence banale d'infinitif parfait en rhodien89; cette forme «thématique» est à rapprocher de l'indicatif γεγόνει d'Entella, 207, 1. 6-7. L. 16. τιμεΐν = att. τιμαν; la même forme se retrouve à Agrigente dans le fragment contemporain d'une plaque de bronze, L. Robert, Coll. Froehner, n° 84, 1. 7. On admet que la fermeture de α en e devant ο a entraîné en rhodien le passage des présents en -άω au type φιλέω90. L. 17. καταξίοις τιμαΐς mais χάριτας καταξίας 1. 21 : le féminin en -ία de l'adjectif composé est assez rare mais attesté à Entella, 207, 1.12. L. 22. δόγμα : cf. 1. 8. L. 24. άποδόμειν = att. άποδουναι : forme d'infinitif athématique à désinence -μειν comme dans άναθέμειν 1. 23 et εΐμειν 1. 19; on connaît à Camiros une forme άπ]οδόμειν, Annuario 27 (1949) n° 105, 1. 22, et à Entella un présent άποδιδόμειν 207, 1. 13. L. 24. Le terme ύπόμναμα «souvenir matériel de...» se retrouve avec exactement le même sens à Entella 209, 1. 19, où il qualifie aussi un χάλκωμα. L. 27. δια των άπολόγων «par l'intermédiaire des apologoi» : com mel'a bien expliqué Feyel91 qui reprenait une suggestion de Wilhelm92,
86 p. 125. 87 P. 301. 88 Cf. Bechtel, GD II p. 642 : en lesbien άμμος ; pour la forme άμός ou άμός chez Homère, cf. Chantraine, GH I, p. 272. 89 Cf. Bechtel, GD II, p. 642, et Buck, p. 118. 90 Cf. Bechtel, GD II, p. 621 ; Schwyzer, GG I p. 801, et Buck p. 125; une forme τιμει dans le décret de Calymna, I.v.Iasos Π, Τ 53, 1. 20, p. 161-162. 91 Art. cit.: l'expression δι'άπολόγου, dernier mot du célèbre «testament d'Epictéta» de Théra, IG XII 5, 330, 1. 288, n'a rien à voir avec nos apologoi et signifie «moyennant décharge » (trad, des IJG II, p. 95). 92 Beiträge, p. 256.
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ces άπόλογοι sont un collège de magistrats, agissant vraisemblablement à tour de rôle, qui devaient être des payeurs de l'état chargés de verser au responsable de la gravure du décret les sommes débloquées à cet effet par les trésoriers. Ces magistrats sont aussi connus à Halai93 en Locride et à Thasos, même si dans cette île leurs compétences juridi queset financières ne sont pas parfaitement cernées94. L. 28. La formule exprimant un vote à l'unanimité des présents ne semble pas avoir de parallèle. Le συνέδριον est ici une autre désignat ion de Yhalia. Traduction : « Numphodôros, fils de Philon étant hiérothyte et viceprésident du conseil; proédrie de la tribu des Hulleis, Dioklès, fils de Dioklès, étant proagore, Adranion, fils d'Alexandros, étant secrétaire; dernier jour de Karneios, au sujet de la proxénie pour Démétrios, fils de Diodotos, de Syracuse; il a plu à l'assemblée conformément à l'avis de la sunklétos des 110; attendu que les ambassadeurs qui sont allés à Rome, Pasion, fils de Pasion, petit-fils de Kotès, et Theodôros, fils de Theodôros, petit-fils de Xéniadas, ont proclamé que Démétrios, fils de Diodotos, de Syracuse, a rendu de nombreux et grands services à notre peuple et qu'il est à l'origine de nombreux bienfaits; attendu qu'il est dans la tradition des Agrigentins, comme nous l'ont transmis nos ancêt res, d'honorer les hommes de bien et ceux qui prennent en charge les intérêts de notre peuple, par des distinctions appropriées, plaise, pour la bonne fortune et le salut du peuple des Agrigentins, que soit fait proxène et bienfaiteur Démétrios, fils de Diodotos, de Syracuse afin qu'il soit manifeste pour tous que le peuple des Agrigentins sait remerc ier d'une façon appropriée ceux qui choisissent de lui rendre service; qu'après avoir fait graver ce décret sur deux plaques de bronze, on en dépose une au bouleutérion et que l'on remette l'autre à Démétrios, fils de Diodotos, de Syracuse comme souvenir de son dévouement pour notre peuple; que les trésoriers débloquent pour les dispositions ci-des sus tout ce qu'il faudra et qu'ils fassent parvenir la somme allouée par l'intermédiaire des apologoi. A l'unanimité de tous les membres de l'assemblée».
.
9iAJA 19 (1915) p. 446. 94 Voir J. Pouilloux, Recherches. . 1962, p. 589-590.
1954, p. 398-399, et surtout Bernard-Salviat, BCH
V -
CITÉS DU CENTRE ET DU NORD DE LA SICILE
Sont regroupées dans cette dernière section les inscriptions dialec talesqui sont apparues sur des sites qui ne sont pas ceux des premières colonies grecques. Il s'agit dans l'ensemble d'inscriptions de date plus récente que les précédentes qui proviennent du centre et du Nord de la Sicile. Dans cette section, le dossier d'Entella est de loin le plus import ant,mais les conditions de sa récente publication font que les huit décrets ne seront ici présentés qu'avec un commentaire minimum1.
TAUROMÉNION
186 - L'épigraphie grecque de Tauroménion est surtout célèbre par de longues inscriptions provenant des archives des la cité et ass ignables aux trois premiers siècles avant notre ère. Il s'agit d'abord d'une longue liste de stratèges δια πέντε έτέων «pour cinq ans», IG XIV 421, puis, dans l'ordre du corpus, des comptes des gymnasiarques concernant les besoins en huile, IG XIV 422, et enfin de huit inscrip tions financières qui sont les comptes de différents magistrats de la cité hellénistico-romaine (ταμίαι, σιτοφύλακες, ίερομνάμονες, préposés au σιτώνιον), IG XIV 423-430, textes qui fournissent maints renseigne ments sur l'économie et les productions locales. Ces inscriptions rédi gées en dorien ont été reprises et minutieusement commentées par Hoffmann, SGDI 5221-5228 (1905). Un autre fragment de compte plus récent, cité ci-dessous a, a été publié par H. Willers, RhMus 60 (1905)
1 Je ne reprends pas ici l'inscription métrique archaïque trouvée à Birgi près de Mozia tant sont variées et incertaines les hypothèses de restitutions pour ce texte très lacunaire : Gabrici, NotScav 1917, p. 347 sq.; LSAG n° 45, p. 277; CEG 149; C. Gallavotti, Boll, dei Classici, 1985, p. 34.
CITÉS DU CENTRE ET DU NORD DE LA SICILE
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p. 321-360; il sera repris par Arangio Ruiz-Olivieri 1925, p. 111-117, sous le n° 13, intégré à la présentation de l'ensemble du dossier finan cier de Taormine, p. 71-129. En 1964, G. Manganaro a publié deux autres comptes provenant du même archeion dans les Cronache di Archeologia, Catane, p. 38-69, tab. XIX {Bull 1966, n°512), le premier, ici b, p. 43-46, le second, ici c, p. 53-55. Comme le vocabulaire des textes les plus anciennement connus a été étudié par Sicca 1924, dans son «Dizionarietto», par Hoffmann et par Ar.R.-Ol. 1925, dans leur commentaires, je me bornerai à quelques remarques philologiques sur les trois textes les plus récemment publiés en renvoyant le lecteur à la présentation claire qui a été donnée de ces comptes par M. Guarducci, Ep. Greca, II, p. 290-299. Dialectologie. Le phénomène le plus notable est la présence d'un datif pluriel en -οις dans les mots athématiques : ίερομναμόνοις, σιτοφυλάκοις, άργυρωμάτοις IG 427 passim; τοις δύοις άνδροις α 1. 9; e 1. 2, 12; τοις πωλησάντοις α 1. 18. Il s'agit là d'un phénomène bien connu dans les dialectes du Nord-Ouest, Buck p. 89, qui doit absolument inter dire de supposer des variantes thématiques pour les deux noms de magistrats. Rappelons la présence d'un infinitif aoriste passif de type rhodien : άγορασθέμειν IG 430, I, 1. 13. Onomastique. Dans le texte c 1. 8-9 et 31, apparaît le nom Άσσινοκλής : comme l'a bien vu G. Manganaro, p. 57, n. 28, il s'agit d'un nom théophore qui contient au premier membre le nom du dieu-fleuve "Ασσινος qui figure sur deux monnaies de Naxos, BMC, Sicily, p. 120, n°23-242. L'hydronyme Άσσινος (act. Alcantara) apparaît vraisembla blement aussi, mais sous forme abrégée ασιν, à titre d'indication géo graphique (démotique) en IG XIV 422, III, 1. 86, et 423, I, 1. 23. Lexique. - En c 1. 19 et 25, est apparu l'hapax λαύραρχοι qui est traduit par «vici magistrati» par l'éditeur qui y voit des édiles chargés de l'adminis tration de la chôra agricole de Tauroménion. Le terme λαύρα est appa ru récemment au sens de «quartier» à Camarine, 124, 1. 4.
94.
2 Cf. H. A. Cahn, Die Münzen der sizilischen Stadt Naxos, Bale, 1944, p. 65-69 et 933 Cf. Cl. Antonetti, Mem. Ist. Veneto, 39, 3 (1985) p. 22-23.
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- En b et c, à de multiples reprises, figure l'expression unique έν άνακλήτω (λόγω) que l'éditeur propose de traduire par «report géné ral» ou «fond de caisse», sens qui pourrait être dérivé de l'acception littérale «compte réévoqué (d'un mois sur l'autre)». - Parmi les productions locales on notera la présence de deux types de blocs extraits des carrières : le πλακός, b, II, 1. 18-19 et 26, et Γέδρικός c, II, 1. 26. Le terme πλακός est une variante thématique de πλάξ/πλακός «plaque de marbre de parement» attesté en particulier à Epidaure, IG IV2 109, III, 1. 154, et 116, 1. 8; le second, έδρικός, est un adjectif substantive (s. e. λίθος) qui désigne un bloc de pierre destiné à Γέδρά «plan d'attente, lit supérieure d'un assise»4. - Le dernier terme à appeler un commentaire est ζωπωλίς «mar ché aux bestiaux» IG XIV 426, 1, 1. 12 : gén. ζωπωλ[ί]δος depuis la lectu re de Hoffmann, SGDI 5224, reprise par Ar.R.-Ol. 1925, p. 85. C'est avec un grand génie philologique que Hoffmann a rapproché, pour justifier sa lecture de ce passage corrompu, la glose d'Hésychius qui se présent e, dans le manuscrit, sous la forme ζωοπύλας · ό τα ίερα ζώα πιπράσκων και ό τόπος ζωοπωλίς, et que, depuis Musurus, les éditeurs ont corrigé en ζωοπώλας, ce qui est obvie, ό τόπος ζωοπώλιον, ce qui est satisfaisant du point de vue de la dérivation, mais rendu illégitime par l'inscription. Il faut conserver ζωοπωλίς dans l'explication de la glose et admettre avec Hoffmann qu'il a existé un adjectif substantive ζωοπωλίς) ζωπωλίς (αγορά) «marché aux bestiaux ( sacrés)»5. 187 - Fragment de décret; IIe av. Pubi. : IG XIV 432; SGDI 5230; Olivieri, RIGI 7 (1923) p. 169-172; Ar.R.-Ol. 1925, n° 15, p. 133-136 (SEG IV, 58). Cf. K. Latte, Gnomon 3 (1927) p. 371 : restitutions 1. 1-3. [ [ [ [
]ων άλλα μηδαμά, εί μη καί[ γε]γραμμένα έντί · εί δέ τις ή [ ]ή δόγμα έσενέγη ή μετα[κινήση ]η, δυσαγείτω και αυτός και γέ[νος
] ] ]
]
4 Cf. R. Martin, Manuel d'architecture grecque, 1965, p. 192, et Martin-Ginouvès, Dic méthodologique de l'architecture grecque et romaine, I, 1985, p. 58. 5 La forme de Tauroménion est enregistrée dans le Supplement du LSJ, mais il fallait renvoyer à Hoffmann et non à Ar.R.-Ol. tionnaire
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CITÉS DU CENTRE ET DU NORD DE LA SICILE
[ ίε]ροΰ χρήματος καταβλαβέος [ ] [ ]καί των νεανίσκων των άλε[ιφομένων ] [ ]όφιλόντω{ι} τώι Έρμάι και τώι Ήρα[κλεΐ ] [ τοις ά]λειφομένοις · δικασάσθω δε [αύτοΐς ό βουλόμενος. . . ίε][ροΰ χρήματο]ς καταβλαβέος άνις έπιδε[κάτου φυλασσόντω δέ] [ οί] νεανίσκοι μη δόγμα τι[ ] [ γεγ]ραμμένον έσ[τί ] Comme l'ont remarqué depuis longtemps les commentateurs qui rapprochent l'inscription de Téos Syll.3 578b, il semble bien que nous sommes en présence d'un texte de fondation en faveur d'un gymnase, texte sanctionné par un décret visant à protéger l'institution. Ce qui res tedu texte, dans la partie médiane conservée, doit être la fin du décret : sont ici exprimées la malédiction à l'égard de qui tenterait d'introduire des modifications dans les clauses de la fondation et les modalités des poursuites judiciaires encourues par les éventuels contrevenants. Pour les hypothèses de restitution nous renvoyons le lecteur au SEG. Le texte est rédigé en dorien (έντί 1. 2) et présente un cas évident d'iotacisme όφιλόντωΜ 1. 7 dans une forme à terminaison fautive. Son principal intérêt est la présence de deux hapax et d'un formule remar quable de la langue judiciaire. - L. 4. δυσαγείτω «qu'il soit considéré comme impie». Le verbe δυσαγέω est un déadjectif d'état de δυσαγής «impie» qui n'est attesté que tardivement et en particulier chez Pollux, I, 33 : δυσαγείτω équi vaut donc à δυσαγής έστω et au plus courant εναγής έστω. L'impiété qui rejaillit sur la descendance du contrevenant réside, comme souvent dans ce genre de texte, dans le manque à gagner dont pourraient être victimes les divinités tutélaires du gymnase, Hermès et Héraclès. L. 5. καταβλαβέος: génitif de l'adjectif unique καταβλαβής «qui a subi une offense» selon l'explication obvie de Hoffmann6. Le sens pass if de l'adjectif7 nous est garanti par la séquence καταβλάπτειν προσό δουςde plusieurs lois sacrées : Ep. Greca II p. 429, 1. 168-169 (Commagène) et LSCG n°70, 1.51-52 (IIIe, à Oropos). L'auteur de l'acte devient
6 Je ne crois ni à la supposition d'un nom d'agent* καταβλαβεύς {SEG } LSJ), ni à l'existence d'un abstrait* κατάβλαβος=καταβλαβή (Ar.R.-OL). 7 On comparera θεοβλαβής «frappé par les dieux» chez Hérodote, I, 127; VIII, 137.
CENTURIPE
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ιερόσυλος comme l'indique explicitement l'inscription de Téos, Syll.3 578b, 1. 49; d'où des restitutions comme [καθάπερ και έπί ίε]ρου χρήμα τος καταβλαβέος (SEG) ou [υπεύθυνος έστω ώς ίε]ρου χρήματος καταβλαβέος (Ar.R.-Ol). L. 9. La mention άνις έπιδε[κάτου est l'équivalent dorien de (προδικία) άνευ έπιδεκάτων dans un décret de Pérapéthos, Syll.3 587, 1. 23. Le poursuivant, quel qu'il soit, pourra donc immédiatement introduire une poursuite contre le contrevenant sans avoir à verser au greffe du tribu nalla παρακαταβολή, la consignation d'un dixième de la somme détour née ou détournable, le versement de cette somme étant destiné à di ssuader d'engager une action ceux qui pourraient avoir une propension trop nette à la chicane; voir à ce sujet le passage de Pollux VIII, 38-39, et Lipsius, Att. Recht, ρ . 933-941. Avoir le droit d'introduire une action άνις έπιδε[κάτου] suppose une infraction grave qui doit être châtiée sans délai et sans hésitation.
CENTURIPE (CENTORBI) A la fin du Ve siècle Κεντόριπα est un Σικελικον πόλισμα qui s'est allié aux Athéniens, Thucydide VI, 94 et VII 32. Située à 35 km au Nord-Ouest de Catane à une altitude de 726 m, la cité qui devint grec que au IVe siècle occupait une position stratégique importante, régie par les tyrans grecs Damon et Nicodème que chassa Timoléon, Diodore XIV 78, 6 et 82, 4. La cité réapparaît dans la liste des théarodoques de Delphes au début du IIe siècle8. Libera et immunis, elle devient l'une des plus riches cités siciliennes à la fin de la République, Cicéron, In Verr. IV, 23. De son épigraphie très réduite je ne retiens qu'une dédicace et un curieux texte contenant un décret de renouvellement de sungéneia avec la cité latiale de Lanuvium.
8 BCH 1921, p. 25, col. IV, 1.97 (έν Κεντορριπίνοι[ς) ; cf. G. Manganarci, Historia 13 (1964) p. 420.
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CITÉS DU CENTRE ET DU NORD DE LA SICILE
188 - Dédicace à Zeus; perdue; IIIe-Ier av. IG XIV 574; G. Manganare SicGymn 1963, n°615). [Ε]πί Ηρακλείου του Ά[ . .ο[υ] Άριστονίκου, Διί Ώρίω άνφιπολεύσας [Αρτ]εμίσκος Νύμ[φ]ωνος Κάβα(λλ)ος έκ των αύτοϋ.
p. 51
{Bull
1964,
]
G. Manganaro estime qu'il y a ici deux éponymes; il me semble plu tôt que l'éponyme, comme Γάμφίπολος9 possède un surnom : Άριστόνικος; ce phénomène est désormais mieux connu10. A la ligne 5, la pierre comporte ΚΑΒΑΜΟΣ sur les copies ancien nes : la suggestion de Kaibel qui croyait à une erreur de lecture pour Κάβαλλος est à juste titre reprise par G. Manganaro. Le surnom Κάβαλλος est à ma connaissance unique : il s'agit vraisemblablement d'un sobriquet11 qui pourrait inciter à penser qu'il a aussi existé en grec un mot κάβαλλος «cheval de somme» dont serait dérivés καβάλλης et καβαλλεΐον. On ne saurait cependant exclure que ce sobriquet ait, en Sicile, été directement fourni par le latin caballus u attesté depuis Lucilius. Nous serions en présence, selon G. Manganaro, d'une dédicace à Zeus Ούριος, ici sous sa forme dorienne Ώριος qui suppose une variante ancienne *ώρος de ούρος(*ορ/?ος «vent favorable». Ce Zeus des vents favorables est connu en Sicile à l'époque de Verres : Cicéron, In Verr. II, 4, 128-129, évoque le rapt de la statue de Juppiter Urius à Syracuse. Cette épiclèse de Zeus est depuis peu également attestée à Elée-Velia, Landi n°40, 1-2 (Ve siècle); elle est surtout célèbre dans le Bosphore et en particulier à Kalchédon, /. v. Kalchedon n° 14, 1. 1 u.
9 Pour cette importante fonction religieuse en Sicile, voir les exemples réunis par Sicca 1924, p. 166-167. 10 Cf. O. Masson, Sileno, 7 (1981) p. 7-14. 11 Avec un suffixe -ας, Καβαλλας à Téos, /. v. Ephesos, 1437 (IVe). 12 Pour les faits grecs, voir L.Robert, RPh 1939, p. 175-179, Chantraine, DELG, s.v. καβάλλης, et enfin O. Masson, MusHelv 41 (1984) p. 142-143. 13 Sur la diffusion du culte de Zeus Orios/Ourios, voir Cook Zeus, III, 1939, p. 140-157 (notre inscription n'est pas citée).
CENTURIPE
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189 - Bloc de calcaire dur découvert au lieu-dit Acquamara; 41 χ 30 χ ép. 10-7 cm; manque toute la partie droite sur une largeur difficile à estimer; h. 1. : 1-1,4 cm; lettres carrées; au musée de Lentini; IIe in. Pubi. : G. Manganaro, Rend. Ace. Arch. Napoli 38 (1963) p. 23-44, fig. Ill (Bull. 1965, n° 499). Cf. G. Manganaro, PdP 1974, p. 396 : nombreuses corrections, nouv elle datation (Bull. 1976, n° 820); La Sicilia Antica II/2, p. 425 : résumé du texte. [Οί πρέσ]βεις οί πορευθέντες ες 'Ρώμαν κα[ί ές Λανόϊον καθώς τα περί τούτων] [έπι]στέλματα είχον, Φιλίαρχος Φιλιάρχου, Λάμπ[ων του δεινός, Ζώαρχος Μενίσκου άναγγέλ][λοντι] αύτούστα ές Λανόϊον πεπορεΰσθαι και άνανειώσ[θαι ταν ύπάρχουσαν] [τ]ών Λανοίνων ποτί τον δάμον των Κεντοριπίνων συγγένει[αν και παραλελα]5 [β]ήκειν αύτούστα δόγμα παρά τάς συγκλήτου των Λανοίνωίν. Άντίγραφον του δόγματος ] Φούριος Ποπλίου υίός στραταγός αυτοκράτωρ και Γάιος Άτέλλ[ιος---] Γαίου υιός άγορανόμοι τάι συγκλήτωι συνεβουλεύσαντο άν[ ] καλανδάν δεκεμβρίων γραφομένωι παρεγένοντο Λεύ[κιος ] Μαάρκιος Κοίντου υιός, Λεύκιος Κάπτιος Μαάρκου υίός, [ ] ίο Ζώαρχος Μενίσκου υίός, πρέσβεις Κεντοριπίνων λό[γους έποιήσαντο υπέρ τε] του δάμου και τάς συγκλήτου των Κεντοριπίνων [ συγγένει][αν], ξενία ν και οίκειοσύναν άνανειωσούμενοι κα[ί ] [ — τ]οΐς έκγόνοις αύτώντα ές ύπόμνάμα παραδ[ε ] [ — ο]πως ά οί πρέσβεις καλοί και αγαθοί άνδ[ρες ] is [ κεκαρ]υγμένου τα? άνενειώσαντο τα [ ] [ πα]ραλελαβήκειν και ταΰ[τα ] [ Λανόϊο]ν άποικίαν των Κε[ντοριπίνων ] [ ]ΣΕΝ τώι του[ ]
Les lignes 1-5 font allusion à un voyage d'ambassadeurs de Centuripe à Rome et à Lanuvium dont le but fut de renouveler la suggéneia entre la petite cité latiale et Centuripe. Or, on sait depuis peu que cette parenté qui fait de Lanuvium une αποικία, 1. 17, de Centuripe a des fon-
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CITÉS DU CENTRE ET DU NORD DE LA SICILE
dements mythiques : une inscription contemporaine de Tauromenium publiée par G. Manganaro, PdP 1974, p. 394, nous fait connaître le sujet d'une œuvre grecque de Fabius Pictor (IIIe) : ίστόρηκεν την [Ήρ]ακλέους άφιξιν [εις] Ίταλίαν και δ'ετι [νόσ]τον Λανοίου συμ[μάχ]ου τε Αινεία. L'origine sicilienne du héros Λανόιος éponyme de la cité du Latium devait donc être parfaitement admise au IIIe siècle avant notre ère. La suite du texte est la transcription en dorien d'un décret, un δόγ μα, remis aux ambassadeurs, pris par la cité de Lanuvium. Les noms des magistrats municipaux sont transcrits selon l'usage habituel : στραταγος αυτοκράτωρ = dictator14; άγορανόμοι = aediles; la σύγκλητος est le sénat local. Pour le toponyme, la graphie avec un seul rho semble la plus authentique : on la retrouve, pour l'ethnique, 1. 4, 10, 11; un vainqueur du stade à Oropos s'appelait Έμμενίδας Βέβαιου Σικελός άπο Κεντορίπων IG VII 420, 1. 46. Comme le grec dorien de ce texte est très vraisemblablement imput able aux ambassadeurs eux-mêmes, on doit considérer que l'on a ici un témoignage fidèle de l'état de la langue de cette cité sicilienne. Quelques formes remarquables sont à signaler. Le terme οίκειοσύνα 1. 12, est un hapax qui équivaut au banal οίκειότης. Unique également me semble être le vocalisme e de [έπι]στέλματα, 1. 2, en regard de la forme courante έπιστάλματα. L'emp loidu réfléchi αύτούστα, 1. 5, et αύτώντα, 1. 13, est une caractéristique morphologique du centre et de l'Ouest de la Sicile (n° 203; 206, 1. 19, 26, 27; 213; 214), voir RPh 1986, p. 102-105. L'infinitif parfait παραλελαβήκειν 1. 4-5 et 16, possède une désinence que l'on retrouve à Agrigente, dans γεγόνειν 185 1. 15, et chez Epicharme, 173, 3 Κ (πεφύκειν) : il doit s'agir d'un trait rhodien, Bechtel, GD II, p. 647. Enfin άνανειωσούμενοι est un futur typiquement dorien.
MORGANTINE L'identification du site de Serra Orlando, près d'Aidone, à 12 km au Nord-Nord-Est de Piazza Armerina, avec l'ancienne cité de Morgan14 Cf. H. J. Mason, Greek Terms for Roman Institutions 1974, p. 118.
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tine a été confirmée par la découverte sur l'agora d'un bloc comportant les lettres [Μ]οργαν[τίνα15 et de plusieurs monnaies à légende MOPΓΑΝΤΙΝΩΝ16. Si l'archéologie permet de placer l'arrivée de colons grecs17 sur le site indigène vers 560 et a clairement montré que le grand développe ment urbanistique avait eu lieu sous Timoléon, nos sources littéraires sont très peu explicites sur cette cité du centre de l'île. Diodore, XI 78, 5, nous apprend qu'au milieu du Ve siècle Morgantine était une cité αξιόλογος dont s'empara le chef indigène Doukétios en 459. Cédée par les Syracusains à Camarine en 424, Thucydide IV 56, 1, elle retombe dans l'orbite syracusaine dès 396, Diodore, XIV 78, 7. Prise par les Romains en 211, la cité passa sous la domination des mercenaires espa gnols qui battirent monnaie. La cité avait cessé d'exister à l'époque de Strabon, VI 2, 4 (= 270), ce que corrobore parfaitement l'archéolog ie18. Le dossier épigraphique de Morgantine est limité mais est intéres sant dans la mesure où la langue dorienne est bien conservée dans des petits textes qui sont imputables à la toute dernière période de l'existen ce de la cité19. 190 - Dédicace soignée sur la lèvre d'un pithos du IVe siècle. Pubi.: G. A. Stamires, AJA 62 (1958) p. 162-164, pi. 34, fig. 38; M.Smith, AJA 63 (1959) p. 183-184 (SEG XVI, 575; Bull. 1959, n°547; G. Manganaro, // tempio greco, p. 151-152, pi. XLIV, 4).
ιερός Έλαιελίνου
15 R. Stillwell, AJA, 67 (1963) p. 164; pour les récits de la fondation mythique de la cité qui s'appelle Μοργεντιον dans nos sources, voir Bérard, Colonisation, p. 446-448. 16 Cf. Kenan T. Erim, AHN 20 (1975) Suppl. p. 67-76. 17 II pourrait s'agir de Grecs venus des cités chalcidiennes de la côte Est. 18 Voir E. Sjöqvist, «I Greci a Morgantina», Kokalos 8 (1962) p. 52-68. Pour une syn thèse commode sur les fouilles, voir La Sicilia antica 1/3, p. 731-738. 19 Je ne reprends pas le graffite Άφροδίτ[α]ς sur un skyphos striglie du IIIe siècle : voir H. Allen, AJA 78 (1974) p. 381, pi. LXXV, 23 (Bull. 1976, n° 822) et G. Manganaro, // tempio greco, p. 152.
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S'il est sûr qu'il s'agit d'une dédicace, la nature de ce qui suit ιερός est très incertaine. Il me paraît très difficile d'admettre aussi bien l'i nterprétation de Stamires qui veut voir dans Έλαιελΐνος un théonyme qui serait un dvandva - catégorie de composés très rare en grec - dont le second membre serait le terme ελινος «vrille de vigne, vigne», celle de Smith qui, avec des arguments faibles, veut retrouver ici un théony me punique suivi du génitif d'un toponyme sicilien attesté chez Et. de Byzance (Έλινοι. . . εστί και Σικελίας πόλις) que celle de G. Manganaro : ιερός έλαίε Λίνου «olive sacre a Lino». Il vaudrait mieux admettre l'existence d'un théonyme indigène Έλαιελΐνος jusqu'ici inconnu, d'ap parence hybride puisque le début de ce mot semble bien être le radical du nom de l'olivier έλαία. 191 - Dédicace du théâtre, sur le 10e rang de la cavea; IVe ex. Pubi. : E. Sjöqvist, AJA 66 (1962) p. 138. Άρχέλας Εύκλείδα Διονύσωι La découverte de monnaies d'Agathoclès à proximité de cette dédi cace plaide en faveur d'une datation vers l'année 317. On ne sait rien par ailleurs de cet Archélas. 192 - Inscription graffite en lettres soignées et assez profondes sous le pied d'un petit encrier peut-être votif découvert avec un autre identique près du sanctuaire de Demeter et Coré; diam. : 7,3 cm; inv. 58-536 du musée de Morgantine-Aidone ; ca 250 av. Pubi. : E. Sjöqvist, AJA 63 (1959) p. 275-277, pi. 71, 1-2 (M. Guarducci, Ep. Greca III, p. 346-347, fig. 118 a-b).
Άντάλλο|υ το μελ| ανόβαφ| ον
Le nom du propriétaire, et peut-être dédicant, "Ανταλλος est attesté en Grèce même, à Delphes par exemple, mais est particulièrement bien
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représenté en Sicile (ici n° 161, 1. 39) : je renvoie le lecteur à l'excellente note de L. Robert, Hellenica XI-XII, 1960, p. 208, n. 2. Le terme μελανόβαφον est un hapax remarquable qui est bâti com meun autre nom d'instrument domestique, όξύβαφον «vinaigrier». L'éditeur a ingénieusement tenté de justifier cet hapax en estimant que le terme commun, μελανοδοχεΐον ou -δοχον chez Pollux, X, 60, n'impliquait que la notion de récipient tandis que le μελανόβαφον était en plus le creuset dans lequel l'encre était préparée, par dilution dans l'eau, de suie, de résine et de gomme; de cette préparation nous avons d'ailleurs en écho dans l'activité du jeune Eschine qui, selon Démosthène, Sur la couronne, 258, avait passé son temps το μέλαν τρίβων. On devrait donc plutôt traduire cet hapax par «ustensile qui permet de tremper l'encre» (préparation) que par «ustensile grâce auquel on trempe sa plume dans l'encre» (utilisation). 193 - Gros carreau de terre cuite aux angles arrondis découvert lors des reconnaissances de P. Orsi à Serra Orlando; 27,5 x 27,5 x 7 cm; trois inscriptions différentes gravées dans l'argile avant cuisson; présence de lettres «normales» et de lettres lunaires comme en 185 : époque hellénistique. Pubi.: P. Orsi, NotScav 1912, p. 451-452, fig. 29 : remarques de Comparetti. Utili 1X2 ζ X7A-./VA
Ces trois inscriptions sont énigmatiques car cocasse je ne vois pas du tout le lien sémantique Comparetti estime que les lettres Σ et Κ répétées premières de σκώμμα «plaisanterie, jeu de mots»; orterait des σκώμματα κατά λέξιν.
hormis leur aspect qui puisse les unir. en 1 sont les deux notre carreau comp
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CITÉS DU CENTRE ET DU NORD DE LA SICILE 1 - χελώνα, μύλα, κάδ[ο]ς «tortue, meule, jarre».
Comparetti transcrit Χελώνα Μυλακαδος et voit dans ce nom de femme suivie de son patronyme deux sobriquets burlesques : « Latortue fille de Pierredemeule». Bien qu'il existe à Samos une dame du nom de Χελώνη (ΗΡΝ p. 591) et que le nom béotien Μυλακκώ (Bull. 1938, n° 145) n'exclue pas a priori la supposition d'un sobriquet Μυλακας/αδος20, cette interprétation ingénieuse me paraît devoir être abandon née au profit de la transcription plus prosaïque que je propose ci-des sus. 2 - ναι νέαι νέα νάια νέ|οι τε μόνως, νέοι άν(δρε)ς vel ά ναΰς «Pour un navire neuf des agrès neufs et uniquement des jeunes gens, de jeu nes hommes (?)». Même si la lecture du dernier mot n'est pas claire, il est sûr qu'il s'agit d'une phrase qui contient des allitérations en n. On notera les formes doriennes : vai = att. νηί; νάια = att. νήια. La transcription ά ναΰς correspond mieux aux traces de lettres, mais crée une regrettable rupture sémantique et syntaxique. 3 - Ώ Ζεΰ ος σαπρας έν ται πύλαι «Ο Zeus, toi qui pourris à la porte». Comme l'a bien remarqué Sicca, p. 152, apparaît ici un verbe nou veau, σαπράω, qui est un dérivé de σαπρός «pourri». Il s'insérerait bien dans la série «Krankheit» de Schwyzer, GG I, p. 731 : καπράω, τραγάω, θανατάω, τοκάω, δαιμονάω, οίστράω. Comme les comédies d'Aristopha ne présentent plusieurs exemples de l'adjectif σαπρός se rapportant à des vieillards (Taillardat, Images d'Aristophane, § 56, p. 53), il ne serait peut-être pas impossible que cette dernière inscription et la précédente fussent des phrases empruntées à une pièce comique de Sicile; les frag ments 47 et 48 Κ d'Epicharme présentent en effet un type d'allitération voisin.
20 De toute façon un génitif en -οδός serait curieux en dorien.
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194 - Contrat de vente sous condition de rachat libératoire sur une lamelle d'argent brisée en huit morceaux; il manque la partie supé rieure, le haut de la marge de gauche ainsi que l'ensemble de la marge de droite. 65 χ 50 mm; au musée de Syracuse; IIe siècle. Pubi.: D. Comparetti, Annuario 1 (1914) p. 113-118, ph. et pi. VII (Arangio Ruiz-Olivieri, 1925, n° 17, p. 139-142; SEG IV, 62); G. Manganaro, ASNP, 7/3 (1977) p. 371-372, tab. LXI. Cf. K. Latte, Gnomon, 3 (1927) p. 371-371; G. De Sanctis, RivFil 56 (1928) p. 525-526: rôle des άμποχοι; J. V. A. Fine, Horoi, Hesperia, Suppl. IX, 1951, p. 166: trois premières lignes.
[Πεπράσθαι Δίωνι, χ ταλάντων] [το του δεινός έν top. ] ι [κτήμα/χωρίον και τ]α επόμενα π[άντα] [έ]πί λύσει · λύσασθαι δ'ένι[αυτώι ή τώι εξ][αν έ]ξαμήνωι Δίωνος είμ[εν]. Άμποχοι · Αίσχρίων Στρα(τί)[ου]- Στρά5 τιος-Αίσχρίωνος-Φίλων, Άρίσταρ[χος] Φιλιστίωνος. Άμποχοι · Αίσχρίων Στρατιού Σ(τράτιος) Αίσχρίωνο(ς) Ιλτου}, Φίλων, Άρίστα[ρχος] Φιλιστίωνος. Notes critiques. L. 4 : la gravure des hastes est confuse car on lit H pour τι .-L. 8 : ΣΆΙΣΧΡΙΩΝΟΛΤΟΥ.
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Ce texte est une πρασις έπί λύσει «vente sous condition de rachat libératoire»21. Après le nom du créancier qui prête sur gage, et qui doit être Dion, le texte devait énumérer le nom du vendeur-débiteur, le prix du prêt-vente (en talents) et enfin la dénomination et la localisation du bien immobilier qui fait l'objet de la transaction. L. 1. και τ]α επόμενα π[άντα] «et tout ce qui appartient au terrain» (abri de jardin, plantations diverses etc.). Le même sens pour le verbe έπομαι se retrouve dans les Tables d'Halaesa, 196 passim. L. 2-3. Texte de Manganaro. Il faut comprendre : «qu'il rembourse sa dette en une année, ou alors, six mois plus tard, Dion sera propriét aire».Les autres éditeurs restituent ή άλ|λωι έ]ξαμήνωι (Latte) ou ή τρί|τωι έ]ξαμήνωι (SEG); on pourrait aussi penser à ένι[αυτώι · ει δέ μή, έ]ξαμήνωι. Dans toutes les hypothèses il faut admettre la mention de deux délais successifs : le débiteur-vendeur s'est, devant témoins, enga gé à rembourser Dion en un an pour redevenir propriétaire de son bien, mais Dion, l'acquéreur-créancier, s'il n'est pas remboursé au bout d'un an, ne pourra légalement entrer en possession de son bien qu'au terme d'un semestre après la date prévue pour la lusis. L. 4-9. Liste de garants. Le terme sicilien άμποχος «garant» est apparu il y a peu dans les contrats de vente de Camarine, 124-126, au commentaire desquels on se reportera. Les nombreux auteurs du SEG IV ont, à mon sens, eu parfaitement raison de considérer que la liste des garants avait, on ne sait pour quel motif, été gravée deux fois, même si figurent des erreurs dans la secon de version. Il y a trop de similitudes entre les noms des deux listes pour qu'il puisse s'agir de personnages différents. Il faut donc, pour la ligne 8, renoncer à la lecture Αίσχρίων Όλτου de Comparetti et de Manganar o22. Ce que j'ai transcrit entre accolades est pour moi comme pour les auteurs du SEG, une erreur du graveur. A la différence de De Sanctis, j'admets que le Σ de la ligne 8 est l'abréviation de Σ(τράτιος). Les deux premiers garants sont Aischriôn 2, fils de Stratios, et son père Stratios, fils d'Aischriôn 1. Pour les suivants, il y a deux solutions : soit l'on admet avec le SEG que Philon est suivi de son patronyme et de son papponyme (1. 5-6 Άριστάρ[χου του] | Φιλιστίωνος et 1. 8-9 Άρισ-
21 Voir, sur ce type de vente, l'article que lui consacre E. Berneker dans la RE, Suppl. X, 1965, 652-664, et J. Pouilloux, Nouveau Choix 1971, p. 138. 22 Le rapprochement avec le nom énigmatique fOÀxeoqo, Kokalos 14-15 (1968-1969) p. 202, est peu prudent.
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τά[ρχου του] Φιλιστίωνος) et dans ce cas il n'y a que trois garants; soit, en écrivant Φίλων, Άρίσταρ[χος] | Φιλιστίωνος comme le préconise Wil helm, apud SEG, que Philon n'a pas de patronyme, et dans ce cas il y a quatre garants, Aischrion, Stratios, Philon et Aristarchos. 195 - Dix tablettes de plomb découvertes dans le sanctuaire chtonien situé au Sud-Ouest de l'agora hellénistique; au musée de Morgantine-Aidone; II/Ier av. Pubi: Ν. Nabers. AJA 83 (1979) p. 463-464 (SEG XXIX, 927-935; Bull. 1980, n° 594; D. Jordan, GRBS 1985, p. 180-181, n° 116-121). Cf. à la suite de publications préliminaires N. Nabers, AJA 70 (1966) p. 67-68 : sens des verbes (Bull. 1966, n° 518); M. Guarducci, Ep. Greca IV, 1978, p. 250-251, fig. 70; n°4; D. Jordan, AM 95 (1980) p. 236-238 : les verbes (Bull. 1981, n° 688). Il serait sans intérêt de reprendre ici ces dix brefs textes aux for mulaires très voisins qui, à l'exception du nom féminin Ερωτική n° 3, comportent surtout des noms latins et des théonymes au vocatif : Γα, Έρμα, Φερσεφόνα, θεοί καταχθόνιοι, Πλούτω. Après cette enumeration de dieux infernaux le numéro 4 présente les mots ποτιδέξεσθε ταν Βενούσταν, του 'Ρούφου ταν θεράπαιναν; le numéro 6 άπ{αγ}άγετε ταν Βενού[σταν του] | 'Ρούφου; en 1 apparaît l'im pératif aoriste πάρδεξαι. L'identification de la nature de ces textes dépend de la connotation favorable ou défavorable que l'on attribue aux verbes doriens ποτιδέκομαι et παρδέκομαι (-δέκομαι à cause de ποτιδέκεσθ[ε n° 5). Nabers, qui semble avoir été approuvé par L. Robert, estime que ces textes sont des suppliques aux dieux infernaux pour qu'ils accueillent favorablement la jeune servante. Jordan et M. Guarducci se fondent sur le n° 6 pour voir dans ces deux verbes la contrepartie du verbe παραδίδωμι connu au sens de «vouer» dans des papyrus et des defixiones du début de notre ère. Je suis davantage convaincu par les rapprochements littérai res (Euripide, Aie. 741-744 et Sophocle, Phil. 819-820) invoqués par Nabers qui voit dans ces petits textes des suppliques faites aux Dieux par un vivant, ici Rufus, pour que soit bien accueilli dans l'au-delà un être cher.
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HALAESA
La cité antique d'"AÀaiaa dont le site correspond à celui du lieu-dit S. Maria di Palati, à 50 km à l'Est de Cefalù, près de la côte, a été fon dée en 403 par Άρχωνίδας d'Herbita, et peuplée de réfugiés et de mer cenaires d'origines diverses, Diodore, XIV 16. A l'exception de la grande inscription cadastrale et de quelques dédicaces θεοΐς πάσι de la basse époque hellénistique23, l'épigraphie grecque de la cité est très réduite. 196 - Le principal texte grec d'Halaesa est une inscription cadast rale gravée sur deux colonnes qui a été découverte au XVIe siècle et entreposée au collège jésuite de Palerme jusqu'à la fin du XVIIIe, date où l'on perd sa trace. Le texte que nous possédons est donc entièrement fondé sur des copies antérieures à 1800. De cette grande inscription un fragment, malheureusement lui auss i perdu, fut découvert sur le site en 1885, et publié avec une excellente reproduction en zincotypie. Autant, pour des raisons internes, ce frag ment appartient sûrement à la grande inscription - et je le présente sous le même numéro 196 -, autant il me paraît préférable, et ce mal gré une grande similitude d'écriture, de faire figurer à part un frag ment découvert également sur le site et publié en 1961 par S. Calderone (197) : il ne contient en effet aucun élément décisif qui nous permette d'y retrouver un passage de la grande inscription24. La datation communément admise pour ce texte était jusqu'à il y a peu le Ier siècle avant notre ère; G. Manganaro a récemment estimé que son écriture carrée devait plutôt inciter à situer cette inscription au début du IIe siècle avant.
23 IG XIV 353-355. Un autre dédicace de soldats embarqués a été publiée par G. Scibona, Kokalos 17 (1971) p. 5-11, tab. II : θεοΐς πασι. [O]i στρατευσάμενοι κατά ναΰν'Αλαισΐνοι, Καλαντΐνοι, Έρβιταΐοι, Αμηστρατΐνοι (ethniques des environs). Dans le même arti cle, p. 11-13, une dédicace de la statue de χ Απολλοδώρου Σαλ Λαπίρωνα; pour le surnom, voir O. Masson, Sileno, 7 (1981) p. 11. 24 Une publication globale est annoncée par A. R. Prestianni, ArchStorMess 28 (1977) p. 208-212 (SEG XXVIII, 763; Bull. 1980, n° 592).
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Franz, CIG 5594; G. Kaibel, Index Univers. Rostochiensis, 1882; IG XIV 352; Hoffmann, SGDI 5200; Schwyzer, DGE 313 (col. II); Sicca 1924, p. 211-231. Avec inclusion du fragment publié par G. di Giovanni, ArchStorSic 10 (1885) p. 123-129, pi. VI, sans transcription; Arangio Ruiz-Olivieri 1925, n° 2, p. 41-61 (SEG IV, 45). Cf. G. Manganaro, La Sicilia Antica, 11/2, p. 430-435 : commentaire. Le texte que je reproduis ci-dessous est dans l'ensemble celui d'Arangio Ruiz-Olivieri. Comme Sicca a longuement commenté et a, dans le «Dizionarietto» de sa grammaire, établi et discuté le sens de nombreux termes, le commentaire qui suit le texte est uniquement conçu comme un guide pour le lecteur qui trouvera des remarques sur les termes rares ou uniques. I.
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τον υπό κακα]τά του ορίου ές τον πο[ταμον και κατ]ά του ποταμού εστε ποτί [τον ροΐσκον τον όρίζοντ]α τον β' κλάρον και αν του ρο[ΐσκου ές τάν όδον τ]άν έπί τάν Ίπύρραν · αί έλαΐαι αϊ έ[πιγεγραμμέναι] αύται άκολουθέοντι τω κλάρω τούτω. [Το. . . ] το ύπο τον όχετον άχρι ποτί ταν κράναν [ταν Ίπύρ]ραν ούκ έργαξειται και περίστασιν άφησεΐτα[ι πό(δας) ο παντςί, τα δε δένδρεα καρπευσε[ϊται. Ε Άπο του τέ(ρμονος) του ποτί τα κράνα τα Ίπύρρα κατά τάς όδοΰ ές ταν έλαίαν ταν κολοβάν, έν ά τέ(ρμων), και ές ταν έλαίαν έν ά τέ(ρμων), και τα όδω ές τον ποταμόν και κατά του ποταμού ές το οριον του δ' κλάρου και ώς τα όρια του δ' κλάρου αί έλαΐ αι αύται αί έπιγεγραμμέναι έπονται τω κλάρφ τούτω. Από τας όδοΰ τάς ξενίδος κατά τάς όδοΰ τάς παρά το Μειλιχιειον ές τον ροΐσκον και κατά του ροΐσκου ές ταν συμβολάν του ροΐσκου και άν του ροΐσκου ές ταν όδον ταν ξενίδα · ακολουθεί τω κλάρω τούτω το ΰδωρ το έκ τάς κράννας και του βαλανείου το απορρέον. Ι 'Από του ορίου του Ι κλάρου κατά τάς όδοΰ τάς άγουσας έπί το Τάπανον ές ταν σκαφιάν ταν παρά ταν θεματεϊτιν και ώς αί σκαφιαί παρά ταν άλον ές ταν έλαίαν, έν ά
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CITÉS DU CENTRE ET DU NORD DE LA SICILE τέ(ρμων), και ές ταν έλαίαν, έν όι τέ(ρμων), και ές τον ροΐσκον, και άν του ροΐσκου ές ταν όδον ταν επί το Τάπανον · αί έλαΐαι αί έπιγεγραμμέναι αύται έπονται τω κλάρω τούτω. Η Άπο τας σκαφιάς τάς παρά ταν θεματεΐτιν ές το ροείδιον και κατά του ροειδίου ές τον αγριέλαιον, έν φ τέ(ρμων), και έπίστρεμμα ές ταν έλαίαν, έν α τέ(ρμων), και ές ταν έλαί αν,έν όι τέ(ρμων), και ές ταν έλαίαν, έν ά τέ(ρμων), και ές ταν έλαίαν, έν ά τέ(ρμων), καί ές τον πέτρον, έν φ τέ(ρμων), και ές ταν έλαίαν, έν ά τέ(ρμων), και ές ταν σκαφιαν καί ές τον τέ(ρμονα) τον ποτί τα Ίπύρρα καί άν τας όδου εστε ποτί τον ροΐσκον καί άν του ροΐσκου εστε ποτί ταν έλαίαν ταν έπιγεγραμμέναν και ώς τα όρια του Ι κλάρου · αί έλαΐαι αί έπιγεγραμμέναι αύται επονται τω κλάρω τούτω. θ Άπο του άγριελαίου, έν φ τέ(ρμων), καί κατά του ροειδίου ές ταν έλαίαν, έν ά τέ(ρμων), καί ές ταν έλαίαν, έν ά τέ(ρμων), καί ές ταν έλαίαν (ταν) έπ ιγεγραμμέναν m καί ώς αί σκαφιαί (αί) παρά τους πασσάλους καί κάτω ώς αί σκαφιαί καί οί πάσσαλοι άχρι ές ταν σκανάν καί έκ τάς σκανάς άν του τοίχου καί ώς (ό) τοίχος ές ταν σκαφιαν καί ώς αί σκαφιαί ές τον τέ(ρμονα) τον υπέρ τάς ό δου καί άν τάς όδου ές τον τέ(ρμονα) τον ποτί τα Ίπύρρα καί ώς τα όρια του η' κλάρου · ά σκανά κοινά ποτί τον μισθωσάι' μενον τον κλάρον · αί έλαΐαι αί έπιγεγραμμέναι αύται έπονται τω κλάρω τούτω. Ι Από τάς σκανάς κάτω ώς αί σκαφιαί καί οί πάσσαλοι ές τον τοΐχον καί ώς ό τοίχος ές ταν σκαφιαν καί ώς αί σκαφιαί ές τον ποταμόν καί κατά του ποταμού εσ ε' κλάρον καί τε ποτί ταν όδόν ταν όρίζουσαν τον ε' καί θ' κλάρου. ώς τα όρια του ΑΙ Άπο του ορίου του ζ' κλάρου κατά τάς όδου τάς έπί το Τά πανον ές ταν γωνίαν ταν άνωτάταν του περιτειχίσματος του Ταπάνου καί έκ του Ταπάνου κατά τάς ποθόδου τάς ές το Άδρανιεϊον ές ταν έλαίαν, έν όι τέ(ρμων), καί ές τας σιδέας καί ές ταν έλαίαν, έν α τέ(ρμων), καί ώς αί σκαφιαί (αί) ύπό τον τέρμονα
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ές το ροείδιον και άν του ροειδίου ές ταν σκαφιαν ταν παρά τάν Θεματεΐτιν και ές ταν όδον ταν άγουσαν έπί το Τάπανον · αί έλαΐαι αί έπιγεγραμμέναι αύται έπονται τω κλάρφ τούτω · ΒΙ Άπο του Ταπάνου κατά τάς όδοΰ εστε ποτί το ροείδιον και κατά του ροειδίου εστε ποτί τον πάσσαλον τον παρά το ροείδιον και αι' ώς οί πάσσαλοι εστε ποτί το οριον του κλάρου και ώς τα όρια αι' · παρεξεΐ πόθοδον έξάπεδον ποτί το Άδρανιεΐτου κλάρου κ' ον και πό(δας) αποστάσει άπο του ναοΰ πάντα. Π Άπο τάς σκαφιάς τάς παρά τον Όπικανον κατά του 'Οπικανοΰ ές τον ποταμόν και κατά τοΰ πόταμου εστε κατά τον τέ(ρμονα) τον έν τω κλάρφ και άν των τε(ρμόνων) ές τον τέ(ρμονα) τον ποτί τα συκέα τον ύπό ταν όδον και ώς ά οδός εστε ποτί το οριον τοΰ γι' κλάρου τοΰ με γι' κλάρου τοΰ μεγάλου γάλου δρυμοΰ και ώς το οριον τοΰ δρυμοΰ. Έλαιοκόμιον δίκλαρον. Περίστασις · τω έλαιοκομίω ει τίς έστι ιερά έπεται · ού ποιησοΰντι δε βυρσοδέψιον ουδέ μαγειρικον οί μισθωσάμενοι το έλαιο κόμιον.
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ου και ν ταν ύπό το ές τον τέρμονα θ' το ορ]ιον τοΰ κλάρου και ου τ]οΰ κατά τοΰ ρόου τοΰ 'Οπικανοΰ κ]αί ές τον τέ(ρμονα) και ές ταν σκαφιαν ταν [παρά. . κ]αί ώς ό τέρμων και αί σκαφιαί ές ταν έλαί[αν, έν α τέ(ρμων), και] ές το οριον τοΰ ι κλάρου και άν τοΰ ορίου τοΰ ι [κλά]ρου εστε ποτί το οριον τοΰ Πικάττου και ώς τα όρια τοΰ illIVU, t IVJU lUUHW ΐω r\./\AA,pw Oii-v/v ι,νΛ,ι. vai ο/μλ,ιιλ,ι vai. o/u γεγραμμέναι αύται.
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CITÉS DU CENTRE ET DU NORD DE LA SICILE BI Άπο του τέρμονος του υπό ταν Ασπίδα ές τον πλάταμον, εί τέ(ρμων), και ές ταν έλαίαν, έν ά τέ(ρμων), και ές ταν σκαφιάν και ώς αϊ σκαφιαί ές ταν έλαίαν, έν ά τέ(ρμων), και ές ταν όδον ταν από (του) Ταπάνου και άν τας όδοΰ εστε ποτί το οριον του ζ' κλάρου και ώς τα όρια του ζ' κλάρου ές τον τέρμονα και ώς ό τέρμων άχρι κατά τον πλάταμον · τούτω τω κλάρω έπονται αί έλαΐαι αύται αί έπιγεγραμμέναι. Π Άπο του ορίου του αι' κλάρου κατά του Όπικανοϋ ές ταν σκαφιάν ταν παρά τον Όπικανον και ώς αί σκαφιαί αί ύπο τον τέρμονα ές τάν όδον τάν άγουσαν έπί το Τάπανον και άν τάς όδοΰ εστε ποτί το οριον του βι κλάρου και ώς τα όρια του βι κλάρου. Τοις παρά τον ρουν τον "Αλαισον δαιθμούς [ζ']. Α Άπο του ρόου του Άλαίσου ές τον τέ(ρμονα) τον έν τω πέτρω τον παρά τας πυάλους και άν του ράχα ές τον πέτρον, έν φ τέ(ρμων), και ές ταν όδον και άν τας όδου ές τον ροΐσκον και άν του ροίσκου ές τάν σκαφιάν τάν ύπο τφ τέρμονι και ώς ό τέρμων ό υπέρ τάς σκαφιας εσ τε ποτί ταν άλον και υπέρ τας άλου ώς ό τέρμων υπέρ ταν σκαφιάν και ές ταν σκαφιάν ταν παρά ταν έλαίαν και ύπέρ τάς έλαίας ώς ό τρίβος και αί σκαφιαί ές ταν έλαίαν ταν έπιγεγραμμέναν râ και έκ τάς έλαίας ώς ό τέρμων υπέρ ταν έλαίαν ές ταν σκαφιάν και άνω ές τας ράμνους και ώς αί ράμνοι περί τον τέρμονα και ές ταν σκαφιάν και άνω ές τον τέ(ρμονα) τον έν τω λίθφ και ώς ό τέρμων ύπο ταν άλον και ές τον τέ(ρμονα) τον έν τω πύργω και ύπο τον πύργον ές τον ροΐσκον τον ύπο ταν ρϊνα ταν έν τω πύργω εί τέ(ρμων), και κατά του ροίσκου ές τον ρουν τον Άλαισον και άν του Άλαίσου ές ταν άρχάν τάς περιωρεσίας · έν τούτω Αγρίου. Β Άπο τάς ρινός τάς έν τφ πύργω, εί τέ(ρμων), ύπο τον πύργο ν εστε ποτί τον τέ(ρμονα) τον έν τφ πύργω και άπο του τέ(ρμονος) κάτω ώς αί σκαφια ί ές ταν άχράδα ταν έπιγεγραμμέναν ή και ώς αί σκα φιαί ές ταν έλαίαν ταν έπιγεγραμμέναν m και ές ταν
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συκέαν τάν έπιγεγραμμέναν râ και ώς ταί σκαφιαί εστε ποτί τον τέρμονα και ώς ό τέρμων ές τον ροΐσκον και κατά του ροΐσκου ές τον ρουν τον "Αλαισον και άν του Αλαίσου ποτί το οριον του α κλάρου · έν τούτω Έλαφέος. Γ Από του τέ(ρμονος) του έν τω πύργφ του ορίζοντος τον β' κλαρον εστε ποτί τον ροίσκον τον έκ του διαπαύματος ρέοντα και κα τά του ροΐσκου ές ταν συμβολάν του ροειδίου και άν του pos β' ειδίου ές τον τέρμονα και ώς τα όρια του κλάρου · έν τούτω Έλαφέος. Δ Από του ροΐσκου του έκ του διαπαύματος ύπο τον πύργον εστε ποτί τον ροΐσκον τον ρέοντα έκ τας ρινός τας κα τά το ίερόν, εί τα χάλκια, κατά το μαγειρικον καί κατά του ροΐσκου εστε ποτί τον τέρμονα, εί σκαφιά, και ώς ό τέρμων άχρι ποτί τον ροΐσκον τον ρέοντα έκ του διαπαύ ματοςτον ορίζοντα τον γ κλαρον. Ε Από του τέρμονος, ει ά σκαφιά, κατά του ροΐσκου ές ταν σκαφιάν καί ώς αί σκαφιαί ές τον ρουν τον Άλαισον καί άν του Αλαίσου εστε ές τον ροΐσκον τον ορίζοντα τον β' κλαρον καί άν του ροΐσκου εστε ές τον τέρμονα τον ορίζον τα τον δ' κλάρον. Ε Από τάς ρινός τας κατά το ίερόν του Απόλλωνος τάς κα τά τα χάλκια τα ποτί τω μαγειρικω ύπο τον πύργον εστε ποτί ταν ρεϊνα ταν πελαστάταν ποτί το τυρρίδιον καί κατά του ράχα ώς αί σκαφιαί ές ταν άλον καί ές τον τέ(ρμονα) καί κάτω ώς αί σκαφιαί ές τον τέρμονα καί ώς ό τέρμων καί αί σκαφιαί ές τον β' ροΐσκον καί κατά του ροΐ σκου ές τον ρουν τον "Αλαισον καί άν του Αλαίσου ές το οριον του ε κλάρου. Ι Από του πύργου κατά του βαθέος ρόου ές τον ρουν τον "Αλαι σονκαί άν του Αλαίσου άχρι ποτί τον α' ροΐσκον καί άν του ροΐσκου άχρι ποτί τον πύργον · έν τούτω Ήρακλείδα Απολ λώνιου καί Φιλόξενου Μενίσκου. Σκυρεώνοις δαιθμούς 1 1 | Α Από τας ρεινος καθώς ό πύργος άχρι ποτί ταν ρεΐνα ταν έχομέν(α)ν του β' τυρριδίου καί άπο τας ρεινος κατά του ροει δίου άχρι ποτί τον τέρμονα καί ώς ό τέρμων (ό) υπέρ τας άλου καί άν του ράχα ώς αί σκαφιαί ές ταν ρεΐνα · έν τούτφ Ίστιείου θέστωνος καί Πελαγίου.
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CITÉS DU CENTRE ET DU NORD DE LA SICILE B Άπο του τέρμονος κατά του ροΐσκου εστε ποτί τον τέρμονα, εί σκαφιά, και τφ τέρμονι εστε ποτί το ροείδιον το ρέον άνά μέσον των γαεώνων και άν του ροειδίου εστε ποτί τον τέρμονα και ώς ό τέρμων ές το ροείδιον. Γ Άπο του τέρμονος κατά του ροειδίου του ανά μέσον των γα εώνων εστε ποτί τον τέρμονα, εί σκαφιά, και ώς ό τέρμων και αί σκαφιαί άν του ράχα ές τον τέ(ρμονα) και υπέρ τας άλου καί ές τον τέρμονα καί ώς ό τέρμων άχρι ποτί τον ροΐσκον.
Β. ό]δος π]όλει • ]ου spatium vacuum unius lineae s [του
ίο [χετον [ροΐσκον (?) 15
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[σον [τε ποτί [ρου [.κλάρου [οριον [ορίου [ον
κατ]ά του τρίκαί ές τ]ον τέ(ρμονα) τον τοΰτ]ο καί ώς ά οδός] ά άγουσα ]έπί το κ]ατά τον όεστε] ποτί τον ]το ίερον. ας ]ε Σάνκλετος ]ε τον ΚάνησΚα]νήσσου εσ]τοΐς Νυμ,φοδώ]Λκαν MPhb ε. καί ώς] τα όρια του ε]στε ποτί το ]καί άπο του έ]πί το πλάγι]πρώτον τέ(ρμονα) καί ρ]άχαν τον ύπ[ο ].Γ ι άπο <π
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χ[ ν. σ[ τρον ε [ ές πέτρ[ον τας όφρύα[ς τούτου κατ[α τούτου κατά τούτου κατά τας [ εί τέ(ρμων) και από τούτου ε[στε ποτί εί τέ(ρμων) και από τούτου εστ[ε ποτί λαιούς εί τέ(ρμων) εν. ό άγι[ος? ρα ταν όδον και ώς αί [σκαφιαί δενανον(?) 'Ηράκλειος Διογέν[ους Άρτεμίδωρ[ος του h (?) πρ-~ το μι[κρον του
ές πέ]ές] και από] και από] και από]
πα]-
Commentaire Colonne I L. 2. κατά του ορίου «en descendant le long de la limite» : le terme opiov est attesté dans le règlement de frontière arcadien DGE 663 (= RDA II, Ο 1). L. 3. κατά του ποταμού «le long du fleuve en descendant», έστε ποτί équivaut à άχρι ποτί dans le texte; l'initiale de εστε serait aspirée en dorien selon \'EM 382, 28 25. - L. 4. ροίσκος «ru» est un hapax, diminut if de ρόος qui apparaît aussi dans le texte. Le vieux terme homérique κλήρος apparaît ici sous sa forme dorienne κλαρος au sens de «parcelle obtenue après tirage au sort» - L. 4-5. αν του ροίσκου «en remontant le cours du ru» : les nuances sémantiques des différentes prépositions du texte ont été finement analysées par Sicca, § 43, p. 128-145. - L. 5. Ίπύρ25 L'aspirée ne figure pourtant pas dans le texte mégarien 28 h.
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pa : nom d'une source, cf. 1. 10 ποτί τα κράνα τα Ίπύρρα. Est-ce la sour ce qu'évoque le géographe Solin, V, 20: «in Halaesina regione fons alias quietus et tranquillus»? - L. 6. le démonstratif postposé ou non à έπιγεγραμμέναι indique la promiscuité : « les oliviers marqués qui se trouvent là, à côté». Le verbe άκολουθεϊν + dat. a le même sens que έπομαι + dat. dans le texte : «aller avec, appartenir à». On retrouve ce sens de έπομαι en 194. - L. 7-9. ύπο τον όχετόν «au-dessous de l'acqueduc : on signalera l'apparition du composé hypostatique ύπωχέτιοι «ceux qui se trouvent sous l'acqueduc» dans l'inscription laconienne publiée par Chr. Le Roy, Mélanges Daux, 1974, p. 229-238, 1. 1 (IIIe). On pourrait donc proposer pour le début corrompu de la ligne [Το μεν λάχος] το ύπο «la partie de terrain située sous l'acqueduc». Celui à qui écherra cette parcelle devra laisser un espace libre et non labour é, une περίστασις, dont la largeur est, en tout endroit, estimée à 70 pieds; seuls les fruits des arbres pourront être récoltés. On remarquera les futurs doriens en -σεϊται = att.-σεται; le moyen rare de καρπεύω se retrouve en 28 a-b. - L. 10. Sicca, p. 201-205, a bien montré que le te rme τέρμων souvent abrégé en τε avait trois sens dans ce texte : 1) «mar quede délimitation sur l'écorce d'un arbre, sur une pierre, II 34, sur une muraille, II 35»; 2) «borne»; 3) «sentier délimitant deux lots». L. 11. ταν έλαίαν ταν κολοβάν «l'olivier rabougri». - L. 13. ώς τα όρια «comme (sont) les bornes», soit «en suivant les bornes». - L. 15. Le signe C = 6 du début de la ligne est un digamma d'une forme qui se retrouve dans les inscriptions élymes, Agostiniani, IAS p. 118, ainsi que sur les vases «chalcidiens», cf. Jeffery, LSAG p. 79. La majuscule à ξενίδα ne s'impose pas; l'expression ξενίς οδός désigne la principale route qui mène hors du territoire; on la retrouve dans des textes cadas traux à Delphes, Syll.* 636, 1. 20 (= LSCG, n° 79), à Mantinée, Polybe XI, 11, 5, et avec une variante ξενικά à Megalopolis, IG V 2, 443, 1. 35. L. 16. παρά το Μειλιχιειον «le long du sanctuaire de Meilichios » : en dehors de Sélinonte, n° 41-50, un culte de Zeus Meilichios est aussi connu dans la région de l'Etna par une dédicace publiée par G. Manganaro, // Tempio Greco, p. 150. - L. 17. άν του ροίσκου «en remontant le cours du ru». - L. 19. κράννας : il est difficile de trancher entre une faute du graveur (κράν|ν}ας) et l'émergence épisodique d'une géminée fossilisée comme en éolien. - L. 21. το Τάπανον pourrait être une forte resse puisqu'il est question de son περιτείχισμα 1. 52. Le terme σκαφιά «fossé» n'apparaît que dans cette inscription; il est traditionnellement accentué sur la finale, sans doute parce qu'il s'agit d'un terme concret, cf. Chantraine, Formation p. 82. - L. 21-22. ταν θεματεΐτιν : il ne s'agit
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à mon avis ni d'une fontaine (Ar. R.-Ol.) ni d'une route (Kaibel); j'y ver rais plutôt une épiclèse en -ΐτις (avec iotacisme) désignant une divinité qui préside aux θέματα «aux dépôts d'argent», du type d' Artémis Λιμνάτις, d'Athéna Ληΐτις, de Hestia Πρυτανΐτις ou de Héra Ζυγϊτις, voir G. Redard, Les noms grecs en -της -τις, 1949, p. 205-214. παρά ταν θεματεΐτιν signifierait donc: «le long de la Th.» c'est à dire «le long du sanctuaire de Th.» selon un usage métonymique banal. - L. 22. ταν άλον = att. άλω ou άλων : le mot revient en II 28, 34- 35, 66, 78-79, 87 : le sens est très difficile à établir et les éditeurs hésitent entre «aire» (Sicca, Ar. R.-Ol.) et «jardin» (Chantraine, DELG, s.v. άλωή). - L. 26-27. ροείδιον : iotacisme pour ροίδιον, autre hapax, diminutif de ρόος. L. 27. τον άγριέλαιον «l'olivier sauvage»: ce phytonyme, équivalent de κότινος, apparaît chez Théocrite, VII 18, XXV 21 et 257, et chez Théophraste, HP 2, 2, 5. - L. 28. και έπίστρεμμα : litt, «et un tournant vers», d'où «en tournant vers»; il s'agit plutôt d'une abréviation administrati ve que d'un emploi adverbial. L. 38-39. πάσσαλοι «pieux». - L. 39 . La σκάνα, comme l'a bien vu Sicca, p. 200, ne saurait ici être une tente, mais une bâtisse en dur, grange ou étable au milieu des champs, qui sera partagée avec le loca taire de la parcelle voisine ; pour une autre attestation du terme en Sici le au VIe siècle, voir n° 155. - L. 40. άν του τοίχου «le long du mur en remontant». - L. 53-54. κατά τας ποθόδου τας ές τό Άδρανιεΐον «en des cendant le chemin d'accès qui mène au sanctuaire d'Adranos» : ce sens primitif de πρόσοδος/πόθοδος apparaît dans les Tables d'Héraclée II, 1. 43. - L. 54. ες τας σιδέας «en direction des grenadiers» : Chantraine, DELG. s.v. σίδη, estime que la finale -έα qui n'apparaît que dans notre texte s'explique par l'analogie de συκέα. - L. 62-63. Le futur αποστάσει est traduit par «distabit» chez Ar. R.-Ol. et possède une valeur intransit ive qui est peu banale. - L. 64. L'hydronyme Όπικανός est curieuse ment un adjectif en -ανός bâti sur la forme grecque du nom des Osques, les Όπικοί ou"On.K8Ç Thuc. VI, 2, 4, Strabon, V, 4, 3; 4, 12. L. 67-68. του γι' κλάρου του μεγάλου δρυμού «le 13e lot (qui est celui) du grand taillis» : le même terme δρυμός figure aussi dans les Tables d'Hér aclée, I, 1. 19. - L. 69-71. ί'έλαιοκόμιον est un lot double, δίκλαρον, adjectif unique; il sera exploité par deux fermiers, les μισθωσάμενοι de la ligne 71. Les éditeurs ont été très embarrassés par la traduction de ce terme : Franz et Manganaro y voit un pressoir à huile, Sicca, Ar. R.Ol. et le LSJ traduisent par «oliveraie», Kaibel et Hoffmann par «pépi nière d'oliviers». Bien que les neutres en -κόμιον soient très rares, il me semble que la première traduction est totalement improbable. A la
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ligne 70, le τις ne se rapporte pas à περίστασις. Je crois que περίστασις est un nominatif de rubrique et je propose de comprendre περίστασις ■ τφ ελαιοκομία) ει τίς έστι ιερά έπεται «Pourtour : appartient à l'oliveraie tout olivier sacré qui s'y trouve»; je comprends donc έστι comme ενεστι et ει τις comme ήτις ce qui est banal. Si le mot έλαία, si fréquent dans le syntagme έλαΐαι έπονται, n'est pas repris, c'est parce que le te rme έλαιοκόμιον était un collectif désignant un ensemble d'oliviers, jeu nes plants ou arbres en plein rendement. - L. 70-71. Pour l'interdiction de l'installation d'une tannerie, βυρσοδέψιον, et d'une cuisine, μαγειρικόν, je ne peux mieux faire que de reprendre l'explication de Kaibel : «Coriarium autem et popinam ideo vetabatur ne qui illic constituât ne odor nidorque culinae fumantis vel corii madentis arboribus colendis officiât». Le terme μαγειρικόν n'a pas ici le sens attique d'« indemnité pour le mageiros», LSCG n° 33, Β 1. 28, mais celui de μαγειρειον «cuisi ne».La présence d'une cuisine dans un sanctuaire est un fait bien connu dont les attestations ont été recensées par L. Robert, RevPhil 1939, p. 194 (Athènes, Délos, Cilicie et Lycaonie, Bull 1950, n°200). Colonne II. L. 9-10. Il est impossible de savoir ce qu'était le Πίκαττος. - L. 12. Sicca voit dans ΓΑσπίς un monument sur lequel était sculpté un bouc lier; je penserais plutôt à un rocher en forme de bouclier. L. 12-13. ές τον πλάταμον : avec Kaibel et Sicca je verrais volontiers dans πλάταμος une variante thématique de πλατάμων «rocher plat» ou «esplanade». L. 13. ει = att. ου: pour cet adverbe relatif dorien, voir M. Lejeune, Adverbes 1939, p. 279. - L. 17. Le terme τέρμων a ici son sens n° 3 «sent ierlimitrophe»; le sens de κατά + ace. est ici très délicat car on ne sait pas précisément en quoi consiste le πλάταμος. - L. 23. Ar. R.-Ol. sousentendent adsignavimus pour justifier le datif τοΐς et l'accusatif δαιθμούς. Il semble que ces δαιθμοί alloués «à ceux qui habitent près de l'Halaisos» sont énumérés dans le reste de la colonne. Le fleuve "Αλαισος se retrouve sous sa forme latine Halaesus chez Columelle, X, 268. L. 24-25. Les πύαλοι doivent ici être des lavoirs : on rapprochera la glo sede Photius et de la Souda πύελοι · έν οίς πλύνουσιν; on rappellera la présence du diminutif πλύνιον à Acrai, dans l'inscription cadastrale 109, 1. 35. άν του ράχα «en remontant la crête» : on distingue habituell ement un mot ράχας, attesté ici, de ραχάς/ραχάδος qui figure chez Phot ius et Hésychius au sens de «crête boisée». Le masculin ράχας doit être une variante du terme ράχις très fréquent dans les règlements de fron tières; il appartient à une catégorie morphologique mal représentée de
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masculins en -ας/-α, att. -ης/-ου comme βύας «hibou», πόρκης «goupill e» ou γύας «champ» attesté en 126, 1. 2, voir P. Chantraine, Formation p. 30. - L. 30. Le terme τρίβος a ici son sens courant de «chemin fré quenté». - L. 32-33. La présence de la conjonction ώς implique que les ράμνοι sont ici des «buissons» épineux allongés». - L. 31. Le mono gramme est compris comme πόλις Άλαισίνων (?). - L. 35. L'expres sion καθώς ό πύργος 1. 76 semble indiquer que πύργος désigne ici plutôt une muraille d'enceinte qu'une tour. - L. 36. Les différents contextes du mot ρίς, II 39, 53, 63-66, 76-79, imposent le sens de «canalisation», sens qui n'apparaît qu'ici et dans le composé ρινοΰχος «retenue de canalisation de drainage» chez Strabon, XIV 1,21 (ρινούχους ένέφραξεν «il avait bloqué les retenues des canaux d'évacuation des eaux») : nous renvoyons à Wilhelm, RhMus 84 (1935) p. 251-253. - L. 38. Je ne pense pas que le terme περιωρεσία «délimitation» soit, comme le veut E. Fraenkel, ZVS 42 (1909) p. 238, et 45 (1913) p. 177, une dissimilation de Περιωρισία. Il faut plutôt y voir un abstrait dérivé d'un nom περιωρέτης « géomètre » : le couple suffixal -έτης/-εσία apparaît dans ίκέτης/ίκεσία, ευεργέτης/ευεργεσία etc. - L. 38. έν τούτω 'Αγρίου : à l'i ntérieur d'un lot alloué par la cité se trouvait vraisemblablement la pro priété d'un particulier, "Αγριος. - L. 41. ταν άχράδα «le poirier sauva ge » : on rapprochera dans la toponymie le nom du quartier syracusain de ΓΑχραδίνη, Polybe, VIII 4, 1; Diodore, XI 67, 1; 73, 1; XIV 63, 1. L. 43. ταί : erreur du graveur pour |τ}αί ou seule forme dorienne de l'article dans le texte? - L. 46. Dans ce lot se trouvait un bien apparte nant à Έλαφεύς, sobriquet à ajouter chez Bechtel, HP Ν p. 589 26. L. 48. Le terme διάπαυμα qui apparaît aussi 1. 52 et 56-57, pourrait désigner un endroit où la canalisation est interrompue et coule en cas caded). - L. 54. τα χαλκιά, 1. 63-64 τα χάλκια ποτί τω μαγειρικω : pour Manganaro, il s'agit d'une forge où l'on battait la monnaie, ce qui est le sens de χαλκεΐον. Pour Sicca, il s'agit d'instruments de bronze utilisés dans le sanctuaire et en particulier dans le μαγειρικόν; ils étaient remis és dans une pièce attenante désignée ici par son contenu. On peut hési terpour l'accentuation : χάλκια ou χαλκία. - L. 65. L'hapax τυρρίδιον est un diminutif de τύρρις(τύρσις. - L. 75. Les Σκυρεώνοι sont considér és par G. Manganaro comme les habitants d'un dème de la cité. -
26 Etait connu depuis longtemps le nom de femme Έλάφιον, AFN p. 90-91 ; on connaît aussi maintenant une 'Ελαφίνα en Triphylie, Bull. 1958, n° 246.
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L. 77-78. Dans les copies έχόμενον; εχομαι + gén. = «jouxter». - L. 8283. Le terme γαεών/-εώνος doit équivaloir au γαιών des Tables d'Héraclée, I, 1. 136 : le sens de «levée de terre» n'est pas certain. Fragment Giovanni Colonne I L. 13. La coupe Σάνκλετος est très incertaine. - L. 14. εστ]ε τον Κάνησ[σον : la quasi-homonymie avec l'oronyme eubéen Κάνηθος, Strabon X, 1,8, Théophraste, HP 8, 8, 7, est remarquable mais il serait risqué d'en tirer des conclusions sur la pénétration chalcidienne dans la région, avant la fondation de la cité. Colonne II L. 5. τας όφρύα[ς «les terrasses» : les emplois métaphoriques de ce terme ont fait l'objet d'un minutieux article de R. Baladié, JdSav 1974, p. 153-191, d'où il ressort clairement qu'aussi bien dans les textes litt éraires qu'épigraphiques (en particulier, /. v. Priene 42, 1. 58-60) όφρύς désigne la rencontre d'un terrain plat avec une forte déclivité, et par exemple le rebord d'un champ en terrasse. 197 - Fragment brisé de toutes parts, découvert à Halaesa; h. 19 x 1. 22-26 x ép. 3,5-5 cm; lettres carrées de 9 mm; légers apices; au Rectorat de l'Académie de Messine; II/Ier selon Calderone, ca 150 av. selon G. Manganaro. Pubi. : S. Calderone, Kokalos 7 (1961) p. 124-136, tab. XI (Bull. 1963, n°318; SEG XXXI, 825). Cf. G. Manganaro, Sicilia Antica, Π/2, ρ. 430-431 : commentaire.
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[ ]ε το ήμισσον ΣΙ[ ] [ ]το τας δε[κ]ά[τ]ας τούτων οι άντιπ[οιησάμενοι κατα]βάλλοντον πα[ρ]α τους ταμίας έπιδ[έκατον κατ][αβ]άλλοντες [ώ]ς υπεράνω γέγραπτα[ι έξαιρέοντον] [δε] οί πρόβουλοι κρίτας τοις άντιποιησ[αμένοις έκ τας] [άλίας τ]ε και συγκλήτου, ταν μέν υπέρ δέ[κα αφ' άβας τρ][ιάκον]τα [κ]αί άφαιρέοντον ενα παρ' ενα [τους αίρεθέντας] [εστε] κα καταλειφθέωντι τρεις, ταν δε ύ[πέρ ] [ ]οσι και άφαιρέοντον ώσαύ[τως εστε κα κα][ταλειφθέωντι έπ]τά · ά δέ κλάρωσις γίνεσ[θον ] παρ' [ ]ταν ενα ] ενα ΚΑΙ[ [ ]ΟΑΤΑΝ[ ]
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Notes critiques. La ligne 3 commencerait à la marge de gauche. L. 3 : έπιδ[έκατον Mang., έπί δ[αμόσιον Cald. D'après Calderone, ce texte fragmentaire serait, comme à Héraclée, une συνθήκα qui accompagnerait la délimitation de terrain précédente. Il semble que son principal objet soit la désignation par les probouloi d'arbitres, κρίτας 1. 5, tirés au sort dans l'Assemblée et dans la synklétos, qui auront à se prononcer sur le cas d'individus qualifiés d'àvcurovnaaμενοι terme compris comme «ceux qui revendiquent la propriété» par L. Robert, et par «ceux qui concourent pour prendre à bail» selon la traduction plus vraisemblable de G. Manganaro. Calderone estime que les séquences introduites par ταν μεν υπέρ δε[ 1. 6, et ταν δε ύ[πέρ 1. 8, qui ne peuvent être que des accusatifs de relation, comportaient la mention d'un minimum d'âge : la restitution proposée 1. 8-9, ταν δέ ύ[πέρ τεσσαράκ| οντά αφ' άβας εϊκ]οσι qui se fon desur un expression de Xénophon, Hell. 5, 4, 13, me paraît judicieuse et on ne doit pas être surpris par la présence de la forme de koinè είκοσι qui est banale en sicilien à cette époque, Sicca p. 20, 40, 62. Après la constitution de ces deux listes, un tirage au sort procédant par élimination successive, ενα παρ ενα, devait aboutir à une commiss ion de trois arbitres issus de l'Assemblée et de sept autres issus de la synklétos. Cette κλάρωσις élaborée n'est pas sans rappeler celle dont il est question dans le troisième décret d'Entella, n° 206. La point le plus intéressant de cette inscription si mutilée est la présence d'impératifs en -ντον dont c'est ici la première attestation en Sicile. L'éditeur, en rappelant justement que cette désinence bien attes tée en éolien et en pamphylien (Brixhe, p. 121-123) l'était également à Rhodes (1 ex.) et dans sa colonie Phasélis (1 ex.), a imputé cette caracté ristique dialectale à l'élément ethnique d'origine géléenne ou agrigenti ne de la population mêlée (σύμμικτον οχλον Diodore, XIV 16) d'Halaesa. Or comme les impératifs géléens sont en -ντω, -σθω (134, 1. 7; 160, 1. 30 et 33) il vaudrait mieux admettre que les mercenaires qui ont par ticipé à la fondation d'Halaesa à la fin du Ve siècle venaient d'Agrigente qui, comme on le sait, fut fondée par des Rhodiens aidés par des Géléens (voir section Agrigente). Il faut admettre que ce contingent a eu assez d'influence pour imposer son dialecte dont nous saisissons ici quelques bribes significatives 250 ans après la fondation de la cité. La présence de la désinence archaïque -ντον aussi bien à Phasélis que dans la fondation secondaire d'une colonie rhodienne d'Occident me
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paraît un gage de l'ancienneté de -ντον à Rhodes où cette vieille dés inence est très vite remplacée par -ντω (Bechtel, GD II, p. 645) 27.
HENNA 198 - Gros bloc calcaire découvert au pied de la citadelle naturelle d'Enna; a disparu pendant la seconde guerre; restes d'une inscription composée de trois lignes brèves ; IIIe av. Pubi. : M. Guarducci, NotScav 1931, p. 390-391, fig. 15-16; W. Vollgraff, MRAI 14 (1951) p. 350-353 (SEG XIV, 598); G. Manganaro, ArchClass 17 (1965) p. 187-188, pi. LXV, 1; O. Masson, Festschrift E. Risch, 1986, p. 451-457. Άρχος Δαμ[ατριαστάν] Ένναίων. Pour d'autres restitutions moins probables, on se reportera à l'artide G. Manganaro; celle qui est ici adoptée remonte à Vollgraf f et est admise par O. Masson. Ce dernier a proposé de retrouver ici le vieux terme désignant «le chef», άρχος, ici celui d'une association. La présence d'une association de Damatriastes à Henna est tout à fait attendue quand on sait l'importance du sanctuaire et du culte de Demeter à Henna, pour lesquels on dispose non seulement des témoi gnages littéraires comme celui de Strabon, VI, 2, 6, des inscriptions latines, mais aussi des monnaies qui présentent jusqu'à l'époque romai ne une tête de Demeter. Comme les monnaies les plus anciennes de la cité présentent la légende HENNAION il paraît normal de mettre un esprit rude aux for mes de l'ethnique et du toponyme; sur ces monnaies voir G. K. Jenkins, AHN, 20 (1975) Suppl., p. 77-103.
27 Cette désinence a été étudiée par J. L. Garcia Ramon, ZVS 92 (1978) p. 135-142 : les formes de Phasélis seraient influencées par le dialecte de Pamphylie dans lequel -δυ(ντον serait un éolisme ; -ντον et -σθον résulteraient de l'érosion de -ντων et de -σθων en sandhi.
IMACHARA - LONGANÉ
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IMACHARA
199 - Caducée inscrit du musée de Palerme; proviendrait de la région de Nissoria; h. : 52 cm; poids 348, 8 gr.; l'inscription semble gra vée sur une autre qui n'est plus lisible; alphabet «bleu» (X = chi); Ve siècle. IG XIV 589; SGDI 5253; DGE 311; J. F. Crome, AM 63-64 (19381939) p. 1 17, n° 1 pi. 17, 1 ; LSAG n° 23, p. 276 et 269. Cf. G. K. Jenkins, AHN 20 (1975) Suppl. p. 91 : monnaies; L. Bernabò Brea, ibid. p. 43-45 : sources; W. Hornbostel, Jahrb. der hamburger Kunstsammlungen, 24 (1979) p. 61, η. 82 : typologie.
Ίμαχαραίον δαμόσιον (καρύκειον) En dehors de ce caducée, la cité d'Imachara est connue par deux litrai d'argent du IVe siècle et par la mention d'un ager imacharensis et des Imacharenses chez Cicéron, Verr. III 47 et 100 (CUF) et Pline, III, 91. L'apparition à Mendolito, à 8 kms au Nord-Ouest d'Adrano d'une inscription indigène commençant par iamakaram a incité son éditrice, P. Pelagatti, Kokalos 10-11 (1964-1965) p. 252-253, ainsi que Jenkins, à supposer que c'était là le site de l'ancienne Imachara. Ce dernier, se fondant sur la similitude typologique des monnaies à légende Πιακΐν(ος) a estimé qu'Imachara était le nom récent de la cité de Πίακος. Comme l'inscription est d'interprétation très controversée, et en l'a bsence d'autres documents significatifs, la prudence veut que l'on consi dère que le site d'Imachara n'est pas encore identifié.
LONGANÉ
200 - Caducée de bronze du British Museum, n°319; h.: 46cm poids : 273, 7 gr.; ca 450. IG XIV 594; J. F. Crome, o.e. p. 118, n° 3, pi. 18, 1.
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Cf. G.K.Jenkins, o.e., p. 99-101 : monnaie; L. Bernabò Brea, ibid. p. 6-9 : site; W. Hornbostel, o.e. p. 55 : typologie. Λονγεναΐός εμι δεμόσ(ιος κερυξ) Le site de Longané est désormais identifié entre Milazzo et Tyndaris le long du fleuve Rodi à 7 kms de la côte28. Cette cité est connue par des monnaies de la fin du Ve siècle à légende Λογγαναίον. Enfin depuis Casaubon, on estime que le fleuve Λογγανός Polybe I, 9, 7, au bord duquel Hiéron II défit les Mamertins en 269 ou 264, est le même que celui qui est appelé Λοιτανός chez Diodore XXII 23 (act. Longano(?), un peu à l'Est du site)29. La présence de ë longs ioniens dans cette inscription et d'une for me dorienne de l'ethnique dans les monnaies fait penser à la succession Μεσσηνίων-»Μεσσάνίων dans l'ethnique de Messène-Zancle au milieu de Ve siècle. On peut donc assez légitimement en conclure que Longané était à l'époque de notre caducée une cité chalcidienne passée sous domination dorienne dans le cours du siècle.
ADEONZ. . . 201 - Bouton de caducée ou poids trouvé en Sicile en 1888; 340 gr; au Cabinet des Médailles; Ve siècle. Pubi. : Bechtel, Bezz. Beitr. 46 (1914) p. 294-295, Parerga 50 (ad DGE 311); L. Robert, Coll. Froehner 1936, n° 83, p. 129, pi. XLIIL Cf. M. Guarducci, Ep. Greca II, p. 463, n° 1 : il s'agit d'un poids; W. Hornbostel, o.e., p. 61, n. 90 : date. Άδεονζίνον δαμόσ(ιον καρύκειον) La finale -ivöv est certainement celle d'un ethnique mais nous ignorons tout des mystérieux Άδεονζΐνοι. 28 D'une façon très curieuse est connue par Et. de λίας πόλις · ό πολίτης Λογγωναιος, Φίλιστος δεκάτψ; il Λογγήνη/Λογγάνα due à l'existence de la glose λόγγων pierre percée servant de bitte d'amarrage à Syracuse. 29 Cf. Ziegler, RE, s.v. Longanos, 1926, et Walbank,
Byzance une cité Λογγώνη · Σικε pourrait s'agir d'une erreur pour de \'EM 569, 41, qui désigne une Comm. in Polybius, I, p. 56.
THERMES D'HIMÈRE
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THERMES D'HIMÈRE
En 409, après la destruction d'Himère par les Carthaginois, ce qui restait de ses habitants trouva refuge, en 405, aux Thermes d'Himère, Cicéron In Verr. II, 86, aujourd'hui Termini Imerese, à 37 km à l'Est de Palerme; les rescapés d'Himère avaient d'ailleurs été précédés sur le site par un groupe de Carthaginois qui s'y étaient installés en 407/6, Diodore XIII, 79 : nos sources ne disent pas quels furent les rapports de ces deux communautés. De toute façon il est certain que les Himéréens qui s'établirent aux Thermes étaient des Grecs de langue dorienne puisqu'après 480 Théron d'Agrigente avait installé dans la colonie chalcidienne, qui s'était alliée aux Carthaginois, un grand nombre de Doriens d'origines diverses, Diodore, XI 48, 6-8; 49, 3-4. C'est ainsi que sur les monnaies des Thermes d'Himère l'ethnique apparaît régulièrement sous la forme θερμιτάν. Les inscriptions montrent que la langue do rienne s'y est maintenue jusqu'à l'époque impériale. Recueillies depuis longtemps au musée civique de la ville, ces ins criptions ont été minutieusement publiées par A. Brugnone, Kokalos 20 (1974) p. 218-264. Je n'en retiens ici que deux qui, à des titres diffé rents, méritent un bref commentaire. 202 - Dédicace honorifique; A et A; inv. n° 138; II/Ier av. CIG III 5578; IG XIV 317; A. Brugnone, Kokalos 20 (1974) n° 2, p. 221-223, tab. XXXII, 2.
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ίο
[ [έ]πί το άλειπ[τήριον έκ του] [ί]δίου ποιήσαντα [κ]αί τας διώρυγας και τ[αν] [σ]τρώσιν τας πλατείας τα[ν] [ά]πο του λίθου του θηγανείτα άπο τάς [π]ύλας τας παρά θάλασσαν έκ του ίδίο[υ] [π]οιήσαντα vac. εύνοιας [ένεκα ]
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CITÉS DU CENTRE ET DU NORD DE LA SICILE
L'inscription honore un bienfaiteur qui, à ses frais, εκ του ιδίου, a assuré l'édification de la partie du gymnase où les habitués s'oignaient d'huile, Γάλειπτήριον et la construction de canalisations de drainage des eaux, τας διώρυγας (terme que l'on retrouve dans les Tables d'Héraclée I, 59). Il a aussi fait paver, στρώσις, la grand rue, πλατεία (cf. 134 a. 1. 4) avec une pierre qualifiée de θηγανείτας; cette forme unique com porte un iotacisme, le maintien de la désinence dorienne, mais un voca lisme radical de koinè. Le θηγανίτης λίθος devait être la roche à partir de laquelle on faisait les θηγάναι «pierres à aiguiser» et devait donc être particulièrement dure et résistante. L'adjectif θηγανίτης possède un suffixe que l'on retrouve dans un très grand nombre de noms de pierre : nous renvoyons à G. Redard, Les noms grecs en -της, -τις, 1949, p. 49-65 (p. 55), et au commentaire de Sicca 1924, p. 177. 203 - Dédicace honorifique; II/Ier av. IG XIV 316; SGDI 3249; A. Brugnone, Kokalos 20 (1974) n° 5, p. 229-231, pi. XXXIII. Cf. G. Manganaro, Historia 13 (1964) p. 431, n. 96 : date. 'Αριστόδημος Νεμηνίδα Πέρσιος ποιητας τους γονέας και τον εύεργέταν αύτώντα Άριστόδαμον Σιμία και ταν γυναίκα αύτου και ταν ιδίαν άνέστασε. Le texte indique clairement qu'un poète du nom d"Aptστóδημoς Νεμηνίδα Πέρσιος a fait ériger la statue de ses parents, de leur protec teur,Άριστόδαμος Σιμία, de la femme de ce dernier, et de sa propre femme. Πέρσιος doit ici aussi être un surnom, ce qui ne surprend pas dans cette région. A. Brugnone qui date le texte aux II/III s.ap. estime que Πέρσιος est un cognomen ex virtute influencé par le nom du poète latin Perse contemporain de Néron. Cependant, comme rien, à mon avis, n'impose cette date si tardive, je serais enclin à suivre la proposi tion de date de Manganaro et à considérer Πέρσιος comme un sobri quet bâti sur le radical du noms des Perses, Πέρσαι. Il me semble en effet difficilement concevable qu'un rédacteur des II/IIIe siècle ap. ait pu utiliser le pronom réfléchi αύτώντα, quel qu'ait été son désir de rédi ger un texte archaïsant.
ENTELLA
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ENTELLA
Cette cité sicilienne connue jusqu'à il y a peu uniquement par de rares mentions chez les Historiens et quelques monnaies est entrée récemment dans l'actualité épigraphique. Est en effet publiée depuis 1980 la transcription de huit décrets sur bronze provenant de fouilles clandestines à Entella, soit au lieu-dit Rocca d'Entella à 30 km au SudEst de Ségeste et à 33 km au Nord-Est de Sélinonte. L'identité des sup ports, de la langue et du contenu de ces décrets incite à considérer que ces textes vraisemblablement contemporains proviennent du même ate lier de gravure au sortir duquel ils devaient être exposés en plusieurs endroits : à Entella, dans le bouleutérion, n°207, 208, 210, 211, dans le sanctuaire d'Histia, n° 209, et, à Nakoné, dans le pronaos du temple de Zeus, n° 206. La datation de ces textes est très délicate mais les argu ments de G. Nenci, ASNP 13 (1983) p. 1000-1001, en faveur des années 300 me semblent assez convaincants. A l'exception du numéro III qui est un décret de la cité de Nakoné au contenu très particulier, les textes d'Entella remercient des cités et des particuliers qui ont de différentes manières contribué au redresse ment de la cité et à son synoecisme après les affres de la guerre contre Carthage. Signalons enfin un fait onomastique important. Comme nous sa vons, en particulier par les monnaies à légende ΕΝΤΕΛΛ KAMΜΑΝΩΝ, que la cité est depuis 404 occupée par des Campaniens, nous ne serons pas surpris de constater l'importance de la composante osque dans l'anthroponymie de cette petite bourgade de l'Ouest sici lien. Du fait des conditions tout à fait particulières de publication de ces textes qui ne sont quasiment connus que par des transcriptions, je limi terai mon commentaire à des remarques très brèves sur le vocabulaire et les passages les plus intéressants. Publication provisoire de six décrets : - G. Nenci, ASNP 10 (1980) p. 1271-1275 (SEG XXX, 1271-1275). Publication d'un septième décret qui doit être un faux : - G. Nenci, ASNP, 11 (1981) p. 613, + G. Daux, BCH, 1982, p. 527528
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CITÉS DU CENTRE ET DU NORD DE LA SICILE Publication d'un huitième décret qui est authentique : - G. Daux, BCH 106 (1982) p. 307-308. Publication du «dossier» Entella :
- G. Nenci et D. Asheri, ASNP 12, 3 (1982) p. 771-1102, avec tr aduction p. 782-785. L'ensemble de ce fascicule est consacré à ces textes avec une vingtaine de contributions très variées qui sont résumées com modément dans le SEG XXXII, 914; j'y renvoie par le nom de l'auteur et la page. Après le numéro du SEG XXX, le signe + introduit des articles portant sur des points de détail. 204 - Commémoration de la symmachia avec Herbita. SEG XXX, 1117 Έπί ίερομνάμονος Λευκίου του Πακκιου, Εύμενιδείου εκται έφ'ίκάδα · εδοξε ται άλίαι καθα και ται βουλάι · 5 επειδή οί Έρβιταϊοι οκα το πρότερον ταμ πόλιν ταύταν ώικέομες πολέμου κατασταθέντος ποτί Καρχαδονίους έ[β]οάθησαν τάι πόλει τάι άμα! ένόρκιοί τε έγένοντο, ομοίως δε και νυν εξ ού ίο ταν πόλιν οίκέομες ες το εμφανές ποιοϋντι οτι μέμναν vac. ται τας φιλίας και εύνοιας τάς ποτί άμέ, δεδόχθαι άναθέμειν είς χάλκωμα γράψαντας εις το ιερόν τας Ίστίας is ταν εύνοιαν και συμμαχίαν ταν ύπάρχουσαν άμΐν ποτί τους Έρβιταίους και κατακαλεισθαι αυτούς είς τους αγώνας και συνθύειν αύτοΐς, όπως είς το εμφανές ποιώμες τοις έ20 πιγινομένοις οτι μνάμαν εχομες των ται πόλει τάι άμάι τας χρείας παρισχημένων. Έρβιταίων
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Commentaire. L. 2. Le hiéromnamon éponyme Λεύκιος possède un nom grec comme l'a fait remarquer L. Robert, Bull. 1984, n° 522, qui cite des exemples épigraphiques remontant au VIe siècle. Son patronyme Πακκιος est en revanche clairement osque, M. Lejeune, p. 795. L. 3. Le mois Εύμενιδεΐος est nouveau : il nous assure de l'existence d'un culte local de l'Euménide; voir mes remarques à propos du nom Εύμενίδοτος à Sélinonte, n° 50. L. 5. La localisation exacte du site d'Herbita, d'une cité connue par les textes et les monnaies à légende ΕΡΒΙΤΑΙΩΝ, n'est pas encore assu rée; les savants s'accordent pour le chercher du côté de Gangi : voir A. Cutroni Tusa, p. 848; S. Cataldi, p. 890; mais surtout Chr. Boehringer, Numismatica e Antichità classica 10 (1981) p. 95-113, ainsi que R. Calciati, Corpus Nummorum Siculorum, La monetazione di bronzo, 1983, p. 315-322. L. 5. πρότερον «avant la guerre» s'oppose à καί νυν εξ ού ταν πόλιν οίκέομες «maintenant aussi depuis qu('à nouveau) nous habitons notre cité ». L. 8-9. ένόρκιοι «fidèles à leurs serments»: pour cet adjectif rare, voir comm. au n° 28 f , 1. 6-7. L. 10-11 et 19. L'expression ες το εμφανές ποιεΐν οτι me semble auss iunique en épigraphie; elle équivaut à φανερον ποιεΐν οτι dans d'au tres décrets hellénistiques. Le groupe ές τουμφανές est en revanche déjà attesté chez Xénophon et a le même sens que έκ του έμφανέος chez Hérodote, «au grand jour». L. 22. Le parfait παρίσχημαι me semble nouveau et doit correspon dre à un présent παρίσχομαι; voir comm. à 185, 1. 14. L. 23. Έρβιταίων est un génitif de rubrique qui indique que le décret concerne les gens d'Herbita. Traduction : « Leukios, fils de Pakkios étant hiéromnamon ; le vingtsixième jour d'Euménideios; il a plu à l'assemblée conformément à l'avis du conseil; attendu que les gens d'Herbita, lorsqu'auparavant nous habitions cette cité et qu'eut lieu la guerre contre les Carthaginois, ont porté secours à notre cité et ont été fidèles à leur serment, et atten du que maintenant que nous habitons (à nouveau) cette cité ils mont rent clairement de la même façon qu'ils se souviennent de leur amitié et de leur dévouement à notre égard, plaise de graver, sur une plaque de bronze qui sera déposée dans le sanctuaire d'Histia, l'amitié et l'ai-
CITÉS DU CENTRE ET DU NORD DE LA SICILE
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liance militaire que nous avions conclues avec les gens d'Herbita, de les inviter aux concours et de faire des sacrifices en commun afin que nous montrions clairement aux générations à venir que nous gardons le souvenir de ceux qui rendent des services à notre cité. Gens d'Herbita». 205 - Commémoration de la symmachia avec Gela. SEG XXX, 1118 + G. Daux, BCH 108 (1984) p. 392-394, qui a tra vaillé sur un copie faite après un second nettoyage : texte meilleur que celui des Annali. ι 2 4 6 8 ιο 12 14 16 18 20 22 24 26 27
'Επί ίερομνάμονος Λευκίου του Πακκιου, Εύμενιδείου εκται έφ ίκάδα · εδοξε ται άλίαι καθα και ται βουλάι · επειδή οι Γελωιοι οκα τε το πρότερον ταν πόλιν ταύταν ώικέομες πολέμου κατασταθέντος ποτί Καρχαδονίους έβοαθόησαν ται πόλει τα,ι άμαι ίππέεσσι και πεζοίς ένόρκιοί τε έγένο ν το και συνεβάλοντο συμμαχίαν, ομοίως δε και νυν εξ ού ταμ πό λιν οίκέομες ές το εμφανές ποιουντι οτι μέμνανται τας φιλίας και εύνοιας τας ποτί άμέ, δεδόχθαι άναθέμειν εις χάλκωμα γράψαντας εις το ιερόν τας Ίστίας ταν εύνοιαν και συμμαχί αν ταν ύπάρχουσαν άμΐν ποτί τους Γελώιους και κατακαλεΐσθαι αυτούς εις τους αγώνας και συνθύειν αύτοΐς, όπως εις το εμ φανές ποιώμες τοις έπιγινομένοις οτι μνάμαν εχομες των ται πόλει ται άμαι τας χρείας παρισχη[μένων]. vacai Γελώιων
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Commentaire. Ce décret pris le même jour que le précédent ne peut qu'être anté rieur à la prise de Gela par les Mamertins en 285, et ne peut dater que d'une époque où Gela était capable d'envoyer assez loin un corps expé ditionnaire de cavaliers et de fantassins. L. 9. Le datif pluriel ίππέεσσι est très curieux; la même désinence -έεσσι figure dans la forme Αίγέεσσι d'un décret d'Aigai, DGE 644, 1. 12 (IV/IIIe), ainsi que chez Théocrite XV, 93, Δωριέεσσι : elle s'expli que par une réfection à partir du nominatif en -έες, voir Perpillou, Les substantifs grecs en -εύς, 1973, p. 71-72. Traduction : «Leukios, fils de Pakkios étant hiéromnamon; le vingtsixième jour d'Euménideios; il a plu à l'assemblée conformément à l'avis du conseil; attendu que les gens de Gela, lorsqu'auparavant nous habitions cette cité et qu'eut lieu la guerre contre les Carthaginois, ont porté secours à notre cité avec leur cavalerie et leurs fantassins, ont été fidèles à leur serment et ont conclu une alliance militaire (avec nous), et attendu que depuis qu'(à nouveau) nous habitons cette cité ils mont rent clairement de la même façon qu'ils se souviennent de leur amitié et de leur dévouement à notre égard, plaise de graver sur une plaque de bronze qui sera déposée au sanctuaire d'Histia l'amitié et l'alliance militaire que nous avions conclues avec les gens de Gela, de les inviter aux concours, de faire des sacrifices en commun, afin que nous mont rions clairement aux générations à venir que nous gardons le souvenir de ceux qui ont rendu des services à notre cité. Gens de Gela». 206 - Décret de la cité de Nakoné fixant les modalités d'une réconc iliation entre des factions rivales et d'une refonte du corps civique. SEG XXX, 1119 + Ph. Gauthier, ASNP 14, 3 (1984) p. 845-848 : fin de la ligne 31; G. Daux, BCH 108 (1984) p. 393-394 : 1.33; D. Asheri, ASNP 14, 4 (1984) p. 1259-1261 : réponse à G. Daux.
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'Επί Λευκίου του Καισίου και Φιλωνίδα Φι[λ —] · Άδωνίου τετάρται ισταμένου · εδοξε τάι άλίαι καθα καί ται βουλάι · επειδή τας τύχας καλώς προαγημένας διώρθωται τα κο[ινα] των Νακωναίων, συμφέρει δε και ές τον λοιπόν χρόνον όμον[ο]οΰντας πολιτεύεσθαι, πρέσβεις τε Έγεσταίων παργεναθ[έ]ντες Άπέλλιχος Άδείδα, 'Αττικός Πίστωνος, Διονύσιος Δεκ[ί]-
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ου υπέρ των κοινάι συμφέροντα) (ν π)άσι τοις πολίταις συνεβο[ύ]λευσαν, δεδόχθαι του Άδωνίου τάι τετάρται ισταμένου άλίαν των πολιτά[ν] συναγαγεΐν, και οσσοις ά διαφορά των πολιτ[άν] γέγονε υπέρ των κοινών άγωνιζομένοις άνακληθέντας ές τάν άλίαν διάλυσιν ποιήσασθαι αυτούς ποτ'αύτούς προγραφέντας έκατέρων τριάκοντα · οί δέ (υπ) ενάντιοι γεγο νότες έν τοις έμπροσθεν χρόνοις έκάτεροι έκατέρων προγραψάντω ■ οί δέ άρχοντες τα ονόματα κλαρογραφήσαντες χωρίς έκατέ ρωνέμβαλόντες ές υδρίας δυόω κλαρώντων ενα έξ έκα τέρων, και έκ των λοι[π]ών πολιτάν ποτικλαρώντω τρεις ποτ τους δύο εξω τάν άγχιστε(ι)άν άν ό νόμος έκ των δικασ τηρίων μεθίστασθαι κέλεται · και ές τον αύ[τ]ώντα οί συνλαχόντες αδελφοί αιρετοί όμονοοΰντες άλλάλοις με τά πάσας δικαιότατος και φιλίας · έπεί δέ κα οί έξήκο(ν)τα πάντες κλάροι άερθέωντι και οί ποτί τούτους συλλαχόντες, τους λοιπούς πολίτας πάντας κατά πέντε συγκλαρώντω, μη συγκλα[ρ]ώντες τάς άγ(χ)ιστείας καθά γέγραπται, και ές τον αύτώντα αδελφοί καί ούτοι καθά [κ]αί τοις έμπροσ θεν αύτοΐστα συνλελογχότες · οί δέ ίερομνάμονες τάι θυσ[ί]αι [θ]υόντω αί(γ)α λευκάν, καί τα ποτί τάν θυσίαν όσων χρεία εστί ό ταμίας παρεχέτω · ομοίως δέ καί α(ί) κατά πόδας άρχαί πάσαι θυόντω καθ' εκαστον ένιαυτόν ταύται τάι άμέραι τοΐ[ς] γενετορεσσι καί τάι Όμονο(ί)αι ίερεΐον εκατέροις ο κα δοκιμάζω ντι, καί οί πολΐται πάντες έορταζόντω παρ'άλλάλοις κατά τα (ς ά)δελφοθετίας · το δέ άλίασμα τόδε κολαψάμενο[ι] ο[ί] άρχοντ(ε)ς ές χάλκωμα ές το πρόναον του Διός [του] 'Ολυμπίου άναθέντω.
Commentaire. La cité de Nakoné a fait graver son décret dans la même officine qu'Entella : les deux cités devaient donc être assez voisines. Connue par une notice de la Souda (Νακώνη · πόλις Σικελίας) et une autre, fautive, d'Hésychius (Νακόνη · πόλις Σικελίας), la cité a battu monnaie : voir B. Ross Holloway, AHN 20 (1975) Suppl. p. 143-144, L. Bernabò Brea, ibid. p. 42-43, et R. Calciati, Corpus Nummorum Siculorum, 1983, p. 323326. A. Cutroni Tusa, p. 846, cherchait quant à elle la cité au Nord de Sélinonte eu égard au lieu de trouvaille de certaines monnaies. Son
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occupation par des Campaniens (tout comme Entella) est assurée par la légende ΚΑΜΠΑΝΩΝ ΝΑΚΩΝΑΙΩΝ. Intitulé, l. 1-3 L. 1. Le patronyme Πακκιος est un nom osque, cf. M. Lejeune, p. 792. L. 2. Le nom de mois unique Αδώνιος constitue un témoignage très fiable en faveur d'un culte du dieu sémitique Adonis. La variante ionienne de ce nom de mois est attestée sous la forme Αδωνιών à Iasos, /. v. Iasos 42, 1. 1. Considérants, L 3-9 L. 3-4. τας τύχας καλώς προαγημένας litt. «La Fortune ayant pris des initiatives favorables». L. 4-5. διώρθωται τα κο[ινα] των Ν. : comme l'a remarqué S. Ales sandri, p. 1047-1049, ce passage évoque clairement une διόρθωσις των νόμων «une révision constitutionnelle». L. 7. Le patronyme Άδείδας doit être un nom indigène; Δέκιος est bien-sûr latin. Résolutions, l. 9-35 Ces résolutions sont celles qu'ont vraisemblablement suggérées les ambassadeurs de Ségeste afin de mettre un terme à une situation de stasis dans la cité et d'organiser une dialusis. L. 9-10. Convocation est rassemblement de l'Assemblée le 4 d'Adonios. L. 10-14. Il est d'abord fait mention de la convocation à l'Assemblée des deux clans rivaux (άνακληθέντας ες ταν άλίαν) qui se sont heurtés pour la prise du pouvoir (υπέρ των κοινών άγωνιζομένοις). Dans la rela tive sujet οσσοις. . . άγωνιζομένοις, le terme διαφορά «différend, contest ation, dissension» est ici employé d'une façon euphémique, comme l'a justement remarqué I. Savalli, p. 1060-1061; c'est ici le terme souvent employé pour désigner ce sur quoi ont à statuer les juges étrangers. L'article ά possède ici une forte valeur déictique : «le différend que nous connaissons tous». L. 13-14. L'expression unique προγράφειν τινός semble ici signifier «inscrire son nom en face de celui d'un autre». La publicité de la cons-
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titution de ces listes d'anciens ennemis politiques est tout à fait clair ement exposée. L. 14-21. Organisation du tirage au sort destiné à insérer les an ciens ennemis dans la masse des citoyens neutres. L. 15. L'hapax κλαρογραφέω doit signifier «écrire un nom sur un sort ». L. 16. δυόω est le cas direct du duel féminin de l'adjectif δύο(ι)ος «double» qui est attesté au cas oblique dans l'éléen δυοίοις /. ν. ΟΙ. 13 (= DGE 417); δύο(ι)ος est la variante de hom. δοιός30. Le duel de l'adjectif est ici utilisé pour le cardinal «deux». Il semble y avoir un certain flo ttement dans la désinence d'impératif: κλαρώντων 1. 16, ποτικλαρώντω 1.17. Le système complexe de tirage au sort n'est pas sans rappeler la κλάρωσις de l'inscription d'Halaesa, 197. L. 18-19. εξω τάν κέλεται : parmi les citoyens «neutres» qui, au nombre de trois, seront regroupés avec deux anciens ennemis pour constituer un groupe de cinq associés-frères, il ne devra pas y avoir de parents proches, père, fils ou frère, de ceux-ci. Tout doit être mis en œuvre pour que ne se reconstituent pas des groupes de pression et des clans familiaux, si petits soient-ils. Κέλομαι est une variante poétique et dialectale de κελεύω. L. 19-29, 23, 27. Le verbe συλλαγχάνω signifie «se trouver uni par le sort à quelqu'un», exactement comme dans le Timée de Platon, 18e, passage dont le contexte est absolument identique à celui-ci. L'expression elliptique ές τον αύτώντα qui présente la forme atten duedans cette région du réfléchi en -τα (cf. RevPhil 1986, p. 102) est unique et exprime à mon avis pour quelle vie, pour quel avenir, pour quelle activité commune à eux cinq, les associés-frères ont été regroup és. Avec les éditeurs on peut restituer le mot κλαρον : ils auraient alors été regroupés pour une parcelle de terre commune, c'est à dire pour l'exploitation en commun d'une parcelle de terre. Pour rendre compte de la mention rare d'associés-frères, I. Savalli, p. 1024, a évoqué le décret d'une sungéneia en Carie, L. Robert, Le sanc tuaire de Sinuri, 1945, n° 73, p. 94-97. L. 19-21. Il est tout à fait curieux que cette phrase à valeur jussive ne comporte pas de verbe à l'impératif signifiant «qu'ils vivent».
Pour ces formes, voir BSL 1977, p. 175-186.
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L. 21-27. Regroupement par cinq des citoyens «neutres» n'ayant appartenu à aucun clan. L. 25. καθά γέγραπται : allusion au nomos de la ligne 25. L. 25-27 : καθα [κ]αί τοις έμπροσθεν me semble être une expression raccourcie pour καθα και οί έμπροσθεν συνλελόγχατι αύτοΐστα; il est certain que αύτοΐστα dépend de συνλελογχότες et est un équivalent de άλλάλοις. L. 27-33. Cérémonies religieuses et sacrifices à accomplir lors de la refonte officielle du corps social et de l'anniversaire de cet événement. L. 29. L'expression αί κατά πόδας άρχαί signifie «les magistrats de l'année suivante»: on comparera chez Polybe 1, 12, 1, ή κατά πόδας ήμερα «le lendemain même». L. 31. Les magistrats devront tous les ans sacrifier aux Ancêtres et à la Concorde une victime qu'il auront jugée suffisamment parfaite, ö κα δοκιμάζω ντι; pour la dokimasia des victimes et la coupe ο κα, voir l'article de Ph. Gauthier, qui cite d'autres parallèles tout à fait pro bants : LCSG 98, 1. 14-16, à Céos; ibid. 65, 1. 70-72, à Andanie; Hérodote II, 38, en Egypte. L. 32-33. Des fêtes et des banquets doivent avoir lieu dans les com munautés d'associés-frères tous les 4 d'Adonios. L'expression κατά τα(ς ά)δελφοθετίας contient l'hapax αδελφοθετία qui est construit comme υιοθεσία «adoption d'un fils». Je ne pense pas que κατά signifie ici «pendant» mais bien plutôt «selon» comme l'a proposé Asheri. Si tous les citoyens doivent festoyer, ils doivent le faire lors d'un banquet qui réunira les cinq associés et leurs enfants; il ne s'agira donc pas d'un vaste banquet populaire mais d'une réunion rituelle à laquelle ne parti ciperont que les associés et leur famille; tout devra donc se passer «se lon les associations de frères», ou, en donnant à κατά une valeur distri butive «association par association» (type κατά κώμας). L. 33-35. Clause concernant l'exposition du décret dans le pronaos du temple de Zeus. Traduction : «Leukios, fils de Kaisios, et Philônidas (étant ); quatrième jour d'Adonios. Il a plu à l'assemblée conformément à l'avis du conseil; attendu qu'avec le cours favorable qu'a pris la Fortune, les institutions des gens de Nakôné se trouvent révisées et qu'il importe à l'avenir de vivre en bonne entente dans la cité; attendu que des ambassadeurs des gens de Ségeste sont venus chez nous, Apellichos, fils d'Adeidas, Attikos, fils de Piston, Dionusios, fils de Dékios, et qu'ils ont donné des conseils à tous les citoyens sur ce qui est d'intérêt général, plaise, le quatrième jour
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d'Adônios, de rassembler l'assemblée du peuple; que tous ceux qui ont eu ce différend et se sont combattus pour le pouvoir soient convoqués à l'assemblée pour se réconcilier; trente de chaque parti inscriront leur nom l'un en face de l'autre; que ceux qui auparavant étaient ennemis écrivent leur nom les uns devant les autres; que les magistrats écrivent les noms sur des jetons, les uns d'un côté, les autres de l'autre et qu'après les avoir jetés dans deux hydries (différentes), ils tirent au sort un de chaque parti, et qu'ils tirent au sort en plus trois noms d'autres citoyens en plus des deux (précédents), à l'exception de parents (de ceux-ci) dont la loi ordonne qu'ils se tiennent à l'écart des tribunaux; que les «frères» désignés et tirés au sort pour l'exploitation d'un bien en commun vivent en bonne entente, en toute justice et en toute amitié; quand tous les soixante jetons auront été ôtés, ainsi que ceux qui sont tirés au sort en même temps, que les magistrats tirent au sort des grou pesde cinq parmi le restant des citoyens sans tirer au sort des parents pour le même groupe comme il est écrit (ci-dessus); et que ceux qui auront été unis les uns aux autres par le sort, dans les mêmes condi tions que les précédents, (vivent) aussi en «frères» pour l'exploitation en commun du même bien. Que les hiéromnamons sacrifient une chèvre blanche pendant le sacrifice et que le trésorier fournisse tout l'argent nécessaire pour le sacrifice; et que, de la même facon, les magistrats qui se succéderont offrent, chaque année, ce jour-ci, en sacrifice aux Ancêtres et à la Concorde, une victime qu'ils auront sélectionnée, et que tous les c itoyens banquettent entre eux, association par association. Qu'après avoir fait graver ce décret sur une plaque de bronze, les magistrats le déposent dans le pronaos de Zeus Olympien». 207 - Décret de proxénie en faveur de Tiberius Claudius d'Antium.
SEG XXX, 1120 + G. Nenci, Kokalos 28-29 (1982-1983) p. 290. 'Επί αρχόντων Κιπου του Σωιου και Θεοδώρου του Μάμου, Εύμενιδείου τριακάδι · εδοξε τάι βουλάι · επειδή Τεβέριος Κλαύδιος Γαίου υίος Άντιάτας έπιμελητας ταχθείς εις ταμ πόλιν ταν αμάν πολλας και μεγάλας χρείας παρίσχηται τώι κοινώι και γεγόνει άνήρ αγαθός
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εις τον συνοικισμον τας πόλιος κατά πάν τακαιρόν, δεδόχθαι πρόξενον εΐμειν ίο αυτόν και τα τέκνα αύτοϋ του δάμου των Έντελλίνων, όπως και οί λοιποί έπιστώνται οτι δύναται ό δαμος ό άμος καταξίας τας χάριτας άποδιδόμειν τοϊς άνδρεσσι τοις άγαθοΐς ■ το δέ άλίασμα τοΰτο οί άρ15 χοντες γράψαντες ές χάλκωμα άναθέντω εις το βουλευτήριον · εδοξε ται άλίαι Εύερνείου τέταρτοι ισταμένου. Commentaire Les noms Κιπος, Σωιος et Μάμος sont osques, cf. M. Lejeune, p. 794. La présence de ce Tiberius Claudius a intrigué : l'hypothèse de M. Lejeune, p. 790-791, et de M. Corsaro, p. 993-1032, pour qui cet έπιμελήτας est un praefectus de Rome me semble devoir être abandonnée au profit de celle de G. Nenci qui estime qu'il s'agit d'un mercenaire volsque placé, ταχθείς, par Agathoclès comme έπιμελήτας, chargé de la réalisation du synoecisme, de la réintégration de la cité et de la réorga nisation du corps social après un abandon de la cité pour cause de guerre; pour ce sens bien établi du terme συνοικισμός, voir L. Robert, Fouilles d'Amyzon en Carie, 1983, p. 188 (à propos d'un texte du IIIe siè cle) : l'exemple d'Entella doit être le plus ancien. L. 5-6. Pour le parfait παρίσχηται voir comm. à 204, 1. 22. La mention d'un probouleuma figure à la ligne 3; la ratification par l'Assemblée est curieusement exprimée à la ligne 17, ainsi que la date, le 4 du mois Εύερνείος. Ce nom de mois est nouveau : un adjectif εύερνής «qui a de beaux rejetons, de belles pousses» est attesté chez Euripide, I.T. 1100, à pro pos du laurier; Εύερνείος doit donc être un dérivé de cet adjectif et s'appliquer à un mois printanier (cf. floréal). Traduction : « Kipos, fils de Soios et Theodôros, fils de Mamos, étant archontes; le trentième jour d'Euménideios; il a plu au conseil; attendu que Tiberius Claudius, fils de Gaius, d'Antium, placé comme épimélète dans notre cité, a rendu de grands services à notre commun auté et se trouve avoir été un homme de bien pour le synoecisme de la cité en toute occasion, plaise que lui et ses enfants soient proxènes du peuple des Entelliniens afin que les gens à venir sachent que notre peu-
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pie sait remercier d'une façon appropriée les gens de bien; que les archontes fassent graver ce décret sur une plaque de bronze et le dépo sent au bouleutérion; il a plu à l'assemblée le quatrième jour d'Euerneios ». 208 - Remerciements adressés à plusieurs cités et à des particul iers qui ont aidé les Entelliniens à surmonter une disette consécutive à la guerre. SEG XXX, 1121 + G. Daux, BCH 108 (1984) p. 393.
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'Επί αρχόντων Αρτεμιδώρου Είελου και Γναί(ου)ου Όππιου, Πανάμου νεμηνίαι · επειδή τίνες ταμ πολίων ές τον συνοικισμον τάς πόλιος σίτωι έβοαθόησαν, οί μέγ και έδωκαν δωρεάν ται πόλι, οί δε και έμέτρησαν, και εδειξαμ μεγάλαν εύνοιαν είς τον δαμον των Έντελλίνων καί αντί ένδειας σίτου εύετηρίαν έπόησαν, εδοξε ται βουλαι, οσσαι έβοαθόησαν ταμ πολί ωνσίτωι ή χρήματι ή άλλωι τινί ές τον συνοικισμό ν τας πόλιος, εϊμειν αύτοΐς εύν[ο]ιαγ καί ίσοπολιτείαμ ποτί τον δαμον των Έντελλίνων κατά παντός χρόνου καί κατακαλεΐσθαι ές τ[ο]ύς αγώνας καί ταμ προεδρίαν, καί ίδιώτας δε τους έξυ[πηρε]τήσαντας τάι πόλι σίτωι ές τον συνικισμ[ό]ν εϊμειν αυτούς προξένους τας πόλιος των Έντελλίων καί αυτούς καί τα τέκνα αυτών · εδοξε καί ται άλίαι. Πέτρινων το κοινόν έμέτρησε σπυρών Η Β Β μεδίμνους. Κυτατταρινί[ω]ν τ[ό] κοινόν έδωκε δωρεάν σπυρών |> £ , χριθάν Ν £ . Ταυαισχεηνων έδωκε δωρεάν τό κοινόν σπυρών |> t> 1> , κριθαν t> \> t> . Μακελλίνων το κοινόν έμέτρησε σπυ ρών Ν μεδίμνους. Ίδιώται δε Πέτρινοι οί μετρήσαντες οϊδε · Θεόδωρος Πράτωνος Σάννειος σπυρών Ε Β. Αίσχύ[λο]ς Πράτωνος Σάννειος σπυρών l> t> Β. 'Ηρά κλειος Ήρακλείδα σπυρών Β. Άρίμναστος Σίμου Ρ . Σώσανδρος Άρίστωνος σπυρών Ε. Μίνατος Κορ(ό)ουιος Μαμερτΐνος κριθαν 1> \> 1> . Το δε άλίασμα τούτο οί άρ χοντες έσγράψαντες ές χάλκωμα άναθέντω ές το βουλευτήριον.
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Les noms Είελος, Όππιος, Γναι(ου)ος sont osques, voir M. Lejeune, p. 794-795. Le nom Όππιος se retrouve en 211 1.4-5. G. Daux estime qu'il vaut mieux écrire Γναίου sans corriger en Γναί(ου)ου, la forme Γναΐος étant le résultat de l'hellénisation bien attestée d'un prénom latin. La cité a connu une ένδεια σίτου définie par G. Panessa comme une famine localisée dans le temps et l'espace à la suite d'une guerre. L. 8. Le verbe μετρέω a ici son sens banal de «fournir une quantité comptée de blé», comme dans la célèbre loi de Samos, Pouilloux, Choix n° 34, 1. 54 (IIe). L. 18-19. On notera ici aussi la curieuse place de la formule de rati fication du probouleuma par l'Assemblée. Aux lignes 19-28 figure la liste des peuples siciliens et des particul iers qui ont aidé Entella à surmonter sa pénurie en blé. Le montant de leur contribution est exprimée en médimnes. De l'étude du système numérique faite par M. Lombardo il ressort que t> =10, £ = 50, Β = 100, mais que la valeur du signe Ν est impossible à saisir. Les différents peuples mentionnés sont plus ou moins connus. L. 19. Les Πέτρινοι organisés en κοινόν sont les Petrines de Cicéron, Verr. IV 90, et de Pline III, 91; ils ont battu monnaie à partir du IVe siècle : légende ΠΕΤΡΙΝΩΝ, voir A. Cutroni Tusa, p. 844. Le site de la cité de Πέτρα mentionnée par Ptolémée, III, 4, 7, n'est pas encore identifié. Le terme σπυρός «froment» est la variante dorienne de πυρός; par des gloses, An. Ox. I, 362, et EM 724, 33, nous apprenons qu'il s'agit d'un terme syracusain. L. 20. Les Κυτατταρίνιοι doivent être les Ήνατταρΐνοι qui figurent dans un passage des fragments de Diodore, XXIII, 18, 5 : Walton (Loeb) se demandait d'ailleurs si cet ethnique n'était pas corrompu. La forme épigraphique pourrait avoir un correspondant très proche dans la leçon Cytatiarini d'un manuscrit des Verrines, IV 103; voir G. Bejor, p. 831-833. L. 21. Le nom du koinon suivant est de lecture très délicate. G. Be jor, p. 834-835, et G. Nenci, ASNP 13 (1983) p. 998, rapprochent de cet ethnique la notice d'Et. de Byzance Ταύακα · πόλις Σικελίας, Φίλιστος όγδόω · το Ταυακΐνος ώς Έρυκΐνος. Une photographie du bronze est pour ce passage très vivement souhaitée. L. 22. Les Μακελλΐνοι sont les habitants de la cité de Μάκελλα connue par Diodore XXIII 4, 2, Polybe 1, 24, et Tite Live 26, 21 ; son site n'est pas identifié.
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L. 24-25. Comme Θεόδωρος et Αίσχύ[λο]ς sont frères, Σάννειος doit être un démotique local. L. 27. Pour le nom osque Μινατος Κορ(ό)ουιος voir M. Lejeune, p. 794-795. Traduction : «Artémidôros, fils d'Eielos, et Gnaios, fils d'Oppios étant archontes; le premier jour de Panamos; attendu que certaines des cités, pour le synoecisme de notre cité, lui ont porté secours avec du grain, les uns en le faisant gratuitement, les autres en fournissant des quantités comptées, et qu'elles ont montré un grand dévouement à l'égard du peuple des Entelliniens, et substitué à la disette une heureus e prospérité, il a plu au conseil; à l'égard de toutes les cités qui sont venues à notre secours pour le synoecisme de notre cité, avec du grain, de l'argent ou de quelque autre façon, que l'on ait de la reconnaissance et que leurs citoyens jouissent à tout jamais des mêmes droits politiques que ceux d'Entella; qu'on les invite aux concours et à la proédrie; et que les particuliers qui ont fourni à notre cité d'importantes quantités de grain pour le synoecisme soient, eux et leurs enfants, proxènes de la cité des Entelliniens; il a plu à l'assemblée. La communauté des Pétrinoi a fourni χ médimnes de froment; la communauté des Kutattarinioi a donné gratuitement 60 médimnes de froment, χ d'orge; la communauté des T. . . a donné gratuitement 30 médimnes de froment et 30 médimnes d'orge; la communauté des Makellinoi a fourni χ médimnes de froment. Particuliers de Pétra qui ont participé à la fourniture de grain : Theodôros, fils de Pratôn, Sanneien, 1 50 médimnes de froment ; Aischulos, fils de Pratôn, Sanneien, 120 médimnes de froment; Héracleios, fils d'Héracleidas, 10 médimnes de froment; Arimnastos, fils de Simos, 50 médimnes; Sôsandros, fils d'Ariston, 50 médimnes de froment; Minatos fils de Korovios, Mamertin, 30 médimnes d'orge. Que les archontes fassent graver ce décret sur une plaque de bron ze et le déposent au bouleutérion». 209 - Décret de commémoration de l'isopolitie avec les gens d'Assoros. SEG XXX, 1122.
[ εδοξε] [ται] άλίαι καθα και τα[ι βο]υλαι ·
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[επειδή] εν τε τοις εμπροσ[θ]εγ χρόνο[ις] ύπά[ρ]χει άμΐν ισοπολιτεία ποτί τους Άσσωρίνους, [όμο]ίως δε και νυν ταμ πόλιν άμών συνοικι[ξάν]των χρείας παρέχονται κατά ίο [δύν]αμιν, δεδόχθαι ύπάρχειν πο τί τους Άσσωρίνους τώι δάμωι των Έντελλίνων τάν τε ίσοπολιτείαν τάν έξ αρχάς ύπάρχουσαν και φιλίαν και εύνοίαν και κατα15 καλεΐσθαι αυτούς εις τους αγώ νας. Το δε άλίασμα τοΰτο οί άρχον τες γράψαντες εις χάλκωμα άναθέντω εις το ιερόν τας Ίστίας όπως ύπόμναμα γίνηται τοις 20 έπιγινομένοις τάς υπάρχουσας εύνοιας και ισοπολιτείας ποτ[ί] τους Άσσωρίνους. Άσσωρίνων. Le nom de la cité d'Assôros est apparu dans la révision de la Liste delphique des théarodoques du début du IIe siècle, G. Manganaro, Historia 13 (1964) p. 421-422 et 435, 1. 110. Sur son monnayage voir les remarques d'A. Cutroni Tusa, p. 842-843. Pour l'histoire des fouilles dans la région d'Assôros, voir l'excellente notice de la BTCGI, 1981, p. 331-335. L. 8-9. και νυν ταμ πόλιν άμών συναικι) [ξάν]των «et maintenant que nous avons repeuplé notre cité»; pour ce sens du verbe συνοικίζω, voir M. Casevitz, Le vocabulaire de la colonisation en grec ancien 1985, p. 202-205. L. 9. Le présent παρέχομαι indique sûrement que le décret est pris à un moment où les gens d'Assôros continuent à aider les Entelliniens. Traduction : « il a plu à l'assemblée conformément à l'avis du conseil; attendu que par le passé nous jouissions d'une égalité de droits civiques avec les gens d'Assôros, et que, maintenant que nous avons repeuplé notre cité, ils nous rendent semblablement des services, au tant qu'ils le peuvent, plaise que continuent entre les gens d'Assôros et le peuple des Entelliniens l'égalité des droits qui existe depuis le début, l'amitié et le dévouement mutuel; qu'on les invite aux concours; que les archontes fassent graver ce décret sur une plaque de bronze et le dépo-
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sent au sanctuaire d'Histia, afin qu'il soit un souvenir pour les générat ion à venir du dévouement mutuel et de l'égalité des droits (que nous partageons) avec les gens d'Assôros. Gens d'Assôros». 210 - Décret qui ne mentionne ni le nom de l'archonte ni celui du peuple bénéficiaire. + G. Daux, BCH 108 (1984) p. 305-396. 'Επί αρχόν των νεμηνίαι · έπει[δ]ή δια τέλους άμΐν εύνοοί έντι και άς έν γαι ίδίαι ήμες, και έπεί έκ τας ίδιας έξεπέτο[μες] παρακαλούντες και δεκόμειο voi και πόλι και χώραι, εδοξε ται βουλαι εΐμειν αύτοϊ[ς] ίσοπολιτείαν · το δέ άλίασμα [τ]οϋτο οί άρχοντες ές is (χ)άλκωμα γράψαντες άναθέντων ές το βουλευτήριον. 5
Pour G. Daux il s'agit d'un faux moderne réalisé à partir du numér o. 211. 211 - Décret en l'honneur des gens d'Henna. SEG XXX, 1123. G. Nenci possède depuis Juillet 1983 une photographie de ce texte : la copie de G. Daux s'avère parfaitement exacte.
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'Επί αρχό ντων 'Αρ τεμιδώρου Είελου και Γναί(ου)ου Όππιου, Πανάμου νεμηνίαι ·
ENTELLA
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επειδή δια τέλους άμΐν οί Ένναΐοι εύνοοί έντι, και άς εν τάι ίδίαι ήμες, και έιο πει έκ τάς ιδίας έξεπέτομες και έπλανώμεθα, παρακαλουντες και δεκόμενοι και πόλι και χώραι, εδοξε ται βουλάι και τάι άλίαι is εϊμειν αύτοΐς εύνοιαν και ίσοπολιτείαν ποτί τον δαμον των Έντελλίνων κα τά παντός χρόνου · το δέ άλίασμα τούτο οί άρχοντες 20 ές χάλκωμα γράψαντες άναθέντων ές το βουλευτήριον. Le principal intérêt de cet autre texte réside dans les allusions au dramatique exode des Entelliniens, qui ont été chassés de leur cité (έξεπέτομες) puis ont erré, έπλανώμεθα, jusqu'à ce qu'ils furent accueillis (δεκόμενοι) par les gens d'Henna aussi bien dans leur cité que sur leur territoire. L. 9-10. έν ται ίδίαι (πόλι) : expression courante dans les papyrus. L. 21. La désinence de koinè de άναθέντων émerge également en 206 1. 16. Traduction : «Artémidôros, fils d'Eielos, et Gnaivos, fils d'Oppios, étant archontes; premier jour de Panamos; attendu que les gens d'Hen na sont depuis toujours pleins de dévouement à notre égard et que, auss ibien quand nous étions dans notre propre cité que quand nous en fûmes chassés et que nous étions errants, ils nous ont invités et accueill is dans leur cité et sur leur territoire, il a plu au conseil et à l'assem blée : qu'ils aient droit à notre reconnaissance et qu'ils jouissent à tout jamais des mêmes droits civiques que le peuple des Entelliniens; que les archontes fassent graver ce décret sur une plaque de bronze et le déposent au bouleutérion». 212 - Décret en l'honneur des gens de Ségeste. Plaque de bronze surmontée d'un petit fronton triangulaire entou rée d'un bandeau plat fixé par des clous rivés; trois trous permettaient l'affichage; h. : 20,7 cm; larg. : 14 cm; 22 lignes gravées, comme dans le
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n°211, sur toute la surface de la plaque; au musée de Palerme; ca 300. Pubi. : V. Giustolisi, Nakone ed Entello.. Alla luce degli antichi docu menti recentemente apparsi e di un nuovo decreto inedito, Palerme 1985, p. 16-30; G. Nenci, ASNP 15 (1987) p. 119-128, pi. VI.
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ιο
is
2ο
Έπί αρχόντ ων 'Αρτεμιδώ ρου Είελου και Γνα[ί]ου Όππιου, Πανάμου Νεμηνίαι · επειδή δια τέλους άμϊν οί Έγεσταΐοι εύνοοί έντι και άς έν τάι ίδίαι ή μες και έπεί έξεπίπτομες έκ τας ιδίας, άλόντων άμΐν τώμ πολιταν πολλών και ανδρών και γυναι κώνέβοαθόησαν αύτοϊς καθα έδύναντο όπως σωθέωντι ές ταν ιδίαν συντόμως, εδοξε ται βουλάι και τάι άλίαι εΐμειν αύτοΐς εΰνοιαν και ίσοπολιτείαν ποτί τον δάμον τών Έντελλίνων κατά παντός χρόνου · οί δε άρχοντες τό άλίάσμα τούτο ές χάλκωμα γράψαντες άναθέντω ές τό βουλευτήριον.
On constate que ce décret a été pris le même jour que le précédent et que les résolutions sont identiques. Que soient ici remerciés des gens de Ségeste ne doit pas surprendre puisque le décret 206 nous apprend qu'ils avaient proposé leurs bons offices à Nakoné lors de la dialusis de la cité. Les considérants indiquent clairement que les gens de Ségeste ont aussi rendu service aux Entelliniens : beaucoup d'entre eux avaient été capturés et les gens de Ségeste étaient intervenus diplomatiquement ou financièrement pour qu'ils fussent libérés. Traduction : «Artémidôros, fils d'Eielos, et Gnaivos, fils d'Oppios, étant archontes; premier jour de Panamos; attendu que les gens de Ségeste sont depuis toujours pleins de dévouement à notre égard et
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que, aussi bien tant que nous étions dans notre propre cité que quand nous en étions chassés, et que beaucoup de nos concitoyens, des hom mes et des femmes, avaient été capturés, ils leur ont porté secours com meils le pouvaient afin qu'ils pussent rapidement rentrer sains et saufs dans leur propre cité, il a plu au conseil et à l'assemblée : qu'ils aient droit à notre reconnaissance et qu'ils jouissent à tout jamais des mêmes droits civiques que le peuple des Entelliniens; que les archontes fassent graver ce décret sur une plaque de bronze et le déposent au bouleutérion».
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L'épigraphie grecque de cette cité à l'origine élyme est des plus indigentes : hormis un tesson du début du Ve siècle sur lequel le seul mot sûrement grec est le génitif Ηέρμονος31, le site n'a livré que quel ques dédicaces d'époque hellénistico-romaine. Nous les reprenons très brièvement pour signaler quelques particularités linguistiques et onomastiques. 213 - Dédicace de statue découverte près du temple; à la mairie de Calatafimi; IG XIV 287; SGDI 5188 : DGE 312; L. Agostiniani, IAS, p. 146. Cf. U. Schmoll, Kokalos 7 (1961) p. 76-79. Διόδωρος Τιττελου Άππειραιος ταν άδελφαν αύτοΰτα Μινύραν Άρτέμωνος ίερατεύουσαν Άφροδίται Ούρανίαι.
31 Le tesson a été publié par V. Tusa, Kokalos 1975, p. 220-221, pi. 50, n° 38; l'inscrip tion est considérée comme grecque par M. T. Manni Piraino, Stélè Kontoléon 1978, p. 184186, et par G. Manganare II tempio greco, p. 149-150 (nombreuses restitutions à la Peek). Je partage les doutes de L. Agostiniani, IAS, n°371, p. 184-186. Des restitutions entière mentfantaisistes ont été récemment proposées par Al. N. Oikononmidès, Horos 3 (1985) p. 127-129.
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Le patronyme du dédicant est typiquement sicilien (216 et 38, 1. 18, 19); il doit en être de même pour le surnom Άππειραιος que je ne crois pas légitime de mettre en rapport avec le nom dorien de l'Epire, Άπει ροςcomme le fait G. Alessio, Fortune, 1970, p. 97. On remarquera la présence du réfléchi αύτουτα désormais bien attesté dans la région. Le terme άδελφά ne peut désigner que la «demi-sœur» du dédicant puis que le patronyme est différent. L'idionyme féminin Μινύρα n'est pas, comme le pense Schmoll, un nom indigène mais le féminin de Μίνυρος, nom de l'un des pères supposés de Phrynichos le Tragique dans la Sou da. Μίνυρος est un sobriquet qui n'est autre que l'adjectif μινυρός attes té depuis Eschyle, Ag. 1165, avec des sens variés comme «plaintif, gazouillant» ou même «petit» chez Hésychius (influence de μινύθω). Il est difficile de savoir où était honorée Aphrodite Ourania. 214 - Deux dédicaces honorifiques; au musée de Palerme. IG XIV 288; SGDI 5191; IGLMP n°46 et 47, pi. 28; L. Agostiniani, IAS, p. 147. a) Dédicace publique; N.I. 8797; III/IIe av. Ό δάμος των Έγεσταίων Φάλα[κρον] [Δ]ιοδώρου Έρύσσιον άρέτας ενε[κα.] b) Dédicace privée; N.I. 8807; IIe av. Σώπολις Φαλάκ[ρου τ]αν αύτουτα ματέρα [ ]αν Φαλ[ακρ]ίαν εύνοιας ένεκα. Il semble que le père, Φαλακρός, ait été honoré par ses concitoyens et que son fils, Σώπολις, ait consacré une statue de sa mère. a) Le noms des habitants de Ségeste apparaît ici sans son s ini tial conformément à l'usage grec, cf. Agostiniani, IAS p. 137-138 (Σεγεστα en élyme). Son surnom Έρύσσιος est en rapport évident avec le radical du nom de la montagne sacrée toute proche, Έρυξ dont l'ethni que grec est Έρυκΐνος et l'ethnique élyme Ίρυκαζι-, Agostiniani, IAS, p. 123-138. b) Le nom de la mère de Sôpolis, l'épouse de Phalakros, se trou ve dans la partie manquante du début de la ligne 2. Je ne vois pas d'au trefaçon de considérer le mot Φαλ[ακρ]ίαν que comme une désignation gamonymique tout à fait étrangère aux coutumes onomastiques grec ques, mais bien vivante dans certaines parties du monde italique, en
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particulier en Vénétie, voir M. Lejeune, Manuel de la langue vénète, 1974, p. 60-63. 215 - Consécration d'un bâtiment public ou dédicace honorifique (?); à la mairie de Calatafimi. CIG 5546; IG XIV 290; SGDI 5189. Cf. L. Agostiniani, IAS, p. 147 : surnom. [Ιερ]οθυτέοντος Φάωνος [του Νύμ]φωνος Σωπολιανοϋ, [άγορα]νομέοντος Ξενάρχου [του Δι]οδώρου και ταν έπιμέλειαν [ποιη]σαμένου των έργων [του ξυσ]τοϋ ά κατεσκευάσθη Ces deux génitifs absolus doivent être considérés comme l'intitulé d'une inscription. Le premier doit être la mention de l'éponyme; Σωπολιανός est ici un surnom composé d'un nom grec (cf. 214) augmenté d'un suffixe italique -ανός. L'agoranome qui était peut-être honoré plus loin dans le texte, s'est occupé de la construction de la galerie du gymnase, le ξυστός. 216 - Dédicace honorifique, à la mairie de Calatafimi. CIG 5545; IG XIV 291; SGDI 5190. Cf. Agostiniani, IAS, p. 147, n° 5. Ίερομναμονεύων Τιττελος Άρτεμιδώρο[υ] ταν έπιμέλειαν έποιήσα[το] των έργων του άνδρεώνο[ς] [κ]αί τάς προέδρας μετά τ[ών] ίεροφυλάκων. Comme Sicca 1924, p. 168, je ne crois pas que l'on puisse identifier avec précision la pièce désignée par le mot άνδρεών = att. ανδρών, litt, «salle des hommes»; le terme, avec le même vocalisme final, apparaît chez Hérodote, I 34 etc. Est-ce l'équivalent d'un άνδρήιον crétois? Le mot προέδρα ne se rencontre ailleurs qu'à Tégée dans une inscription archaïque, IG V 2 113, avec peut-être le sens de «sièges d'honneur» qui n'est pas impossible ici : si l'on supposait que Γάνδρεών est une salle de
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réunion pour les hommes de la cité, on pourrait admettre que la προέδρα est l'endroit où s'asseyaient les magistrats. Le titre de ίεροφύλαξ (qui traduit le pontifex latin chez Denys d'Halicarnasse, 2, 73) est assez rare : des «gardiens du sanctuaires» sont connus à Cos, LSCG 155, 1. 5, 12, 16, (IIIe), et à Phystium, en Etolie, IG IX l2, t. 1, 95, 98, 100, 106 (IP).
INSCRIPTIONS D'ORIGINE INCERTAINE
217 - Graf fite sur la partie supérieure de la lèvre d'un grand cra tère de type laconien de provenance inconnue32; Fondation Mormino à Palerme; inv. n° 286; haut. 50 cm; diam. sup. 43,5 cm; diam. inf. 18 cm; h.l. ca 11 mm; ca 550. Pubi. : A. Villa, Kokalos 25 (1979) p. 64-72, pi. XII, 1-2 (SEG XXIX, 941).
Τας Καλ(λ)ικράτεος, Μενναρος έμί. «J'appartiens à Mennarô, la fille de Kallikratès». Le seul signe d'identification délicate est le sixième à partir de la droite : delta ou rho. Je choisis la seconde solution tout en remarquant que ce second rho n'a pas le même ductus que le premier; mais la même constatation peut être faite à propos des deux nu qui précèdent. Du point de vue de la morphologie des anthroponymes féminins, un
32 Le vase a été publié par V. Tusa, Odeon, Palerme 1971, p. 27, tav. 6d.
INSCRIPTIONS D'ORIGINE INCERTAINE
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génitif Μενναδος suppose un nom Μεννάς/-άδος ou encore Μενναδώ/αδοϋς dont la structure est tout à fait anormale. En revanche Μενναρος est le génitif d'un nom en -αρώ (du type de Τυχαρώ, Κλειναρώ, Κλειταρώ) qui contient une géminée expressive bien attestée dans les hypocoristiques des noms en Μενο-, HPN p. 312 (type Μέννις). On signalera enfin que l'ordre des mots est ici inhabituel : dans un graffite qui exprime la propriété - que le vase ait ou non contenu les cendres de la défunte - l'enclave du patronyme est peu courante et l'on attendrait plutôt Μενναρος εμί τάς Καλλικράτεος ou τάς Καλλικράτεός εμι Μενναρος. 218 - Graf fite sur le pied d'une kylix attique de la fondation Mormino à Palerme; provenance inconnue; inv. n°390; haut. 8 cm; diam. sup. 14, 4; diam. inf. 7 cm; h. 1. 6 mm; 475-450. Pubi. : A. Villa Kokalos 25 (1979) p. 71-72, pi. XIII 3-4 (SEG XXIX, 942). Πράτας
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Génitif d'appartenance d'un nom dorien Πράτα = att. Πρώτη. 219 - Fragment supérieur droit d'une lamelle de bronze du Metrop olitan Museum, MM 25, 97, 19; alphabet oriental «bleu» (M/ = psi, ~h = chi); notation des voyelles longues récentes par les digraphes OY et El; Ve in. Pubi. : Chr. Alexander, Bull, of the Metropolitan Museum of Art, 20 (1925) p. 270, fig. 2 (SEG IV, 27; Dunbabin, The Western Greeks 1948, p. 415; M. Guarducci, Annuario 27-29 (1949-1951) p. 111-114; Pugliese Carratelli, Acrai n° 1, p. 151, pi. 34; M. Guarducci, Annuario, 37-38 (1959-1960) p. 254-259; L. H. Jeffery, LSAG n° 15, p. 276 et 268, pi. 51 ; G. Manganaro, ArchClass 17 (1965) p. 194-195).
A ft f 0 V Κ A I
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276 [ [το [κτασιν [ [εν
]οι έψαφίσανάτ]έλειαν και εν]αϊ κα γάμόρον ά]ρχαν πεδεΐμπλαν] 1ιιπ(π)άρχου και
Un alphabet bleu avec une telle notation des voyelles longues récentes se retrouve dans l'inscription d'Héloros, 98 (VIe), et dans celle qui est attribuée à Gela, 134 (Ve in.). Au centre du problème de l'attribution de ce texte figure le terme γαμόρος. Il désigne les riches propriétaires terriens de Syracuse qui, chassés par le peuple en 491, furent ramenés de leur exil à Casmène par Gélon en 485, Hérodote VII 155 (τους γαμόρους καλεομένους των Συρακοσίων) ; cette appellation est confirmée par le Marbre de Paros 1. 52, § 36, FGH Π Β 239 J : έν Συρακούσσαις δε των γαμόρων κα τεχόντων την αρχήν à propos de la fuite de Sappho vers la Sicile, ca 600. Pour justifier la mention de ces aristocrates dans un texte rédigé en alphabet bleu, M. Guarducci, dans son second article, a estimé qu'il s'agissait d'un décret sélinontin exposé à Casmène entre 485 et 491. Par ce décret les aristocrates recevaient le droit de participer aux magistrat ures, ά]ρχαν πεδεϊμ|[εν = att. άρχων μετεΐναι, à l'exception de celle d'hipparque, πλαν] 1ιιπ(π)άρχου (?), sauf à voir dans Ηιπ(π)άρχου le génit ifde l'anthroponyme Ίππαρχος. Manganaro cependant admet d'y voir un décret sélinontin mais estime qu'il faut dissocier l'épisode syracusain de notre texte, et que les γαμόροι sont ici le nom que se donnaient aussi les dirigeants de Sélinonte qui octroient la politela à un individu venu d'ailleurs. Dans l'attente de la venue au jour de nouveaux textes, et vu l'état très fragmentaire de cette inscription, je crois que seulement trois para mètres doivent intervenir dans le débat sur l'attribution : a) la mention d'Hérodote τους γαμόρους καλεομένους implique de considérer qu'en Sicile le terme γαμόρος est syracusain; b) la graphie des voyelles longues récentes par des digraphes est un trait des colonies de Corinthe; c) l'alphabet bleu ne peut être que d'origine mégarienne. Comme ces trois éléments ne sont à ce jour attestés que dans le Sud-Est sicilien (cf. supra), il me semble plus légitime d'attribuer la gravure de ce texte à un individu utilisant un alphabet hybride mégaro-corinthien : nous en savons trop peu sur la nature et l'évolution de l'alphabet syra cusain archaïque (comparer 87 et 95) pour exclure qu'il puisse s'agir d'un décret de Syracuse.
INDEX
INDEX I : ANTHROPONYMES
Άγάθαρχος: η. 3, p. 13; 161, 40; η. 63, p. 203 Άγάθυλλος : 36 Άγασίας : 75 Άγέμαχος : 101 Ηάγεσ[ : 44 Άγέσαρχος : 173 Ηάγεστρατος: 31 Ηαγίας : 27 "Αγνός: 121, 22 Άγριος: 196, Π, 38 Άγροίτης: 170 Άγύλιος: η. 56, ρ. 131 Άδειδας : 206, 7 Αδείμαντος : 35 Άδρανίων : 185, 7 Άδρανόδωρος : ad 185, 7 Άδράστη : 176 Ά/πστος : 39 Άθανις: 36; 121, 4; 126, 5 Αίνέας : 43 Αίνησίδαμος : 142a Αίνησις: 126, 11 Αίνων : 36 Αίσχρίων : 194 Αίχρων : 28 Αισχύλος : 56; 109, 28; 208, 25 Άκα: 166 Άκκα: 175c Άκροικώι : 34 Άκρος: 180? Άκρων : 83 'Αλέξανδρος : 185, 7 Άλεξίας: 55? Άλεξις : 88 Άλκιάδας: 134b, 8 Άλκίας : 1 3 1
Άλκιμίδας: 144e; 150 Άλκιμος : η. 67, ρ. 205 Άλκίφρων : 3 1 Ηαλος : 38 Άμάριος : 39 Άμείνων: 126, 7 'Αναξαγόρα : 96 Άναξιμένης : 118 Άνγειλις : 3 1 Άνδρων: 126, 10 Άνθεμόκριτος : 134a, 2? Άνταλλος: 161, 39; 192 'Αντίπατρος : 1 44 Άνχέμαχος: 178 Άπελλις: 134a, 2; 134b, l, 7 Άπέλλιχος : 206, 7 Άπελος: 38, 1, 6, 16, 18 Άπολλόδοτος : 122 'Απολλόδωρος : η. 23, ρ. 234 Άπολλωνίδας : 122 'Απολλώνιος: 109, 48; 161, 46; 196, II, 73 Άποντιος : 36 Άράτιος: 119? Άρειάδας : 35 Άρέτα: 180? Άρίμναστος : 208, 26 Άρίσταρχος: 149d; 194 Άριστεύς: 97, 13 Άριστις : 60 Άριστίων: 19; 161, 1, 43 Άριστόγειτος : 73; 109, 21 Άριστογένης : 97, 8; 126, 8 Άριστόδάμος: 60; 109, 46; 120; 203 'Αριστόδημος : 203 Άριστόκλεια : 8 1 Άριστόμαχος : 122 Άριστόνακος: 188
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INSCRIPTIONS GRECQUES DIALECTALES DE SICILE
'Αριστοφάνης : 36 Άριστύλος : 84 'Αρίστων : 122; 124, 6; 208, 27 Άρκάγαθος : 126, 1 Άρκαδίων : 73 Άρκεσώι : 56 Άρςύλη: 17 Ηαρμόδιος : 149b Άρταμίδωρος : 124, 7; 126, 8 Άρτεμίδοτος : π. 47, ρ. 119 Αρτεμίδωρος: 97, 4; 109, 9, 11, 13; 196, Β. Π, 5; 208, 2; 211, 2; 212; 216 Άρτεμίσκος : 188 Άρτεμώι : η. 47, ρ. 119 Αρτέμων: 100; 161, 38; 213 Αρχάγαθος : 109, 48 Άρχέδαμος : 67; 82; 109, 36, 40 Άρχέλας : 191 Αρχίας : 120 Αρχινίδας : 68 Αρχυλίς : 40 Άρχων: 177, 1, 6, 10 Αρχωνίδας : 100; 120; ρ. 234 Ασκλαπιάδας : 161, 37 Ασσινοκλής : 186 onom. Ατός: 38, 18 Αττέλιος : 189, 6 Αττικός : 206, 7 Βαθυκλής: 125, 2? Βασίας : 126, 5 Βενούστα : 1 95 Βιοναΐος: 103? Βίοτος: 131 Βίων : 93 Βραχίδας : 106 Βώτακος : 1 59 Γάιος: 189, 6; 207, 4 Γέλη: 168d? Γελώι: 157? Γελώιος: 121, 19, 20; 123; 124, 9; 131; 161; 166. Γέλων: 93; 116; 119; 124, 11. Γήρυς : 121, 21 Γίγας: 123 Γλαυκίας : 30 Γναίουος : 208, 3; 211, 4; 212, 3 Γοργίας : 34 Γοργίλος: 161, 42
Γόργος: 63; 145 Δαΐτις : 1 1 Δαμ[ : 39 Δαμαρέτα : 1 1 8 Δάμαρχος : η. 61, ρ. 39 Δαμάτριος : 126, 7 Δαμέας : 120 Δαμις : 134a, 1 Δαμοκράτης : 109, 26 Δαμόφαντος : 1 34b, 9 Δάμων: 97, 9; -όνος 124, 10; 126, 8; 131 Δαρχων: 121, 15 Δάσκων : ρ. 118 Δειν[ : 39 Δεινίας : 146 Δεινομένης : 93 ; 94 Δεινός : 1 3 1 Δέκιος : 206, 7 Δενδίλος : 36 Δετας : 34 Δημήτριος : 185, 9 Διεύχης : 1 1 Δικαία : 70 Δικαιώ : 175 Δίναρχος : 124 Διο[ : 39 Διογένης: 196 Β Π, 14 Διόδοτος: 185, 9 Διόδωρος : 93; η. 28, ρ. 107; 213; 214; 215 Διοκλης: 121, 5; 185, 6 Διονύσιος: 109, 28, 42; 123; 206 Διόνυσις : 77 Δίοπος: 112 Διότιμος : 97, 12 Δίων: 36; 61; 62; 109, 5, 7; 121, 11; 124, 3; 194 Δρακόντιος : 123 Δρομέας : η. 28, ρ. 107 Δυσπσετα : 1 72 Είελος: 208, 3; 211, 3; 212, 3 Εκαταίος : 14 Έκοτις / Έςοτις : 38, 13. 17 Έλαφεύς: 196 II, 46 Έλος : 127 Έλωρις : 101 Έμμενίδας : 124, 6 Ένπεδοκλής : 134a, 6 Έξακεστίδας : η. 48, ρ. 119
INDEX I: ANTHROPONYMES Έξάκεστος: 35; 98; -σστ- 140 Έξάκων: 121, 7, 8? Έπαμείνων : 80 Επίγονος : 1 22 Έπιδαύριος : 117, 12 Έπικύδης : 97, 2 Έπιμενίδας : 97, 43 Έπίξενος : 109, 44 Επίχαρμος : 76 Έποχος: 129 Έργοτέλης: 123 Ηέρμιος : Ηρμιο 47 ? Έρμων : 184; Ηέρμονος ρ. 271 'Ερωτική : 195 Εύαρίδας? 144c Εύβουλίδας : η. 63, ρ. 203 Εύγριτος = Εΰκριτος : 25 Εύδοξος : 125 Εύήνα: 144g Εύθυμένης : 124, 9 Εύθυμίδας : 59 Εύθυμος: 121, 17; 161, 38 Εύκλέας : 47 Εύκλείδας: 119; 191 Ευκλείδης : 12 Εύκλής: 31; 109, 19 Εύκριτος : 72 Εύμαίδας : 42 Εύμαχος : 166 Εύμενίδοτος : 50 Εύνιςος: 134b, 1, 3; Ευνικος 134b, 11, 13, 14 Εύξενος: 130 Ηεΰρις : 41 Εύρυμάκης : ad 176 Εύρυφών : 68 Εύφραϊος: 121, 18 Εύχαρίδας: 144c? Εύωπίδας : 1 1 Fia(v)0iç : 87 FoivavGâ : 79 Ζιλια: 40?? Ζοξτα : 36 Ζώαρχος: 189, 10 Ζωίλος: 100 Ζώπυρος: 109, 11, 44; 124, 8; 161 passim Ζωπυρώι : 1 70 Ηεμετέρε : 16
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Ήρακλείδας: 14; 36 (phyl.?); 39, 4; 109, 23; 119; 124, 5, 7; 161 passim; 196, Π, 73 ; 208, 25 Ήρακλίδας : 120 (iotac.) Ηράκλειος: 109, 9, 42; 124, 8; 188; 196, Β, II, 14; 208, 25 θάλλος: 126, 11 θέογνις : 57 Θεοδόσιος: 126, 9 Θεόδωρος: 109, 1, 3, 7; 126, 8; 185, 12; 207, 2; 208, 24 θεόξενος : 74 θεότιμος: 125, 7?; 126, 7; 156 θεσ(σ)αλός : 26 θεστίας: η. 38, ρ. 188 θέστων: 196, Π, 80 θευδόσιος : 126, 6 θεύδωρος: 124, 11; 126, 6; 183 θέϋλλος : 54 θέων : 124, 2 θίασος: 136 θράσυλλος : 124, 4 θρίπυλος : 8 Ηιάρων : 94 Ίέρων : 109, 38 Ίνικις: 125 Ίππαρχος: 219? Ηιππίας: 180 Ηιπποδρόμη : 17 Ίπποκλής : 161, 6 'Ιπποκράτης: 180 'Ισίδωρος: 161, 44 Ιστιαίος: 161, 2? Ηιστίαρχος : 35 ; 39, 5 Ίστιεΐος: 196 Π, 80 Ίχαιον : 36, 5 Κάβαλλος: 188 Καδοσις: 38, 13 Καιλιος38, 6, 15, 17 Καισιος : 206, 1 Καλεδια/-ιας : 134b. 6 Καλλικράτης: 104; 216 Καλλίοψις : 24 Καλλισθένης : 144f Καλ(λ)ιστεύς : 23 Καλλίστρατος: 124, 11 Καποσος : 36 ; 131 Καπρόγονον : 27
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INSCRIPTIONS GRECQUES DIALECTALES DE SICILE
Καρίας : 75 Καφίσιος: 117, 13 Κέρδων: 121, 3 Κιπος : 207, 1 Κλαύδιος : Τεβέριος Κλ. : 207, 4 Κλέανδρος: 124, 2 Κλεινώ : -ους 113 Κλεομένης: 86? Κλεομήδης : η. 3, ρ. 23; 86? Κλεοσθένης: 142b Κλευλίδαι : 45 Κλευλλίς: 115 Κνιδιείδας : 86 Κοβετος: 134, 1 Κοίνα: 142d? Κοινός : 144d Κοίντος : 189, 8, 9 Κόραγος : 125, 2a Κορ(ο)ουιος : 208, 27 Κόρυδος: 116 ?όρυνθις: 18 Κότης: -τητος: 185, 12 Κρατέας : 103 Κράτης: 128 Κράτις : 58 Κυκυ-: 175a; 176 ?υλίχα : 30 Κύναιθος : 129 Κυπρα/Κυπυρα : 175b; 177, 9 Λάκαινα: 118 Λαμίσκος : 126, 7 Λάμπ[ων: 189, 2? Λαπίρων : η. 23, ρ. 234 Λασοΐδας : 69 Λέοντις : 125 Αεπτίνας : 176 Λέπτος: 143b Λεύκαρος : 184,2 Λεύκιος: Λ. Μαάρκιος Κοίντου υιός: 189, 8-9; Λ. Κάπτιος Μαάρκου υιός 189, 9 Λεύκιος : 204, 2; 205, 2; 206, 1 Λίβυς : 149 Λισσίας : 99 Λοχαγός : 1 1 ? Λυκΐνος : 38 Λύκ[ι]ς: 119? Λυκίσςος : 46 ; 64 Λύκος: 9; 119?
Λυκοφρωνίδας : 49 Λυσίδαμος : 180 Λΰσις : 107 Μάαρκος : 189, 9 Μάγων: 38, 13, 17 Μάιε : 39, 9 Μαμμαρειος : 36 Μάμος : 207, 2 Μανδροκλής : 22 Μαρύλος : 21 Ματυλαιος : 38, 13 Μέγας: 149c Μειχύλος : 149c Μελάνθιος : 35 Μέλισσα: 121,9; 134b, 9 Μέλισσος : 144a Μενεκράτης : -τιος 132 Μενέκωλος : ρ. 118 Μενεπτόλεμος : 71 Μενίσκος: 189, 10; 196, Π, 74 Μενναρώ : 217 Μένων: 120 Μηνόφιλος : 93, 12 Μινατος : 208, 27 Μινύρα: 213 Μιτάλων : 87 Μνάμων : 36 Μνασανδρίδας : 76 Μνασιθάλης: 135 Μνασίμαχος : 134a, 6? Μύλ(λ)ος : 165 Μυρτίχα : 79 Μύσκελος : ad 71 ; -σσκ- 134b, 9 Μύσςος : 71 Μύσκων: ad 71; 126, 10; 134a, l, 4 Μύσχελος : 168b Μύχα : 35 Μύων : 124, 9 Ναεπονος : 36 Ναιρογενες: 119 Ναννελαιος : 38, 10, 17, 19 Ναραονίδας: 121, 26 Ναρων: 122 Ναυεριάδας : 38, 18 Ναυεροτος : 38, 4 Νειάδας : 32 Νεμερατος : 122 Νεμηνίδας : 203
INDEX I : ANTHROPONYMES Νεμήνιος : 99 ; ad 99 Νεομήνιος : 123 Νίκαρος: 161, 45 Νίκαρχος : 117, 12 Νικίας: 119; 154 Νιςόλα : 74 Νίκυλλος : 36 Νίκων : 124, 8 Νίσις : 19 Νυμφόδωρος : 126, 8; 161, 3; 185, 2; 196, Β, 16 Νύμφων: 100; 188; 215 Ξέναρχος : 2 1 5 Ξένις : 36 Ξενοκλής : 30 Ξένων : 36 ; ad 86 Ξήνιππος: 121, 25 Ξήνας: 185, 12 Ξιγας : 163b? Όνασικράτης : 100 Όνάσιμος : 121, 13 Όνήρων : 35 Όππιος: 208, 4; 211, 4; 212 Όρθων: 126, 11 Πακκιος: 204, 2; 205, 2 Παμμίλος : ρ. 25 Παντάρης vel Πανχάρης : 1 47 Παντάρης : 1 32 Παρμένων: 121, 11? Πασιάδας : -ôâfo 128 Πασίων: 122; π. 46, ρ. 118; 185, 11, 12 Πατάϊκος : π. 15, ρ. 163 Παυσανίας : 109, 21 ; 151 ; 124, 6, 7 Πεδίαρχος : 50 Πείσις : 28 Πελάγιος : 196, Π, 80 Πέρσιος : 203 Πίακις : 36 Πίθαςος: 81 Πιθθίας : 36 Πίθων : 34 Πίστων : 206, 7 Πλακίτας : 38, 10 Πολέας: 139 Πολεμαίνετος: 120 Πολύαρχος : 101 Πολύζαλος : 133 Πολυκλής : 35
Πολυξενίδας : 97, 1 Πολύξενος: 109, 13; 161, 40 Πόλυς : 142c Πόπλιος: 189, 6 Πόρςος: 167 Πόσειδις: 109, 17 Πραξίας: 176 Πράτα: 218 Πράτομάκης : 1 76 Πράτων : 83 ; 24, 25 Πρόδοξος: 119; 126, 10 Πρώταρχος: 161, 41 Πυθέας : 67 Πυθόδωρος : 34 Πύθων: 121, 5 Πυκελειος : 38, 17 Πυραις: 174? Πυρρίας: 50; 54; 134b Πυρρΐνος : 38, 7 Πύρρομμις: 161, 45 Πυρρός: 38, 7, 8, 9, 16 Ρασφαρμαυα : 36 'Ροτυλος: 38, 5?, 8 'Ροϋφος : 195 'Ρώμις: 38, 6, 17, 19; 114 Σαΐνις: 143a Σαισο: 177, 9? Σάςων: 165 Σάννων : 124, 8 Σαρις : 38, 5, 7 Σάσαμος : 39 Σάτυρος: 161, 46 Σαΰρις : 36 ; 44 Σέλινις : 61 ; 65; 69; 77; 184, 5 Σελινώι : 34 ; 44 Σίβυλλος : 50g Σικανά: 29; 120 Σιλανός : 59 Σίμη : 176 Σιμίας : 123; 203 Σίμος: ad 12; 124, 9; 208, 26 Σιμύλος: 109, 19 Σιμωνίδας : 97, 10 Σίξας : 6 Σκύθας: 119 Σκυτας: 118; 143b; 148 Σκυτης: 180b? Στράτιος: 194
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INSCRIPTIONS GRECQUES DIALECTALES DE SICILE
Στράτων: 125; 163 Συςοι: 105; Συκόι 181 Συμαρια: 120 Σύμμαχος : ad 1 = η. 74, ρ. 52 Συνετός : 36 Συπας: 174? Σωιος : 207, 1 Σωκράτεια: 180 Σωκράτης : 125 Σωμροτίδας : 22 Σώπατρος : 33 Σωπολιανός : 215 Σώπολις: 215 Σωσανδρίδας : 93, 10 Σώσανδρος : 208, 27 Σωσίας: 120; 142, 10; 131; 134b, 8 Σωσικράτης: 124, 7; 125 Σωσίπατρος : 97, 9 Σωσίπολις : 161, 44 Σώσις: 109, 46; 161, 3 Σωσίστρατος: 40; 117, 13; 124, 2; 160, 11 Σώταιρος : 48 Σωχεύς : η. 54, ρ. 195 Ταμιρας : 38, 5 Ταμμαρος : 36 Τεΐσις : 184 Τέλλων: 121, 16 Τεβέριος Κλαύδιος Γαίου υιός : 207, 4 Τιμάνθης : 149e Τίμαρος: 107? Τιμασώι : 37b Τιμοκλής: η. 2, ρ. 121 Τιμοκράτεια : 120 Τιναξίνοος: 131 Τίτας: 121; 171; 175 Τιτελος: 38, 18, 19 Τιτταβώ : 1 Τιτταλος : ad 1 = η. 74, ρ. 52 Τιττελος: 216; 213 Τοπερκος : 121, 4 Ύβλων : ρ. 23
Ύλλέες : 185, 4 Ηύψις: 39; 66 Φαλακρία: 214 Φαλακρός: 183; 214 Φάνων: 119? Φάϋλλος: 119 Φάων: 215 Φενφαι: η. 18, ρ. 172 Φιλήτας : 134b. 3 Φιλίαρχος : 189, 2 Φιλίνος: 62; 123 Φίλιος : 109 Φίλιππος: 124, 6; 180 Φιλιστίδας: 130 Φιλιστίων: 194 Φίλιστος : 109, 30, 32 Φιλοκλής: 109, 15 Φιλοκράτης : 97, 9; 109, 34? Φιλόληος : 34 Φιλόξενος : 97, 1; 124, 4; 196, Π, 74 Φίλυρος : 28 Φίλων: 109, 15, 17, 30, 32, 36, 38; 181; 185, 2; 194 Φιλωνίδας: 109, 3; 206, 1 Φιντίας : 91 ; ρ. 145 Φιντύλος : 25 Φίντων: 134b 2 Φοίνιξ : 38 Φούριος Ποπλίου υιός : 189, 6 Φρύνα : 1 67 Φρΰνας : 33 Χαιρις: 121, 23 Χαμι: 32?? Χαίριτος: 120? Χαρίνος : 10 Χαρο[ : 39 Χαυνοτρίβωνες : 102 Χίμαρος : 34 Χίρον: 120 Χορώι: 127 Χρύσιππος : 1 79
INDEX II : TOPONYMES, ETHNIQUES, HYDRONYMES, DÉMOTIQUES SICILIENS
Αδεοζΐνοι : ad 201 Άκραγαντΐνος : 95; 182; 184, 9; 185, 18, 20 Άλαισΐνοι : η. 23, ρ. 234 "Αλαισος: hydr. 196, II, passim Άμηστρατΐνοι : n. 23, p. 234 Άππειραιος : dém. 212 Ασπίς: 196, Π, 12 Άσσινος : hydr. ad 1 86 Άσσωρίνοι: 209, 6, 7, 11, 22, 23 Βαλσα( ) : 109, 14 Βάσανος : 100, 5 Γέλα: ρ. 106; 160, 7 Γέλας: hydr. 158? Γελοαϊος : 132 Γελωιος: 156; 160, 25; 161, 30; 205, 5, 20, 27 Δανκλαΐοι : 2 Δάνκλη : 3 δριει: 109, 43? Έγεσταιοι: 206, 6; 212, 6; 213 Έλινοι : ad 190 Έλωρίνη οδός : ρ. 106 Έλώριος άγων : ad 87 Έλωρος : hydr., top. p. 105 Ένναίοι: 198; 211, 5 Έντελλα: ρ. 188 Έντελλΐνοι: 207, 11; 208, 9, 14, 17; 209, 12; 211, 17; 212, 17 Έρβησσος : ρ. 190 Έρβιταΐοι : η. 23, ρ. 234; 204, 5, 16, 23 Έρύσσιος: dém. 214 Ζάνκλη : ad 2 θεματεΐτις : 196, Ι, 21, 26, 57 θέρμα : ρ. 251 θερμΐται : ρ. 251 Ίμαχαραΐοι : 199
Ίμεραΐοι : ρ. 10 "Ίνυκος : ad 125 Ίππαρις: hydr. p. 119 Ίπύρρα: 196 Ι, 5, 31, 42 Κακκαβικοις: 109, 43? Καλακτϊνοι : η. 23, ρ. 234 Καμαριναΐοι: ρ. 119; 117, 5 Καμπανοί : ρ. 253 ; ad 206 Κάνησσος: 196 Β. Ι, 14-15 Καννεύς : dém. 109, 40 Κεντόριπα : ρ. 223 Κεντοριπϊνοι : 189, 4, 10, 11 Κεντορρειπεΐνος : η. 63, ρ. 203 Κεντορριπΐνοι : η. 8, ρ. 223 Κογχοκραναίος : hydr. 126, 4 Κρασέριον : ad 96, 42 Κυτατταρίνιοι : 208, 20 Λαμίας μασθοί : 109, 41, 47 Λεοντΐνος: 134a, 3 Λογγανός : hydr. ad 200 Λογγώνη/Λογγάνά/Λογγήνη : ad 200 Λοιτανός : hydr. ad 200 Λονγηναΐοι : 200 Μακελλΐνοι : 208, 22 Μαμερτΐνος : 208, 28 Μέγαρα : ρ. 23 ΜΙιεγαρίς : 28a-b Μεσσήνιοι : 4 ; 5 Μοργαντίνα : ρ. 227 Μοργαντΐνοι : ρ. 227 Μοργέντιον : η. 1 5, ρ. 227 Μορφιανός : dém. 109, 3 Μοτύρα : 73 Μύλαι : ad 5 Μυλαΐοι : 5 Νακωναίοι : 206, 5
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INSCRIPTIONS GRECQUES DIALECTALES DE SICILE
Νακώνη/Νακόνη : ad 206 Νάξιοι : p. 4 Νεαντΐνος : p. 107; n. 28, p. 107 Νέαιτον: ad 86; p. 107 Όπικανός : 196, I, 64; II, 5, 19, 20 ΠΕΤΙΚΕΛΑ : 109, 37, 39? Πέτρινοι: 208, 19, 23 Πιακΐνοι: ad 199 Πίακος: ad 36; ad 199 Πίκαττος: 196 II, 9.10 πύλα Σελινουντία : 109, 45, 49 Πύτα: 176? Σανκλετος : 196, Β, Ι, 13
Σάννειος : 208, 24, 25 Σελινόεις : 28h Σελινόντιος : 37; 67; 78; 83; 109, 45, 39 Σικελός : ad 86 Σκυρεώνοι: dém. 196, Π, 75 Συρακόσιοι: 89; 93; 94; 95; 96; 97, 25; 185,9 Τάπανον: 196, Ι, 21, 24, 51, 53, 57; Π, 15, 21 Ταύακα : ad 208, 21 Ταυαισχεην( ) : 208, 21 'Ύβλα : ρ. 23 Φιντίας : ρ. 145
INDEX III : TOPONYMES ET ETHNIQUES, NON SICILIENS
Άντίατας : 207, 4 Καρχαδόνιοι : 204, 7; 205, 8 Κύμα : 94 Κωιοι : 1 17, 2; 160, 26, 37 Κως: ρ. 180 Λανοΐνος : 189, 4, 5 Λανόϊον: 189, 3 (Lanuvium) Λοκροί : 4
Μαγνήτες από Μαιάνδρου : 97, 11 Μιλήσιος : 93 Μολοσσοί : 184, 7 'Ρηγϊνοι : 2 'Ρώμά: 185, 11; 189, 1 Τυρρανά : 37 Τυρρανοί : 94
INDEX IV : TERMES RELIGIEUX, DIVINITÉS, ÉPICLÈSES, SANCTUAIRES
Ηαγνα θεός : 38 Άγναί θεαί : 110 Άδρανός: ad 185, 7 Άδρανιείον: 196, Ι, 54, 62 Άδωνις : ad 206, 2 Άθαναία: 51; 78; 141 Άθήνη : Ζηνός κόρη γλαυκωπις : 8 Αινείας: ad 189 'Απόλλων: 51; 52; 78; 86; 93; 182; 196, Π, 63 Απολλώνιον : 78 Άρταμις Φεραία : 92 ; Λευκοφρυήνη : 97, 6 Άρτεμίτιον: 109, 14, 27 Αρχόμαος : 20 ? Ασκλαπιός: 102, 5; 117, 6, 14, 26; 160, 27 Ασκλαπιεΐον : 160, 37 Άσσινος: ad 186 Αφροδίτα: 110; η. 19, ρ. 227; Ουρανία 213 Αφροδίσιον : 109, 2, 22 Γα: 195 Γάος : 124, 4 Γενέτορες: 206, 31 Δαμάτηρ : 110; η. 25, ρ. 105; ad 198 Διόνυσος : 191 Έλαιελΐνος: 190 Έλευθία : η. 67, ρ. 205 Έλωρος : 101 Ηεκάτα : 55 Έρμος: 182; 187 Ζευς: 53; 78; 94; 116; 193 - έρίγδουπος : 8 - 'Ολύμπιος : 4 ; 206, 34 - Σωτήρ: ρ. 10; 13 -"Ωριος: 188
'Ήρα: 110; 137; 138; 56 'Ηρακλής: 78; 84; 90; 159; 162; η. 19, ρ. 173; 187, 7 - κρατερόφρων : ad 90 - adj. 'Ηράκλεια : 168a θεοί Πάντες : ρ. 234 θεσμοφόρος: 155 "Ιππαρις: ρ. 119 Ιστία: 204, 14; 205, 17; 209, 17 καταχθόνιοι θεοί : 195 Κόρα Κορεΐον : 109 passim Λανόιος: ad 189 Μαίη : 168d Μαλοφόρος : 54 ; 78 Μειλίχιος : 41 ; 45; Μιλίχιος : 46; ΜΒλίχιος 50 - Μειλιχιεΐον: 196, Ι, 16 Όμονοία: 206, 31 Παιάν : 5 1 Πασάρατος : 20 Πασικράτεια : 78 Πεδιακράτης : ad 17 Πέδιος : 17 Πέλοψ: η. 16, ρ. 10 Πλούτων: 195 Πολυστέφανος : η. 54, ρ. 194; Σώτειρα η. 67, ρ. 205 Ποτειδάν : 78 Τιμάσσα : 101 Τυνδαριδαι : 78 Φερσεφονα: 195; Φερσσσόφασα: 124, 4 Φόβος : 78
INDEX V : NOMS DE MOIS
Άδώνιος : 206, 2, 9 Απολλώνιος : 97, 3 Αρχόμαος: 20? Γελωιος : 126, 1 Εύερνεΐος : 206, 1 7
Εύμενιδεΐος : 204, 3 ; 205, 3 ; 207, 2 Ήραΐος : 124, 1 Καρνεϊος: 161, 5; 185, 8 Πάναμος: 208, 4; 211, 5
INDEX VI : VERBA POTIORA L'astérisque caractérise un terme strictement sicilien.
άγαλμα: 18; 177, 3 άγορανομέω : 215 άγορανόμοι: 110; 189, 7 άγριέλαιος : 197, Ι, 27, 36 άγχιστεΐαι: 206, 18, 25 ηάδε:20 άδελφά : 213 άδελφεός: 38, 3 *άδελφοθετία : 206, 33 αδελφοί : 206, 20, 26 άέ vel άή : 134b, 13 άερθέωντι : 206, 22 αιρετοί : 206, 20 αίσιμνάται : 28h αίτήσας : 81 άκολουθέω : 196, Ι, 6, 18 άκριβάζων: 111 άλία: 117, 8; 161, 7, 19, 29; 185, 10; 204, 4; 205, 4; 206, 3, 9, 12; 207, 17; 208, 18; 209, 4; 211, 14; 212, 15 *άλιακτήρ: ad 185, 10 άλίασμα: 161, 4; 185, 8; 206, 33; 207, 14; 208, 28; 209, 16; 210, 13; 211, 18; 212, 19 άλόντων : 212, 9 άλος : 196, Ι, 22; Π, 28, 35, 66, 78, 87 άμέ = att. ημάς : 204, 12; 205, 15 άμεϊν = άμιν: 117, 10 άμός : 160, 15; 185, 14, 17; 204, 8, 21; 205, 9, 25; 207, 6, 12 άμποχοι: 124, 5; 126, 6; 194 άμφίπολος : ad 97 άν + gén. «en remontant» : 196, I, 4 etc. άναθέμειν: 161, 25; 185, 23; 204, 13; 205, 15 άναθέντω : 206, 35; 207, 14; 208, 29
άναθέντων: 210, 16; 211, 21 άναίματος : 121, 27 άνακληθέντας : 206, 11 ανακλητός : 186 άνανειώσθαι : 189, 3, 12, 15 άνδρεών:216 άνις : 187, 9 άννέμο(ν)τα = att. άνανέμοντα: 167 άντιποιησάμενοι : 197, 2, 5 άνφιπολεύω : 1 88 άνφοτέρος : 127 άξιώντι : 117, 16 απάγω : 195 άπεστραμμένά : γλώσσα : 37 άπογαράφω : 134b, 3 απογράφω : 134b, 8, 10 άποδιδόμειν: 207, 13 άποδόμειν : 185, 24 άποδόσθαι : 28f άποδυόμενοι : 161, 13 αποικία: 189, 17 απολείπω: 136b, 6 άπόλογοι : 185, 27 απορρέω : 196, Ι, 19 αποστάσει: fut. 196, Ι, 63 άποτεΐσαι : 20 *άπρακτία : 134b, 5 άρα κακά: 168a άργύριον δόκιμον : 160, 33 άργύριον : 134a, 5; 177, 4 -αρος : Νίκαρος 161, 45; Τίμαρος 107? Λεύκαρος 184 άρχά: 219 άρχε: 28f άρχοντες: 110 άρχος : 198
INDEX VI: VERBA POTIORA άς = att. εως: 210, 5; 211, 9; 212, 7 Άσκλαπιάδας : 83 ατέλεια: 32; 37; 134b. 4 άτέλεστα : 29 αύταυταν: 177, 9 * αύτοΐστα : 206, 27 αυτός = αυτούς : 160, 20? *αύτοοτα : 213; 214 *αύτούστα : 189, 3, 5 *αύτώντα: 189, 13; 203; 206, 19, 26 άφαιρέω : 197, 7, 9 άφησεϊται : fut. 196, Ι, 8 άφικνοίατο : 134b, 11 άχράς: 196, Π, 41 άχρι: 196, Ι, 7, 39; II, 17, 56, 73 βαλανεΐον : 196, Ι, 19 βοαθέω : 204, 8 βοαθοέω: 205, 8; 208, 7, 11; 212, 12 βόλιμος: 134b, 12 βουλά: 117, 8; 161, 4, 8, 28, 185, 3; 204, 4; 205, 4; 206, 3; 207, 3; 209, 4; 210, 11; 211, 14; 212, 15 βούλας φέρουσας : 117, 8 βουλευτήριον : 185, 23; 207, 16; 208, 30; 210, 16; 211, 21; 212, 21 βρωτόν: 177, 3 βυρσοδέψιον: 196, Ι, 71 γαεών : 196, Π, 83, 85 γαμόρος : 2 1 8 γάρφω : sic 134b. 14 γενεά : 36 γεγόνειν : 185, 15 γεγράβαται : 121, 1 γλώσσα: 31; 33; 37; 38, 10 γραμματεύς: 110 γράπσας : 167 γύας : 126, 2 γυμνασιαρχέω : 100 γυμνασίαρχος : 161, 7, 9, 19 δαιθμοί: 196, Π, 23, 75 δάμεύω : 28ab δάμόσιος: 89; 152; 199; 200; 201 *δεκάλιτρος : ad 108 δέκατα: 197, 2 δέκομαι : 210, 9; 211, 12; cf. ποτιδ. et παρδ. δένδρεον: 196, Ι, 9 *δερβιστήρ : ad 126
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διάλυσις: 206, 12 διάπαυμα: 196, II, 52, 56 διαφορά: 206, 10 δίκαιος : 108 δικαιότας : 206, 2 1 δικαστήριον: 206, 18 *δίκλαρος: 196, Ι, 69 δίμηνος: 185, 8 δίσχοινος: 126, 3 διώρθωται : 206, 4 διώρυξ : 202, 4 δόγμα: 27, 3; 161, 24; 185, 22; 187, 3, > 189, 5 δοκεϊ: 87 δοκιμάζω: 206, 31 δόκιμον cf. άργύριον δόμειν: 184, 8 δόμεν : 97, 38 δρυμός: 196, Ι, 68 δΰρ ο : 1 5 δύνασις : 38, 2, 10, 12 δυόω : 206, 16 δυσαγείτω : 187, 4 δυσπραγία : 121, 2 δύσσοοι: 121, 22 δωρεά: 208, 20, 21 δώρον : 17 έ[γ]γεγρά(βα)νται : 122 έγλυψε : η. 67, ρ. 205 *έδρικός: 186 έδωκε : 79 ει «ubi» : 196 Π, 13, 36, 54, 55, 58 είμειν: 134a, 3; 185, 19; 207, 9; 208, 13, 17; 211, 15; 212, 15 εϊμεν: 117, 6 έςόντα κ άέςοντα : 134b, 2 εκπίπτω : έξεπέτομες έκτα : 97, 3 έλαία: 196 passim ελαιος = έλαία: 161, 21 ένδεια: 208, 10 *έλαιοκόμιον; 196, Ι, 69-71 έλάω : 78 έμός: 81 εμφανές: 204, 10, 19; 205, 22 ένγράφω : 37 ένγυάσασθαι : 134a, 2, 7 ένκαταγράφω : 38, 14
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INSCRIPTIONS GRECQUES DIALECTALES DE SICILE
evo : 169 ένόρκιος : 28f ; 204, 9; 205, 10 έντάδε: 134b, 11 έντί: 187, 2; 210, 5; 211, 8; 212, 7 εξάμηνος: 161, 4; 194 έξάπεδος : 196, I, 62 έξεΐμεν : 97, 39 έξεπέτομες : 210, 7; 211, 10 έξεπίπτομες : 212 έξεκοντα : 78, 1 1 έξοδιάξαι: 161, 27; 185, 26 έξόλεια : 36 έξυπηρετέω : 208, 16 εορτάζω : 206, 32 επέχω : 32 επεα: 29; 134b. 4 έπεί κα: 177, 11; 206, 21 έπιγεγραμ μένος : 196, I, passim έπιδαμέωντι: 117, 29 έπιδέκατον: 197, 2?; 187 , 9 έπικλε : 86 ? έπιμελήτας : 207, 5 έπισταθμός : ad 164 * έπιστέλματα : 189, 2 έπίστρεμμα : 196, Ι, 28 έπομαι: 196, 1, passim επόμενα : 194 εραται: 166 έργα: 29; 86; 134b. 4 (cf. /τέργα) έργαξεΐται : fut. 196, Ι, 8 έρύσαιντο; 134b, 13 h-έσατο : 41 ; 84 εστε/εστε: 28h; 126, 4; 196 passim εύετηρία : 208, 10 εύξάμενος; 8 εύρος : 126, 3 εύχά: 54; 56; 134b, 1 έφίετο : 134a, 2 έχθός: 134b, 6 έψαφισαν-: 219 ίέργα : 86 ίέτος : 28f ίοικέω : 28ab ζωπωλίς : 186 ημες: 210, 6; 211, 9; 212 Βμι : 50 θαλάμά : 109, 24 θανάτοιο λαχόντες : 127
θεά: 8 θεμ( ) 96, passim θεράπαινα : 1 95 *θέσται: 164 * θηγανείτας : 202, 7 θίασος : 167 θίγες: 148 θρασύς: η. 20, ρ. 173 θύε : 20 θυρώματα : 125, 3 θωκέω: 134a, 4 ion. i = att. εί : ad. 15 ηιάλε : 1 1 ίάν : 1 5 ηιατρός : 22 -ίδεο : 7 ιδία (πόλις) : 211, 9; 212, 8, 14 ίεραπόλοι : 160, 4; 161, 1 ίερατεύω; 212 ίερεΐον; 206, 31 ίεροθύτας : 185, 1 ίεροθυτέω : 214 ίερομναμονεύω : 216 ίερομνάμων : 204, 1 ; 205, 1 ; 206, 27; 186 ίερόν: 117, 6; 195, Ι, 63; Β, Ι, 12; 204, 14; 205, 17; 209, 17 ίεροφύλαξ: 216 ΐκατι : 126, 5 Μκατι : 177, 5 (pour ρίκατι) Μκε : 134a, 5 ίππαρχος : 218? ίππέεσσι : 205, 9 ισοπολιτεία: 209, 12; 211, 16; 212, 16 κάδος : 193 καθθέμεν : 78 κακώς έχει : 91 καλά: 87; 144g καλά. . . καλας : 81 * καλωποιός : 1 30 καλώς : 127 καλώς. . . έχον εστί: 117, 17; 160, 17; 161, 18 καπηλεία: 124, 3 καπηλεΐον : 1 34b, 8 καρπεύομαι: 28ab; 196, Ι, 9 καρυξ: 110 *καταβλαβής: 187, 5, 9 καταγράφω: 38, 1, 11, 14
INDEX VI : VERBA POTIORA κατακαλέω: 117, 22 καταλάζομαι : 134a, 3 καταλείπω : 197, 8 κατά πόδας : 206, 29 καταπυγότατος : 1 5 1 καταπύγων/-ος : ad 151 * κατενιαύσιος : 161, 2 * κατεσσκέωσε : η. 63, ρ. 203 κέλομαι: 206, 19 κεφάλωμα: 177, 2 * κλαρογραφέω : 206, 1 5 κλαρος «lot» : 196 passim κλαρος «jeton de tirage au sort» : 206, 22 κλαρώντων: 206, 16 κλάρωσις : 197, 10 κοινά : 206, 4, 1 1 κοι ναι : 206, 8 κοινόν : 207, 6 κοινός/-ά: 142d; 144d κολάπτω: 78; 161, 24; 185, 22; 206, 33 κολοβός: 196, Ι, 11 * κομίομαι : 28ab κορει : 8 κορύδαλλα : η. 23, ρ. 105 κράνα : η. 63, ρ. 203; 196, Ι, 10, 19 κράννας sic. : 196, Ι, 19 κριθά : 208, 20, 22, 28 κρίτας : 197, 5 κύλιξ : 80 κυλλός : 126, 5 κωλύω: 28f; 33, 5 λακύθια : 169 λαύρα : 124, 4 * λαύραρχοι : 1 86 λάφυρα : 95 *ληιά: 168a λίτρα : 20 * λόγγων : ad 200 λοχαγός : 1 1 λύομαι : 1 94 λύσει : έπί λ. : 194 λω: λδντι: 28f; λείει : 29 μαγειρικόν : 196, Ι, 71 ; Π, 54, 64 μαιτυρέω : 122 μακος : 126, 3 μεθίστάμαι: 206, 19 * μελανόβαφον : 1 92 μενφε(- ) : 1 5
μετρέω : 208, 8, 19, 22, 23 μισθοται: 166 μνημονεύω : 110 μνάμων: 164 μνέας : 177, 5 μόνως : 193 μύλα : 193 ξένος : 37 vài: dat. 193 νάια: 193 ναΟς: 193? νεμηνία: 208, 5; 210, 3; 211, 6; 212, 5 νέος : 193 νίκα: 134b, 13 νίκη : 93 νικηθή : 3 νικάω : νικοντι 78, 1 ; νικδμες 78, 2 νόσος : 32 -ντεσσι: 117, 8; 160, 32 νωμάω : 40 ξενίς, -ίδος : οδός : 196, Ι, 15, 18 ξυστός: 215 *οίκειοσύνά: 189, 12 οίκέω : 204, 6, 10; 205, 6, 13 οΐκησις : 124, 2 οΐκιστάς: 117, 23; 160, 23 οίκιστεία: 160, 9 οίκος : 109, 25 οΐμοι: 63-69; 75 οκα = att. οτε : 204, 5 ; 205, 5 Όλυνπιάς : 28f όμογνώμονες : 185, 28 -οντον: 197, 3, 7, 9 όνύματα : 78 οπίσω + gén : 109, 10, 12 οριον: 196, 1, passim hópKia : 28h όφέλει: 177, 1, 5, 6 όφιλόντω{ι} : 187, 7 όφρύς : 196, Β, Π, 5 οχετός : 196, Ι, 7 παιδία: 177, 10 παναγυρίεσσι : 117, 22; 160, 22 πανται : 185, 8; 196, Ι, 9, 63 παντεΐ: 134b, 13 πάρ + ace. : 185, 14 παραίτιος: 185, 14 παραλελαβήκειν : 187, 4, 16
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INSCRIPTIONS GRECQUES DIALECTALES DE SICILE
* παραπροστάτας τας βούλας : 185, 2 παρδέκομαι : 195 παρεισχήσθαι : 185, 14 παρεξεΐ: 196, Ι, 62 παρίσχημαι : 204, 22; 205, 25; 207, 6 πάσσαλος : 196, Ι, 38, 46, 60, 61 πάσσας : 160, 29 πατριά : 47 πάτριόν έστι: 185, 15 πέδα: 176? πέζοι : 205, 10 πέλαγος : 54 ? πελάστατος : 196, Π, 65 περίστασης : 196, Ι, 8, 70 περιτείχισμα : 196, Ι, 52 * περιωρεσία : 196, Π, 38 πέτρος : 196, Ι, 30; II, 24, 25; Β, Π, 4 * πλακός : 1 86 πλανάομαι: 211, 11 *πλάταμος: 196, II, 11, 17 πλατέα: 134a, 4 πλατεία : 202, 5 *πλύνια: 109, 35 πόθοδος : 196, Ι, 53 πολίεσσι : 117, 17 πότας: 167? ποτενθε: 134a, 6? ποτιδέκομαι: 195 ποτιδέξεσθε : 1 95 ποτικλαρώντω : 206, 1 7 πράσσειν : 40 πρέσβεες: 185, 11 πρέσβεις : 206, 6 πρεσβειών = πρέσβεων : 97, 5 πρίαμαι: 124, 2; 126, 2; 134a, 5; 177, 3 προαγορέω: 185, 5 προάγορος : ad 185, 5 πρόβουλοι: 197, 5 προγράφω : 78?; 206, 12, 14 προέδρα: 216 προεδρεύω: 185, 4 προσγραφέντες : οι πρ. : 87, 8 πρόσθα : 28ab ? προστάτας: 97, 4; 161, 5; 184 προστάτας συναλλακτήρων : 124, 1 προστατέω : 110 πύαλοι : 196, Π, 25 πυγιξεΐ: fut. 167
πύλα: 193, 202, 8 πύργος : 196, II passim πυριν : 160, 30 *πωλητήρες: 160, 30 ράμνος: 196, Π, 32, 33 ράχας : 196, Π, 25, 66, 78, 87; Β, Ι, 23 ράψ/ραπός : 126, 4 *ρίς/ρινός : 196, Π, 36, 39, 53, 63, 65 76, 77, 79 *ροείδιον : 196, Ι, passim *ροίσκος : 196, Ι, passim ρόος : 126, 4; 196, passim ροπά : 32 σαμα: 21; 26; 71; 74; 75; 77; 88; 103; 128 σαπρφς : 193 σατες : 161, 9 *σιδέα: 196, Ι, 54 σιπυίς: 170 σιτοφύλακες : 1 86 σιτώνιον : 186 σκανά: 155; 196, Ι, 39, 40, 43, 46 *σκαφιά: 196, 1, passim σκέα = att. σκεύη : 177, 3 σςύφος : 167 * σπευδαιότερος : 134b, 1, 12 σπυρός : 208, passim στάμνια: 169 στατήρ : 108 στεφανώι = att. στέφανοι: 161, 31 στραταγός αυτοκράτωρ : 189,6 στρώσις : 202, 5 * στύλεια : 86 συγκλαρώντες : 206, 24 συγκλαρώντω : 206, 24 σύγκλητος: 97, 3, 7, 25; 185, 10; 189, 5, 7 Π; 197, 6 συκέα: 196, Ι, 66; Π, 43 σύμβολα: 196, Ι, 17; Π, 51 * συναλλακτήρες : 124, 1 συνδικέω : 33 σύνδικοι : 31, 37 συνέδριο ν: 185, 28 συνλαγχάνω : συλλαχόντες : 206, 33 ; συνλαχόντες 206, 23 ; συνλελογχότες 206, 27 συνοικίζω : 117, 3 συνοικισμός : 207, 8; 208, 6, 12, 16 συνοικισταί : 117, 9 συντόμως : 212, 14
INDEX VI: VERBA POTIORA σφζω: 212 ταινία : 79 τάλαντον: 15; 78; 124, 5; 126, 6 ταμίας: 185, 186; 197, 3; 206, 29 τανικαΰτα : 177, 12 τειδε: 127 τέρμων : 196, Ι, II, passim τέτορες : 168 τετραςο- : 1 1 5 τετρώκοντα : 124, 5 τηνεΐ: 134b, 7, 12 τήνος: 37; 40; 122; 134b, 5 *τίλλα: 176? τιμά: 134a, 5 τιμειν : 185, 16; π. 67, ρ. 205 τοίχοι κοινοί : 124, 3 τοκες : 104 τόκος: 177, 2 τούτοι = att. ούτοι : 28f * τριακάδαρχοι : 1 10 τριακάδες : 110 Τριάκοντα : 161, 27 τρίπους : 93 *τριτάμορα: 169 *τυρρίδιον: 196, II, 65, 77 υδρία: 206, 16
295
ηυιός: 26; 38; 72; 84; 127 ύπηρέτας: 110 ηυπό : 73 ύπογραφεύς: 110 ύπόμναμα: 185; 189; 209, 17 φεύγω : 28abf φιλέω : φίλη : 167 φιλία: 78; 204, 12; 205, 14; 206, 21; 209, 14 φιλός: 1; 127; 147 φιλότάς: 134b, 1, 3, 9, 13 φον( ) : 1 5 *φραδατήρ : 110 φρήτια : 109 χάλκια: 196, Π, 54, 64 χάλκωμα: 185, 22; 204-212 passim χαμαί: 32? χελώνα: 193 χοράγός : 134b, 4 χρήσιμα : 40 χρήστας : 177, 10 χρυσέον/-σίον : 78 χωράζω : -άξαι : 117, 6 ψυχά : 38 ώ: 63-69; 193 ώς «comme, en suivant» : 196 passim
INDEX VII : ÉCRITURE, ORTHOGRAPHE, GRAPHIE
A) Types d'écriture non dextroverse :
165.
-
sinistroverse : 4, 22. serpentine : 107, 121 plinthédon : 41, 46, 77 boustrophédon: 3, 15, 20, 28, 29, 48, 49, 50, 63, 66, 67, 69-77, 84, 103, 128, 129,
B) Ponctuation : - : - : - . - -
: 1, 23, 93, 183 : 15, 23, 25, 68, 77. 83, 86, 134a, 176. : 102 : 120, 123, 177, 194.
C) Lettres remarquables : /a/
A : 33, 38, 131, 176, 180. Λ : 33, 34, 38. A : 33, 38.
/b/
k\ mégarien : 78.
/g/ C,\ formes courantes; Ρ 95. /d/
D formes courante; Δ plus rare: 17, 118, 119, 120, 130, 131, 155, 180.
/ë/
Ά sicyonien : 144a. B corinthien : 72, 90.
/ë/
B 85; B 50; El 71, 134a.
/he/
H 47.
/hé/
H 90(?).
/h/
B H H f
/i/
ί : 72, 79, ad 86.
attestée jusqu'en 500 forme récente : 3, 28, 67, 155. forme dérivée de la précédente : 29, 1 ; 39, 12; 47 forme rare : p. 10 et 177.
INDEX VII : ÉCRITURE, ORTHOGRAPHE, GRAPHIE Ikl
9 qoppa : 15, 18, 28, 31, 37, 49, 71, 80, 85, 105, 134b, 144c, 149c, 166, 168, 178, 179. Φ 17.
/Ich/ Ψ «rouge»: 10, 106, 127, 129, 134b, 144c(?), 149c, 166, 168, 178, 179. Iks/ -f Ξ 1 Β Il /// Imi
297
4: 180.
«rouge»: 1, 6, 88, 130, 131, 133, 167, 176. formes courantes. 118 (?). 80(?).
V chalcidien : 3, 4, 5, 8, 15, 87, 144g, 162. Γ 15, 217.
Ici -Λ- 95. x/V 164 Ici
OV 72, 114, 124a, 218.
/ρ/
h 29, 32. h 143b.
Ipsl Pi 127, 167. M 24. /s/
M i ί S C
san : 85, 144a. 22, 25, 26, 105, 128. 131. 4b, 15, 88. 98. 193.
D) Curiosités orthographiques.
6?.
- Aspiration hypercorrecte: 22; 41; 177, 5(?). - Digamma hypercorrect : 128; de forme C (= 6) : n. 15, p. 10; 196, I, 15. - Glides, /w/ : ούρο 15; Μοτύραι 73. /y/ : πρεσβειών 97, 3; λείει 29, 1, 5; Νειάδας 131,
- Iotacismes: 117, 10, 11; 120, 3; η. 63, p. 203; 196, I, 26-27; 202, 7. - Ligatures: 40; 50(?); 180. - /m/ initial noté μη- 28. - /η/ implosif non noté : 87, 127, 167. - Notation de l-st-l : -σστ- 40, 4; 140; 177, 13; de l-sth-l : -σσθ- 177, 3; de l-sk-l : -σσκ- 134b, 9; n. 1, p. 148. - Signes non identifiés : 180; 208.
INDEX VIII : TRAITS DIALECTAUX NOTABLES
Des caractéristiques doriennes bien connues comme les particules ai et κα, la non assibilation de -τι en -σι, le maintien en l'état du /à/ ne sont pas recensées ci-dessous. Figurent dans cet index, soit des traits strictement siciliens, soit des isoglosses remarquab les. A) Phonétique. -
Aspirées. Notation inverse des aspirées : θρίπυλος 8. Flottements -ε/ιο- : 31, 78; -ει-/-ι- : 47; -γ/κρ- 25, 34. Longue récente notée η : Ξην-/Ξεν- 185, 12; ήμί 175a. Notée ω : Ώριος 188. /-h-/ ) /-nt-/ : Φιντίας, Φιντυλος, Φίντων; /-Uh-/) /-nth-/ : ποτενθε 134a, 6(?). Rhotacisme : Όνήρων 35. Sonantes voyelles : γράφω/γάρφω/-γαράφω sic 134b.
Β) Morphologie. a) Flexion des substantifs. - Dat. pi. ath. en -οις : 186. - Dat. pi. ath. en -εσσι: 117, 3, 7, 22; 134b, 12; 160, 22, 32; 206, 31; 207, 13; ϊππέεσσι 205, 9. b) Dérivation nominale. - Noms d'agent et d'instrument en -τήρ : άλιακτήρ ad 185, 10; δερβιστήρ ad 124, 1 ; πωλητήρ 160, 30; φραδατήρ 110; συναλλακτήρ 124, 1. c) Pronoms. - Démonstratif τηνος : 37, 40, 122, 134b. - Démonstratif τούτοι = att. ούτοι : 28f . - réfléchi féminin: αύταυταν 177, 9. - réfléchi masculin: αύτοΰτα 213, 214; αύτούστα 189, 3, 5; αύτώντα 189, 13; 203; 206, 19, 26; αύτοΐστα 206, 27. - pronom personnel αμέ = att. ημάς : 204, 12; 205, 15. - Possessifs : έμός 81; άμός 160, 15; 185, 14, 17; 204, 8, 21; 205, 9, 25; 207, 6, 12. d) Adverbes. - En -ει: ει «ubi» 196 II passim; τεΐδε 127; τηνει 134b, 7, 12; παντεΐ 134b, 13. - En -ài : πανται 185, 8; 196, I, 9, 63. - Autres: Ιιαδε 22; σατες 161, 9; έντάδε 134b, 11; τανικαΰτα 177, 12; άέ/άή 134b, 13.
INDEX VIII : TRAITS DIALECTAUX NOTABLES
299
e) Conjonctions. - οκα = att. οτε 204, 5 ; 205, 5. - ας = att. εως 210, 5; 211, 9; 212, 7. - ίάν = att. έάν 15. - Prépositions : άνις 187, 9; εστε/εστε 28h; 126, 4; 196 passim; οπίσω + gén. 109, 10, 12. f) Noms de nombre. - «quatre»: τετραςο- 15; τέτορες 169; τετρώκοντα 124, 5. g) Le verbe. - Verbe «être» : έντί 187, 2; 210, 5; 211, 8; 212, 7; ενο = ενεστι 169. - Verbe en -άω : σαπρας 194. - Verbes en -έω ) -άω : τιμεϊν 185, 16; η. 67, ρ. 205. - Verbes en -όω/-ωμι : III sg στεφανώι 161, 31; άξιώντι 117, 16; συγκλαρώντες 206, 25; ποτικλαρώντω 206, 17; μισθοται 166; άνανειώσθαι 189. - Futur dorien : έργαξείται 196, Ι, 8; άφησεΐται 196, Ι, 8; άνανειωσούμενοι 189, 12. - Aoriste des verbes en -ζω : χωράξαι 117, 6; έξοδιάξαι 161, 27; 185, 26; συνοικιξάντεσσι 117, 6. Mais έψαφισ- 219. - Impératif actif, III pi. : -ντω est la désinence courante; -ντων : 206, 16; 210, 16; 211, 21; -ντον 197, 3, 7, 9. - Subjonctif actif : θίγες 148; θύε 20; άγε 167. - Subjonctif aoriste passif : σωθέωντι : 212, 13. - Optatif thématique moyen : III pi. άφικνοίατο 134b, 11. - Infinitif athématique en -μεν : είμεν 117, 6; έξεΐμεν 97, 39; δόμεν 97, 38. - Infinitif athématique en -μειν : άναθέμειν 204, 13; 205, 16; 161, 25; 185, 23; εΐμειν: 134a, 3; 185, 19; 207, 9; 208, 13, 17; 210, 12; 211, 15; 212, 15; δόμειν 184, 8; άποδιδόμειν 207, 13; άποδόμειν 185, 24. - Infinitif parfait actif: γεγόνειν 185, 15; παραλελαβήκειν 189, 4-5, 16.
INDEX IX : NOTABILIA VARIA
Démotiques abrégés : 109. Gamonyme: 213 Métronyme : 120. Papponymes: 38; 121, 26; 134a; 185, 12; 194. Talent sicilien. Valeur : 78, 11 ; η. 124, p. 78. Tribu. Numérotation des tribus et des phratries : 97, 3; 124-126.
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302
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TABLE DES MATIÈRES
Pag. Avant-propos d'Olivier Masson Remarque préliminaire Introduction Présentation des inscriptions Carte I II III IV V
-
Les colonies eubéennes Les colonies mégariennes Les colonies corinthiennes Les colonies rhodiennes Cités du centre et du nord de la Sicile
VII IX XI XIII XV 1 21 87 143 217
Index : I - Anthroponymes II - Toponymes, ethniques, hydronymes, démotiques s iciliens III - Toponymes et ethniques non siciliens IV - Termes religieux, divinités, épiclèses, sanctuaires . . . V - Noms de mois VI - Verba potiora VII - Ecriture, orthographe, graphie VIII - Traits dialectaux notables IX - Notabilia varia
279 285 287 288 289 290 296 298 300
Bibliographie
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Table des matières
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