RECHERCHES DE SCIENCE RELIGIEUSE
JUDÉO-CHRISTIANISME
I. NATURE ET SOURCES B. Gerhardsson — M. Simon O. Cullmann — W.D. Davies — R.A. Kraft IL HISTOIRE ET INFLUENCE R.M. Grant — W. Rordorf HJ. Schoeps — G. Quispel — B. Bagatti
8/k COMITE D E D I R E C T I O N Joseph J.
MOINGT,
GUILLET.
—
H.
Directeur.
—
M.
DE LAVALETTE. —
DE CERTEAU. X.
—
LÉON-DUFOUR.
C O N S E I L D E RÉDACTION P. BEAUCHAMP, Doyen F a c . Théol. Fourvière-Lyon. — Cardinal J. DANIÉLOU (Orig. Chrét.) — J.-C. G U Y , d i r . Rev. Hist. d e la Spir. — C. KANNENGIESSER (Th. P a t r i s t . ) . — R. MARLÉ ( T h . P r o t e s t . ) . — M. RÉGNIER,
dir. Arch. d e Phil. — B . SESBOÛÉ ( T h . d o g m a t . ) . — R. SIMON (Morale). — P . VALLIN ( H i s t o i r e d e l'Eglise).
REVUE TRIMESTRIELLE TARIF D ' A B O N N E M E N T Les lecteurs qui n'auraient pas encore réglé leur abonnement pour l'année 1972 sont priés de le faire, sans attendre de rappel, dès réception de ce numéro. Les fascicules suivants ne seront servis qu'une fois ce règlement effectué. France
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DE SCIENCE
RELIGIEUSE
RECHERCHES DE
SCIENCE RELIGIEUSE
RECHERCHES DE SCIENCE REL.
60 — 1
RECHERCHES DE
SCIENCE
RELIGIEUSE
I l à v T a SoxtjxàÇere, T 6 xocXàv x a T é x e t e
Tome
60 —
Revue paraissant
Année
1972
tous les trois mois
PARIS-VU* AUX
BUREAUX 15,
rue
DE LA
Monsieur,
REVUE 15
JUDÉO-CHRISTIANISME Recherches historiques et théologiques offertes en hommage au CARDINAL JEAN DANIÉLOU
AVANT-PROPOS
Voici un peu plus de trente ans, en 1940, le Père Jean Daniélou signait son premier article dans les R e c h e r c h e s d e S c i e n c e R e l i g i e u s e , « L'apocatastase chez saint Grégoire de Ngsse ». L'an dernier, nommé Cardinal depuis peu, il signait son vingt-cinquième Bulletin d'Histoire des O r i g i n e s C h r é t i e n n e s . Il en avait recueilli l'héritage, en 1946, du Père Jules Lebreton, titulaire de ce B u l l e t i n depuis 1921, à qui il avait aussi succédé trois ans plus tôt dans la chaire qui porte le même nom à l'Institut Catholique de Paris. Aux services rendus à l'Eglise et reconnus par elle, à l'initiation de plusieurs générations d'étudiants à l'étude critique des sources chrétiennes, à de nombreuses publications qui avaient acquis une juste notoriété dans le monde savant, ce B u l l e t i n ajoutait, année après année, un travail plus humble et plus pénible mais combien utile, un véritable service scientifique : plus de cinq cents livres de valeur patiemment recensés et discutés dans le détail, avec un art qui excellait à créer le dialogue entre historiens et théologiens et à faire apprécier même aux non spécialistes l'intérêt de ces recherches érudites. Tels sont les anniversaires et les occurrences, tels les mérites que la direction de la Revue a décidé de brer par la composition de ce volume d'hommages. a voulu, pour honorer une carrière scientifique, faire vre de science.
sont céléElle œu-
L'intérêt du Père Daniélou pour le Judéo-christianisme est aussi ancien que son B u l l e t i n . Rendant compte en 1947 d'ouvrages de théologie sacramentaire (d'O. Cullmann, de B. Reicke et d'autres), il notait déjà avec curiosité l'influence de l'apocalyptique juive sur les rites, les symboles et les représentations du christianisme commençant.
8
AVANT-PROPOS
En 19k9 il crée la rubrique « Judaïsme et Christianisme » et il y recense, en particulier, des livres de H.J. Schoeps et de M. Simon. Il explique à ce propos la double importance qu'il attache à l'étude du Judéo-christianisme : parce qu'elle éclaire « les tout premiers commencements du christianisme et la manière dont celui-ci s'est détaché du judaïsme », et à cause du « problème, plus que jamais actuel, des rapports entre juifs et chrétiens ». C'est donc à cette jointure de la culture et de la foi, des recherches historiques et des contacts humains et œcuméniques que se nouait l'unité de vie du savant, tourné vers le passé, et du prêtre universitaire, attiré par tous les grands problèmes contemporains de son pays et de son Eglise. De « consommateur », en la matière, le Père Daniélou n'allait pas tarder à devenir producteur. En 1958, il publie sa T h é o l o g i e d u J u d é o - c h r i s t i a n i s m e , qui regroupe systématiquement, dans un vaste panorama, les résultats de ses recherches passées sur les sources, le milieu intellectuel, les doctrines et les institutions du Judéo-christianisme. L'intérêt qu'il y porte ne cesse dès lors de s'accroître ; il s'étend de plus en plus aux relations complexes que le « christianisme d'expression sémitique » entretient avec le bas-judaïsme et avec le gnosticisme. Jusqu'à cette date, sur 193 titres recensés dans ces B u l l e t i n s , 33 traitaient de ces questions. De 1959 à 1969, 82 titres sur 282 prennent place dans des rubriques créées tout exprès : « Autour du Judéo-christianisme », « Judéo-christianisme et Gnosticisme», ou encore «Judaïsme, Judéo-christianisme, Gnose». Depuis deux ans enfin, pour mieux scruter ces liaisons historiques et littéraires, ce B u l l e t i n s'est consacré exclusivement, sans diminuer de volume, à la théologie des deux premiers siècles. Voilà pourquoi, désireux d'honorer l'œuvre savante, aux curiosités variées, du Cardinal Daniélou, nous avons choisi de réserver ce volume d'hommages à un seul sujet, celui qui nous a paru exercer sur ses recherches l'attirance la plus constante et la plus féconde, le J u d é o christianisme.
*
AVANT-PROPOS
Notre ambition « acte scientifique
a été de faire de cette publication », en un sens très précis.
9
un
En 1949 paraissait à Tùbingen le livre de H.J. Schoeps, Théologie u n d Geschichte des Judenchristentums, dans lequel le Père Daniélou saluait aussitôt « un ouvrage d'ensemble où tous les éléments concernant la question sont rassemblés et qui sera désormais l'instrument de travail indispensable ». Lui-même à son tour, en 1958, dans VAvant-propos de sa T h é o l o g i e d u J u d é o - c h r i s t i a n i s m e , déclarait son intention de «rassembler les données éparses de cette théologie », et réussissait à en faire, comme en témoignent les contributions ici recueillies, un ouvrage classique de référence. Après un nouvel intervalle d'une dizaine d'années, ce volume collectif voudrait présenter un nouvel inventaire de nos connaissances sur le Judéochristianisme, une exploration des pistes ouvertes à la recherche à la suite des premiers défrichements, une évaluation critique des hypothèses de base et des vues générales, et servir ainsi, pour les chercheurs actuels et futurs, d'instrument de travail, non moins que d'incitation au travail. L'intérêt de cet ouvrage est d'abord de réunir des noms qui comptent parmi les plus compétents dans le domaine où il s'inscrit. Il est aussi de constituer, en quelque sorte, une réunion de famille qui met face à face, mais en situation retournée, le critique et ses auteurs, puisque presque tous les collaborateurs de ce volume ont écrit des livres qui ont été recensés dans les B u l l e t i n s du Père Daniélou et que tous ont été cités ou discutés dans l'un ou l'autre de ses propres écrits. La Revue s'estime très honorée de publier les contributions de ces savants et les remercie de s'être associés, avec une flatteuse spontanéité, à l'hommage qu'elle rend par ce livre à son très ancien et éminent rédacteur.
C'est une sa fondation des origines
tradition bien connue de notre Revue, depuis en 1910, de s'attacher à l'étude historique du christianisme. Cet intérêt pour le passé
10
AVANT-PROPOS
ne la détourne pas de l'actualité théologique bien comprise, à une époque où, par des voies diverses et parfois ambiguës, mais toujours dans l'intention de se renouveler, la théologie opère un peu partout un vaste mouvement de « retour aux sources », en même temps qu'elle cherche à reconnaître son unité dans la riche et souple diversité de ses figures historiques. La théologie judéo-chrétienne, écrivait le Père Daniélou en 1958, «peut prêter aujourd'hui encore à certains ressourcements », en tant qu'elle découvre « un visage inconnu de l'Eglise primitive ». La possibilité de se reconnaître, avec un regard étonné, dans un passé lointain et différent est pour la pensée théologique la chance, toujours offerte mais trop rarement saisie, de se donner un visage rajeuni dans un monde nouveau. L'acte scientifique provoque ici à l'acte théologique, et c'est le sens, tourné vers l'avenir, de l'hommage ici rendu à la science du passé. Joseph Moingt
S.J.
directeur des Recherches de Science Religieuse
BIBLIOGRAPHIE des t r a v a u x d u C a r d i n a l J. DANIÉLOU s u r le
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judéo-chrétienne
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für F o r s c h u n g
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Heft
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Tertuliien
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Tertuliien
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Jesu
l'évangile
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Biblical
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Jean
P R I G E N T . Les tre
S.
vom
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Testament,
ancienne,
M.
Vorstellung
Apokryphen
und
Patriarches
Nouveau
H.J.
des
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V A N GOUDOEVER.
P.E.
interpolationen
Grabeskunst,
Judenchristentum
M . P H I L O N E N K O . Les
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F.M.
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M.A.
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und
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Interim.
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des
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J.
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Thought,
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Der
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DAVIES.
Engel,
Tod
Der
Sonntag,
The
Setting
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of the
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Testamenta H.J.
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SCHOEPS.
Das
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Zerstreuten,
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JUDEO-CHRISTIANISME
I
NATURE ET SOURCES
21
B. Gerhardsson. — Du Judéo-christianisme à Jésus par le Shema' Le récit d e la t e n t a t i o n d e J é s u s a u d é s e r t apparaît s t r u c t u r é d ' a p r è s l e s e x i g e n c e s p r i m o r d i a l e s d u Shema*. Le récit d e la crucifixion chez M a t t h i e u r e ç o i t u n é c l a i r a g e s e m b l a b l e . La p a r a b o l e , c e n t r a l e , d u S e m e u r s'inspire, e l l e a u s s i , d u Shema* p o u r e x a m i n e r l ' a t t i t u d e d e s i s r a é l i t e s e n v e r s l a p a r o l e d e D i e u e n J é s u s . C e s t r o i s e x e m p l e s m o n t r e n t l'intérêt d ' u n e r e c h e r c h e s u r l a c o n f e s s i o n d e foi r é c i t é e p a r J é s u s e n v u e d'atteindre son enseignement historique. The narrative of the temptation of Jesus in the desert seems to draw its structure from the principal demands of the S h e m a ' . The narrative of the crucifixion according to Matthew is viewed in the same light. The parable of the Sower, central as it is, gets its inspiration as well from the Shema* in order to examine the reactions of the Israélites to the word of God in Jesus. These three examples are enough to show how rewarding is the research on the profession of faith taken up by Jesus, in order to reach his historical teaching.
M. Simon. — La migration à Pella. Légende ou réalité ? L'historicité, r é c e m m e n t m i s e e n c a u s e (J. M u n c k , G. S t r e c k e r , S.G.F. B r a n d o n ) , d e la m i g r a t i o n à P e l l a d e l a c o m m u n a u t é j u d é o - c h r é t i e n n e d e J é r u s a l e m , l o r s d e l ' i n s u r r e c t i o n d e 66-70, e s t c o n f i r m é e p a r u n e c o n f r o n t a t i o n m i n u t i e u s e d e n o s s o u r c e s ( l e s Recognitions pseudo-clémentines, J o s è p h e , E p i p h a n e , E u s è b e ) . L e s o b j e c t i o n s t o m b e n t si o n r a t t a c h e c e t t e f u i t e a u m a r t y r e d e J a c q u e s e n 62 e t si o n tient c o m p t e d e s c o n t a m i n a t i o n s d e la c o m m u n a u t é p a r d e s s e c t e s h é t é r o d o x e s é t a b l i e s d a n s la r é g i o n d e Pella. A recent challenge {J. Munck, G. Strecker, S.G.F. Brandon) to the historical nature of the migration to Pella of the Jewish christian community from Jerusalem, during the insurrection in 66-70, is met by a detailed scrutiny of its sources (Pseudoclémentine Recognitions, Josephus, Epiphanius, Eusebius). Objections cannot stand if this flight is linked to the martyrdom of James in 62, and if contamination of the community by heterodox sects, settled around Pella, are taken into account.
O. Cullmann. — Courants multiples dans la communauté primitive. A propos du martyre de Jacques fils de Zébédée Des scissions se sont produites très tôt dans les c o m m u n a u t é s judéoc h r é t i e n n e s p a r s u i t e d e la « j a l o u s i e » e n t r e f r è r e s , e t m ê m e e n t r e dirig e a n t s . Cette j a l o u s i e , d o n t Pierre e t Paul e u r e n t à souffrir, p o u r r a i t e x p l i q u e r le s i l e n c e d u livre d e s A c t e s s u r le m a r t y r e d e l'un e t d e l'autre, et s e m b l a b l e m e n t la b r i è v e t é de s a m e n t i o n d u m a r t y r e d e J a c q u e s fils
22 d e Z é b é d é e ( p e u t - ê t r e d é c a p i t é p o u r c r i m e d e z é l o t i s m e ) . C'est l'indice que le judéo-christianisme primitif était divisé par une grande variété de t e n d a n c e s d o c t r i n a l e s o p p o s é e s , a n a l o g u e s à c e l l e s d u j u d a ï s m e tardif. Splits happened very early in jewish
W.D. Davies. — Paul and Jewish Christianity according to Cardinal Daniélou : a suggestion L ' œ u v r e d e J. D a n i é l o u p e u t c o n d u i r e à u n e a p p r é c i a t i o n m e i l l e u r e d u r ô l e d e Paul d a n s le c h r i s t i a n i s m e p r i m i t i f : P a u l a-t-il é l a b o r é u n e t h é o logie hellénistique, c o m p l e x e et subtile, à partir d'un Evangile palestinien s i m p l e e t s o b r e , — o u n'est-il p a s p l u t ô t p a r t i d ' u n e a p o c a l y p t i q u e j u i v e , c o m p l i q u é e e t é s o t é r i q u e , qu'il a c o n t r ô l é e e t s i m p l i f i é e ? J. Daniélou's works may lead to a better understanding of Paul's role in primitive Christianity : Did Paul work out a complex and sophisticated hellenistic theology from a simple and plain Palestinian Gospel, or did he not rather start from a complicated and esoteric Jewish apocalyptic, which he both controled and simplified ?
R.A. Kraft. — In search of « Jewish Christianity » and its « Theology ». Problems of definition and methodology O n p e u t s e d e m a n d e r si l a p r é s e n t a t i o n d u j u d é o - c h r i s t i a n i s m e p a r J. D a n i é l o u n'est p a s t r o p d é p e n d a n t e , p a r f o i s , d e p r é s u p p o s é s insuffisamm e n t critiqués et de m é t h o d e s contestables. Peut-on parler, par exemple, d e la t h é o l o g i e d u j u d é o - c h r i s t i a n i s m e ? L e s c r i t è r e s u t i l i s é s s o n t - i l s adéquats pour déterminer d e quelles sources attendre la plus juste image d e c e t t e t h é o l o g i e ? Il n ' e m p ê c h e q u e l e s t r a v a u x d e D a n i é l o u o n t a p p o r t é u n e contribution significative à la c o n n a i s s a n c e d e l'apocalyptique juive e t d e s o n influence s u r l e c h r i s t i a n i s m e primitif. It might be asked wether J. Daniélou's exposition of Jewish Christianity does not derive at times too much from inadequately critical presuppositions and from questionable methods^ Is it right, for example, to speak of t h e theology of Jewish Christianity? Are the criteria used adequate to determine from which sources the best image of this theology can be expected? Daniélou's works have nevertheless brought a valuable contribution to the knowledge of Jewish apocalyptic and its influence on primitive Christianity.
DU JUDÉO-CHRISTIANISME A JÉSUS PAR LE SHEMA par
B.
GERHARDSSON
Université de L u n d
Les t r a v a u x s u r les évangiles o n t suivi d e p u i s d e u x siècles u n e évolution q u i est b i e n c o n n u e . P e u à p e u , en s'affranchiss a n t d e l'autorité d e l'Eglise, o n s'est d o n n é à t â c h e d e recons i d é r e r e n pleine l i b e r t é l ' i n t e r p r é t a t i o n d e J é s u s d e N a z a r e t h q u e t o u t e la t r a d i t i o n c h r é t i e n n e occidentale avait t e n u e p o u r la seule exacte. Cette évolution, d'ailleurs, a p r i s d e s f o r m e s diverses d a n s les diverses p a r t i e s d u m o n d e c h r é t i e n , m a i s j e n ' a i p a s à m ' y a t t a r d e r ici. La s i t u a t i o n actuelle m é r i t e n é a n m o i n s q u ' o n y réfléchisse. Les m a t é r i a u x h i s t o r i q u e s c o n c e r n a n t J é s u s d e N a z a r e t h se s o n t révélés difficiles à e x p l i q u e r d ' u n e m a n i è r e q u i p u i s s e s'imposer. Au c o u r s d u x x siècle, l'idée s'est fait j o u r q u e les s o u r c e s p r i n c i p a l e s — les évangiles s y n o p t i q u e s — s o n t composées d ' u n e m a s s e d ' é l é m e n t s t r a d i t i o n n e l s q u i p e u v e n t et doivent ê t r e t r a i t é s à p a r t , a u lieu d e r e s t e r a t t a c h é s a u contexte q u i les e n c a d r e a c t u e l l e m e n t , et dès lors les reconstit u t i o n s p r o p o s é e s o n t p r é s e n t é t o u t e s s o r t e s d e différences. Les é l é m e n t s d e la t r a d i t i o n , p r i s à p a r t / p e u v e n t ê t r e interp r é t é s différemment. Ils p e u v e n t ê t r e r e c o m p o s é s d e façons différentes, d e s o r t e q u e la m o s a ï q u e offre des dessins différ e n t s . Le n o y a u c e n t r a l p e u t ê t r e situé en différents p o i n t s . Les t h è m e s p e u v e n t ê t r e m i s en v a l e u r de différentes m a n i è r e s . La c o n c e p t i o n q u ' o n se fait des niveaux r é d a c t i o n n e l s , d e ce q u i est primitif ou tardif, p e u t différer. E t ainsi d e suite. P o u r le m o m e n t il est p r e s q u e i m p o s s i b l e d e t r a c e r u n e i m a g e s y n t h é t i q u e q u i r e p r é s e n t e r a i t l'état actuel des recherches. N o u s c o n s t a t o n s q u e les c h e r c h e u r s n e s o n t p a s d u t o u t d'accord s u r ce q u e fut d a n s l'histoire J é s u s de N a z a r e t h , s u r ce qu'il a voulu, ce qu'il a dit, ce qu'il a fait. Des spécialistes e
24
B. GERHARDSSON
é m i n e n t s soulignent volontiers q u e n o u s savons t r è s p e u d e c h o s e avec pleine c e r t i t u d e s u r ce J é s u s q u i t e r m i n a sa vie t e r r e s t r e en croix, s o u s les m u r s d e J é r u s a l e m , a u x a l e n t o u r s d e l'an 30. E n r e v a n c h e n o u s e n savons d ' a u t a n t p l u s s u r la p r é d i c a t i o n d e la j e u n e Eglise a u sujet d u Seigneur Jésus-Christ r e s s u s c i t é et glorifié. La s i t u a t i o n est d é r o u t a n t e . L o r s q u e les spécialistes déclar e n t q u e les s o u r c e s n e n o u s offrent q u e fort p e u d'indications s û r e s , le c h a m p est o u v e r t a u x s u p p o s i t i o n s . T o u t le m o n d e est c a p a b l e d e se livrer à des s u p p o s i t i o n s , et, c o m m e le c a s d e J é s u s j o u i t d a n s les pays c h r é t i e n s d ' u n e p a r t i c u l i è r e attir a n c e , il n ' y a p a s à s ' é t o n n e r q u e t o u s les a m a t e u r s saisissent l'occasion d e p u b l i e r des é t u d e s f r a c a s s a n t e s s u r c e q u e J é s u s a été r é e l l e m e n t . Ils se c r o i e n t e n d r o i t d ' ê t r e p r i s a u sérieux. P u i s q u e les e x p e r t s affirment q u e p e r s o n n e n e p e u t ê t r e c e r t a i n d e c e qu'il avance, t o u t p e u t se c o n t e s t e r , t o u t p e u t se défend r e . Quel a m a t e u r n e t e n t e r a i t sa c h a n c e d e faire s e n s a t i o n ? E n u n e telle s i t u a t i o n on v o u d r a i t f o r m u l e r à l'adresse des c h e r c h e u r s d e u x s o u h a i t s : 1) qu'ils signalent p l u s c l a i r e m e n t q u ' o n n e le fait d ' o r d i n a i r e les m a r g e s d ' i n c e r t i t u d e , d e s o r t e q u ' o n voie p l u s c l a i r e m e n t quel c o n s e n s u s p e u t s'esquisser à l'intérieur d e c e r t a i n e s limites, et q u e les p r o p o s i t i o n s avent u r e u s e s n e p u i s s e n t éviter d ' ê t r e confrontées avec les recherches sérieuses ; — 2) qu'ils s'emploient p l u s é n e r g i q u e m e n t , p a r t o u s les m o y e n s , à c r e u s e r le m e s s a g e , l'enseignement postp a s c a l d u C h r i s t i a n i s m e primitif, afin d e r e m o n t e r de là à l'enseignement et à la vie t e r r e s t r e d e J é s u s lui-même. Ce q u e j ' e n t r e v o i s ici, ce n ' e s t p a s , bien e n t e n d u , u n e version r a j e u n i e d e l'opposition e n t r e le « J é s u s d e l'histoire » et le Christ d e la foi. J e p e n s e , s i m p l e m e n t , qu'il est n é c e s s a i r e d e c o m p l é t e r n o t r e c o n n a i s s a n c e h i s t o r i q u e , si c o n t e s t é e de n o s j o u r s , d u m a î t r e i n c o m p a r a b l e d e N a z a r e t h . N o u s p o u v o n s ê t r e d'avis différents s u r la valeur religieuse et théologique d ' u n tel travail, m a i s n o u s s o m m e s t o u s u n i s sous u n r a p p o r t : les cherc h e u r s d ' u n e m ê m e discipline s o n t t o u s s o l i d a i r e m e n t responsables d e la « m a s s e d e c o n n a i s s a n c e ». Le contexte
historique
de renseignement
de
Jésus
Il serait difficile d e r é d u i r e le d é s a c c o r d s u r le p e r s o n n a g e h i s t o r i q u e de J é s u s a u t r e m e n t q u ' e n r e m e t t a n t e n valeur le contexte original où il a vécu, et qui e n c a d r e ses conceptions,
DU JUDÉO-CHRISTIANISME À JÉSUS
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ses convictions, ses j u g e m e n t s de valeur. Les r e c h e r c h e s en c o u r s n o u s laissent e s p é r e r q u e la p a r t de l'incertitude p e u t d i m i n u e r , q u ' a u m o i n s c e r t a i n e s d o n n é e s de b a s e p e u v e n t ê t r e fixées. D u r a n t les d e r n i è r e s décennies on a b e a u c o u p é t u d i é soit le judéo-christianisme, soit p l u s e n c o r e le milieu juif t r è s différencié, avec s a t r a d i t i o n , d o n t d é p e n d a i e n t J é s u s e t ses p r e m i e r s disciples. Il d o i t devenir u n j o u r possible, a u p o i n t d e convergence d e ces é t u d e s , d e voir e n q u o i J é s u s a s s u m e des v a l e u r s anciennes, e n q u o i il est original. Le p r é s e n t article est dédié à u n m a î t r e r e s p e c t é , a u q u e l sont d u s p l u s i e u r s des t r a v a u x les p l u s m a r q u a n t s d a n s le d o m a i n e difficile à définir d e ce q u e n o u s avons p r i s l ' h a b i t u d e d e n o m m e r le judéoc h r i s t i a n i s m e . L'étude d u s u b s t r a t juif d u N o u v e a u T e s t a m e n t — s u r t o u t le lien avec les textes d e l'Ancien T e s t a m e n t , et la t r a d i t i o n d e s t a r g u m s et m i d r a s h qui s'est tissée a u t o u r d'eux — a été, ces d e r n i è r e s décennies, aussi intensive qu'extensive. Un p e u p a r t o u t d a n s le m o n d e , ceux q u i travaillent s u r les évangiles sont, d e t o u t e évidence, en t r a i n de se dégager d e s positions c o n s t r u i t e s vers les a n n é e s 1920 p a r les p i o n n i e r s de la critique des formes. Les i n n o m b r a b l e s m o n o g r a p h i e s et é t u d e s d e ces vingt o u t r e n t e d e r n i è r e s a n n é e s s u r l'arrière-plan p a l é o t e s t a m e n t a i r e o u s i m p l e m e n t juif de ce q u e n o u s t r a n s m e t t e n t les évangiles o n t été c o m p o s é e s , p o u r la p l u p a r t , d a n s u n e p e r s p e c t i v e d'hist o i r e d u salut, e n r e c o u r a n t à des catégories telles q u e l'acc o m p l i s s e m e n t des p r o p h é t i e s . On a t e n t é avec p é n é t r a t i o n e t succès d e d é t e r m i n e r la p o s i t i o n d e J é s u s et d u c h r i s t i a n i s m e primitif envers l'Ancien T e s t a m e n t c o m m e prophétie. On a a c c o r d é b e a u c o u p m o i n s d ' i n t é r ê t à leur position à l'égard d e l'Ancien T e s t a m e n t c o m m e loi, de la T o r a c o m m e n o r m e d e c o n d u i t e . S u r ce p o i n t j e p e n s e q u ' o n p e u t a c q u é r i r q u e l q u e s c e r t i t u d e s i m p o r t a n t e s , si l'on p a r v i e n t à m e t t r e a u clair à quelles exigences et n o r m e s a n t é r i e u r e s J é s u s et le christian i s m e s'estimaient s o u m i s , se liant ainsi à leur milieu d ' u n e façon d é t e r m i n a b l e . P o u r des raisons qui s a u t e n t aux yeux, c'est ici le judéo-christianisme, le plus ancien judéo-christianisme, qui présente un intérêt particulier. D a n s les pages qui suivent, j e t e n t e u n e r a p i d e esquisse d u c h e m i n q u e j ' a i suivi m o i - m ê m e d e p u i s p l u s i e u r s a n n é e s et q u i m e p a r a î t r a m e n e r d u j u d é o - c h r i s t i a n i s m e à J é s u s . Il s'agit de la confession de foi q u e J é s u s c o m m e t a n t d ' a u t r e s a réci-
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B.
GERHARDSSON f
tée c h a q u e soir et c h a q u e m a t i n : le S h e m a . P o u r n e p a s surc h a r g e r i n u t i l e m e n t ce c o u r t article, j e vais m e b o r n e r à q u a t r e sections des évangiles, s a n s d o n n e r d'exégèse détaillée, s a n s m ê m e d i s c u t e r l'histoire de la t r a d i t i o n o u p r é s e n t e r u n e comp a r a i s o n s y n o p t i q u e . J e n e vise q u ' à a t t i r e r l'attention s u r certaines convictions et n o r m e s f o n d a m e n t a l e s qui s t r u c t u r e n t le c o n t e n u des textes, afin d e p o s e r la q u e s t i o n : finalement, ces convictions et ces n o r m e s n e n o u s font-elles p a s r e m o n t e r à J é s u s lui-même ? 1
Jésus
examiné
au début
de son activité
en
Israël
Les évangiles s y n o p t i q u e s m o n t r e n t t o u s les trois q u e l'activité d e J é s u s a c o m m e n c é chez Jean-Baptiste. Cela s e m b l e bien ê t r e u n fait h i s t o r i q u e . Mais a u c u n des t r o i s n e se c o n t e n t e d ' u n e notice h i s t o r i q u e s u r ce fait. T o u s trois, lorsqu'ils racont e n t l ' i n a u g u r a t i o n de l'œuvre h u m a i n e de J é s u s , c o m m e n c e n t p a r u n e s o r t e d e p r o l o g u e interprétatif, le d o u b l e récit d u b a p t ê m e et d e la t e n t a t i o n (Me 1,9-11, 12-13 ; Mt 3,13-17 ; 4,1-11 ; Le 3,21-22 ; 4,1-13), lequel révèle à l ' a u d i t e u r d e l'évangile q u i est J é s u s et quelle action il e n t r e p r e n d e n Israël. Le récit d u b a p t ê m e a été r é c e m m e n t analysé p a r le Dr F. Lentzen-Deiß. Grâce à des parallèles juifs p u i s é s s u r t o u t d a n s la t r a d i t i o n t a r g u m i q u e , celui-ci est p a r v e n u , si j e n e m e t r o m p e , à d é t e r m i n e r avec g r a n d e précision le g e n r e littéraire d u récit et ses i n t e n t i o n s q u a n t a u c o n t e n u . La vision inter1. M a f a ç o n d e r a i s o n n e r d a n s c e t a r t i c l e r e p o s e s u r p l u s i e u r s a n a l y s e s a n t é r i e u r e s a u x q u e l l e s j e r e n v o i e c e l u i q u i s'y i n t é r e s s e r a i t : The Testing of God's Son ( M a t t . 4 : 1 - 1 1 & P a r ) , f a s c . 1 ( L u n d , 1 9 6 6 ) , e t f a s c . 2 e n prép a r a t i o n ; « T h e P a r a b l e of t h e S o w e r a n d i t s I n t e r p r e t a t i o n », d a n s New Test. St., 1 4 ( 1 9 6 7 - 6 8 ) , 1 6 5 - 1 9 3 ; « J é s u s livré e t a b a n d o n n é » , d a n s Revue Biblique, 7 6 (1969), 206-227; « D e sju liknelserna i Matteus 1 3 » , dans Svensk Exegetisk Àrsbok, 3 4 (1969), 77-106, ou e n une version anglaise r e v i s é e , « T h e S e v e n P a r a b l e s in M a t t h e w X I I I », à p a r a î t r e d a n s New Test. St., 1 8 ( 1 9 7 1 - 7 2 ) ; « U r M a t t e u s e v a n g e l i e t » ( c o m m e n t a i r e d e s c h . 1 - 2 , 5 - 7 , 2 6 - 2 8 ) , d a n s L . HARTMAN ( é d . ) , Ur Nya Testamentet (Lund, 1970), 113-206; « E i n i g e B e m e r k u n g e n z u A p g 4 , 3 2 » , d a n s Studio. Theol., 2 4 ( 1 9 7 0 ) , 1 4 2 1 4 9 ; « B i b e l n s e t h o s », d a n s G. WINGREN ( é d . ) , Etik och kristen tfo ( L u n d , 1 9 7 1 ) , 1 3 - 9 2 ; « G e i s t i g e r O p f e r d i e n s t n a c h M a t t h 6 , 1-6.16-21 », d a n s Neues Testament und Geschichte, F e s t s c h r i f t f ü r O. CULLMANN ( Z ü r i c h , 1 9 7 2 ) , 6 9 - 7 8 . — Ces t e n t a t i v e s p o u r c e r n e r le c o n t e n u c e n t r a l d e la t r a d i t i o n s u r J é s u s o n t p o u r b u t d e c o m p l é t e r les r e c h e r c h e s s u r les t e c h n i q u e s d e tradition.
DU JUDÉO-CHRISTIANISME
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À JÉSUS
p r é t a t i v e (Deute-Vision) i n t r o d u i t e d a n s le passage p a r le narr a t e u r c h r é t i e n m a n i f e s t e aux a u d i t e u r s d e l'évangile q u e l ' h o m m e q u i s o r t d e l'eau a p r è s le b a p t ê m e de J e a n est le Fils d e Dieu, a i m é et choisi p a r le P è r e céleste, d o t é d e l'Esprit, e n v u e d u r ô l e qu'il j o u e r a vis-à-vis d'Israël, p e u p l e d e D i e u . 2
Le récit d e la t e n t a t i o n , q u i fait suite à celui-là, c o m p l è t e l'identification de J é s u s . L a filiation divine e t les d o n s d e l ' E s p r i t c o m p o r t a i e n t des a s p e c t s m u l t i p l e s . Les Juifs connaissaient d ' a p r è s les textes a n c i e n s p l u s i e u r s espèces d e p n e u m a tiques, p a r exemple le roi, oint et empli d e l'Esprit, libre de faire « c e q u e l'occasion lui offre» (1 S 10,7; cf. 1 Ch 17,2). L'identité d e J é s u s e t son a t t i t u d e à l'égard d u Père, e n qualité d e Fils d o t é d e l'Esprit, se t r o u v e précisée d a n s le récit d e la t e n t a t i o n . S a filiation divine e s t m i s e à l'épreuve e t c o m m e e x a m i n é e (7cetpàÇeiv p o u r r a i t se t r a d u i r e p a r « t e s t e r » ) . J e n ' é t u d i e p a s ici la notice t r è s b r è v e et o b s c u r e de M a r c ; j e préfère c o n c e n t r e r l ' a t t e n t i o n s u r celle des d e u x a u t r e s et p l u s p r é c i s é m e n t d e M a t t h i e u : il m e p a r a î t h o r s d e d o u t e q u e cette d e r n i è r e est la meilleure, t a n d i s q u e celle d e L u c a été a l t é r é e p a r q u e l q u e s modifications. 3
Le n a r r a t e u r fait de l'authenticité de la filiation divine d e J é s u s l'objet d ' u n c o n t r ô l e . Cette a u t h e n t i c i t é doit se manifester d a n s la j u s t e s s e d e la relation d e J é s u s a u P è r e céleste. Les deux p r e m i è r e s q u e s t i o n s d u « test » c o m m e n c e n t ainsi : « Si t u es fils d e Dieu... » Le récit m o n t r e q u e J é s u s s u r m o n t e l a triple épreuve. C h a q u e fois il tire sa r é p o n s e d u livre d e l'alliance, d e la Loi (Dt 8,3 ; 6,16 ; 6,13). Ainsi p r é s e n t é , le Fils d e Dieu n'est d o n c p a s u n p n e u m a t i q u e qui p e u t l i b r e m e n t faire « c e q u e l'occasion lui offre», m a i s u n fils d e l'alliance, s o u m i s à la Tora, et q u i satisfait aux t r o i s c o n d i t i o n s d e l'épreuve. Il a écouté les p a r o l e s q u i sont sorties de la b o u c h e d e Dieu, il e n a saisi le sens, il les fait.
2 . F. LENTZEN-DEIS, a.M.,
Die
Taufe
Jesu
naeh
den
Synoptikern
(Frankfurt
1970).
3. L e s é t u d e s d e s c i n q u a n t e d e r n i è r e s a n n é e s s u r le récit d e la t e n t a t i o n o n t t r è s s o u v e n t souffert d e d e u x f a i b l e s s e s d o n t la p e r s i s t a n c e é t o n n e . O n a c o m p r i s le t e x t e c o m m e si J é s u s é t a i t t e n t é e n s a q u a l i t é d e M e s s i e , e t o n a e n t e n d u ireipàÇeiv a u s e n s d ' « i n c i t e r a u m a l ». C e p e n d a n t le récit m o n t r e J é s u s t e n t é e n t a n t q u e Fils d e D i e u , et d e s r a i s o n s t r è s f o r t e s f o n t p e n s e r q u e le v e r b e a le s e n s b i b l i q u e c l a s s i q u e d ' « é p r o u v e r ».
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B. GERHARDSSON
Or la mise à r é p r e u v e d u Fils de Dieu n e s'engage p a s s u r trois p o i n t s p r i s a u h a s a r d . A l'aide d e ce q u e n o u s savons a u j o u r d ' h u i d u c o n t e n u et de la t e c h n i q u e de la t r a d i t i o n m i d r a s h i q u e , j ' a i t e n t é ailleurs de m o n t r e r q u e les t r o i s épreuves, en fait, o n t p o u r b u t d'examiner si J é s u s , le Fils d e Dieu, a i m e le Père céleste d e t o u t son c œ u r ( l t e n t a t i o n ) , d e t o u t e son â m e ( 2 t e n t a t i o n ) , de t o u t e sa puissance-raamon ( 3 tentation). Ce q u i est vérifié e n c e t t e triple é p r e u v e initiale, c'est la fidélité a u n o y a u c e n t r a l d e la loi ( c o m p a r e r avec la p e n s é e sous-jacente à H e b 4,15). Le récit est s t r u c t u r é d ' a p r è s les exigences p r i m o r d i a l e s d u Shema', telles q u e les f o r m u l a i e n t les scribes les p l u s é c o u t é s e n se s e r v a n t des m o t s cœur, âme et puissance . Cette version longue a p p a r t i e n t à u n g e n r e dérivé d u m i d r a s h haggadique. Le n a r r a t e u r e n t e n d a s s u r é m e n t é c r i r e u n e histoire, u n e « h i s t o i r e sainte », m a i s il r e s t e e n d r o i t d'y introd u i r e u n é l é m e n t d ' i n t e r p r é t a t i o n . Le m y s t è r e d e J é s u s doit ê t r e révélé aux a u d i t e u r s d e l'évangile : c'est à c e t t e fin q u e le n a r r a t e u r u s e d e la r e p r é s e n t a t i o n t r a d i t i o n n e l l e d e la m i s e à l'épreuve. Le récit reçoit d e cet artifice u n e d i m e n s i o n « suprah i s t o r i q u e » r e m a r q u a b l e . Ce q u i est d é p e i n t à n o s yeux n'est pas u n e suite d'incidents de ce m o n d e , de m a l h e u r s « éprouv a n t s » qui t o m b e n t s u r J é s u s ou d o n t l'accablent des e n n e m i s t e r r e s t r e s . Le récit m e t e n scène u n e e x p é r i m e n t a t i o n faite d e trois é p r e u v e s m é t h o d i q u e m e n t agencées et q u e m e t à exécution le « t e n t a t e u r » a t t i t r é de Dieu, ô 7reipàÇcov, jûtPn. r e
e
e
4
Jésus
examiné
à la fin de son activité
en
Israël
P o u r simplifier les choses, j e m e d i s p e n s e ici de m o n t r e r c o m m e n t J é s u s est e n c o r e é p r o u v é a u long d e sa vie active, et j e vais t o u t droit a u récit où l'œuvre de J é s u s e n Israël a t t e i n t son t e r m e , celui d e la crucifixion, M t 27,33-50(-56). Ce récit n'est p a s u n récit de t e n t a t i o n . A p r e m i è r e vue, il r a c o n t e u n a t r o c e épisode d'histoire h u m a i n e : J é s u s de Nazar e t h , c o n d a m n é à m o r t p a r le p r o c u r a t e u r r o m a i n à l'instigation des chefs juifs, est m a i n t e n a n t exécuté s u r u n e croix. La signification théologique du récit est q u e le Fils d e Dieu est i m m o l é p a r u n m o n d e hostile, et en m ê m e t e m p s s'offre 4. V o i r The Testing..., e x p o s é e a u x p p . 71-76.
où
l'interprétation
rabbinique
du
r
Shema
est
DU
JUDÉO-CHRISTIANISME
À
JÉSUS
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lui-même en sacrifice p o u r « u n e m u l t i t u d e ». Cette p e n s é e est celle de M a t t h i e u s u r la crucifixion, des passages a n t é r i e u r s le m o n t r e n t . J é s u s e s t n o m m é « celui q u i s a u v e r a son p e u p l e de ses p é c h é s » (1,21) ; il est v e n u « p o u r servir et d o n n e r sa vie en r a n ç o n p o u r u n e m u l t i t u d e » (20,28) ; selon le récit d e l'inst i t u t i o n e u c h a r i s t i q u e , son s a n g « va ê t r e r é p a n d u p o u r u n e m u l t i t u d e en r é m i s s i o n de leurs p é c h é s » (26,28). De ces deux d e r n i è r e s formules, la p r e m i è r e est t o u t entière, la seconde est a u m o i n s e n p a r t i e e m p r u n t é e à la t r a d i t i o n , m a i s t o u t e s deux t r a d u i s e n t u n e i n t e r p r é t a t i o n de J é s u s q u e M a t t h i e u fait sienne. Le récit d u Calvaire n ' e s t d o n c p a s u n récit de t e n t a t i o n , et p o u r t a n t n o u s p o u v o n s voir, d a n s la version d e M a t t h i e u , — j e n'ai p a s à a p p r é c i e r ici celle d e M a r c —, q u e la p e r s p e c t i v e d'une é p r e u v e a p é n é t r é d a n s le récit, d a n s le dessein évident d'expliquer et d é m o n t r e r a u x a u d i t e u r s c e r t a i n e s c h o s e s qui c o n c e r n e n t le c o n d a m n é . E n ce r é c i t o ù p r e n d fin l'œuvre h u m a i n e d e J é s u s e n Israël, le n a r r a t e u r m o n t r e J é s u s soum i s j u s q u ' à son d e r n i e r souffle aux c o n d i t i o n s exigeantes d e l'épreuve. M o y e n n a n t de légères r e t o u c h e s i n t r o d u i t e s d a n s le m a t é r i e l d o n t il disposait, — s'il n'est p a s p o s s i b l e d ' a d m e t t r e s i m p l e m e n t q u e M a t t h i e u seul m a i n t i e n n e u n e n u a n c e primitive négligée p a r les a u t r e s —, le n a r r a t e u r m o n t r e J é s u s subiss a n t a u c o u r s d e sa p a s s i o n u n e é p r e u v e essentiellement semblable à celle qu'il a subie a u d é b u t d e s o n activité p u b l i q u e . Cet éclairage est p r o j e t é s u r le récit d e m a n i è r e à y faire m i e u x a p p a r a î t r e , d a n s le sacrifice de J é s u s a u Calvaire, q u e l q u e reflet d u m y s t è r e d u Fils d e Dieu. Dans ce récit, a p p a r e m m e n t assez fragmenté, les t r o i s thèm e s d e l'épreuve o n t été m a r q u é s p a r des p r o c é d é s f o r t discrets : a) 27,33-34 : J é s u s m a n q u e d e t o u t ce q u i s'appelle m a n g e r et b o i r e , il n ' a m ê m e p a s u n e c o u p e d'eau fraîche p o u r étanc h e r sa soif, sauf ce q u ' o n lui offre p a r m o q u e r i e . T o u t c o m m e d a n s l'épreuve initiale (4,2-4), il est r e q u i s m a i n t e n a n t d e lui q u e le « m a u v a i s p e n c h a n t » d e s o n cœur n e l ' a m è n e p a s à m u r m u r e r et se r é v o l t e r c o n t r e Dieu. b ) 27,35-37 : J é s u s a p e r d u t o u t ce q u i s'appelle p u i s s a n c e e t possession. M ê m e le m i n i m u m é l é m e n t a i r e d e mamon que s o n t les v ê t e m e n t s lui est r e t i r é . M ê m e le m i n i m u m é l é m e n t a i r e de p u i s s a n c e , la disposition d e son c o r p s , lui est r e t i r é : il est
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B. GERHARDSSON
cloué à la croix et g a r d é à vue. T o u t c o m m e d a n s l'épreuve initiale (4,8-10), il est r e q u i s m a i n t e n a n t d e lui d e n ' ê t r e p a s a t t a c h é à la p u i s s a n c e et à la possession (mamon) au point de r é s i s t e r à la volonté d e Dieu. c) 27,38-50 : Voici J é s u s livré et a b a n d o n n é , il n'est n i défendu, ni sauvé de la m o r t violente. Il e s t exécuté d a n s l'avilissement et le s a r c a s m e , s a n s aide d e p e r s o n n e et h o r s d'état d e s'aider lui-même. T o u t c o m m e d a n s l'épreuve initiale (4,5-7), il e s t r e q u i s m a i n t e n a n t d e lui qu'il a c c e p t e la volonté d e Dieu, s a n s exiger q u e Dieu g a r d e s a vie (son âme) d e la m o r t . C'est le m o m e n t s u p r ê m e et décisif de l'épreuve finale. La g r a n d e question, a u Calvaire, est là : J é s u s est-il disposé à d o n n e r sa vie ( s o n â m e ) s a n s révolte ni désobéissance, sans p r o t e s t a t i o n , sans péché, p a r a m o u r d é b o r d a n t et docile envers le Père q u i é p r o u v e son Fils en le livrant et en l ' a b a n d o n n a n t ? J é s u s s'humilie sous la volonté d u P è r e . Il n ' o u v r e p a s la b o u c h e p o u r i n j u r i e r Dieu (cf. J o b 1,22 ; 2,10b). Il n e c h e r c h e p a s à « s a u v e r sa vie ( s o n â m e ) » en d e s c e n d a n t d e la croix (cf. Mt 16,25 a ) . Le seul cri q u ' a r t i c u l e n t ses lèvres est le p r e m i e r verset d'un p s a u m e d e l a m e n t a t i o n et d e confiance t i r é des E c r i t u r e s , u n e p a r o l e s a i n t e qu'il a « é c o u t é e » e t « saisie » avant d e la réaliser, d e la « faire », d a n s la m o r t . 5
D a n s ce récit o ù l'activité t e r r e s t r e d e J é s u s en I s r a ë l t r o u v e sa conclusion, M a t t h i e u n ' a d o n c p a s i n t r o d u i t u n e é p r e u v e particulière, e x p é r i m e n t a l e , confiée à S a t a n . Ce q u i e s t r a c o n t é se d é r o u l e d a n s le m o n d e des h o m m e s , c'est u n e s u i t e d'évén e m e n t s d u r s et é p r o u v a n t s , d'actions d u e s à des h o m m e s d e c h a i r e t d e sang. Ce s o n t c e t t e fois des b o u c h e s h u m a i n e s q u i l'éprouvent : « Si t u es fils d e Dieu... » E t c e p e n d a n t M a t t h i e u , p a r sa m a n i è r e de p r é s e n t e r les é v é n e m e n t s à ses a u d i t e u r s — aussi b i e n peut-être des a m i s q u i a i m e n t q u e d e s e n n e m i s qui r é s i s t e n t —, a voulu révéler q u e le sacrifice d e J é s u s a u Calvaire est u n h o l o c a u s t e p a r f a i t et s a n s défaut. Il est parfait, dès lors q u e le Fils de Dieu J é s u s , j u s q u e d a n s la m o r t , a i m e son P è r e céleste d e t o u t son c œ u r , d e t o u t e son â m e , de t o u t e sa p u i s s a n c e (mamon). Celui qui s e r a déclaré, d a n s la conclusion de l'évangile (28,18-20), élevé à la d r o i t e d u Père, 5. C'est l ' u n e d e s p e n s é e s m a î t r e s s e s d u récit d e l a p a s s i o n q u e J é s u s a c c o m p l i t l e p r é c e p t e « T u a i m e r a s l e S e i g n e u r t o n Dieu... d e t o u t e t o n â m e ». V o i r Ur Matteusevangeliet, 168-206 ; Jésus livré..., 215-225.
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DU JUDÉO-CHRISTIANISME X JÉSUS
d o t é de t o u t e p u i s s a n c e a u ciel et s u r la t e r r e , c'est celui q u i d ' a b o r d s'est h u m i l i é et a é t é obéissant, p a r f a i t e m e n t obéissant, j u s q u ' à la m o r t , la m o r t e n c r o i x . 6
Le critère
de Vexamen
: la confession
de foi
d'Israël
S u r ce t h è m e essentiel il y a u r a i t b e a u c o u p à d i r e , m a i s m o n p r o p o s est limité. J e veux a t t i r e r l'attention s u r u n e seule c i r c o n s t a n c e n o t a b l e . L ' h o m m e , les h o m m e s q u i s o n t responsables d e l'évangile d e M a t t h i e u , — p u i s q u e j e m ' e n tiens à celui-là, p o u r des r a i s o n s p r a t i q u e s —, n ' o n t p a s s e u l e m e n t c o n n u et t r a n s m i s c e r t a i n e s p a r t i e s d e l'enseignement d e J é s u s et c e r t a i n s épisodes de son activité. Ils o n t eu u n e vision glob a l e d e sa p e r s o n n e et d e son œ u v r e , et ils l'ont m i s e en valeur s u r t o u t e n c e r t a i n s e n d r o i t s , tels q u e l ' i n t r o d u c t i o n et la conclusion. D'après c e t t e vision, il était a s s u r é q u e J é s u s avait été fidèle a u x exigences f o n d a m e n t a l e s d e l'alliance telles q u e les r é s u m e le Shema. Ces i n t e r p r è t e s d e J é s u s o n t été d ' u n b o u t à l'autre p e r s u a d é s q u e lui, qui avait p r o c l a m é le m e s s a g e « Le r o y a u m e des oieux est p r o c h e », n'avait p a s le m o i n s d u m o n d e , p o u r sa p a r t , r e j e t é « le j o u g d u r o y a u m e » . Il l'avait p o r t é , a u c o n t r a i r e , j u s q u e d a n s la m o r t , p a r a m o u r p a r f a i t p o u r Dieu, q u i est le Seigneur d u r o y a u m e d e s cieux. P o u r ceux qui p a r l e n t ainsi d e J é s u s , le Shema* a g a r d é u n r ô l e actuel de fondement. Il n'est p a s u n texte i m p o r t a n t , p a r m i bien d ' a u t r e s , d e la Loi et des P r o p h è t e s , e n c o r e m o i n s , t o u t b o n n e m e n t , u n texte u s é p a r la r é c i t a t i o n liturgique. Il est le p r e m i e r et le p l u s g r a n d c o m m a n d e m e n t d e la Loi d e Dieu. Il c o n t i n u e d e véhiculer des d o n n é e s p e r m a n e n t e s et c e n t r a l e s des « m y s t è r e s d u r o y a u m e des cieux ». Il m e p a r a î t i n c o n t e s t a b l e q u e n o u s avons là affaire à des c o n c e p t i o n s et convictions q u i n o u s m è n e n t t o u t p r è s d e J é s u s tel qu'il a vécu e n Israël, à des é l é m e n t s c e n t r a u x d e la foi d u j u d é o - c h r i s t i a n i s m e ancien, originel, inspiré p a r des scribes t r è s v é n é r é s et influents. La q u e s t i o n q u i d e m e u r e est celle-ci : c e t t e façon d ' e n t e n d r e e t d ' e x p r i m e r le m y s t è r e d e l'action d e J é s u s n'est-elle p a s , m a l g r é t o u t , p l u s tardive et s e c o n d a i r e ? Ces scribes juifs, convaincus q u e J é s u s était Fils d e Dieu et Seigneur, n'ont-ils p a s , en dépit d e leurs b o n n e s i n t e n t i o n s , 6. Ur Matteusevangeliet,
168-206; Jésus
livré...,
219-227.
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B. GERHARDSSON
réinterprété et déformé J é s u s e n le faisant e n t r e r d a n s u n s y s t è m e q u i lui était é t r a n g e r ? Q u ' u n e s y s t é m a t i s a t i o n a u s s i r i g o u r e u s e et c o h é r e n t e ait e n t r a î n é u n e a t t é n u a t i o n d e cert a i n s é l é m e n t s , u n e r é i n t e r p r é t a t i o n d e c e r t a i n s a u t r e s , cela p a r a î t h i s t o r i q u e m e n t inévitable. Mais la vraie q u e s t i o n t o u c h e le p o i n t p r i n c i p a l : le scribe r e s p o n s a b l e de n o t r e M a t t h i e u , avec ceux q u i l ' e n t o u r e n t , ont-ils eu, d e l'essence d e l'enseig n e m e n t de J é s u s , u n e vue assez claire p o u r p e r c e v o i r exact e m e n t et p r é s e n t e r e n parfaite fidélité les convictions et norm e s qui étaient fondamentales p o u r le m a î t r e d e N a z a r e t h ? Israël
examiné
par
Jésus
La q u e s t i o n p o s é e e n ces t e r m e s , il f a u d r a i t faire a p p e l à u n e foule d e d o n n é e s d e s évangiles p o u r y a p p o r t e r u n e r é p o n s e exhaustive. Mais cela d e m a n d e d e s analyses q u i p o u r u n e b o n n e p a r t n ' o n t p a s e n c o r e été faites. J e m e c o n t e n t e de signaler ici les d e u x p é r i c o p e s les p l u s i m p o r t a n t e s d u p o i n t d e v u e q u i est le n ô t r e . La p r e m i è r e e s t celle d u p l u s g r a n d c o m m a n d e m e n t , M e 12,28-34 ; M t 22,34-40 ; cf. Le 10,25-28. Voilà u n c a s o ù la tradition r a p p o r t e e x p r e s s é m e n t q u e J é s u s , d'accord avec u n s c r i b e p h a r i s i e n , a déclaré q u e le p r e m i e r , le p l u s g r a n d comm a n d e m e n t de la loi d e Dieu, celui o ù se c o n c e n t r e le m i e u x le c o n t e n u décisif d e c e t t e loi, est c o n s t i t u é p a r les p r e m i è r e s lignes d u Shema\ L a p é r i c o p e p o s e des p r o b l è m e s difficiles q u a n t à la c r i t i q u e d e s f o r m e s e t d e s t r a d i t i o n s , e t j e n e vais p a s les d i s c u t e r . De n o t r e p o i n t d e vue, le t o u t p r e m i e r p r o b l è m e e s t q u e la v e r s i o n la p l u s a n c i e n n e , celle d e M a r c , e s t é v i d e m m e n t u n e version vulgarisée, q u i r e p r o d u i t le Shema* avec u n e singulière négligence : elle é m a n e c e r t a i n e m e n t de milieu « pagano-chrétiens » o ù le ShenuC n'était p a s d'usage q u o t i d i e n . U n a u t r e p r o b l è m e est q u e le d e r n i e r r é d a c t e u r d e la version d e M a t t h i e u a p r é f é r é , p o u r le t r o i s i è m e t e r m e , S i à v o i a à iaxùç, ce q u i r é p o n d r a i t à 1ND ( p O D ) . Il a d û vouloir 7
7. D a n s q u e l l e m e s u r e l a j e u n e E g l i s e c h r é t i e n n e a-t-elle g a r d é la prat i q u e , h é r i t é e d u j u d a ï s m e , d e la r é c i t a t i o n q u o t i d i e n n e d u Shema* ? L a q u e s t i o n n'est p a s claire. L e faisait-on d a n s t o u t e l a c h r é t i e n t é , m ê m e d a n s l e s c o m m u n a u t é s d'origine p a ï e n n e , o u b i e n d a n s l e s e u l j u d é o christianisme tout entier, o u seulement e n certains de ses m i l i e u x ? Pour l'instant j e m ' a b s t i e n s d e t o u t e r é p o n s e p r é c i s e à c e t t e q u e s t i o n .
DU JUDÉO-CHRISTIANISME À JÉSUS
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ainsi r e t e n i r la faculté de l ' h o m m e d o n t relèvent la p u i s s a n c e et la possession, m a i s c e t t e o p t i o n n e n o u s aide p a s à reconn a î t r e s a n s h é s i t a t i o n q u e le t r o i s i è m e t e r m e c o n c e r n e e n réalité la p u i s s a n c e - m a m o n . Le texte décisif p o u r n o t r e q u e s t i o n n ' e s t p o u r t a n t p a s celui-là. C'est la p a r a b o l e d u c h a m p aux q u a t r e e m b l a v u r e s , Mt 13,3-9.18-23, et les parallèles d e M e 4 et Le 8. Dans u n travail a n t é r i e u r j ' a i t e n t é d e m o n t r e r q u e ce texte est, e n fait, u n e x a m e n d e la m a n i è r e d o n t le p e u p l e d e Dieu é c o u t e la p a r o l e s u r le r o y a u m e des cieux. Q u a n d J é s u s a n n o n c e c e t t e p a r o l e , Israël, p e u p l e de l'alliance, se divise, d ' a p r è s ce texte, e n deux g r a n d e s catégories : A) ceux q u i n'accueillent p a s la parole, B) ceux q u i l'accueillent. E n o u t r e la p r e m i è r e catégorie se subdivise e n trois g r o u p e s : a) les h o m m e s d u c h e m i n ; b ) les h o m m e s de la pierraille ; c) les h o m m e s d e s épines. L'explication détaillée d e la p a r a b o l e , a u x w . 18-23, m o n t r e c o n c r è t e m e n t ce q u i m a n q u e à ces trois g r o u p e s d ' a u d i t e u r s . Mais t o u t cela p o u r r a i t s ' e n t e n d r e d ' u n renvoi général e t abst r a i t à la confession d e foi d'Israël, c a r ce s o n t les exigences d u Shema' qui c o m m a n d e n t la r é p a r t i t i o n des Israélites écout a n t la p a r o l e de Dieu. Ceux q u i n'accueillent p a s la prédicat i o n de J é s u s s u r le r o y a u m e s o n t : a) ceux q u i n ' a i m e n t p a s Dieu d e t o u t l e u r c œ u r , b ) ceux q u i n e l'aiment p a s d e t o u t e l e u r â m e , c) ceux q u i n e l'aiment p a s d e t o u t e leur puissancemamon. La p a r a b o l e s'occupe d o n c e n p r e m i e r lieu des israélites q u i refusent l'accomplissement a d v e n u e n J é s u s ( = A ) . Mais il est i n t é r e s s a n t d e c o n s t a t e r q u e ceux q u i l'acceptent ( = B ) se subdivisent, eux aussi, en t r o i s g r o u p e s : a) les u n s , ceux q u i p r o d u i s e n t d u fruit à cent p o u r u n , b ) les a u t r e s , à soixante p o u r u n , c) les a u t r e s , à t r e n t e . La p a r a b o l e n'est p a s b â t i e d e m a n i è r e à les d é c r i r e e n détail, elle vise d i r e c t e m e n t les israélites q u i r e j e t t e n t J é s u s . Mais les trois catégories s o n t 8
9
8. V o i r The Parable of the Sower..., 168-170 ; Bibelns ethos, 41 s. 9. V o i r The Parable of the Sower..., e t cf. Bibelns ethos, 34-37. Q u e l e texte de la parabole soit authentique, m a i s q u e l'interprétation qui la s u i t s o i t s e c o n d a i r e e t m a l a d a p t é e , c'est u n e c o n c e p t i o n t r è s r é p a n d u e m a i s i n s o u t e n a b l e . Le Shema* nous permet de voir q u e la parabole et s o n explication s e correspondent c o m m e la m a i n et le gant. Si la p a r a b o l e e s t a u t h e n t i q u e , il f a u t q u e l ' e x p l i c a t i o n ( t o u t a u m o i n s q u a n t a u f o n d ) l e s o i t a u s s i . S i l ' e x p l i c a t i o n e s t s e c o n d a i r e , la p a r a b o l e d o i t l'être é g a l e m e n t .
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B. GERHARDSSON
n é a n m o i n s indiquées. E n fait, la c o n s t r u c t i o n s e r r é e e t n e t t e d e la p a r a b o l e p e r m e t d'évaluer avec q u e l q u e c e r t i t u d e c e q u e c o n t i e n n e n t ces indications. P o r t e n t d u fruit à c e n t p o u r u n ceux q u i a i m e n t Dieu d e t o u t l e u r c œ u r e t sacrifient p o u r l u i t o u t e leur possession (mamon) e t l e u r vie ( l e u r â m e ) , les m a r t y r s . P o r t e n t d u fruit à soixante p o u r u n ceux q u i a i m e n t Dieu d e t o u t l e u r c œ u r et sacrifient t o u t e l e u r possession, m a i s n e se t r o u v e n t p a s d a n s le cas d'avoir à d o n n e r l e u r vie p o u r lui. P o r t e n t d u fruit à t r e n t e p o u r u n ceux q u i a i m e n t Dieu d e t o u t l e u r c œ u r , m a i s n e s o n t p a s d a n s le c a s d'avoir à sacrifier p o u r lui n i l e u r vie n i t o u t e l e u r possession. Cette é n u m é r a t i o n expresse n'est p a s d o n n é e d a n s l'évangile, il est vrai. Mais c e q u i s'y t r o u v e e x p l i c i t e m e n t e s t assez clair : ceux q u e l'épreuve t r o u v e suffisants sont ceux q u i écoutent la p a r o l e , la saisissent ( M t a auviévai, Me 7rapa8éxea0ai, p l u s vague) e t agissent selon elle (la font) e n p o r t a n t d u fruit (13,23). E n c e s t e r m e s e s t dépeint le v é r i t a b l e israélite, le v r a i citoyen d u r o y a u m e d e s cieux. E t c o m m e n t celui q u i a a c c e p t é cet idéal pourrait-il m a n q u e r d e le voir personnifié e n J é s u s ? Il m e s e m b l e clair q u e celui q u i a m i s e n f o r m e le récit d e la t e n t a t i o n initiale e t celui q u i a r e t o u c h é le récit d e la crucifixion o n t p r i s l e u r s critères, n o n p a s d a n s le Shema* p r i s à p a r t , m a i s d a n s le Shema joint à la p a r a b o l e d e s q u a t r e emblavures. L'attitude de Jésus lui-même a été examinée à la l u m i è r e d e s a p r o p r e p r é d i c a t i o n c e n t r a l e . D a n s les évangiles s y n o p t i q u e s cette p a r a b o l e o c c u p e d e t o u t e évidence u n e position-clef e t j o u i t d ' u n e i m p o r t a n c e h o r s d e p a i r . U n r e g a r d s u r l'évangile d e M a t t h i e u m o n t r e qu'elle e s t a u c e n t r e d e la c o m p o s i t i o n . Ch.H. L o h r a m ê m e m o n t r é d a n s s o n analyse, à l'aide d e r a i s o n s plausibles, q u e le c h a p i t r e 13, q u i t r a i t e d e s m y s t è r e s d u r o y a u m e d e s cieux ( x à [xuanQpia TYJ£ PaaiXe(a£ T Ô V oûpavtov, 13,11), e s t e x a c t e m e n t la section m é d i a n e d u p r e m i e r é v a n g i l e . Si n o u s e n examin o n s d e p l u s p r è s le c o n t e n u , n o u s o b s e r v o n s q u e l a p r e m i è r e p a r a b o l e c o m m a n d e les a u t r e s , auxquelles elle i n t r o d u i t . Elle reçoit d ' a b o r d u n c o m m e n t a i r e général p é n é t r a n t , w . 10-17, p u i s u n e explication détaillée, vv. 18-23 ; elle s e m b l e m ê m e r e s t e r sous-jacente a u x six p a r a b o l e s q u i la suivent, w . 24-52 r
10
10. « Oral T e c h n i q u e s i n t h e G o s p e l o f M a t t h e w », d a n s The Cath. Quart., 23 (1961), 403-435. 11. V o i r De sju liknelserna..., 79-91.
Bibl
DU JUDÉO-CHRISTIANISME À JÉSUS
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Chez M a r c et Luc aussi, n o u s n o u s r e n d o n s c o m p t e q u e c e t t e p a r a b o l e e s t f o n d a m e n t a l e , qu'elle e s t la p a r a b o l e p a r excellence (voir d'ailleurs Me 4,13). Tous deux o n t g a r d é la parab o l e et son explication avec assez d e soin p o u r q u e n o u s reconnaissions la p r é s e n c e d u Shema' à l'arrière-plan. Mais c'est M a t t h i e u q u i a le m i e u x g a r d é la conscience d u m y s t è r e sous-jacent à la p a r a b o l e , j u s q u e d a n s l'ultime m i s e p a r écrit : p a s le m o i n d r e détail chez l u i q u i soit é t r a n g e r a u m o d è l e suivi. J e c o m p t e en u n e a u t r e occasion d i s c u t e r d e n o u v e a u si la p a r a b o l e d e s q u a t r e e m b l a v u r e s a é t é f o r m u l é e p a r J é s u s e n p e r s o n n e , o u si ce texte d o n t le p o i d s e s t m a n i f e s t e m e n t si g r a n d p e u t n ' ê t r e q u e « s e c o n d a i r e », et alors ê t r e u n e interp r é t a t i o n c h r é t i e n n e d e la r é a c t i o n d ' I s r a ë l à la p r é d i c a t i o n d e J é s u s . P o u r l'instant j e laisse la q u e s t i o n o u v e r t e .
Une hypothèse
de
travail
S u r la b a s e des o b s e r v a t i o n s et réflexions q u e j e viens de r a p p e l e r en cette esquisse, b r è v e et i n c o m p l è t e , j ' e s t i m e q u ' o n s e r a i t f o n d é à t e n t e r d'éclairer l a p r é d i c a t i o n e t t o u t e l'activité de J é s u s a u m o y e n d ' u n e h y p o t h è s e q u e j e f o r m u l e r a i s ainsi : J é s u s d e N a z a r e t h a p r i s a u sérieux la confession d e ses lèvres. N o u s savons q u ' I s r a ë l avait — et a encore — u n e confession d e foi q u e les Juifs pieux, d è s a v a n t le t e m p s d e J é s u s , récit a i e n t c h a q u e soir et c h a q u e m a t i n : le Shema'. N o u s savons p a r les r e c h e r c h e s r é c e n t e s s u r la t r a d i t i o n m i d r a s h i q u e juive c o m m e n t c e t t e confession c o n d e n s é e était, d è s l'époque d u N o u v e a u T e s t a m e n t , expliquée p a r les scribes influents (les v a r i a t i o n s e n t r e e u x s o n t ici à laisser d e côté). E t n o u s pouvons v o i r d a n s la t r a d i t i o n évangélique, s u r t o u t d a n s ses parties élaborées p a r l e s milieux judéo-chrétiens, q u e le Shema' a j o u é a u s s i u n rôle i m p o r t a n t d a n s la j e u n e Eglise. L'évangile d e M a t t h i e u e n p a r t i c u l i e r n o u s e n fournit d e n o m b r e u x indices, d o n t j ' a i relevé s e u l e m e n t q u e l q u e s exemples. Cela n o u s a u t o r i s e à p r o p o s e r n o t r e h y p o t h è s e d e travail, à d o n n e r t o u t e son i m p o r t a n c e a u fait q u e c h a q u e soir et c h a q u e m a t i n J é s u s s'engageait à é c o u t e r la p a r o l e d e Dieu, à a i m e r Dieu d e t o u t s o n c œ u r , d e t o u t e son â m e , de t o u t e sa p u i s s a n c e , à p l a c e r ces p a r o l e s d a n s s o n c œ u r , à y p e n s e r , à l'enseigner à ses fils
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B. GERHARDSSON
(à ses disciples), à les r e d i r e aussi bien assis d a n s sa m a i s o n q u e m a r c h a n t s u r la r o u t e , et le r e s t e (Dt 6,4-9). Si n o u s p a r t o n s d e cette h y p o t h è s e q u e J é s u s a p r i s sa confession a u sérieux, qu'il l'a m é d i t é e et enseignée, n o m b r e d e logia et d e p a r a b o l e s de la t r a d i t i o n évangélique s'éclairent d ' u n e l u m i è r e b i e n définie. On p e u t les classer e t les coordonn e r , n o n p a s peut-être en u n système, m a i s d u m o i n s en u n e u n i t é o r g a n i q u e a u t o u r d'un c e n t r e qui l e u r d o n n e u n e cohésion et u n e s t r u c t u r e f e r m e s . Le m e s s a g e d e J é s u s s u r la p r o x i m i t é d u r o y a u m e des cieux est éclairé p a r le c h a p i t r e d e s p a r a b o l e s , avec ce qu'elles d i s e n t des m y s t è r e s d e ce r o y a u m e . Ce q u e n o u s o n t a p p r i s d e p a t i e n t s t r a v a u x s u r les perspectives d e l'histoire d u salut (les p r o p h é t i e s e t l e u r accompliss e m e n t , l'eschatologie) p e u t ê t r e c o m p l é t é , voire corrigé, p a r ce q u e nous apprenons d'autre part sur l'attitude de Jésus envers les r e q u ê t e s essentielles d e la T o r a . 12
Ce p r o g r a m m e n e p r é t e n d n a t u r e l l e m e n t p a s éliminer d'aut r e s m é t h o d e s d ' a p p r o c h e d u m y s t è r e d e J é s u s . Il est c e r t a i n q u e la laborieuse analyse r é t r o s p e c t i v e d u m a t é r i e l d e la tradition doit se p o u r s u i v r e , ainsi q u e les efforts p o u r r e m o n t e r des différentes couches d e ce m a t é r i e l à l e u r f o r m e p r i m i t i v e . Mais l'hypothèse ici avancée p e r m e t d e c o m p l é t e r c e t t e analyse régressive p a r u n e analyse progressive, à p a r t i r de ce q u e , j u s q u ' à nouvel avis, n o u s devons a d m e t t r e p a r h y p o t h è s e c o m m e fons et origo d e t o u t le p r o c e s s u s d e la t r a d i t i o n : ce q u e J é s u s lui-même m e t t a i t a u c e n t r e d e ses convictions. J e n ' i g n o r e p a s q u e ces d e r n i e r s m o t s r e n d e n t u n s o n t r o p a s s u r é et p r é t e n t i e u x , q u ' o n n e p e u t les p r o n o n c e r qu'avec t o u t e s les réserves voulues. Mais l'objet en cause v a u t b i e n q u e n o u s unissions t o u s n o s efforts. T o u t ce q u i r é u s s i r a à r é d u i r e l'insécurité p r é s e n t e d e n o s t r a v a u x s u r l ' h o m m e i n c o m p a r a b l e q u i fut m i s e n croix p o u r n o u s a u Calvaire, t o u t cela m é r i t e q u ' o n se d o n n e d e la p e i n e , si r i s q u é e q u e l ' e n t r e p r i s e p a r a i s s e t a n t à celui q u i sait d é j à q u ' à celui q u i p e n s e q u e n o u s n e s a u r o n s j a m a i s .
12. J'ai t e n t é d'organiser u n e b o n n e p a r t i e d u m a t é r i e l m a t t h é e n à l'aide d u Shema* e t d e la p a r a b o l e d e s q u a t r e e m b l a v u r e s d a n s Bibelns ethos, 34-54.
LA MIGRATION À PELLA Légende ou réalité ? par
M.
SIMON
Université d e S t r a s b o u r g II
1
Selon u n e t r a d i t i o n consignée p a r E u s è b e et, en t e r m e s assez analogues, p a r E p i p h a n e la c o m m u n a u t é judéo-chrét i e n n e de J é r u s a l e m q u i t t a la Ville Sainte, à la suite d ' u n avert i s s e m e n t céleste, a u m o m e n t d e l'insurrection juive d e 66 et s'installa d a n s la cité t r a n s j o r d a n i e n n e d e Pella. L'historicité d e cette m i g r a t i o n était assez g é n é r a l e m e n t r e c o n n u e j u s q u ' à u n e d a t e r é c e n t e . Mais a u c o u r s des d e r n i è r e s décennies des voix se s o n t élevées p o u r la r é v o q u e r en d o u t e et reléguer l'épisode a u r a n g des légendes. L'histoire d e s p r e m i e r s dével o p p e m e n t s d u c h r i s t i a n i s m e palestinien se p r é s e n t e sous u n j o u r s e n s i b l e m e n t différent selon q u ' o n accepte o u n o n la réalité d u fait. Il p e u t e n c o n s é q u e n c e n ' ê t r e p a s inutile d e t e n t e r u n bilan de la question. 2
Objections
contre
l'historicité
de la
tradition
Trois savants en p a r t i c u l i e r se s o n t inscrits en faux, avec des a r g u m e n t s d'ailleurs t r è s divers, c o n t r e la notice d ' E u s è b e : J. Munck, G. S t r e c k e r et S.G.F. B r a n d o n . P o u r M u n c k , l'épisode d e la m i g r a t i o n à Pella n'est q u ' u n e h i s t o i r e édifiante, destinée à m o n t r e r q u e les Juifs o n t été frappés p a r la colère 3
1. Hist. Eccl, 3,5,2-3. 2. Haer., 29,7,7, et 30,2,7 ; de Mens, et Pond., 15. 3. « J e w i s h C h r i s t i a n i t y in P o s t - A p o s t o l i c T i m e s », New dies, V I , 1959-60, p p . 103-104.
Testament
Stu-,
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M. SIMON
divine s e u l e m e n t a p r è s q u e les J u d é o - c h r é t i e n s se furent échapp é s . Si Ton e n a d m e t la réalité, il p e u t c o n t r i b u e r à expliquer l'existence d u j u d é o - c h r i s t i a n i s m e au-delà d u J o u r d a i n à u n e d a t e p l u s tardive. Mais c e t t e fuite n ' a p a s n é c e s s a i r e m e n t é t é définitive ; elle a p u t o u t aussi b i e n ê t r e d e c o u r t e d u r é e e t s'achever p a r u n r e t o u r a u p o i n t d e d é p a r t . C'est là u n e argum e n t a t i o n assez m i n c e . Le p r o p o s essentiel d e M u n c k est d'ailleurs d e p r o u v e r qu'il n'y a p a s d e c o n t i n u i t é e n t r e le j u d é o c h r i s t i a n i s m e initial d e la c o m m u n a u t é j é r u s a l é m i t e et les f o r m e s h é r é t i q u e s d e judéo-christianisme q u e l'on t r o u v e p a r la suite i m p l a n t é e s à la p é r i p h é r i e p a l e s t i n i e n n e : la c a t a s t r o p h e de 70 a fait d i s p a r a î t r e à j a m a i s , p e n s e l'auteur, la c o m m u n a u t é primitive, et les sectaires judéo-chrétiens des siècles suivants n e p e u v e n t à a u c u n t i t r e se p r é s e n t e r c o m m e s e s d e s c e n d a n t s a u t h e n t i q u e s . Pareille affirmation d e m a n d e r a i t à ê t r e étayée de p r e u v e s q u e M u n c k n e f o u r n i t p a s . C'est u n p o i n t s u r lequel j e r e v i e n d r a i p l u s t a r d . L ' a r g u m e n t a t i o n de S t r e c k e r e s t s e n s i b l e m e n t différente. E l l e est f o r m u l é e à l'occasion d ' u n e é t u d e c r i t i q u e d e s PseudoClémentines et d e l e u r s s o u r c e s et p l u s p r é c i s é m e n t d ' u n p a s sage d e s Récognitions q u i a p p o r t e u n écho p a r f a i t e m e n t clair d e la t r a d i t i o n recueillie u l t é r i e u r e m e n t p a r E u s è b e . « La Sagesse divine », y est-il dit, « r a s s e m b l a les c r o y a n t s e n u n lieu s û r d u p a y s p o u r qu'ils fussent é p a r g n é s p a r la g u e r r e , t a n d i s q u e les infidèles (c'est-à-dire les Juifs) f u r e n t p r é c i p i t é s à l e u r p e r t e » ; et e n c o r e : « C o m m e p r e u v e d e l'envoi d u Prop h è t e a n n o n c é p a r Moïse il a r r i v e r a q u e q u i c o n q u e c r o i r a e n lui et s e r a b a p t i s é en s o n n o m s e r a p r é s e r v é d e la d e s t r u c t i o n q u e la g u e r r e fera p e s e r s u r le p e u p l e infidèle et s u r le Lieu ; les infidèles e n r e v a n c h e s e r o n t c h a s s é s d e chez eux p o u r qu'ils r e c o n n a i s s e n t b o n g r é m a l gré la volonté de Dieu e t s'y soum e t t e n t ». 4
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On s e r a assez enclin à suivre S t r e c k e r lorsqu'il a d m e t q u ' E p i p h a n e d é p e n d d ' E u s è b e et n o n p o i n t d'Hégésippe e t n e r e p r é s e n t e d o n c p a s u n e t r a d i t i o n originale, et aussi lors-
4. Dos Judenchristentum in den Pseudoklementinen, B e r l i n , 1958, p p . 229-231 ; cf. l ' a p p e n d i c e q u e S t r e c k e r a r é d i g é p o u r la r é é d i t i o n d e W. BAUER, Rechtglàubigkeit und Ketzerei im âltesten Christentum, Tiibing e n , 1964, p . 246, n. 2. 5. Recogn., I, 37 e t 39.
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LA MIGRATION À PELLA
qu'il suggère q u e c'est p e u t - ê t r e d'Ariston d e Pella q u ' E u s è b e lui-même tient ses d o n n é e s . I l a c e r t a i n e m e n t r a i s o n d e pens e r q u e c'est b i e n d e Pella qu'il s'agit d a n s le p a s s a g e cité à l'instant, e n c o r e q u ' a u c u n n o m de lieu n'y a p p a r a i s s e . E n r e v a n c h e les r a i s o n s qu'il fait valoir p o u r n i e r l'historicité d e l'épisode m e p a r a i s s e n t fragiles. La t r a d i t i o n relative à Pella était, dit-il, i n c o n n u e d'Hégésippe. Une affirmation a u s s i catég o r i q u e — q u e l'on r e t r o u v e d'ailleurs chez B r a n d o n — r e p o s e e n définitive u n i q u e m e n t s u r le fait q u ' E u s è b e , assez p r o m p t à se r é c l a m e r d ' H é g é s i p p e c h a q u e fois qu'il le p e u t , n e le fait p a s en l'occurrence. L ' a r g u m e n t e silentio p e u t n ' a p p a r a î t r e p a s décisif, m ê m e lorsqu'il se renforce d e la c o n s t a t a t i o n q u ' E u s è b e n e m e n t i o n n e q u ' u n e seule fois la m i g r a t i o n à Pella. 6
Deux a u t r e s a r g u m e n t s avancés p a r S t r e c k e r o n t , à p r e m i è r e vue, plus de p o i d s . D ' u n e p a r t la liste d'évêques d e J é r u s a l e m d o n n é e p a r E u s è b e p o u r la p é r i o d e q u i s é p a r e les d e u x g u e r r e s j u i v e s fait a p p a r a î t r e q u e la c o m m u n a u t é c h r é t i e n n e d e la ville a c o n t i n u é d'exister a p r è s 70, ce qui exclut, n o u s dit-on, u n e m i g r a t i o n a u m o m e n t d u siège. D ' a u t r e p a r t , la t r a d i t i o n relative à Pella est s a n s p o i n t d ' a p p u i d a n s les Evangiles. Luc a r a p p o r t é c e r t a i n s é l é m e n t s d e l'apocalypse d e M a r c à la d e s t r u c t i o n d e J é r u s a l e m , s a n s m e n t i o n n e r la m i g r a t i o n , d o n t visiblement il n e savait rien . 7
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Réservons p o u r le m o m e n t le p r e m i e r point. P o u r c e q u i est d u second, l ' a r g u m e n t a t i o n d e S t r e c k e r n e m e s e m b l e p a s i n a t t a q u a b l e . Luc n e fait p a s , certes, explicitement m e n t i o n d ' u n exode d e la c o m m u n a u t é c h r é t i e n n e . Il est clair cepend a n t q u ' à ses yeux les c a l a m i t é s q u i doivent f r a p p e r J é r u s a l e m s o n t destinées à « ce p e u p l e », c'est-à-dire a u x Juifs non-chrét i e n s . Le conseil d o n n é a u x h a b i t a n t s d e fuir la ville e t aux p o p u l a t i o n s des a l e n t o u r s d e n e p a s y p é n é t r e r s'éclaire à la l u m i è r e d u contexte. Il vient a p r è s l'annonce des sévices d o n t les disciples de J é s u s s e r o n t l'objet, m ê m e de la p a r t d e l e u r s p r o c h e s , et a p r è s la p r o m e s s e qu'il n e se p e r d r a p a s u n cheveu 9
6. The Fall of Jérusalem and the Christian Church, L o n d r e s , 1951, p . 169 ; Jésus and the Zealots, M a n c h e s t e r , 1967, p p . 210-211. 7. Hist. Eccl, 4,5,14. 8. Luc, 21,20 s s ; cf. Marc, 13,7 s s . 9. Luc, 21,23.
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M. SIMON 1 0
de l e u r t ê t e . Ceci veut dire, selon t o u t e a p p a r e n c e , à la fois q u e les m a u x q u i s ' a b a t t r o n t s u r le pays « aux j o u r s de la vengeance » s e r o n t le c h â t i m e n t d e ceux q u i p e r s é c u t e n t l'Eglise et aussi q u e les p e r s é c u t é s eux-mêmes, c o m m e il e s t n o r m a l , y é c h a p p e r o n t . Une fuite des Chrétiens h o r s d e J é r u s a l e m , p o i n t d ' a p p l i c a t i o n m a j e u r de la colère divine, s e m b l e b i e n p o s t u l é e p a r ce passage, m ê m e si elle n ' e s t p a s explicitement m e n t i o n n é e . Le texte évangélique, c o r r e c t e m e n t i n t e r p r é t é , renforce, m e semble-t-il, p l u t ô t qu'il n'infirme l'hypothèse d e l'historicité d e la fuite à Pella. Si l'on a d m e t ces conclusions, les a r g u m e n t s s u p p l é m e n t a i r e s avancés p a r S t r e c k e r a p p a r a î t r o n t insuffisants p o u r i m p o s e r sa thèse. Le fait q u e les Pseudo-Clémentines n e d i s t i n g u e n t p a s e n t r e le p r e m i e r et le second siège d e J é r u s a l e m et antid a t e n t , en p a r a i s s a n t l ' a t t r i b u e r à Vespasien, l'édit d ' H a d r i e n i n t e r d i s a n t a u x Juifs l'accès de la ville n e p r o u v e p a s grandchose. Il n e m a n q u e p a s d'exemples d ' u n e confusion ou d ' u n e simplification analogues, p l a ç a n t e n 70 le m o m e n t d e la disp e r s i o n finale d e s Juifs. S a n s m ê m e p a r l e r d e c e r t a i n s historiens m o d e r n e s , il n ' e s t q u e d e c o n s u l t e r E u s è b e , qui écrit, à p r o p o s de la p r e m i è r e g u e r r e : « La justice* d e Dieu p o u r suivit d o n c a l o r s les Juifs, p a r c e qu'ils avaient a c c o m p l i d e telles iniquités c o n t r e le Christ et ses a p ô t r e s , faisant complèt e m e n t d i s p a r a î t r e d ' e n t r e les h o m m e s c e t t e r a c e d'impies . » Au d e m e u r a n t , le texte des Récognitions fait é t a t n o n p a s d ' u n e décision i m p é r i a l e officielle, m a i s s i m p l e m e n t d u fait q u ' a u l e n d e m a i n d e s é v é n e m e n t s d e 70 les Juifs se t r o u v è r e n t élim i n é s d e la Ville p a r sa d e s t r u c t i o n m ê m e . On n e voit p a s , p a r ailleurs, c o m m e n t les parallèles, invoqués p a r S t r e c k e r , q u e l'histoire juive d e l'époque p o u v a i t offrir à u n e m i g r a t i o n de l'Eglise j é r u s a l é m i t e à Pella — fuite à D a m a s d u g r o u p e essénien, fuite d a n s le d é s e r t d e l'agitateur T h e u d a s et d e ses p a r t i s a n s — a u t o r i s e r a i e n t à n i e r l'historicité de l'épisode. Les m ê m e s causes, e n l'occurrence u n e p e r s é c u t i o n o u u n e m e n a c e de p e r s é c u t i o n , e n t r a î n a n t assez n o r m a l e m e n t les m ê m e s effets, il n'y a p a s p l u s d e r a i s o n de r e j e t e r c o m m e 11
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1 0 . Luc, 2 1 , 1 2 - 1 8 . L'indication du verset 1 6 ( « o n fera mourir plusieurs d'entre v o u s ») p o u r r a i t b i e n s e r a p p o r t e r a u m a r t y r e d e J a c q u e s . 1 1 . Hist. Eccl, 3,5,3. 1 2 . Document de Damas, 6 , 1 ; 8 , 6 ; JOSÈPHE, Ant. Jud., 2 0 , 9 7 .
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légendaire la m i g r a t i o n à Pella qu'il n'y e n a u r a i t de r e j e t e r l'une o u l ' a u t r e d e s d e u x a u t r e s m i g r a t i o n s d o n t elle n e représ e n t e r a i t q u ' u n e t r a n s p o s i t i o n e n t i è r e m e n t fictive. S t r e c k e r p e n s e p o u v o i r t r o u v e r p a r m i les judéo-chrétiens de Pella, soucieux d e se p r é s e n t e r , face a u x g n o s t i q u e s et aux Chrétiens d e la G r a n d e Eglise, c o m m e les h é r i t i e r s d e la c o m m u n a u t é p r i m i t i v e , l'origine de c e t t e t r a d i t i o n . Je p e n s e en effet qu'il faut c h e r c h e r d a n s cette d i r e c t i o n , m a i s le c a r a c t è r e légendaire de l'épisode n'est p a s d é m o n t r é p o u r a u t a n t : c e t t e p r é t e n t i o n à l'apostolicité p o u r r a i t b i e n a u c o n t r a i r e r e p o s e r s u r u n fait historique. La question, s o m m a i r e m e n t réglée p a r M u n c k et p a r S t r e c k e r , a été examinée de façon b e a u c o u p plus a p p r o f o n d i e p a r B r a n d o n qui, avec des a r g u m e n t s différents, a b o u t i t à la m ê m e conclusion : l a m i g r a t i o n à Pella est u n e l é g e n d e . S o n essai de d é m o n s t r a t i o n s'inscrit d a n s le c a d r e d ' u n e t h è s e : celle d ' u n e collusion é t r o i t e e n t r e l'Eglise n a i s s a n t e e t le m o u v e m e n t zélote d'où n a q u i t l'insurrection de 66-70. Si les p r e m i e r s Chrétiens sont, c o m m e il le p e n s e , d e s nationalistes juifs, il est évident qu'ils n ' o n t p a s p u se désolidariser de leur p e u p l e a u m o m e n t d e la g u e r r e de libération. J e n'ai p a s à d i s c u t e r ici c e t t e i n t e r p r é t a t i o n p a r t i c u l i è r e d u c h r i s t i a n i s m e primitif. J e m e b o r n e r a i à c o n s t a t e r q u e , d a n s u n e telle perspective, c'est u n e nécessité i n t e r n e de la t h è s e q u e la c o m m u n a u t é c h r é t i e n n e d e J é r u s a l e m r e s t e d a n s la ville j u s q u ' à la victoire r o m a i n e . Au d e m e u r a n t , ce qui i m p o r t e à n o t r e p r o p o s , ce n e s o n t p a s les m o t i v a t i o n s p r o f o n d e s q u i o n t a m e n é B r a n d o n à n i e r la réalité d e l'épisode, m a i s les a r g u m e n t s positifs d o n t il a p p u i e c e t t e négation. Bien q u e d'inégale valeur, ils s o n t d ' e n s e m b l e p l u s i m p r e s s i o n n a n t s q u e ceux d e M u n c k et de S t r e c k e r . 13
Le p r e m i e r de ces a r g u m e n t s c e p e n d a n t n e résiste g u è r e à l'examen. La ville de Pella, q u i p o u r r a i t bien r e m o n t e r à u n e fondation d'Alexandre le G r a n d , était g r e c q u e de t r a d i t i o n et, p o u r l'essentiel, de p e u p l e m e n t . Il est p a r c o n s é q u e n t , n o u s dit-on, t r è s invraisemblable a p r i o r i q u e des Juifs pieux c o m m e l'étaient les Chrétiens d e J é r u s a l e m aient choisi c o m m e refuge u n c e n t r e aussi foncièrement païen. A quoi il est aisé d e répond r e q u e si, c o m m e n o u s avons t o u t e s r a i s o n s d e le croire, l'Eglise j é r u s a l é m i t e était, m a l g r é sa piété, e n b u t t e à l'hosti13. The Fall of Jérusalem,
p p . 168-173 ; Jésus
and
the Zealots,
p p . 208-217,
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M. SIMON
lité et avait à r e d o u t e r les sévices d e l ' a u t o r i t é religieuse juive, le meilleur m o y e n d'y é c h a p p e r était p r é c i s é m e n t d e c h e r c h e r asile p a r m i les Gentils. Le p r é c é d e n t , d é j à m e n t i o n n é , d e la fuite à D a m a s d e la s e c t e essénienne, i n q u i é t é e et p e r s é c u t é e p a r c e r t a i n s p r i n c e s h a s m o n é e n s , offre à c e t é g a r d u n parallèle t r è s é c l a i r a n t . C e p e n d a n t , l'essentiel d e l ' a r g u m e n t a t i o n d e B r a n d o n r e p o s e s u r les difficultés m a t é r i e l l e s s u p p o s é e s d ' u n e m i g r a t i o n à Pella. Celles-ci se p r é s e n t e n t différemment selon la d a t e q u e l'on assigne à l'épisode. N o u s savons en effet p a r J o s è p h e q u ' à la suite d u m a s s a c r e des Juifs d e Césarée, a u d é b u t d e l'insurrection, p a r la p o p u l a t i o n p a ï e n n e de la ville, u n e v a s t e c a m p a g n e d e représailles fut lancée c o n t r e u n c e r t a i n n o m b r e d e villes, p e u p l é e s e s s e n t i e l l e m e n t d e Grecs, e n t r e a u t r e s Pella, qui furent m i s e s à s a c . Si l'on situe la m i g r a t i o n d e la comm u n a u t é d e J é r u s a l e m a v a n t cet épisode, il a p p a r a î t impossible, e s t i m e B r a n d o n , q u e les judéo-chrétiens a i e n t s u r v é c u à la vengeance d e l e u r s c o m p a t r i o t e s . La p l a c e r a p r è s soulève d e s difficultés t o u t a u s s i graves : il est i n v r a i s e m b l a b l e q u e la comm u n a u t é ait c h e r c h é refuge d a n s u n e ville dévastée, o ù p a r s u r c r o î t les s u r v i v a n t s p a ï e n s d u r a i d d e représailles a u r a i e n t fait à des Juifs, quelle q u ' a i t été leur p o s i t i o n religieuse p r é cise, u n accueil qu'il est difficile de s u p p o s e r amical. 1 4
J e suis p r ê t à suivre B r a n d o n s u r ce d e r n i e r p o i n t . Il m e p a r a î t e n o u t r e , c o m m e à lui, p e u v r a i s e m b l a b l e q u e les judéoc h r é t i e n s se soient, c o m m e l'a s u p p o s é S c h o e p s , installés d a n s u n e ville e n t i è r e m e n t d é s e r t é e p a r ses h a b i t a n t s p a ï e n s : c a r l'expédition p u n i t i v e faite p a r Vespasien d a n s la région e n 6 8 n ' a u r a i t p r o b a b l e m e n t p a s é p a r g n é u n g r o u p e d e Juifs installés s u r les lieux d a n s d e telles c i r c o n s t a n c e s . E n définitive, e s t i m e B r a n d o n , il a p p a r a î t q u ' à a u c u n m o m e n t e n t r e 66 et 70 u n g r o u p e i m p o r t a n t et s a n s défense, se d é p l a ç a n t l e n t e m e n t et e n c o r p s , avec vieillards, f e m m e s et e n f a n t s , n ' a u r a i t p u t r a v e r s e r i m p u n é m e n t u n t h é â t r e d ' o p é r a t i o n s effectives o u 15
1 6
14. Bell. Jud.,
2, 457.
15. D a n s u n c o m p t e r e n d u d e Fall of Jérusalem, History, I I I , 1952, p . 102.
Journal
of
Ecclesiastical
16. Bell. Jud., 4, 413-439. Il e s t vrai q u e le fait d'avoir q u i t t é J é r u s a l e m e t de s'être a i n s i d é s o l i d a r i s é d e s i n s u r g é s aurait p u v a l o i r a u g r o u p e judéo-chrétien l'indulgence des Romains.
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LA MIGRATION À PELLA
possibles, t r o m p e r la vigilance des d é f e n s e u r s de J é r u s a l e m , p a r c o u r i r s a n s ê t r e inquiété des t e r r i t o i r e s c o n t r ô l é s soit p a r les i n s u r g é s , soit p a r les R o m a i n s , f r a n c h i r le J o u r d a i n , s'installer à Pella et y c o n s e r v e r l ' i m p u n i t é . 17
Date de
Vépisode
Il n e faut p a s m i n i m i s e r la force de ces o b j e c t i o n s . Elles m é r i t e n t b i e n p l u t ô t u n e x a m e n a p p r o f o n d i . O n doit, m e semble-t-il, c o n c é d e r à B r a n d o n q u ' u n e m i g r a t i o n e n t r e p r i s e u n e fois les hostilités v é r i t a b l e m e n t engagées a p p a r a î t difficile, voire impossible. Mais il e s t b o n d e n o t e r à c e p r o p o s que, d e s d e u x a u t e u r s q u i font m e n t i o n d e l'épisode, seul le p l u s tardif et le m o i n s sûr, E p i p h a n e , le m e t e n r a p p o r t avec le siège de J é r u s a l e m : l'avertissement céleste fut a d r e s s é a u x judéoc h r é t i e n s a u m o m e n t o ù la ville allait ê t r e p r i s e d'a s s a ut. Cette indication figure, sous des f o r m e s t r è s analogues, d a n s les deux p a s s a g e s o ù E p i p h a n e p a r l e de P e l l a . Elle p e u t c e p e n d a n t avoir u n sens m o i n s précis qu'il n e p a r a î t a u p r e m i e r a b o r d . Elle n e signifie p a s n é c e s s a i r e m e n t q u e le siège est à la veille d e c o m m e n c e r , ni à plus f o r t e r a i s o n qu'il est déjà engagé e t s u r le p o i n t d'aboutir. Elle p e u t s ' e n t e n d r e d e t o u t e la p é r i o d e des hositilités, d o n t le siège n e r e p r é s e n t e q u e le d é n o u e m e n t , v o i r e m ê m e des p r é l i m i n a i r e s d e la g u e r r e . Il n ' e s t p a s interdit d e p e n s e r q u ' E p i p h a n e , qui écrit trois siècles a p r è s les é v é n e m e n t s , a des choses u n e v u e globale. « L o r s q u e la ville allait ê t r e assiégée » p e u t fort bien n e signifier r i e n d e p l u s , sous sa p l u m e , q u e « l o r s q u e la g u e r r e allait é c l a t e r ». Le v e r b e fxéXXco, qu'il e mp lo ie à trois r e p r i s e s d a n s ce contexte, i n d i q u e u n avenir certes r a p p r o c h é , m a i s n o n p a s nécessaire18
19
17. O n p o u r r a i t , il e s t vrai, s u p p o s e r q u e la m i g r a t i o n n e s'est p a s nécessairement opérée e n une fois, en une seule colonne compacte et v u l n é r a b l e , m a i s p a r p e t i t s g r o u p e s s u c c e s s i f s , p l u s difficiles à i n t e r c e p t e r . Il e s t p l u s n o r m a l c e p e n d a n t d ' a d m e t t r e qu'elle e s t a n t é r i e u r e a u d é b u t d e la guerre. 18. Haer., 29,7 ; de Mens, et Pond., 15 ; la p r e m i è r e i n d i c a t i o n e s t m o i n s p r é c i s e q u e l a s e c o n d e , p u i s q u ' e l l e p a r l e n o n p a s d e l ' a s s a u t final, m a i s s i m p l e m e n t d u siège. 19. Il e s t i n t é r e s s a n t d e n o t e r q u ' E u s è b e , lui a u s s i , simplifie l e s d o n n é e s c h r o n o l o g i q u e s , lorsqu'il dit q u e « m ê m e l e s Juifs r a i s o n n a b l e s v i r e n t d a n s l e m a r t y r e d e J a c q u e s la c a u s e d u s i è g e d e J é r u s a l e m q u i l e s u i v i t i m m é d i a t e m e n t » (T7JÇ 7rapaxp?iji.a [IZTOL T6 (i,apTÙptov aÙToû TCoXiopxiaç), Hist. Eccl. 2,23,19.
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m e n t i m m i n e n t , et cette p r o x i m i t é p e u t n ' ê t r e p a s d'une rigour e u s e précision. Si c e p e n d a n t o n a d m e t qu'elle l'est et q u e p o u r E p i p h a n e la m i g r a t i o n s e situe bien a u d é b u t o u a u c o u r s m ê m e d u siège, a v a n t l'assaut final, on p o u r r a e n c o n c l u r e s i m p l e m e n t qu'il a a c c e n t u é , p a r r a p p o r t à E u s è b e , le c a r a c t è r e q u a s i m i r a c u l e u x de l'épisode, en g r o s s i s s a n t les difficultés a u milieu desquelles il s'opéra. A q u e l q u e i n t e r p r é t a t i o n q u ' o n se rallie, il est essentiel de n o t e r q u ' E p i p h a n e s'écarte s u r ce p o i n t d ' E u s è b e . Celui-ci n o u s a p p r e n d e n effet q u e l'Eglise de J é r u s a l e m r e ç u t l ' o r d r e de q u i t t e r l a ville « a v a n t la g u e r r e » (7rpo TOU 7roXéfxou). Si, d o n n a n t à l'indication fournie p a r E p i p h a n e son sens le p l u s précis, on e s t i m e q u e les d e u x témoignages sont inconciliables, on n ' h é s i t e r a g u è r e à r e t e n i r celui d ' E u s è b e . E u s è b e , il est vrai, confère lui aussi à l'événement valeur d e p r o d i g e : c'est p o u r é c h a p p e r à la c a t a s t r o p h e i m m i n e n t e q u e les judéo-chrétiens sont invités, p a r u n e révélation céleste, à fuir la ville. L e u r m i g r a t i o n est d o n c motivée, à ses yeux, p a r ce q u i va suivre : l'effet p r é c è d e la cause. Mais n o t r e a u t e u r vient aussi, i m m é d i a t e m e n t a u p a r a v a n t , d e r a p p e l e r les c r i m e s d o n t les Juifs se sont r e n d u s c o u p a b l e s envers l'Eglise naiss a n t e : m a r t y r e s d ' E t i e n n e , de J a c q u e s frère de J e a n et s u r t o u t de J a c q u e s frère d u Seigneur. Il voit d a n s ces forfaits le motif de la colère divine s ' a b a t t a n t s u r le p e u p l e juif. L'historien m o d e r n e , lui, e s t en d r o i t d'y voir, sans faire i n t e r v e n i r les é v é n e m e n t s s u b s é q u e n t s , la cause d i r e c t e d e la fuite à Pella. Celle-ci t r o u v e u n e justification suffisante, i n d é p e n d a m m e n t d e la g u e r r e à venir, d a n s le climat d ' i n s é c u r i t é q u ' u n e politique de p l u s e n p l u s i n t o l é r a n t e d e la p a r t des a u t o r i t é s juives faisait p e s e r s u r l'Eglise d e J é r u s a l e m . O n p e u t p e n s e r en p a r t i c u l i e r q u e la m i s e à m o r t de J a c q u e s frère d u Seigneur, q u e sa piété d ' o b s e r v a n t e x e m p l a i r e n'avait p a s suffi à p r o téger, a d û a p p a r a î t r e aux fidèles c o m m e u n sérieux c o u p d e s e m o n c e a n n o n c i a t e u r d e nouveaux d a n g e r s , m ê m e si elle est i m p u t a b l e , c o m m e le dit J o s è p h e , a u seul g r a n d p r ê t r e Ananias, b l â m é m ê m e p a r les Pharisiens et d e s t i t u é ensuite s u r l e u r d e m a n d e p a r Agrippa. Il s e m b l e a s s u r é q u e la prédication subversive de Paul e n t r a î n a d u côté juif u n d u r c i s s e m e n t 20
20. Ant.
Jud.,
20, 197-200.
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vis-à-vis de toutes les n u a n c e s d e c h r i s t i a n i s m e et q u ' u n e solid a r i t é , assez involontaire, avec son rival l'Apôtre des Gentils c o n t r i b u a à la p e r t e d e J a c q u e s . Hégésippe, cité p a r E u s è b e , le dit explicitement et a t t r i b u e à l'opinion juive la m e s u r e q u e J o s è p h e a t t r i b u e a u g r a n d p r ê t r e : « Paul e n avait a p p e l é à César, e t F e s t u s l'avait envoyé à R o m e : ainsi fut t r o m p é l'esp o i r des Juifs et r e n d u e vaine l ' e m b û c h e qu'ils avaient d r e s s é e c o n t r e l'apôtre. Ils t o u r n è r e n t alors l e u r fureur c o n t r e J a c q u e s et devant t o u t le p e u p l e lui d e m a n d è r e n t d e r e n o n c e r à s a foi a u C h r i s t ». 21
Que l'on suive J o s è p h e o u E u s è b e , o n t r o u v e r a n a t u r e l q u e les Chrétiens de J é r u s a l e m , i m p r e s s i o n n é s p a r le m a r t y r e de l e u r chef, aient e s t i m é n é c e s s a i r e de m e t t r e q u e l q u e d i s t a n c e e n t r e eux e t les d i r i g e a n t s juifs. On songera ici, u n e fois d e p l u s , à la m i g r a t i o n à D a m a s d u g r o u p e essénien. Le choix d'une cité d e la Decapóle, en m a j o r i t é p a ï e n n e , c o m m e lieu d e refuge, est alors a m p l e m e n t justifié. V u sous cet angle, l'épisode de la fuite à Pella n ' a r i e n q u e d e v r a i s e m b l a b l e . Il est plausible d e le situer, suivant l'indication m ê m e f o u r n i e p a r E u s è b e , e n t r e la m o r t de J a c q u e s e n 62 et le d é b u t d e l'insurrection e n 66. Dès lors, l'objection relative a u x difficultés d ' u n e migration a u c o u r s m ê m e des hostilités t o m b e . Reste celle q u e B r a n d o n t i r e d u d e s t i n d e la ville d e Pella, m i s e à sac p a r les Juifs lors d e l e u r action d e représailles p o u r le m a s s a c r e d e Césarée. Si l'on a d m e t la d a t a t i o n q u e j e p r o p o s e , c'est d a n s u n e cité e n c o r e florissante et n o n p a s s u r ses r u i n e s q u e les judéo-chrétiens se sont installés. Le prob l è m e e s t alors d e savoir si, p o u r r e p r e n d r e les t e r m e s de B r a n d o n , « ce g r o u p e d e r e n é g a t s a p u survivre à la vengeance d e leurs féroces c o m p a t r i o t e s ». 22
Il est c e r t a i n q u e m ê m e d a n s les villes r é p u t é e s p a ï e n n e s il existait des m i n o r i t é s juives plus ou m o i n s i m p o r t a n t e s : l'exemple d e Césarée où, si n o u s e n croyons J o s è p h e , p l u s d e 20.000 p e r s o n n e s furent m a s s a c r é e s e n u n e h e u r e , est à cet é g a r d t r è s éloquent. S a n s d o u t e la situation d e Pella n'étaitelle p a s f o n d a m e n t a l e m e n t différente. On p e u t p e n s e r d a n s ces conditions q u e lors d u raid d o n t la ville fut l'objet, les assail-
21. Hist. 22. Fall
Eccl,
2,23,1.
of Jérusalem,
p . 170.
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lants s'en p r i r e n t exclusivement aux païens, sans se préocc u p e r de savoir si p a r m i les Juifs il y avait des dissidents et d e s r e n é g a t s . Il est p e u vraisemblable q u ' a u c o u r s d e c e t t e o p é r a t i o n , m e n é e c e r t a i n e m e n t de façon t r è s r a p i d e , ses init i a t e u r s aient p r i s le soin de se renseigner s u r la position religieuse précise d e s Juifs fixés d a n s la ville, à s u p p o s e r qu'ils en aient e u le t e m p s . L a qualité de Juif, m ê m e q u a n d il s'agissait de judéo-chrétiens, suffisait p r o b a b l e m e n t à conférer l'impunité. N o u s ignorons a u d e m e u r a n t quelle fut l ' a m p l e u r exacte d u raid. La f o r m u l a t i o n d e J o s è p h e incite à n e p a s l'exagérer. Des b a n d e s d e Juifs, dit-il, « saccagèrent (èjcopGouv) les villages des Syriens et les t e r r i t o i r e s des villes voisines, Philadelphie, H e s b o n , G e r a s a , Pella et Scythopolis. Ils se r u è r e n t e n s u i t e c o n t r e G a d a r a , H i p p o s et la Gaulanitide, d é t r u i s a n t et incend i a n t t o u t s u r l e u r passage, et s'avancèrent j u s q u ' à Kedasa... et Césarée. N i S e b a s t e , ni Ascalon n e r é s i s t è r e n t à l e u r élan. Ils b r û l è r e n t ces villes p u i s r a s è r e n t A n t h é d o n et Gaza. S u r le t e r r i t o i r e d e c h a c u n e de ces cités force villages furent pillés, u n e q u a n t i t é p r o d i g i e u s e d ' h o m m e s pris et é g o r g é s ». Théod o r e Reinach, d a n s u n e n o t e s u r ce passage, suggère q u e « ils b r û l è r e n t ces villes » doit s ' e n t e n d r e p l u t ô t des villages d e leurs b a n l i e u e s ; d e t o u t e s les villes é n u m é r é e s , ajoute-t-il, « il s e m b l e q u e les Juifs n ' a i e n t r é e l l e m e n t pris q u e Gaza et Anthéd o n » . Il est en effet possible, voire plausible q u e J o s è p h e ait d o n n é de c e t t e action punitive u n e v u e q u e l q u e p e u simplifiée e t qu'effectivement la p l u p a r t des villes, d o n t Pella, protégées peut-être p a r d e s r e m p a r t s , n ' a i e n t p a s été directem e n t t o u c h é e s . M ê m e si l'on refuse de suivre Reinach d a n s son i n t e r p r é t a t i o n , il r e s t e q u ' u n e extension a u x judéo-chrétiens des m e s u r e s de violence p r i s e s c o n t r e les p a ï e n s est fort p e u vraisemblable. 23
2 4
Il n e faut p a s oublier, à cet égard, q u e le j u d a ï s m e n ' é t a i t p a s e n c o r e unifié à l'époque s u r la b a s e des conceptions pharisiennes, devenues p a r la suite la n o r m e d e l'orthodoxie synagogale. L ' a u t o r i t é unificatrice d u S a n h é d r i n , elle-même consid é r a b l e m e n t r é d u i t e d'ailleurs p a r la lutte d'influences, a u sein 23. Bell Jud., 2, 457. 24. Œuvres Complètes d e FLAVIUS JOSÈPHE, t r a d u i t e s e n f r a n ç a i s s o u s l a d i r e c t i o n d e T h . REINACH, V , P a r i s 1912, p . 215, n. 4.
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de c e t t e assemblée, des S a d d u c é e n s et d e s Pharisiens, n e s'exerçait s a n s d o u t e d e façon v r a i m e n t efficace q u ' à J é r u s a l e m e t à la p é r i p h é r i e i m m é d i a t e . Au-delà de cette z o n e assez limitée, la vie religieuse juive p o u v a i t revêtir d e s f o r m e s diverses, parfois assez a b e r r a n t e s p a r r a p p o r t a u x c r i t è r e s j é r u s a l é m i t e s officiels. Les régions t r a n s j o r d a n i e n n e s en p a r t i c u l i e r s e m b l e n t avoir été à l'époque et ê t r e r e s t é e s p a r la suite la t e r r e d'élection de m u l t i p l e s sectes. Rien n ' a u t o r i s e à p e n s e r q u e les init i a t e u r s d e la révolte de 66 aient été p a r t i c u l i è r e m e n t pointilleux e n m a t i è r e d e d o c t r i n e , d è s lors q u ' o n a d h é r a i t à l e u r c r e d o n a t i o n a l i s t e ou m ê m e s i m p l e m e n t q u ' o n n e s'y o p p o s a i t p a s . Vu sous cet angle, le j u d é o - c h r i s t i a n i s m e d e la c o m m u n a u t é j é r u s a l é m i t e réfugiée à Pella n e r e p r é s e n t a i t p e u t - ê t r e q u ' u n e v a r i é t é e n t r e b e a u c o u p d ' a u t r e s d ' u n j u d a ï s m e m a r g i n a l et sectaire q u i é t a i t chez lui d a n s la région. Ses p o s i t i o n s n ' é t a i e n t s a n s d o u t e p a s p l u s s c a n d a l e u s e s q u e celles de telle secte juive n o n - c h r é t i e n n e en r e g a r d d ' u n m o u v e m e n t q u i , à la différence d e la révolte de B a r Cochba, n e se p r é s e n t a i t p a s c o m m e u n m o u v e m e n t m e s s i a n i s t e . Il y a q u e l q u e r a i s o n d e p e n s e r q u e l'Evangile judéo-chrétien a t r o u v é d a n s ces milieux périphér i q u e s u n accueil assez bienveillant, m a i s aussi qu'il s'est infléchi à leur c o n t a c t d a n s des directions nouvelles. C'est le m o m e n t d e r e v e n i r s u r l'affirmation d e M u n c k qui, n i a n t t o u t lien d e filiation e n t r e le j u d é o - c h r i s t i a n i s m e des J é r u s a l é m i t e s et celui d o n t o n c o n s t a t e la p r é s e n c e au-delà d u J o u r d a i n aux siècles suivants, e n vient p a r voie d e c o n s é q u e n c e à n i e r la réalité d e la m i g r a t i o n à Pella. Pareille c o n c e p t i o n p r o c è d e d ' u n e v u e t r o p s t a t i q u e d e s choses e t m é c o n n a î t le c o n t e x t e religieux d a n s lequel la c o m m u n a u t é j é r u s a l é m i t e , u n e fois franchies les frontières d e la J u d é e , s'est t r o u v é e t r a n s p l a n t é e . Nazaréens
et
Ebionites
E p i p h a n e m e t t r è s explicitement e n r a p p o r t avec la migrat i o n à Pella, et p r é s e n t e c o m m e u n e d e ses c o n s é q u e n c e s , l ' a p p a r i t i o n d e deux sectes judéo-chrétiennes, celle d e s Nazar é e n s e t celle des E b i o n i t e s . Les p r e m i e r s s o n t des judéoc h r é t i e n s d u type q u ' o n p e u t a p p e l e r classique, c a r a c t é r i s é s 25
25. Haer.,
29,7,7, e t 30,2,7.
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essentiellement p a r l e u r tenace a t t a c h e m e n t à l'observance juive. S'ils s o n t devenus h é r é t i q u e s aux yeux de la G r a n d e Eglise, c'est s i m p l e m e n t p a r c e qu'ils se s o n t figés s u r des positions dépassées. Ils s e m b l e n t bien r e p r é s e n t e r , e n c o r e q u ' E p i p h a n e se refuse é n e r g i q u e m e n t à l ' a d m e t t r e , les descend a n t s e n ligne assez d i r e c t e d e la c o m m u n a u t é primitive, d o n t n o t r e a u t e u r sait d'ailleurs qu'elle était elle aussi désignée p a r les Juifs sous le n o m d e N a z a r é e n s . Q u a n t à ceux qu'il appelle E b i o n i t e s , ils c o n s t i t u e n t u n e n u a n c e t r è s p a r t i c u l i è r e d e j u d é o c h r i s t i a n i s m e , celle-là m ê m e qui s'exprime à t r a v e r s la littér a t u r e pseudo-clémentine. Ils se c a r a c t é r i s e n t p a r d e s positions doctrinales t r è s originales, s u r lesquelles il est inutile d'insister ici, e t q u i les o p p o s e n t aussi b i e n à l'orthodoxie ecclésiastique q u ' à celle de la Synagogue p h a r i s i e n n e . 26
21
E p i p h a n e localise les d e u x g r o u p e m e n t s d a n s les régions t r a n s j o r d a n i e n n e s , Décapole, Basanitide, B a t a n é e : ils y s o n t nés a p r è s l'installation des fidèles j é r u s a l é m i t e s à Pella, d o n t le n o m est m e n t i o n n é à p r o p o s d e l'un et d e l'autre. Si les N a z a r é e n s s e m b l e n t avoir s i m p l e m e n t p e r p é t u é le légalisme d e la c o m m u n a u t é p r i m i t i v e , la secte ébionite e n r e v a n c h e p a r a î t ê t r e le r é s u l t a t d ' u n e confluence e n t r e le j u d é o - c h r i s t i a n i s m e initial et u n e s e c t e j u i v e p r é c h r é t i e n n e , é g a l e m e n t d é c r i t e p a r E p i p h a n e et localisée p a r lui e x a c t e m e n t d a n s les m ê m e s régions, celle d e s N a s a r é e n s , qu'il p r e n d b i e n soin de disting u e r des N a z a r é e n s . U n e c o m p a r a i s o n e n t r e les d e u x notices qu'Epiphane consacre respectivement aux Nasaréens préc h r é t i e n s et a u x E b i o n i t e s fait e n effet a p p a r a î t r e u n e i d e n t i t é d e croyances f r a p p a n t e , la seule différence r é s i d a n t d a n s la foi c h r é t i e n n e professée p a r l e s seconds. Il s e m b l e légitime, d a n s ces conditions, d ' a d m e t t r e q u e les E b i o n i t e s d u t y p e pseudoclémentin r e p r é s e n t e n t la f o r m e christianisée d u g r o u p e nasa28
26. Haer., 29,1 e t 29,6. 27. S u r l e j u d é o - c h r i s t i a n i s m e é b i o n i t e d e t y p e p s e u d o - c l é m e n t i n , cf. e n p a r t i c u l i e r , p a r m i l a l i t t é r a t u r e r é c e n t e , H J . SCHOEPS, Théologie und Geschichte des Judenchristentums, T u b i n g e n , 1949, e t l ' o u v r a g e d é j à c i t é d e G. S t r e c k e r . Il m e p a r a î t i m p o s s i b l e d'attribuer, c o m m e l e fait S c h o e p s , à la c o m m u n a u t é jérusalémite elle-même les doctrines très particulières professées par les Ebionites des Pseudo-Clémentines. 28. Haer., 1,18. L e s d e u x t e r m e s N a a a p a ï o i e t NaÇcopaïoi r e m o n t e n t p e u t - ê t r e à u n e é t y m o l o g i e u n i q u e , cf. M. SIMON, Les sectes juives au temps de Jésus, P a r i s , 1960, p p . 8^-92.
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r é e n et q u e cette christianisation est n é e de c o n t a c t s avec des é l é m e n t s judéo-chrétiens i m p l a n t é s d a n s le p a y s , c'est-à-dire, selon t o u t e vraisemblance, avec la c o m m u n a u t é j é r u s a l é m i t e émigrée. Celle-ci, a y a n t fait a c c e p t e r des N a s a r é e n s , q u i r é p u d i a i e n t le culte sacrificiel, la foi e n J é s u s Messie, a u r a d u m ê m e c o u p , a c c e p t a n t l'interprétation qu'ils d o n n a i e n t d e la r u i n e d u Temple, a d o p t é les p a r t i c u l a r i t é s d o c t r i n a l e s d u g r o u p e a u q u e l elle s'intégrait et basculé ainsi d a n s l'hérésie. Le g r o u p e m e n t nouveau ainsi c o n s t i t u é p e u t d o n c bien, c o n t r a i r e m e n t à l'affirm a t i o n d e Munck, se r é c l a m e r d ' u n e filiation j é r u s a l é m i t e , m ê m e s'il professe des vues q u i s'écartent t r è s sensiblement de celles q u e les p r e m i e r s disciples avaient professées à Jérusalem m ê m e . 2 9
30
Il p a r a î t a s s u r é , c o m m e le p e n s e S t r e c k e r , q u e la source, d i t e Anabathmoi Iakôbou II, utilisée p a r les Récognitions pseudo-clémentines et o ù figure u n e allusion t r è s claire à la m i g r a t i o n des J é r u s a l é m i t e s , a été rédigée à Pella ou d a n s son voisinage i m m é d i a t , p r o b a b l e m e n t d a n s la seconde m o i t i é d u 11 siècle. On saisit m a l , d a n s ces conditions, p o u r q u o i S t r e c k e r croit p o u v o i r c o n t e s t e r t o u t f o n d e m e n t à la t r a d i t i o n d e la m i g r a t i o n e t l'expliquer p a r le seul souci, d e la p a r t des j u d é o c h r é t i e n s d e la région, d e se c r é e r d e s q u a r t i e r s de n o b l e s s e apostolique. B r a n d o n , conscient de la difficulté q u e crée p o u r sa t h è s e et celle de S t r e c k e r la m e n t i o n précise d e Pella, a d m e t qu'il y a là, p r é s e n t é d a n s u n e g a n g u e légendaire, u n n o y a u h i s t o r i q u e . Il est r a i s o n n a b l e d e p e n s e r , estime-t-il, q u e des Chrétiens venus d ' u n e o u p l u s i e u r s Eglises d u voisinage, peutê t r e d e Galilée, à u n m o m e n t q u e l c o n q u e a u c o u r s d e l'insurrection, o u p e u a p r è s , o n t c h e r c h é refuge à P e l l a . Cette c o m m u n a u t é , devenue p a r la suite florissante, e n serait arrie
31
29. E p i p h a n e , Haer. 30, 2,7 s o u l i g n e d'ailleurs qu'il y avait e n t r e E b i o nites et Nazaréens des interférences et une contamination réciproque. S i l ' o n s e s o u v i e n t q u e le t e r m e d e N a z a r é e n s d é s i g n e à l'origine t o u s l e s c h r é t i e n s , e t e n p a r t i c u l i e r l e s fidèles d e J é r u s a l e m , e t n'en e s t v e n u q u e p r o g r e s s i v e m e n t à qualifier, e n u n s e n s restrictif, u n e s e c t e v i v a n t e n m a r g e d e l a G r a n d e E g l i s e , c e t t e affirmation é q u i v a u t à c o n s t a t e r q u e l a c o m m u n a u t é j é r u s a l é m i t e , r é f u g i é e à Pella, s'est l a i s s é e g a g n e r p a r l e s doctrines dites ébionites d u type pseudo-clémentin. 30. Op. cit., p p . 231 e t 253. 31. Fait of Jérusalem, p . 172; Jésus and the Zealots, p p . 213-215.
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vée assez n a t u r e l l e m e n t à se p r é s e n t e r c o m m e la d e s c e n d a n t e de l'Eglise-mère de J é r u s a l e m . Plutôt q u e d e c o r r i g e r ainsi, sans a r g u m e n t s v r a i m e n t décisifs, les indications d ' E u s è b e e t d ' E p i p h a n e , il m e p a r a î t p l u s n o r m a l d e les a c c e p t e r telles qu'elles sont. Si l'on a d m e t qu'il y a effectivement, a u x origines de la c o m m u n a u t é , h é r é t i q u e , de Pella u n e m i g r a t i o n de t o u t o u p a r t i e d e l'Eglise d e Jérusalem, l'ensemble d u dossier d e la q u e s t i o n s'éclaire d'un j o u r fort plausible. S t r e c k e r invoque c o n t r e l'historicité d e l'épisode le fait q u ' E u s è b e n e le m e n t i o n n e q u ' u n e seule f o i s . Il fait é t a t e n o u t r e , n o u s l'avons vu, d e la liste épiscopale j é r u s a l é m i t e , donn é e p a r E u s è b e p o u r la p é r i o d e qui va des origines j u s q u ' à la révolte de B a r Cochba, et e n tire a r g u m e n t c o n t r e la réalité d e la m i g r a t i o n . Ces d e u x données p o u r r a i e n t b i e n trad u i r e l ' e m b a r r a s d ' E u s è b e devant le c a r a c t è r e h é t é r o d o x e d e la c h r é t i e n t é d e Pella. L a m i g r a t i o n à Pella de l'Eglise jérusalémite était s a n s d o u t e t r o p solidement a t t e s t é e p o u r qu'il p û t la p a s s e r sous silence ; sans d o u t e a u s s i n e le voulait-il p a s , puisqu'elle s'accordait a u d e m e u r a n t avec sa p r o p r e interp r é t a t i o n des é v é n e m e n t s et expliquait c o m m e n t les disciples avaient é c h a p p é à la c a t a s t r o p h e venue f r a p p e r le p e u p l e infidèle. Mais u n e fois enregistré ce fait d'histoire, E u s è b e n ' a peut-être p a s voulu y insister t r o p , p o u r ce q u i est d e s dével o p p e m e n t s u l t é r i e u r s d u christianisme palestinien : à c o u p sûr, les sectes de Pella et d e la région tiraient l e u r origine d e c e t t e m i g r a t i o n , m a i s elles n e conservaient p a s , p o u r a u t a n t , l'esprit a u t h e n t i q u e de l'Eglise primitive ; c'est bien p l u t ô t , p a s s é e la t o u r m e n t e , à J é r u s a l e m m ê m e q u e celui-ci s'était m a i n t e n u ou avait revécu. 32
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Tel p a r a î t ê t r e le p o i n t d e vue d'Eusèbe, inscrit c o m m e e n filigrane d a n s les développements assez e m b a r r a s s é s qu'il consacre à l'histoire d e la c o m m u n a u t é de J é r u s a l e m e n t r e les deux g u e r r e s juives. Il n ' a p a s , dit-il, t r o u v é p a r écrit les d a t e s des divers évêques de la Ville Sainte. La t r a d i t i o n r a p p o r t e qu'ils e u r e n t t o u s u n e vie très c o u r t e . Il sait toutefois p a r des d o c u m e n t s écrits qu'il y en eut quinze j u s q u ' à H a d r i e n , et il en d o n n e la liste nominative : ils étaient tous « H é b r e u x
32. Op. cit., p p . 229-230. 33. Op. cit., p . 230.
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d e vieille s o u c h e et a y a n t r e ç u d ' u n e m a n i è r e a u t h e n t i q u e la c o n n a i s s a n c e d u Christ... L'Eglise e n t i è r e d e J é r u s a l e m était alors c o m p o s é e d ' H é b r e u x fidèles ». Il n'y e u t p l u s p a r la suite, dit-il e n c o r e , d'évêques d e la Circoncision. I s s u s désorm a i s de la Gentilité, ils f u r e n t d e n o u v e a u quinze d e p u i s H a d r i e n j u s q u ' a u d é b u t d u H P s i è c l e . On n o t e r a le c a r a c t è r e p e u a s s u r é d e ces r e n s e i g n e m e n t s , q u e n'étaie a u c u n e d o n n é e c h r o n o l o g i q u e précise et qui r e p o s e n t p o u r l'essentiel s u r « u n e t r a d i t i o n » assez i n c e r t a i n e semble-t-il. L'affirmation t o u c h a n t l'orthodoxie des p r e m i e r s évêques j é r u s a l é m i t e s , q u i o n t t o u s « r e ç u d ' u n e m a n i è r e a u t h e n t i q u e la c o n n a i s s a n c e d u Christ » vise peut-être à r é f u t e r les o b j e c t i o n s o u dissiper les s o u p ç o n s formulés soit p a r des fidèles v e n u s d e la Gentilité et méfiants vis-à-vis d e t o u t e f o r m e de j u d é o - c h r i s t a n i s m e , soit p a r les sectaires d e Pella q u i r e v e n d i q u a i e n t p o u r eux-mêmes l'héritage d o c t r i n a l i n a l t é r é d e l'Eglise p r i m i t i v e . 34
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Ces r e n s e i g n e m e n t s s o n t à r a p p r o c h e r d e ceux q u ' E u s è b e fournit d a n s u n a u t r e p a s s a g e d e son Histoire Ecclésiastique. Il y r e l a t e q u e , « a p r è s le m a r t y r e d e J a c q u e s et la d e s t r u c t i o n d e J é r u s a l e m q u i a r r i v a e n ce t e m p s là, les a p ô t r e s e t les disciples d u Seigneur q u i é t a i e n t e n c o r e e n vie s ' a s s e m b l è r e n t d e p a r t o u t , à ce q u e l'on r a c o n t e , et se r é u n i r e n t aux p a r e n t s d u S e i g n e u r selon la chair, — u n g r a n d n o m b r e d ' e n t r e eux, e n effet, é t a i e n t e n c o r e en vie —, et t o u s e n s e m b l e t i n r e n t conseil p o u r e x a m i n e r q u i il fallait j u g e r digne d e la succession d e J a c q u e s ». C'est S i m é o n , fils d e Clopas et c o u s i n d u S a u v e u r , q u i fut désigné à l ' u n a n i m i t é . 36
Il faut, ici encore, n o t e r le c a r a c t è r e i n c e r t a i n d e c e t t e tradition, q u i r e p o s e s u r « c e q u e l'on r a c o n t e ». Peut-être est-elle n é e d u souci d ' é t a b l i r c o n t r e t o u t e c o n t e s t a t i o n l'apostolicité d e la c h r é t i e n t é j é r u s a l é m i t e des siècles suivants. Si la r é u n i o n e n q u e s t i o n , r a m e n é e à ses j u s t e s p r o p o r t i o n s , a u n e réalité, et se situe effectivement a p r è s la d e s t r u c t i o n d e J é r u s a l e m , u n intervalle d ' u n e dizaine d ' a n n é e s la s é p a r e d e la m o r t d e J a c q u e s e n 62. Il faut alors a d m e t t r e q u e p e n d a n t ce l a p s de t e m p s la c o m m u n a u t é s'est t r o u v é e d é s o r g a n i s é e et disloquée, ce qui s'accorderait b i e n avec l'hypothèse d e la m i g r a t i o n à 34. Hist. 35. Hist. 36. Hist.
Eccl, Eccl., Eccl,
4,5,1-4. 5,12,1-2. 3,11.
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M. SIMON
Pella e t ce q u e suggère, d a n s le texte lui-même, c e t t e indication q u e les a p ô t r e s et les disciples s ' a s s e m b l è r e n t de p a r t o u t . « De p a r t o u t » est à e n t e n d r e s a n s d o u t e e n u n sens t r è s large : a p ô t r e s et disciples, engagés d a n s l'œuvre m i s s i o n n a i r e , sont, d a n s la p e r s p e c t i v e d ' E u s è b e , dispersés j u s q u ' a u x confins de l'univers. L e u r r a s s e m b l e m e n t revêt de ce fait u n e p o r t é e exceptionnelle : c'est u n e décision v r a i m e n t « œ c u m é n i q u e » qui élève S i m é o n à l'épiscopat ; l'accord des a p ô t r e s et des disciples d ' u n e p a r t , c o m m e r e p r é s e n t a n t s de l'universalisme chrétien, d e s p a r e n t s d u S e i g n e u r d ' a u t r e p a r t , t e n a n t s d u judéoc h r i s t i a n i s m e originel, a u t h e n t i q u e d e façon p a r t i c u l i è r e m e n t solennelle cette élection. O n entrevoit, ici e n c o r e , u n e p o i n t e p o l é m i q u e à l'adresse d ' e s p r i t s méfiants ou c r i t i q u e s . Une fois faite la p a r t de l'apologétique, il r e s t e q u e c e t t e élection, quels q u ' e n aient été les c i r c o n s t a n c e s exactes et le lieu — c a r E u s è b e n e la situe p a s explicitement à J é r u s a l e m — vient a u t e r m e d ' u n e p é r i o d e d e confusion et d e d é s a r r o i , voire d ' u n e véritable p a r e n t h è s e , d a n s la vie d e la c o m m u n a u t é j é r u s a l é m i t e . Si l'on r a p p r o c h e les u n e s des a u t r e s les diverses indications d ' E u s è b e , o n s e r a t e n t é d'en p r o p o s e r l'interprét a t i o n suivante. A u n m o m e n t qu'il est impossible d e fixer avec u n e p a r f a i t e précision, m a i s q u i est consécutif a u m a r t y r e d e J a c q u e s et a n t é r i e u r , selon t o u t e v r a i s e m b l a n c e , a u d é b u t d e la g u e r r e en 66, la c o m m u n a u t é c h r é t i e n n e q u i t t a J é r u s a l e m p o u r Pella. Au l e n d e m a i n de la g u e r r e , u n e p a r t i e d u g r o u p e se r e t r o u v a et se r é o r g a n i s a e n J u d é e , soit qu'elle y soit reven u e a p r è s la fin des hostilités, soit et p e u t - ê t r e p l u s vraisemb l a b l e m e n t qu'elle n e s'en soit j a m a i s éloignée. Il n ' e s t p a s a s s u r é e n effet q u e la c o m m u n a u t é ait g a g n é Pella d a n s sa totalité. Peut-être c e r t a i n s d e ses é l é m e n t s , p a r t i s avec l'ens e m b l e d u g r o u p e d'une ville où la s i t u a t i o n a p p a r a i s s a i t , a u l e n d e m a i n d u m a r t y r e d e J a c q u e s , grosse d e d a n g e r s , se sontils installés d a n s la c a m p a g n e palestinienne, t a n d i s q u e d'aut r e s franchissaient le J o u r d a i n p o u r s'établir en Décapole. Il est p a r f a i t e m e n t concevable q u ' u n r e g r o u p e m e n t se soit o p é r é , u n e fois p a s s é e la t o u r m e n t e d e 70, et ait affecté n o n seulem e n t ceux q u i étaient r e s t é s à p r o x i m i t é d e la Ville Sainte, m a i s peut-être m ê m e c e r t a i n s des é m i g r é s d e Pella, r a m e n é s en J u d é e soit p a r le m a l d u pays, soit p a r le p r e s t i g e persist a n t de Sion, m ê m e a p r è s la c a t a s t r o p h e , e t p a r la conviction q u e c'est là qu'il fallait a t t e n d r e les é v é n e m e n t s u l t i m e s et
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LA MIGRATION À PELLA
l ' i n s t a u r a t i o n du R o y a u m e , soit e n c o r e p a r des r a i s o n s doctrinales p l u s précises, d u fait d ' u n d é s a c c o r d f o n d a m e n t a l avec l'orientation p r i s e p a r le g r o u p e a u c o n t a c t d u j u d a ï s m e hétérodoxe de T r a n s J o r d a n i e : E p i p h a n e m e n t i o n n e explicitement le r e t o u r à J é r u s a l e m d e s d e s c e n d a n t s des réfugiés de P e l l a . L'Eglise de J é r u s a l e m se serait ainsi r e c o n s t i t u é e , à p r o x i m i t é d e J é r u s a l e m p l u t ô t q u e d a n s la ville m ê m e , d o n t J o s è p h e n o u s dit qu'elle fut c o m p l è t e m e n t d é t r u i t e p a r Titus, à la seule exception des t o u r s d e l ' e n c e i n t e . Ce n'est, semble-t-il, q u ' a p r è s la c o n s t r u c t i o n , s u r le site d e Sion, sous H a d r i e n , d ' u n e ville p a ï e n n e , q u ' u n e Eglise c o m p o s é e d é s o r m a i s d e Gentils s'y i m p l a n t a d e nouveau. Elle n e bénéficia p a s c e p e n d a n t a u c o u r s des siècles suivants, B r a n d o n le n o t e fort j u s t e m e n t , d u prestige a u q u e l elle a u r a i t p u p r é t e n d r e c o m m e h é r i t i è r e de l'Eglise-mère : j u s q u ' a u V siècle le siège épiscopal de Jérusal e m était suffragant de celui de Césarée. P o u r ce q u i est de Pella, ce n ' e s t q u e vers la m ê m e é p o q u e q u e l'existence d'un évêché — o r t h o d o x e — y est a t t e s t é e . Si la c h r é t i e n t é locale, en d é p i t d e ses origines illustres, n ' a j a m a i s j o u é u n r ô l e de q u e l q u e i m p o r t a n c e d a n s l'histoire d e l'Eglise a n c i e n n e , c'est p r o b a b l e m e n t d u fait de l'orientation d o c t r i n a l e p r i s e p a r elle t r è s tôt a p r è s la m i g r a t i o n et considérée c o m m e h é t é r o d o x e m ê m e p a r le r a m e a u m a j e u r d u judéo-christianisme et à p l u s forte r a i s o n p a r l'Eglise des Gentils. Q u a n t à l'Eglise reconstituée à o u p r è s de J é r u s a l e m , son prestige s e m b l e avoir p â t i de la s i t u a t i o n t r è s t r o u b l é e q u i fut celle d e la Palestine jusq u ' à H a d r i e n , de la c o u p u r e i n t r o d u i t e d a n s son existence p a r la seconde g u e r r e et p a r le c h a n g e m e n t qu'elle e n t r a î n a d a n s son r e c r u t e m e n t , m a i s p e u t - ê t r e aussi, — c'est ce q u i p a r a î t r e s s o r t i r d e l'insistance d ' E u s è b e à en souligner l'apostolicité e t l'orthodoxie —, d e s s o u p ç o n s q u e faisait p e s e r s u r elle sa p a r e n t é originelle avec ce g r o u p e de Pella t o m b é d a n s la dissidence et l'hérésie. 37
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e
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E n définitive, t o u t bien considéré, il ne s e m b l e p a s q u ' o n puisse reléguer au r a n g des légendes la m i g r a t i o n à Pella. Elle soulève à c o u p s û r certaines difficultés. Aucune c e p e n d a n t n'est
37. De Mens, et Pond., 15. 38. Bell Jud., 6, 413. 39. Jésus and the Zealots, p . 216. 40. B R A N D O N , Jésus and the Zealots,
p p . 215, n. 3 et 216, n. 1.
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M. SIMON
i n s u r m o n t a b l e . E t p a r ailleurs le fait m ê m e q u e le n o m d e Pella ait é t é r e t e n u p a r la t r a d i t i o n c h r é t i e n n e doit b i e n reposer s u r q u e l q u e chose. S'il avait été m i s en a v a n t p a r q u e l q u e g r o u p e m e n t s e c t a i r e installé s u r p l a c e et se d o n n a n t abusiv e m e n t c o m m e issu d e la c o m m u n a u t é j é r u s a l é m i t e , o n voit m a l p o u r q u o i E u s è b e n ' a u r a i t p a s réfuté c e t t e p r é t e n t i o n . Nier l'historicité d e l'épisode, c'est, m e semble-t-il, p o s e r p l u s d e problèmes qu'on n'en résout.
COURANTS MULTIPLES DANS LA COMMUNAUTÉ PRIMITIVE A propos du martyre de Jacques fils de Zébédée par
O.
CULLMANN
Universités d e Bâle et d e Paris
La Théologie du Judéo-Christianisme d e J e a n Daniélou a m i s à n u u n a s p e c t i n s o u p ç o n n é d u c h r i s t i a n i s m e primitif. N o u s s o m m e s loin a u j o u r d ' h u i d u s c h é m a d e l'Ecole d e T u b i n g u e q u i avait e n f e r m é t o u t e la diversité des p r e m i è r e s é b a u c h e s d e la théologie c h r é t i e n n e d a n s les catégories d ' u n judéoc h r i s t i a n i s m e et d'un pagano-christianisme envisagés t r è s unil a t é r a l e m e n t sous l'angle d e l e u r a t t i t u d e à l'égard d e la loi. D a n s ce s c h é m a , le j u d é o - c h r i s t i a n i s m e a p p a r a i s s a i t sous u n e f o r m e simplifiée q u i n'avait p a s t e n u suffisamment c o m p t e de la multiplicité des ramifications à t r a v e r s lesquelles J. Daniélou a r e c o n s t i t u é u n e p e n s é e théologique c o m m u n e q u i se r a t t a c h e a u j u d a ï s m e tardif (« S p â t j u d e n t u m »). Elle p r é s e n t e u n e richesse d ' a s p e c t s q u i c o r r e s p o n d à celle de ce j u d a ï s m e luimême. E n effet, d ' a p r è s les d é c o u v e r t e s et les é t u d e s r é c e n t e s , celui-ci a é t é lui-même b e a u c o u p p l u s n u a n c é q u ' o n n e l'avait p e n s é autrefois e n o p p o s a n t s i m p l e m e n t le j u d a ï s m e d e la Palestine à celui d e la d i a s p o r a . N o u s savons a u j o u r d ' h u i , s u r t o u t d e p u i s les t r a v a u x s u r les m o u v e m e n t s judéo-baptistes à t e n d a n c e syncrétiste et d e p u i s la découverte des m a n u s c r i t s d e Q u m r a n , q u e le j u d a ï s m e d e l'époque d u Nouveau T e s t a m e n t se d i s t i n g u e p a r u n e t r è s g r a n d e diversité. Il y a p l u s d e q u a r a n t e a n s , j ' a v a i s essayé, d a n s m o n prem i e r livre, c o n s a c r é aux Pseudo-Clémentines*, d e m o n t r e r 1. Le problème littéraire Etude sur le rapport entre Paris 1930.
et historique du le judéo-christianisme
roman pseudo-clémentin. et le gnosticisme, Alcan,
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0 . CULLMANN
c o m m e n t le judéo-christianisme h é r é t i q u e se r a t t a c h e à u n m o u v e m e n t d'idées q u e j ' a v a i s appelé « gnosticisme j u i f » et qu'il v a u d r a i t peut-être m i e u x désigner p a r u n t e r m e soulevant m o i n s d e p r o b l è m e s : « j u d a ï s m e non-conformiste ». E n m ê m e t e m p s , j ' a v a i s essayé d e r e t r o u v e r au-delà d u judéo-christian i s m e h é r é t i q u e c e r t a i n e s formes d e judéo-christianisme o r t h o d o x e qui m e p a r a i s s e n t se r a t t a c h e r à d e s c o u r a n t s juifs existant en m a r g e d u j u d a ï s m e officiel. S u r u n e b a s e p l u s large, englobant t o u t e l a l i t t é r a t u r e c h r é t i e n n e j u s q u ' a u milieu d u d e u x i è m e siècle, J. Daniélou, t o u t en se s e r v a n t e n t r e a u t r e s aussi des sources d u judéo-christianisme h é t é r o d o x e , a suivi les t r a c e s d ' u n e théologie o r t h o d o x e de s t r u c t u r e sémitique p e n d a n t la p é r i o d e i n t e r m é d i a i r e e n t r e le N o u v e a u T e s t a m e n t et les d é b u t s d ' u n e théologie hellénistique. Ici, j e v o u d r a i s essayer d e r e m o n t e r p l u s h a u t q u e cette p é r i o d e j u s q u ' à l'époque d u N o u v e a u T e s t a m e n t p o u r m e t t r e en évidence le r a p p o r t e n t r e les origines m ê m e s d u christian i s m e et ce j u d a ï s m e tardif aux a s p e c t s si multiples. L'Evangile d u Christ, d a n s sa g r a n d e richesse, r e n f e r m e les g e r m e s qui a b o u t i s s e n t à la fois à différentes expressions judéoc h r é t i e n n e s et à son expression hellénistique. Cette évolution est d e v e n u e possible, h i s t o r i q u e m e n t p a r l a n t , p a r c e q u e le berceau m ê m e d u c h r i s t i a n i s m e naissant, le j u d a ï s m e palestinien, n'est n u l l e m e n t c a r a c t é r i s é p a r c e t t e u n i f o r m i t é q u ' o n lui prêtait autrefois e n faisant intervenir s u r t o u t la divergence exist a n t e n t r e P h a r i s i e n s et S a d d u c é e n s . Le j u d a ï s m e palestinien r e n f e r m e en m ê m e t e m p s des é l é m e n t s m a r q u é s p a r u n certain s y n c r é t i s m e hellénistique, et il n e faut p a s croire q u e les m e m b r e s de la p r e m i è r e c o m m u n a u t é c h r é t i e n n e se soient r e c r u t é s u n i q u e m e n t p a r m i les t e n a n t s d'un seul c o u r a n t de ce j u d a ï s m e si varié. Il est a p r i o r i p r o b a b l e q u e t o u t e l'échelle d e p u i s le j u d a ï s m e officiel, à t r a v e r s d e s expressions p l u t ô t m a r g i n a l e s , m a i s tolérées d u j u d a ï s m e , j u s q u ' a u x f o r m a t i o n s d e c o m m u n a u t é s et d e sectes séparées se r e t r o u v e en g e r m e d a n s le christianisme d e la p r e m i è r e h e u r e . C'est là ce q u e n o u s c o n s t a t o n s effectivement en é t u d i a n t les livres d u N o u v e a u T e s t a m e n t . Diversité
et tensions
entre
différents
groupes
L'Evangile du Christ é t a n t le g r a n d f e r m e n t d'unité, le lien e n t r e les différents c o u r a n t s est, a u début, p l u s fort que d a n s
LE MARTYRE DE JACQUES
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le j u d a ï s m e , bien q u e les écrits d u N o u v e a u T e s t a m e n t n o u s a t t e s t e n t déjà la f o r m a t i o n d e p a r t i s et l ' a p p a r i t i o n d'idées théologiques c o m b a t t u e s p a r S. Paul et i n c o m p a t i b l e s avec le n o y a u de l'Evangile, et b i e n q u e les p r e m i è r e s hérésies, de c a r a c t è r e n e t t e m e n t judéo-chrétien, q u i a b o u t i r o n t a u docét i s m e et à l'ébionitisme, s ' a n n o n c e n t déjà. La vision d ' e n s e m b l e i n a t t e n d u e q u e J. Daniélou a c r u pouvoir t i r e r des sources c o m m e « théologie j u d é o - c h r é t i e n n e » p r é s u p p o s e u n e diversité existant déjà a u m o m e n t o ù les prem i e r s convertis a u Christ o n t essayé d e p e n s e r leur foi d a n s les c a d r e s de leurs croyances juives p a r t i c u l i è r e s . Bien qu'il n e soit p a s possible de faire r e m o n t e r c h a q u e é l é m e n t d e c e t t e théologie judéo-chrétienne à l'un ou l'autre d e s c o u r a n t s particuliers d e la c o m m u n a u t é primitive, il m e p a r a î t i m p o r t a n t , p o u r c o m p r e n d r e l'évolution u l t é r i e u r e , de c o n s t a t e r simplem e n t l'existence historique d ' u n e g r a n d e diversité d a n s les p r e m i è r e s c o m m u n a u t é s judéo-chrétiennes en Palestine et en particulier à Jérusalem. Cette diversité est le signe de la richesse spirituelle d e ce c h r i s t i a n i s m e primitif, et ce q u e l'apôtre Paul dit des m e m b r e s individuels de l'Eglise (1 Cor. 12, 4 ss.) p e u t , e n p r i n c i p e , s'appliquer aux expressions p a r t i c u l i è r e s de la foi caractéristiques des différents groupes. L'unité créée p a r le Saint-Esprit, d ' a p r è s le N o u v e a u T e s t a m e n t , n ' e s t p a s l'uniformité, m a i s l'unité d e s c h a r i s m e s . Ce n ' e s t p a s la diversité q u i est la cause des scissions qui, de b o n n e h e u r e , m e n a c e n t l'unité d e l'Eglise, m a i s ce q u e la p r e m i è r e E p î t r e de Clément appelle le Ç Y J X O Ç , la j a l o u s i e , ce vice q u i r i s q u e de s u r g i r p a r t o u t o ù des homm e s se g r o u p e n t et d o n t l ' a u t e u r d e cette é p î t r e d o n n e des exemples tirés de l'Ancien T e s t a m e n t et des é v é n e m e n t s q u i se sont p a s s é s d u t e m p s des a p ô t r e s . Ainsi ce q u e la c o m m u n a u t é c h r é t i e n n e considère c o m m e le plus g r a n d d o n d e l'Esp r i t , le c h a r i s m e , d o n n e lieu à la discorde. La divergence m è n e alors à la scission. Toutefois l'unité est e n c o r e sauvegardée. Mais la jalousie q u e l ' a p ô t r e Paul d é p l o r e d a n s l ' E p î t r e aux Philippiens ( c h a p . 1, 15 ss.) s'annonce déjà d a n s c e r t a i n e s tensions, d a n s la f o r m a t i o n d e p a r t i s . Au m o m e n t des persécutions, la solidarité n e se m a n i f e s t a p a s d'une m a n i è r e parfaite. 2
2. / Clém.,
s u r t o u t c h a p . 3-6.
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0 . CULLMANN 3
J'ai m o n t r é a i l l e u r s q u e les p r e m i è r e s p e r s é c u t i o n s qui se s o n t a b a t t u e s s u r des m e m b r e s de la c o m m u n a u t é d e Jérusalem, n o u s révèlent l'existence d e la diversité, d o n c la g r a n d e variété de ce judéo-christianisme, d ' a u t r e p a r t p r é c i s é m e n t la m e n a c e d u Ç T I X O ^ , de t e n s i o n s qui a p p a r a i s s e n t à ce moment-là. Car c h a q u e fois u n seul g r o u p e est p e r s é c u t é alors q u e le r e s t e d e la c o m m u n a u t é est é p a r g n é , ce qui, s a n s i m p l i q u e r n é c e s s a i r e m e n t d é j à u n m a n q u e de solidarité face aux perséc u t e u r s , r o m p t c e p e n d a n t effectivement la solidarité d a n s la souffrance. D'un a u t r e côté, les p e r s é c u t i o n s font p r o g r e s s e r c h a q u e fois la c a u s e d u g r o u p e p e r s é c u t é q u i , expulsé et disp e r s é , r é p a n d son type p a r t i c u l i e r de c h r i s t i a n i s m e e n d e h o r s d e la s p h è r e d e la c o m m u n a u t é primitive. Dans les p r e m i e r s t e m p s , n o u s p o u v o n s distinguer à ce sujet s u r t o u t deux é t a p e s : d ' a b o r d la p e r s é c u t i o n dirigée c o n t r e les « Hellénistes » d e J é r u s a l e m d'Actes 6 - 8. T o u t e n s'appelant « Hellénistes » ils sont, e n réalité, des judéo-chrétiens d ' u n e t e n d a n c e p a r t i c u l i è r e . A l'intérieur de la c o m m u n a u t é primitive d e J é r u s a l e m , ils r e p r é s e n t e n t u n g r o u p e p a r t i c u l i e r qui se r a t t a c h e p r é c i s é m e n t à ce j u d a ï s m e non-conformiste et qui, selon des r e c h e r c h e s r é c e n t e s , p r é s e n t e u n e c e r t a i n e p a r e n t é avec la religion s a m a r i t a i n e . M. S i m o n a relevé avec raison des parallèles e n t r e le d i s c o u r s d ' E t i e n n e (Actes 7) et l'ébion i t i s m e d e s P s e u d o - C l é m e n t i n e s . La p e r s é c u t i o n c h a s s a ces m e m b r e s de l'Eglise p r i m i t i v e de J é r u s a l e m q u i allèrent prêc h e r l'Evangile en S a m a r i e , alors q u e les douze p o u v a i e n t r e s t e r à J é r u s a l e m (Actes 8,1). Cela p r o u v e q u e l'ensemble de la c o m m u n a u t é n e p a r t a g e a i t p a s les idées t r è s p a r t i c u l i è r e s et t r è s h a r d i e s d e ce g r o u p e , telles q u e n o u s p o u v o n s les r e c o n s t r u i r e d ' a p r è s l'aperçu s u r l'histoire d'Israël c o n t e n u d a n s le d i s c o u r s d ' E t i e n n e . Dispersés, ces Hellénistes prêchaient l'évangile en S a m a r i e . 4
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3. V o i r « D i s s e n s i o n s W i t h i n t h e E a r l y C h u r c h », d a n s Union Quarterly Review 1967, p . 83 s s .
Seminary
4. V o i r m o n a r t i c l e « La S a m a r i e e t les o r i g i n e s c h r é t i e n n e s » q u i paraît r a p r o c h a i n e m e n t d a n s l e s Mélanges offerts à W. S e s t o n . 5. M . SIMON, St. Stephen and the Hellenists in the Primitive Church, 1958, p . 113 s s . Il les e x p l i q u e p a r u n e influence de c e s H e l l é n i s t e s s u r les E b i o n i t e s . Je les c o n s i d è r e p l u t ô t c o m m e la c o n s é q u e n c e d'un enracin e m e n t c o m m u n d a n s le j u d a ï s m e n o n - c o n f o r m i s t e .
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LE MARTYRE DE JACQUES e r
Plus t a r d , la p e r s é c u t i o n d ' H é r o d e Agrippa I f r a p p a J a c q u e s fils d e Zébédée et P i e r r e (Actes 12, 1 ss.). L'un fut t u é , l'autre, délivré d e la p r i s o n d e J é r u s a l e m , d u t q u i t t e r cette ville et r é p a n d i t l'évangile d a n s d ' a u t r e s régions, alors q u e J a c q u e s frère d u Christ p o u v a i t rester à J é r u s a l e m . N o u s allons n o u s occuper précisément de cette persécution . 6
Elle m e p a r a î t p r o u v e r q u e la diversité d e s p o i n t s d e vue p a r m i les c h r é t i e n s d e la Palestine é t a i t p l u s g r a n d e e n c o r e q u ' o n n e l ' a d m e t g é n é r a l e m e n t . Déjà les Hellénistes d e Jérusalem se distinguaient des H é b r e u x n o n s e u l e m e n t p a r leur a t t i t u d e à l'égard d u culte d u T e m p l e , m a i s ils avaient, — ce q u ' u n e analyse détaillée d u d i s c o u r s d ' E t i e n n e p r o u v e —, u n e c o n c e p t i o n différente d e l'histoire du salut d u p e u p l e d ' I s r a ë l à laquelle ils é t a i e n t p o u r t a n t f o r t e m e n t a t t a c h é s . E . L o h m e y e r a essayé d e d i s t i n g u e r la théologie galiléenne e t la théologie j u d é e n n e des p r e m i e r s c h r é t i e n s , e t des é t u d e s p l u s r é c e n t e s o n t essayé d ' a p p r o f o n d i r c e t t e q u e s t i o n , bien que, é t a n t d o n n é l'état des sources, elles doivent r e c o u r i r nécessairement à une argumentation plutôt indirecte . 7
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Divergences
entre
dirigeants
Les divergences v o n t c e p e n d a n t p l u s loin. Elles p e u v e n t ê t r e c o n s t a t é e s j u s q u e d a n s le cercle des « colonnes », des C T T U X O I q u i s o n t à la tête m ê m e de l'Eglise d e J é r u s a l e m . Cela n'est p a s é t o n n a n t . Car déjà la t r a d i t i o n évangélique s u r les disciples appelés p a r J é s u s n o u s fait c o n n a î t r e d e g r a n d e s différ e n c e s sociales et politiques q u i existent e n t r e eux. Cela con6. On pourrait m e n t i o n n e r c o m m e troisième étape le procès intenté p l u s t a r d c o n t r e l ' a p ô t r e Paul l o r s d e s o n d e r n i e r s é j o u r à J é r u s a l e m e t a u c o u r s d u q u e l l a s o l i d a r i t é d e s m e m b r e s d e la c o m m u n a u t é , m ê m e d'après l e livre d e s A c t e s , n'a e n t o u t c a s p a s é t é p a r f a i t e . D'ailleurs l ' a p ô t r e P a u l e n se r e n d a n t à J é r u s a l e m p o u r y r e m e t t r e la c o l l e c t e , s i g n e d e l'unité, e s t f o r t a n x i e u x e t c o m p t e e n p r i n c i p e a v e c l a p o s s i b i l i t é q u e la c o l l e c t e p u i s s e ê t r e r e f u s é e ( « priez p o u r q u ' e l l e s o i t a c c e p tée ! » R o m . 1 5 , 3 0 ss.), ce qui aurait équivalu à son exclusion. Jacques f r è r e d e J é s u s s e v o i t l u i - m ê m e o b l i g é d'avertir l'apôtre P a u l à s o n a r r i v é e de l'hostilité d'un groupe judéo-chrétien (Actes 2 1 , 1 8 ss.). 7 . E . LOHMEYER, Galiläa und Jerusalem, 1936. 8 . Cf. W . GRUNDMANN, Jesus der GaliVder und das Judentum, 1940, et H.R. BALZ, Methodische Probleme der neutestamentlichen Christologie, 1967, surtout p. 171 ss.
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0 . CULLMANN
c e r n e à la fois le g r o u p e r e s t r e i n t des douze et le cercle p l u s large des disciples. Une p a r t i e des d o u z e , s û r e m e n t l'un d ' e n t r e eux ( S i m o n le « Cananéen » = « zélotès »), p r o b a b l e m e n t d'autres e n c o r e , se r e c r u t a i e n t d a n s le p a r t i de r é s i s t a n c e des Zélotes a u q u e l ils avaient a p p a r t e n u a v a n t d'avoir suivi J é s u s . Un a u t r e , LéviM a t t h i e u , avait été, a u c o n t r a i r e , publicain, profession absol u m e n t i n t e r d i t e a u x Zélotes, les g r a n d s adversaires d e t o u s les « c o l l a b o r a t e u r s ». L'évangile j o h a n n i q u e doit p r o v e n i r d ' u n milieu social e n c o r e fort différent, et il n o u s fait c o n n a î t r e des disciples intimes d u C h r i s t a p p a r t e n a n t à ce milieu. D'ailleurs une p a r t i e en t o u t cas des « Hellénistes », m e n t i o n n é s t o u t à l'heure, q u e n o u s t r o u v o n s , dès la p r e m i è r e h e u r e , d a n s l'Eglise jérusalém i t e doivent avoir suivi J é s u s d é j à a u c o u r s d e son m i n i s t è r e . La p r e m i è r e c o m m u n a u t é n e se c o m p o s a i t donc pas uniquem e n t d e p ê c h e u r s galiléens . Certaines divergences m ê m e théologiques doivent d o n c avoir existé d é j à d a n s le p r e m i e r g r o u p e . D'une façon t r o p schématique, o n a l ' h a b i t u d e d ' a d m e t t r e d a n s le cercle des dirigeants d e J é r u s a l e m , — q u i serait p o u r le r e s t e , d a n s cette perspective, p a r f a i t e m e n t h o m o g è n e —, s e u l e m e n t u n a n t a g o n i s m e e n t r e les a p ô t r e s Paul et P i e r r e . Mais p r é c i s é m e n t e n t r e ces deux-là il n e p a r a î t p a s y avoir e u opposition p r o p r e m e n t dite. A b s t r a c t i o n faite d ' u n e fausse i n t e r p r é t a t i o n d u récit paulinien s u r l'incident d'Antioche (Gai. 2, 11 ss.) qui, loin de p r o u v e r u n e différence doctrinale e n t r e les d e u x a p ô t r e s , affirme en réalité a u c o n t r a i r e leur a c c o r d de principe, o n a subi, sous ce r a p p o r t , i n c o n s c i e m m e n t d ' u n e p a r t l'influence de la littér a t u r e ébionite, d ' a u t r e p a r t celle d u m a r c i o n i s m e . N o n seul e m e n t p o u r la q u e s t i o n d e l'universalisme, m a i s aussi a u point d e v u e christologique, P i e r r e était t r è s p r o c h e de Paul. 9
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9. V o i r m o n livre Dieu et César, D e l a c h a u x e t N i e s t l é , Paris 1956 ( m a i n t e n a n t d a n s le r e c u e i l Etudes de Théologie Biblique, ibid. 1968, p . 81 s s . ) e t m o n a r t i c l e . « Le d o u z i è m e a p ô t r e » d a n s Revue d'Histoire et de Philosophie Religieuses, 1962, p . 133 s s . 10. D'autre p a r t , il n e f a u t p a s s e r e p r é s e n t e r l e s p ê c h e u r s g a l i l é e n s c o m m e é t a n t s a n s a u c u n e c u l t u r e t h é o l o g i q u e , m a l g r é Actes 4, 13. 11. L u c a c e r t a i n e m e n t c o n s e r v é u n s o u v e n i r e x a c t l o r s q u e , d a n s l e s d i s c o u r s d e Pierre, celui-ci a p p e l l e J é s u s « e b e d » = 7u<xï<. V o i r m o n livre s u r Saint Pierre, Disciple, Apôtre, Martyr, Delachaux et Niestlé, P a r i s 1952, p . 58 s s .
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LE MARTYRE DE JACQUES
C'est e n c o r e u n e persécution, celle déjà m e n t i o n n é e d ' H é r o d e Agrippa I , q u i n o u s p e r m e t d e deviner qu'il y avait différence d u r e s t e des d i r i g e a n t s p a r r a p p o r t à Pierre, et s u r t o u t p a r r a p p o r t à Jacques fils d e Zébédée. La notice d u livre des Actes s u r le m a r t y r e d e J a c q u e s est s i n g u l i è r e m e n t brève. Sept m o t s s e u l e m e n t s o n t c o n s a c r é s à u n é v é n e m e n t qui p o u r t a n t a d û bouleverser la c o m m u n a u t é d e J é r u s a l e m : « ( H é r o d e ) t u a J a c q u e s le frère d e J e a n avec le glaive » ( c h a p . 12, 2). Les c o m m e n t a i r e s relèvent, e n p a s s a n t , le silence de l ' a u t e u r s u r les c i r c o n s t a n c e s d e ce m a r t y r e , m a i s s a n s s'y a r r ê t e r l o n g t e m p s . Il est v r a i q u e E. H a e n c h e n essaye de l'expliquer : l'auteur a u r a i t voulu a r r i v e r le p l u s vite possible à l'histoire édifiante de la délivrance de Pierre. C'est p o u r c e t t e r a i s o n qu'il a u r a i t été si laconique s u r la m o r t de J a c q u e s . J e n e crois p a s c e t t e explication suffisante. Comm e n t Luc, a p r è s s'être é t e n d u si l o n g u e m e n t s u r le m a r t y r e de l'Helléniste E t i e n n e , a-t-il p u p a s s e r si r a p i d e m e n t s u r celui d e J a c q u e s fils de Zébédée ? Il s'agit p o u r t a n t , n o n s e u l e m e n t d e l'un des disciples les p l u s i n t i m e s d e Jésus, d ' a p r è s la trad i t i o n suivie p a r Luc c o m m e p a r les a u t r e s s y n o p t i q u e s , m a i s s u r t o u t J a c q u e s est le p r e m i e r des Douze qui ait subi le martyre ! Il est impossible de p e n s e r q u e l ' a u t e u r n'ait p a s disposé de r e n s e i g n e m e n t s ou de s o u r c e s s u r cet i m p o r t a n t é v é n e m e n t . er
1 2
er
La persécution d'Agrippa I à la lumière des martyres de Pierre
et de
Paul
Le r a p p r o c h e m e n t s'impose avec u n silence analogue d u livre des Actes s u r d ' a u t r e s é v é n e m e n t s . Depuis l o n g t e m p s , o n a été f r a p p é q u ' a p r è s avoir r a c o n t é t o u t e s les p é r i p é t i e s des voyages m i s s i o n n a i r e s d e l ' a p ô t r e Paul, il n e n o u s dise rien s u r sa m o r t , et b i e n des h y p o t h è s e s o n t été é m i s e s p o u r expliq u e r ce fait. Il est t o u t aussi é t o n n a n t q u e n o u s n ' a p p r e n i o n s r i e n s u r la m o r t d e l'apôtre P i e r r e d o n t la délivrance miraculeuse d e la p r i s o n est r a p p o r t é e , avec t o u s les d é t a i l s , a u c h a p . 12. Bien q u e la m o r t d e J a c q u e s fils d e Zébédée n e soit p a s passée c o m p l è t e m e n t sous silence, il y a t o u t d e m ê m e analogie, c a r a b s o l u m e n t r i e n n'est dit s u r les c i r c o n s t a n c e s , et cela m e p a r a î t m ê m e p l u s a n o r m a l q u e si son m a r t y r e 12. Die Apostelgeschichte (Krit.-exeg. K o m m e n t a r u b e r d a s N . T.), 5« é d . , V a n d e n h o e c k et R u p r e c h t , G ô t t i n g e n 1965, p . 332.
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0 . CULLMANN
n'avait p a s été m e n t i o n n é d u tout, c o m m e c'est le cas p o u r celui des a p ô t r e s P i e r r e et Paul. Q u a n t a u m a r t y r e d e ces deux d e r n i e r s , j ' a i p r o p o s é u n e h y p o t h è s e : Luc, q u i a écrit son d e u x i è m e livre p o u r mont r e r c o m m e n t le Saint-Esprit a p o u s s é les a p ô t r e s à r e n d r e témoignage a u Christ « d e p u i s J é r u s a l e m , la J u d é e et la Samarie j u s q u ' a u x confins d u m o n d e » (Actes 1,8), a r a c o n t é les é v é n e m e n t s d a n s lesquels il a vu ce S a i n t - E s p r i t à l'oeuvre. C'est ce b u t qui l'a guidé. Ainsi s a n s avoir d i r e c t e m e n t défig u r é la vérité, il a c e p e n d a n t m i n i m i s é o u p a s s é sous silence d ' a u t r e s faits p r o v e n a n t d ' a u t r e s e s p r i t s q u i n ' o n t r i e n de c o m m u n avec le Saint-Esprit. N o u s p o u v o n s n o u s e n r e n d r e c o m p t e l o r s q u e n o u s c o m p a r o n s la m a n i è r e d o n t lui-même et l'apôtre Paul r a p p o r t e n t le m ê m e d é r o u l e m e n t de l'histoire d e l'Eglise primitive. Déjà e n p a r t a n t d e là la q u e s t i o n se pose d e savoir si les c i r c o n s t a n c e s d a n s lesquelles Pierre et Paul o n t subi le m a r t y r e n ' a u r a i e n t p a s é t é c o n f o r m e s a u b u t d'édification q u e Luc se p r o p o s a i t . 13
Mais ce n'est p a s là u n e simple h y p o t h è s e . L ' a u t e u r de la p r e m i è r e E p î t r e d e C l é m e n t est le p r e m i e r à p a r l e r d e la m o r t des deux a p ô t r e s ( c h a p . 5). Il n e le fait p a s d a n s u n i n t é r ê t h i s t o r i q u e , m a i s p o u r convaincre les C o r i n t h i e n s , d é s u n i s p a r la jalousie de q u e l q u e s m e m b r e s d e l'Eglise, q u e la jalousie e n t r e frères a t o u j o u r s d e s c o n s é q u e n c e s néfastes e t qu'elle e n t r a î n e souvent la m o r t , voire m ê m e qu'elle m e t la c o m m u n a u t é , d a n s laquelle elle se manifeste, e n péril d e la p a r t des p a ï e n s ( p e r s é c u t e u r s ) ( c h a p . 47, 7). D ' a u t r e p a r t l ' a p ô t r e Paul lui-même n o u s dit d a n s l ' E p î t r e aux Philippiens ( 1 , 15-17) q u e c e r t a i n s m e m b r e s d e l'Eglise, q u i p r ê c h e n t l'Evangile d a n s u n e s p r i t « d e jalousie et d e d i s c o r d e », p e n s e n t lui faire d e s difficultés d a n s la p r i s o n où il se t r o u v e . Si c e t t e captivité est celle d e R o m e (les r a i s o n s invoquées c o n t r e c e t t e opinion traditionnelle n e m e p a r a i s s e n t p a s suffisantes), cela s'accorde p a r f a i t e m e n t avec ce q u e Clément n o u s d i t i m p l i c i t e m e n t d'une jalousie q u i a u r a i t divisé la c o m m u n a u t é d e c e t t e ville l o r s q u e l ' a p ô t r e Paul y s u b i t le m a r t y r e . Il p e u t se c o n t e n t e r d ' u n e allusion. Les faits devaient ê t r e c o n n u s , e t il est, e n t o u t cas, c e r t a i n q u e la jalousie (^Xo) est i n d i q u é e c o m m e la cause du m a r t y r e d e l'apôtre Paul. 13. « L e s c a u s e s d e l a m o r t d e P i e r r e e t d e P a u l d ' a p r è s l e t é m o i g n a g e d e C l é m e n t R o m a i n », d a n s Revue d'Histoire et de Philosophie Religieuses, 1930, p . 294 s s . , e t Saint Pierre, Disciple, Apôtre, Martyr, p . 79 s s .
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Q u a n t à l ' a p ô t r e Pierre, ce n ' e s t p a s aussi évident. Le texte dit : « ... P i e r r e qui, à cause d ' u n e jalousie injuste, a e n d u r é n o n p a s u n e ni deux, m a i s p l u s i e u r s souffrances, et a p r è s avoir r e n d u ainsi témoignage s'en est allé a u lieu d e la gloire qui lui était dû. » Le m a r t y r e est m a n i f e s t e m e n t visé à la fin de la p h r a s e . Clément n e dit p a s explicitement ici qu'il ait été p r o v o q u é p a r la jalousie c o m m e les souffrances m e n t i o n n é e s a u p a r a v a n t . C e p e n d a n t le c o n t e x t e le suggère m a n i f e s t e m e n t . D'ailleurs il est t r è s p r o b a b l e q u e la m o r t d e P i e r r e se r a p p o r t e c o m m e celle de Paul à la p e r s é c u t i o n d e N é r o n , p u i s q u e l'exemple suivant ( c h a p . 6, 1) q u i fait allusion à « la g r a n d e foule d'élus » doit ê t r e r a p p r o c h é de la « m u l t i t u d o ingens » d o n t p a r l e Tacite à p r o p o s d e s supplices infligés aux c h r é t i e n s à ce m o m e n t - l à (Annales, 15, 44), et q u e leur cas est express é m e n t assimilé p a r Clément à celui d e P i e r r e et d e Paul : « à ces h o m m e s fut associée la g r a n d e foule d'élus ». Le m a r t y r e d e P i e r r e doit d o n c avoir e u lieu d a n s les m ê m e s circonst a n c e s caractérisées p a r le t e r m e d e Ç T J X O Ç . Mais le silence d u livre d e s Actes s u r le m a r t y r e de J a c q u e s , a v a n t le récit de l ' e m p r i s o n n e m e n t d e P i e r r e s u r l ' o r d r e d ' H é r o d e Agrippa I , doit n o u s inciter à p r ê t e r a t t e n t i o n à ce q u e Clément dit, n o n s e u l e m e n t d u martyre de l'apôtre Pierre, m a i s aussi d e s nombreuses souffrances qu'il a d û endur e r « à la suite d'une injuste jalousie » dès avant d ' « ê t r e allé a u lieu d e la gloire ». N o u s c o n n a i s s o n s les souffrances q u i o n t e n v e n i m é t o u t le m i n i s t è r e d e l'apôtre Paul, p o u r s u i v i c o n s t a m m e n t et p a r t o u t p a r la j a l o u s i e d e s j u d a ï s t e s . N o u s n e savons r i e n d e p r é c i s s u r les souffrances d e Pierre, v i c t i m e de la jalousie d'après Clément. Tout a u p l u s a p p r e n o n s - n o u s , d a n s Gai. 2, 12, qu'il avait à c r a i n d r e « c e u x d e la circoncision » a u m o m e n t o ù a r r i v è r e n t à Antioche « q u e l q u e s gens d e l'ent o u r a g e d e J a c q u e s ». S'il é t a i t t h é o l o g i q u e m e n t p r o c h e d e Paul, c o m m e j e l'ai dit, n o u s devinons q u e , m a l g r é l'incident d'Antioche, il était aussi solidaire des souffrances q u e leur valut la j a l o u s i e des m ê m e s a d v e r s a i r e s . er
Il n'est p a s possible d e t i r e r d u d o u z i è m e c h a p i t r e d u livre des Actes des indications p l u s précises s u r ces souffrances de l ' a p ô t r e P i e r r e causées p a r la jalousie. T o u t a u p l u s pouvonsn o u s s u p p o s e r qu'il n'a p a s été s o u t e n u j u s q u ' a u b o u t p a r t o u s les d i r i g e a n t s d e l'Eglise d e J é r u s a l e m . E n effet, la persécution p a r H é r o d e Agrippa n ' a frappé q u e J a c q u e s et P i e r r e
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et q u e l q u e s Tive£ ( c h a p . 12, 1) qui c e r t a i n e m e n t n e doivent p a s ê t r e c h e r c h é s p a r m i les a u t r e s chefs de la c o m m u n a u t é . Car Luc n ' a u r a i t p a s m a n q u é d e les n o m m e r . D a n s ce cas, l'argum e n t « e silentio » doit a b s o l u m e n t ê t r e p r i s e n considération. P o u r c e t t e raison, la thèse, émise autrefois p a r E. S c h w a r t z et suivie p a r d ' a u t r e s , selon laquelle le frère de J a c q u e s , J e a n fils d e Zébédée, a u r a i t subi le m a r t y r e en m ê m e t e m p s m a n q u e de f o n d e m e n t . Le p r i n c i p a l a r g u m e n t q u ' o n a invoqué n'est n u l l e m e n t convaincant : la p r é d i c t i o n d u m a r t y r e adressée p a r J é s u s aux deux frères d a n s Me 10, 38 serait u n e « prop h é t i e ex e v e n t u ». M ê m e si l'expression ßa7TTtcy(xa ßa7CTia69)vai doit ê t r e i n t e r p r é t é e d a n s le sens d e « m o u r i r » , il est p l u s p r o b a b l e que c e t t e p a r o l e a d o n n é , a u c o n t r a i r e , n a i s s a n c e à la t r a d i t i o n s u r le m a r t y r e de l'apôtre J e a n , r a p p o r t é e p a r Ph. Sidetes ( V siècle) et G. H a m a r t o l o s ( i x siècle) e t se réclam a n t d e Papias, m a i s c o n t r e d i t e p a r I r é n é e (Adv. Haer. I I , 23, 3 s ) . 1 4
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E n réalité, J a c q u e s et Pierre é t a i e n t p a r m i les Douze les seules victimes d e la p e r s é c u t i o n d ' H é r o d e Agrippa I . Les a u t r e s a p ô t r e s , et s u r t o u t J a c q u e s frère d e J é s u s , e n furent épargnés. Ne voyons-nous p a s se r é p é t e r ici, mutatis mutandis, ce q u i s'était p a s s é a u t e m p s d e la p e r s é c u t i o n q u i a suivi le m a r tyre d ' E t i e n n e , l o r s q u e les Douze p o u v a i e n t r e s t e r à J é r u s a l e m alors q u e les Hellénistes, m e m b r e s de la m ê m e c o m m u n a u t é , furent dispersés ? Certes, n o s sources n e n o u s p e r m e t t e n t p a s d e p a r l e r d é j à ici de ÇvjXoç, m a i s e n t o u t cas les d e u x a p ô t r e s a r r ê t é s doivent avoir eu u n e a t t i t u d e et s a n s d o u t e avoir préconisé d e s idées considérées c o m m e plus subversives p a r le j u d a ï s m e officiel q u e celles des a u t r e s « colonnes » q u i étaient er
14. Ueber den Tod der Söhne Zebedaei. A b h . d e r G e s . W i s s . V I I , 5, G ö t t i n g e n 1904. 15. P a r e x . M. GOGUEL, La naissance du Christianisme, P a y o t , P a r i s 1946, p. 503 s. 16. Ce q u i m e p a r a î t p r o b a b l e , m a i s a p u ê t r e c o n t e s t é a v e c d e s argum e n t s s é r i e u x p a r G. DELLING, Novum Testamentum, 1957, p . 112, e t a v a n t lui p a r O. K u s s , « Z u r F r a g e e i n e r v o r p a u l i n i s c h e n T o d e s s t r a f e », Münchenes Theol. Zeitschr., 1953, p . 1 s s . 17. L a l é g e n d e , r a p p o r t é e d ' a p r è s l e s Hypotyp. (VII) de Clément d'Alexandrie p a r E u s è b e (H. E. I I , 9, 1-3), s e l o n l a q u e l l e c e l u i q u i a v a i t accompagné Jacques au supplice, e n confessant lui-même sa foi e n JésusChrist, a u r a i t s u b i le m a r t y r e a v e c lui, p o u r r a i t ê t r e , à c ô t é d e M e 10, 38, une d e u x i è m e racine d e cette tradition.
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à la tête de l'Eglise. La p e r s é c u t i o n d e Pierre, d'Actes 12, n e serait-elle p a s u n e de ces « souffrances » q u e Clément m e t en r a p p o r t avec la « j a l o u s i e » ? J a c q u e s a y a n t été t u é dès le d é b u t , o n est t e n t é de le consid é r e r c o m m e celui d e s deux q u i p a r a i s s a i t le p l u s d a n g e r e u x à H é r o d e . Quoi qu'il e n soit, cet a p ô t r e d o n t le rôle d a n s la c o m m u n a u t é primitive n o u s est si p e u c o n n u doit avoir été u n e p e r s o n n a l i t é t r è s m a r q u é e , p r o c h e d e P i e r r e et différente des a u t r e s chefs. Le martyre
de
Jacques
Le silence si e x t r a o r d i n a i r e d u livre des Actes s u r les circ o n s t a n c e s d u m a r t y r e d e J a c q u e s n e serait-il p a s d û à c e t t e divergence ? L o r s q u ' o n tient c o m p t e d e la t e n d a n c e signalée d e L u c à m i n i m i s e r o u à t a i r e les tensions et m ê m e les divergences e n t r e les m e m b r e s d e la c o m m u n a u t é primitive, il n e s e r a p a s t r o p h a s a r d e u x d'avancer c e t t e h y p o t h è s e . Cela p a r a î t confirmé p a r le fait q u e P i e r r e a b a n d o n n e la direction de l'Eglise à J a c q u e s frère d e J é s u s , qui déjà a u p a r a v a n t et dès le d é b u t p a r a î t avoir o c c u p é à côté d e P i e r r e et des Douze u n e place m a l définie. Peut-être est-il exagéré de p a r l e r de tensions, m a i s e n t o u t cas les divergences d a n s la c o m m u n a u t é p r i m i t i v e s'étendaient m ê m e a u cercle des chefs, j u s q u e d a n s celui des Douze q u i f o r m a i e n t s a n s d o u t e , eux aussi, u n g r o u p e m o i n s h o m o g è n e q u ' o n n e se le r e p r é s e n t e d ' h a b i t u d e ; et cela explique m i e u x q u ' u n j u d é o - c h r i s t i a n i s m e aux a s p e c t s si multiples ait p u p a r t i r d e là, bien que, é v i d e m m e n t , des influences é t r a n g è r e s aient j o u é u n c e r t a i n rôle d a n s l'évolution u l t é r i e u r e . Mais il r e s t e à se d e m a n d e r si, d a n s le cas d e J a c q u e s fils de Zébédée, n o u s p o u v o n s identifier c e r t a i n s t r a i t s caractérist i q u e s , u n c e r t a i n type de c h r i s t i a n i s m e , c o m m e n o u s avons p u le faire p o u r E t i e n n e et p o u r Pierre. Pouvons-nous le r a t t a c h e r à u n c o u r a n t juif d é t e r m i n é ? La r é p o n s e à cette q u e s t i o n est difficile et n e p e u t ê t r e t e n t é e qu'avec u n e g r a n d e p r u d e n c e , p u i s q u e n o u s n ' a v o n s a u c u n e source ancienne, c o m m e n o u s l'avons vu, s u r l'activité d e J a c q u e s fils de Zébédée d a n s l'Eglise primitive. N o u s s o m m e s m i e u x renseignés s u r le rôle qu'il a j o u é d u vivant de J é s u s . Les s y n o p t i q u e s en p a r l e n t , t a n d i s q u e l'évangile j o h a n n i q u e (à p a r t le c h a p . 21, 2 qui est u n e a d d i t i o n )
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n e le m e n t i o n n e p a s d u t o u t . Avec son frère, il d e m a n d e à J é s u s , e m p ê c h é p a r les S a m a r i t a i n s d ' e n t r e r d a n s l'un d e leurs villages, d e faire pleuvoir le feu d u ciel s u r ses h a b i t a n t s (Luc 9, 54 ss.). On p e u t e n c o n c l u r e q u e les d e u x frères avaient u n c a r a c t è r e i m p é t u e u x , et le s u r n o m « b o a n e r g e s » (fils d u t o n n e r r e ) q u e J é s u s leur a d o n n é , d ' a p r è s M a r c 3, 17, p o u r r a i t le confirmer, b i e n q u e les s u r n o m s se r a p p o r t e n t g é n é r a l e m e n t à u n e fonction. La d e m a n d e qu'ils a d r e s s e n t à J é s u s d ' ê t r e assis d a n s le R o y a u m e à sa d r o i t e et à s a g a u c h e p o u r r a i t faire p e n s e r a u x a s p i r a t i o n s d e s Zélotes. Faut-il p r ê t e r à Jacq u e s des t e n d a n c e s zélotes ? Mais d ' a b o r d il faut se d e m a n d e r quel a é t é le motif d e c e t t e p r e m i è r e c o n d a m n a t i o n à m o r t d'un a p ô t r e , si toutefois il faut a d m e t t r e qu'il y a e u u n verdict. E d . S c h w a r t z et A. L o i s y p e n s a i e n t q u e la décision, favorable à la m i s s i o n p a u l i n i e n n e (Gai. 2, 6 ss.), p r i s e à la conférence d e J é r u s a l e m p a r les « colonnes », a u r a i t d é t e r m i n é le roi, s u r la d e m a n d e d e s Pharisiens, à sévir c o n t r e J a c q u e s et P i e r r e . Mais o n fait r e m a r q u e r avec r a i s o n q u e , d a n s ce cas, o n n e s'expliquerait p a s q u e J a c q u e s frère d e J é s u s , q u i avait p r i s p a r t lui aussi à c e t t e conférence, fût é p a r g n é . 1 8
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Le m o d e de l'exécution d e J a c q u e s « p a r le glaive », mentionnée d a n s la b r è v e n o t i c e d e s Actes relative à s o n m a r t y r e , p o u r r a i t n o u s p e r m e t t r e d e p r é c i s e r le motif d e la c o n d a m n a t i o n à m o r t , si la s i t u a t i o n j u r i d i q u e d u t e m p s d H é r o d e Agrippa I était p a r f a i t e m e n t claire. M a l h e u r e u s e m e n t , elle n e l'est p a s . D'une p a r t , la q u e s t i o n se p o s e d e savoir si H é r o d e avait le jus gladii; d ' a u t r e p a r t , si l'exécution p a r le glaive était u n e p e i n e r o m a i n e o u b i e n si elle p o u v a i t ê t r e p r a t i q u é e aussi à la s u i t e d ' u n e c o n d a m n a t i o n juive. E . H a e n c h e n et a p r è s lui J. D a u v i l l i e r p r é t e n d e n t q u e le roi H é r o d e Agrippa I avait le jus gladii. Il y a b i e n u n texte q u i p e u t ê t r e invoqué e n faveur d e c e t t e s u p p o s i t i o n q u e Luc p a r a î t a d m e t t r e (Jos. Ant. 19, 7, 1). Toutefois J. B l i n z l e r , a p r è s avoir é t u d i é à fond e r
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18. 19. 20. 21. 22. 23. 1962,
« N o c h e i n m a l : D e r T o d d e r S o h n e Z e b e d a e i » , ZNW. Les Actes des Apôtres, N o u r r y , P a r i s 1920, p . 480 s s . Ainsi a v e c r a i s o n E . HAENCHEN, op. cit., p . 325, n . 1. Op. cit., p . 325. Les Temps Apostoliques, S i r e y , P a r i s 1970, p . 657 s s . « Z u r H i n r i c h t u n g d e s Z e b e d a e i d e n J a c o b u s », Novum p . 191 s s .
1910, p . 89 s s .
Testamentum,
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l'ensemble d e s passages de J o s è p h e susceptibles d e j e t e r quelq u e l u m i è r e s u r cette q u e s t i o n j u r i d i q u e , croit devoir c o n c l u r e , avec J. J u s t e r , q u e seul le S a n h é d r i n , et n o n le roi, é t a i t a u t o r i s é à p r o n o n c e r la c o n d a m n a t i o n à m o r t . L u c a u r a i t v o u l u en r e n d r e r e s p o n s a b l e le roi, afin d e p o u v o i r m i e u x e x p l i q u e r ainsi sa m o r t d o u l o u r e u s e et s u b i t e c o m m e u n e p u n i t i o n p o u r la p e r s é c u t i o n des c h r é t i e n s . Toutefois la q u e s t i o n n e p e u t p r o b a b l e m e n t p a s ê t r e t r a n c h é e d'une m a n i è r e s û r e . 2 4
Il e n est d e m ê m e p o u r le m o d e de l'exécution. Déjà B i l l e r b e c k a e x a m i n é d e u x p a s s a g e s d e la Mischna, Sanh. 7,3a et 9,1, q u i p a r l e n t d e d é c a p i t a t i o n p a r le glaive, exécution réservée d'une part aux meurtriers, d'autre part aux habitants d ' u n e ville d o n t la m a j o r i t é s'est laissée e n t r a î n e r à l'apostasie. Ni l'un ni l ' a u t r e cas n e p o u v a n t s'appliquer à J a c q u e s , Billerbeck c o n c l u t q u e la m i s e à m o r t d e l ' a p ô t r e p a r le glaive n ' e u t p a s lieu selon les règles établies p a r la M i s c h n a . 25
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D a n s ces c o n d i t i o n s , j ' i n c l i n e r a i s p l u t ô t à p e n s e r q u e J a c q u e s fut c o n d a m n é p a r H é r o d e p o u r u n c r i m e p o l i t i q u e c o m m i s c o n t r e l ' e m p e r e u r , d i s o n s p o u r zélotisme. La p e i n e a u r a i t d o n c p l u t ô t é t é r o m a i n e , la d é c a p i t a t i o n , la p e i n e j u i v e p o u r b l a s p h è m e é t a n t la l a p i d a t i o n . C e r t a i n e m e n t , H é r o d e p o u v a i t ê t r e s û r d e p l a i r e ainsi e n m ê m e t e m p s a u S a n h é d r i n . N o u s 27
2 4 . Les Juifs dans l'Empire Romain, 2 5 . STRACK-BILLERBECK, Kommentar T. I I , B e c k , M ü n c h e n 1 9 2 8 , p . 7 0 6 .
11, P a r i s 1 9 1 4 , p . 1 2 7 s . Z.N.T. aus Talmud und
Midrasch,
2 6 . J. B l i n z l e r , op. cit., s e b a s e s u r D e u t . 1 3 , 1 3 - 1 9 q u i c o n d a m n e à m o r t t o u s l e s h a b i t a n t s d ' u n e v i l l e e n t r a î n é s d a n s l ' a p o s t a s i e p a r u n e prédication visant n o n pas u n particulier mais la collectivité. Mais la Mischna p r é v o y a n t d a n s c e c a s l a l a p i d a t i o n , J. B l i n z l e r e s t o b l i g é d ' a d m e t t r e q u e , d a n s l e c a s d e J a c q u e s , c e n'est p a s la l é g i s l a t i o n p h a r i s i e n n e d e la M i s c h n a , m a i s l a l é g i s l a t i o n s a d d u c é e n n e q u i f u t a p p l i q u é e . Celle-ci s'en t e n a i t a u t e x t e d e l'Ancien T e s t a m e n t p r é v o y a n t la m i s e à m o r t « p a r l e t r a n c h a n t d u g l a i v e » , d o n t c e p e n d a n t il e s t d i t s e u l e m e n t q u ' e l l e f r a p p e r a i t l e s h a b i t a n t s d e l a ville, s a n s q u e l e p r é d i c a t e u r s é d u c t e u r s o i t e x p r e s s é m e n t m e n t i o n n é . J. B l i n z l e r é m e t d o n c l ' h y p o t h è s e q u e , d a n s l a p r a t i q u e , la p e i n e n ' a u r a i t é t é a p p l i q u é e q u ' à celui-ci e t n o n à t o u t e l a ville. E n p l u s , la m i s e à m o r t « p a r l e t r a n c h a n t d u g l a i v e » n'aurait p a s e u lieu par décapitation, m a i s par c o u p s administrés par le glaive. On voit que la démonstration d e Blinzler, quelque minutieuse qu'elle soit, e s t b a s é e s u r t r o p d ' h y p o t h è s e s p o u r qu'elle p u i s s e e n t r a î n e r la c o n viction. 2 7 . Tel e s t a u s s i l'avis d e J. DAUVILLIER, op.
cit.,
p. 6 2 7 ss.
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savons p a r J o s è p h e q u ' H é r o d e cherchait à la fois la faveur de l ' e m p e r e u r et la p o p u l a r i t é p a r m i les J u i f s . 28
N o u s avons p a r l é p l u s h a u t d u t e m p é r a m e n t i m p é t u e u x des fils d e Zébédée et de l e u r désir d ' ê t r e assis à la d r o i t e et à la g a u c h e d e J é s u s d a n s le R o y a u m e . Il n ' e s t p a s possible d'en c o n c l u r e avec certitude q u e J a c q u e s a i t e u d e s t e n d a n c e s zélotes. N o u s savons q u e J é s u s fut c o n d a m n é c o m m e a y a n t aspiré, à la m a n i è r e d e s zélotes, à la r o y a u t é politique. Mais c'était là, j u r i d i q u e m e n t p a r l a n t , u n e e r r e u r j u d i c i a i r e p u i s q u e J é s u s avait t o u j o u r s refusé d ' ê t r e z é l o t e . E n fut-il d e m ê m e p o u r la c o n d a m n a t i o n d e J a c q u e s fils de Zébédée ? Dans ce cas, n o u s d e v r i o n s a d m e t t r e q u e la p a r t i c u l a r i t é d e sa prédication et des idées théologiques qui étaient à sa b a s e concernait l'eschatologie. 29
N o u s n e p o u v o n s p a s e n d i r e p l u s . Toutefois le silence d u livre d e s Actes s u r les c i r c o n s t a n c e s d e sa c o n d a m n a t i o n , le fait q u e les a u t r e s chefs d e la c o m m u n a u t é , à p a r t Pierre, furent é p a r g n é s p a r la p e r s é c u t i o n sous H é r o d e Agrippa I , et e n t r o i s i è m e lieu p e u t - ê t r e le m o d e d'exécution, m e p a r a i s sent confirmer q u ' u n e g r a n d e divergence d'opinions r é g n a i t d a n s la c o m m u n a u t é p r i m i t i v e , n o n s e u l e m e n t e n t r e « Hellénistes » judéo-chrétiens d e J é r u s a l e m e t H é b r e u x , m a i s à l'int é r i e u r m ê m e d u cercle d e s Douze. Cette v a r i é t é c o r r e s p o n d a i t à celle d u j u d a ï s m e tardif ( S p à t j u d e n t u m ) a u q u e l se r a t t a c h e n t les origines c h r é t i e n n e s . er
La jalousie d o n t n o u s p a r l e n t à la fois l ' a p ô t r e Paul et Clément m e p a r a î t s'être e m p a r é e , a u d é b u t , s e u l e m e n t d ' u n c e r t a i n n o m b r e d ' e x t r é m i s t e s , les « faux frères » (Gai. 2,4) q u i , t o u t en se r é c l a m a n t d e c e r t a i n s chefs d e l'Eglise, p r é p a r a i e n t le t e r r a i n à l'hérésie. M a i s les chefs eux-mêmes, p r é o c c u p é s de s a u v e g a r d e r l'unité m a l g r é c e r t a i n e s t e n s i o n s , savaient éviter la scission en r e s p e c t a n t les p a r t i c u l a r i t é s des différentes t e n d a n c e s . T a n t q u e celles-ci étaient considérées c o m m e d e s c h a r i s m e s , elles n e p r o v o q u a i e n t p a s d e conflit. Ainsi la m ê m e c o m m u n a u t é , j u s q u e d a n s son n o y a u d ' « H é b r e u x », a-t-elle p u d o n n e r n a i s s a n c e d ' u n e p a r t à u n j u d é o - c h r i s t i a n i s m e hérétique, d ' a u t r e p a r t à u n e théologie j u d é o - c h r é t i e n n e o r t h o d o x e . 28. Ant. xix, 5, 1 s s ; 6, 1-3 ; 7, 3 ; 8, 2. 29. Jésus et les Révolutionnaires de son N e u c h â t e l - P a r i s 1970, p . 49 s s .
temps,
Delachaux
et
Niestlé,
PAUL AND JEWISH CHRISTIANITY ACCORDING T O CARDINAL D A N l E L O U : A SUGGESTION by
W.
D.
DAVIES
D u k e University
As a t o k e n of m y g r a t i t u d e for all t h a t I have learned from the o n e to w h o m this v o l u m e is dedicated, a n d in recognition of his k i n d n e s s , I h a d h o p e d t o w r i t e a n extensive e x a m i n a t i o n of his w o r k on Jewish-Christianity. C i r c u m s t a n c e s , u n f o r t u n a tely, m a d e this impossible, a n d I have to limit myself t o a very brief s t a t e m e n t of o n e i m p o r t a n t a n d extremely i n t e r e s t i n g possibility which, it seems to m e , the r e s u l t s of t h a t w o r k raise. I t is t h e possibility t h a t it d e m a n d s a re-assessment of o n e a s p e c t of t h e role of Paul in p r i m i t i v e Christianity. Significance
and spread
of Jewish
Christianity
Danielou distinguishes t h r e e possible w a y s in w h i c h t h e t e r m Jewish-Christianity can b e u s e d : first, as designating t h o s e « Jews who acknowledge Christ as a prophet or a Messiah, but not as the Son of God a n d t h u s f o r m a s e p a r a t e class, half way between Jews and C h r i s t i a n s » . The Ebionites are the b e s t k n o w n of this g r o u p . T h e second possible reference for t h e t e r m Jewish-Christianity is to t h e Christian c o m m u n i t y at J e r u s a l e m u n d e r the l e a d e r s h i p of J a m e s and t h o s e w h o w e r e influenced by h i m . This c o m m u n i t y d o m i n a t e d t h e C h u r c h , so m a n y h a v e held, u n t i l after 70 A.D. And, thirdly, Jewish1
2
1. The Theology of Jewish Christianity, English B a k e r , L o n d o n , 1964, p . 7. A u t h o r ' s i t a l i c s . 2. Op. ciL, p . 8.
t r a n s l a t i o n b y . J. A.
70
W.D.
DAVIES
Christianity c a n s t a n d for « a type of C h r i s t i a n t h o u g h t expres sing itself in t e r m s b o r r o w e d from J u d a i s m » . Danielou favors t h e a d o p t i o n of this t h i r d c o n n o t a t i o n . This c o n n o t a t i o n n o t only includes t h e o t h e r t w o possibilities men tioned, b u t m u c h else. I n d e e d , it c a n c o n n o t e « m e n w h o h a d b r o k e n completely w i t h t h e J e w i s h w o r l d b u t w h o c o n t i n u e d t o t h i n k in its t e r m s ». « T h u s », w r i t e s Danielou, « t h e Apostle Paul, t h o u g h b y n o m e a n s a Jewish-Christian in t h e second of t h e t h r e e senses ( m e n t i o n e d above), w a s c e r t a i n l y o n e in this t h i r d s e n s e » . Moreover, n o t only c o n v e r t s t o Christianity from J u d a i s m a r e i n d i c a t e d b y t h e t e r m Jewish-Christianity in this t h i r d sense, b u t Gentiles, p r o s e l y t e s a n d m a n y w h o h a d formerly b e e n loosely associated w i t h t h e Synagogue, even t h o u g h they h a d n o t t a k e n t h e final s t e p of circumcision, w h o h a d j o i n e d t h e C h u r c h . S u c h w o u l d b e familiar w i t h t h e thought-forms of J u d a i s m . One is r e m i n d e d of M u n c k ' s insis t e n c e t h a t a m o n g Gentile c o n v e r t s t o C h r i s t i a n i t y t h e r e w a s a k i n d of e n t h u s i a s m for t h e f o r m s of t h o u g h t a n d p r a c t i c e of I s r a e l w h i c h w a s s o m e t i m e s e x t r e m e . Over-conversion is a familiar p h e n o m e n o n . This m a d e it possible for M u n c k t o r e g a r d even t h e J u d a i z e r s , w h o s h a d o w P a u l a n d d o g his foot steps t h r o u g h o u t his c a r e e r , as Gentile c o n v e r t s . T h e t h i r d definition e n a b l e s Danielou t o a s c r i b e to JewishChristianity a n e x t r a o r d i n a r y influence in p r i m i t i v e Christia nity. W e s u m m a r i z e h i s conclusions very r o u g h l y . First, 3
4
5
6
7
8
9
3. Op. cit, p . 9. 4. Ibid. 5 . Ibid. 6. J. MUNCK, Paulus und die Heilsgeschichte, Acta Jutlandica, Copen h a g e n , 1954. T h e i m p o r t a n t c h a p t e r i s t h e o n e o n « D i e j u d a i s t i s c h e n H e i d e n c h r i s t e n ». 7. MUNCK, op. cit., g i v e s t w o r e a s o n s f o r t h e e m e r g e n c e of t h e J u d a i z i n g m o v e m e n t , i n h i s v i e w o n e x t r a - P a l e s t i n i a n s o i l ; first, P a u l h i m s e l f h a d g i v e n s u c h a s y m p a t h e t i c p i c t u r e t o G e n t i l e C h r i s t i a n s of t h e p r i m i t i v e P a l e s t i n i a n C h u r c h e s t h a t s o m e o f h i s G e n t i l e c o n v e r t s d e s i r e d t o imi t a t e it, a n d , s e c o n d l y , t h e L X X , w h i c h t h e G e n t i l e C h r i s t i a n s i n t h e P a u l i n e C h u r c h e s u s e d , w a s e a s i l y u n d e r s t o o d t o affirm t h a t I s r a e l a f t e r t h e flesh w a s t h e o b j e c t of G o d ' s s p e c i a l f a v o u r , a n d , t h e r e f o r e , t h e d e s i r e t o b e l i k e I s r a e l a f t e r t h e flesh b e c a m e n a t u r a l . S e e m y r e v i e w for a c r i t i c i s m o f M u n c k ' s w o r k i n N.T.S., V o l . 2, N o . 1, 1955, p . 196. 8. S e e The Joy of Study, e d . S. E . JOHNSON, N e w Y o r k , 1951, « A r e c o n v e r s i o n i n Paul's C h u r c h e s », b y S t . J. CADBURY, p . 43. 9. T h e r e is h e r e — it is t o b e e m p h a s i z e d — n o a t t e m p t t o s u m m a r i z e D a n t e l o u ' s p o s i t i o n in detail, b u t m e r e l y t o i n d i c a t e t h e m a i n t h r u s t o f h i s a r g u m e n t i n The Theology of Jewish Christianity.
PAUL AND JEWISH CHRISTIANITY
71
Jewish-Christians, u n d e r s t o o d in these b r o a d t e r m s , w e r e very widely s c a t t e r e d . T h e r e w e r e J e w s t h r o u g h o u t t h e GraecoR o m a n w o r l d . T h u s Paul d i s c o v e r e d Jewish^Christians where v e r h e w e n t . They o p p o s e d h i m b i t t e r l y in Galatia, Corinth, Colossae, R o m e . T w o R o m a n h i s t o r i a n s , S u e t o n i u s a n d Tacitus, t o o k C h r i s t i a n s a t R o m e t o b e a J e w i s h sect. Papias, B i s h o p of H i e r a p o l i s in Asia M i n o r (A.D. 60-130), testifies t h a t t h e r e w e r e Jewish-Christians in Phrygia, a n d it h a s b e e n a r g u e d t h a t it w a s s u c h Christians w h o s p r e a d t h e faith t o Alexandria in Egypt. E v e n m o r e i m p o r t a n t , Jewish-Christianity s p r e a d t h r o u g h t h e Aramaic-speaking a r e a s i n t h e E a s t . Peoples i n s u c h a r e a s w o u l d n a t u r a l l y d r a w t h e H e b r e w s of J e r u s a l e m , w h o u n d e r s t o o d a n d s p o k e t h e i r language. I t h a s b e e n c u s t o m a r y t o claim t h a t Jewish-Christians a t Pella, isolated from J u d a i s m a n d from t h e m a i n s t r e a m of t h e C h r i s t i a n m o v e m e n t in t h e W e s t , gra d u a l l y petrified a n d d i e d i n t o insignificance. B u t they p r o d u c e d a n apologist for t h e faith in t h e s e c o n d c e n t u r y — Aristo, a n d t h e y m a y h a v e b e e n j o i n e d b y o t h e r Jewish-Christian refugees after t h e y e a r A.D. 140. T h e y developed into t h e sect of the N a z a r e n e s w h o o b s e r v e d t h e S a b b a t h a n d p r a c t i c e d circum cision. They b r o u g h t f o r t h t h e i r o w n gospel in H e b r e w . Frag m e n t s of this h a v e c o m e d o w n to u s in t h e w o r k s of St. J e r o m e , a n d it w a s c u r r e n t t h r o u g h o u t t h e a r e a of t h e Jewish-Christian mission. T h e r e w e r e o t h e r g r o u p s of Jewish-Christians in T r a n s J o r d a n a n d Syria. I r e n a e u s , B i s h o p of Lyons, m e n t i o n s t h e E b i o n i t e s , s t r i c t Jewish-Christians w h o t o o k daily b a t h s for purification, a n d u s e d u n l e a v e n e d b r e a d a n d w a t e r for t h e E u c h a r i s t . They believed, a m o n g o t h e r things, t h a t Christ w a s a p r o p h e t h e l p e d b y a n a r c h a n g e l . T h e r e w e r e o t h e r f o r m s of Jewish-Christianity in t h e E a s t , a n d in t h e N o r t h E a s t , n e a r Edessa, t h e r e flourished c e r t a i n ascetic Jewish-Christian c o m m u n i t i e s . W h a t shall w e c o n c l u d e f r o m all this ? Although t h e N e w T e s t a m e n t d o e s n o t directly tell u s m u c h a b o u t t h e significance a n d s p r e a d of Jewish-Christians, they m u s t h a v e b e e n a very s t r o n g , w i d e s p r e a d e l e m e n t in t h e earliest d a y s of t h e Qhurch. E v e r y w h e r e , especially in t h e E a s t of t h e R o m a n E m p i r e , t h e r e w o u l d b e Jewish-Christians w h o s e o u t w a r d w a y of life w o u l d n o t b e m a r k e d l y different from t h a t of J e w s . They took for g r a n t e d t h a t the gospel w a s c o n t i n u o u s w i t h J u d a i s m ; for
72
W.D. DAVIES
t h e m t h e n e w covenant, w h i c h J e s u s h a d set u p at t h e Last S u p p e r w i t h his disciples a n d sealed b y h i s d e a t h , did n o t m e a n t h a t t h e c o v e n a n t m a d e b e t w e e n God a n d I s r a e l w a s n o longer in force. They still observed t h e feasts of Passover, Pentecost a n d T a b e r n a c l e s ; they also c o n t i n u e d to b e circumcized, to k e e p t h e w e e k l y S a b b a t h a n d t h e Mosaic regulations c o n c e r n i n g food. According to s o m e scholars, they m u s t have b e e n so s t r o n g t h a t right u p to the fall of J e r u s a l e m in A.D. 70 they w e r e t h e d o m i n a n t e l e m e n t in t h e Christian m o v e m e n t . B u t t h e r e is a n o t h e r a s p e c t to Jewish-Christianity. I t w a s n o t only geographically w i d e s p r e a d b u t p r o f o u n d l y influential in the r e a l m of t h o u g h t . W e m u s t recognize h o w m u c h of the l i t e r a t u r e of t h e early Christian m o v e m e n t b e a r s t h e m a r k s of Jewish thinking. First, m u c h of t h e o r t h o d o x l i t e r a t u r e , t h a t is, l i t e r a t u r e w h i c h c a m e to b e received b y t h e m a i n s t r e a m of Christianity, t h e G r e a t C h u r c h , w h i c h t r i u m p h e d over heresies of all k i n d s in later Christian history, is s o mar ked. W e n a m e h e r e only c e r t a i n texts like t h e Didache, t h e Odes of S o l o m o n , t h e E p i s t l e of B a r n a b a s , T h e S h e p h e r d of H e r m a s , all of w h i c h s h o w affinities w i t h t h e ideas found in t h e Q u m r a n Scrolls. C o m p a r e , for example, Didache 1:1 w i t h I QS:3. T h e w a y of t h i n k i n g of the Christian d o c u m e n t is b a s e d u p o n t h e twofold-way of t h e d o c u m e n t f r o m Q u m r a n . But, secondly, in addition, t h e various Jewish-Christian sects, out side w h a t b e c a m e t h e m a i n s t r e a m of Christianity, i n t e r p r e t e d t h e gospel in m a n y w r i t i n g s . We h a v e a l r e a d y r e f e r r e d to a n apologist called Aristo in Pella a n d to t h e Gospel of t h e Nazar e n e s . The E b i o n i t e s also h a d their o w n f o r m of a gospel, a n d t h e recently discovered Gospel of Thomas, The Song of the Pearl c o n t a i n e d in t h e Acts of Thomas h a v e b e e n t r a c e d b a c k t o Jewish-Christians in E d e s s a at t h e end of t h e first c e n t u r y . M u c h of t h e l i t e r a t u r e discovered in Nag H a m m a d i , Egypt, can b e similarly c o n n e c t e d w i t h Jewish-Christian influences. It is difficult to t h i n k of any early l i t e r a t u r e in t h e C h u r c h w h i c h does n o t reveal a J e w i s h w o r l d of t h o u g h t .
Jewish
world
of
thought
Can w e e n t e r into t h a t w o r l d ? As w e saw, long h a b i t h a s m a d e u s think of Jewish-Christians as r a t h e r simple people w h o u n d e r s t o o d J e s u s as a p r o p h e t or a Messiah, b u t often,
73
PAUL AND JEWISH CHRISTIANITY
as in the case of t h e E b i o n i t e s , n o t as the S o n of God. We r e g a r d e d t h e i r i n t e r p r e t a t i o n of t h e Gospel as a superficial o n e w h i c h h a d failed t o cast off naive J e w i s h w a y s of t h o u g h t . This h a b i t of t h i n k i n g a b o u t Jewish-Christianity w e m u s t n o w discard. T h e r e never w a s a « simple » Gospel. Jewish-Christians w e r e , in fact, r o o t e d in a long Apocalyptic t r a d i t i o n of t h i n k i n g a n d w r i t i n g . Ever since t h e s e c o n d c e n t u r y B.C. a t least, t h e r e h a d b e e n g r o u p s in J u d a i s m w h o c o n c e r n e d themselves w i t h t h e secrets of the universe, w h o claimed, t h r o u g h revelations a n d visions, to have k n o w l e d g e of t h e places w h e r e u n s e e n forces, angels a n d t h e d e m o n s a n d t h e souls of m e n dwelt, w h o h a d u n u t t e r a b l e experiences of t h e u n s e e n world. They claimed also to k n o w t h e s e c r e t s of history, t h e c o u r s e of events in t h e f u t u r e w h i c h h a d b e e n p r e p a r e d b y God befo rehand. We m a y illustrate f r o m visions d e s c r i b e d in 1 E n o c h , w h i c h w e m a y n o w t a k e to b e pre-Christian. And And And And
i n t h o s e d a y s a w h i r l w i n d c a r r i e d m e off f r o m t h e e a r t h set m e d o w n at the end of the heavens. t h e r e I s a w a n o t h e r v i s i o n , t h e d w e l l i n g p l a c e s of t h e h o l y , t h e r e s t i n g p l a c e s of t h e r i g h t e o u s .
Here m i n e eyes s a w their dwellings w i t h And their resting places with the h o l y . . .
his
righteous
angels,
A n d i n t h a t p l a c e m i n e e y e s s a w t h e E l e c t O n e of righteousness... A n d I s a w h i s d w e l l i n g p l a c e u n d e r t h e w i n g s of t h e L o r d o f S p i r i t s . A n d h e r e m y e y e s s a w all t h o s e w h o s l e e p n o t : t h e y stand before h i m and bless him... and m y face w a s c h a n g e d ; for I could n o longer b e h o l d . . . A n d a f t e r t h a t I s a w t h e s e c r e t s of t h e h e a v e n s , and h o w the k i n g d o m is divided, a n d h o w t h e a c t i o n s of m e n a r e w e i g h e d i n t h e b a l a n c e . A n d t h e r e I s a w m a n s i o n s of t h e e l e c t . . . a n d m i n e e y e s s a w t h e r e all t h e s i n n e r s b e i n g d r i v e n f r o m h e n c e w h i c h d e n y t h e N a m e of t h e L o r d of S p i r i t s , a n d b e i n g d r a g g e d off.
F a n t a s y a n d insight, imaginative h o r r o r a n d felicity a r e all found in this Apocalyptic, as well as stern, relentless logic, as in passages in The Manual of Discipline from Q u m r a n , w h i c h give a philosophy o r i n t e r p r e t a t i o n of h i s t o r y w h i c h w e sum m a r i z e in t h e following t a b u l a r form :
74
W.D. DAVIES The God
of
Knowledge
( S o u r c e o f all t h a t i s o r w i l l b e ) 1.
2.
The designs of all things ( T h e s e a n d all t h i n g s c a n n o t b e Man
created
to have
dominion
The Spirit of Truth ( c o m e s f r o m t h e a b o d e of L i g h t = the Prince of Lights = the Angel of Truth) Both
Spirits
are
changed)
over
all.
The Spirit of Error (comes from the source o f d a r k n e s s = A n g e l of Darkness)
in the
heart
of
man
Counsels of Spirit of Truth (Humility, compassion, etc.)
Counsels of Spirit of Error ( G r e e d , Pride, f a l s e h o o d , e t c . )
Rewards for the Sons of Truth (Healing, peace, joy, glory)
Punishments for Sons (Afflictions, e t e r n a l )
3.
The
war
of
the
two
Spirits
in
of
Error
Man
But 4.
A Period
of Ruin
for
Error
is set
by
God
The truth of the w o r l d will e m e r g e M a n w i l l b e p u r i f i e d o f evil s p i r i t : Man will b e sprinkled w i t h the Spirit of Truth Man will have w i s d o m , knowledge from God and t h e S o n s of H e a v e n . 5.
THE N E W W I L L COME.
F o r t h e a p o c a l y p t i s t s h i s t o r y is a struggle b e t w e e n t h e good a n d t h e b a d forces allowed t o exist b y God. They t o o k a n exceedingly gloomy view of t h e p r e s e n t w o r l d a n d r e s t e d t h e i r h o p e in a t e r r i b l e a n d a glorious f u t u r e w h e n God Himself w o u l d rule. One c h a r a c t e r i s t i c of t h e future, as t h e s e seers a n d visionaries t h o u g h t , w a s t h a t it w o u l d b e like t h e beginning of t h e u n i v e r s e : t h e E n d w o u l d b e as t h e Beginning — this w a s a k i n d of slogan of t h e i r t h i n k i n g . F o r e x a m p l e , t h e a u t h o r of IV E z r a , a n apocalyptic w o r k w r i t t e n j u s t after A.D. 70, w r o t e of t h e E n d as f o l l o w s : « And t h e w o r l d shall r e t u r n to its first silence seven days, as it w a s a t t h e beginning so t h a t n o m a n is left.» Jewish-Christians s h a r e d in this w a y of t h i n k i n g n o t only t h r o u g h t h e i r r e a d i n g of t h e Old T e s t a m e n t , b u t t h r o u g h such g r o u p s as t h e s e c t a r i a n s at Q u m r a n , t h e E s s e n e s . And they u n d e r s t o o d the gospel in t h e s e t e r m s . W h a t w a s t h e signifi-
PAUL AND JEWISH CHRISTIANITY
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c a n c e of J e s u s ? F o r Jewish-Christians it w a s t h a t h e alone h a d e n t e r e d into t h e s e c r e t s of God a n d o p e n e d t h e m u p to m e n w h o b o r e his N a m e , a n d w o u l d lead t h e m i n t o t h a t paradise which was at the beginning and Would be at the E n d : h e w a s Alpha a n d Omega, t h e Beginning a n d t h e E n d . F o r t h e m saving faith w a s t h e knowledge t h a t t h e r e w a s in all things a w i s d o m f r o m God, a p u r p o s e w h i c h c o n t r o l l e d all t h e u n i v e r s e a n d all h i s t o r y w i t h i n it, a n d t h a t this w i s d o m w a s in Christ, w h o w a s n o t only t h e L o r d of t h e individual soul b u t of all things in h e a v e n a n d o n e a r t h a n d u n d e r t h e e a r t h . This is a far cry f r o m t h e e x t r e m e simplicity w h i c h w a s o n c e a s c r i b e d to Jewish-Christianity. And in t w o o t h e r s p h e r e s t h e influence of Jewish-Christianity w a s d e e p . F i r s t in t h e s p h e r e of m o r a l teaching. Alongside s u c h theological c o n c e p t s a s w e h a v e indicated above, w h i c h included all m a n k i n d a n d all t h e u n i v e r s e in t h e i r scope, Jewish-Christianity a l s o insisted o n a p a t t e r n of m o r a l i n s t r u c tion, o n t w o w a y s — a good a n d a b a d — w h i c h m e n could choose, o n t h e t w o g r e a t c o m m a n d m e n t s of love t o G o d a n d t o t h e n e i g h b o u r , o n t h e Angel of Light a n d t h e P r i n c e of D a r k n e s s , o n t h e spirits of v i r t u e s a n d t h e d e m o n s of vices, o n t h e n e e d for s t e a d f a s t n e s s a n d c o m m i t m e n t . And t h e r e is a second p r a c t i c a l s p h e r e w h e r e Jewish-Chris t i a n s left t h e i r m a r k . All r e a d e r s of t h e h i s t o r y of t h e C h u r c h a n d of t h e N e w T e s t a m e n t m u s t h a v e a s k e d o n e very obvious q u e s t i o n . H o w d i d t h e l a t e r Catholic C h u r c h organized u n d e r B i s h o p s , in a h i e r a r c h i c a l system, develop f r o m w h a t s e e m s t o h a v e b e e n in t h e early days a simple society of believers ? B r o a d l y s p e a k i n g t h e r e h a v e b e e n t w o classic a n s w e r s to this q u e s t i o n . P r o t e s t a n t s h a v e t e n d e d t o t h i n k of t h e earliest Christian c o m m u n i t y as a loosely k n i t fellowship of t h e Spirit, a k i n d of glorified c o m p a n y of e n t h u s i a s t s , w h i c h w a s filled w i t h a r d o u r b u t h a d little sense of o r d e r . F r o m this early p u r i t y a n d freedom a n d spirituality it fell into t h e rigid, lega listic « c l e r i c a l » C h u r c h of t h e second century. The c o m m u n i t y b e c a m e a n o r g a n i z a t i o n i n s t e a d of r e m a i n i n g a living o r g a n i s m . On t h e o t h e r h a n d , Catholics, R o m a n a n d o t h e r , h a v e always m a i n t a i n e d t h a t o r d e r as well as a r d o u r co-existed f r o m t h e very beginning, t h a t t h e C h u r c h w a s « o r g a n i z e d » f r o m t h e s t a r t . P e r h a p s Jewish-Christianity, w h i c h w a s m u c h influenced by the Essenes, m a y help u s at this point. F o r example, w a s
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W.D.
DAVIES
it from Jewish^Christianity, w i t h its E s s e n e affinities, t h a t the figure of t h e B i s h o p c o m e s ? Or, again, is celibacy to b e t r a c e d b a c k to t h e s a m e s o u r c e ? And a r e t h e w h i t e v e s t m e n t s u s e d by c a t e c h u m e n s in l a t e r Catholicism a m a r k of its b o r r o w i n g f r o m Jewish-Christian p r a c t i c e w h i c h r e s t e d o n E s s e n e prac tice ? These q u e s t i o n s c a n n o t certainly b e a n s w e r e d . B u t it is very p r o b a b l e t h a t t h e g r o w t h of t h e i n s t i t u t i o n a l a s p e c t s of Christianity, like its theology a n d m o r a l teaching, owes m u c h to Jewish-Christianity a n d t h r o u g h it to t h e apocalyptic sects of J u d a i s m . First
phase
of Christian
theology
T h e above, then, w a s t h e earliest f o r m of Christianity. I t w a s expressed in t e r m s a n d f o r m s r o o t e d in t h e apocalyptic-Essene a n d synagogal t r a d i t i o n of J u d a i s m . I t lay b e h i n d m o s t if n o t all i n t e r p r e t e r s of t h e Gospel in the early C h u r c h . I t w a s n o t confined simply to Jewish-Christians in t h e s t r i c t sense b u t even i n f o r m e d t h e m i n d s a n d ways of m e n w h o h a d n o d i r e c t c o n n e c t i o n w i t h J e w i s h apocalyptic g r o u p s . Such, t h e n , is Danielou's e m p h a s i s o n t h e Jewish-Christianity, w h i c h for h i m f o r m e d t h e s u b s t r u c t u r e of Christian t h o u g h t a n d , indeed, c o n s t i t u t e d t h e first p h a s e of Christian theology w h i c h w a s expressed in Jewish-Semitic t e r m s . I t w a s JewishChristianity in this sense w h i c h informed the m i n d of Paul, h o w e v e r m u c h it b e e m p h a s i z e d t h a t h e w a s b o r n into t h e Hellenistic w i n g of t h e C h u r c h . 10
10. T h i s e m p h a s i s h a s a l o n g h i s t o r y a n d is r e c e n t l y m o s t f o r c e f u l l y e x p r e s s e d b y R . BULTMANN i n New Testament Theology, V o l . 1. B u t it is becoming increasingly evident that distinctions such as « H e l l e n i s t i c » a n d « J e w i s h » , a s a p p l i e d t o t h e life of t h e p r i m i t i v e c h u r c h , h a v e t o b e v e r y c a r e f u l l y s c r u t i n i z e d . F o r e x a m p l e , O. CULLMANN, Journal of Biblical Literature, V o l . LXXIV Pt. iv, D e c . 1955, p p . 213, f o u n d it p o s s i b l e t o c o n n e c t t h e H e l l e n i s t s of A c t s w i t h the S e c t a r i a n s of Q u m r a n . I o n c e t h o u g h t s u c h a c o n n e c t i o n e x c e e d i n g l y u n l i k e l y , b e c a u s e it s e e m e d t o o p a r a d o x i c a l t o c o n n e c t t h e « u n i v e r s a l i s t » e l e m e n t in p r i m i t i v e Christia nity in any w a y with a particularistic group such as the Sectarians. But r e c e n t w o r k , e s p e c i a l l y a b r i l l i a n t article b y A. JAUBERT, i n Revue Biblique, V o l . LXV, 1958, p p . 214-248 o n « Le P a y s d e D a m a s » h a s c a u s e d m e t o b e m o r e o p e n t o C u l l m a n n ' s s u g g e s t i o n i n t h e l i g h t of t h e c r o s s c u r r e n t s in pre-Christian J u d a i s m . A. J a u b e r t ' s article is n o t w i t h o u t i m p o r t a n c e i n d i r e c t l y a l s o f o r D a n i e l o u ' s t h e s i s : it s h o w s h o w very w i d e s p r e a d w e r e t h e g e o g r a p h i c i n t e r e s t s of the S e c t a r i a n s a n d , t h e r e f o r e , of their i d e a s .
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T h e u s e of t h e p h r a s e — in t h e Hellenistic w i n g of t h e C h u r c h — recalls u s t o m o r e t r a d i t i o n a l ways of t h i n k i n g of p r i m i t i v e Christianity. I t serves to r a i s e t h e q u e s t i o n w h e t h e r Daniélou's definition of Jewish-Christianity is so wide t h a t , at t h e very least, it ignores d i s t i n c t i o n s in e m p h a s i s in p r i m i t i v e Christianity w h i c h m a k e t h e violence of t h e conflicts w i t h i n it e x t r e m e l y difficult t o u n d e r s t a n d . Munck, indeed, p a r t l y u n d e r t h e i m p a c t of his c o n c e r n t o r e g a r d J u d a i z e r s as Gentile c o n v e r t s , w a s led t o deny t h a t t h e r e w e r e a n y deep conflicts a n d different p a r t i e s revealed in t h e Pauline epistles . Doubt less, it m a y plausibly b e a r g u e d t h a t Daniélou h a s n o t suffi ciently recognized a n d e m p h a s i z e d t h e peculiarities of diffe r e n t g r o u p s in early Christianity. 1 1
12
B u t even if this b e a d m i t t e d a n d his definition of JewishChristianity b e r e g a r d e d as so wide as to b e c o m e a catch-all, Daniélou h a s d r a w n a t t e n t i o n in a signal m a n n e r t o t h e d e p t h a n d d i s p e r s i o n of t h e ideas w h i c h h e p e r h a p s t o o loosely l u m p s t o g e t h e r a s Jewish-Christian. At first sight, h e m i g h t s e e m t o b e o p e n to t h e criticism levelled against B u l t m a n n for his isolation of w h a t h e called « Pre-Pauline Hellenistic Christia nity » w h i c h h e w a s only a b l e to c o n s t r u c t b y d r a w i n g u p o n s o u r c e s widely s e p a r a t e d f r o m Paul in t i m e . B u t t h e r e is a difference. Although Daniélou, like B u l t m a n n , c a s t s h i s n e t very widely chronologically a n d geographically, t h e c o n t e n t of t h e ideas to w h i c h h e a p p e a l s a r e i n d o u b i t a b l y pre-Christian, well established in pre-Christian J u d a i s m in t h e Apocalyptic t r a d i t i o n . Schweitzer and, m o r e recently, K ä s e m a n n h a v e long t a u g h t u s t o r e g a r d t h a t Apocalyptic as t h e m a t r i x of early C h r i s t i a n theology. B u t it is Daniélou's c o n t r i b u t i o n t h a t h a s m a d e u s far m o r e a w a r e of t h e fecundity o r richness of t h a t Apocalyptic, as w e have a l r e a d y indicated. W h e t h e r t h e t e r m 1 3
11. M a n y h a v e felt t h a t h i s t h i r d d e f i n i t i o n is s o l o o s e a s t o b e m e a n i n g l e s s , b u t M. SIMON, Recherches d'Histoire Judéo-Chrétienne, Paris, 1962, p . 7, s e e m s t o a c c e p t it. 12. Op. cit., c h a p t e r 5 : « D i e G e m e i n d e o h n e P a r t e i e n ». A c c o r d i n g t o M u n c k i n 1 Cor. n o t t h e p a r t i e s i n t h e C h u r c h , b u t t h e w h o l e C h u r c h w a s t h e o b j e c t of Paul's a t t a c k : t h e r e w e r e n o p a r t i e s a n d n o J u d a i z e r s . C o m p a r e H . KOESTER, Harvard Theological Review, v o l . 58, 1965, p . 311, n. 95. 13. C o m p a r e H . J. SCHOEPS, Paulus. Die Theologie des Apostels in Lichte der jüdischen Religions geschieht e, T ü b i n g e n , 1959 : E n g l i s h T r a n s l a t i o n , 1961, p p . 61 f.
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Jewish-Christianity c a n b e as widely used as b y Danielou o r n o t , h e h a s p o i n t e d directly to w i d e s p r e a d c u r r e n t s or a vastly complex w o r l d of ideas in Apocalytic w h i c h f o r m e d t h e stockin-trade of t h e C h r i s t i a n s w i t h w h o m Paul h a d t o deal w h e t h e r they w e r e Hellenistic o r J e w i s h . B u t to recognize this m u s t influence the w a y in w h i c h w e t h i n k of Paul. The Apostle h a s variously been a p p r o a c h e d in m o d e r n s c h o l a r s h i p along c e r t a i n well-marked avenues — those of t h e Old T e s t a m e n t , Hellenism, Hellenistic-Judaism, R a b b i n i c J u d a i s m a n d Apocalyptic. E a c h of these avenues h a s b e e n fruitful a n d h a s illumined, in varying degrees, o u r under s t a n d i n g of the significance of Paul. Of p a r t i c u l a r i n t e r e s t to u s w a s t h e way in which, f o r m e r l y / e m p h a s i s o n t h e Hellenistic influences u p o n Paul governed o u r u n d e r s t a n d i n g of h i m . Older scholars u s e d t o p i c t u r e a Paul w h o confronted t h e vast complexity of t h e G r a e c o - R o m a n w o r l d w i t h its m a n y religious a n d philosophic c u r r e n t s w i t h a c o m p a r a t i v e l y simple Pales t i n i a n Gospel. This s i m p l e Palestinian Gospel h e h a d to rein t e r p r e t t o t h e Hellenistic w o r l d , a n d t h e r e b y h e c o m p l i c a t e d it. F r o m Dean Inge to B u l t m a n n , Paul, t h e Hellenizer, h a s been p i c t u r e d as t h e o n e w h o c h a n g e d t h e simple i n t o t h e complex. This u n d e r s t a n d i n g of Paul h a s long been suspect. Schweitzer a n d K a s e m a n n , as w e m e n t i o n e d , found t h e complexity of Apocalyptic b e h i n d Paul. B u t it is Danielou w h o h a s d r i v e n t h i s fact h o m e t o u s t h r o u g h his re-examination of JewishChristianity. The r e s u l t of h i s w o r k is to raise t h e q u e s t i o n : W a s Paul n o t so m u c h t h e sophisticated Hellenistic Christian, w h o r e i n t e r p r e t e d a Palestinian simplicity to t r a n s f o r m it into a s u b t l e theology, as t h e s o b e r a n d , w e w o u l d a d d , RabbinicChristian w h o s t a n d i n g w i t h i n a lush, complicated, esoteric Apocalyptic t r a d i t i o n c o n t r o l l e d it a n d simplified it ? To p u t t h e m a t t e r in o t h e r w o r d s : d i d h e r e s t r a i n t h e Apocalyptic subtleties a n d secrets of t h e earliest Christians in t h e direction of sobriety ? Danielou's revelation of t h e r i c h n e s s of t h e Semitic e l e m e n t in p r i m i t i v e Christian t h o u g h t implies, in s h o r t , t h a t w e m u s t n o longer t h i n k p r i m a r i l y of P a u l as having b e e n an agent of theological subtlety a n d c o m p l i c a t i o n in t h e early C h u r c h as t h e filter t h r o u g h w h i c h m u c h Apoca lyptic speculation w a s diluted, simplified a n d purified in t h e i n t e r e s t s of s o b e r c o m m o n sense. P a u l did n o t so m u c h s p u r theological d e v e l o p m e n t s as c o n t r o l t h e m : h e d i d n o t s o m u c h
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CHRISTIANITY
c o m p l i c a t e t h e early faith as simplify it. To e x a m i n e t h i s sug gestion h e r e is n o t possible. I t r u s t t h a t t o p o i n t to it m a y , h o w e v e r inadequately, serve t o indicate h o w p r o v o c a t i v e a n d s t i m u l a t i n g h a s b e e n Cardinal Danielou's w o r k . I n t h e light of it t h e q u e s t i o n m u s t n o w b e r a i s e d h o w f a r Paul w a s a « r e d u c t i o n i s t » ? Certainly a case could b e m a d e for t h i s in his t r e a t m e n t of eschatology. May h i s t r e a t m e n t of t h e E n d b e u n d e r s t o o d n o t only, a n d p e r h a p s n o t p r i m a r i l y , a s a n exercise i n t h e H e l l e n i z a t i o n of t h e simple eschatology of Palestinian Christians, a s in i t s g r a d u a l d e n u d i n g ? N o r d o Paul's references t o t h e o r g a n i z a t i o n of t h e C h u r c h e s reveal a n y less r e d u c t i o n i s t a n a t t i t u d e w h e n , for e x a m p l e , w e con t r a s t t h e organization of his C h u r c h e s w i t h t h a t of t h e Secta r i a n s a t Q u m r a n . And in m o r a l t e a c h i n g also, t h o u g h p e r h a p s — s u r p r i s i n g l y ? — n o t t o t h e s a m e degree, t h e s a m e a t t i t u d e m a y b e detected. W a s Paul, in Cardinal Danielou's p e r s p e c t i v e , n o t a t least as m u c h t h e e n d of Semitic complexity a s t h e b e g i n n i n g of Hellenistic complexity in C h r i s t i a n i t y ? 14
1 5
14. Reitzenstein, Loisy, Lake c o m e to m i n d . B u t B o u s s e t ascribes to P a u l i n r e l a t i o n t o H e l l e n i s t i c r e l i g i o n t h e s a m e f u n c t i o n mutatis mu tandis as w e suggest migt be ascribed to h i m in relation to JewishC h r i s t i a n i t y . B o u s s e t s e e s P a u l « n o t s o m u c h a s t h e H e l l e n i z e r o f Chris t i a n i t y a s t h e c l e a n s i n g filter t h r o u g h w h i c h t h e w a t e r s o f t h e C h r i s t i a n f a i t h w h i c h h a v e b e e n m u d d i e d b y H e l l e n i s m p a s s » (SCHWEITZER, Mystik, p . 3 1 : c i t e d b y SCHOEPS, Op. ext., p . 1 9 ) . 1 5 . C o n t r a s t , f o r e x a m p l e , C e r f a u x o n 1 Cor. 1 5 : 2 8 , w h i c h h e r e g a r d s a s t h e final H e l l e n i z a t i o n o f P a u l ' s t h o u g h t . O n o u r v i e w it m i g h t b e r e g a r d e d a s t h e final s t a g e in a s i m p l i f i c a t i o n of s u c h e s c h a t o l o g i c a l thinking.
IN SEARCH O F " J E W I S H CHRISTIANITY" AND ITS " T H E O L O G Y " Problems of definition and methodology by
R.A.
KRAFT
University of Pennsylvania
Cardinal Daniélou's v o l u m e o n The Theology of Jewish Christianity h a s played a n extremely i m p o r t a n t role in t h e f o r m a t i o n a n d d e v e l o p m e n t of m y o w n i n t e r e s t s a n d w o r k as a s t u d e n t of Christian origins. While still a n e o p h y t e d o c t o r a l s t u d e n t a t H a r v a r d , I w a s given the a s s i g n m e n t of p r e p a r i n g a detailed r e p o r t o n t h a t b o o k as a m e a n s n o t only of learn ing m o r e a b o u t C h r i s t i a n origins a n d a b o u t c u r r e n t a p p r o a c h e s to t h a t subject, b u t also as m y first r e a l i n t r o d u c t i o n t o F r e n c h l i t e r a t u r e . A direct r e s u l t of t h a t a s s i g n m e n t w a s m y first p u b l i c a t i o n — a brief review of Daniélou's b o o k . I n d e e d , it w a s largely b e c a u s e of w h a t Danielou w r o t e a b o u t « J e w i s h Christian exegesis » t h a t I decided t o e x a m i n e t h e u s e of J e w i s h s o u r c e s in t h e Epistle of Barnabas as t h e sub1
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1. Théologie du Judéo-Christianisme ( P a r i s : D e s c l é e , 1958) ; E n g l i s h e d i t i o n a n d t r a n s l a t i o n ( i n c l u d i n g s o m e r e v i s i o n b y a u t h o r ) b y J.A.Baker ( C h i c a g o : R e g n e r y / L o n d o n : D a r t o n - L o n g m a n - T o d d , 1964). F o r t h e s e r i e s title, s e e b e l o w , n. 4. P a g e n u m b e r s w i l l b e c i t e d b y g i v i n g first t h e p a g e of t h e original F r e n c h (if t h e m a t e r i a l is p r e s e n t i n t h e F r e n c h ) m a r k e d b y a n a s t e r i s k (*), f o l l o w e d b y t h e e q u i v a l e n t p a g e n u m b e r of the English translation ( = ET). T h e E n g l i s h w o r d i n g u s e d h e r e i n i s n o t n e c e s s a r i l y t a k e n f r o m t h e ET, b u t m a y b e t h e a u t h o r ' s o w n trans l a t i o n . I w o u l d l i k e t o t h a n k Mr. H a r o l d R e m u s f o r h i s m a n y v a l u a b l e s u g g e s t i o n s r e g a r d i n g t h e final f o r m o f t h i s e s s a y . 2. Journal of Biblical Literature 79 (1960), 91-94. A p p r o x i m a t e l y 50 r e v i e w s o r n o t i c e s of t h e v o l u m e a r e l i s t e d i n t h e b i b l i o g r a p h i e s t o Biblica. It w o u l d be a valuable project to synthesize the c o m m e n t s of the reviewers, but that has not b e e n attempted here.
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R.A. KRAFT 3
j e c t of m y d o c t o r a l d i s s e r t a t i o n . T h u s I h a v e a p r o f o u n d r e s p e c t for t h e w e a l t h of i n f o r m a t i o n c o n t a i n e d in Danielou's investigation, a n d for t h e s t i m u l a t i n g m a n n e r in w h i c h h e synthesizes a n d p r e s e n t s t h e m a t e r i a l . I t is a b o o k t h a t I regularly r e c o m m e n d t o m y g r a d u a t e s t u d e n t s as b a s i c read ing for t h e i r w o r k in C h r i s t i a n origins. Nevertheless, I c o n t i n u e t o h a v e serious r e s e r v a t i o n s a b o u t t h e c e n t r a l focus of Danielou's b o o k as I u n d e r s t a n d it—his « theology » of « J e w i s h Christianity ». On t h e o n e h a n d , I find myself q u e s t i o n i n g t h e very c o n c r e t e m a n n e r in w h i c h h e s p e a k s of « the theology » of J e w i s h Christianity. I s it histor ically a c c u r a t e t o suggest t h a t a n y t h i n g s o n e a t a n d seemingly h o m o g e n e o u s ever existed a m o n g early C h r i s t i a n s ? I h a v e n o d o u b t s t h a t t h e r e w a s a t w o r k in c e r t a i n J e w i s h circles d u r i n g t h e hellenistic p e r i o d a s o m e w h a t intangible Zeitgeist that clearly i n c l u d e d m a n y factors a n d ideas t r e a t e d b y Dairtelou u n d e r t h e h e a d i n g « J e w i s h C h r i s t i a n t h e o l o g y » — a spirit of t h e t i m e s i n t o w h i c h Christianity w a s b o r n a n d in w h i c h m a n y early C h r i s t i a n s c o n t i n u e d t o exist for a long p e r i o d . B u t t o m e , t h e r e is a v a s t difference b e t w e e n often h e t e r o g e n e o u s ( s o m e t i m e s even c o m p e t i n g ! ) yet typical f a c t o r s a t w o r k in a p a r t i c u l a r c u l t u r a l milieu a t a p a r t i c u l a r t i m e , a n d a c o n c r e t e h o m o g e n e o u s « theology » of t h e s o r t t h a t Danielou s e e m s to be proposing. On t h e o t h e r h a n d , I s o m e t i m e s find myself u n c o m f o r t a b l e a b o u t t h e methods e m p l o y e d b y Danielou in seeking t o identify a n d isolate e l e m e n t s t h a t h e feels w e r e p a r t of this « J e w i s h C h r i s t i a n theology ». Does h i s s e a r c h for a « theology of J e w i s h C h r i s t i a n i t y » a r i s e inductively f r o m clues p r o v i d e d by t h e a n c i e n t sources themselves ? Are t h e r e a d e q u a t e c r i t e r i a for d e t e r m i n i n g w h i c h s o u r c e s c a n b e expected m o s t closely to reflect this « theology » ? Are t h e v a r i o u s s o u r c e s analyzed in a consistent m a n n e r in t h e a t t e m p t to d r a w relevant informa tion f r o m t h e m ? Admittedly, historical investigation m u s t b y its very n a t u r e f r e q u e n t l y involve circularity of a r g u m e n t , b u t w h a t « c o n t r o l s » exist b y w h i c h to r e g u l a t e t h e a r g u m e n t as a d e q u a t e l y as possible ? I t is to s u c h issues as t h e s e t h a t I 3. The Epistle of Barnabas: its Quotations and their Sources (Harvard U n i v e r s i t y , 1961); a p r e c i s a p p e a r e d i n Harvard Theological Review 54 (1961), 300. T h e d i s s e r t a t i o n is a v a i l a b l e in m i c r o f i l m f r o m t h e H a r v a r d U n i v e r s i t y Library.
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DEFINITION AND METHODOLOGY
w i s h to t u r n m y a t t e n t i o n in this critical a p p r e c i a t i o n of, a n d a t t e m p t to c o n t r i b u t e t o , t h e ongoing w o r k of Cardinal Daniélou. The Context
of Discussion:
Definitions
and
Presuppositions
At t h e outset, it should b e recognized t h a t Daniélou's treatm e n t of « Jewish Christian theology » is t h e first p a r t of a larger p r o j e c t in w h i c h h e i n t e n d s t o deal w i t h t h e « h i s t o r y of C h r i s t i a n d o c t r i n é i s ) b e f o r e N i c e a » . V o l u m e t w o a p p e a r e d in 1961 u n d e r t h e title « Gospel Message a n d Hellenistic C u l t u r e in t h e 2nd a n d 3rd Centuries », focusing o n t h e « G r e e k milieu » (especially J u s t i n , I r e n a e u s , Clement, H i p p o l y t u s , Origen, a n d M e t h o d i u s ) . A t h i r d v o l u m e o n Latin theology in t h e s a m e p e r i o d h a s b e e n p r o m i s e d . This h e l p s to explain t h e opening w o r d s of t h e English v e r s i o n of v o l u m e o n e : 4
5
6
T h r e e w o r l d s w e n t t o t h e m a k i n g of t h e C h r i s t i a n C h u r c h , t h r e e c u l t u r e s , three visions and expressions of truth—the J e w i s h , the Hellenistic and the Latin; and each of t h e m produced its o w n distinctive Theology [p. 1 £ 7 ] . 7
B u t exactly w h a t Daniélou's r e a s o n s a r e for this seemingly a r b i t r a r y division of t h e (theological) w o r l d i n t o t h r e e p a r t s o n t h e b a s i s of cultural-ideological-linguistic' c r i t e r i a is n o t explained. W h e t h e r t h e evidence c o n t a i n e d i n t h e v a r i o u s witnesses from e a c h « w o r l d » w o u l d s u p p o r t s u c h a division r e q u i r e s close, systematic s c r u t i n y a n d c a n n o t b e p u r s u e d h e r e . B u t a feeling of artificiality a n d a r b i t r a r i n e s s is left a t t h e o u t s e t b y this p r o c e d u r a l p r e s u p p o s i t i o n in Daniélou's treatm e n t of pre-Nicene theology. I n t h e s a m e vein, Daniélou s t a t e s t h a t v o l u m e o n e will deal w i t h t h e earliest stage of Christian theology, u p t o t h e mid-second c e n t u r y (pre-Justin, so it seems). B u t t h e r e a s o n s for this chronological division a r e n o t sufficiently clarified. Doubtless it h a s s o m e t h i n g to d o w i t h t h e way in w h i c h 4. B i b l i o t h è q u e d e T h é o l o g i e : H i s t o i r e d e s d o c t r i n e s c h r é t i e n n e s a v a n t Micée. 5. Message Evangélique et Culture Hellénistique aux II et III siècles (1961). A n E n g l i s h t r a n s l a t i o n h a s b e e n p r o m i s e d f o r t h e n e a r f u t u r e . 6. S e e t h e o p e n i n g p a r a g r a p h o f v o l u m e 2. 7. P r o b a b l y it w o u l d b e m o r e a c c u r a t e t o r e a d h e r e « J e w i s h - S e m i t i c » ; see below. e
e
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R.A. KRAFT
« conventional c o u r s e s of i n s t r u c t i o n o n t h e h i s t o r y of Christian d o c t r i n e » have t e n d e d t o begin w i t h second c e n t u r y Chris tianity a n d e x a m i n e its relationships t o Greek philosophical t h o u g h t (cf. H a r n a c k ) . Danielou wishes t o examine w h a t p r e c e d e d t h a t s o r t of « G r e e k » d e v e l o p m e n t a n d t o deal w i t h t h e earliest stage of Christian theology. T h u s h e states, w i t h o u t any a r g u m e n t a t i o n b e y o n d a reference to t h e w o r k of L. Goppelt , t h a t « Christianity w h i c h h a d s p r e a d t h r o u g h o u t t h e entire M e d i t e r r a n e a n basin, r e m a i n e d Jewish in s t r u c t u r e u n t i l t h e mid-second C e n t u r y » ( 1 9 * = 9 ET). Again, w h e n discussing criteria for identifying « J e w i s h Christian » writings, h e s t a t e s t h a t « t h e J e w i s h C h r i s t i a n p e r i o d extends from t h e origin of Christianity to a r o u n d t h e mid-second c e n t u r y » (21* = 11 ET). W h y so ? Danielou a d m i t s t h a t « J e w i s h Christian t h e o l o g y » survived t o s o m e degree in later Syrian Christianity, a n d also indicates t h e p r e s e n c e of « Jewish Christian » ideas in « heter odox » p e r s o n s a n d m o v e m e n t s t h a t c o n t i n u e d t o exist b e y o n d t h e second c e n t u r y (e.g. E b i o n i s m a n d c e r t a i n « g n o s t i c » g r o u p s ; see below). H e claims n o t to b e i n t e r e s t e d in h e t e r o d o x « Jewish Christian » g r o u p s per se, b u t only as they shed light o n « o r t h o d o x » J e w i s h Christian ideas. This delimitation of c o n t e n t , w i t h its focus o n « o r t h o d o x » Jewish Christianity, also m a y p r o v i d e a concealed clue as t o t h e chronological a s s u m p t i o n s b e h i n d Danielou's p r e s e n t a t i o n . Apparently « or t h o d o x » J e w i s h Christianity m u s t b e in s o m e s o r t of direct c o n t i n u i t y w i t h t h e « o r t h o d o x » Christian theology (theolo gies ? Hellenistic a n d Latin !) of t h e second a n d t h i r d c e n t u r i e s , a n d t h u s is t r e a t e d w i t h i n t h e chronological limitations n o t e d above. B u t if o n e c o n c e n t r a t e s o n t h e conceptual similarities b e t w e e n various e a r l y C h r i s t i a n writings a n d m o v e m e n t s , w i t h o u t a t t e m p t i n g to i m p o s e o n t h e m (later) theological judgments regarding « orthodoxy» or «heterodoxy,» the a p p r o x i m a t e limit of mid-second c e n t u r y w o u l d s e e m to b e 8
9
8. S e e p . 1* born from the i n h i s History simply because
= 2 ET: « Harnack, for example, regarded theology as u n i o n o f t h e g o s p e l m e s s a g e a n d Greek p h i l o s o p h y ; a n d of Dogma, a J e w i s h C h r i s t i a n t h e o l o g y finds n o p l a c e h e never s u s p e c t e d its existence.»
9. Christentum und Judentum im ersten und zweiten Jahrhundert: ein Aufriss der Urgeschichte der Kirche ( G ü t e r s l o h : B e r t e l s m a n n , 1954); E n g l i s h t r a n s l a t i o n o f t h e first p a r t in Jesus, Paul and Judaism (1964). Danielou's reference to Goppelt's work is general and rather vague.
DEFINITION AND METHODOLOGY
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q u i t e a r b i t r a r y . On t h e o t h e r h a n d , it also n e e d s t o b e a s k e d w h e t h e r significant alternatives to Danielou's « J e w i s h Christian t h e o l o g y » m i g h t n o t have existed already in first c e n t u r y Christianity — w h e t h e r all Christianity w a s , in fact, « J e w i s h in s t r u c t u r e u n t i l the mid-second c e n t u r y » (19* = 9 ET). Danielou seems to a d m i t t h a t t h e « biblical theology » of the N e w Tes t a m e n t w r i t i n g s « h a s p o i n t s of c o n t a c t a n d affinities w i t h extra-canonical theology... of b o t h Hellenistic a n d J e w i s h Chris tian t y p e » (p. 1 ET; cf. 433*); does this n o t suggest t h e possible existence of a theological o r i e n t a t i o n w h i c h w a s « hellenistic » a n d non-Jewish-Christian (by Danielou's definition; see b e l o w ) in « o r t h o d o x » circles p r i o r t o t h e m i d d l e of the second c e n t u r y ? B u t m o r e of this p r o b l e m of diversity below. A n o t h e r difficulty relating to t h e context in w h i c h Danielou's discussion is p r e s e n t e d a n d t h e p r e s u p p o s i t i o n s b e h i n d his p r e s e n t a t i o n h a s t o do w i t h t h e m e a n i n g of t h e t e r m « theo logy » as it is u s e d in t h e p h r a s e « t h e theology of J e w i s h Christianity » or in t h e above-mentioned idea t h a t each of t h e « t h r e e w o r l d s » of early Christianity « p r o d u c e d its o w n distinctive Theology.» By « theology », Danielou claims to indi c a t e « a n a t t e m p t t o c o n s t r u c t an overall view b a s e d o n t h e f o u n d a t i o n provided b y t h e divine events of t h e i n c a r n a t i o n a n d r e s u r r e c t i o n of t h e W o r d » (433* = 1 ET). By definition, this w o u l d b e « o r t h o d o x » theology as over against a p p r o a c h e s t o Christianity in w h i c h i n c a r n a t i o n a n d r e s u r r e c t i o n a r e n o t focal. At o n e p o i n t Danielou seems t o b e m a k i n g a c o n t r a s t b e t w e e n t h e s o r t of « t h e o l o g y » for w h i c h h e is searching a n d t h e p a r t i c u l a r theological positions of individual repre sentatives of early C h r i s t i a n i t y : O u r c o n c e r n is n o t t o d e s c r i b e a n d a n a l y z e t h e o l o g i a n s , b u t a Theology. N o n e o f t h e great w r i t e r s of t h e e a r l y C h u r c h b e l o n g s w h o l l y t o o n e t r a d i t i o n , t o o n e a l o n e of t h e t h r e e w o r l d s m e n t i o n e d earlier... It m a y n o t b e o u t o f o r d e r t o w a r n t h e r e a d e r t h a t a c o m p l e t e p o r t r a i t of a n y p a r t i c u l a r C h r i s t i a n t h e o l o g i a n of t h e first t w o , o r e v e n t h r e e , c e n t u r i e s w i l l n o t b e f o u n d e i t h e r i n t h i s v o l u m e o r in the s e c o n d , e a c h t a k e n b y itself. ...The p r i n c i p a l s u b j e c t r e m a i n s the world of belief a n d n o t i t s o u t s t a n d i n g e x p o n e n t s . I n s o f a r a s t h e c o n c e p t i o n s of i n d i v i d u a l s a r e r e p r e s e n t e d h e r e , it i s r a t h e r t h o s e of t h e nameless thousands of believers w h o did not m o v e b e t w e e n the worlds, but w o r s h i p p e d God t h r o u g h t h e e y e s , a n d s e r v e d h i m t h r o u g h t h e o r d i n a n c e s of t h e i r J e w i s h f o r e f a t h e r s » [ p p . 3-4 ET, i t a l i c s m i n e ] .
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R.A. KRAFT
Even Paul, w h o for Danielou qualifies as « J e w i s h Christian » ( 1 9 * = 9 ET), a p p a r e n t l y does n o t r e p r e s e n t a p u r e l y « Jewish C h r i s t i a n » theological p o s i t i o n b u t also s t a n d s b e t w e e n t h e Semitic-Jewish a n d t h e hellenistic-Greek t h o u g h t w o r l d s (see 433* = 1 ET). I n o n e sense, t h e n , Danielou's « theology of Jewish Christian ity » (as also h i s « hellenistic Christian t h e o l o g y » ) s e e m s t o b e a n idealistic a b s t r a c t i o n — a purified a n d systematized distil lation of v a r i o u s ideas d r a w n from a variety of sources, w i t h o u t special r e g a r d f o r t h e q u e s t i o n of w h e t h e r a n y actual p e r s o n o r g r o u p of p e r s o n s ever consciously a d h e r e d t o such a « theo logy ». This « J e w i s h C h r i s t i a n theology » w o u l d b e r e l a t e d to a c t u a l early Christians as t h e Platonic w o r l d of ideas is t h o u g h t t o b e r e l a t e d t o t h e e m p i r i c a l w o r l d . Yet, Danielou a l s o sug gests t h a t t h e r e w e r e « n a m e l e s s t h o u s a n d s of believers » w h o actually a d h e r e d to s u c h a « J e w i s h Christian t h e o l o g y » — believers w h o s e ideas a r e reflected in t h e variety of sources from w h i c h Danielou h a s collected t h e d a t a b y w h i c h h e recon s t r u c t s « t h e theology of J e w i s h Christianity ». Unfortunately, t h e elusiveness of this g r o u p m a k e s it difficult t o m e a s u r e t h e i r p r e c i s e r e l a t i o n s h i p t o Danielou's « J e w i s h Christian theology ». I m u s t a d m i t t h a t s u c h a n a p p r o a c h in w h i c h c o n c r e t e his torical evidence s e e m s s u b s e r v i e n t to principles accepted on o t h e r g r o u n d s , m a k e s m e very u n c o m f o r t a b l e . F o r myself, I p r e f e r t o investigate h i s t o r y a n d t h e ideas of people in his t o r y inductively, avoiding a priori j u d g m e n t s w h e n e v e r pos sible. I do n o t find it objectionable t o speak of the ideas a n d theological o r i e n t a t i o n of p a r t i c u l a r individuals (e.g. t h e « theo logy » of Paul), while recognizing t h a t n o t every such individ u a l consciously a t t e m p t e d t o achieve s o m e s o r t of consistent overview t h a t could b e called a theological « system ». Indeed, I a m willing t o a d m i t t h a t c e r t a i n theological ideas c a n even b e implicit in w h a t a p e r s o n says o r believes, w i t h o u t t h e per son being fully conscious of his « t h e o l o g y » at every point. And certainly a given g r o u p or c o m m u n i t y can b e said to h a v e a selfconscious theological position (e.g. Marcionite theo10
10. I a m s i m i l a r l y u n c o m f o r t a b l e w i t h t e r m s s u c h a s « b i b l i c a l t h e o l o g y » o r « N e w T e s t a m e n t t h e o l o g y » o r e v e n « t h e o l o g y of t h e A p o s t o l i c F a t h e r s , » all of w h i c h r e l e g a t e t h e i d e a s of i n d i v i d u a l a u t h o r s t o a syn t h e t i c a b s t r a c t i o n b a s e d o n a n a priori j u d g m e n t o r a s s u m p t i o n regar d i n g t h e « u n i t y » of t h e p a r t i c u l a r c o l l e c t i o n of w r i t i n g s .
DEFINITION AND METHODOLOGY
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logy) even t h o u g h n o t every m e m b e r of t h e g r o u p necessarily p o s s e s s e d a theological a w a r e n e s s of t h e details of t h e g r o u p p o s i t i o n . B u t in e a c h i n s t a n c e a n identifiable h i s t o r i c a l e n t i t y ( p e r s o n o r g r o u p ) h a d existed a n d c a n b e e x a m i n e d b y m e a n s of critical historical m e t h o d o l o g y . I t s e e m s t o m e legitimate t o a s k w h e t h e r a n y historically identifiable a n d selfconscious e n t i t y ( p e r s o n o r g r o u p ) ever existed b e h i n d Danielou's « J e w i s h C h r i s t i a n t h e o l o g y » ? I s t h e r e a n y w a y of b r e a k i n g t h r o u g h t h e c i r c u l a r i t y of a r g u m e n t w h e r e b y t h e r e c o n s t r u c t e d « theo logy » p r o v i d e s t h e p r i m a r y evidence for t h e existence of « J e w i s h Christianity » as a n entity, w h i l e t h e s u p p o s e d exist e n c e of J e w i s h Christianity a s a n e n t i t y is t h e r a t i o n a l e for r e c o n s t r u c t i n g J e w i s h C h r i s t i a n theology ? I t is t r u e t h a t in Danielou's p r e s e n t a t i o n , h i s ( o r t h o d o x ) J e w i s h Christianity gains a s e m b l a n c e of c o n c r e t e n e s s b y being c o n t r a s t e d w i t h identifiable b r a n d s of « h e t e r o d o x » J e w i s h C h r i s t i a n i t y (e.g. E b i o n i t e s , Elkesaites, c e r t a i n « gnostic » g r o u p s ) , b u t this does n o t solve t h e p r o b l e m in a convincing m a n n e r ; r a t h e r , it sim ply serves t o f u r t h e r c h a n g e t h e focus of t h e d i s c u s s i o n from t h e m e a n i n g of « t h e o l o g y » for Danielou t o t h e m e a n i n g of « J e w i s h Christianity » itself. Defining
« Jewish
Christianity
»
F o r Dantelou, « J e w i s h C h r i s t i a n i t y » does not refer to a p a r t i c u l a r selfconscious g r o u p b u t is a n u m b r e l l a t e r m u s e d t o d e s i g n a t e a type of C h r i s t i a n o u t l o o k — t h e expression of Christianity in t h o u g h t f o r m s b o r r o w e d from « Spdtjudentum » (see 19*= 9f ET). I t includes t w o o t h e r g r o u p i n g s s o m e t i m e s r e f e r r e d t o as « J e w i s h C h r i s t i a n » in m o d e r n d i s c u s s i o n s : (1) « E b i o n i t e » a n d r e l a t e d « h e t e r o d o x » g r o u p s for w h i c h J e s u s is p r o p h e t o r m e s s i a h , b u t n o t son of God ( a l t h o u g h Danielou does n o t w i s h t o focus on this s o r t of J e w i s h Chris tianity as s u c h ) ; a n d (2) t h e « o r t h o d o x » Christianity r e p r e s e n t e d b y t h e earliest c o m m u n i t y at J e r u s a l e m , led b y J a m e s a n d his successors ( s o m e t i m e s later called « N a z a r e n e s »), for w h o m J e s u s ' m e s s i a h s h i p i m p l i e d divinity. I t also includes every o t h e r early C h r i s t i a n o r g r o u p for w h o m characteristi cally J e w i s h t h o u g h t f o r m s w e r e basic, regardless of w h e t h e r such Christians h a d any direct connection (including genealog ical) w i t h any Jewish c o m m u n i t y or w i t h the J e w i s h w o r l d
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R.A. KRAFT 11
a t l a r g e . I t s h o u l d b e n o t e d t h a t Danielou simply p r e s e n t s this definition of « J e w i s h Christianity » as t h e w a y in w h i c h h e chooses t o u s e t h e t e r m ; n o a t t e m p t is m a d e t o derive t h e idea of s u c h « J e w i s h Christianity » inductively b y m e a n s of careful analysis of a n c i e n t references t o p a r t i c u l a r individ u a l s (e.g. J a m e s , Paul, C e r i n t h u s ) o r g r o u p s (e.g. « H e b r e w s » vs. « Hellenists », « circumcision p a r t y », « E b i o n i t e s ») descri b e d in ancient s o u r c e s as b e i n g closely associated w i t h J u d a i s m in o n e w a y o r a n o t h e r . I n d e e d , t h e definition s e e m s to pre s u p p o s e t h e r e s u l t s of Danielou's investigation, t h a t a b o d y of c h a r a c t e r i s t i c a l l y J e w i s h t h o u g h t u n d e r l i e s m o s t of t h e earliest Christian s o u r c e s . For Danielou, « Spatjudentum » m e a n s t h e various s o r t s of J u d a i s m in existence a t t h e b e g i n n i n g of t h e c o m m o n era, a l t h o u g h for r e a s o n s n o t sufficiently explicated, h e chooses to exclude Philo's J u d a i s m from his investigation of Jewish Christianity a n d t h u s t o c o n c e n t r a t e o n t h e Jewish-Seraific t h o u g h t w o r l d . H e sees in t h e d e v e l o p m e n t of h e t e r o d o x J e w i s h Christian g r o u p s a c o n t i n u a t i o n of t h e varieties of « h e t e r o d o x » J u d a i s m : E b i o n i s m derives f r o m a n Essenic J e w i s h h e t e r o d o x y w h i c h e m p h a s i z e d t h e b r e a k w i t h t h e « offi cial » J e w i s h cult (cf. 76*, 82* = 64, 69 ET); C e r i n t h u s r e p r e s e n t s a d e v e l o p m e n t of zealot m e s s i a n i s m (82* = 69 ET); C a r p o c r a t e s reflects h e t e r o d o x J e w i s h gnosis (98* = 85 ET); etc. B u t even « o r t h o d o x » J e w i s h Christianity, w i t h its m o r e a c c e p t a b l e christology, existed in a variety of f o r m s related t o t h e varieties in Spatjudentum (19* = 10 ET). Danielou claims t h a t d e s p i t e t h e « diverse s t r e a m s » w i t h i n J e w i s h Christianity, « t h e r e w a s a c o m m o n m e n t a l i t y » : « a first f o r m of Christian theology, Semitic-Jewish in expression » (20* = 10 ET), a n « overall view » (433* = 1 ET), a « c o m m o n basis » ( 1 * = 3 ET), a « d o c t r i n a l system...Semitic in struc1 2
13
11. A p p a r e n t l y t h e r e f e r e n c e t o « t h e i r J e w i s h f o r e f a t h e r s » o n p . 4 £ 1 either is n o t intended to b e genealogical, o r the « n a m e l e s s thousands » p i c t u r e d i n t h a t c o n t e x t ( s e e a b o v e ) are t o b e c o n s i d e r e d a s o n l y p a r t of the total « Jewish Christian» group. 12. H e r e , D a n i e l o u m a k e s a n o t h e r p a s s i n g r e f e r e n c e t o G o p p e l t ' s w o r k n o t e d a b o v e , n. 9. 13. S e e p . 20* = 10 n. 18 ET: « T h e i n f l u e n c e of P h i l o is n o t i n c l u d e d h e r e , s i n c e it b e l o n g s t o a t y p e of J u d a i s m e x p r e s s e d i n t h e f o r m s of Greek p h i l o s o p h y , a n d w i l l t h e r e f o r e b e of m o r e d i r e c t c o n c e r n in t h e s t u d y of h e l l e n i s t i c C h r i s t i a n i t y » ( s e e e.g. v o l u m e 2, p p . 297-302).
DEFINITION AND METHODOLOGY
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t u r e a n d expression » (4 ET). B u t it m u s t b e a s k e d , w a s t h e r e a n y conscious a w a r e n e s s of this « c o m m o n » b o n d o n t h e p a r t of t h e s e « J e w i s h Christians » ? P r e s u m a b l y b o t h Paul a n d his « s u p e r a p o s t l e » o p p o n e n t s a t C o r i n t h (see 2 Cor 11) w o u l d qualify as « J e w i s h C h r i s t i a n . » They w o u l d b o t h p r o b a b l y even b e c o n s i d e r e d christologically « o r t h o d o x » b y Danielou's s t a n d a r d s ! B u t t h a t c a n n o t c h a n g e t h e fact t h a t t h e y s e e m t o have h a d radically different o u t l o o k s o n t h e b a s i c p o i n t ( t o Paul, a t least) of w h a t c o n s t i t u t e d t h e h e a r t of t h e « gos pel ». S h o u l d n o t t h e descriptive categories for o u r s t u d y of m e n a n d m o v e m e n t s in h i s t o r y derive from t h e historical s i t u a t i o n s themselves—from t h e selfconsciousness of t h e par t i c i p a n t s ? H o w c a n Danielou's a b s t r a c t i o n « J e w i s h Christian ity » h e l p m e t o u n d e r s t a n d w h a t w a s h a p p e n i n g a m o n g early C h r i s t i a n s ? Does it n o t , in fact, t e n d t o blind m e to t h e p r o b l e m s of w h i c h t h e historical p a r t i c i p a n t s w e r e con scious in t h e i r o w n t i m e s , b y viewing t h e m f r o m l a t e r perspec tives q u i t e foreign to t h e m (e.g. Semitic-Jewish, hellenistic, Latin) ? Probing
the Sources:
the Problem
of
Methodology
I n all fairness, it m u s t b e a c k n o w l e d g e d t h a t Danielou does n o t claim to b e p u r s u i n g h i s s u b j e c t b y m e a n s of inductive historical description. R a t h e r , h e is a t t e m p t i n g t o establish a thesis w h i c h is s t a t e d at t h e b e g i n n i n g of t h e v o l u m e : t h a t t h e r e w a s in earliest Christianity a c o m m o n m e n t a l i t y (« J e w i s h Christianity ») c h a r a c t e r i z e d b y t h e u s e of t e c h n i q u e s a n d ideas derived f r o m Spdtjudentum. I n a n a t t e m p t t o identify early C h r i s t i a n m a t e r i a l s t h a t derive directly from this s u p p o s e d J e w i s h C h r i s t i a n outlook, Danielou p r o p o s e s t h r e e c r i t e r i a : (1) a d a t e p r i o r t o t h e last half of t h e 2nd c e n t u r y ; (2) u s e of l i t e r a r y genres p o p u l a r in Spdtjudentum; a n d (3) p r e s e n c e of ideas c h a r a c t e r i s t i c of Spdtjudentum, especially t h e u s e of apocalyptic imagery. B u t Danielou d o e s n o t t h i n k it n e c e s s a r y that each particular writing under consideration m u s t meet all t h r e e r e q u i r e m e n t s in o r d e r to qualify as « J e w i s h Chris tian » (21* = 11 ET). The a r b i t r a r y n a t u r e of t h e chronological c r i t e r i o n h a s already b e e n m e n t i o n e d above. The m a t t e r of l i t e r a r y g e n r e is n o t discussed w i t h a n y precision b y Danielou, b u t s e e m s t o b e of m o s t significance for his first category of allegedly J e w i s h Christian w r i t i n g s , n a m e l y p s e u d e p i g r a p h i c a l
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w o r k s like Ascension of Isaiah, 2 Enoch (Slavonic), a n d Testaments of the Twelve Patriarchs. T h e s t a t e m e n t t h a t apoc alyptic is « the d o m i n a n t J e w i s h t h o u g h t f o r m of t h e p e r i o d » ( 2 * = 4 ET; see also 2 1 * = 11 ET) r e q u i r e s f u r t h e r c o m m e n t since it is of s u c h c e n t r a l i m p o r t a n c e t o Daniélou's thesis. Daniélou offers n o evidence in s u p p o r t of his claim a b o u t t h e d o m i n a n c e of apocalyptic in Spatjudentum. Certainly n o t every w i t n e s s p r e s e r v e d f r o m Spatjudentum w a s apocalypti cally oriented, a n d certainly o t h e r i n t e r e s t s s u c h as ethical a n d philosophical w i s d o m , cult a n d calendar, h i s t o r y a n d legend w e r e also c h a r a c t e r i s t i c of s o m e J e w i s h s o u r c e s a n d r e p r e s e n t atives. E v e n Daniélou's q u i c k d i s m i s s a l of Philo ( a n d p r e s u m ably any o t h e r such « h e l l e n i s t i c » J e w i s h w i t n e s s e s ) as relevant evidence for « J e w i s h C h r i s t i a n i t y » d o e s n o t leave Spatjudentum w i t h o u t non-apocalyptic c u r r e n t s of t h o u g h t . B u t if s t r e a m s of J u d a i s m existed in w h i c h apocalyptic w a s n o t p a r t i c u l a r l y c e n t r a l , is it n o t possible t h a t a similarly nonapocalyptic o u t l o o k w a s i n c l u d e d a m o n g t h e earliest (« o r t h o dox ») Christian theological positions ? M u s t t h e r e b e b u t a single theological p o s i t i o n in earliest C h r i s t i a n i t y ? Even if Philo is d i s m i s s e d as « hellenistic,» d o e s t h a t n o t leave o p e n t h e possibility t h a t a n early Christian « hellenistic theology » ( t o u s e Daniélou's t e r m s ) m i g h t a l s o have existed f r o m t h e earliest p e r i o d ? P e r h a p s detailed, inductive investigation w o u l d reveal t h a t in t h e earliest d e c a d e s of C h r i s t i a n existence t h e r e w e r e several competing ( o r at least selfconsciously different a n d distinguishable) theologies of « hellenistic » as well as of « J e w i s h » coloring, even w i t h i n early Christianity of a christologically « o r t h o d o x » s o r t (by Daniélou's definition). The n e e d for a d e q u a t e c o n t r o l s b e c o m e s m o s t evident w h e n Daniélou applies his c r i t e r i a to the e x t a n t non-canonical liter a t u r e from early Christianity. His thesis is t h a t in earliest Christianity t h e r e is a c o m m o n m e n t a l i t y w i t h p r o n o u n c e d l y apocalyptic features. One c r i t e r i o n for identifying e x t a n t sources is the apocalyptic imagery. I t is n o s u r p r i s e t h a t t h e sources s u p p o r t t h e thesis ! I t is t o b e expected t h a t t h e sources will s h o w a c o m m o n m e n t a l i t y of s o m e s o r t , since they a r e identified p r i m a r i l y w i t h r e s p e c t t o t h e k i n d of t h o u g h t w o r l d they r e p r e s e n t . I t is n o t difficult to find something in c o m m o n b e t w e e n any series of w r i t i n g s from a p p r o x i m a t e l y t h e s a m e period of history. T h e p r o b l e m is w h e t h e r the m e t h o d
DEFINITION- ANp METHODOLOGY
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of investigation is a d e q u a t e to identify w h a t a r e t h e m o s t significant a n d c h a r a c t e r i s t i c features of t h e m a t e r i a l s , from t h e viewpoint of w h a t their a n c i e n t a u t h o r s a n d editors inten d e d t o convey. M o r e careful a n d c o n s i s t e n t a t t e n t i o n t o t h e methodological p r o b l e m s is desirable a t t h e o u t s e t of such a n investigation. Nevertheless, Danielou's a p p r o a c h h a s p r o v e d fruitful in a variety of ways. S o m e very significant p a t t e r n s of t h o u g h t a r e seen t o b e c o m m o n t o several of t h e allegedly J e w i s h Christian sources i-*-e.g. angelology p e r v a d e s d o c u m e n t s s u c h as Ascension of Isaiah, 2 Enoch, Testaments of the Twelve Patriarchs, Shepherd of Hermas, Apocalypse of Peter, Epistle of the Apostles; t h e « theology of t h e c r o s s » is i m p o r t a n t in Ignatius, Gospel of Peter, Odes of Solomon, Epistle of the Apostles, a n d p e r h a p s e l s e w h e r e ; ecclesiological i n t e r e s t is obvious in Ascension of Isaiah, Ignatius, Shepherd of Hermas, 2 Clement, a n d Odes of Solomon. Unfortunately, n o single « d o c t r i n e » o r p a t t e r n of d o c t r i n e s is c o m m o n t o all of t h e s o u r c e s examined, n o r is t h e r e a really close u n i t y b e t w e e n t h e p a r t i c u l a r ways in> w h i c h e a c h d o c u m e n t e x p r e s s e s a partic u l a r doctrine—e.g. t h e r e is n o t one angelology c o m m o n t o all t h e angel-oriented sources, b u t several a n g e l o l o g i e s ; simi larly t h e r e a r e several ideas c o n c e r n i n g m i l l e n n i u m , r e d e m p tion, i n c a r n a t i o n , t h e cross, etc. The « c o m m o n m e n t a l i t y , » t h e n , applies n o t t o details of d o c t r i n e , b u t p r i m a r i l y t o gener al a r e a s of t h o u g h t r e p r e s e n t e d in v a r i o u s w a y s in t h e v a r i o u s sources. Unity is achieved b y a p r o c e s s of theological a b s t r a c tion ; it is n o t obvious in t h e s t u d y of t h e p a r t i c u l a r d o c u m e n t s a n d t r a d i t i o n s themselves. Summary
and
Conclusions
I t is the farthest thing from m y intention to leave the i m p r e s s i o n t h a t Danielou's s t u d y entitled « T h e Theology of Jewish Christianity » h a s n o t m a d e a n y significant o r positive c o n t r i b u t i o n to t h e s t u d y of early Christian h i s t o r y a n d t h o u g h t . H e h a s g a t h e r e d t o g e t h e r a w e a l t h of evidence from v a r i o u s early Christian sources to suggest t h a t J e w i s h ideas a n d inter ests w e r e of g r e a t influence a m o n g early Christians. Even if t h e f r a m e w o r k of his p r e s e n t a t i o n a p p e a r s to b e overly d e p e n d e n t on w h a t seem to b e u n e x a m i n e d p r e s u p p o s i t i o n s ,
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a n d even t h o u g h his m e t h o d of a p p r o a c h m a y lack sufficient c o n t r o l s a t p o i n t s (all of w h i c h is simply a n o t h e r way of saying t h a t I w o u l d n o t h a v e a p p r o a c h e d t h e s u b j e c t in t h e s a m e m a n n e r ! ) , t h e r e s u l t of h i s l a b o r s is a n i m p r e s s i v e description of t h e apocalyptic J e w i s h a t m o s p h e r e b r e a t h e d b y m a n y early C h r i s t i a n s . W h e t h e r it is helpful t o call t h i s s o r t of a t m o s p h e r e o r Zeitgeist a « theology » in t h e r a t h e r specific m a n n e r employed b y Danielou m u s t b e left t o t h e individual r e a d e r t o decide. B u t w h a t e v e r o n e wishes t o call it, t h e m a t e r i a l in Cardinal Danielou's « Theology of J e w i s h Christianity » recap t u r e s a n a s p e c t of early Christian t h o u g h t t h a t t h e s t u d e n t of Christian origins c a n n o t afford to neglect. F o r t h e r e a s o n s outlined in this essay, it is p r o b a b l e t h a t t h e rigid historical inductivist could n o t h a v e p r o d u c e d s u c h a b o l d a n d conven ient synthesis of m a t e r i a l s . I n t h a t i n s t a n c e w e w o u l d all b e p o o r e r . Despite t h e above-mentioned difficulties, I a m con vinced t h a t o u r u n d e r s t a n d i n g of early Christianity h a s b e e n a d v a n c e d in a n i m p o r t a n t m a n n e r b y Danielou's « Theology of J e w i s h C h r i s t i a n i t y » w i t h its excellent overview of t h e J e w i s h apocalyptic t h o u g h t w o r l d ( s ) of earliest Christianity.
JUDËO-CHRISTIANISME
II
HISTOIRE ET INFLUENCE
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R.M. Grant. — Jewish Christianity at Antioch in the second century E n s u i v a n t à l a t r a c e l'influence d e q u e l q u e s t é m o i n s c o m m e I g n a c e , Saturnin, Théophile, o n aboutit à la conclusion que de nombreux aspects importants d e l'histoire chrétienne et gnostique à Antioche a u s e c o n d s i è c l e p e u v e n t s'expliquer p a r l a p r é s e n c e d u j u d é o - c h r i s t i a n i s m e . L e s Juifs chrétiens d'Antioche auraient apporté à l'Eglise, n o n s e u l e m e n t leur nombre, m a i s encore des éléments apologétiques, historiques, liturgiques e t t h é o l o g i q u e s , q u e l'on r e t r o u v e d a n s l ' œ u v r e d e T h é o p h i l e . In trying to trace the influence of some witnesses as Ignatius, Saturninus, Theophilus, it may be shown that many important aspects of the Christian and Gnostic history at Antioch in the second century can be explained in relation to the presence of Jewish Christianity there. The Christian Jews of Antioch would have brought to the church not merely numerical strength but also the apologetic, historical, liturgical and theological insights which we find in Theophilus' work.
W. Rordorf. — Un chapitre d'éthique judéo-chétienne : les deux voies C'est s o u s l'influence d ' u n e t r a d i t i o n e s s é n i e n n e d u a l i s t e q u e s e m b l e ê t r e n é l ' e n s e i g n e m e n t é t h i q u e c o n n u s o u s l e n o m d e duae viae, qui c o u v r e l ' e s s e n t i e l d e s c i n q p r e m i e r s c h a p i t r e s d e l a Didaché. Ce texte a u r a i t é t é d e s t i n é à d e s p r o s é l y t e s e n m i l i e u juif, e t à d e s c o n v e r t i s d u p a g a n i s m e e n m i l i e u c h r é t i e n o ù il a v a i t s a p l a c e d a n s u n e n s e i g n e m e n t p r é b a p t i s m a l . P u i s c e Sitz-im-Leben s'est e n s u i t e d é p l a c é a u cours d e l ' h i s t o i r e : l e duae viae a é t é p r o g r e s s i v e m e n t u t i l i s é à l ' i n t e n t i o n d e c h r é t i e n s « p a r f a i t s », r a t t a c h é s à u n e t r a d i t i o n m o n a s t i q u e , e t q u a n d , a u v i s i è c l e , il e s t i n t é g r é à l a R è g l e m o n a s t i q u e , il a c e s s é d ' e x i s t e r e n d e h o r s d'elle. e
The ethical teaching known by the name of d u a e v i a e , which runs through most of the first five chapters of the D i d a c h e , seems to have been born under the influence of a dualistic essenian tradition. This text may have been composed for proselytes in Jewish surroundings and for converts from paganism in christian surroundings, where it fitted into prebaptismal teaching. This Sitz-im-Leben changed then through the course of history : the d u a e v i a e theme was more and more meant for « perfect » christians, tied to a monastic tradition, so that when, by the Vlth century, it became part of the monastic Rule, it had no more separate existence.
H.J. Schoeps. — Der Ursprung des Bôsen und Das Problem der Theodizee in pseudoklementinischen Roman U n e x p o s é p r é c i s d e l'origine d u Mal, d a n s l e s H o m é l i e s p s e u d o c l é m e n t i n e s , d e s a f o n c t i o n d a n s le p l a n d e D i e u c r é a t e u r , e t d e s a
96 t r a n s f o r m a t i o n finale e n B i e n ( a p o c a t a s t a s e ) e s t s u i v i d ' u n e c o m p a r a i s o n d e cette position avec celle d e s autres théodicées juives, gnostiques o u païennes environnantes. Le principe dualiste est relativisé et inséré dans l e m o n o t h é i s m e juif, d e t e l l e s o r t e q u e l'on p o u r r a i t p a r l e r d ' u n « dual i s m e s u b o r d i n a t i a n i s t e », d a n s la l i g n e d e l a p e n s é e p r o p r e m e n t j u i v e e t e n n e t t e o p p o s i t i o n a u x c o u r a n t s religieux t a n t i r a n i e n s q u e g n o s t i q u e s . A precise exposition of the origin of Evil, in the pseudoclementine Novel, of its function in the design of God as creator, and of its final transformation in Good (apocatastasis) is followed by a comparison of this position with that of other surrounding theodicies — Jewish, gnostic or pagan. The dualistic principle is relativised and set into Jewish monotheism, so that one might rightly speak of « subordination dualism » following the track of proper Jewish thought, and in contradistinction with iranian religious thought or gnostic trends as well.
G. Quispel. — Mani et la tradition évangélique des Judéochrétiens P l u s i e u r s e x e m p l e s p r o u v e n t q u e l e s m a n i c h é e n s d'Afrique d u N o r d utilisaient une version latine retouchée du Diatessaron, et que cela est a u s s i a r r i v é à A u g u s t i n . D ' a u t r e s c i t a t i o n s b i b l i q u e s d ' A d i m a n t u s trahiss e n t l'influence d e l a t r a d i t i o n j u d é o - c h r é t i e n n e . Ce n'est p a s é t o n n a n t , puisque Mani avait c o n n u c e t t e tradition et que Tatien lui a vraisemb l a b l e m e n t fait d e s e m p r u n t s . T o u t e n r e j e t a n t l e j u d é o - c h r i s t i a n i s m e , M a n i n'a p a s é v i t é d ' e n s u b i r l'influence s u r p l u s i e u r s p o i n t s . Several examples prove that north-african manicheans made use of a latin version corrected from the Diatesseron, and that Augustine used it as well. Other biblical quotations by Adimantus show the influence of the Jewish christian tradition. No wonder, as Mani knew this tradition, and as Tatian most likely borrowed from it. Though rejecting Jewish Christianity, Mani was at the same time influenced by it on many points.
B. Bagatti. — I giudeo-christiani e I'anello di Salomone Après avoir établi la réalité et le sens des pratiques judéo-chrétiennes l i é e s a u s a n c t u a i r e o ù é t a i t c o n s e r v é l ' a n n e a u d e S a l o m o n ( p i s c i n e prob a t i q u e ) , l'article m o n t r e l e c h a n g e m e n t o p é r é a v e c le t r a n s f e r t d e c e t a n n e a u a u S a i n t - S é p u l c r e p a r l e s p a g a n o - c h r é t i e n s d u IV s i è c l e . E
First showing the reality and meaning of judechchristian practices, connected with the sanctuary where Solomon's ring was kept (probatic pool), this paper points then to the changes brought about with the transfer of this ring to the Holy Sepulchre by the gentile christians of the IVth centruy.
JEWISH CHRISTIANITY A T A N T I O C H IN THE SECOND CENTURY by
RM.
GRANT
Divinity School, University of Chicago
I n v a r i o u s studies of J e w i s h Christianity — especially, of c o u r s e , i n t h e Théologie du Judéo-Christianisme — Cardinal Daniélou h a s conclusively s h o w n t h a t m a n y a s p e c t s of t h e t h o u g h t of Antiochene C h r i s t i a n s w e r e developed as t h e y w e r e b e c a u s e of t h e s t r o n g influence of J e w i s h C h r i s t i a n i t y in t h e city of Antioch. I n p a r t this influence w a s d u e to, a n d rein forced by, t h e p r e s e n c e of a n i m p o r t a n t J e w i s h c o m m u n i t y in t h e city, as Carl K r a e l i n g d e m o n s t r a t e d forty y e a r s a g o . W e n o w endeavor, in offering this essay in h o n o r of t h e Card i n a r s t h i r t y years of association w i t h RSR, t o t r a c e J e w i s h C h r i s t i a n influences at Antioch from t h e end of t h e first cen t u r y t o t h e b e g i n n i n g of t h e t h i r d . W e h o p e t o see h o w t h e influence of J e w i s h Christianity w a s c o m b i n e d w i t h o t h e r fac t o r s a n d to find o u t a little m o r e a b o u t t h e o b s c u r e h i s t o r y of t h e c h u r c h at Antioch. 1
Menander O u r first w i t n e s s is t h e S a m a r i t a n Gnostic M e n a n d e r , w h o a c c o r d i n g to J u s t i n c a m e f r o m t h e village of K a p a r a t t a i a a n d t a u g h t a t A n t i o c h . His d a t e s a r e difficult t o d e t e r m i n e . J u s t i n calls h i m a disciple of t h e early S a m a r i t a n h e r e t i c S i m o n , w h o p r e s u m a b l y lived in t h e apostolic age ; I r e n a e u s m a k e s h i m S i m o n ' s s u c c e s s o r . P e r h a p s h e lived a t t h e e n d of t h e first c e n t u r y , p e r h a p s early in t h e second. Anti-heretical w r i t e r s 2
3
1. Journal of Biblical Literature 5 1 ( 1 9 3 2 ) , 130-60. 2 . Apol. I , 2 6 , 4 . 3 . IRENAEUS, Adv. haer. I , 2 3 , 5 ( I , 1 9 5 , HARVEY).
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R.M. GRANT
a r e fond of t r e a t i n g o n e Gnostic as t h e successor of a n o t h e r , p a r t l y so t h a t t h e y can t r a c e e r r o r b a c k to a single ( S i m o n i a n ) source. T h u s M e n a n d e r w a s supposedly followed b y S a t u r n i n u s a n d Basilides — a n d according to C l e m e n t of Alexandria, Basilides t a u g h t u n d e r H a d r i a n , a n d even i n t o the reign of Antoninus P i u s . 4
The « s y s t e m » of M e n a n d e r s e e m s t o h a v e b e e n r a t h e r sim ple. A first Dynamis, u n k n o w n to all, c r e a t e d or, m o r e pro bably, e m i t t e d a g r o u p of invisible A e o n s ; o n e of t h e m w a s his E n n o i a , w h o in t u r n e m i t t e d t h e angels w h o m a d e the universe. They w e r e hostile t o w a r d t h e s u p r e m e Dynamis a n d t o w a r d m e n ; t h e invisible Aeons s e n t M e n a n d e r himself to save m e n a n d give t h e m p o w e r to o v e r c o m e the angels. H e gave t h e m p o w e r b y m e a n s of Gnosis a n d t h e rite of b a p t i s m « into » himself. I n c o n s e q u e n c e of t h e b a p t i s m , they could n o t die o r g r o w old, for they w e r e n o w i m m o r t a l . 5
Obviously this w a s n o t t h e w h o l e story. Given M e n a n d e r ' s m o n i s t i c s t a r t i n g p o i n t , t h e s y s t e m m u s t h a v e contained a n explanation of w h y E n n o i a e m i t t e d t h e world-creating angels a n d w h y they w e r e hostile t o w a r d t h e Dynamis a n d u s e d d e a t h as a w e a p o n against m e n . T h e S i m o n i a n system, w h i c h b o t h J u s t i n a n d I r e n a e u s r e g a r d e d as a n t e c e d e n t t o t h a t of M e n a n d e r , explains t h e s e p o i n t s . E n n o i a p r o d u c e d t h e angels b e c a u s e h e r f a t h e r willed t h a t s h e should d o so. They w e r e hostile t o w a r d t h e p o w e r s a b o v e t h e m b e c a u s e they w a n t e d t o b e r e g a r d e d as a u t o n o m o u s , t o w a r d m e n b e c a u s e they desired to enslave t h e m . W h a t seems t o lie b e h i n d t h e c o m m o n view of b o t h S i m o n a n d M e n a n d e r is a m o d e s t l y speculative f o r m of Jewish Chris tianity, in w h i c h o n e w o u l d h e a r of t h e C r e a t o r w h o t h r o u g h his S o p h i a m a d e t h e u n i v e r s e ; h e m a y h a v e been assisted by his angels. To save m e n h e sent Christ i n t o t h e world. They a r e saved by faith a n d b y b a p t i s m i n t o h i m — the last p o i n t u n d e r l y i n g n o t S i m o n ' s view b u t M e n a n d e r ' s . W h a t m a y have h a p p e n e d is t h a t once t h e o p t i m i s m p r o v i d e d by apocalyptic or p r o p h e t i c eschatology w a n e d , a t least t w o consequences resulted. ( l ) T h e C r e a t o r God v e n e r a t e d b y Jews a n d Chris tians s e e m e d to b e n e i t h e r s u p r e m e n o r good, a n d fringe 4.
Str.
VII,
106,
5. IRENAEUS, loc.
4.
cit.
99
JEWISH CHRISTIANITY AT ANTIOCH 6
g r o u p s o n t h e b o r d e r s of J u d a i s m a n d C h r i s t i a n i t y r e g a r d e d h i m as simply o n e of t h e angels w h o m a d e t h e w o r l d . Along w i t h t h e m h e p r o m u l g a t e d t h e « l a w of d e a t h » w h i c h h a d b e e n r e g a r d e d as t h e law given b y t h e C r e a t o r . (2) Since it w a s i m p o s s i b l e to look f o r w a r d to this God's victory in t h e future, a d h e r e n t s of t h e s e g r o u p s h o p e d only t o o v e r c o m e t h e angels b y m e a n s of Gnosis a n d t h e b a p t i s m a l r i t e w h i c h p r o tected t h e m from d e a t h . 7
I t is possible t h a t I r e n a e u s u n d u l y literalized M e n a n d e r ' s language a b o u t t h e effects of his b a p t i s m ; b u t since h i s move m e n t s e e m s to h a v e lost i m p e t u s a r o u n d t h e t i m e w h e n old age actually affected his a d h e r e n t s , t h e literalism m a y well have belonged t o M e n a n d e r o r his followers o r b o t h . F o r similar language, t h o u g h n o t m e a n t strictly literally, w e m a y c o m p a r e w h a t I g n a t i u s , also of Antioch, says a b o u t t h e eucha ristie b r e a d as « t h e m e d i c i n e of i m m o r t a l i t y , t h e a n t i d o t e w h i c h r e s u l t s in n o t dying b u t living forever i n J e s u s C h r i s t . » I s this, as critics once suggested, a Christian a n s w e r to M e n a n d e r ' s claim ? 8
I n t h e system of M e n a n d e r w e find n o t h i n g explicitly Christian. I n d e e d , t h e r e is n o t h i n g specifically Jewish. All w e c a n claim is t h a t possibly it w a s developed in o p p o s i t i o n t o b o t h Christianity a n d J u d a i s m , o r perhaps in opposition to J e w i s h Christianity, a t Antioch. T h e p r i m a r y r e a s o n for vie w i n g it as a C h r i s t i a n h e r e s y is t h a t b o t h J u s t i n a n d I r e n a e u s so viewed it. I n addition, w h e t h e r H e g e s i p p u s w a s r i g h t o r not, h e certainly r e g a r d e d it as having Jewish-Christian r o o t s . 9
W h e n w e c o m e to t h e l e t t e r s of I g n a t i u s , o u r oldest direct w i t n e s s t o Antiochene Christianity, w e find t h e m e s a n d ideas which, as Daniélou h a s s h o w n , a r e definitely Jewish-Christian in origin . On t h e o t h e r h a n d , h e clearly rejected t h e JewishChristian views a n d p r a c t i c e s w h i c h seemed t o m i n i m i z e t h e u n i q u e n e s s of Christianity. 10
6 . O n t h i s p o i n t s e e t h e c o m m e n t s of H . JONAS, i n Le origini dello gnosticismo : Colloquio di Messina 13-18 aprile 1966 ( e d . U. BIANCHI, L e i d e n , 1967),
105.
7 . GRANT, ibid., 1 4 1 - 5 7 ; DANIÉLOU, ibid., 4 4 8 - 5 9 ; S . PÉTREMENT, ibid., 8 . Eph. 20, 2. 9 . EUSEBIUS, H. E. I V 2 2 , 5 ( 3 7 2 , 1 SCHWARTZ). 1 0 . Théologie du judéo-christianisme (Tournai, 1958), 49-53.
460-87.
100
R.M. GRANT
Judaizers H e d e s c r i b e s — r a t h e r sketchily, t o b e s u r e — t h e a t t i t u d e s of « J u d a i z e r s » in his l e t t e r s to t h e C h r i s t i a n s of Magnesia a n d Philadelphia i n Asia. H e also claims t h a t h e d o e s n o t k n o w t h a t a n y m e m b e r s of t h e s e c h u r c h e s actually h o l d s u c h a p o s i t i o n , a n d Virginia C o r w i n h a s suggested t h a t h i s statem e n t s s h o u l d p e r h a p s b e t a k e n l i t e r a l l y ; h i s k n o w l e d g e of J u d a i z e r s w o u l d t h e n b e derived f r o m conflicts a t Antioch a l o n e . H e m a k e s similar s t a t e m e n t s , h o w e v e r , a b o u t potential o p p o n e n t s a t E p h e s u s , Tralles, a n d S m y r n a , a n d it ther e f o r e s e e m s c e r t a i n t h a t t h e r e w e r e « J u d a i z e r s » at Magnesia a n d Philadelphia — a s well a s at Antioch. T h e o p p o n e n t s a t Magnesia seem t o r e g a r d Christianity a s necessarily b a s e d o n J u d a i s m a n d involving a life « i n conform i t y w i t h J u d a i s m . » They h a v e a h i g h r e g a r d for t h e Old T e s t a m e n t p r o p h e t s a n d m a y b e k e e p i n g t h e S a b b a t h . Against t h e m , I g n a t i u s insists t h a t J e s u s Christ is t h e only t e a c h e r of C h r i s t i a n s ; xP"*Ttavi<j[AÓ£ is different f r o m 'IouSocfou^ a n d super i o r t o it, for it is b a s e d o n t h e revelation of J e s u s Christ, n o t on a n t i q u a t e d m y t h s . Those a t Philadelphia s e e m t o b e gentile J u d a i z e r s , for they d o n o t p r a c t i c e c i r c u m c i s i o n . They s e e m t o avoid t h e c o m m o n m e a l of t h e c h u r c h . They m a k e m u c h of t h e Old T e s t a m e n t p a t r i a r c h s , p r o p h e t s , a n d p r i e s t s , a s does I g n a t i u s h i m s e l f . I n d e e d , they v a l u e t h e Old T e s t a m e n t so highly t h a t t h e y c a n s a y : « Unless I find it in t h e " c h a r t e r s " (ápxeia), I d o n o t believe it in t h e g o s p e l . » W h e n I g n a t i u s replies : « I t is writt e n », i. e., in t h e Old T e s t a m e n t , they r e j e c t his a n s w e r : « T h a t is t h e q u e s t i o n . » I n o t h e r w o r d s , for t h e m t h e Old T e s t a m e n t , i n t e r p r e t e d r a t h e r literally, is t h e p r i m a r y a u t h o r i t y a n d w h a t e v e r in t h e gospel is n o t confirmed by it is n o t a c c e p t a b l e . I t is n o t clear j u s t w h a t C h r i s t i a n d o c t r i n e s o r p r a c t i c e s t h e y h a d in m i n d , b u t it w o u l d b e h a r d t o confirm n
12
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1 S
11. 12. 13. 14. 15. 16. 17. 18.
Magn. 1 1 ; Philad. 7, 2. St. Ignatius and Christianity in Antioch ( N e w H a v e n , 1960), 58. Eph. 8, 1 ; Trail. 8, 1 ; Smyrn. 4, 1. Magn. 10, 3. Magn. 8, 2-9, 2. Magn. 10, 3 ; 8, 1 (cf. I T i m . 1, 4 ; 4, 7 ; II T i m . 4, 4 ; Tit. 1, 14). Philad. 6, 1 ; 4 ; 5, 2 ; 9, 1-2. Philad. 8, 2.
JEWISH CHRISTIANITY
AT ANTIOCH
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I g n a t i u s ' high d o c t r i n e s of Christ, t h e c h u r c h a n d its o r d e r , a n d t h e s a c r a m e n t s from a literal i n t e r p r e t a t i o n of t h e Old T e s t a m e n t . W e shall p r e s e n t l y see t h a t w h e n T h e o p h i l u s , a l a t e r b i s h o p of Antioch, deals w i t h s u c h q u e s t i o n s h e relies o n a non-literal i n t e r p r e t a t i o n . T w o p o i n t s deserve s o m e a t t e n t i o n h e r e . First, as Miss Corwin a n d o t h e r s h a v e p o i n t e d o u t , t h e m o r e e x t r e m e J u d a i z e r s h a d affinities w i t h Q u m r a n . I t is n o t n e c e s s a r y t o hold, however, t h a t they w e r e actually h e i r s of t h e D e a d Sea s e c t a r i a n s alone, in view of t h e existence of t h e m a n y J e w i s h sects t o w h i c h Marcel S i m o n h a s d r a w n a t t e n t i o n . Second, t h e deep c o n c e r n of I g n a t i u s w i t h docetists ( i n o t h e r l e t t e r s ) a n d J u d a i z e r s (in these) suggests t h a t h e p r o b a b l y d i d n o t e n c o u n t e r t h e i r views for t h e first t i m e w h e n h e r e a c h e d Asia. I t m a y b e t h a t t h e difficulties in t h e c h u r c h a t Antioch of w h i c h h e often s p e a k s a r o s e o u t of his struggle to p r e s e r v e w h a t h e c o n s i d e r e d t h e p r o p e r « c o n s t i t u t i o n » o r « corpo r a t e life» ( ( T c o f x a T e t o v ) of t h e c h u r c h t h e r e , in o p p o s i t i o n t o b o t h d o c e t i s t s a n d J u d a i z e r s . The s t r u c t u r e of t h e c h u r c h a n d t h e a u t h o r i t y of t h e b i s h o p w e r e essential for t h e main t e n a n c e of Christian life a n d t h o u g h t . 1 9
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U n f o r t u n a t e l y for o u r k n o w l e d g e of t h e h i s t o r y of Antioc h e n e Christianity, w e c a n n o t tell j u s t w h a t h a p p e n e d after I g n a t i u s ' d e p a r t u r e . Certainly h e t h o u g h t t h e n e w s from Antioch w a s good. T h e r e w a s p e a c e ; p r e s u m a b l y his succes sor had been chosen . We d o not know whether the successor insisted o n his episcopal a u t h o r i t y in t h e m a n n e r of I g n a t i u s o r exercised it w i t h m o r e m o d e r a t i o n . W a l t e r B a u e r a r g u e d t h a t h e r e s y r e m a i n e d s t r o n g o r even b e c a m e s t r o n g e r a t Antioch after I g n a t i u s l e f t , a n d it is certainly t r u e t h a t t h e G n o s t i c S a t u r n i n u s w a s a fairly i m p o r t a n t t e a c h e r t h e r e u n d e r H a d r i a n a n d / o r A n t o n i n u s P i u s . (We shall discuss h i s doc t r i n e s in a m o m e n t . ) W e s h o u l d n o t claim, however, t h a t o u r lack of i n f o r m a t i o n is d u e exclusively to t h e s t r e n g t h of heresy. M u c h of t h e t i m e t h e r e m a y have b e e n little conflict a n d the refore little n e w s to r e p o r t . 22
23
19. Op. cit., 61-63. 20. Les sectes juives au temps de Jésus ( P a r i s , 1960). 21. Smyrn. 11, 2. 22. Philad. 1 0 ; Smyrn. 11, 2 ; Polyc. 7 . 23. Rechtglaubigkeit und Ketzerei im altcsten Christentum 1934), 113-14.
(Tubingen,
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R.M. GRANT
We m u s t a s s u m e t h a t in I g n a t i u s ' t i m e t h e Gnostic system of M e n a n d e r b e g a n to c r u m b l e . His view of b a p t i s m as a f o u n t a i n of y o u t h m e a n t t h a t t i m e w o r k e d against h i m . Concei vably as this t h r e a t w a n e d t h e successors of I g n a t i u s w e r e able t o a d o p t a m o r e conciliatory a t t i t u d e t o w a r d t h o s e J e w i s h C h r i s t i a n s w h o w e r e o r t h o d o x in intention. Certainly t h e sys t e m of S a t u r n i n u s looks like a r e a c t i o n n o t only against Chris tianity in general b u t also against J e w i s h Christianity w i t h its e m p h a s i s o n c r e a t i o n a n d o n t h e Old T e s t a m e n t p r o p h e t s . Saturninus S a t u r n i n u s , as w e h a v e said, s e e m s t o h a v e t a u g h t late in H a d r i a n ' s reign a n d t h u s c a n b e r e g a r d e d as expressing a n anti-Jewish a t t i t u d e influenced b y t h e experiences of t h e r e c e n t revolt u n d e r B a r K o c h b a . His system clearly involves a deni g r a t i o n of « t h e God of t h e J e w s . » I n his v i e w , t h e s u p r e m e F a t h e r o r A u t h o r i t y f auOevxta) c r e a t e d angels, archangels, p o w e r s , a n d p r i n c i p a l i t i e s , a n d seven of t h e s e angels t h e n created the world (note the Jewish emphasis on creation, not e m a n a t i o n ) . W h e n a l u m i n o u s I m a g e (etxciv) m o m e n t a r i l y a p p e a r e d f r o m above, t h e y t r i e d to c r e a t e a m a n in i m i t a t i o n of it, « after t h e image a n d after t h e likeness » (Gen. 1, 26, revised). Their p r o d u c t could n o t s t a n d e r e c t b u t wriggled like a w o r m . T h e P o w e r above ( p r e s u m a b l y t h e s u p r e m e A u t h o r i t y ) s a w t h i s imperfect copy of its I m a g e a n d s e n t t h e s p a r k of l i f e « to raise it u p a n d m a k e it l i v e » ( p e r h a p s a n echo of H o s e a 6, 2 ?). At d e a t h t h e s p a r k r e t u r n s to its spiritual k i n d r e d (cf. Eccl. 12, 7 ) , while t h e o t h e r e l e m e n t s of m a n a r e dissolved. 24
25
26
S a t u r n i n u s ' d o c t r i n e of c r e a t i o n is verbally b a s e d o n Old T e s t a m e n t passages, b u t they a r e t a k e n o u t of t h e i r J e w i s h context a n d placed in a n e w Gnostic o n e . After t h e s t a t e m e n t a b o u t c r e a t i o n w e find o n e on r e d e m p tion, a n d h e r e logical difficulties, possibly t h o u g h n o t certainly 2 4 . S e e n o t e 3 a b o v e ; J u s t i n (Dial. 3 5 , 6 ) t r e a t s h i s f o l l o w e r s a s « m o d e r n » h e r e t i c s like M a r c i o n i t e s , V a l e n t i n i a n s , a n d B a s i l i d i a n s . 2 5 . IRENAEUS, Adv. haer. I , 2 4 . 2 6 . On t h i s s p a r k J . H . W A S Z I N K (Tertullianus De Anima, Amsterdam, 1 9 4 7 , 2 9 8 - 9 9 ) c o m p a r e s Macrtfbius, Somn. Scip. 1, 14, 1 9 ; W . K R O L L , DC oraculis chaldaicis ( B r e s l a u , 1 8 9 4 ) , 2 6 a n d 6 7 n. 2 ; W . B O U S S E T , Kyrios Christos ( G o t t i n g e n , 1 9 1 3 ) , 2 2 7 n. 2 a n d 2 4 2 .
JEWISH CHRISTIANITY AT ANTIOCH
103
d u e t o I r e n a e u s ' r e p o r t i n g , begin t o arise. T h e r e is a Savior w h o a s s p i r i t u a l a n d a s I m a g e is u n g e n e r a t e d , i n c o r p o r e a l , a n d w i t h o u t f o r m ; h e obviously r e s e m b l e s J e s u s , a s w e shall see, b u t h e m e r e l y s e e m e d t o b e c o m e h u m a n — t h e view of t h e docetists a t t a c k e d b y I g n a t i u s . I r e n a e u s gives u s t w o S a t u r n i n i a n explanations of h i s mission. (1) T h e F a t h e r d e s i r e d t o d e s t r o y all t h e a r c h o n s ( t h e c r e a t o r - a n g e l s ) ; therefore Christ c a m e t o d e s t r o y t h e God of t h e J e w s ( o n e of t h e angels) a n d to save t h o s e w h o believe h i m a n d h a v e t h e s p a r k of life. (2) T h e Savior c a m e t o d e s t r o y evil m e n a n d t h e d e m o n s a n d t o save t h e good, f o r t h e angels m a d e t w o k i n d s of m e n , t h e evil a n d t h e good, a n d t h e d e m o n s assisted evil m e n . Before w e examine t h e s e s t a t e m e n t s m o r e closely it will b e n e c e s s a r y t o s a y s o m e t h i n g a b o u t S a t u r n i n u s ' f u r t h e r state m e n t s a b o u t S a t a n . H e r e w e n o t e only t h a t i n . discussing c r e a t i o n h e h a s said n o t h i n g (according t o I r e n a e u s ) a b o u t t w o classes of m e n , a n d w e s h o u l d expect t o find t h a t all m e n h a v e t h e s p a r k of life, since all a r e d e s c e n d e d from Adam. P e r h a p s , however, Cain a n d Abel w e r e n o t really A d a m ' s des c e n d a n t s . According t o t h e Apocryphon of John, Cain a n d Abel w e r e really E l o h i m a n d Y a h w e h a n d w e r e s o n s of t h e first A r c h o n a n d Eve. A d a m ' s t r u e spiritual heir w a s n o t e i t h e r of t h e m b u t only S e t h . P r e s u m a b l y i n retelling S a t u r n i n u s ' creation-story I r e n a e u s o m i t t e d a n y reference t o such a story, as well a s t o a n y t h i n g a b o u t t h e differentiation of angels from demons. 2 7
I n t h e last section of I r e n a e u s ' a c c o u n t w e n o w e n c o u n t e r S a t a n , a n angel o p p o s e d t o t h e world-making angels a n d espe cially t o t h e G o d of t h e J e w s . H e w a s r e s p o n s i b l e f o r s o m e of t h e Old T e s t a m e n t p r o p h e c i e s , t h e w o r l d - m a k e r s f o r o t h e r s . H e i n t r o d u c e d m a r r i a g e a n d r e p r o d u c t i o n . Since I r e n a e u s des c r i b e s m a n y of S a t u r n i n u s ' followers a s devoted t o asceticism they m u s t have r e g a r d e d m a r r i a g e a n d r e p r o d u c t i o n a s evil. Therefore t h e s e r p e n t i n t h e g a r d e n of E d e n is t o b e identified, as i t is b y J e w i s h Christians, w i t h S a t a n .
27. Cf. W. T I L L , Die gnostischen Schriften des koptischen Papyrus Berolinensis 8502 ( T e x t e u n d U n t e r s u c h u n g e n 6 5 , B e r l i n , 1 9 5 5 ) , 1 6 4 - 6 7 ; M . K R A U S E - P . L A B I B , Die drei Versionen des Apokryphon des Johannes (Wies baden, 1962), 92-93; 177-79; 238-39; S . G I V E R S E N , Apocryphon Johannis (Copenhagen,
1963),
92-95.
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R.M. GRANT
B u t if this is so, the view of S a t u r n i n u s m u s t h a v e b e e n like t h a t of E p i p h a n i u s ' Ophites. They said t h a t the God of the Jews was Ialdabaoth, who produced a serpent which was called his s o n . Again, t h e Archontics h e l d t h a t « t h e devil is t h e s o n of t h e s e v e n t h principality, S a b a o t h ; S a b a o t h is t h e God of t h e J e w s , a n d t h e devil is his evil son, o n e a r t h t o o p p o s e his f a t h e r ». I s it possible t h a t I r e n a e u s h a s given u s r e p o r t s o n t w o divergent S a t u r n i n i a n d o c t r i n e s ? I t m a y b e — t h o u g h cer tainly w e s h o u l d exercise d u e c a u t i o n in a r g u i n g from I r e n a e u s ' language — t h a t o n e G n o s t i c t e a c h i n g p r e s e n t e d a theology of t h e I m a g e , w i t h t h e Savior ( u n g e n e r a t e d , incorporeal, w i t h o u t f o r m ) c o m i n g t o d e s t r o y evil m e n a n d t h e d e m o n s w h o assisted t h e m (cf. I J o h n 3, 8 : t o d e s t r o y t h e w o r k s of t h e devil) a n d t o save t h e good. B o t h g r o u p s of m e n w e r e m a d e b y t h e angels. This version, a p a r t from its Gnostic modi fications, w o u l d h a v e b e e n fairly close t o C h r i s t i a n ideas. The o t h e r , however, w a s m o r e specifically anti-Jewish a n d antiJewish^Christian. The F a t h e r s e n t Christ t o d e s t r o y t h e God of t h e J e w s a n d to save only t h o s e w h o h a d t h e s p a r k of life in themselves. S a t a n too w a s o p p o s e d t o t h e God of t h e J e w s , b u t p e r h a p s h e w a s even w o r s e , for h e w a s r e s p o n s i b l e for m a r r i a g e a n d r e p r o d u c t i o n . W h a t e v e r o n e does w i t h t h e inconsistencies, it r e m a i n s clear t h a t S a t u r n i n u s ' system(s) is o r a r e in o p p o s i t i o n to J u d a i s m a n d t h e Jewish-related Christianity of Antioch a n d it o r they h e l p u s u n d e r s t a n d the s t r o n g e m p h a s i s laid on J e w i s h Chris tianity b y Theophilus, b i s h o p of Antioch a r o u n d 180. The w o r k of S a t u r n i n u s implies t h e p r i o r existence of t h e J e w i s h Christianity w h i c h Theophilus l a t e r expresses. I n t u r n , t h e discussions p r o v i d e d b y T h e o p h i l u s a r e some t i m e s diametrically o p p o s e d t o S a t u r n i n u s ' views, t h o u g h t h e r e is n o m e n t i o n of this Antiochene Gnostic. Theophilus lays heavy e m p h a s i s o n t h e i m p o r t a n c e of c r e a t i o n a n d of t h e t r u e c r e a t i o n s t o r y as found in Genesis, t h u s implicitly contradic ting w h a t S a t u r n i n u s h a d said. His implicit p i c t u r e of Christ a s t h e Second A d a m is n o t c o m p a t i b l e w i t h S a t u r n i n u s ' view. According to Theophilus, S a t a n w a s o n c e a n angel b u t depar2 8
2 9
28. Haer. 29. Ibid.,
37, 3, 7. 4, 4. 40, 5, 1 ; cf. a l s o t h e S e v e r i a n s , ibid.,
45, 1, 4.
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ted from God. M a r r i a g e is t h e fulfilment of a p r o p h e c y m a d e b y A d a m u n d e r divine i n s p i r a t i o n ; it is an expression of divine love. Cain a n d Abel w e r e t h e sons of A d a m a n d E v e . I n t h e w o r k of T h e o p h i l u s w e t h u s see the a u t h o r i t a t i v e rejection of Gnostic ideas in favor of J e w i s h Christianity. 3 0
After
Saturninus
Before T h e o p h i l u s a n d after S a t u r n i n u s , however, w e encoun t e r a n o t h e r C h r i s t i a n t e a c h e r of d u b i o u s o r t h o d o x y a t Antioch. T o b e s u r e , E p i p h a n i u s is t h e first t o l o c a t e h i s teaching speci fically a t A n t i o c h , b u t since h e w a s earlier at R o m e a n d a p p a r e n t l y a t Athens a n d t h e n said farewell to b o t h , h e m a y well h a v e r e t u r n e d to his n a t i v e « A s s y r i a » via t h e city of A n t i o c h . I r e n a e u s claims t h a t h e w a s influenced b y Satur n i n u s a n d Marcion a n d t h a t h e « p r o c l a i m e d m a r r i a g e to b e c o r r u p t i o n a n d f o r n i c a t i o n . » F r o m Clement a n d Origen w e l e a r n t h a t , like S a t u r n i n u s , T a t i a n t i n k e r e d w i t h t h e exegesis of G e n e s i s ; h e t r e a t e d « Let t h e r e b e l i g h t » (Gen. 1, 3) a s a p r a y e r o r a r e q u e s t , n o t as a c o m m a n d . T h e o p h i l u s also replied to claims like this in his second b o o k Ad Autolycum. H e explicitly denied t h a t God n e e d e d a s s i s t a n c e except f r o m his o w n Logos a n d his o w n S o p h i a , a n d s p o k e of t h e creative Logos of God as his C o m m a n d ( S t a T a ^ t ^ ) . T h e o p h i l u s does n o t m e n t i o n e i t h e r S a t u r n i n u s o r Tatian. I n d e e d , in his b o o k s Ad Autolycum he mentions no heresies b y n a m e , merely m a k i n g a general s t a t e m e n t a b o u t t h e m a n d comparing them with p i r a t e s . From Eusebius we learn that h e w r o t e treatises against t h e h e r e s y of H e r m o g e n e s a n d 31
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3 0 . Ad Autolycum I I , 25-29. The idea that o n e god m a d e Adam, another E v e , s e e m s t o reflect t h e l a t e M a r c i o n i t e S e v e r i a n s , w h o h e l d t h a t t h e devil c r e a t e d E v e (EPIPHANIUS, Haer. 4 5 , 2 , 1 ) ; for a s i m i l a r v i e w h e l d earlier s e e t h e a t t a c k b y P h i l o i n EUSEBIUS, Praep. ev. V I I , 1 3 , 1 - 2 ; a l s o Mishnah, Sanhedrin I V , 5 ; A. MARMORSTEIN, Studies in Rabbinic Theology (London, 1950), 9 4 . 31. 32. 33. 34. 35. 36. 37.
Haer. 4 6 , 1 , 8 . Orat. 3 6 , 2 ; 4 2 . Adv. haer. I , 2 8 , 1 . CLEMENT, Eclog. proph. 3 8 , 1 ; ORIGEN, De orat. Ad Autol. I I , 1 8 , l i n e s 7 - 1 0 GRANT. Ibid., I I , 1 3 , line 2 7 . Ibid., I I , 1 4 , line 2 5 .
2 4 , 5 ; C . Cels.
VI, 51.
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against Marcion, a n d at t w o p o i n t s in Ad Autolycwn there are allusions to the views of Marcion's disciple A p e l l e s . W h a t this m e a n s is t h a t T h e o p h i l u s w a s o p p o s e d to heretical views o n t h e s u b j e c t of c r e a t i o n ( H e r m o g e n e s ) a n d in r e g a r d t o the r e l a t i o n s b e t w e e n t h e Old T e s t a m e n t a n d w h a t w a s c o m i n g to b e called the N e w (Marcion). P e r h a p s h e d i d n o t m e n t i o n S a t u r n i n u s b e c a u s e this h e r e t i c did n o t w r i t e a b o o k . His ideas, circulated b y w o r d of m o u t h , could best b e p a s s e d over in silence. T h e o p h i l u s t o o k m o r e p a i n s to refute t h e ideas of heretics w h o h a d p u t t h e m in w r i t i n g . W h a t h e defends, as w e have said, is essentially J e w i s h Christianity, a n d s c h o l a r s h a v e long b e e n a w a r e of his close r e l a t i o n t o J u d a i s m a n d its Christian c o u n t e r p a r t . We m e n t i o n only L. G i n z b e r g , A. M a r m o r s t e i n , t h e p r e s e n t w r i t e r , G. K r e t s c h m a r , a n d Cardinal Danielou h i m s e l f . E x a m p l e s o c c u r in T h e o p h i l u s ' exegesis of Genesis, in w h a t h e says a b o u t God, Christology, t h e c h u r c h , b a p t i s m a n d u n c t i o n , mora lity, a n d t h e w a y of salvation. H e r e I w i s h only t o r e i t e r a t e t h e suggestion I m a d e in 1948 t o t h e effect t h a t t h e « p r a i s e s of t h e C r e a t o r », in Ad Autolycwn I, 6, closely r e s e m b l e w h a t w e find in J e w i s h p r a y e r s as well as in t h e l a t e r Antiochene anaphora, a n d t h a t t h e r e f o r e Theophilus m a y well b e para p h r a s i n g it o r q u o t i n g from it. I n any event, since as b i s h o p h e offered t h e e u c h a r i s t i c p r a y e r it m u s t certainly have b e e n close t o w h a t he set forth in his apologetic w o r k ^. W h a t of t h e p e r i o d after Theophilus ? W e k n o w n o t h i n g a b o u t his successor Maximin, b u t w i t h S e r a p i o n , b i s h o p a b o u t 190, we a r e o n firmer g r o u n d , a n d again in a situation w i t h Jewish-Christian affinities. (1) T h e r e w a s s o m e d a n g e r from possible i n r o a d s t o b e m a d e b y innovative M o n t a n i s m , p e r h a p s b e c a u s e it m i g h t r e d u c e t h e i m p o r t a n c e of t h e Old T e s t a m e n t p r o p h e t s . In any event, S e r a p i o n vigorously o p p o s e d t h e move38
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38. H. E. IV, 24 (378, 2 4 ; 380, 1 1 ) ; Ad Autol. I I , 25, l i n e s 2 a n d 9. 39. Die Haggada bei den Kirchenvätern ( B e r l i n , 1900); The Legends of the Jews ( P h i l a d e l p h i a , 1909-1938). 40. Expositor V I I I , 17 (1919), 105-9. 41. Harvard Theological Review 40 (1947), 227-56 ( = After the New Tes tament, P h i l a d e l p h i a , 1967, 126-57); ibid., 43 (1950), 179-96. 42. Studien zur frühchristlichen Trinitätstheologie ( T ü b i n g e n , 1956), 28-33 ( a l s o o n I r e n a e u s , 33-61). 43. Op. cit. ( n o t e 10 a b o v e ) . 44. Anglican Theological Review 30 (1948), 91-94.
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JEWISH CHRISTIANITY AT ANTIOCH 4 5
m e n t . (2) During a p e r s e c u t i o n at least one Christian « fell a w a y to J e w i s h pseudo-religion », a n d S e r a p i o n a d d r e s s e d a t r e a t i s e to h i m . (3) I n discussing t h e Gospel of Peter Sera p i o n reflected a conservative t r a d i t i o n a l i s m w i t h o u t c o n c e r n for l i t e r a r y o r even theological q u e s t i o n s . P e r h a p s w e c a n view this a t t i t u d e as Jewish^Christian, t h o u g h T h e o p h i l u s w a s m o r e of a theologian t h a n S e r a p i o n . (4) W h e n the Q u a r t o d e c i m a n c o n t r o v e r s y a r o s e , n o b i s h o p of Antioch w a s m e n tioned as a t t e n d i n g a synod a n d expressing a g r e e m e n t w i t h t h e R o m a n ( a n d generally a c c e p t e d ) d a t e for E a s t e r . E u s e b i u s n a m e s Cassius of T y r e a n d C l a r u s of Ptolemais, b u t n o t Sera p i o n . W e m a y s u p p o s e t h a t a t Antioch t h e « Jewish » me t h o d of d a t i n g E a s t e r w a s employed, as it w a s in t h e early f o u r t h c e n t u r y . These p o i n t s suggest t h a t at Antioch J e w i s h Christianity w a s still flourishing t o w a r d t h e e n d of t h e second c e n t u r y . A little later, Tertullian tells u s t h a t a c e r t a i n Axionicus of Antioch w a s t h e only Valentinian Gnostic t e a c h e r w h o could claim t o p r e s e r v e t h e t r u e t e a c h i n g of V a l e n t i n u s . V a l e n t i n u s ' o w n d o c t r i n e h a d b e e n close t o mystical Jewish s p e c u l a t i o n s , a n d it m a y b e t h a t t h e c o n s e r v a t i s m of t h e o r t h o d o x J e w i s h C h r i s t i a n s a t Antioch h a d e n c o u r a g e d c o n s e r v a t i s m even a m o n g Gnostics ! 4 6
47
48
49
50
51
I n conclusion : w h a t w e h a v e tried to s h o w is t h a t m a n y of t h e m o s t i m p o r t a n t a s p e c t s of Christian a n d Gnostic h i s t o r y a t Antioch in t h e second c e n t u r y can b e explained in relation t o t h e c o n t i n u i n g p r e s e n c e of J e w i s h Christianity t h e r e . This p r e s e n c e is n o t as significant in t h e life a n d t h o u g h t of the 45.
EUSEBIUS,
H.
E.
V,
19,
2-3.
4 6 . Ibid., V I , 1 2 , 1 ( 1 5 5 , 6 - 8 ) . 4 7 . Ibid., V I , 1 2 , 3 - 6 . 4 8 . Ibid., V , 2 5 . 4 9 . Cf. B . L O H S E , Das Passafest 61-62;
5 0 . Adv. (165,
der
Quartadecimaner
(Gütersloh,
1953),
96-97.
13-17
Val.
4,
3
(CC
II,
756) ;
for
him
cf.
HIPPOLYTUS,
Ref.
VI,
35,
7
WENDLAND).
5 1 . T h e Evangelium Veritatis i s i m p o r t a n t i n r e g a r d t o t h i s ; cf. a l s o , a n d earlier, G. Q U I S P E L i n Vigiliae Christianae 1 (1947), 43-73; also H.-I. MARROU on « La t h é o l o g i e d e l ' h i s t o i r e d a n s la g n o s e v a l e n t i n i e n n e , » in Le origini, etc. (note 6 above), 215-26.
108
R.M. GRANT
early b i s h o p I g n a t i u s as in t h a t of t h e later b i s h o p Theophilus, t h o u g h it s e e m s i m p o r t a n t for p a r t of t h e b a c k g r o u n d of t h e Gnostic ideas of S a t u r n i n u s , late in H a d r i a n ' s reign o r early in t h a t of A n t o n i n u s Pius. P e r h a p s t h e r e w a s a m o v e m e n t i n t o t h e Christian c h u r c h on t h e p a r t of J e w s a t Antioch w h o did n o t w i s h t o b e associated w i t h B a r K o c h b a o r his m e m o r y . S u c h a m o v e m e n t w o u l d h a v e b e e n r e j e c t e d b y Gnostic leaders like S a t u r n i n u s b u t w e l c o m e d b y T h e o p h i l u s a n d possibly by his p r e d e c e s s o r s . T h e Christian J e w s of Antioch w o u l d have b r o u g h t to t h e c h u r c h n o t m e r e l y n u m e r i c a l s t r e n g t h b u t also t h e apologetic, historical, liturgical, a n d theological insights w h i c h w e find in T h e o p h i l u s ' w o r k . I n addition, they w o u l d h a v e b e e n r e s p o n s i b l e for his vigorous e m p h a s i s on p r a c t i c a l m o r a l i t y as b a s e d o n p r o p h e t s a n d gospel alike, a n d o n sal vation t h r o u g h o b e d i e n c e t o t h e law of God. 5 2
5 2 . M y s u p p o s i t i o n is a c c e p t e d b y G. D O W N E Y , A History of Antioch in Syria ( P r i n c e t o n , 1961), 300 n. 109. It m a y e x p l a i n w h y T h e o p h i l u s i n s i s t s o n the a c c e p t a n c e of p r o s e l y t e s (Ad Autol. I l l , 10) — in a J e w i s h - C h r i s t i a n c o n t e x t ( I I I , 9-14).
UN CHAPITRE D'ÉTHIQUE JUDÉO-CHRÉTIENNE : LES DEUX VOIES par
W.
RORDORF
Université d e N e u c h â t e l
Il est b i e n c o n n u q u e la Didaché, d é c o u v e r t e p a r P. B r y e n n i o s et p u b l i é e p a r lui en 1883, s'ouvre p a r c e t t e p h r a s e : « Il y a d e u x voies, u n e de la vie e t u n e d e la m o r t . » L ' e n s e i g n e m e n t des d e u x voies, q u i est u n e n s e i g n e m e n t é t h i q u e , c o u v r e l'essentiel d e s c h a p i t r e s 1-5 d e l ' é c r i t . T r è s tôt, o n a p r i s l'habit u d e de le désigner c o m m e manual of the Two Ways , comme die beiden Wege o u zwei Wege , o u p l u s s i m p l e m e n t c o m m e le duae viae . L ' e n s e i g n e m e n t d e s d e u x voies, c o n s e r v é sous différentes f o r m e s d a n s p l u s i e u r s é c r i t s c h r é t i e n s d e s p r e m i e r s s i è c l e s , n ' a cessé d e s u s c i t e r la curiosité d e s s a v a n t s . Les r e c h e r c h e s faites d e p u i s b i e n t ô t u n siècle se s o n t c o n c e n t r é e s , e n t r e a u t r e s , s u r d e u x p r o b l è m e s : 1. la q u e s t i o n d e la proven a n c e d u duae viae ; 2. la q u e s t i o n d u Sitz im Leben d u duae viae ; à q u o i j ' a i m e r a i s a j o u t e r u n t r o i s i è m e p r o b l è m e , celui 1
2
1
4
5
6
1. Pour l e m o m e n t , n o u s laisserons o u i o u n o n , l e c h a p . 6 f o r m e l a fin d u t e n a i t p r i m i t i v e m e n t a u s s i a u duae viae 2 . A i n s i C. TAYLOR, The Teaching of Hons from the Talmud, 1 8 8 6 . 3 . A i n s i A. HARNACK, Die Apostellehre 1886
(2
E
éd.
d e c ô t é la q u e s t i o n d e s a v o i r si, duae viae, e t si l e c h a p . 1 6 appar(cf. infra, n o t e s 3 2 e t 3 6 , e t p . 1 2 5 ) . the Twelve Apostles with illustraund
die
jüdischen
beiden
Wege,
1896).
4 . A i n s i R . KNOPF, Die Lehre der zwölf Apostel, 1 9 2 0 . 5 . L a Doctrina apostolorum, c o n n u e en partie e n 1 8 8 4 déjà, c o m m e n c e e n effet p a r l e s m o t s : Viae duae sunt in saeculo, uitae et mortis... 6 . A p a r t Did. 1-5, il f a u t s i g n a l e r n o t a m m e n t Barn. 1 8 - 2 0 , Doctrina apost., Canons eccl. 4 - 1 3 e t Epitome des can. eccl, Const, apost. V I I , 1 - 1 8 , Vie de Chenoute ( a r a b e ) , e t q u e l q u e s t e x t e s p s e u d o - a t h a n a s i e n s . Cf. S . GIET, L'énigme de la Didaché, 1 9 7 0 , p . 19-26.
110
W.
RURDORF
d u Nachleben d u duae viae d a n s le c h r i s t i a n i s m e , qui, m e semble-t-il, a été q u e l q u e p e u négligé. Dans ce q u i suit, j e m e p e r m e t t r a i de r e p r e n d r e c h a c u n de ces p r o b l è m e s , Tun a p r è s l ' a u t r e ; j e m'efforcerai d e faire le p o i n t des r e c h e r c h e s p a s s é e s et de t i r e r les conclusions q u i s'imposent p o u r la r e c h e r c h e actuelle.
1. La question de la provenance du duae viae
7
La r e s s e m b l a n c e e n t r e Didaché 1-5 et Epître de Barnabe 18-20 a f r a p p é d é j à les p r e m i e r s é d i t e u r s d e la Didaché. D'abord, o n n e songeait q u ' à d e u x solutions possibles d u p r o b l è m e : o u bien la Didaché suit, d a n s la section d u duae viae, YEpître de Barnabe (ainsi B r y e n n i o s , H a r n a c k ) , o u b i e n c'est le cont r a i r e , et Barnabe d é p e n d ici d e la Didaché (ainsi Zahn, F u n k ) . C'est C. T a y l o r q u i a v a n ç a l'hypothèse d ' u n e s o u r c e c o m m u n e qu'il croyait j u i v e ; H a r n a c k s'est rallié à s o n p o i n t d e v u e . 8
9
Dès q u e le texte c o m p l e t d e la Doctrina apostolorum fut c o n n u et é d i t é , o n e u t u n n o u v e a u p r o b l è m e à r é s o u d r e : était-ce u n e t r a d u c t i o n l a t i n e de la Didaché o u u n t e x t e indép e n d a n t q u i s e r a i t m ê m e p l u s p r o c h e d e la s o u r c e c o m m u n e s u p p o s é e d e Didaché et d e Barnabe ? L a d e u x i è m e r é p o n s e semblait p l u s p l a u s i b l e . Mais elle n'aidait p a s à d é t e r m i n e r si la s o u r c e c o m m u n e était d e p r o v e n a n c e c h r é t i e n n e o u juive. 10
11
7. O n t r o u v e d e s r é s u m é s d e l ' h i s t o i r e d e la r e c h e r c h e d a n s J.-P. AUDET, La Didaché. Instructions des apôtres, 1958, p . 2-21 ; P. PRIGENT-RA. KRAFT, Epître de Barnabe, SC 172, 1971, 12-20. Cf. a u s s i A . TURCK, Evangelisation et catéchèse aux deux premiers siècles, 1962. 8. D a n s l ' o u v r a g e c i t é à la n o t e 2 ; a v a n t lui, semble-t-il, J. WORDSWORTH, « C h r i s t i a n Life, R i t u a l a n d D i s c i p l i n e at t h e C l o s e o f t h e F i r s t C e n t u r y », The Guardian, L o n d o n , 19 m a r s 1884, S u p p . , c i t é p a r J.-P. AUDET, op. cit., p . 12, n . 3 . 9. D a n s l'ouvr age c i t é à l a n o t e 3 ; cf. Die Apostellehre, dans Realencycl. für prot. Theol. und Kirche, 3e é d . I (1896), p . 723 s s . ; Didaché, dans The New Schaff-H erzog Encycl. of Rel. Knowl. I I I (1909), p . 423. 10. P a r J. SCHLECHT, Doctrina XII apostolorum, 1900 ; cf. L. WOHLEB, Die lateinische Uebersetzung der Didaché kritisch und sprachlich untersucht, 1913. 11. Cf. E . HENNECKE, « D i e G r u n d s c h r i f t d e r D i d a c h e u n d i h r e R e z e n s i o n e n » , ZNW 2 (1901), p . 58-72; E.J. GOODSPEED, « T h e D i d a c h e , B a r n a b a s a n d t h e D o c t r i n a » , Angl. Theol. Rev. 27 (1945), p . 228-247; B . ALTANER, « Z u m P r o b l e m d e r l a t e i n i s c h e n D o c t r i n a a p o s t o l o r u m », Vig. Chr. 6 (1952), p . 1-47.
111
LES DEUX VOIES
Un fervent défenseur d e l'origine juive d u duae viae fut A. Seeberg. Dans p l u s i e u r s p u b l i c a t i o n s , il essaya d e p r o u v e r l'existence d ' u n c a t é c h i s m e c h r é t i e n primitif c o n t e n a n t les deux voies, d e s p r e s c r i p t i o n s a l i m e n t a i r e s (cf. Did. 6 ! ) , d e s i n s t r u c tions s u r le b a p t ê m e , la p r i è r e , l'eucharistie (cf. Did. 7-10!) e t u n e n s e i g n e m e n t doctrinal, à l'instar d u c a t é c h i s m e qu'utilisaient les Juifs p o u r initier l e u r s prosélytes, e t q u i s'inspirait e n p a r t i e d u « Code d e S a i n t e t é » (Lév. 17 s s . ) . A c a u s e d e l e u r h a r d i e s s e , les thèses d e Seeberg n e t r o u v è r e n t p a s l'écho qu'elles a u r a i e n t m é r i t é ; t o u j o u r s est-il q u e P . C a r r i n g t o n et, à s a suite, E.G. S e l w y n s'en i n s p i r è r e n t v i s i b l e m e n t d a n s l e u r s t r a v a u x b e a u c o u p p l u s c o n n u s s u r le c a t é c h i s m e c h r é t i e n p r i m i t i f ; m a i s ces d e u x a u t e u r s n'incluaient p a s le duae viae dans leurs recherches (en tout cas p a s directement). Après Seeberg, l a q u e s t i o n d e la p r o v e n a n c e — juive o u chrét i e n n e — d u duae viae n e fut p l u s a u p r e m i e r plan. Ce désint é r ê t e s t d û à J.A. R o b i n s o n q u i , d è s 1912 , r e p r i t l a t h è s e d e s p r e m i e r s é d i t e u r s d e la Didaché, à savoir q u e l e duae viae d e la Didaché d é p e n d r a i t d e celui d e YEpitre de Barnabe p u i s q u e c e d e r n i e r e s t u n e p a r t i e i n t é g r a n t e d e toute l ' E p î t r e q u i f o r m e u n e u n i t é littéraire. R o b i n s o n fut suivi p a r l a m a j o r i t é d e s s a v a n t s . D u m ê m e c o u p , le p r o b l è m e d e la p r o v e n a n c e d u duae viae pouvait s e m b l e r t r a n c h é : il serait t o u t s i m p l e m e n t 12
13
1 4
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18
1 2 . Der Katechismus der UrChristenheit, 1 9 0 3 ; Das Evangelium Christi, 1 9 0 5 ; Die beiden Wege und das Aposteldekret, 1 9 0 6 ; Die Didache des Judentums und der UrChristenheit, 1908. 1 3 . G. K L E I N , Der älteste christliche Katechismus und die jüdische Propaganda-Literatur, 1 9 0 9 , allait e n c o r e b e a u c o u p p l u s l o i n : d'après l u i , t o u t l'enseignement moral chrétien reposerait pratiquement sur Gen. 6 , 1 2 et Ps 3 4 ( 3 3 ) ! 1 4 . Cf. F . H A H N , d a n s s o n i n t r o d u c t i o n à l ' o u v r a g e Der Katechismus der VrChristenheit r é i m p r i m é , 1 9 6 6 ; cf. a u s s i A. T U R C K , op. cit. ( n o t e 7 ) , p . 2 0 s s . 1 5 . The Primitive Christian Catechism, 1940. 1 6 . The First Epistle of St. Peter, 2 é d . 1 9 4 7 , E s s a y I I , p . 3 6 3 - 4 6 6 . 1 7 . « T h e P r o b l e m o f t h e D i d a c h e » , JTS 1 3 ( 1 9 1 2 ) , p . 3 3 9 - 3 5 6 ; cf. Barnabas, Hermas and the Didache, 1920 ; « T h e Epistle of Barnabas a n d E
the
Didache»,
JTS
35 (1934),
p.
113-146;
225-248.
N e m e n t i o n n o n s q u e J. M U I L E N B U R G , The Literary Relations of the Epistle of Barnabas and the Teaching of the Twelve Apostles, 1929; R . H . CONNOLLY, « T h e Didache in Relation t o the Epistle of B a r n a b a s » , JTS 3 3 ( 1 9 3 2 ) , p . 2 3 7 - 2 5 3 ; « T h e D i d a c h e a n d M o n t a n i s m », Down. Rev. 5 5 ( 1 9 3 7 ) , p . 4 7 7 - 4 8 9 ; F . E . V O K E S , The Riddle of the Didache. Fact or Fiction, Heresy or Catholicism ?, 1 9 3 8 ( M . V o k e s m e d i s a i t r é c e m m e n t qu'il n e m a i n t i e n t p l u s s a t h è s e d e l'origine m o n t a n i s t e d e l a Didaché). 18.
112
W.
RORDORF
la c r é a t i o n d e l ' a u t e u r d e YEpître de Barnabe. R a r e s furent les voix c r i t i q u e s q u i o s è r e n t dire q u e le p r o b l è m e d ' u n e éventuelle s o u r c e c o m m u n e à Barnabe et à la Didaché restait entier . 19
Les d é c o u v e r t e s d e Q u m r a n obligèrent les s a v a n t s à reprend r e le p r o b l è m e r e s t é en s u s p e n s . E n effet, le Manuel de discipline (III,13-IV,26) c o n t i e n t u n e i n s t r u c t i o n s u r les d e u x e s p r i t s , q u i r e s s e m b l e en m a i n t s p o i n t s a u duae viae q u e n o u s trouvons d a n s YEpître de Barnabe et d a n s la Didaché ; il s e m b l e m ê m e q u e la f o r m e d u duae viae r e p r é s e n t é e p a r la Doctrina apostolorum s'en r a p p r o c h e davantage, ce q u i confirmerait, a p r è s c o u p , l'avis e x p r i m é j a d i s p a r H e n n e c k e , Goodspeed, A l t a n e r . Le P è r e Audet a le m é r i t e d e s'être p e n c h é le p r e m i e r s u r ce p r o b l è m e et d'avoir d é m o n t r é , d a n s le détail, q u e le duae viae c h r é t i e n devait d é p e n d r e , d ' u n e m a n i è r e o u d ' u n e autre, de son modèle q u m r a n i e n . Sa démonstration a trouvé u n large é c h o p o s i t i f . Le C a r d i n a l Daniélou, d a n s p l u s i e u r s p u b l i c a t i o n s , a exposé les m ê m e s v u e s . S. W i b b i n g a étayé c e t t e t h è s e e n p r o u v a n t q u e les listes c h r é t i e n n e s d e v e r t u s e t d e vices d é p e n d e n t de la m ê m e section d u Manuel de discipline d e Q u m r a n . A son t o u r , E. K a m l a h a décelé l'arrièrefond religionsgeschichtlich de c e t t e f o r m e de p a r é n è s e d a n s les écrits d u Bas-judaïsme et d u c h r i s t i a n i s m e primitif. 20
21
22
23
2 4
2 5
1 9 . J . - P . AUDET, op cit. ( n o t e 7 ) , p . 2 0 s., c i t e l e s n o m s s u i v a n t s : J.V. B a r t l e t , B . Capelle, A J . M c L e a n , C H . T u r n e r , B . H . S t r e e t e r , J . M . C r e e d , Th. K l a u s e r . 2 0 . Cf. n o t e 1 1 . 2 1 . Cf. s o n a r t i c l e « Affinités l i t t é r a i r e s e t d o c t r i n a l e s d u Manuel de discipline», RB 5 9 , 1 9 5 2 , p . 2 1 9 - 2 3 8 ; e t s o n g r a n d c o m m e n t a i r e d e l a Didaché, 1958, p. 121-163. 2 2 . Cf. l e s é d i t i o n s l e s p l u s r é c e n t e s d e la Didaché e t d e YEpître de Barnabe, p a r RA. KRAFT, The Apostolic Fathers I I I , 1 9 6 5 , e t P . PRIGENTR.A. KRAFT, Sources chrétiennes 1 7 2 , 1 9 7 1 . Cf. a u s s i J . LIEBAERT, Les enseignements moraux des Pères apostoliques, 1 9 7 0 , p . 9 9 s. 2 3 . Cf. p a r e x . « U n e s o u r c e d e la s p i r i t u a l i t é c h r é t i e n n e d a n s l e s m a n u s c r i t s d e l a M e r M o r t e : l a d o c t r i n e d e s d e u x e s p r i t s », Dieu vivant 2 5 ( 1 9 5 3 ) , p . 1 2 7 s s . ; Les manuscrits de la Mer Morte et les Origines du christianisme, 1 9 5 7 , p . 3 9 s s . ; Théologie du Judéo-christianisme, 1 9 5 8 , p . 3 8 ss., 3 7 0 s s . ; e t e n c o r e a s s e z r é c e m m e n t La catéchèse aux premiers siècles, 1968, p. 127 ss. 2 4 . Die Tugend- und Lasterkataloge im Neuen Testament, BZNW 2 5 , 1 9 5 9 . 2 5 . Die Form der katalogischen Parânese im Neuen Testament, WUNT 7, 1 9 6 4 . Cf. d é j à A. WLOSOK, Laktanz und die philosophische Gnosis, 1 9 6 0 , p. 107 ss.
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LES DEUX VOIES
La l u m i è r e s e m b l e d o n c faite s u r la p r o v e n a n c e d u duae viae : il serait issu d ' u n e t r a d i t i o n essénienne d u a l i s t e e t a u r a i t fait son c h e m i n d a n s le c h r i s t i a n i s m e . P o u r t a n t , il y a des q u e s t i o n s q u i se p o s e n t et q u e la r e c h e r c h e f u t u r e d e v r a p r e n d r e e n c o n s i d é r a t i o n si elle v e u t a r r i v e r à d e s r é s u l t a t s solid e m e n t établis. Voici ces q u e s t i o n s : 26
1. Il n e faut p a s p e r d r e d e v u e q u e la c o m p a r a i s o n e n t r e le Manuel de discipline q u m r a n i e n e t les différentes f o r m e s d u duae viae c h r é t i e n p o r t e u n i q u e m e n t s u r le cadre dualiste ( q u i est a b s e n t d a n s la Didachél) e t s u r le g e n r e l i t t é r a i r e g é n é r a l d e l'instruction q u i m e t c ô t e à côte u n e liste d e v e r t u s et u n e liste d e vices ; m a i s d a n s le détail d u c o n t e n u e t d u vocabulaire, les r e s s e m b l a n c e s font défaut. D ' a u t r e p a r t , à en c r o i r e le P è r e Audet, le duae viae d e la Didaché serait a d r e s s é « a u x Gentils » e t se s i t u e r a i t p a r c o n s é q u e n t d a n s u n e orient a t i o n n o n p a s p a r t i c u l a r i s t e ( q u m r a n i e n n e ) , m a i s universaliste. O n est d o n c obligé d ' a d m e t t r e , avec le P è r e A u d e t , q u e « le duae viae a c o n n u , s a n s d o u t e d a n s l a p r e m i è r e p é r i o d e de s o n h i s t o i r e (pré-chrétienne ?), u n e p h a s e recensionnelle assez active ». 2 7
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2. S o m m e t o u t e , la p a r e n t é e n t r e le Manuel de discipline et le duae viae, éblouissante p a r c e q u e d é c o u v e r t e r é c e m m e n t , n e s e m b l e p a s ê t r e b e a u c o u p p l u s é t r o i t e q u e celle q u ' o n avait établie, a v a n t la « nouvelle v a g u e » q u m r a n i e n n e , e n t r e l'inst r u c t i o n c a t é c h é t i q u e des p r o s é l y t e s juifs et le duae viae q u e l'on croyait ê t r e u n e n s e i g n e m e n t c a t é c h é t i q u e c h r é t i e n . Bien 29
26. H . B R A U N , Qumran und das Neue Testament I I , 1966, p . 184 s s . , 286 s s . , r é s u m e l a d i s c u s s i o n d ' u n e m a n i è r e t r è s n u a n c é e e t c o m p é t e n t e . Pour E. ROBILLARD ( « L'Epître de Barnabe : trois époques, trois théologies, t r o i s r é d a c t e u r s », RB 78, 1971, p . 184-209), c e s e r a i t B a r n a b e , l e c o m p a g n o n d e P a u l , q u i a u r a i t r e p r i s l e duae viae juif, à d e s fins m i s s i o n n a i r e s ! 27. E n effet, J.-P. A U D E T , op. cit. ( n o t e 7), p . 91 s s . , f a i t c o n f i a n c e a u t i t r e l o n g d e l'écrit q u i a u r a i t e u , e n m i l i e u juif, l a t e n e u r s u i v a n t e : AiSccxh xupÉoo ( = D i e u ! ) T O Î Ç g 6 v [ a i v . 28. Op. cit. ( n o t e 7), p . 158. D e m ê m e P R I G E N T , d a n s SC 172, 1971, p . 20. Cf. l e s r e m a r q u e s c r i t i q u e s d e F . E . V O K E S , « T h e D i d a c h e — Still d e b a t e d », Church Quarterly 3, 1970, p . 58 s., 62. 29. Cf. e n p a r t i c u l i e r A . B E N O Î T , Le baptême chrétien au second siècle, 1953, p . 5-33, m a i s a u s s i D . D A U B E , The New Testament and Rabbinic Judaism, 1956, p . 106 s s . L a règle d'or e t l e s d e v o i r s d o m e s t i q u e s incorp o r é s a u duae viae s e s i t u e n t a u s s i p l u t ô t d a n s c e c o n t e x t e : cf. A . D I H L E , Die goldene Regel, 1962, e t D . S C H R O E D E R , Die Haustafeln des Neuen Tes-
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RORDORF
q u e n o u s soyons m a l renseignés s u r le b a p t ê m e des prosélytes juifs à l'époque d u c h r i s t i a n i s m e primitif, les parallèles qu'il p r é s e n t e avec le b a p t ê m e c h r é t i e n s o n t i n d é n i a b l e s . L a recherche f u t u r e n e d e v r a p a s négliger c e t t e d o n n é e d u p r o b l è m e . 30
3. Il y a a u t r e c h o s e : c'est l'arrière-fond v é t é r o - t e s t a m e n t a i r e d u duae viae. J e n e p e n s e p a s ici a u x allusions a u t h è m e des d e u x voies q u ' o n t r o u v e d a n s l'Ancien T e s t a m e n t , m a i s j e p e n s e a u g e n r e t r è s p r é c i s d u Bundesformular q u e K. B a l t z e r a décelé d a n s c e r t a i n s textes bibliques, et qu'il r e t r o u v e , sous des f o r m e s nouvelles, p r é c i s é m e n t d a n s le Manuel de discipline q u m r a n i e n et le duae viae chrétien. Il v a u d r a la peine d e p r e n d r e a u sérieux, à l'avenir, a u s s i c e t t e vision des c h o s e s . 31
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E t a n t d o n n é la complexité d u p r o b l è m e de la p r o v e n a n c e d u duae viae, il f a u d r a s u r t o u t éviter les solutions simplistes, u n i l a t é r a l e s ; il n e s e m b l e p a s , en effet, q u e le duae viae ( d a n s toutes ces f o r m e s ) v i e n n e d e Q u m r a n , n i qu'il dérive uniquem e n t d e l ' i n s t r u c t i o n d o n n é e a u x p r o s é l y t e s juifs, n i e n c o r e qu'il soit u n e expression tardive d e la m o r a l e d e l'alliance a n c r é e dams le Bundesformular. A titre d'hypothèse, j e verrais l'évolution p l u t ô t d e la m a n i è r e s u i v a n t e : la t r a d i t i o n é t h i q u e v é t é r o - t e s t a m e n t a i r e r a t t a c h é e a u Bundesformular a subi, dans c e r t a i n e s couches d u Bas-judaïsme ( p a s d a n s t o u t e s ) u n e modification n e t t e m e n t d u a l i s t e sous le c o u p d e l'influence p a r s e ( d a n s c e d o m a i n e , j e suivrais volontiers K a m l a h ) . Le christian i s m e a h é r i t é d e ces d e u x c o u r a n t s d u a l i s t e et non-dualiste. D a n s le N o u v e a u T e s t a m e n t , n o u s r e t r o u v o n s ces d e u x tradi-
taments ( t h è s e , H a m b o u r g ) , 1959. A. ADAM, d a n s ZKG 68, 1957, p . 30 s s . , e s t t r è s p r é c i s : il v o i t d a n s l e duae viae l e m a n u e l c a t é c h é t i q u e d e s p r o sélytes juifs d e l'Adiabène. 30. M . DUJARIER, Le parrainage des adultes aux trois premiers siècles de l'Eglise, 1962, t o u t e n t r a i t a n t d e T a n i è r e - f o n d q u m r a n i e n possible ( p . 103 s s . ) , n'a p a s l a i s s é d e c ô t é c e p r o b l è m e ( p . 73 s s . ) . Cf. a u s s i J . JEREMIAS, Die Kindertaufe in den ersten vier Jahrhunderten, 1958, p . 28 s s . 31. Das Bundesformular, WMANT 4, 2e é d . 1964. Cf. l e b o n r é s u m é e n f r a n ç a i s d e J . L'HOUR, La morale de l'alliance, d a n s Cahiers de la RB 5, 1966. V o i r a u s s i : J . BECKER, Untersuchungen zur Entstehungsgeschichte der Testamente der zwölf Patriarchen, 1970. 32. E . KAMLAH, op. cit. ( n o t e 25), p . 163, n. 1, s e f a i t l a c r i t i q u e b e a u c o u p t r o p facile ! N o t o n s c e p e n d a n t q u e l e s d e u x a u t e u r s t o m b e n t d'acc o r d p o u r d i r e q u e l e c h a p . 16 d e l a Didaché a p p a r t e n a i t a u duae viae p r i m i t i f . Cf. H . KÖSTER, Synoptische Ueberlieferung bei den apostolischen Vätern, 1957, p . 160, 173, 189 s., e t R.A. KRAFT, op. cit. ( n o t e 22), p . 12 s s .
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LES DEUX VOIES 33
l i o n s . N e serait-il p a s possible q u e les différentes f o r m e s d u duae viae c h r é t i e n reflètent é g a l e m e n t les deux t r a d i t i o n s ? D a n s c e t t e o p t i q u e , la Doctrina apostolorum et YEpître de Barnabe s'inscriraient d a n s la lignée dualiste d e l'instruction m o r a l e telle qu'elle se t r o u v e d a n s le Manuel de discipline, t a n d i s q u e la Didaché et les d o c u m e n t s dérivés r e p r é s e n t e r a i e n t la lignée non-dualiste d e l'instruction m o r a l e telle qu'elle s'est formée a u c o u r s d e l'histoire d ' I s r a ë l et qu'elle a p a s s é d a n s l'enseignement sapientiel et synagogal d u j u d a ï s m e (et évent u e l l e m e n t d a n s la catéchèse d o n n é e a u x p r o s é l y t e s ) . L'étude d e la q u e s t i o n d u Sitz im Leben n o u s a p p o r t e r a peut-être d'aut r e s l u m i è r e s à ce s u j e t . . 34
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2. La question du Sitz im Leben du duae viae E n Didaché 7,1, n o u s lisons ceci : « Au sujet d u b a p t ê m e , baptisez ainsi : a p r è s avoir enseigné t o u t ce qui p r é c è d e (TOCUTOC 7càvT<x 7upoet7c6vTe£), b a p t i s e z a u n o m d u P è r e et d u Fils et d u S a i n t E s p r i t . » Les m o t s T a u r a rcàvra 7cpoei7c6vxe£ doivent se r a p p o r t e r aux c h a p i t r e s 1-5(6) de l a Didaché, q u i contien36
33. E n g r o s ( c ' e s t b i e n cum grano salis q u e j e l e d i s ! ) , l e s é v a n g i l e s s y n o p t i q u e s r e p r é s e n t e n t l a t r a d i t i o n n o n - d u a l i s t e , t a n d i s q u e l e s littér a t u r e s j o h a n n i q u e e t p a u l i n i e n n e reflètent l a t r a d i t i o n d u a l i s t e . 34. Cf. J.P. AUDET, op. cit., p . 255 s. R . A . KRAFT, op. cit. ( n o t e 22), p . 136, m e t l'accent s u r l e c r i t è r e d e l ' i n t e n s i t é e s c h a t o l o g i q u e p o u r d i s t i n g u e r l e s t r a d i t i o n s ; il s ' a p p r o c h e p a r là d e m o n p o i n t d e v u e . A m o n s e n s , c e p e n dant, le critère de la présence o u de l'absence du cadre dualiste va encore plus au centre du problème. 35. Il e s t a s s e z v a i n d e v o u l o i r d i r e c e q u i f o r m a i t l e contenu exact du duae viae p r é - c h r é t i e n . B i e n e n t e n d u , l a « s e c t i o n é v a n g é l i q u e » (Did. 1,32,1) n e s'y lisait p a s . L e P è r e Giet, op. cit. ( n o t e 6), p . 153 s s . , a i m e r a i t p r é c i s e r d a v a n t a g e : l e duae viae j u i f n'aurait c o n t e n u n i l e double comm a n d e m e n t d e l ' a m o u r , n i 1' « i n s t r u c t i o n d u s a g e » (Did. 3, 1-6), n i m ê m e ( é v e n t u e l l e m e n t ) l a v o i e d e l a m o r t . Ce n ' e s t p a s ici l e l i e u d e d i s c u t e r c e s thèses. E n c e qui concerne le double c o m m a n d e m e n t de l'amour, cf. l a c r i t i q u e i m p l i c i t e q u e fait C. BURCHARD, d a n s Der Ruf Jesu und die Antwort der Gemeinde, Festschrift fur Joachim Jeremias, 1970, p . 39-62. 36. Did. 6,1, s e m b l e ê t r e l a fin d u duae viae. C e p e n d a n t , l e p r é c e p t e c o n c e r n a n t l e s a l i m e n t s (6,3) p l o n g e s e s r a c i n e s d a n s u n e t r a d i t i o n égal e m e n t t r è s a n c i e n n e ; cf. l e d é c r e t a p o s t o l i q u e q u i e s t reflété, s o u s u n e forme archaïque et dans un contexte catéchétique, dans les PseudoClémentines ; cf. à c e s u j e t l e s t r a v a u x d e E . MOLLAND, d a n s Opuscula Patristica, 1970, p . 25-60; A . F J . KLIJN, d a n s NT 10, 1968, p . 305-312; M. SIMON, d a n s BJRL 52, 1969-70, p . 437-460 ; e t Y. TISSOT, d a n s RB 77, 1970,
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W. RURDORF
n e n t j u s t e m e n t le duae viae. E n c o n s é q u e n c e , les p r e m i e r s é d i t e u r s de la Didaché, B r y e n n i o s e t H a r n a c k , e s t i m a i e n t q u e l e duae viae f o r m a i t s a n s d o u t e u n e p a r t i e d e r e n s e i g n e m e n t catéchétique p r é p a r a t o i r e a u b a p t ê m e , d a n s les milieux d'où l'écrit est i s s u . P a r la suite, c e t t e i n t e r p r é t a t i o n fut unanim e m e n t r e ç u e p a r le m o n d e savant. C'est J.-P. Audet qui, le p r e m i e r à m a c o n n a i s s a n c e , l'a m i s e e n q u e s t i o n . Il p a r t de l'observation d u fait q u e les m o t s TOCUTOC rcàvra 7rpoet7c6vTeç; n e se t r o u v e n t q u e d a n s le m a n u s c r i t de C o n s t a n t i n o p l e (de 1056) et d a n s la version géorgienne, m a i s p a s d a n s l e reman i e m e n t de la Didaché a u V I P livre des Constitutions apostoliques, de la fin d u iv* siècle. Il n e voit q u ' u n e explication p o s s i b l e de ce fait : le c o m p i l a t e u r des Constitutions apostoliques n ' a p a s t r o u v é les m o t s en q u e s t i o n d a n s le texte de la Didaché qu'il a utilisé. E n o u t r e , il r e c o n n a î t d a n s les m o t s TOCUTOC 7COCVTOC 7rpoei7r6vTe^ u n e i n s e r t i o n d a n s le texte, stylistiq u e m e n t m a l a d r o i t e , de s e c o n d e m a i n , qu'il n ' h é s i t e p a s à supp r i m e r d a n s son édition d u texte g r e c . La leçon p a r t i c u l i è r e d u m a n u s c r i t d e C o n s t a n t i n o p l e s e r a i t u n e glose d e copiste q u i refléterait l'usage d e l'Eglise d ' E g y p t e de se servir d u duae viae p o u r l ' i n s t r u c t i o n des c a t é c h u m è n e s . La t h è s e d u P è r e Audet est assez fragile. E n ce qui c o n c e r n e la q u e s t i o n d u style de Didaché 7,1, P. N a u t i n l'a d é j à mont r é . O n p e u t a u s s i faire r e m a r q u e r q u e le style de 1' « addition » n e s e m b l e p a s é t r a n g e r aux h a b i t u d e s d'expression d u r é d a c t e u r de la Didaché, puisqu'il se sert, e n 11,1, d ' u n e form u l e p r e s q u e i d e n t i q u e : TOCUTOC 7ràvToc Tà 7cpoetpy)fxéva. Mais ce 37
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p . 321-346. O n p e u t m ê m e s e p o s e r l a q u e s t i o n d e s a v o i r si Did. 6, 2-3 n e m o n t r e p a s q u e l e duae viae s ' a d r e s s a i t p r i m i t i v e m e n t à d e s c r a i g n a n t D i e u (cf. l e s p r é c e p t e s n o a c h i q u e s d e l a t r a d i t i o n r a b b i n i q u e : BILLERBECK I I I , 36 s s . ) ; c'est l a t h è s e d e M. S i m o n (cf. d é j à J.-P. AUDET, op. cit., p . 354, e t A . STUIBER, d a n s Texte und Untersuchungen 79, 1961, p . 323-329). Or, d a n s l e c h r i s t i a n i s m e , l ' e n s e m b l e d e 6,2-3 s e r a t t a c h e r a p l u t ô t à u n e t r a d i t i o n a s c é t i q u e : cf. infra, p . 125 s . 37. A . HARNACK, Die Lehre der zwôlf Apostel, 1884, p . 22, l a i s s a i t o u v e r t e l a q u e s t i o n d e s a v o i r s'il s ' a g i s s a i t d'un d i s c o u r s b a p t i s m a l p r é c é d a n t i m m é d i a t e m e n t le b a p t ê m e o u d ' u n v é r i t a b l e e n s e i g n e m e n t c a t é c h é t i q u e . 38. Op. cit. ( n o t e 7), p . 58 s s . ; cf. p . 358 s. 39. Ibid.,
p . 232.
40. Cf. ATHANASE, Lettre festale 39, m a i s a u s s i Can. eccl. 12. 41. D a n s RHR 155, 1959, p . 206 s. Cf. a u s s i B . BOTTE, d a n s BTAM 1958, p . 168.
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q u i e s t p l u s grave, le P è r e Audet n e se p o s e m ê m e p a s la q u e s t i o n d e savoir si le c o m p i l a t e u r des Constitutions apostoliques a u r a i t p u avoir i n t é r ê t à c h a n g e r le t e x t e de la Didaché d u fait q u e , de son temps et dans son Eglise, le duae viae n ' é t a i t p l u s utilisé p o u r l ' i n s t r u c t i o n d e s c a t é c h u m è n e s . On a l'impression q u e c'est la b o n n e r é p o n s e q u a n d o n lit l'exposé d u c o n t e n u d e la c a t é c h è s e b a p t i s m a l e en Const, apost. V I I , 39 ss. Si la c r i t i q u e d e Didaché 7,1 p a r le P. A u d e t s e m b l e d o n c i n j u s t i f i é e , la q u e s t i o n d u Sitz im Leben d u duae viae n ' e s t p a s p o u r a u t a n t résolue. E n effet, il d e m e u r e q u e l e duae viae n e fut p a s exclusivement e m p l o y é d a n s la c a t é c h è s e p r é p a r a n t a u b a p t ê m e . Une p r e u v e e n e s t YEpître de Barnabe : selon t o u t e v r a i s e m b l a n c e , elle s'adresse à des c h r é t i e n s d é j à b a p t i s é s ; à la fin, elle l e u r r a p p e l l e l'enseignement des d e u x voies . Dans la Didaché, l e duae viae a. d o n c sa p l a c e d a n s l'enseignement p r é b a p t i s m a l ; d a n s YEpître de Barnabe, a u c o n t r a i r e , elle a sa place d a n s l'enseignement p o s t b a p t i s m a l . Pouvons-nous en d i r e d a v a n t a g e s u r l'enseignement é t h i q u e p r é b a p t i s m a l et son Sitz im Leben ? Posons d'abord u n e question, préliminaire, mais importante : A q u i le duae viae s'adresse-t-il ? A d e s judéo-chrétiens ? Ou à des pagano-chrétiens ? Est-ce q u e les t i t r e s d e la Didaché peuv e n t n o u s d o n n e r le r e n s e i g n e m e n t d é s i r é ? E n effet, le m a n u s c r i t de C o n s t a n t i n o p l e p o r t e deux t i t r e s : « Didaché d e s douze Apôtres » et « Didaché d u S e i g n e u r a u x gentils p a r les douze Apôtres ». Il n e s'agit p a s d e t r a n c h e r ici le p r o b l è m e d e la relation de ces deux t i t r e s e n t r e eux e t p a r r a p p o r t à l'écrit, p r o b l è m e q u i est t r è s c o m p l i q u é . Il est h o r s d e d o u t e , cepend a n t , q u e le t i t r e long ( q u i s e m b l e i n s p i r é p a r M a t t h . 28,19 s.) 42
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4 2 . U n i n d i c e l i n g u i s t i q u e q u i v a d a n s c e s e n s : p o u r q u o i s'exprime-t-il, j u s t e ici, d e la m a n i è r e s u i v a n t e : *5&Y) [xèv x a l Trparepov 8ieTa£à|xe9a ? C e t t e f o r m u l e s e m b l e s'inspirer d e TOCUTOC îràvra 7rpoet7u6vTeç d e Did. 7 , 1 . 4 3 . Le Cardinal D a n i é l o u , d a n s s e s p u b l i c a t i o n s à c e s u j e t (cf. n o t e 2 3 ) , a t o u j o u r s f a i t c o n f i a n c e a u t e x t e d e Did. 7 , 1 . 4 4 . Cf. G. S C H I L L E , « Z u r u r c h r i s t l i c h e n Tauflehre. S t i l i s t i s c h e B e o b a c h t u n g e n a m B a r n a b a s b r i e f », ZNW 4 9 , 1 9 5 8 , p . 3 1 - 5 2 . 4 5 . Cf. l e s a l l u s i o n s a u duae viae d a n s / e t / / Clément, dans le Pasteur d'HERMAS, d o n c d a n s d e s é c r i t s q u i s ' a d r e s s e n t t o u s à d e s c h r é t i e n s b a p tisés. 4 6 . J . - P . A U D E T , op. cit., p . 9 1 s s . , le c o m p l i q u e e n c o r e ; cf. P . N A U T I N , d a n s RHR 1 5 5 , 1 9 5 9 , p . 2 1 0 s s .
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W. RORDORF
e n t e n d p r é s e n t e r la Didaché c o m m e u n e n s e i g n e m e n t d o n n é a u x convertis v e n u s d u p a g a n i s m e . Un p a s s a g e d u duae viae lui-même confirme c e t t e i n t e r p r é t a t i o n : en Did. 2,2, il e s t dit : « Tu n e t u e r a s p o i n t , t u n e c o m m e t t r a s p a s d ' a d u l t è r e . Tu n e t ' a d o n n e r a s n i à l a p é d é r a s t i e , n i à la fornication, ni a u vol, n i à la magie, ni à la sorcellerie. Tu n e s u p p r i m e r a s p a s l'enfant p a r a v o r t e m e n t e t t u n e t u e r a s p o i n t l'enfant d é j à n é . » Les p r é c e p t e s v i s a n t la p é d é r a s t i e , la magie, l ' a v o r t e m e n t et l'exposition d e s e n f a n t s , q u i s'ajoutent a u x c o m m a n d e m e n t s d u décalogue, se c o m p r e n n e n t m i e u x s'ils s o n t adressés à d'anciens p a ï e n s . Le duae viae s e m b l e d o n c avoir été d e s t i n é à des craignant-Dieu o u à des prosélytes, e n milieu juif, e t à des pagano-chrétiens, e n milieu ch rétien . Cette c o n s t a t a t i o n p e u t n o u s a i d e r à c o m p r e n d r e p o u r q u o i la Didaché p a r l e d u duae viae c o m m e p a r t i e d e l'enseignement c a t é c h é t i q u e p r é p a r a n t a u b a p t ê m e . Souvent, en effet, o n a e u l'impression q u e ce t é m o i g n a g e d e la Didaché était a b s o l u m e n t insolite d a n s la l i t t é r a t u r e c h r é t i e n n e p r i m i t i v e . Le N o u v e a u T e s t a m e n t (à p a r t Hébr. 6, 1 ss.) n e s e m b l e r i e n n o u s d i r e s u r u n e c a t é c h è s e p r é b a p t i s m a l e ; le g r o s d e l'enseignement m o r a l d u N o u v e a u T e s t a m e n t s e m b l e r a t t a c h é à la p a r é n è s e postb a p t i s m a l e ; les récits d e b a p t ê m e s c o n t e n u s d a n s le Livre des Actes n o u s suggèrent q u e l'on a b a p t i s é s a n s p e r d r e beauc o u p d e t e m p s avec u n e catéchèse p r é l i m i n a i r e . Cependant, n ' o u b l i o n s p a s q u e les p r e m i e r s b a p t ê m e s é t a i e n t des b a p t ê m e s d e juifs o u de craignant-Dieu convertis a u c h r i s t i a n i s m e . Ceux-ci n ' a v a i e n t p l u s b e s o i n d ' ê t r e initiés à la m o r a l e d e l'alliance, ils la c o n n a i s s a i e n t et la p r a t i q u a i e n t a v a n t m ê m e d e devenir c h r é t i e n s . P a r c o n s é q u e n t , leur foi a u Christ Jésus suffisait p o u r qu'ils soient a d m i s a u b a p t ê m e . T o u t a u t r e fut l a situation, dès q u e les p r e m i e r s convertis d u p a g a n i s m e d e m a n d è r e n t le b a p t ê m e : il fallait les i n s t r u i r e , p r é a l a b l e m e n t à l e u r bap47
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4 7 . A i n s i d é j à H a r n a c k , op. cit. ( n o t e 3 7 ) , p . 2 7 s s . , c o n t r e B r y e n n i o s . 4 8 . La Doctrina apostolorum m e t e n t ê t e l e p é c h é d'adultère, s u i v a n t e n c e l a l'ordre d u d é c a l o g u e d a n s les S e p t a n t e (cf. a u s s i PHILON, De decalogo, § 1 2 1 ; CLÉMENT D'ALEXANDRIE, Protr. 1 0 8 ; Paed. II, 8 9 , 1 ; I I I , 8 9 , 1 ) . Il s e p o u r r a i t q u e c e t o r d r e s o i t p r i m i t i f (cf. S . GIET, op. cit. [ n o t e 6 ] , p . 1 0 3 ) . Ce s e r a i t e n c o r e u n i n d i c e p o u r s i t u e r l'origine d u duae viae d a n s u n m i l i e u d e « d i a s p o r a » j u i v e et c h r é t i e n n e . 49. Cf. J . - P . AUDET, op. cit. ( n o t e 7 ) , p . 2 8 6 s s . V o i r a u s s i Did. 3,4. 5 0 . Cf. p a r e x e m p l e F . HAHN, op. cit. ( n o t e 1 4 ) , p . x x v u i ; c'est u n e d e s c r i t i q u e s qu'il fait a u x é t u d e s d e A. S e e b e r g .
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t ê m e , d a n s les r u d i m e n t s d e l'éthique c o r r e s p o n d a n t à la foi e n u n seul Dieu. S a i n t I r é n é e , a p p a r e m m e n t e n c o n n a i s s a n c e d e cause, s'exprime ainsi : V o i l à p o u r q u o i e n c o r e P a u l , q u i f u t l ' a p ô t r e d e s g e n t i l s , d é c l a r e : Plus qu'eux tous, j'ai peiné (1 Cor. 15,10). P o u r ceux-là ( s e . l e s a p ô t r e s d e s j u i f s ) , e n effet, l ' e n s e i g n e m e n t é t a i t aisé... Car, l o r s m ê m e q u e c e u x d e la circoncision ne mettaient pas en pratique les paroles de Dieu, parce qu'ils l e s méprisaient, ils n'en avaient p a s m o i n s été instruits p a r avance à n e c o m m e t t r e ni adultère, ni fornication, ni vol, ni fraude, et ils savaient q u e tout ce qui porte préjudice a u prochain est mal et objet d'exécration p o u r Dieu : aussi s e laissaient-ils persuader s a n s p e i n e de s'abstenir de c e s choses, e u x qui avaient déjà appris tout cela. Mais a u x g e n t i l s , il fallait e n s e i g n e r m ê m e c e l a , à s a v o i r q u e d e t e l l e s a c t i o n s sont mauvaises, préjudiciables, inutiles et qu'elles s o n t d o m m a g e a b l e s à c e u x q u i les c o m m e t t e n t . Pour c e motif, celui qui reçut l'apostolat à destination des gentils peina plus q u e ceux qui prêchèrent le Fils d e Dieu parmi les circoncis . 5 1
N o n s e u l e m e n t n o u s d e v o n s p o s t u l e r q u e telle était b i e n la s i t u a t i o n d e la mission p a r m i les p a ï e n s , a u p r e m i e r siècle déjà, m a i s n o u s a v o n s des indices q u i confirment c e t t e vue. E n p l u s d e ce q u e M. D u j a r i e r a signalé, à p r o p o s d u Nouv e a u T e s t a m e n t , o n p e u t c i t e r d e u x textes d u d é b u t d u I I siècle qui, selon t o u t e v r a i s e m b l a n c e , s u p p o s e n t u n e n s e i g n e m e n t é t h i q u e p r é b a p t i s m a l . Il s'agit d e la l e t t r e de Pline le J e u n e , d ' u n e p a r t , et d'un p a s s a g e d u Livre d'Elkesaï, d ' a u t r e p a r t . D a n s s a l e t t r e bien c o n n u e à T r a j a n (X,96,7), Pline dit, en p a r l a n t des c h r é t i e n s qu'il a i n t e r r o g é s : 52
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I l s affirmaient q u e t o u t e l e u r f a u t e , o u l e u r e r r e u r , s'était b o r n é e à a v o i r l ' h a b i t u d e d e s e r é u n i r à j o u r fixe a v a n t l e l e v e r d u s o l e i l , d e chanter e n t r e e u x alternativement u n h y m n e au Christ c o m m e à u n dieu, d e s'engager par serment n o n à perpétrer quelque crime, m a i s à ne c o m m e t t r e n i v o l , n i b r i g a n d a g e , n i a d u l t è r e , à n e p a s m a n q u e r à la parole donnée, à ne pas nier u n dépôt réclamé en justice.
D'après l'interprétation de ce passage qu'a donnée H . L i e t z m a n n , et q u i r e s t e t o u j o u r s la plus plausible, 1' « eng a g e m e n t » ( s a c r a m e n t u m ) d o n t p a r l e le texte, serait l'enga5S
5 1 . Adv. haer., I V , 2 4 1-2 ; t r a d . d e A. ROUSSEAU, SC 100**, 1965, p . 699 s s . Y a-t-il, d a n s c e t e x t e , d e s a l l u s i o n s a u duae viae ? 5 2 . Op. cit. ( n o t e 30), p . 117 s s . Cf. J. DANIÉLOU, La catéchèse aux premiers siècles, 1968, p . 37 s s . 53. « D i e l i t u r g i s c h e n A n g a b e n d e s P l i n i u s b r i e f s », d a n s Geschichtliche Studien filr A. Hauck zum 70. Geburtstag, 1916, p . 34 s s .
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gement baptismal. qu'une instruction conclusion s'impose cite H i p p o l y t e e n 54
A ce moment-là, n o u s devons s u p p o s e r é t h i q u e p r é c é d a i t le b a p t ê m e . La m ê m e q u a n t a u p a s s a g e d u Livre d'Elkesaï q u e ces t e r m e s :
(Que c e l u i q u i s e p l o n g e d a n s l ' e a u d i s e :) V o i c i q u e j e p r e n d s à t é m o i n le c i e l , l ' e a u , l e s e s p r i t s s a i n t s , l e s a n g e s d e l a p r i è r e , l'huile, l e s e l e t la t e r r e . J ' a t t e s t e c e s s e p t t é m o i n s q u e d é s o r m a i s j e n e p é c h e r a i p l u s , j e n e c o m m e t t r a i p l u s n i a d u l t è r e s , n i v o l s , n i i n j u s t i c e s , n i a c t e s insp i r é s p a r l a c u p i d i t é o u la h a i n e , n i p a r j u r e s , b r e f q u e j e n e m e c o m plairai plus dans aucune action mauvaise.
Bien qu'il soit ici q u e s t i o n d ' u n d e u x i è m e b a p t ê m e , c o m m e a c t e d e p é n i t e n c e , q u i se fait p a r a u t o - i m m e r s i o n , il e s t h o r s d e d o u t e qu'il se r a t t a c h e é t r o i t e m e n t aux r i t e s d u p r e m i e r baptême. N o u s p o u v o n s a j o u t e r à cela le t é m o i g n a g e des Kérygmes de Pierre p s e u d o - c l é m e n t i n s , u n p e u p l u s tardif, il e s t v r a i . Ces p r é d i c a t i o n s d e P i e r r e s o n t p a r t i c u l i è r e m e n t i n t é r e s s a n t e s p o u r n o t r e p r o p o s p a r c e qu'elles reflètent i n d u b i t a b l e m e n t u n e n s e i g n e m e n t é t h i q u e p r é b a p t i s m a l q u i s'avère t r è s p r o c h e d u dtme viae. N e c i t o n s q u e la V I I Homélie : Pierre prêche d ' a b o r d à Tyr. C o m m e a i l l e u r s , il souligne l ' i m p o r t a n c e d e suivre les p r é c e p t e s d u d é c r e t a p o s t o l i q u e et d o n n e e n s u i t e u n e explication d e la règle d'or q u i r e p r e n d u n e p a r t i e des dix c o m m a n d e m e n t s (cf. Did. 1,2 ; 2,2-3). Après c e t t e c a t é c h è s e (le texte grec e m p l o i e d é j à le v e r b e xaT7)ye?v ! ) q u i d u r e p l u s i e u r s j o u r s , les a u d i t e u r s se font b a p t i s e r e n m a s s e . P i e r r e p a s s e e n s u i t e à S i d o n o ù il r e p r e n d s o n e n s e i g n e m e n t c a t é c h é t i q u e q u i m è n e à u n g r a n d n o m b r e de b a p t ê m e s , e n ces t e r m e s : 5 5
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Je n e r e f u s e p a s d e v o u s i n d i q u e r la m a n i è r e d o n t v o u s p o u r r e z ê t r e sauvés, ayant appris moi-même, d e la b o u c h e du Prophète d e la Vérité, les r è g l e s p o s é e s d ' a v a n c e p a r D i e u . . . C o n n a i s s a n t d o n c c e s a c t i o n s , l e s bonnes et les mauvaises, j e v o u s les signale c o m m e étant deux voies, et j e v o u s i n d i q u e q u e l l e e s t c e l l e q u i c o n d u i t à l a p e r d i t i o n e t q u e l l e 5 4 . Ref. omn. haer, I X , 15,5-6. Cf. à p r o p o s d e c e p a s s a g e E . PETERSON, Frühkirche, Judentum und Gnosis, 1 9 5 9 , p . 2 2 1 - 2 3 5 . G . KRETSCHMAR, Studien zur frühchristlichen Trinit'dtstheologie, 1956, p. 2 1 2 , a raison d e renvoyer a u s s i a u b a p t ê m e d e s p r o s é l y t e s j u i f s . Cf. d'ailleurs l a Contestatio pseudoclémentine (1,1). 5 5 . Cf. G . STRECKER, « D i e K e r y g m a t a P e t r o u », d a n s Neutestamentliche Apokryphen ( e d . HENNECKE-SCHNEEMELCHER), 3 « é d . , 1 9 6 4 , p . 6 3 s s . 5 6 . O n p o u r r a i t a u s s i c i t e r la X I et l a X V I I I e Homélie. 5 7 . Cf. l e s t r a v a u x m e n t i o n n é s e n n o t e 3 6 . e
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e s t celle qui m è n e a u salut sous la direction de Dieu. La voie q u e suivent les h o m m e s marchant à leur perte est large et parfaitement u n i e : elle m è n e s a n s f a t i g u e à la p e r d i t i o n . L a v o i e d e s h o m m e s q u i t r a v a i l l e n t à s e s a u v e r e s t é t r o i t e e t r a b o t e u s e , m a i s à la fin e l l e fait a b o u t i r a u s a l u t c e u x q u i l'ont p é n i b l e m e n t s u i v i e . A c e s d e u x r o u t e s p r é s i d e n t l ' i n c r é d u l i t é e t l a foi. 5 8
J e crois qu'il faut aussi m e n t i o n n e r , d a n s ce contexte, le r i t e b a p t i s m a l d e Yabrenuntiatio. Bien qu'il soit a t t e s t é expressis verbis s e u l e m e n t à la fin d u I I s i è c l e , ses racines doivent r e m o n t e r p l u s h a u t d a n s le t e m p s . E n effet, il est i m p e n s a b l e q u ' o n ait créé, à la fin d u I I siècle, u n rite d e r e n o n c i a t i o n à S a t a n , à ses anges et à ses œ u v r e s , rite qui e x p r i m e u n dualisme e s c h a t o l o g i q u e t r è s m a r q u é . C e rite d o i t ê t r e relié à u n e conception dualiste j u i v e e t j u d é o - c h r é t i e n n e à laquelle é t a i e n t r a t t a c h é e s à l e u r t o u r , n o u s l'avons vu, c e r t a i n e s f o r m e s d u duae viae. Or le r i t e d e la r e n o n c i a t i o n à S a t a n i m p l i q u e l'existence d ' u n e catéchèse é t h i q u e p r é a l a b l e . C'est d i r e qu'il y a eu, s a n s d o u t e , u n e t r a d i t i o n ininterr o m p u e d ' e n s e i g n e m e n t é t h i q u e p r é b a p t i s m a l d a n s l'Eglise c h r é t i e n n e des d e u x p r e m i e r s siècles, t r a d i t i o n qui p l o n g e ses r a c i n e s d a n s le j u d a ï s m e , q u i a son Sitz im Leben d a n s le c o n t e x t e de l'initiation des convertis païens, e t q u i m è n e jusq u ' à l'institution d u c a t é c h u m é n a t c h r é t i e n à la fin d u 1 1 siècle. Le duae viae a eu sa place d a n s cette t r a d i t i o n . P o u r t e r m i n e r ce c h a p i t r e , j ' a i m e r a i s e n c o r e e x p r i m e r u n vœu. L'intérêt q u e l'on p o r t e aux t r a d i t i o n s « c a t é c h é t i q u e s » d a n s l'Eglise n a i s s a n t e a a u g m e n t é s e n s i b l e m e n t , ces d e r n i è r e s a n n é e s . On s'interroge s u r la s t r u c t u r e c a t é c h é t i q u e d u Serm o n s u r la m o n t a g n e , v o i r e d e s Evangiles s y n o p t i q u e s t o u t e
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5 8 . L'influence d e Matth. 7 , 1 3 s. e s t ici s e n s i b l e . 5 9 . Cf. H . KIRSTEN, Die Taufabsage, 1 9 6 0 ; G . KRETSCHMAR, d a n s Leiturgia 5 , 1 9 7 0 , p . 7 2 e t 9 6 s s . 6 0 . TERTULLIEN, De cor. 3 , 2 , n o u s d i t d'ailleurs q u e la p r e m i è r e r e n o n c i a t i o n s e f a i s a i t q u e l q u e t e m p s a v a n t le b a p t ê m e d é j à . Il f a u t a j o u t e r à c e l a le t é m o i g n a g e d e JUSTIN, Apol. I, 6 4 (cf. a u s s i / / Clém. 1 7 , 1 ) . 6 1 . Il e s t p l u s difficile d e d i r e si l'on p e u t c o m p a r e r le c a t é c h u m é n a t c h r é t i e n e t l e « c a t é c h u m é n a t » q u m r a n i e n (affirmativement, J . DANIÉLOU, d a n s RHPHR 3 5 , 1 9 5 5 , p . 1 0 5 s s . ) ; l e c o n t e x t e e s t e n t o u t c a s a s s e z différent. 6 2 . Cf. E . MASSAUX, Influence de l'Evangile de Saint Matthieu sur la littérature chrétienne avant Saint Irénêe, 1 9 5 0 ; G . BORNKAMM, Ueberlieferung und Auslegung im Matthâusevangelium, WMANT 1, 4 éd. 1 9 6 5 , p . 1 5 (cf. idem, d a n s Mélanges Dodd, 1 9 5 6 , p . 2 2 5 ) ; J . JEREMIAS, Die t
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e n t i e r s ; de m ê m e , o n r é é t u d i e , a p r è s C a r r i n g t o n et Selwyn, les é l é m e n t s c a t é c h é t i q u e s d a n s la p a r é n è s e épistolaire d u N o u v e a u T e s t a m e n t . Mais o n oublie g é n é r a l e m e n t d e précis e r si Ton p a r l e d ' u n e catéchèse pré- o u p o s t b a p t i s m a l e . Il s e r a i t sage, m e semble-t-il, d e d i s t i n g u e r m i e u x ces d e u x choses, et d e r é s e r v e r le t e r m e de c a t é c h è s e à l'enseignement d o n t o n est s û r qu'il se d o n n a i t avant le b a p t ê m e . L'application d ' u n e c e r t a i n e rigueur d e m é t h o d e , d a n s ce d o m a i n e , clarifier a i t la situation, et n o u s a p p o r t e r a i t d u m ê m e c o u p , j ' e n suis convaincu, d e nouvelles l u m i è r e s q u a n t à l'enseignement éthiq u e préalable au b a p t ê m e . 64
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3. Le Nachleben du duae viae dans le christianisme Dans les p r e m i è r e s décennies qui suivirent la d é c o u v e r t e d e la Didaché, o n a relevé p r a t i q u e m e n t t o u s les p a s s a g e s d a n s la l i t t é r a t u r e c h r é t i e n n e d e s t r o i s p r e m i e r s siècles qui c i t e n t le duae viae o u qui s e m b l e n t y faire a l l u s i o n . Deux textes sont v e n u s s'ajouter, e n 1907 et 1914. Il s'agit d e la Démonstration de la prédication apostolique d e saint I r é n é e , et d u S e r m o n 66
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Bergpredigt (Calwer Hefte 2 7 ) , 2 * é d . 1 9 6 0 , p . 1 7 s s . ; C H . DODD, « T h e p r i m i t i v e C a t e c h i s m a n d t h e S a y i n g s of J e s u s », d a n s New Testament Essays. Studies in Memory of T.W. Manson, 1 9 5 9 , p . 1 0 6 - 1 1 8 ; W . D . DAVIES, The Setting of the Sermon on the Mount, 1 9 6 4 , p . 3 7 0 s s . ; O . HANSSEN, d a n s Der Ruf Jesu und die Antwort der Gemeinde. Festschrift für Joachim Jeremias, 1970, p. 94-111. 6 3 . Cf. G. SCHILLS, d a n s NTS 4 , 1 9 5 7 - 1 9 5 8 , p . 1-24 ; 1 0 1 - 1 1 4 . 6 4 . C H . DODD, Gospel and Law, 6 é d . 1 9 6 5 ; W. SCHRÄGE, Die konkreten Einzelgebote in der paulinischen Paränese, 1 9 6 1 ; K . WEGENAST, Das Verständnis der Tradition bei Paulus und in den Deuteropaulinen (WMANT 8 ) , 1 9 6 2 ; cf. a u s s i G. SCHILLE, d a n s ZNW 4 6 , 1 9 5 5 , p . 8 1 s s . ; 4 8 , 1 9 5 7 , p . 2 7 0 - 2 8 0 ; 5 1 , 1 9 6 0 , p . 1 1 2 - 1 3 1 ; F.L. CROSS, / . Peter. A Paschal Liturgy, 1 9 5 4 ; M . E . BOISMARD, d a n s RB 6 3 , 1 9 5 6 , p . 1 8 2 - 2 0 8 ; 6 4 , 1 9 5 7 , p . 1 6 1 - 1 8 3 . 6 5 . L e r a p p o r t é t r o i t e n t r e le duae viae d e la Didaché e t le S e r m o n s u r l a M o n t a g n e e s t i n d é n i a b l e (cf. l e s t r a v a u x m e n t i o n n é s à la n o t e 6 2 ) . A u r a i e n t - i l s l e m ê m e Sitz im Leben ? Cf. a u s s i J. DANIÉLOU, La catéchèse aux premiers siècles, 1 9 6 8 , p . 1 3 4 s. E
6 6 . A. H a r n a c k , d a n s s o n é d i t i o n d e la Didaché (note 3 7 ) , présentait d é j à u n riche d o s s i e r d e p a r a l l è l e s , m a i s c'est s u r t o u t A. S e e b e r g q u i , d a n s s e s différentes p u b l i c a t i o n s (cf. n o t e 1 2 ) , a r a s s e m b l é u n e v a s t e d o c u m e n t a t i o n à c e s u j e t ; cf. a u s s i G. RESCH, Das Aposteldecret, 1905, p. 9 2 s s . 6 7 . P u b l i é e p a r M g r TER-MEKERTTSCHIAN, d a n s Texte 31,
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1907.
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Untersuchungen
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De centesima, de sexagesima, de tricesima *. A. T u r c k a le m é r i t e d'avoir fait le r a p p r o c h e m e n t e n t r e le p r e m i e r texte e t le duae viae. E n ce q u i c o n c e r n e le S e r m o n , J. D a n i é l o u a v u qu'il cite Did. 6,2 ; n o u s y r e v i e n d r o n s . Ce n ' e s t p a s m o n a m b i t i o n d e r e p r e n d r e c e t t e liste des citat i o n s et allusions ; o n n e p e u t d'ailleurs j a m a i s d i r e avec certit u d e si les allusions q u ' o n croit avoir t r o u v é e s , se r é f è r e n t v r a i m e n t a u duae viae. J ' a i m e r a i s p l u t ô t é t u d i e r q u e l q u e s textes des IV , V et v i siècles q u i m e s e m b l e n t influencés p a r le duae viae et d o n t on n ' a peut-être p a s assez t e n u c o m p t e . Ces textes n o u s m o n t r e r o n t e n m ê m e t e m p s q u e le Sitz im Leben d u duae viae a changé, a u c o u r s de son h i s t o i r e . Un p r e m i e r texte à citer est YEpitome des Institutions divines d e Lactance. Dans les c h a p i t r e s 53-62, o ù L a c t a n c e r e p r e n d le V I livre des I n s t i t u t i o n s De vero culto, l'influence d u duae viae est i n d é n i a b l e . E n effet, n o u s n'y t r o u v o n s p a s s e u l e m e n t des allusions à l'un ou l'autre p a s s a g e d u duae viae, m a i s — qui p l u s e s t — n o u s y t r o u v o n s t o u t e la t r a m e d u duae viae tel qu'il n o u s est conservé d a n s la Didaché et la Doctrina apostolorum. E n t ê t e est placé le t h è m e des deux voies d e la vie et d e la m o r t . La voie d e la vie est explicitée d e la m a n i è r e suivante : p r e m i è r e m e n t , on doit a i m e r Dieu q u i n o u s a faits, d e u x i è m e m e n t , on doit a i m e r le p r o c h a i n . L ' a m o u r d u prochain est explicité, à son t o u r , p a r la règle d'or (cf. Did./Doctr. 1,1-2). Il faut d ' a b o r d c o m b a t t r e les vices, e n s u i t e p l a n t e r les v e r t u s . P o u r c o m b a t t r e les vices, il faut c o m m e n c e r p a r a r r a c h e r leurs racines d a n s le c œ u r : les p a s s i o n s (ira, avaritia, libido) ; ensuite, o n s e r a c a p a b l e d ' a c c o m p l i r le décalogue et les a u t r e s p r é c e p t e s c h r é t i e n s (cf. Did./Doct. 2-4) . Enfin, on 70
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6 8 . P u b l i é p a r R . REITZENSTEIN, « E i n e f r ü h c h r i s t l i c h e S c h r i f t v o n d e n d r e i e r l e i F r ü c h t e n d e s c h r i s t l i c h e n L e b e n s », ZNW 1 5 , 1 9 1 4 , p . 6 0 - 9 0 . 6 9 . Op. cit. ( n o t e 7 ) , p . 1 2 8 s s . 7 0 . D a n s s o n c o m p t e r e n d u d u l i v r e d e J . LIEBAERT, Les enseignements moraux des Pères apostoliques, d a n s RSR 5 9 , 1 9 7 1 , p . 6 8 . Cf. m a i n t e n a n t s o n a r t i c l e d a n s Vig. Chr. 2 5 , 1 9 7 1 , p . 7 1 - 8 1 . 7 1 . M a l g r é l'affirmation c o n t r a i r e d e B . ALTANER, art. cit. ( n o t e 1 1 ) , p . 1 6 2 . Cf. M . GERHARDT, Das Leben und aie Schriften des Lactantius (thèse, Erlangen), 1 9 2 4 , p. 121-128. 7 2 . Ou, c o m m e le dit L a c t a n c e e n u n e f o r m u l e : primum est enim non nocere, proximum, prodesse. E n c o r e AMBROISE, De officiis I, s u i t c e schém a , e t e n c e l a , il d é p a s s e p r é c i s é m e n t C i c é r o n . 7 3 . Il e s t vrai q u e Did./Doct. f o n t j u s t e l'inverse d e L a c t a n c e : e l l e s r a p p e l l e n t d ' a b o r d les p é c h é s c o n d a m n é s p a r le d é c a l o g u e p o u r m o n t r e r ensuite quelles passions poussent l'homme à commettre ces péchés.
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p o u r r a p a s s e r à la v e r t u c h r é t i e n n e q u ' e s t la c h a r i t é (cf. Did. 1,3-2,1). Bien e n t e n d u , L a c t a n c e développe l'enseignement primitif d u duae viae à la l u m i è r e de la philosophie c h r é t i e n n e qui é t a i t la s i e n n e ; m a i s il est d ' a u t a n t p l u s i n t é r e s s a n t d e const a t e r q u ' u n ancien m a n u e l d ' é t h i q u e judéo-chrétienne a p u lui servir d e b a s e p o u r le faire, p a r c e q u e cet e n s e i g n e m e n t s'avér a i t assez s u b s t a n t i e l p o u r n e p a s ê t r e a b a n d o n n é , et e n m ê m e t e m p s assez souple p o u r p o u v o i r ê t r e t r a n s f o r m é e n fonction des b e s o i n s d ' u n e nouvelle é p o q u e . Cet essai d e Lactance, innov a t e u r et en m ê m e t e m p s p r o f o n d é m e n t a t t a c h é à la t r a d i t i o n , p o u r r a i t peut-être n o u s i n s p i r e r a u j o u r d ' h u i o ù il s'agit égal e m e n t d e r e f o r m u l e r l'éthique c h r é t i e n n e d a n s u n langage nouveau . Un deuxième texte q u e j ' a i m e r a i s citer e s t le s e r m o n qui se t r o u v e à la fin des Canons d'Hippolyte . Le c a n o n 38, le d e r n i e r d u recueil, p o r t e c o m m e t i t r e : « De la n u i t o ù est r e s s u s c i t é n o t r e Seigneur : q u e p e r s o n n e n e d o r m e en cette nuit-là et q u ' o n se b a i g n e ( a u p a r a v a n t ) . De celui q u i p è c h e a p r è s le b a p t ê m e , et explication de cela ; d e l'interdiction d e ce qu'il n e faut p a s (faire), e t d e la p r a t i q u e d e ce qu'il faut (faire). » Dans la t a b l e des titres, a u d é b u t d u recueil, o n lit ensuite : « E t si q u e l q u ' u n v e u t i m i t e r les anges. » Bien vite, l ' a u t e u r p a s s e a u d i s c o u r s direct ; c e t t e p a r t i e d u c a n o n 38 s e m b l e d o n c ê t r e u n s e r m o n p r o n o n c é p e n d a n t la vigile pascale. Le p r é d i c a t e u r — le m o m e n t était b i e n choisi p o u r le faire — rappelle la liturgie d u b a p t ê m e p o u r e x h o r t e r ses audit e u r s . S'ils o n t r e j e t é S a t a n , il faut qu'ils p e r s é v è r e n t , c o m m e d e b o n s soldats, d a n s l e u r p r o m e s s e , et n e r e t o u r n e n t p a s a u x m a u v a i s e s a c t i o n s , a u t r e m e n t le Seigneur n e les reconn a î t r a p a s c o m m e siens a u m o m e n t d u j u g e m e n t : qu'ils « marc h e n t d a n s les p r é c e p t e s d u Christ ». Puis vient u n e longue liste « d e ce qu'il n e faut p a s faire », liste qui, p a r le genre littéraire ainsi q u e p a r le c o n t e n u , r e s s e m b l e de t r è s p r è s a u duae viae ; elle est suivie, à la fin, d'une liste des choses 74
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7 4 . Cf., d ' u n e m a n i è r e g é n é r a l e , l e s b e l l e s r e m a r q u e s d e J. DANIÉLOU, La catéchèse aux premiers siècles, 1968, p. 170 ss. 7 5 . Cf. l a r é c e n t e é d i t i o n d e R.-G. COQUIN, d a n s Patrologia Orientalis 31, 2 , 1 9 6 6 , p . 4 1 3 s s . P o u r l'éditeur, l e s Canons d'Hippolyte ont été rédigés en Egypte, en 3 4 0 environ. 7 6 . On p e u t s u p p o s e r qu'il y a v a i t a u s s i , p a r m i e u x , de n o u v e a u x baptisés.
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« qu'il faut faire » qui, elle, r a p p e l l e la « section évangélique » d u duae viae. La liste des c h o s e s « qu'il n e faut p a s faire » se t e r m i n e d e cette façon : « Si le c h r é t i e n p e r s é v è r e e n t o u t cela, c'est-à-dire imite le Christ, il s e r a à sa d r o i t e , sera envoyé avec les anges et s e r a h o n o r é p a r lui ; p a r c e qu'il a p r i s la c o u r o n n e d u bien, a a c c o m p l i la c h a r g e et g a r d é la foi, il r e c e v r a la c o u r o n n e d e vie q u i a été a n n o n c é e à ceux q u i l'aim e n t », — p a s s a g e q u i r a p p e l l e la fin d e la Doctrina apostolorum. Or, le texte c o n t i n u e ainsi : « Si le c h r é t i e n veut ê t r e d a n s u n r a n g angélique, qu'il s'éloigne des f e m m e s u n e fois p o u r t o u t e s et d i s p o s e d a n s son o œ u r de n e p a s les r e g a r d e r n i d e m a n g e r avec elles. E n h â t e qu'il d i s t r i b u e t o u s ses b i e n s a u x faibles, qu'il ait la règle des anges d a n s l'humilité d u c œ u r e t d u c o r p s . » Le p r é d i c a t e u r s'adresse ici à u n e a u t r e classe d e c h r é t i e n s , qui va au-delà d e ce q u e fait le c o m m u n des fidèles ; ces c h r é t i e n s d'élite vivent d a n s le célibat e t sont v o l o n t a i r e m e n t p a u v r e s , p r ê t s à la souffrance e t « p r ê t s à la m o r t à t o u t e h e u r e , à c a u s e d u Christ, p o u r la foi », c o m m e dit le texte. Ils o n t à s u b i r les t r o i s t e n t a t i o n s d u Christ, « q u i s o n t la g o u r m a n d i s e , l'orgueil et la cupidité ». Il est i n t é r e s s a n t d e n o t e r q u e c e t t e p a r t i e d u s e r m o n a des parallèles é t r o i t s d a n s c e r t a i n s textes m o n a s t i q u e s r a t t a c h é s a u m ê m e m i l i e u . Il faut a j o u t e r à ces textes le Syntagama doctrinae e t la Foi des 318 Pères p s e u d o - a t h a n a s i e n s qui, c o m m e il est bien c o n n u , i n c o r p o r e n t d e s r é s u m é s d u duae viae. Là aussi, n o u s t r o u v o n s ces deux classes d e c h r é t i e n s : en p r i n c i p e , le duae viae s'adresse à t o u s les c h r é t i e n s , m a i s il reçoit u n s u p p l é m e n t r é s e r v é a u x [xovàÇovTeç: q u i v a d a n s la m ê m e ligne q u e le serm o n c o n s e r v é d a n s les Canons d'Hippolyte. Si o n lit ces textes, o n e s t t e n t é d e d i r e q u e le c h a p i t r e 6 d e la Didaché a u q u e l ces textes se réfèrent, reflète la m ê m e t r a d i t i o n a s c é t i q u e ; il s e m b l e r a i t q u e la f o r m e d u duae viae a t t e s t é e p a r le m a n u s c r i t d e C o n s t a n t i n o p l e a été m a r q u é e p a r c e t t e t r a d i t i o n . 77
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7 7 . Il s'agit d u Traité sur la virginité p s e u d o - a t h a n a s i e n ( q u i a d'ailleurs u t i l i s é l e s p r i è r e s d e Did. 9 - 1 0 ) , d e d e u x t r a i t é s d ' E v a g r e l e P o n t i q u e e t d'un t e x t e d e J e a n C a s s i e n , s i g n a l é s p a r R . - G . COQUIN, op. cit. ( n o t e 7 4 ) , p. 3 1 1 ss. 7 8 . L a p a r e n t é d e c e m a n u s c r i t a v e c le Liber graduum a été remarquée p a r A . ADAM, art. cit. ( n o t e 2 9 ) , p . 2 5 s., p a r E . PETERSON, op. cit. ( n o t e 5 4 ) , p . 1 5 0 s., e t p a r G . KRETSCHMAR, d a n s ZThK 6 1 , 1 9 6 4 , p . 4 0 s. ( C e d e r n i e r r a t t a c h e la t r a d i t i o n e n q u e s t i o n a u x a s c è t e s i t i n é r a n t s s y r i e n s ; e l l e
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Si n o u s n o u s t o u r n o n s v e r s l'Occident, n o u s t r o u v o n s u n e confirmation de ce q u e n o u s venons d e voir. Dans s o n explication de la p a r a b o l e d u S e m e u r (Matth. 13,1 ss., par.), l'auteur d u s e r m o n De centesima, de sexagesima, de tricesima disting u e trois classes d e c h r é t i e n s : les m a r t y r s q u i p r o d u i s e n t « c e n t », les ascètes q u i p r o d u i s e n t « soixante », et les contin e n t s q u i p r o d u i s e n t « t r e n t e » fruits. P o u r a p p u y e r s o n p o i n t d e vue, il glisse, d a n s la p a r t i e s u r les m a r t y r s , la citation d'une scriptura q u i dit ceci : si potes quidem, fili, omnia praecepta domini facere, eris consummatus ; sin autem, uel duo praecepta, amare dominum ex totis praecordiis et similem tibi quasi < te ipsum > . Le d é b u t est u n e citation p r e s q u e textuelle d e Didaché 6 , 2 a ; la fin est u n c o m m e n t a i r e p r é c i e u x de la p h r a s e p l u t ô t o b s c u r e d e Did. 6,2b : « sinon, ce q u i t'est possible, fais-le » : n o u s a p p r e n o n s m a i n t e n a n t q u e « c e q u i est possible » est le d o u b l e c o m m a n d e m e n t de l ' a m o u r , c'est-à-dire le c o n t e n u m ê m e d u duae viae q u i en est l'explication. L ' a u t e u r d u sermon s'empresse d'ajouter que l'accomplissement du d o u b l e c o m m a n d e m e n t de l ' a m o u r n ' e s t p a s e n c o r e la perfection, m a i s qu'il y a, s u r le c h e m i n (uia) q u i m è n e à la perfection, p l u s i e u r s degrés (gradus) à franchir. N o u s s o m m e s d a n s la m ê m e o p t i q u e q u e n o u s avons t r o u v é e d a n s le s e r m o n à la fin des Canons d'Hippolyte : le duae viae est b o n p o u r la m a s s e d e s fidèles, m a i s le c h r é t i e n « p a r f a i t » v a p l u s loin d a n s s o n effort d'ascèse et d a n s sa disposition a u m a r t y r e . 19
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Au v i siècle, la s i t u a t i o n a e n c o r e u n e fois évolué : le duae viae n'est p l u s u n e n s e i g n e m e n t qui s'adresse à t o u s les fidèles et q u i reçoit, d a n s les cercles des ascètes, u n s u p p l é m e n t caract é r i s t i q u e , m a i s il est d e v e n u u n e p a r t i e d e la règle m o n a s t i q u e elle-même, t a n t e n E g y p t e q u ' e n Occident. P o u r l'Egypte, n o u s avons le témoignage bien c o n n u de la Vie de Chenoute a r a b e ; 8 1
r e m o n t e r a i t a u c h r i s t i a n i s m e p r i m i t i f e t s e refléterait d a n s l ' E v a n g i l e d e Matthieu et dans l'Apocalypse de Jean.) D a n s les autres textes qui r e p r o d u i s e n t l e duae viae (cf. n o t e 6 ) , l'équivalent d e Did. 6 , 2 - 3 m a n q u e ; l e s Const. apost. V I I , 1 9 - 2 1 , l a i s s e n t t o m b e r Did. 6 , 2 . 7 9 . P o u r R . REITZENSTEIN, art. cit. ( n o t e 6 8 ) , le s e r m o n serait é c r i t e n A f r i q u e d u N o r d , à l a fin d u n s i è c l e d é j à (cf. a u s s i J. DANIÉLOU, art. cit. [ n o t e 7 0 ] ) ; d'après D . D E BRUYNE, d a n s ZNW 1 5 , 1 9 1 4 , p . 2 8 1 , il s e r a i t d u m siècle. 8 0 . S e u l c h a n g e m e n t : ÔXov T6V Çuyàv e s t d e v e n u omnia praecepta. 8 1 . Cf. L . E . ISELIN, d a n s Texte und Untersuchungen 1 3 , 1 , 1 8 9 5 , p . 1 0 s. L e t e x t e a r a b e e s t d u v u s i è c l e s e u l e m e n t , m a i s il e s t l a t r a d u c t i o n d'un t e x t e c o p t e q u i r e m o n t e a u VI s i è c l e , s i n o n a u V s i è c l e . L ' e n s e i g n e m e n t e
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LES DEUX VOIES œ
p o u r l'Occident, n o u s avons la Régula Benedicti . A m e s yeux, il est indéniable q u e saint Benoît, d a n s le p r o l o g u e et le quat r i è m e c h a p i t r e d e sa Règle, s'est i n s p i r é d'une f o r m e d u duae viae. D a n s le prologue, le m a î t r e s'adresse a u fils et lui enseigne, d a n s la ligne d u P s a u m e 34(33), la « voie d e la vie » q u i n o u s dit d e faire le b i e n et d'éviter le m a l ; c e t t e voie d u salut e s t d u r e et é t r o i t e , s u r t o u t a u d é b u t , m a i s elle m è n e celui q u i p e r s é v è r e à la vie éternelle. Le 4 c h a p i t r e d o n n e la liste des choses à faire e t à é v i t e r ; elle c o m m e n c e p a r le d o u b l e c o m m a n d e m e n t d e l ' a m o u r et cite a u s s i la règle d'or (cf. Did./Doct. 1,2), p u i s elle fait suivre d e s p r é c e p t e s q u i se r a t t a c h e n t à la d e u x i è m e t a b l e d u décalogue (cf. DidJDoctr. 2). Le r e s t e d u c h a p i t r e a aussi b e a u c o u p d e parallèles d e détail avec DidJDoctr. 3-4 et avec Did. 1,3-2,1. Bien e n t e n d u , des p r é c e p t e s d e c a r a c t è r e t y p i q u e m e n t m o n a s t i q u e se t r o u v e n t m a i n t e n a n t mêlés à l'enseignement primitif du duae viae, m a i s la t r a m e d e celui-ci e s t e n c o r e visible. e
Une fois q u e le duae viae a fait s o n c h e m i n d a n s la t r a d i t i o n m o n a s t i q u e , il a cessé d'exister e n d e h o r s d ' e l l e . Il se p e u t q u e les V a u d o i s aient fait u n e t e n t a t i v e p o u r u t i l i s e r le duae viae d a n s leur p r é d i c a t i o n q u i a p p e l a i t essentiellement à la conversion ; m a i s ce n ' e s t p a s s û r . 83
M
A u j o u r d ' h u i o ù n o u s savons l ' i m p o r t a n c e q u e le duae viae a e u p o u r l'Eglise ancienne, o n doit se p o s e r la q u e s t i o n de savoir s'il n e f a u d r a i t p a s lui refaire u n e p l a c e d a n s n o t r e e n s e i g n e m e n t c a t é c h é t i q u e . J e n e s a u r a i s m i e u x e x p r i m e r la v a l e u r d u duae viae q u ' e n m e s e r v a n t des p r o p r e s p a r o l e s d u des d e u x voies semble d'ailleurs avoir j o u é u n rôle dans la tradition cénob i t i q u e a n t é r i e u r e d é j à : cf. l a p r e m i è r e c a t é c h è s e d e P a c h o m e , é d i t é e e t t r a d u i t e p a r L.-Th. LEFORT, d a n s CSCO 1 5 9 , 2e é d . 1 9 6 5 , p . 1 s s . e t 1 6 0 , 2 éd. 1 9 6 4 , p. 1 ss. Par contre, les Règles d e saint Basile n e semblent p a s s ' i n s p i r e r d u duae viae m a l g r é l e u r e m p l o i d u d o u b l e c o m m a n d e m e n t de l'amour. E
8 2 . Cf. l a r é c e n t e é d i t i o n d e R. HANSLIK, d a n s CSEL 7 5 , 1 9 6 0 . D ' a p r è s B . STEIDLE, Die Regel St. Benedikts, 1952, p. 2 4 ss., Benoît se serait évent u e l l e m e n t i n s p i r é d e la r è g l e d e s m o i n e s d e L é r i n s . 8 3 . O u t r e le m a n u s c r i t d e C o n s t a n t i n o p l e q u i a c o n s e r v é l e t e x t e m ê m e d e l a Didaché, ce sont seulement quelques écrits médiévaux qui gardent l e v a g u e s o u v e n i r d e c e t « a p o c r y p h e » ; cf. J . SCHLECHT, Doctrina XII Apostolorum, 1 9 0 1 , p . 6 2 s s . , e t J . - P . AUDET, op. cit., p . 8 7 s s . 8 4 . Cf. à c e s u j e t H . BÔHMER, d a n s Realencycl. fiir prot. Theol. und Kirche, 3 « éd., 2 0 , 1 9 0 8 , p . 8 2 7 .
W. RORDORF
128 85
Cardinal D a n i é l o u : « Le t h è m e des deux voies est b e a u c o u p p l u s q u ' u n s c h é m a p é d a g o g i q u e ou u n e m é t h o d e d e présentation. On a u r a i t p u le c r o i r e , à voir la d e s c r i p t i o n d e la voie d e la vie se p r é s e n t e r c o m m e u n t r a i t é d e s v e r t u s e t celle de la m o r t c o m m e u n t r a i t é des vices. Il s'agit en fait d e b e a u c o u p p l u s q u e cela. M e t t r e le c a n d i d a t a u b a p t ê m e devant les deux voies q u i s'ouvrent à lui, c'est le p l a c e r d e v a n t u n e o p t i o n décisive : la r e n o n c i a t i o n à S a t a n ou l'adhésion à JésusChrist. T o u t e la t r a d i t i o n biblique en témoigne. La voie d e la vie est celle de celui q u i a choisi Dieu. C'est ce q u i d o n n e à l'ensemble de la catéchèse m o r a l e p r é s e n t é e selon le s c h é m a d e s deux voies ce c a r a c t è r e d e conflit, de l u t t e , spécifique d u t e m p s de p r é p a r a t i o n a u b a p t ê m e , et d'ailleurs d e t o u t e la vie c h r é t i e n n e . Mais il s'agit alors de t o u t a u t r e c h o s e q u e d'une « b o n n e é d u c a t i o n ». Cette « m o r a l e » est b i e n p l u t ô t l'exposé d ' u n e réalité s u r n a t u r e l l e q u i manifeste q u e l'âme doit ê t r e a r r a c h é e a u p o u v o i r des forces d u m a l . Elle i n d i q u e le c h e m i n c o n c r e t d e la foi vécue. Le t h è m e des deux voies e s t d o n c u n « lieu » c a t é c h é t i q u e essentiel. »
85. Op.
cit.
( n o t e 74), p . 130 s.
DER URSPRUNG DES BÖSEN UND DAS PROBLEM DER THEODIZEE IM PSEUDOKLEMENTINISCHEN ROMAN von
H J .
Universität
SCHOEPS
Erlangen-Nürnberg
T e r t u l l i a n (adv. Marc. I , 2 ; de praescr. V I I ) weiss zu berichten, dass sich die gnostische Häresie a n d e r Frage e n t z ü n d e t h a b e : U n d e m a l u m et q u a r e ? Diese F r a g e fällt weitgehend mit dem Theodizee-Problem zusammen, dass Gott nicht der Schöpfer des Bösen sein könne, andererseits a b e r Ursprung u n d Existenz des Bösen erklärt w e r d e n muss, ohne dualistisch eine Gegengottheit des b ö s e n Prinzips einzu führen. Die übliche j ü d i s c h e w i e christliche Auskunft ist diese, dass eine urzeitliche abscessio diaboli stattgefunden h a b e o d e r a b e r , d a s s d a s B ö s e v o m e r s t e n M e n s c h e n ver s c h u l d e t w o r d e n sei u n d A d a m s F a l l u n t e r a l l e n b e n e a d a m fortwirke. Die Auskunft ist unbefriedigend, weil sie den Verstand, w e n n er weiterforscht, die A n n a h m e einer von N a t u r bösen Materie aufdrängt. Soweit ich sehen kann, gibt es in der ganzen patristischen Literatur n u r diesen einen Erklärungsversuch, der ü b e r die i m m e r gleichen Aporien des Theodizee-Problems produktiv hinausführt, indem Gott von der Urheberschaft des Bösen entlastet wird, ohne dass a b e r seine W ü r d e als Weltallschöpfer E i n b u s s e erleidet. Diese L ö s u n g ist auf eigenwillige Weise i m pseudoklementinis c h e n R o m a n e n t w i c k e l t w o r d e n . Die Texte k ö n n e n z u r ver lorenen Grundschrift oder zu einer ihrer judenchristlichen Quellen gehört haben, treten u n s a b e r heute als Sondergut des Homilisten entgegen . Das Inhaltsverzeichnis der Quelle K7)p\iy(jLaTa ü e x p o u i n Ree. 3,75, falls m a n d i e s e s n i c h t m i t S t r e c k e r als eine l i t e r a r i s c h e F i k t i o n a n s e h e n will, w e i s t die s e n g a n z e n L e h r k o m p l e x a l s T h e m a d e s 6. B u c h e s K. I I . a u s . 1
1. Der Ursprung des Bösen Die L e h r e v o m U r s p r u n g des B ö s e n w i r d in d e r K o m p o sition des R o m a n s a m zweiten Diskussionstag in Caesarea i n d e r 19. H o m i l i e ( = Horn.) v e r h a n d e l t , a n d e m d e r b i b l i s c h e 1. V g l . G e o r g STRECKER: Das tinen, B e r l i n 1958, 50 ff, 67 f.
Judenchristentum
in den
Pseudoklemen-
130
H.J. SCHOEFS
Petrus u n d « S i m o n » als R e p r ä s e n t a n t gnostischer Lehrans c h a u u n g e n h e f t i g a n e i n a n d e r g e r a t e n . N a c h e i n e m einleit e n d e n W o r t g e p l ä n k e l (Horn. 19, 1-3) w e r d e n v o n S i m o n d i e Fragen aufgeworfen: Wie, von w e m , w e s h a l b ist das Böse resp. d e r Teufel geschaffen w o r d e n ? (cap. 4 ) . Das Gespräch n i m m t mehrere theoretische Möglichkeiten durch u n d bringt gegenseitige Verdächtigungen. Die entscheidende Weichen S t e l l u n g k o m m t e r s t i n c a p . 12-13, i n d e n e n P e t r u s s e i n e positive Ansicht ü b e r den Ursprung der Bosheit auseinanderfaltet. Die Passage l a u t e t in e t w a s z u s a m m e n z i e h e n d e r freier Uebersetzung: 2
Gott h a t vier b e s o n d e r e S u b s t a n z e n a u s sich emanieren lassen (7rpoßdtXXea0at ) : d a s F e u c h t e , d a s T r o c k e n e , d a s W a r m e u n d d a s K a l t e . Diese Urelemente, a u s Gott herausgewallt, strebten d a n a c h sich z u vermischen. Aus dieser Vermischung (xpaats) der zuvor gesonderten E l e m e n t e e n t s t a n d e i n L e b e w e s e n , d a s d e n H a n g (n;poalpeai<;) h a t , d i e B ö s e n z u verderben. Die Bosheit respektive der Teufel hat w e d e r einen anderen Ursprung als aus Gott, n o c h hat er seine Bosheit v o n Gott erhalten. Erst ausserhalb Gottes erwachte in den sich vermischenden Substanzen der D r a n g r e s p . d i e B e g i e r d e (£m0ujjtia), d i e B ö s e n z u v e r d e r b e n . D i e G u t e n kann er nicht verderben, selbst w e n n er es wollte. D e n n nach göttlichem Gesetz hat er Macht nur über die Sünder. 8
4
Darauf wendet S i m o n ein: Wenn Gott die V e r m i s c h u n g d e r E l e m e n t e nach i h r e m B e l i e b e n zuliess, w a r u m h a t e r d a n n d e m V e r m i s c h u n g s d r a n g (>cpaaic: h i e r s o w o h l mixtura wie temperamentum) bei jedem Element nicht die Tendenz zum Guten mitgegeben?
D a r a u f a n t w o r t e t P e t r u s ( c a p . 13): E s handelt sich für u n s n u r u m den Nachweis, w i e u n d d u r c h w e n der B ö s e e n t s t a n d e n ist; i c h w i l l n u r z e i g e n , d a s s f ü r d e n S c h ö p f e r k e i n M a k e l ist. Wäre er ausserhalb des göttlichen Willens entstanden oder aus einer anderen Substanz oder Ursache, w ä r e der göttliche Plan m i t der Mischung 2 . E s i s t b e m e r k e n s w e r t , d a s s d i e Recognitiones immer nur das Böse kennen, während d e r Homilist entschieden personalisiert u n d i h m der B ö s e r e s p . d e r T e u f e l i m M i t t e l p u n k t s t e h t . V g l . a u c h STRECKER, a.a.O., 50: « H . f r a g t i n e r s t e r L i n i e n i c h t n a c h d e m W e s e n d e s B ö s e n , s o n d e r n n a c h d e s s e n U r s p r u n g , d a s malum des Recognitionisten erscheint beim Homilisten personifiziert i m M a s k u l i n u m » . 3. D i e s e r S p r a c h g e b r a u c h von 7rpoßdcXXea6ai, d e r Schöpfer als 7rpoß<xXXs\j£ (Horn. 1 9 , 1 2 , 3 ) , v o n T e r t u l l i a n a l s p r o l a t i o rei a l t e r i u s e x altera definiert, m e i n t i m Unterschied z u m gnostischen Emanationsbegriff i m m e r nur Hervorgehen der Materie a u s Gott u n d bleibt m e h r a m Sjhöpfungsbegriff der Genesis orientiert. 4. D i e o f t s e x u e l l g e f ä r b t e £7u0u{iia s p i e l t i n d e r g n o s t i s c h e n Termin o l o g i e e i n e g r o s s e Rolle; vgl. z u l e t z t L u i s e SCHOTTROF : « A n i m a e natural e r s a l v a n d a e » i n W. ELTESTER: Christentum und Gnosis, Berlin 1969, 70, 77 f.
131
DAS BÖSE IN DEN PSEUDOKLEMENTINEN nicht durchführbar gewesen u n d die satanischen Mächte xaxCas) w ä r e n v i e l l e i c h t s e l b s t ä n d i g g e w o r d e n .
(^ye^ve*;
TTJ<;
I m c a p . 16 b o h r t S i m o n n o c h e e i n m a l d e n l o g i s c h e n Widerspruch an, den er in dieser Argumentation verspürt: Wenn Gott d e n Teufel aus nichts z u e i n e m Wesen geschaffen hat, das z u m B ö s e n hinneigt, d a n n ist er d o c h der Urheber des Bösen, d a er j a kein Wesen m i t einer solchen Neigung zu schaffen brauchte.
Darauf Petrus: D a G o t t d i e M i s c h u n g v e r a n s t a l t e t e , d i e d e m T e u f e l d i e 7rpoafcpeots TCOV xocxcov g a b , i s t G o t t n u r i n d i r e k t u n d m i t t e l b a r d e r U r h e b e r d e r b ö s e n Beschaffenheit des Teufels, denn das B ö s e hat sich gleichsam selbst erschaffen.
D a r a u f S i m o n ( c a p . 17): Schön, Gott bleibt auf diese Weise gut. Aber v e r m ö c h t e er i h n denn nicht, w ä h r e n d er Existenz gewinnen wollte u n d n o c h unvollendet (dhreXife) w a r , z u u n t e r d r ü c k e n ?
P e t r u s e r w i d e r t ( c a p . 18): Die Frage sei unsinnig. Natürlich hätte Gott seinen Entstehungsprozess u n t e r b i n d e n k ö n n e n , d e n n k e i n W e s e n k a n n ü b e r h a u p t j e £xCTU[xßeß7jx6To^ (ex accidenti) ausserhalb d e s Wissens u n d Willens Gottes entstehen; aber er h a t seine Entstehung als nützlich angesehen. Aus seiner eigenen Natur hat das B ö s e überhaupt keine Macht.
Simon: Dann ist also das B ö s e nur in der Relation (der Beziehung auf etwas) ein ü b e l w i e das Wasser für d a s Feuer u n d viele andere Beispiele.
A u s d e r W i e d e r h o l u n g i n Horn. 20, 8f l ä s s t s i c h n o c h ergänzen: Das Böse wie auch Leiden u n d Tod sind nicht ewig. I n d e r Schöpfungszeit h a b e n sie b e g o n n e n u n d m i t d e m Gottesreich w e r d e n sie a u f h ö r e n . Das B ö s e ist n u r akzidentiell u n d steht i m Dienste eines göttlichen Plans. Dieses l e t z t e r e w a r i n Horn. 19 n o c h u n d e u t l i c h g e b l i e b e n . D i e z u r ü c k h a l t e n d e n E r k l ä r u n g e n Petri sind oft v e r s c h w o m m e n u n d b e a n t w o r t e n die scharf zugespitzten Fragen Simons selten befriedigend. Das G e s p r ä c h k o m m t n o c h auf viele andere Dinge, die u n s aber hier nicht interessieren. Auch in d e n folgenden Kapiteln, die sich bis z u m E n d e der Homilie (cap. 25) in m a n c h e r l e i geschichtstheoretische (Beschaffenheit d e r Hyle) u n d moralphilosophische (das Böse substantiell oder akzidentiell) Detailspekulationen verlieren, ergibt sich i m m e r die gleiche Quintessenz. Das Böse wird
*
132
(Horn.
H.J. SCHOEPS
19,20 f) v o n P e t r u s a l s A k z i d e n s a u f g e f a s s t u n d m i t
d e r aufzßafoovTa i d e n t i f i z i e r t . Wir fassen das für unsere Fragestellung Wichtige noch einmal in unseren Worten z u s a m m e n : Das Böse h a t seinen U r s p r u n g a u s Gott, aber seine Bosheit s t a m m t nicht von G o t t . D i e 7 r p o a t p e a i c T & V xax&v i s t i n d e r M i s c h u n g e n t s t a n d e n , die Gott zuliess, als e r m i t d e r Schöpfung die Substanzen sonderte, die jede für sich g e n o m m e n d u r c h a u s nichts Böses enthielten u n d in Gott selbst unvermischt gewesen w a r e n ( v g l . a u c h Horn. 3 , 3 3 ) . I n d e r xpaorie i s t d i e b ö s e W i l l e n s anlage entstanden. Doch h a t d e r Teufel keinen Gott absolut widerstrebenden Willen, weil e r a u s d e m Abhängigkeitsverhältnis n i c h t h e r a u s z u t r e t e n v e r m a g , v i e l m e h r G o t t sich seiner bedient. Aber w e d e r ist d e r Teufel v o n Ewigkeit gewesen, n o c h h a t e r sich selbst geschaffen, n o c h ist e r gut g e s c h a f f e n u n d d u r c h s e l b s t t ä t i g e n Abfall b ö s e g e w o r d e n , s o n d e r n , w i e e s Horn. 20,8,3 w i e d e r h o l t : XOCT<X TYJV T O U öeou ßo\iX7)aiv g£co Tfl x p a c e i cjufjLßeßvjxev. S c h o n G. U h l h o r n gab richtig a n : «Ehe die vier E l e m e n t e gemischt waren, g a b es k e i n e 7 c p o a t p e a i £ » . Als s i e g e m i s c h t w u r d e n , e n t s t a n d d i e a 0U
Diese Lehre ü b e r d e n U r s p r u n g des Bösen h a t die gnostische Fragestellung verarbeitet, aber den Dualismus zweier Urprinzipien vermieden, zu d e m so scharfs i n n i g e D e n k e r w i e M a r c i o n , B a s i l i d e s , V a l e n t i n u s w . gek o m m e n waren. Die klementinische Lehre ist legitime jüdisch-christliche Religionsphilosophie u n d , soweit ich sehen kann, ein ganz singulärer Versuch, auf diesem Boden das Theodizee-Problem zu lösen. Bei dieser Lösung ist m i t Recht vorausgesetzt w o r d e n , d a s s Gott eine v o l l k o m m e n e Welt g a r nicht h a t schaffen können, weil die Welt dann j a Gott selbst gewesen w ä r e bzw. Gott sich verdoppelt hätte. Die Schöpfung m u s s t e nämlich, u m sie selber zu sein, d a s B ö s e a u s sich h e r a u s s t e l l e n . 6
5. Die Homilien und Recognitionen des Clemens Romanus, Göttingen 1854, 185. 6 . D a s i s t n a c h G. SCHOLEM: Von der mystischen Gestalt der Gottheit, Studien zu Grundbegriffen der Kabbala, Z ü r i c h 1 9 6 2 , 77f e i n G r u n d a n t r i e b d e r K a b b a l a g e w e s e n , d a s s d a s B ö s e i n d e r S c h ö p f u n g a l s s o l c h e r liegen m u s s , weil sie ein eingeschränktes Sein p e r definitionem hat. « Gerade die s t r e n g t h e i s t i s c h e T e n d e n z d i e s e r K a b b a l a s i e h t d a s B ö s e a l s e i n notwendigerweise der Schöpfung als solcher inhaerierendes Moment, o h n e w e l c h e s s i e z u g l e i c h i h r s p e z i f i s c h e s S e i n v e r l i e r e n u n d z u m Sein des En-Soph ( = das Unendliche) zurückkehren w ü r d e » (78).
DAS
BÖSE I N DEN PSEUDOKLEMENTINEN
133
2. Die Funktion des Bösen I n Horn. 2 0 , 1-10 i s t d i e k l e m e n t i n i s c h e L e h r e v o m U r sprung des Bösen mit cap. 8 noch einmal aufgenommen, zugleich a b e r in d e n grösseren L e h r z u s a m m e n h a n g d e r Lehre v o n d e n zwei Aeonen u n d Aeonenherrschern hineingestellt w o r d e n . Gott h a t einen guten u n d b ö s e n H e r r s c h e r b e s t i m m t für die zwei Aeonen o d e r Reiche, dieser u n d d e r k o m m e n d e n W e l t {olam ha-seh — olam hab-ba), c a p . 2 . S i e w e r d e n 20,3 a u c h d i e Taxetat x ^ P C ö e o u g e n a n n t , d a s i e beide Träger u n d Werkzeuge der göttlichen Planverwirklic h u n g s i n d . J e d e r M e n s c h i s t aÜTe£ou(jfo£ (Horn. 2,15-18; 7 , 3 ; 20,2 u . ö . ) u n d k a n n d a h e r a u c h w ä h l e n , w e l c h e m H e r r s c h e r e r folgen will. D e r H e r r s c h e r d e s jetzigen Aeons erfreut sich a m Verderben der Schlechten u n d h a t als unfreies Werkzeug die Macht erhalten, böse Menschen wegen ihrer S ü n d e n zu strafen, w o m i t e r als R ä c h e r d e r Gottlosen zugleich d e n Willen G o t t e s erfüllt (20,9). D e r H e r r s c h e r d e s k ü n f t i g e n Aeons hingegen h a t F r e u d e daran, Gerechte a u s d e r Welt herauszuretten für das zukünftige Leben. Beide Reiche u n d i h r e S a t r a p e n b l e i b e n einem H e r r s c h e r u n t e r s t e l l t . D a s B ö s e ist ebensowenig ewig w i e e s u r s p r ü n g l i c h ist, es ist vielmehr v e r g ä n g l i c h u n d v e r g e h t m i t d i e s e m A e o n . Auf d i e D a u e r dieses Aeons a b e r ist d e r Teufel als H e r r ü b e r die Bösen e i n g e s e t z t , u m G o t t e s S t r a f g e r e c h t i g k e i t a n i h n e n z u vollstrecken. M i t h i n w i r d d a s B ö s e z u e i n e m n o t w e n d i g e n Elem e n t in d e r Weltentwicklung u n d ist fast a u s d e r E t h i k in die Physik g e r ü c k t w o r d e n . E n t s c h e i d e n d ist a b e r die Verk l a m m e r u n g mit d e m Gegenpol — der Böse gleichsam B r u d e r d e s G u t e n (20,8) — , d a s s s o m i t b e i d e R e i c h e e i n e innere Beziehung haben. 7
E
E
8
Diese Lehre v o n d e n beiden Reichen dürfte einer e b i o n i t i s c h e n Q u e l l e d e r G r u n d s c h r i f t e n t s t a m m e n : Horn. 15 b a u t w e i t g e h e n d a u f i h r auf; i n A n s ä t z e n z i e h t s i e s i c h a u c h d u r c h Ree. h i n (1,24; 3,52; 5,9; 8,52-55; 9,4). E p i p h a n i u s (c. Haer. 30,16,2) b e s t ä t i g t s i e a l s e b i o n i t i s c h e H e t e r o d o x i e . 9
7. G. S T R E C K E R , a.a.O., 159f v e r s u c h t d i e u n s p e k u l a t i v e Z w e i r e i c h e lehre von der m e h r kosmischen Zwei-Aeonenlehre zu unterscheiden. Das s c h e i n t m i r w e d e r s a c h l i c h n o c h t e r m i n o l o g i s c h d u r c h f ü h r b a r . D i e Vorstellungen schillern z u sehr u n d gehen, w i e auch d i e Qumranschriften zeigen, oft i n einander über. Allzu grosser Scharfsinn i s t dieser ganzen Gedankenwelt gegenüber unangebracht. 8. D i e s s a h s c h o n J. L E H M A N N : Die clementinisch.cn 1869, 433 9. V g l . H J . S C H O E P S : Theologie und Geschichte tums, T ü b i n g e n 1949, 469 f.
Schriften, des
Gotha
Judenchristen-
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H.J.
SCHOEPS
E i n e b e m e r k e n s w e r t e z u Horn. 2 0 p a r a l l e l e P a s s a g e a u s Horn. 15,7 ü b e r d i e Z w e i r e i c h e l e h r e u n d d i e F r e i h e i t d e r m e n s c h l i c h e n W a h l - u n d W i l l e n s e n t s c h e i d u n g sei in e x t e n s o wiedergegeben: Der Prophet der Wahrheit hat u n s bei seiner Anwesenheit auf Erden gelehrt, d a s s der S c h ö p f e r u n d Gott aller Dinge zwei Reiche eingerichtet hat. D e m B ö s e n gab er d a s Reich der jetzigen Welt m i t d e m Gesetz, s o dass er die Vollmacht hat, die Übeltäter zu strafen; d e m Guten teilte er d e n zukünftigen Äon zu. Jedem Menschen hat er nun d i e Freiheit gegeben, sich anzuschliessen w e m er will, entweder d e m gegenwärtigen B ö s e n oder d e m zukünftigen Guten. Die, w e l c h e d a s Gegenwärtige erwählen, haben Macht z u m Reichtum, Wohlleben, Lust zu allem, w a s sie belieben; v o n den zukünftigen Gütern sind sie ausgeschlossen. Die aber, w e l c h e das zukünftige Reich erwählt haben, dürfen nichts von d e m Irdischen, weil es einem fremden Herrscher gehört, für ihr Eigentum halten ausser allein Wasser u n d Brot u n d z w a r sofern sie e s m i t S c h w e i s s e r w e r b e n z u i h r e m Unterhalt — ausser nur einem einzigen Überkleid, d a nackt dazustehen ihnen w e g e n des H i m m e l s nicht erlaubt ist, der alles sieht.
Die religionsgeschichtliche B e u r t e i l u n g w i r d u n t e n in 4. gegeben. Aber d a s s es sich u m geläufige, altjüdische Vorstellungen handelt, ist evident. Der klementinische P e t r u s erscheint hier als judenchristlicher Apologet, der gegenüber gnostischen u n d marcionitischen Vorstellungen die höhere Einheit Gottes als alleiniger fxovapx^ zu w a h r e n wünscht, d a s dualistische Prinzip in den j ü d i s c h e n M o n o t h e i s m u s einzuordnen u n d so unschädlich zu m a c h e n sucht. Hinsichtlich d e r F u n k t i o n des B ö s e n resp. des F ü h r e r s der Bosheit scheint m i r c h a r a k t e r i s t i s c h zu sein, d a s s dieser die Herrschaft ü b e r die jetzige Welt d u r c h ein auf Zeit gegebenes G e s e t z e r h a l t e n h a t , w i e e s Horn. 13,19,2 a l s e i n e e s o t e r i s c h e Tradition ausgedrückt wird (rcpo£ T O V V U V lv7rpo0£au.G> 7rapetXv)96Ta v6u.
3. Die künftige Verwandlung des Bösen I n Horn. 20 f i n d e t s i c h a b e r n o c h e i n w e i t e r e r , h ö c h s t m e r k w ü r d i g e r G e d a n k e n g a n g , d a s s G o t t n ä m l i c h s e i n e fxopcpY), die Erscheinung seines K ö r p e r s , w a n d e l n k a n n , w a n n u n d w i e e r w i l l . D a s s G o t t e i n e G e s t a l t h a b e (Schi'ur Koma), ist eine alte Vorstellung jüdischer Esoterik a m Rande des r a b b i n i s c h e n J u d e n t u m s s c h o n in d e r k a n n a i t i s c h e n Zeit; s p ä t e r i m S o h a r s p i e l t s i e e i n e g r o s s e R o l l e . H i e r i n Horn. 2 0 — i m m e r h i n f r ü h e s 4. J a h r h u n d e r t ! — w i r d a u s g e f ü h r t , dass Gott ebenso die S u b s t a n z e n v e r w a n d e l n k ö n n e , wie er a u s d e m S t a u b d e n M e n s c h e n w e r d e n Hess u n d i h n w i e d e r zu S t a u b zerfallen lässt. Diese b r e i t e n Explikationen dienen
DAS BÖSE I N DEN PSEUDOKLEMENTINEN
135
d e m Nachweis, dass Gott in seiner Allmacht a u c h d e n Teufel verwandeln könne. Und nun kommen sehr merkwürdige Gedanken, die an die Verheissung angeknüpft werden, dass G o t t d e n SiaßoXo^ s a m t s e i n e n E n g e l n u n d d e n v o n i h m verf ü h r t e n S ü n d e r n a l s xanqCTauivoi i n d i e F i n s t e r n i s d e r u n t e r e n R ä u m e r e s p . i n d a s e w i g e F e u e r s t o s s e n w e r d e . ( M t . 25,30,41). Die u n t e r e n R ä u m e u n d d a s ewige F e u e r w e r d e n als zusammengehörig betrachtet u n d in cap. 9 wird folgende Auslegung gegeben: Weil d e r Teufel zufolge seiner M i s c h n a t u r auf sie angelegt ist, ist i h m die F i n s t e r n i s w i l l k o m m e n . E r freut sich darauf, m i t den i h m dienenden Engeln in die Finsternis des Scheol herabzusteigen, d e n n seiner F e u e r n a t u r ist die Finsternis angenehm. W ä h r e n d die Menschenseelen, die wie reine Lichttropfen sind, von d e r ihnen fremden Substanz des Feuers aufgesogen u n d bestraft werden (dies auch nach Horn. 9,9), g e h t m i t d e m B ö s e n s e l b e r e i n e V e r w a n d l u n g v o r s i c h , s o d a s s e r e i n (xeT<xauyxpi0el£ ayoc06£ w i r d . D o r t ( i m H a d e s ) w i r d sein Vorsatz z u m Bösen, n a c h d e m er sich der O r d n u n g G o t t e s g e f ü g t , efc ayaOou 7cpoa(peaiv v e r w a n d e l t werden. An diese i m übrigen a u c h sprachlich ziemlich d u n k l e u n d hier n u r sinngemäss widergegebene Darlegung wird dann n o c h folgender Schriftbeweis angeschlossen: S c h o n die S c h r i f t ( E x . 7,9 f) h a b e i n d e r U m w a n d l u n g d e s S t a b e s d e s Hohepriesters Aaron in eine Schlange u n d in der Zurückv e r w a n d l u n g i n d e n S t a b a u f m y s t i s c h e W e i s e (fxuaTTjpico&ck) d i e k ü n f t i g e V e r w a n d l u n g d e s B ö s e n , d i e p e T a o u y x p i a i ? TTJC; Tpo7r9j£ a n g e d e u t e t . — D o c h f ü g t P e t r u s h i n z u , d a s s e s s i c h h i e r b e i m e h r u m V e r m u t u n g e n u n d #ypa9oc h a n d l e . W i r erfahren also, dass die äusserste Finsternis das der F e u e r n a t u r des Teufels a n g e m e s s e n e E l e m e n t ist u n d dass e r sich sogar d a n a c h sehnt, m i t seinen Dienstengeln in die F i n s t e r n i s h i n a b z u s t e i g e n , i n d e r d a s (x£Xav 7cöp b r e n n t . 1 0
D a s s d e r T e u f e l i n d e r E n d z e i t b e i d e r evaXXayyj TWV 6VTG>V seine böse Substanz verlieren u n d in einen Guten verwandelt w e r d e n w i r d , ist gewiss ein auffälliger G e d a n k e n g a n g . E r verliert aber an Seltsamkeit, w e n n m a n darauf achtet, dass n a c h d e r Ueberzeugung d e r K l e m e n t i n e n d e r Teufel j a gar nicht r a d i k a l b ö s e ist. 10. F i n s t e r n i s u n d F e u e r g e h ö r e n z u s a m m e n als d i e G e g e n s e i t e d e s L i c h t s . D e n Begriff d e s « d u n k l e n F e u e r s » k e n n t s c h o n d e r s l a w i s c h e H e n o c h (10,2) a b e r a u c h d e r S e k t e n k a n o n v o n Q u m r a n (2,4 u . ö . ) , f e r n e r Mandäer u n d Manichäer, e b e n s o das jüngcrr Avesta.
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H.J. SCHOEPS
In Gottes Schöpfung k a n n es nichts v o m U r s p r u n g h e r s i t t l i c h B ö s e s g e b e n . T a t s ä c h l i c h w i r d j a 20,3 a u c h g e s a g t , d a s s e r a l s D i e n e r G o t t e s vouifxcoc g e z w u n g e n sei, B ö s e s z u t u n ( x a x o u p y e ! v ) . M i t seiner Bosheit dient er Gott. Aber seine Bosheit stellt keine ethische Gegenpotenz dar, weil d e r Teufel k e i n e n G o t t w i d e r s t r e b e n d e n W i l l e n b e s i t z t , s o n d e r n sie i s t rein akzidentiell, sofern d e r Teufel einen Dienstauftrag in der göttlichen Planverwirklichung auszuführen hat. Ist der Plan einmal verwirklicht — in der Endzeit —, k a n n auch der T e u f e l g e r n u n d g u t e i n u.eTacjuYxpiöel£ a y a ö o ^ w e r d e n . 1 1
1 2
I n d e m also a u c h d e m Teufel a m E n d e des Weltprozesses d i e M ö g l i c h k e i t d e r 47coxaT£
4. Religionsgeschichtliche Würdigung N a c h d e m w i r m i t d e r A n a l y s e v o n Horn. 19 u n d 20 hocheigentümliche Gedankengänge des pseudoklementinischen R o m a n s vorgetragen h a b e n , die möglicherweise auf ältere judenchristliche Quellen dieser selbst aus d e m Beginn d e s 4. J a h r h u n d e r t s s t a m m e n d e n F o r m u l i e r u n g e n des Homilisten zurückgehen, k ö n n e n w i r n u n m e h r z u r religionsgeschichtlichen Würdigung dieser Partien übergehen. /. Der Ursprung
des
Bösen
Z u n ä c h s t e i n m a l s t i m m e i c h v o l l u n d g a n z m i t G. S t r e c k e r a.a.O., 50f, 68 ü b e r e i n , d a s s d i e s e L e h r e v o n d e r M i s c h u n g «alleiniges E i g e n t u m des H o m i l i s t e n » ist. Sie ist m i r nirgendwo im altkirchlichen Schrifttum auch n u r ansatzw e i s e b e g e g n e t . R e k u r s e a u f P i a t o n T i m a i o s f ü h r e n allen1 1 . V g l . a u c h Ree. 4 , 2 3 : A b s o l u t e d i e i m u s i n s u b s t a n t i a n i h i l e s s e mali. 1 2 . F . Chr. BAUR: Die christliche Gnosis, T ü b i n g e n 1 8 3 5 , 3 2 5 interp i e r i e r t e g u t h e g e l i s c h : « S o i s t d a s B ö s e , i n d e m e s w e s e n t l i c h s i c h selbst a u f h e b t , a u c h w i e d e r e i n G u t e s ».
DAS BÖSE IN DEN PSEUDOKLEMENTINEN
137
falls i n k o s m o l o g i s c h e S p e k u l a t i o n e n h i n e i n , d i e M i s c h u n g der Elemente dort hat nichts mit dem Problem unseres Textes zu t u n , w i e d e n n d a s B ö s e e n t s t a n d e n sei. N ä h e r h e r a n f ü h r t d e r R e k u r s a u f d e n K o m p l e x d e r K i l a j i m Ver b o t e d e r T h o r a : Kilaje schatnes (Verbot pflanzliches Leinen u n d t i e r i s c h e W o l l e i n d e n K l e i d e r n z u v e r m i s c h e n : L e v . 19, 1 9 ; D e u t . 22,11), kilaje sarim (Verbot des Nebeneina n d e r s ä e n s w i d e r s t r e b e n d e r P f l a n z e n g a t t u n g e n : L e v . 19,19; D e u t . 22,9) u n d kilaje behemot ( V e r b o t d e r B e g a t t u n g ver s c h i e d e n e r T i e r a r t e n : L e v . 19,19, b z w . d e s K u s a m m e n s p a n n e n s heterogener Tiere b e i m Pflügen wie Ochse u n d E s e l : D e u t . 22,16). Die G r ü n d e dieser K i l a j i m V e r b o t e sind d u n k e l . Offenbar steht d a h i n t e r die alte Turna/z-Vorstellung, dass M i s c h u n g verunreinigt, w o r d u r c h eben Böses entsteht. Der Mensch, der Heterogenes verbinden will, zerstört die Schöpfungsordnung, in d e r alles rein u n d u n g e m i s c h t geschaffen w u r d e . Der M i s c h n a - T r a k t a t K i l a j i m — d i e G e m a r a f e h l t — l ä s s t er k e n n e n , d a s s diese M a t e r i e in d e n L e h r h ä u s e r n des 2. Jahr h u n d e r t s diskutiert u n d differenziert w o r d e n ist. Die G r ü n d e der Mischungsverbote sind aber nicht diskutiert worden. R a s c h i z u Lev. 19,19 e r k l ä r t : « D i e s e S a t z u n g e n s i n d V e r o r d n u n g e n des Königs, für die kein G r u n d angegeben i s t » . Souveräne Willenskundgebungen Gottes erfolgen begrün dungslos, meint der mittelalterliche Religionsphilosoph B a c h j a i b n P a q u d a ( E i n l . z u « H e r z e n s p f l i c h t e n »), w e i l d e r menschliche Verstand Gottes G r ü n d e gar nicht fassen w ü r d e . I n d e r T a t erweisen sich alle rationalen B e g r ü n d u n g e n als u n g e n ü g e n d ; die m o d e r n e n K o m m e n t a t o r e n w o l l e n auf kultische Hintergründe u n d Abwehr magischer Bräuche h i n a u s . A n d e r s l i e g t es m i t d e n k a b b a l i s t i s c h e n B e g r ü n dungen, ü b e r deren Alter sich n u r schwer Sicheres sagen lässt: Dass d u r c h Vermischung Verunreinigung b e w i r k t w i r d , j a s o g a r mach ha-tumah, das Böse schlechthin entsteht, s c h e i n t a l t j ü d i s c h e , v i e l l e i c h t s o g a r a l t o r i e n t a l i s c h e Ge h e i m s p e k u l a t i o n gewesen zu sein, die in d e r k a b b a l i s t i s c h e n Mystik wieder ans Licht k o m m t . 1 3
Einiges Interesse bietet a b e r der U m s t a n d , dass sich eine der klementinischen ähnliche negative Beurteilung von M i s c h u n g s v e r h ä l t n i s s e n a u c h i n M a n i s Buch der Giganten 1 3 . V g l . d i e Z o h a r s t e l l e n b e i G . SCHOLEM: Die jüdische Mystik in ihren Hauptströmungen, Zürich 1 9 5 7 , 2 5 9 , 4 3 5 (Anm. 1 0 6 ) , ferner m e i n e B e l e g s t e l l e n a u s m i t t e l a l t e r l i c h e n A u t o r e n i n Aus frühchristlicher Zeit, 4 3 .
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SCHOEPS 14
u n d in a n d e r e n Schriften findet . Aber d a s m a n i c h ä i s c h e Weltbild ist ebenso wie d a s zoroastrische prinzipiell dualis tisch u n d weiss nichts von einer Erschaffung der Sub stanzen resp. Elemente durch den höchsten Gott. Es muss dabei bleiben, dass die ins System gebrachte Lehre von der E n t s t e h u n g des B ö s e n in d e n P s e u d o k l e m e n t i n e n zu Zwecken jüdisch-christlicher Theodizee letztlich o h n e Parallele ist. Sie wird sogar in den neugefundenen Kephalaia Texten Manis ( c a p . 120) m . E . z i e m l i c h d e u t l i c h a b g e l e h n t . 1 5
2. Die Funktion
des
Bösen
I m U n t e r s c h i e d zu d e r e b e n e r ö r t e r t e n P r o b l e m a t i k ist die hierzu von den Pseudoklementinen vertretene Lehre j ü d i s c h e o p i n i o c o m m u n i s m i t A b s e n k e r n o d e r eigen ständigen Parallelen in der iranischen Religionsentwicklung. Z u n ä c h s t : Die L e h r e v o n d e n zwei Reichen o d e r Aeonen m i t ihren H e r r s c h e r n u n d d e m Bösen als H e r r n dieser Welt s o w i e v o n d e r E n t s c h e i d u n g s f r e i h e i t d e s M e n s c h e n i s t alt jüdisches Lehrgut, das zumal in der Apokalyptik u n d ihrem S c h r i f t t u m (Henoch, Jubiläenbuch, Test. XII Patr.) kon serviert w o r d e n ist. I n d e r Disziplinrolle d e r D S S tritt sie u n s erneut entgegen u n d zwar in einer vergleichbaren F o r m , w e n n a u c h d i e D S S n i c h t v o n v)Ye[i.6vec, s o n d e r n ruchot (Geister) sprechen. Ich h a b e die parallelen Texte in m e i n e m B u c h Urgemeinde — Judenchristentum — Gnosis, Tübingen 1956, 79f a b g e d r u c k t . M a n k a n n sagen, dass die Zwei-Reiche-Lehre d e r Pseudo k l e m e n t i n e n j ü d i s c h ist, weil die h ö h e r e E i n h e i t Gottes gewahrt blieb u n d das dualistische Prinzip in den jüdischen M o n o t h e i s m u s eingeordnet w u r d e ; ich h ä t t e nichts dagegen, von einem subordinatianischen Dualismus zu sprechen. Diesen sehe ich a u c h in der rabbinischen Lehre von den middoth, d e n Seins- u n d W i r k w e i s e n Gottes, a m W e r k . Die middath ha-din u n d d i e middath ha-rachamim waren nach r a b b i n i s c h e r Theologie b e i d e für die Welterschaffung gleich n o t w e n d i g (Gen. rabba 12, E n d e z u 2,4; Sifre Deut. § 2 7 ) . S i e t r e t e n gleichsam a u s e i n a n d e r , u m sich in i h r e m W i r k e n 14. Vgl. A . ADAM: Texte zum Manichäismus, B e r l i n 1954, 14, Z. 142ff, f e r n e r H . JONAS: Gnosis und spätantiker Geist I, G ö t t i n g e n 1964 , 298-301. F ü r d i e M a n d ä e r e r s t a t t e t K. RUDOLPH a l s e i n e r d e r b e s t e n Text- u n d S a c h k e n n e r F e h l a n z e i g e . V g l . s e i n e n B r i e f v o m 4. I V . 1960 a n m i c h : « E i n e solche Lehre, w i e sie die Klementinen bringen, findet sich bei den Mandäern nicht». 15. V g l . a u c h A . BÖHLIG: Mysterion und Wahrheit, Ges. Beitr. zur spätantiken Religionsgeschichte, L e i d e n 1968, 265 f. 3
DAS BÖSE I N DEN PSEUDOKLEMENTINEN
139
gegenseitig zu ergänzen. Uebrigens bestätigt a u c h Tertullian (adv. Marc. 1, 25-26; 2,3), d a s s d i e s e i n e L e h r e d e r R a b b i n e n sei. R a b b i A k i b a h a t d i e s e E r k l ä r u n g a u c h f ü r d e n P l u r a l poia = T h r o n s e s s e l i n D a n . 7,9 g e g e b e n , d a s s e i n T h r o n f ü r die Gerechtigkeit u n d ein T h r o n für die Barmherzigkeit aufgestellt w o r d e n ist; d o c h w i r d Akiba v o n R. Eleazar b e n A s a r j a h e f t i g z u r ü c k g e w i e s e n (Chagiga 14 a, Sank. 38 b ) . D i e s w a r z u B e g i n n d e s 2. J a h r h u n d e r t s . A e h n l i c h wird v o m Midrasch entsprechend d e m Sprachgebrauch d e r K l e m e n t i n e n (Horn. 7,3,15,7 u . ö . , Ree. 3,60) ö f t e r s g e s a g t , dass Gottes rechte H a n d die Gnade u n d seine linke H a n d das Gericht repräsentiere . Auch Philon h a t den gleichen Sprachgebrauch wie die palästinensischen Rabbinen. Bei ihm r e p r ä s e n t i e r t Elohim d i e G n a d e , Jahwe d a s G e r i c h t . U m g e kehrt u n d ursprünglicher findet die Zuteilung d e r Kräfte a n d i e b e i d e n N a m e n i m r a b b i n i s c h e n S c h r i f t t u m s t a t t (Pes. R. Kah. 164 a ) . S c h o n i n d e r M e k h i l t a (Beschallach 6) u n d sonst symbolisieren rechte u n d linke H a n d Gottes d a s gute u n d d a s b ö s e P r i n z i p . I m s p ä t e r e n S e p h e r B a h i r ( § 109, e d . Scholem: « Die linke H a n d Gottes ist die Hypostase, deren N a m e d a s Böse ist») v e r s t ä r k t sich diese Tendenz noch. — W e i t e r e B e l e g e h a b e i c h i n Aus frühchristlicher Zeit, S . 48, Anm. 1 gegeben. 1 6
1 7
1 8
1 9
Dualistisches Gepräge h a t auch die bis in vorchristliche Z e i t z u r ü c k g e h e n d e L e h r e v o m feser ha-ra u n d feser ha-tob, d e n beiden v o n Gott s t a m m e n d e n Trieben, die in d e n Men schen hineingelegt sind u n d zwischen denen e r die Freiheit d e r W a h l h a t . I n d e r k ü n f t i g e n W e l t w i r d d e r feser ha-tob a l l e i n h e r r s c h e n , w ä h r e n d i n d e r j e t z i g e n W e l t d e r feser ha-ra das Uebergewicht hat. Mit dieser Lehre ist i m J u d e n t u m auch das Böse auf Gott als d e n alleinigen Urheber zurückgeführt u n d d i e Minuth (offenbar gnostischer Dualismus) v o n der M i s c h n a (Berakhot V,4; w o h l a u c h Megilla 111,9) a b g e w e h r t worden . Gern wird von den Rabbinen auch der vom 2 0
16. D a e s sich u m eine z u s a m m e n h ä n g e n d e Erörterung handelt, w a s m a n d e n M i n i m z u e r w i d e r n h a b e , b e f ü r c h t e t e m a n o f f e n b a r gnostischen Missbrauch dieser Erklärung Akibas. — Derartige Motive be herrschen die Haggada häufig. 1 7 . V g l . L o u i s GINSBERG: The Legends of the Jews, P h i l a d e l p h i a 1 9 4 6 , V, 7 3 ; V I 5 0 . 1 8 . Quaest. et solut. in Ex. I I , 6 6 ; Moses 1 1 , 9 9 - 1 0 0 ; de Cherubim 2 7 f. 1 9 . V g . . H . LJUNGMAN; Guds barmhertighet och dorn, D i s s . L u n d 1 9 5 0 ; G. KRETZSCHMAR; Studien zur frühchristlichen Trinitdtstheologie, Tübin g e n 1 9 5 6 , 1 0 ff. 20. Über die jüdische Verwerfung dualistischer Gottesvorstellungen vgl. S . S . COHON: « T h e U n i t y o f G o d » , HUCA 2 6 ( 1 9 5 5 ) , 4 5 5 f f . 1
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H.J.
SCHOEPS
k l e m e n t i n i s c h e n P e t r u s (Horn. 20,3,7) v e r w a n d t e S a t z D e u t . 32,39 ( G o t t t ö t e t , s c . f ü g t a l s o a u c h B ö s e s z u , u n d m a c h t lebendig) als A n t w o r t auf E i n w e n d u n g e n von M i n i m ange führt, die das Böse auf eine Gegenmacht zurückführen w o l l e n (Sifre Deut. § 329 z.St., e d . F r i e d m a n n 139 b ) . N a t ü r l i c h ist n i c h t zu leugnen, d a s d e r Z e r w a n i t i s m u s als spätiranische A b w a n d l u n g des mazdaistischen Dualismus zu ganz ä h n l i c h e n P o s i t i o n e n g e k o m m e n ist. Aber h i e r h a b e n d i e z w e i G e i s t e r , d i e Yasna 30,3 a l s « Z w i l l i n g s g ö t t e r » b e z e i c h net werden, uranfänglich existiert u n d sogar zwei besondere S c h ö p f u n g e n h e r v o r g e r u f e n . A u c h P l u t a r c h (de Iside et Osiride § 45-47) b e r i c h t e t v o n d i e s e m M y t h o s d e r M a g i e r , d.h. d e r m e d i s c h e n Priesterschaft. Der Z e r w a n i t i s m u s k a n n t e tatsächlich auch drei Weltstadien u n d n a h m für den zweiten ( g u m e c i s n ) d e n Z u s t a n d d e r M i s c h u n g in u n s e r e r gegen w ä r t i g e n W e l t a n , d e r e n Z e i t d a u e r a u f 9000 J a h r e f i x i e r t wird. Ich w ü r d e meinen, dass diese mitteliranischen u n d z.T. w o h l a u c h m a n i c h ä i s c h e n S c h r i f t e n , d e r e n ü b e r f o r m t e r Dualismus die Mitte zwischen Mazdalehre u n d Gnosis hält, u n s e r e n Schriften n a h e k o m m e n ; freilich h a t d e r U r s p r u n g des Bösen in ihnen eine a n d e r e G e n e s i s . Die F r a g e der Beeinflussung: W e r hat w e n beeinflusst, lässt sich nicht schlüssig b e a n t w o r t e n , wie die religionsgeschichtliche Schule (Bousset, Colpe u.a.) vorschnell m e i n t e . An d e r H e r k u n f t des judenchristlichen L e h r g u t s in den P s e u d o k l e m e n t i n e n aus jüdischer Denkweise u n d Ueberlieferung h a b e ich auch a u f g r u n d vieler a n d e r e r Indizien k e i n e n Zweifel. Gegenüber der i m m e r wieder hartnäckig verfochtenen Behauptung, dass die Klementinen z u r gnostischen Literatur gehören u n d wir gerade wegen der hier diskutierten dualisti schen Positionen auch von «gnostischen Ebioniten» sprechen müssen, m ö c h t e ich n o c h einmal klar betonen: Der sowohl in d e r i r a n i s c h e n R e l i g i o n s g e s c h i c h t e w i e i m h e l l e n i s t i s c h e n S y n k r e t i s m u s d e r S p ä t a n t i k e v o r g e b i l d e t e « D u a l i s m u s aller gnostischen Systeme bis hin zu den Manichäern, die weit radikalere Dualisten w a r e n als etwa die Marcioniten — h a t einen völlig a n d e r e n Sitz i m Leben. I n i h n e n sind die zwei Reiche nicht einem Gotte unterstellt, der a u c h der U r h e b e r d e s B ö s e n i s t , s o n d e r n sie s i n d A u s d r u c k f ü r e i n e n e w i g e n Weltgegensatz u n d Mächtekampf. Dafür erübrigen sich die 2 1
2 2
21. Vgl. C . COLPE; Die
religionsgeschichtliche
Schule,
Göttingen
1961,
187. 22. D i e i n m e i n e m A u f s a t z « I r a n i s c h e s in d e n P s e u d o k l e m e n t i n e n » , e n t h a l t e n i n d e m B a n d Studien zur unbekannten Religionsund Geistesgeschichte, G ö t t i n g e n 1963, 102f g e m a c h t e K o n z e s s i o n m ö c h t e ich h i e r m i t wieder einschränken bzw. zurückziehen.
DAS BÖSE IN DEN PSEUDOKLEMENTINEN
141
Spezialnachweise — d e n n es ist das A u n d Q aller Gnosis, d a s s die Welt eine b ö s e M a c h t u n d ein b ö s e s G e m a c h t e ist. S o zeigt sich a u c h a n d e n dualistischen P h ä n o m e n e n : Gnosis u n d Offenbarungsglaube gehören zwei verschiedenen Welten an .» 2 3
3. Die Zukunft
des
Bösen
Schliesslich ist n o c h die wieder ganz singulare V o r s t e l l u n g v o n d e r u-eTaauvxpiaic; ( U m w a n d l u n g ) r e s p . a7roxaTa(7Taox Siaß6Xou z u w ü r d i g e n . I c h w ü s s t e n i c h t , w o sie in d e r v o r k l e m e n t i n i s c h e n T r a d i t i o n v e r t r e t e n w o r d e n w ä r e . Die gewöhnliche Vorstellung i m J u d e n t u m w i e in d e r alten K i r c h e ist v i e l m e h r die, d a s s d e r Teufel in d e r E n d z e i t ü b e r w u n d e n u n d vernichtet wird. Zumeist lässt m a n ihn e w i g e H ö l l e n q u a l e n i n d e r Gehenna, d e m «feurigen Pfuhl», ( M t . 5,22; M k . 9,43; A p o k . J o h . 19,20; 20,2.10.15) e r l e i d e n . Die K l e m e n t i n e n sagen a b e r a u s d r ü c k l i c h , d a s s d e r B ö s e a m W e l t e n d e n i c h t d u r c h d a s e w i g e F e u e r g e p e i n i g t w i r d (Horn. 20,9). F ü r d i e S e e l e n d e r A b g e s c h i e d e n e n g i b t e s n a c h i h n e n e i n xaöapcrtov 7rup, i n d a s a u c h d e r T e u f e l h i n e i n k o m m e n w i r d , u m f ü r d e n k ü n f t i g e n V o l l k o m m e n h e i t s z u s t a n d ge reinigt zu w e r d e n . Dies v e r s u c h e n sie s o g a r [LvarripitoS&z a u s d e r S c h r i f t ( E x . 7,9ff: V e r w a n d l u n g e n d e s A a r o n s t a b e s ) zu b e g r ü n d e n . Dieser ebionitische « Schriftbeweis» für die künftige V e r w a n d l u n g des Teufels a u s den M e t a m o r p h o s e n des Aaronstabes ist m.W. ganz singulär u n d findet sich in keiner allegorischen Exegese der Haggada, obwohl doch das Schlangenmotiv eine solche Vorstellung nahelegen k o n n t e . 2 4
2 5
F ü r die Kirchenhistorie ist w o h l a m wichtigsten, dass O r i g e n e s i n de princ. 1,1-4 p a r . d i e s e G e h e i m l e h r e , d i e e r m i t d e r Unzerstörbarkeit des Logos a u c h i m Teufel b e g r ü n d e t e , wahrscheinlich aus den Pseudoklementinen kennengelernt h a t . I c h h a b e i n m e i n e m B u c h Aus frühchristlicher Zeit eine solche Abhängigkeit b e s t r i t t e n (53). K a r d i n a l J. Daniel o u , d e m diese S t u d i e g e w i d m e t ist, h a t m i c h a b e r inzwis c h e n in diesem P u n k t e eines Besseren belehrt. 2 6
23. Zitat a u s Urgemeinde - Judenchristentum - Gnosis, T ü b i n g e n 1956, 56. 24. Ü b e r Parallelen in mitteliranischen, speziell zerwanitischen T e x t e n vgl. m e i n e Studien e t c . 103. D i e F r a g e der A b h ä n g i g k e i t s e i n f l ü s s e m u s s auch hier offenbleiben. 25. Ü b e r h a g g a d i s c h e E x e g e s e n d i e s e s b e l i e b t e n S y m b o l s v g l . Aus frühchristlicher Zeit, 53. 26. I n d e r R e z e n s i o n m e i n e s B u c h e s i n RScR 1950, 590; Ü b e r literari s c h e Q u e l l e n d e s O r i g e n e s vgl. s c h o n f r ü h e r a u c h J. CADIOU ebd. 1930, 506 ff.
BIBLIOTHÈQUE DE SCIENCES RELIGIEUSES collection dirigée par MICHEL
DE C E R T E A U
Louis Marin Sémiotique de la Passion Topiques et Figures Cette étude se situe à la rencontre de deux séries de problèmes : problèmes de linguistique et de sémantique ; problèmes spécifiques que soulèvent les récits de la Passion. A un déplacement de l'exégèse se combine un examen critique de l'analyse structurale.
250 pages — 35 F
Déjà parus : James Barr,
S é m a n t i q u e du l a n g a g e b i b l i q u e , 3 4 8 p .
Paul Beauchamp,
C r é a t i o n e t s é p a r a t i o n . Etude e x é g é t i q u e d u c h a p i t r e p r e m i e r d e la G e n è s e , 4 2 4 p .
Stanislas Breton,
Du Principe. L'organisation c o n t e m p o r a i n e du p e n s a b l e , 3 4 2 p .
Jean Ladrière,
L'articulation d u s e n s . D i s c o u r s fique e t p a r o l e d e la Foi, 2 4 8 p .
scienti-
AUBIER M O N T A I G N E - ÉDITIONS DU CERF DELACHAUX & NIESTLÉ - D E S C L É E DE BROUWER
MANÍ ET LA TRADITION ÉVANGËLIQUE DES JUDÉO-CHRÉTIENS par
G.
QUISPEL
Université d ' U t r e c h t
On n e s e m b l e p a s e n c o r e avoir r e m a r q u é q u e les m a n i c h é e n s c o m b a t t u s p a r saint Augustin t r a h i s s e n t u n e c e r t a i n e connaiss a n c e d u Diatessaron d e Tatien. Le fait est c e p e n d a n t t r è s vrais e m b l a b l e . Le c o n t r a i r e serait m ê m e é t o n n a n t . C a r M a n i vivait à u n e é p o q u e o ù r é c r i t d e Tatien é t a i t l'évangile officiel d e l'église a r a m a ï q u e . E n o u t r e , o n a établi q u e les s o u r c e s manic h é e n n e s q u e n o u s c o n n a i s s o n s , a u s s i b i e n q u e des t é m o i n s i n d i r e c t s c o m m e les Actes d'Archelaus c o n t i e n n e n t d e s leçons diatessariques . Selon saint Augustin, le texte d u m a n i c h é e n A d i m a n t u s a u r a i t i n s é r é d a n s l'épisode d u j e u n e h o m m e r i c h e l'injonction d e J é s u s d e p r e n d r e s u r soi la croix (Contra Adim. 21 : toile crucem). O r c e t t e m e n t i o n est a b s e n t e de n o s évangiles canoniq u e s , c o m m e le m o n t r e n t Matthieu 19,16-23, Marc 10,17-23 et Luc 18,18-23. On la r e t r o u v e c e p e n d a n t chez A p h r a a t e (20,18), q u i a s a n s a u c u n d o u t e utilisé le Diatessaron \ On c o n c l u r a d o n c q u e A d i m a n t u s , o u Addai, disciple d e Mani d e la p r e m i è r e h e u r e , a c o n n u l'œuvre t a t i a n i q u e , c o m m e son 1
1. B i b l i o g r a p h i e c h e z G . C HANSEN, « Zu d e n E v a n g e l i e n z i t a t e n ' A c t a A r c h e l a i ' », Studio. Patristica V I I , B e r l i n 1966, p . 475. 2. Contra Adim. 25, p . 179 :
21 : Z y c h a C S E L
si v i s p e r f e c t u s e s s e , v e n d e o m n i a q u a e possides et divide pauperibus e t tolle crucem tuam e t s e q u e r e m e .
APHRAATE, Dem. P S I, 1, p . 927 :
in
den
X X , 1 8 ; Parisot
si v i s p e r f e c t u s e s s e , v a d e , v e n d e omnia quae nahes, et da pauperibus, et toile crucem tuam, e t s e q u e r e m e .
144
G. QUISPEL 3
m a î t r e . E n o u t r e , il e s t évident q u e le m a n i c h é e n q u i a trad u i t le t r a i t é d'Addai d u S y r i a q u e e n Latin, a p r é s e r v é plus i e u r s fois les v a r i a n t e s si c a r a c t é r i s t i q u e s d e l'original. M ê m e q u a n d les m a n i c h é e n s d e l'Afrique d u N o r d n'offrent p a s d e t r a d u c t i o n s d u S y r i a q u e , m a i s s'engagent d a n s d e s d é b a t s avec d e s c a t h o l i q u e s , ils citent quelquefois le Diatessaron o u d u m o i n s citent u n texte b i b l i q u e t e i n t é p a r c e t écrit. Ainsi Félix d a n s sa discussion avec saint Augustin : et
MITTAM vobis
Spiritum
Sanctum
Paracletum
(Contra
Felicem,
I, 2 ) .
F r a n ç o i s Décret lui-même, d a n s s o n livre si m é r i t o i r e d u r e s t e s u r le m a n i c h é i s m e d a n s l'Afrique d u N o r d , n ' a p a s o b s e r v é q u e cette citation a u n arrière-plan d i a t e s s a r i q u e . O r E p h r e m , d a n s s o n c o m m e n t a i r e s u r le Diatessaron, p r é s e n t e cette v a r i a n t e d e Jean 14,16 : 4
V o i c i q u e je v o u s envoie c e l u i q u i p r o f è r e d e b o n n e s p a r o l e s . . . Je v o u s envoie e n c o r e q u e l q u ' u n d'autre q u i p r o f è r e d e b o n n e s p a r o l e s (LELOIR, p .
5
338) .
On p o u r r a i t m u l t i p l i e r c e s exemples, soit d e l'œuvre d e F a u s t u s d e Milève, soit d ' a u t r e s m a n i c h é e n s africains. J e m e r é s e r v e d'y r e v e n i r ailleurs. T o u t c e q u e j e v o u d r a i s d i r e ici, c'est q u e c e s v a r i a n t e s p r o u v e n t l'existence d ' u n Diatessaron p a r m i les m a n i c h é e n s d e l'Afrique d u N o r d . E t il y a t o u t e r a i s o n d e c r o i r e q u e c e Diatessaron avait é t é écrit e n Latin. E n effet, v u le déclin d u Grec p a r m i les L a t i n s a u q u a t r i è m e 3 . S u r A d i m a n t e o u A d d a i , v o i r P. ALFARIC, Les écritures II,
Paris
1919, pp.
manichéennes
104-106.
4 . F r a n ç o i s DÉCRET, Aspects du Manichéisme dans l'Afrique romaine, Paris 1 9 7 0 , p . 1 6 1 . 5 . Il y a d a n s c e t a m a l g a m e u n e a l l u s i o n à d i v e r s p a s s a g e s j o h a n n i q u e s : a. Jean 1 6 , 1 6 e t 2 8 ; — b . Jean 1 4 , 1 6 ; 1 5 , 2 6 ; 1 6 , 8 ; — c . Jean 1 6 , 1 4 e t 2 5 . Il s e m b l e c e p e n d a n t q u e l ' e x p r e s s i o n mittam vobis Spiritum sanctum e s t u n e harmonisation d e Jean 1 4 , 1 6 : et alium paracletum dabit vobis a v e c Jean 1 5 , 2 6 : quem ego mittam ad vos. — C o m p a r e r é g a l e m e n t Contra Felicem 1 , 9 ( Z y c h a , p . 8 1 1 ) : mitto vobis Spiritum sanctum. Il e s t b i e n s û r q u e c e t t e l e ç o n r e m o n t e à M a n i l u i - m ê m e . A. B ô h l i g r e n v o i e à Kephalaia, 1 4 , 7 : Wenn ich gehen werde, werde ICH euch den Parakleten SCHICKEN (A. BÔHLIG, Die Bibel bei den Manichâen, Munster i. W., 1 9 4 7 , p . 2 5 ) . Cf. a u s s i : T pers : e mandera a voi u n altro Spir i t o P a r a c l i t o ( M e s s i n a , p . 3 2 1 ) ; — Livre des Degrés: E c c e e g o mitto v o b i s S p i r i t u m P a r a c l i t u m ( I I I , 1 1 ; P a r i s o t p . 6 9 ) ; — EPIPHANE : àXXov 7rocpàxX7)Tov ûfxtv dcTCOCTTeXû (Pan. L X V , 6 ) ; T 6 7tveujxa T 6 7rapàxXY)Tov à?roaTéXX
145
MANI ET LES JUDÉO-CHRÉTIENS
siècle d e n o t r e è r e , est-il possible de s u p p o s e r q u e ces manic h é e n s p o s s é d a i e n t d e s c o n n a i s s a n c e s suffisantes p o u r lire la s y n o p s e évangélique d e T a t i e n e n G r e c ? F a u s t u s lui-même, ce savant d o c t e u r , lisait d e s t r a v a u x m a n i c h é e n s d'origine syriaq u e en Latin, c o m m e le dit e x p r e s s é m e n t saint Augustin (Conf. 5,11) . D ' a u t r e p a r t , il n e faut p a s confondre c e t t e version latine et m a n i c h é e n n e d u Diatessaron avec l a t r a d u c t i o n q u e Victor d e C a p u a avait d e v a n t soi e t qu'il a « vulgarisée » : c a r c e t t e version, q u i est à l a b a s e d e t o u t e s les « Vies d e J é s u s » d a n s les langues indigènes d e l'Occident (Toscane, Vénitienne, Néerlandaise, etc.), n e c o n t e n a i t p a s la v a r i a n t e m e n t i o n n é e t a n t p a r Félix q u e p a r E p h r e m . C'est le Diatessaron Vénitien q u i le prouve : 6
7
e l l o v e mandarà
Spirito Sancto (Vaccari, p .
8
137) .
O n r e m a r q u e q u e c e t t e v a r i a n t e t r a h i t bien s o n origine tatian i q u e (« envoyer » a u lieu d e « d o n n e r »). Mais ce n ' e s t p a s le Christ, c'est Dieu lui-même q u i envoie l'Esprit. Il y a là u n e a d a p t a t i o n a u texte c o u r a n t d e la Bible. Il faut d o n c c o n c l u r e q u e la v e r s i o n latine s u r laquelle se b a s e n t les Diatessarons m é d i é v a u x d e langue indigène n e c o n t e n a i t p l u s la v a r i a n t e originale d e Tatien q u ' e n p a r t i e , soit p a r c e q u e le t r a d u c t e u r avait a d a p t é s o n texte a u texte c o u r a n t , soit p a r c e q u e l'exemp l a i r e t r a d u i t p a r lui c o n t e n a i t d é j à c e t t e a d a p t a t i o n . Or, il e s t t r è s r e m a r q u a b l e q u e saint Augustin offre la m ê m e v a r i a n t e d a n s sa p o l é m i q u e avec YEpistula Fundamenti de Mani : 9
contradicis ipsi vobis ( V I , 7 ) .
scripturae,
ubi dominus
ait : et alium
paracletum
mittam
Ce n ' e s t p a s son a d v e r s a i r e qu'il cite. Il s'oppose à lui avec la vérité catholique. Mais ce n'est p a s le texte d e sa Bible. 6 . Conf. V , 1 1 : s u a e s e c t a e s i q u a v o l u m i n a latine atque composite conscripta erant. 7 . S u r c e Diatessaron l a t i n v o i r m o n l i v r e : L'Evangile selon Thomas et les Pays-Bas, Amsterdam 1971 ( e n hollandais). 8 . V . TODESCO, A. VACCARI, M. VATTASSO, II Diatessaron in Volgare Italiano, Città d e l V a t i c a n o 1 9 3 8 . 9 . C o m p a r e r a u s s i : T ar. : e t il v o u s transmettra u n autre Paraclet ( M a r m a r d j i , p . 4 3 5 ) ; — syr. sc t h a t h e s h o u l d send y o u a n o t h e r , t h e P a r a c l e t e ( B u r k i t t , p . 5 0 9 ) ; — PHILOXÈNE DE MABBOUG : Il v o u s enverra u n a u t r e P a r a c l e t (Lettre à Patricius 7 8 ; PO 3 0 , p. 8 2 5 . ) :
146
G. QUISPEL
Celui-ci, n o u s le c o n n a i s s o n s t r è s b i e n p a r l ' i n t e r m é d i a i r e d e de Trinitate 1,18: et alium
advocatum
DABIT vobis,
ut vobiscum
sit
in
aetemum.
E t ce texte, c o m m e si souvent, a d e s r a p p o r t s avec les Codices africains d e s Evangiles, d a n s ce c a s avec le Bobbiensis (k) : et alium
advocatum
DABIT vobis,
ut
sit
vobiscum
in
10
aeternum .
Il est d o n c clair q u e saint Augustin cite d e m é m o i r e . E t c e t t e m é m o i r e f a m e u s e d u d o c t e u r d e la g r â c e a é t é influencée p a r le Diatessaron. C'est s a n s d o u t e p a r c e qu'il connaissait c e t écrit dès sa p é r i o d e m a n i c h é e n n e . On p o u r r a i t citer e n c o r e b e a u c o u p d ' a u t r e s passages p o u r é t a b l i r c e t t e h y p o t h è s e . E n effet, il n ' e s t p a s d u t o u t s u r p r e n a n t d e d é c o u v r i r chez saint Augustin des c o n n a i s s a n c e s d e l'œuvre t a t i a n i q u e , p u i s q u e celle-ci était l'Evangile des m a n i c h é e n s t o u t c o u r t . O r il e s t d e m e u r é m a n i c h é e n b e a u c o u p p l u s l o n g t e m p s q u e les neuf a n n é e s qu'il allègue si s o u v e n t . S a théologie a s u b i d e s influences considérables d e la p a r t d u m a n i c h é i s m e . Cette m ê m e influence se t r a h i t d a n s ses citations évangéliques. J'ai m ê m e t r o u v é des indices, q u e j e d i s c u t e r a i ailleurs, d ' a p r è s lesquels saint Augustin é t a i t familier avec YEvangile selon Thomas. Ce fait n ' a rien d ' é t o n n a n t , lui n o n p l u s , p u i s q u e , c o m m e l'a établi Henri-Charles Puech, M a n i e t les m a n i c h é e n s o n t c o n n u e t h a u t e m e n t a p p r é c i é cet écrit d'origine s y r i a q u e e t édessène. Il est a p r i o r i v r a i s e m b l a b l e q u ' u n m a n i c h é e n convaincu et b i e n i n f o r m é c o m m e le fut s a i n t Augustin ait p a r f a i t e m e n t c o n n u l'œuvre t a t i a n i q u e et l'évangile a p o c r y p h e vénérés p a r le f o n d a t e u r d e la religion d u a l i s t e . A côté d e ces leçons d i a t e s s a r i q u e s , les t r a v a u x anti-manichéens d e saint Augustin c o n t i e n n e n t c e r t a i n e s c i t a t i o n s évangéliques q u i d o i v e n t ê t r e e x t r a c a n o n i q u e s . Ainsi A d i m a n t u s cite u n d i t bien c o n n u d e J é s u s d e la façon s u i v a n t e : 11
12
Estote super
benigni, sicut Pater vester caelestis, bonos et malos (c. Ad. V I I , 1 ) .
qui
solem
suum
oriri
facit
1 0 . C H . MILNE, A reconstruction of the Old-Latin text of the gospels, Cambridge 1926, p. 145. 1 1 . P. COURCELLE, Recherches sur les Confessions de Saint Augustin, nouvelle édition, Paris 1 9 6 8 , p p . 60-78. 1 2 . A . ADAM, Lehrbuch der Dogmengeschichte l, G ü t e r s l o h 1 9 6 5 , p p . 2 5 6 2 6 0 ; ID., Sprache und Dogma, Gütersloh 1 9 6 9 , pp. 133-140 et 141-166.
MANI ET LES
147
JUDÉO-CHRÉTIENS
Il est infiniment p r o b a b l e q u e c e t t e citation r e p r e n d u n dit d e J é s u s p r i s à la t r a d i t i o n évangélique des j u d é o - c h r é t i e n s . C a r d a n s les Homélies pseudo-clémentines o n lit : Ytveoôs àyocGol x a t olxTÉpu.oveç, ô 7uaTj)p ô èv T O I Ç o ô p a v o î ç , Ôç àvaTéXXet ijXiov en* àyaGoTç x a l 7rov7)pot£, x a l ç é p e t T 6 V Û S T & V ènï S i x a t o i ç x a l àStxotç ( I I I , 5 7 ) . T6V
N o u s savons a u j o u r d ' h u i g r â c e a u p a p y r u s d e Cologne q u e M a h i a p a s s é sa j e u n e s s e d a n s u n milieu j u d é o - c h r é t i e n . Cela i m p l i q u e qu'il a c o n n u à fond la t r a d i t i o n évangélique d e ces gens4à. Il e s t possible q u e Addai, q u a n d il a cité ce p a s s a g e sous c e t t e forme, l'ait c o n n u p a r l ' i n t e r m é d i a i r e d e M a n i . E n t o u t cas il faut a d m e t t r e q u e les parallèles q u ' o n t r o u v e e n t r e les c i t a t i o n s des m a n i c h é e n s e t celles des j u d é o - c h r é t i e n s peuv e n t s'expliquer p a r la familiarité i n t i m e d e Mani avec la p r o b l é m a t i q u e j u d é o - c h r é t i e n n e . Mais alors il devient t r è s difficile de d i s t i n g u e r e n t r e les c i t a t i o n s d i a t e s s a r i q u e s et les citations j u d é o - c h r é t i e n n e s d a n s les écrits m a n i c h é e n s . C a r Tatien lui aussi, c o m m e l'a déjà o b s e r v é H u g o d e G r o o t , a i n t é g r é d a n s sa s y n o p s e évangélique d e s v a r i a n t e s j u d é o - c h r é t i e n n e s . Le fait q u e Mani a aussi c o n n u YEvangile selon Thomas, et la t r a d i t i o n j u d é o - c h r é t i e n n e q u e cet écrit a conservée, comp l i q u e e n c o r e les c h o s e s . 13
14
D a n s le cas q u e n o u s a v o n s r a p p o r t é , c e p e n d a n t , la s i t u a t i o n s e m b l e ê t r e assez claire. Addai d o i t avoir p r i s sa citation, direct e m e n t o u i n d i r e c t e m e n t , à u n e s o u r c e j u d é o - c h r é t i e n n e . Si J u s t i n offre u n texte a n a l o g u e (Dial. 96 ; Apol. 15,13), c'est qu'il a connu, directement ou indirectement, une tradition judéoc h r é t i e n n e . Il n'est p a s p o s s i b l e q u e J u s t i n ait utilisé ici u n texte occidental, puisqu'il n'y a a u c u n m a n u s c r i t d u N o u v e a u Test a m e n t q u i c o n t i e n n e les m o t s : ylveaQe àyaOol xai oixTtp[xove£. De s o n côté, T a t i e n s e m b l e avoir p u i s é d i r e c t e m e n t à u n e s o u r c e judéo-chrétienne. Car le Diatessaron Néerlandais aussi b i e n q u e le Diatessaron Persan c o n t i e n n e n t u n e v a r i a n t e pittor e s q u e et p o é t i q u e a b s e n t e d e Matthieu 5, 45 : 1 3 . L . KOENEN, A . HENRICHS, « E i n schrift fiir Papyrologie und Epigraphik,
G r i e c h i s c h e r M a n i - C o d e x », ZeitB a n d 5, Heft 2 , B o n n 1970, pp.
97-216.
1 4 . H.-Ch. PUECH, « G n o s t i s c h e E v a n g e l i e n u n d v e r w a n d t e D o k u m e n t e », d a n s E . HENNECKE, W . SCHNEEMELCHER, Neutestamentliche Apokryphen I, Tubingen 1959, p. 2 0 3 .
148 D i e u fait
G. QUISPEL luire
s o n s o l e i l (Matthieu
D i e u fait p l e u v o i r s a p l u i e (Matthieu
: àvaréXXei). : (âpéxeO-
Le m a n i c h é e n c e p e n d a n t q u i écrivait le Psaume du Berna cccxxxix (Allberry, p . 40, 34) s e m b l e avoir é t é influencé direct e m e n t p a r la t r a d i t i o n j u d é o - c h r é t i e n n e : a f i n q u e v o u s soyez bons c o m m e v o t r e P è r e q u i e s t d a n s l e s c i e u x , q u i fait luire ( s o n s o l e i l ) s u r c e u x q u i s o n t m a u v a i s e t s u r c e u x q u i s o n t bons. (Notez l'omission: [...bons] « e t miséricordieux», c o m m e chez Addai-Adimante. )
E n effet (les m o t s « soyez b o n s » (Matthieu : y ^ ^ e ulot TOU 7raTpoc; ufxûv) n e se t r o u v e n t à m a c o n n a i s s a n c e d a n s a u c u n Diatessaron. D'ailleurs o n a b i e n l'impression q u e la leçon d e Matthieu est r é d a c t i o n n e l l e e t q u e les Clémentines ont conservé u n e f o r m e i n d é p e n d a n t e et p r i m i t i v e d u l o g i o n . Cet exemple n o u s a m è n e à la théorie bien c o n n u e d e s m a n i c h é e n s selon laquelle les é c r i t s d u N o u v e a u T e s t a m e n t a u r a i e n t é t é interpolés p a r des J u d a ï s a n t s : 15
scripturas novi legem inserere
testamenti christianaé
falsatas fidei
fuisse a nescio voluerunt .
quibus,
qui
Judaeorum
16
Les m a n i c h é e n s r e v i e n n e n t t o u j o u r s à cette objection. Il n'y a p a s d e d o u t e qu'elle r e m o n t e à M a n i lui-même. C'est lui q u i , e n sa qualité de Paraclet, distingue e n t r e les p a s s a g e s a u t h e n t i q u e s et les p a s s a g e s i n t e r p o l é s . C'est u n e ironie inouïe d e l'histoire q u e c e t t e t h é o r i e antij u d a ï q u e est d u e e n p a r t i e a u j u d é o - c h r i s t i a n i s m e lui-même. De m ê m e q u e , d ' a p r è s les Clémentines, J é s u s p a r sa p a r o l e distingue e n t r e les p é r i c o p e s fausses et les p é r i c o p e s a u t h e n t i q u e s d e l'Ancien T e s t a m e n t , a i n s i fait M a n i p o u r le N o u v e a u T e s t a m e n t . Mais il m e s e m b l e i m p o s s i b l e d e refuser à c e t t e t h é o r i e u n e b a s e e m p i r i q u e e t h i s t o r i q u e d a n s la s i t u a t i o n d u t e x t e évangélique à c e t t e é p o q u e . Il est b i e n v r a i q u e le Diatessaron d e Tatien, q u e M a n i utilisait, c o n t e n a i t d e s i n t e r p o l a t i o n s j u d a ï s a n t e s . E t le f o n d a t e u r de la nouvelle religion é t a i t bien p l a c é p o u r les d é c o u v r i r : p a r son é d u c a t i o n religieuse il connaissait t r è s b i e n le j u d é o - c h r i s t i a n i s m e . 17
15. G. QUISPEL, « L ' E v a n g i l e s e l o n T h o m a s e t le D i a t e s s a r o n », Vig. 13, 1959, p . 99. 16. AUGUSTIN, Conf. V, 21. 17. F. DÉCRET, O. C., p . 286.
Chr.
149
MANI ET LES JUDÉO-CHRÉTIENS
Le fait q u e Mani p a r l e des i n t e r p o l a t i o n s Testament pourrait être considéré comme après tant d'autres, que Tatien a puisé à gélique d e s judéo-chrétiens. I l est v r a i q u e parlait d'interpolations judaïsantes : interpolatum prophetarum .
a
protectoribus
Iudaismi
ad
d a n s le N o u v e a u u n nouvel indice, la t r a d i t i o n évanM a r c i o n lui aussi
concorporationem
legis
et
18
E t il est t r è s possible q u e Mani, et A d i m a n t e , aient n o u r r i l e u r s r a n c u n e s anti-judaïques avec des a r g u m e n t s e m p r u n t é s à Marcion. D ' a u t r e p a r t , il est b i e n é t a b l i q u e le « Texte Occidental » e n général e t celui d e R o m e e n p a r t i c u l i e r é t a i e n t d é j à t r è s corr o m p u s à l'époque m ê m e de Marcion, et cela g r â c e à l'influence d ' u n e t r a d i t i o n e x t r a c a n o n i q u e et j u d é o - c h r é t i e n n e . Il est c e r t a i n q u e M a r c i o n et M a n i t o u t a u t a n t devaient se servir d ' u n t e x t e évangélique c o n t e n a n t d e s i n t e r p o l a t i o n s j u d é o c h r é t i e n n e s , e t ils s e m b l e n t s'en ê t r e bien r e n d u c o m p t e . 19
Q u a n d o n identifie le c h r i s t i a n i s m e avec le c a t h o l i c i s m e ( r o m a i n o u grec) o u avec le c o n t e n u des évangiles c a n o n i q u e s , il est e x t r ê m e m e n t difficile d e c o m p r e n d r e c o m m e n t M a n i a p u se n o m m e r a p ô t r e d u Christ. Mais q u a n d o n r e m a r q u e à quel p o i n t le c h r i s t i a n i s m e de M é s o p o t a m i e est différent d e celui q u ' o n connaît, il s'avère q u e M a n i p e u t bien avoir é t é sincère. Qu'est-ce qu'il connaissait, e n s o m m e , d u c h r i s t i a n i s m e ? Un c e r t a i n t y p e de j u d é o - c h r i s t i a n i s m e ( h é t é r o d o x e ) qui soulignait q u e le C h r i s t est le v r a i p r o p h è t e , et S a t a n « la m a i n g a u c h e » d e Dieu ; l ' e n c r a t i s m e rigoureux, tel qu'il se t r o u v e d a n s l'Evangile selon Thomas, d a n s les Actes de Thomas, e t d a n s le Diatessaron de Tatien; les t h é o r i e s de B a r d e s a n e qui a d m e t t a i t u n e m a t i è r e n o n créée ; c e r t a i n e s vues g n o s t i q u e s s u r le D é m i u r g e inférieur, S a k l a s o u Fou, telles q u ' o n les t r o u v e d a n s
1 8 . TERTULLIEN, adv. Marcionem I V , 4 ; K r o y m a n n , p . 4 2 9 , 2 2 . Cf. A . VON HARNACK, Marcion, das Evangelium vom fremden Gott, 2 éd., Leipzig E
1924,
p.
78.
1 9 . G. Q u i S P E L , « L ' E v a n g i l e s e l o n T h o m a s e t le ' t e x t e o c c i d e n t a l ' d u N o u v e a u T e s t a m e n t », Vig. Chr., 1 4 , 1 9 6 0 , p p . 2 0 4 - 2 1 5 . — Q u a n t à l'influence d e l a t r a d i t i o n e x t r a c a n o n i q u e s u r le « t e x t e o c c i d e n t a l », c o m p a r e r : M . MEES, Die Zitate aus dem Neuen Testament bei Clemens von Alexandrien, B a r i 1 9 7 0 ; A . F . J . KLIJN, A Survey of the Researches into the Western Text of the Gospels and Acts I I , L e i d e n 1 9 6 9 .
150
G. QUISPEL
YApocryphe de Jean. M a n i n ' a p a s c o n n u le c a t h o l i c i s m e . Il a réagi f o r t e m e n t c o n t r e la d o c t r i n e j u d é o - c h r é t i e n n e q u i fait d e Dieu l ' a u t e u r d u m a l . C'est p o u r q u o i sa religion était nettem e n t dualiste. C'est a u s s i p o u r q u o i il a r e j e t é la t r a d i t i o n évangélique des judéo-chrétiens. Au fond, son p r o b l è m e n ' é t a i t p a s t e l l e m e n t différent d e celui d'Origène o u d e s a i n t Augustin qui, eux aussi, avaient h o r r e u r d e l'idée q u e Dieu serait l ' a u t e u r du mal. Mani, c e p e n d a n t , r e s t a i t f o r t e m e n t t r i b u t a i r e d u judéo-christ i a n i s m e . Il citait e n c o r e le texte évangélique des judéoc h r é t i e n s , il a c c e p t a i t l e u r s vues t r i n i t a i r e s ( P è r e , Mère, Fils), il amplifiait l e u r c o n c e p t i o n des révélations successives d u « vrai p r o p h è t e ». On p o u r r a i t également signaler la persist a n c e d e s croyances judéo-chrétiennes d a n s l ' a d o p t i a n i s m e m a l déguisé d e c e r t a i n s n e s t o r i e n s , d a n s la spiritualité d u messalianisme e t d a n s les vues d e M a h o m e t s u r le p r o p h è t e . C'est le d r a m e d u c h r i s t i a n i s m e e n Orient. J é s u s p r ê c h a i t le R o y a u m e d e Dieu. Mais, en Asie, ce s o n t d e s religions q u i sont venues. 2 0
2 0 . A . SCHLATTER, « D i e E n t w i c k l u n g d e s j ü d i s c h e n C h r i s t e n t u m s z u m I s l a m » , Evangelische Missions-Magazin 6 2 , 1 9 1 8 , p p . 2 5 1 - 2 6 4 . A . ADAM, Dogmengeschichte I, p p . 3 8 6 - 3 8 9 . G . QUISPEL, « T h e D i s c u s s i o n of Judaic C h r i s t i a n i t y » , Vig. Chr., 22, 1 9 6 8 , p . 9 2 .
I GIUDEO-CRISTIANI E L'ANELLO DI SALOMONE di
B.
BAGATTI
Jerusalem, Studium Biblicum
Franciscanum
Come a p p a r e dal titolo n o n i n t e n d o t e s s e r e l'intera storia dell'anello di S a l o m o n e , m a solo q u e l l a p a r t e c h e h a r a p p o r t o coi giudeo-cristiani. I n s o s t a n z a i n t e n d o rievocare u n a p a g i n a della s t o r i a della chiesa di G e r u s a l e m m e nel IV secolo.
1 . Il Santuario dell'anello di Salomone N e l l ' a n n o 333 a r r i v ò a G e r u s a l e m m e u n pellegrino proven i e n t e d a B o r d e a u x c h e e b b e la felice idea d i p r e n d e r e delle n o t e del viaggo. R e l a t i v a m e n t e a G e r u s a l e m m e tali n o t e sono m o l t o i n t e r e s s a n t i p e r c h è l ' a n o n i m o v e n n e in u n m o m e n t o in cui s t a v a n o iniziandosi d e i c a m b i a m e n t i radicali colla penet r a z i o n e i n m a s s a dei gentilo-cristiani. P i a n o p i a n o essi sopp i a n t a r o n o i p a g a n i e i giudeo-cristiani e a l t e r a r o n o o m u t a r o n o i luoghi di culto. Il s a n t u a r i o dell'anello di S a l o m o n e f" t r a quelli soppressi. L ' a n o n i m o , d e s c r i t t a la p i s c i n a P r o b a t i c a , a n n o t a : « E s t ibi et c r e p t a u b i S a l o m o n d a e m o n e s t o r q u e b a t ». Per c a p i r e sì insolita notizia b i s o g n a p r e n d e r e in m a n o il Testamentum Salomonis che, nella r e d a z i o n e p e r v e n u t a c i , n o n è p i ù r e c e n t e del I I I secolo. L'opuscolo ci dice c h e S a l o m o n e e b b e in d o n o d a Dio, p e r mezzo dell'Arcangelo Michele, il d i Lui anello e c o n q u e s t o egli p o t è p i e g a r e i d e m o n i , sia n e l farli l a v o r a r e 1
2
1. P . GEYER, Itinera Hierosolymitana, V i n d o b o n a e 1893, p . 21 ; CSEL CLXXV, p . 15. 2. PG 122, 1315-1358 ; C.C. M e COWN, The Testament of Solomon, Leipzig 1922. S i c c o m e nel n o s t r o c a s o l e differenze del t e s t o del M i g n e c o n q u e l l o di M e C o w n s o n o m i n i m e c i t o , p e r c o m o d i t à , le c o l o n n e d e l p r i m o .
152
B. BAGATTI
n e l t e m p i o , sia nel s t r a p p a r l o r o i segreti. I n b a s e alle confidenze a v u t e p e r mezzo dell'anello, S a l o m o n e p r e s c r i s s e dei r i m e d i c o n t r o i d e m o n i , s e m p r e invidiosi del b e n e del genere umano. L ' a u t o r e m e t t e in b o c c a al r e q u e s t e p a r o l e : 3
Mentre pregavo dal Signore Sabaoth, per mezzo del suo Arcangelo M i c h e l e , m i f u d a t a g r a z i a d i a v e r e il S u o a n e l l o d i p i e t r a p r e z i o s a c o n il s i g i l l o i n c i s o (SaxTuXtètov ^ x <J9paYt&a Y * 9 * t e è * MGou T I J U O U ) e m i d i s s e : « R i c e v i , o r e S a l o m o n e , figlio d i D a v i d , il d o n o c h e ti h a m a n d a t o D i o , A l t i s s i m o , S a b a o t h , e fai c o m p a r i r e t u t t i i d e m o n i d e l l a terra, m a s c h i e f e m m i n e , e u s u f r u i s c i del l o r o a i u t o p e r c o s t r u i r e Gerus a l e m m e p e r m e z z o d i q u e s t o s i g i l l o di D i o . L ' i n t a g l i o d e l s i g i l l o dell' a n e l l o c h e ti è s t a t o i n v i a t o , è d i c i n q u e alfa ( ' H 8è y ^ 9 ^ ^ a9paytSo(; u
< o v
Pieno d i gioia S a l o m o n e inneggiò a Dio e, c h i a m a t o il servo, gli disse : « P r e n d i q u e s t o e q u a n d o v e r r à u n d e m o n i o gettaglielo sul p e t t o e digli : Nel n o m e di Dio, ti c h i a m a q u i il r e S a l o m o n e e s u b i t o vieni a m e senza t i m o r e e p a u r a di t u t t o ciò c h e ascolterai dal d e m o n i o » . Così S a l o m o n e iniziò l'opera di assoggettare i d e m o n i . Tale azione voleva i n t e n d e r e l'anon i m o d i B o r d e a u x colla p a r o l a « t o r q u e b a t ». S e c o n d o il Testamentum S a l o m o n e u s u f r u i v a dei recipienti p e r r i n c h i u d e r v i i d e m o n i e vogliamo r i c o r d a r l i p e r c h è essi si t r o v a n o associati all'anello. I n T r a n s g i o r d a n i a il d e m o n i o Efippas distruggeva i raccolti p r e n d e n d o f o r m a di v e n t o caldo. Il r e A d a r p r e g ò S a l o m o n e d ' i n t e r v e n i r e ed egli m a n d ò il suo s e r v o c o n u n o t r e di pelle (àcxòv) ed esso, r e c a t o s i là, q u a n d o soffiava il v e n t o lo fece p a s s a r e d a l foro dell'anello p o s t o s o p r a l'otre e r i n s e r r ò il d e m o n i o d e n t r o , p o r t a n d o l o poi a Gerus a l e m m e m e d i a n t e u n c a m m e l l o . Altri vasi dove e r a n o chiusi i d e m o n i , e conservati nella c r i p t a , s o n o r i c o r d a t i f a c e n d o fare u n a profezia al d e m o n i o E n e p s i g o : « t u t t i i vasi (iyyelcn) nei q u a l i ci rinchiudi, s a r a n n o rotti dalle m a n i degli u o m i n i ». U n ' a l t r a v o l t a è r i c o r d a t a u n a fiala ^làXyjv) d o v e S a l o m o n e fece r i n c h i u d e r e u n d e m o n i o . Nella g r o t t a s i t u a t a p r e s s o l a P r o b a t i c a si dovevano r i p e t e r e le azioni di « p i e g a r e » i d e m o n i r i p e t e n d o , p i ù o m e n o , le 4
5
6
3. 4. 5. 6.
1317-8. 1351-54. 1337-8. 1339-40.
L'ANELLO DI SALOMONE
153
gesta salomoniche. Lo d e d u c i a m o sia dalle p a r o l e c o n t r a r i e dei p a d r i gentilo-cristiani, sia d a m o l t i a m u l e t i r i t r o v a t i e c h e m o s t r a n o p a r e n t e l a c o n S a l o m o n e c a c c i a t o r e di d e m o n i . T r a gli a m u l e t i in voga s o n o alcuni anelli c h e s e m b r a n o ripetere l'anello s a l o m o n i c o p e r c h è n e r e c a n o la s c r i t t a : « Sigillo di Dio » ( S O P A r i S 0 E O T ) . Si t r a t t a di anello c o n la g e m m a in cornalina, calcedonia, e m a t i t e ecc. ossia di p i e t r e preziose c h e d a u n a p a r t e h a n n o l a s c r i t t a e dall'altra, talvolta, delle raffigurazioni p e r es. d i S a l o m o n e cavaliere. O l t r e agli anelli vi s o n o m o l t e medaglie metalliche c h e r e c a n o d a u n a p a r t e S a l o m o n e cavaliere e d a l l ' a l t r a o delle iscrizioni o a l t r e scene : l'occhio « m e s t o », l'ibis, soggetti religiosi ecc. O r a la r a p p r e s e n t a z i o n e d i S a l o m o n e cavaliere che trafigge il d e m o n i o s o t t o f o r m e femminili è c o n n e s s a c o n l'azione del r e . Infatti a l c u n e iscrizioni lo d i c o n o c h i a r a m e n t e : « Sigillo di S a l o m o n e c h e caccia ( 2 E A I 0 K I ) ogni m a l e d a colui che lo p o r t a », ovvero : « p r o t e g g e ( O T A A T E ) colui che lo p o r t a », ovvero « Fuggi, d e t e s t a t a , l'angelo Arfat ti caccia » o « ti p e r s e g u i t a ». I n q u e s t o caso S a l o m o n e o p e r a m e d i a n t e l'angelo che si vede r a p p r e s e n t a t o l o t t a n t e c o n t r o il d e m o n i o c h e p r e n d e s v a r i a t e f o r m e . Tali f o r m e s o n o d e s c r i t t e nel Testamentum. 7
Tale azione reale è, talvolta, a c c o m p a g n a t a d a altri scongiuri c h e m o s t r a n o o l ' i m b a s t a r d i m e n t o d e l tipo, o u n a p i ù spiccata d e t e r m i n a z i o n e cristiana. T r a i p r i m i soggetti ricordo la r a p p r e s e n t a z i o n e dell'ibis che b e c c a il s e r p e n t e e quella dell'occhio « m e s t o » (6
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fi. BAGATTI 9
e l - J i s h , l'antica Giscala in a l t a Galilea. La t o m b a a kokhim e Tuso degli o s s u a r i ci m a n i f e s t a n o u n a m b i e n t e di sfondo giudaico ; la m e d a g l i a c o n la « croce personificata » q u e l l o dei giudeo-cristiani c h e avevano sviluppata simile t e o r i a . La medaglia r e c a nel c e n t r o u n a croce c o n ai lati alfa e omega, p e r ò invece del b r a c c i o s u p e r i o r e vi è u n a figura n i m b a t a c h e h a a l a t o u n a croce. O r a bisogna m e t t e r e in r a p p o r t o la r a p p r e s e n t a z i o n e c o n a l t r e simili : quella di K e r t s c h in C r i m e a , quella di Napoli ed a l t r a s i r i a n a p e r vedervi c h i a r a m e n t e la d o t t r i n a della « personificazione » della c r o c e : Cristo-Croce. Siccome la t o m b a h a i n s i e m e u n a m o n e t a di C o s t a n t i n o I I (323-337) e gli oggetti t r o v a t i a p p a r t e n g o n o al t i p o u s u a l e del i v secolo, così p o s s i a m o d i r e c h e la m e d a g l i a salomonica, con il r e a cavallo e la c r o c e « trasfigurata » dall'altra, a p p a r t e n e v a a u n giudeo-cristiano vivente q u a n d o la c r i p t a d i G e r u s a l e m m e e r a in attività. 10
2. Il Santuario salomonico era in mano giudeo-cristiana Vari a r g o m e n t i i n d u c o n o a p e n s a r e così. P r i m a di t u t t o p e r c h è d a l l ' a n n o 135 p e r d e c r e t o d i Adriano, c h e dalle fonti c r i s t i a n e s a p p i a m o e s s e r e osservato, gli e b r e i n o n p o t e v a n o vivere nella c i t t à s a n t a s o t t o p e n a d i m o r t e . O r a siccome il c u l t o è di c a r a t t e r e e b r e o q u i n d i n o n i n t e r e s s a n t e p e r i p a g a n i e c o n t r a d d e t t o d a i cristiani di c e p p o gentile, e s s o doveva essere m a n t e n u t o dai giudeo-cristiani. Essi p o t e v a n o vivere in Gerus a l e m m e p e r c h è colla s e c o n d a g u e r r a giudaica v e n n e r o chiar a m e n t e d i s t i n t i dagli e b r e i n o n c r e d e n t i in C h r i s t o . Alla ragione s u r r i f e r i t a se n e aggiungono a l t r e . Infatti il c u l t o m a n i f e s t a i m a i n t i m i t à s t r e t t a col Testamentum Salomonis e tale d o c u m e n t o è giudeo-cristiano. T u t t i gli a u t o r i sono d a c c o r d o in ritenere tale c a r a t t e r e e solo p e r p o r t a r e q u a l c h e e s e m p i o ricordo c h e l ' a n o n i m o a u t o r e d e l d o c u m e n t o tiene la d o t t r i n a di Cristo-Angelo, tiene la verginità di M a r i a c o m e i m o l t i apocrifi del secolo i i - i n , u s a il s i m b o l i s m o del n . 6 4 4 ( E m m a n u e l ) , la frase « e s s e r e disteso sul legno » p e r indicare la crocifissione d i Cristo, d e n o m i n a il Calvario K e ^ a X a i o v 9. N . MAKHOULY, « R o c k - C u t T o m b s at el J i s h », i n The Quarterly of the Department of Antiquities in Palestine, v i l i (1939), p p . 45-50. 10. Cf. B . BAGATTI, L'Eglise de la circoncisión, J é r u s a l e m 1965, p p . 181-184.
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ecc. c h e s o n o idee e frasari c e p p o gentile.
inconsueti p e r gli s c r i t t o r i
155 di
Ci p o r t a a n c h e a l l ' a m b i e n t e giudeo-cristiano la diffusione delle medaglie c o n la c r o c e « personificata » con l'effigie di S a l o m o n e cavaliere. A m m e t t e r e che la c r i p t a s a l o m o n i c a n e l l ' a n n o 333 e r a in m a n o giudeo-cristiano è b e n differente dall'affernare c h e tale c u l t o fosse s t a t o u n a loro creazione. Gli a r g o m e n t i c h e a b b i a m o alla p o r t a t a di m a n o ce lo fanno escludere. I n f a t t i q u a l c h e cosa di simile e r a già n o t o nel p r i m o secolo a q u a n t o ci racc o n t a Giuseppe F l a v i o . Egli nelle Antichità ci n a r r a c o m e Salomone : 11
e b b e d a D i o l'arte d i c a c c i a r e i d e m o n i p e r il v a n t a g g i o d e g l i u o m i n i e o r d i n ò gli i n c a n t e s i m i c h e s o n o g i o v e v o l i a s c a c c i a r e le i n f e r m i t à . E g l i l a s c i ò d e g l i s c o n g i u r i c o n i q u a l i si c o s t r i n g o n o i d e m o n i a n o n t o r n a r e più e tale m e t o d o è giovevole. I o vidi u n m i o correligionario, chiamato E l e a z a r o , c h e p r e s e n t i V e s p a s i a n o , i s u o i figli, i t r i b u n i e t u t t o l ' e s e r c i t o , g u a r ì u n i n d e m o n i a t o . Il rimedio f u f a t t o i n q u e s t o m o d o : p o s e s u l l e n a r i c i d e l l ' i n d e m o n i a t o u n a n e l l o c h e r e c a v a il s i g i l l o c o n u n a r a d i c e d i S a l o m o n e (IXOVTOC ÓTUÒ rf¡ acppayt^i £ i £ a v è ? &v ònèSeiZs SoXofjtcàv) e t r a s s e f u o r i il d e m o n i o p e r l e n a r i c i d e l l ' u o m o c h e c a d d e s u b i t o c o m e m o r t o . P o i e g l i s c o n g i u r ò il d e m o n i o f a c e n d o g l i m e n z i o n e d i S a l o m o n e , i n m o d o c h e n o n t o r n a s s e p i ù , p r o n u n z i a n d o degli i n c a n t e s i m i c o m p o s t i d a S a l o m o n e . E d E l e a z a r o v o l e n d o f a r m a n i f e s t o ai p r e s e n t i c h e e g l i aveva tale virtù, m i s e davanti a quello una coppa, o u n catino pieno d i a c q u a e c o m a n d ò al d e m o n i o c h e , u s c i t o d a l l ' u o m o r o v e s c i a s s e il v a s o e c o n quest'atto manifestasse a tutti che era uscito dall'uomo. Con questo f a t t o si f e c e m a n i f e s t a « l a s a p i e n z a di S a l o m o n e » .
G i u s e p p e n o n indica il l u o g o dove avvenne il f a t t o , m a si p u ò i n t u i r e che fosse G e r u s a l e m m e . Le c i r c o s t a n z e m o s t r a n o c h e il fatto fosse a v v e n u t o d o v e vi e r a m o l t o spazio, e q u i n d i n o n in u n a g r o t t a , p e r ò n o n è d e t t o c h e E l e a z a r o facesse semp r e i suoi prodigi in tale m o d o . Nel Testamentum si a c c e n n a a d u n luogo chiuso dove si c o n s e r v a v a n o le g i a r r e p e r rinchiud e r e i d e m o n i e d u n p o s t o n o n l o n t a n o d a l t e m p i o , c o m ' è la P r o b a t i c a , poteva b e n i s s i m o essere propizio p e r lo svolgimento del c u l t o .
1 1 . V i l i , i l , 5 : G . DINDORFIUS, Flavii Josephi Opera, I, p . 2 8 7 . N a t u r a l m e n t e l ' a s p e t t o d i S a l o m o n e « m a g i c o » è rimasto n e l p o p o l o e b r a i c o . S i p u ò v e d e r e L. GINZBERG, The Legendes of the Jews, TV, p p . 1 4 9 - 1 6 9 , e v i , p p . 2 0 1 - 2 9 3 . L'anello di S a l o m o n e h a p r e s o vari a s p e t t i , cf. E.A. WALLIS BUDGE, Egyptian Tales and Romances, London 1935, pp. 373-374.
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B.
BAGATTI
Che p o i i giudeo-christiani l'avessero e r e d i t a t o d o p o la g u e r r a del 135 q u a n d o gli a l t r i e b r e i furono c o s t r e t t i a p a r t i r s i d a G e r u s a l e m m e , n o n fa meraviglia. Essi a m a v a n o t e n e r e le loro p r a t i c h e devote nelle g r o t t e . Ne f a n n o fede sia Celso c h e Origene, S. Girillo d i G e r u s a l e m m e e le t r a d i z i o n i locali in G e r u s a l e m m e , sull'Oliveta, a B e t l e m m e ecc. Le azioni i m p i e g a t e sulla gente p e r c a c c i a r e i d e m o n i desc r i t t e d a G i u s e p p e : p o n e n d o l'anello sulle n a r i c i , e dal Testamentum : sul p e t t o , s o n o l e g g e r m e n t e differenti, p e r ò n o n differ i s c o n o s e n s i b i l m e n t e . Lo s c o p o e r a lo stesso : cacciare il demon i o p e r far r i s a n a r e l'individuo a v e n d o la convinzione che il d e m o n i o e r a l ' a u t o r e delle m a l a t t i e . I n s i e m e alle azioni vi e r a n o delle f o r m u l e c h e le a c c o m p a g n a v a n o . E s s e in p a r t e s o n o rifer i t e n e l Testamentum m a n o n è d a t o s a p e r e q u a n t o esse ripet a n o quelle r i c o r d a t e d a Giuseppe Flavio. 1 2
3. Ostilità verso il Santuario salomonico e sua distruzione 13
Già nel 244-249 Origene s c r i v e n d o il Commento a Matteo faceva u n a digressione p e r alludere al c u l t o s a l o m o n i c o c h e n o n vedeva di b u o n occhio. Infatti p a r l a n d o del giudizio del Signore d a v a n t i a Caifa o s s e r v a : Q u a l c u n o c r e d e c h e c o n v e n g a g i u r a r e ai d e m o n i e m o l t i si s o n o perm e s s i d i f a r e tali c o s e e c'è c h i d i c e c h e n o n si p u ò f a r e s e n z a r a g i o n e . I n f a t t i c h i g u a r d a G e s ù c h e c o m a n d a ai d e m o n i d a n d o a n c h e l a p o t e s t à ai d i s c e p o l i s o p r a t u t t i i d e m o n i e di c u r a r e l e i n f e r m i t à , ritrova c h e n o n è s e c o n d o la p o t e s t à d a t a d a l S a l v a t o r e di g i u r a r e ai d e m o n i . Q u e s t o , n o n o s t a n t e c h e q u a l c h e v o l t a si f a c c i a d a a l c u n i dei n o s t r i p e r e s . c o m e si f a c o g l i s c o n g i u r i s c r i t t i d a S a l o m o n e c o n t r o i d e m o n i . M a q u e l l i c h e u s a n o tali s c o n g i u r i c o n t r o i d e m o n i t a l v o l t a u s a n o libri n o n i d o n e i ricevuti dagli ebrei.
Origene n o n s c e n d e al dettaglio, p e r ò m o s t r a b e n e di conosc e r e il c e n t r o del c u l t o salomonico. D'altra p a r t e n o n b i s o g n a d i m e n t i c a r e che, e s s e n d o egli a m i c o del vescovo Alessandro, fu a G e r u s a l e m m e v a r i e volte e che si o c c u p a v a di cose e b r a i c h e . E u s e b i o d i Cesarea nella Demonstratio Evangelica * volendo d i m o s t r a r e c o m e C r i s t o n o n e r a u n p r e s t i g i a t o r e e imbroglione, 1
1 2 . E . TESTA, « Le g r o t t e m i s t i c h e d e i N a z a r e n i e i l o r o riti b a t t e s i m a l i » i n Liber Annuus Studii Biblici franciscani xi (1962), pp. 5 4 5 e «Le ' G r o t t e dei m i s t e r i * g i u d e o - c r i s t i a n e » , ibid. x i v ( 1 9 6 4 ) , p p . 6 5 - 1 4 4 . 13.
PG
13,
14.
Ili,
v i ; PG
1 7 5 7 ; SC 22,
162,
24449.
225-228.
L'ANELLO
D I SALOXMONE
157
m a visse u n a vita p o v e r a e casta, p o n e in rilievo la differenza c h e p a s s a t r a L u i e i p r e s t i g i a t o r i c h e u s a n o fare iscrizioni su foglie (7rsTaXo)v), fare dei l e g a m i e profittarsi d i coloro c h e i n c a n t a n o , o fare suffucazioni colle r a d i c i delle e r b e a a l t r e cose simili. « T u t t e q u e s t e cose, egli dice, s o n o escluse dalla d o t t r i n a di Cristo, n é m a i è lecito al c r i s t i a n o d i farle b e n c h é a l c u n i lo c r e d a n o . » Le p r a t i c h e d e s c r i t t e d a E u s e b i o s o n o s p e s s o inculcate n e l Testamentum. Così p e r e s . si fa d i r e al d e m o n i o C a t a n i c o t a e l : « S e v u o i r i m e t t e r e la p a c e nella t u a casa scrivi in 7 foglie d i alloro (
16
M e n t r e l ' a n o n i m o di B o r d e a u x visitava G e r u s a l e m m e vi viveva S. Cirillo n a t i v o della città. Egli n e l d i s c o r s o f a t t o i n giov e n t ù , e q u i n d i solo q u a l c h e a n n o d o p o l a visita d e l l ' a n o n i m o , sul p a r a l i t i c o g u a r i t o d a Gesù m e t t e i n opposizione il m o d o di g u a r i r e d e l S a l v a t o r e c o n quello p r a t i c a t o c o n r i c o r r e r e a f o r m u l e m a g i c h e . A u n o c h e viveva a l l o r a a G e r u s a l e m m e n o n s a r e b b e s t a t o difficile c a p i r e l'intenzione d i Cirillo d i o p p o r s i al s a n t u a r i o s a l o m o n i c o . Nelle Catechesi * p r o i b i v a a i catecum e n i di « r i c o r r e r e ai legami magici p e r g u a r i r e dalle m a l a t t i e » 17
1
15. 1343-4. 16. 1345-6. 17. PG 33, 1131-1154. Cf. E . TESTA, « L a p i s c i n a p r o b a t i c a , m o n u m e n t o p a g a n o o g i u d a i c o ? » i n La Terra Santa XL (1964), p p . 311-316. A n c h e altri documenti parlano del demonio costretto a confessare i suoi misfatti, p e r e s . n e Gli Atti di Tommaso, n . 33 (Erbetta, Gli Apocrifi del Nuovo Testamento, T o r i n o 1966, n , p p . 325-6), m a i n q u e s t i è f a t t o s e m p r e n e l / n o m e d i C r i s t o e n o n di S a l o m o n e . 18. Cat. I V , x x x v n : PG 33, 501-2.
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B. BAGATTI
e m o s t r a di c o n o s c e r e il Testamentum. I n f a t t i p o r t a n d o gli e s e m p i dei p e n i t e n t i vi i n c l u d e a n c h e S a l o m o n e con q u e s t e p a r o l e : « S a l o m o n e c a d d e m a che dice ? Infine m i p e n t i i ». A che frase allude Cirillo ? Alcuni, c o m p r e s o S. G i r o l a m o , p e n s a v a n o ai Proverbi 24,23, m a n o n p a r e il c a s o . M o l t o meglio è r i c o r r e r e alle p a r o l e m e s s e in b o c c a al r e nel Testamentum : 1 9
20
21
I o m i s e r o f e c i la v o l o n t à s u a ( d e l l a s u l a m i t e ) ; il m i o s p i r i t o s i o s c u r ò e d i v e n n i l o z i m b e l l o degli i d o l i e d e i d e m o n i . P e r c i ò s c r i s s i q u e s t o t e s t a m e n t o p e r c h i v u o l e a p p r o f i t t a r e affinché p r e g h i e b a d i n o n agli u l t i m i m a ai p r i m i ( f a t t i ) e o t t e n g a la grazia n e i s e c o l i . 22
Nelle Mistagogiche ticolare :
Cirillo, o Giovanni I I , discende al par-
Così alcuni vanno dietro a sogni o inganni del demonio, v a n n o colà p e n s a n d o d i t r o v a r e l a g u a r i g i o n e a l l e m a l a t t i e c o r p o r a l i . O p p u r e altre c o s e simili. T u n o n parteciparvi. S o n o c u l t o del d e m o n i o l'osservazione d e g l i u c c e l l i , l a d i v i n a z i o n e , l ' i n t e r p r e t a z i o n e d e i s o g n i , gli a m u l e t i e l e s c r u t t u r e s u f o g l i e (èv 7 u e T à X o t < ) , le m a g i e , gli altri malefici e t u t t e le c o s e di q u e s t o g e n e r e , f u g g i t e l e .
S e r e a l m e n t e le Mistagogiche sono di Giovanni I I , p o s s i a m o c r e d e r e c h e la c r i p t a s a l o m o n i c a funzionasse a n c o r a alla fine del iv o inizi del v scolo. P e r ò la c o s a è assai d u b b i a . C o m u n q u e è c e r t o c h e , v e r s o q u e s t o t e m p o , e s s a s p a r ì . Nel v secolo t r o v i a m o alla P r o b a t i c a i m a chiesa a t r e n a v a t e , m o l t o bella e ricca, c h e r a c c h i u d e v a il r i c o r d o del P a r a l i t i c o . Di S a l o m o n e n o n si h a p i ù la m i n i m a traccia. Meglio, t r o v i a m o c h e gli s t r u m e n t i a d o p e r a t i nella g r o t t a : anello e g i a r r e , sono s t a t i trasferiti al S. S e p o l c r o . 23
V e r s o T a n n o 410 si t r a t t e n e v a a G e r u s a l e m m e la pellegrina E g e r i a e, i n t e r v e n e n d o alla funzione d e l V e n e r d ì s a n t o , sul Calvario, ci fa s a p e r e che m e n t r e si faceva l'adorazione della
1 9 . Cat. I I , XIII : PG 3 3 , 3 9 9 - 4 0 0 . 2 0 . In Ezech. X I I I , XLIII ; PL 2 5 , 4 1 9 . Cf. FILIPPO DE HARVENG, de damnatione Salomonis : PL 2 0 3 , 6 2 1 - 6 6 6 . 21.
1357-8.
22.
I, v i i !
: PG
3 3 , 1 0 7 1 - 7 4 ; SC
Responsio
126, 94-97.
2 3 . D . BALDI, Enchiridion Locorum sanctorum, Jerusalem 1955, pp. 4554 6 6 ; B . BAGATTI, The Church from the Gentiles in Palestine, Jerusalem 1 9 7 1 , p p . 2 0 2 - 2 , 3 2 3 4 e 3 7 7 . A. DUPREZ, Jesus et les dieux guérisseurs, Paris 1970, fa un'ampia dissertazione sul posto, m a n o n accenna m a i al culto salomonico.
159
L'ANELLO DI SALOMONE 2 4
croce il d i a c o n o m o s t r a v a l'anello di S a l o m o n e : « At u b i a u t e m osculati fuerint c r u c e m , p e r t r a n s i e r i n t , s t a t d i a c o n u s , t e n e t a n u l u m S a l o m o n i s e t c o r n u illud, d e q u o reges ungeb a n t u r . O s c u l a n t u r et c o r n u , a t t e n d u n t et anulum... ». La rott u r a dell'unico codice d e l l ' i t i n e r a r i o p r o p r i o in q u e s t o p u n t o ci i m p e d i s c e di c o n o s c e r e e s a t t a m e n t e cosa facesse il d i a c o n o coll'anello di S a l o m o n e , p e r ò è evidente che lo p o r g e v a alla venerazione. Dal r a c c o n t o della pellegrina b i s o g n a d e d u r r e la conseguenza c h e l'anello fosse o r m a i in m a n o dei gentilocristiani e n o n fosse a d o p e r a t o p i ù nella c r i p t a dai giudeocristiani. Come e r a a v v e n u t o tale c a m b i a m e n t o ? La frase u s a t a d a l l ' a n o n i m o di B o r d e a u x a r i g u a r d o dei s a n t u a r i c o s t a n t i n i a n i « i u s s o C o n s t a n t i n i » , cioè colla forza, ci illumina assai b e n e sui m e t o d i u s a t i in quel t e m p o . 25
Che l'esposizione dell'anello s a l o m o n i c o sul Calvario n o n fosse i m a cosa s p o r a d i c a m a fissa lo p o s s i a m o d e d u r r e c o n facilità dagli s c r i t t o r i seguenti. I n f a t t i nel d o c u m e n t o gerosol i m i t a n o d e t t o Breviarius de Hierosolyma , d a t a t o approssim a t i v a m e n t e a l l ' a n n o 530, si e n u m e r a n o al Calvario v a r i e reliq u i e t r a cui « illud c o r n u , q u o David u n c t u s est e t S a l o m o n et ille a n u l u s ibidem, u n d e S a l o m o n sigillavit d e m o n e s , et est d e e l e c t r o ». Da q u e s t a notizia v e n i a m o a c o n o s c e r e sia il luogo dove l'anello era c o n s e r v a t o , sia la m a t e r i a della s u a g e m m a c h e il Testamentum c h i a m a solo « p i e t r a preziosa ». 26
I n s i e m e all'anello e r a n o s t a t i t r a s p o r t a t i a n c h e i recipienti in cui si rinchiudevano i d e m o n i p e r r e n d e r l i innocui, infatti lo s t e s s o Breviarius m e n z i o n a nell'abside della chiesa di Cost a n t i n o , o M a r t y r i u m , : « i n c i r c u i t u duodecimi c o l u m n a e m a r m o r e a e ( o m n i n o incredibile), s u p e r ipsas c o l u m n a s h y d r i a e a r g e n t e a e d u o d e c i m , u b i sigillavit S a l o m o n d a e m o n e s ». Si vide c h e si fece u n a scelta dei recipienti u s a t i p r e n d e n d o i p i ù preziosi, ovvero che l ' a n o n i m o a u t o r e del Breviarius n o t ò solo i recipienti di pregio. Il n u m e r o d i 12 fa v e d e r e c h e il c u l t o della c r i p t a e r a a b b a s t a n z a g r a n d e . 27
2 4 . GEYER, Itinera, Oriente
x
(1968),
pp.
2 5 . GEYER, Itinera, p.
p . 8 8 ; CSEL
CLXXV, p . 8 1 . P e r l a d a t a v . Bibbia
p p . 2 3 - 2 5 ; B . BAGATTI, L'Eglise
10.
2 6 . GEYER, Itinera, 2 7 . GEYER, Itinera,
e
73-75.
p . 1 5 4 ; CSEL p . 1 5 3 ; CSEL,
CLXXV, p . 1 1 0 . p. 109.
de
la
circoncision,
160
B. BAGATTT
C o n s i d e r a n d o il fatto della distruzione della c r i p t a e del t r a s f e r i m e n t o degli s t r u m e n t i del c u l t o s a l o m o n i c o s a r e m m o t e n t a t i di vedere u n ' i n c o n g r u e n z a d a p a r t e dei dignitari della chiesa gentilo-cristiana. M a forse n o n è così. D a t o il prestigio che tale c u l t o aveva fra la gente a p p a r i v a difficile farlo scomp a r i r e e d ' a l t r a p a r t e , p e r il c a r a t t e r e mezzo superstizioso che aveva, n o n p o t e v a essere p i ù tollerato. Che fare ? Il s i s t e m a u s a t o l a r g a m e n t e in E u r o p a di « cristianizzare » tale culto a p p a r i v a il p i ù logico. Così n o n si disprezzò il « p e n i t e n t e » S a l o m o n e e si i m p e d ì la magia. C o n t e m p o r a n e a m e n t e bisognava g e t t a r e discredito sul Testamentum c h e offriva mezzi facili di guarigione dalle m a l a t t i e . E a n c h e q u e s t o fu fatto. N e n o t i a m o q u a l c h e t r a c c i a occidentale. Nel c o m m e n t o alla l e t t e r a di S. Paolo a Tito che va s o t t o il n o m e di A m b r o s i a s t e r è d e t t o fra l'altro : « et quia S a l o m o n a d j u t o r i o d a e m o n i o r u m t e m p l u m aedificavit, in q u o o p e r e ingens m u l t i t u d o laboravit, q u i d t a m f a b u l o s u m ? ». Anzi dallo p s e u d o d e c r e t o g e l a s i a n o il libello è m e s s o all'indice : « Script u m q u a e a p p e l l a t u r c o n t r a d i c t i o (al interdictio) S a l o m o n i s a p o c r y p h a » e q u i n d i d a n o n leggersi. 28
29
U n ' u l t i m a l o t t a c o n t r o il culto s a l o m o n i c o p a r e di t r o v a r l o nello s c r i t t o r e Giuseppe sia che scrivesse v e r s o il vi secolo, sia c h e a p p a r t e n g a al secolo x, c o m e si c r e d e , ed avesse f a t t o u n r i c o r d o solo l e t t e r a r i o . C o m u n q u e s c r i v e : « Quei libri c h e i n s e g n a n o a fugare i d e m o n i , r i s a n a r e dalle m a l a t t i e e fare la caccia ai ladri, si c u s t o d i s c o n o con c u r a dai ciarlatani p e r l o r o vantaggio, p e r c h è i fedeli della S. Chiesa s a n n o b e n e c h e s o n o salvati p e r Cristo ». 30
N e l l ' a n n o 614 i Persiani, d o p o u n a c c a n i t o assedio, occupar o n o G e r u s a l e m m e e i n c e n d i a r o n o e saccheggiarono t u t t a la c i t t à c o m i n c i a n d o dalle chiese. Da quel t e m p o n o n si è p a r l a t o p i ù n è dell'anello, n è delle g i a r r e s a l o m o n i c h e . Finì i n q u e s t o m o d o tragico u n a tradizione che aveva a p p a s s i o n a t o la cristian i t à p e r vari secoli.
28. PL 17, 531, cf. Clavis Patrum, n. 187. 29. PL 59, 164 e 179-80. L e e d i z i o n i s e g u e n t i n o n 30. PG 106, 89-90.
differiscono.
SOMMAIRE
JUDÉO-CHRISTIANISME 7
Liminaire
11
Bibliographie d u Cardinal Daniélou
I. Nature et sources B.
GERHARDSSON
Du Judéo-christianisme Shema*
à Jésus par
le 23
M. SIMON
La m i g r a t i o n à Pella. Légende o u r é a l i t é ?
37
O . CULLMANN
C o u r a n t s m u l t i p l e s d a n s la c o m m u n a u t é primitive. A propos du m a r t y r e de Jacques fils d e Zébédée
55
P a u l a n d J e w i s h Christianity a c c o r d i n g t o Cardinal D a n i e l o u : A suggestion
69
I n s e a r c h of « J e w i s h C h r i s t i a n i t y » a n d its « t h e o l o g y » . P r o b l e m s of definition and methodoly
81
W.D. DAVIES R . A . KRAFT
II. Histoire et influence R.M. GRANT
J e w i s h Christianity second century
at
Antioch
in
the 93
W. RORDORF
Un c h a p i t r e d ' é t h i q u e j u d é o - c h r é t i e n n e : les deux voies 109
H.J. SCHOEPS
Der U r s p r u n g des B ö s e n u n d d a s P r o b l e m d e r Theodizee i m p s e u d o k l e m e n t i n i s c h e n Roman 129
G. QUISPEL
M a n i et la t r a d i t i o n évangélique des j u d é o chrétiens 143
B. BAGATTI
I Giudeo-cristiani e l'anello di S a l o m o n e 1 5 1
La suite d e s articles s u r le Judéo-christianisme sera publiée dans le prochain n u m é r o (avril-juin). L'ensemble d e s contributions qui constituent l'hommage a u Cardinal D a n i é l o u s e r a e n s u i t e p u b l i é e n v o l u m e , d o n t la d i f f u s i o n s e r a a s s u r é e p a r l e s s o i n s d e s E d i t i o n s B e a u c h e s n e , 117, r u e d e R e n n e s , Paris V I , à p a r t i r d ' o c t o b r e 1972. L e s s o u s c r i p t i o n s p o u r r o n t ê t r e a d r e s s é e s a u x E d . B e a u c h e s n e o u a u s i è g e d e la R e v u e , q u i les t r a n s m e t t r a . e
RECHERCHES DE SCIENCE RELIGIEUSE
JUDÉO-CHRISTIANISME
III. RECHERCHE DES TRACES P. Prigent — B. Reicke — A. Jaubert A. Guillaumont — A. Orbe — A.F.J. Klijn
IV. RAPPORTS AVEC LE GNOSTICISME McL. Wilson — E. Segelberg — G. Kretschmar
COMITÉ D E D I R E C T I O N Joseph J.
MOINGT,
GUILLET. —
Directeur. H.
—
M.
DE LAVALETTE. —
DE CERTEAU. X.
—
LÉON-DUFOUR.
C O N S E I L D E RÉDACTION P.
BEAUCHAMP ( E x é g . À.T.) — C a r d i n a l
J.
DANIÉLOU
(Orig. Chrét.) — J.-C. GUY, d i r . Rev. Hist. d e la S p i r . — C KANNENGIESSER (Th. P a t r i s t . ) — R. MARLÉ
(Th. Protest.) — M. RÉGNIER, d i r . Arch. d e Phil. — B.
SESBOUÉ ( T h . d o g m a t . ) — R. SIMON ( M o r a l e )
P.
VALLIN,
Doyen
F a c . Théol.
—
d e F o u r v i è r e - Lyon.
REVUE TRIMESTRIELLE Publiée avec le c o n c o u r s d u C.N.R.S.
TARIF D ' A B O N N E M E N T France
45 F .
Le numéro
12 F .
Union P o s t a l e
50 F (10 $)
Le numéro Compte
13,50 F (2,70 %)
C h è q u e s P o s t a u x : RECHERCHES DE SCIENCE RELIGIEUSE P a r i s 8372.61
15, r u e M o n s i e u r , PARIS 7«
T é l . 734-74-77
JUDEO-CHRISTIANISME
III
RECHERCHE DES TRACES
163
R. Prigent. — Une trace d e liturgie Judéo-chrétienne dans le chapitre X X I de l'Apocalypse de Jean La p r o m e s s e baptismale d e r o m p r e avec les vices d e la vie p a s s é e peut s e d é c e l e r d a n s A p o c . 21,8 p a r c o m p a r a i s o n a v e c l e s a l l u s i o n s o u l e s d e s c r i p t i o n s l i t u r g i q u e s d e A p o c . 22,16-20, 1 C o r . 16,20 s s . e t D i d . 10,6. L e rapprochement avec d'autres textes et l'étude d e s catalogues néo-testamentaires d e vices confirment la référence d e c e p a s s a g e à u n e liturgie baptismale (et eucharistique) très primitive. The baptismal commitment to break away from the vices of past life may be detected in Apoc, 21, 8, by a comparison with the allusions or liturgical descriptions of Apoc. 22, 16-20, 1 Cor. 16, 20 sq and Did. 10,6. Similarities with other texts and the study of New Testament catalogues of vices strengthen the link of this passage to a very primitive baptismal (and eucharistie) liturgy.
B. Reicke. — Die Jüdische Apokalyptik und die Johanneische Tiervision On peut reconstituer chez les auteurs p a ï e n s après la m o r t d e N é r o n u n e tradition sur u n retour éventuel de l'empereur, qui conduirait à la chute de R o m e et a u renversement d e la politique d e ses successeurs. L ' a p o c a l y p t i q u e j u i v e e t j u d é o - c h r é t i e n n e s'est s e r v i e d e c e t t e l é g e n d e pour la description d e s derniers temps. L'apocalypse johannique, écrite sous Domitien, interprète également cette tradition ( \ et 8 têtes de la Bête). In Latin writers it is possible to trace down, after Nero's death, a widespread expectation of an eventual return of the emperor, which would lead to the fall of Rome and a reversal of policy. Jewish and Jewish-Christian apocalyptics used that tale for their description of the last times. The Johannine book of Revelation, written in Domitian's time, echoes that tradition (1st and 8th heads of the Beast). n
e
A. Jaubert. — Echo du livre d e la Sagesse en Barnabe 7,9 U n p o i n t d e c o n t a c t e n t r e B a r n . 7,9 e t S a g . 2,16-18 e t 5,1-5 — l e j u s t e p e r s é c u t é s e d é c l a r e fils d e D i e u e t p r e n d s a r e v a n c h e a u j o u r d u j u g e m e n t — atteste u n « m o d è l e » juif préexistant d o n t o n t r o u v e ailleurs l e s t r a c e s , e n p a r t i c u l i e r d a n s M t 27,40 e t L e 23,47. C'est d a n s c e t t e trad i t i o n q u e s'est f o r m é e l a p l u s a n c i e n n e c o n f e s s i o n d e foi a u Christ : « o u i , v é r i t a b l e m e n t , il é t a i t l e fils d e D i e u ! » A link between Barn. 7,9 and Wis. 2, 16-18 and 5, 1-5 — the persecuted just Man calls himself Son of God and takes his revenge on the day of judgment — wittnesses to a préexistent Jewish " pattern ", the traces of which are found elsewhere, especially in Mt 27, 40 and Lk 23, 47. Within this tradition, the oldest confession of faith in Christ took shape : " Yes, truly he was the Son of God!"
A. Guillaumont. — Monachlsme et éthique Judéo-chrétienne L e s e x p l i c a t i o n s d u m o t g r e c monachos (ou d e son équivalent syriaque), dans les écrits chrétiens antérieurs à l'expansion d u monachisme, déno-
164 t e n t u n i d é a l d e v i e c é l i b a t a i r e (monèrès), exclusivement tournée vers D i e u (monotropos), u n i f i é e e n lui (monas). C e d e r n i e r t r a i t a c c u s e l'influence d e la p h i l o s o p h i e g r e c q u e ( r e c h e r c h e d e l'Un). M a i s p l u s influente e n c o r e a é t é la n o t i o n d e « s i m p l i c i t é » (haplotès), d e p r o v e n a n c e bibliq u e (Dieu n'aime pas les cœurs doubles), qui inspire d è s le I siècle les courants ascétiques des milieux judéo-hellénistiques et judéo-chrétiens. e r
Explanations of the Greek word m o n a c h o s (or of his Syriac equivalent), in Christian writings which preceded the spread of monasticism, show an ideal of celibate life ( m o n è r è s ) , exclusively directed toward God ( m o n o t r o p o s ) , unified in Him ( m o n a s ) . This last feature stresses the influence of Greek philosophy (search for the One). Still more powerful has been the notion of simplicity, derived from the Bible (God does not love a divided heart), which, from the 1st century on, influences the ascetical streams of both Jewish-Hellenistic and Jewish-Christian milieux.
A. Orbe. — Ecclesia, sal terrae, segdn San Ireneo I r é n é e r a p p o r t e , d a n s Adv. Haereses IV,31, l ' i n t e r p r é t a t i o n , q u ' i l a r e ç u e d u « P r e s b y t r e », d e l ' é p i s o d e d e L o t , d a n s G e n è s e 19 : L o t e s t l e s y m b o l e d u V e r b e i n c a r n é , q u i r é p a n d l'Esprit S a i n t , « s e m e n c e v i t a l e » ; s a f e m m e , c h a n g é e e n s t a t u e d e sel, e s t la figure d e l ' E g l i s e , é p o u s e d u V e r b e , « s e l d e l a t e r r e » ( M a t . 5,13), d o n t l e s m a r t y r s s o n t l e s fils d e p r é d i l e c t i o n . C'est u n e i n t e r p r é t a t i o n q u i p r o v i e n t d e l a h a g g a d a j u i v e e t q u ' o n t r o u v e a u s s i d a n s l'Evangile v a l e n t i n i e n selon Philippe. In A d v . H a e r e s e s IV, 31, we are told by Irenaeus how the " Presbyter " interpreted the episode of Lot in Gen. 19: Lot is a symbol of the Incarnate Word, and from Him issues forth the Holy Spirit, " life-giving seed his wife turned into a statue of salt is a figure of the Church, spouse of the Word, "salt of the earth" (Mt 5,13), her martyrs being her sons of predilection. This interpretation comes from the Jewish haggada and is also found in the Valentinian G o s p e l a c c o r d i n g t o Philip.
A . F . J . Klijn. — .Jerome' quotations from a Nazoraean interpretation of Isaiah U n e é t u d e a t t e n t i v e d e l ' i n t e r p r é t a t i o n n a z a r é e n n e d e c i n q t e x t e s d'Isaïe, d'après l e s c i t a t i o n s q u ' e n f a i t J é r ô m e , p e r m e t s a n s d o u t e d'éclairer l e s origines d e cette secte judéo-chrétienne, ses rapports avec u n éventuel fond c o m m u n qui aurait servi d e source à l'évangile d e Matthieu, et d e préciser les différences réelles entre juifs et chrétiens, à partir de leur interprétation d e l'Ancien Testament. A careful study of the Nazoraean interpretation of five texts from Isaiah drawn from the quotations given by Jerome, undoubtedly casts light on the origins of this Jewish-Christian sect, on its relationships with a possible common source, which might have probably served as a basis of the Gospel according to Matthew, and ables one to state more precisely the real differences between Jews and Christians from their interpretation of the Old Testament.
UNE TRACE DE LITURGIE JUDÉOCHRÉTIENNE DANS LE CHAPITRE XXI DE L'APOCALYPSE DE JEAN par
P.
PRIGENT
Université des Sciences h u m a i n e s d e S t r a s b o u r g F a c u l t é d e théologie p r o t e s t a n t e
Le C a r d i n a l J. Daniélou, a u q u e l j e suis h e u r e u x d e r e n d r e hommage p a r une modeste contribution à ce volume, écrit j u s t e m e n t d a n s s a Théologie du Judéochristianisme q u e « le d o m a i n e d e l'organisation d u c u l t e e s t s a n s d o u t e celui o ù la m a r q u e judéochrétienne a subsisté le plus profondément d a n s l'Eglise c h r é t i e n n e ». Quelques pages p l u s loin il précise, a p r è s a v o i r é t u d i é les d o c u m e n t s c a t é c h é t i q u e s e t l i t u r g i q u e s d u c h r i s t i a n i s m e ancien ; « T o u t ceci n o u s a m è n e à c o n c l u r e d ' a b o r d q u e les textes j u d é o c h r é t i e n s n o u s m e t t e n t e n p r é s e n c e d'un ensemble de préparations au baptême qui contient : u n e n s e i g n e m e n t m o r a l c o n s t r u i t d ' a p r è s le s c h é m a d e s d e u x voies; u n e p é r i o d e de j e û n e ; u n e n g a g e m e n t d ' o b s e r v e r les p r é c e p t e s enseignés e t de r o m p r e avec la vie a n c i e n n e ». C'est le t r o i s i è m e é l é m e n t relevé q u e j e v o u d r a i s ici i l l u s t r e r p a r u n e x e m p l e e m p r u n t é à l'Apocalypse, livre d o n t le caract è r e j u d é o c h r é t i e n p e u t difficilement ê t r e c o n t e s t é p o u r a u t a n t q u ' o n s'en t i e n n e à u n e définition l a r g e d u j u d é o c h r i s t i a n i s m e . 1
2
Le p o i n t d e d é p a r t d e l ' e n q u ê t e se t r o u v e d a n s la m e n a ç a n t e é n u m é r a t i o n d'Ap. 21,8 qu'il i m p o r t e de r e s i t u e r d ' a b o r d d a n s son c o n t e x t e : Ap. 21,6 : « ... J e s u i s l ' a e t l'o>, l e c o m m e n c e m e n t e t l a fin. A c e l u i q u i a s o i f m o i j e d o n n e r a i d e l a s o u r c e d e l'eau d e la v i e , gratuitement. 1. Théologie 2. Ibid.,
du Judéo-Christianisme,
p . 377.
T o u r n a i 1958, p . 369.
166
P. PRIGENT
v. 7 Le vainqueur recevra cet héritage Et j e serai s o n Dieu E t il s e r a m o n
fils,
v. 8 Q u a n t a u x l â c h e s , a u x i n f i d è l e s , a u x d é p r a v é s , a u x m e u r t r i e r s , a u x i m p u d i q u e s , a u x m a g i c i e n s , a u x i d o l â t r e s e t à t o u s les m e n t e u r s , l e u r p a r t s e t r o u v e d a n s l ' é t a n g e m b r a s é d e f e u e t d e s o u f r e : c'est l a s e c o n d e m o r t ».
Si l'on c h e r c h e à d é t e r m i n e r le c a r a c t è r e d e ce texte (qu'il faut s a n s d o u t e envisager c o m m e u n e p é r i c o p e c o u v r a n t les v e r s e t s 1 à 8), o n r a p p r o c h e r a d ' a b o r d la p r o m e s s e d u d o n d e l'eau (21,6) d e son p a r a l l è l e en 22,17b : Q u e c e l u i q u i a soif v i e n n e , Q u e c e l u i q u i v e u t r e ç o i v e d e l'eau d e v i e , g r a t u i t e m e n t . 3
Selon E . L o h m e y e r , c e t t e p h r a s e fait p a r t i e d'un e n s e m b l e (22, 17-20) q u i offre le d é c a l q u e d ' u n e célébration cultuelle. G. B o r n k a m m a c c e p t e la conclusion m a i s e n en p r é c i s a n t les t e r m e s : les d e r n i e r s v e r s e t s d e l'Apocalypse foisonnent d'allusions à u n e v é r i t a b l e l i t u r g i e e u c h a r i s t i q u e p e u différente d e celle q u i j o u e à l'arrière^plan d e 1 Cor. 16,20 ss. : 4
A p . 22,20 : V i e n s , S e i g n e u r J é s u s ( M a r a n a t h a ) v. 17 b : I n v i t a t i o n v. 17 a : Motif d e s n o c e s q u i i n c l u t , s e l o n 19,9, l'idée d u r e p a s m e s sianique.
Mais il faut e n c o r e a j o u t e r le v. 16 : « J e suis la r a c i n e et la r a c e d e David » a u n o m d ' u n r a p p r o c h e m e n t avec la p r i è r e e u c h a r i s t i q u e d e Did. 9,2 : « N o u s t e r e n d o n s grâce, n o t r e Père, p o u r la sainte vigne de t o n s e r v i t e u r David ». M. Dibelius pensait devoir t r o u v e r l'origine d e la f o r m u l e d a n s les p r i è r e s d e la synagogue h e l l é n i s t i q u e o ù elle désignerait originellement Israël c o m m e p e u p l e d u s a l u t . Ce j u g e m e n t doit s a n s d o u t e ê t r e a m e n d é d a n s le sens i n d i q u é p a r les p e r t i n e n t e s r e m a r q u e s d e J.P. A u d e t . Quoi qu'il e n soit d e ce point, u n e c h o s e r e s t e a s s u r é e : l ' e n r a c i n e m e n t d u t h è m e d a n s les liturgies a n c i e n n e s . Ce n'est c e r t a i n e m e n t p a s p a r h a s a r d qu'Ap. 22,16 christianise 5
6
3. Die Offenbarung des Johannes, T ü b i n g e n 19532, s u r ce p a s s a g e . 4. « D a s A n a t h e m a i n d e r u r c h r i s t l i c h e n A b e n d m a h l l i t u r g i e » , d a n s Das Ende des Gesetzes, M ü n c h e n 1952, p . 126. 5. ZNW 37, 1938, p . 32 s s . 6. La Didachè, Instructions des apôtres, P a r i s 1958, p . 400, 418-428.
LITURGIE
JUDÉO-CHRÉTIENNE
167
ce d o n n é juif d a n s u n c o n t e x t e q u i recèle des allusions a u r e p a s s a c r é d u c h r i s t i a n i s m e primitif. Effectivement le s c h é m a d e c e t t e liturgie p e u t ê t r e r e t r o u v é e n c o m p a r a n t Ap. 22,16-20 avec 1 Cor. 16,20 ss. et Did 10,6 . O n y distingue c o m m e m o m e n t s p r i n c i p a u x : Une i n v i t a t i o n q u i est à la fois u n e m i s e e n g a r d e , v o i r e u n e m e n a c e d'exclusion, et u n e affirmation d e ( o u u n e p r i è r e p o u r ) la p r é s e n c e d u Seigneur, p l u s o u m o i n s développée e n a n n o n c e d e la grâce. C'est b i e n le m o u v e m e n t q u ' o n r e t r o u v e e n Ap. 22 : 7
Invitation ; M e n a c e d ' e x c l u s i o n ( d e l'arbre d e v i e e t d e l a v i l l e ) a d a p t é e p o u r servir de conclusion à un écrit; viens Seigneur Jésus ; que la grâce du Seigneur Jésus soit avec tous.
G. B o r n k a m m c o m m e n c e s o n analyse en envisageant les versets 16 ss. d'Ap. 22, m a i s s o n é t u d e n e t a r d e p a s à l ' a m e n e r à r e m o n t e r p l u s h a u t d a n s le c h a p i t r e . E t c'est b i e n ce qu'il faut faire. E n effet, les d e u x m e n a c e s d'exclusion r e n v o i e n t é v i d e m e n t à l e u r c o n t r e p a r t i e positive e n 22,14 : « H e u r e u x c e u x q u i lavent l e u r s r o b e s afin d'avoir d r o i t à l ' a r b r e d e vie et d ' e n t r e r , p a r les p o r t e s , d a n s la v i l l e » . A c e t t e p r o m e s s e le v. 15 r é p o n d e n o u v r a n t u n volet négatif : « D e h o r s les chiens... » Suit u n e é n u m é r a t i o n d e s vicieux q u i s o n t r e j e t é s . E t ce c a t a l o g u e r e p r e n d les c i n q d e r n i e r s t e r m e s d e la liste d'Ap. 21,8 ( m a i s d a n s u n o r d r e différent). O n p e u t m ê m e se d e m a n d e r s'il n e faut p a s e n c o r e r e m o n t e r p l u s h a u t , c a r l'affirmation d e la v e n u e d u Christ, t r è s a p p u y é e e n 22,17,20, se laisse r a p p r o c h e r d e 22,12. S a n s d o u t e faut-il r e g a r d e r Ap. 22,10-21 c o m m e u n e n s e m b l e t r è s m a r q u é d'influences liturgiques, e n p a r t i c u l i e r e u c h a r i s t i q u e s . 8
Du c o u p la q u e s t i o n initiale d u c a r a c t è r e d'Ap. 21,1-8 reçoit u n d é b u t d e r é p o n s e . E n effet les r a p p r o c h e m e n t s e n t r e les c h a p . 22 et 21 se m u l t i p l i e n t singulièrement. 2 2 , 1 3 : a e t û>, c o m m e n c e m e n t e t fin = 21,6 22,15 : l i s t e d ' e x c l u s i o n = 21,8 22,17b : i n v i t a t i o n à r e c e v o i r l'eau d e la vie. =
7. Cf.
8. Ibid.,
G.
BORNKAMM, art.
p . 127.
cité.
21,6 : p r o m e s s e d e l'eau.
168
P.
PRIGBNT
Il n ' e s t p a s j u s q u ' a u x t h è m e s d e la ville e t des n o c e s q u i n ' a p p a r a i s s e n t e n 21,1-2. Dans Ap 21,1-8 o n p e u t distinguer, a p r è s la vision d u ciel n o u v e a u , d e la t e r r e nouvelle et de la J é r u s a l e m céleste : l'annonce d e la présence (résidence) d e Dieu, les bénédictions qui e n découlent : être les peuples de Dieu Dieu essuie les larmes plus de mort ni de c r i s ; c'est u n e c r é a t i o n n o u v e l l e q u i s e r é a l i s e , l ' h o m m e e s t invité à e n bénéficier ainsi q u e d e s nouvelles relations avec s o n Dieu (Dieu, fils); m a i s p o u r l e s m a u v a i s , c'est l ' e x c l u s i o n ( l i s t e ) .
Le m o u v e m e n t m ê m e n ' e s t d o n c p a s t r è s différent d u schém a r e t r o u v é d a n s le c h a p i t r e 22. Mais c e t t e s i m p l e c o m p a r a i s o n éveille s e u l e m e n t l ' a t t e n t i o n e t invite à élargir le c h a m p d e r e c h e r c h e . E n effet d e u x textes doivent ê t r e r a p p r o c h é s d'Ap. 21,1-8 : 1) La « c i t a t i o n » d e 2 C o r . 6,16-18. O n y r e c o n n a î t d ' e m b l é e u n c e n t o n d e textes v é t é r o t e s t a m e n t a i r e s r é u n i s d a n s u n e intent i o n q u i s'éclairera p e u t - ê t r e à la l u m i è r e d e s c o n c l u s i o n s préc é d e n t e s . Le t e x t e p e u t ê t r e c o u p é e n t r o i s , selon sa logique interne : Promesse d e résidence d e Dieu p a r m i les h o m m e s . On reconnaît la m ê m e b a s e s c r i p t u r a i r e q u ' e n A p . 21,3. S o r t e z . . . n'ayez a u c u n c o n t a c t a v e c l e s i m p u r s . Ceci r a p p e l l e é v i d e m m e n t l e s e x c l u s i o n s d'Ap. 21, 8 ; 22, 15. A n n o n c e d e l'accueil r é s e r v é p a r D i e u e t d e s n o u v e l l e s r e l a t i o n s e n t r e lui et les h o m m e s . Les termes e n sont très semblables à ceux qu'utilise A p . 21,7.
Ce p e t i t m o r c e a u , q u i e s t s a n s d o u t e p a r v e n u à l ' a p ô t r e p a r le c a n a l d e la t r a d i t i o n , p r é s e n t e d e s affinités réelles avec la p é r i c o p e d'Ap. 21 d o n t la s t r u c t u r e a p p a r a î t ainsi p l u s décidément informée par un schéma préexistant. 2) Ap. 7, 13-17 : P r o m e s s e d e r é s i d e n c e d e D i e u p a r m i l e s h o m m e s (of. 21,3). B é n é d i c t i o n s q u i e n d é c o u l e n t . P a r m i celles-ci o n r e l è v e r a : l ' a g n e a u l e s c o n d u i r a a u x s o u r c e s d ' e a u x v i v e s (cf. 2 1 , 6 ; 22,17 b ) , D i e u e s s u i e r a t o u t e l a r m e d e l e u r s y e u x (21,4).
LITURGIE
JUDÉO-CHRÉTIENNE
169
Il e s t v r a i q u e c e texte se d i s t i n g u e d'Ap. 21 à p l u s d ' u n t i t r e e t p a r le fond e t p a r la f o r m e . C e p e n d a n t les p a r e n t é s s o n t évidentes. Deux r e m a r q u e s : 1) seul l'un d e s deux volets habituels d u d y p t i q u e est ici p r é s e n t : le côté positif q u i a n n o n c e p r o m e s s e s et b é n é d i c t i o n s ; 2) u n d é t a i l a s o n i m p o r t a n c e : les gens à q u i ces b é n é d i c t i o n s s o n t réservées se t r o u v e n t caract é r i s é s a u v. 14 c o m m e c e u x q u i o n t lavé l e u r s r o b e s et les o n t b l a n c h i e s d a n s le s a n g d e l'agneau. 9
La r é f é r e n c e a u b a p t ê m e est é v i d e n t e . M ê m e si l'investiture des n o u v e a u x b a p t i s é s n e p e u t ê t r e a s s u r é m e n t p r o u v é e p o u r u n e é p o q u e aussi a n c i e n n e , il r e s t e q u e l'image a é t é t r è s t ô t utilisée e n c o n t e x t e b a p t i s m a l . L a chose e s t s û r e d a n s le p r é s e n t texte q u i p a r l e d ' u n e purification p a r le s a n g d e l'agneau (cf. H e b . 9,14 o ù c e t t e purification p e r m e t l ' e n t r é e d a n s la nouvelle alliance : c'est b i e n le b a p t ê m e ) . 10
Or, e n Ap. 22,14, c e u x a u x q u e l s est r é s e r v é le d r o i t à l ' a r b r e d e vie et l'entrée d a n s l a ville s o n t ceux q u i lavent l e u r s r o b e s , c'est-à-dire les b a p t i s é s . On e s t d o n c a m e n é à i n t e r r o g e r à n o u v e a u les t e x t e s p a r a l lèles e n fonction d e c e t t e c o n c l u s i o n ; d e u x d ' e n t r e e u x s e réfèr e n t a u b a p t ê m e . Est-ce f o r t u i t et limité à ces deux allusions ? C e r t a i n e m e n t p a s . Il n ' e s t q u e d e suivre ici l'analyse d e E . K a m l a h . S a r e c h e r c h e s'enracine d a n s u n e c o m p a r a i s o n des catalogues n é o t e s t a m e n t a i r e s d e vices d o n t d e u x e x e m p l e s se t r o u v e n t j u s t e m e n t e n Ap. 21,8 et 22,15. U n e m i n u t i e u s e é t u d e d e s e m b l a b l e s listes (en p a r t i c u l i e r d a n s 1 Cor 6,9-11 e t Gai. 5,19-23) a m è n e K a m l a h à c o n s t a t e r q u e ces catalogues p r é s e n t e n t assez r é g u l i è r e m e n t d e s références a u b a p t ê m e . 1 1
Ainsi 1 Cor. 6,11 : « Mais vous avez é t é lavés, sanctifiés, justifiés d a n s le n o m d u S e i g n e u r Jésus-Christ et d a n s l ' E s p r i t d e n o t r e D i e u » . Les a o r i s t e s se r é f è r e n t é v i d e m m e n t à l'évén e m e n t u n i q u e q u i s'est réalisé a u b a p t ê m e . Le c a t a l o g u e q u i p r é c è d e fait u n e d e s c r i p t i o n t y p i q u e des SStxoi p a r m i lesquels il i m p o r t e de n e p a s r e t o m b e r , c a r ils n ' h é r i t e r o n t p a s le r o y a u m e d e Dieu.
9. Cf. J . DANIÉLOU, op. cit., p . 3 8 3 , e t E . KAMLAH, Die Form der Katalogischen Parânese im NT, T u b i n g e n 1964, p . 2 3 . 10. Cf. P . PRIGENT, Apocalypse et Liturgie, N e u c h â t e l 1964, p . 2 8 s s . 11. Op. cit., p . 11-18.
170
P.
PRIGENT
E t Gai. 5,19-23 : A u n e é n u m é r a t i o n d e s œ u v r e s de la c h a i r d o n t les a u t e u r s n ' h é r i t e r o n t p a s le r o y a u m e d e Dieu, l ' a p ô t r e o p p o s e le fruit d e l ' E s p r i t e t p o u r s u i t p a r u n r a i s o n n e m e n t d o n t voici l a d é m a r c h e : l ' E s p r i t est u n d o n d u c o r p s d u Christ d o n t la croix est la victoire s u r la chair. Ceux q u i a p p a r t i e n n e n t a u Christ a c c o m p l i s s e n t à leur t o u r c e t t e crucifixion d e la c h a i r ; ils s o n t s o u s t r a i t s à son influence p a r l e u r incorpor a t i o n a u Christ. L ' é v é n e m e n t u n i q u e a u q u e l r e n v o i e l'aoriste ê
Il s'agit d o n c des b a p t i s é s d o n t la vie est envisagée a u sein d e l'époque eschatologique. S u r la b a s e d u b a p t ê m e et d e la création nouvelle qu'il réalise, il faut vivre les d e r n i è r e s épreuves et e n t r i o m p h e r . 11 n e faut p a s r e t o m b e r d'où l'on a é t é a r r a c h é a u b a p t ê m e . Tel est le b u t d e ces catalogues : m e t t r e e n g a r d e et m e n a c e r de la m a l é d i c t i o n les â m e s t e n t é e s p a r u n r e t o u r à l'ancien é t a t d e chose. 12
13
P. C a r r i n g t o n e t E.G. S e l w y n , é t u d i a n t c e s catalogues d a n s le N.T., attentifs d'une p a r t à leur accent b a p t i s m a l , d ' a u t r e p a r t à l ' é t o n n a n t e fixité d u v o c a b u l a i r e (verbes e m p l o y é s , particules consécutives, e t c . . ) y voyaient les r e s t e s bien conservés d'une c a t é c h è s e b a p t i s m a l e a u x c o n t o u r s affirmés en u s a g e d a n s le c h r i s t i a n i s m e primitif. E. K a m l a h p e n c h e p l u t ô t p o u r u n e liturgie b a p t i s m a l e d o n t il c h e r c h e les p r o l o n g e m e n t s d a n s les 1 4
12. The Primitive Christian Catechism, C a m b r i d g e 1940. 13. The First Epistle of St Peter, L o n d o n 19552, . 393-400. 14. Op. cit., p . 35. p
LITURGIE
JUDÉO-CHRÉTIENNE 15
171
liturgies c h r é t i e n n e s u l t é r i e u r e s : r e n o n c i a t i o n à S a t a n et à ses œ u v r e s d a n s la Tradition Apostolique d'Hippolyte e t chez T e r t u l l i e n ; t a n d i s q u e le volet positif y est o c c u p é p a r la confession d e foi q u i , chez Tertullien et d a n s le Testament de Notre Seigneur Jésus-Christ, apparaît encore clairement comme une a d h é s i o n à la volonté d e Dieu. Il n ' e s t p a s facile de t r a n c h e r . P o u r t a n t , e n ce q u i c o n c e r n e l'Apocalypse, le volet positif n'envisage p a s le détail e t s e m o n t r e si p e u soucieux d e p a r é n è s e q u ' o n é v o q u e r a i t u n e liturgie p l u s volontiers q u ' u n e c a t é c h è s e . Mais, q u o i qu'il e n soit, l'essentiel est a c q u i s : ces c a t a l o g u e s , y c o m p r i s c e u x d e l'Apocalypse, se r é f è r e n t a u b a p t ê m e où la nouvelle c r é a t i o n a é t é o p é r é e et le salut a c c o r d é . Il faut m a i n t e n a n t e n vivre. Positivement, cela s'exprime d e p l u s i e u r s m a n i è r e s : p o r t e r les fruits d e l'Esprit, ê t r e v a i n q u e u r de la victoire d u Christ, revêtir u n e r o b e b l a n c h e o u les a r m e s d u c r o y a n t , p r a t i q u e r d e s v e r t u s , e t c . . Mais c e t t e diversité n ' e s t q u ' a p p a r e n t e , la r a c i n e e s t t o u j o u r s la m ê m e : r e v ê t i r Christ, ê t r e i n c o r p o r é à lui, avec les c o n s é q u e n c e s q u e cela i m p o s e . Le c ô t é négatif e s q u i s s e d e s é n u m é r a t i o n s t y p i q u e s q u i visent à t r a c e r les frontières d e c e q u e Dieu refuse lorsqu'il crée e n Jésus-Christ, et q u e la c o m m u n a u t é c o m m e l'individu doit c o n t i n u e r à exclure sous p e i n e d e grave d é c h é a n c e , d e c h u t e . Voilà c e q u e c a t é c h è s e s e t liturgies r a p p e l l e n t c o n s t a m m e n t . Dès lors o n p e u t se r e t o u r n e r v e r s nos textes d e l'Apocalypse et, y a y a n t r e c o n n u ce c a r a c t è r e littéraire, en c h e r c h e r l'accent p a r t i c u l i e r . Ce q u e le c u l t e d e l'Eglise a n n o n c e r é g u l i è r e m e n t sous f o r m e d e p r o m e s s e et de m e n a c e , d ' e x h o r t a t i o n et d e m i s e e n g a r d e , est ici, p l u s n e t t e m e n t q u e p a r t o u t ailleurs, r e g a r d é c o m m e l'anticipation d u j u g e m e n t final. Alors ce q u i n ' é t a i t q u e signes éducatifs placés le long d ' u n e vie nouvelle, m a i s t o u j o u r s en d a n g e r d e r e t o m b e r d a n s l'ancien é t a t d e choses, devient la p a r o l e d e r n i è r e de Dieu. E t c e t t e p a r o l e d e s a l u t et d e j u g e m e n t n'est p a s a u t r e q u e celle d o n t les c h r é t i e n s é t a i e n t appelés à vivre d é j à s u r c e t t e t e r r e . Le c u l t e e n é t a i t à la fois l ' a n n o n c e e t l'anticipation. U n e q u e s t i o n d e m e u r e : n o u s p o s i o n s en c o m m e n ç a n t q u e n o s textes utilisaient u n e liturgie e u c h a r i s t i q u e , et voici qu'app a r a i s s e n t m a i n t e n a n t d e s références à des t r a d i t i o n s b a p t i s 15. Ibid.,
p . 185-188.
172
P. PRIGENT
m a i e s . Cela p o s e à c o u p s û r i m e q u e s t i o n , m a i s le p r o b l è m e est loin d ' ê t r e insoluble. L'eucharistie a été célébrée c o m m e a b o u t i s s e m e n t d u b a p t ê m e . Ceci est v r a i d u d o u b l e p o i n t d e v u e d e l'histoire d e s p r a t i q u e s l i t u r g i q u e s e t d e la théologie. Ce q u e les c a t é c h è s e s enseignaient e t q u e les liturgies b a p t i s m a l e s p r o c l a m a i e n t devait ê t r e é v i d e m m e n t r e p r i s p a r les t e r m e s des liturgies e u c h a r i s t i q u e s q u i m e t t a i e n t t o u j o u r s à n o u v e a u les fidèles e n face de la d o u b l e c o n s é q u e n c e de la p r é s e n c e d u Christ : p r o m e s s e d e b é n é d i c t i o n , m e n a c e d'exclusion. E t si ce s o n t les textes e u c h a r i s t i q u e s q u i s e m b l e n t avoir le p l u s p r o f o n d é m e n t i n s p i r é l ' a u t e u r d e l'Apocalypse, c'est s a n s d o u t e s i m p l e m e n t e n r a i s o n d e la p o i n t e eschatologique, anticipatrice, p l u s n e t t e m e n t a c c e n t u é e d a n s la c è n e q u e d a n s le b a p t ê m e : le S e i g n e u r est là, d o n c il vient. C'est le M a r a n a t h a d e s a n c i e n n e s liturgies j u d é o c h r é t i e n n e s .
DIE JÜDISCHE APOKALYPTIK UND DIE JOHANNEISCHE TIERVISION von
B.
REICKE
Universität Basel
N a c h d e r Z e r s t ö r u n g J e r u s a l e m s 70 n. Chr. u n d d e r Einricht u n g d e r r ö m i s c h e n Provinz J u d ä a k o n n t e n d i e J u d e n ebensow e n i g w i e d i e C h r i s t e n politisches H e i m a t r e c h t in P a l ä s t i n a b e a n s p r u c h e n . S i e s c h e i n e n u n t e r d e n Flaviern m a n c h m a l Anschluss a n d i e K i r c h e g e s u c h t z u h a b e n , s o d a s s e i n e n e u e E n t w i c k l u n g des J u d e n c h r i s t e n t u m s einsetzte. Das zeigt sich e i n e r s e i t s in j ü d i s c h e n Apokalypsen d e r Flavierzeit u n d angrenz e n d e r E p o c h e n , d i e z u m Teil c h r i s t l i c h i n t e r p o l i e r t u n d z u m Teil k i r c h l i c h v e r w e n d e t w u r d e n , a n d e r e r s e i t s i n d e n s p ä t e r e n S c h r i f t e n des N e u e n T e s t a m e n t s u n d b e i d e n Apostolischen V ä t e r n , d i e sich i n a n d e r e r Weise als P a u l u s m i t j ü d i s c h c h r i s t l i c h e n I d e a l e n a u s e i n a n d e r s e t z e n m u s s t e n ( H e b r . 3,3-6 ; B a r n . 2,4-10 usw.). U n t e r e i n e m positiven Aspekt t r i t t d a s n e u e J u d e n c h r i s t e n t u m in d e r Offenbarung d e s J o h a n n e s auf, d e n n v o r d e n Augen des P r o p h e t e n zeigte sich d a s Gottesvolk i n e r s t e r Linie als e i n e V e r s a m m l u n g v o n Glaubenszeugen a u s d e n zwölf S t ä m m e n I s r a e l s (Off. 7,4-8), e b e n s o d a s P a r a d i e s als eine Verwirklichung jüdischer Prophezeiungen . 1
U m d i e zeitgeschichtlichen U m s t ä n d e u n d d i e a p o k a l y p t i s c h e n G e h e i m n i s s e d e r Offenbarung i n e i n e m z e n t r a l e n P u n k t e z u b e l e u c h t e n , empfiehlt s i c h eine t r a d i t i o n s g e s c h i c h t l i c h e u n d zeitgeschichtliche B e t r a c h t u n g d e r Aussagen ü b e r d a s g r a u s a m e Tier, d a s a u s d e m A b g r u n d u n d d e m M e e r e e m p o r s t e i g t (Off. 11,7 ; 13,1 ; 17,8a), göttliche V e r e h r u n g e m p f ä n g t (13,8.12 ; 17,8b) u n d d i k t a t o r i s c h e M a c h t v e r l a n g t (17,13.17). Z u e r s t schien J o h a n n e s d e s s e n K ö r p e r d e m eines P a r d e r s ähnlich, w i e b e i m 1. J . DANIÉLOU, Etudes source d u temple).
d'exégèse
judéo-chrétienne
( 1 9 6 6 ) , S. 122-138 (La
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d r i t t e n Tier in d e r Vision Daniels, die a d h o c zitiert w u r d e ( D a n . 7,6; Off. 13,2). F e r n e r a b e r wies seine Gestalt a n d e r e c h a r a k t e r i s t i s c h e F o r m e n auf, die bei Daniel auf die vier Tiere u n d d a m i t auf d i e e i n a n d e r a b l ö s e n d e n W e l t m ä c h t e d e r Babylonier, Meder, P e r s e r u n d Griechen bezogen w a r e n (Dan. 7,4-7). J o h a n n e s s a h also v o r sich, w i e die T y r a n n e i dieser a n t i k e n W e l t r e i c h e in q u a d r i e r t e r Potenz z u r ü c k g e k o m m e n w a r . E i n p a a r s p ä t e r e Apokalypsen des J u d e n t u m s , d e r e n Verfasser sich wie Johannes mit d e m Römerreich des ersten Jahrhunderts a u s e i n a n d e r s e t z t e n , k ö n n e n w e i t e r e Züge d e s s c h r e c k l i c h e n Tieres e r k l ä r e n . Die m o t i v i s c h e B e l e u c h t u n g d i e s e r T r a d i t i o n e n ist die Aufgabe d e r folgenden S t u d i e . 2
1. Das römische Kaisertum anvisiert D u r c h seinen Angelus i n t e r p r e s e r f u h r J o h a n n e s unmissverständlich, d a s s es in d e r Vision u m d a s r ö m i s c h e Kaisertum ging, Off. 17,9b-10: 9b D i e s i e b e n H ä u p t e r ( d e s T i e r e s ) s i n d s i e b e n B e r g e , a u f d e n e n d a s W e i b s i t z t . 9c S i e s i n d a u c h s i e b e n K ö n i g e . 10 D i e f ü n f ( e r s t e n ) s i n d gefallen, der sechste ist da; der andere ist n o c h nicht g e k o m m e n , u n d w e n n e r k o m m t , s o l l e r ( n u r ) k u r z e Zeit b l e i b e n .
Wegen d e r s i e b e n Berge i n 17,9b k o n n t e J o h a n n e s d a s Tier auf R o m als die S t a d t d e r sieben H ü g e l beziehen, w e g e n d e r s i e b e n Könige in 9c auf d a s r ö m i s c h e K a i s e r t u m . Dabei k a m e n für ihn n a c h V. 10 s i e b e n n a c h e i n a n d e r r e g i e r e n d e K a i s e r in Frage, v o n w e l c h e n d e r s e c h s t e z u r Zeit n o c h lebte. Aus ein p a a r a n d e r e n Stellen geht h e r v o r , d a s s J o h a n n e s d a s T i e r s o w o h l allgemein in d e n sieben K a i s e r n w i e a u c h beson d e r s in e i n e m d e r fünf gefallenen K a i s e r personifiziert fand. Dieser sei i n d e n T o d gegangen, soll a b e r n a c h einiger Zeit w i e d e r a u f t r e t e n u n d a n g e b e t e t w e r d e n , 13,3.12b 1 4 b : 2 . In der m o d e r n e n Exegese dominiert mit Recht die Bestrebung, die T i e r v i s i o n i n Off. 1 3 u n d 1 7 auf V e r h ä l t n i s s e i m R ö m e r r e i c h d e s e r s t e n Jahrhunderts zu beziehen, o b w o h l die apokalyptischen Traditionen auch berücksichtigt werden. Die konsequent zeitgeschichtliche Exegese v o n Off. 1 3 u n d 1 7 g e h t auf W e t s t e i n u n d S e m l e r z u r ü c k , v o n d e n e n j e n e r a l s Ausgangspunkt der Darstellung gerade N e r o u n d d e n jüdischen Krieg 6 6 - 7 0 n . Chr., d i e s e r V e s p a s i a n u n d d i e r ö m i s c h e n R e v o l t e n 6 9 n . Chr. a u f f a s s e n w o l l t e n : J.J. WETSTEIN & J . S . SEMLER, Libelli ad crisin atque interpretationem Novi Testamenti ( 1 7 6 6 ) , S. 207-210 (Wetstein ü b e r den jüdischen Krieg); 237-241 (Semler über die römischen Revolten).
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3 (Ich sah) eines von seinen Häuptern, wie es z u m Tode abgeschlagen w a r , d o c h s e i n e T o d e s w u n d e w a r g e h e i l t , 12... d a m i t s i e d a s e r s t e T i e r a n b e t e t e n , d e s s e n T o d e s w u n d e g e h e i l t w a r . 14... e i n B i l d f ü r d a s Tier, welches die Schwertwunde hat u n d doch lebendig wurde.
Chronologisch e x a k t e r u n d o h n e diese S y m b o l i k h e i s s t es in 17,8a.ll: 8a D a s Tier, d a s d u s a h s t : e s w a r u n d i s t n i c h t d a , a b e r e s w i r d a u s d e m A b g r u n d a u f s t e i g e n u n d g e h t z u m V e r d e r b e n h i n . . . 11 U n d d a s Tier, d a s w a r u n d n i c h t d a i s t : e s i s t s e l b e r d e r A c h t e u n d e i n e r v o n den Sieben, und es geht zum Verderben hin.
N a c h d i e s e n Angaben h a t für J o h a n n e s d a s Tier i n d e r Ver g a n g e n h e i t gelebt, i s t i n d e r G e g e n w a r t tot u n d w i r d i n e i n e r n a h e n Zukunft m i t geheilter T o d e s w u n d e w i e d e r e r s c h e i n e n . Die eine Aussage s t e h t n i c h t i m W i d e r s p r u c h z u r a n d e r e n , s o n d e r n i m e r s t e n Falle s c h w e b t e J o h a n n e s ein allgemeiner, i m z w e i t e n Falle e i n spezieller Begriff des Tieres vor, w i e es d a s k o r p o r a t i v e D e n k e n d e r Bibel u n d a u c h d e r Apokalyptik n a h e l e g t e (vgl. iv. E s r . 12,24 f., ü b e r d i e als d r e i H ä u p t e r d e s r ö m i s c h e n Adlers d a r g e s t e l l t e n F l a v i e r : « sie h e i s s e n H ä u p t e r d e s Adlers, weil sie d e s s e n Frevel z u s a m m e n f a s s e n u n d sein Letztes vollbringen w e r d e n » ) . I m allgemeinen S i n n w a r für J o h a n n e s d a s Tier d a s b e s t e h e n d e K a i s e r t u m , w o b e i n e b e n d e m z u r G e g e n w a r t g e h ö r e n d e n s e c h s t e n Kaiser (Off. 17,10) seine n ä c h s t e n V o r g ä n g e r b e r ü c k s i c h t i g t w u r d e n . I m speziellen S i n n s a h e r d a s Tier in e i n e m d e r z u r V e r g a n g e n h e i t gehören d e n fünf K a i s e r v e r k ö r p e r t , d e r in d e r Zukunft, j e d o c h gleich nach der kurzen Regierung des siebenten Kaisers, wieder e r s c h e i n e n u n d d i e M a c h t ergreifen w ü r d e . Das w a r zweifellos ein Kaiser, d e r in d e n a p o k a l y p t i s c h e n E r w a r t u n g e n d e r Zeitge n o s s e n eine so g r o s s e Rolle spielte, d a s s e r d a s K a i s e r t u m , sofern es J u d e n u n d C h r i s t e n als b ö s e M a c h t e r s c h i e n , kollektiv v e r k ö r p e r n k o n n t e . Aber e r g e h ö r t e als I n d i v i d u u m n u r i n die V e r g a n g e n h e i t u n d i n die Zukunft, n i c h t wie d e r sechste K a i s e r i n die G e g e n w a r t hinein.
2. Die sieben Häupter des Tieres Das erste Haupt. E i n e r s e i t s stellte das a p o k a l y p t i s c h e Tier a l s I n d i v i d u u m e i n e n d e r fünf K a i s e r d a r , w e l c h e r v o r d e r Zeit d e s B u c h e s regiert h a t t e n , u n d sollte a n d e r e r s e i t s e i n e r sein, v o n d e m eine W i e d e r k u n f t e r w a r t e t w u r d e . Da i m betreffenden
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Z e i t r a u m solche E r w a r t u n g e n n a c h w e i s l i c h m i t Nero (54-68 n . Chr.) v e r k n ü p f t w a r e n , ist a n i h n z u d e n k e n . Auch w e r d e n m e h r e r e E i g e n t ü m l i c h k e i t e n d e r Offenbarung e r k l ä r l i c h , w e n n e i n e Abhängigkeit von a p o k a l y p t i s c h e n Nero-Ueberlieferungen vorausgesetzt w i r d . 3
4
1) N e r o b e a n s p r u c h t e i n s p ä t e r e n J a h r e n u n g e f ä h r w i e d a s a p o k a l y p t i s c h e Tier a b s o l u t e M a c h t u n d V e r e h r u n g . Gewiss k a m e n d e s p o t i s c h e N e i g u n g e n a u c h b e i a n d e r e n K a i s e r n vor, n a m e n t l i c h bei Caligula u n d D o m i t i a n . A b e r n u r b e i N e r o v e r b a n d sich d i e Anklage d e r T y r a n n e i m i t e i n e r E r w a r t u n g seiner W i e d e r k u n f t , w i e sie u n t e n i m d r i t t e n Teil a n h a n d zeitge n ö s s i s c h e r Apokalypsen b e l e u c h t e t w i r d . 2) F ü r die K i r c h e w a r N e r o ein a b s c h e u l i c h e r T y r a n n , weil e r 65 n. C h r . d i e r ö m i s c h e n C h r i s t e n verfolgt h a t t e . D e r a u c h s e h r m a c h t h u n g r i g e Caligula (3741 n . Chr.) h a t t e d i e J u d e n angegriffen, a b e r n i c h t d i e Christen, d i e v o n s e i n e m H e l l e n i s m u s profitierten ( r a s c h e A u s b r e i t u n g des E v a n g e l i u m s n a c h Apg. 8,4-11,30). N e r o s g r a u s a m e r Ueberfall auf die w i c h t i g s t e Ge m e i n d e d e r C h r i s t e n h e i t Hess plötzlich d i e v o r h e r positiv b e u r t e i l t e K a i s e r m a c h t ( R o m . 13,2-4a; 1. P e t r . 2,13) b o s h a f t u n d dämonisch erscheinen. 3) W e g e n d e s M ä r t y r e r b l u t e s , m i t d e m N e r o d a s Bild d e s K a i s e r t u m s befleckt h a t t e , w u r d e d i e R e i h e d e r i m Tier ver e i n t e n sieben K a i s e r m i t i h m eingeleitet. E s h a n d e l t sich n i c h t u m d a s K a i s e r t u m ü b e r h a u p t u n d v o n d e n e r s t e n Anfängen a n , s o n d e r n u m eine b e s t i m m t e Reihe v o n s i e b e n auf e i n a n d e r folgenden H e r r s c h e r n , w o b e i fünf in d e r j ü n g s t e n Vergangenheit das Kaisertum zur bösen Macht ausgestaltet haben, während zwei in d e r G e g e n w a r t u n d d e r n ä c h s t e n Z u k u n f t d a s Bild ergänzen. U n t e r d e n e r s t e n B e h e r r s c h e r n d e s R ö m e r r e i c h s e r s c h i e n d e r C h r i s t e n h e i t d a s I m p e r i u m n o c h g a r n i c h t so boshaft, d a s s i r g e n d e i n P r i n z e p s v o n C ä s a r b i s Claudius d e n 3. Auf d i e w ä h r e n d d e r F l a v i e r z e i t v o r k o m m e n d e n E r w a r t u n g e n e i n e r W i e d e r k u n f t N e r o s h a t v o r a l l e m J.G. EICHHORN, Commentarius in Apocalypsin Joannis, 2 (1791), S . 116 f., 208-214, a u f m e r k s a m g e m a c h t . 4. D a s i m 19. J a h r h u n d e r t g e s a m m e l t e M a t e r i a l z u d e n N e r o - U e b e r l i e f e r u n g e n w u r d e v o n Geffcken u n d B o u s s e t z u s a m m e n g e f a s s t : J. GEFFCKEN, Studien zur älteren Nerosage: Nachr. v o n der König. Ges. der Wiss. zu Gött., Phil.-hist. K l . 1899 (1899), S . 441-462; W. BOUSSET, Die Offenbarung Johannis (1906), S. 105 f. 361 f. 373-379. 402418.
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persönlichen Ausgangspunkt der Siebenerreihe bilden konnte. E r s t m i t N e r o g a b e s Anlass für d i e Christen, d a s K a i s e r t u m m i t j e n e m s c h a r l a c h r o t e n T i e r z u s a m m e n z u s t e l l e n (Off. 17,3), auf w e l c h e m d i e v o m B l u t d e r M ä r t y r e r t r u n k e n e G ö t t i n R o m a d a h e r r e i t e t (V. 6 ) . 5
4) W i e i m d r i t t e n Teil gezeigt w i r d , s p i e l t e n i n d e r U m g e b u n g des J o h a n n e s j ü d i s c h e E r w a r t u n g e n d e s N e r o r e d u x u n d redivivus e i n e b e t r ä c h t l i c h e Rolle, u n d d i e s e r K a i s e r w i r d d a h e r i n Off. 17,11 d a s a c h t e u n d alles z u s a m m e n f a s s e n d e H a u p t d e s Tieres sein. W i e Hess sich a b e r N e r o gleichzeitig m i t d e m e r s t e n d e r sieben K a i s e r i d e n t i f i z i e r e n ? E s b e r u h t e auf d e m b i b l i s c h e n Begriff d e s U r h e b e r s . Dass d e r E r s t e e i n e r Reihe d a s Ganze p r ä g t e u n d n a c h seiner W i e d e r k u n f t a u c h zusam menfassen würde, w a r ein typischer Gedanke des Judentums u n d C h r i s t e n t u m s . B e i d e n V o r s t e l l u n g e n e t w a ü b e r Elia, d e n e r s t e n u n d letzten d e r P r o p h e t e n ( M a t t h . 17,11 m i t Par.), ü b e r 5. V o n d e n modernen Auslegern haben einige d i e Reihe der sieben K a i s e r i n Off. 1 7 , 9 m i t Cäsar, A u g u s t u s o d e r T i b e r i u s a n f a n g e n l a s s e n , a n d e r e m i t Caligula o d e r G a l b a . 1 ) M. R I S S I , Zeit und Geschichte in der Offenbarung des Johannes (1952), S . 7 6 , 2 . Aufl. = Was ist und was geschehen soll danach ( 1 9 6 5 ) , S. 6 8 , denkt a n d i e Kaiser a l s Gegner Christi v o n Augustus a n . E r b e t o n t dabei m i t R e c h t , d a s s J o h a n n e s d a s T i e r k o n s e q u e n t a l s G e g e n s p i e l e r Christi oder Antichrist ausmahlte. Gerade d a s erschwert aber einen s o frühen Ansatz. D a s römische Kaisertum w u r d e b i s zur Verfolgung unter N e r o 6 5 n. Chr. v o n d e n Christen positiv beurteilt, u n d Paulus appellierte n o c h 6 0 n. Chr. optimistisch a n diesen Kaiser (Apg. 25,11). 2 ) A. STRUBEL, « A b f a s s u n g u n d G e s c h i c h t s t h e o l o g i e d e r A p o k a l y p s e n a c h Kap.
XVII.9-11»,
New
Test.
Stud.
10 (1964),
433-445,
S.
4 4 0 , lässt
die
S i e b e n e r r e i h e m i t C a l i g u l a ( 3 7 4 1 n . C h r . ) b e g i n n e n . W ä h r e n d a b e r Caligulas hellenistisch orientierte Politik d e n Juden zuwider w a r , erfuhr d i e Kirche durch seinen Hellenismus eine rasche Ausbreitung (Apg. 8,4-11,30 ; B . REICKE, Neutestamentliche Zeitgeschichte, ^1%S, S. 1 4 3 f.). C a l i g u l a kann daher kein Pionier der antichristlichen Kaiserreihe gewesen sein. — BOUSSET ( A . 4 ) , S . 4 1 6 , d a c h t e a n G a l b a ( 8 . 6 . 6 8 — 1 5 . 1 . 6 9 ) a l s d e n e r s t e n d e r
sieben Kaiser. Aber d i e sieben Monate dieses senilen u n d sparsamen N e r o - G e g n e r s (REICKE, S . 1 9 4 f . ) k ö n n e n u n m ö g l i c h d e m B i l d e d e s tyran nischen Tieres zugrundeliegen. 3 ) D i e antichristliche Bestie repräsentiert s o ausdrücklich Götzendienst u n d C h r i s t e n v e r f o l g u n g (Off. 1 3 , 4 . 7 ; 1 7 , 3 . 6 ) , d a s s n u r N e r o d e n g r u n d legenden e r s t e n Platz i n d e r R e i h e i n n e h a b e n kann. H i e r s t e h e n w i r auf der Seite d e s Victorinus v o n Pettau, d e m bedeutende französisch-katho l i s c h e K o m m e n t a r v e r f a s s e r g e f o l g t s i n d : E . B . ALLO, Saint Jean, L'Apocalypse
(1921),
S. 2 6 9 .
S.
4 8 f . ; J.
BONSIRVEN,
UApocalypse
de
Saint
Jean
(1951),
178
B. REICKE
d e n e r s t e n u n d zweiten A d a m (Rom. 5,12-19) o d e r die Wieder kunft u r z e i t l i c h e r U n g e h e u e r ( 1 . H e n . 60,7; Off. 12,9) lag diese korporativ-genealogische Denkweise vor. Das zweite bis fünfte Haupt. N a c h d e m S e l b s t m o r d Neros 68 u n d vor d e r M a c h t ü b e r n a h m e V e s p a s i a n s 69 n . Chr. t r a t e n drei R e g e n t e n auf : Galba, O t h o u n d V i t e l l i u s . G a l b a regierte vom 8. J u n i 68 bis z u m 15. J a n u a r 69, d a n n k o n k u r r i e r t e Otho mit Vitellius, bis e r a m 14.-16. April 69 geschlagen w u r d e . Vitellius blieb Alleinherrscher bis z u r K a i s e r w a h l V e s p a s i a n s a m 1. Juli, behielt a b e r d i e M a c h t in R o m b i s z u m 21. D e z e m b e r 69. Weil die Offenbarung m i t s i e b e n a u f e i n a n d e r folgenden Kaisern r e c h n e t e , k o m m t b e i d e n K o n k u r r e n t e n O t h o u n d Vitellius n u r d e r eine i n F r a g e , w o h l e h e r Vitellius, d e r einige M o n a t e lang u n b e s t r i t t e n e r H e r r s c h e r w a r . I n ä h n l i c h e r Weise h a b e n J u d e n u n d C h r i s t e n d e r Antike a u c h s o n s t die Kaisersukzession so dargestellt, d a s s i m a k t u e l l e n Z e i t r a u m n u r zwei H e r r s c h e r gezählt w u r d e n . D a s als Analogie z u r J o h a n n e s a p o k a l y p s e wich tige Vierte E s r a b u c h r e c h n e t e n ä m l i c h z w i s c h e n N e r o u n d Vesp a s i a n n u r zwei r e g i e r e n d e K a i s e r (iv. E s r . 11,26 f.). Euseb e r w ä h n t e a u c h n u r zwei, allerdings Galba u n d Otho, n i c h t Vitel lius ( E u s . Hist. i n , 54)* W e r d e n diese h i s t o r i s c h e n U m s t ä n d e b e r ü c k s i c h t i g t , ergibt sich folgende L i s t e d e r s i e b e n K a i s e r in Off. 17,10: 1. N e r o ; 2. G a l b a ; 3. Vitellius ( o d e r vielleicht O t h o ) ; 4. Vesp a s i a n ; 5. T i t u s ; 6. D o m i t i a n ; 7. ein U n b e k a n n t e r , d e m ein k u r z e s I n t e r r e g n u m zufallen w e r d e . 6
7
Das sechste Haupt. Fünf v o n d e n K a i s e r n seien gefallen, d e r sechste sei n o c h d a (Off. 17,10). J o h a n n e s s c h r i e b a l s o sein B u c h z u r Zeit d e s s e c h s t e n K a i s e r s , u n d d a s w a r n a c h d e r a n g e f ü h r t e n Liste d e r m a c h t b e w u s s t e D o m i t i a n (81-96 n . Chr.). Bereits bei I r e n a u s findet sich die e n t s p r e c h e n d e D a t i e r u n g d e r Offenbarung z u r l e t z t e n Regierungszeit dieses K a i s e r s ( I r e n . Adv. h a e r . v. 30,3), u n d d a s ist n o c h h e u t e d i e a m b e s t e n f u n d i e r t e Auffassimg. Sie k a n n s i c h d a r a u f b e r u f e n , d a s s D o m i t i a n 94-95 n. Chr. eine reli giöse Verfolgung anstellte, einerseits gegen r ö m i s c h e Aristokra t e n (Clemens, Domitilla u.a.), a n d e r e r s e i t s gegen kleinasiatische C h r i s t u s b e k e n n e r (Plinius 113 n. Chr. in E p . x, 96,6: « zwanzig 6 . REICKS
(A.
5),
S.
194-197.
7 . Z u d i e s e m E r g e b n i s k a m a u c h ALLO ( A . 5 ) , S. 2 4 8 f.
DIE JOHANNEISCHE
179
TIERVISION
J a h r e v o r h e r »), w o b e i n u r diese zu d e r von J o h a n n e s angedeu t e t e n Verfolgung p a s s t (Off. 1,9; 2 , 1 3 ; 6,9). V e s p a s i a n (69-79), T i t u s (79-81) o d e r N e r v a (96-98) sind n i c h t als Christenverfolger b e k a n n t . U n d o b w o h l T r a j a n (98-117) gegen die K i r c h e a u f t r a t , k a n n e r n i c h t d e r S e c h s t e v o n d e n S i e b e n sein o d e r ü b e r h a u p t z u i h n e n gehören, weil die Reihe d a n n m i t e i n e m s p ä t e r e n K a i s e r als N e r o b e g i n n e n m ü s s t e , w a s u n m ö g l i c h e r s c h e i n t . Alles w e i s t d a r a u f hin, d a s s D o m i t i a n als das s e c h s t e H a u p t des Tieres h i n t e r d e r a k t u e l l e n Verfolgung d e r K i r c h e Asiens s t a n d . Johannes w a r also überzeugt, dass mit d e m Verschwinden D o m i t i a n s v o n d e r geschichtlichen B ü h n e d e r S c h l u s s a k t des eschatologischen D r a m a s b e g i n n e n w ü r d e . N a c h h e r s o l l t e d e r siebente K a i s e r n u r k u r z e Zeit regieren, bis d e r e n t s c h e i d e n d e S c h l u s s k a m p f einsetzen k ö n n t e (Off. 17,10). F ü r d e n P r o p h e t e n lag d a s n o c h in d e r Zukunft, a b e r d i e gegenwärtige S i t u a t i o n u n t e r D o m i t i a n wies auf d e n k o m m e n d e n S c h l u s s a k t h i n . Auf d i e s e Weise s e t z t e n a u c h zwei m i t d e r Off. vergleichbare, j ü d i s c h e Apokalypsen d e r 80er u n d 90er J a h r e v o r a u s , d e r Gipfel d e r b ö s e n W e l t m a c h t w ä r e m i t d e n als E r o b e r e r n J e r u s a l e m s v e r h a s s t e n Flaviern e r r e i c h t . I h r b e v o r s t e h e n d e s E n d e w ü r d e den Untergang Roms auslösen. Mit d e u t l i c h e r B e z u g n a h m e auf Titus heisst es i n d e r S y r i s c h e n B a r u c h a p o k a l y p s e (2. B a r . 67,7-9): 8
7 Auferstehen wird der König Und er wird sich gegenüber dem H ö c h s t e n Prahlereien in seinem schliesslich fallen. 9 Das ist d a s in der Vision gezeigt hatte).
v o n Babel, der jetzt Zion zerstört hat. (jüdischen) Volk brüsten u n d vor dem Herzen reden. 8 Auch er wird aber schwarze Wasser (das sich kurz vorher
G e m e i n t w a r die lezte P e r i o d e d e r Völkergeschichte, auf die ein F r e u d e n r e i c h d e r J u d e n folgen w ü r d e (2. B a r . 58,1-6), moti visch e i n Gegenstück z u m T a u s e n d j ä h r i g e n R e i c h d e s J o h a n n e s (Off. 20,1-6). Wie es d e r Z u s a m m e n h a n g deutlich angibt (2. B a r . 8 . S o f e r n d i e A u s l e g e r d e r Off. e i n e z e i t g e s c h i c h t l i c h e D e n k w e i s e ver t r a t e n , w u r d e a u c h m e i s t e n s i m A n s c h l u s s a n V i o t o r i n u s v o n P e t t a u (A. 5 ) das sechste Haupt auf Domitian bezogen, u n d diese Meinung ist heute d e u t l i c h v o r h e r r s c h e n d : A. FEUILLET, L'Apocalypse. Etat de la question ( 1 9 6 3 ) , S. 76-79. N u r w u r d e n die fünf ersten Häupter m a n c h m a l anders gezählt, als o b e n vorgeschlagen wird. Eine ausgezeichnete Uebersicht d e s M a t e r i a l s u n d d e r D i s k u s s i o n b i e t e t C h . BRÜTSCH, La clarti de VApocalypse ( 5 1 9 6 6 ) , S . 2 1 9 - 2 3 6 ; 2 7 5 - 2 8 8 ; 4 0 3 4 1 1 ; d e r s . , Die Offenbarung Jesu Christi, 1-3 ( 2 1 9 7 0 ) , 2 , S.
1 0 5 - 1 4 6 ; 2 2 1 - 2 5 1 ; 3 , S.
1 1 0 - 1 2 4 ; bes.
2 , S.
241-244.
180
B.
REICKE
67,7), h a t « B a r u c h » die P r o p h e t i e in Wirklichkeit u n t e r T i t u s , d.h. e t w a 80, verfasst u n d n a c h dessen H i n s c h e i d e n d e n Unter gang d e r flavischen Dynastie u n d das E n d e dieses Aeons e r w a r t e t . I n ä h n l i c h e r Weise bezeichnete für d a s Vierte E s r a b u c h ca. 90 n. C h r . die erhoffte H i n r i c h t u n g Domitians d e n U n t e r g a n g d e r r ö m i s c h e n M a c h t , d a s E n d e d e r flavischen Dynastie u n d d e n Anfang des j ü d i s c h e n F r e u d e n r e i c h e s (iv. E s r . 11,1-12,50). N u r w u r d e h i e r i n Analogie z u d e n chaotischen V e r h ä l t n i s s e n i m J a h r e v o r d e r flavischen M a c h t ü b e r n a h m e eine k u r z e H e r r s c h a f t v o n zwei Gegenkaisern eingefügt (12,29 f.), e i n e Z u k u n f t s e r w a r tung, d i e m o t i v i s c h d e r Prophezeiung ü b e r d a s k u r z r e g i e r e n d e siebente H a u p t des j o h a n n e i s c h e n Tieres e n t s p r i c h t (Off. 17,10; vgl. u n t e n z u m s i e b e n t e n H a u p t ) . Zu b e a c h t e n ist a u c h , d a s s i m iv. E s r . g e r a d e wie in d e r Off. d a s K a i s e r t u m als ein a u s d e m M e e r e m p o r s t e i g e n d e s , mehrköpfiges T i e r g e s c h a u t w u r d e , z w a r n i c h t als ein P a r d e r , s o n d e r n als ein Adler, w a s d e n Bezug auf R o m n o c h d e u t l i c h e r h e r v o r t r e t e n liess (iv. E s r . 11,1). Die d r e i H ä u p t e r des Adlers d e m a s k i e r e n sich i m K o n t e x t als die Flavier (11,29-35 ; 12,22-25), w e s h a l b kein Zweifel b e s t e h e n k a n n , d a s s m i t d e m als H ö h e p u n k t des D r a m a s geschilderten Ab schlagen des letzten H a u p t e s d e r S t u r z D o m i t i a n s g e m e i n t w a r . Folglich h a t « E s r a » d i e s e Prophetie in Wirklichkeit u n t e r D o m i t i a n verfasst, d.h. e t w a 90, a b e r ganz w i e « B a r u c h » d a s V e r s c h w i n d e n d e r Flavier für die Peripetie des eschatologischen Schauspiels gehalten. Die beiden für d a s S t u d i u m d e s ideo logischen H i n t e r g r u n d e s d e r Offenbarung ergiebigsten j ü d i s c h e n Apokalypsen b e s t ä t i g e n w e g e n dieser Einzelheiten d i e Richtig keit d e r A n n a h m e , d a s s J o h a n n e s u n t e r D o m i t i a n auf d e n S c h l u s s a k t d e s W e l t d r a m a s w a r t e t e , i n d e m dieser flavische A u t o k r a t d a s s e c h s t e H a u p t des Tieres w a r . 9
Das siebente Haupt. B e i m letzten H a u p t d e s Tieres, d e m in Off. 17,10 eine k u r z e Regierungszeit in Aussicht gestellt w u r d e , k a n n es sich n u r u m eine wirkliche Z u k u n f t s e r w a r t u n g u n d n i c h t u m eine P r o p h e t i e p o s t e v e n t u m h a n d e l n . Will m a n wegen d e r v e r h ä l t n i s m ä s s i g k u r z e n Regierungszeit des T i t u s o d e r d e s N e r v a die Aussage für eine n a c h t r ä g l i c h e n t s t a n d e n e P r o p h e t i e h a l t e n , s o ü b e r s i e h t m a n die Schwierigkeit, d a s s j e n e r Achte, d e r n a c h h e r als eine W i e d e r v e r k ö r p e r u n g d e s 9 . J . E R N S T , Die Neuen Testaments
eschatologischen (1957), S . 132.
Gegenspieler
in
den
Schriften
des
DIE JOHANNEISCHE TIERVISION
181
ganzen Tieres e r s c h e i n e n w ü r d e , m i t d e n h i s t o r i s c h e n Nach folgern dieser K a i s e r nicht ü b e r e i n s t i m m t . J o h a n n e s m a c h t e n ä m l i c h ü b e r d a s a c h t e H a u p t r e i n a p o k a l y p t i s c h e Aussagen, die w e d e r auf D o m i t i a n n o c h auf T r a j a n p a s s e n , u n d k a n n also d e n k u r z r e g i e r e n d e n S i e b e n t e n n i c h t e r s t u n t e r d e m Achten angekündigt haben. Vielmehr muss das unter dem Sechsten erfolgt sein, d e r allem Anschein n a c h D o m i t i a n w a r , s o d a s s e i n e w i r k l i c h e P r o p h e t i e vorliegt. Uebrigens e r k l ä r t sich diese P r o p h e t i e v o m S i e b e n t e n a u c h traditionsgeschichtlich. J o h a n n e s w o l l t e i m G r u n d e n u r ver sichern, d a s s n a c h d e r Verfolgung u n t e r d e m g e g e n w ä r t i g r e g i e r e n d e n S e c h s t e n n i c h t lange Zeit v e r g e h e n w ü r d e , b i s die Schlusswehen u n d der Untergang der Weltmacht einträten. Dasselbe h a t t e d e r i h m m o t i v i s c h n a h e s t e n d e Apokalyptiker « E s r a » b e t o n t (iv. E s r . 12,lf.29f.): auf d i e H e r r s c h a f t d e r Flavier w e r d e ein s c h w a c h e s u n d s t ü r m i s c h e s R e g i m e n t v o n zwei G e g e n k a i s e r n folgen, b e v o r R o m in F l a m m e n aufgehe. N a t ü r l i c h wollte E s r a ein G e g e n s t ü c k zu d e n E r e i g n i s s e n k u r z v o r d e m Aufstieg d e r Flavier h e r s t e l l e n , als zwei Gegenkaiser e i n a n d e r b e k ä m p f t e n u n d Vitellius schliesslich e i n e n B r a n d des K a p i t o l s v e r u r s a c h t e (Suet. Vit. xv, 3 ; Dom. i, 2). Aber es han d e l t e sich für E s r a a u c h u m d a s Motiv d e r eschatologischen S c h l u s s p h a s e , die v o r d e m U n t e r g a n g d e r v e r h a s s t e n W e l t m a c h t e i n t r e t e n sollte. N a c h typisch a p o k a l y p t i s c h e r Auffassung w u r d e d i e s e E n d k a t a s t r o p h e n i c h t u n m i t t e l b a r , a b e r kurzfristig e r w a r t e t . Die k u r z e F r i s t z u b e t o n e n , w a r a u c h d a s Anliegen d e r Offenbarung, w o b e i für J o h a n n e s a u s s e r d e m d i e E r f ü l l u n g d e r Siebenzahl e i n e Rolle spielte.
3. Nero redux und redivlvus N a c h 17,9.11 w e r d e d a s T i e r d e r sieben H ä u p t e r n o c h e i n m a l in s e i n e r Ganzheit a u s d e m A b g r u n d emporsteigen u n d Verder b e n b e r e i t e n . U n d z w a r h a n d e l t es sich u m e i n e n d e r sieben Köpfe, d e r b e i seiner W i e d e r e r s c h e i n u n g als e i n A c h t e r d a s ganze Tier v e r k ö r p e r t . E r w e r d e m i t U n t e r s t ü t z i m g seiner z e h n S a t r a p e n für eine b e s t i m m t e Zeit t o t a l i t ä r e M a c h t aus ü b e n , V. 12f.l7. Schliesslich a b e r soll d e r Achte n a c h V. 16 die S t a d t R o m v e r w ü s t e n u n d v e r b r e n n e n — w e g e n V. 9 b . l 8 ist d i e auf d e m Tier r e i t e n d e H u r e als e i n e K a r r i k a t u r d e r G ö t t i n R o m a zu v e r s t e h e n .
182
B. REICKE
D e r p r o p h e t i s c h e S i n n dieser Vision ist k l a r . I n frevelhafter Weise t y r a n n i s i e r e n R ö m e r r e i c h u n d K a i s e r t u m , a l s d i e Götzen R o m a u n d A u g u s t u s d a r g e s t e l l t , die ganze M e n s c h h e i t , a b e r d e r U n t e r g a n g R o m s w e r d e b a l d d u r c h e i n e n ü b e r alle M a s s e h i n a u s t y r a n n i s c h e n V e r t r e t e r d e s K a i s e r t u m s erfolgen. Dieser sei m i t e i n e m h i s t o r i s c h e n K a i s e r R o m s i d e n t i s c h , v o n d e m e i n e Wiederkunft erwartet wurde. Die
Nerolegende
In der Umgebimg des Johannes waren solche Vorstellungen m i t N e r o v e r b u n d e n , w i e es h e i d n i s c h e , j ü d i s c h e u n d c h r i s t l i c h e Ueberlieferungen zeigen. B e s t i m m t ist m i t e i n e r Abhängigkeit d e r Offenbarung v o n zeitgenössischen E r w a r t u n g e n eines N e r o r e d u x u n d redivivus z u r e c h n e n . Gleich n a c h d e m T o d e N e r o s 68 v e r b r e i t e t e n seine A n h ä n g e r d a s G e r ü c h t , N e r o sei n i c h t w i r k l i c h g e s t o r b e n , s o n d e r n h ä t t e sich lediglich n a c h d e m O s t e n zurückgezogen. Alles w a r r e i n e Erfindung, a b e r t a t s ä c h l i c h h a t t e N e r o seine Z u k u n f t s p l ä n e auf d e n v o n i h m b e g ü n s t i g t e n O s t e n b a s i e r t . Deswegen w u r d e e i n e a n t i r ö m i s c h e Legende ü b e r N e r o r e d u x v o n Griechen, J u d e n u n d P a r t e r n u n t e r s t ü t z t . E s t r a t e n v e r s c h i e d e n e G e s t a l t e n auf, d i e sich für d e n w i e d e r k e h r e n d e n N e r o a u s g a b e n u n d m i t i h r e n A n h ä n g e r n v o m O s t e n h e r R o m z u s t ü r z e n v e r s u c h t e n . Drei solche V e r s u c h e w u r d e n v o n r ö m i s c h e n H i s t o r i k e r n geschildert, w o b e i d e r e r s t e s c h o n i m J a h r e 69 (Tac. H i s t . n,8f.), d i e a n d e r e n u n g e f ä h r 80 (Dio H i s t . LXVI,19,3) u n d 88 ( S u e t . N e r . LVII,2) u n t e r n o m m e n w o r d e n seien. Auch w e n n es sich z u m Teil u m b l o s s e G e r ü c h t e , z u m Teil u m falsch d a t i e r t e E r s c h e i n u n g e n h a n d e l n k a n n , h a t es i m O s t e n zweifellos b a l d n a c h d e m T o d e N e r o s d e r a r t i g e B e s t r e b u n g e n gegeben. N e r o n i a n e r w o l l t e n i m K a m p f e gegen die w e s t o r i e n t i e r t e n Flavier d i e o s t o r i e n t i e r t e Politik N e r o s w i e d e r h e r s t e l l e n . Ungefähr 95 n . C h r . m a c h t e sich ein b e r ü h m t e r K y n i k e r lustig ü b e r die L e u t e , d i e n o c h u n t e r D o m i t i a n a n d a s W e i t e r l e b e n d e s N e r o g l a u b t e n (Dio Chrys. O r . x x i , 1 0 ) . Gleichzeitig e n t w i c k e l t e sich d i e s e p o l i t i s c h e P r o p a g a n d a z u r a p o k a l y p t i s c h e n E r w a r t u n g eines N e r o redivivus, d e r in ü b e r m e n s c h l i c h e r Gestalt z u r ü c k k e h r e n u n d R o m w e g e n aller Fre v e l t a t e n gegen d e n O s t e n b e s t r a f e n w ü r d e . J ü d i s c h e u n d christliche A p o k a l y p t i k e r h a b e n d i e E r w a r t u n g v e r w e r t e t u n d
DIE JOHANNEISCHE
TIERVISION
183
gefördert, wobei d e r i m O s t e n s p ü r b a r e H a s s gegen d i e Flavier eine g r u n d l e g e n d e Rolle spielte. Jüdische
Orakel
U m d i e B e d e u t u n g dieser N e r o l e g e n d e für d i e zeitgenössische j ü d i s c h e Apokalyptik z u b e l e u c h t e n , sollen einige H e x a m e t e r v e r s e a u s Buch IV und V der Sibyllinischen Orakel a n g e f ü h r t w e r d e n . Zweifellos sind diese B ü c h e r j ü d i s c h e n U r s p r u n g s u n d w e r d e n v o n d e n F o r s c h e r n w e s e n t l i c h in d i e flavische Zeit datiert, obwohl m a n auch mit späteren Zusätzen rechnen muss. Sofern e s u m die u n t e n a n g e f ü h r t e n A b s c h n i t t e geht, k a n n sich j e d e r m a n n d e r B e r e c h t i g u n g einer D a t i e r u n g z u r Flavierzeit v e r g e w i s s e r n : d e n n h i e r r e i c h t d e r fiktiv p r o p h e t i s c h e Ge s c h i c h t s ü b e r b l i c k b i s z u d e n Flaviern, a b e r n i c h t m e h r z u spä teren Kaisern, bevor der Untergang Roms durch Nero redux o d e r redivivus v o r a u s g e s a g t w i r d . 1 0
I m ersten Orakel t r i t t d e r wegen seines M u t t e r m o r d e s be r ü c h t i g t e K a i s e r als N e r o r e d u x auf (Orac. S i b . iv,l 17-139) : 11
117 A b e r w a n n s i e a u f T h o r h e i t v e r t r a u e n d d i e G o t t e s f u r c h t l a s s e n u n d d e n grässlichen Mord rings u m den Tempel vollbringen, d a n n w i r d e i n m ä c h t i g e r K ö n i g a u s I t a l i e n fliehn u n e r w a r t e t gleich e i n e m Meteor, ohne Nachricht, über den Euphrat, w a n n er d i e Schuld des frevlen Mords a n der Mutter vollbracht hat u n d viel Anderes n o c h mit boshaften H ä n d e n verübet. Viele w e r d e n j e d o c h auf R o m a s heiligem B o d e n b l u t e n , w a n n j e n e r h i n a u s flieht ü b e r d e s V a t e r l a n d s G r e n z e n . 725 A b e r n a c h S y r i e n k ö m m t e i n r ö m i s c h e r F e l d h e r r ; m i t F e u r w i r d dieser d e n Tempel verbrennen u n d viele Bewohner durchbohren u n d das jüdische Land, das grosse u n d weite, verheeren. (Auch wird Salamis dann u n d Paphos Erdbeben vernichten, w a n n die dunkele Fluth ü b e r s c h w e m m t das umfluthete Cypern.)
10. D i e g e l e h r t e S t u d i e v o n K. HOLZINGER, Erklärungen zu einigen der umstrittenen Stellen der Offenbarung Johannis und der Sibyllinischen Orakel (1936), zeigt e i n e m e r k w ü r d i g e S k e p s i s g e g e n A l t e r u n d G e w i c h t d e r U e b e r l i e f e r u n g e n v o n N e r o r e d i v i v u s , S . 73-76 u.a. W e g e n e i n e r g e s u n d e n Reaktion gegen zeitgenössische Diktaturen wollte dieser Philologe zeigen, d a s s es Johannes u m die politische Wirklichkeit u n d nicht u m d i e m y t h o l o g i s c h e n T r a d i t i o n e n g i n g , S. 120. D a s s c h l i e s s t a b e r n i c h t a u s , dass apokalyptische Traditionen der Umgebung die Prophetie des Johannes beleuchten können. 11. U e b e r s e t z u n g v o n J.H. FRIEDLIEB, Die sibyllinischen Weissagungen vollständig gesammelt (1852), S . 97.
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130 W a n n a b e r e i n s t v o m z e r k l ü f t e t e n L a n d d e r i t a l i s c h e n E r d e sich ein kehrendes Feur z u m weiten Himmel hin ausdehnt u n d viele Städte verbrennt u n d Männer vernichtet u n d anfüllt m i t einer Menge v o n feuriger Asche die Weite des Aethers, u n d v o m H i m m e l herab w i e Mehlthau fallen die Tropfen: Dann ist der Zorn d e s himmlischen Gottes w o h l z u erkennen, weil sie der F r o m m e n Geschlecht unschuldig haben vernichtet. 137 A b e r z u m O c c i d e n t w i r d d a n n d e r S t r e i t d e s e n t b r e n n e n d e n K r i e g e s k o m m e n , u n d auch wird der Flüchtling von R o m m i t gehobenem Speere über d e n Euphrat k o m m e n daher mit viel tausend Genossen.
H i e r w i r d i m e r s t e n Absatz d i e F l u c h t N e r o s n a c h d e m Orient (117-124) g e s c h i l d e r t ; i m z w e i t e n w i r d die E r o b e r u n g J e r u s a l e m s d u r c h V e s p a s i a n (125-129) b e r ü h r t ; u n d i m d r i t t e n A b s c h n i t t h a n d e l t es sich u m die B e s t r a f u n g Italiens d u r c h F e u e r u n d Asche b e i m V e s u v a u s b r u c h 79 n. Chr. (130-134) sowie d u r c h e i n e n Angriff N e r o s m i t einer o r i e n t a l i s c h e n R i e s e n a r m e e (137-139). N a c h d e m zweiten Orakel fällt N e r o redivivus a u s d e r Luft ü b e r G r i e c h e n l a n d u n d I t a l i e n h e r u n d b e s t r a f t diese L ä n d e r u m d e r J u d e n willen ( O r a c S i b y l l . v,214-227) : 12
214
Weine auch du, o Korinth, u n d b e w e i n e d e i n traurig V e r d e r b e n !
215 W a n n d i e d r e i S c h w e s t e r n , d i e P a r z e n , s p i n n e n d g e w u n d e n e F ä d e n , ihn, d e r listig entrann entgegen der S t i m m e a m I s t h m u s , f ü h r e n h e r b e i i n d e r Luft, b i s a l l e i h n m ö g e n e r b l i c k e n , ihn, der d e n Felsen zerschlug e h e d e m m i t gehärtetem E i s e n : 219 d a n n v e r d i r b t e r d e i n L a n d a u c h u n d s c h l ä g t e s , s o w i e e s b e s t i m m t i s t . D e n n i h m allein h a t Gott e s verliehn, auf d a s s e r vollbringe, w a s keiner früher vermocht v o n den Herrschern alle zusammen. 222 D e n n z u e r s t s t e h t g e w a l t i g e r d a u n d w i r d a n d e r e n l a s s e n m i t d e r S i c h e l a b m ä h n drei H ä u p t e r h e r a b v o n d e r Wurzel, u n d s o isst m a n d a s Fleisch der Eltern des unreinen Königs. 225 D e n n a l l e n M e n s c h e n z u m a l i s t b e s t i m m t d e r M o r d u n d d e r S c h r e c k e n w e g e n der grossen Stadt u n d w e g e n des Volks d e r Gerechten, w e l c h e s gerettet stets w a r d , das b e s o n d e r s die V o r s e h u n g schützte.
I n diesem Zitat h a n d e l t es sich z u n ä c h s t u m d e n U n t e r g a n g K o r i n t h s (214), d e r S t a d t a m I s t h m u s , w o N e r o d e n Griechen e i n m a l Freiheit p r o k l a m i e r t h a t t e . M a n sieht, w i e auf w u n d e r b a r e Weise die S c h i c k s a l s g ö t t i n n e n d e n K a i s e r a u s d e m Orient d o r t h i n z u r ü c k b r i n g e n (215-218), w i e e r G r i e c h e n l a n d z e r s t ö r t 12. FRIEDLIEB (A.
11),
S.
111.
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(219-221) u n d v o n d o r t a u s d r e i m ä c h t i g e H ä u p t e r auf e i n m a l a b h a u t (222-224). Darauf w i r d e r w ä h n t , d a s s w e g e n d e r Unter d r ü c k u n g J e r u s a l e m s ( « d e r g r o s s e n S t a d t » w i e i n Off. 11,8) u n d d e r J u d e n ein a l l g e m e i n e r S c h r e c k e n s z u s t a n d auf d e r E r d e v o r h e r r s c h e n soll, w ä h r e n d d i e A u s e r w ä h l t e n e r r e t t e t w e r d e n (225-227). H i e r lässt d i e E r i n n e r i m g a n die r ö m i s c h e Okku pation Jerusalems erkennen, dass jene drei H ä u p t e r wie in iv. E s r . ( o . S. 180) d i e Flavier sind. Auch i m Barnabasbrief, d e r gleich u n t e n b e h a n d e l t w e r d e n soll, t r i t t d a s T r i o ä h n l i c h auf. Deutlich zeigt d e r a n g e f ü h r t e O r a l k e l s p r u c h , d a s s i n jüdisch-apokalyptischen Kreisen der Untergang Roms durch N e r o redivivus m i t d e m S t u r z d e r flavischen Dynastie e r w a r t e t wurde. Auch s o n s t e n t h a l t e n die Sibyllinischen O r a k e l k o n k r e t e Aussagen, d i e f ü r e i n e religionsgeschichtliche E r k l ä r u n g des als N e r o redivivus g e d a c h t e n Tieres d e r Offenbarung ergiebig s i n d ( O r a c S i b . v, 28-34. 93-110. 137-154. 214-227. 361-385; V I I I , 71-130. 139-159; x [xn],78-94). U e b e r a u spielt d e r Z u g N e r o s gegen R o m v o m O s t e n u n d v o m E u p h r a t h e r e i n e w i c h t i g e Rolle, u n d d a s Motiv e r k l ä r t t r a d i t i o n s g e s c h i c h t l i c h d i e ent s p r e c h e n d e n Stellen d e r Off. (9,14; 16,12; 17,12-18). N e r o w i r d s o g a r a u s d r ü c k l i c h eine S c h l a n g e ( O r a c . Sib. v, 29) u n d ein Tier (vni,157) g e n a n n t . Christliche
Prophetien
Die spezifische B e d e u t u n g des N e r o m o t i v s für die j ü d i s c h e u n d c h r i s t l i c h e Apokalyptik b e s t ä t i g t sich d u r c h e i n e n Ver gleich m i t zwei christlichen Werken, die e b e n s o in d e r flavi s c h e n Zeit o d e r jedenfalls gegen E n d e des e r s t e n J a h r h u n d e r t s e n t s t a n d e n sein d ü r f t e n . D a s s i n d d e r B a r n a b a s b r i e f u n d eine Apokalypse, d i e z u r H i m m e l f a h r t J e s a j a s g e h ö r t . D e r sog. Barnabasbrief e n t h ä l t zwei Stellen, die v o n d e n m e i s t e n F o r s c h e r n b e s o n d e r s für seine D a t i e r u n g v e r w e n d e t w e r d e n , n ä m l i c h 4,4-6 u n d 16,1-15. Z w a r t r e n n e n sich die Auffas s u n g e n ü b e r die h i s t o r i s c h e S i t u a t i o n , a b e r eine t r a d i t i o n s geschichtliche Analyse lässt eine E n t s t e h u n g u n t e r D o m i t i a n plausibel erscheinen. Auf d i e flavische Zeit u n d auf N e r o redivivus weist in e r s t e r Linie die Stelle B a r n . 4,4 f. h i n :
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4 E s spricht der Prophet also (Dan. 7,24): Zehn Königsherrschaften w e r d e n auf d e r E r d e r e g i e r e n , u n d n a c h i h n e n w i r d e i n k l e i n e r K ö n i g a u f e r s t e h e n (èÇavaaT^oexat), d e r a u f e i n m a l d r e i v o n d e n K ö n i g e n erniedrigen wird. 5 I n ähnlicher Weise spricht Daniel w i e d e r über d e n s e l b e n G e g e n s t a n d : U n d i c h s a h d a s v i e r t e Tier, d a s b ö s e u n d s t a r k e , gefährlicher als sämtliche Tiere des Meeres, u n d w i e a u s i h m z e h n Hörner aufschössen u n d v o n ihnen ein kleines Nebenhorn, u n d w i e e s auf einmal drei v o n d e n grossen H ö r n e r n erniedrigte.
Die u r s p r ü n g l i c h auf Antiochus E p i p h a n e s b e z o g e n e Prop h é t i e Daniels w u r d e h i e r auf d i e u n m i t t e l b a r e Z u k u n f t d e s c h r i s t l i c h e n Verfassers g e d e u t e t . E r wollte sagen, d i e C h r i s t e n m ü s s e n G e d u l d zeigen u n d dürfen gegen die W e l t m a c h t n i c h t k ä m p f e n , d e n n j e n e d r e i Könige, w e l c h e j e t z t die W e l t b e h e r r schen, w e r d e n d u r c h e i n e n König v e r n i c h t e t , d e r b a l d aufers t e h e n w i r d . D a s ist e i n e Analogie zu d e r Vorstellung, d i e i n d e n Orac.Sib. v,220-227 gefunden w u r d e , n ä m l i c h d a s s alle d r e i Flavier v o n N e r o redivivus u m g e b r a c h t w e r d e n , w o d u r c h d a s E n d e R o m s eingeleitet w i r d . Auf kein a n d e r e s K a i s e r t r i o lässt sich d i e Stelle d e s B a r n , beziehen, u n d s o m u s s d a s B u c h w i e die Off. in d e r flavischen Zeit e n t s t a n d e n sein. Die a n d e r e Stelle d e s B a r n . , n ä m l i c h 16,1-5, w o d i e Z e r s t ö r u n g d e s T e m p e l s i n J e r u s a l e m d i s k u t i e r t w i r d , b e s t ä t i g t diesen c h r o n o l o g i s c h e n Ansatz : 1 Sodann die Elenden richten... 3 pels werden
w i l l i c h e u c h i n b e z u g auf d e n T e m p e l e r k l ä r e n , w i e s e h r sich irren, die ihre Hoffnung auf d a s materielle Gebäude E s heisst nämlich weiter : Gerade die Zerstörer dieses Tema n i h m b a u e n ( J e s . 49,17). 4 D a s g e s c h i e h t jetzt...
H i e r w e r d e n d i e u n t e r d e n Flaviern getroffenen Vorbereitunge n d e r J u d e n f ü r einen W i e d e r a u f b a u d e s T e m p e l s a b g e l e h n t (l.Bar.1,3-12; 2,21; iv.Esr.10,44; Jos.C.Ap.n,70), u n d d a n n w i r d d i e K i r c h e J e s u Christi als d e r w a h r e T e m p e l dargestellt. Letzteres p a s s t n u r in d i e flavische Zeit hinein, als d e r Unterg a n g d e s J e r u s a l e m e r T e m p e l s im e r s t e n j ü d i s c h e n K r i e g i m m e r n o c h für die K i r c h e ein P r o b l e m bildete, w a s n a c h d e m zweiten u n d d r i t t e n Krieg n i c h t m e h r d e r Fall w a r . S o zeigt sich, d a s s d e r B a r n , w i e d i e Off. in die Zeit D o m i t i a n s g e h ö r t . Aus d i e s e m G r u n d e l ä s s t sich die z u e r s t a n g e f ü h r t e Stelle d e s Barn., n a c h d e r N e r o redivivus den S t u r z d e r Flavier u n d d e n U n t e r g a n g R o m s h e r b e i f ü h r e n wird, als w e i t e r e Analogie zu den Prophetien des Johannes verwenden. Ausdrücklich wandte sich « B a r n a b a s » gegen J u d a i s t e n , setzte a b e r v o r a u s , diese
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w ü r d e n seine Anspielungen auf d a s N e r o m o t i v v e r s t e h e n . I n seiner U m g e b u n g e r w a r t e t e m a n also n i c h t selten eine R ü c k k e h r N e r o s sowie e i n e n d a m i t z u s a m m e n h ä n g e n d e n U n t e r g a n g d e r Flavier u n d d e r W e l t m a c h t . An d i e s e r E r w a r t u n g beteiligte sich J o h a n n e s . Die sog. Himmelfahrt Jesajas o d e r Ascensio Isaiae, e i n e z.T. j ü d i s c h e u n d z.T. c h r i s t l i c h e Schrift, lässt sich als Ganzheit n i c h t so g e n a u d a t i e r e n ; j e d o c h w i r d d a s a p o k a l y p t i s c h e « Tes t a m e n t H i s k i a s » in A s c I s . 3,13-4,18, a u s d e m u n t e n ein S t ü c k a n g e f ü h r t w i r d , ziemlich allgemein für ein frühchristliches E r z e u g n i s g e h a l t e n u n d gegen E n d e des e r s t e n J a h r h u n d e r t s d a t i e r t . Auf alle Fälle spiegeln sich in d e r Asc. I s . altchrist liche V o r s t e l l u n g e n w i d e r , so d a s s m a n die Schrift i m Blick auf die Offenbarung als V e r g l e i c h s m a t e r i a l a n w e n d e n darf. B e s o n d e r s weist Asc. I s . 4,1-18, w o die V o l l e n d u n g d e r Welt g e s c h i l d e r t w i r d , eine R e i h e v o n t r a d i t i o n s g e s c h i c h t l i c h e n Uebere i n s t i m m u n g e n m i t d e r Off. auf, in b e z u g auf das N e r o m o t i v w i e a u c h sonst. I n g e k ü r z t e r F o r m l a u t e t Asc. I s . 4,2-14 s o : 1 3
2 B e l i a r w i r d h e ra b k o m m e n . . . i n d e r G e s t a l t e i n e s M e n s c h e n , e i n e s ungerechten Königs, eines Muttermörders, was eben dieser König ist... 6 E r w i r d s a g e n : I c h b i n G o t t . . . 11 u n d e r w i r d s e i n B i l d v o r s i c h a u f s t e l l e n i n a l l e n S t ä d t e n . 12 E r w i r d 3 J a h r e , 7 M o n a t e u n d 2 7 T a g e h e r r s c h e n . . . 14 N a c h 1 3 3 2 T a g e n w i r d d e r H e r r m i t s e i n e n E n g e l n u n d mit d e n Heerscharen der Heiligen aus d e m siebenten Himmel k o m m e n u n d wird Beliar m i t s a m t seinen Heerscharen in die Gehenna schleppen.
Der l e h r r e i c h e Text s c h i l d e r t in V.2, wie d e r Teufel o d e r Beliar auf d i e E r d e h e r a b s t e i g t u n d die Gestalt eines Königs a n n i m m t , d e r seine M u t t e r u m g e b r a c h t h a t u n d n a c h V.3 die K i r c h e verfolgt; d i e s e r königliche M u t t e r m ö r d e r k a n n gewiss kein a n d e r e r als N e r o sein. I n einer n i c h t i d e n t i s c h e n , a b e r s e h r ä h n l i c h e n Weise lässt Off. 12,9.13 den als D r a c h e n hervor t r e t e n d e n Teufel auf die E r d e h e r a b g e s t ü r z t w e r d e n , u m d a n n n a c h 13,1-10 i m Tiere e i n e n i r d i s c h e n V e r t r e t e r zu b e k o m m e n , d e r die K i r c h e verfolgt. F e r n e r gibt V.4 des o b e n zitierten Textes a n , d a s s N e r o ü b e r a l l in d e r Welt G e h o r s a m findet, w i e es n a c h Off. 13,7b.l7 b e i m Tier d e r Fall ist. N e r o w i r d a u c h n a c h V.5 k o s m i s c h e u n d a n d e r e W u n d e r t u n , so wie d e r Doppel1 3 . D e r u n g e k ü r z t e T e x t a u f D e u t s c h i n W . SCHNEEMELCHER, E. Neutestamentliche Apokryphen, 2 ( 1 9 6 4 ) , S. 4 5 8 f.
Henneckes
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g ä n g e r des Tieres, d e r falsche P r o p h e t , n a c h Off. 13,13.15a. D a d u r c h verleitet N e r o n a c h V.6-8 die M e n s c h e n , ihn als Gott a n z u b e t e n u n d i h m zu opfern, w i e d a s Tier b z w . sein Doppel g ä n g e r n a c h Off. 13,4.8.12.14a.l5b. N e r o w i r d n a c h V . l l sein Bild ü b e r a l l in d e n S t ä d t e n z u r A n b e t i m g aufstellen lassen, w i e alle B ü r g e r n a c h Off. 13,14b.l5b ein Bild des Tieres h e r s t e l l e n u n d a n b e t e n m ü s s e n . D a d u r c h w i r d N e r o n a c h V.9.13 a u c h viele C h r i s t e n i r r e f ü h r e n , w ä h r e n d die T r e u e n verfolgt w e r d e n ; auf e n t s p r e c h e n d e Weise s c h i l d e r t Off. 13,7.14, w i e d e r Doppelgänger des Tieres d i e M e n s c h e n v e r f ü h r t , u n d 13,15b-17, w i e alle ver folgt u n d g e t ö t e t w e r d e n , die seine A n b e t u n g a b l e h n e n . Asc. I s . lässt f e r n e r in V.12.14a d i e H e r r s c h a f t des N e r o redivivus e i n e von G o t t b e s t i m m t e Zeit d a u e r n : 3 J a h r e , 7 M o n a t e u n d 27 Tage o d e r i n s g e s a m t 1332 Tage. So gibt a u c h Off. 13,5 d e m Tiere eine b e s t i m m t e Frist, n ä m l i c h 42 M o n a t e , 3 J a h r e u n d 6 M o n a t e o d e r i n s g e s a m t 1260 Tage (vgl. 11,2,3; 12,6.14). Diese h a l b e J a h r w o c h e h a t t e die Off. von Dan. 7,25; 9,27; 12,7 ü b e r n o m m e n . A u s s e r d e m k o m m e n in Dan. 8,14 u n d 12,11.12 a n d e r e Angaben ü b e r die D a u e r d e r eschatologischen Greuelh e r r s c h a f t vor, n ä m l i c h 1150,1290 u n d 1335 Tage. M a n k a n n e r w ä g e n , o b n i c h t die F r i s t v o n 1332 Tagen in A s c I s . 4,12.14 a n a l o g g e d a c h t w a r . E s ist z w a r n i c h t möglich, d i e 1332 Tage v o n Asc. I s . 4,14 n u r als Reflex d e r 1335 Tage v o n Dan. 12,12 aufzufassen. E i n e w e i t g e h e n d e U e b e r e i n s t i m m u n g w a r v e r m u t lich b e a b s i c h t i g t , a b e r die geringfügige Abweichung w a r sicher a u c h b e g r ü n d e t . N i c h t zufällig bildet n ä m l i c h die Zahl 1332 eine V e r d o p p e l u n g v o n 666, d e r n a c h Off. 13,18 i m N a m e n des Tieres v e r b o r g e n e n Z a h l . Die 1335 Tage d e s Dan. w u r d e n a l l e m Anschein n a c h auf d i e 1332 Tage d e r A s e l s , r e d u z i e r t , u m d e n Z a h l e n w e r t d e s a b s c h e u l i c h e n N a m e n s in d o p p e l t e r S t ä r k e h e r v o r t r e t e n zu lassen, u n d z w a r im Blick darauf, d a s s es sich u m die eschatologische W i e d e r k u n f t d e s T y r a n n e n h a n d e l t e . H i n t e r d i e s e r Stelle d e r A s c I s . lag s c h o n eine Tra dition, d i e eine B e k a n n t s c h a f t m i t 666 als S y m b o l für N e r o v o r a u s s e t z t e . Die zugrundeliegende T r a d i t i o n k a n n n i c h t Off. 13,18 sein, weil h i e r die Zahl 666 auf einen d a m a l s b e k a n n t e n N a m e n d e s Tieres u n d n i c h t auf eine w i e d e r e r w a r t e t e H e r r schaft des N e r o bezogen w a r . Folglich m u s s s o w o h l h i n t e r d e r 14
14. A. BOSSE, « Z u r E r k l ä r u n g d e r A p o k a l y p s e der A s c . J e s a i e », Zs. Wiss. 10 (1909), S. 320-323.
ntl
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A s e l s , w i e h i n t e r d e r Off. e i n e T r a d i t i o n v o r a u s g e s e t z t w e r d e n , in d e r 666 eine b e s t i m m t e Gestalt s y m b o l i s i e r t e . E s s c h e i n t a n g e b r a c h t , h i n t e r Off. 13,18 e i n d u r c h S p r i c h w o r t e u n d Flugb l ä t t e r v e r b r e i t e t e s K r y p t o g r a m m für N e r o z u s u c h e n , d a s sich a u c h i n Asc. I s . 4,12 widerspiegelt. Die Zahl 666 des
Tieres
J o h a n n e s g a b i m Blick auf d i e h i e r n ö t i g e Weisheit (Off. 13,18a) d e n N a m e n d e s Tieres n i c h t a n , s o n d e r n n u r d i e m i t d e m N a m e n gleichwertige Zahl 666 (13,18c). Weil für J u d e n u n d Griechen d e s A l t e r t u m s d i e Ziffern a u s d e n B u c h s t a b e n d e s A l p h a b e t s b e s t a n d e n , k a m e n oft solche Gleichstellungen v o n N a m e n u n d Z a h l e n v o r . Die b e i 666 v o r a u s g e s e t z t e A e q u a t i o n w a r s i c h e r ein b e k a n n t e r p o l i t i s c h e r Slogan, u n d d e n C h r i s t e n in Asien g e n ü g t e d i e N e n n u n g d e r e i n p r ä g s a m e n Zahl als Kennw o r t für eine n o t o r i s c h e E r s c h e i n i m g i m R ö m e r r e i c h , n ä m l i c h d i e v o n N e r o eingeführte T y r a n n e i . Alle sollten d i e g e n a n n t e Zahl g a n z einfach auf e i n e a k t u e l l e E r s c h e i n u n g beziehen, n a c h d e m T e x t z u s a m m e n h a n g auf d e n gegenwärtig r e g i e r e n d e n Domit i a n als d a s s e c h s t e v o n d e n sieben H ä u p t e r n d e s Tieres (13,1; 17,10). D a s ist n ä m l i c h die B e d e u t u n g d e r g a r n i c h t als Unmöglichkeit d a r g e s t e l l t e n Aufforderung des P r o p h e t e n : « W e r e i n e n S i n n (voü£) d a f ü r h a t , m ö g e die Zahl des Tieres u m r e c h n e n (<J»}
; vgl. d a s u n t e n a n g e f ü h r t e W o r t ve6<|wj<pov ' n e u e Aequation ' ) : d e n n es g e h t d a b e i u m d i e Zahl eines M e n s c h e n . » J e d e r vernünftige Leser sollte d e n S t e l l e n w e r t d e r Z a h l einseh e n . Auf d ä m o n i s c h e r E b e n e e n t s p r e c h e d i e S u m m e d e m N a m e n d e s t y r a n n i s c h e n Tieres, auf p o l i t i s c h e r E b e n e w e i s e sie auf d i e Zahl eines t y r a n n i s c h e n M e n s c h e n h i n . S o w i e e s für J o h a n n e s e i n e R e l a t i o n z w i s c h e n d e m Mass e i n e s E n g e l s u n d d e m M a s s eines M e n s c h e n g a b (Off. 21,19), s o r e c h n e t e e r m i t e i n e r K o r r e s p o n d e n z z w i s c h e n d e r Zahl d e s m y t h i s c h e n Tieres u n d d e r eines a k t u e l l e n M e n s c h e n . E s ging i h m d a r u m , die B e z i e h u n g z u r g e g e n w ä r t i g e n T y r a n n e i klarzustellen, o h n e d a s C r i m e n l a e s a e m a i e s t a t i s z u b e g e h e n u n d die Lage d e r C h r i s t e n zu erschweren. Keineswegs sollten die L e s e r d i e Zahl d e s Tieres « berechn e n », w i e e s in vielen U e b e r s e t z u n g e n heisst, d e n n gleich n a c h h e r g a b J o h a n n e s s e l b e r d i e S u m m e als 666 a n . E b e n s o w e n i g sollten die Leser u m g e k e h r t auf g r u n d dieser Z a h l d e n N a m e n d e s Tieres « b e r e c h n e n », w e d e r d u r c h G e m a t r i e n o c h
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d u r c h I s o p s e p h i e , d a m a l s beliebte F o r m e n v o n R ä t s e l n ; d e n n w a s d e m g e s a m t e n theologischen S c h a r f s i n n s p ä t e r e r Zeiten n i c h t gelungen i s t , d a s k a n n diesen verfolgten C h r i s t e n i n Asien n i c h t z u g e m u t e t w e r d e n . V i e l m e h r i s t deutlich, d a s s J o h a n n e s auf eine u n t e r d e n L e s e r n v e r b r e i t e t e Bezeichnung für d i e G e w a l t m a c h t a n s p i e l t e . E i n solches K o n t r a p o n i e r e n v o n Zahlen u n d N a m e n w a r d a m a l s b e s o n d e r s i n d e r Politik beliebt. S u e t o n z.B. f ü h r t e v e r s c h i e d e n e Witze ü b e r N e r o a n , d a r u n t e r folgende s o g e n a n n t e « n e u e A e q u a t i o n » (ve6t}/7)9ov): « N e r o = e r t ö t e t e seine M u t t e r » , w o d i e zwei Glieder d e s Satzes d e n s e l b e n Z a h l e n w e r t d e r g r i e c h i s c h e n B u c h s t a b e n auf weisen ( S u e t . N e r o X X X I X , 2 ) . Möglicherweise galt d a m a l s u n t e r J u d e n u n d C h r i s t e n i n Asien eine W e n d u n g w i e « K a i s e r N e r o » a l s p o l i t i s c h e r Slogan m i t d e n Z a h l e n w e r t 666. Die h e b r ä i s c h e S c h r e i b u n g d a f ü r : Nrön qsar, d e r e n B u c h s t a b e n d e n g e s u c h t e n Z a h l e n w e r t aufweisen, i s t n u n m e h r d u r c h einen j u d ä i s c h e n Textfund belegt (Discov. i n t h e J u d . Des. 2, Nr.18, P1.29). J e d o c h k a n n d e r P r o p h e t u n m ö g l i c h v e r l a n g t h a b e n , d a s s seine Leser d e n N a m e n d e s T i e r e s g e m a t r i s c h e n t r ä t s e l n sollten, v o r allem n i c h t m i t h e b r ä i s c h e n B u c h s t a b e n . E r wollte ganz schlicht i h r e G e d a n k e n v o n d e r Zahl d e s ungeheu r e n Tieres auf d i e Zahl eines b e k a n n t e n M e n s c h e n l e n k e n . Die geheimnisvolle S u m m e sollte i n d e r Weise u m g e r e c h n e t w e r d e n , d a s s j e d e r Leser, d e r e i n e n S i n n d a f ü r h a t t e , d i e Beziehung zwischen d e r permanenten Dämonie d e r Staatsmacht u n d der aktuellen Tyrannei d e s Kaisers einsehen konnte. E s gab i m H e l l e n i s m u s b e i solchen A e q u a t i o n e n v e r s c h i e d e n e Prinzipien d e r U m r e c h n u n g , sowohl p y t h a g o r ä i s c h m a t h e m a t i s c h e w i e v o l k s t ü m l i c h assoziative. Weil 666 v o n j e d e m k l u g e n C h r i s t e n dechiffriert w e r d e n k ö n n e , i s t e i n e d e n k b a r einfache Umrech n u n g v o r a u s z u s e t z e n . Die m a t h e m a t i s c h E i n g e w e i h t e n wussten, d a s s 666 eine s o g e n a n n t e Dreieckszahl w a r , e i n e i n d e r Antike b e l i e b t e u n d a u c h i m N e u e n T e s t a m e n t v o r k o m m e n d e Z a h l e n g a t t u n g . Addiert m a n 1,2,3 u s w . b i s 36, b e k o m m t m a n 666 ( a n d e r e Dreieckszahlen i m N e u e n T e s t a m e n t sind 120, 153 u n d 276). I n d e m d i e T e r m e n d a m a l s a l s R e i h e n v o n P u n k t e n 1 5
16
17
15. U e b e r s i c h t d e r h a u p t s ä c h l i c h e n D e u t u n g e n v o n 666 i n W. H u s s , Die Gemeinde der Apokalypse des Johannes (1967), S . 108-110. 16. F . BÜCHELER, « N e o p s e p h o n », Rhein. Mus. 61 (1906), S . 307 f. 17. A. VAN DEN B E R G H VAN EYSINGA,
G n o s i s », Zs. ntl Wiss.
« Die
in der Apokalypse
13 (1912), 293-305, S . 295-298.
bekämpfte
DIE JOHANNEISCHE TIERVISION
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u n t e r e i n a n d e r in e i n e m Dreieck autgestellt w u r d e n , e n s t a n d in d i e s e m Falle ein Dreieck m i t 36 = 6 X 6 E i n h e i t e n p r o Seite. D e m m a t h e m a t i s c h Ungebildeten a b e r schien 666 b e r e i t s w e g e n d e r Ziffern e i n e h ö h e r e P o t e n z von 6 z u sein, r e i n assoziativ w i e b e i d e r p ä d a g o g i s c h e n G e g e n ü b e r s t e l l u n g von 77 u n d 7 ( M a t t . 18,22). Auf d ä m o n i s c h e r , kollektiver E b e n e s y m b o l i s i e r t e a l s o die auf 6 b e r u h e n d e S u m m e 666 d e n Z a h l e n w e r t d e s n i c h t genann ten, a b e r v e r m u t l i c h b e k a n n t e n T i e r n a m e n s , auf m e n s c h l i c h e r , individueller E b e n e (vgl. Off. 21,19) k o n n t e 666 o h n e Schwie rigkeit d u r c h Zergliederung d e r T e r m e n o d e r n u r d e r Ziffern d e n S t e l l e n w e r t v o n 6 e r h a l t e n . J o h a n n e s w o l l t e in d i p l o m a t i s c h e r Weise a n d e u t e n , d a s s i n d e r M e n s c h e n w e l t d a s g r a u s a m e Tier m i t s i e b e n H ä u p t e r n (13,1) v o m g e g e n w ä r t i g r e g i e r e n d e n s e c h s t e n H a u p t (17,10) v e r t r e t e n sei, d.h. v o n D o m i t i a n (o.S. 178). E i n e solche U e b e r t r a g u n g des N e r o b i l d e s auf D o m i t i a n k a m d a m a l s a u c h b e i r ö m i s c h e n K r i t i k e r n d e r M o n a r c h i e vor, wie es d e r über Domitian aufgebrachte Juvenal beleuchtet (Juv.Sat. iv,38: N e r o o h n e H a a r e = D o m i t i a n ) . I n der Fortsetzung des oben aus der A s e l s , angeführten A b s c h n i t t e s fallen a n d e r e Analogien z u r Off. auf. N a c h d e r e r s t e n P a r u s i e d e s H e r r n u n d d e m vorläufigen A b s t u r z Beliars m i t s e i n e n H e e r s c h a r e n in d i e G e h e n n a ( A s e l s . 4,14) vollzieht sich eine vorläufige H e r r s c h a f t d e r Heiligen auf d e r E r d e (V.15f.), d a n n folgen teils e i n e E n t r ü c k u n g d e r Heiligen i n die E w i g k e i t (V.17), teils eine A u f e r s t e h u n g d e r ü b r i g e n M e n s c h h e i t , schliesslich ein allgemeines Gericht u n d eine u n i v e r s a l e Ver n i c h t u n g d e r b ö s e n M ä c h t e (V.18). Aenlicherweise setzt die Off. e i n e e r s t e P a r u s i e Christi u n d e i n e n A b s t u r z d e s Tieres m i t A n h ä n g e r n in die Hölle v o r a u s (Off. 19,11-20,3); d a n n w i r d ein t a u s e n d j ä h r i g e s Z w i s c h e n r e i c h d e r Heiligen geschildert (20,4-6), n a c h d e s s e n E n d e die Heiligen d e n z w e i t e n T o d n i c h t e r l e b e n m ü s s e n , s o n d e r n d i r e k t i n die E w i g k e i t eingehen d ü r f e n ; schliesslich w e r d e n allgemeine Auferstehung, totales G e r i c h t u n d endgültige Vernichtung der bösen Mächte angekündigt (20,7-15). I n g e d r ä n g t e r F o r m zeichnet die Asc. I s . dieselbe eschatologische P e r s p e k t i v e w i e die Off., o h n e d a s s e i n e lite r a r i s c h e Abhängigkeit s p ü r b a r ist. L e h r r e i c h ist a b e r v o r allem, w i e die b ö s e M a c h t für d i e Asc. I s . in N e r o v e r k ö r p e r t e r s c h e i n t .
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Z u s a m m e n g e n o m m e n v e r m i t t e l n die a n g e f ü h r t e n Apokalyp sen d e r Flavierzeit d e n E i n d r u c k , d a s s h i n t e r d e m Tier d e r Off. eine d a m a l s in j ü d i s c h e n u n d c h r i s t l i c h e n K r e i s e n gepflegte Nero-Ueberlieferung lag, v o n d e r sich Einzelzüge in d e n Visio n e n d e s J o h a n n e s widerspiegeln. Das heisst n i c h t , d a s s J o h a n n e s d e n V o l k s g l a u b e n a n e i n e R ü c k k e h r d e r h i s t o r i s c h e n Gestalt N e r o s teilte. E r h a t sich diesen V o r s t e l l u n g e n angeschlossen, u m begreiflich z u m a c h e n , w a s e r m i t t e i l e n w o l l t e : d a s s n ä m l i c h eine i n S e l b s t v e r h e r r lichung u n d A p o t h e o s e entgleiste S t a a t s m a c h t v o n i h r e m e x t r e m s t e n V e r t r e t e r z u m U n t e r g a n g g e b r a c h t w i r d . Aus die s e m G r u n d e s c h a u t e e r b e i d e m s c h o n von Daniel b e s c h r i e b e n e n Tier a u c h solche Eigenschaften, d i e in b e z u g auf N e r o r e d u x o d e r redivivus seiner U m g e b u n g v e r t r a u t w a r e n . I n d e n Visionen des J o h a n n e s t a u c h t e also d a m a l s b e k a n n t e s , mythologisches M a t e r i a l a u f . J e d o c h blieb d e r P r o p h e t n i c h t auf d e r E b e n e d e r Legende s t e h e n , s o n d e r n v e r w e n d e t e d a s Mythologische als Hilfsmittel für seine V e r k ü n d i g u n g des Auferstandenen. O b w o h l eine M ü n z e auf d e r R ü c k s e i t e m y t h o logische S y m b o l e aufweisen k a n n , b l e i b t i m m e r die V o r d e r s e i t e m i t d e m P o r t r a i t des r e g i e r e n d e n Königs wichtiger. Auf d e r R ü c k s e i t e d e r Off. befindet sich ein K o m p l e x v o n apokalypti schen Ueberlieferungen m y t h i s c h e n G e p r ä g e s ; auf d e r Vorder seite sieht m a n die Gestalt d e s Königs d e r K ö n i g e (Off. 19,16) . 18
19
1 8 . R . HALVER, Der Mythos im letzten Buch der Bibel ( 1 9 6 4 ) , u.a. S . 1 1 6 126 über die Stilform des Kultdramas. 1 9 . T . HOLZ, Die Christologie der Apokalypse des Johannes (1962), S. 154-156.
ÉCHO DU LIVRE DE LA SAGESSE EN BARNABE 7,9 par
À.
JAUBERT
C.N.R.S., P a r i s
L ' é p î t r e d e B a r n a b e a-t-elle utilisé le livre d e la Sagesse ? Un des d e r n i e r s c o m m e n t a t e u r s a c o n c l u p a r la négative K C'est q u ' e n effet o u b i e n les r a p p r o c h e m e n t s e n t r e Sagesse et B a r n a b e s o n t si m i n c e s qu'ils a p p a r t i e n n e n t à l a l a n g u e c o m m u n e d u j u d a ï s m e h e l l é n i s t i q u e , o u b i e n ils d é p e n d e n t d ' u n e s o u r c e s c r i p t u r a i r e c o m m u n e . C'est ainsi q u ' o n a s o u v e n t r a p p r o c h é B a r n 6,7 : « Chargeons le j u s t e de c h a î n e s c a r il n o u s gêne » e t S a g 2,12a : « T e n d o n s u n piège a u j u s t e c a r il n o u s gêne », m a i s les d e u x passages d é p e n d e n t d e Isaïe 3,10 LXX q u e B a r n a b e r e p r o d u i t l i t t é r a l e m e n t . Il n ' e s t p o u r t a n t p a s inutile d e n o t e r des p a r a l l é l i s m e s q u i o r i e n t e n t vers l'hypothèse d ' u n e sensibilité c o m m u n e e t d o n c d e c o u r a n t s c o m m u n s a u x deux écrits. 2
3
L ' é t u d e c o m p a r a t i v e d e B a r n a b e e t de la Sagesse devrait c o n d u i r e à u n é t a t n é a n t , m a i s il y a u n e exception, celle d e B a r n 7,9. Ce verset d e B a r n a b e fait s u i t e à u n d é v e l o p p e m e n t s u r les souffrances d u Christ p r é d i t e s a l l é g o r i q u e m e n t d a n s l'Ancien T e s t a m e n t . Le b o u c é m i s s a i r e q u e le g r a n d - p r ê t r e m a u dissait, envoyait a u d é s e r t et c o u r o n n a i t de laine é c a r l a t e ( B a r n 7,6-8) est u n e figure d u Christ. 1. C . LARCHER, Etudes sur le livre de la Sagesse, P a r i s 1969, p . 37. 2. A i n s i l a s i m p l i c i t é d e c œ u r ( B a r n 19,2b e t S a g e s s e 1,1) e s t l a v e r t u m a î t r e s s e d e s Testaments des XII Patriarches, v o i r A. JAUBERT, La notion d'alliance dans le judaïsme aux abords de l'ère chrétienne, P a r i s 1963, p . 274 s v . P o u r l e s e x p r e s s i o n s c o m m u n e s e n t r e B a r n a b e e t l a S a g e s s e , c o n s u l t e r l ' i n d e x d e P. PRIGENT, Epître de Barnabe, P a r i s 1971 ( c o l l . S o u r ces chrétiennes). 3. « C h a r g e o n s l e j u s t e d e c h a î n e s c a r il n o u s g ê n e ».
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A. JAUBERT
Celui q u i e s t m a u d i t , c ' e s t c e l u i q u i e s t c o u r o n n é . I l s le v e r r o n t a l o r s e n c e Jour-là, p o r t a n t s u r s a c h a i r u n m a n t e a u é c a r l a t e , e t i l s d i r o n t : n'est-ce p a s c e l u i q u e j a d i s n o u s a v i o n s crucifié a p r è s l'avoir m é p r i s é , p e r c é e t c o u v e r t d e c r a c h a t s ? V é r i t a b l e m e n t c'était c e l u i q u i j a d i s s e d i s a i t fils d e D i e u ( B a r n 7,9).
La c o u r o n n e d e laine é c a r l a t e évoquait a l l é g o r i q u e m e n t la c o u r o n n e de gloire d u Christ et son m a n t e a u royal. Les signes d e l a p a s s i o n préfiguraient le Christ t r i o m p h a n t avec les insignes d e s a r o y a u t é a u g r a n d j o u r q u i est celui d u j u g e m e n t (cf. B a r n 5,7 o ù le Christ j u g e r a à la p a r o u s i e ) . Mais l'insistance de B a r n a b e p o r t e s u r la confusion des e n n e m i s d u C h r i s t lorsqu'ils r e c o n n a î t r o n t q u e celui qu'ils avaient m é p r i s é et perséc u t é disait v r a i e n se p r é t e n d a n t fils d e Dieu. Or, c e p a s s a g e d e B a r n a b e é p o u s e e x a c t e m e n t le m o u v e m e n t de Sag 5,1-5 : Alors le j u s t e s e tiendra d e b o u t , plein d'assurance e n face d e ceux qui l'auront t o u r m e n t é . . . Q u a n d i l s l e v e r r o n t , i l s s e r o n t s e c o u é s d ' u n e c r a i n t e terrible e t ils seront stupéfaits de le voir sauvé contre toute attente. I l s d i r o n t e n e u x - m ê m e . . . : C'était c e l u i q u e j a d i s n o u s t o u r n i o n s e n dérision... C o m m e n t s e fait-il qu'il a i t é t é c o m p t é p a r m i l e s fils d e D i e u e t qu'il a i t p o u r l o t d'être p a r m i l e s s a i n t s ? 4
Le s c h é m a d e Sag 5 est le m ê m e q u e celui d e B a r n a b e , avec des a r t i c u l a t i o n s c o m m î m e s : « ils diront », « c'était celui que jadis », « fils de Dieu ». L'expression « fils d e Dieu » a u pluriel (équivalant à « s a i n t s » et s a n s d o u t e à « anges ») n ' a évidemm e n t p a s le m ê m e sens q u e d a n s B a r n a b e . Mais le p a r a l l é l i s m e est f r a p p a n t avec S a g 2 o ù le j u s t e est raillé p o u r s a p r é t e n t i o n d ' ê t r e fils de Dieu : Il s e n o m m e l e fils (7cai8oc) d u S e i g n e u r ( S a g 2,13). Il p r o c l a m e h e u r e u s e la fin d e s j u s t e s e t il s e v a n t e d ' a v o i r D i e u p o u r P è r e . V o y o n s si s e s p a r o l e s s o n t v r a i e s e t e x p é r i m e n t o n s c e qu'il e n s e r a d e l u i à l a fin. S i l e j u s t e e n effet e s t fils (ul6ç) d e D i e u , celui-ci p r e n d r a s a d é f e n s e et il l e d é l i v r e r a d e s m a i n s d e s e s a d v e r s a i r e s ( S a g 2,16-18).
Bref, B a r n a b e s u p p o s e c o n n u e la d é c l a r a t i o n d u j u s t e perséc u t é q u i s e p r o c l a m a i t fils de Dieu (Sag 2) et m o n t r e — c o m m e en S a g 5 — la r e v a n c h e eschatologique a u j o u r d u j u g e m e n t , avec la confusion des a d v e r s a i r e s . L'application d u t h è m e a u Christ, qui effectivement s'est dit fils d e Dieu e n u n sens uni4. T r a d . B i b l e d e la P l é i a d e .
BARNABE
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7,9
q u e p o u r la conscience c h r é t i e n n e , n ' e m p ê c h e p a s d e c o n s t a t e r le p a r a l l é l i s m e é t o n n a n t avec les deux scènes d e Sagesse. Pas de citation précise mais c o m m e une variante chrétienne du s c h è m e juif. C o m m e n t expliquera-t-on c e t t e analogie p u i s q u e r i e n — p a s m ê m e c e p a s s a g e — n e s a u r a i t d é m o n t r e r q u e B a r n a b e se soit d i r e c t e m e n t i n s p i r é d e la Sagesse ? Si l'on exclut l'hypothèse d ' u n e c o n n a i s s a n c e d i r e c t e ( q u i d e m e u r e possible), il r e s t e celle d'une source commune, une sorte de pattern qui pouvait prend r e d e s f o r m e s différentes selon les milieux. Le v e r s e t d e B a r n a b e 7,9 se r a t t a c h e d e m a n i è r e assez lâche à son c o n t e x t e . B a r n a b e a u r a i t i n s é r é d a n s l'allégorie d e s deux b o u c s u n e interp r é t a t i o n d u t h è m e juif q u i était peut-être d é j à c h r i s t i a n i s é a v a n t lui. Qu'il y a i t e u u n p a t t e r n juif p r é e x i s t a n t à la Sagesse et à B a r n a b e , c'est assez v r a i s e m b l a b l e p u i s q u e p l u s i e u r s é l é m e n t s d u t h è m e juif se t r o u v e n t d a n s d e s é c r i t s p a l e s t i n i e n s c o n t e m p o r a i n s d e l'ère c h r é t i e n n e . La p e r s é c u t i o n d u j u s t e et s a revanc h e a u j o u r d u j u g e m e n t s o n t a t t e s t é e s d é j à e n Daniel 7 o ù le p e u p l e des s a i n t s a p r è s la t r i b u l a t i o n reçoit sous la figure d u fils d e l ' H o m m e la d o m i n a t i o n universelle ; s y m b o l e collect i f m a i s q u i p o u r r a s'individualiser. A Q u m r â n , le p s a l m i s t e s u p p o s e q u e ses a d v e r s a i r e s s e r o n t c o n f o n d u s p a r lui a u jugem e n t (1 Q H V I I 12) et c e t t e conscience p o u v a i t ê t r e celle de c h a c u n d e s m e m b r e s d e la s e c t e . La confusion des i m p i e s d o n t les yeux s'ouvriront se t r o u v e d a n s u n écrit q u i a p a r ailleurs b i e n des r a p p o r t s avec la S a g e s s e e t avec B a r n a b e , le livre d ' H é n o c h ( H é n o c h 62,3-5; 63,5 sv.). Il s'agit, il est vrai, d e la 5
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5 . M ê m e c a r a c t è r e c o l l e c t i f d e l ' e x a l t a t i o n d'Israël e n Assomption de Moïse 9 , 9 - 1 0 . 6 . C h a c u n p o u v a i t s e r e t r o u v e r d a n s l e s p a r o l e s d u p s a l m i s t e . L'apôtre P a u l d é p e n d é g a l e m e n t d'une t r a d i t i o n j u i v e lorsqu'il d i t a u x C o r i n t h i e n s q u ' i l s j u g e r o n t l e m o n d e ( 1 C o r 6 , 2 ) . P e u t - ê t r e n e faudrait-il p a s o u b l i e r n o n p l u s la c o m b i n a i s o n d u t h è m e j u i f a v e c c e l u i d u sage-roi s t o ï c i e n q u ' o n t r o u v e d a n s le Testament de Job : J o b s u r s o n f u m i e r c h a n t e la g l o i r e d e s o n t r ô n e , v o i r M. PHILONENKO, Semitica 18, 1968, p. 44-46. 7 . V o i r l e s p a r a l l è l e s é t a b l i s p a r F. M A R T I N , Le livre d'Hénoch, Paris 1906, table p. 3 0 6 . 8. Barn 4,3 cite une parole d'Hénoch, mais cette parole ne se trouve p a s d a n s la littérature c o n n u e s o u s le n o m d'Hénoch. Par contre Barn 16,5 paraît bien citer H é n 91,13.
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A. JAUBERT
section d e s p a r a b o l e s , m a i s le texte n o u s p a r a î t t r o p p e u chrétien p o u r ê t r e a u t r e q u e juif. On n e s ' é t o n n e r a p a s q u e la Sagesse a l e x a n d r i n e ait p u e n g l o b e r des s o u r c e s p a l e s t i n i e n n e s , c'est c h o s e c o n n u e ; q u a n t à B a r n a b e , la Syro-Palestine pourr a i t b i e n ê t r e sa p a t r i e . Il r e s t e q u ' a u c u n d o c u m e n t a u t r e q u e la Sagesse n e p a r l e d e la p r é t e n t i o n d u j u s t e à se d i r e fils d e Dieu e t n ' e s t a u s s i p r o c h e d e B a r n 7,9. Est-ce B a r n a b e q u i a effectué la t r a n s p o s i t i o n c h r é t i e n n e d u t h è m e juif ? Les a d v e r s a i r e s d u j u s t e , d a n s la Sagesse, é t a i e n t d e s juifs — m a i s infidèles (cf. Sag 2 , 1 2 : « il n o u s r e p r o c h e n o s fautes c o n t r e la loi »). D a n s le c o n t e x t e p o l é m i q u e d e B a r n a b e les a d v e r s a i r e s s o n t c e r t a i n e m e n t les juifs q u i o n t refusé d e r e c o n n a î t r e q u e J é s u s é t a i t le fils d e Dieu. B a r n a b e a p u s'inspirer d e c o n c e p t i o n s c h r é t i e n n e s assez r é p a n d u e s a u x q u e l l e s il a d o n n é s a f o r m e p r o p r e . Le t h è m e d u C h r i s t j u g e q u i j u g e r a c e u x q u i l'ont j u g é est t r è s a r c h a ï q u e p u i s q u ' i l est d é j à c o n t e n u d a n s la d é c l a r a t i o n d e J é s u s d e v a n t le s a n h é d r i n s u r le fils d e l ' H o m m e o u d a n s les Actes des a p ô t r e s ( 1 0 , 4 2 ) ; il e s t t r è s a n c i e n n e m e n t a t t e s t é . Le t h è m e d e la « r e c o n n a i s s a n c e » se t r o u v e — sous u n e f o r m e différ e n t e — d a n s les r é c i t s s y n o p t i q u e s d e la p a s s i o n avec u n c o n t r a s t e e n t r e s c è n e d e défi et s c è n e de confession q u i r a p pelle la Sagesse. Le C h r i s t est raillé p a r ses e n n e m i s q u i le s o m m e n t d e p r o u v e r s a m e s s i a n i t é e n d e s c e n d a n t d e la croix. L'évangile d e M a t t h i e u p r é c i s e : « Sauve-toi toi-même si t u e s fils (i>Êo£) d e Dieu » (Mt 27,40). Après la m o r t d e J é s u s , p a r la voix d u c e n t u r i o n les p a ï e n s confessent : « V é r i t a b l e m e n t il était fils d e Dieu » : aXY)6co¿ 0eoo uioçO 3 T O £ ( M t 27,54) ; áX7)6¿5£ O 5 T O £ Ó áv6pco7ro£ uío£ 0eoü )jv ( M e 15,39) ; t a n d i s q u e L u c 9
1 0
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9. Cf. A.M. DUBARLE, « U n e s o u r c e d u livre d e l a S a g e s s e ? » RSPT 37 (1953), p . 425-443. L ' a u t e u r d é g a g e u n e s é r i e d e p a r a l l è l e s e n t r e l a S a g e s s e et la Règle d e la communauté. 10. P. PRIGENT, ibid., P- 22-24. 11. L ' é v a n g i l e d e J e a n m e t p a r t i c u l i è r e m e n t e n l u m i è r e l a d o u b l e c o n dition d u Christ à la fois juge et a c c u s é : insistance sur la symbolique d e l a c o u r o n n e d ' é p i n e s , a m b i g u ï t é d u v e r s e t J n 19,13 o ù l ' a u d i t e u r a v e r t i p e u t e n t e n d r e q u e Pilate a fait a s s e o i r Jésus au tribunal. D'après une tradition monastique égyptienne, o n chantait le mercredi l e P s 93 p o u r c é l é b r e r le j u g e m e n t d u Christ s u r s e s p r o p r e s j u g e s ( A t h a n a s e , E p î t r e à M a r c e l l i n , PG 27, 12 A B ) , c o u t u m e q u i s ' e n r a c i n a i t d a n s l e j u d a ï s m e p u i s q u e d'après L X X e t M i c h n a ( T a m i d 7,4) l e P s 93 était réservé a u mercredi.
BARNABT!
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7,9
c u r i e u s e m e n t n e p a r l e p a s d e « fils d e Dieu » m a i s d e « j u s t e » : 6 àv0po>7ro£ O 5 T O < S U o c i o ^ 3)v (Luc 23,47), c o m m e si « j u s t e » et « fils d e Dieu » é t a i e n t é q u i v a l e n t s ; c e t t e é q u i v a l e n c e e s t celle d e l a Sagesse. 8VT6>£
O n s'est d o n c b e a u c o u p i n t e r r o g é s u r i m e influence p o s s i b l e d e l a Sagesse s u r ces p a s s a g e s de l a passion, e n p a r t i c u l i e r celui d e Luc. Ces d i s c u s s i o n s n ' o n t a b o u t i à a u c u n a c c o r d d e la c r i t i q u e . A n o t r e avis il f a u d r a i t a u m o i n s c o n c é d e r q u e des t r a d i t i o n s utilisées p a r l a Sagesse circulaient d a n s le milieu de r é d a c t i o n d e s évangiles e t n o u s r e v e n o n s à l ' h y p o t h è s e d é j à f o r m u l é e p l u s h a u t s u r des s o u r c e s syro-palestiniennes d e l a Sagesse. 12
Mais n o t r e q u e s t i o n est m a i n t e n a n t de savoir si B a r n a b e c o n n a i s s a i t n o s évangiles s y n o p t i q u e s . Il n o u s p a r a î t c e r t a i n q u e B a r n a b e a é t é influencé d ' u n e façon o u d ' i m e a u t r e p a r le v e r s e t de Mt 27,54b: àXv)0ô< Oeou ULOÇ O 5 T O £ . Ce àXY)8c5<, e n e f f e t , est a b s e n t d u livre de la Sagesse ; o r il a c c o m p a g n e d a n s B a r n a b e l a confession d e s i m p i e s a u j o u r d u j u g e m e n t : « V é r i t a b l e m e n t c'était celui q u i j a d i s se disait fils d e Dieu ! » <ÌXY)6C5£ O 5 T O £ ) ) V , O T Ó T S X é y w v êauTOv utov Oeou eTvat. Cela n e p r o u v e p a s q u e B a r n a b e ait cité d i r e c t e m e n t l'évangile d e M a t t h i e u , d'ailleurs le c o n t e x t e est différent : d ' u n c ô t é confession d u c e n t u r i o n a p r è s la m o r t d e J é s u s , de l ' a u t r e confession d e s p e r s é c u t e u r s a u j o u r d u j u g e m e n t ; d ' u n c ô t é le àX7)6ô£ p o r t e s u r l a q u a l i t é de fils d e Dieu, de l ' a u t r e s u r l'identité d u crucifié et d u J u g e . Mais la f o r m u l e é t a n t q u a s i i d e n t i q u e , n o u s l'expliquerions v o l o n t i e r s p a r u n e influence l i t u r g i q u e . B a r n a b e se s e r a i t servi de la f o r m u l e d a n s u n s c h é m a conform e à celui d e la Sagesse. 13
14
N o u s t r o u v e r i o n s u n e confirmation d u c a r a c t è r e l i t u r g i q u e d e c e t t e e x p r e s s i o n d a n s le fait q u e ce à X v j O & ^ d e M a r c , M a t t h i e u et B a r n a b e s'est glissé c o m m e u n e v a r i a n t e a r c h a ï q u e d a n s le
12. LARCHER, ibid.,
p . 12-14.
13. E . M a s s a u x c o n c l u t à u n e d é p e n d a n c e l i t t é r a i r e r a p p o r t à l'évangile d e M a t t h i e u , Influence de saint littérature chrétienne avant saint Irénée, L o u v a i n 1950, p . P. P r i g e n t e n d o u t e , Epître de Barnabe, p . 41-42, 113. 14. Il e s t é g a l e m e n t d a n s M a r c m a i s l ' e n s e m b l e d u est m o i n s proche de Barnabe q u e celui de Matthieu.
de Barnabe par Matthieu sur la 66-83. P a r c o n t r e verset
de
Marc
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A. JAUBERT
v e r s e t d e Sag 2,18 : « si v é r i t a b l e m e n t il est fils d e Dieu » a u lieu d u texte c o m m u n : « si le j u s t e est fils d e Dieu ». Ziegler, en a p p a r a t c r i t i q u e , a signalé c e t t e v a r i a n t e d a n s Evagre, a r m é n i e n , b o h a ï r i q u e et vieille latine, m a i s il a c r u à t o r t q u e le vere r e m p l a ç a i t dikaios. M La B o n n a r d i è r e a m o n t r é q u e la v a r i a n t e avec vere é t a i t le texte le p l u s h a b i t u e l chez A u g u s t i n ; a v a n t Augustin c e t t e l e c t u r e é t a i t celle d u De montibus Sina et Sion ( c h a p . 7) ; p o u r M La B o n n a r d i è r e la péric o p e d e Sag 2,12-22 é t a i t utilisée d a n s la l i t u r g i e . Que la v a r i a n t e àXY)0&£ ait eu u n tel d e s t i n d a n s des s e c t e u r s divers, cela m o n t r e qu'elle s'est r é p a n d u e t r è s tôt. O r n o u s voyons ce àX7)0ô£ a t t e s t é dès les origines. lle
15
lle
16
Cette m o d e s t e r e c h e r c h e s u r le v e r s e t d e B a r n 7,9 p e r m e t d e r e m o n t e r à u n e confession d e foi t r è s a n c i e n n e : oui, vérit a b l e m e n t , il é t a i t le fils d e Dieu ! Cette confession a é t é enrob é e d a n s u n s c h è m e juif q u i lui é t a i t a n t é r i e u r et qui déjà m a n i f e s t a i t le c o n t r a s t e e n t r e la g r a n d e u r réelle d u j u s t e e t les a p p a r e n c e s m i n a b l e s q u i faisaient d e lui u n o b j e t d e risée. Dans le c h r i s t i a n i s m e primitif le àXiQÛcoS fut la r é p o n s e a u scandale d e la croix, le cri d e la foi d e v a n t la c o n d a m n a t i o n q u e le m o n d e avait p o r t é e c o n t r e J é s u s .
1 5 . Biblia augustiniana A.T., Le livre de la Sagesse, Paris 1970, p. 60-72; 1 8 3 - 1 9 1 e t t a b l e a u p . 3 2 2 . L a l e ç o n d e l a V u l g a t e e s t vents a u l i e u d e vere. 16. Ibidem. V o i r a u s s i A . M . L A BONNARDIÈRE, « L e j u s t e défié p a r l e s i m p i e s ( S a p . 2 , 1 2 - 2 1 ) d a n s la t r a d i t i o n p a t r i s t i q u e a f r i c a i n e » , d a n s La Bible et les Pères, 1 9 7 1 , T r a v a u x d u C e n t r e d ' E t u d e s s p é c i a l i s é d ' H i s t o i r e d e s R e l i g i o n s d e S t r a s b o u r g , p . 1 6 1 - 1 8 6 . O n t r o u v e d e s a t t e s t a t i o n s liturgiques de Sag 2,12-22 e n Espagne, e n Gaule, e n Egypte, ce dernier point é t a n t e n d i s c u s s i o n . N o u s a j o u t e r o n s p o u r n o t r e p a r t q u ' o n t r o u v e égal e m e n t a t t e s t a t i o n d'un u s a g e l i t u r g i q u e d e S a g 2 , 1 2 - 2 2 d a n s l e p l u s a n c i e n cornes o u l e c t i o n n a i r e d e l ' E g l i s e r o m a i n e (cf. G. M O R I N , Revue Bénédictine 2 7 [ 1 9 1 0 ] 4 1 - 7 4 ) , l e c o d e x d e Wiirzburg ; c e c o d e x e s t d u v i n s i è c l e , m a i s o n e n p e u t f a i r e r e m o n t e r le c o n t e n u à l a fin d u v r s i è c l e ; l a l e c t u r e d e S a g 2 , 1 2 - 2 2 a v a i t l i e u à l a s t a t i o n d e S. P r i s c a l e m a r d i ( s o i r ) d e l a semaine sainte. A . Chavasse fait remonter cette organisation liturgique à S. L é o n , v e r s 4 5 0 , « Le C a r ê m e r o m a i n e t l e s s c r u t i n s p r é - b a p t i s m a u x », RechScR 3 5 ( 1 9 4 8 ) , p . 3 3 4 , n. 1 9 e t p . 3 3 0 , n. 8 . Il e s t p r o b a b l e q u e S. L é o n r é u t i l i s a d ' a n c i e n n e s l e c t u r e s l i t u r g i q u e s ; l e livre d e l a S a g e s s e e s t t r è s anciennement attesté à R o m e , déjà cité d a n s Clément de R o m e et cont e n u d a n s la l i s t e d u C a n o n d e M u r a t o r i . e
MONACHISME ET ÉTHIQUE JUDÉO-CHRÉTIENNE p a r A n t o i n e GUILLAUMONT
Ecole P r a t i q u e d e s H a u t e s E t u d e s , P a r i s
Le c o m m e n t a i r e q u ' E u s è b e d e Cesaree a fait d u v e r s e t 7 d u P s a u m e 68 (Sept. 67) e s t u n texte f o n d a m e n t a l , d e p u i s longt e m p s signalé, p o u r l'histoire d u m o t jxovaxoç' . D a n s c e v e r s e t : « Dieu fait h a b i t e r les solitaires d a n s u n e m a i s o n », E u s è b e s'attache surtout aux traductions grecques d u m o t y hïdïm, « les solitaires ». L e s S e p t a n t e , qu'il c i t e d ' a b o r d , l'ont t r a d u i t p a r fiovóTpoTrot ; m a i s , fait-il r e m a r q u e r , le m o t e s t r e n d u p a r (xovaxoC chez S y m m a q u e , p a r fjLovoyeveïs chez Aquila e t p a r fjiovoÇcDvoi d a n s la Quinta. I l m o n t r e e n s u i t e q u e t o u s c e s term e s s ' a p p l i q u e n t à u n e m ê m e espèce d ' h o m m e s , les monachoi, qui, dit-il, f o r m e n t « le p r e m i e r r a n g p a r m i c e u x q u i p r o g r e s s e n t d a n s l e Christ » ; d e c e s monachoi, chacun des autres t e r m e s parallèles définit u n a s p e c t p a r t i c u l i e r : 1
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Ceux-ci s o n t r a r e s , c'est p o u r q u o i i l s o n t é t é n o m m é s , s e l o n A q u i l a , monogeneis, assimilés a u Fils M o n o g è n e d e Dieu ; selon l e s Septante, ils s o n t monotropoi, e t n o n p a s « p o l y t r o p e s », n e s e c o m p o r t a n t p a s t a n t ô t d ' u n e f a ç o n t a n t ô t d'une a u t r e , m a i s s e c o n d u i s a n t t o u j o u r s d ' u n e m ê m e f a ç o n , c e l l e q u i m è n e a u s o m m e t d e l a v e r t u ; l a Quinta l e s a n o m m é s monozônoi, p a r c e qu'ils s o n t s o l i t a i r e s e t v i v e n t c h a c u n d e s o n c ô t é , l e s reins ceints : tels sont ceux q u i mènent l a v i e solitaire et chaste. 1. PG 2 3 , 6 8 9 B ( é d . M o n t f a u c o n ) . L e t e x t e e s t r e p r o d u i t d a n s H . KOCH, Quellen zur Geschichte der Askese und des Mönchtums in der Alten Kirche, Tübingen, 1933, p. 3 8 . A notre connaissance, le premier qui ait s i g n a l é l'intérêt d e c e t e x t e p o u r l ' h i s t o i r e d u m o n a c h i s m e e s t N . ANTONELLI d a n s s a De àscetis dissertatio, q u i fait p a r t i e d e l ' i n t r o d u c t i o n d e l'édit i o n d e s Sancti Patris nostri Jacobi episcopi Nisibeni sermones ( = version a r m é n i e n n e d e s Démonstrations d'Aphraate), R o m e , 1 7 5 6 , p . 1 1 6 . L e texte a é t é s o u v e n t c i t é a p r è s l u i , n o t a m m e n t p a r O. ZÖCKLER, Askese und Mönchtum, F r a n c f o r t , 1 8 9 7 , p . 1 8 1 ; e n d e r n i e r lieu, p a r A . ADAM, « Grundbegriffe d e s M ö n c h t u m s i n s p r a c h l i c h e r S i c h t », Zeitschrift für Kirchengeschichte
6 5 , 1953-54, p. 209-239.
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A. GUILLAUMONT
Ce t e x t e d ' E u s è b e est i m p o r t a n t p o u r d e u x r a i s o n s . D ' a b o r d p a r c e q u ' i l m o n t r e q u e les vocables grecs q u i d é s i g n e n t le « m o i n e » n e s o n t a u t r e s q u e des t r a d u c t i o n s d e l ' h é b r e u yahïd, lui-même l o u r d d e signification r e l i g i e u s e . E n s u i t e , p a r c e qu'il d a t e d ' u n e é p o q u e — a u t o u r d e 330 — o ù l e m o t fiovax^S, q u i c o n n a î t r a u n e g r a n d e f o r t u n e a p r è s la p u b l i c a t i o n d e la Vita Antonii (357) et le d é v e l o p p e m e n t c o n s i d é r a b l e d e la vie m o n a s t i q u e d a n s la s e c o n d e m o i t i é d u I V siècle, e s t e n c o r e r a r e e t q u e le m o t y e s t p r i s d a n s s a signification p r i m i t i v e , q u e l'on p e u t a p p e l e r p r é m o n a s t i q u e . 2
E
3
1. Caractères de la vie monastique « Solitude
» 4
L a i s s a n t ici d e c ô t é le t e r m e ( x o v o y e v ^ , n o u s a l l o n s consid é r e r s p é c i a l e m e n t les d e u x d e r n i e r s . Les monachoi sont aippelés fAov6Ç<ùvot, d i t
E u s è b e , &ç âv fiovY)pei< x a t x a 6 ' lauroùç;
: il e s t b i e n é v i d e n t qu'il faut e n t e n d r e ici > o v Y ) p y ) < , « solitaire », n o n p a s d e q u e l q u ' u n q u i vit d a n s la s o l i t u d e d u d é s e r t , loin des h o m m e s , m a i s d e celui q u i vit seul, n o n m a r i é , c é l i b a t a i r e ; ô [Lovfipriç p£o£ d é s i g n e c o u r a m m e n t , chez Clément d'Alexandrie n o t a m m e n t , le c é l i b a t . Le monachos vit « les reins c e i n t s », c'est-à-dire voué à la c o n t i n e n c e . S o u s la p l u m e d ' E u s è b e , le m o t fxov<xy6£ n e désigne d o n c p a s e n c o r e u n chrétien q u i s'est r e t i r é a u d é s e r t p o u r vivre d a n s la solitude, m a i s àveÇcD
5
2. L e s s e n s d e c e m o t , s p é c i a l e m e n t e n h é b r e u p o s t - b i b l i q u e , o n t é t é é t u d i é s p a r A. N E H E R , « E c h o s d e l a s e c t e d e Q u m r a n d a n s l a l i t t é r a t u r e t a l m u d i q u e » , Les manuscrits de la mer Morte, P a r i s , 1957, p . 45-60; s e s r a p p o r t s a v e c l e g r e c jiovaxàç l'ont é t é p a r M . H A R L , « A p r o p o s d e s logia d e J é s u s : le s e n s d u m o t (xovax6 », Revue des études grecques 73, 1960, p . 464-474. A u x t e r m e s m e n t i o n n é s d a n s l e t e x t e d ' E u s è b e , il c o n v i e n t d ' a j o u t e r àyanr^rà^, autre traduction, fréquente dans la Septante, d e l ' h é b r e u yafiid, cf. n o t r e article, « L e n o m d e s a g a p è t e s », Vigiliae Christianae 23, 1969, p . 30-37. 3. L a c o m p o s i t i o n d u Commentaire des Psaumes d o i t s e s i t u e r v e r s la fin d e l a v i e d ' E u s è b e , a u x a l e n t o u r s d e 330, p e u t - ê t r e u n p e u a p r è s c e t t e .date, e n t o u t c a s a v a n t 339, d a t e d e l a m o r t d ' E u s è b e . L e s d i v e r s e s posit i o n s p r i s e s à c e s u j e t p a r l e s c r i t i q u e s s o n t r a s s e m b l é e s p a r M.J. RONDEAU, Recherches de science religieuse 56, 1968, p . 420, n . 60. 4. Q u ' a s p é c i a l e m e n t r e t e n u A. A d a m d a n s s o n a r t i c l e c i t é c i - d e s s u s ( n . 1). 5. Cf. Stromates I I I , i x , 67, é d . S t â h l i n , GCS 15, p . 226, 23 ; Str. V I I , X I I , 70, GCS 17, p . 51, 5-6.
MONACHISME ET ÉTHIQUE
JUDÉO-CHRÉTIENNE
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u n a s c è t e q u i a r e n o n c é a u m a r i a g e p o u r vivre « seul », conform é m e n t à u n idéal q u i e s t l a r g e m e n t r é p a n d u d a n s l'Eglise des t r o i s p r e m i e r s siècles. Si c e t t e signification est r a r e p o u r le m o t fzov<xx6£ lui-même, p e u a t t e s t é c o m m e s u b s t a n t i f a v a n t la s e c o n d e m o i t i é d u I V siècle, elle est, en r e v a n c h e , b i e n docum e n t é e p o u r son équivalent s y r i a q u e ïhïdâyâ. Ce m o t , f o r m é s u r la m ê m e r a c i n e q u e l ' h é b r e u yahld qu'il t r a d u i t h a b i t u e l l e m e n t ( e n p a r t i c u l i e r d a n s Ps. 68,7), e s t d e v e n u le t e r m e le p l u s u s u e l p o u r désigner le m o i n e , a n a c h o r è t e o u c é n o b i t e . Mais a v a n t d ' ê t r e utilisé d a n s c e sens, il a désigné, d a n s l'Eglise d e M é s o p o t a m i e , u n a u t r e t y p e d'ascètes, d o n t le t r a i t c a r a c t é r i s t i q u e était le r e n o n c e m e n t à la vie conjugale. Ce sens est celui q u ' a e n c o r e c o u r a m m e n t le m o t chez des a u t e u r s d u I V siècle, A p h r a a t e et s a i n t E p h r e m . Uïhtdâyâ est celui q u i vit seul, p a r c e q u ' i l n ' a p a s de f e m m e a u p r è s d e lui. Telle é t a i t la c o n d i t i o n d e ceux q u e l'on a p p e l a i t les b nai q yâmâ, les « fils d u p a c t e », q u i c o n s t i t u a i e n t u n e catégorie spéciale d e fidèles. La c o n d i t i o n essentielle p o u r e n t r e r d a n s la c o n g r é g a t i o n é t a i t d e r e n o n c e r a u m a r i a g e , d e vivre « sépar é m e n t et c h a s t e m e n t », c o m m e e n t é m o i g n e la Doctrine d'Addai : « T o u s c e u x d e la c o n g r é g a t i o n (q yâmâ), h o m m e s et f e m m e s , é t a i e n t c h a s t e s et limpides, s a i n t s et p u r s , et ils demeur a i e n t s é p a r é m e n t (Ihïdàylt) et c h a s t e m e n t , sans souillure, veillant a u service d e Dieu avec u n e p u r e t é r e s p l e n d i s s a n t e . » Ces ïhïdâyë é t a i e n t soit ceux qui, n ' a y a n t j a m a i s c o n n u le mariage, g a r d a i e n t la « virginité », soit ceux qui, a y a n t é t é m a r i é s , r e n o n ç a i e n t à la vie conjugale, p o u r vivre d a n s la « s a i n t e t é ». L'ïhïdâyutâ, c'est-à-dire la c o n d i t i o n à'ïhïdàyâ est i n c o m p a t i b l e , n o n s e u l e m e n t avec le m a r i a g e p r o p r e m e n t dit, m a i s m ê m e , selon A p h r a a t e , avec la s i m p l e c o h a b i t a t i o n d ' u n h o m m e e t d ' u n e f e m m e , fussent-ils fils o u fille d u p a c t e . e
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6. C e s e n s a é t é b i e n é t a b l i p a r E . BECK, « E i n B e i t r a g z u r T e r m i n o l o g i e d e s à l t e s t e n S y r i s c h e n M ô n c h t u m s », Studia Anselmiana 38 (Antonias Magnas eremita 356-1956), R o m e , 1956, p . 254-267 ; e t « A s c é t i s m e e t m o n a c h i s m e c h e z S a i n t E p h r e m », L'Orient syrien 3, 1958, p . 273-298. V o i r a u s s i A. VÔOBUS, History of Asceticism in the Syrian Orient, v o l . 1, CSCO 184, L o u v a i n , 1958, p . 62-108. D e c e t e m p l o i d u m o t s y r i a q u e , o n p e u t rapp r o c h e r l e l a t i n singalaris, qui a u n sens analogue déjà chez Tertullien e t q u i Ta l o n g t e m p s g a r d é : cf. le t i t r e d u t r a i t é De singularitate clericorum d u Pseudo-Cyprien. 7. G. PHILLIPS, The Doctrine of Addai the Apostle, L o n d r e s , 1876, p . 50. 8. Cf. Démonstrations 6,4, é d . P a r i s o t , PS 1, P a r i s , 1894, c o l . 260-261. A p h r a a t e d é n o n c e ici la p r a t i q u e d e s virgines subintroductae.
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A. GUILLAUMONT e
Le m o t grec uovaxo£ lui-même se t r o u v e , a u 1 1 siècle, a t t e s t é d a n s c e t e m p l o i . C'est l ' u n d e s sens, voire le s e n s originel, q u ' a le m o t tel qu'il a p p a r a î t , t r a n s c r i t e n c o p t e , d a n s l'Evangile selon Thomas ; c e t écrit é t a n t t r è s v r a i s e m b l a b l e m e n t d'origine s y r i a q u e , {AOVOCX6£ y e s t s a n s d o u t e l a t r a d u c t i o n d e thidâyâ e t , d e ce m o t , il a r e t e n u le sens a n c i e n q u e n o u s v e n o n s d e r a p p e l e r . Ce s e n s e s t p a r t i c u l i è r e m e n t n e t d a n s le logion 75 : « J é s u s a d i t : I l y e n a b e a u c o u p q u i s e t i e n n e n t p r è s d e la p o r t e , m a i s c e s o n t les monachoi q u i e n t r e r o n t d a n s la c h a m b r e n u p t i a l e . » C e logion s'éclaire à l a l u m i è r e d e s c o n c e p t i o n s a s c é t i q u e s r é p a n d u e s d a n s les milieux syriens : 9
L a v i r g i n i t é , q u i m é p r i s a l a c o u r o n n e c o r r u p t i b l e , r e s p l e n d i r a d a n s la c h a m b r e n u p t i a l e , r a y o n n a n t e e t a m i e d e s fils d e l u m i è r e , p a r c e q u ' e l l e a méprisé l e s œuvres d e s ténèbres. E t celle dont la m a i s o n fut déserte e t s o l i t a i r e a u r a g r a n d e p r e s s e à s e s n o c e s , p a r c e q u e , à c a u s e d'elle, l e s a n g e s s e r o n t e n l i e s s e , l e s p r o p h è t e s e n j o i e e t l e s a p ô t r e s e n f ê t e i°.
P o u r e n t r e r d a n s la vraie c h a m b r e n u p t i a l e , q u i e s t celle d e l'époux céleste (cf. Matt. 25,1-12), il f a u t r e n o n c e r a u m a r i a g e selon l a chair, c'est-à-dire ê t r e u n thïdâyâ, u n monachos. Peut-être est-ce c e t t e signification a n c i e n n e d e u.ovaxo£ q u i explique l'emploi q u e fait d e c e m o t S y m m a q u e , e n Gen. 2,18, p o u r d é s i g n e r la « solitude » d'Adam a v a n t l a c r é a t i o n d'Eve. Il e s t r e m a r q u a b l e q u e c'est é g a l e m e n t chez S y m m a q u e , d o n t E u s è b e a s s u r e qu'il était é b i o n i t e , q u e l'on t r o u v e fxovax6£ d a n s la t r a d u c t i o n d e Ps. 68,7 : peut-être y a-t-il là u n e indic a t i o n s u r l e milieu o ù c e m o t e s t a p p a r u avec s a signification religieuse . 11
12
9. Ed.
A.
GUILLAUMONT,
H.Ch.
PUECH,
G.
QUISPEL,
W.
TILL
et
'ABD AL M A S Î H , P a r i s , 1 9 5 9 , p . 4 0 4 1 . S u r u n a u t r e s e n s d u m o t d a n s gile selon Thomas, voir ci-dessous, n. 4 0 . 1 0 . S . E P H R E M , Hymnes 78, p.
p . 2 8 , 2 5 - 2 9 , 4 (cf.
trad.
sur
le
Paradis
R . LAVENANT e t
7,15, éd.
E . BECK, CSCO
F . G R A F F I N , SC
Yassah
VEvan174/Syr.
137, Paris, 1968,
101-102).
1 1 . Hist. Eccl. V I , 1 7 , affirmation r e p r i s é p a r s a i n t JÉRÔME, De viris ili 5 4 . Cette apparition d u m o t e n milieu ébionite a déjà é t é signalée par K . H E U S S I , Der Ursprung des Mônchtums, Tubingen, 1936, p . 3 9 . 1 2 . E n l a t i n , c e s e n s p r e m i e r d u m o t (xovaxàç e s t b i e n a t t e s t é c h e z CASSIEN : « C o m m e i l s s ' a b s t e n a i e n t d u m a r i a g e e t s e t e n a i e n t à l'écart d e l e u r s p a r e n t s e t d e l a v i e d u s i è c l e , o n l e s a p p e l a m o i n e s (monachï) ou (xovàÇovTeç, à r a i s o n d e l ' a u s t é r i t é d e c e t t e v i e s a n s f a m i l l e (singularis) e t s o l i t a i r e » , Conf. x v m , 5 , é d . E . PICHERY, SC 6 4 , P a r i s , 1 9 5 9 , p . 1 6 .
MONACHISME ET ÉTHIQUE JUDÉO-CHRÉTIENNE
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»
D a n s Ps. 68,7, à (i.ovax6< d e S y m m a q u e e t à [JLOVOÇCÙVO< d e l a Quinta r é p o n d , d a n s l a S e p t a n t e , u.ovÓTpo7co£. L a corresp o n d a n c e souligne u n e c e r t a i n e équivalence d e c e s d e u x dern i e r s t e r m e s ; d e fait {¿ov6Tpo7to< p e u t vouloir dire « célibat a i r e » . Mais E u s è b e p r e n d l e m o t d a n s s o n s e n s plein : e s t monotropos celui q u i , a u lieu d e se c o n d u i r e t a n t ô t d ' u n e façon t a n t ô t d ' u n e a u t r e , a u n c o m p o r t e m e n t t o u j o u r s ident i q u e , celui q u i e s t unius moris, c o m m e t r a d u i t la Vulgate, e n d ' a u t r e s t e r m e s celui d o n t t o u t e l'activité e s t o r i e n t é e vers u n e seule fin. L'idée q u i a s s u r e l e lien e n t r e c e t idéal d u monotropos e t celui d u célibat q u ' é v o q u a i t le m o t [ Z O V 6 £ G > V O £ d e l a Quinta n ' e s t a u t r e q u e celle q u e s a i n t P a u l e x p r i m e d a n s le f a m e u x c h a p i t r e 7 d e l a Première aux Corinthiens : « Il est b o n p o u r u n h o m m e d e n e p a s t o u c h e r à u n e femme... » Pourq u o i ? N o n p a s q u e le m a r i a g e soit e n lui-même m a u v a i s , m a i s , dit l'Apôtre ( v e r s e t s 32-34), « j e veux q u e v o u s soyez s a n s soucis. O r , celui q u i n ' e s t p a s m a r i é s e soucie d e s c h o s e s d u S e i g n e u r e t d e la m a n i è r e d o n t il p l a i r a a u S e i g n e u r ; m a i s celui q u i e s t m a r i é s e soucie d e s c h o s e s d u m o n d e e t d e la m a n i è r e d o n t il p l a i r a à s a f e m m e , e t il e s t p a r t a g é (xai u - e u i p u r r a i ) ». I l e n e s t d e m ê m e , mutatis mutandis, p o u r la f e m m e . « J e vous d i s cela p o u r v o t r e bien..., p o u r q u e v o u s soyez e m p r e s s é s e t a s s i d u s a u p r è s d u Seigneur, s a n s tiraill e m e n t s » ( á T t e p u n r á a T c o S , v. 35). C'est là, s a n s a u c u n d o u t e , le f o n d e m e n t a u t h e n t i q u e d e la virginité c h r é t i e n n e ; c e t t e conception a p u ê t r e c o n t a m i n é e , d e b o n n e h e u r e , p a r d e s influences d u a l i s t e s , d é p r é c i a n t le m a r i a g e e n t a n t q u ' œ u v r e d e c h a i r e t sujétion à l a m a t i è r e , m a i s o n p e u t b i e n d i r e qu'elle n ' a j a m a i s é t é p e r d u e d e v u e . C'est elle q u ' e x p r i m e l'équivalence d e s 13
1 4
t e r m e s f x o v a / ¿ < e t fxovÓTpo7ro<. L e monachos 13.
Cf. A . BAILLY, Dictionnaire
grec-français,
est, en principe,
s.v., q u i r e n v o i e à
PLUTARQUE,
Vie de Romulus 4. 14. D a n s s o n t r a i t é De la virginité, G r é g o i r e d e N y s s e r e v i e n t inlassablement s u r cette idée q u e celui qui e s t marié e s t partagé et n e peut se donner t o u t entier a u Seigneur ; voir e n particulier I X , 2 : « C o m m e n t e n effet q u e l q u ' u n aimera-t-il D i e u d e t o u t s o n c œ u r , q u a n d il p a r t a g e celui-ci e n t r e D i e u e t l e m o n d e , e t q u e , d é r o b a n t l ' a m o u r d û à D i e u seul, il l e g a s p i l l e e n p a s s i o n s h u m a i n e s ? » ( é d . M. AUBINEAU, SC 119, P a r i s , 1966, p . 366-367) ; p o u r é t a y e r s a p e n s é e , G r é g o i r e c i t e a u s s i t ô t a p r è s l e c h . 7 de / Cor. V o i r e n c o r e I I I , 9, V I e n e n t i e r , e t c .
204
A. GUILLAUMONT
celui q u i n e v e u t p a s ê t r e « p a r t a g é », divisé, q u i veut ê t r e a u S e i g n e u r t o u t e n t i e r , le p r i e r , le servir « s a n s t i r a i l l e m e n t s », et q u i , e n c o n s é q u e n c e , s ' a b s t i e n t d u m a r i a g e , o u y r e n o n c e , p a r c e q u e celui-ci e s t c a u s e d e division e t d e p a r t a g e . Tel e s t le motif q u i i n s p i r a i t les vierges e t a s c è t e s d u 1 1 siècle : « T u t r o u v e r a i s p a r m i n o u s , écrit A t h é n a g o r e a u x e m p e r e u r s MarcAurèle e t C o m m o d e , b e a u c o u p d ' h o m m e s e t d e f e m m e s q u i vieillissent e n r e s t a n t célibataires, d a n s l'espoir d ' ê t r e davantage avec Dieu » (êX7r£8i T O U (xaXXov auvéaeaGai TCO 6e
1S
Il e n e s t d e m ê m e , e n milieu syrien, d e s ïhïdâyê. Ceux-ci renoncent a u mariage, c o m m e à toute préoccupation terrestre, afin d e p o u v o i r s'engager, s a n s p a r t a g e e t s a n s r e t o u r , a u comb a t spirituel q u i les a t t e n d . P a r a p h r a s a n t les a v e r t i s s e m e n t s d o n n é s a u x I s r a é l i t e s a v a n t l a bataille e n Deut. 20,5-9, A p h r a a t e définit ainsi les d i s p o s i t i o n s q u i s o n t r e q u i s e s p o u r le c o m b a t spirituel : O v o u s q u i avez é t é appelés a u c o m b a t , écoutez le s o n d e la trompette et prenez courage. J e m'adresse aussi à vous q u i tenez l e s trompettes, v o u s les prêtres, les docteurs et l e s sages. Proclamez e t dites à tout l e p e u p l e : Q u e c e l u i q u i a p e u r s e r e t i r e d u c o m b a t , d e c r a i n t e qu'il n'abatte l e courage d e s e s frères, c o m m e le sien. Q u e celui qui a planté u n e vigne s'en r e t o u r n e l a travailler, d e p e u r qu'il n e s o n g e à elle e t n e s o i t v a i n c u d a n s l e c o m b a t . Q u e c e l u i q u i s'est f i a n c é à u n e f e m m e et veut l'épouser s'en retourne e t s e réjouisse avec s a f e m m e . Q u e celui q u i a c o n s t r u i t u n e m a i s o n s ' e n r e t o u r n e v e r s e l l e , d e p e u r qu'il n e p e n s e à c e t t e m a i s o n e t qu'il n e s e livre p a s p l e i n e m e n t à l a l u t t e . C'est a u x Ufidàyë, e n effet, q u e c o n v i e n t l e c o m b a t , p a r c e q u ' i l s f o n t f a c e e n avant e t qu'ils n e pensent à rien d e c e q u i est derrière eux, c a r leurs trésors sont devant e u x , l e butin qu'ils feront sera tout p o u r e u x e t ils e n tireront l e m a x i m u m d e p r o f i t . 1 6
Il e s t clair q u e , d a n s c e texte, les ïhïdâyê s o n t n o n s e u l e m e n t d e s célibataires, m a i s d e s h o m m e s q u i , sous t o u s les r a p p o r t s , s o n t monotropoi, n ' o n t q u ' u n e seule p r é o c c u p a t i o n , celle d ' ê t r e victorieux d a n s le c o m b a t spirituel. Le célibat n'est q u ' u n a s p e c t p a r t i c u l i e r , m i s s p é c i a l e m e n t e n évidence, d ' u n e abstin e n c e p l u s générale q u i c o n c e r n e t o u t e s les activités d e c e m o n d e e t q u i a p o u r b u t d e g a r d e r l ' h o m m e e n t i è r e m e n t dispon i b l e p o u r l e service d e Dieu.
15. Supplique 1943, p . 161). 16. Dém.
VII,
pour
les chrétiens
18, é d .
33,1 (cf. t r a d . G. BARDY, SC 3, Paris,
PARISOT, c o l .
341,11-344,2.
MONACHISME ET ÉTHIQUE JUDÉO-CHRÉTIENNE
205
Q u a n d le m o n a c h i s m e p r o p r e m e n t d i t se d é v e l o p p e , l'idée q u e le célibat est ce q u i c a r a c t é r i s e a v a n t t o u t le « m o i n e » s ' e s t o m p e , a u profit d ' a u t r e s a s p e c t s d e la vie a s c é t i q u e q u i p r o c è d e n t de la m ê m e exigence f o n d a m e n t a l e . T o u t e s les d é m a r c h e s c o n s t i t u t i v e s d e l a vie m o n a s t i q u e , e n effet, s'expliq u e n t p a r la conviction q u e c e t t e vie est essentiellement « mon o t r o p e », o r i e n t é e e x c l u s i v e m e n t v e r s u n e seule fin. Le r e n o n c e m e n t a u m o n d e et a u x b i e n s de c e m o n d e e s t corrélatif d e la volonté q u ' a le m o i n e d e se d o n n e r t o u t à Dieu. Avant d'aller vivre en a s c è t e d a n s la solitude, s a i n t Antoine d i s t r i b u e a u x gens d u village les b i e n s q u ' i l a h é r i t é s d e ses p a r e n t s , n o n s e u l e m e n t p o u r obéir a u p r é c e p t e évangélique (Matt. 19,21), m a i s aussi, affirme s a i n t A t h a n a s e , p o u r q u e ces b i e n s n e s o i e n t p a s p o u r lui u n e s o u r c e d e t r a c a s . La d o c t r i n e d u r e n o n c e m e n t a été f o r m u l é e s u r t o u t p a r s a i n t Basile : « Il faut r e n o n c e r à t o u s les a t t a c h e m e n t s p a s s i o n n é s d u m o n d e , q u i p e u v e n t faire o b s t a c l e s u r le c h e m i n q u i m è n e v e r s le b u t fixé p a r la religion... E n effet, l'esprit q u i est p a r t a g é e n t r e différents soucis n e p e u t p a s r é u s s i r d a n s ce qu'il s'est p r o p o s é . » E t il cite Matt. 6,24 : « N u l n e p e u t servir d e u x maîtres... V o u s n e pouvez s e r v i r Dieu et M a m o n », p u i s il a b o u t i t à c e t t e défin i t i o n : « Lé r e n o n c e m e n t c o n s i s t e à d é l i e r les liens d e c e t t e vie m a t é r i e l l e et é p h é m è r e , à s e libérer d e s obligations h u m a i nes, l i b é r a t i o n q u i n o u s r e n d p l u s d i s p o s p o u r n o u s e n g a g e r d a n s la voie q u i m è n e v e r s D i e u . » L e r e n o n c e m e n t est fondé s u r le p o s t u l a t qu'il y a i n c o m p a t i b i l i t é e n t r e le m o n d e et Dieu, e n t r e l ' a t t a c h e m e n t à c e t t e vie et le service d e Dieu. U n a u t r e g r a n d théoricien d e la vie m o n a s t i q u e , E v a g r e le P o n t i q u e , qui, e n sa j e u n e s s e , fut disciple d e s a i n t Basile, r é s u m a i t ainsi l'enseignement t r a d i t i o n n e l : 1 7
18
1 7 . Vie d'Antoine 2, PG 2 6 , 8 4 4 A . C o m p a r e r l e r é c i t d e l a v o c a t i o n d e Macaire l'Egyptien selon la Vie copte : « Dès que s o n père fut mort, a u s s i t ô t il l u i v i n t à l'esprit d ' a b a n d o n n e r c e t t e v i e e t s e s s o u c i s p o u r n'avoir plus qu'un unique souci et n'avoir c o m m e seule occupation que d e p r i e r D i e u s a n s d i s t r a c t i o n s ( l e c o p t e hen oumetatèi h raf e s t l'express i o n q u i r e n d àmpwn&a'CùHZ e n I Cor. 7 , 3 5 ) , e t a i n s i il c o m m e n ç a à distrib u e r p e u à p e u t o u t c e q u i l u i a p p a r t e n a i t » ( é d . AMÉLINEAU, Annales du Musée Guimet 2 5 , Paris, 1 8 9 4 , p . 6 1 ) . 1 8 . Grandes règles, Q u e s t i o n 8 : S u r l e r e n o n c e m e n t , PG 3 1 , 9 3 3 D - 9 4 1 A . V o i r a u s s i Lettre II ( à G r é g o i r e d e N a z i a n z e ) , 2 , é d . Y . COURTONNE, v o l . 1 , Paris, 1 9 5 7 , p. 6-8. e
206
A. GUILLAUMONT
T e l d o i t ê t r e le m o i n e : qu'il s ' a b s t i e n n e d e l a f e m m e , qu'il n e p r o c r é e n i fils n i filles (cf. Jér. 16,2-4), m a i s qu'il s o i t u n s o l d a t d u C h r i s t , d é g a g é d e la m a t i è r e , l i b é r é d e s s o u c i s , e x e m p t d e t o u t e p r é o c c u p a t i o n d'affaires. C o m m e l e d i t l'Apôtre : Q u i c o n q u e e s t s o l d a t n e s ' e m b a r r a s s e p a s d e s affaires d e c e t t e v i e , afin d e d o n n e r s a t i s f a c t i o n à c e l u i q u i l'a e n g a g é (// Tint. 2,4)19.
Recueillement C'est a u s s i p o u r avoir c e t t e pleine disponibilité q u e le m o i n e , a p r è s avoir r e n o n c é à la famille et a u x p o s s e s s i o n s d e ce m o n d e , s'éloigne des h o m m e s et se r e t i r e a u d é s e r t : 1' « a n a c h o r è s e », q u i c a r a c t é r i s e le g r a n d m o u v e m e n t m o n a s t i q u e d u I V siècle, p r o c è d e d e c e t t e m ê m e exigence. Elle a p o u r b u t d e p r o c u r e r a u m o i n e ce q u ' E v a g r e , avec bien d ' a u t r e s , appelle Yhésychia : la solitude, le r e c u e i l l e m e n t : « Laisse là les s o u c i s d u monde... S o i s i m m a t é r i e l , i m p a s s i b l e , dégagé d e t o u t désir, afin q u e , d e v e n u é t r a n g e r à t o u t e s les d i s t r a c t i o n s q u i e n p r o v i e n n e n t , t u puisses g o û t e r e x c e l l e m m e n t Yhésychia. C a r si l'on n e se s o u s t r a i t p a s à ces choses, o n n e p e u t p a s b i e n m e n e r la vie m o n a s t i q u e . » C o m m e o n le voit, Yhésychia e s t liée à Vanté* rimnia, Y « a b s e n c e d e soucis », q u e s a i n t P a u l r e c o m m a n d a i t aux Corinthiens ; le r e n o n c e m e n t et la fuite d a n s la solitude s o n t i n s p i r é s p a r le m ê m e motif q u e le r e n o n c e m e n t a u m a r i a g e : se libérer d e t o u t souci a u t r e q u e celui d u Seigneur. La d o c t r i n e de Yhésychia est b i e n i l l u s t r é e p a r la vie d'Arsène, u n d e s p l u s illustres m o i n e s d e Scété ; m ê m e a u d é s e r t , o ù il avait « fui les h o m m e s », il s e d é r o b a i t j a l o u s e m e n t à t o u s ; à u n j e u n e m o i n e q u i s'en é t o n n a i t et lui disait : « P o u r q u o i n o u s fuis-tu ? », il r é p o n d a i t : « Dieu sait q u e j e v o u s aime, m a i s j e n e p u i s ê t r e avec Dieu et avec les h o m m e s », et il a j o u t a i t : « Les milliers e t m y r i a d e s d'en h a u t o n t u n e seule volonté, m a i s les h o m m e s o n t des volontés m u l t i p l e s ; j e n e p u i s d o n c q u i t t e r Dieu et aller avec les h o m m e s . » Mais Yhésychia, la solitude extérieure, et l'unification d e l'activité n e suffisent p a s : elles doivent ê t r e a c c o m p a g n é e s d e l'unification i n t é r i e u r e , celle d e l'esprit. E n t e r m e s évagriens, il n e suffit p a s d ' ê t r e u n « u n h o m m e - m o i n e » : il faut devenir u n « intellect-moine », c'est-à-dire c h a s s e r d e s o n e s p r i t t o u t e E
20
2 1
19. Bases de la vie monastique 2, PG 40, 1253 B . 20. Ibid. 3, 1253 C. 21. Apophtegmes des Pères, A r s è n e 13, PG 65, 92 A.
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207
2 2
a u t r e p e n s é e q u e celle d e D i e u : « S i t o n intellect r e g a r d e e n c o r e d e t o u s c ô t é s a u m o m e n t d e l a p r i è r e , il n e p r i e p a s e n c o r e e n m o i n e , m a i s il a p p a r t i e n t e n c o r e a u m o n d e , a p p l i q u é à d é c o r e r l a t e n t e e x t é r i e u r e . » L'unification e x t é r i e u r e , q u e p r o c u r e Yhésychia, e t l'unification i n t é r i e u r e , q u e réalise l'impassibilité, t e n d e n t , e n effet, à u n m ê m e b u t : faire e n s o r t e q u e l'intellect p u i s s e p r i e r « s a n s d i s t r a c t i o n s », &mpi<jniax<ùç; c e t e r m e , r e p r i s d e s a i n t P a u l , r e v i e n t souvent s o u s l a p l u m e d'Evagre et dans la littérature monastique à propos d e c e q u i est l a v r a i e p r i è r e d u m o i n e , l a « p r i è r e p u r e ». N o u s r e s t o n s d a n s l e s p e r s p e c t i v e s d u c h a p i t r e 7 d e la Première aux Corinthiens : il f a u t ê t r e « a s s i d u a u p r è s d u S e i g n e u r », c'est-à-dire le servir, l e p r i e r « s a n s d i s t r a c t i o n s », e t c'est c e t t e p l e i n e disponibilité q u i r é c l a m e t o u s l e s r e n o n c e m e n t s p r é a l a b l e s . 23
2 4
Unité L e t e r m e (xov6Tpo7coc; e s t d o n c celui q u i e x p r i m e le m i e u x l'essence d e l a vie m o n a s t i q u e , q u i e s t parfois appelée ô pCo< f x o v é T p o T C o ^ . S a i n t Basile o p p o s e « l a v i e d u c h r é t i e n » , celle d u m o i n e , e n c e qu'elle « est monotropos, ayant u n b u t unique, gvoc (TX07COV ëxc6£, e t c e d e r n i e r t e r m e , m i e u x e n c o r e q u e [ A O V 6 T P O 7 C O £ , 2 5
26
2 2 . Cf. Antirrhétique, Berlin,
1912, p.
2 3 . De la prière, 2 4 . EVAGRE,
prol., é d . W. FRANKENBERG,
Evagrius
Ponticus,
474,9-11.
Traité
4 3 , PG 7 9 , 1 1 7 6 C. pratique
6 3 et
6 9 , é d . A.
et
C. GUILLAUMONT,
SC 1 7 1 ,
Paris, 1 9 7 1 , p . 6 4 6 e t 6 5 4 . 2 5 . S u r l a v i e m o n a s t i q u e c o m m e v i e « m o n o t r o p e », v o i r l e s p a g e s d e I. HAUSHERR, Hésychasme et prière, R o m e , 1 9 6 6 , p . 1 7 2 - 1 7 6 ( t e x t e r e p r o d u i t d e s OCP 22, 1 9 5 6 ) , o ù s o n t d é j à m e n t i o n n é s p l u s i e u r s d e s t e x t e s q u e n o u s c i t o n s ici. 2 6 . Grandes règles 2 0 , PG 3 1 , 9 7 3 A . S u r l'idée i c i e x p r i m é e e t s u r l e s e n s d e axonàç d a n s l a l i t t é r a t u r e m o n a s t i q u e , v o i r M . H A R L , « L e guett e u r e t l a c i b l e : l e s d e u x s e n s d e axonàç d a n s l a l a n g u e r e l i g i e u s e d e s c h r é t i e n s » , Revue des études grecques 7 4 , 1 9 6 1 , p . 450-468, s p . p . 4 5 8 , o ù l e t e x t e d e B a s i l e e s t c i t é . C o m p a r e r SÉRAPION DE T H M U I S , Lettre aux moines, q u i l o u e l e s m o i n e s d e n ' a v o i r p a s l'esprit d i s p e r s é , m a i s d ' a v o i r sTe u n b u t u n i q u e ( gva OXOTTÈV ë x )> Qui e s t d e p l a i r e à D i e u ( P G 4 0 , 9 2 8 A); e t a u s s i CASSIEN, Conf. XXIV, 6 : « I t a m o n a c h i o m n i s i n t e n t i o i n u n u m s e m p e r e s t defigenda... » ( é d . E . PICHERY, SC 6 4 , p . 1 7 6 ) .
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i n d i q u e q u e la c a r a c t é r i s t i q u e essentielle d e c e t t e vie est d ' ê t r e u n i f i é e : « Moines, dit Grégoire de Nazianze, vivez la vie des m o i n e s . Si vous vivez avec d e s agapètes, v o u s n'êtes p a s des m o i n e s . La d u a l i t é v o u s est é t r a n g è r e ; l'unité (p-ovàç) est l'image d e la gloire angélique. Si v o u s êtes c h a r m é s p a r les a g a p è t e s , v o u s ê t e s d e s a m i s d e l a d u a l i t é m o r t e l l e . » C'est p a r c e q u e le m o i n e est, p a r définition, u n ê t r e v o u é à l'unité qu'il doit vivre seul. La solitude, q u e ce soit celle d u célibat o u celle d u désert, est, d a n s l'idéal m o n a s t i q u e , c h o s e s e c o n d e p a r r a p p o r t à l'exigence, p r e m i è r e , de l'unité. 27
28
Cette idée a p p a r a î t d a n s m a i n t e s définitions q u i o n t é t é donn é e s d u m o i n e . U n texte d u Pseudo-Macaire r é s u m e admirab l e m e n t les divers a s p e c t s d u m o n a c h i s m e q u e n o u s v e n o n s d'analyser : L e m o i n e d o i t s o n n o m e n p r e m i e r l i e u a u f a i t qu'il e s t s e u l , p u i s q u ' i l s ' a b s t i e n t d e l a f e m m e e t qu'il a r e n o n c é a u m o n d e i n t é r i e u r e m e n t e t extérieurement : extérieurement, e n renonçant à la m a t i è r e et a u x choses du m o n d e ; intérieurement, en renonçant à leurs représentations mêmes, e n n ' a d m e t t a n t p a s l e s p e n s é e s d e s p r é o c c u p a t i o n s m o n d a i n e s . Il e s t a p p e l é m o i n e , e n s e c o n d l i e u , p a r c e q u ' i l p r i e D i e u d ' u n e p r i è r e ininterr o m p u e , p o u r purifier s o n i n t e l l e c t d e s p e n s é e s m u l t i p l e s e t a d v e r s e s e t p o u r q u e s o n intellect d e v i e n n e m o i n e e n lui-même e t seul devant le vrai Dieu, sans admettre les pensées d u mal, mais demeurant constamment pur et intègre devant D i e u . 2 9
27. D a n s s o n Traité ascétique, Nil emploie indifféremment, d a n s le m ê m e p a r a g r a p h e , ô (xovaairix&ç ß l o £ , ô ßtoc {iova&tx6ç e t ô u.ovTfjpY)£ ßtoc (§ 9, PG 79, 729 A B ) . . S o u s l a p l u m e d ' E v a g r e a u s s i , o n lit uova&tx&ç ß l o c p o u r d é s i g n e r l a v i e m o n a s t i q u e (Des mauvaises pensées 14, ibid. 1216 B C ) . Mov<x$ix6ç e s t f r é q u e n t a u s s i c h e z s a i n t B a s i l e e t G r é g o i r e d e N a z i a n z e . S u r s o n e m p l o i c h e z Clément d'Alexandrie p o u r désigner celui qui est p a r v e n u à l'unité, v o i r W . VÖLKER, Der wahre Gnostiker nach Clemens Alexandrinus, B e r l i n , 1952, p . 532-533 ( a v e c n o t e 1). 28. Epigrammes 20, PG 38, 93 A. S u r l e s a g a p è t e s o u subintroductae, cf. l a c r i t i q u e d'Aphraate, c i - d e s s u s , p . 201 e t n . 8. L'unification a s s i m i l e l a v i e m o n a s t i q u e à l a v i e a n g é l i q u e : v o i r l ' a p o p h t e g m e d'Arsène c i t é c i < l e s s u s , p . 206, e t , s u r c e t h è m e , S . FRANK, ' A y y e X t x o ç ß l o c , M ü n s t e r 1964. 29. Homélie 56, é d . G.L. MARRIOTT, Macarii Anecdota, Cambridge, Mass., 1918, p . 44. U n a p o p h t e g m e a t t r i b u é à M a c a i r e p a r a î t r é s u m e r c e t t e défin i t i o n : « L e m o i n e e s t a p p e l é m o i n e (jxovaxàç), p a r c e q u e , n u i t e t j o u r , il c o n v e r s e a v e c D i e u e t il s e r e p r é s e n t e s e u l e m e n t l e s c h o s e s d e D i e u , n ' a y a n t rien s u r l a t e r r e » (Synagoge d e P a u l E v e r g è t e I, 22,12, n i l e é d . , vol. 1, A t h è n e s , 1957, p . 199).
MONACHISME ET ÉTHIQUE JUDÉO-CHRÉTIENNE
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Ce texte définit excellemment le m o i n e c o m m e monotropos, selon les d e u x sens q u e n o u s avons v u s : monotropos, parce qu'il n e se m a r i e p a s et d e m e u r e célibataire ; monotropos aussi, p a r c e q u ' i l unifie s o n esprit, t o u t e n t i e r a b s o r b é d a n s u n e seule p e n s é e , celle d e Dieu. Cette m ê m e idée, avec i n s i s t a n c e s u r l'unification i n t é r i e u r e , se r e t r o u v e d a n s u n a u t r e p r o p o s attrib u é à M a c a i r e et conservé en c o p t e : C e qu'il f a u t p o u r l e m o i n e q u i e s t a s s i s d a n s s a c e l l u l e (c'est-à-dire l ' h é s y c h a s t e ) , c ' e s t qu'il r a s s e m b l e e n l u i - m ê m e s o n i n t e l l e c t l o i n d e t o u s les soucis d u monde, sans le laisser vagabonder dans les vanités d e ce siècle, qu'il soit tendu vers u n b u t unique, appliqué c o n s t a m m e n t à la p e n s é e de D i e u seul, restant e n lui à t o u t e heure, s a n s distractions, n e laissant rien de terrestre troubler son cœur, ni pensée d e s choses charnelles, ni souci d e s e s parents, ni consolation de s a famille, m a i s q u e d a n s s o n e s p r i t e t d a n s t o u s s e s s e n s il s o i t c o m m e s e t e n a n t e n p r é s e n c e d e D i e u , afin d ' a c c o m p l i r e n c e l a l a p a r o l e d e l'Apôtre q u i d i t : Afin q u e l a v i e r g e s o i t t o u t e a s s i d u e a u p r è s d u S e i g n e u r , d a n s u n e a b s e n c e c o m p l è t e d e d i s t r a c t i o n s 3°.
Cette m ê m e idée a p p a r a î t e n c o r e , avec r é f é r e n c e explicite à Ps. 68,7, chez le théologien m o n o p h y s i t e syrien Philoxène d e M a b b o u g (fin d u v ^ d é b u t d u v i s.) : c
I l f a u t q u e l e m o i n e (ïfyïdâyâ) soit effectivement accordé à son n o m et d e v i e n n e m o i n e e x t é r i e u r e m e n t e t i n t é r i e u r e m e n t , qu'il n'y a i t e n lui rien d'autre q u e l u i s e u l e t Celui q u i d e m e u r e e n lui, j e v e u x d i r e l e Christ, l e q u e l n e c o n s e n t à v e n i r r é s i d e r e n l u i q u e s'il e s t s e u l . Il a dit e n effet : « Il f a i t h a b i t e r l e s o l i t a i r e (Vfidàya) d a n s u n e m a i s o n », e t : « Là o ù d e u x o u trois s o n t a s s e m b l é s e n m o n n o m , j e suis a u m i l i e u d'eux .» 3 1
32
P l u s l o i n , Philoxène, c r i t i q u a n t celui q u i m u l t i p l i e les l e c t u r e s e t e n c o m b r e s o n e s p r i t d e p e n s é e s , a s s u r e qu'il n e p e u t conn a î t r e Yhésychia ( e n s y r i a q u e $ lyâ) « p a r c e q u ' u n e m u l t i t u d e h a b i t e e n lui e t il n ' e s t p a s m o i n e n i d a n s le m o n a c h i s m e , wPlâ 'ita(wi) ïhïdâyà wab ïhïdâyûtâ » ; Philoxène j o u e s u r ces d e r n i e r s m o t s , q u i p o u r r a i e n t a u s s i b i e n se t r a d u i r e , c o m p t e e
e
30. Vertus de Saint Macaire, é d . AMÉLINEAU, op. cit., p . 170-171 ( n o u s modifions la traduction d e l'éditeur). 31. E d . R. LAVENANT, PO 30,5, P a r i s , 1963 p . 782-783, § 35 ( l a t r a d u c t i o n e s t l é g è r e m e n t m o d i f i é e ) . L a c i t a t i o n d e Mat t. 18,20 p e u t p a r a î t r e inad a p t é e , s i n o n p a r a d o x a l e ; e n r é a l i t é , l e l o g i o n e s t c i t é d ' a p r è s u n e interp r é t a t i o n t r a d i t i o n n e l l e c h e z l e s S y r i e n s (cf. l e c o m m e n t a i r e q u ' e n fait APHRAATB, Dém. 4, é d . PARISOT, 160-161); il f a u t c o m p r e n d r e : c e u x q u i , é t a n t d e u x o u trois, s e s o n t unifiés, j e suis a v e c e u x ( c o m p a r e r c e qu'est d e v e n u l e l o g i o n d a n s L'Evangile de Thomas 30, é d . cit., p . 20-21). 32. Ibid. § 62, p . 810-811.
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t e n u d u c o n t e x t e : « e t il n ' e s t p a s unifié n i d a n s l'unification. » Philoxène explicite ici p l e i n e m e n t le sens d u m o t ïhïdâyâ e t , p a r là m ê m e , d e s o n c o r r e s p o n d a n t grec [AOV<XX6£. De c e s textes d e Philoxène il convient d e r a p p r o c h e r u n e définition célèbre d u Pseudo-Denys, q u i se s i t u e à p e u p r è s à la m ê m e é p o q u e e t , p r o b a b l e m e n t , d a n s les m ê m e s milieux syriens : N o s divins précepteurs l e s ( = les moines) o n t jugés dignes d e porter d e s n o m s s a i n t s . L e s u n s l e s o n t a p p e l é s s e r v i t e u r s (OepocTreuTàç), l e s a u t r e s m o i n e s (|iovaxoi$ç), à c a u s e d u s e r v i c e e t d u c u l t e p u r q u ' i l s r e n d e n t à D i e u e t à c a u s e d e l e u r v i e s a n s d i v i s i o n e t u n e (à(ieplaTou x a l é v i a t a ç ÇCÛYJÇ) q u i l e s unifie d a n s u n r e c u e i l l e m e n t e x c l u s i f d e t o u t p a r t a g e , p o u r l e s a m e n e r à l'unité d é i f o r m e (OeoeiS?} jiovàSa) e t à l a perfection de l'amour d i v i n . 3 3
Il e s t r e m a r q u a b l e qu'il n'est fait a u c u n e allusion ici n i à l a solitude d a n s le d é s e r t , a l o r s q u e l ' a n a c h o r é t i s m e e s t r é p a n d u d a n s t o u t le m o n d e c h r é t i e n , n i a u célibat d u m o i n e , q u e ment i o n n a i t Macaire, m a i s u n i q u e m e n t à la t e n d a n c e v e r s l'unité.
2. Origines d e la doctrine monastique Influences
philosophiques
D'où p r o v i e n t c e t t e d o c t r i n e ? L e texte d e Denys suffirait, à lui seul, à m o n t r e r q u ' i l y a u n e g r a n d e p a r t à faire d a n s la f o r m u l a t i o n , voire d a n s l'élaboration, d e c e t t e d o c t r i n e a u x influences v e n u e s d e l a philosophie g r e c q u e . L a t h é o r i e d e l'unification d e l'âme r e m o n t e à P l a t o n , q u i a enseigné comm e n t , « p a r le p r o c é d é d e r e c u e i l l e m e n t e t l a m é t h o d e dialect i q u e , o u mieux, s y n o p t i q u e , l'âme d u sage s'unifie e n s e concent r a n t e n u n seul a c t e o ù elle r a s s e m b l e t o u t e s s e s p u i s s a n c e s , d a n s la c o n s i d é r a t i o n d ' u n seul o b j e t ». Cet objet e s t l'Un, et c'est p o u r s'unir à l'Un q u e l'âme doit, e n v e r t u d e la t h é o r i e 34
3 3 . Hiérarchie eccl V I , 3 , PG 3 , 5 3 2 D - 5 3 3 A . N o u s r e p r o d u i s o n s ( s a u f u n e l é g è r e r e t o u c h e ) l a t r a d u c t i o n d o n n é e d e c e p a s s a g e p a r R . ROQUES d a n s Théologie de la vie monastique, Paris, 1 9 6 1 , p . 2 8 7 - 2 8 8 ; voir le c o m m e n t a i r e q u i e s t f a i t d e c e t e x t e , ibid., p . 3 0 5 - 3 1 2 . L e t e x t e e s t c i t é p a r I . H A U S H E R R , op p.
cit.,
p . 1 7 4 , e t par M . HARL, art. c i t é ci-dessus ( n . 2 ) ,
472473.
3 4 . Cf. A . J . FESTUGIÈRE, La révélation d'Hermès Trismégiste, I I , Paris, 1 9 4 9 , p . 2 2 4 - 2 2 5 ; p o u r P l a t o n , d u m ê m e , Contemplation et vie contemplative selon Platon, P a r i s , 1 9 3 6 , p . 2 2 3 - 2 2 5 e t 2 3 2 - 2 3 4 ; v o i r s u r t o u t Lois 9 6 5 b .
MONACHISME ET ÉTHIQUE JUDÉO-CHRÉTIENNE
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p l a t o n i c i e n n e d e l'assimilation, s u r m o n t e r s o n actuelle dispersion e t devenir u n e . C e t t e d o c t r i n e a r e ç u u n g r a n d développ e m e n t chez Philon, q u i , le p r e m i e r , a c h e r c h é à lui d o n n e r u n f o n d e m e n t b i b l i q u e : a v a n t l a c r é a t i o n d'Eve, q u a n d il m e n a i t e n c o r e l a « vie solitaire » (IAOVYJPY) p t o v ) , A d a m é t a i t un ( e Ï £ ) e t s e m b l a b l e , p a r son u n i c i t é ( x a r à r))v u.6vcoaiv), a u m o n d e et à Dieu ; m a i s q u a n d l a f e m m e fut c r é é e , la d u a l i t é q u i était l a t e n t e e n lui s e m a t é r i a l i s a ; l a f a u t e d'Adam, c a u s e d e s a c h u t e , f u t d'avoir p r é f é r é l a d u a l i t é à l ' u n i t é ; l e s a l u t r é s i d e d o n c d a n s u n r e t o u r à l'unité, c a r l'esprit d e Dieu n e p e u t e n t r e r d a n s u n e â m e « divisée e t m u l t i f o r m e » ; m a i s q u a n d l'intellect, plein d e Dieu, n'est m ê l é à r i e n d e c e q u i e s t associé à l a dualité, il devient p a r e i l à l a M o n a d e e t il e s t r é s o l u d a n s la n a t u r e d e l ' u n i t é . Une telle d o c t r i n e se r e t r o u v e é g a l e m e n t chez Clément d ' A l e x a n d r i e e t s u r t o u t d a n s l a g n o s e . I l n e fait a u c u n d o u t e q u e l e s textes q u e n o u s avons cités ci-dessus, o ù l a v i e m o n a s t i q u e e s t définie c o m m e é t a n t e s s e n t i e l l e m e n t u n e vie unifiée, e n p o r t e n t , p e u o u p r o u , la m a r q u e . 35
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D u p o i n t d e v u e d e l a c o n d u i t e , l ' a t t i t u d e d u m o i n e vis-à-vis des b i e n s d e c e m o n d e , voire d u m a r i a g e , n ' e s t p a s s a n s r a p p e l e r celle q u ' E p i c t è t e r e c o m m a n d a i t a u j e u n e h o m m e q u i voulait « p h i l o s o p h e r » : o n n e p e u t ê t r e « a u j o u r d ' h u i philos o p h e , d e m a i n p e r c e p t e u r d ' i m p ô t s , p u i s r h é t e u r , p u i s procur a t e u r d e César. T o u t cela n e v a p a s e n s e m b l e . I l faut q u e t u sois u n h o m m e un (2va), t o u t b o n o u t o u t m a u v a i s , t u dois cultiver o u l a p a r t i e m a î t r e s s e d e t o n â m e o u l e s choses extér i e u r e s , c o n s a c r e r t e s forces a u soin d e t o n i n t é r i e u r o u d e c e q u i e s t h o r s d e toi, c'est-à-dire e m b r a s s e r la vie d ' u n philo-
35.
De
opificio
3 6 . De
somniis
3 7 . Quod Deus 3 8 . Quaestiones 1953, 39.
p. Cf.
mundi
151-153,
é d . R . ARNALDEZ,
I I , 7 0 , é d . P . SAVINEL,
Paris,
Paris, 1 9 6 1 , p .
1962,p.
242-243.
160-161.
sit immutabilis 2 , é d . A . MOSES, P a r i s , 1 9 6 3 , p . 6 2 - 6 3 . in Exodum 2 9 ( i n Ex. 2 4 , 2 ) , t r a d . R . MARCUS, L o n d r e s ,
69-70. W . VOLKER,
op.
cit.,
p.
532-533.
40. Le thème gnostique d u « rassemblement » a é t é étudié, c e s dernières a n n é e s , p a r H . C h . PUECH, cf. Annuaire de l'Ecole Pratique des Hautes Etudes,
Section
des
se.
relig.,
année
1962-63,
p.
84-86;
1963-64,
p.
90-91;
1 9 6 4 - 6 5 , p . 1 0 1 - 1 0 4 . C'est à l a l u m i è r e d e l a d o c t r i n e g n o s t i q u e d e l'unific a t i o n qu'il convient d'expliquer l e s e n s q u ' a reçu l e m o t uovaxàç dans l e d e r n i e r é t a t d e l'Evangile selon Thomas, l o g . 1 6 , 4 9 , 7 5 ( a u x q u e l s il f a u t ajouter log. 4 et 2 3 , o ù se trouve l'expression copte correspondante, et, p o u r l'idée, log. 1 1 , 2 2 et
1 0 6 ) , cf.
PUECH,
ibid.,
année
1961-62, p.
90-93.
212
A. GUILLAUMONT 41
s o p h e o u celle d ' u n p r o f a n e ». E n t r e la p h i l o s o p h i e et l a vie o r d i n a i r e , fondée s u r le plaisir e t la c o m p l a i s a n c e a u x a u t r e s , il f a u t choisir : « C a r n u l , s'il h é s i t e e n t r e d e u x r o u t e s , n e p e u t f a i r e d e p r o g r è s , m a i s si t u a s p r é f é r é à t o u t e a u t r e c e t t e voie (la p h i l o s o p h i e ) , si c'est à elle seule q u e t u d é s i r e s t ' a t t a c h e r , si t u veux y t e n d r e d e t o u s t e s efforts, laisse t o u t le r e s t e . . . ». N u l c o m p r o m i s n ' e s t possible : « T u n e p e u x a c c o r d e r t o n a t t e n tion à la fois à l'acquisition d e s o b j e t s e x t é r i e u r s et à la p a r t i e m a î t r e s s e d e t o n â m e . Si t u désires les p r e m i e r s , a b a n d o n n e la s e c o n d e ; sinon, t u n ' a u r a s n i l'un ni l ' a u t r e , tiraillé (7cepia7ccàu.evo£) q u e t u s e r a s e n t r e les d e u x . » C'est la r a i s o n p o u r laquelle le j e u n e p h i l o s o p h e c y n i q u e d o i t éviter d e se m a r i e r et d'avoir d e s e n f a n t s : il faut qu'il « d e m e u r e libre d e t o u t c e q u i p o u r r a i t le d i s t r a i r e (à7cep£a7ua(XTov), t o u t e n t i e r a u service d e Dieu, e n m e s u r e d e se m ê l e r a u x h o m m e s , s a n s ê t r e e n c h a î n é p a r d e s devoirs privés, s a n s ê t r e engagé d a n s d e s r e l a t i o n s sociales auxquelles il n e p o u r r a se s o u s t r a i r e . . . ». L ' a r g u m e n t q u e fait v a l o i r E p i c t è t e est celui-là m ê m e qu'invoq u a i t s a i n t P a u l : le m a r i a g e e m p ê c h e d ' ê t r e t o u t entier, s a n s t i r a i l l e m e n t s , impianiax^y a u service d e D i e u ; l'identité s'étend j u s q u ' a u v o c a b u l a i r e . E p i c t è t e b r o s s e e n s u i t e u n t a b l e a u d e s i n c o n v é n i e n t s d u m a r i a g e , lieu c o m m u n d e la d i a t r i b e cynico-stoïcienne q u i a été r e p r i s à s a t i é t é d a n s l a l i t t é r a t u r e a s c é t i q u e e t m o n a s t i q u e c h r é t i e n n e . Le sage doit vivre seul, fx6vo£, s a n s f e m m e n i e n f a n t s , c a p a b l e d e se suffire à lui-même, d e r e s t e r u n i q u e m e n t avec lui-même, t o u t c o m m e Zeus, l'esprit appliqué au gouvernement divin . 42
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41. Entretiens I I I , 15,12-13, é d . J . SOUILHÉ, v o l . I I I , P a r i s , 1963, p . 53-54. 42. Ibid. I V , 2,4, é d . J . SOUILHÉ, v o l . I V , P a r i s , 1965, p . 33 ( e t v o i r l a suite d u texte). 43. Ibid. I V , 10,25, v o l . I V , p . 80. 44. Ibid. I I I , 22, 69, v o l . I I I , p . 80. 45. Ibid. § 70-76, p . 80-81. 46. Cf. G.C. HANSEN, « M o l e s t i a e n u p t i a r u m », Wissenschaftliche Zeitschrift der Universität Rostock, 1963, p . 215-219, e t M . AUBINEAU, SC 119, p . 94-96. 47. P o u r c e s e n s d e JA6VO£, v o i r , p a r e x e m p l e , Entretiens I V , 1, 1, 162-163, éd.
SOUILHÉ, vol.
IV,
p.
29.
48. Cf. ibid. I I I , 13, 6-8, v o l . I I I , p . 47. E p i c t è t e d i s t i n g u e jx6vo<, p r i s e n c e s e n s , e t gpiQtio<s, q u i s ' a p p l i q u e à c e l u i q u i e s t i s o l é , d é l a i s s é , p r i v é d e s e c o u r s (ibid. § 1-5, p . 46).
MONACHISME ET ÉTHIQUE
Influences
juives
et
213
JUDÉO-CHRÉTIENNE
judéo-chrétiennes
L'idéal m o n a s t i q u e s'expliquerait-il d o n c u n i q u e m e n t p a r les influences r e ç u e s d e l ' h e l l é n i s m e ? L ' h i s t o i r e la p l u s a n c i e n n e d u m o t {xovax6£, telle q u e n o u s l'avons é v o q u é e à p r o p o s d u c o m m e n t a i r e d ' E u s è b e s u r Ps. 68,7, l'emploi q u i e s t fait d e ce m o t p a r S y m m a q u e invitent assez n a t u r e l l e m e n t , n o u s semblet-il, à c h e r c h e r d a n s u n e a u t r e d i r e c t i o n , d u c ô t é d u j u d é o c h r i s t i a n i s m e . L'idéal d u monachos, c a r a c t é r i s é essentiellem e n t p a r le refus d ' ê t r e p a r t a g é et p a r la r e c h e r c h e d e l ' u n i t é d a n s la c o n d u i t e , n o u s p a r a î t avoir u n r a p p o r t é t r o i t avec u n e d e s n o t i o n s f o n d a m e n t a l e s d e l'éthique j u d é o - c h r é t i e n n e , celle q u ' e x p r i m e le m o t &n\6x^ la s i m p l i c i t é . 49
50
51
t
Le j u d a ï s m e d e l ' é p o q u e hellénistique a c o n n u c e r t a i n s cour a n t s a s c é t i q u e s , q u i se s o n t l a r g e m e n t d é v e l o p p é s d a n s les milieux judéo-chrétiens ; ces t e n d a n c e s s o n t p a r t i c u l i è r e m e n t sensibles d a n s les Testaments des douze patriarches, u n écrit juif r e p r i s e t r e m a n i é p a r les c h r é t i e n s . La c h a s t e t é e t la c o n t i n e n c e y s o n t p r ô n é e s avec i n s i s t a n c e s . On lit p a r m i les r e c o m m a n d a t i o n s a d r e s s é e s p a r R u b e n à ses fils : « N e faites p a s a t t e n t i o n à la b e a u t é des f e m m e s et n e songez p a s à ce qu'elles font, m a i s m a r c h e z d a n s la simplicité d u c œ u r e t d a n s la c r a i n t e d u S e i g n e u r » ; il les m e t en g a r d e c o n t r e la forni52
3
w
4 9 . C'était la t h è s e , a p r è s d ' a u t r e s , d e R . REITZENSTEIN : v o i r Historia Monachorum und Historia Lausiaca, G ü t t i n g e n , 1 9 1 6 , p . 9 6 e t s. 5 0 . La t h è s e d e l'origine s é m i t i q u e et judéo-chrétienne d e l'ascèse chrét i e n n e a é t é s o u t e n u e , à p r o p o s d e l'Evangile selon Thomas, p a r G. QUISPEL, « L ' E v a n g i l e s e l o n T h o m a s e t l e s o r i g i n e s d e l ' a s c è s e c h r é t i e n n e », Aspects du judéo-christianisme, Paris, 1965, p . 35-51 ; l'auteur fait état surtout d e l ' e n c r a t i s m e , s a n s r é f é r e n c e à l a n o t i o n d e « s i m p l i c i t é ». 5 1 . L'importance d e cette notion d a n s le judéo-christianisme e s t soul i g n é e p a r J . DANIÉLOU, Théologie du judéo-christianisme, Paris, 1 9 5 8 , p. 4 1 8 4 2 1 . S u r c e t t e n o t i o n , v o i r la m o n o g r a p h i e d e J . AMSTUTZ, A7UX6T>)Ç. Eine begriffsgeschichtliche Studie zum jüdisch-christlichen Griechisch, Bonn, 1968. C
5 2 . Cf. R . EPPEL, Le piétisme juif dans les Testaments des douze patriarches, P a r i s , 1 9 3 0 , s p . p . 1 4 3 - 1 7 7 . L ' a u t e u r fait j u s t e m e n t r e m a r q u e r q u e les pratiques ascétiques qui y sont recommandées, c o m m e le jeûne, n'ont p a s s e u l e m e n t u n c a r a c t è r e p é n i t e n t i e l , m a i s p r é p a r e n t l e fidèle à r e c e v o i r c e r t a i n e s f a v e u r s d i v i n e s , c o m m e l e s v i s i o n s e t r é v é l a t i o n s . A i n s i e n est-il a u s s i d a n s le IV Livre d'Esdras. e
53.
Cf.
5 4 . Test.
EPPEL,
Ruben
op.
cit.,
p.
154-155 et
171.
4 , 1 , é d . R . H . CHARLES, r é i m p . , H i l d e s h e i m , 1 9 6 0 , p . 8 .
214
A. GUILLAUMONT
c a t i o n et c o n t r e la f r é q u e n t a t i o n des f e m m e s , d é c o n s e i l l a n t la p r o m i s c u i t é d e s sexes, q u i n u i t à la p u r e t é d e la p e n s é e , aussi b i e n chez les h o m m e s q u e chez les f e m m e s . J o s e p h y est p a r t i c u l i è r e m e n t loué, e n r a i s o n d e s a c h a s t e t é . Le m a r i a g e , c e r t e s , n'y est p a s c o n d a m n é , m a i s il y a u n e t e n d a n c e t r è s n e t t e à r é d u i r e le p l u s p o s s i b l e , d a n s la vie conjugale, l'activité sexuelle, q u i d o i t ê t r e s t r i c t e m e n t limitée à la p r o c r é a t i o n ; t o u t e r e c h e r c h e d ' u n p l a i s i r d e s sens est b l â m é e . La c o n t i n e n c e , a u c o n t r a i r e , est e n h o n n e u r . Il est d i t q u e l'ange d u Seigneur a n n o n ç a à J a c o b q u e Rachel a u r a i t d e u x e n f a n t s , « p a r c e qu'elle a dédaigné le c o m m e r c e avec son m a r i et a choisi la contin e n c e » . L ' a b s t e n t i o n , a u m o i n s t e m p o r a i r e , est r e q u i s e , p o u r v a q u e r à la p r i è r e , c a r « il y a u n t e m p s p o u r l'union conjugale e t u n t e m p s p o u r la c o n t i n e n c e en v u e d e la p r i è r e ». U n e telle é t h i q u e , q u i est d e v e n u e celle d u j u d é o c h r i s t i a n i s m e , avec des t e n d a n c e s a s c é t i q u e s aussi c a r a c t é r i s é e s , a s a n s a u c u n d o u t e exercé u n e influence d a n s la f o r m a t i o n d e l'ascétisme c h r é t i e n et la n a i s s a n c e d u m o n a c h i s m e . 5 5
56
5 7
5 8
Le p r e m i e r texte cité m e t la c h a s t e t é en r a p p o r t avec la simplicité d u c œ u r et la c r a i n t e d e Dieu. La simplicité, obuXoT^X, est la v e r t u f o n d a m e n t a l e d a n s les Testaments et dans d'autres écrits juifs d u m ê m e t e m p s . Elle l'est r e s t é e d a n s l'éthique j u d é o - c h r é t i e n n e , c o m m e o n le voit n o t a m m e n t d a n s le Pasteur d'Hermas et d a n s YEpître aux Corinthiens d e Clément (Prima démentis) . La haplotès est, d ' u n e façon générale, la recti5 9
60
55.
Ibid.
56.
Cf.
6,1-3, p.
12.
EPPEL, op.
cit.,
p.
171.
5 7 . Test. Issachar 2 , 1 , é d . CHARLES, p . 1 0 8 . A l l u s i o n e s t faite à l ' h i s t o i r e d e s m a n d r a g o r e s , e n é c h a n g e d e s q u e l l e s R a c h e l a c c o r d a à Léa d e p a s s e r u n e n u i t a v e c J a c o b (Gen. 3 0 , 1 4 - 2 4 ) . 5 8 . Test. Nephtali 8 , 8 , é d . CHARLES, p . 1 5 7 ; à r a p p r o c h e r d e / Cor. 7 , 5 . Il y a d o n c i n c o m p a t i b i l i t é e n t r e l ' e x e r c i c e d e l a v i e c o n j u g a l e e t le s e r v i c e d e D i e u : s i celui-ci v e u t ê t r e i n i n t e r r o m p u , il d o i t e x c l u r e le m a r i a g e . C e t t e c o n c l u s i o n , q u i n ' a p p a r a î t p a s d a n s l e s Testaments, est c e l l e q u e s e m b l e n t a v o i r t i r é e l e s E s s é n i e n s , cf. n o t r e a r t i c l e , « A p r o p o s d u c é l i b a t d e s E s s é n i e n s », Hommages à André Dupont-Sommer, Paris, 1971,
p.
395404.
5 9 . P o u r l e s Testaments, v o i r EPPEL, op. cit., p . 1 4 7 - 1 5 2 ; d a n s l a Sagesse de Ben Sira, J. HADOT, Penchant mauvais et volonté libre dans la Sagesse de Ben Sira (l'Ecclésiastique), Bruxelles, 1 9 7 0 , p. 177-181. 6 0 . Cf. G . ANDRÉ, « La v e r t u d e s i m p l i c i t é c h e z l e s P è r e s a p o s t o l i q u e s », Recherches de science religieuse 1 1 , 1 9 2 1 , p . 3 0 6 - 3 2 7 ; p o u r YEpître de C l é m e n t , v o i r l'édition d e A. JAUBERT, SC 1 6 7 , P a r i s , 1 9 7 1 , p . 1 4 0 - 1 4 1 .
MONACHISME ET ÉTHIQUE 61
215
JUDÉO-CHRÉTIENNE 62
t u d e d a n s la c o n d u i t e , l ' i n n o c e n c e , l'intégrité visxV) é t a n t d a n s la Bible g r e c q u e u n e d e s t r a d u c t i o n s usuelles d u m o t « c œ u r », q u a n d celui-ci d é s i g n e e n h é b r e u la t o t a l i t é d e s facultés psychiq u e s d e l ' h o m m e . C'est à la l u m i è r e d e c e s u b s t r a t q u ' a p p a r a î t c e q u i e s t l'élément essentiel d e la v e r t u d e « simplicité ». Q u a n d il e s t p r e s c r i t qu'il faut a i m e r Dieu (Deut. 6,5), le cherc h e r (ibid., 4,29) « d e t o u t s o n c œ u r », b kol lëb, l'accent p o r t e s u r le m o t « t o u t » : c'est avec la t o t a l i t é d u c œ u r , c'est-à-dire d e t o u t s o n ê t r e , q u e l e fidèle doit s ' a t t a c h e r à Dieu e t l e servir, 63
M
65
e
66
e
61. Le de celui l'emploi Issachar
m o t r e n d p a r f o i s l ' h é b r e u yôSèr (cf. / Chr. 2 9 , 1 7 ) : c'est l e f a i t q u i v a tout droit, sans dévier ni à droite ni à gauche. D'où d e eôGÙTYjç (xapSlocç) c o m m e s y n o n y m e d e &n\6x^ ( p a r e x . Test. 3,1).
€
6 2 . ATTX6TIQ< e s t s o u v e n t a s s o c i é à àxotxla (cf. HERMAS, Vis. III, 8 , 7 ; I I I , 9 , 1 ; Mand. I I , 1 , e t c . ) . 63.
Cf. AMSTUTZ, op.
cit.,
I, 2 , 4 ;
p. 3 8 4 1 .
6 4 . S u r l ' e m p l o i d e c e m o t d a n s YEpître de Jacques et ses résonances v é t é r o - t e s t a m e n t a i r e s , v o i r C . SPICQ, « L a v e r t u d e s i m p l i c i t é d a n s l'Anc i e n e t l e N o u v e a u T e s t a m e n t », Revue des sciences philosophiques et théologiques 2 2 , 1933, p . 5-26. 6 5 . Epître aux Corinthiens 2 3 , 3 , é d . JAUBERT, loc. cit. 66. N o u s a v o n s étudié cette équivalence d a n s « Les sens d e s n o m s d u c œ u r d a n s l'Antiquité », Etudes carmélitaines, « L e c œ u r », P a r i s , 1 9 5 0 , p.
41-81, sp.
p . 6 6 - 6 7 . S u r le s u b s t r a t h é b r e u d e
8(<|mxo£, v o i r O J . S E I T Z ,
« A n t é c é d e n t s a n d S i g n i f i c a t i o n of t h e T e r m S t y u x o ç », Journal Literature
6 6 , 1947, p.
211-219.
of
Biblical
216
A. GUILLAUMONT
c a r « I a h v é e s t u n Dieu j a l o u x » (ibid., 6,14), q u i n ' a c c e p t e p a s d ' ê t r e servi e n m ê m e t e m p s q u e d ' a u t r e s d i e u x , m a i s v e u t ê t r e servi d ' u n e façon exclusive, s a n s p a r t a g e . C'est là u n e d o n n é e f o n d a m e n t a l e d e l a m o r a l e d e u t é r o n o m i e n n e e t d e l'enseignem e n t d e s p r o p h è t e s : ce q u e J é r é m i e r e p r o c h e à ses compat r i o t e s , à c o m m e n c e r p a r les r o i s d e J u d a , c'est m o i n s d'aband o n n e r le c u l t e d e I a h v é q u e d e vouloir s e r v i r e n m ê m e t e m p s I a h v é e t les i d o l e s . Cet exclusivisme e s t u n e c o n s é q u e n c e n a t u r e l l e d e l a foi e n I a h v é c o n s i d é r é c o m m e l e Dieu u n i q u e : « T u n ' a u r a s p a s d ' a u t r e s d i e u x a u p r è s d e m o i » (Ex. 20,3), c o m m e u n e exigence d e l'alliance q u e Dieu a c o n t r a c t é e avec son peuple : « Ils deviendront m o n peuple e t moi, j e deviendrai l e u r Dieu ; j e l e u r d o n n e r a i u n c œ u r u n i q u e (lëb éhâd) e t u n e voie u n i q u e , e n s o r t e qu'ils m e c r a i g n e n t t o u j o u r s » (1er. 32, 38-39). I a h v é a b o m i n e c e u x q u i « c l o c h e n t d ' u n c ô t é e t d ' a u t r e », n e s a c h a n t p a s choisir r é s o l u m e n t e n t r e lui e t Baal ( / Rois 18,21), c e u x q u i s o n t « p a r t a g é s » (Ps. 119,113). S u r c e p o i n t f o n d a m e n t a l , le sage n e fait q u e r é p é t e r la leçon d e s p r o p h è t e s : « N e sois p a s infidèle à la c r a i n t e d u S e i g n e u r , n e t ' e n a p p r o c h e p a s avec u n c œ u r d o u b l e », êv xap&iqp 8t
f
e
« Unifie m o n c œ u r », yahëd l bâbî : p o u r r e n d r e le verbe, Aquila a p r é c i s é m e n t e m p l o y é ici (xovaxouv, qu'il f a u t b i e n e n t e n d r e a u sens d e « unifier », r e n d r e monachos . Ce détail illustre l a c o n t i n u i t é qu'il convient d ' é t a b l i r e n t r e la c o n c e p t i o n b i b l i q u e d e l'unité, o u intégrité, d u c œ u r e t l'idéal d u monachos, q u i v e u t servir Dieu s a n s p a r t a g e . C e t t e c o n t i n u i t é e s t a s s u r é e p a r l ' i n t e r m é d i a i r e d e la n o t i o n judéo-hellénistique e t judéoc h r é t i e n n e d e la « simplicité ». Celle-ci, t o u t c o m m e l'unité 69
67. Cf. Jér. 3,10 : « Juda... n ' e s t p a s r e v e n u v e r s m o i d e t o u t s o n c œ u r (b^kol libbâh), m a i s a v e c m e n s o n g e (b $èqèrY». 68. I l f a u t g a r d e r l e t e x t e m a s s o r é t i q u e yaltêd e t n e p a s l e c o r r i g e r d ' a p r è s l a S e p t a n t e ( q u i a l u l e v e r b e hâdâ, « r é j o u i r »). C e t t e l e c t u r e e s t c o n f i r m é e p a r c e q u i s u i t : « J e t e l o u e r a i , A d o n a ï m o n D i e u , de tout mon cœur*, e t a u s s i p a r l e t e x t e p a r a l l è l e d e Jér. 32,39, c i t é c i - d e s s u s . 69. L'intérêt d e c e t e x t e p o u r l ' h i s t o i r e d e (iovax6ç a é t é b i e n v u p a r e
M . HARL,
art.
cit.
(n.
2),
p.
469.
MONACHISME ET ÉTHIQUE
217
JUDÉO-CHRÉTIENNE
b i b l i q u e d u c œ u r , e s t é t r o i t e m e n t liée à la « c r a i n t e d u Seig n e u r », c'est-à-dire à l a p i é t é , a u service d e Dieu : « E t maint e n a n t , m e s e n f a n t s , j e v o u s l ' o r d o n n e , craignez le S e i g n e u r v o t r e Dieu d e t o u t v o t r e c œ u r e t m a r c h e z d a n s la simplicité selon t o u t e s a l o i . » C r a i n t e d e Dieu e t simplicité d u c œ u r sont mises e n parallèle p a r Clément : « Compatissant en tout et p r o d i g u e d e bienfaits, l e P è r e a d e s entrailles e n v e r s c e u x q u i le c r a i g n e n t ; avec d o u c e u r e t b o n t é il r é p a n d s e s g r â c e s s u r c e u x q u i s ' a p p r o c h e n t d e lui avec u n c œ u r simple (à7tXfj &iocvo£<j). Aussi n ' a y o n s p a s l'âme p a r t a g é e (fi/J) Si^ux^f*^) — » C'est aussi p o u r servir le Seigneur, p a r l a p r i è r e , q u e le monachos n e v e u t p a s avoir l'âme p a r t a g é e e t q u ' i l unifie s a c o n d u i t e , s a « voie » (cf. Jér. 32,39, cité ci-dessus), s e faisant ainsi monotropos. Aussi b i e n il n ' e s t p a s p o s s i b l e d e s u i v r e d e u x c h e m i n s : il f a u t chois i r . De l à l a p r é d i l e c t i o n p o u r les f o r m u l e s a n t i t h é t i q u e s , c o n s t i t u é e s d e d e u x t e r m e s q u i s'excluent l ' u n l ' a u t r e . P o u r fonder s a d o c t r i n e d u r e n o n c e m e n t , s a i n t Basile, n o u s l'avons vu, r e p r e n d l a p a r o l e d e J é s u s e n Matt. 6,24 : « N u l n e p e u t s e r v i r d e u x maîtres... Vous n e p o u v e z servir Dieu e t M a m o n . » U s a n t d ' u n e a u t r e c o m p a r a i s o n , l'abba Isaie, u n m o i n e d u V siècle, disait : « De m ê m e q u ' i l n'est p a s possible à q u e l q u ' u n d e r e g a r d e r vers l e ciel d ' u n œil e t d e r e g a r d e r v e r s l a t e r r e d e l ' a u t r e œil, d e m ê m e il n ' e s t p a s possible à l'esprit d e s'occ u p e r à l a fois d e s c h o s e s d e Dieu e t d e s choses d u m o n d e . » Sous-jacent à c e t t e i m a g e naïve e s t le t h è m e évangélique d e 1' « œil s i m p l e » (Matt. 6,22-23), q u i lui-même r e p o s e s u r la n o t i o n b i b l i q u e d e la simplicité d u c œ u r . Le r e g a r d simple, c'est celui d u p u r contemplatif, celui d e s m y r i a d e s angéliques 70
71
72
7 3
7 4
7 5
70. Test. 71. Ep.
Lévi aux
13,1, é d . CHARLES, p . 52-53. Corinthiens
23, 1-2, é d . JAUBERT, loc.
cit.
72. L a n o t i o n d e haplotès touche p a r là à u n thème fondamental, lui aussi, dans le judaïsme hellénistique et le judéo-christianisme : celui d e s d e u x v o i e s e t d e s d e u x e s p r i t s ( / QS I I I , 18-IV, 2 6 ; Didachè I-V) : cf. SEITZ,
art.
cit.
73. C i - d e s s u s , p . 205. L'Evangile selon Thomas multiplie les comparais o n s : « I l n'est p a s p o s s i b l e à u n h o m m e d e m o n t e r d e u x c h e v a u x , d e t i r e r d e d e u x a r c s , e t il n'est p a s p o s s i b l e à u n s e r v i t e u r d e s e r v i r d e u x m a î t r e s . . . » ( l o g . 47, é d . c i t . , p . 26-27). 74. Logos 25, é d . AUGOUSTINOS, J é r u s a l e m , 1911, p . 151. L ' i m a g e e s t d é j à d a n s GRÉGOIRE DE N Y S S E , De
la virginité
20,2, é d . A U B I N E A U , p . 4 9 4 4 9 5 .
75. Cf. C. EDLUND, DOS Auge der Einfalt. 6,22-23 und Luk. 11,34-35, U p s a l , 1952.
Eine
Untersuchung
zu
Matth.
e
218
A. GUILLAUMONT
q u ' i n v o q u a i t l'abba Arsène q u a n d , p o u r justifier sa r e c h e r c h e i n t r a n s i g e a n t e d e la solitude, il disait : « J e n e p u i s ê t r e à la fois avec Dieu et avec les h o m m e s . » Un a u t r e m o i n e expliq u a i t ainsi la c o m p a r a i s o n s c r i p t u r a i r e d u j u s t e avec le palm i e r (Ps. 92,13) : « Le c œ u r d u p a l m i e r (c'est-à-dire sa moelle) n e fait q u ' u n , il est b l a n c et il r e n f e r m e t o u t e l'activité d u p a l m i e r . C'est q u e l q u e c h o s e d e p a r e i l q u e l'on t r o u v e chez les j u s t e s : l e u r c œ u r est u n i q u e et simple, r e g a r d a n t s e u l e m e n t v e r s Dieu . » 76
77
La « m o n o t r o p i e » essentielle à l'idéal m o n a s t i q u e s'est d o n c e x p r i m é e aussi b i e n e n t e r m e s d e philosophie g r e c q u e et e n t e r m e s bibliques. Mais ce n ' e s t p a s s e u l e m e n t affaire d e langage : elle a e n réalité u n f o n d e m e n t à l a fois d a n s l'exclusivisme i n h é r e n t à la religion d e Iahvé, Dieu u n i q u e , et d a n s l'exigence d ' u n i t é d i a l e c t i q u e m e n t r e q u i s e d e celui q u i v e u t s'unir à l'Un. Où faut-il c h e r c h e r la s o u r c e p r i n c i p a l e ? Il est n a t u r e l d e p e n s e r q u e c'est d a n s le milieu éthico-religieux d a n s lequel le m o n a c h i s m e est n é , p a r c o n s é q u e n t d u côté des influences juives et j u d é o - c h r é t i e n n e s . Il convient d e dire c e p e n d a n t q u e le m o n a c h i s m e n e s a u r a i t ê t r e c o n s i d é r é s i m p l e m e n t c o m m e le p r o d u i t c o n t i n g e n t d'influences h i s t o r i q u e s , qu'elles soient simples o u complexes. A c ô t é d e s m o t i v a t i o n s idéologiques h é r i t é e s d u d e h o r s , il faut faire u n e large place a u x m o t i v a t i o n s psychologiques issues de la conscience religieuse : de celle-ci le m o n a c h i s m e p o u r r a i t c o r r e s p o n d r e à u n e c r é a t i o n s p o n t a n é e , d a n s la m e s u r e o ù il e x p r i m e l'exigence d ' u n i t é , l'exclusivisme q u i d é c o u l e n t d e l'adhésion à u n a b s o l u qui, p a r sa n a t u r e m ê m e , relativise e t t e n d à exclure t o u t le r e s t e . Aussi bien le m o n a c h i s m e , a p p a r a i s s a n t c o m m e u n p h é n o m è n e religieux p o u r v u d e sa s t r u c t u r e p r o p r e , a p u n a î t r e , en d ' a u t r e s t e m p s et en d ' a u t r e s lieux, en d e h o r s de t o u t e influence aussi b i e n d e l'hellénisme q u e d u j u d a ï s m e .
76. Cf. c i - d e s s u s , p . 206. 77. Apophtegmes, s é r i e a n o n y m e , é d . F . N A U , Revue de l'Orient chrétien 18, 1913, p . 138, n° 362 ; cf. r e c e n s i o n latine, J e a n I, 6, PL 73, 993 D-994 A.
ECCLESIA, SAL TERRAE SEGÚN SAN IRENEO por
A.
ORBE
R o m a , P o n t . Univ. G r e g o r i a n a
S a n I r e n e o debió d e t e n e r r e s e r v a s p a r a las d o s expresiones lux mundi y sal terrae d e Mt. 5,13 s . Las cita p o q u í s i m o , y solo u n a vez invoca p o r c u e n t a p r o p i a la s e g u n d a , a p l i c á n d o l a a la Iglesia. x
P a t e r a u t e m g e n e r i s h u m a n ! V e r b u m Dei... Q u a n d o igitur h i c v i t a l e s e m e n , h o c e s t Spiritum r e m i s s i o n i s p e c c a t o r u m , per q u e m vivificamur, effudit i n h u m a n u n i g e n u s ?... T o t u m a u t e m s i g n i f i c a b a t u r p e r L o t , q u o n i a m s e m e n Patris ( = V e r b i ) o m n i u m , h o c est Spiritus Dei, per q u e m facta s u n t o m n i a , c o m m i x t u s e t u n i t u s e s t carni, h o c e s t p l a s m a t i s u o . . . E t c u m h a e c fierent, u x o r r e m a n s e r a t i n S o d o m i s , j a m n o n c a r o c o r r u p t i b i l i s , s e d statua salis ( G e n . 19,26) Semper m a n e n s e t p e r n a t u r a l i a e a q u a e s u n t c o n s u e t u d i n i s h o m i n i s o s t e n d e n s , q u o n i a m e t Ecclesia quae est sai terrae (Mt.5,13), subrelicta est i n confinio terrae, patiens q u a e sunt h u m a n a ; et d u m s e m p e r auferuntur a b e a m e m b r a , integra perseverai s t a t u a salis, quod est fìrmamentum fidei, fìrmans e t p r a e m i t t e n s filios a d P a t r e m ipsorum . 2
3
El f r a g m e n t o , d e e x t r a o r d i n a r i o i n t e r é s , b i e n vale u n anál i s i s . S a n I r e n e o se i n s p i r a e n u n P r e s b í t e r o , discípulo d e los 4
1. Al i g u a l q u e lux mundi, l o s g n ó s t i c o s l l a m a r o n a s u s « e s p i r i t u a l e s » sal terrae. V é a s e IREN. 1,6,1 ; H I P . , Ref. V,19,15. C o n t e n d e n c i a s e q u í v o c a s CLEMENTE A L . , Quis dives salvetur, 36. Cf. H . I . MARROU, A Diognète, Paris 1951, 159. 2. I V , 3 U (792,45 s s ) . 3. I V 3 U (794,6 s s ) . 4. A . HARNACK. Der Presbyter-Prediger des Irenaeus IV,27,1- 32,1, e n Philothesia, P. K l e i n e r t d a r g e b r . , B e r l i n 1907, 1-37, t o c a e l a s p e c t o l i t e r a r i o — l a d e p e n d e n c i a d e l P r e s b í t e r o — y n o d e s c i e n d e a p o r m e n o r e s . F . LOOFS, Theophilus von Antiochen adver sus Marcionem, L e i p z i g 1930, 103-113, dist i n g u e l o s e l e m e n t o s , s e g ú n él, d e l P r e s b í t e r o y l o s d e I r e n e o ; a n á l i s i s comparativo, filológicamente valioso, denuncia fuertes prejuicios y abre e x c e s i v o c r é d i t o a la c o n j e t u r a .
220
A. ORBE 5
A p ó s t o l e s , e n d i s p u t a c o n t r a los p a r t i d a r i o s d e la d i s t i n c i ó n e n t r e el d i o s del Antiguo y el N u e v o T e s t a m e n t o . E l e s c r i t o del Sénior suele p r e s e n t a r s e c o m o antimarcionita , sin razones s ó l i d a s . 6
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8
1. Lot, símbolo del Logos El d r a m a d e la cueva, e n t r e Lot y s u s hijas, a d q u i r i ó d e s d e m u y p r o n t o — q u i z á p a r a j u s t i f i c a r a Lot— d i m e n s i ó n cristol ó g i c a . Lot simboliza al V e r b o de Dios, P a d r e del g é n e r o h u m a n o . La p a t e r n i d a d r e f e r i d a al V e r b o n o e s t a n r a r a . Ya en I s . 9,5 se deja s e n t i r c o m o t í t u l o del m e s í a s . E n t r e escrit o r e s eclesiásticos se le c o m p a r a al p a d r e (¿>£ 7COCTY)P) . Teófilo Ant. y A Diogneto a t r i b u y e n p r o b a b l e m e n t e al S a l v a d o r el apelativo de P a d r e . 9
10
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13
1 4
5. IV,32,1 (796,1 s s ) : H u j u s m o d i q u o q u e d e d u o b u s T e s t a m e n t i s Sénior Apostolorum discipulus disputabat, ab u n o quidem et eodem Deo utraque ostendens. 6. S e g ú n LOOFS, Theophilus, 102,4 n a c e r í a e n t r e 150 y 170, e n e l A s i a Menor. S u s razones distan m u c h o d e imponerse. 7. Theophilus, 111. L o m i s m o HARNACK, Philothesia, 26 s s . 8. E n u n e s c r i t o a n t i m a r c i o n i t a s e c o m p r e n d e m a l : a ) e l r e c u r s o frec u e n t e a v e r s o s d e l A.T. y s a n M a t e o ( d e n i n g ú n v a l o r p a r a u n a u t é n t i c o d i s c í p u l o d e M a r c i ó n ) ; b ) l a e x e g e s i s alegórica d e la escena d e Lot y sus hijas, y d e la estatua d e sal (contra el racionalismo del autor d e las Antitheseis); c ) la relación entre la ebriedad de Lot y el H i j o del h o m b r e « q u e c o m e y bebe» ( v i n o ) (cf. L e 7,34; M t . 11,19) ( c o n t r a la a n i m a d v e r sión marcionítica por el vino); d ) multitud de cláusulas, inexplicables e n d i s p u t a c o n M a r c i ó n , y m u y e s p o n t á n e a s e n p u g n a , v.gr. c o n la g n o s i s s i m o n i a n a y v a l e n t i n i a n a , d e l a ñ o 160 y s i g u i e n t e s . 9. L a h i s t o r i a d e L o t (IV,31,l-3) p e r t e n e c e e n l í n e a s g e n e r a l e s al Presbít e r o . L o o f s (Theophilus, 102 s s . ) i n t e n t a definir l a s m o d i f i c a c i o n e s q u e sufrió a s u paso a Ireneo. 10. Cf. ORÍGENES, Hom. V in Genes. 5 ( B a e h r e n s , 63,3 s s ) : V e r u m s c i o n o n n u l l o s , q u a n t u m a d a l l e g o r i a m p e r t i n e t , L o t t r a x i s s e a d D o m i n i pers o n a m e t filias e j u s a d d ú o t e s t a m e n t a . E l s í m b o l o filiae = testamenta, q u e s e g ú n L o o f s (o.c. 103 s.) p e r t e n e c e r í a al Sénior y s e r í a t r a s f o r m a d p p o r I r e n e o e n filiae = synagogae, m o l e s t a al crítico alemán en Orígenes ; l ó g i c a m e n t e se v e o b l i g a d o a buscarle inspiración directa e n el Sénior y n o e n I r e n e o . V é a s e LOOFS, Theophilus, 108,4. 11. S e g ú n l o s LXX « P a d r e del s i g l o f u t u r o » ; e n e l t e x t o h e b r . « P a d r e e t e r n o ». 12. A u n q u e I r e n e o , e n s u s c i t a s d e I s . 9,5 l e p a s a p o r a l t o . 13. 2 Clem. 1,4; PS.CLEM., H o m . I I I , 1 9 , 4 ; CLEM. A L . , Quis dives, 23, y o t r o s . 14. Ad Autol. 1,3: « S i l e d i j e r e Padre (7T<xTépa éáv efaco) e s t o y d i c i e n d o q u e El e s todas las cosas... Porque e s educador de los piadosos y Padre d e l o s j u s t o s y j u e z y c a s t i g a d o r d e l o s i m p í o s ». Ibid. 1,4: « E s s e ñ o r ,
221
ECCLESIA, SAL TERRAE
I r e n e o invoca Deut. 32,6 — c o n m a y o r evidencia q u e n i n g u n o d e l o s a n t e r i o r e s — p a r a l a p a t e r n i d a d d e l V e r b o : « ¿ Acaso n o es e s t e m i s m o ( V e r b o d e Dios) e l Padre tuyo q u e t e a d q u i r i ó y t e hijo y t e c r e ó ? » E t r u r s u s significans ( M o y s e s ) q u o n i a m qui áb initio condidit et fecit eos Verbum, e t i n n o v i s s i m i s t e m p o r i b u s r e d i m e n s n o s e t vivificans, o s t e n detur pendens i n ligno (Deut. 21,23; Gal. 3,13), e t n o n credent ei. Ait e n i m ( D e u t . 2 8 , 6 6 ) : « E t e r i t Vita tua p e n d e n s a n t e o c u l o s t u o s , e t n o n c r e d e s Vitae tuae. » E t i t e r u m ( D e u t . 3 2 , 6 ) : « N o n n e h i c i d e m P a t e r t u u s p o s s e d i t te, e t f e c i t t e , e t c r e a v i t t e ? » 1 5
1 6
E l Paterfamilias d e M t . 13,52 simboliza a s i m i s m o n o a Dios P a d r e , sino a l V e r b o . A r b i t r a r i o Loofs e n d e n e g a r a l Presbít e r o l a e x p r e s i ó n Verbo, Padre del linaje humano, l o e s m á s al a t r i b u i r l o a I r e n e o p o r influjo d e l o s v a l e n t i n i a n o s . Filón h a b í a d e c l a r a d o a l e g ó r i c a m e n t e el c o m e r c i o d e L o t c o n s u s h i j a s . E l intelecto ( L o t ) t i e n e d e l a costumbre (aov^8eta: n o m b r e d e l a m u j e r d e Lot), hostil a l a V e r d a d , d o s h i j a s ; la deliberación ((3OUXY) : la m a y o r ) y el asentimiento (cruva£ve
18
1 9
2 0
2 1
p o r q u e l o d o m i n a t o d o . Padre, p o r a d e l a n t a r s e a t o d a s l a s c o s a s . » V é a s e F . KATTENBUSCH, Das Apostolische Symbol I I , Leipzig 1 9 0 0 , 5 3 7 s., y m i s Est. Valent. I I , 1 0 6 s s . A Diogn. i x , 6 : « P o r a m b o s c a p í t u l o s q u i s o ( D i o s Padre) creyéramos e n la bondad de (el Salvador) y le t o m á s e m o s (al S a l v a d o r ) p o r n u t r i c i o , padre, maestro, consejero, médico, intelecto, luz, h o n o r , g l o r i a , fuerza, v i d a . . . » V é a s e H . I . MARROU, A Diognéte (S. chr. 3 3 ) 190 ss. 15.
IV,10,2 (496,42 ss).
16. C o n t r a l a e x e g e s i s o r d i n a r i a . 17. Iren. IV,19,1 ( 4 7 6 , 5 ss): N o n alterum q u i d e m vetera, alterum vero p r o f e r e n t e m n o v a d o c u i t , s e d u n u m e t e u n d e m . Paterfamilias enim Dominas est, q u i u n i v e r s a e d o m u i p a t e r n a e d o m i n a t u r . 4 8 0 , 2 4 s s : U t r a q u e a u t e m T e s t a m e n t a unus et idem paterfamilias p r o d u x i t Verbum Dei, D o m i n u s n o s t e r J e s ú s C h r i s t u s , q u i e t A b r a h a e e t M o y s i c o l l o c u t u s e s t . Cf. LOOFS, Theophilus, 106. 18.
Theophilus,
106,2.
1 9 . Ebr. 1 6 4 s . Cf. p o s t e r . 1 7 5 . V é a s e C. SIEGFRIED, Philo Jena 1875, 2 5 3 . 2 0 . Cf. 2 P e . 2 , 7 . 8 . V é a s e 1 Clem. 1 1 , 1 ; TERT., Adv.Jud. VIII,12,22.
2 1 . Génesis
Sap 10,6.
rabba
4 9 , 1 3 ; Pirke
Rabbi
Eliezer,
c. 2 5 .
von
Alexandria,
2;
ConstApost.
222
A. ORBE 22
e x p r e s a m e n t e e l i m i n a b a del c o m e r c i o c o n s u s h i j a s la libido , igual q u e I r e n e o ; c) la t e n d e n c i a — e n t r e c r i s t i a n o s — d e a c u d i r al m i s t e r i o d e la E c o n o m í a p a r a u n h e c h o n o r m a l m e n t e incomp a t i b l e c o n la simple j u s t i c i a . E l m i s t e r i o d e Cristo, p a d r e d e las d o s iglesias ( h e b r e a y gentil) salva en efecto la paternidad del V e r b o , a título d e « P a d r e d e l g é n e r o h u m a n o » ( c r e a d o r d e l h o m b r e ) . E n s e g u n d o l u g a r d e c l a r a s u nueva paternidad —a título d e S a l v a d o r — p a r a los hijos ( r e ) e n g e n d r a d o s . 23
24
Lot se p r e s t a al d o b l e s í m b o l o del Logos: e n c u e n t o p a d r e c o m ú n d e los dos p u e b l o s ( h e b r e o y gentil), y e n c u a n t o regenerador d e a m b o s . N e s c i e n t e i g i t u r n o m i n e ( L o t ) ñ e q u e l i b i d i n i s e r v i e n t e , d i s p e n s a t i o perfic i e b a t u r , p e r q u a m duae filiae, hoc est duae synagogae , a b u n o et e o d e m P a t r e ( = V e r b o ) in sobolem adoptatae (Texvo7cot7jaái¿evat) , significabantur sine carnis libidine. N e c e n i m alter erat a ü q u i s q u i semen vitale e t filiorum f r u c t u m p o s s e t d a r e e i s , q u e m a d m o d u m s c r i p t u m e s t ( G e n . 19,31 s.): « Dixit a u t e m m a j o r a d m i n o r e n : Pater noster senior, et n e m o est super terram qui intret a d nos, u t oportet o m n i terrae. Veni, p o t i o n e m u s patrem nostrum vino, et dormiamus c u m eo, et suscitemus d e patre nostro semen .» 25
26
2 7
2 i
E l c o m e r c i o d e Lot c o n s u s h i j a s n o o b e d e c e a la libido, sino a la E c o n o m í a . E n él se vaticina la d i s p e n s a c i ó n d e los dos 22. Cf. Midrasch Genesis rabba, 51,10: « La c o n c e p c i ó n d e M o a b o c u r r i ó no por libido, s i n o a c a u s a d e l N o m b r e d e D i o s » ; Midr. Ruth rabba, 5,14: « L a c o n c e p c i ó n d e M o a b s u c e d i ó no por libido, s i n o p a r a c u m p l i r u n m a n d a m i e n t o » . O t r o s t e s t i m o n i o s , e n S. RAPPAPORT, Der gerechte Lot, Zeitschr., f.d. Neutest. Wiss. 29, 1930, 300 s s . 23. S i n e x c l u i r u n a c u a r t a r a z ó n : l a t r a d i c i ó n a s m o n e a , f a v o r a b l e a L o t y s u s h i j a s , p o r c o n t r a s t e c o n l a d a v í d i c a . V é a s e S . RAPPAPORT, a.c, 302, n . 2. 24. C o s a q u e n o o c u r r e e n e l c a s o d e R e b e c a , madre de dos pueblos ( s e g ú n R o m . 9,10-13; G e n . 25,22 s ) . IREN. IV,21,2 (678,26 s s ) : E x q u i b u s m a n i festum est n o n solum operationes patriarcharum, sed etiam partum Rebeccae prophetiam fuisse d u o r u m populorum, et u n u m quidem esse m a j o r e m , alterum vero minorem, et alterum quidem sub servitio, alterum a u t e m liberum, unius autem et e j u s d e m Patris. 25. E l c u r s i v o e s t á r e f r e n d a d o p o r l a s d o s v e r s i o n e s l a t i n a y a r m e n i a . L a s c a d e n a s o m i t e n duae filiae hoc est. G r a b e y M a s s u e t c r e e n e n la p o s i b i l i d a d d e q u e l a s a g r e g ó Iren. lat. H a r v e y , d i s t r a í d o (11,252,6: id est duae synagogae, a marginal gloss), las t o m ó por una glosa marginal. Véase LOOFS, Theophilus, 103 s, n 3 . 26. « A d o p t a d a s para tener de ellas prole. » Y n o « a d o p t a d a s c o m o p r o l e » . Iren, arm.: filios facientes. 27. Cf. ORIGEN., Horn. V in Genes. 4. 28. IV,31,1 (788,25 s s ) .
ECCLESIA, SAL TERRAE
223
m a g n o s p u e b l o s — h e b r e o y gentil— incapaces d e d a r h i j o s a Dios P a d r e . Ni I s r a e l n i la gentilidad se b a s t a n p a r a c r e a r familia divina. Hijas del V e r b o c r e a d o r , solo p u e d e n f o r m a r l a r e c i b i e n d o d e E l el semen vítale ( d i v i n u m ) —el spiritus— que las f e c u n d e p a r a fructificar hijos vivos al Dios Viviente ( = D i o s Padre) . 2 9
E l m i s t e r i o n o afecta a la f e c u n d i d a d natural d e I s r a e l y d e la gentilidad. Ambos p u e b l o s p u e d e n m u l t i p l i c a r s e indefinida m e n t e . P o r s u m e d i o , el V e r b o c r e a d o r extiende a o t r o s su natural p a t e r n i d a d , c o m o « P a d r e del g é n e r o h u m a n o » . Mas los así n a c i d o s son ( p a r a Dios) muertos. Las d o s hijas d e Lot t e n í a n semen ( m o r t i s ) y e r a n c a p a c e s d e d a r frutos (al p e c a d o ) . R e q u e r í a n el c o n c u r s o d e Lot p a r a el semen vítale, c o n q u e d á r s e l o s ( a Dios) vivos. Ni I s r a e l n i el p a g a n i s m o e r a n idóneos p a r a —sin el V e r b o — e n g e n d r a r hijos d e vida. El m i s t e r i o afecta a la m a t e r n i d a d divina d e las d o s sina gogas ( r e s p . d o s p u e b l o s ) . N i n g u n a d e ellas se b a s t a p a r a e n g e n d r a r vivientes. Tal m a t e r n i d a d solo se la o t o r g a el semen vitóle d e l Logos. E t m i s m o q u e las h a b í a e n g e n d r a d o c o m o a u t o r del linaje h u m a n o , h a d e reengendrarlas c o m o a u t o r del E s p í r i t u d e Dios. El semen vítale, e n s u aplicación a d o s sinagogas fecundas ya p a r a l a m u e r t e , se manifiesta c o m o semilla que vivifica: a) p e r d o n a n d o el p e c a d o ( s e m e n m o r t i s ) ; b ) i m p r i m i e n d o Vida divina p a r a e n g e n d r a r hijos vivos. A m b o s a s p e c t o s s e c u m p l e n e n el E s p í r i t u d e Dios, semen vítale del Logos. E l V e r b o y a n o a c t ú a c o m o C r e a d o r , sino c o m o Salvador. El m i s m o Lot q u e p r i m e r o — s í m b o l o del Logos, c r e a d o r y p a d r e d e l g é n e r o h u m a n o — d i e r a a luz a las d o s h i j a s , I s r a e l y gentilidad; m á s t a r d e —a raíz d e l p e c a d o ( s e m e n m o r t i s ) q u e p e n e t r ó e n ellas, h a c i é n d o l a s m a d r e s d e hijos muertos— t u v o q u e r e e n g e n d r a r l a s , infundiéndoles u n s e m e n d e Vida. N o c o n t e n t o c o n r e m i t i r el p e c a d o ( a c a b a n d o c o n el semen mortis), les c o m u n i c ó el E s p í r i t u vivificante p a r a q u e fructificasen a Dios. I r e n e o c a r a c t e r i z a según eso el semen vítale: c o m o E s p í r i t u d e r e m i s i ó n ( a s p e c t o negativo), y c o m o E s p í r i t u ( r e ) g e n e r a n t e 29. Cf. IV,31,2 (794,61 s s ) : d u a e s y n a g o g a e , i d e s t d u a e c o n g r e g a t i o n e s , fructificant e x p a t r e s u o ( = V e r b o ) filios v i v o s V i v o D e o (cf. R o m . 7,4). B l Dios Viviente ( d e R o m . 7,4) e s D i o s P a d r e .
224
A. ORBE
( a s p e c t o positivo). Mas en vez d e e x p o n e r a m b o s a s p e c t o s , f o r m u l a — d á n d o l o s p o r s a b i d o s — u n a p r e g u n t a . ¿ C u á n d o tuvo l u g a r el m i s t e r i o , s i m b o l i z a d o p o r el d r a m a d e Lot ? Q u a n d o i g i t u r h i c ( = V e r b u m D e i ) vitale semen, hoc est Spiritum r e m i s s i o n i s p e c c a t o r u m , p e r q u e m v i v i f i c a m u r , effudit i n h u m a n u m g e n u s ? N o n n e tune c u m convescebatur c u m h o m i n i b u s et bibebat v i n u m i n t e r r a — « v e n i t e n i m , i n q u i t ( L e 7,34; M t . 11,19), F i l i u s h o m i n i s m a n d u c a n s et b i b e n s » — et c u m r e c u m b e n s obdormivit et s o m n u m c e p i t , q u e m a d m o d u m i p s e i n D a v i d d i c i t ( P s . 3,6): « E g o d o r m i v i e t s o m n u m cepi » ? Et q u o n i a m in nostra c o m m u n i c a t i o n e et vita hac agebat, i t e r u m a i t (Jer. 31,26: LXX 38,26): « E t s o m n u s m e u s s u a v i s m i n i f a c t u s e s t ». T o t u m a u t e m s i g n i f i c a b a t u r p e r L o t , q u o n i a m s e m e n Patris o m n i u m ( = V e r b i ) , hoc est Spiritus Dei, p e r q u e m f a c t a s u n t o m n i a , c o m m i x t u s et u n i t u s e s t carni, h o c e s t plasmati suo, p e r q u e m c o m m i x t i o n e m et u n i t a t e m d u a e s y n a g o g a e , i d e s t d u a e c o n g r e g a i i o n e s , fructificant e x p a t r e s u o ( = V e r b o ) filios v i v o s V i v o D e o ( = D e o Patri: cf. R o m . 7 , 4 ) . 3 0
3 1
3 2
3 3
Lot se u n i ó p r i m e r o c o n la m a y o r ; y a l día siguiente c o n la menor de sus hijas . 34
¿ H u b o t a l p r i o r i d a d temporal e n la c o m u n i ó n del V e r b o c o n la p r i m e r a sinagoga ( I s r a e l ) ? I r e n e o n o toca el p u n t o . A j u z g a r p o r s u r e s p u e s t a , el Logos se unió con (resp. infundió el s e m e n s o b r e ) las dos sinagogas, c u a n d o infundió el s e m e n a la vez sobre el género humano. E q u i v a l e n las f ó r m u l a s : a) vitale semen...effudit in humanum genus; b ) commixtus et unitus est carni, id est plasmati. E l m i s t e r i o d e la c o m u n i ó n Verbo/género humano o de su e q u i v a l e n t e Spiritus/caro c u m p l i ó s e e n la E n c a r n a c i ó n y se p r o l o n g ó h a s t a la m u e r t e y r e s u r r e c c i ó n d e Cristo. Rigoros a m e n t e ú n i c o , fué d i v a l e n t e p o r s u aplicación a los p u e b l o s h e b r e o y gentil ( r e s p . a las dos sinagogas). Las circunstanciáis del d r a m a (Gen. 19,32-38) — a y u n t a m i e n t o ( c o m m i x t u s et u n i t u s est c a r n i , h o c e s t p l a s m a t i ) , efusión del
30. N ó t e s e l a e q u i v a l e n c i a e n t r e humanum genus y l a s dos sinagogas o p u e b l o s ( I s r a e l , g e n t i l i d a d ) s o b r e q u e el L o g o s d e r r a m ó s u semen vitale, c o m o Lot sobre sus hijas. 31. P r o b a b l e m e n t e L e 7,29-35 f a l t ó e n e l E v a n g e l i o d e M a r c i ó n . Cf. HARNACK, Marcion, L e i p z i g 1924, 197*. N i p a r a e l Senior ni p a r a I r e n e o t e n d r í a v a l o r — e n e s c r i t o antimarcionita— s e m e j a n t e v e r s o . Sí, f r e n t e a g n ó s t i c o s . R e c u é r d e s e l o d i c h o a r r i b a n. 8. 32. Cf. J o . 1,3. 33. IV,31,2 (792,48 s s ) . 34. Cf. G e n . 19,33-35.
ECCLESIA, SAL TERRAE
225
s e m e n , e m b r i a g u e z , s u e ñ o — siguen e n C r i s t o el m i s m o o r d e n . I r e n e o las p r e s e n t a c o n v e r d a d e r o p a r a l e l i s m o . L a e m b r i a g u e z d e Lot s e c u m p l i ó e n d o y bebiendo») del V e r b o c o n los c u a n d o a c e p t a b a s u invitación para u n a vez m á s la i d e n t i d a d humanum ( b i b e b a t v i n u m in t é r r a ) = d u a e filiae
la convivencia (« comienhombres ( = pecadores); c o m e r y beber. N ó t e s e genus=(cum) hominibus (=synagogae).
E l acostarse a dormir c o n las hijas verificóse al recostarse o morir p a r a alivio d e los d i f u n t o s . E l d e r r a m a m i e n t o del s e m e n (y f e c u n d a m i e n t o ) d e l a s hijas, c u a n d o — a r a i z d e la m u e r t e (y r e s u r r e c i ó n ) — el E s p í r i t u d e Dios se infundió (y u n i ó ) físicamente a la c a r n e (gloriosa) d e l V e r b o , y el plasma ( = h u m a n u m g e n u s = d u a e synagogae) o h u m a n a n a t u r a se fecundó — l o m i s m o e n t r e j u d í o s q u e e n t r e gentiles— p a r a fructificar a Dios. I n s i n ú a s e e n f o r m a implícita la efusión del E s p í r i t u — a raíz d e la r e s u r r e c c i ó n y ascensión d e C r i s t o s o b r e el g é n e r o h u m a n o . D e s d e P e n t e c o s t é s , las dos h i j a s de Lot fructifican hijos p a r a Dios P a d r e , m e d i a n t e el semen vítale o E s p í r i t u d e Dios, q u e les c o m u n i c a la C a r n e ya e s p i r i t u a l del V e r b o (ex p a t r e s u o V e r b o ) . 35
36
La c l á u s u l a « S p i r i t u s Dei...commixtus et u n i t u s e s t c a r n i , h o c est p l a s m a t i s u o » p o d r í a i n d u c i r a e r r o r . N o a l u d e direct a m e n t e a la E n c a r n a c i ó n , s i n o a la c o m u n i ó n perfecta del E s p í r i t u , e n Cristo, c o n la c a r n e . La frase « s e m e n P a t r i s o m n i u m ( = V e r b i ) , h o c est S p i r i t u s Dei, p e r q u a m facta s u n t o m n i a » identifica el s e m e n d e l Logos c o n el E s p í r i t u de D i o s , y exalta su o m n i p o t e n c i a . M a s n o s e refiere — c o m o e n T e r t u l i a n o — a la c o m u n i ó n personal del E s p í r i t u d e Dios c o n l a c a r n e , s i n o a l a c o m u n i ó n física. P o r a q u e l l a el V e r b o dios ( r e s p . el E s p í r i t u divino del Logos) se u n e al p l a s m a del h o m b r e en la p e r s o n a del V e r b o , sin d o t a r l e d e S u p r o p i a ( p e r s o n a l ) f o r m a divina. P o r la c o m u n i ó n física, 37
35. Cf. IREN. IV,22,1 (686,11 s s ) : Q u a p r o p t e r e t recumbentibus e i s (discip u l i s ) m i n i s t r a b a t e s c a m s i g n i f i c a n s e o s qui in térra recumbebant, quibus v e n i t m i n i s t r a r e v i t a m , s i c u t ( p s e u d o ) H i e r e m i a s ait: « R e c o r n m e m o r a t u s e s t D o m i n u s sanctus Israel m o r t u o r u m s u o r u m qui praedormierunt in t é r r a d e f o s s i o n i s . » V é a s e e l s i m b o l i s m o del recumbere e n Estudios Eclesiásticos 44, 1969, 315 s. P a r a mors=somnus LOOFS, Theophilus, 107,5. 36. L a r e s u r r e c c i ó n n o t i e n e p a r a l e l o e n L o t . 37. C o m o e n TERTUL,, De carne Cti, 18. V é a s e LOOFS, Theophilus, 109 s, y 107,6. t
226
A. ORBE
el E s p í r i t u divino del Logos se u n e a la c a r n e d e C r i s t o redivivo, d o t á n d o l a d e S u p r o p i a f o r m a . La c l á u s u l a d e I r e n e o (« s e m e n P a t r i s o m n i u m . . . s u n t o m n i a » ) a l u d e a e s t a ú l t i m a : a la c o m u n i c a c i ó n d e las p r o p i e d a d e s divinas del E s p í r i t u — c a r a c t e r í s t i c a s d e l V e r b o — a la c a r n e rediviva d e J e s ú s . Y d e r e s u l t a s , a la maternidad divina (espiritual) o t o r g a d a p o r el V e r b o , P a d r e del g é n e r o h u m a n o , a las d o s Sinagogas e n q u e se r e p a r t e el p l a s m a . N o h a y p r i o r i d a d t e m p o r a l e n la u n i ó n d e Cristo c o n la sinagoga j u d í a . El m i s t e r i o d e Lot se c o n s u m ó e n J e s ú s c o n la efusión d e l semen Spiritus p o r el C r i s t o glorioso. La C a r n e de J e s ú s fué santificada p a r a b i e n d e t o d o s los h o m b r e s , c r e a d o s u n día p o r el V e r b o . S u eficacia s o b r e las d o s H i j a s (Iglesias o Sinagogas) n o c a m b i a d e u n a a o t r a ; se f u n d a e n la santificación d e u n solo e i d é n t i c o p l a s m a . S u p u e s t o el análisis p r e c e d e n t e , ¿ q u é e l e m e n t o s vienen del Sénior y cuáles d e I r e n e o ? Yo n o alcanzo a r e s p o n d e r . Todo converge a la m a t e r n i d a d d i v i n a de la Carne, a raíz del m i s t e r i o del Cristo glorioso. I r e n e o p r o b a b l e m e n t e r e s u m i ó al Sénior. P e r o la ideología se m e h a c e t a n simple, q u e t o d o i n t e n t o d e c o n t r a p o n e r l o s c r e a m á s dificultades q u e resuelve. 3 8
2. La Iglesia, estatua de sal V e n g a m o s a la m u j e r d e Lot. A los b r e v e s d a t o s d e la Escrit u r a (Gen. 19,26) , a ñ a d e I r e n e o o t r o s , t a m b i é n c o r t o s , d e u n a c r e e n c i a haggádica. 39
E t c u m h a e c fierent, u x o r r e m a n s e r a t i n S o d o m i s , j a m n o n c a r o c o r r u p t i b i l i s s e d statua satis ( G e n . 19,26) s e m p e r m a n e n s e t p e r n a t u r a l i a e a quae sunt consuetudinis hominis ostendens, quoniam et Ecclesia, quae e s t sal terrae ( M t . 5 , 1 3 ) , s u b r e l i c t a e s t i n c o n f i n i o t e r r a e , p a t i e n s q u a e sunt humana; et d u m saepe auferuntur ab ea membra, integra perseverat statua salís, quod est firmamentum fídei, firmans et praemittens filios ad Patrem ipsorum ( = V e r b u m ) . 40
4 1
38. LOOFS, o . c , 112, i n v o l u c r a l a s c o s a s , p o r f a l t a d e a n á l i s i s . 39. « Y l a m u j e r d e a q u e l , h a b i e n d o v u e l t o l a v i s t a a t r á s , t r o c ó s e e n columna de sal.» 40. L a e x p r e s i ó n n o figura e n L e . E n e s c r i t o a n t i m a r c i o n i t a , ¿ q u é s e n tido podía tener el recurso a Mt. ? 41. IV,31,3 (794,64 s s ) . T a m b i é n a h o r a , s e g ú n L o o f s (Theophilus, 105 s ) , habría q u e atribuir a s o l o Ireneo, n o al Presbítero, los e l e m e n t o s d e e x e g e s i s e c l e s i a l . Al P r e s b í t e r o l e p e r t e n e c e r í a n l o s e s c u e t o s d a t o s b í b l i c o s y h a g g á d i c o s . E n o t r o s t é r m i n o s todo lo dogmático v e n d r í a d e I r e n e o (!).
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ECCLESIA, SAL TERRAE
L a s líneas e s c o n d e n m u c h o s e l e m e n t o s d e d o c t r i n a , y se prest a n al análisis. a ) Lugar del fenómeno. L a m u j e r d e Lot salió d e S o d o m a , n o d e s u s confines. E s t a b a a ú n a v i s t a d e l a c i u d a d , c u a n d o la castigó el cielo. « Uxor r e m a n s e r a t in S o d o m i s » , m i e n t r a s t e n í a l u g a r e n la cueva el c o m e r c i o d e Lot c o n s u s h i j a s . E n los a l e d a ñ o s a ú n d e S o d o m a . 42
4 3
Aplicados a la Iglesia, E s p o s a d e Cristo, tales confines resp o n d e n a l sitio q u e o c u p a la Iglesia t e r r e n a : a) t o d a v í a e n la t i e r r a ( = S o d o m a ) — c o m o sal terrae—, lejos d e Cristo; b ) p e r o en vias a, e n d i r e c c i ó n a E l . « S u b r e l i c t a est in confinio t e r r a e » (794,68). Abandonada por el E s p o s o . I r e n e o calla el m o t i v o , d e m a s i a d o obvio: p o r n o h a b e r L e seguido. En los confines de la tierra. M e j o r q u e e n la f r o n t e r a geográfica, e n el límite d e la vida t e r r e n a y la celeste. T e r r e n a y celeste a p a r t e s iguales, p e r t e n e c e a la t i e r r a d e d o n d e sale llevando e n el s e n o a s u s hijos, h e c h o s de tierra (cf. Gen. 2,7); y al cielo, p a r a d o n d e los e n g e n d r a r á , c o m o h e c h o s a i m a g e n y s e m e j a n z a d e Dios (cf. Gen. 1,26 s). L a s i t u a c i ó n in confinio terrae ( r e s p . i n confinio explica l a m a t e r n i d a d (in v i t a m ) d e la Iglesia t e r r e n a .
mortis)
b ) Transformación. Los s o d o m i t a s , « c a r n e c o r r u p t i b l e » sin p r i n c i p i o d e i n c o r r u p c i ó n , m u e r e n a b r a s a d o s p o r el f u e g o . La m u j e r d e Lot n o se c o r r o m p e c o m o la c a r n e . Q u e d a convert i d a e n e s t a t u a d e sal. « J a m n o n c a r o c o r r u p t i b i l i s s e d s t a t u a salís.» 44
E n s u aplicación a la Iglesia t e r r e n a , conviene u r g i r el doble s i m b o l i s m o : a) c o m o estatua o « c o l u m n a » («TOÍJXY)), signo d e firmeza (« firmamentum fidei», « firmans...filios») p a r a sus hijos; a ) c o m o e s t a t u a de sal', signo d e i n c o r r u p c i ó n ( o conservación). « ( E c c l e s i a ) s t a t u a salis, q u o d e s t firmamentum fidei, firmans...filios». A p e s a r d e su índole t e r r e n a , n a t u r a l m e n t e c o r r u p t i b l e , la Iglesia h u m a n a , E s p o s a d e Cristo, q u e d a conver42. IV.31,3 (1794,64 s ) . 43. I n o p e r a n t e l a n o t a d e L o o f s , o.c, 105,1: R i c h t i g e r w á r e g e w e s e n in via. 44. S í m b o l o p r o b . d e s u e t e r n a s u e r t e .
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A. ORBE 4 5
t i d a e n C o l u m n a y F i r m a m e n t o (cf. 1 Tim. 3,15) d e f e para sus hijos. Los afirma e n la fe d e su P a d r e el V e r b o , y los sost i e n e al m o m e n t o d e l sacrificio ( r e s p . m a r t i r i o ) p a r a e n v i a r l o s al Cristo. E s t a t u a y c o l u m n a de sal, la Iglesia p r e s e r v a a s u s hijos d e t o d a c o r r u p c i ó n en la fe. P e r o ¿ n o h a y o t r o m i s t e r i o ? La sal h a s i m b o l i z a d o e n t i e m p o s a n t i g u o s l a h o s p i t a l i d a d , p o r q u e j u n t a e n u n a d o s n a t u r a l e z a s . M á s f r e c u e n t e e s la alegoría d e l Sacrificio. P r e s c r i b e Lev. 2,13: « S a l a r é i s c o n sal t o d a o f r e n d a d e v u e s t r o sacrificio » (TCOCV Scopov 0uaía£ ufxcov áXi aXiejÖTjaeTai) . De d o n d e Me 9,49: « T o d o s s e r á n s a l a d o s c o n el fuego y t o d a v í c t i m a s e r á s a l a d a c o n s a l . » E n el p r e c e p t o del Levítico ( r e s p . Me 9,49) e n t r a b a p o r m u c h o la p r o p i e d a d d e la s a l . U n i d o s d e s d e e n t o n c e s el sacrificio y la sal, integ r a n t e s d e u n sacrificio i n c o r r u p t i b l e , e r a o b v i o v e r e n la Iglesia, e s t a t u a de sal, a m b o s v a l o r e s : a ) c o m o p r i n c i p i o d e incorrupción, b ) c o m o o r i g e n d e u n sacrificio incorrupto. A d e m á s d e m a n t e n e r a s u s hijos al a b r i g o d e la c o r r u p c i ó n , la Iglesia los o f r e n d a r í a c o m o sacrificio i n c o r r u p t o al P a d r e ( V e r b o ) . 46
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4 9
Muy significativas u n a s líneas ( v a l e n t i n i a n a s ) del según Felipe*.
Evangelio
D e c í a n l o s A p o s t ó l o s , a l o s d i s c í p u l o s ((XOC87)TTÍ)<;) : O j a l á t o d a s v u e s t r a s o f r e n d a s (Trpooqwpá) t e n g a n p a r a sí l a sal. L l a m a b a n s a l a Sofía . Sin 50
4 5 . Cf. 1 1 1 , 1 , 1 ( S a g n a r d 9 4 , 1 4 s s ) : Q u o d q u i d e m ( E v a n g e l i u m ) t u n e praeconaverunt ( a p o s t o l i ) ; postea v e r o per Dei voluntatem i n Scripturis nobis t r a d i d e r u n t , fundamentum et columnam fidei nostrae futurum. 111,11,8 ( 1 9 4 , 1 s s ) : E c c l e s i a s u p e r o m n e m t e r r a m , columna a u t e m et firmamentum Ecclesiae e s t Evangelium et Spiritus vitae. 4 6 . Así Schot ad Lyc. 1 3 2 . V é a s e C h r A u g . LOBECK, Aglaophamus, Königsb e r g , I , 1 8 2 9 , 8 8 . E n s e n t i d o a n á l o g o B . PERERIO, Comm. in Genes. X I X , d i s p . I I I , 2 5 ; H e i n r . BAUMANN, De Statua salis, e n Thesaurus Theolog.Philolog., Amsterdam 1701, 196. 4 7 . E l e m e n t o c o m ú n y n e c e s a r i o a t o d o sacrificio i s r a e l i t a ( E s d r . 6 , 9 ; 7,2; Ez. 2 3 , 2 4 ) , la sal recordaba el d í a de la alianza sinaítica d e Israel c o n Y a h v é (ASENSIO, ad loe). 4 8 . V é a s e IGN., Ad Magn. 1 0 , 2 c o n l a s a n o t a c i o n e s d e J . B . LIGHTFOOT, y H . SCHLIER, Religionsgeschichtliche Untersuchungen zu den Ignatiusbriefen (= Ignatius), G i e s s e n 1 9 2 9 , 6 4 s. n . 4 . 4 9 . « Sal d e la alianza d e t u D i o s » (Lev. 2 , 1 3 ) , « alianza d e sal perdurable a n t e Y a h v é » ( N u m . 1 8 , 1 9 ; 2 P a r . 1 3 , 5 ) . 5 0 . Sophia, e n t r e v a l e n t i n i a n o s , e q u i v a l e a Mujer (celeste), MaterEcclesia, origen d e los gérmenes (hombres) espirituales, diseminados por l a tierra.
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ECCLESIA, SAL TERRAE
e l l a ( S o f í a ) n i n g u n a o f r e n d a e s a c e p t a (cf. Lev. 2 , 1 3 ) . S o f í a e m p e r o e s e s t é r i l (axelpa) ( s i n e l ) H i j o . P o r e s t o s e l e d e n o m i n a (reliquia)52 de sal . 5 1
5 3
Los valentinianos se h a b í a n a d e l a n t a d o al s í m b o l o d e la statua satis. H a b l a b a n de Sofía, m u j e r estéril, la significaban p o r la sal, y j u n t a m e n t e la d e n o m i n a r o n residuo de sal, U7toXstu.ua d e sal, c o n manifiesta r e f e r e n c i a a la m u j e r de L o t (Gen. 19,2o) . S i n ella n i n g u n a oblación es a c e p t a , c o m o sin l a sal n i n g ú n sacrificio a g r a d a a Dios. La exegesis v a l e n t i n i a n a d e Gen. 19-26 — i m p l í c i t a e n t o d o e s t o — v i n c u l a b a al sacrificio la índole salina d e Sofía ( = Ecclesia). La e s t a t u a d e sal, s í m b o l o d e la E s p o s a del Salvador, h a b í a q u e d a d o a b a n d o n a d a p o r E l y estéril. E r a la Sofía mortal , s o m e t i d a a las leyes d e la m a t e ria. Y j u n t a m e n t e estéril (
55
5 6
5 1 . Cf. I s . 5 4 , 1 ; Gal. 4 , 2 7 . E n t r e v a l e n t i n i a n o s , cf. IREN, 1,2,4; H n \ , Ref. V I , 3 0 , 8 . V é a s e J . E . MÉNARD, L'Evangile selon Philippe, París 1967, 1 5 4 . 52. El mal estado del Codex impone prudencia e n la restitución. S e ven m u y bien cuatro letras, que no hacen sentido. Anteponiéndoles u n a s s e l e e sepei: « e t sepei —'dice M é n a r d (154)— d e m e u r e i n t r a d u i s i b l e , á m o i n s d e l e t r a d u i r e p a r vestige ». « S a l v o m e l i o r i » , el v o c a b l o e s p e r f e c t a m e n t e t r a d u c i b l e p o r u7tóXet(X(xa (lit. subrelictum). Cf. s u p r a : « s t a t u a s a l i s . . . subrelicta e s t i n c o n f i n i o t e r r a e ». 5 3 . Evang. sec. Phil. 3 5 - 3 6 . 5 4 . C o m o m u y b i e n a d i v i n ó R.McL. WILSON, The d o n 1963, 101.
Gospel
of Philip,
Lon-
5 5 . Cf. Evang. sec. Phil. 3 9 : « U n a c o s a e s A c h a m o t h y o t r a E c h m o t . A c h a m o t h e s l a S o f í a e n a b s o l u t o (OL-KK&C). M i e n t r a s E c h m o t h e s l a S o f í a de la muerte. E s t a e s la q u e c o n o c e l a m u e r t e . A e l l a l a l l a m a n S o f í a m e n o r (parva S o p h i a ) . » « El libro sagrado del Gran Espíritu Invisible», e d i t a d o n o h a m u c h o p o r J . DORESSE e n Journal Asiatique 2 5 4 , 1966, 3 1 7 4 3 5 , l a d e n o m i n a u n a v e z ( p . 57,1: 3 8 0 ) : 2o
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c ) Propiedades de la estatua. Se r e d u c e n a t r e s : 1) persever a n c i a , 2) e n m e n s t r u a c i ó n , 3) i n t e g r i d a d . Perseverancia. « S e m p e r m a n e n s » ( « p e r s e v e r a t s t a t u a salis »). E r a tradición a t e s t i g u a d a d e s d e S a p . 10,7 , p o r J o s e f o , C l e m e n t e R o m a n o , y o t r o s . La e s t a t u a d e sal p e r m a n e c e r á , s e g ú n p a r á d o s i s h e b r e a ( e s p . T a r g u m jeros.), h a s t a la resurr e c c i ó n d e los m u e r t o s . T a m b i é n la Iglesia, sal terrae, d u r a r á h a s t a la c o n s u m a c i ó n d e los siglos. M i e n t r a s la t i e r r a s ubs is ta , s e d e j a r á ella s e n t i r e n el m u n d o c o m o p r i n c i p i o d e i n c o r r u p ción, e n ( c o n t i n u o ) sacrificio a g r a d a b l e a Dios. 57
5 9
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6 0
En menstruación. I r e n e o acoge u n a c r e e n c i a i g n o r a d a e n e s c r i t o s a n t e r i o r e s . La e s t a t u a d e sal p a d e c e — c o m o m u j e r e s t é r i l — la regla: « p e r n a t u r a l i a e a q u a e s u n t consuetudinis h o m i n i s ». El d a t o p a s ó al p o e m i t a Sodoma . ¿ De d ó n d e nació la l e y e n d a ? Filón aplica — p o r r a z o n e s d e exegesis alegórica— a la m u j e r de Lot el n o m b r e d e Zuví)6eta ( « c o s t u m b r e » ) . 61
6 2
i m m o p o t i u s s y n a g o g a m i n c r e p a r e t , i n t e r c e t e r a ait ( E z . 16,4): « I n a q u a n o n e s t Iota, ñ e q u e sale s a l i t a » ; p r a e n u n t i a n s , q u i a ñ e q u e g r a t i a m b a p tismi salutaris ad abluenda peccata s u a acceptura erat, ñeque fidem caelestis sapientiae susceptura. 57. « Y c o m o t e s t i m o n i o d e ( s u ) m a l d a d subsiste aún (£TI... xaOécmQxe) u n a tierra humeante y árboles q u e dan fruto antes de sazón; c o m o r e c u e r d o d e u n a l m a i n c r é d u l a se yergue una estatua de sal.» Véase R. CORNELY, ad loe. y ú l t i m a m e n t e J. VÍLCHEZ, ad loe. ( B A C 293, p . 695). S.R. DRIVER, e n J. HASTINGS, A Dictionary of the Bible, I I I , 1900, 152 s. 58. Ant. Jud. 1,11,4 ( § 203): ... m u d ó s e e n e s t a t u a d e s a l . L a h e v i s t o y o (toTÓpyjaa S'OCÚTTÍJV), p o r q u e todavía ahora permanece. 59. 1 Clem. 11,2. 60. D e v e r d a d e r o i n t e r é s e l MS. Neophyti: « Y porque la m u j e r d e Lot era d e las hijas d e l o s s o d o m i t a s miró para atrás para ver q u é sería e l fin d e l a c a s a d e s u p a d r e y h e a q u í q u e q u e d ó c o l u m n a d e s a l hasta el día en que resuciten los muertos » ( G e n . 19,26). V e r s . d e A. DÍEZ MACHO, MS. Neophyti I Génesis, M a d r i d 1968, 110 ( t e x t o 111). 61. í n t e r o p e r a s. CYPRIANI, e d . H a r t e l I I I , 2 9 4 , w . 119-126: « I n fragilem mutata salem stetit ipsa sepuJchrum Ipsa e t imago, sibi f o r m a m sine corpore s e r v a n s : Durat adhuc e t e n i m nuda statione sub aethra, N e c pluviis dilapsa situ nec diruta v e n t i s : Q u i n e t i a m si q u i s m u t i l a v e r i t a d v e n a f o r m a m , Protinus ex sese suggestu vulnera complet. D i c i t u r e t v i v e n s a l i o i a m c o r p o r e , sexus Munífico solitos dispungere sanguine menses.» 62. Ebr., 164: « ( L o t ) t u v o d o s h i j a s , d e l a m u j e r petrificada, a la q u e d e b i é r a m o s l l a m a r e n u s o d e l v e r d a d e r o n o m b r e Costumbre (auv^Oeta) natura enemiga de la Verdad.»
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¿ T i e n e algo q u e v e r ese n o m b r e con el f e n ó m e n o n a t u r a l , q u e la noticia d e I r e n e o define « p e r naturalia ea quae sunt consuetudinis h o m i n i s ? » L o consuetudinario d e la m u j e r se o p o n d r í a a lo verdadero, c o m o la c o s t u m b r e a la V e r d a d . Y, s i e m p r e e n l a línea alegórica d e Filón, afectaría a la condición t e r r e n a d e la Iglesia p o r c o n t r a s t e c o n la p e r f e c t a d e la E s p o s a celeste. E l s i m b o l i s m o filoniano se c u m p l e d e lleno e n la aplicación r e g i s t r a d a p o r I r e n e o : « (Ecclesia) p a t i e n s q u a e s u n t h u m a n a ». L a Iglesia, sal terrae, p o r vivir e n la t i e r r a , e s t á s u j e t a a h u m a n a s p a s i o n e s . La m e n s t r u a c i ó n va c o n p é r d i d a d e s a n g r e ; el f e n ó m e n o s i m i l a r d e la Iglesia, con p e r d i d a d e (hijos o ) miemb r o s : « d u m s a e p e a u f e r u n t u r a b ea m e m b r a ». La Iglesia celeste n o conoce tal f e n ó m e n o . E n el r e i n o del E s p í r i t u n o h a y sufrimientos. N a d i e la p e r s i g u e n i a t e n t a c o n t r a s u i n t e g r i d a d , a r r e b a t á n d o l e hijos. Las p e r s e c u c i o n e s y p é r d i d a d e m i e m b r o s afectan ú n i c a m e n t e a la Ecclesia, sal terrae, a la q u e p o r su apartamiento del Verbo Esposo, padece menstruac i ó n y e n g e n d r a a s u s hijos c u a n d o los p i e r d e p a r a sí, con u n a esterilidad solo a p a r e n t e . P u e s m i e n t r a s n o logra t e n e r l o s a q u í , e n r e g i ó n d e m u e r t e , los e n g e n d r a p a r a el cielo. 6 3
La menstruación d e la Iglesia t e r r e n a explica s u esterilidad e n u n s e n t i d o altísimo. Dícese estéril l a m a d r e q u e n o tiene hijos. Y t a m b i é n la q u e n o los retiene e n vida. L a Iglesia, sal terrae, e n g e n d r a h i j o s p a r a el V e r b o , c u a n d o los p i e r d e (con la p e r s e c u c i ó n ) p a r a sí. S u f e c u n d i d a d v e r d a d e r a ( p a r a el cielo) d e s c a n s a e n la esterilidad p a r a la t i e r r a . 6 4
6 3 . L o s v a l e n t i n i a n o s d e l Evangelio según Felipe § § 3 6 y 3 9 d i r í a n q u e l a e s t e r i l i d a d ( y m e n s t r u a c i ó n ) i n t e r e s a n a l a parva Sophia, a l a Sabid u r í a de la muerte, o E c h m o t h ; n o a la magna Sophia o Sabiduría p o r e x c e l e n c i a o A c h a m o t h . A l a S o f í a t e r r e n a (óXwcrj) q u e e n g e n d r a a s u s h i j o s c u a n d o l o s p i e r d e p a r a sí. 6 4 . Cf. I s . 5 4 , 1 ; Gal. 4 , 2 7 . — V é a s e IREN., Epideixis, 9 4 : « Mais [c'est] le Seigneur lui-même [qui] n o u s a sauvés, e n donnant à l'Eglise plus d ' e n f a n t s q u ' à la s y n a g o g u e d e s a n c i e n s , c o m m e I s a ï e l'avait f a i t c o n naître e n disant (Is. 5 4 , 1 ) : * Réjouis-toi, stérile, qui n'as p a s e n f a n t é ! ' — L a s t é r i l e , c'est l ' E g l i s e q u i , d a n s l e s p r e m i e r s t e m p s , n e p r é s e n t a i t a b s o l u m e n t a u c u n e n f a n t à D i e u — ' P o u s s e d e s c r i s d e d o u l e u r e t crie, t o i q u i n ' a v a i s p a s é t é e n travail, c a r c e l l e q u i é t a i t s e u l e a p l u s d ' e n f a n t s que celle qui a u n mari et la première synagogue avait p o u r mari la loi. » V e r s , d e L.M. F r o i d e v a u x .
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Integridad. La e s t a t u a d e la leyenda, n o o b s t a n t e los fenóm e n o s c o n s u e t u d i n a r i o s e n u n a m u j e r estéril, m a n t e n í a s e integ r a . Lo q u e p e r d í a p o r el flujo g a n a b a d e o t r a forma. 6 5
E n s u aplicación a la Iglesia, sal terrae, el f e n ó m e n o h a b í a s i d o r e p e t i d a s veces e x a l t a d o p o r s a n J u s t i n o y o t r o s . C u a n t o m á s p e r s e g u i d o s f u e r a n los m i e m b r o s d e la Iglesia, m á s se multiplicaban . « Semen est sanguis christianorum . » 66
67
C o l u m n a d e sal, « firmamento d e fe », l a Iglesia se m a n t i e n e e n pie, íntegra, a l t r a v é s d e l a s p e r s e c u c i o n e s , d a n d o a s u E s p o s o , el V e r b o , hijos vivientes, c u a n d o los p i e r d e p a r a sí. Y n o o b s t a n t e verlos p a r t i r e n c o n t i n u o flujo p e r s e v e r a siemp r e joven.
65. Prudencio orquestaba d e otra forma el fenómeno. La estatua, según él, perdía p o r el sudor y p o r el g a n a d o q u e s e acercaba a lamerla. Léase Hamartigenia, 738-756: « Lot monitis sapiens obtemperat, at levis uxor/ mobilitate animi torsit muliebre retrorsus / ingenium S o d o m i s q u e suis revocabilis haesit. / Traxerat E v a d i r u m dirae ad consortia culpae; / h a e c p e c c a n s s i b i s o l a p e r i t : s o l i d a t a m e t a l l o / d i r i g u i t fragili s a x u m q u e l i q u a b i l e f a c t a / s t a t m u l i e r , s i c u t s t e t e r a t p r i u s , omnia servans, / caute sigillati l o n g u m s a l i s effigiata, / e t d e c u s e t c u l t u m f r o n t e m q u e o c u l o s q u e c o m a m q u e / e t flexam i n t e r g u m f a c i e m p a u l u m q u e r e l a t a / m e n t a r e t r o , a n t i q u a e m o n u m e n t a r i g e n t i a n o x a e . / Liquitur illa quidem salsis sudoribus uda,/ s e d n u l l a e x fluido p l e n a e d i s p e n d i a f o r m a e / s e n t i t d e l i q u i o , quantumque armenia saporum / attenuant saxum, tantum lambentibus u m o r / sufficit attritamque cutem p e r d a m n a reformat. / H o c meruit t i t u l o p e c c a t r i x f e m i n a s i s t i / i n f i r m u m fluidumque a n i m u m p e r l u b r i c a s o l v e n s / Consilia e t f r a g i l i s i u s s a c a e l e s t i a . » L a leyenda d e P r u d e n c i o n o s e p r e s t a a l a t e o l o g í a d e l a « m e n s t r u a c i ó n ». 6 6 . V é a s e JUST., Dial. 1 1 0 , 4 : « N o s d e c a p i t a n , n o s c l a v a n e n c r u c e s , n o s a r r o j a n a l a s fieras... y n o s s o m e t e n a t o d a c l a s e d e t o r m e n t o s . A l a v i s t a está d e t o d o s q u e n o apostatamos d e l a fe. Antes c u a n t o mayores s o n n u e s t r o s s u f r i m i e n t o s t a n t o más en número (áXXot 7rXeíove<;) s e h a c e n , mediante el nombre de Jesús, l o s creyentes y devotos d e Dios. » A ñ a d i r Diogn. 6 , 9 : « Mortificada el a l m a c o n h a m b r e y s e d , m e j o r a (PeXTiouTat). L o s c r i s t i a n o s , c a s t i g a d o s a d i a r i o (xa8* ifjuépav), c r e c e n (7cXeová£ouat (xaXXov) » ; 7 , 8 : « ¿ N o e s t á s v i e n d o q u e c u a n t o m á s s o n castig a d o s , t a n t o m á s crecen (7cXeová£ovT<xs) o t r o s ? » N o e s t á c l a r o s i crecen e n n ú m e r o — c o m o q u i e r e n m u c h o s , M a r r o u e n t r e e l l o s — o e n fervor interno. M e inclino a l o primero. 6 7 . TERT., Apolog. 5 0 a n t e finem : « N e c q u i d q u a m t a m e n proficit exquis i t i o r q u a e q u e c r u d e l i t a s v e s t r a ; i l l e c e b r a e s t m a g i s s e c t a e . P l u r e s efficimur, quoties metimur a vobis. S e m e n e s t sanguis christianorum. »
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3. Los mártires, hijos de la Iglesia Aquí p o d r í a a c a b a r el a r t í c u l o , si las ú l t i m a s líneas d e IV, 31,3 (« p r a e m i t t e n s filios a d P a t r e m i p s o r u m ») n o p l a n t e a r a n n u e v o s p r o b l e m a s . Los hijos q u e la Iglesia envía, los m á r t i res, ¿ v a n d i r e c t a m e n t e a p r e s e n c i a d e Dios P a d r e ? P o r f o r t u n a , si n o b a s t a r a el significado Pater=Verbum, h a b i t u a l e n IV,31,2-3, d o s l u g a r e s s e n s i b l e m e n t e p a r a l e l o s ayud a n a definirlo. A IV,31,3
B IV.33.9
C 111,16,4
Et q u u m haec fièrent, uxor r e m a n s i t i n S o d o mis, j a m n o n corruptibilis caro, s e d statua salis s e m p e r m a n e n s , et per naturalia ea quae sunt consuetudinis hominis, ostendens quoniam et Ecclesia, quae est sal terrae, s u b relicta e s t i n confinio terrae. p a t i e n s quae sunt humana; et d u m saepe auferuntur ab ea membra, intégra p e r s é v é r â t statua salis, q u o d est firmamentum fidei, firmans e t praemittens filios ad Patrem ipsorum.
Q u a p r o p t e r Ecclesia o m n i in l o c o o b earn, q u a m h a b e t e r g a D e u m dilectionem, multitudin e m martyrum i n omni tempore praemittit ad Patrem ; reliquis a u t e m o m n i b u s non tantum non habentibus hanc r e m ostendere apud se, sed nec quidem necessarium esse dicentibus tale martyrium... C o n f e s s i o n e m Filii e j u s s o l a Ecclesia p u r e s u s t i n e t , saepe debilitata, e t statini augens membra e t integra fiens ; quemadmodum et typus ejus, q u a e fuit i l l i u s L o t (uxor), salis figmentum.
Propter h o c et pueros eripiebat (Dominus), qui erant in d o m o David, bene s o r t i t i ilio tempore nasci, u t e o s praemitteret in suum regnum; ipse infans q u u m esset, infantes hom i n u m martyras parans, propter Christum qui in Bethléem natus est Judae in civitate D a v i d interfectos secundum Scripturas.
La locución praemittere ad r e s u l t a decisiva. E l fr. A — c o n la Iglesia praemittens filios ad Patrem ipsorum— l l a m a al V e r b o , « P a d r e » d e sus h i j o s . E l fr. B — c u a n d o la m i s m a Iglesia multitudinem martyrum...praemittit ad Patrem— denomina i g u a l m e n t e « P a d r e » ( d e los m á r t i r e s , hijos d e la Iglesia) al V e r b o ( = H i j o ) . E n la c l á u s u l a ut eos praemitteret (Dominus) in regnum suum —del fr. C— « su r e i n o » indica el R e i n o del S e ñ o r ( = C r i s t o ) . Aun así praemittere ad n o q u i e r e d e c i r enviar a presencia de sino « e n v i a r p o r d e l a n t e (de los d e m á s n o m á r t i r e s ) hacia », lleguen o n o e n s e g u i d a a presencia de. La Iglesia envía a los m á r t i r e s p o r d e l a n t e de s u s d e m á s hijos h a c i a el V e r b o , P a d r e d e ellos; a s e g u r a s u salvación y fructifica a la p o s t r e p a r a el Dios Viviente ( = D i o s P a d r e ) . N o p o r e s o los envía d e r e c h a m e n t e a Su p r e s e n c i a .
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A. ORBE
E l fr. B a r r a n c a d e l m i s m o s í m b o l o ( q u e el fr. A): statua satis —Ecclesia sal terrae. Lee salis figmentum c o m o S a p . 10,6 vulg. (« figmentum salis »). I n s i n ú a d e f o r m a s i m i l a r la m e n s t r u a c i ó n d e la e s t a t u a . Alude a la frecuencia d e l f e n ó m e n o ( r e s p . d e las p e r s e c u c i o n e s ) , con el m i s m o a d v e r b i o saepe *. P e r o m i e n t r a s , según A, o t r o s a r r a n c a n c o n frecuencia m i e m b r o s a la Iglesia; B se c o n t e n t a c o n s e ñ a l a r s u frecuente debil i t a m i e n t o . Los dos f r a g m e n t o s recogen el f e n ó m e n o d e la r e s t i t u c i ó n : m á s gráfico el fr. B, c o n e x p r e s a alusión al inmed i a t o c r e c i m i e n t o (« et s t a t i m a u g e n s m e m b r a » ) d e m i e m b r o s , a r a í z d e l d e b i l i t a m i e n t o (o p é r d i d a d e ellos). 6
E l fr. A p r e s e n t a a la Iglesia, sujeta a h u m a n o s padecimient o s (« p a t i e n s q u a e s u n t h u m a n a »), sin m e n c i o n a r el m a r t i r i o c o n q u e le a r r e b a t a n m i e m b r o s . M i e n t r a s B h a c e explícita refer e n c i a a la « m u c h e d u m b r e d e m á r t i r e s » y a « l a Confesión ( p o r ellos) del Hijo d e Dios ». E l e m e n t o c a r a c t e r í s t i c o del fr. B es a q u e l : « ú n i c a m e n t e la Iglesia — p o r c o n t r a s t e c o n l o s h e r e j e s — sufre en toda pureza (« p u r é s u s t i n e t » ) p o r el a m o r a Dios P a d r e y el t e s t i m o n i o d e S u H i j o » la confesión pública, o r a l d e Cristo, sin t e m o r a t r i b u n a l e s h u m a n o s . El g e s t o d e la m u j e r d e Lot — m i r a n d o p a r a a t r á s — q u e d a e n t e r a m e n t e c o r r e g i d o . La Iglesia t i e n e el c o r a z ó n e n Dios P a d r e , y p o r a m o r a El (« o b e a m q u a m h a b e t e r g a D e u m d i l e c t i o n e m » ) se d e s p r e n d e g e n e r o s a —en t o d o l u g a r y t i e m p o — d e los hijos, e s t i m a n d o tal m a r t i r i o corpóreo n e c e s a r i o p a r a s u salvación. La fe d e la M a d r e se h a c e sensible en los hijos. Ella sufre, al p a d e c e r ellos. 6 9
7 0
11
O p p r o b i i u m e n i m e o r u m q u i persecutionem patiuntur propter justit i a m (cf. M t . 5,10) e t o m n e s p o e n a s s u s t i n e n t e t m o r t i f i c a n t u r propter
68. IV.33,9: saepe d e b i l i t a t a e t s t a t i m a u g e n s m e m b r a e t i n t e g r a fiens; IV,31,3: d u m saepe a u f e r u n t u r a b e a m e m b r a , i n t e g r a p e r s é v é r â t . A. R o u s s e a u , l a s d o s v e c e s , s i n m s . a l g u n o l a t i n o q u e l e a semper, por sola autor i d a d d e Ir en. arm., i n t r o d u c e d r á s t i c a m e n t e e n el t e x t o l a t i n o el a d v e r b i o semper. 69. Cf. IV,33,9 (820,151 s s . ) : R e l i q u i s a u t e m o m n i b u s n o n t a n t u m n o n habentibus hanc rem ostendere apud se, sed nec quidem necessarium e s s e d i c e n t i b u s tale martyrium: e s s e enim m a r t y r i u m v e r u m s e n t e n t i a m eorum... (i ¡ 70. V é a s e Los et passim.
primeros
71. Cf. IV,31,3, patiens
herejes quae
ante
sunt
la persecución,
humana.
R o m a (1956) 87 s s .
235
ECCLESIA, SAL TERRAE eam quae est erga Deum Ecclesia puré s u s t i n e t .
72
dilectionem
et confessionem
Filii e j u s ,
sola
7 3
Las líneas q u e siguen — e n c o n t e x t o d e l fr. B— a m p l í a n las c o o r d e n a d a s d e l a Iglesia e n el e s p a c i o y el t i e m p o . N i l a persecución n i el m a r t i r i o c a r a c t e r i z a n a l N . T . L o s a n t i g u o s (pat r i a r c a s y ) p r o f e t a s l o s s u f r i e r o n p o r a m o r a Dios y al V e r b o ; y fueron v i o l e n t a m e n t e a r r a n c a d o s a l a Iglesia. La n o v e d a d d e los m á r t i r e s , e n el N.T., n o r e s i d e e n el a m o r a Dios P a d r e p o r c u y a fe m u e r e n , n i e n el t e s t i m o n i o d e l Hijo p o r c u y o N o m b r e d e r r a m a n l a s a n g r e , n i e n el E s p í r i t u q u e les alienta. L o s a n t i g u o s p r o f e t a s c o n o c i e r o n l o m i s m o . L a ú n i c a n o v e d a d es h o y el modo i n t r o d u c i d o p o r l a v e n i d a en carne d e l V e r b o . L o s m á r t i r e s del N . T . confiesan p o r S e ñ o r e Hijo d e Dios a l V e r b o hecho carne ( r e s p . m u e r t o y resucit a d o ) . T e s t i m o n i a n c o m o v e r d a d d e fe, n o s i m p l e m e n t e a l H i j o d e Dios — e s t o lo h a c í a n e n el A.T. los p r o f e t a s y l o h a c e n e n el N . T . los h e r e j e s — s i n o la carne S u y a : a s u m i d a p a r a S a l u d del h o m b r e . D e d o n d e confiesan S u n a c i m i e n t o y m u e r t e y resurrección —según la carne—, como Señor y Salvador de los h o m b r e s . 7 4
75
E l fr. C e s u n c a s o p a r t i c u l a r d e la e c o n o m í a f o r m u l a d a e n A y B. Lo q u e s e g ú n a m b o s s e c u m p l e con frecuencia (« s a e p e ») y — c o n f o r m e a B— en todo tiempo y lugar (« o m n i in loco... in o m n i t e m p o r e »), t u v o aplicación e n t r e los Inocen7 2 . Cf. I V , 3 3 , 9 ( 8 2 0 , 1 4 9 s s ) : E c c l e s i a . . . ob eam quam habet erga Deum dilectionem. N ó t e s e el tránsito espontáneo d e la Iglesia Madre, a l o s hijos. 73.
IV,33,9 (822,159 ss).
7 4 . I V , 3 3 , 9 - 1 0 ( 8 2 2 , 1 6 3 s s ) : S o l a E c c l e s i a p u r é s u s t i n e t , saepe d e b i l i t a t a e t s t a t i m a u g e n s m e m b r a e t i n t e g r a fiens; q u e m a d m o d u m e t t y p u s e j u s q u a e fuit i l l i u s L o t ( u x o r ) , s a l i s figmentum, s i m i l i t e r u t v e t e r e s p r o p h e t a e sustinentes persecutionem, q u e m a d m o d u m Dominus ait (Mt. 5,12): « Sic e n i m p e r s e c u t i s u n t p r o p h e t a s q u i a n t e v o s f u e r u ñ t » , q u o n i a m nove quidem s e d e o d e m S p i r i t u r e q u i e s c e n t e s u p e r e a m , a b h i s q u i n o n r e c i p i u n t V e r b u m Dei persecutionem patitur. Quod q u i d e m prophetae c u m reliquis quae prophetabant et h o c prophetaverunt, quoniam super quoscumque requieverit Spiritus Dei et obaudierint V e r b o Patris et s e c u n d u m virtutem servierint ei, persecutionem patientur et lapidabuntur e t o c c i d e ñ t u r : in semetipsis e n i m haec o m n i a praefigurabant prophetae propter dilectionem Dei e t propter Verbum ejus. 75.
Cf.
IV,33,4 (812,97): Filius Dei h o m o
factus;
I V , 3 3 , 1 1 ( 8 3 0 , 2 2 8 s s . ) : Ver-
b u m c a r o erit e t F i l i u s D e i F i l i u s h o m i n i s . . . h o c f a c t u s q u o d e t n o s . — O t r o s l u g a r e s e n W . BOUSSET, Kyrios Christos 5 , Góttingen ( 1 9 6 5 ) 3 4 4 ss.
236
A. ORBE
tes, al t i e m p o d e H e r o d e s (« b e n e s o r t i t i Mo tempore n a s c i »). I r e n e o los d e n o m i n a mártires, p o r h a b e r m u e r t o a causa de Cristo. E n A y B la I g l e s i a envía p o r d e l a n t e a s u s hijos, e n c a m i n á n d o l o s al V e r b o . E n C el S a l v a d o r m i s m o (« D o m i n u s ») los a r r e b a t a — i n f a n t e E l a ellos i n f a n t e s — p a r a S u p r o p i o r e i n o (« u t eos p r a e m i t t e r e t in s u u m r e g n u m » ) . Tal r e i n o se d i s t i n g u e p o r igual: a ) d e l a Iglesia de e s t e m u n d o ; b ) d e las t r e s m o r a d a s d e la c a s a p a t e r n a en el e s t a d i o final, c a r a c t e r í s t i c o del compuesto; c) d e l seno subterráneo de A b r a h á n . Probablem e n t e se identifica c o n el l u g a r invisible d e p u t a d o p a r a las a l m a s d e los J u s t o s , m á r t i r e s y n o m á r t i r e s . H a b r í a l e sido fácil a I r e n e o p r e s e n t a r en C a R a q u e l c o m o s í m b o l o d e la Iglesia, afincada e n l o s confines de Belén, l l o r a n d o p o r sus hijos, a q u i e n e s e n v i a b a p o r d e l a n t e a s u m a r i d o J a c o b , s í m b o l o del V e r b o . Y q u i z á s conoció a l g u n a t r a d i c i ó n similar. Mas el c o n t e x t o i n m e d i a t o ( d e 111,16,4) se lo p r o h i b e . E n exegesis a E x . 17,16 (LXX) exalta el p o d e r e s c o n d i d o d e J e s ú s , todavía infante, p a r a t r i u n f a r d e Amalee ( H e r o d e s ) y h a c e r s e c a r g o d e la fuerza d e D a m a s c o o d e los d e s p o j o s d e S a m a r í a ( a l u s i ó n d o b l e a los Magos) f r e n t e a H e r o d e s , R e y d e A s i r í a . 76
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76. 111,16,4: e t p u e r o s e r i p i e b a t ( D o m i n u s ) . . . i p s e i n f a n s q u u m e s s e t , i n f a n t e s h o m i n u m m a r t y r a s p a r a n s . —Iren.lat. l o s l l a m a infantes y no innocentes. I g u a l GREGORIO DE ELVIRA, Trat. X I X § 4; CROMACIO, Sermo X § 3. S e g ú n G. MoRiN (L'année liturgique à Aquilée antérieurement à l'époque carolingienne d'après le Codex evangeliorum Rehdigeranus, en R B 19,1902,4), m i e n t r a s e n R o m a , M i l á n y Ñ a p ó l e s s e d e c í a innocentes, e n Cartago y e n l a s iglesias d e España y Galia e m p l e á b a s e infantes. —IREN. IV,28,3 (764,79) h a b l a d e p u e r i innocentes, pero n o alude a los d e H e r o d e s s i n o a N u m . 14,31. 77. H a y c o r t o s e l e m e n t o s e n L. SPIKOWSKI, La doctrine de l'Eglise dans Irénée, S t r a s b o u r g 1926, 15 s . 78. T i e r r a n u e v a , P a r a í s o , R e i n o d e l o s c i e l o s . V é a s e V,36,l s. 79. Cf. H . FINÉ, Die Terminologie der Jenseitsvorstellungen bei TertulHan, Bonn 1958, 159 ss.,213 s s . 80. S e g ú n V,31,2 (594,45 s s . ) : A n i m a e a b i b u n t i n i n v i s i b i l e m l o c u m , defin i t u m e i s a D e o e t ibi u s q u e a d r e s u r r e c t i o n e m c o m m o r a b u n t u r s u s t i nentes resurrectionem. 81. E n e s t o ú l t i m o , a s í c o m o e n l a s i t u a c i ó n ( s e g ú n I r e n e o ) del « invis i b i l i s l o c u s », m e a p a r t o d e F i n é . E s t u d i o e l t e m a e n m i s Parábolas evangélicas en san Ireneo I I , M a d r i d 1972, 372 s s . 82. Cf. Jer. 31,15 y G e n . 35,19. V é a s e s. JUSTINO, Dial 78. 83. V é a s e 111,16,4, s i n g u l a r m e n t e al fin: Magi... s u b s t e r n e n t e s s e m e t i p s o s a e t e r n o R e g i p e r a l t e r a m v i a m ( M t . 2.12), n o n j a m p e r A s s y r i o r u m revertentes viam: « Priusquam enim cognosceret puer vocare patrem aut maS.
237
ECCLESIA, SAL TERRAE
E l N i ñ o t r i u n f ó d e H e r o d e s . P r i m e r o , al r e c i b i r el h o m e n a j e d e los Magos, « fuerza d e D a m a s c o y d e s p o j o s d e S a m a r í a » , venidos a E l c o m o a Rey e t e r n o . S e g u n d o , al e n v i a r p o r d e l a n t e a S u p r o p i o reino a los I n o c e n t e s , a s e g u r á n d o s e s u b d i t o s definitivos, t a m b i é n c o m o Rey e t e r n o . H a y a o n o visto I r e n e o los dos a s p e c t o s — t e m p o r a l (con los Magos g a n a d o s a la fe d e Cristo) y e t e r n o ( c o n los I n o c e n t e s m u e r t o s a c a u s a d e El)—, p i e n s a en el d o b l e t r i u n f o q u e J e s ú s , a ú n n i ñ o , r e p o r t a s o b r e H e r o d e s rey d e los Asirios ( s í m b o l o p r o b . d e l p r í n c i p e d e e s t e m u n d o ) . E n tal c o n t e x t o , c o n v e n í a a c e n t u a r el p o d e r í o ( r e s p . la d i v i n i d a d ) d e a q u e l infante, sin a s p e c t o d e Rey, q u e recibía el h o m e n a j e de l a gentilidad, h e c h a l i b r e m e n t e s u b d i t a Suya, y a s e g u r a b a p a r a S u r e i n o a los Inoc e n t e s , definitivamente p e r d i d o s p a r a o t r o q u e n o r e i n a s e m á s allá d e e s t e m u n d o . La Iglesia, aquí, h a b r í a e s t o r b a d o al argum e n t o . Los I n o c e n t e s — d i r á alguien— a u n q u e m á r t i r e s d e Cristo, n o e r a n a ú n m i e m b r o s d e la Iglesia. N o es v e r d a d . A c a b a m o s d e ver e n IV,33,9-10 q u e la e c o n o m í a m a r t i r i a l del N.T. p r o l o n g a h o m o g é n e a m e n t e la del A.T., q u e conoció m á r t i r e s del V e r b o (no E n c a r n a d o ) . E l cotejo d e las t r e s c o l u m n a s [A, B, C ] a r r o j a p a r t i c u l a r luz s o b r e u n p u n t o de la escatología. A p e s a r de la expresión « p r a e m i t t e r e a d P a t r e m », n i n g u n a d e las t r e s d e m u e s t r a q u e a s u m u e r t e se e n c u m b r e n los m á r t i r e s d i r e c t a m e n t e a p r e s e n c i a d e Dios P a d r e . Tal privilegio c h o c a c o n d o c t r i n a s i n d i s c u s a s d e I r e n e o . J e s ú s m i s m o se s o m e t i ó a la « o r d e n d e p r o m o c i ó n d e los J u s t o s », sin ir d e r e c h o d e la Cruz al P a d r e . R a z ó n d e m á s los m á r t i r e s . N i n g ú n discípulo es s u p e r i o r al m a e s t r o . La regla n o c o n o c e excepción. P a r a i n t r o d u c i r l a e n t r e los m á r t i r e s c o n v e n d r í a p r o b a r l a e n f o r m a a p o d í c t i c a . E l análisis d e los t r e s f r a g m e n t o s ratifica lo p r o p i o . Las expresiones cruciales praemittere ad Patrem (IV,31,3; 33,9), in suum regnum (III, 16,4), se refieren al V e r b o , P a d r e del linaje h u m a n o , o al r e i n o d e Cristo, Rey e t e r n o . H a s t a la c o n s u m a c i ó n n i n g u n o c o m p a M
t r e m , a c c i p i e t v i r t u t e m D a m a s c i e t s p o l i a S a m a r i a e c o n t r a R e g e m Assyr i o r u m » ( I s . 8,4), o c c u l t i q u i d e m s e d p o t e n t e r o m n i a m a n i f e s t a n s q u o n i a m a b s c o n s a m a n u e x p u g n a b a t D o m i n u s A m a l e c h ( E x . 17,16: LXX). Propter hoc e t p u e r o s e r i p i e b a t . . . Cf. JUST., Dial 71¿4' TERT., Adv. Jud. 9. V é a s e P. PRIGENT, Justin et VAnden Testament, P a r í s 1964, 154. 84. Cf. V,31,l s . t
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A. ORBE
r e c e a n t e el P a d r e . A sola ty»xh j a m á s se le o t o r g a la S a l u d p l e n a , p o r v i s t a d e Dios. La acorqpía a f e c t a r á d e golpe a los predestinados, en composición (de cuerpo y alma). I r e n e o d i s p e n s a a los J u s t o s igual t r a t o , sin d i s c r i m i n a r e n t r e m u e r t o s o n o p o r p e r s e c u c i ó n . A tal fin c i t a las líneas d e u n m á r t i r cualificado: 5
E t p r o p t e r h o c in omni tempore* , plasmatus initio h o m o per manus D e i , i d e s t Filli e t S p i r i t u s , fit s e c u n d u m i m a g i h e m e t s i m i l i t u d i n e m Dei, paleis quidem abjectis, quae sunt apostasia; frumento a u t e m in horreum a s s u m p t o (cf. M t . 3,12; Le 3,17), q u o d e s t h i q u i a d D e u m fide fructificant. Et propterea tribulatio necessaria est his qui salvantur, ut q u o d a m m o d o c o n t r i t i e t a t t e n u a t i e t c o n s p e r s i (Xe7rcu6évTe£ x a l a u j j ^ p u p a O é v T S É ) p e r p a t i e n t i a m V e r b o D e i e t igniti, a p t i s i n t a d c o n v i v i u m R e g í s . Q u e m a d m o d u m quidam dixit de nostris, propter martyrium in D e u m adjudicatus a d b e s t i a s ( I g n . , Ad Rom. 4,1): Q u o n i a m « f r u m e n t u m s u m C h r i s t i , e t p e r d e n t e s b e s t i a r u m m o l o r , ut m u n d u s p a n i s Dei invernar
Las p a l a b r a s d e s a n Ignacio A n t i o q u e n o h a c e n a u t o r i d a d . Los m á r t i r e s p a t e n t i z a n la regla c o m ú n a t o d o s los j u s t o s : « la trib u l a c i ó n es n e c e s a r i a p a r a la s a l u d ». C r u e n t a o i n c r u e n t a m e n t e , c o n m a y o r o m e n o r perfección, t o d o s h a n de s e g u i r igual camino, sin privilegio. P a r a la e n t o n a c i ó n martirial — c o n énfasis s o b r e el sacrificio c r u e n t o — o t o r g a d a p o r I r e n e o ( r e s p . el Senior) a la Iglesia sal terrae, m a l p u d o c o n t r i b u i r « a c o n t r a r i o » M a r c i ó n : a ) el h e r e j e i g n o r a b a la e x p r e s i ó n sal terrae (Mt. 5,13), n o c o n o c i d a d e L u c a s ; b ) M a r c i ó n , n o c o n t e n t o c o n a d m i t i r el m a r t i r i o c r u e n t o , le e x a g e r a b a p o r o d i o a la c a r n e ( r e s p . al d e m i u r g o ) . Influyeron los v a l e n t i n i a n o s . N u e v a r a z ó n p a r a d i s c u t i r la índole « a n t i m a r c i o n í t i c a » del e s c r i t o p r e i r e n e a n o . A j u z g a r p o r la exegesis g n o s t i c a d e Gen. 19,26 q u e a s o m a e n Evang. sec. Phil. 35-36 ( m á s 3 9 ) , m á s p r o b a b l e es q u e el P r e s b í t e r o se h a y a s e r v i d o d e l a m i s m a h á g g a d a p a r a i n t e r p r e t a r l a e n clave eclesial, d e r e c h a m e n t e a n t i v a l e n t i n i a n a . w
M
A u r g i r el p a r a l e l o e n t r e la m u j e r d e Lot (« s t a t u a salís ») y l a Iglesia (« sal t e r r a e »), c o n d e n a d a s a m b a s a n o seguir a 85. Cf. IV,33,9 ( f r . B ) : M u l t i t u d i n e m m a r t y r u m mittit (Ecclesia) a d Patrem. 86. V,28,4 (360,78 s s ) . 87. Cf. H a r n a c k , Marcion\\& s.,157,315 s * , 3 4 0 \ 88. V é a s e a r r i b a p . 228 s.
in
omni
tempore
prae-
239
ECCLESIA, SAL TERRAE 89
s u m a r i d o , las d o s sufren c a u t i v e r i o p o r a l g u n a f a l t a . La m u j e r d e Lot p o r h a b e r c o n t r a v e n i d o al p r e c e p t o d e Dios m i r a n d o a t r á s , sin seguir al m a r i d o . La Iglesia p o r h a b e r o b e d e c i d o en Adán al deleite ( r e s p . a l a s e r p i e n t e ) , n o al V e r b o d e D i o s . T a r a d o s c o n la t r a n s g r e s i ó n d e A d á n y c a u t i v o s del d i a b l o , los m i e m b r o s t e r r e n o s d e la Iglesia —y la p r o p i a Iglesia— se ven a q u í f r e n a d o s p a r a la c o m u n i ó n c o n el V e r b o a q u e fueron l l a m a d o s . Cristo l i b e r a a los I n o c e n t e s , m e d i a n t e el m a r t i r i o , de la c a u t i v i d a d t e r r e n a . Y la Iglesia, m e d i a n t e la p e r s e c u c i ó n , a los m á r t i r e s p a r a q u e alcen l i b r e v u e l o a C r i s t o , m i e n t r a s ella sigue e n c a u t i v e r i o , m u l t i p l i c á n d o s e e n hijos, h a s t a la final owréXeioc. 9 0
9 1
92
93
J a m á s I r e n e o d e n o m i n a a la Iglesia, sal de la tierra, c o m o p r i n c i p i o d e conservación (acúryjpía) p a r a el m u n d o , o c o m o l e v a d u r a q u e i m p i d e la c o r r u p c i ó n d e la t i e r r a . ¿ P u d o llam a r l a e n t a l s e n t i d o ? E n el c o n t e x t o d e IV,31,3, l a Iglesia m i s m a a p a r e c e s u j e t a , en Adán, al p e c a d o y a l e j a d a d e Cristo; redim i b l e solo m e d i a n t e l a m a t e r n i d a d d e s u s h i j o s p a r a E l . E l p r i n c i p i o d e cohesión (y c o n s e r v a c i ó n ) d e l m u n d o , e s siemp r e — c o n a r r e g l o a S a p . 1-7— el E s p í r i t u d e Dios ( r e s p . el V e r b o d e Dios) , q u e a s i s t e a la Iglesia y la rejuvenece, m a n t e n i é n d o l a í n t e g r a a t r a v é s de las p e r s e c u c i o n e s . N o la p r o p i a Iglesia. 9 4
9 5
9 6
97
98
89. P u e d e v e r s e LOOFS, Theophilus,
111,1.
90. C o m o E v a m i r ó a l a s e r p i e n t e , s i n s e g u i r a A d á n . V é a s e e l p e c a d o d e E v a , s i g n o d e d i v i s i ó n , e n Orient. Christ. Period. 29, 1963, 449 s s . L a a n a l o g í a e n t r e A d á n y L o t s e i n s i n ú a e n PROCOPIO DE GAZA, Comm. in Genes. PG 871, 371-374 D . 91. Cf. FILÓN, Somn. 1,247 s; Leg. alleg. 111,213; Fuga, 121 s. A ñ a d i r CLEM. AL., Strom. 11,14,61,4. P u e d e v e r s e C. SIEGFRIED, Philo von Alexandria, J e n a 1875, 348. 92. Cf. Antropología de san Ireneo, M a d r i d 1969, 279 s s . 93. E n e l f o n d o praemittere ad Patrem e q u i v a l e a « a s e g u r a r l a salvación». 94. A l a m a n e r a d e Diogn. 6,7 y s o b r e t o d o ORÍGENES, Comm. series 37 in Matth. V é a s e M a r r o u , A Diognéte, 158 s s . A ñ a d i r C r o m a c i o , Tract. in Mat. I V , e d . A. H o s t e , CCL 9, 402 s s . 95. Cf. IGN., Ad Magn. 10,2. V é a s e H . SCHLIER, Ignatius, 64s.,n.4. 96. Cf. 1 T i m . 2,15: « Será e m p e r o salva c o n tal q u e persevere en la fe.»
( l a m u j e r ) por
97. Cf. V Z 3 (36,54); V,18,3 (244,69 s ) ; 111,11,8 (194,15 s ) . 98. 111,24,1 (398,16 s s ) .
la
maternidad,
240
A. ORBE
E n a r t í c u l o d e h o m e n a j e al Card. Daniélou falta u n a pregunta. ¿ Estamos ante una doctrina judeocristiana ? S u origen a p a r t i r d e Gen. 19,26; la creencia, e x t e n d i d a e n c í r c u l o s h e b r e o s , d e la e s t a t u a d e sal p e r d u r a b l e h a s t a l a final r e s u r r e c i ó n ; la leyenda d e s u m e n s t r u o ; y s o b r e t o d o , s u aplic a c i ó n a la Iglesia, E s p o s a d e Cristo, c a r a c t e r i z a n u n m o t i v o haggádico, t e m p r a n a m e n t e a d a p t a d o a l a eclesiología c r i s t i a n a . E s p o s i b l e q u e l a h á g g a d a h a y a t e n i d o s u o r i g e n e n t r e solos judíos, en tiempos d e guerra p a r a e x a l t a r la v i c t o r i a p o s t u m a d e los m á r t i r e s . M u y p r o n t o se a c o m o d ó al m a r t i r o l o g i o d e la Iglesia. A j u z g a r p o r s u r e s o n a n c i a en el Evangelio según Felipe, v a l e n t i n i a n o , y e n e l e s c r i t o del P r e s b í t e r o , b a s e d e I r e n e o , la adaptación cristiana fué c o m ú n a eclesiásticos y h e r e j e s . Aquellos r e t u v i e r o n l a l í n e a h e b r e a , v i n c u l a n d o la v e r d a d e r a Iglesia d e Cristo a l a m a t e r i a , y c a r a c t e r i z a n d o s u m a t e r n i d a d e n función del m a r t i r i o c r u e n t o . La Iglesia t e r r e n a r e c o n o c e p o r s u s m e j o r e s h i j o s a los m á r t i r e s : al d a r l o s a luz, e n t r e d o l o r e s , los p i e r d e p a r a sí — m o t i v o d e s u ( a p a r e n t e ) esterilid a d — , p e r o los g a n a con f e c u n d i d a d ( p o s t u m a ) p a r a s u E s p o s o Cristo. Los h e r e j e s c o n t a m i n a r o n la p a r á d o s i s h e b r e a d e m e j o r l e y . S u v e r d a d e r a S o p h i a ( = Iglesia) n o es l a P a r v a (o terr e n a ) , s i n o la c e l e s t e {r¡ &n\&
101
102
S a n I r e n e o a t e s t i g u a , sin solución d e c o n t i n u i d a d c o n la hágg a d a h e b r e a , el e n l a c e d e la riquísima eclesiología c r i s t i a n a c o n los e l e m e n t o s al p a r e c e r m á s p u r o s d e la exegesis h e b r e a ( d e Gen. 19,26). 99. Sobre los mártires hebreos e n la guerra d e Barkocheba, véase E . SCHÜRER, Geschichte des Jüdischen Volkes I - , L e i p z i g 1 9 0 1 , 6 9 6 s. 100. B a j o la doble forma d e Sofía (Echmoth, parva Sophia), Madre de l o s e s p i r i t u a l e s , y d e l a Iglesia terrena ( « s a l terrae»), Madre d e los mártires (cruentos). 3
1 0 1 . Sir.
4
24,7,11.
102. S e h a solido atribuir origen judaico a la distinción entre Sofía i n f e r i o r y s u p e r i o r . E l l u g a r a l e g a d o p o r a l g u n o s ( R . M . GRANT, TWO Gnostic Gospels, e n J.B.L. 7 9 , 1 9 6 0 , 7 ; J . E . MÉNARD, L'Evang. selon Phil. 1 5 6 ) 1 Hen. 42,1-2 — d o n d e p o s i t i v a m e n t e s e e x c l u y e l a m o r a d a t e r r e n a d e S o p h i a — n o l o p r u e b a . V é a s e W . BOUSSET-H. GRESSMANN, Die Religión des Judentums*, T ü b i n g e n 1 9 2 6 , 3 4 4 s.
JEROMES QUOTATIONS FROM A NAZORAEAN INTERPRETATION OF ISAIAH b y A . F J . KLDN University
of
Groningen
I n h i s c o m m e n t a r y o n I s a i a h , w r i t t e n i n 4 0 3 , J e r o m e five t i m e s refers t o a n i n t e r p r e t a t i o n of this p r o p h e t f o u n d among the Nazoraeans. Zahn and Schmidtke showed the i m p o r t a n c e of t h e s e p a s s a g e s , e s p e c i a l l y f o r o u r u n d e r s t a n d i n g of Jewish-Christianity . T h i r t e e n y e a r s later, Burk i t t a g a i n d i r e c t e d a t t e n t i o n t o o n e of t h o s e q u o t a t i o n s . Finally Schoeps noticed that the passages have n o t been sufficiently studied, b u t h e confined his o w n r e m a r k s t o o n l y o n e of t h e five r e l e v a n t p a s s a g e s . 1
2
3
I n the following w e w o u l d like to go into first w e w a n t to k n o w t h e text u p o n w h i c h ions have been based a n d secondly w e want i m p o r t a n c e of t h e s e e x p l a n a t i o n s f o r o u r Jewish-Christianity.
two questions: these explanat to discover the k n o w l e d g e of 4
W e are not going into Schmidtke's supposition , taken over by Schoeps , stating that Jerome depends in these passages on a c o m m e n t a r y o n Isaiah written b y Apollinaris. It would be important to know whether Jerome depended immediately on an Aramaic or Hebrew source or whether he received his knowledge from a possibly rewritten trans5
1 . T H . ZAHN, Gesch. des neutestamentl. Kanons, I I , I I , Erlangen, Leipzig 1 8 9 2 , p . 6 4 9 , n . 2 , a n d 6 7 1 , n . l , a n d A . SCHMIDTKE, Neue Fragmente und Unter suchungen zu den judenohristlichen Evangelien, i n Texte u. Unters. 37, 1911,
p.
108-123.
2 . F . C BURKTTT, Christian Beginnings, London 1924, p . 72-75. 3 . H J . SCHOEPS, Theologie und Geschichte des Judenchristentums, Tübingen 1949, p. 214-218. 4 . SCHMIDTKE, o.e., p . 6 3 ff. a n d 1 2 3 . 5 . SCHOEPS, o.e., p . 2 0 - 2 1 a n d 2 1 6 , n . 3 .
242
A.F.J. KLIJN
l « t i o n of t h e s e p a s s a g e s b y A p o l l i n a r i s . W e a r e , h o w e v e r , c o n v i n c e d t h a t o u r p r e s e n t s t a t e of k n o w l e d g e p r e v e n t s u s from making any decision with regard to this question . 6
Next opinion nite. He t i o n s is machus
w e like to emphasize t h a t w e reject S c h o e p s ' that the interpretations are not Nazoraean b u t Ebioa r r i v e s a t t h i s c o n c l u s i o n b e c a u s e o n e of t h e q u o t a t h o u g h t t o s h o w a g r e e m e n t w i t h t h e t e x t of S y m who, according to Schoeps, was an Ebionite . 7
On this last idea w e m i g h t m a k e a few general r e m a r k s . T h e N a z o r a e a n s , for t h e first time m e n t i o n e d by Epiphan i u s , c o n s t i t u t e t h e only Jewish-Christian sect w i t h easily recognizable c h a r a c t e r i s t i c s , c o n t r a r y t o t h e g r o u p w h i c h is c a l l e d « E b i o n i t e » b e i n g a c o l l e c t i v e n o u n t o i n d i c a t e eve ryone a n d everything showing certain generally accepted J e w i s h - C h r i s t i a n i d e a s l i k e t h e r e j e c t i o n of t h e v i r g i n b i r t h . T h e N a z o r a e a n s l i v e d i n t h e e n v i r o n m e n t of t h e c i t y of Beroia , used their o w n Gospel written in A r a m a i c . They belonged t o t h e J e w i s h p e o p l e a n d lived a c c o r d i n g t o t h e Jewish l a w , b u t accepted the virgin b i r t h . 8
9
1 0
1 1
1 2
It is q u e s t i o n a b l e w h e t h e r E p i p h a n i u s a n d J e r o m e pos s e s s e d p e r s o n a l k n o w l e d g e of t h e N a z o r a e a n s . T h e N a z o raeans are dealt with by later authors without adding anything to the r e m a r k s in Epiphanius and J e r o m e . 1 3
1 4
6. S e e P. VIELHAUER, i n HENNECKE-SCHNEEMELCHER, Neutestamentl Apo kryphen I, p . 86. 7. S e e SCHOEPS, o.e., p . 216, n . 3 : « A n d e r s a l s S c h m i d t k e s e h e i c h i n f o l g e des wahrscheinlichen Zusammenhanges mit der Symmachusübersetzung zumindest diese Jesajaauslegung für ebionitischen Eigentum a n . » 8. EPIPHANIUS, Pan., c29. 9. Ibid., 29.7.7 a n d JEROME, De vir. ill, I I I . 10. EPIPHANIUS, Pan., 29.1 A a n d 9.4. E p i p h a n i u s w r i t e s t h a t t h e y u s e d t h e G o s p e l a c c o r d i n g t o M a t t h e w . T h e s a m e i s s a i d b y JEROME, De vir. ill, I I I . B u t i n h i s l a t e r w r i t i n g s J e r o m e w r i t e s t h a t « some p e o p l e s u p p o s e i t t o b e t h e G o s p e l of M a t t h e w i n H e b r e w » (cf. Comm. in Matth., 12,13 a n d C. Pel, 111,2). 11. EPIPHANIUS, Pan., 29.7.4-5, cf. 92. 12. Ibid., 29.7.6, i s n o t c e r t a i n w h e t h e r t h e y a c c e p t t h i s d o c t r i n e . J e r o m e w r i t e s i n 398, In Matth., 13,53-54, t h a t t h e y b e l i e v e t h a t J e s u s i s t h e s o n o f t h e c a r p e n t e r , b u t i n 404 h e s t a t e s t h a t t h e y a g r e e w i t h t h e o r t h o d o x C h u r c h i n a c c e p t i n g t h e v i r g i n b i r t h , Epist. CXII,13. 13. E p i p h a n i u s ' u n f a m i l i a r i t y w i t h t h e N a z o r a e a n G o s p e l s h o w s t h a t h i s k n o w l e d g e of t h e group m u s t b e superficial. Jerome m i g h t h a v e m e t t h e m d u r i n g h i s s t a y a t C h a l c i s (374-379) b u t a l s o h i s k n o w l e d g e i s d e f e c t i v e . 14. T h e y a r e m e n t i o n e d b y A u g u s t i n e , E u g y p p i s , ( A n o n y m u s ) P r a e d e s t i n a t u s , Filater, T h e o d o r e t u s , T h e o d o r b a r - K o n a i , J o h a n n e s D a m a s c e n u s , Isodorus Hispalis, Paschasius.
243
A NAZORAEAN INTERPRETATION OF ISAIAH
The Text of the Old Testament used by the Interpretation Isaiah
w
8,14
Duas d o m u s Nazaraei, qui ita Christum recipiunt, u t observationes legis veteris n o n omittant, duas familias interpretantur, S a m m a i et Hellel, ex quibus orti sunt scribae et pharisaei, q u o r u m suscepit scholam Akibas, quern m a g i s t r u m A q u i l a e p r o s e l y t i a u t u m a t e t p o s t e u m Meir, c u i s u c c e s sit I o a n n a n f i l m s Zachai, e t p o s t e u m B l i e z e r , e t p e r o r d i n e m T e l p h o n , et r u r s u m Ioseph Galilaeus, et u s q u e a d captivitatem Hierusalem Iosue. S a m m a i i g i t u r e t H e l l e l n o n m u l t o p r i u s q u a m D o m i n u s n a s c e r e t u r , orti sunt in Iudaea, quorum prior dissipator interpretatur, sequens profanus ; e o q u o d p e r t r a d i t i o n e s e t SeuTeptoaeic; s u a s l e g i s p r a e c e p t a d i s s i p a v e r i t a t q u e m a c u l a v e r i t . E t h a s e s s e d u a s d o m u s , q u a e S a l v a t o r e m n o n recep e r i n t , q u i f a c t u s sit e i s i n r u i n a m e t s c a n d a l u m .
In t h e interpretation w e recognize t h e following p a r t s of I s . 8,14: duas familias (duae domus) a n d qui factus sit eis in ruinam et scandalum. I n H e b r e w i s s p o k e n of p p i r i n ns*?. T h e l a s t w o r d m a y explain the word scandalum, b u t t h e w o r d ruinam h a s no equivalent in the H e b r e w text. W e a r e sure t h a t t h e explanation did n o t u s e a t e x t c o r r e s p o n d i n g w i t h t h a t of t h e L X X . I n t h i s t r a n s lation, even t h e w o r d « t w o » h a s been omitted. Schoeps stated t h a t t h e explanation w a s based u p o n a text s u c h as t h a t of S y m m a c h u s w h i c h r e a d s : x a l £(7T<xi et£ ayiacfxa et< Se Xi0ov
7cp6<Jxo(A(jLaTo£ x a l ei£
7u^Tpav
axavSaXou TOI£ Sualv OIXOI£ 'IapaYjX ei£ 7 r a y l 8 i x a l s i £ axdcvSaXov TW 16
OIXOUVTI ei£ 'IepouaaXyjfJi (or TWV OIXOIJVTCOV 'IepouaaXrjfx) .
T h i s t r a n s l a t i o n , h o w e v e r , d o e s n o t give a n y i n d i c a t i o n t h a t it w a s u s e d b y t h e i n t e r p r e t a t i o n . I t is only a m o r e f a i t h f u l r e n d e r i n g of t h e H e b r e w t e x t t h a n t h e o n e g i v e n b y the LXX. Only t w o t r a n s l a t i o n s c a n b e u s e d t o explain t h e cha r a c t e r i s t i c w o r d ruinam. I n t h e first place w e find in t h e t e x t of t h e T a r g u m : « A n d if y e w i l l n o t h e a r k e n , h i s M e m r a s h a l l b e a m o n g s t y o u f o r v e n g e a n c e a n d f o r a s t o n e of s m i t i n g , a n d f o r a r o c k of o f f e n c e t o t h e t w o h o u s e s of t h e p r i n c e s of I s r a e l , f o r a breaking a n d a stumbling »
,
17
*6pnSi -onS bnw *a-oi
pr£
1 5 . S. Hieronymi Presbyteri Opera. P a r s 1 , 2 a n d 2 A : Commentarium in Esaiam, C u r a e t S t u d i o Marci ADRIAEN, i n : Corpus Christianorum, Series Latina L X X I I I , Turnholti 1963, p. 116, 4 1 5 4 . 1 6 . S e e SCHOEPS, O.C, p . 2 1 5 . 1 7 . T h e t r a n s l a t i o n o f t h e q u o t a t i o n s a r e t a k e n f r o m J . F . STENNING, The Targum of Isaiah, O x f o r d 1 9 4 9 . S e e f o r t h e t e x t a l s o A . SPERBER, The Bible in Aramaic, vol. II, Leiden 1962.
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A.F.J. KLIJN
The last w o r d s show a striking agreement with the w o r d s in ruinam et scandalwn. I n t h e second place w e find i n t h e text of t h e Vulgate w h i c h a g r e e s w i t h t h e t e x t u s e d b y J e r o m e : in lapidem autem offensionis et in petram scandali duabus domibus Israhel, in laqueum et in ruinam habitantibus Hierusalem. We m a y n o t exclude t h e possibility that Jerome's Latin t e x t of t h e i n t e r p r e t a t i o n i s a f r e e r e n d e r i n g o f t h e N a z o r a e a n v e r s i o n a d a p t e d t o t h e t e x t of t h e V u l g a t e . H o w e v e r , w e m u s t n o t overlook t h e fact t h a t t h e Vulgate gives t h e w o r d s i n q u e s t i o n i n t h e r e v e r s e o r d e r (in laqueum et in ruinam i n p l a c e o f in ruinam et scandalum). This leads u s to the c o n c l u s i o n t h a t t h e t e x t of t h e e x p l a n a t i o n , a s f a r a s i t i s k n o w n t o u s , i s i n a g r e e m e n t w i t h t h e t e x t of t h e T a r g u m only.
Isaiah
1
8, 19-22 *
19 C e t e r u m N a z a r a e i l o c u m i s t u m i t a d i s s e r u n t : C u m d i x e r i n t a d v o s scribae e t pharisaei, u t e o s audiatis, qui o m n i a ventris causa faciunt ; e t in m o r e m m a g o r u m stridunt i n incantationibus suis, u t v o s decipiant, h o c e i s r e s p o n d e r e d e b e t i s . N o n m i r u m s i v o s v e s t r a s t r a d i t i o n e s sequamini, c u m unaquaeque gens s u a consulat idola. E r g o et n o s a vobis m o r t u i s d e v i v e n t i b u s c o n s u l e r e n o n d e b e m u s , 20 m a g i s n o b i s D e u s legem dédit, e t testimonia scripturarum, quae si sequi nolueritis, n o n h a b e b i t i s l u c e m , 21 s e d s e m p e r c a l i g o v o s o p p r i m e t , q u a e t r a n s i b i t p e r terrain v e s t r a m atque doctrinam, u t c u m decepti a vobis s e i n errore p e r s p e x e r i n t , e t s u s t i n e r e f a m e m v e r i t a t i s , t u n c c o n t r i s t e n t u r , s i v e irasc a n t u r ; et maledicant vobis, quos quasi d e o s suos et reges putabant. 22 E t f r u s t a a d c a e l u m t e r r a m q u e r e s p i c i a n t , c u m s e m p e r i n t e n e b r i s sint, et n o n possint d e vestris avolare insidiis.
I n t h e w o r d s qui omnia ventris causa faciunt ( v s . 19), S c h m i d t k e a t t e m p t e d t o d i s c o v e r t h e i n f l u e n c e o f R o m . 16, 18 : SouXetSoucriv TJJ é a u T û v x o i X £ $ . However, the word venter i s n o t a b s e n t f r o m t h e O l d T e s t a m e n t t e x t a c c o r d i n g 19
to the LXX:
CqryjaaTe TOÙ£ èvyaCTTptfxtSOou^... TOÙ£ xevoXoyouvTe£
o! è x T9)£ xotXCa^ 9
1 8 . S . Hieronymi...,
p . 121, 74-88.
1 9 . SCHMIDTKE, O.C, p . 1 1 6 .
245
A NAZORAEAN INTERPRETATION OF ISAIAH
tcnnpo v6s mow m w p T h e p r e s e n c e of rfetfff i n v s . 2 0 h a s a p a r a l l e l i n t h e L X X : v6(xov Y ^ P
poy)0eiav SScoxev a n d
in
the Targum:
« To
the
law w h i c h w a s given u s for a testimony. » Vs. 21 c o u l d h a v e b e e n b a s e d o n a text i n w h i c h it w a s n o t said that the people wanders around, but, in this case, that d a r k n e s s g o e s a b o u t (caligo... quae transibit per terram). This m a y b e compared with the LXX: xal eq/ufxae crxXy)pa Xip6?, a n d t h e T a r g u m : « A n d ( d e s t r u c t i o n ) s h a l l p a s s t h r o u g h t h e land... » In t h e H e b r e w text w e r e a d that t h e people « will curse i t s k i n g a n d i t s G o d », b u t t h e i n t e r p r e t a t i o n s p e a k s of t h o s e quos quasi deos suos et reges putabant. This c a n b e com p a r e d w i t h t h e T a r g u m : « H e will curse a n d despise t h e n a m e of h i s false g o d a n d h i s idol... »
rrnwoi rr-ons DW
I n v s . 2 2 w e f i n d t h e w o r d avolare w h i c h h a s n o e q u i valent in t h e H e b r e w text, while it is found i n t h e Vulgate a n d i n J e r o m e : et non poterit avolare angustia sua. T h e q u e s t i o n is w h e t h e r w e a r e dealing w i t h a free r e n d e r i n g b y J e r o m e influenced b y his o w n Latin text o r w h e t h e r t h e a u t h o r of t h e i n t e r p r e t a t i o n k n e w t h i s reading.
Isaiah
20
8,23 - 9,1
23 N a z a r a e i , q u o r u m o p i n i o n e m s u p r a p o s u i , h u n c l o c u m i t a e x p l a n a r e conantur : Adveniente Christo e t praedicatione illius coruscante, p r i m a terra Zabulón e t terra Nephtali scribarum e t pharisaeorum e s t erroribus liberata, e t gravissimum traditionum Iudaicarum i u g u m excussit d e cervicibus suis. Postea a u t e m p e r evangelium apostoli Pauli, qui novissim u s a p o s t o l o r u m o m n i u m fuit, i n g r a v a t a e s t , i d e s t m u l t i p l i c a t a praedic a t i o ; 1 e t i n t é r m i n o s g e n t i u m e t v i a m u n i v e r s i m a r i s Christi e v a n g e l i u m 6plenduit. D e n i q u e o m n i s o r b i s , q u i a n t e a m b u l a t v e l s e d e b a t i n t e n e b r i s et i d o l a t r i a e a c m o r t i s v i n c u l i s t e n e b a t u r c l a r u m e v a n g e l i i l u m e n a s p e x i t 21
This text is q u o t e d in M a t t h . 4,15-16 . A c o m p a r i s o n between this text a n d t h e q u o t a t i o n in M a t t h e w c a n lead t o
2 0 . S . Hieronymi..., p. 123, 71-82. 2 1 . S e e K . STENDAHL, The School of St. Matthew, p . 1 0 4 - 1 0 6 , a n d R . H . GUNDRY, The Use of the Old Testament Gospel, i n Suppl. to Nov. Test. X V I I I 1 9 6 7 , p . 1 0 5 - 1 0 8 .
Philadelphia 1968, in St. Matthew's
246
A.F.J. KLIJN
interesting conclusions with regard t o the relation between the Jewish-Christians responsible for t h e interpretation a n d t h e g r o u p a m o n g w h i c h originated t h e first Gospel. The T a r g u m widely differs f r o m t h e H e b r e w text a n d m u s t possibly b e explained as deliberate reaction u p o n the c h r i s t i a n i n t e r p r e t a t i o n of t h i s p a s s a g e . It strikes o n e to note that both in Matthew a n d in the L X X t h e contrast available i n t h e H e b r e w text between ptMon a n d p - r a n h a s d i s a p p e a r e d . I n t h e V u l g a t e a n d i n t h e Latin text q u o t e d b y J e r o m e , however, w e find Primo tempore... et novissimo. I n t h e Nazoraeans text w e read prima... postea. Contrary t o t h e H e b r e w text a n d t h e V u l g a t e t h e e s c h a t o l o g i c a l c h a r a c t e r of t h e c o m p a r i s o n i s m i s s i n g . T h e N a z o r a e a n t e x t s p e a k s of t w o c o n s e c u t i v e events. This m i g h t b e a n a d a p t a t i o n of t h e text u s e d b y t h e Nazoraeans to t h e historical situation in which, after the mission t o t h e Jewish people, t h e gentiles w e r e brought into contact with t h e Gospel. S y m m a c h u s ' translation is quite different a n d is also v
v
n o t v e r y c l e a r : 6 7up<úTo£ sráx^ve y*) Za6ouX¿v x a l y*) Ns
N a z o r a e a n i n t e r p r e t a t i o n t h a t P a u l i s novissimus apostólo* rum m i g h t b e e x p l a i n e d b y a t r a n s l a t i o n s u c h a s t h a t of Symmachus. T h e s p e l l i n g of t h e n a m e N e p h t a l i d e v i a t e s f r o m t h e LXX a n d Matthew b u t can b e found in t h e Greek manuscript Q. T h e r e a d i n g agrees w i t h t h e H e b r e w text. N e i t h e r in M a t t h e w n o r i n t h e L X X is t h e r e a n y trace of t h e w o r d v . 3 a n . I n t h e N a z o r a e a n e x p l a n a t i o n w e r e c o g n i z e i t i n t h e w o r d ingravata which h a s received a partic u l a r m e a n i n g . T h e s a m e t r a n s l a t i o n is t o b e f o u n d in S y m m a c h u s : é6ápuvev. In Matthew a n d in the L X X the words rendered
D n j n b'b* a r e
yaXiXata TCOV I0V
térmi-
nos gentium. T h i s a g r e e s w i t h A q u i l a , s h o w i n g 0tve< T&V IGvoiv a n d S y m m a c h u s w i t h 6ptov TSV £6V&V . T h e P e s h i t t o r e n d e r s gliV d'mm. T h e w o r d s ambulat vel sedebat are based upon the Hebrew 22
. p w a 'atan... D ' a ^ n n o y n 22. S . Hieronymi...,
p . 123, 57-58.
A NAZORAEAN INTERPRETATION OF ISAIAH
247
T h e L X X r e n d e r s 6 Xao£ 6 7ropeuo[i.evo£... ot xaToixouvTe£. M a t t h e w t w i c e u s e s t h e w o r d xaGYjfjiat. T h i s m e a n s t h a t M a t t h e w a n d the N a z o r a e a n i n t e r p r e t a t i o n agree in t h e i r use of t h e w o r d « t o s i t ». T h e i n t e r p r e t a t i o n o f f e r s a m o r e liter a l r e n d e r i n g of t h e H e b r e w b y u s i n g t h e w o r d ambulat. The H e b r e w text speaks a b o u t « darkness » only. W i t h the LXX, the Peshitto, the Vulgate a n d Matthew, the Nazoraeans add the word mortis.
2S
Isaiah
29,20-21
20 Q u a e n o s s u p e r d i a b o l o e t a n g e l i s e i u s i n t e l l e x i m u s , N a z a r a e i c o n t r a s c r i b a s e t p h a r i s a e o s d i c t a a r b i t r a n t u r , q u o d d e f e c e r i n t SeuTepcoxat qui prius illudebant popula traditionibus pessimis ; et ad decipiendos s i m p l i c e s d i e n o c t u q u e v i g i l a b a n t , 21 q u i p e c c a r e f a c i e b a n t h o m i n e s i n Verbo Dei, u t Christum Dei Filium negarent.
The text agrees in a striking w a y w i t h t h e Vulgate: 20 q u o n i a m d e f e c i t q u i p r a e v a l e b a t c o n s u m m a t u s e s t i n l u s o r e t s u c c i s i s u n t o m n e s q u i v i g i l a b a n t s u p e r i n i q u i t a t e m , 21 q u i p e c c a r e faciebant hominibus in Verbo.
T h e q u e s t i o n is w h e t h e r t h i s t e x t i n f l u e n c e d t h e o r i g i n a l w o r d i n g of t h e N a z o r a e a n i n t e r p r e t a t i o n o r w h e t h e r t h e t e x t , which the Nazoraeans used, happened to be in agreement w i t h t h a t of t h e V u l g a t e .
Isaiah
2
31,6-9 *
N a z a r a e i l o c u m i s t u m s i c i n t e l l e g u n t : 6 O filii I s r a e l , q u i Consilio p e s s i m o Dei filium denegastis, revertimini ad e u m et a d apostólos eius. 7 Si enim hoc feceritis, o m n i a abicietis idola quae vobis prius fuerant in p e c c a t u m , et cadet vobis diabolus, n o n vestris, sed misericordia Dei. 8 Et iuvenes eius qui quondam pro ilio pugnaverant, erunt Ecclesiae vectigales, 9 o m n i s q u e fortitudo et petra illius pertransibit ; philosophi q u o q u e et o m n e d o g m a perversum ad crucis signum terga convertent. D o m i n i q u i p p e s e n t e n t i a e s t , u t h o c fíat, c u i u s i g n i s s i v e l u m e n e s t S i o n et clibanus in Hierusalem.
T h e v o c a t i v e o filii Israel c a n n o t b e f o u n d i n t h e H e b r e w text, b u t a p p e a r s in t h e LXX, t h e Peshitto, t h e Vulgate a n d Symmachus.
23. Ibid.,
p . 379, 82-88.
24. Ibid.,
p . 404, 3 9 4 8 .
248
A.F.J. KLIJN
N e i t h e r c a n t h e w o r d consilio b e found in the Hebrew t e x t , b u t i t h a s a n e q u i v a l e n t i n t h e L X X : o t TYJV p<x0eiav pouX-Jjv p o u X s u 6 f x e v o i . J e r o m e r e m a r k s : Sive ut Symmachus transtulit: ... Qui profundo consilio. J T h e w o r d abicietis deviates from the H e b r e w text w h e r e the word P O X D h a s t o b e t r a n s l a t e d « t o d e s p i s e ». In f l u e n c e of t h e V u l g a t e m i g h t b e p o s s i b l e , b e c a u s e h e r e w e f i n d t h e w o r d abiciet, b u t t h i s t r a n s l a t i o n c a n a l s o b e f o u n d i n t h e T a r g u m ( P P N V ) , t h e P e s h i t t o (nslwn) and Sym m a c h u s (a7co6aXouvT<xi), c o n t r a r y t o t h e L X X (a7capvifjaouvTat). 5
1
T h e w o r d s et iuvenes eius... erunt ecclesiae vectigales s h o w t h e i n f l u e n c e o f t h e V u l g a t e w h i c h r e a d s : et iuvenes eius vectigales erunt. The H e b r e w reads: « His rock will perish for fear.» I n t h e i n t e r p r e t a t i o n w e f i n d t h e w o r d s fortitudo et petra. I n the Vulgate which agrees with the text used by J e r o m e w e m e e t t h e f i r s t o f t h e s e t w o w o r d s : et fortitudo eius a terrore transibit, a n d in t h e L X X w e read the second word: nirpof. y i p 7cepiXY)(ji98^ovTat. W e a r e p r o b a b l y a l l o w e d t o s u g gest that the interpretation contained the w o r d « rock » o n l y t o w h i c h J e r o m e a d d e d t h e w o r d fortitudo from his o w n Latin text. T h e w o r d lumen h a s n o e q u i v a l e n t i n t h e H e b r e w t e x t , w h e r e t h e w o r d « f i r e » is u s e d . H o w e v e r , t h e i n t e r p r e t a t i o n agrees w i t h Aquila a n d Theodotion. I n addition t o that J e r o m e r e m a r k s : Hoc ideo dictum est, qui pro igne, quern solus interpretatus est Symmachus, Aquila et Theodotion lumen transtulerunt . 26
The text on which the Nazoraean interpretation was based deviates considerably from the LXX. Striking exam p l e s a r e : I s . 8 - 1 4 ; 8,23 - 9,3 a n d 31,6-9. B u t , o n t h e o t h e r h a n d , w e discovered s o m e specific a g r e e m e n t s w i t h t h e T a r g u m i n I s . 8 , 1 4 ; 8,19-22 a n d 31,6-9. B u t e q u a l l y s t r i k i n g a r e t h e a g r e e m e n t s w i t h t h e t e x t of S y m m a c h u s i n I s . 8,23 9,3 a n d 31,6-9. I n a l l t h e s e a g r e e m e n t s t h e t e x t d o e s n o t s h o w a closer r e s e m b l a n c e w i t h t h e original H e b r e w text. Therefore, t h e c o m m o n deviations f r o m t h e H e b r e w text p r o v e t h e u n d e n i a b l e r e l a t i o n b e t w e e n t h e t e x t of t h e N a z o raeans, Symmachus and the Targum. But this translation d o e s n o t a g r e e w i t h a n y of t h e s e t e x t s e x c l u s i v e l y .
25. Ibid.,
p . 403, 16-17.
26. Ibid.,
p . 404, 50-52.
A NAZORAEAN INTERPRETATION OF ISAIAH
249
We therefore conclude that the Nazoraeans used a Hebrew o r A r a m a i c t e x t s h o w i n g t r a c e s of t h e J e w i s h e x e g e t i c a l t r a d i t i o n . T h i s is t h e s a m e t r a d i t i o n w h i c h left i t s t r a c e s i n t h e Targum a n d the translation made by Symmachus.
The Contents of the Interpretation Isaiah
8,14
The interpretation was directed against S h a m m a i and H i l l e l w h o a r e c o n s i d e r e d t o h a v e b e e n t h e l e a d e r s of t h e « h o u s e s » f r o m w h i c h t h e scribes a n d t h e P h a r i s e e s origi n a t e d . T h i s a g r e e s w i t h t h e o t h e r i n t e r p r e t a t i o n w h i c h all are directed against scribes a n d Pharisees. T h e i n t e r p r e t a t i o n rightly states t h a t S h a m m a i a n d Hillel w e r e b o r n before t h e p r e s e n t era. They belong t o t h e first g e n e r a t i o n s of t h e T a n n a i t e s . T h e r e m a r k a b o u t t h e i r s u c cessors was considered to have been added by Apollinaris . T h i s a p p l i e s t o t h e p a s s a g e b e g i n n i n g w i t h quorum suscepit t i l l in Iudaea. T h i s s u g g e s t i o n is v e r y a t t r a c t i v e s i n c e t h e r e m a r k o n the successors displays a superficial knowledge of t h e r a b b i s . W e m i g h t s a y t h a t i t d o e s n o t s h o w m o r e t h a n a great interest in J u d a i s m . Though possibly n o t belonging t o t h e o r i g i n a l t e x t of t h e N a z o r a e a n i n t e r p r e t a t i o n , w e m a y say a few w o r d s a b o u t this passage. A c c o r d i n g t o J e w i s h l i t e r a t u r e A q u i l a w a s a p u p i l of A k i b a . T h e s e t t i n g of A k i b a , w h o d i e d i n 132, f o l l o w e d b y R a b b i M e i r is n o t in a g r e e m e n t w i t h t h e c h r o n o l o g i c a l o r d e r w h e n J o h a n n a n b e n Z a k k a i , f o u n d e r of t h e s c h o o l i n J a b n e , 2 7
2 8
2 9
3 0
3 1
3 2
27. W , BACHER, Die Agada der Tannaiten I , S t r a s s b u r g 1884, p . 4-14 a n d 14-25, a n d H . L . STRACK, Einleitung in Talmud und Midrasch, M ü n c h e n 1920, p . 119. 28. S e e SCHMIDTKE, o.e., p . 123, a n d SCHOEPS, o.e., p . 217. 29. BURKITT, o.e. p . 73 : « I d o n o t t h i n k t h a t t h e r e i s a n o t h e r p a s s a g e in a n y of the Church Fathers w h i c h betrays s o m u c h acquaintance with T a l m u d i c J u d a i s m . » Cf. T.P. S a n h . 1,2: « At f i r s t e a c h o n e w o u l d a p p o i n t (ordain) his o w n students, as Rabban Yohanan ben Zakkai ordained Rabbi Eliezer a n d Rabbi Joshua, a n d Rabbi Joshua appointed Rabbi 'Aqiba, and R a b b i ' A q i v a , R a b b i s M e i r a n d S i m e o n » ( f r o m J. NEUSNER, A Life of Rabban Yohanan ben Zakkai, i n Studia Post-Biblica V I , L e i d e n 19702, p . 218). 30. S e e H . B . SWETE, An Introduction to the Old Testament in Greek, C a m b r i d g e 1914 ( r e p r . N e w Y o r k 1968), p . 32 : K i d d 59a. 31. S e e BACHER I , p . 271-348 a n d L. FINKELSTEIN, Akiba, Scholar, Saint Martyr, N e w Y o r k 1936. 32. S e e BACHER I I , p . 1-69, a n d STRACK, p . 128.
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A.F.J. KLIJN
is b e i n g m e n t i o n e d after t h e s e t w o . J o h a n n a n b e n Z a k k a i w a s a p u p i l of H i l l e l . T h i s w e f i n d i n A b o t h 11,8, w h e r e i t is a l s o s a i d t h a t h e h a d five p u p i l s : R a b b i E l i e z e r b e n Hyrcanus, Joshua ben Hananiah, Jose the Priest, Simeon ben N a t h a n i e l a n d E l e a z a r b e n A r a k . Of t h e s e E l i e z e r and Joshua ben Hananiah a p p e a r in t h e N a z o r a e a n interpret a t i o n of I s a i a h . H o w e v e r , J o s h u a d i d n o t live t o s e e t h e fall of J e r u s a l e m . I t is p o s s i b l y t o o f a r - f e t c h e d t o s u p p o s e t h a t Joshua ben Hananiah has been confused with Hananiah, the l a s t « p r e f e c t of t h e p r i e s t s » of t h e s e c o n d t e m p l e . T e l p h o n , undoubtedly Rabbi Tarphon , and Joseph Galilaeus , are m e n t i o n e d in the T a l m u d t o g e t h e r w i t h A k i b a . 33
3 4
3 5
3 6
3 7
3 8
3 9
4 0
S t r a c k g a v e a w r o n g i n t e r p r e t a t i o n of t h e w o r d s dissipator a n d profanus* which has been rightly corrected by S c h m i d t k e . H e d r e w a t t e n t i o n t o J e r . 10,25 : « T h e y h a v e m a d e h i s h a b i t a t i o n d e s o l a t e » ( l D P n ) a n d P s a l m 89,32: « They desecrate m y s t a t u t e s » ( i ^ P P ) . I t is, however, n o t necessary to suppose that these two passages in particular w e r e a p p l i e d t o H i l l e l a n d S h a m m a i . I s is c o n c e i v a b l e t h a t t h e g e n e r a l m e a n i n g of t h e w o r d s OD0 a n d has been considered to refer to these two n a m e s . W e m i g h t a d d that t h e w o r d dissipate is t h e t r a n s l a t i o n of OOP i n J e r . 10,25; 12,11 a n d E z . 30,7. I n E z . 21,25 t h e r e n d e r i n g of t h e w o r d bbn is i n t h e L X X ߣ6y)Xe a n d i n t h e V u l g a t e profane. Howbeit, t h e i n t e r p r e t a t i o n of t h e w o r d s b e t r a y s i n t i m a t e k n o w l e d g e of t h e H e b r e w l a n g u a g e . 1
4 2
According to the explanation, the Pharisees and the s c r i b e s d e v a s t a t e d t h e l a w b y t h e i r t r a d i t i o n s a n d SeuTepctaet^. T h e w o r d S e u T l p w c n ^ is a t r a n s l a t i o n of t h e H e b r e w mtPO. F r o m different p a s s a g e s in J e r o m e it a p p e a r s t h a t h e d o e s n o t d i s t i n g u i s h b e t w e e n traditiones a n d 8euTepa>aet£ . I t i s 43
3 3 . S e e BACHER I , p . 2 5 - 4 6 , a n d STRACK, p . 1 2 1 . 3 4 . S e e NEUSNER, o.e., p . 6 4 - 8 0 . 3 5 . S e e B . Z . BOKSER, Pharisaic Judaism in Transition. R. Eliezer the Great and Jewish Reconstruction after the War with Rome, N e w Y o r k 1 9 3 5 . 3 6 . S e e J . PODRO, The Last Pharisee. The Life and Times of Rabbi Joshua ben Hananiah, London 1959. 3 7 . S e e ABOTH 3 , 2 , a n d STRACK, p . 1 2 1 . 3 8 . S e e BACHER I, p . 3 4 8 - 3 5 8 , a n d STRACK, p . 1 2 5 . 3 9 . S e e BACHER I, p . 3 5 8 - 3 7 2 . 4 0 . S e e STRACK, p . 1 2 5 - 1 2 6 . 4 1 . S e e Ibid., p . 1 1 9 . 4 2 . S e e SCHMIDTKE, o.e., p . 1 1 3 . 4 3 . S e e f o r t h i s w o r d W . BACHER, Die Exegetische Terminologie der jüdischen Traditionsliteratur, Leipzig I 1 8 9 9 , p . 1 1 3 - 1 1 4 , a n d E . SCHUERER, Gesch. des jüd. Volkes I, Leipzig 1 9 0 1 , ( 3 - 4 ) , p . 1 1 3 - 1 1 4 . P a s s a g e s i n w h i c h t h e
A NAZORAEAN INTERPRETATION OF ISAIAH
251
conceivable t h a t in the N a z o r a e a n i n t e r p r e t a t i o n t h e w o r d m r o was used. F i n a l l y w e f i n d t h e w o r d s salvatorem non receperint. I t i s n o t n e c e s s a r y t o a s s u m e t h e i n f l u e n c e o t t h e G o s p e l of J o h n . W e a r e d e a l i n g w i t h a t r a n s l a t i o n of t h e w o r d p. 4 4
Isaiah
8,19-22
Like the previous one also this explanation w a s directed against t h e scribes a n d Pharisees. They deceive the people with their traditions.
Isaiah
8,23-9,3
T h e text q u o t e d in M a t t h e w differs f r o m t h a t in the N a z o r a e a n i n t e r p r e t a t i o n . I n M a t t h e w 4 , 12-14 i t is s a i d t h a t J e s u s w e n t t o G a l i l e e a n d l i v e d i n C a p e r n a u m , « w h i c h is a l o n g t h e c o a s t of t h e s e a , i n t h e r e g i o n of Z a b u l o n a n d N e p n t h a l i ». T h i s i s s u p p o s e d t o b e t h e f u l f i l m e n t of I s a i a h 8,23 q u o t e d i n M a t t h e w 4 , 14-16. W e d o n o t b e l i e v e t h a t t h e w o r d « gentiles » in this quotation received a special empha sis. T h e text q u o t e d b y M a t t h e w does n o t like t o say a n y t h i n g a b o u t Jesus a n d the Gentiles b u t speaks a b o u t Jesus' pre sence in Galilee . In the Nazoraean interpretation w e are dealing with two different events: first t h e Gospel w a s b r o u g h t into t h e land of Z a b u l o n a n d N e p h t h a l i , o b v i o u s l y s t a n d i n g f o r t h e c o u n t r y of t h e J e w s , a n d i n t h e s e c o n d p l a c e it w a s b r o u g h t t o the Gentiles. It a p p e a r s t h a t t h e i n t e r p r e t a t i o n s t a n d s in a textual t r a d i t i o n differing f r o m t h a t in M a t t h e w . I t is also evident that the interpretation does not k n o w any Jewish-Messianic expectations connected with Galilee . 45
46
w o r d i s u s e d b y early C h r i s t i a n a u t h o r s c a n b e f o u n d i n J. JUSTER, Les Juifs dans VEmpire Romain I , P a r i s 1914, p . 372, n.6. 44. SCHMIDTKE, o.e., p . 118, p o i n t i n g a t J o h n 1,11. 45. S e e W. TRILLING, Das wahre Israel, i n Stud. z. A. u. N.T., M ü n c h e n 19643, p . 137 : « E s gilt, d e n B e g i n n d e s W i r k e n s J e s u g e r a d e in G a l i l ä a a l s S c h r i f t g e m ä s s z u e r w e i s e n . . . Als ' u n i v e r s a l i s t i s c h e ' S t e l l e i s t 4,15f d a n n n i c h t a n z u s e h e n . » T h e s a m e o p i n i o n i n G. STRECKER, Der Weg der Gerecht igkeit, i n Forsch, z. Ret. u. Lit. des A. u. N.T. 82, G ö t t i n g e n 1962, p . 63-66. 46. A b o u t t h e M e s s i a n i c s i g n i f i c a n c e o f G a l i l e e i n l a t e r J e w i s h l i t e r a t u r e s e e N . WIEDER, The Judean Scrolls and Karaism, L o n d o n 1962, p . 21-51. With r e g a r d t o I s . 9,1-2, J e r o m e w r i t e s i n h i s c o m m e n t a r y (S. Hieronymi...,
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A.F.J. KLIJN
I t is i m p o r t a n t t h a t P a u l w a s fully a c c e p t e d a s a n a p o s t l e of t h e G e n t i l e s .
Isaiah
29,
20-21
Schmidtke, a n d after h i m Schoeps, believed that the w o r d p i y u s e d i n I s . 29,20 w a s a p p l i e d t o t h e P h a r i s e e s , b e c a u s e t h e w o r d a p p e a r e d « als directe N a m e n n e n n u n g der Phari säer » . It seems, however, that the passage in Isaiah w a s applied t o t h e J e w i s h l e a d e r s b e c a u s e i t s p e a k s a b o u t d e c e i t . T h i s is a l s o t h e t h e m e of t h e f i r s t i n t e r p r e t a t i o n . H e r e t o o i t c o n c e r n s t h e J e w i s h t r a d i t i o n s . S c h m i d t k e s u p p o s e d t h a t w e find a l l u s i o n s t o t h e t r i a l of J e s u s i n t h i s p a s s a g e (cf. M a t t h . 27,20 a n d Acts 3, 13-14) , b u t t h i s c a n n o t b e a c c e p t e d . T h e indict m e n t against the Jewish leaders does not deal with one specific event b u t w i t h t h e i r a t t i t u d e in general. 47
48
Isaiah
31, 6-9
Here Schmidtke also supposed allusions to the N e w T e s t a m e n t (cf. E p h . 2.2; 2,4 a n d R o m . 1 6 , 2 0 ) . U n d o u b t e d l y t h e w o r d s non vestris viribus sed misericordia bear a Pauline character b u t they need not stem from the Pauline epistles. 49
T h e r e s u l t s of o u r i n v e s t i g a t i o n s a r e : 1. T h e t e x t u s e d b y t h e N a z o r a e a n i n t e r p r e t a t i o n s h o w s a g r e e m e n t w i t h t h e T a r g u m a n d t h e t r a n s l a t i o n of S y m m a p . 1 2 3 , 6 0 - 7 1 ) : Hebraei credentes in Christum hunc locum ita edisserunt: Primo tempore hae duae tribus Zabulon et Nephtali ab Assyriis captae sunt et ductae in hostilem terram; et Gdlilaea deserta est, quam nunc propheta dicit revelatum esse, eo quod peccata populi sustineret. Postea autem non solum duae tribus, sed et reliquae, quae habitabant trans Jordanem et in Samaria, ductae sunt in captivitatem. Et hoc inquiunt, scriptura nunc dicit, quod regio cuius populus primus ductus est in captivitatem et Babyloniis servire coepit, et quae prius in tenebris versabatur erroris ipsa primum lucem praedicantis viderit Christi, et ex ea in universas gentes sit euangelium seminatum. Jerome differs b e t w e e n the J e w s w h o believe in Christ and the Nazoraeans about w h o m h e s p e a k s in the following lines. I doubt w h e t h e r this quotation w a s b a s e d u p o n a text of Isaiah in w h i c h the w o r d « Galilee » w a s read. The n a m e of Galilee is quoted in t h e p a s s a g e b e c a u s e it also refers t o II Kings 15.29. 4 7 . SCHMIDTKE, O.C, p . 1 1 3 , a n d SCHOEPS, O.C., p . 1 2 7 . 4 8 . SCHMIDTKE, O.C, p . 1 1 4 . 4 9 . Ibid., p . 1 1 7 .
A NAZORAEAN INTERPRETATION OF ISAIAH
chus which seems to point at acquaintance with exegetical traditions.
253 Jewish
2 . T h e i n t e r p r e t a t i o n s u p p o s e s k n o w l e d g e of t h e H e b r e w language. 3. Scribes a n d Pharisees a r e held t o b e t h e real deceivers of t h e J e w i s h p e o p l e . 4 . T h e y h a v e t h e i r o w n i n t e r p r e t a t i o n of t h e l a w w h i c h s t a n d s i n t h e w a y of t h e k n o w l e d g e of i t s r e a l m e a n i n g . 5. T h e i n t e r p r e t a t i o n s of t h e N a z o r a e a n s s h o w t h a t a C h r i s t i a n h a s t o live a c c o r d i n g t o t h e J e w i s h l a w a s f a r a s he belongs to the Jewish people. 6. T h e G o s p e l w a s p r e a c h e d t o t h e J e w s f i r s t a n d n e x t t o the Gentiles. I n t h e interpretations w e find continuously t h a t the J e w i s h l e a d e r s d e c e i v e d t h e p e o p l e . S i n c e i n t h e G o s p e l of M a t t h e w a similar dislike to t h e Jewish leaders c a n b e f o u n d , it a p p e a r s n e c e s s a r y t o c o m p a r e t h e N a z o r a e a n a n d Matthean attitude. W e m a y say that b o t h the Gospel a n d t h e interpretation a r e i n o p p o s i t i o n a g a i n s t a n a p p l i c a t i o n of t h e l a w a s p r a c tised b y scribes a n d Pharisees. This o n l y c o n c e r n s t h e speci fic w a y i n w h i c h t h i s i s d o n e . O n e m a y s a y t h a t w e f i n d t w o d i f f e r e n t e x p o s i t i o n s of t h e l a w : a J e w i s h a n d a C h r i s t i a n o n e . T h e J e w i s h o n e m a k e s belief i n Christ i m p o s s i b l e . I t therefore is s u p p o s e d t o deceive t h e p e o p l e . However, in M a t t h e w it is s o m e t i m e s said t h a t t h e leaders a r e h y p o c r i t e s , w h i c h is t o t a l l y a b s e n t f r o m t h e N a z o r a e a n 5 0
5 1
5 2
50. S e e t h e c h a p t e r s a b o u t s c r i b e s a n d P h a r i s e e s in t h e f i r s t G o s p e l in R. HUMMEL, Die Auseinandersetzung zwischen Kirche und Judentum in Matthäusevangelium i n Beitr. z. Ev. Theol. 33, M ü n c h e n 1963, p . 12-18; G. STRECKER, o.e., p . 137-143 ; p . 137 : « D i e P o l e m i k g e g e n d e n P h a r i s ä i s m u s , s o w i e ihn der Redaktor als Repräsentant der offiziellen Theologie des J u d e n t u m s v e r s t e h t , d u r c h z i e h t d a s g e s a m t e E v a n g e l i u m . . . » R . WALKER, Die Heilsgeschichte im ersten Evangelium i n Forsch, z. Rel. u. Lit. des A. u. N.T. 91, 1967, p . 17-29; B . RIGAUX, Témoignage de VEvangile de Matthieu i n Pour une Histoire de Jésus I I , D e s c l é e D e B r o u w e r 1967, p . 123-127. 51. D.R.A. HARE, The Theme of Jewish Persecution of Christians in the Gospel according to St. Matthew i n Soc. of New Test. Stud. Monogr. Series 6, C a m b r i d g e 1967, p . 142: « T h e r e c a n b e l i t t l e d o u b t , h o w e v e r , that the kind of Jewish Christianity reflected i n t h e First Gospel evinced an attitude toward Torah which w a s bound to bring Christian missionaries into conflict w i t h t h e Pharisees a n d their teachers. While t h e validity of Torah is maintained, the rabbinic exegesis is treated ambivalently » ; see a l s o p . 143, a n d HÜMMEL, o.e., p . 55 a n d 158. 52. M a t t h . 15,7/Mark 7,6; 22,18; a n d 23, 13,15,23,25,27,28 a n d 29.
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i n t e r p r e t a t i o n s . An o t h e r difference b e t w e e n the N a z o r a e a n i n t e r p r e t a t i o n s a n d M a t t h e w is t h a t a c c o r d i n g t o t h e N a z o raeans the Jewish leaders do not seem to be representatives of t h e J e w i s h p e o p l e a s a w h o l e . A l t h o u g h t h e J e w i s h l e a d e r s r e j e c t t h e C h r i s t i a n m e s s a g e , t h e p e o p l e is c a l l e d upon to repent. In the Nazoraean interpretation we meet an interesting r e m a r k on the mission to the Gentiles. W e noticed a chrono l o g i c a l o r d e r a c c o r d i n g t o w h i c h f i r s t of a l l t h e m e s s a g e w a s brought to the Jews a n d next to the Gentiles. The ideas about the mission to t h e Gentiles in the first Gospel a r e n o t quite c l e a r , b u t it s e e m s t h a t h e r e Israel w a s rejected a t t h e cost of t h e e x i s t e n c e of t h e C h u r c h (cf. M a t t h . 21,43). The a g r e e m e n t a n d the difference b e t w e e n M a t t h e w a n d t h e N a z o r a e a n i d e a s is i n t e r e s t i n g . W e m a y s a y t h a t it is impossible to imagine that the Gospel a n d the explanations originated within the s a m e circle. W e only need to refer t o t h e i n t e r p r e t a t i o n of I s . 8,23 - 9,1 s h o w i n g a n u n d e r l y i n g t e x t w h i c h differs widely. W e have t o explain t h e a g r e e m e n t in a different way. Is it possible to suppose that the Nazoraean interpretation shows a c o m m o n b a c k g r o u n d w i t h o n e of t h e s o u r c e s w h i c h w a s u s e d b y t h e a u t h o r of t h e first Gospel? W e m i g h t even p o i n t to the agreement between the source c o m m o n l y called Q a n d the Nazoraean interpretation. Q shows a particular distaste f o r t h e J e w i s h l e a d e r s . N o t Q b u t t h e a u t h o r of t h e f i r s t G o s p e l i n t r o d u c e d t h e i d e a of h y p o c r i s y of t h e J e w i s h l e a d e r s . I t is a l s o c o n c e i v a b l e t h a t t h e s a m e a u t h o r i s r e s p o n s i b l e f o r t h e r e m a r k s o n t h e r e j e c t i o n of I s r a e l . W e like t o c o n t i n u e along this line. One often w o n d e r s w h e t h e r t h e G o s p e l of M a t t h e w c a n b e c a l l e d J e w i s h - o r G e n t i l e - C h r i s t i a n . A r e t h e s e i n t e r p r e t a t i o n s a n y h e l p t o de fend the thesis that this Gospel w a s based u p o n JewishChristian t r a d i t i o n w h i c h w e r e r e w r i t t e n b y a GentileChristian ? 5 3
5 4
5 5
5 6
5 3 . TRILLING, o.e., p . 7 9 : « A u f s g a n z e g e s e h e n w e r d e n d i e U n t e r schiede zwischen Volk und Führern wie zwischen den einzelnen massge b e n d e n Gruppen abgebaut...» This applies to the Gospel of Matthew. 5 4 . S e e e s p e c i a l l y t h e d i s c u s s i o n i n WALKER, o.e. 5 5 . Cf. P . POKORNY, Die Worte Jesu nach der Logienquelle im Lichte des zeitgenössischen Judentums i n Kairos N.F. X I 1 9 6 9 , p. 172-180. 5 6 . S e e t h e d i s c u s s i o n s t a r t e d a g a i n b y P . NEPPER-CHRISTENSEN, Das Matthäusevangelium ein judenchristliches Evangelium? i n Acta Theol. Dan. I , 1 9 5 8 . S e e a l s o STRECKER, o.e., p . 3 4 , a n d WALKER, o.e., p . 1 2 2 .
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If o n e a c c e p t s t h e c o m m o n b a c k g r o u n d of t h e N a z o r a e a n i n t e r p r e t a t i o n s a n d t h e G o s p e l of M a t t h e w , w e c a n e v e n d r a w c o n c l u s i o n s w i t h r e g a r d t o t h e o r i g i n of t h e J e w i s h C h r i s t i a n s e c t of t h e N a z o r a e a n s . I n t h a t c a s e t h e o r i g i n h a s to be looked further in the apostolic times. I n other w o r d s : t h e N a z o r a e a n s c a n b o a s t of a n u n i n t e r r u p t e d t r a d i t i o n f r o m t h e v e r y b e g i n n i n g of t h e C h r i s t i a n C h u r c h . Finally these interpretations are interesting for o u r ideas a b o u t t h e real differences b e t w e e n J e w s a n d Christians. T h e o n l y d i f f e r e n c e e x i s t e d i n d e v i a t i n g i n t e r p r e t a t i o n s of t h e O l d T e s t a m e n t . The Jewish leaders w e r e held responsible for t h e s e i n t e r p r e t a t i o n s . F o r t h i s r e a s o n it w e r e t h e s e l e a d e r s w h o w e r e a c c u s e d of d e c e i v i n g t h e p e o p l e . T h e p e o p l e itself is v i c t i m of t h e i r l e a d e r s . T h e s e r e m a r k s , partially tentative, m a y serve t o call atten t i o n t o t h e N a z o r a e a n i n t e r p r e t a t i o n of s o m e p a s s a g e s i n t h e b o o k of I s a i a h w h i c h a p p e a r n o t o n l y t o b e of i m p o r t a n c e f o r o u r u n d e r s t a n d i n g of J e w i s h - C h r i s t i a n i t y b u t a l s o of t h a t of t h e o r i g i n of t h e C h r i s t i a n C h u r c h . 5 7
57. Cf. JEROME, i n I s . 59,15 (S. Hieronymi..., p . 686, 56-57) : ... in tantum ut quicumque (scil. of t h e J e w s ) a traditionibus Iudaeorum cupierit recedere, statim pateret insidiis et persecutionibus. A l s o NEUSENER, O.C, p . 26: « W h e r e v e r t h e y ( s c i l . P h a r i s a i c s a g e s ) c o u l d e s t a b l i s h t h e m s e l v e s a n d f o u n d c e n t e r s of t h e study... t h e r e t h e C h r i s t i a n v i e w of t h e m e a n i n g of b i b l i c a l , e s p e c i a l l y p r o p h e t i c , r e v e l a t i o n a n d i t s f u l f i l l m e n t made r e l a t i v e l y little p r o g r e s s . . . W h e r e t h e r a b b i s w e r e n o t t o b e f o u n d . . . Christian biblical interpretation... f o u n d ready audience a m o n g the Jews. »
JUDEO-CHRISTIANISME
IV
RAPPORTS AVEC LE GNOSTICISME
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R.McL. Wilson. — Jewish Christianity and Gnosticism Il r e s t e i m p o s s i b l e d e d o r m e r u n e r é p o n s e s i m p l e e t définitive a u p r o b l è m e d e s o r i g i n e s g n o s t i q u e s . A u m o i n s p o u r r a i t - o n d i r e qu'il a e x i s t é u n e g r a n d e v a r i é t é d e f o r m e s d e p e n s é e , d e t e n d a n c e s g é n é r a l e m e n t classées sous le terme plutôt vague d e Gnose, et qu'une conséquence historique de c e s courants a é t é le Gnosticisme « classique » d u second siècle. E n c h e r c h a n t à m o n t r e r q u e l a g n o s e a e u s o n Sitz-im-Leben dans un milieu chrétien inspiré par l'apocalyptique judéo-chrétienne, Daniélou a o p p o r t u n é m e n t attiré l'attention sur le judéo-christianisme c o m m e sur l'un d e s canaux par o ù les idées o n t cheminé jusqu'à former u n système gnostique déterminé. It remains impossible to give a simple and decisive answer to the problem of the origins of gnosis. At least, one could say that there existed a great variety of thought-forms and tendencies, which are generally classified in the quite vague category of Gnosis. The " classical " gnosticism of the second century is a consequence of these currents. In an attempt to show that Gnosis had its S i t z - i m - L e b e n in a Christian milieu, inspired by Jewish-Christian apocalyptic, Daniélou has rightly drawn our attention to the fact that Jewish Christianity was a factor in the development of the ideas from which a precise gnostic system was formed.
E. Segelberg. — T h e Mandaean Week and the Problem of Jewish Christianity and Mandaean Relationship Cet a r t i c l e e s t u n e c o n t r i b u t i o n à l a r e c h e r c h e d e s s o u r c e s d e l a r e l i g i o n mandéenne. L'étude philologique d e s n o m s d e s jours d e la semaine écarte l'origine i r a n i e n n e a u profit d'influences s é m i t i q u e s e t o c c i d e n t a l e s , j u i v e s o u s y r o - c h r é t i e n n e s , difficiles à d é m ê l e r . L a s u b s t i t u t i o n d u d i m a n c h e a u s a m e d i c o m m e p r e m i e r j o u r d e l a s e m a i n e e t j o u r s a c r é d é n o t e l a prép o n d é r a n c e d e l'influence c h r é t i e n n e o u j u d é o - c h r é t i e n n e , e t p e u t - ê t r e u n e t e n d a n c e a n t i - j u i v e . D e s t r a c e s d e d u a l i s m e d a n s l e c u l t e p o u r r a i e n t provenir d'éléments gnostiques-chrétiens. This article is a contribution to the research on the sources of the Mandaean religion. A philological study of the words for the days of the week does not support the theory of Mandaean origin, and vindicates Semitic and western, Jewish or Syrian-Christian influences, all of which are difficult to unravel. The change from Saturday to Sunday as the first day of the week and the sacred day, shows the great weight of Christian or Jewish-Christian influence, and, may be, an anti-Jewish tendency. Traces of dualism in cult might come from gnosticChristian elements.
260
G. Kretschmar. — Christliches Passa im 2. Jahrhundert und die Ausbildung der christlichen Theologie Au second siècle, o u t r e la théologie d e s écoles et celle d e s gnostiques, l a t h é o l o g i e d e s c o m m u n a u t é s d'Asie-Mineure d o i t r e t e n i r l ' a t t e n t i o n . C'est l e l i e u o ù s ' é l a b o r e n t u n e t h é o l o g i e o r i g i n a l e d e l ' h i s t o i r e d u s a l u t , autour d e la célébration de la fête de Pâques, et u n e christologie, dans l a m é d i t a t i o n d u m y s t è r e d e l a P â q u e d u C h r i s t . L e « M a r t y r e d e Polyc a r p e » e t l e s H o m é l i e s s u r l a P â q u e n o t a m m e n t s o n t d e s s o u r c e s précieuses d'une telle élaboration. La connaissance d u milieu p e r m e t d e j u g e r d u r a p p o r t e n t r e « t h e o r i a » e t « p r a x i s ». In the second century, beside the theological schools and gnostic theology, the theology of the Christian Asiatic communities should be closely considered. This is where a genuine theology of salvation history is worked out, in connection with the celebration of Easter, as well as a christology centered around the mystery of the death and resurrection of Christ. The Acts of Polycarp's martyrdom, and the paschal Homilies especially, are outstanding sources of such a theology. A better understanding of their " milieu " enables us to realize the relationships between " theory " and " practice
JEWISH CHRISTIANITY AND GNOSTICISM by
R. McL.
WILSON
University of S t . A n d r e w s , Fife
T h e p r o b l e m of gnostic o r i g i n s r e m a i n s o n e of t h e g r e a t e n i g m a s of early Christian h i s t o r y . I n d i v i d u a l s c h o l a r s , of c o u r s e , a n d g r o u p s of s c h o l a r s , h a v e t h e i r o w n solutions, b u t t h e y differ widely, a n d n o o n e suggested s o l u t i o n h a s , i n a n d b y itself, c o m m a n d e d g e n e r a l a g r e e m e n t . W e a r e faced w i t h a multiplicity of h y p o t h e s e s , all carefully a r g u e d a n d all s t o u t l y defended b y t h e i r a d h e r e n t s . I t is n o t s u r p r i s i n g t h a t s o m e h a v e b e e n t e m p t e d t o follow t h e e x a m p l e of Alexander t h e G r e a t a n d c u t t h e G o r d i a n k n o t , b y a d v a n c i n g a s i m p l e clearc u t h y p o t h e s i s a n d refusing t o c o u n t e n a n c e a n y o t h e r . The q u e s t i o n i s w h e t h e r s u c h a p r o c e d u r e is u l t i m a t e l y a d e q u a t e . I n p a r t a t least, t h i s diversity of o p i n i o n is d u e t o variety of definition, t o differences i n m e t h o d a n d a p p r o a c h , t o diffe r e n c e s of i n t e r e s t a n d c o n c e r n o n t h e p a r t of t h e s c h o l a r s involved. T o t a k e t h e last p o i n t first, it is a l m o s t inevitable t h a t specialists s h o u l d b e s t r u c k b y t h e similarities b e t w e e n g n o s t i c t h o u g h t a n d t h e i r o w n fields of i n t e r e s t . S o s o m e s t r e s s t h e G r e e k e l e m e n t , o t h e r s m o r e vaguely t h e " o r i e n t a l " . A m o n g t h e l a t t e r , s o m e a r e m o r e specific, a n d t r a c e b a c k t h e origins of gnostic i d e a s t o E g y p t , I r a n o r M e s o p o t a m i a . I n recent years there has been a marked tendency to emphasise the Jewish contribution: Qumran, Rabbinic sources, the w o r k s of Philo, all p r e s e n t c e r t a i n p o i n t s of c o n t a c t , a n d t h e p l a c e o c c u p i e d in v a r i o u s g n o s t i c s y s t e m s b y r e i n t e r p r e t a t i o n of t h e Genesis creation-story is b e y o n d d i s p u t e . C o n c e n t r a t i o n o n t h e similarities h o w e v e r h a s s o m e t i m e s led t o a neglect of t h e differences — w h i c h m a y b e equally i m p o r t a n t . D o these similarities entail d e p e n d e n c e , o n o n e side o r t h e o t h e r — a n d
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R. MCL. WILSON
o n w h i c h s i d e ? Are they s u c h t h a t t h e i d e a s i n q u e s t i o n m u s t h a v e c o m e from this o n e s o u r c e and no other ? A j u n g l e m a y h a v e n o t o n e b u t m a n y t r a c k s leading t h r o u g h it, a n d s o m e of t h e m m a y intersect. Again, s o m e s c h o l a r s h a v e t r a c e d b a c k p a r t i c u l a r ideas t o t h e i r u l t i m a t e origin in s o m e m o r e p r i m i t i v e s t a g e of t h o u g h t ; b u t they h a v e n o t always c o n s i d e r e d t h e f u r t h e r q u e s t i o n s ( a ) of t h e p r o c e s s b y w h i c h a n d t h e c h a n n e l s t h r o u g h w h i c h t h e s e ideas p a s s e d o n t h e i r w a y f r o m t h e u l t i m a t e s o u r c e t o t h e i r p l a c e in t h e d e v e l o p e d gnostic s y s t e m s , a n d (&) of t h e possibilities of modification a n d a d a p t a t i o n w h i c h this p r o c e s s involved. T h e s a m e imagery, t h e s a m e terminology, m a y t a k e o n a c o m p l e t e l y n e w m e a n i n g in a different context. Moreover, t h e p r e s e n c e of p a r t i c u l a r i d e a s does n o t necessarily g u a r a n t e e t h e existence of t h e fully developed s y s t e m s of w h i c h they l a t e r f o r m a p a r t . A failure t o n o t e t h i s p o i n t h a s s o m e t i m e s led t o t h e discovery of " g n o s t i c m y t h s " a t a m u c h earlier stage t h a n is objectively justified b y t h e evidence a t o u r disposal. Thirdly, t h e r e is t h e w i d e r a n g e of m e a n i n g a c c o r d e d t o s u c h t e r m s a s gnosis, gnostic a n d gnosticism. At t h e o n e e x t r e m e , t h e r e a r e t h o s e w h o s e i n t e r e s t lies in t h e second-century C h r i s t i a n heresy, w i t h i n t h e c o n t e x t of t h e h i s t o r y of C h r i s t i a n doctrine, at the other, those w h o are concerned with the wider gnostic p h e n o m e n o n , i n all its ramifications — b r o a d l y spea king, t h o s e w h o s p e a k of G n o s t i c i s m o n t h e o n e h a n d , a n d t h o s e w h o talk in t e r m s of Gnosis o n t h e o t h e r ; n o t to m e n t i o n t h e a t t e m p t s t o achieve s o m e g r e a t e r degree of p r e cision b y t h e u s e of t e r m s like pre-gnostic, proto-gnostic o r gnosticising. T h e very v a r i e t y of u s a g e leads t o divergent r e s u l t s , b u t a n y satisfactory s o l u t i o n m u s t t a k e d u e a c c o u n t of all p o i n t s of view. T h e validity of t h e i n s i g h t s gained along v a r i o u s lines of a p p r o a c h m u s t b e recognised, b u t n o o n e of t h e v a r i o u s " s p h e r e s of influence to use van Unnik's p h r a s e , c a n b e identified a t t h e m o m e n t as the exclusive s o u r c e a n d origin of t h e gnostic m o v e m e n t . W h e t h e r in t h e f u r t h e r c o u r s e of r e s e a r c h it will b e p o s s i b l e t o n a r r o w d o w n t h e r a n g e of possibilities to a single o n e , w h i c h can b e confidently identified a s the s o u r c e of t h e m o v e m e n t , r e m a i n s t o b e seen. l
1. Newly
Discovered
Gnostic
Documents
( E T L o n d o n , 1960) 35.
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AND
GNOSTICISM
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A m o r e profitable line of a p p r o a c h m a y b e t o recognise a t t h e o u t s e t t h e f u n d a m e n t a l l y syncretistic c h a r a c t e r of all gnostic t h i n k i n g . As v a n U n n i k again h a s p u t i t , t h e gnostics often a c t e d o n t h e p r i n c i p l e « J e p r e n d s m o n b i e n o u j e le t r o u v e » — a n y t h i n g they c o u l d t u r n t o a c c o u n t w a s utilised in t h e i r s y s t e m s , biblical t r a d i t i o n , G r e e k m y t h o l o g y a n d phil osophy, e s o t e r i c s p e c u l a t i o n of o n e k i n d o r a n o t h e r . T h i s does n o t h o w e v e r entail a n identification of gnosticism, o r gnosis, with syncretism — that would be merely another attempt at c u t t i n g t h e G o r d i a n k n o t . W h a t it d o e s e n t a i l is, first, t h e r e c o g n i t i o n t h a t affinities a n d p o i n t s of c o n t a c t b e t w e e n gnostic thought on the one hand a n d various other systems on the o t h e r w e r e b o u n d t o a p p e a r . T h e gnostics w e r e m e n of t h e i r t i m e , j u s t as m u c h a s J e w s o r " o r t h o d o x " C h r i s t i a n s o r any other group, and used the language a n d concepts and thoughtf o r m s of t h e p e r i o d . B u t , secondly, w h i l e m a n y of t h e ideas a n d m u c h of t h e t e r m i n o l o g y a r e s h a r e d w i t h J u d a i s m o r Christianity o r w i t h s o m e f o r m of c o n t e m p o r a r y Greek philo sophy, g n o s t i c i s m as a w h o l e is different f r o m all of t h e s e . T h e q u e s t i o n t h e n a r i s e s : w h a t is it t h a t is d i s t i n c t i v e a b o u t gnostic t h i n k i n g ? W h a t f a c t o r s a r e c o m m o n t o all t h e gnostic s y s t e m s , b u t n o t s h a r e d b y o t h e r m o v e m e n t s of t h e p e r i o d ? H a n s J o n a s , for e x a m p l e , h a s singled o u t " t h e tragic split in t h e d e i t y " : " a G n o s t i c i s m w i t h o u t a fallen god, w i t h o u t b e n i g h t e d c r e a t o r a n d s i n i s t e r c r e a t i o n , w i t h o u t alien soul, c o s m i c captivity a n d a c o s m i c salvation, w i t h o u t t h e selfr e d e e m i n g of t h e Deity — in s h o r t : a Gnosis w i t h o u t divine t r a g e d y will n o t m e e t specifications 2
3
4
S u c h a definition n e c e s s i t a t e s a d i s t i n c t i o n b e t w e e n Gnosti c i s m s o defined a n d a w i d e r , v a g u e r Gnosis, for w h i l e t h e r e is n o evidence for s u c h a G n o s t i c i s m in d o c u m e n t s p r i o r t o t h e s e c o n d C h r i s t i a n c e n t u r y it is a b u n d a n t l y c l e a r t h a t t h e r e w e r e t r e n d s in this direction even earlier. T h e d i s t i n c t i o n s h o u l d n o t h o w e v e r b e m a d e s o rigid a s t o involve a separa2 . Op. cit. 9 1 . 3 . Cf. JONAS, Gnosis und spatantiker Geist ( G o t t i n g e n 1 9 5 4 ) I , 7 7 ff. 4 . The Bible in Modern Scholarship ( e d . J . P . HYATT, N a s h v i l l e 1 9 6 5 ) , 2 8 6 , 2 9 3 ; cf. a l s o h i s c o n t r i b u t i o n t o t h e M e s s i n a C o l l o q u i u m v o l u m e Le Origini dello Gnosticismo ( e d U. BIANCHI, L e i d e n 1 9 6 7 ) 9 0 ff. 2
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t i o n — t h e r e is difference, b u t t h e r e is also c o n t i n u i t y . Some w h e r e i n t h e c o u r s e of t h e first c e n t u r y , a t t h e l a t e s t i n t h e e a r l y d e c a d e s of t h e second, s o m e t h i n g h a p p e n e d w h i c h h a d t h e effect of crystallising w h a t h a d b e e n t r e n d s a n d t e n d e n c i e s i n t o Gnosticism p r o p e r . T h e p o i n t t o b e n o t e d h e r e is t h a t t h e t r e n d s a n d t e n d e n c i e s , t h e affinities w i t h g n o s t i c t h o u g h t , w h i c h c a n b e d e t e c t e d for e x a m p l e i n t h e N e w T e s t a m e n t o r i n Philo a r e in t h e m s e l v e s n o g u a r a n t e e t h a t G n o s t i c i s m a s a b o v e defined w a s a l r e a d y p r e s e n t . O n e p r o b l e m i s t h a t it is a l m o s t i m p o s s i b l e t o give a n y s h a p e o r f o r m t o t h i s v a g u e r Gnosis except in t h e light of developed G n o s t i c i s m — w h i c h m a y m e a n t h e r e a d i n g of first-century t e x t s t h r o u g h secondc e n t u r y spectacles. W e c a n n o t exclude t h e possibility t h a t t h e r e w a s s o m e t h i n g like a full-scale G n o s t i c i s m o u t s i d e of, a n d p e r h a p s even p r i o r to, t h e classical C h r i s t i a n G n o s t i c i s m — the Corpus Hermeticum must b e taken into consideration h e r e ; b u t w e c a n n o t s i m p l y t a k e t h i s possibility for g r a n t e d , a s if it w e r e e s t a b l i s h e d fact. W e m a y s u s p e c t non^Christian docu m e n t s u n d e r l y i n g s u c h t e x t s a s .the A p o c r y p h o n of J o h n , b u t suspicion is n o t proof. T h e fact t h a t w e c a n e l i m i n a t e C h r i s t i a n e l e m e n t s a n d still b e left w i t h a fairly c o m p l e t e a n d c o h e r e n t s y s t e m does n o t necessarily m e a n t h a t s u c h a s y s t e m e v e r existed. Once a g a i n t h e possibility r e m a i n s , b u t it c a n n o t be taken for granted. O n s u c h a line of a p p r o a c h t h e q u e s t i o n of u l t i m a t e origins is n o longer of c e n t r a l i m p o r t a n c e . W e c a n r e c o g n i s e several " s p h e r e s of influence without the need t o claim a dominant p l a c e for a n y o n e of t h e m . T h e r e is r o o m a l s o for recognition of t h e effects of m u t u a l i n t e r a c t i o n , of c o n v e r g e n c e of ideas, of t h e a s s u m p t i o n t h a t w h a t i n a n o t h e r t r a d i t i o n is s i m i l a r is i n fact t h e s a m e . N o r is i t u r g e n t for t h e m o m e n t t o identify t h e p r e c i s e p o i n t a t w h i c h Gnosis p a s s e s i n t o Gnosticism, a l t h o u g h t h a t m a y b e c o m e c l e a r e r w i t h t h e p r o g r e s s of r e s e a r c h . F o r t h e p r e s e n t w e c a n p l o t fairly a c c u r a t e l y t h e u p p e r a n d 5. K. R u d o l p h ( T h . R . 36 (1971) 18 ff.) o b j e c t s t o t h e Auseinanderreissen o f G n o s i s a n d G n o s t i c i s m , a n d l e g i t i m a t e l y if w h a t b e l o n g s t o g e t h e r w a s b e i n g " r e n t a s u n d e r " . B u t J o n a s (The Bible in Modern Scholarship, 291) h a d a l r e a d y p r o t e s t e d a g a i n s t t h e i d e a o f a s m o o t h " t r a n s i t i o n " rather than a decisive break. There is a continuity i n the ideas and terminology employed, b u t there is also a difference i n the u s e that is m a d e of t h e m .
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l o w e r l i m i t s ; it is a q u e s t i o n of closing t h e g a p , a n d if n e e d b e b r i n g i n g d o w n t h e l o w e r l i m i t a s n e w evidence is p r o d u c e d . The m o r e immediate concerns should be on the one h a n d to e v a l u a t e t h e available g n o s t i c d o c u m e n t s i n t h e i r c o n t e x t , t o u n d e r s t a n d t h e m e a n i n g t h e y h a d f o r t h e gnostics, t h e signi ficance i n a gnostic c o n t e x t of t h e t e r m s a n d c o n c e p t s e m p l o y e d , a n d t h e differences w h i c h t h i s c o n t e x t i m p o s e d ; a n d o n t h e o t h e r hand, to explore t h e proximate channels through which such ideas passed from other sources into gnosticism. I t is in this latter perspective that Cardinal Danielou's theory of a link b e t w e e n J e w i s h C h r i s t i a n i t y a n d G n o s t i c i s m finds its p l a c e . As a l r e a d y n o t e d , c o n s i d e r a b l e a t t e n t i o n h a s of late b e e n d e v o t e d t o t h e J e w i s h e l e m e n t in t h e g n o s t i c s y s t e m s — b u t w h a t d o e s t h i s i m p l y ? Origin within Judaism, a preC h r i s t i a n J e w i s h gnosticism, a m o v e m e n t s t a r t e d b y a n d a m o n g J e w s ? If so, w a s it P a l e s t i n i a n o r D i a s p o r a J u d a i s m — o r w a s it s o m e f o r m of h e t e r o d o x J u d a i s m ? O r again, w a s i t some w h e r e in p r o x i m i t y t o J u d a i s m , u n d e r s o m e d e g r e e of J e w i s h influence, b u t n o t w i t h i n J u d a i s m itself ? H e r e of c o u r s e t h e S a m a r i t a n S i m o n M a g u s , t r a d i t i o n a l l y " t h e f a t h e r of all here sies", comes into the picture. On t h e other side H a n s Jonas has raised s o m e very relevant questions on t h e subject, and w h i l e s u c h a w r i t e r a s P h i l o s h o w s affinities w i t h g n o s t i c i s m t h e r e a r e also differences t o b e t a k e n i n t o a c c o u n t . O n e of J o n a s ' c r i t i c i s m s of " t h e J u d a i s t i c t h e s i s " m a y b e s u m m e d u p i n a single s e n t e n c e : " S a m a r i t a n s h a d r e a s o n s for k i c k i n g a g a i n s t official J u d a i s m , for a n a n t a g o n i s t i c p o s t u r e , which those in the main branch h a d n o t " . The point here is t h e anti-Jewish a n i m u s w h i c h m a r k s so m u c h g n o s t i c think ing — t h e d e p r e c i a t i o n of t h e God of t h e Old T e s t a m e n t , t h e r a d i c a l r e - i n t e r p r e t a t i o n of Old T e s t a m e n t m a t e r i a l , especially t h e e a r l y c h a p t e r s of Genesis, a n d s o o n . I t m a y b e l e g i t i m a t e e n o u g h t o s p e a k of J e w i s h gnosis, in a b r o a d sense, a n d even to include under this head the Hekhaloth mysticism explored b y G e r s h o m S c h o l e m , b u t w h i l e t h e r e is a c e r t a i n c o n t i n u i t y 6
7
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6. S e e The Bible in Modern Scholarship, 286 ff., a l s o The Gnostic Reli gion ( B o s t o n 1958) 33 f. F o r P h i l o , cf. M. S i m o n i n he Origini, 359 ff. 7. T h e p h r a s e c o m e s f r o m The Gnostic Religion, 33, n . 1. 8. The Bible in Modern Scholarship, 292. 9. E . g . Jewish Gnosticism, Merkabah Mysticism and Talmudic Tradition ( N e w Y o r k 1960); b u t cf. J o n a s , op. cit. 290 f.
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of d e v e l o p m e n t f r o m this gnosis to gnosticism, t h e r e is n o s m o o t h t r a n s i t i o n , b u t also a d i s c o n t i n u i t y , i n d e e d a r a d i c a l b r e a k . This is, incidentally, o n e of t h e a d v a n t a g e s of m a k i n g a d i s t i n c t i o n b e t w e e n Gnosis a n d Gnosticism. T h e p o i n t s m a d e b y J o n a s , a s h e himself recognises, d o n o t a b s o l u t e l y r u l e o u t t h e possibility of a J e w i s h origin, b u t they d o p l a c e it very m u c h i n q u e s t i o n . It may be that some Jews r e a c t e d violently t o t h e c a t a s t r o p h e of A.D. 70, s o violently i n d e e d as t o t u r n t h e i r a n c e s t r a l t r a d i t i o n s u p s i d e d o w n ; b u t this is p r o b a b l y n o t t h e w h o l e story. O n e m i g h t t h i n k a l s o of Gentiles w h o h a d suffered a t t h e h a n d s of t h e i r J e w i s h n e i g h b o u r s d u r i n g o n e o r o t h e r of t h e risings of t h e p e r i o d , a l t h o u g h t h i s possibility m u s t b e c o n s i d e r e d distinctly m o r e r e m o t e , since it w o u l d n o t explain o t h e r e l e m e n t s s u c h a s t h e assimilation of C h r i s t i a n i d e a s . B u t J e w i s h C h r i s t i a n s also suffered a t t h e h a n d s of J e w s , if w e m a y believe t h e evidence of Acts a n d o t h e r s o u r c e s , a n d t h e y c o u l d c e r t a i n l y h a v e p r o v i d e d a c h a n n e l for t h e t r a n s m i s s i o n of J e w i s h ideas . 1 0
n
O n e difficulty is t h e fact t h a t gnostic u s e of t h e Old Testa m e n t is c o m p a r a t i v e l y r e s t r i c t e d — a l m o s t as if t h e p e o p l e w h o developed t h e gnostic s y s t e m s k n e w little m o r e t h a n t h e b o o k of Genesis. Yet it m a y b e t h a t a b s e n c e of r e f e r e n c e s h o u l d n o t b e t a k e n t o i m p l y i g n o r a n c e — t h e b o a s t of t h e D e m i u r g e i n t h e A p o c r y p h o n of J o h n is after all t a k e n f r o m D e u t e r o n o m y 5:9 a n d E x o d u s 20:3,5, w h i l e t h e Valentinians expressly say t h a t h e s p o k e t h r o u g h t h e p r o p h e t s ( I r e n . 1.5.4, q u o t i n g I s . 45:5, 46:9). Possibly, t h e n , t h e c o n c e n t r a t i o n o n Genesis m e r e l y reflects t h e i n t e r e s t of t h e gnostics c o n c e r n e d , a n d n o t t h e e x t e n t of t h e i r k n o w l e d g e of t h e Old T e s t a m e n t . W h a t they w e r e i n t e r e s t e d in w a s simply t h e cosmogony, t h e s t o r y of h o w t h e h u m a n s i t u a t i o n as t h e y s a w it c a m e a b o u t . O t h e r a s p e c t s of t h e Old T e s t a m e n t l i t e r a t u r e h a d n o t t h e s a m e relevance for t h e i r p u r p o s e . Investigation of t h e gnostic p r o b l e m , a s a l r e a d y n o t e d , h a s long b e e n c o m p l i c a t e d b y variety of definition, a n d b y t h e fact t h a t t h e s a m e t e r m s h a v e t o serve t w o functions. As Cardinal 12
10. T h e v i e w a d v a n c e d b y R. M. GRANT, Gnosticism and Early Chris tianity ( L o n d o n a n d N e w Y o r k 21966). 11. Cardinal D a n i é l o u (Aspects du judéo-christianisme, P a r i s 1965, 146) m o d i f i e s Grant's t h e o r y t o r e l a t e specifically t o J e w i s h C h r i s t i a n i t y . 12. Cf. J o h a n n e s M u n c k ' s q u o t a t i o n f r o m M a c a u l a y , c i t e d b e l o w , p . 269.
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GNOSTICISM
267
Daniélou observes, I r e n a e u s refutes " t h e falsely so-called gnosis ", a n d b y t h a t very fact recognises t h e existence of a t r u e g n o s i s . C l e m e n t of Alexandria's " t r u e Gnostic " is n o t a h e r e t i c , b u t a C h r i s t i a n w h o h a s p e n e t r a t e d m o r e deeply into t h e m y s t e r i e s of t h e faith t h a n t h e o r d i n a r y believer. M o r e r e c e n t l y R. P. C a s e y , o p p o s i n g t h e " g e n e r a l a n d generalised i m p r e s s i o n t h a t gnosis a n d G n o s t i c i s m w e r e significant factors i n t h e o r i g i n s of Christianity ", s p e a k s r e p e a t e d l y of a C h r i s t i a n gnosis — w h i c h t o t h e u n w a r y m i g h t s e e m t o p l a y i n t o t h e h a n d s of h i s o p p o n e n t s . O n t h e o t h e r h a n d , B u l t m a n n , in t h e section of his Theologie d e v o t e d t o Gnostische Motive, w r i t e s : " Soweit die christliche V e r k ü n d i g u n g d e r a l t t e s t a m e n t lich^jüdischen u n d u r g e m e i n d l i c h e n T r a d i t i o n t r e u blieb, s i n d e n t s c h e i d e n d e Gegensätze z u r Gnosis sofort d e u t l i c h " . S u r p r i s i n g l y little c o n s i d e r a t i o n h a s y e t b e e n given t o t h e possi bility t h a t i t w a s n o t a c a s e of Gnostics b o r r o w i n g f r o m " o r t h o d o x " , o r t h e N e w T e s t a m e n t f r o m a vaguely defined " G n o s i s " , b u t t h a t b o t h " o r t h o d o x " a n d Gnostics (in t h e n a r r o w e r sense) w e r e d r a w i n g u p o n t h e s a m e o l d e r t r a d i t i o n . H e r e again Cardinal Daniélou's t h e o r y is m u c h t o t h e p o i n t . 13
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I n a p a p e r delivered in S t r a s b o u r g h e w r i t e s : « J ' e n t e n d s p a r g n o s e u n e c o n n a i s s a n c e é s o t é r i q u e p o r t a n t s u r les h a b i t a t s célestes e t infernaux, les n o m s des anges, l e s h y p o s t a s e s divi n e s . » T h e s e speculations a r e found b o t h i n d o c u m e n t s of t h e C h u r c h a n d in t h o s e of h e t e r o d o x g r o u p s , especially gnosticism, a n d t h e a r g u m e n t is t h a t t h e y a r e of J e w i s h origin, m o r e p a r t i cularly f r o m J e w i s h apocalyptic. Consequently, gnosis h a s its Sitz im Leben in a C h r i s t i a n milieu i n s p i r e d b y Jewish-Christian a p o c a l y p t i c , w h i c h is w h a t h e calls a Jewish-Christian milieu. T h e c a s e is p r e s e n t e d i n t h r e e stages, first t h e a s s e m b l i n g of t h e s o u r c e s in w h i c h this t r a d i t i o n m a y b e found, t h e n a n e x a m i n a t i o n of its c o n t e n t t o e s t a b l i s h i t s J e w i s h c h a r a c t e r , a n d finally t h e d e m o n s t r a t i o n t h a t this gnosis is a c o n t i n u a t i o n 1 3 . I t i s s t r i k i n g t h a t s o m e o f t h e c l o s e s t p a r a l l e l s t o t h e G o s p e l of Philip o c c u r in the w o r k s of Irenaeus, n o t w h e r e h e is q u o t i n g gnostic m a t e r i a l i n t h e Adversus Haereses but in his o w n Demonstratio. 1 4 . The Background of the New Testament and its Eschatology (ed. W . D . DAVIES a n d D . DAUBE, C a m b r i d g e 1 9 6 4 ) 5 2 ff 1 5 . Theologie des Neuen Testaments ( T ü b i n g e n 1 9 4 8 ) 1 6 7 . Cf. a l s o DODD, According to the Scriptures ( L o n d o n 1 9 5 3 ) 1 3 6 f., q u o t e d b e l o w , p . 2 6 8 . 1 6 . Aspects du judéo-christianisme, 139.
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of a n o l d e r speculative exegesis of t h e Old T e s t a m e n t a n d in p a r t i c u l a r of t h e e a r l y c h a p t e r s of Genesis. I t s h o u l d b e a d d e d t h a t t h i s p a p e r i s i n s o m e s e n s e a distillation a n d refi n e m e n t of views a l r e a d y s k e t c h e d s o m e y e a r s e a r l i e r i n Théo logie du judéo-christianisme . B r o a d l y s p e a k i n g , t h i s t h e o r y h a s m u c h t o c o m m e n d it. T h e earliest Christians were Jews t o a m a n . Whatever the degree of t h e i r e x p o s u r e t o hellenistic influences, t h e i r r o o t s w e r e in t h e Old T e s t a m e n t a n d J e w i s h t r a d i t i o n , a n d t h e i r earliest v e n t u r e s i n t o t h e r e a l m of C h r i s t i a n theology c o n c e r n e d t h e r e l a t i o n of t h e i r n e w faith t o t h e old. Inevitably they c a r r i e d o v e r m a n y e l e m e n t s f r o m t h e o l d faith t o t h e n e w , a n d in c o n s e q u e n c e they gave to C h r i s t i a n t h i n k i n g a distinctive " b i b l i c a l " s t a m p w h i c h it h a s n e v e r entirely lost. On the o t h e r h a n d it w o u l d b e a m i s t a k e t o t h i n k of this JewishC h r i s t i a n t r a d i t i o n p a s s i n g t h r o u g h a sealed t u b e , isolated f r o m a n d unaffected b y t h e ideas of t h e w o r l d o u t s i d e . W i t h t h e s p r e a d of t h e C h r i s t i a n m i s s i o n o u t s i d e of Palestine, even J e w i s h C h r i s t i a n s w e r e c o n f r o n t e d b y t h e p r o b l e m of m a k i n g t h e i r faith intelligible t o m e n of different b a c k g r o u n d a n d e n v i r o n m e n t . Y e a r s ago, F. C. B u r k i t t w r o t e t h a t t h e b e s t w a y t o u n d e r s t a n d s o m e s e c o n d - c e n t u r y G n o s t i c s w a s t o t h i n k of t h e m a s C h r i s t i a n s w h o s o u g h t " t o set f o r t h t h e living essence of t h e i r Religion i n a f o r m u n c o n t a m i n a t e d b y t h e J e w i s h envelope in w h i c h t h e y h a d received it, a n d e x p r e s s e d in t e r m s m o r e s u i t e d ( a s t h e y m i g h t say) to t h e c o s m o g o n y a n d phil o s o p h y of t h e i r e n l i g h t e n e d a g e . " F r o m this p o i n t of view t h e gnostic c o n t r o v e r s y is a n early e x a m p l e of t h e p r o b l e m t h a t c o n f r o n t s t h e C h u r c h i n every a g e — h o w t o m a k e t h e faith relevant in a changing situation, without making such c o n c e s s i o n s t o " m o d e r n i t y " a s t o d e p r i v e it of its distinctive c h a r a c t e r . As D o d d p u t s i t , " in t h e c o n t r o v e r s y w i t h Gnos t i c i s m . . . t h e m a i n p o i n t a t i s s u e w a s w h e t h e r t h e Christian faith could b e d e t a c h e d f r o m its biblical a n d h i s t o r i c a l basis a n d p r e s e n t e d as a f o r m of Hellenistic t h e o s o p h y . " Victory 11
1 8
1 9
17. T o u r n a i 1958. 18. Church and Gnosis ( C a m b r i d g e 1932) 27 ff. D o d d finds B u r k i t t ' s vindication of t h e essential Christianity of Valentinus " c o n v i n c i n g * ' (Interpretation of the Fourth Gospel, C a m b r i d g e 1953, 101, n . 4 ) . B u t w h a t is true of Valentinianism d o e s n o t necessarily hold for other groups. 19. According to the Scriptures, 136 f.
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lay w i t h t h o s e w h o r e j e c t e d t h e Gnostic p r o p o s a l s for t h o r o u g h hellenisation — " t h i s biblical s u b s t r u c t u r e is so firmly b o n d e d i n t o t h e w h o l e edifice t h a t n o a m o u n t of Hellenizing ever d e s t r o y e d , o r ever c o u l d d e s t r o y , i t s b a s i c c h a r a c t e r . " I n d e e d , t h e evidence of s o m e of t h e N a g H a m m a d i d o c u m e n t s i s e n o u g h t o s h o w t h a t even t h e gnostics c o u l d n o t entirely get rid of it — in t h i s r e s p e c t B u r k i t t ' s view n o w r e q u i r e s s o m e m o d i fication. A s e c o n d p o i n t w h i c h calls for m e n t i o n is t h e d a n g e r , u n d e r lined b y J o h a n n e s M u n c k , of so e x t e n d i n g t h e c o n c e p t i o n of J e w i s h Christianity a s t o m a k e everything Jewish-Christian. There have been periods in New Testament study at which t h e influence of P a u l w a s d e t e c t e d i n s o m a n y places t h a t o n e could j u s t l y s p e a k of a n " a l l - p e r v a s i v e P a u l i n i s m " , a n d a s M u n c k himself o b s e r v e s t h e r e is a parallel i n r e s e a r c h i n t o gnosticism, " w h e r e insufficiently defined limits allow everything t o b e i n c l u d e d a s g n o s t i c . " M u n c k i n t h i s c o n n e c t i o n h a d his o w n p o i n t of view, w h i c h h a s n o t w o n t h e g e n e r a l a s s e n t of s c h o l a r s , b u t t h e q u e s t i o n s h e raises d e s e r v e c o n s i d e r a t i o n . H o w far, for example, a r e t h e J e w i s h o r Jewish-Christian f e a t u r e s d u e t o a d i r e c t c o n t i n u i t y w i t h t h e earliest C h r i s t i a n c o m m u n i t y , a n d h o w far a r e t h e y t h e r e s u l t of a J u d a i s i n g p r o c e s s a t a l a t e r stage, a m o n g Gentiles ? T h e c a s e of t h e E a r l of C r a w f o r d , w h i c h M u n c k q u o t e s f r o m M a c a u l a y ' s His tory of England, p r o v i d e s food for t h o u g h t . 2 0
21
J e w i s h Christianity, t h e n , s h o u l d p r o b a b l y n o t b e c o n s i d e r e d t h e only factor, t h e only c h a n n e l t h r o u g h w h i c h s u c h ideas w e r e h a n d e d d o w n ; n o r s h o u l d i t b e t r e a t e d a s if t h e s e i d e a s w e r e , i n t h e c o u r s e of t r a n s m i s s i o n , c o m p l e t e l y sealed off f r o m o t h e r influences. T h e c o u r s e of h i s t o r y w a s p r o b a b l y r a t h e r m o r e c o m p l e x t h a n t h a t . T h e p r e s e n c e of J e w i s h a n d Jewish-Christian e l e m e n t s i n s o m e gnostic d o c u m e n t s f r o m
20. New Testament Studies V I (1960) 113. 21. Op cit. 1 1 0 : H e had a text from the Pentateuch or the Prophets r e a d y f o r e v e r y o c c a s i o n . H e filled t h e d i s p a t c h e s w i t h a l l u s i o n s t o Ishmael a n d Hagar, H a n n a h a n d Eli, Elijah, N e h e m i a h a n d Zerubbabel, a n d adorned his oratory with quotations from Ezra a n d Haggai. It is a c i r c u m s t a n c e strikingly characteristic of t h e m a n , a n d t h e s c h o o l i n w h i c h h e h a d b e e n trained, that, i n all the m a s s of t h e writing w h i c h h a s c o m e d o w n t o us, there is not a single w o r d indicating that h e had e v e r uv h i s l i f e h e a r d o f t h e N e w T e s t a m e n t . " M
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N a g H a m m a d i h a s b e e n d e m o n s t r a t e d b y Alexander B ò h l i g , a n d s o m e of t h e o t h e r c o n t r i b u t i o n s t o t h e M e s s i n a Colloquium o n t h e origins of Gnosticism h a v e also u n d e r l i n e d t h e J e w i s h e l e m e n t . S o m e of t h i s m a t e r i a l m a y h a v e c o m e direct f r o m J e w i s h s o u r c e s , a t o n e s t a g e o r a n o t h e r in t h e p r o c e s s of d e v e l o p m e n t ; b u t J e w i s h Christianity m u s t also b e consid e r e d as a possible c h a n n e l for t h e s e ideas. I n e i t h e r c a s e t h e m a t e r i a l h a s b e e n s u b j e c t e d to s o m e d e g r e e of t r a n s m u tation. T w o corollaries w h i c h w o u l d s e e m t o b e i m p l i e d a r e (a) t h a t t h e " t r a g i c s p l i t " d o e s n o t b e l o n g i n t h e earliest JewishC h r i s t i a n s t a g e of t h e d e v e l o p m e n t , w h i c h w o u l d p l a c e t h e decisive t u r n to t h e distinctively Gnostic a t t i t u d e ( i n t h e n a r r o w e r s e n s e of t h e t e r m ) fairly late in t h e first c e n t u r y , if n o t i n t o t h e s e c o n d ; a n d , p e r h a p s m o r e i m p o r t a n t , (b) t h a t if m a t e r i a l c o m m o n t o " o r t h o d o x " C h r i s t i a n i t y a n d G n o s t i c i s m h a s b e e n m e d i a t e d from J u d a i s m t h r o u g h J e w i s h Christianity, t h e s e w o u l d b e a m o n g t h e oldest e l e m e n t s of all. Moreover, t h e fact t h a t s o m e of Bôhlig's p a r a l l e l s a r e f r o m R a b b i n i c s o u r c e s w o u l d suggest t h a t a t t h e s e p o i n t s all t h r e e — " o r t h o d o x " Christianity, Gnosticism a n d R a b b i n i c t r a d i t i o n h a v e d r a w n u p o n m u c h o l d e r m a t e r i a l w h i c h goes b a c k a t least t o t h e earliest days of t h e C h r i s t i a n era. B u t t h i s o p e n s u p a field w h i c h h a s yet t o b e fully explored. O n e final q u e s t i o n r e l a t e s t o t h e definition of J e w i s h Christianity. M u n c k , a s a l r e a d y n o t e d , expresses h i s d o u b t s a b o u t t h e c r i t e r i a e m p l o y e d , a n d w a r n s against t h e d a n g e r of m a k i n g everything Jewish-Christian. A case i n p o i n t is t h a t of Paul. Cardinal Daniélou j u s t l y w r i t e s : « s'il n'est p a s j u d é o - c h r é t i e n a u s e c o n d s e n s q u e n o u s a v o n s d o n n é a u m o t (i.e. a s belonging t o t h e J é r u s a l e m c h u r c h ) , (il) l'est d a n s c e t r o i s i è m e sens (i.e. of a f o r m of t h o u g h t " q u i s'exprime d a n s d e s c a d r e s e m p r u n t é s a u j u d a i s m e " ) . » N o w Paul w a s a J e w b y b i r t h , a P h a r i s e e of t h e P h a r i s e e s , a n d therefore c o u l d legitimately b e called a J e w i s h C h r i s t i a n ; yet it is p r o b a b l e t h a t m o s t people, like R. N . L o n g e n e c k e r , will w i s h t o m a k e s o m e dis2 3
24
22. Le Origini, 109 ff ; a l s o ( a s t w o s e p a r a t e p a p e r s ) i n Mysterion Wahrheit ( L e i d e n 1968) 80 ff. 23. Théologie, 19. 24. The Christology of Early Jewish Christianity ( L o n d o n 1970).
una
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t i n c t i o n b e t w e e n P a u l i n e a n d J e w i s h Christianity. I n d e e d in h i s p a p e r i n Aspects du judéo-christianisme M. l e C a r d i n a l a p p e a r s t o m a k e s o m e concessions t o this v i e w : " t o u t e sa vie il a c o m b a t t u l a gnose j u d é o - c h r é t i e n n e , d a n s la m e s u r e o ù celle-ci m e t t a i t l'accent s u r la c o n n a i s s a n c e d e s s e c r e t s d u m o n d e céleste, en m o n t r a n t q u e l'essentiel é t a i t la foi a u C h r i s t m o r t e t ressuscité... Mais e n m ê m e t e m p s P a u l d é c l a r e luim ê m e qu'il n ' i g n o r e p a s les s e c r e t s célestes. " Paul's p o s i t i o n " r e s s e m b l e à celle d e s m y s t i q u e s a u t h e n t i q u e s q u i m e t t e n t e n g a r d e c o n t r e la m y s t i q u e à c a u s e d e s a b u s q u i p e u v e n t e n ê t r e faits. " T h e esoteric gnosis w a s n o t t h e essential t h i n g ; w h a t w a s essential w a s t h e saving event in Christ. 25
L o n g e n e c k e r o n t h e o t h e r h a n d w o u l d set J e w i s h Christian i t y a p a r t " as a n e n t i t y a b l e t o b e d i s t i n g u i s h e d f r o m b o t h J u d a i s m a n d P a u l i n e Christianity ", a n d lists " a t least t h r e e w a y s " in w h i c h t h e J e w i s h C h r i s t i a n s w e r e d i s t i n c t i v e f r o m t h e P a u l i n e . T h e difference h e r e is q u i t e clearly o n e of definition — Longenecker i s . t h i n k i n g i n t e r m s of a h i s t o r i c a l e n t i t y w i t h a definite history, w h e r e a s Cardinal Daniélou's original definition w a s in t e r m s of a f o r m of t h o u g h t e x p r e s s e d in categories derived from l a t e J u d a i s m . 26
E a c h of t h e s e p o s i t i o n s h a s its o w n validity i n t e r m s of t h e definition p r e s e n t e d in e a c h case. T h e q u e s t i o n is : t o w h a t e x t e n t a r e they m u t u a l l y c o m p a t i b l e ? Is t h e r e a d a n g e r of confusion if J e w i s h Christianity is seen o n t h e o n e h a n d a s a historical entity f r o m w h i c h Paul is excluded b e c a u s e of t h e k n o w n differences b e t w e e n Pauline Christianity a n d J e w i s h Christianity as m o r e n a r r o w l y defined, a n d o n t h e o t h e r as a f o r m of t h o u g h t b y w h i c h P a u l i n e Christianity also is m a r k e d ? I t m i g h t m a k e for clarity if w e w e r e t o r e s t r i c t t h e t e r m J e w i s h Christianity m o r e closely t o t h e h i s t o r i c a l p h e n o m e n o n , recognising a t t h e s a m e t i m e t h a t P a u l a n d Pauline Christianity r e p r e s e n t o n e p a r t i c u l a r off-shoot, still m a r k e d a t m a n y p o i n t s b y t h e original J e w i s h C h r i s t i a n c h a r a c t e r b u t developing in i t s o w n way. P e r h a p s s o m e s u c h c o m p r o m i s e w o u l d d o j u s t i c e t o t h e valid insights o n b o t h sides. T o s u m u p , t h e r e s u l t a n t p i c t u r e w o u l d b e o n e of a v a r i e t y of f o r m s of t h o u g h t , of t r e n d s a n d t e n d e n c i e s , w h i c h m a y b e 25. Aspects,
143 f.
26. Op.
6.
cit.
272
R. MCL. WILSON
generally s u b s u m e d u n d e r t h e r a t h e r v a g u e h e a d i n g of Gnosis. O n e o u t c o m e of t h i s variety, i n t h e c o u r s e of t h e h i s t o r i c a l d e v e l o p m e n t a n d u n d e r t h e influence of f a c t o r s w h i c h a r e n o t always o p e n t o o u r investigation, w a s t h e " c l a s s i c a l " Gnos t i c i s m of t h e s e c o n d c e n t u r y , a n d o n e of t h e c h a n n e l s a l o n g w h i c h ideas w e r e t r a n s m i t t e d f r o m e a r l i e r s o u r c e s i n t o t h e developed g n o s t i c s y s t e m s w a s early J e w i s h Christianity. I t w a s n o t t h e only c h a n n e l , a n d it d o e s n o t p r o v i d e a final a n s w e r t o all t h e q u e s t i o n s p o s e d b y t h e G n o s t i c p r o b l e m , b u t it w a s o n e c h a n n e l , a n d it is o n e s m a l l p a r t of o u r d e b t t o C a r d i n a l Dan&lou's r e s e a r c h e s t h a t h e h a s d r a w n o u r a t t e n t i o n t o it.
THE MANDAEAN WEEK AND THE PROBLEM O F JEWISH CHRISTIANITY AND MANDAEAN RELATIONSHIP by
E.
SEGELBERG
Dalhousie University, Halifax, N . S .
S c h o l a r s h a v e for d e c a d e s b e e n fascinated b y t h e p r o b l e m of w h a t t h e s o u r c e s for t h e M a n d a e a n religion a n d i t s l i t e r a t u r e are. Obviously t h e r e is a good d e a l of C h r i s t i a n i n f l u e n c e ; b u t in w h a t w a y it h a s e n t e r e d t h e t r a d i t i o n is r a t h e r o b s c u r e . There are a great m a n y possibilities: The dominant way seems n o t t h a t of d i r e c t q u o t a t i o n f r o m t h e S a c r e d b o o k s of t h e Old o r N e w T e s t a m e n t b u t r a t h e r of i n d i r e c t influence t h r o u g h o r a l t r a d i t i o n . A m o n g t h e p o s s i b l e s o u r c e s is also t h e J e w i s h C h r i s t i a n t r a d i t i o n , p e r h a p s even J e w i s h Christianity b l e n d e d w i t h Gnostic ideas, s o u r c e s r e l a t e d t o s u c h texts a s t h e Odes of S o l o m o n . At t h e p r e s e n t s t a g e of r e s e a r c h , h o w e v e r , w e a r e n o t able w i t h g r e a t e r a c c u r a c y t o distinguish clearly t h e o n e s o u r c e f r o m t h e o t h e r . This is d u e t o t h e fact t h a t t h e s t u d y of t h e stratification of t h e M a n d a e a n l i t e r a t u r e a l t h o u g h successfully u n d e r t a k e n b y V. S c h o u P e d e r s e n already in t h e 1940's h a s n o t been continued K I n t h e a r e a of t h e M a n d a e a n i n s t i t u t i o n s w e h a v e b e e n able to show with some certainty that the Mandaean baptism and o r d i n a t i o n r i t u a l b e l o n g t o t h e h e r i t a g e b r o u g h t b y t h e Mand a e a n s f r o m t h e W e s t . At p r e s e n t it s e e m s i m p o s s i b l e t o d e t e r m i n e w h e t h e r t h e a c t u a l s o u r c e is J e w i s h , Hellenistic C h r i s t i a n o r J e w i s h Christian. T h e t h r e e t r a d i t i o n s a r e , in t h o s e t w o a r e a s , s o closely r e l a t e d t h a t generally it is very h a r d 1. Bidrag til en analyse a b b r e v i a t i o n s , s e e p . 286.
af
de
mandaeiske
skrifter.
A a r h u s 1940. F o r
274
E. SEGELBERG
to distinguish b e t w e e n t h e m . T h e r e f o r e w h e n it c o m e s to u s i n g t h e M a n d a e a n l i t e r a t u r e o r M a n d a e a n i n s t i t u t i o n s as s o u r c e s for J e w i s h Christianity o n e h a s to act w i t h g r e a t e s t c a r e . T h e situation is r a t h e r t h a t w e h a v e to a c k n o w l e d g e t h a t M a n d a e i s m c a n n o t b e u s e d as a s o u r c e for o u r k n o w i n g J e w i s h Christianity, b u t t h a t from w h a t w e k n o w of J e w i s h Christianity f r o m o t h e r s o u r c e s w e m a y b e a b l e to identify J e w i s h Christian e l e m e n t s in t h e M a n d a e a n l i t e r a t u r e o r liturgy a n d they m a y h e l p u s t o fill in g a p s in o u r k n o w l e d g e of J e w i s h Christianity. This p r e s e n t s t u d y is an a t t e m p t to solve t h e p r o b l e m of t h e Mandaean week and the reason why Sunday became the M a n d a e a n holiday. I t will s h e d light o n t h e p r o b l e m , facing t h e s c h o l a r w h o w a n t s to s t u d y t h e possible J e w i s h C h r i s t i a n e l e m e n t in M a n d a e i s m . The S a b b a t h along w i t h c i r c u m c i s i o n " r e m a i n e d i n w a r d l y a rallying s y m b o l a n d o u t w a r d l y a mani festation of t h e people of I s r a e l a n d t h e i r piety t h r o u g h o u t t h e a g e s " . I n case t h e M a n d a e a n s h a v e a J e w i s h b a c k g r o u n d , what happened to that their supposed heritage ? 2
I. T h e Mandaean Week K. R u d o l p h s e e m s t o express a fairly g e n e r a l a g r e e m e n t among scholars when he states that the Mandaean Sunday indicates a t least s o m e Christian influence o n t h e M a n d a e a n t r a d i t i o n ( I I , p . 322 s q ; 330 s q ) . I n a r e c e n t p u b l i c a t i o n , h e h a s modified his i n t e r p r e t a t i o n of t h e t e r m anpia juma, w h i c h h e h a d , previously r e g a r d e d as possibly indicating a n earlier S a b b a t h eve celebration. (Die Rel. der Mandaeer, p . 4 4 4 ; I I , p . 330). As r e g a r d s t h e w e e k d a y s , R u d o l p h refers to Taqizadeh et alii a s s u m i n g t h a t t h e n a m e s of t h e w e e k d a y s as well as t h e t e r m for w e e k (hafta) a r e of " P e r s i a n " b a c k g r o u n d . T h e r e s e e m s to b e a fairly Complicated h i s t o r y b e h i n d t h e p r e s e n t p r a c t i c e a n d d o c t r i n e of S u n d a y a m o n g t h e M a n d a e a n s . T o t h r o w m o r e light on t h e m a t t e r i t s e e m s a p p r o p r i a t e t o s t u d y first t h e h i s t o r y of t h e M a n d a e a n w e e k a n d t h e n t h e p e c u l i a r s t a t u s of i t s first day. Although a P e r s i a n t e r m for « w e e k » is k n o w n in late M a n d a e a n , an earlier Semitic t e r m Saba, originally m e a n i n g 3
2. H . RmsENFELD, The Gospel Tradition (Fortress Press, Philadelphia, 1970, C h a p t e r o n " T h e S a b b a t h a n d t h e L o r d ' s D a y p . 111). 3. T h i s t e r m hafta i s n o t o b s e r v e d i n t h e M a n d a e a n l i t e r a t u r e b u t o n l y
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THE MANDAEAN WEEK
" s e v e n " is well a t t e s t e d b e i n g p a r t of t h e v e r y n a m e s of " S u n d a y " . S u n d a y in M a n d a i c is called habSaba, obviously t h e s a m e as t h e Syriac had b sabba, t h e first d a y of t h e w e e k . T h e t e r m habsaba also m e a n s w e e k in c o m p o u n d n a m e s of t h e w e e k d a y s (ML, p . 196, 201). 4
e
6
5
7
'Urubta occasionally also h a s t h e m e a n i n g w e e k . R u d o l p h r e g a r d s t h e t e r m habsaba as derived f r o m C h r i s t i a n s o u r c e s , the term being the same among Syrian Christians: in modern spoken Mandaic and consequently cannot be used t o prove any Persian influence in the basic Mandaean tradition. Drower-Macuch, A M a n d a e a n D i c t i o n a r y ( = Diet.), a d v e r b u m . 4. ( M L p . 189 e t c . ) Cf. T a l m u d i c
taaff ( S c h a b b . 156a) d e n o t i n g a l s o w e e k .
5. H . RIESENFELD, op. cit., p . 128 s q . I n t h i s e m i n e n t s t u d y o n e s h o u l d n o t e t h a t t h e a u t h o r ( p . 124) n o t q u i t e a c c u r a t e l y c o n n e c t s S a b b a t h a n d S u n d a y : W h e n d i s c u s s i n g t h e e x p r e s s i o n Tfj [tiq, TGV aappdcTcov, h e s a y s : " W h e n o u r B i b l e t r a n s l a t i o n r e n d e r s t h i s a s ' t h e first d a y of t h e w e e k *, this is misleading insofar a s t h e day even in its Christian nomenclature w a s s t i l l a t t a c h e d t o t h e S a b b a t h " ( p . 124). R i e s e n f e l d o b v i o u s l y d o e s n o t o b s e r v e t h a t Tob adePPotTot h e r e d o e s n o t m e a n S a b b a t h b u t w e e k a n d t h e w h o l e e x p r e s s i o n i s m e r e l y a litteral t r a n s l a t i o n o f t h e A r a m a i c had b $abba. Quite correctly Riesenfeld stresses the fact that t h e special Christian celebration followed those of the Jewish Christian participation in the temple o r synagogue worship. H e further s t a t e s : " N o t the day, but rather the night s e e m s t o have been the oldest t i m e for worship i n t h e C h r i s t i a n c h u r c h " ( p . 128). I t w o u l d h a v e b e e n h e l p f u l if t h e a u t h o r h a d m o r e emphasized t h e fact that the early Christians, following the m o s t c o m m o n c u s t o m o f t h e i r J e w i s h c o m p a t r i o t e s , ( a n d a s it s e e m s o f t h e M a n d a e a n s ) r e g a r d e d t h e s u n s e t a s t h e b e g i n n i n g of t h e d a y . I n N e w T e s t a m e n t t i m e s t h e r e w e r e t w o t r a d i t i o n s a s r e g a r d s t h e b e g i n n i n g of the day. The synoptics adhere t o the ancient, Galilaean tradition of reckon ing the day from sunrise to sunrise, whereas the Johannine tradition f o l l o w s t h e J e w i s h m a i n t r a d i t i o n p r e v a i l i n g s i n c e t h e l a t e fifth o r e a r l y f o u r t h c e n t u r y B . C . r e c k o n i n g f r o m s u n s e t t o s u n s e t (J. MORGENSTERN, Some significant Antecedents of Christianity, S t u d i a P o s t - B i b l i c a 12, L e i d e n , 1966, p . 8 s q . ) . T h e J o h a n n i n e t r a d i t i o n b e c a m e t h a t o f t h e C h u r c h . Although the Galilaean tradition had s o m e followers in the apostolic times, it s e e m s l i k e l y t h a t o n e s h o u l d r a t h e r u s e t h e J o h a n n i n e t r a d i t i o n w h e n discussing the transition from Sabbath to Sunday. Riesenfeld s e e m s not t o h a v e this fact i n m i n d w h e n h e w r i t e s : " The circumstances were thus that the Christians celebrated their services mainly during the night following the Sabbath, but that they consciously r e p u d i a t e d t h e J e w i s h legal e n a c t m e n t w h i c h r e g u l a t e d t h e o u t w a r d p a t t e r n of t h e S a b b a t h d a y " ( p . 131). If t h e n i g h t f o l l o w i n g t h e S a b b a t h d a y d i d n o t b e l o n g t o t h e S a b b a t h , t h e r e w a s n o r e a s o n t o fight S a b b a t h regulations. e
6. Diet,
p . 346.
7. Diet,
p . 346.
276
E. SEGELBERG
Dazu m u s s m a n n u n auch das philologische Argument stellen, dass hablab a a u f d a s c h r i s t l i c h s y r i s c h e had b sabbä zurückgeht. Die Sonntagsfeier ist a l s o offenbar eine Entlehnung a u s d e m christlichem Bereich b z w A n p a s s u n g a n i h n ( I I p . 327 ; Ret. p . 444). V i e l l e i c h t l i e g t e i n e Anpassung an das Christentum ( N a m e ) vor, allerdings in Gestalt einer Protestumkehrung u n d in Anknüpfung an eine nichtchristliche Schätzung d e s dies solis (Rel. p . 444). e
T h e a r g u m e n t is n o t q u i t e convincing b e c a u s e t h e t e r m , a l t h o u g h c o m m o n a m o n g S y r i a n C h r i s t i a n s , is a l s o u s e d b y t h e J e w s . Oddly e n o u g h R u d o l p h ( I I , p . 327, n. 4) refers t o t h e T a l m u d i c t e r m had b subba ( e r s t e r W o c h e n t a g ) w i t h o u t n o t i c i n g t h a t t h e M a n d a e a n t e r m m i g h t equally well b e derived f r o m a J e w i s h s o u r c e . T h e r e is n o t h i n g peculiarly C h r i s t i a n a b o u t t h e t e r m . H a d they u s e d t h e t e r m kyriakê, t h e L o r d ' s Day, it w o u l d h a v e b e e n m o r e significant. This t e r m is occasionally u s e d in t h e Syriac N.T., e.g. Apoc. 1.10: yawmä d moryä*. T h e n a m e s of t h e w e e k d a y s , M o n d a y - T h u r s d a y , simply tell t h e n u m b e r of t h e d a y : trin habeSabba, telata, arba, hamSa, a n d this in a c c o r d a n c e w i t h b o t h t h e J e w i s h a n d t h e well k n o w n G r e e k C h r i s t i a n as well as t h e L a t i n C h r i s t i a n a n d t h e S y r i a n u s a g e s . I t is n o t p o s s i b l e t o d i s t i n g u i s h b e t w e e n a Jewish or Christian background here. T h e n a m e for F r i d a y c a u s e s c o n s i d e r a b l e difficulty. The Syriac t e r m 'rubtä, A r a m , NrDl"W, occasionally o c c u r s a s M a n d . 'urubta o r 'urupta m e a n i n g also w e e k . T h e references in D r o w e r M a c u c h Dictionary a r e f r o m a t least p a r t l y late texts s u c h as Haran Gawaita a n d Asfar MalwaSe. T h e original a n d g e n e r a l m e a n i n g of t h e w o r d is " eve " ; a n earlier m e a n i n g w a s " evening before ", w h i c h l a t e r d e n o t e d t h e w h o l e day before t h e S a b b a t h . This is also t h e c o m m o n u s a g e a m o n g J e w s 'SW my, V.?? Sabal I t is obvious t h a t t h i s is a n o l d t e r m a t t e s t i n g t h e c o n t i n u i t y w i t h t h e J e w i s h a n d Syrian C h r i s t i a n a n d Mandaean culture . T h e w o r d 'urubta is, h o w e v e r , n o t t h e t e r m u s e d i n t h e liturgies. I n t h e p r o b a b l y l a t e r r u b r i c s , b u t n o t in t h e texts e
e
9
1 0
8. Cf. Didask. Syr. 58, 28 ; 59,2. 9. I n A r a m a i c t h e t e r m nany i s a t t e s t e d a l r e a d y i n t h e 5 t h c e n t u r y B.C. f r o m t h e E l e p h a n t i n e o s t r a c a , Coll. C l e r m o n t - G a n n e a u , n° 204. A. DUPONTSOMMER, Sabbat et Parascève à Elephantine d'après les ostraca araméens inédits, P a r i s , 1950, p . 3 . T h e M a n d a i c f o r m i s c l o s e l y c o n n e c t e d w i t h t h e .Tudeo-Paiestinian nnanj? a s w e l l a s t h e S y r i a c f o r m 'rubta. 10. S e e n o t e 12.
277
THE MANDAEAN WEEK
(ML p . 217) w e find iwna d rahatia (in HG, t h e s a m e afore m e n t i o n e d o c c u r s : iuma d-rahatia... d-'rubta, Diet. p . 346). Drower-Macuch, following L i d z b a r s k i , suggests t h e t r a n s l a t i o n " of s t r e a m s " ? T h e n a m e is derived f r o m t h e r o o t rht ( h e b r . rus) r u n , h a s t e n , m o v e quickly, flow swiftly. I t is h a r d to q u e s t i o n t h e q u e s t i o n m a r k . Although t h e s t r e a m m e a n s so m u c h t o t h e M a n d a e a n s o n e w o u l d n o t expect it t o b e especially c o n n e c t e d w i t h Friday. I t c o u l d h a r d l y refer t o purification r i t e s s u p p o s e d l y p e r f o m e d i n earlier t i m e s a s a p r e p a r a t i o n for t h e s u p p o s e d M a n d a e a n S a b b a t h c e l e b r a t i o n . An explan ation, s u c h a s t h e day f o r e r u n n i n g t h e S a b b a t h , w o u l d b e i n k e e p i n g w i t h t h e idea of S a b b a t h eve, b u t it d o e s n o t s e e m entirely r e a s o n a b l e . M o r e likely w o u l d b e a n a t t e m p t t o r e g a r d it a s a r e n d e r i n g of paraskeue — t h e d a y of p r e p a r a t i o n s , t h e d a y w h e n o n e is busy, i n d u s t r i o u s (rahtnd), p r e p a r i n g for t h e Sabbath. n
F. R u n d g r e n suggests t w o possible s o l u t i o n s : 1.— S t a r t i n g f r o m Syriac r^het, " r u n , c o n g r e g a t e " c o m b i n e d w i t h A r a m a i c rahta, influenced b y Arabic raht, " a small g r o u p of p e o p l e " , c o n g r e g a t i o n = Arab, yawm al-gum'a = F r i d a y . 2. — S t a r t i n g f r o m rahhdtd, " c u r s o r " = p r a e c u r s o r , pi. a b s t r . rah(h)dte, " p r a e l i m i n a r i a ", = paraskeuai . I n t h e first case rahta t h u s w o u l d b e derived f r o m A r a b i c a n d d u e t o l a t e Moslem influence. T h e earlier t e r m w o u l d t h e n b e urubta. I n t h e s e c o n d c a s e w e w o u l d , for t h e first t i m e , h a v e a S e m i t i c r e n d e r i n g of t h e G r e e k paraskeue. In both cases w e w o u l d h a v e a n i n d i c a t i o n of t h e W e s t e r n origin of t h e M a n d a e a n 12
u
%
11. A n a n s w e r t o o u r p r o b l e m m a y b e f o u n d i n t h e e x p l a n a t i o n o f t h e intercalary days according t o Thousand a n d Twelve Questions (ed. Drower, p . 116, 1 8 ) : F o r t h e first d a y b e l o n g s t o t h e K i n g o f K i n g s , F a t h e r o f all w o r l d s : i n it H e w h o i s g r e a t a n d l o f t y c r e a t e d h i m s e l f . T h e s e c o n d d a y i s t h a t i n w h i c h t h e L o r d of c e l e s t i a l M a j e s t y (Rabuta) created himself. T h e t h i r d d a y i s Mara d-Rabutha's, i n w h i c h i s Manda d-Hiia...; i n it h e c r e a t e d h i m s e l f . T h e f o u r t h d a y i s Mara d-Rabutha's, h e w h o is DmuthKusfa; h e created himself therein. ( S o follows the important notice r e g a r d i n g t h e fifth d a y ) O n t h e fifth d a y , w h i c h i s t h e d a y o f c o m m e m o r a t i o n s , running streams were distributed, f o r h e , Mara d-Rabutha, divider of running streams, created himself therein. Text of this last part, p . 2 0 : yuma hamsiaia d-hu yuma dukrania 'tpalag bgauh rahatia dhu mara d-rabuta palig rahatia bgauh 'sfarar d-hinun... This m a y b e a late expla nation. 12. T h e M i s h n a i c H e b r e w f o r m a i y is a t t e s t e d f r o m t h e I I c e n t . A.D. Cf. DUPONT-SOMMER, op. cit., p . 3. 13. I n l e t t e r t o t h e a u t h o r 10 M a y 1971.
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terminology, the s e c o n d case a n u n u s u a l l y s t r o n g one, a s one w o u l d a s s u m e t h a t t h e t e r m paraskeue, k n o w n only from G r e e k ( J o s e p h u s , Ant. 16, 163; Mt 27, 62; M k 15, 42, etc.) w a s c o i n e d a m o n g G r e e k s p e a k i n g J e w s . M o s t likely, t r a n s l a t i o n i n t o A r a m a i c t o o k p l a c e in t h e West, b u t s o far I h a v e n o t f o u n d t h e equivalent H e b r e w o r A r a m a i c t e r m . Do w e in t h e M a n d a e a n t e r m h a v e a n indication of w h a t w a s t h e A r a m a i c t e r m ? W h a t e v e r b e t h e e x p l a n a t i o n of rdhatia o n e t h i n g is w o r t h observing, t h a t t h e M a n d a e a n as well as t h e J e w i s h a n d Christian w a y of m e r e l y c o u n t i n g t h e n u m b e r of t h e days b r e a k s off w i t h Friday, a n d t h a t t h e J e w i s h t e r m survives in M a n d . 'rubta. S a t u r d a y finally is called iuma d-sabta/sapta. Its background is obvious, a l t h o u g h it is n o t possible t o say w h e t h e r it is from Jewish or Christian sources. T h e w o r d S a b b a t h is a t t e s t e d in A k k a d i a n , is c o m m o n in H e b r e w a n d o b s e r v e d in A r a m a i c a l r e a d y in t h e 5th c e n t u r y B.C. T h e M a n d a e a n f o r m is close t o t h a t of Palestinian A r a m a i c a n d Syriac. T h e w o r d is also k n o w n as a l o a n w o r d in Greek a n d Latin . W i d e n g r e n observes t h a t t h e Middle I r a n i a n sanbad is to b e derived f r o m a " M a n d a t e " Sanba. Actually t h e w o r d is sabba . This is a g a i n a n indication of t h e W e s t e r n origin of M a n d a e a n terminology. 14
15
S o far w e s e e m entitled t o state t h a t the M a n d a e a n week m i g h t easily b e d e r i v e d e i t h e r from J e w i s h o r C h r i s t i a n s o u r c e s , o t h e r possibilities a r e r a t h e r to b e excluded. The a n c i e n t R o m a n week, b e g i n n i n g w i t h S a t u r d a y , h a v i n g t h e n a m e s of w e e k d a y s c o n n e c t e d w i t h t h e p l a n e t s , a c u s t o m originating in M e s o p o t a m i a m u s t b e excluded as a possible s o u r c e . The Seven, b e i n g p o w e r s of d a r k n e s s , could n o t possibly b e u s e d t o n a m e M a n d a e a n w e e k d a y s . The Coptic M a n i c h a e a n w e e k beginning w i t h S a t u r d a y m u s t also b e excluded as a s o u r c e . 1 4 . E a r l i e s t A r a m a i c f o r m f r o m t h e E l e p h a n t i n e o s t r a c a , Coll. C l e r m o n t G a n n e a u n° 1 5 2 , 1 8 6 : napa. nap r e s p . J e w i s h P a l e s t i n i a n fern, s g . a b s . HZV (naw) e m p h . «na» ( H n a w ) . G. DALMAN, Grammatik des judisch-palastinensischen Aramdisch, p. 2 4 7 . In Christian Palestinian A r a m a i c . Subta. F. SCHULTHESS, Grammatik des christlich-palestin. Ara~ mdisch, p . 5 4 . Cf. DUPONT-SOMMER, op. cit., p . 4 , 5 , s q q . 1 5 . G. WIDENGREN, The Status of the Jews in the Sassanian Empire, i n Iranica Antigua I, p . 1 2 2 , n. 4 .
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Taqizadeh observes t h a t t h e M a n d a e a n week, also b e a r s s o m e similarity to t h e P e r s i a n week. " The P e r s i a n n a m e s of t h e d a y s of t h e w e e k a r e m a d e b y prefixing t h e P e r s i a n n u m b e r s f r o m o n e t o five, t o t h e w o r d Shanba ( S a t u r d a y ) , Yekshanba is t h u s S u n d a y , Doshanba is M o n d a y a n d so f o r t h " . H e t h e n explains h o w t h e M a n d a e a n n a m e s a r e q u i t e similar. H e c o n t i n u e s : " Only F r i d a y in b o t h languages h a s a distinctive n a m e , as h a s also S a t u r d a y w i t h t h e MM " ( p . 60). T a q i z a d e h s e e m s n o t q u i t e clear a b o u t t h e n a m e for S a t u r d a y ; f r o m w h a t h e said a b o v e it s h o u l d b e , a n d is, sanba. R u d o l p h s e e m s to a c c e p t this t h e o r y ( I I p . 330), a l t h o u g h h e also t a k e s for g r a n t e d t h a t t h e n a m e for S u n d a y , habSaba, is q u i t e obviously derived f r o m t h e Christian S y r i a n v o c a b u l a r y , indicating t h e C h r i s t i a n origin of t h e M a n d a e a n S u n d a y ( I p . 109). T h e P e r s i a n week, h o w e v e r , is r a t h e r a Semitic i m p o r t . T h e very w o r d Sanba = S a t u r d a y a n d week, is n o t P e r s i a n b u t a S e m i t i c l o a n w o r d a l t h o u g h k n o w n a l r e a d y from Middle I r a n i a n t e x t s . 1 7
T a q i z a d e h does n o t i n f o r m u s a b o u t t h e P e r s i a n n a m e for F r i d a y w h i c h is gorria obviously derived from Arabic yawm aUgum'a, t h e d a y of congregating, t h u s a t e r m c o n n e c t e d w i t h M o s l e m p r a c t i c e s . E v e n in t h a t r e s p e c t t h e P e r s i a n w e e k is i n d e b t e d t o a foreign language. This again s t r e n g t h e n s o u r o p p o s i t i o n to a t t r i b u t i n g t h e M a n d a e a n w e e k to P e r s i a n influence. T h e r e s e e m s to b e every r e a s o n t o accept t h e M a n d a e a n w e e k d a y s as j u s t p r e s e r v i n g t h e a n c i e n t J e w i s h a n d Syrian-Christian n a m e s w h i c h h a v e b e e n a c c e p t e d p a r t l y in t r a n s l a t i o n , p a r t l y as l o a n w o r d s b y t h e P e r s i a n s . T h e r e is n o t h i n g p a r t i c u l a r l y Christian a b o u t t h e HabSaba a l t h o u g h u s e d b y t h e S y r i a n Christians. I t w o u l d h a v e b e e n q u i t e different if t h e M a n d a e a n n a m e w e r e a r e n d e r i n g of " t h e L o r d ' s Day ", r a r e l y o c c u r i n g in t h e S y r i a n N.T.
16. An ancient Persian Practice preserved by a non-Iranian people. BSOS, v o l . 9, (1938), p . 503-619. 17. G. W i d e n g r e n o b s e r v e s " t h a t t h e w o r d sanbad o r sanbah w a s k n o w n t o N o l d e k e only from N e w Persian literature but has n o w been found a l s o i n M i d d l e I r a n i a n t e x t s . T h i s f o r m w i t h t h e d e v e l o p m e n t bb > nb... w o u l d s e e m t o hint at a Babylonian Aramaic dialect as t h e origin of the w o r d in q u e s t i o n w h i c h agrees well w i t h such a place as SeleuciaK t e s i p h o n o r Mahoza, t h e c a p i t a l of t h e I r a n i a n e m p i r e w h e r e I r a n i a n s a n d J e w s m e t daily in f r i e n d l y c o n t a c t " (The Status of the Jews in the Sassanian Empire, p . 121 s q . ) . Cf. Diet. p . 444.
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T h e Position of the Mandaean Sunday
T h e p e c u l i a r p o s i t i o n of t h e M a n d a e a n S u n d a y is obvious. I t is called t h e h e a d of t h e days (riS iuma, M L 183,10; 186,5). S u n d a y is r e g a r d e d t h e first d a y a n d t h u s as o l d e r t h a n t h e S a b b a t h . Being t h e first d a y of creation, S u n d a y is t h e m o r e v e n e r a b l e d a y (habSaba qasis men sapta, Gy 288, 9 sq.); S u n d a y is t h e d a y of Manda d Hiia's e p i p h a n y (ML p . 184 s q q . ) . S u n d a y is f u r t h e r personified, r e g a r d e d as a saviour spirit (ML p . 161, 1; CP 95; ML 75 sq. = CP 1 1 3 ) . 18
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W h y h a s S u n d a y b e c o m e so p r o m i n e n t ? Are w e d e a l i n g w i t h a Christian a n d / o r M i t h r a i c influence ? I s it d u e t o a p e c u l i a r Mandaean development, abandoning a hated Jewish custom, s u b s t i t u t i n g i n s t e a d S a b b a t h b y t h e first d a y of t h e w e e k a s its o w n d a y ? One solution c a n p r o b a b l y b e d i s c o u n t e d i m m e diately in spite of Reitzenstein, a.o., favouring i t : t h e M i t h r a i c . T h e r e is generally very little d i r e c t influence f r o m t h e M i t h r a cult, if any, in M a n d a e i s m a n d h e r e it seems m o s t unlikely. I n t h e M a n d a e a n S u n d a y t h e r e is n o connexion w i t h M i t h r a o r t h e s u n a t all. S u n d a y as t h e m a i n d a y s e e m s to belong t o a c o m p a r a t i v e l y early s t r a t u m . S c h o u P e d e r s e n (op. cit. p . 183 sqq., 219) r e g a r d s t h e S u n d a y a s derived f r o m a p e r i o d w h e n t h e M a n d a e a n s s u p p o s e d l y f o r m e d a C h r i s t i a n sect. I t s e e m s , however, m o s t unlikely t h a t t h e M a n d a e a n s w e r e ever Christians. The t h r e e enyane a n d draSe belonging t o t h e rahme of Sun day, as well as m o s t o t h e r h y m n s of t h e weekly office give t h e i m p r e s s i o n of b e i n g e a r l y : t h e mythology is simple, t h e m y t h o logical figures v e r y few. T h e only m e n t i o n i n g s of S i o n a n d of K a r m e l in t h e ML a r e f o u n d t h e r e (ML p . 215, 203; CP 139, 153). Especially i n t e r e s t i n g is t h e h y m n which, a l t h o u g h belonging to t h e F r i d a y office, polarizes S a b b a t h a n d S u n d a y : ML 209-212; CP 149. T h e s e t t i n g is a t t h e door of t h e synagogue (bit ama, t h e t e r m also J b 67,7; 93,8,12, a n d m o r e f u l l y : bit ama d'jahutaiia, Gy 56,7; Diet. p . 21, 63) w h e r e Miriai m e e t s h e r m o t h e r . I s t h e synagogue in M e s o p o t a m i a o r in Palestine ? T h e dialogue of this enyana is b e t w e e n t h e m o t h e r a n d Miriai, h e r d a u g h t e r , w h o h a s defected from J e w r y to M a n d a e i s m . 18. RUDOLPH I, p . 140 s q . 19. RUDOLPH I, p . 32.
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One gets t h e i m p r e s s i o n it is a very r e a l situation, in w h i c h Nasirutha is a n a t t r a c t i v e force a n d J u d a i s m is o n t h e defensive. T h e mischievous d a u g h t e r h a t e s J u d a i s m , t h e Synagogue a n d t h e p h y l a c t e r i e s (tutiftd); she works on the Sabbath and has r e j e c t e d t h e law, " w h i c h t h e seven h a v e b o u n d in J e r u s a l e m T h e positive n e w is h e r love for t h e nasirutha, t h e maSkna a n d t h e freshly p i c k e d w r e a t h s a n d t h a t o n S u n d a y s h e d o e s n o t w o r k . T h e r e follow e x p r e s s i o n s of h a t e against t h e J e w s , all p r i e s t s , a n d t h e e l d e r s in J e r u s a l e m . Where and when was this hymn composed ? Where and w h e n w a s Nasirutha s u c h a s t r o n g a n d a t t r a c t i v e religion t h a t its e n c o u n t e r w i t h J u d a i s m , i n spite of t h e b i t t e r n e s s indicated, was victorious ? T h e t e r m i n o l o g y does n o t give m a n y h i n t s a s t o p l a c e a n d d a t e . S o m e peculiarities m a y , however, h e l p u s find a n a n s w e r . W e o b s e r v e t h a t t h e J e w s a r e in M a n d a i c regularly called, n o t iahudaiia, b u t iahutaiia, f r o m t h e r o o t yht, m e a n i n g to m i s c a r r y , t o c a s t o u t t h e y o u n g u n t i m e l y , w h e r e a s t h e religious t e r m iahaduta, J u d a i s m , o c c u r s in t h e n o r m a l w a y . W e d o n o t k n o w w h e n bit ama b e c a m e a n a m e for t h e synagogue. I n c o n t r a s t t o t h e m o r e r e g u l a r kniSta ( J b 71,13; Gy 106,2, etc.) it s e e m s , r a t h e r , to indicate t h e b u i l d i n g w h e r e a s knista refers p r i m a r i l y to t h e congregation of t h e f a i t h f u l . T h e t e r m tutifta belongs t o a m o r e " p o p u l a r " f o r m of J u d a i s m , b e i n g a c h a r m , a m u l e t o r a phylactery. T h e l a w is r e f e r r e d to n o t as t h e torah, b u t regularly, in a c c o r d a n c e w i t h Syriac, as nimusa (namusa). Cf. Gy 46,6, misa nbiha d-ruha d~aitilun nimusa, Moses, t h e p r o p h e t of Ruha w h o b r o u g h t t h e m t h e Law. I n ML 211,6 Ruha as a n evil f o r c e is s u b s t i t u t e d b y t h e Seven. I n Miriai's a n s w e r full of h a t r e d (ML 211,8-212,3) t w o m o r e t e r m s s h o u l d b e o b s e r v e d : kahnia a s t h e r e g u l a r t e r m for a J e w i s h p r i e s t . I t is w o r t h w h i l e observing t h a t kahnia a n d n o t rabbis a r e chosen as objects for h e r h a t r e d . This m a y i n d i c a t e 2 0
2 1
22
20. H o w s h a l l w e e x p l a i n t h a t M i r i a i w a s a b l e n o t t o w o r k o n S u n d a y ? W i t h i n t h e R o m a n e m p i r e i t w o u l d h a v e b e e n r a t h e r difficult f o r non-Jews t o observe Sunday in that way. We d o not k n o w whether t h e early Christians e v e n w a n t e d t o transfer Sabbath rules t o the Lord's d a y . I t m i g h t h a v e b e e n e a s i e r e a s t of t h e b o r d e r . 21. Diet., p . 21. B y R u d o l p h r e g a r d e d a s i n d i c a t i n g t h e J e w i s h m i l i e u in Mesopotamia. The date for this anti-Jewish p h e n o m e n o n is u n k n o w n . 22. Cf. H e b r e w nnp'te rva.
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a n early d a t e . I n M a n d a i c , qasisa is u s e d for a C h r i s t i a n (Gy 227,2) a n d kumra for a n o n - M a n d a e a n p r i e s t . T h e e l d e r s of J e r u s a l e m a r e called qaSiSia ( M L 211,11) a r e g u l a r J e w i s h t e r m . T h e t e r m kahnia is h e r e p a r a l l e l e d w i t h J e w s a n d i t m i g h t r a t h e r indicate a time when t h e priests h a d a m o r e prominent p l a c e i n J e w i s h society, n a m e l y before t h e d e s t r u c t i o n of t h e t e m p l e o r a t t h e l a t e s t b e f o r e t h e d e s t r u c t i o n of t h e city itself. I t is even m o r e difficult t o d i s r e g a r d qasisia d-tba b'uraSlam, " t h e e l d e r s w h o stay i n J e r u s a l e m ", s o also t o i m a g i n e t h a t M a n d a e a n s , s o m e w h e r e i n M e s o p o t a m i a in close c o n t a c t w i t h J e w s after t h e d e s t r u c t i o n of J e r u s a l e m w h e n all J e w s w e r e b a n n e d f r o m t h e city, w o u l d h a v e b e e n u n a w a r e of t h e fact t h a t t h e r e w e r e n e i t h e r J e w s i n general n o r elders i n J e r u s a l e m . T h e expression " t h e l a w w h i c h t h e Seven have b o u n d in Jeru s a l e m " i n d e e d m a k e s m o r e sense if t h e city really is o p e n t o J e w i s h " citizens " a n d s o m e J e w i s h w o r s h i p c o n d u c t e d . If t h e h y m n w e r e w r i t t e n in Palestine, a m i s t a k e a s r e g a r d s t h e s t a t u s of J e r u s a l e m is even m o r e i m p r o b a b l e . I t m a y b e w r o n g t o u s e t h i s text a s a h i s t o r i c a l d o c u m e n t , b u t if w h a t h a s b e e n said is historically c o r r e c t , o n e m i g h t suggest t h a t this h y m n w a s w r i t t e n a t t h e latest a r o u n d 135 AD, n o t in J e r u s a l e m b u t s o m e w h e r e e a s t thereof. If s o t h e M a n d a e a n o b s e r v a n c e of S u n d a y w o u l d d a t e b a c k t o t h a t p e r i o d . I t will f u r t h e r affect t h e d a t e of CP 162 ( n o t in ML) w h i c h is p r o b a b l y b y t h e s a m e a u t h o r . A r o u n d 135 AD t h e Christian t r a n s i t i o n f r o m S a b b a t h t o S u n d a y w a s a well e s t a b l i s h e d f a c t . Christian influence u p o n t h e M a n d a e a n s a t t h a t t i m e w o u l d b e p o s s i b l e p r o v i d e d t h e y w e r e n o t t o o far E a s t . O n e m u s t a s k if t h e i n t e r p r e t a t i o n of t h e F i r s t Day a s t h e d a y of Manda d-Hiia's e p i p h a n y , a s e x p r e s s e d in ML p . 183-185, n r X I V = CP 119, i.e. t h e first enyana of t h e S u n d a y h y m n s , h a s s o m e connec tion w i t h t h e c o n t r a s t i n g of S u n d a y t o S a b b a t h of t h e g r o w i n g Christianity. Cf. I g n a t i u s Ad Magn., IX,1 : [Z7)X6TI
2 4
25
%
27
B u t o n e h a s n o t , w i t h S c h o u P e d e r s e n t o p o s t u l a t e a Chris tian p e r i o d of t r a n s i t i o n for t h e M a n d a e a n s . D u e t o t h e 23. 24. 25. 26. 27.
Diet., p . 403. See below. RIESENFELD, op. cit., p . 128 s q q . RIESENFELD, op. cit., p . 129. Op. cit., p . 187 s q q . ; 219.
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C h u r c h ( a n d M i t h r a c i s m ) t h e t r a n s i t i o n to S u n d a y w a s i n the s p i r i t of t h e t i m e . W e should, h o w e v e r , n o t d i s r e g a r d t h e possibility t h a t N a s o r a e a n s i n t h e i r early anti-Jewish t e m p e r developed in a w a y similar t o t h a t of t h e C h r i s t i a n s . If, s t a r t i n g f r o m a J e w i s h w e e k , of six p o s s i b l e choices it is likely t h a t t h e first d a y is c h o s e n b e i n g t h e first d a y of c r e a t i o n , riS iumia, o l d e r obviously t h a n t h e S a b b a t h . 2 8
III.
A Mandaean Hymn (CP 162)
CP 162 is a h y m n n o t p u b l i s h e d b y Lidzbarski in M L b u t r e c u r r i n g in Lady D r o w e r ' s m a n u s c r i p t . T o g e t h e r w i t h C P 161 it belongs t o t h e rahmia for t h e c a n d i d a t e s of t h e p r i e s t h o o d a n d s h o u l d b e recited o n S a t u r d a y evening after CP 160 ( = ML p . 222). T h e n should follow C P 165-169 (ML p . 223-230)» This h y m n is w o r t h y of special a t t e n t i o n I t obviously is closely r e l a t e d t o t h e F r i d a y h y m n CP 149 ( = ML p . 209 sq.) w h e r e Miriai again a p p e a r s , t h e only t w o i n s t a n c e s in t h e w h o l e CP w h e r e this J e w e s s , w h o e v e r she is s u p p o s e d t o b e , o c c u r s . I n CP 149, t h e r e is a dialogue a t t h e d o o r of t h e synagogue b e t w e e n Miriai a n d h e r m o t h e r . I n CP 162, t h e r e is a dialogue a t t h e d o o r of t h e maskna, t h e M a n d a e a n cult h u t , n o w b e t w e e n Miriai a n d t h e evil o n e s , m o s t likely t o b e identified w i t h t h e J e w s . This s e e m s to b e i n d i c a t e d b y t h e d e s c r i p t i o n : " All of t h e evil ones w h o s a w Miriai w o r e t h e t u n i c . " T h e t e r m for t u n i c is qulab, a r a r e w o r d identical w i t h t h e JewishA r a m a i c quldb (pa^tp), a t u n i c w i t h o u t o r w i t h s h o r t s l e e v e s . ( J a s t r o w , p . 1328; CP p . 140, n . 3). N o w t h e evil o n e s a d j u r e Miriai " b y t h e w o r d , b y t r u t h a n d t r o t h ", " b y t h e Being from w h o m h e r e n l i g h t e n m e n t p r o c e e d e d , b y t h e Being w h o m h e r eyes b e h e l d : W h a t is H e like ? " 3 0
31
As in C P 149, Miriai is seriously d i s t u r b e d b y their q u e s t i o n . S h e does n o t t r y t o explain o r c o n v e r t t h e m . On t h e c o n t r a r y ,
28. Cf. A. ADAM, Die Psalmen des Thomas, BZNW 24, 1959, p . 79. A d a m « tritt d a f ü r e i n , d a s s d i e M a n d ä e r d e n S o n n t a g u n a b h ä n g i g v o m christ l i c h e n B e r e i c h a u s g e b i l d e t h a b e n ». RUDOLPH I I , p . 331, n . 2. 29. T h e r e i s s o m e u n c e r t a i n t y d u e t o v a r i a n t r e a d i n g s of t h e m s s ( M L p . 2 3 0 ; C P p . 148 n. 1). 30.
RUDOLPH
I,
31. F r o m G r e e k
p.
95
sqq.
x o X 6 ß i o v ; CP p . 140, n. 3.
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she expresses h e r d e e p r o o t e d h a t r e d a g a i n s t t h o s e w h o d o n o t understand her new religion: B e blotted out, b e banished from m y presence, (Ye) dead, (Ye) wicked men, W h o beheld n o t the Life N o r have y e seen that which m i n e eyes have seen, N o r heard that w h i c h m y ears have heard. The Being w h o m mine eyes beheld — There is not His peer in the w o r l d (though one were) t o lift e y e b a l l s F r o m b a n k t o b a n k of the w o r l d .
Wild t h o u g h s h e is in h e r h a t r e d , s h e does n o t r e a c h t h e height of a n i m o s i t y e x p r e s s e d i n CP 149, w h e r e t h e anti-Jewish t r e n d is obvious a n d e x p r e s s e d w i t h u n u s u a l c o n c r e t e n e s s . And n o w follows h e r p r e s e n t a t i o n of Manda d-Hiia: At H i s tread a n d at H i s f o o t s t e p s The earthly world w a s alarmed. The dead heard H i m and lived. The sick heard H i m and were cured. Lepers heard H i m and were healed. They got up, they arose, they w e r e healed B y t h e h e a l i n g o f Manda d-Hiia Which in His goodness H e b e s t o w e d upon them.
I t is difficult t o avoid a s s o c i a t i n g this d e s c r i p t i o n w i t h t h e Gospel n a r r a t i v e s of J e s u s C h r i s t . T h e r e is n o t h i n g said h e r e w h i c h c o u l d n o t b e applied t o J e s u s . P u t his n a m e in t h e p l a c e of Manda d-Hiia a n d t h i s l a s t p a r t of t h e h y m n is distinctly Christian. A G n o s t i c t r e n d m a y b e i n d i c a t e d b y t h e p r e f e r e n c e of t h e w o r d " h e a r " . T h e d o g m a t i c c o n t e n t s of t h e s e t w o h y m n s , 149 a n d 162, a c c e p t a dualistic system, life a n d e n l i g h t e n m e n t c o n t r a t n o t expressed non-life, d a r k n e s s . Manda d-Hiia is t h e Jesus-like saviour a n d t h e uthras a r e k n o w n . I n CP 149 t h e H i g h e s t is called F a t h e r a n d " t h e uthras, m y b r e t h e n refer to Miriai's fellow religionists, w h o a r e r e p r e s e n t i n g heavenly beings. Manda d-Hiia is L o r d (marai) a n d H e l p e r (ahid), h e is loved b e c a u s e h e h e l p s f r o m d a r k n e s s to light. We t h u s h a v e t h e very b e g i n n i n g of M a n d a e a n m y t h o l o g y , a fact — t h o u g h e silentio — indicating t h e early d a t e of t h e s e drale.
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W e should also o b s e r v e t h a t in CP 162 as well as in CP 149 (ML p . 220 a n d CP 161) t h e d a y b e g i n s a t s u n s e t , a n o t h e r indication of t h e a n t i q u i t y of this t e x t : At At — At
the going o u t of S a b b a t h o n t h e eve t h e r i s e o f t h e F i r s t d a y of t h e w e e k ( = S u n d a y ) , f o r g o o d , The going out of the Sabbath — in the evening e v e n t i d e Miriai w e n t t o t h e d o o r of t h e maSkna * . 2
W h y C P 162 h a s b e e n p r e s e r v e d a m o n g t h e t e x t s c o n n e c t e d w i t h t h e o r d i n a t i o n of a tarmida is u n c e r t a i n . I t s h o u l d b e r e c i t e d in connexion w i t h CP 161 o n a S a t u r d a y . CP 161 h a s obvious connexions w i t h t h e o r d i n a t i o n ; c o n t a i n i n g a n elemen t a r y " ecclesiology " a n d " soteriology " a n d m e n t i o n i n g t h e ordi n a t i o n of tarmidas, it certainly is well s u i t e d for its p u r p o s e . T h e only r e a s o n for a d d i n g CP 162 m a y b e t h a t it expresses e l e m e n t a r y d o c t r i n e a n d is r e v e r e d for its a n t i q u i t y . W h y CP 149 s h o u l d b e r e c i t e d o n F r i d a y r e m a i n s a m y s t e r y . F u r t h e r analysis of t h e t e x t s a n d m o r e extensive k n o w l e d g e of t h e m e a n i n g a t t a c h e d t o M o n d a y — F r i d a y m a y s h e d light o n that problem. T h e r e is every r e a s o n t o believe t h a t CP 149 a n d 162 have t h e s a m e a u t h o r . Also CP 162 displays early f e a t u r e s . The S a v i o u r is p r e s e n t e d in a w a y s i m i l a r to Christ. T h e indications of W e s t e r n b a c k g r o u n d a r e n o t a s obvious as i n CP 149. Also i n C P 162 t h e r e is, a s it s e e m s , a n anti-Jewish t e n d e n c y . W e t h u s h a v e r e a s o n t o r e g a r d b o t h as belonging t o t h e earliest p e r i o d of M a n d a e a n p o e t r y . T o w h a t s o u r c e t h e C h r i s t i a n influence s h o u l d b e a t t r i b u t e d is u n c e r t a i n . A Jewish-Christian is possible, Christian-Gnostic as well.
F r o m this s t u d y w e l e a r n t h a t t h e M a n d a e a n w e e k is derived not from Iranian sources b u t from Western and Semitic sources. T h e s y s t e m of c o u n t i n g t h e w e e k d a y s coincides entirely w i t h t h a t of the J e w s p r o v i d e d t h e w o r d 'urubta for F r i d a y belongs t o t h e early s t r a t a of M a n d a e a n terminology. I n case rahatia 32. D r o w e r i n f l u e n c e of inconsistent.
( C P p . 138, n . 1) s e e m s t o h a v e g o t t h i s w r o n g d u e t o p r e s e n t d a y p r a c t i c e . H e r t r a n s l a t i o n o f C P 162 s e e m s
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belongs to t h e early s t r a t a it m i g h t as well p o i n t to t h e W e s t . I t m a y , however, b e late a n d b e influenced b y Arabic. I t is e n t i r e l y i m p o s s i b l e t o distinguish b e t w e e n Jewish, JewishChristian o r even Hellenistic-Christian b a c k g r o u n d t o t h e Man d a e a n c u s t o m . They all follow t h e s a m e s y s t e m . N o t even t h e M a n d a e a n n a m e for S u n d a y h a s a n y t h i n g p a r t i c u l a r l y C h r i s t i a n a b o u t it. T h e p o s i t i o n of t h e M a n d a e a n S u n d a y p o s e s a n o t h e r p r o b l e m . Although p a r t of t h e early h e r i t a g e , it c a n n o t belong t o t h e J e w i s h legacy. Influence f r o m M i t h r a c i s m is n o t plausible. Christian influence a t a n early p e r i o d c a n n o t b e d i s r e g a r d e d . T h e s t r o n g o p p o s i t i o n t o t h e J e w i s h S a b b a t h w h i c h w a s certainly a b u r n i n g i s s u e a m o n g all C h r i s t i a n s d u r i n g t h e first c e n t u r y AD a n d even l a t e r c a n easily h a v e influenced t h é M a n d a e a n s . This is s u p p o r t e d b y s o m e of t h e liturgical texts discussed. B u t it is i m p o s s i b l e a t this stage t o s t a t e w h e t h e r o r n o t J e w i s h Christianity w a s t h e m o s t influential C h r i s t i a n factor. Likely it w a s . H o w e v e r , w e c a n n o t exclude t h a t a n o t h e r , p u r e l y M a n d a e a n factor w a s a t w o r k . I n t h e i r conflict w i t h J u d a i s m t h e M a n d a e a n s o p p o s e d S a b b a t h . To e l i m i n a t e S a b b a t h , a s w i t c h t o t h e first d a y of t h e w e e k w a s t h e b e s t a n d m o s t n a t u r a l solution. T h e fact t h a t t h e M a n d a e a n s did n o t w o r k on S u n d a y m a y s u p p o r t t h e t h e o r y t h a t they j u s t r e v e r s e d a J e w i s h c u s t o m . To w h a t e x t e n t t h e early C h r i s t i a n s o b s e r v e d t h e S a b b a t h as a n o n - w o r k i n g d a y is n o t q u i t e clear. At t h e p r e s e n t stage of r e s e a r c h it s e e m s likely t h a t t h e M a n d a e a n S u n d a y got its p o s i t i o n d u e t o b o t h f a c t o r s previously mentio n e d , affecting v a r i o u s g r o u p s of M a n d a e a n s .
Abbreviations: C P = DROWER, Canonical Prayerbook D i e t . = DROWER-MACUCH, A Mandaean Dictionary G y = Right Ginza H G = Haran Gawaita M L = LIDZBARSKI, Mandäische Liturgien Jb = Johannesbuch R u d o l p h I, I I = K. RUDOLPH, Die Mandäer I, I I . R u d o l p h , Ret. = S e e p . 2 7 4 .
CHRISTLICHES PASSA IM 2 . JAHRHUNDERT UND DIE AUSBILDUNG DER CHRISTLICHEN THEOLOGIE * von
G.
KRETSCHMAR
Universität München
Z u d e n F r a g e n , d i e h e u t e u n s e r e U n i v e r s i t ä t e n in U n r u h e versetzen, g e h ö r t d i e n a c h d e m V e r s t ä n d n i s u n d d e r F u n k t i o n von ' W i s s e n s c h a f t ' . E i n e z w a r u m s t r i t t e n e , d e n n o c h sich ver b r e i t e n d e M e i n u n g m ö c h t e sie als ' T h e o r i e ' b e s t i m m e n , die auf ' P r a x i s ' z u beziehen sei, w o b e i d i e s e ' P r a x i s ' d a n n in d e r Regel in i h r e r Beziehung auf d i e S t r u k t u r e n u n d F u n k t i o n s w e i s e n d e r Gesellschaft gesehen w i r d . Der n ä c h s t e S c h r i t t in d e r a r t i g e n Ueberlegungen ist meist, d a s s n u n a u c h d a s Stu d i u m als Teilhabe a m W i s s e n s c h a f t s p r o z e s s selbst als d e r a r t i g e P r a x i s e r s c h e i n t . Z u r Wissenschaft als T h e o r i e g e h ö r t d a n n ein d o p p e l t e r Praxisbezug, e i n m a l die Reflexion auf die Insti t u t i o n e n , i n d e n e n sich F o r s c h u n g u n d L e h r e vollziehen, z u m a n d e r e n auf die V o r a u s s e t z u n g e n d e r Wissenschaft u n d i h r e r I n s t i t u t i o n e n in d e r Gesellschaft u n d d i e Folgen sowohl d e r E r g e b n i s s e w i e d e r S t r u k t u r e n v o n Wissenschaft für die Gesell schaft. Diese A r g u m e n t a t i o n s k e t t e ist u n s w o h l allen i m Laufe d e r letzten J a h r e v e r t r a u t g e w o r d e n , z u m i n d e s t s o w e i t w i r a n Universitäten l e h r e n , a b e r sie s c h e i n t k a u m e t w a s m i t P a t r i s t i k z u t u n z u h a b e n . T a t s ä c h l i c h sind w i r a b e r s e h r d i c h t bei u n s e r e m T h e m a . D e n n dieses Theorie-Praxis-Modell w i r d j a a u c h auf die Theologie als Wissenschaft a n g e w a n d t u n d führt d a n n notwendig zu d e r Frage nach d e m christlicher Theologie z u z u o r d n e n d e n Praxisfeld u n d n a c h d e n I n s t i t u t i o n e n , i n d e n e n Theologie b e t r i e b e n w i r d . Dies ist a b e r eine a u c h u n d g e r a d e für die f r ü h e K i r c h e f r u c h t b a r e P r o b l e m stellung u n d h i e r ist sie a u c h n i c h t ganz neu. Sie b e r ü h r t sich * Der der «6. Oxford.
folgende Beitrag ist die International Conference
erweiterte Fassung eines Referates auf on Patristic Studies» am 10.9.1971 in
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z u m i n d e s t m i t d e m f o r m g e s c h i c h t l i c h e n Ansatz, d a s s Ueberlief e r u n g e n e i n e n Sitz i m L e b e n ' d e r sie t r a d i e r e n d e n Gemein schaft h a b e n , u n d m i t d e r u n a b w e i s b a r e n F r a g e n a c h d e m W i r k l i c h k e i t s b e z u g t h e o l o g i s c h e r Aussagen generell u n d in e i n e r b e s t i m m t e n Zeit. V o n Theologie h a b e ich b i s j e t z t i m neuzeitlichhabendländ i s c h e n V e r s t ä n d n i s dieses W o r t e s g e s p r o c h e n . Auch d i e s e r S p r a c h g e b r a u c h h ä n g t s e h r e n g d a m i t z u s a m m e n , d a s s solche Theologie a n b e s t i m m t e n I n s t i t u t i o n e n b e t r i e b e n w i r d o d e r z u m i n d e s t e n t w i c k e l t w u r d e . N a c h Theologie als Wissenschaft o d e r n a c h i h r e r S t e l l u n g i m V e r h ä l t n i s z u a n d e r e n Wissen schaften h a t m a n n o t w e n d i g e r w e i s e b e r e i t s i n d e r mittelal t e r l i c h e n U n i v e r s i t ä t gefragt. U n d w e n n m a n h e u t e bisweilen Theologie als wissenschaftliche B e a r b e i t i m g v o n c h r i s t l i c h e r Ueberlieferung b e s c h r e i b t , i s t d i e s w i e d e r u m eigentlich n u r i m R a u m e i n e r neuzeitlichen U n i v e r s i t ä t möglich. I n b e i d e n Fällen h ä n g t d i e E i n o r d n u n g d e r Theologie i n d a s jeweilige Hoch s c h u l w e s e n i m ü b r i g e n m i t b e s t i m m t e n W e r t u n g e n d e s Ver h ä l t n i s s e s v o n K i r c h e u n d Gesellschaft z u s a m m e n ; z u m i n d e s t e i n e A n e r k e n n u n g d e r B e d e u t i m g v o n c h r i s t l i c h e r Ueberliefe r u n g für die Gesellschaft ist a u c h i n d e r z w e i t e n Definition vorausgesetzt. W e n n ein S t a a t o d e r e i n e Gesellschaft j e d e G e g e n w a r t s b e d e u t u n g d i e s e r Ueberlieferung u n d d a m i t die M i t v e r a n t w o r t u n g d e r C h r i s t e n h e i t i n d e r Gesellschaft be s t r e i t e t , d a n n w i r d a u c h c h r i s t l i c h e Theologie n i c h t a n öffent lichen I n s t i t u t i o n e n d e r F o r s c h u n g u n d L e h r e o d e r i n Ver b i n d u n g m i t i h n e n b e t r i e b e n w e r d e n k ö n n e n . Die kirchliche Theologie w i r d allerdings a u c h d a n n n i c h t a u s d e r Aufgabe e n t l a s s e n sein, n a c h d e r Z u o r d n u n g v o n K i r c h e u n d Gesellschaft u n d d a m i t zugleich d e m V e r h ä l t n i s d e r Theologie z u d e n a n d e r e n Wissenschaften z u fragen. 9
1. Die Theologie der Schule Die V o r s t u f e n z u solcher wissenschaftlichen Theologie in d e r frühen Kirche h a t m a n einleuchtend bei d e n Alexandrinern K l e m e n s u n d Origenes g e f u n d e n . W i r k ö n n e n h e u t e b e s s e r 1
f
1. B e s o n d e r h e i t u n d P r o b l e m a t i k d i e s e s F o r s c h e n s ' i n d e r frühchri s t l i c h e n S c h u l e i s t g e r a d e v o n K a r d i n a l DANIELOU i n s e i n e r I n a u g u r a l Adresse «Tradition et Recherche chez les Peres d e TEglise» zu Beginn des genannten Oxforder Kongresses herausgestellt worden.
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b e s c h r e i b e n als früher, w i e s e h r Fragestellungen u n d M e t h o d e n d i e s e r Theologie a u s d e r ' S c h u l e ' a l s e i n e r eigenen christlichen Lebensform e r w u c h s e n . Hier wird bereits über das Verhältnis c h r i s t l i c h e r Theologie z u m a n t i k e n Bildungsgut n a c h g e d a c h t . Orígenes s c h r i e b b e k a n n t l i c h a n G r e g o r T h a u m a t u r g o s : « W i e die K i n d e r d e r Philosophen v o n d e r Geometrie, d e r Musik, d e r G r a m m a t i k , d e r R h e t o r i k u n d d e r A s t r o n o m i e r e d e n u n d sie D i e n s t m ä g d e d e r Philosophie n e n n e n , s o wollen w i r von d i e s e r Philosophie i m V e r h ä l t n i s z u m C h r i s t e n t u m s p r e c h e n . » D a d i e s e r Brief ausschliesslich d a s T h e m a d e s für e i n e n C h r i s t e n a n g e m e s s e n e n S t u d i u m s b e h a n d e l t , ist ' C h r i s t e n t u m ' (xpi<mavicT[x6<) i n diesem Z u s a m m e n h a n g gleichbedeutend m i t d e m , w a s w i r Theologie n e n n e n . Andererseits greifen K l e m e n s u n d Orígenes — soweit w i r s e h e n e r s t m a l i g — a u c h d a s W o r t eeoXoyia u n b e f a n g e n für e i n e n b e s t i m m t e n Teil d e r i m christtlichen S c h u l b e t r i e b z u v e r h a n d e l n d e n F r a g e n u n d Stoffe auf, e b e n die ' L e h r e v o n G o t t . 2
3
M
2. V g l . d a z u b e s o n d e r s d i e n e u e r e n A r b e i t e n z u m A u f b a u d e r S c h r i f t ' d e p r i n c i p i i s ' d e s O r í g e n e s , M. H A R L , « R e c h e r c h e s s u r l e i r e p l á p x & v d ' O r i g é n e » . I n : Studio. Patrística I I I ( T U 78). B e r l i n 1961, S . 57-67; P. KÜBEL, « Z u m A u f b a u v o n O r í g e n e s * d e p r i n c i p i i s ' » . I n : VC 25, 1971, S . 31-39. 3 . C.
1, e d .
H.
CROUZEL i n
SC
148.
P a r i s 1969,
p.
188,
15
f.
4. B e s o n d e r s b e a c h t l i c h i s t i n d i e s e m Z u s a m m e n h a n g KLEMENS, ström. I c . X X V I I I , 176-179, w o d e r A l e x a n d r i n e r z u n ä c h s t d e n V e r s u c h u n t e r n i m m t , in d e r * Philosophie d e s M o s e ' vier Stoffgruppen zu unterscheiden, historische, gesetzliche, kultische u n d * t h e o l o g i s c h e d i e d a n n auch eine unterschiedliche Auslegung fordern (179,3). Diese vier Stoffgruppen wer den dann mit der klassischen Einteilung der Philosophie in Zusammen h a n g g e b r a c h t , ü b l i c h e r w e i s e E t h i k , P h y s i k u n d Logik, w o b e i K l e m e n s anscheinend a n Stelle d e r Logik überraschenderweise e b e n die Theologie nennt. Tatsächlich wird seine Trias anders entstanden sein. I m mittleren Platonismus lautete die Aufgliederung: Theoretik — Praktik — Dialektik (ALBINOS, Eisagoge 3, e d . C . F r . HERMANN, p . 153), w o b e i d i e T h e o r i e i h r e r s e i t s i n T h e o l o g i e , P h y s i k , M a t h e m a t i k u n t e r t e i l t w u r d e ( c . 7, p . 160). K l e m e n s lässt a l s o die Logik = Dialektik aus, v o n ihr ist dann i m A n s c h l u s s 176,3 d i e R e d e , u n d t r e n n t d a f ü r i n n e r h a l b d e r T h e o r e t i k P h y s i k u n d Theologie. Die Lehre v o n Gott ist nicht m e h r m i t d e r Naturlehre z u s a m m e n z u f a s s e n , s i e i s t — w i e e r u n t e r V e r w e i s auf d i e a r i s t o t e l i s c h e S c h u l t r a d i t i o n s a g t , — ' n a c h d e r P h y s i k ' , M e t a p h y s i k . G e g e n W. DEN BOER, « H e r m e n e u t i c p r o b l e m s i n e a r l y C h r i s t i a n L i t e r a t u r e » ( I n : VC 1, 1947, S . 150-167, h i e r S. 158 f.) g e h t e s a l s o b e i K l e m e n s h i e r n i c h t u m einen dreifachen oder vierfachen Schriftsinn. Woher der Alexandriner die G l i e d e r u n g d e s A l t e n T e s t a m e n t e s i n vier S t o f f g r u p p e n ü b e r n o m m e n oder entwickelt hat, bedürfte einer eigenen Untersuchung.
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Das ist Rückgriff auf d e n S p r a c h g e b r a u c h des M i t t l e r e n P i a t o n i s m u s ; e r setzt sich in d e r griechischen P a t r i s t i k b e k a n n t l i c h insofern d u r c h , als Theologie h i e r s p ä t e r , seit d e m 4. J a h r h u n d e r t , z u m t e r m i n u s t e c h n i c u s für die T r i n i t ä t s l e h r e w i r d , im U n t e r s c h i e d z u r obcovouia, d e r L e h r e v o m H e i l s h a n d e l n G o t t e s in d e r Geschichte, v o r allem d e r Christologie. Der Z u s a m m e n h a n g dieser christlichen Schultheologie — d a s W o r t j e t z t w i e d e r in d e m w e i t e r e n , d e m a b e n d l ä n d i s c h e n Mittelalter e n t s t a n d e n e n S i n n g e n o m m e n — m i t d e r vor- u n d ausserchristlichen Schulphilosophie wird hierdurch n u r noch unters t r i c h e n . Das eigentliche Ziel dieser Theologie ist d i e E r k e n n t nis, eschatologisch die S c h a u Gottes. Das Theorie-PraxisModell ist h i e r n i c h t a n z u w e n d e n ; wollte m a n seine Terminologie d e n n o c h a u f n e h m e n , m ü s s t e m a n p a r a d o x f o r m u l i e r e n : die Praxis, auf d i e diese Theologie als Theorie z u g e s c h n i t t e n ist, ist letzlich ein c h r i s t l i c h e r ßloc; 6ecopY)Ttx6£; w o b e i allerdings k e i n e r d i e s e r L e h r e r einen Zweifel d a r a n Hess, d a s s d i e s e m Endziel e i n b e s t i m m t e s V e r h a l t e n auf E r d e n , insofern also eine Lebenspraxis, u n t r e n n b a r z u g e o r d n e t ist, u n d n u n g e r a d e n i c h t n u r in F o r m e n einer a u c h d e n P i a t o n i k e r n selbstvers t ä n d l i c h e n W e l t a b k e h r , insofern also eines a s k e t i s c h e n W a n d e l s , s o n d e r n g e r a d e als liebende Z u w e n d u n g z u m N ä c h s t e n ; Gnosis u n d Agape blieben a u c h für d i e frühen Alexandriner u n t r e n n b a r . T r o t z dieser Z u w e n d u n g z u m a n d e r e n d e n k e n sie a b e r in d e r Regel v o m einzelnen a u s , n i c h t von d e r G e m e i n d e . 5
6
Die S c h u l e als L e b e n s f o r m v o n C h r i s t e n r e i c h t n u n allerdings h i n t e r d i e Zeit d e r g e n a n n t e n Alexandriner z u r ü c k . Das 2. J a h r h u n d e r t b i e t e t ein s e h r b u n t e s Bild, L e h r e r , die s p ä t e r z u d e n r e c h t g l ä u b i g e n V ä t e r n gezählt w u r d e n , s t e h e n n e b e n Gnostik e r n . Dies i s t j e t z t n i c h t z u entfalten. I n w e i t e m U m f a n g w i r d m a n a b e r a u c h h i e r die Analogie z u m allgemeinen hellenisti5. Vgl. d i e v o r i g e A n m . u n d H . DOERRIE, Die platonische Theologie des Kelsos. N A G , phil.-hist. Kl. 1967, S. 23-55. Z u r G e s c h i c h t e d e s W o r t e s T h e o l o g i e : F. KATTENBUSCH, « D i e E n t s t e h u n g e i n e r c h r i s t l i c h e n T h e o l o g i e ». I n : ZThK N F 11, 1930, S. 161-205, N a c h d r . Libelii 69). D a r m s t a d t 1962; W. JAEGER, Die Theologie der frühen griechischen Denker (1947). S t u t t g a r t 1953, N a c h d r . D a r m s t a d t 1964, S . 9-27; A J . FESTUGIERE, Le Dieu cosmique. P a r i s 1949, S . 598^05. 6. D i e V e r a n k e r u n g d i e s e r S c h u l p h i l o s o p h i e i n d e r hellenistischen B i l d u n g s k o n z e p t i o n h a t H.-A. MARROU k l a s s i s c h h e r a u s g e s t e l l t , Histoire de l'Education dans l'Antiquité. P a r i s 1 9 5 5 ; d t s c h : Geschichte der Erziehung im klassischen Altertum. F r e i b u r g - M ü n c h e n 1957. 3
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s e h e n S c h u l b e t r i e b k o n s t a t i e r e n k ö n n e n . Und d a r i n ist d a n n zugleich gesagt, d a s s Fragestellung u n d M e t h o d i k dieser Theologie auf e b e n diese U m w e l t bezogen sind. S e l b s t zu d e m tief i n d e r Kosmologie u n d Soteriologie d e r G n o s t i k e r v e r a n k e r t e n Verfahren, Theologie zu t r e i b e n , i n d e m m a n M y t h e n bildet, gibt es z u m i n d e s t ansatzweise Parallelen im n i c h t c h r i s t l i c h e n hellenistischen B e r e i c h . G e r a d e die K o n z e n t r a t i o n auf die F r a g e n a c h d e r E r k e n n t n i s G o t t e s u n d auf die Kosmologie, als n o t w e n d i g e m R a h m e n für d a s d u r c h C h r i s t u s g e b r a c h t e Heil, zeigt d i e Beziehung z w i s c h e n d e r Philosophie d e r Griechen u n d d e r — wie J u s t i n p r o k l a m i e r t — w a h r e n Philosophie d e r Christen. Diese F e s t s t e l l u n g ist in g a r k e i n e r Weise a b w e r t e n d g e m e i n t . E s w a r ein grosses u n d k ü h n e s Unterfangen, d a s s diese M ä n n e r d e n c h r i s t l i c h e n G l a u b e n als ü b e r b i e t e n d e u n d d a m i t k o n k u r r i e r e n d e , a l s o letztlich a n t i t h e t i s c h e A n t w o r t auf die F r a g e n d e s griechischen D e n k e n s v e r s t a n d e n u n d z u l e h r e n u n t e r n a h m e n . U n d w i r alle s i n d E r b e n d i e s e r Theologie. W o r a n m i r j e t z t n u r liegt, ist dies, d a s s zwischen d e r I n s t i t u t i o n in d e r d i e s e Theologie b e t r i e b e n w u r d e , u n d i h r e n F r a g e n , insofern a u c h i h r e m I n h a l t , ein k l a r e r Z u s a m m e n h a n g b e s t e h t . Das P r o b l e m d e r Beziehung solcher Theologie z u r U m w e l t , d e r n i c h t c h r i s t l i c h e n Gesellschaft, sei hier z u n ä c h s t n o c h zurückgestellt. N e b e n d e r Schule g a b es a n d e r e F o r m e n des Z u s a m m e n l e b e n s v o n Christen, d i e u n s in a n d e r e T r a d i t i o n s z u s a m m e n h ä n g e h i n e i n f ü h r e n w ü r d e n . I n P a l ä s t i n a u n d Syrien g a b es i m 2. u n d 3. J a h r h u n d e r t w a n d e r n d e C h a r i s m a t i k e r ; sie b e s u c h t e n d i e in d e n Dörfern l e b e n d e n sesshaften Familien, die e r s t l a n g s a m eigene G e m e i n d e n w u r d e n . Das l e h r e n die Didache u n d die p s e u d o k l e m e n t i n i s c h e n Briefe a d v i r g i n e s . Greifen w i r a u s diesen C h a r i s m a t i k e r g r u p p e n als wichtigstes Beispiel d e n Prop h e t e n k r e i s h e r a u s . Aufgrund einer Analyse d e r L i t e r a t u r , die derartigen Gruppen zugeordnet werden kann, von den johan7
c
8
7. B e s o n d e r s aufschlussreich ist hierfür die V e r w e n d u n g des h o m e rischen Berichtes von der * Nymphenhöhle ' durch Porphyrios, dazu F . BUFFIERE, Les mythes d'Homère et la Pensée Grecque. P a r i s 1 9 5 6 ; vgl. U. FRÜCHTEL, Die kosmologischen Vorstellungen bei Philo von Alexandrien. Ein Beitrag zur Geschichte der Genesisexegese (Arbeiten zur Literatur u n d Geschichte des hellenistischen Judentums 2 ) . Leiden 1968. 8. Dies h a b e ich in m e i n e m « Beitrag zur Frage nach d e m Ursprung f r ü h c h r i s t l i c h e r A s k e s e » h e r a u s z u s t e l l e n v e r s u c h t , i n : ZThK 6 1 , 1964, S.
27-67.
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n e i s c h e n Schriften d e s N e u e n T e s t a m e n t e s , i n s b e s o n d e r e d e r Apokalpse, b i s z u d e n e k s t a t i s c h e n S p r ü c h e n d e r U r h e b e r d e s M o n t a n i s m u s , w ä r e es d a n n w o h l möglich, die b e s o n d e r e Art v o n T h e o l o g i e ' z u b e s c h r e i b e n , die h i e r b e t r i e b e n w o r d e n ist u n d in d i e s e m K r e i s e überliefert w u r d e . E s w ü r d e sich bestä tigen, d a s s a u c h h i e r e i n e r b e s t i m m t e n Gemeinschaftsform, insofern a l s o einer I n s t i t u t i o n , eine Weise Theologie zu t r e i b e n u n d d a m i t a u c h b e s t i m m t e t h e m a t i s c h e Fragestellungen ent sprechen. c
Die S c h u l e n g e h ö r e n a u f s G a n z e gesehen in eine hellenistische U m w e l t . Die p r o p h e t i s c h e T r a d i t i o n w ü r d e u n s z u d e r Gestalt d e s C h r i s t e n t u m s z u r ü c k f ü h r e n , die in S y r i e n u n d P a l ä s t i n a e n t s t a n d e n ist u n d m i t d e r b e s o n d e r e n V e r a n k e r u n g d e r Chris t e n h e i t h i e r i m j ü d i s c h e n Milieu z u s a m m e n h ä n g t .
2. Das Polykarp-Martyrium Aber w i e s t e h t e s n u n m i t d e r G e m e i n d e , d e r O r t s g e m e i n d e , w i e sie d i e p a u l i n i s c h e n Briefe v o r a u s s e t z e n ? W i r h ö r e n bis w e i t in d i e zweite Hälfte d e s 2. J a h r h u n d e r t s n i c h t allzu viel K o n k r e t e s v o m L e b e n d e r a r t i g e r G e m e i n d e n . Aus d e r e r s t e n Hälfte d e s J a h r h u n d e r t s k e n n e n w i r n u r w e n i g e Schriften, die v o n Bischöfen o d e r a n d e r e n i m Dienste e i n e r G e m e i n d e stehen d e n M ä n n e r n verfasst sind. U n d d i e s e Texte s i n d für u n s e r e F r a g e n i c h t allzu ergiebig. D e r Polykarpbrief — g e n a u e r die P o l y k a r p b r i e f e — s i n d e i n Beispiel bischöflicher P a r a k l e s e , insofern d e m 1. K l e m e n s b r i e f vergleichbar. W i r w e r d e n aller d i n g s gleich auf P o l y k a r p z u r ü c k k o m m e n . Der ' H i r t d e s Her m a s ' s t e h t d e r T r a d i t i o n p r o p h e t i s c h e r Schriften n a h e . V o n P a p i a s sind n u r F r a g m e n t e e r h a l t e n , die i h n als H ü t e r kleina s i a t i s c h e r Ueberlieferungen zeigen, a b e r keine S c h l ü s s e auf seine G e m e i n d e zulassen. S o bleibt eigentlich n u r I g n a t i u s v o n Antiochien. Doch die Briefe dieses M ä r t y r e r b i s c h o f s s i n d i n e i n e m g e r a d e z u ekstati s c h e n R a u s c h geschrieben, d a s m a c h t i h r e A u s w e r t u n g schwie r i g ; d o c h sind sie p r ä g e n d für eine M ä r t y r e r t h e o l o g i e gewor d e n , die d a s ' f ü r C h r i s t u s in d e n T o d g e h e n ' als Gottes d i e n s t v e r s t e h t . I h r ' Sitz i m L e b e n ' ist d a s M a r t y r i u m ana log d e r Gemeindeliturgie. I g n a t i u s , d e r d a r a u f w a r t e t , d e n L ö w e n vorgeworfen zu w e r d e n , sieht sich als K o r n , d a s zermahlen wird, damit er ' r e i n e s Brot Christi', ' O p f e r G o t t e s '
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w e r d e ( I g n R m 4,1). I m P o l y k a r p - M a r t y r i u m ist d a n n die Hinrichtung durch wilde Tiere überboten durch d e n Feuertod d e s Bischofs. Auch in d e r ä l t e s t e n F a s s i m g d e s Briefes a u s S m y r n a a n die Christenheit, d e r v o m M a r t y r i u m d e s P o l y k a r p b e r i c h t e t , w i r d d e r Bischof s t e r b e n d z u m Opfer, j a e r s p r i c h t v o r h e r gleichsam ü b e r sich s e l b s t d a s E u c h a r i s t i e g e b e t (MPol 1 4 ; E u s e b h.e. IV 15,32-35) — eine w o h l s p ä t e r e F a s s i m g u n t e r s t r e i c h t d i e s e n Z u s a m m e n h a n g n o c h , i n d e m sie einfügt, d a s s d e r M ä r t y r e r i n m i t t e n des F e u e r s s t a n d , ' w i e B r o t , d a s g e b a c k e n w i r d ' (MPol 15,2). In d e r Unterscheidung zwischen verschiedenen Stadien der E n t w i c k l u n g dieses Textes folge ich generell d e r Analyse, die H . F r h r . v. C a m p e n h a u s e n vorgelegt h a t . Die ä l t e s t e l i t e r a r i s c h greifbare F a s s u n g ist a l s o d e r Bericht, d e n E u s e b in seine Kirchengeschichte aufgenommen hat. W i r wissen, d a s s P o l y k a r p m i t d e n P h i l i p p e r n ü b e r d i e Briefe d e s I g n a t i u s k o r r e s p o n d i e r t h a t t e (13,1 f . ) ; e r w i r d a u c h seine G e m e i n d e in S m y r n a e r m a h n t h a b e n , sie z u lesen. S o ist es n i c h t ü b e r r a s c h e n d , d a s s s c h o n e r selbst o d e r d e r Verfas s e r des M a r t y r i u m s b e r i c h t e s die i h n e n d o r t vorgegebene Figur w e i t e r d a c h t e n , u m dies n e u e S t e r b e n zu v e r s t e h e n . A b e r die i g n a t i a n i s c h e Ueberlieferung w a r n i c h t d i e einzige G r u n d l a g e , von der aus dies Schreiben das Martyrium Polykarps deutete. Die W o r t e , d i e d e r A u t o r w ä h l t e , s t e c k e n voller Anspielungen. Der ' F e u e r o f e n ' (xdtpuvo^) m a g a n das Bekenntnis d e r drei M ä n n e r v o r N e b u k a d n e z a r i m Danielbuch e r i n n e r n ( D a n 3 L X X ) ; d e r * W o h l g e r u c h ' d e n die C h r i s t e n b e i m S t e r b e n P o l y k a r p s z u empfinden m e i n t e n , a n d a s Opfer d e s G e r e c h t e n in d e r W e i s h e i t s l e h r e d e s S i r a c i d e n ( S i r 35,5 f.). I n d e r Sapientia S a l o m o n i s w i r d d a s Leiden d e s G e r e c h t e n s o g a r a u s d r ü c k l i c h w i e L ä u t e r u n g i m Schmelzofen ( h i e r allerdings xcovsur^ptov) w i e Gold u n d als Ganzopfer bezeichnet ( S a p 3,6). Wichtiger sind für u n s a b e r a n d e r e Z u s a m m e n h ä n g e . 9
10
Diese D a r s t e l l u n g des S t e r b e n s P o l y k a r p s w a r d a s H e r z s t ü c k offenbar b e r e i t s der u r s p r ü n g l i c h e n F a s s u n g des Briefes. Der 9. « B e a r b e i t u n g e n u n d I n t e r p o l a t i o n e n d e s Polykarpmartyriums» (1957). J e t z t i n : Aus der Frühzeit des Christentums. T ü b i n g e n 1963, S . 253-301. 10. S e l b s t v e r s t ä n d l i c h h a n d e l t e s s i c h h i e r u m e i n e n f e s t e n T o p o s d e r O p f e r s p r a c h e ; vgl. e t w a A. STUMPFF in ThWbzNT I I . S t u t t g a r t 1935, S . 808-810.
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S c h r e i b e r b e r i c h t e t , als d e r greise Bischof in d e m u m ihn e r r i c h t e t e n S c h e i t e r h a u f e n s t a n d , h ä t t e m a n ihn — w i e es a n s c h e i n e n d d e r B r a u c h w a r — a n n a g e l n wollen, dies d a n n a b e r auf B i t t e n P o l y k a r p s h i n u n t e r l a s s e n ; s t a t t d e s s e n w u r d e e r a n g e b u n d e n . U n d e b e n dies, d a s s d e r M ä r y t r e r a n d a s Holz gefesselt, n i c h t genagelt w a r , e r s c h e i n t d e m B e r i c h t e r s t a t t e r a l s ein b e s o n d e r s b e d e u t u n g s t r ä c h t i g e s G e s c h e h e n : « E r aber, d i e H ä n d e a m R ü c k e n f e s t g e b u n d e n , glich e i n e m ausgezeich n e t e n W i d d e r , d e r a u s e i n e r grossen H e r d e als B r a n d o p f e r d a r g e b r a c h t w i r d , d a s d e m a l l m ä c h t i g e n Gott a n g e n e h m i s t » (h.e. IV 15,32, ä h n l i c h MPol 14,1). D e r ' g e b u n d e n e W i d d e r ' ist kein Allerweltsbild. Aber w i r k e n n e n es a u s e i n e r R e i h e v o n M e l i t o - F r a g m e n t e n u n d hier g e h ö r t dies S t i c h w o r t in die D e u t u n g v o n Gen 22, d e r ' a q e d a t J i s h a q , w i e die D a r b r i n g u n g I s a a k s d u r c h seinen V a t e r Abra h a m in d e r r a b b i n i s c h e n Exegese g e n a n n t w u r d e . « Wie d e r Widder wurde er gebunden » (Frgm. I X ) ; « statt des gerechten I s a a k e r s c h i e n ein W i d d e r z u r S c h l a c h t u n g , d a m i t I s a a k von seinen Fesseln gelöst w e r d e ; d u r c h seinen T o d befreite j e n e r d e n I s a a k » ( F r a g m . X), s c h r e i b t Melito. F ü r ihn ist dieser W i d d e r Typos auf C h r i s t u s h i n w i e I s a a k s e l b s t ; d e s h a l b e r s c h e i n t das ' G e w ä c h s S a b e c h ' , i n d e m sich d i e H ö r n e r des W i d d e r s n a c h G e n 22,13 verfangen h a t t e n , als H i n w e i s auf das Kreuzesholz ( F r a g m . X I ) . Dass d e r W i d d e r ' g e b u n d e n ' w a r , s t e h t n i c h t i m G e n e s i s b e r i c h t ; es ergibt sich e r s t i m Rückschluss a u s j ü d i s c h e n Opfervorschriften u n d w o h l d u r c h die Analogie z u r ' B i n d u n g ' I s a a k s . I m P o l y k a r p - M a r t y r i u m spielt a u c h d a s Gebet d e s in d e n T o d g e h e n d e n M ä r t y r e r s auf diese Widder-Typologie an, n u r s o s c h e i n t es a n g e m e s s e n , d a s s e r v o n s e i n e m S t e r b e n als e i n e m ' f e t t e n ' , ( G o t t ) wohlgefälligen 1 1
12
f
1 3
1 1 . D i e s e B e o b a c h t u n g b e s t ä t i g t d i e A n a l y s e v. C a m p e n h a u s e n s , d a s s e s der ältesten F a s s u n g n o c h fernlag, d a s Martyrium Polykarps als u n m i t t e l b a r e i m i t a t i o Christi d a r z u s t e l l e n . S c h o n b e i M e l i t o w i r k e n d i e Berichte der Evangelien kräftig ein, jedenfalls nennt er die Nagelung. 1 2 . I c h z i t i e r e d i e s e F r a g m e n t e n a c h O . PERLER, MÉLITON DE SARDES : Sur la Páque ( S . C . 1 2 3 ) . P a r i s 1 9 6 6 , p . 2 1 8 - 2 4 5 . E i n e k r i t i s c h e A n a l y s e d e r M e l i t o - U e b e r l i e f e r u n g g a b P. N A U T I N , Le Dossier d'Hippolyte et de Méliton (Patrística I). Paris 1 9 5 3 , p. 4 3 - 7 2 ; 83-84. 1 3 . H i e r z u u n d z u r ' a q e d a t Jisfcaq g e n e r e l l vgl. R. L E DÉAUT, La nuit Vaseale. Essai sur la signification de la Vaque juive ä partir du Targoum d'Exode XII 42 ( A n a l e c t a b i b l i c a 2 2 ) . R o m 1 9 6 3 , S . 1 3 3 - 2 0 8 . D e r n e u e s t e B e i t r a g : N.A. DAHL « T h e A t o n e m e n t — A n A d e q u a t e R e w a r d for t h e A q e d a t ? » I n d e r F e s t s c h r i f t f ü r M. BLACK : Neotestamentica et Semítica. Edinburgh 1 9 6 9 , 9-15-29.
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Opfer s p r i c h t . Die F o r t s e t z u n g ist d a n n allerdings z u n ä c h s t n i c h t ganz leicht z u v e r s t e h e n . P o l y k a r p b e t e t , d a s s e r in die Zahl d e r M ä r t y r e r a u f g e n o m m e n w e r d e n m ö g e , w i e Gott, d e r n i c h t lügt u n d w a h r h a f t i g ist, dies « v o r h e r b e r e i t e t , v o r h e r offenbart u n d e r f ü l l t » h a b e (h.e. IV 15,34; MPol 14,2). Diese s t a r k e n W o r t e k ö n n e n sich n i c h t g u t auf d a s N a c h t g e s i c h t z u r ü c k b e z i e h e n , a u f g r u n d d e s s e n P o l y k a r p seinen F e u e r t o d v o r a u s g e s a g t h a t t e (h.e. IV 15,10.28; MPol 5,2; 12,13). E s legt sich n a h e u n d w ä r e w a h r s c h e i n l i c h n i c h t abwegig, a u c h h i e r auf Gen 22 zu verweisen, d a s G e s p r ä c h z w i s c h e n A b r a h a m u n d I s a a k auf d e m s c h w e r e n Wege z u m B e r g e M o r i j a : « G o t t w i r d sich ein L a m m z u m B r a n d o p f e r e r s e h e n » (V. 8). Dieser Satz l a u t e t i m p a l ä s t i n e n s i s c h e n T a r g u m : « v o r G o t t ist b e r e i t e t . . . » . J ü d i s c h e Exegese h a t a u c h s o n s t a u s diesen W o r t e n A b r a h a m s d i e Präexistenz d e s W i d d e r s herausgelesen, d e r a n die Stelle I s a a k s t r a t . Aber selbts w e n n m a n d e r a r t i g e Traditionszu s a m m e n h ä n g e beiseite lässt, e r g i b t s c h o n d e r i n n e r c h r i s t l i c h e S p r a c h g e b r a u c h d e s 2. J a h r h u n d e r t s , d a s s V o r h e r o f f e n b a r e n ' auf G o t t e s R e d e n i m Alten T e s t a m e n t z u r ü c k w e i s t ( B a r n 3,6; 6 , 7 ; 7,1 f.; 11,1). I m B a r n a b a s b r i e f zielt solche P r o p h e t i e u n d E r f ü l l u n g auf d a s K r e u z Christi. Und das gleiche sollte m a n für die Aussage d e s P o l y k a r p - M a r t y r i u m s e r w a r t e n . Der Tod Christi u n d des M ä r t y r e r s w ü r d e n d a n n s e h r e n g a n e i n a n d e r rücken. G e r a d e dies scheint d o c h a u c h g e m e i n t zu sein. Denn zuvor p r e i s t d e r Bischof Gott, d a s s e r i h n g e w ü r d i g t h a b e « u n t e r d e r S c h a r d e r M ä r t y r e r Anteil zu h a b e n a n d e m Kelch deines C h r i s t u s z u r Auferstehung z u m ewigen Leben » (h.e. IV 15,33; MPol 14,2). E i n e deutliche Parallele z u dieser Aussage findet sich in d e r E p i s t u l a A p o s t o l o r u m , ebenfalls e i n e m Text a u s d e m 2. J a h r h u n d e r t , w i e ich m e i n e a u s Syrien, a n d e r e d e n k e n a n K l e i n a s i e n . H i e r fragen die J ü n g e r d e n H e r r n in e i n e m 1 4
f
15
14. L E DEAUT, p .
153 f.;
bes.
p.
158
und
160.
15. S c h o n C. SCHMIDT h a t t e s i c h i n s e i n e r A u s g a b e ( T U 43. L e i p z i g 1919) für S y r i e n o d e r K l e i n a s i e n a u s g e s p r o c h e n , w o b e i e r K l e i n a s i e n s t a r k e r i n d e n V o r d e r g r u n d r ü c k t e . I c h s e l b s t h a t t e für S y r i e n p l ä d i e r t , Studien zur frühchristlichen Trinit'dtstheologie. T ü b i n g e n 1956, S. 50 f.; neue A r g u m e n t e für d i e s e L o k a l i s i e r u n g g i b t R. STAATS, « D i e t ö r i c h t e n Jung f r a u e n v o n M t 25 i n g n o s t i s c h e r u n d a n t i g n o s t i s c h e r L i t e r a t u r » . I n : W. ELTESTER, ( H r s g . ) , Christentum und Gnosis ( B Z N W 37). B e r l i n 1969, S. 98-115. V o r s i c h t i g für A e g y p t e n s p r a c h s i c h z u l e t z t M. HORNSCHUH a u s , Studien zur Epistula Apostolorum ( P T S 5). B e r l i n 1965, S. 99-115.
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R e d e s t ü c k , in d e m es u m d a s P a s s a g e h t : « H e r r , ist es e t w a w i e d e r u m eine N o t w e n d i g k e i t , d a s s w i r d e n K e l c h n e h m e n u n d t r i n k e n ? » Die A n t w o r t l a u t e t : « J a , eine N o t w e n d i g k e i t ist e s n ä m l i c h bis z u d e m Tage, w o ich v o m V a t e r k o m m e n w e r d e m i t d e n e n , die u m m e i n e t w i l l e n getötet s i n d . » Das ' T r i n k e n des K e l c h e s ' h a t in d i e s e r J ü n g e r f r a g e e b e n s o m a r t y riologische w i e s a k r a m e n t a l e B e d e u t u n g ; d a s Gethsemane gebet des H e r r n ( M t 26,39) u n d d a s e r s t e K e l c h w o r t a u s d e m l u k a n i s c h e n B e r i c h t v o n d e r E i n s e t z i m g des A b e n d m a h l s (Lk 22,17 f.) klingen z u s a m m e n . U n d Bindeglied ist i n d e r E p i s t u l a A p o s t o l o r u m d a s P a s s a als Gedächnis d e s S t e r b e n s J e s u . Auch d e r ' Kelch d e s C h r i s t u s G o t t e s ' i m Gebet P o l y k a r p s m e i n t das Leiden n a c h d e r O r d n u n g des Opfers J e s u , d a s ihn d e n Beter, in den K r e i s d e r M ä r t y r e r einreihen w i r d . U n d m i t d e m die V e r h e i s s u n g d e r Auferstehimg v e r b u n d e n ist — wie a n d e r e r s e i t s e t w a i n d e n E u c h a r i s t i e g e b e t e n d e r Didache d e r D a n k für U n s t e r b l i c h k e i t u n d ewiges L e b e n m i t d e m L o b s p r u c h n a c h d e m S ä t t i g u n g s m a h l v e r b u n d e n ist, d e r z u m i n d e s t i m j ü d i s c h e n F e s t m a h l ü b e r e i n e m B e c h e r Wein g e s p r o c h e n w u r d e (Did 10,2). I n die P a s s a t r a d i t i o n f ü h r t u n s offenbar a u c h d e r Rückgriff auf Gen 22. W i r w i s s e n h e u t e , w e l c h e B e d e u t u n g die ' a q e d a t J i s h a q für d a s j ü d i s c h e V e r s t ä n d n i s dieses Festes h a t t e ; Melito von S a r d e s greift Gen 22 n i c h t n u r in d e n g e n a n n t e n F r a g m e n t e n , s o n d e r n a u c h in seiner P a s s a h o m i l i e a u f . Vielleicht k a n n v o n h i e r a u s n u n a u c h ein w e n i g Licht auf d i e eigentümliche Angabe i m Polykarp^Martyrium fallen, dass 1 6
1 7
18
16. I c h z i t i e r e n a c h d e r dt. U e b e r s . d e r k o p t i s c h e n V e r s i o n d u r c h H . DUENSING (KIT 152). B o n n 1925, S. 14. D i e ä t h . V e r s , i s t n i c h t w e n i g e r deutlich: « Herr, hast Du denn nicht das Trinken des Pascha vollendet ? Liegt es u n s d e n n ob, e s w i e d e r u m z u t u n ? » . 17. H i e r z u W. H U B E R , Passa und Ostern. Untersuchungen zur Osterfeier der alten Kirche ( B Z N W 35). B e r l i n 1969, S. 20. D i e e t y m o l o g i s c h e V e r b i n d u n g d e s W o r t e s P a s s a m i t raxox i s t i m g r i e c h i s c h s p r e c h e n d e n Gebiet u m P a l ä s t i n a a n s c h e i n e n d n a h e l i e g e n d g e w e s e n , s i e findet s i c h b e r e i t s b e i P h i l o v o n A l e x a n d r i e n a n g e l e g t , q u . rer. d i v . h a e r . 192, d a r a u f w i e s B . LOHSE i n s e i n e r R e z e n s i o n d e r A r b e i t H u b e r s m i t R e c h t h i n , ZKG 81, 1970, S. 385-388. B e i M e l i t o i s t d i e s e — f a l s c h e — E t y m o l o g i e d e s W o r t e s Passa zu einer der Leitlinien seiner Homilie geworden. 18. 69,499; d o r t w i r d a l l e r d i n g s d e r * W i d d e r ' n i c h t g e n a n n t . A p o l l i n a r i s v o n Hierapolis, älterer Zeitgenosse Melitos, beschreibt d a s Passa m i t d e n W o r t e n : o 8e8e[<;, o SVjaac T Ö V l a x u p ö v , F r g m . a u s d e m C h r o n i c o n P a s c h a l e , zit. n a c h PERLER i n S C 123, p . 244, 17. stv
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d e r Bischof a n e i n e m ' g r o s s e n S a b b a t * verhaftet u n d hinge r i c h t e t w o r d e n sei (h.e. IV 15,15; MPol 8 , 1 ; vgl. 21). Ob diese Notiz n u n d e r ä l t e s t e n F a s s u n g dieses Textes a n g e h ö r t o d e r n i c h t , a l s h i s t o r i s c h e D a t u m s a n g a b e ist sie u n b r a u c h b a r . Aber sie s c h e i n t a u c h n i c h t d e r Absicht z u e n t s t a m m e n , d a s Marty r i u m P o l y k a r p s als i m i t a t i o C h r i s t i zu schildern. Jedenfalls ist sie k e i n Rückgriff auf J h 19,31 — d e r einzigen Stelle i n n e r h a l b des Neuen Testamentes, an der vom ' grossen Sabbat* die Rede ist —, d e n n g e r a d e h i e r ist u n m i s s v e r s t ä n d l i c h gesagt, d a s s J e s u s a m R ü s t t a g u n d n i c h t a m ' g r o s s e n S a b b a t * gekreuzigt w o r d e n ist. Falls m a n d e n ' S a b b a t * d e s P o l y k a r p - M a r t y r i u m s m i t d e m ' g r o s s e n F e s t * Melitos (79, 579) u n d d e m ' g r o s s e n T a g d e r u n g e s ä u e r t e n B r o t e * seines Zeitgenossen Apollinaris v o n H i e r a p o l i s identifizieren k a n n , w ä r e in u n s e r e m Schrei b e n g e r a d e die s y n o p t i s c h e u n d n i c h t d i e j o h a n n e i s c h e Chrono logie d e r K r e u z i g u n g J e s u v o r a u s g e s e t z t . I c h finde a u c h s o n s t im Polykarp-Martyrium keine sicheren Spuren des johann e i s c h e n S c h r i f t u m s . Dagegen o r d n e t diese Zeitangabe das S t e r b e n P o l y k a r p s deutlich d e r P a s s a t r a d i t i o n z u . 19
2 0
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19. Siehe vorige Anm. 2 0 . S o W . H U B E R , Passa und Ostern S. 4 4 , b e s . A n m . 6 1 . 2 1 . Vorsichtig sei darauf hingewiesen, d a s s selbst der Eselsritt e b e n s o z u Gen 2 2 w i e z u m Einzug Jesu i n Jerusalem gehört. — Das D a t u m des 2 3 . F e b r u a r f ü r d a s M a r t y r i u m P o l y k a r p s — e s i s t a l l e r d i n g s n u r i n c. 2 1 angegeben, einem bei Euseb fehlenden Abschnitt, kann aber w o h l durch d i e l i t u r g i s c h e U e b e r l i e f e r u n g , d i e h i e r d o c h aufgegriffen w i r d , a l s a u t h e n tisch gelten-schliesst aus, d a s s d e r Bischof tatsächlich a n einem 1 5 . Nisan h i n g e r i c h t e t w u r d e . V o n B i s c h o f S a g a r i s ( v o n L a o d i k a i a ?) b e r i c h t e t n a c h E u s e b h.e. I V 2 6 , 4 M e l i t o v o n S a r d e s d a g e g e n a u s d r ü c k l i c h , d a s s e r i n d e r Passazeit den Märtyrertod erlitt u n d dies m i t e i n e m heftigen Streit über d a s Fest zusammenfiel. Die Zeitangabe Melitos * unter Servilius P a u l u s n a c h Rufin w o h l ' S e r g i u s P a u l u s * , f ü h r t i n d i e J a h r e z w i s c h e n 164 und 166. Der Gegenstand des Streites scheint die Auseinandersetzung u m d i e synoptische o d e r johanneische Chronologie g e w e s e n zu sein, vgl. O . PERLER, Ein Hymnus zur Ostervigil von Meliton? (Pap. Bodmer, XII). P a r a d o s i s 1 5 . F r e i b u r g / S c h w e i z 1 9 6 0 , S. 2 7 - 3 1 ; R. CANTALAMESSA, L'omelia «in s. Pascha» dello pseudo-Ippolito di Roma. M i l a n o 1 9 6 7 , S. 6 7 - 8 1 . Melito k e n n t u n d verwendet z w a r die j o h a n n e i s c h e n Schriften, hält sich aber a n die synoptische Chronologie. Das Polykarp-Martyrium scheint m i r n o c h i n d i e Zeit v o r d e m A u s b r a c h d i e s e s S t r e i t e s z u g e h ö r e n . D e r ' grosse S a b b a t ' k ö n n t e sehr früh, e b e n i m Verlauf d e s Streites von Laodicea zugewachsen sein. Falls m a n mit Marrou, d e m v o n Campen hausen folgt, ca. 1 6 6 / 6 9 als Todesjahr Polykarps annimmt, m ü s s t e diese Angabe erst recht aus d e r damaligen Konfliktsituation verstanden wer d e n . D i e P a s s a - T r a d i t i o n ist a u c h u n a b h ä n g i g v o n d e r D a t i e r u n g f e s t i m
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V e r s u c h e n w i r z u s a m m e n z u f a s s e n : P o l y k a r p w u r d e w o h l in d e n e r s t e n R e g i e r u n g s j a h r e n M a r c Aurels z u m F e u e r t o d verurteilt, als zwölfter n a c h d e m elf a n d e r e C h r i s t e n a u s S m y r n a u n d P h i l a d e l p h i a in d e n v o r a n g e h e n d e n Tagen i n d e r gleichen Arena in S m y r n a wilden T i e r e n vorgeworfen w o r d e n w a r e n . Der B e r i c h t d e r G e m e i n d e ü b e r dies S t e r b e n greift v e r s c h i e d e n e D e u t e k a t e g o r i e n auf, d a s Leiden des G e r e c h t e n , d a s M a r t y r i u m als E u c h a r i s t i e in W e i t e r f ü h r u n g d e r e n t s p r e c h e n d e n Aussagen d e s I g n a t i u s , vor allem r ü c k t e r d e n T o d d e s Bischofs in d a s Licht von Ueberlieferungen, die m i t d e r Passafeier d e r C h r i s t e n Kleinasiens z u s a m m e n g e h ö r e n ; er greift Gen 22 u n d die R e d e v o m ' Kelch des C h r i s t u s ' auf. Und weil diese Passafeier i m U n t e r s c h i e d z u r j ü d i s c h e n i h r e b e s o n d e r e P r ä g u n g d u r c h die Beziehung auf K r e u z u n d Auferstehung J e s u erfuhr, w i r d d a m i t deutlich, d a s s das M a r t y r i u m dieser zwölf M ä n n e r , insbesond e r e das S t e r b e n des Bischofs v o n S m y r n a , ein ' Mit-leiden ' m i t C h r i s t u s w a r . S o h a t t e P o l y k a r p selbst in j ü n g e r e n J a h r e n d e n P h i l i p p e r n T o d u n d V o l l e n d u n g d e r apostolischen Zeugen b i s I g n a t i u s g e d e u t e t , als Mit-leiden m i t d e m H e r r n (auinziaxe™) weil sie i h n geliebt h a t t e n , d e r für u n s s t a r b u n d u m u n s e r e t willen auf Gottes Geheiss a u f e r s t a n d ' (PolPhil 9,2). 2 2
c
3. Die Gemeinde als Ort der Passaüberlieferung W e n n d i e s richtig gesehen ist, d a n n ist b e r e i t s dieser frühe Text ein H i n w e i s darauf, w e l c h e B e d e u t u n g die PassaüberlieT e x t d e s B r i e f e s v e r a n k e r t . Zu d e n D a t i e r u n g s p r o b l e m e n vgl. v o r a l l e m H . GRÉGOIRE, d e r d e n b i s d a h i n a l l g e m e i n a n e r k a n n t e n A n s a t z 155/56 b e s t r i t t u n d s t a t t d e s s e n d a s J a h r 177 v o r s c h l u g , « L a v é r i t a b l e d a t e d u M a r t y r e d e S. P o l y c a r p e » (Av. l a c o l l a b . d e P. ORGELS). I n : AnBoll 69, 1958, p . 1-38; d a g e g e n u.a. H.-I. MARROU, « L a D a t e d u M a r t y r e d e S. P o l y c a r p e » . I n : AnBoll 71, 1953, S. 5-20. Z u l e t z t h i e r z u T.D. B A R N E S , « A N o t e o n P o l y c a r p », in JThSt N S 18, 1967, S. 433-437; ders., « PreD e c i a n A c t a M a r t y r u m », in JThSt 19, 1968, S. 509-514. D a s l e t z t e W o r t i n d i e s e r diffizilen F r a g e s c h e i n t m i r n o c h n i c h t g e s p r o c h e n z u s e i n . 22. x p t è ç è7rtay)(ioç a u s d e r g r o s s e n H e r d e ( M P o l X I V 1) ist w o h l v o m A n f a n g d e s B r i e f e s h e r z u v e r s t e h e n : P o l y k a r p ' b e s i e g e l t e ' d u r c h sein Martyrium die Verfolgung u n d beendete sie. Dieser Sprachgebrauch von * Siegel ' w a r besonders im syrischen R a u m verbreitet. Die ' grosse-Herde ' m e i n t dann im Polykarp-Martyrium d i e Schar der Märtyrer ; dafür, dass e r ihr zugezählt wird, preist der Sterbende ja auch Gott in seinem Gebet M P o l 14,2 = e.h. I V 15,33. N u n b e z e i c h n e t M e l i t o 71,514 C h r i s t u s a l s a u s d e r H e r d e g e n o m m e n * ; d a h i n t e r d ü r f t e E x . 12,3-5. 21 s t e h e n . Anscheinend haben w i r es also auch hier mit einem festen Vorstellungskreis i m Bereich der Passa-Ueberlieferung zu tun. f
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f e r u n g f ü r die C h r i s t e n h e i t d e r Asia i m 2. J a h r h u n d e r t h a t t e . Wir wissen durch Irenaus, dass Polykarp wohl nicht lange vor s e i n e m T o d in R o m g e g e n ü b e r Anicet b e i e i n e m e r s t e n Aufilakk e r n d e s ' O s t e r s t r e i t e s ' a n d e r kleinasiatischen T r a d i t i o n festgehalten h a t t e . Aber d a s s d i e d a m a l i g e Diskussion bestim m e n d e , f ü r u n s n i c h t eindeutige W o r t rqpeiv weist z u n ä c h s t allein auf liturgische O b s e r v a n z (h.e. V 24,16). Auch d i e knap p e n A n g a b e n ü b e r e i n e n S t r e i t u n t e r d e n Asiaten selbst ü b e r die s y n o p t i s c h e o d e r j o h a n n e i s c h e Chronologie d e r Kreuzigimg J e s u i n d e n s e l b e n J a h r e n i s t i n i h r e r B e d e u t u n g für u n s n i c h t leicht z u b e w e r t e n . Das P o l y k a r p m a r t y r i u m l ä s s t dagegen e t w a s v o n d e r theologischen Relevanz dieser Ueberlieferungen erken n e n e b e n s o w i e die kieinasiatischen P a s s a h o m i l i e n d e s 2. Jahr hunderts. Aber für u n s wichtiger i s t z u n ä c h s t eine a n d e r e B e o b a c h t i m g : A b s e n d e r dieses Briefes ist d i e * K i r c h e Gottes in S m y r n a s i e s c h r e i b t a n die « K i r c h e G o t t e s i n P h i l o m e l i u m u n d alle Gemein d e n d e r v o n O r t zu O r t v e r b r e i t e t e n heiligen k a t h o l i s c h e n K i r c h e » . H i e r h a b e n w i r es n u n sicher m i t einer Christen h e i t z u t u n , die i n O r t s g e m e i n d e n lebt. E b e n h i e r h a t d a s c h r i s t l i c h e P a s s a seinen O r t . Gewiss k ö n n e n a u c h S c h u l e n i h r e F e s t e h a b e n . Aber P a s s a b e g e h t d a s in F a m i l i e n v e r b ä n d e geglie d e r t e G o t t e s v o l k . Melito zitiert a u s d r ü c k l i c h diese Vorschrift a u s E x 12,8. 12 (13,83) u n d schliesst e n t s p r e c h e n d seine Predigt m i t e i n e m Aufruf a n die ' F a m i l i e n d e r H e i d e n ' (94, 711) o d e r ' F a m i l i e n d e r M e n s c h e n ' (103, 787). Auch w a s w i r v o n d e r Liturgie d e s christlichen P a s s a e r k e n n e n k ö n n e n , k n ü p f t übri gens p r i m ä r a n d i e h ä u s l i c h e Feier a n , w e n i g e r a n d e n synagogalen G o t t e s d i e n s t . 2 3
24
24a
23. D a s xocTa TC^VTCC T6TCOV e n t s p r i c h t d e r A u s s a g e i m B i s c h o f s w e i h e g e b e t H i p p o l y t s , d a s s d i e A p o s t e l d i e K i r c h e X<XT& TÖTCOV &YIOLO\ULT6Z O O U g e g r ü n d e t h ä t t e n , w o f ü r m i t d e r lat. U e b e r s . z u l e s e n i s t : XOCT& T6TTOV äyl<xa{i6L o o u , ' v o n O r t z u Ort a l s D e i n H e i l i g t u m ' , s o a u c h B . BOTTE, La Tradition Apostolique de s. Hippolyte ( L Q F 39). M ü n s t e r 1963, S. 9 n 6. 24. E i n e n i n t e r e s s a n t e n B e l e g h i e r f ü r finde i c h a u c h i n d e r j ü d i s c h gnostischen Adamsapokalypse; beim dritten Vorübergehen d e s Phoster, das d e m Auszug aus Aegypten entspricht, heisst e s : « U n d k o m m e n wird die Herrlichkeit u n d sein in heiligen Häusern, die sie sich erwählt h a t » , p.
77
(71),
9 f.
ed.
und
Uebers.
A.
BÖHLIG.
24a. T r o t z aller n e u e r e n A r b e i t e n z u m j ü d i s c h e n P a s s a w i s s e n w i r überhaupt w e n i g v o n gottesdienstlichen Verlauf d e s Festes ausserhalb Jerusalems, in der Diaspora u n d überhaupt nach der Zerstörung d e s T e m p e l s . D i e P a s s a h a g g a d a , d i e E x 12 a u f n i m m t , h a t t e i h r e n Ursprung-
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Welche B e d e u t u n g in d e r Asia d i e Familie als Ueberlieferungst r ä g e r h a t t e , zeigt g e r a d e d a s S c h r e i b e n d e s Bischofs P o l y k r a t e s v o n E p h e s u s a n V i c t o r v o n R o m i m O s t e r s t r e i t eine G e n e r a t i o n n a c h d e m T o d e P o l y k a r p s . D e n n d e r S p r e c h e r d e r kleinasiati schen, a m q u a r t a d e c i m a n i s c h e n B r a u c h f e s t h a l t e n d e n Gemein d e n b e r u f t sich n u n a u s d r ü c k l i c h n i c h t n u r auf d i e apostoli s c h e n Zeugen d e r F r ü h z e i t , auf Märtyrer-Bischöfe u n d p r o p h e t i s c h e L e h r e r , s o n d e r n a u c h auf d i e T r a d i t i o n s e i n e r V o r f a h r e n u n d seiner V e r w a n d t s c h a f t . Auch d i e s e V o r f a h r e n u n d Ver w a n d t e w a r e n Bischöfe (h.e. V 24,6). M a n w i r d hierfür s i c h e r b e r ü c k s i c h t i g e n m ü s s e n , d a s s v o r d e r E r r i c h t u n g eigener Kirchenbauten Pfarrhaus u n d Gemeindeversammlungsraum i d e n t i s c h w a r e n , w a s T e n d e n z e n z u einer E r b l i c h k e i t k i r c h l i c h e r A e m t e r f ö r d e r n m o c h t e . W i c h t i g e r i s t a b e r w o h l , d a s s w i r diese ganze K i r c h e n s t r u k t u r b i s auf d i e P a s t o r a l b r i e f e z u r ü c k f ü h r e n k ö n n e n . B e r e i t s d o r t w i r d d i e K i r c h e a l s familia D e i ' gezeich1
lichen Ort sicher i m Familienkreis, nicht in d e r S y n a g o g e ; dort l a s m a n n a c h d e r M i s c h n a M e g 1 1 1 , 7 d i e P a r a s c h e L e v 2 2 , 2 6 f. F a l l s d i e T a u f e u charistie i n der Kirchenordnung Hippolyts tatsächlich a l s * christliches O s t e m i a h l ' z u verstehen ist, w i e Gy 1959 einleuchtend vermutet hat, wäre d a s Gegenstück auch hier d a s Mahl i m Kreise d e r jüdischen Familie, w o d i e besonderen Speisen dieses Abends gedeutet werden, w i e e s noch H i p p o l y t v o m B i s c h o f f o r d e r t , v g l . P.-M. G Y , « D i e S e g n u n g v o n M i l c h u n d H o n i g i n d e r O s t e r n a c h t » . I n : Paschatis Sollemnia für J.A. Jungmann, h r s g . v o n B . F I S C H E R u n d J. WAGNER. F r e i b u r g 1 9 5 9 , S . 2 0 6 - 2 1 2 , d a z u
auch
meine Bemerkungen in « Geschichte d e s Taufgottesdienstes i n d e r alten K i r c h e » . I n : Leiturgia V . Kassel 1 9 7 0 , S. 109-114. Dass d a s christliche Passa die häusliche jüdische Feier als Gegenüber hatte, geht auch a u s d e r D a r s t e l l u n g v o n W. H U B E R , Passa und Ostern S. 3-11 deutlich hervor. Wenn e s i n der Didaskalia, bzw. deren Vorstufe, d e r quartadecimanischen Diataxis, h e i s s t : « I h r m ü s s t also fasten, w e n n jenes Volk das Passa f e i e r t , u n d eifrig s e i n , u m e u e r W a c h e n z u e r f ü l l e n m i t t e n i m ( F e s t ) ihrer
Ungesäuerten»
(c. 2 1 , Uebers.
FLEMMING S .
dann werden ausdrücklich die zeitgenössische Feier einander gegenübergestellt.
1 1 4 ; CONNOLLY S . 1 9 2 ) ,
jüdische
u n d christliche
Ich kann daraus n u r schliessen, dass die Frage d e r johanneischen oder s y n o p t i s c h e n o d e r e i n e r a n d e r e n ( D i d a s k a l i a 2 1 ! ) C h r o n o l o g i e d e r Pas sion Jesu für d a s quartadecimanische Passa v o n H a u s a u s irrelevant w a r ; a n d e r s B . LOHSE, d e r s i e 1 9 5 3 a l s Z e u g e n d e r s y n o p t i s c h e n C h r o n o l o g i e v e r s t a n d (Das Passafest der Quartadecimaner. Gütersloh 1953, S. 1 3 6 f.) u n d W. H U B E R , d e r s i e a u f d i e j o h a n n e i s c h e n f e s t l e g e n w i l l (op. cit. S . 2 1 f.). D a s F e s t i s t f ü r d i e C h r i s t e n w i e f ü r d i e J u d e n e b e n i n E x 1 2 e i n g e s e t z t , zielt a b e r f ü r d i e C h r i s t e n a u f K r e u z u n d A u f e r s t e h u n g Jesu. Fragen d e r chronologischen Entsprechung gewinnen erst i n der zweiten Hälfte d e s 2 . Jahrhunderts Gewicht, i m Zusammenhang der E n t s t e h u n g d e s Kanons, u n d jetzt w e r d e n sie strittig.
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net, wobeil d e r Autor — ä h n l i c h wie es schon in d e r N a t h a n W e i s s a g u n g (2. S a m 7,11-16) geschieht — die D o p p e l b e d e u t u n g v o n fpa - o!xo£ a u s w e r t e t u n d vorgegebene Sätze, in d e n e n die K i r c h e als T e m p e l G o t t e s b e s c h r i e b e n w a r , n u n z u Aussagen ü b e r die Familie als Modell u n d w o h l a u c h G r u n d b a u s t e i n d e r G e m e i n d e u m f o r m t (z.B. 1. T i m 3,12 f. g e g e n ü b e r 3,14 f.). E b e n d e s h a l b k a n n v o m Bischof wie v o m D i a k o n a u c h als Voraussetz u n g für d a s W i r k e n i m k i r c h l i c h e n A m t d i e B e w ä h r u n g als H a u s v a t e r gefordert w e r d e n ( 1 . T i m 3,4 f.). Die H a u s t a f e l w i r d z u r K i r c h e n o r d n u n g (Tit 2,1-10). G e r a d e P o l y k a r p h a t d i e s e e i g e n t ü m l i c h e V e r s c h m e l z u n g v o n Familien- u n d G e m e i n d e e t h i k in s e i n e m Philipperbrief w e i t e r g e f ü h r t 4,2-6,1). Diese Ekklesiologie n i m m t — w a s h i e r n i c h t n ä h e r z u entfalten ist — d a s E r b e j ü d i s c h e r F a m i l i e n e t h i k auf, i n Antithese z u d e n asketis c h e n F o r d e r u n g e n w a n d e r n d e r C h a r i s m a t i k e r . Davon, d a s s b e r e i t s die Pastoralbriefe ein c h r i s t l i c h e s Passafest v o r a u s s e t z e n o d e r P a s s a t r a d i t i o n e n a u f n e h m e n , ist n i r g e n d s e t w a s z u e r k e n n e n . Aber Ekklesiologie u n d K i r c h e n s t r u k t u r d e r P a s t o r a l b r i e f e k o n n t e n sich leicht m i t e i n e m u r s p r ü n g l i c h g e r a d e a n d e r Familie o r i e n t i e r t e n G o t t e s d i e n s t wie d e r Passafeier v e r b i n d e n . Die Schriften des 2. J a h r h u n d e r t s , d i e u n s E i n b l i c k i n das f r ü h c h r i s t l i c h e P a s s a geben, v o r allem die e r h a l t e n e n Homilien, sind s i c h e r d a s W e r k v o n e i n z e l n e n ; b e i Melito u n d d e m imbek a n n t e n Verfasser d e r u n t e r d e m N a m e n d e s C h r y s o s t o m o s e r h a l t e n e n u n d eine Zeit l a n g H i p p o l y t z u g e s c h r i e b e n e n P r e d i g t m u s s m a n v o n eigenständiger theologischer L e i s t u n g s p r e c h e n . Aber diese E n t w ü r f e k n ü p f e n offenbar a n fest in d i e s e n Gemeind e n v e r a n k e r t e Ueberlieferung an. U n d g e r a d e d a s PolykarpM a r t y r i u m zeigt, w e n n ich es richtig a u s g e w e r t e t h a b e , d a s s dies ebenfalls n i c h t n u r für d e n T e r m i n des P a s s a gilt, von d e m a u c h P o l y k r a t e s allein s c h r i e b , weil e r u m s t r i t t e n w a r , s o n d e r n d e n spirituellen I n h a l t d e r F e i e r einschliesst. Die W e i t e r g a b e dieser f r ü h c h r i s t l i c h e n P a s s a ü b e r l i e f e r u n g e n m ö c h t e ich n i c h t g e r n als K a t e c h e s e bezeichnen, s o n d e r n dieses W o r t d e r g r u n d l e g e n d e n E i n f ü h r u n g in d e n c h r i s t l i c h e n Glaub e n u n d in christliches L e b e n v o r b e h a l t e n . Auch d e r a r t i g e U n t e r w e i s u n g vor allem v o r d e r Taufe w e r d e n w i r als eigens t ä n d i g e n A n s a t z p u n k t für die A u s f o r m u n g v o n Theologie a n s e h e n k ö n n e n ; d a s ist s c h o n in d e r b i s h e r i g e n F o r s c h u n g i m m e r w i e d e r aufgezeigt w o r d e n . Derartige K a t e c h e s e g a b es allerdings n i c h t n u r in d e r G e m e i n d e , s o n d e r n a u c h i n d e r
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Schule \ Seit d e r Ausbildung des K a t e c h u m e n a t e s i m letzten Drittel des 2. J a h r h u n d e r t s w i r d diese G r u n d u n t e r w e i s u n g a u c h i n n e r h a l b d e r G e m e i n d e n institutionalisiert. Und d a E i n f ü h r u n g in d a s Leben d e r C h r i s t e n h e i t i m m e r E i n f ü h r u n g in i h r e m G o t t e s d i e n s t einschliesst, w ä r e es sicher u n v e r s t ä n d i g , Kate chese u n d P a s s a ü b e r l i e f e r u n g gänzlich a u s e i n a n d e r zu reissen. Aber z u n ä c h s t m u s s m a n beides doch u n t e r s c h e i d e n , weil F o r m e n u n d I n h a l t e d e r W e i t e r g a b e n i c h t i d e n t i s c h sind. Die s c h o n e i n m a l herangezogene E p i s t u l a A p o s t o l o r u m weist z w a r n i c h t die gleiche K i r c h e n s t r u k t u r auf wie d e r Polykarpbrief u n d das P o l y k a r p - M a r t y r i u m , a b e r sie n e n n t a u c h ein Ueberlieferungsstück, d a s m e i n e s E r a c h t e n s d e r K a t e c h e s e zuzu o r d n e n i s t : Die fünf B r o t e d e r w u n d e r b a r e n S p e i s u n g (Mt 14,16 p a r ) « sind ein Bild u n s e r e s G l a u b e n s betreffs des g r o s s e n C h r i s t e n t u m s u n d d a s heisst a n d e n Vater, den H e r r s c h e r d e r g a n z e n Welt, u n d a n J e s u s C h r i s t u s , u n s e r e n Heiland, u n d a n d e n Heiligen Geist, d e n P a r a k l e t e n , u n d a n d i e heilige K i r c h e u n d a n d i e V e r g e b u n g d e r S ü n d e n ». V o n diesen fünf ' H a u p t s t ü c k e n ' des G l a u b e n s führt e i n e Linie zu d e n s p ä t e r e n Sym b o l e n e t w a in R o m u n d A l e x a n d r i e n . Die m i t d e m c h r i s t l i c h e n P a s s a v e r b u n d e n e n Ueberlieferungen zählen n i c h t L e h r p u n k t e auf, s o n d e r n k r e i s e n u m d a s geschichtliche E r l ö s u n g s h a n d e l n G o t t e s . I n Z e n t r u m s t e h e n K r e u z u n d A u f e r s t e h u n g J e s u als ü b e r b i e t e n d e E r f ü l l u n g des H e i l s h a n d e l n s Gottes i m Alten Te s t a m e n t , i n s b e s o n d e r e i n d e r N a c h t des Auszuges a u s Aegypten, u n d d a m i t d i e Ablösimg d e s a l t e n d u r c h d a s n e u e Gottesvolk. Diese E r l ö s u n g ist erfüllte Verheissung, insofern Gegenwart, u n d weist d o c h ü b e r sich h i n a u s auf die eschatologische Voll e n d u n g in d e r für die Passazeit erhofften P a r u s i e C h r i s t i . 25
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2 5 . Wir s t e h e n m i t d i e s e r S c h r i f t s t ä r k e r i m B e r e i c h d e r c h a r i s m a tischen Wanderlehrer Palästinas u n d Syriens. Aber auch sie feiern Passa, offenbar m i t d e n sesshaften christlichen Familien. E s spricht m a n c h e s dafür, d a s s gerade derartige charismatische Gruppen die christliche Passafeier aus d e m syrisch-palästinensischen R a u m nach Kleinasien gebracht haben. 2 6 . 5 ( 1 6 ) , S.
7 ed.
H.
DUENSING.
2 7 . S e l b s t v e r s t ä n d l i c h i s t d i e s e A u f z ä h l u n g v o n fünf ' H a u p t s t ü c k e n ' nur eine Wurzel dieser Symbole. 2 8 . In der Passahomilie Melitos ist die Parusiehoffnung k a u m erwähnt. D a s g l e i c h e gilt f ü r d i e H o m i l i e ' i n s a n c t a m p a s c h a m F ü r W. H u b e r ist dies ein wichtiges Argument für seine überraschende These, dass M e l i t o k e i n Q u a r t a d e c i m a n e r g e w e s e n s e i . D a g e g e n B . LOHSE i n ZKG, 8 1 , 1 9 7 0 , S. 3 8 7 f. A u c h i c h b i n n i c h t ü b e r z e u g t w o r d e n . D a s T h e m a c h r i s t l i c h e s
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D a m i t ist diese P a s s a ü b e r l i e f e r u n g z u m W u r z e l b o d e n e i n e r heilsgeschichtlichen Theologie sowie b e s t i m m t e r christologic h e r E n t w ü r f e u n d F o r m e l n g e w o r d e n . Hierauf zielt d a s T h e m a c h r i s t l i c h e s P a s s a i m 2. J a h r h u n d e r t u n d die A u s f o r m u n g d e r c h r i s t l i c h e n Theologie \ c
4. Das theologische Verständnis des Passafestes Eigentlich w ä r e es j e t z t erforderlich, e i n e n Ueberblick ü b e r die b i s h e r i g e F o r s c h u n g z u r frühchristlichen Passa- u n d Osterfeier z u geben, die seit d e r P u b l i k a t i o n d e r P a s s a h o m i l i e d e s Melito v o n S a r d e s a u s d e n Chester-Beatty-Papyri d u r c h C. B o n n e r 1940 einen solchen Aufschwung g e n o m m e n h a t . Aber dies ist h i e r n i c h t möglich. Wie weit w i r n o c h i m m e r v o n e i n e r L ö s u n g s t r i t t i g e r Einzelfragen e n t f e r n t sind, k ö n n t e ein Ver gleich z w i s c h e n den e t w a gleichzeitig e r s c h i e n e n e n s c h ö n e n u n d w e i t e r f ü h r e n d e n Arbeiten v o n R a n i e r o C a n t a l a m e s s a (1967) u n d Wolf gang H u b e r (1969) zeigen * . Die für u n s e r T h e m a wichtig s t e n Texte sind a b e r i m m e r h i n b e r e i t s g e n a n n t w o r d e n . O b sie jeweils für d a s q u a r t a d e c i m a n i s c h e P a s s a o d e r für d a s gross k i r c h l i c h e Osterfest zu b u c h e n sind, m u s s n a c h d e n h i e r diffe r i e r e n d e n D a r s t e l l u n g e n v o n C a n t a l a m e s s a u n d H u b e r als u m s t r i t t e n gelten. A b e r g e r a d e d a r a u s ergibt sich w o h l , d a s s w i r n o c h k e i n ü b e r z e u g e n d e s K r i t e r i u m h a b e n , u m beides n i c h t n u r d u r c h den Termin, sondern auch vom Festinhalt her unter scheiden z u k ö n n e n . Mit d e m U e b e r g a n g z u m Osterfest a m Sonntag nach d e m jüdischen Passadatum mag die Auferstehung Christi g e g e n ü b e r d e r P a r u s i e e r w a r t u n g u n d g e g e n ü b e r d e m K r e u z s t ä r k e r a k z e n t u i e r t w o r d e n sein. Aber i m ganzen k a n n die B e s c h r e i b u n g , die O d o Casel 1938 v o n « Art u n d S i n n d e r ä l t e s t e n c h r i s t l i c h e n Osterfeier » gegeben h a t , g e t r o s t a u c h auf d a s c h r i s t l i c h e P a s s a ü b e r t r a g e n w e r d e n . E s w a r — w i e schon gesagt — d a s Fest d e r Erlösimg, i m G e d e n k e n a n die Vergan28
1
Passa u n d Echatologie bedarf n a c h d e r Arbeit H u b e r s einer n e u e n Unter suchung. Hierbei wird die Problematik des kleinasiatischen Chiliasmus aufzunehmen sein, vielleicht auch die liturgische Stellung der Homilie i m R a h m e n der Passafeier. 28a. M e i n e e i g e n e S t e l l u n g z u e i n z e l n e n T h e s e n d e r i n A n m . 20 u n d 21 b e r e i t s g e n a n n t e n A r b e i t e n v e r s u c h e i c h g e l e g e n t l i c h in d e n A n m e r k u n g e n dieses Beitrages zu begründen.
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genheit u n d in d e r Gewissheit d e r Zukunft . Das dies christli c h e P a s s a d e r Q u a r t a d e c i m a n e r vor a l l e m Kleinasiens Uebern a h m e j ü d i s c h e n B r a u c h e s sei, h a b e n i m O s t e r s t r e i t s c h o n i h r e Gegner b e h a u p t e t . Dass i h r e Ueberlieferung t a t s ä c h l i c h b i s auf die U r g e m e i n d e z u r ü c k r e i c h t , h a t 1953 B e r n h a r d Lohse gezeigt u n d diese T h e s e h a t sich n i c h t n u r generell d u r c h g e s e t z t , sie s c h e i n t m i r d u r c h die n e u e r e n U n t e r s u c h u n g e n z u r j ü d i s c h e n Passatheologie g l ä n z e n d b e s t ä t i g t zu s e i n . Allerdings sollte m a n bei d e r F r a g e n a c h d e m U r s p r u n g des c h r i s t l i c h e n P a s s a d e n Blick n i c h t n u r auf J e r u s a l e m r i c h t e n , s o n d e r n auf die p a l ä s t i n e n s i s c h e C h r i s t e n h e i t a l l g e m e i n ; die K o n t a k t z o n e zwi s c h e n J u d e n t u m u n d sich v e r s e l b s t ä n d i g e n d e r K i r c h e w a r b r e i t e r , als e s die Apostelgeschichte des L u k a s u n d die Kirchen geschichte E u s e b s d a r s t e l l e n . Doch fragen w i r n u n n i c h t w e i t e r n a c h d e m U r s p r u n g des c h r i s t l i c h e n P a s s a u n d seiner V e r b i n d u n g m i t f r ü h e n Gemeinde s t r u k t u r e n , s o n d e r n v e r s u c h e n w i r u m g e k e h r t die Verwurze l u n g d e r Theologie d e r Heilsgeschichte u n d des v o n m i r v o r a l l e m ins Auge gefassten christologischen E n t w u r f e s in d i e s e r P a s s a t r a d i t i o n z u e r h e b e n . H i e r f ü r w o l l e n w i r bei I r e n a u s einsetzen. D a s W o r t H e i l s g e s c h i c h t e ' w i r d h e u t e in e i n e m s e h r verschie denen Sinn gebraucht. Wenn m a n darunter versteht, dass Gott in d e r G e s c h i c h t e a m M e n s c h e n g e h a n d e l t h a t u n d h a n d e l t u n d so d u r c h G e s c h i c h t s d a t e n d a s Heil des M e n s c h e n w i r k t , d a n n b e s c h r e i b t m a n eine Ueberzeugung, die Altes u n d N e u e s Tes tament, Juden u n d Christen verbindet. Wenn m a n nach dem U r s p r u n g e i n e r u m f a s s e n d e n u n d geschlossenen K o n z e p t i o n d e r Weltgeschichte s u c h t , d i e als Geschichte G o t t e s m i t d e r M e n s c h h e i t begriffen w i r d , m u s s m a n w o h l auf die j ü d i s c h e Apokalyptik z u r ü c k g e h e n . Die Ausbildung eines eigenen christ lichen Geschichtsbildes, i n d e m d i e Schöpfung, d e r W e g I s r a e l s , d a s Geschick J e s u u n d die Zeit d e r K i r c h e b i s z u r P a r u s i e 29
c
28b. O. CASEL, « Art u n d S i n n d e r ä l t e s t e n c h r i s t l i c h e n O s t e r f e i e r ». I n : JbLW 14, 1938, S . 1-78. 29. E s h a n d e l t s i c h u m s e i n e b e r e i t s i n A n m . 24a g e n a n n t e D i s s e r t a t i o n ; bei d e n neueren Untersuchungen denke ich e t w a an die Arbeiten von A. STROBEL, Z . B . « D i e P a s s a - E r w a r t u n g a l s u r c h r i s t l i c h e s P r o b l e m i n L c 17, 21 f ». I n : ZNW 49, 1958, S . 157-196; Untersuchungen zum eschatologischen Verzögerungsproblem auf Grund der spätjüdisch-urchristlichen Geschichte von Habakuk 2,2 f. ( S u p p l . N o v T e s t 2). L e i d e n 1961 u n d R. L E DEAUT (vgl.
Anm.
13).
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z u s a m m e n gesehen w e r d e n , h a t d a g e g e n eine eigene Geschichte, d i e H a n s F r h r . v. C a m p e n h a u s e n j ü n g s t gezeigt h a t . Als seinen eigentlichen S c h ö p f e r bezeichnet e r e b e n I r e n a u s . « E s » — n ä m l i c h d a s c h r i s t l i c h e Geschichtsbild b e i I r e n a u s — « h a t s c h o n auf Testullian u n d H i p p o l y t eingewirkt u n d bleibt für die w e i t e r e E n t w i c k l u n g d e r Heilsgeschichte ' ü b e r h a u p t b e s t i m m e n d » ( S . 207), Doch a u c h h i e r h a t I r e n a u s n i c h t einfach frei g e s t a l t e t ; e r bleibt w i e i m ganzen seiner Theologie S c h ü l e r d e r Schrift, v o r a l l e m d e s N e u e n T e s t a m e n t e s , für d e s s e n k a n o n i s c h e G e l t u n g e r j a u n s e r e r s t e r Zeuge ist, u n d E r b e seiner V ä t e r . V o n C a m p e n h a u s e n s c h r e i b t : « I r e n a u s k e n n t Melito u n d ist n a m e n t l i c h J u s t i n s e h r verpflichtet. Aber e n t s c h e i d e n d für sein D e n k e n ist d e r grosszügige Rückgriff auf wesentliche Elemente der paulinischen u n d johanneischen Theologie » ( S . 206). U n d z u m i n d e s t a n e i n e r Stelle s t e h t I r e n a u s J u s t i n a u c h n ä h e r a l s Melito. F ü r b e i d e w a r d a s a l t e Gesetz, z u m i n d e s t d a s Zeremonialgesetz, d u r c h C h r i s t u s a b g e t a n . Aber J u s t i n b e m ü h t sich — g e g e n ü b e r Hellenisten u n d w o h l a u c h Markion i t e n —, B e r e c h t i g u n g u n d Gültigkeit dieses Gesetzes u n t e r d e n J u d e n v o r C h r i s t u s z u b e g r ü n d e n u n d z u verteidigen. G e r a d e s o e r g i b t sich b e i J u s t i n die « Gliederung d e r heilsgeschichtlichen Vergangenheit, die d a m i t e r s t w i r k l i c h z u r Geschichte w i r d » ( S . 205). Melito dagegen stellt i n seiner Passah o m i l i e d i e Ablösung d e s a l t t e s t a m e n t l i c h e n Gesetzes d u r c h C h r i s t u s i n Antithese z u r Synagoge so i n d e n M i t t e l p u n k t , d a s s w i r n i r g e n d s auf eine Reflexion ü b e r d a s geschichtliche R e c h t I s r a e l s u n d seines Gesetzes i n d e r Vergangenheit stossen. Der h e u e X6yo<, C h r i s t u s , h a t d e n a l t t e s t a m e n t l i c h e n TU7CO£ e n t b e h r lich g e m a c h t , weil e b e n d e r C h a r a k t e r als p r o p h e t i s c h e r H i n w e i s auf d a s Künftige u n d W a h r e v o n Anfang a n sein einziger Sinng r u n d w a r , wie J e a n Daniélou so s c h ö n u n d ü b e r z e u g e n d gezeigt h a t . Melito d ü r f t e sich in d e r Tiefe d e r theologischen Reflexion, 3 0
c
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30. « Die Entstehung der Heilsgeschichte. Der Aufbau des christlichen G e s c h i c h t s b i l d e s i n d e r T h e o l o g i e d e s e r s t e n u n d z w e i t e n J a h r h u n d e r t s ». I n : Saeculum 2 1 , 1 9 7 0 , S. 189-212. 3 1 . Zu Irenaus als S c h r i f t t h e o l o g e n vgl. z u l e t z t w i e d e r H . Frhr. v. CAMPENHAUSEN, Die Entstehung der christlichen Bibel ( B H T 3 9 ) . T ü b i n g e n 1 9 6 8 ; z u m V e r h ä l t n i s d e s I r e n a u s z u s e i n e n V ä t e r n : M. WIDMANN, « I r e n a u s u n d s e i n e t h e o l o g i s c h e n V ä t e r . » I n : . Z T h K 5 4 , 1 9 5 7 , S. 1 5 6 - 1 7 3 . 3 2 . « F i g u r e e t é v é n e m e n t c h e z M é l i t o n d e S a r d e s ». I n : Neotestamentica et Patristica. Freundesgabe O. Cullmann (Supp N o v Test 6 ) . Leiden 1962, S.
282-292.
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a b e r k a u m in dieser Tendenz von d e r kleinasiatischen Passat r a d i t i o n allgemein u n t e r s c h i e d e n h a b e n . Die Homilie ' in sanctam pascham d e r e n D a t i e r u n g u m s t r i t t e n ist, lässt allerdings a u c h eine a n d e r e A k z e n t u i e r u n g e r k e n n e n , w e n n sie das Gesetz einerseits als « rätselhaftes Bild d e r künftigen W a h r h e i t » (TY)£ (xeXX6u(77)£ àXy)6e£a< TÖ a ï v i y f x a ) , a n d e r e r s e i t s als « B o t e Christi, Vorläufer J e s u » u n d deshalb als « n o t w e n d i g e Schule » ( à v o c y x a f o v yujjLvaaiov) bezeichnet (9,1-6). G e r a d e d e r Vergleich dieser beiden Texte, zwischen d e n e n k e i n e e r k e n n b a r e l i t e r a r i s c h e Abhängigkeit b e s t e h t , zeigt a b e r deutlich, w i e g e r a d e die T h e m a t i k des c h r i s t l i c h e n P a s s a z u r B e s i n n u n g auf d a s V e r h ä l t n i s zwischen d e m Alten u n d d e m N e u e n B u n d , zwischen I s r a e l u n d d e r K i r c h e zwang. E i n d e r a r tiger Vergleich ist möglich, selbst w e n n die e b e n herangezogene P r e d i g t j ü n g e r sein sollte als Melito — w o f ü r einiges s p r i c h t —; d e n n sie k o m m t n o c h a u s d e m B r a u c h d e r c h r i s t l i c h e n Passafeier i n e i n e m Mass, wie es i m 4. J a h r u n d e r t s c h w e r begreiflich w ä r e . Dies Passafest ist eingesetzt u n d d e m Volke Gottes 3 3
3 3 . D i e D a t i e r u n g d e r a r t i g e r H o m i l i e n s t ö s s t auf s e h r g r o s s e m e t h o d i s c h e S c h w i e r i g k e i t e n . P. N A U T I N s c h r i e b n i c h t m i t U n r e c h t : « O n a s u r t o u t l ' i m p r e s s i o n q u e l ' h o m i l é t i q u e p a s c a l e s'était c o n s t i t u é u n t r é s o r de lieux c o m m u n s , formules frappantes et t h è m e s faciles à développer, s u r l e s q u e l s l e s h o m é l i s t e s d e s e c o n d o r d r e p o u v a i e n t b r o d e r à l e u r fant a i s i e » , Le dossier d'Hippolyte et de Méliton (Patristica I). Paris 1953, S. 1 5 3 . Gerade die Ueberlieferungsgeschichte der Passahomilie Melitos b e s t ä t i g t d i e s e F e s t s t e l l u n g . M a n h a t offenbar d e r a r t i g e P r e d i g t e n w e i t e r b e n u t z t u n d d a b e i m o d i f i z i e r t ; v g l . a u c h W. SCHNEEMELCHER, « D e r S e r m o * D e anima et corpore \ Ein Werk Alexanders v o n Alexandrien ? » In : Festschr. für Günther Dehn. N e u k i r c h e n 1 9 5 7 , S. 1 1 9 - 1 4 3 . B e i d e r Passah o m i l i e d e s M e l i t o g i b t u n s d a s h o h e Alter d e r h a n d s c h r i f t l i c h e n Ueberlieferung zureichende Gewissheit für die Authentizität i m g a n z e n ; das Auseinandergehen dieser handschriftlichen Ueberlieferung m a h n t ander e r s e i t s z u r V o r s i c h t i n B e z u g a u f e i n Urteil ü b e r d i e ä l t e s t e G e s t a l t d e r P r e d i g t , vgl. d a z u a u c h S.G. HALL, « T h e M e l i t o P a p y r i ». I n : JThSt N S 1 9 , 1 9 6 8 , S. 4 7 6 - 5 0 8 . B e i e i n e m a n o y m ü b e r l i e f e r t e n T e x t w i e d e r H o m i l i e * in sanctam pascham für d e r e n Datierung nur innere Kriterien zur Verfügung stehen, liegen die Dinge entsprechend schwieriger, e s ist d e s h a l b d u r c h a u s z u v e r s t e h e n , d a s s H.-D. ALTENDORF i n e i n e r B e s p r e c h u n g d e s B u c h e s v o n R. C a n t a l a m e s s a i n ThLZ 9 5 , 1 9 7 0 , S p . 2 1 5 f. D i e s e P r e d i g t w i e d e r in d i e Mitte des 4 . Jahrhunderts setzen m ö c h t e . Allerdings m u s s Altendorf d a n n von b e w u s s t e n Archaismen sprechen. Ist aber i m 4 . Jahrhundert wirklich noch eine Osterpredigt denkbar, die nicht v o m Neuen Testament ausgeht, sondern Auslegung von Ex. 1 2 i s t ? D i e Art, i n d e r d e r H o m i l e t v o m K r e u z u n d d e r K r e u z i g u n g s p r i c h t , ist tatsächlich schwer i m 2 . Jahrhundert unterzubringen. Aber es ist für
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geboten b e i m Auszug a u s Aegypten. Deshalb w i r d E x 12 für die Christen d e r i m Gottesdienst z u verlesende u n d auszulegende Text. Diese Einsetzimg des P a s s a u n d d a m i t d i e R e t t u n g des Gottesvolkes in d e r Auszugsnacht zielt j e d o c h n u n für die Christen auf d a s w a h r e Heilsgeschehen, auf d a s P a s s a des S t e r b e n s u n d Auferstehens J e s u . Typologie w a r h i e r n i c h t n u r ein exegetisches Verfahren, u m b e s t i m m t e Texte zu begreifen, s o n d e r n d a s F u n d a m e n t d e r ganzen Festfeier. Hippolyt in R o m bezieht e i n m a l d i e d r e i Wallfahrtsfeste des Alten T e s t a m e n t e s alle auf C h r i s t u s . F ü r P a s s a greift e r a u s d r ü c k l i c h zitierend 1. K o r 5,7 auf, wie d e r A u t o r d e r H o m i l i e ' in s a n c t a m p a s c h a m ' (39) u n d u m s c h r e i b e n d Melito (z.B. 65,465) ; d a s Fest weist auf d e n Tod d e s G o t t e s l a m m e s , also d a s K r e u z . Pfingsten v e r w e i s t auf d i e h i m m l i s c h e H e r r s c h a f t des Auferstandenen, seine H i m m e l f a h r t , i n d e r e r ' d e n Mens c h e n d a s heisst seine Menschheit, G o t t als ' G a b e ' d a r b r a c h t e . D a H i p p o l y t offenkundig auf E x 23,14,17 zurückgreift, k a n n d e r d r i t t e von i h m g e n a n n t e x<xip6£ n u r d a s L a u b h ü t t e n f e s t sein. H i p p o l y t s Auslegung hierzu ist allerdings n i c h t e r h a l t e n . Der Kleinasiat M e t h o d i u s v o n Olympos h a t es auf d a s 1000-jährige Reich bezogen, in d e m C h r i s t u s m i t d e n Seinen auf e i n e r e r n e u e r t e n E r d e h e r r s c h e n w i r d (conv. 9,5). W i e d e r w a r es J e a n Daniélou, d e r auf die B e d e u t u n g dieses Textes i m Zusamm e n h a n g des kleinasiatischen Chiliasmus hingewiesen h a t . N u n h a t H i p p o l y t d e n S e g e n s s p r u c h des Mose ü b e r Asser (Dt 33,24 f.) s o gedeutet, d a s s e r in i h m n a c h e i n a n d e r d e n H i n w e i s auf das K r e u z Christi (« E r w i r d seinen Fuss i n Oel b a d e n »), die E r h ö h u n g ( « e s ist k e i n e r w i d e r Gottes Geliebten, d e r in 34
3 5
m i c h leichter vorstellbar, dass e i n alter Text später a n diesen Stellen a u s g e w e i t e t u n d modifiziert w u r d e , a l s d a s s m a n e i n e m G o t t e s d i e n s t d e s 4. J a h r h u n d e r t s e i n l i t u r g i s c h e s S t ü c k z u g e m u t e t h ä t t e , d a s k ü n s t l i c h m i t d e r P a t i n a d e s 2. J a h r h u n d e r t s k o n s t r u i e r t w u r d e . D e s h a l b m ö c h t e ich i m ganzen doch der Lokalisierung u n d Datierung Cantalamessas z u s t i m m e n , o h n e e t w a d e n A n f a n g d e s 3. J a h r h u n d e r t s a u s s c h l i e s s e n z u wollen. Natürlich bedürfte diese Stellungnahme einer ausführlicheren Begründung, als ich sie hier geben kann. 34. E s h a n d e l t s i c h u m d a s F r a g m e n t a u s d e m Eranistes, Buch II des THEODORET, e d .
P.
N A U T I N , P a t r i s t i c a I,
S.
23.
35. Théologie du Judéo-Christianisme. T o u r n a i 1958, S. 3 4 6 ; v g l . d e n s . Bible et Liturgie. P a r i s 1958 ; dt. Liturgie und Bibel. Die Symbolik der Sakramente bei den Kirchenvätern. M ü n c h e n 1963, S. 336-350. D a s s G o t t d a n n , w e n n H i m m e l u n d E r d e n e u g e w o r d e n s i n d , s e i n Zelt u n t e r d e n M e n s c h e n , u n t e r s e i n e m V o l k a u f s c h l a g e n w i r d , findet s i c h s c h o n A p c 21,3. 2
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den Himmeln thront als dein Helfer», etwas abweichend von LXX) u n d d i e H e r r s c h a f t m i t C h r i s t u s i n d e r v e r w a n d e l t e n Schöpfung ( « E r w i r d I s r a e l zelten l a s s e n . . . auf d e r E r d e J a k o b s , a u f K o r n u n d Wein... ») findet . Die i n d e r D e u t u n g d e r d r e i Festzeiten a n g e s p r o c h e n e n T h e m e n finden w i r h i e r also wieder. Wie w e i t f ü r H i p p o l y t diese j ü d i s c h e n F e s t e e t w a s mit christlichem Gottesdienst i m Jahreslauf zu t u n haben, ist d e n a n g e f ü h r t e n T e x t e n n i c h t z u e n t n e h m e n . I n d e n Passah o m i l i e n a b e r i s t jedenfalls d i e b e i H i p p o l y t i n d e r Pfingsttypologie v e r a n k e r t e E r h ö h u n g s a u s s a g e m i t e i n b e z o g e n ; sie g e h ö r t offenbar z u d e n I n h a l t e n d e s c h r i s t l i c h e n Passafestes — d e r Ausblick auf d i e eschatologische V o l l e n d u n g fehlt dagegen b e k a n n t l i c h s o w o h l b e i Melito w i e i n d e r P r e d i g t i n sanct a m p a s c h a m * ; h i e r liegt e i n e eigene P r o b l e m a t i k vor, d i e j e t z t nicht zu erörtern i s t . D a s Wochenfest, griechisch Pfingsten, w a r d a s F e s t d e r Darb r i n g u n g d e r E r s t l i n g s g a b e (ànoLpxh) d e r W e i z e n e r n t e ( E x 23,15 f . ) . Die n a c h dieser Typologie n u n G o t t d a r g e b r a c h t e G a b e i s t d e r Mensch. D i e H i m m e l f a h r t a l s T h e m a d e s christlic h e n P a s s a i s t f ü r Melito n i c h t n u r d i e E r h ö h u n g Christi (100, 765 f. ; 70, 510), s o n d e r n schliesst ebenfalls m i t e i n , dass * d e r M e n s c h * z u m H i m m e l ' g e h o b e n * (103, 7 9 8 ; vgl. 71,521), o d e r ' g e r a u b t * (47, 330 ; 102, 784 f.) w i r d . Dasselbe gilt f ü r d i e H o m i lie i n s a n c t a m p a s c h a m (61 f.). Die S t i c h w o r t e ' G a b e ' , ' D a r b r i n g u n g ' E r s t l i n g s f r u c h t ' finden sich allerdings i n k e i n e r d e r b e i d e n Homilien, s i e s i n d a b e r s o n s t i n d e r f r ü h e n Ostertheologie so fest v e r a n k e r t u n d w e r d e n a u c h b e r e i t s v o n I r e n a u s 36
37
f
3 8
39
36. Moïse,
HIPPOLYTE DE ROME, Sur
les
Bénédictions
d'Isaac
et
éd. M. BRIERE, L. MARIES, B.-Ch. MERCIER (PO
de
Jacob
XXVII
1/2).
et
de
Paris
1954, S . 191-199. 37. N a u t i n w o l l t e d a s g e n a n n t e F r a g m . d e r n i c h t e r h a l t e n e n S c h r i f t Hippolyts über d a s Passa zuschreiben. Dann stünde auch diese Typologie — w a s ich in d e r Tat für wahrscheinlich halte — i n d e r liturgischen Tradition d e s christlichen Passa- b z w . Osterfestes. D e n n natürlich w a r Hippolyt selbst Anhänger d e r römischen Datierung. 38. V g l . A n m . 28b. 39. H.-J. K R A U S , Gottesdienst in Israel 2. Aufl. M ü n c h e n 1962, S . 72-78 ; E . KUTSCH, A r t . « F e s t e u n d F e i e r n I I » i n : A G G I I (1958), S p . 9 1 2 ; J. DANEÉLOU, Bibel und Liturgie. S. 322-335. V o n e i n e r E r s t l i n g s g a b e — h i e r i m Z u s a m m e n h a n g d e r G e r s t e n e r n t e — v e r b u n d e n m i t d e m Opfer e i n e s f e h l l o s e n L a m m e s i s t i n E x 23,9 f. a u c h f ü r d a s s i c h a n P a s s a a n s c h l i e s s e n d e M a s s o t - F e s t d i e R e d e . V g l . d a z u d a s v o n PERLER i n SC 123, p . 202 f., zusammengestellte Material. 3
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PASSA
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aufgegriffen, d a s s ich d o c h m i t e i n e m h o h e n Alter d e r Ausleg u n g i m R a h m e n d e r P a s s a ü b e r l i e f e r u n g r e c h n e , d a s s d e r Aufers t a n d e n e i n seiner Auffahrt G o t t * d e n M e n s c h e n ' als Erstlingsg a b e d a r b r a c h t e . I n d e n gleichen Z u s a m m e n h a n g g e h ö r t d i e eigentümliche Formulierung dass * der Mensch* in den Himmel 'geraubt* wurde . Doch w i e d e m a u c h sei, die g e n a n n t e n Aussagen d e r H o m i leten b e t o n e n , d a s s es in d e r E r l ö s u n g d u r c h T o d u n d Aufers t e h u n g Christi u m ' d e n M e n s c h e n * geht, n i c h t n u r u m die R e t t u n g des a l t e n I s r a e l w i e i m j ü d i s c h e n Passa. Dies ist k e i n R a n d p r o b l e m , s o n d e r n eines d e r z e n t r a l e n T h e m e n d e s christlichen Passa. U n d die A n t w o r t auf die d a m i t implizit gestellte F r a g e finden b e i d e H o m i l e t e n i m Rückgriff auf P a u l u s : « w i e d u r c h einen M e n s c h e n d e r T o d g e k o m m e n ist, so k o m m t a u c h d u r c h einen M e n s c h e n d i e Auferstehimg d e r T o t e n » ( 1 . K o r 15,21 f.; vgl. R m 5,18). Dies W o r t w i r d n i c h t a u s d r ü c k l i c h zitiert, a b e r d i e p a u l i n i s c h e Adam-Christus-Typologie ist für d a s theologische V e r s t ä n d n i s d e s Passafestes n a c h diesen P r e d i g e r n g r u n d l e g e n d . D e n n u m die S ü n d e u n d d e n T o d z u ü b e r w i n d e n k a m C h r i s t u s , ' d a s Geheimnis des P a s s a ' , auf die E r d e z u m S t e r b e n a m Kreuz, d a s z u r A u f e r s t e h u n g f ü h r t e u n d d a m i t d e n v o n Anfang g e m e i n t e n S i n n d e s P a s s a erfüllte (Melito 65,46466,472; vgl. in s. p a s c h a m 45,1 f.; 36). Diese Aussage gibt für sich gewiss n o c h n i c h t d e n Aufriss eine Geschichtsbildes wieder. Aber i n V e r b i n d u n g m i t d e r d u r c h d e n R ü c k b e z u g auf E x 12 u n v e r m e i d l i c h e n A u s e i n a n d e r s e t z i m g m i t d e r Synagoge u m d e n S i n n des H e i l s h a n d e l n s G o t t e s in d e r v e r g a n g e n e n G e s c h i c h t e I s r a e l s legte d i e s e Theologie des c h r i s t l i c h e n P a s s a d o c h d i e E l e m e n t e bereit, a u s d e n e n I r e n a u s seine heilsgeschichtliche K o n z e p t i o n a u f b a u e n k o n n t e . U n d a u c h für diese Passatheologie gilt b e r e i t s , w a s v. C a m p e n h a u s e n m i t R e c h t für 4 0
4 1
40. V g l . d a s v o n O. PERLER S. 202 f. z u s a m m e n g e s t e l l t e Material. 41. I m H i n t e r g r u n d s t e h t w a h r s c h e i n l i c h P s 68 (LXX 67), 1 9 : « D u b i s t aufgefahren in die Höhe, Du hast d a s Gefängnis gefangen geführt, D u h a s t G a b e n e m p f a n g e n £v dcvOpc&Tccp». D i e r a b b i n i s c h e A u s l e g u n g bezog d i e s e s P s a l m w o r t auf M o s e , w o b e i d i e ' G a b e n ' d a n n d a s G e s e t z s i n d , d a s M o s e d e n M e n s c h e n gegeben oder für sie e m p f a n g e n hat. Diese A u s l e g u n g v o m P s 68,19 i s t b e r e i t s i n E p h 4,8 a u f C h r i s t u s bezogen w o r d e n ; vgl. dazu m e i n e Untersuchung « Himmelfahrt u n d Pfingsten». I n : ZKG 65, 1954/55, S . 216. F ü r M e l i t o h a t d e r a u f f a h r e n d e Christus nicht Gaben für d e n Menschen e m p f a n g e n , sondern d e n Menschen als Gabe gefangen geführt.
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I r e n a u s k o n s t a t i e r t h a t , « d e r grossartige Rückgriff auf wesent liche E l e m e n t e d e r p a u l i n i s c h e n u n d j o h a n n e i s c h e n Theologie » (S. 206). E s w ä r e reizvoll zu verfolgen, w i e dies alles bei I r e n a u s a u f g e n o m m e n u n d modifiziert w o r d e n ist u n d w i e diese S t r u k t u r n o c h e t w a bei A t h a n a s i u s n a c h w i r k t . Aber ich m ö c h t e m i c h sofort d e r m i t d i e s e m E n t w u r f e n g v e r b u n d e n e n Christologie zuwenden.
5. Die Christologie der Passatradition Als Einstieg sei eine Feststellung in d e r Hippolyt zugeschrie b e n e n Schrift gegen A r t e m o n , d e m ' Kleinen L a b y r i n t h g e w ä h l t . Gegen d i e — angebliche — Meinung dieses A r t e m o n , C h r i s t u s sei n u r M e n s c h gewesen, verweist d e r A u t o r auf J u s t i n , Miltiades, Tatian, K l e m e n s , in d e r e n B ü c h e r n ü b e r a l l die Gott h e i t Christi gelehrt sei. D a n n heisst es w e i t e r : « W e r k e n n t n i c h t die Schriften d e s I r e n a u s , Melito u n d d e r ü b r i g e n , w e l c h e v e r k ü n d e n , d a s s C h r i s t u s G o t t u n d M e n s c h i s t ? » ( E u s e b , h.e. V 28,4 f.). I n d e r Tat, dies ist eine g e n a u e B e s c h r e i b u n g d e r Christologie Melitos. Dass e r von d e n zwei ouatai d e s C h r i s t u s g e s p r o c h e n h a t , m e i n t e n w i r seit l a n g e m zu wissen. ( F r a g m . V I ) . Aber e r s t d i e P a s s a h o m i l i e d e c k t d e n eigentlichen S k o p u s dieser F o r m e l bei Melito auf : « Als M e n s c h w u r d e E r b e g r a d e n , als Gott e r s t a n d E r v o n den Toten, E r , d e r v o n N a t u r G o t t u n d M e n s c h w a r » (8,56 f.). Diese i n d e r Einleitung d e r Predigt häu fige Gegenüberstellung von Mensch-Gott h a t e i n e n u n v e r k e n n b a r e n r h e t o r i s c h e n Aspekt (4,27 f.; 5,35 f.; 7,51 f.; 9,66 f.). Aber inhaltlich ist sie m i t d e m H e r z s t ü c k dieser Passatheologie verknüpft: 4 2
4 3
Er bekleidete sich mit jenem (dem Menschen) durch den Schoss der Jungfrau hindurch u n d trat als M e n s c h in Erscheinung, n a h m auf sich d a s Leiden d u r c h d e n Leib, der leiden konnte, u n d zerstörte d a s Leiden d e s Fleisches. Durch d a s Pneuma, das nicht leiden konnte, tötete er den M e n s c h e n t ö t e n d e n T o d (66,468 f.).
Der h o c h r h e t o r i s c h e Stil ist a u c h hier u n v e r k e n n b a r . S t a t t d e r F o r m e l Mensch-Gott v e r w e n d e t Melito n u n die Gegenüber42. P. N A U T I N , op. cit. S. 115 ff. h a t d i e s e Z u s c h r e i b u n g b e s t r i t t e n . D i e F r a g e ist f ü r u n s h i e r o h n e B e l a n g . 43. D i e A u t h e n t i z i t ä t z u m i n d e s t d i e s e r A u s s a g e i n F r g m . V I h a t N A U T I N , op. cit. S. 84 b e s t r i t t e n ; F.G. HALL m ö c h t e d a s g a n z e F r a g m e n t M e l i t o a b s p r e c h e n ( n o c h n i c h t p u b l i z i e r t e r V o r t r a g auf d e r O x f o r d e r PastristikerK o n f e r e n z S e p t e m b e r 1971.); vgl. a b e r A n m . 60.
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Fleisch - P n e u m a . M a n w i r d fragen k ö n n e n , w a s eigent lich m i t d i e s e r Aussage g e m e i n t sei, d a s s d e r gekreuzigte Chri s t u s d e n T o d getötet h a t . E r s t A t h a n a s i u s w i r d hierauf eine d e u t l i c h e A n t w o r t geben. Aber d a s Gefüge d e r Aussage Melitos ist d o c h k l a r : u m des M e n s c h e n willen w u r d e E r , d a s S u b j e k t des E r l ö s u n g s h a n d e l n s , C h r i s t u s , M e n s c h — o d e r n a h m er Fleisch a n — u m s t e r b e n zu k ö n n e n ; als Gott o d e r P n e u m a ist e r a u f e r s t a n d e n u n d h a t — d a m i t führe ich d e n G e d a n k e n g a n g ü b e r das Zitat h i n a u s u n d schliesse die E r h ö h u n g s a u s s a g e m i t ein — d e m M e n s c h e n d u r c h sein Menschsein b e i m Aufstieg d e n Himmel erschlossen . Stellung
44
Diese R e i h e v o n Aussagen ü b e r die ' zwei N a t u r e n ' b e r ü h r e n sich e n g m i t e i n e m in ä h n l i c h e r Antithetik h y m n e n a r t i g ge f o r m t e n S t ü c k a u s d e m Brief d e s I g n a t i u s a n d i e E p h e s e r : E i n e r i s t Arzt, a u s F l e i s c h z u g l e i c h u n d a u s G e i s t , g e z e u g t u n d u n g e z e u g t , i m Fleische erschienener Gott, i m T o d e wahrhaftiges Leben, a u s Maria s o w o h l w i e aus Gott, zuerst leidensfähig u n d dann leidensunfähig, Jesus C h r i s t u s , u n s e r H e r r (7,2).
Aber d e r Akzent ist d o c h n i c h t d e r gleiche. I g n a t i u s legt alles Gewicht auf die d o p p e l t e G e b u r t , a u s Gott u n d a u s M a r i a (vgl. 18,2 f., ä h n l i c h wie s p ä t e r d a s s t a d t r ö m i s c h e Symbol, das R o m a n u m ; die P a s s a t r a d i t i o n dagegen auf K r e u z u n d Aufer s t e h u n g . Und es ist w o h l k e i n Zufall, d a s s sich g e r a d e die e n t s c h e i d e n d e Aussage v o m ' T ö t e n d e s Todes ' h i e r bei I g n a t i u s n i c h t findet; d o r t , w o sie d a n n d o c h a u f t a u c h t ( E p h 19,4), ist allein v o n d e r I n k a r n a t i o n die Rede. U m so b e m e r k e n s w e r t e r ist, d a s s I r e n a u s g e r a d e d i e a n K r e u z u n d Auferstehimg orien t i e r t e n , in d e r P a s s a t r a d i t i o n v e r a n k e r t e n Aussagen ü b e r d a s Gottsein u n d d a s M e n s c h s e i n des H e r r n a u f g e n o m m e n h a t (adv. h a e r . I I I 19,2; vgl. I I 20,3 ; e p i d . 37-39), b e s s e r : d a s s a u c h für ihn die I n k a r n a t i o n u n d d a s K r e u z z u s a m m e n g e h ö r e n — u n d w i e d e r Hesse sich diese Linie bis zu A t h a n a s i u s a u s z i e h e n . 45
D a m i t s t o s s e n w i r a b e r auf die Vorgeschichte u n d d e n Rah m e n d e r r e z i p r o k e n I n k a r n a t i o n s a u s s a g e in d e r Art des W o r t e s 44. D i e H o m i l i e * i n s a n c t a m p a s c h a m ' b r i n g t d e r s e l b e n G e d a n k e n g a n g s o w o h l i n d e n F o r m e l n P n e u m a — L e i b , w i e G o t t — M e n s c h ( 4 7 ; 55 f.; v g l . 45). 45. I c h h a b e d i e s i n e i n e m für d e n o e k u m e n i s c h e n D i a l o g m i t T h e o l o g e n d e s P a t r i a r c h i a t s M o s k a u v o r b e r e i t e t e n B e i t r a g ü b e r « K r e u z u n d Aufer stehung in der Sicht v o n Athanasius u n d L u t h e r » versucht.
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G. KRETSCHMÄR
« G o t t w u r d e Mensch, d a m i t w i r vergöttlicht w ü r d e n » (Athan a s i u s , d e inc. 5 4 , 3 ; vgl. I r e n a u s I I I 1 9 , 1 ; IV 38,4; V praef.; V 36,3). Sie h a t t e n a n s c h e i n e n d i h r e n u r s p r ü n g l i c h e n * Sitz i m L e b e n ' i n d e r P a s s a t r a d i t i o n . Die Homilie ' in s a n c t a m p a s c h a m ' enthält die Akklamation: 0 göttliches Passa, d u w a n d e r s t v o n den H i m m e l n bis auf d i e Erde und steigst v o n der Erde wieder auf z u m H i m m e l . . . Durch dich wurden die Pforten d e s H i m m e l s geöffnet u n d Gott erscheint als M e n s c h u n d der Mensch steigt z u Gott e m p o r , d u r c h d i c h w u r d e n die Pforten zur H ö l l e z e r b r o c h e n u n d d i e e h e r n e n S c h l ö s s e r z e r s t ö r t . . . (62,1 f.).
Die G e s c h i c h t e d e r ' r e z i p r o k e n I n k a r n a t i o n s f o r m e l n ' r e i c h t b i s P a u l u s z u r ü c k (2 K o r 8,9; Gal 4,5 f.). Die P a s s a t r a d i t i o n h a t i h r e B i n d u n g a n d a s K r e u z Christi festgehalten. Asiatische R h e t o r i k k o n n t e d i e F o r m e l n z u s p i t z e n u n d d a m i t die Antit h e t i k , j a P a r a d o x i e d e s H e i l s h a n d e l n s G o t t e s i m K r e u z Christi u n d i n s e i n e r A u f e r s t e h u n g scharf h e r a u s s t e l l e n u n d sie zugleich auf d a s G e g e n ü b e r u n d M i t e i n a n d e r v o n G o t t u n d M e n s c h z u r ü c k f ü h r e n . N a t ü r l i c h b e d ü r f e n solche v e r d i c h t e t e n F o r m e l n n u n n e u e r I n t e r p r e t a t i o n . D o c h n o c h d a s zitierte W o r t d e s A t h a n a s i u s lässt sich als Chiffre v e r s t e h e n , d i e d a s ganze Heilswerk d e r Erlösimg meint, in dessen Mitte auch jetzt Kreuz u n d Auferstehung des H e r r n stehen. Wir könnten von hier aus Linien a u s z i e h e n z u r 6e£coffi£ - L e h r e d e r griechischen V ä t e r , z u m S a c r u m C o m m e r c i u m ' i n d e r lateinischen L i t u r g i e , z u r Rechtfertigungslehre der lutherischen Reformation . Schon d i e s e Aufzählung m a g d a r a u f hinweisen, d a s s d i e T r a d i t i o n des c h r i s t l i c h e n P a s s a i m 2. J a h r h u n d e r t B e d e u t u n g für d i e Ausbild u n g c h r i s t l i c h e r Theologie n i c h t n u r i n e i n e m abgelegenen Winkel d e r frühen Kirche hatte. c
46
47
6. Die valentinlanische Schule und die kleinasiatische Passatheologie Doch sind w i r m i t u n s e r e m D u r c h g a n g d u r c h d a s . 2. J a h r h u n d e r t n o c h n i c h t a m E n d e . D e n n eine ü b e r r a s c h e n d e Beoba c h t u n g scheint d i e b i s h e r v o r g e t r a g e n e n T h e s e n zu widerlegen. D e r ä l t e s t e u n s b i s j e t z t b e k a n n t e Beleg für d i e Veran4 6 . M. H E R Z , Sacrum Commercium. Eine zur Theologie der römischen Liturgiesprache 47. Vgl. A n m . 4 5 .
begriffsgeschichtliche Studie (MThSt I I 1 5 ) . München 1958.
313
CHRISTLICHES PASSA
kerung Christi homilie nischen
d e r Zwei-Naturen-Lehre i n K r e u z u n d Auferstehung findet sich n ä m l i c h n i c h t i n e i n e r k l e i n a s i a t i s c h e n Passas o n d e r n i n e i n e m g n o s t i s c h e n T r a k a t , d e m valentinia Brief a n R h e g i n u s ü b e r d i e A u f e r s t e h i m g :
Der S o h n Gottes aber, Rheginus, w a r M e n s c h e n s o h n u n d e r u m f a s s t e sie beide, d a e r d a s menschliche u n d d a s göttliche Wesen hatte, damit e r besiege einerseits d e n T o d dadurch, dass e r S o h n Gottes w a r , ande r e r s e i t s d u r c h d e n S o h n d e s M e n s c h e n d i e R ü c k k e h r (dbroxaTdcaTaau;) stattfinde i n d a s P l e r o m a . 4 8
Dies S t i c h w o r t M e n s c h e n s o h n h a t e i n e n b e s t i m m t e n Platz i m v a l e n t i n i a n i s c h e n M y t h o s ; i n d e m z i t i e r t e n Text d e c k t sich die Gegenüberstellung v o n Menschensohn u n d Gottessohn aber anscheinend m i t d e r Zuordnimg v o n Mensch u n d Gott bei Melito. E i n d e m Rheginus-Brief e n t s p r e c h e n d e r S p r a c h g e b r a u c h findet sich ü b r i g e n s a u c h b e i I g n a t i u s ( E p h . 20,2) u n d I r e n a u s (z.B. epid. 36). D e r zitierte S a t z i s t n u n i n d e m g n o s t i s c h e n Lehrbrief k e i n e isolierte Einzelaussage, s o n d e r n b i l d e t d e n A u s g a n g s p u n k t d e r ganzen folgenden A r g u m e n t a t i o n , d i e ihrer seits a b e r a u c h auf P a u l u s zurückgreift. D e r A u t o r b e r u f t sich s o g a r a u s d r ü c k l i c h auf i h n : 49
Der Erlöser verschlang d e n Tod... u n d e r g a b u n s d e n W e g unserer Unsterblichkeit. Dann aber, w i e d e r Apostel sagte, litten w i r m i t i h m u n d w i r e r s t a n d e n a u f m i t i h m u n d w i r g i n g e n i n d e n H i m m e l m i t i h m 5°.
Diese Sätze s i n d k e i n d i r e k t e s Zitat, fassen a b e r eine R e i h e von paulinischen Formulierungen so zusammen, dass sie eben d i e H e ü s a u s s a g e n e n t h a l t e n , d i e a u c h f ü r d i e Soteriologie d e s c h r i s t l i c h e n Passafestes k e n n z e i c h n e n d sind. N u n i s t d e r Rheginus-Brief n i c h t sicher z u d a t i e r e n . Die H e r a u s g e b e r h i e l t e n V a l e n t i n selbst f ü r seinen Verfasser, a u c h ich sehe dies als d i e b e s t e H y p o t h e s e a n . Aber e s fragt sich, o b m a n d i e s e n v a l e n t i n i a n i s c h e n Lehrbrief ü b e r h a u p t isolieren k a n n . B . Lohse h a t kürzlich auf b e m e r k e n s w e r t e Beziehungen z w i s c h e n P t o l e m ä u s , d e m A u t o r d e s Briefes a n Flora, u n d 48. De V
F. XXV
Resurrectione
(Epistula
ad
Rheginum)
Cod.
Jung
r
F. XXII
-
( p . 43-50), e d . M . M A L I N I N E - H.-Ch. P U E C H - G. Q U I S P E L - W. T I L L ,
a d i u v . R. M c L . WILSON - J. ZANDEE, Z ü r i c h - S t u t t g a r t 1963. D e r z i t i e r t e T e x t findet s i c h f. x x n / v , p . 44, 21-33; i c h ü b e r n e h m e d i e d t . U e b e r s . v o n W. T I L L ( S .
51).
49. V g l . h i e r z u d a s i n d e m K o m m e n t a r d e r b e n u t z t e n A u s g a b e , S . 23, z u s a m m e n g e t r a g e n e Material. 50. f. X X X I I I ( r ) , p . 45, 15 f. 23-28 ( S . 52).
314
G. KRETSCHMAR
Melito hingewiesen ; Th. H a i t o n stellte P a r a l l e l a u s s a g e n zwi s c h e n Melito u n d T h e o d o t , d e m H a u p t d e r o r i e n t a l i s c h e Schule d e r Valentinianer, z u s a m m e n . R. C a n t a l a m e s s a verglich T h e o d o t m i t Melito u n d d e r Homilie in s a n c t a m p a s c h a m . Diese ver s c h i e d e n e n B e o b a c h t u n g e n b e s t ä t i g e n auf j e d e n Fall, d a s s die G r e n z e zwischen g n o s t i s c h e r u n d nicht-gnostischer Theologie i m 2. J a h r h u n d e r t n i c h t leicht z u b e s t i m m e n ist ; zugleich scheint d a d u r c h a u c h die Grenze zwischen ' S c h u l e ' u n d ' Ge m e i n d e u n s c h a r f zu w e r d e n . Melito w a r s c h o n n a c h Ausweis des Stiles seiner P a s s a h o m i l i e ein gebildeter M a n n ; e r ist a u c h als Apologet l i t e r a r i s c h t ä t i g g e w o r d e n , s t a n d a l s o a u c h d e r ' S c h u l e ' n a h e . Doch R e c h t u n d N o t w e n d i g k e i t d e r Unterschei d u n g c h r i s t l i c h e r L e b e n s f o r m e n w e r d e n d u r c h solche Uebers c h n e i d u n g e n nicht a u f g e h o b e n . I m m e r h i n t a u c h e n die gleichen P r o b l e m e offenbar i n v e r s c h i e d e n e n G r u p p e n auf u n d k o n n t e n von verschiedenen Männern auch mit ähnlichen Denkmitteln a n g e p a c k t w e r d e n . Dass G o t t sich i n ' Zeichen ' ' B i l d e r n ' T y p e n ' offenbart, w a r ein f u n d a m e n t a l e r Z u g a n g für Christen aller Art z u m Alten T e s t a m e n t , w o b e i s e h r u n t e r s c h i e d l i c h e h e r m e n e u t i s c h e Ueberlieferungen wie p a l ä s t i n e n s i c h e Typolo gie, a p o k a l y p t i s c h e S y m b o l i k u n d hellenistische Allegorese aufgenommen worden sind . I n R o m k ö n n e n w i r u m die Mitte d e s 2. J a h r h u n d e r t s gera d e z u b e o b a c h t e n , w i e v e r s c h i e d e n e christliche Schulen, M a r k i o n — d e r d o c h g a r kein S c h u l h a u p t sein wollte —, d e r Valenti nianer Ptolemäus und Justin unter Verwendimg der genannten D e n k t r a d i t i o n e n u m d a s r e c h t e V e r s t ä n d n i s d e s Gesetzes mitei n a n d e r r i n g e n . G n o s t i k e r leiteten diese Offenbarung i n Bil5 1
52
53
5 1 . B . LOHSE, « M e l i t o n v o n S a r d e s u n d d e r Brief d e s P t o l e m ä u s a n F l o r a » . I n : Der Ruf Jesu und die Antwort der Gemeinde, Festschr. J. Jeremias. G ö t t i n g e n 1 9 7 0 , S. 1 7 9 - 1 8 8 ; T h . HALTON « V a l e n t i n i a n E c h o s i n M e l i t o , P e n P a s c h a ? » I n : JThSt N S 2 0 , 1 9 6 9 , S . 5 3 5 - 5 3 8 ; d a s R e f e r a t v o n R. CANTALAMESSA, « L e s H o m é l i e s P a s c a l e s d e M é l i t o n d e S a r d e s e t d u Ps.-Hippolyte et les Extraits d e T h é o d o t e » , gehalten auf der Oxforder Patristiker-Konferenz, S e p t e m b e r 1 9 7 1 , ist n o c h nicht veröffentlicht. 5 2 . H i e r z u L . GOPPELT, Typos ( 1 9 3 9 ) . N a c h d r . D a r m s t a d t 1 9 6 9 ; J . DANIELOU, Sacramentum Futuri ( E t . d e T h é o l . H i s t . ) P a r i s 1 9 5 0 ; I. CHRISTIANSEN, Die Technik der allegorischen Auslegungswissenschaft bei Philon von Alexandrien ( B e i t r . z. G e s c h . d . B i b l . H e r m e n e u t i k 7 ) . T ü b i n g e n 1 9 6 9 . 5 3 . D a s h a t v o r a l l e m H . LANGERBECK h e r a u s g e a r b e i t e t , « Z u r A u s e i n a n dersetzung von Theologie und Gemeindeglauben in der römischen G e m e i n d e i n d e n J a h r e n 1 5 3 - 1 6 5 » ( 1 9 5 6 ) . I n : Aufs, zur Gnosis, aus dem N a c h l a s s h r s g . v o n H . DÖRRIES (AAG I I I 6 9 ) . G ö t t i n g e n 1 9 6 7 , S. 1 6 7 - 1 7 9 .
CHRISTLICHES PASSA
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d e m u n d T y p e n a u s d e m u n a u f h e b b a r e n U n t e r s c h i e d zwischen g ö t t l i c h e r W a h r h e i t u n d d e r a u s e i n e m Abfall e r w a c h s e n e n W e l t w i r k l i c h k e i t a b . F ü r Melito w e i s e n d i e T y p e n n i c h t auf e i n e d e r Zeit e n t n o m m e n e , s t e t s gültige W a h r h e i t , s o n d e r n auf Künftiges, auf C h r i s t u s . Gegen M a r k i o n i t e n u n d G n o s t i k e r w e r d e n J u s t i n u n d d a n n I r e n a u s d i e z w a r zeitbedingte, a b e r d e n n o c h gültige W a h r h e i t a u c h d e s v e r g a n g e n e n B u d e s u n d Zeichens b e h a u p t e n . D e r A u t o r d e r Homilie ' i n s a n c t a m pas c h a m ' g e h t n o c h e i n e n S c h r i t t w e i t e r : e r will d i e i n d e r Schrift d e s Alten T e s t a m e n t s v e r b o r g e n e n M y s t e r i e n v e r s t e h e n , o h n e die W a h r h e i t d e s G e s c h r i e b e n e n a u f z u h e b e n (6,1) — d a s e n t s p r i c h t I r e n a u s ; a b e r a u c h d i e E n t h ü l l u n g d e r Typen, Sym bole, M y s t e r i e n d u r c h C h r i s t u s stellt sich i h m als ein d e r Auslegung bedürftiges, geheimnisvolles Geflecht von Gescheh n i s s e n u n d W o r t e n d a r , es s i n d d i e « G e h e i m n i s s e d e r Wahr h e i t » (7) — u n d d a m i t n ä h e r t e r sich w i e d e r d e r A n t w o r t d e r Gnostiker ^ W i r sind auf diesen F r a g e n k o m p l e x s c h o n e i n m a l i m Zusam m e n h a n g d e s T h e m a s d e r Heilsgeschichte gestossen. H i e r soll n u r d e u t l i c h w e r d e n , w i e d i e gleiche P r o b l e m a t i k i n u n t e r schiedlichen Z u s a m m e n h ä n g e n a u f t r e t e n k o n n t e u n d b e i glei c h e n B i l d u n g s v o r a u s s e t z u n g e n d e s h a l b ähnliche G e d a n k e n g ä n g e u n d vergleichbare Lösungen e n t w i c k e l t w e r d e n m o c h t e n , o h n e d a s s es n o t w e n d i g w ä r e , jeweils d i r e k t e Abhängigkeit z u postu l i e r e n . Aber dies betrifft n u r die Analogien zwischen Ptolom ä u s u n d Melito. E i n Vergleich zwischen d e m Rheginusbrief, T h e o d o t u n d Melito m ü s s t e z u n ä c h t s die i n n e r v a l e n t i n i a n i s c h e n Beziehungen u n t e r s u c h e n ; das kann hier n u r ansatzweise geschehen. T h e o d o t s c h r e i b t : 55
Und w e n n er s a g t : ' der Menschensohn m u s s verworfen, verspottet, gekreuzigt w e r d e n ' , d a n n scheint er v o n einem anderen z u sprechen, o f f e n b a r v o n d e m , d e r l e i d e n s f ä h i g (luTcaG^s) ist. F e r n e r s a g t e r : * I c h w e r d e e u c h a m d r i t t e n T a g e n a c h Galiläa v o r a n g e h e n * . D e n n e r g e h t allem voran. Und er deutete in einem Rätselwort an, dass er die unsichtbar g e r e t t e t e S e e l e z u r A u f e r s t e h u n g b r i n g e n (AviaT^vai) u n d d o r t h i n zurück f ü h r e n (AiroxaOiaTdfcvat) w i r d , w o h i n e r j e t z t v o r a n g e h t ( E x c . 61,4-5). Weiter heisst es dann: Er starb aber, als d a s Pneuma sich v o n ihm trennte, d a s i m Jordan auf ihn g e k o m m e n w a r ; nicht d a s s e s n u n für 54. D i e s e S i c h t e n t s p r i c h t e t w a d e m , w a s W. H U B E R , Passa und Ostern S . 92 f. * d r e i s t u f i g e ' T y p o l o g i e g e n a n n t h a t , o h n e d a s s i n d i e s e r H o m i l i e eine Abhängigkeit v o n Origenes erkennbar würde. 55.
So
auch B.
LOHSE, S.
187.
316
G. KRETSCHMAR
sich existiere, sondern es wurde zurückgezogen, damit der Tod wirken könne. D e n n w i e starb der Leib, w e n n das Leben in ihm a n w e s e n d w a r ? D e n n sonst ( m ü s s t e m a n annehmen, dass) der Tod über den Soter selbst M a c h t g e w o n n e n h ä t t e , w a s u n s i n n i g w ä r e . D u r c h List w u r d e d e r T o d ausmanövriert. Denn als der Leib starb und der Tod s o mächtig geword e n war, sandte der S o t e r den Strahl seiner Macht zurück, der auf ihn — [ i m Jordan] — g e k o m m e n w a r u n d v e r n i c h t e t e d e n T o d u n d b r a c h t e d e n toten Leib zur Auferstehung, wobei er das ' L e i d e n ' v o n ihm abtat ( E x c . 61,6 f.) 56.
A u c h h i e r g e h t es u m K r e u z u n d Auferstehung C h r i s t i ; Theod o t sieht in d i e s e m G e s c h e h e n d a s V o r b i l d für die R e t t u n g d e s Psychischen, n i c h t des P n e u m a t i s c h e n (61,8). Aber die E i n o r d n u n g d e r Aussagen in s e i n theologisches S y s t e m ist j e t z t n i c h t u n s e r T h e m a . W e n n ich r e c h t sehe, l a s s e n sich n u n in d e m zitierten A b s c h n i t t e n g e B e r ü h r u n g e n m i t d e m RheginusBrief b e o b a c h t e n ; es fallen d i e S t i c h w o r t e * M e n s c h e n s o h n ' Apokatastasis' (ins P l e r o m a ) ; der Tod wird im Zusammenspiel v o n zwei N a t u r e n d e s E r l ö s e r s ü b e r w u n d e n , h i e r d e m P n e u m a u n d d e m v o n e i n e m Leibe u m k l e i d e t e n p s y c h i s c h e n M e n s c h e n s o h n . S e l b s t d a s W o r t S t r a h l ' findet sich b e r e i t s im Rheginus-Brief: f
Wir w e r d e n e m p o r g e z o g e n v o n i h m w i e d i e S t r a h l e n d u r c h d i e S o n n e , ohne dass wir gehalten werden v o n irgendetwas ( o d e r : jemandem). Das i s t d i e g e i s t i g e (7cvei)|xaTixV)) A u f e r s t e h u n g , v e r s c h l i n g e n d d i e s e e l i s c h e (<|>uxtxifj) u n d e b e n s o d i e fleischliche (aapxtx^) . 5 7
5 6 . K a i 6TOCV "AeT T O V Y l ó v T O U 'AvO-párcou á 7 u o 8 o x i ( i a a ^ v a i , ußpia4tf)vai, CTaupcú&rjvaí", rcepl ÄXXou 9<xfcveTat Xéycov, S T J X O V Ó T I T O U é(A7ta&oo€. Kai* "Ilpoá^cú ú j i a ^ " , Xéyet, "vfi TpÍTfl TG>V f)(¿ep&v et< TÍJV raXtXalav"* OCUTÓS Y ^ P rcpoáyei 7uávTa* x a t T $ ) V (íyaiv&c, acp£o|iiv7)v + u x ^ ) á v a a T ^ a e i v fjvíaaeTO, x a t á i r o x a T a a r ^ o e i v oö vuv Ttpüayet. 'Arcé&avev 8é á7coaTávTOS T O U x a T a ß a v T O ^ ¿ V auT<¡> ¿TCI T<¡> 'IopSávfj I l v e ú |xaT0<s, o u x t $ í a ysvotxévou, áXXá ouaTaXévTO^, í v a x a l évepY^afl ó £ á v a T O C ¿Tuel 7Ü<Ú^, TTJ£ Zci>7)< 7üapouoiQ<; év a u T q i , árcé^avev T Ó a & ( ¿ a ; O Ö T C O Y ^ P £ V x a l auTou T O U ScoTYJpo^ ó 6 á v a T 0 £ ¿xpáT7)aev á v , 6776p ÄTO7ÜOV. AÓXC¡> 8é 6 $ á v a T O £ xaTeaTpaT7)Y^j&>)' á w o ^ a v ó v T o ^ y á p T O U ací>[xaTo< x a l x p a T ^ a a v T o ^ auTÓ T O U & a v á T o u , ávaoTeíXas TÍJV ¿7teX$ouaav á x T t v a TTJ< o\)vájjteo>c, 6 Z<óTJ)p á:ríoXeac jiév T Ó V &ávaTOV, T Ó 8é &VY)TÓV aoí(xa, a7coßaX(&v) 7rá4h), ávéaTijaev ( E d . F. SAGNARD, S C 23, P a r i s 1948, S . 180 f . ) . v
57. F . x x i n ( r ) , p . 45, 36-39 ( S . 52). D i e u n t e r s c h i e d l i c h e V e r w e n d u n g d e s Stichwortes * Strahl * hängt anscheinend mit d e m Unterschied zwischen pneumatischer u n d psychischer Auferstehung z u s a m m e n ; die Pneumatiker sind selbst Strahlen, d a s Psychische bedarf der Rettung durch den S t r a h l d e s P n e u m a . D e r K o m m e n t a r S . 28 f. v e r w e i s t a u f d i e s p ä t a n t i k e
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Dieser T a t b e s t a n d ist w o h l s o zu e r k l ä r e n , d a s s T h e o d o t seine D e u t u n g d e r Passion J e s u i n K e n n t n i s d e s Rheginus-Briefes n i e d e r g e s c h r i e b e n h a t u n d d i e s a n d e r e , ä l t e r e , für i h n gewichtige o d e r g a r a u t o r i t a t i v e D o k u m e n t d a b e i zugleich i m S i n n e seines f o r t g e s c h r i t t e n e n S y s t e m s auslegte. D e r Gegensatz nichtleidensfähig - leidensfähig (a7ca6if)< - I f x 7 r a 0 ^ o d e r 7ca6>)T6cf) spielt a u c h s o n s t b e i T h e o d o t u n d in d e n i h m vorliegenden gnostischien T e x t e n eine R o l l e , w o b e i Leidensfähigkeit j e t z t die V e r s t r i c k u n g i n die Leidenschaften d e r M a t e r i e m i t einschliesst. Irenaus überliefert in diesem Zusammenhang tatsächlich den A u s d r u c k ' zwei W e s e n h e i t e n ' (SÄO oüorEaO als v a l e n t i n i a n i s c h (adv. h a e r . I 4 , 5 ) ; allerdings w i r d d a b e i d e u t l i c h , d a s s e s inzwis c h e n eigentlich u m d r e i N a t u r e n geht, die p n e u m a t i s c h e (sie ist dc7ca6y]£)), d i e in Leidenschaft als S e h n s u c h t n a c h d e m P n e u m a t i s c h e n v e r s t r i c k t e p s y c h i s c h e ( e ( X 7 c a 9 ^ ) -und e b e n die Leidenschaft d e r M a t e r i e (7C46T) s c h l e c h t h i n ) . Aber dies ist ebenfalls W e i t e r f ü h r u n g eines ä l t e r e n Ansatzes, d i e s m a l i n d e r italischen S c h u l e d e s P t o l e m ä u s . E s b l e i b t a b e r in aller V e r w a n d l u n g , j a P e r v e r s i o n , eine g n o s t i s c h e A u s g e s t a l t u n g d e s T h e m a s d e r Passion. 58
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Auch T h e o d o t k e n n t also d a s T h e o l o g u m e n o n v o m Zusamm e n w i r k e n von P n e u m a = G o t t h e i t ) u n d Leib ( = M e n s c h h e i t ) S o n n e n t h e o l o g i e , m e r k w ü r d i g e r w e i s e a b e r n i c h t auf E x e 6 1 , 7 , w o h l w e i l d i e H e r a u s g e b e r — m . E . m i t R e c h t — d i e s e n Text d e r N a c h g e s c h i c h t e des Rheginus-Briefes zurechnen. 58. Exc. 4 4 , 2 4 5 , 2 ; vgl. Irenaus I 4 , 5 ; d a s s der Bericht d e s Irenaus i n I 1-8, d e r a n s c h e i n e n d d a s p t o l o m ä i s c h e S y s t e m w i e d e r g i b t , t e i l w e i s e bis i n d e n Wortlaut hinein m i t Abschnitten a u s d e n durch K l e m e n s von Alexandrien aufgezeichneten Exc. ex. Theodoto übereinstimmt, ist bekannt; G . QUISPEL s c h l o s s d a r a u s a u f e i n e n b e i d e n V a l e n t i n s c h ü l e r n b e r e i t s schriftlich vorliegenden g e m e i n s a m e n Text, der dann auf d e n Meister selbst zurückgehen m ü s s t e , « T h e original doctrine of Valentine». I n : VC 1 , 1 9 4 7 , S. 4 3 - 7 3 . E x c . 2 3 , 2 w i r d P a u l u s ' A p o s t e l d e r A u f e r s t e h u n g ' g e n a n n t — f ü r d i e P s y c h i k e r ; d e n n i h n e n p r e d i g t e r d e n S o t e r YBWIQT&V x a l 7COC07)T6V ( a u c h h i e r s i n d I n k a r n a t i o n u n d K r e u z v e r k n ü p f t ! ) ; p n e u matisch u n d für die Pneumatiker predigt er ihn als * a u s d e m Heiligen Geist u n d der Jungfrau', die beide inzwischen zu gnostischen Aeonen g e w o r d e n s i n d . A b e r e b e n d i e s e U n t e r s c h e i d u n g k a n n n o c h a l s e i n selts a m e r H i n w e i s auf d e n Unterschied zwischen der Passatradition u n d der Katechese gewertet w e r d e n . Die Gemeinden, unter d e n e n diese Passatradition lebendig war, sind für d e n gnostischen Lehrer Theodot eben Psychiker. 5 9 . V g l . h i e r z u j e t z t d i e n o c h u n g e d r u c k t e D i s s . v o n P. KÜBEL, Schuld und Schicksal bei Origenes, Gnostikern und Piatonikern. München 1971, b e s . S . 4 6 ff.
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des C h r i s t u s i n d e r U e b e r w i n d u n g des Todes a m Kreuz. Diese d o p p e l t e W e s e n h e i t Christi f ü h r t e r n u n a b e r n i c h t auf die d o p p e l t e G e b u r t a u s G o t t u n d a u s M a r i a z u r ü c k wie I g n a t i u s , s o n d e r n auf d i e Taufe J e s u i m J o r d a n . G e r a d e h i e r z u gibt es e i n e ü b e r r a s c h e n d e Parallele i n e i n e m d e r Melito zugeschrieb e n e n F r a g m e n t e . D e r Autor dieses Textes ( F r g m . V I ) e r k e n n t d i e ( v e r b o r g e n e ) G o t t h e i t C h r i s t i a n d e n W u n d e r t a t e n in d e n d r e i J a h r e n n a c h d e r Taufe, seine M e n s c h h e i t a n d e n dreissig J a h r e n v o r d e r Taufe. Melito selbst i s t k e i n Adoptianer, a u c h d a s F r a g m e n t sagt, C h r i s t u s sei ' w a h r e r Gott v o n E w i g k e i t ' (0e&£ £XY)6-})£ 7cpoai6vio< u7c<£px
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Aber z u r ü c k z u d e n V a l e n t i n i a n e r n . Die U e b e r e i n s t i m m u n g m i t d e r v o n u n s u n t e r s u c h t e n Passa T r a d i t i o n e n ist i n n e r h a l b d e r E n t w i c k l u n g d e r v a l e n t i n i a n i s c h e n Schule, w i e sich gezeigt h a t , n i r g e n d s so a u s g e p r ä g t w i e i m Rheginus-Brief . U n d u n s e r e U e b e r s i c h t h a t die V e r m u t u n g n i c h t widerlegt, s o n d e r n e h e r b e s t ä t i g t , d a s s d i e s e r Text i n die Frühzeit, n i c h t a n d a s E n d e der Geschichte des Valentinianismus gehört. Nun wird niemand Valentin für d e n S t a m m v a t e r e i n e r für die c h r i s t l i c h e Theologie s o wichtigen L e h r e h a l t e n . Das I n e i n a n d e r v o n G o t t s e i n u n d M e n s c h s e i n des C h r i s t u s in K r e u z u n d A u f e r s t e h u n g scheint m i r a b e r a u c h kein u n t e r C h r i s t e n ü b e r a l l u n d s e l b s t v e r s t ä n d l i c h v e r b r e i t e t e s T h e o l o g u m e n o n z u sein, s o n d e r n g e r a d e a u s d e r 62
60. V g l . A n m . 43. 61. Z u d e n k l e i n a s i a t i s c h e n A d o p t i a n e r n i n R o m u m 200 v g l . z u l e t z t e t w a A. ADAM, Lehrbuch der Dogmengeschichte I: Die Zeit der alten Kirche. Gütersloh 1965, S. 168-171. 62. W a s n i c h t a u s s c h l i e s s t , d a s s a u c h T h e o d o t e i g e n e K o n t a k t e z u r Ueberlieferung der G e m e i n d e n hatte, die das Passafest begingen. D a s V e r h ä l t n i s d i e s e r A u s s a g e n z u V a l e n t i n F r g m 4 ( C l e m . S t r o m . IV,89,l-3) bedürfte einer gesonderten Untersuchung. Hier ist d a s i m Rheginusbrief v o n C h r i s t u s g e s a g t e auf d i e P n e u m a t i k e r g e n e r e i l b e z o g e n .
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P a s s a t r a d i t i o n e r w a c h s e n u n d in sie e i n g e b u n d e n . W e n n d a s z u g e s t a n d e n ist, bleibt n u r d e r Schluss, d a s s V a l e n t i n d e r ä l t e s t e u n s b e k a n n t e Zeuge dieser T r a d i t i o n ist. I m RheginusBrief greift e r b e w u s s t Sätze auf, die e r i m c h r i s t l i c h e n Ge m e i n d e g l a u b e n v e r a n k e r t weiss, u m a n sie seine theologische Tiefenschau a n z u k n ü p f e n . D e r f r ü h e valentinianische M y t h o s n i m m t a u c h a n d e r e , u n s als spezifisch kleinasiatisch g e l t e n d e Ueberlieferungen auf. Dass die * W e i s h e i t d i e Sophia, Chiffre für d i e Welt ist u n d d a m i t j e t z t « M u t t e r , die w e n n sie gebiert, z u m T o d e f ü h r t » ( E x c . 80-1), e n t s t a m m t d e r j ü d i s c h e n Weisheitslehre w o h l Alexan d r i e n s , w e n n a u c h in g n o s t i s c h e r U m w e r t u n g . Dass d i e s e selbe S o p h i a a u c h d i e eschatologische B r a u t des E r l ö s e r s w i r d u n d d a m i t S y m b o l d e r K i r c h e ( E x c . 6 4 ; 34,2; vgl. I r e n a u s I 8,4), weist d o c h auf eine B i l d e r s p r a c h e , w i e w i r sie a m E n d e d e r J o h a n n e s o f f e n b a r u n g finden, w o das n e u e J e r u s a l e m als B r a u t g e s c h m ü c k t i m H i m m e l b e r e i t s t e h t (22,2.9) u n d zugleich als K i r c h e auf E r d e n auf die k o m m e n d e E r l ö s u n g w a r t e t (22,17). Die B e d e u t u n g d e s ' B r a u t g e m a c h e s * in d e r s a k r a m e n t a l e n S y m b o l s p r a c h e d e r V a l e n t i n i a n e r ist b e k a n n t . K e n n t n i s d e r J o h a n n e s a p o k a l y p s e als B u c h ist h i e r k a u m zu erweisen, w o h l a b e r des Milieus u n d d e r Terminologie des f r ü h c h r i s t l i c h e n Chiliasmus. W i r s a h e n schon, die P a s s a h o m i l e t e n h a b e n d a s T h e m a des d r i t t e n Festes H i p p o l y t s u n d d a m i t die eschato logische Zukunft n i c h t b e h a n d e l t . Aber die V a l e n t i n i a n e r h a b e n es g e k a n n t u n d u m g e p r ä g t . I h r e Zukunftsgewissheit h a t t e kei n e n R a u m m e h r für eine Hoffnung für die E r d e . Doch a u c h die G r o s s k i r c h e ist schliesslich diesen W e g gegangen. 6 3
E s bleibt ein b i o g r a p h i s c h e s P r o b l e m . Wir w i s s e n n i c h t s von Beziehungen Valentins zu Kleinasien. Wir w i s s e n allerdings a u c h n i c h t allzuviel ü b e r die V e r b r e i t u n g d e r h i e r u n t e r s u c h t e n c h r i s t l i c h e n P a s s a t r a d i t i o n i n d e r Frühzeit. W e n n ein E c h o frühchristlicher, palästinensisch-syrischer P r o p h e t i e n a c h R o m gelangen k o n n t e , w a s d e r ' H i r t des H e r m a s ' belegt, m a g Aehnliches a u c h für die Passa-Ueberlieferung möglich gewesen sein. Valentin k a n n d u r c h a u s n o c h d e n B e s u c h P o l y k a r p s in R o m erlebt haben. Und wir werden damit zu rechnen haben, 63. Vgl. d a z u e t w a m e i n e alten Kirche, S. 31 ff.
Geschichte
des
Taufgottesdienstes
in
der
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d a s s es i n d e r R e i c h s h a u p t s t a d t d a m a l s kleinasiatische C h r i s t e n i n eigenen G e m e i n d e v e r b ä n d e n g a b , die d a s Passafest begingen . 64
Dabei h a n d e l t es sich n u n allerdings n i c h t allein u n d n i c h t e i n m a l p r i m ä r u m d a s c h r i s t l i c h e P a s s a als F e s t b r a u c h , w i e w i r e s sicher a u s s e r i n Kleinasien in S y r i e n u n d m ö g l i c h e r w e i s e selbst in Aegypten a n s e t z e n k ö n n e n , s o n d e r n u m eine be s t i m m t e Theologie dieses F e s t e s , w i e sie n u r d o r t e n t f a l t e t w e r d e n k o n n t e , w o m a n P a u l u s als Apostel k a n n t e u n d aner k a n n t e . Das trifft gewiss auf m a n c h e g n o s t i s c h e S c h u l e n zu. A b e r d a s Passafest w a r d o c h g e r a d e auf G e m e i n d e n bezogen. U n d d a m i t w e r d e n w i r n u n d o c h w i e d e r auf Kleinasien ver wiesen. N u r h i e r t r a f e n n a c h u n s e r e r K e n n t n i s seit d e m l e t z t e n Drittel des ersten Jahrhunderts paulinische Gemeinden u n d die c h a r i s m a t i s c h - p r o p h e t i s c h e n w i e d i e g o t t e s d i e n s t l i c h e n u n d O r d n u n g s - Ueberlieferungen des j u d e n c h r i s t l i c h e n palästinen sisch-syrischen R a u m e s z u s a m m e n u n d s i n d h i e r m i t e i n a n d e r verschmolzen, nach mancherlei Kämpfen, die ihre Spuren in d e n s p ä t e n Schriften des N e u e n T e s t a m e n t e s h i n t e r l a s s e n ha b e n . Dies m a c h t d i e S o n d e r s t e l l u n g Kleinasiens in d e r Kir c h e n g e s c h i c h t e des 2. J a h r h u n d e r t s a u s . Aus d i e s e r d r e i f a c h e n W u r z e l e r w u c h s a u c h d i e T r a d i t i o n d e s c h r i s t l i c h e n Passa, v o n der wir gesprochen haben. 6 5
G e r a d e d e r Weg d e r Passatheologie e r l a u b t es u n s , einige d e r S t u f e n dieses V e r s c h m e l z u n g s p r o z e s s e s zu verfolgen. Die Pas t o r a l b r i e f e zeigen u n s p a u l i n i s c h e G e m e i n d e n , i n d e n e n die Familienethik Palästinas zur Grundlage der Kirchenordnung g e w o r d e n w a r . Anscheinend g e r a d e i n d e r A u s e i n a n d e r s e t z u n g m i t c h a r i s m a t i s c h - p r o p h e t i s c h e n u n d a s k e t i s c h e n Bewegungen, d e r e n H e i m a t ebenfalls P a l ä s t i n a gewesen sein d ü r f t e . Poly k a r p s Philipperbrief l e h r t u n s , wie tief dieser Bischof u n d 66
64. Auch der spätere Osterstreit entzündete sich ja vor allem a n den Auseinandersetzungen innerhalb R o m s zwischen dem Quartadecimaner B l a s t u s u n d B i s c h o f V i c t o r , v g l . z u l e t z t H U B E R , Passa und Ostern S . 1 4 f. 6 5 . Hier w ä r e v o r allem auf die Pastoralbriefe u n d den 3 . Johannesbrief zu verweisen. 66. Die in d e n Pastoralbriefen bekämpften Gegner wird m a n sich nach d e r Art d e r A p o s t e l d e r a p o k r y p h e n A p o s t e l a k t e n v o r z u s t e l l e n h a b e n . E i n Vergleich zwischen der Johannesoffenbarung u n d d e n Pastoralbriefen w ü r d e aber a u c h zeigen, w i e gross n o c h i m m e r der Abstand zwischen der johanneischen Prophetie und diesen paulinischen Gemeinden war.
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seine G e m e i n d e i n d e r skizzierten T r a d i t i o n v e r a n k e r t w a r e n . D a s P o l y k a r p m a r t y r i u m i n f o r m i e r t u n s , d a s s i n z w i s c h e n die P a s s a t r a d i t i o n , die als F e s t b r a u c h ebenfalls a u s P a l ä s t i n a u n d S y r i e n k a m , tief i n d i e s e n G e m e i n d e n W u r z e l geschlagen h a t t e . E s i s t w o h l d o c h k e i n Zufall, d a s s s i c h die K l e i n a s i a t e n a u c h s p ä t e r für d a s D a t u m d e s P a s s a u n d d a m i t s e i n e F e i e r n i c h t auf P a u l u s , s o n d e r n auf J o h a n n e s b e r u f e n h a b e n (z.B. I r e n a u s n a c h E u s e b h.e. V 24,16). B e i M a r k i o n w a r f ü r d a s Passafest n a t u r g e m ä s s kein P l a t z ; es sieht s o a u s , als h ä t t e e r z u m i n d e s t Elemente der Passaüberlieferung gekannt — u n d abgelehnt . I n d e r E r i n n e r u n g des I r e n a u s w a r P o l y k a r p n o c h ein S c h ü l e r des Apostels J o h a n n e s . T a t s ä c h l i c h h a b e n d i e j o h a n n e i s c h e n Schriften a b e r in d e n b i s j e t z t g e n a n n t e n T e x t e n k a u m S p u r e n h i n t e r l a s s e n . Aber in d e n s p ä t e r e n F a s s u n g e n des Polykarp m a r t y r i u m s u n d in d e r Passa-Homilie des Melito h a t sich dies Bild v e r s c h o b e n . Melito w i r d ü b r i g e n s von P o l y k r a t e s i n sei n e m Brief a n V i c t o r v o n R o m n i c h t als Bischof, s o n d e r n als ' E u n u c h a l s o d o c h w o h l als Asket bezeichnet, v o n d e m es w e i t e r heisst, d a s s e r * s t e t s i m Heiligen Geiste w a n d e l t e ' (h.e. V 24,5). D a m i t r ü c k t d i e s e r M a n n in d i e N ä h e p r o p h e t i s c h e r 68
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6 7 . V g l . h i e r z u H . F r h r . v. CAMPENHAUSEN, « P o l y k a r p v o n S m y r n a u n d d i e P a s t o r a l b r i e f e » ( 1 9 5 1 ) . I n : Aus der Frühzeit des Christentums. Tübin gen 1 9 6 3 , S. 197-252. I c h w ü r d e z w a r die Pastoralbriefe m i n d e s t e n s ein M e n s c h e n a l t e r f r ü h e r a n s e t z e n , e b e n i n d i e Zeit d e r J o h a n n e s a p o k a l y p s e . Aber v o n C a m p e n h a u s e n s N a c h w e i s , w i e e n g Polykarp in der paulinischen Tradition stand, bleibt davon unberührt. 6 8 . Man m u s s die Frage stellen, o b die Theologie, die ich hier als ' Passatradition * beschrieben habe, nicht erst gegen Markion entwickelt w o r d e n ist. Ohne dies hier g e n a u e r u n t e r s u c h e n zu k ö n n e n , s e i d o c h s o viel gesagt: W e n n Markion i n Luk 2 2 , 1 5 d a s Wort * P a s s a ' n i c h t auf d a s j ü d i s c h e (und christliche) Fest, sondern die Eucharistie bezieht, EPIPH. haer. 42.11,15, d a n n ist es möglich, allerdings nicht notwendig, hierin auch eine Polemik gegen d a s christliche Passa zu sehen. Aber seine Deutung der Hadespredigt d e s Gekreuzigten ist d o c h nur als scharfe Polemik gegen ein Theologumenon z u verstehen, das — anders als 1 Petr 3 , 1 9 ! — Christus als d a s Heil auch für die Väter des Alten Testamentes aussagen wollte. Diese Spitze der descensus-Lehre würde aber gerade in den Rahmen einer sehr alten christlichen Passatheologie hineinpassen. Ueber das Alter d e r oben entwickelten christologischen Konzeption ist damit noch nichts gesagt; auch hier w ä r e aber ein Vergleich mit Markion w o h l ergiebig. I m ganzen rechne ich damit, d a s s die theologische Ueberlieferung, d i e ich hier als ' Passatradition * bezeichne, vormarkionitisch ist. 6 9 . P o l y k a r p z i t i e r t P h i l 7 , 1 d i e V e r s e 1 J h 4 , 2 f.: i h m w a r a l s o d i e j o h a n n e i s c h e Tradition nicht unbekannt. U m s o b e m e r k e n s w e r t e r ist, in w i e geringem Umfang e r sie aufnimmt.
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G. KRETSCHMAR
C h a r i s m a t i k e r . T r o t z des M o n t a n i s m u s u n d gegen seine Ansprüc h e ist n u n offenbar a u c h d a s p r o p h e t i s c h e E l e m e n t in diese G e m e i n d e n u n d i h r e Passa-Theologie a u f g e n o m m e n . I n letzten Drittel des 2. J a h r h u n d e r t s s a m m e l t e n sich die v e r s c h i e d e n e n zersplitterten christlichen Gruppen u m den Kanon des Neuen T e s t a m e n t e s w i e d e r als die K a t h o l i s c h e K i r c h e . U n d zusamm e n m i t d i e s e r R e z e p t i o n d e s N e u e n T e s t a m m e n t e s setzt sich eine d e r v e r s c h i e d e n e n , bis j e t z t m i t e i n a n d e r rivalisierenden F o r m e n d e s gemeinschaftlichen Lebens in d e r C h r i s t e n h e i t d u r c h u n d w i r d v o n n u n an, w e n n a u c h n i c h t z u r n o r m a t i v e n , s o d o c h z u r n o r m a l e n S t r u k t u r d e r K i r c h e , Die G e m e i n d e , die p a u l i n i s c h e O r t s g e m e i n d e , d i e n u n e i n e n Bischof u n d e i n e n K l e r u s h a t u n d in d i e P r o p h e t e n u n d i m Laufe d e r Zeit a u c h L e h r e r s a m t i h r e r S c h u l e n i n t e g r i e r t w o r d e n sind. Die Ges c h i c h t e d e r Passa-Ueberlieferung e r l a u b t u n s einen Blick auf d e n Z u s a m m e n h a n g zwischen d e r Rezeption d e s N e u e n Testam e n t e s u n d d e m Sieg dieser K i r c h e n s t r u k t u r . 70
F r a g e n w i r abschliessend n u n noch, wie sich dies Passafest als I n s t i t u t i o n \ als B r a u c h , d e r F r a g e n aufwarf u n d d a m i t Anlass g a b , Theologie zu e n t w i c k e l n u n d d i e s e T r a d i t i o n e n zu b e w a h r e n , z u r L e b e n s p r a x i s d e r C h r i s t e n in d e n G e m e i n d e n verhielt, d i e dieses F e s t J a h r u m J a h r begingen. K i r c h e lebt h i e r n i c h t in d e r Welt als ein K r e i s von W i s s e n d e n , die in i h r e r Heilsgewissheit d i e a n d e r e n längst a b g e s c h r i e b e n u n d h i n t e r sich gelassen h a b e n . Sie lebt a u c h n i c h t als eine S c h a r von C h a r i s m a t i k e r n , als p r o p h e t i s c h e D i e n s t g r u p p e , die d a s Geh e i m n i s d e r Zukunft k e n n t u n d d e s h a l b n u n d u r c h Zeichen, H a n d l u n g e n o d e r P r o p h e t e n s p r u c h die Welt b e l e h r t . S o n d e r n sie l e b t als G o t t e s Volk i n m i t t e n d e r Welt, in d e r Gewissheit d e r g e s c h e h e n e n E r l ö s i m g u n d von d a h e r des k o m m e n d e n Heiles für die ganze Welt. Diese Gewissheit w ä c h s t a u s d e m Sieg des Gekreuzigten u n d b i n d e t a n die Geschichte, a u c h a ñ die eigene Geschichte, weil es die Geschichte G o t t e s m i t seinem 9
70. V g l . h i e r z u n o c h e i n m a l H . F r h r . v. CAMPENHAUSEN, Die Entstehung der christlichen Bibel ( B H T h 39). T ü b i n g e n 1968, u n d j e t z t d e n v o n E. KÄSEMANN h r s g . S a m m e l b a n d Das Neue Testament als Kanon. Göttingen 1970, s o w i e I. FRANK, Der Sinn der Kanonbildung (Freiburger Theologische S t u d i e n 90). F r e i b u r g - B a s e l - W i e n 1971.
CHRISTLICHES PASSA
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Volk ist. Die G r e n z e z w i s c h e n d i e s e m Volk, d e m w a h r e n I s r a e l , u n d d e n V ö l k e r n d e r W e l t i s t n i c h t a u f g e h o b e n ; sie zeigt sich i m m e r n e u i m Gottesdienst, g e r a d e d e s Passafestes. Aber diese G r e n z e ist n i c h t s t a r r ; d e n n alle V ö l k e r sind eingeladen, d e n Sieg des Gekreuzigten, i n d e m G o t t s e i n e n S c h ö p f u n g s p l a n z u m Ziele geführt h a t , m i t z u f e i e r n u n d s o selbst z u m Gottesvolk zu w e r d e n . D e r Praxisbezug d e r f r ü h c h r i s t l i c h e n Passatheologie ist, w i e u n s s c h o n d e r Brief d e r G e m e i n d e v o n S m y r n a l e h r t e , d i e Bereitschaft d a s Leiden d e s C h r i s t e n v o m S t e r b e n Christi h e r zu ü b e r n e h m e n ; e r ist d a s G o t t e s l o b auf G r u n d d e r Ueberw i n d u n g d e s Todes u n d die E i n l a d u n g a n die V ö l k e r w e l t ; dies m a g m a n d e m S c h l u s s d e r Passa-Homilie des Melito e n t n e h m e n . D e m lässt sich die T r a d i t i o n d e r * S c h u l e ' u n d d e r * P r o p h e t i e ' d u r c h a u s z u o r d n e n , gewiss n i c h t o h n e S p a n n u n g e n , a b e r e s w a r möglich u n d ist möglich. E s k a n n a u c h sein, d a s s w i r h e u t e n o c h m e h r v o n d e r D i a k o n i e i n d e r Welt, für d i e W e l t h ö r e n u n d sagen m ö c h t e n . Aber dies w ü r d e sicher falsch gesagt u n d w ü r d e z u e i n e r falschen P r a x i s f ü h r e n , w e n n es n i c h t d i e s e r Diakonie Gottes, d e m K r e u z u n d d e r A u f e r s t e h u n g Christi, z u g e o r d n e t w i r d u n d d a m i t d e r d i e K i r c h e t r a g e n d e n u n d sie s a m m e l n d e n W a h r h e i t , die d e n M i t t e l p u n k t e b e n j e n e r alten c h r i s t l i c h e n Passa-Tradition bildete.
revue d'histoire de la spiritualité S o m m a i r e d u n u m é r o 190 (avril-juin 1972)
La Fonction du Miracle dans la Spiritualité chrétienne Etudes
historiques:
J. DOIGNON, U n récit d e m i r a c l e d a n s les Carmina P a u l i n d e Noie.
dé
B. VOGLER, La R é f o r m e et le c o n c e p t d e m i r a c l e a u X V I siècle.
m c
W. FRIJHOFF, La fonction d u m i r a c l e d a n s u n e m i n o r i t é c a t h o l i q u e : les Provinces-Unies a u X V I I siècle. m c
R. SAUZET, Miracle et Contre-Réforme e n Bas-Languedoc sous Louis X I V . J.-M. MAYEUR, M g r D u p a n l o u p et Louis Veuillot d e v a n t les « p r o p h é t i e s c o n t e m p o r a i n e s » e n 1874. C. SAVART, Cent a n s a p r è s : les a p p a r i t i o n s m a r i a l e s e n France au X I X siècle : u n e n s e m b l e ? m e
Pierre
GRELOT, Christ.
15, rue Monsieur, C.C.P.
L'historien
Paris
devant
la Résurrection
du
e
VII
La S o u r c e 33.091.10
Le n u m é r o : 1 1 F .
L e v o l u m e c o m p r e n a n t l ' e n s e m b l e d e s a r t i c l e s s u r le J u d é o - c h r i s t i a n i s m e o f f e r t s e n h o m m a g e a u Cardinal D a n i é l o u ( t o m e 60, 1-2) s e r a diffusé p a r l e s s o i n s d e s E d i t i o n s B e a u c h e s n e , 117, r u e d e R e n n e s , P a r i s V I , à p a r t i r d ' o c t o b r e 1972. Prix de s o u s c r i p t i o n : 3 9 F ( f r a n c o : 44,50F). Prix de vente à la p u b l i c a t i o n : 4 5 F ( f r a n c o : 50,50F). e
Le
Gérant
: J. MOINGT
N° d'éditeur : 232
—
IMPRIMERIE CLEDER, TOULOUSE (415) Dépôt légal : 2* trimestre 1972
SOMMAIRE
JUDÉO-CHRISTIANISME
III. Recherche des traces P . PRIGENT
U n e t r a c e d e liturgie j u d é o - c h r é t i e n n e d a n s le c h a p i t r e X X I d e l'Apocalypse d e Jean 165
B. REICKE
Die j ü d i s c h e Apokalyptik u n d die j o h a n n e i s c h e Tiervision 173
A. JAUBERT
E c h o d u livre d e la Sagesse e n B a r n a b e 7,9
193
A. GUILLAUMONT . . .
Monachisme et Ethique judéo-chrétienne 1 9 9
A. O R B E
Ecclesia, sai t e r r a e , segûn s a n I r e n e o
219
A.FJ. KLIJN
Jerome's quotations from i n t e r p r é t a t i o n of I s a i a h
241
a
Nazoraean
IV. Rapports avec le Gnosticisme McL. WILSON
J e w i s h Christianity a n d Gnosticism
261
E . SEGELBERG
T h e M a n d a e a n W e e k a n d t h e P r o b l e m of J e w i s h C h r i s t i a n a n d M a n d a e a n Relationship 273
G . KRETSCHMAR
Christliches P a s s a i m 2 . J a h r h u n d e r t u n d die Ausbildung d e r c h r i s t l i c h e n Theologie 2 8 7